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CAMPAGNE DE PRUSSE
(1806)
lÉNA
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En préparation
CAMPAGNE DE PRUSSE
(1806)
Par le capitaine P. FOUCART
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CAMPAGNE
DE PRUSSE
(1806)
PAK
p. FOUCART
CAPITAINE nRRVBTÉ AU 39» rAgTURNT d'INVAITTRRIR
Avec cetto Immonse supériorité de forces
réanies «or un espace si étroit^ vous sentes que je
suis dans la volouté de ne rien hasarder et d'atta-
quer l'ennomii p.'irtout où 11 voudra tenir, avec dos
forces doubles
(L'Empereur au M«l Sonlt, 5 octobre 180n.)
lÉNA
AVEC DEUX CARTES ET TROIS CROQUIS
1»ARIS
LIBRAIRIE MILITAIRE RERGER-LEVRAULT ET C
5, rue des Beaux- Arts, 5
MÊME MAISON A NANCY
1887
Tous droUa réservés
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PRÉFACE
Après avoir lu, en 1875, la correspondance de l'Empe-
reur, j'ai recherché, pour certaines campagnes, les ordres .
de Vétat-major annoncés par TEmpereur dans ses instruc-
tions et les rapports des Maréchaux rendant compte de
l'exécution des ordres. Ce sont ces travaux préliminaires
qui m'ont permis, en 1879, lorsque j'étais employé à
l'état-major de la 2° division de cavalerie, de présenter
des renseignements sur le rôle de la cavalerie pendant le
mois d'octobre 1806. Encouragé par le général de Verné-
ville qui sentait les enseignements à tirer de ces vieux
papiers, et par M. le général de Galliffet, j'ai poursuivi
mes recherches sur le service des troupes à cheval en m'ap-
puyant sur les documents de la campagne de Pologne.
Aujourd'hui je reviens en arrière pour ne pas laisser
incomplète cett« campagne de Prusse dont nous n'avons
pas de relation militaire.
Mon but principal est de dégager la figure du Comman-
dant en chef sur lequel tout repose. « A la guerre les
« hommes ne sont rien, c'est un homme qui est tout*. » —
Je veux le montrer organisant son armée, la rassemblant,
la mettant en marche, la concentrant pour livrer bataille.
1. L*Empereuf, Notes sur les affaires d'Espagne, 80 août 1808.
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399891
VllI CAMPAGNE DE PRUSSE.
la lançant à la poursuite de Tennemi battu, tirant de la
victoire tout le parti possible^ enfin réparant ses pertes
pour être prêt à de nouveaux événements, travail immense
que lui seul peut diriger.
Écrire l'histoire d'une campagne en publiant les ordres
et les rapports est le seiil moyen d'avoir des faits une
relation vraie et exacte. — Le Commandant en chef ne
donne d'ordres verbaux que sur le champ deTataille: il
voit rarement les commandants des armées et des corps
d'armée et ne communique avec eux que par des ordres
écrits expédiés par son chef d'état-major; il leur adresse
cependant lui-même des instructions pour expliquer les
ordres transmis par l'état-ijiajor.
De même, les commandants des armées et des corps
d'armée ne font jamais de comptes rendus verbaux au
Commandant en chef. C'est à l'aide de leurs rapports
écrits, des rapports écrits de la cavalerie et des émissaires,
des interrogatoires de prisonniers que le Commandant en
chef décide ses opérations. La publication de ces pièces
permet donc de vivre la vie du Commandant de l'armée
et de suivre le développement de sa pensée.
Je n'ai voulu savoir de l'armée prussienne que ce que
l'Empereur en a su lui-mSme au jour le jour par les
renseignements des officiers envoyés en reconnaissance,
des émissaires et de la cavalerie, renseignements qui lui
ont permis de modifier ses combinaisons. J'ai eu l'inten-
tion d'étudier la conduite des armées d'après la campagne
de l'Empereur et de faire non pas un travail de critique
liistorique, mais un travail exclusivement militaire.
Indépendamment des observations que m'ont suggérées
les instructions de l'Empereur et que j'ai consignées pen-
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PRÉFACE. IX
(lant le cours des opérations, j'ai réuni en un faisceau
quelques autres observations sur les marches et le combat.
Je ne saurais trop appeler l'attention :
Pour les marches, sur la nécessité de serrer les colonnes
de marche, de réduire la profondeur des corps d'armée
et par suite les convois qu'ils traînent après eux ;
Pour le combat, sur la faiblesse des lignes déployées
et la nécessité des petites colonnes pour pousser en avant
la ligne de combat.
Si je réussis à faire partager mon opinion, je serai
payé de ma peine.
Août 1887.
P. FOUCART.
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DE L'ÉTUDE
DE L'HISTOIRE DES GUERRES
« Les principes de l'art de la guerre sont ceux qui ont di-
« rigé les grands capitaines dont Thistoire nous a transmis
« les hauts faits : Alexandre, Annibal, César, Gustave-Adol-
« phe, Tarenne, le prince Eugène, Frédéric-le-Grand
« L'histoire de leurs quatre-vingt-trois campagnes serait un
« traité complet de Tart de la guerre 5 les principes que l'on
« devrait suivre dans la guerre défensive et offensive en dé-
< couleraient comme de source
« La tactique, les évolutions, la science de l'ingénieur et
« de l'artilleur peuvent s'apprendre dans des traités à peu
« près comme la géométrie ; mais la connaissance des hautes
« parties de la guerre ne s'acquiert que par l'étude de l'his-
« toire des guerres et des batailles des grands capitaines et
< par l'expérience. 11 n'y a pas de règles précises, détermi-
« nées ; tout dépend du caractère que la nature a donné au
< général, de ses qualités, de ses défauts, de la nature des
« troupes, de la portée des armes, de la saison et de mille
< circonstances qui font que les choses ne se ressemblent ja-
« mais. » (L'Empereur, 7® note sur les Considérations sur VaH
de la guerre par le général Rogniat)
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XII CAMPAGNE DE PRUSSE.
L'étude de Thistoire des guerres doit donc se faire à deux
points de vue :
1** Au point de vue des hautes parties de la guerre : c'est
Tétude des principes et des règles de Tart de la guerre que
l'on cherche à dégager des opérations du Commandant en
chef: « L'art de la guerre est un art simple et tout d'exécu-
^ tion : il n'a rien de vague ; tout y est bon sens ; rien n'y
« est idéologie. » (L'Empereur, Première observation sur lès
Wnements militaires de 1799,)
2** Au point de vue de l'organisation et des besoins des
nrmées, ainsi que de la conduite des troupes : c'est l'étude
des détails innombrables que comportent les préparatifs et
l'tixécution de la guerre.
La première étude est indépendante des temps, ainsi que
l'Empereur le prouve dans son exposé des campagnes des
hommes de guerre de tous les âges qu'il cite comme modèles ;
ï^lle demande un examen raisonné des opérations des grands
capitaines ; elle peut s'appliquer aussi bien à César qu'à Na-
poléon ; mais elle se fait avec d'autant plus de fruit que l'on
]ïOssède leur correspondance, leurs instructions, et que l'on
peut saisir le développement de leur pensée. Les campagnes
de l'Empereur sont donc les plus profitables pour nous, puisque
sa correspondance existe ainsi que la plus grande partie des
Hfdres donnés en son nom par son major général.
La seconde étude exige en outre les rapports des officiers
généraux, leurs instructions aux troupes, leurs registres de
correspondance, des états de situation, etc. Toute d'investi-
gations et de détails, elle ne peut être faite que pour l'armée
nationale avec les ressources des archives, et elle est limitée
aux armées organisées, comme les armées actuelles, en divi-
sions et corps d'armée.
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ÉTUDE DE l'histoire DES GUERBES. XIII
Pour moi, je trouve un intérêt puissant à observer au jour
le jour les différents actes de la guerre suivant leur enchaî-
Bcment naturel au fur et à mesure que les événements se
déroulent, et à en tirer un enseignement pour Tavenir. C^est
la méthode que j'ai suivie dans ce livre d'instruction ; je la
préfère à toute autre * et je crois qu'on pourrait en faire l'es-
sai à l'Ecole militaire supérieure, au moins pour l'étude
d'une campagne de l'Empereur. On verrait si l'on excite la
curiosité et l'intérêt des officiers.
On prétend que le premier Empire est trop loin de nous,
que les guerres de 1866 et de 1870 contiennent seules des
enseignements pour les armées actuelles. C'est une opinion
contre laquelle je m'inscris en faux. Nous ne connaissons
pas assez les guerres de l'Empire, nous ne savons pas le
parti qu'on en peut tirer. Si nous nous étions donné la peine
de pénétrer dans le détail des opérations et d'observer, nous
aurions résolu depuis longtemps toutes les questions qui se
posent aujourd'hui devant le public militaire*. Mais c'est
pitié de vouloir dessiller les yeux de qui ne veut pas voir.
N'ai-je pas trouvé dans cette guerre de l'Empire matière
à observations sur les sujets le plus à l'ordre du jour, le ser-
vice de la cavalerie en avant des armées et sur le champ de
1- Surtout à celle qui prend les différuolcs parties do la guorio les unes
iprés les autres, le projet d'opérations, la ligne d'opérations, etc., épuise le
^lijet d'un seul coup pour n'y plus revenir, sans mettre le moindre lien entre
'les objets qui dépendent essentiellement les uns des aulrps et se dévelop-
pent en môme temps. L'histoire d'une campagne faite comme je la comprends
•^1 comme je la présente ici, c'est la condamnation do tous les traités d'art
niiiitaire.
J'ajouterai que je me suis servi exclusivement d'expressions françaises.
Noire langue est assez riche pour que nous puissions exprimer tout ce que
'lous avons à dire sans emprunter les locutions inventées par les étrangers.
i. El ce n'est pas d'hier que je pense à ces questions. Un livre de celle
taille ne se fait pas en un jour. J'en appelle à ceux qui ont entrepris de
semblables travaux !
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XIV CAMPAGNE DE PRUSSE.
bataille, les dispositions de combat des années et des corps
d'armée, les formations à adopter, la place de Tartillerie
dans les colonnes et sur le champ de bataille, le service de
l'état-major, etc. ? De l'observation de l'armée de l'Empe-
reur*, de l'organisation de ses colonnes d'armée, ne suis-je
pas arrivé à conclure qu'il faut toujours marcher sur deux
corps d'armée de profondeur, qu'il faut serrer les colonnes,
qu'il faut réduire les convois, les rejeter en arrière, que
l'organisation uniforme des corps d'armée à 2 divisions ne
répond pas à toutes les situations de la guerre, qu'il en faut
à 3 divisions*? Toutes ces vérités n'éclatent-elles pas de
l'examen de cette campagne de 1806? Où les découvrir
d'une façon aussi nette dans les guerres contemporaines?
Ce qu'il faut apprendre, ce ne sont pas les guerres récentes,
mais les guerres des grands capitaines*. Il est trop vrai
qu'en 1870 la France n'avait pas de grands généraux et que
ceux qui se sont produits n'ont pas eu à leur disposition les
moyens nécessaires. Pour ne pas faire un travail stérile sur
1870, c'est chez l'étranger qu'il faut chercher l'offensive.
Vainqueurs, il est vrai, mais vainqueurs surtout par notre
défaut d'organisation et notre défaut de commandement.
1. L'arnitSo de l'Empereur, c'est une de nos armées aclueUea. Les détails
sont les mômes encore maintenant dans nos armées. Quant aux hautes parties
<ie la guerre, elles sont indépendantes de la force des armées, mais elles
exigent de n'ôtro étudiées que chez de grands capitaines.
2. Les idées que j'exprime, je les trouve aujourd'hui en lisant l'analyse do
l'ordonnance sur le service en campagne de l'armée allemande dans la Revue
niilUaire de l'étranger du 30 août 1887. — Les idées qui semblent neuves no
viennent que par l'observation.
3. Une campagne n'est digne d'étude qa'aulant qu'elle contient un ensei-
gnement.
Loin de moi de dire qu'il faille négliger les campagnes récontes II faut
leur accorder la part à laquelle elles ont droit. Mais il ne faut pas s*y consa-
crer exclusivement, et c'est la tendance actuelle : il faut aussi apprendre le
passé en vue de l'avenir.
Une armée qui voit la lutte devant elle et qui renierait les leçons de son
1)1 us grand homme de guerre, mériterait la défaite.
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éTUOE DE l'histoire DES GUERRES. XV
Croient-ils eux-mêmes avoir trouvé une formule invariable
pour fixer la victoire ? Non, puisqu^ls ont modifié, qu'ils
modifient tous les jours leur organisation et leurs procédés
d'exécution. Je suis indigné de voir la France à la re-
morque de ses adversaires. Profitons simplement de l'expé-
rience de nos pères. De l'observation, du raisonnement, du
bon sens^. Soyons nous-mêmes. Français, notre nom n'en
vaut- il pas un autre?
1. Nous sommes des hommes d'acliou ; ce sonl des fuils et non Oes tliéurios
qu*il nous faut.
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ERRATA
Pago.
Ligne.
Au Hou de :
Liies :
72
2
19-39 septembre
iS^iS septembre.
82
29
en rassemblemeat
au rassemblement.
86
27
renonveler
renouveler.
176
24
connaissances
reconnaissances.
200
21
expliquer
appliquer.
217
7
toute de prévoyance*
toute* de prévoyance.
414
5
je mètablis
je m'établis.
421
29
Gowroux
Conroux.
700
35
delà
délai.
703
30
position*
position.
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PREMIERS INDICES DE GUERRE
2 août — 4 septembre.
Bien que cette relation ait un caractère absolument militaire,
quelques éclairciBsements diplomatiques préliminaires donnés par
r Empereur lui-même ne sauraient être inutiles.
L EMPEREUR A M. DE TALLEYRAND.
Saint-Cloud, 2 août 1806.
Monsieur le prince de Bénévent, je vous envoie les lettres
(lu duc de Clèves. Je vous prie de me les renvoyer lorsque
vous en aurez pris connaissance. Mon intention est que vous
expédiez à Berlin un courrier extraordinaire à M. Laforest,
pour l'informer confidentiellement de ce qui se passe. J'envoie
Tordre positif au duc de Clèves de ne se permettre aucune
hostilité directe ni indirecte envers la Prusse. Le but de
votre dépêche à M. Laforest sera donc de lui faire connaître
que, si le cabinet prussien apprenait qu'il fût arrivé quelque
chose de grave, il doit déclarer que, dans un moment où je
ne fais point ma paix avec l'Angleterre pour ne point priver
la Prusse du Hanovre, je n'ai certainement point le dessein
de rien faire contre elle ; que, si le duc de Clèves n'a point
été prévenu, c'est que l'on n'avait pas prévu que les pays
fussent occupés par des troupes prussiennes. Je n'ai pas
besoin de vous dire que, s'il ne se passe rien, M. Laforest
ne doit rien dire. Réitérez-lui qu'à tout prix je veux être
bien avec la Prusse, et laissez-le s'il le faut dans la convic-
tion que je ne fais point la paix avec l'Angleterre à cause du
Hanovre,
CAMP. DC PRrSRB.
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• - • • • ••
3'. ::•:-•:••• campî^gne de prusse.
^'::':y:\: il. .[/:,..}
L*EMPEREUR AU PRINCE JOACHIM.
Saint-Gloud, a août i806.
Mon cousin, je reçois votre lettre. La résolution où vous
êtes de repousser par la force les Prussiens du pays qu'ils
occupent est une véritable folie ; ce serait alors vous qui
insulteriez la Prusse, et cela est très contraire à mes inten-
tions. Je suis en bonne amitié avec cette puissance, je cesse
de faire la paix avec TAngleterre pour lui conserver le
Hanovre; jugez après cela si je voudrais me brouiller avec
elle pour des bêtises. Je veux m* entendre à Tamiable avec
elle. S'il y a des troupes prussiennes dans les pays que vous
devez occuper, gardez -vous de leur faire aucune offense, et
ne donnez aucun prétexte. Je suis, encore une fois, en
bonne harmonie avec la Prusse. Nos propos doivent être très
rassurants. Je ne puis vous exprimer la peine que j'éprouve
en lisant vos lettres ; vous êtes d'une précipitation désespé-
rante. Votre rôle est d'être conciliant et très conciliant avec
les Prussiens, et de ne faire aucun pas qui leur nuise. Le
premier mal vient de l'occupation de Werden, que vous ne
deviez pas occuper. Ce n'était pas votre affaire.
La division Dupont se rend sur l'Inn ; vous ne devez en
disposer en rien. Vous ne savez pas ce que je fais. Restez
donc tranquille. Avec une puissance comme la Prusse, on
ne saurait aller trop doucement. La division Dupont a ordre
de se cantonner depuis Cologne jusqu'à Coblentz, et de là
rejoindre l'année. Ne dérangez aucune de mes dispositions.
l'empereur au prince primat.
Saint-Cloud, 13 août 1S06.
J'ai reçu la lettre de Votre Altesse, du 4 août. Je ne veux
pas tarder un moment à lui exprimer tout le plaisir que
j'éprouve des nouveaux liens qui viennent de s'établir. J'ai
contracté l'obligation de protéger les États de la Confédéra-
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PREMIERS INDICES DE GUERRE.
tion ; le bonheur des peuples et des souverains qui compo-
sent cette Confédération fera partie du mien propre ; leurs
droits et leurs intérêts me seront constamment sacrés, et je
les défendrai avec énergie. Je me plais à lui donner cette
afisurance, ainsi que celle de la parfaite amitié que je lui
porte. Je lirai avec la plus grande attention les statuts fon-
damentaux que Votre Altesse m'envoie, et je les tiens déjà,
par cela seul qu'ils viennent d'elle, comme propres à rem-
plir le but que se propose la Confédération. Je ne tarderai
pas, du reste, à lui écrire plus particulièrement sur cet
objet. Je sais que Votre Altesse aurait préféré que la Confé-
dération embrassât tous les États de l'Empire germanique ;
mais comment y faire entrer la Suède, la Prusse et l'Autri-
che? Quant à la Hesse et à la Saxe, je n'ai pu faire autre
chose que ce que j'ai fait, de leur laisser pleine et entière
liberté. Il est bon qu'ils sachent qu'ils sont parfaitement
libres, qu'aucune puissance ne sera dans le cas de leur forcer
la main, et qu'ils sont maîtres de suivre sans réserve l'in-
térêt de leur souveraineté. Mais, du moment que ces princes
témoigneront directement ou indirectement le désir de faire
partie de la Confédération, vous pouvez les mettre, en mon
nom, à l'abri de toute crainte du ressentiment de qui que ce
soit. Je n'ai point manifesté mes intentions à mon cabinet ;
mes ministres auprès de ces princes n'ont reçu aucune ins-
truction, tant il est dans ma volonté de leur laisser liberté
entière et absolue.
l'empereub a m. de tallëyrand.
Saint-Cloud, U août 1806.
La première chose à faire à Francfort est une déclaration,
dont je vous prie de me faire la minute : que le territoire de
la Confédération est inviolable ; qu'aucune puissance, quelle
qu'elle soit, ne peut entrer, armée ni désarmée, sur ce terri-
toire, sans se mettre en état de guerre avec la Confédération ;
qu'aucun membre de la Confédération ne peut accorder pas-
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4 CAMPAGNE DE PRUSSE.
sage à aucun homme armé , ni envoyé des puissances étran-
gères aux confédérés ; que, quant aux Etats enclavés dans
le territoire de la Confédération, les souverains peuvent en
jouir, mais en n'y employant que des troupes du pays, et
sans qu'elles puissent communiquer avec celles de leurs
autres Etats.
l'empereur au major général.
Rambouillet, 17 ooilt 180C.
Je suis venu passer quelques jours k Rambouillet.
Il faut songer sérieusement au retour de la Grande Armée,
puisqu'il me paraît que tous les doutes d'Allemagne sont
levés. Je crois qu'il n'y a pas d'inconvénient à ce que vous
fassiez continuer leur marche aux prisonniers autrichiens ;
cela débarrassera d'autant le territoire de nos alliés. Vous
pouvez annoncer que l'armée va se mettre en marche ; mais,
dans le fait, je ne veux rendre Braunau que quand je saurai
si le traité avec la Russie a été ratifié. Il a dû l'être le
15 août; ainsi dans dix jours j'en aurai la nouvelle. Cepen-
dant il faut cesser tout préparatif de guerre et ne faire passer
le Rhin à aucun autre détachement, et que tout le monde se
tienne prêt à repasser en France.
Je ne sais pas encore comment l'amiral russe qui croise
devant Cattaro a reçu la nouvelle de la paix, et s'il a cessé
les hostilités. Cependant, le 25 juillet, la nouvelle de la paix
est partie de Vienne, et le 27, d'Ancône. Il me semble donc
que je ne devrais pas tarder à en avoir des nouvelles. En
général, vous pouvez annoncer que dans les premiers jours
de septembre on se mettra en marche pour rentrer en France.
Le 17 août, rEmpereur ne pensait donc nullement à faire lagaerre
à la Prusse et songeait au contraire au retour de son armée en
France. La première nouvelle des armements de la Prusse ne lui
parvint que le 22 août. La guerre étaft décidée en Prusse depuis
le 9.
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PREIkCIERS INDICES DE GUERRE.
L EMPEREUR À M. DE TALLETRAND.
Rambouillet, 22 août 1806.
La lettre de M. Laforest, du 12 août, me paraît une folie.
C'est un excès de peur qui fait pitié. Il faut rester tranquille
jusqu'à ce que Ton sache positivement à quoi s'en tenir. Ne
dites rien à M. Lucchesini ; s'il vient vous parler, faites-lui
des reproches sur sa conduite personnelle, sur ce qu'il va
prendre des renseignements chez les agioteurs, et qu'il écrit
à sa Cour des choses absurdes et bêtes qui lui font faire des
folies. S'il vous parle de la Saxe et de la Hesse, vous lui
direz que vous ne connaissez pas mes intentions ; s'il vous
parle de Hamburg, Brème et Lubeck, vous lui direz que ma
résolution est qu'elles restent villes hanséatiques. Vous écri-
rez dans ce sens à M. Bourrienne, et vous en parlerez aux
députés de ces villes à Paris. Vous enverrez un courrier à
M. Laforest pour lui faire connaîti'e qu'il doit rester tran-
quille, observer tout en me mandant tout ; battre en froid ;
que, si on lui parle de la Confédération du Nord, il dise qu'il
n a pas d'instructions -, que, s'il est question des villes han-
séatiques, il déclare que je ne souffrirai pas qu'il soit rien
cliangé i leur état actuel, vu que le commerce de la France
y est trop intéressé ; que, du reste, il porte une grande
attention à m'instruire exactement et en détail des progrès
de l'armement.
Quant à la Confédération du Rhin, il faut écrire à
M. Hédouville que les bases que m'a envoyées le prince Pri-
mat me paraissent bonnes ; mais qu'il faut les faire goûter
aux autres princes de la Confédération, et faire en sorte
qu'ils soient lésés le moins possible dans leur indépendance;
qu'il faut donc attendre encore un peu que tout se débrouille ;
que le premier acte qu'il paraît convenable de faire est un
acte d'inviolabilité du territoire de la Confédération, pour
en interdire le passage à qui que ce soit, et convenir de se
secourir mutuellement s'il était violé. Je désirerais n'être
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b CAMPAGNE DE PRUSSE.
point chargé seul de rinitiative des décrets, mais qu'ils me
fussent demandés par la Confédération, et que, lorsqu'ils me
seraient adressés, je fisse une espèce de dictature à peu près
dans le sens de votre rapport. Mon intention est qu'aucun
Prussien, ni autre, ne puisse passer sur le territoire de la
Confédération, et qu'aucun confédéré n'accorde le passage
sans le consentement de tous. Préparez-moi tout ce que je
dois faire pour la prochaine réunion...
l'eMPEBEUR àU major GENERAL.
Rambouillet, S6 août I8O6.
J'imagine que vous n'avez pas perdu un moment à mettre
en possession les princes de la Confédération du Rhin. Si
vous ne l'avez pas fait, faites-le sans délai. Placez les troupes
bavaroises dans Nuremberg et dans le territoire. Faites
planter sur les limites les poteaux portant d'un côté les
armes de Bavière et de l'autre Confédération du Rhin. Cela
fait, vous ferez éloigner mes troupes de Nuremberg, ayant
l'air de se rapprocher du Rhin, et vous laisserez les Bavarois
en contact avec Baireuth.Vous conseillerez au roi de Bavière
de placer un bon corps de troupes à Nuremberg et environs.
Vous engagerez le roi de Wurtemberg à faire de même, de
manière que mes troupes soient le moins possible en contact
avec le territoire prussien. Enfin vous ferez courir, de toutes
manières, le bruit que toutes les troupes rentrent. Vous ferez
effectivement mettre en marche quelques charrois d'artillerie,
et vous donnerez à tous les gros bagages un mouvement sur
le Rhin. Donnez ordre que rien de ce qui est à Strasbourg et
Mayence ne passe le Rhin, et que tout ce qui serait sur
le Rhin, venant de l'intérieur, attende à Strasbourg et à
Mayence.
Le cabinet de Berlin s'est pris d'une peur panique. Il s'est
imaginé que, dans le traité avec la Russie, il y avait des
clauses qui lui enlevaient plusieurs provinces. C'est à cela
qu'il faut attribuer les ridicules armements qu'il fait, et
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PREMIERS INDICES DE GUERRE. 7
auxquels il ne faut donner aucune attention, mon intention
étant eflFectivement de faire rentrer mes troupes en France.
J'espère enfin que le moment n'est pas éloigné où vous allez
revenir à Paris, et je n'ai pas moins d'impatience que vous
et l'armée de vous revoir tous en France.
l'empereur au major général.
SaiDt-Cloud, s septembro 1806.
#
J'allais vous expédier des ordres pour le retour de l'armée
quand j'ai appris que l'Empereur de Russie avait refusé de
ratifier le traité. Il faut donc attendre quelques jours pour
voir ce que cela va devenir, et le parti auquel je m'arrêterai.
En attendant ne faites rien. Envoyez des émissaires,' quelques
officiers polonais, sur la frontière de la Russie, pour s'infor-
mer de ce qui se passe. Demandez confidentiellement au roi
de Bavière de faire ouvrir les lettres à Nuremberg et à Augs-
burg, pour savoir ce que dit le commerce des affaires de
Russie, et être instruit des mouvements des Russes, si jamais
ils en faisaient.
L empereur au major GENERAL.
Saint-Gloud, 4 scptonibro 1806.
Je ne vois pas d'inconvénient à donner un congé de vingt
jours au maréchal Ney pour assister aux couches de sa
femme. Il laissera ses chevaux, ses bagages et ses aides de
camp à son quartier général ; le plus ancien général de divi-
sion de son corps en prendra le commandement.
Vous pouvez donner au maréchal Davout également un
congé de vingt jours, aux mêmes conditions et sous les mêmes
prétextes, s'il veut en profiter.
Le maréchal Lefebvre prendra le commandement du corps
du maréchal Mortier, qui reviendra prendre son service près
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8 CAMPAGNE DE PRUSSE.
de moi. Il laissera cependant ses chevaux et ses équip&g^es à
Munich ou à Augsburg*.
L'année bavaroise me fournirait-elle 30,000 hommes ?
Faites-moi connaître son état en détail. Toutes les nouvelles
de Russie disent que les Russes veulent attaquer Constanti-
nople et que cette guen^e est très populaire à Saint-Péters-
bourg ; cela est très douteux. Faites-moi connaître les nou-
velles qui vous arrivent sur cet objet. D'ici à quelques jours
je vous accorderai aussi un congé ; je sais que vous avez
besoin de revenir à Paris, et je le désire autant que vous.
1. Le maréchal Mortier partit le il septembre de DurenhoflT pour aller près
de l'Empereur faire sou service de colonel géucral de la Garde impériale.
Le maréchal Lefebvre arriva au 5* corps d'armée le il septembre.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE^
5-18 septembre.
l'empebeur au Major général.
Sainl-GIoud, 5 aeptombre 1806.
Les nouvelles circonstances de TEurope me portent à pen-
ser sérieusement à la situation de mes armées. J'ai déjà levé
50,000 hommes de la conscription de 1806, qui s'opère avec
facilité, et ils sont en marche. Mon intention est de faire
marcher, sous peu de jours, les 30,000 hommes de la réserve.
Les 6 régiments du maréchal Bernadotte ont chacun 3 ba-
taillons. Donnez ordre qu'ils renvoient à leurs dépots les
cadres des 3" bataillons avec les majors , après avoir com-
plété les 2 premiers bataillons à 140 hommes par compagnie.
L'existence de ces cadres est nécessaire pour recevoir les
nouveaux conscrits que je vais lever.
Donnez le même ordre au maréchal Augereau, mon inten-
tion étant que tous les régiments aient au moins un bataillon
eu France , le 3® pour ceux qui ont 3 bataillons , et le 4* pour
ceux qui en ont 4.
Veillez, avec toute l'attention dont vous êtes capable, à
ce que les cadres des 3" ou 4" bataillons, les majors et les
3'* ou 4'* chefs de bataillon quittent la Grande Armée pour
se rendre dans l'intérieur.
1. li'expreasioD préparatift de guerre est celle dont TËmpereur se sert pour
indiquer qu'il met soo armée on état d'entrer eu campagne. Je l'ai donc em-
ployée à reiclusioD de toute autre.
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10 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Il faut faire la même opération pour la cavalerie. Faites
former tous les régiments de Tannée à 3 escadrons, et en-
voyez aux dépôts les cadres des 4" escadrons, afin que Ton
ait le moyen de lever les chevaux. J'avais donné Tordre de
faire rester à Strasbourg et à Mayence tout ce qui y était ;
levez cet ordre, et faites venir aux corps non seulement le
personnel, mais même le matériel.
Causez avec le roi de Bavière \ et faites-lui sentir de quelle
importance il est qu'il ne soit pas exposé à une agression de
la Prusse ou de la Russie, et que Tarmée ne quitte pas l'Al-
lemagne que tout ne soit pacifié. Le pays de Wllrzburg a
été le plus ménagé ; il n'y a pas de mal d'y mettre des trou-
pes pour soulager un peu la Bavière. Je vais lever les prohi-
bitions' et faire passer à l'armée tout ce qui est possible et
tout ce qui se trouve dans l'intérieur'. Donnez ordre au
21* régiment d'infanterie légère, de la division Gazan, qui
est à Dusseldorf, de rejoindre cette division, seulement les
deux premiers bataillons^; le 3* restera à Wesel. Les 100*
et 103* ont, je crois, 2,800 hommes à l'armée ; il faut garder
les 3 bataillons en les organisant à 8 compagnies, et ren-
voyer les cadres de 3 compagnies au dépôt*; car 2,800 hom-
mes ne peuvent être formés en 2 bataillons.
Faites rédiger et envoyez-moi l'état de situation générale
de la Grande Armée '.
1. Le major général était à Munich.
s. Prohibitions de laisser passer le Rhin aux détachements venant de Tio-
té rieur à destination de la Grande Armée. Dépêche du 36 août au major gé-
néral.
s. Par suite de cet ordre, les jeunes soldats de la conscription de Tan XIV
et les réserves appelées en fructidor an XIII, qui n'étaient arrivés dans les
dépôts qu en frimaire an XIV et qui n'avaient que dix mois de service, furent
envoyés aux bataillons de guerre pour les renforcer.
4. Ordre donné le G septembre par le ministre Dejeau aux 8 premiers ba-
taillons du 2i« léger complétés à uo hommes par compagnie de quitter de
suite Dusseldorf pour se rendre à Wiirzburg où ce régiment rejoindra la divi-
sion Gazan du 5« corps. Ce régiment arriva à Mayence le S4 septembre et en
repartit le 25.
5. Les cadres des T^^ compagnies de fusiliers furent renvoyés en France.
G. L*état de situation générale de la Grande Armée était établi & la date du
iw de chaque mois ; il comprenait Tétat-major général, tous les corps d'armée
(états-majors, divisions, cavalerie, artillerie), les services généraux de Tarméei
les réserves, les troupes alliées; il formait un gros livret relié.
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PRÉPARATirS DE GUERRE. 11
L'Empereur commença donc ses préparatifs de guerre le 5 sep-
tembre ; dès lors il donna sans interruption ses ordres pour com-
pléter Tarmée au général Dejean, ministre de Fadministration de la
guerre, pour tout ce qui était en deçà du Rhin, et au maréchal Ber-
thier, ministre de la guerre, major général, pour tout ce qui était
an delà.
Le même jour il indique au major général Tensemble de son pro-
jet d'opérations et le point de réunion de l'armée, et lui ordonne de
faire faire toutes les reconnaissances, en précisant les points sur les-
quels il veut être particulièrement éclairé.
l'eMPEBEUR au MAJOB GENERAL.
Saint-CIoud, 5 septembre 1806.
Envoyez des officiers du génie faire de bonnes reconnais-
sances, à tout hasard, sur les débouchés des chemins qui
conduisent de Bamberg à Berlin. Huit jours après que j'en
aurai donné Tordre, il faut que toutes mes armées , soit celle
de Francfort, soit celle de Passau, soit celle de Memmingen,
soient réunies à Bamberg et dans la principauté de Baireuth \
Envoyez-moi l'itinéraire que chacune suivrait et la nature
des chemins. J'imagine que le maréchal Soult passerait par
Straubing, le maréchal Ney par DonauwCrth et le maréchal
Augereau par Wûrzburg. Je conçois qu'en huit jours tous
1. Le i^c septembre l'armée occupait les cantonnements suivants :
4* corps, m*l Soult: quartier général , Passau ; — !'• div., Braunau; — 8«,
Laiidshut; — 8% Passau; — cavalerie légère, Noubaus; — 2» div. de grosse
ca^TiJerie, Cham ; — 8« div. do dnigons, Amberg.
1*' corps, m*i Bernadotte : quartier général, Anspacb; — i" div., Anspacb;
2*, Furth; — cavalerie légère, Seeoff; — 4« div. de dragons, CEUiugeu ; —
!'• div. de grosse cavalerie, Kitzingen.
6* corps, m«i Mortier: quartier général, DurenholT, puis Dinkelsbûhl le
U septembre ; — l'* div,, Dinkelsbûbl ; — 2*, Schweinfurt ; — cavalerie légère,
BischofTsbeim.
«• corps, m»l Davout: quartier général, CEllingen; — 1«* div., Nordlingon ;
— «*, Hall; — 3«, (Ehringen ; — cavalerie légère, Mergentheim.
«• corps, m** Ney: quartier général, Memmingen; — i« div., détacbée à
Cologne ; — 2«, Memmingen ; — 8», Altdorf ; — cavalerie légère, Allsliauson ;
— 2« div. de dragons. Friburg.
7* corps, m«* Augereau : quartier général, Fraucfort ; — 1^® div., Friedberg ;
— **, Dieli; — i« div. de dragons, Siegen.
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12 CAMPAGNE DE PRUSSE.
mes corps d'axinée se trouveraient réunis au delà de Kro-
nach. Or, de ce point, frontière de Bamberg, j'estime dix
jours de marche vers Berlin.
Dites-moi quelle est la nature du pays de droite et de
gauche, celle des chemins et des obstacles que l'ennemi
pourrait présenter. Qu'est-ce que la rivière de Saale et celle
d'Elster, à Géra? Qu'est-ce que la rivière de la Luppe et
celle de Pleisse, vis-à-vis Leipzig? Ensuite qu'est-ce que la
Mulde à Dtiben et de là jusqu'à son embouchure dans l'Elbe,
au-dessous de Dessau ? Enfin qu'est-ce que l'Elbe qu'on passe
à Wittenberg ? Quelle est cette rivière pendant un cours de
trente à trente-cinq lieues en descendant depuis les frontières
de la Bohême ; quels sont les ponts qui la traversent ? Com-
ment sont fortifiées les villes de Dresde, Torgau, Magde-
burg? Vous pouvez d'abord causer sérieusement de tous ces
objets avec quelque officier bavarois qui connaisse bien le
pays. Vous ferez ramasser les meilleures cartes qui pourront
se trouver à Munich et à Dresde.
Vous enverrez des officiers intelligents à Dresde et à Berlin
par des routes différentes ; ils iraient demander, de votre
part, à MM. Laforest et Durand ce que signifient les mouve-
ments et rassemblements des troupes prussiennes ; ils diraient
que vous paraissez très inquiet de tous ces mouvements,
n'ayant point reçu de Paris d'ordres relatifs, et que vous
ignorez les plans qu'on peut avoir. Celui qui irait à Dresde,
dans le cas où il n'apprendrait rien, se rendrait à Berlin
aussi. Ils s'arrêteraient partout en route pour déjeuner, dîner,
dormir, ne marcheraient point de nuit et étudieraient bien
par ce moyen le local. Donnez-moi aussi des détails sur la
Sprée. Je n'ai pas besoin de dire qu'il faut la plus grande
prudence pour acquérir ces renseignements, car je n'ai aucun
projet sur Berlin ; je désire être fourni de ces détails unique-
ment pour être en mesure. J'imagine qu'entre Bamberg et
Berlin il n'y a de forteresse que Magdeburg. Je pense aussi
qu'on trouvera de quoi vivre dans le pays de Bamberg. Il me
sera facile d'approvisionner WUrzburg. Il doit exister de
petites forteresses appartenant soit à Wtirzburg, soit à la Ba-
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 13
vière, qu'il serait bon d'occuper d'avance ; faites-les-moi
connaître.
Dès le premier jour, TEmpereur conçoit son plan d'opérations
poar la Grande Armée dans toute sa hardiesse, avec cette résolution
vigoureuse qui est le propre de tous ses actes ; il marque son inten-
tion de marcher droit sur Berlin. Ces renseignements sont les seuls
qu'il donnera par écrit au major général sur ses projets généraux.
Lui fr-t-il confié ensuite de vive voix son plan de campagne, une fois
arrivé à Wllrzburg ? H est permis d'en douter.
L'Empereur ordonne au major général de prendre tous les rensei-
gnements dont il a hesoin pour mettre ses projets à exécution. 11
détermine lui-même les points sur lesquels porteront les reconnais-
sances :
D'abord les débouchés des chemins qui conduisent de Bamberg sur
Berlin. Cette affaire est la plus importante : comment l'armée pas-
sera-t-elle la montagne ? combien y a-t-il de débouchés ? quelle di-
rection ont-ils ? dans quel état sont les chemins dans la montagne ?
Puis la nature du pays de droite et de gauche, celle des chemins
et des obstacles que l'ennemi pourrait présenter, cours d'e&u aux
points où l'armée les passera, places fortes.
La manière de se procurer tous ces renseignements n'est pas in-
différente ; le major général a besoin de savoir jusqu'où il peut aller
dans ses procédés d'information. L'Empereur prend soin de le lui
indiquer. Il causera d'abord avec un officier allié connaissant bien
le pays; il fera ramasser les meilleures cartes dans les grandes viUes ;
puis II enverra des officiers en mission sous la couleur d'affaires di-
plomatiques.
Le capitaine du génie Beaulieu fut envoyé à Berlin ; le chef de
bataillon Guilleminot à Dresde.
L'état-major peut recueillir beaucoup de renseignements de toute
espèce pendant la paix; mais répondront-ils aux besoins du comman-
dant de l'armée pour l'exécution du plan d'opérations qu'il conçoit ?
Une étude de l'Allemagne, même fort complète, eût-elle donné à
TEmpereur tous les renseignements qu'il désirait connaître? Combien
de ceux qui existent dans les cartons devront être contrôlés au der-
nier moment par des officiers ou par des agents sûrs. Le commandant
de l'armée peut donc seul ordonner la reconnaissance du théâtre
d'opérations, car cette reconnaissance doit être exécutée selon ses
vaes. Qu'elle puisse être tirée en grande partie des documents déjà
réunis, tant mieux ; encore faut-il qu'on lui présente le travail comme
il le demande afin de lui faciliter sa besogne. Kecueillir les rensei-
gnements: là se borne le rôle de l'état-major dans la préparation des
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14 CAMPAGNE DE PRUSSE.
plans de campagne *. La conception du plan est le travail du com-
mandant de l'armée. Tout doit être secret et mystère dans un plan,
de campagne. Quel secret espérer d'une réunion de plusieurs per-
sonnes ? Le commandant de l'armée sera obligé de mettre bien assez
de monde dans sa confidence au moment de l'exécution.
L'indication donnée par l'Empereur € Je pense aussi qu'on trou-
€ vera de quoi vivre dans le pays de Bamberg », devait suffire au
major général pour faire prendre tous les renseignements possibles
sur les ressources du p&ys, soit par des officiers ou des agents envoyés
de Munich, soit plutôt par les maréchaux commandant les 1^' et
ô** corps qui étaient sur les lieux, et dont les états-majors et les or-
donnateurs pouvaient se livrer à ces investigations sans recevoir de
confidences, sans faire de bruit et sans éveiller de soupçons. Il semble
que ces informations aient été négligées dès le jour où elles auraient
pu être prises, et cependant elles rentrent bien dans les attributions
de l'ét^t-major.
L'Empereur avertissait que huit jours après qu'il en aurait donné
Tordre, il fallait que toutes ses armées fussent réunies à Bamberg et
dans la principauté de Baireuth. Le major général le connaissait
assez pour savoir que, du moment où il avait conçu un projet, il
pouvait donner l'ordre d'exécution d'un instant à l'autre. Le service
de l'état-major est parfaitement clair et strict: une fois les intentions
du commandement connues, préparer minutieusement tout ce qui
sera nécessaire et même utile pour l'exécution. Un chef d'état-major
doit savoir lire les instructions de son général.
Tout marche de front dans une armée ; il est donc impossible de
séparer les mesures prises pour compléter l'armée en personnel et en
matériel de celles qui ont pour but de préparer les opérations et d*eu
assurer le succès. Pour que l'étude d'une campagne soit profitable,
il faut suivre au jour le jour le développement de la pensée du Chef
de l'armée dans son ensemble, en classant chaque objet à sa place
selon sa valeur. Il faut vivre la vie du Commandant de Tarmée et
penser sa pensée. Il faut voir avec lui à la fois l'ensemble et le détail
puisqu'à la guerre le Chef pense à tout et s'occupe de tout dans la
même journée, dans la même heure.
1. Lorsque le général en cher esl insufQsanr, son chef d'éiat-major, quelque
supérieur qu'il soit, no saurait le suppléer. Il n*en a pas rautoritë. c A la
guerre, les hommes ne sont rien, c*esl un hommo qui est tout. » L*Empereur,
l^^olet tur les affaires d'Espagne, 30 août 1808.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 15
l'empereur au major général.
SaîDt-Cloud, 9 septembre I8O6.
Je remarque sur l'état de situation de la Grande Armée,
en date du l*' août (je n'ai pas celui du 1*' septembre *), que
tous les régiments de cavalerie ont plus de chevaux que
d'hommes ; cependant il existe encore beaucoup d'hommes
aux dépots : donnez des ordres pour qu'on fasse rentrer aux
régiments assez d'hommes, non seulement pour que tous les
chevaux soient employés, mais encore qu'il y ait une cin-
quantaine d'hommes par régiment pour remplacer les pre-
miers blessés ou malades.
Si je faisais la guerre contre la Prusse, ma ligne d'opéra-
tions serait Strasbourg, Mannheim, Mayence et Wttrzburg, où
j'ai une place forte ; de sorte que mes convois, le quatrième
jour de leur départ de Mannheim ou de Mayence, seraient en
sûreté à Wttrzburg. Je voudrais, à quatre journées de Wttrz-
burg, sur le territoire bavarois, avoir une petite place qui
puisse me servir de dépôt. J'ignore quelles forces peuvent
avoir les petites places de Eronach, Lichtenfels, Schesslitz.
Forchheim serait dix lieues trop bas ; cependant il fau-
drait s'en servir si l'on ne pouvait s'établir ailleurs.
Faites reconnaître la place de Kônigshofen dans le pays de
Wttrzburg, au delà de Schweinfurt ; je crois que Bamberg
ne conviendrait pas. Faites reconnaître le Mayn depuis
Wttrzburg jusqu'aux frontières du pays de Baireuth, d'où il
Bort. Faites aussi reconnaître le haut Palatinat jusqu'aux
frontières de la Saxe ; voyez s'il s'y trouve une place où mes
convois puissent se rendre depuis le Rhin, et qui puisse ser-
vir de point d'appui à mes opérations. Faites reconnaître la
Naab et faites faire un grand croquis de cette rivière ; dans
un cas de guerre, elle peut devenir très importante. Je ne
crois pas qu'il y ait de places fortes sur cette rivière, maïs
1. Le livret de situation du i*' septembre ne fut pas rédigé.
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16 CAMPAGNE DE PRUSSE.
faites-moi connaître ce qui en est. Dans tous les cas, la
place de Forchheim ne doit pas être négligée. Concertez-
vous avec le roi de Bavière pour qu'il y mette un comman-
dant avec des munitions de guerre et de bouche. Il sera bien
de recommander à chacun la plus grande circonspection, et
surtout d'être bien avec les Prussiens et de maintenir avec
eux la bonne intelligence ; mais il n'y aura pas de mal d'an-
noncer qu'outre les 50,000 hommes qui viennent d'être levés,
je demande encore cent nouveaux mille hommes. Faites
observer Gotha, Naumburg et Leipzig comme fortifications,
et dites-moi quelles places on pourrait trouver à l'abri d'un
coup de main, entre Bamberg et Berlin, et qui pourraient
sei-vir de centre aux positions de l'armée. Vous sentez com-
bien il faut d'adresse pour cela. Faites voir aux officiers du
génie combien j'attachais d'importance à Braunau, et combien
j'en ai attaché à Augsburg. Ainsi il faut que ces reconnais-
sances soient faites avec le plus grand soin et confiées à des
officiers de mérite.
L'Empereur fait connaître au major général rensemble de sa ligne
d'opérations pour la première époque de la guerre, comme il lui a
indiqué le 5 la direction des opérations de la Grande Armée.
D'abord les points d'appui en territoire national : Strasbourg,
Mannheim et Mayence, cette dernière place étant le pivot des mouve-
ments contre la Prusse.
Puis sur le territoire de ses alliés, la place forte de Wiirzburg, où
le quatrième jour de leur départ de Mannheim ou de Mayence ses
convois seront en sûreté.
Enfin, à quatre journées de WUrzburg, sur le territoire bavarois,
il veut une petite place qui puisse lui servir de dépôt et de point
d'appui.
Poursuivant la pensée de sa marche sur Berlin, quelle place forte
à l'abri d'un coup de main peut-il trouver au milieu de la Saxe, entre
Bamberg et Berlin, pour servir de centre aux positions de l'armée?
C'est le Commandant de Tarmée qui détermine lui-même la ligne
d'opérations. A l'état-major de reconnaître les places pouvant servir
de points d'appui, l'état dans lequel elles se trouvent, les travaux à
y faire ; de reconnaître les voies de communications et en particulier
la route principale qui va devenir la route de l'armée ; de préparer
le tracé des étapes. Le major général, une fois qu'il connaît les pre-
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PRÉPARATIFS DB GUERRE. 17
miéres idées dn général en chef, a assez d'expérience de la guerre
poar se mettre à même de répondre à toutes les demandes qu'il lui
adressera, d'exécuter tous les ordres qu'il lui donnera.
Quatre officiers du génie partent de Munich pour procéder à ces
reconnaissances, le colonel Blein, les chefs de bataillon Legrand et
Huart, le capitaine Rémond ; peut-être d'autres encore, mais je n'ai
tionTé la trace que de ceux-là.
Les ingénieurs-géographes vont faire le levé des routes en indi-
quant les ressources qu'on j trouvera et les gîtes qu'on pourra
adopter.
L'Empereur semble employer indifféremment les expressions ligne
d'opérations et ligne de communications. Cependant en examinant
attentivement sa correspondance et ses écrits, j'ai cru remarquer
qu'il appelait ligne d'opérations la portion de la route de l'armée qui
a étend de l'armée elle-même à la place de dépôt la plus rapprochée,
au dernier point d'appui, au pivot sur lequel elle manœuvre ; et ligne
de communications ou communication de l'armée la route de l'armée
depuis le territoire national jusqu'à cette dernière place la plus
avancée.
« Une armée, dit l'Empereur, dans ses Observations sur le plan de
< la campagne en Allemagne en 1796 , qui marche à la conquête
« d'un grand pays, a ses deux ailes appuyées à des pays neutres ou à
* de grands obstacles naturels, soit à de grands fleuves, soit à des
< chaînes de montagnes, ou elle n'en a qu'une, ou point du tout ;
< dans le premier cas, elle n'a plus qu'à veiller à ne pas être percée
« sur son front ; dans le second cas, elle doit s'appuyer à l'aile sou-
« tenue ; dans le troisième cas, elle doit tenir ses divers corps bien
« appuyés sur son centre et ne jamais se séparer ; car, si c'est une
« difficulté à vaincre que d'avoir deux flancs en l'air, cet inconvé-
« nient double si on en a quatre, triple si on en a six, quadruple si
« on a huit, c'est-à-dire si on se divise en deux, trois ou quatre corps
« différents. La ligne d'opérations d'une armée, dans le premier cas,
< peut appuyer indifféremment du côté de la gauche et de la droite ;
« dans le second, elle doit appuyer à l'aile soutenue ; dans le troi-
< sième, elle doit être perpendiculaire sur le milieu de la ligne de
« marche de l'armée. Dans tous les cas, il faut, toutes les cinq ou
< âx marches, avoir une place forte ou une position retranchée sur
« la ligne d'opérations pour y réunir des magasins de bouche et de
« guerre, y organiser les convois et en faire un centre de mouvement,
« un point de repère qui raccourcisse la ligne d'opérations* »
CAlIP. DB PKUSmB.
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18 CAMPAGNE DE PRUSSE.
l'empereur au major général.
SaiiU-Cloud, 10 septembre i806.
Les mouvements de la Prusse continuent à être fort ex-
traordinaires. Ils veulent recevoir une leçon. Je fais partir
demain mes chevaux, et dans peu de jours ma Garde. Ils
partent sous le prétexte de la diète de Francfort. Toutefois il
faut bien du temps avant que tout cela arrive. Tâchez donc
de vous procurer quelques chevaux pour moi ; vous ne m'a-
vez pas répondu sur ce que le roi de Bavière pourrait me
prêter, si j'en avais besoin. Si les nouvelles continuent à
faire croire que la Prusse a perdu la tête, je me rendrai droit
à Wurzburg ou à Bamberg. J'imagine que, dans quatre ou
cinq jours, le quartier général, vos chevaux et vos bagag^es
seraient rendus à Bamberg. Faites-moi connaître si je me
trompe dans ce calcul. En causant avec le roi de Bavière,
dites-lui très secrètement que, si je me brouillais avec la
Prusse, ce que je ne crois pas, mais que, si jamais elle en
fait la folie, il y gagnera Baireuth. J'imagine que Braunau
est toujours approvisionné et en état de défense. Peut-être
serait-il convenable que la Bavière fît approvisionner le
château de Passau, quoique l'Autriche dise, proteste qu'elle
veut rester tranquille. M. de Knobelsdorf me fait toutes
protestations ; mais je n'en vois pas moins continuer les ar-
mements de la Prusse, et, en vérité, je ne sais ce qu'ils
veulent *.
1. LE MAJOB OÉNÛB.VL AU CKKÂRAL BBLLIAHD.
Munich, 16 septembre 1806.
L*Empereur me mande, Génénil, que M. de Knobelsdorf lui fait toujours
les plus belles protestations sur les sentiments amicaux de la Prusse; cepen-
dant s M. ne peut voir avec indilléronce que les armements se continuent :
nous ferons tout pour nous maintenir en bonne intelligence avec les Prus-
siens ; mais onûn s'ils nous attaquent, nous saurons nous défendre. L'Empe-
reur m'annonce qu'il est sur le point de prendre son parti, ce qui me mettra
dans le cas de donner des ordres. Vous avez bien fuit de ne pas accepter la
table qu'on voulait vons donner à Ulm : les généraux français doivent payer
leur table, surtout les chefs d'élal-major qui ont io,oOu fr. d'indemnité par
mois. La Bavière ne doit nourrir que les soldats. Je viens d'écrire a Paris
pour qu'on vous fasse pnyer voire arriéré; j'ai demandé également des fonds
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 19
J*ai ordonné au 28* régiment d'infanterie légère, qui est à
Boulogne *, et au bataillon d'élite qui est à Neufchâtel, de se
rendre à Mayence. Il n'y aura donc plus rien à Neufchâtel.
J ai ordonné au roi de Hollande de former un camp de
25,000 hommes à Utrecht. Si les nouvelles que je reçois
continuent à être les mêmes, je compte faire partir vendredi *
une avant-garde d'un millier de chevaux de ma Garde, et,
huit jours après, le reste. Ainsi, j'aurai 3,000 chevaux,
6,000 hommes d'infanterie d'élite et 36 pièces de canon.
Je vous ai écrit pour avoir l'œil sur la citadelle de WUrz-
burg et toutes les petites citadelles environnantes.
Combien faudrait-il de jours pour que le parc d'artillerie
qui est à Augsburg pût se rendre à WUrzburg ? Combien de
temps faudrait-il pour envoyer à Strasbourg la plus grande
partie des objets d'artillerie qui sont à Augsburg ?
l'empebëur au major général.
Saiol-Cloud, lO septembre 1806.
Vous trouverez ci-joint un rapport qui m'est remis sur la
compagnie Breidt '. Je désire connaîtra en détail tout ce qui
se trouve d'équipages de cette compagnie aux différents corps,
à TEoipcreur pour payer les Trais do bureau des chefs d'état-major. Ainsi nous
ne serons pas longtemps à avoir de l'argent. Notre réunion ne tardera pas.
Vous connaissez, Général, tout mon attachement pour vous.
1. Voirie mouvement de ce régiment à la date du 19 septembre. Note.
s. Vendredi 18 septembre.
9. Les équipages mUitaires assuraient en tout temps les transports des ef-
fets de campement et dliabiliement, des hôpitaux ambulants, des vivres et, en
outre, aux années, le service du parc auxiliaire.
Va traité avait été passé, le ï4 floréal an XIII (14 mai 1805), avec Tcntrc-
priM Breidt, titulaire du marché du temps de paix, pour Torganisation du bri-
gades d'équipages destinées à dire attachées aux armées. 6 de ces brigades,
portant les n9» i, 2, 8, 4, 5 et 6, et comptant en tout i68 voitures et 640 che-
vaax, étaient seules prêtes en fructidor au XIII et partirent des camps de
rOcéaa avec les corps de la Grande Armée pour hi campagne d'Allemagne,
u autres brigades furent organisées aux parcs de Saropigny (so) et de Paris (4)
et dirigées successivement sur la Grande Armée pendant le courant dos mois
de vendémiaire, brumaire et frimaire an XIV ; 4 d*entre elles (n^ 18, 19, 87 et
19) > composées de 5i voitures et 496 chevaux, furent envoyées à Tarméo du
Nord sur la demande du priuco Louis. Les 26 brigades do la Grande Armi3u
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20 CAMPAGNE DE PRUSSE.
et à quels services ils sont affectés ; quels sont les corps qui
ont les caissons et autres objets qu'ils doivent avoir confor-
mément à mes décrets. Il est très important que je connaisse
en détail la situation de cette partie du service, si les ambu-
formaient un total de 546 voitures el 8,608 chevaux, d*aprè8 un rapport du
ministre Oejean à TEmpereur, du 8 nivôse an XIV. Mais 11 s'en faut que toutes
ces voitures soient arrivées à Tarmée ; c*est ainsi que la brigade 15 fut prise en
route par les Autrichiens (probablement un corps do partisans), el les voitures
vendues à Anspach le S5 brumaire. Du reste TEmpereur était loin d'étro sa-
tisfait de l'exécution du service, car 11 écrivait au ministre Dejean, de Schôn-
brunn, le 22 frimaire an XIV (is décembre 1805) : « Vous avez mal fait d'ôter
R aucun des moyens de la Grande Armée pour l'armée du Nord. L*arméo du
<r Nord va en Hollande ; elle n'y manquera pas d'équipages. Vous dites que
« 17 brigades de caissons, de 25 chacune, sont à la Grande Armée ; il s*eu
R faut beaucoup quMl y ail ce nombre ; je n*en ai pas 60 on tout »
J'insiste sur ce point que l'armée fit la campagne de Tan XiV sans équipages
réguliers, ou à peu près.
Dans un rapport présenté le 25 février 1807 à TEmpereur sur le projet d'une
organisation militaire d'équipages, M. Tliévenin, ancien administrateur des
armées d'Italie et d'Orient, inspecteur général du service des transports et
équipages militaires aux armées des côtes de l'Océan, d'Allemagne et de
Prusse, s'exprime ainsi sur le système de l'entreprise: « On ne peut discerner
c les raisons qui ont pu déterminer le gouvernement à laisser dans rinerlie
« le service des équipages. Pendant la Révolution, on avait réuni tous les
« équipages, môme ceux de Tartillerie ; mais celte réunion avait des incon-
« vénienls sans nombre et le système a été abandonné. On a ensuite accueilli
ff des entreprises et l'on ne s'en est pas bien trouvé ; ce genre de service
« n'est utile que lorsque les transports sont fixés et qu'aucune circonstance
« n'en dérange l'ordre. Ce système est très coûteux et ne doit être employé
« que lorsqu'il n'y a pas d'autres ressources. Il y a dans une entreprise tant
« de personnes intéressées à la conservation des objets qui la composent que
c l'entrepreneur môme n'est pas toujours le mailre de faire exécuter des mou-
R vements avec la promptitude qui serait nécessaire a l'armée. Tout tend au
« repos dans ce service »
Les caissons de la compagnie Breidt, attelés à quatre chevaux,' étaient
menés par un seul homme, de sorte que si le conducteur tombait malade en
route, il ne se trouvait personne pour le remplacer. Au lieu de journées d'é- *
lapes, les charretiers ne faisaient que 3 ou 4 lieues par jour, ménageant che-
vaux et voitures, prétextant le mauvais état des chemins, el môme séjournant
plusieiurs jours dans le mémo endroit en alléguant l'impossibililé de (aire exé-
cuter les réparations, dont ils étaient du reste chargés. (Les chevaux étaient
la propriété de l'entreprise, et les caissons et harnais lui étaient seulement
confiés par le gouvernement.)
Aussi, au mois de mars 1807, TËmpereur prit-il un décret pour la formation
de bataillons d'équipages militaires. « ..«.. Ne me parlez plus do la compa-
« gnie Breidt, écril-il au ministre Dejean le 26 mars; c'est un tas de gueux
« qui ne font pas de service; il vaut mieux ne rien avoir. Je regrette l'argent
« que je leur ai donné. II n'a pas tenu à eux que le service ne manqu&t tout
K à fait. Ils mettent quatorze jours à faire une route que l'on fait en cinq
« jours, et ils ont une bonne raison pour cela : les conducteurs sont chargés
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 21
lances sont organisées et la répartition de toutes les brigades
de la compagnie Breidt. Je vois sur les états que le sous-
inspecteur aux revues Barbier a 2 chevaux appartenant à
cette compagnie ; que le maréchal Davout en a 8 ; qu'il y en
« des réparations, et ils ne demandent pas mieux que de faire prendre leurs
« Toitures pour se les faire payer. »
Comme les équipages de la compagnie Breidt n'étaient pas entièrement or-
ganisés en fructidor an XIII, TEmpereur fut obligé de requérir des voitures
pour pourvoir aux différents services. Ces équipages de réquisition suivirent
Tannée pendant louto la campagne de Tan XIV.
li'BMPKRKUR AU VICB>ROI D*ITALIB.
Saint-Cloud, 16 septembre 1805.
Tavais eliargé M. Maret de vous envoyer copie d'un décret sur une réqui-
sition de 3,000 ou 4,000 voitures, que j'ai ordonnée dans les départements de
France, et sur la manière de les embrigader. Je pense que vous devez faire
la mémo chose pour le service de mon armée d'Italie. Ainsi, si l'on avait be-
soin de 900 voitures, vous en feriez la répartition entre les départements, qui
les fourniront et qui en seront payés exactement. Vous sentez qu'il est impos-
sible do faire des acliats de chevaux et de voitures; il faut six mois pour cela;
les chevaux et les voitures des paysans ont toujours fait, dans tous les pays,
ce service. Je ne puis approuver ce que vous me dites à cette occasion ; il
laut parler paix, mais agir guerre. Il ne faut rien épargner pour réunir mon
armée et lui faire fournir tout ce dont elle pourrait avoir besoin. Donnez des
ordres pour qu'on se concerto avec l'ordonnateur et qu'on requière des voi-
tures, qu'on payera et qu'on embrigadera pour le service de l'armée. Vous
avez tait louer xoo chevaux au général Lacombe-Saint-Michel ; qu'est-ce que
c'est que 200 chevaux ? Si les Autrichiens étaient dans le royaume, ils ne se
comporteraient pas avec tant de ménagements: c'est ce qu'ils font a Venise,
c'est ce qu'on a toujours fait. Je ne vois pas pourquoi vous y trouvez de la
répugnance; je suis surpris que le ministre de la guerre ne vous ait pas
éclairé là-dessus. Dans toutes les circonstances semblables on a fait des ré-
quisitions de chevaux. Ce n'est pas 900 chariots que je prenais lorsque j'é-
tais en Italie, mais 2,000, et ces réquisitions se faisaient en désordre, ce qui
^tait alors vexatoire pour le pays. Il ne faut pas vous épouvanter des cris
des Italiens; ils ne sont jamais contents. Mais faites-leur faire cette seule
réflexion : Comment faisaient les Autrichiens, comment feraient-ils? Montrez
de la vigueur
Au camp impérial do Boulogne,
lo 15 fructidor an XIII.
Napoléon, Empereur des Français, décrète ce qui suit :
Art. !•■'. — Il sera levé dans les départements de la Roêr, de Rhin-et-
Moselle, de la Sarre, du Mont-Tonnerre, de la Moselle, de la Meurlhe, des
Vosges, du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Haute-Saône, 3,500 voitures do
réquisition attelées chacune de 4 bons chevaux et conduites par i charretiers.
2,500 de ces voituies seront affectées au service des parcs de la Grande Ar-
mée, et 1,000 aux transports de l'administration aux ordres de l'intendant
général de l'armée.
Art. i, — Ces départements fourniront dans la proportion suivante, savoir :
Four l'artillerie, chacun des dix départements, 250 voitures, soit 9,50o ;
Pour les autres transports, les départements de la Roêr et de Rhin-et-
Moselle, 1S5 voitures; du Mont-Tonnerre, 50; chacun des sept autres, lOO,
soit 1,000.
Les voitures de chaque département se réuniront le 96 du mois do fruc-
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22 CAMPAGNE DE PRUSSE.
a une grande quantité à Augsburg. Vous savez que mon in-
tention est qu'aucun général ni officier n'ait de chevaux ni
caissons appartenant à cette compagnie. J'ai donné un ordre
à ce sujet à Vienne ; faites-le exécuter et que chacun rende
ce qu'il a pris. Ces caissons sont destinés au transport du
pain. Ce n'est pas trop que 500 caissons pour une armée si
considérable. Je désire qu'il y en ait à peu près 2 attachés à
chaque bataillon, c'est-à-dire pour porter 2,000 rations ou
2 jours de rations complètes, ou même 4 jours de demi-rations
dans des moments pressés. J'ai 120 bataillons ; cela me ferait
donc 240 caissons. Un régiment de cavalerie doit être consi-
déré comme un bataillon, puisque les régiments de cavalerie
ont tous moins de 500 hommes. J'ai à l'armée moins de
lidor aux lieux qui seront désignés par les préfets qui en passeront la revue,
et elles seront payées dès ledit jour. Le «6, elles tus mettront en route pour
le lieu de leur destination, et si les agents que doivent envoyer le général
d'artillerie et l'intendant général ne sont pas arrivés, les voilures do chaque
département se mettront en route sous la conduite d'un lieutenant do gen-
darmerie avec une brigade.
Art. 3. — Les voitures alTectées au service do l'artillerie seront organisées
en brigades de 50 voitures chaque, commandées par un brigadier et s liaut-
le-pied.
Les brigades seront formées en divisions composées chacune de lO brigades
ou 500 voilures, commandées par un chef de division et 2 maréchaux des
logis.
La réunion des 3 divisions formera la totalité de l'équipage qui sera com-
mandé par un inspecteur et 2 sous-inspecteurs.
Ces employés seront pris, autant que possible, dans le train ou dans le
corps de l'artillerie.
Art. 4. — Les voitures afTectéos aux autres transports de l'armée seront
dirigées par les employés actuels des équipages, et suivant l'organisation
précédemment adoptée par S. M.
Art. 5. — Les voilures seront payées par le payeur général du parc d'ar-
tillerie pour le service des parcs, d'après les revues de l'inspecteur aux re-
vues, à raison de i fr. 50 c. par jour par cheval, et de 0,75 c. par jour par
charretier. Les autres seront payées au môme prix sur ordonnances de Tiu-
tendant général.
Il sera délivré, des magasins do l'armée, S rations de pain par jour à chaque
charretier et employé, et une ration de fourrage à chaque cheval. Moyennant
ce traitement, les particuliers auxquels appartiendront les chevaux et les voi-
lures, resteront chargés de leur entretien et de celui de leurs haniais. S'ils
n'y pourvoient pas, cet entretien sera fait à leurs frais, et les retenues leur
en seront faites sur le paiement du loyer de la voiture.
Art, 6. — Solde des employés : Inspecteurs, 500 fr. par mois ; — sous-ins-
pecteurs, »50; — chefs de division, ïOO ; — maréchaux des logis, 160; —
brigadiers, lOO; — haut-Ie-pied, 75.
Dans le cas où les employés jouiraient déjà d'un autre traitement, il sera
déduit do celui fixé ci-dessus.
Les ministres de la guerre, des finances, du Trésor public, de l'adminis-
tration de la guerre et de l'intérieur sont chargés de Texécution du présent
décret.
Napoléon.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 23
50 régiments de cavalerie ; cela me ferait donc une centaine
de caissons pour la cavalerie. Pour Tartillerie, elle a ses
moyens et n'a pas besoin de ceux-là. Il me restera donc en-
viron 200 caissons dont je pourrai disposer pour Tapprovi-
sionnemcnt des magasins centraux \ Répondez-moi là-dessus.
Faites-moi connaître comment se fait le service des ambu-
lances ; il me semble que les chariots de la compagnie Breidt
ne sont pas propres à ce service *. Chaque régiment doit
avoir son ambulance'. Si on laissait faire la cavalerie, elle
1. Par magasins centraux, l'Empereur entend ceux que Ton rcSunit dans les
points qui deviennent le centre des grands mouvements des armées, et dont
ou tire des subsistances pour Caire vivre les troupes, ainsi que cela eut lieu
de Bambcrg pour Kronach après le 7 octobre. Une fois les moyens de trans-
port pour les vivres assurés aux troupes (8 caissons par bataillon, t par ré*
gimcnt de cavalerie, et un supplément pour Tonsomblo d'un corps d'armée, à
raison de 1 caisson pour i bataillons), tous les autres caissons sont à la dis-
position du grand quartier général qui les emploie suivant les besoins, soit
pour approvisionner les magasins d'un pivot d'opérations, soit pour approvi-
sionner un corps d'armée placé dans des circonstances désavantageuses, par-
courant un pays mangé par l'ennemi ou par les corps qui le précèdent, ou
cantonné dans une contrée dévastée pendant dos opérations antérieures.
Mais pour le moment, il est de toute nécessité d'alléger les corps d'armée,
et de les débarrasser de cette quantité de voitures qu'ils traînent après eux.
2. « La construction des caissons, dit M. Tbévcnin dans son rapport,
« ne permet pas de les employer pour transporter dos malades. La santé des
* troupes pourrait être compromise si on les employait sans précaution pour
« cet usage.
* On a négligé d'avoir dos ambulances; cependant ces voitures seraient
« d'une grande ressource pour pouvoir enlever sur-le-champ les blessés. Ces
* voilures devraient être construites de manière qu'elles soient utiles pour
« transporter les liquides et les matériaux qui détériorent les caissons; elles
■ seront couvertes dessus et latéralement avec uue bâche destinée pour l'am-
« bulancc.
« Les ambulances légères attelées chacune de s chevaux ne peuvent pas
■ être très utiles, parce qu'elles n'offrent point assez de solidité, et que n'étant
• attelées que de 2 chevaux il peut arriver fréquemment (lu'un cheval malade
« oblige à abandonner la voiture. Il serait nécessaire do former des arabu-
« lances de chevaux de bat ou mulets à b&t pour transporter avec célérité
< les caisses d'instruments et les effots d'hôpituux pour les première besoins
• sur les champs de bataille »
8. Les ordres furent donnés le 21 septembre à tous les corps d'armée pour
la formation de leura équipages.
I>B MAJOR OiNl^RAL AU OKIfÉBAL DUPONT.
Munich, 2i septembre 1806.
Je vou.9 préviens que l'équipage d'ambulance de votre division doit être
compose de S caissons; que chaque hAlailIon d'infanterie el chaque régiment
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24 CAMPAGNE DE PRUSSE.
n'en aurait jamais assez. Mais la cavalerie n'a pas besoin de
ces moyens-là. Dans la saison où nous sommes, nous trouve-
rons partout des fourrages.
Je vous rends responsable si, 24 heures après la réception
de cet ordre, il y a des chevaux ou des caissons attachés sl
des services particuliers *. Beaucoup de régiments peuvent
avoir de mauvais chevaux ; autorisez-les à acheter en Alle-
magne les chevaux qu'ils pourront trouver. Chaque régiment,
par exemple, pourrait acheter une vingtaine de chevaux.
Vous leur ferez 10,000 fr. à chacun pour cet objet ; cela,
indépendamment de ce que je fais acheter en France par les
dépôts ; mais la France est épuisée de chevaux. J'imagine
que chaque régiment de toute arme a au moins 20 hommes à
pied, tant pour servir aux remontes que pour les circonstances
qui nécessiteraient des achats de chevaux. J'imagine que
l'artillerie a des forges de campagne, est munie de fer, de
manière à avoir, non seulement ce qui lui est nécessaire pour
entrer en campagne, mais aussi à avoir un approvisionne-
ment *.
Vous m'avez assuré que mon armée est bien approvision-
née de souliers. Il faut désormais que Mayence soit considérée
comme le grand dépôt de l'armée ; cependant il ne faut pas
de troupes à cheval devra avoir 2 caissons pour le transport do ses subsislan-
ccs-pain ;
Que tous ces caissons seront pris sur ceux de Ti^quipage Broidt qui se
trouvent dans ce moment à votre division ou qui y seront envoyés ;
Que les caissons qui exc<JderoDt ce nombre seront à la disposition de
M. l'intendant général;
Que M. riuteudant général fait passer ses instructions à votre commissaire
des guerres pour rexécution de ces dispositions.
Vous voudrez bien, do votre côté, donner des ordres pour que cette opé-
ration se passe dans le plus court délai possible.
1. Le major général adressa le 15 aux maréchaux une circulaire qui repro-
duisait textuellement les ordres de TEmpereur et se terminait ainsi : < Je
H vous prie de m'en donner l'assurance par écrit, ce qui servira à couvrir la
« responsabilité que l'Empereur m'impose directement à cet égard. >
Voir à la date du so le compte rendu du maréchal Soult.
8. Le major général donna en conséquence, le 15, des ordres pour les
troupes de cavalerie et d'artillerie, ordres qui furent communiqués aux corps.
4« corps. — Ordre du jour. 28 septembre. — Les colonels rendront
compte si les régiments qu'ils commandent sont pourvus de forges de campagne
et si tous ont a leur suite un approvisionnement en fers et en clous, au moins
pour renouveler le ferrage des chevaux du régiment en son complet
Cette partie avait été bien négligée dans la cavalerie; car le 6 octobre, après
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PRÉPARATIFS DB GUERRE. , 25
annoncer ce changement. Causez-en avec Tintendant géné-
ral de Tarmée, pour que beaucoup de choses sment plutôt
dirigées sur cette ville que sur Augsburg.
L EMPEREUR AU GENERAL CAULAINCOURT, GRAND ECUYER.
Saint-Cloud, lO septembre 1806.
Monsieur Caulaincourt, faites arranger toutes mes lunettes.
Faites partir demain soixante chevaux de mes écuries, parmi
lesquels il y en aura huit de ceux que je monte. Vous me
remettrez Tétat de ceux de mes chevaux que vous voulez
faire partir. Je désire que cela se fasse avec tout le mystère
possible. Tâchez qu'on croie que c'est pour la chasse de Com-
piègne. Ce sera toujours, jusqu'à leur passage à Compiègne,
deux jours de gagnés. Faites aussi partir mes mulets et mes
cantines munies de tout ce qui est nécessaire, ainsi mes
sa revue, le Grand-duc rendait compte que les divisions Klein et Beaumont
n*avaieul point de forges de campagne.
liB OIÎKÉKAL 80X0M AU IIAJOB O^M^SAL.
Augsburg, 17 septembre 1806.
V. A., par sa lettre en date du 15, me demande si l'artillerie a des forges de
campagne et si elle est munie de fers de manière à avoir non seulement
ce qui lui est nécessaire pour entrer en campagne, mais aussi à avoir un
approvisionnement. Il existe au parc et aux corps d'armée toutes les forges
nécessaires tant pour les radoubs do rarlillerie que pour les chevaux du train.
^ approvisionnement en fers, V. A. entend vraisemblablement celui des fers
à cheval ; Tautro etft peu conséquent, et il en existe autant que les besoins
Texigeut. Quant aux fers à cheval, les bataillons du train n'ayant depuis long-
temps rien reçu sur la masse de ferrage, il leur a été impossible de faire des
approviiiionnements conséquents. Je vais tenir la main à ce qu'ils aient cha-
cun au moins l,000 fers cl des clo'us à proportion. Il va y avoir, en outre,
M<)u lers au (tare. Je pense que cette quantité sera suffisante ; d'ailleurs il
serait très difficile d'en porter davantage à la suite de l'armée.
W OÉaÉEAL PKKaSTT, CHEF d'AtAT-MAJOR DB l'aRTILLESIK, AD OÂKÉRAL ÉBLK,
COMMAHDAKT l'aRTILLKRIIS DU 1*' CORPS.
Augsburg, 17 septembre 18O6.
Je vous informe que, d'après les ordres du général Songîs, je prescris à
chaque commandant des bataillons du train de votre corps d'armée de se
pourvoir d'uu approvisionnement de 1,000 fers à chevul, de 8,00U clous ordi-
naires et de s, Duo clous à glace.
I^mleation du général Songis est que vous veuillez tenir la main à ce que
cet approvisionnement se fasse promptement et »iue vous lui en renfliez
compte.
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26 CAMPAGNE DE PRUSSE.
petits porte-manteaux, dont je me suis servi avec tant d*a-
vantage dans ma dernière campagne. Dans la journée de
demain, préparez mes fourgons. Je désire qu'il y en ait un
qui porte une tente avec un lit de fer. Si vous n'en avez pas,
demandez-les à la princesse Caroline, et vous les ferez rem-
placer sur-le-champ. Je désire que la tente soit solide et que
ce ne soit pas une tente d'opéra. Vous ferez joindre quelques
forts tapis. Vous ferez partir demain, avec mes chevaux, uion
petit cabriolet de guerre. Mes fourgons avec le reste de mes
chevaux, et mes bagages de guerre, habillement, armes, etc. ,
ainsi que toute la partie de ma maison * que le grand maré-
chal aura préparée, seront prêts à partir dimanche*. Mais il
faut que l'avant-garde gagne quatre jours. Elle se rendra
d'abord à Mayence, et de là à Francfort, où je dois me ren-
dre pour la diète. Le maréchal Bessières, le grand maréchal
du palais, vous, le général Lemarois, un aide de camp, le
prince Borghèse, l'adjoint du palais Ségur, feront également
partir leurs chevaux. En en parlant à ces différents officiers,
vous leur direz qu'ils sont destinés à m'accompagner à la
diète de Francfort.
En vous indiquant le jour de dimanche pour le départ de
ma maison, mon intention est que vous teniez tout préparé,
et que vous preniez mes ordres samedi au lever.
Pendant les opérations, tous les gros bagages et objets inutiles
restaient sur les derrières. L'Empereur ne se faisait suivre que de
son petit quartier général de guerre qui marchait avec la Garde. Le
petit service d'avant-garde l'accompagnait toujours dans tous les
mouvements.
1. Lo 21 décembre 1806, la maison de TErapereur comprenait comme per-
sonnel :
Équipages do selle. ... 200
Équipages If^gers 200
Equipages d'attelages. . . 40o
600 raiionnaires. (État des distribulions
de pain faites à la maDulention de Varsovie dans les journées dos 2i et 22
décembre 1806.)
2. Dimanclic 14 septembre.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE.
L. EMPEREUR AU ROI DE HOLLANDE.
Saint-Cloud, lO seplembre 18O6.
Vous aurez appris rarmement de la Prusse et la non-ratifi-
cation de la Kussie. Mes négociations avec les Anglais ne
sont pas rompues, mais ils ont des prétentions extraordi-
naires. Ils veulent avoir Surinam, Berbice, et garder toutes
vos colonies. Dans cette situation de choses, il est important
de vous mettre en mesure.
Mon intention, si la guerre recommence, est de vous
donner le commandement depuis Boulogne jusqu'à Wesel et
de toute la Hollande. Formez sans délai le camp d'Utrecht
BOUS prétexte d'exercer vos troupes et de les préparer à la
guerre contre TAngleterre, et envoyez-moi des plans et des
mémoires sur vos places du côté de la Prusse. Il faut qu'en
quatre jours de temps vous puissiez vous porter avec la plus
grande partie de votre armée sur Wesel. Votre armée n'est
pas destinée à faire de grandes marches. Wesel approvi-
sionné, et que vous puissiez tirer des vivres de chez vous par
vos canaux, je ne pense pas que vous ayez besoin d'une
grande quantité de chariots. Si vous pouvez réunir une divi-
sion de cavalerie hollandaise de 1,500 à 2,000 hommes, deux
divisions d'infanterie hollandaise fortes de 6,000 hommes
chacune, une division française de 5,000 hommes, en tout un
corps de 18,000 hommes avec 25 pièces de canon attelées et
Tin approvisionnement, cela sera suffisant. Je mettrai sous vos
ordres une autre division française de 12,000 hommes, ce
qui vous fera un corps de 30,000 hommes pour défendre
Wesel, le nord de vos Etats, et, selon la marche de mes opé-
rations et les événements de la guerre, vous étendre dans le
pays de Mttnster et de Wesel. Je n'ai pas besoin de vous dire
combien tout ici doit être tenu secret. En réunissant toutes
vos troupes à Utrecht, je suppose que d'Utrecht vous pourrez
être en quatre jours sur Wesel ; faites-moi connaître la-dessus
ce qu'il en est.
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28 CAMPAGNE DB PRU8SB.
Le général Michaud est un fort brave homme, qui pourra
très bien commander ce corps sous vos ordres. Mais il est
inutile d'alarmer le pays. Personne ne connaîtra le but réel
du camp d'Utrecht. Je vous le confie à vous, parce que je
veux que vous soyez instruit de mes projets et que vous pre-
niez toutes vos précautions pour être à même de remplir le
but que je me propose, si les circonstances tournaient à la
guerre,
L*£mpereur n'a pas encore communiqué au major général cette
partie de son projet général d'opérations, de même qu*il ne commu-
nique pas encore au roi de Hollande son projet pour les opérations
de la Grande Armée.
l'empereur au général dejean.
Saint-Cloud. lO septembre 1806.
Les 1*' et 2* de chasseurs ont beaucoup d'hommes à leurs
dépôts. J'avais donné ordre que des. détachements de ces
régiments partissent ; il paraît qu'il y a eu contre-ordre. L'un
a son dépôt à Tournay et l'autre à Gand. Donnez ordre que
les hommes et les chevaux de ces régiments qui sont dispo-
nibles aux dépôts partent sur-le-champ pour la Grande
Armée.
Donnez ordre au 20'^ régiment de chasseurs * de se former
à 3 escadrons de 200 hommes chacun, de laisser le cadre du
4* escadron avec le dépôt, et faites partir les 3 escadrons de
guerre commandés par le colonel, ou par le major si le colonel
est toujours absent, pour se rendre à Francfort, où ils feront
partie du corps du maréchal Augereau.
Donnez ordre au général Watier de faire partir tout ce qui
est en bon état et disponible des 1", 3*, 5*, 9* et 15* régiments
de dragons. Vous mettrez tous ces détachements sous les
ordres d'un chef d'escadron, qui les conduira à May ence, où ils
recevront de nouveaux ordres du prince de Neufchâtel pour
1. Ce rëgimonl était à Cologne; il en partit le 80 septembre pour dtre à
Francfort le so.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 29
passer le Rhin et rejoindre leurs corps ^ Donnez ordre au
général Watier de prendre des mesures avec les conseils
d'administration de ces régiments, qui sont à Paris, pour
acheter 200 nouveaux chevaux par régiment. Vous leur ferez
les fonds nécessaires au fur et à mesure. Il est convenable
que ces 1,000 chevaux puissent être disponibles avant la fin
d'octobre.
Vous donnerez ordre au 4® régiment de dragons de se for-
mer à 3 escadrons de 200 hommes chacun et de laisser son
4* escadron et son dépôt avec le major à Moulins ; et vous les
ferez partir * pour Strasbourg, où ils recevront des ordres du
prince de Neufchâtel pour leur destination ultérieure. Vous
ordonnerez à ce régiment d'acheter 200 chevaux de plus
qu'il n'a aujourd'hui pour monter son 4* escadron.
Faites-vous mettre sous les yeux les états de situation des
dépots de cavalerie dans la 15* division militaire ' ; faites-en
partir tout ce qui est disponible, ainsi que tout ce qui l'est
en infanterie dans cette division, en le dirigeant sur Mayence.
Donnez ordre au 14* de ligne de quitter ses travaux à
Saint-Quentin, et de se compléter avec son dépôt et son
3' bataillon de manière à avoir 1,150 hommes par bataillon
de guerre, et dirigez-les sur Mayence, où ils recevront de
nouveaux ordres *.
Donnez ordre au 22* de ligne, qui est à Wesel, de tenir
prêts ses 2 premiers bataillons, renforcés de tout ce que
peut avoir de disponible le 3*, pour entrer en campagne et
faire partie de la Grande Armée.
Vous donnerez Tordre au 28* d'infanterie légère, qui est au
camp de Boulogne, de se rendre à Mayence, où il recevra
de nouveaux ordres.
1. Les dépôU des l•^ 8«, 9^ et 15^ étaient à Versailles ; celui du 5« à Saint-i
Oermain; ce détachement, fort de 686 hommes montés, partit de Versailles le
14 septembre pour arriver à Mayenne le lo octobre.
t. Ce régiment partit de Moulitis le 20 septembre et passa le 12 octobre à
Mannheim à reffcctif de X7 officiers, 5S8 sous-offlciers et dragons montés et
à pied et 373 chevaux d*officiers 0t de troupe pour arriver lo Si à Bamberg.
3. Seine-Inférieure, Eure et Somme.
4. Les % premiers bataillons du 14« de ligne, forts de 2^900 hommes, par-
tirent de Saint-Quentin Ué 15 et 16 septcrobfe.
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30 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Vous donnerez le même ordi'e au bataillon d'élite qui est
à Neufchâtel.
Chargez le directeur et Tinspecteur d'artillerie de la divi-
sion où se trouve Wesel de faire ensemble rinspection de
cette place et de la mettre en situation de soutenir un siège.
Faites-moi connaître Tétat de mes approvisionnements à
Strasbourg, Mayence et dans les autres places sur le Rhin.
Tenez la main à ce que Tapprovisionnement que M. Vanler-
berghe doit mettre à Wesel soit prêt au plus tard en octobre.
Faites-moi connaître s'il y aurait économie à faire verser sur
Wesel une partie de Tapprovisionnement de biscuit que j'ai
dans les places du Nord, 11 faut que cette place soit approvi-
sionnée pendant 2 ou 3 mois ; mais ce qui me paraît néces-
saire d'y mettre, c'est du blé, de la farine, des moyens de
les convertir en pain, de Teau-de-vie.
Le commandant du département de la Roër y ferait bien
vite, en cas d'événements, verser la viande nécessaire.
. Il faut que le génie prenne ses mesures pour qu'il y ait
une quantité suffisante de palissades et de blindages.
Il est nécessaire qu'avant le 18 septembre j'aie un rapport
qui me fasse connaître si Wesel peut soutenir un siège, sous
le point de vue de l'artillerie et du génie.
L'Empereur s'inquiète des trois clefs de son Empire sur le Rhin,
Strasbourg, Mayence et Wesel. ^
l'empereur napoléon a l'empereur d'autriche.
SainUGIoud, 12 septembre 1806.
Sérénissime et très puissant Prince, Monsieur mon très-
cher et très-aimé bon Frère, nous avons reçu la lettre par
laquelle Votre Majesté a bien voulu nous faire part de la
résolution qu'elle a prise et eflfectuée d'abdiquer la dignité de
chef suprême de l'Empire germanique et la couronne impé-
riale d'Allemagne. Cette communication, à laquelle nous
avons été sensible, est pour nous un gage précieux des senti-
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 31
ments de Votre Majesté à notre égard, et nous la prions de
croire que nous serons constamment empressé d'y répondre
par tous les procédés d'une amitié réciproque. Nous pensons
avec plaisir que le nouvel ordre de choses établi en Allema-
gne et les mesures que Votre Majesté a cru devoir prendre
relativement à ses Etats héréditaires allemands, loin de por-
ter atteinte à la bonne harmonie qui existe heureusement
entre nous, ne peuvent, en dégageant les rapports futurs de
nos deux empires de tout intérêt étranger, que consolider et
resserrer chaque jour davantage les liens qui nous unissent.
Notre plus grand désir est de n'avoir, à l'avenir, que des
relations de bon voisinage et de parfaite amitié à entretenir
avec Votre Majesté ; et nous ne cessons de former des vœux
pour sa prospérité personnelle et pour celle des peuples sou-
mis à son gouvernement.
Napoléon.
L EMPEREUR AU ROI DE PRUSSE.
Saint-Clouil, 12 septembre i808.
Monsieur mon Frère, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté.
Les assurances qu'elle me donne de ses sentiments me sont
d'autant plus agréables que tout ce qui se passe depuis
quinze jours me donnait lieu d'en douter. Si je suis contraint
à prendre les armes pour me défendre, ce sera avec le plus
grand regret que je les emploierai contre les troupes de
Votre Majesté. Je considérerai cette guerre comme une guerre
civile, tant les intérêts de nos Etats sont liés. Je ne veux
rien d'elle ; je ne lui ai rien demandé. Toutes les fois que
les ennemis du continent ont fait courir de faux bruits, je lui
ai fait donner les assurances les plus positives de ma cons-
tance à persister dans les liens de notre alliance. C'est à
elle à voir si elle n'a pas donné trop légèrement confiance
au parti qui, dans sa Cour, a été si prompt et si chaud à secon-
der les desseins de nos ennemis communs. J'ai une telle opi-
nion de sa justice, que je m'en rapporte à elle pour savoir
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1
32 CAMPAGNE DE PRUSSE.
qui a tort, dans cette circonstance, de la Prusse ou de la
France. Tous les renseignements qu'on lui a donnés sont
faux. Cela seul, dont elle est à présent convaincue, doit lui
prouver que je suis à Tabri de tout reproche. Si Votre
Majesté m'eût dit que les troupes que j'ai en Westphalie lui
donnaient de l'inquiétude, je les eusse retirées pour lui
plaire. Je suis ami ou ennemi franchement. Ceux de ses
ministres qui ont traité ses affaires et que j'ai admis à mon
audience peuvent le lui témoigner. Je tiens plus que par le
cœur à Votre Majesté, je tiens à elle par la raison. Toutefois,
je viens de faire aussi des dispositions pour me mettre en
mesure contre ses troupes, qui menacent d'attaquer mon
armée d'Allemagne. Je l'ai fait, parce que j'aurais été cou-
pable envers mon peuple si je ne m'étais pas prémuni contre
les préparatifs formidables qu'elle fait ; préparatifs qui sont
si avancés, que les troupes de sa capitale sont parties, même
après la lettre qu'elle m'a écrite. Je dois le dire à Votre
Majesté, jamais la guerre ne sera de mon fait, parce que si
cela était, je me considérerais comme criminel. C'est ainsi
que j'appelle un souverain qui fait une guerre de fantaisie
qui n'est pas justifiée par la politique de ses États. Je reste
inébranlable dans mes liens d'alliance avec elle. Que, par sa
réponse, elle me fasse connaître qu'elle les repousse, qu'elle
ne veut mettre sa confiance que dans la force de ses armes,
je serai obligé de recevoir la guerre qu'elle m'aura déclarée ;
mais je resterai le même, au milieu des combats, après des
victoires, si la justice de ma cause m'en fait obtenir. Je
demanderai la paix, regardant cette guerre comme une
guerre sacrilège, puisqu'elle n'est propre qu'à faire triompher
et sourire nos ennemis. Que Votre Majesté me réponde au
contraire qu'elle a contremandé ses dispositions, et je contre-
manderai les miennes de grand cœur; nos ennemis seront
déjoués, et, j'ose le dire, ma conduite froide et impassible
dans cette circonstance sera pour elle et pour ses ministres
une garantie de la confiance qu'elle doit mettre dans mes
dispositions, qui ne seront jamais influencées ni par l'intri-
gue et les instigations étrangères, ni par la chaleur des sen-^
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 33
tiinents effervescents, mais qui seront uniquement dirigées
par la saine politique et l'intérêt de mes peuples.
Napoléon,
note pour une dépêche a m. lafoeest.
Saint-Gloud, 12 septembre 1806.
Monsieur, le nouveau ministre de Prusse a remis à
S. M. l'Empereur ses lettres de créance, et M. deLucchesini
ses lettres de rappel. Sa Majesté a eu un long entretien avec
ces deux ministres et elle doit les avoir convaincus de son
désir de vivre en paix avec la Prusse et de l'impossibilité
politique de la guerre, parce que, pour un prince qui met
autant de réflexions dans ses opérations, faire la guerre à
Que puissance à laquelle il n'a rien à demander, avec
laquelle il n'a rien à démêler, serait un véritable acte de
folie. Il faudrait que l'Empereur fût susceptible de céder au
désir de jeunes officiers qui voudraient aussi faire la guerre
à la Prusse, et aux différents partis qui se forment dans les
grandes villes.
L'Empereur ne peut estimer la conduite du cabinet de
Berlin; il a cela de commun avec toute l'Europe. Si quel-
quefois même il ne consultait que son cœur, il ne serait pas
impossible qu'il désirât d'humilier le cabinet de Prusse.
Mais la raison d'Etat fera que l'Empereur sera toujours ami
de la Prusse. Sa politique s'étend sur le Midi et non sur le
Nord. Il est ridicule de penser que l'Empereur voulût faire
la guerre à la Prusse pour que la Bavière eût Baireuth, et le
duc de Clèves, Miinster. La France n'a donc jamais pensé
à rien faire qui pût donner de l'inquiétude à la Prusse. Elle
lui a donné, au contraire, dans toutes les circonstances, des
assurances de sa protection et de l'intérêt qu'elle mettait à
rendre plus intimes ses relations avec elle. Cependant la
Prusse a couru aux armes sans aucun prétexte -, ses mouve-
ments continuent, et, même aujourd'hui où le cabinet croit
avouer qu'il a eu tort et qu'il s'était persuadé sans raison que
CAMP, DB FRC8SK. 3
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34 CAMPAGNE DE PRUSSE.
la France en voulait à la Prusse, on continue le même sys-
tème. L'Empereur, voyant ainsi son système de paix dé-
rangé, ses troupes qui commençaient à évacuer T Allemagne
contraintes d*y rester, les armements de la Prusse surtout
coïncidant avec la non-ratification de la Russie, se trouve
dans la nécessité de se préparer à une nouvelle lutte et de
lever de nouvelles troupes. Il est vrai que, de différents
points de Tintérieur de la France, des troupes sont en mar-
che, et que TEmpereur n'attend plus que votre courrier pour
mettre en mouvement la réserve qu'il a à Paris et sa Grarde.
Nous passerons donc l'hiver en présence. La Prusse s'épui-
sera pour maintenir sur pied une armée inutile, et le moin-
dre mouvement que fera la Russie ou une autre puissance,
des suspicions de part et d'autre décideront du commence-
ment des hostilités.
Faites sentir ces raisons à M. de Haugwitz ; dites-lui bien
que des armements que l'Empereur considérait copime une
folie avant le refus de l'empereur de Russie de ratifier le
traité, deviennent aujourd'hui une offense. Demandez-lui
s'il est vrai que la Prusse veuille de gaîté de cœur la guerre,
c'est-à-dire sa ruine. Faites sentir à M. de Haugwitz qu'il
sera impossible que l'Empereur reconnaisse rien, si ce n'est
l'intégrité du royaume de Prusse, et la disposition où. il est
de ne lui rien demander 5 qu'il sera impossible qu'il adhère
à aucun arrangement, à aucune Confédération du Nord,
tant qu'on aura l'air de la lui dicter par la force ; que, tant
qu'on restera dans cette situation hostile, on n'obtiendra
rien de lui ; que si, au contraire, on désarme, si on déclare
que les armements ont été l'effet des craintes qu'ont calmées
les assurances que j'ai données, et si l'on fait parvenir assez
promptement ces déclarations pour que les troupes que
Sa Majesté met en marche ne passent pas le Rhin, et surtout
Sa Majesté elle-même et le corps de sa Garde, aucun de ces
corps ne passera le Rhin ; le contre-ordre qui sera donné à
tous les mouvements offensifs de la France répondra au
désarmement qui sera ordonné par la Prusse, et insensible-
ment les troupes françaises, comme il était dans l'intention
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 35
de Sa Majesté, évacueront rAllemagne ; elles seraient déjà
bien près du Rhin sans cette nouvelle circonstance. Si on
veut la guerre, on peut rester armé ; si on veut la paix, on
doit désarmer.
Vous ferez ces différentes communications avec prudence,
modération et sagesse, car l'Empereur désire véritablement
ne pas tirer un coup de fusil contre la Prusse. Il regardera
cet événement Comme un malheur, parce qu'il vient troubler
des intérêts déjà assez compliqués, qu'il l'empêche d'évacuer
l'Allemagne avec honneur ; et il est de fait que l'Empereur
attendait son armée à Paris pour le 15 octobre.
Mais autant vous mettrez de prudence, de bonnes manières
et de raisonnements pour porter la Prusse au désarmement,
autant vous serez impérieux, exigeant si les troupes prus-
siennes entraient en Saxe et la forçaient à armer contre moi.
Vous déclarerez à M. de Haugwitz, par avance et en forme
de conversation, que, si ce cas arrivait, vous avez ordre de
demander vos passe-ports, et que, dès ce moment, la guerre
serait déclarée. Vous en instruirez, par un courrier extraor-
dinaire, le maréchal Berthier, afin que les troupes se mettent
en règle ; et, si effectivement, après vos instances, la Prusse
persistait à occuper la Saxe, vous quitteriez Berlin.
Napoléon.
Le prétexte apparent de la guerre était, de la part de la Prusse, la
crainte que lui inspiraient les troupes françaises stationnées dans le
grand-duché de Berg. Mais la cause véritable était un faux point
d'honneur, un sentiment de honte qui 8*était emparé des officiers
prussiens à la suite de la guerre précédente. Ils étaient jaloux de la
gloire que s'était acquise l'armée française et ils voulaient se distin-
guer à leur tour pour montrer à leurs voisins, les Russes et les Au-
trichiens, qu'ils leur étaient supérieurs, et que ce qu'ils n'avaient pu
&ire, eux Prussiens le feraient aisément. Les jeunes officiers prus-
siens n'avaient d'ailleurs pas ménagé les sarcasmes aux officiers au-
trichiens et russes après la bataille d'Austerlitz. Ils se considéraient
donc comme engagés d'honneur à battre l'armée française.
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36 CAMPAGNE DE PRUSSE.
NOTE POUB UNE DÉPÊCHE A M. DURAND.
Saint-Gloud, 12 septembre 1806.
Faites connaître à mon ministre à Dresde rinconséquence
et la folie des armements de la Prasse ; qae mon intention
n'est pas de laisser violer le territoire de la Saxe, qu'il doit
s'en expliquer dans ce sens avec le cabinet de Dresde ; que
je ne souffrirai pas que, soit que la Saxe veuille se déclarer
indépendante, royaume de Saxe en réunissant à sa couronne
les princes de sa maison, soit qu'elle veuille faire partie de
la Confédération du Rhin ou de celle du Nord, elle soit
influencée d'aucune manière ; mais ce que je demande, c*est
qu'elle ne fasse aucun armement, que les Prussiens n'entrent
point sur son territoire ; car, à la première entrée en Saxe,
M. de Laforest a ordre de quitter Berlin et la guerre est
déclarée ; que lui-même alors fera comprendre qu'il ne peut
regarder cet événement que comme un acte d'hostilité de la
Saxe contre la France ; que, dans les circonstances présentes,
il doit parler avec beaucoup de douceur, tacher de captiver
la Saxe, et, si on lui demande conseil, dire que la Saxe doit
être indépendante, sous la protection de la France, de l'Au-
triche, de la Russie et de la Prusse, réunir à elle les princes
de sa maison et se déclarer royaume de Saxe ; qu'elle aura
2,600,000 habitants, et qu'elle sera aussi considérable que
le royaume de Suède.
Il ne doit rien mettre par écrit, mais parler avec douceur ;
car, après tout, je n'attache point à ces affaires une impor-
tance majeure : ce qui m'intéresse beaucoup, c'est que la
Saxe n'arme pas, que les Prussiens n'entrent pas en Saxe.
Le cabinet de Dresde doit dire au cabinet prussien que le
ministre de France a déclaré que, si la Saxe armait et qu'elle
reçût les Prussiens chez elle, l'Empereur le regarderait
comme une déclaration de guerre.
Napoléon.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 37
NOTE POUB UNE DÉPÊCHE A M. BIGNON.
Saint-Cloud, 18 septembre 1806.
Ecrire à mon ministre à Casse! que, si l'Electeur arme, il
quitte le pays, vu qu'il ne doit pas prendre part à la querelle
de la Prusse. Si Ton n'arme pas, il ne dira rien ; mais, au pre-
mier mouvement, il déclarera à M. de Weiss que, si TElec-
teur arme, il a ordre de demander ses passe-ports.
Napoléon,
l'empereub au maréchal bessières.
Saint-Gloud, 18 septembre 1806.
Faites faire la levée de tous les chevaux que ma Garde a
chez les paysans ; faites compléter les harnais, de manière à
atteler 1,200 chevaux. Faites faire des fers, non seulement
poor les besoins actuels de toute la cavalerie, mais encore
pour pouvoir en emporter un bon approvisionnement. Faites
lever les boulangers et* tout le monde nécessaire pour se
mettre en route. Mon intention est que la Garde ait au moins
24 caissons, seulement pour les vivres. Si chaque régiment
de cayalerie et d'infanterie avait besoin de caissons pour les
bagages, faites-moi connaître le nombre qui serait nécessaire.
Donnez ordre à l'officier du génie de se tenir prêt à marcher
avec la Garde. Qu'il voie le ministre et le général Marescot
pour se procurer 2,000 bons outils, lesquels seront chargés
sur 6 gros caissons qui suivront la Garde. Remettez-moi une
situation claire qui me fasse connaître ce qui pourrait partir
d'ici à 4 ou ô jours. Ayez soin qu'on retrempe les armes qui
en auraient besoin, qu'on arrange les épinglettes, qu'on
complète les tire-bourre et les petits bidons, tant pour la
cavalerie que pour l'infanterie ; enfin qu'on fasse tout ce qui
c«t convenable pour se tenir parfaitement en état. Faites-moi
connaître le nombre d'outils que porte chaque caisson de la
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38 CAMPAGNE DB PRUSSE.
Garde, même les ambulances. Ces ambulances me paraissent
une fort bonne institution, il faudrait en avoir 20 au lieu de
10. Si la Garde donnait en réserve, il y aurait beaucoup de
blessés ] si elle ne donnait pas, ces ambulances serviraient
à Tarmée. L'expérience de la dernière campagne doit vous
faire connaître ce qu'il faut de boulangers. La Garde aura
8,000 bouches. Je joindrai probablement à la Garde 8,000
hommes de troupes de la ligne, ce qui fera 16,000. 11 faut
avoir un nombre double de boulangers. L'ordonnateur
pourra avoir quelques fours de campagne. Un bon four peut
faire du pain pour 3,000 hommes. Ainsi, avec deux fours,
on ferait une ration complète pour la Garde, et une demi-
ration pour 16,000 hommes. Il faut vous souvenir que la
Garde est obligée de laisser souvent des boulangers en arrière
et d'en envoyer en avant.
l'empereur au roi de naples.
Saint- Cloud, is sepiembro 1606.
Je vous ai mandé que la Russie n'avait pas ratifié. La
Prusse arme d'une manière ridicule ; toutefois elle désarmera
bientôt, où elle le payera chèrement. Rien n'est plus indécis
que ce cabinet. La cour de Vienne fait de grandes protesta-
tions, auxquelles son extrême impuissance me fait croire.
Quoi qu'il en soit, je pourrai faire et ferai face à tout. La
conscription que je viens de lever est en marche de tous côtés ;
je vais appeler ma réserve ; je suis muni de tout et je ne
manque de rien. Guerre ou paix, je ne diminuerai pas votre
armée. Il est possible que, dans peu de jours, je me mette k
la tête de ma Grande Armée. J'ai là près de 150,000 hommes,
et je puis avec cela soumettre Vienne, Berlin et Saint-Pé-
tersburg. Il y aura dans le Nord de l'Italie une armée assez
formidable. Tenez secrètes toutes ces dispositions qu'il est
inutile de laisser co|inaître : il est bon qu'on ne les apprenne
que par la victoire.
...N'ayez sur les affaires politiques aucune inquiétude;
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PRÉPAKATIPS DE GUERRE. 39
marchez comme si de rien n'était. Si véritablement je dois
encore frapper, mes mesures sont bien prises, et si sûres, que
FEurope n'apprendra mon départ de Paris que par la ruine
entière de mes ennemis. 11 est bon que vos journaux me
peignent occupé à Paris de plaisirs, de chasses, de négocia-
tions...
L'Empereur a en lui-même la confiance que donnent une force
véritable, un calcul parfaitement froid de la situation des choses et
uDe connaissance complète de la guerre. Il a prévu la coalition de
la Prusse et de la Russie, auxquelles pourra venir se joindre l'Autri-
che en cas d'événements malheureux pour la France.
L ehpebëub a m. de TALLEYBAND. .
Saint-Cloud, 18 septembre 1806.
Apportez-moi demain le projet d'une circulaire à écrire
aux rois de Bavière, de Wurtemberg et aux autres princes
confédérés, pour leur apprendre Tétat de la question. Vous
ferez tout rouler sur Tindépendance de la Saxe. Je pense
que vous devez envoyer chercher le ministre de Saxe pour
lui demander s'il n'a rien à vous dire.
l'empebeub au majob gënëbal.
Saim-Cloud, 13 septembre 1806.
J'ai fait donner Tordre à mon ministre à Berlin d'en partir
sur-le-champ si la Prusse envahissait la Saxe. Au premier
bruit qui vous en reviendra, vous porterez votre quartier
général, les corps des maréchaux Ney, Augereau, Davout et
la division Dupont sur Wttrzburg, où sera la réunion de
l'année. La Bavière fournira 6,000 hommes pour renforcer
k corps du maréchal Bemadotte. Hesse-Darmstadt fournira
4,000 hommes pour renforcer le maréchal Augereau. Vous
préviendrez sur-le-champ les cours alliées que, la Prusse
ayant envahi la Saxe, j'ai donné ordre à mes ministres de se
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40 CAMPAGNE DB PRUSSE.
retirer, ayant garanti l'indépendance de la Saxe. Vous don-
nerez rendez-vous aux corps de Wurtemberg et de Bade sl la
hauteur de Kordlingen sur la route de Wtirzburg. Vous
écrirez à Kapp, à Strasbourg, pour qu'il m'en prévienne par
le télégraphe, et une heure après je pars pour Wtirzbirrg".
Vous vous arrangerez de manière à ce que je trouve de vos
nouvelles à Mayence. Cependant toutes les lettres de la
Prusse sont amicales, et je ne crois pas qu'elle envahisse la
Saxe. Toutefois ma résolution bien déterminée est de ne
pas plus laisser envahir la Saxe que je n'ai laissé envahir la
Bavière. Vous ne manquerez pas de prévenir le grand-duc de
Berg pour qu'il ait à se rendre de sa personne à Wtirzburg, en
prévenant le commandant de Wesel de faire avertir le roi de
Hollande, et pour qu'on approvisionne Wesel et qu'on tienne
cette place en état. Dans le cas où M. Laforest quitterait
Berlin, la Bavière aurait soin de faire armer et approvision-
ner les châteaux de Ktifstein et de Passau, et de réunir ses
troupes, hormis une division de 6,000 hommes, en avant de
Munich, de manière à pouvoir se porter au secours du maré-
chal Soult, mais sans trop alarmer l'Autriche, qni persiste à
vouloir rester neutre si la querelle s'engage. Il n'y a pas d'in-
convénient que vous préveniez les généraux qui commandent
les corps des maréchaux Ney et Davout de se tenir prêts à
partir d'un moments l'autre. Vous ferez partir également toute
la cavalerie sans exception ; il ne restera, du côté de l'Inn,
que le corps du maréchal Soult et 20,000 Bavarois. Les corps
wurterabergeois et badois seront du côté de Nordlingen. Tout
le reste de mon armée se réunirait entre Wtirzburg et Bam-
berg. Le même jour où vous apprendrez que M. Laforest a
quitté Berlin, le maréchal Bernadette entrera dans Baireuth.
Quand je dis l'envahissement de la Saxe, je n'entends pas
l'occupation de quelques cantons, mais l'occupation de la
province ; vous le saurez d'ailleurs par le départ de Laforest
et de Durand.
Ces mesures semblaient être toutes de précaution, puisque le lan-
gage de la Prusse était amical ; cependant M. de Laforest quittait
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PREPARATIFS DE GUERRE. 41
Berlin le 21, c'est-à-dire 4 jours seulement après la réception de
cette lettre par le mi^or général, car les dépêches de TËmpereur
mettaieiit 4 jours pour parvenir à Munich.
l'empereur au maréchal BESSIÈRES.
Saint-GIoud, 1S septembre 1806.
J*ai rintention de former 6 bataillons de dragons à pied,
chacun de 6 compagnies, chaque régiment de dragons four-
nissant 2 compagnies de 100 hommes chacune. Il faudrait
pour Tétat-major de ce corps 3 majors 5 chacun commanderait
2 bataillons, l'un sera fourni par les grenadiers vélites, et un
autre par les chasseurs vélites ; ils seront attachés, l'un aux
grenadiers sous les ordres du général Hulin, l'autre aux
chasseurs sous les ordres du général Seules. Un autre major
serait fourni par la ligne. 11 faudrait voir si des corps de
la ligne on ne pourrait pas tirer 6 chefs de bataillon, 6 ad-
judants-majors, 12 adjudants -sous -officiers, intelligents et
sachant bien leurs manœuvres. Par ce moyen, ce corps tien-
drait par la tête à la Garde.
Les ordres pour la formation de 4 bataillons de dragons à pied,
chaque bataillon de ^ compagnies, furent donnés le 15 septembre
par le général Dejean.
Chaque compagnie devait comprendre 1 capitaine, 1 lieutenant,
2 soas-lieuteuants, 1 maréchal des logis chef, 4 maréchaux des logis,
8 brigadiers, 2 tambours et 130 dragons.
Le général Dorsenne était chargé de la formation des 1*^ et 2* ba-
taillons à Majence, et le major Frederichs, de la Garde, de celle des
3* et 4* bataillons à Strasbourg.
!•' bataillon, compagnies des 2«, 14*, 20* et 26'' régiments *, 1" di-
vision de dragons.
2«batoillon, compagnies des 6% 11*, IS* et 22" régiments*, 2« di-
vision de dragons.
1. Les dépôts des 2«, 14*, 20« el 2«« do dragons étaient à Maêstricht, 25« di-
^wion militaire. Le 1«' bataillon, fort de 6O1 hommes, oiflciers compris, quitta
^aycnce le 3 octobre.
2- les dopôlâ dos 6*, 13« et 22» do dragons étaient à Liégo, 25« division. Los
compagoioa du 6«, I60, — du 13*, 14«, — du 22*, 150, quitteront Mayeiice le
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42 CAMPAGNE DE PRUSSE.
S* bataillon, compagnies des 8«, 12*, 16* et 21* régimentB*, 3* di-
vision de dragons.
4* bataillon, compagnies des 17*, 18®, 26* et 27* régiments, 4* di-
vision de dragons.
N'étaient pas compris dans cette fonnation les l®*", 3", 5®, 9«, 15*,
4* et 10* régiments qui devaient fournir un escadron de 200 chevaux
à la réserve de l'intérieur, et le 19* dont le dépôt était à Strasbourg.
L EMPEREUR AU MAJOR GENERAL.
Saint-Cloud, 13 septembre 1806.
Lorsque je vous ai ordonné de faire éloigner mes troupes
de Nuremberg, les circonstances étaient diflférentes. Aujour-
d'hui, au contraire, il me semble qu'il faut réunir beaucoup
de troupes autour de cette ville qui, étant riche, est dans le
cas d'en supporter les frais. Jusqu'à ce que le bon sens soit
revenu à la Prusse et qu'elle ait désarmé, il est bon qu'on y
soit en force. Il serait même possible que je donnasse bientôt
Tordre au maréchal Ney de se rapprocher de Wurzburg.
l'empereur au major GENERAL.
SalDt-Gloud, 15 septembre 1806.
Je reçois votre lettre du 9 septembre. Je vous ai écrit
avant-hier en détail que M. de Laforest devait quitter Berlin
si la Saxe était envahie par la Prusse, et que, dans ce cas,
il avait ordre de vous en instruire. Du moment que M. de La-
forest aura évacué Berlin, vous aurez soin de mettre en
marche les corps des maréchaux Ney, Davout et Augereau
sur Bamberg ] 4,000 hommes de troupes de Hesse-Darmstadt
renforceront le corps du maréchal Augereau, et 6,000 Bava-
rois le corps du maréchal Bernadotte. Les 24,000 autres
i«<' octobre. — La compagnie du li^ de dragons, dépôt àHesdin, 16* division,
142 hommes, no quitta Mayence que le 19 octobre.
1. 8* et 25®, dépôts à Strasbourg; — 12», à Schelestadt; ^ 15*, à Molshoim;
— 21», à Belfort; — 17«, 18«, 27e, à Haguonau. Ces 8» et A* bataillons, forts au
total do 1,111 hommes, odiciers compris, quittèrent Mayence le 29 septembre
avec la Garde à pied. Ils étaient venus par le Rhin et étaient partis de Stras-
bourg le 26 septembre.
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PHÉPÂRATIFS DB GUERRE. 43
Bavarois se réuniront en avant de Munich, hormis ce qui est
nécessaire pour garder le fort de Klifstein et les débouchés
du Tyrol. Les Wurtembergeois et les Badois se réuniront
près de Nôrdlingen. Les quatre divisions de dragons et les
divisions de grosse cavalerie se mettront en marche sur Bam-
berg et WUrzburg. Faites-moi connaître, par le retour du
courrier, quand tout cela poiura être rendu aux lieux dési-
gnés ; mais ne faites aucun mouvement que Laforest n'ait
quitté Berlin.
I^ répétition de ces ordres indique bien Timportance que r£m-
pereur y attachait.
DÉCISION.
Saint-Gloud, 15 septembre 1806.
Le mmUtre de V administration de la giterre présente un rapport
concernant le nombre des chevaux à affecter atw régiments de carabi-
niers et de cuirassiers, et demande si l'on doit procéder à la formation
du 5* escadron.
Je pense que le décret est bon, mais qu'il serait difficile
de leur accorder cette année 780 chevaux, parce que Ton
n'aurait pas assez d'hommes habiles pour les monter, ni
assez de harnachement. Un fonds pour 700 chevaux sera
donc suffisant, sauf à faire, en janvier ou en février, les
fonds pour les 80 autres. Je fais la même observation pour
les dépôts. Les régiments étant près d'avoir 700 à 800 che-
vaux, les dépots deviennent moins nécessaires. Cependant je
crois que le ministre doit organiser l'escadron du dépôt pour
le 1" octobre, et, si la guerre avait lieu, en porter le nombre
i 780 chevaux pour la grosse cavalerie. On sait très bien que
cela ne fournira pas plus de 700 chevaux devant l'ennemi :
car, quoi qu'on fasse, il y a toujours bien 60 à 80 chevaux de
la dernière remonte qui n'ont pas 4 ans. L'on ne saurait trop
recommander de prendre des chevaux de 5 ans. Je ne vois
point de difficultés d'expédier l'organisation, qui est bonne.
Napoléon.
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44 CAMPAGNE DE PRUSSE.
DÉCISION.
Saint'Gloud, 16 septembre 1806.
Le génércU Marescot fait un rapport êur l'état de défense de WéseZ.
Avec des blindages et quelques réparations, cette place, apprcvisiowènée
d'ailleurs de munitions de guerre et de bouche, est en état de soutenir
un siège.
Il résulte de ce rapport que Ton a besoin de blindages. Il
faut savoir ce qu'il y a, ce qui est nécessaire et ce qui man-
que. C'est avec des bois qu'on défend les places et qu'on
remédie aux inconvénients. La Prusse devait en avoir beau-
coup à Wesel. La Lippe en charrie beaucoup, et on pourrait
en tirer de la Hollande. Si, à 3 lieues de Wesel, sur les deux
rives, on pouvait trouver des bois qu'on enfermerait dans la
place, cela seul me suffirait. On pourrait, d'ailleurs, faire
passer des places du haut Rhin quelque chose qui pourrait
manquer. Enfin, donnez des ordres pour que le génie fasse
ce qui est nécessaire, et s'arrange comme si la place devait
soutenir un siège à la fin d'octobre.
Napoléon.
l'empereur au major général.
Saint-^^loud, 15 septembre 1806.
J'ai lu vos lettres du 10 septembre. Je désire que vous
m'envoyiez, en détail, l'état des hommes qui partiront de
chaque corps pour composer les 3" bataillons et les 4*" esca-
drons *. Il ne vous échappera pas que plusieurs régiments de
1. LH MARÉCHAL aOOLT AU MAJOR OÉHÉRAL.
80 septembre 1806.
J*ai l'honneur d'adresser à V. A. Tëtat de situation de l'infanterie employée
au corps d'armée suivant le modèle qu'elle n envoyé et Tétat de situation des
3 divisions de cavalerie (division de cavalerie légère du corps d'armée, S« tli-
vision de dragons, s*' divisiou de grosse cavalerie).
J*ai cru devoir faire distinguer ces deux états qui sont de la plus grande
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 45
cavalerie et d'infanterie avaient déjà à leurs dépôts beaucoup
de monde. J'imagine qu'on aura compris tout ce qui y existait
en officiers et sous-officiers, c'est-à-dire, en parlant d'une
antre manière, que chaque régiment d'infanterie et de cava-
lerie aura conservé les officiers et les sous-officiers des 2 pre-
miers bataillons et des 3 escadrons. S'il en était autrement,
et qu'on en eût envoyé davantage, il faudrait les faire reve-
nir. Je le répète, il doit y avoir à l'armée le colonel (le major
doit être en France), le major si le colonel est absent, les
2 chefs d'escadron de cavalerie, les 6 capitaines, en un mot
tous les officiers et sous-officiers qui composent les 6 compa-
gnies ou les 3 escadrons; de même pour l'infanterie.
J'ai lu l'état de situation de l'armée bavaroise. Faites for-
mer nne division de 6,000 Bavarois, qui pourrait se réunir à
Ingolstadt pour être prête à se ranger sous les ordres du
maréchal Bemadotte. Il paraîtrait que 4 régiments de ligne,
2 bataillons d'infanterie légère et 3 régiments de cavalerie,
tout cela ayant 15 à 16 pièces de canon, feraient une bonne
division de 6,000 bommes. Que le roi en réunisse une
pareille à Munich pour pouvoir l'envoyer partout où les cir-
constances l'exigeront ; et que le reste soit placé pour garder
les débouchés du Tyrol et former les garnisons de Ktifstein
et de Passau.
J'ai donné un grand mouvement à la cavalerie. On achète
des chevaux de tous côtés, et les dépôts, qui ont été vidés
dernièrement, se remplissent de nouveau. Ce matin sont
partis 1,000 chevaux de ma Garde.
Toutes les fois que vous m'enverrez l'état de situation de
«zactitude, afin qae, dans celui qui concerne la cavalerie, V. A. trouvât Tëtat
de composition des 4^« escadrons qui sont partis en vertu de ses ordres pour
rentrer on France, mais h l'avenir ces états seront confondus.
L^opération relative au ^* escadron s'est faite dans tous les régiments du
corps d'armée avec beaucoup d'exactitude et les corps n'ont renvoyé absolu-
ment que les cadres; encore les chevaux qui sont partis étaient-ils absolument
^ra de service ; cependant V. A. remarquera que dans les cuirassiers on
en a renvoyé un plus grand nombre que dans les dragons et la cavalerie
légère; je m*en suis plaint aux colonels et tous m'ont fait la môme réponse
que celui du ii« régiment, duquel je remets ci-joint la lettre. Eu général
tous les chefs m'ont assuré qu'ils ne croyaient pas que la moitié des chevaux
qu'ils envoyaient au dépôt arrivassent on France, tant était nécessaire sous
ce rapport l'opération qu'ils viennent de faire.
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46 CAMPAGNE OR PRUSSE.
la Grande Armée, ajoutez-y celui de Tarmée bavaroise, des
deux divisions qui se réunissent aux environs d'iAgoLstadt et
de Munich, avec le détail des troupes portées dans le Tyrol.
Faites-y mettre les noms des généraux et des colonels. Il faut
que je me familiarise avec la connaissance de cette armée.
Si, dans la dernière campagne, j'en avais bien connu la
force, TaflEaire d'Tglau ne serait pas arrivée.
Voici comment je désirerais que les divisions bavaroises
fussent formées :
Division faisant partie du corps du maréchal Bemadotte :
4 régiments d'infanterie de ligne, que je
suppose, présents sous les armes, à . . 4,500 hommes
2 bataillons d'infanterie légère 1,000
3 régiments de cavalerie à cheval. . . . 1,200
Artillerie 500
A peu près 7,000 hommes
Division destinée à être placée entre l'Isar et l'Inn :
5 régiments d'infanterie de ligne, que je
suppose, présents sous les armes, à . . 6,000
2 bataillons d'infanterie légère 1,000
3 régiments de cavalerie 1,200
A peu près 9 à 10,000 hommes
avec l'artillerie.
Cette division pourrait être augmentée de toutes les
recrues et des moyens de la Bavière.
Troupes placées dans le Tyrol :
Un régiment de ligne ; 2 bataillons d'infanterie légère de
1,200 hommes.
A Passau, un régiment d'infanterie de ligne, etc.
Ce qui ferait une vingtaine de mille hommes, et à l'effectif
avec les dépôts, environ 25,000 hommes.
S'il y en avait davantage, ce serait un bien. Je désire avoir
un état en règle de la situation de ces divisions.
P. -S. — Vous avez donné bien tard l'ordre au 21* léger de
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PRÉPARATIPS DE GURRRB. 47
partir ; comme j'en avais également donné Tordre au ministre
Dejean, j'espère qu'il l'aura fait partir de bonne heure.
l'emfebeub au vice-roi d'italie.
Saint-Cloud, 15 septembre 1806.
La Prusse continue d'armer; j'espère qu'elle désarmera
bien vite ou qu'elle s'en repentira bientôt. Je suis bien avec
l'Autriche, qui me proteste de son désir de maintenir la
bonne harmonie. Dans cette situation de choses, il faut que
Palmanova soit bien approvisionnée, qu'il n'y ait en Istrie
que ce que l'ennemi ne pourra prendre, et que ce que je
puis évacuer promptement sur Palmanova. Si Osoppo est en
état d'être approvisionné, prenez des mesures pour qu'il le
soit. Cependant ne faites aucun mouvement. Ces dispositions
sont de simples précautions, et rien n'est plus pacifique que
le langage de la cour d'Autriche. Donnez l'ordre aux 3 régi-
ments de cuirassiers qui se trouvent en Italie de se tenir prêts
à partir ; chacun de ces régiments formera 3 escadrons forts
de 160 hommes chacun, et laissera le 4* escadron au dépôt
en Italie. Vous donnerez l'ordre que chacun ait sa forge de
campagne, et des fers pour faire une route de 30 jours, mon
intention étant, si les affaires se brouillent, de les faire
venir en Allemagne par Insprllck. Faites-moi connaître si,
en cas d'événement, on pourrait défendre Venise dans l'état
oii elle est, en y jetant les dépôts des armées de Naples, de
Dalmatie, d'Istrie et du Frioul, et s'il y aurait assez d'appro-
visionnements de bouche. Je vous le répète, je n'ai rien à
craindre de l'Autriche. Ce sont des précautions qui ne seront
sans doute pas nécessaires ; mais il faut tout prévoir.
l'empebeub au soi de hollande.
Saint-Gloud, 15 septembre 1806.
...Je vous ai écrit, il y a peu de jours, pour le camp
d'Dtrecht. Si le 65* est à Nimègue, il est bien ; il faudra
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48 CAMPAGNE DE PRUSSE.
bientôt qu'il aille à Wesel. Je suis dans un moment de crise
avec la Prusse ; mais mes moyens sont prêts. Réunissez les
troupes qui sont sur vos côtes à Utrecht et du côté de Nimè-
gue, pour pouvoir les porter rapidement sur Wesel. Je vous
ai fait connaître qu'en quatre jours vous pouvez vous porter
sur Wesel. Cependant j'imagine que cette crise sera bientôt
passée y et que la Prusse désarmera et ne voudra pas se faire
écraser. Le succès est certain et je réunirai à vos Ktats
rOst-Frise et le port d'Emden. La Prusse pacifiée, soit par
des explications, soit par des victoires, il faudra penser à
l'expédition de Surinam...
Je vous ai demandé un mémoire sur vos places du côté de
la Prusse. Approvisionnez-les, mais sans faire de grandes
dépenses; vous n'avez pas grand'cliose à craindre de ces
gens-là.
Hâtez-vous de mobiliser vos troupes : réunissez les forces
que vous avez disponibles, afin de leur en imposer et de gar-
der vos frontières, pendant qu'avec mon armée d'Allemagne
je me jetterai au milieu de la Prusse et marcherai droit
à Berlin. Tenez tout cela secret. Correspondez fréquemment
avec moi pour me faire connaître en détail tout ce que vous
ferez, afin que je connaisse vos ressources en infanterie,
cavalerie, etc., et la situation de vos frontières du côté du
Nord.
l'empereur au roi de hollande.
Saint-Cloud, 15 septembre 1806.
J'ai reçu vos lettres du 12. Je vois avec plaisir que votre
camp se forme. Envoyez-m'en l'état de situation en règle, en
faisant mettre sur une colonne les présents sous les armes,
et sur une autre colonne les malades et absents. Comptez
vous-même les présents sous les armes, afin d'être sûr de
votre calcul. La lutte, si elle a lieu, ne sera pas longue et
sera décidée bien plus vite que la première.
...Faites-moi connaître combien vous payerez vos chevaux
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 49
d'artillerie et s'ils sont bons. Faites-moi connaître si vous
avez autour de vous des officiers du génie qui aient été en
Hanovre et qui connaissent parfaitement TEms et tous les
pays jusqu'au Weser. D'ailleurs tout ceci n'est encore que
préparatifs, et je suis plus prêt et plus en mesure que mes
ennemis.
Faites passer la revue de vos régiments de cavalerie et
faites-les compléter en chevaux...
LE MARÉCHAL DAVOUT AU GÉNÉRAL FRLkNT.
Paris» 15 septembre 1806.
J'arrive de Saint-Cloud, mon cher Général ; S. M. m'a
accueilli avec sa bonté ordinaire. Elle m'a parlé de partir
60U8 peu de jours pour vous rejoindre. Cette nouvelle est
pour vous seul et mon chef d'état-major. Tout est à là guerre
ici ; une partie de la Garde est partie ce matin. Cependant
beaucoup de personnes croient que ces préparatifs n'auront
aucun autre résultat que de déterminer la paix, et par con-
séquent de rendre ridicule l'armement des Prussiens. Mais
dans tous les cas, nous sommes en mesure ; ma dernière ins-
pection des troupes m'a donné cette conviction. Il y a un
article bien important cependant dont nous manquons totale-
ment, c'est celui des marmites, bidons, etc. Je me suis assuré
ici que l'on n'avait aucun moyen de nous en faire délivrer.
Il ne faut donc compter que sur nous. Aussi je vous invite à
la réception de ma lettre à prévenir les généraux de division
de recommander aux colonels de s'assurer que dans le cas
d'un ordre de départ, chaque capitaine se procurera de gré
à gré des habitants de ces marmites faites en tôle battue dont
ou fait usage en Allemagne. Cet objet n'est point très coû-
teux et donnera au soldat la facilité de faire sa soupe. Il faut
que chaque compagnie s'en procure de manière à en avoir
une ou deux de plus. Il vaut mieux à cet égard être riche
puisqu'il ne s'en perd que trop. Cet ordre devra être promp-
tement exécuté et est pour toutes les armes du S** corps.
CAUP. D/. PkVSSS.
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50 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Il est probable que lorsque vous recevrez cette lettre, je
serai en route pour vous rejoindre.
l'empereur au major qënéral.
Sainl-Cloud, 16 septembre 1806.
Je viens de voir le maréchal Davout, qui m'a fait connaî-
tre le bon état dans lequel se trouve son corps d'armée. Je
vous ai, je crois, déjà demandé des renseignements pour
connaître si tous les corps avaient leurs ambulances. Je dé-
sire avoir un prompt rapport sur cet objet. Chaque régiment
doit avoir son ambulance, chaque division doit avoir la
sienne, et chaque corps d'armée doit en avoir une \ Chaque
division de corps d'armée doit avoir 400 ou 500 outils de
pionniers, outre 1,500 pour chaque corps d'armée *. Ne perdez
1. Par le rapport du major général à l'Empereur en date du 24 septembre,
ou voit qu'il fut affecté un caisson d'ambulance à 4 roues par régimeni d'in-
fauterio et un par division, et en outre un cuisson d'ambulance légère à
2 roues par division et deux par corps d'armée comme réserve.
M. Vanderbach, chirurgien-major du 9« loger, chargé du service de la divi-
sion Dupont, toucha le 27 septembre des magasins de Mayence le matériel
destiné à la division et en lit la répartition entre les corps (9« léger, 32«, 96',
i«r (]e hussards), qui reçurent chacun 54 kilogrammes de linge à pansement
(bandes et compresses), 12 kilogrammes et demi de charpie, une paillasse,
une caisse à amputation complète ; M. Vanderbach conserva pour le 9^ léger
une caisse double à amputation et à trépan complète. Il demandait qu'il y eut
à chaque régiment un cheval pour porter tous ces effets d\imbulance. La division
Dupont avait perdu ses caissons dans la campagne de Tan XIV.
2. LK MAJOB GÉNÉRAL AU GÉMKRAIj ANDRÉOSSY, COUMARDAMT LK GKNIE.
Munich, 21 septembre 1806.
Je vous ordonne de faire ncheler sur-le-champ 30 caissons qui, avec les il
qui existent, suIUront pour donner à chaque division d'infanterie un caisson
contenant 400 à 500 outils et à chnque corps d'armée 2 caissons qui pourront
porter l,ooo outils; le reste servira pour le parc général avec quelques voi-
tures de réquisition qu'on y joindra, si cela est nécessaire; je mets en con-
séquence à votre disposition une somme de 72,noo fr. pour les so caissons
qui devront être rendus à Wûrzburg du 5 au 6 octobre au plus tard pour
être répartis, ainsi que les outils, aux différents corps.
Je viens d'écrire au directeur à Strasbourg de faire venir à l'armée 13,000
outils, indépendamment dos 9,ooo que je vous ai chargé de faire venir.
J'ai écrit également au directeur du génie à Mayence pour qu'il fasse aussi
passer 12,000 outils à Wùrzburg; s'il n'y en avait pas assez do disponibles
dans ces places, j'ai dit aux directeurs de prendre une partie de ce nombre
sur l'approvisionnement du siège de la direction, en les autorisant à les faire
remplacer sur*le- champ p:u: les outils que je les ai autorisés a faire fuire<
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. Ôl
pas un moment pour organiser cette partie si importante.
Sans outils, il est impossible de se retrancher ni de faire '
aucun ouvrage, ce qui peut avoir des conséquences bien
funestes et bien terribles. J'imagine que vous avez un offi-
cier général commandant le génie ; ne fût-ce qu'un colonel,
il est indispensable qu'il y ait un officier qui commande et
qui corresponde avec les autres officiers du génie. Un troi-
sième objet qui mérite votre attention ce sont les bidons et
les marmites ; ordonnez aux corps d'acheter le nombre qui
leur est nécessaire.
l'empereur au général dejean*
Saiut-Cloud, 17 septembre 18O6.
Si la Prusse nous déclarait la guerre, Mayence paraîtrait
être le pivot des mouvements contre cette puissance. Par le
Mayn on doit arriver à Wttrzburg en peu de jours. Je désire
que le munitionnaire puisse se procurer, dans le plus court
délai, 15,000 quintaux de farine, afin que, si on en avait
besoin, on pût les faire transporter rapidement sur Wttrz-
burg.
Cependant il faut que cela ne coûte rien, c'est-à-dire que
les 15,000 quintaux * de farine servent à l'approvisionnement
ordinaire. Cette quantité est, je crois, nécessaire pour nour-
rir 150,000 hommes pendant dix jours *. Le munitionnaire
ne doit pas être en peine pour se les procurer. Si l'armée
rentre, une grande partie rentrera par Mayence, et cet ap-
provisionnement lui servira. Si, au contraire, l'armée guer-
roie, et qu'on en ait besoin, on le ferait venir à Wttrzburg,
et on le lui payerait. Présentez-moi un rapport sur la ma-
nière la plus avantageuse de parvenir à ce but.
Cette expression de pivot des mouvements ou pivot des opérations
1. n 8*agit du quintal de 100 livres.
s. D'après le calcul de TEropereur, un quinlal de farine donnerait 100 ra-
tions ot 1,000 quintaux 100,000 rations. Or, d'après le rapport de Tintendant
général du 7 octobre, 1^000 quintaux no donnaient que 90,000 rations.
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52 CAMPAGNE DE PRUSSE.
^^applique aux grandes places qui servent de point d*appui aux ar-
mées, qu'il s'agisse des places situées sur la frontière au début des
hostilités, ou plus tard des places du pays ennemi ou de celles de
son propre pays suivant la marche des opérations.
L EMPEBEUB AU GENERAL DEJEAN.
Saiul-Gloud, 17 septembre 180C.
3,600 quintaux métriques de blé ne sont pas suffisants pour
Wesel ; faites-en réunir le double, c'est-à-dire 7,200. Par ce
moyen, la moitié de cet approvisionnement restera toujours
en cas de siège, et l'autre moitié pourra servir pour le pas-
sage et pour tout ce qui précéderait un siège. Le munition -
naire doit fournir à cet approvisionnement de manière à ce
qu'il n'en coûte rien, car il y aura toujours beaucoup de
troupes à Wesel et aux environs. Veillez à ce qu'il y ait à
Maëstricht, Juliers. et Venloo*, une quantité d'approvision-
nements capable de faire un fonds suffisant pour en nourrir
la garnison pendant quelque temps. Ordonnez au munition-
naire d'envoyer à Wesel du riz, des légumes en quantité
correspondante aux autres approvisionnements, ainsi que de
l'eau-de-vie.
Faites filer sur Wesel les 102,000 rations de biscuit qui
sont à Wissembourg et Haguenau, pour y servir également
de fonds d'approvisionnement.
Assurez- vous s'il y a à Wesel des moulins, et si l'on ne
peut pas les empêcher de moudre, et, dans le cas où les
moulins ne seraient pas indépendants de l'ennemi, ordonnez
qu'on ait toujours une grande quantité de farine en ma-
gasin.
L'Empereur reviendra le 20 sur Torganisation des places de
Mayence et de Wesel, lorsqu'il aura donné les ordres pour la réu-
nion de son armée.
1. Place de seconde ligne.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 53
l'empereur au général RAPP, commandant la 5* DIVI-
SION MILITAIRE.
Saint-Cloud, 17 septembre i806.
Je reçois l'état de situation des 4,000 hommes qui peuvent
partir. J'ai accordé des fonds à tous les régiments de cava-
lerie pour les remontes. Veillez à ce qu'ils passent des mar-
chés pour acheter les chevaux. Je n'ai point, dans les situa-
tions que vous m'avez envoyées, celles des compagnies de
grenadiers des 3* et 4* bataillons. Envoyez-moi cette situa-
tion, que je désire avoir.
Quelle serait, par exemple, la force d'un bataillon de 6 com-
pagnies qui serait formé des compagnies des 3*, 4*, 18*, 57^
et 88* régiments de ligne, qui sont à leurs 3® bataillons, et
d'un autre bataillon qui serait formé avec les compagnies de
carabiniers des 7*, lO**, 16* et 24* légers, qui se trouvent à
leurs 3* bataillons au dépôt? Faites-moi connaître aussi la
situation des voltigeurs.
P.-S. — Si j'avais besoin de réorganiser les gardes natio-
nales que Kellermann avait organisées à Strasbourg, seraient-
elles de bonne volonté ? Auraient-elles leurs habits ? Combien
étaient-elles? Si les circonstances le voulaient, seraient-elles
dans le cas de tenir garnison à Strasbourg, ou même à
Mayence? Vous sentez que ceci est pour vous seul ; que c'est
votre opinion que je vous demande. Vous ne devez même
pas laisser pénétrer que je vous ai fait ces questions.
l'empereur au major général.
Saint-Cloud» 17 septembre 1806.
Je vous envoie l'expédition d'un décret que j'ai pris pour
la remonte de la cavalerie. Comme tous les régiments ont
reçu 20,000 fr. à Strasbourg pour leur fourrage à leur ren-
trée en France, vous leur ordonnerez de prendre 10,000 fr.
8ur ce fonds pour acheter des chevaux, et ils les remplace-
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54 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ront à la masse de fourrage * lorsque Tordonnance du ministre
Dejean sera arrivée, et que ces 10,000 fr. leur seront payés.
J'ai pris un décret qui met un million à votre disposition.
L'ordre n'en arrivera que dans quelques jours au payeur de
la part du ministre du Trésor public 5 mais cela ne vous em-
pêchera pas de le voir, et de disposer des sommes nécessaires
pour les services urgents et pressants. Que chaque corps
complète son ambulance, et se procui'e ses marmites et ses
bidons. Vous garderez sur ce million ce qui vous sera néces-
saire pour vos dépenses secrètes.
Prenez des mesures pour bien connaître les noms des rég-i-
ments qui composent les camps de Magdeburg, de Hameln
et de Breslau, et tous les mouvements des Prussiens.
Je pense qu'il serait nécessaire de faire faire du biscuit à
Bamberg et à Wttrzburg. Cependant je voudrais que cela se
fît sans éclat, pour ne pas trop démasquer ce que j'ai le projet
de faire, si jamais l'ennemi me pousse à bout.
J'imagine que la place de Braunau est en bon état. J'ima-
gine aussi que les régiments de cavalerie ont leurs forges de
campagne et leurs fers et que tous les corps ont leurs capotes.
Vous pouvez disposer sur le million des sommes nécessaires
pour faire confectionner des capotes, sauf à se mettre en
règle auprès du ministre Dejean, qui retiendra cet argent
sur les masses d'habillement.
Employez, si cela est nécessaire, 250,000 fr. pour les
vivres, et réunissez beaucoup de farine du côté de Bamberg
et de Wurzburg.
Vous pouvez vous concerter avec M. de Montgelas sur la
manière de faire ces achats et de les faire filer sur les diflFé-
rents points le plus secrètement possible. Mais il faut que
tout cela y soit rendu très promptement.
Donnez ordre au payeur général et au parc, qui se trou-
1. Par décret du 25 février I8O6, l'Empereur avait arrêté qu'à dater du
!<><' avril 1806 la masse de fourrage serait remise aux corps pour ôtre em-
ployée par le conseil d'admiiiistralioa , et qu'elle serait payée aux corps par
douzième, par mois et d'avance, à l'effectif d'après les revues. — Les four-
rages étaient fournis auparavant par les magasins de TËtat. — Les régiments
n'avaient pas reçu les 20,000 fr. de la masse de fourrage.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 55
Tent à Augsburg, de se tenir prêts à marcher au premier
ordre.
Avez un commandant du génie qui ait des correspondances
avec les commandants du génie des différents corps d'armée.
Que ce soit un officier général ou un colonel, peu importe.
Qu'il ait autour de lui de jeunes officiers du génie dont on
puisse se servir pour des missions. Que chaque corps d'armée
ait la quantité d'outils que j'ai prescrite.
ilayence va devenir le point d'appui de tous les mouve-
ments de l'armée. •
Faites-moi connaître combien il faudrait de jours à des
bateaux pour remonter de Mayence à Wiirzburg.
Prévenez bien les officiers du génie que mon intention est,
dans la prochaine campagne, de remuer beaucoup de terre ;
({u'il faut donc qu'ils aient beaucoup d'outils.
Cette dépêche arriva le 22 ; les ordres furent expédiés le 23 et le
major général répondit le 24.
Oq se procure par tous les moyens possibles des renseignements
sur rennemi, sur ses rassemblements, sur ses mouvements, sur la
composition de ses forces en tel ou tel point. Les agents diploma-
tiques, tant que les relations ne sont pas rompues, et les agents ae-
en*te, en tout temps, recueillent tous les bruits qui circulent. Il faut
avoir des agents partout, dans l'intérieur du pays ennemi, sur les
différentes frontières, dans les pays voisins. Le service secret n'est
pas limité à l'état-major de Tarmée ; chaque comniandant de corps
d'armée a aussi un bureau de' renseignements monté avec des agents
qui circulent et lui envoient des nouvelles. Le Commandant de l'ar-
mée discerne ensuite lui-même les renseignements auxquels il peut
ajouter foi ; il compare entre eux les différents rapports et juge des
projets de l'ennemi.
L'Empereur demande aujourd'hui 17 les noms des différents régi-
ments composant les camps de Hameln, Magdeburg et Breslau ; le
19 il ordonnera au major général de s'enquérir de ce qui se passe à
^i^Ue, où on lui assure qu'il y a déjà des rassemblements de troupes
prussiennes, et au grand-duc de Berg de faire reconnaître les can-
tonnements des Prussiens et les noms des régiments qui occupent les
camps de Hameln et environs, ainsi que la force des compagnies et
des bataillons. Le Commandant de l'armée guide donc lui-même le
service des renseignements des états-majors à l'aide des renseigne-
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56 CAMPAGNE DE PRUSSE.
nients que lui fournissent la diplomatie et la police. Plus le Coin man-
dant de Tarmée est puissant, mieux il est servi. Lorsqu'il esta la. fois
le souverain du pays et le chef de Tarmée, il dispose de tous les moyens.
L*Empereur connaît la composition de Tannée prussienne ; mais
la répartition des forces entre les différents rassemblements et les
mouvements exécutés lui dévoileront les projets de son ennemi et lui
permettront de prendre ses mesures pour les déjouer et de combiner
ses propres opérations d'après les projets entrevus.
Un plan d'opérations arrêté d'avance dans toutes ses parties et
imposé au Commandant de l'armée, lorsqu'il n'est pas le chef de
l'État, est donc une mauvaise mesure puisque le plan d'opérations
doit être jnodifié suivant les dispositions de l'ennemi, que révèlent
les renseignements des agents secrets et qui ne sont connues que
successivement.
Voilà les ordres d'exécution pour la réunion des subsistances, et
le major général n'a encore fait prendre aucune information sur ce
que l'on trouvera dans le pays. Si ces renseignements étaient connus^
si l'on savait à quels fournisseurs s'adresser, si l'on était déjà en re-
lations avec eux (et an pouvait leur dire qu'il s'agissait de former
des magasins à Mayence), il ne resterait plus qu'à passer les marchés
et à faire filer. Mais on a perdu 12 jours ; les événements vont se
précipiter; le 21, lorsque le major général recevra cette dépêche,
l'ordre pour le mouvement général de l'armée sera déjà en route. On
risquera de ne pas arriver en temps opportun. Les dépêches du 13
et du 15 auraient dû pourtant ouvrir les yeux au major général puis-
qu'elles lui prescrivaient, aussitôt qu'il apprendrait le départ de
Berlin de M. Laforest, de mettre lui-même les corps d'armée en
marche. Tout chef d'état-major doit savoir lire ses instructions.
En accordant des fonds pour rassembler des subsistances, l'Empe-
reur a pour but de ménager ses alliés et de voir le marché approvi-
sionné.
l'empereur au major général.
Saint-Cloud, 17 septembre 1806.
Mon Cousin, je remarque, surTétatcle situation général de
la Grande Armée, que vous n'avez que cinq aides de camp ;
je crois qu'il serait nécessaire que vous y joignissiez trois
lieutenants, jeunes gens actifs et qu'on pourrait faire courir
pour porter des ordres. Je remarque que vous n'avez que
cinq capitaines adjoints à l'état-major ; il vous en faudrait le
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 57
triple. Je remarque aussi que le général Andréossy n'a qu'un
seul aide de camp : il faut qu'il en ait deux autres. 11 me
semble qu'il y a peu d'officiers du génie à l'état-major ; il en
faudrait le double de ce que j'y voip, surtout beaucoup de
lieutenants et de sous-lieutenants. Je vois que le corps du
prince de Ponte-Corvo n'a point d'adjudants généraux ; que
le chef d'état-major n'a qu'un seul aide de camp ; il faut
qu'il prenne les trois qu'il doit avoir. Le général de division
Rivaud n'a qu'un aide de camp ; le général Maison, un ; le
général Werlé, un ; le général Van Marisy, un ; le général
Nansouty, un ; les généraux Lahoussaye et Saint-Germain,
un ; le général Sahuc, un : cela n'est pas suffisant. Au corps
du maréchal Davout, le général Daultanne n'a qu'un aide de
camp; le général de division Morand n'en a que deux : il lui
en manque un ; le général Brouard n'en a qu'un ; le général
Kister n'en a point ; le général de brigade Dufour n'en a
qu'un ; le général Merle, un ; le général Saint-Hilaire, deux ;
les généraux Ferey et Raimond-Viviès, chacun un ; les gé-
néraux Ledru et Dufour n'ont pas le nombre suffisant ; le
général Milhaud n'en a qu'un ; le général Latour-Maubourg,
un ; le général de division Beaumont, un ] le général La-
salle, un ; le général de division Dupont, un ; le général
Conroux, un ; le général de division Beker n'a que deux
aides de camp ; le général Maillard n'ena pas. Je remarque
que la division Gazan n'a qu'un adjoint : il lui en faut deux.
Donnez ordre à tous ces généraux de compléter le nombre
d'aides de camp qu'ils doivent avoir selon l'ordonnance, et
de ne prendre aucun officier faisant partie de la Grande
Année, mais de les prendre parmi les adjoints des divisions
de l'intérieur ou parmi les officiers de cavalerie et d'infan-
terie des dépôts qui sont en France ^
1- CIRCUhAIRB AUX MARÉCHAUX.
Munich, 23 septembre 1806.
L'Empereur, M. ie maréchal, a vu sur les étals de situation que MM. les
généraux u*ont point le nombre d'aides de camp que leur proscrit la loi.
8. M. vous ordonne et me charge de vous recommander particulièrement
que vous ayez à prescrire à MM. les généraux de compléter sur-le-champ le
nombre d'aides de camp qu'ils doivent avoir. Vous devez demander à l'étal-
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58 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le général de brigade Legendre pourrait être envoyé à la
division Dupont ; vous lui donnerez Tordre d'attendre, pour
rejoindre cette division, le premier moment où les deux divi-
sions seront à proximité.
Il est indispensable que les officiers généraux aient le nombre d'of-
ficiers nécessaires pour porter leurs ordres et en surveiller Texéca-
major général les adjudants commandants et adjoints qui vous manqueraient
d'après rorgauisatîon arrêtée pour la Grande Armée, et renvoyer à l'étal-
ni(\jur général les officiers de ces grades qui excéderaient le nombre pres-
crit. L'Empereur dérend expressément à MM. les maréchaux de souffrir qu'il
soit employé près de leur éiat-major ou près des généraux de division des
officiers dits de correspondance. S. M. veut que tous les officiers des esca-
drons ou iMitaillons de guerre soient présents à leurs compagnies et y fiassont
le service. Comme MM. les maréchaux sont les seuls officiers pour lesquels
S. M. ait toléré que quelques-uns de leurs aides de camp fussent titulaires
dans des corps, s'ils en ont qui fassent partie des escadrons ou bataillons de
guerre, ils seront sur-le-champ remplacés pour leur service dans leurs esca-
drons ou bataillons par des officiers de leur grade tirés des dépôts.
Ouant aux aides de camp de MM. les généraux, ils doivent être aussitôt
remplacés dans leurs corps parce que, suivant les lois, ils cessent d'être
titulaires.
MM. les maréchaux, indépendamment de l'adjudant commandant qui leur
est personnellement attaché, peuvent avoir 6 et même 8 aides de camp, les
quatre derniers dans le grade de lieutenant, jeunes et actifs pour être em-
ployés aux missions rapides.
Tout officier qui se trouverait à la suite des états-majors ou des régiments
sans avoir un brevet du ministre de la guerre ou sans être compris dans
l'organisation de l'aimée, doit rentrer en France; l'Empereur seul peut au-
toriser un officier à servir dans ses armées.
Vous voudrez bien , M. le maréchal , tenir la main à Pexéculiou des ordres
ci-dessus, que S. M. me charge de vous transmettre.
Je vous préviens que l'Empereur ordonne expressément que MM. les géné-
raux ne prennent leurs aides de camp que parmi les oIIIcici*s d'état-mnjor de
l'intérieur ou parmi les officiers des corps qui sont en France, l'iulentiou de
S. M. étant qu'on ne choisisse pour aides de camp aucun des officiers des
escadrons ou bataillons de guerre qui sont à la Grande Armée.
M*l Alex. Bbrthikr.
L'usage des officiers dits de correspondance était venu de ce que les aides do
camp et lt>s officiers d'état-major n'étaient pas en assez grand nombre pour
suffire au service que l'on avait a leur faire faire ; aussi les maréchaux con-
tinuèrent-ils à les tolérer et môme à en ordonner l'emploi.
3« corps d'armée. circdlairk aux oibnÉRAUx db division.
Bamberg, 4 octobre 1806.
J'ai l'honneur de vous prévenir que l'intention de M. le maréchal est que
chaque général de division désigne 3 officiers très intelligents et parlant la
langue du pays , s'il est possible , lesquels n'auront d'autre service à faire
que de porter les ordres de S. Exe. à MM. les généraux de division et de lui
faire connaître l'emplacement des troupes. M. le maréchal vous autorise à
faire monter ces olTiciers aussitôt que l'armée pénétrera dans le pays ennemi,
soit avec des chevaux de prise, de déserteur ou enfin par des chevaux re-
quis; comme ces officiers sont destinés à faire un service très actif, il faudra
«lu'ils soient montés en conséquence.
G** Daultakhb.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 59
tion. Comme ces officiers sont toujours en course et qu'ils sont sou-
vent exposés et surmenés, au bout de fort peu de temps les généraux
n'en ont plus auprès d'eux et il leur est difficile, quelquefois même
impossible, de les remplacer.
Les fixations actuelles sont inférieures à celles du premier empire.
Les maréchaux vont tous se plaindre successivement du manque
d'officiers d'état-major. Que sera-ce donc aujourd'hui V
Les généraux chefs d'état-major avaient droit au nombre régle-
mentaire d'aides de camp qui venaient encore s'ajouter aux officiers
d'état-major dont ils pouvaient disposer.
LE MAJOR QËKÉRAL ▲ l'BMPEBEUR \
Munich, 17 septembre 1806.
Sire, le roi de Bavière m'écrit un mot pour me dire que le
courrier qu'il avait envoyé à Berlin et à Dresde arrive à
l'instant. Le chevalier Debray mande au Roi que le comte
(le Haugwitz, et en un mot tous les gens sensés de ceux qui
entourent le Roi, sont pour la paix et Talliance avec la
France, mais que les armements continuent (dépêche de
Berlin du 9 après-midi).
De Dresde on mande au Roi que la Hesse fait rejoindre
tous ses semestriers et que TElecteur est au désespoir ; que
l'armée prussienne destinée à rester sur TElbe avance vers
Hof dans le pays de Baireuth; que le prince Louis-Ferdi-
nand, destiné à commander Tavant-garde, est parti pour ces
contrées.
Le ministre du Roi en Prusse Tinforme par apostille que
le roi de Suède a écrit au général Kalkreuth que, content de
la retraite des troupes prussiennes du Lauenburg, il allait
aussi faire retirer les siennes, et que de sa personne il comp-
tait retourner en Suède ; que tout dépend des nouvelles que
donnera le général Knobelsdorf qui esta Paris ; que les équi-
pages du Roi sont partis de Berlin.
1. Toutes les pièces qui parvenaient au cabinet de l'Empereur y recevaient
un sommaire. Celle-ci porte dans le coin supérieur gauche : Nouvelle* de
^rum. — DUpo9Uio7u générales pour une gverrey etc., etc.
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60 CAMPAGNE DE PRUSSE.
D'un autre côté j'apprends que les Suédois ont pris pos-
session du Lauenburg au nom du roi d'Angleterre.
Un officier bavarois venant de Magdeburg dit que Ton
rasait les faubourgs qui entourent cette place.
J'ai trois officiers polonais sur la frontière de Pologne et
quatre autres officiers d'état-major sur les routes de Dresde
et de Berlin ; mais je n'ai encore aucune nouvelle d'eux. On
dit que le corps prussien qui était à Magdeburg se met en
marche sur Leipzig ; qu'un autre se porte à Gottingen.
On dit de plus que toutes les forces prussiennes doivent se
réunir en Saxe où elles feront leur jonction avec une armée
russe qui est déjà en marche.
Les rapports particuliers disent que la Prusse prend, de
tous côtés les grandes mesures de guerre. Les gazettes d'Al-
lemagne et le langage de la société ne dissimulent point que
la Prusse marche pour nous faire la guerre et qu'elle est sou-
tenue par la Russie. On dit que l'Autriche ne veut se décider
que pour le plus heureux, quand les hostilités auront com-
mencé. Ce qu'il y a de certain, Sire, c'est que tout en Alle-
magne est à la guerre. J'attends d'un instant à l'autre de
vos nouvelles et votre arrivée ; car je pense que si les négo-
ciations de Paris ne vous donnent pas la certitude des vé-
ritables intentions de la Prusse, il n'y a pas de temps à per-
dre pour que V. M. ordonne les dispositions conformes au
plan de guerre et aux opérations qu'elle aura adoptées ;
Wtirzburg ni la petite forteresse de Kônigshofen ne sont
armées.
V. M. se rappelle qu'elle m'a prescrit de ne rien faire,
c'est-à-dire de ne faire mouvoir aucun des corps de MM. les
maréchaux sans ses ordres ultérieurs.
J'ai envoyé un de mes aides de camp au maréchal Berna-
dette pour lui recommander d'entretenir de nombreux émis-
saires et de me faire part de tout ce qu'il apprendrait des
dispositions des Prussiens. J'ai donné ordre à mon aide de
camp d'aller à Leipzig et de revenir par Dresde.
Je me borne à exécuter ponctuellement les ordres de V. M.
et à tenir tout en état pour être prêt à agir.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 61
Je continue à rendre les prisonniers autrichiens à raison
de 800 par jour.
Je présente à V. M. l'hommage de mon profond respect.
l'empebeub au vice-boi d'italie.
Saint-Cloudi 18 scptombro 1806.
Mon Fils, la Prusse continue toujours ses armements, et il
ne serait pas impossible qu'il y eût, dans le courant d'octo-
bre, une rupture entre les deux puissances. Jusqu'ici il n'y a
rien de décidé. Toutefois les préparatifs se font de part et
d'autre avec assez d'activité. L'Autriche proteste de sa neu-
tralité, et il est à croire, vu la situation actuelle de ses affai-
res intérieures, qu'elle attendra, si elle se décide, l'issue des
événements. Quoiqu'il sera temps alors de vous donner des
instructions, j'ai cru que je devais d'avance vous instruire du
rôle que vous auriez à jouer, afin que vous vous y prépariez.
Vous commanderez en chef mon armée d'Italie, qui ne
sera qu'une armée d'observation, vu que je suis bien avec
TAutriche ; mais il n'en faudra pas moins exercer une grande
surveillance et user d'une grande prudence. Vous aurez sous
vos ordres le corps du Frioul composé de 16,000 hommes
dWanterie ayant 30 pièces de canon attelées. A cet effet, le
général Seras, avec le 13* régiment de ligne, se portera dans
le Frioul, quand il en sera temps, de manière qu'il ne reste
en Istrie aucune de mes troupes, si ce n'est un gouverneur
pour y commander le bataillon d'Istrie et une compagnie
d'artillerie italienne. Pour faire ce mouvement insensible-
ment, mon intention est que vous donniez d'abord au général
Seras l'ordre de se rendre à sa division dans le Frioul, en
laissant un général de brigade pour commander à sa place et
emmenant avec lui un bataillon du 13*.
Les hôpitaux d'Istrie seront tout doucement et sans se-
cousse évacués sur l'Italie. On laissera 2 pièces de campagne
de 4 avec le bataillon du 13* qui restera en Istrie, et le reste
de Tartillerie de campagne rentrera à la division ISeras. Les
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62 CAMPAGNE DE PRUSSE.
fusils, les magasins, tout doit être évacué insensiblement £ur
Palmanova ; vous ne devez laisser en Istrie que Tartillerie
de côte, 3 compagnies d'artillerie pour défendre les cotes et
servir les batteries, mais aucun magasin de fusils. Huit jours
après que le 1" bataillon du 13' et le général Seras seront
arrivés dans le Frioul, vous y ferez venir le reste du 13*, et
vous ne laisserez en Istrie qu'une compagnie de ce régiment.
Ainsi l'on s'accoutumera insensiblement à ne rien voir dans
ristrie. Mais, si le départ des troupes fait trop d'eflFet, vous
pourrez y envoyer un autre bataillon et le retirer ensuite.
Cela aura l'avantage de jeter de l'incertitude sur mes pro-
jets, et mes peuples d'Istrie ne se croiront point abandonnes.
Toute l'artillerie inutile à la défense de Palmanova et
d'Osoppo doit être évacuée sur Venise, et il ne doit rien
y avoir entre l'Isonzo et l'Adige qui puisse gêner les mouve-
ments de l'armée et tomber au pouvoir de l'ennemi, si jamais,
dans quelques mois, l'ennemi pénétrait dans ce pays. Tous
] es magasins nécessaires à la défense de Palmanova doivent
être renfermés dans cette place.
J'ai appris avec surprise que le million de rations de bis-
cuit que j'y avais fait envoyer a été placé dans les villages
voisins ; cela n'a pas de sens. Il y a des églises, des maisons
nationales ; il faut en loger les habitants ailleurs, et disposer
ces maisons pour y placer les magasins. Tout doit être orga-
nisé insensiblement et sans éclat pour la défense de cette
place. Les officiers d'artillerie et du génie, le commandant
de la place, les adjudants de place, un colonel commandant
en second, doivent être à leur poste. La garnison serait com-
posée de 500 canonniers, moitié Français, moitié Italiens,
et de 1,500 hommes des 3" bataillons du corps du Frioul, que
vous organiseriez lorsqu'il en serait temps. Les 8 dépôts de
l'armée de Dalmatie, ceux de l'armée du Frioul, ceux de
l'armée de Naples, ce qui fait 28 dépôts ', auront avant la fin
1. Armc5e de Dalmatio : 8» et 18» légers; 6», il«, 23*, 60«, 79« et 8l« de liguo.
Armée du Frioul : 9«, 13«, 86«, 53«, 84« et ea» de ligue.
Armée do Naples : i«r, 14«, 2ï« et a3« légers ; !•', e«, 10«, 20», JI9«, 4Ji*i
6a«, 6a«, ioi« et io2« de ligne.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 63
d'octobre plus de 16,000 hommes présents sous les armes,
puisque près de 20,000 hommes vont s'y rendre. Le cas arri-
vant, après avoir renforcé les bataillons de guerre à leur
complet, le fonds de ces dépôts formerait les garnisons de
Palmanova, de Venise, d'Osoppo, de Mantoue, de Peschiera,
Legnago. Mais ces dispositions sont des dispositions de
guerre, à faire au moment d'une déclaration de guerre, et
lorsque vous arriveriez à être vraiment menacé d'une inva-
sion. Ainsi vous sentez Timportance de porter une surveil-
lance scrupuleuse à Torganisation des dépôts, au remplace-
ment des officiers réformés ou en retraite, à la nomination
des sergents et caporaux, à Thabillement et à Tarmement des
conscrits, et au renvoi de tous les hommes éclopés et hors
d'état de servir.
La défense de Venise pourrait être confiée au général
MioUis, qui, s'y enfermant avec tous les moyens de la marine
et avec 6,000 ou 7,000 hommes des différents dépôts, pour-
rait faire une longue et brillante défense, jusqu'à 6e que la
suite des opérations générales parvînt à le dégager.
La place de Mantoue, dans laquelle vous mettriez égale-
ment 6,000 ou 7,000 hommes des dépôts, serait promptement
approvisionnée. Tout votre corps du Frioul deviendrait ainsi
disponible. Le 106*, le 3* d'infanterie légère et 7 régiments
que j'ai en Piémont ', vous formeraient 3 nouvelles divisions
qui porteraient votre corps d'armée à 36,000 hommes d'in-
fanterie; ce qui, avec la cavalerie légère, les cuirassiers et
les dépôts de cavalerie de l'armée de Naples, vous formerait
une année de près de 40,000 hommes, force imposante qui,
vu les opérations ultérieures de l'Allemagne, contiendrait
l'ennemi. En tout cas, vous pourriez manœuvrer entre Ve-
nise, Palmanova, Osoppo, Mantoue, Legnago, Peschiera,
sans être obligé de vous affaiblir pour munir ces places, les
ayant armées et approvisionnées d'avance. Si les événements
politiques devenaient très sérieux, il est probable que vous
vous trouveriez rallié par l'armée de Naples, ce qui vous
«. 8«, ?•, 16«, 87', 66«, 67« et 9S« do ligne.
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64 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ferait un renfort de 40,000 hommes. Dans la saison où nous
entrons, tous les malades vont guérir.
Il est convenable que vous me fassiez connaître l'opinion
du général MioUis sur la possibilité de défendre Venise ^ ;
celle du général Chasseloup, ainsi que celle de votre aide de
camp Sorbier, pour, avec le moins de travaux possible, met-
tre cette place en état de défense ; car mon intention n'est
pas que vous travailliez sérieusement à ces fortifications
avant que la tournure que vont prendre les affaires soit plus
prononcée. Si Topinion de ces différents officiers est que 6,000
ou 7,000 hommes peuvent se défendre longtemps à Venise,
vous y ferez passer sans éclat les approvisionnements de
bouche convenables et les vivres, surtout en blé et en farine.
Je n'ai point donné Tordre qu'on désarmât aucune de mes
places ; ainsi je les suppose toutes armées, même Venise. Il
est essentiel cependant que vous vous concertiez avec le
général Sorbier pour que toute Tartillerie qui est inutile à
leur défense se rende à Pavie et repasse l'Adda. Il ne faut
rien laisser, même à Vérone, qu'un parc de campagne qui
servirait pour toute votre armée. Ainsi vous ne laisseriez
rien à l'ennemi, si les circonstances vous obligeaient à vous
retirer en deçà du Mincio ou de l'Adda.
Quant à la Dalmatie, dans une pareille occurrence, le gé-
néral Marmont devrait laisser une garnison suffisante à
Raguse, car je ne suppose point qu'il ait pu s'emparer de
Cattaro. Il concentrerait tout son monde du côté de Zara
pour pouvoir inquiéter les frontières de Croatie, les attaquer
même, pousser des partis et obliger l'ennemi à se tenir en force
vis-à-vis de lui. Les approvisionnements qu'il aurait soin de
réunir en grande quantité à Zara, les munitions de toute
espèce qu'il y concentrerait et les forces qu'il aurait, pour-
raient le mettre dans le cas de prendre l'offensive ou d'aider
1. Le gouverneur d'une place doit toujours être consulté sur la possibilité
de défendre la place dont le commandement lui est confié. Ce principe, qui
a été bien longtemps négligé, a été la cause des désastres qui sont venus
nous frapper dans des temps malheureux. Les officiers du génie ot do l'ar-
tillorio étaient alors considérés comme seuls compétents en celle malîèrc.
Puisse l'expérience du passé nous servir de leçon pour Tavonir !
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PRËPAHATIF8 DE GUERRE. 65
à votre défensive sur TIsoiizo, et obliger rennemi à avoir là
an corps d'observation. Au pis-aller, Zara le mettrait à même
de s'y défendre des mois entiers, et d'attendre la solution
générale des affaires.
J'aurai le soin et le temps de vous écrire, s'il y avait quel-
que chose de décidé. Toutefois, j'ai voulu vous donner cette
instruction générale, qui vous servira de règle. Dès aujour-
d'hui vous pouvez, sans scandale et sans bruit, vous occuper
de l'approvisionnement de vos places, de leur armement et
de l'ensemble de la défense du pays au delà de l'Adda. Il
faut prendre sur les finances du royaume d'Italie tout ce
qui ne pourra pas être pris sur le fonds mensuel, et, sous
différents prétextes, vous assurer du fonds des approvision-
nements ; l'accessoire sera bientôt complété.
Indépendamment du livret que vous me remettez de l'état
de situation de l'armée, je désire que vous m'en remettiez
an autre qui me fasse connaître le nombre de pièces des
places, les principaux objets d'approvisionnement de bouche
qui se trouvent dans chacune d'elles, ainsi que les noms des
généraux commandants de place, des adjudants de place,
des officiers du génie et d'artillerie préposés à la défense
deadites places. Comme celle que je connais le moins, c'est
Venise, je désire avoir un plan général à l'appui de ce
livret, qui me fasse connaître les différents ouvrages et leur
situation.
Il ne faut point, dans ce moment, changer de dispositions
avec l'Autriche, la provoquer d'aucune manière ni lui donner
aucune alarme. Cette instruction est tout hypothétique et
fondée sur des suppositions d'événements qui n'auront peut-
être pas lieu. Il faut donc laisser ignorer à tout le monde que
vous l'ayez reçue, même aux agents que vous ferez concourir
à vos dispositions, mais prendre vos mesures insensiblement
et peu à peu, de manière que Palmanova et Osoppo soient
en état de défense, approvisionnés et prêts à soutenir un
siège à la fin d'octobre, et les autres places un mois plus tard.
Que votre ordonnateur corresponde continuellement avec les
chefs des différents services, et que vos aides de camp tra-
CAMP. DB FBUnS. 6
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66 CAVPAGNB DE PRUSSE.
vaillent sans relâche à leurs inspections \ mais sans que
vous fassiez connaître le but oit vous voulez arriver : car les
opérations une fois commencées, si cela devait être, il faut
que rien ne s'évacue, que rien ne donne Talarme, et que
chaque chose se trouve dans l'état où elle devra être.
Quant au général Marmont, il faut lui écrire simplement
que, vu la guerre avec la Russie, s'il n'a pas pu s'emparer de
Cattaro, il ne sera plus temps de le faire, puisque l'ennemi
s'y sera renforcé et approvisionné ; que des armements con-
sidérables se font en Prusse, et qu'il ne serait pas impossible
que la guerre avec cette puissance vînt à éclater ; que l'Au-
triche proteste de sa neutralité et de sa ferme résolution de
n'être pour rien dans ces armements ; que cependant, vu son
éloignement, il doit se comporter selon les circonstances ; que
son point d'appui doit être Zara, et qu'il doit agir pour sa
défensive d'une manière isolée, et, réunissant toutes ses
troupes sur la frontière d'Autriche, la menacer constamment
et l'obliger à tenir un corps d'armée devant lui ; qu'en cas
qu'il fût attaqué par des forces supérieures, Zara doit être
son réduit ; que ses moyens militaires de guerre et de bou-
che doivent être concentrés dans cette place ; qu'il doit y
faire un camp retranché de ses troupes de manière à atten-
dre dans cette position le résultat des opérations générales ;
et, s'il arrivait que l'Autriche ne divisât point ses forces, il
doit la menacer du côté de la Croatie, de manière à opérer
une puissante diversion. Il est nécessaire que vous lui
envoyiez un chiflEre très difficile à trouver, qui lui servirait à
correspondre avec Lauriston, qui commanderait à Raguse
avec une garnison suffisante. Au moyen de ce chiffre vous
communiqueriez avec Lauriston par mer et par terre. Vous
sentez toute l'importance d'avoir un bon chiffre que vous
pourrez confier à Méjean ; il faut même essayer de vous en
servir pendant la paix pour voir si vous vous entendez bien.
Si la guerre venait à avoir lieu, il sera convenable que le
1. Inspections des corps, des places, des magasins. Les aides de camp d'un
général eu chef sont pour lut les yeux qui voient tout ; ils doivent donc ôtro
d*un grade élevé, puisquUls le remplacent et inspectent tout on son nom.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 67
général Marmont organise des postes de correspondance, qui
viendraient à Venise, de là à Kimini et dans la Romagne,
porter des nouvelles et en recevoir, surtout si Ancône était
bloquée. Le général VignoUe pourrait envoyer en temps
de guerre des états de situation en chiflFres, ce qui n'aurait
aucun inconvénient et me ferait bien connaître la situation
des affaires. Ecrivez au général Marmont que tout ceci est
une instruction générale pour lui seul, dont il ne se servirait
que dans le cas bien éventuel d'une guerre avec T Autriche.
Les affaires se méditent de longue main, et, pour arriver à
des succès, il faut penser plusieurs mois à ce qui peut arriver.
Lisez tous les jours cette instruction, et rendez-vous
compte le soir de ce que vous aurez fait pour Texécuter,
mais sans bruit, sans effervescence de tête, et sans porter
l'alarme nulle part.
Cette instractîon au vice -roi pour la défense de Tltalie en cas
d'une agression de TAutriche est aussi importante que la note du
30 septembre sur la défense générale de l'Empire. Elles montrent
tontes deux la prévoyance que doit avoir un Chef d'État lorsqu'il va
se mettre à la tête de ses armées pour entreprendre une guerre d'iu-
Tasion.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU GENERAL BELLIARD.
{Pour voui seul abiolument.)
Munich, 18 seplombro 1806.
Vous partirez aussitôt la réception de cet ordre sous le
prétexte d'aller inspecter les chevaux hors de service des
divisions Nansouty et Klein et de la cavalerie du maréchal
Augereau. Comme Wttrzburg est le centre, vous vous y ren-
<lrez sans rien dire et vous ferez suivre tous vos équipages.
Vous verrez M. Hersingen, ministre de France, et vous lui
direz que vous venez vous établir à Wttrzburg pour aller
passer les revues des corps dont je viens de vous parler.
Vous vous établirez à Wttrzburg sans faire grand fracas. Si
on vous parle de la Prusse, vous direz que le ministre du
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68 CAMPAGNE DE PRUSSB.
Roi à Paris proteste de ses dispositions amicales, comme nous
y comptons. Vous verrez la citadelle de Wtirzburg; vous
pourrez aller voir la petite forteresse de Kônigshofen. Si
vous appreniez d'une manière positive que M. de Laforest
ait quitté Berlin pour retourner à Paris, vous devez vous
attendre à me voir arriver à Wtirzburg, et à y recevoir des
ordres importants : il n'y a pas d'inconvénient que vous em-
meniez à Wtirzburg votre aide de camp et un ou deux de
vos adjoints. Faites-y rejoindre vos chevaux et vos fourgons.
Parlez toujours des dispositions faites pour la rentrée de la
Grande Armée en France : vous verrez TÉlecteur, et si le
maréchal Lefebvre se trouvait un peu gêné dans ses canton-
nements il pourrait loger un bataillon dans la citadelle. Tout
ceci est pour vous seul : n'en parlez à qui que ce soit, et
n'écrivez pas au grand-duc de Berg.
Le reste de tout ce qui tient à l'état-major et à la division
de cavalerie de réserve restera où il se trouve en ce moment.
Vous connaissez, mon cher Belliard, tout mon attache-
ment.
P. -S. — Ecrivez-moi au moment de votre départ et à
celui de votre arrivée à Wtirzburg. Faites beaucoup d'hon-
nêtetés à S. A. Ne passez pas les revues dont je vous parle ]
ce n'est qu'un prétexte. Attendez des ordres à Wtirzburg.
LE MARÉCHAL SOULT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Passai!, 18 soptombro 1806.
Je reçois à l'instant un rapport de M. le général Beaumont
qui porte qu'un camp de 10,000 Prussiens s'est formé depuis
quelques jours à Hof dans le pays de Baireuth, que des réqui-
sitions considérables en tout genre, surtout en fourrages,
avaient été faites, et qu'il était défendu aux soldats du camp
de parler de guerre sous quelque prétexte que ce soit. Plu-
sieurs déserteurs ont confirmé ce rapport.
M. le général Beaumont m'observe à ce sujet que le 9* ré-
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 69
giment de dragons qui est à Kemnath, ne se trouve qu'à
15 lieues de Hof, et demande si par rapport à la circonstance
il ne doit pas resserrer ses cantonnements? N'ayant point
d'ordres à ce sujet de V. A., je lui ai écrit de faire servir sa
troupe avec une grande vigilance et de se tenir sur ses gardes ;
mais que je ne croyais pas devoir encore l'autoriser à faire le
mouvement qu'il proposait, d'autant plus que s'il l'opérait,
il éprouverait une très grande difficulté pour vivre dans le
restant de ses cantonnements.
J'ai envoyé des émissaires en Saxe et dans les Etats prus-
siens pour savoir ce qui s'y passe ; aussitôt leur rentrée, je
rendrai compte à V. A. des renseignements qu'ils donneront;
mais en attendant je la prie de considérer s'il n'y aurait pas
lieu de concentrer davantage les troupes, afin de les mettre
à l'abri de toute surprise.
LE HABECHAL BERNADOTTE AU MAJOB GEKEBAL.
Anspach, 18 septembre 1806.
Votre aide de camp m'a remis votre lettre du 16. Vous
pouvez être parfaitement tranquille sur notre position vis-à-
vis des Prussiens.
Toutes les mesures sont prises pour obsei'ver leurs mouve-
ments en conservant toujours les apparences les plus pacifi-
ques. Dès les premiers avis de la marche de leurs troupes,
j^avais ordonné aux généraux Tilly et Drouet de se tenir sur
leurs gardes, d'épier tous les mouvements de nos voisins sur
la frontière de leurs pays, et de m'adresser chaque jour un
rapport de ce qui serait survenu. Comme il s'est confirmé
depuis qu'un corps de troupes se formait à Hof et sur la
Saale, j'ai prescrit à ces deux généraux que dès l'instant
où ils sauraient que ce corps monterait à 10,000 hommes, ils
eussent à réunir leurs divisions et les concentrer, la cava-
lerie Btur Bamberg et l'infanterie entre Furth et Nuremberg
en dégarnissant la tête de leurs cantonnements qui touchent
a la lisière du pays prussien. Ces divers mouvements se
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70 CAMPAGNE DE PRUSSE.
feraient toutefois sans aucune démonstration hostile et sous
le prétexte de soulager les cantonnements épuisés. J'ai écrit
directement au général Gazan pour qu'il observe le point
d'Erfurt. J'ai en même temps envoyé un agent à Halle.
Votre lettre du 15 m'est parvenue hier soir. J'ai toujours
recommandé aux généraux d'éviter de rien dire qui pût être
désagréable à la Prusse. J'en renouvelle l'invitation d'après
l'ordre que vous me transmettez.
La petite place de Konigshofen doit être occupée depuis
longtemps par le général Gazan. J'en étais convenu avec le
maréchal Mortier lors de l'occupation du pays de Wiirzburg.
M. le maréchal Lefebvre, qui se trouve à Anspach depuis
hier, a pris connaissance de votre lettre. Il donne aussi ses
instructions à ses généraux.
J'ai déjà envoyé à Landsberg un agent pour observer la
marche des Russes et rendre compte de leurs mouvements ;
s'il le peut, il poussera jusqu'à Kaminiek.
L'agent que j'ai à Sagan, en Silésie, sur les frontières de
la Saxe, mande que le prince de Hohenlohe commande les
troupes saxonnes réunies à un corps de Prussiens; que le
prince Louis Ferdinand de Prusse commande son avant-
garde et que ses troupes se dirigent sur Dresde où elles doi-
vent passer l'Elbe.
Afin de pouvoir vous rendre des comptes plus exacts et
pour être moi-même à portée de masser mes troupes, au be-
soin, avant d'avoir reçu vos instructions, je viens d'ordonner
au général de brigade Maison de se rendre à Bamberg, près
le général Tilly, et de là à l'extrême frontière du haut Bam-
berg. Comme cet officier a une grande habitude de la guerre,
qu'il connaît le pays et qu'il recevra tous les avis qui vien-
dront de la Saxe et de Hof, il pourra me transmettre des
renseignements plus certains. Dans le cas où les Prussiens
marcheraient, il s'abouchera avec le général bavarois qui se
trouve à Bamberg, afin de faire mettre une bonne garnison à
Forchheim ; il invitera aussi ce général à faire garder la
petite forteresse de Rottenberg entre Erspruck et Lauf, sur
la frontière du haut Palatinat.
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PRÉPARATIFS DE GUERRE. 71
Au reste, Prince, vous pouvez être sûr qu'aucun moyen ne
Bera négligé pour vous instruire de tout ce qui surviendra.
Tout le monde ici, généraux, officiers et soldats, sont pleins
de zèle et d'ardeur pour le service de S. M.
P. -S. — L'on m'assure que le cabinet de Berlin a ordonné
au directeur des postes d'arrêter toutes les lettres adressées
aux pays occupés par les armées françaises. C'est sans doute
par suite de cette mesure que l'ouverture des paquets faits
le 16 de ce mois à Nuremberg n'a produit aucun renseigne-
ment. Il ne s'y est trouvé aucune lettre de Berlin ou de Pé-
tersburg.
Je reçois à l'instant une lettre du général Gazan qui m'an-
nonce qu'on a fait le logement, à Meinungen, pour 2,000
hommes. J'ai peine à le croire, cette ville étant très rappro-
chée de Eônigshofen. Il me marque encore que des rassem-
blements considérables se font à Halle et à Dresde ; mais je
sais cela depuis longtemps.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE L'ARMÉE
19-20 septembre
Le 18 dans la soirée, TËmpereur prend la résolution de réunir
son armée : il fait partir en poste l'infanterie de sa Garde et donne
tous les ordres pour le mouvement général. Il a ordonné ses premiers
préparatifs le 5, c'est-à-dire 14 jours seulement auparavant. Lie^
moyens de communication étaient extrêmement lents ; il fallait 4 jours
pour qu'un courrier parti de Paris arrivât à Munich. Tous les mou-
vements de troupes se faisaient par étapes. C'était la première fois
qu'on pensait à faire transporter en poste de grandes quantités de
troupes ; la Garde à pied et les 3 régiments légers du camp de Meu-
don formaient environ 10,000 bommes.
L'EMPEREUB au oéNÉRAL DEJEAN.
Saint-Cloud, 18 septembre 1806, il heures du soir.
Le 1*' régiment des grenadiers de ma Gardé, composé de
2 bataillons formant un total de 1,000 hommes, partira de-
main à dix heures du matin, et ira coucher à Claye. U en
partira le 20, à la pointe du jour, pour se rendre à Meaux.
Le 2* régiment de grenadiers partira de Paris le 20, à six
heures du matin, et ira coucher à Meaux.
Les chasseurs de ma Garde, composés de 4 bataillons,
formant 2,000 hommes, partiront le 20 et iront coucher à
Dammartin.
A Dammartin et à Meaux, il y aura 100 charrettes attelées
chacune de quatre colliers, capables de porter 10 hommes,
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 73
qui seront prêtes sur la place de Meaux, le 20 à. dix heures
du matin, pour porter le même jour à la Ferté les 1,000
hommes du 1^' régiment des grenadiers de ma Garde.
Le même jour il y aura à Dammartin 100 voitures organi-
sées de la même manière, qui seront prêtes à huit heures du
matin, pour transporter le 1*' régiment des chasseurs de ma
Garde à Villers-tUotterets. Il y aura deux routes, celle des
grenadiers par Metz, et celle des chasseurs par Luxembourg.
Sur la première, il y aura quatorze relais de Meaux à Worms,
et sur la seconde, treize de Dammartin à Bingen.
Les tableaux ci-joints vous feront connaître l'organisation
des relais et leur emplacement.
A défaut d'une voiture à quatre colliers, il y aura deux
voitures à deux colliers.
Vous ferez partir, avant deux heures du matin, deux com-
missaires des guerres pour s'entendre avec le sous-préfet de
Meaux, pour que les relais de Dammartin et de Meaux soient
prêts le 20, et que celui de la Ferté-sous- Jouarre soit prêt
pour le lendemain 21, à six heures du matin.
Du moment que le sous-préfet aura fait toutes ces disposi-
tions, l'un des commissaires des guerres se rendra auprès du
Bous-préfet de Soissons pour faire organiser les relais de Vil-
lers-Cotterets et de Soissons.
L'autre se rendra auprès du sous-préfet d'Epemay pour
faire organiser les relais de Paroy, d'Epemay, de Châlons et
de Sainte-Menehould.
Le premier se rendra ensuite auprès du préfet de l'Aisne
pour faire former les relais de Laon, Neufchâtel et Rethel.
De là, il se rendra à la sous-préfecture de Rethel pour faire
préparer ceux de Rethel et de Vouziers, et ainsi de suite.
Comme le temps est très court pour les premiers relais,
j ai donné l'ordre au maréchal Bessières d'écrire au sous-
préfet de Meaux par un officier d'état-major, qui arrivera
avant quatre heures du matin, de manière que, lorsque les
commissaires des guerres arriveront, le sous-préfet aura déjà
pris ses dispositions.
Chaque cheval sera payé à raison de 5 francs par jour.
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74 GAUPAaNE DE PRUSSE.
Les propriétaires des chevaux pourvoiront eux-mêmes aux
fourrages.
Vous préviendrez chaque sous-préfet que les voitures doi-
vent être payées par le major commandant chaque rég'iment,
au moment de l'arrivée des voitures et sur la quittance du
préposé que le sous-préfet aura commis pour commander le
relais ; de sorte que chaque sous-préfet vous enverra inconti-
nent le reçu du payement.
Mon intention est qu'on réunisse à Worms assez de bâti-
ments pour transporter les grenadiers à Mayence, par eau,
au moment de leur arrivée *.
Vous autoriserez les commissaires des guerres à prendre
les mêmes mesures pour Bingen, suivant les renseignements
qu'ils recueilleront sur les lieux.
Ces mouvements doivent être combinés de manière que
tous les régiments de grenadiers et de chasseurs à pied de
ma Garde soient arrivés à Mayence le 28 au plus tard.
L EMPEREUR AU ROI DE HOLLANDE.
Saint-GIoud, 19 soptembre 1806.
Les circonstances deviennent tous les jours plus urgentes.
Ma Garde est partie en poste et fait en 6 jours la route de
Paris à Mayence. Le camp de Mcudon part de la même
manière. Mon intention est qu'au reçu de la présente lettre
vous fassiez partir les 65" et 72^ pour Wesel, de manière qu'ils
y soient arrivés le 1" octobre ; que vous dirigiez également
la moitié de vos troupes sur la même direction avec toutes
les divisions d'artillerie, au fur et à mesure que vous pour-
rez les faire partir, et que vous composiez vos divisions de
6 pièces.
1. L EMPEREUR AU MARAcUAI< BB88IBRB8.
Saiat-Cloud, 80 soplembre 1806.
Je vois qu'il n'est pas nocessairo que ma Garde passe à Worms pour se
rendre à Mayence, et que, do Kaisorslautern et do Diirkheim, elle peut J
aller directement en passant {var AIzey. Eu faisant usage de cette observation,
vous épargnerez à ma Garde au moins une journée de marche.
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ORDUES POUR LA RÉUNION DE i/aRMÉE. 75
Avant le 1*^ octobre je serai à Mayence ; il est nécessaire
que vous vous trouviez, de votre personne, du 1*' au 2 octo-
bre, à Wesel, ayant les deux régiments ci-dessus formant
près de 5,000 hommes, toute votre cavalerie et la moitié
(le vos troupes avec 20 ou 30 pièces d'artillerie ; ce qui
vous formera un corps de 11,000 à 12,000 hommes. Vous
les cantonnerez aux environs de Wesel. Vous recevrez au
reste un ordre ultérieur sur les diversions que vous devez
opérer.
Vous tiendrez l'autre division de vos troupes entre Utrecht
et Wesel, de manière à pouvoir l'appeler près de vous, ou
servir d'avant-garde, ou marcher du côté de la mer, si les
circonstances l'exigeaient.
Comme mon intention n'est pas d'attaquer de votre côté,
je désire que vous entriez en campagne le premier pour
menacer l'ennemi ; les remparts de Wesel et le Rhin, à tout
événement, vous serviront de refuge.
Vous recevrez de nouvelles instructions plus tard.
Envoyez-moi l'état de la formation de vos divisions et de
votre camp.
Si vous avez du biscuit en Hollande, faites-en filer quel-
ques centaines de milliers de rations sur Wesel, qui a besoin
d'approvisionnement.
Quoique vous ne soyez pas bien organisé, marchez toujours
sur Wesel, où vous tiendrez la défensive avant de prendre
réellement l'offensive. Vous avez plus d'un mois pendant
lequel vous pouvez faire tous vos préparatifs.
Mais il n'en est pas moins très important que vous soyez
rendu dans les premiers jours d'octobre à Wesel.
Faites marcher toute votre cavalerie, afin de couvrir
le duché de Berg et les terres de la Confédération de ce
côté.
Les premiers avertissements au Roi sont du 10 ; ils ont été renou-
velés le 15. L'Empereur semble donner encore un mois à son frère
pour faire tous ses préparatifs; mais la suite des circonstances l'obli-
gera à réduire ce délai.
Dans les affaires de la guerre, on doit toujours penser que Ton
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76 CAMPAGNE DB PRUSSE.
sera talonné par les événements ; aussi faut-il imprimer à tous la
plus grande activité afin d^être prêt longtemps avant l'époque que
Ton s'est fixée, surtout lorsque l'on ne peut pas se fier à l'activité de
ses subordonnés. Les jours de répit que l'on ménage, ne sont jamais
perdus.
l'empereur au major général.
Saiut-Cloud, 19 soplembre I8O6.
J'ai dicté ce matin pendant deux heures à Clarke^ pour
ordonner tous les mouvements de Tarmée, mais il paraît que
ce ne sera que vers minuit qu'il aura mis son travail au
net. Comme, parmi le grand nombre d'instructions que je
lui ai dictées, celle relative à la place de Braunau et à la
défense de Tlnn se trouve copiée, je ne veux pas perdre un
moment pour vous Tenvoyer. Je n'ai pas besoin de vous dire
que le mystère et le secret doivent présider à ces opérations.
Le roi de Bavière sera ainsi garanti par un corps de ses
troupes et mes positions sur Tlnn. D'ailleurs, l'Autriche ne
bougera point, du moins jusqu'à ce qu'elle voie quelle sera
l'issue des événements. Je désire que vous n'instruisiez de
rien Andréossy, mais qu'il reste encore à Vienne et qu'il
continue à correspondre avec vous, pour bien nous faire con-
naître la situation des affaires.
J'ai envoyé directement l'ordre au corps du maréchal Ney
de se réunir à Ulm, ainsi qu'à la cavalerie de la division de
dragons du général Beker.
J'ai fait donner l'ordre au maréchal Davout de réunir tout
son corps à Œttingen. Ces mouvements sont les plus pressés.
Vous devez donner l'ordre au parc qui est à Augsburg et
au grand quartier général de se tenir prêts à partir. Don-
nez le même ordre à tous les corps du maréchal Soult.
Tout part d'ici en grande diligence et par des moyens extra-
ordinaires.
1. Le général Clarko était secrétaire du cabiuet de TEmpereur.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE L^AREifÉE. 77
Le roi de Hollande commande Tarmée du Nord. Il n'y a
pas d'inconvénient à taire mettre dans les journaux d'Alle-
magne qu'à peine formé le camp d'Utreclit a été levé ; que
les 16,000 hommes de troupes hollandaises de ce camp, ren-
forcées de 15,000 hommes de troupes auxiliaires françaises
et de 30,000 hommes qui s'y rendent des dépôts de Tinté-
rieur, doivent former l'armée du Nord, commandée par le
roi de Hollande, et qui sera forte de 80,000 hommes.
Dans douze heures au plus tard vous recevrez tous les
ordres de mouvement.
NOTE SUR LA DÉFENSE DE l'iNN ET L'OCCUPATION
DE BRAUNAU.
Saint-Cloud, 19 septembre 1806.
Le maréchal Soult laissera le 3' régiment de ligne tout
entier dans Braunau, sous les ordres du général de divi-
BÎon Merle *. L'adjudant commandant Lomet, un colonel du
génie et 6 officiers du génie d'un rang inférieur, un colo-
nel d'artillerie, 4 compagnies d'artillerie française, une
escouade d'ouvriers, une compagnie de sapeurs, 4 ou 5 offi-
ciers d'artillerie en résidence, et 2 commissaires des guer-
1. Le général Merle était chef d'état-major du 4« corps.
L* UKRtcUAL SOULT AC ICAJOB Q^aSÛRAh.
36 septembre 180G.
Je regrotte inflnimeot que V. A. ne soit pas autorisée à m'accorder le gé-
Dôral Morand pour chef d'état-mtgor ; elle a la bonté de me proposer le gêné-
ni Ménard, mais j*ai Ubonnour do lui observer que ce général ne me convient
WU9 aucun rapport.
J'ai rhonneur de demander à V. A. le général Reille pour chef d*ëlat-major
^ de la prier do donner ordre à ce général de me joindre sur-le-champ à
Ratistwune ou à Amberg.
Je la prie en outre d'agréer que je prenne l*adjudant commandant Binot
pour sous-chef d*état-miûor en remplacement de l'adjudant commandant Lo-
iret, et que j^attacbo à la i» division Tadjudant commandant Lacroix.
Braunau 87. — Ordre au général Compans (employé à la division Sainl-Hi-
laire) pour Tinstruire qu'il est appelé par le ministre à remplir les fonctions
Qc chef d'état-major du 4« corps et l'inviter à so rendre à son poste à Hatis-
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78 CAMPAGNE DE PRUSSE.
res, y seront égalemeut laissés, ainsi qu'un régiment de
cavalerie '.
La citadelle de Passau sera armée et approvisionnée ; elle
sera gardée par un bataillon bavarois '.
La forteresse de Kufstein sera armée et approvisionnée ;
elle sera également occupée par un bataillon bavarois.
Le corps de Tarmée bavaroise, fort d'environ 15,000 hom-
mes, tiendra position entre Tlnn et Tlsar. Il aura des avant-
postes retranchés dans le château de Burghausen. 11 entre-
tiendra des patrouilles le long de la frontière bavaroise, de
telle sorte qu'on puisse empêcher la garnison de Braunau
d'être insultée par la simple fantaisie des généraux autri-
chiens.
Le maréchal Soult se Tendra personnellement à Braunau,
ainsi que des officiers généraux du génie et de l'artillerie, et
un commissaire des guerres désigné par l'intendant général
de l'armée, afin de constater l'état des munitions d'artillerie
et les approvisionnements de bouche de toute espèce qui se
trouvent dans la place de Braunau ; on y enverra tout ce qui
pourrait manquer, et les ordres les plus exprès seront donnés
pour que la consommation journalière de la garnison de
Braunau soit fournie par Munich, afin de réserver les maga-
sins de la place pour le moment du blocus, s'il devait avoir
lieu. Le service de la place de Braunau devra être établi de
manière qu'il se fasse rigoureusement.
Un bataillon bavarois*, destiné à s'enfermer dans cette
place avec la garnison française, sera campé sur la gauche
de l'Inn et à la tête du pont de Braunau, du côté de la
Bavière. On y construira une tête de pont ou une forte
redoute, tracée de manière à être protégée par le feu de la
place, et qu'on conserverait aussi longtemps que possible,
même en cas que la place fût cernée et que l'ennemi fût sur
la rive gauche de l'Inn.
Le maréchal Soult conviendra d'un chiffre avec le général
1. Le 22» rogiincnt de chasseurs.
2. Un bataillon du 8* de ligne bavarois.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 79
Merle, et ce chiffre sera envoyé au major général de la
Grande Armée *.
Il doit y avoir dans Braunau des vivres pour 8 mois.
Le général Merle choisira pour commander en second un
général de brigade ayant sa confiance et qui serait utile en
cas d'événements.
On voit que le général Merle aura sous ses ordres :
3* régiment de ligne 3,000 hommes.
Artillerie 400
Sapeurs 100
Bataillon bavarois, qui doit camper à la
tête du pont 800
Artillerie bavaroise, formant une compa-
gnie 100
4,400hommes.
Avec une si belle garnison de 4,000 à 4,500 hommes et
au delà, ayant des vivres pour 8 mois, et abondamment pour-
vue d'artillerie, n'ayant, parmi les officiers du génie, que
1. I«B MARéCHÀL BOCLT AU oiNÉRAL MVRLB.
Braunau, 87 septembre 1806.
L'instruction que je vous ai adressée par roa lettre de ce jour vous a fait
conuaître que Tintention de S. M. était que jo convinsse avec vous d'un
chiffre au moyen duquel vous devez à l'avenir correspondre avec le major
général de Tannée.
■ Pour remplir cette disposition, je pense que vous pouvez faire usage de la
brochure intitulée : la Bataille d'Auslerlitz , par un militaire témoin de la
jaurniedu 2 décembre 1805, attribuée au général-major Stuiterheim; édition
de Paris, chez Fain, imprimeur-libraire, etc., etc.
U i*r numéro indiquera le numéro de la page ; le 8« indiquera la ligne
suivant le rang qu'elle lient dans la page en comptant tout ce qui est écrit,
le litre compris.
Le $• numéro indiquera le mot ou la lettre qu'on voudra employer suivant
je rang que le mol ou la lettre dont on aura fait usage, tiendra dans la ligne
indiquée par le second numéro, en observant cependant que le numéro qui
indiquera un mot devra être souligné et que le numéro qui indiquera la let-
tre ne le sera pas. On aura soin aussi de mettre toiijours des virgules entre
chaque numéro indicatif.
k crois que ce chiffre peut élro très utile, et, en cas que les dépêches
tussent interceptées, qu'il serait fort difficile do deviner ce qu'elles contien-
nent. Je vous prie de l'adopter et j'ai l'honneur de vous prévenir que je
aonnerai copie de ma lettre à S. A. le prince ministre de la guerre, pour
^^il en ait également rinlelligence.
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80 CAMPAGNE DE PRUSSE.
des sujets choisis et connus pour avoir envie de se distinguer,
ayant surtout deux ou trois mois devant soi, pendant lesquels
on peut s'occuper de tout ce qui peut être avantageux à la
place, on peut y faire la plus brillante résistance, et, dans
aucun cas, on ne doit se rendre sans avoir soutenu plusieurs
assauts au corps de la place.
On fera venir sans retard beaucoup de bois du Tyrol ;
avec du bois, des outils et des bras, on ferait une place là où
il n'en existerait aucune.
A Braunau, on a l'avantage de Teau, et on peut y établir
des ouvrages avancés et des lignes de contre-attaque de
manière à prolonger la défense de la place assez pour être
secouru.
Du reste, rien ne porte à penser que TAutriche ait des
vues hostiles, et on doit agir en conséquence.
Personne ne doit passer en ville, pas même les voyageurs.
Le gouverneur ne doit jamais s'éloigner de la place de plus
de la portée du canon ; il ne doit jamais dîner hors de la
ville ; et, lorsqu'il en sort, le commandant en second doit se
trouver sur les remparts ^
La solde de la garnison de Braunau devra être assurée
pour trois mois, et l'argent nécessaire pour cet objet devra
être déposé chez le payeur. Quant aux travaux que le soldat
exécutera, ils ne seront pas salariés et ne peuvent l'être :
c'est déshonorer le soldat, qui doit faire un travail de cette
nature uniquement par honneur.
On maintiendra la meilleure harmonie avec les Bavarois.
On plantera des poteaux à portée du canon de la place,
1. Ordre du 24 septembre du maréchal Soult au général Dufour de se ren-
dre à Braunau pour y commander en second sous les ordres du général
Merle.
!•■ MA.B^CHAJU SOULT AU OÂMÉRAL ItBBLK.
84 septembre.
...Si le général Dufour qui commande le 8^ régiment ne vous convenait pas,
indiquez-m'en un autre, et je lui ferai donner ordre de vous joindre....
Tout gouverneur d'une place forte doit avoir le choix du commandant en
second, ainsi que celui du chef d*état-major.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE L^ARMÉE. 81
portant pour inscription : Territoire de Braunau. Aucun corps
anné étranger ne doit y entrer.
Le gouverneur communiquera avec prudence avec mon
ministre à Vienne et aura soin qu'en cas que ses lettres soient
interceptées, elles ne puissent rien compromettre. U enverra
chaque jour un rapport de tout ce qui parviendra à sa con-
naissance à Munich et au major général de Tarmée.
On lui recommandera surtout, ainsi qu'atout of&cier de la
garnison, de ne tenir aucun propos, devant vivre avec les
Autrichiens, dans la meilleure intelligence, quoique sur ses
gardes.
Napoléon,
l'empereur au major général.
Saint-Cloud, 19 septembre 1806.
Mouvements et dispositions générales de la Gh'ande Armée.
J'ai donné directement des ordres au roi de Hollande pour
qu'il se trouve le 2 octobre avec son corps d'armée à Wesel.
Le maréchal Augereau se réunira à Francfort le 2 octobre,
ayant des postes de cavalerie et une petite avant-garde à
Giessen.
Le maréchal Lefebvre se réunira à Kônigshofen le 3 octo-
bre. Ce mouvement s'exécutera plus tôt si l'ennemi était en
force à Halle.
Le maréchal Davout sera réuni à Bamberg, avec tout son
corps d'année, au plus tard le 3 octobre.
Le maréchal Soult sera réuni à Bamberg (hormis le 3'' de
ligne qui reste à Braunau) et sera prêt à partir le 4 octobre
avec tout son corps.
Le prince de Ponte-Corvo sera réuni à Bamberg le 2 octo-
bre Ml y sera réuni avant cette époque, si les dispositions
des Prussiens paraissent être de faire des mouvements hos-
tiles.
1. L'inteDtion de TEmperour était do réunir le !•' corps à Nuremberg et
QOQ à Bamberg. Voir la dépôcho du 29 septembre au major généiul.
CAMP. DB PKVMB. 6
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82 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le maréchal Ney sera réuni à Anspach le 2 octobre. Les
6 divisions de cavalerie de la réserve se mettront en mouve-
ment et seront arrivées en position le long du Mayn, depuis
Kronach jusqu'à Wttrzburg, le 3 octobre. La grosse cavalerie
sera du côté de Wttrzburg.
Le 2 octobre, on prendra possession du château de WUrz-
burg, qu'on armera et approvisionnera. On prendra posses-
sion de KOnigshofen et du château de Kronach, et on le met-
tra en état de défense.
Le parc général se rendra à WUrzburg, le petit quartier
général à Bamberg, les gros bagages à WUrzburg ; tout cela
en position le 3 octobre.
Tous les commandants d'armes de la Souabe et de la
Bavière seront rappelés, excepté celui d'Augsburg et d'In-
golstadt, et dirigés sur la nouvelle ligne d'opérations jusqu'à
WUrzburg et Bamberg.
Le général qui commande en Souabe commandera à Franc-
fort ; un autre commandera tout le pays de Wttrzburg.
La gendarmerie des divers corps d'armée sera affaiblie,
afin d'établir à une journée en arrière de chaque grande
route qu'on prendra, un détachement commandé par un offi-
cier supérieur, pour arrêter les traînards et maraudeurs et
empêcher le désordre.
On mettra à Tordre que les généraux aient les aides de
camp et les officiers d'état-major, sans en prendre dans la
Grande Armée, excepté aux dépôts.
Le major général expédiera tous les ordres sans délai et
m'enverra l'itinéraire de la route de chaque colonne. Chaque
corps d'armée en arrivant en rassemblement, aura 4 jours
de pain. 11 faudra ordonner qu'on y prépare du pain pour
10 jours, afin qu'il y en ait toujours pour 4 jours au moment
où l'on voudrait partir pour entrer en campagne.
Les troupes de Bade se réuniront à Mergentheim ; les
troupes de Wurtemberg à EUwangen» Les troupes de Bavière
prendront la position qui a été indiquée dans le temps, entre
l'isar et l'inn, et occuperont les forteresses de Passau et de
Ettfstein. Une division de 6,000 hommes sera sous les ordres
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ORDREf» POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 83
du prince de Ponte-Corvo et devra être rendue, prête à partir
avec le corps d'armée, le 2 octobre. Les troupes de Darm-
stadt, au nombre de 7,000 hommes, se réuniront sous les
ordres du maréchal Augereau.
L'opération qui consiste à rapprocher les différents corps d'une
armée avant le commencement des hostilités, de façon à ce qu'ils
puissent se soutenir les uns les autres tout en leur permettant de
nvre, s'appelle la réunion ou le rassemblement de l'armée. L'Empe-
reur se sert ici exclusivement de l'expression réunir, de même qu'il
s'est servi dans la dépêche du 13 de l'expression réunion de l'armée.
Une armée peut rester réunie pendant plusieurs jours ; elle vit
dans ses cantonnements ; elle peut même resserrer ses intervalles et
Bes distances, se mettre en mouvement et marcher ainsi sans qu'il
en résulte de trop graves inconvénients, pourvu que le Commandant
en chef ait pris certaines précautions pour les subsistances.
Le pays de Bamberg que l'Empereur a indiqué dès le 5 septembre
pour la réunion de l'armée, se trouve dans une position centrale: les
corps d'armée de Passau, de Memmingen et de Francfort, ont à peu
près le même chemin à parcourir pour s'y rendre, 50 lieues environ.
L'armée s'y trouve le plus près possible de la frontière de Saxe
que l'Empereur veut franchir pour se porter sur Berlin par la ligne
la plus courte en évitant les montagnes de Thuringe et les rivières
de la Werra et de la Pulda.
Si contre toute attente les Prussiens prennent l'initiative du mou-
vement et marchent sur Mayence, l'armée française est sur leur flanc
et, par sa position, protège le territoire des princes de la Confédéra-
tion du Rhin.
Enfin la réunion se fait à l'abri derrière les montagnes qui sépa-
rent la vallée du Mayu des vallées de la Saale, de la Werra et de la
Folda, montagnes qui offrent cependant des débouchés. Le pays
n'est pas encore mangé.
Les points de réunion sont disposés sur deux lignes et en échelons ;
les quartiers généraux des corps d'armée à deux marches de 7 lieues
eu moyenne les uns des autres pour se soutenir et vivre ; les 7 divi-
sions de cavalerie échelonnées le long du Mayn sur une ligne de
30 lieues au milieu des cantonnements des corps de première ligne,
la cavalerie légère à la droite du côté du débouché. Le 7* corps reste
en avant de Mayence jusqu'à la formation du corps d'observation de
h France.
L'Empereur prévient directement les corps d'armée qui se trouvent
en deçà du quartier général. Le major général recevra le mouvement
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84 CAMPAGNE DE PRUSSE.
général de rarinée le 24 ; il expédiera lea ordres de suite ; tout devra
être en position le 3 octobre, 8 jours après Tordre reçu.
Toutes ces dispositions ne sont donc que le développement de la
pensée exprimée dans la dépêche du 5 septembre.
Les 4 jours de pain que chaque corps aura en arrivant au rassem-
blement, suffiront pour les 4 premiers jours, pendant que Ton cons-
truira des fours, que Ton rassemblera des farines. On se mettra de
suite à l'œuvre pour préparer 10 jours de pain, c'est-à-dire 4 jours
destinés à être distribués au moment du départ et portés par Thomme,
4 jours à être portés sur les caissons des corps ou à défaut sur des
charrettes du pays, et 2 jours pour les consommations journalières
dans les cantonnements de rassemblement. Cette explication ressort
des ordres des 2 et 3 octobre aux maréchaux.
Il y avait 2 caissons par bataillon, c'est-à-dire pour porter 2,000 ra-
tions ou 2 jours de rations complètes. (Dépêche du 10 septembre au
major général ; rapport du 24 à l'Empereur.) 11 fallait donc encore
des charrettes pour porter 2 jours.
l'empekeur au major génékal.
Saint-CIoud, 19 soplembre 1806.
Donnez ordre au maréchal Augereau et à tous mes géné-
raux de s^opposer ouvertement à la levée d'aucuns chevaux
pour la Prusse, et, au contraire, d'en augmenter leura équi-
pages le plus possible.
Je reçois vos lettres du 15 ; je viens de mettre un million
à votre disposition * 5 payez avec cela les dépenses les plus
U LE MAJOR O^SÉRAL A M. ROQUIN, PAYEUR OÉKlARAh DB L* ARMÉE.
Munich, 85 scplombro 1806.
L'Empereur a mis un million à ma disposillon. Vous devez donc consener
00 milliou inlact dans voire caisse, excepté les sommes que je vous ai auto-
risé à payer sur ccdit milliou; ces sommes consistent en :
72,000' pour le service du génie ;
10,000 à rinlendant général pour les vivres;
150,000 pour payer deux mois de frais de bureau aux chefs d'état-mAJor des
corps d'armée et dos divisions (ordre du 21 septembre);
190,000 pour les vivres à la disposition de l'intendant général;
30,000 pour les hôpitaux ;
10,000 pour dépenses imprévues.
462,000^ II doit donc vous rester en numéraire une somme do 588,000 fr.
que vous devez avoir disponible dans votre caisse partout où je serai.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE L'ARMÉE. 85
pressantes. Faites bien la distinction des dépenses du minis-
tère de M. Dejean d'avec celle de votre ministère ; faites-les
classer par chapitres du budget ; vous ferez ordonnancer
par l'ordonnateur ce qui est du ressort du ministère de Tad-
ministration de la guerre, et vous ordonnancerez comme
ministre de la guerre celles qui regardent votre ministère.
Les marmites et les bidons seront trop longs à venir;
faites-en acheter chez les habitants, en payant ; recommandez
qu'on ne fasse pas de vilenie, et faites-les payer sur vos
fonds.
Ma Garde est toute partie ; tout sera rendu le 30 à Mayence.
Mes chevaux y seront, je pense, pour ce jour. Cependant il
n'en est pas moins nécessaire que je trouve à Bamberg quel-
ques chevaux, si les miens tardaient de quelques jours à
arriver.
Faites voir, je vous prie, ce qui se passe à Halle ; on m'as-
sure qu'il y a déjà là des rassemblements de troupes prus-
siennes.
J'ai ordonné qu'on réunît à Mayence une grande quantité
de bidons ; mais, encore une fois, cela n'arrivera pas.
Faites distribuer les 2,500 capotes aux corps qui en ont le
plus besoin. Faites partir les souliers pour Wtirzburg. Quant
aux capotes, écrivez aux colonels d'en faire faire en France ;
à dater du 1" octobre, les masses d'habillement sont telle-
ment augmentées, qu'ils peuvent très bien les faire faire*.
^ surplus des fonds que vous avez disponibles doil appartenir à la solde,
ou loul auiro objet sur lequel l'Empereur u porté su décision.
Kn conséquence des ordres de TEmporeur, vous devez partir pour vous
rendre âWurzburg, où il est à désirer que vous soyez avec votre trésor vers
le 30 ou le i«f octobre.
^' IsK MAJOR aiSNKBAL AUX MARÉCHAUX.
Circulaire,
Munich, 28 septembre 1806.
^^ est impossible que dans la position où nous sommes , on fasse faire des
™4nnites et des bidons en France et qu'on les envoie à l'arméo. Sans entrer
en explication ni en réprimande sur la négligence dos corps à ne point con-
^ner leurs marmites et leurs bidons, S. M. ordonne que chaque corps ait
lur-le-chainp à s'en procurer en faisant confectionner sur les lieux les mar-
mites et les bidons strictement nécessaires.
^mme il est possible que nous soyons forcés de faire une campagne
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86 CAMPA.GNE DE PRUSSE.
Ecrivez au payeur de Tannée, qui doit être à Strasbourg,
de se rendre à Mayence, où il est nécessaire qu41 soit arrivé
le 29 septembre.
l'empereur au général dutaillis.
Sainl-Cloud, 19 septembre 1806.
Monsieur le commandant par intérim de notre 6* corps de
la Grande Armée en Tabsence du maréchal d'empire Ney,
au reçu de la présente, vous voudrsz bien faire toutes les
dispositions nécessaires pour réunir notredit 6* corps d'armée
à Ulm *, où il est indispensable qu'il soit rendu, au plus tard,
le 28 septembre, prêt à marcher, avec 4 jours de vivres, et
prêt à recevoir les ordres de notre major général, étant néces-
saire que notredit 6* corps de la Grande Armée soit rendu,
dès le 2 ou 3 octobre, sur la ligne d'opérations. Vous voudrez
bien également faire connaître au corps du général Beker
qu'il doit suivre le même mouvement.
l'empereur au général dejean.
Sainl-Cloud, 19 septembre 1803.
. Vous donnerez l'ordre aux maréchaux Davout et Ney, qui
se trouvent à Paris, d'être rendus à leurs corps d'armée pour
le 28 septembre.
d*hivcr, il faut que chaque soldat ail sa capote. II ne s'agit pas de faire re-
nouveler celles qui existent, mais d'en faire confectionner pour les soldais
qui n'en auraient pas. Faites donc passer à Timproviste une revue de chaque
corps et arri^ter le nombre de capotes qu'il faudra confectionner pour chaque
corps. Vous sentez qu'il faut soigneusement éviter les abus; car je vous le
répète, il no s'agit pas de faire renouveler les capotes, mais de réparer les
mauvaises et d'en donner aux hommes qui n'en ont pas. Les régiments peuvent
faire confectionner de suite, d'après l'élat arrêté par le commissaire des
guerres et visé par vous. Ces capotes seront payées au prix accordé l'an-
née dernière pour la campagne.
Quand les états auront été envoyés à l'intendant général, je ferai verser les
fonds sur les lieux dans la caisse du payeur de votre corps d'armée. Il n'y a
pas un instant à purdre pour faire confectionner sur les lieux.
1. Le 6« corps, dont le quartier général était à Memmin?en, était cantonné
sur les deux rives de l'Iller et du Danube, en amont d'Ulm. La 8« division
de dragons était échelonnée sur la route de France à Freyburg, Neustadt d
Geissingen.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE, 87
Vous donnerez Tordre au régiment italien qui est au Havre
de se rendre à Paris sans faire de séjour
l'empereur au général dejean.
Saint-Cloud, 19 septembre 1806.
Envoyez Tordre au général de division Dupont de partir
sans délai avec tous ses régiments, infanterie, cavalerie et
artillerie, et de se rendre à Mayence, d'où il partira le 28 pour
se rendre à Wttrzburg *. En passant à Mayence, il complétera
ses cartouches, son armement et ses objets d'artillerie. Il est
nécessaire qu'il arrive à Wttrzburg le 2 octobre.
Par le même courrier qui portera au général Dupont Tordre
de partir, vous enverrez aux généraux commandant les 25*
et 26* divisions militaires* Tordre de compléter sur le pied
de guerre les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des
3" et 4" bataillons qui sont dans leurs divisions, appartenant
aux corps de la Grande Armée, et de les diriger sur Mayence
en les adressant au général Dorsenne qui les organisera en
bataillons de 6 compagnies. Il est indispensable que ces
compagnies soient arrivées à Mayence pour le 30 septembre*.
1. Itinéraire de la division Dupont partant de Cologne :
l«r de hussards. 9« léger. S8«, 96« et artillerie.
88 . . . fioppard. Coblentz. Bonn.
84 .
8B .
86 .
87 .
Baccarach. Boppard. Ândernach.
Bingen. Baccarach. Coblentz.
Mayence. Biugen. Baccarach.
> Mayence. Mayence.
t. 85* division, Liège, départements de TOurtho, de Sambre-et-Meuse et de
la Meuse-Inférieure ; — 8S« division, Coblentz, départements du Mont-Ton-
nerre, de la Sarre, du Rhin-et-Moselle et de la Ro6r.
s. Les bataillons de grenadiers et de voltigeurs ne furent organisés qu*à
la fin d'octobre , à Berlin , par le général Oudinot, après la dissolution des
régiments de dragons à pied.
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88 CAMPAGNE DE PRUSSE.
l'empereur au maréchal BESSIERES.
Saint>Cloud, 19 septembre isoc.
Donnez Tordre à votre chef d'état-major de partir le 23
pour se rendre à Mayence en toute diligence, afin de tout
préparer pour l'organisation de la Garde au fur et à mesure
de son arrivée. Il est nécessaire de faire partir les boulangers*
et tous les autres ouvriers de la Garde par les voitures établies
pour les transports de la Garde, afin qu'ils arrivent aussi
promptement qu'elle. Donnez également ordre aux commis-
saire ordonnateur, chirurgiens et employés de la Garde
d'être tous rendus le 30 septembre à Mayence. Vous-même,
vos aides de camp et le reste de votre état-major, partirez le
24, afin d'arriver le 28 à Mayence, pour accélérer l'organi-
sation des corps de ma Garde, et préparer tout ce qui est
nécessaire pour votre dépôt. Vous ferez partir le reste de la
Garde à cheval de toute arme le 21, de manière que, le 21
au soir, il ne reste plus à Paris personne à partir.
Voici les corps qui doivent composer ma Garde :
Deux régiments de chasseurs à cheval. . 1,200 hommes
Deux régiments de grenadiers à cheval . 1,200 —
Un régiment de gendarmerie d'élite. . . 400 —
L'escadron de mameluks 80 —
Deux régiments de chasseurs à pied. . . 2,000 —
Deux régiments de grenadiers à pied . . 2,000 —
Quatre divisions d'artillerie de 24 pièces
de canon ; un parc composé de 12 pièces
de canon, plus 1,000 hommes d'artil-
lerie 1,000 —
1. LB UkK&CHkts BKSfllÂBBt AU OÂNISRAL HULIX.
Paris, 19 septembre 1806.
J'ai donné Tordre à Tordonnatour d*aUacher la moitié de ses boulangers
aux grenadiers à pied et Tautre moitié aux chasseurs à pied ; ils ont reçu
l'onlrc de partir demain. Ils seront transportés on mémo temps que la troupe
et logés et traités comme elle.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 89
Quatre bataillons de dragons à pied, cha-
que bataillon composé de 4 compagnies. 2,400 hommes
Quatre bataillons de grenadiers et de vol-
tigeurs, composés des compagnies des
3" et 4** bataillons, formés dans les 5%
25* et 26* divisions militaires 2,400 —
Ce qui fait plus de 12,000 hommes, infanterie, cavalerie
et artillerie. Comme ces bataillons auront besoin de chefs de
bataillon, de capitaines et d^adjudants-majors, ne laissez aux
bataillons des vélites qu'un chef de bataillon et faites partir
lautre avec les quatre meilleurs capitaines, lieutenants et
80U8-lieutenants, lesquels seront rendus à Mayence avant le
30 septembre et seront employés aux différents bataillons \
l'empereur au grand-duc de berg.
Sainl-Gloud, 19 septembre 1806.
J'ai reçu votre lettre. Je ne sais pas quelle est la force de
votre régiment ; aussi je ne puis rien vous prescrire sur ce
corps.
Le roi de Hollande commandera mon armée du Nord, qui
sera de 80,000 hommes ; son quartier général sera à Wesel.
Votre duché sera sous ses ordres militaires. Si votre régiment
est en état de faire quelque chose, il prendra ses ordres et
fera partie de son armée. Laissez cependant un commandant
militaire dans votre duché et un ministre à Wesel, pour s'en-
tendre avec le roi de Hollande et lui procurer tout ce qui lui
e«t nécessaire. Le roi sera chargé de couvrir et garantir vos
État».
Dirigez vos bagages et vos chevaux sur Francfort, et cela
le plus promptement possible. Il me suffit qu'ils y arrivent
le 29 septembre, et, si ce temps est plus que suffisant, vous
^' L*XMPKHKUB AU HARÉCHAL BeSSIÈRKS.
Saint-Cloud, 20 septembre 1806, 7 heures du matin,
niiles partir par les reluis, comme rinfanterie de ma Garde, un équipage de
«awlois de ma Garde, composé de lOO hommes, pour se rendre à Mayouce.
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90 GAMPAGNE DE PRUSSE.
pourrez leur faire faire une marche sur la rive gauche du
Rhin pour masquer votre mouvement. Restez encore quelques
jours dans votre pays à Dusseldorf, et aidez en ce que vous
pourrez à l'approvisionnement de Wesel.
Envoyez la situation de votre régiment au roi de Hollande,
et activez sa formation le plus possible. Faites reconnaître
les cantonnements des Prussiens et les noms des régiments
qui occupent les camps de Hameln et environs, ainsi que la
force des compagnies et des bataillons.
Tenez toutes ces dispositions secrètes, et ne dites rien.
l'empereur au général dejean.
Saint-CIoud, 19 septembre 1806.
Donnez ordre au gouverneur de Paris de former le 2* régi-
ment d'infanterie légère à 2 bataillons bien complets de
1 ,000 hommes chacun, si cela est possible ; de faire la même
chose pour les 4* et 12* régiments d'infanterie légère et de
faire partir ces bataillons : ceux du 2^ léger le 21, par la
route de Meaux ; ceux du 12* léger par la route de Dammar-
tin ; et ceux du 4% un bataillon par la route de Meaux et un
bataillon par la route de Dammartin.
Les 2 bataillons du 4' partiront le 22. Faites partir ces
troupes ^ par les relais établis pour les transports de ma Garde.
Envoyez Tordre aux détachements du camp de Boulogne • et
1. Les sS l* et 12* légers étaient au camp de Meudon et avaient leurs dé-
pôts à Saint-Denis.
8. Une ic* colonne do 1,860 hommes composée de détachements des 88* de
li^ne, 317 hommes; — 3(j«, 8i7 ; — 43% 859; — 46*, 467, était partie de
Boulogne le il septembre, et devait arriver à Mayence le 18 octobre.
Une 2* colonne de 1,868 hommes, composée de détachements des 85* do
ligne, 317 hommes; -- 60«, 317; — 56e, 317. _ 750^ 317^ ^jt^jt partie de
Doulogne le 18 septembre cl devait arriver à Mayence le 18 octobre.
L'ordre de brûler les séjours devait leur faire gagner 4 jours. On verra que
le i*»" octobre l'Empereur lus fit diriger de Kaiserslautem sur Mannheim ot do
là on droite ligne sur Wûrzburg.
Le 5« bataillon de sapeurs, 5 compagnies, 460 hommes, et la moitié do la
14« compagnie d'ouvriers d'artillerie, 45 hommes, partirent de Boulogne le
14 septembre ; comme il ne fut riuu cliangé à leur mouvement, ils arriveront
H Mayence le 15 oclobre pour en repartir le m Ame jour.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMËE. 91
au 28* d'infanterie légère \ ainsi qu'à son bataillon d'élite,
de ne point faire de séjours et de marcher droit sur Mayence,
pour y arriver le plus tôt possible. Si le bataillon d'élite du
28* d'infanterie légère est à portée du Rhin, il serait conve-
nable de le faire embarquer ; de cette manière il arriverait
sans se fatiguer et très promptement à Mayence *.
Vous donnerez ordre au sénateur maréchal Kellermann de
partir dans la journée de demain, pour se rendre à Mayence
et y prendre le commandement du corps de réserve, composé
des troupes qui se trouvent dans les 5* et 26* divisions mili-
taires'.
n commandera les gardes nationales de ces deux divisions
militaires, et il réunira à Strasbourg et à Mayence les grena-
diers et chasseurs des gardes nationales qu'il avait levées
dans ces divisions pendant la dernière campagne.
LE MAJOR GÉNÉRAL A L'EMPEREUR.
Munich, 19 septembre 1806.
Sire, j'ai reçu hier à 3 heures du matin votre dépêche du
13 par laquelle V. M. soumet l'exécution des ordres qui y
sont contenus à la certitude que j'aurai que M. de Laforest
et M. Durand ont quitté Berlin et Dresde. Comme vous
désirez avoir votre cavalerie promptement réunie, je viens
de donner ordre, sous prétexte de subsistances, à la divi-
sion de grosse cavalerie du général d'Hautpoul, de quitter
Straubing, pour se porter à Eichstedt, et à la division de
dragons du général Sahuc de se porter sur Heilbronn. Quant
1. Les s premiers bataillons du 28« loger partirent de Boulogne le 16 sep-
lemhre, le s« bataillon le 17, à l'effectif total de 1,665 hommes, pour être
rendus à Mayence les 17 et 18 octobre. Ce régiment, comme on le verra le 26,
'ui transporté par relais do Saint-Avold à Mayence.
*. Le bataillon d'élite du 28« loger, fort de 688 hommes, venant do Nouf-
fnalel, arriva le S octobre à Colmar, fut transporté le même jour sur des
toitures à Schlestadt et fit le S une marche forcée pour arriver à Strasbourg
ou il fut embarqué pour Maunheim.
5' 5* division, départements du Haut et du Bas-Rhin,
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92 CAMPAGNE DE PRUSSE.
à tous les autres mouvements, j'attendrai des nouvelles de
M. de Laforest.
L'officier que j'avais envoyé à Dresde vient d'arriver,
V. M. verra que les Prussiens ont passé TElbe sur quatre
ponts et qu'ils se réunissent sur leur tenntoire.
Le général Hohenlohe est à Hof, frontière de Baireuth,
avec un corps qui s'augmente journellement.
L'officier que j'avais envoyé à Dresde, a passé à Hof; il
croit qu'il pouvait y avoir 7,000 à 8,000 hommes cantonnés
dans cette ville et dans les environs : le reste des troupes
paraît s'être porté par Leipzig, sur la Saale, dans le pays
prussien. M. Simonin (l'adjoint qui a été à Dresde) a parlé
aux officiers prussiens : ils disent qu'ils désiraient fort voir
faire la guerre et qu'ils venaient au secours de leurs amis les
Bavarois et les Wurtembergeois opprimés depuis si long-
temps : du reste il a été accueilli avec beaucoup d'honnêteté
et le général Thauesing, que j'ai connu en Prusse, m'a fait
faire ses compliments. Il paraît que les Prussiens se rassem-
blent à Hof, frontière de Baireuth, à Magdeburg où est le
principal corps d'armée et à Hanovre.
Je vous adresse la lettre que m'écrit M. Durand et la petite
carte qui y était jointe : j'envoie également à V. M. des rap-
ports qui me sont faits de Braunau et un bulletin de Francfort
qu'elle a certainement.
V. M. me dit d'ordonner au maréchal Bernadette d'occuper
Baireuth, aussitôt que M. de Laforest sera parti de Berlin :
si les Prussiens y sont en force, faut-il les attaquer pour les
en chasser et engager une action avant votre arrivée à Wtirz-
burg? Il serait nécessaire alors que M. le maréchal Lefebvre
soutînt le maréchal Bernadette.
Je n'ai aucime nouvelle des officiers polonais ni de ceux
que j'ai envoyés vers Berlin et Magdeburg.
Je vous envoie une lettre du général Songis en réponse à
la demande que vous avez faite s'il y avait des forges et du
fer.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE L*ARMÉE. 93
LE MARECHAL BEENADOTTE AU MAJOR GENEliAL.
Aiispach, 19 septembre 1806.
Par la lettre que j'ai eu Thonneur de vous écrire hier, je
voua ai rendu compte de mes dispositions préparatoires ; je
suis heureux qu'elles s'accordent avec les vôtres et celles
prescrites par S. M.
Je continuerai à faire exercer une grande surveillance, et
quelle que soit la réponse du cabinet de Berlin, je serai tou-
jours en mesure d'exécuter les ordres que vous aurez à me
faire passer.
Si nous devons combattre, je réclame de votre amitié de
vous joindre à moi pour obtenir des bontés de l'Empereur
que je ne commande point de Bavarois ; j'ai beaucoup de
raisons pour désirer ardemment le succès de cette demande.
J ai encore présents les chagrins, les anxiétés que le com-
mandement de l'armée bavaroise m'a causés pendant la der-
nière campagne. Je ne vous ai pas entretenu, dans le temps,
de tous les soins et de l'attention qu'il m'a fallu pour éviter
les rivalités dangereuses qui s'établissaient entre les chefs
français et bavarois. Je ne vous ai pas parlé des dégoûts que
me donnaient l'iiTégularité dans la marche, l'inexactitude
dans l'exécution des ordres, enfin mille motifs du méconten-
tement le plus vrai et le plus amer. J'ai eu la patience de
souffrir tous ces déboires parce que je sentais que le bien du
service s^opposait à des changements pendant l'activité de la
campagne ; mais aujourd'hui que l'organisation de l'armée
n'est pas encore faite, permettez que je vous dise, dans la
confiance la plus grande, que de tous les maréchaux je suis
le moins propre à commander des Bavarois.
Je ne puis pas ti'op vous dire combien je suis dévoué pour
le service et la gloire des armes de S. M. à quelque poste
qu'elle me place : quelque commandement qu'elle me donne,
je m'en trouverai toujours très honoré et j'apporterai pour
remplir les intentions de l'Empereur tout le zèle et les
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94 CAMPAGNE DE PRUSSE.
moyens dont je suis capable. Mais, en grâce, obtenez que je
ne commande point d'étrangers.
Je vous envoie la copie de la lettre que j'ai cru devoir
écrire à ce sujet à S. M. et je vous renouvelle la prière de
vouloir bien m'appuyer de votre crédit pour que les 6,000 Ba-
varois, qu'on me destine, soient donnés à tout autre corps.
P. -S. — J'ai l'honneur de remettre à V. A. l'extrait des
rapports d'aujourd'hui. J'ai envoyé à Dresde le capitaine du
génie Conche, officier instruit et parlant bien l'allemand.
Il se présentera à M. Durand et recevra de lui tous les ren-
seignements possibles; il lui recommandera d'expédier à
V. A. un courrier dès qu'il aura quelque chose de positif à
vous apprendre.
J'ai remis quelques fonds à M. le maréchal Lefebvre pour
fournir à ses premières dépenses secrètes.
l'empereur au major général.
Saint-Gloud, 20 seplembro 1806, 6 heures du matin.
Je VOUS envoie le mouvement de l'armée. C'est aujour-
d'hui le 20 septembre, 6 heures du matin. J'espère que vous
recevrez ma lettre dans la journée du 24*, et qu'avant le
3 ou le 4 octobre toutes mes intentions seront exécutées. Je
compte être à Mayence le 30 septembre et probablement le
2 ou le 3 à WUrzburg. Là je déciderai mes opérations ulté-
rieures.
Il faut que le général Songis prenne des mesures pour que
la division du général Dupas, qui se réunit à Mayence, ait
10 pièces d'artillerie, mais sans faire faire de pas rétrograde à
l'artillerie de l'année. Cette division est composée des 2*,
12* et 28* d'infanterie légère et du 14* de ligne ; je compte y
joindre deux autres régiments. Ce sera là le corps d'observa*
1. L'expédition dos premiers ordres de l*Einperour par le major général eut
lieu le 24 septclDbre. Le registre du ma^OT géuéral pour la nouvelle campagao
est ouvert & la date du 21.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉB. 95
tion de la France et le corps d'appui de Tarmée du roi de
Hollande.
Il est convenable qu'aussitôt que vous aurez ordonné tous
les mouvements vous vous rendiez à Wtirzburg. Vous y
verrez la situation de cette place, et vous prendrez connais-
sance de la nature des chemins à Bamberg, à Dusseldorf, et
jusqu'à Magdeburg et Berlin, et quelle est la ligne où se
tenninent les montagnes. Vous aurez soin de bien traiter le
grand-duc de Wûrzburg. Vous marquerez là votre quartier
général, sans dire que j'arrive, mais en prenant ce qu'il y a
de plus beau, sans cependant le gêner ni l'exposer à aucune
Vous examinerez la situation du château, quelle garnison
on doit y mettre, et les positions à occuper. De là vous vien-
drez à Mayence, à moins cependant d'accidents extraordi-
naires et imprévus, auquel cas vous sentez bien que je ne
resterai pas à dormir à Mayence.
l'empereur au major général.
Saint- Cloud, so septembre 1806.
Les places de Kônigshofen, de Kronach et de WUrzburg
pouvant devenir les points d'appui de la Grande Armée, il
sera nécessaire qu'il y soit nommé de bons commandants et
qu'on y dirige des compagnies d'artillerie et des oflSiciers du
génie. On donnera à l'officier du génie commandant dans
chacune de ces places une somme de 30,000 fr. pour com-
mencer les travaux. Il y aura dans chaque place un commis-
saire des guerres, et on donnera à chacun d'eux 80,000 fr. *
pour en commencer les approvisionnements, auxquels on ne
touchera pas pour les consommations journalières, à moins
que la place ne fût cernée*
On prendra, le 2 octobre, possession des trois places que
j'ai indiquées ci-dessus ; on les mettra en état d'être à l'abri
1. Au mois de septembre 1805, on demaudait eu F'ranconie et eu Souabe
tl fr. 40 c. du (tuiutal de fariue.
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96 CAMPAGNE DE PRUSSE.
d'un coup de main. Le 3 ou le 4 octobre au plus tard, on
devra placer en batterie dans ces trois places de Tartillerie
qu'on y enverra de Forchheim, de Wtirzburg et d'Augsburg.
On y disposera sur-le-champ tous les magasins nécessaires et
le local convenable pour les hôpitaux de Tarmée, et généra-
lement tout ce qui est nécessaire dans les places qui servent
de points d'appui aux armées.
Si la petite place de KOnigstein, sur la route de Limburg
à Francfort, appartient à un prince de la Confédération du
Rhin, on Toccupera le 2 octobre et on la mettra en état de
défense. Il est nécessaire que le roi de Bavière donne des
ordres pour armer et approvisionner Forchheim ; qu'il y place
un bon commandant, de bons officiers d'artillerie, et que
cette place soit mise à l'abri d'un coup de main.
l'empereur au major général.
Saint-Cloud, 20 septembre 1806.
Je vois sur l'état de situation qu'il y a à Ulm un officier du
génie, qu'il y en a trois à Augsburg, deux à Braunau, un à
Fassau. J'ai ordonné qu'il y eût 4 officiers du génie à Brau-
nau ; on peut en laisser un à Augsburg ; il n'en faut point à
Passau ni à Ulm.
La division du général Malher, dans le corps du maréchal
Ney, n'a point d'officier du génie : faites-en nommer un. Les
sapeurs sont à Augsburg, Kehl et Ulm : il ne faut pas qu'il
en reste aucun dans ces endroits, hormis la 7* compagnie,
qui restera à Braunau. Envoyez l'ordre à la l'* compagnie
du 2* bataillon de sapeurs, qui est à Palmanova, de venir par
le Tyrol rejoindre son bataillon -, elle se dirigera sur Ulm, où
elle recevra de nouveaux ordres.
Aucun général de brigade du corps du génie ne comman-
dera son arme dans un corps d'armée. Us seront tous atta-
chés à l'état-major général. Donnez l'ordre aux généraux de
brigade Kirgener et Cazal de se rendre au quartier général.
Le général Andréossy est trop âgé 5 donnez-lui Tordre de se
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 97
rendre à Paris où il prendra les ordres du ministre Dejean.
Le général de brigade Kirgener commandera provisoirement
en chef le génie de Tannée. Le général Cazal remplira les
fonctions de directeur du parc. Je donne ordre d* envoyer
encore 20 officiers du génie, qui seront à la suite de T état-
major général. Vous voyez que déjà j'en ai besoin de 5 pour
Wûrzburg et les deux autres postes.
Je donne Tordre que le général Chasseloup se rende en
poste à Augsburg, pour commander le génie à la Grande Ar-
mée, et que le général Chambarlhiac^ se rende à Augsburg.
Je donne ordre que les 3*, 5* et 7* compagnies de mineurs
se rendent à Mayence pour rejoindre la Grande Armée. Je
donne aussi Tordre que le 5^ bataillon de sapeurs se rende à
la Grande Armée. U est nécessaire qu'il y ait un petit parc
du génie composé de 3,000 ou 4,000 outils, d'une compagnie
de mineurs, des ouvriers du génie, d'une dizaine d'officiers
du génie, d'un millier de sapeurs, et d'une compagnie de
pontonniers avec quelques voitures et les moyens de passer
une rivière. Ce corps, ainsi composé, sera commandé par le
général Cazal, directeur du parc, aura son commissaire des
guerres, et recevra un ordre de mouvement particulier. U
pourra être susceptible d'être divisé en deux corps lorsque
les mouvements seront douteux, mon intention étant de le
tenir toujours à portée des lieux où je puis en avoir besoin.
Je pense que, conformément à l'ordonnance, tous les sapeurs,
pontonniers et ouvriers sont armés de fusils.
Avons-nous un équipage de pont ? Je n'en vois pas sur
l'état de situation ; il serait absurde que le général Songis
^nt laissé une si grande armée sans moyens de passer une
rivière '. Dans tous les cas je suis dans la croyance que Té-
1. Le géoëral Chambarlhiac était employé à rarmée de Naples.
t. Chaque chef de service est doDC responsable vis-à-vis du Commandant
de rarmëe de la bonne organisation du service qui lui est conflé, jusqu'à ce
que, par des demandes réitérées, il ail dégagé sa responsabilité.
LB 06xiRA>L 80N0IS AU MAJOB O^ITÉRAL.
Augsburg, S3 Boplombro 1806.
Je vois par le renvoi que vous avez bien voulu me faire do la lettre du
général aide-major général Andréossy au sujet des bateaux français laissés à
CAMP. »■ PKUSSB, 7
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98 CAMPAGNE DE PRUSSE.
-quipage de pont sera avant le 4 octobre à Augsburg. S'il est
à Strasbourg, comment, sans équipage de pont, passerai -je
l'Elbe?
Le corps du maréchal Bernadotte a la 8* compagnie d'ou-
vriers et une escouade d'une autre compagnie : cela est trop.
Le corps du maréchal Davout n'a point de pontonniers et n'a
(|ue 18 ouvriers. Le corps du maréchal Soult n'a que 24 ou-
vriers et point de pontonniers. Il n'y a pas, en général, assez
d'ouvriers avec les corps d'armée. Il faudrait au moins
36 ouvriers par chaque corps. Il n'y a de pontonniers qu'au
corpB du maréchal Bernadotte, et, par l'état de situation, il
paraît que tous les pontonniers sont à Augsburg et à Ulm. Il
est nécessaire que vous en envoyiez une compagnie au mare-
t^ml Davout, une au maréchal Soult, une au maréchal Au-
gereau, une au maréchal Lefebvre, une à la réserve de
cavalerie, une à la Garde ; une autre restera au parc *.
Vionne parce qu'ils no valaient pas le transport qu'il a été de mon avis, mais
que, pour se confonner aux intentions de S. M., V. A. a ordonné qu'il soit
jitï^i.yé un marché à Passau pour le halage de ces bateaux depuis Vienne. Jo
vais fiiire envoyer les fonds nécessaires au payement de ce transport.
Ja crois de mon devoir de représenter à V. A. que, en supposant ces bateaux
eu ëtnit, ils sont si lourds que leur transport pur terre, s'il devait avoir lieu
a la <4L]ite de l'armée ou plutôt à la tôte, car cet équipage devrait marcher
f^itr la ligne, no pourrait guère s'effectuer par la mauvaise saison; nous en
iivori^ eu la triste expérience la campagne dernière, et les chemins qu'on
aurait à parcourir dans colle-ci seront encore plus mauvais que ceux d'Au-
tricho. On y perdrait successivement tous les chevaux sans pouvoir proba-
tilmnont arriver nulle part à temps.
t^ nécessité d'avoir un équipage de pont très mobile et à portée me dé-
tonmne d'observer de nouveau à V. A. qu'il me purait plus convenable de
faire marcher avec l'armée un équipage de S5 bateaux légers dits de Tlnu,
qui jioat prêts à Strasbourg et montes sur des chariots autrichiens légers qui
ont été arrangés en guise de baquets ; nous avons les ancres et cordages né-
ctissAJres ; ainsi il ne s'agirait que de se procurer les poutrelles et madriers
jioiir le tablier, ce qui se trouve assez facilement partout. On pourrait même
on porter une partie avec les bateaux.
i compagnies de pontonniers seraient chargées de cet équipage avec lequel
niarf}kurait le directeur des ponts; des 6 autres compagnies on pourrait en
répartir une demie par corps d'armée et les s dernières resteraient au parc,
dî^pùiilbles au besoin. C'est de ces mesures que me paraît dépendre la sii-
resté ut la célérité de cette partie importante du service , et j'ai l'honneur de
prier V. A. de la prendre en considération.
Voir la suite de l'organisation de l'équipage de pont à la date du 80 sep-
tombru. •
1^ LB O^nArAL SONOIS AU UAJOR 0]hll^BAL
Ulm, 87 septembre 1806.
V. A, m'a mandé que l'Empereur avait remarqué qu'il y avait au l**" corps
d*anuée la 8* compagnie d'ouvriers et une escouade d'une autre, ce qui était
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 99
Dans la 4* division de dragons, commandée par le général
Sahuc, le général Laplanche commande deux régiments ; il
manque deux généraux de brigade, car les six régiments
sont présents. Il manque un général de brigade à la cava-
lerie légère du maréchal Davout. Il manque deux généraux
de brigade à la division du général Beaumont. Il manque
un général de brigade au général Nansouty. Il manque un
général de cavalerie légère au maréchal Augereau. Il me
faut donc un général de brigade de cuirassiers, quatre géné-
raux de brigade de dragons, deux généraux de cavalerie
légère pour les maréchaux Davout et Augereau. J*ai ici
Durosnel et Defrance; je donne ordre que les généraux
Margaron* et Saint-Sulpice rejoignent leurs brigades, et que
le général Grouchy se rende à sa division *. Il y aura à la
réserve de cavalerie, sous les ordres du prince Murât, deux
brigades de hussards et de chasseurs. Une sera commandée
par le général Lasalle, et Tautre par le général Milhaud.
Celle du général Lasalle sera composée des 5* et V de hus-
sards ; celle du général Milhaud, des IV et 13*^ de chasseurs.
Par ce moyen, le 1" corps d'armée, les 3*, 4*, 5* et 6* corps
n'auront chacun que 3 régiments de cavalerie légère, et le
? n'en aura que 2. Les régiments de ces brigades de cava-
lerie légère pourront être changés quand ils seront fatigués.
U faut effacer le général Dumoulin de dessus les états de
situation de la Grande Armée. Il y a un général de trop
dans la division Suchet ; il faut rappeler le général Reille à
trop. S. M. 8*08t trompée ; il n*y a que la moitié de la S*, Tautro moitié est
en Italie. L'escouade n'est qu'un détachement de bourreliers et de maréchaux-
ferrants faisant partie du train et non des ouvriers d'artillerie. Je tiendrai au
complet de 36 ouvriers les détachements employés aux corps d'armée ainsi
<ia6 l'ordonne S. M. Le nombre qui s'y trouve maintenant avait snftl jusqu'à
présent pour les réparations; ou ne s'est jamais plaint de n'en point avoir
usez.
J « lait partir, comme vous me l'ordonnez, une compagnie de pontonniers
pour chaque corps d'armée. S'il ce s'y en trouve pas maintenant, c'est que
l'année dernière S. M. avait prescrit au commencement de la campagne d'en
rt'tiror celles qui y étaient détachées et de les tenir réunies.
1. Le général Margaron était employé à l'inspection des dépôts de cava-
lerie dans les 24® et 15* divisions militaires.
i. La z« division de dragons, commandée provisoirement parle général de
^livision Bekcr.
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100 GAHPA^GNE DE PRUSSE.
Tétat-major général. Le général Dupont a un général de di-
vision de trop ; il lui manque un général de brigade. Je
donne l'ordre que tous les adjudants commandants et tous
les adjoints à Tétat-major qui sont à Fintérieur se rendent à
la Grande Armée*.
J'envoie le général Defrance à la division Nansouty, pour
commander les carabiniers, et le général Durosnel au corps
du maréchal Augereau. Donnez Tordre qu'on réunisse les
deux brigades de cavalerie légère : celle de hussards à
Kronach et celle de chasseurs à Lichtenfels.
l'empkbeur au major général.
Saint-Gloud, so septembre 18O6.
Mon intention est que les hussards et les chasseurs suivent
le règlement, et qu'à leur entrée en campagne toutes leurs
aigles soient envoyées au quartier général *. Mon intention
est que les régiments de di'agons n'aient qu'une aigle par
régiment ; les deux autres iront au dépôt. Les cuirassiers
et les carabiniers auront leurs trois aigles ; la cavalerie légère
n'aura point d'aigles. Faites exécuter sur-le-champ cette
mesure ; vous en sentez l'importance.
1. A rdtat-major général do la Grande Armée. Le mugor général faisait la ré-
partition dos officiers d'état-major au double titre de migor général et de mi-
nistre de la Guerre.
8. ORDRB.
Amberg, 9 octobre 1806.
Un ordre du jour a prescrit aux colonels de cavalerie légère d'envoyer à
leurs dépôts les aigles des escadrons de guerre, mais le ministre de la guerre
fait connaître que l'intention do S. M. ost qu'elles soient envoyées au grand
quartier-général.. .
M** SouLT.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE 'L^RAfi^E. \0i
l'empebeur au général DEJEAN.
Saint-Cloud, 10 septembre 1806.
Les places de Wesel et de Mayence doivent être mises
dans le meilleur état de défense. Les derniers préparatifs
doivent être faits. S'il y a quelques manœuvres d'eau à réta-
blir pour remplir d'eau les fossés de Wesel, il faut le faire.
Si l'inondation n'est pas tendue à Mayence, il faut la tendre.
Si les ouvrages de l'autre côté du Rhin ne sont pas armés, il
faut le faire. S'il n'existait pas quelques baraques pour servir
de corps de garde dans les ouvrages des îles, il faut en cons-
truire. Si les ouvrages en terre qui défendent l'inondation
ne sont pas établis, fraisés et palissades, il faut les construire
et les palissader. Si le fort qui défend l'embouchure du Mayn
n'est pas encore rétabli, il faut le construire, le palissader et
faire les travaux provisionnels et pressés sans discontinuer
les travaux permanents à Cassel.
Il faut qu'il y ait au moins 4 officiers du génie de tout
grade à Mayence et 6 à Wesel. Il faut envoyer une com-
pagnie de mineurs à Mayence, une autre à Wesel, et qu'on
organise tout ce qui est nécessaire pour la défense souter-
Taine du fort Meusnier et des forts extérieurs, tant à Mayence
qu'à Wesel ; d'ailleurs ces mineurs pourront servir de chefs,
d'ateliers aux ingénieurs.
Il faut qu'il y ait à Wesel 4 compagnies d'artillerie, un
colonel, un chef de bataillon commandant en second, deux
capitaines en résidence, outre les officiers des 4 compagnies.
11 faut qu'il y ait à Mayence au moins 4 compagnies d'artil-
lerie. Quand je dis qu'il faut 4 compagnies d'artillerie à
Wesel et 4 à Mayence, j'entends que ces compagnies aient
tous leurs officiers, sous-officiers, 80 canonniers présents, et
fonnant au moins 400 hommes.
Il faut aussi une escouade d'ouvriers dans chacune de ces
deux places, pour réparer tous les affûts et donner à l'artille-
rie l'attitude convenable. S'il manque des objets d'artillerie.
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.•1Q2 .••:*•:*•/** I - ^AMPiGNE DE PRL'SSB.
• ••• • •• » ••• • •■••»•••••
soit à Wesel, soit à Mayence, et des approvisionnemente, il
faut les y faire passer.
Mon intention est que les officiers du génie et d'artillerie
qui seront placés à Wesel et Mayence y soient par mon ordre
et que personne ne puisse les ôter de ces deux places pen-
dant toute la campagne. Il faut me présenter, pour chacune
de ces places, un colonel et un chef de bataillon de chaque
arme, qui seront chargés de défendre Wesel et Mayence,
pour ce qui concerne leur arme, et seront pourvus d'une
commission ad hoc. Vous sentez qu41 faut des officiers distin-
gués, qui aient Tamour de la gloire et les connaissances né-
cessaires pour une si importante besogne.
Au premier événement, le premier inspecteur aura soin
de jeter le nombre nécessaire d'officiers dans ces deux pla-
ces. Je suppose qu'il faudrait 20 officiers pour Mayence et
12 pour Wesel. On ne les enverrait qu'au dernier moment.
Mais ce qui importe, c'est que les deux directeurs et les
deux chefs de bataillon de chaque place soient nommés par
commission, y restent et n'en puissent sortir, même malades,
par congé, parce qu'il n'y a que moi seul qui aie le droit de
donner un congé.
Mon intention est que le premier inspecteur du génie ' se
rende à Mayence, où il établira son quartier général. Là il
pourra diriger tous les ouvrages de Mayence, Wesel, Juliers,
Venloo, Anvers et des places de la frontière opposée à la
Prusse. Il prescrira tous les ouvrages ordonnés par les pro-
jets, arrêtera et ordonnera de son chef les travaux pressés
dérivant des circonstances. Il aura soin, si une place mena-
çait d'être investie, d'y jeter le nombre nécessaire d'officiers
du génie,d'approvisionnements et de tout ce qui a rapport à
son arme.
Les principaux objets des approvisionnements de siège,
savoir : les farines, le bois pour les fours, l'eau-de-vie, le riz
ou les légumes, doivent être fournis par les munitionnaires,
qui doivent réunir dans l'une et l'autre place la quantité
1. Le général Maroscot.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l' ARMÉE. 103
de farines nécessaires pour nourrir 10,000 hommes pendant
6 mois K II faut surtout que vous leur donniez Tordre d'avoir
la quantité de bois propre à convertir la farine en pain.
Ces vivres seront retirés de là, soit par des envois en Alle-
magne et pour nourrir la Grande Armée, soit pour des sièges,
soit, au retour, en consommations journalières de Tannée. Il
me semble que vous n'avez pas d'indemnité à donner sur
cela.
Faites-moi un rapport sur cet objet; mais ne perdez pas
une heure pour avoir la quantité nécessaire de légumes, bois
et subsistances, approvisionnée dans ces deux places.
Faites aussi fabriquer 400,000 rations de biscuit à
Mayence.
Ainsi donc, sans attendre le rapport que vous me ferez sur
la question d'argent, ne perdez pas une heure pour faire
approvisionner ces places des objets ci-dessus désignés.
Cette instruction et la note du 19 sur Toccupation de Braunau
coDiieDuent tons les ordres qu*un Commandant d^armée doit donner
pour l'organisation et la mise en état de défense des grandes places
fortes situées sur les frontières et servant de pivots aux monvements
des années.
L EMPEREUR AU ROI DE HOLLANDE.
Saint-Gloud, SO soptombre 1806.
Je reçois votre lettre du 17 septembre. Un courrier parti
Wer vous porte Tordre de réunir à Wesel le 65' et le 72%
toute votre cavalerie, la moitié de votre infanterie hollan-
daise et 15 pièces attelées. Il est nécessaire que vous fassiez
mettre dans vos gazettes qu'un nombre considérable de
troupes arrive de tous les points de la France, qu'il y aura à
Wesel 80,000 hommes commandés par le roi de Hollande. Je
désire que ces troupes soient en marche dans les premiers
jours d'octobre, parce que c'est une contre-attaque que vous
1. so,0oo quintaux de farine, donnaot 1,800,000 rations.
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104 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ferez pour attirer l'attention de Tennemi pendant que je ma-
nœuvre pour le tourner. Toutes vos troupes doivent se porter
sur le territoire de la Confédération et se répandre jusqu'à
ses limites sans les dépasser ni commettre aucun acte d'hosti-
litt', (/e n'est pas le temps des jérémiades, c'est de l'énergie
qu'il faut montrer. J'ai déjà beaucoup soulagé vos finances.
Renfurcez vos cadres ; formez des gardes nationales, donnez
une direction à vos journaux. Je ne ferai jamais qu'une paix
Lonnrable, ou j'écraserai tous mes ennemis. Si vous ne pou-
vez piis être de votre personne à Wesel le !"• octobre, il faut
que le général Michaud s'y trouve et prenne le titre de com-
niandant de votre avant-garde. Formez les 2 premiers ba-
tiiilloiis des régiments français à 1,150 hommes, et placez
Ica 3**' bataillons dans des places fixes où se rendront les cons-
crits pour être habillés ; il en arrivera plus de 600 à chaque
FL^ginient avant un mois. Ne craignez rien pour l'île de Wal-
cheren ; les Anglais ne prendraient pas si facilement Flessin-
gue ; d'ailleui*s le général qui y commande couperait les
digiiLtë, et ils seraient noyés. Indépendamment du camp de
Boulogne, je réunis à Saint-Omer une division de 6,000
hoiiiïiies de gardes nationales, commandés par le général
Kiiiiipon. Je serai le 30 septembre à Mayencc. Tout ceci
n'est que pour vous ; tout doit être secret et mystère. Comme
rinipératrice compte, pendant que je serai en Allemagne,
porter sa cour à Mayence, la reine de Hollande pourra s'y
rendre, si cela lui convient. Si vous ne pouvez pas être à
Wesel le 1" octobre, il est nécessaire que vous y soyez rendu
le 6» Comme j'imagine que vous pouvez avoir besoin de quel-
ques généraux, si vous le désirez, je vous enverrai le géné-
ral de division Lagrange. Je pense que toute l'artillerie des
pkees de Berg-op-Zoom, Breda, et des places qui garantis-
sent mes frontières du Nord, est prête, et qu'en quinze jours
vous pourriez en ordonner l'armement. Le résultat de tout
ceci accroîtra mes Etats et sera une paix solide ; je dis solide,
parce que mes ennemis seront abattus et dans l'impuissance
de remuer de dix ans.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 105
l'empereur au général DEJEAN.
Saint-CIoud, 20 septembre i8oa.
VouB trouverez ci-joint un décret pour la formation d'une
légion polonaise. Vous ferez appeler le général Zajonchek
pour qu'il vous propose des officiers polonais pour former le
cadre du 1*^ bataillon. Mon intention est que les deux tiers
au moins des officiers soient polonais ; l'autre tiers sera pris
panni les officiers qui n'ont pas servi dans nos rangs, mais
qui Teulent servir et verser leur sang pour la patrie.
Vous donnerez pour instruction au chef de la légion de
pourvoir à son habillement, et d'envoyer des officiers aux
avant-postes de l'armée française pour recueillir les déser-
teurs prussiens et les organiser. Quand le cadre du 1" batail-
lon sera rempli, on formera le second.
Je désire que le général 2^jonchek ne prenne point les
officiers polonais qui servent dans l'armée et qui y sont
utiles, mais qu'il les prenne dans l'intérieur, oh il y en a
beaucoup de réformés.
LE MAJOR GENERAL A L EMPEREUR.
Munich, 20 septembre 1806.
J'ai reçu cette nuit vos deux dépêches du 15 par lesquelles
vous m'ordonnez positivement de ne faire aucun mouvement
de troupes sans que M. de Laforest m'ait averti qu'il avait
quitté Berlin, et j'ai été à temps pour ne point effectuer le
mouvement dont je vous ai parlé dans ma lettre d'hier de la
division de grosse cavalerie du général d'Hautpoul et des
dragons du général Beker, que je croyais pouvoir rappro-
cher, ainsi que j'aurais désiré le faire pour le corps du maré-
chal Ney.
J ai jasé avec le roi de Bavière sur la formation que vous
désirez qu'il donne à ses troupes en cas d'hostilités avec la
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106 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Prusse : je me suis aperçu qu'il aurait vu avec plaisir que la
division de son armée fût avec tout autre maréchal qu'avec
le maréchal Bernadette et je sais aussi que ce dernier préfé-
rerait que V. M. donnât un régiment d'infanterie de plus à
chacune de ses deux divisions que de lui donner la division
bavaroÎKe ; je ne vous parle de cela que parce que je dois
tout vous dire. Vos ordres au surplus seront exécutés autant
que l'organisation bavaroise le permet; on ne peut pas se
faire une idée de la peine que l'on a pour avoir un état de
Bituatiou. Mes dépêches pour le roi de Bavière, de Wurtem-
berg, le grand-duc de Bade, de Hesse-Darmstadt relatives
à leur contingent, l'ordre pour le grand-duc de Berg, et
eu tin tous ceux pour réunir les différents corps de votre
année sur Bamberg et WUrzburg, sont expédiés et dans mon
poi-tufeuille prêts à être portés par mes aides de camp un
quart d'heure après que j'aurai su officiellement que M. de
Laforest a quitté Berlin. Il est de mon devoir de faire obser-
ver k V. M. que les Prussiens ne dissimulent plus leurs in-
tentions de nous faire la guerre : leurs armées se rassemblent
sur leti points du territoire prussien qui approchent de vos
avant-postes. Toute l'Allemagne ne parle que guerre; les
grandie mesures se prennent ostensiblement. Il n'y a que
VOH armées qui ne fassent aucun mouvement ; on en est étonné,
et moi je les croirais en retard vis-à-vis de celles de vos
ennemie, si je ne savais pas depuis longtemps que V. M.
ne fait rien sans intention et qui ne tienne à ses grandes
vues politiques et militaires. Comme je crois à la guerre et
qu'il n'y a que V. M. qui puisse commander sa Grande Ar-
mée, je pense qu'il est important qu'elle y arrive et que les
maréchaux soient à leur poste. Vous trouverez ci-joint l'iti-
néraire des différents corps pour se rendre de leurs canton-
neiuentJi sur Bamberg ; je vous observe que les journées
vous paraîtront fortes, mais ce ne sont que des stations de
poste (de 2,000 toises par lieue). Les ordres que j'ai donnés
relativement au départ des 3" et 4** bataillons et 4** escadrons
ont été motivés littéralement, comme V. M. le demande dans
sa lettre ; ainsi ses intentions sont exactement remplies. Le
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ORDRES POUR LA RÉUNION D£ l'aRMÉE. 107
plus tôt possible je lui adresserai la composition des cadres
et une situation exacte de Tarmée après le départ de ces
bataillons et escadrons. Quant à Tordre du 21"^ régiment
d'infanterie légère, je Tai donné aussitôt que j*ai eu reçu
votre lettre le 10 septembre ; mais d'après les notes que j'ai
de Paris, le général Dejean avait expédié directement les
ordres le 6.
J'ai l'honneur de vous adresser une lettre du maréchal
Bemadotte et l'extrait d'une lettre du maréchal Soult. J'en-
voie aussi à V. M une lettre du général Andréossy et une
de M. de La Rochefoucauld qui m'arrivent de Vienne.
LE MABÉGHAL SOULT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Freysiug, 20 soptumbro 1806.
V. A. m'a fait l'honneur de m'écrire le 15 de ce mois au
sujet des équipages de l'entreprise Breidt, et elle a désiré
que je lui rendisse compte du motif et par quel ordre le sous-
inspecteur aux revues Lebarbier avait 2 chevaux de cette
entreprise à sa disposition. Les 2 chevaux dont il s'agit
n'ayant point été pris dans la partie d'équipages qui est em-
ployée au corps d'armée, mais bien au dépôt général d'Augs-
borg pendant la dernière campagne, je ne pouvais savoir
que M. Lebarbier les avait retenus ; car, si j'en avais été
instruit, je n'aurais pas manqué de faire exécuter à leur
égard les ordres de S. M. lesquels sont remplis avec beau-
coup d'exactitude au corps d'armée. Quoique ces 2 chevaux
ne fassent pas partie des brigades d'équipages militaires
employées au corps d'armée ainsi que j'ai déjà dit, j'ai
ordonné à M. Lebarbier de les renvoyer à Augsburg, et ils
sont partis. V. A. trouvera ci-joint la justification que ce
sous-inspecteur m'a adressée à ce sujet.
Elle trouvera aussi ci-joint l'état de situation et de compo-
sition des brigades d'équipages militaires qui sont employées
au corps d'armée. Je la prie de remarquer que 8 caissons
sont détachés par ordre, savoir 6 à Strasbourg pour chercher
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108 CAMPAGNE DE PRUSSE.
des eflfets d'ambulance en vertu d'ordres de l'intendant
général, 1 à la 1" division de dragons qui n'a jamais rejoint,
et le 8* a été retenu à Augsburg par le directeur général de
l'entreprise. Il n'y a aucun cheval ni caisson de cette entre-
prise dans le corps d'armée qui soit détourné du service pour
lequel il est destiné, et j'ai soin qu'à ce sujet les intentions
de S. M. soient remplies.
V. A. m'a fait l'honneur de me dire que les instructions
de l'JEmpereur étaient que les équipages de l'entreprise Breidt
fussent exclusivement destinés à transporter le pain des
troupes en affectant pour cet effet 2 caissons par bataillon et
1 par régiment de cavalerie ' et que S. M. se réservait de
déterminer ultérieurement l'emploi des caissons qui reste-
raient.
Aucune disposition n'ayant été prise pour le transport des
effets d'ambulance qui sont à la suite des divisions et quar-
tiers généraux, et en cas de mouvement ces effets étant
indispensables, il est à présumer que S. M. a entendu qu'il
serait pris sur les caissons en réserve pour fournir à ce ser-
vice, mais comme l'autorisation n'en est pas donnée et que
cependant les troupes ont ordre de se tenir prêtes à marcher,
j'ai l'honneur de prier V. A. de considérer s'il ne serait
pas à propos que S. M. prît une décision, afin de lever cette
incertitude et pour assurer cette branche essentielle du
service.
Je me suis fait remettre par l'ordonnateur du corps d'ar-
1. « La ruparlition des caissons à la suite do chaque bataillon ou régiment
« no fut suivie que dans les i**", 4« et 6« corps, où se trouvaient les S«, 4«, 5*,
« 7«, 8«, »•, 13*» 17» et 20« brigades. Celles de ces brigades qui étaient coin-
R posées de caissons a 8 roues perdirent presque toutes leurs voitures à la
a suite des régiments. Ces pertes étaient faciles à prévoir pour qui connaît
« un peu le service des équipages. Eu effet, quels moyens pouvaient cm-
« ployer les chefs de chaque brigade pour la réparation de leurs caissons
« qui se trouvaient ainsi disséminés et marchaient isolément? Et quels
« soins pouvait-on attendre de la part des sous-ofBciers des corps chargés de
« la conduite des équipages, pour un objet qui n'était pas la propriété de
« leur régiment? » (Rapport de M. Daru, du 6 février 1808.) — Que la mesure
d*affecter des caissons de Tentreprise Breidt aux corps de troupes fût défec-
tueuse, je ne le nie pas ; mais il faut cependant reconnaître que chaque corps
doit avoir des voitures qui lui appartiennent, pour transporter à sa suite
deux jours de pain.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉB. 109
mée un projet de répartition de cette portion d'équipages, je
la soumets à V. A., et la prie de vouloir bien me donner
ses ordres à cet égard.
£IIe remarquera sur cet état qu'après avoir pourvu au
transport du pain et en affectant encore 32 caissons aux am-
bulances, il y en aurait 8 sans destination qui seraient dispo-
nibles, mais le 14' de ligne, qui est détaché de la l'^ division,
n ayant pas été pourvu, devrait, s'il rentrait, en recevoir 4 ;
ainsi il n'y en aurait plus que 4 à disposer.
La 3* division de dragons ni la division de cuirassiers qui
sont employées au corps d'armée n'ont pas été portées sur ce
projet de répartition ; mais si cela devait être, il serait
indispensable que l'administration générale y pourvût.
Il me reste à faire une observation à Y. A. Aucun des
che& de l'administration, tels que inspecteurs et sous-ins-
pecteurs aux revues, ordonnateur et commissaires des guerres,
n'ont reçu d'indemnité pour acheter le fourgon qui est né-
cessaire au transport de leur bureau, ou de la volumineuse
comptabilité dont ils sont détenteurs, et tous font à ce sujet
des réclamations qui me paraissent fondées. Dans les der-
nières campagnes, ils étaient autorisés à faire transporter
ces objets par des voitures des équipages militaires. Si au-
jourd'hui cette faculté leur est retirée, il sera nécessaire
qu'il y soit suppléé par un autre moyen pour ne p^ les
exposer à faire des pertes qui non seulement leur seraient
nuisibles, mais qui, par la suite, compromettraient le service
ainsi que les intérêts de l'Empereur.
J'ai l'honneur de prier V. A. de prendre cet exposé en
considération.
ORDRE POUR LES GÉNÉRAUX DUROC ET CAULAINCOURT.
Sainl-Cloud, 21 septembre i806.
Mon intention est d'être le 29 à Mayence ; je partirai donc
mercredi ou jeudi *, à 6 heures du matin. Je veux passer par
1. Mercredi î4, — jeudi 26.
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110 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Metz, OÙ je m'arrêterai autant de temps que je pourrai, de
manière à arriver le 29, avant midi, à Mayence. Je ne veux
cependant pas rester plus de 8 ou 10 heures à Metz. On
écrira à Metz pour que le général qui y commande, ou tout
autre, ou le dépôt de cavalerie, me procurent 7 ou 8 chevaux
et une voiture pour visiter tous les établissements.
J'aurai dans ma voiture l'Impératrice ; le prince Jérôme
ira dans une des voitures qui m'accompagnent.
Je ne veux pas avoir plus de 4 voitures avec moi, sauf à en
envoyer devant ou en faire marcher derrière les autres.
L'Impératrice n'emmènera que M"** Turenne. MM. d'Har-
ville et Ordener l'accompagneront ; M. Rémusat se rendra
devant à Mayence.
Le grand maréchal du palais pourra marcher en avant, de
manière à se trouver à Mayence un jour avant moi.
MM. Caulaincourt, Mortier et Savary* marcheront avec
moi.
Les deux écuyers généraux ", qui ont leurs chevaux,
pourront se rendre directement à Mayence.
Il est inutile que je traîne à ma suite des fourgons de car-
tes et de bagages. Comme il y a deux routes, ils peuvent
partir par l'autre route ou aller devant, pour arriver la veille
à Mayence.
Le maréchal Bessières et tous les officiers de la Garde doi-
1. Des 4 aides de camp de TEmporour, le général de division Lemarois
était gouverneur d'Ancùno ; le général de division Rapp commandait la 6« di-
vision militaire à Strasbourg; le générul de brigade Bertrand était en mission
à Hcsso-Gassel ; le général de brigade Mouton était en mission à Tile d*Aix, à
Rochefort et à Bordeaux.
l'bmpkkkur au oénéraij lemarois.
Saiut-Cloud, 20 septembre 1806.
Je donne Tordre au général Laplanche-Mortiêre de se rendre à Ancône pour
prendre votre commandeniunt. Du moment qu'il sera arrivé, et si môme il y
avait à Ancône un officier supérieur de distinction auquel vous puissiez con-
fier votre commandement, vous vous rendrez en poste, par le Tyrol, à Ulm,
et de là vous viendrez me joindre où sera mon quartier-général. Vous vous
arrêterez à Vérone assez do temps pour prendre connaissance de ce qui se
pusse en Frioul, à Venise et dans le royaume d'Italie.
L'ancienneté n'est donc un titre au counmmdement qu'autant qu'elle joiut
à ses droits ceux que donnent le caractère, le jugement et l'activité. ,
f. Les généniux de brigiidc Curbinonu et Gnrdane.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE L*ARMÊE. 111
vent être partis en avant ; le maréchal BessièrcB et le grand
écuyer s'entendront ensemble pour qu'ils n'encombrent point
les routes.
M. Maret partira 24 heures après moi et se rendra en
droite ligne à Mayence.
M. le général Clarke se rendra directement à Mayence, où
il devra être arrivé le 28 au soir.
Napoléon.
l'empereur au roi de BAVIÈRE.
Sainl-Gloud, Si septembre 1806.
Monsieur mon Frère, il y a plus d'un mois que la Prusse
arme, et il est connu de tout le monde qu'elle arme contre la
France et la Confédération du Rhin. Nous cherchons ses
motifs sans pouvoir les pénétrer. Les lettres que Sa Majesté
Prussienne nous écrit sont amicales. Son ministre des affai-
res étrangères a notifié à notre envoyé extraordinaire et mi-
nistre plénipotentiaire qu'elle reconnaissait la Confédération
du Rhin et qu'elle n'avait rien à objecter contre les arrange-
ments faits dans le midi de l'Allemagne. Les armements de
la Prusse sont-ils le résultat d'une coalition avec la Russie,
ou seulement les intrigues des différents partis qui existent à
Berlin et de l'irréflexion du cabinet ? Ont-ils pour objet de
forcer la Hesse, la Saxe et les villes hanséatiques à contracter
des liens que ces deux dernières puissances paraissent ne pas
vouloir former ? La Prusse voudrait-elle nous obliger nous-
mêmes à nous départir de la déclaration que nous avons faite
que les villes hanséatiques ne pourront entrer dans aucune
confédération particulière, déclaration fondée sur l'intérêt
du commerce de la France et du midi de l'Allemagne, et sur
ce que l'Angleterre nous a fait connaître que tout change-
ment dans la situation présente des villes hanséatiques
serait un obstacle de plus à la paix générale? Nous avons
aussi déclaré que les princes de l'empire germanique qui
n'étaient point compris dans la Confédération du Rhin de-
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112 CAMPAGNE DE PRUSSE.
valent être maîtres de ne consulter que leurs intérêts et
leurs convenances ; qu'ils devaient se considérer comme par-
faitement libres, que nous ne ferions rien pour qu'ils entras-
sent dans la Confédération du Rhin, mais que nous ne souf-
fririons point que qui que ce fût les forçât de faire ce qui
serait contraire à leur volonté, à leur politique, aux intérêts
de leurs peuples. Cette déclaration si juste aurait-elle blessé
le cabinet de Berlin, et voudrait-il nous obliger à la rétrac-
ter? Entre tous ces motifs, quel peut être le véritable? Nous
ne saurions le deviner et l'avenir seul pourra révéler le
secret d'une conduite aussi étrange qu'elle était inattendue.
Nous avons été un mois sans y faire attention. Notre impas-
sibilité n'a fait qu'enhardir tous les brouillons qui veulent
précipiter la cour de Berlin dans la lutte la plus inconsi-
dérée. Toutefois les armements de la Prusse ont amené le
cas prévu par l'un des articles du traité du 12 juillet, et
nous croyons nécessaire que tous les souverains qui compo-
sent la Confédération du Rhin arment pour défendre ses
intérêts, pour garantir son territoire et en maintenir l'invio-
labilité. Au lieu de 200,000 hommes que la France est
obligée de fournir, elle en fournira 300,000 ; et nous venons
d'ordonner que les troupes nécessaires pour compléter ce
nombre soient transportées en poste sur le bas Rhin. Les
troupes de Votre Majesté étant toujours restées sur le pied
de guerre, nous invitons Votre Majesté à ordonner qu'elles
soient mises sans délai en état de marcher avec tous leurs
équipages de campagne, et de concourir à la défense de la
cause commune, dont le succès, nous osons le croire, répon-
dra à la justice, si toutefois, contre nos désirs et même contre
nos espérances, la Prusse nous met dans la nécessité de
repousser la force par la force.
Des réquisitions analogues forent adressées au roi de Wurtemberg,
aux grands-ducs de Berg, de Bade et de Hesse-Darmstadt, au prince
Primat et au collège des princes de la Confédération du Rhin. Le
grand-duc de Wiirzburg ayant adhéré à la Confédération à la un de
septembre, l'Empereur lui fit le 29 la même communication qu'à
tous les membres de la Confédération.
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ORDRES POUR h\ RÉUNION 0£ l'aRIKIÉE.. 113
L EMPEREUR AU MARECHAL AUaSREAU.
Saiut-Gloud, 21 soptembro 1806.
Vous m'enverrez un état militaire de Hesse-Cassel, avec
le nom et la force des régiments, ainsi que leur composition ;
vous y joindrez leurs cantonnements et leurs positions
actuelles.
Vous m'enverrez un mémoire qui déterminera quelle
serait la meilleure manière d'attaquer Hesse-Cassel, quelle
résistance il pourrait opposer à l'armée qui attaquerait, quels
obstacles on rencontrerait, et quel nombre de troupes l'Elec-
teur possède.
l'empereur au MARECHAL AUQEREAU»
Saint-Cloud, 81 septembre 1806.
Vous enverrez un officier du génie intelligent, sous pré-
texte de porter des lettres à M. Bignon à Hesse-Cassel, mais
dans le fait pour observer tout ce qu'il sera possible. Il ira de
Francfort à Hesse-Cassel et retournera de Hesse-Cassel droit
sur Coblentz. Il ira à petites journées, déjeunera, dînera,
couchera en route. H observera tout avec prudence : la na-
ture des chemins, les montagnes, les rivières, la population
des villes, villages, les distances ; il fera un rapport sur les
places fortes que possède l'Electeur, telles que Hanau, Mar-
burg, Giessen et autres postes fortifiés ; il donnera des cro-
quis de tout ce qu'il aura observé de remarquable.
Ces précautions à l'égard de la Hesse et la mission du général
Bertrand sont expliquées par la dépêche de l'Empereur du 22 à
M. de Talleyrand. La dépêche du 12 à M. Bignon faisait déjà près-
Kutir les tendances de la cour de Cassei. L'Empereur ne projette
rexécution de cet ennemi que pour la deuxième époque de la guerre.
Le mémoire sur la Hesse et les moyens de cette puissance, ainsi
que la reconnaissance du pays marquent le rôle de Tétat-major dans
^ préparation des plans de campagne. L'état-major rassemble les
CAMF. DR FJ:U88K. 8
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114 , CAMPAGNE DE PRUSSE.
documents ; le commandement B*en sert pour fixer ses idées et pren-
dre ses déterminations, non sans les avoir fait auparavant compléter
et contrôler par ses propres officiers.
l'empereur au général BERTRAND.
Saint-Cloud, 21 septembre 1806.
Vous partirez dans la journée de demain ; vous irez à
Worms, vous passerez là le Rhin. Vous vous assurerez que
toutes les mesures sont prises pour le passage de ma Garde à
Mayence*. Vous irez à Cassel, et vous vous assurerez qu'on
travaille à mettre cette place en état, et que tous les ordres
sont arrivés pour rapprovisionner.
Vous irez, avec les précautions convenables, voir la forte-
resse de Hanau. Peut-on s'en emparer par un coup de main
ou non ? Si cela est prudent, vous irez voir la forteresse de
Marburg. Vous continuerez votre route sur Cassel (Hesse).
Vous serez censé avoir des lettres pour mon chargé d'aflfaires ;
Vous aurez bien soin de vous assurer avant qu'il y est.
Il y a plusieurs petites places autour de Francfort ; vous
vous en assurerez. Vous ne voyagerez point de nuit de
Francfort à Cassel, et vous tiendrez note de tout ce qui peut
m'intéresser.
De Cassel vous prendrez la route qui mène droit sur Colo-
gne, toujours de jour*. Vous observerez le système des loca-
1. Lm OÉHiBAL BmRTBAKD A Ij'BlIPBRBnB.
Mayence, 86 septembre 1806.
A mon passage à Worms, i8 bateaux pouvant contenir a.OOO hommos
étaient prêts pour transporter la Garde de V. M. à Mayence. On Q*a pas ici
d*ordro pour la marche ultérieure de votre Garde.
Il faut une petite dcmi-beure pour passer le Rhin à Worms en bac, une
heure et demie pour l'aller et le retour par les vents contraires. Il y a à
Worms deux bacs, l'un pouvant contenir 8 voitures, l'autre 4. De Wornis à
Mayence par la rive gauche lO lieues, par la rive droite li, chemin de tra-
verse sur lequel on ne peut compter pendant Thiver.
Suivent des renseignements sur Cassel (Mayence).
a. liR aKNÉBAL BCBTRAHD AU GBIléBAL GLARKH.
Cassel, 28 septembre 1806, au soir.
Général, je profite d'un courrier qu'expédie le ministre de France pour
vous prier de prévenir S. M. qu'aucune grande roule ne conduisant directe*
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 115
lités du pays entre Wesel, Mayence, Cassel et Cologne.
Combien y a-t-il de routes et de grandes communications ?
Vous prendrez là aussi des renseignements sur les chemins
de Cassel à Gotha, de Cassel à Gôttingen, de Cassel à
Paderbom. Qu'est-ce que la place de Cassel? Est-elle armée
et de résistance ? Jetez un coup d'œil sur les troupes de TE-
lecteur, sur leur situation actuelle, sur son artillerie, ses
milices, ses places fortes. De Cologne, vous viendrez me
rejoindre à Mayence ; vous passerez sur la rive droite et vous
jetterez un coup d'oeil sur la nature du pays de Dusseldorf,
de Wesel et de Cassel. Le 29 septembre je serai à Mayence,
où j'ai besoin que vous me rapportiez votre reconnaissance.
Vous recueillerez des renseignements de toute espèce sur
tout le système du pays. Vous sentez combien il est impor-
tant que vous vous le mettiez bien dans la tête, non seule-
ment pour le début de la campagne, mais encore pour les
suites.
C'est pour des missions de ce genre que les Commandants d'armée
ont besoin d'avoir des aides de camp d'un grade élevé. Us les choi-
siront parmi les officiers d'an jagement prompt et sûr, d'une activité
infatigable ; Us sauront leur inspirer un dévouement sans bornes et
tirer de leurs connaissances tout le parti possible.
Le choix des hommes est la pierre de touche du commandement.
L EMPEREUR A M. DE TALLEYRAND.
Saint-Gloud, 2S septembre 1806.
Je vous envoie une lettre qui est un trait de lumière ; j'ai
en conséquence jugé convenable d'adresser la lettre ci-jointe
au prince Primat. Mon intention est de la faire paraître dans
\t Moniteur, Vous l'apporterez ce soir à ma signature, et vous
tiendrez des courriers tout prêts pour l'expédier à Aschaf-
fenburg, en priant le prince Primat de ne la laisser connaî-
yeiit d'ici à Cologne, et no voulant point passer par Paderborn, je me ren-»
drai à 31ayenco par Wetzlar et Umburg. Je serai le 1" octobre à Mayence
utt Je 30 dans la cuit au plus tOt.
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116 CAMPAGNE D£ PRUSSE.
tre que le 1" octobre, mais de la communiquer confidentiel-
lement à la Saxe, à la Hesse, à la Bavière, à Wurtemberg et
à Bade.
Il est convenable que vous envoyiez chercher aujourd'hui le
ministre de Cassel. Vous lui parlerez avec beaucoup de dou-
ceur sur les armements actuels et sur le parti définitif que
son souverain veut prendre. Il est convenable que vous lui
disiez quelque chose du traité signé à Berlin, en lui marquant
votre étonnement de ce que TElecteur puisse ainsi renoncer
à toute souveraineté. Vous engagerez M. de Malzburg à
expédier un courrier à Cassel pour qu'on cesse les armements
et qu'on déclare ce que Ton veut.
La lettre au prince Primat, écrite le 11 septembre, n'a été expédiée
que le 22.
L EMPEREUR AU PRINCE PRIMAT.
Saint-Cloud, il septembre 1806.
Mon Frère, les formes de nos communications en notre
qualité de Protecteur avec les souverains réunis en congrès
à Francfort n'étant pas encore déterminées, nous avons pensé
qu'il n'en était aucune qui fût plus convenable que d'adres-
ser la présente à Votre Altesse Eminentissime, afin qu'elle
en fasse part aux deux Collèges. En effet, quel organe pou-
vions-nous plus naturellement choisir que celui d'un prince
à la sagesse duquel a été confié le soin de préparer le premier
statut fondamental ?
Nous aurions attendu que ce statut eût été arrêté par le
congrès et nous eût été donné en communication, s'il ne
devait pas contenir des dispositions qui nous regardent per-
sonnellement. Cela seul a dû nous porter à prendre nous-
même l'initiative pour soumettre nos sentiments et nos
réflexions à la sagesse des princes confédérés.
Lorsque nous avons accepté le titre de Protecteur de la
Confédération du Rhin, nous n'avons eu en vue que d'établir
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 117
en droit ce qui existait de fait depuis plusieurs siècles. En
lacceptant, nous avons contracté la double obligation de
garantir le territoire de la Confédération contre les troupes
étrangères et le territoire de chaque confédéré contre les
entreprises des autres. Ces obligations, toutes conservatrices,
plaisent à notre cœur ; elles sont conformes à ces sentiments
de bienveillance et d'amitié dont nous n'avons cessé, dans
toutes les circonstances, de donner des preuves aux membres
de la Confédération. Mais là se bornent nos devoirs envers
elle. Nous n'entendons en rien nous arroger la portion de
souveraineté qu'exerçait l'Empereur d'Allemagne comme
suzerain. Le gouvernement des peuples que la Providence
nous a confiés occupent tous nos moments, nous ne saurions
voir croître nos obligations sans en être alarmé. Comme nous
ne voulons pas qu'on puisse nous attribuer le bien que les
souverains font dans leurs Etats, nous ne voulons pas non
plus qu'on nous impute les maux que la vicissitude des
choses humaines peut y introduire. Les affaires intérieures
de chaque État ne nous regardent pas. Les princes de la
Confédération du Rhin sont des souverains qui n'ont point
de suzerain. Nous les avons reconnus comme tels. Les dis-
cussions qu'ils pourraient avoir avec leurs sujets ne peuvent
donc être portées à un tribunal étranger. La Diète est le tri-
bunal politique conservateur de la paix entre les différents
souverains qui composent la Confédération. Ayant reconnu
tous les autres princes qui formaient le corps germanique
comme souverains indépendants, nous ne pouvons reconnaître
qui que ce soit comme leur suzerain. Ce ne sont point des
rapports de suzeraineté qui nous lient à la Confédération du
Rlûn, mais des rapports de simple protection. Plus puissant
que les princes confédérés, nous voulons user de la supério-
rité de notre puissance, non pour restreindre leurs droits de
souveraineté, mais pour en garantir la plénitude.
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118 CAMPAGNE DE PRUSSE.
M. DE LAFOREST AU MARECHAL AUOEREAU.
Berlin, ai septembre 1806.
Conformément aux intentions de S. M. l'Empereur et Boî,
j'ai rhonneur de prévenir V. Exe. que Toccupation de la Saxe
par les troupes de S. M. le Roi de Prusse m'a mis dans le cas
de demander au cabinet de Berlin des passeports pour retour-
ner en France.
J'en ai informé M. le maréchal Berthier, prince de Neu-
châtel, major général de la Grande Armée. Veuillez, je vous
prie, le faire savoir promptement à Ânspach, à Wttrzburg et
en général à MM. les maréchaux commandant les divisions
des armées de S. M. I. et R. en Allemagne.
Je prie V. Exe, M. le Maréchal, d'agréer l'assurance de
ma plus haute considération.
LE MARÉCHAL LEFEBVRE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Dinkclsbûhl, 21 septembre 180€.
Le général de division Gazan me marque qu'il résulte des
renseignements qu'il a fait prendre, que jusqu'à présent
aucune troupe prussienne n'est entrée dans l'Electorat de
Saxe, que les troupes saxonnes se concentrent à Dresde et à
Leipzig, qu'il n'existe sur les frontières qu'un très faible
cordon qui fait des patrouilles; enfin que des ingénieurs
prussiens sont venus à Schanenkalden reconnaître les débou-
chés qui y conduisent ; trois émissaires sont en route ; j'aurai
soin de transmettre leurs rapports à V. A. S. dès qu!ils me
seront parvenus.
l'empereur au général dejeak.
Saint-Cloud, 22 septembre 1806.
Je viens d'être instruit que Wesel était approvisionné
d'une grande quantité de farine que les Prussiens y ont
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 119
laissée, et qu'il y en a quatre magasins pleins. Faites véri-
rifier cela, afin qu'on ne vous le porte point comme ayant été
acheté. Faites-moi connaître ce qu'il y a, et si cela fera une
ressource pour les approvisionnements de siège. Pensez
sérieusement aux approvisionnements de Mayence ; à la
vérité, il est très probable que je n*en aurai pas besoin pour
le siège, mais certainement j'en aurai besoin pour les faire
venir à Wttrzburg, et nourrir l'armée par le Mayn.
Qae de difficultés pour la réanion des approvisionnements des
places fortes et des armées qui n'existent plus avec les moyens de
commanication actuels !
l'empereur au général DEJEAN.
Saint-Cloud, 28 septembre 1806.
Donnez des ordres pour qu'au 1" octobre un pont de
bateaux soit jeté sur le Rhin, à Wesel. Ledit pont existera
jusqu'à nouvel ordre. Je désire que l'emplacement en soit
vis-à-vis l'île de Btiderich, et que le génie, qui doit faire les
ouvrages permanents, donne à cet ouvrage la force d'une
bonne tête de pont.
v'empereur au général dejean.
Saînt-Cloud, 82 septembre 1806.
J'ai pris, il y a peu de jours, un décret pour former une pre-
mière légion du Nord à Juliers. Le maréchal Berthier me
mande que la quantité de déserteurs est si considérable, que
Von peut espérer d'en former plusieurs. J'ai donc résolu
d'en organiser une autre à Nuremberg, et d'en donner le com-
mandement au colonel Henry. Faîtes donc, avant mercredi,
un travail pour la nomination des officiers du 1*' bataillon, et
concertez-vous avec les généraux Zajonchek et Henry pour
ces nominations.
Lorsque les 1*" bataillons seront formés, on organisera
les 2**. Mon intention est que chaque légion soit composée
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120 CAMPAGNE DE PRUSSE.
de 4 bataîUons. Il y aura un adjudant commandant chargé
de la correspondance avec les deux colonels.
Les colonels pourront faire des proclamations pour provo-
quer à la désertion, sans jamais prononcer le nom de Polo-
gne. On promettra aux soldats d'être employés sur le conti-
nent, des avantages, d'être traités comme les soldats français,
et aux sous-officiers de conserver leur grade, si du reste ils
ont les qualités nécessaires.
l'empereur au général lacuée.
Saint-Cloud, as septembre 18O6.
Je vais appeler une réserve \ Il faut que le décret soit
prêt. Voici comment je veux la distribuer :
200 hommes, à raison de 2 hommes d'élite par départe-
ment, pour les régiments de carabiniers.
GOO hommes, à raison de 6 hommes d'élite par départe-
ment, pour les 12 régiments de cuirassiers.
600 hommes d'élite pour les 8 régiments d'artillerie à pied.
2,000 hommes d'élite pour les 4 régiments d'artillerie de la
marine.
3,400 hommes d'élite.
Il restera 26,400 hommes que je veux distribuer de la
manière suivante : 6,000 hommes entre les 14 3" et 4** ba-
taillons qui sont au camp de Boulogne, et depuis la Somme
jusqu'à l'Escaut, y compris Anvers * ; 2,000 entre les 4 régi-
ments qui sont en Bretagne ' ; 2,000 entre les 4 régiments
qui sont à l'île d'Oleron et dans la 12* division militaire*;
1. Il s*agit des 80,000 hommes do la réserve de la conscription do 1808
dont TEmpereur a annoncé la levée au major général par sa dépôche du 5.
2. 8« bataillon du 13^ léger à Ostende; s« et i« bataillons du 17« de ligne;
3^* bataillons des lO», 25«, 28«, 36«, 43«, 46e. 5oe^ 550^ 76« de ligne au 1« corps
de réserve à Boulogne ; 3«» bataillons des 48^ et 108* à Anvers.
8. 15« de ligne à Brest ; 47«, à Lorient et Belle-Ile; 70*, à Brest et Concar*
neau ; So*, à Saint-Brieuc.
4. 26«, 66* et 82« de ligne, qui étaient aux colonies et dont les dépéls
siMils niaient en France ; Si* d'infanterie légère à Nantes, Noirmoutier?»
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 121
4,000 entre les 6 régiments qui sont à Paris ' ; et 12,400
entre les 40 régiments appartenant à la Grande Armée qui
sont BUT le Rhin • . En faisant la répartition de ces hommes,
vous consulterez les besoins de chaque corps. Vous considé-
rerez moins la situation générale d^s régiments que celle
de leurs 3" bataillons et ce qu'ils reçoivent de la conscription
de 1806. Ce sont de nouvelles réserves que je forme. Peu
importe la quantité d'hommes qu'ils ont à la Grande Armée;
plu» ils en auront et plus ils en perdront. Mais ce qui m'im-
porte, c'est que j'aie à Boulogne, en Bretagne et à ma réserve
sur le Rhin un grand nombre d'hommes.
Vous aurez soin qu'aucun corps ne reçoive au delà de
1,000 hommes, entre ce qu'il recevra de la réserve et ce
qu'il a eu de la conscription de 1806. Vous n'appellerez dans
les corps qui sont en Bretagne aucun Piémontais ni aucun
conscrit des 18 départements connus sous la dénomination de
départements de l'Ouest. Vous ne mettrez dans les régiments
qui sont à Paris aucun homme des 18 départements de
rOuest. Vous mettrez dans les 31* et 111* des Piémontais.
Du reste, vous destinerez le plus possible aux bataillons de
dépôt les conscrits voisins des lieux où se trouvent aujour-
d'hui les dépôts qui ne doivent point changer. Il est cepen-
dant convenable de donner aux régiments la réserve de la
conscription des départements qui les recrutent.
KapûléoD. La 12* division militaire dtait composée des départements de la
Loire-lDrén'eure, de la Charente-Inrërieure, des Deux-Sévres et de la Vendée.
1. s*, 4«, 12«, 15« d*infanterie Idgéro ; les S«* bataillons des trois premiers
étaient à Saint-Denis ; celui du 15* léger à Paris; 3« bataillon du 9a« de ligne
à YinccDDes ; 58® à Paris.
2. 5* division militaire : S®, 4«, 18«, ai®, 34«, 39«, 40«, 44«, 57«, 63«, 76«,
88», 96«, 100», 103», 105« d'infanterie de ligne ; — 6«, V, 9«, 10«, 16®, 17«,
***, 26» dUnfonterio légère.
n* division militaire: 27«, 30«, 88«, 61®, ei®, 85«, ui« d'infanterie de li-
gne; — 28« d*infanterie iégôrc.
«5« division militaire : 8«, 2i«, 45«, 54», 94», 96« d'infanterie de ligne ; —
8ï% 27* d'infanterie légère.
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122 CAMPAGNE DE PRUSSE.
l'empereur au major général.
Saint-Cloud, SS septembre 1806.
Voici mon itinéraire* : je partirai de Saint-Cloud jeudi 25
du mois. Je serai le 27 à Metz, où je resterai sept à huit
heures. Je serai le 28 au soir ou le 29 au matin à Mayence.
J'attendrai de vos nouvelles le 30 et le 1". Réglez-vous là-
dessus pour la marche de vos courriers.
l'empereur au major général.
Saint-Cloud, 28 septembre 1806.
Mon Cousin, voici la route pour l'armée : Mayence, Franc-
fort, de là par la rive gauche du Mayn, qu'on passera à
Aschaffenburg, Wlirzburg et Bamberg. Placez là des com-
mandants d'armes et tracez-y des étapes '. Faites reconnaître
la route de Mayence, Darmstadt et Aschaffenburg. La route
de l'armée pour communiquer avec Ulm, Augsburg et les
hôpitaux qui sont de ce côté, sera de Bamberg à Nuremberg,
1. Ordre donné lo 28 par lo major général au général Sanson de tracer les
étapes sur la route de Mayence à Wnrzburg, en calculant les journées do
marche à 6 lieues au moins et à 8 au plus, comme elles sont en France.
Ordre à i*adjudant commandant Hastrel, faisant fonctions de chef de Télat-
m(ûor général, de placer des commandants d'armes.
LE MAJOR OibtiéRAL ▲ li'xHTKMDART GÉHÉSAL.
Wiirzburg, 20 septembre 1806.
Je vous préviens que j'ai approuvé le projet qui m*a été présenté de fixer
ainsi qu'il suit la roule d'étape de Mayence à Bamberg, savoir:
Do Mayence à Francfort, distance environ 8 lieues.
— Seligenstadt — .... 6 —
— fiessenbach — .... 8 —
— Langfurt — .... 8 —
— Wlirzburg — .... 6 —
— Renpelsdurf — .... 8 —
— Burgwenheim — .... 7 —
— Bamberg — .... 8 —
Telle sera, par conséquent, la direction que suivront les troupes venant
de Mayence à Bamberg ; ordonnez les mesures nécessaires pour y assurer lo
service ; établissez-y, à cet efTot, dos commissaires des guerres ou des adjoints.
Quant ù la communication de Bamberg avec Ulm et Âugsburg, qui doit i^trc
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 123
Anspach, Ellwangen etUlm. Il est nécessaire que là aussi il
y ait des étapes tracées. Mon intention est que tous les
malades sortant des hôpitaux établis en Bavière, en Souabe
et sur la rive droite du Danube, se réunissent à Ulm, où,
après un repos, on en formera des détachements de 100 hom-
mes pour rejoindre l'armée à Bamberg. 11 est une autre
route à reconnaître, de Wttrzburg à Boxberg, Neckarelz et
Mannheim. Cette route a deux avantages : d*abord plus courte
pour ce que j'ai du côté de Strasbourg, et je la crois meil-
leure ; ensuite il peut y avoir tel événement où la communi-
cation de Francfort serait inquiétée par des partisans.
Je désire que vous envoyiez un ingénieur géographe
reconnaître et faire des croquis en détail de ces trois routes :
1* de Mayence, Francfort, Aschaflfenburg et Wttrzburg;
^deMayence, Darmstadt et Aschaflfenburg; 3* de Mann-
heim, Neckarelz et Wttrzburg.
l'empereur au roi de hollande.
SaÏDl-Cloud, 82 septembre 1806.
Je donne ordre au ministre Dejean de diriger sur Wesel
les généraux de brigade Laroche, Ruby et Grandjean. Mon
suivie par les militaires sortant des hôpitaux de la Souabe , de la Bavière et
autres de la rive droite du Daoabe, elle sera tracée ainsi quMl suit :
Avec Ulm, de Bamberg à Bayersdorf, distance, environ . . 8 lieues.
— Nuremberg — . . 8 —
— Herlsbron — . . 6 —
— Anrach — . . 7 —
— Dinkelsbiihl — . . 7 —
— Aalen — . . 8 —
— Hausen — . . 6 —
— Ubn — . . 6 —
AvecAugsburg, de Bamberg à Bayersdorf — . . 8 —
— Nuremberg — . . 8 —
— Roth — . . 8 —
— Dietfurt — . . 8 —
— Donawerth — . . 8 —
— Metingea — . . 6 —
— Augsburg — . . 6 —
Voir aassi la note de la dépêche de l'Empereur du 29 septembre, 8 heures
91 demie de l'après-midi.
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124 CAMPAGNE DE PRUSSE.
intention est que vous organisiez une avant-garde de la
manière suivante :
Commandants : avant-garde, le général Michaud ; artille-
rie, le général Drouas ; génie, un de vos officiers.
Chef d'état-major : le chef d'escadron Ferrière, à moins
que le général Michaud n*aime mieux prendre un des géné-
raux de brigade que je vous envoie.
1" brigade : un des généraux de brigade que je vous
envoie ; le 65* régiment, 2,000 hommes ; Hollandais, 2,000
hommes ; 8 pièces d'artillerie attelées, servies par Tartillerie
hollandaise.
2* brigade : un des généraux de brigade français ; le 72* ré-
giment, 2,000 hommes ; Hollandais, 2,000 hommes ; 8 pièces
d'artillerie attelées, servies par l'artillerie hollandaise.
Vous pouvez joindre à chaque brigade un général de
brigade hollandais et un adjudant commandant hollandais.
Ces 8,000 hommes seront renforcés du bataillon de 1,000
hommes du duc de Clèves. Ils se réuniront sans délai à
Wesel et se concentreront dans une position militaire, à une
ou deux lieues en avant de Wesel. Vous joindrez aussi à cette
avant-garde 1,000 hommes de cavalerie hollandaise, ce qui
fera un total de 9,000 à 10,000 hommes. Vous réunirez le reste
de vos troupes hollandaises, que j'estime être 8,000 à 9,000
hommes, au camp d'Utrecht, sous les ordres du général Dumon-
ceau. Il sera partagé en deux brigades ; il pourra ou se réunir
à vous, ou se porter sur le bord de la mer, suivant les diffé-
rentes circonstances.
Cette avant-garde est destinée à couvrir mes frontières
du Rhin et ne s'en écartera que pour inquiéter l'ennemi;
mais elle manœuvrera de manière à n'être jamais coupée du
Rhin.
Votre commandement s'étendra de la Moselle k Coblentz
jusqu'à la mer.
Après les quinze premiers jours d'opérations, du moment
que la guerre aura pris une couleur, il sera possible que je
fasse rentrer ce corps pour protéger mes frontières de France.
Il serait possible aussi que je le fisse pousser jusqu'à Mlinster
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 125
et Cassel, selon les événements. Je vous donnerai une ins-
truction plus détaillée lorsque les hostilités commenceront.
Faites que je trouve à Mayence un de vos aides de camp
qui m'apporte l'état de situation de votre corps d'armée.
Donnez de l'argent pour monter votre cavalerie. Vous devez
avoir au moins 2,000 hommes de cavalerie. Le 8* corps de
la Grande Armée sera aussi à Mayence et manœuvrera de
manière à n'être jamais coupé du Rhin.
Je laisse à Paris de quoi former un corps de réserve de
8,000 hommes, et j'ai à Boulogne 15,000 ou 16,000 hommes
dans le camp. Le général Rampon, avec 6,000 hommes de
gardes nationales, est à Saint-Omer.
Je vous donne l'autorisation nécessaire pour pouvoir, selon
les circonstances, défendre les parties attaquées de la France.
11 n'y a pas de nécessité que vous vous rendiez le 2, le 3,
le 4 à Wesel, si les affaires de votre royaume vous retiennent
en Hollande ; il suffit que votre avant-garde y soit ; mais il
sera convenable que vous y soyez le 8.
Donnez ordre au général Michaud de correspondre avec
le maréchal Kellermann, avec le commandant du 8^ corps et
avec la Grande Armée, autant que cela sera nécessaire.
Après avoir fait connaître le 10 au roi de Hollande qu'il se propo-
sait de lui confier un corps de 30,000 hommes pour défendre Wésel
et le nord de ses États, TËmpereur a commencé le 19 à entrer dans
quelques développements sur le rôle qu'il réservait à ce corps dans
son projet général ' . Le 22, il donne de nouveaux renseignements
à son frère sur les opérations qu'il devra Conduire^ en lui annonçant
une instruction plus détaillée lorsque les hostilités commenceront.
U est d'ailleurs- à remarquer que l'Empereur ne s'est encore ouvert
à personne de l'ensemble de son projet ; il a bien indiqué au major
général, le 5, la direction qu'il comptait donner aux opérations de
la Grande Armée ; mais le 22 il n'a encore confié son plan général
ni an major général ni au commandant du corps d'observation destiné
a produire une diversion à l'extrémité de sa gauche. Pour qu'un plan
KQssisse, il faut qu'il soit tenu secret : le Commandant de l'armée
seul doit le connaître jusqu'au commencement des hostilités ; il ne
1. L'Empereur se suri du rux])rcssiuii projet général dans sa dôpècbe du
i" octobrv, i heuro après midi, au maruchal Augoreau.
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126 CAMPAGNE DE PRUBSB.
révèle au major général, aux commandants des corps détachés et des
corps placés sous ses ordres directs que ce qu'ils ont besoin de con-
naître, au fur et à mesure que les événements se déroulent.
Le major général savait par le mouvement général de l'armée que
le roi de Hollande réunissait un corps d'armée à Wesel, et par la
dépêche de l'Empereur du 20 à 6 heures du matin qu'une division
d'infanterie française se formait à Mayence et qu'elle était destinée
à être le corps d'observation de la France et le corps d'appui de
l'armée du nord. Mais rien de plus ; tout doit être secret et mystère.
L'Empereur apprend le 22 au roi de Hollande que le 8* corps de
la Grande Armée sera à Mayence, et il ne fait connaître cette for-
mation au major général que le 30 septembre.
Le secret est donc une des conditions du succès, condition d'au-
tant plus nécessaire que les nouvelles de l'ennemi peuvent obliger le
Commandant de l'armée à modifier son plan d'opérations avant même
qu'il ne l'ait mis à exécution, et qu'il est inutile d'apprendre à ses
lieutenants que l'ennemi a traversé les projets primitifs. Les diverses
parties du plan d'opérations ne seront dévoilées qu'au moment de
leur exécution.
L EMPEREUR AU GENERAL DEJEAN.
Saint-Gloud, 22 septembre 1806.
Présentez-moi demain soir un état en 30 colonnes, chaque
colonne indiquant le lieu où se trouveront les troupes en
marche depuis le 25 septembre jusqu'au 25 octobre, en y
comprenant les détachements que j*ai fait partir et même
ceux de ma Garde. J'ai besoin de cet état demain mardi.
L EMPEREUR AU GENERAL DEJEAK.
Saint-Gloud, 82 septembre 1806.
Voici un rapport sur la compagnie Breidt. J'ai pris derniè-
rement un décret pour que 250 caissons soient attelés et prêts
le plus tôt possible à Strasbourg, où ils doivent recevoir un
ordre de mouvement. Mon intention n'est pas que ces cais-
sons aillent en Allemagne sans être équipés, mais que les
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 127
hommes et chevaux soient pris à Sampigny, Bruxelles et
Paris, et que de ces trois points ils soient dirigés sur Mayence,
où ils recevront des ordres '.
Écrivez à l'intendant général que, s'il a 300 chevaux haut-
le-pied, il les fasse atteler à des voitures que Tartillerie
d'Augsburg pourrait prêter. Je préférerais les voitures qu'on
appelle prolonges. On pourrait acheter des charrettes du pays ;
on attellerait les 300 chevaux à 72 de ces charrettes, ce qui
pourra servir à toute espèce de transports*.
Quant aux marmites et bidons qui sont à Strasbourg,
envoyez les quatre cinquièmes de tout à Mayence, d'où on
les distribuera. Faites connaître au maréchal Berthier qu'il
faut que les corps achètent les marmites chez les paysans, en
payant, car ces marmites n'arriveront jamais à temps.
Ecrivez à tous les majors des dépôts de faire confectionner
des capotes pour leurs corps ; les masses sont tellement fortes
qu^elles pourront fournir à cette dépense. Sur les capotes qui
sont à Augsburg, faites-en donner 1,800 au 2V léger.
Faites-moi connaître le numéro qu'auront les 250 caissons
de nouvelle levée, et le temps où les brigades pourront être
rendues à Mayence.
Écrivez à tous les dépôts de faire confectionner autant
1. Le 24 septembre, le ministre Dejcan présentait à l'Empereur Tétat dos
10 nouvelles brigades portant les n«" li, 15, 18, 19, 86, 27, 29, 30, Si et 32,
qui allaient être organisées en exécution du décret du 17 septembre pour
accroître les équipages de la compagnie Breidt.
Qiaque brigade comprenait 8 employés, 8 sous-employés, 8 ouvriers,
30 charretiers, 3 chevaux do selle ; les 9 premières avaient 8 chevaux de
selle, 105 chevaux do trait, 24 caissons à 4 roues et l forge à 4 roues ; la
3S^ avait 8 chevaux de selle, 79 chevaux de trait, 24 caissons à 2 roues et
1 forge à 2 roues, ce qui formait un total de 1,050 chevaux do trait, 216
caissons à 4 roues et 24 à 2 roues.
U brigade n» 12 et 2 sections de la brigade 15 furent organisées à Bruxel-
les; les brigades 26 et 27 à Paris; les brigades 18, 19, 29, 30, 31, 32 et une
section do la brigade 15 à Sampigny.
1^8 brigades 12, 16, 26 et 27 partiront respectivement do Bruxollos et do
Pari» le 14 octobre pour Mayence.
1a brigade 18 partit do Sampigny lo 12 octobre pour arriver à Biiiyonce lo
>3; la brigade 19 le 17 pour arriver le 28; la brigade 29 et le complément
âe la brigade 15 lo 18 pour arriver le 29; la brigade 80 lo 19 pour arriver le
*0; les brigades Si et S2 le 28 iwur arriver le 8 novembre.
t Ordres donnés le 28 par lo major général à Tintundant général.
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128 CAMPAGNE DE PRUSSE.
de paires de souliers qu'ils ont d'hommes à la Grande Ar-
mée*.
Ce qui mérite le plus ma sollicitude, ce sont les outils du
génie. Faites-en diriger de tous les points sur Mayence; il
est impossible qu'on n'en ait pas recueilli une trentaine de
mille à la Grande Armée. Que sont devenus ceux qu'on y a
envoyés et que j'ai payés sur le budget de cette année? Je
connais un endroit dans un arrondissement de corps d'armée
où il y en a 5,000. Le génie ne croit pas en avoir ; le génie
ne sait ce qu'il a ; cette partie, jusqu'à cette heure, a été
bien mal organisée à la Grande Armée.
M. DURAKD AU MAJOR GEKERAL.
Dresdo, 28 septembre 1806.
J'ai reçu de S. M. I. l'ordre de quitter la Saxe dans le
cas où les troupes prussiennes auraient envahi son territoire
et de donner avis de mon départ à V. A. S.
L'invasion de la Saxe par les troupes prussiennes étant
eflfectuée depuis le 6 de ce mois et n'étant devenue que plus
générale depuis cette première époque, comme j'ai eu l'hon-
neur d'en informer V. A. par ma lettre du 14, j'ai prévenu
le ministère électoral que j'allais quitter Dresde. J'attends
mes passeports et, à moins que je ne reçoive des ordres con-
traires à ceux qui m'ont été transmis, je serai parti après-de-
main 24 septembre pour retourner en France. J'aurai soin,
au moment de mon départ, d'en informer encore V. A. S.
LB GÉNÉRAL GUDIN AU GÉNÉRAL PETIT.
Ôhringen, 22 septembre 1806.
En conséquence des ordres de S. M. l'Empereur et de
M. le maréchal Davout, vous voudrez bien donner les ordres
I. Circulaire du 29 seplembro du major général aux maréchaux et à Tin-
lendant général.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DB L'aRMÉB. 129
nécessaires pour que votre brigade soit réunie demain dans
les environs d'Heilbronn ; le 24 elle devra être à Œhringen
et en avant, suivant Téchelon actuel des troupes ; le 25 à
Hall et en avant ; le 26 à EUwangen, le 27 à Œttingen.
Le 1*' de chasseurs et le 12^ de ligne étant les plus éloi-
gnés marcheront en queue et ce dernier prendra la route
par Stuttgard, Canstadt, Gemund, Heydenheim, Nordlingen
et Œttingen, de manière à être rendu le 27 au soir dans ce
dernier endroit sans aucun retard. Je sais que les journées
sont fortes, mais nous savons marcher.
Depuis Œhringen, à chaque chef-lieu, vous trouverez vos
cantonnements désignés.
Les troupes devront avoir avec elles des subsistances pour
toute la route ; leurs caissons serviront à porter le pain et au
besoin la farine, si on ne pouvait avoir le pain fabriqué ; cha-
que corps a des boulangers. Les corps prendront en passant à
Œhringen des cartouches pour se compléter à raison de 50
coups par homme.
Comme les corps n'ont pas d'ustensiles de campagne, cha-
que conmiandant de compagnie doit chercher à s'en procurer
de fer battu ; on assure que les habitants en sont pourvus ;
bien entendu que cette mesure sera prise en payant et de
gré à gré, car il n'y a rien à espérer des magasins.
Le nombre de blanchisseuses et vivandières ne pourra
excéder le règlement et vous voudrez bien y tenir la main.
De Stuttgard à Nordlingen, le 1" de chasseurs établira
des postes de 4 hommes à chaque poste pour escorter le
Maréchal qui prendra cette route ; le premier poste sera à
Canstadt.
Faites faire le plus de pain possible à Heilbronn afin de
suppléer à ce qui manquera à vos troupes, car je crains
qu^elles ne puissent s'en procurer, en aussi peu de temps, ce
qui leur sera nécessaire.
Envoyez un officier au l*"^ de chasseurs et un autre au
12* de ligne avec des chevaux de correspondance et ayez
la bonté de m'accuser de suite réception de la présente.
La brigade du général Gi^uthier sera le 24 à Cuiselsau ;
CAMP. OB PBCUK, 9
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130 CAMPAGNE DB PRUSSE.
le 25 par échelon entre Hall et EUwangen ; le 26 à Nordlin-
gen ; le 27 à Œttingen.
La route sera par la vallée de Colber. Envoyez un officier
à l'avance pour préparer le logement.
Répandez le bruit que nous passons le 28 la revue du
prince Berthier.
L EMPEREUR AU GRAND-DUC DE BERG.
Saint-Cloud, ss septembre 180€.
Vous trouverez ci-joint l'itinéraire d'une route qu'on me
dit exister de Worms à WUrzburg; envoyez un officier la
reconnaître. Il m'importe beaucoup d'avoir des renseigne-
ments sur cette route qui peut m'être utile dans bien des
circonstances.
LE GÉNÉRAL BELLIARD AU ICAJOR GÉNÉRAL.
Wûrsburg, ss septembre 1806.
Votre officier d'état-major m'a remis dans la nuit la lettre
que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire.
J'ai vu ce matin notre ministre ; il est peu instruit de la
position des troupes prussiennes; cependant il m'a assuré
qu'il y avait à Erfurt et dans les environs un corps d'armée,
dont il ne connaît pas la force ; les Prussiens paraissent faire
beaucoup de mouvements, et qui sont fort longs et incertains,
car tous les ordres, dit-on, émanent directement du Roi^ il
paraît pas moins certain que les armées ennemies se renfor-
cent, se concentrent et se rapprochent de la nôtre, qui me
paraît bien disséminée, surtout pour les corps qui se trouvent
former l'avant-garde, et malgré les protestations amicales
du roi de Prusse, on doit, par les apparences, lui supposer
des intentions hostiles.
La citadelle de Wûrzburg est assez bonne, quoique
dominée au sud par la montagne des Capucines ; l'intérieur
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉB. 131
se tronye dans le plus mauvais état ; il n'y reste rien, absolu-
ment rien; les commissaires du roi de Bavière ont tout en*
levé, même jusqu'au canon qui servait à donner l'alarme en
cas de feu, de sorte qu'il faut tout pour la mettre en état de
défense ; on dit qu'une partie de son artillerie se trouve à
Bamberg ; on pourrait la faire revenir ; il n'y a pas une pail-
lasse, pas un bois de lit ; cependant comme c'est un poste
important, j'espère pouvoir le faire occuper sous deux ou trois
jours par quelques troupes françaises ; il suffira de l'avoir à vos
ordres pour en faire ce que vous jugerez convenable. La ville
de Wlirzburg a des murailles en bon état, un large fossé, et
une contrescarpe revêtue en maçonnerie.
On n'a point de nouvelles de M. de Laforest ; on le croît
toajoors à Berlin... Je pars à l'instant pour me rendre auprès
du général Gazan, conformément à vos ordres. Je visiterai
la forteresse de Kdnigshofen, et à mon retour j'aurai l'hon-
neur d'instruire V. A. de tout ce que j'aurai pu voir et
apprendre... Ainsi que vous l'ordonnez, je verrai la division
Kansouty.
J'enverrais bien des officiers en avant et des espions, mais
vous savez mieux que personne que je n'ai pas d'argent à
ma disposition, et c'est un mobile sans lequel on ne fait pas
grand'chose, surtout pour l'espionnage.
LE MARÉCHAL BEBNADOTTE AU MAJOR OÉNÉRAL.
Anspach, 23 soptembre 1806.
II ne m'est parvenu, depuis la lettre que j'ai eu l'honneur
de vous adresser hier par un adjoint de mon état-major,
qu'an rapport que je reçois à l'instant et qui m'annonce que
20,000 Saxons ont ordre de se mettre en marche pour Pima
où ils doivent se réunir aux 60,000 Prusssiens qui s'y ras-
«emblent.
Si j'apprends que les Prussiens font un mouvement en
avant, je placerai de suite la division Suchet entre Ânspach
^tUffenheim pour être à même de la porter soit sur Bamberg
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132 CAMPAGNE DE PRUSSE.
OU Schweinfurt ou enfin pour couvrir Wtirzburg. J'ai de nou-
veau recommandé que la plus grande surveillance soit exer-
cée dans tous les cantonnements qui se trouvent sur les fron-
tières. V. A. peut être tranquille ; tous les jours elle aura
un rapport de moi.
LK GÉNÉRAL DAULTANNE, CHEF d'ÉTAT-MAJOB DU 3* CORPS,
A l'ordokkateub en chef.
Ôttingen, 28 septembre 1806.
Je vous préviens qu'en conséquence des ordres de S.
M. I., M. le Maréchal prescrit les dispositions suivantes et
desquelles je m'empresse de vous faire part afin que vous
donniez en ce qui vous concerne les ordres nécessaires pour
leur exécution.
Le corps d'armée doit être réuni pour le 26 ou le 27 du
courant entre Wassertruding et Nordlingen.
La 1" division sera stationnée entre Œttingen et Wasser-
truding ; les 2* et 3'' entre Œttingen et Nordlingen ; le parc
de réserve sera établi à Nordlingen *.
M^. le Maréchal a donné directement ordre aux généraux
de division de se pourvoir de 4 jours de vivres lors de la
levée de leurs cantonnements ; il est prescrit en même temps
de vous donner celui de réunir de quoi charger sur les cais-
sons pour 4 à 5 jours de pain, et de faire suivre de la viande
sur pied pour autant.
L'intention de M. le Maréchal est que les troupes placées
ainsi en cantonnements serrés reçoivent des distributions
régulières et n'exigent rien des habitants.
1. 8« corps. — i'« division, est partie le 86 de ses cantonnements autour
de Nordlingen pour se porter sur Œlliugen , où elle cantonne dans les envi-
rons; le 27, elle se porte en avant de la Veniitz, sur la route de Nuremberg*
par GuQzenhausen et cantoune dans les environs de Onosheim.
8* division, quitte le 26 ses cantonnements de Hall et s'établit en avant
d*Ëllwangen sur la droite de la route de traverse qui conduit d'Ellwangcn à
Nordlingen; — le 27, elle cantonne entre Nordlingen et Œttingen.
8* division, cantonne le 26 à Ellwan^en ; le 27 à Fremdingun et Wa-
lerstein.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DB l'aRMÉE. 133
M. le Maréchal a ordonné à M. le général de division de
réunir les caissons de la compagnie Breidt, ces voitures ne
devant plus être attachées aux corps, mais seulement destinées
aux transports du pain.
Tous les malades qui sont atteints de maladies incurables,
et dont la gravité de la maladie ne laisse aucun espoir de
rejoindre leurs régiments qu'à une époque reculée seront
évacués en France, — les galeux qui ne sont point atteints
de maladies compliquées suivront leurs corps. C'est à vous,
M. l'ordonnateur, à désigner les hôpitaux sur la rive gauche
du Rhin qui sont le plus à même de recevoir cette éva-
cuation, de déterminer les échelons et de donner enfin tous
les ordres et instructions nécessaires pour un objet aussi
important.
l'empereur au major général.
Saint-Cloud, S4 sâptombro 1806.
Je vous envoie la copie des ordi'es de mouvement de l'ar-
mée que je vous ai adressés le 20 du courant au matin, et
que je suis fâché de ne pas vous avoir envoyée douze heures
après le départ de mon courrier du 20 septembre, parce qu'il
aurait pu être intercepté. Cependant je n'ai pas lieu de le
craindre. Vous aurez dû recevoir, le 24 à midi, mon premier
courrier du 20. Quand la présente vous parviendra, et sans
doute le 25, des ordres auront été donnés au maréchal Soult,
qui sera parti dès le 26 ; et, comme il lui faut trois ou quatre
jours de marche pour se rendre à Amberg, il pourrait y être
le 30, quoiqu'il ait l'ordre de n'y être que le 3. Vous rece-
vrez le présent courrier le 27, afin que vous accélériez le
mouvement du maréchal Soult. Il importe qu'il arrive vite à
Amberg, puisque l'ennemi est à Hof, extravagance dont je
Qe le croyais pas capable, pensant qu'il resterait sur la défen-
wve le long de l'Elbe. Si au lieu d'arriver le 3 à Amberg, le
DMiréchal Soult peut y arriver le 1*' octobre, ordonnez-lui d'y
être ce jour-là.
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\
f
134 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le corps du maréchal Davout se sera sans doate réuni
le 25, lorsqu'il a reçu vos ordres^ à Œttingen. Je suppose
qu'il ne lui faut que deux ou trois jours pour cela. Cependant
je ne lui ai donné Tordre d'y être que le 3 octobre. S'il peut
y être le 1" ou le 2, il n'y a point d'inconvénient. Il déta-
chera sa cavalerie sur Kronach, prendra possession de cette
place et s'occupera sur-le-champ de la mettre en bon état ^
J'imagine que le maréchal Ney partira d'Ulm le 26 septem-
bre ; je ne pense pas qu'il puisse être à Anspach avant le 2
ou le 3 octobre. Le maréchal Lefebvre n'a ordre de se porter
que le 2 ou le 3 à Konigshofen ; s'il en peut prendre posses-
sion le 1^' octobre, ce sera bien fait. Il commande définitive-
ment le 5* corps de la Grande Armée. L'ancien chef de
l'état-major, qui était à ce corps lorsque le maréchal Mortier
le commandait, continuera à y être employé en cette qua-
lité*. Le général Ménard n'est pas assez militaire pour ce
poste important '. Toutes mes divisions de cavalerie de réserve
doivent être rendues à leur destination le 3. Si ce mouvement
peut être exécuté dès le 2, je n'y vois pas d'inconvénient.
Je donne ordre au duc de Clèves d'être à Bamberg le 1" oc-
tobre. Je vous prie d'ordonner à tous les officiers de son état-
major d'y être rendus ce jour-là, et aux généraux comman-
dant les divisions de cavalerie d'y envoyer leurs états de
situation et d'y prendre ses ordres. Je serai le 28 àMayence;
c'est vous dire que je puis être le 1" octobre à l'avant-garde,
si les circonstances l'exigent. Le but de la présente est de
vous faire connaître que je désire que vous accélériez les
mouvements que j'ai ordonnés, sans fatiguer les troupes et
sans donner trop d'inquiétude aux Prussiens.
1. Voir le rapport du maréchal Davout du 1«' octobre.
S. Le général Godinot, qui suivit le maréchal Mortier au 8« corps.
S. Ces quelques mots ot le jugement porté sur le général Victor, dans la
dép6ctaedu 7 octobre au maréchal Lannes, montrent quelles qualités de vigueur
TEmpereur voulait trouver chez le chef d*état-major d*un corps d*armée.
Le maréchal Soult avait d'ailleurs déjà refusé le général Ménard, quo le
nuijor général lui avait proposé comme chef d'état-major.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 135
L EMPEREUR AU GBAND-DUC DE BEBG.
Seinl-Gloud, S4 septembre 1806.
J'ai envoyé Tordre à toutes les divisions de cavalerie d'ac-
tiver leur marche^ et si, au lieu d'être rendues sur leur posi-
tion de Eronach à Wttrzburg le 3 octobre, elles s'y trou-
vent dès le 1*' ou le 2 sans trop se fatiguer, je le verrai avec
plaisir. Il est nécessaire que le général de division Belliard
et votre état-major se trouvent à Bamberg le V octobre au
soir, ou le 2 à midi au plus tard. Envoyez vos chevaux en
grande marche à Bamberg. Vous m'attendrez à Mayence
pour en partir une heure après mon arrivée, afin que vous
Boyez à Bamberg le 1"" octobre à midi.
l'empereur AU GÉNÉRAL DEJEAN.
Saint-Cloud, 24 septembre 1806.
Comme il est à craindre que le maréchal Kcllermann ne
rassemble 20 ou 30,000 hommes dans les 5* et 26*^ divisions
militaires, ce qui mettrait en combustion les départements de
ces divisions, faites-lui bien connaître que mon intention est
qu'il lève seulement un corps de chasseurs de 2,000 hommes
dans la 5® division et un dans la 26* division, de la même
force. Faites-lui comprendre que dans aucun cas, même le
plofl urgent, il ne poun*a solder que 6,000 hommes ; mais
que, dans ce moment-ci, 4,000 suflSsent*. Il vaut mieux
quHls soient en petit nombre, mais choisis, et que cela ne
gêne point les départements.
1. I«B MAEéORAL KBLLVEMANV A17 UA.JOB oAlfiBAL.
Mayence, 18 octobre 1806.
J ai Hionneur de prévenir V. A. que j*ai organisé les compagnies do ^-
nuliers et de chasseurs des gardes nationales des 5« et se* divisions mili-
lures ainsi qu'il suit. Chacune de ces divisions formera une légion composée
de s cohortes, Tune de grenadiers et Pautre de chasseurs ; chaque cohorte
sera de ii compagnies. Ainsi, en supposant que toutes les compagnies fus-
Knl toujours au complet, ce serait une force de 4,400 hommes.
U légion de la 5* division militaire est commandée par le général de dlvl-
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136 CAMPAaNE DE PRUSSE.
l'empereur au général dejean.
SainUGloud, S4 septembre 1806.
Laissez exécuter les ordres du prince de Neufchâtel *, hor-
mis pour les 1", 3% 5% 9% 15* et 10* régiments de dragons,
qui sont à Paris. Ces 6 régiments n'enverront chacun qu'un
détachement de 30 hommes à pied, le reste étant nécessaire
pour servir les chevaux et former la réserve de l'intérieur.
Je vous engage à vous occuper beaucoup de cette réserve.
Je laisse TEmpire dégarni de troupes. Je laisse les escadrons
des 7 régiments de dragons qui forment plus de 2,400
sion Schaal, agréé par S. M. ; la cohorte de grenadiers a pour chef Tatljudant
commandant Klingler, aussi agréé par S. M. ; la cohorte ^e cliasseurs sera
commandée par le chef de bataillon Mathieu, dont TEmpereur a également
approuvé le choix.
La légion de la 86* division militaire est commandée par le général Jordy,
approuvé par S. M. ; la cohorte de grenadiers par M. Liebler, de Mayence,
ancien officier de hussards , et la cohorte de chasseurs par M. Bnihm, chef de
cohorte dans le département de Rhin-et-Moselle.
J*espére que V. A. approuvera cette organisation.
Les généraux Schaal et Jordy, Tadjudant commandant Klingler et le chef
de bataillon Mathieu ont servi au siège et à la défense de Mayence. Le gé-
néral Jordy, particulièrement, a défendu Cassel avec la plus grande distinction.
Les grenadiers et chasseurs de la 5" division militaire seront chargés de la
garde do Mayence; ce qui ne pourra être logé dans la ville, sera cantonné
dans les villages les plus à proximité des ouvrages extérieurs de la place
pour pouvoir s'y porter rapidement au besoin.
Les grenadiers et chasseurs de la se» division militaire seront cliargés de
Cassel et des lies du Rhin. Ceux qui ne pourront être logés dans la place
seront cantonnés dans les villages environnants et correspondants aux ou-
vrages extérieurs, pour pouvoir également s'y porter rapidement.
1. liS ICA JOB aAsilULL A. L*SMPSBB17X.
Munich, 17 septembre 1806.
J*envoie à V. M. un état de situation des troupes i cheval de la Grande
Armée ; elle y verra qu^après le départ des 4** escadrons, il reste S6,400
hommes et 88,800 chevaux, ce qui fait un excédant de 1,800 chevaux. Vous
venez d'ordonner qu'on envoie du dépôt dos régiments de troupes à cheval à
la Grande Armée tous les hommes montés, ce qui ne donne* point d*bommes
à pied pour les chevaux excédants , ni pour remplacer les hommes malades
ou blessés. En conséquence, je viens de donner ordre à tous les dépôts de
diriger sur la Grande Armée 4,340 hommes à pied, dans la proportion poui*
chaque Corps, ainsi que vous le verrez dans la 8« colonne du tableau de si-
tuation des troupes à cheval.
Vous m'avez prescrit de donner à chaque régiment 10,000 fr. pour acheter
une vingtaine de chevaux ; mais dans ce moment, comme il y a déjà un
excédant, il suffira d'attendre l'arrivée des hommes à pied.
Le major général prévenait en môme temps le ministre Dejean qu'il avait
expédié les ordres pour les hommes à pied , en recommandant aux généraux
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE.
137
hommes, et qui, s'ils sont montés une fois, seront une. res-
source réelle pour comprimer tous les mouvements et aider à
la défense des côtes.
LE MAJOB GÉNÉRAL A L'EHPEBEUR.
Munich, 24 septembre 1806.
Sire, en conséquence de vos lettres du 17^ j'ai expédié les
ordres relatifs à la remonte des régiments de troupes à che-
d'approcher, autant qu*il serait possible, du nombre d'hommes demandés
dans le cas où les dépôts ne pourraient les fournir en totalité.
DRACHSlIKaTt D^HOMM» A. PIKD DIICÂSdAS A.DZ DÉPÔTS DM CORPS KT DVSTUràs
A POBTSX LBS BSCADROSS D* OUKXSB ▲ 80 HOICMBS XVTXROB AU DBLA DU
■OMBBa DB CHBTADX POUB BBMPLAOBB AU BBaOIjr LBS HOMICBS QUI SBBAIBKT
OTOTÉS AUX HÔPITAUX.
5* division militaire.
8* de hussards
11" de chasseurs •
16* —
9« de hussards
io« —
is* de chasseurs
si« —
T —
10* de cuirassiers
il« —
8* de dragons .......
12« —
!«• — '.'.!....
ïi« -_ ..!.,! .
«5« —
*7* — • "...
i'* diviêion militaire.
i*' do dragons .
15» —
S* division militaire,
^ de cuirassiers
** division militaire.
*• de cuirassiers
16* division militaire,
U* de dragons
185
70
70
100
90
110
146
86
85
100
75
80
60
100
40
40
70
60
65
120
70
76
95
100
80
70
85
45
S5« division militaire.
5« de hussards.
8« —
5® de chasseurs
' 7» de hussards.
12* de chasseurs.
««• —
8* de hussards. .
10» de chasseurs
1^ de hussards .
8« de dragons .
14« —
80« —
26» —
6« —
1S« —
22« —
24* division militaire.
4* de hussards. .
1^^ de chasseurs.
2* —
4* division militaire.
!•' de carabiniers
2» —
1*' de cuirassiers
26* division militaire.
0* de cuirassiers.
12« —
15* division militaire.
10* de dragons
56
55
65
75
100
85
90
100
95
90
100
85
85
80
90
70
50
50
100
85
95
100
90
90
100
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138 CAMPAGNE DE PRUSSE.
val de la Grande Armée, et je les ai autorisés à employer
10,000 fî*. sur les 20,000 qu'ils avaient sur la masse de four-
rage*.
Par le tableau ci-joint V. M. verra que chaque régiment
a son caisson d'ambulance, que chaque division d'infanterie
et de cavalerie a également son caisson d'ambulance comme
réserve et que chaque corps d'armée a également encore en
réserve 2 autres caissons d'ambulance.
Chaque régiment a 2 caissons par bataillon pour son pain,
et chaque escadron 1.
93 caissons sont en réserve pour les magasins centraux.
Pour l'administration générale du service de santé et pour
le magasin général, il y a 25 caissons. Tel est l'emploi des
473 caissons existants dans l'armée *. Il faut au moins doubler
le nombre de ceux destinés aux ambulances des divisions et
des corps d'armée ; enfin, pour bien organiser tous les ser-
vices, M. l'intendant général demande 443 caissons de plus
et, comme je vous l'ai mandé. Sire, il y en a à Paris 41, à
Bruxelles 44 et à Sampigny 200. Il ne faut que des chevaux
pour les atteler.
(Suit le compte rendu de l'expédition des ordres concer-
1. liB MAJOB OKMKRAI. AU aifciréBA.L BBKBS , C0M1CA.1IDAKT LA
8« DIVISION DB DBAOOKS.
Munich, 23 septembre 1806.
Je vous envoie roxpédition d'un décret que S. M. a pris le 17 septembre
pour la remonte de la cavalerie. Comme tous les régiments ont reçu ao,000 fr.
pour leurs fourrages à leur rentrée en France, S. M. ordonne que chaque
régiment prenne 10,0)0 fr. sur ce fonds pour acheter sur-Ie-cliamp et sur les
lieux 20 à 85 chevaux et ils remplaceront cette somme de 10,000 fr. à la
caisse dos fourrages lorsque Tordonnance du ministre Dojean sera arrivée et
que cette somme de 10,000 fr. leur sera rentrée.
Veillez à ce que les 6 régiments do dragons qui sont sous vos ordres,
emploient sur-le-champ et sur les lieux cette somme de 10,000 fr. qu'ils oui
dans leur caisse. Vous sentez , général , qu'il n'y. a pas un instant à perdre
pour procéder à l'achat ci-dessus.
Assurez- vous que tous ces régiments ont leurs forges de campagne et
leurs fers.
2. Les brigades de la compagnie Breidt qui se trouvaient à l'armée portaient
les U0« ], 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, », 10, 11, 13, U, 16, 17, 29, 21, 22, 23, 24, 25,
soit 21 brigades qui, à 24 caissons, auraient dû donner un total de 504 toi-
tures. En admettant môme que le 2* corps d*armée eût gardé 24 caissons,
on devait encore arriver au chiffre de 480. Les brigades n'étaient donc \^
au complet.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 139
nant les gamelles, bidons, marmites, les capotes, les appro-
Tidonnements de farines à Bamberg et à Wtirzburg, le gé-
néral Andréossy commandant le génie resté en mission à
Viemie, les outils d'ouvriers, les aides de camp des généraux.)
J*ai reçu. Sire, vos ordres du 19 et la note pour la défense
de rinn. Au moment où les ordres venaient d'être expédiés,
je reçois un autre courrier qui m'apporte vos dépêches du 19
et du 20 ainsi que le mouvement général de la Grande
Année. - •
Comme j'ai 3 courriers de V. M. auprès de moi, je ne
veux pas retarder le départ du premier; j'expédierai le
second ce soir.
V. M. connaît mon zèle à exécuter ses ordres.
J'ai fait mettre dans les journaux allemands la note sur
l'armée du Nord, commandée par le roi de Hollande.
J'ai l'honneur de présenter à V. M. l'hommage de mon pro-
fond respect.
Le Major général, prince de Neufchâtel,
M** Alex. Berthier.
BépariUion des équipages de la Grande Armée d'après les ordres
de 8. M.
|Ar.
f «n
Ararmée 47Sc«i8MnB^
Cei 4<ittip«gefl se eompoaent. { Attendus de Strasbourg pour les
ambulances légères' 36 —
50» —
1. OoDt S02 à 8 rouos, tous construits en Tan VII et années antérieures,
et qui, aux termes du règlement du 14 frimaire an XII, auraient dû être ré-
formés ou réparés à neuf au compte du Gouvernement. Les caissons à 4 roues
des € premières brigades, soit 144. se trouvaient également dans le cas de la
rûforme par les mômes raisons. On conserva de môme encore beaucoup de
ï»anuis qui auraient dd être réformés ou réparés au compte de TÉtat. C'est
priaclpalement à l'impossibilité d'effectuer ces remplacements qu'on doit
attribuer les pertes faites en voitures et bamais pendant la campagne de
Pniâse. (Rapport de M. Daru du 6 février 1808.)
y La brigade d'ambulance légère fut composée d'une partie des chevaux do
'» !»• brigade, qui fut disloquée, et d'une partie des chevaux de la IG» fari-
ne et du dépôt. On y attacha 86 caissons neufs à a roues, construits à Stras-
bourg. Cette brigade se mit en marche de Strasbourg pour l'armée les 9 et
JT octobre. La précipitation avec laquelle ces caissons furent construits a pro-
wblemoQi beaucoup nui à leur solidité, car beaucoup se trouvaient déjà en
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140 CAMPAGNE DE PRUSSE.
rOUR LK8 YITBIBS. — PAIN. Nfil lU ftlIVUlCB.
^^ ^^ à raiton de :
, . ^ * P?'/*^î"~' TOTAL
A raiton de : d infanlene %
2 par hataillon Supplémont 1 P»' dÎTkion f*"*^
d inftnlerie , «rdonn* d'infanlerie, p*r
I p«r rè(àm«nt TOTAL. I par divlcioa de ^_g
de cavalerie, P*' cavalerie,
Ipoorrarlillerie S. M. 1 pour rariiUarie, «■"■•*•
légère. 2 poar la réaerve
(éDérale.
1er corps 28 7 S5 8 43
3«corp8 5G 15 71 10 81
4« corps 68 15 77 lO 87
5« corps 44 U 55 8 63
6*-' corps (y compris la di-
vision Dupont) .... 50 18 63 10 73
7e corps 33 9 42 8 50
Résenre générale de ca-
valerie 34 5 39 8 47
Qraud parc d'artillerie,
considéré comme un ré-
giment ........ » 8 8 1 S
307 77» 384 63 447
. c A la suite du grand quai-tler général 86 I
Non répartis, j caissons d'ambulance légère non arrivés 36 ) ®^
509
Nota. — Sur les 36 caissons d'ambulance légère, 87 étaut destinés pour les corps', il
n'en restera que 9 disponibles qui, avec les 86 ci-dossas, réduiront à 35 ceux disponibles
A la suite du grand quartier général.
très mauvais état à la fin de décembre 1806 ; et les roues surtout étaient trop
faibles pour soutenir le poids chargé dans les caissons. (Rapport de M. Dam
du 6 février 1808.)
1. L*ordre du Jour de l'armée dos eûtes do l'Océan, du 14 fructidor an XIII,
proscrivit d'attaclier à chaque régiment d'infanlerie entrant en campagne,
un fourgon d'ambulance do premier secours, attelé de 4 chevaux, destiné
à transporter au moins 6 blessés et pourvu d'une caisse d'instruments de chi-
rurgie au complot, d*une caisse de médicaments, de lOO livres de charpie,
de 800 livres de linge à pansement, de 8 matelas et de 6 brancards sanglés.
Le même ordre du jour accordait à chaque régiment une somme de 3,000 fr.
pour se pourvoir de ces objets, plus 50 fr. par mois pour frais d'entretien
du caisson et des harnais, le ferrage des chevaux et la solde des 8 charretiers.
a. Ces chiffres furent réduits à 64. Lettre du major général à rintendant
général, 88 septembre.
s. A raison de i par division d'infanterie et de 8 par corps d'armée commo
réserve.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 141
LE HAJOR GÉNÉRAL A L'EMPEREUR.
Munich, 24 soplembre 1806.
Je viens de faire partir tous les ordres de mouyements,
mais telle célérité que j'aie pu porter à les expédier, le temps
se trouvera très court pour être rendu aux époques que V. M.
a déterminées. Les corps d'armée seront placés ainsi que
V. H l'a ordonné. Quant aux 6 divisions de la réserve de
cavalerie, la division Klein sera à Aschaffémburg, la division
Beker à Mergentheim , la division Sahuc à Schweimfurt , la
division Beaumont à Nuremberg et Forchheim, la division
Nansottty à Kintzingen près Wttrzburg, la division d'Haut-
poul à Windsheim. V. M. verra qu'entre Wttrzburg, Bam-
berg et KOnigsoffen il y aura un grand encombrement de trou-
pes; j'ai prescrit toutes les mesures possibles pour assurer les
subsistances, mais je ne suis pas sans quelques inquiétudes
sur cet objet. M. de Montgelas a donné tous les ordres qui
dépendaient de lui et M. Villemanzy a envoyé des agents
intelligents et actifs. On s'occupe de rassembler des farines
à Bamberg et à Wttrzburg et d'y faire des biscuits, mais à
peine est-on sur les lieux pour procéder à ces dispositions \
J'ai l'honneur d'observer à V. M. que son ordre portant
Mimvements et dispositions générales de la Grande Armée
ne parle point de la division Dupont ; en conséquence je ne
lui ai point donné d'ordre, présumant que vous aviez l'in-
tention de la laisser encore quelques moments et jusqu'à
nouvel ordre à Cologne.
1. Le m^or génuraJ avait lieu d'dtro inquiet parce que sa prévoyance de
chef d*état-niigor était en défaut. li n*avait pas su lire la dupôche de l'Empe-
reur du 5. El môme les ordres du 17 concernant les subsistances, parvenus
l(i ti, ne furent expédiés que le ta, quelques-uns le S8 (marmites, capotes).
^ agents des vivres partirent seulement le 23 (M. Raibell pour 'Wûrzburg)
et ne purent pas commencer leurs opérations avant le S5.
Cette lettre montro combien le mi^or général avait compris la gravité de
^n omission et combien il cherchait à y remédier.
Llnleodant général d'une armée et ses agents doivent Otre des hommes
utifii. L*aetiTiié est d'ailleurs une qualité essentielle à la guerre.
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142 CAMPAGNE DE PRUSSE.
V. M. ne me. parlant point du prince Joachim, je ne lui ai
point donné Tordre de se rendre à Tarmée ; si je n'ai point
en cela rempli les intentions de V.%M., je la prie de faire
passer ses ordres directement à Dtlsseldorf et Cologne.
Je vous envoie un rapport plus détaillé du capitaine dn
génie Beaulieu qui a été à Berlin. J'ai aussi l'honneur de tous
adresser une lettre du maréchal Bernadette ^ et un rapport
qui viennent de m'arriver après le départ des ordres qui le
concernent.
Quant à moi, je compte partir le 26 ou le 27 pour me
rendre à Wllrzburg. J'aurai l'honneur d'écrire demain plus
en détail à V. M. par le retour de son troisième courrier.
Ainsi que V. M. le demande, je lui envoie l'itinéraire des
différents corps d'armée ; mais il y aura nécessairement quel-
ques changements qu'y porteront MM. les maréchaux par la
latitude que j'ai dû leur donner; il y a des marches très
courtes ; ils pourront doubler suivant les circonstances.
V. M. trouvera des chevaux à Bamberg.
LE MAJOB GENERAL A L EMPEBEUB.
Munich, 24 septembre 1806.
L'officier d'état-major, M. Beaulieu, que j'avais envoyé à
Berlin, en a rapporté la lettre ci -jointe de M. de Laforest.
Je vous envoie deux rapports que m'a faits cet officier,
numérotés 1 et 2. Il est extrêmement difficile d'avoir des rap-
ports sur l'armée prussienne. On exerce en Prusse la plus
grande surveillance. M. Beaulieu n'a pas pu passer par
Magdeburg. On lui a dit que ce n'était pas sa route et on la
lui a laissé continuer par Wittenberg et Leipzig. J'avais dit
à M. Beaulieu de demander à M. de Laforest un passe-port
pour se rendre à Cassel ; mais ce ministre n'a pas cru devoir
le lui délivrer.
On a pendu un espion à Magdeburg. On éloigne tous les
1. Lettre du maréchal Bomadotte du S3.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l' ARMÉE. 143
Toyageurs des points où se réunit l'armée. Je ne pense pas
qae les officiers que j'ai envoyés en Saxe puissent parvenir
à faire les reconnaissances que je leur ai ordonné de faire ;
ils ont des espions à leur suite.
V. M. sera étonnée d'apprendre qu'il m'a été impossible
de savoir ici combien il fallait de temps pour remonter de
Mayence à Wûrzburg par eau ; mais par approximation on
pense qu'il faut 7 à 8 jours.
RAPPORT DE H. LE CAPITAINE DU GENIE BEAULIEU
VENANT DE BERLIN.
N* 1. — Le corps d'armée commandé par le général prus-
sien Tauenzien s'est retiré des défilés de Baireuth et Bôr-
neck sur Mtinchberg et Hof ; on estime sa force de 2,000
hommes ; l'armée saxonne doit se joindre à lui.
De Hof à Qefell, Géra, Leipzig, Wittenberg jusqu'à Ber-
lin, je n'ai point rencontré de troupes.
n 7 a des troupes aux environs de Magdeburg dont on
relève en ce moment-ci les fortifications ; on exagère peut-
être la force de cette place. Elle a une citadelle qui est
entourée de l'Elbe et une tête de pont sur la rive droite de
ce fleuve.
Je n'ai pas vu qu'on travaillât à construire des ouvrages
nouveaux autour de la place. Je n'ai plus aperçu les fau-
bourgs qui étaient à droite et à gauche de la tête du pont.
Les troupes prussiennes sont en pleine marche pour se
porter sur Minden, Gôttingen, Cassel et Erfurt.
Le pays de Brandeburg, la Silésie et la Prusse proprement
dite, sera sous peu sans troupes. On a cependant assuré
qu'on avait laissé lès régiments qui étaient sur les frontières
de Russie, quoique j'aie vu passer par Berlin l'artillerie légère
qui était à Kônigsberg.
C'est l'armée prussienne qui a le plus porté S. M. le roi de
Prusse à entrer en campagne : elle brûle de se battre. Je
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144 GAMPAONB DE PRUSSE.
parle du corps d'officiers ; car les soldats qui ne sont pas
habillés pour faire une campagne d'hiver et dont la majeure
partie est mariée, se plaignent déjà de tout, des marches
qu'on leur fait faire.
N° 2. — C'est la position de notre armée par rapport aux
frontières des pays prussiens dont les ennemis se sont servis
pour inspirer de la méfiance à S. M. le roi de Prusse. Tous
les seigneurs qui ont perdu par la dernière Confédération
du Rhin leurs droits, ceux qui craignent de les perdre
si la confédération du Nord avait lieu, tous ces seigneurs
qui composent en majeure partie l'armée prussienne, ont
le plus contribué à entraîner l'armée en campagne. Le roi
de Prusse n'était pas le maître à s'y opposer : l'armée veut
la guerre et S. M. le roi de Prusse, qui a cédé le premier
pas à son armée, n'a au moins en vue que la sûreté de ses
États.
Cependant nos ennemis n'ont pas resté dans l'inaction.
Ils rapportent avec avidité tous les propos des Français, toutes
les paroles de nos généraux contre la Prusse, pour enveni-
mer la confiance que S. M. le roi de Prusse avait dans l'amitié
de l'Empereur des Français. Notre ambassadeur à Berlin
n'est plus écouté. L'Empereur des Français avait proposé au
roi de Prusse de retirer ses troupes du côté de WestphaUe
aux conditions qu'il augmenterait l'armée en Bavière.
Cette proposition n'a pas manqué de susciter une plus
grande méfiance que jamais envers la France.
A l'entrevue que le nouvel ambassadeur de Prusse a eue à
Paris, l'Empereur des Français a fait témoigner au roi de
Prusse de la manière la plus sincère et la plus vraie qu'il
n'avait aucune vue d'hostilité contre la Prusse ; qu'il n'avait
rien contre un armement qu'on lui avait assuré être pour la
sûreté du pays. Cette démarche n'a fait que peu d'effets.
Les ennemis n'ont pas manqué de dire que cette proposr-
tion n'était qu'illusoire, puisque journellement l'armée fran-
çaise recevait de prodigieux renforts qui arrivent de tout
côté de la France : contre qui, se demande-t-on, peut-elle
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ORDRES POUR LA. RÉUNION DE L^ARMÉE. 145
être dirigée que contre la Prusse dont elle a déjà investi
presque toutes les frontières.
L'Angleterre fomente ici Tesprit de la cour qui est pour la
guerre. L'Autriche attend la résolution du roi de Prusse
pour se décider. L'Empereur de Russie menace d'abandon-
ner à jamais les puissances de l'Europe si dans ce moment
elles n'agissaient pas contre la France.
Cependant le roi de Prusse n'a jusqu'à présent accédé à
aucune des propositions d'une cour étrangère : elle attend
avec impatience le courrier du général Knobelsdorf, son
ambassadeur à Paris, pour se décider.
Il faut néanmoins observer que l'armée prussienne, qui
croit avoir mérité la honte des armées étrangères par sa non-
activité dans la dernière coalition, ne voudrait pas cette
fois-ci retourner en leurs garnisons, si de notre côté nous ne
faisions quelque chose pour qu'elle puisse se retirer avec
honneur d'un pas dans lequel son effervescence l'a jetée.
Cette prétention, aussi illusoire qu'elle l'est, ne sera pas
moins de quelque poids de leur côté pour traiter. Nos enne-
mis sont allés si loin jusqu'à observer à S. M. le roi de
Prusse que l'Empereur des Français ne le traitait qu'avec
hauteur, qu'avec le titre Mon CoiLsin, tandis que les autres
puissances prodiguent les paroles d'amitié la plus soumise.
LE MAJOR GëNERAL AU GÉNÉRAL BELLIARD, A WURZBURG.
Munich, 24 septembre 1806.
M. Raibell, agent général des vivres, se rend à WUrzburg,
Général. Quoique nous soyons fort éloignés de croire à la
guerre avec la Prusse, il est prudent de prendre ses précau-
tions et de faire faire du biscuit tant dans cette place qu'à
Bamberg. Protégez ses opérations, et recommandez-le à
M. Hirsinger, ministre de l'Empereur à WUrzburg.
Continuez à avoir beaucoup d'égards et de ménagements
pour l'Électeur. Parlez paix \ mais organisez un espionnage
pour savoir quels sont les rassemblements prussiens sur
CAMP. OK PBUMB* 10
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146 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Erfurt, GOttingen et Magdeburg. Je charge M. Raibell de
de vous remettre 3,000 fr. que vous emploierez exclusive-
ment pour Fespionnage. J'ai donné ordre qu'on payât aux
chefs d'état-major deux mois de frais de bureau, ce qui vous
mettra à votre aise *. Vous recevrez incessamment d'autres
nouvelles de moi.
M. DURAND AU MAJOR GENERAL.
Dresde, 84 septembre 1806.
N'ayant reçu aucun ordre qui ait modifié ceux qui me sont
parvenus en date du 12 de ce mois, je pars décidément
aujourd'hui et je me rends directement à Paris. J'ignore abso-
lument si M. de Laforest a dû quitter Berlin. Beaucoup de
personnes croient qu'une partie des lettres est interceptée
entre cette ville et Dresde.
M. le lieutenant-colonel Guilleminot que j'ai vu hier,
aura déjà porté à V. A. des renseignements qui auront
fait suite à ceux que j'avais eu l'honneur de lui trans-
1. LB oésrÉBAL DAULTAHKB A M. VtLLBMAXSr, XXTBVDAMT aiw^RAL
DB iJàJtUiK,
OEttingen, 15 septembre 1806.
Par ma lettre du 82 août, j*ai eu l'honneur do vous faire connaître la Irisle
situation de mes finances et le besoin urgent que j'avais de voir acquitter au
moins une partie de mes frais de bureau. Votre réponse du 85 , toute rassu-
rante qu'elle soit, ne m'a pas empoché de me trouver dans la nécessite' de
vendre deux de mes chevaux pour faire face aux dépenses les plus pressantes
et rombari-as ira toujours croissant si l'on ne vient prompteroent à mon
secours.
J*ai l'honneur de vous prier de vouloir bien faire de nouvelles démarches
en ma faveur et m'envoyer lu plus promptement possible une ordonnance
de paiement.
M. le maréchal Davout, qui connaît ma position, a bien voulu en écrire
directement à S. A. le prince ministre.
La solde n'était assignée que jusqu'au i«r mal 1806 ; il était donc dû 4 mois
et demi de solde aux troupes, bientôt 5 mois, («e traitement des employés des
services administratifs n'était môme pas acquitté jusqu'au l^^ mai.
Les deux mois de frais de bureau n'étaient pas encore payés le 4 octobre
au 4* corps ; aussi le maréchal Soult donnait-il l'ordre au payeur de son corps
d'armée a de mettre la somme de 8,000 fr. à la disposition du général Com-
« pans, son chef d'état-major, laquelle sera réintégrée lorsque le ministre fera
« payer les frais de buroHU arriérés do Tétat-major général >.
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ORDRES FOUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 147
mettre par ma lettre du 14 de ce mois dont M. Simonin s'est
chargé.
La marche des troupes prussiennes faisant le corps d'ar-
mée du prince de Hohenlohe a été moins rapide qu'on ne
rayait cru d'abord, puisque la majeure partie en est restée
jusqu'à ce jour cantonnée dans les environs de Dresde, et
que ce n'est qu'aujourd'hui que le prince de Hohenlohe porte
son quartier général à Freyberg.
Ce délai peut avoir eu plusieurs motifs importants et si,
comme il paraît certain, les Busses sont attendus, il se peut
que les Prussiens ne s'éloignent pas trop de la rive gauche de
TËlbe pour donner à ces auxiliaires le temps d'arriver. De
plus le prince de Hohenlohe a employé son séjour à Dresde à
rendre plus prompte et. plus complète la mobilisation des
troupes saxonnes qui, malgré la. volonté positive qu'avait
annoncée l'Électeur de les tenir unies pour agir en corps
séparé et n'être employées qu'à la protection de la Saxe, se
trouvent aujourd'hui à l'entière disposition du général prus-
sien, et seront d'un moment à l'autre disséminées suivant son
désir et l'intérêt de sa cour.
M. de Moustier, secrétaire de la légation française en Saxe,
que j'ai l'honneur d'adresser à V. A. S., lui donnera de vive
voix tous les renseignements qu'elle pourra désirer et il sera
empressé de se conformer à ses ordres.
LE HABÉCHAL SOULT AU MAJOB GËNEBAL.
Landshut, Si septembre 1S06.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. des divers rensei-
gnements que j'ai reçus.
M. le général Beaumont m'écrit que les Prussiens se
sont retirés de Baireuth et qu'ils se sont réunis au nombre
de 9,000 à 10,000 hommes à Hof, où ils campent.
Une armée prussienne que les uns disent de 30,000,
que d'autres portent à 40,000 hommes est entrée en Saxe et
n^rche très lentement et reçoit tous les jours des ordres
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148 CAMPAGNE DE PRUSSE.
directs du roi. Sa direction n'est pas encore très prononcée,
mais on observe qu'elle semble ne pas vouloir s'éloigner de
l'Elbe...
(Tous les autres renseignements donnés par le maréchal
Soult concernent les mouvements des troupes autrichiennes.)
LE MABÉCHAL BERNADOTTE AU MAJOB GÉNÉRAL.
Anspach, S4 septembre 1806.
J'ai l'honneur de vous envoyer l'extrait des rapports qui
me sont parvenus ; ils ne contiennent rien de bien intéres-
sant, si ce n'est le départ de Berlin du roi de Prusse pour se
rendre à Halle; je saurai très incessamment si cette nouvelle
mérite quelque confiance. Tous les avis que je reçois par
mes agents, m'annoncent qu'on trace beaucoup de camps et
que partout on fait de grandes démonstrations et de grands
préparatifs ; nous sommes en mesure pour prévenir toute
surprise.
J'ai beaucoup de monde en campagne ; j'espère connaître
tous les mouvements des Prussiens ; je vous en informerai
régulièrement.
L'agent que j'ai envoyé en Pologne, vient de me mander
qu'un corps russe se dirigeait sur Francfort-sur-l'Oder. Les
fonds que vous m'avez fait passer sont épuisés ; cet agent seul
en a reçu près des deux tiers ; s'il vous est possible de m'en
envoyer de nouveaux, vous me ferez plaisir ; dans le cas
contraire, je ferai les avances.
LE MABÉCHAL LEFEBVBE AU MAJOR GÉNÉRAL.
DinkeUmûhl, 84 septembre 1806.
J'ai l'honneur de vous transmettre l'analyse des rapports
qui me parviennent à l'instant.
Les préparatifs de guerre continuent en Saxe avec beau-
coup d'activité : tous les semestriers rejoignent ; il est même
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ORDRES POUR LA RÉUNION DB l'aRMÊE. 149
question d'organiser dans cet Électorat et la Hesse une levée
en masse des jeunes gens de 18 à 28 ans.
Le régiment qui est parti d'Erfurt pour Coburg est celui
des chasseurs de Nerembauer, composé de 4 bataillons. Ce
régiment vient de Magdeburg et se trouve avec les hussards
qui sont dans cette principauté sous les ordres du colonel de
Rizi. Ces hussards ne sont point du même régiment que
ceux qui se trouvent à Meinungen. On porte à 10,000 hommes
le nombre de troupes qui doivent se rassembler dans la prin-
cipauté de Coburg.
Lorsque les troupes prussiennes quittent Magdeburg pour
se porter sur la frontière, on distribue 30 cartouches à cha-
que homme.
LE HABÉCHAL LEFEBVBE AU MAJOB GÉNÉRAL.
Dinkelsmûhl» 84 septembre 1806.
J'ai l'honneur de vous prévenir que, d'après de nouvelles
dispositions concertées avec S. A. le maréchal prince de
Ponte-Corvo; j'ai établi une brigade de cavalerie à Hammel-
burg pour couvrir Wtirzburg et protéger le flanc gauche et
les derrières du général Gazan. La seconde brigade aux
ordres du général Treillard a été portée à Mtinnerstadt pour
couvrir Schweinfurt et éclairer les routes de Meinungen,
Kôuigahofen et Hildburghausen.
Je vais provisoirement établir mon quartier général à
Mergentheim au lieu de Schweinfurt. Je m'y trouverai à peu
près au centre de mes troupes et à même de recevoir plus
promptement vos ordres que je vous prie de m'y adresser. Je
serai à proximité de Schweinfurt où je pourrai accourir de
suite en cas de besoin, et, dans le fait, la position occupée
par le général Gazan et qui devient fort importante, le met
^û peu en l'air.
V. A. trouvera ci-joint copie d'un rapport qui m'a été fait
Mer,
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150 GAMPAGNB DE PRUSSB.
LE GÉNÉRAL SON0IS AU BIAJOR GÉNÉRAL.
Augsburg, 24 septembre 1806.
V. A. par sa lettre en date d'hier me prescrit de tenir le
parc prêt à marcher au premier ordre * et elle me demande
oii il en est sous ce rapport.
Toutes les voitures et munitions sont en état de partir sur-
le-champ, mais il s'en faut de beaucoup que les chevaux
existants sufBsent pour ce transport. J'ai eu l'honneur de
vous observer, par ma lettre du 2 septembre, que je
prévoyais qu*en se servant même des moyens du pays, il fau-
drait au moins 10 jours après l'ordre reçu avant que la tota-
lité ne puisse être partie. Il existe près de 1,100 voitures. H
faudrait pour les conduire plus de 4,600 chevaux, une partie
devant être attelée à 6. Il n'y en a que 1,600 de disponibles;
ainsi il en manque 3,000 ; mais il existe plus de soldats du
train ou de charretiers de réquisition qu'il n'en faudrait à rai-
son d'un pour 2 chevaux et le nombre en augmentera encore
par l'arrivée prochaine des 2 compagnies du 9^ bataillon en
route de Metz d'après vos ordres. Il en résulte qu'on aurait
suffisamment d'hommes pour conduire 1,000 chevaux de
plus.
U reste encore dans la caisse du payeur général 427,202^80^
sur le montant de l'ordonnance qui avait été accordée l'année
dernière pour les remontes que l'on n'a pas complétées. Je
crois qu'il conviendrait d'employer cette somme en achats de
chevaux qui ne sont pas très chers dans ce pays. Si V. Â.
l'approuve, je la prie de me donner des ordres ainsi qu'au
payeur général.
Je crois devoir encore vous renouveler la demande de faire
venir de Douai le 11*^ bataillon du train. Il ne suffirait même
pas pour conduire le parc en entier, car indépendamment
j 1. La lettre du major général du 2S a été écrite à la réception de la dépê-
i che de l'Empereur du 19 annonçant l'envoi du Mouvement général de l'armée.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 151
des chevaux nécessaires pour celui de campagne, il en faut
aussi pour l'équipage de ponts.
Par la même lettre, V. A. me demande combien il faudrait
de temps pour faire remonter des bateaux de Mayence
à Wûrzburg. Il faut 8 jours par les bonnes eaux.
LE MAJOR GÉNÉRAL A L'EMPEREUB.
Munich, S5 septembre 1806.
Je compte partir dans la nuit du 26 au 27 pour être rendu
àWtlraburgle28.
Par les dispositions ordonnées et par les premiers comptes
qui me sont rendus, je suis plus rassuré sur les subsistances.
Le maréchal Bemadotte avait déjà ordonné la fabrication de
200,000 rations de biscuit à Bamberg.
J'ai encore un courrier de V. M. que je lui expédierai
demain dans la nuit au moment de mon départ...
Le major général passa la journée du 25 à expédier touH les ordres
contenus dans les dépêches de TEmpereur du 19 et du 20 arrivées le
24 à Munich.
Ordre à l'adjudant commandant Hastrel pour que le quar-
tier général se rende à Wtirzburg où les officiers seront
rendus le 2 octobre.
LE MARÉCHAL BERNADOTTE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Anspach, S6 septembre 1806.
J'ai l'honneur de vous adresser l'extrait des rapports qui
me sont parvenus depuis hier soir. M. Conche, officier du
génie, que j'ai envoyé à Dresde près de M. Durand, n'est
point encore de retour ; je l'attends d'un moment à l'autre ]
i son arrivée je verrai si ce qu'il me dira me confirme les
rapports que j'ai reçus jusqu'à présent; je vous en instruirai
sur-le-champ.
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152 CAMPAGNE DE PRUSSE.
La division Gazan étant un peu trop disséminée dans les
environs de Schweinfurt, j'ai cru qu'il était bon de l'ap-
puyer; j'ai, à cet efFet^ fait passer le Mayn à Ochsenfurt à
une brigade de la division Suchet, et je l'ai placée entre
Dettelbach et WUrzburg. Cette division a beaucoup de peine
à subsister dans le pays qu'elle occupe, cela la mettra un peu
plus à l'aise. Les 2 autres brigades resteront entre l'Ait-
miihl, Senchwang et Rottenburg, et se réuniront au besoin
entre Anspach et Uffenheim pour se porter soit sur Wttraburg
ou Nuremberg.
Extrait des rapports du 25 septembre.
On trace dans les environs de Hof un camp qui doit conte-
nir 60,000 à 70,000 hommes y compris les Saxons; les
troupes doivent y être rendues, assure-t-on, pour le 27. On
y attend la garde royale.
La majeure partie des troupes qui étaient à Magdeburg se
sont portées sur Halle ; toutes les troupes de Berlin se por-
tent en grande hâte à Halle et Leipzig.
Le corps venant de Hanovre sous les ordres du général
RUchel est arrivé à Eisenach, Gotha et Erfurt. Des détache-
ments se sont avancés sur Meinungen et Coburg.
Rien n'égale la présomption des officiers prussiens ; ils an-
noncent qu'ils vont incessamment entrer dans le pays de
Wtirzburg et dans celui de Bamberg.
Un avis reçu porte que les Russes qui sont attendus à
Breslau doivent faire partie du camp de Dresde. Un autre
dit au contraire que ce corps doit se porter à Prag et que
celui qui est attendu à Francfort-sur-l'Oder doit former la
réserve de l'armée rassemblée à Dresde sous les ordres du
prince Hohenlohe.
On estime de 120,000 à 130,000 hommes les troupes prus-
siennes et saxonnes qui sont rendues ou doivent se rendre
entre Halle, Leipzig et Dresde.
Le prince Hohenlohe est de l'avis, assure-t-on, de décla-
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉE. 153
rer de suite la guerre à la France et d'attaquer les troupes
françaises en Franconie.
Les régiments Holienlohe,Mtiffling, Saunitz, Cliimounsky,
ilâlicliosky, infanterie, le régiment de Dolph cuirassiers et
deux autres régiments de la même arme sont déjà arrivés
dans les environs de Dresde il y a 10 à 12 jours.
La désertion est considérable dans Tinfanterie ; chaque
régiment a déjà perdu plus de 200 hommes.
Des rapports de la Bohême annoncent que les Autrichiens
font des mouvements et que les troupes qui étaient à Ëgra se
sont retirées dans l'intérieur.
Des lettres de Budweiss, en Bohême, confirment le ras-
semblement des Autrichiens.
Un agent envoyé à Weimar rend compte que le roi de
Prusse était attendu à chaque instant à Weimar; il avait
couché la veille à Naumburg et devait se rendre de là à
£rfart. Cet agent annonce de plus que Ton dit hautement
dans Tarmée prussienne que la guerre est déclarée.
LE MARECHAL SOULT A L'ORDONNATEUR.
Freysing, S5 septembre 1806.
Je vous préviens que je donne ordre aux divisions du
corps d armée de se mettre en marche le 27 et le 28 de ce
inois pour se rendre à Amberg en passant par Batisbonne où
le corps d'armée doit se réunir. Mon quartier général sera le
29 à Ratisbonne, le 1*' octobre à Amberg. Donnez ordre à
tout ce qui tient à l'administration et qui dépend du quartier
général de s'y rendre.
Envoyez de suite aux divisions les divers employés d'ad-
ministration qui leur sont affectés.
Faites partir les caissons nécessaires pour enlever les di-
vers objets d'ambulance que nous avons à Straubing (où
®Wt aussi le parc d'artillerie du 4* corps), et ensuite vous
enverrez à chaque division d'infanterie 2 caissons d'ambu-
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154 CAMPAGNE DE PRUSSE.
lance, 1 à la cavalerie légère et le 8* qui restera sera pour le
quartier général, mais comme ce caisson sera insuffisant pour
enlever la direction d'ambulance qui est affectée au quartier
général, vous en prendrez 4 autres pour y suppléer, en atten-
dant que j'aie obtenu du ministre les 4 caissons d'augmenta-
tion qu'aujourd'hui je me propose de lui demander.
M. Villemanzy doit vous avoir écrit qu'il ne nous était
accordé que 8 caissons pour les ambulances, quantité certai-
nement insuffisante pour les besoins, mais je m'en occuperai
aujourd'hui.
Faites diriger sur Amberg, en suivant l'itinéraire de la
troupe, tous les caissons qui sont destinés au transport du
pain ; lorsqu'ils seront dans cette ville, vous les affecterez
aux régiments, conformément aux instructions que vous avez
reçues.
Donnez ordre au commissaire des guerres Crouzet de par-
tir de suite et en poste pour Amberg, à l'effet de préparer
10 jours de vivres pour le corps d'armée ; il fera à ce sujet
toutes les demandes nécessaires à la régence d 'Amberg, mais
vous le préviendrez que ces vivres doivent être prêts le 3 ou
le 4 octobre prochain sans faute.
Envoyez au parc d'artillerie du corps d'armée des objets et
effets d'ambulance (un quart de division), mais vous ne lui
fournirez pas de caisson ; le commissaire qui est au parc
pourvoira à leur transport.
L'Empereur était à Metz le 26 septembre.
11 y trouva les 14* de ligne et 28* d'infanterie légère, venant le
premier de Saint- Quentin, le second du camp de Boulogne, et donna
des ordres pour que ces deux régiments fussent transportés par relais
jusqu'à Mayence. Il leur fit gagner 7 et 8 jours.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'aRMÉB. 155
OBDBE.
Metz, le S6 septembre 1806.
Les 2 bataillons du 14' partiront demain de Metz, le
1" bataillon à 5 heures du matin, le 2' à 6 heures.
Le 2^ bataillon partira sur 100 voitures fournies à Metz
pour arriver à Saint-Avold à 11 heures et y trouvera 100 voi-
tures qui le conduiront à Sarrebrllck où 100 autres voitures
le mèneront au relais suivant qui a amené la Garde.
Le relai de Metz restera à Saint-Avold pour conduire le
2" bataillon à Sarrebrttck.
Le relai de Saint-Avold retournera de Sarrebrttck à Saint-
Avold ou il prendra la moitié du 2' bataillon du 28' qui y
sera arrivé.
Le premier relai de Metz retournera également de Sarre-
brQck à Saint-Avold pour mener la seconde partie du
28* d'infanterie légère.
On combinera ce service de manière à ce qu'il se fasse
comme celui de la Garde qui a passé, c'est-à-dire à raison de
trois étapes par jour ; le préfet de Metz fera fournir sur-le-
champ l'argent nécessaire an major pour partir pour Mayence ;
il en préviendra le ministre Dejean pour qu'il couvre par
une ordonnance.
Napoléon.
LE MAJOR GÉNÉRAL A L'EMPEREUR.
Munich, 26 septembre 1806.
Je m'empresse d'envoyer à V. M. la lettre que je reçois
de M. de Laforest qui a demandé ses passeports pour quitter
Berlin; tous les ordres et les dispositions que vous avez
ordonnées s'exécutent avec rapidité. Vos armées brûlent
du désir de combattre.
Je viens de voir le roi de Bavière avec lequel j'ai eu une
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156 GAMPAONB DE PRUSSE.
conversation fort longue sur son pays et sur son armée ; il
s'abandonne aveuglément à V. M.
Je vous envoie l'état de situation de l'armée bavaroise
dressé en conséquence des dispositions que vous m'avez
prescrites ; mais la division du général de Wrède qui com-
mence à se rassembler à Eichstadt le V octobre, n'y sera
entièrement réunie avec son artillerie que le 3 ; il m'a été
impossible d'accélérer davantage le mouvement.
J'adresse à V. M.ajesté les derniers rapports que j'ai reçus
sur les mouvements des Prussiens. Il nous arrive journelle-
ment des déserteurs. Je désire beaucoup que le général
Zajonchek puisse former sa légion'. Il est 11 heures du
soir. J'ai fini toutes mes affaires et je pars pour me rendre
directement à WUrzburg. J'emmène avec moi un de vos
courriers que je vous expédierai en route et que je ferai
passer par Francfort et Mayence.
J'ai ordonné à M. le maréchal Soult d'emmener avec lui
le plus qu'il pourrait des 400,000 rations de biscuit qui sont
à Passau. Le surplus remontera par eau jusqu'à Ratisbonne,
d'où il le conduira dans les voitures à Bamberg. Nous sommes
bien heureux du beau temps pour tous nos mouvements*
J'éprouve un grand bonheur par l'espoir de revoir bientôt
V. M. Alors j'oublierai l'ennui et les privations que j'éprou-
vais depuis 8 mois à Munich.
1. Les ordres de TEmporeur du 80 et du 22 furent expédiés le 29 par le
major général aux maréchaux.
4« corps. Ordre.
Batisbonne, 1*^ octobre 1806.
S. M. a ordonne qu'une légion du nord, commandée par le général Zajon-
chek, serait formée à Juliors et que tous les déserteurs étrangers qui arri-
veraieut à la Grande Armée seraieiU incorporés dans cette légion. Pour rem-
plir à ce sujet les intentions de S. M., les chefs d'état-major des divisions
auront soin d'adresser dorénavant avec exactitude à l'état-migor tous les
déserteurs étrangers qui se présenteront, et ils rendront compte des effets
d*armeraent, d'équipement et môme des chevaux que ces déserteurs pourront
avoir à leur arrivée. Un adjoint employé à l'état-major général tiendra registre
de tous les déserteurs qui seront envoyés des divisions et sera chargé de les
faire diriger sur Juliers. Cet adjoint enverra au prince ministre de la guerre
l'étal des déserteurs qu'il Te ra partir et il en donnera avis au général Zajonchek.
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ORDRES POUR LA RÉUNION DE l'âRMÉE. 157
LE MARÉCHAL SOULT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Munich, 86 septemhro 1806.
J'ai rhonneur de rendre compte à V. A., qu'en exécu-
tion de ses ordres, les divisions du corps d'armée se met-
tront en marche demain 27 pour se diriger sur Bamberg
en passant par Ratisbonne. J'ai laissé aux généraux com-
mandant les divisions les dispositions des marches jusqu'au
delà de cette dernière ville, afin qu'ils puissent prendre
la direction la plus courte pour rassembler leurs cantonne-
ments.
Le 29 mon quartier général sera à Ratisbonne et le
1" octobre à Bamberg où je recevrai les ordres que V. A.
aura la bonté de m'adresser. Le 3, le corps d'armée sera
rendu à sa destination, et le 4 il sera dans le cas d'entre-
prendre de nouvelles marches...
Je rends compte à V. A., que pour enlever toutes les voi-
tures d*artillerie du parc général du corps d'armée je suis
dans la nécessité de requérir en Bavière 150 chevaux, mais
j'aurai soin de les faire renvoyer aussitôt qu'il me sera pos-
sible d'en faire lever dans les pays non alliés...
Je dois lui renouveler par cette lettre la demande de
4 caissons des équipages militaires en augmentation pour
le transport des ambulances ; il est indispensable qu'il y en
ait 12 d'affectés pour ce service au corps d'armée, sans quoi
on s'exposerait à laisser en arrière une partie des effets qui
en dépendent, ou on serait obligé de faire emporter le sur-
plus par des voitures du pays, et ainsi on pourrait en perdre
ttne partie...
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ARRIVÉE DE L'EMPEREUR A MAYENCE
28 septembre
l'empebeur au major général.
Mayence, 88 septembre 1806.
Je reçois vos lettres du 24. Je suis arrivé aujourd'hui au
matin à Mayence. Toute ma Garde à pied est arrivée, parce
qu'elle est venue en poste ; mais ma Garde à cheval et mon
artillerie n'arriveront que dans 5 ou 6 jours. Il est donc con-
venable que vous donniez ordre au général Songis d'avoir
12 pièces de canon de la réserve du parc prêtes à WUrzburg
pour les fournir provisoirement à ma Garde à pied à son pas-
sage. Faites réunir le plus de farine possible à Wtirzburg et
à Bamberg.
L EMPEREUR AU ROI DE WURTEMBERG.
Mayence» 28 seplembro 1806.
Monsieur mon Frère, je suis arrivé à Mayence. Toute
mon armée doit en ce moment être en mouvement. Le dernier
courrier de mon ministre de Berlin m' ayant croisé, je ne sais
pas positivement le dernier état de la question. Je prie
Votre Majesté de m'écrire ce qu'elle en sait. Je désire qu'elle
me fasse connaître quelle sera la composition de ses troupes,
qui les commandera quand elles seront rendues au point de
réunion, et comment elle veut que je les emploie.
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ARRIVÉE DE L^EMPEREUR A MAYENGE. 159
L'EMPEBEUR au PBINCB héréditaire de BADE.
Mayence, 28 septembre 1806.
Le Grand-Duc doit avoir reçu la réquisition pour son
contingent. Faites-moi connaître si vous êtes dans l'intention
de le commander ; faites-moi connaître aussi quelle est sa
force, et quand il sera rendu au point de réunion. Pressez
autant qu'il vous sera possible vos mouvements. Je désirerais
que vous me fissiez passer des renseignements sur le chemin
de Mannheim par Keckarelz et Wtirzburg.
l'empereur au duc de kassau-weilbubg.
Mayence, 88 septembre 1806.
Je prie Votre Altesse de me faire connaître la force des
hommes qu'elle pourra fournir, le jour où ils pourront être
rendus devant Mayence, et Toiiicier qui les commandera.
LE MAJOR-GÉNÉRAL A l'eHPEREUR.
Wurzburg, S8 septembre 1806, 5 heures du soir.
J'arrive à l'instant à Wtirzburg après avoir été 42 heures
en route. J'ai passé par Œttingen pour voir si M. le maré-
chal Davout était en mesure d'exécuter vos ordres. Il com-
mence à arriver le 1*' à Bamberg et il sera réuni le 2 au soir.
J'ai vu le prince de Ponte-Corvo à Anspach ; il sera égale-
ment réuni à Bamberg le 2.
Le maréchal Lefebvre sera entièrement réuni à Kënigsho-
fen le 3 ; il peut même y être le 2.
Le 21* régiment arrive demain ici : j'en mettrai un batail-
lon k la citadelle, et j'en placerai un autre en avant de la
ville sur la route de Fulde. Comme les capotes d'Augsburg
8ont en route pour Wtirzburg, je lui en ferai donner ainsi
que vous me le prescrivez.
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160 CAMPAGNE DE PRU6BB.
Le chef d'état-major du corps de M. le maréchal Ney me
mande qu'il sera entièrement réuni à Ulm et environs le 28.
La division de dragons du général Beker est en arrière et
les 2 deraières brigades ne pourront être réunies à Ulm que
le 4 ou le 5 octobre, et de là continueront leur mouvement.
Quant aux troupes à cheval, les 2 brigades de cavalerie
légère aux ordres des généraux Milhaud et Lasalle seront
réunies ainsi que vous l'ordonnez à Kronach et Lichtenfels.
La division du général Nansouty est à Kintzingen, près
de WUrzburg ; la division du général d'Hautpoul sera le 3
et le 4 à Windsheim.
Les dragons du général Beaumontserontle2àForchhein.
La division Sahuc sera le 3 à Schweinfurt.
La division Beker ne pourra, pas être totalement réunie à
Mergentheim, point sur lequel je l'ai dirigée, que le 9 ou le
10. Je lui ordonne de marcher le plus vite qu'elle pourra.
La division Klein sera à Aschaffenburg le 3 octobre.
Quant au maréchal Augereau, il est réuni à Francfort.
Vos armées, Sire, sont en bon état. On aura le strict néces-
saire en bidons et en marmites, ainsi que des outils.
On dit que les troupes prussiennes se rassemblent en avant
de Gotha, à Arnstadt et à Neustadt pour se lier au corps du
général Hohenlohe qui est à Hof . On dit aussi que le roi de
Prusse est arrivé à Arnstadt. La plus grande activité paraît
régner dans les dispositions de la Prusse. Les troupes arri-
vent sur des voitures.
Je ne veux pas retarder ce courrier qui annonce à V. M.
mon arrivée ici.
J'ai reçu vos dépêches du 23 qui me font connaître votre
itinéraire *. Je vais expédier tous les ordres que vous mo
donnez. Je réexpédierai dans la nuit le second courrier de
V. M. et je lui adresserai des rapports que j'attends sur la
position des Prussiens.
1. L*Enipereur arrivait à Mayence en mdino temps que sa lettre du iS V^'
venait seulement au mi^or génënil.
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ARRIVÉE DE l'eMPËREUR A MAYENGE. 161
LE MAJOR GÉNÉRAL A l'eMPEREUR.
Wûrzburg, 28 septembre 1806.
Le roi de Bavière envoie à V. M. 3 de ses chevaux à Bam-
berg où ils seront le 3.
On m'a logé ici dans une auberge ; je sais que TElecteur
a dit que si V. M. venait ici, il lui donnerait son logement;
qu'il occuperait un petit appartement dans son château, où
il ne m'a pas logé parce qu'il se trouve en grande partie,
démeublé. Je verrai l'Electeur ce soir à 7 heures.
La citadelle de WUrzburg €st totalement dépourvue d'ar-
tillerie et de toute espèce de munitions. J'ai donné des ordres
pour que l'artillerie bavaroise de place qui se trouve à
Ingolstadt, soit le 2 ou le 3 à WUrzburg. J'en ai fait la
demande au roi de Bavière avant mon départ.
LE MAJOR GÉNÉRAL A l'INTENDANT GÉNÉRAL.
Wûrzburg, 28 septembre ISOG.
L'Empereur a vu qu'il y a au quartier général 117 voitu-
res. S, M. trouve que cela est trop considérable et ne serait
qu'an objet d'embarras, que 126 caissons sont suffisants
pour en donner un par bataillon d'infanterie. L'Empereur
veut cependant qu'on en donne un tiers de plus, c'est-à-dire
qu'à la suite de chaque corps d'armée on en donne un par
régiment d'infanterie. Ainsi, par exemple, on en donnera 6
au 1" corps ; — 14 au 3' ; — 14 au 4' ; — 10 au 5" ; — 12
au 6' ; — 8 au 7*. Cela formera un emploi de 64 caissons ;
il en resterait une cinquantaine à la suite du grand quartier
général ; c'est tout ce qu'il faut.
L'Empereur me fait observer aussi qu'il est bien urgent
que vous vous concertiez avec le premier inspecteur d'artil-
lerie pour les caissons nécessaires à l'artillerie légère. Enten-
dez-vous de suite avec le général Songis à ce sujet. On ne
CAMP* PB PKtrtSB. Il
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162 CAMPAGNE DE PRUSSE.
doit compter que rartillerie légère attachée à chaque corps
d'armée, le reste à la réserve de cavalerie, n'importe le lieu
où elle peut se trouver momentanément, indépendamment
d'un caisson par régiment (de cavalerie). L'intention de
l'Empereur est qu'on mette à la suite de la réserve de cava-
lerie quelques caissons de surplus.
Les caissons de la compagnie Breidt ne doivent pas être
employés à porter des souliers et des effets d'habillement.
On doit employer pour cela d^s voitures du pays.
L'Empereur me fait observer en même temps que si on
a fait de nouveaux caissons d'ambulance, il n'y a pas un
moment à perdre pour les faire passer du côté de Wlirzburg.
Si la compagnie Breidt a 300 chevaux haut -le -pied,
S. M. pense qu'il serait absurde qu'on les laissât ainsi;
cette compagnie peut avec ces chevaux atteler 75 charrettes.
L'artillerie peut avoir à Augsburg des voitures à prêter, ou
le pays peut fournir des charrettes qu'on achèterait et dont
on se servirait en attendant que les caissons arrivent. Du
reste S. M. n'approuve pas qu'on fasse venir à l'armée des
caissons de Bruxelles et de Sampigny ; ils doivent être réunis
à Mayence attelés.
LE MARÉCHAL LEFEBVRE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Schweinfurt, 28 septembre 1806.
J'ai l'honneur de prévenir V. A. S. que le corps d'armée
sous mes ordres commencera à se réunir le 29 dans un camp
près de Schweinfurt pour de là me porter à la position indi-
quée par votre lettre du 24 courant. Le point de Kônigshofen
n'étant abordé par aucune route et absolument inabordable
en cas de pluie, j'établirai le 3 octobre, à moins que vous
n'en ordonniez autrement, mon camp à Neustadt sur la Saal
où passe la seule grande route qui conduit en Saxe dans
cette partie. De cette position j'éclairerai parfaitement
tout ce qui pourrait venir par les routes de Meinungen et
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ARRIVÉE DE l'bMPEREUR A MAYENGE. 163
Hildburghausen, et en général tous les petits débouchés de
la Saxe sur Schweinfurt et Wtirzburg.
Je remercie V. A. S. de m'avoir indiqué la position
que prendra le 3 octobre le corps du maréchal prince de
Ponte-Corvo. Continuez, je vous en prie instamment, de
me faire connaître à chaque mouvement la position des
corps qui seront à ma proximité et surtout prévenez - moi
toutes les fois que ma droite ou ma gauche se trouveront
dégarnies.
LE qAnéral daultanne au maréchal davout.
Œttingen, 28 septembre 1806.
J'espérais avoir rhonneur de vous voir ici avant notre départ,
mais pressé par le mouvement de Tarmée je suis forcé de me rendre
à Gunzenhansen.
D'après les ordres de S. A. le ministre de la guerre le corps d'ar-
mée s'est mis en marche pour se porter sur Bamberg.
La 1" division couche aujourd'hui près de Schwabach ; — la 2* à
2 lieues en avant de G-unzenhausen et la 3* entre Gunzenhansen et
Œttingen ; — le parc d'artillerie à Œttingen.
L'itinéraire de S. A. le ministre de la guerre prescrivait d*être
renda à Bamberg le 2 ou le 3 octobre au plus tard, mais d'après les
noaveUes officielles de notre ministre à Berlin qtd annonce l'entrée
des Prussiens en Saxe et qu'il vient de demander ses passeports, le
général Frîant a cru devoir presser la marche ; en conséquence des
ordra et itinéraires ont été donnés de manière que les 1'^ et 2« di-
visions arrivent à Bamberg le 1*^ et la 3* division le 2 octobre. La
cavalerie a reçu Tordre de se rendre de Mergentheim à Erlang où
elle arrivera le 1*' octobre.
Je vous annonce avec regret que vous perdez le 7* régiment de
bassards; j'ai des ordres du ministre pour le diriger en avant de
Bamberg où il va se former une brigade de hussards sous les ordres
du général Lasalle.
Le général Priant est parti hier soir en poste avec Hervo pour se
rendre à Bamberg afin de se consulter avec le prince Ponte-Corvo
snr les positions ou cantonnements que le corps d'armée doit occuper
près Bamberg.
L'ordonnateur est en avant depuis 2 jours pour assurer les subsis-
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164 CAMPAGNE DE PRUSSE.
tances autant que possible ' ; notre mouvement a été tellement pré-
cipité que les divisions n'ont pas eu le temps de faire de grands ap-
i provisionnements, et cette marche rapide ne permettant pas trop aux
I convois de joindre ; au reste les subsistances sont assurées pour la
I route, et pourvu que nous ayons des vivres lors de notre arrivée,
c'est tout ce qu'il faut.
I S. A. le ministre de la guerre est arrivé hier ici à 8 heures du soir
et d'une manière très imprévue ; j'ai eu l'honneur de le voir et de lui
faire part de tous nos mouvements et des motifs qui avaient engagé
le général Friant à presser le mouvement ; le colonel Touzard lui a
fait part des mesures qu'il avait prises pour se procurer des outils.
S. A. a tout approuvé et il a promis de faire des fonds dès qu'on au-
rait envoyé l'état.
J'ai également demandé des officiers d'état-major, surtout un ad-
judant général pour les reconnaissances ; il paridt qu'il enverra Ro-
meuf, c'est fort heureux, car tous ceux qui sont avec Hastrel ne sont
pas connus ; si je n'ai pas l'honneur de vous voir avant Nuremberg,
j'adresserai directement une demande à S. A.
Quartier général, Gunzenhausen. — l'* division, entre Aurac et
Wassermungen. — 2* division, se réunit en arrière d'Œttingen, en
part à 7 heures du matin pour venir occuper les villages qui se trou-
vent en avant de Gunzenhausen, route de Schwabac. — 3* division
et 1" de chasseurs, Gnosheim, près Gunzenhausen. — Cavalerie lé-
gère, 7* de hussards, 2* et 12* de chasseurs partent de Mergentheim
pour prendre des cantonnements à Rothenburg. — Parc de réserve,
part de Gemund et se rend dans les villages situés à gauche et à
droite de la route de Nordlingen à Œttingen.
1. LR OI^M^RAL DAULTANXK A L*OBDOKHATBUB BIT CKBr.
Œtlingen, 26 septembre iBo9,
J'ai Thonneur de vous prévenir que Tintention de M. le général coinmaR-
dant en chef est que vous devanciez Tarméu et que vous envoyiez des employés
sur toute la ligne quu le corps d'armée a à parcourir, pour suivre et presser
l'exécution des réquisitions que vous êtes autorisé à frapper pour assurer la
subsisthnco du corps d armée.
Vous laisserez ici le nombre d'employés d'administration nécessaires pour
assurer et faire suivre les denrées que vous avez déjà requises et t&clier d'en
réunir la quantité prescrite par S. A. le ministre de la guerre.
Je vous préviens qu'un détachement d'infanterie sera mis à voire disposi-
tion pour escorter ces convois.
Les ordres sont donnés pour que 2 hussards partent avec vous.
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29 SEPTEMBRE.
l'empebeur a m. fouché.
Mayence, 29 septembre I8O6.
J'ai reçu votre lettre du 27 septembre. Je vous recommande
d'apporter votre attention sur la conscription. J'ai appelé la
résenre. U est assez important qu'elle parte. Toutes mes
troupes sont en mouvement. Nous sommes ici en mesure. Ma
Garde, qui n'est partie de Paris que le 22, a dans ce moment
déjà passé Francfort. Les fatigues et les périls ne sont rien
pour moi. Je regretterais la perte de mes soldats, si l'injus-
tice de la guerre que je suis obligé de soutenir, ne faisait
retomber tous les maux que l'humanité va encore éprouver
sur les rois faibles qui se laissent conduire par tant de brouil-
lons vendus.
Il est assez convenable que M. Bourrienne prévienne le roi
de Hollande et vous de ce qui peut se passer en Hanovre.
l'£mp£beur au général dejean.
Mayeace, S9 septembre 1806.
Chaque corps a 100 ou 200 hommes estropiés sortis des
hôpitaux de la Grande Armée depuis la dernière inspection.
Jai pris un décret pour qu'au 1" octobre les généraux
Schauenborg et Muller passent partout des revues. S'il y a
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166 GAMPAGNB DE PRUSSE.
à inspecter d'autres points que ceux dont ils sont chargés, je
vous autorise à nommer des inspecteurs ad hoc. Indépen-
damment de Tencombrement qu'éprouvent les corps, il ré-
sulte de l'état des choses deux autres grands inconvénients :
d'abord ces hommes, en grand nombre, qui méritent des ré-
compenses, se trouvent mal aux dépôts, et sont impatients de
retourner chez eux ou d'aller à l'Hôtel ; ensuite il y a parmi
eux beaucoup d'officiers et de sergents : ils comptent dans
les corps et ne sont pas remplacés. Il y a tel 3* bataillon à
Mayence qui a 12 officiers étant tous dans le cas de la retraite
et des récompenses, de sorte qu'avec beaucoup d'officiers sur
le tableau, ces corps n'en ont presque pas de disponibles.
J'ai commis le général Maçon pour faire, dans la journée
de demain, l'inspection des régiments qui sont à Mayence '.
Du moment où les états vous seront parvenus, expédiez tout
et regardez ma signature comme chose de forme ; je signerai
ensuite ce que vous aurez fait.
Quant aux emplois qui seront vacants en conséquence de
ces inspections, envoyez sur-le-champ dans les corps, pour les
remplir, bon nombre de jeunes gens de l'Ecole de Fontaine-
bleau et de l'Ecole polytechnique. Ils y font merveille. Il faut
convenir que nos officiers sont épuisés, et que sans eux notre
armée en manquerait. Demandez-en une cinquantaine à
Lacuée, et une nouvelle centaine à Fontainebleau, indépen-
damment de ceux que j'ai nommés dernièrement, et dirigez-
en 3 sur chacun des dépôts de l'armée. Vous m'enverrez
ensuite des décrets à signer. Mais, encore une fois, ne consi-
dérez en ceci ma signature que comme une chose de forme.
Tenez la main à ce que tous les jeunes gens de Fontaine-
bleau, que j'ai nommés avant mon départ, rejoignent sans
délai. Ecrivez à cet effet au commandant de l'Ecole et au
gouverneur de Paris '.
i. 8« bataillons dos «7«, 30«, 33«, Si*, 8i«, 85, iu« de ligne.
s. M. DBVHIÉB, 8BCRBTAIBK OKkAbAL DU MIXI8TÈBB DE LA OUKSBK ,
AU MAJOR oivASAIi.
Paris, 87 septembre 18 06.
S. M. TEmpereur, avant son départ, a nommé à des sous-lieuteuauces
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29 SEPTEMBRE. 167
La plupart des 3'* bataillons sont des cadavres qui ne peu-
vent être animés que par cette jeunesse ; cependant ils ont de
bons majors et de bons chefs de bataillons. Je vous autorise
à prendre aussi à Saint-Cyr 2 jeunes gens âgés de 17 ans,
par régiment, comme caporaux-fourriers ; ils auront la pre-
mière place qui viendra à vaquer dans le bataillon \
Il faut à Mayence un colonel d'artillerie. Le chef de batail-
lon qui s'y trouve est un bon of&cier ; mais il n'a pas la tête
assez vaste pour une si grande besogne. Envoyez-y donc un
colonel qui y demeure et qui puisse diriger l'immense maté-
riel de cette place. Il serait même convenable d'y avoir un
général d'artillerie.
Le général d'Hautpoul et le général Grouchy ne sont pas
encore arrivés. J'ai désigné aussi un grand nombre d'adju-
dants commandants et d'adjoints pour se rendre à l'armée.
Je vous recommande les régiments suisses. Je vous auto-
178 élèves de l'École militaire de Fontainebleau, savoir : 127 dans rinrontcrie
et 51 dans les troupes à cheval.
134 so rendronl à la Grande Arrace, 94 passent à Tarnido de Naplos et 13
8001 envoyés en Italie.
La nomination des jeunes gens qui doivent remplacer ces ëlôves a déjà élu
proposée à S. M., qui n*a pu l'approuver avant son départ. Go travail com-
prenait 134 demandes. Lorsqu'il sera signé et que les élèves nommés auront
quitté l'École, elle sera composée de m élèves du Gouvernement et 471 élèves
pensionnaires , en tout ôSé élèves qui devront tous être & Fontainebleau au
1" novembre prochain.
Les jeunes sous-lieutenants des deux promotions, celle faite par l'Empereur
avant son départ et celle faite par son ordre dans les premiers jours d'octobre,
no quittèrent TÉcole militaire que le i^^ novembre, et passèrent le Hhin à
Mayenee le 15 novembre au nombre de 837.
Le général Girod (do l'Ain) élait de la promotion d'octobre.
1. Indépendamment des élèves de Fontainebleau nommés sous-lieutenants
depuis l'organisation du bataillon d'instruction, l'Empereur avait déjà de-
mandé, le a frimaire an XII, au prytanée de Saint-Cyr, 60 Jeunes gens pour
les placer comme caporaux-fourriers dans les corps ; le 8 fructidor an XII,
il avait demandé, pour Tan XIll, soo jeunes gens pour être envoyés comme
caporaux-fourriers ou môme sergonts-migors dans les corps ayant fuit le plus
de pertes et manquant de sujets pour faire des oCQciers et des sous-officiers.
D'autres étaient placés comme sorgents dans les compagnies de grenadiers
et de cliasseurs d'Arros à raison de s par compagnie (9 ventCse an Xlll).
Ainsi les cadres d'officiers étaient épuisés; tout ce qui élait valide so trouvait
aux bntaillons de guerre ; quant aux cadres de sous-officiers, ils étaient sou-
vent aussi formés d'éléments jeunes.
Tous les sous-officiers qui avaient quelque capacité avaient été promus ;
beaucoup avaient pris leur congé; de sorte que le cadre ne présentait plus
aucune ressource pour le recrutement des officiers.
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168 CAMPAGNE DE PRUSSE.
rise à nommer les officiers du 1" bataillon de chaque régi-
ment. Faites les fonds pour le recrutement, et qu'enfin ces
régiments prennent couleur. M. Maillardoz est adjudant
commandant ; il a de la bonne volonté, de Tusage et de la
triture de ce qui regarde les Suisses. Travaillez avec lui, et
prenez les mesures nécessaires pour que, dans deux mois»
j'aie un régiment à Lille, à Rennes et à Avignon, pour servir
selon les circonstances. Le petit bataillon valaisan, que j'ai
fait réunir à Gênes, m'est aussi fort important pour garder
cette ville. Levez les obstacles, nommez les officiers et faites
en sorte que, dans deux mois, ces 400 ou 500 hommes puis-
sent servir à Gênes.
Un régiment italien doit être arrivé à Paris et un autre à
Orléans ; faites-les partir tous deux pour Mayence.
La légion du Nord que commande Zajonchek est placée
trop au Nord du côté de Juliers ; je préfère qu'elle soit à
Landau. Je vous autorise à nommer les officiers. Mais il n'y
a pas un moment à perdre, les déserteurs commencent à arri-
ver, et ils se perdent parce qu'on ne sait où les diriger.
l'empereur au général lacuée.
Mayence, 29 septembre 1806.
J'ai envoyé hier un décret au ministre pour la réserve.
J'en ai excepté dans l'Ouest 12 départements et non 18. Si
même on jugeait que c'est trop de 12, on pourrait encore
restreindre l'exception. Cependant il est prudent de ne pas
appeler les 4 départements de la Bretagne, la Loire-Infé-
rieure, Maine-et-Loire, les Deux-Sèvres et la Vendée. Le
reste, je crois, peut marcher. Mettez la plus grande rapidité
dans l'envoi de cette réserve. Elle est nécessaire pour les
corps de cette frontière auxquels j'ai envoyé peu de monde
sur l'appel de 1806, parce que ces corps étaient au-dessus du
pied de paix*. Aujourd'hui ils attendent des conscrits avec
impatience.
1. Des 28 régiments des armées de Dalmatic, du Prioul et de Naples, 6seu-
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Tfi-
29 SEPTEMBRE. 169
Les 3'* bataillons sont pleins d'officiers qui ont droit à leur
retraite et qui par leurs infirmités ne peuvent plus servir. Il
faut rajeunir le corps des officiers. J'ai écrit à M. Dejean
de faire partir une centaine d'élèves de l'Ecole de Fontaine-
bleau. Si l'Ecole polytechnique peut en fournir une soixan-
taine, qu'on les fasse partir sur-le-champ. Appliquez-vous à
former les jeunes gens de votre école aux manœuvres. Que
chacun puisse être instructeur à son arrivée au régiment ;
cela est très important. Il n'y a plus d'officiers, et sans cette
école et celle de Fontainebleau, je ne sais ce que deviendrait
notre armée. Des paysans sans éducation ne peuvent fournir
des officiers qu'après 8 ou 10 ans d'expérience.
Le génie et l'artillerie ne peuvent absorber tous vos jeunes
gens ; donnez un peu à l'Ecole polytechnique cette direction
sur l'infanterie.
l'empeeeur au grand-duc de wurzburq.
Mayenco, 29 septombre 1806.
Je m'empresse de faire à Votre Altesse la communication
que j'ai faite à tous les membres de la Confédération et que
je n'ai dû lui faire qu'aujourd'hui, parce que je n'apprends
qu'en ce moment la signature du traité qui vient d'être con-
clu entre son ministre et mon ministre des relations exté-
rieures. Sous peu de jours j'aurai le plaisir de voir Votre
Altesse à WUrzburg. Il est malheureux pour moi que ce soit
toujours dans des circonstances de tumulte et de guerre que
j aie l'avantage de la voir. J'ai du moins la consolation, cette
fois, de voir nos camps réunis. Elle peut rester assurée que,
<ians toutes les vicissitudes qui peuvent avoir lieu, je serai
fidèle aux engagements que j'ai contractés avec elle. J'es-
père que Votre Altesse ne doute pas de l'estime particulière
leœenl avaient reçu dos contingents inWrieurs à 6oo hommes; tous les autres
A>'aieDt eu dans la répartition de 500 à i,ioo hommes. Les régiments de la
"faode Armée avaient reçu peu de conscrits.
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170 CAMPAGNE DE PRUSSE.
que je lui ai vouée depuis longtemps, et du plaisir que
j'éprouverai dans toutes les circonstances à lui être agréable.
l'empereur au major général.
Mayence, 29 septembre 1806.
Ecrivez au maréchal Bernadette qu'il se mette en marche
pour Kronach, et qu'il fasse occuper tous les débouchés des
montagnes de Saxe en se tenant sur la frontière, et en pre-
nant cependant une bonne position qui protège le passage en
Saxe ] qu'il fasse reconnaître les chemins de Leipzig et
de Dresde. Je suppose que l'on anne et approvisionne
Ejronach et Konigshofen. Le maréchal Lefebvre fera recon-
naître les débouchés des montagnes pour descendre en Saxe,
et les chemins d'Erfurt et de Leipzig. Qu'il fasse occuper
une bonne position à son avant-garde, et qu'il fasse armer et
approvisionner Konigshofen. Qu'il envoie aussi des espions
et des reconnaissances pour connaître les rapports des voya-
geurs du côté de Fulde.
Du reste, la guerre n'est pas déclarée. On doit se tenir
sur le qui-vive, et faire parvenir tous les jours des rapports.
On ne doit point fatiguer inutilement la cavalerie. Toute la
cavalerie légère du maréchal Bemadotte sera placée en avant
de Kronach -, celle du maréchal Lefebvre en avant de
Konigshofen. Le maréchal Bernadette portera son quartier
général entre Lichtenfels et Kronach. La cavalerie légère
du maréchal Soult prendra position sur les confins du pays
de Baireuth, vis-à-vis Kreussen ; il placera une avant-garde
qui occupe une bonne position. De Konigshofen à Brttcke-
nau, il doit y avoir une route qui passe par Neustadt. II est
nécessaire que le maréchal Lefebvre fasse éclairer cette
route, en supposant qu'il y ait des Prussiens à Fulde, pour
que, dans sa position de Konigshofen, il puisse tomber sur
l'ennemi, s'il cherchait, de Fulde, à se porter sur Wiirzburg.
Il faut que le maréchal Bernadette fasse en secret ses
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29 SEPTEACBRE. 171
reconnaissances et ses dispositions, pour qu'il puisse, do
Kronach, intercepter la route d'Erfurt à Hof.
Donnez ordre au maréchal Ney de réunir tout son corps à
Nuremberg*
La guerre n'est pas déclarée ; le langage doit être tout
pacifique ; on ne doit commettre aucune hostilité.
Au rassemblement la cavalerie de chacun des corps d*armée de
première ligne est réanie sur le débouché principal que garde ce
corps d'année, et non disséminée en cordon par petits paquets. Des
postes surveillent les débouchés secondaires. Tout le service est or-
ganisé de façon à ne point fatiguer inutilement les chevaux.
l'empereur au major général
Muyeoco, S9 septembre 1806.
Mon intention a été de réunir le 1" corps de la Grande Ar-
mée à Nuremberg. Cependant j'ai vérifié sur mes minutes, et
il est vrai que je vous ai écrit : h Bamberg, En conséquence,
donnez ordre au corps du maréchal Ney de presser sa marche
pour être réuni le 3 octobre à Nuremberg, au lieu d'Ans-
pach. Donnez ordre à toutes les divisions de cavalerie, qui
sont restées en arrière, de continuer leur marche pour prendre
leurs positions depuis Wiirzburg jusqu'à Lichtenfels.
l'empereur au grand-duc de berg.
Mayence, 29 seplembre 1806, lO heures du matin.
Vous vous rendrez à Wtirzburg. Vous écrirez sur-le-champ
au maréchal Lefebvre à Konigshofen, au maréchal Davout à
Bamberg et au prince de Ponte-Corvo, qui doit être à
Kronach. Vous ferez marcher les divisions de la réserve, de
manière qu'elles se portent le plus possible entre Schwein-
nirt et Kronach. Vous aurez soin qu'on occupe la citadelle
de Wiirzburg, et qu'elle soit armée et approvisionnée de
manière à être à l'abri d'un coup de main. Vous enverrez
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172 CAMPAGNE DE PRUSSE.
des espîons sur Fulde. Vous me ferez connaître la situation
des divisions de cavalerie et le besoin qu'elles ont d'hommes
à pied, afin que ce qui vous est inutile soit retenu à Mayence.
Vous placerez des postes de cavalerie au delà de Karlstadt,
à l'extrémité du territoire de Fulde, pour bien connaître
les mouvements de l'ennemi. Vous me communiquerez
les renseignements que vous pourrez vous procurer sur
les débouchés des chemins de KOnigshofen sur Erfurt, et
de Kronach sur Leipzig. Vous ferez filer la plus grande par-
tie de vos bagages sur Bamberg, en gardant cependant à
Wtirzburg ce qui peut vous être nécessaire. J'ai ordonné au
maréchal Lefebvre de prendre une bonne position à Kônigs-
hofen, et d'éclairer la route de Fulde, afin de tomber sur
l'ennemi, s'il se rapprochait trop de Wtirzburg.
La guerre n'est pas déclarée. Il ne faut donc pas dépasser
les confins du pays de Wtirzburg et de la Bavière. Mais on
pourrait passer même quelques points, si cela était néces-
saire pour occuper une bonne position qui favorisât les
débouchés de la Saxe. Envoyez des officiers du génie sur
Kônigshofen et sur Fulde, afin de bien connaître les routes;
ils rédigeront des mémoires sur les positions militaires
qu'elles présentent-
Vous aurez la plus grande honnêteté pour le grand-duc
de Wtirzburg. Vous lui direz que le traité qui le place dans
la Confédération a été signé à Paris, Pour être plus libre de
vos mouvements, vous n'irez pas loger au château; vous
logerez hors la ville.
Vous m'enverrez deux courriers par jour.
L EMPEREUR AU MAJOR GENERAL.
Mayonco, S9 septembre 1806, s heures et demie de raprés-midi-
Je reçois votre lettre du 26 à 11 heures du soir.
Le grand- duc de Berg est parti pour Wtirzburg, où il sera
rendu cette nuit.
Je vous ai écrit ce matin une lettre dont je vous envoie la
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29 SEPTEMBRE. 173
copie, au cas que le premier courrier ne vous ait point ren-
contré. Vous rerrei que mon intention est que le corps du
maréchal Lefebvre prenne une bonne position en avant de
Eônigshofen, le corps du maréchal Bernadette, du côté de
Kronach, et le corps du maréchal Soult, le plus près possible
du pays de fiaireuth ; que le corps du maréchal Ney se rende
à Nuremberg, et que toutes les divisions de cavalerie aux-
quelles le grand-duc de Berg enverra d'ailleurs des ordres
directement, se mettent en marche pour prendre leurs posi-
tions de Schweinfurt à Bamberg.
Puisque les Bavarois ne se soucient pas de faire partie du
corps du maréchal Bernadette, je les tiendrai sous mes ordres
directs.
Donnez ordre au corps du général de Wrède de partir
d'Eichstâdt, et de se rendre le plus tôt possible à Nuremberg.
Je suppose que ce corps du général de Wrède est indépen-
dant des garnisons de Forchheim, etc.
La division Dupont sera à Wttrzburg dans la journée du
1" octobre ; elle a couché hier à Francfort \
Ma Garde à pied sera le 2 octobre à Wttrzburg ; elle est
partie ce matin de Mayence*.
«Tai fait partir un détachement de 800 hommes apparte-
nant au corps du maréchal Davout, qui marche avec ma
Garde, sous les ordres de Tadjudant commandant Levas-
8ear^ De Wttrzburg, ce détachement continuera sa marche
sur Bamberg, et le maréchal Davout Tincorporera dans son
corps.
J ai fait partir de Mayence, ce matin, 2,000 quintaux de
1. La divimon Dupont partit de Bfayence le 28 au matin et alla cantonner :
Le ss à Francfort. Le 80 & Esselbach.
Le x9 à Aschaffenburg. Le i^^ à Wûrzburg.
2. U Garde à pied partit le 29 et suivit le môme itinéraire que la division ^
t^upom, avec un jour de retard.
S- Ce détacboroent. parti de Mayence le 29, se composait de détachements
tirés des 7 dépôts d'infanterie stationnés à Mayence, dont Tun, celui du 27^,
appartenait au 6' corps et les 6 autres au S« corps.
"*, 69 hommes; — sa*, 209 ; — Sjj^, 92; — 61», 1:81 ; — 6i«, 95 ; — 85«,
W;— iiie^ i7tf. — Total : 808 hommes.
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174 CAMPAGNE DE PRUSSE.
farine qui arriveront le 2 octobre à Wtirzburg. J'ai fait partir
6 pièces courtes de 24 avec armement de 400 boulets par
pièce, et 6 pièces autrichiennes de 12, pour l'armement de
la citadelle de Wtirzburg. Ces bouches à feu ne seront arri-
vées que le dixième jour, c'est-à-dire le 9 octobre. Que
le général Songis envoie un officier d'artillerie du coté
d'Aschaffenburg pour accélérer la marche de ces canons, si
cela est possible.
J'ai fait partir de Spire 1,500 quintaux de farine également
pour Wtirzburg. J'ai pris différentes mesures pour approvi-
sionner Mayence et Wesel, non pas d'une manière aussi
gigantesque que le veut l'intendant général, mais suffisam-
ment pour parer aux événements.
Il y aura dans quelques jours, à Mayence, de la farine,
du riz, de l'eau-de-vie, à la disposition de l'armée.
La cavalerie, les gros bagages, l'artillerie de ma Garde,
passent le Rhin à Manheim, et continuent sur Wtirzburg. Je
désire que vous organisiez cette route de Manheim \ que je
désire être la route de l'armée pour tout ce qui vient de Stras-
bourg et pour tous les objets les plus importants. Il faut donc à
Manheim un commandant qui corresponde avec vous.
On me remet à l'instant votre lettre de Wtirzburg, du 28.
Je désire que le maréchal Lefebvre soit le 2 à Kônigsho-
fen, puisqu'il peut y être. J'approuve beaucoup la mesure
que vous avez prise de faire venir à Wtirzburg de l'artillerie
bavaroise d'ingolstadt ; je vois qu'elle y sera le 2 ou le 3 oc-
1. OBDRB POUB M. BilLAlIOll.
Wûrzburg, 30 septembre 1806.
Je fois tracer une roula d'étapes de Manheim à Wûrzburg. Voyez le général
Sanson, qui voua Tera connaître les giles. Il faut prévenir le colonel Lauer pour
qu'il établisse dus itendarmes sur cette ligne, ainsi que sur celles de Mayence
a Wûrzburg, do Wûrzburg à Ingolstadt et de Wiirzburg à Augsburg.
M* iBsmTHixB.
De Manheim à Neckermûnd a lieues.
— Neckarelz 7 —
— Adelsbeim 6 —
— Boxberg 6 —
— Riscnofsheim 8 —
~ Wûrzburg 4t — '
Voir la note de la dépêche de l'Empereur du 22 septembre.
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29 SEPTEMBRE. 175
tobre. Je voîs avec peine que le corps du maréchal Ney soit
encore si en arrière.
Ce qui est bien important, c'est qu'il y ait sur-le-champ
un commandant, des officiers d'artillerie et deux compagnies
d'artillerie à Wûrzburg, et que des vivres soient prompte-
ment jetés dans cette citadelle.
l'empereur au major général.
Mayence, 99 septembre 1806, lo heures du soir.
Il faut nommer un général pour commander à Wttrzburg.
Il faut voir l'Électeur pour lui faire comprendre la néces-
sité de requérir une grande quantité de blé et de farine pour
approvisionner abondamment WUrzburg, et suffire non seu-
lement au service des troupes, mais encore au service de
l'approvisionnement de la citadelle. J'écrjs au prince Primat
pour qu'il envoie une quantité de farine à WUrzburg.
Vous ne parlez pas des mouvements ni de l'arrivée du
parc. Le principal est d'avoir des moyens de vivre à Wiirz-
borg ; on réglera ensuite les comptes.
«Timagine que vous avez des espions à Fulde. Si vous
pouvez vous porter rapidement à Kônigshofen, pour voir la
position défensive du maréchal Lefebvre, et les rapporta de
cette place pour tomber sur l'ennemi, dans lé ca8<>ù celui-ci
se porterait de Fulde sur Wttrzburg, faites-le. Je désire' bteff
connaître les rapports de KOnigshofen avec Coburg et
Kronach, et de Kronach avec Hof. Envoyez des officiers du
génie, qui non seulement reconnaîtront les débouchés de
KOnigshofen sur la grande route qui conduit sur Halle, de
Bamberg sur Coburg et de Kronach sur Saalburg et Schleiz,
et qui conduit à Leipzig, mais encore les rapports de KOnigs-
hofen avec Coburg et Kronach. Si, après avoir placé le
maréchal Lefebvre en avant de KOnigshofen, il ne me con-
venait pas de le faire déboucher sur Hildburghausen pour
ne point le commettre avec Tennemi, et que je voulusse le
faire venir sur Coburg, en dérobant une marche à l'ennemi,
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176 CAMPAGNE DE PRUSSE.
sans dépasser les limites de la Saxe et la petite chaîne de
montagnes que je suppose être entre la Saxe et WUrzburg,
quel chemin devrait prendre pour cela le corps du maréchal
Lefebvre? Combien aurait-il à rétrograder? Car il serait
possible que, ne voulant point engager une affaire avec l'en-
nemi qui se serait avancé jusqu'à HildburghauBcn, je le fisse
appuyer sur mon centre à Coburg, et que, mon centre réuni,
je le fisse replier sur Kronach. Il est donc nécessaire que je
sache quel chemin le maréchal Lefebvre doit suivre pour se
rendre à Coburg, en deçà de la ligne de mes postes, et de
Coburg à Kronach également en deçà de la ligne de mes
postes. Envoyez un officier d'état-major au maréchal Soult
qui viendra vous rejoindre du moment que ce maréchal sera
en position \ C'est par là que je veux commencer, si toutefois
je suis obligé de faire la guerre. Je pense qu'il est inutile
que vous veniez à Mayence. Restez à WUrzburg. J'attends
moi-même pour vous rejoindre que je sache quelle est la
dernière réponse du roi de Prusse ; il m'a envoyé un cham-
bellan, que je n'ai pas encore reçu : on Ta vu sur la route de
Metz. Faites étudier tout le local, soit comme débouché, soit
comme mouvement parallèle, depuis Hof jusqu'à Kônigs-
hofen.
Cette dernière phrase Faîtes étudier tout le local, etc., résume toutes
les conuaissances prescrites dans la dépêche. Quel travail du tempe
de paix pourvoit 'satisfaire ces vues du Commandant de Tannée ? Ces
.>64>«^&ac»is8auces sont imposées au dernier moment par les mouvements
à exécuter, qui dépendent eux-mêmes des dispositions de l'ennemi.
l'empereur au roi de hollande.
Maycuce, 29 septembre 1806, lo heures du soir.
Je ne reçois qu'en ce moment votre lettre du 24 septem-
bre, où je vois que vous serez le 1*' octobre à Wesel.
Voici d'abord Tétat de la question : la guerre n'est pas
1. Les aides de camp et les officiers d'élat-major sont faits pour surveiller
TexécutioD des ordres.
I
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29 SEPTEMBRE. 177
déclarée avec la Prusse; cependant tout porte à penser
qu'elle le sera sous peu de jours.
Envoyez-moi l'état de situation exact de votre corps d'ar-
mée, et £aites-le cantonner autour de la ville. Envoyez votre
cavalerie légère sur les frontières observer Tennemi, sans se
commettre. Réunissez à vos troupes le bataillon du duc de
Cièves. Faites jeter un pont à Wesel ; veillez à ce qu'on
arme et approvisionne la place. Faites beaucoup de bruit de
votre corps d'armée. Faites mettre dans les journaux de
Hollande que de nouvelles divisions arrivent de France et
vont vous joindre. Répandez la croyance que votre armée
sera de 80,000 hommes. Envoyez des espions du côté de
Munster. Selon mes renseignements, les Prussiens ne doi-
vent pas avoir plus de cinq bataillons ; mais il ne faut pas
vous commettre. Je vous ferai connaître mon plan de cam-
pagne, mais pour vous seul, par un officier que je vous expé-
dierai demain. Il est bien important que vous ayez un pont
sur Wesel, pour que vous puissiez border le Rhin, si je par-
venais à jeter un gros corps d'ennemis sur le Rhin. Il y a des
gazettes à DUsseldorf; faites-y mettre la nouvelle de votre
arrivée, et faites que les habitants croient que vous avez
beaucoup de monde et que vous en attendez beaucoup
d'autre.
Expédiez un courrier à M. fiignon, mon ministre àCassel,
avec une lettre telle qu'elle puisse être lue, puisqu'elle peut
être interceptée. Demandez-lui dans quelles dispositions est
Télecteur de Hesse-Cassel, s'il est ami ou ennemi, et les
renseignements que sa position lui permet de vous donner.
Vous lui direz que vous réunissez 80,000 hommes sur le bas
Bhin, mais que cela ne doit donner aucune inquiétude à
l'Electeur, s'il ne se déclare pas contre la France.
J ai adressé hier un courrier au général Loison, à Wesel,
ignorant que vous vous trouviez dans le pays.
Toute mon armée est en mouvement. Je ne sais pas si
votre courrier me retrouvera à Mayence ; mais il y prendra
les ordres du maréchal Kellermann, pour se diriger sur le
point ou je dois être. Il est convenable que vous envoyiez
CAMP. DS PSOMB. 18
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178 CAMPAGNE DE PRUSSE.
près de moi un officier intelligent que je puisse vous renvoyer
avec mes instructions *.
J'approuve fort votre idée de faire venir des chaloupes
canonnières à Wesel. Envoyez-m'en deux, si vous pouvez,
à Mayence ; mais il faudrait qu'elles fussent légères. Corres-
pondez avec le maréchal Kellermann, qui vous instruira de
tout.
Le prince Murât m'a dit qu'il avait donné le commande-
ment de son duché au général Damas, que vous avez connu
en Egypte. Il enverra des espions et correspondra avec vous.
l'empereur au général dejean.
Mayence, S9 septembre 1806.
Le roi de Hollande me mande l'envoi de 200,000 rations
de biscuit à Wesel. Je n'ai trouvé presque rien à Mayence ;
le munitionnaire n'avait que 2,000 quintaux de farine en
iinagasin, que j'ai fait partir sur-le-champ pour Wurzburg.
Les mesures pour approvisionner Mayence par réquisition ne
sont pas encore prises. Le commissaire ordonnateur n'a pas
même connaissance du décret*. H est bien nécessaire pour-
tant que j'aie dans cette place les approvisionnements que j'ai
demandés.
Il n'est encore arrivé de Strasbourg à Mayence ni bidons,
ni marmites, ni souliers. Il paraît que ce dépôt n'en a pas
encore reçu l'ordre.
Les régiments de cavalerie n'ont pas encore reçu l'avis
des fonds que je leur ai accordés pour acheter des chevaux*.
J. La ntScessilé, pour les commandants do corps d'armée et pour les com-
mandants de corps détachés, d^avoir des officiers d*état-major auprès des com-
mandants des corps d'armée voisins et auprès du commandant de rarmôe,
doit encore guider dans la fixation du nombre des aides de camp et des ofli*
ciers d'état-major.
i. L'Empereur avait donne, le so, Tordre au ministre directeur, en luire-
commandant de ne pas perdre une heure.
a. LE COLOXBL BOOVILLOIi, DU 1^^ DB HUgSABDS, AU GAitAbAL DITPOXT,
A FBAKCrOBT.
Oflenbach, 28 septembre 1806, au soir.
J*ai pris connaissance do Tordre du 98 septembre. Je n'ai aucun caissoo
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29 SEPTEMBRE. 179
Cela devient très important ; mettez pins de mouvement dans
toutes ces opérations. Exigez que les corps passent des
marchés. Autorisez les hussards et les chasseurs à acheter
des chevaux au-dessous de quatre pieds trois pouces. Auto-
risez aussi la grosse cavalerie et les dragons à en acheter
au-dessous de la taille prescrite; il y a de ces sortes de
chevaux partout en France, et il vaut mieux acheter des
paysans des chevaux de 6 ans que de faire des remontes de
3 ou 4 ans qui ne serviront pas avant deux années.
l'ehpebeub au habéchal soult.
fiiayence, 2» septembre 1806.
J'espère que votre corps d'armée sera arrivé le 3 octobre
à Amberg. Je vais partir demain pour porter mon quartier
général à Wttrzburg. La guerre n'est pas encore déclarée ;
mais elle tient à un fil bien faible. Vos propos doivent donc
continuer à être pacifiques. Cependant vous vous préparerez
à exécuter le plan suivant. Mon intention serait que vous
puissiez arriver le 5 à Baireuth avec tout votre corps réuni,
ayant quatre jours de pain, et en manœuvre de guerre ; et
que le 7 vous puissiez arriver à Hof, et en déloger l'en-
nemi. Mais, comme je serais à Bamberg, sur le compte que
à ma dispositioD pour le transport des vivres. Mon régiment aurait besoin de
150 manteaux neufs pour remplacer pareil nombre tombant de vétusté.
L'ordre do S. M. l'Empereur pour emprunter 10,000 fr. sur la masse des
fourrages no peut dtre rois à exécution, cette masse étant non seulement
épuisée, mais obérée de 8,960 fr. que le conseil a empruntés sur la masse
de lÎDge et chaussure des husscirds (somme redue encore à cotte masse),
S. Eic. le ministre directeur n*ayant point répondu aux demandes réitérées
du conseil et no pouvant, d'ailleurs, passer aucun marché pour cet objet, le
temps ne le permettant point.
Je a*ai ni forge de campagne ni fors. Les maréchaux ferrent, comme ils
l'oat tot^ours fait, c'est-à-dire au ftir et à mesure que les chevaux en ont
besoin.
J'ai échangé à Mayence 78 carabines courtes autrichiennes contre un pareil
Dombre de carabines françaises.
Vous verrez, mon Général , par les réponses que je fieds à Tordre du jour,
<|Q'il De m'est point possible de satisfaire à aucun de ses articles. Le temps
«l trop court. D'ailleurs, je n'ai aucun moyen d'exécution que celui de pren-
dre des vivres à Aschaffenburg pour 8 jours. S. M. ignore sans doute que mon
régiment a été négligé, qu'il lui est redù encore S mois de solde.
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180 CAMPAGNE DE PRUSSE.
VOUS m'auriez rendu de la journée du 5, vous recevriez des
ordres plus précis pour le 6 et le 7. Les rapports que vous
m'enverriez sur la situation des ennemis à Hof me seraient
nécessaires.
Ceci n'est point un ordre d'exécution, mais une instruc-
tion pour vous préparer, en attendant mes ordres pour entrer
dans le pays de Baireuth. Vous vous porteriez sur l'extrême
frontière entre le pays de Bamberg et celui de Baireuth.
Far ce plan vous seriez le premier destiné à entrer dans le
pays ennemi. Vous et votre corps d'armée devez voir l'es-
time que je vous porte. Je vois avec plaisir arriver le moment
où je vais vous revoir. Envoyez-moi, par l'officier d'ordon-
nance que je vous expédie, un état exact de votre situation,
corps par corps, ainsi que l'état du matériel de votre artillerie.
Prenez pour principe, dans toutes vos formations en ba-
taille, soit que vous vous placiez sur deux ou trois lignes,
qu'une même division fasse la droite des deux ou trois
lignes, une autre division le centre des deux ou trois lignes,
une autre division la gauche des deux ou trois lignes. Vous
avez vu à Austerlitz l'avantage de cette formation, parce
qu'un général de division est au centre de sa division.
En vous envoyant l'ordre d'entrer dans le pays de Bai-
reuth, je vous ferai connaître comment vous devez traiter ce
pays. Le 3 octobre, le maréchal Ney sera avec son corps
d'armée à Nuremberg 5 le maréchal Davout, à Bamberg ; le
maréchal Bemadotte, à Kronach ; le maréchal Lefebvre, à
Konigshofen ; le maréchal Augereau, à Wttrzburg ; toute la
réserve de cavalerie, entre Kronach et le Mayn. J'ai pensé
qu'il était nécessaire que je vous donnasse cette idée de la
position générale de l'armée. Du moment que vous serez à
Baireuth, votre ligne d'opérations doit être sur Nuremberg;
c'est sur cette place que vous devez opérer vos évacuations.
Vous pourriez diriger les prisonniers que vous feriez sur
Forchheim.
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29 SEPTEIIBRE. 181
l'empereub a m. de montesquiou.
Mayence, 30 septembre 1806, 8 heures du matin.
M. de Montesquiou partira à 2 heures du matin pour por-
ter la lettre ci-jointe au maréchal Soult à Amberg. Il me
rapportera la situation de ses troupes, une idée générale
des chemins, et viendra me retrouver le plus tôt possible
au quartier général. Si le maréchal Soult n'était pas encore
arrivé à Amberg, il ira à sa rencontre. Il aura soin de bien
faire connaître le jour où toutes les troupes du général y
seront rendues. La lettre qu'il porte est de la plus grande
Conséquence. Il la détruirait plutôt que de la laisser prendre.
 tout événement, il est bon qu'il la porte d'une manière
cachée.
l'empereub au génébal rapp.
Mayence, 29 septembre 180B, lO heures du soir.
Il est nécessaire que vous soyez à Wtirzburg le 2 octobre ;
rendez-vous-y directement. Les deux bataillons de dragons
sont arrivés- Du dernier état que vous m'avez envoyé, il
résulte que l'infanterie de ligne peut faire partir 1,248
hommes; Pinfanterie légère, 634; la 'cavalerie et les dra-
gons, 195 hommes à cheval ; et les chasseurs et hussards, 66.
Je TOUS prie de me faire connaître si tous ces détachements
8ont partis. Comme Mayence est un détour, dirigez-les direc-
tement sur Wtirzburg ; mais faites-les marcher en règle sous
les ordres d'un adjoint à Tétat-major*, et envoyez-moi leur
ordre de marche, afin que je sache le jour où ils arriveront,
«Tai nommé le général Bisson pour prendre le commande-
1* Le môme jour t9, TEnipereur a confié à Tadijudaiit commandant Levas-
>eur le commandement des détachements du s* corps partant de Mayence. Ces
iBî^oiis, dont on trouvera encore d'autres exemples, rentrent donc dans les
*(tributîoos des ofBciers d^état-roajor. Le général Thiébault les signale à l'ar-
ticle Condvite det colonnes.
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182 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ment de la 5* division ; mais, comme il peut tarder à arriver,
laissez la division au général de brigade le plus habile * ;
écrivez en miême temps au général Bisson, à Besançon, qu'il
est urgent qu'il soit à Strasbourg ; que vous vous rendez à
Tarmée, et qu'il n'y a pas d'homme capable de diriger cela.
En vous rendant à Wtlrzburg, vous passerez à Carlsruhe,
où vous verrez le grand-duc. Vous verrez surtout le prince
héréditaire, pour savoir s'il commande son corps, quelle
sera sa force, et quel jour il sera réuni. Vous verrez aussi la
princesse. Je désire que vous alliez vous-même jusqu'à
Manheim, et que vous suiviez de là la route de WUrzburg,
pour connaître si tout est prêt pour ma Garde à cheval et
pour l'artillerie, qui doivent y passer. Je vous ai autorisé à
prendre des aides de camp. J'imagine que vous en avez un f
dirigez-le sur Augsburg, pour prendre la note de tout ce qui
en est parti et de la situation des Français qui y restent. Il
prendra les mêmes notes à Ulm, et il se rendra avec ces
deux mémoires à WUrzburg *. Comment le payeur n'est-il pas
encore ici? S'il n'en a pas reçu l'ordre, donnez-le-lui, et
qu'il parte sans délai. J'imagine que vous recevrez ce cour-
rier le 30 au matin. Réexpédiez-le sur-le-champ avec vos ré-
ponses à ces questions. N'oubliez pas de m'envoyer aussi par
lui la situation de l'artillerie du général Oudinot, matériel,
personnel, attelages, que vous avez dirigée sur Mayence.
l'empereur au maréchal augereau.
Mayence, 89 septembre 1806, minuit.
Je vous prie de me faire connaître ce qui serait arrivé à
votre connaissance du côté de Fulde et de Cassel. Comme il
1. Là où il y a une direction à donner, Tancionneto n*est plus un droit au
commandement ; elle disparait pour faire place à la capacité, qui fixe seule
le choix du chef. Les questions de susceptibilité doivent âtre mises de côté.
L'intérôt public exige que le commandement soit confié au plus babilo. Au
plus ancien à ôtre aussi le plus capable.
a. L*£mpereur n*était renseigné que parce qu'il avait des aides de camp et
des officiers d'ordonnance et qu'il savait s'en servir. Tant qu'on n'en viendra
pas là, on ne saura rien.
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29 SEPTEMBRE. 183
serait possible que vous receviez Tordre de vous rendre à
Wûrzburg, il serait nécessaire que vous vous procuriez
des vivres pour quatre jours, et de vous préparer à replier
vos postes, de manière à arriver à Wiirzburg le 3 octobre.
Je vous enverrai des ordres demain 30 avant minuit. Ne
démasquez point votre mouvement, de manière que Ton ne
puisse supposer quelle route vous devez prendre. Je suppose
que le 20' de chasseurs a joint votre corps d'année.
L'eHPEREUB au GéNÉRAL MERLE, GOUVERKEUR
DE BRAUNAU.
Mayonce, 89 septembre 1806, minuit
Monsieur le général Merle, je vous expédie un courrier
pour vous faire connaître que je suis arrivé à Wtirzburg et
que Tannée y est réunie. Les hostilités ne sont pas commen-
cées avec l'armée prussienne -, mais ce qui m'importe, c'est
(lavoir la situation de votre place et de ce qui s'y passe.
J'espère qu'il n'y aura pas lieu que vous me donniez des
preuves de votre courage, vu ma position avec l'Empereur
d'Autriche ; mais enfin, si le cas arrivait, je compte sur vous,
votre talent et la valeur des troupes que vous commandez.
11 n'y aura point d'inconvénient à ce que, sans vous mettre
en avant, vous laissiez courir le bruit que tout est arrangé
avec U Prusse.
l'empereur a m. OTTO.
Mayence, 29 septembre 1806, minuit.
J'expédie un courrier à Braunau pour avoir des nouvelles
du général Merle et de la situation des affaires de ce côté.
Je lui donne Tordre de retourner par Munich, et je désire
que vous me fassiez passer tout ce qui viendrait à votre con-
naissance. Mon quartier général sera demain à WUrzburg,
^t probablement le 5 octobre à Bamberg. Demandez au géné-
ral Deroy l'emplacement, au 3 octobre, de chacun de ses
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184 CAMPAGNE DE PRUSSE.
régiments, et leur situation. Je désirerais qu'il me les en- |
voyât sur-le-champ à WUrzburg, afin que la communication \
soit fréquente. Si le courrier avait besoin d'une instruction
particulière pour se rendre à Braunau, vous la lui donneriez.
Écrivez par un courrier au vice-roi d'Italie pour lui donner
des nouvelles sur ce qui se passe, dissipez les faux bruits, si
communs à la guerre. Écrivez au vice-roi qu'il fasse passer
par estafette des nouvelles à Naples. Toutes les fois qu'il
courrait des nouvelles désastreuses ou que vous apprendriez
des événements importants, n'épargnez pas d'envoyer des
courriers à Milan, en en chargeant des hommes secrets qui
ne sachent faire autre chose que de remettre une lettre. U
est convenable que vous fassiez courir le bruit du côté de
Braunau que tout est arrangé avec la Prusse, sans vous
mettre trop en avant. Je n'écris point au roi de Bavière,
parce que vous pouvez Tentretenir de tout ce que je peux
lui écrire.
l'empereur au général rapp.
Mayence, i9 septembre 1806, minuit.
Je reçois votre lettre du 28 septembre aujourd'hui à mi-
nuit. Je vous ai expédié un courrier il y a six heures, et
je vous en expédie un nouveau pour vous faire connaître
que mon intention est que les 4 bataillons que vous organisez
débarquent à Manheim et se dirigent en toute diligence sur
Wttrzburg. Les 3 bataillons sont-ils composés de grenadiers
et de voltigeurs, ou de simples compagnies? Faites-le-moi
connaître, afin que je sache ce que je pourrai en faire.
Dirigez le bataillon du 28* léger sur Mayence, ce bataillon
devant rejoindre son régiment devant cette place.
Les pontons sont inutiles à Mayence, envoyez-les sur
Bamberg.
N'exécutez point l'ordre du ministre qui ordonne d'en-
voyer des hommes à pied des régiments de cavalerie des
dépôts aux escadrons de guerre ; toutefois faites-moi con-
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29 SEPTEMBRE. 185
naître ce qu'a demandé le ministre, et la situation de ce que
TOUS ayez déjà envoyé de ces hommes à pied, ainsi que ce
qui reste à ces dépôts.
Les 25 bateaux sont bien importants; mettez-y toute votre
attention ; faites-les escorter par un bon détachement com-
mandé par un officier supérieur; donnez-lui, s'il faut, de
l'argent pour lever tous les obstacles qui se présenteront en
route, et qu'il soit rendu à Bamberg le 5 octobre.
Ayez bien soin d'envoyer à Tarmée et de diriger sur WUrz-
burg tout ce que vous pourrez tirer des dépôts, en laissant
aux 3^ bataillons les officiers et sous-officiers nécessaires
pour recevoir les conscrits qui vont y arriver de toutes parts.
Visitez également les bataillons du train ; ordonnez- leur
d'acheter des chevaux de trait ; il en manque à l'armée ;
mettez en marche tout ce que vous pourrez de ces bataillons
sur Wttrzburg, où je vous ai déjà fait connaître que vous
deviez être rendu pour le 3 octobre au plus tard.
LE MAJOB GÉNÉRAL A L'EMPBREUR.
Wûrzburg, 29 septembre 1806.
J'ai l'honneur d'adresser à V. M. la copie de la lettre que
je viens de recevoir du roi de Wurtemberg et la réponse
de l'archiduc Ferdinand à ma lettre du 26.
Un rapport de M. le maréchal Lefebvre, n** 1 '.
Un rapport du chef de bataillon Legrand que j'avais
envoyé en reconnaissance, n* 2.
Un rapport du chef de bataillon Huart, envoyé aussi en
reconnaissance, que les Prussiens n'ont pas voulu laisser
passer à Eisenach et qu'ils ont reconduit hors des frontières
de Saxe, n» 3.
Un rapport du chef de bataillon Q^uilleminot que j'avais
également envoyé en reconnaissance, n® 4.
V. H. remarquera la grande activité qui règne dans
^- C'est le rapport du maréchal Lefebvre du 28.
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186 CAMPAGNE OE PRUSSE.
les dispositions de Tarmée prussienne : elle verra que leurs
troupes légères bordent toutes les frontières de la Saxe
et de la Prusse et sont en contact avec les armées de V- M.
Je viens d'expédier un courrier au général Songis pour
quHl accélère l'arrivée des 12 pièces d'artillerie à Wiirzburg
où vous désirez qu'elles se trouvent au passage de votre
Garde.
Les reconnaissances suivantes donneront une idée du pays et de
la nature des communications.
LB CHEF OB BATAILLON HUART AU COLONRL BLBIN.
Schweinfurt, 28 septembre 1806.
Voici une partie de ma tournée faite. J'ai vu Coburg, Hildbnrghan-
sen, Meiuingen, Ëîsenach et Fulde. Aucune de ces villes ne remplit
l'objet que Ton se propose. Aucune de ces villes n'a de mur d'en-
ceinte proprement dit : loin d'être susceptibles d'être mises en état
de défense, c'est qu'un parti de cavalerie pourrait y entrer à toute
heure et de tous côtés. Les Prussiens étaient et sont encore à Ëise-
nach, Meiningen et Hildburgbausen ; il m'a fallu avoir du front pour
pénétrer jusqu'à Eisenach qui est le quartier général de leurs avant-
postes et boire la honte de m'en faire chasser et reconduire bien es*
corté jusqu'aux frontières de la Saxe. Je vais examiner Schweînfiurt
que je connais déjà, qui est un fort bon poste, bastionné, avec des
dehors, quoique tout cela soit en assez mauvais état, mais pas trop
difficile à améliorer : j'irai voir demain Wiirzburg que je ne connais
pas et là je m'occuperai de rédiger et de vous envoyer des notes
plus détaillées et plus circonstanciées sur la reconnaissance qne j'ai
faite.
Ne sachant où est maintenant S. A. le major général sous le cou-
vert duquel je vous envoie celle-ci, je prends le parti de l'adresser à
WUrzburg à M. le général Belliard, qu'on m'a dit y être.
RAPPORT SUCCINCT DU CHEF DE BATAILLON DU GÂMIE LEGRAND, EN RE-
CONNAISSANCE DE RATISBONNB A BAMBEBQ PAR NUREMBERG, ET DE
BAMBERO A KRONACH ET GERA, ADRESSÉE LE 29 SEPTEMBRE AU G^KÉ-
RAL 8AN80N.
D'Ërlang à Forchheim il n'y a pas de chaussée. La route passe sur
des sables fins et sans consistance. La poste met quatre heures à
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^^'
29 SEPTEMBRE. 187
faire 4 petites lieues. Cependant les plus fortes voitures, telles que
guimbardes, j passent à force de chevaux.
L'embranchement d'Erlang sur Amberg est mauvais.
De Forchheim à Bamberg la route est bonne.
De Bamberg à Baireuth la route est, dit-on, mauvaise.
De Bamberg à Kronach, la route dans le large vallon du Mayn
jusqu'à Redwitz est généralement bonne. Les villages jusqu'à Lich-
tenfels sont assez nombreux dans le vallon. On trouve sur la route
deux villages fermés d'une muraille, celui de Staffelstein et celui de
Lichtenfels.
Bamberg plus grande et plus belle ville qu'on ne croit générale-
ment; elle est plus grande que WtJrzburg et mieux bâtie.
Staffelstein est un petit village d'une centaine de feux.
Lichtenfels peut avoir 250 maisons.
Redwitz n'est qu'un très petit village.
C'est en avant de ce village que la route traverse le Mayn sur trois
ponts en pierre et que les Prussiens, en débouchant de la petite for-
teresse de Cuimbach, pourraient disputer le passage.
J'ai été rencontré à Cuimbach par M. le colonel du génie Blein
qui m'a engagé à ne pas aller plus avant.
RAPrOBT DC CHEP DK BATAILLON GUILLBMINOT, EN RECONNAISSANCE
DE NUREMBERG A DRESDE.
Renseignements iopographiques.
Une armée qui suivrait la route de Nuremberg à Dresde aurait des
diiBeiiItésà vaincre quant aux chemins. Entre Plauen et Zwickau,
la communication est absolument impraticable en temps de pluie, et
uUeors en beaucoup d'endroits elle n'a pas la voie de l'artillerie
^nçaise. Cependant on pourrait ouvrir des chemins à droite et à
g&nche.
Le sol est généralement montueux et boisé depuis 6 lieues au delà
de Nuremberg jusqu'à Zwickau.
11 Test moins jusqu'à Oderan et ensuite jusqu'à Dresde ce sont
pïwque toujours de grandes plaines.
La Saale, qui passe à Hof, est la plus profonde des rivières que
l on ait à traverser ; elle est guéable au-dessus de Hof. Il parait que
lenueim en défendra le passage. Un camp, dit-on, a été tracé pour
15,000 à 20,000 hommes près de cette ville.
Les autres rivières sont de 8, 10 et 12 toises de large et coulent
^08 des vallées assez profondes, mais comme elles sont plus ou
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188 CAMPAGNE DB PRUSSE.
moins guéables, elles n'arrêteront pas longtemps. Elles débordent
toutes en temps de plaie. Leurs ponts sont pour la plupart en
pierre.
En général les vivres et les fourrages ne manqueront pas sur la
route de Nuremberg à Dresde ; seulement en avant d'Hippolstein le
pays pendant plusieurs lieues est très aride.
(Suivent des renseignements très complets sur Dresde.)
Le chef de bataûlan adjoint à Vaide'inajor général Sanson.
GUILLBMINOT.
RAPPORT FAIT A 8. A. 8. LE PRINCB DE NBUFOHATIL PAR LE CHRP
DR BATAILLON QUILLEMINOT BNVOVA A DRESDE PAR SB8 ORDRES.
Wûrzburg, 89 seplembre 1806.
L*aile gauche de Tarmée prussienne, formée des troupes de la Si-
lésie et des possessions en Pologne, est entrée en Saxe le 6 septembre.
Elle a passé l'Elbe sur 4 points, au-dessous de Pilnitz sur un bac,
au pont de Dresde, sur un pont de bateaux construit exprès à Nieder-
Wartha et sur le pont de Meissen. Ce corps cantonna autour de
Dresde sous le prétexte que l'armée du Roi qui s'avançait de Magde-
burg était en retard. 8 régiments d'infanterie furent aussitôt dirigés
sur Merseburg pour y renforcer cette dernière.
On vantait la marche des troupes de l'aile gauche et on citait par
exemple celle du régiment de Zastrow qui, en 16 jours, était venu de
Posen à 46 milles ou 92 lieues de Dresde, ce qui ne fait pas 6 lienes
de poste par jour.
Le 23 le quartier général du prince Hohenlohe et du prince Louis
de Prusse devait être transféré à Freyberg sur la route de Dresde à
Hof . Les chevaux du prince Hohenlohe étaient rassemblés le soir vis-
à-vis l'hôtel de Pologne où il était logé.
L'armée saxonne fait décidément cause commune avec les Prus-
siens. Le prince Hohenlohe lui donne des ordres directs. H en a dis-
persé les troupes parmi les siennes ; quelques bataillons saxons sont
cependant disposés par échelons entre Plauen et Chemnitz.
L'armée du Roi (le centre) marchait lentement de Magdeburg par
Merseburg et Leipzig. Celle de M. de Rilchel (l'aile droite) est daus
le Hanovre septentrional et doit agir, dit-on, vers le Bas-Rhin. M. de
Wartensleben, l'ancien gouverneur d'Erfurt, devait rassembler 20 ba-
taillons et 12 escadrons sur la Saale à la droite du général Tauensien,
qui est à Hof et dont le corps ne se monte pas à plus de 2,000 hom-
mes malgré les rapports exagérés qu'on en fait.
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29 SEPTEMBRE. 189
Les forces ennemies se divisent ainsi qu'il suit :
Taile gauche de 62,000 hommes sous le prince Hohenlohe ayant
avec lui le prince Louis ;
le centre de 75,000 hommes sous les ordres immédiats du Roi ;
le duc de Brunswick est lieutenant de
S. M. Les généraux Môllendorf et Kalk-
reuth commandent chacun une aile de
cette armée.
Taile droite de 50,000 hommes sous M. de Riichel.
Total. . . 187,000 hommes.
Cette force est donnée d'après les rapports les moins exagérés.
On avait cru d'abord que ces troupes s'avanceraient plus rapidement,
mais leur marche a été suspendue ; elle ne se continuait pas d'une
manière bien prononcée le 23 septembre ; cependant il était alors
fortement question de les porter plus en avant.
Les généraux reçoivent en marche Tordre de leur destination qui
leor parvient toutes les 24 heures.
On n'a pu rien savoir de bien positif encore sur les Russes. Les
débris de la bataille d'Austerlitz rassemblés à Brzesc sur le* Bug
forment le noyau d'une armée qu'on dit devoir être portée à
50,000 hommes, destinés pour la Saxe, sous le commandement du
général £ssen.
On dit aussi qu'une autre armée de 80,000 hommes doit suivre la
première sous le vieux général Kamensky, espèce de demi-sauvage
dans le genre de Souwarow. Ce général avait été disgracié. Les
coartisaus d'Alexandre disaient qu'il était vieux, sourd et bête.
Lorsque dans la dernière guerre on le sonda pour savoir s'il repren-
drait du service, il répondit : « Je suis trop vieux, trop sourd et trop
bête. > Il ne paraît pas qu'il ait tenu à cette résolution. Les soldats
ont confiance en lui : du reste on ne sait rien de certain sur la mar-
che de ses troupes. Il court à ce sujet les bruits les plus ridicules
dans l'armée prussienne.
£a général l'esprit de cette armée, surtout chez l'officier, paraît
très monté ; on emploie à cet effet tous les moyens imaginables.
L*armée saxonne n'est pas aussi bien disposée : quelques jeunes gens
désirent la guerre ; les anciens généraux et les officiers ne la deman-
dent pas ; tous paraissent assez mécontents de l'incorporation de
leur armée avec celle des Prussiens.
La Prusse est en guerre avec l'Angleterre, et cependant les officiers
prussiens et notamment le prince Louis ne quittent pas l'envoyé an-
glus et les autres personnes de cette nation qui sont à Dresde.
Le duc de Brunswick ne désire pas la guerre * ; il craint de com-
i. Uùffling, sous-chef de Tétat-major gûnéral prussien , raconte que lo mar-
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190 CAMPAGNE DE PRUSSE.
promettre sa réputation, il est timide, lent, irrésolu, eu un mot c'est
le Daun des Prussiens.
M. de M($llendorf craint également d'exposer son nom ; on lui a
fait ainsi qu'à M. de Kalkreuth un commandement fictif à l'armée
du Roi, afin de ne paâ intervertir l'ordre du tableau en donnant de
préférence un corps d'armée aux généraux Hofaenlohe et Rdcliel,
moins anciens qu'eux.
Ces deux derniers veulent la guerre ; les uns accordent des talents
et de l'énergie. à M. de Bttchel, les autres, en grand nombre, les loi
contestent. Le prince Uohenlohe est très animé contre les Français.
Il a de la réputation. Le prince Louis est très débauché : on le ra-
mène ivre toutes les nuits ; c'est une tête exaltée. On lui donne de
l'esprit.
M. de Kalkreuth est rongé de maladies ; on le considère comme
incapable.
BE CONNAISSANCE DU CAPITAINE BÂMOND DB BATI8B0NNB A EOEB;
BETOUB PAB HOF, BEBNBCK, BAIBEUTH, SUE AHBEBO.
M. le comte de Tauenzîen, commandant dans la principauté de
Baireuth, a réuni toutes ses troupes à Hof ; on compte 8,000 ou
10,000 hommes sous ses ordres. Il a établi une batterie de 4 pièces
d'artillerie à une lieue eu avant de la ville sur le chemin de Baireuth.
La chaussée qui traverse ce pays est en assez bon état jusqu'à Hof....
A mon passage à Eger, voyant arriver une dizaine de déserteurs
prussiens, je demandai aux officiers autrichiens s'il leur en arrivait
souvent ; ils me répondirent que journellement ils en recevaient jlis
ou moins.
Il n'y a pas de chaussée de Hof à Dresde ; seulement par inter-
valles il eu est de très petites portions qui sont fort mal entretenues;
j'ai remarqué que sur beaucoup de points on transportait des pierres
et qu'on ne s'occupait cependant qu'à remplir les ornières, de ma-
nière que les transports seront toujours extrêmement difficiles dans des
chemins aussi montagneux et dont une grande partie ne sera pas ferrée.
Plauen, sur la rivière d'Elster, qui a un pont en pierre, est la pre-
mière ville de Saxe.
Les villages et villes qui garnissent le chemin de Hof à Dresde
offirent des ressources sans nombre pour les subsistances.
Toutesles rivières sont peu conséquentes et guéables presque partout.
quis de Lucchesini, arrivant de Paris à Naumburg, et questionné par le duc de
Brunswick sur les intentions de l'Empereur, aurait répondu : « Monseigneur,
il ne sera jamais Tagresseur, jamais, jamais I » A ces mots, un sourire de sa-
tisfaction aurait éclairé le visage du duc.
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29 SEPTEMBRE. 191
BECONKAI88ANCB DU COLONEL BLEIN DE BAHBBBQ A LEIPZIG PAR CO-
BUBO, 8AALFELD,*IÉNA ET MAUMBUBG ; BET0T7B PAB ZEITZ^ GERA
ET 8CHLE1Z.
(S ote jointe à un mémoire du colonel Blein sur la campagne de Prusse.)
Je partis le 19 de Munich étant chargé de reconnaître les routes
de Bamberg à Leipzig, et cette mission, d'après révénement, ne fut
pas une des moins importantes.
La rupture ne devant pas encore éclater, je pris le prétexte d'aller
voir la foire de Leipzig et d'y acheter des cartes de géographie.
J'allai par Coburg, Saalfeld, léna et Naumburg. Je trouvai les pre-
miers postes d'honzards prussiens auprès de léna. Celui qui était en
Tedette m'interrogea pour savoir oit était Tarmée et quelle était sa
force, n me laissa passer quoiqu'en uniforme et avec le ruban de la
Légion , mais je présume qu'il ne me prit pas du tout pour un Fran-
çais, parce que je parlais et prononçais passablement l'allemand.
C'était un vieux soldat, et qui ne paraissait pas bien confiant dans
cette guerre prochaine. Je traversai Naumburg la nuit du 23 sep^
tembre. Le Roi de Prusse et le prince de Brunswick y étaient. Le
portier voulut avertir l'officier de garde qui dormait , mais je parlai
au caporal à qui je dis que cela était inutile, et on me laissa passer.
Je traversai Weissenfels et LUtzen au milieu des colonnes prus-
siennes, entre autres le régiment de Kleist, qui allait à Naumburg.
Les Prussiens étaient alors coiffés en chapeaux comme les Saxons.
Le 25 au soir, après avoir bien vu Leipzig et acheté mes cartes,
sortant de dîner à V Hôtel de la Cour dé Bavière, avec beaucoup d'of-
ficiers de cavalerie prussiens bien fanfarons , et qui avaient bien cu-
neosement examiné mon uniforme, mes épaulettes et ma décoration,
je vis arriver un équipage en poste. C'était M. Durand, notre am-
bassadeur à Dresde. Il me reconnut à mon uniforme qu'il avait porté
autrefois et me fit avertir. Comme son retour était pour moi le mot
de ralliement, je repartis sur-le-champ , prenant la route de Zeitz et
Géra, où je trouvai la queue d'une colonne du corps d'Hohenlohe
qui allait à Hof par Alteuberg. Je passai à Schleiz, à Lobenstein.
Je traversai Kronach, poste assez fort que l'on s'occupa à armer. Je
me retrouvais en Bavière. Enfin je retrouvai des postes français à
2 lieues de Bamberg et rencontrai Maison, qui commandait une bri-
gade d'avant-garde, et à qui je communiquai ce que je savais sur les
mouvements des Prussiens.
A Nuremberg j'appris que le maréchal Berthier n'était plus à
Munich et j'allai le rejoindre à Wilrzburg, où je rendis compte à
l'Empereur lui-même de ma reconnaissance. Le général Clarke était
^8 son cabinet.
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192 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Plusieurs officiers avaient été envoyés , en même temps que moi,
sur Fulde, Gotha, Erfurt, etc., mais ils ne purent pas pénétrer. Les
Prussiens les prièrent poliment de s'en retourner.
CIBCaLAIBE DU MAJOR oAnÉBAL AUX CHEFS D*iTAT-MAJOR
DBS C0BP8 d'aBMÂE.
Wiirzburg, 89 septembre 1806.
En ce moment où les opérations militaires prennent une nouvelle
activité, il est essentiel que vous mettiez la plus grande exactitude à
faire dresser et à m'envoyer vos états de situation, savoir :
1** Le grand état de situation au 1*' et au 15 de chaque mois en
deux exemplaires, afin que je puisse en envoyer un à Paris ;
2^ Un état de situation sommaire tous les 5 jours conformément
au modèle ci-joint.
Vous devez mettre tous vos soins à la rédaction de ces états et
porter dans la colonne d'observations l'indication de tous les mouve-
ments survenus dans l'intervalle d'un état à l'autre.
Je vous recommande aussi de me faire parvenir toujours sans au-
cun délai l'état de vos cantonnements, lorsqu'ils éprouvent quelque
changement, S. M. m 'ayant expressément ordonné de lui présenter
chaque jour l'état détaillé de l'emplacement de la Grande Armée'.
1. Il n*esl pas sans inlénU de voir commenl les ordres furent donnés dans
les corps d*armée pour rexdculion de cette circulaire et de la suivante. —
L'état de situation sommaire était trop compliqué pour pouvoir être établi
facilomeut pendant des opérations actives. Le major générai ue put pas l'ob-
tenir des corps d'armée en octobre et en décembre ; il dut y renoncer. En
février, chaque corps d'armée fournissait, tous les 8 jours, une situation
sommaire des combattants, régiment par régiment.
8« corps. CI&CULAIRB A MM. LBS OilTÂRAUX DB DIVIBIOST BT C0MMAVDAVT8 D*ARMBS.
Forchheim, i" octobre 1806.
J'ai l'honneur d\ vous adresser un modèle d'état de situation sommaire
prescrit par S. A. le major général de la Grande Armée; cet état, iodépendant
du grand état de situation, devra être fourni tous les 6 jours, c'esl-A-dire
tous les 8, 8, 18, 18, 88 et 28 de chaque mois.
Le grand état de situation ne sera plus fourni que par quinzaine, c'est-A-dire
les 8 et 18 de chaque mois.
Votre chef d'état-major doit mettre tous ses soins à la rédaction de ces états
et porter dans la colonne d'observations l'indication exacte do tous les mou-
vements survenus dans l'intervalle d'un état à l'autre.
En ce moment, où les opérations militaires prennent une nouvelle activité,
je vous invite à prescrire à votre chef d'étal-major de m'adresser réguliôre-
ment un rapport journalier des mouvements et des opérations de votre divi-
sion, des cantonnements qu'occuperont vos troupes et dos événements qui
auront lieu. Ce travail est do la plus grande importance puisqu'il doit servir
de base au compte qu'il m'est ordonné d'adresser à S. A. le mt^or général.
J'ai l'honneur de vous faire observer que la demande que je lais à votre
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29 SEPTEMBRE. 193
LS MAJOR GÉNÉRAI. AV GÉNÉRAL BBLLIABD.
Wiirzburg, 89 septembre 1806.
Dana les étatà de situation, le nombre de chevaux des régiments
de troupes à cheval est porté dans une seule colonne sans distinguer
leâ chevaux des officiers de ceux des troupes. Cependant un lieute-
nant a 2 chevaux, an capitaine en a 3, un chef d'escadron et un
rhef dVtat-major ne préjudicio en rien au rapport ilirocC que vous êtes obligé
(le rendre à M. le Maréchal. G'* DAULTAXHa.
4* corps. CIKCULAIRB ▲ lUf. LB8 oiviKAUX DB DIVISXOM.
s octobre 1806.
[Lu premièret phraae» sont la reproduction textuelle de cellet du major
générai pour renvoi des état* et la manière de porter les chevaux.)
Je T0D8 prie, en conséquence, d'ordonner à votre chef d*étal*roajor de meltre
tuas ses soins à là rédaction de ces états et de porter dans la colonne d*ob-
8tir\'ftlions rindication de tous les mouvements survenus dans riutervalle d*un
i'tat a l'autre.
Je vous prie aussi de me faire adresser par votre cher d'état-ro^'or tous les
iuiirs sans aucun délai l'état de vos cantonnements lorsqu'ils éprouveronl
quelque changement, S. Exe. m'ayant expressément ordonné de lui présenter
chique jour l'état détaillé de l'emplacement du corps.
Je vous prie également d'ordonner qu'il soit fait mention sur les états de
quinzaine des mouvements qu'auront exécutés vos troupes, de l'historique et
des événements qui seraient survenus, comme il a déjà été demandé dans le
courant de la dernière campagne. 6*^ Cokpahs.
4' corps. CIBCULAIBB AUX ADJUDAHTS COKMAKDAIITS.
4 octobre 1806.
Ayant besoin de connaître sur-le-champ les mouvements exécutés depuis
le 37 septembre dernier jusqu'au 5 du présent, par la divison dont vous avez
le détail, vous voudrez bien, M. le commandant, m'en adresser de suite le rap-
port détaillé, de manière à m'indiquer les journées de marche, les lieux où la
dÎTisioQ a été cantonnée ou mise en position, ainsi que les points principaux
'lu'elle a parcourus.
A Tavenir vous m'adresserez le rapport historique des mouvements, can-
loDoements et positions de la division, ainsi que des événements survenus,
tous les 5 jours, avec l'état de situation sommaire que j'ai demandé à M. le
géoéral de division dans ma lettre du 8 octobre et dont je fixe les envois aux
^' I0i 15, so, 25 et 30 de chaque mois.
Je vous recommande très expressément, M. le commandant, de mettre la
l'ios grande exactitude à me fournir aux époques flxées ces états et rapports,
afin d'élro dans le cas de remplir les ordres de S. A. le prince ministre de la
^erre et ceux de S. Bxc. M. le Maréchal commandant en chef.
G«l COMPAIIS.
l'K QÀsiBAI. BBL.L.IAKD AUX ADJCDAVTB OOMKABDAVTS CUBrS d'ÉTAT-MAJOB.
Wiirzburg, S» septembre 1806.
EoToyez>moi de suite, M. l'adjudant commandant, l'état de situation des
liOQiines et des chevaux de votre division , ainsi que de l'artillerie , pour ce
<lui coDceme le personnel et le matériel ; dites-moi s'il y a des caissons de
<^vtoQehes et si votre ambulance est organisée.
Vons aurez soin, à dater du i«' octobre, de m'envoyer tous les jours, avec
CAMP. DB PBUSiB. 13
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194
CAMPAGNE DE PRUSSE.
colonel en ont davantage, ce qui augmente de beaucoup le nombre
des non-combattants. S. M. désire donc que cette distinction aoit
établie avec beaucoup de clarté sur les états de situation, et qu*à
cet effet on porte dans une colonne les chevaux d'officier et dans une
autre colonne les chevaux de troupe. — Ayez soin qu'on se conforme
à cette disposition dans la rédaction des états de situation de la ré-
serve de cavalerie. (Ordre de l'Empereur au général Dejean dn
22 septembre.)
LE MAJOR GÉNÉRAL AUX MARÉCHAUX.
Wûrzburg, 29 soplembre 1806.
J'ai souvent appelé votre attention, M. le maréchal, sur
les souliers des soldats. S. M. a ordonné de transporter à
Mayence ceux qui étaient à Strasbourg et à Paris, et a fait
connaître en même temps qu'elle donnerait en gratification
une paire de souliers à chaque soldat de la Grande Armée.
Prescrivez aux colonels des régiments de votre corps d'armée
d'ordonner à leurs dépôts d'en faire confectionner et de les
diriger sur Mayence, l'intention de l'Empereur étant que
chaque soldat soit muni de trois paires de souliers dont deux
dans le sac et une aux pieds, et que les conseils d'adminis-
tration en fassent confectionner une quatrième paire qu'ils
enverront sans délai à Mayence où il sera donné des ordres
pour leur destination ultérieure.
Même ordre à l'intendant général.
Tétat de situalioD, un état conforme au modèle ci-joint, auquel vous devrez
donner tous vos soins.
coart D*AftHi
de réserre.
• ÉM des ca
ntonnemenU dt
; la division.
. .* ftltniOH Bl...
DATES.
npiAcamiiT
du
qaartier général.
• iaiaxATioM
des
régiment*.
MABCBU
et
ROTH ToroetArai'
et militaire*.
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29 SEPTEMBRE. 195
LE MABECHAL LEFEBVRE AU MAJOR GÉNÉRAL.
SchweiDfurt, S9 septembre 180G.
Je ne suis arrivé à Schweinfurt que d'avantk-hier, mais
plasieurs jours auparavant j'avais placé une brigade de
cavalerie à Hammelburg pour couvrir Wtirzburg, observer
Bruckenau et en général tout ce qui pourrait déboucher du
pays de Fulde ; depuis on y a ajouté quelque infanterie, mais
je conviens que ces forces seraient insuffisantes pour défendre
ce point contre une force imposante. Suivant vos instructions
et celles du prince de Ponte-Corvo, j'ai dû porter ma princi-
pale attention sur le point de Schweinfurt sur lequel je vais
concentrer mes troupes dont une partie commencera à cam-
per aujourd'hui, pour me transporter le 3 octobre dans la
position de Neustadt à cheval sur la grande route de Mei-
nungen pour observer tout ce qui pourrait déboucher de
cette partie de la Saxe, où il paraît que l'ennemi a concentré
ses principales forces. Si V. A. S. trouvait ces dispositions
insuffisantes, qu'elle veuille bien me prescrire toutes celles
qu'elle croira nécessaires à l'exécution de ses dispositions.
Je présume que V. A. S. a voulu désigner le point de
Grunschalz pour celui qu'elle voulait faire occuper par un
bataillon du 21' régiment par le mot Chamstadt. Ce point
est occupé depuis plusieurs jours par une brigade de la divi-
sion Suchet.
Les 3,000 fr. que V. A. S. m'a accordés pour dépenses
secrètes, sont dépensés depuis plusieurs jours en courses
d'officiers et envois d'émissaires ; je suis même en avance
de plus de 1,200 fr. de mes fonds.
Le maréchal Davoat arriva à Ganzenhausen le 29 septembre vers
H beures du matin et continua sa route. Les 3 divisions d'infanterie
<iQ 3* corps et le parc séjournèrent le 29 dans les cantonnements du
28. Le V de chasseurs passa à la 1'* division. Les 7* de hussards,
2* et 12* de chasseurs vinrent cantonner à Windesheim.
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196 CAMPAGNE DE PRUSSE.
BÉPABTITION DB LA CAVALEBIE ABEÊTÉB PAB M. LE MABftCHAL DATOUT.
GuDZOubausen, S9 septembre I8O6.
Le 1*' régimeut de chasseurs à cheval sera attaché en eutier et
jasqu^à nouvel ordre à la 1'^ division.
Le 2* et le 12* régiment fourniront chacun 100 chevaux, le 12* à
la 2« division, et le 2« à la 3*.
Le restant des 2* et 12* formera la réserve de cavalerie aux ordres
du général Viallannes et marchera, sans des ordres contraires, entre
les 1'" et 2* divisions d*infanterie.
Le général Viallannes donnera les ordres nécessaires pour que la
réserve de cavalerie fournisse à Tétat-major général du corps d'arméo
un détachement de 24 chevaux commandé par un officier auquel il
sera joint un trompette ainsi que le nombre de sous -officiers néces-
saire ; elle fournira également pour la garde du parc d*artillerie dv
réser\'e 25 chevaux commandés par un officier *.
Chaque compagnie d*élite des 1"', 2* et 12* régiments fourniront
chacune 15 hommes de la compagnie d'élite pour la garde particu-
lière de M. le Maréchal ; les maréchaux des logis et brigadiers sont
compris dans le nombre de 15 que chacune de ces compagnies doit
fournir ; ce détachement sera commandé par un officier et aura un
trompette avec lui.
1. CIRCULAIRE AUX OÉR^AUX DB UITI8IOH BT AU oAsiSAL BAHKICQUE.
Bamberg, s octobre I8O6.
M. le Marccbal voulant mettre constamment le parc de re'serve du S« corps
tl'urmée à Tabri des partisans, soit en marche, soit en station, vient d^ordonncr
qu'il serait alTeeté à sa garde un demi-bataillon, qui sera Fourni alternative-
luenl par lus 3 divisions; ce demi-bataillon sera relevé tous les 10 jours.
Lu 3« division commencera à fournir ce détachement, et comme celte divi-
sion a été chargée de l'escorte du parc depuis que le corps d*armée est en
marche, elle sera censée avoir commencé ce service à dater du 1*' de ce mois.
Le 10, la 2^ division fera relever le i«r demi-bataillon fourni par la s<.
Le 20, la ir« division fera relover le détachement de la %^.
Le même service continuera é avoir lieu par la suite suivant le mode ci-
dessus prescrit.
Le demi-bataillon affecté au parc sera spécialement sous les ordres de Toffi-
cier supérieur d'artillerie commandant le parc, lequel demeure chargé du pla-
cement de son matériel et de la disposition des troupes pour le mettre à
couvert de toute surprise.
La surveillance du commandant de cette arriére-garde devra être également
active pendant la nuit et pendant le jour; il est essentiel que cet olUcler se
conduise comme s'il marchait isolément et n'était point couvert par le corps
d'armée. Il se fera éclairer pendant la marche et prendra toutes les mesure^
possibles pour la sûreté du parc; les compagnies de canonniers qui y sont
attachées seront utilisées pour sa défense conjointement avec Tinfanterio et le
détachement de cavalerie légère fourni par la réserve do cette arme.
G*' DAri.TAXKB.
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29 SEPTEMBRE. 197
Le général Viallannes fera choix de chasseurs parlant les deux
langaes pour les 45 hommes détachés près M. le Maréchal, ainsi que
pour le détachement attaché à Tétat-major général. M. le général
Viallannes donnera des ordres pour que ces détachements soient re-
levés tous les mois.
Cette organisation recevra son exécution dès que la division de
i-avalerie aura rejoint le corps d'armée.
Aussitôt Texécution du présent ordre, tous les hussards et chasseurs
maintenant d'ordonnance près de MM. les généraux seront renvo7és
H leurs régiments.
Ordre en conséquence le 29 aux généraux Priant et Gudin. —
... M. le Maréchal ordonne impérativement que dès que ce détache-
ment aura joint votre division, vous renvoyiez à leurs corps respectifs
tous les hussards et chasseurs qui sont attachés à votre état*major
ainsi que près de MM. les généraux de brigade et que sous aucun
prétexte quelconque il ne soit retenu aucune des ordonnances que
MM. les généraux peuvent avoir maintenant près d'eux.
L mtention de M. le Maréchal est que vous détachiez 4 ordonnan-
ces près de chacun de MM. les généraux de brigade sous vos ordres;
ces ordonnances devront être relevées tous Tes 8 jours.
LB aéNéuAL DAULTANNE AU COLONEL DU GÉMIE TOUZABD.
Gunzenhausen, 29 septembre isoe.
H. lé Maréchal me charge de vous prévenir qu'il est instant que
voQB vous procuriez la quantité d'outils prescrite par la lettre de
^* Â. le prince ministre, dont je vous ai donné copie : vous êtes
antorisé à faire connaître que S. Exe. en garantit le paiement inces-
samment.
M. le Maréchal vous demande de procurer 2 barques par division
et 2 pour le quartier général où les grandes cinquenelles seront en
réserve ; ces barques devront contenir 6 hommes, elles seront portées
par des voitures de réquisition avec les cordages, gaffes et 4 cinque-
nelles de 400 à 500 livres de poids pour établir les moyens de passer
«t repasser.
Vous achèterez aussi tous les autres objets portés dans votre état.
Les généraux de division procureront les voitures nécessaires sur
» demande des officiers du génie pour le transport des nacelles, etc.,
^ je me charge de ce qui tiendra au quartier général ; ces voitures
seront remplacées le plus souvent possible jusqu'à notre arrivée sur
1« pays ennemi, où les généraux de division y pourvoiront d'une ma-
'aère stable.
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198 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Vou6 attacherez à chaque division un sapeur conductenr et le^
charretiers seront pris parmi les déserteurs ennemis ou parmi les
Français non militaires à la suite de l'armée.
Veuillez bien ne pas perdre un instant pour travailler à cette or-
ganisation et profiter de toutes les ressources tant à Nuremberg qn a
Bamberg.
Les officiers du génie feront des demandes aux généraux de diW-
sion afin d'avoir les hommes nécessaires pour entretenir, diriger,
mettre à l'eau et conduire les barques qui y seront affectées ; ce*
hommes devront toujours les suivre et en avoir soin '.
1. CIRCULAIRB AUX O^N^RAUX DR DIVI8IOR.
L*intention do M. le Maréchal est que vous mettiez à la disposition de
l'officior du génie i sous-officier et 6 hommes propres .à ce service pour en-
tretenir, diriger, mettre à Teau, conduire les barques qui seront affectées à
votre division ; ces hommes devront toujours les suivre et on avoir soin ; le
Buu9-offlcior sera en môme temps chargé de la garde des outils, qu'il ne déli-
vrera que sur un ordre de 1*officier du génie ; ces hommes gaineront leurs
armes ot ne seront relovés que sur de nouveaux ordres.
iM génie donnera à ces militaires une indemnité égale à leur solde.
Les voitures portant les barques et les Outils suivront les barques des divi-
sions et seront gardées par la garde de ces parcs.
Vu le petit nomitre de sapeurs qui existe au corps d'armée, Tintention de
M. le Maréchal est que vous mettiez au besoin à la disposition du commao-
dsinl du gonio ou de ToOlcier du génie de la division les sapeurs des régi-
ments.
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30 SEPTEMBRE
ORDRE.
Hayence, so septembre 180<.
M. de Toumon partira à une heure du matin avec une
lettre pour le prince Primat et le maréchal Augereau. Il
rapportera leur réponse. Il aura soin de compter, en allant
et Tenant, les voitures chargées de vivres qu'il rencontrerait,
et le nombre de sacs.
Napoléon.
L EMPEREUR AU PRINCE PRIMAT.
Mayence, 8o septembre 1806.
Mon Frère, je reçois votre lettre. Les mouvements des
Prassiens m'obligent à accélérer les miens. Une gi*ande
quantité de troupes arrivant à chaque instant à Wlirzburg,
je désirerais qu'il vous fût possible d'y envoyer 20,000 quin-
taux de blé ou de farine. Le prix en serait promptement
payé an taux du pays. La célérité nécessaire pour faire arri-
ver ces farines à Wtirzburg me fait seul prendre le parti d'en
écrire à Votre Altesse. Je la prie de charger un de ses
nùnistres de faire arriver le plus tôt possible cet approvi-
sionnement dans cette place. Je la prie aussi de m'envoyer,
par l'officier que je lui expédie, les nouvelles qu'elle pourrait
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200 CAMPAGNE DE PRUSSE.
avoir de Cassel, Fulde et pays environnants. Je ne puis vous
donner aucune nouvelle des négociations avec la Prusse. H
paraît qu'il y a un courrier prussien qui s'est croisé avec moi
en route. Toutefois je vous prie d'être sans inquiétude, de
ne jamais douter de ma constante et ferme volonté de protéger
la Confédération, et surtout de vous être agréable.
l'£mpebeur au major général.
Mayence, 30 septembre 1806, S heures du matin.
En pensant à la manière de pourvoir mon armée de muni-
tions, j'ai senti la nécessité d'avoir deux points forts où je
puisse établir mes dépôts : Wttrzburg et Forchheim.
Je vous ai déjà donné des ordres pour Wtirzburg, et je
n'ai pas à y ajouter \ Quant à Forchheim, nommez-y un
commandant, ordonnez que la place soit armée et approvi-
sionnée ; envoyez reconnaître son état actuel ; faites-y dési-
gner des locaux pour des magasins de cartouches d'infante-
rie et de cartouches à canon, pour des magasins de bois de
rechange, et qu'on y établisse sans délai, ainsi qu'à Wûrz-
burg, un petit arsenal. En prescrivant des dispositions si
importantes pour l'artillerie, vous sentez le besoin de les
expliquer à l'état-major* et à l'administration. Tous les pri-
sonniers que l'on fera seront dirigés sur Forchheim ou Wtirz-
burg, selon les circonstances. Forchheim sera probablement
le point souvent préféré.
Faites établir à Forchheim un hôpital de 500 malades et
des magasins de vivres. Faites transporter à Forchheim les
35,000 rations de biscuit qui sont à Passau. Faites-y cons-
truire des fours, pour qu'il y ait une manutention, et faites-y
réunir 15,000 quintaux de farine, de sorte qu'à tout événe-
1. L'Empereur a donné les ordres définitifs pourWûrzburg dans sa dépêche
du S9 à 10 heures du soir. Mais dés le so il avait fait connaître ses inlenUons à
l'égard de Kônigshoren, Kronach et Wiirzburg. Tout devait donc être au moins
préparé pour prendre possession de ces s places.
9. 11 n'y a pas do commandement sans état-major, c'est-à-dire sans aides.
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30 SEPTEMBRE. 201
ment mes corps pourraient se plier sur Forchheim ou Wttrz-
burg, et trouver là des cartouches, des vivres et un point
dappui.
Ces deux points sont également à l'abri d'un coup de
main ; ce sont deux places assez fortes. Il 7 a des Bavarois à
Forchheim ; on peut y envoyer une compagnie d'artillerie,
.rimagine qu'il y a 2 compagnies à Wtirzburg, qui travail-
lent à armer la place. Faites donc passer des ordres à l'in-
tendant général pour que tout soit ainsi dirigé. Je n'aime
point Bamberg, parce que c'est un lieu ouvert, et qu'il est
important que mes dépôts soient dans uno petite place \
Vous avez assez d'expérience de la guerre et de ma
manière de diriger les opérations pour sentir l'importance
des places de Forchheim et de WUrzburg. Ajoutez que
Forchheim a le double avantage de me servir contre la
Bohême, et qu'il peut y avoir telle opération où, refusant
entièrement ma gauche, je sois privé pour longtemps du
point d'appui de WUrzburg. Ainsi donc faites construire
10 fours à Wtirzburg et 10 fours à Forchheim, et qu'on ne
perde pas de temps à approvisionner ces places en farine, en
eau-de-vie et en avoine.
Beaucoup de commandants vous deviennent inutiles dans
1a Bavière ; nommez-en à ces places. Tracez une route pour
Tartillerie d'Augsburg à Forchheim, etd'Augsburg à Wtirz-
burg.
Forchheim va être dans cette nouvelle campagne ce qu'a
été Braunau l'année passée.
1. Il faut lire cette phrase avec attention. De ce que l*Empereur ne veut
pas de Bambergy lien ouTert, peur y placer ses dépôts (munitions, vivres),
il ne fiiut pas conclure quMl rapporte Tordre de réunir beaucoup de farine
^aiu celte ville. Ces farines doivent servir comme approvisionnement pour la
réunion de Tarmée et non pas comme approvisionnement de prévoyance dans
le eas où rarmée effectuerait un mouvement rétrograde.
I^s approvisionnements pour la réunion et les approvisionnements des
pointe d*appui sont deux choses distinctes ; de môme dans une place forte
le« approvisionnements de siàge et les approvisionnements de prévoyance
pour Tarmée (soit ceux de réunion, soit ceux de retraite). A la guerre • il
faut d*abord bien établir la langue pour s*eutendre, car c^esl faute de cela
n^^oD prend une chose pour une autre. > Note de TEmpereur pour Tinteodant
général, Posen, S décembre S 806.
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202 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Ordres donnés en conséquence par le major général le 1*' octobre
au général Songis et à l'intendant général.
l'empebeur au major général.
Mayence, 30 septembre 1806, S heures et demie du malin.
Je n'ai reçu qu'aujourd'hui à minuit votre lettre du 25.
Le général Songis a tort de s'excuser; un parc d'artillerie
sans ponts est une chose trop absurde. Si ceux de Vienne ne
valaient rien, il fallait en avoir de plus légers, ce que j'ap-
prouve fort. J'ai ordonné au général Rapp de diriger les
25 pontons de Strasbourg sur Bamberg ; ils y seront rendus
le 5 octobre, je l'espère '. J'ai donné des ordres pour les
bataillons du train qui sont en France et en Italie ; je vous
en envoie copie. J'ai donné de l'argent pour les remonter,
1. Xi> IfAJOK OÉnArAL ▲ Li'KMPKBBnR.
Wûrzburg, 29 septembre 1806.
Le général Songis mande que les ouvriers et les pontonniers sont armés de
fusils conformément é Tordonnance.
Quant à Téquipage do pont, il m*apprond quMI a conservé les ancres, cor-
dages et agrès nécessaires à cet équipage et qu'à Tégard des tMteaux ils
étaient re.«lés à Vienne, attendu qu'ils étaient trop lourds, mais qu*Il a fait met-
tre en état à Strasbourg 25 bateaux beaucoup plus légers et qu*on pourrait
transporter avec facilité. N'ayant pas reçu d'ordre de les faire venir à l'armée,
il avait cru devoir les laisser à Strasbourg, pensant d*ailleurs qu'avec les cor-
dages et agrès qui étaient au parc, ot les bateaux ou bois propres à faire des
radeaux que l'on pourrait trouver sur les rivières, il serait très facile de jeter
un pont en très peu do temps. Il a fait exercer les pontonniers aux manœu-
vres des ponts de radeaux. Elles ont très bien réussi. D'après mes ordres, il a
fnit partir d'Ulm, le 86 septembre, un officier en poste pour Strasbourg et ill's
chargé de conduire les 25 bateaux légers à Wiirzburg. Il lui a donné des in-
vitations et réquisitions pour qu'il puisse obtenir des agents du pays les chc*
vaux qui lui seront nécessaires. Cet officier emporte de l'argent pour traiter
s'il le faut de gré à gré. J'espère, Sire, que d'après ces mesures les bateaux
arriveront à l'époque fixée par V. M.
LB GÂKKBAL SONGtS AU MAJOR oixiHAL.
Wiirzburg, l»^ octobre 1806,
J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. que l'équipage de pont de bateaux
est parti le 29 de Strasbourg et qu'il est arrivé le 30 à Ueilbronn. Le mt^r
Valée, officier très-actif et intelligent, est chargé de faire préparer les relais
sur la route ; je lui ai donné toute autorisation et tous moyens à cet égard
qui dépendent de moi. J'ai lieu d'espérer, d'après les rapports que j'ai reçus,
que ces bateaux an'iveront ici après-demain, peut-être demain en partie. Les
ancres et les cordages y arriveront en môme temps de Lawingun près d'Olm.
Le directeur de l'équipage de pont est ici depuis 2 jours pour faire préparer
les poutrelles, madriers et autres objets que l'on se procure ordinairemont sur
les lieux. J'espère ainsi que cet équipage sera prêt à Wiirzburg le S de ce mois.
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30 SEPTEMBRE. 203
je VOUS en envoie la note. L'idée du général Songis d'acheter
1,000 chevaux n'en est pas moins excellente. Donnez ordre,
par un courrier extraordinaire, au directeur du parc, d'en
acheter 2,000, s'il en trouve de bons*. On ne saurait avoir
trop de chevaux d'artillerie, et certainement j'ai aujourd'hui
des charretiers à la Grande Armée pour servir 20,000 che-
vaux. Mais il est temps enfin de prendre un parti réel sur lu
parc. Je ne veux point non plus avoir 1,100 ou 1,200 voitures
à ma suite. Dites à Songis que c'est autant de pris par l'en-
nemi. Je ne veux pas plus de 400 voitures. Mais je n'entends
pas que la moitié soit des caissons d'outils ou des effets d'ar-
tillerie des compagnies, etc. J'entends que ce soient des
cartouches d'infanterie, des cartouches à canon, pour ré-
parer des pertes, et avoir 20 ou 30 pièces de canon de plus
en batterie le jour d'une bataille. Sur ces 400 voitures, je
n'en veux pas plus de 30 qui contiennent des objets de
rechange du parc ; le reste doit être cartouches et munitions.
Telle est ma volonté. Alors ce parc me sera de quelque uti-
lité, ne me gênera jamais, et, s'il retarde un peu mes opéra-
tions, ce sera un retard raisonnable et selon la nature des
choses. Ecrivez donc au général Songis que, si j'avais 30,000
chevaux, je ne voudrais pas dans l'organisation de mon
armée plus de 400 voitures à mon parc.
Ainsi donc, que le général Songis fasse l'état des voitures
^t les dirige sur Bamberg, si elles sont encore à Augsburg,
^uà Wttrzburg si elles sont sur la route ; qu'il y ait au parc
^' L> MAJOR OÉxéRAL AU oiRÉKAL S0N0I8.
Wûrzhurg, i*^ octobre 1806.
L'ordre a étu donntS par l'Empereur au général Dejean le Si septembre que
'<^ 10* bataillon du trahi à Turin aclièlo Soo mulets, que les 4« et 7* ba-
t^iUonsen Italie acbéteut 630 mulets, que le li« bataillon à Douai se procure
9^)0 clievaux. et S. M. a ordonné qu'au fur et à mesure qu'une compagnie
'lo ces batuillons aurait ses cbevaux, elle se dirigeât sur Mayence.
L'Empereur ne veut pas que Ton dispose, sans son ordre, du 11« bataillon
au Iraio qui va arriver à Mayence, non plus que des 250 caissons de la com-
pagnie Brcidt, qui sont partis de Paris et qui se réunissent à Mayence. Ce
»0Q[ rieg moyens de précaution en cas d'événements.
LF.inpereur ordonne d'acheter a.ooo chevaux, à raison de 300 fr., pour le.^
balailioDs du train présents à l'armée.
« vous réitère, général, que l'inlenlion de l'Emporeur est qu'il n'y ail
poiDt d'artillerie à cheval au parc; elle doit être toule aux corps d'armée.
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204 CAMPAGNE DE PRUSSE.
des munitions, des canons, des canonniers et une compagnie
ou deux d'ouvriers, le conducteur général du parc et tout le
personnel qui n'est attaché à aucun corps d'armée. Ce parc
me sera d'une immense utilité. Un atelier de réparations sera
établi dans la citadelle de Wtirzburg, et un dans la citadelle
de Forchheim. Un magasin de cartouches à canon et de car-
touches d'infanterie sera foimé à WUrzburg, et un autre à
Forchheim.
Les moyens du pays seront suffisants pour approvisionner
rapidement ces deux dépôts. On peut même laisser à Augs-
burg des munitions et des approvisionnements. A mesure
que j'irai en avant, je choisirai un point central fortifié, et
j'ordonnerai qu'on y fasse, avec les moyens du pays, des
magasins ; mais cela n'a rien de commun avec le parc mobile.
Ainsi donc mon parc doit être partagé en quatre : 400 voi-
tures suivront l'armée avec une compagnie d'ouvriers, tous
mes pontonniers et tout le personnel de l'artillerie ; un gros
atelier de réparations sera formé dans la citadelle de Wttrz-
burg et à Forchheim; des ouvriers, des forges y seront
envoyés ; des magasins de cartouches, de rechanges et d'effets
(le toute espèce y seront réunis ; mais de manière cependant
qu'il reste à Augsburg au moins le tiers de ce que j'y ai, de
sorte que, soit que je me reploie sur Augsburg, soit que je me
reploie sur Forchheim, soit que je manœuvre sur Wtirzburg,
je trouve dans ces places de quoi réapprovisionner mes cais-
sons et réparer mon artillerie. Le parc réduit ainsi au strict
nécessaire suivra l'armée.
Le général Songis me rendra compte tous les jours de ce
(jui s'y trouve, de ce qu'il fait, et je donnerai des ordres pour
son réapprovisionnement et pour la formation de nouveaux
dépôts. C'est ainsi qu'il est possible de faire la guerre ; tout
autre moyen est absurde.
Résumé. Indépendamment des ordres que vous transmet-
trez sur-le-champ au général Songis, transmettez-lui l'ordre
d'acheter 2,000 chevaux. J'ai des charretiers à l'armée pour
servir plus que ce nombre ; mais ils ne doivent pas être
employés comme domestiques, ils ne doivent pas être atta-
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30 SEPTEMBRE. 205
chés aux caiBSons des officiers, des généraux. Je serai inexo-
rable là-dessus, et je ne souffrirai que personne se serve des
chevaux ni des caissons d'artillerie.
En expédiant cette dépêche de rEmpereor, le major général ajouta
au général Songis :
A l'égard du parc, soit de la réserve de cavalerie, soit des
différents corps d'armée, il faut les organiser de manière h
c^e qu'il n'y ait rien d'inutile.
L'instruction du 30 septembre contient tous les principes de l'or-
ganisation du 8er\âce de l'artillerie aux armées : la constitution du
pare mobile ; la formation des premiers dépôts dans les places fortes
servant de point d'appui ; l'organisation successive des dépôts dans
des points centraux fortifiés ; enfin les devoirs du général comman-
'lant raitîllerîe de l'armée.
l'ehperëuh au majob général.
Mayence» 80 septembre 1806.
Je ne vois pas d'inconvénient que l'on occupe Neustadt.
Ce qui m'avait fait porter une avant-garde à Kônigshofen,
t'est que je pensais qu'il existait sur le territoire du pays,
en avant de Kônigshofen, appartenant à la Bavière, une
bonne position qui rendait maître des débouchés sur Meinun-
içen et Hildburghausen. Mon intention n'étant pas de débou-
cher par Meinungen et Gotha, mais de faire ployer ma gauche
^ur Coburg, il faut que les deux divisions du maréchal
Lefebvre occupent une position en arrière de Neustadt, et
^lu'il fasse reconnaître une route telle qu'il puisse se por-
ter, par une marche de flanc, qui sera dérobée à l'ennemi,
hur le chemin de WUrzburg à Coburg, sans passer par Bam-
^*ig, pour ne pas faire confusion avec les autres corps d'ar-
lûée, n faut aussi qu'il y ait des détachements de cavalerie
«or les hauteurs, entre Meinungen et Neustadt, jusqu'aux
limites du territoire bavarois, afin d'empêcher, quand le
moment sera arrivé, toute communication, et de pouvoir
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206 CAMPAGNE DE PRUSSE.
masquer le mouvement à Teniiemi, mon intention étant d'ar-
river à Saalfeld avant que l'ennemi s'y trouve en très grande
force. Envoyez donc un officier du génie reconnaître la fron-
tière bavaroise jusqu'à Heldburg et même jusqu'au pendant
des eaux qui est, je crois, au delà de Coburg. Envoyez-en
un autre reconnaître le pendant des eaux entre Meinungeu
et Melrichstadt, en avant de Neustadt. Que le maréchal
Lefebvre réunisse son corps d'armée. Je n'aime point voir la
division du général Gazan éparpillée dans les montagnes;
c'est là l'affaire de quelques piquets, ou, au plus, de quel-
ques détachements ; que sa division et son artillerie se réu-
nissent en arrière de Neustadt ; qu'il envaie des reconnais-
sances et des piquets de cavalerie sur la hauteur, comme je
l'ai dit ci-dessus. J'attends ces deux reconnaissances, qui
sont très importantes.
Si vous avez même des outils à Wttrzburg, je ne serais pas
éloigné d'avoir l'air de faire travailler à des redoutes sur les
hauteurs, entre Meinungen et Neustadt, sur la hauteur du pen-
dant des eaux et sur la limite du territoire wurtembergeois,
également sur le pendant des eaux entre Kronach et Loben-
stein. Toutefois il est nécessaire que le maréchal Bernadette
ait sur cette hauteur une avant-garde d'infanterie ; il suffit
qu'elle y soit placée le 4. Je suis fâché de n'avoir pas use
reconnaissance de Kronach ; je préférerais de beaucoup cette
place, si elle est aussi bonne que Kônigshofen ; faites la
armer et approvisionner sans délai.
Pendant la réunion de l'armée la cavalerie légère empêche toute
communication avec le dehors et masque les mouvements queTarmée
peut faire pour changer de direction et tromper l'ennemi.
L EMPEREUR AU ROI DE WURTEMBERG.
Mayence, 30 septembre 180$.
Monsieur mon Frère, je reçois la lettre de Votre Majesté
du 27, qu'un de ses officiers m'a apportée. Comme je pense
qu'un courrier arrivera plus vite, je lui expédie ma réponse
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30 SEPTEMBRE. 207
directement. Je serai fort aise de voir Votre Majesté. Voici
mon itinéraire : je serai le 2 octobre à Wtlrzburg et le 5 à
Bamberg. J'aurai grand plaisir à m'aboucher dans les cir-
constances actuelles une heure avec elle. J'aurais été fort
aise de pouvoir l'attendre à Mayence, si je n'étais le plus
esclave de tous les hommes, obligé d'obéir à un maître qui
n'a point de cœur : le calcul des événements et la nature des
choses.
Je désirerais beaucoup que ses troupes pussent être ren-
dues, du 10 au 12, du côté de Wtlrzburg ou de Bamberg.
Si elle a à la main un millier d'hommes d'infanterie et quel-
ques escadrons, elle peut les envoyer à Wtlrzburg, où je les
placerai en garnison jusqu'à ce que le corps puisse se réunir.
Si Votre Majesté se résout à faire une course aussi longue,
nous pourrons convenir des arrangements relatifs au mariage
que nous avons arrêté. Il me semble qu'il suffit que le céré-
monial ait été réglé comme il doit se faire. Il faudra ensuite
agir selon les circonstances. Quant à moi. Votre Majesté voit
bien que je suis l'homme du monde qui, dans ce moment,
peut faire le moins de calculs. Ce n'est pas que la guerre
Boit encore déclarée ; je ne sache pas que M. Laforest ait
encore quitté Berlin ; on m'a annoncé un officier prussien,
porteur d'une lettre du roi de Prusse ; mais voilà trois jours
quon m'en a parlé, et je ne le vois point venir.
Le grand-duc de Wtlrzburg a adhéré à la Confédération.
L'emPEREUB au GBAND-DUC HëBÉDITAIBE de BADE.
Mayence, 30 septembre 1806.
Mon Fils, je reçois votre lettre du 27. J'approuve le désir
<ltte vous avez de faire la guerre. Je vous verrai avec plaisir
près de moi. Vous pouvez vous rendre à Bamberg pour le 4
ou le 5 octobre et y envoyer vos chevaux. Si vous pouvez
diriger sur-le-champ sur cette place votre régiment avec
quelques escadrons de cavalerie et quelques pièces d'artille-
rie, cela sera convenable. Je laisserai, du reste, l'infanterie
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208 CAMPAGNE DE PRUSSE.
dans quelques places du côté de Bamberg, jusqu'à ce qut*
tout votre corps puisse se réunir. J'imagine que pour toui<
ces arrangements vous avez Tagrément du grand -duc.
Pressez autant qu'il vous sera possible le départ de votre
corps de troupes. Les princes de la Confédération se mettent
en mouvement. Le prince Primat fournit seul 2,000 hommes.
Il est donc bon de n'être pas trop en retard.
NOTE SUR LA DÉFENSE GÉNÉRALE DE L'eMPIRE,
POUR l'archichancelier CAMBACÉRÈS.
Mayenco, 30 septembre 1806.
Le roi de Hollande est à Wesel ; il a Tordre de défendre
depuis la Moselle jusqu'à la mer. Le maréchal Kellennann
commande la réserve et les gardes nationales depuis la
Moselle jusqu'à la Suisse.
Il y aura pour garnison à Mayence des dépôts qui auront
bientôt une grande quantité de conscrits. Il y a 40 3** batail-
lons aux dépôts le long du Rhin, lesquels reçoivent^ soit par
la conscription de 1806, soit par Tappel de la réserve,
30,000 conscrits.
Il y a à Paris 2 régiments de ligne entiers, lesquels for-
meront en octobre, avec les troupes de Paris, un effectif de
8,000 hommes présents sous les armes. Il y a, soit à Paris,
soit à Moulins, soit à Amiens, 8 4'* escadrons de dragons,
qui, avant le mois de novembre, auront 2,000 chevaux.
Les attaques du côté du Rhin ne peuvent être dangereuses
pour Tintérieur. D'ailleurs, le roi de Hollande et le maréchal
Kellermann sont munis d'instructions convenables, et de
plus, étant aussi assuré que je le suis du midi de rAUemagne,
et me tenant en situation d'être le premier averti de tout, je
pourrai toujours envoyer à temps les ordres convenables.
L'ennemi peut débarquer en Hanovre. Le roi de Hollande
se trouve à portée de faire face atout si cet événement a lieu^
et tous les corps qui se trouvent le long du Rhin appuieraient
le mouvement du roi de Hollande.
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30 SEPTEMBRE. 209
L'ennemi peut débarquer à Boulogne ; mais il y trouverait
15,000 hommes retranchés et qui sont, tant marins que fan-
tassins, destinés à défendre ce poste important.
Le général Rampon réunit 6,000 gardes nationales à
Saint-Omer. Dès l'instant où on saurait que les Anglais
auraient réussi à opérer par force un débarquement, ce qu'ils
ne peuvent faire qu'avec 30,000 hommes, on ferait partir
promptement le maréchal Moncey, pour qu'il puisse réunir
en toute hâte tout ce qu'il pourrait de gendarmerie de ces
contrées, à Saint-Omer, et l'on dirigerait en poste sur la
Somme les 8,000 hommes qui sont à Paris. Il faudrait que
les Anglais fussent bien audacieux pour tenter cette entre-
prise, et le roi de Hollande en peu de jours se précipiterait
sur eux.
Les Anglais peuvent débarquer à Cherbourg. Le général
commandant la 14* division militaire a, dans cette partie,
le 5* régiment d'infanterie légère. Ce régiment suffirait poui-
garnir les forts de Cherbourg. Les préfets mettraient en
mouvement les gardes nationales, pendant que le maréchal
Moncey serait envoyé pour rassembler sur un point toute la
gendarmerie des départements voisins. D'une autre part, le
général commandant à Bennes la 14^ division militaire ferait
marcher le camp volant de Pontivy * et réunirait une grande
I>artie des troupes qui sont dans sa division. Les 8,000 hommes
qui sont à Paris se dirigeraient en poste vers Cherbourg. Ainsi
Tennemi ne réussirait pas à s'emparer des forts. S'il brûlait
la ville et une frégate qui s'y trouve sur chantier, son entre-
prise n'en aurait pas moins été sans but, et dès lors insensée.
L'ennemi pourrait attaquer Brest. Le général commandant
la 13* division militaire s'y jetterait avec les garnisons de
cette division ; tous les canonniers garde-côtes, ceux des
régiments de la marine, se ploieraient dans la ville, où il se
1. Camp de Ponlivy, formé de 3 compagnies de grenadiors et 3 cum pagaies
'le voUigeura de chacun des 47«, 70« et 8»«, et de plusieurs brigades de gcn-
àarmerie, sous les ordres du général do brigade Boyer, pour poursuivre les
t'igands dans les départements du Morbihan et des Gùles-du-Nord. Ordre au
général Dejcan du 13 septembre 1806.
Camp, dk pbdsiib. 1^
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210 CAMPAGNE DE PRUSSE.
trouve plus de 10,000 marins et une grande quantité d'ou-
vriers qu'on armerait, et Tennemi ne retirerait que de la
honte d'une telle tentative. Il faut un siège en règle pour
prendre Brest. Les troupes de Paris auraient le temps de se
rendre en poste à Rennes. Le 31* régiment (d'infanterie
légère) qui est à Nantes, et ce que j'ai de troupes à Bordeaux
se porteraient vers Brest. Une telle entreprise doit donc
paraître extravagante.
Dans la saison actuelle, l'ennemi ne peut rien tenter
conti'e Bordeaux, ni contre Belle-Ile.
Au surplus, le remède à tout, c'est le prompt rassemble-
ment de la gendarmerie, les compagnies de réserve dépar-
tementales^, la formation des gardes nationales, et Tenvoi
soudain du corps central qui est à Paris.
Une entreprise contre Toulon de la part des ennemis
serait également folle. Indépendamment du régiment de la
marine, des canonniers garde-côtes, des ouvriers, des marins,
de la gendarmerie, des douanes, il y a le régiment d'Isem-
burg, fort de 3,000 hommes, et un bataillon du 32* régi-
ment d'infanterie légère ; tout cela dans Toulon mettrait cette
place à l'abri de toute entreprise. Il faudrait 40,000 hommes
aux ennemis pour l'attaquer, et il n'est pas probable qu'ils les
y voulussent employer avec aussi peu de chance de réussir.
Ce qu'il y a de plus probable, c'est que l'ennemi débar-
quera au Hanovre. La saison n'est pas favorable pour un
débarquement en Hollande, ni pour débarquer à Boulogne,
et cette place est à l'abri de tout événement funeste, tant
parce qu'elle est fortifiée qu'à cause du corps nombreux qui
1. Les compagnies de réserve déparlementales, créées par décret impérial
du 24 floréal an XIII, à raison d'une par département, pour fournir la garde
des hôtels de préfecture, archives des départements, maisons de détention,
prisons et dépôts de mendicité, avaient un effectif variant de 36 à tio hommes,
cadres compris. Les cadres , officiers et soas-offlciers , étaient pris de prof<^-
rence parmi les officiers et sous-offlciers retraités, ou à défaut, parmi Ic^
ofllciers réformes et les sous-offlciers ayant servi 6 ans dans la ligne et n'ayant
pos quitté le service depuis plus de 4 ans. Les conscrits do la compagnie
étaient recrutés uniquement parmi les conscrits de la réserve du départe-
ment. On pouvait aussi admettre les anciens soldats nés ou domiciliés dans
le département, ayant plus de 5 ans de service, pourvu qu'ils fussent valides
et munis de congés.
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30 SEPTEMBRE. 211
la défend. A mon avis, cependant, de tout ce que Tennemî
peut entreprendre, c'est ce qu'il y a le plus à craindre, car
il ne faut qu'un succès d'un moment pour que l'ennemi
détsnise la flottille et le port, et puisse ensuite se retirer.
On doit donc croire que, dans la saison où nous entrons,
l'ennemi n'assayera rien de sérieux, parce qu'il n'aurait plus
la probabilité de pouvoir se rembarquer.
M. l'archichancelier Cambacérès doit écrire tous les jours
au roi de Hollande, quelquefois au maréchal Brune.
J'imagine que le ministre de la marine a toujours assez
de vivres à Toulon, à Brest et à Cherbourg, pour que ces
places ne puissent se plaindre d'en manquer en peu de
temps, en cas d'événements.
Si l'ennemi débarque soit à Boulogne, soit sur tout autre
point important de la France, on devra exécuter ce qui est
prescrit dans la présente instruction, et M. l'archichancelier
Cambacérès en préviendrait sur-le-champ le roi de Hollande,
afin que, laissant au général Michaud le commandement des
troupes qui lui obéissent en ce moment, il se rendît en poste
vers le lieu du débarquement pour s'opposer aux progrès de
mes ennemis.
l'empereur au général junot.
Mayence, so septembre 180G.
Monsieur le général Junot, les 15* d'infanterie légère et
*^8* de ligne doivent être entièrement réunis à Paris. Mon
ïntention est qu'ils fassent peu de service, et que ce peu do
service soit fait par régiment et par semaine, c'est-à-dire que
pendant 8 jours un régiment n'en fasse pas du tout. Vous
^erez tirer à la cible les sous-officiers et les soldats. Vous
porterez une grande attention à l'instruction des conscrits et
a la bonne organisation de ces deux corps, afin qu'au moin-
^ événement je puisse les avoir disponibles. Ils vont rece-
voir des conscrits ; j'espère que ces deux régiments feront
OjOOO hommes à eux deux ; les colonels et officiers sont bons ;
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212 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ce doit faire, d'ici à un mois, deux très-beaux corps. Soignez
aussi la garde de Paris, car je pense envoyer ces régiments
à Boulogne, à Cherbourg, en Bretagne ; et, si Tannée de
Hollande, qui est à Wesel, avait besoin d'être renforcée,
mon intention est que ces deux régiments, le 15* et le 58*,
partent en poste pour les points menacés. Ce serait un ren-
fort de 8,000 hommes qui ne serait pas indifférent. D est
même possible qu'il y ait des événements qui me mettent
dans le cas de vous faire marcher avec ces troupes. Vous
voyez qu'il est important d'y donner tous vos soins.
Vos dépôts de dragons auront bientôt 2,000 hommes. J'y
comprends celui du 4®, qui est à Moulins, et celui du 10*,
qui est à Amiens. Dans le cas où ces troupes seraient obli-
gés de marcher, on rassemblerait des gendarmes qui feraient
le service à Paris. D'ailleurs les 3" bataillons que vous avez
vont bientôt avoir assez de conscrits pour suffire à la police
de Paris \ Portez un grand soin à tous ces dépôts.
INSTRUCTION POUR LE MARECHAL KELLERMANN, COMMAN-
DANT l'armée de RÉSERVE SUR LE RHIN, A MAYENCE.
Mayence, so septembre 1806.
Il faut que M. le maréchal Kellermann ait 4,000 à 6,000
gardes nationales soldées à Mayence. Il en cantonnera 1,200
à 1,500 à Cassel, avec une compagnie entière d'artillerie,
un officier supérieur pour y commander, un adjoint à Tétat-
1. 3^ bataillons des 32« de ligne, 2% 4« et 12<: légers; non compris ceux
des 58« et 15« léger.
L*KMFEREUR A M. CAMBACéBÈS.
Mayence I 29 septembre 1806.
Mon cousin, le colonel Arrighl peut fournir à toutes les gardes du palais,
puisqu'il a les dragons. Mais il faudrait diminuer cette garde ; en général, il
faut accoutumer Paris à ne plus voir tant de sentinelles. C*est le seul moyeu
d*ùter les 6,000 hommes que j'y ai laissés et de pouvoir les envoyer aux
frouliôres, si les circonstances l'exigent.
Le colonel Arrighi était chargé de la formation du régiment des dragons do
lu Garde.
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-Il
30 SEPTEMBRE. 213
major*, un officier du génie et un officier d'artillerie. Tous
ces militaires auront Tordre le plus positif de ne point
découcher et de ne point sortir de Cassel. Il faudra exercer
ces gardes nationales à la manœuvre du canon, afin qu'elles
puissent aider rartillerie. On placera 100 hommes à Tîle de
Saint-Pierre^ 50 hommes dans le réduit qui défend Tinonda-
tion, une compagnie dans chaque fort détaché^ et ils pour-
ront être relevés toutes les semaines, ou même plus souvent
si cela est nécessaire. La garnison de Cassel fournira 200
hommes aux redoutes de l'embouchure du Mayn. Ils seront
relevés comme les précédents. Un officier commandera dans
l'île de Saint-Pierre et un autre à l'embouchure du Mayn.
On ne devra paB considérer les troupes qui sont à Mayence
eonune devant y rester, et la défense de cette place est spé-
cialement affectée aux gardes nationales et à 4 compagnies
d'artillerie, et, en cas d'événements, aux 6 bataillons de
réserve, qui, au moyen des conscrits qu'ils vont recevoir,
auront un effectif de 3,000 à 4,000 hommes.
Le 8* corps de la Grande Armée, composé des divisions
Dupas et Lagrange, sera réuni à Mayence dans la première
quinzaine d'octobre, et destiné à prendre position à Franc-
fort. U agira suivant des circonstances étrangères à ce qui
concerne la garnison de Mayence.
Le maréchal Kellermann correspondra avec le roi de Hol-
lande, qui est à Wesel. Il ne doit laisser passer le pont de
Mayence à aucun soldat isolé qui voudrait joindre la Grande
Armée ; mais il fera réunir tous les soldats voyageant seuls,
1. Dans toute place où se trouvent des troupes de difTérenles armes et
des représentants des divers services, le commandant doit avoir un oUlcier
«réULt-iDi^or pour le seconder. Lorsque les chefs de service sont officiers su-
périeurs ou en ont le rang, Tofflcier d^état-major doit être lui-mâme oiflcier
supérieur; car cet ofBcier ne peut seconder utilement le commandant de la
PUce qu'en traitant d^égal à ëgal avec les chefs de service. Un capitaine se
trouve dans une position d'infériorité vis-à-vis des commandants de l'artillerie
et du génie officiers supérieurs; do 1&, dans les relations journalières, une
foule de susceptibilités qui nuisent au bien du service, à la préparation de la
défense et à ia défense elle-même. Cet officier d'état-major, chef d'étut-migor
'iu gouverneur ou du commandant de la place, devrait faire partie, en qualité
*ie secrétaire et avec voie délibéralivc, de la commission de défense et, pen-
^l la siège, du conseil de défense.
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214 CAMPAGNE DE PRUSSE.
soit qu'ils sortent des hôpitaux, soit qu'ils aient quelque
autre raison valable pour voyager ainsi, et, lorsqu'ils seront
au nombre de 100, il les fera partir sous la conduite d'un
ou plusieurs officiers, et aura soin, en les dirigeant sur lar-
mée, qu'ils soient munis du nécessaire. La route de l'armée
continuera à être de Mayence à WUrzburg ; mais il se pour-
rait qu'on ordonnât que qui que ce soit ne passât davantage
sur le pont de Mayence, et que la route de l'armée fût de
Manheim à Wtlrzburg. Il est donc convenable d'avoir vis-à-
vis de Manheim un adjoint * qui recevra les ordres du maré-
chal Kellermann et l'instruira de tout ce qui viendra à sa
connaissance. Il sera utile que cet adjoint ait avec lui une
compagnie de gardes nationales ; et une brigade de gendar-
merie pourra aussi lui être nécessaire, afin de l'aider à
réprimer toute espèce de désordre et pour lui prêter main-
forte, etc.
Il y aura en outre à Manheim même un commandant d'ar-
mes dépendant de la Grande Armée et qui correspondra
avec le major général. Il faut que le maréchal Kellermann
active, autant que faire se pourra, l'habillement et surtout
l'instruction des conscrits ; et, lorsqu'ils seront à l'école de
peloton, on les fera tirer à la cible ; en temps de guerre, c'est
ce qu'il y a de plus pressé. Il faut s'attacher avec un soin
très-scrupuleux à leur bien apprendre à nettoyer leurs fusils
et à bien placer les pierres de leurs fusils.
Quant à ce qui concerne la cavalerie, l'ordre est donné
qu'on n'achète pas de chevaux au-dessous de l'âge de 5 ans.
Je préfère des chevaux de 4 pieds 3 pouces, ayant 5 ou 6 ou
7 ans, et il y a en France un grand nombre de chevaux de
cette espèce.
1. C'est ce que l'Empereur appelait établir un bureau d'état-magor.
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30 SEPTEMBRE. 215
l'empekeub au maréchal kellebmann.
Mayence, 80 septembre 1806.
Les chasseurs et les grenadiers des gardes nationales des-
tinés à la garde de la place de Mayence seront habillés sur
leur solde et comme ils Tentendront. Mon intention est que le
Trésor ni la ville ne fassent aucuns frais pour cet objet. Les
gardes nationales ne sont pas des troupes de ligne ; il y en a
beaucoup qui sont déjà habillées, et la rigidité n'est pas ici
de saison \
NOTE POUR M. DE TUEENNE.
Mayence, 80 septembre 1806.
M. de Turenne partira dans la journée pour porter une
lettre au roi de Hollande ; il suivra la rive gauche du Bhin.
Cette dépêche est de la plus grande importance. Il la lui
remettra en mains propres et rapportera sa réponse. Quand
il aura remis sa lettre, il passera à DUsseldorf ; il verra Toffi-
cier qui y commande pour le grand-duc de Berg, pour savoir
s'il a des renseignements à donner. Quand il saura ce qui
«y fait et ce qui s'y dit, il reviendra à Mayence pour savoir
quelle est la route qu'il doit prendre pour rejoindre le quar-
tier général.
l'empebeub au roi de hollande.
Mayeace, so septembre 1806.
Je vous expédie M. de Turenne, qui est officier d'ordon-
nance près de ma personne ; il vous remettra en mains propres
la présente, qui a pour objet de vous faire connaître le plan
^' D^CXBIOK.
Mayeijce, i«f octobre 1806.
Les gardes nationales ne doivent recevoir que les vivres ordinaires et non
les vivres de campagne. Napoléok.
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216 CAMPAGNE DE PRUSSE.
d'opérations que je me propose de suivre. II est probable que
les hostilités commenceront le 6 du mois d'octobre.
PREMIERE NOTE.
Mon intention est de concentrer toutes mes forces sur l'ex-
trémité de ma droite, en laissant tout l'espace entre le Rhin
et Bamberg entièrement dégarni, de manière à avoir près de
200,000 hommes réunis sur un même champ de bataille \ Si
l'ennemi pousse des partis entre Mayence et Bamberg, je
m'en inquiéterai peu, parce que ma ligne de communication
sera établie sur Forchheim, qui est une petite place forte, et
de là sur WUrzburg. Il deviendra donc nécessaire que vous
fassiez passer les courriers les plus importants que vous aurez
à m'expédier par Manheim, et de là ils prendront langue à
Forchheim, et m'arriveront de la manière la plus sûre. La
nature des événements qui peuvent avoir lieu est incalcu-
lable, parce que l'ennemi, qui me suppose la gauche au Rhin
et la droite en Bohême, et qui croit ma ligne d'opérations
parallèle à mon front de bataille, peut avoir un grand intérêt
à déborder ma gauche, et qu'en ce cas je puis le jeter sur le
Rhin*. Occupez-vous de mettre Wesel dans le meilleur état
possible, afin que vous puissiez, si les circonstances le
demandent, faire repasser toute votre armée sur le pont de
Wesel et longer le Rhin, afin de contenir les partis, et qu'ils
ne puissent aller au delà de cette barrière. Le 10 ou le 12 oc-
tobre il y aura à Mayence le 8* corps de la Grande Armée,
1. L'Empereur se sert ici de l'expression concentrer parce qu'il a on vue
la bataille. Concentrer, c*e8t réunir toiues ses troupes sur un même champ de
bataille.
Au contraire, ropôration qui consiste h. porter ses corps d'armée sur qq
môme point, en les mettant à môme de se soutenir les uns les autres, mais
en leur laissant toutefois l'espace nécessaire pour vivre dans leurs cantonne-
ments, s'appelle réunir l'armée,
2. La ligne d'opérations de l'Empereur est perpendiculaire i son front de
bataille; elle s'appuie sur Forchheim et de là, au besoin, sur les places du
Danube. En changeant sa ligne d'opérations, « ce qui est considéré comme la
manœuvre la plus habile qu'enseigne l'art de la guerre », l'Empereur c trompe
l'ennemi, qui ne sait plus où sont ses derrières et les points délicats par où
il peut le menacer. » {Obteroations sur la bataille de Leuthen, 1757.)
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30 SEPTEMBRE. 217
fort de 18,000 à 20,000 hommes. Son instruction sera de ne
pas se laisser couper du Bhin, de faire des incursions jusqu'à la
hauteur de Francfort ; mais, en cas de nécessité, de se reti-
rer derrière le Rhin et d'appuyer sa gauche à vos troupes.
DEUXIÈME NOTE.
Les observations de ma première note, qui est ci-dessus,
Si)nt toute de prévoyances. Mes premières marches menacent
le cœur de la monarchie prussienne, et le déploiement de
mes forces sera si imposant et si rapide, qu'il est probable
que toute Tannée prussienne de Westphalie se ploiera sur
îlagdeburg, et que tout se mettra en marche à grandes
journées pour défendre la capitale. C'est alors, mais alors
seulement, qu'il faudra lancer une avant-garde pour prendre
possession du comté de la Marck, de Mtlnster, d'Osnabrttck
et d'Ost- Frise, au moyen de colonnes mobiles qui se ploie-
raient au besoin sur un point central. Il en résulterait que
l'ennemi ne tirerait ni recrues ni ressources du pays, et que
vous pourriez en tirer, au contraire, quelques avantages.
Vous devez sentir que la masse de vos forces ne doit point
s'éloignerde Wesel, afin que de là vous puissiez défendre votre
royaume et les côtes de Boulogne, si les circonstances l'exi-
geaient. Pour la première époque de la guerre, vous n'êtes
qu'un corps d'observation, c'est-à-dire que, tant que l'en-
nemi n'a pas été jeté au delà de l'Elbe, je ne compte sur
votre corps que comme un moyen de diversion et pour amu-
ser l'ennemi jusqu'au 12 octobre, qui est l'époque où mes
opérations seront démasquées; et aussi pour qu'un corps
ennemi, qui se trouverait coupé et qui ne verrait d'autre
ressource que de se jeter en Hollande ou en France, n'y pût
pénétrer ; ou enfin pour qu'en cas d'un événement majeur
et funeste, tel que pourrait l'être une grande bataille per-
due, vous puissiez, pendant que j'opérerais ma retraite sur
le Danube, défendre Wesel et May en ce avec votre armée et
le 8^ corps de la Grande Armée, qui ne s'éloignera jamais
de Mayence, et empêcher en même temps l'ennemi de passer
le Rhin et de piller mes États.
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218 CAMPAGNE DE PRUSSE.
TROISIÈME NOTE.
Il est nécessaire que vous correspondiez fréquemment avec
le maréchal Brune ainsi qu'avec le Texel, pour pouvoir être
sur les côtes, si les Anglais y débarquent, ce que je ne croîs
guère probable. Il est plus vraisemblable qu'ils tenteront de
débarquer en Hanovre, et qu'en se réunissant aux Suédois
ils y auraient bientôt 25,000 hommes. N'ayant plus de
craintes alors pour la Bretagne, pour Cherbourg, ni pour
Boulogne, j'ordonnerais au corps de 8,000 hommes que j'ai
à Paris de venir en poste vous renforcer, ce qui serait une
affaire de dix jours. Débarrassé vous-même de toute appré-
hension, vous pourriez vous faire renforcer par les troupes
du camp de Zeist, et, en cas de nécessité absolue, la totalité
ou partie du 8* corps d'armée quitterait Mayence pour se
rendre, à marches forcées, par la route du Rhin, auprès de
vous. Ces moyens réunis vous donneraient une quarantaine
de mille hommes, qui occuperaient assez les Suédois et les
Anglais pour que mon armée n'en fût point attaquée. En tout
ceci, je vais aussi loin que la prévoyance humaine le puisse
permettre. D'ailleurs, malgré l'éloignement où nous pour-
rons nous trouver l'un de l'autre, assuré comme je le suis du
midi de l'Allemagne, je pourrai toujours vous envoyer, en
peu de jours, des instructions analogues aux circonstances.
QUATRIÈME NOTE.
Une fois le premier acte de la guerre fini, il sera possible
que je vous charge de conquérir Cassel, d'en chasser l'Elec-
teur et de désarmer ses troupes. Le 8* corps de la Grande
Armée, une portion de la vôtre, et peut-être même un déta-
chement de mon armée, auquel je donnerais cette destina-
tion, vous mettraient à même d'effectuer cette opération.
L'Electeur veut être neutre ; mais cette neutralité ne me
trompe pas, quoiqu'elle me convienne. Vous devez l'entre-
tenir dans les sentiments qu'il manifeste à ce sujet, sans
compromettre cependant votre caractère. Des paroles d'es-
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30 SEPTEMBRE. 219
time pour sa personne dites à propos, la manifestation fré-
quente de l'intention où vous êtes de vous conformer aux
ordres que vous avez de bien vivre avec lui, de bons procé-
dés de tout genre, le maintiendront encore quelque temps
dans cette neutralité à laquelle il a recours. Quant à moi,
j aime fort à voir à mon ennemi 10,000 ou 12,000 hommes
de moins sur un champ de bataille où ils pourraient être.
Mais, je le répète, le premier résultat d'une grande victoire
doit être de balayer de mes derrières cet ennemi secret et
dangereux. Je ne vous dis ceci qu'afin que vous étudiiez le
pays, et vous voyez le cas que je fais de vous par la con-
fiance que je vous montre.
A tout événement la garnison de Wesel doit être compo-
sée du 22* de ligne que j'y ai laissé, des 4 compagnies d'ar-
tillerie qui y sont, du bataillon du grand-duc de Berg, et,
sil est nécessaire, d'un millier d'hommes à retirer des dépôts
de la 26* division militaire, en organisant 150 hommes par
dépôt et eu ayant bien soin de ne placer avec ce nombre
d'hommes que deux oflSciers, deux sergents .et quatre capo-
raux par dépôt ; afin que, si la place devait être prise, je
n'eusse pas à regretter un grand nombre d'hommes et sur-
tout le déficit que cela produirait dans mes corps à cause de
la non-formation des conscrits. Je laisse le général Marescot,
premier inspecteur de l'arme du génie en deçà du Rhin,
avec l'ordre d'être soit à Mayence, soit à Wesel, à Venloo, à
Anvers, à Juliers et à Maëstricht, pour fortifier ces différents
points et prendre les mesures provisoires que les circons-
tances commanderont. Vous le verrez sous peu à Wesel.
H me serait impossible de vous donner des instructions
plus détaillées- Ayez de vos officiers d'état-major au quartier
général du maréchal Brune à Boulogne, et qu'il s'en trouve au
vôtre de l'état-major du maréchal Brune. Tenez-vous au cou-
rant de toutes les nouvelles que le maréchal Kellermann pourra
rassembler à Mayence. Ecrivez fréquemment à M. l'archi-
chancelier Cambacérès et au ministre Dejean, afin d'en rece-
voir des nouvelles. Ecrivez même quelquefois pour le même
objet au général Junot, qui commande mes troupes à Paris.
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220 CAMPAGNE DE PRUSSE.
N'exposez jamais votre corps d'armée et ne hasardez point
votre personne, puisque vous n'avez qu'un corps d'observa-
tion*. Le moindre échec que vous éprouveriez me donnerait de
l'inquiétude ; mes mesures en pourraient être déconcertée*,
et cet événement mettrait sans direction tout le Nord de
mon empire. Quels que soient, au contraire, les événements
qui m'arriveront, si je vous sais derrière le Rhin, j'agirai
plus librement; et même, s'il m'arrivait quelque grand
malheur, je battrais mes ennemis quand il ne me resterait
que 50,000 hommes, parce que, libre de manœuvrer, indé-
pendant de toute ligne d'opérations et tranquille sur les
points les plus importants de mes États, j'aurais toujours des
ressources et des moyens.
Il est possible que les événements actuels ne soient que
le commencement d'une grande coalition contre nous et dont
les circonstances feront éclore tout l'ensemble ; c'est pourquoi
il est bon que vous songiez à augmenter votre artillerie. Les
troupes ne manqueront pas; elles vous viendront de tous
côtés ; mais elles n'amèneront pas avec elles les attelages
qu'elles auront besoin d'avoir. Vous avez aujourd'hui 30 pièces
d'artillerie attelées : c'est plus qu'il ne vous en faut à la
rigueur, mais ce n'est pas assez en cas d'événements. Atta-
chez-vous à vous procurer insensiblement des attelages en
bon ordre, de telle sorte que vous puissiez en réunir 60 vers le
mois de novembre. Comme il vous faut un chiffre, je charge
le général Clarke, secrétaire de mon cabinet, de vous en
envoyer un. Mais ne chiffrez que ce qui est important.
L'Empereur a cru devoir faire connaître son plan de campagne au
roi do Hollande pour le rassurer en lui prouvant que le rôle de Tar-
mée du Nord était seulement secondaire ; mais cette commnnicatiou
est pour lui seul, et le roi doit y voir le cas que son frère fait de lui
par la confiance qu'il lui montre. H est certain que si le commandant
(le l'armée du Nord n'eût pas été son frère, l'Empereur ne lui aurait
pas confié son plan d'opérations. La meilleure preuve est que le 1" oc-
tobre, en donnant au commandant du corps d'observation de la
1. Un corps d'observation ne Ooit donc pas combattre.
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30 SEPTEMBRE. 221
France un ordre général pour lui ser^dr de guide, il ne lui parle pas
de ses projets généraux. Du reste, il a attendu jusqu*au dernier jour
pour envoyer à son frère cette instruction détaillée. Même dans le
cas d*une indiscrétion, le commencement des hostilités est trop pro-
chain pour que l'ennemi puisse avoir connaissance du plan de cam-
pagne et changer ses dispositions.
L'Empereur avait conçu son projet général dès le 5 septembre, puis-
qu'à cette date il indique au major général le point de réunion de
Tannée et la direction de sa marche vers Berlin. Le plan de campagne
n'a pas varié, mais les dispositions secondaires se sont fixées.
On est frappé tout d'abord par la hardiesse et la ruse dans la con-
ception. L'Empereur veut porter la guerre chez son ennemi, et il
cherche à le tromper sur ses projets, afin de l'entraîner dans de fausses
manœuvres qu'il n'ait pas le temps de réparer. En combinant ses
opérations, le Commandant de l'armée tâchera donc d'étonner son
adversaire, tout en ne faisant rien de contraire aux principes de la
guerre.
Vient ensuite l'activité que l'Empereur compte déployer pour ren-
dre vaines toutes les combinaisons de son ennemi et le forcer de su-
hordonner ses opérations aux siennes.
Pois la prévoyance qui le pousse à calculer toujours sur le pire.
Il songe à la défaite et au moyen d'opérer sa retraite en trompant
son ennemi ; il a pourvu à la défense de ses Etats.
Enfin la confiance en lui-même qui l'empêche de douter du succès
et sanra, en cas de malheur, lui faire trouver des ressources et des
moyens.
Bien que l'Empereur dévoile son projet général d*opérations, il ne
fait connaître au roi de Hollande que les grandes lignes sans entrer
dans aucun détail d'exécution sur le plan de campagne particulier de
la Grande Armée. Il développe au contraire avec soin le rôle spécial
du corps d'observation du Nord pour la première époque de la guerre
^ indique les opérations qui lui incomberont, une fois le premier acte
de la guerre fini.
On retrouve toujours chez l'Empereur cette circonspection qui
Tempêche de livrer en entier à la même personne le secret de ses
cotnhinaisonB et qui lui commande de ne faire connaître à chacun
qae ce qu'il est indispensable qu'il sache pour l'exécution de la par-
tie qui lui est confiée.
Si maintenant on examine le plan de campagne, on voit qu'il est
haaé but le raisonnement et qu'il ne contient rien qui ne soit conforme
*ux principes de la guerre :
L'Empereur va marcher réuni, pouvant avoir en 24 heures toute
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222 CAMPAGNE DE PRUSSE.
son armée concentrée sur un même champ de bataille ; il assure sa
ligne d'opérations par de nombreux points d'appui ; dans ses calculs
il prévoit toutes les dispositions de son ennemi et prend ses mesures
pour les déjouer et pour les empêcher d'aboutir jusqu'à ce qu'il ait
pu lui-même forcer son adversaire à plier ses combinaisons sus
siennes.
La réflexion avec laquelle il a conçu son plan de campagne et l'&c-
tivité qu'il compte mettre à l'exécuter, lui feront obtenir les résultats
qu'il veut atteindre. Tout se passera ainsi qu'il l'a prévu. Il espère
la victoire et il y compte tellement que le 1 2 septembre il a annoncé
au roi de Naples que ses mesures sont si bien prises et si sûres que
l'Europe n'apprendra son départ de Paris que par la ruine entière de
ses ennemis ; mais il a aussi envisagé la défaite et il a pris ses dispo-
sitions en cas d'un événement majeur et funeste, telle que pourrait
l'être une grande bataille perdue. Enfin il a calculé également sur
l'éventualité d'une grande coalition dont les circonstances feront
éclore tout l'ensemble. Il est allé aussi loin que la prévoyance hu-
maine pouvait le permettre.
L EMPEREUR AU MAJOR GENERAL.
Mayence, 30 seplembro 1806, minuit.
J'approuve la nomination du général que vous avez nommé
pour commander WUrzburg ^ Je n*ai point la reconnais-
sance de Kronach. Cette position, avec celle de Wtirzburg et
de Forchheim, assurerait bien mes derrières. Kronach fortifié
serait Tappui de mon avant-garde ; et, ma droite appuyée à
Forchheim, ma gauche à WUrzburg, je serais environné de
places fortes. Faites donc armer ces trois places.
l'empereur au général marescot.
MaycDce, 3o septembre 1806.
J'approuve beaucoup votre projet relatif aux caissons.
Présentez-moi, ce soir même, un projet de décret au moyen
duquel les caissons que vous proposez seront attachés aux
bataillons de sapeurs, et qui réglera le mode de leur achat,
1. Le général Thouvenot. Le général Lefranc avait été nommé comman-
dant de Forchheim et le général Roize commandant de Kronach.
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30 SEPTEMBRE. 223
(le leur entretien, etc. Il est temps de prendre un parti rela-
tif à ces caissons dont le service est indispensable. II faut
que le génie ait avec lui tout ce dont il a besoin. Il sera bon
démettre dans les caissons ce qui convient relativement aux
outils de mineurs. On me dit quHl est parti de Strasbourg
pour Wttrzburg beaucoup d'outils. Si cela est vrai, il
suffira peut-être d'envoyer à WUrzburg environ 15,000 ou-
tils qu'on pourrait charger sur 12 ou 15 prolonges d'ar-
tillerie qu'on attellera avec des chevaux de réquisition,
et ces prolonges seront alors attachées, pendant cette cam-
pagne, au service du corps du génie. Ainsi les déplace-
ments et les versements d'outils d'une place sur l'autre
ne deviendront plus funestes au service. On saura où
chaque chose aura été placée ; et, sans un ordre bien établi
pour tous ces objets de détail, tout se perdrait, les dépenses
pour l'Etat seraient énormes, et je finirais cependant par ne
rien avoir.
LE GÉNÉRAL MARESCOT A l'eMPEREUR.
Mayenco, So seplerobre 1806.
C'est avec un grand plaisir que je vois V. M. adopter
une mesure que je propose depuis longtemps, qui manque
au service du corps du génie et qui consiste à attacher à cha-
cune des 45 compagnies de sapeurs ^ un caisson d'outils à
4 roues, attelé de 4 chevaux.
11 n'y a rien à ajouter à cet égard à l'organisation des
mineurs, chaque compagnie ayant depuis longtemps son
caisson d'outils approprié à son service.
Projet de décret.
Art, 1*'. — Il sera attaché à chaque compagnie de sapeurs
un caisson d'outils à 4 roues et attelé à 4 chevaux '.
1. Il T avait 5 bataillons de sapeurs, chaque bataillon à 9 compagnies.
2. Le décret du l*' octobre i806 donnait plus d*extension au train de chaque
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224 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Art. 2. — Chaque caisson contiendra les outils suivant» :
200 pelles rondes ou carrées, — 70 pioches, — 30 pics
à roc, — 50 haches, — 28 serpes, — 2 grandes scies, —
20 pics à main, — 10 marteaux grands et petits, — 5 de
chacun des outils suivants: tenailles, ciseaux, tarièrei$,
rabots, varlopes, maillets, valets, vilebrequins, trusquins,
repoussoirs, compas, fils à plomb, règles, équerres, mètres
ou doubles mètres, — 2 pinces en fer, — 50 livres de clous
de toutes grandeurs, — 80 livres de cordes, cordeaux et
ficelles.
Art. 3. — Il sera attaché pour le service de chacun de
ces caissons 2 hommes désignés sous le nom de soldats du
train du génie, qui seront portés en sus du complet de la
compagnie, et qui seront assimilés pour la solde aux soldats
du train d'artillerie.
Art. 4. — L'uniforme des soldats du train du génie sera
le même que celui des soldats du train d'artillerie à la diffé-
rence près du parement et du collet qui seront de panne
noire avec passe-poil rouge. Les boutons seront ceux du
corps du génie.
Art. 5. — Il sera pourvu à la nourriture, au ferrage des
chevaux, à l'entretien des caissons, des harnais et desoutils,
au moyen d'une masse particulière affectée à chaque batail-
lon de sapeurs et qui sera réglée par le ministre de la
guerre.
Art. 6. — Chaque capitaine de sapeurs est particulière-
ment chargé de la surveillance et de la comptabilité du caiî-
son attaché à sa compagnie, et en rendra tous les mois un
compte particulier au commandant du bataillon.
Art. 7 . — Il est mis à la disposition du ministre de la guerre
bataillon, afin d*avoir des rossources pour constituer le parc du gânie de
l'armëe.
Art. l'r. — Il y aura à la suite de chaque bataillon de sapeurs 95 caibsons
attelés de 4 chevaux et chaque caisson sera chargé de porter 500 outils de
difTérentes espèces, conformément au règlement qui sera incessamment établi
par le miuistre de la guerre à cet effet.
Art. 2. — En conséquence, il y aura par bataillon une brigade de charretier?
composée de 60 hommes au complet et commandée par i sergent-major,
1 sergent et 4 caporaux, sous la dénomination de train des sApours, etc.
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30 SEPTEMBRE. 225
une fiomine de 160,000 fr. qui sera employée pour le premier
achat de chevaux, outils, équipements, confection de caissons,
et en général pour tous les frais de premier établissement.
P.-S. — Les 15 caissons qui vont être faits à Mayence
feront partie des 45 portés au présent projet de décret,
LE MABÉCHAL LEFEBVBE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Schweinfurt, 80 septembre 1806.
Conformément aux intentions de S. M., je serai le 3 oc-
tobre en position à Kônigshofen avec mon corps d'armée.
D résulte d'une reconnaissance très-particulière que j'ai fait
faire de ce point par mon premier aide de camp que la posi*
tion de Kônigshofen est à la fois offensive et défensive.
Comme point offensif, elle offre une position fort belle en
avant de la place ayant à sa droite les montagnes de la Saxe
et à sa gauche celles qui séparent la plaine du pays de
Neustadt. De cette position on peut agir offensivement par
les routes de Neustadt, Mehlrichstadt, R^mhild, Hildburg-
hausen et Coburg. Comme point défensif, Kônigshofen offre
une position derrière la Saale ayant devant elle la forte-
resse dont le revêtement est en bon état, les fossés pleins
d'eau et à laquelle il ne manque que quelques pièces pour
arrêter toutes premières attaques de l'ennemi.
Il est seulement à observer que les routes qui aboutissent
au point de Kônigshofen qui sont très-praticables aujourd'hui
deviendraient extrêmement difficiles pour les charrois et l'ar-
tillerie s'il pleuvait plusieurs jours.
Il est encore à considérer que ce pays offre peu de vil-
lages et conséquemment peu de ressources pour les subsis-
tances des troupes auxquelles il faudrait absolument pourvoir
par d'autres moyens.
LB CAPITAIK£ OéKIK, DU 103^, AU oiNÂKAL OAZAN.
Fûchsstadt, so septembre 1808, il heures et demie.
Ce matin vers 9 heures, 2 officiers et un maréchal-des- logis du
21* de chasseors sont venns à mou poste ; ils étaient chargés avec
CAMP. DB PBUISB. 15
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226 CAMPAGNE DE PRUSSE.
25 chasseurs, qu'ils ont laissés en arrière pour ne pas les montrer, de
faire une reconnaissance sur les frontières du pays de Fulde ; Us
étaient envoyés par M. le général Lasalle dont un est aide de camp
et venaient de Gau-Aschach où ils sont cantonnés ; ils ont été étonnés
de nous trouver en avant d'eux n'y croyant personne. Peut-être une
demi-heure avant, le sergent de garde au pont me dit qu'on venait
de voir passer au delà de la Saale et entrer à Hamelburg un homme
à cheval qui paraissait être un militaire ; je ûb part de cela aux offi-
ciers de chasseurs qui me proposèrent de pousser avec eux jasqn a
Hamelburg ; je m'y décidai difficilement, mais enfin j'y allai monte
sur le cheval du maréchal-des-logis : nous avons été là comme des
personnes qui se promènent ; nous avons d'abord traversé la ville et
sommes ensuite revenus à la poste, où en buvant la goutte j'ai en
l'occasion de questionner plusieurs habitants qui m'ont assuré qu'il
n'y avait pas de troupes dans le pays de Fulde, et que les plus près,
s'il y en avait, étaient à 4 lieues au delà de la ville de Fulde.
A 10 heures et demie ce matin sont passés l'un après l'autre, deux
chevau-légers bavarois qui m'ont dit aller à Waizbach ou Waizen-
bach où est leur premier lieutenant avec 16 hommes ; ils portaient
effectivement des dépêches et venaient de Schweinfurt : ils ont passé
la Saale à notre pont et se sont dirigés sur Hamelburg qui en est
éloigné de demi-lieue.
Le Schulz de ce village m'a proposé de me faire faire la connais-
sance du bailli d'Hamelburg ; je pense qu'elle pourrait nous être
d'une très- grande utilité, en ce que je serais infailliblement averti de
la marche des troupes qui se dirigeraient sur cette ville ; cependant
je ne retournerai point à Hamelburg sans qu'au préalable vous ne
m'y ayez autorisé.
Les officiers de chasseurs que j'ai vus ce matin doivent envoyer
un poste de leur arme en arrière et près de moi ; un chasseur de ce
poste devra le soir venir au mien et y passer la nuit, afin de leur
donner avis de ce qu'il y aurait de nouveau et de vous faire passer
avec célérité les nouvelles intéressantes que j'aurais à vous donner.
Vous trouverez, mon général, ma lettre prolixe, mais j'aime mieux
l'être que de manquer de vous donner des détails qui pourraient
vous intéresser.
Tous les soirs à 6 ou 7 heures j'aurai des nouvelles fraîches d'Ha-
melburg.
P. -S. — Il y a un pont sur la Saale à environ une demi-lieue à
notre gauche, et une planche pour passer la même rivière à environ
même distance à notre droite.
3* corps, quartier général, Nuremberg. — Cavalerie légère, Lan-
gesheim. — 1" division, Furth et environs. — 2* division, canton-
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30 8EPT&MBRB. 227
nements sur les deax rives de laRednîtz en avant de Schwabach.
3* division, entre Aurach et Schwabach. — Parc de réserve, Schwa-
bach.
4* corps d'armée. obdbb.
Ratisbonne, 30 septembre 1806.
Le général Levai donnera ordre à la 2* division de prendre le 2 oc-
tobre des cantonnements très-resserrés dans les environs de Sulzbach,
»VLT un rayon d'une liene et demie au plus sans cependant dépasser
la Vils.
Le général Legrand donnera ordre à la 3* division de prendre aussi
des cantonnements très resserrés le 3 octobre en avant d'Amberg sur
la rive gauche de la Vils, depuis Hambach et Guesonbach inclusive-
ment jusqu'à Pemvied près d'Amberg aussi inclusivement.
Le générai Saint-Hilaire donnera ordre à la 1** division de se ren-
dre aussi pour le 3 octobre et en son entier à Amberg ; il la fera
cantonner dans cette ville et dans les villages les plus à portée non
occupés par les 2* et 3* divisions, sans cependant pouvoir l'étendre
à plus d'une lieue.
Le général Milhaud réglera le mouvement de la division de cava-
lerie légère de manière à être rendu le 3 octobre prochain entre
Hambach et Vilseck, faisant occuper cette dernière ville et laissant
la l'* à la disposition du général Legrand.
Le général Lariboisière donnera des ordres au parc d'artillerie
poar continuer sa marche sur Amberg, et il réglera son mouvement
de manière à ce qu'il arrive le 3 octobre au soir à hauteur d'Eber-
uiansdorf, en arrière d' Amberg, et la fera établir dans cette partie.
Les troupes se garderont militairement dans leurs cantonnements
et se tiendront prêtes à continuer leur mouvement dans la journée
(itt 4. Le général Milhaud fera garder la grande route de Vilseck à
Baireuth, et le général Legrand celles qui conduisent sur la Naab.
Le quartier général sera le 1*' à Amberg, mais le Maréchal com-
mandant en chef ne s'y rendra de sa personne que le 2. MM. les gé-
néraux voudront bien lui rendre compte de l'exécution de ces dispo-
sitions.
i* corps d'armée. obdbs nu joub.
Ratlsbonnoi 80 septembre ib06.
Les colonels commandant les régiments d'infanterie et de cavalerie
employés au corps d'armée ont eu ordre de renvoyer en France les
effetB ou gros équipages qui sont à leur suite, mais peu se sont exac-
tement conformés à ces dispositions ; il est même des corps dont les
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228 CAMPAGNE DE PRUSSE.
bagages sont 8i considérables qa*il &at plus de 20 voitures ponr les
transporter.
Le Maréchal commandant en chef considérant les graves inconvé-
nients qu'une aussi grande quantité de bagages occasionnerait daos
la marche des troupes et la difficulté que les divisions éprouveraient
pour fournir les voitures nécessaires à leur transport ' , persuadé
d'ailleurs que la plus grande partie des effets que les corps ont à leur
suite leur sont inutiles en campagne, ordonne les dispositions sui-
vantes :
Art. 1*'. — Les chefs de corps de toutes armes prendront sur-le-
champ des mesures pour.se débarrasser des effets d'équipement qu'ils
ont à leur suite soit qu'ils appartiennent à l'administration générale
des régiments, soit qu'ils appartiennent aux officiers ou à la troupe,
et ils les réduiront de manière que ceux qui resteront dans chaque
bataillon puissent être transportés par une voiture à 4 colliers.
Art. 2. — A compter de ce jour il ne sera accordé qu'une voiture
à 4 colliers par bataillon pour le transport des porte-manteanx des
officiers et il est expressément défendu de mettre aucune malle sur
ces voitures.
Il sera en outre accordé aux régiments ou bataillons qui ont des
souliers confectionnés à leur suite et qu'ils doivent avec grand soin
conserver, une voiture à 4 colliers pour en opérer le transport.
Les régiments de cavalerie auront chacun 2 voitures, 1 pour le
transport des effets des officiers et l'autre pour le transport des fers
et clous qu'ils ont à leur suite.
Les troupes d'artillerie qui sont employées au grand parc seront
1. 6^ corps d'armëû. ordre pour lrb trahbports.
2 oclobre 1806.
M. le Maréchal commandant en chef voulant meltre un terme aux abus
qu'on fait des transports du pays, ordonne en conséquence les dispositions
suivantes : Il no sera fourni ni chevaux ni voitures aux officiers et employés
de Tarroée, lesquels doivent tous être montés à leurs frais. M. le Maréchal ex<
cepte les circoustancos extraordinaires et dans lesquelles les officiers devroat
uvoir uu ordre du général de division et les employés celui d'un commis-
saire des guerres. Les fournitures' devront en outre se faire sur rinvitation du
commissaire des guerres aux magistrats du pays. Il ne devra pas y avoir plus de
4 voitures à la suite de chaque régiment d'infanterie ot plus de 2 par rëgimenl
de cavalerie. La gendarmerie arrêtera les soldats d'infanterie qu'elle trouvera
montés ou conduisant les chevaux ; il eu sera sur-le-champ rendu compte
au chef d'étal>major général et aux généraux de division qui feront remettre
les chevaux à qui de droit. Les militaires qui escorteront les convois ne de-
vront pas monter sur les voilures: les commandants des escortes seront res-
ponsables de l'exécution de cette mesure. Le Maréchal renouvelle les ordres
précédemment donnés par l'Empereur pour qu'il ne soit jamais pris ni chevaux
ni fourrages chez les maîtres de postes. Le Maréchal désire que UÎi. les gé-
néraux de division donnent les ordres les plus précis pour assurer ces disposi-
tions, ot qu'ils en fassent surveiller l'exécution avec la plus grande exactitude
dans la marche des colonnes.
Le général chef de Véua-major,
DuTAILItM.
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30 SEPTEMBRE. 229
traitées sous ce rapport comme un régiment de cavalerie, et celles
de la même anne qui sont dans les divisions, comme un bataillon.
Art. 3. — Il sera accordé 1 voiture à 2 colliers à chaque général
de division ou de brigade employé au corps d*armée, 1 pour chaque
état-major de division et de rartillerie et du génie, 1 pour chaque
Bous-inspectenr aux revues et commissaire des guerres, 1 au déta-
chement de gendarmerie et 2 à Tétat-major général.
Art. 4. — L*ordonnateur du corps d^armée autorisera le commis-
saire des guerres ayant la police du quartier général et les commis-
saires des guerres qui sont dans les divisions à faire chacun en ce
qui les concerne des réquisitions pour assurer Fezécution des dispo-
sitions que les articles 2 et 3 contiennent, et il les préviendra qu'il
leur est expressément défendu de les outrepasser.
Art. 6. — La faculté de faire des réquisitions soit en subsistan-
ces, soit en voitures, appartient exclusivement aux commissaires des
guerres, en vertu des déclarations ou autorisations que l'ordonnateur
du corps d'armée leur délivrera d'après les ordres que lui-même re-
çoit. Ainsi il est expressément défendu à tout militaire, quel que soit
âon grade, de faire des réquisitions, quel qu'en soit l'objet.
Toutes les voitures requises doivent être exactement renvoyées
aussitôt que par l'effet d'une nouvelle demande il est possible de les
remplacer.
Art. 6. — £n exécution des dispositions ci-dessus prescrites les
colonels des régiments feront sur-le-champ partir pour Ingolstadt et
Augsburg tous les effets et gros bagages, que par le présent ordre il
leur est défendu d'emmener.
I^es officiers sans troupes et personnes de l'administration qui font
partie de l'état-major général ou des états-majors des divisions se
conformeront chacun en ce qui les concerne à ces dispositions.
Art. 7. — Tontes les femmes qui sont à la suite des régiments ou
des quartiers généraux et qui ne sont pas patentées par le comman-
dant de la gendarmerie pour être vivandières ou blanchisseuses, dé-
font être sur-le-champ renvoyées sous la responsabilité des mili-
t^B ou personnes de l'administration qui les emmènent, et aussi
sons la responsabilité du commandant de la gendarmerie qui est
chargé de faire exécuter cette disposition.
Art. 8. — Le commandant de la gendarmerie soumettra au visa
du général chef d'état-major toutes les patentes de vivandières et de
biauchisseuses qu'il délivrera, mais il aura soin de n'en accorder
pour chaque régiment, bataillon ou état-major que le nombre déter-
ûïiné par les règlements.
Art. 9. — Les vivandières ne peuvent avoir qu'une voiture à
2 chevaux et les blanchisseuses qu'un cheval de bât ; les unes et les
autres doivent porter une plaque qui indiquera leur profession.
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230 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Art. iO. — n est défendu à tout militaire d'exercer la professioa
de vivandier ou de blanchisseur, ni même de conduire les voitures
ou chevaux des vivandières ou blanchisseuses.
Art. 11. — Dans l'infanterie et l'artillerie à pied *, aucun officier
ne peut avoir de cheval pour son usage, quels que soient ses motifs,
s'il n'y est spécialement autorisé et par écrit du Maréchal comman-
dant en chef. Le commandant de la gendarmerie tiendra rigoureuse-
ment la main à l'exécution de cette disposition ; il fera retirer sus
officiers qui ne seraient pas en règle sous ce rapport les chevaax
dont ils se serviraient.
Art. 12. — Pendant les marches aucune voiture d*équipages ne
peut être avec la troupe, mais elles doivent toutes être placées à la
gauche de la colonne. S'il en est qui enfreignent cette disposition,
elles seront jetées dans un fossé.
Art. 13. — L'ordre en marche des divisions sera toujours réglé
ainsi qu'il suit à moins de dispositions contraires : l'infanterie légère ;
— l'artillerie légère lorsqu'U y en aura d'attachée aux divisions *; —
la 1*^* brigade de ligne ; — la compagnie d'artillerie de la division
avec un caisson par pièce ; — la 2* brigade de ligne ; — le parc
d'artillerie de la division ; — l'ambulance ; — les équipages de la
division sous la conduite du vaguemestre de la division.
Dans la cavalerie on suit le même ordre.
Les équipages de l'état-major général sont toujours rassemblés
par le chef de bataillon vaguemestre général, et Us suivent la marche
de la division que l'ordre indique. Le chef de l'état-major général
leur fait fournir une garde de 4 hommes de gendarmerie.
Art. 14. — La garde des équipages ne peut être de plus de
).5 hommes par régiment commandés par un sergent, et les chefs de
corps ont soin de ne la faire composer que par des militaires éi^lopés
qui ont besoin d'un peu de repos. Aucun homme de cavalerie monté
ne peut être employé à la garde de ces équipages.
Art. 15. — MM. les généraux commandant les divisions voudront
1. 4 octobre. Ordre du jour. — M. le Maréchal commandant en chef annule
de l'arlicle il do Tordre du jour en date du 80 septembre ce qui conceroe
les o£Qcier8 d*artillerie à pied : le règlement militaire accordant des chevaux
à ces o£Qciors , ils recevront en conséquence les rations de fourrages aux-
4iuelIos ils ont droit.
2. LE MARÉCIIAXi 80ULT AU OKSréRAL LK0R&1TD.
Ratisbonno, 29 septembre 1806.
Je voua préviens que j'ai donné des ordres pour que la s« compagnie du
5« régiment d*artiIlerio à cheval, servant 6 pièces, joigne à Raiisboone la divi-
sion que vous commandez et en fasse partie ju8qu*à nouvelle disposition. Cette
compagnie sera spécialement affectée à la brigade d'infanterie légère et mai^
cbera au centre des 4 bataillons qui la composent. Vous voudrox bien loi
donner dos ordres en conséquence.
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30 SEPTEMBRE. 231
bien à la réception du présent ordre le faire adresser aux chefs de
corps et leur prescrire de se conformer avec exactitude aux disposi-
tions qu'il renferme et de le faire lire à la tête des compagnies. Ils
tiendront en outre rigooreusement la main à son exécution et pren-
dront des mesures pour empêcher que pendant la marche aucun mi-
litaire ne reste en arrière ni ne s'écarte de la route quel qu'en soit le
motif.
Le Maréchal commandant en chef croit inutile de prendre en ce
moment des dispositions pour empêcher qu'aucun excès ou désordre
puisse se commettre, car il est persuadé que le bon esprit qui dirige
les troupes du corps d*armée pour le service de S. M. les préservera
de toute faute répréhensible, et il ne doute pas d'ailleurs que les
chefs et officiers de tout grade faisant preuve du zèle qui les anime,
ne portent tons leurs soins à les prévenir ; mais il punira avec la
plus grande sévérité et par des exemples frappants tout excès, dé-
sordre, inconduite ou inexactitude dans le service qui, contre son
attente, aurait lieu, et il compte être parfaitement secondé dans
Texercice de ce devoir par MM. les généraux commandant les divi-
ùoDs, ainsi que par les généraux de brigade, les chefs de corps et
les autres officiers de tout grade chacun en ce qui les concerne.
Le maréchal d^ Empire,
SOULT.
LE MABëCHAL KBY AU MAJOR aÉNÉBAL.
Anspach, 30 septembre 1806.
Je m'empresse de vous annoncer que je suis arrivé à
Anspach aujourd'hui à 4 heures après-midi. La cavalerie
légère est aux environs de cette ville. La division du géné-
ral Marchand est à Feuchtwangen, et la tête de la 3* divi-
sion à Dunkelsptthl. Je n'ai encore aucune nouvelle de la
division Dupont*...
BULLETIN BB HAKAO DU 30 SEPTEHBBB 1806.
Le roi de Prusse se trouvait à Mersehurg le 24 septembre avec les
maréchaux duc de Brunswick et Môliendorf.
Le prince Hohenlohe ayant passé l'Elbe avec son corps d^armëe
^' U division Dupont était U i'« division du 6« corps pendant la campa-
gne de l'an XIV.
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232 CAMPAGNE DE PRUSSE.
qu'on évalue à 30,000 hommes et le général Rîîchel ayant quitté
Gdttingen pour aller par rEîchsfeld vers Gotha, la très -grande
masse des forces prussiennes se trouve en ce moment rassemblée sur
une ligne qui part de Dresde et vient finir aux frontières de la Hesse.
On estime, mais sans doute avec un peu d'exagération, qu'il peut j
avoir 150,000 hommes sur cette ligne.
Depuis que Rttchel a ainsi fait filer ses troupes le long du Land-
graviat de Hesse et que Blttcher est venu de Paderborn à GOttingen,
il n'y a plus que très-peu de troupes en Westphalie, mais on y at-
tend des renforts considérables. Le régiment de Hagken, in£Euiterie,
est à Paderborn ; ses avant-postes sont placés à une demi-lieue de la
ville. Le» divisions du général Kalkreuth et du prince Eugène de
Wurtemberg y arrivent à grandes journées. On prétend que ces ren-
forts, joints à ce qui existe encore dans les provinces westphaliennes,
y formeront un total de 25,000 à 30,000 hommes sous les ordres da
général Kalkreuth.
Les régiments qui y sont encore actuellement, outre celui qui est
à Paderborn, sont le régiment de Lettow, infanterie, qui est àMUns-
ter ; les dragons de Brusewitz entre MÛnster et Warendorf. C'est le
général de Brusewitz qui commande provisoirement. A Warburg
se trouve le régiment de Schenk, infanterie ; à GSttingen les dra-
gons de Wobscz, 2 régiments d'infanterie et un bataillon de grena-
diers. A Hanovre celui de Grevenitz, infanterie, et quelques esca-
drons de cavalerie.
Le Roi est le chef unique de la grande armée prussienne ; mais il
a besoin de conseillers et ce sont le duc de Brunswick et MOllendorf.
Pour l'exécution c'est le prince Hohenlohe et RUchel sur lesquels on
compte le plus. Après eux c'est le prince Louis Ferdinand et Blû-
cher.
On assure qu'on trace dans ce moment un camp pour 22,000 hom-
mes de troupes hessoises dans la plaine appelée Bavem, à 7 lieues de
Cassel dans la direction de Francfort.
Corps du prince Hohenlohe,
Infanterie de ligne. 6 régiments et 6 bataillons de grenadiers.
Infanterie légère. 9 bataillons de fusiliers.
Cavalerie. 4 régiments de cuirassiers à 5 escadrons ; 2 régiments
de dragons à 5 escadrons ; 4 régiments de hussards à 9 escadrons.
Artillerie. 5 batteries d'artillerie légère ; 5 batteries de pièces de
12 ; 1 batterie de pièces de 8.
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i^^ OCTOBRE
l'empebeub au majob génébal.
Mayeoce, i*' octobre 18O6, 2 heures du malin.
Le maréchal Lefebvre choisira une bonne position en
avant de Schweinfurt, telle que 40,000 hommes puissent s'y
battre. Je préfère qu'il reste près de Schweinfurt à aller à
Neustadt*. Il tiendra un avant-poste sur les collines, en avant
de NeuBtadt et de KOnigshofen. La division du général Dupont
doit être à Wtirzburg ; ma Garde doit y arriver demain. Le
maréchal Augereau y sera le 4 ; je lui en donnerai Tordre. Le
maréchal Davout restera aux environs de Bamberg ; le maré-
chal Bernadette aux environs de Lichtenfels, ayant des
avant-postes en avant de Kronach et au débouché de Coburg.
Wtirzburg, Kronach et Forchheim seront armés et appro-
visionnés : hôpital, dépôt, parc, tout sera renfermé dans ces
^is places. Les petits dépôts de la cavalerie seront réunis
à Forchheim. On doit calculer que Tennemi viendra à Wtirz-
^^g. Je demande à la Hesse 600 hommes, qui seront le
6 octobre à Wtirzburg, pour y tenir garnison. Tous les con-
valescents de l'armée, à raison de 12 ou 15 par régiment,
seront placés, ceux des corps des maréchaux Augereau,
Lefebvre et Davout à Wtirzburg, ceux du corps du maréchal
Bernadette a Kronach, ceux des corps des maréchaux Ney et
1. Réponse à )a lettre du maréchal Lefebvre du 88 septembre.
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234 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Soult à Forchheim. Tous les prisonniers et les malades seront
évacués sur Forchheim et Wtirzburg »•
Que le général Songis soit le 3 octobre à Wtirzburg.
Envoyez un courrier pour savoir où est le maréchal Ney
et où il sera le 3 octobre. Que les Bavarois s'avancent
d'Eichstadt sur Nuremberg et Forchheim.
l'empereur au maréchal augereau.
Mayence, i*'' octobre 180«.
Vous partirez avec votre corps d'armée, celui de Hesse-
Darmstadt et ce que vous pourrez réunir des troupes de
Nassau et du prince Primat, de manière à être arrivé le 4 au
soir à Wtirzburg. Vous ferez distribuer pour quatre jours de
vivres et vous vous ferez suivre par des vivres pour quatre
autres jours, parce qu'il y a beaucoup de monde à Wtirzburg.
Si les troupes de Hesse-Darmstadt et du prince Primat ont
encore besoin de quelques jours, elles pourront n'arriver que
le 8 au soir à Wtirzburg, hormis 600 ou 800 hommes de
Hesse-Darmstadt, qui doivent tenir garnison à Wtirzburg et
y être arrivés, au plus tard, le 5 ou le 6 à midi.
l'empereur au maréchal mortier.
Mayonce, i« octobre isos.
Mon Cousin, je vous ai nommé au commandement du
8* corps de la Grande Armée. Vous correspondrez chaque
1. liB UkJOB, aàKÛRKU A. L^ADJUDAITT COHMAKDAirT BOUtSKR.
Wûrzburg, l*r octobre 1806.
Je TOUS préviens, Monsieur, que Wûrzburg et Forchheim sont les places sur
lesquelles on dirigera les prisonniers de guerre, suivant les circonstances.
C'est donc sur ces deux places qu'on leur expédiera des routes pour France.
Quant aux déserteurs , c'est aussi sur ces deux places qu'on devra les di-
riger, pour de là leur donner des feuilles de route sur Juliers. (Cette place
fut changée pour celle de Landau. Dépêche de l'Empereur du 30 septembre
au général Dejean.)
Ayez soin de vous concerter avec les officiers d'état-major nommés par les
différents maréchaux pour les prisonniers de guerre, aûn que vous puissiez
me rendre compte journellement des prisonniers et des déserteurs.
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1" OCTOBRE. 235
jour avec le major général, et vous lui enverrez en même
temps l'état journalier de votre situation ^ Vous aurez tou-
jours près de lui des officiers d'état-major qui pourront vous
porter ses ordres. Le 8* corps de la Grande Armée doit être
composée de deux divisions, commandées Tune par le géné-
ral Dupas et l'autre par le général Lagrange. Six généraux
de brigade et deux adjudants commandants ont eu l'ordre
de se rendre à Mayence. Les régiments composant le 8* corps
d'armée sont le 2*, le 4' et le 12' d'infanterie légère. Le 2*
et le 4* arriveront à Worms le 8 et le 9 octobre. Prenez les
mesures nécessaires pour qu'ils y trouvent des bateaux qui
les transportent à Mayence. Le 12' régiment arrivera le
8 octobre par la route de Bingen. Les deux régiments ita-
liens sont partis depuis deux jours, l'un de Paris et l'autre
d'Orléans, pour se rendre à Mayence. Vous devez avoir
18 pièces d'artillerie, une compagnie de sapeurs, avec l'état-
major nécessaire pour l'une et l'autre de ces armes *. Le
26' régiment de chasseurs et le 4' de dragons feront partie
de votre corps d'armée. J'ai aussi donné l'ordre au 58* régi-
ment d'infanterie de ligne d'être rendu à Mayence avant le
20 octobre. Aussitôt que vous aurez plus de 5,000 hommes et
9 pièces de canon attelées, vous pourrez vous porter à Franc-
fort. Vous trouverez ci-joint une instruction qui vous servira
de guide en cas d'événement. Vous devez avoir 24 caissons
des transports militaires. Il faut que vous ayez toujours
8 jours de biscuit en réserve à Mayence, et que vous puissiez
les porter à votre suite avec 2,000 outils de pionniers.
1- Cette correspondance journalière tenait à l'essence môme de la Grande
Armée.
i. Le 12* léger, 1,919 officiers et troupe, quitta Mayence le lo octobre; le
^ ^^gw, 1,708, et le 4« léger, 1,785, le il.
Le 1» régiment d'infanterie de ligne italienne , parti de Paris le 4 octobre
menant du Havre, quitta Mayence le 28, 57 officiers, i,68i hommes.
^ 1* régiment d'infanterie légère italienne, parti d'Orléans les 19 et 14 oc-
tobre venant de Bordeaux, quitta Mayence le il novembre, 50 officiers,
^M9 hommes.
I^ >6« de chasseurs i cheval, parti de Saumur le lO octobre, quitta Mayence
le 17 novembre, 8S officiers, 530 hommes, eoo chevaux, dont 70 d'officiers.
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236 CAMPAGNE DE PRUSSE.
INSTRUCTIONS POUR LE MARECHAL MORTIER.
Mayence^ i*' octobre 1806.
Mon Cousin, le 4 ou le 5 octobre, vous enverrez des offi-
ciers au prince de Nassau, au prince Primat et au grand-duc
de Hesse-Darmstadt^ afin qu'ils sachent que vous commandez
un corps de 25,000 hommes, dont la tête arrive à Mayence,
et qui est spécialement chargé de protéger leurs États et le
territoire de la Confédération du Rhin. Vous ferez tout prépa-
rer à Mayence pour le placement de ce nombre de troupes.
D'ici au 10 octobre, vous recevrez des ordres particuliers.
Cependant je juge convenable de vous donner, dès aujour-
d'hui et précautionnellement, un ordre général qui vous ser-
vira de guide. Aussitôt qu'une des divisions du 8* corps
d'armée aura plus de 5,000 hommes, elle pourra occuper
Francfort, et vous pourrez même y porter votre quartier
général, en prenant bien soin toutefois de ne pas vous com-
promettre, ni de vous laisser couper d'avec Mayence 5 et
même, à cet effet, dès que vous aurez réuni toutes les troupes
qui doivent former votre corps d'armée, vous en placerez en
échelon depuis Francfort jusqu'à Mayence. Vous surveillerez
attentivement tous les mouvements de l'Electeur de Hesse-
CasseL Votre position lui donnera assez d'ombrage pour
qu'il ne dégarnisse pas ses Etats, et pour qu'il soit forcé à
rester neutre. Vous maintiendrez libre, autant qu'il pourra
dépendre de vous et sans vous compromettre, la route de
Mayence à Wilrzburg, et vous prendrez des mesures cer-
taines pour recevoir chaque jour des nouvelles du comman-
dant de la citadelle de WUrzburg. Si jamais il arrivait qu'il
fût cerné par des forces supérieures, vous en devrez être
prévenu par un signal dont vous conviendrez préalablement
avec ce commandant. Vous n'iriez à son secours qu'autant
que les forces qui le cerneraient seraient très inférieures à
celles que vous pourriez leur opposer, et il faudrait toujours
que le tiers de vos forces se rapprochât de Mayence, pour
que cette place ne coure aucun danger. Si, par suite d'une
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1" OCTOBRE. 237
bataille perdue pour la France, l'ennemi se portait sur
l^Iayence et sur Cologne, vous correspondriez avec le roi de
Hollande, qui est à Wesel, sur tout ce qu'il faudrait entre-
prendre pour s'opposer aux progrès de l'ennemi. Vous repas-
serez le Rhin, si ses forces sont trop considérables, et vous
appaierez votre droite à Mayence, en bordant le Rhin et en
liant votre gauche avec la droite du roi de Hollande, et vous
entendant avec S. M. pour cet objet.
Dans des circonstances aussi improbables qu'imprévues,
c'est de ces circonstances mêmes que vous prendrez conseil ;
et, s'il arrivait que Mayence dût craindre d'être cernée, vous
vous y renfermeriez avec votre corps d'armée.
Napoléon.
Le commandement d*un corps détaché ne peut être confié qu*à un
général d*nne grande prudence et d*un haut caractère.
l'empereur au maréchal AUGERBAU.
Blayence, i*' octobre 18O6, 1 heure après-midi.
Je pars ce soir à 9 heures pour Wilrzburg. Je ne passerai
point à Francfort. Je m'arrêterai deux ou trois heures à
Aschaffenburg, demain vers 6 ou 7 heures du matin. Il est
très-important que vous soyez arrivé le 4 à Wtirzburg avec
tout votre corps d'armée ; ceci est une manœuvre de guerre.
Vous ne devez laisser ni dépôts ni hôpitaux à Francfort ;
tout ce qui n'est point destiné à vous suivre doit revenir à
Mayence. Vous laisserez un commandant d'armes à Franc-
fort pour correspondre avec le maréchal Kellermann. Demain,
le 14* de ligne ^ couchera à Francfort; après-demain, un
autre régiment. Les troupes fileront toutes sur Wtirzburg.
Vous pourrez faire connaître dans la conversation au Prince
et aux principaux de Francfort qu'une armée se réunit à
Mayence, et qu'il est possible qu'elle pousse des avant-gardes
jusqu'à Francfort. Comme dans mon projet général je refuse
1. Lo u«de ligne, 1,870 ofQciers et troupe, quitta Mayence le 9 octobre.
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238 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ma gauche, il se pourrait que les communications de l'armée
prissent pendant la campagne différentes directions.
Ne laissez rien à Francfort.
l'empereur au prince primât.
Mayence, i«r octobre 1806.
Mon Frère, si le prince de Cassel est sincère, et qu'il
veuille rester vraiment neutre, je n'ai pas Fintention de
l'en empêcher. Je prie Votre Altesse de lui envoyer un
courrier qui lui en donne l'assurance ; mais il faut qu'il soit
vraiment neutre. Aucun de mes détachements ne passera sur
. son territoire ; et je serai fort aise d'épargner les maux de la
guerre à ce pauvre pays, puisque le malheur de l'Europe
veut que je n'aie pas été le maître de faire jouir du même
bienfait tous les autres peuples. Je n'ai, dans le fait, aucun
sujet de me plaindre de Cassel. Je ne l'attaquerai jamais de
mon plein gré.
J'espère voir Votre Altesse demain à Aschaffenburg, où je
passerai à 6 heures du matin.
l'empereur au major général.
Mayence, !«' octobre 1806, 2 heures après-midi.
Je partirai ce soir à 9 heures. Je serai à Aschaffenburg
demain matin vers 6 ou 7 heures, et probablement avant
6 heures du soir à Wtirzburg. J'ai nommé le maréchal Mor-
tier commandant le 8' corps d'armée, qui sera composé des
2', 4' et 12* régiments d'infanterie légère, du 58* de ligne,
des deux régiments italiens, du 4* de dragons et du 26^ de
chasseurs, de 18 pièces d'artillerie attelées et de 24 caissons.
J'ai fait partir le 14* de ligne pour se rendre à Wtirzburg,
où il sera arrivé le 5 ; j'ai ordonné que le 28* d'infanterie
légère partît le 6 de Mayence ; il sera donc le 9 ou le 10 à
Wtirzburg ; je verrai à quelle division je les attacherai.
Toutes ces troupes sont en mouvement, hormis le 58* ; je
ne lui donnerai des ordres qu'en partant de Bamberg ; en
6 jours je le ferai venir en poste de Paris à Mayence.
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1" OCTOBRE. 239
Je désire que vous gardiez à Wurzburg les officiers du
génie qui ont fait les reconnaissances des routes, pour que je
puisse causer avec eux de la nature du pays\ Voyez à faire
un dictionnaire de la population des villes, bourgs et princi-
paux endroits de la Saxe, surtout de ce qu'on trouve sur la
route de Leipzig ^ Dresde'. Quelle est la population de
Coburg? II doit y avoir des Bavarois qui connaissent parfai-
tement la Saxe ; il est important d'en avoir un avec nous'.
Je n'ai aucun nouvel ordre à vous donner. Je pense que
vous faites faire à Wiirzburg, Bj*onach et Forchheim tout ce
qu'il vous est possible. Je. viens de faire partir 2,000 outils ;
il sera bon de les faire filer sur Bamberg.
Vous m'avez dit que Bemadotte avait 250,000 rations de
biscuit; envoyez-les à Kronach, d'où on les tirera pour
approvisionner l'armée, si elle est obligée de rester quelques
jours en position pour déboucher en sûreté. Faites faire dans
la citadelle de Kronach, mais mystérieusement, 8 fours où
Ton puisse faire cuire pour l'armée, car il ne serait pas
impossible, comme il y a là des montagnes, que les quatre
jours de pain dont elle se serait munie en partant de Bam-
berg ne la menassent pas jusque dans le pays où elle trouvera
de nouvelles provisions. Si vous avez 200,000 rations à
Wiirzburg, faites-les ' partir pour Kronach. Ceci n'est pas
pour approvisionnement de siège, mais pour subvenir, en cas
1. II s'agit de MM. GuillemiDOt, Legrand et Huart, dont les reconnaissances
ont été transmises le 89 à TEmpereur par le major général et du colonel Blein.
Les rapports écrits ne suffisent pas ; le Commandant de l'armée a besoin d'in-
terroger lui-môme les officiers. Combien il y a loin de ces conversations avec
les reconnaissances du temps de paix étiquetées et classées dans les cartons?
Ce n*est Ipas pour proscrire ces dernières , mais il faut les compléter à la
veille de la guerre, et c'est le Commandant de Tarmée seul qui peut indi-
(juer dans qnel sens doivent être faites ces nouvelles reconnaissances do la
dernière henre.
s> Le dictionnaire est bien un travail du temps de paix , pourvu qn*il soit
tena à jour et révisé de temps à autre.
9. La nécessité d'avoir a Tétat-major général de Tarmée des officiers, ou au
moins un, connaissant parfaitement le pays, démontre Tobligation do faire
voyager certains officiers en temps de paix , de leur faciliter ces voyages de
tontes les façons possibles et de leur apprendre la manière de les rendre
froetaeux, en les leur faisant préparer d'avance en grand détail. Cette ques-
tion est fort délicate, car elle dépond du choix de Tofflcier, de ses qualités
(jugement, coup d'œil, instruction) et de ses goûts.
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240 CAMPAGNE DE PRUSSE.
de retard y au débouché. Faites diriger des farines également
sur ce point.
J'imagine qu'il y a à Bamberg et dans les environs assez
de moyens pour que 80,000 hommes puissent y prendre du
pain pour 4 jours ; il est nécessaire d'établir un magasin
à Bamberg et d'y faire construire des fours, s'il n'y en a pas;
mais tout cela en 4 ou 5 jours. J'ai demandé 2,000 quintaux
de farine au prince Primat ; il faut étendre ces réquisitions
dans les environs de Bamberg, et faire filer. C'est Bamberg
qui est le point central des grands mouvements de l'armée.
Je désire beaucoup être en mesure, de commencer les opéra-
tions avant le 10, si toutefois nous y sommes forcés.
En recevant cette dépêche dans la matinée du 2 octobre, le major
général dnt être Bingulièrement embarrassé ponr les vivres. Ce qui
tendrait à le j^roaver, c'est qu'il ne donna aucun ordre écrit ni pour
Bamberg ni pour Krouach et qu*il attendit Tarrivée de l'Empereur.
Ainsi qu'il ressortira de ses rapports du 2 et du 4 octobre, M. ViN
lemanzy avait pris des mesures à Wttrzburg, mais n'avait presque
rien fait à Bamberg. Y avait-il même fait quelque cbose ! Il semble
d'ailleurs que c'était un homme timoré manquant de la largeur de
vues et de l'activité nécessaires à l'intendant général d'une armée.
Inspecteur en chef aux revues, il était destiné à vivre au milieu des
formalités étroites du contrôle qui rétrécit l'intelligence et les fa-
cultés.
Il est cependant vrai de dire que la faute commise au sujet du
point de Bamberg incombait moins à l'intendant général qu'au ma-
jor général lui-même. L'intendant général ne connaissait pas lea
projets de l'Empereur ; il ignorait que l'armée, pour déboucher en
Saxe, dut se porter sur Kronach en passant par Bamberg. Quand le
22 il avait reçu l'ordre de réunir des farines et de faire faire du bû-
cuit à WQrzburg et à Bamberg, il supposait sans doute que le pre-
mier de ces points, place forte, était le plus important. La nouvelle
que le maréchal Bemadotte avait ordonné la fabrication de 200,000
rations de biscuit à Bamberg, calma toutes les inquiétudes.
Mais le major général, lui, savait depuis le 9 septembre que toute
l'armée passerait par Bamberg ; il connaissait l'accumnlatioD de
troupes qu'il y aurait dans cette partie ; il est donc difficile de s'ex-
pliquer qu'il se soit rassuré si vite sur les subsistances. Après avoir
donné les instructions à l'intendant général le 22 et le 23 à Munich,
comment négligea-t-il de suivre jour par jour cette partie? L'impor-
tance de ce service lui commandait cependant de se faire rendre
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1" OCTOBRE. 241
compte touB les jours à Wtirzburg par M. Yillemanzy et d'avoir à
Bambeig un officier spécialement chargé de surveiller la marche des
opérations des agents des vivres.
Chaque chose doit se classer dans la tête du chef d'état-major se-
lon son importance ; dans cette circonstance la question des vivres
était capitale ; elle ne pouvait être abandonnée sans contrôle, même
pas à l'intendant général.
Ainsi qu'il l'a dit dans ses dépêches du 5 et du 15 septembre,
l'Empereur répète que Bamberg est le point central des mouvements
de l'armée, qu'il y faut assez de moyens pour que 80,000 hommes *
puissent y prendre du pain pour 4 jours, qu'il est nécessaire d'y
avoir un magasin, des fours, de la farine. Le temps des achats est
passé ; on ne trouvera plus que par des réquisitions sur place, que
l'on réglera plus tard. On se trouve acculé par la rapidité des opé-
rations. L'Empereur pense tellement que toutes les mesures sont
prises à Bamberg d'après ses ordres, qu'il écrit le 5 au maréchal Da-
vout: c ... Il y a longtemps que j'ai ordonné qu'on réparât ou cons-
ff tmisît les fours de Bamberg... »
Un nouveau besoin surgit auquel on doit parer de suite. L'armée
peut être obligée de rester quelques jours en position sur la crête
des montagnes pour déboucher en sûreté. Ses approvisionnements
ne la mèneront peut-être pas jusque dans le pays où elle trouvera
de nouvelles provisions. Il faut des subsistances à Kronach, 400,000
à 450,000 rations, c'est-à-dire des vivres pour 80,000 hommes pen-
dant 5 jours pour subvenir en cas de retard au débouché. Et aussi
des fours, des farines.
l'empebeub au maréchal KELLERMANN.
Mayence, i«' octobre 1806.
Le 4 octobre arrivent à EaiBersIautem des détachements
de 1,400 à 1,500 hommes* venant de Boulogne, venant à
Tannée. Ces détachements doivent, par ce calcul, être le 8 à
Maycnce ; envoyez-leur Tordre de se diriger de Kaiserslautern
sur Manheim, d'y passer le Rhin, et de se diriger en droite
ligne sur Wûrzburg ; ce qui abrégera la marche de ces déta-
chements de quatre jours, et les fera arriver à WUrzburg le
1.1*' corps, 16,000 hommes; 8* corps, S6,000 ; 6 divisions de cavalerie,
15,000; Garde à pied, 6,000; parcs, 2,ooo ; 7* corps, 16,000.
t. i^* colonne de i,S60 hommes partie de Boulogne le ii septembre. (Voir
au 19 septembre , ordre au 6*' Dejean.)
CAMP, os PBUS8K. 16
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242 CAMPAGNE DE PRUSSE.
même jour qu'ils devraient l'être à Mayence. Un autre déta-
chement de 1,200 hommes *, venant également de Boulogne,
doit arriver le 6 à Kaiserslautem ; donnez-lui l'ordre égale-
ment de se diriger sur Manheim, et de là de se rendre à
Wtlrzburg.
Des détachements des 1", 15% 9*, 5' et 3* de dragons
venant de Paris' seront à Kaiserslautem le 5 octobre. Je
désire que vous donniez Tordre à ces détachements de passer
le Rhin à Manheim, et de se diriger sur WUrzburg.
LE MAJOR GÉirÉRAL A L'EMPEBEUR.
Wûriburg, !•' octobre 1806.
Il me faudrait 3 jours avec toute la célérité possible pour
reconnaître la position de M. le maréchal Lefebvre à EOnigs-
hofen. Je suis seul : les jours et les nuits ne me suffisent pas
pour expédier tous vos ordres et tous les détails de Tarmée
qui sont immenses dans ce moment où tout est en marche et
en action.
J'ai expédié des officiers de confiance pour faire les recon-
naissances ; j'ai en partie prévenu les dispositions que V. M.
ordonne. Elle connaît mon zèle. I
Je vous envoie un rapport que je reçois de M. le maréchal
Soult qui est dans ce moment en position à Amberg où tout
son corps d'armée sera réuni demain 2.
Le maréchal Ney m'écrit d'Anspach, le 30 septembre, que
sa cavalerie et sa 1*^^ division seront aujourd'hui à Anspacb,
sa seconde division demain : il a des ordres pour continuer
sa marche sur Nuremberg.
Je ne vous ai pas parlé du parc, parce qu'il marche autant
que possible et que la tête arrivera demain à Wttrzburg, à ce
que m'assure le général Songis '.
1. 2« colonne de 1,]I68 hommes partie de Boulogne le 18 seplcmbre.
8. Colonne partie de Versailles le 14 septembre. (Voir au lo septembre,
ordre au 0*' Dejean.)
3. Chemin que tiendra le parc général d'artillerie de la Grande Armée
pour êe rendre à WUrzburg.
Le parc d*artillerie partira d*Ulm cl ira loger à Nerostetlon, le t5 ; - *
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=?''■
1" rOCTOBRE, 243
Je viens d'ordonner de construire 10 fours de plus à
Wttrzburg et 10 à Forchheim.
Tout marche autant que possible, d'après vos ordres.
J'ai deux hommes envoyés sur Fulde et Gotha, mais ils ne
sont point de retour.
MM. les maréchaux ne me rendent compte d'aucun mou-
vement particulier de l'ennemi.
Dans 2 heures j'expédierai un autre courrier.
LE MAJOB GÉKâBAL. A L'EMPEREUB.
Wùrzburg, i«' octobre 1806.
D'après les ordres que j'avais donnés au général Songis,
Téquipage des 25 pontons partis de Strasbourg arrivera ici
le 3 octobre ou le 4 au plus tard.
Demain 2, 12 bouches à feu organisées pour votre Garde et
2 compagnies d'artillerie à cheval arriveront à WUrzburg.
Une autre division de 12 bouches à feu arrivera le 3.
Je vous envoie ci-joint l'état des convois d'artillerie partis
d'Olm les 26, 27, 28, 29 septembre et qui arriveront à Wilrz-
burg les 2, 3, 4 et 5 octobre *.
HeydeDheiiD, le 86 ; — à Aaleo, le 27 ; — à EUwangeii, le 28 ; — à Hall, le 29;
— à Langenburg, le 80 ; — à Mergentheim, le i^^ ; — à Butlhard, le 2 ; —
à Wûrtburg, le 8.
Munich, 24 septembre 1806.
M** Alex. Bbbthibr.
1. Chacune des 4 divisions du parc général était composée de 2 pièces de
12, 8 des calibres de 8, 6 ou 4, et 2 obusiers, soit 12 pièces par division,
i affûts de rechange des différents calibres et une forge roulante. — L'ensem-
ble des i divisions comprenait 155 caissons à canon et d*obu8ier, 20 caissons
(Hnlanterie, 73 chariots et charrettes, portant 10,087 cartouches à boulets,
s.ssi cartouches d'obusier, 2,244 cartouches à balles, 155 cartouches à balles
(i'obtisier, 2,609,160 cartouches d*infanterie et 197,200 pierres À feu, et 7 forges
portatives.
(Voir au 3 octobre le rapport du général Songis sur la situation du parc
géuéral de la Grande Armée.)
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244 CAMPAGNE DE PRUSSE.
\ LE GRAND-DUC DE BERG A L'EMPEREUR.
I
j
'Wiirzburg, i«r octobre 18O6, 10 heures du matin*.
D'après le rapport que je reçois à Tinstant du maréchal
Lefebvre, il paraît que les Prussiens n'ont point encore péné-
tré dans la principauté de Fulde. Il a fait placer 2 bataillons
avec 2 pièces de canon en avant du village de Gross-Harbach
sur la route de Fulde avec ordre de s'y défendre jusqu'à la
dernière extrémité en cas d'attaque...
J'aurai bien de la peine à réunir toute ma cavalerie sur
le point indiqué par V. M. à l'époque qu'elle désirerait. Je
vais envoyer aux différents généraux qui la commandent
l'ordre d'accélérer leur marche.
Le général Rtichel a fait sa jonction avec l'armée du Roi
le 23 au lieu du 25, et on m'assure à l'instant que le prince
Hohenlohe qui, après avoir passé l'Elbe, semblait d'abord 8e
diriger sur Hof, s'est dirigé sur Erfurt, où doit, dit-on, se
réunir toute l'armée prussienne. Au reste, le prince de Neuf-
châtel vous adresse de son côté tous les renseignements qu'il
a pu recueillir. Aussitôt que le général Belliard que j'attends
de Bamberg, sera arrivé, je m'empresserai de faire passer à
V. M. son rapport.
Je fais partir à l'instant 2 jeunes étudiants qui ont ordre
de se rendre de Wtlrzburg à Schweinfurt, Rowild, Meinun-
gen. Gotha, Erfurt, Naumburg, Leipzig, Dresde, d'où ils
doivent revenir me trouver en se dirigeant sur Hof, Coburg
et Bamberg. L'un d'eux a ordre de revenir d'Erfurt si effec-
tivement toute l'armée se trouvait réunie sur ce point.
1. LE OBàHD-DUC DB BBBQ ▲ L. BMPBBBUB.
Wûrzburg, so septembre 18O6.
J'ai quitta Mayence le 29 septembre à 1 heure après midi et , malgré toute
la diligence que j*ai Taite, Je n'ai pu arriver ici que ce matin à 8 heures , tao(
les postes sont mal servies.
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1" OCTOBRE. 245
LE GRAKD-DUC DE BEBG A L'eMPEÊEUR.
Wûrzburg, i«r octobre I8O6, 5 heures du soir.
J'ai eu l'honneur d'écrire ce matin à V. M.; depuis je n'ai
point reçu de nouveaux renseignements ; cependant le géné-
ral Belliard me mande que quelques régiments de hussards
se sont portés vers Coburg ; mais l'on croit généralement que
Tannée se réunira sur Erfurt. Le général Belliard s'est rendu
à Kronach d'où il m'écrira.
J'arrive de la citadelle avec le prince de Neufchâtel 5 la
place n'a besoin, pour être à l'abri d'un coup de main, que
de quelques canons.
J'ai donné ordre à la division Nansouty d'aller s'établir à
Haasfurt sur le Mayn ; elle y sera le 3 octobre.
La division légère sera établie pour la même époque à
Kronach et à Lichtenfels.
J'envoie l'ordre à la division d'Hautpoul de se diriger de
Nuremberg sur Bamberg au lieu de continuer sa route sur
Wttrzburg; elle sera établie sur le Mayn le 3 octobre à
Burg-Ebrach.
La 3* division de dragons sera rendue le 3 à Hallstadt ;
elle occupera Zapfendorf et Rattersdorf.
La 4* sera le 3 octobre à Eltmann sur le Mayn.
La 2^ ne pourra paraître en ligne avant le 8 octobre.
Je ne puis me procurer ici des renseignements ; ce ne sera
que quand je serai à Bamberg, parce qu'alors je me porterai
souvent aux avant-postes ; mais j'ai besoin d'un ordre de
V. M. pour ce mouvement.
J'ai aussi un grand besoin que V. M. me fasse donner des
fonds; je n'ai plus un sol et je ne trouve pas à emprunter.
On m'apprend à l'instant qu'on n'a pas pu trouver la divi-
sion Klein ; je vais la faire chercher *.
1. 1^ général Belliard, dans un rapport au major général, Wùrzburg, 2 oc-
tobre, donne les mêmes renseignements sur remplacement des divisions de la
réserve de cavalerie ; il ajoute : s La 2« division de dragons sera le 7 ou le «
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246- CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MARâCHÂL AUGEREAU A l'eMPEREUB.
Francrort, 1*^ octobre 1806, s heures après midi.
Toutes les troupes du 7* corps peuvent se mettre en mar-
che pour Wlirzburg dès demain ', mais j'ai Thonneur d'ob-
server à V. M. qu'il y a quatre grandes journées de marche
et que conséquemment elles ne pourront y arriver que le 6 ;
encore je ne puis les faire marcher que par division, sans
quoi il y aurait encombrement *.
On n'a pu commencer qu'hier à confectionner des vivres
et nous n'en aurons pas assez pour toute la route loin de pou-
voir en mettre en réserve pour le besoin à notre arrivée.
Les troupes du prince de Darmstadt ne sont pas prêtes,
non plus que celles du prince de Nassau-Usîngen et du prince
Primat. J'envoie un officier vers chacun de ces princes pour
les inviter à faire leurs dispositions avec la plus grande cé-
lérité.
LE MARÉCHAL BEENADOTTE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Bamberg, i«r octobre 1806.
Je viens de recevoir, M. le Duc, votre dépêche du 30 sep-
tembre '. La division du général Drouet est déjà en route sur
Kronach ; la tête de sa colonne couchera ce soir à Staffel-
stein.
La division Rivaud couche ce soir ici, à Bamberg; demain
j à Mergenlheim, où elle recevra de nouveaux ordres. — La i»"» division doil
a se rendre à Wiirzburg, où elle recevra de nouveaux ordres. Elle sera le
« 4 ou le 5 à AschalTenburg. »
1. Avant de recevoir les ordres de TEmpercur, le maréchal Augereaa devnil
faire , le 2 octobre, dans les environs de Francfort, > une grande manœuvre
où toutes les armes seraient employées u.
2. La if« division du 7« corps vint coucher le 2 à Aschafifcnburg ; —le
8 à Esselbach; —le 4 en avant de Wi'irzburg, sur la route de Bamberg, ayant
un poste de troupes à cheval sur la route de Fulde.
La 2« division coucha, le 2, à Seligenstadt; — le S à AschafTcnburg ; — dé-
passa Esselbach le 4; ~< remplaça le 5 la !>*« division dans ses cantonnements
en avant de Wûrzburg.
S. Expédition de la dépêche de l'Empereur du 29.
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1*' OCTOBRE. 247
OU après-demain au plus tard, tout mon corps d'armée sera
réuni dans les environs de Eronach ; je ferai occuper les dé-
bouchés des montagnes sans dépasser les frontières.
Je serai demain à Lichtenfels; après-demain j'établirai
mon quartier général entre cette ville et Eronach ; je vous
préviendrai du lieu que j'aurai choisi.
J'enverrai un régiment de cavalerie pour observer la grande
route de Culmbach à Lichtenfels.
Je ferai reconnaître les chemins de Leipzig et de Dresde;
j'exécuterai aussi les intentions de S. M. pour me mettre à
même d'intercepter la route de Hof à Erfurt, si cela devient
nécessaire.
J'ai chargé le général Eblé de s'assurer si les canons qui
viennent de Rottenburg pour Bj-onach y arriveraient bien-
tôt ; il vient de me rendre compte qu'ils étaient en route et
qu'ils avaient déjà dépassé Forchheim.
Depuis mon dernier rapport je n'ai rien eu de bien inté-
ressant sur les mouvements des Prussiens. Le Roi était, il y
a quelques jours , à Naumburg. On dit son armée forte de
80,000 hommes.
Le prince Hohenlohe doit avoir son quartier général à
Chemnitz ; il a toujours des troupes à Zwickau et à Plauen ;
un petit *corps de 2,000 hommes sous les ordres du général
Tauenzien est toujours à Hof.
Le petit fort de Culmbach n'est encore occupé que par de
la milice, commandée par un vieux général en retraite.
On assure que si nous devons faire la guerre, les Prussiens
8e retireront derrière l'Elbe 5 on croit que les mouvements
de troupes qu'ils ont faits en avant, n'avaient pour but que
de manger les ressources du pays.
Je n'ai plus aucun fonds pour la partie secrète * ; j'ai déjà
tait quelques avances ; il est difficile de se procurer des
1- Ordre, le s octobre, du major général au payeur do Tannée de donner
19|000 fr. à chacun de MM. les maréchaux pour dépenses secrètes, le maré-
cJi»I Augereau excepté.
^ maréchal Augereau touchait d'ailleurs le 2 octobre, à Francfort, 2,154 fr.
SB c. pour dépenses extraordinaires aecrétes.
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248 CAMPAGNE DE PRUSSE.
espions si ce n'est au poids de Tor ; cette difficulté est encore
augmentée depuis quelques jours qu'on a appris ici que les
Prussiens avaient fait fusiller quelques agents; un homme
du général Maison a été exécuté le 29 à Hof.
Un nouveau rapport m'annonce encore que les Russes sont
en Silésie.
LE MARÉCHAL DAVOUT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Nuremberg, iw octobre 1806.
J'ai l'honneur d'accuser réception à V. A. S. de ses ordres
du 29 septembre *.
J'aurai l'honneur de faire observera V. A. que, d'après son
premier itinéraire, les 2 premières divisions du 3* corps d'ar-
mées devaient être rendues à Bamberg le 1*' octobre et la
3* le 2; mais la tête de mes colonnes ayant rencontré à
Nuremberg les divisions Drouet et Rivaud faisant partie du
1*' corps d'armée, j'ai été obligé de faire halte pour donner
le temps à ces troupes de filer, ce qui a totalement changé la
marche de mon corps d'armée ; en conséquence j'ai Thon-
neur de rendre compte à V. A. que la 1** division, ^insi que
la cavalerie légère, arriveront à Bamberg le 2, et les 2* et 3*
divisions le 3 octobre, ce qui est conforme aux ordres de
V. A. qui prescrivaient d'être rendu du 2 au 3.
Je vais donner de suite les ordres nécessaires pour que mA
cavalerie se porte en deux marches de Bamberg à Kronach.
J'y envoie également l'officier commandant l'arme du génie,
afin de mettre le plus tôt possible cette place en état de
défense '.
1. Expédition do la dëpôche de l*Enipereur du 24.
9. LB OÉIfAbAL DAULTAinrB A0 COLOSKL TOUBARD.
Nuremberg, l*' octobre 1806.
J'ai riionneur do vous prévenir que, conformément aux ordres de S. A-r
Tintention de M. le Maréchal est que vous fassiez partir de suite pour Krooacb
M. le chef de bataillon Breuille, qui sera chargé de mettre le plus prompte-
ment possible celte place en état de défense. Il se servira à cet effet dM
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1*' OCTOBRE. 249
Je me rendrai aujourd'hui auprès de M. le maréchal Ber-
nadotte afin de me concerter avec lui et de prendre connais-
sance des ordres que V. A. a donnés à cet égard.
LE MARÉCHAL DAVOUT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Bamberg, i«r octobre 1806.
Je viens d'arriver à Bamberg pour me concerter avec le
prince de Ponte- Corvo qui m'a communiqué les ordres de
V, A. S. pour porter ses troupes à Kronach ; ces ordres sont
du 30 et V. A. S. le 29 me fait connaître que l'intention de
l'Empereur est que je détache ma cavalerie sur Bj*onach,
que je fasse occuper cette place et que je cherche sur-le-
champ à la faire mettre en bon état, et enfin que le maréchal
Bemadotte me fera connaître les ordres que vous avez
donnés sur cet objet : la diflférence de date et le mouvement
que fait le prince de Ponte-Corvo devraient me faire supposer
qu'il y a de nouvelles dispositions dont je n'ai point connais-
sance. Quoi qu'il en soit, ainsi que j'ai eu l'honneur de vous
en rendre compte ce matin, ma cavalerie n'étant arrivée
près de Forchheim que ce soir, je ne puis la porter demain
qu'entre Bamberg et Staffelstein ; j'aurai donc le temps de
recevoir les ordres de V. A. sur les mouvements ultérieurs
de cette cavalerie ; cependant je dirigerai toujours le 7* de
hussards sur Kronach, conformément aux premiers ordres
deV.A. S.
La 1" division est arrivée et est établie entre Bamberg et
Forchheim, sa tête à une lieue de cette première ligne où
demain elle appuiera sa gauche, sa droite se prolongeant du
côté de Staffelstein ; demain 2, tout le reste du 3* corps sera
Iwbilaols da pays et des troupes qui vont y être envoyées. Vous ferez égale-
ment partir les sapeurs, qui se rendront pareillement à Kronach à marches
forcées.
Vous resterez ici de votre personne pour accélérer la réunion de la plus
gTinde quantité d'outils possible, ce qui ne peut guère vous retarder au delà
d'une couple de jours, et vous vous adresserez au général Priant pour obtenir
les moyens de transport.
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250 CAMPAGNE DE PRUSSE.
entre Bamberg et Forehheim. V. A. S. peut compter là-
dessus.
J'ai envoyé un chef de bataillon à Kronach à la réception
de votre lettre du 29.
LE MARECHAL SOULT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Ratisbonne, i^ octobre 1806.
J'ai rhonneur de remercier V. A. de la bonté qu'elle a eue
de me prévenir de l'arrivée de l'Empereur à Mayence ; nous
espérons que S. M. sera bientôt au milieu de sa fidèle armée
et qu'elle lui donnera le signal des combats pour tirer ven-
geance de la perfidie de ses ennemis.
Toutes les troupes du corps d'armée seront réunies le 3
aux environs d'Amberg, et pourront le 4 continuer leur
mouvement ; cependant, comme mon rassemblement s'est
fait avec une extrême rapidité, je désire n'être dans le cas
de me mettre en marche que le 5.
J'ai l'honneur de prier V. A. de vouloir bien rendre
compte à S. M. que tous les soldats du corps d'armée seront
pourvus de 2 bonnes paires de souliers dans le sac et d'une
bonne paire aux pieds ] la plupart des régiments ont en outre
un approvisionnement de ce genre à leur suite, et indépen-
damment ils ont fait des commandes en France pour en faire
venir; tous d'ailleurs sont parfaitement en règle à ce sujet.
Je vais annoncer aux régiments que S. M. accorde une
paire de souliers en gratification à chaque soldat de la Grande
Armée et je ne doute pas qu'ils ne reçoivent cette nouvelle
avec le sentiment de la plus vive reconnaissance.
J'ai donné les ordres les plus pressants pour que tous les
régiments aient à se pourvoir des eflfets indispensables de
campement qui leur manquent ; quelques-uns ont trouvé à
en acheter ; mais ce qu'ils ont, est encore bien peu de chose^
et je dois prier de nouveau V. A. de faire tout ce qu'elle
pourra pour qu'il en soit distribué ; le pays oflfre sous ce rap-
port si peu de ressources et nous avons d'ailleurs si peu de
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1*' OCTOBRE. 251
temps à donner qu'avec beaucoup d'argent on ne serait
même pas plus avancé. Je vais cependant leur renouveler
les ordres qu'ils ont reçus à ce sujet.
Je me conformerai aux disjiositions que V. A. me fait
rhonneur de me prescrire, concernant les déserteurs qui
nous parviendraient.
Je veillerai aussi à ce que les états de situation que V. A.
demande soient conformes à ses intentions, et lui parviennent
exactement. Le général Compans, chef d'état-major du 4*
corps, vient d'arriver, et il travaille déjà avec beaucoup d'ar-
deur pour se mettre au courant.
J'ai l'honneur de prier V. A. d'agréer l'expression de mes
sentiments respectueux.
P. S. — Je reste aujourd'hui à Ratisbonne pour voir filer
les dernières troupes du corps d'armée qui doivent y passer.
Demain je serai à Amberg où je recevrai les ordres que V. A.
aura la bonté de me faire parvenir.
LE MARÉCHAL 80ULT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Ratiabonne, i^' octobre 1806.
Je viens de recevoir la lettre que V. A. m'a fait l'honneur
de m'écrire pour me prévenir que les Prussiens se rassem-
blent à Hof, et me dire de faire en sorte que les troupes du
corps d'armée soient réunies à Amberg le 1*' octobre.
Il est impossible que toutes les divisions soient à Amberg
le 1*' octobre -, la tête de la colonne n'y arrivera seulement
qu'aujourd'hui ] mais le 3 tout y sera réuni ; encore a-t-il
fallu pour l'obtenir que les divisions fissent des marches de
10 et 11 lieues.
Cette circonstance m'oblige de rappeler à V. A. l'observa-
tion que je lui ai faite au sujet du 11* régiment de chasseurs
a cheval ; si ce régiment part, il ne me restera que le 8* de
hussards et le 16" de chasseurs au corps d'armée, tandis que
d après les mouvements de l'ennemi et d'après la situation
uu corps d'armée qui tiendra la droite, je devrais, je crois,
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252 CAMPAGNE DE PRUSSE.
être en force de cavalerie et avoir une division de dragons
d'augmentation.
LE MABéCHAL NET AU MAJOR GÉNÉBAL.
ÀDSpach, i«' octobre.
J'ai reçu à 4 heures du matin la lettre que V. A. S. m'a
fait l'honneur de m'écrire de WUrzburg le 30 septembre*, j'ai
aussitôt donné des ordres pour presser l'arrivée du corps
d'armée sur Nuremberg.
Le 3' de hussards et le 10' de chasseurs aux ordres da
général Colbert s'établiront aujourd'hui en avant de Hals-
brtlnn, demain au delà de Nuremberg et le 3 sur les routes
qui conduisent de cette ville à Baireuth.
Ce général aura ordre d'établir un service de campagne
sans commettre d'hostilités, et de recueillir tous les rensei-
gnements possibles sur la marche et les positions de Tannée
prussienne.
La division du général Marchand arrivera aujourd'hui à
Anspach et entre cette ville et Halsbrtlnn.
La 3* division, commandée par le général de brigade
Marcognet, sera aujourd'hui entre Anspach et Feucht-
wangen.
Demain 2, la tête de l'armée sera à Nuremberg et au delà.
Je pars cet après-midi pour Nuremberg où je prie V. A.
de m'adresser ses ordres.
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2 OCTOBRE
LE GRAND-DUC DE BERG A L EMPEREUR.
Wûrzburg, 2 octobre 1806, midi.
Je m'empresse d'adresser à Y. M. un rapport que je reçois
de Cassel et deux autres qui me sont envoyés par le maréchal
Bernadette et le général Belliard. Il paraît assez constant,
d'après tous les avis qui viennent de toutes parts, que les
Prussiens se réunissent sur la ligne d'Ërfurt et de Weimar.
Tons les corps arrivent à leur destination. La division
Dupont est en ce moment dans la ville ; un régiment en
occupera la citadelle. Le prince de Neufchâtel me promet
qu'il j aura ce soir des canons en batterie. Il y en aura aussi
à Kronach, poste que Ton dit fort important.
Quant à la réserve de cavalerie, il paraît qu'il y a plus
d'hommes que de chevaux ; les uns et les autres sont dans le
meilleur état possible. L'artillerie attachée à mon corps d'ar-
mée est aussi dans un très bon état.
J'ai l'honneur de prévenir V. M. qu'on peut se procurer
ici très facilement des chevaux pour l'artillerie; tout le
monde s'empresse de les vendre, parce que l'on craint sans
doute la réquisition.
Je n'enverrai de courrier à V. M. qu'autant que j'aurai
des nouvelles à lui annoncer ; mais, je dois vous le répéter,
je suis encore un peu loin ici pour pouvoir m'en procurer
aussi facilement que je le désirerais.
Je vous prie de faire mettre des fonds à ma disposition,
car je manque absolument d'argent.
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254 CAIklPAGNE DE PRUSSE.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU GÉNÉRAL DUPONT.
Wûrzburg, 2 octobre 1806.
Il faut, général, que vous laissiez un bataillon à la cita-
delle de Wtlrzburg, que le reste de votre division soit can-
tonné sur la route de Fulde et que vos avant-postes soient
établis militairement. Je pense que vous devez faire relever
un petit poste d'observation que le maréchal Lefebvre a mis
sur la route de Fulde au débouché qui conduit à Hamelburg.
Je vous préviens que nous ne sommes pas en guerre et que
vos avant-postes ne doivent point dépasser le pays de Wttrz-
burg.
CANTONNEMENTS DU 2 OCTOBBB EN AVANT DE WOEZEUBO
SUR LA ROUTE DE FULDE.
Le 1*' régiment de hussards à Thttngersheim, à 2 lieues et demie
en avant.
Le 9* d'infanterie légère et Tartillerie à VeîtshOchheim, à 1 liene
en avant.
Le 32* à Retzbach, à 3 lieues et demie en avant.
Le 96' : un bataillon à Uuter-Diirrbach et l'autre à la citadelle de
WUrzburg.
Ordre de la division du 2 octobre 1806.
La division sera cantonnée demain ainsi qu'il suit :
Le 1*' régiment de hussards à Retzbach ;
Le 9* d'infanterie légère : le 1*' bataillon à Retzbach, le second à
Thttngersheim ;
Le 32* régiment à VeitshSchheim ;
Le 96' : un bataillon à la citadelle de Wttrzburg, l'autre à Vers-
bach.
Les compagnies du second bataillon qui ne pourront pas loger à
la citadelle seront placées à Hdchberg.
Le 1'^ régiment de hussards enverra un poste d'observation à
Karlstadt, et un autre à Arnstein sur les deux routes de Fulde.
Tous les cantonnements auront des postes de surveillance et se gar-
deront militairement.
L'artillerie gardera sa position actuelle à Yeitshdchheim.
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2 OCTOBRE. 255
MM. les colonels enverront demain Tétat des objets d'armement
qu'ib ont reçus des magasins de Majence, ainsi que des objets d'am-
bulance.
Le Général de division,
Dupont.
MM. les colonels rendront compte de leur position dans leurs can-
tonnements et des ressources qui s'y trouvent.
LE MARÉCUAL DAVOUT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Bainberg, s octobre 1806.
J'ai rhonneur de rendre compte à V. A. des diverses posi-
tions occupées aujourd'hui par le 3' corps d'armée.
La 1" division est établie en colonne entre Staffelstein
exclusivement et Hallstadt ; Bamberg sera occupé par un
régiment de cette division.
La 2* division est placée également en colonne entre
Bamberg et Hirschaid inclusivement.
La 3* dans le même ordre entre Hirschaid et Forchheim.
La cavalerie légère entre Schesslitz, Hallstadt et Bamberg.
Le matériel du parc de réserve près Forchheim et le per-
sonnel ainsi que les chevaux cantonnés dans les villages
situés à la rive gauche de la Wiesent.
J'ai l'honneur de rappeler à V. A. que l'objet de ma lettre
d'hier était de savoir si son intention était toujours que j'en-
voie ma cavalerie légère à Eronach ; je désire ardemment
recevoir les derniers ordres de V. A. pour me tirer d'embar-
ras à cet égard.
P. S. — Le 7* de hussards continue son mouvement sur
Kronach conformément aux ordres de V. A.
LE MARÉCHAL SOULT A l'eMPEREUR.
Amberg, 2 octobre 1806.
V. M. a daigné m'instruire par sa dépêche du 29 septem-
bre dernier, que je reçois à l'instant, des dispositions que le
4* corps d'armée aura à exécuter en partant d'Amberg.
Pour remplir ses intentions, j'ai l'honneur de lui rendre
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256 GAMPAaNB DE PRUSSE.
compte que demain 3 octobre toutes les troupes du corps
d'armée seront réunies en avant d'Amberg et seront prêtes
à en partir le 4 pour entrer dans le pays de Baireuth, si
V. M. Tordonne.
Je puis me rendre en 2 marches à Baireuth. Ainsi V. M.
serait en possession de cette ville le 5 et le 6. Le mouvement
sur Hof pourrait continuer ; il y a grande et belle route.
En partant d'Amberg j'aurai du pain pour 2 jours; c'est
tout ce qu'on a pu fabriquer depuis que Tavis en est donné ;
mais je laisserai des employés en arrière pour en assurer
encore pour 2 jours.
100,000 rations de biscuit suivent la marche du corps
d'armée ; mais elles sont à 4 marches en arrière.
Les soldats ont 50 cartouches dans la giberne, les armes
sont en état; tous ont 2 paires de souliers dans le sac;
quelques régiments en ont même à la suite.
Les troupes que V. M. m'a confiées, brûlent d'impatience
de la revoir à la tête de son armée et de pouvoir justifier la
confiance dont elle daigne les honorer. Leur esprit est par-
fait, la discipline exacte, et jamais elles n'ont été mieux
animées. Je suis bien heureux, Sire, de pouvoir rendre un
pareil témoignage au moment où V. M. m'ordonne de me
préparer à de nouveaux combats ; je n'ai plus à ambitionner
que de mériter moi-même la bonté et les grâces dont elle me
comble et de lui en paraître toujours digne ^
Mais V. M. me pardonnera-t-elle si j'ose lui dire que le
corps d'armée est bien réduit ainsi qu'elle le verra par l'état
de situation que j'ai l'honneur de lui remettre : le 3^ régiment
qui était de 3,000 hommes, est resté à Braunau, ainsi que le
22* régiment de chasseurs à cheval. Le 14* de ligne et le
26* de chasseurs à cheval sont encore en France, et j'ai ordre
d'envoyer à la réserve de cavalerie le 11* régiment de chas-
seurs ; ainsi il ne restera au corps d'armée que 2 régiments
de cavalerie.
1. Il est singulier que des hommes d'un mérite auBs! incontestable que
Tétaient le maréchal Soult et d*autres, aient pu s'abaisser à écrire de pareilles
platitudes.
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2 OCTOBRE. 257
J'ai l'honneur de supplier V. M. d'y laisser le 11* de chas-
seurs et même d'y ajouter quelque autre cavalerie, lorsque
le corps d'armée devra faire son mouvement sur Hof. V. M.
m'ayant placé à la droite de son armée, je serai souvent dans
le cas d'employer de nombreux détachements de troupes
légères pour couvrir ma droite et éloigner les partis ennemis
qui ne manqueront pas de s'y porter.
Le général Milhaud qui commande la cavalerie du corps
d'armée depuis le départ du général Margaron, m'a témoigné
le désir d'y rester : si je ne craignais pas d'importuner V. M.,
je la supplierais d'accorder sa demande, au moins jusqu'à ce
qu'un autre général de cavalerie soit arrivé ; j'ai beaucoup à
me louer du zèle et de l'exactitude que le général Milhaud
porte dans le service de V. M.
L'artillerie du corps d'armée se compose de 48 bouches à
feu - mais 42 sont autrichiennes : j'ai eu l'honneur d'observer
à S. A. le prince ministre de la guerre, que si le grand parc
d'artillerie n'est pas bien pourvu de munitions pour ces der-
nières, il conviendrait de les remplacer par des pièces fran-
çaises, attendu que le calibre prussien est beaucoup plus
rapproché de celui dont les troupes de V. M. se servent que
de celui des Autrichiens, et que par ce changement on pour-
rait utiliser les munitions qui seront prises, au lieu qu'avec
les pièces autrichiennes on n'a pas cet avantage.
Je me conformerai avec beaucoup d'exactitude aux instruc-
tructions que V. M. a daigné me donner sur l'ordre de
l)ataiUe des divisions, ainsi qu'à ses intentions sur la ligne
d'opérations à prendre sur Nuremberg du moment que le
corps d'armée sera à Baireuth, et je la supplie d'être persua-
dée qu'aucun de ses sujets ne portera jamais plus de ferveur
À profiter des inimitables leçons dans la science militaire
qu'elle a données, ni un zèle plus ardent à son glorieux ser-
vice.
J'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect et un
dévouement sans bornes, Sire, de V. M. I. R., le très-humble
et très-fidèle sujet.
M'' SOULT.
Cà.U9, DB PRUSSR. 17
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258
CAMPAGNE DB PRUSSE.
irc dUislon :
a*l Bftint-HiUire.
Qnt Gandnui» Yaré.
AdJ»-C» Lacroix.
Situation des troupes composant le 4« corps d'armée
1,930 \
14 piéetÈ de eampagno {autriehiennui).
1,7»0
1,745 I
1,9S8
En France.
7,898 II manque d'an chef de bttailln.
2« division :
0*1 Levai.
G*n> Schlner, Vlvles,
Porey.
Adjt-Gt Michel.
S4* léger .
4« do ligne,
28« —
I 46» —
L 67" —
1,970
8,808
1,795
1,712
2,826
14 piieéê dé eanpagne (autrtchiennM).
i26c légei
Tlraillei
3« dlvUlon :
0«l Legrand. ^
G"» Ledra, Levaaseur.J 8« de ligne
AdJ»-Ct CoBSon. i 18* —
I 75" —
26< léger 2,300
Tirailleurs corses. 639
dn Pô. 675
14pUeeê de eampogiM (autrichUnneê).
Il manqne d'on cbefde bstuUoD.
>X0 111 T**"" ^•^ «^g»"»*"^ <*" ^^T" •!'•'■*•
. ' ont leurs fouigoni d'smbolMce bieo sp-
I pfOTitionnéi, mais iU nMnqaeni giaè-
ralementd'effeit de campement; 3i en
ont fait confectionner; iU oaaqBfat
aussi de qnelqaes capote* qa'Oi fost
faire ; ils sont bien «n «aDlien.
Tous lea régimeou ont les ahaaai
pour le transport du paie, qse S. 1.
leur a accordés.
7,814 ^ Braunan.
. 2,875 I II y a au corps d'armée 8 caitMiM
1 ,925 ; des équipages militsirrs poar le uih-
■ port des ambulances ; elles wat Wes
25,818 approvisionnées.
Cavalerie légère :
G4 de brigade Billband.
Adjt-Ot Beurmann.
8* de hussards .
Ile do chasseurs.
16« —
428
529
479
1,481
Pare :
Le général Larlbolsière,
commandant l'artillerie.
Le colonel Garbé,
commandant le génie.
I 22e — . . »
^ 26- — . . »
1 compagnie d'artillerie
légère servant 6 bou-*
ches à feu.
1 compagnie de pon-
tonniers.
1 compagnie de sa-
peurs 93
93
26,842
Il manque d'un chef d'escadroa.
Il manqua d'un chef d'esosdron. U
major commande le régimeau
A Braunan.
En France.
Ble est seulemeni annoncée.
L'artillerie du corps d*sméeie«iis-
pose de 48 bouches à feu, dost 4S aoiii-
chiennes et 6 françaises. Tosteilei voi-
tures, moins 28, sont stidées; le* ch»-
vanx sont en bon état et faanscfac* ; U*
out des fers et des clous de redianp.
Les approTisionMflwnU ceaniUDt
en :
230 coups par pièce de It ;
250 — par pièce de 8 00 «le 6;
130 — parobusicr
et en cartouches k raison de 80 |i«r
homme.
Amberg, 2 octobre 1806.
M>l SOCVT'
LE MARÉCHAL 80ULT AU GRAND-DUC DE BERG.
Amberg, 8 octobre 1806.
J'aî rhonneur de rendre compte à V. A. R. que la cava-
lerie du corps d'armée est aujourd'hui établie à Hambach
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2 OCTOBRE. 259
en avant d'Amberg; demain je la porterai sur les confins
du pays de Baireuth, ainsi que V. A. me l'a prescrit par la
dépêche dont elle m'a honoré le 30 du mois dernier.
La 2* division d'infanterie est aujourd'hui à Sulzbach^
demain je l'établirai à Vilseck.
La 3* division sera demain à Hambach et la l'*' à Amberg ;
ainsi le corps d'armée sera réuni, et le 4 il pourra se porter
en avant.
D'après les derniers rapports que j'ai reçus, il paraît que
les Prussiens n'ont que très peu de monde à Baireuth ; on
m'a dit même que la milice montait la garde aux portes.
Le général Tauenzien, commandant l'avant-garde de
l'armée du prince Hohenlohe, est à Hof et fournit des postes
jusqu'auprès de Baireuth ; on dit que ce général a 2 régiments
d'infanterie avec lui et 10 escadrons ; on dit aussi que l'ar-
mée est en route pour prendre position à Hof, mais je ne
garantis pas àV. A. l'exactitude de ces renseignements. J'at-
tends pour demain 2 émissaires que j'ai envoyés sur les lieux
mêmes, et j'espère qu'ils en porteront de plus instructifs.
Je désire bien vivement que les circonstances me per-
mettent bientôt de voir V. A. pour l'assurer de mon respec-
tueux attachement et lui demander la continuation de ses
bontés.
Amborg, 8 oclobre 1806.
Le général Milhaud, commandant la division de cavalerie légère *,
donnera ordre aux régiments et compagnies d'artillerie qui la com-
posent de se rénnir demain pour 10 heures du matin à Schlicht près
Vilseck ; il les dirigera sur Thumbach en suivant la grande route de
Baireuth et les établira entre Thumbach et Thurndorf, occupant
Amberg, a oclobre isoe.
Le général Milhaud ayant reçu ordre de se rendre à la réserve de cavalerie,
le général Gayot, actuellement employé au corps d'armée, a été désigné par
le ministre de la guerre pour le remplacer dans le commandement de la ca-
valerie légère ; en conséquence, M. le général Guyot aura ordre de se rendre
sur-le-cbamp à Hambach , à l'efTet de recevoir du général Milhaud les ordres
et instructions relatif à ce commandement et en remplir les fonctions.
M«l SOULT.
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260 CAMPAGNE DE PRUSSE.
tous les villages dans cette partie qui forment la frontière du rojanme
de Bavière, mais se gardant de mettre aucune troupe sur le terri-
toire prussien ni d'y commettre aucune hostilité.
Le général Milhaud se gardera militairement et établira son quar-
tier général à Thumbach.
Le général Legrand portera la tête de son infanterie légère jus-
qu'à Schlicht et Vilseck, et fera cantonner sa division depuis ces
deux endroits compris jusqu'à Hambach aussi compris ; il s'établira
de sa personne à Schlicht ou à Vilseck.
Le général Levai fera rapprocher toutes les troupes qu'il a can-
tonnées en arrière de Sulzbach sur la route de Nuremberg, et éta-
blira sa division entre Sulzbach et la Vils, depuis le village de Pc-
penzied jusqu'à celui de Weissenberg ; il donnera ordre aux colonels
des régiments de reconnaître les communications qui aboutissent des
cantonnements qui leur sont assignés à la grande route d'Amberg à
Baireuth, afin que, lorsqu'il leur sera donné ordre de déboucher sur
cette grande route pour prendre rang dans la colonne, ils n'aient
point de détour à faire et puissent s'y rendre par le plus court che-
min*.
Le général Saint-Hilaire établira la 1^' division à Amberg et dans
les villages situés à droite et à gauche de la route depuis cette ville
jusqu'à Hambach exclusivement.
Le général Lariboisière donnera ordre au parc d'artillerie de s'é-
tablir à Germansdorf en arrière d'Amberg et il disposera, pour loger
les hommes et les chevaux qui y sont employés, de ce village et des
deux hameaux à droite et à gauche de Germansdorf.
Les dispositions contraires au présent ordre et qui sont contenues
dans celui du 30 septembre seront considérées comme non avenues.
L'ordonnateur en chef fera effectuer dans la journée de demain,
8*il ne l'a déjà fait, la remise des caissons des équipages militaires
qui doivent être affectés aux régiments pour le transport du pain,
mais cette remise aura lieu à Amberg, et à cQt effet les colonels des
régiments enverront des officiers pour les prendre.
Tous les caissons des régiments destinés au transport du pain de-
vront être rendus à Amberg demain au soir pour prendre le pain qui
1. LS IfARÉCUAL 80ULT AU OÉSÉBAL LSTAL.
Amberg, s octobre 1806.
Il n*y a pas de difllcullé à ce que vous gagniez du terrain sur la gauche
sans sortir du territoire bavarois; mais observez exactement la disposition de
l'ordre qui vous a été adressé la nuit dernière eu ce qu*il porte que toutes
vos troupes doivent avoir un débouché sur la grande route d^Amberg à Bai-
reuth, aûn qu'elles n'aient pas de détour à faire lorsqu'elles devront prendre
rang dans les colonnes, et que vous n'éprouviez non plus aucun retard ; du
reste, vous ne devez considérer votre position que comme un bivouac. Il est
vraisemblable que pondant la nuit vous recevrez des ordres de mouvement;
ainsi tenez- vous prêt à partir.
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2 OCTOBRE. 261
doit être distribué à la troupe d'après les nouveaux ordres qui se-
ront donnés ; l'ordonnateur s'assurera du nombre de voitures du
pays nécessaires pour prendre le surplus du pain réuni à Amberg
qui n'aurait pu être chargé sur les caissons des régiments. Il s'assu-
rera également des voitures pour le transport des eauz-de-vie et du
sel qui sont aussi réunis à Amberg.
L'ordonnateur terminera également demain la remise des caissons
d'ambulance avec leur approvisionnement qui doivent être affectés
aux divisions, et il rendra compte dans le jour au Maréchal comman-
dant en chef de l'exécution de cette disposition.
M*' SOULT.
LE MÀBÉCHAL AUGEBEAU AU MAJOR GÉNÉRAL.
Francfort, i octobre 1806.
Je vais répondre à diverses lettres que V. A. m'a fait
l'honneur de m'écrire, que j'ai trouvées à mon retour ici 5
elles avaient été ouvertes en mon absence par M. le géné-
ral Desjardins que j'y avais autorisé comme commandant ce
corps d'armée par intérim, et la plupart de vos ordres ont
déjà été exécutés.
Capotes. Lettre du 23 sqpterrJyi^e. — Il est impossible aux
régiments de faire les avances nécessaires pour confectionner
dea capotes pour les soldats qui n'en ont pas. Toutes les
caisses sont vides ; il est dû 5 mois de solde. J'ai ou l'hon-
neur d'en rendre compte à S. M. l'Empereur et de E^upplicr
de faire verser des fonds dans la caisse du payeur principal
du corps d'armée. Néanmoins, et en attendant, j'ai ordonné,
qu'il soit fait une revue dans tous les corps pour constater le
nombre des hommes qui n'ont pas de capotes.
Dès la réception de votre lettre du 24 septembre, il a été
pris des mesures pour empêcher la Prusse de faire aucune
levée ou des achats de chevaux dans les cantonnements
occupés par les troupes françaises ; il a été acheté aussi des
marmites et des bidons.
Gendarmerie* 26 septembre. — M. le colonel Lauer n'a pas
encore envoyé au corps d'armée le détachement de gendar-
qieriequi doit y être attaché. Si nous marchons incessamment,
il est important qu'il arrive pour la police.
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262 CAMPAGNE DE PRUSSE.
. Ordre du jour. — L'arme du génie est commandée à ce
corps d'armée par un colonel.
Pontonniers et ouvriers. Lettre du 26 septembre. — Les
pontonniers et ouvriers annoncés par votre lettre ne sont
pas encore arrivés, mais M. Tinspecteur général d'artillerie
Songis m'informe par sa lettre datée d'Ulm, le 27 courant,
qu'il a donné l'ordre à la 3* compagnie du 1^' bataillon de se
rendre au 7* corps pour y être attachée.
Artillerie légère. Lettre du 28 septembre. — La compagnie
d'artillerie légère annoncée par votre lettre du 28 septembre,
n'est pas encore arrivée ; M. l'inspecteur général Songis m'a
prévenu des ordres qu'il a donnés à cet égard.
Les états de situation et d'emplacement seront envoyés à
V. A. exactement et dans la forme voulue.
Légion du nord. Déserteurs. Lettre du 29 septembre. —
Conformément aux ordres de V. A., j'ai nommé un officier
d'état-major qui sera spécialement chargé de recevoir les
déserteurs et de les diriger sur Juliers.
Lettre du \1 septembre. — Les 3 premiers escadrons du
20^^ régiment de chasseurs à cheval sont arrivés.
Frais extraordinaires h payer aux généraux^ etc. Lettre du
21 septembre. — La caisse de l'armée n'a pas de quoi payer
cet objet. J'en ai rendu compte à S- M. en lui envoyant un
état de situation de la caisse au 30 septembre, et l'ai suppliée
de vouloir bien ordonner qu'il y soit versé des fonds le plus
tôt possible.
Lettre du 21. — L'équipage d'ambulance a été organisé
suivant qu'il est prescrit par la lettre de V. A.
Lettre du 23. — Le décret de S. M. pour la remonte de
la cavalerie va s'exécuter. J'ai transmis à M. le général
Klein la lettre de V. A. qui lui était adressée.
Constamment occupé depuis mon retour des préparatifs
nécessaires pour exécuter le mouvement que S. M. m'a
ordonné de faire demain avec ce corps d'armée, je n'ai pu
répondre que très à la hâte aux dernières lettres que V. A.
m'a fait l'honneur de m'écrire, afin de reprendre le courant.
A présent je suis en mesure pour la suite.
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2 OCTOBRE. 263
LE MARÉCnAL AUGEREAU AU MAJOR GÉNÉRAL.
Francfort, 8 octobre 1806.
J'envoie vers V. A. M. le colonel Sicard, mon premier
aide de camp : il est chargé par moi de prendre les ordres
que TOUS avez à me donner, et de recevoir, pour me les
transmettre, les instructions qui doivent me diriger après
mon arrivée à Wttrzburg.
L'objet essentiel est de savoir quelle position je dois faire
occuper par mon corps d'armée.
M. le colonel Sicard a toute ma confiance : elle lui est
acquise par 15 années de bons services auprès de moi. V. A.
peut sans réserve lui dire ce qu'elle me dirait à moi-même.
Cet officier vous fera connaître toutes les dispositions que
j'ai feites, d'après les ordres de l'Empereur et ceux de V. A.
LE MARÉCHAL KELLERMANN A L'eMPEREUR.
Mayence, a octobre isoft.
J'ai reçu les ordres de V. M. en date des 1" et 2 de ce mois ;
il» seront tous exécutés. Les divers détachements venant de
Boulogne et ceux des 1*', 3*, 5% 9* et 15* de dragons trouve-
ront en arrivant à Kayserslautem Tordre de se rendre de
suite directement à Manheim et de se porter en ligne droite
BUT Wttrzburg.
L'adjudant commandant Duprat est ici depuis le 1?' de ce
mois et est entré aujourd'hui en fonctions de chef d' état-
major de l'armée. Je le recommande toujours aux bontés de
V.M.
Les dépôts de troupes à cheval ont besoin d'être particu-
lièrement surveillés par u,n ofiicier général intelligent, actif
et instruit et qui s'en occupe exclusivement. Je ne connais
que le général Marulaz qui réunisse tout ce qu'il faut pour
fonner promptement une bonne cavalerie. Je prie V. M. de
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264 CAMPAGNE DE PRUSSE.
le nommer commandant de la cavalerie de Tannée de réserve.
Je le placerai à Haguenau où il sera au centre de tous les
dépôts. Il est actuellement à Vesoul et pourra arriver promp-
tement lorsqu'il aura reçu son ordre. Je le chargerai égale-
ment de l'organisation des guides à cheval ^
l'intendant général villemanzy au major général.
Wiirzburg, 8 octobre 1806.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. S. que j'avais
déjà pris connaissance de la demande qui vous a été faite
par M. le comte de Wolkenstein tendant à ce que les pays
qui avoisinent cet électorat, concourent à la fourniture des
subsistances que doit faire la régence dans les magasins de
Wtirzburg pour le service de l'armée^ et conformément à
vos instructions je me suis concerté ce matin avec les
membres de cette régence pour l'exécution de ces disposi-
tions.
1. . Wûnburg, 5 octobre isotf.
Expédier Tordre à Mayence pour qu'on y retienne tous les dotachemeats
d'hommes à pied des différents régiments de cavalerie et qui, de leurs dépôts,
ont été dirigés sur Mayence pour se rendre à la Grande Armée. Donner ordre
de les organiser par arme en mettant les cuirassiers ensemble, les dragons
ensemble, les hussards et les chasseurs ensemble ; on en fera ainsi 4 espèces
de bataillons qui serviront à la défense de la place. M'envoyer de suite Tétai
de situation de ces détachements.
Ordonner au général Kellermann de se rendre sur-le-champ au corps de
réserve du Rhin , sous les ordres du maréchal Kellermann. Lui expédier une
instruction pour le charger spécialement de tous les hommes à pied de cava-
lerie qui seront arrêtés à Mayence. Il sera charge de veiller spécialement à
l'organisation de la remonte de tous les dépôts de cavalerie placés dans les
5«, 26* et S6« divisions militaires.
Il laissera dans la place de Mayence les hommes de cavalerie à pied pour
servir à la garde de la place jusqu'à Tarrivée des gardes nationales et des
conscrits. Mais à mesure qu'il saura que les dépôts de cavalerie ont reçu des
chevaux et qu'ils ont besoin d'hommes, il ordonnera qu'ils rejoignent et in-
sensiblement on fera retourner a leurs corps tous les hommes de cavalerie à
pied qui ont été arrêtés à Mayence, à l'exception d'une seule escouade
d'hommes à pied de chaque régiment de cavalerie, qui resteront à Mayeoce
pour pourvoir au remplacement aux escadrons de guerre, soit dos malades,
soit des blessés , parce que de Mayence ils arriveront plus vite à Tarmée. Au
reste, comme im contre-mouvement est toujours une chose désagréable, il feut
le faire insensiblement à mesure que les corps achèteront des chevaux.
M>^1 Alex. fiSBTHUR.
Ordre au général Marulaz de se rendre de suite au quartier général à
Bamberg.* «
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2 OCTOBRE. 265
En conséquence m'ayant fait connaître les proportions
d'après lesquelles les pays de Amerbach, Wertheim et Ger-
laszheim devaient concourir à ces approvisionnements, je
viens d'écrire aux régences de ces pays pour les inviter à
nous procurer les denrées ci-après, savoir :
Qrftinii, farines. Fourrages. Bœnfs.
(Avoine.)
Oaintaux. Quintrax.
Amerbach 20,000 8,000 150
Wertheim 16,000 2,000 40
GerlaBzheim 3,000 2,000 30
39,000 12,000 220
J'ai désigné M. le sous-inspecteur aux revues Chopin
pour être chargé de cette mission importante. Il sera accom-
pagné par un commissaire de la régence de Wtirzburg, et
conformément à vos instructions je donne l'autorisation à ce
80U8-inspecteur de passer des marchés pour ces différentes
fournitures, mais sous la condition qu'il y insère la clause
qu'elles ne pourront être acquittées qu'aux époques qui
seront ultérieurement fixées par notre gouvernement et celui
des pays avec lesquels il contractera.
Nous éprouvons d'ailleurs tant d'embarras pour les mou-
tures que j'ai recommandé de faire convertir sur les lieux
mêmes les grains en farine ; après quoi on les fera diriger
sur Wtirzburg.
LE GÉNÉRAL KIBGENEB, COMMANDANT PROVISOIBEMENT
LE GÉNIE, AU MAJOR GÉNÉRAL.
Wûrzburg, a octobre 1806, il heures du soir.
10 caissons partent de Strasbourg le 2 octobre ; ils ne
pourront être ici que le 15* au plus tôt.
Les 20 autres ne sont pas encore achetés. On ne pourrait
^8 aucun cas les avoir avant le 25.
Cette organisation éprouve beaucoup d'obstacles ] on trouve
tout difficilement ; l'empressement fait hausser les prix ; le
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266 GAfifPAGNB DE PRUSSE.
commissaire des guerres a refusé les fourrages qu'il faut
acheter ; les fonds suffiront à peine.
Les premiers outils sont partis de Strasbourg le 1" octobre.
Ils ne commenceront à arriver que le 10 au plus tôt.
Il n'y a donc absolument rien dans ce moment au parc du
génie, et il ne peut rien y avoir avant le 15 au plus tôt.
Que l'armée se mette en marche avant cette époque, elle
ira vite, épuisera tous les moyens de transport et il serait à
craindre que les caissons de Mayence ne puissent rejoindre
à temps. D'ailleurs comme ils doivent être distribués aux
différents corps d'armée, il en restera très peu pour le parc.
Je demande donc pour subvenir aux besoins du moment :
1^ De donner à chaque officier du génie dans les divisions
une somme de 600 fr. qui, avec les secours de leurs géné-
raux, suffira pour procurer de suite les 400 à 500 outils
qu'ils doivent avoir '. Ils se serviront des voitures du pays en
attendant les fourgons de Strasbourg ;
2* D'accorder une nouvelle somme de 60,000 fr. pour le
prompt établissement du parc suivant l'état indicatif ci-joint
(indépendamment d'une autre somme de 72,000 fr. dont les
fonds ont été faits à Strasbourg pour l'achat de 30 caissons).
Aperçu de la dépense à faire pour les premiers étahlissemeiiU
du parc,
V Pour l'achat des ancres, cordages, fers,
bateaux, art. 5 du projet *, environ. . . . 6,000 fr.
2^ Pour l'achat des outils de charpentiers,
menuisiers, charrons, maréchaux, etc.,
d'une compagnie d'ouvriers de 100 hommes, 2,500
3^ Pour une seconde compagnie 2,500
1. Le 30 septembre, le colonel du génie La Gastine demandait au maréchal
Augereau une somme de i,ooo fr. pour compléter rapprovisionnement des
outils du 7* corps.
'8. Il 8*agit probablement d*un projet pour la constitution du parc du génie
ea 8 divisions^ conformément aux ordres de TBmpereur du 80 septembre.
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2 OCTOBRE. 267
4" Pour Tachât et la construction d'un pont
sur chevalets, art. 4 du projet, environ . . 4,000
5* Pour Tachât de 3,000 outils de pionniers,
environ 9,000
6^ Pour Tachât de 14 chariots attelés de 4 che-
vaux pour le transport de Téquipage de
pont, à raison de 2,400 fr. cTiaque 33,000
T* Pour frais imprévus 2,400
60,000 fr.
Nota. — Dans le cas où les outils arriveraient de France,
on achèterait en remplacement 4 fourgons de plus.
Wtirzburg, 1" octobre 1806.
Général Cazal.
LE MAJOB GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LEFEBVRE.
Wûrzburg, a octobre 1806, il heures du soir.
L'intention de TEmpereur, M. le Maréchal, est que vos
troupes ne baraquent ni ne bivouaquent * ; vous devez les can-
tonner aux environs de Schweinfurt, mais de manière à
pouvoir les réunir en 3 ou 4 heures sur la position que vous
aurez.choisie.
Donnez les ordres pour qu'il soit fait à Schweinfurt pour
5 jours de pain pour votre corps d'armée et pour 5 jours de
pain biscuité, ce qui vous fera 10 jours de vivres.
Je vous écrirai demain en détail.
L'Empereur est arrivé ce soir; il jouit d'une parfaite
santé.
Vous devez continuer à avoir un poste de votre cavalerie
SOT le débouché de Hamelburg, la division Dupont ne devant
pw rester à Wtirzburg ; vous devez placer quelques postes
de cavalerie intermédiaires jusqu'à Schweinfurt, afin d'avoir
de« nouvelles et les envoyer au quartier général.
^. Réponse à la dépêche du M*^ Lefebvre du 89 septembre.
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268 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL DAVOUT.
Wûrzburg, 8 octobre 1806, il heures du soir.
L'Empereur vient d'arriver, M. le Maréchal ; S. M. me
charge de vous expédier un courrier pour faire fournir sur-
le-champ par le pays de*Bamberg 20,000 quintaux de
farines ou de grains pour pouvoir faire 60^000 rations de pain
par jour ; il faut que, pour cet objet^ votre ordonnateur s'en-
tende avec les administrations du pays et que toutes les
mesures soient prises pour avoir du biscuit ^
S. M. ordonne que vous fassiez construire sur-le-champ
8 grands fours à Bamberg par les soins des officiers du génie ;
l'Empereur désirerait qu'ils fussent faits dans deux fois
24 heures ; s'il manquait de briques, il faudrait démolir une
mauvaise maison; employez-y les maçons qui peuvent 8e
trouver dans votre corps d'armée. Toutes les mesures que
vous prendrez seront bonnes, pourvu que les fours soient faits.
Demain je vous écrirai beaucoup plus en détail sur d'autres
objets.
Faites passer le plus promptement possible la lettre ci-
incluse au maréchal Bemadotte.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL BERKADOTTE.
Wûrzburg, 2 octobre iao6, il heures du soir.
L'Empereur vient d'arriver. S. M. me charge de vous
expédier un courrier pour que vous ayez à donner les ordres
1. LB oéxifeBAb DAULTANXB AU OAxÂKAL L. BBBTHIBE, CUBF DB L*AtAT*MÀJOK
DU l^^ COBP8.
Bainbergi 3 octobre 1806.
S. M. l'Empereur et Roi, M. le géntSral, venant de donner les ortires les
plus pressants afiu qu'il soit réuni à Bamberg uue très grande quantité de
farines dans le plus bref délai el les magistrats de cette ville manquant d«
moyens de transport, attendu, diseni-iIS| que le i«r corps d*armée a retenu
toutes les voitures du pays qui ont été requises pour son service, ] ai Thonneur
de vous prier de donner les ordres les plus précis afin que ces voilures re*
tournent promptement, sans quoi il sera impossible que les ordres de S. M.
reçoivent leur exécution,
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2 OCTOBRE. 269
à vos officiers du génie de faire construire, en y travaillant
jour et nuit, 8 grands fours dans le fort de Kronach. S. M.
voudrait que ces fours fussent faits dans 2 ou 3 jours ;
employez les maçons qui peuvent se trouver dans votre corps
d'armée ; s'il n'y a pas de briques, faites démolir la plus
mauvaise maison ; enfin toutes les mesures seront bonnes,
si elles assurent Texécution des ordres de TEmpereur.
Demain je vous écrirai en détail sur beaucoup' d'autres
objets.
Si Ton en juge par ces deux dépêches, l'Empereur dut entrer dans
une colère terrible à son arrivée à Wttrzburg, en apprenant que rien
n'avait été fait sur le point de fiamberg pour assurer les approvi-
eionnements de marche des troupes.
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3 OCTOBRE
OBDEE DU JOUR.
Quartier gënëral impérial, Wiinburg, 8 octobre 1806.
L'Empereur est arrivé au quartier général à Wiirzburg.
S. M. a vu avec plaisir l'activité que les diflFérents corps
de la Grande Armée ont mise à se porter dans leurs posi-
tions.
L'Empereur ordonne les dispositions suivantes. Chacun de
MM. les Maréchaux passera la revue de son corps d'armée et
formera un dépôt des hommes convalescents ou fatigaés ; il
nommera un officier pour commander lesdits hommes de son
corps d'armée, et il les dirigera pour se rétablir sur les
places suivantes :
Ceux du 1"^ corps, à Kronach ;
Ceux du 3*, à Kronach ;
Ceux du 4*, à Forchheim ;
Ceux du 5% à la citadelle de Wiirzburg ;
Ceux du 6*, à Forchheim ;
Ceux du 7% à la citadelle de Wtirzburg ;
Ceux de la division Dupont à la citadelle de Wiirzburg.
Tous les petits dépôts de cavalerie, c'est-à-dire ce qui est
éclopé et ne peut pas suivre, seront cantonnés aux envi-
rons de Forchheim pour être renfermés dans cette place s'il
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3 OCTOBRE. 271
y avait lieu. Le grand-duc de Berg nommera un général
pour les commander \
Une fois Tannée en mouvement, tout ce qui arrivera de
France ou des hôpitaux de Bavière rejoindra directement
dans Tune des trois places où seront les petits dé{>ôts de con-
valescents de leurs corps, et il est expressément défendu
qu'aucun homme ne parte de ces places sans un ordre du
major général, qui tracera et indiquera la route qu'on devra
tenir. On en formera des détachements qui seront commandés
par des officiers et des sous-officiers.
S. M. ordonne que tous les bagages qui ne sont pas de la
plus stricte nécessité, tant des états-majors que des corps d'in-
fanterie et de cavalerie; que les femmes et toute espèce
d'embarras soient dirigées sur les places désignées pour les
petits dépôts des corps, de manière que l'armée soit mobile
légère et ait le moins d'embarras possible *.
 mesure que nous avancerons dans le pays ennemi on
désignera à l'ordre de l'armée les nouvelles places fortes qui
serviront de dépôt, et l'état-major général donnera l'ordre
quand les dépôts de 1" ligne, qui sont les trois ci-dessus dési-
gnés, devront partir pour ceux de la nouvelle ligne ■ . Les
généraux et commandants des corps observeront que les
1. Le colonel Lacour, du 6« de dragons, fut désigné pour commander les
petits dépôts de cavalerie.
2- CIKCULAIBS A TOUS L1C8 O^NiBAUZ.
Bamberg, 4 octobre 1806.
Donnez les ordres, mon cher Général, pour que tous les gros bagages au!
deviennent inutilea soient renvoyés au grand dépôt. Tous les bagages ou
autres choses nécessaires à l'armée et qui gêneraient les régiments dans leur
marche, devront être renvoyés au petit dépôt k Forchheim.
Les régiments no pourront avoir avec eux qu'un caisson le plus léger dos-
«ble et bien attelé. ^ « p «
Ordonnez, d'après les intentions du prince, que votre division ait du pain
pour 4 jours et quïl ne soit distribué que lorsque le prince en donnera l'ordre
Je vous prie de m'envoyer de suite l'état des emplois vacants, les noms
ues oOlciers qui se trouvent absents et qui ne peuvent pas rejoindre et faire
» werre pour cause de maladie ou pour toute autre raison que ce soit. Joi-
Piez à cet état des mémoires de proposition pour remplir les emplois vacants.
G*l Bblliard.
5. Ces dispositions servent de dispositions fondamentales pour l'organisa-
lioQ des derrières de l'armée.
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272 CAMPAGNE DE PRUSSE.
dépôts étant dans les places fortes, ce qu'ils y laissent ne
court jamais aucune chance.
Les registres des régiments, les papiers, les magasins,
tout autre objet de cette nature, et enfin tout ce que le soldat
ne porte pas dans son sac et Fofficier dans son porte-manteau,
doit rester dans ces dépôts.
Il est ordonné aux commandants des places et dépôts de
Wtirzburg, Forchheim et Kronach, de désigner autant de
dépôts séparés qu'il y a de corps d'armée dont les convales-
cents sont dans leur place.
Il y a des corps qui traînent à leur suite des armes prove-
nant des hommes aux hôpitaux : il leur est ordonné de les
laisser dans leurs dépôts de campagne.
S. M. a vu avec peine que les régiments de cavalerie ont
renvoyé en France, avec le cadre de leur 4* escadron, des
caissons attelés qui auraient été si utiles à l'armée.
Il est ordonné à MM. les Maréchaux de faire passer par les
généraux une revue à l'effet de s'assurer si chaque soldat a
50 cartouches et son épinglette ; les caporaux, leurs tire-
bourres; chaque soldat, 2 paires de souliers dans le sac; si
les capotes, les marmites et gamelles, les outils de campe-
ment sont distribués ; que ces objets ne sont plus dans les
magasins ou traînés à la suite des corps.
On s'assurera que les baïonnettes ne manquent pas et
qu'elles sont en état.
Chaque corps d'armée doit se tenir en mesure de partir
une heure après l'ordre reçu pour commencer la campagne.
Chacun de MM., les Maréchaux enverra au major général
un officier pour lui apporter le compte rendu de cette revue;
on observera d'y faire connaître les colonels absents et les
motifs de leur absence, afin de faire venir les majors à
l'armée.
Aucun officier ne quittera plus les bataillons de guerre en
conséquence d'avancement, soit pour des corps étrangers,
soit pour passer du 3^ au 4* bataillon, à moins que ce ne soit
par infirmité.
Il sera rendu compte du nombre d'outils qui se trouvent
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3 OCTOBRE. 273
dans chaque division, ainsi qu'en réserve dans chaque corps
d'armée.
Pendant la marche de Tannée, tous les hommes hors d'état
de suivre celle de leurs corps seront renvoyés dans les diffé-
rents dépôts.
Napoléon.
l'empereur a m. daru.
Wûrzburg, s octobre 1806.
Rendez-vous à Mayence. Voyez, avant, le ministre Dejean
peut connaître les dispositions que j'ai prises pour l'approvi-
sionnement de Mayence, afin qu'à votre arrivée dans cette
place vous prescriviez des mesures efficaces à cet effet, car
tout se fait au ministère de la guerre et chez l'ordonnateur
avec une lenteur qui n'a pas de nom. Quand vous aurez
assuré à Mayence le service de l'approvisionnement, de
manière que les magasins puissent alimenter Wttrzburg, si
cela est nécessaire, et que, 12 heures après que j'en aurai
donné l'ordre, il soit possible de faire partir 10,000 ou 12,000
quintaux de farine pour WUrzburg ou d'autres postes, vous
vous rendrez en toute diligence à Bamberg, pour rejoindre
mon quartier général \
1. U. YillemaDzy était ud homme jugé; c*étail un formaliste et un pleurard»
espèce de gens dont il faut se garder dans notre profession. U avait remplacé
le conseiller d'État Petiet, qui avait rempli les fonctions d'intendant général
pendant la campagne de Tan XIV. L'Empereur était obligé do le conserver
provisoirement ; mais dés ce jour il destina les fonctions d'intendant général
& M. Daru, intendant général de sa Maison.
La première qualité pour Ôtre intendant en chef d'une armée est d'être un
homme inventif, à vues larges et pénétré de l'esprit de la chose ; les chefs
des services administratifs des armées en campagne seront tous des hommes
actife, énergiques et avises, ayant un but unique : le résultat à obtenir. S'ils
eatisfoot le Commandant en chef, on réglera les comptes après la guerre.
Une faut surtout pas de gens timorés, formalistes, indolents, trouvant des
difficultés partout ou désireux de se faire valoir.
M. DABU A L*BMPaRSUB.
Kronach, 13 octobre 1806.
Je reçois à Tinstant la lettre que V. M. m'a fait l'honneur de m'écrire le
8 de ce mois. Elle m'avait ordonné d'ôtre rendu le G à Mayence. Je n'ai pu
CAMP. DK PBUISB. 18
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274 CAMPAGNE DE PRUSSE.
l'eMPEBEUR a m. de la ROCHEFOUCAULD, AMBASSADEUR
PRÈS DE S. M. l'empereur d' AUTRICHE.
Wurzburg, 8 octobre 1806.
Je suis depuis hier à Wtirzburg, ce qui m'a mis à même
de m'entretenir longtemps avec S. A. R. Je lui ai fait con-
naître ma ferme résolution de rompre tous les liens d'alliance
qui m'attachaient à la Prusse, quel que soit le résultat des
affaires actuelles. Après mes dernières nouvelles de Berlin,
il est possible que la guerre n'ait pas lieu ; mais je suis
résolu k n'être point l'allié d'une puissance si versatile et si
méprisable. Je serai en paix avec elle sans doute, parce
que je n'ai point le droit de verser le sang de mes peu-
ples sur de vains prétextes. Cependant le besoin de tour-
ner mes efforts du côté de ma marine me rend nécessaire
une alliance sur le continent. Les circonstances m'avaient
conduit à l'alliance de la Prusse ; mais cette puissance est
aujourd'hui ce qu'elle a été en 1740, sans conséquence et
sans honneur. J'ai estimé l'Empereur d'Autriche, même au
milieu de ses revers et des événements qui nous ont divisés;
je le crois constant et attaché à sa parole. Vous devez vous
en expliquer dans ce sens, sans cependant y mettre un
empressement trop déplacé. Ma position et mes forces sont
par conséquent recevoir cette lettre à Paris ni prendre à Mayence les disposi-
tions que V. M. me prescrit.
Cependant, je me suis procuré quelques renseignements desquels U rësolte
qu'il y a à KfayeDce un approvisionnement de farines et de biscuit sur renvoi
desquels l'ordonnateur était fort incertain, puisqu'il n*avait pas reçu, d'ordres
à cet égard.
V. M. pourrait se faire donner à son quartier général une indication plus
précise de l'état de cet approvisionnement par M. Riccé, inspecteur géDénI
de Thabillemenl, qui est arrivé de Mayence ici hier et qui doit ôlre rendu
auprès de l'intendant général de l'armée.
Le iran^ort de Mayence à Wûrzburg par le Mayn exige 7 jours. On ne
croit pas qu'il fût convenable de se servir de la môme voie pour les transports
de Wiirzburg à Bamberg, parce que la navigation est difficile et très lente.
Il y a a Mayence iO,OgO paires de souliers et il doit y en avoir I8,ooo i
Wiirzburg.
Les ordres de V. M. ne me parvenant que 10 jours après leur date» je crois
prévenir ses intentions en attendant ici, plutôt que de rétrograder vert
Mayence, ceux que je lui ai demandés par ma lettre d'avant-hier. Au reste, ]«
vais écrire à l'ordonnateur de Mayence pour qu'il tienne it,000 quintaux do
farine prêts à partir au premier ordre.
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3 OCTOBRE. 275
telles que je n'ai à redouter personne ; mais enfin tous ces
efforts chargent mes peuples. Des trois puissances, de la
Riusie, de la Prusse et de T Autriche, il m'en faut une pour
alliée. Dans aucun cas on ne peut se fier à la Prusse ; il ne
reste que la Kufisie et l'Autriche. La marine a fleuri autre-
fois en France y par le bien que nous a fait l'alliance de
TÂutriche. Cette puissance, d'ailleurs, a besoin de rester
tranquille, sentiment que je partage aussi de cœur.
Une alliance fondée sur l'indépendance de l'empire otto-
man, sur la garantie de nos États et sur des rapprochements
qui consolideraient le repos de l'Europe et me mettraient à
même de jeter mes efforts du côté de ma marine, me convien-
drait. La Maison d'Autriche m'ayant fait faire souvent des
insinuations, le moment actuel, si elle sait en profiter, est le
plus favorable de tous.
Je ne vous en dis pas davantage ; j'ai fait connaître plus
en détail mes sentiments au prince de Bénévent, qui ne
manquera pas de vous en instruire. Du reste, votre mission
est remplie le jour où vous aurez fait connaître le plus légè-
rement possible que je ne suis pas éloigné d'adhérer à un
système qui serrerait mes liens avec l'Autriche.
Ne manquez pas d'avoir l'œil sur la Moldavie et la Vala-
chie, afin de me prévenir des mouvements des Russes contre
Tempire ottoman.
l'bmpebeub au général clarke.
Wiirzburg, 8 octobre 1806.
L'aide de camp des généraux, de service, partira demain,
deux heures avant le jour, pour se rendre à Hammelburg,
route de Fulde ; il prendra des informations s'il n'y a rien de
nouveau à Fulde. Il aura avec lui un courrier que lui donnera
le grand écuyer, intelligent, parlant allemand ; il l'expédiera
•jusqu'à Cassel ; lui, de sa personne, continuera jusqu'à Fulde,
&yant soin de prendre des renseignements pour savoir si les
Prussiens sont entrés dans la principauté. Arrivé à Fulde, il
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276 CAMPAGNE DE PRUSSE.
prendra des renseignements pour connaître tous les mouve-
ments prussiens et ce qui se passe à Cassel. Dès le moment
qu'il aura des nouvelles des ennemis, il reviendra en toute
hâte.
Le général Clarke écrira une simple lettre à l'envoyé à
Cassel, pour lui dire qu'il a reçu sa dernière lettre.
L EMPEBEUR AU ROI DE HOLLANDE.
Wûrzburg, s octobre 1806.
Je reçois votre lettre des 26 et 28 septembre. Le maréchal
Augereau n'est plus à Francfort. Le 8* corps de la Grande
Armée, qui se réunit 'à Mayence pour occuper Francfort et
manœuvrer, selon les circonstances, sur la France, est com-
mandé par le maréchal Mortier. Je vous renvoie votre aide
de camp. Je suis depuis hier à Wtirzburg, où je fais occuper
une très belle forteresse ; je l'approvisionne et l'arme. C'est
un point central où vous pourrez envoyer demander des
nouvelles toutes les fois que vous aurez quelque inquiétude.
Envoyez-moi souvent des officiers d'état-major qui connais-
sent le pays et la situation des choses. Ordonnez-leur de
faire des mémoires sur la route qu'ils font, lieue par lieue,
en rendant compte de l'état des chemins, de la nature des
obstacles, des noms et de la force des villes et villages, etc.,
afin que, devant manœuvrer sur cette ligne, vous la connais-
siez parfaitement *.
1. Co9 missions tiennent à la fois des reconnaissances et de la remise des
ordres importants, puisque, au retour, ces offlciers sont portears des ordres
du Commandant en chef. Devant ôlre au courant de la situation des choses, il
faut qu'ils aient la confiance de leur général, qu'ils vivent dans son intimité,
quMls soient observateurs et qu'ils puissent répondre aux questions du Com-
mandant en chef, quelles qu'elles soient. C'est assez dire que des missions
de ce genre ne peuvent être confiées qu'à des offlciers d'une certaine expé-
rience , principalement à des aides de camp, capitaines au moins ou officiers
supérieurs. « Les places d'aides de camp sont des places de distinction », dit
le général ThiëbauU, a elles élèvent un officier au-dessus de la sphère de son
« grade. » Les commandants de corps d'armée ne sauraient donc avoir auprès
d'eux trop d'officiers capables de remplir ces missions, car ils ont souvent
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3 OCTOBRE. 277
LE MÀJOB GÉNÉRAL AU MARÉCHAL SOULT.
Wiirzburg, 8 octobre 1806.
L'intention de l'Empereur, M. le Maréchal, est que votre
corps d'armée réuni à Amberg étende ses cantonnements
entre cette ville et Baireuth^ sans cependant passer les
limites de ce pays.
Vous vous assurerez pour 4 jours de pain et pour 4 jours
de biscuit ou de pain biscuité, afin d'être prêt à partir le 5 si
vous en recevez l'ordre. On ne fera distribuer le pain qu'au
moment du départ. Les 4 jours de biscuit seront portés sur
des charrettes du pays si les caissons des régiments ne sont
pas suffisants.
Même ordre pour les subsistances au maréchal Ney, au maréchal
Bessières, an maréchal Davout, au général Dupont.
En résumé, si l'on examine Tordre du 19 septembre pour le mou-
vement général, la dépêche de l'Empereur du 1*' octobre, 2 heures
après-midi, au major général et les ordres du 3 du major général aux
maréchaux, on voit qu'il y avait à assurer trois services différents
pour les troupes :
1* La consommation journalière. Pour y pourvoir, l'Empereur a or-
donné que chaque corps d'armée, à son arrivée au rassemblement,
aurait 4 jours de pain en attendant qu'il puisse tirer parti des res-
sources des cantonnements, construire des fours, rassembler des fa-
rines, commencer la fabrication, opérations pour lesquelles il fallait
au moins deux fois 24 heures.
2^ La constitution des approvisionnements de marche, 4 jours de
pain à ne distribuer qu'au moment du départ et 4 jours de biscuit
ou de pain biscuité à porter sur les caissons des corps ou en cas
3 et 4 officiers en course rien que pour la correspondance avec le Comman-
*lanl en chef.
Les maréchaux d*Empire et les généraux de division commandant des
corps d'armée, indépendamment de l'adjudant commandant ou colonel qui
leur était personnellement attaché, avaient a et môme 8 aides de camp, dont
1 chef de bataillon ou d'escadron, 8 capitaines et les autres du grade de
lieutenant,
Les généraux de division avaient s aides de camp, dont i chef de bataillon
et) capitaines ou lieutenants; les généraux de brigade, 8 capitaines ou liou-
tenants.
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278 CAMPAGNB DE PRUSSE.
d* insuffisance sur des charrettes du pays. Afin d'avoir ces 8 joa»
disponibles au complet, TEmpereur a ordonné qu*on en préparât
pour 10 jours, les 2 autres jours destinés à la consommation journa-
lière.
Ces deux services devaient être assurés par les corps d'armée an
moyen d'achats faits par leurs ordonnateurs sur des délégations de
fonds de l'intendant général.
3^ Ija constitution des approvisionnements pour subvenir en cas de
retard au débouché.
Ce service avait été indiqué par l'Empereur dans sa dépêche do
17 lorsqu'il avait ordonné de faire faire du biscuit à fiamberg et à
Wtirzburg, de réunir beaucoup de farines sur ces deux points et d y
employer 250,000 fr., si cela était nécessaire. Le 28, « faites réanir
le plus de farine possible à WUrzburg et à Bamberg ». Tous ces
ordres étaient indépendants de ceux qu'il avait donnés le 20 et le
29i, 10 heures du soir, pour les approvisionnements de siège des
places de WUrzburg, Forchheim et Kronach, pour la constitution
desquels il avait accordé des fonds particuliers, 30,000 fr. pour
chacune.
Ces approvisionnements de marche si considérables sont nécessités
seulement par la nature montagneuse de la région que l'armée tb tra-
verser, et où elle sera peut-être obligée de séjourner pour déboucher
en sûreté. Ces ressources la mèneront jusque dans le pays où elle
trouvera de nouvelles provisions.
De là des moyens de transport non moins considérables qui alour-
dissent la marche des colonnes et entravent les opérations. Il n'entre
nullement dans les vues de l'Empereur d'accorder en permanence par
bataillon 4 caissons pour les vivres puisqu'il n'en a donné que 2.
Aussi toutes ces charrettes de réquisition disparûtront-elles dès que
l'armée aura passé la montagne.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU GRAND-DUC DE BERG.
Wurzburg, s octobre 1806.
L'Empereur ordonne que V. A. prescrive aux généraux
Lasalle et Milhaud de tenir leurs brigades réunies ayant des
piquets sur les communications de Coburg.
J'ordonne au maréchal Bemadotte de faire éclairer par sa
cavalerie légère la communication de Leipzig.
Les généraux Lasalle et Milhaud devront tous les jours,
d'après les instructions de l'Empereur, envoyer par duplicata
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3 OCTOBRE. 279
au maréchal Bemadotte des rapports de ce qui se passera sur
la frontière ; ils fatigueront le moins possible leurs chevaux
et les tiendront en état de partir.
J'écris au maréchal Bernadotte d'envoyer à V. A. les
rapports de sa cavalerie légère.
V. A. ordonnera au corps de la réserve de se procurer du
pain pour 4 jours qui ne sera distribué qu'au moment de la
marche.
Ordre analogue au maréchal Bemadotte.
LE MAJOR GÉKéRÀL AU MARÉCHAL LEFEBVRE.
Wûrzburg, s octobre 1806.
Je vous ai écrit hier pour que vous eussiez pour 5 jours de
pain et ô jours de biscuit. Il suffit que vous n'en ayez que
pour 4 jours ; cela doit être prêt le 5 et on ne fera distribuer
le pain qu'au moment du départ. Les 4 jours de biscuit seront
portés sur des charrettes du pays si les caissons des régiments
ne sont pas suffisants.
A dater du 4, M. le Maréchal, vous tiendrez vos troupes
réunies en resserrant vos cantonnements dans deux lieues
carrées en avant de Schweînfurt, afin que dans deux heures
vous puissiez vous mettre en marche sur la direction qui
vous sera donnée. Tenez en avant de Mtinnerstadt et sur les
débouchés de Hammelburg des piquets de cavalerie ; ces
postes ne laisseront plus rien aller de Wlirzburg dans la
Saxe; ils favoriseront les reconnaissances des officiers du
génie ; vous aurez des postes intermédiaires entre ces piquets
et le quartier général afin d'être instruit promptement de ce
qui se passe.
Vous enverrez à Tétat-major général, à M. Hastrel, à
Wttrzburg, les voyageurs venant de Saxe, afin qu'ils y soient
interrogés; cette disposition commencera le 4 octobre au
matin.
Toute votre artillerie sera parquée près de Sohweinfurt.
Vous avez dû reconnaître une position, mais qu'on n'occupera
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280 CAMPAGNE DE PRUSSE.
réellement que si l'ennemi paraissait être en force sur la
frontière.
ORDRE.
Wûrzburg, 8 octobre 1806.
Il est ordonné au général Dupont de partir demain avec
toute sa division avec armes et bagages pour se rendre en
3 jours à Bamberg où il devra être arrivé le 6 octobre.
Avant son départ il me préviendra des gîtes qu'il aura
déterminés * ; il trouvera ci-joint les ordres du jour du 3.
Le général Dupont avant son départ se conformera aux
dispositions prescrites, notamment à celles relatives au dépôt
qu'il doit laisser dans la citadelle de WUrzburg.
Le Major général^ prince de NeufcfiâUl,
M'' Alex. Berthier.
P. -S. — Le général Dupont emportera pour 4 jours de
pain et 4 jours de biscuit pour le présent sous les armes.
1. LB oiHéRiL DUPCKT AU CAPITAIRK FAVBBY, rAISAHT FOXCTXOH8
DB CBBF d'^TAT-MAJOB.
Wûrzburg, 8 octobre ISOS.
Lb division part demain pour se rendre, savoir: le !«>* régiment de hus-
sards à Stadt-Schwarzach en avant de Dettelbacb; — le 9« d'infanterie légère
à Schwarzenau en avant de Dottelbach; ~ le 82«, le 96« et rarlillcrie à
Dettelbacb. Le quartier général sera à Dettelbacb. Vous vous y rendrez de
bonne heure pour y faire le logement. Prévenez de ce mouvement tout ce
qui tient à l'état-msgor.
Le général Dupont avait un capitaine pour chef d*état-major. Pour mo servir
des expressions du général Tbiébault, « cela n'est ni régulier ni heureux pour
« le service i. Un capitaine n'est pas d'un grade assez élevé pour représenter
dans certains cas un général de division, pour parler en son nom, même par
son ordre, et pour correspondre avec des généraux et des colonels, surtout
aujourd'hui, où il n'y a plus de corps d*ctat-major. La suppression du corps
d'état-major, créé par le maréchal Oouvion-Saint-Cyr, a entraîné avec eUe la
suppression de l'indépendance de caractère et du courage moral dont jouis-
saient les o£Qciers qui le composaient.
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3 OCTOBRE. 281
ORDBE POUE LE GÉNÉRAL DUPONT.
"Wùrzburg, 8 octobre 1806.
L'Empereur ordonne, Général, que votre division ait d'ici
24 heures pour 4 jours de pain. Le pain ne sera distribué
qu'au moment du départ.
Les 4 jours de biscuit seront portés sur des charrettes du
pays si les caissons de la division ne sont pas suffisants.
M'' Beethier.
LE MAJOR GÉNÉRAL A l'iNTENDANT GÉNÉRAL.
Wùrzburg, s octobre 1806, au matin.
L'Empereur ordonne, M. l'intendant général, que vous
fassiez partir ce matin même pour Kxonach 150,000 rations
de biscuit ; faites continuer également pour cette destination
le convoi de farine qui doit être arrivé hier au soir à Aschaf-
fenbarg ; faites aussi continuer pour Kronach les convois de
farine qui viennent de Mayence et de Spire ; faites employer
dans la vallée de Kronach les moyens de mouture ; l'impor-
tant est que Kronach puisse faire 700,000 à 800,000 rations
pour l'armée ; car il est possible que nous restions sur les hau-
teurs quelque temps avant de déboucher ; il faut donc que d'ici
à 5 ou 6 jours il y ait 8 à 10 fours à Kronach ; songez que ce
point est un des plus importants de notre position.
L'Empereur voudrait que vous eussiez toujours avec vous
une centaine de maçons prêts à faire des fours ; procurez-
vous ce que vous pourrez dans le pays ; je m'en vais donner
1 ordre à chaque corps d'armée de vous en envoyer 6.
L'Empereur ordonne que vous fassiez construire sur-le-
champ à Bamberg 8 fours qui sont nécessaires pour la nour-
riture de l'armée ; si on n'a pas de briques, on peut démolir
une vieille maison.
Vous avez dû donner des ordres pour faire faire des fours
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282 CAMPAGNE DE PRUSSE.
à Forchheim ; il en faut aussi dans la citadelle de Wiirz-
burg.
Faites-moi connaître l'organisation de vos constructeurs
de fours. D faut que le chef soit à Eo-onach.
Voilà pour le plus pressé.
Aux approvisionnements de siège de Wttrzburg, Forchheim
et Eronach, ajoutez un approvisionnement de 100,000 rations
de biscuit ; indépendamment des moyens que d'après cet
ordre vous réunissez sur-le-champ à Kronach, il faut penser
à Tapprovisionnement pour la suite, comme vers le 20 ou le
25 octobre, de manière qu'il y ait dans cette place, ainsi que
dans WUrzburg et Forchheim, c'est-à-dire dans chacune, un
million de rations, soit en biscuit, farine, eau-de-vie, etc., etc.
Cette disposition est de la plus absolue nécessité ; car si par
les dispositions de l'ennemi l'armée retardait d'avancer^ on
serait obligé de la faire vivre des subsistances qu'on tirerait
de ces places par des convois que l'on ferait escorter par
5,000 ou 6,000 hommes pour les couvrir contre tous les partis.
Cette mesure si utile d'approvisionnements serait encore
nécessaire dans le cas où l'armée serait forcée de se reployer
soit sur Wttrzburg, soit sur Forchheim, afin d'y trouver des
vivres pour un mois.
Assurez-vous par vos commissaires des guerres si on a
désigné dans les forteresses de Wttrzburg, Kronach et Forch-
heim, les emplacements nécessaires pour les vivres, les hôpi-
taux, etc., etc.
Cette dépêche est rexpédîtion des ordres donnés par T Empereur
à son arrivée à Wttrzburg le 2 à la fin de la soirée, aussitôt qa'il
eut pris connaissance de la situation. En arrivant, son premier soin
fut de s'occuper des vivres. S'est-ii contenté d'interroger le major
général ou a-t-il fait mander Tintendant général? Il est, en tous cas,
permis de croire qu'il eut un violent accès de colère, justifié par la
non-exécution de ses ordres.
Les 150,000 rations de biscuit ne purent pas être expédiées pour
Kronach dans la matinée du 3, ainsi que cela ressort du rapport de
l'intendant général du 4. D'après la note du général Duroc du 5,
les expéditions de biscuit ne commencèrent que le 5 au matin par
100,000 rations venant de Spire, puis dans la journée 20,900 venant
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3 OCTOBRE. 283
de Majence, enfin dans la nuit 20,000 de Wttrzburg en chargement
depuis le 4.
D fiiut compter 4 jours pour des convois de WUrzburgàBLronach.
Les premiers n'arrivèrent donc pas avant le 9.
Quant aux farines, les 2,000 quintaux venant de Majence étaient
arrivés le 6 à Wttrzburg ; 1,000 quintaux arrivèrent le 6 et le 7 en
deux conToia l'un de 80 voitures, Fautre de 14 ; la tête de ces fa-
rines ne commença donc à arriver à Kronach que le 9 au plus tôt et
suceessivemeat les 10, 11 et 12. 3,000 quintaux donnaient de quoi
faire 300,000 rations. Avec les 140,000 rations de biscuit, on ar-
rivait à 400,000 rations environ.
L'armée partant le 6 avec 4 jours de pain et 4 jours de biscuit,
avait des vivres jusqu'au 13 inclus.
D'après les renseignements fournis par le capitaine Semery le 8,
un des grands fours de Bamberg (ceux de Kronach étaient de même)
cuisait 8 fournées de 400 rations en 24 heures, soit 3,200 rations ;
et pour 8 jours 25,600 rations. En commençant à cuire à Kronach
le 10, et en distribuant le pain au fur et à mesure de la fabrication
pour ménager les 4 jours de biscuit des troupes, on aurait pu, rien
qu'avec ces moyens, suffire à la consommation des 14, 15, 16 et 17
pour 80,000 hommes. En outre chaque jour des convois devaient
être expédiés de Bamberg.
« Dans une armée, on prépare beaucoup d'établissements dont la
« moitié doivent être inutiles, mais c'est pour se trouver en mesure
< avec les événements. » (Note pour l'intendant général, 8 décembre
1806.)
LE MARECHAL LEFEBVBE AU MAJOR GENERAL.
Scliwelnrurt, s octobre i806.
Conformément à votre lettre d'hier, le 5" corps est entré ce
matin dans des cantonnements très resserrés de manière à
pouvoir rentrer au camp en moins de trois heures. Il occupe
une ligne qui prend par la gauche à Berg-Rheinfeld, passe
par Eggenhauseii, Gressthal, Sulzthal, Eltingshausen, Rot-
tershausen, Lauringen, Steînach, et va aboutir à droite à
Gàdheim. La cavalerie occupe en arrière de Schvreinfurt sur
la rive gauche du Mayn les villages de Grafen-Rheinfeld,
Rothlein, Schwebheim et Weyer.
J*ai placé les adjudants commandants Rewbell et Gauthrin
àîSeustadt et KOnigshofen pour éclairer toute cette partie de
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284 GAMPAONB DE PRUSSE.
la frontière de la Saxe et du pays de Fulde. Je leur ai adjoint
à chacun un officier de génie pour faire une reconnaissance
exacte des débouchés et routes qui conduisent à rennemi,
ainsi que le terrain ^ Cette dernière disposition retardera de
quelques jours Tarrivée à WUrzburg des 2 ingénieurs que
V. A. S. m'a invité à mettre à la disposition du général
Kirgener.
J'attends à chaque instant le retour des émissaires que j'ai
envoyés à Fulde, Meinungen, Hildburghausen et Coburg.
Rapport que me fait à l'instant un émissaire que j'avais
envoyé à Fulde :
Hier à midi il n'y avait pas un seul Prussien à Fulde, La
partie de la Hesse depuis Cassel jusqu'à cette dernière ville
est absolument sans troupes de cette puissance. De forts
détachements prussiens occupent Wach et Berka sur la
Werra. 11 paraît, d'après les rapports des voyageurs, que les
Prussiens se trouvent en force ù Eisenach, Erfurt et Gotha.
Les Hessois paraissent fort mécontents de la position daos
laquelle ils se trouvent et fort éloignés défaire cause commune
avec les Prussiens.
BEXSEIGNEMENTB RECUEILLIS A KÔNIQBHOFEN PAR LE GiVÂRAL
8UCHET.
S octobre 1806.
Nous avons devant nous l'avant-garde de Tarmée prusâienne com-
mandée par le général Bliicher. Elle est derrière la forêt de Thn-
ringe (Thuringerwald) sur Gotha et Weimar. On fortifie Erfurt.
800 hommes y travaillent. On y fait quelques magasins. Le général
Blticher a fait faire des abatis dans la forêt. Les Prussiens ont peur
d'être attaqués et se gardent mal ; ils ne font pas garder leurs av&nt-
1. Ces adjudants commandants placés aux avant-postes extrêmes dirigeaieDt
les reconnaissances de la cavalerie et recueillaient les renseignements. On a
donc de tout temps détaché des officiers d*élat- major avec les troupes de
cavalerie, aussi bien à Tavant-garde pendant les marches qu*aux avant-postes
dans les cantonnements.
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3 OCTOBRE. 285
postes à 6 lieaee.Pour être tranquille il faut pouBser jusqu'à portée de
pistolet ' .
Us répandent à chaque instant le bruit qu'il doit arriver beaucoup
de monde devant nos postes. Il font des logements simulés et il n'ar-
rive jamais personne. Hier ils avaient annoncé 2 régiments de hus-
sards à Hildburghausen et il n'est arrivé en effet que 64 hommes du
régiment de la Mort avec le colonel qui est venu en reconnais-
sance.
Le service des postes d'avant-garde s'est fait jusqu'ici depuis Co-
borg jusqu'à Meinu'ogen par les seuls hussards de Keller dont le ré-
giment est à Zella. Il paraît qu'à présent le service est partagé entre
les hussards de Keller et les hussards noirs.
Le général Riichel que l'on croit du corps d'armée de Paderborn
s'est rapproché jusqu'à Mulhausen. On croit que c'est pour se con-
certer avec le général qui commande à Gotha et à Erfurt.
Depuis nos derniers mouvements on remarque que les officiers
prussiens avec qui on a pu avoir quelques relations aux avant-postes
ont remplacé leur ton de morgue et d'insolence par beaucoup d'hon-
nêteté et de modestie.
LE MARÉCHAL BERNADOTTE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Lichtenfels, S octobre 1806.
J'ai reçu hier au soir vos dépêches du 1" octobre *, Je
m'empresse d'y répondre ; j'avais déjà prévenu vos intentions
en ordonnant au colonel du génie Morio de faire reconnaître
les routes de Coburg à Eronach et de Eronach à Hof , ainsi
que toutes celles qui aboutissent à la vallée que j'occupe ; je
n'ai point encore reçu le rapport des différents officiers du
génie qui ont été envoyés pour cet objet ; en attendant je
vous transmets ci-joint les renseignements que j'ai recueillis
moi-même,
La forteresse de Plassemberg est occupée, comme je vous
1. Ce principe servira de rôgle pour la sûreté des troupes aussi bien dans
les cantonnements de rassemblement que dans les cantonnements de marche.
Le général Sachet veut dire qu'une troupe, pour être tranquille, doit avoir
sur toutes les routes des postes de cavalerie à 6 lieues en avant de ses avant-
postes, afin d*ôtre avertie en temps opportun des mouvements de Tennemi et
de pouvoir prendre ses dispositions, et que ces postes doivent môme pousser
jtuqu*i portée de pistolet des postes ennemis lorsqu'ils sont signalés.
t. Expédition de la dépêche de l'Empereur du 80 septembre.
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286 CAMPAGNE DE PRUSSE.
l'ai déjà mandé, par des paysans miliciens et commandée par
un général en retraite ; on travaille tous les jours à élever
quelques ouvrages et à palissader; l'espèce d'hommes qui
défend cette place me fait croire qu'il serait possible de l'en-
lever d'un coup de main.
Le général Lasalle a envoyé un détachement de cavalerie
à Nordhalben, et le général Drouet a le 27* régiment d'in-
fanterie légère depuis Kronach jusqu'à Steinwiesen; la
vallée de Rodach et le village de Wallenfels sont gardés.
Trois hussards prussiens y sont venus il y a 3 jours, mais ils
n'ont fait que paraître.
Votre lettre du 2 vient de m'^tre remise à l'instant ' ; con-
formément à vos premiers ordres, je portais tout mon corps
d'armée à Kronach ; mais comme vous me dites que l'inten-
tion de l'Empereur est que je reste dans les environs de
Lichtenfels, ayant des postes en avant de Kronach et aux
débouchés de Coburg, la volonté de S. M. va être remplie.
Je me trouverai ainsi en échelons depuis Lichtenfels jusqua
Steinwiesen, et je pourrai déboucher soit sur Culmbach, soit
sur Coburg ou en avant sur Lobenstein si j'en reçois l'ordre,
et je suis bien aise que votre lettre soit venue à temps pour
arrêter quelques troupes.
Je suis bien content que vos nouvelles dispositions me
permettent de ne pas être aussi concentré ; car le pays offre
bien peu de ressources, et les environs de Kronach surtout
sont très -stériles; les habitants n'y vivent que d'un petit
commerce de bois flotté.
Les agents que j'ai à Leipzig et au quartier général du
prince Hohenlohe ne sont point encore de retour ; je vous
envoie d'autres renseignements qui viennent de me parvenir.
BAPPOBT DU I*'' CORPS DU 3 OCTOBRE.
Sur le point de Hof, il n'y a pas d'augmentation de troupes. Le
corps du général Tauenzien est toujours de 2,000 hommes enviroa ;
1. Expédition de la dépôche de rBmperour du i«r octobre, t heures du
matin.
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3 OCTOBRE. 287
on 7 attend toutes les troupes qui étaient à Plauen ; le prince Ho-
henlohe était attendu à Plauen avant-hier.
On assure qu'à Erfurt il n'y a pas plus cle 6,000 hommes.
Les avant-postes fournis par le régiment de Relier aux environs
de K5nig8hofen ont été renforcés par 2 régiments de hussards.
Les Prussiens élèvent des retranchements et font des abatis dans
la forêt de Thuringe.
La grande armée prussienne se rassemble à Merseburg et à Naum-
burg.
Les Prussiens du corps du prince Hohenlohe désertent beaucoup ;
ils vont s'engager dans les régiments autrichiens qui sont en
Bohême.
1*' corps. Boute de Lichtenfels à Coburg, 3 lieues.
Jusqu'à 3/4 de lieue la chaussée est fort bonne quoique montueuse ;
à cette distance jusqu'à Ober-Sieman, 1/2 lieue, elle est moins bonne,
mais praticable. Cependant ensuite on joint la chaussée de Coburg
qui est en fort bon état.
De Coburg à ZettUity 8 lieues.
Simple chemin de traverse que l'infanterie et la cavalerie peuvent
tenir avec leurs caissons et voitures légères, mais où le peu de soli-
dité du fonds et la qualité des terres qui sont fort grasses, ne permet
pas de risquer le canon.
De ZetiUtz à Culmbach, 4 lieues.
Jusqu'à Burgkundstadt, chemin de traverse assez praticable, une
lieae; de là jusqu'à Maynbrtick, une lieue, le chemin est étroit et
difficile; à ce Maynbrttck commence la chaussée jusqu'à Culmbach,
nne lieue et demie ; comme tout ce chemin est très-mauvais sur les
deux tiers de son développement, il est praticable seulement pour
les troapes.
De Culmbach à Baireuth, 5 lieues.
Chaussée bonne et bien entretenue.
De Coburg à Kronach, 7 lieues.
Les habitants disent que le chemin est très-mauvais attendu qu'il
est toujours à travers bois et qu'il n'est uniquement praticable qu'aux
gens du pays.
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288 CAMPAGNE DE PRUSSE.
De Kronach à Hof, 10 lieue».
Aucun habitant ne le connaît.
La route par Steinach, Mtinchberg et Hof, n'est point praticable
pour l'artillerie jusqu'à Mlinchberg ; de là à Hof, c'est une grande
route.
Celle par Wartenfels, Presseck, Enchenreuth, est impraticable
pour l'artillerie.
On n'a aucune donnée sur la troisième route passant par Blan-
kenstein, Issigau, Berg et Brandstein.
Des rouliers qui vont de Kronach à Hof, ont indiqué au chef de
bataillon Guilleminot la direction par Wallenfels, Bemstein et Sel-
bitz. On y passe avec des voitures chargées ; par conséquent les
pièces légères au moins y passeront.
On n'a aucun renseignement sur la communication de Saalborg à
Plauen.
4* corps. ORDBE.
Amberg, 8 octobre 1806.
Demain 4 les troupes du corps d'armée exécuteront les disposi-
tions suivantes :
Le général Guyot réunira la division de cavalerie légère à Thnrn-
dorf sur le territoire bavarois sans occuper d'aucune manière les
dépendances du pays de Baireuth, et se tiendra prêt à exécuter
dans le jour l'ordre de mouvement qui lui sera adressé.
Le général Legrand dirigera sa division sur Thumbach en suivant
la grande route de Baireuth, et la fera cantonner dans les hameaoi
à droite et à gauche de la route, sans trop écarter les troupes, si &
midi il n'a pas reçu de nouveaux ordres.
Le général Levai réunira sa division en avant de Schlicht et la
fera cantonner entre cet endroit exclus et Thumbach, si à midi il
n'a pas reçu de nouveaux ordres.
Le général Saint-Hilaire réunira sa division à Hambach et la fera
cantonner entre cette ville et Schlicht et Yilseck compris, si à midi
il n'a pas reçu de nouveaux ordres.
Le général Lariboisière donnera ordre au parc d'artillerie de se
porter en avant d'Amberg en Buivant la même route, où il se tiendra
prêt à exécuter les nouveaux ordres qui lui seront adressés.
Le Maréchal commandant en chef se réserve de faire connaître
par un nouvel ordre le lieu où sera établi le quartier général ; en
attendant il restera à Âmberg.
Toutes les troupes devront être en mouvement de bonne heore,
afin d'exécuter les nouveaux ordres qui peuvent leur être donnés.
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3 OCTOBRE. 289
L*ordonnateur fera sur-le-champ partir pour les divisions les cais-
sons chargés pour 2 jours de pain qui sont affectes aux régiments et
il les dirigera sur les points où les divisions doivent se rendre en
exécution du présent ordre. H dirigera aussi sur les divisions des
bestiaux pour assurer la distribution en viande pour 2 jours ; du sel
pour 15 jours et de Teau-de-vie pour 2 distributions. Le surplus du
pain, des bestiaux, de Teau-de-vie et du sel, sera transporté sur des
Toitures à la suite du quartier général.
Les distributions de pain, de viande et de sel seront faites à la
troope le jour même qu'elle campera, mais pas auparavant ; jusqu'à
cette époque elle doit être nourrie chez l'habitant, dans les Ueux de
cantonnements.
L'ordonnateur laissera un employé d'administration à Amberg
ponr faire réunir et transporter à la suite du corps d'armée tout le
pain qui doit être fourni par la régence, d'après la demande qui lui
a été faite à ce sujet.
M«* SODLT.
MPPOBT SUR LA SITUATION DU PARC GÉNÉRAL DE LA
GRANDE ARMÉE AU 3 OCTOBRE 1806.
Du 26 au 29 inclus de septembre, il est parti d'UIm pour
Wiirzburg tout ce qui a pu être attelé par les chevaux d'ar-
tillerie. Il n'en est resté que 141 pour les mouvements inté-
rieurs. Il est parti en outre tout ce qui a pu être conduit par
les moyens du pays. Ce matériel consiste en 393 voitures,
dont 48 bouches à feu, 16 aflfûts de rechange, 11 forges et
318 caissons ou chariots à munitions contenant 14,847 cartou-
ches à canon et 2,609,160 cartouches d'infanterie, La totalité
sera rendue à Wtirzburg dans la journée du 6 *.
Il est parti en outre le 30 d'Ulm 62 voitures, dont 12 bou-
ches à feu, 4 affûts de rechange, 1 forge et 45 caissons ou
chariots portant 3,144 cartouches à canon et 68,110 car-
touches d'infanterie. On ne peut donner Tépoque précise de
l'arrivée de ce dernier convoi à WUrzburg, attendu qu'elle
1. Voir au i*^ octobre le rapport du m^or général à TEmpereur et la note
jointe. En adressant au major général ce rapport sur la situation du parc
général, le général Songis y joignit un duplicata de Tétat détaillé de la
composition de chacun des 4 convois.
CAMP. DB PRUSSE. 19
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I
[
290 CAMPAGNE DE PRUSSE.
dépend de la facilité avec laquelle on pourra se procurer des
chevaux du pays, ce que Ton ne peut fixer tant que les
troupes n'auront pas entièrement passé.
Il doit arriver en outre de Strasbourg ou de Mayence
12 affûts de rechange, 1,000 paires de pistolets, 200 sabres
de cavalerie, 400 de dragons, 600 de chasseurs, 2,000 d'in-
fanterie, 4,000 outils de pionniers, 1,500 harnais, 600 selles.
Il reste à Ulm ou à Lawingen 492 voitures, dont 12 bou-
ches à feu, 12 affûts de rechange, 19 forges, 449 caissons ou
chariots, 12,103 cartouches à canon, 2,537,050 cartouches
d'infanterie, 3,961 fusils, 700 paires de pistolets, 490 sabres
de cavalerie légère, 3,335 baïonnettes.
J'ai fait partir un officier en poste pour diriger ces objets
par égale partie sur Kronach et Forchheim. Ils y arriveront
successivement; mais la tête des convois ne pourra être
rendue à Forchheim avant le 7 octobre et à Kronach avant
le 10.
Les chevaux de trait du parc consistent en 1,820 dont 200
en convoi sur Vérone, 141 restés à Ulm ou à Lawingen pour
les mouvements journaliers et 62 malades ou blessés. Il n'y
en aura conséquemment que 1,417 de disponibles avec les
convois qui seront arrivés à WUrzburg avant le 7. Il en faudra
340 pour conduire les 54 voitures de l'équipage de pont; il n'en
restera que 1,077 pour le parc de campagne, ce qui ne per-
mettra d'atteler que 221 voitures, vu que beaucoup de celles
qui seront attachées à la Garde impériale devront être atte-
lées à 6 chevaux, ainsi que plusieurs caissons des parcs
à cause de la faiblesse des chevaux de réquisition français.
Je propose de composer cet équipage mobile de 24 bouches
à feu, 6 affûts de rechange, 5 forges, 168 caissons ou chariots
portant 8,360 cartouches à canon et 1,360,000 cartouches
d'infanterie.
On ne peut pas faire marcher un plus grand nombre d'ob-
jets par les chevaux d'artillerie jusqu'à ce qu'on en ait
acheté, à moins de faire conduire l'équipage de pont par des
chevaux de réquisition, ce qui ne paraît pas praticable.
Lorsqu'on aura suflSsamment de chevaux, on pense qu'il fau-
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3 OCTOBRE. 291
dra composer l'équipage devant marcher à la suite de Tannée
de 419 voitures, dont 30 bouches à feu, 29 affûts de rechange,
10 forges, 350 caissons ou chariots à munitions portant
18,728 cartouches à canon et 2,000,000 de cartouches d'in-
fanterie ^
Le dépôt de Wtirzburg sera composé de 30 bouches à feu,
12 affûts de rechange, 97 caissons ou chariots, 2,433 cartou-
ches à canon, 537,000 cartouches d'infanterie, 1,000 paires
de pistolets, 200 sabres de cavalerie, 400 de dragons, 600 de
chasseurs, 2,000 d'infanterie et 4,000 outils de pionniers,
indépendamment des bouches à feu que S. M. a ordonné
d'envoyer de Mayence.
Les dépôts de Kronach et de Forchheim seront composés
chacun de 6 bouches à feu, 6 affûts de rechange, 9 forges,
225 caissons ou chariots, 6,000 cartouches à canon, 1,200,000
cartouches d'infanterie, 2,000 fusils, 350 paires de pistolets,
245 sabres de cavalerie légère et 1,600 baïonnettes.
Les munitions à canon et celles d'infanterie ne paraissant
pas suffire, on croit qu'il faudrait tirer de Spire, où il existe
un dépôt de munitions, 6,000 cartouches à canon et 1,000,000
de cartouches d'infanterie pour chacune de ces deux places de
Kronach et de Forchheim. On demande s'il y aurait des incon-
vénients à les y diriger sur-le-champ. On demande également
s'il y en aurait à tirer des munitions de Mayence pour le
dépôt de Wûrzburg.
Il reste au parc 13 compagnies d'artillerie à pied, 6 d'artil-
lerie à cheval dont 4 sont très faibles, 167 ouvriers. Il faudra
1. Le détail de la composition de rartillorie qui devra suivre la marche de
l'année, lorsqu'il y aura suffisamment de chevaux, est joint au rapport du
général Songis.
£Ue se décompose en réserve et approvisionnements généraux.
Réserve. — 4 pièces de 12, 12 de 8, 4 de 4, 4 obusiers de 6 p. ; 4 pièces de 6
autrichiennes et 2 obusiers de 5 p. 6 lig.; — 13 affûts de rechange; — 94 caissons
à munitions d*artillerie ; — 9 chariots à munitions pour rechange ; — 6 forges
âe campagne.
App^ovisionnevMnts généraux. — 16 affûts de rechange ; — 106 caissons à
mnniUons d*artillerie; — 125 caissons à munitions d*infanterie, portant chacun
16,000 cartouches; — 3 caissons de parc; — il chariots à munitions pour
rechange ; — 4 forges de campagne.
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292 CAMPAGNE DE PRUSSE.
dans chacun de ces dépôts de Wlirzburg, Kronach et Forch-
heim 1 compagnie d'artillerie à pied et 30 ouvriers. On est
obligé de laisser tant à Ulm qu'à Lawingen, jusqu'à la fin
de l'évacuation, 2 compagnies d'artillerie à pied et SOouvriers.
2 compagnies d'artillerie à cheval suivront l'artillerie atta-
chée à l'infanterie de la Garde. Ainsi il ne marchera avec le
parc mobile que 6 compagnies d'artillerie à pied, 4 très-
faibles compagnies d'artillerie à cheval et 47 ouvriers.
WUrzburg, 3 octobre 1806.
Le premier Iiiapecteur général de Vartillerie,
commandant en chef ceUe de Vamtée,
SONGIS.
NOTE DU MAJOR GÉNÉRAL DU 3 OCTOBRE.
Le général Songis remettra cet état en comprenant Tar-
tillerie Oudinot qui se compose de 8 pièces, attelées de
225 chevaux, comme appartenant au parc.
Il comprendra les 12 pièces qu'il a données à la Garde
comme du parc ; également le personnel qu'il donnera à Tar-
tillerie de la Oarde sera compris comme faisant partie du
parc.
Il y a 6 pièces de canon parties aujourd'hui de Mayence
attelées de 100 chevaux et pris sur le dépôt du 3* bataillon
du train et qui doivent être attachées à la Garde pendant les
15 premiers jours.
Le général Songis joindra à ce tableau celui de toute Tar-
tillerie de l'armée.
Cette note est du style de TEmpereur ; elle contient des ordres
qui ne peuvent avoir été donnés que par lui ; elle i5it donc écrite
sous sa dictée par le major général.
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4 OCTOBRE
l'empereur au major général.
Wùrzburg, 4 octobre 1806.
Par les états que m'envoie le général Rapp, je vois que
730 hommes de différents détachements de cavalerie, de dra-
goiiB, hussards et chasseurs à pied sont partis le 26 de Stras-
bourg pour Manheim, où je suppose qu'il sont arrivés le 29.
De là ils doivent être dirigés sur Wtirzburg. Je suis donc
fondé à penser que ces détachements devraient arriver aujour-
d'hui. — 350 hommes de différents détachements de dragons,
chasseurs et hussards à pied, sont partis de Strasbourg le 29.
Ils ne devraient donc pas tarder à arriver ; cela fera donc plus
de 1,000 hommes à pied de détachements de cavalerie sans
chevaux. — 150 hommes de détachements de cavalerie, mais
à cheval, sont partis à peu près à la même époque *. Enfin un
bataillon d'infanterie légère et 3 bataillons de ligne, qu'a
formés provisoirement le général Rapp, faisant un total de
2,000 hommes, sont partis le 1" octobre et paraîtraient devoir
arriver ici vers le 10 ; également 200 hommes du 9* bataillon
du train * et 200 hommes des 5* et 1*' de cuirassiers '. Tout
cela fait près de 4,000 hommes. Il faut donc ordonner que
les 1,000 hommes à pied de cavalerie, qui se composent des
régiments suivants, savoir : 30 cuirassiers, 335 dragons et
613 hussards et chasseurs, soient passés en revue à leur arri-
vée à Wtirzburg ; que les 30 cuirassiers, qui appartiennent au
I. 31 Cuirassiers du 10*, 60 du il*; 17 dragons du 8*; 50 chasseurs du 1S«.
s. 179 hommes du 9« bataillon du train et 13 chevaux.
8. Si -cuirassiers du 1«; 170 du 5«.
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294 CAMPAGNE DE PRUSSE.
11® régiment, achètent 30 chevaux et 30 selles, sur les
10,000 fr. que j'ai accordés à chaque corps de cavalerie, afin
de se monter çt de s'équiper ici. — Les 335 dragons seront
dirigés sur Bamberg et Kronach, où ils recevront ordre de
rejoindre les détachements de leurs régiments qui font par-
tie des 4 bataillons de dragons qui servent avec ma Garde*.
— Les 613 hussards et chasseurs ' formeront un bataillon qui
servira à la défense de Wtirzburg ; mais on ne perdra pas
un moment pour acheter des chevaux, même de petite taille,
avec des selles, pour monter ces 613 hommes.
Quant à tous les hommes montés, ils rejoindront leurs ré-
giments par la route de Bamberg et de Kronach. Enfin les
200 hommes du train d'artillerie resteront à Wtirzburg, où le
général Songis leur fournira des chevaux. — Il reste les 4
bataillons, dont on passera la revue à leur arrivée à Wurz-
burg, où ils se reposeront un jour, et de là, rejoindront l'ar-
mée par Bamberg et Kronach. — Pour les cuirassiers, le
colonel du 11* y pensera. Quant aux hussards et chasseurs,
qui sont de plusieurs régiments, il faudrait leur faire acheter
des chevaux et des selles. On pourrait charger un sous-ins-
pecteur aux revues de l'achat de ces chevaux ; ce serait une
somme d'à peu près 180,000 fr. qu'on mettrait à la disposition
de l'inspecteur aux revues ®. Dès que ces hommes seraient
montés, ils rejoindraient leurs corps. Pour le 8* de hussards,
qui a 125 hommes, le 9* qui en a 100, et le 10* qui en a 92^
j'imagine que les détachements de ces régiments ont des
officiers qui pourraient présider à l'achat et à la confection
des selles. S'il en était autrement, quand on aura reçu les
recrues, les colonels pourront envoyer des officiers pour
surveiller l'organisation et l'équipement de ces hommes.
1. Les 336 dragons appartenaient aux !«•, 16«, 17», 18«, 19«, 25« et «?• régi-
ments. Les 8* et 2l« n'avaient pas fourni. Le 19« n'avait pas de compogoii*
dans les balaiUons à pied.
2. 50 chasseurs du 7», 70 du 11«, 60 du 13«, 60 du 16«, 66 du «l«; 185 hus-
sards du 8«, 100 du s*), 92 du 10*. Les 60 chasseurs du 7* furent dirigés sur
Mayence pour rejoindre le 7« corps à Francfort ; ils partirent de Mayeuce 1&
2 octobre.
s. Par décret du 5 octobre, 180,000 fr. furent alloués pour cet objet.
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4 OCTOBRE. 295
P.-S. — Comme il serait possible que vous ne comprissiez
pas bien cette lettre, à défaut d'états, je vous envoie le livret
du général Eapp. — Donnez des ordres de détail au comman-
dant de WUrzburg ; prévenez les colonels des corps auxquels
appartiennent les détachements, et chargez un inspecteur
aux revues de Tachât des chevaux. S'il arrivait que Tinspec-
teur aux revues pensât que 600 chevaux fussent trop diffi-
ciles à trouver ici, on pourrait diviser le détachement en
deux, garder ici les chasseurs et envoyer les hussards à
Forchheîm \ Le principal est de charger quelqu'un de cela.
LE MAJOR GÉNÉBAL AV MARÉCHAL AUGEREAU.
Wûrzburg, 4 octobre 1806.
L'intention de l'Empereur, M. le Maréchal, est que vous
fassiez cantonner votre corps d'armée aux environs de Wiirz-
burg BUT la route de Bamberg ; vous laisserez un bataillon
dans la citadelle et aux environs ; vous placerez un parti de
cavalerie sur la route de Fulde.
Je vous préviens que le maréchal Lefebvre se trouve en
position en avant de Schweinfurt.
Faites-moi connaître ce soir vos cantonnements.
Assurez- vous si le maréchal Lefebvre a un poste de cava-
lerie au débouché de Hammelburg; écrivez-lui qu'il vous
prévienne si ce poste apprenait quelque chose de l'ennemi.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LEFEBVRE.
Wûrzburg, 4 octobre 1806.
L'Empereur ordonne, M. le Maréchal, que le 6 octobre
vous ayez un poste de cavalerie à MUnnerstadt sur la route
1. Le détachement resta tout entier à Wûrzburg; il en partit après la bataille
duu pour 80 rendre a Erfurth et de là à WiUenberg et Potsdam, où il arriva
le 10 novembre. L'ordre de TEmpereur prescrivait qu'une compagnie de
100 hommes de cavalerie à pied resterait à Wûrzburg ; ce furent probable-
iDeDt les chasseurs des 16« et ai« qui y furent laissés, car ils n'arrivèrent pas
àPolsdam en môme temps que les autres détachements.
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296 CAMPAGNE DE PRUSSE.
de Meinungen, et un autre en avant de Kônigshofen ; ces
postes se replieront dans la journée du 6.
L'intention de l'Empereur est que vous fassiez partir toute
votre cavalerie, ainsi que la division du général Grazan, le 5,
pour se rendre sur la route d'Hassfurt ; le 6 à la pointe du
jour, vous vous mettrez en marche avec votre corps d'année
pour vous rendre à Hassfurt sur le chemin de Coburg ; vous
aurez soin d'envoyer un escadron de cavalerie sur la hauteur
en arrière, entre Hassfurt et Coburg, afin d'empêcher toute
communication et tenir votre mouvement le plus secret pos-
sible. Le 7 vous cantonnerez entre Hassfurt et Coburg;
le 8 vous entrerez à Coburg de manière à y arriver avec
tout votre corps d'armée, et qu'une heure avant l'arrivée de
vos grenadiers, on ne se doute pas à Coburg du commence-
ment des hostilités ^ ; arrivé le 8 à Coburg vous prendrez
position en avant de cette ville en vous arrangeant de
manière à être le 10 à Grâfenthal, et vous vous mettrez en
position de nous soutenir.
Vous trouverez ci-joint l'ordre que je donne au maréchal
Âugereau ; vous aurez soin de correspondre fréquemment
ensemble, afin qu'il puisse vous secourir s'il y a lieu.
Le quartier général sera le 6, etc. (voir la dépêche au
maréchal Soult).
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAX. AUGEREAU.
Wûrzburg, 4 octobre 180«.
L'Empereur ordonne que vous partiez le 5 avec votre
corps d'armée pour être rendu le 7 à Bamberg ; le 8 vous
prendrez une position intermédiaire entre Bamberg et Co-
burg.
1. Lorsqu'on prend Tinitiative du mouvement, on est prôt à tout événe-
ment ; on n'a qu'un but : surprendre son adversaire. Se faire précéder au loin
par la cavalerie, c'est divulguer sa marche, c'est démasquer son mouvement.
On doit au contraire arriver en masse sur le point dont on veut se rendre
maître.
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4 OCTOBRE. 297
Je vous préviens que M. le maréchal Lefebvre arrivera le
8 à Coburg.
Vous devez avoir votre cavalerie réunie avec 3 pièces
d'artillerie légère, et à une heure en avant de votre corps
d'armée, afin de pouvoir secourir celle du maréchal Lefebvre
s'il y avait lieu.
Vous correspondrez souvent avec le maréchal Lefebvre
pour savoir ce qu'il a devant lui ; vous aurez soin de com-
pléter à Wtirzburg vos 4 jours de pain et de prendre dans
les caissons autant de biscuit que vous pourrez.
Le quartier général sera le 6, etc.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL DAVOUT.
Wûrzburg, 4 octobre 1806.
L'Empereur pense, M. le Maréchal, que vous devez
occuper et faire approcher votre réserve du parc et toutes
vos divisions autour de Bamberg ; que vous aurez bien fait
cantonner vos troupes afin qu'elles prennent le plus de repos
possible; mais cependant de façon à être prêtes à partir
quelques heures après en avoir reçu Tordre.
LE MAJOR GÉNÉRAL A M. HASTREL\
Wiirzburg, 4 octobre 1806.
Vous expédierez tous les ordres pour que le quartier géné-
ral parte le 5 pour arriver le 6 à Bamberg-, vous préviendrez
en mon nom toutes les administrations.
1. LB OOLOXML BLKXM, AIDB-MAJOB oAMiRAI., A L ADJUDAHT-COMUANDANT HA8TBBL.
Wùrzburg, 3 octobre 1806.
Le m^jor géDénil ordonne , mon cber camarade , que tous les chevaux des
officiers de Tétat-migor général soient dirigés sur Bamberg immédiatement.
U faut envoyer au-devant d'eux pour qu'ils ne viennent pas à Wûrzburg et
gagner un ou deux jours de marche s'il est possible.
L'ADJVDAST-COllMAJroAHT HASTBEX., FAISAHT VONCTIOB8 DB CHBF DB L*ÂTAT-MAJOB
OÉKÉRAL, AU GÉBiKAIi DDl>ONT.
Wîîrzburg, 5 octobre 1806.
Lmtention de S. A. le prince de Neufch&tel étant que les offlciers. d'état-
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298 Campagne de frusse.
RAPPORT DE L^INTENDANT GÉNÉRAL A S. M. L^EMPEREUR.
Wiirzburg, 4 octobre 1806.
Biscuit. — Depuis le 29 septembre, les approvisionnements en
biscuit à Wiirzburg jusqu'à ce jour sont de. . . 200,000 rations.
Sur cette quantité il a été fourni à la \
division Dupont 32,000 ( ^^o r^AA __
Il en sera fourni demain au 5^ corps i '
d'armée 76,000 )
Partant reste 92,000 rations.
En chargement pour Kronach 26,000 rations.
Ces 26,000 rations partiront ce soir pour Bjo-
nach avec un convoi venant de Spire, que Ton
estime de 100,000 —
Total 126,000 rations.
On s'est occupé de mettre en futaille les 92,000 rations de
biscuit restantes, et Tintendant général espère qu'elles par-
tiront aussi demain pour Kronach.
La fabrication du biscuit se continuera avec d'autant plnfi
d'activité à Wiirzburg que les farines propres à cette fabri-
cation rentrent avec plus d'exactitude.
Approvisionnements enfarinés, — Les rentrées en farines
suffisent à peine aux consommations journalières ainsi qu'à
la fabrication du biscuit 5 il en résulte que cet approvisionne-
ment ne peut pas encore prendre d'accroissement quant aux
ressources locales.
Citadelle de Wûrthurg, — 11 a été versé dans les magasins de la
citadelle, savoir :
major et les équipages se dirigent de BischoŒsheim sur Deltelbach demain 4,
j'ai l'honneur do vous prier de vouloir bien eavoyer un chasseur à cheval
porter à Bischoffshoim la dépêche ci-jointe à M. le colonel Wolff. Vous me
rendrez d*autanl plus de service , mon général , que je n*ai personne à ma
disposition.
La question des ordonnances est fort importante pour les cheGs d'état-major,
qui ont tant d'ordres a expédier. Il est indispensable qu'ils aient partout
des plantons et des estafettes à leur disposition, quand môme ces ordon-
nances seraient fourmes par les troupes de passage et relevées toutes les Si
heures.
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4 OCTOBRE. 299
provenant de Mayence 610 quintaux.
aujourd'hui provenant de la même destination . . 800 —
Total 1,410 quintaux.
Les approvisionnements annoncés de Francfort ne sont
pas encore arrivés.
L'intendant général a la certitude qu41 sera versé d'ici
au 15, provenant du pays de Wertheim et environs, 4,000
quintaux de farine dans les magasins de WUrzburg.
Bœufs. — L'intendant général ne doute pas que l'armée
se rapprochant de Wtirzburg ne soit approvisionnée en viande
conformément et d'après les quantités ordonnées par l'Empe-
reur.
Eavrdê-vie. — L'intendant général acceptera, avec l'auto-
risation de S. M., une soumission qui lui a été présentée, de
180,000 pintes * d'eau-de-vie à livrer sur les lieux mêmes, à
raison de 1 fr. 50, savoir :
àKronach du 4 au 14. .
îd. du 14 au 30. . ,
à Forchheim du 4 au 19 .
id. du 19 au 30 . .
àBamberg du 4 au 19. . ,
id. du 19 au 30. .
à WUrzburg, du 4 au 25, à raison de 1,000 pintes
pw jour au moins 60,000 —
138,000 pintes.
Quant aux 42,000 pintes qui doivent compléter les 180,000,
l'entrepreneur s'engage à les fournir, suivant le besoin, dans
le lieu qui lui sera indiqué, dix jours après que l'avis lui en
aura été transmis.
L'intendant général n'a pas trouvé d'entrepreneur qui
voulût s'engager à fournir à des prix moins élevés et à des
époques aussi rapprochées ; il supplie instamment S. M. de
vouloir bien décider s'il peut accepter cette soumission.
Hôpitaux. — La régence de Wtirzburg s'oflfre de faire
30,000 pi._^.j „_^^„^
I. La pinte yaut 0,9318 de litre.
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300 CAMPAGNE DE PRUSSE.
toutes les dépenses nécessaires en meubles, effets, subsis-
tances, médicaments, etc., pour le traitement des malades
de l'armée qui entreront dans les hôpitaux de cette place, et
ce, moyennant qu'il lui sera tenu compte de 1 fr. 50 pour
chaque journée de malade.
L'intendant général pense que l'on ne peut traiter à un
prix plus avantageux, et il supplie en conséquence S. M. de
l'autoriser à accepter cette soumission.
Approvisionnementa des places de Kronach, Bamberg etForchr
heim. — L'intendant général s'est conformé aux ordres de
l'Empereur en tout ce qui concerne le mode de marché
d'après lequel on devra traiter pour l'approvisionnement de
ces places ; il n'est pas encore en état de faire connaître à
S. M. le résultat des ordres qu'il a donnés en conséquence.
L'intendant général,
ViLLEMANZY.
LE MAJOR GÉNÉRAL A l'iNTENDANT GÉNÉRAL.
W'ùrzburg, 4 octobre 1806.
L'Empereur vous a demandé, M. l'intendant général, s'il
y avait des fours à WUrzburg, à Bamberg et à Kronach ; il
vous a ordonné d'en faire construire 8 dans chacune de ces
places, mais bien entendu que s'il en existait déjà 2,3,4, etc.,
dans une de ces places, il ne faudrait alors faire faire que le
surplus.
L'Empereur a donné l'ordre que l'on fît filer sur Kronach
150,000 rations de biscuit; il vous en arrive de Mayence
60,000*; faites-les également diriger sur Kronach. Vous
avez dit hier qu'il y avait 50,000 rations de plus à Wtirzburg;
faites-les également filer sur Kronach, et tous les jours à
mesure qu'il s'en fait à WUrzburg, vous devez les faire diri-
ger également sur le même lieu.
1. De ces 60,000 rations de biscuit, 80,ooo seulement étaient arrivées le
5 à WUrzburg.
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4 OCTOBRE. 301
L'Empereur vous a dit hier qu'il fallait dans la journée
400 à 500 quintaux de farine dans la citadelle pour les
convertir en pain à mesure que cela serait nécessaire pour
les troupes.
S. M. trouve que c'est une manière inconvenante d'admi-
nistrer que de s'adresser aux municipalités pour les choses
que Ton peut payer '.
M. Beckmann doit verser 20,000 quintaux de grains ; il
faut tenir à ce qu'ils le soient à Wttrzburg ; par là il y aura
encore de bons magasins à la citadelle.
L'Empereur vous a ordonné hier de conclure un marché
à Bamberg pour approvisionner cette ville de 20,000 quin-
taux ; vous avez été autorisé à promettre que l'on payerait
sur-le-champ par tiers de chaque livraison faite ; stipulez
pour Bamberg que ce sera en farine et en farine de pain
de munition ', ce qui changera beaucoup le prix. Ne faites
rien transporter de Wttrzburg à Bamberg que le seul
biscuit. Occupez- vous de vous approvisionner d'eau-de-vie.
Songez que les points de Forchheim, Bamberg et Kronach
sont ceux où les subsistances doivent être en quantité
suffisante pour nourrir toute l'armée pendant un mois ; les
grands magasins doivent être dans les forteresses de Forch-
heim et de Kronach, parce que Bamberg est une ville ou-
verte, et qu'il n'y peut rien rester quand l'armée sera en
marche.
LE MARÉCHAL LEFEBVBE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Schwoinfurt, 4 octobre 1806.
J'ai l'honneur de vous adresser le rapport des reconnais-
sances du 9* de hussards que j'ai poussées en avant pour re-
connaître le pays et avoir des renseignements de l'ennemi.
1. 11 est probable que les marchés avaient été passés par le canal des mu-
nicipalités ou simplement que Ton avait demandé aux municipalités à quels
fournisseurs on pouvait s'adresser.
s. Ces 30,000 quintaux devaient donner i,800,ooo rations.
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302 CAMPAGNE DE PRUSSE.
« Les Prussiens n'ont dans la partie de Meinungen,
« Romhild, Hildburghausen et Coburg que des petits piquets
« de 20, 60 et 80 hommes des deux régiments de hussards de
« Keller et de Platz.
« Le pays en avant de KQnigshofen est assez ouvert, mais
« peu praticable pour l'artillerie ; sur la droite il est très-
« boisé, très-monjueux et oflfre des obstacles presque insur-
« montablesà Tartillerie. »
LE GÉNÉRAL SAVABY A l'eMPEEEUR.
Mùnnersladt, 4 octobre 1806, au matin.
Je crois intéressant de rendre compte à V. M. de la ren-
contre que je viens de faire cette nuit d'un marchand venant
de Leipzig où il était allé à l'occasion de la foire.
Il se trouvait à Dresde le 13 et le 14 de septembre. Il y a vu
passer pendant ces 2 jours le corps du prince Hohenlohe qui
venait de Breslau et qui prenait la route de Baireuth sur
Freyberg, mais qui n'avait encore d'ordres que pour aller
jusqu'à Chemnitz. Il sait qu'il y avait dans ce corps 10 régi-
ments d'infanterie. Il dit qu'il a vu beaucoup de cavalerie,
mais qu'il ne sait pas le nombre des régiments. Il assure aussi
que les Saxons marchent en partie par cette direction sous
les ordres du prince Hohenlohe.
Il a vu à Leipzig beaucoup de troupes prussiennes, et tous
les jours il en arrivait venant du Brandeburg et que l'on entas-
sait jusqu'à 150 hommes par maison dans tous les villages voi-
sins. Il m'a dit avoir causé avec des marchands russes qu'il
a trouvés à la foire de Leipzig, venant de la Pologne, et qui
lui ont dit avoir vu les premières troupes de leur nation en
marche vers Breslau en Silésie, où elles devaient arriver le
24 septembre. Il m'a dit aussi que les bruits publics portaient
cette armée russe à 80,000 hommes. Je lui ai fait répéter deux
fois la même chose relativement à ces marchands russes de
Leipzig, et il a confirmé ce qu'il avait dit.
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4 OCTOBRE. 303
Il se trouvait dimanche dernier'* à Naumburg sur la route
de Leipzig à Weimar ; là était le quartier du roi de Prusse,
où il se trouvait avec la Reine, qui devait en partir le lendemain
pour retourner à Berlin ; on attendait le même jour, dimanche,
le duc de Brunswick et le grand-duc de Hesse-Cassel, à ce
qu'on lui a dit, et il a entendu dire que Tarmée de Westphalie
devait aussi arriver très-incessamment.
n a vu défiler à Naumburg une colonne de 10 régiments de
cavalerie. A l'en croire il y aurait 20,000 hommes dans ces
lOrégiments, ce qui n'est pas possible. Les rapports publics
annonçaient que toutes les troupes prussiennes rassemblées
dans les environs montaient de 130,000 à 140,000 hommes,
mais il n'en savait pas davantage là-dessus. Il m'a dit aussi
n'avoir rien vu de plus beau que toute cette cavalerie, et
qu'elle éprouvait de l'impatience de voir que cela tardait si
longtemps à commencer, qu'elle bouillait d'ardeur, mais que
leur infanterie n'était pas la même chose.
P.-S. — Il y a à MUnnerstadt 3 compagnies de la 21* légère
et 25 chevaux que leur commandant envoie sur-le-champ à
NeuBtadt.
LE GBAND-DUC DE BERG A L EMPEREUR.
Bamberg, 4 octobre J80Ç.
Je viens de passer la revue de la 4® division de dragons
qui avait eu ordre de se réunir ce matin à Staffelbach, et de
la 3* qui se trouvait rassemblée aux environs d'Hallstadt. Je
les ai trouvées en tous points dans le meilleur état possible ;
elles ont défilé aux cris répétés de « Vive l'Empereur! »
Jamais troupes ne furent mieux disposées. Cependant quel-
ques régiments auraient besoin de quelques selles. J'ai auto-
risé les colonels à acheter en général tout ce dont ils ont un
besoin indispensable. J'ai fait renvoyer sur les derrières les
gros équipages et en général tout attirail inutile ; il est bien
1. Dimaacbe 28 septembre.
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304 CAMPAGNE DE PRUSSE.
malheureux que le ministre directeur de la guerre ait empê-
ché que les effets d'habillement et d'équipement soient par-
venus à l'armée.
Il y a plusieurs emplois de colonels et lieutenants-colonels
vacants.
Le général Sahuc n'a qu'un général de brigade, M. le gé-
néral Laplanche, homme âgé et qui m'a paru un peu froid.
Le général de division lui-même, très-brave d'ailleurs, est
général de division depuis très peu de temps. Il serait bien
nécessaire d'attacher à cette division deux bons généraux de
brigade un peu plus actifs et plus ardents. S'il entrait dans
les vues de S. M. de faire des promotions de généraux de
brigade, je lui proposerais les colonels Maupetit du 9* de
dragons, Reynaud du 20*, Barthélémy du 15% et Clément
du 16* ; ce sont des officiers qui ont tous très-bien servi, et je
suis persuadé d'avance qu'ils justifieraient le choix de V. M.
Cependant, si cette mesure n'entrait pas dans vos vues, je
demanderais des généraux attachés à la cavalerie des corps
d'armée ; les régiments qui en font partie se battant rarement
en ligne et presque toujours partiellement, leurs colonels
pourraient leur suffire. Le général Viallanes conviendrait
parfaitement à une division de dragons ; il a constanmient
servi dans cette arme. M. le général Margaron serait égale-
ment propre à ce service. Sire, je ne saurais trop vous le ré-
péter, j'ai besoin de quelques bons généraux de cavalerie, je
supplie instamment V. M. de m'en accorder. Je vais atta-
cher le général Latour-Maubourg à la 3* division de dra-
gons.
Voici, Sire, la position qu'occupe aujourd'hui le corps de
réserve de cavalerie :
La division Nansouty à Eltmann ;
La division d'Hautpoul à Burg-Ebrach ;
La 3* division de dragons à Hallstadt ;
La 4' division de dragons à Bannach ;
La division légère à Lichtenfels et Kronach.
Les divisions de dragons qui ne sont point couvertes, ont
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4 OCTOBRE. 305
ordre de se garder militairement et d'observer soigneusement
tous les débouchés qui conduisent en Saxe ^
La division Beaumont qui occupe depuis Hallstadt jusqu'à
Lichtenfels s'y trouve confondue avec toute l'infanterie du
maréchal Davout et y est par conséquent mal. Elle serait
très bien en avant de Battelsdorf jusqu'à la frontière de
Saxe, mais je ne l'y enverrai pas avant d'avoir reçu l'autori-
sation de V. M., craignant de l'écarter de la ligne d'opéra-
tions.
Après-demain je passerai la revue des divisions Nansouty
et d'Hautpoul. Demain matin je verrai la cavalerie légère.
Je vais me rendre ce soir à Kronach.
Je n'ai encore reçu aucune nouvelle dés divisions Klein et
Grouchy.
LS OiKÂBAL DAULTAKKE AUX GÉNÉBAUX FBIANT BT GUDIN.
Bamberg, 4 oclobre 1806.
M. le Maréchal vous autorise à étendre vos cantonnements sur les
deux rives de la Sednitz, mais de manière cependant à être promp-
tement réunis.
L'ordre impératif de rEmpereur est que le corps d'armée ait poar
8 jours de pain, dont 4 en biscuit ou pain biscuité. Il devient de la
plus yiye importance que votre commissaire des guerres tâche d'être
en mesure pour avoir toujours 4 jours de pain en avance. Celui que
vous avez en ce moment dans les caissons sera déchargé pour être
distribué au besoin, et les caissons demeureront disponibles pour
charger le pain biscuité que Ton fabrique ici.
Une longue expérience m'ajant démontré combien il fallait peu
compter sur les promesses de ce genre, qu'un rien peut paralyser, je
vous conseille de faire fabriquer également de ce pain biscuité. En
multipliant les manipulations, on obtiendra davantage.
!• LB COLOVML BBURMAHir, DU 17* DB DBAGOITS, AU aivABAI. LAPLAKCHB.
Glensdorf, 5 octobre isoe.
D'après vos ordres j*ai envoyé ce matin à la pointe du jour un officier en
reconnaîasanco sur la route do Goburg ; il m*a rapporté avoir rencontre une
ptlrooille du 4* régiment de hussards, de la division du générai Drouet, corps
d'armée de M. le prince de Ponte-Gorvo, entre Gleusen et Rossach, qui rentrait
de la découverte ; le brigadier qui la commandait lui a dit avoir rencontré un
poste de 4o hussards prussiens entro Rossach et Heirath , ayant 9 vedettes
rapprochées du premier endroit. Voilà, mon général, tous les renseignements
^e j ai pu avoir jusqu'à présent sur l'ennemi.
CAMP. DB PBD88B. 20
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306 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE QÂKÂBAL DAULTANNB AUX QÉNÊBAUX XOBAND, FBIANT, OUDDI
ET HAKNICQUB.
Bamberg, 4 octobre 18O6.
Les circonstances sont telles que M. le Maréchal a cm qu'il était
sage de prendre des mesures à l'avance afin d'enlever dans le pajs
de Baireuth les chevaux qui nous manquent pour le complément des
attelages de l'artillerie du corps d'armée. J'ai en conséquence l'hon-
neur de vous adresser une instruction contenant les dispositions pré-
liminaires à prendre pour l'exécution de ce projet.
Il est nécessaire que vous donniez vos ordres pour le placement
des détachements indiqués pour votre division ; je vous invite à don-
ner les instructions de détail pour que cette opération se fasse dans
le plus grand ordre et que vous en chargiez des officiers de choix,
dont l'intelligence et la délicatesse vous soient parfaitement connues,
car s'ils s'oubliaient au point de sacrifier l'honneur à l'intérêt, ce
seraient des officiers perdus.
Tous les chevaux seront réunis à Forchheim et remis à M. le co-
lonel d'artillerie Charbonnel, qui après les avoir fait marquer et
classer, en fera la répartition conformément aux instructions qu'U a
reçues à cet égard.
Les chevaux de selle destinés pour les officiers d'état-major seront
conduits à Bamberg où, sous les yeux de M. le Maréchal, la réparti-
tion en sera faite.
Je vous supplie, mon cher général, de veiller à ce qu'il ne Boit
fait dans cette opération aucun gaspillage, car vous savez combien
cela donnerait d'humeur à M. le Maréchal s'il venait à en être ins-
truit. Ne confiez à personne le vrai motif du placement de ces déta-
chements ; préparez toutes vos instructions de manière que lorsque
le moment d'agir sera arrivé, vous ne soyez arrêté par rien: aussitôt
que ce moment me sera connu, j'aurai soin de vous en instruire le
plus promptement possible '.
Instrttction.
La 2^ division enverra un détachement de 40 chevaux et 2 com-
pagnies de voltigeurs à H^chstadt et Lonnerstadt; au jour déterminé
cette colonne se portera rapidement sur Dachsbach et Nenstadt. Une
1. Ordre, 5 octobre. — L'intention do M. le Maréchal est que, sans perdre
un seul instant, vous fassiez enlever les chevaux sur les points qui vous ont
été indiqués sur le territoire soumis à la domination prussienne.
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4 OCTOBRE. 307
compagnie de voltigeurs et 20 chevaux feront halte à Dachsbach et
aue 2* compagnie de voltigeurs et le restant de la cavalerie se por-
teront sur Neustadt. Après avoir calculé la distance pour donner le
temps au détachement qui se rendra sur Neustadt d'arriver, les ré-
quisitions seront frappées en même temps, et il faudra que les ave-
nues soient gardées par de petits détachements embusqués qui feront
mftin basse sur tous les chevaux qui chercheraient à s'échapper. Je
présume que Ton peut enlever 30 chevaux de trait sur chacun de
ces points, et de plus 5 chevaux de selle à Dachsbach et 15 à Neu-
stadt. Ces divers détachements en se retirant sur Forchheim peuvent
encore enlever une quarantaine de bons chevaux.
La 3* division enverra une compagnie de voltigeurs et de grena-
diers ainsi que 40 chevaux à Wilhemsdorf et un pareil détachement
à Langenzein ; le détachement de Wilhemsdorf se portera rapide-
ment à Windsheim et occupera en même temps Ipsheim et Lin-
kersbeim ; en se portant sur Windsheim-, une demi-compagnie de
voltigeurs et quelques chevaux seront laissés à Markers et Neuhof
et n'entreront dans ces deux endroits que 2 heures après que le fort
du détachement se sera porté en avant.
Le détachement de Langenzein se divisera en deux colonnes qui
86 porteront Tune sur Herzog-Aurach et l'autre sur Emskirchen.
Le colonel Charbonnel avec 25 chevaux, la compagnie de pon-
tonniers et une d'artillerie ainsi qu'avec un détachement d'infanterie
de la garde du parc se portera sur Bayersdorf, Erlangen et autres
villages dépendant de cette principauté : la ville d'Erlangen, outre
les chevaux de trait, fournira 20 chevaux de selle *.
Tous les chevaux qui seront enlevés par ces divers détachements
seront réunis à Forchheim où ils seront de suite marqués, signalés,
accouplés et répartis entre les 2* et 3* divisions et le parc en raison
des besoins.
Les chevaux de selle seront conduits au chef d'état-major général
à Bamberg, lequel, après avoir pris les ordres de M. le Maréchal, en
fera la répartition à MM. les officiers des états-majors.
Tous les chevaux de trait seront enlevés avec leurs harnais.
I. LB OéviRAL DAULTAHNB AU Ol^NÉRAL OUDEK.
Bamberg, 6 octobre 1806.
M. le Maréchal vous charge de faire dire au colonel Charbonnel, qui
est à Erlangen , que les chevaux que roa y livre seront expertisés et qu'ils
seront payés, mais que dans tous les cas il faut que les clievaux soient
livré«.
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308 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MABÉCHAL SOULT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Amberg, 4 octobre 1896.
J'ai rhonneur de rendre compte à V. A. qu'en exécution
des ordres qu'elle m'a adressés par sa dépêche du 3, j'envoie
ordre au 22® de chasseurs qui était resté à Braunau d'en
partir sur-le-champ pour joindre à grandes marches le corps
d'armée. J'ai prévenu de cette disposition le général Merle.
Par mon rapport de ce matin, j'ai rendu compte à V. A.
de la position du corps d'armée.
La cavalerie légère à Thumdorf, la division du général
Legrànd à Thumbach, la division du général Levai à Haag,
et la division du général Saint-Hilaire àWilsecketSchlicht.
La cavalerie légère et les deux premières divisions d'in-
fanterie ont dû prendre position et bivouaquer; il était
impossible de les faire cantonner sans leur faire embrasser
une grande étendue de terrain, ce qui eût nui à leur rassem-
blement et retardé le mouvement lorsque je recevrai l'ordre
de me porter en avant.
Je compte avoir du pain pour 4 jours, indépendanmient
de 100,000 rations de biscuit, qui, dans 3 jours, auront joint
le corps d'armée ; mais si la situation où est le corps d'armée
venait à se prolonger, la régence du Haut-Palatinat aurait
de la difficulté à renouveler le pain qui serait journellement
consommé.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. que M. le général
Guyot a joint le corps d'armée.
Dans l'espoir que le 4, en continuant le mouvement, je
serais entré dans le pays de Baireuth, j'avais porté à Thum-
dorf le 11*^ de chasseurs, d'où il eût pu en 2 marches se
rendre à sa nouvelle destination et ainsi éviter le détour par
Nuremberg qu'il aurait dû faire pour s'y porter, mouvement
qui eût demandé au moins 6 marches ; quoique le mouvement
du corps d'armée ait été retardé d'un jour, je prie V. A.
d'agréer que ce régiment prenne la direction que j'ai cî-des-
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4 OCTOBRE. 309
£08 indiquée et que, d'après Taris qu'elle veut bien me
donner que le 5 je serai dans le cas de me remettre en marche,
je crois devoir maintenir, d'autant plus que le régiment abrège
ainsi considérablement le chemin qu'il aurait à faire pour
aller à Lichtenfels.
J observerai à Y. A., à l'égard de ce régiment, qu'étant
parti de Gravenau et de Schomberg à hauteur de Passau
où il était cantonné, il n'a pu terminer son mouvement en
avant d'Amberg que le 3, et qu'ainsi il n'a pas perdu de
temps pour se rendre à la nouvelle destination qui lui est
assignée.
OBDBE.
Amberg, 4 octobre 1806.
Les troupes du corps d'armée prendront position dans les lieux
qni leur ont été indiqués par Tordre du 3 ; à cet effet le général
Onyot fera bivouaquer la cavalerie légère qu'il commande près de
Thumdorf toujours sur le territoire bavarois, et se gardera militai-
rement. Il donnera les ordres les plus précis pour qu'aucune troupe
ne 8'établisse dans les possessions prussiennes ni y commettent au-
cune hostilité '.
Si MM. les généraux Legrand* et Levai éprouvaient des difficultés
1. LB MABiCBAL tOULT AU otmàRÂJé OUTOT.
Amberg, 4 octobre 1806.
Vous avez reçu ordre , M. le général , d*ëtablir la division que vous com>
mandez à Thumdorf, territoire bavarois ; ayez soin qti*aucune de tos troupes
n'occupe les dépendances prussiennes, mais gardez-vous militairement.
Vous enverrez un détachement de 15 chevaux, commandé par un ofQcier,
i Kemnat (par Biberach et Neustadt-am-Gulm), afin d'éclairer la route qui
Ta de Kemnat à Hof par Wunsiedel ; mais commandez aussi à ce détache*
meut de ne point sortir du territoire bavarois. L*offlcier qui le commandera
aura ordre de prendre tous les renseignements qu*il pourra acquérir sur les
mouvemeats et forces des troupes prussiennes dans le pays de Baireuth et
particulièrement du côté de Hof. Faites en sorte d'envoyer des émissaires
vers Hof par Baireuth, et rendez-moi compte de tous les renseignements qui
TOUS parviendront.
Ordre au général Guyot de tenir son artillerie et la plus forte partie de sa
troupe sur la grande route de Baireuth, en se gardant avec soin.
>• LM MABÉCHAL SOULT AU OàmÈRAlM LBOBAVD.
Amberg, 4 octobre 1806.
Diaprés Tordre de mouvement que vous avez reçu, la division que vous
commandez doit s'établir à Thumbach. Donnez des ordres pour qu'elle se garde
militairement, surtout sur la route qui conduit à Kemnat par Tramersdorf et
Neustadt-am-GuIm. Il est vraisemblable que je vous joindrai pendant la nuit
et que demain je vous donnerai des ordres pour continuer le mouvement.
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310 CAMPAGNE DE PRUSSE.
pour cantonner leurs troupes, le premier aux environs de Thumbach
et le second entre Thumbach et Haag, ainsi qu'il est dit dans Tordre
du 3. ils feraient bivouaquer leurs divisions respectives, en prenant
à cet effet une position militaire et ordonneraient que les distribntionfi
fussent faites à la troupe.
Le général Saint-Hilaire fera cantonner sa division entre Hambach.
Schlicbt et Vilseck % ainsi qu'il est dit dans Tordre du 3, et fera
garder en réserve les subsistances qui ont été envoyées à la division
pour être distribuées à la troupe lorsqu'elle aura ordre de camper.
Le général Saint-Hilaire laissera 2 compagnies de grenadiers à
Amberg pour la garde du quartier général qui reste dans cette ville
jusqu'à nouvel ordre *.
Le parc d'artillerie s'établira en avant d' Amberg.
L'Ordonnateur en chef prendra des mesures pour faire remplacer
aux divisions les subsistances qu'en vertu de cet ordre elles auront
consommées, afin qu'elles conservent toujours l'avance pour 2 jouK
qui leur a été faite '. A cet effet MM. les généraux donneront ordre
aux régiments de renvoyer les caissons d'équipages militaires qui
sont à leur disposition à Amberg pour charger du pain en rempla-
cement de celui qui aura été distribué à la troupe. Ils donneront
aussi des ordres pour que l'eau-de-vie qui leur a été envoyée, soit
conservée et qu'il n'en soit fait de distribution que sur Tordre que
donnera le Maréchal commandant en chef lorsqu'il y aura lieu.
MM. les généraux prendront les mesures les plus sévères pour
1. LE MARÉCHAL BOULT AU OÉITAbAL 8AIHT-HILAIBE.
Amberg, 4 octobre 1806.
D'après Tordre de mouvement que vous avez reçu , la division que vous
commandez doit s'établir eniro Hambach et Vilseck ; donnez ordre au régi-
ment qui occupe Hambach de se garder militairement sur la route qui con-
duit à Kemnat et à Hirschau par Gebcubach; je compte que ce soir ou pen-
dant la nuit voua recevrez de nouveaux ordres pour continuer le mouvement.
2. LS MAKÉCHAL 80ULT AD oAkÉBAL LBGRIKD.
Amberg, 5 octobre 1806.
J'attends à toul instant des ordres, et ce seul motif me retient à Amberg.
S. OBDBB DU JOUB.
Amberg, 4 octobre 1806.
En éxecution du décret impérial qui accorde un supplément de 4 onces de
pain par ration pour tenir lieu de pain de soupe aux troupes qui sont en
campagne, le Maréchal commandant en chef charge l'ordonnateur du corps
d'armée de prendre des mesures pour qu'à l'avenir la ration de pain qui sera
distribuée à la troupe soit composée de 28 onces au lieu de 24, ou de faire
tenir lieu du supplément de 4 onces de pain par ration aux sous-officiers et
soldats dans le cas que le poids des rations après la fabrication ne serait que
de 94 onces.
Les bons qui seront présentés lors des distributions seront dressés en
conséquence.
M*» SOULT.
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4 OCTOBRE. 311
maintenir Tordre et la discipline dans la tronpe ; ils empêcheront
snrtoat qa*aacan dégât ni vexation soient commis, sons qnelqne pré-
texte que ce soit.
M*» SotTLT.
LE MABÉCHAL NET AU MAJOB OÉNEBAL.
Nuremberg, 4 octobre 1806.
L'avant-garde commandée par le général Colbert, com-
posée de 4 compagnies de voltigeurs, 2 pièces d'artillerie
légère et les 3^ régiment de hussards et 10* de chasseurs,
occupera le 5 et le 6 Betzenstein et Pottenstein, observant
Pegnitz et ayant un double cordon d'avant-postes vis-à-vis
la frontière du pays de Baireuth.
La 2* division, commandée par le général Marchand, com-
posée des 6' légère, 39% 69* et 76% occupe aujourd'hui 4
Rottenberg et Lauf ; elle a un régiment d'infanterie légère à
Oberau, route de Betzenstein.
Demain ô cette division s'avancera sur Betzenstein et
poussera un régiment à Weindensees qui touche à la frontière
du pays de Baireuth.
La 3* division, aux ordres du général de brigade Marco-
gnet, composée des 25* légère et 50* de ligne, 27* et 59*, a
aujourd'hui 4 sa 1" brigade à Nuremberg et la 2" en arrière
de cette ville.
Demain 5 elle se dirigera sur Grftfenberg et Hilpolstein.
Le général en chef restera le 5 à Nuremberg.
Le parc d'artillerie arrivera le 6 dans cette ville.
Au moyen de ces dispositions , mes troupes peuvent être
rendues à Baireuth le 6, si j'en reçois Tordre.
Je renouvelle à V. A. la prière que je lui ai faite de me
renvoyer le 3* bataillon du 25* léger, aussitôt que le grand
parc qu'il escorte sera arrivé à Wtirzburg.
Je prie également V. A. de vouloir bien me dire si la divi-
sion du général Dupont rejoindra le corps d'armée aussitôt
qu'il sera en mouvement, conformément à la promesse que
l'Empereur a bien voulu me faire.
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312 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE GÉNÉRAL DUPONT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Wûnburg, 4 octobre 180G.
J'ai l'honneur de vous rendre compte que ma division
couchera aujourd'hui à Dettelbach, demain 5 à Burgwind-
heim et le 6 à Bamberg. Toutes les dispositions contenues
dans l'ordre du jour du 3 seront exactement remplies, et je
vous en rendrai compte*.
Garde impériale. RAPPORT A L EMPEREUR.
Wûrzburg, 4 octobre 1806.
Le 1" régiment de chasseurs est parti pour aller coucher
ce soir à Dettelbach, d'où il se rendra en 2 jours à Bamberg.
Les 2 compagnies d'artillerie destinées à être attachées à
l'infanterie de la Garde, sont parties avec le 1*' régiment de
chasseurs sous les ordres du chef d'escadron Boulard, avec
du pain pour 4 jours. Elles ont l'ordre de suivre la même
marche que les chasseurs à pied ] elles sont en très-bon état
en hommes, en chevaux et en équipages.
Le reste de la Garde est prêt à partir au premier ordre.
11 n'y a eu jusqu'ici de pain fabriqué que pour 2 jours 5 on
1. LB COLOHBL DÀ.BUCÀ.U , DU 8S*, AU aix^BAIi DUPOST.
6 octobre 18O6.
J*ai Thonneur de vous rendre compte que, conformément à votre ordre du
jour du s , j*ai passé la revue du régiment. Chaque homme est pourvu de
50 cartouches, de 8 pierres à feu et de son épinglette. Il fut délivré à Dassel-
dorf un tire-bourre par homme, la plupart Tout conservé ; chaque soldat a
s paires de souliers dans le sac.
Les capotes existantes au régiment furent envoyées à Paris au mois de
juillet, à l'époque où le corps reçut Tordre de s'y rendre. H n'existe nulles
marmites, gamelles ni bidons, et le conseil d'administration manque dos
fonds pour se les procurer.
L'armement est en bon état, et pas de baïonnettes manquantes.
Ci-joint l'état nominatif des hommes restés au dépôt de Wûrzbourg.
Au 8* léger, il n*y avait plus ni marmites, ni gamelles, ni outils de campe*
ment. — Chaque caporal avait un tire-bourre.
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4 OCTOBRE. 313
espère en avoir demain pour 4. La fabrication en a été moins
prompte parce que V. M. a défendu que Ton suspendît la
fjEtbrication du biscuit.
Une compagnie de pontonniers venant de Stuttgard est
arrivée pour être attachée à la Garde. Les ordres ont été
donnés pour la loger, lui faire distribuer le pain pour 4 jours
et la tenir prête à partir avec le reste de la Garde.
Le pain est distribué pour 4 jours à ce qui est parti aujour-
dliui.
25 hommes ont été envoyés de garde à la citadelle après
le départ des troupes de la division du général Dupont.
Le Maréchal
Bessièbes.
ToQt le reste de la Garde à pied, ainsi que les marins, pontonniers,
etc., reçut Tordre de partir le 5 de Wttrzburg ponr se rendre en
SjoanàBamberg.
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n
5 OCTOBRE
l'empebeub au majob oénébal.
Wûrzburg, 5 octobro 1806.
Le commandant de WUrzburg doit loger dans la citadelle.
Il doit avoir un adjoint dans la place chargé des détails ^ ;
mais de sa personne, il doit le moins possible sortir de la
citadelle et de la basse ville, qui est une partie de la cita-
delle.
Le commandant de Tartillerie doit être prévenu que 500,000
cartouches, 12 pièces de canon, dont 6 de 24, beaucoup de
boulets et de poudre, arrivent de Mayence sur 5 bateaux; il
les fera mettre sur-le-champ en batterie ; que 30 pièces de
canon arrivent dlngolstadt ; ce qui fait plus de 40 pièces
pour la place, et c'est plus qu'il ne faut. Indépendamment
de ce, le général d'artillerie laisse une partie des pièces de
campagne de l'équipage, qu'il pourra redemander d'un mo-
ment à l'autre.
Il doit y avoir aujourd'hui deux bataillons de troupes de
Bade ; il va en arriver jusqu'à concurrence de 3,000 hom-
mes.
Il arrive, aujourd'hui ou demain, 1,000 hussards, chas-
seurs ou dragons à pied. Le 8, toute la Garde à cheval arrive
à Wtirzburg par la route de Manheim. Le 9, un grand nom-
bre de détachements à pied et à cheval viennent par cette
route. Le 10 ou le 11, le 28* d'infanterie légère arrivera par
la route de Mayence, et un assez grand nombre de gros déta-
chements.
1. Officier d'ëtat-major comme à Casscl.
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5 OCTOBRE. 315
Le 28^ d'infanterie doit continuer sa marche pour Bam-
berg.
Tous les détachements à cheval de cavalerie doivent con-
tinuer leur marche surBamberg. Tous les gros détachements
d*infanterîe doivent continuer également ; mais aucun moin-
dre de 100 hommes n'ira isolé.
D'ici au 15 octobre, tous ces mouvements doivent être si
nombreux, qu'il convient d'avoir ici un adjudant-comman-
dant*, pour instruire le major général de l'arrivée de chaque
détachement et de leur état de situation, ainsi que pour leur
donner l'ordre de continuer leur route sur Bamberg.
Mon intention est que toute la place soit défendue contre
des hussards et même contre un corps d'infanterie légère
ennemi, sauf à se retirer dans la citadelle et dans la partie
basse de la ville, sur la gauche duMayn,si un corps d'armée
considérable se présentait sur Wtirzburg, et qu'on ne fût pas
en force pour mettre toute la ville à l'abri d'un coup de main.
Si véritablement un corps de cavalerie ennemie s'emparait
de la campagne, il serait urgent que le commandant envoyât
deux officiers sur les routes deManheim et deMayence, pour
que tout ce qui viendrait de Manheim fît un détour pour se
rendre à Bamberg, sans passer par WUrzburg, et que tout ce
qui viendi'ait de Mayence y retourne ou fasse un détourpour
gagner Bamberg. Il faudrait avoir soin de prévenir pour les
courriers.
Dans la journée du 7, le pays de Wtirzburg se trouve dé-
couvert du côté de Fulde et de Gotha. Il faut que, le 8, le
commandant se trouve en mesure de lever les ponts-levis et
de fermer ses portes, si, le 9 ou le 10, ce qui serait physique-
luent possible, des hussards se présentaient devant la ville.
Il lui sera facile d'ailleurs d'éclairer les routes et de savoir,
par des espions ou par des gens du pays, tout ce qui se passe.
Mais il est convenable que, tous les matins, en ouvrant les
portes de la ville et de la citadelle, toutes les précautions
1. Cet a^judaDt-comraandant était place à Wiirzburg « en bureau d^état-ma-
jor 1. U servait en mdme temps de chef d'utat-major au commandant de la
place.
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316 CAMPAGNE DE PRUSSE.
soient prises pour éviter une surprise et être bien cert&in
qu'il n'y a rien de nouveau. Une heure avant le jour, une
patrouille d'observation doit sortir, afin que, le jour venant,
on puisse être bien certain qu'il n'y a pas d'ennemis.
Tout le parc d'artillerie doit être placé dans la ville basse
tenant à la forteresse. On doit avoir des sacs à terre, des
tonneaux pour barrer la porte du pont en cas de nécessité.
Mais il ne faut pas pour cela porter l'alarme chez les habi-
tants.
L'eMPEBEUB au MABÉCHAL 80ULT.
Wûrzburg, 5 octobre 1806, il heures du matin.
Le major général rédige dans ce moment vos ordres que vous
recevrez dans la journée. Mon intention est que vous soyez
le 8 à Baireuth. Vous me renverrez l'officier d'ordonnance
que je vous expédie, do Baireuth, du moment que vous y
serez arrivé, avec tous les renseignements sur cette place
que vous aurez recueillis.
Cet officier me trouvera probablement à Bamberg ou à
Lichtenfels.
Le pays de Baireuth à Hof est un pays peu propre à la
cavalerie.
Je crois convenable que vous connaissiez mes projets, afin
que cette connaissance puisse vous guider dans les circons-
tances importantes.
J'ai fait occuper, armer et approvisionner les citadelles de
Wtlrzburg, de Forchheim et de Kronach, et je débouche
avec toute mon armée sur la Saxe par trois débouchés. Vous
êtes à la tête de ma droite, ayant à une demi-journée der-
rière vous le corps du maréchal Ney, et à une journée der-
rière 10,000 Bavarois, ce qui fait au delà de 50,000 hom-
mes. Le n:iaréchal Bemadotte est à la tête de mon centre. Il
a derrière lui le corps du maréchal Davout, la plus grande
partie de la réserve de cavalerie et ma Garde, ce qui forme
plus de 70,000 hommes. Il débouche par Kronach, Loben-
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5 OCTOBRE. 317
stein et Schleiz. Le 5* corps est à la tête de ma gauche. Il a
derrière lui le corps du maréchal Augereau. Il débouche par
Coburg, Gràfenthal et Saalfeld. Cela forme plus de 40,000.
hommes. Le même jour que vous arriverez à Hof, tout cela
sera arrivé dans des positions à la même hauteur.
Je me tiendrai le plus constamment à la hauteur du centre.
Avec cette immense supériorité de forces réunies sur un
espace si étroit, vous sentez que je suis dans la volonté de
ne rien hasarder et d'attaquer T ennemi partout où il voudra
tenir avec des forces doubles.
U paraît que ce qu'il y a le plus à redouter chez les Prus-
siens, c'est leur cavalerie ; mais, avec l'infanterie que vous
avez, et en vous tenant toujours en position de vous placer
en carrés, vous avez peu à redouter. Cependant aucun moyen
de guerre ne doit être négligé. Ayez soin que 3,000 ou 5,000
outils de pionniers marchent toujours à la hauteur de vos
divisions, afin de faire dans la circonstance une redoute ou
un simple fossé.
Si l'ennemi se présentait contre vous avec des forces
moindres cependant de 30,000 hommes, vous pouvez, en vous
concertant avec le maréchal Ney, réunir vos troupes et l'at-
taquer; mais s'il est dans une position qu'il occupe depuis
longtemps, il aura eu soin de la reconnaître et de la retran-
cher; dans ce cas, conduisez-vous avec prudence.
Arrivé à Hof, votre premier soin doit être de lier des
communications entre Lobenstein, Ebersdorf et Schleiz. Je
serai ce jour-là à Ebersdorf. Les nouvelles que vous aurez
de Tennemi, à votre débouché de Hof, vous porteront à vous
appuyer un peu plus sur mon centre ou à prendre une posi-
tion en avant, pour pouvoir marcher sur Plauen.
Selon tous les renseignements que j'ai aujourd'hui, il pa-
raît que si l'ennemi fait des mouvements, c'est sur ma gau-
che, puisque le gros de ses forces paraît être à Erfurt.
Je ne saurais trop vous recommander de correspondre très
fréquemment avec moi et de m'instruire de tout ce que vous
apprendrez sur la chaussée de Dresde.
Vous pensez bien que ce serait une belle ajBfaire que de se
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318 CAMPAGNE DE PRUSSE.
porter autour de cette place en un bataillon carré de 200,000
hommes. Cependant tout cela demande un peu d'art et
^ quelques événements.
Lorsque vous m'écrirez, ayez soin de me bien décrire
les localités par où vous serez passé et celles qu'occuperait
ou pourrait occuper l'ennemie Faites-en faire un journal
tenu exactement par un officier du génie. Ces renseigne-
ments sont très importants.
0BDBE8 DE MOUVEMENT ET IKSTEUCTIONS DU COMMANDAET
DE l'aBMÂE.
Lorsque la nature du pays rend les communications difficiles entre
les colonnes d'une même armée, le Commandant de Tarmée donne
aux commandants des corps d'armée des ailes des ordres et des ins-
1. L'Empereur dit également au maréchal Lannes, le 8 octobre : i Faites-moi,
à mesure que vous passez, la description des lieux. » A Taide de ces rensei-
gnements , le Commandant de Tarmée se fait une idée des pays que parcou-
rent les colonnes latérales et qu*il ne voit pas de ses propres yeux. Il juge
par comparaison des difficultés que présente telle ou tello route qu*il peut
dire appelé à prendre en cas d'événement.
Dans son rapport du 7 octobre , le maréchal Soult donne de grands détails
à l'Empereur sur la position de Baireuth.
Le 8 octobre, le général Compans donnait au colonel du génie Garbé une
instruction sur la manière dont le Maréchal voulait que fût rédigé le jouroal
des marches et opérations du 4« corps.
LB oArAkAL COMPAXS AD COLOHXL OAKbA.
8 octobre 1806.
M. le Maréchal commandant en chef désire, M. le colonel, que l'historique
des marches, positions et actions de son corps d'armée soit rédigé avec le
plus grand soin et que toutes les armes y concourent , chacune eu ce qui la
concerne.
Veuillez donc bien, d'après les ordres qu'il m*a chargé de vous trans-
mettre, tenir note de l'itinéraire du corps d'armée et faire lever le plau
des positions et des mouvements des troupes; prévenez, je vous prie, les
officiers qui auront été chargés de les lever qu'ils trouveront auprès de
M. Tadjudant-commandant Binot, sous-chef do l'étal-major, tous les rensei-
gnements qu'ils pourront désirer concernant ces dispositions et ces mouTe-
ments.
Ces plans devront toujours être accompagnés de notes explicatives qui en
facilitent l'intelligence.
Les intentions de M. le Maréchal sont que vous ne borniez pas votre zélé
à ce travail ; il désire aussi que vous fassiez reconnaître avec le plus grand
soin les pays que le corps d'armée parcourra pendant la campagne et que
vous fassiez rédiger des rapports de ces reconnaissances dans lesquels il soit
fait mention do tout ce qui aura été observé de relatif à la guerre.
Ces reconnaissances devront avoir principalement pour objet la description
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5 OCTOBRE. 319
tractions sur les mouvements qu'ils doivent exécuter pendant plu-
sieurs jours.
11 les dicte ou les adresse par écrit au chef d*état-major de Tannée
qui les rédige et les expédie par ordre ^
n leur écrit en outre lui-même pour leur faire connaître ses pro-
jets afin que cette connaissance puisse les guider dans les circons-
tances importantes, dépêche du 5 octobre, 11 heures du matin, au
maréchal Soult; mais ces ordres directs ne dispensent jamais des
ordres transmis par le canal du chef d'état-major.
Ces instructions * contiennent d'abord des ordres de mouvement
pour plusieurs jours, pour le nombre de jours où le Commandant de
lopograpfaique des positioDs qui paraîtront mériter quelque attention, des
routes et du pays qui les avoisinent à la distance d'uue lieue, et des fleuves
daos le plus grand détail.
Votre zôle, vos talents me garantissent , M. le colouel , que vous cgouterez
de nouvelles idées à celles que je viens de vous communiquer, et que les
instructions de M. le Maréchal seront remplies complètement.
Comme les officiers de rétat-miyor du génie ont souvent peu de chose à
aire pendant les marches, cette besogne , aujourd'hui comme autrefois , leur
revient de droit.
1. Les ordres de mouvement, dit le général Thiébault, émanent toujours de
l'Empereur ou du général en chef et sont transmis par le prince mc^or gé-
néral pour les mouvements qu'une armée doit faire ; par le chef de Tétat-
major général pour tous les mouvements que les divisions doivent exécuter
dans Tarrondisseraent de Tarmée ; par les chefs d'élat-m^gor divisionnaires
pour les mouvements qui tiennent aux opérations de la division à laquelle
ils appartiennent.
Il arrive aussi, ajoute le général Thiébault, que, d*aprôs les ordres du
n»ajor général, un général en chef fait transmettre de tels ordres par son
chef d'état-megor général, mais alors ils doivent relater l'autorité dont ils
émanent.
Quelques personnes prétendent que tout ordre de mouvement doit être
signé par les généraux commandants eux-mêmes et non par leurs chefe
d'étatpmajor ; cela n'est pas juste : la transmission des ordres de cette espèce
l'ait essentiellement partie des attributions des chefs d'état-major, et leur si-
gnature, en ce qui tient aux mouvements des troupes comme au service a
l» valeur de celle du général au nom duquel ils parlent
(Général Tliiébault. 4« section, art. 3. Des ordres de mouvement.)
2. Les instructions sont les développements nécessaires pour assurer la
plus parfaite exécution des ordres de marche et de mouvement, ainsi que des
ordres donnés pour quelque opération de guerre ou mission que ce soit
Le but des instructions est de prévenir les incertitudes et d'empêcher que,
par de fausses interprétations, on ne dénature la teneur des ordres, ainsi
que cela arrive très souvent.
Dans les opérations de guerre, elles sont d'autant plus essentielles que le
corps que l'on met en mouvement doit être plus isolé, qu'il peut ôfre exposé
i quelque danger ou insulte, qu'il s'éloigne davantage de l'armée, qu'il doit
parcourir un pays moins sûr, ou que Tobjet du mouvement est plus irapor-
(Général Thiébault, art. 4. Des instructions.)
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320 CAMPAGNE DE .PRU8SE.
Tannée sappose qae les communications seront difficiles ; Tindication
des corps d'armée qui marchent sur la même route et qui doivent
concourir à des opérations communes ; la conduite à tenir en cas de
rencontre de T ennemi ; la composition des colonnes voisines, leur
direction, l'emplacement journalier des corps d'armée, ainsi que celai
du quartier général de Tannée ; enfin les recommandations particu-
lières que peut nécessiter Texécution des mouvements. Instructions
du. 4 octobre au maréchal Lefebvre ; du 5 au maréchal Lannes, au
maréchal Sonlt.
Les commandants de ces corps d'armée détachés reçoivent com-
munication des instructions données aux commandants des corps qui
doivent les appuyer. Le Commandant de Tarrnée évite de les subor-
donner Tun à Tautre en faisant appel à la bonne intelligence qui
doit régner entre eux pour le bien du service, instruction du 5 an
maréchal Soult) ; il n'arrive à cette extrémité que lorsque des événe-
ments antérieurs lui font craindre de voir ses opérations sacrifiées à
de vaines étiquettes de commandement. Lettre du 21 octobre du ma-
' jor général au maréchal Bemadotte.
Une instruction particulière est donnée au commandant de la ca-
valerie, la masse de cette arme marchant en tête de la colonne prin-
cipale. L'instruction précise le rôle de la cavalerie, détermine la
répartition des troupes, indique les points sur lesquels portera la
reconnaissance, et Tappui que l'infanterie prêtera à Topération. Le
Commandant de l'armée fixe lui-même chaque jour l'objet que doit
atteindre la cavalerie de la colonne à laquelle il se tient. Instruction
du 7 octobre, 10 heures du matin, au grand-duc de Berg; dépêche
de TEmpereur au grand-duc du 10 octobre, 5 heures du matin.
Les commandants des corps d'armée détachés donnent eux-mêmes
leurs instructions au commandant de leur cavalerie.
Les corps d'armée dont les communications avec le quartier géné-
ral sont assurées, reçoivent chaque jour du Commandant de Tannée
un ordre de mouvement qui indique le mouvement à exécuter, la
position des différents corps d'armée, les renseignements recueillis
sur l'ennemi. Ordres du 6 au maréchal Bemadotte ; du 7 au maré-
chal Davout, au grand-duc, au maréchal Augereau ; du 8 au maréchal
Bemadotte; etc., etc.
Lorsque les corps détachés ont fait leur jonction, ils reçoivent
également des ordres de mouvement. Ordres du 10, 11 heures du
matin, au maréchal Soult; du 11 au maréchal Ney; du 12, 4 heures
et demie du matin, au maréchal Lannes, au maréchal Augereau; etc.
Le Commandant de l'armée n'entre jamais dans les détaUs d'exé-
cution qui peuvent être réglés par les commandants des corps d'ar-
mée, à moins que les mouvements de deux eorps d'armée ne nécessi-
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5 OCTOBRE. 321
tent des recommandations particulières. Ordre du 6 octobre, 5 heures,
an maréchal Lannes.
Le Commandant de Tarmée peut aussi dans certains cas donner
des ordres directement à des divisions en en prévenant les comman-
dants des corps d'armée dont elles dépendent. Ordres du 8 aux divi-
sions Sahuc, Nansoutj, d*Hautpoul ; du 10, 6 heures du matin, au
général Dupont, au général Beaumont ; du 10, 8 heures et demie du
Boir, aux divisions du 3* corps ; etc., etc.
DISPOSITIONS DB MABCHB DE l'aBHÉB. — - l'aBMÉE MABCHB r£iTRIE
DE FAÇON A SE TBOUVBB TOOT ENTIÈEB EN 24 HEUBES SUB UN
XÈHB CHAMP DB BATAILLE.
Le Commandant de l'armée dispose ses corps d*armée de manière
à pouvoir attaquer Tennemi, partout où il voudra tenir, avec des
forces doubles. L^Empereur au maréchal Soult, 5 octobre.
Une armée de 6 corps d'armée se porte en avant par trois débou-
chés, suivis chacun par 2 corps d'armée marchant à une demi-jour-
née l'un derrière Tautre.
La colonne du centre, flanquée par la colonne de droite et la co-
lonne de gauche, et précédée par la masse de cavalerie, s'avance sur
la route principale, qui est la ligne d'opérations et de communica-
tions suivie par les parcs, les convois et toutes les troupes qui rejoi-
gnent.
Chaque colonne est assez fortement constituée pour attaquer un
ennemi qui se présenterait avec des forces moindres et aussi pour
résister à l'attaque de forces supérieures.
Une armée qui marche dans cet ordre, n'a rien à redouter ; elle
est en masse ; les aUes peuvent, selon les nouvelles de l'ennemi, s'ap-
pajer sur le centre, et en cas d'événement s'adosser à la colonne
principale qui viendra tout entière les soutenir.
Les différents débouchés sont séparés par une demi-journée de
marche; mais, quand à certains moments les opérations ont lieu
dans un pays où les routes sont peu nombreuses, ils se trouvent
parfois pendant quelques jours à une forte marche d'intervalle. Les
communications transversales sont reconnues avec le plus grand
tom pour que les colonnes puissent se porter au secours les unes
des autres par une marche de nuit.
Dans une guerre combinée, on ne peut arriver à de beaux résultats
4ue par des communications très-fréquentes ; aussi les commandants
des corps des ailes doivent-ils donner de leurs nouvelles trois fois
par jour au Commandant de l'armée qui se tient le plus constamment
& la hauteur du centre. Et il est fort urgent que les rapports lui
CAMP. DB PKUMC. SI
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322 CAMPAGNE DE PRUSSE.
arrivent vite, afin qu'il puisse les comparer avec ceux qui lui par-
viennent d'autres côtés et juger des projets de l'ennemi.
Le Commandant de l'armée règle le mouvement de ses colomiea
de façon à ce qu'elles arrivent à certains jours dans des positions à
la même hauteur, et surtout de façon à ce que chacune d'elles -vienne
en aide par sa direction aux colonnes voisines et seconde leurs opé-
rations en menaçant les flancs et les communications de l'adversaire
et en le prenant en queue. Tel est l'objet des marches combinées.
La marche en échelons, le centre en avant, dégage les ailes et leur
permet de s'élever. Par la marche sur Saalburg et Schleiz,les 8 et 9,
la colonne du centre peut intercepter la communication du corps en-
nemi de Hof avec Schleiz, et seconder la marche de la colonne de
droite. L'Empereur au maréchal Soult, 8 octobre, 3 heures et deoiie
après-midi.
Dans la journée du 10, pendant le combat de Saalfeld, l'Emperenr
fait couper le chemin de Saalfeld à Géra par des positions aux deax
chemins de PCssneck et de Neustadt. L'Empereur au maréchal Soult,
10 octobre, 6 heures du soir.
Le Commandant de l'armée cherche toujours à menacer les flancs
et les communications de l'ennemi. Une fois ses mouvements démas-
qués, il les mène avec une rapidité telle que l'adversaire n'ait plus
le temps de combiner ses opérations et de donner de nouvelles di-
rections à ses colonnes.
Le débouché exécuté, le Commandant de l'armée opère la jonction
de ses colonnes et serre ses ailes sur son centre pour être prêt à tout
événement, maréchal Ney sur Tanna le 10 ; maréchal Lannes sur
Possneck et Neustadt le 11 ; après cela, si l'ennemi l'attaque, il
sera enchanté ; si l'ennemi se laisse attaquer, il ne le manquera pas:
il désire beaucoup une bataille ; il doit la désirer. Le point capital
est la réunion de l'armée ; et l'armée est réunie, lorsqu'elle peut se
trouver tout entière en 24 heures sur un même champ de bataille.
Lorsque le Commandant de l'armée s'attend à une affaire générale
et la désire, qu'il sait que l'ennemi a voulu l'attaquer et qu'il lui
suppose par suite une grande conflance dans ses forces, il reconnaît
à tout événement un bon champ de bataille sur lequel il réunira son
armée en 24 heures, et où il attirera son adversaire en replojant ses
avant-gardes et ses troupes les plus avancées. L'Empereur au grand-
duc, 10 octobre, 5 heures du matin ; au maréchal Soult, 10, 8 heu-
res du matin.
Au début des hostilités et aussi pendant le cours de la campagne,
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i
5 OCTOBRE. 323
le Commandant de Tannée a des incertitudes sur les projets de son
adversaire, sur les points de réunion de son armée, sur les disposi-
tions de ses troupes ; il le cherche, il le tâte, il a besoin de rensei-
gnements pour rendre ses idées plus précises ; mais son armée est
réunie, prête à faire face de tous côtés, et dès qu'il sera fixé, son
intention est de marcher droit à Tennemi en un seul bataillon carré.
L'Empereur au maréchal Soult, 10 octobre, 8 heures du matin ; au
grand-duc, 13, 7 heures du matin. Un Commandant d'armée a des
incertitudes y quelque grand homme de guerre qu'il soit ; il n'en
ponssera pas moins ses colonnes en avant à la suite de celles qui
auront été battues dans les premières rencontres, et qui mèneront au
point de réunion de l'armée ennemie ; pendant la marche les affaires
a'édairciront. Plus le Commandant de l'armée a de jugement, plus
vite il débrouille les projets de son adversaire, plus vite il prend son
parti.
l'empereur au maréchal bernadotte.
Wûrzburg, 5 octobre 1806.
Je n'ai laissé votre corps d'armée qu'à deux divisions,
parce que je voulais vous donner Farmée bavaroise; mais,
d'après le désir que vous m'avez manifesté de ne plus avoir
ce corps sous vos ordres, j'en ai disposé autrement, et j'ai
ordonné que la division Dupont, forte de 7,500 hommes pré-
sents BOUS les armes, avec 8 pièces de canon, passât sous
votre commandement. Cette division sera le 6 à Bamberg.
Vous lui ferez connaître la position qu'elle doit occuper, en
la cantonnant sans délai près Lichtenfels et Kronach. Tous
les détachements du 1" de hussards qui sont avec cette divi-
sion, doivent rester à Bamberg, ayant pris ce régiment pour
mon service jusqu'à l'arrivée de ma Garde à cheval *.
Veillez à ce que le fort de Kxonach soit armé et approvi-
sionné. C'est sur cette place que vos dépôts doivent être
portés. Tous les convois de bouche doivent y être dirigés.
Choisissez une bonne position au pendant des eaux, que Ton
1. Ordre donn^ le 4 par le major général au général Djpout de laisser le
L*' de hussards auprès de l'Empereur jusqu'à l'arrivée de la Garde à cheval.
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324 CAMPAGNE DE PRUSSE.
puisse occuper pendant que tout le centre de Tannée filera
par Eronach sur le chemin de Leipzig.
Je serai, demain 6, à Bamberg. Mon intention est de com-
mencer mes opérations incontinent. Ménagez-vous quatre
jours de pain et ayez dans vos caissons le plus de jours que
vous pourrez vous procurer de pain et de biscuit qui puis-
sent, sans se moisir, durer huit ou dix jours.
Vous devez trouver à Lichtenfels et ELronach des paysans
qui connaissent suffisamment le pays pour vous donner des
renseignements sur la nature des communications de Grâfen-
thaï à Lobenstein, et de Lobenstein à Hof et Plauen. Cela
est si près que je suppose qu'il y a des hommes qui pourront
vous donner des renseignements. Renvoyez-moi, par Tofficier
que je vous expédie, les éclaircissements que vous aurez
recueillis.
L EMPEREUR AU MARECHAL DAVOUT.
Wiirzbarg, 5 octobre 1806.
Je serai probablement demain à Bamberg. Il y a longtemps
que j'ai ordonné qu'on réparât ou construisît les fours de
Bamberg. Vous devez prendre le chemin de Lichtenfels;
ainsi n'éloignez pas vos cantonnements de cette route.
Ma Garde à pied doit arriver demain à Bamberg. Ayez
soin qu'elle soit bien placée dans la ville et le plus à portée
possible du lieu où je logerai.
Faites faire du pain et du biscuit le plus possible.
ORDRE POUR M. DE MONTESQUIOU, OFFICIER d'ORDONNANCE
DE l'empereur.
Wùrzburg, 5 octobre 1806.
Vous passerez toute la journée du 6 à WUrzburg. Vous en
partirez le 7, à 4 heures après-midi. Vous irez, le 7 à
midi, à la citadelle. Vous verrez le nombre de pièces en bat-
terie et la quantité de munitions, la situation de la garnison
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5 OCTOBRE. 325
et des magasins, enfin de quelle manière le service est monté.
Vous prendrez note de tous les effets d'artillerie qui seraient
arrivés le 6 ou le 7 à Wtirzburg, ainsi que de tous les
convois de biscuit et farine qui seraient arrivés dans la
journée du 6 et du 7 à Wtirzburg. Vous prendrez note de
la l'^ division du parc général de Tarmée, qui sera partie ;
vous la rencontrerez probablement en route. Causez avec
Tofficier qui la commande. Comptez le nombre de voitures,
de compagnies d'artillerie et de sapeurs qui s'y trouvent.
Vous vous arrangerez de manière à arriver le 8 à Bamberg,
en prenant note de tout ce que vous aurez vu.
Napoléon,
ordre pour m. custine, aide de camp du general
SAVARY.
Wùrzburg, 5 octobre 1806.
L'aide de camp des généraux qui est de service*, restera à
Wùrzburg jusqu'au 8 octobre. Il en partira le 8, à 8 heures
du soir, afin d'arriver le 9 à Bamberg au quartier général. 11
y apportera l'état de tous les corps et de tous les détache-
ments qui seront arrivés à Wtirzburg depuis aujourd'hui
jusqu'au 8, par les routes de Manheim et de Mayence. Il ap-
portera également à Bamberg la note des convois d'artillerie
et de vivres qui seront arrivés à Wùrzburg le 7 et le 8 octo-
bre. Le 8, à midi, l'aide de camp des généraux visitera la
citadelle de Wtirzburg. Il comptera les pièces qui seront en
Wterie et fera attention à la manière dont se fait le service,
pour en rendre compte. Avant de partir il prendra les let-
1. En campagne, l'Empereur se servait des aides de camp de ses aides de
camp comme d'ofBciers d'ordonnance ; car, à certains moments, tous ses offl-
ciers étaient en course.
L^KllPBSBUH AU O^KÉRAL DUSOC, A TAR80VIB.
Przasznysz, 30 janvier 1807, minuit.
EoToyez-moi ici les aides de camp de Rapp, les vôtres el ceux de Lemarois,
hormis an. J*ai détaché Savaiy, de manière qu'il ne reste personne. Pressez
Bertrand de venir me joindre. Je suis arrivé ce soir à Przasznysz.
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326 CAMPAGNE DE PRUSSE.
très du commandant de la place, du commandant de l'artil-
lerie et du commissaire des guerres pour le quartier général.
En se rendant à Bamberg, il s'informera de l'emplacement
où se trouveront deux détachements du parc d'artillerie qui
se rendent de WUrzburg à Bamberg. Il comptera lui-même
les voitures de ces détachements, et, le 9, il me fera un
rapport exact sur tous les objets compris dans le présent
ordre.
Napoléon.
L EMPEREUR AU ROI DE NAPLES.
Wûrzburg, 5 oclobre 1806, 10 heures du soir.
Je pars pour Bamberg. Toutes nos armées sont ici en
mouvement. Je me porte du reste fort bien , et j'ai bonne
espérance de venir bientôt à bout de tout ceci.
Wûrzburg, 5 octobre 1806.
Le maréchal Lannes, par ordre de S. M.,, prend le com-
mandement du 5* corps d'armée qui se trouve à Schwein-
furt. (Note portée sur le registre du major général.)
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LANKES.
Wûrzburg, 5 octobre 1806.
L'intention de l'Empereur, M. le Maréchal, est que votre
corps d'armée parte demain à la pointe du jour et se rende à
moitié chemin de Schweinfurt à Bamberg, de manière à
pouvoir arriver à la fourche de la route de Bamberg à Cobuiç
dans la journée du 7, et le 8 de bonne heure à Coburg.
Le 9 vous porterez vo3 postes en avant de Neustadt pour
faire place au maréchal Augereau qui doit ce jour-là arriver
à Coburg. Vous prendrez le plus tôt possible position sur le
pendant des eaux ^ vous arriverez à Grafenthal le 10 ] vous
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5 OCTOBRE. 327
serez toujours appuyé dans vos mouvements par le corps du
maréchal Augereau qui marchera derrière vous.
Ainsi votre corps d'armée et celui du maréchal Augereau
forment la gauche ; le corps d'armée du maréchal Bernadette
et celui du maréchal Davout forment le centre et débou-
chent parLichtenfels, Kronach, pour se diriger sur la grande
route de Leipzig.
Le maréchal Bernadette sera à Lobenstein et à Saalburg
le 9 ; il faudra tâcher de communiquer avec Lobenstein et
avec le quartier général qui sera à Ebersdorf ou en arrière
de Lobenstein, suivant les circonstances.
Pour masquer et assurer votre mouvement il est convena-
ble que dans la journée du 6 et celle du 7 un piquet de ca-
valerie de 20 hommes reste derrière Melrichstadt et fasse
des reconnaissances comme à l'ordinaire ; qu'un autre soit en
ayant de Kônigshofen.
Dans la journée du 8 tous les détachements vous rejoin-
dront.
S. M. sera demain à 10 heures à Bamberg. Vous ne laisse-
rez rien à Kônigshofen, cependant vous ne le ferez évacuer
que le 7 au matin ; le détachement qui y sera se hâtera de
TOUS rejoindre ; vous aurez soin qu'on n'y laisse pas de déta-
chement d'artillerie, ni mineurs ; il serait possible que cette
compagnie ne fût pas arrivée ; il faut placer un piquet de
lOhonmies à la croix de WUrzburg à Schweinfurt, à la poste
Wemeck, pour qu'à compter du 7 au matin les détache-
ments de troupes auxiliaires qui viendraient de Wtlrzburg
pour prendre la route de Kënigshofen, en rétrogradent sur
Wûrzburg.
A cet eflfet vous ordonnerez que le poste que vous y aurez
laissé, se reploie tout à fait sur Schweinfurt et fasse rétro-
gnider tous les Français qui se rendraient à Kônigshofen.
Vous ne devez rien laisser à Schweinfurt-, vous devez
sapposer que deux ou trois jours après votre départ l'ennemi
y sera.
Envoyez à Wttrzburg les hommes malingres et les gros
bagages ; la citadelle est le seul point à l'abri des incursions
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328 CAMPAGNE DE PRUSSE.
des hussards ; il ne faut pas effrayer les habitants du pays ;
mais vous devez en prévenir les généraux divisionnaires.
A votre passage le 7 à Bamberg, vous vous rendrez au
quartier général pour recevoir des instructions plus détaillées
sur vos opérations.
Wùrzburg, 5 octobre 1806.
Ordre au maréchal Augereau de partir le 6 avec son corps
d*armée pour se rendre à Bamberg, de manière à y être arrivé
le 8 au matin de bonne heure.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL AUGEREAU.
Wûrzburg, 6 octobre 1806.
L'intention de TEmpereur, M. le Maréchal, est que votre
corps d'armée ait une division qui sera commandée par le
général Victor : cette division sera composée du 28' d'infen-
terie légère, qui part de Mayence le 6, du 14* de ligne, de la
brigade des troupes de Hesse-Darmstadt * et des troupes du
prince Primat, ainsi que des 8 pièces d'artillerie que doivent
avoir les troupes de Hesse-Darmstadt.
Je donne Tordre au général Songis de fournir de plus
6 pièces d'artillerie pour la division du général Victor *.
Ordres en conséquence au général Victor et au général
Songis.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL SOULT.
Wûrzburg, 6 octobre 1806.
L'Empereur, Monsieur le Maréchal, ordonne que vous
preniez vos mesures pour entrer à Baireuth le 7, de meil-
1. 4,000 Hessois, dit le major général au général Victor, qui sont de très
bonnes troupes et qui peuvent rendre de grands services, ce qui dépendra
particuliôrement de Testime qu'on leur montrera.
8. Cette division ne fut pas formée. Voir la dépêche de l'Empereur du 7,
2 heures après midi, au maréchal LAunes.
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r
Ô OCTOBRE. 329
leure heure possible. Vous y entrerez en masse, de manière
qu'une heure après l'entrée du premier de vos hussards,
tout votre corps d'armée soit à Baireuth et puisse faire en-
core quelques lieues au delà sur la route de Hof ; vous con-
tinuerez votre marche le 8, de manière à avoir votre corps
d'armée, dans la nuit du 8 au 9, sur les hauteurs de
Mtinchberg.
Dans la journée du 9, vous porterez votre corps d'armée à
Hof.
Je vous préviens que le maréchal Ney sera à une demi-
journée derrière vous ; je lui donne l'ordre d'avoir toujours
sa cavalerie à une heure en avant de lui, afin qu'elle puisse
se porter au secours de la vôtre, s'il y avait lieu.
Cette instruction est faite comme si vous ne deviez pas
trouver d'obstacle ; mais si l'ennemi était en force à Hof et
que les forces du maréchal Ney réunies aux vôtres ne vous
parussent pas, à l'un et à l'autre, suffisantes pour vaincre
l'ennemi, vous en instruiriez sur-le-champ l'Empereur, et
vous vous placerez dans une bonne et forte position.
Vous ne devez, M. le Maréchal, prendre aucune peine du
château de Cuimbach; le général de Wrède, qui marche
après le corps du maréchal Ney, a l'ordre de le cerner et de
le prendre , si toutefois l'ennemi n'est pas en force à Hof.
Le quartier général sera le 6 à Bamberg, le 8 à Lichten-
felg, le 9 à Kronach.
Vous aurez soin d'envoyer tous les jours un officier à l'état-
major général, pour rendre compte de votre position et des
nouvelles que vous auriez de l'ennemi.
S. M. s'en rapporte à votre prudence et à vos talents mi-
litaires, pour ne faire donner ses troupes qu'après avoir mû-
rement examiné la position de l'ennemi et avoir toutes les
probabilités de succès.
Le général de brigade Legrand se rend à Baireuth pour
prendre le commandement de tout le pays; vous le ferez re-
connaître en cette qualité.
S. M. n'est pas encore dans l'intention de faire aucune
pn)cIamation ni que vous en fassiez aucune ; la guerre n'est
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330 CAMPAGNE DE PRUSSE.
pas déclarée pour cela ; les troupes de S. M. le roi de Prusse
étant entrées en Saxe et menaçant nos flancs, Toccupation
de Baireuth devient nécessaire pour appuyer notre droite ;
ce n'est donc qu^une position défensive, vous n'en ferez pas
moins ôter les armes du roi de Prusse partout, mais sans
scandale et sans outrage.
Si Tarmée prussienne vous envoie des parlementaires pour
savoir pourquoi vous entrez sur le territoire du roi de Prusse,
vous répondrez : « Pourquoi êtes- vous entrés sur le territoire
« dû pays de Saxe ? » Vous leur direz que vous avez Tordre
de ne commettre aucune hostilité, mais d'occuper tout le
pays de Baireuth, ce qui est nécessaire pour appuyer notre
droite, que les rassemblements de l'armée prussienne sem-
blent menacer.
Au moment d'entrer dans le pays de Baireuth, vous ferez
un ordre du jour qui ne sera pas imprimé, dans lequel on
recommandera la bonne discipline et autres choses d'usage,
et dans lequel on dira que nous marchons pour occuper le
pays de Baireuth, afin de garder notre droite que tournerait
l'armée prussienne, et que partout où elle voudrait s'y op-
poser vous comptez sur le courage de vos troupes pour en
avoir bonne raison.
S. M. est assurée de la bonne intelligence qui régnera
entre vous et le maréchal Ney \ si vous aviez seulement af-
faire à un corps de 20,000 hommes, S. M. entend que le
corps du maréchal Ney soit arrivé avant que vous attaquiez,
non que S. M. ne doute que votre corps ne culbutât un
corps d'égale force, même beaucoup plus considérable, mais
c'est qu'en se trouvant plus nombreux, on épargne le sang
et on a des affaires plus décisives.
S. M. vous aurait envoyé plus de cavalerie, mais le pays
de Hof est tellement coupé, qu'il pense qu'entre vous et le
maréchal Ney, vous en avez suffisamment.
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5 OCTOBRE. 331
LE MAJOR QËNÉRAL AU MARECHAL NET.
Wûrzbiirg, 6 octobre 1806.
Le corps du maréchal Soult entre le 7 à Baireuth, et de là
marche à grandes journées sur Hof, pour y attaquer Tennemi
et déboucher en Saxe ; comme il n'y a qu'une seule chaussée
dans le pays de Baireuth, S. M. a jugé convenable de vous
ordomier d'être rendu à Baireuth le 8, de marcher toujours
à une demi-journée du corps du maréchal Soult, et d'at-
taquer ensemble l'ennemi dans toutes les positions où cela
l'exigerait.
Débouché en Saxe, S. M. vous fera connaître le rôle
qu'elle vous destine dans ce pays.
Le général Legrand commandera le pays de Baireuth.
La guerre ne doit pas être considérée comme déclarée ; votre
langage doit être que l'Empereur fait occuper le pays de
Baireuth pour appuyer son aile droite menacée par le ras-
semblement des Prussiens et par l'invasion de la Saxe.
Le général de Wrède, commandant la division bavaroise
qui marche derrrière vous, a ordre d'occuper Culmbach.
Le quartier général sera le 6, etc. (voir la dépêche au
maréchal Soult).
Ordre en conséquence au général de Wrède.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LEFEBVRE.
Wûrzburg, 5 octobre 1806.
L'Empereur désirant vous avoir plus particulièrement au-
près de lui, vous donne le commandement d'un corps de ré-
serve qui fait partie de sa Garde et dont les grenadiers et
chasseurs de la Garde font partie. Vous aurez sous vos ordres
le général de brigade Hulin, commandant les grenadiers,
le général Soulès, commandant les chasseurs, et le général
Oudinot, commandant deux régiments de dragons à pied;
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332 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ces trois brigades, dans Tordre de bataille naturel, seront
placées dans Tordre suivant :
lia brigade de chasseurs à pied ;
La brigade de grenadiers à pied;
Et la brigade de dragons à pied.
Quant au détail de Tadministration, il reste toujours sous
les ordres du maréchal Bessières qui continue à commander
la cavalerie de la Garde.
Ordres en conséquence au maréchal Bessières et au géné-
ral Oudinot.
LE MAJOB GÉNÉBAL AU HABÉCHAL BESSIEBES.
Wûrzburg, 5 octobre 1806.
Il est ordonné au maréchal Bessières de partir avec toute
la Garde pour être rendu le 6 ou le 7 à Bamberg.
Wûrzburg, 5 octobre 1806.
Ordre au quartier général de partir aujourd'hui à 10 heures
du matin pour se rendre en deux jours à Bamberg, où il ar-
rivera le 6.
Note pour les généraux Songîs et Kirgener.
Donner Tordre aux parcs du génie et de Tartillerie de
partir, chacun en deux parties, les 6 et 8 pour se rendre à
Bamberg, le parc du génie précédant de deux heures le parc
d'artillerie, le général Cazal et les officiers à cheval à la
tête des convois, les sapeurs ayant des outils pour réparer la
route.
Les généraux Songis et Eirgener partiront le 5 pour être
rendus le 6 à Bamberg.
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5 OCTOBRE. 333
RAPPORT A L EMPEREUR.
Wùrzburg, 5 oclobre 1806.
II a été fabriqué aujourd'hui à la manutention 9,000 ra-
tions de pain qui restent en magasin. Il y a dans les maga-
sins 200,000 rations de biscuit sur lesquelles il a été dis-
tribué ou il doit être distribué aux corps des maréchaux
Augereau et Lannes 138,000 rations. On va commencer à
présent la fabrication du biscuit à la manutention.
Il est arrivé dans la citadelle 1,300 sacs de farine du
poids de 150 à 180 livres, des 2,500 quintaux annoncés de
Mayence.
Il est parti aujourd'hui pour Eronach 100,000 rations de
biscuit venant de Spire, et 20,900 venant de Mayence.
U en partira encore 20,000 d'ici à demain matin.
Le quartier général est parti à 10 heures du matin.
Le payeur n'est pas parti. Il va partir.
Général Duroc.
I*ADJ1JDAHT-C0MMANDANT SEWBELL AU MARÂCHAL LBFEBVBE.
Mûnnerstadt, 6 octobre 1806.
J'ai rhonneur de vous envoyer ci-joint le croquis de la reconnais-
BSnce que nous avons faite hier. Vous verrez que nous Favons pous-
sée jiisqa*à Henneberg. M. le général Savary que j*ai accompagné
d'après votre ordre, a été reconnu un peu en avant de ce village,
par deux vedettes prussiennes du régiment de PlStzen- hussards.
D'après leur dire F Autriche et la Russie se sont jointes à la Prusse,
et c'est mercredi prochain que Ton doit nous attaquer. Le détache-
ment dont ces deux vedettes font partie est cantonné à Meinungen.
U est fort de 40 hommes.
D'après les rapports des différents voyageurs, il paraît certain
qu'il j a très peu de troupes devant nous, et que leurs principales
forces se sont dirigées vers Bairenth. Ils s'accordent aussi à dire
qu'il y a quelques compagnies d'infanterie légère dans les environs
de Satssun.
Le chemin de Melrichstadt à Kônigshofen est très mauvais. Cepen*
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334 CAMPAGNE OG PRUSSE.
dant si le temps se maintient un peu, il sera encore praticable pour
rartillerîe. Les villages que l'on traverse sont Hendungen, Walten-
hausen et Aubstadt. Le second seul offre quelques ressources.
Le pays est très boisé et très montueuz.
M. le général Godinot m'a donné Tordre d'observer tout ce qui
pourrait venir de Hammelburg, de ne laisser rien passer pour aller
en Saxe et de faire conduire au quartier général tout ce qui vien-
drait. Je vous observerai, M. le Maréchal, que Miinnerstadt est à
une demi-lieue en avant de la route de Hammelburg, que je n'ai en
tout et pour tout que 25 chasseurs dont la moitié sont des conscrits
et très-peu au fait du service d'avant-garde. Je tâcherai cependant
de faire pour le mieux en attendant vos ordres.
Un maréchal des logis que j'avais chargé de faire une reconnais-
sance en avant de MUnnerstadt et d'observer si l'ennemi s'apercevait
de notre mouvement, arrive à l'instant et me rend compte qu'il a
aperçu leurs vedettes à la hauteur du village d'Ensenhausen et en
avant du bois qui se trouve entre ce village et celui de Stockheim.
D'après cela ils ont passé leurs limites et sont entrés sur le territoire
de Wurzburg.
P. -S. — Deux émissaires partent cette nuit, un pour Meinungen
et l'autre ira aussi loin qu'il lui sera possible en avant de Hammei-
burg.
LE OfiNÉRAL WBRLÂ AU GÉNÉRAL DROUBT.
Sloinwiesen, 5 octobre 1806.
D'après les nouvelles quo j'ai reçues hier au soir des avant-postes,
tout était encore hier dans le même état à Lobenstein, c'est-à-dire
qu'il n'y avait qu'une trentaine de hussards et que l'infanterie an-
noncée avant-hier n'y était point encore arrivée. Des voyageurs ont
assuré la même personne qui avait été envoyée hier à Lobenstein,
qu'environ 600 Saxons, tant infanterie que cavalerie, avaient couché
l'autre nuit à Saalburg et qu'hier ils avaient pris la direction de
Saalfeld. Des marchands venant de la foire de Leipzig doivent loi
avoir assuré que depuis cette ville jusqu'à Q-era ils n'avaient point
aperçu de troupes, mais qu'avant- hier à midi ils avaient vu près de
Géra une colonne composée d'infanterie, de cavalerie et de près de
300 voitures de munitions. Ils n'ont pu déterminer le nombre de
troupes, mais ils avaient remarqué que cette colonne avait mis une
heure à défiler. C'étaient des troupes saxonnes. A Saalburg ces mar-
chands avaient aperçu les dernières troupes qui consistaient en en-
viron 600 hommes tant infanterie que cavalerie. Presque toutes les
troupes en marche paraissaient venir de l'intérieur et se diriger sur
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i
5 OCTOBRE. 335
Naamburg, Saalfeld et Eisenberg. On n'a pu avoir aucunes nouvelles
de Hof et de Plauen.
LE MARÉCHAL DAVOUT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Bamberg, 5 octobre 1806.
J'ai Thonneur d'assurer à V. A. que le 3* corps est can-
tonné de manière à pouvoir être réuni à Bamberg en 5 heu-
res et en mesure de se mettre en marche au premier ordre
que V. A. pourrait en faire passer.
LE MARÉCHAL DAVOUT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Bamberg, 5 octobre 1806.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. du résultat de la
revue du corps d'armée que j'ai passée en vertu de l'ordre
du jour du 3 octobre.
£n général toutes les troupes ont mis à profit les moments
de repos pour se préparer à entrer en campagne, et je dois
ajouter que la sollicitude des généraux et des officiers a eu
les meilleurs résultats.
L'armement est partout dans un très bon état. Sur tout
le corps d'armée il ne manquait pas au delà de 15 à 20 baïon-
nettes, qui ont été remplacées peu d'heures après.
L'habillement a été reçu et délivré partons les régiments ;
les troupes sont dans la tenue où elles eussent été si elles
avaient passé la revue de S. M. l'Empereur à Paris.
La chaussure remplit les intentions de S. M.; chaque sol-
dat a deux paires de souliers dans le sac et une aux pieds ;
quelques régiments en ont même une 4* paire de réserve
qu'ils font suivre ; quelques-uns davantage ; tous quelques
paires de rechange.
Quant aux ustensiles de campement, cet objet avait été
entièrement oublié; mais depuis la marche, on s'en est essen-
tiellement occupé ; toute la 1" division peut être considérée
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336 CAMPAGNE DE PRUSSE.
comme ayant ce qui lui est nécessaire. La 2* division est
bien moins fournie ; mais, sous 24 heures, elle sera au ni-
veau. La 3* est la plus arriérée; cependant il n'y a que ce
reproche à lui faire, car sa tenue est excellente.
Il ne manque rien à Tartillerie ; les troupes sont pourvues
de 50 cartouches par homme et de 3 pierres à feu.
Indépendamment de Tapprovisionnement de 1,200,000
cartouches contenues dans les caissons, il en restera 200,000
provenant du dernier envoi de 300,000 que j'avais demandé
pour compléter les 50 par homme. Je ferai déposer à Kro-
nach ces 200,000 restantes, attendu que je n'ai aucun moyen
de transport pour les faire suivre et que ce serait les exposer
à être entièrement avariées que de les faire transporter sur
des voitures du pays.
LE GRAND-DUC DE BEBQ A L'EMPEBEUB.
Bamberg, 5 octobre 18 06, minuit.
J'arrive à l'instant de Eronach. On a été obligé de dissé-
miner les troupes légères des généraux Lasalle et Milhaud
en tant d'endroits différents que, malgré que l'ordre de les
réunir eût été donné hier soir, elles n'auraient pu l'être que
demain dans la journée. J'ai donc dû revenir sans les voir;
mais le général Lasalle et les colonels des 5* et 7* régiments
de hussards m'ont assuré que ces deux corps ne manquaient
de rien et pouvaient entrer sur-le-champ en campagne ; ils ont
500 chevaux chacun. Le 13' que j'ai vu en routé se rendant
de Lichtenfels à Ejronach, m'a paru superbe et très-bien dis-
posé; il est à peu près de la même force. Le général Milhaud
n'a pas encore paru avec le 11* de chasseurs. Je lui ai en-
voyé l'ordre de se rendre à sa destination.
... Eronach, superbe position. On peut la regarder comme
la clef de trois grands débouchés. Nous avons des troupes
légères à Nordhalben, extrême frontière du pays de Bam-
berg... Nous gardons également tous les autres débouchés.
J'ai vu, chemin faisant, le corps du prince de Ponte-Con-o
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5 OCTOBRE. 337
qui le passait en revue. II m'a paru être dans la plus belle
tenue et parfaitement bien disposé. Les chevaux du train
sont dans le meilleur état possible.
Le corps du maréchal Davout a été aussi passé en revue
aujourd'hui *, il ne laisse également rien à désirer ni pour la
tenue ni pour son bon esprit.
Les fours dont V. M. a ordonné la construction à Bam-
berg seront terminés demain soir. Demain je passerai la
revue des 2 divisions de cuirassiers. Sire, ce pays-ci souffre
considérablement parce que tous les corps d'armée font à la
fois des réquisitions. L'administration centrale de Bavière
m'a porté des plaintes très vives à cet égard. Il serait bien à
déeirer qu'il fût possible que l'intendant général pût envoyer
ici un de ses agents pour y être chargé en chef du service
des différents corps d'armée et des réquisitions pour les ap-
provisionnements extraordinaires \
J'adresse à V. M. les différents rapports que j'ai reçus
sur les mouvements de l'ennemi; ils n'annoncent rien de
bien extraordinaire. Le bruit court généralement que le
prince Hohenlohe marche sur Baireuth et le Roi par Neu-
stadt sur Schleiz. Déjà les logements sont préparés et les vi-
vres requis, raison pour ne pas y croire, les Prussiens étant
dans l'habitude de faire courir des bruits semblables pour
donner le change. Tout porte à croire qu'ils se réunissent
surErfurth et Naumburg. J'espère avoir bientôt des nou-
velles positives à vous faire passer, car il me paraît impos-
sible que quelqu'un des agents que j'ai envoyés parmi les
Prussiens ne revienne bientôt.
J'observe à V. M. qu'on passe le Mayn dans un bac pour
venir de Wtirzburg à Bamberg et qu'il n'y a pas de pont
établi.
1. Cette demande du grand-duc confirme ce que j*ai déjà avancé le l*' oc-
tobre : rintendant général n*avait pas envoyé d'agent à Bamberg.
CAMP. DB PKUflSB. S2
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338 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MARÉCHAL SOULT AU OâNÉRAL GUTOT.
Amberg, 5 octobre 180C.
Je vois par votre rapport en date de ce jour que vous avez donné
ordre au détachement qui était à Kemnat de revenir ; mais mon in-
tention a été, en renvoyant, qu'il j prît poste afin d*éclairer cette
partie et garder la grande route qui vient de Hof par Weissenstadt
et Wunsiedel ; si ce détachement était rentré, vous en feriez partir
sur-le-champ un autre d*égale force et vous lui donneriez la même
instruction. Vous prescrirez à Tofficier qui le commandera d'envoyer
fréquemment une reconnaissance de 2 ou 8 hommes jusqu'à Textrême
frontière vers Wunsiedel, sans cependant sortir du territoire bava-
rois.
Vous lui donnerez en outre pour instruction que si, par cas, les
Prussiens faisaient quelques mouvements dans cette partie, il vons
enverrait une ordonnance pour vous en rendre compte, et vous en
préviendriez le général Legrand qui est à Thumbacb, et en même
temps il m'enverrait directement une autre ordonnance pour m'en
rendre compte aussi.
Tenez toujours vos troupes prêtes à marcher, mais mettez-les à
même de pouvoir vivre, mais conservez les subsistances que je vous
ai fait envoyer afin que, lors du rassemblement, vous ayez pour
4 jours de pain d'avance.
LB UABiCHAL 80DLT AU COLOnL GABBÂ.
Amberg, 5 octobre 1806.
Donnez ordre au chef de bataillon Guardia de partir de suite pour
aller faire la reconnaissance militaire de la frontière du Haut-Palati-
nat en avant de Kemnat, en suivant d'abord la grande route qui J
conduit par Hambach, Gebenbach, Gravenwôhr, Pressât et Kemnat.
Vous lui recommanderez de bien observer toutes les positions mili-
taires qu'il reconnaîtra sur cette ligne, ainsi que les communications
qui y aboutissent ; de voir avec attention le débouché qui mène à
Wunsiedel dans le pays de Baireuth, et de reconnaître ensuite les
communications qui, de Kemnat, conduisent à Thumbach, d'où il
rentrera au quartier général et rendra compte de sa reconnaissance.
Vous le préviendrez qu'il y a à Kemnat un détachement de cava-
lerie qui le protégerait au besoin et que, dans aucun cas, il ne doit
aller sur le territoire prussien.
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5 OCTOBRE. 339
Les officiers da génie qui sont dans les divisions doivent, dans les
marches, lever le croqois des positions que les divisions prennent, et
reconnaître les communications qui y aboutissent. Donnez-leur à ce
sujet les instructions les plus étendues et prescrivez-leur de vous
adresser tous les jours le résultat de leurs observations, afin que
lorsque je vous en ferai la demande, vous puissiez y satisfaire.
LE MARÉCHAL NET AU MAJOR GÉNÉRAL.
Nuremberg, 5 octobre 1806.
J'ai Thonneur de rendre compte à V. A. que le général
bavarois Mezanneli est arrivé cet après-midi avec la division
que devait commander le lieutenant-général de Wrède resté
malade à Munich. Cette division forte de 8,000 hommes dont
1,200 de cavalerie, est aujourd'hui à Schobach et environs;
demain 6 elle sera placée partie à Nuremberg et partie sur
les deux rives de la Pegnitz, de manière à pouvoir suivre la
marche de mon corps d'armée sur Baireuth par Grâffenberg,
fii ce mouvement est ordonné par l'Empereur.
L'infanterie bavaroise n'a qu'une bonne paire de souliers
par homme.
D'après les renseignements que m'a donnés le général
Mezanneli, il paraît que la chaussure de sa division a été
très-négligée puisque les régiments ont à peine une bonne
paire de souliers par homme. Il serait bien important de
venir au secours de cette troupe qui paraît dans les meil-
leures dispositions, s'il est possible de le faire promptement.
Le général Mezanneli est dans le même embarras que
nous pour les subsistances ; mais les mesures prises pour
mon corps d'armée* s'étendront à sa division et j'espère que
1. UL oivÉBAL DUTAILLM AU GÉHÉRAL IfABCUAHD.
Nuremberg, 4 octobre 1806.
Le Marécha] commanâant en chef voulant prévenir les désordres qui se
sont trop souvent commis et ménager & Tarmée les ressources que le pays
qa*eUe parcourt pourra lui offrir, me charge de vous informer que son inlon-
Uon est que, lorsque les troupes seront bivouaquées et qu'il ne leur aura pas
été lait de distributions de vivres, vous devrez indiquer à chaque régiment
les villes ou les villages dans lesquels il devra s'en procurer. Vous prescrirez
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340 CAMPAGNE DE PRUSSE.
nous aurons un approvisionnement de 5 jours, indépendam-
ment des distributions journalières.
J'ai l'honneur de répéter à V. A. que nous sommes par-
faitement en mesure d'agir au premier ordre de l'Empe-
reur.
Mon intention était de m'établir à Grâffenberg, route de
Nuremberg à Baireuth, mais j'ai différé dans l'idée que je
recevrai d'ici à demain de V. A. un ordre de mouvement.
J'ai l'honneur de vous adresser copie d'un rapport que
je viens de recevoir de l'un de mes agents secrets que j'ai
envoyé à Hof . Il me paraît de nature à être mis sous les yeux
de S. M.
DISPOSITIONS PABTICULIÈRES A 0B8ERVBB PAR L*IHFA1ITEBIE
DU 6* OOBPB.
5 octobre 1806.
Art. !•'. — Pendant toute la campagne, les compagnies de volti-
geurs ouvriront la marche des régiments ; elles seront constamment
employées aux avant-postes ; dès que les divisions camperont en
ligne, dans ce cas, les compagnies de grenadiers pourront être pla-
cées en points intermédiaires des avant-postes au camp pour soutenir
les voltigeurs.
Art. 2. — Le Maréchal commandant en chef et les généraux de
division pourront seuls disposer d'un détachement de grenadiers pour
leur garde personnelle ; ce détachement n^ezcédera pas le tiers du
oomplet ; ils ne pourront jamais être employés à escorter des hagages:
à chaque commandant de corps le nombre de détachements qu*il devra em-
ployer et la composition de ces détachements qui seront commandés par de£
uOlciers fermes et actifs. Les commandants de ces détachements ne perdroot
jamais de vue que le désordre détruit toutes les ressources, que les habitants
cachent leurs denrées et fuient, emmenant avec eux leurs bestiaux et leun
moyens do transports ; ils devront donc maintenir la plus exacte discipline
parmi les troupes qu*ils commanderont, afin de se procurer dans les lieux où
ils seront envoyés toutes les ressources qui leur seront nécessaires. A l'arrivée
uux bivouacs, les colonels feront faire les distributions par compagnie do ce
qui aura été emmené, et les capitaines les feront faire par ordinaire ou par
homme, suivant Tespèce de denrées. Les voitures et les chevaux du pays
seront renvoyés avec la plus scrupuleuse exactitude. Enfin, les commissaires
des guerres parcourront le pays, prendront et feront prendre tous les rensei-
gnements possibles sur les ressources qui s*y trouveront et vous en infor-
meront, ainsi que Tordonnateur en chef; ils devront aussi s^occuper de régu-
lariser autant que possible les fournitures dont il s*agit.
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5 OCTOBRE. 341
ils rejoindront le poste d'honneur auBsitôt que le combat les y ap-
pellera.
Art. 3. — Les bataillons réduits à 7 compagnies de fusiliers, vu
l'emploi des yoltigeurs aux ayant-postes et les compagnies de grena-
diers placées en soutien, une compagnie de fusiliers de service, prise
par la droite, formera chaque jour la garde de police du camp, des
quartiers généraux de brigade, de MM. les colonels, des bagages, etc.
Art. 4. — MM. les généraux de division donneront des instruc-
tions aux capitaines de voltigeurs pour leur conduite aux avant-pos-
tes ; les postes principaux seront autant que possible retranchés.
Art. 5. — Toutes les sentinelles placées extérieurement en vedette
pour la première chaîne de postes seront doubles, soit de jour, soit
de nuit ; la durée de la faction, c'est-à-dire depuis la batterie de la
diane jusqu'au coup de canon de retraite, sera de 2 heures, et d'une
heure pendant la nuit. Le service des patrouilles et reconnaissances
qoi battent l'estrade d'usage, sera organisé de manière à varier les
heures, les directions et les distances ; elles ne s'étendront jamais
aa delà de deux portées de canon de la première chaîne.
Art. 6. — Outre les officiers supérieurs de jour chargés d'inspecter
les postes, il y aura un officier d'état-major de la division, adjoint
on side de camp, qui couchera au poste principal pour avertir son
général de tout ce qui peut intéresser le bien du service.
Art. 7. — Les patrouilles qui battent l'estrade ne devront jamais,
si elles rencontrent l'ennemi, combattre avec trop d'opiniâtreté, afin
de ne pas engager d'affaire générale et compromettre les dispositions,
leur devoir n'étant que d'observer la marche et le mouvement de
l'ennemi.
Art. 8. — Les avant-postes resteront sous les armes depuis minuit
jusqu'à la batterie de la diane, alors que les patrouilles partiront en
reconnaissance ; à cette heure de nouvelles gardes relèveront, et au
letonr des patrouilles le service de jour sera observé comme de cou-
tume ', les postes principaux pourront être rapprochés du camp à la
chute du jour.
Art. 9. — Les régiments campés ou cantonnés prendront les ar-
mes à la batterie de la diane et se réuniront au lieu de rassemblement
déterminé par le général ; on ne posera les armes que d'après son
ordre exprès.
Art. 10. — 11 ne sera jamais permis aux habitants des pays enne-
nÛB d'arriver jusqu'aux postes principaux des avant-postes ; les sen-
tinelles les renverront avec douceur ; de même les détachements des
troupes étrangères à l'armée ne pourront passer la chaîne des postes.
Après le coup de canon de retraite on s'assurera du commandant ,
qoi passera la nuit avec celui qui commande l'avant-garde, et après
le rapport du matin on laissera passer outre.
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342 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Art. 11. — Afin de prévenir les surprises de la part de Tennemi,
il sera établi des torches d* alarme aux points saillants des avant-pos-
tes et même au camp si la présence des ennemis rendait cette meBore
nécessaire.
Art. 12. — Jamais la générale ne pourra être battue que d'après
les ordres du général commandant la division ; de même la charge
ne pourra être battue pour toute autre circonstance que celle de la
retraite. Les régiments seront habitués à se rassembler le matin et
même pendant la nuit au moyen de trois coups de baguette ; les an-
tres batteries ne seront mises en usage, pour le service intérieur des
corps , qu'autant que Tennemi sera éloigné des positions de Tannée.
Art. 13. — Toutes les fois que l'administration de l'armée ne
pourra remplir le service des subsistances, il y sera pourvu par une
disposition particulière du général, qui enverra par détachementf
commandés par des officiers, requérir des villages à proximité des
camps les vivres et la paille de couchage nécessaires ; il en sera dé-
livré des bons valables ; il sera envoyé par le chef de Tétat-major
général une instruction particulière à cet égard.
Art. 14. — Autant que les circonstances le permettront, les ad-
judants sous- officiers de tous les régiments feront jalonner les com-
munications avec les avant-postes et les derrières de l'armée qui
conduisent aux quartiers généraux.
Art. 15. — On joint à cette disposition copie de l'instruction
donnée au général Colbert, commandant l'avant-garde, sur le genre
de service que la cavalerie aura à remplir pendant la guerre dont
plusieurs circonstances pourront être applicables à l'infanterie.
M«» Net.
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6 OCTOBRE
PROCLAMATION.
Quartier impérial, Bamberg, 6 octobre 1806.
Soldats, Tordre pour votre rentrée en France était parti ;
vous Yons en étiez déjà rapprochés de plusieurs marches. Des
fêtes triomphales vous attendaient, et les préparatifs pour
vous recevoir étaient commencés dans la capitale.
Mais, lorsque nous nous abandonnions à cette trop confiante
sécurité, de nouvelles trames s'ourdissaient sous le masque
de Tamitié et de Talliance. Des cris de guerre se sont fait
entendre à Berlin. Depuis deux mois nous sommes provoqués
tous les jours davantage.
La même faction, le même esprit de vertige qui, à la fa-
veur de nos dissensions intestines, conduisit, il y a quatorze
ans, les Prussiens au milieu des plaines de la Champagne
domine dans leurs conseils. Si ce n'est plus Paris qu'ils veu-
lent brûler et renverser jusque dans ses fondements, c'est
aujourd'hui leur drapeau qu'ils se vantent de planter dans
les capitales de nos alliés ; c'est la Saxe qu'ils veulent obli-
ger à renoncer, par une transaction honteuse, à son indépen-
dance, en la rangeant au nombre de leurs provinces ; c'est,
enfin, vos lauriers qu'ils veulent arracher de votre front. Ils
veulent que nous évacuions l'Allemagne à l'aspect de leurs
annes ! Les insensés ! Qu'ils sachent donc qu'il serait mille
fois plus facile dé détruire la grande capitale que de flétrir
l'honneur des enfants du grand peuple et de ses alliés ! Leurs
projets furent confondus alors ; ils trouvèrent dans les plaines
de la Champagne la défaite, la mort et la honte. Mais les le-
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344 CAMPAGNE DE PRUSSE.
çons de rexpérience s'effacent, et il est des hommes chez
lesquels le sentiment de la haine et de la jalousie ne meurt
jamais.
Soldats, il n'est aucun de vous qui veuille retourner en
France par un autre chemin que par celui de l'honneur.
Nous ne devons y rentrer que sous des arcs de triomphe.
Eh quoi ! aurions-nous donc bravé les saisons, les mers, les
déserts, vaincu l'Europe plusieurs fois coalisée contre nous,
porté notre gloire de l'Orient à l'Occident, pour retourner
aujourd'hui dans notre patrie comme des transfuges, après
avoir abandonné nos alliés, et pour entendre dire que l'aigle
française a fui épouvantée à l'aspect des armées prussiennes !
Mais déjà ils sont arrivés sur nos avant-postes. Marchons
donc, puisque la modération n'a pu les faire sortir de cette
étonnante ivresse. Que l'armée prussienne éprouve le même
sort qu'elle éprouva il y a quatorze ans ! Qu'ils apprennent
que, s'il est facile d'acquérir un accroissement de domaines
et de puissance avec l'amitié du grand peuple, son inimitié,
qu'on ne peut provoquer que par l'abandon de tout esprit de
sagesse et de raison, est plus terrible que les tempêtes de
l'Océan.
Napoléon.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL BERNADOTTE.
Btunberg, 6 octobre 1806, s heures..
L'Empereur ordonne, M. le Maréchal, que votre quartier
général soit demain 7 à Kronach et que vos deux premières
divisions soient en position entre Kronach et la frontière -,
que la division du général Dupont qui fait partie de votre
armée soit en avant de Lichtenfels à la position de Zettlitz,
éclairant la route de Coburg et de Culmbach.
Dans la journée du 8, M. le maréchal Lannes occupera
Coburg et M. le maréchal Davout occupera Zettlitz en avant
de Lichtenfels, ce qui vous mettra à même de rappeler la
division du général Dupont et de marcher avec tout votre
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6 OCTOBRE. 345
corps d'armée pour être arrivé le 9 au delà des frontières sur
les hauteurs de Lobeustein.
Si Tennemi avait marché à. la rencontre du maréchal Soult
sur la route de Baireuth, coupez-lui tout ce qui voudrait se
retirer sur la route de Schleiz. Il sera convenable que vous
vous teniez très-éclairé par votre droite pour connaître les
mouvements de Tennemi à Hof pour prévenir TEmpereur de
tout ce qui pourrait revenir de ses projets.
L'armée débouche sur trois colonnes.
La droite est partie d'Amberg, occupera Baireuth le 7, et
sera à Hof le 9 ; elle est composée des corps du maréchal
Soult et du maréchal Ney.
Le centre occupera Kronach et débouchera par Loben-
Btein;il est composé de votre corps d'armée ^ de celui du ma-
réchal Davout, de la plus grande partie de la réserve et de
la Garde impériale.
La gauche est partie de Schweinfurt, débouche sur Coburg
et de là sur Gr&fenthal ; elle est composée des corps des ma-
réchaux Lannes et Âugereau.
Le quartier général est à Bamberg, il sera le 8 à Lichten-
fels et le 9 à Kronach.
Donnez souvent des nouvelles de l'ennemi.
LE MAJOB GÉNÉRAL AU GÉNÉRAL DUPONT.
Bamberg, 6 octobre 1806.
L'£mpereur ordonne que vous partiez demain 7 à la pointe
du jour pour joindre M. le maréchal Bernadette ; vous lais-
serez tout le pays entre Bamberg et Lichtenfels entièrement
libre pour les autres corps de l'armée qui vous suivent.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LANNES.
Bamberg, 6 octobre 1806, 5 heures.
L'instruction que je vous ai envoyée hier soir, M. le Maré-
chal, vous fait connaître que vous devez coucher le 7 à la
fourche des routes de Bamberg à Coburg et de Schweinfurt
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346 CAMPAGNE DE PRUSSE.
à Bamberg : cette fourche se trouve au village de Dorfleins,
où je viens d^ordonner qu'il soit jeté un pont sur le Mayn ; il
serait à désirer que votre première division et votre cavale-
rie puissent passer demain 7. le Mayn sur ce pont et profiter
du reste du jour pour vous porter à Obemdorf et y passer le
Mayn sur un second pont que j'y fais établir *, et de canton-
ner votre armée sur la rive droite du Mayn sans avoir aucun
poste ni aucun homme sur la rive gauche, qui est occupée
par les autres corps de l'armée . Le 8 cette division qui se-
rait ainsi rapprochée de Coburg se mettrait en marche pour
se rapprocher également de cette ville.
Vous réunirez dans la journée du 7 tout le reste de votre
corps d'armée, de manière que le 8 avant le jour, tout ce
qui appartient à votre armée ait traversé le Mayn et franchi
tout l'espace de pays qui se trouve entre Hallstadt et Obem-
dorf, de manière qu'à 8 heures du matin cette portion de la
route soit libre.
Vous ne ferez, M. le Maréchal, aucune espèce de réquisi-
tion, ni ne tirerez aucune subsistance de la rive gauche du
Mayn mais bien de la rive droite.
Vous comprendrez facilement, M. le Maréchal, que le but
de l'ordre que je vous donne est de faire que la route d'H&U-
stadt à Obemdorf, qui est commune à la Garde et au centre
de l'armée, soit libre, et qu'il n'y ait aucun engorgement,
parce que, pour avoir un bon chemin pour aller à Coburg,
vous êtes obligé de faire une lieue et demie sur la communi-
cation du corps du centre.
1. LU OKKKRAL DAULTASITB AU GÉNÉRAL. UOEASD.
Bamberg, 6 octobro 1806.
J'ai l'hODueur do vous pruvenir que, conrormément aux intentions de S. )!■
l'Empereur, il Taul que vous preniez de suite les mesures les plus promptes*
10 pour faire jeter un pont sur le Mayn û Tembouchuro de la Rcdnitz, de
manière que îe corps d*arniée de M. le maréchal Lai: nés, qui doit se reodur
de Schweinfurt à Hallsladt, n'éprouve aucun retard.
80 Vous eu ferez également jeter un autre sur le Mayn à Obemdorf au
point où est le bac, de manière qu'un corps d'armée qui se rendrait de Bam-
berg à Coburg n'éprouve aucun retard.
Môme ordre au colonel du génie Touzard. — Vous êtes autorisé à
faire aux magistrats toutes les demandes nécessaires tant en ouvriers, bar-
ques et bateaux, planches, madriers, cordages et généralement tous les ma-
tériaux qui seront nécessaires pour la prompte exécution de ces dispositions.
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6 OCTOBRE. 347
Dans la journée du 8 il sera convenable que vous viviez
entièrement dans le pays de Coburg, puisque dans cette
journée le maréchal Augereau aura débouché de Bamberget
aura pris position sur la rive droite du Mayn depuis le vil-
lage d'Obemdorf jusqu'aux limites de Coburg.
Position de la rëseroe de cavalerie le 6 octobre *.
Bamberg, 6 octobre 1806.
Brigade de huuards. . . Kronaoh Occupant Jusqu'à la frontière l»s val-
.ées de Hawlach, Krouch et Rodach.
firig&de de chMaeara . . Unter-Langenstadt . . . Elle n'est compoaée que du 13*.
1^ diTision de dragona. Wftrzburg. . < A ordre de ae rendre à Bamberg.
S* — . . — En route pour Wflrzburg.
y — H&llatadt Occupant les villages en arant jusqu'à
- Ebensfeld.
4' — Banuach Occupant les Vilieges en arant Jusqu'à
Mmllitz et éclairant la roule et les
commnnieations de Coburg.
1 e d ■ de ealrassiers Kltmann Occupant sur la rÎT* gauche tous l«*s
TïUages Jusqu'à Bamberg entre lo
Hayn et rAurach.
y >- Barg Ebraeb Et tous les villages Jusqu'à Bamberg,
séparée de la dirislon Raasouty par
l'Aurach.
Pare Ebrach.
Le général de division, chef de l'état-major général,
Beluard.
LE GÉNÉRAL BELLIARD AU GÉNÉRAL BEAUMONT.
Bamberg, 6 octobre 1806, 7 heures du soir.
Mandez-moi de suite si vous avez du pain pour 4 jours.
L'Empereur veut le savoir à Tinstant. Envoyez-moi un officier
in'apporter votre réponse; tenez- vous prêt à partir et tâchez,
en outre de 4 jours de pain, de faire suivre pour 5 ou 6 jours
de viande ; prenez-en dans les villages et donnez des reçus
en règle.
1. Celte pièce, ainsi que la position à la date du 7, est l'état d'emplace-
ment fourni au major général.
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348 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MARÉCHAL BBRNADOTTB AIT OÉVÉBAL DUPONT.
Lichtenfels, 6 octobre 1806.
Je viens de recevoir, mon cher général, votre lettre du 5 octobre
datée de Burg Ebrach ; le major général m'avait annoncé que vous
n'arriveriez à Bamberg que demain, mais votre aide de camp m'as-
snre que vous y coucherez ce soir ; la grande quantité de troupes
qui se trouvent réunies à Bamberg, me détermine à vous faire conti-
nuer votre marche demain dans Tespérance que vous serez mieux
dans les villages sur la route que dans le lieu où vous êtes mainte-
nant ; vous porterez la tête de votre colonne à Staffelstein et la gau-
che à GUssbach*. Un officier d*état-major se trouvera de bonne
heure à Gtissbach et vous indiquera les villages que vous devez oc-
cuper après-demain.
Vous connaissez assez, mon cher général, mon ancienne amitié
pour vous pour être persuadé du plaisir que j'éprouve à nous voir
réunis ensemble.
Je vous renouvelle l'expression de tous mes sentiments inviola-
bles.
LE MARÉCHAL BEBNADOTTE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Lichtenfels, 6 octobre 1806, 9 heures du soir.
Je viens de recevoir à Tinstant, M. le Duc, Tordre de
mouvement de la Grande Armée.
Je serai demain 7 avec les divisions Drouet et Rivaud et
avec toute ma cavalerie à Kronach et en avant.
Je donne Tordre au général Dupont de se porter demain?
avec sa division la gauche à Lichtenfels et la droite à Zett-
litz. Je serai le 8 au delà des frontières sur les hauteurs de
Lobenstein, mais je crains bien que le général Dupont ne
puisse y arriver en même temps ; au reste je lui prescris de
presser sa marche, afin de pouvoir remplir le plus ponctuel-
lement possible les intentions de S. M.
1. Ces dispositions Ibrent modifiées par l'ordre de mouvement de la Grande
Armée, que reçut le maréchal Bernadotlo et dont le major général donna
connaissance au général Dupont en ce qui le concernait.
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6 OCTOBRE. 349
Tous les rapports qui me parviennent, annoncent que Pen-
nemi ne fait aucun mouvement sur Baireuth, à l'exception
d'un petit corps de 600 hommes d'infanterie qui s'est porté
sur Mark-Schorgast, vraisemblablement pour occuper la for-
teresse de Plassemberg ; cependant je n'en ai aucun avis
certain.
S'il y a possibilité de couper au petit corps de Hof sa re-
traite de Plauen, je ne négligerai aucuns moyens pour le
faire. Des avis assurent que l'armée prussienne se concentre
dans les environs d'Erfurt et de Naumburg.
J'ai rhonneur de vous oflBrir, M. le Duc, l'expression de
mes sentiments distingués.
1^' corps. BAPPOBT DU 6 OCTOBBB.
Le prince de Hohenlohe a couché à Géra il y a trois jours, se di-
rigeant sur Naumburg et Erfurt.
Les Saxons se renforcent à Saaiburg ; ils y ont de Tartillerie.
Les troupes de Plauen n'ont point été augmentées ; il n'y a pas
d'aatres rassemblements de troupes dans cette partie.
n n'est point arrivé de troupes à Bernstein, comme on l'avait
annoncé.
Les Prussiens observent beaucoup la route de Coburg. Un hussard
placé en vedette entre Creidlitz et Unter FUllbach a tiré sur les géné-
raux Savary ' et Berthier.
ORDBB DE MABCHB DU 1^' C0BP8 POUB LB 7 OCTOBBE.
Quartier général, Lichtenfels, 6 octobre 1806.
Le général Drouet réunira sa division demain 7 octobre et pren-
dra position à Nordhalben, occupant les débouchés sur la route de
Lobenstein et ceux qui se trouvent à la gauche et à la droite de sa
position.
Le général Bivaud réunira demain sa division à Kttps, marchera
en guerre, dépassera Kronach et se placera en échelons sur la route
de Nordhalben occupant les villages depuis Steinwiesen inclusive-
1. Lo général Sarary, après avoir visité la position du &• corps à Kônigs-
bofen, reeonnaissait la route de ^burg et la position du i«r corps.
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350 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ment jusqu'à Rodach exclusivement. Il gardera les débouchés sur sa
droite et sur sa gauche ; il communiquera par des postes avec la di-
vision du général Drouet.
Le général Dupont établira demain 7 sa division la tête à Zettlitz
inclusivement et la queue à Lichtenfels.
La division de cavalerie légère partira demain 7 de ses cantonne-
ments et ira s'établir à Rodach et viUages environnants dans le rajon
d'une lieue au plus ; elle se gardera militairement.
Le grand parc d'artillerie partira le 7 pour se rendre à KUps.
Mouvement du 8,
Le général Drouet rectifiera sa position et poussera des postes siir
les bords de la frontière.
Le général Rivaud serrera sa division sur celle du général Drouet,
se placera à sa droite si le terrain le permet, et, dans le cas con-
traire, il s'établira en seconde ligne. |
Le général Dupont partira de ses cantonnements et ira prendre
position à Zejem entre Steinwiesen et Rodach.
La cavalerie légère ira se placer à Steinwiesen.
Le parc d'artillerie se placera à Rodach.
Le quartier général du maréchal prince de Ponte- Corvo sera les 7
et 8 à Eronach.
Il sera donné de nouveaux ordres pour le mouvement du 9 et tou-
tes les troupes se tiendront prêtes à agir pour ce jour.
Chaque division tâchera de se procurer pour 4 jours de vivres.
MM. les généraux de division se feront rendre compte s'il y a des
cartouches avariées et les feront remplacer de suite.
P. 0. Le général de dimnon, chef de VétatHfnajor général ,
Léopold Bebthibb.
P,'S. — Le Prince pense que vous pouvez cantonner vos troupes,
mais dans un rayon très resserré et ayant un cinquième d'entre elles
pour se garder militairement *.
OBDBB DU 6 OCTOBBB.
Bamberg.
La division marchera désormais dans l'ordre suivant.
Les difiFérents corps suivront habituellement dans la marche leur
ordre de bataille.
1. Expédition adressée au général Dupont.
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■'STT-F*-
6 OCTOBRE. 351
La V* brigade sera suivie immédiatement par son artillerie com-
posée de 2 pièces de 6 et un obusier *.
La 2* aura 4 pièces de 6 qui marcheront immédiatement après le
32* avec leurs caissons de munitions et les hommes nécessaires pour
les servir.
Le reste de l'artillerie formera la réserve et marchera après le
Tous les bagages, ainsi que les caissons de vivres, marcheront
après la réserve d'artillerie.
Les charrettes chargées de pain appartenant aux différents régi-
ments marcheront à leur suite, ainsi que les voitures de vivandiers
qui ne pourront pas excéder le nombre de 4 par régiment*.
Les régiments marcheront sur 3 rangs afin de diminuer la longueur
des colonnes.
1. LB CHSr DB BATAILI«ON BBRV AKD, COMH&MDAHT L ABTlI<I<BBIK,
AU OÉXÉBAIi DDPOHT.
Bamberg, 6 oclobre 1806.
Vous me demandez compte des dispositions que j'ai faites pour remplir les
intentions de 3. M. l'Empereur pour ce qui concerne Tartillerie de la division,
1» Ce qui a égard à la marehe des bouches à feu a été ordonné d'aprôs les
intentions de S. M.
s<> 11 ne me manque aucun objet, pas môme un outil ; ceux qui ne se trou-
vent point en dehors des caissons autrichiens , Caute de place pour les y
mettre, se trouvent sur mes prolonges à la suite du parc ; on ne peut mettre des
attaches aux caissons à moins de les décharger, opération qui ne peut guère
se taire.
s® Tai 6 caissons d*infanterie et 5 de parc qui contiennent 213,000 cartou-
ches , tandis que , d'après le chargement ordinaire , il ne devrait y en avoir
que 190,000 à 195,000 au plus. J'en ai donc au delà de ce que l'on doit y
mettre.
Vous pouvez juger d'aprôs cet exposé, mon général, que c'est faute d'avoir
eu Tesprit présent pour répondre à S. M. que l'on a pu me supposer autant
de torts. Vous êtes d'ailleurs trop juste, lorsque vous aurez reconnu la vérité
de ee que j'ai l'honneur de vous exposer, pour ne pas en convenir vous-
mdme.
Comme le caisson d'infanterie contenait i6,ooo cartouches, il en résulte
que le caisson de parc pouvait contenir aa,000 ou 28,000 cartouches.
s. LB COLOBBL BABBOI8 DU 96* AU OéviAltÂX* OUPOVT.
Ober^Aurach, 6 octobre 1806.
J'ai l'honneur de vous adresser l'état du logement qu'occupe le régiment.
h ne puis y joindre les rapports particuliers parce qu'ils ne me sont point
encore parvenus ; je sais seulement que dans presque tous ces villages il y
> ou des cuirassiers ou des soldats du train avec leurs chevaux, mais malgré
cela nous sommes beaucoup mieux qu'au bivouac. Toutes les compagnies auront
de la viande; si demain les capitaines me rendent compte qu'ils ne peuvent
avoir dn pain, je vous demanderai la permission d'en donuer encore une
ration à chaque homme; le pain de la division étant réuni au parc, je vous
demanderai U permission, mon général, de retirer ma garde, qui n'a point
niaogé la soupe depuis 48 heures. Je vous prie de vous rappeler que vous
avez bien voulu me le promettre ce matin.
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362 CAMPAGNE DE PRUSSE.
La division partira demain à la pointe du jour pour Lichtenfels à
6 lieues de Bamberg.
DUPOHT.
M. Faverj se concertera avec le commissaire des guerres Cayrol
pour assurer les vivres et le fourrage et procurer à la troupe des
marmites et bidons.
Il se rendra auprès du maréchal Bernadotte pour le prévenir de
Tarrivée de la division et le prier de pousser en avant les corps
qu*elle doit remplacer.
LE oiirâBAL DAULTAMHB AUX GÊNÉBAUX MORAND, PRIANT, OUDIN,
VIALLANNES ET HANNICaUB.
Bamberg, 6 octobre 1806.
J*ai l'honneur de vous prévenir que le corps d'armée doit se tenir
prêt à marcher d'un instant à l'autre ; faites-en prévenir de suite les
chefs de corps. L'intention de M. le Maréchal est que tout le pain
qui ne pourrait pas être emporté dans les caissons soit chargé sur
des voitures de réquisition ; bien entendu qu'il faut que le soldat
en soit premièrement muni pour 4 jours : il sera déposé chez les co-
lonels afin que la distribution en soit faite à la troupe au moment
où elle prendra les armes.
L'on ne saurait trop recommander aux soldats de conserver le pain
avec soin attendu que dans les premières marches que l'armée va
faire il sera impossible d'en faire procurer.
M. le Maréchal ordonne que les mesures prises ci-dessus reçoivent
leur exécution sitôt le présent ordre reçu.
ORDRE DE MOUVEMENT *.
Amborg, 6 octobre 1806.
Toutes les troupes du corps d'armée se mettront en marche de-
main 7 octobre de grand matin et se dirigeront sur Baireuth où le
1. L*ordre général avait été précédé par les ordres particuliers suivants:
LB MAEéCHAL 80ULT AU oAxAraL SAlHT-UIIiAIRE.
Amberg, 6 octobre 1806.
Au reçu de ma lettro, faites rassembler votre division en avant de Schlicht
afin de la préparer au mouvement que demain elle devra faire pour arriver
dans une marche à Baireuth. Dans 8 heures vous recevrez Tordre général. Je
donne ordre au géuéral Levai de rassembler aussi sa division en avant de
Haag pour vous faire de la place ; mais sMl le fallait vous bivouaqueries.
Ordre analogue au général Levai.
Au général Legrand. — Au reçu de ma lettre, faites porter en avant de
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6 OCTOBRE. 353
corps d*armée devra être réuni dans le jour même et d'aussi bonne
beure que possible, et où il sera donné de nouveaux ordres sur la
position que les divisions devront prendre.
A cet effet le général Guyot commandant la cavalerie légère la
tiendra réunie sur la grande route pour 8 heures précises du matin.
Le général Legrand donnera tous les ordres nécessaires pour que
s& division ait joint la cavalerie légère à 8 heures du matin sur la
grande route à hauteur de Tharndorf.
Le général Levai donnera aussi les ordres nécessaires pour que sa
diTiston ait joint à la même heure la gauche de la division du géné-
ral Legrand dans la même direction, en avant de Thumbach ou à
hautem* de Thnrndorf , ainsi qu'il est dit ci-dessus.
Le général Saint-Hilaire donnera sur-le-champ tous les ordres né-
cessaires pour que sa division se mette en marche avant la nuit, afin
qn^elle joigne aussi à 8 heures du matin la gauche de la division du
général Levai, en avant de Thumbach, et suive ensuite sa marche.
Le général Lariboisière donnera ordre au parc d'artillerie de partir
pendant la nuit pour suivre la marche du corps d'armée sur Baireuth,
et il le fera établir demain 7 octobre à Creussen.
Le quartier général du corps d'armée partira sur-le-champ d'Am-
berg et se rendra à Thumbach. Demain 7 il sera établi à Baireuth.
L'ordonnateur prendra toutes les mesures nécessaires pour faire
transporter à la suite du corps d'armée le pain, la viande, l'eau-de-
Tie et le sel, provenant des versements que la liégence du Haut-Pa-
latinat a fait opérer, et il dirigera de suite sur les divisions, ainsi
qne sur le parc, le pain qui leur manque pour que la troupe en ait
ponr 4 Jours, et, aussitôt que ce pain sera arrivé, MM. les généraux
ordonneront que la distribution en soit faite, afin que les soldats
aient constamment pour 4 jours de pain et 2 jours de viande, con-
formément aux instructions de l'Empereur.
À compter de demain aucune éwicuation ne devra être faite sous
quelque prétexte que ce soit par Amberg sur Ratisbonne ; mais du
moment que le corps d'armée sera arrivé à Baireuth, les évacuations
de malades, de prisonniers et d'effets quelconques, auront lieu sur
Forchheim, d'où les malades et prisonniers seront dirigés sur d'autres
points par le commandant de cette place et où les militaires conva-
lescents du corps d'armée devront se réunir en exécution de l'ordre
du 3 de ce mois.
Dans la marche qui va se faire, MM. les généraux maintiendront
la plus sévère discipline dans leurs troupes ; ils les feront marcher
Thumbach toutes les troupes de votre division qui sont en arriére de cal
endroit, afin de faire de la plaça au général Lovai , qui a ordre de rassembler
sa diYision en avant de Haag. Dans 8 heures vous recevrez Tordre général ;
mais nj perdez pas un instant pour exécuter les dispositions ci-dessus.
CAMP. DB PBUSSB. 93
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354 CAMPAGNE DE PRUSSE.
dans le plus grand ordre et empêcheront que sous quelque prétexte
que ce soit, hors pour le service, aucun militaire quitte la colonne
« Ils feront arrêter, pour être livré à une commission militaire et
« fusillé de suite, tout militaire ou individu à la suite de Tannée qai
« se porterait au moindre excès de pillage, de désordre ou de vexa-
« tion, et préviendront leur troupe que, quoique Tarmée entre dans
« les États prussiens, la guerre n*est cependant pas encore déclarée
« avec la Prusse, et que ce mouvement a principalement pour but
« d'occuper le pays de Baireutb, afin de garder la droite de la Grande
« Armée, et empêcher que les Prussiens ne puissent la tourner; mais
« si cette armée voulait s'opposer à nos mouvements, l'Empereur
« compte sur le courage de ses braves troupes et leur rappelle la
« gloire qu'elles ont acquise à Austerlitz. » (Les dispositions qui
sont marquées par des guillemets seront mises à l'ordre des divisions
et lues à la tête des compagnies.)
Après cette marche, ainsi que pendant toutes les autres qui seront
faites pendant la campagne, MM. les généraux commandant les divi-
sions de cavalerie et d'infanterie, ainsi que le général commandant
l'artillerie, enverront tous les soirs un officier de leur état-major au
Maréchal commandant en chef pour lui porter le rapport du mouve-
ment et des événements de la journée, ainsi que pour rendre compta
de la prise de position et pour prendre ses ordres * ; s'il arrivait que
la distance fût trop grande pour que l'officier pût venir au quartier
général avec son cheval, il serait autorisé à prendre la poste, et les
frais lui en seraient payés.
M*' SOULT.
LE MARÉCHAL NEY AU MAJOR GENERAL.
Nuremberg, 6 octobre 1806.
J'ai reçu Tordre de mouvement que vous m'avez fait Thon-
neur de m'adresser hier de Wtirzburg. Les intentions de
l'Empereur seront remplies ; je serai le 8 à Baireuth.
1. liS GÉNÉRAL COMPABS AU GÉNÉRAL MARGAR05.
Hûncliberg, 8 octobre 1806.
La division de cavalerie est la seule qui ne se soit pas encore coDformée
à Tordre qu'a douné M. le Maréchal commandant en chef qu*un oQlcier
d'état-major de chaque division se rende tous les soirs au bureau de Tétat-
major pour y prendre les ordres de mouvement et autres dépêches; je vous
prie de prendre des mesures pour que cet ordre soit ponctuellement exécuté
à l'avenir, ainsi que M. le Maréchal vous Ta lui-même recommandé. Aujour-
d'hui nous manquons d'oOiciers d'état-major et il me serait impossible dans
beaucoup d'occasions de suppléer ceui qu'on n'aurait pas envoyés. Le service
en souffrirait nécessairement.
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6 OCTOBRE. 355
Je m'établis aujourd'hui à Hilpoltstein et demain à Pe-
gnitz.
LE MARECHAL KELLERMAKK A L EMPEREUR.
Mayence, 6 octobre 1806.
V. M. a senti la justice des observations que j'ai mises
i>ous ses yeux sur la nécessité que j'aie des fonds à ma dispo-
sition chez le payeur de la 26® division pour faire face aux
dépenses imprévues et urgentes que le bien du service peut
exiger. J'en ai écrit à M. le major général et au ministre
directeur de l'administration de la guerre.
Il se présente dans ce moment une circonstance qui me
fait sentir bien vivement cette nécessité. Le commandant
de lartillerie a épuisé tous ses fonds pour exécuter les ordres
de V. M. 11 a demandé de nouveaux fonds qui ne peuvent pas
tarder d'arriver. En attendant il a besoin de 3,000 fr. sans
quoi il ne peut plus aller en avant. Inutilement j'ai engagé
le payeur à lui faire l'avance de cette somme dont il lui se-
rait tenu compte sur les premiers fonds qu'il aurait à verser
à lartillerie. Je n'ai pu le déterminer. Si j'avais eu des fonds
à ma disposition, je me serais empressé de faire l'avance de
ces 3,000 fr. et le service ne souflfrirait pas. Je réitère donc
lua demande à V. M. Elle sait combien je souffre lorsque des
obstacles insurmontables arrêtent l'exécution de ses ordres.
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7 OCTOBRE
MESSAGE AU SÉNAT.
Quartier imp<$rial, Bamberg, 7 octobre 1806.
Sénateurs, nous avons quitté notre capitale pour nous ren-
dre au milieu de notre armée d'Allemagne, dès l'instant que
nous avons su avec certitude qu'elle était menacée sur ses
flancs par des mouvements inopinés. A peine arrivé sur les
frontières de nos Etats, nous avons eu lieu de reconnaître
combien notre présence y était nécessaire, et de nous applau-
dir des mesures défensives que nous avions prises avant de
quitter le centre de notre Empire. Déjà les armées prussien-
nes, portées au grand complet de guerre, s'étaient ébranlées
de toutes parts ; elles avaient dépassé leurs frontières ; la Saxe
était envahie, et le sage prince qui la gouverne était forcé
d'agir contre sa volonté et contre l'intérêt de ses peuples. Les
armées prussiennes étaient arrivées devant les cantonnements
de nos troupes. Des provocations de toute espèce, et même
des voies de fait, avaient signalé l'esprit de haine qui ani-
mait nos ennemis et la modération de nos soldats, qui, tran-
quilles à l'aspect de tous ces mouvements, étonnés de ne re-
cevoir aucun ordre, se reposaient dans la double confiance
que donnent le courage et le bon droit.
Notre premier devoir a été de passer le Rhin nous-même,
de former nos camps et de faire entendre le cri de guerre,
lia retenti au cœur de tous nos guerriers. Des marches com-
binées et rapides les ont portés en un clin d'œil aux lieux
que nous leur avions indiqués. Tous nos camps sont formés;
nous allons marcher contre les armées prussiennes etrepous-
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7 OCTOBRE. 357
ser la force par la force. Toutefois, nous devons le dire, notre
cœur est péniblement affecté de cette prépondérance cons-
tante qu'obtient en Europe le génie du mal , occupé sans
cesse à traverser les desseins que nous formons pour la tran-
quillité de l'Europe, le repos et le bonheur de la génération
présente, assiégeant tous les cabinets par tous les genres de
séduction, égarant ceux qu'il n'a pu corrompre, les aveuglant
sur leurs véritables intérêts, et les lançant ^au milieu des
partis, sans autres guides que les passions qu'il a su leur
inspirer.
Le cabinet de Berlin lui-même n'a point choisi avec déli-
bération le parti qu'il prend ; il y a été jeté avec art et avec
une malicieuse adresse. Le Roi s'est trouvé tout à coup à cent
lieues de sa capitale, aux frontières de la Confédération du
Rhin, au milieu de son armée et vis-à-vis des troupes fran-
çaises dispersées dans leurs cantonnements, et qui croyaient
devoir compter sur les liens qui unissaient les deux Etats et
sur les protestations prodiguées en toutes circonstances par
la cour de Berlin.
Dans une guerre aussi juste, où nous ne prenons les armes
que pour nous défendre, que nous n'avons provoquée par au-
cun acte, par aucune prétention, et dont il nous serait im*
possible d'assigner la véritable cause, nous comptons entiè-
rement sur l'appui des lois et sur celui de nos peuples, que
les circonstances appellent à nous donner de nouvelles preu-
ves de leur amour, de leur dévouement et de leur courage.
De notre coté, aucun sacrifice personnel ne nous sera pénible,
aucun danger ne nous arrêtera, toutes les fois qu'il s'agira d'as-
surer les droits, l'honneur et la prospérité de nos peuples.
Napoléon,
l'empereur a m. pouché.
Bamborg, 7 octobre 1806.
Vous verrez l'état de la question actuelle dans les publi-
cations faites aU Sénat. Donnez, dans ce sens, une direction
a l'opinion. Ce n'est pas nous qui avons changé, c'est la
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358 gampàone de prusse.
Prusse qui a changé elle-même, qui, divisée en tout temps
entre le parti de la guerre et celui de la paix, succombe au-
jourd'hui sous le parti de la guerre.
L EMPEREUR A M. DE TALLETRAND.
Bamberg, 7 octobre I8O6.
Vous trouverez ci-joint la lettre du roi de Prusse. Je ne
Tai lue que très légèrement. C'est un mauvais libelle. Vous
pourrez cependant préparer une réponse, si jamais il la fai-
sait imprimer. Je vous envoie ma lettre au Sénat, signée ; vous
renverrez par un courrier extraordinaire, avec votre rapport,
que vous modifierez selon les dernières circonstances. Puisque
nous devons à la bonne politique de la cour de Berlin de
nous avoir fourni une pièce aussi importante que sa dernière
note, cela dit tout. Vous y joindrez copie des notes adressées
à M. de Knobelsdorf au moment où je faisais partir mes
troupes de Paris. Ce qu'il y a de plaisant dans tout ceci, c'est
que les Prussiens me donnent leur ultimatum le 8, et que
moi, sans le savoir, j'étais entré le 7 dans le pays de Baireuth^
et que j'avais commencé mes mouvements. J'espère que de
grands événements se passeront d'ici à unv mois, et que le
Roi s'apercevra que les conseils des femmes sont funestes. Le
roi de Wurtemberg m'assure qu'un courrier est parti pour
Saint-Pétersboui'g avec un mémoire politique et une lettre
de la reine de Prusse pour demander 100,000 hommes au
Czar. Vous saurez que ce vieux fou de duc de Brunswick a
écrit au roi de Wurtemberg une lettre où il le menace de plan-
ter l'aigle prussienne à Stuttgart. Cela ne fera pas mal le
pendant de sa proclamation d'il y a quatorze ans.
l'empereur a m. OTTO.
Bamberg, 7 octobre 1806.
Je vous envoie une lettre pour le roi de Bavière ; je l'en-
voie sous cachet volant pour que vous en preniez connais-
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f
7 OCTOBRE. 359
sance. Envoyez un courrier au prince Eugène, pour lui ap-
prendre qjie je suis à Bamberg et que les hostilités ont
commencé le 7. Je désire que lui et vous gardiez cela pour
vous. Il est même assez convenable que le roi de Bavière ne
fasse connaître le commencement des hostilités que dans
quelques jours. Pressez les mouvements des Bavarois. L'Au-
triche paraissant être dans le système de ne rien porter sur
rinn, il faut imiter ses mouvements. Je désire que le corps
du général Deroy se sépare en deux, et que 8,000 hommes,
se portant sur Ingolstadt, puissent être en peu de jours sur la
Regnitz derrière Bamberg, si cela devenait nécessaire. Ré-
pondez-moi là-dessus et faites-moi connaître quel serait le
général qui conmianderait cette nouvelle division.
l'eMPEBEUR au roi de BAVIÈRE.
Bainberg, 7 octobre 1806.
Monsieur mon Frère, je reçois enfin une lettre du roi de
Prusse. Je ne puis vous envoyer la lettre qu'il m'a écrite ;
c'est une rapsodie copiée des journaux anglais et qui a vingt
pages; mais voici la note que M. de Knobelsdorf a remise et
que je reçois à l'instant. Vous y trouverez ma réponse dans
ma proclamation à l'armée. Le roi de Prusse a donc déclaré
la guerre ! Il me menaçait donc de la commencer le 8 ! Sans
doute il voulait empêcher la jonction des forces que je fais
venir de France ; il ne se doutait pas qu'elles étaient arri-
vées, et que ma Garde même, qui n'est partie de Paris que le
22 septembre, était à Bamberg dès le 5 octobre. Je ne puis
cependant que me louer de ce soin qu'ils ont eu de bien
constater mon bon droit aux yeux de l'Europe.
Des lettres analogues furent adressées au roi de Wurtem-
berg et au prince Primat. La lettre au prince Primat porte
ce post-scriptum : « Je pense qu'il est convenable que Votre
« Altesse envoie confidentiellement cette note à tous les
« princes de la Confédération, pour faire connaître l'état de
« la question, »
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360 CAMPAGNE DB PRUSSE.
L EMPEREUR AU ROI DE WURTEMBERG.
Bamberg, 7 octobre 1806.
Monsieur mon Frère, après ce que Votre Majesté m'a dit,
je compte que son armée sera prête le 10 octobre à Mergent-
heim. Je la prie de m'en envoyer un état de situation par
un de ses officiers, afin que je puisse sans délai lui donner
un ordre de marche.
GOUVERNEUR DE PARIS.
Bamberg, 7 octobre 1806.
Je n'ai pas encore reçu une lettre de vous. Je désire ce-
pendant recevoir quelquefois de vos rapports. Faites-moi
connaître la situation des 15* et 58*, l'état de l'arrivée des
conscrits et les progrès des remontes des régiments de dra-
gons qui sont sous vos ordres.
l'empereur AU VICE-ROI d'iTALIE
Bamberg, 7 octobre 1806.
Les hostilités ont commencé aujourd'hui, ayant fait entrer
mes troupes dans le pays de Baireuth. Pour ne pas donner
d'inquiétude au public, il est inutile d'en parler. Faites ap-
procher, sous prétexte de les passer en revue, les 9 escadrons
de cuirassiers sur Brescia, afin que, si j'en avais besoin, vous
puissiez les faire passer par la Rocca d'Anfo et Insprtick,
pour me joindre. Vous ferez mettre ces escadrons sur le pied
de guerre, au moyen de tous les hommes disponibles des
4*" escadrons. Toutes les nouvelles que j'ai sont que l'Autri-
che ne fait aucun mouvement, et qu'elle envoie, au contraire,
ses troupes du côté de laGallicie et dé laSilésie. Vous deveï
être à même de voir ce qu'elle fait en Italie. Les conscrits
doivent vous arriver.
J'ai envoyé à Gênes le 16*^ de ligne pour qu'il soit plus
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7 OCTOBRE. 361
près, de sorte qu'il y a dans cette ville deux beaux régiments
qai ne laisseraient pas de vous être fort utiles.
Envoyez-moi, par le Tyrol, de vos aides de camp, qui au-
ront soin, en venant chercher des nouvelles de l'armée, de
prendre des précautions. Us iront prendre langue à Forch-
heim, petite place forte sur la Regnitz. Ils tiendront note de
ce qu'ils auront vu sur mes derrières, pour pouvoir m'en ren-
dre compte * à leur arrivée.
Jusqu'au moment où l'on puisse apprendre la nouvelle de
quelque événement majeur, faites courir indirectement le
bruit que tout s'est arrangé avec la Prusse ; cela diminuera
beaucoup la sollicitude.
LE MAJOR GENERAL AU MARECHAL DAVOUT.
BaiDberg, 7 octobre 1806, 4 heures du matin.
L'Empereur ordonne, M. le Maréchal, que vous portiez
votre quartier général dans la journée du 7 à Lichtenfels et
que vous poussiez votre première division pour cantonner
autour de Lichtenfels 5 vos deux autres divisions seront can-
tonnées entre Bamberg et Lichtenfels de manière que de-
main 8 tout votre corps d'armée puisse être réuni en masse
lie guerre en avant de Kronach et être en mesure de soute-
nir le maréchal Bemadotte, qui doit dans la journée du 9
se porter sur Lobenstein et sur la Saale. (Voir pour la posi-
tion de l'armée, la dépêche du 6 au maréchal Bemadotte.)
X. Tout doit être un sujet d'observation pour des officiers d*état-major
aussi bieo peudont les missions que dans leur service journalier. Non seule-
ment ils répondront franchement aux questions que les généraux leur pose-
ront, mais môme ils n*hésiteront pas à leur signaler ce qu'ils ont constaté
<ie rontraire au bien du service. Plus ils seront indépendants de caractère,
plus ils rendront de services aux généraux, plus ceux-ci pourront on tirer
parti. — M'en rendre compte signifie que Tofflcier ne doit pas attendre d'ôlre
interrogé pour faire connaître ce dont il a pris uote.
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362 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MAJOB GÉNÉRAL AU GRAND-DUC DE BEBG.
Bamberg, 7 octobre 1806, 4 heures et demie du matin.
L'Empereur ordonne à V. A. de porter son quartier géné-
ral à Kronach aujourd'hui 7. Elle recevra dans la journée
une instruction sur ce qu'elle aura à faire.
Vous voudrez bien, Monseigneur, donner sur-le-champ
Tordre au général Beaumont de se diriger sur Kronach avec
sa division de dragons, à la division de dragons Sahuc de se
diriger sur Lichtenfels.
Donnez également l'ordre aux deux divisions de grosse
cavalerie de se rapprocher en prenant de nouveaux canton-
nements dans la journée de demain 8, entre Bamberg et Lich-
tenfels.
Quant aux divisions Klein et Grouchy, elles doivent sui-
vre leur marche pour vous rejoindre.
LE MAJOR GÉNÉRAL A l' ADJOINT DESNOTERS.
Bamberg, 7 octobre 1806, 4 heures et demie du matiu.
Il est ordonné à l'adjoint à l'état-raajor Desnoyers de par-
tir sur-le-champ pour se rendre sur le chemin de Bamberg à
Baireuth ; il s'arrêtera à l'extrême frontière, il interrogera
les habitants et les voyageurs afin d'avoir des nouvelles du
maréchal Soult qui doit être entré à Baireuth à midi \ il n'en
dira rien à personne et, du moment qu'il sera certain que
l'armée française est à Baireuth, il me l'écrira par une esta-
fette ou par un homme du pays -, de sa personne, M. Des-
noyers se rendra à Baireuth et rapportera à l'Empereur tous
les renseignements qu'il aura pu se procurer sur la situation
de l'armée du maréchal Soult, ainsi que tous ceux qu'il aura
pu recueillir sur la situation de l'ennemi àHof. U prendra
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7 OCTOBRE. 363
également des notes sur rabondance des subsistances et la
manière de vivre dans le pays de Baireutb \
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL AUGEREAU.
Bamberg, 7 octobre 1808.
L'intention de TEmpereur, M. le Maréchal, est que vous
traversiez la ville de Bamberg demain 8 dans la matinée,
que vous suiviez la route de Coburg passant par Hallstadt et
Obemdorf où vous passerez le pont de bateaux. Vous pren-
drez vos cantonnements à la rive droite du Mayn, entre
Obemdorf et Coburg.
L'intention de S. M. est que demain à midi toute votre
arrière-garde ait traversé Bamberg et qu'il ne reste pas un
homme de votre armée en arrière.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU GRAND-DUC DE BERG.
Bamberg, 7 octobre 1806, lo heures du matin.
L'Empereur ordonne à S. A. le grand-duc de Berg de se
rendre aujourd'hui 7 à Kronach. Quoique la guerre doive
être déclarée dès aujourd'hui, aucune cavalerie ne doit ce-
pendant dépasser la frontière afin de ne pas instruire l'en-
nemi plus tôt qu'il ne le sera.
Nous devons être aujourd'hui à Baireuth ; il est donc pro-
bable que l'ennemi ne sera instruit que demain à midi ou
demain au soir du commencement des hostilités.
Il y a à l'avant-garde trois brigades de cavalerie légère ; il
faut y mettre beaucoup d'ordre.
La brigade attachée au maréchal Bemadotte est comman-
dée parle général Watier ; elle débouchera demain matin,
1. Les missions ool presque toujours des objets multiples. 11 appartieni
*^x généraux de savoir tracer aux offlciers leurs instructions de telle sorti*
qu'ils rapportent de leurs courses et de leurs tournées tous les renseigne-
ments désirables, afin d'éviter l'envoi d'un nouvel o£Bcier pour un objet qui
aurait pu 6tre reaipli par le premier.
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364 CAMPAGNE DE PRUSSE.
fera prisonnier tout ce qu'elle pourra, s'avancera le plus
loin possible et battra tout le pays pour avoir des renseigne-
ments.
Le général de brigade Milbaud, après avoir dépassé Lo-
benstein, se jettera sur la gauche et reconnaîtra ctf qu'il y a
à Saalfeld et Grafenthal.
La cavalerie du maréchal Lannes que commande le géné-
ral Treillard et qui sera demain matin à Coburg, poussera
en avant sur Grafenthal.
L'intention de l'Empereur est que le Grand-duc se tienne
en position, ayant en avant de lui la brigade du général La-
salle qu'il tiendra le plus réunie possible pour en former
une réserve ; mais il enverra reconnaître la droite sur Hof,
et comme le général Watier qui se portera en avant avec un
régiment en a trois, le Grand-duc se. trouvera avoir en masse
quatre régiments et sera couvert vis-à-vis de lui par le gé-
néral Watier avec un régiment, à sa gauche par le général
Milhaud, à sa droite par le général Lasalle.
Ces trois généraux passeront le Mayn dès demain à une
ou deux lieues chacun sur sa direction, ayant battu et éclairé
le pays.
Il sera attaché un officier du génie à chacun de ces géné-
raux de brigade pour faire la reconnaissance du pays, de
sorte que demain, vera minuit, l'Empereur reçoive à Kro-
nach, où il se trouvera, la reconnaissance de ces officiers et des
trois généraux de brigade* 5 ces reconnaissances devront
porter sur ces trois points :
Peut-on de Saalburg communiquer sur Saalfeld ?
Peut-on communiquer de Saalburg à Hof?
Peut-on communiquer de Lobenstein à Grafenthal ?
Peut-on communiquer de Lobenstein à Hof?
Quelle espèce de communication y a-t-il?
Est-elle propre à l'infanterie, à la cavalerie et à l'artil-
lerie ?
Quelle est la situation de l'ennemi du côté de Hof, du
1. De Saalburg à Kroaach, il y a 60 kilomètres en pays de montagne.
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7 OCTOBRE. 365
côté de Saalburg, et surtout celle de la grande chaussée de
Leipzig?
Quelle est sa position sur Grâfenthal et Saalfeld, c'est-à-
dire sur la communication de Coburg à Naumburg ?
L'Empereur envoie le Grand-duc, de sa personne, à cette
reconnaissance, exprès pour que S. M. puisse connaître au-
tant que possible la position de F ennemi et profiter de notre
première irruption pour frapper un gi'and coup.
S'il y a une brigade d'infanterie du maréchal Bernadette
qui puisse être demain au soir sur une bonne position en
avant de Lobenstein et d'Ebersdorf, on la fera pousser jus-
que-là.
Le maréchal Bemadotte, avec son corps d'armée, doit
prendre une bonne position sur la hauteur de Saalburg.
Probablement que les ponts de la Saale seront coupés ; il
faudra les faire réparer sur-le-champ, et pour cela il sera
nécessaire que les pontonniers du maréchal Bernadette
soient en avant.
Pour que l'Empereur soit certain d'avoir des nouvelles
demain à Kronach, il faut que le Grand-duc tienne des offi-
ciers d'état-major à mi-chemin.
S. A- est prévenue que le maréchal Soult sera demain au
delà de Miinchberg.
l'empereur à m. de la marche.
Bamberg, 7 octobre 1806.
Monsieur l'officier d'ordonnance, vous vous rendrez sur
les limites du pays de Baireuth. Le maréchal Soult a dû y
arriver aujourd'hui. Cependant vous n'entrerez dans ce pays
que quand vous saurez que les Français y sont arrivés. Vous
porterez la lettre ci-jointe au maréchal Soult, et vous revien-
drez me joindre à Kronach, où je serai demain à la pointe
du jour.
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366 CAMPAGNE DE PRUSSE.
l'empereur au maréchal 80ULT.
Bamberg, 7 octobre 1806.
Je vous ai expédié, le 5 octobre, de Wttrzburg, un de mes
oificiers d'ordonnance. H n'est pas encore de retour, non plus
que l'adjoint qui vous a porté les ordres du major général.
Je ne vous en suppose pas moins rendu aujourd'hui à Bai-
reuth. Mon quartier général sera aujourd'hui, à minuit, à
Kronach, où je désire apprendre de vos nouvelles et savoir
ce que vous aurez vous-même appris de nouveau. Je désire
connaître en même temps, d'une manière positive, le nom
du lieu où vous passerez la nuit du 8 au 9. La cavalerie lé-
gère de la réserve débouchera le 8 par Lobenstein et pous-
sera des partis du côté de Hof, afin d'avoir le 9 de vos nou-
velles.
J'ai reçu ce matin l'ultimatum du roi de Prusse, en date
du 1" octobre. C'est le comble de la déraison et de la folie.
Il ne veut rien moins que nous faire évacuer l'Allemagne
par journées d'étapes. Il me donne pour tout délai^ pour ré-
pondre, jusqu'au 8 octobre.
Vous devez être entré sur son territoire le 7 ; ainsi il n'aura
pas à se plaindre de nous. Ils ont tiré quelques coups de cara-
bine sur la gauche.
Vous recevrez mon ordre du jour pour la guerre ; il sera
distribué demain matin.
l'empereur au maréchal LANNE8.
Bamberg, 7 octobre 1806, a heures apréfl-midl.
J'avais donné au général Victor une division dans le
corps du maréchal Augereau, composée de deux régiments
d'élite. Grondez-le de ma part du mal qu'il a dit du 14* de
ligne, qui est un des plus beaux régiments de l'armée. Tou-
tefois je vois avec plaisir que vous le preniez pour chef d'ê-
tat-major. Le maréchal Berthier expédie sa commission.
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7 OCTOBRE. 367
C'est un homme solide et en qui j'ai confiance. Je lui en
donnerai des preuves aussitôt que les événements me le per-
mettront.
Vous arriverez demain à Coburg. Prenez une bonne posi-
tion en avant de cette ville. L'ennemi peut être de deux
côtés contre vous ; il peut venir par le chemin de Gotha, et par
Eisfeld et Saalfeld. La cavalerie légère du centre, qui dé-
bouche le 8 au matin par Lobenstein, enverra des reconnais-
sances sur Grâfenthal. Le maréchal Augereau dépassera
demain Bamberg pour arriver demain soir près de Coburg.
11 est nécessaire, avant de vous porter trop en avant sur la
route de Grâfenthal, que vous ayez des nouvelles positives
que le maréchal Augereau a passé le pont duMayn, àObern-
dorf. D après tous les renseignements que j'ai pu me procu-
rer, il paraît que les principales forces de Tennemi sont sur
Xaumburg, Weimar, Erfurt et Gotha.
Je serai aujourd'hui, à deux heures après minuit, à Kro-
nach.
Du moment que vous entrerez à Coburg, vous m'enverrez
tous vos rapports à Kronach. Il est fort urgent qu'ils m'arri-
vent vite, afin que je puisse comparer vos rapports avec ceux
qui m'arri vent d'autres côtés et juger des projets de l'ennemi.
Je pense que vous devez placer deux piquets, chacun de
5 chasseurs, entre Coburg et Kronach, afin que vos rapports
puissent arriver rapidement et être fréquents *.
Dans tout événement, votre ligne de retraite est sur Bam-
berg. D est possible que je fasse attaquer l'ennemi à Saalburg.
Je le ferai attaquer le 9. Faites ouvrir les lettres à Coburg et
à la poste de Neustadt; cela pourra vous donner quelques
renseignements. Placez-vous très-militairement. Je vois avec
plaisir que vous arriverez demain de très-bonne heure à Co-
burg ; cela vous mettra à même de vous placer très-militai-
rement et d'avoir déjà reconnu tous les débouchés de la route
qui arrive de Saalfeld et de celle qui arrive d'Eisfeld.
1. Il y a so à 85 kil. de Coburg à Kronach à travers un paya montagneux.
I^ postes de correspondance sont échelonnés de lo à 18 kil.
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368 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Ecrivez-moi très-fréquemment.
Arrivé à Coburg ou à Neustadt, envoyez-moi tous les ren-
seignements que vous pourrez vous procurer sur la route de
Grâfenthal à Lobenstein et à Saalburg. Arrangez vos affaires
comme si, deux ou trois jours après avoir abandonné Coburg,
l'ennemi devait y venir. Il serait, en efifet, possible que l'en-
nemi y vînt^ Tous les embarras que vous avez, dirigez-lcb
sur la citadelle de Kronach, car aujourd'hui vous êtes trop
loin de WUraburg pour pouvoir les envoyer là.
En vous disant plus haut que votre retraite serait sur
Bamberg, je dois ajouter que ce ne doit pas être sur la route
que vous avez prise en venant, mais par la grande chaussée;
et vous trouverez des positions intermédiaires derrière Co-
burg, qui vous mettraient à même de couvrir la route de
Lichtenfels et de Bamberg. Comme j'ai beaucoup de troupes
à Lichtenfels et à Kronach, vous serez soutenu non seule-
ment par le maréchal Augereau, mais encore par tout le
corps du centre.
J'ai reçu ce matin une note de la Prusse du 1*' octobre.
Elle veut ne nous obliger à rien moins qu'à évacuer l'Alle-
magne par journées d'étapes. Quand la nation aura connais-
sance de cette note, elle en frémira d'indignation.
5* corps. !'• division, Hemmerdorf. — Quartier général et 2* di-
vision, Rattelsdorf. — Cavalerie légère, Ddringstadt.
LE MABÉCUAL AUOEREAU AU GÉNÉRAL DUBOBKEL.
Burg-Ebrach, 7 octobre 1806.
Je mets sous vos ordres les 7* et 20* de chasseurs et les 2 compa-
gnies d'artillerie légère qui font partie du corps d'armée. Vous vou-
1. Dans la marche qu*il entreprend, l'Empereur estime qu*il peut dire atta-
que sur ses deux flancs : sa ligne d'opérations sera donc perpendiculaire sur
la ligne de marche de l'armée; il la fait passer par Kronach, Schleiz, Auma.
La route suivie par la colonne est seule la ligne d'opérations do l'année, la
route sur laquelle marchent les grands parcs d'artillerie et du génie ; car le
Commandant de l'armée peut attirer ses ailes sur son centre et les routes
suivies par les corps des ailes ne sont plus protégées.
La ligne d'opérations d'une armée est donc la route la plus courte qui conduit
do cotte armée à la place forte servant de pivot à ses mouvemenis.
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"ITF . '
7 OCTOBRE.
369
(Irez bien les réunir sans retard. J'écris en conséquence à MM. les
généraux de division. Vous correspondrez directement avec M. le
chef de rétat-major général.
MM. les généraux de division ne devront garder que le nombre
d'ordonnances strictement nécessaire pour faire le service.
Au général Depjardins, — Vous voudrez bien vous mettre en mar-
che demain de grand matin avec tout ce qui compose votre division
et vous vous dirigerez sur Bamberg où vous devrez passer au plus
tard à 9 heures du matin ; vous continuerez votre marche sur la
route de Coburg passant par Hallstadt et Oberndorf où vous trouve-
rez un pont de bateaux.
Au général Heudelef, — Môme ordre. Vous devrez être passé à
Bamberg au plus tard à 10 heures * ; vous emmènerez aussi le 14*
de ligne qui se trouve derrière votre division et qui en fait provisoi-
rement partie, les deux bataillons du grand-duc de Darmstadt et le
bataillon de Nassau. Vous continuerez, etc.
Ordre au général Dorsner de suivre la marche de la division Heu-
delet avec toute son artillerie , de manière à traverser Bamberg au
plus tard vers 10 heures.
Position de la réserve de cavalerie le 7 octobre.
7 oclohre 1806.
Brigade de hassards Stelnwiosen Observant U route de Lobensteiii.
Brigade de chtMeurs .... Steinwiesen Observant ie val Rodacb et I.»
communications sur Schviciii-
furt.
Quartier général de Uréicrvo. Kronach.
IMiviBîon de dragons . . . Sur la route de Bamberg
k Wûrzburg.
•* "~ ... En roule pour Wûrzburg.
^ "~ ... Kflp» Tenant tous le» villages depuis
Trieb Jusqu'à Ncuses iniloâi-
veraent, observant par sa droite
la route de Culmhach et par su
gauelie celle de Coburg.
* — . . • StaffcUtein Tenant tous les villages depuis
Ebensfeld inclusivement jus-
qu'à Trieb exclusivement, oii-
servant par sa droite les com-
miinicntions sur Haireuih et par
sa gauche celles de Coburg.
l'«divislonde cuiraaelers. . Eltmann Wa pas changé de posiUon.
' — . . Barg-£bracU IJ.
^*"î- • • . Ebraob Id.
Le général de division, chef de V état-major général,
Belliaiid.
I. Le commandant de corps d'arratîo fixe l'heure du passage de chacune de
ses divisions en un point, mais en calculant cette heure en chiffres ronds.
CAMP. DR PRU8SB. 24
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370 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE OÉMÉRÂL BBLLIARD AU GÉNÉRAL BEAUUONT.
Bamberg, 7 octobre 1806.
D'après les ordres du Prince, vous partirez de suite de vos canton-
nements ; vous vous porterez en avant sur Kronach, tenant depuis
Lichtenfels exclusivement jusqu'à Neuses inclusivement. Vous éta-
blirez votre quartier général à Kfips. Aussitôt votre établissement,
veuillez m' envoyer deux sous-officiers d'ordonnance* avec l'état de
vos cantonnements.
Le général Sahuc sera établi en arrière de vous et aura son quar-
tier général à StafFelstein ; mettez-vous en communication avec ses
postes de Lichtenfels. Je crois que vous ferez bien de ne pas passer
à votre gauche le petit village de Trieb. Donnez les ordres pour
qu'un brigadier et 4 hommes se rendent à Unter-Obemdorf pour
servir d'escorte au Prince ; établissez deux autres postes à StafFel-
stein et à Zettlitz pour le même usage. Je vous prie de faire retenir
et garder de suite aux postes de Staffelstein et de Zettlitz 8 chevaui
de poste pour le Prince.
Le quartier général sera établi aujourd'hui à Kronach *.
Ordres donnés de Bamberg le 7 :
Au général Sahuc de venir s'établir depuis Ëbensfeld exclusive-
ment jusqu'à Lichtenfels inclusivement sur les deux rives du Mayu,
en se gardant militairement sur Coburg ;
Au général Nansouty de resserrer ses cantonnements sur Bamberg
et Hallstadt, et de venir s'établir demain 8 à Staffelstein ;
Au général d'Hautpoul de s'approcher de Bamberg aujourd'hui,
J. Au corps de réserve de cavalerie, les sous-ofliciers d'ordonnance envoyés
le soir par chaque division à Tétat-major général remplaçaient rofflcierd'éta:-
major envoyé dans les autres corps d*amiée par chaque général do divisiou
au quartier général du corps d*armée.
2. ORDRE.
Bamberg, 6 octobre 1806.
Lo chef de bataillon Leclaire, vaguemestre général, partira demain avec
(ous les équipages do l'état- major géuéraJ, pour sç rendre à Lichtenfels. le
« à Kronach, où il attendra de nouveaux ordres. Il préviendra de son départ
l'ordonuateir en chef, le directeur de la poste, le payeur, et réglera llieurc
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^W^'.
7 OCTOBRE.
371
et de s'établir demain depuis Kemmern inclusivement jusqu'à Ebens-
feld exclusivement ;
Au général Klein de s'établir demain 8 dans les villages les plus
rapprochés de Bamberg sur la route de Wîirzburg ;
Au général Lamartinière d'établir le parc demain 8 à Hallstadt ;
Au général Watier * d'être rendu le 8 à 6 heures du matin sur le
plateau de Nordhalben où sa brigade se réunira aux brigades des
généraux Lasalle et Milhaud, et d'y attendre de nouveaux ordres.
de son départ et le lieu du rendez-vous où les équipages seront escortés par
des gendarmes. M. le clief de bataillon Leclaire donnera des ordres à MM. les
adjoints Guyardclle, Moreau et Forgeot de partir avec lui. MM. Bedot, Galde-
niar, Sonis et Paskowski resteront à Bamberg jusqu'à nouvel ordre.
Le général de division,
Bblliard.
Cet ordre fut modifié ; le quartier général de la réserve de cavalerie alla
coucher à Kronacb.
OttDRB DB SBRYICB POUR MM. LES 0FPICIBR8 DE L*iTAT-MAJOR DE LA RK8BRVB
DE CAVALERIE
Quartier général à Bamberg, 7 octobre 180G.
Il y aura tous les jours deux officiers de service à l'état-major, l'un sera
toujoui;^ prêt à partir, l'autre sera chargé des détails de l'expédition des or-
donnances, de recevoir les dépêches, de donner dos reçus. Lorsqu'il expé-
diera des ordonnances, il prendra l'heure du départ, le nom de l'ordonnance,
le lieu où elle est expédiée, l'officier à qui elle est adressée ; il exigera qu'on
lui apporte des reçus ; il couchera au bureau.
Les officiers de l'état-major marcheront toujours avec le chef de l'élat-ra^'or
poar pouvoir recevoir les ordres. Dès qu'ils seront arrivés, ils se rendront à
lelal-major pour y recevoir les ordres du général Belliard; ils auront soin de
donner leurs adresses et do les inscrire sur le registre qui sera établi à cet
«tfei. lis seront tous les matins à c heures précises à rétat-major. Ils s'y ren-
dront exactement avec leurs chevaux à l'heure qui aura été indiquée pour le
départ. Le service pour* le bureau commencera par l'ancienneté, celui pour le
départ par les moins anciens de grade.
Le général de division,
chef de l'élat-major général,
Bblliard.
Pendaut les opérations, la correspondance était enregistrée sur des cahiers
'ie papier de petit format, que l'on pliait et que l'on mettait dans la poche
pour pouvoir les emporter à cheval. On recopiait les ordres donnés sur des
registres, lorsqu'on en avait le temps. Les petits cahiers étaient ensuite réunis
et reliés ensemble sous forme de registres. Dans l'intervalle des opérations,
on écrivait immédiatement sur les registres.
Les registres de correspondance et le registre d'ordres de la réserve de ca-
valerie pendant les campagnes de 1806-1807 existent.
i. La cavalerie légère du i«f corps coucha le 7 à Rodach.
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372 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Ordres donnés de Kronach le 7 :
Au général Beaumont de venir s'établir demain 8 à Steinwiesen
s'ctendant depuis Zeyern jusqu'à Steinwiesen inclusivement ; le
quartier général du Prince sera à Steinwiesen ou Nordhalben :
Au général Sahuc de s'établir le 8 depuis Zettlitz jusqu'à NeuFes
inclusivement, ayant son quartier à Kronach ; prendre du foarre^c
et de l'avoine pour 2 jours ; les dragons peuvent faire des trousses ;
il faut prendre des précautions pour le passage de la montagne ; re-
commandez aussi que l'on conserve autant que possible les 4 jours
de pain ;
Au général Nansouty de venir après-demain 9 à Kiips ; faire de*
journées ordinaires et continuer à marcher sur la route de Loben-
Btein ;
Au général d'IIautpoul de partir après-demain 9 de Zapfendorf
pour venir à Lichteufels ; le parc de réserve sera immédiatemeut
sous vos ordres et parquera à une demi-lieue de votre division ; il
sera le 9 à Ëbensfeld ;
Au général Klein de remplacer le général d'Hautpoul dans se»
cantonnements ;
Au colonel Lacour, du 5* de dragons, d'aller prendre le comman-
dement des petits dépôts de cavalerie à Forchbeim.
LE SOUS-LIEUTENANT REMY, DU 5" DE HU8SABD9,
AU COLONEL SCHWARZ.
Rapport du 7 octobre 1806,
D'après le rapport qui m'a été fait aujourd'hui, il n'y a plus de
troupes ennemies à Strassdorf, Naila, Geroldsgriinn, etc. Dans cha-
cun de ces endroits il y avait deux ou trois hussards qui sont retour-
nés à leur troupe qui se trouvait à Hof. Samedi dernier ' , cette
cavalerie, le 3® bataillon du régiment de Byla de 700 hommes d'in-
fiinterie, sont partis de Hof pour Plauen, d'où ils doivent se diriger
dans la principauté de Reuss ; à ces troupes était joint un corps de
Saxons, qui était tellement nombreux que son passage à Hof dan
environ trois heures. Ces troupes saxonnes étaient arrivées aux ent-
rons de Hof vendredi dernier et elles en sont également parties le
lendemain avec les Prussiens auxquels elles étaient jointes ; elles ont
1. Samedi 4 octobre.
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•j^f^zr
7 OCTOBRE.
373
la même destination. On dit qu*à Hof il ne reste en ce moment que
(les milices du pays pour le service de la place. Le bruit court aussi
que par ordre supérieur les habitants du pays sont tenus de recevoir
amicalement les Français.
Des voyageurs disent que l'armée prussienne se porte sur Franc-
fort, qu'elle se dirige par la Thuringe ; les Prussiens ont coupé un
pont à Saalburg où ils commencent des retranchements.
Les compagnies du 27* régiment d'infanterie légère partent en ce
moment pour se rendre à Nordhalben ; si ma présence ici, d'après
cela, devenait inutile, je vous prie, mon colonel, de me faire ren-
trer.
LE MARECHAL BERNADOTTE AU MAJOR GENERAL.
Kronach, 7 octobre 1806.
J'ai l'honneur de vous prévenir que les avis que je viens
de recevoir assurent que les Prussiens ont quitté Hof pour
se porter sur Plauen \ la veille de leur départ, il était amvé
un corps nombreux de Saxons qui a suivi leur marche et qui
a la même destination. Des rapports annoncent que la grande
armée prussienne manœuvre sur sa droite.
LE MARECHAL BERNADOTTE AU MAJOR GENERAL.
Kronach, 7 octobre 1806.
J ai reçu la lettre que vous m'avez fait Thonneur de m'é-
crire aujourd'hui pour me prévenir que S. A. S. le grand-
duc de Berg devait faire le 8 une reconnaissance vers Gra-
fenthal, Saalfeld, etc.
J'ai Thonneur de vous annoncer qu'au lieu d'une brigade
d'infanterie que vous me dites d'établir en avant de Loben-
stein et d'Ebersdorf, les divisions Drouet et Rivaud y seront
réunies demain de bonne heure -, j'y serai moi-même rendu
de ma personne vers 8 heures.
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374 CAMPAGNE DE PRUSSE.
OBDSE DE MOUVEMENT DU 1*' CORPS POCB LE 8.
Quartier général, Kronacli, 7 octobre 1806.
MM. les généraux de division sont prévenus que d'après les ordres
de TEmpereur, S. A. I. le grand-duc de Berg portera demain 8 sa
cavalerie à Grftfenthal et Saalfeld sur sa gauche, en avant de Lo-
benstein et Ebersdorf au centre, et vers Hof à sa droite.
D'après les nouveaux ordres du major général, la division du gé-
néral Drouet se portera demain en avant de Lobenstein. Il portera
le 27*^ régiment d'infanterie légère en avant d'Ebersdorf. U aura sons
ses ordres le 2^ régiment de hussards et prendra la meilleure position
possible.
La division du général Rivaud dépassera la frontière du pays de
Bamberg et se portera en avant de Lobenstein ; le reste de la cava-
lerie commandée par le général Watier occupera les villages de
Kordhalben et ceux à une lieue en avant sur la route de Lobenstein;
il se gardera dans ses cantonnements et communiquera avec les gé-
néraux Drouet et Rivaud.
La division du général Dupont suivra l'ordre de marche d'hier en
tâchant de se serrer le plus près possible de Nordhalben afin d'être
à même de suivre le mouvement des autres divisions le 9.
Le grand parc d'artillerie sera à Steinwiesen et le quartier général
sera à Nordhalben.
Les équipages des divisions resteront parqués à Nordhalben jus-
qu'à ce que les généraux de division leur donnent des ordres de re-
joindre.
Le général de division, chef de Vétat-major général,
L. Berthieb.
1*' corps. ORDRE DU JOUR DU 7 AU 8.
Kronacli, 7 octobre 1806.
S. A. le prince de Ponte-Corvo témoigne sa satisfaction sur Tordre
qui a régné dans la marche des troupes ainsi que dans celle des con-
vois d'artillerie et des équipages malgré qu'il n'existe pas de vague-
mestre à chaque division.
11 ordonne qu'il n'y ait que les voitures de MM. les généraux et
celle de l'ordonnateur qui suivent l'armée. Celles de MM. les géné-
raux de division marcheront à la suite de l'ai-tillerie de leur division
et celles des généraux de brigade avec les équipages de leur brigade.
Aucune voiture ne pourra couper les convois d'artillerie. Le vague-
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7 OCTOBRE.
375
mestre général devra faire arrêter par la gendarmerie toutes personnes
qui contreviendraient au présent ordre.
3* corps/ Cavalerie légère, en avant de Hochstadt jusqu'à Kronach.
— r* division, en avant de Lichtenfels, la tête à Hochstadt. —
2* division, entre Lichtenfels et Staffelstein. — 3* division, de Staf-
felstein à Ebens'eld. — Quartier général, Bamberg.
LE CHEF d'escadron DESNOYERS,
ADJOINT A l'état-major GÉNÉRAL, AU MAJOR GÉNÉRAL.
Sur la route h 4 lieues de Baireuth, à S heures de
l'aprés-niidi ', le 7 octobre 18J6.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. S. que les troupes
françaises sont en possession ce matin de Baireuth sans y
être entrées.
Le maréchal Soult est à une demi-lieue de la ville. 11 n'y
a aucun ennemi dans la ville.
Jusqu'à présent je n'ai pu me procurer des renseignements
assez précis et qui méritent quelque attention. Je continue
ma route à Baireuth ; dès que j'aurai des détails sur la posi-
tion des deux armées et que je connaîtrai les ressources du
pays, je me rendrai avec célérité au quartier général.
LE MARÉCHAL SOULT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Baireuth, 7 octobre 1836.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. que le corps
d'année a pris position aujourd'hui, en avant et en arrière
de Baireuth '.
1- En-passant par Schesslitz, Wargau et Hollfeld, il y a 56 kilomètres du
Bamberg h Baireuth.
n est probable que le chef d'escadron Desnoyers s'e^t arrête à rexlrômc
'routière vers lo heures. A 3 heures, ayant interrogé les voyageurs, il con-
tinue sa route.
^- LK OisÉRAL COMPAS8 AU PBÉSID:CNT DK L.A RÉOKNCK D3 BAIKKUTII.
Baireuth, 7 octobre I80â.
Je vous invile à désigner de suite 4 guides à cheval connaissant bien lo
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376 CAMPAGNE DE FAUSSE.
Le 8* régiment de hussards formant avant-garde à Ber-
neck.
Les 16* et 11* régiments de chasseurs avec une compagnie
d'artillerie légère sont à Benk.
La division du général Legrand a pris position en arrière
de Bindloch ;
Celle du général Levai en avant de Baireuth ;
Celle du général Saint-Hilaire en arrière de cette ville.
Un détachement garde la route de Culmbach *.
Demain à deux heures après-midi tout le corps d'armée
sera réuni à MUnchbcrg.
Les troupes sont très-bien en pain; elles en ont pour
4 jours et indépendamment j'en ai à la suite pour 2 autres
jours. J'espère que Baireuth m'offrira encore des ressources.
Je fais lever quelques chevaux dans le pays de Baireuth pour
compléter les attelages de l'artillerie.
Je prie V. A. d'agréer que je lui parle encore du IT régi-
ment de chasseurs qui est en tête de la colonne, et que
d'après ce que V. A. me dit à la fin de son instruction du 5,
il semblerait que S. M. approuve que je le garde -, si je suis
dans l'erreur, de Hof je le ferai partir sur Schleiz, où il join-
dra la colonne du centre et liera ainsi la communication,
mais n'ayant alors que deux régiments (le 8* de hussards et
le 16^ de chasseurs) dont la force totale ne s'élève qu'à 750
chevaux, je n'aurai réellement pas assez de cavalerie, et s'il
arrive une circonstance où il faille l'employer avant que
celle de M. le maréchal Ney ait pu me joindre, j'aurai plus
d'une fois à regretter ce régiment ; je ferai certainement de
pays, que vous ferez loger près la maison de M. le gcnëral Compans, chef de
réîat-major général, pour étro à chaque iustanl à sa disposition. Un de ce?
4 guides restera d'ordonnance chez le général Compans, afin d'indiquer le
lo^'ement des 3 autres lorsqu'il plaira au général de les Taire demander.
Je vous préviens que par une nouvelle disposition , au lieu de 3 compa-
gnies de grenadiers qui vous ont été annoncées pour loger dans Baireoili, ie
nombre eu sera porté à 5; veuillez aussi, M. le Président, tenir conllnudlt*-
ment à la disposition de M. le général Compans 2 voitures suspendues ei
couvertes qui seront toujours prêles a marcher au premier ordre.
1. Une grand'garde du 16» de chasseurs était établie sur la route «le
Culmbach ; elle avait un poste de i brigadier et i chasseurs en avant d'elle
à N'eu-Drosenreid.
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7 OCTOBRE.
377
mon mieux pour y suppléer, mais j'ai cru de mon devoir d'en
référer encore à V. A., et de la supplier de nouveau de vou-
loir bien prendre à ce sujet les ordres de S. M., et d'avoir la
bonté de me les faire connaître ; quels qu'ils soient, je m'em-
presserai de m'y conformer.
LE MARECHAL SOULT A L EMPEREUR,
Baireuth, 7 oclobre 1806.
Toutes vos troupes qui font partie du 4* corps d'armée sont
entrées aujourd'hui àBaireuth, le parc d'artillerie seulement
est resté à Creussen.
J'ai porté le 8' régiment de hussards (suivent les mêmes
renseignements sur l'emplacement des troupes que dans le
rapport au major général) \
M. le maréchal Ney me mande que la tête de sa colonne
arrive ce soir à Creussen, et que demain elle sera de bonne
heure à Baireuth.
Je n'ai pas encore vu de soldats prussiens, mais ce soir
I avant-garde sera en présence d'un poste qui est à Gefrees.
D'après les rapports que j'ai reçus, il y a à Hof deux régi-
ments de hussards prussiens et à Aurbach un autre dont on
n a pas pu me dire le nom, deux régiments d'infanterie de
la même nation et un bataillon de grenadiers saxons, le tout
sous les ordres du général Tauenzien.
Le 5 un officier et 8 dragons saxons sont arrivés à Hof, et
ont immédiatement tracé un camp en arrière et à gauche de
la ville pour une division de leurs troupes qui doit, dit-on,
être arrivée aujourd'hui ; cette division est principalement
forte en cavalerie.
i. L'examen de ces doux dépôclies du maréchal Soult montre de suite la
'lifference de renseignements qu'un commandant de corps d'armée doit au
Coramandanl en chef ou à son major général. La correspondance des cora-
raandanls de corps d'armée avec le major général est de l'essence même do
la Grande Armée. Mais les renseignements sur l'ennemi sont l'airaire du Com-
mandant en chef.
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378 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Un autre camp pour 12,000 Prussiens venant du côté de
Leipzig et devant, à ce qu'on dit, arriver aussi aujourd'hui,
a été tracé en même temps sur la droite de celui des Saxons.
Il y a un parc de 40 pièces de canon à droite de Hof sur
la route de Leipzig.
Les magasins qui sont à Hof doivent être considérables.
A Plauen on dit encore qu'il y a deux divisions, Tune
prussienne et l'autre saxonne, et que le restant de l'armée
combinée qu'on élève jusqu'à 80,000 hommes en totalité, est
du côté de Chemnitz.
On prétend que le camp de Leipzig qu'on disait de 40,000
hommes a été levé 5 que 25,000 hommes ont été sur Erfurt et
15,000 sur Hof.
Le prince de Hohenlohe a été appelé à Erfurt, et on an-
nonce pour le remplacer le prince de Wurtemberg.
A Elsterberg, Saalburg, Schleiz, Lobenstein et Tanna,
il doit y avoir quelque infanterie dont la réunion est sur
Hof.
On m'assure à Baireuth que les Prussiens ont mis garni-
son dans le fort de Culmbach et qu'ils se proposent de le dé-
fendre.
Je me confonuerai en tout point aux instructions que
V. M. m'a fait l'honneur de me donner, et, rendu à Hof,
j'aurai soin de lui rendre compte de la situation, force et
disposition de l'ennemi, en même temps que j'établirai la
communication avec Lobenstein, Ebersdorf et Schleiz.
Si l'ennemi est en force à Hof et que je croie utile aux
armes de V. M. d'attendre que le maréchal Ney m'ait joint,
je différerai de l'attaquer; mais, s'il n'y a qu'une avant-
garde, je la pousserai afin d'ouvrir le débouché sur Plauen.
Je n'ai encore pu avoir le rapport sur Dresde ; j'espère
qu'à Hof je serai plus heureux.
Les divisions Levai et Saint-Hilaire ont fait aujourd'hui
dix lieues ; elles sont cependant arrivées deux heures avant
la nuit et ont pris position ; elles n'ont pas laissé 20 homme.^
en arrière. Toutes les troupes ont du pain pour 4 jours et ily
en a pour 2 autres jours sur des voitures qui suivent. J'aurai
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7 OCTOBRE.
379
encore quelques ressources à Baireuth ; je fais aussi lever
dans ce pays quelques chevaux de trait qui manquent pour
compléter les attelages de Fartillerie.
Il me reste à rendre compte à V. M. de la situation de
Baireuth.
Cette ville a 8,000 hommes ; elle est bien bâtie ; elle est
ouverte et située au fond d'un bassin ; les hauteurs qui la
dominent sont généralement couvertes de bois. Le Mayn qui
passe entre la ville et un de ses faubourgs, a les bords escar-
pés et quelquefois marécageux à droite et à gauche de la
ville.
Sur la droite et en arrière, la position qui couvre la grande
route de Nuremberg va toujours en s'élevant vers la droite.
La gauche s'appuie à un terrain marécageux et rempli d'é-
tangs. Cette partie est assez couverte.
Entre la route de Nuremberg et celle de Bamberg le ter-
rain est boisé, marécageux et rempli d'étangs ; ainsi il est
très diflScile, et en cas de défense on pourrait en tirer
parti.
Sur la gauche de Baireuth la position est dominante, et
elle va toujours en s' élevant vers la gauche. Elle couvre
cependant bien la route de Bamberg et défend celle de
Culmbach.
En avant de Baireuth les hauteurs qui dominent la ville
sont très rapprochées, et elles sont couvertes de bois sur une
grande étendue. Ces hauteurs demanderaient beaucoup de
monde pour être défendues.
Au résumé je pense qu'on pourrait tirer parti de la posi-
tion en arrière de la ville avec des forces raisonnables, et
qu'il y aurait des succès à espérer.
ORDRE.
Baireulli, 7 octobre I80n.
Le» troupes du corps d'armée continueront demain 8 octobre leur
mouvement et ae dirigeront sur MUnchberg, en suivant la grande
route de Hof et eh passant par Benk et Berneck.
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380 CAMPAGNE DE PRUSSE.
A cet effet le général Margaron donnera ordre à la cavalerie légère
de se réunir pour 8 heures sur les hauteurs en arrière de Bemeck où
il joindra Tavant-garde et attendra pour se mettre en mouvement
que la division du général Legrand l'ait joint, ou qu'il ait reçu de
nouveaux ordres.
Le général Legrand mettra de bonne heure sa division en mouve-
ment et il réglera sa marche de manière à ce qu'elle ait joint la di-
vision de cavalerie légère sur les hauteurs de Bemeck à 8 heures et
demie du matin.
Aussitôt que la 3* division aura joint la cavalerie, le général Le-
grand détachera à Tavant-garde le bataillon de tirailleurs du Pô pour
marcher immédiatement après le 8* de hussards ou en tête, suivant
la nature du pays, et éclairer la marche de la colonne.
Le général Levai fera rassembler sa division en avant du bourg
de Brandeburg, où les deux premières brigades sont campées, k
5 heures du matin et la mettra immédiatement eu marche pour joindre
la gauche de la 3* division et suivre son mouvement sur Mttnchberg.
Le général Saint-Hilaire fera partir à la même heure sa division
de manière à ce qu'elle joigne la gauche de la 2« division et suiye
ensuite sou mouvement sur Miinchberg.
Le parc d'artillerie partira de Creussen à 5 heures du matin et se
dirigera sur Mtinchberg en passant par Baireuth, Benk et Bemeck.
Le quartier général du corps d'armée sera demain à MQnchberg
ou le Maréchal commandant en chef indiquera par de nouveaux or-
dres la position des divisions et celle du parc.
Dans la marche le Maréchal commandant en chef se tiendra à la
tête de la 3* division ou à la cavalerie, .et donnera de là les ordres
nécessaires *, mais s'il se portait sur un autre point et que pendant
ce temps l'avant-garde ou la réserve de cavalerie eussent des rapports
à faire ou à prendre des ordres, le général Margaron s'adresserait
pour cet effet au général Legrand qui recevra des[ instructions en
conséquence.
Le commandant du génie donnera ordre à la compagnie de sapeurs
de joindre demain de bonne heure la division du général Legrand,
à laquelle elle restera attachéejusqu'à nouvel ordre; cette compagnie
marchera après l'infanterie légère de la division.
A l'avenir, aussitôt que la position des divisions aura été déter-
minée, les commissaires des guerres qui y sont employés prendront
les ordres des généraux qui les commandent, à l'effet de faire porter
sur place par des voitures du pays, tout le bois et la paille nécessaires
1. Dans les marches do j^uerrc, le commandant de corps d'armdo se tient a
la tôte de la division tôLo de colonne et quelquefois même avec la cavalerie
l)0ur être plus rapidement renseigne et pouvoir prendre ses dispositions.
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I
7 OCTOBRE.
381
à la troupe pour se bivouaquer *, mais, s'il arrivait qu'il fût impos-
sible de se procurer un nombre suffisant de voitures, MM. les géné-
raux feront rester les deux tiers des régiments sous les armes, jusqu'à
ce que le bois et la paille aient été procurés par l'autre tiers, qui se-
rait envoyé sous escorte à la corvée.
MM. les généraux défendront qu'aucun militaire puisse sortir du
rang ni quitter son arme sous quelque prétexte que ce soit, avant
que les gardes aient été établies. Ils donneront des ordres pour que,
avant la nuit, il y ait de nombreuses patrouilles et des rondes d'offi-
cier de tout grade sur pied, afin de tenir les postes en alerte, obliger
chacun à faire son devoir et aussi pour éviter toute surprise.
Enfin le Maréchal commandant en chef recommande à MM. les
gc'néraux divisionnaires de donner les ordres les plus précis pour que
tous les officiers de troupe, même les colonels, se tiennent constam-
ment au bivouac avec la troupe, et les invite à lui désigner sans mé-
nagement ceux qui négligeraient de remplir ce devoir, dans l'exercice
duquel MM. les généraux et le Maréchal commandant en chef lui-
même donneront fréquemment l'exemple.
M*' SOULT.
1. CIRCULVIRB A Mil. LES GENERAUX DE DIVISION.
Mùnchborg, 8 octobre 1806.
M. le Maréchal commandaDt en chef a appris avec peine que les troupes
consommaient jouruelleraent, dans leurs bivouacs, de la paille non battue;
ii désire mettre promptement un terme à cet abus qui, outre qu'il est rui-
neux pour l'habitant, pourrait, si l'on ne s'empressait d'y remt^dier, corapro-
loeilre la subsistance de l'armée : c'est pourquoi il m'a chargé d'appeler
loiite votre attention sur cet objet.
La manière qu'il croit la plus propre à remédier à cet abus, — et qu'il vous
engage, mon général, à faire observer rigoureusement, — est celle d'obliger
if rommissaire des guerres de votre division à se trouver tous les jours à la
Ifosiiion qu'elle devra occuper, en môme temps que l'officier d'état-mnjor
<*harsé de la reconnaître, et qu'aussitôt qu'elle sera déterminée, il se rende
lîaiis les villages voisins pour y requérir la paille nécessaire pour les bi-
viiuacs; qu'il prenne, avec les habitants et les autorités locales, les mesures
necewaires pour disposer cette paille hors do leurs granges, do manière que
le soldat puisse la prendre sans y entrer, moyen qui aura l'avantage de pré-
venir les incendies auxquels les villages sont exposés lorsque les soldats
entrent avec du la lumière dans les granges ou dans les maisons.
M. le Maréchal désire aussi que, toutes les fois qu'il y aura possibilité, cette
mesure soit employée pour le bois nécessaire aux bivouacs; il est persuadé
du zèle que vous mettrez à faire exécuter ses intentions.
G*l COMPAKS.
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MMÊm
382 CAMPAGNE DE PRUSSE,
l'empereur au général thouvexot, commandant
A WURZBURG.
Bainborg, 7 octobre 1806, 7 heures du soir.
Il est nécessaire que vous portiez une grande attention à
Tapprovisionncment des magasins de Wiirzburg et à la con-
fection du biscuit, et que vous fassiez partir tous les jours
♦Î0,000 ou 40,000 rations de biscuit pour Kronach. Cela est
de la plus grande nécessité pour la nourriture de ramiée.
Faites aussi partir, par jour, 300 quintaux de farine pour
Kronach. Ayez soin qu'on confectionne tous les jours une
grande quantité de biscuit, car les consommations vont
devenir considérables dans la position que va prendre Tar-
mée.
l'empereur au général lefranc, a PORCHHEIM.
Bamberg, 7 octobre 1806.
Des ordres ont été donnés pour la confection des fours à
Forchheim. Le commissaire des guerres a dû prendre des
mesures pour Tapprovisionnement des magasins de farine.
Faites confectionner 30,000 rations de pain biscuité pour
Tapprovisionnement de Kronach ; cela est nécessaire pour la
nourriture de Tarmée. Je vous recommande de bien veillera
l'armement de la ville. 400,000 rations de biscuit doivent se
rendre de Passau à Forchheim. Ecrivez et envoyez quelqu'un
pour en avoir des renseignements. Les circonstances étant
urgentes, prenez des mesures pour que 30,000 rations de
biscuit partent dès le 9 au matin. Faites les réquisitions dans
le pays prussien d'Erlangen et dans le bailliage de Nurem-
berg, pour votre approvisionnement et fournir aux besoins
les plus pressants de l'armée.
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•^-^iww-'p
i OCTOBRE.
383
ORDRES \
Bambcrg, 7 octobre 1806.
Donner l'ordre au quartier général de partir demain à
3 heures du matin, afin de laisser la route libre pour le corps
(lu maréchal Augereau.
Il ira coucher demain à Lichtenfels et après-demain à
Kronach.
11 partira également de Lichtenfels de nuit, afin de ne pas
embarrasser la marche des colonnes et d'être arrivé à Kro-
nach à 6 heures du matin *.
On donnera Tordre à tout le monde de prendre des vivres
pour soi et les domestiques pendant 8 jours.
Le maréchal Augereau complétera ses vivres en passant à
Bamberg.
La Garde partira à 3 heures du matin et prendra des vi-
vres pour 4 jours ; les 10 voitures de la Garde seront char-
gées de 10,000 rations de pain. La Garde a 20 ambulances
et 24 caissons.
Tous les souliers, effets, appartenant aux ofiiciers, seront
laissés dans un dépôt de la citadelle, avec le petit dépôt de
braves, et les 44 voitures se chargeront de 60,000 rations de
biscuit à WUrzburg.
Le même ordre sera donné pour les caissons de TErape-
reur. On s'arrangera de manière qu'ils puissent porter 2,000
à 3,000 rations de biscuit.
Le petit dépôt pourra ensuite partir dans 5 ou 6 jours avec
les effets pour se rendre à Kronach.
Charger, indépendamment de cela, le commissaire de la
1. Cette pièce est enregistrée telle quelle sur le registre du major gén(5ral.
Elle ne doit être que la copie de notes prises par le maréchal Berthicr suus
la dictée de l'Emporcur.
2. Les généraux feront toujours voyager leurs quartiers généraux de façon
•^ ne pas embarrasser la marche des colonnes et à no pas montrer aux troupes
toute cette suite d'équipages si laide à voir pour des hommes privés de tout
cl obligés de traîner leurs chaussures sur les routes, sac au dos.
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384 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Garde resté àWtirzburg de se procurer des voitures du pays',
de- manière à charger et à faire partir en même temps que
les caissons de la Garde 40,000 rations de biscuit.
L'intendant général donnera des ordres pour que la fabri-
cation du biscuit continue à Wurzburg et qu'il parte tous
les jours 60,000 rations de biscuit pour Kronach ; sans l'exé-
cution de cet ordre on sera dans le plus grand embarras.
Demain à midi toute Tarmée aura passé ; on fera par jour
À Bamberg 40,000 rations de pain biscuité que Ton fera par-
tir le soir pour Kronach ; indépendamment de cela on fera
5,000 ou 6,000 rations de pain, suivant les besoins, pour les
détachements qui passeront.
4,000 hommes de la cavalerie de la Garde passeront IclO;
il faut qu'on puisse leur donner 20,000 rations de pain.
Indépendamment de cela on fera partir tous les jours 500
sacs de farine pour Kronach.
Ainsi donc 40,000 rations de pain biscuité ne demandent
pas plus de 30 voitures, 500 sacs de farine demandent 50 voi-
tures ; il faudrait donc 100 voitures par* jour pour aller à
Kronach, et en faisant la navette 200 voitures ; les dépôts
bavarois fourniront les escortes de ces convois.
Faites venir de Forchheim deux compagnies bavaroises
pour ces convois.
1. LE OÉNBKAL TIIGOVENOT AU MAJOB GÉKÉRAL.
Wurzburg, 9 octobre J806.
J'annonce avec douleur à V. A. qu'il existe beaucoup de désordre
dans la marche des troupes, qu'il se commet beaucoup de vexations, qu'il i^i
fail des réquisitions dans les villages, qu'on enlève voitures et chevaux, qiu'
Irés-pou reviennent, et que ce dernier désordre me prive de la majeure
partie dos moyens qui me sont nécessaires pour faire arriver à l'araiée les
farines et le biscuit que S. M. m'a ordonné d'y faire conduire. J'ai vu Cf
matin le ministre du Grand-duc qui ma promis que, jusqu'aux chevaux de
luxe, tout serait employé pour les besoins de l'armée, en m'observaiit cepen-
dant qye les moyens du pays partant et no revenant pas, ils seront bientôt
épuisés sans aucuns moyens de remplacement. J'aurai au surplus, dans ie
jour, une réponse de ce ministre à mes demandes sur les fournitures de
Hirine, de fabrication de biscuit et de leur transport à l'armée. En attendant,
j'ai suspendu toute fourniture do voitures jusqu'à ce que celles nécessaire-
au transport des biscuits soient remplies
Le nombre de voitures employées aux convois de subsistances, e:
requises soit en Bavière, soit dans les États du grand-duc do Wurzburg, ex-
cédait celui de 8,ooo, et conséquemment l'emploi de 9,000 chevaux ou bœufs.
(Hupport de M. Oaru du 6 février 1808.)
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7 OCTOBRE.
385
On donnerait Tordre à un chef et quelques ouvriers de
surveiller ces transports.
Ainsi donc Tarmée à Kronach doit être nourrie par les
convois de WUrzburg d'où Ton envoie du biscuit, par les
convois de Bamberg d'où Ton envoie du pain biscuité et des
farines.
Donner des ordres pour que tout le biscuit soit mis à Kro-
nach en dépôt dans les magasins de la ville et qu'on n'en
délivre que d'après mes ordres.
Les deux divisions du parc, indépendamment de 4 jours
de pain, en porteront pour 4 autres jours sur leurs voitures;
toutes les fois que par une circonstance quelconque on no
pourra pas donner du pain, on donnera de la farine qui sera
changée en pain à Kronach.
Savoir les numéros et l'état de la brigade qui est à la suite
du quartier général ; on parlera aux brigadiers.
Il y a des personnes du quartier général qui font porter
leurs bagages sur les caissons du quartier général ; ces cais-
.^ons doivent marcher à la suite du quartier général et être
chargés de pain.
Faire cuire à Forchheim et faire transporter le pain bis-
cuité que Ton y fera sur des voitures que l'on se procurera
tlans les environs pour Kronach, et en faisant cuire 30,000
rations par jour et les expédier sur Kronach.
M"* Alex. Berthier.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU GÉNÉRAL THOUVENOT.
Bamberg, 7 octobre 1806.
Je reçois Tavis qu'un convoi de 14 voitures de farine avec
50 boulangers et 20 maçons sont partis de Mayence le 3 de
ce mois se dirigeant sur WUrzburg. Vous aurez soin de les
faire filer sans aucun délai sur Bamberg aussitôt leur arrivée
à WUrzburg.
Ces 14 voitures chargées de 100 sacs de farine arrivèrent à Wiirz-
birg le 7 *, le 6 on avait reçu un premier convoi de farines de 80
voitures chargées de 564 sacs.
CAMP. DE PEUISB. 25
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386 CAMPAGNE DE PRUSSE.
L INTENDANT GENERAL AU MAJOR GENERAL.
Damberg, 7 octobre 18 96.
J'ai reçu les ordres que V. A. S. vient de m'adresser de la
part de T Empereur pour assurer les approvisionnements de
l'armée. Daignez, je vous prie, comparer l'étendue des obli-
gations que S. M. m'impose avec les moyens qui sont en mon
pouvoir pour les remplir. Il n'existe à Bamberg que 1,00)
quintaux de farine, tant dans les magasins militaires que
chez les boulangers, et quand même cet approvisionnement
serait converti en pain, il ne donnerait que 90,000 rations,
lorsqu'il en faudrait 158,000 pour remplir l'ordre de FErape-
reur; encore j'observe à V. A. qu'une partie de ces farines
ne saurait être employée sans être mélangée avec des fari-
nes fraîches. Je dois vous observer en outre, Monseigneur,
que tous les fours de la ville réunis (car l'on ne pourra ps
faire usage avant deux fois 24 heures de ceux qui sont en
construction) ne peuvent fabriquer par jour au delà de
60,000 rations, tant pour les habitants que pour l'armée; qv>
observations ne portent que sur ce qu'il faudrait faire po.ir
demain ; elles seront vraies malheureusement et encore appli-
cables à ce qu'il y aurait à faire les jours suivants. Monsei-
gneur, j'ai fait faire et ferai tout ce qui peut être possible,
mais je ne puis tromper S. M. ; je lui dois toute la vérité et
elle m'effraye sous le rapport des subsistances ; les grains ne
sont pas battus ; tous les moyens de transport ont disparu à
un tel point qu'il n'en reste même pas pour retirer les fari-
nes des moulins et que plusieurs fours ne marchent pliiî* ;
quand tous ceux des paysans seraient intacts, ils suffiraient
à peine à un service immense par la masse des approvision-
nements et soumis à des opérations toujours trop lente?,
quand le besoin devance les ressources.
Je le répète, tout ce que l'Empereur peut attendre d'un
zèle et d'un dévouement sans bornes sera fait ; toutes les
ressources qu'il me sera possible de tirer du pays seront assu-
rées à l'armée, mais je tromperais S. M. et je serais indigne
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7 OCTOBRE. 387
(le sa confiance si je dissimulais à V. A. S. la position péni-
ble dans laquelle nous nous trouvons.
Les 158,000 rations peuvent se décomposer ainsi en suivant len
ordres du major général du 7 :
?• corps, 10,000 hommes 64,000 rations.
Garde à pied, 6,000 hommes . . . 24,000 — -
10 voitures de la Garde 10,000 —
Expédition sur Kronach 40,000 —
Troupes de passage 6,000 —
Parcs, 2,000 hommes 16,000 —
Total 160,000 rations à dis-
tribuer ou à expédier depuis Tordre donné le 7 jusqu'au 8 au soir.
Certains chiffres peuvent être trop forts ; d'un autre côté l'état-
major général ne figure pas. Le calcul ne doit pas être éloigné de la
vérité
Wurzburg. — Le 5* corps, 20,000 hommes, toucha 76,000 rationj^
<le biscuit à WUrzburg dans la journée du 5, soit du biscuit pour
•l jours. Il dut se procurer ses 4 jours de pain à Schweinfurt. Il se
init en marche le 6 ; ses 8 jours de vivres le menaient donc jusqu'au
13 inclus.
Le 7* corps, 16,000 hommes, toucha 62,000 rations de biscuit à
Wurzburg dans les journées du 5 et du 6 (138,000 — 76,000, rapport
du général Duroc). Il vivait au jour le jour n'ayant pu préparer
«rappfovisionnements à Francfort. Il devait compléter ses vivres,
c'est-à-dire toucher 4 jours de pain (64,000 rations), à son passage
à Bamberg le 8 dans la matinée, mais il n'y trouva rien.
La division Dupont, 8,000 hommes, toucha 32,000 rations de
biscuit à Wilrzburg dans la journée du 3; elle y toucha également
du pain pour 4 jours et partit le 4.
La Garde à pied, 6,000 hommes, ne toucha pas de biscuit avant
?on départ de Wurzburg. Le major général ordonna le 7 que les
-0 ambulances et les 24 caissons de la Garde se chargeassent à Wurz-
burg de 60,000 rations de biscuit.
Une partie de la Garde toucha 4 jours de pain à Wiirzburg Ir
4 ; l'antre partie ne toucha que 2 jours.
Bamberg, — Tous les fours de la ville réunis ne pouvaient fabri-
^juer par jour au delà de 60,000 rations tant pour les habitants qut.-
pour l'armée. En évaluant la population à 15,000 âmes environ, il
restait 45,000 rations pour l'armée.
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388 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le maréchal Bernadette fit confectionner 200,000 rations de bis-
cuit à Bamberg ; en admettant qu'on ait pu faire 40,000 rations par
jour et qu*on ait commencé le 26, elles furent prêtes le 30. Ou put
fabriquer du pain à partir du 1*' octobre.
Le l*' corps, 15,000 hommes (divisions Drouet et Rivaud et k
cavalerie), toucha 60,000 rations de biscuit sur les 200,000. Il prit
également à son passage tout le pain fabriqué le V et probablement
une partie de celui fabriqué le 2, soit environ 60,000 à 70,000 ra-
tions, ou du pain pour la consommation du 1*' et des 2, 3, 4 et 5.
Les divisions firent fabriquer dans les cantonnements, mais avec
peine, parce que toute cette vallée du haut Mayn était un pays res-
serré et pauvre. Aussi est il ordonné dans Tordre de mouvement du
1*' corps pour le 7 que les divisions tâcheront de se procurer du
pain pour 4 jours. Il restait la ressource du biscuit ; le 1*' corps te-
nait d'ailleurs la tête de la colonne.
Le 3* corps, 26,000 hommes, arriva à Bamberg le 2 * et séjourna
dans les environs pendant les journées des 2, 3, 4, 5 et 6. Il j toucliti
104,000 rations de biscuit sur les 200,000. On continua à fabriquer:
il est donc probable que pendant ces 5 jours on put faire face aui
distributions journalières et fabriquer les 4 jours de pain de marche
ordonnés par l'Empereur, de sorte qu*à son départ le 7 au matin, le
3* corps avait 4 jours de pain et 4 jours de biscuit, c'est-à-dire de?
vivres pour les 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13 et 14.
Les 4 divisions de cavalerie (3* et 4* de dragons, 1" et 2* de grosse
cavalerie), environ 10,000 hommes, ont dfi toucher à Bamberg de
36,000 à 40,000 rations de biscuit, c'est-à-dire le restant de?
200,000 rations. Elles se sont nourries dans les villages et ont tou-
ché à Bamberg les 40,000 rations de pain nécessaires à leur appro-
visionnement de marche ; et elles avaient ces provisions puisque le 7
le général Belliard recommande de ne pas toucher, autant que pos-
sible, aux 4 jours de pain. Elles étaient pourvues pour les journées
des 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13 et 14.
La division Dupont coucha à Bamberg le 6 ; elle y toucha sans
doute une distribution; elle repartit le 7. Il est probable qu'elle avait
pu vivre dans ses cantonnements, de Wiirzburg à Bamberg, et qu'elle
1. LS GÉXÉRAL. DAULTAKKE AU GÉNÉRAL MORAKD.
Forchheim, 2 octobre 1806.
L'inlentiou do M. lo Maréchal est qu'aussitôt votro arrivée à Bamberg vous
y fassioz fabriquer du pain et que vous vous procuriez le plus do subsis-
tances possible.
Los autres divisions avaient également reçu Tordre do faire fabriquer dans
leurs caiitonncmeuts.
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7 OCTOBRE.
389
.vait encore 4 jours de pain et ses 4 jours de biscuit ou des vivre?
[ourles 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13 et 14.
La Garde arriva le 7 à Bamberg; elle toucha 30,000 rations le 7^
<),000 pour la journée du 7 et 24,000 pour son approvisionnement de
marche. Elle avait donc pour les 7, 8, 9 et 10. Les 10,000 rations qui
(levaient être portées sur les 10 caissons ne purent pas être fournies.
Lorsque le 7" corps se présenta le 8 dans la matinée pour corn-
pléter ses vivres, il ne trouva pas de pain confectionné. On dut luî
•Ustribuer des farines. De même pour le parc. Le soir à 5 heures i3
ne restait plus rien dans la ville, ni pain ni farine.
Cette situation provenait, ainsi qu'on l'a vu, d'une erreur capitale
•lu major général sur le point de réunion de la masse des approvi-
^ionnements. Bamberg était le point central des grands mouvementg
•le l'armée.
Une partie de l'armée avait donc du pain jusqu'au 14.
ORDRE DU JOUR.
Quartier général impérial à Bamberg, 7 octobre 1806.
D'après les intentions de TEmpereur, le prince de Neuf-
t'hâtel, ministre de la guerre, major général, ordonne :
Les maîtres des postes aux chevaux dans toute T étendue
(le TAllemagne étant dans le cas de rendre des services im-
lK)rtants à Tarmée, sont sous la protection spéciale de S. M.
Lorsque les troupes françaises occuperont un lieu de poste,
le commandant enveiTa sur-le-champ un sous-officier d'in-
fanterie ou de cavalerie en sauve-garde chez le maître de la
\mte aux chevaux, afin que sa maison, ses propriétés et ses
i^^hevaux soient respectés ; il sera exempt de tout logement
militaire.
Le sous-officier en sauve-garde chez lui sera relevé aussi-
tôt que possible par un gendarme.
Le nombre des chevaux de la poste étant insuffisant pour
le service, il y sera pourvu par les autorités du pays qui de-
^Tont compléter le nombre de 25 chevaux toujours prêts pour
le service des coumers de S. M., de ceux de Tétat-major et
'les officiers chargés de missions. Les chevaux supplémentai-
res, ainsi que ceux de la poste, seront payés suivant Tusage
'lu pays par toutes les personnes autorisées à en prendre.
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390 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Lorsque des Maréchaux commandant en chef seront éta-
blis dans des lieux de postes, les maîtres de la poste aux
chevaux ne pourront en délivrer sans leur ordre *.
Lorsque le quartier impérial y sera établi, ils ne pourront
plus en délivrer que sur les ordres du major général ou du
grand écuyer.
MM. les Maréchaux sont invités à tenir la main à Texécu-
tion du présent ordre.
M'' Alex. Bertuier.
LE MAJOR OiNÉBAEi AU GÉNÉBAL MÉNARD *.
Bamberg, 7 octobre 18O6.
Il est ordonne à M. le général de brigade Ménard de remplir le^
fonctions de commandant du quartier général, à Texception de cv
qui concerne la Garde et la maison de TEmpereur qui ont une orgu-
uisation particulière.
M. le général Ménard, aussitôt qu'il aura reçu Tordre que le quar-
tier général marche, se rendra le plus promptement possible, avec
ses propres chevaux, au nouveau quartier général impérial ; il j''*
fera sur-le-champ donner un logement et il lui sera affecté une bri-
gade de gendarmerie; il mettra la police parmi les militaires du
quartier général impérial ; il se procurera le plus tôt possible la liste
1. 4« Corps. OHDRE.
Plauen, 10 oclobre 1806.
Le gendarme do sauve-garde à la poste aux chevaux empêchera que soi^
aucun prétexte il soit enlevé du foin ou do l'avoine cl qu'il y soit pris (ii'^
chevaux que par des personnes munies d'ordres supérieurs pour voyager tv
poste comme chargées du dépêclies.
G«i C011PAX8.
2. Cet ordre est complété par le suivant.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU OÉMÉRAL PANNBTIBR.
Oslerode, 23 mars 1S07.
L'intention de TEmpereur, Général, est que partout où se trouvent le qu.ir-
lier impérial et l'otat-major général, vous soyez de droit, par vos fonctioii-
traiUe-major général, commandant supérieur du quartier général, ayant se-
vos ordres le commandant de la place, la compagnie dos guides, la compagnii'
polonaise et le bataillon des troupes de Hesse-Darmstadl. Vos fonctions seront
de voir tout ce qui se passe, de veiller à la police et à la sûreté du quartier
général ; de passer en revue tous les détachomonts qui passent , soit allant n
l'armée, soit allant aux hôpitaux. Vous prendrez des mesures pour être pro
venu la veille des détachements qui se rendront à l'armée, aûu que lEm}n'
reur en soit instruit et qu'il puisse les passer en revue, si cela lui e<'
agréable.
Vous aurez à me rendre compte doux fois par jour, ainsi qu*à vous concert»',
avec le général Lecamus, aide-major général chargé du détail de l'étut-majo
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7 OCTOBRE.
391
dc's logements de chacun ; entin il est le centre commun de ce qui
va et vient. Il doit prendre connaissance de l'arrivée des principaux
chefs militaires et de l'administration ; il doit aussi prendre connais-
sance des établissements militaires de manutention, des ressources
du pays, des hôpitaux, des magasins militaires s'il y en a; placer sur-
le champ une sauve-garde à la poste aux chevaux qui ne doit point
délivrer de chevaux sans l'ordre du grand écuyer pour la maison de
l'Empereur, de moi pour les militaires et de l'intendant général pour
les membres de l'administration.
Il doit, aussitôt son arrivée, être en communication avec les auto-
rités du pays, et enfin, à mon arrivée, prendre mes ordres et succes-
sivement chaque jour. Il doit être aidé par ses deux aides de camp.
11 ne doit pas négliger, quand il arrive dans un quartier général, de
savoir tout ce qui s'y dit sur la position de l'ennemi.
M. le général Méuard voyage de sa personne avec ses chevaux ;
quant à son fourgon, il doit suivre les équipages du quartier général
comme les autres.
LE VAJOR GÉNÉRAL AU COLONEL WOLFF, VAGUEMESTRE GÉNÉRAL.
Bamberg, 7 oclobre 180(>.
Il est ordonné au colonel WolfF, vaguemestre général de l'armée,
d'établir à partir d'aujourd'hui le plus grand ordre dans la marche
du quartier général ; il aura à sa disposition un sous-lieutenant et
25 hussards du 1*' régiment.
J'enverrai l'ordre directement au vaguemestre général pour le dé-
part; il sera tenu d'en prévenir l'intendant général, les commandants
du génie et de l'artillerie, le payeur général, les administrations et
enfin tout ce qui, d'après l'ordonnance, doit suivre le quartier gé-
néral.
Le vaguemestre général se conformera strictement au titre 21 du
règlement sur le service en campagne.
Le colonel vaguemestre général désignera chaque jour de marche
le rendez-vous général des voitures: il se rendra lui-même au lieu
de rassemblement, ainsi que les deux vaguemestres particuliers, et à
mesure qu'elles arriveront, ils les placeront dans l'ordre suivant :
Les équipages du général commandant (le quartier général) ;
Les équipages des généraux commandant l'artillerie et le génie ;
Les équipages de l'intendant général ;
Les équipages des officiers généraux attachés à l'état-major gé-
néral ;
Les équipages des officiers de l'état-major de l'armée ;
Les équipages des commissaires des gueiTes ;
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392 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Les équipages du payeur général ;
Les équipages de l'administration des postes ;
Les équipages du munitionnaire général des vivres et de Ventre-
preneur ou régisseur de la viande ;
Les équipages des hôpitaux*;
Les équipages des vivandiers.
Il est attaché au quartier général une petite ambulance et une pe-
tite administration qui marcheront immédiatement après les équipages
(lu général commandant.
L'Empereur rend M. le colonel Wolff responsable de la marche de
toutes les voitures qui ne marcheraient pas dans Tordre ci-dessus, à
moins qu'elles ne soient munies d*un ordre du major général.
A 2 heures, le colonel Wolff m'apportera la note de toutes les
voitures composant les équipages du quartier général -, pour faciliter
cette opér.*ïtion, je lui envoie les renseignements que j'ai déjà à cet
égard.
Le vaguemestre trouvera ci-joint l'ordre au colonel du !•' de hus-
sards de mettre à sa disposition 25 hommes commandés par un offi-
cier.
LE MAJOR GENERAL AU MARECHAL KELLERMAXX.
Bamborg, 7 oclubrc I8ij6.
Je viens, M. le Maréchal, de donner Tordre de faire partir
sur-le-champ sur les fonds de réserve qui sont dans la caisse
du jayeur à Mayence, une somme de deux millions pour être
versée dans la caisse du payeur général de Tarmée.
L'intention de S. M. est que cette somme soit remise à
M. de Labouillerie, qui la fera conduire au quartier général.
S. M. ordonne que vous fassiez escorter ce trésor far le
28' régiment d'infanterie légère et vous y joindrez tous les
officiers généraux, adjudants commandants et autres doî^ti-
nés à rejoindre le quartier général de Li Grande Armée.
Vous donnerez le commandement de ce convoi au plus
ancien officier général et au plus capable.
Si Hcsse-Cassel ne s'est pas déclaré contre nous, le convoi
jîcut se diriger par Francfort et Wttrzburg. Si, au contraire,
il y avait à craindre de la liesse, vous dirigerez le convoi
parManheim. S. M. ordonne que ce convoi parte le 11. Le
maréchal Mortier, qui à cette époque doit avoir des troupes
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7 OCTOBRE. 393
arrivées, prendra des précautions pour assurer le passage de
ce trésor*.
Ordres à ce sujet au payeur* de la division à Majence et au mi-
nistre du trésor public.
1. L.H MARÉCHAL KBLL-SRMANX AU UAJOR OÉXÉRAL.
Mayence, 7 oclo)jre 1806.
Les 2 bataillons de guerre du 28® léger partent demain ; ils seront rendus
le 13 à Wûrzburg.
Ils sont forts do i,(ii6 hommes, odlciers compris. Il n*a pas été possible de
faire les bataillons plus forts. Ce qui reste au 3« bataillon et au dépôt ne
consi.^ie qu'en hommes incapables de faire la guerre et en conscrits dont la
plus grande partie ont été pris en passant dans le département de la Sarre
ou viennent d'arriver à Maycnce.
LS MARÉCHAL KBLLERMAKX AU MAJOR OÉnÉRAL.
Mayence, 10 octobre i806.
J'ai reçu ce malin la leltre que V. A. m'a fait l'honneur de m'dcrire le 7 de
ce mois par laquelle elle me charge de faire partir pour le quartier géne'ral
*lc la Grande Armée un trésor de deux millions, de le faire escorter par le
^8« rt^giment d'infanterie légère et d'y joindre tous les officiers généraux, ad-
judanis commandants et autres destinés à rejoindre le quartier général de la
Grande Armée.
V. A. m'ajoute que si la Hesse ne s'est pas déclarée contre nous^ le convoi
peut se diriger par Francfort et Wûrzburg . que si au contraire il y avait à
craindre de la Hessej que je le dirigerai par Manheim.
J'ai eu Thonneur de mandera V. A. que le 2S^ régi lient d'infanterie légère
t'bit parti le 8 de ce mois ; d'après les ordres qu'elle a adressés directement
au général commandant d'armes de la place de Mayenco do faire rejoindre
^ur-le-champ au quartier général do la Grande Armée tous les officiers géné-
raux, adjudants commandants et autres qui arriveraient en cette place pour
y aitemlre leur destination, tous sont partis à mesure qu'ils y arrivaient.
Le dernier article de la lettre de V. A. me laissant des inquiétudes sur le
\oisinage de Hesse-Cassel, j'ai dû consulter à cet égard le minisire des rela-
tions extérieures, qui doit être au courant plus que moi des dispositions de
<'elle cour. J'ai l'honneur de vous envoyer copie de sa lettre, qui est encore
inoins rassurante que la vôtre, et j*ai dû, d après cette lettre, me déterminer
à diriger le convoi par Manheim. M. le maréchal Mortier, dont les troupes
n'ont commencé à arriver à Mayenco qu'aujourd'hui, n'a pu fournir d'escorte
^ur cette direction. Je suis obligé do prendre pour lui servir d'escorte tout
ce qui se trouve de disponible dans la garnison do Maycnce, avec une compa-
gnie do mineurs et une de sapeurs qui étaient arrivées aujourd'hui et étaient
destinées à la Grande Armée, ce qui formera une escorte d'environ 450 hom-
mes; si vous la croyez insuffisante, vous pourrez lui envoyer des renforts.
Je donne le commandement de cotte pelitc escorte au major du kS^ d'in-
fanlerie légère, officier distingué et qui remplira parfaitement cette mission.
l'U convoi partira après-domain 12 de ce mois à 6 iieures du matin.
U compagnie de carabiniers et celle de voltigeurs du 2B^ d'infanterie
l 'gère font partie do l'escorte. Je vous prie instamment de me renvoyer ces
2 compagnies pour que je puisse les compléter : sous très peu de temps, je
\ous en ferai 2 trés-boUes compagnies que je vous enverrai en très-bon état.
^ous savez que S. H. peut s'en rapporter à moi pour la formation des troupes.
^i les magasins du 28" d'infanterie légère n'éprouvent pas de retard dans leur
route, j'espère pouvoir dans moins de 6 semaines vous envoyer un superbe
renfort d'an moins 400 lionimes pour ce régiment.
Jaurai l'honneur de vous envoyer demain l'éînt délaillé de la formation de
I escorte du trésor et son itinéraire jusqu'à Manheim, d'où il se portera en
'igné droite sur Bamberg.
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8 OCTOBRE
1" BULLETIN DE LA GRANDE ARMEE.
Bamberg, 8 octobre I8AG.
La paix avec la Russie conclue et signée le 10 juillet, det;
négociations avec TAngleterre entamées et presque conduites
à leur maturité, avaient porté Talarme à Berlin. Les bruib
vagues qui se multiplièrent, et la conscience des torts de ce
cabinet envers toutes les puissances qu'il avait successive-
ment trahies, le portèrent à ajouter croyance aux bruits ré-
pandus qu'un des articles secrets du traité conclu avec la
Russie donnait la Pologne au prince Constantin avec le titre
de roi, la Silésie à F Autriche en échange de la portion au-
trichienne de la Pologne, et le Hanovre à l'Angleterre . 11 se
persuada enfin que ces trois puissances étaient d'accord avee
la France, et que de cet accord résultait un danger immi-
nent pour la Prusse. ^
Les torts de la Prusse envers la France remontaient a de>
époques fort éloignées. La première, elle avait armé pour
pix)fiter de nos dissensions intestines. On la vit ensuite courir
aux armes au moment de l'invasion du duc d'York en Hol-
lande ; et lors des événements de la dernière guerre, quoi-
qu'elle n'eût aucun motif de mécontentement contre la
France, elle arma de nouveau et signa, le 1*^' octobre 180.'),
ce fameux traité de Potsdam, qui fut, un mois après, leiu-
placé par le traité de Vienne.
Elle avait des torts envers la Russie, qui ne peut oublier
l'inexécution du traité de Potsdam et la conclusion subsé-
quente du traité de Vienne.
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8 OCTOBRE. 395
Ses torts envers Tempereur d'Allemagne et le Corps ger-
manique, plus nombreux et plus anciens, ont été connus de
tous les temps. Elle se tint toujours en opposition avec la
Diète. Quand le Corps germanique était en guerre, elle
était en paix avec ses ennemis. Jamais ses traités avec Tâu-
tiiche ne recevaient d'exécution, et sa constante étude était
(l'exciter les puissances au combat, afin de pouvoir, au mo-
ment de la paix, venir recueillir les fruits de son adresse et
de leurs succès.
Ceux qui supposeraient que tant de versatilité tient à un
défaut de moralité de la part du prince seraient dans une
grande erreur. Depuis quinze ans, la cour de Berlin est une
arène où les partis se combattent et triomphent tour à tour.
L'un veut la guerre et Tautre veut la paix. Le moindre évé-
nement politique, le plus léger incident donne l'avantage
à l'un ou à l'autre, et le Roi, au milieu de ce mouvement
des passions opposées, au sein de ce dédale d'intrigues, flotte
incertain, sans cesser un moment d'être honnête homme.
Le 11 août, un courrier de M. le marquis de Lucchcsini
arriva à Berlin et y porta, dans les termes les plus positifs,
lassurance de ces prétendues dispositions par lesquelles la
France et la Russie seraient convenues, par le traité du
20 juillet, de rétablir le royaume de Pologne et d'enlever la
Silésie à la Prusse. Les partisans de la guerre s'enflammè-
rent aussitôt; ils firent violence aux sentiments personnels
duBoi; quarante courriers partirent dans une seule nuit et
Ton courut aux ainncs. La nouvelle de cette explosion sou-
daine parvint à Paris le 20 du même mois. On plaignit un
allié si cruellement abusé; on lui donna sur-le-champ des
explications, des assurances précises ; et, comme une erreur
manifeste était le seul motif de ces armements imprévus, on
espérait que la réflexion calmerait une effervescence aussi
peu motivée.
Cependant le traité signé à Paris ne fut pas ratifié à Saint-
Pétersburg, et des renseignements de toute espèce ne tar-
dèrent pas à faire connaître à la Prusse que M. le marquis de
Lucohesini avait puisé ses renseignements dans les réunions
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396 CAMPAGNE DE PRUSSE.
les plus suspectes de la capitale et parmi les hommes d'intri-
gues qui composaient sa société habituelle. En conséquence
il fut rappelé. On annonce pour lui succéder M. le baron de
Knobelsdorf, homme d'un caractère plein de droiture et de
franchise, d'une moralité parfaite.
Cet envoyé extraordinaire arriva bientôt à Paris, porteur
d'une lettre du roi de Prusse datée du 23 août.
Cette lettre était remplie d'expressions obligeantes et de
déclarations pacifiques, et l'Empereur y répondit d'une ma-
nière franche et rassurante. Le lendemain du jour où partit
le courrier porteur de cette réponse, on apprit que des chan-
sons outrageantes pour la France avaient été chantées sur le
théâtre de Berlin ; qu'aussitôt après le départ de M. de Kno-
belsdorf les armements avaient redoublé ; et, quoique les
hommes demeurés de sang-froid eussent rougi de ces fausses
alarmes, le parti de la guerre, soufflant la discorde de tous
côtés, avait si bien exalté toutes les têtes, que le Roi se trou-
vait dans l'impuissance de résister au torrent.
On commença dès lors à comprendre à Paris que le parti
de la paix, ayant lui-même été alarmé des assurances men-
songères et des apparences trompeuses, avait perdu tous ses
avantages, tandis que le parti de la guerre, mettant à profit
l'erreur dans laquelle ses adversaires s'étaient laissé entraî-
ner, avait ajouté provocation à provocation et accumulé in-
sulte sur insulte, et que les choses étaient arrivées à un tel
point que l'on ne pourrait sortir de cette situation que par la
gueri'e.
L'Empereur vit alors que telle était la force des circons-
tances, qu'il ne pouvait éviter de prendre les armes contre
son allié. Il ordonna des préparatifs.
Tout marchait à Berlin avec une grande rapidité ; les
troupes prussiennes entrèrent en Saxe, arrivèrent sur les
frontières de la Confédération et insultèrent les avant-
postes.
Le 20 septembre, la Garde impériale partit de Paris pour
Bamberg, où elle est arrivée le 6 octobre. Les ordres furent
expédiés pour l'armée, et tout se mit en mouvement.
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8 OCTOBRE. 397
Ce fut le 25 septembre que TEmpereur quitta Paris; le
28 il était à Mayence, le 2 octobre à Wttraburg, et le 6 à
Bamberg.
Le même jour, deux coups de carabine furent tirés par
les hussards prussiens sur un officier de Tétat-major fran-
çais. Les deux armées pouvaient se considérer comme en
présence.
Le 7, Sa Majesté TEmpereur reçut un coumer de Mayence,
dépêché par le prince de Bénévent, qui était porteur do
deux dépêches importantes : l'une était une lettre du roi de
Prusse, d'une vingtaine de pages, qui n'était réellement
qu'un mauvais pamphlet contre la France, dans le genre de
ceux que le cabinet anglais fait faire par ses écrivains à 500 li-
^Tes sterling par an. L'Empereur n'en acheva pas la lecture
et dit aux personnes qui l'entouraient : « Je plains mon
« Frère le roi de Prusse ; il n'entend pas le français ; il n'a
« pas sûrement lu cette rapsodie. » A cette lettre était jointe
la célèbre note de M. de Knobelsdorf. « Maréchal, dit l'Em-
« pereur au maréchal Berthier, on nous donne un rendez-
« TOUS d'honneur pour le 8 : jamais un Français n'y a man-
« que; mais comme on dit qu'il y a une belle Reine qui veut
< être témoin du combat, soyons courtois, et marchons, sans
« nous coucher, pour la Saxe. » L'Empereur avait raison de
parler ainsi ; car la reine de Prusse est à l'armée, habillée
en amazone, portant l'uniforme de son régiment de dragons,
écrivant vingt lettres par jour pour exciter de toutes parts
l'incendie. Il semble voir Armide dans son égarement met-
tant le feu à son propre palais. Après elle, le prince Louis
de Prusse, jeune prince plein de bravoure et de courage,
excité par le parti, croit trouver une grande renommée
dans les vicissitudes de la guerre. A l'exemple de ces deux
grands personnages, toute la cour crie à la giierre. Mais
quand la guerre se sera présentée avec toutes ses horreurs,
tout le monde s'excusera d'avoir été coupable et d'avoir at-
tiré la foudre sur les provinces paisibles du Nord; alors que,
par une suite naturelle de l'inconséquence dôs gens de cour,
on verra les auteurs de la guerre non seulement la trouver
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398 CAMPAGNE DE PRUSSE.
insensée, s'excuser de Tavoir provoquée, et dire qu'ils la
voulaient mais dans un autre temps, même en faire retom-
ber le blâme sur le Roi, honnête homme qu'ils ont rendu la
dupe de leurs intrigues et de leurs artifices.
Voici la disposition de l'armée française :
L'armée doit se mettre en marche par trois débouchés :
la droite, composée des corps des maréchaux Soult et Ney et
d'une division des Bavarois, part d'Amberg et de Nurem-
berg, se réunit à Baireuth et doit se porter sur Hof, oii elle
arrivera le 9 ;
Le centre, composé de la réserve du grand-duc de Berg,
des corps du maréchal prince de Ponte-Corvo et du maréchal
Davout, et de la Garde impériale, débouche par Bamberg
sur Kronach, arrivera le 8 à Saalburg, et de là se portera
par Saalburg et Schleiz sur Géra;
La gauche, composée des corps des maréchaux Lannes et
Augereau, doit se porter de Schweinfurt sur Coburg, Grà-
fenthal et Saalfeld.
l'empereur au maréchal soult.
Kronach, 8 octobre 1806, 3 heures et demie après-midi.
Je reçois votre lettre du 7 octobre que m'apporte mon offi-
cier d'ordonnance. Je vous recommande de mettre désormais
l'heure à laquelle vous écrirez.
Je pensais qu'il y avait 100,000 rations de biscuit qui
vous suivaient; je ne pense pas qu'elles soient encore loin.
Je n'ai pas encore reçu de nouvelles des avant-postes du
centre. Le prince Murât et le maréchal Bemadotte étaient,
à 8 heures du matin, à Lobenstein. Si Saalburg n'a pas tenu,
il serait possible qu'on interceptât la communication du corf s
de Hof avec Schleiz.
Je serai demain, à 2 heures du matin, près de Lobenstein.
Tout le corps du maréchal Davout est à 3 lieues derrière Lo-
benstein. Le maréchal Lannes est à Neustadt; il est entre à
Coburg ce matin, à la pointe du jour, et a pris quelques hus-
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8 OCTOBRE. 399
sards. Si vous avez des nouvelles des Bavarois, donnez-m'en ;
je désire beaucoup qu'ils arrivent demain à Culmbach.
Donnez-moi plus fréquemment de vos nouvelles; dans
une guerre combinée comme celle-ci, on ne peut arriver à
de beaux résultats que par des communications très-fréquen-
tes; mettez cela au rang de vos premiers soins. Ce moment
est le plus important de la campagne; ils ne s'attendaient
jias à ce que nous voulons faire ; malheur à eux s'ils hésitent
et s'ils perdent une journée !
Si vous avez des hommes malingres ou d'autres embarras
qui vous gênent, et que vous trouviez que Forchheim soit
trop éloigné, vous pouvez les envoyer à Kronach, où il y a
une forteresse et des dépôts.
11 est certain que des régiments qui ont débouché de Dresde
avec le prince de Hohenlohe, venant de Silésie, étaient lundi *
en position à Saalfeld.
L EMPEREUR AU MARECHAL LANNES.
Kronach, 8 oclobro 1808, 4 boures aprôs-midi.
Je n'ai point de vos nouvelles. Je suis fâché que vous
soyez entré à Coburg hier: vos instructions portaient d'y
entrer ce matin et en masse. Si vous l'eussiez fait ainsi, il
vous eût été facile de combiner vos opérations pour enlever,
à la petite pointe du jour, tout ce qui était à Coburg. La
prise d'une cinquantaine de chevaux eût été agréable.
Le maréchal Bernadette a passé Lobenstein. Son avant-
garde se trouve aujourd'hui à midi à Ebersdorf. Le maré-
chal Soult avait enlevé plusieurs postes ennemis ; il était à
Mtinchberg aujourd'hui, il sera ce soir à Hof. Marchez le
plus rapidement que vous pourrez sur Grâfenthal. Le maré-
chal Augereau vous suivra à une demi- journée. Je serai de
ma personne à Lobenstein à deux heures après minuit.
Comme vous formez la gauche de l'armée, je pense qu'il
1. Lundi 6 oclobre.
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400 CAMPAGNE DE PRUSSE.
sera fort utile, lorsque vous ferez bivouaquer vos divisions,
que vous les fassiez bivouaquer chaque division en bataillou
carré.
Faites en sorte que j'aie de vos nouvelles fréquemment;
cela est important pour que je puisse connaître les mouve-
ments de l'ennemi. Faites-moi aussi, à mesure que vom
passez, la description des lieux.
Envoyez des postes pour vous lier avec le centre.
Le maréchal Davout, avec tout son corps d'armée, est à
la porte de Steinwiesen. Il envoie des patrouilles sur Grâfen-
thal, sur Neustadt et sur Judenbach pour se lier avec vous.
l'empereur a m. scherb.
Kronach, 6 octobro 1806, 5 heures après-midi.
M. Scherb, oflScier d'ordonnance, se rendra à Coburg, oii
il arrivera à 9 heures du soir. Si le maréchal Lannes était
déjà rendu à Neustadt, il s'y rendra. Il me portera la réponse
et tous les renseignements qu'il pourra se procurer dans
l'armée ou dans le pays. Il viendra me joindre, avant 5 heu-
res du matin, à Nordhalben, où il me trouvera*.
l'empereur au grand-duc de BERG, a LOBENSTEIN.
Kronach, 8 octobre 1806, 5 heures aprôs-miUL
Je reçois votre lettre écrite à 10 heures du matin. Vous
n'avez pas mis de piquets de cavalerie comme je vous avais
dit de le faire ; je vous en témoigne mon mécontentement
parce que votre lettre écrite à 10 heures ne m'est parvenue
que vers 4 heures. Vous devez savoir que la poste n'est pas,
en ce moment, un moyen sûr de correspondre*. Le ma-
1. Il y a 30 kilomôlres do Kronachà Coburg. M. Scherb arriva vers 9 heures
puisque la réponse du maréchal Lannes est datée de lO heures. Au rclour i'.
avait 52 kilomètres à parcourir, 30 de Coburg à Kronach, ei 12 de Krouach à
Nordhalben, toujours dans uu pays de montagnes et de nuit.
2. Il y a 14 kilomètres do Lobenstcin À Nordhalben et 82 de Nordhalben à
Kronach. L'officier mit 5 heures et demie environ à parcourir ces 36 kilo*
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8 OCTOBRE. 401
réchal Soult est arrivé hier à Baireuth. Il était aujourd'hui
à midi à Mtinchberg, et sera demain, de bonne heure, à
Hof. Le maréchal Lannes est entré à Coburg à la pointe du
jour, et couchera ce soir à Neustadt. Le maréchal Davout
esta deux heures en avant de Kronach, du côté de Loben-
stein. Je serai à quatre heures du matin à Nordhalben, où
il est vraisemblable que je monterai à cheval pour me rendi'e
à Tavant-garde. Faites-moi toujours passer à Nordhalben
tous les renseignements que vous vous serez procurés.
l'empereur a m. maret.
Kronach, 8 octobre 1806.
Je suis arrivé ce matin à Kronach; j'en partirai dans la
nuit. Toute Tannée est en grand mouvement. Donnez de
mes nouvelles au prince de Bénévent, à M. Tarchichance-
lier; un mot aussi à Tlmpératrice.
Renvoyez-moi un des courriers que j*ai laissés à Bamberg,
pour m'instruire de tout ce qui est passé par cette ville et de
tous les détachements et troupes qui y sont arrivés. Voyez
le commandant de la place, voyez la régence, voyez Tor-
donnateur, pour qu'on fasse filer farine, biscuit, pain bis-
cuité, sur Kronach. Passez toute la journée du 9 et du 10 à
Bamberg pour cet objet. Si vous appreniez le plus léger bruit
que des hussards ennemis aient paru du côté de Fulde ou de
Cassel, dirigez alors mes courriers sur Manheim.
l'empereur au major GENERAL.
Kronach, 8 octobre 1806
Le prince Jérôme prendra le commandement de la divi-
sion bavaroise qui doit se trouver demain à Baireuth, cer-
niéires de montagne, sur une route probablement encombrée de troupes et
d'équipages.
Le reproche de l'Empereur est immérité, puisque le Grand-Duc avait placé
des piquets de cavalerie. (Lettre à l'Empereur du 9 à 6 heures du matin.) Il
semble que TofOcier n*ait pas pu remettre sa dépêche à l'Empereur lui-môme
ut que par suite il n'ait pu être interrogé par le Commandant en chef, choses
riîgretlables.
CAMP. DS PBUISB. 86
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402 CAMPAGNE DE PRUSSE.
lier le fort de Culmbach et le faire rendre. Vous en prévien-
drez le général bavarois, afin qu'il envoie un escadron à la
1 encontre du Prince. Le général Hédouville fera les foiic-
tions de chef d'état-major de ce corps. Après que Culmbach
sera rendu, le Prince m'enverra un rapport qui me fasse
connaître Tétat de l'artillerie et des fortifications. A cet effet,
il faut qu'un des deux officiers du génie qui sont à Kronach
se rende à Culmbach, pour visiter lui-même ce fort, indé-
pendamment du rapport que les officiers bavarois feront. Le
Prince m'enverra l'état exact de l'infanterie, cavalerie, ar-
tillerie, et passera la nuit de demain à Culmbach, où il atten-
dra de nouveaux ordres.
Il écrira, pour ses subsistances, au général Legrand, qui
commande toute la province de Baireuth.
Ordres en conséquence au prince Jérôme, au général Kirgener.
au gonéral Hédouville, au général de Wrède, au général Legraiid,
au lieutenant-colonel bavarois d'Aubert, employé près du major ^j^è-
uéral.
8 octubrd 1806.
Ordre au général Sahucde se rendre à Steinwiesenleplus
tôt possible.
Ordre au général d'Hautpoul de se rendre à Ki'onach le
plus tôt possible.
Ordre au général Nansouty de se rendre à Kronach le
plus tôt possible.
Ordre au général Cazals de se rendre avec le parc du gé-
nie à Kronach le plus tôt possible.
Ordre au général Saint-Laurent de se rendre avec le parc
d'artillerie à Kronach le plus tôt possible.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL BERNADOTTE.
Kronach, 8 octobre 1806.
Je VOUS préviens, M. le Maréchal, que M. le maréchal
Soult sera demain à Hof.
L'intention de l'Empereur est que demain à la pointe du
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8 OCTOBRE. 403
jour vous soyez en marche pour reconnaître et attaquer Saal-
burg, s'il y a lieu.
L'Empereur sera rendu à la pointe du jour à Nordhalben.
Il est nécessaire que vous fassiez préparer à Nordhalben et
à Lobenstein quelques repos pour les ambulances.
Je vous envoie des proclamations que vous ferez lire à la
tête des troupes.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LANNES.
Kronach, 8 octobre 1806.
L'Empereur est instruit qu'il y avait hier à Saalfeld 5 ré-
giments qui ont pris position à Henbronn près de Grâfenthal.
Si les forces de l'ennemi se trouvent plus considérables qu'on
ne croit à Grâfenthal, il est convenable que vous pressiez
l'arrivée du maréchal Augereau. S'il n'y avait que 10,000 à
12,000 hommes dans une situation qui vous fût avantageuse,
vous pouvez les attaquer après les avoir reconnus, et presser
l'arrivée du maréchal Augereau.
Comme l'Empereur fera attaquer demain Saalburg, il est
convenable, si vous n'attaquez pas vous-même l'ennemi, que
vous le veilliez et le teniez en échec pour empêcher que, par
une marche de flanc, il ne puisse venir au secours de Saal-
burg. L'intention de l'Empereur est que dans l'ordre de ba-
taille chaque division forme une aile et soit rangée sur plu-
sieurs lignes à 80 toises de distance.
Je joins ici des proclamations de l'Empereur que vous fe-
rez lire à la tête de vos troupes.
Faites passer le paquet ci -joint au maréchal Augereau.
LE MARECHAL LANNES A L EMPEREUR.
Coburg, 8 octobre 1806, 5 heures après-midi.
Sire, d'après tous les renseignements que j'ai pu me pro-
curer, il paraît que la ligne de l'ennemi est à Weimar, Er-
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404 CAMPAGNE DE PRUSSE.
flirt et Gotha, et que le corps que V. M. veut faire attaquer
à Saalburg n'est que pour observer les mouvements de notre
droite. Il y a tout à parier qu41 évitera le combat.
Il y a trois jours que le grand quartier général, c'est-à-dire
le Roi, était à Naumburg; il paraîtrait d'après l'avis de quel-
ques habitants éclairés que la position de l'ennemi est celle
que j'ai eu l'honneur de vous indiquer, c'est-à-dire la gauche
à Leipzig et la droite à Gotha. Cette opinion est aussi la
mienne.
J'ai fait saisir toutes les lettres qui étaient à la poste; elles
ne donnent que des notions très vagues ; je vous envoie un
extrait de ces lettres. Les courriers sont interceptés depuis
plusieurs jours.
Il est possible que le 9** régiment de hussards que j'ai en-
voyé à Neustadt pour arrêter les lettres, me donne des ren-
seignements plus positifs.
Mon corps d'armée est arrivé vers les 3 heures à une lieue
en avant de Coburg; nous n'avons trouvé dans cette ville
qu'un poste d'une trentaine d'hommes qui s'est sauvé à l'ap-
proche de nos hussards.
Il est très difficile d'envoyer des espions pour avoir des
nouvelles; les paysans ne laissent passer personne, de façon
que pour mille louis on ne trouverait pas dans ce pays un
homme qui voulût s'exposer.
Je partirai demain pour Neustadt et je pousserai mon
avant-garde aussi près que possible de Gràfenthal. Je ne mé
mettrai cependant en marche que lorsque je serai sûr que
le maréchal Augereau aura la tête de sa colonne à portée de
Coburg.
Je me ti'ouve absolument sans carte et il est impossible de
s'en procurer dans ce pays; si V. M. en a une de reste, je la
prie de me la donner.
Si V. M; a des ordi'es à me donner, je la prie de les re-
mettre à mon aide de camp.
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8 OCTOBRE. 405
LE MARECHAL LAXNES A L EMPEREUR.
Goburg, 8 octobre 1806, 10 heures du soir.
Je suis fâché qu'on ait fait le rapport à V. M. qu'il y avait
de ma faute si on n'avait pas enlevé le poste de 30 hussards
qui étaient k Coburg^ j'avais pris toutes les précautions pour
qu'il fût enlevé. Mon corps d'armée a couché hier à Merz à
6 lieues de Coburg; j'avais détaché un régiment de hussards
la nuit pour enlever tout ce qui se trouvait dans cette ville,
et je pensais que c'était la seule manière. Si j'étais arrivé
avec mon corps d'armée, on aurait pris l'éveil et un poste de
30 hommes n'aurait pas tenu. J'ai détaché aujourd'hui le
9' régiment sur Neustadt et Grâfenthal, j'espère qu'il me
fera quelques prisonniers. J'ai également envoyé deux forts
détachements sur les routes d'Erfurt et d'Eisfeld; d'après
les rapports que j'ai reçus de ces deux derniers détachements
qui ont été très loin, ils n'ont point vu l'ennemi.
Si je n'eusse reçu hier l'ordre de V. M. d'attendre l'arri-
vée du corps du maréchal Augereau à la vue de Coburg,
j'eusse été coucher aujourd'hui au moins à Neustadt. Je par-
tirai demain au point du jour, et j'espère que l'avant-garde
d'infanterie arrivera à Grâfenthal où j'établirai mon quartier
général et où j'attendrai les ordres de V. M.
•^« corps. Cavalerie légère, Kortendorf. — 1" et 2* divisions, bi-
vouac.
LE MABEGHAL AUGEKEAU A L'eMPEKEUR.
Bamberg, 8 octobre 1806.
D'après les ordres de V. M. tout le 7* corps a défilé ce
loatin par Bamberg. La queue de la dernière colonne avait
dépassé cette place à midi. Demain tout le corps d'armée
sera à Coburg, mais je suis dans un cruel embarras. Le
ûiajor général m'avait ordonné de prendre à Bamberg des
vi\Te8 pour 4 jours et je n'y en ai pas trouvé une ration.
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406 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Quelles seront mes ressources à Coburg étant précédé par
plus de 30,000 hommes tant infanterie que cavalerie ? J'ai
riionneur de supplier V. M. de daigner jeter un regard sur
ma position et de donner des ordres pour qu'à Coburg il
soit mis en réserve des vivres que j'y trouverais à mon ar-
rivée.
7* corps. — Avant-garde, en position sur la route de Coburg -, —
1" division, en avant d'Oberndorf, rive droite du Mayn ; — 2* divi-
sion, en arrière d'Oberndorf, rive gàuche du Mayn ; — parc, Halls-
tadt ; — quartier général, Bamberg.
LE GRAND-DUC DE BERG A L'EMPEREUR.
Lobenstoin, 8 octobre 1806, lo heures du matin.
L'avant-garde des troupes dont V. M. m'a confié le com-
mandement vient d'entrer à Lobenstein; 50 hussards prus-
siens en étaient partis hier au soir pour Saalburg où l'on dit
qu'il y a environ 500 hommes d'infanterie qu'on présume en
être partis dans la nuit.
Les éclaireurs ont déjà trouvé les Prussiens en avant d'E-
bersdorf -, ils se sont retirés dès qu'ils les ont vus. Les géné-
raux Milhaud, Lasalle et Watier partent en ce moment pour
les reconnaissances que vous avez ordonnées; je ne perdrai
pas une minute pour faire parvenir à V. M. les rapports que
je recevrai. En attendant voici ceux que l'on me donne.
L'armée est concentrée sur Nauraburg; le prince Hohen-
lohe se trouve, dit-on, à léna. Un seul régiment se trouve à
Hof ; il se retirera; point de troupes d'ici à Leipzig; la route
fort bonne. Les premiers Russes arrivés sur les frontières de
la Saxe ; cependant des marchands partis samedi de Leipzig
assurent que des négociants russes leur ont dit qu'il n'eu
viendrait pas du tout; c'est de la princesse de Lobenstein
que je sais qu'ils sont sur la frontière de la Saxe du côté de
la Silésie ; mais elle ne l'assure pas; ce soir j'aurai de plus
complets renseignements. On m'assure qu'il y a une assez
bonne communication d'ici à Grâfenthal et Saalfeld et Hof.
Il y a d'ici à Grâfenthal 6 lieues, d'ici à Saalfeld 7, d'ici à
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8 OCTOBRE. 407
Hof 6, d'ici à Saalburg 2. Le 27* régiment d'infanterie va
prendre position en avant d'Ebersdorf. Les 2 régiments de
la division Drouet en arrière de Lobenstein occupant une
bonne position et en mesure de se porter partout où les cir-
constances pourraient Texiger; ils garderont les débouchés
de Hof et de Saalfeld et Grâfenthal. — La division Rivaud
sur les hauteurs de Neundorf, en arrière de Lobenstein.
J'envoie quelques lettres trouvées à la poste.
J'aurai l'honneur de faire passer exactement à V. M. toutes
les nouvelles que je recevrai de l'ennemi.
LK GÉNÉRAL BELLIARD AU MAJOR GENERAL.
Ebersdorf, le 8 octobre 1806.
Mon Prince, j'ai l'honneur de rendre compte à V. A. S.
que ce matin l'avant-garde du corps d'armée de réserve
s'est mise en mouvement à 3 heures du matin pour se porter
BUT Lobenstein*; arrivé sur ce point, le Prince a envoyé re-
connaître Hof par le général Lasalle, Saalburg par le gé-
1. Tous les oOlciers génuraux soulignaient dans leurs rapports les ooins des
villes, villages, cours d'eau, etc.; des généraux ennemis, des régiments qu'ils
avaient eus en présence dans les afluires ou les reconnaissances ; ils mettaient
a^ec le plus grand soin le lieu, la date et Iheuru do l'expédition dçs ordres
ou rapports. L'Kmperour exigeait ces indications de la façon la plus absolue.
— 11 est do bonne précaution de mettre l'heure à la Qn d'un rapport et non
au commencement; car on peut étru interrompu pendant la rédaction du
>^pport. La plupart des ofllciers, généraux et autres, mettaient la date et
riœure en signant.
Los rapports portaient souvent en tête le nom de l'oftlcier h qui ils étaient
adresses. Celte tradition des armées de la Hépubliquo avait été conservée par
beaucoup d'officiers, et il est heureux qu'on y soit revenu.
II est encore une réforme que Ton ne saurait réaliser trop tôt : c'est de faire
disparaître de notre langue militaire toutes les formules banales qui encom-
breut et alourdissent la correspondance , les expressions inutiles telles que
j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien, etc., et tous ces raffinements de
langage qui dénotent un affaissement des mœurs. Le supérieur ordonne ; Tin-
férieur rend compte de Texécutiou des ordres. Avec les vaines formules dis-
paraîtront en môme temps, il faut l'espérer, toutes les susceptibilités mal
placées qui semblent absorber complètement certains hommes à l'esprit étroit.
Les rapports des officiers d'ordonnance de l'Empereur étaient rédigés d'après
les principes que j'indique ; ils portaient comme suscriplion Rapport à S. M.
^Empereur et se terminaient par ces mots l'Officier d'ordonnance suivis de la
signature.
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408 CAMPAGNE DE PRUSSE.
néral Watier et Saalfeld par le général Milhaud. L'ennemi
était à Saalburg au nombre de 600 hommes d'infanterie
saxonne, 200 hommes de cavalerie de la même nation et
autant de cavalerie prussienne. Il voulait défendre le pas-
sage de la Saale \ à l'approche des Français, les ennemis ont
tiré quelques coups de canon. Le Prince, qui se trouvait à
Tavant-garde, a fait venir de Tartillerie et de rinfanterie. La
ville a été attaquée ; les ennemis ont pris la fuite sans faire
de résistance. S'ils avaient voulu tenir pendant quelque
temps, on eût fait en petit l'anniversaire du combat de Wer-
tingen, car par les mouvements que le Prince avait ordon-
nés, l'ennemi eût été enveloppé par les deux colonnes qui
avaient passé à gué la Saale, et tout ce qui se trouvait à
Saalburg aurait été fait prisonnier.
Ce soir, la division de dragons, les divisions de cuirassiers
et le parc de réserve sont en colonne depuis Bamberg jus-
qu'à Steinwiesen. Le 5* régiment de hussards, sous les ordres
du général Lasalle, est à Lichtenberg ; le 4* régiment de la
même arme occupe Saalburg 5 le 2'* de hussards occupe Frie-
sau et Ëliasbrtlnn ; le 5* régiment de chasseurs à Rôppisch
poussant des reconnaissances sur Isabellengrilnn. Le général
Milhaud avec le 13* régiment de chasseurs est sur la route
de Saalfeld-, il n'a point encore donné de ses nouvelles.
LE GRAND-DUC DE BERG A l'eMPEREUR.
Ebersclorf, à une lieue de Lobcnstein, 8 octobre I8O6, 10 heures du soir.
Le prince de Ponte-Corvo a reçu un rapport d'un de ses
espions qui a parcouru toute l'armée ennemie. Tous ceux
que je reçois de mon côté s'accordent avec les siens. II est
très-positif que l'armée est concentrée sur Naumburg et Er-
furt. Le prince de Hohenlohe a son quartier général à léna.
Tout le monde s'accorde à dire que les Russes n'arrive-
ront pas ; ce qu'il y a de bien sûr, c'est qu'ils n'ont pas encore
pénétré en Saxe et je ne crois pas même en Silésie.
J'arrive de Saalbourg que j'avais été reconnaître avecle
général Watier, ayant laissé sur la hauteur en avant d'Ebers-
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8 OCTOBRE. 409
dorf les 2* et V de hussards et le 5* de chasseurs, et, en
arrière de ce village, le 27* d'infanterie légère avec 3 pièces
de canon. J'étais flanqué par les généraux Lasalle et Mil-
haud. J'ai trouvé le pont de la Saale coupé et Tennemi au
nombre de 2 ou 3 escadrons, d'environ 1,000 hommes d'in-
fanterie et 2 pièces de canon, posté sur les hauteurs de Saal-
burg qui dominent à pic la rivière qui se trouve extrême-
ment encaissée. Nos hussards ont été reçus par une décharge
de mousqueterîe à laquelle on n'a pas d'abord riposté, et
moi par quelques coups de canon. Ayant aperçu à Kloster
qu'on passait la Saale avec un bac et qu'en menaçant ce
point-là je forcerais l'ennemi à abandonner Saalburg, puis-
que je menaçais sa retraite, j'ai envoyé mon aide de camp
Lagrange pour le reconnaître et essayer de passer la rivière.
L'ennemi qui s'est aperçu de ce mouvement a porté sur-le-
champ toutes ses forces sur ce point ; il a tellement craint
notre passage qu'il a tiré au moins 30 coups de canon à
toute volée sur mes premières vedettes. Cependant je fai-
sais venir 4 compagnies d'infanterie légère avec une pièce
de canon pour passer de vive force la Saale et m' emparer de
Saalburg. Sire, les voltigeurs du 27% ainsi que les chasseurs
de ce corps, ont couru sur l'ennemi aux cris de Vive V Empe-
reur! ri ont pas tiré un seul coup de fusil, ont passé la Saale
sur le pont qui était mal rompu, et ont gravi sur les hauteurs
de Saalburg, qui au premier coup de canon que j'ai fait
tirer, a été évacué au pas de course par l'ennemi. L'ennemi
a eu quelques hommes blessés. Lorsque j'ai quitté Saalburg
à 5 heures, le général Watier, qui avait passé la Saale avec
le 4^ de hussards et 400 hommes d'infanterie légère, était à
la poursuite de l'ennemi ; il aura probablement fait des pri-
sonniers. Aussitôt que son rapport me sera parvenu, j'aurai
l'honneur de l'adresser à V. M. Je joins à ma lettre celui
que je viens de recevoir du général Lasalle ; le rapport du
^j'énéral Milhaud ne m'est pas encore parvenu. Demain ma-
tin des reconnaissances seront poussées sur tous les points.
Je tâcherai d'avoir des nouvelles positives de Neustadt et de
Posneck; j'en recevrai très-certainement dans la nuit de
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410 GÂMPAGiNE DE PRUSSE.
Saalfeld. Schleiz aura été certainement reconnu ce soir, et
peut-être même occupé.
Vraisemblablement le maréchal Bernadette portera demain
matin son corps d'armée en arrière de Saalburg ; dans ce
cas, je me porterai sur Schleiz, point qui me paraît extrême-
ment important à occuper puisqu'il est le centre d'un grand
nombre de communications, à moins que j'apprenne qu'il est
fortement occupé.
LE GBXÉaAL MILUAUD AU QllAND-DCC DE BEBG.
LeliesteD, 8 octobre 18O6, 8 lieuros du soir.
Conformément à vos ordres je me suis porté avec le gros du régi-
ment à trois lieues de Lobcustein, dans l'embranchement des com-
munications qui conduisent à Gr&fenthal, à Saalfeld et Leutenberg:
j'ai dirigé trois reconnaissances vers ces trois endroits, une directe-
ment sur GrUfentbal, l'autre en passant par Zell sur Saalfeld et 1h
troisième sur Leutenberg. 11 sera presque impossible à ces divers
détachements de rentrer avant minuit ; j'ai cru de mon devoir de ne
pas attendre leur retour pour rendre compte à V. A. I. de la posi-
tion que j'occupe et des renseignements provisoires que je me suis
procurés dans le pays. Un bataillon prussien était hieràGnifenthal;
un corps de troupes de toutes armes d'environ 3,000 hommes était
à Saalfeld ; ce corps avait des postes qui s'étendaient jusques à Zell.
Lichtentanne et Leutenberg. Dans ce dernier lieu, 60 hussards prus-
siens étaient encore à midi : on assure en ce moment que tous les
postes de GrUfenthal, de Zell et de Leutenberg se sont repliés et
que même la troupe qui était à Saalfeld doit aussi se retirer pour se
concentrer à Rudolstadt avec un corps d'armée de 30,000 hommes...
Mes reconnaissances ne m'ont encore rien mandé de nouveau à 8 heu-
res... Aussitôt que j'aurai des nouvelles plus positives de l'enuemi,
je m'empresserai de les faire connaître à V. A. I.
P. -S. — La route de Lobeustein à Grilfenthal, quoique mauvaise,
est praticable pour l'artillerie de campagne.
LE GÉMÉUAL MILHAUD AU GBAND-DUC DE BBRO.
LuliostOD, 9 octobre 1806.
Mes trois reconnaissances sont rentrées ; leur rapport confirme
en partie les renseignements que j'ai eu l'honneur de transmettre à
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8 OCTOBRE. 411
y. A. I. hier soir à 8 heures.... Le capitaine qui commandait la re-
connaissance de Leutenberg a trouvé un poste de cavalerie qu*il
n'a point chargé parce qu'on lui avait assuré qu'il était au moins
(ionble du sien... Celui qui commandait la reconnaissance sur GrU-
fenthal a dit avoir vu deux vedettes de hussards prussiens et deux
sentinelles d'infanterie... L'officier qui a reconnu Zell » a déclaré
qae 32 hommes de cavalerie avaient quitté hier cet endroit à midi
et qu'il y avait encore hier à la même heure un gros détachement à
Grâfenthal.
Je ne suis pas content de ces trois reconnaissances ; je vais moi-
même à Leutenberg avec le gros de mes troupes ; ce lieu est à 3 lieues
de Grâfenthal, 4 de Saalfeld et 5 de Saalburg. J'enverrai une forte
reconnaissance jusqu'aux portes de Saalfeld.
LE GÉNÉRAL LASALLE AU OBAND-DUC DE BERQ.
Liclitenberg, 8 oclobre 18'J6, 2 heures après-midi.
J'arrive à l'instant à Lichtenberg; il est 2 heures. Un ordre avait
été donné par le commandant de Hof de fournir des subsistances de
Lichtenberg à Hof. Elles sont parties hier 7 de la première ville et
arrivées à Plof vers minuit. Dans ce moment toutes les troupes en
partaient à la hâte ; tous les chevaux ont été mis en réquisition
pour évacuer les magasins vers Plauen, où ils se sont dirigés. Ce
matin à 4 heures la bourgeoisie a occupé les postes des deux portes.
Hof n'a qu'un seul mur pour chemise ; le camp était à demi-lieue eu
arrière de Hof vers Plauen, et le paysan assure qu'il est levé.
Le chef d'escadron Maîgnet est parti avec 100 chevaux pour Hof
avec l'officier du génie. J'ai fait bivouaquer le 5® régiment et l'ai
bien couvert de grand'gardes. Les chemins de Lobeustein ici sont
pierreux, étroits, montueux, cependant pas assez mauvais pour n'y
pas faire passer de l'artillerie. Je suis passé par le chemin le plus
court par Harra. L'officier du génie retournera par Lichteubrunn
que l'on dit meilleur.
LE CHEF d'escadron MAIOKET, DU 5" DE BUSSABDS,
AU GÉNÉRAL LA8ALLE.
Hor, 8 oclobro 1806, 5 heures cl demie du soir.
Les Prussiens sont partis à une heure du matin. Les avant- postes
étaient à une lieue de la ville. L'ennemi se retire sur Plauen et
Schleiz.
i. Probstzella.
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412 CAMPAGNE DE PRUSSE.
MUnchberg est occupe par les Français.
Les habitants reçoivent les Français avec plaisir.
Je me suis saisi de la poste aux lettres et de tous les paquets. Je
vous les adresse.
Trois petits magasins de fourrage sont en ville. Ils étaient destinés
pour les Prussiens.
Les chemins sont très praticables.
Je vais coucher à Naila, 3 lieues d'ici. J'attends vos ordres.
LE GÉNéRAL BELLIABD AU COLONEL DU 5* DE CHASSEURS.
Ebcrsdorf, s octobre 1806.
Vous partirez de suite, avec votre régiment, M. le colonel, pour
aller vous établir au village de Rôppisch ; vous ferez garder et re-
connaître les routes et débouchés de IsabellengrUnn à Pôiisch avec
beaucoup de précaution ainsi que celle de Liebengrûnn ; vous gar-
derez aussi avec beaucoup de précaution votre régiment qui bivoua-
quera et devra être établi militairement. Demain, une demi-heure
avant le jour, vous ferez monter à cheval le régiment qui ne repren-
dra son bivouac qu'après la rentrée des reconnaissances. Envoyez
après votre établissement un sous-officier d'ordonnance au quartier
général à Ebersdorf, et demain adressez-moi votre rapport et votre
situation.
LE CHEF d'escadron COMMANDANT LE 5* DE CHASSEURS
AU GÉNÉRAL BELLIARD,
Ruppisch, 9 octobro 1806.
Le régiment est arrivé ici aujourd'hui à 9 heures du soir. D a bi-
vouaqué en avant de ce village, flanqué par deux gorges profondes
et couvert par la Saale ; il s'est gardé militairement, a monté à che-
val une heure avant le jour; à la pointe du jour, a poussé des recon-
naissances ; il s'est lié par sa droite avec les piquets du 7* régiment
de hussards sur le plateau de Saalburg ; sur le centre a pousse à
Burgk où il a rencontré les vedettes ennemies placées à la tête da
pont ; à gauche a poussé sur Remptendorf et Liebengriinn où ou
n'a pu se procurer aucun renseignement sur l'ennemi .
LE GÉNÉRAL BBLLIARD AU COLONEL DU 2* DE HUSSARDS.
Ebersdorf, 8 octobre 1806.
Vous partirez de suite avec votre régiment pour aller vous établir
aux villages de Friesau et Eliasbriinn ; vous vous lierez par Bup- '
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8 OCTOBRE. 413
persdorf sur la route de Saalfeld avec le général Milhaud qui doit
occuper ce village ; vous vous établirez militairement ; votre régi-
ment devra être au bivouac et se garder avec beaucoup de précau-
tion. Demain une demi-heure avant le jour, votre régiment devra
être à cheval et il ne mettra pied à terre qu'après la rentrée des re-
connaissances. Envoyez-moi aussitôt votre établissement un sous-
officier d'ordonnance et faites-moi passer demain matin votre rapport
avec votre état de situation.
LE GÉNÉRAL BELLIARD AU GÉNÉRAL WATIER.
Ebersdorf, 8 octobre 1806.
Vous voudrez bien faire reconnaître demain matin, par une pa-
trooille seulement, Schleiz, Zollgriinn et sur Ordonnez qu'on se
îrarde avec beaucoup de précaution. La troupe doit bivouaquer.
Faites-moi connaître par le retour de Tordonnance la position que
vous occupez et si vous êtes rentré dans Saalburg.
LE GÉNÉRAL BSLLIARB AU GÉNÉRAL BEAUMONT.
Ebcrsdorf, 8 octol)re 1806.
Partez demain et venez à Ebersdorf en avant de Lobenstein où
vous recevrez des ordres du Prince.
Ordre à la 4* division de dragons de venir s'établir demain à Stein-
wiesen en avant de Eronach, occupant depuis Rodach jusqu'à Stein-
wiesen 5 après-demain à Ebersdorf.
1" corps d'armée. nouvel ordre de mouvement
POUR LE 9 OCTOBRE.
Quartier gunéral à Lobenstein, 9 octobre 1806, 8 heures du matin.
La 2* division, aux ordres du général Drouet, se portera en entier
en arrière de Saalburg.
La division Riyaud prendra position en arrière d'Ebersdorf .
La division Dupont s'établira en arrière de Lobenstein.
Le grand parc d'artillerie viendra à Neundorf.
Le Général de diviêion,
L. Bertuier.
Cet ordre annule l'ordre précédent.
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414 CAMPATxNE DE PRUSSE.
LE MARÉCHAL BERNADOTTE AU MAJOR GÉNÉRAL.
LobcDstGtn, 8 octobre 1806, s heures après-midi.
Je viens de quitter le prince grand-duc de Berg en avant
d^Ebersdorf. S. A. vous fera sans doute le rapport de sa re-
connaissance. Je me bornerai à vous dire que je métablisà
Lobenstein -, la division Drouet est placée en arrière de cette
petite ville, ayant le 27* régiment en avant d'Ebersdorf ; la
division Rivaud sera aussi très près d'ici entre Neundorf et
Lobenstein. La division Dupont doit être aujourd'hui prè?
de Nordhalben ; elle reçoit Tordre de venir demain ici.
LE MARÉCHAL BERNADOTTE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Quartier général Lobenstein, 8 octobre 1806.
J*ai l'honneur de vous rendre compte que 4 compagniejî
du 27' régiment d'infanterie légère ont été envoyées aujour-
d'hui vers 4 heures du soir pour protéger le passage de U
cavalerie à Saalburg ; ces compagnies avec une pièce d'ar-
tillerie se sont emparées de la ville; l'ennemi n'avait pas
détruit le pont; il s'est contenté défaire tomber les madriers,
mais ils ont été replacés de suite et quelques coups de canon
ont précipité la retraite des troupes qui défendaient la ville.
S. A. I. le grand-duc de Berg transmet à S. M. le rapport
détaillé de tout ce qui a été fait dans la journée. L'occupa-
tion de Saalburg m'a déterminé à faire avancer le reste du
1" corps. J'ai ordonné à toute la division Drouet d'aller s'é-
tablir à Saalburg, en portant le 27* régiment en avant. La
division Rivaud va se placer à Ebersdorf, et la division Du-
pont arrivera ici demain de bonne heure.
LE MARÉCHAL DAVOUT AU MAJOR GÉNÉRAL.
8 octobre ISOS.
Les rapports sur les Prussiens sont encore fort obscurs; il
en résulte seulement qu'ils sont en marche et en grand mou-
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8 OCTOBRE. 415
vement. Hier 7 tout me porte à croire qu41 en est arrivé vers
les 4 heures du soir à Coburg, d'où ils ne laissent sortir ni
entrerpersonne. Jusqu'à ce moment il n'avait paru à Coburg
([ue 30 ou 36 hussards qui y étaient depuis 5 jours.
On y assurait que partie de l'armée prussienne avait dû
arriver le même jour à Saalfeld et avait poussé une avant-
garde à Qrafenthal. Suivant les rapports, les grandes forces
prussiennes devaient se réunir sur léna et Saalfeld.
A Coburg ils faisaient courir le bruit que le roi de Prusse
devait se rendre aujourd'hui à Bamberg pour avoir une
conférence avec notre souverain.
J'ai envoya un parti à Culmbach pour avoir des nouvelles
du maréchal Soult ; il n'est pas encore de retour.
Toute l'armée sera réunie de très-bonne heure en avant
de Kronach, conformément aux ordres de V. A.
3* corpB. Cavalerie légère, en avant de la 1^* division ; — 1" di-
vision, sur les hauteurs au confluent de la Rodach et de la Kronach ;
— 2* division, à 2 lieues en avant de Kronach, sur la Rodach ; —
3* division, près de Theisenort ; — quartier général, Lichtenfels.
LE MARECHAL LEFEBVRE AU MAJOR GËKERAL.
Lichtenfels, 8 octobre 1806.
J'ai rhonneur de vous rendre compte que je suis arrivé
aujourd'hui à Lichtenfels et que le corps que je commande
occupe ce soir Lichtenfels, Zettlitz et quelques villages envi-
ronnants.
Nous partirons demain de grand matin pour arriver de
bonne heure à Kronach.
J'ai donné Tordre au général de division Oudinot d'aller
cantonner demain avec les dragons à pied une demi-lieue
en avant de Kronach.
Je vous préviens que les 10,000 rations de pain que vous
m'avez annoncé devoir suivre la Garde impériale, n'ont pu
être fabriquées pour le départ de Bamberg, on continue à
travailler à leur fabrication, mais je crois que les moyens de
t^nsport seront difficiles.
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416 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ORDRES QUI ONT ETE DONNÉS POUR LA PRISE
DE POSITION DE MUNCHBERG.
MûDChberg, 8 oclobre 1806.
La division de cavalerie légère se rendra à Weislenreutli
sur la grande route de Hof où elle s'établira militairement
en arrière de cet endroit, et s'y gardera avec soin. L'avant-
garde, composée du 8* de hussards et des tirailleurs du Pu,
se rendra à Konradsreuth où elle s'établira et se gardera
militairement.
Aussitôt son arrivée, le général Guyot enverra un parti
reconnaître ce qui se passe sur Hof, mais le commandant de
ce détachement n'entrera pas dans la ville, quand bien même
il y aurait possibilité ; il se gardera aussi d'engager aucune
affaire et rendra compte immédiatement de tous les rensei-
gnements qu'il pourra acquérir sur les mouvements et direc-
tions des Prussiens et Saxons.
Les généraux Margaron et Guyot enverront des partis sur
Schwarzenbach, sur la Saale, où passe la grande route de
Wunsiedel à Hof, afin de prendre connaissance des mouve-
ments de l'ennemi. Ils en enverront aussi sur Selbitz pour le
même objet.
La 1*^® division prendra position sur la hauteur en arrière
de MUnchberg s'adossant au bois, dirigeant sa droite vers
Spameck sans dépasser le ravin, la gauche se dirigeant sur
la grande route de MUnchberg.
Le général Levai placera le 4* régiment en position sur le
plateau en arrière de MUnchberg et il mettra en avant de
son centre 2 pièces de 12. Le restant de la division prendra
position sur la hauteur en arrière du 4*^ de ligne et dans la
même direction que la 1'* division, appuyant la droite à la
grande route et prolongeant la gauche dans la direction de la
hauteur qui est en arrière du village de Straas.
La 3® division prendra position sur la hauteur en avant de
MUnchberg. Le général Legrand portera un bataillon d'in-
fanterie légère en avant d'Ahornberg, un autre bataillon à la
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8 OCTOBRE. 417
tête du bois qui est en arrière de ce village et le bataillon
corse à la tête du bois qui est à la droite de la route, et au
delà de la vallée, de manière à fournir des postes pour pren-
dre les débouchés de Markersreuth et Weissdorf.
Le parc d'artillerie s'établira à Gefrees; le quartier géné-
ral est à MUnchberg.
M*' SOULT.
XoTE. — Dans la route de Baireuth à MUnchberg, la po-
sition qui est en arrière de Benck a été observée ; cette posi-
tion offre un beau développement ; elle domine à une grande
distance. Le terrain est en pente rapide, boisé, coupé et
quelquefois marécageux; le fond de la vallée est aussi maré-
cageux et rempli d'étangs. Si un corps d'armée occupait
cette position, il serait convenable que son avant-garde fût
placée à la tête du défilé de Berneck qu'on peut défendre
avec avantage, même contre des forces supérieures ; du reste
la position de Benck et celle du défilé de Berneck deman-
dent à être étudiées avec beaucoup de soin.
LE MARÉCHAL SOULT A L'eMPEUEUE.
Mûuchberg, 8 octobre 1806, 4 heures après-midi.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. M. de la position que
les divisions du corps d'armée viennent de prendre sur les
liauteurs de MUnchberg.
La cavalerie légère est à Weislenreuth et fournit son
avant-garde à Konradsreuth d'où elle a envoyé un parti jus-
qu'à Hof et divers détachement» sur la droite et sur la gau-
che pour éclairer ce qui se passe.
La division du général Legrand a pris position sur la hau-
teur en avant de MUnchberg.
Les 1" et 2* divisions, commandées par les généraux
Saint-Hilaîre et Levai, ont pris position sur une ligne en
arrière de Mttnchberg, la droite dans la direction du villago
de Weissdorf, et la gauche se dirigeant sur le village de
Poppenreuth.
C&UP. DB PRUSSB. 27
l
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418 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Cette position, quoique étendue, est assez bonne ; elle do-
mine à une assez grande distance, et un terrain marécageux
la couvre ; il y a aussi beaucoup d'étangs. La position de la
3* division offre les mêmes avantages. Ainsi je croîs que si
on devait se battre dans cette partie, on pourrait compter sur
des succès.
Je n'ai pas vu d'ennemi dans la route ; un petit poste qui
était à Gefrees s'est retiré la nuit dernière.
Deux voyageurs, qui viennent de Hof, assurent que la nuit
dernière à 11 heures le général Tauenzien fit subitement
plier les tentes des troupes qui étaient campées en arrière
de Hof, et qu'immédiatement il dirigea une partie de ces
troupes sur Schleiz et l'autre partie sur Plauen, où elles
doivent joindre une division de Saxons qui y campe.
D'autres voyageurs, venant aussi de Hof, assurent que de-
puis ce matin il n'y a plus de troupes dans cette ville, et que
les j remières sont entre Hof et Plauen, ainsi qu'à Schleiz.
J'ai envoyé une reconnaissance jusqu'à Hof avec ordre
de pénétrer dans la ville s'il est possible, sans cependant se
compromettre, mais je ne pourrai avoir son rapport que d«nns
la nuit prochaine.
Demain à 6 heures du matin le corps d'armée sera en
marche pour se diriger sur Hof où il arrivera à 10 heures et
demie. Ensuite je lui ferai continuer son mouvement sur
Plauen , afin de le rapprocher de Schleiz et ainsi lier la
communication avec les colonnes du centre, que V. M. m'a
annoncé devoir se diriger sur Schleiz.
Je ne pense pas que les ennemis aient dirigé beaucoup de
troupes sur Schleiz, mais je crois que tout ce qui était à Hof
s'est porté à Plauen, et un rapport que je reçois à l'instant
me confirme dans ce sentiment. ,
D'après ce rapport le général Tauenzien aurait eu à Hof
4 régiments de cavalerie, dont 2 prussiens et 2 saxons, de
2,000 hommes chaque, et 14 bataillons dont 4 ou 5 de grena-
diers saxons.
On me dit aussi qu'àZwickau le corps d'armée du général
Hohenlohe qu'on élève jusqu'à 55,000 hommes, campe.
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8 OCTOBRE. 419
Si cette version est vraie, et tout la rend vraisemblable, il
me paraît naturel que les troupes qui étaient à Hof se soient
retirées k Plauen afin de rejoindre ensuite le gros de leura
troupes à Zwickau, et ainsi couvrir la Saxe, sui*tout la capi-
tale.
Dans cette hypothèse je crois remplir les intentions de
V. M. en me dirigeant sur Plauen, d'autant plus que je suis
la marche de Tennemî et que je me rapproche de Schleiz où
sans doute des troupes de la colonne du centre seront
demain arrivées.
Je ne pense pas que l'ennemi ait établi de ligne d'opéra-
tions entre la grande route de Hof à Dresde par Zwickau et
la Bohême, mais demain j'en serai assuré et j'aurai l'honneur
d'en rendre compte à V. M.
ORDRE.
Mûnckborg, 8 octobre 1806.
Les divisions du corps d'armée se mettront en marche de-
main 9 octobre à 6 heures du matin et se dirigeront sur
Hof dans le même ordre qu'aujourd'hui.
A cet eflfet la cavalerie sera réunie pour 6 heures et demie
en avant de Konradsreuth, où elle attendra que la tête de
l'infanterie Tait jointe pour se mettre en mouvement. M. le
général Legrand ' mettra en marche sa division à 6 heures
pour suivre la même direction, afin que la tête de la 2* divi-
sion ne soit pas dans le cas de s'arrêter lorsqu'elle aura com-
mencé son mouvement, et aussitôt qu'eUe aura joint la cava-
t. T^B Qé3rKB4L COUPAX8 A L^ORDOSlTATBnR.
8 octobre isoG.
M. le général Lc^mnd vennnt de prévenir le Maruchul commandant en chef
i{Uti le pnin et la viande seront duos domain à su division et quo les caissons
à lu suite des corps qui sont partis de Thumbach pour aller prendre du pain
a Amberg n'étaient pas encore revenus, je vous prie de prendre des mesures
pour assurer à cette division ses vivres de mhnière à ce qu'elle se trouve de
pair avec les autres divisions, et à me faire connaître les moyens que vous
aurez employés afin que je puisse en rendre compte à M. le Uaréchal com-
mandant en chef.
Le général Legrand rend compte qu'il existe 2 bœufs à la suite do sa divi-
sion. — Il est indispensable qu'il soit fait une distribution dans la nuit; don-
Qcz vos ordres à cet effet.
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420 CAMPAGNE DE PRUSSE.
lerie, il donnera ordre au général Margaron de se mettre en
marche.
Le général Levai réglera son mouvement sur celui de la
3* division, de manière à ce que sa droite se mette en mar-
che à 6 heures.
Le général Saint-Hilaire réglera son mouvement sur celui
de la 2* division, dont il suivra la marche, et fera rester sou
infanterie légère à la gauche de sa division, si elle n'était pas
rentrée à temps pour en prendre la tête, afin qu'il n'existe
aucune interruption entre les divisions.
Le parc d'artillerie suivra la même direction et se rendra
à Hof où il recevra de nouveaux ordres.
Les équipages du quartier général marcheront demain à
la gauche de la 3* div^ision.
Rendu à Hof, M. le Maréchal commandant en chef don-
nera de nouveaux ordres sur les mouvements que le coip
d'armée devra faire encore pendant le jour, ou sur les posi-
tions que les divisions seront dans le cas de prendre.
Les généraux îlargaron et Guyot donneront des ordres
pour que les détachements qu'ils ont fournis aient rejoint
leurs régiments en avant de Konradsreuth pour 6 heures et
demie, excepté cependant ceux qui seront sur la grande
route de Hof.
LE MARÉCUAL NEY AU MAJOR GÉNÉRAL.
Raireuth, 8 octobre 1806.
Le corps d'armée sous mes ordres arrive ce matin à Bai-
reuth ; une partie occupe les villages en an'ière de Bemeck,
le reste est placé en amère de Baireuth et sur la route de
Culmbach, jusqu'à Neuenblos, rive droite du Rother-Mayn.
Demain à 5 heures du matin je suivrai le corps d'armée
du maréchal Soult qui campe aujourd'hui à MUnchberg, po-
sition que j'occuperai probablement.
M. le maréchal Soult me mande qu'il paraît que les Prus-
siens veulent défendre Hof et que quelques bataillons saxons
doivent y être arrivés ; si ce maréchal trouve des forces supo-
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8 OCTOBRE.
421
Heures, je forcerai de marche pour Tappuyer ; mais je ne
puis croire les Prussiens assez ignorants pour nous livrer
bataille dans une position aussi désavantageuse.
J'attends les ordres de V. A. sur ma nouvelle destination ;
je pense que je changerai de direction à droite à Hof, pour
inarcher sur Dresde.
Le capitaine Semery, aide de camp du général Savary, reçut le 7
à Hamberg une mission analogue à celles que TËmpereur avait con-
fiées à Wiirzburg le 5 à son officier d'ordonnance Montesquiou et
an capitaine Custine, aide de camp du général Savary. Le rapport
(le cette mission fait assister à la traversée de Bamberg dans la jour-
née du 8 par le ?• corps d'armée, les !'• et 2* divisions de grosse
cavalerie, et ensuite à la visite des établissements de la place.
Troupes arrivées dans la place de Bamberg le 8 octobre et parties pour
Unllsladt d'après l'ordre dans lequel elles ont défilé depuis 7 heures
du matin jusqu'à ô heures du soir.
7 heure».
Parc de réaerve d'aitil*
Icrie do corp« de c«v«-
lerie.
%heure»lli.
i < MVISIOX DD 7« COIPS.
7' ràginient de ehasBeara
à ebeval.
5<' compagnie da (>« d'ar-
tillerie à cheval.
1'^ eumpagoie da 8« ba-
taillon da train d'artil-
lerie.
lit< régiment d'infanterie
iégire.
U' régiment d'infanterie
<i« ligne.
K<5 régiment dMnfante-
rie do ligne.
4 conpagule du 2' d'ar-
tillerie à cheval.
Détaohement de loge-
mrut de la dIviHion au
général d'Uautpoul.
P»rc de la ir-- division
du > corps.
tr« BlTlHon SI CIOSSB
CATAlBftlS.
y régiment de cnirae-
slen.
l** ràgiment de carabl-
nier».
i- régiment de carabi-
nier!.
Hommes. ClieTsax.
536
90
8,606
1,723
1,810
41
50
210
430
428
78
210
810
426
422
5 aflTùtc de rechange pour pièces de 8, 24 cais-
sons lie 8. 12 d'obasiers de 6 p., 12 d'iii-
fanierie, 6 ubariots de muniiions, 4 forges,
2 fourgons pour les menus approvisioiiiie-
menls, 3 caissons de paru.
540 23 chevaux bli^ssAs. Venant d'Ebrac et envi-
rons, route de WQrzbiirg.
06
117 4 pièces de 8, i obosier de 6 p., 8 caissons de
8 (l'oOicier n'a pu me les détailler ei je ii'ui
pas vouln arrêter la colonne qui fliaii),
3 caissons d'obosier, i chariot k munitions.
M Le général Desjardins marchait k la téie.
Le généra] Covroux précédait. 40 hommes
restés aux hôpiuox.
24 hommes restés aux hôpitaux de Wilix-
burg.
Attachée k la i<-r division 2 pièces de 8,
{ obiisier de 6 p., 4 raiskonsde 8, 3 d'oho-
sier, 1 d'infanterie, i forge.
4 pièces de 8, 2 de 4, 1 obusier, 8 caissons
de 8, 2 de 4, 3 d'obusier, 9 caissons d'iu-
fauterie, 2 alTùts de recluinge, 2 chariots
de munitions, 3 voitures d'objets d'appro-
visionnements, 1 forge de campagne.
15 chevaux blessés.
4 chevaux blessés.
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422 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Hoames. Chevaux.
2e régiment do cufriui- 421 i06 15 chevaux blessé*.
sien.
Artillerie de la !'« divl- • » 2 pièces de S, 1 obosier de 6 p., 4 eaissom
sion do cavalerie. de 8, 3 d'obusier, 1 d'infanierie, 1 chariot
de luuuilioBs, 1 fo^fe, 1 feoifua.
Artillerie de la 2* division » ■» 4 pièces de 8, i obusier de 6 p., S pièen<i«4.
du 7 eorpB. 4 caissi»» de 8, 2 de 4. 3 d'obusier, 9 d'in-
faulerie, t voiiun-s d*«pprovi«ioBiienetu,
S afîUs de reehaDfc. 1 d'obosiefi 2 pro-
longes, i forge de campagne.
Parc d*artilIerio du 7* <* » 4 pièi'os de 12, 6 de 8, 2 obusier* de 6 p..
corps. 12 caissons de 12, 12 do 8, 6 d'oboiier.
> d'infanleiie, 2 forge* de c
4 pièces de 12, 1 obusier de 6 p.
Nota. — C'était la fin de la eoionae; I»
traînards des diflérents corps éuienc biv1«>
avec le parc ei les équipages ; je n'ai pa bte*
observer.
M. le grand veneur était parti le matin à 2 heures par ordre de
S. M. pour se rendre à Kronach.
Général d'Hautpoul. — Je ne Tai rencontré qu*à Lichtenfels ; il
devait s'avancer le 10 à Kronachi
Le général Nansouty avait sa division cantonnée à une lieue en
deçà de Kronach dans divers villages de la vallée.
Se MER Y,
cajAtaine aide de camp du général Savary,
La 2* division du 7* corps qui, d'après l'ordre du maréchal Auge-
reau du 7, devait passer à Bamberg à 10 heures, ne traversa donc
pas la \âlle ; il est probable qu'en raison de l'encombrement du dé-
filé, elle contourna Bamberg -, son artillerie seule y passa.
Une des brigades de la division Nansouty, 9* et 12* cuirassier»,
ne traversa pas non plus Bamberg. Le 3* de cuirassiers était à envi-
ron 400 chevaux comme les autres régiments de la division ; il avait
donc ce jour-là un détachement soit au logement, soit à l'escorte du
général Nansouty. •
La division d'Hautpoul ne traversa pas Bamberg ; elle contonroa
cette ville. Le capitaine Semery la trouva le 9 sur la route de Kro-
nach, où elle était venue s'établir le 8, d'après les ordres du Grand-
duc du 7,
Place de Bamberg.
Fours, visités à 5 heures du soir, — De 8 fours en construction,
4 sont achevés et commenceront leur service demain 9 octobre an
matin ; les 4 autres le 10.
Chaque four ayant 13 pieds de dimension sur 12 peut contenir
400 rations et produire dans les 24 heures 8 fournées. Service d'un
four dans 24 heures, 3,200 rations.
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8 OCTOBRE. 423
8 foura produûent dans le même temps 25,600 rations.
La construction de ces fours a été retardée par le défaut de moyens
de transport pour avoir des briques.
Magasins, visités à 5 heures un quart. — A 5 heures un quart du
soir il n'existait rien dans les magasins de vivres.
Tout le pain confectionné avait été distribué au 7* corps d'année
et aux divisions de cavalerie.
Les farines qui y existaient ont été également distribuées à diffé-
reutjs corps dans les proportions ordonnées par S. A. S. le prince de
Keufchâtel et ces moyens ont été insuffisants.
Au moment de ma visite, le directeur des vivres venait de faire
une réquisition de farines en traitant de particulier à particulier. Il
pouvait ce soir disposer de 500 quintaux de farine de froment et de
2,500 quintaux de farine de seigle.
Commissaire ordonnateur et commandant de la place. — Le com-
mandant de la place s'occupe de réunir des voitures ; les moyens de
transport paraissent anéantis. Cet officier est seul et tellement occupé
qull n'a pu me donner aucun renseignement sur le passage des
tronpes ni sur la situation des magasins. J'ai observé moi-même le
passage en restant sur le chemin depuis 7 heures du matin jusqu'à
5 heures du soir.
Coiwois de vivres paesés à Bamberg. — 105 voitures de biscuit
ont passé dans la nuit et ont dii arriver ce soir à Kronach.
Le 8 à G heures du soir il arrivait à Bamberg, venant d'Erlaug,
550 quintaux de farine de seigle transportés sur des chariots attelés
de bœufs si fatigués qu'ils ne peuvent les porter plus loin et, venant
de Wiirzburg, 34 voitures de biscuit portant environ 30,000 ra-
tions.
Demain la régence fournira 600 quintaux de farine, mais au moin^
400 quintaux, plus 50 chariots attelés de 4 chevaux venant de la
principauté de liaireuth et chargés d'au moins 1,500 quintaux, total
1,900 quintaux, que la régence s'engage à fournir pendant 10 jours
de suite.
Quantité de pain et de farine existant dans la place. Ce quelle
ptut fournir. — On attend 30 voiture» parties de Wiirzburg depuis
2 ou 3 jours et chargées de biscuit pour Kronach.
La régie des vivres enverra sur Kronach tout ce qu'elle pourra se
procurer en sus des moyens qu'elle m'a indiques et que je viens de
détailler.
Moulins. — Les moulins de la ville et des environs ne peuvent
ftiduire en farine par jour. que 600 quintaux de grains. Les moyens
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424 CAMPAGNE DE PRUSSE.
de transport manquent. Il en faut pour envoyer les vivres à Kronaeh ;
on n'en a pas même pour transporter les grains des magasius aux
moulins et vice versa.
Sembry.
Les 105 voitures de biscuit, qui passèrent à Bamberg dans la nuit
du 7 au 8, portaient les 100,000 rations de Spire, parties de Wîlrz-
burg le 5 ; elles arrivèrent à Kronach (5*0 kil. de Bamberg) le 8 au
soir.
Les 34 voitures portant 30,000 rations étaient parties de Wiirz-
burg le 5 dans la journée ; elles arrivèrent le 9 au soir à Ej-onacb.
On attendait encore 30 voitures parties de Wiirzburg depuis 2 ou
3 jours; c'étaient les 20,000 rations que le général Duroc annonçait
comme devant partir avant le 6 au matin. On peut admettre que ce
convoi avait été complété à 30,000 rations et qu'il parvint à Kronach
le 10.
Ainsi 160,000 rations de biscuit venant de Wtirzburg, soit2jonrB
de biscuit pour toute la colonne du centre, étaient certainement ar-
rivées à Kronach le 10.
Les expéditions de farine de Bamberg sur Kronach commencèrent
le 9. On put faire partir 500 quintaux, puisque le 8 au soir il y avait
à Bamberg 500 quintaux de froment et 3,550 quintaux de farine de
seigle, et que les arrivages devaient être de 1,900 quintaux de farine
pendant 10 jours de suite. Tout ceci prouve que si les mesures né-
cessaires avaient été prises dès le 25 septembre, on n'aurait eu au-
cune inquiétude. Mais, je le répète, il faut des fonctionnaires anses,
actifs et secondés par un personnel choisi par eux avec soin.
Quant aux expéditions de pain biscuité elles commencèrent pro-
bablement aussi le 9, car le directeur des vivres put faire fabriquer
dès le 8 au soir ; elles furent certaines à partir du 10.
On trouva des moyens de transport sur les directions que l'armcv
n'avait pas parcourues (route de Bamberg à Baircuth, etc.).
On doit joindre en outre les 30,000 rations de biscuit et les 300
quintaux de farine à expédier journellement de Wtirzburg sur Kro-
nach et les 30,000 rations de biscuit à expédier de Forchheim, ordre
de l'Empereur du 7 aux généraux Thouvenot et Lefranc, ce qui fait
un total de 87,000 rations, qui pouvaient arriver à Kronach à partir
du 11.
Ainsi si l'armée avait retardé quelques jours à déboucher, elle eu!
certainement été nourrie à Kronach par les envois de Bamberg,
Wiirzburg et Forchheim.
Enfin à partir du 9 il arriva pendant 10 jours à Bamberg 1,900
quintaux de farine par jour. Il en fallait 1,000 par jour tant pour les
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8 OCTOBRE. 425
expéditions sur Kronach (500 quintaux de farine et 40,000 rations
(le pain biscnité) que pour les passages (5,000 à 6,000 rations) ;
restaient 900 quintaux pour rapprovisionnement des magasins, et, en
10 jours, 9,000 quintaux. A 90,000 rations par 1,000 quintaux, sui-
vant le calcul de l'intendant général, rapport du 7, on avait à Bam-
berg, vers le 19 ou le 20, de la farine pour faire 800,000 rations.
C'était un magasin considérable pour une ville ouverte ; l'Empereur
avait bien ordonné que tourf les moyens fussent enfermés à Wiirzburg
et à Forchbeim ; mais Bamberg , situé à la croisée des routes de
Mayence et d'Ulm, s'imposait comme point central des mouvements
«le l'armée.
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9 OCTOBRE
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LANNES.
Nordhallien, 9 octobre 1806.
Je VOUS préviens, M. le Maréchal, que le quartier de l'Em-
pereur sera ce soir à Ebersdorf.
Le maréchal Davout sera à Lobenstein.
Le prince Murât à Schleiz.
Le maréchal Bemadotte à Saalburg.
Le maréchal Soult vis à-vis Plauen.
Le maréchal Nev à Hof.
On suppose que Tennemi veut défendre Saalfeld; 6'ily
est en force supérieure, il ne faut rien engager que le maré-
chal Augereau ne vous ait rejoint. Dans la journée on aura
des nouvelles de T ennemi, et s'il avait des forces notables à
Saalfeld, TEmpereur marchera avec 20,000 ou 25,000 hom-
mes dans la nuit, pour arriver demain vers midi sur Saalfeld
par Saalburg.
Dans cette situation de choses, M. le Maréchal, où Ten-
nemi réunit toutes ses forces à Saalfeld, alors nous n'avoDs
autre chose à faire qu'à prendre position à Grâfenthal.
L'ennemi ne peut se hasarder à marcher sur vous ayant
des forces si considérables sur son flanc gauche ; si cepen-
dant il le faisait en force très-supérieure, il n'y a pas de
doute que vous ne dussiez battre en retraite parce qu'alors il
serait pris et attaqué en flanc par le corps du centre ; mais si
l'ennemi n'a que 15,000 à 18,000 hommes, vous devez, après
avoir bien étudié sa position, l'attaquer ; bien entendu que
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9 OCTOBRE. 427
le corps du maréchal Augereau sera avec vous. Ce qui est le
plus important dans cette circonstance, M. le Maréchal, c'est
d'envoyer trois fois par jour de vos nouvelles et de celles de
l'ennemi à l'Empereur.
Si l'ennemi bat en retraite devant vous, arrivez le plus
promptement possible à Saalfeld, et là placez vos troupes
militairement.
Dépêche portée par un aide de camp du maréchal Lannes, M. Sa-
iiiark ' .
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL BERNADOTTE.
Nordhalbeu, 9 octobre 1806.
Portez votre quartier général à Saalburg. Tenez vos trou-
pe» bien réunies.
Je vous préviens que le maréchal Soult arrive à Hof, le
maréchal Lannes marche sur Grâfenthal ; le maréchal Da-
vout porte ce soir son quartier général à Lobenstein.
Le grand-duc de Berg avec sa cavalerie et une brigade de
votre infanterie prendra position à Schleiz.
L^Empereur couchera ce soir à Ebersdorf.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LEFEDVRE.
Nordhalben, 9 octobre 1806.
Vous VOUS rendrez aujourd'hui, M. le Maréchal, avec toutes
les troupes que vous commandez à la poste de Steinwiesen.
L'Empereur couche cette nuit à Ebersdorf.
Il sera convenable que vous rejoigniez avec vos troupes le
pins tôt possible ; partez en conséquence demain a 3 heures
du matin.
1. Cot officior avail apporté la dûpôcho du maréchal Lauiies du 8 octobre,
5 heures après-midi.
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1
428 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE 3IAJ0R GÉNëRAL AU GÉNÉRAL SOULES.
Nordhalben, 9 octobre 1806.
Il est ordonné au général Soulès de se rendre aujourd'hui
à Ebersdorf où TEmpereur couche ce soir; en conséquence,
il rafraîchira à Nordhalben.
L'Empereur avait emmené avec lui de Bamberg la brigade de
chasseurs à pied qui avait précédé le reste de la Garde.
LE MARECHAL LANXES A l'eMPEREUK.
Grârenthal, 9 octobre 1806, 5 heures du soir.
J'arrive dans ce moment avec la division Suchet et toute
la cavalerie à Grâfenthal ; il est 5 heures du soir ; la division
Gazan bivouaquera entre la poste de Judenbach et le village
de Gràfenthal. Demain une heure après le jour tout le C4)riw
d'année sera placé à 2 lieues d'ici sur la route de Saalfekl,
en attendant les ordres de V. M. que j'espère recevoir dans
la journée ou dans la nuit.
Le 9' régiment a fait prisonnier 8 hussards prussiens ; je
les ai fait interroger.
V. M. trouvera ci-joint leurs réponses. La journée a été
terrible pour les troupes et l'artillerie ; les chemins sont af-
freux; le pays n'offre absolument aucune ressource.
J'ai questionné beaucoup de personnes ; elles m'ont toutes
confirmé les renseignements que j'ai fait passer à V. M.
Il sera impossible au maréchal Augereau d'arriver ici dans
la journée de demain ; il y a douze mortelles lieues de Co-
burg à Griifenthal.
L'aide de camp' que j'ai expédié hier à V. M. I. n'est ps
1. M. Samark était parti de Goburg le 8 après 5 heures du soir; il p3^
courut dans la soirée les 30 kilomètres do Coburg à Kronach, accoinpagDa
TEnipereur à Nordhalben, ss kilomètres, dans la nuit du S au 9, et repartit
avec la dûpiîche du major gûaûrul entre u et 8 lieures du malin. 11 dut re-
tourner à Kronach, 22 kilomètres, de là aller a Neustadt, so kilomètres, vl
entin à Griifenthal, 30 kilomètres. Depuis le 8, à 5 heures du soir, il parcourut
L24 kilomètres.
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9 OCTOBRE. 429
encore de retour; je crains qu^il ne lui soit arrivé quelque
chose. Dans le cas où V. M. l'aurait chargé de me porter des
ordres, il serait peut-être bon de me les envoyer par dupli-
cata.
6* corps. Cavalerie légère, Gesseldorf. — 1" et 2* divisions, bi-
vouac.
!• corps. A.vant-garde, bivouac en avant de la \'ille de Coburg,
ob:<ervant les trois routes de Neustadt, Ëisfeld et Rodach dont l'em-
hranchement est immédiatement au passage de la rivière de Tltz ; —
Indivision, Coburg ; V^ brigade, rive gauche de Tltz ; 2* brigade,
rive droite; — 2* division, cantonnements en arrière de Coburg
jusqu'à une lieue de distance ; — parc, Meschenbach.
LE GUAND-DUC DE BERG A L EMPEREUR.
Ebersdorf, 9 oclobre 1806, 6 heures du malin.
Je reçois à 4 heures du matin la lettre de V. M. partie de
Ivronach à 6 heures du soir'. Je suis très fâché et très étonné
ca même temps que la mienne partie à 10 heures de Loben-
î^tein, ne soit parvenue à Kronach qu'à 4 heures. Je ne mérite
I«uj les reproches que me fait V. M., puisque Tofficier que
j'ai eu Thonneur de lui adresser est arrivé à Kronach avec
les chevaux des piquets de cavalerie que j'avais placés sur la
route d'après vos ordres.
Je m'empresse d'adresser à V. M. les rapports que je re-
çois à l'instant, 4 heures du matin, des généraux Lasalle et
Milhaud, ainsi que le paquet de lettres trouvées à Hof. J'or-
donne au général Lasalle de se porter de Lichtenberg par
Tanna sur Mtihltruf, embranchement des routes de Plauen à
Schleiz et Pausa. Je lui ordonne, s'il est arrivé de bonne
heure à Muhltruf, de s'établir à Fausa d'où il enverrait une
reconnaissance à Gablau pour intercepter, s'il est possible,
1. II y a 42 kilomètres de Kronacli à Eborsdorf. UoHIcicr mit lO heures de
Il lit dans un pays de montagnes.
Il est probable que ce fut le mdmc officier qui avait apporté la dépôche du
(jRind-Duc du 8 à 10 heures du malin, qui fut chariçû de lui remettre celle
'li: TEmpereor du 8 à 6 heures du soir. U fit donc 78 kilomètres en 18 heures
avec les chevaux des piquets de cavalerie.
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430 CAMPAGNE DE PRLtJSE.
la communication de Plaiien sur Géra. Il doit se lier par sa
gauche avec le général Watier, qui vraisemblablement sera
ce matin à Schlciz.
J'ordonne au général Milhaud de se porter de Lehesten
sur Gross-Posen, embranchement des routes de Pôsneck, iv
Schleiz, de Neustadt et d'Auma. Il doit se lier par sa dwite
avec le général Watier. Il doit éclairer dans sa marche la
route de Saalfeld à Posneck, et de Gross-Posen il doit en-
voyer des reconnaissances sur Posneck, Neustadt, Auma et
Schleiz. Il fera reconnaître aussi ZiegenrUck.
Je me porterai ce matin sur les hauteurs en avant de S{\al-
burg avec les trois régiments de cavalerie légère qui se tn)U-
vent ici et le 27* d'infanterie légère, et vraisemblablemoiit
de là sur Schleiz si Tenncmi ne Toccupe pas très en force.
Je présume que le maréchal Bernadotte suivra mon mouve-
ment avec le reste de son corps d'armée pour me soutenir et
faire place au corps du maréchal Davout.
Une partie des troupes qui ont été chassées hier de Saal-
burg venaient de Hof et Plauen, ce qui semble confiriiier
que l'ennemi a toutes ses forces sur notre gauche.
Je m'empresserai d'adresser à V. M. de Saalburg ou Je
Schleiz les renseignements ultérieurs que je pourrai recevoir
sur l'ennemi.
La division Beaumont a ordre de se porter aujourd'hui à
Lobenstcin et Ebersdorf ; toutes les autres divisions suivnmt
ce mouvement à une journée de distance.
LE oéNÉRAL BBLLIARD AU OÉlïéRAL LASALLB.
Ebersdorf, 9 octobre 18O6.
Au reçu de ma lettre, mon cher Général, partez pour vous porter
BUT Tanna et MUhltruf d'où voua ferez reconnaître Schleiz, Pauwi t*t
IMauen. Vous êtes prévenu que le général Watier occupe Saalbnrg
et qu'il a des postes à moitié chemin de Suhleiz ; vous vous lien'ï
avec lui. Le chef d'escadron que vous enverrez à Hof ira directenn*nt
î?ur Tanna ; vous lui recommanderez de faire filer une patrouille sur
Plauen, et l'officier qui la commandera aura soin de se rejeter sur lui
s'il rencontrait l'ennemi sur Gablau. Si vous arrivez de bonne heure
à MUhltruf, mon cher Général, le prince désire que vous envorez tie
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9 OCTOBRE. 431
Pausa sar Gablau pour intercepter la communication de Plauen à
(fera. M. le maréchal Soult a couché hier soir à Mlînchberg et au-
jourd'hui il sera à Hof de bonne heure. Envoyez-moi de vos nou-
velles, mon cher Général, et indiquez-moi Theure du départ de Tof-
ficierque vous enverrez. A la réception de ma lettre, prévenez-moi
(ie l'heure à laquelle vous comptez vous rendre à MUhltruf afin que
vous puissiez recevoir de nouveaux ordres.
LE GëNÉBAL LASALLB AU OÉNÉBAL BELLIARD.
Licktenberg, 9 octobre 1806.
Je reçois à l'instant vos ordres, mon Général ; il est 9 heures et
«leinie et je pars à l'instant. Le chef d'escadron (jui était à Hof est
rentré ; je n'en exécute pas moins vos intentions.
LE QÉNÉRAL BELLIABD AU GÉNÉRAL MILHAUD.
Kbersdorf, 9 octobre 1806.
Vous partirez de suite, mon cher Milhaud, de * pour vous
porter à Gross-Posen en avant de Ziegenriick, à l'embranchement des
routes de Schleiz à Pôsneck, Xeustadt et Auma. Vous êtes prévenu,
mon cher Général, que le général Watier occupe Saalburg et qu'il a
^•"^ avant-postes à moitié chemin de Schleiz. Vous vous lierez avec
lui. M. le maréchal Lannes a dû coucher à Neustadt en avant de
Cobnrg, sur la route de Grftfenthal. Il y a apparence que son avant-
;?aTde sera ce soir à Saalfeld. Adressez vos rapports à Saalburg ou à
Schleiz. Au reçu de ma lettre envoyez de suite un sous-officier pour
annoncer l'heure à laquelle vous croyez pouvoir être rendu à Gross-
IV^n. Vous aurez soin de vous éclairer sur votre gauche. Le sous-
officier que vous enverrez devra apporter le rapport de l'officier qui
est allé sur Saalfeld et Gr&fenthal. Donnez souvent de vos nouvelles.
l'aDJUDANT-COHMANDANT QIRARD, SODS-CHBF de L*ÉTAT-3ffAJ0B
DE LA RÉSERVE DE CAVALERIE, AU QRAND-DCC DE BERQ.
Tanna, 9 octobre 1806.
.l'arrivé à Tanna, j'y ai trouvé une patrouille du 4* de hussards
'lue je dirige sur Schleiz. Il n'est passé ici que quelques détache-
ments ennemis, dimanche passé*, et trois escadrons de dragons
I. Le mol est en blanc sur le registre de la Réserve do cavalerie. Le gé-
néral Milhaud avait quitté Lehesten dans la soirée du 8 pour se porter vers
Uutcnbcrg, ainsi que le constatent ses rapports.
t. 5 octobre.
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432 CAMPAGNE DE PRUSSE.
saxons. Les troupes qui occupaient Hof se sont retirées sur Schleii
par Plauen. Il y a d'ici à Schleiz deux routes ; je fais reconnaîtra
celle de gauche qui est à travers les montagnes par le détachement
du 4* ; celle de droite qui passe par Langenbach sera éclairée par
l'escadron qui se porte sur Miihltruf ; je charge le chef d'eseadrou
de me renvoyer tous les renseignements qu'il pourra recueillir, que
je transmettrai à V. A.
Je trouve ici un habitant du pays qui vient de la foire de Leipzig;
il en est parti avant-hier le 7 ; il m'assure qu'il y avait beaucoup di-
troupes (il n'a pu en évaluer le nombre) qui devaient partir hier 8,
pour se porter partie sur Géra et partie sur Naumburg ; il a trouvé
hier à Zeitz environ 2,000 hommes d'infanterie prussienne qui ve-
naient de Leipzig et se dirigeaient sur Géra; il rapporte qu'on disait
que le roi de Prusse, qui était venu à Naumburg, en était parti pour
se rendre à Erfurt ; qu'on y disait encore que les Busses étaient at-
tendus et que même les logements étaient déjà arrivés à 18 ou 20
lieues de Leipzig. 11 dit que le général Hanlo était à Géra et qu'eu
général la plus grande discussion sur les mouvements des troupes
régnait dans l'armée prussienne; on ne parlait pas à Leipzig de notre
marche. Les Prussiens ont requis, ici et dans les environs, des vi-
vres et des fourrages, qu'ils ont fait conduire à léna, du côté de
Weimar ; les voitures n'ont pas encore été renvoyées.
l'âdjudaxt-commandant qirabd au qrai^d-duc de berq.
Mûlillruf, 9 octobre 1806.
Conformément aux ordres de V. A. I., un escadron du 7* de hus-
sards s'est établi à Miihltruf, l'ennemi n'y était pas ; quelques pa-
trouilles seulement éclairaient la route de Schleiz à Miihltruf. Le
chef d'escadron va faire reconnaître Pausa, Schleiz et Plauen. J'au-
rai l'honneur de vous faire connaître les renseignements qu'il me
donnera.
Le général Lasalle est arrivé dans ce moment à Miihltruf.
LE QKXÉUAL LASALLE AU OÊNÉRAL BELLIARD.
Mûhllruf, 9 octobre 1806.
J'arrive à l'instant, mon Général; j'ai trouvé un escadron du 7* ré-
giment de hussards; j'ai fait partir toutes les reconnaissances comme
vous me l'avez ordonné, et j'attends leur rentrée pour vous donner
des nouvelles.
Je viens d'entendre tirer le canon et je présume que c'est du côté
de Schleiz.
On dit qu'il y a beaucoup de malades à Plauen.
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9 OCTOBRE.
LE OÉMÊftAL MILUAUD AU QÛNÉUAL BELLIABD.
Zicgenrûck, 9 octobre 1806, 8 Iioures du soir.
Conformément aux ordres que vous m*avez transmis ce matin, je
me suis mis en marche pour arriver à Gross-Posen. Les reconnai^-
sances nouvelles que j'avais envoyées sur Saalfeld et sur Pôsneck
ont retardé ma marche, ainsi que les chemins affreux à travers les
bois et les montagnes qui se trouvent entre Lehesten et Zieganrttck ;
je n'ai pu arriver ici qu'à 8 heures du soir... Voici le résultat de
mes découvertes depuis Grafenthal jusqu'à Pôsneck... A Gnifeuthal,
30 hussards prussiens ont couché la nuit dernière et sont partis ce
matin. Pareil détachement a couché à Leutenberg et en est parti
dans la nuit entre une heure et deux. Ce matin un corps de 3,000 hom-
mes était encore à Saalfeld ; quelques patrouilles de hussards ont
paru aujourd'hui dans les communications de Pôsneck, entre Zicgeu-
riick et Leutenberg. A notre arrivée à Ziegenruck notre détache-
ment d'avant-garde a poursuivi un piquet de 10 hussards ennemis
*ana pouvoir l'atteindre. A Pôsneck un régiment d'infanterie avec un
régiment de hussards se trouve encore aujourd'hui et se dispose à
partir.
Le quartier général du prince Louis, frère du roi de Prusse, est
à Rudolstadt.
Le quartier général de la cavalerie prussienne de ce corps d'arméii
e?t à Neustadt.
Nous avons entendu ce soir une fusillade et quelques coups de
canon dans la direction de Schleiz ou d'Hof qui paraissent s'éloigner
vers la route de Saxe.
J'envoie ce soir un escadron de 175 chevaux à Posen pour y bi-
vouaquer, car nous n'avons pu trouver Gross-Posen ; je passerai le
reste de la nuit entre Ziegenriick et Posen, mais près de Ziegenruck
pour avoir du fourrage et des vivres ; je serai à portée d'appuyer
lescadron de Posen : demain matin, à 4 heures, je ferai partir trois
reconnaissances, une sur Pôsneck, une sur Neustadt et la troisième
sur Âuma ; j'éclaire beaucoup ma gauche ; je prends encore ce soir
des renseignements sur Pôsneck où j'ai envoyé une seconde petite
reconnaissance.
Je vous prie de mettre sous les yeux de S. A. I. la nécessité de
m'envoyer un autre régiment ; le 13* qui est excellent ne peut pas
su lire longtemps au service pénible que je suis forcé de lui ordonner.
P.-S. — A l'instant un officier qui vient de la route de Leuten-
l)<*rg à Saalfeld a fait passer la rivière au piquet de hussards pnis-
>iens qui se sont réunis à 3 escadrons, sont restés en observation
CAMP. DR PBUfSB. S8
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434 CAMPAGNE DE PRUSSE.
naos avancer. M Tadjudant commandant Levasseur' vous dira h
rc»ste.
LE GÉNÉBAL MILHAUD AU GÉNÉRAL BELLIARD.
Ziegem*ûck, 9 oclobrc 1806, minuit.
J'envoie à Schleiz un brigadier et 4 chasseurs, pour m'assurer si
votre quartier général est dans cet endroit. M. Levasseur nous h
(juittés ce soir à 8 heures et demie et a dû vous remettre mon nip-
]iort. Notre flanc gauche est couvert de postes prussiens : il y a nne
ligne de cavalerie depuis Pôsneck jusqu'à Neustadt. Un détachement
de 8 hommes, commandé par un officier, que j'ai envoyé après mon
arrivée à Ziegenriick, a rencontré les avant-postes prussiens sur la
route qui conduit de Pôsneck à Ziegenriick et Posen. Trois vedette:?
étaient à cheval, une à droite, l'autre à gauche et l'autre au milieu
(lu chemin. Un régiment entier de hussards prussiens est à Oppur/j
<aitre Pôsneck et Neustadt. Le général prussien de cavalerie Scliim-
melpenning est à Neustadt.
Si je ne reçois pas de nouveaux ordres, je me porterai à 5 heureî^
demain matin avec les deux escadrons que j'ai ici en avant de Zie-
genriick, à Posen, pour me réunir au fort escadron que j'ai fait cou-
cher à Posen et pour appuyer les trois reconnaissances qui doivent
marcher sur Auma, Oppurg et Neustadt.
LE GÉNÉRAL L. BERTHIER AU GÉNÉRAL DUPONT.
Quartier général à Schleiz, 9 octobre 1806.
Conformément aux ordres de S. A. le prince de Ponte-Cono,
vous voudrez bien partir au reçu du présent ordre de la position que
vous occupez pour venir vous porter sur les hauteurs en arrière de
Schleiz dans la même position qu'occupait le général Rivaud qui
vient de se porter en avant à Œttersdorf.
Le quartier général du Prince sera établi à Schleiz.
LE MAIlÉCnAL BERNADOTTE A L'EMPERECR.
Quartier général à GEttersdorf, 9 octobre 1806.
Dès rinstant où V. M. m'a donné Tordre d'attaquer l'en-
nemi, j'ai ordonné au général Werlé de partir de sa p-
1. L'adjudant commandant Girard avait été' envoyé en tournée sur la dro\i<i
v\ l'adjudant commandant Levasseur sur la gauche.
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9 OCTOBRE. 435
sition à Culm, en avant de Saalburg, d'éclairer la droite du
bois d'Oschitz, laissant le village de Zollgrlinn et celui de
Rumlera à sa droite. Après avoir éclairé le bois, il a eu Tor-
dre de se rabattre par sa gauche entre le village d^Oschitz et
iSchleiz pour se lier avec la division Drouet. Le général
Drouet a eu Tordre de suivre la grande route et de se porter
sur Oschitz et de là sur Schleiz. J'ai fait tourner le bois, le
long de la rivière dé WiesenthaP. Les premières compagnies
arrivées à Schleiz, T ennemi a fait mine de se retirer -, deux
compagnies du 27* d'infanterie légère sont entrées dans la
ville ] mais les Prussiens, craignant d'être chassés trop vigou-
reusement s'ils nous laissaient déboucher de la ville avec
beaucoup d'infanterie, sont revenus en force, après une fu-
sillade assez nourrie, notre infanterie légère et quelques
compagnies du 94* ont poussé les tirailleurs ennemis sur la
montagne en avant de Schleiz ; en même temps, je faisais
jmsser la rivière à la gauche de cette ville par une partie du
O.V. Le 94* passait par Schleiz et arrivait en colonne derrière
le 27*. Le grand-duc de Berg avec deux de mes régiments
de cavalerie a abordé celle de l'ennemi*. Jusqu'au village
d'Œttersdorf, les engagements n'ont pas été trop sérieux; mais
aiTivé en avant de ce village, le 4* de hussards qui serrait
l'ennemi, a été chargé par 600 chevaux; le ,5* de chasseurs
est arrivé pour le soutenir, mais, n'étant pas encore formé,
il a dû charger par escadron ; la réserve de l'ennemi s'est
alors avancée et la mêlée a été très forte. L'ennemi qui avait
abordé et enfoncé la droite du 4*, a voulu prendre à dos le
î)' de chasseurs en marchant sur le corps à 5 compagnies
1. Le Commandant de l'armée, qui 8*csl porté à Tavanl-garde, décide lui-
niéme l'attaque. Le commandant du corps d'armée ordonne les dispositions.
Les colonnes chargées des attaques de flanc sont mises en marche et gngnent
leurs débouchés hors de la vue de l'ennemi pour lui dérober les mouvements
cumliinés ; elles suivent des directions qui les amènent sur les flancs et les
'ierrières des positions qu'elles doivent faire tomber.
Lorsque les mouvements de flanc sont exécutés sur le terrain même du
crjtnbal et à découvert, l'ennemi peut ordinairement les déjouer soit eu oppo-
sant des troupes de seconde ligne, soit en se retirant.
2. Comme le terrain entre le bois d'Oschilz et Schleiz ne se prêtait pas à
laclioQ do la cavalerie, la brigade Watier marchait sur la grande roule après
Il division Drouet.
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^tW*^
436
CAMPAGNE DE PRUSSE.
d'éclaireurs du 27* et du 94* que le général Maison venait
de former en colonne. Ces 5 compagnies ont reçu la cava-
lerie ennemie à bout portant, le général Maison a fait feu
ff-Ap/ijpHrTIjr
f i 4 i * ^ f € ^ ^^
de tous côtés ; le grand-duc de Berg se trouvait là ; cette
belle contenance de Tinfanterie a déconcerté Tenneini; il'»
eu beaucoup de monde et de chevaux tués ; dès lors ils ont
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9 OCTOBRE. 437
t'té mis en déroute, et notre cavalerie a continué à les pour-
>uivre jusqu'à Rodersdorf 5 en même temps le 27* arrivait et
se formait en avant d'Œttersdorf ; une colonne ennemie se
trouvait encore dans le bois à gauche en avant d^Œttersdorf
et pas loin de Pôrmitz, appuyée à des marais; cette colonne
ennemie formée d'environ 1,000 hommes d'infanterie, 2 piè-
ces d'artillerie et 2 escadrons, était séparée du reste de leur
corps et n'a pas pu faire sa retraite par le même chemin, car
le grand-duc de Berg se trouvait avec la cavalerie jusqu'au-
près de Rodersdorf ; j'ai envoyé de suite un bataillon du 27'
après cette colonne ; ce bataillon est arrivé à temps pour em-
pêcher notre cavalerie d'être prise à dos dans le bois ; cette
colonne, après avoir canonné nos troupes, s'est enfoncée dans
la forêt; on est à sa poursuite, mais je crains que l'arrivée
de la nuit n'empêche de s'en emparer, et qu'elle ne parvienne
à s'échapper à la faveur des bois ; je pense cependant qu'il
sera très difficile que l'artillerie puisse s'en tirer. J'en aurai
bientôt des nouvelles.
D'après tous les rapports, il paraît que nous avions devant
nous 7,000 à 8,000 hommes commandés par le général
Tauenzien, composés des corps suivants, savoir: le régiment
de Zweipel, prussien ; le régiment du comte de Rechten,
«ixon ; un bataillon du régiment du prince Maximilien ; un
bataillon de fusiliers prussiens ; les hussards de Bîla, prus-
Mens ; les chevau-légers du prince Jean, saxons.
Ils n'ont été attaqués que par 700 chevaux et 1 ,000 à 1 ,200
hommes d'infanterie. J'évalue la perte de l'ennemi à 400
lïommes, tant tués que blessés et prisonniers. Nous avons
perdu très-peu de monde, mais nous avons à regretter l'un
des hommes les plus braves de l'armée, c'est le capitaine
('ampocasso du 27* léger; il laisse une femme et 3 enfants
que je recommande aux bontés de V. M. Le chef d'escadron
Boudinhon et le capitaine Maulnoir, du 4* de hussards, ont
'té blessés. Le colonel "du génie Morio a eu son cheval tué
î*'»tt8lui.Le capitaine Villatte, mon aide de camp, a pris dans
la mêlée un capitaine de chevau-légers saxons.
P. -S. — La division Drouet est placée en avant d'Œtters-
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438 CAMPAGNE DE PRUSSE.
dorf ; le 27* régiment d'infanterie légère appuie les deux
régiments de cavalerie qui sont près de Rodersdorf. La divi-
sion Rivaud est en arrière de celle Drouet. La division Du-
pont se trouve derrière Schleiz. Demain matin, je rectifierai
cette position que j*ai prise cette nuit.
LE OÉNiRAL WATIER AU GÉNÉRAL BELLIABD.
Lôhma, 9 octobre 1806.
J*ai Thonneur de vous rendre compte que le 4' régiment de hus-
sards et le 5* de chasseurs se sont cantonnés suivant votre ordre »
Lôhina. Comme il était tard, les régiments sont rentrés ; j'ai préféiv
qu'ils se logeassent ensemble afin d'être plus à même d'exécater
promptement vos ordres. Les chevaux sont très-fatigués. Demain à
5 heures du matin nous serons à cheval sur la route.
J'aurai l'honneur de vous rendre compte demain des pertes Mx^f
par ces régiments dans la charge et des différents traits de hravoun*
qui ont distingué plusieurs escadrons de ces corps.
LE GRAND-DUC DE BERG A l'EMPEREUR.
Schleiz, 10 octobre 1806, 8 heures du matin.
Lorsque j'ai rejoint le prince de Ponte-Corvo, les éclai-
reurs de la 27* légère attaquaient la ville de Schleiz avec la
plus grande intrépidité ; Tennemi avait Tair de vouloir la
défendre. Alors le prince de Ponte-Corvo a fait soutenir h'
27* régiment d'infanterie légère par toute la division du gé-
néral Drouet. Déjà j'avais envoyé chercher le général AVa-
tier et ses régiments, avec ordre d'arriver au grand trot.
M'apercevant que Tennemi évacuait la ville, je l'ai traversée
avec le 4* régiment de hussards pour tomber sur Tinfanterie
qui en sortait et qui déjà était sur les hauteurs; j'ai alors ma-
nœuvré par ma droite pour tâcher de déborder l'ennemi |wir
sa gauche et d'arriver avant lui au défilé en avant de R»-
deradorf *. La cavalerie ennemie a suivi notre mouvement
1. Cotte manœuvre a été faite à la vue de rennemi. Dans ces conditions a
rapidité peut seule assurer le succès.
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9 OCTOBRE. 439
toujours en couvrant son infanterie qui a réussi à gagner les
premiers bois. Cependant j'étais parvenu sur les hauteurs
où toute la cavalerie saxonne et prussienne s'était réunie,
soutenue par Tinfanterie adossée au bois ; le 4® de hus-
sards d'abord a chargé avec une grande vigueur et est par-
venu à culbuter les premiers escadrons ; mais s'étant trop
abandonné il a été à son tour repoussé vigoureusement.
Je Fai rallié ; il a chargé de nouveau, a culbuté l'ennemi et
a été une seconde fois repoussé. J'attendais avec la plus
grande impatience le 5** de chasseurs qui n'arrivait point
malgré les ordres réitérés que j'avais envoyés-, il a paru
enfin et fort à propos dans le moment où, après une nouvelle
charge, le 4* venait encore d'être repoussé \ Le brave 5* a
chargé avec sa bravoure accoutumée et a coupé en deux la
ligne de l'ennemi. Les dragons rouges du prince Jean qui
chargeaient le 4®, ont manœuvré par leur gauche pour le
prendre en flanc, et les hussards prussiens ont fait la même
manœuvre par leur droite ; mais déjà les éclaireurs du 27*"
que j'avais fait demander*, débouchaient sur le mamelon et
ont été chargés en queue par les mêmes dragons. Ces incom-
parables chasseurs, auxquels je n'ai eu que le temps de faire
faire demi-tour, et qui n'ont pas eu le temps de se former en
carré', ont fait un feu de file à brûle-pourpoint ; moitié des
dragons sont restés sur la place ; le reste s'est sauvé dans la
plus grande déroute. Alors le ^'^ qui s'était rallié, et le 5® les
out poursuivis l'épée dans les reins, ont tué et blessé beau-
coup de monde. Le colonel a été blessé par le chef d'escadron
Déry, mon aide de camp. Il y a eu quelques prisonniers et
surtout beaucoup de blessés et de tués. Toute la cavalerie
1. Un combat de cavalerie présente une succession d'efforts. Toute troupe
de cavalerie peut être ramenée; il lui faut donc toujours des troupes de sou-
lien pour rétablir le combat. La cavalerie qui fournira la charge la dernière,
produira l'effort décisif et restera maîtresse du terrain.
2. Dans la poursuite sur le champ de bataille l'infanlerie de l'avant-gardo
suit de très près la cavalerie pour lui servir d'appui dans le cas où la cava-
lerie adverse tenterait un dernier effort.
3. Avec du sang-froid, toute formation est bonne à l'infanterie pour re-
pousser la cavalerie.
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440 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ennemie s'est alors jetée dans le défilé qui était gardé par 4
ou 5 bataillons d'infanterie prussienne et saxonne. Alors les
cris de Vive F Empereur ! se sont fait entendre dans tous les
rangs, la charge a battu, les trompettes ont de nouveau
sonné, et toutes les troupes ont marché pour attaquer le
défilé. Cependant le grince de Ponte-Corvo a fait avancer
du canon sur notre gauche, et m'apercevant que les pre-
miers coups ébranlaient les bataillons qui défendaient le
défilé, j'ai ordonné au 5* de charger. Ce régiment a exécuté
mes ordres avec la rapidité de l'éclair ; ces troupes se sont
jetées à la débandade dans le bois, ayant jeté sur la grande
route, pour courir plus vite, leurs armes, leurs sacs et leurs
chapeaux; il y en a au moins deux mille sur la route et
j'observe à V. M, qu'il n'y a que des chapeaux prussiens. Le
ô^ régiment a fourni sa charge jusque hors du défilé, et a
conséquemment coupé la retraite sur Auma à tout ce qui
s'était jeté dans le bois ; la nuit nous a empêchés de les ra-
masser. Cependant comme je quittais la position, le chei
d'escadron Déry qui venait de charger dans le défilé, est
venu m'annoncer une centaine de prisonniers. Demain matin
à 5 heures, toutes les troupes seront sous les armes ; au jour,
les bois seront fouillés et des reconnaissances poussées sur
l'ennemi Il a été fort malheureux que les régiments en-
voyés en reconnaissance n'aient pas pu prendre part à l'ac*
tion.
Demain matin, la position sera rectifiée ; je ne serais pas
étonné que nous fussions attaqués...
Demain matin le général Lasalle avec 3 régiments de
troupes légères sera rendu à Schleiz à 5 heures du matin ;
le général Beaumont y sera, j'espère, vers 8 heures. Le gé-
néral Milhaud restera à Gross-Posen ; il ne quittera point sa
position ] il me servira d'avant-garde, s'il est vrai que l'en-
nemi se soit réuni à Neustadt et Triptis ; il a ordre de recon-
niiître tous ces points. Sire, j'attendrai les ordres de V. M.
pour faire faire un mouvement aux troupes du prince de
Pontc-Corvo. Il paraît que nous n'avons pei-sonne sur notre
droite ; il n'y a que des malades à Plaucn.
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9 OCTOBRE. 441
Je joins à ma lettre le rapport que je reçois à Tinstant du
;(énéral Milhaud ; il confirme les renseignements que je
donne à V. M. J'y joins aussi quelques lettres interceptées.
3* division de dragons, Rôppisch.
4* division de dragons, Steinwiesen.
l'* division de grosse cavalerie, Ktips.
2« division de grosse cavalerie, Ebensfeld.
1'* division de dragons, Bamberg.
LE GÉNÉRAL VIALLANE3 AU MARÉCHAL DAVOUT.
Glosberg, 9 oclobre 1806*.
L*officier commandant la reconnaissance que j^ai poussée hier sur
Grafenihal et Saalfeld rentre à l'instant et me rend compte :
1' Que les Prussiens sont en force à Saalfeld et qu'il y a du mou-
vement parmi eux ;
2** Que leurs avant-postes sont placés en deçà de Grafenthal ;
3® Que ces avant-postes ont poussé une reconnaissance bier matin
^^^ Ludwigstadt laquelle est retournée de suite sur Grftfenthal.
P.-S. — Deux déserteurs prussiens sont arrivés bier matin au
village d'Hasslacb et ont été dirigés sur Kronacb.
3* corps. Cavalerie légère, en avant de Lobenstein. — l""* division,
in avant de Lobenstein, la gauche au chemin de Helmsgriinn ; les
Hvant-postes jusqu'à Kuppersdorf. — 2' division, bivouac en avant
"te Lobenstein. — 3* division, bivouac à la hauteur de Neundorf. —
Quartier général, Kronacb.
LE MARÉCHAL SOULT A l'eMPBREUR.
Munchbergi 9 octobre 1806, 3 heures ilu malin.
Je reçois la dépêche datée de Kronach le 8 à 3 heures
après-midi, dont V. M. a daigné m'honorer *. Je me confor-,
nierai avec beaucoup d'exactitude aux instructions qu'elle
1. Co rapport eut de la maliaée du 9, avant lo départ des cantonnements.
i. Lorsque l'offlcier partit do Kronacb, TEmpereur savait que le maréchal
s<jull était à Miinchberg. 11 y a 44 kilomètres do Kronach à Mûnchberg par
Hodach, Sleinach, Kupferhorg et Markt-Lengast.
r/ofQcier mit environ 9 heures, de 4 heures du soir à 3 heures du malin,
•lonl 7 heures de nuit.
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442 CAMPAGNE DE PRUSSE.
renferme ; le rapport que j'ai eu Thonneur de lui faire en
arrivant à MUnchberg lui est sans doute parvenu en ce mo-
ment.
Les 100,000 rations de biscuit que je lui ai annoncées, sui-
vent toujours ainsi que 60,000 rations de pain, mais elles
n'ont pu encore me joindre; j'espère cependant qu'elles arri-
veront à Hof dans la journée du 9 ; la rapidité de la marche
ne m'a pas encore permis de profiter des ressources que If
pays de Baireuth pouvait offrir sous ce rapport.
Nous avons trouvé à Mttnchberg 4,000 boisseaux d'avoine
et l'ambulance d'un régiment que les Prussiens y ont lais-
sés; on m'annonce qu'à Hof il y a des magasins plus con-
sidérables.
La reconnaissance que j'ai envoyée sur Hof, a pénétré
dans la ville et n'y a pas trouvé d'ennemis; 2 régiment^
d'infanterie saxonne et un régiment d'infanterie prussienne
ainsi que 3 régiments de cavalerie commandés par le général
Tauenzien et un général saxon en sont partis dans la nuit
du 7 au 8, et se sont dirigés partie sur Schleiz et partie sur
Plauen, ainsi que dans mon dernier rapport j'ai eu l'honneur
d'en rendre compte à V. M.
Il se confirme que les troupes qui ont été sur Plauen, ont
dû se joindre à une division saxonne qui y campe.
Les Prussiens avaient fait tracer un camp à Hirschberg où
beaucoup de troupes devaient se rassembler, mais je pense
que la direction que V. M. a fait prendre à ses colonnes,
aura dérangé ce projet ; je croirais même que s'il y a eu des
troupes qui de Hof se soient dirigées sur Sclileiz, elles «lu-
rent été fortement compromises avant d'arriver à leur desti-
nation ; cependant je n'ai pas de doute que le plus grand
nombre n'aient été à Plauen.
Les Prussiens avaient quelques partis entre Hof et la Bo-
hême ; mais ils se sont retirés à l'approche de ceux que j'y
ai envoyés, et ont suivi la même direction que les troupe.>
qui étaient à Hof.
La reconnaissance du 8® de hussards qui a été à Hof a
rencontré comme elle entrait dans la ville un escadron du
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-!^f
9 OCTOBRE. 443
5* de hussards venant de la colonne du centre ; ainsi la com-
munication est parfaitement établie ; ces deux troupes qui
ne se reconnaissaient pas d'abord, ont manqué en venir aux
mains.
A 8 heures je serai àHof avec mon avant-garde et le corps
d'armée y arrivera vers 11 heures; je porterai de suite un
fort parti du côté de Schleiz et je dirigerai les divisions sur
Plauen, ou je ferai en sorte que Tavant-garde soit de bonne
heure, à moins que des forces supérieures n'arrêtent sa mar-
che. Je crois qu'il me sera possible d'être entièrement réuni
avant la nuit à hauteur de Œlsnitz sur la route de Plauen •, on
me rapporte qu'à Œlsnitz il y a quelques troupes.
Je suis pénétré de ce que V. M. daigne me dire et je sens
parfaitement que ce moment est un des plus importants de la
campagne, c'est dans cette persuasion que je continue le
mouvement sur Plauen ; je désire bien vivement que cette
disposition soit conforme aux vues de V. M. et que dans le
jour elle daigne me donner ses ordres pour la destination
ultérieure du corps d'armée, qu'à moins de nouvelles ins-
tructions je croirai devoir diriger sur Zwickau pour être
ainsi dans son plan d'opérations.
M. le maréchal Ney m'a prévenu que le 9 il serait à
iitinchberg ; mais je n'ai pas de nouvelles de la marche
des Bavarois.
ORDRE.
Des hauteurs de Hof, 9 octobre 1806.
Le général Margaron fera partir un escadron du 11* l'égi-
ment de chasseurs et le dirigera sur Gefell et de là sur
Schleiz, à l'effet de bien lier la communication avec les trou-
pes de la colonne du centre et m'en donner des nouvelles.
Si dans sa marche cet escadron rencontrait l'ennemi, il
^enverrait de suite une ordonnance pour m'en rendre
compte, et en attendant des ordres il ferait face à l'ennemi ;
niais le commandant éviterait d'engager une affaire désavan-
tageuse.
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444 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Si le commandant de cet escadron peut passer sans diffi-
culté et lier communication avec les troupes de la colonne du
centre qui doivent être sur Schleiz, alors il enverra de suite
un de ses officiers bien monté pour porter la dépêche ci-jointe
à S. M. TEmpereur et Roi qui doit être du côté de Loben-
stein ou de Schleiz.
Tous les renseignements qui parviendront au commandant
de cet escadron soit sur la marche des troupes françaises du
côté de Schleiz, soit sur les mouvements des ennemis, leur
force et leur direction, seront immédiatement recueillis, et
il m'en rendra de suite compte sur Hof ou en avant de cette
ville où je serai établi.
5[*' SOULT.
ORDRE.
Dos hauteurs de Hof, 9 octobre 1806.
Le général Margaron fera partir un escadron du 16* régi-
ment de chasseurs et le dirigera sur (Elsnitz,.à Teffet de bien
éclairer tout ce qui se passe dans cette partie et en rendre
compte immédiatement.
Si dans la route le commandant de cet escadron rencon-
trait Tennemi et qu'il lui fût supérieur en force ou qu'il le
trouvât en position à Œlsnitz, il prendrait poste vis-à-vis de
lui et éviterait d'engager une affaire qui lui fût désavanta-
geuse et en rendrait immédiatement compte ; mais s'il ne
rencontrait que des postes qui lui fussent inférieurs, il
les pousserait jusqu'à ce qu'il rencontrât des foi-ces supé-
rieures \
Si le commandant de cet escadron peut arriver jusqu'à
Œlsnitz, il prendra poste en arrière de cette ville, enverra un
faible parti sur Adorf par la rive gauche de la Saale' pour
éclairer ce qui s*y passe, et s'empressera de lier coraraunica-
1. Une troupe de cavalerie, qu'elle forme Tavant-garde d'une colonne ou
qu'elle soit envoyée en reconnaissance, doit donc pousser jusqu'à ce qu'elle
rencontre des forces supérieures.
i. De l'Elstcr.
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9 OCTOBRE. 445
tion par sa gauche avec la division de cavalerie légère qui
sera sur la grande route de Hof à Plauen.
M"* SOULT.
ORDRE.
Des Iiauluurs de Hof, 9 octobre 180B.
La division de cavalerie légère, moins deux escadrons qui
ont reçu une destination particulière, se dirigera sur Plauen
en suivant la grande route qui de Hof y conduit.
Le général Margaron la fera marcher avec circonspection
et s'éclairera parfaitement. A 3 lieues de Hof le général Mar-
garon la fera arrêter et lui fera prendre position en attendant
de nouveaux ordres. Il chargera le général Guyot de pousser
son avant-garde aussi près que possible de Plauen, sans ce-
pendant la compromettre, afin d'avoir des nouvelles de l'en-
nemi. Le général Margaron cherchera à lier communication
par des partis avec les escadrons des 11* et 16' de chasseurs
qui doivent se porter l'un sur Gefell, l'autre sur Œlsnitz.
M'* SouLT.
LE MARÉCHAL SOULT A l'eMPEREUR.
Des hauteurs de Uof, 9 octobre isoe, 10 heures du matin.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. M. de l'arrivée du
corps d'armée à Hof; les ennemis qui étaient dans cette ville
l'ont évacuée hier au matin, ainsi que j'ai eu l'honneur d'en
rendre compte à V. M., et se sont dirigés partie sur Gefell
et Schleiz et partie sur Plauen ; il y en a même qui ont été
Bur Œlsnitz. Tous les équipages et chevaux de main ont été
à Plauen, ce qui me confirme que c'est un point de réu-
nion.
J'envoie un escadron du 11* de chasseurs sur Gefell et
Schleiz pour faire parvenir ce rapport à V. M. et lier la com-
munication avec les troupes de la colonne du centre.
Un escadron du 16* part en même temps pour se porter
sur Œlsnitz afin d* éclairer ce qui se passe dans cette partie,
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446 CAMPAGNE DE PRUSSE.
et je fais diriger le restant du corps d'armée sur Plauen ; je
fais cependant rester en position en arrière sur les hauteurs
de Hof la division du général Saint-Hilaire jusqu'à ce que
j'aie une parfaite connaissance des dispositions de Tennemi.
Les 2 autres divisions d'infanterie et la cavalerie s'arrête-
ront à moitié chemin de Hof à Plauen, où je leur donnerai
une position avantageuse, en attendant que les rapports des
reconnaissances que j'ai envoyées sur Schleiz et Œlsnitz, me
soient parvenus, et pour attendre aussi les ordres de V. M.
Il y a quelques magasins à Hof, mais je n'ai pu encore en
avoir le détail.
Il y avait à Hof les généraux Tauenzien et Billot, prus-
siens, et le général Zwifel, saxon; les troupes étaient celles
dont j'ai rendu compte à V. M. On y a vu aussi des cuiras-
siers saxons qui se sont retirés vers Plauen.
P. -S. — Les chemins depuis Hof jusqu'à Plauen sont ti'ès
mauvais quoique ce soit la route de poste.
LE MARÉCHAL SOULT AU CAPITAINE MEUZIAU,
DU 11* DE CHASSEURS.
Gross-Zôbern, 9 octobre 1806.
Je reçois les deux rapports datés de Gefell que vous m'a-
vez faits. D'après le compte que vous me rendez, je consi-
dère que la communication avec la colonne du centre est
parfaitement établie ; j'espère cependant que vous avez
poussé jusqu'à Schleiz, et que dans la nuit vous me rendrez
compte des mouvements qui se seront passés dans la journée.
J'attends avec une vive impatience d'apprendre que la
lettre pour l'Empereur dont je vous ai chargé , est parve-
nue à S. M.
Demain vous porterez l'escadron que vous commandez jus-
qu'à Pausa en passant par Muhltruf 5 mais si l'ennemi était
encore à Schleiz et qu'il y fût en force, vous vous arrêterez à
Muhltruf ; dans l'un et l'autre cas vous conserverez la com-
munication avec la colonne du centre vers Schleiz ou Saal-
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9 OCTOBRE, 447
biirg, suivant la hauteur où elle sera, et avec le corps d'ar-
mée, qui sera demain à Plauen ou en avant, et d'où je vous
enverrai de nouveaux ordres.
Ecrivez-moi souvent et donnez-moi des nouvelles de tout
ce qui se passe du côté de Schleiz et sur votre front du côté
de Pausa et de Mtthltruf .
LE MARÉCHAL SOULT A l'eMPEREUR.
Gross-Zobero, 9 octobre 1806, 6 heures du soir.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. M. de la position que
les troupes du corps d'armée viennent de prendre.
La cavalerie légère est à Rosenthal et Rosemberg sur
TElster; son avant-garde composée du 8* de hussards et
d'un bataillon d'infanterie légère est à Messbach, à une
lieue de Plauen ; elle a ordre de pousser jusque dans cette
ville s'il n'y a pas d'ennemis.
Les divisions commandées par les généraux Legrand et
Levai campent sur les hauteurs de Gross-ZObern et occupent
Geilsdorf.
La division commandée par le général Saint-Hilaire est
restée en position sur les hauteurs de Hof ainsi que le parc
d'artillerie \
J'ai envoyé un escadron du 11* de chasseurs sur Schleiz
pour porter un rapport à V. M. et lier la communication
avec la colonne du centre.
Un escadron du 16® de chasseurs est à Œlsnitz pour éclai-
rer les mouvements de quelques troupes saxonnes qui s'y
sont retirées.
Je n'ai pas encore reçu les rapports de ces deux déta-
chements.
1. Venoemi, en abandonnant Hof, s'était retiré partie sur Schleiz, partie
sur Plauen et (Elsnilz. Le point de Hof sur laSaale était donc important à tenir
pour un corps d'armée qui se portait sur Plauen, dans le cas où l'ennemi ro-
revfenant de Schleiz aurait voulu lui couper Ja retraite. C'est pour ce motif
nue io maréchal SouU laissa la division Saint-Hilaire en position à Hof jusqu'à
ce qu'il ait connu d'une façon certaine le débouché do la colonne du centre,
ce qu'il apprit à la fin de la journée du 9.
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448 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Les rapports que j'ai sur Plauen portent que ce matin
l'ennemi a évacué cette ville et s*est dirigé sur Géra ; il y
avait 1,000 chevaux, un train d'artillerie et quelque infan-
terie.
On m'assure que depuis Plauen jusqu'à Zwickau il n'y a
pas de troupes.
D'après les mêmes rapports l'armée qui couvre Dresde et
qu'on élève à 50,000 hommes, dont 17,000 Saxons et le
restant prussien, n'aurait pas dépassé Freyberg, et ses avant-
postes ne seraient que vers Chemnitz.
A Plauen j'aurai peut-être des renseignements plus pré-
cis à ce sujet ; mais croyant à une partie de ces rapports, je
pense qu'il convient que je porte tout le corps d'armée sur
Plauen d'où je le dirigerai sur Géra pour me rapprocher de
la colonne du centre de V. M. et concourir à ses opérations
ultérieures ; ou je le porterai sur Zwickau si les nouveaux
ordres que je recevrai me donnent cette destination, ou «je
vois que les dispositions de l'ennemi rendent ce mouvement
nécessaire.
Les ordres que V. M. m'a donnes, ne sont cependant que
jusqu'à Plauen ; mais si je ne me porte pas en avant de cet
endroit dans la journée de demain, je- perdrais nécessaire-
ment une marche et j'aurais ensuite de la peine à la regagner.
V. M. m'a aussi recommandé de me rapprocher de son cen-
tre si j'apprends que l'ennemi y porte ses forces ; d'après ce
que j'ai appris de ses mouvements, je crois devoir me déter-
miner et être toujours dans l'esprit des dispositions de V. M.
Un rapport que je reçois à l'instant du commandant de
l'escadron qui a été sur Schleiz, porte qu'il a communiqué à
hauteur de Schillbach avec deux partis du 5* de hussards,
dont l'un était conduit par le colonel qui se dirigeait sur
Muhltruf ; ainsi la communication avec la colonne du centre
est parfaitement établie, et d'après ce mouvement je consi-
dère comme indispensable celui sur Plauen, que j'ai l'hon-
neur d'annoncer à V. M.
Avant de partir de Plauen, j'aurai sans doute reçu les
nouveaux ordres de V. M. et ma marche sera tracée; j'aurai
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9 OCTOBRE. 449
l'honneur de lui observer à ce sujet que la dernière dépêche
que j'ai reçue d'elle est datée de Kronach le 8 à 3 heures
après midi, et que deux officiers que je lui ai envoyés de
Mûnchberg et de Hof ne sont pas encore rentrés.
4* Corps d'armée. ordre.
Gross-Zôbcrn, 9 octobre 1806.
Demain 10 octobre le corps d'armée se mettra en marche et
86 dirigera sur Plauen, où le Maréchal commandant en chef
donnera de nouveaux ordres pour sa destination ultérieure.
A cet effet le général Margaron fera réunir pour 8 heures
et demie du matin la division de cavalerie légère et le ba-
taillon de tirailleurs du Pô, qui est provisoirement détaché,
en arrière de Plauen, et il portera un escadron sur la grande
route de Zwickau (au plus à une demi-lieue) pour se cou-
vrir pendant qu'il sera dans cette position, et un autre esca-
dron sur la route de Greitz, à la même distance.
Le général Legrand mettra en marche la division qu'il
commande, à la pointe du jour, et la dirigera aussi sur
Plauen, où à son arrivée il lui sera donné de nouveaux
ordres.
Le général Levai fera suivre ce mouvement par la 2* divi-
sion. Il recevra également de nouveaux ordres en arrivant à
Plauen ; il fera cependant en sorte qu'il y ait le moins pos-
sible d'intervalle entre les divisions et que sa troupe marche
en ordre et serrée.
Le général Saint-Hilaire mettra en marche la 1" division
à 4 heures du matin, et la faisant passer par Gross-Zobern et
Rosentbal, il la dirigera aussi sur Plauen où il joindra le
corps d'armée et recevra de nouveaux ordres. Le* général
Saint-Hilaire serrera autant que possible son mouvement.
Le parc d'artillerie suivra immédiatement le mouvement
de la P* division et se rendra à la même destination, où il
recevra de nouveaux ordres.
CAMP. DR PRU88B. 89
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450 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le général Saint-Hilaire laissera le 55* régiment pour le
couvrir.
Les équipages du quartier général partiront à 3 heures du
matin de Hof, pour se diriger également surPlauen ; le géné-
ral Saint-Hilaire voudra bien fournir une compagnie pour sa
garde.
L'ordonnateur fera en sorte d'emmener tout le pain qu'il
aura pu obtenir à Hof, et il le fera distribuer à la 2® et à la
3* division.
Les évacuations de malades qui seront faites du corps d'ar-
mée auront lieu sur Kronach, en passant par Hof, jusqu'à
nouvel ordre.
Le Maréchal commandant en chef in vite MM. les généraux
à donner les ordres les plus précis pour empêcher que la
troupe brûle la paille qui lui a servi dans ses bivouacs, lors-
qu'elle les quitte, afin de conserver la trace des camps et les
abris que les soldats s'y sont faits pour les autres colonnes
qui doivent suivre, et aussi pour éviter que Tennerai ne
puisse tirer aucune induction sur le mouvement ou départ |
du corps d'armée. I
La proclamation que l'Empereur adresse à l'armée est en- j
voyée aux divisions. MM. les généraux auront soin de la
faire lire à la tête des compagnies.
Le général Margaron donnera ordre à l'escadron du 16'
de chasseurs, qui est à Œlsnitz, d'en partir demain pour re-
joindre le corps d'armée à Plauen.
L'escadron du 11* qui est détaché à Gefell et à Schleiz, a
reçu des ordres particuliers du Maréchal commandant en
chef. I
M" SOULT. I
6* corpa>. Cavalerie légère, Mllnchberg. — Quartier général, 2' di-
vision, Gefrees. — 3* division, Berneck.
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9 OCTOBRE. 451
LE GÉNÉRAL DE BRIGADE MEZZANELLI, COMMANDANT PAR
INTÉRIM LA DIVISION BAVAROISE, AU MAJOR GÉNÉRAL.
Baireutb, 9 octobre 1806.
J'ai rhonneur d'annoncer à V. A. S. que je suis arrivé à
Baireuth aujourd'hui 9 du courant avec ma division à la-
(juelle j'ai joint le 1" bataillon du 7* régiment de ligne
de LOwenstein de Vorcheim, fort de 18 officiers et 671
hommes.
Je crois devoir aussi vous informer que mes attelages des
chariots de munitions sont en mauvais état, en sorte que je
ine suis vu contraint de frapper une réquisition de 100 che-
vaux de trait que j'ai demandés à la régence de Baireuth
qui m'a déclaré ne pouvoir y satisfaire ayant fourni aux
corps des maréchaux Soult et Ney tout ce dont elle pouvait
disposer ; toutefois je ferai usage de tous les moyens possi-
bles pour mettre mon artillerie en état de faire le service.
Je me fais également un devoir d'instruire V. A. S. que
j'ai envoyé des gens de confiance dans les environs de Hof et
de Culmbach pour obtenir des renseignements sur le nombre
et la position des troupes prussiennes, mais je n'ai obtenu
d'autre résultat que du côté de Hof les Prussiens se sont reti-
rés. Paimi les différentes patrouilles que j'ai détachées avec
la double intention d'assurer ma communication avec l'aile
droite du corps du maréchal Bemadotte et Taile gauche du
maréchal Ney et de prendre des informations sur les forte-
resses de Plassemburg et de Culmbach, un officier de chevau-
légers du régiment du Roi m'a fait le rapport suivant : « 11
« se trouve à Plassemburg 2 compagnies du régiment de
« Zweifelt, 300 hommes de milice et une compagnie d'inva-
« lides, formant en tout à peu près 800 hommes. Cette place
« paraît assez bien pourvue d'artillerie et de munitions de
« vivres et de guerre. » Quant à Culmbach, où cet officier
est entré, il ne s'y trouve point de troupes. Il a ajouté que
la forteresse de Plassemburg a tiré 3 coups de canon sur son
piquet.
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452 CAMPAGNE DE PRUSSE.
D'après ces renseignements, j*ai pris la résolution d'en-
voyer cette nuit un bataillon de troupes légères, une division
de cavalerie, une pièce de canon et un obusier, sous la di-
rection du lieutenant-colonel de Collonges, de rartillerie, et
un oflSicier du génie, pour prendre poste avant le jour dans
les environs de Plassemburg et cerner cette place, où demain
de grand matin je me rendrai avec le reste de la division
afin d'exiger sa reddition, me proposant d'instruire sur-le-
champ V. A. S. du résultat de mes opérations.
LE GÉNÉRAL SONGIS AU MAJOR GÉNÉRAL
Kronacli, 9 octobre 1806.
V. A. m'a donné ordre de faire parquer le 8 la 1" division
du parc mobile à 2 lieues en avant de Bamberg, mais elle
n'a point ordonné la marche qu'il devait suivre aujourd'hui
ni les jours suivants. Ayant pensé que c'était par oubli
puisqu'elle a prescrit que la seconde division soit rendue le
12 à Kronach, j'ai cru devoir faire aller la 1*^* aujourd'hui à
Lichtenfels, où a couché hier le quartier général. Elle n'au-
rait pu faire une plus forte marche attendu qu'ayant été
arrêtée hier par la marche des colonnes du corps du maréchal
Augereau, elle a été obligée de s'arrêter à Bamberg ^ Je
1. Grand parc d'artillerie à Hallstadt, M. lo colonel DherviUe, direclcur,
établi dans la nuit du 8 au 9 à gauche de la route avant d'arriver au village,
venant de Bamberg.
Situation d'après la visite que le capitaine Somery en a faite lo 9 à S heures
du matin :
Noie du directeur. — 4 pièces de l«, i obusier de 6 p., lO caissons de u.
6 de 8, 2 de 4, 3 d'obusier de 6 p., 23 d'infanterie française, 17 d'infanterie
autrichienne, 3 fourgons, s caissons de parc, 12 chariots français, 8 chHno:s
étrangers, 2 forges à 4 roues. Total 89 voilures.
Ou attend do plus 35 voitures absentes restées à Hœcht, compris 8 airiit.<
de rechange.
Au lieu de 89, je n'ai compté que 79 voitures ou caissons dans le parc.
Comme j'ai fait la visite de nuit et que je ne pouvais distinguer que la masst»
des voitures, je ne sais au juste de quelle espèce sont colles qui mauquenl.
— Ce sont des caissons, selon ce que m'a dit le gardien, qui venus un peu
en arriére se sont établis pour la nuit dans un parc de division. — Us ont du
rejoindre le grand parc le jour même.
Sbmbbt.
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9 OCTOBRB. 453
vous prie de vouloir bien donner des ordres pour le chemin
qu'elle devra tenir demain.
La tête des convois partis d'Ulm pour Kronach a dû cou-
cher aujourd'hui à 2 lieues de Tautre côté de Bamberg. Ils
se suivent d'un jour à l'autre par convois de 60 voitures,
mais ils ne font que peu de chemin parce qu'on est obligé de
i^o servir des mêmes chevaux partis d'Ulm, les corps d'armée
n'en ayant point laissé sur les routes à ce que Ton assure.
Le grand parc d'artillerie coucha le 7 à Burg-Ebrach ; le 8 à Bam-
berg; le 9 et le 10 à Kronach; le 11 à Nordhalben ; le 12 près de
Saalburg (bivouac) ; le 13 près d'Auma (bivouac) ; le 14 près de
Koda (bivouac). Il était à une marche et demie ou deux marches du
(luartier général de l'Empereur.
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10 OCTOBRE
L EMPEREUR A M. »LàRET.
Ebersdorf, 10 octobre 1806, 5 heures du malin.
Envoyez-moi la proclamation aux Saxons en grand nombre
d'exemplaires; il m'est très-important de l'avoir. Vous pou-
vez la faire mettre dans les journaux de Bamberg, de Nu-
remberg et de WUrzburg, afin qu'elle pénètre de tous côtés.
Faites mettre dans ces journaux que, le 9, le général
prussien Tauenzien, avec 6,000 Prussiens et 3,000 Saxons,
a été attaqué par l'avant-garde de l'armée française com-
mandée par le grand-duc de Bôrg, et culbuté ; que les hus-
sards prussiens ont été écrasés et n'ont pas soutenu le choc
des hussards français ; que les dragons saxons ont fait une
perte notable ; que le régiment des gardes a perdu son co-
lonel, vieillard respectable âgé de 60 ans; que les Français
ont fait un grand nombre de prisonniers ; que la conduite
des Prussiens est indigne ; qu'ils ont incorporé un bataillon
saxon entre deux bataillons prussiens, pour être ainsi sûrs
d'eux; que, certes, une telle violation de l'indépendance et
une telle violence contre une puissance plus faible ne peut
que révolter toute l'Eui'ope.
Ecrivez à l'Impératrice que je me porte très bien.
PROCLAMATION AUX PEUPLES DE LA SAXE.
Quartier impérial d'Ebersdorf, lO octobre 1806.
Saxons, les Prussiens ont envahi votre territoire. J'y entre
pour vous délivrer. Ils ont dissous violemment le lien qui
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10 OCTOBRE. 455
unissait vos troupes, et ils les ont réunies à leur armée. Vous
devez répandre votre sang non seulement pour des intérêts
étrangers, mais même pour des intérêts qui vous sont con-
traires.
Mes armées étaient sur le point de quitter T Allemagne
lorsque votre territoire fut violé ; elles retourneront en
France lorsque la Prusse aura reconnu votre indépendance
et renoncé au plan qu'elle a formé contre vous.
Saxons, votre prince avait refusé jusqu'à ce moment de
former des engagements aussi opposés à ses devoirs ; s'il
y a consenti depuis, c'est qu'il y a été forcé par l'invasion
des Prussiens.
Je fus sourd à la vaine provocation que la Prusse dirigea
contre mon peuple ; j'y fus spurd aussi longtemps qu'elle
n'arma que dans ses Etats, et ce n'est qu'après qu'elle eut
violé votre territoire que mon ministre quitta Berlin.
Saxons, votre sort est maintenant dans vos mains. Voulez-
vous rester incertains entre ceux qui vous mettent sous le
joug et ceux qui veulent vous protéger ? Mes succès assure-
ront l'existence et l'indépendance de votre j rince, de votre
nation. Les succès des Prussiens vous imposeraient d'éter-
nelles chaînes. Demain ils demanderaient la Lusace, et
après-demain la rive de l'Elbe. Mais que dis-je? n'ont-ils
pas tout demandé ? n'ont-ils pas tenté depuis longtemps de
forcer votre souverain à reconnaître une souveraineté qui,
vous étant imposée immédiatement, vous effacerait du rang
des nations ?
Votre indépendance , votre constitution , votre liberté
D existeraient plus alors qu'en souvenir, et les mânes de vos
ancêtres, des braves Saxons, s'indigneraient de vous voir
réduits sans résistance, par vos rivaux, à un esclavage pré-
paré depuis si longtemps, et votre pays si rabaissé jusqu'à
devenir une province prussienne.
Napolîïon.
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456
CAMPAGNE DE PRUSSE.
L EMPEREUR AU GRAND-DUC DE BERG, A SCHLEIZ.
Quartier impérial d't^bersdorf, lo ocfobro 1806, 5 heures du matin.
Le général Rapp m'a fait connaître Theureux résultat de
la soirée. 11 m'a paru que vous n'aviez pas sous la main assez
de cavalerie réunie; en l'éparpillant toute, il ne vous res-
tera rien. Vous avez 6 régiments; je vous avais recommandé
d'en avoir au moins 4 dans la main; je ne vous en ai vii
hier que 2. Les reconnaissances sur la droite deviennent
aujourd'hui beaucoup moins importantes. Le maréchal Soult
arrivant à Plauen, c'est sur. Pôsneck et sur Saalfeld qu'il
faut porter de fortes reconnaissances pour savoir ce qui s'y
passe. Le maréchal Lannes est arrivé le 9 au soir à Grafen-
thal; il attaquera demain Saalfeld. Vous savez combien il
m'importe de connaître dans la journée le mouvement sur
Saalfeld, afin que, si l'ennemi avait réuni là plus de 25,000
hommes, je puisse y faire marcher des renforts par Pôsneck
et les prendre en queue. J'ai donné l'ordre aux divisions
Dupont et Beaumont de se porter sur Schleiz. Il faut, à tout
événement, reconnaître une belle position en avant de
Schleiz qui puisse servir de champ de bataille à plus de
80,000 hommes. Cela ne doit point vous empêcher de pro-
fiter de la pointe du jour pour pousser de fortes reconnais-
sances sur Auma et Pôsneck, en les faisant même soutenir
par la division Drouet. La 1" division du maréchal Davout
sera à Saalburg; les deux autres divisions seront en avant
près d'Ebersdorf, et la cavalerie légère en avant. Je donne
ordre au maréchal Ney de se rendre à Tanna.
Votre grande affaire doit être aujourd'hui , d'abord de
profiter de la journée d'hier pour ramasser le plus de pri-
sonniers et recueillir le plus de renseignements possible;
2** de reconnaître Auma et Saalfeld, afin de savoir positive-
ment quels sont les mouvements de l'ennemi.
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10 OCTOBRE. 457
LE MAJOR GÉNÉRAL AU GÉNÉRAL DUPONT.
Ebersdorf, lo octobre 180G, 6 heures du matin.
II est nécessaire que vous partiez à la pointe du jour pour
vous rendre à Schleiz. Vraisemblablement le maréchal Ber-
nadette vous en aura envoyé Tordre; s'il ne Ta pas fait,
mettez-vous en marche.
LE MAJOR GENERAL AU MARECHAL LANNES.
Eber9dorf, 10 octobre 1806, 6 heures du matin.
L'Empereur, M. le Maréchal, approuve les dispositions
que vous avez prises; pressez Tarrivée de M. le Maréchal
Augereau et immédiatement après attaquez Saalfeld.
Le grand-duc de Berg et le maréchal Bernadette occupent
Schleiz; une division de Prussiens et de Saxons y a été
attaquée et culbutée hier soir; Tennemi qui avait 2,000 hom-
mes de cavalerie, a été écrasé par la nôtre; 2 colonels et
1 à 800 prisonniers sont restés dans nos mains ; ce corps était
i^ominandé par le général Tauenzien. Nos postes vont sur
Pôsneck et, si les forces de Tennemi sur Saalfeld devenaient
trop considérables, on marcherait à elles par derrière, mais
rien ne donne à penser à TEmpereur qu'il puisse y avoir
là plus de 12 à 15,000 hommes.
Le quartier général est toujours à Ebersdorf.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU GÉNÉRAL BEAUMONT.
Ebersdorf, lo octobre 1806, 6 heures du malin.
Le grand-duc de Berg, Général, vous a donné Tordre de
vous rendre à Schleiz ; s'il ne Ta pas fait, montez à cheval à
^ teures et allez le rejoindre.
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458 CAMPAGNE DE PRtSSE.
LE MAJOR GENÉBAL AU 3IARÉCHAL DAVOUT.
Ëbersdorf, lo oclobre 1806, 6 heures du malin.
Je VOUS préviens que le général Dupont part à la pointe
du jour pour Schleiz ; envoyez votre 1" division comme
avant-garde à Saalburg; faites avancer vos 3 divisions de
manière à ce que la 2® et la 3* soient réunies entre Loben-
stein et Ebersdorf ; réunissez votre cavalerie légère entre
Ebersdorf et Saalburg pour qu'elle puisse selon les circons-
tances se porter où il sera nécessaire ; comme Hof et toute
la droite nous appartiennent, il n y a rien à reconnaître de
ce côté ; mais envoyez des patrouilles et des reconnaissances
sur Saalfeld.
Hier £oir le grand-duc de Berg qui était à la poursuite du
cor].s du général Tauenzien, chassé de Schleiz, l'a joint;
2,000 de cavalerie ont été culbutés; on y a fait 7 à 800 pri-
sonniers dont 2 colonels.
l'empereur au maréchal soult.
i Ebersdorf, lo octobre 1806, 8 heures du matin.
l Nous avons culbuté hier les 8,000 hommes qui, de Hof,
s'étaient retirés à Schleiz, où ils attendaient des renforts
I dans la nuit. Leur cavalerie a été écharpée; un colonel a
été pris; plus de 2,000 fusils et casquettes ont été trouvés
I sur le champ de bataille. L'infanterie prussienne n'a pas
tenu. On n'a ramassé que 2 ou 300 prisonniers parce que
c'était la nuit et qu'ils se sont éparpillés dans les bois; je
[ compte sur un bon nombre ce matin.
! Voici ce qui me paraît le plus clair : il paraît que lesPrus-
i siens avaient le projet d'attaquer; que leur gauche devait dc-
j boucher par léna, Saalfeld et Coburg; que le prince de Ho-
I henlohe avait son quartier général à léna et le prince Louis
à Saalfeld; l'autre colonne a débouché par Meiningensur
Fulde ; de sorte que je suis porté à penser que vous n'avez
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10 OCTOBRE. 459
personne devant vous, peut-être pas 10,000 homities jusqu'à
Dresde. Si vous pouvez leur écraser un corps, faites-le.
Voici du reste mes projets pour aujourd'hui : je ne puis
marcher, j'ai trop de choses en arrière ; je pousserai mon
avant-garde à Auma ; j'ai reconnu un bon champ de bataille
en avant de Schleiz pour 80 ou 100,000 hommes. Je fais
marcher le maréchal Ney à Tanna; il se trouvera à 2 lieues
de Schleiz ; vous-même, de Plauen, n'êtes pas assez loin
pour ne pas pouvoir en 24 heures y venir.
Le 5 l'armée prussienne a encore fait un mouvement sur
la Thuringe, de sorte que je la crois arriérée d'un grand
nombre de jours. Ma jonction avec ma gauche n'est pas en-
core faite, ou du moins par des postes de cavalerie qui ne
signifient rien.
Le maréchal Lannes n'arrivera qu'aujourd'hui à Saalfeld,
à moins que l'ennemi n'y soit en force considérable. Ainsi
les journées du 10 et du 11 seront perdues. Si ma jonction
est faite, je pousserai en avant jusqu'à Neustadt et Triptis ;
après cela, quelque chose que fasse l'ennemi, s'il m'attaque,
je serai enchanté ; s'il se laisse attaquer, je ne le manquerai
pas; s'il file par Magdeburg, vous serez avant lui à Dresde.
Je désire beaucoup une bataille. S'il a voulu m'attaquer,
c'est qu'il a une grande confiance dans ses forces; il n'y a
point d'impossibilité alors qu'il ne m'attaque ; c'est ce qu'il
peut me faire de plus agréable. Après cette bataille, je serai
à Dresde ou à Berlin avant lui.
J'attends avec impatience ma Garde à cheval; elle est
aujourd'hui à Bamberg ; 40 pièces d'artillerie et 3,000 hom-
mes de cavalerie comme ceux-là ne sont pas à dédaigner.
Vous voyez actuellement mes projets pour aujourd'hui et
demain; vous êtes maître de vous conduire comme vous
l'entendrez ; mais procurez- vous du pain, afin que, si vous
venez me joindre, vous en ayez pour quelques jours.
Si vous trouvez à faire quelque chose contre l'ennemi, à
une marche de vous, vous pouvez le faire hardiment. Éta-
blissez de petits postes de cavalerie pour correspondre rapi-
dement de Schleiz à Plauen.
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460 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Jusqu'à cette heure, il me semble que la campagne com-
mence sous les plus heureux auspices.
J'imagine que vous êtes à Plauen -, il est très convenable
que vous vous en empariez. Faites-moi donc connaître ce
que vous avez devant vous. Rien de ce qui étaitàHofne
s'est retiré sur Dresde.
P. -S. — Je reçois à Tinstant votre dépêche du 9 à 6 heu-
res du soir' \ j'approuve les dispositions que vous avez faites.
Les renseignements que vous me donnez, que 1,000 hommes
de Plauen se sont retirés sur Géra, ne me laissent plus au-
cun doute que Géra ne soit le point de réunion de Tarmée
ennemie. Je doute qu'elle puisse s'y réunir avant que j'y
sois. Au reste, dans la journée, je recevrai des renseigne-
ments et j'aurai des idées plus précises ; vous-mêmes, àPlauen,
vous en aurez beaucoup. Les lettres interceptées à la poste
vous en donneront. Dans cette incertitude, ne fatiguez pas
vos troupes.
Dépêche du major général au maréchal Soult, 8 heures
du matin, portant expédition des ordres contenus dans la
dépêche de l'Empereur.
LE MAJOR GëNÉRAL AU PRINCE JÉRÔME.
Eborsdorf, lo octobre 1806, 8 heures du matin.
11 est ordonné à V. A. I., après qu'elle aura pris ou cerné
le fort de Culmbach, de se rendre en toute diligence avec le
corps bavarois à Lobenstein. Nous avons attaqué hier au soir
une division ennemie à Schleiz. Ce corps aux ordres dugê-
1. L*ofQcier du ii<> de chasseurs qui porta la dépôcbe du M*' Seuil fBof,
10 heures du matin, 9 octobre) fut dirigé probablement par le capitaine Meo-
ziau do Gefell sur Lobenstein.
Quant à rofllcier qui porta la dépêche de Gross-Zôbern, 9, 6 heures du soir,
il se peut qu'il se soit rendu à Schleiz et ait été obligé de rétrograder sur
Kbersdorf, car, parti vers 7 heures, il mit 13 heures pour remplir sa mission
(de nuit, il est vrai, et dans un pays accidenté).
L'incertitude où se trouve quelquefois un commandant de corps d'aile sur
la position exacte du quartier du Commandant en chef, peut amener dans la
remise des dépêches des retards très préjudiciables.
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10 OCTOBRE. 461
néral Tauenzien a été entièrement défait et 2,000 hommes
de cavalerie culbutés ; on a fait 7 à 800 prisonniers dont
2 colonels.
Le quartier général est à Ebersdorf.
LE MAJOR GENERAL AU MARÉCHAL NET.
Ebersdorf, 10 octobre 1806, 8 heures du matin.
Nous avons pris hier Schleiz, M. le Maréchal, culbuté une
avant-garde de 10,000 Prussiens et Saxons, pris de 7 à 800
hommes et 2 colonels.
L'ordre de TEtupereur est que vous vous rendiez à Tanna,
à 2 Heues de Schleiz ; par ce moyen, en cas de bataille, vous
pourriez être près de Schleiz.
8 heures du matin.
Ordre au grand-duc de Berg et au maréchal Bernadette
de partir sur-le-champ pour se rendre à Auma et intercepter
la route de Saalfeld à Géra.
11 heures du matin.
11 est ordonné à M. le maréchal Lefebvre de se porter en
toute hâte avec la Garde à Schleiz \
11 est ordonné au général Klein de se porter en toute dili-
gence et en marche de guerre sur Schleiz.
Même ordre au général d'Hautpoul ; — au général Kan-
souty ; — au général Grouchy ; — au parc d'artillerie 5 —
au parc du génie ; — à M. Hastrel, pour le quartier gé-
néral.
1- Corps de réserve. ordric du jour.
Quartier général à Schleiz, 10 octobre 18O6.
....Lorsqu'une division) une brigade ou un des corps ou détachement arri-
éra au quartier général où se trouve M. le Maréclini commandant en chef,
l'oQlrier général ou le chef qui commande enverra de suite Tadresso do son
l'pemeDl â M. le Maréchal et au général chef de l'état-major. Il enverra en
''(lire un planton chez le chef d'état-major, aQn qu'il n'y ait pas de retard dans
I expodition des ordres.
Le Général de brigade, chef de l'élat-major,
R0U8SKL.
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4G2 CAMPAGNE DB PRUSSE.
11 heures du matiu.
L'Empereur ordonne au prince Jérôme qu'au lieu de
se rendre à Lobenstein, il se rende en toute diligence à
Hof^
Eberedorr, lo octobre 1806, il heuies du matin.
Ordre à M. le maréchal Augereaude partir et de rejoindre
ù ^andes marches de guerroie maréchal Lannes qui a ordre
d'attaquer Saalféldde concert avec lui.
Ordre au maréchal Davout de se rendre en toute dili-
gence à Schleiz où il portera son quartier général ; il pren-
dra position en avant de cette ville avec ses trois divisions.
Ordre au maréchal Soult de se diriger sur Géra ; il occu-
pera d'abord la ville de Weyda où il se mettra en communi-
cation avec l'avant-garde qui sera au delà d'Auma sur la
route de Saalfeld à Géra. Arrivé à Hirschbach, il se mettra
également en communication avec Auma.
l'empereur au grand-duc de berg, a auma.
Schleiz, 10 octobre 1806, 5 heures et demie du soir.
Comme j'ai cessé d'entendre la canonnade ce soir, je suis
porté à penser que l'ennemi ne s'est pas longtemps défendu
k Saalfeld. Le maréchal Soult se rend à Weyda. Il e*t pos-
sible que sa tête soit demain à Weinsbach*. Je lui ai donne
l'ordre d'envoyer des partis sur Auma pour correspondre avtc
vous. Envoyez-en à sa rencontre.
Le maréchal Ney sera probablement demain à Schleiz.
J'imagine que le général Dupont sera arrivé à Posneck.
1. L*Kmpereur voulait ainsi remplacer en seconde ligne, à la coionne cf
droite, le 6< corps par les Bavarois.
2. Probahlement Hirschbach.
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10 OCTOBRE. 463
l'empereur au maréchal soult.
Sclileiz, 10 oclobre 1803, 6 heures du soir.
Je crois que le maréchal Lannes a attaqué aujourd'hui
Saalfeld, La canonnade a été vive, mais n'a duré que 2 heu-
res ; j'en ignore le résultat. J'ai fait couper le chemin de
Saalfeld à Géra par des positions aux deux chemins de Pôs-
neck et de Neustadt. Je vous ai envoyé Tordi'e de vous porter
sur Géra. Je serai bien aise de savoir quand votre tête se
trouvera à Langen-Wetzcndorf .
A Géra les affaires s*éclairciront. Je crois être encore en
mesure d'être à Dresde avant eux ; mais une fois que je serai
tranquille sur ma gauche, tout prendra une vive tournure.
Le maréchal Bernadette est à Auma ; le prince Murât au
delà; le maréchal Davout est en avant de Schleiz. J'espère
que les maréchaux Lannes et Augereau sont à Saalfeld.
Faites savoir de vos nouvelles à Auma. Arrivé à Langen-
Wetzendorf, faîtes-moi connaître si j'aurai là une route qui
mèneàZwickau.
Je serai à 2 heures du matin à Auma.
LE MAJOR GENERAL AU MARECHAL LANNES.
Schleiz, 13 octobre 1306| 7 heures du soir.
Nous avons entendu ce matin, M. le Maréchal, une ca-
nonnade assez forte ; nous avons supposé que vous attaquiez
Saalfeld.
Je crois devoir vous faire connaître notre position ce soir.
M. le maréchal Davout est avec une division à Pôsneck ;
nous occupons Neustadt, Triptis et Auma.
L'Empereur attend avec impatience que vous vous rendiez
à grandes journées sur Neustadt. Vous devez former la
gauche de l'armée qui va se porter sur Géra. L'Empereur
compte sur votre activité ordinaire pour faire rapidement
votre mouvement.
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464 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Avis au maréchal Augereau de la dépêche au maréchal
Lannes et ordre de suivre à grandes marches le corps du
maréchal Lannes qu'on suppose à Saalfeld.
LE MARÉCHAL LANNES A L'EMPEREUR.
Saalfeld, 10 octobre 1806, 7 heures du soir.
Je suis parti ce matin à 5 heures avec mon corps d'armée
pour me rendre à Saalfeld, où j'ai trouvé le corps commandé
par le prince Louis de Prusse qui a été tué par un hussard
du 10* régiment. J'ai l'honneur de faire passer à V. M. sou
crachat et un ordre. II paraît que le corps qui était à ses
ordres était composé de 5 régiments dont 3 saxons et 2 prus-
siens et de 4 régiments de hussards dont 2 saxons et 2 prus-
siens \
1 . RAPPORT FAIT PAR M. DE MUMPFT.INO, IKOl^KISUR AU SERVICE D3 8. M. LE ROI
DE 8AXR, SUR l'aFPAIRE D£ SAALFKLD.
[Cette traduction se trouve aux archives de la Guerre.)
Le 7 octobre 1806, ravanl-garde du prince de Uohenlohe se forma en can-
tonnement enlre Arnstadl et Saalfeld sous les généraux Schimmelpfenniug ei
PoUot prussiens oi Trutzschlen et Bevilaqua saxons. Elle était composée
de 18 escadrons de cavalerie, 9 bataillons et 8 compagnies d'infanterie, s l^al-
Icries, auxquelles se joignirent 2 bataillons saxons du prince Xavier.
Le général Schimmelpfonning en commandait 6 escadrons do hussards à '.;:
rive droite de la Sa&le prés d'Oppurg, enlre Pôsneck cl Neustadt, pour cou-
vrir la gauche du prince Louis et pour soutenir le général Tauenzieo qui le
7 avait été oblige d'abandonner Uof et de se replier sur Schleiz.
Le 8 octobre les corps d'armée français s'avancèrent de la haute Saaie et
occupèrent le poste extrêmement important du Sattel, défilé près de Grâfeu-
Itial et du pont de Saalburg.
Le prince Louis (sans doute peu instruit de la force de ce corps*) résolut
de prévenir l'uttaquo et do livrer bataille pour sauver Saalfeld où se trouvait
un magasin. Le 9 octobre le prince concentra le corps près de Budolsiadt,
mais il laissa les avant-postes sur les hauteurs depuis Obcrhof jusqu'à Kablerî,
le génëral-major Schîmmelpfenning avec ses 5 escadrons à Oppurg ot le géné-
ral-major PoUot avec 3 bataillons de fusiliers prussiens, i compagnie de clia:«-
seurs à pied, une demi-batterie d'artillerie légère et 3 escadrons de housanis
saxons à Blankcnburg. Il fortifia l'uvanl-garde par les 2 bataillons saxons <lu
prince Xavier. Il avait reçu du prince de Hohenlohe Tordre exprès < de con-
« server les postes de Blankenburg et Rudolstadt jusqu'à l'arrivée du lioute-
« nant-général Bliiclier qui commandait l'avant-garde du Roi, de remettre ce?
« postes audit général, do se retirer alors à Pôsneck et d'y attirer le général-
•L'ouvragp intitulé Vertrauete Briefe (2 volumes) cxcuso le défaut de connAi»«r"'
que les PruRsicnn avaient de la position des armées françaises eu assurant (!'' Tula> ><'
vers la flu) que le Uoi de Prusse détestait l'espionna^p.
{Note de la traduetion.)
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10 OCTOBRE. 465
Gomme je pense que V. M. doit être très inquiète, je me
contenterai de lui dire en deux mots que nous avons cul-
buté Tennemi dans la rivière, fait environ 800 prisonniers,
tué ou noyé beaucoup de monde, pris 21 pièces de canon qui
sont réunies dans ce moment. Je présume qu'on en ramassera
encore 6, environ 20 caissons et au moins 3 drapeaux.
Il n'y a guère que 4,000 hommes de la division Suchet
qui aient donné. La division Gazan était encore à 2 lieues
de moi.
J'ai entendu ce matin une fusillade assez vive du côté du
corps du centre, où était V. M. ; c'est ce qui m'a engagé à
attaquer Tennemi pensant que mon mouvement opérerait
une diversion sur le centre.
Je ne dois pas laisser ignorer à V. M. la belle charge que
les 9' et 10* de hussards ont faite. Ils sont restés mêlés avec
les hussards et Tinfanterie pendant une demi-heure. Le
champ de bataille fait hoiTCur. Parmi les prisonniers se
trouvent un général prussien, 3 ou 4 colonels, autant de
lieutenants-colonels et environ 30 officiers.
D'après les rapports des prisonniers, le roi de Prusse est à
Erfurt avec son armée.
Le général Foucher ignore où est le grand parc général
d'artillerie ; il aurait besoin de 500 coups de 4 et de 200,000
caitouches d'infanterie.
Je n'ai pas besoin de parler à V. M. du général Victor ;
elle connaît son sang-froid et son intrépidité sur le champ de
bataille.
L'officier qui remettra cette dépêche à V. M. m'avait
lM)rté des lettres du prince Berthier ; il a été témoin de l'af-
faire ; je me suis servi de lui pour envoyer plusieurs ordres.
J en ai été content.
■ inijor ScliimmelpfcnDÎng pour y former ensemble Tavant-gardo de la droilu
' (lu corps de Ilobeolobe, le général-major Tauenzien devant former Tavaut-
' ^rde de la gaucho. »
Le prince de llohenlohe annonça on môme temps son projet de ropassor
la Saale vers le lO octobre, de rassembler son corps à Triptis ou Auma pour
a'Laquer Tennemi sll se présentait, comme le Roi devait de sou côté se cou-
cutiiror le même jour aux environs do Blankenhaym....
CAMP. oK pauasK. 30
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466 CAMPAGNE DE PRUSSE.
J'aurai Thonneur de faire connaître à V. M. les personnes
qui se sont distinguées, quand je lui ferai un rapport plus
détaillé.
Je prie V. M. de recevoir l'assurance de mon profond res-
pect et du plus parfait dévouement.
P.-S. — Le général Suchet me remet à Tinstant la lettre
ci-jointe ; V. M. aura la bonté de la lire avec attention ; elle
a été prise dans la poche d'un aide de camp du prince Louis
qui a été tué à son côté.
J'attends ici les ordres de V. M. Je ferai filer demain les
prisonniers et l'artillerie sur Kronach.
RAPPORT DU GENERAL SUCHET SUR LE COMBAT
DE SAALFELD*.
(Les gorges qui mènent à Saalfeld sont très profondes;
elles traversent des montagnes à pic, couvertes de forêts la
plupart impénétrables. Journal des opérations du 5* corpê,)
Après avoir franchi avec rapidité les montagnes qui sé-
parent les eaux du Mayn de celles de l'Elbe, la division ar-
rivait le 10 au matin sur les hauteurs de Saalfeld. Les pro-
clamations de S. M. y furent accueillies par des cris répétés
de Vive V Empereur, Vous m'ordonnâtes* de faire gagneriez
crêtes des hauteurs^ qui couronnent la profonde gorge de
Saalfeld, par 2 compagnies de voltigeurs du 17*. Elles rem-
plirent cette tâche tandis qu'une compagnie de chasseurs
soutenue par 2 pièces de 4, le 17' et le bataillon d'élite pé-
nétraient dans la vallée. Au débouché nos tirailleurs furent
reçus par le feu de l'ennemi et le canon nous annonça bien-
tôt que sa résolution était de combattre'.
1. Le rapport du général Suchet a été complété par des extrails du Journal
des opéralions du 5« corps, extrails qui ont été mis entre pareuihèses.
%. Le Maréchal se tenait à la tête de Tinranterie.
S. Hauteurs à droite de la route, entre la route do Saaireld et la Saaie.
4. Rapport de M. de Mumpfling. — La nuit du 9 au lo, Saalfeld fut occupé
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10 OCTOBRE. 467
(Le Maréchal après s'être convaincu que les ennemis vou-
laient combattre donna Tordre à la cavalerie et à la division
Suchet d'avancer, de prendre position, la cavalerie à la
gauche du village de Garnsdorf, le bataillon d'élite en avant
et à droite pour le soutenir avec 2 pièces d'artillerie légère
commandées par le lieutenant Simonnet*. Le reste de la di-
par 2 bataillons de fusiliers prussiens Ruhl et Rabcnau, une demi-batterie
légère, une batterie lourde, une compagnie de chasseurs à pied et s escadrons
(ic housards de Schimmelpfenning. Le prince Louis avait son quartier géné-
ral à Rudolstadt.
L« 10 octobre au matin, les avant-postes prussiens furent attaqués près de
Saalfeld; sur quoi le prince Louis forma son corps entre Rudolstadt et Volk-
■^lailt en colonne dirigée vers la gauche et se trouva à 7 heures sur la chaus-
sée de Saalfeld laissant une compagnie de prince Xavier (infanterie) pour gar-
nir le pont de Rudolstadt. Voici quelle était sa disposition : général-major
Trutzschien, 5 escadrons de housards de Saxe, tous les carabiniers à pied,
1 compagnie du i»^ bataillon de TElecteur ; — général-major Bevilaqua, 2 ba-
laiilons de TËlecteur, 2 bataillons de prince Xavier, i batterie à pied, 2 ba-
Iniilons de prince Clément (saxons), 2 bataillons de Mûfling (prussiens/.
U colonne traversa Volkstâdt et Schwarza, puis se porta entre Crôsten et
Wohlsdorf où elle fil halle à a heures. Chaque bataillon faisait insensiblement
uue évolution à droite se trouvant dans la position inverse suivante à compter
«le la droite : 2« bataillon prince Clément, — l«f bataillon, — batterie, —
3« bataillon prince Xavier, — i*f bataillon, — i»"" bataillon l'Électeur, — 2«
bataillon ; — les 2 bataillons de MûQing en deuxième ligne derrière les 2 ba-
uùlions de prince Clément ; — les 5 escadrons de housards de Saxe en troi-
sième ligne ; — le village de Crôsten en avant & droite de côté j — le village
(le Graba à gauche de côté en arrière de Taile gauche, de sorte que la ligne
faisait front aux bois élevés et épais de la hauteur qui descend en pente douce
vers Saalfeld, Crôsten et Schwarza, et forme un large bassin plat avec la rive
<lrûlto monlueuse de la Saale. La Suale était en ligne parallèle derrière cette
ligne.
En arrivant dans cette singulière position le prince Louis trouva les troupes
qui avaient occupé Saalfeld pendant la nuit du 9 au lo déjà engagées avec
l'eniiemi; car le corps du maréchal Lannes s'était avancé eu plusieurs co-
loQoes depuis Grîifenlhal vers Saalfeld prenant la grande route par Elba, la
route seigneuriale par Arnsgereuth et la haute chaussée par Witzendorf et
Wittinannsgereuth.
Le y corps marchait sur une $eule colonne depuis Gràfenlhal. C'est seulement
pour déboucher que le Marèc/uil se servit de tous les chemins qui s'offrirent.
1. Rapport de M. de Mumpfling. — Le maréchal Lannes occupait avec une
partie de la division Suchet les villages de Rotbenthal, Tiefenreich et Garns-
dorf situés dans des terrains bas et plats; il avait placé une batterie légère à
i?auche de ce dernier villagCi et une à droite de Beulwltz avec lesquelles il
canonnait vivement les troupes qui s'avançaient au-dessus et au-dessous de
Snaifeld, tandis qu'une partie de son infanterie soutenue de quelque cavalerie
s'étcDdail entre ces batteries à la lisière des bois formant des lignes claires
de tirailleurs, et le reste caché dans le bois et dans les fonds avec la cava-
lerie en colonnes. Ce terrain est singulièrement favorable à la tactique fran-
çaise.
U lieuienant- colonel von der GoUz attribuera aussi le gain de la bataille
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468
CAMPAGNE DE PRUSSE.
vision ayant le 17* léger en tête longeait la montagne et m
portait vers la gauche pour s'emparer de la communication
de Konigsee, un des points de retraite de Tennemi. Journal
BlAnkii^nbiii^^/
f T,
■^/ûJ^
des opérations.) Le bataillon d'élite s'avança dans la plaine
et fut placé pour soutenir la batterie d'artillerie légère du
lieutenant Simonnet dont vous avez admiré la brillante con-
duite pendant toute l'action.
(Vléna d la supériorité de la tactique française. La tactique française ne date
donc pas d'aujourd'hui : des tirailleurs et des colonnes I Voir les Observaliom
sur le combat de l'Infanterie, Campagne de Pologne^ tome II.
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10 OCTOBRE. 4G9
Le 17* porté sur la gauche longeait la montagne, s'empa-
rait du débouché de Beulwitz et, pressant Tennemi sur ce
jwint, attirait son attention. Le prince Louis Ferdinand de
Prusse, après avoir tenté de le déloger par son feu, com-
mande une charge d'infanterie : 6 bataillons prussiens et
saxons en bataille sur le front et 4 en colonne sur le flanc
i^uche, après avoir fait la 1" décharge de mousqueterie,
marchèrent pour enlever les hauteurs. Le général Claparède
M* disposait à recevoir vigoureusement cette charge lorsqu'on
ce moment 2 bataillons du 34* arrivèrent en colonne. Je les
conduisis sur le flanc droit de l'ennemi en ordonnant de
l»attre la charge. A peine ce mouvement fut décidé que Tin-
tanterie prussienne fit demi -tour et se retira dans la plaine*.
1. Cest toujours par les attaques sur les flancs, en débordant les ailes, que
l'on décide la retraite de Vadversaire.
Bapport de M. Murapfling. — Les troupes avaient pris position sur un ri-
ileau élevé ei découvrant tout le terrain de la vallée de la Saalo entre Saalfold
<>t Schwarza. Mais le Prince avait résolu d'attaquer l'ennemi s il s'avançait, cl
Tcrice dans ce dessein rien ne put le retenir, pas môme l'ordre reçu la veille
du prince de Hohenlohe. Il se croyait assuré de vaincre et marquait à ce gé-
iiural qu'il se voyait par les circonstances obligé de combattre, lui faisunt
runuailre sa position par un officier de housards nommé Wagner et deman-
<!ant du renTorl.
Entre 9 et lO heures, 3 escadrons de housards de Saxe traversèrent Saalfold
et Joignirent les troupes postées au-dessus de cette ville où ils furent placés
e:i {«ccondo ligne. Les « autres escadrons de housards de Saxe restèrent en
'i'jçu de Saalfeld au Rabonslein.
I.e Prince ordonna également au régiment de l'Électeur de couvrir la batte*
rie lourde placée à la porte de Saalfeld au débouché du chemin de Croston
H d'observer un ravin plat qui descend de la montagne entre Saalfeld et
^Vohlsdorf. Ce régiment s*y rendit à lO heures en marchant à longs inler-
^allet«.
La cavalerie postée au delà de Saalfeld était hors d'état d'agir et extrême-
ment exposée au feu des batteries et des tirailleurs ennemis, ce qui lui occa-
^■onnait une grande perle. Le général Trulzschlen fit en conséquence propo-
^T au Prince de le laisser passer Saalfeld avec sa cavalerie, espérant y ùlre
i>Iu3 utile, mais le Prince crut nécessaire de la maintenir dans ce premier
poste.
Les manœuvres de Tarmée française se développaient de plus en plus : son
objet était de tenir en respect les troupes postées à l'aile gaucho au-dessus
de Saalfeld et d'occuper par ses tirailleurs tout le front de la position du
l'rince, tirant toujours sur la gauche afin d'envelopper le Prince et de le
couper de la Schwarza.
Le Prince ne put s'y tromper et remarqua qu'il avait affaire à des forces
^upérienres, et qu'il n'était pas prudent de continuer le combat dans une po-
•*itioo trop étendue pour son faible corps, a moins de compter sur de prompts
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470 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le 34*' remplaça Tennemi dans sa position et dès lors vous
me fîtes part de la résolution où vous étiez de le faire char-
ger dans le bois, en me recommandant de toujours assurer
kiecours. Le lieutoimnt saxon Egydi lui apporta vors il heures un ordre verlu]
du prince de Hohonlohe de rester dans la position de Rudolsladt, comme il le
lui avait prescrit, et do se garder d'attaquer. Il lui fit dire en outre : que lui,
prince de Hohonlohe, il avait ordre de soutenir la ligne qui couvrait le ToikI
du la Suale, et esptSrail en conséquence que le prince Louis n'aurait pa^
abandonné les avant-postes d*Ilmenau ce qui feniil une percée dans Taruiee
du Hoi; que le Roi avait fixé le 9 sou quartier général à Blaukenhaym auquel
s*appuyait Taile droite ; que l'aile gauche de Tarmée du Roi louchait à Uni,
et que lui, prince de Hohenlohe, il comptait placer son quartier général a
Kalila le lO, aller le môme jour a Neustadt visiter toute la ligne et vuir le
prince Louis à cotte occasion.
Pour ne pas ôtre coupé de la Schwarza, le prince Louis fit retouroer
promptemeut le 2* bataillon de Miifling dans le village de Schwarza peur en
occuper le pont, avec ordre d'envoyer un bataillon de ce régiment à Aue
avec la batterie à pied afin d'occuper la hauteur de ce village nommée Saiid-
berg.
Le régiment saxon prince Clément eut ordre de suivre le i«' bataillon de
Miifling et Tut placé entre Aue et Crosten pour entretenir la communicaliui.
eutre ce bataillon et les régiments de PÉlecteur et prince Xavier près «le
Crosten.
Le second bataillon de prince Clément détacha une division pour couvrit
la batterie à pied sur le Sandberg, où elle se posta à droite de la batterie et
du 2* bataillon de Mûfiing, faisant front sur Aue.
Cependant le régiment de TÉlecteur se mil eu ligne à l'aile gauche avec '.c
régiment do Xavier, et laissa 2 compagnie prés de la batterie lourde. Le
Prince crut alors avoir assuré son flanc droit et pouvoir procéder à une at-
taque décisive. Il fit en conséquence former les régiments prince Xavier ei
TËlecteur par bataillons en échiquier devant l'aile droite, tirant d'abord a
droite, ce qui changeait la direction do gauche, do manière que l'aile droite
se trouvait en môme hauteur avec le village de fieulwitz.
Cependant les troupes françaises s'étaient avancées à la dérobée jusqu'à
Beulwitz, et les tirailleurs paraissant tout à coup à travers les jardins fireai
un feu violent sur le flanc droit du régiment prince Xavier pendant que leur
batlorie près de ce village continuait k l'inquiéter sur le flanc gauche ce qù
obligea le régiment de faire halte et de faire feu. Enfin l'ennemi redoublant le
sien, ce régiment perdit la ligne, se retira en désordre et fut repoussé jusqu'à
Crosten. Le régiment de l'Electeur aussi exposé au feu de rennemi cruyaot
cette retraite commandée par le prince Louis, se retirait également, mais
apercevant son erreur il ûi halte et forma 8on front avec les 2 compaguif.<
d'aile du second bataillon pour se couvrir contre les tirailleurs qui se préci-
pitèrent alors sur cette aile.
Bientôt après le prince Louis commanda au régiment de l'Électeur de con-
tinuer d'avancer ce qu'il fit en portant à gauche sur la direction de Graha y
étant forcé par le feu excessif des tirailleurs. Pendant cotte marche il reçut
ordre de chasser de Crosten l'ennemi qui s'y était posté en avançant à la dé-
robée par le ravin* Le régiment exécuta cet ordre avec autant de résolutiou
que de courage, marcha vers Crosten en colonne renversée derrière le fron:
du régiment prince Xavier qui se ralliait, entra dans le village à la baîoiuietie
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10 OCTOBRE. 471
ma gauche*. En même temps le reste de la division débou-
cliait. 3 pièces commandées par le brave capitaine Sibille
commençaient à inquiéter Tennemi. On ordonna la charge.
Le général Reille conduisit avec un admirable sang-froid
le 34% qui en s'enfonçant dans le bois enleva successivement
à l'ennemi 15 pièces de canon. Le 40* suivit en échelons,
tandis que le 64*, remplaçant les tirailleurs du 17* qui avaient
épuisé leurs cartouches, renforçait la gauche et suivait le
mouvement par lequel la droite de Tennemi ne cessait d'être
débordée et rejetée sur la Saale*. Le 88" descendu en masse
dans la plaine soutenait la cavalerie. (Le général Vedel avec
et, malgré la résistance vigoureuse des tirailleurs, il les repoussa jusqu'à
Beulwitz. Vers midi il se posta en partie dans les jardins de Crosten du côté
de Beulwitz et en partie à droite hors de Crôstcn du cdté de Aue. Cependant
le régiment Xavier avait détaché des volontaires pour couvrir le front et le
flanc du régiment dp TÉlecteur.
Le succès de la contre-attaque du régiment de l'Électeur semble être dû en
partie à l'épuisement des munitions des tirailleurs du 17* léger,
1. Les troupes qui se trouvent à Tailo d'une ligne de bataille doivent avoir
des réserves échelonnées pour assurer leur flanc découvert.
1. Rapport de M. de Mumpfling. — A une heure les tirailleurs français re-
I>arureDt do tous côtés vers Crosten. Le brave régiment de l'Électeur, après
s'y être maintenu longtemps avec courage, fut enfin tourné à son flanc droit
et tellement repoussé qu'il fut forcé de plier et de prendre à gauche prés do
Woklsdorf pour gagner la Saale où il se reforma uussitôt. Celui de Xavier
aussi vivement attaqué suivit cet exemple et se jeta dans les jardins de
Wohlsdorf.
Alors le gënëral-major de Trutzschlen retira tes housards les formant d'abord
en une ligne en avant de Wohlsdorf au delà du chemin creux, puis en deçà
de ce chemin en deux lignes pour couvrir le front.
Pendant ces mouvements les troupes postées auprôs d'Aue furent aussi at-
taquées ; des tirailleurs débouchant par Aue et par le bois, attaquèrent le i«r
liataillon de Mûfling et lu batterie à pied, et ce fut surtout à la cavalerie
12/' de chasseurs) qu'eut aflairo le régiment prince Clément. La résistance fut
constante et opiniâtre de la part des carabiniers qui combattaient en avant du
régiment, soutenus par une demi-division de ce régiment. Cependant le régi>
ment même se hâtait do gagner la hauteur pour soutenir la batterie à pied ; le
i^'' bataillon marchant en colonne fut attaqué à différentes reprises par lu ca-
valerie française qui en prit une partie et dissipa le reste, mais le second
gagna le Sandberg. Comme le i'^ bataillon de Mûflling s'était retiré vers la
Schwarza et que la batterie à pied fut prise, le général Bevilaqua ordonna au
second bataillon de prmce Clément de suivre celui de Miifling, mais avant de
Tatieindre pour gagner la Schwarza il fut tourné et dispersé en partie par la
cavalerie française. Le reste se jeta entre la Schwarza et Blankenburg et tâcha
de gagner la rive haute et escarpée de cette rivière. Ce fut là que le général
saxon Bevilaqua fut fait prisonnier.
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472 CAMPAGNE DE PRUSSE.
le 88* descendu en masse dans la plaine* soutenait la cava-
lerie de manière à profiter d'une occasion favorable pour
exécuter une charge. Elle ne tarda pas à se présenter; Fen-
nemi pressé par notre infanterie, foudroyé par notre artil-
lerie, était très-inquiet. Le Maréchal s'en aperçut, profita
habilement de cette circonstance. La charge est aussitôt
ordonnée. Les 9* et 10* de hussards se jettent sur rennemi
avec impétuosité, le culbutent et en font un grand massacre*:
i. Rapport de M. do MurapAIng. — Dans cos onlrefailes, sur les reprcsenla-
lions réiléréos du grjnérai Trutzsclilen, Ton avait retiré de la hauteur de Saal-
i'uld les escadrons de housards et les s canons légers, et on les avait postes
à longs intervalles entre WoliUdorf et Saaifeld, les 2 pièces à l'aile gauche,
et il n'était resté avec les fusiliers prussiens qu'un escadron de housards
saxons pour couvrir la hauteur de Saaifeld. Les troupes françaises débouclianl
par Riefmirh et Garnsdorf, et lour artillerie qui avançait toujours, obligea
enfiu les fusiliers d'abandonner le poste qu'ils avaient conservé avec tant do
constance, et ils vinrent lejoindre leurs camarades à Wohlsdorf en essuyant
une perte considérable ainsi que les housards qui les accompagnaient. La bat-
terie lourde prussienne et les 2 pièces légères qui n'avaient pas discontinué
leur feu, mais avec peu de succès, se retirèrent également sur Wohlsdorf avec
les i compagnies de rÉIecleur, au moment où rennemi qui poursuivait a Ira-
vers Saaifeld les fusiliers prussiens menaçait de prendre incessamment ces
batteries à dos.
2. Rapport de M. de Mumpfling. — Le prince I^uis voyant toute son infan-
terie en désordre résolut d attaquer Tennemi à la tête des 5 faibles escadrons
de housards postés derrière le chemin creux qui, vers les 2 heures, avaient
forcé à la retraite la cavalerie ennemie dans un moment favorable où les
2 compagnies de THlecteur avaient pu les soutenir par un feu bien entretenu.
Le Prince commandait lui-même la cavalerie à cette attaque qui se At avec
beaucoup de résolution, mais sans succès ; car à peine eut-tl repoussé la ce-
valerie française qu'une autre ligne formée du 9« et du 10« régiment marcha
contre lui, développa la colonne qui suivnil l'aile de son fiont et enveloppa
les deux flancs de la ligne de la cavalerie du Prince.
Colle manœuvre et rinégnlilé du lorrain causa du désordre et de la confu-
sion. Le Prince se battit corps à corps avec un m;irécbal des logis du io« ré-
giment et en reçut une blessure à travers du corps, ce qui ne l'erapêcha \ias
de continuer de combattre jusqu'à ce que couvert do blessures il tomba mort
dans les bras du lieutenant Nostilz, son adjudant. Le général Trutzschlen el
le colonel Pfluck qui s'étaient distingués dans le combat, furent grièvoment
blessés dans le même temps et le dernier fut fait prisonnier.
La retraite la plus prompte et la plus générale devenait inévitable. U«
2 compagnies do l'Élecieur furent atteintes p:ir la cavalerie, hachées en pièces
et faites prisonnières ainsi que la plus grande partie des batteries lourde et
léiîôre. La cavalerie se retira à travers la Saale par troupes détachées. L'in*
fuiiterie dispersée pour la plupart en fit autant.
f^a rive pierreuse et boisée en deçà de la Saale où se jeta Tinfantorie, em-
1 i*^cba l'ennemi de la poursuivre dans sa retraite surRudolstadl par Preilipp et
Cumbach. Elle fut suivie de la cavalerie jusqu'au-dessous de Preilipp, à'ou,
reprenant la hauteur, celle ci passa à Ober-Preilipp et Cumboch et gagna le
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10 OCTOBRE. 473
C'est sous les coups de cette ardente et valeureuse cavalerie
que le prince Louis Ferdinand de Prusse trouva la mort. Le
Prince fut tué par le maréchal des logis Guindet du 10' de'hus-
ponl rto la Saale à Rudolsladt quelques minutes avant Ui cavalerie ennemie
•jui suivait la chaussée par Schwarza d*où le bataillon de Mïitling s^était retiré
précipitamment à Rudolsladt.
Ce fui sous celte ville que se rassemblèrent les diCTérents corps; ils ga-
gnèrent encore do jour Orlamunda et arrivèrent a Kahia pendant la nuit.
Le prince de Hohenloho s*y trouvait avec son quartier général ; il ût mar-
cher sur léna tout ce qui venait de Saalfeld. Tout y fut rendu le il ainsi que
les Saxons qui étaieut poslés à Miltel-Pôlnilz et le corps de Tnuenzien qui
'^-ait combattu à Srhleiz. La nuit du il au la tout bivouaqua dans le Mîibl-
tlial, et celle du I2 nu 13 on eut un cantonnement de repos dans les villages
derrière le camp de Cappellendorf.
bi i«r bataillon de Mûlling qui avait passé la Schwar2a entre Blankenburg
et Schwarza, et le second bataillon de Clément dont une partie avait été fait
prisonuier à la gauche de la Schwarza lorsqu'il voulait gagner Rudolsladt
pour éviter la montée difllcile de cette hauteur escarpée, ces troupes, dis-jo,
$ti retirèrent à Remda et le lendemain à Ërford d*où le second bataillon de
Clément ne gagna le corps saxon que le 14, jour de lu bataille d'Iéua.
Le général-major Pellet qui était à Blankenburg eut ordre du prince Louis
«le s'avancer le lO sur Saalfeld, et était en marche vers 8 heures. Mais il eut
conire-onJre et se reporta à Blankenburg pour maintenir le passage de ta
Sfhwarza et chercher à faire quelque diversion sur le flanc gauche du maré-
i^lial Lannes. Il y rci^ta avec ses fusiliers et la demi- batterie légère jusqu'à ce
'lue le lieulenant-colonel de Endo, posté en avant du front avec 8 escarlrons
(le housards saxons et l compagnie do chasseurs prussiens, se vit forcé de
• appeler à son soutien. Les fusiliers et chasseurs prussiens prirent alors une
posilion dans des buissons sur le chemin de Unler-Wiebach et les bousards
taxons se portèrent à côté d'eux de manière à cacher leur force à rcnnemi.
iL'iis la cavalerie française qui avait poursuivi le i»"" bataillon de Mijfling
et lo second du prince Clément, ayant reçu du renfort et de l'artillerie lé-
::êre, tourna sur lo corps ô^i Pellet, tandis que l'infanterie française descendait
U vallée du Wiebach et débouchait, en tiraillant, du village de Unter-Wiebach
vi du bois.
Aprvs une vigoureuse résistance où le feu de l'artilleriç et des tirailleurs
flt beaucoup de blessés, le général Pellet, instiuit du malheur de Saalfeld, fit
rujjasser le pont aux fusiliers, aux chasseurs el à la baltcrie, et se relira par
>a ville, soutenu par les housards saxons. De Blankenburg il vint à Ilm et de
là à Biaokenhaym le il octobre, el rejoignit l'armée à Cupollendorf le 12 oc-
tobre où il eut onlro de former la communication entre les avant-postes de
Tuile gauche sur la Saale et de l'aile droite.
Le général Schimmelpfenning était le 10 à Posneck, mais ayant appris vers
le soir que les Français à la poursuite du corps de Tauenzien s'avançaient de
Schleiz sur Triptis et Neustndt et pouvaient lo prendre à dos, il se replia la
Jiuit sur Kalila, y rejoignit le liataillon de fusilioi-s de Buguslawski 'qui venait
<ie Neustadt, couvrit Kahia jusqu'au 12 et le quitta pour gagner léna au mo-
ment où les Français eurent pénétré jusqu'à celle première ville.
Telle fut la fin du combat de Saalfeld il important par ses suites. LesFran-
C^iis furent maîtres do la ville et de l'embranchement des deux grandes roules
» foiuche de la Saale sur Hudolstadt et léna et à droite sur Posneck et léna,
''t le corps du prince Louis fut presque détruit, nu moins rendu inutile pour
les journées su Ivan les.
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474 CAMPAGNE DE PRUSSE.
«ards. Jouirai des opérations), La déroute que vinrent achever
si brillamment nos hussards redoubla Tardeur des troupes. Le
bataillon d'élite et plusieurs compagnies du 17*, conduits parle
général Victor, passèrent laSaale. Ils poursuivirent rennenii
jusqu'au delà de Rudolstadt. Le général Claparède de son
côté le poursuivait dans la Schwarza. Des fuyards réunib
dans le cimetière d'un village crurent nous arrêter et furent
bientôt débusqués par la compagnie de voltigeurs du brave
capitaine Milet du 40®. L'ennemi fut repoussé dans cette
partie jusqu'au delà de Blankenburg. 4 compagnies du 17'
passèrent la rivière ayant de l'eau jusqu'à la ceinture et
précipitèrent la fuite de l'ennemi. C'est à cette heure que
la division a perdu 3 capitaines distingués des 17* et 34*.
Un bon nombre de prisonniers (1 ,500 ou 1 ,800) et 17 pièces
de canon ont été enlevées par le 34* et le 17* dans le bois de
la gauche où l'ennemi les avait entassées. Deux autres l'ont
été par le 64* et les compagnies détachées du 34*. Une autre
pièce a été prise par le bataillon d'élite à Rudolstadt, où elle
doit être restée ; la route était pleine de bagages et de cais-
sons abandonnés (1,500 ou 1,800 prisonniers, 4 drapeaux,
et 33 pièces de canon avec leurs caissons attelés).
Ma perte s'élève à 172 hommes hora de combat et 10 che-
vaux tués.
Vous avez remarqué la batterie du lieutenant Simonnet
qui s'est avancée jusqu'au milieu de la plaine dès le début
de l'action. Elle a tiré 264 coups de canon dans la journée.
Le lieutenant a eu deux chevaux tués sous lui.
5* corps. Bivouac sur le champ de bataille de Saalfeld.
LE MARÉCHAL AUGEREAU AU GÉNÉRAL PANNETIER'.
Coburg, 10 oclobre 1806.
Ordre à M. le général Desjardins de se mettre en marche
1. LB MARKCHA,L AUORRBA,U AU GKSriRAL PAHXRTIKR.
Cobiirg, 10 octobre 180C.
Pour la régularité, M. le Général, je vous onvoie par écrit les ordres qu:;
je vous ai donnés verbalement cet après-midi.
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10 OCTOBRE. 475
aujourd'hui avec toute sa division pour se rendre à Neu-
stadt; le parc d'artillerie suivra.
La division Heudelet se portera en avant de Coburg, la 1"
brigade à quelques lieues et la 2* plus rapprochée de la ville.
Domain 11 , elle se mettra en marche à ô heures du matin,
se dirigeant vers Neustadt.
Demain à 5 heures du matin, le quartier général partira
de Coburg pour aller s'établir provisoirement à Neustadt :
vous donnerez en conséquence des ordres à l'administration
de l'armée pour être transmis ensuite aux divers services.
LE MARÉCHAL AU6EREAU AU MARECHAL LANNES
A SAALPELD.
Coburg, 10 octobre 1806.
Mon cher Maréchal, il est 4 heures du soir et je reçois
votre lettre datée de Saalfeld, par laquelle vous me prévenez
que vous êtes devant cette ville occupée par l'ennemi, que
vous allez faire attaquer dans le moment.
Je suis désespéré, mon cher Maréchal, de ne pouvoir voler
à votre secours aussi promptement que je le désirerais ; mais
les derniers ordres que j'ai reçus du prince Alexandre m'or-
donnent de me rendre à Coburg sans me donner aucune ins-
truction.
Cependant j'ordonne au 7* corps d'armée de se mettre en
marche pour vous rejoindre à Saalfeld. La 1" division va se
mettre en mouvement, la 2* la suivra de près.
Je regrette beaucoup qu'avant votre départ vous ne m'ayez
pas fait part des mouvements que vous faites faire à votre
corps d'armée. J'aurais pu faire coïncider mes opérations
avec les vôtres.
Dès mon arrivée ici, j'ai 'envoyé 2 officiers pour vous trou-
ver; ils ne sont pas encore de retour.
Dorénavant il faudra nous entendre pour agir de concert ;
donnons-nous mutuellement de nos nouvelles le plus sou-
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476 CAMPAGNE DE PRUSSE.
vent et le plus promptement possible ; le besoin du service
Texige.
Je vous prie, mon cher Maréchal, lorsque vous aurez des
nouvelles essentielles à me communiquer, de me les envoyer
par un officier.
LE QÉKiRAL XILHATH) AU GÉNéRAL BBLLIARD.
Puscn, en avant de Ziegonrûck, lo octobre 1806.
Mes vedettes en avant de Posen ont été inquiétées depuis minuit
jusqu'à la pointe du jour ; Tennemi nous a fait reconnaître trois oa
((uaire fois par des patrouilles ; mes reconnaissances d'Âuma. de
Neustadt et de Pôeneck ont vu beaucoup de mouvement sur la ligne
depuis Pôsneck jusqu'à Neustadt ; des colonnes d'infanterie et de
cavalerie et de bagages prenaient la direction vers Neustadt. Au
château d'Oppurg, entre Posneck et Neustadt, est un grand corps
d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie, s'il en faut juger par la
grande ligne de feux que nous avons vue la nuit. Le canon tire sur
Saalfeld ; j'attends en position les ordres du prince.
LE QÉNÉRAL MILIIACD AIT QRAXD-DUC DE BBRO.
Pôsneck, lo octobro I80f, lo liciires du soir.
Les Français ont pris Saalfeld.
Les Prussiens ont quitté Pôsneck à 7 heures du soir et ont pri» la
route de Neustadt.
300 hommes de Schimmelpfenning étaient aux environs.
Saalfeld était occupé hier 9 par 600 hommes. Les Français ont
attaqué ce matin et ont été repoussés par ces 600 hommes et par
deux régiments prussiens et saxons formant en tout 6,000 hommes.
Us sont entrés dans la place à 3 heures. L'ennemi s'est retiré à Ra-
dolstadt.
Monseigneur, voici les renseignements recueillis à Pôsneck.
Je vais pousser quatre reconnaissances de 25 hommes chacune
commandées par un officier : deux après avoir passé la ville, une sur
Saalfeld et l'autre sur Neustadt, et l'autre droit sur la route directe
<le Hudolstadt, et une sur Oppurg, où l'on voit encore des feux.
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10 OCTOBRE. 477
LE GRAND-DUC DE BËRG A L EMPEREUR.
Allmsdorf, 10 octobre 1806, midi et demi.
Sire, j'entends le canon tirer, j'allais marcher sur Pôsneck
pour être à même d'exécuter les ordres de V. M. en recon-
naissant Saalfeld ; mais je- reçois l'ordre de me porter sur
Auma, pour intercepter la route de Saalfeld sur Géra, et tout
se met en mouvement ; déjà nos avant-postes étaient ce ma-
tin en avant d'Auma que l'ennemi avait évacué vers minuit.
L'ennemi s'est retiré sur,Triptis. Nos flanqueurs de gauche
rencontrent à tout moment les hussards prussiens, ce qui
annonce que nous sommes sur les flancs de l'ennemi. On con-
tinue à dire que l'ennemi est toujours vers Naumburg ; la
Reine est à l'armée portant l'uniforme de son régiment. Nous
avons retrouvé ce matin dans le bois 2 pièces de canon.
J'aurai l'honneur, arrivé à Auma, de rendre compte à V. M.
de ce que j'apprendrai de Neustadt et Triptis. La division
Beaumont marche avec moi.
LE MARÉCHAL BERKADOTTE A l'eMPEREUR.
ŒUerâdorf, 10 octobre 1806.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. M. que les 2 pièces
d'artillerie dont je lui ai parlé hier ont été ramassées par le
bataillon du 27*, que j'avais envoyé ; il a aussi fait une
soixantaine de prisonniers. Le reste de cette colonne s'est
enfoncé dans le bois et s'est évadé à la faveur de la nuit.
L'ennemi a évacué Auma hier soir à 11 heures ; il marche
sur Triptis et Saint-Ulrich.
Je réunis toutes mes troupes et je me mets en route sur
Auma.
Je viens de quitter le Grand-duc à Diega \ il marche sur
Auma.
Le chef d'escadron Boudinhon du 4* de hussards qui a été
blessé hier et qui a eu un cheval tué sous lui, s'est parfaite-
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478 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ment conduit ; malgré ses blessures, il vient de rentrera son
régiment et de reprendre son service.
Le colonel des chevau-légers du prince Jean de Saxe qui
a été pris dans la journée d*hier, est mort cette nuit de ses
blessures.
ORDRE.
(Ettersdorf, lO octobre 1806.
Diaprés les ordres de TEmpereur il est ordonné au 1"
corps de la Grande Armée de se mettre sur-le-champ en mar-
che pour se porter à Auma. MM. les généraux de division
donneront leurs ordres à l'instant même.
Il faut laisser les bagages et toutes les choses inutiles afin
de pouvoir marcher en grande hâte.
Le 1" corps d'armée est prévenu que l'Empereur sera à
midi au milieu de son armée.
Le général de division,
L. Berthieb.
LE CHEF d'bBCADRON AMEIL, DV Ô* DB CHA88BUBS, AU CiKÉBAL
WATIEB A TRIPTI8.
10 octobre 1806.
Je me suis porté, mon Général, sur Schonborn dans rintention de
couper les communications de Neustadt à Géra, d'avoir des nou-
velles et de m*emparer de ce que je pourrais rencontrer. J'y suis ar-
rivé trop tard : 600 chevaux venant de Neustadt venaient de passer
et rafraîchissaient en arrière de Wittgenstein. Malgré la nuit je le*
ai fait tâter et reconnaître. J'ai fait tirer quelques coups de carabine
pour inquiéter ce corps et me suis retiré. D'un autre côté, j'ai fait
pousser sur P^lnitz ; T ennemi en sortait. Ses postes ont été reconnue
sur Sorga et Gross-Ebersdorf. Je leur ai fait lâcher plusieurs coups
de carabine ; il n'y a pas de doute que tout cela ae soit retiré aus-
sitôt.
Plusieurs voitures de blessés venant de Neustadt venaient de pas-
ser allant à Géra.
J'ai questionné des voyageurs allant à Leipzig. La méfiance existe
déjà chez l'ennemi ; l'armée craint d'ctre enveloppée.
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10 OCTOBRE. 479
Les rapports sont très incertains. Ou assure que 10,000 hommes
sont rassemblés à Hauptest. D'autres que ce corps n'est que l'avant^
pirde de 30,000 hommes postés à Géra. On ne peut absolument
point compter sur ces rapports.
J'occupe un poste près Schonbom. Demain à la pointe du jour
j'irai reconnaître l'ennemi et aurai l'honneur de vous rendre compte.
Excusez, je vous prie, ma petite rédaction. Elle est faite au bi-
v.juac à la lueur du feu.
Quoique le rapport du général Watier au prince de Ponte-Corvo
>oit postérieur à celui de ce général au grand-duc de Berg, il est né-
lessaire de le donner le premier, car il explique les opérations de la
brigade légère du centre dans la soirée du 10 octobre.
LE oéNÂBAL WATIEB AU PRINCE DE FONTE-CORVO.
11 octobre 180G.
Hier soir, je reçus l'ordre de S. A. I. le prince de Berg de me
porter avec 4 escadrons eu avant de Triptis et de pousser des recon-
Qaissances sur Neustadt et Géra. Je fis reconnaître ces deux routes
aar chacune desquelles je jetai un parti de 15 et 25 chevaux. J'en-
voyai, en même temps, le chef d'escadron Âmeil du 6* de chasseurs
à cheval pour pousser une pointe en avant de Triptis, et couper la
route de Neustadt à Géra ; il était à la tête d'un escadron.
A 8 heures, je reçus l'ordre de m'établir dans les trois premiers
villages qui se trouvent sur la route de Neustadt, et à 10 heures du
soir d'aller occuper Neustadt avec un régiment et de placer le second
régiment de ma brigade à Dreitzsch où je devais moi-môme rester.
Le colonel du 5^ régiment de chasseurs, chargé d'aller reconnaître
Neustadt et d'y établir militairement son régiment, le plaça en deçà
de la ville et alla avec un piquet se porter au delà pour poser ses
postes sur les routes d'Orlamunda et de Pôsneck, mais à 500 toises
des faubourgs, il fut accueilli d'une décharge de carabine. (Puis
vient l'incident relaté dans la lettre suivante.)
... A la pointe du jour je fis de nouveau pousser une reconnais-
sance au delà de Neustadt. Pendant la nuit il paraît que des équi-
pages ont filé vers Géra ; je n'ai pu savoir s'il y était passé d'autres
troupes que les escortes ; mais ils seront éclairés par Ameil qui coupe
la communication de Neustadt à Géra.
J'allais me porter avec ma brigade ' au delà de Neustadt, quand
j'ai reçu l'ordre de rejoindre S. A. I. le grand-duc de Berg à Triptis.
Quelques-uns de nos éclaireurs voulurent dans la reconnaissance
du matin charger sur quelques mauvaises voitures qu'on leur dit
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480 CAMPAGNE DK PRUSSE.
renfermer du pain ; mais ils trouvèrent quelques pelotons de chasseur
à pied dispersés dans les bois qui ne leur permirent pas d'aller plu>
loin. Il ne leur parut pas qu'il y eût beaucoup de troupes dans ce>
environs et tout semble indiquer une retraite très-précipitée.
On n'a pas entendu ce matin de canonnade sur aucun point, au
moins dans la partie dans laquelle j'étais placé, et la jonction avec le
général Dupont n'était pas encore opérée par Neustadt.
LE OÉNÉRAL WATIER AU ORAND-DUC DB BERG.
Dreitzsch, il oclubre 1806, S heures du malin.
Aussitôt la réception des ordres de V. A., je me suis de suite mis
en marche pour occuper Neustadt et Dreitzsch, Le colonel du 5* rt'-
gimeut de chasseurs s'est porté sur Neustadt, où il est entré sans
rencontrer trace aucune de l'ennemi ; mais quand il a voulu aller
placer ses postes sur les deux routes indiquées par V. A., il y a été
reçu par une décharge de carabine à 10 pas; il a fait de suite appeler
les bourgmestres qui lui avaient assuré qu'il n'y avait pas dans la
place ou les environs de Prussiens ou de Saxons et il fut obligé d»»
les tniiter durement pour leur faire avouer qu'il y avait hors de la
ville un régiment de dragons saxons habillés en bleu, et de l'infan-
terie.
Pour ne pas compromettre le 5* régiment déjà affaibli par plusieurs
détachements très forts, j'ai fait dire au colonel de changer son sé-
jour à Neustadt en une reconnaissance après laquelle il se retirerait
sur Dreitzsch, et demain matin, si vous me l'ordonnez, mon Prince,
j'irai avec les 2 régiments ou m'y établir ou reconnaître.
Mes 2 régiments ont beaucoup de détachements au dehors et sont
assez faibles. Les chevaux sont éreintés et cette nuit ne les remettra
pas ; cependant ils désirent bien servir, mais ce serait dommage de
voir de si bons régiments se réduire à rien, comme dans la campagne
dernière ; c'est là leur unique crainte *.
Quaut au bivouac que j'occupe, il ne s'y est rien remarqué de
nouveau.
1. Si, outre 1* marche, on tient compte des reconnaissances envoyées en
avant et sur les flancs, à 10 et 15 kilomètres, comme celles de la brigade
Milliaud ; si on observe que toutes les troupes étaient à che\'al une heun
avant le jour, toutes ayant fait des marches pénibles les 7,8 et » et quelques-
unes ayant combattu toute la journée du 9; si eufln on se rend comptf
qu'elles n'enlraieul dans leurs cantonnements ou ne prenaient leurs bivouac*
qu'à 8 et 10 heures du soir pour recommencer le lendemain, on ne trouvera
pas étonnant que les chevaux fussent épuises et eussent besoin d'un peu Je
repos, sous peine do voir les régiments se réduire bienlol à rien.
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10 OCTOBRE. 481
8'ii m'arrive quelque rapport digne de fixer Tattention de V. A.
je m'empresserai de Ten instruire.
P.-S, — Il n'est encore paru aucune patrouille de cavalerie ou
d'infanterie du général Dupont.
Brigade Lasalle, Mittel-Pôlnitz.
Quartier général de la réserve de cavalerie, Triptis.
3' division de dragons, Tômmelsdorf.
1" corps. 2* et 3* divisions, en avant de Gtitterlitz. — Quartier
général, Auina. •*
4^ division de dragons, bivouac en avant de Schleiz.
3* corps. 1'^ et 2® divisions, bivouac sur les hauteurs en avant de
Schleiz. — Cavalerie légère, en avant des 1" et 2* divisions. —
3* dirision, bivouac en arrière de Schleiz.
L'Empereur inspecte les deux premières divisions et envoie 2 com-
pagnies de voltigeurs du 108* sur Saalfeld pour éclairer le pays.
Quartier général de l'Empereur, Schleiz«
Oarde impériale, Schleiz.
r* division de grosse cavalerie, Nordhalben.
6* corps. Cavalerie légère, Frankendorf. — Quartier général et
2' division. Tanna. — 3* division, Gefell.
4* Corps. Ordbe.
Plauen, lo octobre 1806.
Le colonel du 16® régiment de chasseurs enverra un parti de
30 chevaux, commandé par un officier, à Auerbach et Langefeld
pour prendre des renseignements sur les mouvements de Tennemi ;
il doit rejoindre à Pëhl le 8® de hussards.
Cet officier est aussi chargé de requérir à Auerbach et Langefeld
la quantité de 10,000 rations de pain dans chaque endroit, qui de-
vra arriver à Plauen dans la nuit prochaine.
Toute autre réquisition est sévèrement défendue.
M'* SOULT.
OAMP. nn PBU88K. 31
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482 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MARÉCHAL SOULT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Plauen, lO octobre 1806.
J*ai rhonneur de rendre compte à V. A. de la position que
le corps d'armée occupe à Plauen.
2 divisions sont campées en avant de la ville, Tune sur la
rive droite de TElster couvrant la route de Zwickau, l'autre
est sur la'rive gauche de la rivière, couvrant tous les débou-
chés de Greiz et Elsterberg.
La division du général Saînt-Hilaire est bivouaquée sur la
hauteur en arrière de Plauen \
J'ai porté le 8* régiment de hussards jusqu'à Reichenhach
pour éclairer ce qui se passe sur la route de Zwickau.
Le restant de la cavalerie est à portée de Plauen d'où elle
éclaire la rive gauche de l'Elster, et fournit un escadron à
Pausa pour lier la communication avec Schleiz.
Il n'y avait pas d'ennemis à Reichenhach ; on m'a dit aussi
qu'il n'y avait personne à Zwickau ; mais dans cette dernière
ville il y a de forts magasins, surtout en farine.
Les avant-postes du corps d'armée qui couvre Dresde
ne viennent que jusqu'à Chemnitz; je n'ai pu encore me
procurer des renseignements exacts sur la force de cette
armée.
Hier j'ai omis de rendre compte à V. A. que nous avions
trouvé à Hof un magasin de 45,000 boisseaux d'avoine; à
Plauen, 5,000; on me dit qu'à Reichenhach il y en a autant,
mais nous n'en profitons que pour ce que les troupes consom-
ment à leur passage.
Je reçois à l'instant l'ordre de mouvement en date de ce
jour que V. A. m'a fait l'honneur de m'adresser; demain
1. LB O^HisAL COlCPAirS AU OÉKÉBÀL 8AI3IT-HIL41BB.
Plauen, lO octobre 180<.
Jo vous prie, mon Général, de donner vos ordres pour que S compagnie^
dû grenadiers de votre division viennent faire le service du quartier gèiiéni.
concurroniment avec S autres compagnies de grenadiers de la 8* division.
L'ofllcior commandant ces 2 compagnies devra so présenter à mon bureau.
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10 OCTOBRE. 483
matin de bonne heure les troupes du corps d'armée seront
en marche pour le mettre à exécution ; mais leur mouve-
ment ne pourra être très accéléré, car le chemin qu'elles ont
à parcourir est extrêmement mauvais. Demain j'aurai Thon-
neur de rendre compte à V. A. de la marche que le corps
d'armée aura faite dans la journée.
4* corps. Cavalerie légère, en avant de Plauen. — V^ et 3* divi-
âions, Plauen. — 2« division, Reusa.
LE MARÉCHAL SOULT A l'eMPEREUR.
Plauen, lo octobre 18C6, 8 heures du soir.
Je reçois au même instant la dépêche en date de ce jour
8 heures du matin dont V. M. a daigné m'honorer, et Tor-
dre de S. A. le prince ministre qui me prescrit de diriger
le corps d'armée sur Géra; demain à la pointe du jour je
serai en marche pour cette destination.
J'attendais avec la plus vive impatience qu'il me fût per-
mis de faire ce mouvement que, d'après ceux de l'ennemi,
je regarde comme très nécessaire ; j'aurai bien des mauvais
chemins à parcourir, mais tous les obstacles seront surmon-
tés, et après-demain au soir je serai dans ou devant Géra.
Je ne crois pas que d'ici à Chemnitz, et peut-être même
jusqu'à Freyberg, il y ait aucunes troupes ; ainsi le corps
d'année qui couvre Dresde ne peut être considérable ; cepen-
dant il paraîtrait que Tennemi se propose de réunir des trou-
pes dans cette partie, car on ne cesse d'approvisionner les
magasins de Zwickau où déjà il y a beaucoup de farines et
considérablement d'avoine ; quoi qu'il en soit, je serai à
Géra, et V. M. aura certainement porté un grand coup à ses
ennemis, avant qu'ils aient pu entreprendre quelque opéra-
tion sérieuse sur son aile droite, et s'il le fallait ensuite, aux
ordres de V. M., le corps d'armée aurait vite changé de di-
rection pour aller à la rencontre de nouvelles colonnes qui
se seraient formées.
Un parti que j'avais porté le long de TEIster a donné
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484 CAMPAGNE DE PRUSSE.
chasse aujourd'hui à un piquet de 20 hussards prussiens qui
étaient à SchOnbach, ce qui ferait croire que demain je pour-
rai bien rencontrer quelques postes.
Le 8* de hussards a poussé aujourd'hui jusqu'à Reichen-
bach et n'a rien rencontré ; j'attends cependant encore de
cette partie un autre rapport qui donnera peut-être des ren-
seignements sur ce qui se passe vers Chemnitz et vers Géra.
Un escadron du 11* de chasseurs qui était hier à Tanna
pour lier la communication avec Schleiz, s'est porté aujour-
d'hui àPausa pour le même objet.
Je compte qu'en partant de Plauen, j'aurai du pain pour
2 jours, et qu'en route je trouverai de quoi vivre ; nous som-
mes d'ailleurs dans la saison la plus favorable pour faire
campagne dans ce pays ; il y a beaucoup de bons légumes
dans les champs et la viande est abondante.
Je profiterai avec prudence de la permission que V. il. a
bien voulu me donner et, si je vois jour à faire quelque bon
coup sur les ennemis, j'en saisirai avec empressement l'oc-
casion sans cependant m' écarter des dispositions qui me sont
prescrites, ni sans sortir de la ligne d'opérations de V. AI.
Je maintiendrai aussi toujours la communication avec sa co-
lonne du centre.
Le corps d'armée eût regretté que le général prussieu
comte de Tauenzien eût quitté Hof pour aller se faire battre
à Schleiz, s'il n'avait pensé que la première palme de la
campagne devait être cueillie sous les yeux mêmes de
V. M.
LE MARECHAL SOULT AU CAPITAINE MEUZIAC,
DU 11* DE CHASSEURS.
Plauen, lO octobre iS06.
J'ai reçu le rapport en date de ce jour que vous m'avez
iait. Je vous préviens que demain il y aura des troupes du
corps d'armée à Greitz; peut-être même j'y serai ; en consé-
quence vous voudrez bien partir de Pausa avec l'escadron
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10 OCTOBRE. 485
que vous commandez , et le diriger sur Langenwetzendorf
où vous établirez de suite la communication avec les troupes
de la colonne du centre qui seront à Auma, et avec celles
du corps d*armée qui seront vers Greitz.
De Langen vous pousserez quelques partis vers Weyda à
l'effet de reconnaître les troupes ennemies qui sont dans
cette partie, et prendre sur leur force, direction et position,
les renseignements les plus précis ; mais recommandez à l'of-
ficier qui commandera ce parti d'éviter de se compromettre,
et donnez-moi fréquemment de vos nouvelles.
4' Corps. ORDRE.
Plauen, lO octobre 1806.
Demain 11 octobre au point du jour le corps d'armée se
mettra en marche et se dirigera sur Weyda en passant par
Syrau, Bemsgrtin, Dobigau, Naitschau, à hauteur de Lan-
genwetzendorf et Draxdorf.
Les divisions marcheront dans l'ordre suivant :
Le général Margaron réunira sur Syrau le 11* et le 16* de
chasseurs et Tartillerie légère, et prenant la tête du corps
d'armée il se dirigera sur Weyda en suivant l'itinéraire pres-
crit. A Langenwetzendorf il se fera joindre par Tescadron
du 11* de chasseurs qui a reçu Tordre de se rendre sur ce
point, et attendra à hauteur de ce village que de nouveaux
ordres lui soient délivrés pour continuer le mouvement.
Le général Guyot partira de Reichenbach avec le 8* de
hussards qu'il commande, et le dirigera sur Naitschau en pas-
sant par Greitz ; le général Guyot se portera ensuite en avant
de Langenwetzendorf, afin que, lorsqu'il y arrivera, il soit
en tête de la colonne, et immédiatement il portera un fort
parti sur Weyda pour éclairer les mouvements que l'ennemi
fait dans cette partie. Dans son mouvement le général
(ruyot aura soin d'éclairer parfaitement les bords de l'Elster,
et le général Margaron, après avoir dépassé Langenwetzen-
dorf, éclairera par des partis de chasseurs tout le pays com-
pris entre ce point et Auma.
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486 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le général Legrand fera suivre à la 3* division la même
direction et fera en sorte qu'elle soit réunie à la pointe du
jour pour se mettre immédiatement en marche. Le général
Levai devra mettre en marche la 2* division un peu avant le
jour, afin qu'elle joigne à Syrau la 3* division, et suive ensuite
son mouvement. Pour cet eflfet il la fera passer par la ville
de Plauen.
Le général Saint-Hilaire réglera son mouvement sur celui
de la 2* division et la suivra immédiatement; il fera en
sorte que dans sa marche il ne reste point d'intervalle entre
les 2 divisions.
Le parc d'artillerie prendra la même direction et suivra
la marche de la l'* division. Le général Saint-Hilaire lais-
sera 4 compagnies du 55* régiment pour le couvrir et le dé-
fendre au besoin.
Le commandant de la gendarmerie formera un détache-
ment de 12 hommes et un officier pour marcher après les
4 compagnies qui doivent faire la garde du parc d'artillerie.
Le détachement devra, sous la responsabilité personnelle
des officiers et gendarmes qui en font partie, ramasser et
faire rejoindre tous les militaires qui resteraient en arrière.
En cas de résistance de la part de ces militaires, le déta-
chement est autorisé à employer la force pour les y contrain-
dre, et il donnera l'état nominatif, corps par corps, de ceux
qui sont dans ce cas.
Les équipages du quartier général partiront avant le jour
de Plauen pour joindre la 3* division, et marcheront après
elle.
Le Maréchal commandant en chef indiquera par un nou-
vel ordi'e les positions que les divisions devront prendre et le
lieu où sera demain le quartier général.
Le Maréchal commandant en chefa remarqué qu'il y avait
encore à la suite des régiments des équipages qui leur sont
inutiles, ordonne aux chefs de corps qui sont dans ce cas, do
faire partir de Plauen toutes les voitures portant des effets
qui ne leur sont pas absolument nécessaires, les souliers
exceptés, et ils les feront diriger surKronach, en passant par
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10 OCTOBRE. 487
Hof *. On pourra en même temps envoyer à E[ronach les ma-
lades qui sont à la suite, et ils en enverront en même temps
l'état nominatif.
Le capitaine Labbé, du 36' régiment qui, pour mauvaise
santé, ne peut suivre le corps d'armée, commandera la réu-
nion de ces équipages, ainsi que les malades ; il les conduira
à Eronach et restera dans cette place pour prendre soin de
ces effets et des militaires du corps d'armée qui y seront
envoyés.
Le colonel du 36* fera venir de son dépôt un capitaine en
remplacement de M. Labbé.
P.-S. — Le général Margaron enverra ordre au détachement
du 16* de chasseurs qui, après avoir été en parti, a dû revenir
sur Pôhl , d'en partir demain pour rentrer au régiment à
hauteur de Naitschau, en passant l'Elster à Elsterberg.
M'' SOULT.
LE OÉKJÈBAL HÂDOUVILLB AU OÂNéBAL UBZZANELLI.
Sous le fort de Culmbach, lo octobre 1808.
S. A. I. le prince Jérôme Napoléon me charge de vous mander
de faire sommer cette nuit le commandant prussien du fort de Culm-
bach de rendre ce fort. Veuillez bien m'envoyer de suite par ordon-
nance la réponse que vous fera ce commandant. — Si le fort ne se
!• CIBCaLAIBB A IIM. I.B9 OS^éRACS DR DIVISION.
Géra, 18 octobre 1806.
M. le Maréchal commandant en chef voit avec peiné que quelques régi-
ments ont encore un trop grand nombre de voitures, ce qui suppose qu'ils
portent à leur suite bjaucoup d'elTets inutiles. La journée d hier a fait sentir
vivement l'inconvénient attaché aux nombreux équipages. Leur marche a été
lente dans les mauvais chemins que le corps d'armée a parcourus, et grand
nombre de voitures ont été versées ou endommagées. L'artillerie a été consi-
dérablement retardée et Tinfanterie elle-môme a éprouvé des relards causés
par l'obstruction des chemins.
M. le Maréchal commandant on chef, d'après tous ces motifs, vous charge,
mon Général, d'examiner de la manière la plus sévère les équipages des
corps de votre division et de les réduire au plus strict nécessaire. Cette me-
sure rendra le corps d'armée plus léger et plus mobile et renverra beaucoup
de hreufe* aux travaux de l'agriculture et- à des transports plus utiles.
Maréchal appelle toute votre attention sur son exécution.
G'I COMPASS.
•Voitures requises pour le transport dos effets. Ordre du jour du 4" corps du 33 se
tembre.
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488 CAMPAGNE DB PRUSSE.
rend pas, vous laisserez le 13® régiment de ligne poar le bloquer
aussi exactement que possible jusqu'à de nouveaux ordres.
AU MÊKE.
10 octobre i806.
Le prince Jérôme Napoléon me charge de vous mander :
1** D'ordonner que les troupes bavaroises sous vos ordres soient
rassemblées demain à 1 1 heures du matin près de la route de Culm-
bach à Kronach et qu'elles soient en mesure de se mettre en marche
immédiatement après la revue que S. A. I. en passera.
Vous remettrez à S. A. I. aussi avant la revue l'état du persomiel
et du matériel de l'artillerie et l'état nominatif des officiers supérieurs
de chaque régiment ;
2" D'écrire au commissaire chargé de pourvoir à la subsistance des
troupes bavaroises de faire transporter à Kronach pour la subsia-
tance de ces troupes les vivres et fourrages qu'il pourra tirer de
Baireuth et des lieux qui ont le moins fourni aux différents corps
d'armée.
Veuillez recommander à ce commissaire de vous rendre compte
jour par jour de ses opérations qui ne peuvent être faites avec trop
d'activité et me transmettre ces comptes qui seront mis sous les yeui
de S. A. I.
Ordre au général Legrand, commandant à Baireuth, pour faciliter
l'exécution de Tordre qui vient d'être donné au commissaire.
LE MABÉCHAL MORTIER AU MAJOR 'GÉNÉRAL.
Mayence, lO octobre 1806.
J'ai rhonneur de prévenir V. A. que les 2* et 12* d'infan-
terie légère viennent d'arriver àMayence ; le 4* arrivera pro-
bablement demain.
Lundi je passerai le Rhin avec ces 3 régiments ; les deux
premiers aux ordres du général Lagrange s'établiront à
Francfort, Hochstadt, Senglingen, etc.; le 12* aux ordres du
général Dupas s'établira à Hattersheim. Le général La-
grange aura ses instructions pour assurer ses communications
avec le général Dupas, et celui-ci avec Mayence.
Je viens d'apprendre indirectement que le 4* de dragons
que l'Empereur m'avait assuré devoir faire partie du 8* corps
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10 OCTOBRE. 4857
et que j'attendais avec la plus vive impatience, avait reçu
l'ordre de se diriger sur Bamberg. Il est à présumer que le
26* de chasseurs n'arrivera pas avant un mois. Je vais donc
me trouver sans cavalerie dans un moment où elle me serait
bien nécessaire.
Je n'ai point encore d'autre artillerie que les 6 pièces de
la ci-devant division des grenadiers. Je vous prie, M. le Ma-
réchal, de donner des ordres pour que les 18 pièces qui doi-
vent être employées au 8® corps soient complétées.
Quant à l'organisation de l'administratioQ du 8* corps, elle
n'est pas plus avancée que le premier jour. Je n'ai pas cessé
de vous faire, ainsi qu'au ministre directeur de la guerre,
mes réclamations à ce sujet ; elles n'ont eu jusqu'à présent
aucun succès.
11 n'y a pas ici un seul caisson à cartouches d'infanterie.
Je serai forcé d'en faire mettre dans un tonneau et de les
faire suivre dans une charrette de réquisition.
Vous m'avez ordonné, M. le Maréchal, d'envoyer mes
chevaux et mes équipages à Augsburg et je m'y suis con-
formé de suite. S. M. a eu la bonté de me dire que vous avez
donné des ordres pour qu'ils vinssent à Wttrzburg ; cepen-
dant le 4 de ce mois ils étaient encore à Augsburg et je me
trouverai probablement encore pour longtemps privé de mon
écurie*.
Agréez, M. le Maréchal, l'assurance de ma considération
distinguée.
1. L^homme est homme, et dans toutes les affaires de la vie, pour ôlre
inea servi, il faut 8*inquiéter de Tiodividu, de la béte, et assurer autant que
possible son bien-être. Il faut être humain et ne commander qu*à des hommes
satisfaits, ou au moins qu'à des hommes que Ton a cherché à satisfaire dans
ta mesure des circonstances et que Ton a persuadés de sa bonne volonté, et
'^la depuis Tliomme de troupe jusqu'à Tofflcier général.
L'Empereur s'iuquiétait de ces détails.
Notre profession exige de la juatico, de la bienveillance et l'exclusion do
luut égoisme.
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1
11 OCTOBRE
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL DAVOUT.
10 octobre 1806, 8 heures et demie du soir.
Je vous préviens que tout votre corps d'armée part demain
avant le jour pour se rendre à Auma et de là sur Géra ; il
est nécessaire que vous vousy rendiez. La canonnade n'ayant
pas continué, il n'y a pas de doute que le maréchal Lannes
est à Saalfeld ; cela étant, le général Dupont se mettra en
marche à la petite pointe du jour pour se rendre sur Géra.
Vous ferez prévenir le général Milhaud qu'il fasse retirer tous
les postes et qu'il flanque avec toute sa cavalerie la marche
du général Dupont, se tenant toujours entre ce général et le
général Lasalle, afin de le prévenir à temps de tous les mou-
vements de l'ennemi.
Je vous envoie un triplicata de l'ordre que vous ferez pas-
ser au maréchal Lannes.
Le général Dupont se portera sur Neustadt et Trîptis
pour marcher sur Géra.
Si, ce qui n'est pas probable, c'était l'ennemi qui eût forcé
le maréchal Lannes à Saalfeld, cet ordre ne recevrait pas son
exécution et vous en préviendriez l'Empereur.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU GÉNÉRAL MORAND.
Schlelz, 10 oclobro 180 j, 8 heures et demie du soir.
Vous ferez battre le premier à 3 heures du matin et vous
partirez à 4 heures pour vous diriger sur Auma.
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11 OCTOBRE. 491
AU GÉNÉRAL PRIANT.
Vous ferez battre le premier à 4 heures du matin et vous
partirez à 5 heures pour vous diriger sur Auma.
AU GÉNÉRAL GUDIN.
Le général Gudin fera battre le premier à 5 heures et par-
tira à 6 heures du matin pour Auma.
Il est ordonné à la cavalerie légère du maréchal Davout, à
laquelle se joindra le 1*' régiment de chasseurs qui est can-
tonné en avant de Schleiz, de partir demain à 7 heures du
matin, pour se rendre à Auma et gagner la tête de la colonne
d'infanterie qui est déjà en marche.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU CHEF D'ÉTAT-MAJOR DU 3* CORPS.
Vous trouverez ci-joint des ordres que vous ferez remettre
à ceux qu'ils concernent ; le 1" régiment de chasseurs est
dans un petit village en avant de Schleiz.
laites connaître aux généraux de division qu'ils doivent
veiller à ce que tous les bagages soient parqués et qu'ils ne
partent que lorsque tout le corps d'armée de M. le maréctal
Davout et son artillerie seront passés.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LEFEBVRË.
Schleiz, 10 octobre 1806, 8 heures et demie du soir.
11 est ordonné à M. le maréchal Lefebvre de faire partir
ses troupes demain à 3 heures du matin pour se rendre à
Âuma; il passera avant la division Morand qui part à 4 heu-
res. Il formera un détachement de tous les hommes fatigués
et le laissera à Schleiz oii restent les équipages de l'Empe-
reur.
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492 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MAJOR GÉNÉBAL AU GRAND-DUC DE BERG.
Schloiz, 10 octobre I8O6, 8 heures et demie du soir.
L'Empereur, mon Prince, sera demain à 5 heures du ma-
tin à Âuma. Les trois divisions du corps du maréchal Davout
se mettront en marche de Schleiz pour Auma. L'Empereur
veut décidément arriver à Géra, afin de savoir ce que fait
Tennemi. S. M. vous recommande de tenir votre cavalerie
réunie, qui se trouve quelquefois trop éparpillée.
Si M. le maréchal Lannes est à Saalfeld, le général Du-
pont recevra l'ordre de partir à la petite pointe du jour pour
se porter sur Triptis et prendre la queue du corps d'armée.
Il faut qu'avant le jour les deux divisions du maréchal
Bernadotte marchent sur Géra qu'il faut avoir dans la jour-
née de demain, s'il n'y a pas d'obstacle. Donnez l'ordre à
M. le maréchal Bernadotte.
L'Empereur a vu avec peine que vous avez donné au gé-
néral Milhaud le 21* de dragons : l'Empereur répète que
vous disséminez trop votre cavalerie.
Il est inutile de vous recommander de faire éclairer la
route d'Iéna. Le corps du maréchal Bernadotte suivra la
grande route par Mittel, Ebersdorf et Géra.
Le corps du maréchal Davout suivra la route par Weyda.
Ordre au maréchal Bernadotte d'exécuter le mouvement
indiqué dans la lettre ci-dessus.
LE MARÉCHAL DAVOUT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Pôsueck, 11 oclobre I8O6, s heures du matin.
Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous en faire rendre compte
verbalement par l'un de mes aides de camp, j'ai été obligé
de faire arrêter la tête de la colonne d'infanterie à 3/4 de
lieue de Pôsneck, tant pour attendre des nouvelles de la
cavalerie du général Milhaud que j'avais fait porter en avant.
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j
11 OCTOBRE. 493
que pour donner le temps à Tinfanterie de se rallier, la mar-
che aussi longue que rapide ayant extrêmement allongé les
colonnes.
Après les premiers rapports du général Milhaud, j'ai fait
porter un régiment d'infanterie en avant de Pôsneck à rem-
branchement des routes de Neustadt et de Uhlstadt ; le reste
de la division Dupont et la division Morand seront rendues
ici à la pointe du jour.
Des partis de cavalerie ont été envoyés sur Neustadt et
Saalfeld.
Une reconnaissance du 13® de chasseurs dirigée sur Saal-
feld, a poussé par sa droite un petit détachement qui est
tombé sur un poste d'infanterie et de cavalerie prussien, et
a enlevé un hussard de Wolfrad et 2 fusiliers du 1*"^ batail-
lon de chasseurs prussiens.
Ces prisonniers rapportent qu'il y avait à l'affaire de Saal-
feld, donnée par les Français, 7 bataillons saxons et 2 prus-
siens, un régimentde hussards saxons et 2 escadrons prussiens.
Le prince Louis commandait en personne ; ces troupes
venaient de Neustadt; ils ne savent rien de la Grande
Année, si ce n'est qu'on débite qu'elle marche en avant.
Il arrive en ce moment 3 prisonniers du régiment de
Schimmelpfenning, hussards, ramassés par nos reconnaissan-
ces. D'après ce qu'ils disent et ce qu'on débite, il paraît que
le maréchal Lannes a complètement battu l'ennemi.
Je reçois la dépêche de V. A. datée de 8 heures et demie.
Je vais me mettre en marche pour rejoindre de ma personne
le 3' corps ; je transmets au général Dupont et au général
Milhaud les ordres qui les concernent pour leur marche de
demain.
Je fais partir pour le maréchal Lannes la dépêche de V. A.
à son adresse.
P.-S. — Des partis sont en marche sur Neustadt et Saal-
feld. On débite que les Prussiens ont fait une très grande
perte.
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494 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MARÉCHAL DAVOUT AU GÉNÉRAL DUPONT.
Pôsnecki 11 octobre 1806.
Je reçois à Tinstant, mon cher Général, une dépêche de
S. A. le prince de Neufchâtel qui contient des dispositionb
vous concernant ; je vous les adresse ci-jointes dans la crainte
que S. A. le prince de Ponte-Corvo n'ait pu vous faire par-
venir ses ordres et pour éviter tout retard dans votre mouve-
ment. Je partirai à la pointe du jour pour rejoindre mon
corps d'armée.
Je préviens le général Milhaud des mouvements qu'il doit
faire de concert avec vous.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL NET.
Schleiz, 11 octobre 1806, 6 heures du matin.
Il est ordonné à M. le maréchal Ney de se rendre sur-le-
champ à Schleiz où il occupera la position en avant de la
ville et y sera rendu avant midi ; il est prévenu que, suivant
les circonstances, il recevra Tordre d'y coucher ou de se por-
ter sur Auma ou sur Pôsneck.
6 heures du matin.
Il est ordonné au général Sahuc de partir avec sa division
pour se rendre à Auma, qui est à 4 lieues de Schleiz, vers
10 ou 11 heures du matin.
LE MARÉCHAL LANNES A L'eMPEREUR.
Saaifeld, ii octobre 1806, 9 heures du matin.
J'ai eu l'honneur de faire part hier à V. M. de l'affaire de
Saalfeld. Je lui ai dit que je ferais conduire l'artillerie au
nombre de 36 à 40 pièces jusqu'à Kronach. Je ne pourrai
exécuter cette disposition ; plusieurs de ces pièces sont dé-
montées et je ne puis trouver ici un seul cheval.
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11 OCTOBRE. 495
Il est resté sur le champ de bataille bien plus de morts et
de noyés qu'on ne Tavait cru.
J ai fait porter le corps du prince Louis Ferdinand à Saal-
feld dans le château du Duc^, où on lui a rendu les honneurs
dus à son rang.
Je partirai de Saalfeld avec tout mon corps d'armée dans
une heure ; il en est 9 ; je serai ce soir à Neustadt où j'atten-
drai les ordres de V. M.
1. PaOOàs-yBKBAL DBS BLEMURKS DU PBIHGB LOUIS DB PBU88B.
Oejourdliui , il octobre 1806, à midi, je soussigné chtrurgien-mojor du
40* régiment de ligne, membre de la Légion d*honiieur, chargé du service
'le 9anté de la division, certifie m*étre transporté à Saalfeld d'après l'ordre de
M. h général de division Suchet,. grand cordon do la Légion d'honneur, com-
mandant la iw division du 5« corps d'armée, à Teflet de constater les blessures
qua reçues le prince Louis Ferdinand de Prusse à TalTaire d'hier, et qui
lui onl causé la mort.
Éianl arrivé à Tégliso principale de Saalfeld accompagné de M. Virvaux,
capitaine du génie de la division, les gardiens des tombeaux des princes de
Coburg nous ont, sur ma réquisition, fait descendre dans le caveau où on ve-
nait de déposer depuis une heure le corps du Prince, que j'ai reconnu être
Iti même que j'avais vu à 6 heures du matin sur le champ de bataille, et
dont j'avais admiré la beauté de la figure, le calme do la physionomie, le dé-
veloppement de la poitrine, joint à la forme régulière des membres dont les
muscles très prononcés annonçaient beaucoup de force et de vigueur.
J'ai remarqué : !<> une plaie superficielle do 2 pouces d'élendue faite à la
joue droite sur la pommette par un coup de sabre dont la direction était do
haut en bas ;
i^ Un coup de sabre à la partie supérieure du front du côté droit, ayant
divisé obliquement Iqb téguments, sans lésion de l'os frontal, la plaie ayant
un peu plus de S pouces d'étendue ;
3* Une plaie transversale à la partie supérieure et postérieure de la tôle, de
5 pouces d'étendue, produite également par un coup de sabre qui a divisé les
téguments et lésé la première table des pariétaux ;
<• Un coup de sabre à la partie postérieure et inférieure de la tôle porté
de haut en bas et qui a fracturé l'occipital, la lame du sabre ayant pénétré
la substance du cerveau, la plaie ayant 6 pouces d'étendue ;
5^ Une plaie transversale do a pouces et demi d'étendue à la partie anté-
rieure et supérieure de la poitrine produite également par un coup do sabre,
dODl la lame ayant été dirigée sur son plat, a traversé cette cavité entre la 8«
til la 8« côte après avoir divisé une portion du sternum. La pointe du sabre
a Causé à la partie oppo8ée«de son entrée une grande ecchymose à l'endroit
ou elle a soulevé la peau sans la percer ;
»><* Enfin un dernier coup do sabre sur le bras droit, un peu au-dessus de
son articulation avec Tavant-bras, la plaie peu profonde se dirigeant oblique-
ment depuis le coude jusqu'au pli du bras.
Ayant ensuite visité les autres parties du corps, je les ai trouvées dans leur
étal naturel. En foi de quoi j'ai dressé le présent que j'ai rédigé sur la simple
'ospeclion des blessures sans aucune ouverture ni incision et avons signé ;.
Virvaux. Gai^lbrsat.
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496 CAMPAGNE DB PRUSSE.
M. le maréchal Augereau arrivera ce soir à Saalfeld et je
pense qu'il sera demain de bonne heure à Neustadt.
Je laisse ici les blessés hors d'état d'être transportés à
Kronach, les autres fileront avec les prisonniers. Nous avons
peu de blessés ; il y en a un grand nombre de l'ennemi ; on
en ramasse encore. Je donne l'ordre (]^u ils fussent bien trai-
tés. Le duc de Coburg y veillera.
Il serait très nécessaire que le général Songis envoyât ici
un officier d'artillerie pour faire conduire les pièces où V. M.
jugera convenable. Dans tous les cas je laisse ici une com-
pagnie jusqu'à l'arrivée de M. le maréchal Augereau.
LE MARÉCHAL LANNES AU MAJOR GÉNÉRAL.
Neustadt, ii octobre 1803.
Mon corps d'armée arrive ce soir à Neustadt; comme je
n'ai pas d'ordre pour marcher demain, je vous prie d'en de-
mander à S. M. et de me les faire passer par le retour de
l'officier porteur de cette dépêche. Je n'ai reçu votre lettre*
qu'à 10 heures et je n'ai pu partir qu'à midi * ; de cette ma-
nière j'ai perdu la moitié de la journée.
Je désirerais avoir, s'il était possible, l'ordre de marche
pour 2 jours*. Alors je pourrais faire de grandes journées et
placer de bonne heure mes troupes.
Je désirerais savoir également où est le grand parc d'artil-
lerie pour faire remplacer les munitions que la division
Suchet a brûlées liier.
1. Celle datée de Schleiz, lO octobre, 7 heures du soir.
2. 11 faut donc compter environ s heures après la réception do Tordre à^
mouvement par le commandant de corps d'armée pour Texécution du mouve-
ment, à moins toutefois que les troupes n'aient été rassemblées dans Tattente
des ordres. Ces deux heures sont employées à la transmission des ordres au*
troupes, à la levée des cantonnements ou bivouacs et à la mise en route de
la colonne.
3. Le Commandant de l'armée n'est pas toujours suffisamment renseigna"
sur les dispositions de l'ennemi pour pouvoir donner Tordre de mouTemepi
pour deux jours. Les nouvelles qu'il reçoit à chaque instant de sa cûTalerie
cl de ses émissaires peuvent modifier la direction des colonnes, surtout lors-
que l'on se rapproche de l'ennemi et que la jonction est faite.
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11 OCTOBRE. 497
Je prie V. A. de me renvoyer Tofficier le plus tôt pos-
sible.
V. A. connaît tout mon attachement.
5' corps. Bivouac en avant de Neustadt sur la route de Géra.
LE QÉirÉBAL FOUCHEB, COMMANDANT L*ABTILLEB1E DU Ô« C0BP8,
AU GÉNiBAL BON 018.
Saalfeld, il octobre 1806.
L'artillerie du 5* corps suppléa dans la journée d'hier par l'adresse
des canonniers et leur bravoure au petit nombre de pièces que les
circonstances permirent de mettre en batterie : le parc de la division
Suchet s'étant trouvé engagé dans des gorges, 2 pièces de 4 seules
attachées à la brigade d*avant-garde ont pu tirer dès le commence-
ment et avoir part à Faction jusqu'à sa fin ; ces 2 pièces ont soutenu
seules le feu de 27 bouches à feu.
M.Simonnet, lieutenant au 6* régiment d'artillerie à cheval, a donné
des preuves d'une bravoure froide et d'une grande fermeté.
Je dois surtout vous déclarer que c'est au sang-froid et au coup
d'œii du capitaine Beaufranchet, à la constance avec laquelle il est
resté sans discontinuité au centre des 2 pièces, à l'adresse qu'il a
déployée en saisissant les moments de varier ses positions pour tirer
à propos sur l'artillerie, la cavalerie et l'infanterie, à mesure qu'elles
voulaient se former, que j'attribue une partie de l'honneur dont l'ar-
tillerie se couvrit dans la journée d'hier. 2 pièces de 4 portées rapi-
dement sur différents points ont produit un effet supérieur à celui
que l'on pouvait raisonnablement attendre d'aussi faibles moyens.
M. Simonnet a eu 2 chevaux tués, a perdu 2 canonniers, 2 soldats
du train, 6 chevaux du train, 3 chevaux d'escadron. Je vous demande
pour cet officier, ancien militaire, la décoration de la Légion d'hon-
neur et pour M. Beaufranchet, officier d'un mérite distingué qui
joint à beaucoup de moyens une bravoure et un sang-froid impertur-
bable, la même faveur et le grade de chef de bataillon auquel son
ancienneté et ses talents lui donnent depuis longtemps des droits in-
contestables.
25 pièces de canon, 2 obusiers, 6 caissons, 70 chevaux de trait,
sont 8011B le rapport de l'artillerie le fruit de l'affaire de Saalfeld.
On a consommé 264 cartouches à canon de 4 ; 10 pièces de 8 et
2 obusiers arrivés à la fin de l'action ont tiré en tout 63 coups. L'in-
fanterie a tiré 200,000 cartouches, dont je vous demande le rempla-
cement ; j'ai également besoin de 4 caissons de 4 et de munitions
d obusier de 5 pouces 6 lignes.
CAMP. DB PRUSSB. 32
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498 CAMPAGNE DE PRUSSE.
J*ai remis à M. le maréchal Launes le double du rapport. H est
tellement content de Tartillerie dana Taffaire d'hier qu'il m'a ordonné
de lui remettre les noms de tous les canonniers qui servaient les
pièces de 4, afin de demander pour eux la décoration ; j'ai trouvé
juste d'y comprendre 2 soldats du train et M. Gourgaud, mon aide
de camp, dont j'ai été fort content et qui joint au feu de la jeunesse
des qualités qui le rendront par la suite un excellent officier. J'aurai
l'honneur de vous adresser incessamment les noms de tous ces indi-
vidus et je prends la liberté de recommander le dernier à votre justice
et à vos bontés.
Des 70 chevaux de trait pris, j'€n ai envoyé 10 à la division Sa-
chet en remplacement de ce que les pièces de 4 ont perdu ; le reste
passe au parc qui en a le plus grand besoin, ses chevaux étant très-
fatigués par les mauvais chemins et les marches forcées. Ces chevaux
sont d'ailleurs très-faibles et d'une mauvaise qualité.
L'armée part aujourd'hui pour Neustadt.
Les pièces prises partent aujourd'hui ou demain pour Kronach
avec des prisonniers de guerre sous l'escorte d'une compagnie d'in-
fanterie et avec le lieutenant d'artillerie Thomas qui a sous ses or-
dres 10 canonniers. D a été requis à cet e£Fet 60 paires de bœofe.
LE MARÉCHAL AUGEREAU AU MAJOR GÉNÉRAL.
Saalfeld, li octobro 1806» 5 heures du soir.
Hier à 4 heures après-midi, j'ai reçu une lettre de M. le
maréchal Lannes, qui me donnait avis de son mouvement.
J'avais déjà envoyé 2 officiers vers lui pour avoir de ses nou-
velles quand sa lettre m'est parvenue. Aussitôt j'ai ordonné
au 7' corps d'armée de se mettre en route pour rejoindre
celui de M. le maréchal Lannes. Les troupes ont constam-
ment marché depuis hier 4 heures après-midi jusqu'à pré-
sent. Elles n'arriveront ici que très-avant dans la nuit. Je
les ferai reposer 2 heures au plus et aussitôt après je les diri-
gerai sur Neustadt.
J'arrive à l'instant à Saalfeld avec l'avant-garde de M. le
général Durosnel. Je prie V. A. de croire que si j'avais reçu
des ordres je les aurais exécutés sans retard, et mes troupes
n'auraient pas fait 20 lieues dans la nuit dernière et dans la
journée d'aujourd'hui.
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11 OCTOBRE. 499
J'ai reçu par duplicata les ordres de V. A. pour me rendre
à Neustadt.
P.-S. — Si V. A. a de nouveaux ordres à me donner, je
la prie de vouloir bien me les adresser à Neustadt où je serai
rendu de ma personne demain matin avec Tavant-garde.
L'avant-garde et la !'• division ont fait leur repos en avant de
Saalfeld sur la route de Neustadt ; — le 2* division en arrière de la
nlle ; — le parc a suivi le mouvement de la 2* division.
LE GRAND-DUC DE BERG A L EMPEREUR.
Triplis, 11 octobre 1806, 4 heures du matin.
J'ai rhonneur d'adresser à V. M. le rapport que je reçois
(lu général Watier *. Je vous prie de me faire connaître si je
dois toujours me porter vers Géra, quoique Tennemi soit en
arrière de Neustadt.
J'adresse à V. M. les lettres saisies hier sur la route de
Géra, il s'en trouve une sous la date du 2 octobre de Naum-
burg qui confirme la réunion de presque tous les généraux
prussiens dans cette ville.
M. le prince de Neufchâtel me témoigne votre mécon-
tentement de ce que j'ai envoyé un régiment de dragons au
général Milhaud. Sire, votre lettre de 5 heures de hier ma-
tin m'ordonnait de porter une forte reconnaissance de cava-
lerie sur Pôsneck et Saalfeld et de l'appuyer avec la division
Drouet, ce que j'aurais certainement fait sans les ordres pos-
térieurs de V. M. de me porter sur Âuma et d'intercepter la
route de Géra à Pôsneck ; j'ai envoyé l'ordre au général
Milhaud de me rejoindre ce matin à Triptis, je crains bien
que les officiers n'aient pu arriver jusqu'à lui. Déjà celui
qui allait par Neustadt est de retour sans avoir pu passer. On
continue d'affirmer que le prince de Hohenlohe se trouve
encore à POsneck. Si cela est, le général Dupont et le maré-
chal Lannes ne manqueront pas de l'attaquer ce matin, et si,
1. Voir ce rapport a la journée du 10.
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500 CAMPAGNE DE PRUSSE.
au premier coup de canon que j*entendraî, je n'avais pas
reçu les ordres de V. M., j'attaquerais moi-même parNeu-
stadt, ce qui forcerait Tennemi à abandonner sa position. Je
chercherais alors à l'inquiéter en jetant des partis sur ses
derrières, sur la route de léna et Orlamunda.
P. -S. — Comme je me trouve très-éloigné de la grosse
cavalerie, je prie V. M. de lui donner des ordres ainsi qu'aux
divisions de dragons.
LE GRAND-DUC DE BERG A l'eMPEREUR.
Ebersdorf, il octobre 1806, 9 heures et demie du malm.
J'ai l'honneur d'envoyer à V. M. de nouveaux renseigne-
ments qui viennent d'arriver de Géra. 11 est évacué depuis
hier minuit ; il est très-positif que le corps qui a été battu à
Schleiz s'est porté sur Roda et que d'autres troupes venant
de Géra et Leipzig se sont aussi rendues à Boda -, Neustadt a
également été évacué, et une reconnaissance a dû être en-
voyée par le général Watier pour communiquer de Neustadt
avec Pôsneck, et il est à présumer que, le général Dupont j
étant arrivé, l'ennemi ne sera pas resté entre Neustadt et
Pîisneck. Mais pour remplir les intentions de V. M., j'envoie
l'adjudant-général Girard, qui ira sur Posneck jusqu'à ce
qu'il trouve les troupes du général Dupont ; il rendra direc-
tement compte à V. M. du moment que la jonction sera opé-
rée. Il dira au général Dupont de jeter des partis derrière la
Saale. Je serai à 11 heures à Géra, d'où je ferai parvenir à
V. M. tous les renseignements que j'aurai pu recueillir.
LE QÉNÉBAL LA8ALLE AU OÉXÉRAL BELLIABD, A OEKA.
11 octobre 1806.
La brigade du général Lasalle est à Langenberg. 2 escadrons
sont à la poursuite de Tennemi vers Zeitz. On éclaire la route de
Naumburg où l'ennemi a fait aussi filer des bagages ; la route en est
jonchée. La jonction des deux routes a décidé le général Lasalle a
se placer à Langenberg jusqu'à ce que S. A, I. lui daigne envoyer
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11 OCTOBRE. 501
des ordres. 2 officiers ont décidé cette réuBsite. Ils sont proposés
pour capitaines, le général renouvelle cette demande.
LB GÉNÉRAL LASALLE AU GRAND-DUC DE BERG, A GERA.
Wachholder-Baum, sur la route de Zeilz, il octobre 1806.
J'espère que vous serez content de mes hussards, ils ont pris plus
de 30O voitures ou caissons, fait 100 prisonniers, mais ils ont à se
louer de votre bonté. Les équipages de 3 régiments, ceux des quar-
tierg-maitres, sont en notre pouvoir et ils sont déjà très riches.
M. Lagrange, aide de camp de V. A., est parti avec 50 chevaux
pour Zeitz. Il pourra vous dire le tort énorme fait à Tennemi. Les
caissons sont chargés d'effets de campement, de souliers neufs, d'ha-
billement, d'avoine, etc., et d'argent ou bancozettels.
11 serait à propos de tout faire réunir. Je n'ai pu le faire.
J'&i à vous rendre un compte flatteur de Tintelligence de M. Méda,
du 7* de hussards, et de MM. Épinger et Quack, du 5*^, qui ont été
déjà proposés à V. Exe. pour le grade de capitaines (il n'y en a que
2 dans ce régiment). Ces officiers ont perpétuellement tenu la tête
de la colonne.
LE GÉNÉRAL LA8ALLE AU GÉNÉRAL BELLIARD.
Wucliholder-Baum, il octobre i806.
A l'arrivée de la brigade du général Latour-Maubourg à Langen-
berg, mon général, j'ai mis ma brigade en mouvement sur la route
de Zeitz, et je m*arrête à Wachholder-Baum, en arrière de Roth-
Oiebel. Mes chevaux n'en peuvent plus ; je me garde militairement
et attends vos ordres : nous avons pris plus de 300 voitures d'équi-
pages, et j'ai fait filer sur Géra les prisonniers, parmi lesquels se
trouvent plusieurs officiers.
LE GÉNÉRAL BELLIARD AU GÉNÉRAL LASALLE.
11 octobre 1806.
Hestez dans la position que vous occupiez ; faites-la-moi connaître
en détail ; il sera nécessaire que vous fassiez reconnaître la route qui
conduit de Giebelroth à Crossen. Je pense que le village que vous
appelez Giebelroth est celui qui sur la carte se trouve sur la route
de Zeitz sous le nom de Roth-Giebel. Donnez les ordres pour qu'on
se garde avec la plus grande précaution et qu'on observe surtout la
gauche ; qu'on éclaire les routes de Zeitz et Naumburg et toutes les
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502 CAMPAGNE DE PRUSSE.
routes qui peuvent aboutir à la route de Crossen à Naumbuig. Ajez,
mon cher Lasalle, tous les renseignements possibles sur rennemi \
envoyez à Naumburg, si cela est possible, un espion ; promettez-lui
beaucoup d'argent, 3,000 fr., môme 6,000 s'il donne de bous ren-
seignements. I) est important de savoir si l'ennemi se concentre ;
quels sont les points où il veut livrer bataille *, ou s'il se retire sur
Magdeburg ; où est le Roi.
LV GÉNÉBAL LA8ALLE AU GÉNÉRAL BELLIABD.
Wachholder-Baum, li octobre 1806, 8 heures du soir.
Je reçois à l'instant votre lettre de ce soir, je ne me suis point
établi à Giebel-Roth, mais à Wachbolder-Baum, comme j'ai eu
l'honneur de vous en instruire. Ce village est situé an haut d'an
vieux plateau en arrière d'un bois, et la position est propre à soat<>-
nir un combat de cavalerie. La route, d'ici à Zeitz, est moins bonot
que d'ici à Géra. M. Lagrange, aide de camp de S. Â. I., vient d'en
partir avec 50 hommes pour Zeitz. Pour aller d'ici à Crossen, il faut
redescendre à Langenberg et passer le pont à Rôstritz. Le général
Latour-Maubourg, étant à Langenberg, peut mieux faire cette re-
connaissance que moi. C'est aussi à lui à se faire procurer des ren-
seignements sur Naumburg ; malgré cela, j'ai fait ici les recherches
nécessaires pour trouver un espion, aucun homme n'a voulu m'en
servir ; d'ailleurs il y a, d'ici à Naumburg, 9 lieues.
J'ai déjà eu l'honneur de vous instruire que nous avons pris 200
ou 300 fourgons C'est une bonne journée pour mes hussards.
mais nos chevaux sont éreintés. Les prisonniers disent que leBoi est
à Ërfurt avec 200,000 hommes ; on fiait courir le bruit qu'une co-
lonne de Russes doit être arrivée à Dresde ; mais l'officier prussien
qui m'a donné cette nouvelle n'en croit rien lui-même.
LE GÉNÉBAL BELLIABD AU QÉNÉBAL BEAUMOKT.
11 octobre 1806.
Si les hussards ne sont pas à Langenberg, vous voudrez y en-
voyer un régiment et vous y établir de votre personne. Donnez les
ordres pour qu'on se garde avec la plus grande précaution. Faites
éclairer les routes d'Ëisenberg et Crossen à Naumburg, et celles qui
peuvent conduire à Tinz ou qui aboutissent à la route qui va de
Tinz à Naumburg. Questionnez tout le monde ; ayez le plus de ren-
seignements possible et envoyez -moi deux ordonnances.
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11 OCTOBRE. 603
LB QBNBBAL BEAUXOKT AU GÊNÉBAL BBLLIABD, A GEBA.
Tinz, 11 octobre i806.
J'ai établi ma divifiion comme voas me Tavez fait dire, à droite et
à gauche de la grande route, en avant de l'infanterie, et elle ne s'é-
tend pas à plu3 d'une bonne demi-lieue; j'ai donné l'ordre qu'on soit
prêt à monter à cheval à 6 heures du matin. Je viens de ma personne
an village de Tinz, au château. Je vais envoyer un sous-officier pour
qu'il me rapporte des ordres pour demain.
LB aÉNÉBAL BEAUMONT AU GÉNÂBAL BBLLIABD, A GEBA.
Tinz, 11 octobre 1806.
Je vous ai rendu compte de ma position ; ma première brigade est
à Langenberg, et les hussards eu avant, mais très-près. J'ai donné
l'ordre à tout le monde de se garder très-militairement. Le général
Werlé a une compagnie dans ce village ; ainsi nous sommes très-
bien ; je vais donner l'ordre au général Latour-Maubourg de faire
ponsser des reconnaissances sur les routes dont vous me parlez. Si
j'ai quelque chose d'intéressant, je vous le ferai dire de suite ; je
vous envoie les ordonnances ; je n'ai toujours point mon 21^.
LE GEAND-DUC DE BERG A l'eMPEEEUR.
Géra, il octobre 1806, il heures du soir.
J'ai rhonneiir d'adresser à V. M. le rapport que je reçois à
l'instant du général Lasalle. Je vous aï envoyé avec M. Mont-
joie deux négociants qui ont traversé toute l'armée ennemie ;
ils pourront vous donner des renseignements bien positifs si
on peut les forcer à être sincères, car à dire vrai je les crois
espions de Tennemi. La route qu'ils ont tenue semble le
prouver, car pourquoi de Gotha se porter sur Erfurt, et de là
à léna, avec le projet de descendre sur Saalfeld pour se ren-
dre à Leipzig.
Les nouveaux renseignements que j'ai pu me procurer
semblent confirmer ceux que V. M. a déjà reçus sur la réu-
nion de l'armée à Erfurt. Le sergent autrichien que vous
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504 CAMPAONE DE PRUSSE.
avez interrogé est parti pour Naumburg et pour le quartier
général de Tarmée prussienne ; il a promis d'être de retour
dans la matinée ; aussitôt son arrivée je l'enverrai à V. M.
Dès que mon aide de camp parti pour Zeitz sera de retourj je
m'empresserai de vous adresser son rapport.
2 routes conduisent de Géra à Naumburg, celle par Zeitz,
l'autre par Crossen ; la première bien meilleure n'est plus
longue que l'autre que d'une lieue et demie ; ainsi V. M.
pourra toujours exécuter son projet en s'élevant jusques à
Zeitz.
LE PRINCE DE PONTE-CORVO AU GÉNÉRAL DUPONT.
Auma, 11 oclobre 1806, minuit ot demi.
Le major général m'a prévenu hier, mon cher Grénéral, que
S. M. avait dirigé votre division sur Posneck afin que vous
fussiez également à portée de former mon avant-garde dans
le cas où je marcherais sur Saalfeld, et mon arrière-garde si
je me portais directement sur Géra.
A l'instant je reçois l'ordre de l'Empereur de marcher
dès la pointe du jour sur Géra ; en conséquence, mon cher
Général, vous vous dirigerez sur Géra en passant par Ebers-
dorf de manière à vous trouver, selon les intentions de TEm-
pereur, l'arrière-garde et la réserve du V^ corps d'armée.
Vous n'avez pas un instant à perdre, car je pense que ma
lettre ne vous sera pas remise avant 3 heures du matin. Je
partirai du village de Mittel, près la ville de Triptis, à 6 heu-
res du matin.
Si vous aviez reçu de l'Empereur ou du major général des
ordres directs qui contrariassent ceux que je vous donne,
prévenez-m'en de suite. Dans le cas contraire, suivez exac-
tement ce que je vous prescris.
LE GÉNÉRAL UILBAUD AU GÉNÉRAL DUPONT.
Posneck, il octobre 180G, 5 heures et demie du matin.
M . le maréchal Davout m'a fait rhonneur de m'écrire que je dois
flanquer votre division dans sa marche sur Géra ; je vous prie, mon
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11 OCTOBRE, 505
Général, de me faire connaître la route que vous tiendrez afin de
bien vous éclairer, et l'heure à laquelle vous voudrez que je me
mette en marche.
Je vais retirer tous mes postes et rallier mes reconnaissances, et
je serai prêt à 6 heures et demie à marcher avec toute ma cava-
lerie.
Je me félicite, mon Général, d*être des vôtres et vous prie d'agréer
ia nouvelle assurance de tout mon respectueux dévouement et atta-
chement.
LE OÂNÉBAL L. BEETHIEB AU GÉNéBÂL DUPONT.
Mittel-Pôluitz, il octobre 1806, 8 heures du matin.
(Le général répète les ordres donnés par le maréchal Bernadotte
dans sa lettre de minuit et demi et ajoute) :
... Le prince de Ponte-Corvo avait envoyé immédiatement après
la lettre du major général un officier pour vous porter un ordre sem-
blable ; mais cet officier disant qu'il a rencontré quelques cavaliers
ennemis à Neustadt a rapporté sa lettre au Prince. Malgré qu'il pense
bien que le major général vous ait donné des ordres directs pour
vous mettre en mouvement dès ce matin, il me charge de vous dire
pour plus de sûreté de vous mettre en marche de suite en vous diri-
geant sur Neustadt et que vous nous serviez d'arrière-garde en pas-
sant par la route de Mittel-Pôlnitz et Ebersdorf.
L'intention du Prince est d'attaquer l'ennemi s'il tient à Géra.
Vous sentez combien il est important que vous lui envoyiez un offi-
cier à l'avance pour le prévenir de votre arrivée et de la distonce
qui nous séparerait afin qu'il soit à même de précipiter ou de retar-
der 8on attaque suivant le besoin.
Je vous écris à 8 heures du matin de ce village où déjà une de
nos divisions a entièrement passé et dont la tête doit être à Ebers-
dorf. La seconde division suit immédiatement.
1" Corps. ORDRE POUR LE 11 OCTOBRE.
Quartier général à Géra, il octobre 1806.
Le général de brigade Werlé s'établira à Tinz avec sa
troupe, poussant des postes jusqu'à Langenberg sur la route
<le Naumburg, et occupant Roschtttz ; il enverra des recon-
naissances sur la route de Géra à Zeitz. Le reste de la divi-
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506 CAMP4GNB DE PRUSSE.
eion Drouet se placera en avant de Géra, dans la meilleure
position qu'il trouvera.
Le général Rivaud s'établira avec sa division à la droite
du général Drouet, se gardant fort en avant et sur son flanc
droit par des grand'gardes et fera faire des reconnaissances.
Le bataillon du 8* régiment de ligne qui est placé sur la
route de Géra à Roda, y restera pour soutenir la cavalerie
qui se porte en avant.
La division du général Dupont prendra position le long
du bois en arrière de la ville et communiquera avec le ba-
taillon du 8« qui est sur la route de Roda et qui a ordre de
soutenir la cavalerie.
Le 4* régiment de hussards se portera à Ronneburg et en
échelons dans les villages en arrière vers Géra : il éclairera
en avant les routes d'Altenburg et de Dresde.
Les 2* régiment de hussards et 5* de chasseurs s'établi-
ront à Kaltenborn et en arrière jusqu'à Géra, dans les villa-
ges à un quart de lieue à droite et à gauche de la route.
Le grand parc d'artillerie sera placé à Géra s'il peut y
arriver.
Le général de divisioiiy chef de Vétat-major général,
L. Bëbthieb.
3* corps. 1" division, précédée par la cavalerie légère, quartier
général, Mittel-PôUnitz. — 2* division, bivouac près d'Unter- et
Ober-Pôllnitz ; les 2 compagnies du 108' rejoignent. — 3* diTÎsion.
sur les hauteurs en arrière de Mittel-Pdllnitz.
4* division de dragons, Mittel-Pôllnitz.
LE OÉKÉBAL ROUSSEL AU QÉNÂBAL BULIN.
Auma, 11 octobre 1806.
D'après l'ordre de M. le maréchal Lefebvre, vous passerez nne
in^pection des armes de votre brigade aujourd'hui à 3 heures. Vous
donnerez l'ordre à la troupe de se reposer et vous la préviendrez
qu'on partira à 1 heure du matin, que l'on se dispose au combat et
que l'on sera peut-être un ou 2 jours sans trouver de subsistances.
Assurez-vous par les oflSciers de compagnie que les cartouches ne
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11 OCTOBRE. 607
sont point avariées et si les hommes ont 50 cartouches dans leurs
gibernes. Dans le cas où elles seraient avariées, vous les feriez rem-
placer de suite par le commandant d'artillerie de votre colonne.
S'il pleut demain, les soldats devront cacher leur batterie de
fasil.
Ainsi, toutes les fois qu*il 7 a concentration, c'est-à-dire réunion
de troupes pour une affaire générale, on doit s'attendre à être 2 jours
sans trouver de subsistances, la veille de la bataille jour de la con-
centration, et le jour même de la bataille. Il faut donc que l'homme
ait toujours sur lui 2 jours de vivres pour ces situations pressantes.
LE MABÉCHAL NET AU MAJOR GÉNÉRAL.
Schleiz, 11 octobre 18O&.
J'ai rhonneur de rendre compte à V* A. que mon corps
d armée est réuni en totalité sur les 2 rives de la Saale, sa-
voir : la division d'avant-garde * en avant de Rodersdorf ; la
division Marchand bivouaquée sur 2 lignes, la droite à la
route d'Auma vers Œttersdorf, la gauche sur Krispendorf,
et la 3* division bivouaquée sur les hauteurs en arrière de
Schleiz entre Bôhmsdorf et Oschitz.
Les troupes ont ordre d'être sous les armes demain à
2 heures précises du matin pour marcher sur Auma ou toute
autre direction.
Malgré les marches forcées que le corps d'armée a faites
consécutivement depuis treize jours, le meilleur esprit y
règne : officiers et soldats expriment à l'envi le désir d'at-
teindre l'ennemi. Tous brûlent de combattre sous les yeux
de l'Empereur et de convaincre S. M. qu'ils sont dignes
d'être appelés à concourir à l'exécution de ses grands des-
seins.
1" division de grosse cavalerie, Oschitz.
2* division de grosse cavalerie, Lohenstein.
1'* division de dragons, Steinwiesen.
1. Cavalerie légère et bataillons d'élite.
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508 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MARÉCHAL SOULT A l'eMPEREUR.
Weyda, il octobre 1806, 10 heures du soir.
Je ne reçois qu'en cet instant la dépêche datée de ScUeiz
le 10 à 6 heures du soir dont V. M. m*a honoré et je m'em-
presse de lui rendre compte de la position que les divisions
du corps d'armée viennent de prendre.
La cavalerie est en avant de Weyda.
La division du général Legrand est en position en arrière
de cette ville.
, La division du général Levai est à Hohen-ŒUsen.
La division du général Saint-Hilaire à Ktihdorf.
Le parc d'artillerie est à Langenwetzendorf.
Demain à 10 heures du matin je puis être réuni à Géra
et j'avais même donné des ordres en conséquence; mais
je reçois au même instant une lettre du colonel Blein, aide
de camp du prince ministre de la guerre, qui me prévient
que l'intention de V. M. est que je me tienne prêt à marcher
à une heure après minuit pour ftiire une marche de guerre.
Aussitôt que j'en aurai reçu l'ordre, les troupes se mettront
en mouvement ; mais je dois observer à V. M. que la marche
d'aujourd'hui, quoiqu'elle n'ait pas été longue, a un peu
désuni et fatigué les troupes, et que les mauvais chemins
qu'il y a à parcourir, quelle direction que je prenne, empê-
cheront de faire de grands progrès pendant la nuit.
V. M. me fait l'honneur de me demander si de Langen-
wetzendorf il y a une bonne route qui conduise à Zwickau ;
la communication qui existe entre ces 2 points est certaine-
ment mauvaise ; mais elle n'est pas impraticable pour l'artil-
lerie ; si l'intention de V. M. était que je prisse cette direc-
tion, je devrais retourner par Langenwetzendorf, Greiz,
Reichenbach et Zwickau, trajet que je ne pourrais faire
qu'en 2 marches.
De Zwickau à Chemnitz il y aurait encore une très-forte
marche.
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-^-r-
11 OCTOBRE. 509
En prenant la direction par &era, Altenburg, Penning et
Chemnitz, je pourrais faire aussi ce chemin en 3 marches, et
j'aurais, je crois, meilleure route.
J*ai reçu Tordre de me rendre à Géra, et V. M. n'a pas
rapporté cette disposition ; je croirais donc toujours remplir ses
intentions, quelle direction que le corps d'armée doive en-
suite prendre, en réunissant demain le corps d'armée à Géra,
et en le tenant prêt à se mettre immédiatement en marche au
premier ordre que je recevrai, à moins que par de nouveaux
ordres ma destination ne soit changée. Ainsi, j'aurai toujours
gagné une demi-marche et je serai en rapport avec la colonne
du centre, près de laquelle V. M. m'a recommandé d'ap-
puyer.
La communication est bien établie avec la colonne du cen-
tre, et les détachements que j'ai pour cet effet envoyés, me
rapportent même que des troupes de l'avant-garde de cette
colonne conduite par S. A. le grand-duc de Berg avaient été
aujourd'hui dans Géra, ce qui me met en quelque sorte en
arrière d'elle.
LE MARÉCHAL SOULT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Weyda, il octobre 1806, lO heures du soir.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. du mouvement
que le corps d'année a fait aujourd'hui.
Les divisions sont parties de Plauen et se sont dirigées
sur Weyda en passant par Syrau, Berns-Grtin, Dobigau,
Naitschau, Langenwetzendorf et Wittichendorf.
L'avant-garde de cayalerie qui était à Reichenbach est
passée par Greiz et Naitschau où elle a joint le corps d'ar-
mée.
Ces routes sont épouvantables, mais ce sont les seules du
pays qui fussent voiturables.
J'ai porté un régiment de cavalerie sur la route de Géra;
lin autre régiment de cavalerie est sur la route de Neustadt
pour lier communication avec les troupes de la colonne du
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510 CAMPAGNE DE PRUSSE.
centre qui sont dans cette partie. (Suivent les renseignements
contenus dans le rapport à l'Empereur.) Demain je réunirai
tout le corps d'armée à Géra. U me serait impossible de faire
en ce jour davantage, car la marche d'aujourd'hui, quoi-
qu'elle ne soit pas longue, a été extrêmement fatigante pour
la troupe et je dois la réunir.
Les troupes saxonnes qui étaient à Weyda (2 régiments) en
sont parties il y a 3 jours et se sont dirigées sur léna ; celles qui
étaient à Géra ont aussi pris en même temps cette direction.
Les rapports que j'ai reçus en arrivant portent qu'il n'y a
pas d'ennemis d'ici à léna, mais que sur ce point il devrait y
avoir un fort corps de troupes. Les reconnaissances que j'ai
envoyées n'ont pu encore me faire leurs rapports, mais tout
me porte à croire qu'entre la Saale et l'Elster il n'y a pas
grand'chose. Du reste, demain je ferai porter au loin des
reconnaissances pour avoir des renseignements positifs, car
on ne peut compter sur aucun de ceux que les habitants du
pays donnent.
4* Corps. ORDRE.
Weyda, il octobre 1806.
Demain 12 octobre le corps d'armée continuera son mou-
vement et se dirigera sur Géra : à cet effet le général Marga-
ron réunira la brigade de cavalerie légère en avant de Weyda
et se mettra en marche à 7 heures du matin pour cette desti-
nation.
Le général Guyot restera à Rôppisch avec le 8^ de hussards
jusqu'à ce que la brigade de cavalerie conduite par le géné-
ral Margaron Tait joint, et ensuite se portera sur Géra, où il
recevra de nouveaux ordres.
Les généraux Legrand, Levai et Saint Hilaire, mettront
en marche leurs divisions à la pointe du jour et les dirigeront
sur Géra en passant par Weyda. Ils feront en sorte de serrer
leur mouvement afin qu'il n'y ait pas d'intervalle dans les
divisions.
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j
11 OCTOBRE, 511
Le parc d'artillerie partira de Langenwetzendorf à la
pointe du jour et suivra la marche de la 1" division.
 Géra le Maréchal commandant en chef donnera de
nouveaux ordres pour continuer le mouvement.
M** SOULT.
ORDRE DU JOUR.
Schleiz, 11 octobre 1806.
S. M. ordonne que tous les chevaux appartenant aux diffé-
rentes postes des routes que Tannée a parcourues, soient ren-
voyés sur-le-champ aux postes ; toute voiture à la suite de
l'armée, n'importe à qui elle appartiendra, sera sur-le-champ
brûlée si elle est attelée de chevaux de poste. Indépendam-
ment de cette disposition, l'Empereur se réserve de faire
punir particulièrement l'officier ou l'administrateur à qui
appartiendrait la voiture, qui aurait contrevenu au présent
ordre.
La communication de l'armée est un objet d'État.
U sera passé des revues des chevaux attelés aux différen-
tes voitures.
La gendarmerie, les vaguemestres et toute autre autorité
de l'année, ont l'ordre de faire brûler les voitures qui sui-
vraient l'armée avec des chevaux de poste.
M** Alex. Berthier.
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12 OCTOBRE
NOTE.
Garde, 10 au soir, à Bamberg; — 11, à Lîchtenfels ; — 12, eu
avant de Kronach ; — 13, Lobenstein.
D*Hautpoul, le 11, à 2 lieues en avant de Kronach ; — 14, Auma ;
— 15, léna.
Klein, le 11, à 2 lieues en avant de Kronach ; — 15, à léna.
le 14, à léna.
le 13, à Âama.
Klein, le 12 à Lobensteîn.
léna à Weimar, 4 lieues. Cavalerie de réserve, le 14, à léna.
Naumburg à Weimar, 7 lieues. Garde, le 15, à léna.
Kahla à Weimar, 5 lieues. Parc, le 15, à Auma.
Neustadt à léna, 5 lieues. Davout, le 14, à Apolda.
Géra à léna, 7 lieues. Lannes, le 15, à Weimar.
De Zeitz à léna, 7 lieues. Augereau, le 14, à Mellingen.
Bernadotte, le 14, à Dornborg.
Soult, le 14, à léna.
Ney, le 14, à Kahla.
Cette note, qui est entièrement de la main de TËmpereur et que la
Commission chargée de la publication de la correspondance a présume
être du 10 octobre, contient des renseignements très-curieux sur les
projets de l'Empereur.
Dès le 5 l'Empereur savait que le gros des forces de rennemi pa-
raissait être à Erfurt (au maréchal Soult).
Le 8, le maréchal Lannes donnait la même nouvelle, disant dans
sa dépêche de 5 heures après-midi : « La ligne de l'ennemi est à Wei-
mar, Erfurt et Gotha »
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12 OCTOBRE. 513
L'Empereur, désirant une bataille et résolu à attaquer (au maréchal
Soult, 10, 8 heures du matin), pouvait penser le 10 à porter son
armée vers léna pour déboucher ensuite sur Weimar. La note pré-
sente des calculs de marche que tout Commandant d'armée fait pour
•^ rendre compte de la position de ses troupes.
Pour moi, la note n*e6t pas entièrement du 10 ; elle a été faite en
deux fois :
La première partie Garde (il s'agit de la garde à cheval), d'Bauf-
pouî et EJein, est en effet de la matinée du 10 ; l'Empereur se rend
compte qu'il ne peut marcher, qu'il a trop de choses en arrière.
Quant à la seconde partie depuis Klein ^ le 12 à Lobensiein, elle
est de la nuit du 11 au 12. Les calculs de distance u'ont pu être
faits qu'une fois la jonction opérée, et elle n'a été opérée que le 11;
il «st en outre vraisemblable que ces calculs ont permis à l'Empereur
d'ordonner les mouvements du maréchal Davout sur Naumburg, du
;?rand-duc de Berg et du maréchal Bernadotte sur Zeitz, afin de pou-
voir les appeler sur le champ de bataille vers Weimar ; et ces mou-
vements n'ont été résolus que le 12 à 4 heures du matin.
Ainsi cette seconde partie de la note serait de la fin de la soirée
du 11 ou de la nuit du 11 au 12.
Je pense que les choses se passèrent de la manière suivante :
L'Empereur était encore le 10 à 1 1 heures du matin à Ebersdorf ;
à 5 heures et demie du soir il était à Schleiz ; il dicta des ordres ;
mais , devant partir dans la nuit pour être à Ô heures du matin a
Auma, il ne se mit pas à un travail de cabinet. A peine arrivé à
Aumale 11, il se rendit à Géra, d'où il revint à Auma seulement
dans la soirée. H est donc probable que la feuille de papier sur la-
<iuelle rSmpereur avait porté des indications à Ebersdorf, fut ra-
massée par le secrétaire du cabinet, qui la mit sur la table de l'Em-
pereur à Auma à une place analogue à celle où elle se trouvait à
Ebersdorf. L'Empereur s'en servit dans la nuit du 1 1 au 12 pour ses
combinaisons et y fit de nouvelles inscriptions.
Les calculs de distance ont prouvé à l'Empereur que tous les mou-
vements qu'il va ordonner lui permettront de réunir son armée eu
avant d'Iéna en 24 heures, puisque les corps les plus éloignés n'au-
ront que 7 lieues à parcourir.
Quant aux emplacements pour le 14, ils présentent l'armée sur
deux lignes :
Première ligne: Angereau, à Mellinger ; — Lannes, entre léna et
Weimar ; — Davout, à Apolda ;
Seconde ligne : Ney, à Rahla ; — > Soult, à léna; •— Bernadotte,
à Domburg ;
La cavalerie de réserve, à léna ;
La Garde, en arrière de léna;
CAMP. DB PSUSaB. 83
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514 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le parc à Schleiz, le 14, à deux marches des corps de seconde
ligue.
L'armée sera ainsi réunie pour combattre le 15, occupant une
ligne de bataille de 12 kilomètres d'Apolda à Mellingen, sur une
profondeur de 12 kilomètres d'Apolda à Dornburg, de Frankendorf
à léna, et de 22 kilomètres de Mellingen à Kahla, s'avançant eu un
bataillon carré de 12 kilomètres de côté.
La direction de la marche pour le 15 est indiquée par la mention :
Lannes, le 15, à Weimar.
Cette note prouve donc une fois de plus que les calculs du Com-
nandant de Tarmée ne sont basés que sur des présomptions, que le$
renseignements qu'il a de l'ennemi sont entachés d'inexactitude, et
que pour ne rien donner au hasard il doit toujours se trouver en m-
tnation de combattre avec toutes ses forces réunies sur un même
diamp de bataille.
LE MAJOR GENERAL AU MARECHAL NET.
Auma, 11 octobre 1806, minuit.
L'Empereur, M. le Maréchal, ordonne que vous vous met-
tiez sur-le-chainp en marche avec votre corps d'armée pour
vous rendre vers Neustadt où vous attendrez de nouveaux
ordres. Il est à croire qu'arrivé à Neustadt vous recevrez des
ordres pour continuer votre marche.
Le maréchal Davout est en avant d'Âuma.
Le maréchal Bemadotte est à Géra. — Le maréchal
Lannes qui était à Saalfeld a eu Tordre de marcher sur Pôs-
neck ; mais nous n'avons pas de ses nouvelles. Si M. le ma-
réchal Ney en apprend, il en fera passer au quartier général
ainsi que de celles qu'il pourrait apprendre de l'ennemi.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARECHAL NEY.
Auma, 12 octobre 1806, 3 heures du malin.
Je vous envoie, M. le Maréchal, un officier de mon état-
major pour vous porter un nouvel ordre de l'Empereur, En
conséquence des nouveaux renseignements que nous venons
d'avoir de l'ennemi, S. M. ordonne que vous vous rendiez
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12 OCTOBRE. 515
f
de suite sur Auma et que vous regardiez comme non avenu
l'ordre daté de minuit, qui vous ordonnait de vous rendre à
Neustadt.
(Ordre porté par M. Thomas, officier d'état- major, parti à 3 heures
an quart du matin.)
t
L*EMPEREUR AU MAJOR GÉNÉRAL.
Auma, la octobre 1806, 4 heures du matin.
Donnez ordre au maréchal Davout de partir de sa position
pour se diriger sur Naumburg, où il arrivera le plus vite
qu'il pourra, en tenant cependant toujours ses troupes en
situation de combattre. Il se fera précéder par toute sa cava-
lerie légère, qui enverra des coureurs aussi loin que possible,
tant pour avoir des nouvelles de Tennemi que pour faire
des prisonniers, arrêter les bagages et avoir des renseigne-
ments précis.
La division de dragons du général Sahuc sera sous ses
ordres. Elle se rendra à Mittel-PôUnitz, où elle prendra les
ordres du maréchal Davout. Le prince Murât et le maréchal
Bernadette ont ordre également de se rendre à Naumburg,
mais de suivre la route de Zeitz.
Le maréchal Lannes, de Neustadt, se rend sur léna. Le
maréchal Augereau se rend sur Kahla. Le maréchal Ney
sera à Mittel-PôUnitz. Le quartier général sera Géra à
midi.
Donnez ordre qu'on fasse filer les divisions de grosse ca-
valerie et les divisions de dragons qui seraient restées en ar-
rière, ainsi que le parc, sur Géra.
CHANGEMENT DE DIRECTION DE l'aRHÉE.
Le Commandant de Tarmée, par suite des nouvelles qu'il reçoit de
rennemi, peut être amené à modifier la direction de ses colonnes et
par suite leur composition afin d'éviter les fausses marches.
J-*e 11, TEmpereur dirige le Grand-duc et le maréchal Bernadette
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516 CAMPAGNE DE PRUSSE.
sur Géra et le maréchal Lannes sur Neastadt, inclinant son armée
vers la droite.
Le 12, il redresse sa marche, porte le maréchal Lannes sur léuA
et fait prendre au maréchal Davout la tête de son centre.
Enfin le 13 il exécute un changement de front sur son aile gau-
che : le maréchal Davout à Naumburg prend la droite, le maréchal
Bernadotte doit former le centre à Dornburg, tout le reste de l'armée
serre sur léna pour livrer bataille. Dépêche du 13 à 9 heures du
matin au Grand-duc.
L'EMPEREUR AU MARECHAL LANNES.
Quarlier impérial, Auma, ia octobre 1806, 4 heures du maun.
J'ai reçu avec grand plaisir la nouvelle de votre affaire du
10 courant. J'avais entendu la canonnade et j'avais envoyé
une division pour vous soutenir*. La mort du prince Louis
de Prusse semble être une punition du ciel, car c'est le véri-
table auteur de la guerre. Réitérez les ordres que vous avez
déjà donnés pour que les canons pris sur les ennemis soient
évacués sur Kronach et ne soient pas volés par les payans,
comme il arrive souvent. J'étais hier au soir à Géra. Xous
avons mis en déroute l'escorte des bagages de Tennemi et
pris 500 Toitures ; la cavalerie est chargée d'or. Vous rece-
vrez Tordre de mouvement de la part du major général.
Toutes les lettres interceptées font voir que l'ennemi a perdu
la tête. Ils tiennent conseil jour et nuit, et ne savent quel
parti prendre. Vous verrez que mon armée est réunie, que
je leur barre le chemin de Dresde et de Berlin. L'art est
aujourd'hui d'attaquer tout ce qu'on rencontre, afin de battre
l'ennemi en détail et pendant qu'il se réunit. Quand je dis
qu'il faut attaquer tout ce qu'on rencontre, je veux dire
qu'il faut attaquer tout ce qui est en marche et non dans
une position qui le rend trop supérieur. Les Prussiens avaient
déjà lancé une colonne sur Francfort, qu'ils ont bientôt re-
pliée. Jusqu'à cette heure, ils montrent bien leur ignorance
de l'art de la guerre. Ne manquez pas d'envoyer beaucoup
1. La division Dupont.
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12 OCTOBRE. 517
(le coureurs devant vous pour intercepter les malles, les
voyageurs, et recueillir le plus de renseignements possible.
Si l'ennemi fait un mouvement d'Erfurt sur Saalfeld, ce qui
serait absurde, mais dans sa position il faut s'attendre à toute
sorte d'événements, vous vous réunirez au maréchal Auge-
reau et vous tomberez sur le flanc des Prussiens.
l'empereur au grand-duc de berg.
Auma, 12 octobre I8û6, 4 heures du matin.
Je serai aujourd'hui, avant midi, à Géra. Vous verrez,
par la situation de l'armée que j'enveloppe complètement
l'ennemi. Mais il me faut des renseignements sur ce qu^l
veut faire. J'espère que vous en trouverez dans la poste de
Zeitz. Vous avez vu ce que j'ai fait à Géra ; faites de même ;
attaquez hardiment ce qui est en marche. Ce sont des colonnes
qui cherchent à se rendre à un point de réunion et la rapidité
de mes mouvements les empêche de recevoir à temps un
contre-ordre. 2 ou 3 avantages de cette espèce écraseront l'ar-
mée prussienne, sans qu'il soit peut-être besoin d'affaire gé-
nérale. Le maréchal Davout envoie directement à Naumburg
toute sa cavalerie ; il mène avec son corps d'armée la divi-
sion Sahuc. Inondez avec la vôtre toute la plaine de Leipzig.
l'empereur au maréchal soult.
Auma, la octobre 1*806, 4 heures du malin.
Réunissez-vous à Géra et à Ronneburg. Il est possible
que vous ne fassiez pas aujourd'hui d'autre mouvement. Je
serai d'ailleurs à midi à Géra, où est le quartier général.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU ORAKD-DUC DE BERG.
Auma, la octobre 1806, 4 heures du matin.
L'Empereur ordonne, mon Prince, que vous partiez sur-
le-champ de Géra pour vous rendre à Zeitz ; vous jetterez des
coureurs sur Leipzig et sur Naumburg.
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518 CAMPAGNE DE PRUSSE.
De Zeitz, si vos renseignements portent que l'ennemi est
toujours du côté d'Erfurt, l'intention de l'Empereur est
que vous vous portiez sur Naumburg où sera le maréchal
Davout.
Le quartier général sera aujourd'hui 12 à Géra.
La position de l'armée aujourd'hui 12, est ainsi qu'il
suit :
Le maréchal Soult à Géra ;
Le maréchal Ney à Mittel ;
Le maréchal Lannes à léna ;
Le maréchal Augereau à Eahla;
Le maréchal Davout en route de Mittel sur Naumburg.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL BERKADOTTE.
Auxna, 12 octobre 1806, 4 heures du malin.
Je vous préviens, M. le Maréchal, que je donne l'ordre au
grand-duc de Berg de se porter sur Zeitz et de là sur Naum-
burg si les renseignements qu'il recueillera de l'ennemi, le
portent toujours à croire que ses principales forces sont du
côté d'Erfurt. L'intention de l'Empereur est que vous ap-
puyiez le mouvement du Grand-duc ; concertez-vous avec lui
pour votre marche.
Le quartier général sera rendu aujourd'hui à midi à Géra.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LANNES.
Âuma, 12 octobre 1806, 4 heures et demie du matin.
Il est ordonné à M. le maréchal Lannes de se porter au-
jourd'hui avec tout son corps d'armée sur léna.
Je donne l'ordre au maréchal Augereau de se porter sur
Kahla ; le maréchal Ney se trouvera ce soir à Mittel et le
maréchal Soult à Géra ; le maréchal Davout sera sur la route
de Mittel à Naumburg; le maréchal Bemadotte sur la route
de Géra à Naumburg en passant par Zeitz. Le quartier gé-
' néral sera à midi à Géra.
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12 OCTOBRE. 519
L'intention de TEmpereur, M. le Maréchal, est qu'aussitôt
votre arrivée à léna, vous preniez tous les renseignements
possibles pour savoir ce que fait Tennemi depuis 3 jours.
Vous ferez ouvrir les lettres de la poste. Vous ferez inter-
roger les postillons et les maîtres de poste afin d'apprendre
ce que fait l'ennemi, vous enverrez des courriers sur Wey-
inar.
Je vous préviens que nous avons pris hier sur notre droite,
entre Géra et Zeitz, plus de 300 voitures de bagages, de
l'artillerie, des objets précieux et fait 200 prisonniers.
LE MAJOR GtlNÉRAL AU MARÉCHAL AUGERfc^AU.
Auma, 12 octobre 1806, 4 heures et demie du matin.
L'Empereur, M. le Maréchal, ordonne que vous vous
portiez avec votre corps d'armée sur Kahla. M. le maréchal
Lannes reçoit l'ordre de se porter sur léna. Envoyez des
coureurs en avant pour avoir des nouvelles de l'ennemi ;
adressez-moi toutes les nouvelles que vous aurez au quartier
impérial à Géra. Mettez-vous en correspondance avec le ma-
réchal Lannes à léna.
La position de l'armée du 12 sera ainsi qu'il suit :
Le Grand-duc se porte sur Zeitz et de là sur Naumburg, si
l'ennemi est toujours du côté d'Erfurt ;
Le maréchal Bernadette suit ce mouvement ;
Le maréchal Soult à Géra ;
Le maréchal Ney à Mittel ;
Le maréchal Davout se met en route de Mittel sur Naum-
LE MAJOR GENERAL AU MARECHAL DAVOUT.
Auma, 12 oclobre i806, 5 heures du malin.
II est ordonné à M. le maréchal Davout de partir avec tout
son corps d'armée de la position qu'il occupe pour se diriger
directement sur Naumburg oii il arrivera le plus vite qu'il
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520 CAMPAGNE DE PRUSSE.
pourra, en tenant toujours cependant ses troupes en situation
de combattre ; il se fera précéder par toute sa cavalerie lé-
gère qui enverra des coureurs aussi loin que possible tant
pour avoir des nouvelles de Tennemi que pour faire des pri-
sonniers, arrêter les bagages et avoir des renseignements
précis.
La division de dragons du général Sahuc sera sous les
ordres du maréchal Davout : je le préviens que je fais dire
au général Sahuc de se rendre à Mittel où il prendra les
ordres du maréchal Davout.
Le grand-duc de Berg et le maréchal Bemadotte ont éga-
lement Tordre de se rendre sur Naumburg, mais de suivre
la route de Zeitz. Le maréchal Lannes de Neustadt se rend
sur léna. Le maréchal Augereau se rend à Kahla ; le maré-
chal Soult à Géra ; le maréchal Ney à Mittel. Le quartier
général impérial sera aujourd'hui à midi à Géra.
LE MAJOR GÉKÉRAL AU GENERAL SAHUC.
Auma, 12 octobre 1806, 6 heures du matin.
L'Empereur ordonne, Général, que vous soyez aux ordres
de M. le maréchal Davout; ce Maréchal est en avant de vous
à Mittel ; le général Sahuc enverra prendre ses ordres, sa
division étant destinée à marcher avec son corps d'armée.
J*en préviens le grand-duc de Berg. Rendez-vous sur-le-
champ avec votre division à Mittel.
Auma, 12 octobre i806.
Sire, TEmpereur Napoléon me charge d'avoir Thonneur
de témoigner à V. M. toute la part qu'il prend à la peine
qu'a dû lui faire la mort glorieuse du prince Louis.
Je présente à V. M. l'hommage de mon respect.
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r
12 OCTOBRE. 521
ORDRES DONNÉS PAR LE MAJOR GÉNÉRAL.
18 octobre 1806.
Au commandant du bataillon de Nassau-Usingen — de se
rendre de Bamberg à Schleiz où il est destiné à tenir gar-
nison et à mettre la police dans cette partie des communica-
tions de l'armée.
Au général commandant la division des troupes de Bade
— de se rendre de Wtirzburg à Schleiz.
Au général Thouvenot, commandant à Wilrzburg — pour
le même objet.
Au général commandant la division des troupes de Wur-
temberg — de se rendre d'EUwangen à Baireuth.
l'empereur au maréchal davout.
Auma, 18 octobre 1806, 8 heures et demie du matin.
Je monte à cheval pour me rendre à Géra. Instruisez-moi
de la route que vous prenez pour vous rendre à Naumburg.
11 serait possible que l'ennemi exécutât son mouvement de
retraite derrière l'Ilm et la Saale ; car il me paraît qu'il
évacue léna ; il vous sera facile de vous en assurer une fois
arrivé à Naumburg. Faites battre la plaine par toute votre
cavalerie légère, et envoyez aussi rapidement que vous
pourrez des nouvelles au prince Murât, qui sera du côté de
Zeitz, et à moi, qui serai du côté de Géra. Le maréchal Ney
sera à Géra* de bonne heure. Vous pourrez lui faire part de
ce qui viendra à votre connaissance.
l'empereur a m. de talleyrand.
Auma, 18 octobre 1806.
Je vous envoie les décorations du prince Louis de Prusse.
J'y joins des lettres qui ont été trouvées sur lui ; je ne les ai
1. L'Empereur a probablement voulu dire Auma. Le rnsgor général avait dit
dams la dépêche de 6 heures du matin : i Le maréchal Ney à MitleL »
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522 CAMPAGNE DE PRUSSE.
lues que très légèrement ; lisez-les avec attention. Voyez
avec M. Laforest si Ton y comprend quelque chose. Ren-
voyez M. de Knobelsdorf en échange contre M. Laforest.
Les affaires vont ici tout à fait comme je les avais caleu-
léesj il y a deux mois, à Paris, marche par marche, presque
événement par événement ; je ne me suis trompé en rien.
Je ne suis pas dupe de la neutralité de Hesse-Cassel ; je
suis étonné que vous le soyez, après ce que vous avez vu de
mes mouvements et de la retraite de Tannée prussienne. Il
se passera des choses intéressantes d'ici à deux ou truk
jours ; mais tout paraît me confirmer dans l'opinion que les
Prussiens n'ont presque aucune chance pour eux. Leurs
généraux sont de grands imbéciles. On ne conçoit pas com-
ment le duc de Brunswick, auquel on accorde des talents,
dirige d'une manière aussi ridicule les opérations de cette
armée.
Dresde est entièrement découvert.
l'empereur a m. de talleyrand.
Auma, 18 octobre 1806, 7 heures du matin.
Je VOUS adresse les bulletins. Vous ne les ferez pas impri-
mer, parce que je ne désire pas qu'ils arrivent sitôt. Vous
les enverrez à M. Cambacérès, pour qu'il les fasse mettre
dans le Moniteur, et vous en expédierez une copie au prince
Eugène. Vous en ferez faire une copie pour le roi de Hol-
lande, mais en lui faisant connaître que je ne veux pas qu'il
les imprime, les ennemis les recevraient cinq ou six joure
trop tôt.
2* bulletin de la grande armée.
Auma, 12 octobre iSOt;.
'L'Empereur est parti de Bamberg le 8 octobre, à 3 heures
du matin, et est arrivé à 9 heures à Kronach. Sa Majesté a
traversé la foret de la Franconie à la pointe du jour du 9^
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12 OCTOBRE. 523
pour se rendre à Ebersdorf ; et de là elle s'est portée sur
Schléiz, où elle a assisté au premier combat de la campagne.
Elle est revenue coucher à Ebersdorf, en est repartie le 10
pour Schleiz, et est arrivée le 11 à Auma, où elle a couché
après avoir passé la journée à Géra. Le quartier général part
dans Tinstant même pour Géra.
Tous les ordres de TEmpereur ont été parfaitement exé-
cutés.
Le maréchal Soult se portait le 7 à Baireuth, se présentait
le 9 à Hof, a enlevé tous les magasins de l'ennemi, lui a
fait plusieurs prisonniers, et s'est porté sur Plauen le 10.
Le maréchal Ney a suivi son mouvement à une demi-
journée de distance.
Le 8, le grand-duc de Berg a débouché, avec la cavalerie
légère, de Kronach, et s'est porté devant Saalburg, ayant
aveclui le 27* régiment d'infanterie légère. Un régiment
prussien voulait défendre le passage de la Saale ; après une
canonnade d'une demi-heure, menacé d'être tourné, il a
abandonné sa position et la Saale.
Le 9, le grand-duc de Berg se porta sur Schleiz ; un gé-
néral prussien y était avec 10,000 hommes. L'Empereur y ar-
riva à midi et chargea le maréchal prince de Ponte-Corvo d'at-
taquer et d'enlever le village, voulant l'avoir avant la fin du
jour. Le Maréchal fit ses dispositions, se mit à la tête de ses
colonnes ; le village fut enlevé et l'ennemi poursuivi ; sans
la nuit, la plus grande partie de cette division eût été prise.
Le général Watier, avec le 4* de hussards et le 5* de chas-
seurs, fit une belle charge de cavalerie contre trois régiments
prussiens. Quatre compagnies du 27* d'infanterie légère se
trouvant en plaine furent chargées par les hussards prus-
siens ; mais ceux-ci virent comme l'infanterie française re-
çoit la cavalerie prussienne. Plus de 200 cavaliers restèrent
sur le champ de bataille. Le général Maison commandait
l'infanterie légère. Un colonel ennemi fut tué, deux pièces
de canon prises, 300 hommes furent faits prisonniers et
400 tués. Notre perte a été de peu d'hommes. L'infanterie
prussienne a jeté ses armes et a fui épouvantée devant les
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524 CAMPAGNE DE PRUSSE.
baïonnettes françaises. Le grand-duc de Berg était au milieu
des charges, le sabre à la main.
Le 10, le prince de Ponte-Corvo a porté son quartier gé-
néral à Auma. Le 11, le grand-duc de Berg" est arrivé à
Géra. Le général de brigade Lasalle, de la cavalerie de la
réserve, a culbuté Tescorte des bagages ennemis ; 500 cais-
sons et voitures de bagages ont été pris par les hussards fran-
çais ; notre cavalerie légère est couverte d'or. Les équipages
de pont et plusieurs objets importants font partie du convoi.
La gauche a eu des succès égaux. Le maréchal Lannes
est entré à Coburg le 8, se portait le 9 sur Grâfenthal ; il a
attaqué, le 10, à Saalfeld, Tavant-garde du prince Hohen-
lohe, commandée par le prince Louis de Prusse, un des
champions de la guerre. La canonnade n*a duré que deux
heures ; la moitié de la division du général Suchet a seule
donné ; la cavalerie prussienne a été culbutée par les 9' et
10* régiments de hussards ; l'infanterie prussienne n'a pu
conserver aucun ordre dans sa retraite ; partie a été culbutée
dans un marais, partie dispersée dans les bois. On a fait
1 ,000 prisonniers ; 600 hommes sont restés sur le champ de
bataille ; 30 pièces de canon sont tombées au pouvoir de
Tarmée. Voyant ainsi la déroute de ses gens, le prince Louis
de Prusse, en brave et loyal soldat, se prit corps à corps
avec un maréchal des logis du 10" régiment de hussards.
« Rendez-vous, colonel, lui dit le hussard, ou vous êtes
« mort. > Le Prince lui répondit par un coup de sabre ; le
maréchal des logis riposta par un coup de pointe, et le Prince
tomba mort. Si les derniers instants de sa vie ont été ceux
d'un mauvais citoyen, sa mort est glorieuse et digne de
regret ; il est mort comme doit désirer de mourir tout bon
soldat. Deux de ses aides de camp ont été tués à ses côtés.
On a trouvé sur lui des lettres de Berlin qui font voir que
le projet de Tennemi était d'attaquer incontinent, et que le
parti de la guerre, à la tête duquel étaient le jeune Prince
et la Reine, craignait toujours que les inclinations pacifiques
du Roi, et l'amour qu'il porte à ses sujets, ne lui fissent
adopter des tempéraments et ne déjouassent leurs cruelles
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12 OCTOBRE. 525
espérances. On peut dire que lès premiers coups de la guerre
ont tué un de ses auteurs.
Dresde ni Berlin ne sont couverts par aucun corps d'ar-
mée. Tournée par sa gauche, prise en flagrant délit au mo-
ment où elle se livrait aux combinaisons les plus hasardées,
l'armée prussienne se trouve dès le début dans une position
assez critique. Elle occupe Eisenach, Gotha, Erfurt, Wei-
mar. Le 12, Tarmée française occupe Saalfeld et Géra, et
marche sur Naumburg et léna. Les coureurs de Tarmée
française inondent la plaine de Leipzig.
Toutes les lettres interceptées peignent le conseil du Roi
déchiré par des opinions diflférentes ; toujours délibérant et
jamais d'accord; Tincertitude, Talarme et T épouvante pa-
raissent déjà succéder à l'arrogance, à l' inconsidération et à
la folie.
Hier 11, en passant à Géra devant le 27* régiment d'in-
fanterie légère, l'Empereur a chargé le colonel de témoigner
sa satisfaction à ce régiment sur sa bonne conduite.
Dans tous ces combats, nous n'avons à regretter aucun
officier de marque ; le plus élevé en grade est le capitaine
Campocasso, du 27* d'infanterie légère, brave et loyal offi-
cier. Nous n'avons pas eu 40 tués et 60 blessés.
l'empereur au roi de PRUSSE.
Camp impérial, Géra, 12 octobre 1806.
Monsieur mon Frère, je n'ai reçu que le 7 la lettre de
Votre Majesté, du 25 septembre. Je suis fâché qu'on lui ait
fait signer cette espèce de pamphlet*.
1. Cette lettre a paru dans le Moniteur du 30 octobre 1806, accompagnée
de la note suivante :
« Ceci a rapport à une lettre du roi de Prusse, composée de vingt pages,
véritable rapsodie que très-certainement le Roi n'a pu lire ni comprendre.
Nous ne pouvons l'imprimer, attendu que tout ce qui tient à la correspon-
dance particulière des souverains reste dans le portefeuille de l'Empereur et
ne Tient paB à la connaissance du public. Si nous publions celle de S. M.,
c'est parce que, beaucoup d'exemplaires en ayant été faits au quartier général
des Prussiens, où on la trouva très-belle, une copie en est tombée entre nos
mains. »
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526 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Je ne lui réponds que pour lui protester que jamais je
n'attribuerai à elle les choses qui y sont contenues ; toutes
sont contraires à son caractère et à Thonneur de tous deux.
Je plains et dédaigne les rédacteurs d'un pareil ouvrage.
J'ai reçu, immédiatement après, la note de son ministre,
du 1" octobre. Elle m'a donné rendez-vous le 8. En boin
chevalier, je lui ai tenu parole : je suis au milieu de la
Saxe. Qu'elle m'en croie, j'ai des forces telles que toutes
ses forces ne peuvent balancer longtemps la victoire. Mais
pourquoi répandre tant de sang ? A quel but ? Je tiendrai à
Votre Majesté le même langage que j'ai tenu à l'empereur
Alexandre deux jours avant la bataille d'Austerlitz. Fasse
le ciel que des hommes vendus ou fanatisés, plus les ennemis
d'elle et de son règne qu'ils ne le sont du mien et de ma
nation, ne lui donnent pas les mêmes conseils pour arriver
au même résultat ! Sire, j'ai été votre ami depuis six ans.
Je ne veux point profiter de cette espèce de vertige qui
anime ses conseils, et qui lui ont fait commettre des erreui»
politiques dont l'Europe est encore tout étonnée, et des
erreurs militaires de l'énormité desquelles l'Europe ne tar-
dera pas à retentir. Si elle m'eût demandé des choses pos-
sibles, par sa note, je les eusse accordées ; elle a demandé
mon déshonneur, elle devait être certaine de ma réponse.
La guerre est donc faite entre nous, l'alliance rompue pour
jamais. Mais pourquoi faire égorger nos sujets ? Je ne prise
point une victoire qui sera achetée par la vie d'un bon
nombre de mes enfants. Si j'étais à mon début dans la car-
rière militaire, et si je pouvais craindre les hasards des com-
bats, ce langage serait tout à fait déplacé. Sire, Votre Ma-
jesté sera vaincue ; elle aura compromis le repos de ses
jours; l'existence de ses sujets, sans l'ombre d'un prétexte.
Elle est aujourd'hui intacte et peut traiter avec moi d'une
manière conforme à son rang ; elle traitera, avant an mois,
dans une situation différente. Elle s'est laissée aller à des
irritations qu'on a calculées et préparées avec art. Elle ma
dit qu'elle m'avait souvent rendu des services. Eh bien, je
veux lui donner la preuve du souvenir que j'en ai. Elle est
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12 OCTOBRE. 527
maîtresse de sauver à ses sujets les ravages et les malheurs
(le la guerre. A peine commencée, elle peut la terminer, et
elle fera une chose dont TEurope lui saura gi'é. Si elle
écoute les furibonds qui, il y a quatorze ans, voulaient pren-
dre Paris, et qui aujourd'hui Font embarquée dans une
guerre et immédiatement après dans des plans offensifs éga-
lement inconcevables, elle fera à son peuple un mal que le
reste de sa vie ne pourra guérir. Sire, je n'ai rien à gagner
contre Votre Majesté. Je ne veux rien et n'ai rien voulu
d'elle. La guerre actuelle est une guerre impolitique.
Je sens que peut-être j'irrite dans cette lettre une cer-
taine susceptibilité naturelle à tout souverain ; mais les cir-
constances ne demandent aucun ménagement. Je lui dis les
choses comme je les pense. Et, d'ailleurs, que Votre Ma-
jesté me permette de le lui dire, ce n'est pas pour l'Europe
une grande découverte que d'apprendre que la France est
du triple plus populeuse, et aussi brave et aguerrie, que les
Etats de Votre Majesté. Je ne lui ai donné aucun sujet réel
de guerre. Qu'elle ordonne à cet essaim de malveillants
et d'inconsidérés de se taii*e à l'aspect de son trône, dans le
respect qui lui est dû ; et qu'elle rende la tranquillité à elle
et à ses Etats. Si elle ne retrouve plus jamais en moi un
allié, elle retrouvera un homme désireux de ne faire que
des guerres indispensables à la politique de mes peuples,
et ne point répandre le sang dans une lutte avec des sou-
verains qui n'ont avec moi aucune opposition d'industrie,
de commerce et de politique. Je prie Votre Majesté de ne
voir dans cette lettre que le désir que j'ai d'épargner le sang
des honmies, et d'éviter à une nation, qui géographiquement
ne saurait être ennemie de la mienne, l'amer repentir d'avoir
trop écouté des sentiments éphémères, qui s'excitent et se
calment avec tant de facilité parmi les peuples.
Sur ce, je prie Dieu, Monsieur mon Frère, qu'il vous ait
en sa sainte et digne garde.
De Votre Majesté, le bon Frère.
Napoléon.
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528 CAMPAGNE DE PRUSSE.
RENSEIGNEMENTS SUR LA POSITION DE L ENNEMI PRIS
PAR ORDRE DE S. M.
Gera, 12 octobre 1806.
D'après Tassurance qu'un négociant me donne, le roi de
Prusse a eu son quartier général le 8 du courant à Erfurt,
et maintenant son armée s'étend depuis Gotha, Weimar jus-
qu'à léna. Le 9 le prince Hohenlohe a eu son quartier gé-
néral à léna, et le corps du prince Louis qui a été battu sur
la Saale doit s'être dirigé sur Weimar. Le point de Leipzig
n'étant pas occupé par les Prussiens ni les Saxons, l'on croit
que les Français y sont déjà.
Un corps d'observation de 20,000 à 25,000 hommes doit
se trouver entre Dresde et Kônigstein, en attendant l'arrivée
de 60,000 Russes qui doivent passer par la Silésie pour faire
leur jonction avec ce dernier corps, et les 36,000 Prussiens
qui ont occupé la Poméranie suédoise, en sont partis pour se
réunir à l'armée de leur Roi et doivent être remplacés par le
même nombre de Russes.
Le Capitaine officier d'ordonnance
pris S, M, l'Empereur et Roi,
SCHERB.
LE MARÉCHAL LANNES A L'eMPEREUR.
Neustadt, 12 octobre 1806.
Conformément aux ordres de V. M. I. je pars sur-le-champ
de Neustadt avec mon corps d'armée pour me rendre à léna.
J'ai envoyé cette nuit sur ce point un fort détachement de
cavalerie pour prendre des renseignements sur l'ennemi.
L'officier qui a été chargé de cette reconnaissance n'est pas
encore de retour. S'il faut s'en rapporter à ce que disent les
habitants du pays où nous passons, il y aurait 80,000 hommes
sur la ligne de Grotha, Erfurt et Weimar. Pour moi je ne
crois pas que l'ennemi soit resté sur cette ligne, je pense
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12 OCTOBRE. 529
qu'il se retirera sur Leipzig. Si les reconnaissances que j'ai
envoyées me donnent des renseignements plus positifs sur
Tennemi, j'aurai l'honneur de les faire passer cette nuit à
V. M. I. Mon aide de camp est chargé de porter les drapeaux
pris à Saalfeld au quartier général impérial. Si V. M. a de
nouveaux ordres à me donner, cet aide da camp est chai'gé
de me les porter.
Je crains que V. M. n'ait pas reçu mes lettres sur l'affaire
de Saalfeld, n'ayant pas reçu de réponse à cet égard.
Le 12, le 5* corps d'armée change de direction pour se porter sur
léna. Il était précédé de la cavalerie aux ordres du général Treiliard.
Arrivé à GiSschwitz, le Maréchal apprit de ses coureurs que Tennemî
l'attendait en avant do Winzerla, où il s^était établi avec du canon,
de l'infanterie et de la cavalerie, et notre cavalerie chargée de cette
opération en remplit Tobjet avec beaucoup d'intelligence et de va-
leur. Plusieurs escadrons ennemis sont chargés par elle jusque sur
leurs canons ; elle tue une vingtaine d'hommes et fait plusieurs pri-
sonniers. On apprend par eux que l'armée prussienne est campée
entre léna et Weimar, et que ce qui est en présence en est l'avant-
garde composée de 7,000 à 8,000 hommes. Le Maréchal la fait aus-
sitôt attaquer par la sienne précédée des éclaireurs. Les voltigeurs
da 17' reçurent ordre de commencer l'attaque des hauteurs à gauche
des batteries nombreuses que Tennemi avait établies au défilé. Le
^néral Claparède à la tête de 50 carabiniers marcha par la grande
roate droit aux pièces. L'ennemi soutint l'attaque, mais malgré son
feu très vif le village fut emporté au pas de charge et l'ennemi s'em-
pressa de retirer ses pièces. Comme la nuit approchait, le Maréchal
borna là son action et ordonna au général Claparède de faire inquié-
ter l'ennemi pendant toute la nuit. Le 17* s'établit au village à 8 heu-
res du soir et poussa des postes fort avant dans la plaine. Le corps
d'armée bivouaqua derrière le village de 'Winzerla. Cette action
coûta 30 hommes au !?• léger... {Journal des opérations du ô* corps,
rédigé par le général Victor, et rapport du général Suchet,)
CAMP. DE PBUSflK. M
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I 530 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MARÉCHAL AUGEBEAU AU MAJOR GÉNÉRAL.
I Kahla, 12 octobre 1806.
I D'après les ordres que j'ai reçus de V. A., j'arrive à Kahla
! avec le 7* corps. Lorsque votre lettre m'est parvenue \ j'étais
en marche pour me rendre à Neustadt. J'ai changé aussitôt
la direction des troupes*. J'attends ici les nouveaux ordres
de V. A.
Voici quelle est en ce moment ma position. La l'* division
bivouaque en avant de Kahla garnissant les hauteurs et gar-
dant les défilés : elle est précédée par la brigade de cavalerie
légère et 4 pièces d'artillerie légère.
La 2* division est en arrière de Kahla avec le parc, occu-
pant les hauteurs et gardant les gorges.
L'ennemi était à léna, mais on m'assure qu'il est parti et
qu'il se porte sur Weimar. Le corps d'armée est commandé
par le prince de Hohenlohe ; il doit, dit-on, se replier de
Weimar sur Erfurt où se trouve l'armée du Roi.
Beaucoup de déserteurs se sont présentés à moi. Ils disent
qu'ofiiciers et soldats tous sont frappés de terreur.
Les Prussiens nous dépeignent partout comme des bri-
gands, afin de. nous rendre odieux. Il faut détromper les
peuples, je fais tout ce qui dépend de moi pour y parvenir
par le maintien de la discipline sévère parmi les troupes.
LE MARÉCHAL DAVOUT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Naumburg, 12 octobre 1806.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. que la cavalerie
légère est entrée à Naumburg à 3 heures et demie ; Tavant-
1. Dépêche du major général au maréchal Augereau, Auma, it octobre.
•4 heures du matin.
s. ...Le corps d'armée 8*est mis en marche à la pointe du jour pour se
porter à Neustadt. Arrivé à Pôsneck, les dispositions ont été changées. L'avant-
garde qui n'était qu'à s heures de Neustadt, fut obligée de rétrograder pour
se diriger sur Kahla. . . (Journal des opérations du 7« corps.)
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12 OCTOBRE. 531
garde y est arrivée à 8 heures du soir ; la journée ayant été
extrêmement forte et ayant occasionné beaucoup de traî-
neurs, j'ai fait arrêter la 1'* division à une lieue en deçà
de Naumburg, la 2* un peu plus loin et la 3* à environ
3 lieues.
La division de dragons du général Sahuc a été placée à
hauteur de la 2' division ; demain à 7 heures du matin toute
l'armée sera réunie ici.
Le général Viallannes s'est emparé de plusieurs voitures
de pain et de bagages ; mais une prise plus importante est
celle de 12 pontons en cuivre parfaitement attelés; cette
dernière prise a été faite entre Naumburg et Freyburg ; je
les fais conserver, ainsi que les attelages, pour les tenir à
votre disposition, ayant, promis au 1" régiment de chasseurs
de faire payer tous les chevaux conformément aux règle-
ments.
On annonce ici de grands magasins de fourrages et de
grains ; j'en ferai faire l'inventaire que j'aurai l'honneur
d'adresser à V, A.
Des reconnaissances ont été envoyées du côté de léna,
mais elles ne sont point encore rentrées 5 il a été entendu
quelques coups de canon de ce côté ; je n'ai point encore de
nouvelles du prince de Ponte-Corvo.
Tous les rapports des déserteurs, des prisonniers et des
gens du pays, se réunissent à annoncer que l'armée prus-
sienne se trouve à Erfurt, Weimar et environs. Il est certain
que le Roi est arrivé hier à Weimar ; on assure qu'il n'y a
point de troupes entre Leipzig et Naumburg.
J'ai fait saisir à la poste tous les paquets ; je les adresse à
V. A. ; peut-être y trouvera-t-elle quelque chose d'intéres-
sant.
On annonce toujours beaucoup de jactance chez les offi-
ciers prussiens.
Une lettre sans signature adressée au prince de Saxe-
Coburg compare la défaite de SaalfeM à celle des Autri-
chiens devant Ulm, pour le découragementqu'elle a répandu
(l\n8 l'armée.
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532 CAMPAGNE DE PRUS8E.
Il a passé hier et aujourd'hui par cette ville environ 200
déserteurs.
J'envoie un parti porter cette dépêche à V. A. ; demain
matin, dès que j'aurai obtenu de nouveaux renseignements,
j'aurai l'honneur de les adresser à V. A,
P.-S. Il me paraît constant que les troupes prussiennes
se réunissent du côté de Weimar. Cette campagne promet
d'être encore plus miraculeuse que celles de Marengo et
d'Ulm.
Le général Viallanues, précédant les divisions, marcha sur Naum-
burg à la tête des 3 régiments de chasseurs à cheval. Il ordonna aa
capitaine Locbard, commandant le 2^ escadron du 2* régiment, de
se poi-ter en avant pour éclairer la marche. Le général Yiallannes
rencontra Tennemi en avant de Naumburg.
La 1''*' division bivouaqua en aiTÎère de Naumburg, avec le quar-
tier général du corps d*armée ; — la 2* division, autour de Molau.
L'Empereur passa devant la 3* division au moment de son départ;
elle lui rendit les honneurs militaires. Elle s'arrêta à 9 heures du
soir à Rauschwitz. (Journal des opércUionê du 3® corps.)
Bapport fait à M. le maréchal Davout d'après les déclarations de
quelqiAts prisonniers ou déserteurs qui lui ont été amenés dcM le
courant de la journée du Î2,
Naumburg, 12 octobre 1806.
Les prisonniers saisis sur la droite de la route dans un village à
la hauteur de Géra sont au nombre de 14 et appartiennent à presque
autant de régiments. Il y a parmi eux 3 Prussiens et 11 Saxons.
Ces soldats déclarent qu'ils faisaient partie d'un corps nombreux
qui avait été réuni à Ollmtlnd près Neustadt où il a séjourné 5 jours.
Ce corps était composé d'environ 3,000 Prussiens, dont 500 à 600
hommes de cavalerie, et 20,000 Saxons dont 3,000 de cavalerie.
Ce corps est parti d'Ollmtind vendredi à 4 heures du soir après
l'affaire de Saalfeld. 11 s*est retiré par Géra et Lope se dirigeant vers
léna. Les prisonniers l'ont quitté hier entre Lope et Grera. Ce corps
n'avait eu que 2 heures de repos depuis le vendredi jusqu'au samedi
soir.
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12 OCTOBRE. 533
La grande armée s*e8t rassemblée à Erfart. Les prisonniers di-
sent qu*on ne croit pas parmi les leurs à Tarrivée des Russes.
Le général qui commande ce corps s'appelle Senpfonbilsac.
Les Saxons paraissent fort mécontents de la manière dont ils sont
traités par les Prussiens et espèrent une fin prochaine à la guerre
qu'ils font malgré eux.
Les 3 déserteurs appartiennent au régiment de Schimmelpfenning.
Ils ont déserté à léna en revenant de Saalfeld. Ils ont déserté au
nombre de 40. Ils se sont dispersés dans les campagnes pour n*être
pas repris. Ils annoncent qu'un grand nombre de leurs camarades
désirent l'occasion d'en faire autant, et qu'il y a des régiments où la
moitié des hommes a la même intention. Le corps dont ils faisaient
partie se dirigeait sur Weimar où se trouvent le Roi et la grande
armée prussienne.
Tous les renseignements annoncent que le corps battu à Schleiz
s'est retiré par Auma, Géra et léna ; que celui de Saalfeld s'est aussi
retiré sur léna. Ces, deux corps étaient dans le plus grand désordre.
Os ont dû effectuer leur retraite sur Weimar.
Les 6 blessés trouvés dans un village près de Naumburg sont des
régiments de Salfield, Mefling et Riger. Us ont été blessés à Saal-
feld et ont accompagné le corps battu à Saalfeld jusqu'il 2 lieues
an delà d'Iéna. Ils ne peuvent dire la route qu'a tenue ce corps
après leur séparation ; ils avaient été mis à l'hôpital dans un lieu
dont ils ignorent le nom, et se dirigeaient sur Naumburg quand on
les a pris.
Ils disent que leur grande armée commandée par le Roi est à
Weimar.
Us portent à 600 le nombre des blessés et ne connaissent pas celui
des morts ni des prisonniers. Ils disent que leur corps était composé
de i bataillons et 6 escadrons prussiens et de 2 bataillons et 2 esca-
drons saxons. Ce corps était dans le plus grand désordre pendant sa
retraite.
LE OÉNÂBAL BBLLIABD AU OÉKÉRAL LASALLE.
Géra, 12 octobre 180G.
L'intention du Prince est que vous partiez de suite avec la brigade
que vous commandez pour vous porter sur Zeitz où vous prendrez
position ; vous enverrez un fort parti sur Leipzig et vous pousserez
votre avant-garde sur la route de Naumburg que devra suivre le corps
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534 CAMPAGNE DE PRUSSE.
d'armée ; on marchera dans le même ordre qu'hier. Notre brigade
formera l'avant-garde et ensuite le 27» d'infanterie légère et la 3' di-
vision de dragons; dans votre marche, éclairez-vous avec soin sur-
tout sur votre gauche.
LE GRAND-DUC DE BERG A L EMPEREUR.
Zeîtz, 12 octobre 1806.
Sire, je m'empresse d'adresser à V. M. un agent du gé-
néral Savary parti ce matin de Leipzig, qui était le 7 à Er-
furt, le 8 à Naumburg ; il a donc par conséquent traversé
toute l'armée ennemie. D a rencontré à Fulde les postes
avancés prussiens ; de là il en a trouvé à Gotha, Erfurt,
Weimar et Naumburg. Le Roi et la Reine se trouvaient à
Erfurt ; il a rencontré le 8 un équipage de pont de 80 cha-
riots, près de Weissenfels, descendant sur Erfurt. Je ne le
garde pas une minute près de moi, pensant qu'il pourra
donner des renseignements précieux à V. M. ; il me suffit
de savoir que l'ennemi est sur Erfurt. On prétend ici que
Naumburg a été évacué ce matin. Des postillons sont partis
il y a deux heures pour Weissenfels et Naumburg. Je saurai
positivement par eux sur quel point l'ennemi s'est retiré,
et je ne perdrai pas un instant pour en informer V. M.
Sire, j'ai reçu la lettre de V. M. écrite d'aujourd'hui,
4 heures du matin, et celle du prince de Neufchâtel, écrite
de la même heure. Le ministre me prescrit de son côté de
me borner à jeter quelques coureurs sur Leipzig, si j'ap-
prends que l'ennemi s'est retiré sur Erfurt, et de marcher
avec tout mon corps sur Naumburg ; et V. M. m'ordonne
d'inonder avec toute ma cavalerie au lieu de quelques cou-
reurs les plaines de Leipzig. Pour remplir ce double but
voici les dispositions que j'ai cru devoir prendre. Un esca-
dron de hussards couchera ce soir aux environs de Pegau,
et aura demain à la pointe du jour un parti aux portes de
Leipzig. J'ai envoyé le général Lasalle avec ses deux régi-
ments de hussards à Môlsen ; il aura un escadron à Weis-
senfels ; cet escadron reconnaîtra demain matin Naumburg
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12 OCTOBRE. 535
et jettera des coureurs sur Merseburg et Leipzig. Je m'éta-
blis avec la division de dragons à Teuchem, et le prince de
Ponte-Corvo à Meineweh avec toute son infanterie, couvert
par sa cavalerie légère qui aura un régiment à Stôssen, re-
conDaîtra demain matin Kaumburg. De cette manière nous
nous trouvons pour ainsi dire en masse, et en mesure d'exé-
cuter les mouvements qu'il plaira à V. M. d'ordonner sur Weis-
senfels ou sur Naumburg, et ma cavalerie, quoique sous ma
main, pourra remplir les intentions de V. M. Par ma position
à Teuchem, je me trouve parfaitement lié avec le maréchal
Bernadotte et ma cavalerie légère ; et je me trouve avoir
intercepté les routes de Naumburg à Leipzig, Merseburg et
Halle. Le général Milhaud me couvrira avec le 13* de chas-
seurs sur Weîssenfels et Naumburg, et le 27* d'infanterie
légère que j'établis à Teuchem soutiendrait ma cavalerie en
cas d'événements.
J'envoie à V. M. les lettres prises à un courrier une lieue
en avant de Zeitz sur la route de Leipzig; je joins à ma
lettre celles qui ont paru un peu intéressantes.
Je resterai à Zeitz jusqu'à ce qu'il ait plu à V. M. de me
faire connaître si elle approuve mes dispositions, et si je dois
demain me porter sur Weissenfels ou sur Naumburg.
LE GÉlféBAL BELLIABD AU GÉNÉRAL LA8ALLB.
Zeitz, 12 octobre 1806, » heures de l'aprôs-midi.
Vous devez envoyer de suite sur Pegau un escadron de hussards ;
l'officier commandant enverra de là un parti sur Leipzig pour porter
l'épouvante sur les derrières de l'ennemi et achever d'enlever les
équipages du corps qui a été battu à Schleiz. L'officier commandant
ne bivouaquera dans aucun village, mais dans les bois ou derrière
quelque ferme. Vous vous porterez vous-même à MîJlsen avec votre
brigade d'où vous détacherez un escadron sur Weissenfels. Ayez
soin d'établir des postes intermédiaires entre vous et vos deux esca-
drons. L'escadron de Weissenfels poussera un parti sur la route de
Leipzig et d'autres sur Merseburg et Naumburg.
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536 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE OÉNÉBAL LASALLE AU ORAND-DUC DB BBBO.
Môlsen, 18 octobre 1806, 7 heures et demie du soir.
Monseigneur, dans le moment où la tête de ma colonne se mettait
en bataille en arrière de ce bourg, les éclaireurs qui Tavaient fouillé
et dépassé ont reçu le feu de deux vedettes cachées dans le ravin de
Wtthlitz ; elles ont été chargées vigoureusement. Mais une soixan-
taine de Saxons la soutenaient et la nuit était déjà tombée ; tout s'est
terminé par quelques coups de pistolet. Les 60 hommes qui sont
partis au grand galop n'étaient pas passés par Môlsen et s*étaient di-
rigés de Zeitz sur Weissenfels, où ils vont probablement, me disent
le curé et le bourgmestre ; mais ils trouveront là le chef d'escadron
Maignet avec 100 hommes. Ce sont probablement les débris de l'es-
corte des équipages. Un voyageur revenant de Leipzig dit qu'il n'y
a que 800 hommes de garnison ; encore est-ce de la milice.
Je me garde avec grand soin. J'ai toujours en arrière de mes
grand'gardes (qui entourent tout le village) deux compagnies à
cheval.
Le pays depuis Zeitz jusqu'ici est découvert, presque toujours uni.
J'ai traversé une plaine d'une lieue et demie. Depuis Mëlsen, le ter-
rain est montueux et plus boisé.
LE QÉNÉBAL LASALLE AU QBAND-DCC DE BEBQ.
Môlsen, 12 octobre 1806, il heures et demie du soir.
Le chef d'escadron Maignet que j'avais envoyé d'après vos ordres
à Weisseufels, vient de rentrer avec son détachement qui a pris 25
à 30 hommes et 72 chevaux, 2 caissons chargés. Ces chevaux étaient
conduits par des pontonniers qui venaient de Naumburg sous le
commandement d'un officier. Il a rencontré le commandant Maignet
qui a reçu de lui un coup de sabre sur la main, mais qui a tué l'offi-
cier. Le reste des 144 chevaux qui étaient à Weissenfels s'est évadé
à la faveur de la nuit. Deux hussards ont reçu de légers coups de
sabre. Le combat a eu lieu sur la grande place de Weissenfels. Je
fais partir un autre chef d'escadron, M. Méda, avec 100 autres che-
vaux pour achever d'enlever ce qui y reste et couvrir ma gauche.
P. -S. — A l'instant arrive ici le baron de Schônberg venant de
Naumburg où il logeait chez son gendre et retournant aux environs
de Freyberg, à Reinberg, près Dresde. Le chef d'escadron Maignet
l'a arrêté eu se portant à Weissenfels et me Ta envoyé. Je le garde
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12 OCTOBRE. 537
ici jusqu'à ce que je fasse un mouvement ou que S. A. m*en ordonne
autrement. Il escorte sa famille et a avec lui ses enfants.
Le baron de SchSnberg m'a dit qu'il y avait à Naumburg une
compagnie de sapeurs en garnison et pas autre chose. La Saale n'é-
tait pas guéable dans cet endroit ; il paraît que c'est pour couper les
ponts à notre approche.
Le roi de Prusse est à Weimar.
 Àpolda il 7 a un camp, un autre à Weimar, le troisième à Er-
furt.
LE GéNÉRAL LASALLE AU OBAMD-DUC DE BEEQ.
Môlsen, 13 octobre 1806, minuit et demi.
J'ai l'honneur de vous adresser le maître de poste et un sac de
lettres enlevé après l'affaire de Weissenfels par l'officier d'arrière-
garde qu'y avait laissé le brave et intelligent commandant Maignet.
J'apprends qu'un quart d'heure avant que cet escadron entrât
dans Weissenfels, 100 Saxons et Prussiens en étaient sortis.
Le chef d'escadron Méda est parti. Je n'ai point encore de nou-
velles de Pegau.
Partout où je suis passé, les habitants nous ont pris pour des
Saxons.
LE OéKÉBAL LASALLE AU OBAND-DUC DE BBRQ.
Môlsen, 13 octobre 1806.
Je joins ici les deux lettres que je reçois du commandant Mathis
€tde mon aide de camp qui, à 6 heures du matin, seront à Leipzig,
d'où ils nous écriront autre chose de plus intéressant. La correspon-
dance de Pegau est ci-incluse.
LE COMMANDANT MATHIS, DU 7* DE HUSSARDS, AU GÉNÉRAL LASALLE.
Pegau, 12 octobre 1806.
Je sois à Pegau, j'en repartirai dans une heure pour me diriger
sur Leipzig. Tout le monde se plaît à dire qu'il n'y a pas de troupes
«t qu'il s'y trouve encore beaucoup de voitures appartenant à l'en-
Bemi ; nous espérons leur souhaiter le bonjour demain matin si les
rapports qu'on nous a faits ne sont pas faux.
Le quartier général de S. A. l. le prince grand-duc de Berg étant
changé, et vous trouvant sur son chemin, je vous envoie les lettres
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538 CAMPAGNE DE PRUSSE.
de la poste de Pegau, présumant qu^ voas aurez la bonté de les loi
faire passer.
LE CAPITAINE THÉBOND, DU «5® DE HUSSARDS, AIDE DE CAMP
DU OÊNiRAI. LA8ALLE, AU OÉN^RAL LASALLE.
Pegau, is oclobre 18«)6.
Nous sommes arrivés à Pegau à 9 heures, la ville est assez grande:
M. Pire vient de partir pour une reconnaissance sur Leipzig. Lif
colonel se propose de le suivre de près ; il paraît que les renseigne-
ments que vous avez pris sur cette dernière ville sont vrais ; mais
d'après ceux que le colonel a pris, les 800 hommes sont partis à
midi ; nous vous dirons quelque chose de plus certain dans hait heureë.
LE CHEF d'escadron HÉDA, DU 7* DE HUSSARDS,
AU 0£n£eAL LASALLE.
WeissoDfels, is octobre 1806, 5 heures du matin.
Je suis entré à Weissenfels à 3 heures et demie du matin ; une
patrouille ou le détachement qui devait rentrer a eu bien peur de
moi, car je n'ai pu joindre l'un et l'autre, tant ils m'ont évité.
Je suis entré ici comme Saxon, j'ai reçu des renseignements assez
positifs ; l'armée ennemie se retire en hâte sur Merseburg, Halle et
Magdeburg. La perte du prince Ferdinand a jeté la terreur dan$
l'armée prussienne. A Leipzig on ne fait que parler de la prise du
parc et des équipages saxons *, il 7 a fort peu de troupes dans cette
ville.
Ce n'est que des débris de corps qui n'ont pu rejoindre la grande,
et quelques partis de chevau-légers et dragons qui courent la plaine.
et que je vais chercher à mon tour.
Je pars dans une heure pour Leipzig et marcherai avec tonte la
prudence que nécessiteront les circonstances.
On dit ici les troupes de M. le maréchal Ney arrivées à Naum-
burg.
J'ai reçu tous les renseignements ci-dessus par les voyageurs des-
cendant de la diligence de Leipzig et de Francfort ; il n'y avait an-
cune personne de considération digne de vous être envoyée.
P. -S. — Les voyageurs disent que l'armée prussienne se porte snr
Francfort en manœuvrant vers leur droite, qu'ils se dirigent par la
Thuringe et ont campé au pont à Saalburg où ils commencent de^
retranchements.
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12 OCTOBRE. 539
1« corps d'armée. ORDRE DE MARCHE DU 12 OCTOBRE.
Au quartier général à Géra, le 12 octobre 1806.'
Les divisions du 1*' corps de la Grande Armée reprennent
aDJourd'hui leur ordre de bataille ; en conséquence la divi-
sion du général Dupont ouvrira la marche : le 9* d'infanterie
légère suivra immédiatement après les chasseurs et en avant
des dragons; le reste de la division suivra la colonne. La
2* division commandée par le général Ri vaud marchera après
celle du général Dupont et la 3* aux ordres du général
Drouet après la division du général Rivaud.
La cavalerie légère commandée par le général Watier se
portera à Langenberg pour suivre le mouvement du corps
d'armée.
Le l" corps de la Grande Armée devant soutenir le mou-
vement que le grand-duc de Berg fait avec sa cavalerie sur
Zeitz, il se dirigera sur cette ville par la grande route.
Le même ordre de marche qui a été suivi hier pour les
équipages aura lieu aujourd'hui.
Toutes les troupes se tiendront prêtes à marcher au pre-
mier signal.
Le grand parc suivra autant que possible le mouvement
du corps d'armée.
Le général de division, chef de V état-major général,
Léopold Berthier.
La divifiion Dupont, à cause de sa marche du 11, ne put prendre
la tête de colonne \ elle n'atteignit Meincweh que fort tard le 12,
ayant laissé beaucoup de monde en arrière. Les troupes marchèrent
en réalité comme la veille, la division Drouet, la division Rivaud et
la division Dupont. Le 27* léger remplaça le 9" et marcha après les
hussards.
Quant à la cavalerie légère qui, en partie, avait passé la nuit sur la
rive ganche de TElster, elle suivit le corps d'armée et le dépassa en
arrivant à Meineweh. Le 1*' corps était du reste précédé pendant la
marche par la cavalerie de la réserve et avait son flanc gauche cou-
vert par rSlster.
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Ô40 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE MARECHAL BEllNADOTTE AU MAJOR GENERAL.
Zeilz, 18 octobre 1806, 3 heures a]>ré9-midi.
Par votre lettre d'aujourd'hui vous me dites que Finten-
tion de l'Empereur est que j'appuie le mouvement du Grand-
duc sur Naumburg, si les renseignements sur l'ennemi le
déterminaient à se porter sur ce point ; j'ai l'honneur de vous
prévenir que je me suis concerté avec S. A. I. et que nous
avons pensé qu'il était convenable que je me portasse à
Meineweh, entre Zeitz et Stôssen sur la route de Naumburg.
Je jetterai un escadron sur Stdssen pour communiquer avec
la cavalerie du maréchal Davout qui doit se trouver du côté
de Naumburg. Le Grand-duc se porte avec sa cavalerie et le
27* d'infanterie légère à Teuchem, sur la route de Zeitz à
Weissenfels. Il envoie un escadron à Pegau qui denoain sera
aux portes de Leipzig.
LE MARÉCHAL BERNADOTTE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Meineweh, 12 octobre 1806, 7 heures et demie du soir.
J'ai l'honneur de vous informer que je suis arrivé ici de
ma personne ; je viens d'envoyer un parti sur Naumburg pour
communiquer avec le maréchal Davout et un autre parti
à Weissenfels pour me mettre en communication avec les
troupes du Grand-duc; ma cavalerie est déjà arrivée, et mou
infanterie n'y sera pas entièrement avant 10 heures.
POSITION DU 1" CORPS D' ARMÉE POUR LE 12 OCTOBRE.
MM. les généraux Drouet et Rivaud établiront leurs divi-
sions à Meineweh, à cheval sur la route de StOssen à Naum-
burg, le général Rivaud à la droite du général Drouet. Le
général Dupont se placera en réserve, en arrière, à 100 ou
200 toises environ.
La cavalerie légère occupera les villages entre PretzBcli et
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12 OCTOBRE. 541
Meineweh ; le général Watier enverra un escadron à SttJssen
à Fembranchement des routes, et sur Naumburg pour tâcher
de communiquer avec le maréchal Davout, ainsi que sur
Teuchem pour communiquer avec la cavalerie du Grand-duc.
Le 2* régiment de hussards sera sous les ordres du général
Drouet et s'établira à Meineweh et aux environs. Le 27*
d'infanterie légère, commandé par le général Werlé, recevra
les ordres du Grand-duc ; il s'établira à Teuchem et corres-
pondra néanmoins avec le général Drouet.
MM. les généraux voudront bien faire serrer le plus pos-
sible leurs équipages et les placer immédiatement en arrière
de leur parc d'artillerie.
Le général de division, chef de Vétat-major général^
L. Bebthiee.
P.-S. — Le quartier général de M. le prince de Ponte-
Corvo sera à Meineweh.
Quartier impérial, Géra.
Garde impériale, Géra.
4* corps. Cavalerie légère , Veislareuth ? — Quartier général ,
l'* division, Géra. — 2* division, Tinz. — 3* division, Naulitz.
LE MARÉCHAL NEY AU MAJOR GÉNÉRAL.
Auma, 12 octobre 1806.
J ai l'honneur de vous rendre compte que les divisions du
6* corps parties ce matin de Schleiz se sont établies cet après-
midi dans les positions suivantes :
L'avant-garde aux ordres du général Colbert est bivoua-
quée entre Mittel et Wetzdorf.
La division Marchand dans sa position en arrière de
Braunsdorf à cheval sur la route de Géra.
La 3* division commandée par le général Marcognet en
avant d'Auma, la droite à la route de Weyda et la gauche
«ur la direction de Neudeck.
Je prie V. A. de me faire connaître par le retour de Toffi-
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542 CAMPAGNE DE PRUSSE.
cier que je lui envoie, l'ordre de mouyement pour demain.
Je pourrais aisément pousser au delà de Géra et me rappro-
cher des têtes de colonne qui me précèdent de manière à
prendre part à la bataille si l'ennemi nous attendait en avant
de Leipzig.
1^* division de dragons, Schleiz.
1" division de grosse cavalerie, séjour à Oschitz.
2* division de grosse cavalerie, Wittendorf?
NOTE.
Quartier impérial, Auma, 12 octobre 1806.
S. M. TEmpereur des Français, désirant que les maux de
la guerre soient diminués autant que possible, a décidé que
réchange des prisonniers de guerre se ferait entre les deux
puissances par un cartel et aux conditions ci-après.
Les prisonniers prussiens jouiront en France d^une paye
et d'une ration déterminées, sous la condition que les pri-
sonniers français qui seront faits par l'armée prussienne
jouiront du même traitement \
En conséquence, il est accordé à chaque soldat prussien
1. LB UàJOK-atvÈ&Ah A M. LB QUÀRTXBR-MAITRB oAhAbaI* OB 8. M. LE SOI
DK PRU88E.
Quartier impérial, Auma, 18 octobre 180€.
S. M. TEropercur des Français, Monsieur, désirant que les maux de la goerre
soient diminués autant que possible, m*aulorise à vous proposer ud cirlc!
d'échange des prisonniers qui peuvent être faits do part et d autre sur des
bases qui puissent vous convenir : je vous prie de prendre sur cet objet les
ordres de S. M. le Roi de Prusse ou du général commandant en chef son anii(.'<^
et de vouloir bien me faire connaître ses intentions.
Les blessés de votre armée tombés en notre pouvoir ont été traités comme
les nôtres, autant que la position le permettait. Vos prisonniers jouironi ^en
France d'une paye et d*une ration déterminées pourvu que de votre côté
vous promettiez d'accorder à ceux que vous ferez sur l'armée française Li
môme paye el le môme traitement.
Il sera donné à chaque soldat une ration de 24 onces de farine, dont
3 quarts de froment et i quart do seigle ; i demi-livre de viande, i oore de
riz, 6 sols par jour et le logement; — aux sous-officiers, le tiers en sus ; — au*
90us-lieutcnants, 60 francs par mois ; — aux lieutenants, 80 ; — aux capi-
taines, 100; — aux lieutenants-colonels, 150; — aux colonels et migors, i84:
— aux généraux-majors. 400 ; — aux lieutenants-généraux, 600.
Au moment. Monsieur, que je connaîtrai sur cet objet les intentions de votre
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12 OCTOBRE. 543
prisonnier une ration de 24 onces de farine, dont trois quarts
de froment et un quart de seigle ; une demi-livre de viande,
une once de riz, 3 sous par jour et le logement.
Aux sous-officiers le tiers en sus.
Aux sous-lieutenants 50 francs par mois.
Aux lieutenants 80 —
Aux capitaines 100 —
Auxmajors etlieutenants-colonels. 150 —
Aux colonels 180 —
Aux généraux-majors 400 —
Aux lieutenants-généraux . . . 600 —
Les femmes, enfants, chirurgiens et tous individus tenant
à l'administration seront renvoyés, ne pouvant être considé-
rés comme prisonniers de guerre.
Le major général, ministre de la guerre, donnera des or-
dres pour r exécution des dispositions ci-dessus.
Napoléon,
dispositions générales pour les prisonniers
DE GUERRE.
Âuma, 12 octobre 1806.
Tous les prisonniers de guerre seront dirigés sur Kronach
où ils seront gardés dans le fort.
De Kronach, ils seront dirigés sur la place de Forchheim
par convois de 500.
Quand il y aura à Forchheim 1,000 prisonniers, on enverra
ces 1,000 à Wtirzburg où ils seront consignés dans la cita-
delle. Le commandant fera prévenir le maréchal Mortier qui
souverain, je m'empresserai de donner les ordres nécessaires pour rexéculion
des disposLlions ci-dessus.
Je propose aussi que les femmes, enfants, chirurgiens et tous autres indivi-
dus tenant à l'administration soient renvoyés et ne puissent dtre considérés
comme prisonniers de guerre.
L'Empereur, M. le Quartier-miître général, a ordonné que le corps du
prince Louis soit déposé dans le château de Saalfeld avec tous les honneurs
qui lui sont dus, et si S. M. le roi de Prusse désire le faire inhumer dans le
cavoau de ses ancêtres, je suis autorisé à dtinner les ordres pour qu'il lui soit
rendu.
Je salue V. Ex. avec une considération très-distinguée.
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544 CAMPAGNE DE PRUSSE.
est à Francfort et qui fera prendre les prisonniers pour les
conduire en France.
Un officier d'état-major placé à Eronach, Forchheim et
WUrzburg, sera chargé du détail des prisonniers et en ren-
dra compte journellement au major général en envoyant des
états très -exacts. Il sera chargé de toutes les dispositions
pour quHls soient bien escortés et qu'aucun ne s'échappe.
L'adjudant commandant Petiet en sera chargé à WUrzburg ;
à Kronach, l'adjoint français qui est à Kronach, et à Forch-
heim l'adjoint français qui est à Forchheim.
Le major général,
M'^ Alex. Berthier.
LE COLONEL BLEIN ▲ L ADJUDANT COM MANDANT HA8TBBL, FAI8AXT
rONCTIONB DE CHEF DE L'éTAT-MAJOR OéNÊBAL.
Géra, is octobre Id06.
L'intention du major général est que M. Axamitowski et M. Pari-
got soient alternativement commandant d'armes au quartier général
pour 7 maintenir la police, jusqu'à ce que vous puissiez les faire
remplacer. Je pense qu'il a les mêmes vues sur M. Lauberdière, en
attendant qu'il puisse se monter. Qu'est devenu M. Pillet qui m'avait
paru avoir envie de se montrer ?
Je vous renouvelle la demande de la part du ministre de faire ar-
river au plus tôt M. Petiet pour faire le logement; il faut qu'il
emmène les deux adjoints qui lui sont attachés pour qu'il paisse tou-
jours en envoyer un sur les devants avec l'aide de camp que S. A.
charge de faire son logement.
J'ai été obligé moi-même de faire le logement ici pour notre petit
état-major que j'appellerai première section. Vous nous y rempla-
cerez ; à mesure que des officiers de votre deuxième section se mon-
teront, ils pourront passer à la première.
Nous aurions bien besoin des copies de l'instruction pour les com-
mandants du quartier général et des arrêtés imprimés poux la poste.
LE CHEF DE BATAILLON DIBECTBUB d'aBTILLEBIB FAB INTiBIX
A MATENCE AU MABÂCHAL ^KELLBBMANV.
Mayence, 12 octobre I8O6.
J'ai l'honneur de vous rendre compte que conformément à l'ordre
de M. le général Saint-Laurent, directeur général des parcs d'artii*
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12 OCTOBRE. 545
lerie de la Grande Armée, daté du 7 du courant, je fais transporter
^ar-le-champ à WUrzburg par la navigation du Mayn un million de
cartouches d'infanterie et 100,000 pierres à feu.
Les diverses livraisons faites à l'armée depuis le 28 septembre
jointes à celles énoncées dans la présente, ont mis la place de Majence
sans cartouches d'infanterie. Je prie V. Exe. d'employer ses bons
offices près de S. A. S. le prince ministre pour qu'il soit ordonné
au directeur d'artillerie à Mayence de faire confectionner, par les
moyens qu'il jugera à propos, le nombre nécessaire de cartouches
d'infanterie tant pour la défense de la place que pour l'approvision-
nement des armées, au moyen d'une somme de 0,60 c. par mille afin
d'en accélérer la confection.
Je la prie également de solliciter près de S. A. le prince ministre
les fonds nécessaires pour mettre à exécution les commandes et or-
dres que cette direction doit exécuter. Elle est sans argent et sans
aucune ressource pour exécuter ces mêmes commandes.
Je prie V. Exe. de prendre en considération l'exposé que j'ai
l'honneur de lui soumettre ; il mérite sa sollicitude.
LE MARÉCHAL KELLERMANN A L'EMPEREUR.
Mayence, 12 octobre 1806.
Je ne puis mieux faire connaître à V. M. la pénurie dans
laquelle se trouve la direction d'artillerie à Mayence, qu'en
lui adressant copie de la lettre que je reçois du directeur. Si,
depuis que V. M. a reconnu combien il était juste et néces-
mie que j^ eusse des fonds à ma disposition pour des besoins
extraordinaires, un crédit m'avait été ouvert chez le payeur,
j'aurais aidé le directeur d'artillerie et cette partie essen-
tielle du service ne serait pas en soufifrance.
J'envoie la copie de la même lettre au ministre directeur
'le l'administration de la guerre et je l'engage à prendre les
mesures les plus promptes pour faire cesser les besoins de la
direction d'artillerie.
CAMP. DK PmUSSB.
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OBSERVATIONS
PLAOE DU COMMANDAHT DE L*ABM6b.
Le Commandant de Tarmée se tient le plas constamment à la hau-
teur du centre. La colonne du centre est la plus importante; elle
couvre la ligne d^opérations, que suivent les parcs.
Le quartier général s'établit chaque soir entre le corps de seconde
ligne et la réserve.
Le Commandant de Tarmée se porte à Tavant-garde toutes les
fois qu'il le juge utile pour être plus vite renseigné, pour diriger ses
reconnaissances ou pour se faire une idée du pays, mais il n'y reste
pas ; il a besoin de plus de calme qu'il n'en règne aux avant-postes
pour comparer entre eux les rapports qui arrivent des différentes co-
lonnes et juger les projets de l'ennemi.
Il se porte aussi aux colonnes des ailes dans le même but ; mais il
revient coucher au lieu où il a marqué son quartier général.
Le 9 l'Empereur se porte à l'avant-garde et assiste au combat de
Schleiz ; il revient coucher à Ebersdorf sur la rive gauche de la
Saale en avant du 3* corps.
Le 10 le quartier général se rend à Schleiz avec le 3^ corps.
Le 11 l'Empereur se porte à Géra et revient coucher à Auma an
milieu du 3* corps.
Le 12 le quartier général est transporté à Géra en seconde ligne,
4* corps. L'Empereur n'a plus de craintes sur sa droite et le cban-
gement de front de l'armée est déjà commencé.
Le 13 dès le matin l'Empereur annonce au Grand-duc qu'il se
rendra à léna ; il prévoit qu'une affaire générale est proche et il a
besoin d'avoir des renseignements positifs.
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^f*?v
OBSERVATIONS. 547
LA CAVALERIE AU BA8SBMBLEMENT DE l'aBMÉB
ET DANS LA XABCHE EN AYANT.
Le Commandant en chef couvre le rassemblement de Tarmée au
moyen de la cavalerie légère. Des piquets sont placés sur toutes les
communications ; ils ne laissent rien aller vers Tennemi, favorisent
les reconnaissances d'officiers et envoient aux quartiers généraux
tons les voyageurs venant de l'extérieur pour qu'ils y soient interro-
gés. Des postes intermédiaires sont établis entre les piquets et les quar-
tiers généraux afin d'être instruit promptement de ce qui se passe.
Les brigades sont tenues réunies sur les communications les plus
importantes. Les généraux transmettent par duplicata aux comman-
dants des corps d'armée de première ligne les renseignements qu'ils
ont de l'ennemi ; ils fatiguent le moins possible leurs chevaux et les
tiennent en état de partir. (Major général au Grand-duc, au maré-
chal Bemadotte, au maréchal Lefebvre, 3 octobre.)
Personne ne doit franchir la frontière avant que la guerre ne soit
déclarée.
Lorsque au moment de se porter en avant le Commandant en
chef Mt faire à certaines troupes des marches qui doivent être dé-
robées à Tennemî, les piquets extrêmes qui couvraient ces troupes
restent en position et font leurs reconnaissances comme à l'ordinaire
afin de masquer et d'assurer le mouvement le plus longtemps pos-
sible.
Le Commandant de l'armée cherche à surprendre son ennemi et à
profiter de la première irruption pour frapper un grand coup. Il
pousse donc ses têtes de colonne jusque sur son avant-garde sans
qu'aucun mouvement se manifeste sur aucun point de la ligne, sans
qu'on fasse rien qui puisse donner de l'inquiétude à l'ennemi et l'ins-
truire plus tôt qu'il ne le sera. Puis toutes les colonnes débouchent
en même temps précédées et flanquées par la cavalerie. L'objet à
remplir, les reconnaissances à exécuter, les points à atteindre sont
déterminés chaque jour par le Commandant de l'armée lui-même,
puisque les nouvelles qui lui parviennent de l'ennemi peuvent modi-
fier la marche des opérations.
Tant que la jonction n'est pas faite, le Commandant de l'armée ne
dirige que la cavalerie de la colonne à laquelle il se tient ; les com-
mandants des autres colonnes dirigent eux-mêmes leur cavalerie ; ils
buiveut les mêmes principes.
Colonne du centre. — Le 8, reconnaître les communications du
centre avec les ailes -, — leur nature 5 — la situation de l'ennemi sur
le* trois débouchés \
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548 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le 9, continuer la reconnaissance ; — - combat de Schleiz ;
Le 10, recueillir le plus de renseignements possible ; — recon-
naître Auma et Saalfeld ;
Le 11, arriver à Géra afin de savoir ce que fait T ennemi.
Dans les pays difficiles, Taffaire importante est la jonction des co-
lonnes. Tant qu'elles sont séparées, le Commandant de Tannée ne
peut marcher en masse ni rien entreprendre de décbif ; il maintient
sa cavalerie. Lorsque la jonction est faite, il est prêt à agir ^ il indi-
que le but à atteindre par la cavalerie de toutes les colonnes et la
pousse en avant pour avoir des renseignements précis.
Le 12, envoyer des coureurs aussi loin que possible sur toutes les
directions : TEmpereur au maréchal Lanues, 12 octobre, 4 heures du
matin, colonne de gauche ; — au major général pour le 3^ corps,
colonne du centre ; — au Grand-duc, colonne de droite ;
Le 13 au matin, ne faire aucun mouvement, reposer les troupes.
Dans un pays accidenté et par suite peu propre à la cavalerie.
l'Empereur au maréchal Soult, ô octobre, on tient la cavalerie d a-
vant-garde à proximité de la tête de la colonne, car elle peut avoir
besoin à chaque instant du soutien de Tinfanterie. Le terrain oppose
d'ailleurs des difficultés insurmontables à la réunion des grandes
masses de troupes ; on a des affaires partielles livrées par des tête»
de colonne et des arrière -gardes, mais jamais d'affaire générale. La
cavalerie légère des corps d'armée suffit aux colonnes latérales.
Dans les pays de plaine au contraire, on envoie beaucoup de cou-
reurs devant soi pour intercepter les malles, les vovageurs et recueillir
le plus de renseignements possible.
Dans la plaine, le Commandant de l'armée augmente la cavalerie
des colonnes latérales en leur adjoignant une division de dragons.
(Maréchal Soult au major général, 1*' octobre ; 4* division de dra-
gons mise à la disposition du maréchal Davout, le 12.)
Le Commandant de l'armée et les commandants des colonnes laté-
rales dirigent les partis sur des points importants, à des embranche-
ments de route, dans de gros bourgs, dans des villes, où ils peuvent
trouver des renseignements, saisir des lettres, etc. Ils vont à 10, 20,
30 et 40 kilomètres ' ; la seule condition qui guide est d'avoir des
nouvelles précises, et cela dans le plus bref délai possible. C'est le
]. Le parli Ou capitaine Pire et celui du commandant Mëda envoyés le li
de Zoitz sur Loipzig pour porter l'épouvante sur let derrières de CenneM H
achever d'enlever les équipages du corps qui a été battu d Schlei^f ne soQl allés
qu'à -10 kilomètres do Tinfanterie. Sans vouloir rabaisser le mérite des com-
mandants de ces partis, ils avouent Tun et l'autre dans leurs rapports quils
savaient qu'il n'y avait pas do garnison à Leipzig. — Ces reconnaissances doot
ou a beaucoup exagéré la hardiesse, doivent donc ôtre réduites à leur juste
valeur.
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OBSERVATIONS. 549
plas soaveut à la fin de la marche, en donnant Tordre de position,
qu'on envoie les partis. Ils rentrent à la fin du jour, dans la soirée
on dans la nnit au plus tard. Le commandement attend leurs rensei-
gnements pour donner Tordre de mouvement. Il faut en outre
quliommes et chevaux mangent et se reposent pour repartir à la
pointe du jour.
Colonne de droite. — Partis envoyés le 8 sur Hof, 8 kilomètres en
avant de Tavant-garde, — Schwarzenbach, 8 kilomètres sur le flanc
des avant-postes, 8elbitz, 11 kilomètres ; — le 9 des hauteurs de
Hof sur Gefell et Œlsnitz pendant la marche; — le 9 au moment de
la prise de position pour lier communication avec les précédents sur
(Elsnitz, 6 kilomètres, sur Gefell, 16 kilomètres; — le 10 sur Auer-
bach et Langenfeld, 30 kilomètres. Le 8* de hussards tout entier est
porté le 10 de Plauen à Reichenbach, 20 kilomètres, pour éclairer
ce qui se passe sur la route de Zwickau. Partis envoyés le 11 pen-
dant la marche sur Weyda ; — sur TElster, flanc droit de la route,
6 kilomètres en moyenne : — sur Auma, flanc gauche de la route,
16 kilomètres.
Ou peut suivre de même à la colonne du centre la marche des
partis et des reconnaissances.
LOHOUBUB DES MARCHES.
Le Commandant de Tarmée, en indiquant le point à atteindre
chaque jour par chaque colonne de Tarmée ou par chaque corps
d'armée, se préoccupe moins de la longueur de la marche à exécuter
par les troupes, que de la nécessité d'occuper tel ou tel point du
champ des opérations, soit pour empêcher Tennemi de s*en rendre
maître, soit pour prêter un appui aux autres corps de Tarmée. Ces
points sont toujours des villes ou au moins de gros bourgs où Ton
tronve des ressources et des renseignements ; des points de passage
snr les cours d'eau et des nœuds importants de communications, à
proximité desquels se trouvent le plus souvent des centres de popu-
lation ; des cols et des débouchés dans les pays montagneux.
L'instruction du 5 au maréchal Lannes porte d'occuper Coburg
le 8, Neustadt le 9, de prendre le plus tôt possible position sur le
pendant des eaux et d'arriver à Grttfenthal le 10. — Le 8 dans Ta-
près-midi la situation s'est modifiée ; le centre a atteint Saalburg ;
l'Empereur ordonne au maréchal de marcher le plus vite qu'il pourra
sur Grâfenthal. — Enfin l'instruction du 9 dans la matinée, tout en
examinant les cas qui peuvent se présenter, invite le Maréchal à ar-
river le plus promptement possible à Saalfeld.
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Ô50 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Coburg est une petite ville ; GrUfenthal est un gros bourg sur It*
pendant des eaux ; Saalfeld est une petite ville, point de passage de
la Saale.
L'instruction du 5 au maréchal Soult ordonne d'entrer eu mas»'
à Baireuth le 7 et de prendre position en avant de cette ville : de
s'établir le 8 sur les hauteurs de MUnchberg, et le 9 d'occuper Uuf.
point de passage de la Saale. — L'Empereur ajoute, dans sou ins-
truction particulière du 5, que les nouvelles que le Maréchal aura de
l'ennemi, à son débouché de Hof, le porteront à appuyer un peu
plus sur le centre ou à prendre une position en avant, pour pouvoir
marcher sur Plauen, petite ville, nœud de communications sur l'Els-
ter. — Le Maréchal dépassa Hof et vint occuper, dans la nuit du 9
au 10, la position de Gross-Zôbern sur la ligne de partage des eaux
de la Saale et de l'Ëlster.
Le centre, qui suit la chaussée de Bamberg à Leipzig, occupe le
7 Lobenstein, sur le pendant des eaux de la Saale ; le 8 Saaiburg.
point de passage de la Saale ; le 9 Schleiz, petite ville, nœud deg
communicationB sur Plauen et Saalfeld ; le 10 Auma, Miitel-PQluitz,
Triptis, Neustadt et PSssneck, c'est-à-dire toute la route de Saalfeld
à Géra ; le 11 Géra, ville assez importante sur TElster, que TEmpe-
reur supposait être le point de réunion de l'armée ennemie et où.
dans tous les cas , il pensait trouver des renseignements : A Géra,
΀8 affaires »*éclairciront,
La jonction est faite le 11.
Le 12, l'Empereur porte le jnaréchal Lannes sur léna, point de
passage de la Saale, le maréchal Davout sur Naumburg, également
point de passage de la Saale, le grand-duc de Berg et le maréchd
Bemadotte sur Naumburg passant par Zeitz, route de Leipzig.
L'Empereur a déterminé les points d'Iéna et de Naumburg, tout en
sachant qu'on ne les atteindra pas le 12 parce que les forces hu-
maines ont des limites, mais il a voulu indiquer aux commandautf
des corps d'armée qu'il fallait faire tout ce qui était possible pour y
arriver dans le plus bref délai. Cela ressort clairement de l'ordre de
mouvement au maréchal Lannes, 12, 4 heures et demie du matin,
où le major général dit : « ... Le maréchal Davout sera sur la route
de Mittel à Naumburg. »
Les points que doivent atteindre les corps de seconde ligne^ sont
déterminés dé façon qu'il n'y ait qu'une demi -journée de marche
entre les deux lignes de l'armée, mais de façon aussi à ce que ces
corps trouvent des abris et des subsistances et occupent même dans
certains cas des positions sur lesquelles les corps de première ligne
puissent se reployer.
Ainsi à l'aile gauche le maréchal Augereau est obligé de faire une
marche forcée pour se porter de Coburg à Saalfeld.
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OBSERVATIONS. 551
Aa centre le 3* corps occupe le 9 Lobenstein, le 10 Schleiz, le
11 Auma ; le 6® corps vient le 10 à Tanna, le 11 à Schleiz, le 12 à
Auma.
A l'aile droite le 4® corps passe en seconde ligne et occupe Weyda
le 11 et Géra le 12.
Le 6* corps fait le 9 une marche de 44 kilomètres ; — le 10, de
20 kilomètres, combat ; — le 11, de 30 kilomètres ; — le 12, de
24 kilomètres, combat ; — le 13, de 6 kilomètres, combat.
Le 7' corps part de Coburg le 10 à 4 heures de Taprès-midi, fait
61 kilomètres pour arriver à Saalfeld dans la nuit du 11 au 12,
gagne Rahla le 12 en passant par PQssneck, marche de 37 kilomè-
tres, et fait le 13 une marche de 12 kilomètres pour se rapprocher
d'Iéna.
Le 1" corps fait le 9 une marche de 24 kilomètres, combat; —
le 10, de 16 kilomètres (la V^ division, 20 kilomètres); — le 11, de
24 kilomètres (la l'* division, 44 kilomètres) ; — le 12, de 27 kilo-
mètres; — le 13, de 16 kilomètres.
Le 3* corps fait le 9 une marche de 30 kilomètres ; — le 10, de
22 kilomètres ; — le 11, de 22 kilomètres ; — le 12, la 1" division,
44 — la 2% 36 — la 3% 26 ; — le 13, la 2" division, 12 — la 3%
22 kilomètres.
Le 4' corps fait le 8 une marche de 28 kilomètres ; — le 9, de
32 kilomètres; — le 10, de 12 kilomètres ; — le 11, de 28 à 38
selon les divisions ; — le 12, de 14 à 24 selon les divisions ; — le
13, la l'^ division, 40 kilomètres — les 2* et 3% 20 kilomètres.
Le 6* corps fait le 9 une marche de 26 kilomètres ; — le 10, de
38 kilomètres ; — le 1 1, de 12 à 18 kilomètres; — le 12, de 16 ki-
lomètres; — le 13, de 22 kilomètres.
Les troupes doivent donc s'attendre à faire des marches de 45 ki-
lomètres sans en être étonnées ; elles doivent y être préparées pen-
dant la paix pour que cet effort ne leur semble pas insurmontable^ et
que toutes se rappellent l'avoir déjà supporté aisément.
LIGNE DE MARCHE DE l'aRHÉE.
La ligne de marche de r armée est la ligne sur laquelle se présentent
chaque jour les têtes des différentes colonnes de l'armée.
De même on dit la ligne de bataille, de même on dit la ligue de
marche. I/Empereur se servait de cette expression: c L'armée occu-
pait une ligne de 6 lieues*. »
^ 1. Voir aussi page 17, l'expression ligne de marche de l'armée, employée par
"Empereur dans les Obêervalionê sur le plan de campagnes en Allemagne en
1796.
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552 GA.MPAGNB DB PRTJSSE.
Les chaussées qui traversent une chaîne de montagnes sont peu
nombreuses et généralement assez espacées ; les communications
transversales entre ces chaussées sont rares et souvent difficiles.
Dans ces pays retendue de la ligne de marche de l'armée augmente
et les colonnes sont isolées. Aussi doit-on surprendre à Tennemi le
passage dos pays de montagnes, et se hâter de déboucher en plaine
pour opérer la jonction de ses colonnes.
L'Empereur se porte en avant en échelons, le centre en avant,
pour faciliter le débouché de ses ailes.
Dans une marche semblable l'étendue de la ligne de marche se
compte non pas de tête à tête de colonne, mais bien de la tête des
échelons les moins avancés à la colonne voisine par la communica-
tion la plus courte.
Ainsi le 8 les têtes de colonne occupent la gauche Coburg, le
centre Saalburg, la droite Mtinchberg. La ligne de marche de Tannée
ne doit pas se compter de Coburg à Saalburg et à Miinchberg à vol
d'oiseau, mais bien de Coburg à Kronach, 28 kilomètres, ligne la
plus courte pour que la colonne de gauche vienne s'adosser à la co-
lonne du centre ; de même de MUnchberg à Steînwiesen, 30 kilo-
mètres, ligne la plus courte pour que la colonne de droite poisse
appuyer sur le centre. Le 8 la ligne de marche est de 58 kilomètres
ou 15 lieues environ.
Le 9, de Grftfenthal à Lobenstein, 32 kilomètres; de Schleiz à
6rosft-Z($bern, 28 kilomètres ; soit 60 kilomètres ou 15 lieues.
Le 10, de Saalfeld à Auma, 38 kilomètres ; d'Auma à Pkiaen,
32 kilomètres; soit 70 kilomètres ou 17 lieues.
Le 11, de Neustadt à Mittel-P(51nitz, 12 kilomètres ; de Mittelà
Géra, 20 kilomètres ; soit 32 kilomètres ou 8 lieues. La jonction ect
faite. Les 3 colonnes peuvent se trouver sur le même champ de ba-
taille en 24 heures ou même en 18 heures.
Le 12, d'Iéna à Naumburg, 30 kilomètres ; de Naumburg à Mei-
neweh, 16 kilomètres ; soit 46 kilomètres ou 11 lieues.
Le 13, d'Iéna à Dornburg, 12 kilomètres ; de Dornburg à Naum-
burg, 18 kilomètres ; soit 30 kilomètres ou 8 lieues.
PROFONDEUR DES COLONNES d'ARMÉE.
La profondeur d'une colonne d'armée se calcule de la tête de la
1" division d'infanterie du corps de tête à la queue de la dernière
division d^infanterie du corps de queue.
En comptant une heure de marche pour 4 kilomètres environ, on
déduit de la profondeur de la colonne le temps nécessaire pour que
la dernière division serre sur la tête ; il faut y ajouter le temps pour
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OBSERVATIONS. 553
que l'ordre de serrer parvienne, ce qui dépend de la distance à par-
courir par Tofficier porteur de Tordre, de la nature et de Tétat des
chemins, de la température et des circonstances atmosphériques, de
rheare de la journée où l'ordre est porté et où la marche sera exécutée
(de jour ou de nuit), du degré de repos ou de fatigue des troupes.
La profondeur de la colonne de gauche était le 8, de 28 kilomètres
de Coburg à Rattelsdorf ; — le 9, de 44 kilomètres de Gi^enthal à
Coburg ; — le 10, de 64 kilomètres, de Saalfeld à Coburg ; le ma-
réchal Âugereau n'apprit qu'à 4 heures du soir que le maréchal
Lannes était engagé ; — le 11 , de 30 kilomètres de Neustadt à
Saalfeld ; — le 12, de 10 kilomètres de Winzerla à Kahla.
La profondeur de la colonne du centre était le 8, de 60 kilomè-
tres de Saalburg à Theisenort, traversée de la montagne ; — le 9,
de 22 kilomètres de Schleiz à Lobenstein; — le 10, de 18 kilomètres
d'Ânma à Schleiz ; — le 11, de 22 kilomètres de Mittel-Pëlnitz à
Schleiz; — le 12, de 47 kilomètres d*Alt-Flemmingà Auma, marche
rapide du 3^ corps sur Naumburg.
La profondeur de la colonne de droite était le 8, de 30 kilomètres
de Manchherg à Baireuth ; — le 9, de 50 kilomètres de GrosB-Z5-
beni à Bemeck ; — le 10, de 22 kilomètres de Plauen à Tanna ; —
le 11, de 22 kilomètres de Géra à Ktihdorf ; — le 12, de 26 kilo-
mètres de Meineweh à Géra.
Les profondeurs des colonnes d'une armée en masse de guerre opé-
rant dans un pays ordinaire varient de 20 à 25 kilomètres, ce qui
fait environ 8 à 10 heures pour que la queue serre sur la tête y com-
pris le temps de faire passer l'ordre.
Les profondeurs se réduisent lorsque l'armée se rapproche de l'en-
nemi et que le Commandant de l'armée s'attend à une affaire géné-
rale.
Les profondeurs augmentent au contraire dans les pays de monta-
gnes où les ressources sont rares, ou bien lorsque le corps d'armée
<le tête fait une marche rapide pour atteindre un point important.
MARCHES DE GUERRE.
ORDBES DB MOtTVBMENT DBS CORPS d'aBMAe.
Les ordres de mouvement des 1*' et 4* corps ainsi que des ordres
isolés des 3*, 5®, 6* et 7* corps que l'on trouvera soit dans les opé-
rations de la suite de la campagne, soit dans la campagne de Polo-
gne, ne laissent pas de doute que les principes pour la rédaction de
ces ordres ne fussent les mêmes dans tous les corps d*armée.
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554 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Comme remarque générale, plus on se rapproche de rennemi.
plus les ordres de mouvement sont courts. On doit d^ailleurs, eu
toutes circonstances, s'attacher à les rendre le plus court possibN
et à n'y faire entrer que les détails indispensables. On en é;:artera
avec soin les objets qui sont étrangers aux marches et qui seront
plus à leur place dans les ordres généraux.
Les ordres de mouvement des corps d'armée font rarement men-
tion de l'ennemi, même lorsque l'on est en présence. Les renseigne-
ments sur l'ennemi font plutôt l'objet d'instructions particulières
adressées par le commandant de corps d'armée au commandant de
la cavalerie ou aux généraux de division.
L'ordre indique la direction de la marche, la route à suivre et le
point à atteindre. Ce point peut être le terme de la marche ou seu-
lement un point important de la route où de nouveaux renseigne-
ments mettront le commandant de la colonne à même de donner de
nouveaux ordres pour la continuation de la marche ou la prise de
position. Lorsque l'on se rapproche de l'ennemi, il est en effet sou-
vent impossible de faire connaître à l'avance le lieu de la coachtV,
qui dépend des nouvelles reçues et du terrain dont onnejuge jauiai>
bien d'après la carte. ,
L'ordre indique ensuite l'heure à laquelle la colonne doit être for-
mée et se mettre en marche, ou bien les heures où chacune dir
fractions doit commencer son mouvement. Le commandant de corps
d'armée recommande aux généraux de division de serrer le oioave-
ment de façon à ce qu'il y ait le moins de distance possible entre le»
divisions, et par suite de la tête à la queue de la colonne. Il lais-^-
d'ailleurs aux commandants des divisions et au commandant de h
cavalerie le soin de donner tous les ordres de détail que nécessitent
leurs mouvements préliminaires.
Les heures sont fixées d'une manière simple, l'heure ou la deo.ie,
attendu qu'on ne peut rien prévoir à 5 minutes près.
Le commandant de corps d'armée détermine le service de la ca-
valerie qui précède la colonne, les partis qu'elle enverra pour avoir
des nouvelles ou pour lier les communications avec les colonnes voi-
sines.
Il donne les indications pour faire rentrer les avant-postes et le^
détachements.
II prescrit les dispositions à prendre pour les équipages, pour le>
subsistances et pour les évacuations s'il y a lieu ; enfin il signale
d'un mot les observations urgentes qu'il a pu faire pendant la oinr-
che de la veille, reservant les observations détaillées pour un ordn-
général.
Dans l'ordre qu'il donne pour la première marche de guerre, il
fait connaître la place où il se tiendra, qui est généralement à la
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1
I
OBSERVATIONS. OOî>
tête de la division tête de colonne, ainsi que les dispositions particu-
lières qu'il veut voir prendre dans tontes les marches. Ces ordres
Tiennent à la suite de Tordre de mouvement ou font l'objet d'un
ordre général (place des sapeurs du génie, escorte à fournir au parc
d'artillerie, aux équipages, mesures pour maintenir l'ordre et la dis-
cipline, pour assurer les subsistances, pour fournir les corvées,
prescriptions des règlements utiles à rappeler lors d'une entrée en
campagne, etc.).
Le commandant de corps d'armée donne l'ordre pour le mouve-
ment du lendemain le moins tard qu'il peut, aussitôt qu'il a reçu
l'ordre de mouvement de l'armée et les renseignements de sa cava-
lerie s'il y a lieu. H donne l'ordre par écrit à son chef d'état-major
qui en conserve la minute (maréchal Augereau au général Pannetier,
10 octobre) ou le lui dicte ; celui-ci l'écrit sur son carnet et le fait
signer par le général.
Une fois l'ordre de mouvement de l'armée parvenu dans les corps
d'armée, il faut environ 2 heures pour qu'il reçoive son exécution
(rapport du 10 octobre du maréchal Lannes au major général), à
moins toutefois que les troupes ne soient rassemblées et prêtes à être
mises en route. Le Commandant de l'armée doit tenir compte dans
ses calculs du temps nécessaire pour l'exécution de ses ordres.
AVANT-OABDE. DISPOSITIONS DE MARCHE DES CORPS d'aRHÉB.
Dans tous les corps d'armée la cavalerie légère forme seule l'avant-
garde. Comme elle couvre en général la position occupée par l'in-
fanterie, cantonnements ou bivouacs, elle se rassemble sur ses can-
tonnements les plus avancés et attend pour se mettre en mouvement
que la tête de l'infanterie l'ait jointe. Au début de la marche il n'y
a donc pas de distance entre l'avant-garde et la division tête de co-
lonne ; tout le monde marche serré. La longueur de la colonne est
diminuée.
L'avant-garde est éclairée par un fort parti qui la précède sur la
route suivie jusqu'au point but de la marche (parti envoyé sur Weyda
le II octobre, parti du capitaine Lochard précédant le 3' corps sur
Naumburg le 12), et par d'autres partis qui s'élèvent sur les flancs
de la colonne (partis éclairant le 11 le 4* corps jusqu'à l'Elster sur
la droite et jusqu'à Auma sur la gauche).
L'avant-garde reste groupée.
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Ô56 CAMPAGNE DE PRUSSE.
La cavalerie ne marchant pas du même pied que Tinfanterie ' et
la précédant, gagne sur elle environ un kilomètre par heure.
Le commandant de corps d*armée qui se tient à la tête de la divi-
sion de tête ou à la cavalerie, reçoit tous les renseignements des
partis et donne de là les ordres nécessaires. (Ordre de mouvement
du 4* corps pour le 8 octobre.)
La cavalerie forme à elle seule l'avant-garde du corps d'année.
On peut cependant lui adjoindre un bataillon d'infanterie pour l'ap-
puyer au besoin, et même la précéder dans un pays de montagnes
ou un pays difficile (bataillon de tirailleurs du Pô pendant les mar-
ches des 8, 9 et 10). Mais dans aucun cas le commandant de l'avant-
garde ne doit avoir à sa disposition plusieurs bataillons d'infanterie,
afin de ne pas se laisser entraîner à engager un combat que le com-
mandant du corps d'armée ne voudrait pas livrer. N'ayant que de la
cavalerie en avant, le commandant de corps d'armée peut tonjoun,
lorsque l'ennemi lui est signalé, prendre position et se conduire avec
prudence. (L'Empereur au maréchal Soult, 5 octobre.)
Les instructions de l'Empereur au vice-roi d'Italie, 7 juin 1809,
pour la conduite d'un corps isolé et d'une aile d'armée composée de
4 ou 5 divisions, sont précises :
« Il faut marcher tous bien réunis, et point de petits paquets.
« Voici le principe général à la guerre : un corps de 25,000 à
« 30,000 hommes peut être isolé ; bien conduit il peut se battre ou
« éviter la bataille, et manœuvrer selon les circonstances sans qu'il
< lui arrive malheur, parce qu'on ne peut le forcer à un engage-
« ment, et qu'enfin il doit se battre longtemps. Une division de 9,000
« à 12,000 hommes peut être sans inconvénient laissée pendant une
« heure isolée ; elle contiendra l'ennemi, quelque nombreux qu'Q
« soit, et donnera le temps à l'armée d'arriver ; aussi est-il d'usage
« de ne pas former une avant-garde de moins de 9,000 hommes^
« d'en faire camper l'infanterie bien réunie, et de la placer au plus
« à une heure de distance de l'armée. Vous avez perdu le 35* parce
« que vous avez méconnu ce principe ; vous avez formé une arrière-
« garde composée d'un seul régiment, qui a été tourné ; s'il y avait
« eu 4 régiments, ils auraient formé une masse de résistance telle
« que l'armée serait arrivée à temps à leur secours. Sans doute que
€ dans des corps d'observation, comme était I^auriston, on peut
< mettre un détachement d'infanterie avec beaucoup de cavalerie ;
« mais c'est qu'alors on suppose que l'ennemi n'est point en opéra-
< tions réglées, qu'on va à sa découverte, et qu'enfin cette infanterie
1. Le général Thiébault dit que, suivant le chemin et sans forcer sa marche,
l'infauterie peut parcourir par heure un espace de 8 à 4,000 mètres, et U ca-
valerie de 4,800 à 6,000 mètres.
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OBSERVATIONS. 557
< formée pourra imposer à la cavalerie ennemie, aux paysans et à
f quelques compagnies de chasseurs ennemis. En général, dans les
f pays de plaine, la cavalerie doit être seule, parce que seule, à
c moins qu*il ne soit question d*un pont, d'un défilé ou d'une posi-
< don donnée, elle pourra se retirer ayant que Tinfanterie ennemie
« poisse arriver.
« Aujourd'hui^ vous aUez entrer en opérations réglées ; vous devez
c marcher avec une avant-garde composée de beaucoup de cavalerie,
« d'une douzaine de pièces d'artillerie et d'une bonne division d'infan-
< terie. Tout le reste de vos corps doit bivouaquer à une heure der-
< rière, la cavalerie légère couvrant, comme de raison, autant que pos-
f sible ^ Vous devez penser qu'il est dans l'esprit du colonel Nugent,
< qui dirige le prince Jean, qu'aussitôt qu'il verra que vous marchez
< à lui d'un côté, et Macdonald de l'autre, il marchera sur l'un de
« vous, et, comme il a l'avantage d'avoir les gens du pays, il mar-
< chera réuni, sans se faire éclairer par sa cavalerie légère, et peut
< tomber sur vous sans que vous vous en doutiez. Il faut par consé-
« quent bien organiser votre marche ; que l'artillerie soit dans les
< divisions et que chacun soit à son poste, en marche comme au
< bivouac ; que l'on bivouaque comme en temps de guerre et de
< manière à prendre les armes et se battre au point du jour. Il ne
< serait pas impossible que le prince Jean eût choisi une bonne po-
< sition et vous attende ; dans ce cas, je vous recommande de le bien
< reconnaître et de bien établir votre système avant de l'attaquer.
< Un mouvement en avant, sans fortes combinaisons, peut réussir
< quand l'ennemi est en retraite ; mais il ne réussit jamais quand
« l'ennemi est en position et décidé à se défendre ; alors c'est un
< système ou une combinaison qui font gagner la bataille....,
< De votre avant-garde à la queue de votre parc, il ne doit
« pas y avoir plus de 3 à 4 lieues Faites suivre votre parc, sans
« quoi vous manquerez de munitions »
< De votre avant-garde à la queue de votre parc, il ne doit pas y
< avoir plus de 3 à 4 lieues », c'est-à-dire plus de 3 à 4 heures de
marche. C'est la suppression des distances, la réduction de la pro-
fondeur des colonnes, le moyen de marcher tous bien réunis et de
se trouver ensemble sur le champ de bataille. Le maréchal Soult
exprime la même idée dans son ordre de mouvement pour le 10 lors-
qu'il ordonne qu'U y ait le moins possible de distance entre les divi-
sions, que la troupe marche en ordre et serrée, que les généraux ser-
rent autant que possible leur mouvement. Un corps d'armée qui
1. Telles étaient les dispositions de marche et de bivouac des troupes de
't colonne du centre du s au u octobre.
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558 CAMPAGNE DE PRUSSE.
marche ainsi réuni, prêt à combattre, sans se faire éclairer par sa
cavalerie légère, peut tomber sur l*ennemi sans qu*il s'en doute.
Le parc suit ; sans quoi on peut manquer de munitions. Il est
couvert par 2 bataillons.
Enfin un commandant de corps isolé ou un commandant d*ftile
doit arranger ses afiPaires comme si T ennemi devait venir sur ses
derrières, aussitôt après son passage.
On comptait que les divisions mettaient environ une heure à dé-
filer. Le major général fait partir les 3 divisions * du 3* corps à une
heure de distance (ordres du 10 au soir). Dans les marches longues
et pénibles, et lorsqu'on est loin de Tennemi, les divisions s'arrêtent
le soir pour cantonner ou bivouaquer à 4 kilomètres environ de dis-
tance Tune de l'autre, soit une heure de marche (divisions du 4' corps
le II au soir). Les têtes des divisions s'arrêtent à peu près à la
même heure et chaque division serre sur sa tête.
L'ordre général du 4* corps du 30 septembre règle l'ordre des di-
visions en marche :
L'infanterie légère ; — l'artillerie légère lorsqu'il 7 en a d'attachée
à la division ; — la I^* brigade de ligne ; — la compagnie d'artille-
rie de la division avec un caisson par pièce ; — la 2* brigade de
ligne ; — le parc d'artillerie de la division • ; — l'ambulance * ; —
les équipages de la division sous la conduite du vaguemestre de la
division *.
1. l*^ division 10,300 hommes, is pièces; — 8« division 7,800 hommes,
8 pièces ; — 3« division 8,500 hommes, 8 pièces.
2. L*arli!lcrie attachée à chacune des divisions du 4* corps se composait de
14 pièces (situation du 4^ corps du 8 octobre), pour lesquelles il y avaitaDvi-
rou uo voitures, soit au total 74 voitures, marchant dans Tintérieur de la divi-
sioD ou au parc de la division. — La division de cavalerie avait 6 pièces et
11 voitures environ. — Le parc du corps d*armëe se composait d*i peu prés
HO voitures.
Le détail de l'artillerie des divisions du 7« corps (rapport du capitaine Se-
in ery du 8 octobre) donne des chiinres analogues.
3. 1 caisson d'ambulance à 4 chevaux par régiment et 8 pour rambuUnce
de la division.
4. Étot-major de la division. — 1 voiture à 8 chevaux pour le général >ii'
division ; — 1 pour l'état-major de la division ; — 1 pour chaque gêaérai de
brigade ; ~ 1 pour le commissaire des guerres ; — 1 voiture de caoliniere.
Hùgiment d'infanterie. — 2 caissons à 4 chevaux par bataillon pourletrans-
])ort du pain ; — 1 voilure de réquisition à 4 colliers par bataillon pour le
transport des portemanteaux des officiers ; — l voiture  4 colliers pour 1«
transport des souliers ; — 1 voilure de canlinière à 8 colliers par batailioo.
Artillerie de la division. — 1 caisson à 4 chevaux pour le transport du pain;
— 1 voiture de réquisition à 4 colliers pour les portemanteaux des officiers;
— 1 voiture do canlinière.
Équipages du quartier général. — 1 voiture a S colliers pour le llarécl^si
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OBSERVATIONS. 559
Cet ordre en marche semble être le même dans tous les corps
(Farmée : ordre du 6 octobre de la division Dupont ; ordre de mon-
vemeDt du 19 octobre de la division Gudin du 3* corps. Dans cette
division, réduite momentanément à 3 régiments, Tartillerie légère et
la compagnie d'artillerie marchent après le l^'' régiment. On a donc
ane tendance à rapprocher l'artillerie de la tête de la colonne. Le
parc d'artillerie et les équipages à la suite de la division.
Les équipages du quartier général marchent à la suite d'une di-
vision.
Dès que Ton est en présence de l'ennemi ou que l'on pense avoir
ane affaire, les équipages resteut en arrière. (Ordre du 1" corps du
10 pour le mouvement du 11 ; ordre du major général du 10 pour le
mouvement du 3* corps le 11.) On peut donc s'attendre à être privé
de ses équipages pendant plusieurs jours ; les officiers doivent pren-
dre leurs précautions en conséquence.
HEURES DB DEPART. RASBBHBLBMENT AVANT LA MABCHB. —
OB AN d'halte.
L'heure de départ est fixée d'après la saison et la longueur de la
route. Au 4* corps les ordres semblent avoir été donnés de telle sorte
que les troupes partant le plus tôt de leurs cantonnements ou bi-
vouacs ne se mettent pas en route avant 5 heures du matin, souvent
même avant 6 heures. On est au mois d'octobre.
Dans bien des circonstances on ne peut ordonner et faire com-
mencer le mouvement qu'au reçu des ordres du Commandant de l'ar-
mée, ou le faire continuer qu'à l'arrivée des renseignements de la
cavalerie. On est alors obligé de former ses troupes en rassemble-
ment, pour qu'elles soient prêtes à marcher au premier signal. —
Le 11, le maréchal Lannes ne partit de Neustadt qu'à 10 heures à
la réception de la dépêche du major général.
Si l'on attend de nouveaux rapports des partis de cavalerie, le ras-
eemblement est protégé par l 'avant-garde couverte elle-même par
des détachements que l'on envoie prendre position sur toutes les
routes. Le 10 (ordre du 9) le général Margaron qui doit réunir Ta-
commandant en chef ; — l pour ses aides de camp ; — i pour le général chef
'i'éUit-mjyor ; — s pour rëlat-migor général ; — i pour le général comman-
dant rarlillerie ; — i pour l'état-major de Tarlillerie ; — i pour l'étal-major
du génie ; — i pour Tordonnateur ; — i pour le sous-inspecteur aux revues ;
- 1 pour le commissaire des guerres du quartier général ; — i pour le déta-
chement de gendarmerie ; — 2 caissons À 4 chevaux pour Tambulance ; —
une réserve de 15 caissons à 4 chevaux pour le pain.
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560 CAMPAGNE DE PRUSSE.
vant-garde en arrière de Plaaen pour y attendre de noaveaux ordres,
porte d'après les instructions du maréchal Soult un escadron sur la
grande route de Zwickau au plus à une demi-lieue, et un autre sur
la route de Greitz, à la même distance.
La grand'halte se fait de même sous la protection de Tavant-
garde qui prend position et se couvre par des postes.
PRISE DB POSITION.
La cavalerie d'ayant-garde ne marchant pas du même pied qae
l'infanterie gagne environ un kilomètre par heure. Le commandant
de corps d'armée, qui se tient à la tête de la division de tête, peat
facilement devancer son infanterie d*une heure ; il voit le terrain,
prend ses dispositions et dicte l'ordre de position avant que la tête
de colonne n'ait débouché. Le chef d'état-major fait faire immédia-
tement les expéditions de l'ordre, les signe et les envoie aux généntax
de division, au commandant de la cavalerie, au commandant de l'ar-
tillerie. C'est assez dire que Tordre de position doit être bref puisque
l'on dispose de si peu de temps pour le donner et l'expédier. Les
ordres du 1*' corps du 11 et du 12 remplissent ces conditions.
Le plus souvent, le commandant de corps d'armée ne donne pas
d'ordre de position écrit et indique verbalement aux généraux de
division, ou même à leurs chefs d'état-major qui l'ont accompagné,
la position à occuper. Tl n'existe sur le registre du maréchal Soalt
que les ordres donnés le 8 ; ils paraissent d'ailleurs avoir été trans-
crits sur le registre une fois les troupes installées, et n'être que U
rédaction des ordres donnés verbalement sur le terrain. Le Maréchal
semble avoir renoncé dès le 9 à faire faire cette rédaction sar son
registre ; les rapports à l'Empereur et an major général ainsi que
l'historique des marches et opérations étaient là pour conserver la
trace des positions occupées.
Quant aux ordres de position du 1'' corps, les expéditions reçues
par le général Dupont existent seules ; et, comme pendant plusieurs
jours sa division a été détachée, les ordres ne lui ont pas été adressés.
Ils sont d'ailleurs extrêmement concis, et tels que le chef d'état-major
du corps d'armée a pu en faire faire séance tenante le nombre de
copies nécessaires.
Les ordres pour les prises de position indiquent les dispositions à
prendre par chacune des fractions de la colonne, l'avant-garde, les
divisions, le parc, pour leur installation et leur garde (cantonnements
ou bivouacs, avant-postes à fournir) en suivant l'ordre que chaque
fraction occupe dans la colonne \ les partis à envoyer par la cava-
lerie, l'emplacement du quartier général.
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OBSERVATIONS. 561
ATANT-P08TE6.
Lorsque le commandant de corps d'armée fait prendre position
pour passer la nnit, Tavant-gardc fournit les avant-postes ; elle a eu
moins de chemin à parcourir au début de la marche ; elle est plus
avancée, car elle marche plus librement que le gros de la colonne ;
elle est déjà sur le terrain que doivent occuper les postes extrêmes ;
elle est toute portée pour reprendre le lendemain la tête de colonne.
Aussi les mêmes troupes de cavalerie et d'infanterie forment-elles
pendant plusieurs jours Tavant-garde et les avant-postes. (4* coi*ps,
du 7 au 11.)
L'avant-garde est établie sur la route que la colonne suivra le
lendemain, à 4 ou 5 kilomètres en avant de la position du corps
d'armée ; les avant-postes sont complétés par des troupes d'infante-
rie tirées de la colonne, qui prennent poste sur la ligne de Tavant-
garde et sur les flancs. Souvent l'extrême avant-garde est poussée
encore plus loin, à 4 ou 5 kilomètres. Ordres donnés pour la prise
de position de MUnchberg, 4" corps, 8 octobre.
PROFONDEUR DES CORPS d'aEM^E. CANTONNElfENTS DE MARCHE
ET BIVOUACS.
Pendant les marches de la réunion de l'armée, les troupes d'un
même corps d'armée sont assez espacées pour pouvoir cantonner et
vivre chez l'habitant, car il serait impossible de faire vivre pendant
plusieurs jours de suite de grandes masses de troupes rassemblées
sur un petit espace, ha concentration pour la bataille est toujours un
moment critique qui ne peut durer que la veille, le jour et le lende-
main de la bataille.
Avant le commencement des hostilités les divisions peuvent can-
tonner à 6, 8, 9 kilomètres de distance. Le 4 octobre la cavalerie
légère du 4* corps est à 6 kilomètres en avant de la 3* division qui
tient la tête de la colonne ; la 3* à 9 kilomètres de la 2* ; celle-ci à
8 kilomètres de la 1", ce qui donne une profondeur totale de 23 ki-
lomètres, non compris le parc qui est à 8 kilomètres en arrière de la
1"* division.
Dès que l'armée entre en opérations, les distances se resserrent.
Le 7 le 4^ corps franchit la frontière à Baireuth. L'extrême avant-
garde, un régiment de cavalerie, est à 5 kilomètres en avant des deux
Autres régiments de la brigade qui se trouvent eux-mêmes à 4 kilo-
mètres de la 3* division ; celle-ci est à 4 kilomètres de la 2^ et la 2*
À i kilomètres de la 1^, ce qui donne une profondeur totale de 12 ki-
CAMP. DB PBIT88B. 36
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562 CAMPAGNE DE PRUSSE.
lomètres pour le corps d*armée et de 8 Beulement pour Tinfanterie.
Le parc est à 10 kilomètres en arrière.
Le 8 les 3 divisions sont groupées au bivouac couvertes à 4 kilo-
mètres et demi environ par une ligne d'avant-postes (en tête 3 ba-
taillons d'infanterie légère et la brigade de cavalerie, et sur les flancs
des troupes d'infanterie légère de la 1" division), qui tiennent tous
les débouchés des camps. Une extrême avant-garde, un régiment de
cavalerie et un bataillon d'infanterie légère, est sur le débonché
principal à 3 kilomètres en avant de la ligne d'avant -postes. Le parc
à 10 kilomètres en arrière de l'armée.
Le 9 les 3* et 2* divisions au bivouac couvertes à 4 kilomètrci^
par la brigade de cavalerie et à 4 kilomètres au delà par l'extrême
av<ant-garde. La 1'^ division a été laissée avec le parc à 15 kiloinè-
très eu arrière pour garder le passage de la Saale à Hof dans le caf
d'un retour offensif du corps ennemi qui s'est retiré de Hof sur
Schleiz.
Le 10 le corps d'armée est réuni autour de Plauen dans un rajon
de 2 kilomètres ; il est couvert par des avant-postes et éclairé h 16 et
20 kilomètres sur les avenues principales par des partis et même par
un régiment tout entier porté à 20 kilomètres sur la communication
de Zwickau.
Le 11 la 3^ division est à 4 kilomètres en avant de la 2*; celle-ci
à 4 kilomètres de la 1'*. La tête est couverte à 7 kilomètres en avant
par les postes de cavalerie. La marche a été pénible ; le Maréchal
reconnaît l'impossibilité de réunir toute l'infanterie sur Weyda, et
arrête les têtes de colonne des divisions à une heure l'une de l'autre,
le parc à 3 kilomètres en arrière.
Le 12 la 2* division est à 3 kilomètres et demi de la l'* ; la l'* à
4 kilomètres de la 3*.
Au 1*^ corps les distances entre les divisions sont analogues.
Un corps d'armée isolé, en opérations réglées, qui prend une po-
sition de nuit, doit donc être couvert par ses avant- postes à une dis-
tance qui varie de 4 à 8 kilomètres ; son infanterie est tenue au
bivouac en position comme l'ordonne l'Empereur. Lorsque par des
nouvelles certaines on sait que l'ennemi n'est pas à portée, on peut
faire prendre aux troupes des cantonnements de marche, c'est-à-dire
arrêter les divisions à 3 ou 4 kilomètres environ de distance l'une de
l'autre, une heure de marche, et leur permettre d'utiliser les habita-
tions situées dans un rayon d'un ou 2 kilomètres du cantonnement
principal de chaque division de manière à ne pas retarder le départ
du lendemain ou le rassemblement du corps d'armée sur sa tête.
Toutes les troupes ne pourront pas cantonner dans les villages :
on s'entassera avec ordre de façon à abriter le plus d'hommes possi-
ble ; le reste bivouaquera à l'entour des habitations. J'ai déjàsignah*
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OBSERVATIONS. 563
la manière dont la cavalerie prenait ses cantonnements de marcbe.
(Campagne de Pologne. Observations sur la cavalerie, tome II,
page 400.)
hekprofondeur d'un corps d'armée est la distance qui sépare la tête
'le la queue de Tinfanterie ; elle s'évalue par le temps que les troupes
(le la division de queue mettront pour serrer sur la division de tête.
La cavalerie n*est là que pour donner des nouvelles, éclairer les
mouvements de l'ennemi, retarder ou arrêter une troupe de cavalerie
ennemie, même une avant-garde, et donner à Tinfanterie du corps
d'année le temps de se rassembler et de prendre ses dispositions.
MARCUBB AU CANON.
< Un corps de 25,000 à 30,000 hommes peut être isolé; bien con-
< duît, il peut se battre ou éviter la bataille, et manœuvrer selon les
< circonstances sans qu'il lui arrive malheur, parce qu'on ne peut le
< forcer à un engagement et qu'enfin il doit se battre longtemps. >
L'Empereur au Vice-roi, 7 juin 1809.
C'est donc un principe général à la guerre que le corps d'armée
est la troupe la plus faible qui puisse rester isolée. Bien conduit, il
sera toujours averti de l'approche de l'ennemi et ne sera par suite
jamais entraîné, malgré sa volonté, à subir une action inégale. Si
Tennemi se présente avec des forces égales, il se concerte avec lo
corps d'armée qui le soutient, et tous deux réunissent leurs troupes
pour l'attaquer. L'Empereur au maréchal Soult, 5 octobre, 11 heures
dn matin ; au maréchal Lannes, 12 octobre, 4 heures du matin.
Marcher au canon est un devoir dans une colonne d'armée pour tous
les corps qui font partie de cette colonne, le 7* corps pour soutenir
le 5* le 10 (mais le maréchal Augereau ne pouvait pas entendre de
Coburg la canonnade de Saalfeld *) ; et dans une armée pour tous
les corps de cette armée lorsqu'une action générale est imminente,
ce que le Commandant de l'armée leur fait toujours savoir, le maré-
chal Bemadotte le 14. Mais il n'en est plus de même pour des corps
d'armée marchant sur des débouchés différents. Le Commandant de
l'armée est alors seul juge de l'appui qu'il doit prêter aux diverses
colonnes de son armée. Le 10 on a entendu à Schleiz depuis midi
le canon du combat de Saalfeld et ni le grand- duc de Berg ni le
maréchal Bernadette n'ont pris sur eux de marcher au canon. Le
Commandant de l'armée se tenant à la colonne du centre peut sou-
tenir ses ailes ; il connaît leurs mouvements. C'est l'Empereur à son
arrivée à Schleiz qui a dirigé la division Dupont et le maréchal Da-
1. Ce qui prouve de nouveau que 2 corps d'armée marchant sur la même
roule De doivent pas être à plus d'une demi-marche Tun de Tautro.
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564 CAMPAGNE DB PRUSSE.
vont sur Pôssneck pour soutenir le maréchal Lannes et prendre l'eu-
nemi en queue. Le 3^ corps tout entier et le 1*' corps auraient pu
suivre.
D'ailleurs on n'entend pas toujours le canon d'une colonne à lau-
tre ; ainsi le 9 ni le maréchal Lannes ni le maréchal Soult n'enten-
dirent le canon du combat de Schleiz, car ils n'en parlent pas dans
leurs dépêches du 9. S'ils l'eussent entendu, connaissant la composi-
tion de la colonne du centre et les projets de l'Empereur, ils auraient
pensé que l'engagement entrait dans ses vues et qu'ils devaient con-
tinuer à s'élever pour dégager le centre. Ils étaient en droit de croire
que l'Empereur disposait de forces assez considérables pour soutenir
la lutte jusqu'à ce qu'il ait pu appeler ses ailes à son secours. De
même le maréchal Davout qui a entendu le 12 la canonnade depui^^
4 heures jusqu'à 5 heures et demie du soir et le 13 la canonnade et
la fusillade depuis une heure de l'après-midi dans la direction d'iéua,
n'a pas marché au canon, mais est resté à Naumburg ainsi que ses
instructions le lui ordonnaient. Ainsi les corps des ailes ne se rabat-
tent sur le centre qu'autant que leurs instructions le leur prescrivent.
Le centre au contraire soutient les ailes. C'est lui qui peut changer
la direction générale de la marche.
Lorsque l'on est en opérations réglées et que Tarmée est bien con-
duite, les commandants de corps d'armée connaissent les projets da
Commandant en chef et la position de tous les corps de l'armée afin
que cette connaissance puisse les guider dans les circonstances im-
portantes. Il n'y a donc pas de règles fixes; tout dépend des instruc-
tions que l'on a reçues.
HABCHBS FORCÉES.
Une troupe exécute une marche forcée :
Pour soutenir une autre troupe qui est en présence de l'ennemi et
s'attend à livrer un combat, ou même qui est engagée, — le 7* corps
se portant les 10 et' 11 octobre au secours du 5* ;
Pour atteindre un point important où elle doit devancer l'ennemi.
— la division Dupont dirigée le 10 sur Pôssneck pour couper au
corps du prince Louis la retraite sur Géra et aussi pour soutenir le
5*^ corps, le 3*^ corps le 12 sur Naumburg pour s'emparer du passage
de la Saalc ;
Pour assister à une bataille, — le 4®, le 6* corps, la Garde à pied
et la réserve de cavalerie dans l'après-midi du 13 et dans la nuit du
13 au U
Le chef, tout en cherchant à arriver le plus vite qu'il pourra,
tiendra cependant toujours ses troupes en situation de combattre.
Les marches forcées comportent presque toujours des marches d ?
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OBSERVATIONS, 565
unit, soit que Ton doive partir avant le jour, soit que Ton prolonge
la marche après la tombée de la nuit, soit que Ton soit obligé de
marcher une partie de la nuit.
La division Dupont partit de sa position en arrière de Lobenstein
le 10 à la pointe du jour, entre 6 heures et 6 heures et demie du
matiu, pour se porter en arrière de Schleiz, par une marche ordinaire
de 22 kilomètres. Elle arriva entre midi et une heure. On entendait
depuis 11 heures du matin la canonnade de Saalfeld. L'Empereur
était encore à 11 heures à Ebersdorf et n'en partit pas avant 11 heu-
res et demie ou midi. Sur cette route accidentée et encombrée par
les troupes et les bagages des corps d'armée, il lui fallut de 2 heures
et demie à 3 heures pour atteindre Schleiz ; il n'y fut pas avant
2 heures et demie ou 3 heures. II dirigea aussitôt la division Dupont
sur Pëssneek, 22 kilomètres par un chemin de traverse. Dans son
rapport de 10 heures du soir au Grand-duc, le général Milhaud ne
parie ni de l'arrivée du maréchal Davout ni de celle de la division
Dupont, d'où il semble ressortir qu'à 10 heures du "soir cette division
n'était pas encore à PSssneck, non plus que le maréchal Davout qui
avait reçu à Schleiz l'ordre de l'Empereur de se diriger de sa per-
sonne sur P($88neck, de se faire suivre par la division Morand, aussi-
tôt qu'elle déboucherait, et avec ces 2 divisions de couper la route
de Saalfeld à Géra. A 2 heures du matin cependant le maréchal Da-
vout tenait la route avec son infanterie. Il est donc permis de penser
que la division Dupont arriva vers 11 heures ou minuit ; elle avait
grand besoin de se rallier, la marche aussi longue que rapide ayant
extrêmement allongé la colonne. Elle' avait fait en tout 44 kilomètres
de 6 heures du matin à 1 1 heures du soir en 1 7 heures avec un repos
de 3 heures environ de midi et demi à 3 heures et demie de l'après-
midi. C'est la seconde partie de cette marche, aussi longue que ra-
pide, d'après le maréchal Davout, qui lui donne le caractère d'une
marche forcée.
Le 7* corps partît le 10 à 4 heures du soir de Coburg pour Saal-
feld, où le maréchal Augereau arriva le 11 à 5 heures du soir avec
Tavant-garde, composée de la brigade de cavalerie légère et d'une
batterie d'artillerie légère, ayant fait 64 kilomètres environ, 16 lieues,
en 25 heures. L'infanterie n'arriva que très avant dans la nuit, c'est-
à-dire probablement après minuit.
Le 12 tout le corps d'armée repartit à la pointe du jour, 6 heures
du matin dans cette saison, et se rendit dans la journée à Eahla,
36 kilomètres. Il fit ainsi 100 kilomètres environ, plutôt plus que
naoins, du 10 à 4 heures de l'après-midi au 12 vers 5 ou 6 heures du
soir, en 48 ou 50 heures.
Les détails manquent sur cette marche peu commune ; mais il
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566 CAMPAGNE DE PRUSSE.
D^est pas impossible de se faire une idée de la manière dont elle a
pu être exécutée.
Dans les marches forcées, on est obligé de fiedre les grand'haltes
auprès des villes ou des villages pour y trouver des vivres. Le liea
de la halte, et par suite l'heure où on la fait, sont donc tout indiqués et
en quelque sorte imposés. — L*avant-garde fait préparer les vivres.
L'avant-garde, cavalerie légère, partit de Coborg à 4 heures et
marcha jusqu'à Judenbach, soit 26 kilomètres, où elle dut arriver
vers 10 heures du soir ayant marché à raison de 5 kilomètres pen-
dant les 2 premières heures et de 4 kilomètres seulement à partir de
6 heures du soir où la nuit est venue dans cette saison. La roate
s'élève de 377 mètres depuis Neustadt. L*avant-garde dut s'arrêter
de 10 heures du soir à 4 heures et demie ou 5 heures du matin poar
que les hommes et surtout les chevaux pussent manger et se reposer.
Elle repartit le 11 à 5 heures du matin et arriva à Gr&fenthai, 18 ki-
lomètres, vers 9 heures. Comme il n*y avait plus de gros villages
jusqu'à Saalfeld, qu'on n'aurait probablement pas trouvé d'eau sur
la hauteur pour faire boire les chevaux, et que d'ailleurs le Maréchal
devait connaître déjà l'issue du combat de Saalfeld, Tavant-garde fit
halte de 9 heures à midi ou une heure de l'après-midi, puis se remit
en route et parcourut en 4 heures les 20 kilomètres dont 4 de mon-
tée, qui séparent Grftfenthal de Saalfeld où elle arriva vers 5 heures.
Les divisions d'infanterie partirent de Coburg le 10 entre 4 et
5 heures de l'après-midi ; elles marchèrent à raison de 4 kilomètres
pendant les 2 premières heures et de 3 kilomètres seulement dès que
la nuit fut tombée ; elles arrivèrent donc à Neustadt entre 8 et 9 heu-
res du soir. Après une halte d'une demi-heure, elles se remirent en
route pour Judenbach, 12 kilomètres, qu'elles atteignirent en 4 heures
de marche entre 1 heure et 2 heures du matin ; elles prirent un repos
de 5 à 6 heures et partirent le 1 1 vers 7 heures du matin pour Gri-
fenthal où elles arrivèrent vers midi lorsque l'avant-garde en partait,
et où elles firent une halte de 4 heures environ pour manger. Par-
ties vers 4 heures, elles mirent 7 heures pour gagner Saalfeld et y
parvinrent vers 11 heures ou minuit.
Tout le corps d'armée se remit en marche le 12 à la pointe du
jour (6 heures du matin) pour se porter à Neustadt, mais le Maré-
chal reçut pendant la route la dépêche du major général de 4 heures^
et demie du matin lui ordonnant de se rendre à Kahia.
Le 12 le maréchal Davout reçut vers 5 heures et demie ou 6 heu-
res du matin Tordre de l'Empereur, 4 heures du matin, expédié par
le major général à 5 heures, de se porter sur Naumburg et d'y arri-
ver le plus vite possible.
La cavalerie légère put se mettre immédiatement en marche, c'est-
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OBSERVATIONS. 5G7
à-dire vers 6 heures et demie ; elle entra à Naumburg à 3 heures et
demie, dépêche du maréchal Davout, ayant mis 9 heures pour faire
les 45 kilomètres qui séparent Mittel de Naumburg ; elle avait dû
marcher à raison de 5 kilomètres à l'heure sans faire de grand'halte.
L'avant-garde, probablement le 13° léger de la division Morand, qui
dut partir presque aussitôt, vers 6 heures et demie ou 7 heures moins
im quart, n'atteignit Naumburg qu'à 8 heures du soir, ayant marché
pendant 13 heures environ, grand'halte comprise.
La 1" division partit vers 7 heures et fit 40 kilomètres ; — la 2®
suivie par la 4* division de dragons, vers 8 heures, elle fit 37 kilo-
mètres ; — la 3* vers 9 heures et demie, elle fit 26 kilomètres. L'Em-
pereur monta à cheval entre 8 heures et 9 heures pour se rendre à
Géra et passa devant la 3° division au moment de son départ. Mittel-
Pohiitz est à 5 kilomètres d'Âuma. Cette division n'arriva qu'à
9 heures du soir et mit ainsi 12 heures et demie pour parcourir
26 kilomètres.
La marche avait occasionné beaucoup de traîneurs * , et il fallait
donner le temps à l'infanterie de se rallier.
1. Le giSaéral ThiébauU donne les indications suivanlos au chapilre des
marches :
Pour empôclier que la colonne ne laisse des traîneurs, i» faire ù moitié clic-
min une halle générale d'une heure et demie, au quart et aux trois quarts de
la route des baltes d'une demi-heure, et toutes les heures dos halles de 5 à
10 minutes, afin que les hommes puissent satisfaire à leurs besoins (sans
3'éloignor de leurs places de plus de 40 pas), qu'ils puissent boire, remettre
leur chaussure en état ;
î^ Faire marcher les chefs de bataillon à la queue de leur bataillon et les
capitaioes à la queue de leur compagnie pour les avoir toujours en entier
$ous les yeux et surveiller en môme temps les officiers, sous-officiers ou sol-
dats; les lieutenants marchant en léte de leur compagnie et les sous-lieutu-
nants en queue *.
30 Veiller à ce qu'aucun officier ou sous-officier ne quitte sa place ;
4^ Former par brigade un peloton composé d'un sergent par compagnie,
coomiandé par un capitaine, marchant à la suite de la brigade, ne laisser per-
sonne en arrière, fouillant les maisons, haies, chemins creux, villages. J'ai
employé ce moyen pendant la campagne d'Âusterlitz ; je l'ai ûiit employer
depuis, il m'a toujours réussi ;
50 Faire parcourir continuellement l'étendue de la colonne par dos officiers
delat-major et même ^%iéraux, et l'étendue de chaque corps par les officiers
supérieurs, pour s'assurer que tout marche à sa place, en ordre et sans inter-
valle.
Les officiers supérieurs et d'état-major ayant droit d'être montés, seront
seuls suivis d'un domestique chacun ; les autres domestiques seront aux ba-
gages avec les chevaux de main et d'équipages.
Les vivandiers ne quitteront jamais les bagages.
* Beaaconp d'ofBcieri de grade élevé ne semblent pas encore pénétrés de cette nécee-
>Jt« et prennent à tâche d'empêcher les capitaines et les commandants de détachement
d« marcher à la gauche de leur troupe.
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568 CAMPAGNE DB PRUSSE.
Pareil fait 8*était produit la veille 11 au 4^ corps par suite de:*
mauvais chemins.
La cavalerie légère et la 1" division du 4* corps partirent de Géra
le 13 vers 11 heures du matin et firent 42 kilomètres pour se rendre
à léna où elles arrivèrent vers minuit, ayant effectué leur marche en
13 heures sur une route extrêmement mauvaise et encombrée par
une infinité de voitures et de troupes qui obstruaient le passage.
Le lendemain 14 elles prirent les armes avant le jour et firent en
combattant 22 à 25 kilomètres dans la journée.
Les 2* et 3* divisions, parties le 13 vers 1 heure et 1 heure et de-
mie de Tinz et de Naulitz, firent respectivement 16 et 22 kilomètret
pour atteindre Klosterlausnitz où elles arrivèrent vers 6 heures et
7 heures et demie. Elles se remirent en marche probablement Ters
2 heures du matin, rejoignirent la 1" division vers midi et s'établi-
rent le soir à Ulrichshalben ayant fait 44 kilomètres dans leur
journée.
Toutes les troupes du 4** corps firent de 62 à 68 kilomètres en
32 heures consécutives environ, dont 5 ou 6 seulement de repos, et
prirent part à une bataille.
Le 6® corps partit le 12, à 9 heures du matin d'après le général
Roguet, pour se porter à Géra ; mais ayant eu l'ordre de se rendre
à Eoda, il fit 10 lieues dans la journée et arriva à Roda à la nuit
excédé de fatigue. Il fallut environ 11 heures à l'infanterie pour faire
son mouvement ; elle dut arriver à Roda vers 8 heures du soir.
L'avant- garde qui passa à MSrsdorf vers 6 heures du soir, con-
tinua sur léna où elle n'arriva que vers 10 heures ou 10 heures et
demie, ayant fait environ 56 kilomètres en 13 heures et demie. Le
lendemain 14, elle prit les armes avant le jour et fit dans la jouniét
22 à 25 kilomètres en combattant.
Les divisions d'infanterie partirent de Roda vers 3 heures du nnatin
pour suivre Tavant-garde qu'elles rejoignirent vers 10 heures du
matin sur le champ de bataille après une marche de 22 kilomètres
environ. Elles firent 38 kilomètres dans la journée du 14.
Toutes les troupes du 6* corps firent donc eùviron 78 à 80 kilo-
mètres en 34 ou 36 heures et assistèrent à une bataille.
Le 12 au soir la division d'Hautpoul était à Untendorf près Auma.
la division Klein à Schleiz, la division Nansouty à Oschitz. Le ma-
jor général envoya le 13 à 1 heure du matin Tordre à ces 3 généraux
de ne pas dépasser Auma avant d'avoir reçu de nouveaux ordres.
Cet ordre parvint vers 4 heures du matin à Auma, 26 kilomètres de
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OBSERVATIONS. 569
Gera, et vers 6 heures à Schleiz, 42 kilomètres. La l""® division de
dragons et la !'• de cuirassiers partirent vers 7 heures du matin et
arrivèrent à Âuma entre 10 et 11 heures.
M. de la Marche, parti de Gera vers 9 heures, arriva à Auma
entre 11 heures et demie et midi. Les 3 divisions purent lever leur
bivouac et se mettre en route vers une heure environ, se dirigeant sur
Roda par Triptis et Neustadt, la 2* division de cuirassiers en tête,
puis la 1" de dragons et la 1" de cuirassiers. Elles franchirent en
5 heures les 26 kilomètres qui séparent Auma de Roda et s'arrêtè-
rent, entre 6 et 7 heures, la division d'Hautpoul en avant de Roda,
la division Klein à Roda et la division Nansouty à Trdbnitz. Après
uu repos de 6 à 7 heures, elles repartirent le 14 dans la nuit, vers
2 ou 3 heures du matin, pour se porter sur la ville d*Iéna, 16 kilo-
mètres, n régnait un grand encombrement sur la route en arrière
dléna où le 7® corps avait passé la nuit et où il devait se trouver
beaucoup de voitures de bagages et autres. Les divisions de cavale-
rie de la réserve eurent donc quelque peine à déboucher. Il pouvait
être environ 10 heures lorsqu'elles commencèrent à se placer sur le
champ de bataille. Depuis le 13 une heure de l'après-midi, en
21 heures, la division d'Hautpoul avait fait 46 kilomètres; depuis le
13 à 7 heures du matin, en 27 heures, la division Klein avait fait
62 kilomètres et la division Nansouty 64.
Les 2 divisions du 6* corps se mirent en marche de Roda aussitôt
après que les divisions de cavalerie eurent défilé ; elles les suivirent
t't arrivèrent sur le champ de bataille derrière elles, vers 10 heures
(5* bulletin). Les 15 régiments de la réserve de cavalerie devaient
tenir environ 7 kilomètres sur la route. Les divisions serrèrent en se
rapprochant d'Iéna, de sorte que les divisions du 6" corps purent
arriver sur le terrain presque en même temps que la cavalerie.
Ainsi 24 heures avant de livrer bataille, le Commandant de l'ar-
mée peut ordonner la concentration sur un même point de toutes les
troupes d'infanterie qui en sont éloignées de 50 kilomètres et de
toutes les troupes de cavalerie éloignées de 6(> kilomètres, avec l'es-
poir de les voir arriver sur le champ de bataille assez à temps pour
prendre part à l'action comme troupes de soutien ou de réserve.
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13 OCTOBRE
I.E MAJOR GÉNÉRAL A l'iNTENDANT GÉNÉBAL.
Gera, 13 octobre 1806, i heure du matin.
L'intention de TEmpereur, M. Villemanzy, est que vous
fassiez arriver à Âuma les farines et le pain qui seront en
route, et que vous en formiez un magasin dans cette ville qui
va devenir un point central pour notre armée ] donnez Tor-
dre pour qu'on établisse sur-le-champ un hôpital.
Mettez à Auma un bon commissaire des guerres et un bon
ordonnateur.
On ne peut pas transporter à la suite des troupes plus de 4 ou
5 jours de vivres (2 ou 3 jours sur l'homme et 2 jours sur les cais-
sons des corps) sans alourdir les colonnes et retirer toute activité
aux opérations. Il faut donc, toutes les 4 ou ô marches, former de
nouveaux dépôts, de nouveaux magasins, d*oii l'on puisse tirer de
quoi faire vivre l'armée si elle est forcée de retarder d'avancer ou
si, à la suite d'un événement funeste, elle est obligée de se plier
en retraite.
Auma était déjà à 3 jours de marche de Kronach, dernier point
d'appui de l'armée, et en était séparé par un pays difficile. Il deve-
nait nécessaire de réunir des ressources au débouché des montagnes
dans la plaine de Saxe, en un point central pouvant devenir le pivot
des mouvements de l'armée.
L'Empereur choisit Âuma parce que cette ville se trouvait sur U
route suivie par la colonne du centre de l'armée.
Ces magasins, que l'on met dans des lieux ouverts, à défaut de
places fortes, doivent contenir des subsistances pour nourrir toute
l'armée pendant 8 ou 10 jours, afin de lui permettre de se réunir au-
tour de ce point, d'y livrer une nouvelle bataille et d'y puiser encore
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13 OCTOBRE. 571
4 jours de vivres pour se reporter en avant ou gagner en arrière le
magasin suivant.
• Avec cette précaution de former des magasins toutes les 3 ou
4 marches, et avec la volonté d'user de toutes les ressources du
pays, on évite de traîner à sa suite immédiate des convois considé-
rables qui encombrent les routes et alourdissent les armées.
ATexception, pour les subsistances, de 2 caissons par bataillon et
d'an supplément par corps d'armée calculé à raison d'un caisson par
régiment, ainsi qu'on l'a vu dans la répartition du 24 septembre,
toos les autres caissons doivent être à la disposition du quartier gé-
néral pour les besoins généraux de l'armée.
L'année marche toujours sur deux lignes, deux corps d'armée se
snivant sur une même route à une demi -journée de distance. Si cha-
que corps d'armée n'a qu'un très-petit nombre d'équipages, il peut
les emmener à sa suite. Si au contraire il traîne après lui un grand
nombre de voitures, tous les convois du corps d'armée de tête, pour
ne pas entraver la marche des troupes, sont rejetés en arrière du
corps de queue, et le fonctionnement des ravitaillements par les
convois du corps d'armée tombe de lui-même \
Le corps d'armée tête de colonne parcourt du reste souvent un
pays neuf ou peu mangé, dans tous les cas moins mangé qu'il ne
le sera après son passage, et s'il est à la poursuite de l'ennemi il
peut saisir ses magasins. C'est le corps de queue, qui marche après
BO,000 hommes, qui a besoin de convois ; le quartier général peut lui
en donner et les faire marcher à une journée ou à une demi-journée
en arrière.
Que cette masse de voitures et de convois existent dès le temps de
1. On a prétendu que les arme'es modernes, dont les effectifs sont considë-
rablos, mourraient de faim partout où elles seraient rassemblées ; on a voulu
parer à cette éventualité en leur faisant traîner après elles dès vivres pour
4 jours indépendamment des vivres des corps, et pour être sûr que ces vivres
oe leur fissent jms défaut, ou en a doté les corps d*armée eux-mômes : on a
créé des convois administratifs pour chacune des unités des corps d'armée et
on a imaginé un système fort ingénieux pour faire marclier ces convois di-
visés en échelons, et pour opérer le ravitaillement des différents échelons les
uns par les autres. Seulement ce système ne compte pas avec les nécessités
des opérations ; il suppose que chaque corps d'armée suit une route dont il
dispose pour lui tout seul, et même qu*il pourra souvent disposer de deux
routes. Que deviendra le système le jour où 2 corps d'armée marcheront sur
la même route à demi-journée l'un do l'autre, où derrière ces s corps d'ar-
mée s'avanceront la réserve et les grands parcs d'artillerie et du génie de
l'arnée, où enûn dans des manœuvres combinées la roule suivie pourra être
occupée deux joura après par les coureurs do Tennemi qui viendront mettre
le désordre et la panique dans cette multitude de voilures (1,180 par corps
d'armée, dit le général Berlliaut, soit a, 200 voitures pour 2 corps d'armée,
Ou une colonne de plus do 22 kilomètres en prenant lo mètres par voiture et
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572 CAMPAGNE DE PRUSSE.
paix, tant mieux ; maÎB c'est leur répartitioa et l'usage qu'on en
fera, qui doivent être modifiés. C'est d'ailleurs le rôle du Comman-
dant de l'armée d'organiser son armée comme il l'entend, et de don-
ner ses ordres lorsqu'il prend possession de son Commandement. A
lui d'être à hauteur de sa tâche.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU PRINCE JÉRÔME.
Gcra, 18 oclobre 1806, t heure du matin.
L'intention de TEmpereur n'est pas, Monseigneur, que la
division de troupes bavaroises rétrograde pour se rendre à
Hof ; donnez-lui au contraire Tordre de se rendre à Schleiz
où elle prendra position. Vous laisserez le général Hédou-
ville, votre chef d'état-major, avec la division bavaroise, et
de votre personne vous pouvez vous rendre auprès de l'Em-
pereur.
1 heure du matin.
Il est ordonné au général Nansouty de ne pas dépasser
Auma avant d'avoir reçu de nouveaux ordres; il prendra
position dans les environs. Faites-moi connaître le jour et
l'heure où vous serez arrivé Auma.
Même ordre au général d'Hautpoul ; — au général Klein;
restunt bien au-dessous de la vérité). Uue pareille manière de faire la guerre
n*esl pas admissible. Elle nous ramène aux armées de Xerxés et de Darius.
L'armée qui voudra remporter la victoire doit Ôtre la plus mobile, la plus
vive, la plus active. Tout doit y être sacrifié à la mobilité.
Y a-t-il rien de semblable dans l'urroée de TEmpereur ? Quels sont les im-
pedimonla des troupes? 2 caissons par bataillon pour les vivres, portants jours
de paiu, et pour Tensomble du corps d'armée un supplément du quart du
total des caissons des corps. (Lettre du major général à l'Empereur, du U
septembre.) Tout ce qui dépasse ce uombre est affecté au grand quartier gé-
néral pour les magasins centraux, c'est-à-dire pour les besoins généraux de
l'armée, sans être affecté à tel ou tel corps d'armée, à la disposition du Com-
mandant de l'armée seul, qui donne à ces ressources telle ou telle destina-
tioii provisoire. On peut pour ce service compter un nombre de caisson? égal
à celui de l'armée et ne devant pas dépasser 600 voitures pour une année de
6 corps d'armée.
Une armée de 150,000 hommes en 1806 n'avait pas plus de voitures pour
ses vivres que n'en a actuellement un corps d'armée de 30,ooo hommes. U
dépêche de l'Empereur du 30 septembre au major général, sur l'organisatioa
du grand parc d'artillerie de l'armée, contient des principes qui sont appli-
cables à la matière des subsistances.
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13 OCTOBRE. 573
— au général commandant le parc d'artillerie ; — au géné-
ral commandant le parc du génie.
l'bmpebeua a l'impebatrice.
Géra, 13 octobre i806, 8 heures du matin.
Je suis aujourd'hui à Géra, ma bonne amie ; mes aifaires
vont fort bien, et tout comme je pouvais l'espérer. Avec
l'aide de Dieu, en peu de jours cela aura pris un caractère
bien terrible, je crois, pour le pauvre roi de Prusse, que je
plains personnellement parce qu'il est bon. La Reine est à
Erfurt avec le Roi. Si elle veut voir une bataille, elle aura
ce cruel plaisir. Je me porte à merveille ; j'ai déjà engraissé
depuis mon départ; cependant je fais, de ma personne, 20
et 25 lieues par jour, à cheval, en voiture, de toutes les ma-
nières. Je me couche à 8 heures et suis levé à minuit ; je
songe quelquefois que tu n'es pas encore couchée.
Tout à toi.
Géra, 13 octobre 1806, 8 heures du matio.
Ordre au commandant du contingent des troupes de Bade
de se rendre de Bamberg à Baireuth et non à Schleiz.
LE MAJOB GÉNÉRAL AU GÉNÉRAL DEROI.
Géra, 13 octobre 1806, 3 heures du matin.
M. le lieutenant-général Deroi donnera l'ordre à la divi-
sion de 8,000 Bavarois qu'il a dû former et réunir à Ingol-
stadt d'en partir le plus tôt possible pour se rendre à Baireuth
où elle tiendra garnison.
Cette division fournira ce qui est nécessaire pour investir
le petit fort de Culmbach ; ce corps tiendra une petite avant-
garde à Hof, ainsi qu'aux autres débouchés.
Le général Legrand assignera des cantonnements à la
division bavaroise.
Même dépêche au Roi de Bavière.
Ordre en conséquence au général Legrand, commandant à
Baireuth.
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574 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ORDRE.
Gcra, is octobre 1806, dans la nuil*.
Le maréchal Duroc verra, à 5 heures du matin, de s'infor-
mer pour combien de jours la Garde a de pain, combien on
fait de pain ici, s'il y a de Teau-de-vie ; enfin combien cette
ville peut fournir de rations de pain par jour, combien elle a
fourni jusqu*à cette heure.
Napoléon.
le major general au maréchal ney.
Géra, 18 octobre 1806.
L'Empereur, M. le Maréchal, ordonne que vous partiez
avec votre corps d'armée pour vous rendre à Roda, petite
ville de 1,500 âmes à 4 ou 5 lieues de la position que vous
occupez, et à 3 lieues d'Iéna. Je pense que votre chemin est
de passer par ïriptis ; au reste vous passerez par le meilleur
chemin ; là vous prendrez position et vous chercherez à vous
procurer autant de subsistances que vous pourrez pour rem-
plir vos caissons.
M. le maréchal Lannes marche sur léna où il doit sé-
journer.
Comme vous arriverez de bonne heure à Roda, employez
le reste de la journée à bien préparer vos armes. Le reste de
l'armée est en repos.
Je vous envoie la série des mots d'ordre et des proclama-
tions que vous pouvez répandre dans le pays.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU GRAKD-DUC DE BERG.
Géra, 18 octobre 1806.
J'ai l'honneur de prévenir V. A. I. que l'armée prend re-
pos aujourd'hui ; l'intention de S. M. est qu'on en profite
1. Nuit du 12 au 13.
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13 OCTOBRE. 575
d abord pour se procurer des vivres pour remplir les caissons,
rallier les traîneurs et mettre les armes en état.
Je vous adresse une série de mots d'ordre et une proclama-
tion de TEmpereur aux Saxons que vous ferez afficher à
Leipzig et répandre partout.
Si vous avez des nouvelles de l'ennemi, ne négligez pas
de les envoyer.
Même ordre aux maréchaux.
La grande occupation de la journée de repos du 13 doit être de
se procurer des subsistances pour remplir les caissons, et bien en-
tendu aussi pour compléter les vivres du sac, c'est-à-dire pour que
les troupes aient leurs 4 jours de vivres au départ.
BEPOS.
Le Commandant de Tarmée peut être retardé dans sa marche par
le défaut de renseignements sur Tennemi et la nécessité de préciser
ses idées, et aussi par l'obligation d'attendre des corps restés en ar-
rière. Il en profite pour donner une journée de repos aux troupes
afin qu'elles puissent se procurer des vivres, rallier les traîneurs et
mettre les armes en état.
L'Empereur ne fait faire le 13 à l'armée < aucun mouvement pour
« qu'elle prenne quelque repos, et donner le temps de rejoindre >.
Les troupes sont en marche depuis le 7 ; quelques corps depuis plus
longtemps.
L EMPEREUR A M. DE TALLETRAND.
Géra, 18 octobre 1806.
Je vous envoie le 3* bulletin. Vous agirez pour celui-ci
comme pour les deux premiers ; ils ne doivent être imprimés
que dans le Moniteur. Cela seul met assez d'intervalle pour
que les renseignements que contiennent les bulletins ne
wient pas dangereux. Vous verrez que la position de Tarmée
prussienne est assez extraordinaire. Il est probable que, dans
8 ou 10 jours, tout cela aura pris un grand caractère.
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576 CAMPAGNE DE PRUSSE.
3^ BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.
Géra, 18 octobre 1806.
Le combat de Schleiz, qui a ouvert la campagne et qui a
été très funeste à Tarmée prussienne, celui de Saalfeld, qui
Ta suivi le lendemain, ont porté la consternation chez Ten-
nemi. Toutes les lettres interceptées disent que la consterna-
tion est à Erfurt, où se trouvent encore le Roi, la Reine, le
duc de Brunswick, et qu'on discute sur le parti à prendre
sans pouvoir s'accorder. Mais, pendant qu'on délibère, l'ar-
mée française marche. A cet esprit d'eflfervescence, à cette
excessive jactance commencent à succéder des observations
critiques sur l'inutilité de cette guerre, sur l'injustice de
s'en prendre à la France, sur l'impossibilité d'être secouru,
sur la mauvaise volonté des soldats, sur ce qu'on n'a pas fait
ceci, et mille et une autres observations qui sont toujours
dans la bouche de la multitude lorsque les princes sont assez
faibles pour la consulter sur les grands intérêts politiques
au-dessus de sa portée.
Cependant, le 12 au soir, les coureurs de l'année française
étaient aux portes de Leipzig; le quartier général du grand-
duc de Berg entre Zeitz et Leipzig, celui du prince de
Ponte-Corvo à Zeitz, le grand quartier impérial à Géra, la
Garde impériale et le corps d'armée du maréchal Soult à
Géra, le corps d'armée du maréchal Ney à Neustadt; en
première ligne, le corps d'armée du maréchal Davout à
Naumburg, celui du maréchal Lannes à léna, celui du ma-
réchal Augereau à Eahla. Le prince Jérôme, auquel l'Em-
pereur a confié le commandement des alliés et d'un corps de
troupes bavaroises, est arrivé à Schleiz après avoir fait blo-
quer le fort de Culmbach par un régiment.
L'ennemi, coupé de Dresde, était encore le 11 à Erfurt et
travaillait à réunir ses colonnes, qu'il avait envoyées sur
Cassel et Wtirzburg dans des projets offensifs, voulant ouvrir
la campagne par une invasion en Allemagne.
Le Weser, où il avait construit des batteries, la Saale,
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13 OCTOBRE. 577
qu'il prétendait également défendre, et les autres rivières
sont tournées à peu près comme le fut Tlller Tannée passée ;
de sorte que Tarmée française borde la Saale, ayant le dos à
l'Elbe et marchant sur Tarmée prussienne, qui, de son côté,
a le dos sur le Rhin ; position assez bizarre, d*où doivent naî-
tre des événements d'une grande importance.
Le temps, depuis notre entrée en campagne, est superbe,
le pays abondant, le soldat plein de vigueur et de santé. On
fait des marches de 10 lieues, et pas un traîneur ; jamais
l'armée n'a été si belle. Toutefois les intentions du roi de
Prusse se trouvent exécutées : il voulait que le 8 octobre
l'armée française eût évacué le territoire de la Confédération,
et elle Tavait évacué ; mais, au lieu de repasser le Rhin, elle
a passé la Saale.
l'empereur au maréchal lannes.
Géra, 13 octobre 1806, 7 heures du malin.
Je serai à une heure à léna. Je passerai par la petite ville
de Roda. Faites en sorte que je trouve là de vos nouvelles et
des renseignements sur les mouvements qu'aurait faits l'en-
nemi.
Je n'ai fait faire aujourd'hui à l'armée aucun mouvement,
pour qu'elle prenne quelque repos, et donner le temps de
rejoindre. Seulement le maréchal Ney sera dans la journée
à Roda ; il se trouvera ainsi à 3 petites lieues de vous. Si
l'ennemi vous attaquait, ne manquez pas de l'en instruire
sur-le-champ.
l'empereur a yi. scherb.
Géra, IS octobre 1806, 7 heures du malia.
L'officier d'ordonnance Scherb se rendra en toute dili-
gence à léna. Il verra ce qui se passe. Il prendra des rensei-
gnements sur l'ennemi et viendra m'en rendre compte. Il me
rapportera des nouvelles du maréchal Lannes et des mouve-
ments de l'ennemi.
CAMP. DB PSUS8B. 37
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578 CAMPAGNE DE PRUSSE.
' L^Empereur a sous les yeux le rapport du maréchal Lannes, da
12 de Neustadt, par lequel il annonce qu'il 7 a 80,000 hommes sur
la ligne Erfurt, Gotha, Weimar. Le Maréchal a ordre de faire repos
comme toute Tarmée ; mais comme Tennemi est à une marche de lui,
il peut être attaqué ; il appellera à lui le maréchal Âugereau qai est
en seconde ligne à la colonne de gauche, et le maréchal Ney qui est
en seconde ligne à la colonne du centre et arrivera le 13 à sa hau-
teur. L'Empereur ne parle hien entendu pas au Maréchal de se por-
ter sur l'ennemi puisqu'il a ordonné de prendre repos ; il ignore que
le 5" corps a trouvé les Prussiens en avant de léiia et a été obligé
de les pousser pour déboucher et se donner de l'air ; il se rend d'ail-
leurs à léna, à l'avant-garde de la colonne de gauche, pour juger
par lui-même.
l'empereur au général lemarois.
Géra, 18 octobre 1806, 7 heures du matin.
M. le général Lemarois se rendra en toute diligence à
Naumburg. 11 y veiTa la situation du maréchal Davout. A
Naumburg il prendra des renseignements sur Tennemi. U
verra si l'on a passé la rivière d'Unstrut et où se trouve l'en-
nemi. Après, il viendra en toute diligence me rapporter les
renseignements qu'il aura, à léna, où je serai à midi.
Les aides de camp du Commandant en chef du grade d'officiers
généraux font des communications verbales aux commandants des
corps d'armée ; ils sont d'un rang trop élevé pour remettre des dé-
pêches. On confie celles-ci aux officiers d'ordonnance.
l'empereur au grand-duc de berg.
Géra, 13 octobre I8O6, 7 heures du matin.
Vous avez reçu les ordres de Tétat-major pour ne faire
aucun mouvement aujourd'hui, afin de donner un peu de
repos aux troupes. Si le prince de Wurtemberg venait à
Leipzig, ce serait une bonne occasion de le rosser. J ai son
état de situation exact; il n'a pas plus de 10,000 hommes. Je
n'ai pas de nouvelles d'Iéna ni de Naumburg ; j'en recevrai
sans doute dans une heure. Reposez vos dragons, afin que,
selon l'ordre que je donnerai cette nuit, ils arrivent à léna
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13 OCTOBRE. 579
demain. Mon intention est de marcher droit à Tennemi. En-
voyez un commissaire des guerres à Leipzig, avec ordre d'y
faire 30,000 rations de pain et de les faire diriger sur Naum-
burg. Je partirai d'ici à 9 heures du matin, pour être rendu à
midi ou à une heure à léna. Si Fennemi est à Erfurt, mon
projet est de faire porter mon armée sur Weimar et de l'atta-
quer le 16 ^ Le général Klein et la grosse cavalerie sont
arrivés à Âuma où je les fais cantonner.
J'attends ma Garde demain.
l'empereur a m. de TOURNON.
Gera, 18 octobre 1806, 7 heures et demie du matin.
M. de Toumon se rendra auprès du grand-duc de Berg et
lui remettra la lettre ci-jointe. Il s'informera de toutes les
nouvelles qu'on peut avoir de l'ennemi. Il prendra les ordres
du Prince pour venir me joindre à léna, où je désire qu'il
arrive avant 3 heures du matin.
l'empereur au major général.
Géra, 13 octobre 1806, 7 heures du matin.
Le maréchal Lefebvre enverra à la rencontre du 2* régi-
ment de dragons à pied, afin qu'il ne vienne pas jusqu'ici.
Il donnera ordre à ce régiment de se reposer à Auma et d'at-
tendre là de nouveaux ordres ainsi que les 12 pièces d'artil-
lerie que ce régiment mène avec lui.
. l'empereur au grand-duc de berg.
Géra, 13 octobre 1806, 9 heures du matin.
Enfin le voile est déchiré -, l'ennemi commence sa retraite
sur Magdeburg*. Portez-vous le plus tôt possible avec le
1. Le 13, à 7 heures du matin, d*aprés les renseignements du maréciial
Lannes du 13, TEmpcreur prévoit la bataille pour le i<> et non pour le lende-
2. L'Empereur ne peut pas penser que renuomi n*ail pas pris sa ligne d'o-
T'éralions sur Magdeburg, son point d'appui, et qu'il veuille cffuclucr sa retraite
par Naumburg.
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580 CAMPAGNE DE PRUSSE.
corps de Bernadette sur Dornburg, gros bourg situé entre
léna et Naumburg. Venez-y surtout avec vos dragons et votre
cavalerie.
Toute la grosse cavalerie et celle du général Klein mar-
chent sur léna. Je crois que Tennemi essayera d'attaquer le
maréchal Lannes à léna, ou qu'il filera. S'il attaque le ma-
réchal Lannes , votre position à Dornburg vous permettra
de le secourir. Je serai à 2 heures après-midi à léna. Vous
savez déjà que les magasins de l'ennemi qui étaient à Naum-
burg sont pris, que le bel équipage de pontons attelé est
également pris. Il paraît que cet équipage se dirigeait sur
Halle. S'il n'y a rien de nouveau, venez de votre personne
cette nuit à léna.
Avant son départ pour Tavant-garde, l'Empereur a reçu le rapport
du maréchal Davout, du 12, de Naumburg, ainsi que les inteiroga-
toires des prisonniers et des déserteurs, qui lui donnent les premiers
renseignements positifs sur Tennemi. II fait mettre en mouvement
immédiatement la tête des corps de seconde ligne pour leur faire ga-
gner une demi-marche et presse la marche des troupes qui sont en-
core en arrière.
l'empereur a m. de la marche*.
M. Lamarche partira sur-le-champ pour aller à la ren-
contre des généraux Nansouty et d'Hautpoul et du général
1. L'ordre original n*est pas daté ; on y lit cette annotation écrite parM. dt
la Marche : « J*ai porté cet ordre le 1.1, un peu avant la bataille d*Iéoa. •
L'ordre a dû être écrit vers 9 heures, peut-être même avant la dépêche au
grand-duc de fiorg, puisque TEmpereur dit au Prince que sa grosse cavalerie
et celle du général Klein marcheut sur léna.
La !'• division de dragons, géuéral Klein, était le 6 à Wîirzburg; elle cul-
cba le 7 à Ober-Schwarzuch 38 kilomélre?, le 8 à Bamberg 98 kilométras,
où elle séjourna le 9, coucha le lo à Lichtenrels 38 kilomètres, le il à Sieiu
wiusen 37 kilomètres, le 18 à Schleiz 45 kilomètres, le 13 à Roda 38 kilo
mètres, combattit le 14 à léna et alla coucher ce mêroejouràUlla40kilomé(r«f
non compris la bataille. Elle avait fuit plus de 186 kilomètres dans les 5 de^
niers jours et avait pris part à une bataille. Les 8 dernières marches sont d'au
moins 45 kilomètres.
La iro division de grosso cavalerie, général Nanaouly, était le 6 el lo 7 a
Eltmann ; elle coucha le 8 à StafTelsteiu 44 kilomètres, le 9 à Kiips 14 kilo-
mètres, lo 10 à Nordhalben 89 kilomètres, le ii et le 18 à OschiU 33 kilo-
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13 OCTOBRE. 581
Klein; il leur donnera Tordre d'être rendus le plus tôt pos-
sible à Roda, petite ville à moitié chemin d'Âuma à léna.
11 leur fera connaître que s'ils entendent le canon du côté
dléna, ils pressent leur marche, et qu'ils envoient des oflS-
ciere pour prévenir de leur arrivée. A mesure qu'il rencon-
trera une division, il m'expédiera un officier avec un rapport
détaillé qui fasse connaître le lieu où il a rencontré la divi-
sion, l'état où elle se trouve, et l'heure à laquelle elle sera
rendue à Roda.
11 montrera aux généraux le présent ordre qui leur servira
d'autorisation.
L'Empereur sera à midi à léna.
LE MAJOE GÉNÉRAL AU MARÉCHAL SOULT.
Géra, 18 octobre 1806'.
L'intention de l'Empereur, M. le Maréchal, est qu'une
division de votre corps d'armée, avec toute votre cavalerie
légère, soit rendue le plus tôt possible derrière Roda. Vous
donnerez Tordre que toutes les ordonnances et ce qui serait
détaché , soit près des généraux ou autres , soient rappelées
afin que les 3 régiments de cavalerie soient au complet du
nombre d'hommes présents à l'armée et dans les rangs pour
combattre '.
mètres, le 13 à Trôbnitz prés Roda S2 kilomètres, combattit le i4 à luua et
biToaaqua le 14 près Weimar S8 kilomètres. Elle avait fait 200 kilomètres
eoviroQ en 7 Jours, dont un séjour le 12.
La 2« division de grosse cavalerie, général d'Hautpoul, était le 6 et le 7 à
Burg-Ebrach ; elle coucha le 8 à Zapfendorf 29 kilomètres, le 9 à Lichlenfels
18 kilomélres, le 10 à Kûps 18 kilomètres, le 11 à Lobenstein 43 kilomètres,
le 12 à Untendorr près Auma 40 kilomètres , partit vers midi pour rejoindre
rarmëe et coucha le 14 à Weimar, 68 à 70 kilomètres en 36 heures. Elle avait
fait 210 kilomètres en 7 jours.
1. Cet ordre fut donné entre 9 et 10 heures du matin.
2. 3* division de cuirassiers. obdbb.
(Général Espagne.)
Quartier général à Augsbourg, 12 avril 1809.
MM. les officiers d'état-mi^or et de ligne feront rentrer à leur régi-
ment les cuirassiers d'ordonnance montés qu'ils ont eus jusqu'à ce jour. Les
cuirassiers qui pansent les chevaux d'officier devront se trouver dans les rangs
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582 CA&fPAGNE DE PRUSSE.
Vous dirigerez votre parc sur Roda sans le faire passer
par Géra.
Vous serez de votre personne à la tête de votre cavalerie
légère au plus tard à midi à Roda.
Vos deux autres divisions seront prévenues qu'elles parti-
ront à 2 heures après minuit, si les circonstances Texigent.
4* BULLETIN DE LA QEANDE ARMÉE.
Géra, 13 octobre 1806, 10 heures du matin.
Les événements se succèdent avec rapidité. L'armée
prussienne est prise en flagrant délit, ses magasins enlevés ;
elle est tournée. Le maréchal Davout est arrivé à Naumburg
le 12 à 9 heures du soir, y a saisi les magasins de Tannée
ennemie, fait des prisonniers et pris un superbe équipage de
18 pontons de cuivre attelés. Il paraît que l'armée prussienne
se met en marche pour gagner Magdeburg ; mais Tannée
française a gagné trois marches sur elle.
L'anniversaire des affaires d'Ulm sera célèbre dansThis-
toire de France.
La lettre ci-jointe d'un officier prussien à un de ses amis
de Berlin*, qui vient d'être interceptée, fera connaître la
au rassemblement et les chevaux de main serout tenus pendant le combat par
les maréchaux des compagnies qui ne doivent pas compter dans les rang?
parce que le service de ces hommes est trop utile pour dtre détourné.
MM. les géuéraux et commandants de corps peuvent seuls avoir des cuiras-
siers d'ordonnance montés. Le nombre en sera réduit raisonnablement au
strict nécessaire.
L'adjudant commandant, chef d^état-major,
Lacroix.
1. ZiBTTRIS d'uK officier FRUBSIBR A UH DR 8R8 AXIS DR BRRI.IX.
Naumburg, 12 octobre 1»06.
Le commencement des hostilités contre les Français s*est passé d'une ma*
niére très-triste pour les troupes allemandes ; ils ont forcé un poste de Taile
gauche du corps d'armée de Hohenlohe, et un combat meurtrier a eu lieu au
corps de Tauenzien, et le prince Louis Ferdinand de Prusse est resté mort
sur la place. Non seulement les régiments Zaslrow et un bataillon de Bellet.
les hussards verts et bruns, etc., mais encore les régiments saxons prince
Jean, Xavier et Rechten ont terriblement souffert. Depuis hier aprâs-midi^ ei
toute la nuit nous n'avons vu que des fuyards qui couraient après leurs régi-
ments ; on croit que les Français se portent en force sur notre gauche pour
couper la communication de Leipzig. Leur force doit ôtre de 400,000 hommes
commandés par l'Empereur qui, dans ce moment, doit être à Géra, i i milles
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13 OCTOBRE. 583
vraie situation des esprits ; mais cette bataille dont parle
l'officier prussien aura lieu dans peu de jours ; les résultats
décideront du sort de la guerre. Les Français doivent être
sans inquiétude.
LE liAJOR GÉNÉRAL AU MARECHAL SOULT.
Au bivouac de Kôslritz, is octubre 1806« il heures
et demie du matin.
L'Empereur, M. le Maréchal, ordonne que vos 2 divisions
viennent coucher ce soir au village de Kôstritz qui est un
assez gros endroit sur la route dléna, et où se trouve Tem-
branchement d'une autre route qui va à Naumburg. Une de
vos 2 divisions bivouaquera sur T embranchement de la route
d'Iéna et Tautre sur celle de Naumburg. Le village de Kôs-
tritz se trouve à 3 lieues de Géra en passant par Langenberg
et cela vous avancera d'autant pour la marche de demain.
Je vous fais observer que sur la carte de Saxe ce village
est porté, mais que le nom n'est pas écrit ; il se trouve à
3 lieues sur la route de Géra à léna que suit l'Empereur.
LE MARÉCHAL LANNES A l'eMPEREUR.
lëna, 13 octobre 1806*.
Je suis arrivé hier avec mon corps d'armée devant léna ;
l'ennemi y était au nombre de 12,000 à 15,000 hommes.
d'ici. Kous apercevons déjà ici quelques patrouilles. Nous avons ici des ma-
gisins immenses, sans trouver moyen de les sauver; on est ici dans des in-
quiéludes affreuses. Dieu veuille que le Roi, qui ne peut pus manquer d'ôtrc
aiiaqaé sous peu, ne se laisse pas battre, car ce malheur serait irréparable.
D'après les dernières lettres, le corps d*avant-garde de Blùcher s'est porté
sur la Hesse. L*élat-ms^or du corps de Riichel s*y est rendu aussi , de manière
Que, excHpié à Hameln, il n*yaplus un seul soldat dans les États hanovrions.
Actuellement il ne nous reste d'autre ressource que la bataille décisive qu'il
faut livrer à Napoléon. Dans cette triste situation, mon sort ne tient à rien ;
pourvu que Tissue de la crise actuelle soit heureuse ; je le répète encore,
mon ami, que notre situation est des plus tristes et des moins rassurantes, etc.
Cette lettro est insérée dans le Moniteur du ai octobre 1806.
1. Bien que ce rapport ne porte pas d'indication d'heure, il est probable
qu'il fut rédigé entre midi et une heure de l'après-midi, avant^le commence-
ment du combat, puisque le Maréchal n'en parle pas : on entendit le bruit du
canon à Naumburg depuis une heure de l'après-midi. (Rapport du M*' Davout.)
U rapport parvint à l'Empereur pendant qu'il était en route de Kustiitz pour
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584 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Après nous avoir tiré quelques coups de canon, il s'est retiré
surWeimar; je n*ai pas pu le poursuivre la nuit, le pays
étant abominable. J'ai placé la division Suchet à une lieue
en avant sur la route de Weimar ; celle du général Gazan
reste en position en arrière de la ville.
D'après les renseignements donnés par les habitants, le
Roi était encore avant-hier à Erfurt : je ne sais s'il veut noiis
livrer bataille au lieu de se retirer; il y a un camp d'environ
20,000 à 25,000 hommes entre léna et Weimar. Je vais
pousser des reconnaissances pour savoir au juste où l'ennemi
se trouve. Je désirerais savoir si l'intention de V. M. est que
je marche avec mon corps d'armée sur Weimar. Je n'ose
prendre sur moi d'ordonner ce mouvement par la crainte que
j'ai que V. M. ne veuille me donner une autre direction\ 11
paraît que le plus grand désordre règne dans l'armée enne-
mie. Ils ont laissé ici quelques caissons et une pièce de ca-
non. J*ai poussé un fort détachement sur la route de Naurn-
burg pour chercher à communiquer avec le corps du maréchal
Davout.
Je prie V. M. de me faire connaître le plus tôt possible ses
intentions.
P. -S. — J'apprends à Tinstant même que l'ennemi a un
lùna. L*onicier qui, à son départ, avait pu entendre le début do l'engagement,
l'annonça on remettant sa dûpôclie. L'Empereur 8*arrdta sur le chomio, dès
qu'il entendit distinctement la fusillade. Il était alors 8 heures de Taprès-
inidi, et l'on se trouvait à une lieuo et demie d'Iéua. Voir plus loin h dé-
pêche du major général au maréchal Davout, s heures dii soir.
1. C'est un principe général à la guerre que le commandant d'une arant-
liçarde ne peut devancer les instructions du Commandant do l'armée. Dans des
ciiconstancos imprévues, il doit prendre des ordres avant d'enfourner l'armée
sur une direction sans connaître la volonté du Commandant en chef, tout mou-
vement inconsidéré pouvant avoir les conséquences les plus funestes et com-
promettre les opérations générales.
Le maréchal Lanncs était à lo lioues de Géra ; il devait rester 9 beures
avant de recevoir les nouvelles instructions do l'Empereur.
Le commandant d'un corps d'avant-garde ou d'un corps d'aile doit être qd
homme d'un grand jugement et d'une grande prudence, qualité qui n'exclut
pas la vigueug. Le Commandant de l'armée choisira avec soin ceux de ses
lieutenants qu'il mettra en tôle de ses colonnes. Le maréchal Lannes semble
dans cette circonstance avoir rempli les intentions de l'Empereur et a^oir
justifié la contlauce que son chef avait dans sos talents.
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13 ocTOBiŒ. 585
camp de 30,000 hommes à une lieue d'ici sur la route de
Weimar : il serait très possible qu'il voulût nous livrer ba-
taille.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL LEFEBVRE.
Au bivouac à une lieue et demie d*Iéna, 13 octobre 1806,
s heures du soir*.
Il paraît, M. le Maréchal, que Tennemi attaque Tarmée ce
soir, ou sûrement demain matin *. Dans ce moment ses
avant-postes fusillent. L'Empereur vous ordonne d'avancer
le plus tôt possible 5 faites passer le même avis au maréchal
Soult qui vous suit. Qu'un aide de camp crève un cheval
s'il le faut.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL SOULT.
Au bivouac à une lieue et demie d'Iéna, 3 heures du soir.
L'Empereur vous fait dire, M. le Maréchal, que l'ennemi
marche en force sur léna, on croit même qu'il a envie d'at-
taquer ce soir : hâtez votre marche sur léna.
LE MAJOR GÉNÉRAL AU MARÉCHAL NET,
A MŒRSDORF.
Au bivouac en avant d*Iéna, 19 octobre 18O6.
L'ennemi est avec 40,000 hommes entre Weimar et léna ;
poussez avec tout votre corps d'armée aussi loin que vous
pourrez sur léna, afin d'être demain de bonne heure à léna.
Réunissez toute votre cavalerie légère, et rendez aux régi-
1. L'Empereur était à Kôstrilz à il heures et demie ; de là pour arriver
jusqu'à une lieue et demie d'Iéna il y a 27 kilomètres. Il est Irôs-vraisem-
blable qu*à S heures de Taprés-midi TEmpereur était encore à 6 kilomètres
fi'léna. Le rapport du 5<^ corps porte que TEmpereur arriva vers 4 heures du
soir. Or du point où les ordres furent expédiés jusqu'à la hauteur en avant
dléoa, il y a 8 kilomètres et demi environ.
s. Ce fut seulement le 13 à 8 heures du soir que l'Empereur fut fixé et
<lu'il pensa que la bataille aurait lieu le lendemain 14.
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586 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ments toutes les ordonnances. Dirigez tout cela en arrière,
avec votre cavalerie légère, aux portes d*Iéna. Tâchez d'êtrt»
de votre personne ce soir à léna, pour être à la reconnais-
sance que TEmpereur fera ce soir sur Tennemi.
Cette dépêche qui est insérée dans le 13* volume de la Correspou-
dance de l'Empereur, ne figure pas sur le registre du major gé-
néral.
LE MAJOB GÉNÉRAL AU MARÉCHAL DAVOUT.
Au bivouac à une lieue et demie dléna, is octobre 180€,
3 heures du soir.
L'Empereur, M. le Maréchal, apprend à une lieue dléna
que Tennemi est en présence du maréchal Lannes avec prè>
de 50,000 hommes. Le Maréchal croit même qu'il sera atta-
qué ce fioir : si vous entendez une attaque ce soir sur léna^
vous devez manœuvrer sur Tennemi et déborder sa gauche.
S'il n'y a pas d'attaque ce soir à léna, vous recevrez cette
nuit les dispositions de l'Empereur pour la journée de
demain.
Même ordre au maréchal Bernadette.
On sent aux ordres donnés depuis 9 heures du matin l'activité de
la pensée de TËmpereur. Il se passe dans sa tête un travail d'accé-
lération qui augmente au fur et à mesure qu'il reçoit de nouTcaus
renseignements, qu'il approche de Tavant-garde, qu'il entend le
bruit du combat. Il voudrait déjà voir son armée réunie. Il doit
compter avec les forces humaines, mais qu'elles produisent tout co
qu'elles peuvent donner ! Il n'est plus question de ne pas fatiguer
les troupes ; il faut arriver sur le champ de bataille. « .... Ici tout
« est calcul d'heures... » — «... Dans cette circonstance impor-
« tante, faites sentir à mes troupes ce qu'il faut qu'elles fassent....
« Activité, activité, vitesse ! Je me recommande à vous. > L'Empe-
reur au maréchal Masséna, 18 et 19 a\Til 1809.
Le 13, au point du jour, le 5' corps prend les armes et
marche à l'ennemi. Celui-ci s'était retiré sur son armée par
léna. Nous le suivons avec la prudence que le cas exige et
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13 OCTOBRE. 587
qui était d'autant plus nécessaire qu'une brume des plus
épaisses dérobait tous les objets^ que les défilés dans lesquels
nous étions engagés offraient des dangers si Tennemi mar-
chait à nous. Le corps d'armée continua donc sa marche avec
précaution et se porta derrière léna par la route de Weimar
en éclairant celles de Naumburg et de Kônigsee. Les tirail-
leurs ennemis sont culbutés à l'entrée de léna par les tirail-
leurs du 17* et poursuivis dans les rues et les jardins ; 30,
dont 4 oflSciers, sont pris. Le Maréchal fit prendre position à
lavant-garde sur une hauteur qui domine la vallée à la gau-
che de la route de Weimar, tandis que le général Suchet,
après avoir ordonné des reconnaissances sur les hauteurs
escarpées de la droite, rangeait la division dans la vallée en
colonne par brigades. La cavalerie pousse des partis vers
rennemi, et le général Gazan couvre en même temps les
montagnes de gauche par ses troupes. Bientôt une fusillade
se fait entendre à droite ; c'étaient' les éclaireurs du général
Suchet qui étaient attaqués '. On les fait à Tinstant soutenir
par le bataillon du 40' conduit par le général Reille. Le Ma-
réchal le suit pour savoir ce que signifie cette fusillade *. Le
brouillard commençait à se dissiper ; la journée était belle
et nous pûmes voir très-distinctement l'armée prussienne
rangée en bataille sur trois lignes dont l'étendue était de
plusieurs lieues. Elle occupait sans intervalle toutes ces hau-
teurs en amphithéâtre qui sont entre léna et Weimar depuis
le village de Gross-Schwabhausen où sa droite était appuyée
jusqu'aux sources de l'Ilm à la hauteur du village de Ca-
pellendorf où était sa gauche ^ Le village de Cospeda était
1. Il convient plutôt de dire que les éclaireurs du 5« corps se heurtèrent
aux tirailleurs de Tarriôre-garde de Tauenzien, bataillon saxon ; que le com-
bat s'engagea et que les Saxons durent céder les pentes très-raides et assez
couTcrtes de la montagne. Le combat s*arrôta en face de Lutzenrode et do
Closwitz occupés par le corps de Tauenzien.
s. Le commandant d*un corps d'armée tète de colonne se tient à son avant-
garde pour diriger rengagement. Il ne peut contier ce soin à personne. Lui
seul connaît les intentions du Commandant en chef, la position respective
des différents corps de Tarmée, le secours quMl peut attendre de chacun d'eux,
le moment où Tannée pourra être réunie pour livrer bataille.
3. C'étaient le corps du prince de Uohenlohe et Tarmée saxonne. Seulement
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588 CAMPAGNE DE PRUSSE.
fortement gardé et couvrait en quelque sorte le centre de
cette année.
S. M. l'Empereur arriva vers 4 heures après-midi sur la
hauteur d'où nous observions les ennemis ; il les observa
lui-même pendant le reste du jour et fit ordonner que le
5* corps d'armée ainsi que la Garde impériale qui venait d'ar-
river, montassent avec toute leur artillerie sur le plateau isoL'
et fort étroit sur lequel on devait se former pour exécuter les
desseins de S. M. \ Les troupes firent leur mouvement pen-
dant la nuit et furent rangées successivement en plusieurs
lignes à portée du canon de l'année ennemie ' pour attendre
le moment qui allait décider du sort de la Prusse. S. M. bi-
vouaqua au milieu de ses soldats. Cette circonstance leur
rappela la veille de la mémorable bataille d'Ulm. Ils se pro-
mirent bien d'en célébrer l'anniversaire. On va voir s'ils ont
tenu parole.
L'Empereur dormit très-peu. Le grand événement qu'il
préparait pouvait l'occuper, mais il était difficile de s'en aper-
cevoir. S. M. n'a jamais paru plus calme ni plus satisfaite.
Elle a visité elle-même plusieurs fois les avant-postes. {Jour-
nal des opérations du 5* corps,)
L'artillerie a employé toute la nuit à rendre praticable la
rampe étroite et raide qui conduit sur le plateau. S. M. a
l'arniùe oniicmic faisait face au sud-ouest, ce dont oo ne se rendait pas compte
du puinl d'observation. Une autre ligne ennemie s'étendait de Closwilz dans
la dircclion de Gross-Gcliwahliausen ; c'était le corps du général TauenzieD,
battu à Schleiz le 9, el poussé le 12 par le maréchal I^annes. Ce général, qui
tenait encore léna le 12, avait reçu du prince de Uohenlohe, dans la nuit du
12 au 13, Tordre de se replier sur la ligne Lûlzenrode-Closwitz dans le cas ou
il serait serré de trop près par les Français.
Celte disposition des troupes ennemies explique l'expression d" 5* Bu >-
lin : «... L'armée ennemie déployait son front sur 6 lieues d'étendue oi
paraissait proie à attaquer le lendemain et à forcer les divers débouchés ue
la Saale. ... m
1. L'Empereur s'avança ensuite sur le plateau, mît pied à terre et s'appro-
clia seul dos postes ennemis jusqu'à ce qu'on lui ait tiré quelques coups de
fusil. Il revint presser la marche de ses colonnes, mena lui-môme les géné-
raux à la position qu'il voulait qu'ils occupassent pendant la nuit et leur re-
commanda de ne la prendre que lorsqu'ils ne pourraient plus être aperçus de
la ligue ennemie. (Mémoires du général Savary.)
2. Le plateau, dit le général Savary, n'était pas à plus de «50 toises de la
position qu'occupait la gauche dos Prussieus.
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13 OCTOBRE. 589
daigné pendant la nuit venir encourager le travail par sa
présence. Deux fois il a paru dans le camp 5 à une heure du
matin je Tai accompagné sur la ligne des postes, et les dispo-
sitions ont été faites pour le lendemain. Dès la veille au soir
l'Empereur a établi son bivouac sur les hauteurs dléna. Les
grenadiers du 40" s^empressèrent de lui dresser un abri en
paille et furent honorés d'être chargés de la garde de son
auguste personne. (Rapport du général Suchet.)
« L'Empereur, dit le général Savary, fit souper avec lui tous les
< généraux qui étaient là. Avant de se reposer, il descendît à pied
« la montagne d'Iéna, pour s'assurer qu'aucune voiture de muni-
< tions n'était restée en route ; c'est là qu'il trouva toute l'artillerie
< du maréchal Lannes engagée dans une ravine que l'obscurité lui
< avait fait prendre pour un chemin et qui était tellement resserrée
< que les fusées des essieux portaient des deux côtés sur le rocher,
c Dans cette position elle ne pouvait ni avancer ni reculer, parce
< qu'il y avait 200 voitures à la suite l'une de l'autre dans ce défilé.
« Cette artillerie était celle qui devait servir la première ; celle des
< autres corps était derrière elle.
« L'Empereur entra dans une colère qui se fit remarquer par un
< silence froid. Il demanda beaucoup le général commandant l'artil-
< lerie de l'armée, qu'il fut fort étonné de ne pas trouver là; et, sans
« se répandre en reproches, il fit lui-même l'officier d'artillerie, réunit
« les canonniers, et après leur avoir fait prendre les outils du parc et
' allumer des falote?, il en tint un lui-même à la main, dont il éclaira
« les canonniers qui travaillaient sous sa direction à élargir la ravine
< jusqu'à ce que les fusées des essieux ne portassent plus sur le roc.
« J'ai toujours présent devant les yeux ce qui se passait sur la figure
< de ces canonniers en voyant l'Empereur éclairer lui-même, un falot
< à la main, les coups redoublés dont ils frappaient le rocher. Tous
< étaient épuisés de fatigue, et pas un ne proféra une plainte, sen«
< tant bien l'importance du service qu'ils rendaient, et ne se gênant
« pas pour témoigner leur surprise de ce qu'il fallait que ce fût
« l'Empereur lui-même qui donnât cet exemple à ses officiers. L'Em-
< pereur ne se retira que lorsque là première voiture fut passée, ce
< qui n'eut lieu que fort avant dans la nuit. Il revint ensuite à son
« bivouac, d'où il envoya encore quelques ordres avant de prendre
* du repos. »
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590 CAMPAGNE DE PRU8SE.
LE MARÉCHAL AUGEBEAU AU GÉNÉRAL HEUDELBT.
Kalila, is octobre 1806.
Vous voudrez bien donner vos ordres pour rassembler le plus pos-
sible votre division en masse et vous rapprocher ce matin même le
plus que vous pourrez de la petite ville de Kahla, afin qu'au premier
mouvement qui se fera vous ne vous sépariez plus de la 1'* division
et que vous puissiez vous mettre en ligne si le cas l'exigeait. Youfl
laisserez le parc d'artillerie derrière vous.
Mon aide de camp Massj m'a dit que dans les cantonnements qne
vous occupez on pouvait avoir des subsistances. Faites confectionner
le plus de pain possible, pour faire des distributions ai]gourd'hTii bî
la troupe en a besoin. On y travaille également ici.
LE MARÉCHAL AUGEREAU AU MARÉCHAL LAKNES,
A lÉNA.
Kahla, 13 octobre 1806.
Il est une heure, mon cher Maréchal, et je reçois votre
lettre. Je vais faire passer quelques troupes légères par la
vallée de Kahla se dirigeant sur Weimar. J'ai déjà dans
cette partie un fort détachement.
J'entends la canonnade ; je suppose que c'est votre corps
d'armée qui pousse une reconnaissance sur Weimar. Si vous
avez besoin de renfort, faites-le-moi savoir, aussitôt je me
mettrai en marche.
L'Empereur ne m'a donné d'autres ordres que de me ren-
dre à Kahla. Dès mon arrivée j'ai annoncé à S. M. que j'étais
ici. L'aide de camp que j'ai envoyé, doit m'apporter ses or-
dres ultérieurs et je les recevrai bientôt.
Tenez-moi au courant de vos opérations et comptez sur
mon exactitude à vous faire connaître tous mes mouve-
ments.
A 4 heures du soir, le 7* corps s'est mis en marche pour se
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'-*r^'
13 OCTOBRE. 591
porter par échelons sur léna. Il a pris position en arrière de
cette ville *. {Journal des opérations du 7* corps.)
CAMILLE DUVIVIBR, AIDE DE CAMP DU GÉNÉRAL HEUDBLET,
AU GÉNÉRAL BEUDELET, A KAHLA.
Magdala, 13 octobre 1806, il heures du soir.
Je n'ai pu partir avec mon détachement qu'après 3 heures, aussi-
tôt qu'il a pu être réuni. Le détachement marchait fort bien. J'avais
mis un guide à la tête du détachement pour le conduire à Tromlitz.
J'étais passé devant avec une escorte pour prendre des informations
et pouvoir reconnaître une position en avant de ce village. Je pré-
cédais de 500 toises. Tout allait bien. La position était bonne. J'a-
vais des vivres pour faire rafraîchir. Un baron m'avait donné des
renseignements qui me sont confirmés. Je ne voulais rester à Trom-
litz que 2 heures ; mais malheureusement le guide n'a point conduit
le détachement à Tromlitz, mais ici une petite lieue plus loin et à
2 lieues de Weimar : ne voyant point arriver le détachement je l'ai
fait chercher; au bout d'une demi -heure j'ai entendu quelques
coups de fusil. Je m'y suis porté bien vite ; l'avant-garde des volti-
geurs a rencontré quelques patrouilles ennemies 4'iufanterie et de
cavalerie, j'ai fait sur-le-champ fouiller le village de Tromlitz. Il y
a eu de la confusion que j'ai arrêtée ; tous les environs sont éclairés ;
je suis enfin établi et pris position. Les voltigeurs en avant du vil-
lage, un fort détachement dans le village et le gros en arrière dé-
fendu sur son front par des haies, la gauche appuyée à un ruisseau,
la droite couverte par une grand'garde et plusieurs petits postes.
Le détachement de Darmstadt en deuxième ligne. Voici le résultat
de mes informations. L'ennemi a un camp très-considérable à Hohl-
stUdt à 2 lieues de Weimar sur la route de léna. Le roi de Prusse
est à Weimar ou au camp. J'ai entendu une canonnade ce soir entre
1. < .... Ce jour-là, dil dans ses Souvenirs le fourrier Parquin, du 20« de
chasseurs, nous bivouaquâmes dans les champs, près d'un village où était logé
l'ûtat-major du Maréchal et la division De^ardins, qui devait occuper et oc-
cupa un défilé important par lequel le corps d*armée devait passer le lende-
main pour se porter sur le champ de bataille d*Iéna.
< A cause de la proximité du village, nous eûmes do la viande de mouton et
d'oie, car la Saxe en fournit ou abondance. Le champ sur lequel nous avions
élabli notre bivouac était un champ de pommes de terre, de manière que
nous n'avions qu'à nous baisser pour en prendre, ce que nous fîmes avec nos
baïonnettes, armes nouvelles que Ton avoit distribuées à notre régiment, et
qui ne nous servirent qu'à cela. Nous les laissâmes eu effet sur le terrain. On
De manqua de nous les faire payer 7 fr. 50 c. à la fin de la campagne, mais
Q0U8 nous étions débarrassés d'une arme gênante qui ne nous était d'aucun
secours »
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592 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Weimar et léna. Le Maréchal ne peut pas être près de Weimar. Je
n^ai pu rien découvrir de ce corps. Je crois ne devoir pas avancer
davantage. Je ferai beaucoup de feu cette nuit selon mes instrac-
tions, mais on me dit qu*ils ne seront pas en vue du camp ennemi,
mais bien de ses avant-postes.
Notre fusillade de ce soir et nos feux rempliront le but de mes
instructions.
Je serai toute la nuit prêt à me défendre. Demain de grand matin
je ferai une grande reconnaissance en avant et serai prêt à profiter
de l'attaque du maréchal Lannes.
J'ai un prisonnier hussard prussien non monté.
Veuillez bien me faire parvenir des ordres. Demain à midi si je
n'en reçois point je me replierai sur Kahla. Si vous marchiez sur
léna, je pourrais m'y rendre d'ici.
Les Prussiens ont enlevé tous les chevaux ; il est impossible d'en
trouver. Demain je ne négligerai point cet objet.
Je vous écrirai à 4 heures du matin.
LE MARÉCHAL DAVOUT AU MAJOR OENéRAL.
î^aumburg. is octobre 18O6.
J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. que dès hierraa
cavalerie légère poussa des reconnaissances sur léna; après
avoir passé le pont, elles rencontrèrent Tennemi à peu de
distance sur la rive gauche de la Saale. La division de dra-
gons aux ordres du général Sahuc poussa également des par-
tis sur ce point et rencontra aussi Tennemi.
La première de ces reconnaissances a eu lieu hier à 6 heu-
res du soir ; la seconde à 9 heures du soir : aujourd'hui une
nouvelle reconnaissance faite à 10 heures du matin, prouve-
rait que l'ennemi occupe toujours léna et qu'il rallie ses for-
ces à Eckartsberg. Je vous envoie la copie de cette reconnais-
sance ; les rapports la confinnent. On a entendu le canon hier
soir depuis 4 heures jusqu'à 5 heures et demie ; aujourd'hui
on l'entend; il va assez fort sur notre gauche depuis une
heure après-midi : il y a de la fusillade.
J'envoie des partis sur Eckartsberg par Freyburg que
j'occupe en force et par Kosen.
Toute l'armée est à Naumburg. La division de d^lgon^
occupe Pforta et Flemmingen.
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13 OCTOBRE. 593
LB CHEF d'escadron LIVBBMONT AU OéNÉRAL VIALLANNES.
Âbtlôbnitz, 13 octobre 1806.
D'après vos ordres, je me suis transporté au pont de Domburg :
après avoir placé la moitié de ma troupe en deçà du pont, je me suis
porté aar léna. J'ai rencontré l'ennemi à une demi- lieue du pont,
près d'un village nommé Porstendorf où il y avait un régiment de
hussards de Pastran, saxons, et un régiment d'infanterie avec des
pièces. Comme je n'ai pu aller à léna, ayant seulement l'ordre de
inlnformer si le corps d'armée de M. le maréchal Lannes était à
cette dernière ville, j'ai appris le contraire : l'armée prussienne a son
^nd camp à Eckartsberg et Weimar à 3 lieues sur la droite de
léna. J'ai publié par tous les endroits où j'ai passé l'arrivée de
50,000 hommes et fait commander les vivres'. Je n'ai point eu
I. Dans rapré9-midi du i$, le prince Hohenlobe quitta le camp de Capellen-
ilorT avec un dëtacberaent de 5,000 hommes environ sous les ordres du géné-
ral Holtzendorf, pour faire une reconnaissance sur Dornburg. i Après qu'on
' fut arrivé sur les hauteurs de Zimmern, on fit balte et Ton envoya quelques
hussards à Dornburg pour faire apporter à nos troupes les vivres qui avaient
été préparés pour Tennemi. Les hussards amenèrent bientôt non seulement
les vivres demandés, mais encore un ofllcier français qui se qualifiait de
parlementaire, mais qu'on avait traité comme prisonnier parce qu'il n'était
» point accompagné d'un trompette. Cette circonstance le rendait sans con-
' tredit suspect, et le Prince crut d'abord que cette prétendue mission n'était
qu'une ruse pour avoir un moyen convenable de s'approcher de l'armée
' prussienne. Toutefois un examen plus approfondi fit connaître que cet offl-
' cier avait manqué le maréchal Lannes qui devait lui donner un trompette :
il se dit chambellan de l'Empereur et capitaine officier d'ordonnance per-
■ manent. Il avait été envoyé par TEmpereur, de Géra, avec des lettres pour
< le Roi, et se nommait M. de Montesquieu. Sur cela le Prince lui fit rendre
son sabre, sa montre et sa bourse, en dédommageant le hussard qui avait
pris le tout. Il avait s lettres sur lui > une pour le Roi, une pour le ministre
' comte de Haugwitz, et une troisième pour le chef de l'état-major de l'armée.
Le prince de Hohenlobe ouvrit celle-ci qui ne roulait que sur la manière
dont on proposait de traiter réciproquement les malades, les blessés et les
' prisonniers, et contenait à cet égard des propositions dictées par Thumanité.
' La lettre à M. de Haugwitz n'était qu'uue lettre de condoléance sur la mort
du prince Louis et une réponse à la demande qui avait été faite de rendre
- son corps. On n'a pas su quel était le contenu de la troisième lettre, dont
le porteur assura qu'il n'avait aucune connaissance.
1 Cet examen et l'envoi des vivres venus de Dornburg prirent beaucoup de
< temps. On se contenta ensuite de placer les troupes du détachement de
< Holtzendorf dans les villages aux environs de Domburg, et le Prince retourna
< avec M. de Montesquieu au camp, ou plutôt à Gapellendorf, où il n'arriva
' qu'après 10 heures. Quoique cet officier priât instamment qu'on l'envoyât
* le plus tôt possible auprès du Roi, le prince de Hohenlobe trouva plus con-
venable de ne le laisser partir que le lendemain matin. » (Traduction d'un
''(émoire prussien qui existe aiix Archives historiques de la guerre.)
CAMP. OB PEU88B. 38
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594 CAMPAGNE DE PRUSSE.
dans ma découverte de courrier à sui'prendre ni n'ai trouvé de bu-
reau de postes. J'ai quitté le pont, malgré Tordre que vous m'en
avez donné, me rappelant que vous me dites verbalement de garder
ce pont, au cas que je ne rencontre pas l'ennemi et que je rencontre
le corps d'armée de M. le maréchal Lannes.
Comme le temps était fort épais par le brouillard, j'ai cru de la
prudence de ne point, avec une troupe fatiguée et peu nombreose,
engager une affaire contre trois fois plus de monde que j'en avais.
J'ai rafraîchi ma troupe à AbtlSbnits, d'où je vous écris ce rap*
port assez barbouillé, n'ajant pu trouver qu'une pauvre baraque et
un mauvais bout de plume.
J'oubliais de vous dire que je n'ai point vu une seule barque.
Il ne m'a pas été possible d'obtenir d'autres éclaircissements sur
la position du corps de M. le maréchal Lannes. Je marche snrXaain-
burg où j'attendrai vos ordres.
LE MARÉCHAL DAVOUT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Kaumburg, 13 octobre 1806, soir.
Ce soir, une heure avant la nuit, l'ennemi a repoussé vi-
goureusement une reconnaissance du 1*' régiment de chas-
seurs qui s'était avancée à une lieue et demie en avant de
Kôsen sur la grande route d'Erfurt.
L'ennemi a des vedettes dans la plaine à une demi-lieue
de Kôsen ; m'étant trouvé sur ce point dans ce moment, j'ai
fait porter un bataillon d'infanterie sur ce point pour être
maître de la tête de ce débouché.
Toutes mes dispositions sont prises en cas d'événement.
Des détachements des 3 régiments de chasseurs poussèrent,
le 13, des reconnaissances sur Freyburg. Le 1*' régiment
prit position en arrière de cette ville; le 2* et le 12* restèrent
sous Naumburg ; ces 3 régiments étaient au bivouac la bride
au bras.
M. le Maréchal avait reconnu la position du château de
Freyburg qui défendait le pont de l'Unstrut sur la route de
Weimar à Halle ; il fit occuper ce château par un détache-
ment du 13' léger, avec ordre de brûler le pont si l'ennemi
«'y présentait. Le reste du régiment prit poste sur la rive
gauche de la Saale pour garder le pont sur la route de Frey-
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13 OCTOBRE. 595
biirg et de Merseburg. Les autres régiments de la division
bivouaquèrent le long de la route entre Naumburg et le pont
(le Freyburg.
La 2^ division arrivée de bonne heure dans la matinée à
la hauteur de Naumburg, occupa la place que venait de
quitter la 1'* division en arrière et à un quart de lieue de
cette ville.
La 3* division continua sa marche à 4 heures du matin
dans la même direction et arriva de très-bonne heure à la
hauteur de New-Flemmingen, où elle passa le reste de la
journée.
M. le Maréchal, vers les 4 heures du soir, s'avança sur la
route de Naumburg à Weimar par Apolda ; il alla jusque
sur les hauteurs qui bordent la rive gauche de la Saale au
delà de KOsen. Là il rencontra un parti de 30 chevaux du
1'' de chasseurs qui était ramené par plusieurs escadrons
prussiens. Après les avoir ralliés, il vit établir une ligne de
30 à 40 vedettes à un demi-quart de lieue de lui. Par ce
mouvement des Prussiens, il était aisé de juger qu'un grand
corps de troupes se portait ou sur Freyburg ou sur Kôsen ;
dans tous les cas il était important de s'assurer du défilé de
Kôsen.
En conséquence il donna ordre à 2 compagnies de volti-
geurs du 25* de ligne de se porter en avant du pont de cette
ville. L envoya ensuite le 2* bataillon du même régiment
commandé par le chef de bataillon Saint-Faust pour garder
ce pont avec ordre s'il était attaqué de tenir ferme jusqu'à
ce qu'on vienne à son secours.
Aucun mouvement de part et d'autre n'eut lieu à Frey-
burg dans la journée... (Journal des opérations du 3* corps
d'armée.)
LE GRAND-DUC DE BERG A L'eMPEREUR.
Zeitz, 18 octobre 1806, A heures du matin.
J'ai l'honneur d'adresser à V. M. les rapports que je reçois
'à Tinstant du général Lasalle; ils confirment de plus en plus
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596 CAMPAGNE DE PRUSSE.
que rennemi se trouve sur Erfurt et Weimar et vers la Thu-
ringe. Je n'ai pas encore le rapport du parti qui s'est porté
sur Pegau et Leipzig.
Je vais attendre à Zeitz les ordres de V. M. afin de pou-
voir plus tôt les faire exécuter ; ne recevant rien et crai-
gnant qu'il arrive quelque chose de nouveau, je me rends à
Teuchem, où je trouverai de nouveaux renseignements, et
si à 8 heures je n'ai point reçu les ordres de V. M., je me
porterai, conformément aux instructions contenues dans là
dépêche du major général, sur Naumburg et je ferai occuper
par le général Milhaud Weissenfels, qui couvrira la route
de Leipzig. Le prince de Ponte- Corvo se portera aussi sur
Naumburg. Je ferai connaître à V. M. les dispositions ulté-
rieures que je ferai à mon arrivée à Naumburg.
Le bruit courait hier à Leipzig que le prince de Wurtem-
berg se portait à marches forcées sur Leipzig, qu'on y atten-
dait hier soir ou aujourd'hui la tête de sa colonne que l'on
dit forte de 25,000 hommes ; on disait en même temps à
Weissenfels qu'un corps de troupes se portait de Magdeburg
sur Halle et Weissenfels.
LE GBAND-DUC DE BERG A L ElfPEBEUR.
Teuchern, 13 octobre 1806, 8 heures du matia.
Je m'empresse d'adresser à V. M. le maître de poste de
Weissenfels. C'est un homme qui paraît bien connaître la
force et la position de l'ennemi et très-disposé à dire tout ce
qu'il sait.
L'armée de réserve du prince Eugène de Wurtemberg est
décidément en marche, la tête de son avant-garde devait
être hier entre Dessau et Halle et se dirigeait sur la grande
armée à Erfurt, mais l'occupation de Weissenfels et Naum-
burg doit changer nécessairement sa direction et la forcer à
marcher par Querfurt, Nebra et Allstâdt ; encore est-il fnrt
douteux qu'il soit assez hardi pour prendre ce parti, surtout
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13 OCTOBRE. 597
s'il connaît Tocciipation de Naumburg. Le même maître de
poste assure que ce même général a dû détacher 6,000 hom-
mes sur Leipzig ; on a entendu hier toute la journée une
forte canonnade du côté d'Erfurt, et Ton présume que les
Prussiens ont été repousses parce que le feu semblait se rap-
procher de Naumburg et de Weissenfels. Si je ne craignais
pas de m'éloigner trop de la Grande Armée et vous priver
de notre corps pour une grande bataille, je n'hésiterais
pas de marcher contre ce Prince. Au reste, de Naumburg
je serai toujours à même de Texécuter si cela convient à
V. M.
Je ferai occuper Freyburg et garder la tête de pont ; il est
8 heures, je n'ai encore reçu aucun ordre de V. M. Je joins
à ma letti-e d'autres rapports de Pegau avec le paquet de
lettres trouvé à Weissenfels et dans cette ville. Les chasseurs
du 13* que j'avais envoyés à Naumburg, y sont rentrés à
10 heures du soir, c'est-à-dire en même temps que les hus-
sards du général Lasalle à Pegau et Weissenfels.
Quatre courriers, dont deux de Berlin, un de Vienne et
l'autre de Dresde, étaient passés hier à Weissenfels depuis
3 heures jusqu'à 7 heures se rendant à Weimar au quartier
général du Roi ; il était passé autant d'estafettes dans la
journée ; il est malheureux que nos hussards n'aient pu
arriver quelques heures plus tôt. J'espère qu'il en aura été
pris quelques-uns sur la route de Leipzig.
LE QéNÉRAL BELLIARD AIT OÉNÉBAL LASALLE.
Teucliern, i3 octobre 1806.
Partez sur-le-champ avec votre troupe pour Weissenfels. Etablis-
^z-vous militairement ; poussez une reconnaissance sur Merseburg ;
mais l'officier qui la commandera devra marcher avec beaucoup de
précaution. Vous ordonnerez au détachement que vous avez à Leip-
zig de rentrer sur la route de cette dernière ville à Weissenfels ;
adressez-moi vos rapports et les renseignements que vous pourrez
avoir, à Naumburg.
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598 GAItfPAGNE DE PRUSSE.
LE GÂNÉBAL LA8ALLB AU OBAND-DUC DE BEBG.
MôlsoD, 18 octobre 180€.
J'ai rhonneur d'envoyer à S. A. I. Tavant-garde de ce qu'a pris
le chef d*e8cadron Mathis, du 7* de hussards, aux portes de Leipzig.
Ce détachement est composé de la garde de la porte, de plusieurs
officiers et de quelques bagages.
LE OiNlBAL LAS AL LE AU QBAND-DUC DE BEBO.
Môlsen, 13 octobre i80<.
Le chef d'escadron Maignet, blessé hier dans Tattaque du convoi
qu'il a pris à Weissenfels, se rend au quartier général de V. Â.,
pour 7 faire la remise des 7 fourgons et 150 chevaux environ qu'il
a pris et qui n'ont pu me rejoindre que ce matin. Vu la distance
d'ici à Leipzig et de cette ville à Pegau, j'ai renvoyé mon aide de
camp avec 25 chevaux frais à Pegau.
Je recommande à V. A. le brave chef d'escadron Maignet qui.
déjà blessé deux fois en Italie, n*en est que plus courageux, mais re
trouve à plaindre, dit-il, d'être déjà blessé dès le commencement de
la campagne * ; il mérite la croix d'officier de la Légion.
Permettez-moi à cette occasion de vous rappeler que le 5* régi-
ment de hussards manque de dix officiers aux escadrons de guerre et
qu'il n'y en a point au dépôt. Il est instant de les remplacer.
Les équipages pris appartiennent à l'artillerie et aux pontonnieis.
et les chevaux haut-le-pied allaient en toute hâte rechercher dee
pièces pour remplacer celles des trois batteries enlevées par M. !«
maréchal Lannes ; jamais déroute semblable n'eut lieu après an e«al
combat. On dit que les Prussiens n'ont que 40,000 hommes en cam-
pagne et les Saxons 15,000, et toute l'armée est déjà en désordre-
LE OÉNÉBAL LABALLB AU OBAND-DUC DE BEBO.
Môlsen, 18 octobre ISOA, il heures et demie dumatio.
Des marchands portant du vin et revenant de Magdeburg assurent
qu'il s'y rassemble 80,000 hommes et qu'on y attend encore de?
forces qui doivent s'y rendre de Silésie. H n'y a point de camp »
Halle, et de Magdeburg ici, ma brigade est la première troupe quiij
aient rencontrée.
1. Le commandant Maignet fut employé au dëpAt de cavalerie de Poisd&m.
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13 OCTOBRE. 599
Je reçois à Tinstant Tordre de me rendre à Weissenfels ; il est
11 heures et demie et je pars.
LE GÉNÉRAL BBLLIASD AU GÉNÉRAL LA8ALLE.
Sur les hauteurs de Naumburg, 18 octobre 1806.
L'armée a séjour, mon cher Général; gardez la position que vous
uccTipez. Je vous envoie des proclamations. Répandez-les dans le
pays Saxon ; faites-les afficher, s'il est possible, par un parti dans la
ville de Leipzig, et même à Merseburg si vous le pouvez. Le Prince
vous autorise à pousser une reconnaissance sur Halle, si vous croyez
qu'elle puisse être faite. D'après les rapports que le Prince a reçus,
il paraît que le prince de Wurtemberg, commandant la réserve,
marche sur Halle pour se joindre à l'armée. Prenez tous les rensei-
guemcnts possibles sur la marche et la force de cette réserve et sur
ses intentions. Tâchez de faire reconnaître Mûcheln. Envoyez le plus
tôt possible les rapports que vous avez de Leipzig, et adressez-moi,
mon cher Général, tous les renseignements que vous pourrez obtenir.
Donnez l'ordre qu'on arrête tous les courriers et toutes les estafettes.
Le général Milhaud est à Schônburg, sur la route de Weissenfels. Le
général Beaumont occupe PlennschUtz, Pohlitz et Piotha où est son
quartier général et où se trouve le 27* léger. Les deux généraux de
cavalerie ont ordre de se lier avec vous. Le quartier général est à
Xaumburg.
LB GÉNÉRAL BELLIARD AU GÉNÉRAL HILUAUD.
Sur les hauteurs de Naumburg, is octobre 1806.
Etablissez -vous, mon cher Général, à Schônburg avec votre régi-
ment. Liez -vous avec Lasalle sur Weissenfels et avec Beaumont sur
Plotba et PlennschUtz. Répandez dans le pays saxon les proclama-
tions que je vous adresse et envoyez à l'état-major 3 sous-officiers
d'ordonnance à Naumburg où est le quartier général.
LB GÉNÉRAL BELLIARD AU GÉNÉRAL BBAUMONT.
Sur les hauteurs de Naumburg, 13 octobre 1806.
Vous vous établirez de votre personne au village de Piotha, avec
une de vos brigades, une autre brigade sera établie à PlennschUtz et
la troisième à Pohlitz. La brigade établie à PlennschUtz se liera par
ses postes avec la brigade Lasalle établie à Weissenfels et observera
les routes de Leipzig ; les deux autres brigades se lieront avec l'in-
fanterie et avec les troupes de Naumburg où sera le quartier du
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600 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Prince. Envoyez aussitôt votre établissement chercher de Tavoine à
la ville avec des voitures, et envoyez aussi 2 sous-officiers pour rece-
voir les ordres qu'on aura à vous envoyer.
LE CAPITAINE PIRE AU GÉNÉRAL BBLLIARD.
Wcissenfels, is octobre 1806.
J'ai Thonneur de vous rendre compte que, conformément à vos
ordres, je me suis séparé hier soir du chef d'escadron Biathis et qu -
je me suis porté sur Leipzig, avec les 50 hommes sous mon conimau-
dement. Les renseignements que j'ai pris en route m'ont appris d'une
manière certaine que le bataillon saxon de garnison en cette ville en
était parti à 3 heures pour Dresde, et qu'il n'y avait plus dans la
place qu'une cinquantaine de grenadiers de garde aux équipages
échappés de la déroute de Géra, 20 hussards et 30 dragons. En con-
séquence, à 2 heures du matin, je me fis ouvrir la barrière avauctV
du faubourg et me portai rapidement sur la grand'garde. Au moment
où la sentinelle criait Qui vive ! le maréchal-des-logis Dam da
5* de hussards se précipita sur elle, la désarma et ensuite se jeta cor
les grenadiers ; il les força à coups de sabre à nous rendre les armi-s.
MM. le capitaine Therond, aide de camp, Quack, lieutenant da
5* de hussards, et Curély, du 7*, m'ont n^udu les plus grands ser-
vices pour l'activité et le zèle qu'ils ont mis pour me seconder dans
cette afifaire, et à réunir les 60 priaonnieis et les 8 officiers que j'ai
envoyés au quartier général.
J'ai trouvé le corps municipal fort bien disposé pour le bien du
service de S. M. La ville offre de grands secours de tout genre: il
n'y a qu'un seul magasin àfourrages, de peu de conséquence, appar-
tenant aux Saxons : aucun détachement prussien n'avait traversé U
ville depuis plus de 16 jours ; on n'y supposait pas l'armée prn>-
sienne très considérable et l'opinion paraissait fixée sur sa destination
prochaine.
A 3 heures du matin, je suis parti emmenant nos prisonniers, une
trentaine de voitures et 80 chevaux. Je n'ai pu m'emparer des lettre?,
ayant bravé de très-fortes oppositions ; j'ose vous prier, mon Géu»*-
rai, de vous intéresser au brave maréchal-des-logis Dam, du 5* d<*
hussards, qui a en outre toujours tenu une conduite distinguée dau:»
son corps.
LE CHEF d'eSCADBON MÉDA, DU 7® DE HUSSARDS, AU GÉNÉRAL LA8AUE.
Divouac de Camburg, 15 octobre, S heures du matin.
Mon Général, conformément à vos ordres, je suis arrivé avec me?
100 chevaux devant Leipzig le 13 à 2 heures du jour; les préeaa*
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13 OCTOBRE. 601
tions que j'ai dû prendre dans ma marche m'ont retardé ; j'ai pris
dans un bois aux portes de la ville quelques prisonniers ; mes petites
découvertes rentrées, j'ai traversé la ville en grand ordre, au milieu
d'une population avide de voir des Français ; j'ai poussé une demi-
lieue sur la route de Dresde. J'ai rafraîchi et suis revenu sur ma
route du matin en passant sur le flanc de la ville. Mon arrivée dans
cette ville a fait grande sensation, parce que quelques patrouilles
françaises s'étaient présentées dans la nuit aux portes de la ville et
avaient pénétré dedans. J'ai annoncé l'armée et fait faire un grand
logement.
Le magistrat et les négociants français à la foire de Leipzig m'ont
demandé protection ; j'ai fait part à l'un et aux autres de la procla-
mation de S. M.
J'ai laissé mon nom et celui des détachements des corps sous mes
ordres au magistrat, et n'ai requis que des bonnes cartes ; on n'a pu
m'en donner qu'une seule de peu de valeur.
J'ai marché jour et nuit, mes chevaux sont harassés, et j'aurais
rejoint la brigade hier 14, si de faux renseignements ne m'avaient
fait prendre la route de Weimar, à la suite du 3* corps, commandé
par M. le maréchal Davout.
Les bourgeois de Leipzig sont sages, mais la population est un
peu insolente.
P.- S, — Il n'y avait absolument rien dans les bureaux de postes
et n'ai pu trouver aucune estafette. La terreur est à Leipzig ainsi
qu'à Dresde, la grande foire est perdue, on n'y fait aucune affaire.
Le commerce se plaint beaucoup.
L£ GRAND-DUC DE BERG A L EMPEREUR.
Naumburg, 13 octobre 1806, 4 heures après-midi.
Les hussards du 7' et du 5' régiments sont entrés ce matin
dans Leipzig; ils ont fait prisonnière la garde de la porte. Le
général Lasalle me mande qu'il m'envoie Tavant-garde de
ce qui a été pris aux portes, ce sont des officiers, la garde de
la porte et quelques bagages. Je n'ai pas encore le rapport
de la reconnaissance de Merseburg, mais des rouliers venant
de Magdeburg assurent n'avoir pas rencontré depuis cette
ville d'autres troupes que celles de V. M., mais qu'il se ras-
semble sur ce point une armée de 80,000 hommes. Le gé-
néral Lasalle y enverra un parti dans la nuit ; c'est encore
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602 CAMPAGNE DE PRUSSE.
une autre grande communication qu'il serait peut-être es-
sentiel de couper à Tennemi.
J'ai reçu Tordre du major général de faire séjourner le^
troupes aujourd'hui ; mais déjà nous étions en marche, et
j'ai cru ne pas devoir rétrograder ; par la position que nous
occupons, nous pouvons faire tous les mouvements qu'il
plaira à V. M. d'ordonner -, la brigade Lasalle à Weissenfels
communiquant avec le parti qui est sur Leipzig, Merseburg,
Halle et Miicheln ; le général Milhaud à Schënburg se liant
au général Lasalle et à Naumburg; le général Beaumont
avec sa division et le 27* d'infanterie légère soutenant la
cavalerie légère ; le coi^ps du prince de Ponte-Corvo sur les
hauteurs derrière Naumburg, se liant avec la cavalerie. Il
m'a paru que le maréchal Davout était à la gauche de la
ville, éclairant les routes de Merseburg et de Weimar.
La proclamation de V. M. sera affichée à Leipzig, Halle,
et dans tous les environs. Le parti qui était entré hier à
Weissenfels a pris 150 chevaux ; j'ordonne que ceux propre;»
au service de la cavalerie soient envoyés aux dragons et je
fais remettre les autres à l'artillerie.
Le maréchal Davout a pris les 40 pontons que j'avais an-
noncé à V. M. être partis hier soir de Weissenfels. Nous ve-
nons d'entendre quelques coups de canon ; c'est sans doute
le maréchal Lannes.
Le maréchal Davout n'a pas encore reçu le rapport de la
reconnaissance envoyée sur Weimar.
On dit que l'ennemi est en pleine retraite sur Magdeburg.
Le bruit court généralement à Leipzig que V. M. a complt-
tement battu les Prussiens, que la mort du prince Ferdinand
a jeté la consternation et le découragement dans Parmée
ennemie, et que vous avez fait Mack le roi de Prusse à Er-
furt, que l'on a pris tous les parcs d'artillerie, les pontons
et les bagages de l'armée.
Il est 4 heures ; j'allais envoyer mon rapport à V. JI..
lorsque je reçois à la fois 2 de ses dépêches*. Je m'estime
1. Du 13 à 7 heures et à 9 heures du matin.
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13 OCTOBRE. 603
heureux de m'être rapproché de Naumburg, Quoiqu'il soit
déjà fort tard, je vais me porter sur Dornburg et je serai
demain matin en mesure d'exécuter les ordres que V. M.
daignera me faire donner. Je me rendrai de ma personne
dans la nuit à léna. Je saurai vraisemblablement avant de-
main matin s'il est vrai que le corps du prince de Wurtem-
berg marche réellement sur Halle.
LE oéNéBAL BELLIABD AUX GÉnAbAUZ BEAUMONT, LA8ALLE
ET MILHAT70.
Naumburg, IS octobre 1806.
Conformément aux nouvelles dispositions ordonnées par S. A. I.
le Grand-duc de Berg, vous partirez avec votre division pour vous
rendre à Naumburg où vous recevrez de nouveaux ordres. Arrivez
avant les troupes pour pouvoir recevoir les dispositions particulières
de S. A.
LE OÉNÉBAL BELLIABD AU OÉNiRAL BEAUMONT.
Naumburg, 18 octobre 1806.
Partez de suite avec votre division pour vous porter à Camburg ;
vous vous établirez militairement et vous attendrez de nouveaux
ordres. Venez à l'avance à Naumburg, où vous recevrez les instruc-
tions du Prince.
LB GÉiréBAL BELLIABD AU OÉNÉBAL LA8ALLE.
Naumburg, 18 octobre 1806.
D'après les nouvelles dispositions continuez votre mouvement, et
partez de suite pour Kaumburg où vous recevrez de nouveaux ordres.
En y arrivant, vous établirez votre brigade en arrière de la ville pour
y faire rafraîchir vos chevaux. Vous prendrez des magasins de la
ville l'avoine, le fourrage et le foin, et là je vous ferai connaître la
nouvelle intention de S. A.
LE OéNÉBAL L. BEBTHIEB AU OÉNÉBAL DUPONT.
Meineweh, 13 octobre 1806.
Votre division étant arrivée très-tard hier, et des soldats étant
encore en arrière en ce moment, l'intention du Prince est que vou.s
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604 CAMPAGNE DE PRUSSE.
VOUS mettiez eu marche avec votre division à 10 heures du matin ;
vous suivrez la division du général Drouet sur Naumburg où voui
reprendrez ce soir votre ordre de bataille.
LE MARÉCHAL BERNADOTTE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Meineweh, 13 octobre 1806, 7 heures du matin.
Je VOUS ai prévenu hier soir de mon arrivée à Meineweh.
Les reconnaissances que j'ai envoyées hier soir sur Naum-
burg sont entrées dans cette ville en même, temps qu'un dé-
tachement de chasseurs du corps de M. le maréchal Davout.
Tous les rapports qui me parviennent me confirment que
Tennemi est toujours à Erfurt. Je pars avec mes troupes pour
me rendre à Naumburg. Le Grand-duc m'écrit qu'il s'y rend
de son côté.
LE MARÉCHAL BERNADOTTE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Naumburg, 13 octobre 1806, 6 heures du soir.
L'officier que vous aviez chargé, M. le Duc, de porter au
maréchal Davout la lettre qui devait être communiquée au
grand-duc de Berg et à moi *, vient de me la faire voir; j'en
ai pris copie; déjà j'avais vu le Grand-duc et nous étiouB
convenus de partir de suite pour nous porter sur Camburg et
sur Domburg. Malgré l'extrême lassitude des troupes et
quoiqu'elles n'aient pas mangé la soupe, je me mets en mar-
che dans une demi-heure et je serai rendu avant minuit à
Camburg ; je ferai reposer un peu les troupes, et demain ma-
tin avant le jour je serai à Domburg et prêt à me porter sur
Weimar ou partout ailleurs. Ma cavalerie sera dans la nuit
à Dornburg. Le roi de Prusse était encore avant-hier au soir
à 8 heures à Weimar avec la Reine. La Reine est partie; on
croit qu'elle s'est dirigée sur Magdeburg. Il y avait hier
dans les environs de Weimar de 50,000 à 60,000 hommes
1. Cette dépêche n'est pas enregistrée sur le registre du major génénl;
elle a dû être écrite soit du bivouac de Kôslritz, il heures et demie du ma-
tin, soit plutôt pendant la marche do Rustrîtz à léna, peut-être a la croisoe
du chemin de Mittel à Naumburg, suivi par le 8« corps le 12.
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13 OCTOBRE. 605
de troupes. Le mouvement de l'armée semblait annoncer
une retraite sur Magdeburg. Tout le corps du général Ruchel
est arrivé à Eisenach pour appuyer celui du Roi.
P.-S. — Le prince de Wurtemberg rassemble un coi-ps
d'armée d'environ 15,000 hommes dans les environs de Halle
et en arrière. Nous avons pris à Zeitz 3,000 sacs de farine.
LE OiNERAL L. BEBTHIER AU QÉVtRAL DUPONT.
Naumburg, 18 octobre 1806.
Je voua préviens, Général, que l'ennemi faisant sa retraite sur
Magdeburg, les ordres de S. M. sont qu'on le poursuive. En consé-
quence veuillez donner vos ordres pour que votre division prenne les
armes à l'instant même et suive le mouvement du général Rîvaud
qai se rend cette nuit à Camburg à moitié chemin d'ici à léna, où
vous prendrez position en arrière des autres divisions et où vous
recevrez de nouveaux ordres.
Veuillez, Général, prendre un guide en passant à Naumburg afin
de ne pas faire plus de chemin qu'il ne faut.
Je donne des ordres pour qu'il vous soit fourni deux ordonnances
du 2* de hussards pour le service de votre division.
LE MARÉCHAL BERNADOTTE AU MAJOR GENERAL.
Naumburg, 13 octobre 1806, 8 heures du soir.
Le maréchal Davout me communique à l'instant, M. le
Duc, votre lettre d'aujourd'hui * apportée par M. Périgord,
votre aide de camp; d'après son contenu, j'ai cru devoir ar-
rêter le mouvement dont je vous ai rendu compte dans ma
lettre de ce soir datée de 6 heures, puisque vous n'ordonnez
au maréchal Davout de manœuvrer sur la gauche de l'en-
nemi que dans l'hypothèse où M. le maréchal Lannes aurait
été attaqué ce soir du côté d'Iéna, et que vous ajoutez que,
l'attaque n'ayant pas lieu, il recevra les dispositions de l'Em-
pereur pour la journée de demain. Comme je pense que ces
1. Dupôche de 8 heures du soir, au bivouac à une lieue et demie d*Iéna.
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606 CAMPAGNE DE PRUSSE.
dispositions seront générales, j'arrête mes troupes oii elles se
trouvent et j'attends de nouveaux ordres.
Je suis encore avec tout mon corps dans les environs de
Naumburg. Je suis prêt à exécuter les mouvements que
l'Empereur ordonnera.
4* Corps. ORDRE.
Géra, 18 octobre 1806.
S. M. l'Empereur et Roi accorde aujourd'hui séjour à son
armée ; les chefs de corps en profiteront pour faire remettre
en état les armes de la troupe et pour rallier tous les traî-
neurs qui seraient restés en arrière. Dans l'artillerie et la
cavalerie on s'occupera aussi du ferrage des chevaux et de
faire remettre en état les parties du harnachement qui au-
raient souffert. Le général commandant l'artillerie donnera
des ordres pour que les voitures qui ont souffert pendant la
route soient réparées.
L'ordonnateur fera toutes les réquisitions nécessaires dans
les arrondissements de Ronneburg, SchmôUen et Altenburg,
afin de procurer pour deux jours de pain au corps d'armée,
et il les fera réunir à Ronneburg où la distribution sera faite.
A cet effet le général commandant de la cavalerie sera pré-
venu des lieux où les réquisitions auront été frappées afin
([u'il en protège l'exécution. Aussitôt que le pain sera réuni
à Ronneburg et que la répartition en sera faite, les chefs de
corps enverront leurs caissons.
MM. les généraux voudront bien passer la revue des équi-
pages que les régiments ont à leur suite afin de réformer les
voitures de transport qui leur paraîtraient inutiles. Cette dis-
position doit être exécutée avec beaucoup de rigueur afin de
diminuer les obstacles et embarras qui pendant la marche
nuisent aux mouvements des colonnes. La proclamation de
l'Empereur aux habitants de la Saxe sera répandue dans
l'arrondissement occupé par le corps d'armée.
M*> SOULT.
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13 OCTOBRE. 607
LE MARÉCHAL SOULT AU GÉNÉKAL SAINT-HILAIRE. .
Géra, 13 octobre 1806.
Au reçu de cet ordre vous ferez rassembler la division que
vous commandez et la mettrez immédiatement en marche
1 our la diriger sur léna.
Je vous préviens que Tinfanterie de la Garde impériale et
les dragons à pied doivent marcher avant votre division.
Ainsi vous laisserez passer ces troupes et ferez ensuite mar-
cher celles que vous commandez, dans le plus grand ordre
it très-serrées : je vous joindrai pendant la marche et vous
donnerai de nouveaux ordres. Je désire que vous renvoyiez
à leur régiment toutes les ordonnances que vous avez à votre
quartier général. Les circonstances exigent queje retire pro-
visoirement toutes celles qui sont prèades généraux.
LE MARÉCHAL SOULT AU GÉNÉRAL MARGARON.
Au reçu de cet ordre vous ferez monter à cheval les 3. ré-
^raents de cavalerie et Tartillerie de la division que vous
commandez, et vous vous mettrez immédiatement en mar-
che pour diriger la division sur léna en passant par Géra.
Je serai à la tête de la division du général Saint-Hilaire,
qui prend la même direction, où vous me rendrez compte de
votre mouvement, et je vous donnerai de nouveaux ordres;
faites rentrer tous les détachements que les régiments ont
fournis, et donnez-leur ordre de suivre. Vous ferez aussi ren-
trer tous les détachements qui sont près des généraux des
divisions d'infanterie. Il n'y aura à Tavenir d'ordonnances
de cavalerie qu'à mon quartier général, à moins d'un nouvel
ordre.
LE MARÉCHAL SOULT AU GÉNÉRAL LARIBOISIERE.
Donnez ordre au parc d'artillerie de se diriger sur Roda,
«ù il recevra de nouveaux ordres. Je désire qu'il lui soit pos-
«libledese rendre à Roda directement, mais si les cliemins
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608 CAMPAGNE DE PRUSSE.
étaient trop mauvais, il viendrait prendre derrière Géra la
route qui y conduit.
Si Roda n'était pas sur la route de Géra à léna, le chef de
bataillon Caban arrêtera le parc à hauteur de Roda, afin
qu'il ne sorte pas de la route.
4* Corps. ORDRE.
Géra, 13 octobre i804ï.
Les généraux Levai et Legrand sont prévenus qu'une par-
tie du corps d'armée se met en marche pour se diriger sur
léna où moi-même je vais me rendre ; ils auront ordre de
tenir leurs divisions prêtes à marcher à toute heure de la nuit
que l'ordre leur parviendra. Il est vraisemblable que vers
une heure ou 2 du matin elles devront se mettre en mouve-
ment. MM. les généraux Levai et Legrand auront en même
temps ordre d'envoyer de suite aux régiments toutes les or-
donnances qui sont employées dans les états-majors ou près
des généraux de division. Lorsque les circonstances le per-
mettront, il leur en sera donné de nouvelles.
Le quartier général restera à Géra. L'ordonnateur prc»fi-
tera de la journée pour réunir le plus de pain possible et le
donner de suite aux divisions*.
M*» SODLT.
... Le 13, S. A. le prince ministre de la guerre prévint
que l'intention de S. M. était que les troupes prissent séjour;
1. LB OÉNKKAL COMPJiHS ▲ l'oBDOHNATBUE.
Gora, ts octobre 1806.
.M. lo Maréchal commandant en chef vient de partir pour léna où il da't
réunir la division de cavalerie et celle aux ordres du générai Saint-HilaiK-
Les 2« et 3^ divisions d'infanterie ont ordre de se tenir prêtes à partir, et si
elles font un mouvement, elles passeront probablement par Géra. M. le Uurè-
chai vous charge on conséquence d'y faire réunir tout le pain que vous (K>ur-
rez vous procurer, soit au moyen des réquisitions que vous avez faites i-i
dehors, soit en pressant les boulangers de la ville de confectionner à force.
Il appelle toute votre sollicitude sur cet objet. Il serait à désirer que les s*ei
«« divisions pussent recevoir une forte distribution avant de sortir do Gew
Vous ne mettrez pas moins d*empressement à vous procurer de la viande e:
de Teau-de-vie. — Le quartier général est ici jusqu'à nouvel ordre : il es-
probable que les divisions se mettront on marche vers minuit.
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13 OCTOBRE. 609
mais à midi la générale fut battue et elles eurent ordre de se
diriger de suite sur léna, en suivant le mouvement de la
Garde impériale *.
La route était extrêmement mauvaise et encombrée par
une infinité de voitures et de troupes qui obstruaient le pas-
sage : la cavalerie et la division du général Saint-Hilaire
purent seulement arriver vers minuit à léna ; les deux autres
divisions s'arrêtèrent à Weissenborn et Kloster Lausnitz,
pour laisser dégager le débouché ; mais avant le jour elles
furent remises en marche et se portèrent aussi sur léna...
(Journal des opérations du 4* corps.)
L'état d'emplacement des troupes du 4* corps joint au journal des
opérations porte :
Cavalerie légère, au faubourg d*Iéna. — 1"^ division, en arrière
de la cavalerie. — Quartier général, au bivouac de la l'« division.
— 2* division, marcha toute la nuit. — 3* division, marcha toute la
nuit.
6« Corps.
< Le corps du maréchal Ney, dit le général Roguet, qui avait
* reçu ordre d'être le 18 à Géra, partit d'Auma à 9 heures du matin.
« Mais à son arrivée à Géra, il dut continuer après une courte halte
< son mouvement sur Roda, où il parvint à la nuit excédé de fatigue ;
< malgré la difficulté du chemin, il avait fait 10 grandes lieues sans
« s'arrêter. ^
11 est donc probable que le 13 le maréchal Nej mit son corps
d'armée en mouvement sur Géra avant d'avoir reçu la dépêche du
major général lui ordonnant de se porter à Roda par Triptis. Lorsque
cet ordre lui parvint, il gagna la route de Géra à Roda et se dirigea
sur cette dernière ville, ayant fait un grand détour. Le général Ro-
guet estime que le corps d'armée fit 10 lieues dans la journée du 13.
1. D'aprôs côlte rédaction du jourDal des opérations du 4« corps, il semble-
rait que la cavalerie l(3gère et la division Saint-Hilaire ne passèrent pas par
Roda pour se rendre à léna, mais bien par Saint-GanglofT, Hermsdorf et Rodi-
gast, suivant la Garde impériale ; elles partirent vers il heures.
Les 2« et 3« divisions reçurent vers midi ou midi et demi l'ordre du major
général daté de Kôslritz, il heures et demie, et se mirent eu marche vers
une heure ; mais au lieu de suivre la route par Saint-GanglofT, elles passèrent
par Kôstrilz.
CAMP. DB PBUtSB. ;)9
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610 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le général Fezensac, lieutenant, officier d'ordonnance du maré-
chal Ney, s'exprime ainsi :
c ...Le 13, nous étions eu marche; le Maréchal, impatient d'ap-
c prendre des nouvelles, devançait son avant-garde, que les deux
€ divisions suivaient à une grande distance. Dans un petit village, k
« deux lieues de Roda (probablement le village de Môrsdorf à 6kil.
« à Test de Roda) , il reçut la lettre suivante du major généra] :
« (voir la dépêche du major général, au bivouac en avant d'Iéna,
« qui a dû être écrite vers 3 heures du soir). Le Maréchal envoya des
€ copies de cettre lettre aux généraux Colbert, Marchand et Marco-
« gnet, et partit sur-le-champ pour léua, avec deux officiers qui
« seuls avaient d'assez bons chevaux pour le suivre. (Le Maréchal
< n'a pas dû recevoir la dépêche avant 5 heures ou 5 heurefi et
€ demie.)
< Je remis moi-même au général Colbcrt, à son passage au village
« où j'étais resté, la copie qui lui était destinée. Il marcha sans
« s'arrêter, traversa Roda, arriva la nuit à léna, et campa en a?ant
« de la ville. Les aides de camp du maréchal Key couchèrent à
€ Roda; le 14, à 2 heures du matin, nous étions à cheval. Quelque
fût notre empressement de rejoindre notre général, nous marchâmes
c au pas jusqu'à léna, pour ménager des chevaux qui, dans lajoar-
« noe, devaient avoir fort à faire... »
L'état d'emplacement des troupes du 6** corps porte :
2* et 3^ divisions, bivouac en arrière de Roda.
2« division de dragons, osdee de mouvement poub le 13.
Unter-Loiterbach, 12 octobre 1806.
Ordre à la 1'* brigade de partir des cantonnements qu'elle occupe,
demain 13 pour se rendre à Ober-Langenstadt, Unter-Langenstadtet
Kiips, près Kronach.
Ordre à la 2* brigade de partir pour se rendre demain 13 à ZettliU
et Redwitz.
Ordre à l'artillerie de se rendre à Ktips.
Donner ordre que le sous-officier qui commandait l'escorte du
général Walther * se rende de suite au quartier général divisionnaire;
que le régiment qui se trouve avec le quartier général y envoie une
garde de 25 hommes et d'un officier, dès que l'établissement da quar-
tier général sera fait ; que chacun des régiments de la division envoie
3 ordonnances bien montés au quartier général plus un maréchal
1. La 2» division de dragons marchait après la cavalerie de la Garde.
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13 OCTOBRE. 611
(les logis et un brigadier ; à chaque brigade de faire prendre au parc
<rartillerie des cartouches à raison de 6 par homme.
G** Gbouchy.
LB COLONEL WOLFF ▲ L ADJUDANT COMMANDANT HASTSEL, FAISANT
FONCTIONS DE CHEF DE l'ÉTAT-MAJOB qAnÉBAL.
Géra, 18 octobre 1806.
Depuis Bamberg nous avons eu des marches extrêmement pénibles
arec les équipages, vu les mauvais chemins. Mais la journée d*hier
proavera à S. A. S. le prince combien la troupe est attachée à son
souverain. Un petit détachement de sapeurs escortant les équipages
de rétat-major général a donné des preuves qu'on peut tout ; privés
(le sabsistances près de 24 heures, ils ont marché avec une constance
étonnante. Les difficultés que j'ai éprouvées dans une marche de nuit
dans des chemins affreux où plusieurs caissons ont versé et auraient
sans doute été perdus s'ils n'eussent prouvé ce que peuvent des Fran-
çais. Je le dois à leur louange de dire que sans leur zèle à me secon-
der nous eussions peut-être perdu des fonds destinés à la paye du
soldat. C'est en partie à eux que je dois d'avoir ramené au quartier
général un caisson du payeur général qui suit les équipages. Je vous
prie, mon Général, de faire connaître à S. A. S. le prince major
général le dévouement de ces braves qui ont été secondés aussi par
la gendarmerie.
P. -S. — Depuis 4 heures du matin que je suis arrivé ici, je n'ai
pas de logement ; veuillez adresser vos ordres à la demeure de mon
adjoint qui loge au n* 98.
SITUATION DE L ARMEE PRUSSIENNE.
32* BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.
Berlin, 16 novembre 1806.
Après la prise de Magdeburg et Taffaire de Ltibeck, la
campagne contre la Prusse se trouve entièrement finie.
Voici quelle était la situation de Farmée prussienne en
entrant en campagne.
Le corps du général Rttchel, dit de Westphalie, était com-
posé de 33 bataillons d'infanterie, de 4 compagnies de chas-
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612 CAMPAGNE DE PRUSSE.
seurs, de 45 escadrons de cavalerie, d'un bataillon d'ar-
tillerie et de 7 batteries, indépendamment des pièces de
régiment.
Le corps du prince de Hohenlohe était composé de 24 ba-
taillons prussiens et de 25 bataillons saxons, de 45 escadrons
prussiens et de 36 escadrons saxons, de 2 bataillons d'artil-
lerie, de 8 batteries prussiennes et de 8 batteries sas^onnes.
L'armée commandée par le Roi en personne était compo-
sée d'une avant-garde de 10 bataillons et de 15 escadrons,
commandée par le duc de Weimar, et de 3 divisions. La 1",
commandée par le prince d'Orange, était composée de 11
bataillons et de 20 escadrons. La 2" division, commandée par
le général Wartensleben, était composée de 11 bataillons et
de 15 escadrons. La 3', commandée par le général Schmet-
tau, était composée de 10 bataillons et de 15 escadrons.
Le corps de réserve de cette armée, que commandait le
général Kalkreuth, était cqmposé de 2 divisions, chacune
de 10 bataillons des régiments de la Garde ou d'élite, et de
20 escadrons.
La réserve que commandait le prince Eugène de Wur-
temberg, était composée de 18 bataillons et de 20 esca-
drons.
Ainsi le total général de l'année prussienne était de 160
bataillons et de 236 escadrons, servis par 50 batteries ; ce
qui faisait, présents sous les armes, 115,000 hommes d'in-
fanterie, 30,000 de cavalerie et 800 pièces de canon, y com-
pris les canons de bataillon.
Toute cette armée se trouvait à la bataille du 14, honnis
le corps du duc de Weimar, qui était encore sur Eisenach,
et la réserve du prince de Wurtemberg; ce qui porte les
forces prussiennes qui se trouvaient à la bataille à 126,000
hommes.
£n comptant les bataillons à 700 hommes et les escadrons à
120 chevaux environ, on peut estimer :
Le corps de Riichel à 23,000 hommes d'infanterie et 5,000 che-
vaux, soit 28,000 hommes, y compris Favant-garde du duc de Wei-
mar;
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13 OCTOBRE. 613
Le corps de Hohenlohe à 34,000 hommes d'infanterie et 10,000 che-
vaux, soit 44,000 hommes, 7 compris Tavant-garde du prince Louis
et le corps dn général Taaenzien ;
L'armée du Koi à 44,000 hommes d'infanterie et 10,000 chevaux,
soit 54,000 hommes.
Les effectifs donnés par lé lieutenant- colonel von der Goltz sont à
peu de chose près les mêmes ; il ne compte pas Tavant-garde du duc
de Weimar. < ...L'armée prussienne, dit cet officier supérieur, après
< la perte du pont de Naumburg, s'était enfin décidée à rompre vers
« sa gauche pour se maintenir sur ses lignes de communication. La
< principale armée, forte de 50,000 hommes, avait quitté Weimar le
< 13 vers midi et avait atteint Auerstttdt dans la soirée ; elle se pro-
« posait de franchir, le 14, l'Unstrutt entre Freyburg et Laucha pour
< se réunir avec le corps de réserve qui se rapprochait de la Saale.
< Le général Rtlchel avec 15,000 hommes devait se maintenir à
< Weimar, tandis que le prince Hohenlohe avec 40,000 hommes
< occupait le plateau d'Iéna et couvrait la marche de l'armée vers la
< gauche. Malheureusement le duc de Weimar et le général Winning
« se trouvaient encore dans la forêt de Thuringe...
< ... Le comte Tauenzien qui formait l'avant-garde de Hohenlohe
< tenait encore léna le 12 octobre ; ses avant-postes allaient le long
« de la Saale, de Dornburg à Burgau d'où ils se repliaient ensuite
< vers Magdala. Le gros de l'armée campait entre Capellendorf et la
< Schnecke et, quoique Ton sût déjà que les Français étaient sur la
« rive droite de la Saale, l'armée n'en faisait pas moins face vers le
< sud-ouest. U en résulta que lorsqu'il fallut conduire les troupes à
< Tennemi, celles-ci durent d'abord être mises face en arrière pour
< sortir du camp... »
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14 OCTOBRE
5^ BULLETIN DE LA GRANDE ARMEE.
lëna, 15 octobre 1806.
La bataille dléna a lavé TaflEront de Rosbach, et décidé,
en sept jours, une campagne qui a entièrement calmé cette
frénésie guerrière qui s'était emparée des têtes prussiennes.
Voici la position de l'armée au 13 :
Le grand-duc de Berg et le maréchal Davout avec leurs
corps d'armée étaient àNaumburg, ayant des partis sur Leip-
zig et Halle.
Le corps du maréchal prince de Ponte-Corvo était en
marche pour se rendre à Dornburg.
Le corps du maréchal Lannes arrivait à léna.
Le corps du maréchal Augereau était en position à Kahla.
Le corps du maréchal Ney était à Roda.
Le quartier général à Géra. L'Empereur en marche pour
se rendre à léna.
Le corps du maréchal Soult, de Géra, était en marche
pour prendre une position plus rapprochée à l'embranchement
des routes de Naumburg et d'Iéna.
Voici la position de l'ennemi :
Le roi de Prusse voulant commencer les hostilités au 9 oc-
tobre, en débouchant sur Francfort par sa droite, sur Wûrz-
burg par son centre et sur Bamberg par sa gauche, toutes les
divisions de son armée étaient disposées pour exécuter ce
plan ; mais l'armée française s'étant avancée sur l'extrémité
de sa gauche, se trouva, en peu de jours, à Saalburg, à
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14 OCTOBRE. 615
Lobenstein, à Schleiz, à Géra, à Naumburg. L'armée prus-
sienne, tournée, employa les journées des 9, 10, 11 et 12 à
rappeler tous ses détachements; et, le 13, elle se présenta en
bataille entre Capellendorf et Auerstâdt, forte de près de
150,000 hommes.
Le 13, à deux heures après-midi, l'Empereur arriva à léna,
et, sur un petit plateau qu'occupait notre avant-garde, il
aperçut les dispositions de l'ennemi, qui paraissait manœu-
vrer pour attaquer le lendemain, et forcer les divers débou-
chés de la Saale. L'ennemi défendait en force et par une
position inexpugnable la chaussée d'iéna à Weimar, et pa-
raissait penser que les Français ne pourraient déboucher dans
la plaine sans avoir forcé ce passage. Il ne paraissait pas
possible, en effet, de faire monter de l'artillerie sur le plateau
qui, d'ailleurs, était si petit, que quatre bataillons pouvaient
à peine s'y déployer. On fit travailler toute la nuit à un che-
min dans le roc, et l'on parvint à conduire l'artillerie sur la
hauteur.
Le maréchal Davout reçut l'ordre de déboucher par Naum-
burg, pour défendre les défilés de Kôsen, si l'ennemi voulait
marcher sur Naumburg, ou pour se rendre à Apolda pour le
prendre à dos, s'il restait dans la position où il était.
Le corps du maréchal prince de Ponte-Corvo fut destiné à
déboucher deDomburg pour tomber sur les derrières de l'en-
nemi, soit qu'il se portât en force sur Naumburg, soit qu'il se
portât sur léna.
La grosse cavalerie qui n'avait pas encore rejoint l'armée,
ne pouvait la rejoindre qu'à ïnidi ; la cavalerie de la Garde
impériale était à 36 heures de distance, quelque fortes marches
qu'elle eût faites depuis son départ de Paris. Mais il est des
moments à la guerre, où aucune considération ne doit balan-
cer l'avantage de prévenir l'ennemi et de l'attaquer le pre-
mier. L'Empereur fit ranger sur le plateau qu'occupait
l'avant- garde, que l'ennemi paraissait avoir négligé et vis-à-
vis duquel il était en position, tout le corps du maréchal
Lannes. Ce corps d'armée fut rangé par les soins du général
Victor, chaque division formant une aile. Le maréchal Le-
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616 CAMPAGNE DE PRUSSE.
febvre fit ranger, au sommet, la Garde impériale en batail-
lons carrés *. L'Empereur bivouaqua au milieu de ces braves.
La nuit offrait un spectacle digne d'observation : celui de
deux armées dont Tune déployait son front sur 6 lieues d'é-
tendue et embrasait de ses feux l'atmosphère, l'autre dont
les feux apparents étaient concentrés sur un petit point ; et
dans l'une et l'autre armée de l'activité et du mouvement*.
Les feux des deux armées étaient à une demi-portée de ca-
non ; les sentinelles se touchaient presque, et il ne se faisait
pas un mouvement qui ne fût entendu.
Les corps des maréchaux Ney et Soult passèrent la nuit
en marche. A la pointe du jour toute l'armée prit les anne«.
■La division Gazan était rangée sur trois lignes sur la gauche
du plateau ; la division Suchet formait la droite ; la Garde
impériale occupait le sommet du monticule, chacun de ces
corps ayant ses canons dans les intervalles. De la ville et des
vallées voisines, on avait pratiqué des débouchés qui permet-
taient le déploiement le plus facile aux troupes qui n'avaient
pu être placées sur le plateau, car c'était peut-être la première
fois qu'une armée devait passer par un si petit débouché.
Un brouillard épaisobscurcissait le jour. L'Empereur passa
devant plusieurs lignes ; il recommanda aux soldats de se
tenir en garde contre cette cavalerie prussienne qu'on pei-
gnait comme si redoutable. 11 les fit souvenir qu'il y avait un
an, à la même époque, ils avaient pris Ulm ; que Tannée
prussienne , comme l'armée autrichienne , était aujourd'hui
cernée, ayant perdu sa ligne d'opérations, ses magasins;
qu'elle ne se battait plus dans ce moment pour la gloire, mais
pour sa retraite î que, cherchant à faire une trouée sur diffé-
rents points, les corps d'armée qui la laisseraient passer
1. Toute cette masse d^hommes et de chevaux passa la nuit dans un bivouac
extrêmement rossorré sur un plateau élevé et vraisemblablement sans eau.
s. La nuit dut ôtre très belle, puisque Ton voyait si distinctement les ta
de Tarmée prussienne. Hais c nous eûmes, dit le général Savary, une gelée
« blanche, accompagnée d'un brouillard semblable à celui que noos avions eu
« à Austerlitz , le brouillard dura jusqu'à 8 heures du matin. »
Il y avait eu du brouillard pendant les matinées précédentes et Ton de-
vait supposer qu'il y en aurait encore le 14 au lever du jour.
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14 OCTOBRE. 617
seraient perd as d'honneur et de réputation. A ce discours
animé, le soldat répondit par les cris de : Marchons fLeB tirail-
leurs engagèrent Taction ; la fusillade devint vive. Quelque
bonne que fût la position que Tennemi occupait, il en fut dé-
busqué \ et Tarmée française, débouchant dans la plaine,
commença à prendre son ordre de bataille.
De son côté, le gros de Tarmée ennemie, qui n'avait eu le
projet d'attaquer que lorsque le brouillard serait dissipé, prit
les armes. Un corps de 50,000 hommes de la gauche se porta
pour couvrir les défilés de Naumburg et s'emparer des débou-
chés de Kôsen * ; mais il avait déjà été prévenu par le maré-
chal Davout. Les deux autres corps, formant une force de
80,000 hommes, se portèrent en avant de l'armée française,
qui débouchait du plateau d'Iéna '. Le brouillard couvrit les
deux armées pendant deux heures ; mais enfin il fut dissipé
par un beau soleil d'automne. Les deux armées s'aperçurent
à une petite portée de canon. La gauche de l'armée française,
appuyée sur un village et des bois, était commandée par le
maréchal Augereau. La Garde impériale la séparait du centre
qu'occupait le corps du maréchal Lannes. La droite était
formée par le corps du maréchal Soult. Le maréchal Ney
n'avait qu'un simple corps de 3,000 hommes, seules troupes
qui fussent arrivées de son corps d'armée.
L'année ennemie était nombreuse et montrait une belle ca-
valerie; ses manœuvres étaient exécutées avec précision et
rapidité. L'Empereur eût désiré de retarder de deux heures
d'en venir aux mains, afin d'attendre, dans la position qu'il
venait de prendre après l'attaque du matin, les troupes qui
devaient le joindre et surtout sa cavalerie 5 mais l'ardeur
1- Le premier combat de la journée fut livré par le 5» corps et surtout par
la division Sucbet. On trouvera le détail de cette action dans le rapport du
génural Victor et dans celui du général Suchet.
Dau8 le Bulletin de l'armée le Commandant en chef ne peut qu'indiquer la
marche générale do la bataille, sans s'étendre sur les différents engagements.
2. L*armée du Roi avait quitté Weimar le 13 vers midi et avait atteint
Auerei&dt dans la soirée.
3. Ces renseignements sur l'armée prussienne ne sont que des renseigne-
ments généraux. On trouvera plus loin quelques explications sur les mouve-
menu des divers corps prussiens.
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618 CAMPAGNE DE PHU3SE.
franyaise remporta. Plusieurs bataillons s'étant engagés au
village d'Hohlstadt *, il vit Tennemi s'ébranler pour les en
déposter ; le maréchal Lannes reçut ordre sur-le-champ de
marcher en échelons pour soutenir ce village. Le maréchal
Soult attaqua un bois sur la droite *. L'ennemi ayant fait un
mouvement de sa droite sur notre gauche, le maréchal Auge-
reau fut chargé de le repousser'. En moins d'une heure, l'ac-
tion devint générale : 250 ou 300,000 hommes, avec 700 ou
800 pièces de canon, semaient partout la mort et offraient un de
ces spectacles rares dans l'histoire. De part et d'autre on ma-
nœuvra constamment comme à une parade ; parmi nos troupes
il n'y eut jamais le moindre désordre, la victoire ne fut pas
un moment incertaine. L'Empereur eut toujours auprès de
lui, indépendamment de la Garde impériale, un bon nombre
de troupes de réserve pour pouvoir parer à tout accident im-
prévu *.
Le maréchal Soult, ayant enlevé le bois qu'il attaquait
depuis deux heures, fit un mouvement en avant : dans ces
instants on prévient l'Empereur que les divisions de cavale-
rie française de réserve commençaient à se placer, et que
deux nouvelles divisions du corps du maréchal Ney se pla-
çaient en arrière, sur le champ de bataille. On fit alorsavan-
cer toutes les troupes qui étaient en réserve, sur la première
1. La deuxième attaque du centre do Tarmée française fut dirigée sur x
village do Vioraehn-Heiligen, et non sur lo village d'Hohlslàdt. Ce fui PEic-
pereur lui-mémo qui ordonna cette attaque. (Rapport du général SucbcL)
2. Il s*agil du combat livré à Rôdigen et à Ncrkwitz par la division Saiat-
Hilairo. (Journal des opérations du 4» corps.)
3. Combat du bois d*Isserstâd(. (Rapport du maréchal Augereau.)
4. Au 5« corps, à Tatlaque du centre, la ligne d'infanterie légère et la pre-
mière ligne de la division Suchet avaient été jusqu'à ce moment seules enga-
gées. La secondo ligne n'avait pas encore donné. A ce moment TEnapereur
avait auprès do lui, au contre, les 6 bataillons des ioo« et 103» de la divisioi
Gazan, les 4 bataillons des 64« et 88« de la brigade Vodel, division Sachet,
les 9 escadrons de la brigade de cavalerie du 5« corps, formant la secondt-
ligne, et la Garde impériale à pied, en réserve. — 11 n'engagea la f Hpo*'
que lorsque les s divisions du «• corps furent arrivées sur le plateau ain?i
que les divisions de cavalerie de la réserve.
Sur le champ de bataille le Commandant en chef se tient touiours à portée
du point où doit se livrer l'action principale, celle dont dépend le sort de la
Ixataille. Il conserve dans sa main les réserves pour décider l'affaire ou pour
contenir l'ennemi.
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14 OCTOBRE. 619
ligne, qui, se trouvant ainsi appuyée, culbuta l'ennemi en
un clin d'œil et le mit en pleine retraite *. Il la fit en ordre
pendant la première heure ; mais elle devint un affreux dé-
sordre, du moment que nos divisions de dragons et nos cui-
rassiers, ayant le granc-duc de Berg à leur tête, purent
prendre part à Taffaire. Ces braves cavaliers, frémissant de
voir la victoire se décider sans eux, se précipitèrent partout
où ils rencontrèrent des ennemis. La cavalerie, Tinfanterie
prussienne ne purent soutenir leur choc'; en vain l'infante-
rie ennemie se forma en bataillons carrés ; cinq de ces batail-
lons furent enfoncés : artillerie, cavalerie, infanterie, tout
fut culbuté et pris. Les Français arrivèrent à Weimar en
même temps que l'ennemi, qui fut ainsi poursuivi pendant
l'espace de 6 lieues.
A notre droite le corps du maréchal Davout faisait des
prodiges ; non seulement il contint, mais mena battant, pen-
dant plus de 3 lieuesj le gros des troupes ennemies qui de-
vait déboucher du côté de Kôsen '. Ce Maréchal a déployé
une bravoure distinguée et de la fermeté de caractère,
première qualité d'un homme de guerre. Il a été secondé
par les généraux Gudin, Friant, Morand, Daultanne, chef
de l'état-major, et par la rare intrépidité de son brave corps
d'armée.
Les résultats de la bataille sont 30,000 à 40,000 prisonniers,
1. Pour qu'une ligne dont Télan a été brisé se reporte en avant, il faut que
de nouvelles troupes viennent Tappuyer et Tontrainer dans leur marche.
La Intaille durait depuis 7 heures du matin. C'était le second combat de la
journée.
On était en présence do la deuxième ligne prussienne. Le mouvement en
avant du 4« corps qui s'élevait sur le flanc gauche des Prussiens, et Tarrivéc
de la deuxième ligne du 5* corps enlevèrent la première ligne et, par leur
eObrt combiné, rompirent la résistance de la deuxième ligne ennemie.
2. Le bulletin ne parle pas plus du dernier combat de la journée, celui de
Capellendorf, contre le corps du général Rûchel, qu'il ne s'est étendu au dé-
but de la bataille sur le combat de Closwilz contre le corps du général
fauenzien.
3. ' L'Empereur, dit le colonel Blein, fut inquiet tout le jour sur les
corps des maréchaux Davout et Bernadotte. Il craignait que le premier n'ait
éié forcé à Naumburg. On croyait de temps à autre entendre le canon de ce
côté. Cependant la journée se passait sans que l'on en eût de nouvelles. 11
voyait bien qu'il n'avait pas eu affaire à toute l'armée prussienne, mais il
croyait que l'armée du Roi était devant lui »
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620 CAMPAGNE DE PRUSSE.
il en arrive à chaque moment ; 25 à 30 drapeaux ; 300 pièc^
de canon; des magasins immenses de subsistances. Parmi les
prisonniers se trouvent plus de 20 généraux, dont plusieurs
lieutenants - généraux, entre autres le lieutenant - général
Schmettau. Le nombre des morts est immense dans Tannée
prussienne ; on compte qu'il y a plus de 20,000 tués ou
blessés. Le feld-maréchal Môllendorf a été blessé ; le duc de
Brunswick a été tué ; le général Rtichel a été tué ; le prince
Henri de Prusse, grièvement blessé. Au dire des déserteurs,
des prisonniers et des parlementaires, le désordre et la cons-
ternation sont extrêmes dans les débris de l'armée ennemie.
De notre côté, nous n'avons à regretter, parmi les géné-
raux, que la perte du général Debilly, excellent soldat.
Parmi les blessés, le général de brigade Conroux ] parmi les
colonels morts, les colonels Verges, du 12* régiment d'infan-
terie de ligne ; Lamotte, du 36° ; Barbanègre, du 9* de hus-
sards ; Marigny, du 20* de chasseurs ; Harispe, du 16* d'in-
fanterie légère ; Doullembourg, du 1*' de dragons ; Nicolas,
du 61* de ligne ; Viala, du 85* ; Higonet, du 108*.
Les hussards et les chasseurs ont montré, dans cette jour-
née, une audace digne des plus grands éloges. La cavalerie
prussienne n'a jamais tenu devant eux, et toutes les charges
qu'ils ont faites devant l'infanterie ont été heureuses.
Nous ne parlons pas de l'infanterie française ; il est re-
connu depuis longtemps que c'est la meilleure infanterie du
monde. L'Empereur a déclaré que la cavalerie française,
après l'expérience de ces deux campagnes et de cette der-
nière bataille, n'avait pas d'égale*
L'armée prussienne a, dans cette bataille, perdu toute
retraite et toute sa ligne d'opérations. Sa gauche, poursuivie
par le maréchal Davout, opéra sa retraite sur Weimar, dans
le temps que sa droite et son centre se retiraient de Weimar
sur Naumburg. La confusion fut donc extrême. Le Roi a dû
se retirer à travers champs, à la tête de son régiment de ca-
valerie.
Notre perte est évaluée à 1,000 ou 1,100 tués et 3,000
blessés.
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14 OCTOBRE. 621
Le grand-duc de Berg investit en ce moment la place
d'Erfurt, où se trouve un corps d'ennemis que commandent
le maréchal MôUendorf et le prince d'Orange.
L'état-major s'occupe d'une relation officielle qui. fera con-
naître dans tous ses détails cette bataille, et les services ren-
dus par les différents corps d'armée et régiments. Si cela peut
ajouter quelque chose aux titres qu'a l'armée à l'estime et à
la considération de la nation, rien ne pourra ajouter aux sen-
timents d'attendrissement qu'ont éprouvés ceux qui ont été
témoins de l'enthousiasme et de l'amour qu'elle témoignait
à l'Empereur, au plus fort du combat. S'il y avait un moment
d'hésitation, le seul cri de Vive VEmpereur! ranimait les
courages et retrempait toutes les âmes. Au fort de la mêlée,
l'Empereur voyant ses ailes menacées par la cavalerie, se
portait au galop pour ordonner des manœuvres et des change-
ments de front en carrés. Il était interrompu à chaque ins-
tant par les cris de Vive VEmpereur! La Garde impériale à
pied voyait, avec un dépit qu'elle ne pouvait dissimuler, tout
le monde aux mains et elle dans l'inaction. Plusieurs voix
firent entendre les mots : En avant ! « Qu'est-ce? dit TEm-
« pereur. Ce ne peut être qu'un jeune homme qui n'a pas de
« barbe, qui peut vouloir préjuger ce que je dois faire ; qu'il
< attende qu'il ait commandé dans trente batailles rangées
« avant de prétendre me donner des avis. » C'étaient effective-
ment des vélites dont le courage était impatient de se signaler.
Dans une mêlée aussi chaude, pendant que l'ennemi per-
dait presque tous ses généraux, on doit remercier cette Pro-
vidence qui gardait notre armée 1 Aucun homme de marque
n'a été tué ni blessé. Le maréchal Lannes a eu un biscaïen
qui lui a rasé la poitrine sans le blesser. Le maréchal Da-
vout aeu son chapeau emporté et un grand nombre de balles
dans ses habits. L'Empereur a toujours été entouré, partout
où il a paru, du prince de Neufchâtel, du maréchal Bessières,
du grand maréchal du palais Duroc, du grand écuyer Cau-
laincourt, et de ses aides de camp et écuyers de service. Une
partie de l'armée n'a pas donné, ou est encore sans avoir tiré
un coup de fusil.
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622 CAMPAGNE DE PRUSSE.
ORDRE DU JOUR.
Dispositions de l'ordre de bataille.
Au bivouac d*Iëna, 14 octobre 1806.
M. le maréchal Augereau commandera la gauche ; il pla-
cera sa 1" division en colonne sur la route de Weimar, jus-
qu'à une hauteur par où le général Gazan a fait monter son
artillerie sur le plateau *, il tiendra des forces nécessaires sut
le plateau de gauche, à la hauteur de la tête de sa eolonse.
Il aura des tirailleurs sur toute la ligne ennemie, aux diffé-
rents débouchés des montagnes. Quand le général Oazân
aura marché en avant, il débouchera sur le plateau avec tout
son corps d'armée, et marchera ensuite, suivant les circons-
tances, pour prendre la gauche de Tarmée.
M. le maréchal Lannes aura, à la pointe du jour, toute son
artillerie dans ses intervalles et dans l'ordre de bataille où il
a passé la nuit.
L'artillerie de la Garde impériale sera plaôée sur la hau-
teur, et la Garde sera derrière le plateau, rangée sur cinq
lignes , la première ligne , composée des chasseurs, couron-
nant le plateau.
Le village qui est sur notre droite sera canonné avec toute
l'artillerie du général Suchet, et immédiatement après atta-
qué et enlevé.
L'Empereur donnera le signal ; on doit se tenir prêt à h
pointe du jour.
M. le maréchal Ney sera placé, à la pointe du jour, à l'extré-
mité du plateau, pour pouvoir monter et se porter sur la droite
du maréchal Lannes, du moment que le village sera enlevé
et que, par là, on aura la place de déploiement.
M. le maréchal Soult débouchera par le chemin qui a été
reconnu sur la droite, et se tiendra toujours lié pour tenir la
droite de l'armée.
L'ordre de bataille en général sera, pour MM. les Maré-
chaux, de se former sur deux lignes, sans compter celle d'in-
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14 OCTOBRE. 623
fanterie légère * ; la distance des deux lignes sera au plus de
100 toises.
La cavalerie légère de chaque corps d'armée sera placée
pour être à la disposition de chaque général, pour s'en servir
suivant les circonstances.
La grosse cavalerie, aussitôt qu'elle arrivera, sera placée
sur le plateau et sera en réserve derrière la Garde, pour se
porter où les circonstances Texigeraient.
Ce qui est important aujourd'hui, c'est de se déployer en
plaine -, on fera ensuite les dispositions que les manœuvres
et les forces que montrera l'ennemi indiqueront, afin de le
chasser des positions qu'il occupe et qui sont nécessaires pour
le déploiement.
Par ordre de l'Empereur,
Le Major général^
Maréchal Alex. Berthier.
Les dispositions générales données par le Commandant de l'armée
indiquent la place de chacun des corps d'armée dans Tordre de ba-
taille, leur rôle au commencement de la manœuvre, la direction
générale du combat et son premier objet, Theure ou le signal de
l'attaque, la liaison à conserver entre les différentes fractions de l'ar-
mée, remplacement des réserves générales à proximité desquelles se
tient toujours le Commandant de Tarmée, la formation à prendre dans
chaque corps d'armée.
Ces dispositions sont communiquées dans leur ensemble à tous les
commandants de corps d'armée et aux commandants de la cavalerie
et de l'artillerie, de façon à ce que chacun puisse concourir à l'exé-
cntion du plan général.
Le Commandant de l'armée place les corps d'armée sur la ligne de
bataille d'après le caractère de leurs chefs de façon à confier à cha-
cun la besogne à laquelle il est le plus propre.
Le Commandant de l'armée ne peut rien prévoir pour le dévelop-
pement de la journée.
1. Indépendamment de la ligne d'infanterie légère, les divisions se forment
sur deux lignes, une brigade par ligne, aHn qu'il y ait unité de commande-
nieDt dans l'attaque, et aussi unité de commandement dans Taction de la se-
conde ligne lorsqu'elle se porte on avant, soit pour prolonger la première
ligne, soit pour la remplacer.
Une division de S régiments se forme sur 8 lignes, un régiment par ligne.
Uoe brigade isolée se forme sur 2 lignes.
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624 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Ce point important obtenu, on fera ensuite les dîspositîonB qneles
manœuvres et les forces de l'ennemi indiqueront ; on manœuvrera
suivant les circonstances, chaque corps conformant ses mouvements
à ceux des corps voisins et cherchant à faciliter leur action. D se
produira sur le champ de bataille des manœuvres analogues à
celles qui ont eu lieu sur le champ d'opérations où les différentes
colonnes ont facilité les mouvements des colonnes latérales et leur
ont permis de s'élever. Au début même de la bataille le mouve-
ment en avant du 5* corps permettra au 7* corps de déboucher. Le
mouvement débordant du 4* corps sur le flanc gauche des Prussiens
à hauteur de Klein -Romstftdt déterminera la retraite de* la seconde
ligne prussienne.
L'Empereur prenait toujours, pour livrer bataille, des dispositions
générales qu'il dictait et faisait communiquer à tous les comman-
dants de corps d'armée. (Dispositions du 23 vendémiaire an XIV
devant Ulm ; pour la journée du 11 frimaire ; du 14 juin 1807 pour
la bataille de Friedland ; du 6 septembre 1812 pour la bataille de la
Moskowa.) Bien d'autres ordres analogues ont dû être dictés de
même et ne nous sont pas parvenus. L'ordre pour le passage de la
Narew à Okunin par le 3* corps le 23 décembre 1806, qui a été
dicté à l'adjudant commandant Hervo, n'a échappé que parce qu'il
a été transcrit sur le journal des opérations du 3* corps. (Campagne
de Pologne, journée du 23 décembre.)
Le Commandant de l'armée donne lui-même le signal de l'attaque.
L'action engagée, il suit les progrès du combat, ordonne selon le*
circonstances de nouvelles dispositions pour annuler celles de l'en-
nemi et les lui rendre funestes, et dirige la bataille comme il a dirige
les opérations. Ayant auprès de lui ses réserves pour parer à tout ac-
cident imprévu , il est prêt à saisir le moment de décider la bataille.
Pendant toute la journée les corps d'armée ont tenu la place que
l'Empereur leur avait fixée dans l'ordre de bataille, à l'exception du
6* corps dont l'avant-garde se forma à la gauche du §• corps au lieu
de se former à sa droite.
Le point important était de se déployer en plaine et pour cela
d'avoir la place de déploiement.
Il fallait chasser les premières troupes prussiennes de leurs posi-
tions et des villages qui en formaient les points d'appui. Le 5* corps
qui avait fait l'avant-garde de l'armée, qui depuis le 12 suivait Tar-
rière-garde ennemie et qui depuis le 13 était sur le plateau, exécuw
cette attaque pour permettre à l'armée tout entière de déboucher.
Pendant toute la journée il fut le pivot de la manœuvre ; c'est lui qui
eut à supporter le principal effort de l'armée prussienne, à vaincre
toute la résistance.
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14 OCTOBRE. 625
L'attaque fut menée par le centre que tenait le maréchal Lanncs.
Le rapport du 5* corps est le plus important ; c'est pour cette raison
que je le présente le premier. Les manœuvres des autres corps d'ar-
mée viennent toutes se rattacher à celles de ce corps.
RAPPORT DU GÉNÉRAL VICTOR, CHEF d'ÉTAT-MAJOR
DU 5° CORPS d'armée.
... Vers les4 heures du matin, TEmpereur lit appelerle ma-
réchal Lannes pour lui faire part de ses projets ; les troupes
reçoivent au même instant Tordre de prendre les armes et
rartillerie de s'établir pour attendre le signal de la grande
bataille qui allait être livrée. 6 heures étaient sonnées que le
j^and jour ne paraissait pas. Un brouillard extrêmement
épais obscurcissait l'horizon ; cependant il n'y avait pas un
instant à perdre pour marcher à l'ennemi ; il pouvait nous
prévenir et notre position dans ce cas devenait très-embar-
rassante; aussi S. M., sans s'inquiéter des obstacles, donnâ-
t-elle ce signal si désiré.
Le Maréchal disposa en même temps son corps d'armée
partie en ligne, partie en colonne avec l'artillerie dans les
intervalles. L'attaque devant être dirigée par notre droite
sur le village de Closwitz d'après les instructions de S. M.,
le Maréchal mit ses troupes en mouvement, et, par un chan-
gement de direction à droite *, il les prépare à soutenir l'at-
taque du village exécutée avec une grande vigueur par le
17*, le bataillon d'élite et 2 pièces d'artillerie à cheval. Le
34*, sous le commandement du général Reille, prit une grande
part à cette affaire pendant laquelle le 21' léger, de la division
Gazan, chassait du bois à la droite de ce village l'ennemi
qui y était en force, et qu'il lui prenait 10 pièces de canon
1. Le changement de direction à droite du 5^ corps amena une ouverture
dans la ligne entre le 6^ et le 7^ corps. L'Empereur boucha cet intervalle par
une batterie qu'il forma avec toute rartillerie attachée à la Garde, une partie
de rartillerie de la division Gazan et une partie de rartillerie de la division
Desjardins, soit au total environ 25 pièces de canon. (Voirie rapport du com-
mandant de rartillerie de la division Desjardins.) La Garde garnissait le reste
de rintervalle. C*est dans cet espace, que le maréchal Ney poussa Tavant-
garde du 6« corps.
CAHP. DR PRCISB. 40
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626 CAMPAGNE DE PRUSSE.
et 4 obusiers. Les 64* et 88* aux ordres du général Vedel,
soutinrent avec valeur, quoique en seconde ligne, le feu ter-
rible de rennemi.
Ces préliminaires de la bataille eurent tout le succès qu on
en pouvait attendre. La brigade d'avant-garde de la division
Suchet se sentant puissamment soutenue ^ par les brigades
.Reille et Vedel de cette division et par la division Gazanqui
arrivaient successivement par échelons, firent des prodige^j
et forcèrent le grand nombre d'ennemis qu'elles avaient à
combattre à se retirer en désordre et avec une perte considé-
rable sur les villages de LUtzenrode et au delà, derrière les-
quels l'armée prussienne nous attendait. Elle nous avait
abandonné 26 pièces de canon en batterie *.
Ce coup hardi et imprévu lui donna de l'inquiétude ; elle
cràigiiait pour son centre et c'est pour cette raison que l'on
vit toute sa droite abandonner ses positions' pour se réunira
ce centre si dangereusement menacé.
Le 5* corps marchant dans l'ordre le plus parfait malgré la
difficulté des obstacles qu'il avait franchis, vint se former sur
deux lignes en avant du village de Vierzehn-Heiligen*; le
40* et le 21" léger furent envoyés au village de Vierzehn-Hei-
ligen*. Ce poste était intéressant et on va voir que l'ennemi
1. La coaûance inspirôe par la proximité des Iroupes de soutiea double h
vigueur de l'attaque. .
2. Y compris les canons de bataillon.
3. Entre 8 et 9 heures, la première position de l'armée prussienne éiaii
forcée, et tout le corps de Tauonzien, fort, parait-il. de la bataillons, 8 e;^ci-
drons et 2 batteries, était en retraite.
4. C'est-à-dire ayant devant lui le village qu'il fallait enlever.
5. Le rapport du général Victor n'est pas très clair au sujet de l'attaque du
village de Vierzehn-Ueiligon et du second combat de la journée ; le rappi-n
du général Suchet et ceux des 4*, 6« et 7* corps permettent de se iaire ure
idée assez exacte de cette action.
Pendant le mouvement en avant du 5« corps, le général Glaparôde, avec Je
bataillon d'élite, avait continué à poursuivre l'ennemi dans le ravin «t, in-
versant Krippendorf, 8*était élevé sur le plateau jusqu'au moulin de Vierubrh
Heiligen.
En môme temps, sur l'ordre de l'Empereur, le 40« se portait à l'atttqoe d'-i
village de Vierzehn-Heiligen, point d'appui du centre de la ligne ennemie.
dont l'occupation était très importante, et que tenaient encore les troupes ùe
Tauenzien. Cette première attaque eut lieu vers o heures. L'ennemi évacua le
village en y mettant le feu ; mais voyant qu'il n'avait affaire qu'à un pt^ii^
nombre de troupes, il l'attaqua à son tour, le reprit et y porta beaucoup de
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14 OCTOBRE. 627
y attachait une grande importance. Il se préparait à nous at-
taquer à son tour et bientôt il se présenta avec des forces im-
posantes. Son artillerie faisait un feu terrible ; elle portait le
monde. Le 40*, ea se relirant, protégeait la retraite du général Claparède ;
c'est ce que Ton doit entendre par cette phrase du rapport du général Suchet :
1 11 eut Foccasioa de protéger le mouvement rétrograde de plusieurs batail-
I Ions et escadrons. »
Dans ce môme moment, le 1<' bataillon du 84* montait sur la hauteur à
«iroiie et arrêtait lu cavalerie prussienne qui iiésîlait à pénétrer en arrière du
village pour prendre en flanc les troupes désunies qui en descendaient, c'est-
à-dire le 40* et le bataillon d*élite.
Le 5* corps était maitre du vallon et des ravins, mais il avait été chassé
du village.
On entendait alors sur les derrières, dans la direction de Rudigen, le canon
(lu général Uoltzendorf, qui avait été séparé du corps de Tauenzien. La brl-
^dc Vedel, 64* et 88*, débusquait en même temps d'un bois une fraction de
Taile gauche do Tauenzien, la chassait également d*Alton-Gônne et la rejetait
dans la direction d'Apolda, laissant au 4« corps le soin de la surveiller.
Us divisions d*infanterie du 6^^ corps commençaient à déboucher sur le
plateau. L'Empereur ordonne alors un nouvel ed'ort sur le village. Le 40^ (une
[lurtiou de la brigade Reille, rapport du général Suchet), soutenu par le 2 1« le-
;:er, se présente pour recommencer Tatiaque si longtemps inFructueuse do
Vierzehn-Heiligen ; ces deux régiments y pénétrent et avec eux le bataillon
do voltigeurs du 6« corps; ils en chassent l'ennemi. Le général Reille avec
\ii< 8« et 8« bataillons du 34« vient s'établir à la gauche du village, ayant lui-
même à sa gauche la brigade de cavalerie légère du général TreiUard. 11
pouvait être environ 10 heures et demie.
C'est à ce moment que la division prussienne Grawert, avec une nombreuse
artillerie, s'avance a l'attaque, par échelons de 8 bataillons l'aile gauche en
'ivant, pour repousser la ligne française, en recourbant son aile gauche, aliu
d'envelopper le village de Vierzehn-Heiligen.
L'instant est critique. Le maréchal Lannes se porte à la droite du village,
i^ur la hauteur, avec le 100« de ligne soutenu par le 103% arrête Teffort de la
ligne ennemie, et permet au 4o« et au 2i« léger de se maintenir. Pendant ce
temps, la brigade Vedel est revenue derrière le village former la réserve du
ô« corps.
Le 4« corps arrivant à la hauteur de la droite du 5«, l'Empereur donne l'ordre
à toute la ligne de se porter en avant. La charge est battue ; le mouvement
des 100* et 103«, précédés par 6 pièces d'artillerie à cheval de la division
Gazan, détermine la retraite des Prussiens; tout le 5* corps suit cette impul-
sion décisive.
Là, comme toujours sur le champ de bataille, le mouvement en avant est
déterminé par rentrée en ligne de nouvelles troupes, la division Gazan et le
i' corps. Cette règle est invariable, qu'il s'agisse d*un bataillon, d'un corps
d'armée ou d'une armée : les troupes de soutien (troupes de seconde ligne)
et de réserve (réserves générales) entraînent avec elles dans le mouvement
en avant les troupes déjà engagées.
Dans le même temps, la division Desjardins s'est emparée du bois et du vil-
loge d'Userstâdt et a pris part à l'attaque du 5* corps et de l'avant-garde du
s* corps.
Ce second acte de la bataille, depuis la marche en avant de la ligne prus-
«ieane jusqu^â la déroute de sa gauche, avait duré environ deux heures ou
deux heures et demie. 11 devait être environ midi ut demi ou une heure.
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628 CAMPAGNE DE PRUSSE.
carnage de la mort dans nos rangs ; c'est dans cet instant, le
plus critique de la journée, que le maréchal Lannes marcha
à la tête du 100' régiment commandé par le général Grain-
dorge pour se porter à la droite du village, s'emparer des
hauteurs qui s'y trouvent et menacer par cette manœuvre
hardie le flanc gauche de l'ennemi, que les généraux Ga-
zan et Campana, appelés avec le 103® pour soutenir cette
entreprise, se frayèrent un passage à travers les lignes prus-
siennes sous un feu des plus vifs d'infanterie et d'artillerie
et rejoignirent le lOO*,
Le 40* et le 21* se soutenaient avec intrépidité dans le
village. Le 34* était établi à la gauche avec le général Raille.
Le mal que lui faisait le canon ennemi ne lui permettant pas
de tenir cette position, il marcha audacieusement à lui. Leb
64* et 88* combattaient vaillamment une colonne qui s'était
jetée sur les derrières de notre droite, Notre artillerie étonnait
l'armée prussienne par la justesse et la multiplicité de ses
coups. La cavalerie, aux ordres du général Treillard, suivait
tous nos mouvements sous le feu des ennemis et cherchait les
occasions de signaler son courage. La bataille était générale.
Le 5* corps luttait contre 60,000 Prussiens soutenus de plus
de 100 pièces de canon.
Le Maréchal, suivant les ordres qu'il venait de recevoir de
IS. M., fit succéder nos triomphes à cette lutte meurtrière et
pénible en se portant sur le flanc gauche des ennemis avec
les 100* et 103* et 6 pièces d'artillerie de la division Gazan
commandées par le général Foucher en personne. Cette ma-
nœuvre étonne les ennemis ; ils sont incertains ; leur feu se
ralentit tandis que le nôtre redouble. Ils cèdent du terrain.
Le Maréchal saisit cette occasion ; il les fait charger par ces
deux régiments en masse ; tout le corps d'armée suit cette
impulsion décisive.
L'armée prussienne est culbutée et forcée de se retirer en
désordre laissant en nos mains une grande quantité de pri-
«onniers et de canons \ C'est alors seulement que notre cava-
1. La retraite dos Prussiens se fit en ordre pendant la première beure, c'est
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14 OCTOBRE. 629
lerie peut satisfaire sa bouillante ardeur ; elle cherche à riva-
liser de gloire avec Finfanterie et Tartillerie, se précipite sur
les bataillons ennemis ; ils ne peuvent résister à cet élan du
<îourage et du dévouement. Tout lui cède, et les 9* et 10* de
hussards et 2V de chasseurs aux ordres du général Treillard
se mettent au niveau de notre infanterie et de notre redou-
table artillerie. Le résultat de cette charge a été la prise de
4 bataillons d'infanterie, 8 drapeaux, 16 pièces, un grand
nombre d'officiers de tous grades et 2 généraux prussiens.
S. M. a détaché la brigade Vedel au soutien de la division
Desjardins à la gauche ; le 1" bataillon du 64* et le 2* du 88*
ont attaqué avec vigueur l'ennemi et l'ont poursuivi jusque
sous les murs de Weimar.
Le 5* corps a continué sa marche dans l'ordre le plus im-
posant, en suivant les traces ensanglantées de l'armée prus-
sienne qui, malgré ses pertes et ses défections, cherchait
encore à se défendre. Elle fut poursuivie jusque sur les hau-
teurs de Weimar, trop heureuse que la nuit arrivât pour se
sauver d'une perte totale.
Je ne puis mieux faire que de reproduire le récit du combat de
n-dire jusqu'à une heure et demie environ. Mais elle devint bientôt un affreux
désordre. A i heures, dit la relation prussienne, l'armée ressemblait a un
fleuve de fuyards. — La division Saint-Hilaire, le 5« corps, Tavanl-garde du
<* corps, la division Desjardins, avaient pris part à Tattaque décisive contre
le corps du prince de Hohenlohe. L'ennemi fut mené battant pendant une
heure par la cavalerie légère des corps d'armée, suivie à courte distance par
la ligne d'infanterie et par les brigades de la i''^' division de dragons.
La division Saint-Hilaire occupa Gross-Romstadt et le 5* corps s'avança jus-
qu'à la créle qui domine la vallée de Gapellendorf. La ligne française s'y
lieurta contre le corps du général Rûchel qui, après avoir traversé Gapellen-
dorf, gravissait à ce même moment les pentes de Gross-Bomstadt. Les deux
lignes d'infanterie en vinrent aux mains. Les Prussiens ne purent se rendre
raailres de Gross-Romstâdt : n'ayant plus de réserves pour entraîner leurs
troupes, ils ne tardèrent pas à fléchir et à ôlre jetés dans le vallon, où les
Français les suivirent, le 4« corps par Gapellendorf, le 7« corps par la grande
route de Weimar, en se rapprochant l'un de l'autre. Les troupes du 6® corps
qui avaient soutenu Tefrort de la journée étaient épuisées et désunies ; elle^
passèrent en secende ligne ainsi que Tavant-garde du 6* corps. La brigade
Vedel, la seule du 5* corps qui n'eût pas été fortement engagée, fut dirigée
par l'Empereur pour soutenir le mouvement de la division bcsjardins, du
7* corps; elle passa bientôt en première ligne et continua la poursuite appuyant
b cavalerie de la réserve et la cavalerie légère des corps d'armée.
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630 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Vîerzehn-Heiligen tracé par le lieutenant- colonel von der Goltz, de
rétat-major allemand ' . Il permet d'assister du côté des Prussiens à
Tacte décisif de la bataille. On pourra se rendre compte que ce récit
concorde avec les rapports des officiers généraux français.
< ... Ni le prince Hohenlohe^ ni le quartier maître général, colonel
e Massenbach, ne se rendaient un compte exact du danger qui les
« menaçait. On ne s'attendait pas à un combat sérieux ce jour-là. An
« quartier général, comme au camp, tout le monde était au repos.
« La division saxonne Niesemeuschel qui était campée près de la
< Schnecke prenait seule les armes, et à 6 heures du matin s'établis-
« sait à la Schnecke. Enfin quelques troupes légères, sous les ordres
« du colonel Boguslawski allaient occuper les bords du Schwabhan-
« ser-Grund et 4 bataillons saxons qui auraient dû rejoindre le corps
« de Tauenzien auquel ils appartenaient, mettaient en état de dé-
« fense le bois d'Isserst&dt.
« ...Le bruit du combat de Closwitz et de Lutzenrode commen-
«c çait à être entendu du camp de Capellendorf. Le général Grawert
« croyait même que le combat se livrait du côté d'Apolda dans le doè
« de r armée et il avait dépêché un de ses aides de camp auprès da
€ colonel Massenbach pour le prier de reporter la division Tauenzien
« sur Vierzehn-Heiligen. Lui-même, prenant l'initiative, avait fait
< prendre les armes à sa division, abattre les tentes, et rompait ver»
« la gauche pour faire ensuite tête de colonne à gauche et marcher
« avec sa tête sur Vierzehn-Heiligen pour se former en bataille face
< à ce village, le dos tourné à Klein et Gross-Romst&dt. A ce mo-
< ment, la retraite du général Tauenzien se dessinait nettement. L&
« cavalerie forte de 19 escadrons et d'une batterie saxonne se porta
« en avant pour recueillir les débris de Tauenzien. Le prince de
€ Hohenlohe se mit à sa tête et envoya à l'infanterie l'ordre d ava»-
c cer dès qu'elle aurait achevé sa formation eu bataille. Il était envi-
< ron 9 heures et demie quand toute la ligne formée par la division
« s'ébranla. Au pas accéléré, au son des instruments et avec uue
c régularité qu'on ne rencontrait pas toujours même sur le terrain
c d'exercices, la division se mit à gravir les pentes douces, hautes de
« 20 mètres environ qui montent vers Vierzehn-Heiligen. Afin de ?e
< relier avec les Saxons qui occupaient Isserst&dt, la division obliqo&
< légèrement à droite ; à Isserstildt aussi se tenait la cavalerie saxouue
< forte de 15 escadrons avec une batterie. Enfin la brigade Djherrn.
« fortement éprouvée au combat dç Saalfeld et qui ne comptait que
« 4 bataillons et 3 escadrons, se formait derrière la droite de ladiri-
€ sion Grawert.
1. Je dois cette traduction à robligoancedu lieutenant-colonel Hartschmidl,
du 94*.
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14 OCTOBRE. 631
c Arrivés à hauteur de Vierzehn-Heiligen, lès 19 escadrons prus-
siens reçurent des coups de canon ; ils reculèrent jusqu'à une
légère dépression où ils se formèrent en bataille. Pendant ce temps,
les débris de Tauenzien dépassaient Yierzehn-Heiligen, laissant le
Domberg couvert de fuyards et de blessés. Du côté de KSdigen
aussi, on entendait une vive fusillade et de la canonnade, mais le
broaillard empêchait de rien distinguer...
«... Lorsque les bataillons de Grrawert arrivèrent aux abords de
Vierzehn-Heiligen, les 4 bataillons saxons qui occupaient le bois
d'Isserstftdt passèrent en deuxième ligne. Le brouillard se dissipait
et l'on commençait à distinguer nettement les tirailleurs français
qui s'avançaient sur Vierzehn-Heiligen suivis de petites colonnes
d'escadrons isolés soutenus par quelques pièces d'artillerie à che-
val "... La cavalerie prussienne s'était bravement reportée, en
avant; mais accueillie par le feu des tirailleurs et par le canon ^
elle dut se replier par les deux ailes. Elle perdit môme .une de ses
batteries à cheval prise par de la cavalerie française. Les Français
pénétrèrent dans Vierzehn-Heiligen. . . A ce moment, le bruit de la
canonnade du côté du corps de Holtzendorf semble avoir amené un
temps d'arrêt. L'idée de rejeter la première ligne française s'empara
de l'esprit de tous, mais au lieu de la mettre à exécution à l'aide
des trois armes, le prince de Hohenlohe n'y employa que son infan-
terie, sans doute parce qu'elle avait toute sa confiance. Il passa
devant le front des bataillons de la gauche à la droite, leur rappe-
lant la vieille gloire prussienne et les hauts faits d'armes de leurs
pères, et partout il fut salué avec enthousiasme.
< n était 10 heures et demie quand les 10 bataillons de la division
Orawert se portèrent en avant par échelons de 2 bataillons, la
gauche en avant. Malgré le feu des tirailleurs français et malgré la
mitraille, leur marche se fit comme sur le terrain d'exercices. A la
droite, les Saxons et des chasseurs prussiens du corps de Tauenzien
suivirent leur mouvement dans la direction d'IsserstUdt. Les tirail-
leurs français furent repoussés abandonnant une partie de la lisière
du village et du bois d'Isserstâdt. Mais il s'agissait bien ici d'exé-
cuter des marches en échelon avec une régularité sans pareille. Ce
qu'il fallait, c'était un choc à fond sur le même point, avec les
forces disponibles, pour reprendre le village de Vierzehn-Heiligen
qui était devenu la clef de la position. Mais l'infanterie prussienne
n'était pas habituée à des efforts de ce genre. Suivant sa tactique,
elle s'arrêta à portée de mousqueterie de la lisière du village et
attendit l'entrée en ligne des échelons postérieurs en recourbant
son aOe gauche pour envelopper le village. On ouvrit le feu contre
1. Lei 6 pièces d*artillerie légère de l'avant-garde du 6« corps.
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632 CAMPAGNE DE PRUSSE.
< le village ; Fartillerie parvint même à y mettre le feu, mais finale-
< meut les Français en restèrent les maîtres.
« A ce moment, riUusion était telle du côte des Prussiens que le
« général Grawert crut pouvoir complimenter le prince de Hchenlobe
« de la victoire qu'il venait de remporter!... Le prince Hohenlohe
€ voulait recommencer l'attaque ; le général Grawert conseillait d'at-
« tendre l'entrée en ligne du corps de Rtichel dont on avait demandé
< l'aide et que l'on savait en marche vers le champ de bataille.
« D'autres attendaient aussi le concours du corps de Holtzendorf, à
c ce moment déjà en retraite. Massenbach seul semble avoir eu cons-
« cience de la gravité de la situation : « Attendre, dit-il, c'est la
€ mort !» et il proposa de réunir toute la cavalerie et de la faire
< charger à fond. La charge n'eut pas lieu; on préféra attendre l'ar-
« rivée de RUchel, mais Kuchel ne vint pas. Le temps passait, les
< pertes augmentaient et les cartouches commençaient à manquer,
c Les tirailleurs français embusqués derrière les haies et dans les
c maisons du village tiraient sur les lignes prussiennes comme à la
« cible. Celles-ci répondaient par des feux de peloton et de batail-
c Ion, mais sans produire le moindre résultat. . . Un régiment de l'aile
c gauche lâcha pied *, le Prince le fit ramener à coups de bftton et de
€ plat de sabre ; les hommes furent ramenés au feu et firent brave-
« ment leur devoir jusqu'au bout. Ce combat inégal dura 2 heures...
«... Les pertes des Prussiens devenaient insupportables *, les ba-
« taillons commençaient à chanceler ; l'aile gauche fut la première à
« reculer et son mouvement se communiqua à toute la ligne, malgré
€ les efforts du Prince et de ses officiers pour l'arrêter. Les bataillons
« de Tauenzien placés à Klein -Romstâdt permirent à l'aile gauche
« de s'arrêter et de se remettre ^ mais la retraite de l'aile droite se
« changea en une déroute complète. Seul le bataillon saxon « An»
« dem Wenkel » au milieu duquel se trouvait le Prince ne perdit pas
« contenance ; il fit une brillante retraite et parvint à se retirer... A
€ 2 heures de l'après-midi, l'armée ressemblait à un fleuve de
« fuyards... »
LE GÉNÉBAL 8UCHET AU MARÉCHAL LANNBS.
Weimar, 15 octobre 1806.
... A. la pointe du jour je formai la brigade Claparède en bataille
suivie de 2 pièces pour s'emparer du petit village de Closwitï qui se
trouvait sur notre droite, la brigade en deux lignes, l'artillerie dans
les intervalles. Le 40* eu colonne avec ordre de se déployer aussitôt
que le terrain le permettrait, et enfin la brigade Vedel en masse pla-
cée en réserve à 100 toises.
Dans cet ordre la division s'ébranle ; le général Claparède pousse
à l'ennemi et cherche le village, mais l'ép&is brouillard qtii nous
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14 OCTOBRE. 633
enveloppe permet à peine de distinguer les objets à quelques pas.
Vous m'ordonnez de faire appuyer à gauche la brigade Claparède ;
cet ordre porte par mon aide de camp Meyer lui permet d'entendre
très- distinctement le commandement des officiers prussiens ; il l'in-
dique au général Claparède et dès lors s'engage un feu nourri de
mousqueterie et d'artillerie dans l'obscurité du brouillard qui ne per-
mettait pas de juger de la force de l'ennemi.
J*ai fait continuer la marche eu avant et là le 17° soutint pendant
près de cinq quarts d'heure ' un feu des plus vifs et des plus meur-
triers au milieu duquel j'ai vu tomber à mes côtés deux officiers et
trois ordonnances. Mes aides de camp, mes officiers d'état-major et
du génie ont eu leurs habits percés de balles. Tous les corps de la
division, que la marche en avant avait resserrée, étaient fortement jetés
à gauche et comme traînés par la pente du terrain sur lequel nous nous
trouvions. Dès que nous commençâmes à distinguer les petits bois,
je prescrivis au général Claparède d'en chasser l'ennemi. 11 y téussit
en éprouvant une opiniâtre résistance. Arrivée à la tête du bois, la
division, presque serrée en masse * quoique deux brigades déployées,
reconnut devant elle sur le plateau une nombreuse cavalerie. Le 17°
manquait de cartouches et se trouvait singulièrement affaibli *. J'or-
donnai au général Reille de le remplacer par le 34* ^. Ce passage de
ligne s'exécuta par bataillon parfaitement, et à ce moment le soleil
commença à dissiper le brouillard * et nous fit apercevoir à peu de
distance 3 bataillons de grenadiers à grands bonnets, qui nous char-
geaient en flanc*.
J'ordonnai aux 2* et 3* bataillons du 34° qui, presque lentement
l'arme au bras, s'avançaient en bon ordre, de les chargera leur tour
avec un feu en avançant et par un changement de front l'aile droite
en avant de culbuter les grenadiers et d'enlever les pièces. Ce mouve-
ment fut fait au pas de charge, les grenadiers mis en fuite et 2 pièces
en batterie prises. L'ennemi continuait de tirer en retraite. J'ordonnai
1. Le bro-jillard ne permit pas de mener Tattaque du village et du bois en
avant d'uno façon aussi rapide ol aussi sûre qu'on l'aurait désiré.
2. Il s'était produit une accumulation de tous les corps sur un soûl point
par suite do Taclion et aussi de la Torme du terrain.
3. Ce régiment était anniliilé pour le reste de la journée. Il n'en sera plus
TaîI mention.
4. I Une ligno, dans une journée importante, passe tout entière aux tirail-
' leurs, quelquefois même deux fois. Il faut relever les tirailleurs toutes les
■ deux heures, parce qu'ils sont fatigués, parce que leurs fusils se dérangent
■ et s'encrassent. » (L'Empereur, IVoie» tur l'art de la guerre du général Rogniat.)
à. Il pouvait dtrc environ 8 heures et demie.
6. Le 5® corps s'avançait en échelons sur le platoau dans la direction de
Krippeudorf, l'échelon de droite, division Suchet, en avant. L'attaque se pro-
duisit sur notre flanc gauche, venant du village de Liitzenrode.
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634 CAMPAGNE DE PRUSSE.
au chef de bataillon Rosey, du 88*, d'achever ce succès. Il le fit avec
vigueur. Un bataillon en masse du 21* léger le soutint en ce moment
et 22 pièces furent abandonnées dans le grand ravin en arrière de U
position que nous venions d'enlever ' . Le général Claparède * mar^
cha dans la vallée pour en chasser l'ennemi. Entraîné jusqu'au delà
du moulin de Vierzehn-Heiligen, il fit abandonner encore 4 pièces
de canon, mais lui-même bientôt rencontrant des forces supérieures
revint en bon ordre prendre position près de la division. Pendant ce
temps l'Empereur ' avait disposé du 40* régiment et le dirigeait sur
le village de Vierzehn-Heiligan qui brûla ensuite. A la première
charge qu'eut occasion de faire ce brave régiment, il prit une pièce,
soutint avec une grande vigueur des attaques réitérées et eut occa-
sion de protéger le mouvement rétrograde de plusieurs bataillons et
escadrons. Pendant toute la journée ce régiment a combattu avec sa
bravoure ordinaire ; toutes les fois qu'il a pu joindre l'infanterie, il
l'a culbutée. Son colonel a été blessé ; le chef de bataillon Dupejronx
l'a remplacé et par son calme et sa vigueur il a su tenir constamment
son régiment rallié.
La ligne ennemie était coupée et nous étions maîtres des vallons
et du ravin lorsqu'une fusillade et une canonnade très-vives se sont
fait entendre derrière notre droite. La brigade Vedel a fait aussitôt
demi-tour pour attaquer l'ennemi sur ce point, tandis qu'une portion
de la brigade Reille s'est présentée pour recommencer l'attaque si
longtemps infructueuse du village brûlé.
Le l*** bataillon du 34*, commandé par le colonel Dumoustier. à
travers le vallon à droite, a poussé des escadrons de la cavalerie
ennemie qui hésitait à pénétrer en arrière du village pour prendre
en flanc les troupes désunies qui en descendaient. Il arriva au mou-
lin et By forma aussitôt en carré pour se préparer à soutenir la
charge de la cavalerie. Dans cette position il a beaucoup souffert par
le canon jusqu'à ce que le mouvement victorieux que nous avons
entraîné, a fait abandonner à l'ennemi le village brûlé. Dès lors la
division a continué de traverser la plaine sur deux lignes et de pour-
suivre la déroute.
Pendant ce temps l'Empereur en personne a disposé de la bri-
gade Vedel et l'a mise en soutien de la division Desjardins. Le 64* a
eu occasion de marcher sur un point que défendaient les Prussiens
avec opiniâtreté sur la droite ; il l'a enlevé avec vigueur, et enfin le
chef de bataillon Cambronne, commandant le 2* bataillon du 8î3'.
1. C'est-à-dire dans le ravin Krippondorf-Alten-Gônne. Ces pièces sool les
mêmes que los 26 dont le général Victor parle dans son rapport.
8. Avec le bataillon d'élite.
s. L*Ëmpereur se trouvait donc à ce moment i hauteur de la première ligne
de rinfanterie de bataille.
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14 OCTOBRE. 635
officier très déterminé, a chargé audacieusement les batteries et re-
poussé rennemi de deux positions en arrière, a pressé les charges de
notre cavalerie, qu'il a appuyée jusque sous les murs de Weimar,
tandis que le reste de la division, après la retraite totale de l'ennemi,
a pris position à la nuit sur la grande route d'Iéna à Weimar à Tem-
brauchement de celle de Naumburg*.
L'artillerie a tiré à Saalfeld et à la bataille d'Iéna 1,322 coups de
canon. Elle a démonté à l'ennemi 9 pièces dont 3 ont été enlevées
par les canonniers. Elle a eu 3 pièces démontées et 15 chevaux de
troupe tués...
La perte totale en tués ou blessés s'élève à 2,645 parmi lesquels
(5 officiers.
LB QBNÉBAL FOUCBER, COMMANDANT l'aRTILLERIE DU 5® CORPS,
AU GÉNÉRAL SONGIS.
Merseburg» I8i octobre 18O6.
L'artillerie du 5* corps a pris une part fort active à la bataille
dléna : toutes les pièces étaient en batterie et ont tiré comme il est
à déairer que puisse toujours le faire l'artillerie, de différente points
sur le même but et à petite portée. Pendant l'attaque du village
brûlé, elles ont soutenu nos troupes avec vigueur et se sont portées
en avant au galop quand l'ennemi a commencé son mouvement ré-
trograde ; elles ont alors démonté une partie de ses pièces et porté
dans ses rangs un désordre tel que pour se soustraire au feu meur-
trier de notre artillerie tirant à mitraille à 70 toises, ils se sont vus
réduits à prendre la résolution désespérée de venir fusiller nos canon-
niei-8 à leurs pièces, ce qu'ils auraient fait sans l'arrivée d'un corps
d'infanterie destiné à nous soutenir.
Nous avons perdu M. Gronnier, second lieutenant au 6' régiment
d'artillerie à cheval. Ce jeune homme plein d'honneur et de bravoure
a été emporté par un obus à l'attaque du village.
3 canonniers, 1 soldat du train, 23 chevaux d'escadron et 39 che-
vaux du train ont été tués.
21 canonniers ainsi que 2 soldats du train ont été blessés par la
mousqueterie.
3 pièces ont été démontées.
1 coffret a sauté par le feu de l'ennemi.
M. Sibille, capitaine commandant la 3" compagnie du 6' d'artille-
rie à cheval, et M. Giraud, sous- lieutenant au 5* bataillon bis du
train, ont eu l'un et l'autre un cheval tué sous eux.
]. Toute Tinrantorie du 6e corps bivouaqua dans cette position, à i*excep-
tion de la brigade Vedel.
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636 CAMPAGNE DE PRUSSE.
J'attribue une partie du succès de l'artillerie du corps d'armée an
zèle et aux soins de MM. Fruchard et Saint-Loup, commandant l'ar-
tillerie des divisions.
Le corps d'armée a tiré 1,464 coups de canon et 300 coups
d'obusier et consommé 23 caissons de cartouches d'infanterie en
remplacement de ce qui se trouvait en giberne.
Les munitions sont remplacées, les menues réparations faites et les
pertes en chevaux du train réparées.
JOURNAL DES OPÉRATIONS DU 4* CORPS D'ARMÉE.
Le 14 avant le jour, en exécution des dispositions de S. M.
le corps d'armée se mit en marche pour attaquer Taile gauche
de Tarmée ennemie qui était établie en avant de Closwitz et
dans le bois qui est à la gauche de ce village * ; pour cet effet
le général Saint-Hilaire eut ordre de déboucher par les che-
mins qui sont à droite du plateau que M. le maréchal Lannes
occupait, et qui avaient été reconnus la veille, de diriger sa
gauche sur le village de Closwitz, de s'emparer du bois et,
aussitôt qu'il en aurait chassé l'ennemi, de changer de direc-
tion à gauche afin d'être toujours sur son flanc et même de
déborder sa gauche.
La cavalerie légère eut ordre de suivre le mouvement de
la division Saint-Hilaire, et aussitôt que le bois et le village
seraient pris, de se former en avant d'elle dans la plaine pour
concourir à ses opérations.
Il fut envoyé ordre aux divisions des généraux Legrandet
Levai qui n'étaient pas encore arrivées à léna, de presser
leur marche pour venir prendre part à la bataille ; vers midi
elles joignirent, mais les mouvements de l'ennemi ne permi-
rent pas de les engager de la journée.
La division du général Saint-Hilaire exécuta avec intrépi-
dité le mouvement qui lui avait été ordonné sur Closwitz et
le bois immédiatement à gauche * ; l'ennemi en fut chassé
1. Par rapport à rennemi.
2. La !'• brigade, io« léger et se» de ligne, traversa le bois diagonalemeni
en coupant ie Raulilhal ; la seconde brigade, 43* et 55*, arriva sur CJoswiU
on longeant le bois. Les s brigades se rejoignirent en avant de Closwitz, Ter?
la croisée des chemins Closwitz-Lehesten, Liitzenrode-Rôdigen. Levé à tuc
Tait te 16 octobre 1806 par le capitaine du génie Coustontin.
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14 OCTOBRE. 637
avec perte de beaucoup de inonde et la division se forma en
tête du bois pour donner à la cavalerie légère et à Tartillerie
le temps de déboucher.
L'attaque de la division Saint-Hilaire fut tellement impé-
tueuse qu'une colonne ennemie de 3 bataillons et quelques
escadrons qui occupait la gauche du bois de Closwitz et cou-
vrait le débouché de Domburg, fut entièrement coupée et
n'eut pas le temps de se retirer ^ Cette colonne manœuvra
inutilement toute la journée pour joindre la gauche de Tar-
mée prussienne ; le maréchal Soult se contenta de la faire
observer ; le soir n'ayant pu s'ouvrir de débouché, elle fut
forcée de mettre bas les armes et de se rendre à Tavant-garde
du 1" corps d'armée qui était avancée vers Apolda.
Les troupes ennemies qui avaient été chassées du village
de Closwitz et du bois qui est à gauche, voulurent se refor-
mer en avant des villages de Rodigen et de Nerkwitz et elles
firent même un mouvement sur la division du général Saint-
Hilaire qui marchait à leur rencontre*: la cavalerie ennemie
qui était en partie composée de chevau-légers de la garde
1. Ce doit ôtro la colonne contre laqueUe se porta la brigade Vedel, colonne
qu'elle chassa d*Alten-Gônne.
2. La division Saint-Hilaire marchait sur deux lignes, la ir« brigade en pre-
mière ligne, la 8^ brigade en seconde ligne.
> Le général Holtzendorf, dit le lieutenant-colonel von der Goltz, avec 5,000
< hommes, avait passé la nuit à Domburg, et au bruit du combat livjé par lo
I corps de Tauenzien, il avait rassemblé ses forces et pris position vers Rodigen.
< En ce point il se trouvait à plus de s kilomètres du corps principal dont
* le corps du maréchal Soult, qui s'élevait par le Rauthal, commençait déjà
< à le couper Holtzondorf, coupé du corps principal, se rendit bien compte
* qu'il ne pouvait rejoindre ce dernier et qu*il ne lui restait que raltemative
* ou de forcer le passage de vivo force, ou de battre en retraite par le ravin
* profondément encaissé do Nerkwitz pour, do là, par une marche forcée par
< Slobru, gagner Hermstûdt. Il se décida pour Tattaque.
" En échelons de bataillon, Taile droite eu avant, avec 800 pas de distance
< eutre les échelons et dans le plus grand ordre , il porta son infanterie en
< avant. Mais cette marche fut de courte durée. Les tirailleurs français se
* jetèrent dans les bois et lo combat se transforma en une fusillade de pied
' ferme, dans laquelle Tinfanterio prussienne tirait avec calme et ordre, mais
■ sans produire le moindre résultat contre les tirailleurs abrités à la lisière
■ des bois. Quand le général Holtzendorf se décida à la retraite par Nerkwitz,
' sa gauche était déjà compromise, et la brigade de cavalerie légère Guyot
< acheva de la mettre en déroute après avoir sabré des fractions de cavalerie
* prussienne. Celte brigade ne fut arrêtée et repoussée que par le feu des
« grenadiers prussiens. Uoltzendorf rassembla son corps en arrière de Nerkwitz ;
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638 CAMPAGNE DE PRUSSE.
du Koi et de dragons saxons, tut reçue à bout portant par le
10® léger qui était en mouvement pour tourner le village et
par le 36'' de ligne qui marchait à sa hauteur : un bon nom-
bre d'hommes et de chevaux restèrent sur place. Les géné-
raux Margaron et Guyot, conduisant la cavalerie du corps
d'armée, arrivèrent alors, chargèrent immédiatement l'en-
nemi et le culbutèrent dans le défilé de Nerkwitz où lU
prirent 200 hommes de cavalerie et autant d'infanterie,
6 pièces, un général, 20 autres officiers et 2 étendards. Ce
qui s'échappa de ces troupes se retira en désordre vers la
gauche de l'année prussienne et y fut poursuivi.
Dans le choc, le 8* de hussards et le 11* de chasseurs mon-
trèrent une grande valeur ; trois charges qu'ils exécutèrent
furent faites avec audace contre une cavalerie supérieure et
elles eurent le plus grand succès ; le 16*^ de chasseurs suivait
en réserve pour les protéger*.
La division du général Saint-Hilaire manœuvra avec habi-
leté, et, quoique la nombreuse artillerie de l'ennemi timt
sur elle à mitraille pour l'empêcher de déboucher, cette ar-
tillerie fut enlevée et les bataillons qui la protégeaient dis-
persés.
Dans cette attaque, le 36', dont le colonel fut tué, les 8*"
a mais au lieu de chercher à se relier avec Grawert, il resta inaciif da c6to
« de Slobra, et Unit par se retirer sur Âpoida vers a heures de raprés-midi... •
Il semble, d'après ce rëcit, que le corps du général Holtzendorf n'était pas
encore en ligue lors de l'attaque du bois de Closwitz par la division Saiot-
Ililaire, et que les troupes du 4« corps, poursuivant les bataiUons chassés du
bois, rencontreront le général Holtzendorf vers Rôdigon, au moment mdme
où il se portait à Tattaque.
1. Les 8^ do hussards et ii« de chasseurs formaient les deux premières
ligues de Tallaque ; le 16« de cliasseurs la réserve.
Une troupe qui termine une charge est plus ou moins de'sunie par son at-
taque: A moins qu'elle u*ait complètement renversé la cavalerie adverse et
que celle-ci soit privée de troupes de soutien, elle est attaquée à son tour
par la deuiiéme ligne ennemie. — La deuxième ligne ou ligne de soutien e$:
par suite obligée de charger pour faciliter le ralliement de la première ligoo
ou avant si la chargo a réussi, en arrière si elle a éehoué. La deuxième ligne
est donc presque toujours engagée. A son tour la première ligne ralxied
charge pour permettre à la deuxième ligne de se rallier.
Les dilTérentcs lignes sont autant d'échelons qui se suivent à courte di^
tance en se prêtant un mutuel appui. La réserve qui luit à proximité oa mi-
uŒuvrant, protège les deux premières lignes.
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14 OCTOBRE. 639
de hussards et 11* de chasseurs eurent particulièrement à
souffrir.
Ce premier succès obtenu, le maréchal Soult faisant tou-
jours appuyer à gauche la division du général Saint-Hilaire
ainsi que la cavalerie, en ne cessant de déborder la gauche
de Tennemi * et de surveiller les mouvements des troupes qui
avaient été coupées', porta la division dans la direction du
village de Gross-Komstâdt, où l'ennemi appuyait sa gauche et
réunissait ses principales forces. Pour cet effet il changea de
direction à gauche* et passant par Hermstâdt, Klein-Romstâdt
et Vierzehn-Heiligen, il joignit à hauteur de ce dernier vil-
lage la division du général Suchet aux ordres du maréchal
Lannes, dont partie venait d'être repoussée de ce village *,à
hauteur duquel il joignit encore l'ennemi qui remarchait en
avant: les régiments étant en colonne sur deux lignes, et la
cavalerie à droite, la charge fut battue*, l'ennemi culbuté et
poussé jusqu'à Gross-Romstlidt^ où un nouveau combat se
préparait.
Dans ce mouvement la division du général Saint-Hilaire
et la cavalerie prirent encore à la baïonnette 15 pièces de
canon et firent un bon nombre de prisonniers.
Lorsque les troupes du corps d'armée se portèrent en
avant de Vierzehn-Heiligen, celles de la division du géné-
ral Suchet qui étaient à la droite du village et une brigade
1. * Le maréchal Soult se tiendra toujours lié pour tenir la droite de
> rarmée. »
2. Les bataillons de Taile droite du général Tauenzien et le corps du géné-
ral Holtzendorf. Les 2« et 8« divisions qui joignirent vers midi auraient arrêté
toute attaque de ces corps sur les derrières de la division Saint-Uilaire.
3. Pendant que le 10« léger tournait Rôdigen et Nerkwitz, les 36^, 43« et as*
traversaient ce dernier village et venaient se former sur le plateau, face à
Hermstâdl, parallèlemeot au chemin de Lehesten à Stobra, le 36« à gauche, le
i3« an centre, le 55* à droite ; le io« léger en seconde ligne.
4. Ainsi que je Tai déjà fait remarquer, la possession du village fut vive-
ment disputée. Soit que la première attaque du 40« ait échoué , ce que fait
croire l'expression repoiusée, soit que ce régiment ait été chassé du village
pv uo retour offensif, il est certain que le 5* corps rencontra sur ce point
uoe résistance opiniâtre qui nécessita remploi des troupes de deuxième ligne.
5. fl Au centre, dit le lieulenaut-colonel von dor Goltz, d'épaisses lignes de
• tirailleurs, suivies do colonnes, s'avançaient au son dos tambours et dus
• musiques. »
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640 Campagne de prusse.
de la division du général Gazan s'y réunirent et marchè-
rent ensemble vers Gross-Romst&dt; le maréchal Soult les
dirigea.
La cavalerie de réserve venait de déboucher et se portait
en avant à la rencontre de Tennemi ; une brigade de dragons
engagea la charge contre Taile gauche de l'armée prussienne
qui était renforcée de beaucoup de cavalerie ainsi que de la
colonne d'infanterie du général Riichel qui venait d'arri-
ver * : cette charge n'eut pas le même succès que celle qui fut
entreprise en même temps sur la droite des Prussiens ; les
dragons furent ramenés ainsi que la cavalerie du corps d'ar-
mée qui, voyant leur mouvement, avait manœuvré pour les
protéger; mais l'ennemi s'étant maladroitement engagé à
leur poursuite, fut arrêté par l'infanterie de la 1" division
qui à son tour la chargea et la poussa au delà de Capellen-
dorf, d'où l'ennemi ne chercha plus qu'à se sauver vers Wei-
mar pour échapper.
Dans ce choc qui fut certainement un des plus violents de
1. (t A s heures do raprés-midi, dit le lieutenant-colonel von der Goli/,
« rarmûe ressemblait à un fleuve de fuyards. A ce moment, le géuvnl
n \on Rùchel arrivait à Capellendorf. Le malheur voulut que Massenbach viol
« au-devant de Riichel, et que celui-ci ayant demandé sur quel point il arail
« à se porter, reçût pour réponse : « Vite à travers Capellendorf! » Ainsi fa:
N amené le quatrième et dernier acte isolé de la bataille. Riichel descendit
« avec ses bataillons dans le ravin profondément encaissé de Capellendorf,
« traversa le village ou le contourna par le nord et se mit eu demeure de
K gravir les pentes ardues qui conduisent vers Gross-Romstâdt et qui soDt
« élevées de 200 pieds au-dessus de la vallée. Mais déjà les tirailleurs frao-
« çais en garnissaient les crôtes ; do rartillerie les suivait Les 18 balail-
« Ions do Riichel qui s'avançaient msOeslueusement au pas de parade, furent
« accueillis par une fusillade et une canonnade meurtrières. Natureilecneûi
« les Prussiens marchaient en échelons, chacun de 2 bataillons ; mais coite
« fois réchelon du centre était en avant. Malgré des pertes sanglantes, la
« marche no fut pas arrêtée ; los charges de la cavalerie française furent môme
« ropoussées et les Prussiens prirent pied sur le plateau. Là on fit balte, etlo
« général Riichel prit ses dispositions pour attaquer Grôss-Romstadt Les
n tirailleurs français avaient bien reculé, mais ils n'avaient pas cessé un seul
« instant de tirer, et maintenant ils couvraient d'une grêle de balles les ba-
« taillons prussiens tirant par salves sans produire d'effet. Von Riichel était
(( atteint à la poilrine ; la plupart des chefs étaient hors do combat ; les rangs
« s'éclaircissaient, et, comme à Vierzehn-Heiligon, le moment approchait où
« l'infanterie ne pourrait plus endurer ce feu meurtrier. Après un combai
« d'une demi-heure, cavalerie, infanterie et artillerie se précipitèrent en ar-
« rière dans la vallée de Capellendorf. »
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14 OCTOBRE. 641
la journée', le régiment d'infanterie de Wedel, prussien, fut
entièrement détruit; les chevau-légers y furent de nouveau
culbutés et souffrirent extrêmement ; le champ de bataille
resta jonché de cadavres ; il y eut beaucoup de prisonniers
de faits et 6 pièces de canon d'enlevées. Le général Rtichel
y fut blessé.
Les grenadiers du 36* croisèrent plusieurs fois la baïon-
nette avec ceux du régiment prussien de MôUendorf; mais
ceux-ci furent constamment renversés jusqu'à ce qu'enfin ils
eussent tous été détruits. Un bataillon du 43' obtint le même
succès sur un autre bataillon ennemi dans l'attaque du vil-
lage de Gross-Romstâdt, où le 10* léger donna de nouvelles
preuves de valeur ".
Dès ce moment l'ennemi ne pensa plus qu'à sauver les dé-
bris de son armée, et il se retira dans le plus grand désordre
vers Weimar ; une de ses colonnes dont la force consistait
principalement en cavalerie ayant paru se diriger par sa
gauche vers Apolda pour ensuite se porter sans doute sur
Eckartsberg, où elle eût joint les troupes qui avaient com-
battu dans cette partie^ le maréchal Soult manœuvra pour
lui couper le passage et se porta sur Ulrichshalben ; l'ennemi
ayant saisi le but de ce mouvement se retira avec la plus
grande hâte derrière l'Ilm et passa cette rivière à Denstadt
et Ulrichshalben. La cavalerie du corps d'armée arriva assez
à temps dans ce dernier endroit pour y faire 300 prisonniers
et augmenter le désordre de la colonne ennemie dont la
retraite fut favorisée par la nuit qui survint et qui empêcha
de la poursuivre davantage. Le soir, le corps d'armée prit
position en arrière d'Ulrichshalben.
... Il y eut au corps d'armée plus de 2,000 prisonniers, 27
pièces de canon, 2 étendards et un grand nombre d'officiers
dont un général et 3 officiers supérieurs. La perte de la divi-
1. Ce fat la division Saint-Hilaire qui eut à supporter reffort de ce troisième
combat.
s. D'après le levé du capitaine du génie ConstantiD, au moment de Tattaque
de Gross-Romstadt, le io« léger était venu prolonger la ligne à la droite du 65«.
Il exécutait probablement un mouvement débordant pour faire tomber le vil-
lage.
CAMP. DB PBUS8B. 41
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642 CAMPAGNE DE PRUSSE.
sion du général Saint-Hilaire consista en 7 officiers tués, dont
le colonel Lamothe et son adjudant-major Abadie, et 21 offi-
ciers blessés, 36 soldats tués et 544 sous-officiers ou soldats
blessés.
La cavalerie perdit 275 hommes dont 27 morte, 209 bles-
sés et 39 égarés.
...L'artillerie ne cessa un seul instant de prendre en flanc
Tennemi et de lui tirer à mitraille ; par la hardiesse de ses
mouvements elle contribua puissamment à renverser les a*-
lonnes les plus nombreuses, et fit un grand ravage dans les
rangs ; enfin, dans les 7 heures de combat qu'elle fournit,
elle consomma toutes ses munitions. L'artillerie du général
Levai arriva encore à temps pour prendre part au dernier
combat de la journée...
LE QÉNÉBAL LABIBOIBI^BB, COKMAITDANT L*ABTILLBBIE DV 4* C0BP8,
AU QÉKÉBAL 80X018.
Schwerio, 14 novembre 180«.
L'artillerie du 4^ corps a fait son devoir pendant la campagne que
noua venons de terminer ; elle peut réclamer sa bonne part daoj
toutes les affaires qui ont eu lieu. Toujours empressée d^exécnter les
ordres qu'elle recevait, elle se portait rapidement sur Tennemi ausfii-
tôt qu*il 7 avait possibilité de l'atteindre ; et, sans s'inquiéter da
nombre ni de la force des batteries qui lui étaient opposées, elle
s'avançait de suite à portée de mitraille et ses coups deveniieni
d'autant plus meurtriers qu'ils étaient dirigés avec autant de jus-
tesse que de sang-froid.
 la bataille d'Iéna nous ne pûmes présenter au commencement
de la journée que les 6 bouches à feu attachées à la cavalerie légère:
l'artillerie des !'• et 2* divisions, retardée par une marche longue et
difficile, ne put arriver qu'après midi : il fallut donc suppléer au
nombre par la hardiesse des positions, par la rapidité des mouvenieots
et par la bonne direction du tir.
J'ordonnai qu'on ne s'amusât point à riposter au feu des battent^
prussiennes, et qu'on tirât uniquement sur les masses de troupe?*
Toute l'armée a pu juger des ravages que nous faisions dans leurs
rangs, et nous eûmes la satisfaction de voir reculer plusieurs fois df
fortes colonnes d'infanterie et de cavalerie par le seul effet du feu de
nos pièces. Nous avons continué notre feu pendant plus de 7 heures
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14 OCTOBRE. 643
ao miliea des tirailleurs de notre avant-garde. Nous ayons consommé
plus de 1,500 coups et si nous n*ayons éprouvé qu*un très -petit
nombre d^accidents à raison de notre proximité de l'ennemi et du
niai que nous lui avons fait, c'est qu'il était intimidé par la hardiesse
(le nos mouvements, c'est que nous ne restions pas assez longtemps
dans la même position pour lui donner la facilité de bien ajuster ses
coups ; c'est qu'enfin ses boulets et même sa mitraille passaient par-
dessus nos têtes et allaient happer bien loin derrière nous.
Le maréchal-des-logis chef de la compagnie du train attachée à
cette batterie a eu la jambe emportée, 8 canonniers ont éprouvé des
contusions légères par des balles ou de la mitraille, un affût a été brisé
et i chevaux ont été tués. Un soldat du train de la 1'* division a été
blessé gravement à la tête, 4 canonniers l'ont été légèrement ; 2 cais-
sons de cette division ont eu leurs armons et timons fracturés par
des boulets ; il 7 a eu 4 chevaux tués. Dans la 2" division, un soldat
du train et 5 chevaux ont été tués, et 2 canonniers ont été légèrement
blessés...
LE MARÉCHAL SOULT AU MAJOR GÉNÉRAL.
Du bivouac en arriére de UlrichshalbeD, 16 octobre 1806,
2 heures du matin»
Il m'a été impossible de rendre plus tôt compte à V. A. de
la position que le corps d'ai*mée a prise. Ayant fait moi-même
plusieurs reconnaissances et pourvu à rétablissement des
troupes, je ne fais que rentrer en ce moment.
Le corps d'armée est réuni en son entier sur le rideau en
arrière de Ulrichshalben sur la rive droite de Film ; une
avant-garde couvre seulement ce village et l'infanterie est
campée sur trois lignes.
Je suis parfaitement lié par la droite avec les troupes de
M. le maréchal Bemadotte qui sont campées à Unter-Ober-
Rossla, par la gauche aussi par des partis avec les troupes
qui ont été portées sur Weimar.
Une forte colonne ennemie s'était dirigée immédiatement
après la bataille sur Rossla où elle comptait passer l'Ilm, mais
ayant aperçu la tête de la colonne de M. le maréchal Berna-
dette, elle revint sur Ulrichshalben où je l'ai poursuivie.
Cette colonne, principalement composée de cavalerie, m'a
paru avoir le projet de s'élever pour prendre la route de Halle
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644 CAMPA&NE DE PRUSSE. /
et les rapports des déserteurs le confirment ; cependant comme^
après avoir passé Tllm, elle ne s'est pas encore engagée dans
cette direction, elle a pu aussi prendre celle d'Erfurt en tour-
nant Weimar. Du reste leur retraite est très-prononcée, et je
crois qu'aujourd'hui il restera fort peu de monde en avant de
nous.
Je supplie V. A. de vouloir bien me faire connaître les
ordres de S. M. concernant le 4' corps d'armée.
Je devrais rendre compte à V. A. de la part que la divi-
sion du général Saint-Hilaire, ainsi que la cavalerie et l'ar-
tillerie du corps d'armée, ont prise à la mémorable bataille
du 14, mais ma situation ne me permet pas de lui faire un
rapport détaillé à ce sujet *. Je m'en occuperai de suite, et je
la prierai en même temps de vouloir bien mettre sous les
yeux de S. M. le récit de plusieurs actions distinguées des
corps et des militaires de tout grade qui se sont ainsi acquis
de nouveaux droits à ses bontés paternelles ; je me bornerai
donc aujourd'hui à lui en faire connaître le résultat.
Les troupes du corps d'armée qui ont combattu ont fait
1,300 prisonniers, parmi lesquels plusieurs officiers et deux
généraux (quant aux généraux je ne les ai pas vus, mais le
rapport m'en a été fait). Elles ont pris en outre pendant la
journée 22 pièces de canon ouobusiers et un plus grand nom-
bre de caissons que faute de transport on n'a pu enlever.
La perte de l'ennemi a été très considérable surtout en tués
1 . CIBCULAIRB.
Ulrichshalbeni 15 octobre.
Veuillez, je vous prie, mon cher GéDéral, charger le chef d^état-major de
voire division, de m*adresser sur-le-champ l*état des pertes qu'elle a ^ites
dans bi journée d*hier. — Cet état devra comprendre le nombre dliommes
lues, blesses, pris et égarés ; il devra être rédigé par régiment.
Je vous prie aussi, mon Général, de faire joindre à cet état un rapport des
événements de la journée où il soit fait une mention des pertes pro'sumées de
Tennemi, des mouvements, manœuvres et actions des troupes et les appli-
quant au terrain qu*il importe d'indiquer de la manière la plus précise.
M. le Maréchal commandant en chef, sous les yeux duquel je dois mettre
dans le jour tous ces renseignements» désire également être informé des ac-
lions d'éclat individuelles qui ont eu lieu dans la division à vos ordres.
Je vous prie, mon Général, d'ordonner que cet état et ce rapport me soient
adressés dans le jour le plus de bonne heure possible, car M. le Maréchal
se propose de le mettre lui-même dans le jour sous les yeux de S. H. I. et R.
0*1 COMPAW.
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14 OCTOBRE. 645
«t blessés dans la partie où le corps d'armée a combattu ; le
régiment de Wedel, infanterie prussienne, a été presque dé-
truit ; d'autres régiments sont réduits à moitié et sur l'espace
de plus d'une lieue on trouve la terre couverte de morts, de
blessés, d'armes, de sacs, etc., qui prouvent la déroute la plus
complète.
Mais S. M. a fait de grandes pertes au corps d'armée. Le
colonel Lamothe, du 36", ainsi que 15 ou 17 officiers de divers
grades ont été tués ; un plus grand nombre a été blessé et
parmi ceux-ci se trouvent le colonel Laborde, du 8* de hus-
sards, qui Test assez grièvement h la cuisse, le colonel Jaqui-
not du 11* de chasseurSj et Fouset, du 10* léger; mais tous
deus légèrement.
Le nombre des murt.< est de 90 ua 100 tout compris, et celui
de« blessés au moins de 700. Band la cavalerie on a aussi
perdu plusieurs chevaux.
Tous les corps se sont battus avec valeur et ont justifié dans
<î€tte rencontre tju'ils étaient toti Jours dignes de la confiance
deS. M- Le gén/ralSamt-Hîlairo, le général Compans, le
généml Laribuisièrej la génér;d .^îaiTj^aron, le général Guy ot,
lesadjudants-coinmafidants KiLunl rt Binot méritent que je
les cite partii-ulièrement*
Je ferai ai^ssî m<jnt ion expresse dans mon rapport de tous
les colon eU^ de pluâieura autres uiiiciers ou soldats qui dans
ce jour ont Aussi mérita lea bonnes grâces de S. M.
Je Vil lis pri« dô ret't.'voir l'assurance de mes sentiments
rcspertueux.
'Jrhom
RECHAL NET A L EMPEREUR.
WoLmar, 14 octobre 1806.
J^aîTTiomieur de rendre compte à V. M. qu'une partie des
ttoufjes de mon avant -garde * est établie en avant de Weimar
«nr 1» route d'Ertiirfc.
Lai quatre régiments de la 2* division sont bivouaques sur
ici hanté urè en arrière de Weimar, rive droite de Tllm.
i, P|»1»'jleaMnt la hrigo^de c)o cavalE^riu Mgi^ra seule.
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646
CAMPAGNE DE PRUSSE.
La 3* division est bivouaqiiée en arrière de la 2* de ma-
nière que mon corps d'armée est disponible pour toutes le*
opérations qu'ordonnera V. M.
Quelques régiments du corps d'armée de M. le maréchal
Lannes * se trouvent également à ma droite en position sur
les hauteurs à droite de Weimar.
La cavalerie légère, les dragons et les cuirassiers de S. A. I.
le grand-duc de Berg sont de même concentrés dans cette
position.
Je ne puis faire aucun rapport sur la bataille d^anjonr-
d'hui ; V. M. dans cette ^Içai^^^ournée a tout fait et tout vu.
J'adresserai au Prwifeii ffîini^e de la guerre Tétat di^
blessés et des tiXi-B; lit
daient à mon avant-gurU
L'ennemi fait sa retra^
désordre; il abamlonue esel
plus de 80 pièces d'art î lier?
Plusieurs généraux eniie^iîs %àtî
autres tués ou bIcHsrs, Enfin V* M'
entièrement détruite l'armée pi
dessus de Iéna>
s officiers qui commao-
.ssés-
'fur ï^fl^t dans le plue gniinl
canons; j'ai trouvé
de mon attaque.
et la plupart il^ï
regarder cemmtï
était campée au-
Sin I IV 1
LE MARECHAL NEY A
Conformément aux ordres de V. M. fmTBiK fait fT*M-
dispositions pour pouvoir prendre part fc l'atiaquc ^'
qu'elle avait mù*litùe lo 14 octobre sur I'mhiI^a' t>i*ui^i
le corps d'armée était posté à Koda; mon
léna.
Dans cette po.sLtion reculée, il était diffî^^^^^^Hcor]»
pût entrer en li^ne pour l'attaque, et le gri^^^^^^|^ 4^i
survint devait encore y mettre obstacle.
Je pris donc la résolution de marcher f^^^^^^Hrant
garde composée de troupcë d'élite, atin t^^^^^Hueiiss
1. Les 64« ot sa", Irrii^iiJe Vc-del.
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14 OCTOBRE. 647
quelque part aux glorieux événements qui se préparaient.
Malgré tous les obstacles, je parvins à m'établir à la gauche
du maréchal Lannes \
Lorsque je fus arrivé à quelque distance de Erippendorf ,
je trouvai une ligne ennemie établie la droite au bois ', le
centre couvert par le village • et la gauche se prolongeant
sur le long rideau de hauteurs qui bordaient le champ de
bataille.
Informé que le corps du maréchal Augereau devait débou-
cher à ma gauche, je pensais qu'en m'établissant entre le
bois et le village toute la droite de l'ennemi pourrait être cou-
pée, et la direction du feu sur ma droite me prouvait que ce
résultat serait inévitable.
Malgré le peu de forces que j'avais à ma disposition, je
résolus de faire charger sur les pièces d'artillerie dont le feu
incommodait beaucoup.
Le 10* de chasseurs en colonne par escadron marcha à la
faveur d'un petit taillis, changea vivement de direction, se
jeta sur l'artillerie et enleva 7 pièces *.
Je fis appuyer le mouvement par le 3* de hussards qui se
prolongeait à gauche' ; il changea de direction à droite et se
jeta sur le flanc des gendarmes et cuirassiers de Heinkel qui
commençaient à ramener le lO.
J'avais également fait former deux petits carrés par mes
deux bataillons de grenadiers et de voltigeurs réunis pour
secourir la cavalerie si elle était ramenée '.
1. D'Hprés les dispositions de l*ordre de bataille, le maréchal Ney devait se
porter sur la droite du fnaréchal Lannes, mais le 6" corps ayant appuyé for-
tement à droite dans l'attaque de Closwitz, il se produisit au centre un vide
où le maréchal Ney disposa son ayantrgarde.
I. Bois d'Isserstâdt.
3. Vierzehn-Heiligen.
4. C'est la batterie à cheval que perdit la cavalerie prussienne.
i. Ici sur le champ de bataille, le maréchal Ney et le général Colbert ont
cru pouvoir former la brigade sur deux lignes, la seconde ligne appuyant la
première, la réserve remplacée par les carrés d*infanterie légère.
6. La charge sur le champ de bataille a pour but d*arrÔter un mouvement
offensif de Teunemi ou de faciliter un bond en avant de la ligne. Pendant que
la cavalerie attire sur elle Tattention et le feu de Tadversaire , l'inAmterie en
profite pour se rallier ou pour s*avancer à Tabri et occuper une position d*où
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648 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Les cuirassiers arrivèrent à 20 pas sans qu'il partît un seul
coup de feu. Cette contenance vigoureuse réunie à Tappari-
tion du 3® de hussards les fit rebrousser et la division de cava-
lerie légère du général Treillard étant alors arrivée', ils pri-
rent la fuite.
La ligne d'infanterie ennemie était couverte par une artil-
lerie trop formidable " pour que Ton pût tenter de Tentamer
avec les hussards seulement ; il était néanmoins de la plus
grande importance, en attendant l'arrivée de quelques ren-
forts, de faire des démonstrations qui empêchassent Tennemi
de faire un mouvement offensif.
Je fis avancer mon carré de grenadiers vers le bouquet de
bois au centre, celui des voltigeurs sur le village adroite' et
le 25* léger sur le bois à gauche *.
Dans cet instant le feu d'artillerie et de mousqueterie
devint terrible sur toute la ligne.
Le chef de bataillon Lamour, mon aide de camp, se main-
tint longtemps dans le village qui fut incendié.
Le bataillon de grenadiers tint également avec courage à
l'issue du bouquet de bois.
Comme je n'avais que 3 ou 4 pièces de canon avec Tavant-
garde et que je n'avais aucun autre moyen à ma disposition,
le feu de l'ennemi devenait trop supérieur, et je fis faire un
petit mouvement en arrière *, ce qui s'exécuta avec un aplomb
sans exemple.
Le corps du maréchal Lannes avait continué son mouve-
ment ; celui du maréchal Augereau et mes divisions d'infan-
elle puisse à la fois protéger la retraite de la cavalerie et contiouer le con-
bat dans des conditions favorables.
1. Pendant le combat de Viorzehn-Heiligen la brigade de cavalerie àv
6« corps se tint à l'aile gauche de ce corps d'armée. Il y avait donc 5 rép-
ments do cavalerie légère entre Vierzehn-Heiligen et le bois d'Isserslâdt.
a. Bien que la relation du lieutenant-colonel von der Goltz ne &sse pas
mention de l'artillerie de la division Grawert, il est certain qu'elle joua un
rôle dans le combat ; les rapports du 5^ et du 6^ corps en parlent trop pour
qu'elle n'ait pas secondé puissamment l'attaque de l'infanterie prussienne.
3. Vierzehn^Heiligen.
4. Bois d'isserstâdt.
6. Go mouvement en arrière est signalé dans la relation du lieutenant- co-
lonel von der Goltz.
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14 OCTOBRB. 649
terie commençaient également à arriver ; la marche en avant
fut aussitôt reprise. V. M, ordonna elle-même les dispositions
nécessaires pour enlever la droite de T ennemi qui restait
engagée un peu sur la gauche.
Dans cet instant la 2* division de mon corps d'armée appuya
le mouvement des dragons du prince Murât; la cavalerie
légère en fit autant et chargea la colonne qui se retirait sur
Weimar*.
Je suis au désespoir que la force irrésistible des choses
m'ait empêché de rendre compte à V. M. d'événements plus
décisifs que l'arrivée de mes divisions n'aurait pas rendus
douteux, mais je puis assurer à V. M. que jamais troupe ne
chargea avec plus d'enthousiasme que cette faible avant-
gcorde. Mon état-major a fait des eflForts dignes des plus grands
éloges.
Je me fais un devoir de rendre un témoignage éclatant du
courage et du zèle du général Bertrand, aide de camp de
V. M., qui a suivi tous les mouvements de l'avant-garde '.
Le général Colbert a soutenu dans cette circonstance sa
réputation de courage et de valeur ; il fera un excellent gé-
néral de division.
Le capitaine Chodron, que j'avais pris pour aide de camp
deux jours avant la bataille, a eu la jambe emportée par un
boulet ; je supplie V. M. de vouloir bien accorder à cet offi-
cier le grade de chef de bataillon aide de camp : c'est une
récompense à laquelle 12 campagnes et 4 blessures lui don-
nent de grands titres .
J'ai cru devoir garder auprès de moi jusqu'à ce jour l'ad-
judant-commandant Jomini, qui avait obtenu de V. M. la
permission de me suivre pendant l'action ' ; cet officier a jus-
1. Les troupes d'infanterie de Tayaiit-garde du 6« corps étalent épuisées.
Elles passèrent en deuxième ligne et furent remplacées par la 2« division
qui, avec la brigade Vedel du &« corps, appuya le mouvement de la cavalerie
sur Weimar et la poursuite sur le champ de bataille.
8. Les aides de camp de l'Empereur sont partout sur le champ de bataille.
8. l'bUPBRSUB au major OÉNIÈRAIj.
Saint-Cloud, 20 septembre 1806.
Je ne sais si je vous ai écrit de faire venir à Mayence Tadjudant-comman-
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650 CAMPAGNE DE PRUSSE.
tifié dans cette occasion la bonne opinion que j'avais de sa
valeur et de sa capacité ; je le recommande de nouveau à la
bienveillance de V. M.
Je termine ce rapport en suppliant V. M. de nonmier géné-
ral de brigade le colonel Lebrun, qui pendant toute Faction
a conduit son régiment avec beaucoup de distinction, et de
donner le commandement du 3* de hussards au chef d'esca-
dron Lapointe, du lO* de chasseurs, dont les titres à cette
grâce sont rapportés au tableau ci-joint.
La perte de mon avant-garde s'élève au moins à 600 tués
ou blessés.
J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de V. M. l'état des
officiers pour lesquels je demande de l'avancement; tous
ceux qui y sont portés sont dignes de votre bienveillance.
LE COLONEL BICdVELLEY, CBET D*ÉTAT-MAJOB DB l'aBTILLEBR
OU 6* C0BP8, AU GÉNÉRAL 80NQI8.
Devant Magdeburg, 8 novembre 1806.
Des troupes composant le 6* corps d*armée, Tavant-garde seule,
aux ordres du général Colbert, et un régiment de la 3* division ' ont
pu contribuer au succès de la bataille du 14 et en partager la gloire.
Cette ayant-garde, forte d'environ 4,000 hommes tant infanterie que
cavalerie légère, avait pour artillerie 2 pièces de 8, 2 pièces de 4,
2 obusiers de 6 pouces , commandés par le capitaine Brasseur et
servies par la moitié de la 5" compagnie et une escouade de la
l"* compagnie du 2" régiment d'artillerie à cheval et un détachement
de la 1'* compagnie du 5* bataillon principal du train.
Cette artillerie arriva avec beaucoup de peine sur le plateau en
avant d'Iéna vers les 9 heures et demie du matin*. Les troupes de
Tavant-garde étaient déjà aux prises avec l'ennemi et l'avaient dé-
busqué du petit bois et du village de Vierzehn-Heiligen où l'on
venait de mettre le feu. On se mit en batterie pour arrêter une charge
de l'ennemi, mais à peine eut-on tiré quelques coups de canon qu'il
fallut se reployer avec nos troupes * à une portée de fusil en arrière.
dant Jomini, qui est à Memmingen, employé au 6* corps d'armée. Si je ne lai
pas fait, donnez-lui Tordre de se rendre au quartier général, oùmoniotentioo
est qu*ii soit employé.
1. Le 25« léger.
2. L'infanterie et la cavalerie avaient gravi les pentes sans attendre la bat-
terie d'artillerie légère.
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14 OCTOBRE. 651
Dans cette nouvelle position on recommença le feu tant sur les
troupes ennemies que sur une batterie de 8 ou 10 pièces qui faisait
un ravage épouvantable dans nos rangs. Un obusier, commandé par
le lieutenant Masson et pointé par le canonnier Mertoto, démonta
une pièce de l'ennemi et lui fit sauter 2 caissons. Ce même obusier
fut démonté lui-même un instant après ainsi qu'une pièce de 4. Un
de nos caissons fut atteint et sauta. 13 sous-officiers, canonniers et
soldats du train furent tués ou blessés ; 23 chevaux de troupe et de
trait furent tués ou blessés de manière à ne pouvoir continuer le ser-
vice. Le lieutenant Masson eut sa giberne emportée d'un boulet et
reçut plusieurs balles dans sa capote, dont il ne fut heureusement
pas blessé. La bonne contenance de cette batterie et l'activité de sou
feu contribuèrent beaucoup aux avantages qu'on obtint. L'ennemi se
retira.
2 bouches à feu s'étant ainsi trouvées hors d'état de combattre et
plusieurs voitures ne pouvant plus marcher à cause des pertes que
leurs attelages avaient éprouvées, le lieutenant Masson continua de
suivre les mouvements de l'avant-garde avec 2 pièces seulement, et
ne cessa d'inquiéter l'ennemi qu'après Tentière consommation de ses
munitions.
L'artillerie de la 2* division protégea (mais sans tirer) le bataillon
carré qui soutint la charge de cavalerie à la fin de la bataille \
L'artillerie de la 3" division ne put ainsi que la division même
arriver assez à temps pour prendre part à l'affaire...
Il a été consommé en munitions 2 caissons d'obus, 2 caissons de
8 dont un a sauté, 1 caisson d'infanterie et 1/2 caisson de 4.
LE MAEÉCHAL AUGEREAU AU MAJOR GÉNÉRAL.
14 octobro 1806.
V. A. est instruite des difficultés que le corps d'armée a dû
vaincre, faisant constamment des marches forcées à travers
les défilés de la Saale, dont les chemins sont presque impra-
ticables, et traînant à sa suite un parc nombreux d'artillerie
sans autre moyen de transport que celui qu'ont fourni les
différentes réquisitions dont on a été obligé de faire usage.
Le corps d'armée, qui suivait le mouvement de celui com-
mandé par M. le maréchal Lannes, prit position le 13 en
1. La 8« division appuya la cavalerie dans la poursuite des Prussiens sur
Wetmar. Il est probable que la cavalerie eonemie ramena, à un certain mo-
ifient, la cavalerie française jusque sur la ligne de son infanterie.
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652 CAMPAGNE DE PRUSSE.
avant de Kahia sur la route d'Iéna. Pendant la nuit il se rap-
procha de cette ville et prit position sur les hauteurs qui se
trouvent immédiatement en arrière.
Le lendemain dès la pointe du jour, à peine le canon se
faisait entendre, que j'ordonnai à la 1" division de se porter
en avant sur le plateau au-dessus d'Iéna.
Pour arriver plus promptement à la position qui lui était
assignée, la l'* brigade gravit la montagne àtraversles vignes,
tandis que la seconde suivait le chemin creux à travers les
gorges * pour donner à Tartillerie et à la cavalerie légère k
possibilité de suivre son mouvement.
Aussitôt que la !'• division commandée par le général Des-
jardins fut réunie sur le même point, elle se forma sur deux
lignes* : bientôt après la 1" brigade fit un changement de
front oblique l'aile droite en avant ; la seconde quivit ce mou-
vement en débordant la 1" par sa gauche de 2 bataillons.
La 1" brigade, 16* léger et 14* de ligne, rompît par peloton
à gauche et marcha dans cet ordre ' pour repousser rennemi
qui s'était emparé du bois situé à la gauche ; le général Je
brigade Lapisse, à la tête du 16* léger, chargea avec la plus
grande intrépidité.
Le 14* appuya par une charge vigoureuse le 16*, déjà fort
maltraité par un feu de mitraille très-bien nourri qui blessa
le colonel Harispe, tua plusieurs officiers et soldats et mit
hors de combat un grand nombre d*autres.
Malgré la position difficile où se trouvait la 1'* brigade, la
seconde commandée par le général Conroux ne put venir en
entier à son secours. Le général s'était porté en avant avec
le 105* afin de protéger les troupes repoussées du bois et du
village qui étaient sur notre front*. C'est en marchant vers
Tennemi avec la plus grande fermeté, que le général Con-
1. Chemin qui monte à Cospeda.
2. Chaque ligne formée par une môme brigade.
.8. Il est probable que chaque bataillon, après avoir rompu par peloton à
gauche, fit tête de colonne à droite ou tôte de colonne demi-à-droite.
4. C'étaient Tavant-garde du 6« corps et le 40« repoussé de Vicnehn-Hei-
ligen.
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14 OCTOBRE. 653
roux reçut un coup de feu et qu'il perdit 165 hommes, tant
tués que blessés. Il n'y eut donc que le 44® qui, malgré les
pertes qu'il avait essuyées, rendit, par sa marche serrée et sa
contenance hardie, un véritable service à la 1" brigade.
Ainsi secourus, les 16* et 14® redoublèrent d'ardeur, char-
gèrent chacun de leur côté avec une vigueur inouïe, se ren-
dirent maîtres du bois et mirent l'ennemi en déroute.
Le général Desjardins fait une mention particulière du
courage, de la bravoure et de l'activité de tous les officiers de
son état-major.
Pendant que la 1"* division disputait à l'ennemi le terrain
pied à pied, la cavalerie légère sous les ordres du général
Durosnel, se formait sur deux lignes * : le 7® de chasseurs
composant la 1'* et le 20* la seconde. M. le major Castex,
commandant le premier de ces deux régiments, vaillamment
secondé par MM. Barbé ' et Simon, chefs d'escadron, attaque
un régiment d'infanterie, renverse tout ce qui s'oppose à son
passage et enlève 8 pièces de canon en batterie avec leurs
caissons. Dans cette charge M. Framery, sous-lieutenant de
la compagnie d'élite, fut tué ainsi que plusieurs sous-officiers
et chasseurs. Il y eut un grand nombre de blessés parmi les-
quels se trouvent 6 officiers.
Deux régiments ennemis, l'un de hussards et l'autre de
dragons, voyant l'infanterie ainsi enfoncée, fondirent avec
1. La brigade de cavalerie du 7* corps était formée sur deux lignes comme
celle du 6* corps. Elle était aussi de 8 régiments. — Pendant la bataille, la
cavalerie légère des corps d'armée, laissée à la disposition des généraux pour
B*en servir suivant les circonstances, se forme liabituellement un régiment par
ligne, sûre qu'elle est de Tappui de Tinfanterie. Lorsque le corps d'armée
occupe une aile, il faut lui donner des dragons pour soutenir sa cavalerie
légère ; et si cette cavalerie légère est seule, comme celle du 4« corps au
combat de Rôdigen le 14 au matin, elle doit se constituer une réserve. — En
résumé, les corps d'année des ailes doivent ôlre toujours renforcés en cava-
lerie, aussi bien sur le champ de bataille que sur le champ d'opérations.
2. ( Je voyageai la nuit du 13 au 14, dit le colonel Blein, ayant été obligé
de rester tard à Géra, tant en poste qu'à pied faute de chevaux pour arriver
â léna. Je traversai les colonnes du 4* corps et du 6« corps et m'arrêtai un
instant avec Dalton qui commandait le 59» régiment. Mes chevaux n'avaient
pu me suivre ; Barbé, chef d'escadron au 80" de chasseurs, du corps d'Auge'
reau, que je rencontrai à léna en arrivant à 8 heures du matin, me prêta un
dos siens, et je pus me présenter sur le champ de bataille. » Note jointe au
mémoire sur la campagne de Prusse.
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654 CAMPAGNE DE PRUSSE.
rapidité sur le ?• de chasseurs qui se trouvait coupé ', mais le
20% par une charge exécutée avec précision, mit le désordre
dans les rangs ennemis, culbuta tout ce qui se trouvait devant
lui et donna ainsi au 7' trop engagé le temps de se raIUer^
Il en coûta la vie au colonel Marigny et au capitaine La-
1. La brigade du 7« corps se trouva aux prises avec les escadroos saxons qui
étaient derriôre le village d'Isserstadt.
Le camp de la cavalerie du corps d*HohenIohe était perpendiculaire au
chemin dlsserstâdt à Kôtschau, face à ce dernier village, la gauche appuyée
à la grande roule dléna à Weimar.
2. C'était réguliôroment ce qui devait arriver : la deuxième ligne devait
charger pour donner à la première la possibilité de se rallier. Mais d'après ie^
Houvenirs du capitaine Parquin, alors fourrier à la compagnie d*ëlite daso^de
chasseurs, les choses se passèrent autrement :
« Le. 14 octobre, à la pointe du jour, qui arrive assez tard à cette époque,
« la 1^ division du T corps enleva le défilé par lequel nous devions débou-
u cher. Nous avions pris les armes à 7 heures du matin
a La route élait déjà couverte de cadavres
« Lorsque nous eûmes passé le défilé et atteint la plaine, le colonel Mari-
« gny qui se trouvait au débouché et qui de la voix et du geste excitait les
« chasseurs à avancer plus vite (nous marchions par 4), me dit : t Fourrier,
« avez-vous un bon cheval ? — Oui, mon colonel. — Eh bien ! restez auprès
«. do moi ; vous serez toute la journée d^ordonnance. » L*adjudaiit Isnard, qui
« était auprès de lui, venait d'ôtre enlevé par un boulet
« Lorsque la compagnie d'élite fut parvenue sur le plateau au dehors du
(( défilé, le colonel ordonna au capitaine Fieury qui la commandait d'aller se
a placer à la gauche du 7^ régiment de chasseurs, en conservant toutefois Tin*
K lervalle d'un corps à un autre sur le champ de bataille ; puis il me dit :
« Fourrier, restez prés du défilé ; vous direz au capitaine Sabinet, de la b* com-
a pagnie, de partir au trot pour prendre sa place do bataille à la gauche de
« la compagnie d'élite, et vous transmettrez les. ordres jusqu'à la demiêrt!
« compagnie successivement ; ensuite vous viendrez me rejoindre au galop;
« je serai au centre du régiment »
a Lorsque la 7« compagnie, qui était la dernière du régiment, eut passé le
« défilé, j'allai au galop rejoindre le colonel, qui commanda aussitôt les man-
« teaux en sautoir. Le colonel paraissait heureux et fier de voir en ligne de
« bataille son régiment, fort de 600 hommes, qui tous avaient U volonté de
« bien se comporter dans cette journée. Le temps était beau ; le brouillard,
R qui avait duré tard, avait tout à fait disparu ; il était II heures
« Un aide de camp du général Durosnel vint au galop trouver le colonel en
« cet instant, et il ne lui eut pas plutôt dit quelques mots que le colonel dit
tf à un chasseur qui se trouvait derrière lui : c Cliasseur, mettez pied à terre;
« je sens que ma selle roule sur mon cheval ; serrez un peu la courroie, c«r
« nous allons charger, s Le chasseur eut bientôt mis pied à terre et ayant
n passé son bras dans les rênes de son cheval, il prit avec ses dents la cour-
« roie do la selle du colonel, qui avait porté Ja jambe gauche en avant pour
« lui faciliter l'opération. A ce moment môme, notre pauvre colonel fat frappe
a par un boulet et eut la tête emportée, ce qui fit que la mort dut être ios-
« taalanée. Le cheval du colonel, no sentant plus la main qui le retenail,
« partit au galop et se sauva droit devant lui vers l'ennemi. Quant au clias-
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14 OGTOfiRB. 650
vigne; une vingtaine de fious-officiers et chasseurs furent
tués ou blessés.
Le général Durosnel, en donnant des éloges bien mérités
aux officiers des deux régiments, cite particulièrement
MM. Watrin et Desoziers, chefs d'escadron au 20®, ainsi que
M.Lafite, son aide de camp.
Tandis que la division Desjardins et la cavalerie légère
arrivées les premières sur le champ de bataille étaient aux
prises avec F ennemi, la 2* division, commandée par le géné-
ral Heudelet, traversait avec peine le défilé tout encombré
s seur, il se hâta de remonter à cheval et moi de rejoindre mon poste à la
s compagnie d*élite du régiment
« Il se passa au moins dix minutes avant que le régiment reçût des ordres,
< ce qui fut un grand malheur, pour nous d'abord qui restions sous le canon
a ennemi, et ensuite pour le T de chasseurs qui, ayant chargé à fond sur
I l'armée prussienne, avait entamé la première et la seconde lignes, mais qui,
« n'étant pas soutenu par le 80^, perdit tout le fruit d'une des charges les plus
c audacieuses qui se soient faites dans cette journée. Le major Gastex, qui
fl était à la tête du 7« régiment et qui l'avait enlevé d'une manière si bril-
I iante, ne jugea pas à propos de revenir par le chemin qu'il avait traversé ;
■ car les Prussiens qui s'étaient couchés à son passage, et que les chasseurs
f du 7« avaient foulés aux pieds, s'étaient reformés ; il revint sur le ventre
* d'an régiment de cavalerie saxonne qui fut à l'instant culbuté et mis en dé-
• roule.
■ Quand le major Castex ramena le 7*, il avait perdu la moitié de son monde,
8 c'est-à-dire 800 hommes
« Lorsque le général Durosnel vint faire placer notre régiment en arrière
< pour le mettre hors de la portée des boulets ennemis, nous fîmes ce mou-
< vement par 4 et au trot
( Le capitaine Lavigne eut le bras emporté par un boulet ; il mourut le soir
« de l'amputation.
• Toute la journée la brigade manœuvra çà et là sous le canon qui nous fit
B beaucoup de mal ; mais notre régiment ne donna pas un coup de sabre, et
a le 7«, comme on l'a vu, fit une charge sans résultat Je vois encore le
« 16« et le 7» léger, le 14« et le 24« de ligne aborder les ligues ennemies,
? malgré les feux terribles de la mousqueterie et de la mitraille ; les flageo-
« lets qui dominaient dans la musique ne perdaient pas une note
« Le soir de la bataille nous fûmes bivouaquer dons le faubourg de la ville
« de Weimar où je passai une triste nuit.
« Le lendemain je dus aller au fourrage, chercher des vivres dans un vil-
9 lage voisin. En rentrant le soir au bivouac je fus tout étonné d'apprendre,
< par un bulletin qui était arrivé fort tard, que nous avions remporté la veille
a une grande victoire »
Ainsi la charge du 20* de chasseurs semble ne pas avoir eu lieu. Elle au-
rait dû âtre exécutée. Bien souvent les rapports contiennent les relations des
événements non pas tels qu'ils se sont passés, mais bien tels qu'ils auraient
dû se passer. L'instruction que l'on peut en retirer est la môme. 11 faut donc
accepter les rapports tels qu'ils sont et y chercher encore des enseignements
pour l'avenir.
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656 CAMPAGNE DE PRUSSE.
par Tartillerie et un grand nombre de blessés. J'avais en-
voyé ordre à ce général de hâter sa marche. Il jugea qu'il ne
devait pas attendre sa division entière, mais faire filer les
troupes à mesure de leur arrivée. Aussitôt que la tête de co-
lonne de sa l"* brigade, composée du 7® léger, conmiença à
déboucher, il fit avancer le 1*' bataillon, et successivement
les 2 autres, au delà du ravin, en avant du village de Isser-
stâdt, pour se porter à la gauche de la 1'" division; mais
voyant beaucoup de blessés sortir du bois situé sur la gauche,
dans lequel une fusillade assez vive se faisait entendre, il
ordonna un à-gauche en bataille. Ce mouvement déconcerta
l'ennemi qui venait encore nous disputer ce bois, où il avait
déjà fait marcher des renforts considérables et il n'y eut d'au-
tre engagement que celui des tirailleurs*.
Sur ces entrefaites je fis reconnaître l'ennemi sur son
extrême droite afin de savoir s'il était prudent de l'attaqner
avec aussi peu de monde ; il était fort d'environ 10 bataillons
soutenus par de l'artillerie et défendus par une position res-
pectable.
Pendant ce temps la brigade du général Sarrut, 24* et 63*
et fédérés de Darmstadt et d'Usingen, est arrivée ; aussitôt
j'ai ordonné l'attaque, mais l'ennemi qui avait vu nos troupes
s'y disposer, s'est retiré au premier feu des tirailleurs. C'est
alors qu'une charge d'un régiment de dragons est venue échouer
sur la dernière ligne ennemie, qui se retirait devant la seconde
division. Ce régiment qui n'avait éprouvé qu'un feu assez
mal nourri, s'est rejeté sur la première ligne de la division et
a failli la culbuter. Elle était composée du 7* léger qui s'est
porté avec rapidité sur l'ennemi et l'a forcé de mettre bas les
armes. Je dois dire aussi qu'au même instant ce régiment de
dragons encouragé par le chef de bataillon Martin, adjoint à
l'état-major du général Heudelet, avait exécuté une nouvelle
charge sur le flanc droit de la ligne ennemie pendant que le
1. Je ne reviendrai pas sur remploi des tirailleurs. J*ai déjà cité A ce sujet,
Campagne de Pologne, tome II, pages U9 et suivantes, Topinion des généraux
Morand et Duhesme, et la description qu'ils donnent de la formation de com-
bat do l'infanterie.
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14 OCTOBRE. 657
général Klein arrivait aussi sur son flanc gauche avec quel-
ques escadrons. Mais la charge et le feu du 7« léger furent les
véritables causes de la prise de cette troupe ennemie.
Au milieu du choc des deux armées, Tartillerie rendit les
plus éclatants services. Le capitaine Chopin, à la tête de la
0' compagnie du 6* d'artillerie légère, eut deux combats à
soutenir; dans le 1*', où il perdit 3 chevaux d'escadron et un
canonnier, il détruisit Tentreprise d'un régiment de dragons
qui se disposait à charger nos troupes ; dans le second il con-
tribua par la justesse de son tir à la défaite totale de l'en-
nemi pousuivi par la cavalerie de S. A. I. le grand-duc de
Berg.
Le chef de bataillon Dubois, chargé du commandement de
l'artillerie de la 1'* division, coordonna avec la plus grande
précision ses mouvements avec ceux des régiments sous les
ordres du général Desjardins.
Le capitaine Benoît, au moment où les 44* et lOô"" atta-
quèrent, prit l'ennemi en écharpe par sa droite et le chassa
(les deux positions dont il s'était emparé.
Il eut 3 canonniers blessés, 2 hommes et 9 chevaux du train
tués.
L8 CHEF DE BATAILLON COMMANDANT LE 16" LÉGER
AU OÉNÉBAL LAPIS8E.
Bivouac près Weimar, 16 octobre 1806.
Après avoir franchi le ravin escarpé qui domine léna, le régiment
n^çut ordre de S. M. l'Empereur elle-même de chasser les tirailleurs
qui tenaient le bois ' à gauche de la division et d'enlever la ligne
formée sur le rideau à droite de ce bois.
Pour cela le régiment se porta en colonnes la gauche en tête *
vers ce bois : le 3* bataillon y pénétra en tirailleurs ^ ; les deux pre-
1. Bois d'Isserstadt. — L'Empereur se tenait à la hauteur du centre. Il avait
<lêjà fait porter le 40«, 5« corps, sur le village de Vierzebn-Heiligon.
i' L'expression en colonnes au pluriel prouve bien que le régiment formait
plusieurs colonnes, une par bataillon, et que chaque bataillon, après avoir
rompu par peloton à gauche, fit tôte de colonne à droite.
3. Ce combat de bois, que menèrent le 3« bataillon du J6« léger et les 2 com-
pagnies de voltigeurs du 14" de ligne, montre bien la manière do combattre
CAMP. DS PBUB8B. ii
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658 CAMPAGNE DE PRUSSE.
mîers marchant toujours en colonnes se portèrent en avant et à la
droite du bois et s'y déployèrent dans la plaine à portée de mousquc-
terie de l'artillerie ennemie et de la ligne de bataille sur ce point.
Cette manœuvre, malgré le feu de plus de 20 pièces de canon
tirant à mitraille, se fit dans le plus grand ordre et avec le plus
grand calme, quoique ces deux bataillons éprouvassent dans ce mo-
ment les pertes les plus sensibles, car ce fut dans cette circonstance
que le colonel eut la jambe traversée d'une balle.
Cette ligne formée, elle commença un feu vif et bien dirigé ; mar-
chant ensuite vers la ligne ennemie, serrant les rangs que la mi-
traille emportait, elle s'approcha jusqu'à portée de pistolet ; se préci-
pitant de là en tirailleurs *, elle enleva pied à pied et de vive force
11 pièces de canon et contraignit l'ennemi à quitter le plateau jon-
ché de ses morts et de ses blessés.
Pendant ce temps-là, le 3» bataillon auquel s'était réunie une par-
tie de la l*"' compagnie de carabiniers s'avançait dans le bois malgré
le feu supérieur de l'infanterie ennemie et celui de son artillerie pla-
cée sur le plateau dominant le bois, chassa l'ennemi et s'empara da
village qui se trouve dans la vallée '.
Dans cette position, mais toujours sous le feu foudroyant de l'en-
nemi, ce bataillon reçut l'ordre de vous d'attendre l'arrivée du U'
pour former l'attaque du plateau.
Après cette jonction, ce bataillon, résistant à trois charges de
cavalerie, monta le plateau, s'empara de 6 pièces et poussa l'infante-
rie ennemie jusqu'à ce que, poussée par un corps de cavalerie, elle
mit bat les armes. La cavalerie ennemie seule qu'il combattait, loi
échappa.
Le régiment eut 5 officiers et 31 sous-officiers et soldats tués,
19 officiers et 388 sous-officiers et soldats blessés.
LE COLONEL 8AVABT, DU 14* DE LIONE, AU OÉNÉBAL LAPI8SE.
16 octobre 180<.
Le régiment reçut l'ordre de S. M. l'Empereur de se porter au
débouché du bois ^ et de se maintenir à la tête sans désemparer, ce
qui fut exécuté sur-le-champ.
Au moment où le régiment arrivait, il fut joint par le 16* léger
de riofanterie française : d'épaisses lignes de tirailleurs souples et flexibles
soutenues par de petites colonnes.
1. C'est l'attaque à la baïonnette.
2. Isserstâdt.
3. Bois d'Isserslâdt.
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14 OCTOBRE. 659
qui même masqua le 1*' bataillon qui eut le temps par là de se bien
former et établir à la tête du bois ; le 2* bataillon débouchait plus à
gauche, près d'un village ' , à l'extrémité de la ligne.
Les 2 compagnies de voltigeurs du régiment avaient pénétré au
travers du bois en chassant devant eux les chasseurs prussiens ; ils
prirent une pièce de canon et un drapeau.
L'ennemi ayant abandonné sa première position et partie de son
canon, le 16" ayant poussé une partie de l'ennemi sur la droite, le
14' se mit en bataille dans la position que les Prussiens abandon-
nèrent, et les soldats tournèrent 4 pièces abandonnées sur l'ennemi
et épuisèrent les munitions des coffres. A l'arrivée des troupes du
6* corps, le régiment marcha par la gauche pour l'appuyer au vil-
lage occupé par le 3* bataillon du 16* ' et détacha 2 compagnies à
la tête du bois qui est en avant de ce village. Le régiment fut obligé
d'exécuter différents changements de front sous le feu de l'ennemi
pour suivre ses mouvements et tourna à gauche autour du bois pour
Feoir appuyer la charge fournie par la cavalerie.
Pendant ces mouvements, les 7* et 8* compagnies du 2® bataillon,
détachées d'abord à la tête du bois, le furent encore pour soutenir les
voltigeurs du régiment qui montaient le revers de la montagne pour
attaquer l'ennemi et remplir une partie de l'intervalle entre la 2* di- '
vision dont les éclaireurs attaquaient l'ennemi par la gauche ; 2 esca-
drons de dragons prussiens chargèrent ces 2 compagnies, mais au
moyen d'une bonne position que le chef de bataillon Dupuy courut
leur faire prendre, et la fermeté des officiers et soldats, la charge
fut repoussée avec succès.
Le régiment était soutenu du 44* ' ; il reçut l'ordre de monter la
montagne, ce qu'il fit ; le 2* bataillon est formé en bataille ; le l***
en colonne serrée, ordre qu'il avait pris près le bois : sa droite se
trouyant souvent à découvert et ayant quelque cavalerie en tête sur
la montagne, le régiment fut formé en colonne serrée par le général
de division et marcha dans cet ordre pour suivre la cavalerie de S. A.
le prince Murât dont il suivit les mouvements avec le plus d'ordre et
de célérité possible ; à la fin de la journée il fut même campé par
les généraux sur la route de Weimar à Naumburg à demi-lieue de la
première ville.
Le régiment perdît 7 hommes tués, 52 blessés, non compris
40 légèrement blessés qui ne veulent pas aller aux hôpitaux.
I- Il 8*agit probablement du village de Lûlzenrode, qui est à 800 mètres du
bois d'Iaserstidt
s. IsserstÂdt.
3. On retrouve toujours les divisions formées sur deux lignes suivant les
instructions de TEmpereur.
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660 CAMPAGNE DE PRUSSE.
RAPPORT DU COLONEL 8ANDEUB , DU 44" DE LIGKE.
14 octobre 1806.
Le 44* formant la droite de la 2* brigade de la l** division du
7' corps, général Conroux, s'est trouvé en bataille en arrière et à la
droite du village brûlé * ; vers les 10 heures et demie du matin,
TEmpereur passa devant le régiment en s*informant de son numén)
au colonel Sandeur ; il lui ordonna de rompre par peloton à droite
et de se mettre en marche pour se porter en avant en appuyant à nii
bois de sapin * qui se trouvait à une petite distance où je détachai
une compagnie de voltigeurs qui se porta en avant pour observer le
mouvement de l'ennemi \ Je reçus un quart d'heure après* Tordre
de quitter cette position pour me porter à la gauche et à la pointe
du petit bois près du village brûlé*, auquel je prêtai ma droite et
appuyant ma gauche au village de Isserst&dt où je rencontrai le gé-
néral de brigade Lapisse et le 14" qui étaient à la même position.
Aussitôt arrivé • je fis prendre les dispositions pour déboucher
dans la plaine en faisant former le régiment de la manière suivante :
. le 1^' bataillon en bataille et le 2' en colonne serrée en arrière du
8® peloton du précédent en attendant des ordres pour me porter en
avant, ce qui eut lieu une demi-heure après '. Dans cette position
le régiment fut assailli par l'artillerie ennemie qui était en batterie
sur la hauteur, laquelle me mit 42 hommes hors de combat tant par
le boulet que par la mitraille ; nous continuâmes la charge ' pendant
une heure sans que nous puissions tirer un coup de fusil et toujours
recevant le feu de l'ennemi quia été forcé d'abandonner 16 à 18 piè-
ces de canon qui sont restées sur le champ de bataille *. C'est daos
cette occasion que j'ai examiné et vu avec plaisir le sang-froid de
MM. les officiers, sous-officiers et soldats qui, en vertu des ordres
que j'avais donnés avant la bataille que l'on ne devait nuUement
1. C*est-à-dire à la droite du chemin qui va de Lûtzenrode à Vierzelin-Hei-
ligen.
2. Petit bois de sapin qui se trouve sur les pentes entre Vierzehn-Heiiigeu
et le bois disserstâdt.
3. Toujours les voltigeurs éclairant les colonnes.
4. Il pouvait ôtre il heures environ.
5. C'est le bois où le maréchal Ney avait placé son bataillon de grenadiers,
entre Vierzelin-Heiligen et Issorstâdt
6. Entre 11 heures un quart et il heures et demie.
7. Vers midi.
8. Dans ce mouvement le 44« était à la gauche du 105<>, formant échelon
en arriére. Il soutenait le 14* de ligne et se trouvait par conséquent eu se-
conde ligne à lOO toises.
9. La ligne avait mis une heure pour parcourir environ 8,000 mètres.
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14 OCTOBRE. 661
s'inquiéter des hommes qui se trouveraient atteints , ne devant rece-
voir des secours qu'après le choc terminé, ont vu tomber des files
entières sans que pour cela personne ait quitté son poste ; j'ai vu
des files de 7 hommes emportées et de suite les rangs se resserraient.
Le 44* a eu 7 hommes tués et 36 blessés.
BAFPOBT nu COLONEL HABBBT, DU 105* DB LIGKE.
Bivouac devant Weimar, 14 octobre 1806.
Le 105* occupait la gauche de la 2* brigade de la 1'* division
formant une partie de la deuxième ligne, lorsque la l** division se
mit en bataille en arrivant à 10 heures dans la plaine d'Iéna en
avant du village où le feu fut mis *.
Bientôt inutile dans sa position, la brigade du général Conroux
reçut ordre de se porter sur la droite afin d'observer les mouvements
de la cavalerie *. Cette cavalerie ne donna aucune inquiétude sur ce
point et la brigade restait en panne lorsque S. M. envoya le maré-
chal Duroc au général Conroux pour lui ordonner de faire faire un
mouvement à sa brigade par sa gauche et de se porter à la droite
d'un petit bois qui couvrait le village en feu, pour protéger le 16* lé-
ger qui ne pouvait plus tenir.
Par ce mouvement le régiment se trouvait en tête en ordre pro-
fond par sa gauche. Arrivé dans la plaine à hauteur du bois, il se
déploya promptement et marcha en bataille en avant de cette lisière ;
1h il reçut un feu d'artillerie et de mousqueterie très-vif qui blessa
le général Conroux qui était à la tête du régiment, tua et blessa
beaucoup d'hommes.
L'impatience que le régiment avait de charger, engagea le colonel
à demander au maréchal Augereau l'ordre d'entrer dans la plaine ^ :
ce mouvement fut exécuté ; le régiment chargea et prit 3 pièces de
canon, un caisson et culbuta tout ce qu'il trouva à son passage. Ce
fut dans cet endroit que le chef du 2* bataillon eut son cheval tué
âou8 lui, que 5 officiers furent tués ou blessés et 120 hommes. L'en-
nemi alors se retira en désordre ; le régiment se forma en colonne
n'ayant plus à redouter d'artillerie et traversa la plaine en avant du
bois pour gagner au pas de charge les hauteurs qui dominaient la
route qu'avait prise l'ennemi en fuite. A ces hauteurs * le régiment
1- G'esl-à-dlre ayant devant elle le village de Yiershen-Heiligen.
2. G'esl la cavalerie qui atlaqua le i*^ bataillon du 84«. (Rapport du général
^ucliet.) A ce moment la brigade Vedel avait éld détachée sur Alten-Oonne.
S. Après ce déploiement, le 44« qui marchail en arrière du lo.'i®, puisque la
brigade était la gauche en lèle, prolongea la ligne vers la gauche. Le 105^
tenait la droite en avant du petit bois, le 44« la gauche à gauche du bois.
4. Hauteurs au-dessus de Eôtschau, roule de Woimar.
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662 CAMPAGNE DE PRUSSE.
se déploya ; ce fat dans cet instant qu'une diviâioa de cavalerie lé-
gère ^ se porta en ligne en ayant de lui, mais bientôt elle fut obligée
de se replier derrière le régiment. Une colonne d'infanterie des gar-
des du roi de Prusse et plusieurs escadrons de cavalerie ennemie la
chargèrent'. Le régiment en ordre déployé fit un feu de deux rang»
extrêmement roulant qui dura un quart d'heure. Ce feu sauva un
régiment de dragons qui s'était avancé sans connaître la force de
l'ennemi embusqué derrière un ravin (les officiers de ce régiment
vinrent remercier le 105* des secours qu'il leur avait portés), et fit
cesser celui de l'ennemi qui était lui-même pris en flanc par le 34' do
ligne ^ qui se porta rapidement à la droite du régiment pour le pro-
téger. En cet endroit le régiment perdit 2 officiers, 1 adjudant et
une vingtaine de soldats. L'infanterie ennemie fut mise en pleine
déroute, mais sa cavalerie se portait sur la gauche du régiment et
voulait le déborder. Le colonel fit faire alors une retraite en échi-
quier par bataillon à 50 pas, raccorda la ligne et ordonna au 2* ba-
taillon un changement de front oblique en arrière sur les grenadiers
et un feu de deux rangs qui repoussa la cavalerie. L'ennemi était eu
retraite de toutes parts. Le colonel séparé du corps d'armée da ma-
réchal Augereau et du général de division par la pointe qu'il avait
été obligé de faire en avant et au centre des lignes, prit les ordre?
du maréchal L aunes qui lui enjoignit de se porter en avant et de
garder sa position. Le flanc gauche du régiment étant dégarni et
craignant encore la cavalerie qui avait fait volte face sur ce point.
le colonel ordonne au 2^ bataillon de «e mettre en colonne et au 1"
de rester en bataille. £n ce moment le régiment était au revers de
la montagne qui dominait le petit village par où l'ennemi avait fait s.^
retraite * et sur le champ de bataille couvert des morts de rennemi.
Le régiment eut 1 officier tué et 6 blessés ; 23 hommes tués et
160 blessés.
LE CHEF DE BATAILLON FLORENCE DUBOIS,
COMMANDANT L*ABTILLEBIE DE LA 1" DIVISION DU 7* CORPS,
AU GÉNÉRAL DE BRIGADE SÉNABMONT.
Berlin, 88 octobre 1806.
Mon cher Général, les rapports militaires sont souvent comme les
articles insérés dans les gazettes. La vérité 7 a eu peu de part. On
1. La brigade de cavalerie légère du 5* corps.
2. Attaque du corps du général Rùchel.
S. Du 5« corps.
4. Probablement Kôtschau.
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14 OCTOBRE. 663
les dénature, on les arrange à raison de l'effet que Ton veut qu'ils
produisent.
Je sais que vous aimez de l'exactitude dans les récits. Je vais en
conséquence vous dire avec précision et sincérité tout ce que l'artil-
lerie de la l'" division du 7* corps a fait à la bataille d'Iéna le 14
courant.
De 12 bouches à feu que se compose l'artillerie de cette division,
10 furent employées de la manière suivante pendant le combat :
4 pièces de 8 et 1 obusîer servis par la 5* compagnie du 6* régi-
ment d'artillerie légère (capitaine Chopin) ;
1 pièce de 8 et 1 obusier servis par la 2* compagnie du même ré-
giment (capitaine Gros-Jean) ;
Ces 7 bouches à feu d'artillerie légère ont été employées à la
grande batterie du centre de l'armée ' pendant la durée du combat
par ordre de S. M. l'Empereur ;
2 pièces de 8 et 1 pièce de 4 servies par la 4" compagnie du 3* ré-
giment d'artillerie à pied (capitaine Benoist) ; ces 3 bouches à feu
à l'aile gauche avec les troupes du V corps d'armée.
Je me mis à la tête des 7 bouches à feu d'artillerie légère et les
fis déployer dans la plaine au-dessus de la ville d'Iéna. Le combat
s'engagea vers les 7 heures et demie du matin et dura jusqu'à 2 heu-
res après- midi, avec un feu de pied ferme pour enlever la première
position de l'ennemi. Cette batterie contribua beaucoup à chasser
l'ennemi de cette position. Elle démonta plusieurs pièces de canon ;
des obusiers tirés avec justesse sur un corps de cavalerie y causèrent
un grand ravage et arrêtèrent ce corps dans une charge qu'il voulait
entreprendre sur nos batteries. 2 canonniers à cheval de la compa-
gnie du capitaine Chopin furent tués et 5 chevaux d'escadron.
Une batterie de 4 pièces de 8 du 6® corps, commandée par un
brave sergent dont j'ignore le nom, contribua aussi à nos premiers
âncees. Je fis avancer cette batterie par ordre du général Songis sur
la ligne de mon artillerie légère.
L'ennemi prit une troisième position parallèlement et à environ
1. A la bataille d'Iéna, TEmpereur forma donc une grande batlerie avec les
baUeries attachées à la Garde, 7 pièces da 7« corps, 4 du 5®. — Les disposi-
tions de l'ordre do bataille indiquent du reste que l'artillerie de la Garde de-
vait se trouver sur le plateau.
L'artillerie attachée à la Garde se composait dôs 8 pièces de l'artillerie Ou-
dinot ; des is pièces données par le général Songis ) de 6 pièces parties do
Mayeoce ; soit 26 pièces. (Note de TEmpereur du s octobre.) De ces 26 pièces,
18 étaient encore a Auma lo is au matin avec le 2« régiment do dragons à
pied, et no purent arriver à léna le 13 au soir. L'artillerie do la Garde pré-
sente à la bataille ne comprenait donc que 14 pièces environ. Avec les il pièces
indiquées plus haut , il pouvait donc y avoir 25 pièces groupées à la grande
batterie du centre.
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664 CAMPAGNE DE PRUSSE.
une lieue au delà de la première '. La grande batterie du centre
marcha pour Ten déloger *. Les 7 bouches à feu d'artillerie légère
de la V* division du 7* corps d*armée contribuèrent puissamment à
chasser l'ennemi de cette troisième position. 2 de nos bouches à fea
furent démontées, 1 pièce de 8 et 1 obusier de 6 pouces ; 3 soldsts
du 8* bataillon du train tués et 8 chevaux de trait.
Pendant ces deux combats, les 2 pièces de 8 et la pièce de 4 ser-
yies par la compagnie du capitaine Benoist marchèrent sur la gaache
avec les 44® et 105* régiments d'infanterie. Ces 3 bouches à feu se-
condèrent puissamment les opérations de ces deux régiments et délo-
gèrent l'ennemi d'une position très-avantageuse qu*il occupait sur
le plateau au-dessus d'un petit bois. Le feu à mitraille se maria à la
fusillade de notre infanterie, et, malgré la plus vigoureuse résistance
de la part de l'ennemi, le plateau fut enlevé après plus d'une demi-
heure de combat. 2 canonniers furent blessés et le sergent-major de
cette compagnie.
Vers les 4 heures du soir, la batterie d'artillerie légère, réduite à
5 bouches à feu, venait de recevoir un approvisionnement en muni-
tions. L'ennemi en pleine retraite, S. A. le prince Murât lui donnait
la chasse avec un corps nombreux de dragons ; elle ordonna à Tar-
tilleric légère de le suivre.
La plaine étant propre à une marche rapide, je fis avancer cette
batterie au grand trot à l'aile droite du corps de dragons du Prince.
Nous rencontrâmes plusieurs débris de régiments d'infanterie enne-
mie en déroute. L'artillerie légère les canonna jusqu'aux portes de
Weîmar, pendant près de 2 lieues de marche. Le prince Murât prit
près de 3,000 prisonniers, 15 à 20 pièces de canon, Tambulance et
de nombreux bagages.
Voilà, mon cher Général, tout ce que l'artillerie sous mes ordres a
fait d'utile à la bataille du 14. Je vous en rends compte comme ami
de la vérité et non parce que je crois en valoir mieux, car je n'ai fait
que mon devoir.
On doit des éloges aux capitaines Chopin, Benoist et Gros-Jean
pour la bravoure et le sang-froid qu'ils ont déployés pendant le
combat.
1. Position du corps du prince de Hohenlohe sur les hauteurs, en arriére
du village de Yierzehn-Heiligen.
8. La grande batterie du centre se tint toujours à la gauche dn 6* corps «t
boucha l'intervalle qui séparait le 5* du 7* corps.
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14 OCTOBRE. 665
LE MARÉCHAL AUGEREAU AU MAJOR GÉNÉRAL.
Château de "Weimar, i5 octobre 18O6.
J'ai rhonneur d'informer V. A. S. que je suis arrivé ici
hier soir après avoir harcelé Tennemi pendant toute la jour-
née. A 8 heures j'ai fait prendre position au 7* corps en
avant de mon quartier général. Elles ont bivouaqué sur la
crête des montagnes.
Mon chef d'état-major a donné des ordres, aussitôt son ar-
rivée, pour que les troupes qui ne font pas partie de ce corps
d'armée soient de suite renvoyées à leurs divisions respec-
tives. Dans ce moment il s'occupe à rallier toutes les troupes
du 7* corps.
J'attendrai- ici les ordres ultérieurs de V. A. S.
P. S. — Le général Desjardins arrive en ce moment et
redemande instamment le 105* qu'il croit être au camp de
M. le maréchal Ney." Je vous prie de vouloir bien donner des
ordres pour que ce régiment rejoigne de suite sa division,
car je tiens infiniment à l'avoir.
Quartier général de la réserve de cavalerie et 2* division de grosse
cavalerie, Weimar ; — l'* division de grosse cavalerie, bivouac près
Weimar ; — !'• division de dragons, Ulla, 5 kilomètres de Weimar
route d'Erfurt ; — 3* division de dragons, Apolda ; — cavalerie lé-
gère de la réserve, Utenbach • ; — 4* division de dragons, bivouac à
Domburg.
1. La brigade Lasalle passa à Naumburg vers 8 heures du matin se diri-
geant sur léna ; elle traversa la Saale à Camburg ou à Doruburg et vint bi-
vouaquer à Utenbach, prés d* Apolda.
Lo billet suivant de M. Lenolr, secrétaire du maréchal Davout, donne une
certitude sur l'heure du passage du général Lasalle à Naumburg.
• Le 14 octobre, entre 8 et 9 heures, le général Lasalle vint pour parler à
M. le maréchal Davout au logement que M. le Maréchal avait occupé à Naum-
burg. Sur ce que je lui dis que M. ie Maréchal était parti depuis longtemps,
il répondit d*un air de mauvaise humeur : « Eh bien ! il recevra les ordres
« comme il pourra, s
• Le général Lasalle demanda ensuite où était allé M. le Maréchal. Je lui dis
^ïue, d'après les ordres qu*il avait reçus de S. M. pendant la nuit, il avait dû
passer, dès le matin, la Saale au pont de Kôsen. Là-dessus le général témoi-
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666 CAMPAGNE DE PRUSSE.
LE GBAND-DUC DE BEBG À L'EHFEBEUB.
Weimar, 14 octobre I8O6.
Je ne vous parlerai pas de la conduite de la cavalerie dont
vous m'avez confié le commandement ; V. M. en a été témoin
et en a vu les résultats; mais je dois de grands éloges à k
bravoure des dragons de la division Klein et à celle des cui-
rassiers de la division d'Hautpoul qui ont donné, aux hus-
sards du 10* régiment et aux autres troupes légères qui ont
donné *. — Sire, rien n'a résisté à la cavalerie ; tout a été cul-
buté, les bataillons carrés rompus, la propre garde dû Roi,
les chevau-légers , tout a plié *, tout a fui honteusement et
Ton ne dira plus que la cavalerie de V. M. n'est pas la pre-
mière du monde. — Les généraux Rapp et Gardane ne m'ont
pas quitté, le premier a surtout bien- fait ; il a chargé avec
les cuirassiers ; je dois les plus grands éloges aux généraux
Klein et d'Hautpoul, et en général à tous les généraux. J'ai
eu lieu d'être content des généraux Picard et Treillard dont
je m'étais plaint autrefois. — Plusieurs canons et caissons»
ont été pris, plusieurs drapeaux, plusieurs mille prisonniers.
Je fais garder les routes d'Erfurt et de Buttstadt par où s'est
gna beaucoup de surprise et dit qwHl ne concevait rien à cette marche, et quim
lieu de ptuser la Saale , M. le Maréchal devait prendre position en atani it
Naumburg pour couvrir cette place ; qu'il était chargé par le Prince (il oe le
Domma pas) de lui dire cela, Peudant celte conversation qui fut beaucoup plus
longue, mais dont je garantis l'exactilude pour le peu que fen rapporte, ou
viut annoncer au général que sa brigade ôlait prôte et il partit
« Quelque temps après plusieurs corps de cavalerie détilôrent et prirent U
route à gauche de celle suivie par le corps de M. le Maréchal.
« Le général Lasalle m*a parlé dans la rue, en prôsence'de beaucoup de pe^
sonnes qui toutes purent l'entendre, mais que je ne connais pas, à Texcep-
tion de M. Lacoste, chirurgien en chef du corps d'armée.
« Lbhoib. I
1. Le Grand-Duc est resté au centre de la ligne de bataille avec les brig»l<^
de cavalerie légère du 5®, du 6« et du 7« corps, la brigade Picard (««etîô*de
dragons) de la division Klein, la 1^ brigade delà division d*Hautpoul (i^' c^-
10* de cuirassiers), soit il régiments ; auxquels vinrent se joindre dans U
poursuite sur Weimar les 3 autres régiments de la division Klein et couiim'
soutien la 2* brigade de la division d*Hautpoui.
2. Dans la poursuite sur le champ de bataille, à la fin de la journée, la ca-
valerie a été secondée par Tartillerio légère du 7« corps, 5 piôces, qui s»'*
vait au grand trot à l'aile droite, parallèlement à la chaussée d'iéna à Weimar.
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14 OCTOBRE. 667
retiré rennemi. — Demain de grand matin je rallierai ma
cavalerie et je pousserai vigoureusement l'ennemi. Mais je
désirerais savoir par quelle route, car Tennemi en a pris plu-
sieurs*.
Plusieurs généraux ennemis ont été pris et blessés, parmi
lesquels RUchel, Hohenlohe et les ducs de Brunswick et
Schmettau.
Le Boi et la Beine sont partis à 4 heures de Weimar ; la
Reine a pleuré comme un enfant. J'y suis entré à 6 heures ;
les dragons ont chargé une colonne d'infauterie qui faisait
l'arrière-garde, les rues sont jonchées de cadavres et remplies
de caissons, canons et bagages. La duchesse est ici. Le loge-
ment de V. M. est désigné.
J'aurai l'honneur de rendre compte à V. M. des actions
d*éclat qui ont eu lieu aujourd'hui sous mes yeux.
V. M. me pardonnera mon griffonnage ; mais je suis seul
et je tombe de lassitude*.
M. de Ségur s'est bien conduit.
LB OiNÉRAL d'hAUTPOUL AU GRAND -DUC DE BEBO.
Ers lad t, 16 octobre 180 G.
La 1" brigade de ma division, composée des 1" et 10*, a
doimé des preuves de la plus grande valeur ; sur la hauteur de Ca-
pellendorf ^, le 4* escadron du 1*' régiment a chargé un corps d'in-
fanterie légère d'environ 400 hommes qu'il a fait prisonnier en enle-
vant un drapeau malgré le feu très-nourri que l'ennemi n'a cessé de
faire sur lui ; les 3 autres ont chargé deux fois la queue d'une co-
lonne de cavalerie ennemie qui s'est retirée à la hâte dans un défilé ^;
1. Avant de commencer la poursuite, le commandant de la cavalerie prend
les ordres du Commandant de l*armée sur la direction à prendre.
2. Le Grand-Duc était le is à 4 heures du malin à Zeitz, à 8 heures à Teu-
cbem, et se rendit dans la journée à Naumburg. 11 en partit après 4 heures
(iu ^ir pour léna, où il arriva dans la nuit, ayant fait 60 kilomètres depuis io
matin. Il combattit le 14 toute la journée aux côtés do TEmpereur d'abord,
puis se donna ensuite beaucoup de mouvement pour diriger sa cavalerie.
3. C'est-à-dire sur la hauteur do Gross*Romstadt, au-dessus de Capellen-
<lorf, où se produisit l'attaque du corps du général Kiichei.
i. n faut entendre un des nombreux chemins, bordés probablement de prai-
ries, qui descendent vers le vallon de Capellendorf.
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668 CASirPAGNE DB PRUSSE.
n*ayant pu atteindre que Tarrière-garde , on n'a pa faire prisonnierg
qae 20 cuirassiers et 3 officiers.
Pendant que le 1*' de cuirassiers était aux prises avec cette cava-
lerie, le 10* marchait en arrière du 1'' pour le soutenir*, lorsque je
me suis aperçu qu'un gros corps d'infanterie manœuvrait sur mon
flanc gauche à portée de fusillade. J'ordonnai au brave colonel du 10*
de faire escadrons à gauche ' pour marcher sur cette colonne, M. le
capitaine Boyer, d'une intrépidité rare, a été le premier à se porter
sur ce corps d'infanterie avec son escadron , qu'il n'a pu entamer.
Mais le colonel Lhéritier avec les 2 autres escadrons et le 3* qui s'était
rallié, a chargé deux fois sur cette infanterie qui a été presque toute
prisonnière ; le reste s'est jeté dans un ravin et est tombé au pou-
voir de nos dragons ' qui étaient sur la gauche de ce ravin.
J'estime que le résultat de ces 3 charges faites par les 1*' et 10'
6ur l'infanterie peut être évalué à 4,000 prisonniers, 3 drapeaux en-
levés et 1 pièce de canon que l'ennemi a été obligé d'abandonner.
J'ai été très fâché que la 2* brigade n'ait pu sortir du défilé eu
avant de léna ; cette journée aurait pu être plus brillante pour la di-
vision que j'ai l'honneur de commander
M. Snbatier, sous-inspecteur aux revues de ma division, ne
m'a pas quitté de la journée, a aussi porté mes ordres sous le feu de
l'ennemi.
Je dois ajouter que la grand'garde du 5* de cuirassiers, placée en
avant de son régiment sur la route de Weimar à Naumburg, s'est
saisie d'un bataillon d'infanterie qui venait se rendre à Weimar
Je n'ai pas encore l'état des pertes.
Dans sa dépêche du 13 à 3 heures du soir, le major général fai*
sait connaître au maréchal Davout et au maréchal Bemadotte que
s'ils entendaient une attaque le soir même sur léna, ils devaient ma-
nœuvrer sur l'ennemi et déborder sa gauche, et que, s'il n'y avait
pas d'attaque le soir du 13 à léna, ils recevraient pendant la nuit
les dispositions de l'Empereur pour la journée du lendemain.
1. Troupes de soutien, deuxième ligne.
2. Le régiment de deuxième ligne était donc formé en colonne par escadrons
à distance onliére.
s. La brigade do la division Klein qui était au centre de la ligne de ba-
taille. Il semble que la division Klein, 5 régiments, la seule des divisions de
dragons qui se trouva sur le champ de bataille, fut répartie par TEmpereor
sur s points de la ligne. Une brigade, i^i'et 14*, fut envoyée à l*aile droite
au 4« Corps ; une autre brigade, celle du général Picard, f et 20«, dirigée
par le général Klein, resta au centre de Tordre de bataille ; enfin le 5* régi-
ment, 26«, fut porté à Taile gaucho, au 7« corps.
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14 OCTOBRE. 669
Ces dispositions pour le maréchal Davout ne figurent pas sur le
registre du major général, où se trouvent cependant les dispositions
de l'ordre de bataille ; mais l'extrait suivant du Journal des opéra-
tions du 3* corps doit reproduire les termes mêmes de la dépêche du
major général :
Journal des opérattons 'du 3* corps, — « Cependant M. le Ma-
> réchal Davout^ avait fait appeler à Naumburg la nuit du 13 au
« 14 les généraux de division et les commandants des différentes
< armes pour 7 recevoir ses. ordres en conformité de ceux que
< S. M. rEmpereur lui avait annoncés pour cette même nuit '.
« lis lui furent apportés à 3 heures du matin. Us étaient en date
« du 13, JO heures du soir, du bivouac sur les hauteurs d'Iéna.
c L'Empereur qui dans la soirée avait reconnu une armée prus-
« sienne qui s'étendait depuis une lieue en avant et sur les hauteurs
< d'iéna jusqu'à Weimar, avait le projet de l'attaquer le lendemain.
< Il ordonnait à M. le Maréchal de se porter sur Apolda afin de
< tomber sur les derrières de cette armée ; il laissait M. le Maréchal
« maître de tenir la route qui lui conviendrait pourvu qu'il prît
« part au combat. S. A. S. le major général ajoutait : Si M, le
1. Cd qui prouve quo Ton ne peut pas toujours enregistrer toutes les dé-
pêches que i*on expédie.
LB MABÉCHAXi DAYOUT AD MAJOR OifcKKBAL.
Posen, 10 novembre 1806.
Monseigneur, par votre lettre du 8, V. A. mMnvile à lui donner plus de dé-
tails sur les motifs de plainte que j*ai contre le génûral Viallanes. Les voici :
ils sont d'une nature à ne pouvoir jamais être oubliéa par un générai en chef.
Dans la nuit du 13 au 14, dans Taltenle des ordres de l'Empereur, et pour
ne pas perdre une minute pour leur exécution, j'avais fait prier tous les gé-
Dénux de division et tous les commandants des armes de se réunir chez moi
et d'y passer la nuit. Tous le firent : le général Viallanes s'y présenta comme
ies autres, et il me mit dans le cas de l'inviter plusieurs fois, avec beaucoup
(le modération, de rester. Malgré mes instances, il s'en alla à mon insu à
3 heures du matin. Lorsqu'un aide de camp m'apporta les ordres de l'Empe-
reur, tous les généraux partirent aussitôt pour mettre en marche leurs troupes.
Ce ue fut qu'à 5 heures qu'on put parvenir à trouver le général Viallanes qui
nie montra, dans cette circonstance, un esprit mauvais et dangereux, et beau-
coup d'insolence, parce qu'il sentait qu'on avait besoin de lui. 11 en est ré-
*\x\[é que sa cavalerie, au lieu de déboucher la première, est débouchée trois
heures plus tard, et que je ne l'ai eue que vers les 9 ou 10 heures. Enfin, sans
avoir été positivement mécontent du générai Viallanes dans l'aflaire, je n'ai
l«s eu à m'en louer.
Le général Viallanes, en outre, a laissé piller toute sa cavalerie légère dans
l'arrondissement de Francfort, où elle a pris et revendu plus de 240 chevaux ;
et Ijui-môme a fait des demandes de chevaux qu'il a convertis en argent, no-
nobstant la défense que je lui avais faite plusieurs fois de faire ce commerce
liouteux, surtout à Naumburg, où je l'ai pris sur le fait. Je suis beaucoup plus
content de la cavalerie légère, sous tous les rapports, depuis le parti que j'ai
pris.
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670 CAMPAGNE DE PRUSSE.
€ maréchal Bemadotte se trouve avec vous, vous pourrez marcher
« ensemble; mais V Empereur espère qu'il sera dans la position qu^il lui
€ a indiquée à Domburg.
€ M. le maréchal Davout donna ses ordres à chacun des généraux
« qui partirent de suite pour en hâter l'exécution ; et il se rendit
€ chez S. A. le prince de Ponte-Corvo, commandant le 1" corps
« d'armée, qui était effectivement arrivé dans la soirée à Naumbarg.
« M . le maréchal Davout lui donna communication par écrit des or-
c dres qu'il venait de recevoir de S. M. en le priant de lui donner
« connaissance du parti qu'il prendrait. Le Prince lui répondit qu'il
€ partait pour Camburg. »
Le 3* corps se mit en marche immédiatement et la 3* division pas-
sait le pont à 6 heures et demie. De là pour se rendre à Apolda par
la grande route de Weimar il y a 22 kilomètres. Si le 3* corps n'a-
vait pas trouvé l'armée du roi sur son chemin, il aurait atteint Âpolda
vers midi, entendant la canonnade depuis le matin. D' Apolda à
Hermstildt ou à Stobra il 7 a 4 kilomètres ; à Klein -BomstSdt, ô :
à Gross-Ilomst^dt, 6 . Le Maréchal n'aurait pas hésité à engager de
suite la division Gudin tète de colonne ; à 2 heures et demie la di-
vision Priant serait entrée en ligne à son tour, et à 4 heures la divi-
sion Morand, heures calculées d'après l'entrée en ligne de chaque
division à la bataille d'AuerstIUlt.
Donc si l'armée prussienne avait été tout entière réunie devant
l'Empereur et qu'elle lui eût tenu tête, le 3* corps serait encore
arrivé en temps opportun sur le champ de bataille pour prendre
l'ennemi à dos et décider la victoire.
Quant au maréchal Bemadotte, n'entendant le canon que snr sa
gauche en débouchant de Domburg, il est à présumer qu'il se serait
porté au feu, et, toujours dans l'hypothèse où l'armée prussienne
réunie eût tenu tête à l'Empereur, il serait venu tomber dans le flanc
de l'ennemi entre 3 et 4 heures ayant pris la direction de Stiebritz.
Il n'est donc pas douteux que l'armée prussienne eût été culbutée
quand même elle eût été tout entière réunie.
n faut se rappeler que les 2 divisions du 6* corps, les 2* et 3* di-
visions du 4® corps, la Garde et la division Nansouty ne furent pas
engagées , et qu'elles furent cependant présentes à la bataille. Si la
lutte, au lieu de s'éloigner vers Weimar, était demeurée snr le pla-
teau, toutes ces troupes seraient entrées en ligne plus tôt.
D'ailleurs, le moral, dont on parle tant et à juste titre, était du
côté de l'armée française. Conduite par son Empereur, elle eût
opposée une résistance opiniâtre qui lui eût permis d'attendre Tar-
rivée des 3' et 1"' corps. L'armée prussienne, au contraire, était
démoralisée : c Le combat de Schleiz , qui a ouvert la campa^^
< et qui a été très funeste à l'armée prussienne, celui de Saalfeld*
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14 OCTOBRE.
Gli
€ qui Fa suivi le lendemain , ont porté la consternation chez Ten-
« nemi. » (3* Bulletin, 13 octobre.)
L'Empereur disposait au commencement de la journée :
BaUiUon$. Homme*. EEcadroni. Chevtax.
Dn 7« corps * • •
Do 5« corps ,
D« la Garde impériale à pied.
De la !»• division du 4» corps.
De l'avant-garde du 6« corps .
17
16,500
6
1,000
20
19,000
9
1,500
»
6,000
M
»
8
7,700
9
1,400
5
3,400
50,600
6
80
1,100
M
6,000
Vers 11 heures sur le plateau au centre en réserve :
Bataillon*. Hommes. Escadron*.
Chevaux.
r 2» dlTision.
Da 6» corps. . .j 3. division.
De la division d'Hantponl
De U division Klein . . .
De la division Nansouty .
8
9,000
»
»
6
6,000
»
»
»
»
12
1,900
a
»
16
2,500
»
»
18
45
2,900
14
16,000
7,800
Vers midi sur le plateau à Taile droite :
Bataillon*. Hommes.
Du 4c corps.
2« division. . . .
10
10,300
8« division. . .
8
7,700
18
18,000
Enfin, si Tarmée du Roi ne s'était pas portée sur Naumburg, se-
raient arrivées successivement sur le champ de bataille et dans le
flanc de Tarmée prussienne :\
Vers midi :
La S« division du 8« corps et 1» cavalerie légère ....
Vers 2 heures et demie :
La 2t division du 8« corps. • . . ,
La 3* division du le* oorps et la cavalerie légère ....
Vers 4 heures :
La In division du 8« corps 10,000
La S< division du l*r oorps 6,600
La 9« division de dragons »
La brigade Lasalle *
Hommes.
8,600
Chevaux
1,300
7,600
6,800
1,500
47,400
2,600
1,100
6,500
La 1" division du 1*" corps, 7,000 hommes, la 4* division de dra-
gons, 2,600 chevaux, la 2* division de dragons, 2,500 chevaux, et
la cavalerie de la Garde, 2,800 chevaux, n'auraient pu se trouver
à la bataille.
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672 CAMPAGNE DE PRUSSE.
L'£mpereur avait environ 165,000 combattants dans sa main sar
le champ d'opérations, non compris les alliés et les corps d'observa-
tion (8* corps et armée du Nord).
BATAILLE D AUERSTADT.
LE MARÉCHAL DAVOUT A l'eMPEREUR.
Au bivouac d'Auerstadt, 14 octobre 1806.
J'ai rhonneur de rendre compte à V. M. qu'en débouchant
de Kôsen , j*ai trouvé à un quart de lieue Tennemi qui était
on marche pour s'emparer lui-même de ce débouché. La ba-
taille s'est engagée de suite ; elle a été sanglante et disputée.
Le roi de Prusse, le duc de Brunswick et le maréchal de
MoUendorf et plus de 60,000 hommes ont disputé la victoire
à votre 3* corps ; elle nous est restée ainsi que presque toute
raFjillerie ennemie. Le nombre des prisonniers n'est pas très
considérable, le peu de cavalerie que j'avais, qui a fort bien
servi du reste, n'ayant pas été suffisante pour, pouvoir prc»-
fiter des succès de l'infanterie. Le grand-duc de Berg avait
retiré la veille la division de dragons Sahuc.
V. M. a perdu beaucoup de braves, parmi lesquels je ci-
terai le général Debilly, les colonels Vergés, Higonet,Viala,
Nicolas et plusieurs autres blessés. Plusieurs régiments ont
perdu la pluplart de leurs officiers ; le nombre des blessés
est très-considérable.
Le duc de Brunswick a été grièvement blessé à la tête ; on
regarde sa blessure comme mortelle.
Des généraux prussiens ont été blessés. Parmi ces derniers
on compte le prince Auguste, oùclê du Roi.
Les deux frères du Roi se trouvaient à cette bataille ; les
gardes à cheval et à pied ont beaucoup souffert.
Les cartouches manquant , les corps étant très-affaiblis^
j'ai pris position vers les 7 heures du soir. Cette nuit on
remplacera les cartouches, on mettra les armes en état et de-
main nous serons prêts à exécuter les ordres de V. M.
Je dois citer avec le plus grand éloge la conduite des
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14 OCTOBRE. 673
généraux Friant, Gudin et Morand... Le général Daultanne
s'est fait distinguer de toute Tarmée.
Ces jours-ci j'aurai l'honneur d'adresser à V. M, les dé-
tails nécessaires pour lui faire connaître la brillante conduite
de tous ses officiers et soldats.
L'ennemi paraît s'être retiré du côté de Weimar.
•^1
extrait du journal des opérations du 3® corps
d'armée.
Le terrain au delà de la Saale est élevé et offre de beaux
plateaux qui sont accidentellement coupés par quelques ruis-
seaux, par de petits ravins et quelques chemins creux et sur
lesquels sont répandus un grand nombre de villages. Ces
jJateaux sont couronnés vers le nord de mamelons plus >^
élevés et couverts de bouquets de bois. La Saale n'est point
guéable ; sa rive gauche est très- escarpée et couverte aussi
de quelques bouquets de bois. La grande route de Naumburg
à Weimar et Erfurt passe par KOsen, où il y a un pont en
pierre sur la Saale. Après avoir passé cette rivière il faut
monter par une pente raide et longue sur le plateau d'Hassen-
liausen. Il n'y avait pas d'autre chemin pour se diriger sur
Erfurt en passant par Auerstadt et Apolda, ainsi que l'Em-
pereur l'avait ordonné. Il était donc important de se saisir de
la tête du défilé afin de pouvoir se développer.
D'après les ordres donnés dans la nuit par M. le Maréchal*,
vu l'éloignement où se trouvait la 1" division , le mouve-
ment se fit par la gauche. Le général Gudin avec la 3* division
passa la Saale sur le pont de Kôsen à 6 heures et demie %
tandis que le colonel Cassagne avec le 25* • précédé d'un es-
1. Voir page 670.
2. La s« division partit à 4 heures du matin de sa position do Neufleraming.
'apport du général Gudin, Naumburg, 17 octobre.)
Sauf les quelques détails que Ton trouvera ci-après en noie, le rapport du
général Gudin est entièrement reproduit dans le journal des opérations du .'<
5* corps.
S- Â 6 heures la tôte de la. division a traversé le défilé. (Général Gudin.)
OàMP. DS PRUSSE. 43
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-i
674 CAMPAGNE DE PRUSSE.
cadron du 1" de chasseurs après avoir traversé le défilé, dé-
bouchait sur le plateau.
La 2* et la 1" division s'étaient mises en marche à 4 heures
du matin pour se porter vers le même point.
Il s'était élevé une demi-heure avant le jour un brouillard
si épais qu'il ne permettait pas de distinguer les objets à por-
tée de pistolet. Le Maréchal ordonna à son premier aide de
camp le colonel Burke de se porter en avant avec un détache-
ment du 1" de chasseurs commandé parle capitaine Hulot et
d'engager une échauflFourée pour se procurer des renseigne-
ments certains sur la position de l'ennemi. Le colonel Burke,
sans rencontrer ni vedettes ni avant-poste, se trouva à portée
de l'avant-garde commandée par le général Blucher. Le Boi
y était en personne et marchait à la tête. Cette avant-gardi*
s'arrêta près deHassenhausen en apercevant à travers le brouil-
lard le détachement français
Le colonel Burke qui fit insulter à coup de pistolet les es
cadrons prussiens , soutint avec vigueur la charge de 2 esca-
drons du régiment de là Reine et fit quelques prisonniers dont
un major*. Ramené, après avoir rempli sa mission, par des
forces supérieures, il vint rallier son détachement sous la pn»-
tection du 25* qui s'avançait en colonne à la droite de la
chaussée tandis que le 85* marchait dans le même ordre sur
la gauche *. Le général Gauthier eut ordre de mettre pi-omp*
tement sa brigade en état de recevoir la charge de ces 2 en-
cadrons en faisant former le cari'é au 25*.
En même temps le général BlUcher avec le reste de l'avant-
garde composé de 600 chevaux, d'une batterie légère et d'un
bataillon de grenadiers, avançait sur la chaussé^ au delà de
1. Le rôle de la cavalerie de l'avaul-garde est de s'avancer jusqu'à ce qu'elle
ail trouvé Tennemi, et de le forcer à se déployer et a prendre ses dispos-
lions. Â Tavanl-garde il faut rocounaître à coups do sabre afin de faire àa
prisonniers. On a vu la môme manière de reconnaître au comliat de Winzcria
le IJ, page 529.
s. Le 21^ régiment suivait le mouvement du 8.5«, et le is* celui do a^-
(Général Gudin.)
La division se forma sur deux lignes, une brigade par ligne. C'est toujours
ce qui arrive dans les combats livrés pondant la marche. On est obltgé d-'
former de suite, avec les Iroupes de la tétc de colonne, une ligne de lâtaill«
d'une certaine élendue, ménageant toutefois des réserves.
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14 OCTOBRE.
675
Hassenhausen. Il fut foudroyé par Tartillerie de la brigade
Gauthier placée sur cette chaussée. Les escadrons et le ba-
taillon de grenadiers furent dispersés, la plupart des canon-
niers furent tués et les charretiers prirent la fuite \
En même temps 2 compagnies de grenadiers et une de vol-
tigeurs du 25' conduites par le capitaine Lagoublais, aide de
camp du général Gauthier, soutenues par le détachement de
chasseurs du capitaine Hulot, se précipitèrent sur la batterie
prussienne et enlevèrent 6 pièces.
Après ce premier succès, le 25* régiment se porta en colonne
• n avant sur la droite de Hassenhausen. L'ennemi voulut pro-
fiter de son isolement. Le régiment eut à soutenir une nou-
velle charge de cavalerie. Le feu d'une batterie ennemie
l'incommodait de nouveau. Le chef de bataillon Saint-
Faust et 4 compagnies se précipitèrent sur les pièces de ca-
non et les enlevèrent.
Cependant toute la 3* division prussienne, général Schmet-
tau, était en ligne avec une immense cavalerie en arrière de
Hassenhausen. L'ennemi réunissait ses eflforts sur le 25''
posté à la tête et un peu à droite du village.
Le Maréchal, voyant sa droite débordée par la cavalerie
prussienne, craignant même d'en être tourné et enveloppé et
voulant concentrer ses forces, ordonna au général Petit de se
porter au secours du 25® avec le 21', et de se faire suivre en
échelon par le 12*. Le Maréchal fit en même temps avancer
10 pièces d'artillerie.
Ce mouvement s'exécutait sous le feu le plus vif pendant
que le général BlUcher marchait à la tête de 25 escadrons
eutre Spielberg et Punscherau : au moment où le brouillard
se dissipait, il s'aperçut qu'il était sur les derrières de l'in-
1. Cost rinconvénienl d'avoir un petit paquet d*infniilerio à l'avant-gardo.
H ne faut mettre à l'avant-garde que do la cavalerie qui voit au loin, recon-
Diiil les coloones, les force ù se déployer, prévient et peut au besoin se re-
tirer. Toute rinfanlorid doit marcher ensemble et bien réunie. Si on met un
ItaUiilloD d'infanterie à Tavant-garde et qu'il s'engage, on n'est plus maître
(l'éviter le combat; on est obligé de le subir ot on se fait écraser en détail
par un ennemi qui marche en grosse masse, tous réunis.
Voir, page 556, les instructions de l'Empereur au vice-roi d'Italie pour la
marche de son armée.
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i
676 CAMPAGNE DE PRUSSE.
fanterie française. H n'hésita pas à la charger avec vigueur
dans tous les sens, mais d'après Tordre du Maréchal les car-
rés déjà formés recevaient avec calme, à bout portant, ce&
nombreux escadrons tandis que le Maréchal^ le général Gu-
din, les généraux Gauthier et Petit se portaient tantôt dans
un carré et tantôt dans un autre. Pas un seul bataillon ne
fut entamé, quoique le général Blticher revînt sans cesse à la
charge. Enfin, après une perte énorme, lui-même ajant eu
son cheval tué et n'ayant que le temps de prendre celui d'un
trompette, il fut entraîné avec toute sa cavalerie dans un dé-
sordre complet jusqu'à Eckartsberg.
Pendant que 3 régiments de la division Gudin résistaient
depuis une heure et demie avec tant d'intrépidité et de suc-
cès aux efforts de la cavalerie prussienne et à ceux de la divi-
sion Schmettau, le 85* placé à la gauche d'Hassenhausen et
soutenu par 2 seules pièces de 8, voyait se développer devant
lui une partie de la division Orange, tandis que la division
Wartensleben, 2', s'avançait vers sa gauche.
Le général Triant , à la tête de la 2* division , arrivait sur
le plateau sur les 8 heures et demie en colonne serrée par
bataillon ; le 111' marchait le premier \ Le Maréchal envoya
le colonel du génie Tousard le placer à la droite de la divi-
sion Gudin. Ce régiment se trouva en face d'une batterie de
6 pièces qui incommodait beaucoup les mouvements de toute
la 2^ division française '.
Le Maréchal donna ordre au 108'' de l'enlever. Ce fut pour
le 2® bataillon conduit par le colonel Higonet l'affaire d'un
moment ', tandis que le 1*' allait chasser l'ennemi du vil-
lage de Spielberg où venait d'arriver par Poppel la brigade
du prince Henry de Prusse de la division Orange, 1**; l'autre
brigade sous les ordres du général Lutzow s'était portée à la
gauche de la division Schmettau.
Le prince Henry par ses mouvements menaçait de tourner
1. Dans chaquo division on marchait la gauche en lôte.
2. Voir le rapport du général Priant.
3. La batterie se trouvait en face du ill« ; le S« bataillon du 108« dot l'en-
lever en se portant sur son flanc.
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14 OCTOBRE. 677
la droite de Tarmée française. Le Maréchal recommanda au
général Priant de ne pas se laisser déborder ' . En conséquence
le général fit marcher le 33* et le 48*", général Kister, sur la
droite de Spielberg * et détacha 4 compagnies sous les ordres
du capitaine du génie Menissier pour fouiller le bois sur la
droite et en débusquer Tennemi, ce qui fut exécuté avec le
plus grand succès.
Toute la cavalerie du 3* corps était placée à l'extrémité de
Taile droite et chargeait à propos les bataillons prussiens qui
étaient ébranlés par notre infanterie. Elle suppléait à la
faiblesse du nombre par son courage et sa bonne contenance.
Pendant ce temps le 85' seul sur la gauche d'Hassenhausen
allait enfin être écrasé. Le Maréchal envoya à son secours le
12''et fit défendre le village d'Hassenhausen par le 2V*.
A peine le 12* avait-il, en arrière d'Hassenhausen, traversé
la grande route d'Erfurt pour prendre à gauche, qu'il fut
assailli par des forces tellement supérieures que la division
Gudin tournée par sa gauche allait succomber, si la 1" divi-
sion ne fût arrivée au pas de course. Le Maréchal lui avait
envoyé l'ordre de s'appuyer de suite à la gauche de la divi-
sion Gudin.
1. Ne pas se laisser déborder est une préoccupation constante sur le champ
de bataille ; d*où la nécessité d'avoir toujours dos troupes en échelon en ar-
rière des ailes.
2. La brigade Kister de la 2« division formait donc échelon débordant en
arriére à droite, couverte elle-môme sur son flanc par la cavalerie légère.
3. Le mouvement débordant de l'armée prussienne s*était d'abord produit
sur l'aile droite du S» corps, la plaine étant plus ouverte de ce côté et le dé-
bouché de Poppel sur Spielberg offrant des plis de terrain par où les colonnes
s'élevaient à fabri. — C*est pour cette raison que le Maréchal porta de suite
li^ 2^ division à la droite de la 8«. Dès qu'il vit déboucher la l'^ division, il
^Qgagea le 4® régiment de la 8« division, 18* de ligne, qu'il avait jusque-là
Conversé en réserve.
i. Pendant que le 12* régiment se portait à la gauche et en arrière du vil-
lage d'Hassenhausen, le 2i« régiment, sous les ordres du colonel Decous, s'y
établissait en avant, occupant le villcge par son centre. La résistance des ré-
giments de la division contre des forces aussi supérieures ayant donné le
temps à la i" division d'arriver à notre secours, le combat redevint offensif
^t les efforts que nous avions faits pour la conservation du village d'Hasscn-
bausen furent couronnés du plus grande succès, car l'ennemi fut obligé de
Qous abandonner toute l'artillorie qu'il nous avait opposée sur ce point. (Géné-
ral Gudin.)
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678 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Dès que la !'• division fut sur le terrain, le Maréchal alla
avec Je général Morand se mettre à sa tête. Le général Mo-
rand avait par ordre laissé le 2' bataillon du 17*" à la garde du
pont deKosen. Le rest^ de sa division marchait sur la gauche
du plateau d'Uassenhausen en colonne par division à distance
de peloton.
Le IS** léger avec 2 pièces de 4 tenait la tête des colonnoi^.
Le général d'Honnières, qui conduisait ce régiment, eut orJro
de faire marcher un des bataillons serré en colonne et l'autri'
déployé et de se diriger sur le clocher d'Hassenhausen que la
3* division venait d'abandonner en repliant un peu sa gauche.
L'ennemi avait établi une batterie en avant de ce village,
protégée par un corps nombreux ; il fut enfoncé par le 13' et
poursuivi au delà du village. Mais ce régiment emporté par
son ardeur s'isola trop du reste de la division ; il tomba au
milieu de forces si nombreuses qu'il fut obligé de revenir et
de prendre position à gauche et en arrière du village à la
hauteur de la 3* division. Ceci eut lieu vers les 10 heures et
demie du matin.
En même temps les autres bataillons de la 1^ division
marchaient en colonne à grande distance et s'avançaient de
front dans le plus bel ordre, au milieu des escadrons prussieuî^
qui couvraient le plateau; le 51* et le 61', général Debilly,
obliquaient à gauche.
Le général Brouard avec le 30* suivait le mouvement de la
brigade du général Debilly, de manière à présenter ses tête>
de colonne vis-à-vis les intervalles de la première ligne \
Le 1" bataillon du 17% colonel Lanusse, appuyait la gauche
près de la Saale en côtoyant la rampe qui forme la rive gauche
de cette rivière*. Le Maréchal avait fait placer Tartillerie au
centre de la division.
La 1" division avait à peine passé la grande route qu'elle
fut assaillie par la cavalerie de la division Wartensleben rcn-
1. La i'« division élail donc aussi formée sur deux ligues, une brigade par
ligne, sans complor la ligne d'infanterie légère.
2. La ligne do bataille du 3« corps avait niors de 4,0I>0 à 4,500 mètres. Le
maréchal Davout disposait do 86 bataillons.
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14 OCTOBRE. 679
forcée d'un autre corps nombreux de cavalerie à la tête du-
quel était le prince Guillaume de Prusse. Le Prince chargea
à différentes fois la division Morand, mais tous les corps for-
més en carré le reçurent avec sang-froid aux crix de Vive
l'Empereur! Le prince Guillaume, après avoir été blessé, se
replia avec sa cavalerie derrière Tinfanterie. Le duc de Bruns-
\nck avait déjà été blessé mortellement en arrière d'Hassen-
hausen, ainsi que le général Schmettau. La division Gudin
se défendait avec avantage à hauteur d'Hassenhausen, tandis
que le général Friant avec la plus grande partie de sa divi-
sion continuait de tourner Tennemi, s'avançait entre Spiel-
berg et Zeckwar, et incommodait déjà le flanc gauche des
Prussiens par une artillerie bien placée et bien dirigée.
La droite de la division Morand commença à gagner du
terrain. Le 61*, général Debilly, avançait à la tête du ravin
qui conduit à Rehhausen ; il était défendu par une nombreuse
infanterie prussienne soutenue par un grand nombre de
bouches à feu. Le choc fut terrible ; on était à portée de pis-
tolet ; la mitraille ouvrait les rangs qui aussitôt se resserraient.
Chaque mouvement du 61® était dessiné sur le terrain parles
braves qu^il y laissait. Enfin Taudace et Tintrépidité rempor-
tèrent; Tennemi renversé et en désordre abandonna ses ca-
nons. En même temps le 51*, quoique foudroyé par rartillerie
prussienne, reçut avec intrépidité une nouvelle charge de ca-
valerie combinée avec une attaque d'infanterie. Le 2* batail-
lon du 30* s'élança sur une batterie et repoussa une forte
colonne qui débouchait du ravin par le chemin qui situé n
gauche d'Hassenhausen mène à Rehhausen.
Pendant ce temps les chasseurs de Weimar, le bataillon
d'Oswald, les régiments des Gardes et une partie de la ré-
seive arrivaient par Sonnendorf ^ sur les hauteurs qui bordent
la rive gauche de lllm, faisant filer 3 compagnies d'infan-
terie au pied du vallon le long de la rivière. Le Roi voulait
par un dernier eflFort enfoncer l'aile gauche de la 1" division
1. D^Âuerstâdt, par où ces troupes débouchaient, on se porte en ligne droite
sur Rehhausen et Sonnendorf en évitant le détour do Gorastadt et Poppel.
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680 CAMPAGNE DE PRUSSE.
OÙ il s'était aperçu qu'il n'y avait non plus qu'à la 3' division
pas un détachement de cavalerie; il espérait tourner ainsi
l'infanterie qui s'avançait sur Rehhausen.
La garde de ces hauteurs était confiée au 30* et au 1*' ba-
taillon du 17* ^
Le Maréchal s'aperçoit de ce mouvement de l'ennemi et y
fait porter le général Morand qui se fait précéder par de Tar-
tillerie à pied de sa division et va se placer à la tête du 30*.
Les régiments des Gardes prussiennes sont foudroyés, ainsi
que la plus grande partie de la Indivision de la réserve prus-
sienne. Le général Morand gagne toujours du terrain ; les
hauteurs del'Ilm sont balayées et il finit par s'établir à l'extré-
mité du plateau, en face du vallon où est le moulin d'Emsen,
sur un contrefort qui domine tous les environs. Il y fait pla-
cer son artillerie et de 16 il déborde et prend en flanc l'armée
prussienne ; en même temps le général Friant, placé égale-
ment sur les hauteurs à droite de Poppel, débordait déjà l'aile
gauche de l'ennemi.
Le général Friant avait combattu longtemps à Spielberg.
Après s'être rendu maître de ce village, il ordonna au géné-
ral Lochet de se djrîger sur Poppel avec le 108*. Ce régiment
enlevait un drapeau et plusieurs pièces à l'ennemi et faisait
un grand nombre de prisonniers, pendant que la 6* compa-
gnie de sapeurs, commandée par le capitaine Pradeau, s'avan-
çait au pas de course sur la grande route, tournait le même
village, s'ouvrait un passage à coups de baïonnette au milieu
de la colonne ennemie, imposait par son audace aux Prus-
siens qui 'voulaient secourir les compagnies coupées près
du ruisseau do Poppel, et faisait mettre bas les armes à
plus de 1,000 hommes. Le capitaine Pradeau et le lieute-
nant Truilhier se sont particulièrement distingués dans cette
affaire.
A Taile droite le 48' gagnait toujours du terrain et enle-
vait 2 pièces.
1. Ces s régimoDts constituaient la seconde ligne do la division Morafid, (e
bataillon du n* qui tenait la gaucho Tonnant échelon débordant.
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14 OCTOBRE. 681
Profitant des succès de la droite et de la gauche, le Maré-
chal fit avancer le centre.
La division Gudin se porta en conséquence sur Tauchwitz,
força ce village et s'avança à la hauteur des l'« et 2* divi-
sions.
Un faible détachement du 2* de chasseurs, capitaine De-
couz, saisît à propos cette occasion de charger Tennemi et le
fit avec succès.
A midi et demi Tarmée prussienne avait commencé à plier.
A une heure elle évacuait les hauteurs d'Hassenhausen et sa
déroute eût été complète si le général Kalkreuth ne se fût
présenté avec ce qui lui restait de la réserve. Cette réserve,
divisions Amim et Kukenheim, était restée en bataille depuis
le commencement de Faction entre Auerstâdt et Gemstadt à
la hauteur de Suiza.
Le général Kalkreuth s'avança sur les hauteurs en arrière
de Tauchwitz et de Rehhausen ayant devant son front le
ruisseau qui coule de Poppel à Rehhausen. La brigade nou-
vellement formée, régiments prince Auguste et Rheinbahden,
bataillon de grenadiers Knebel, et confiée au prince Auguste,
formait sa gauche ; tout ce que le général Blttcher avait pu
réunir de cavalerie formait sa droite. Le général Kalkreuth
présenta ainsi un front imposant pendant que les 3 divisions
du corps de bataille de Tarmée prussienne se retiraient en
désordre en abandonnant sur les hauteurs d'Hassenhausen
une grande partie de leur artillerie.
Le général Kalkreuth tint quelque temps ferme dans cette
position, mais foudroyé sur sa droite par le général Morand
et sur son flanc gauche par Tartillerie du général Friant,
placée sur les hauteurs de Poppel, il revint prendre en arrière
de Gemstadt sa première position. Attaqué vigoureusement
sur sa gauche par la 2^ division qui marchait sur Lisdorf,
menacé sur son centre par la 3" qui s'avançait au delà de
Poppel, il fut obligé de prendre une troisième position en
avant d'Eckartsberg.
Le Maréchal qui de la 1'* division s'était rendu à la 3*, la
dirigea sur la gauche des plateaux situés en avant d'Eckarts-
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682 CAMPAGNE DE PRUSSE.
berg où elle se forma en bataille, et il ordonna au général
Petit d'attaquer ce plateau avec 400 hommes du 12'' et du
21* régi ment.
Le général Petit reçut le feu de l'artillerie prussienne et
celui de la mousqueterie sans riposter -, ses troupes gravireni
la montagne la baïonnette en avant, tandis que le général
Grandeau arrivait sur la droite de cette montagne avec la
plus grande partie du 111* suivi du général Friant et de «i
division. L'ennemi abandonna cette belle et dernière po-
sition avec une telle précipitation qu'il laissa 20 pièces de
canon au pouvoir du général Petit. Il fut poursuivi jusqu'au
delà du bois et du château d'Eckartsberg où se terminè-
rent sur les 4 heures et demie les exploits de cette mémo-
rable journée.
Le Roi de Prusse * qui s'était toujours trouvé au fort de h
mêlée et avait eu un cheval tué sous lui, espérait faire «i
jonction avec l'armée du prince de Hohenlohe et avec h
corps du général RUchel ; il ignorait encore que dans la
même journée l'un et l'autre avaient été complètement dé-
faits par l'Empereur à léna. En conséquence il indiqua In
ville de Weimar pour le rendez- vous général.
Le général Kalkreuth s'efforça encore de rallier ses troui>e?
entre Ranstadt et Eberstadt, mais il suivit bientôt l'armét
prussienne et prit la route de Weimar avec la plus grande
partie de la réserve. Une partie des gardes de la l'* division
de la réserve firent leur retraite le long des hauteurs qui bor-
dent la rive gauche de l'Ilm par Wickerstàdt.
La 1'^ division du corps d'armée, Orange, avait fait la
sienne par Auerstâdt ; la 2', Wartensleben, par Reisdorf ; h
3%Schmettau, par Eckartsberg.
Le Maréchal ne put poursuivre aussi vigoureusement qu'il
1. « J'ai eulondu, dit le colonel Bleiii, raconter à un officier qui a^ai
éUî pris ol conduit au roi do Prusse, «jue ce prince s'élanl îurormé de la force «1 •
Ci) corps d'armée, quand on lui dit qu*il n'était que de 25,000 à 26,000 homiaes.
il s'écria : « Voilà bien une rodomoulado française; il y a là ccrlainemenl pli^^
« de 50,000 hommes et vous no montrez pas tout, s
Un officier fait prisonnier ne doit, soua aucun prétexte, donner de ren?i*i-
guemenls sur sa propre armée ; parler, c'est trahir son pays.
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14 OCTOBRE. 683
l'aurait désiré. Cependant d'après ses ordres le général Vial-
lannes qui avec ses 3 régiments n'avait cessé de harceler
l'ennemi sur la droite ^ jusqu'à la hauteur d'Eckartsberg,
continua de le poursuivre toujours à droite, afin de le rejeter
à gauche vers la Saale et vers Apolda, point indiqué par S.
M. TEmpereur. Le général Viallannes tout en ramassant des
canons et un bon nombre de prisonniers vint bivouaquer la
nuit avec ses 3 régiments jusqu'à Buttstâdt, à 4 lieues du
champ de bataille et pour ainsi dire pêle-mêle avec les débris
de l'armée prussienne. Le 2^ bataillon du 17* qui avait étépré-
posé à la garde du pont de KOsen, fut rappelé et envoyé avec
les avant-postes ; ils ramassèrent aussi un grand nombre
de pièces d'artillerie et de prisonniers.
Le Maréchal bivouaqua la nuit au milieu du 3* corps sur
le champ de bataille. Le 15, à 2 heures du matin, il envoya le
^'énéral Lochet avec sa brigade, 2' division, renforcer le dé-
tachement du 13' léger chargé dès le 13 octobre au matin de
la garde du pont de Freyberg sur l'Unstrutt. Ce général avait
ordre de détruire tous les ponts sur cette rivière pour en in-
terdire le passage à l'armée prussienne.
De 6 heures et demie à 9 heures la division Gudin soutint
seule l'effort de l'ennemi ; de 9 heures à 10 heures et demie
la cavalerie légère, les divisions Gudin et Friant combat-
tirent ensemble ; de 10 heures et demie à la fin de la bataille
tout le corps d'armée fut réuni.
L'ennemi perdit 115 pièces de canon, environ 15,000
hommes tués ou blessés et 3,000 prisonniers.
Toute l'artillerie du 3** corps, réserve comprise, ne consis-
tait qu'en 44 pièces de différents calibres.
OfDciert. Troupe. .
Lft Ire division perdit, tant tués que blessés. .... <J8 2,181
L«2« — — 20 900
La3« — — 134 3,500
252 6,581
1. Dés le début du combat le Maréchal avait porté loulc sa cavalerie sur
soiï aile droite, seule partie de la ligue de bataille où clic pouvait avoir une
action efficace.
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684 CAMPAGNE DE PRUSSE.
En y ajoutant les pertes de la cavalerie», de rartillerie, du
génîe et de Tétat-major, il y eut environ le tiers du 3* coriîe
mis hors de combat *.
Au premier coup de fusil le tocsin s'était fait entendre
dans tous les villages. Partout les habitants s'étaient montrés
ennemis. Ceux-mêmes de Naumburg firent des difficultés pen-
dant la bataille pour recevoir les blessés. Sur le rapport qni
en fut fait', le Maréchal chargea le commissaire ordonnateur
Chambon de déclarer aux magistrats que si cette mauvaise
i^r de chasseurs. .
1
17
4
53
3« de chasseurs. .
»
il
1
75
12« de chasseurs. .
»
II
B
30
TCés. BLRSSiS.
OflT. Troupe. OflT. Troupe.
Colonel fioussoo griêvd-
naent blessé.
Ce régiment perdit pjLià
de 80 cbevaax, dont
it d^oOicier.
8. Lo s« corps, qui comptait 28,874 hommes à reffectif le 5 octobre, n'avait
pas, le 14, plus de 26,000 combattants présents à la bataille.
3. li'OBDOHNÀTEUB CHA.MBOX AU MA-RiLCHAL DAVOUT.
Naumburg, 14 octobre 1806.
Par une autre lettre j*al eu l'honneur de vous rendre compte de ce qui se
passe ici, la ville est remplie de blessés. Je puis les évaluer à 1,200. A une
demi-Iiuue dMcî cl avant de quitter Tarmée, fen ai fait placer à un ciottresur
la roule et je pense que les commissaires des guerres en établiront ; je le leur
ai bien recommandé ; ils s'en occupaient activement. J*ai besoin de cbinir-
gious. Je n'ai que ceux de la ville qui ont montré beaucoup do zélé, mais les
habitants sont très insolents ; je no suis pas tranquille sur la sûreté des n»-
lades. 11 est une vérité cruelle à vous dire : les militaires non malades ae
veulent faire aucun service, au moins une grande partie, et la tranquillité re-
pose sur 12 à 15 chasseurs et une vingtaine d'hommes d'inranterie. Quelques
militaires se font môme loger de force. Quoi qu'il arrive, je ne quitterai paf
les malades. Où faut-il les évacuer ? L'évacuation est indispensable.
Je demande M. Lacoste, des officiers de santé et les boulangers altaebés aux
divisions. Tous les officiers de santé restent aux corps. C'est un grand mal-
heur.
Il est arrivé à peu près 800 prisonniers. Je viens de donner Tordre de lecr
distribuer une ration de pain ; que fera-t-on demain do ces prisonniers Ne le
répète, un commandant militaire (M. Duc, officier au 2* de chasseurs, en bH
les fonctions et avec beaucoup de zèle), une garde pour la sûreté de la viik,
20 chirurgiens et une caisse à instruments. Los demandes sont de rigueur
pour prévenir une épidémie cruelle et maintenir les habitants. Il est arrifè
quelques déserteurs.
Là où il y u 1,200 à 1,500 blessés disséminés portent, M. Lacoste doit y être
avec sus aides.
P. S. — J'ai 20 blessés dans mon logement. Les femmes les pansent. Hs
sont heureux. Pourquoi no puis-je vous dire que les autres sont bien?
Je vous fais partir cotte dépêche par un de mes domestiques. Je vous prie
de gr&ce do me donner dos ordres sur l'évacuation.
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14 OCTOBRE. 685
Tolonté ne cessait à rinstant, il serait fait sur eux et sur leurs
administrés un exemple dont le souTenir serait transmis a
leurs arrière-neveux. Il réparèrent leur erreur et secondèrent
parla suite Tordonnateur en chef Chambon qui déploya dans
cette circonstance, comme dans toute autre, une activité, une
intelligence et un zèle qui lui ont acquis Testime des mili-
taires.
Les habitants du village de Priessnitz avaient attaqué et
arrêté un convoi de munitions ; plusieurs militaires qui l'es-
cortaient appartenant au 3* corps, avaient été blessés et
même quelques-uns tués. Le Maréchal donna ordre àTinstant
décerner le village, d'en faire sortir les habitants, d'épar-
gner les femmes, les enfants, les vieillards, de faire fusiller
tous ceux en état de porter les armes et d'incendier le village.
Cet ordre allait être exécuté quand le bailli et les principaux
habitants vinrent implorer la clémence du Maréchal. Il leur
pardonna en disant : « Les Français sont vainqueurs, je vous
« fais grâce. Si le succès avait été douteux, vous auriez tous
« été passés au fil de Tépée. Les habitants s'exposent à ces
« terribles vengeances lorsque, violant les lois de la guerre
« établies entre les nations civilisées, ils se forment en bandes
« d'assassins.]» {Journal des opérations du 3^ corps d'armée,)
BAPPOBT DU COLONEL VERGÉS, COMMANDANT LE 12" RÉGIMENT,
SUR LA BATAILLE DU 14 OCTOBRE.
Le 12® régiment s'étant porté en colonne à la droite du village de
Hassenhausen se forma en bataillon carré pour résister à une charge
de cavalerie que l'ennemi se disposait à faire, mais qu'il n'osa entre-
prendre vu sa bonne disposition ; ensuite il se reforma en colonne
pour se porter sur la gauche du même village où il prit les mêmes
dispositions afin de résister à une autre charge que la cavalerie se
disposait à faire ; en même temps il fut attaqué par plusieurs régi-
inents d'infanterie et par une batterie de 7 pièces d'artillerie et sou-
tint avec courage pendant une heure le feu meurtrier de ces diffé-
râtes armes qui lui tuait et blessait beaucoup d'officiers et de soldats
parmi lesquels est le colonel et les 2 chefs de bataillon qui étaient
des capitaines commandants. Ne pouvant plus se maintenir dans
cette position vu la trop grande perte qu'il éprouvait, battit la
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686 CAMPAGNE DE PRUSSE.
charge, avança sur rennemi ; dans cette marche audacieuse il ren-
contra un ravin où il s'embusqua et où il résista jusqu*à Tarrivée di-
la 2* division et continua à se battre conjointement avec elle ta
l)Oursuivant Tennemi jusqu'à 2 heures de l'après-midi. En ce momiu:
M. le général Petit nous fit prendre de nouvelles dispositions pour
rattaquer de nouveau l'ennemi. Les voltigeurs, commandés par
M. Godard capitaine, furent envoyés dans un village à gauche pour
débusquer l'ennemi, lui prirent 2 pièces de canon qu'ils retournèrent
contre eux et les forcèrent à se retirer en désordre. L'autre partie d i
régiment fut placée à la droite du 2* bataillon du 21*régimeut con:-
niandé par M. le général Petit, enleva à la baïonnette conjointemeTit
avec lui la position en avant du bois sur la hauteur de Hassenhaas^:)
((ue défendaient les gardes royaux de S. M. prussienne où on leur
prit plusieurs pièces d'artillerie, quantité de prisonniers, et le rcet*^
fut mis en désordre.
Cette journée a coûté au régiment 36 officiers et 800 hommes d.U
hors de combat, tant tués que blessés.
LE GÂNÉRAL FRîAMT AU HABÉCHAL DAVOUT.
Niderhollzhausen, 15 octobre 18e6.
Ne pouvant vous faire connaître dans ce moment tous les hT&\^:
qui se sont distingués dans la journée du 14, je me bornerai à vous
faire connaître la quantité de ceux qui ont succombé dans cette glo-
rieuse journée.
Le 33* a perdu 11 hommes et a eu 192 blessés. Le chef de ba-
taillon commandant le régiment a été tué.
Le 48* a eu 72 sous-officiers et soldats blessés, 4 officiera ble^i^^'^
et 8 hommes morts.
Le 108* a perdu 29 hommes tués du nombre desquels se trouve 1'
colonel, 213 blessés dont 7 officiers, entre autres les 2 chefs de ba-
taillon. J'ai l'honneur de vous prier d'envoyer des officiers supérieure
pour commander ce régiment. J'en ai confié le commandement i
M. le capitaine des grenadiers Schmidt, quoiqu'il ne fût point le
plus ancien * ; sa bravoure, son intelligence et son activité m'ont
déterminé à faire ce choix.
Le 11 1» a perdu 23 officiers dont 3 morts, 402 sous-officiers et
soldats dont 61 morts.
L'artillerie a perdu 1 homme mort, 3 blessés, 23 chevaux. Lt'j'
1. Uancionnet(5 n'csl un tîlro qu*autant que viennent s*y joindre rini.' >
gcuce, rdnergie et lo caractère.
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14 ocTOBiiE. 687
caissons ont été renvoyés au parc pour remplacer les cartouches qui
out été distribuées.
J'ai rhonneur de vous prier de vouloir bien vous occuper égale-
ment de faire avoir des officiers sapérieurs au 33* qui n*a plus qu'un
-.'ul chef de bataillon nouvellement arrivé au corps.
LE OÉNËRAL PRIANT AU MARÉCHAL DAVOUT.
Froyburg, 17 octobre 1806.
J'ai rhonneur de vous rendre compte de la part que la division à
:iie8 ordres a eue à la journée du 14 où vous et votre corps d'armée*
ont donné tant de preuves de valeur et d'intrépidité en combattant
1 élite de l'armée prussienne deux fois plus nombreuse que vos
troupes.
D'après vos ordres la division quitta le 14 octobre à 5 heures du
matin les bivouacs qu'elle occupait en arrière de Naumburg. Votre
corps d'armée marchant la gauche en tête, je suivis, sans intervalle *,
les mouvements de la 3* division qui se dirigeait sur Kôsen. Arrivé
à 8 heures sur le plateau à demi-lieue en avant du village de Neu-
Kôsen, je me formai suivant votre intention en colonne serrée par
bataillon % ma gauche appuyée à la grande route à la distance de
300 à 400 toises. On marcha dans cet ordre et on arriva à la hauteur
Je la droite de la division Gudin qui était déjà aux mains.
Le 111* régiment (brigade du général Grandeau) appuyait sa
gauche à la 3' division et il continuait de sang-froid sa marche sous
uu feu des plus meurtriers. Il commença l'action en défendant avec
vigueur le village de Hassenhausen dont l'ennemi voulait s'emparer ;
il s'avança à pas de course sur une batterie dont il essuya 6 dé-
charges à mitraille qui, dans quelques minutes, lui mirent hors de
combat 18 officiers et 250 hommes environ, ce qui causa un instant
(le désordre parmi le soldat, désordre qui bientôt fut réparé.
Vous donnâtes au 2* bataillon du 108* l'ordre de s'emparer de
^ pièces de canon : attaquer l'ennemi, le mettre en déroute et forcer
la position fut l'affaire d'un moment ; le 1*^ bataillon fut employé à
chasser les Prussiens du village de Spielberg et s'en empara.
1. La pièce originale, qui est la minute du rapport du général Priant et qui
Kovient des papiers de cet ofDcier général, porte au crayon, en marge, lan-
nolalion : Flatterie de M. Esparron. Cet officier était lieutenant aide de camp
(lu général Priant.
2. J*ai déjà fait remaïquer qu'il faut à tout prix réduire la profondeur dos
colonnes.
3. Le général Priant parait avoir formé sa division tout enliôre, avant de l.i
porter en avant.
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688 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Durant ce temps les 48' et 33' (brigade du général Kister) se por-
tèrent plus à droite en laissant à leur gauche le susdit villag.' et
ceux de Zeckwar et Bindorf ; en faisant faire ce mouvement j'avais
pour but d'inquiéter l'ennemi sur ce point.
Des vedettes et tirailleurs ennemis me donnant des inquiétudes
sur ma droite, je détachai 4 compagnies de voltigeurs pour l'éclairer
et fouiller les bois. J'en donnai le commandement au capitaine dn
génie Ménissier : il se porta jusqu'à la hauteur de Marienthal chas-
sant toujours devant lui un gros corps de cavalerie qui le crut pro-
tégé par d'autres troupes masquées dans les bois.
L'artillerie, divisée en 3 batteries, la première de 2 pièces de 8
servie par l'artillerie légère, la deuxième de 2 pièces de 4 et la der-
nière de 3 pièces de 8 et 1 obusier servies par l'artillerie à pied, a
suivi tous les mouvements de l'ennemi et occupé successivement les
positions qu'il était obligé d'abandonner.
Ces pièces, peu nombreuses comparées à celles des Prussiens, fu-
rent dirigées avec beaucoup de sang-froid et d'intelligence.
L'ennemi ayant porté beaucoup de forces sur ma gauche et crai-
gnant qu'il ne parvînt à l'enfoncer, je donnai l'ordre au 33* de s'a-
vancer pour la soutenir en passant par Bindorf : à peine arrivé et
déployé l'équilibre se rétablit et l'ennemi ne put résister à sa vigou-
reuse attaque.
J'ordonnai ensuite au lOS* (brigade du général Lochet) d'enlever
à la baïonnette le village de Poppel, afin de prendre à dos l'aile
gauche de l'ennemi. Le régiment du Roi qui s'y trouvait, fut tué oa
pris. Un drapeau, 3 pièces de canon et un grand nombre de prison-
niers sont le résultat de cette attaque vive et bien dirigée. Le succès
avait entièrement couronné l'entreprise du 108* et il ne lui eût rien
resté à désirer si la mort en frappant le brave colonel Higonet ne lui
eût fait éprouver une perte presque irréparable.
Le 48* qui pendant toute la matinée avait manœuvré avec la di-
vision, fut ensuite employé à occuper la gauche de rennemi et à
l'empêcher de nous tourner. Je détachai en tirailleurs le 1*' bataillon:
le 2* le suivait en colonne serrée pour le soutenir. L'ennemi très-
nombreux et soutenu par plusieurs pièces d'artillerie jouant à mi-
traille, ne tint pas longtemps contre l'attaque de ce bataillon auquel
le second ne tarda pas à se réunir. 2 pièces de canon , des prison-
niers parmi lesquels un colonel et un lieutenant- colonel, furent le
résultat de cette attaque.
Les autres régiments, qui jusqu'alors avaient combattu dans les en-
virons de Poppel et étaient parvenus à culbuter l'ennemi, marchèrent
en avant 'en colonne serrée en laissant Auerstadt sur leur gauche et
appuyant leur droite au village de Lisdorf. Le 33*, qui formait cette
droite, eut à souffrir du boulet et de la mitraille et perdit plosieun
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14 OCTOBRE. 689
braTCs entre autres le chef de bataillon Cartier, commandant le ré-
giment.
Je me mis à la tête de ce régiment et marchai laissant Lisdorf à
ma gauche. Je voulais couper la retraite à l'ennemi. Ce mouvement
et celui du 48' Tinquiétèrent beaucoup et ne contribuèrent pas peu
au succès de Tattaque du bois en arrière d'Eckartsbcrg par les 108*
etllPet par d'autres troupes qui enlevèrent les batteries prus-
fiiennes et firent nombre de prisonniers.
L'ennemi fut culbuté et poursuivi jusqu'au delà d'Eckartsbcrg.
C'est ainsi que se termina cette journée mémorable dans laquelle la
division donna une nouvelle preuve de bravoure, de courage et de
dévouement à son auguste Empereur
RAPPORT DU GÉNÉRAL DE BRIGADE QRANDEAU,
C0H3IANDANT LE 111* RÉGIMENT A l'aFFAIRE DU 14.
Niderhollzhausen» 15 octobre 180C.
En arrivant sur l'ennemi, je reçus l'ordre de former le 111* régi-
ment en carré par bataillon. Il marcha ainsi quelques instants ; il se
forma en colonne d'attaque, continua sa marche jusqu'à la hauteur
(le la 3* division aux mouvements de laquelle il devait se conformer.
Le boulet et la mitraille faisant trop de ravage dans les rangs, il fut
obligé de se déployer ; il donna lui-même cet ordre au colonel du J^
répriment qui se trouvait au 1*' bataillon. Dans cet ordre les batail-
lons continuèrent leur marche sous un feu des plus meurtriers. La
3' division forcée de faire un mouvement rétrograde, le village
tl'Hassenhausen menacé alors d'être enlevé par l'ennemi, le 2* ba-
taillon reçut l'ordre d'en défendre l'entrée, ce qu'il fit avec infini-
nient de vigueur et de courage. Ce bataillon ayant éprouvé un feu
<l»i mousqueterie et de mitraille des plus vifs eut un moment de dé-
sordre, mais la bravoure et le sang-froid du chef de bataillon Guigne
'l^ii le commandait, secondé par ses braves officiers, parvint bientôt
^ le rallier et continua sa marche en se réglant toujours sur la 3* di-
vision ainsi que j'en avais l'ordre. Je me suis porté deux fois sur le
plateau de gauche pour y connaître les mouvements de l'ennemi et
nie régler sur ceux que faisaient les troupes de la 1"^* division qui
étaient entrées en ligne.
Jt revins au 2* bataillon qui continuait toujours de faire des pertes
conséquentes ; j'ordonnai au chef de ce bataillon de continuer de
marcher en bataille sur le deuxième village où il contribua à la prise
do beaucoup de prisonniers.
Ensuite des ordres de M. le maréchal Davout, les 2 bataillons
CAUP. DM PHU88C. 4&
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690 CAMPAGNE DE PRUSSE.
quoique très affaiblis réunis à d'autres bataillons de la 3* division
chargèrent l'ennemi sur la dernière hauteur couronnée par des bois,
défendue par 6 pièces de canon qui faisaient un feu continuel de
mitraille; la fusillade de l'ennemi , quoique très vive, n'a pas em-
pêché le 111' régiment de continuer sa marche, de s'emparer du boiâ
k la baïonnette, où étant entré il a répondu au feu de l'ennemi par
une fusillade vigoureuse et parvint enfin à enlever la position et
l'artillerie qui la défendait.
Il est impossible de montrer plus de sang-froid et de bravoure que
le colonel Gay, partout où je l'ai vu. J'en ai eu des preuves con-
vaincantes, entre autres en le voyant rallier son régiment dans le-
quel s'était mis un peu de désordre occasionné par 700 ou 800 cong-
crits qui se trouvaient au feu pour la première fois *.
Les grenadiers ont prouvé partout qu'ils étaient dignes de l'être.
RAPPORT DU COLONEL BARBANÈGRE, COMMANDANT LE 48%
SUR l'affaire du 14.
Le régiment manœuvra en ligne pendant toute la matinée avec la
division. Vers midi se trouvant seul près de l'artillerie, M. le Maré-
chal ordonna de la protéger en continuant la marche dans la même
direction qu'on avait suivie. Cette direction jeta le régiment lUns
les forets sur les hauteurs de la droite de l'armée. Il les travers*
n'ayant vu dans cette partie que quelques éclaireurs à cheval de
l'ennemi dont 3 furent pris.
Vers une heure se trouvant en plaine et derrière les hauteurs, le
colonel n'ayant pas reçu d'instructions et voyant qu'en continuant
la même marche il s'éloignait de plus en plus du champ de bataille,
il fit faire halte et se disposait à envoyer demander des ordres lors-
qu'un aide de camp du général de division vint le prévenir de rétro-
grader vers le point d'où il était parti. Le colonel s'attendait au
contraire à devoir se porter sur les derrières pour couper la retraitt'
à l'ennemi. La position du régiment alors était en eflPet favorablt
pour faire promptement ce mouvement sans en être aperçu eu «■
portant vers cette position. Le colonel était tellement persuadé qut
c'était le projet du général de division qu'il avait pris des précautions
pour l'exécuter avec succès. Cependant à 3 heures le régiment rentra
dans la ligne de la division.
Le général donna l'ordre d'envoyer le 1*' bataillon attaquer l'eu-
nemi par son flanc gauche et de le soutenir avec le 2*. Le régiment
se mit en marche ; en traversant la plaine il essuya plusieurs àv-
1. EIToctif le 5 octobre, 2,346 ; — soit environ un tiers de jeunes soldais.
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14 OCTOBRE. 691
charges à mitraille qui lui mirent 22 hommes hors de combat dont
un capitaine de grenadiers. Parvenu au point d'attaque, le ch^ de
bataillon lança vivement sa troupe vers F ennemi fort de 4 régiments
en bataille soutenus par 8 pièces d'artillerie jouant à mitraille à
demi-portée de fusil. L'ennemi était placé derrière des amaâ' de
pierres qui formaient une espèce de retranchement sur la crête
d'une côte très-élevée ce qui rendait sa position encore plus forte.
La troupe n'en fut pas intimidée et ne consultant que son courage
elle attaqua hardiment. Le 2* bataillon suivit de près le 1*' et se
joignit bientôt à lui. L'ennemi était au même instant chargé sur son
front par la S* division, et la 2* arrivait sur la hauteur par derrière
pour lui couper la retraite ; le feu de l'ennemi était bien nourri ; son
artillerie faisait beaucoup de mal ; chacun sentit la nécessité de
s'emparer des pièces. Aussitôt le régiment fut dirigé vers la batterie.
Il 7 courut sans faire feu à travers une grêle de balles et de mitraille.
L'ennemi ne tint plus, prit la fuite précipitamment et fut poursuivi
jusqu'au soir par toute la division. Le régiment a pris dans cette
attaque 2 pièces de canon, un colonel et un lieutenant-colonel pris
leâ armes à la main. Il a perdu 84 hommes tant tués que blessés
dont 4 officiers.
BAPFOBT DU COLONEL CHARBONNEL,
CHEF n'iTAT-HAJOB DE l'aBTILLEBIE DU 3*^ COBPS n'ABMiE,
SUE LA BATAILLE DU 14 OCTOBBE.
Friedrichsfeld, 26 octobre 1806.
Le 3* corps d'armée commandé par M. le maréchal Davout s'étant
mis en marche de Naumburg le 14 à 4 heures du matin rencontra
Tennemi près du village de Kosen à environ 7 heures. Plusieurs es-
cadrons de cavalerie légère prussiens ayant débouché du village de
Hassenhausen et chargé nos flanqueurs de droite qui se replièrent
précipitamment, la 3* division qui marchait en tête se forma de suite
en carré, l'artillerie aux angles. Cette manœuvre fut de pure pré-
caution. Le brouillard épais qu'il faisait alors ne permettant pas
d'apercevoir la ligne ennemie, il était bon de se mettre à même de
résister à toute espèce d'attaque. Le brouillard s'étant dissipé, la
3* division marcha en bataille, la 1" brigade à droite de la route do
Naumburg et la seconde à la gauche, l'artillerie à pied placée aux
ailes et au centre et en avant du front de la brigade de droite, la
demi-compagnie du 5® régiment d'artillerie à cheval ayant 2 pièces
de 8 et 1 obusier.
Le centre de la ligne ennemie placé en avant du village de Has-
senhausen fut bientôt enfoncé par les 12* et 21* régiments de ligne.
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692 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Le feu d'une batterie de 2 pièces de 8 et de l de 4, commaudée par
le lieutenant Manguin de la 3^ compagnie du 7' à pied, et celui de la
demi-batterie du 5® à cheval commandée par le lieutenant Boy dé-
montèrent 3 pièces des fortes batteries ennemies placées en avant du
village et forcèrent les canonniers à cheval prussiens à les abandou-
ner, après avoir perdu beaucoup des leurs.
La 3* division commandée par M. le général Gudin étant la seule
qui fût encore sur la ligne et se trouvant aux prises avec des forcer
infiniment supérieures, ne perdit néanmoins pas un pouce de terr&iii :
une batterie de pièces de 12 placée à la gauche du village de Ha5-
senhausen l'appuyait fortement, et, avec un feu bien dirigé, ell-j
parvint à empêcher l'ennemi de forcer la position qu'occupait It
25* régiment. Cette batterie était commandée par les lieutenants
Osella et Micquel, de la 15* compagnie du 7*; ce dernier officier,
qui annonçait de grandes dispositions, est resté sur le champ de ba-
taille.
Pendant que la 3* division soutenait le choc de tout le centre et
d'une grande partie de la droite de l'armée ennemie, la 1" division
commandée par le général Morand débouchait de la route de Xaaui-
burg et se déployait sur les hauteurs qui dominent les salines placées
H sa gauche. L'ennemi voyant ce mouvement détacha plusieurs Cî^-
cadrons de cavalerie pour tâcher d'enfoncer le centre de cette divi-
sion et la déborder, tandis qu'un petit corps de houzards se dirigrenir
sur la batterie d'artillerie à cheval servie par la 1*"* compagnie da
5® ; la division formée en bataillons carrés, l'artillerie aux angîe>,
attendit de pied ferme la charge et reçut l'ennemi à demi-portée tic
fusil. Cette cavalerie criblée de mitraille et de balles laissa unegrand»-
partie des siens sur le champ de bataille. La division marchant en
avant, l'artillerie à cheval fut placée en avant des deux carrés for-
mant son centre ; son feu vif et soutenu, quoique ayant en opposi-
tion deux fortes batteries ennemies, empêcha la cavalerie de charpr
sur le centre de la division. Elle a protégé l'attaque de la hauteur
au-dessus du premier village, a démonté 2 pièces et fait sauter nn
caisson ennemi. Dans cette position, le capitaine Séruzier qui la
commandait, a eu un doigt de la main droite emporté et une forte
contusion au flanc droit. Le second lieutenant Laporte, blessé au c"l
et à l'épaule droite, a eu son cheval tué sous lui. 4 pièces serrie?
par un détachement de la 1" compagnie du 7* à pied réunies à Tar-
tillerie légère commandée par l' adjudant-major Alphand, ont con-
tribué à chasser l'ennemi des hauteurs d'Eckartsberg. 2 autres pièce?
de cette même compagnie, placées entre les 30* et 17* régiments,
ont suivi les mouvements de ces corps et les ont appuyés de lea:
feu.
La 2* division s'étant formée en colonne s'était dirigée dans le
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14 OCTOBRE. 693
vallon situé à droite de la route ; ayant eu beaucoup de chemin a
faire pour arriver à la gauche de l'ennemi, elle n'avait pu commencer
'On attaque qu'après la 1'* division, quoiqu'ayant débouché avant
celle-ci. L'artillerie de cette division divisée en 3 batteries, la 1'® de
2 pièces de 8 servies par l'artillerie à cheval et commandée par le
capitaine Chemin, la 2* de 2 pièces de 4 servies par l'artillerie à
pied et commandée par le lieutenant Jouault, la 3" de 3 pièces de 8
et 1 obusier de 6 pouces commandée par le capitaine Jarry. Ces
3 batteries placées d'abord d'après les dispositions prises par M. le
irénéral de division Friant chargé d'attaquer la gauche de l'ennemi,
oui changé plusieurs fois de position en attaquant sur différents
points et suivant ses mouvements autant que possible.
Vers le milieu de l'action les 2 pièces sei-vies par la demi-compa-
irnie du 5' à cheval ont été par ordre de M. le Maréchal réunies à
rartillerie de la 3* division. C'est à la dernière position qu'a occupée
l'ennemi avant de faire sa retraite que les 2 batteries servies par la
2* compagnie du 7* à pied s'étant portées environ 100 toises en
avant d'une petite réserve de cavalerie légère qui serrait le flanc
franche de l'ennemi ont rendu un véritable service soit en attirant
sur elles tout le feu d'une batterie ennemie très-supérieure en nombre
qni inquiétait singulièrement la ligne de cavalerie et d'infanterie,
soit en contribuant à forcer l'ennemi de se retirer de son excellente
poijitiou, en abandonnant ses pièces démontées.
11 est de la justice de dire que tous, officiers, sous-officiers et sol-
dats d'artillerie et du train, ont fait leur devoir pendant cette action,
mais on doit plus particulièrement des éloges aux capitaines Séruzier,
«la 5* à cheval, Jarry, du 7" à pied, Chemin, du 5* à cheval ; aux
lieutenants Jouault, Manguin et Osella du 7" à pied, Roy et Pauli-
uier, du 5*^ à cheval. MM. les commandants d'artillerie des divisions
ont montré tout le sang-froid et l'intelligence que les circonstances
t'xigeftient.
LE OBNËBAL VIALLANNES AU MARÉCHAL DAVOUT.
Bulsliidt, 9 liouros ol demie du soir, 14 oclobre 180G.
J'arrive à Butstâdt ; l'ennemi s'est retiré en grande partie sur
Weiinar. Un corps de 2,000 chevaux seulement, de 5 compagnies
d'infanterie et de 4 pièces est passé par cette ville.
Du champ de bataille l'ennemi s'est dirigé par lleisdorf, Kuders-
dorf, Nieder-Reissen, route de Weimar.
On m'assure que M. le prince de Brunswick, qui est passé par
Batstadt escorté par un escadron de cavalerie, est mortellement
Messe.
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G94 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Les troupes qui ont passe par ButstUdt se sont dirigées sur Fran-
kenhausen.
Il était 3 heures et demie du soir lorsque le prince de Brunswick
est passé par Butstâdt.
Le gros de Tarmée prussienne est passé à 4 heures et demie àEu-
dersdorf.
Les chevaux étant exténués, je me suis arrêté ici ; dans 2 heures
et demie j'enverrai des reconnaissances sur Weimar et sur Fran-
kenhausen.
LE MARECHAL BERNADOTTE A L EMPEREUR.
14 octobre 1806, 4 lioures du soir.
J'ai rhonneur de rendre compte à V. M. que je suis arrivé
à Apolda ; ayant entendu la canonnade sur ma droite et
présumant que le maréchal Davout était aux mains avec
l'ennemi, je me suis empressé * de marcher avec une seule
1. Si lo maréchal BernadoUo s'est empressé de marcher en entendant la ca-
nonnade sur la droite, pourquoi no veut-il pas répondre à Tappel du marc-
chai Davout, lorsqu'à 4 heures ot demie il reçoit sou aide de camp Trobriand?
Pourquoi dire qu'il va communiquer avec le maréchal Davout ? On ne com-
munique que pour savoir ce qui se passe et pouvoir s'appuyer réciproque-
ment. La communication établie, pourquoi se dérober? Le maréchal Bema-
dolto n'agit pas dans cotte circonstance d'uno Taçou franche et loyale. Cette
manière do fairo lui était d'ailleurs habituelle. On ne saurait assez flélrir Je
tels caractères.
Rapport du capitaine de Trobriand, parti du champ de bataille d'Auerslâdi
à 3 heures et demie du soir, et envoyé en mission au i«ï corps d'armée.
Monsieur le Maréchal,
Conformément aux ordres que vous m'avez donnés, je me suis rendu en
toute hâte auprès du maréchal prince do Ponte-Corvo, quoique mon chevai
fût très-fatigué et que j'eusse quelque incertitude sur le point où je pourrai>
rencontrer le Prince. Je l'ai trouvé à 4 heures 30 minutes sur les hauteurs de
la rive gauche do la Saale, à peu près à une lieue et demie du poiot ou
j'étais parti : c'était au môme endroit où je l'avais vu le matin en revcDaot
du quartier général de l'Empereur. S. Exe. était à cheval, avec une partie de
sou état-major et un piquet de cavalerie d'escorte, mais toutes les troupes au
repos. Je lui ai dit que je venais de votre part, pour l'informer que renoepi
était on pleine retraite : on voyait ses mouvements du point où j'avais al teint
M. lo Maréchal. Je lo fis remarquera S. Ex., qui n'en doutait pas. J'aJoulEi que
lo corps d^armée avait tellement souffert en soutenant depuis le malio » hdo-
ros l'eflort de toute l'armée prussienne, commandée par le Roi en personne,
que la moitié de vos hommes étaient hors de combat; qu'en consëqueuce
vous l'invitiez à vous seconder dans la poursuite de vot tuccès, que sans cela
vous seriez dans l'impossibilité de continuer seul vos avantages avec de?
troupes harassées et avec 1,500 chevaux réduits par la mitraille à moios d'un
tiers. M. le Maréchal m'accueillit assez mal : il me demanda d'abord qttels
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14 OCTOBRE. 695
division, ma cavalerie légère et 3 régiments de dragons ; les
maurais chemins et lesdéfilés presque impraticables que nous
avons trouvés en quittant Dornburg ont beaucoup ralenti ma
marche ; quelques caissons cassés m'ont aussi fait perdre du
temps; je vais attendre les troupes que j'ai derrière; aussitôt
qu'elles seront arrivées je continuerai ma marche sur Weimar
à moins que je ne reçoive de nouveaux ordres. Le maréchal
Davout est encore loin d'arriver à Apolda. Je vais communi-
quer avec lui. L'ennemi montre quelques troupes en avant
sur les hauteurs d' Apolda.
JOURNAL DES OPÉRATIONS DU 1" CORPS d'aRMÉE.
Position du 14 octobre. — Le corps d'armée n'était qu'à
Camburg lors du brouillard épais qu'il faisait le matin, et
que l'armée de l'Empereur à notre gauche et celle du maré-
chal Davout à notre droite étaient aux prises depuis une
heure avec l'ennemi. Cependant, au sortir du débouché dje
Dombui'g, le déploiement des troupes des divisions Drouet
et Rivaud, ainsi que 3 régiments de cavalerie qui mar-
chaient en bataille , ne laissait pas que d'inquiéter l'en-
nemi. En effet, l'armée prussienne qui se battait avec le
maréchal Davout paraissait faire un mouvement par sa droite
pour déborder la gauche de ce Maréchal.
A 7 heures du soir les deux divisions ainsi que la cava-
lerie étaient en position sur les routes de Weimar. Ce fut
dans la nuit du 14 qu'un bataillon ennemi fut pris par la
iUiieni le* braves qui avaient payé leur délie à la pairie ; et lorsque je lui
eus indiqué les noms des plus connus d'onlro eux, il mo dit : « Retournez
près de votre Maréchal, et dites-lui que je suis là, et qu'il soit saus craintes;
parlez. »
Je crois inutile de vous répéter la réplique un peu vive peut-être que je
fis à la dernière phrase de M. le Maréchal, tant elle nie caus.-i de surprise et
de peine. Tel est, du reste, le récit exact de la mission que vous m'avez con-
fiée. Lîi réponse du Prince et le ton dont elle fut prononcée, ne me permet-
tant pas d'insister davantage, je me suis empressé de revenir prés do V. Exe.
Je suis avec le plus profond respect,
M. le Maréchal, é-*
votre tout dévoué,
Dis Tkobriaso.
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696 CAMPAGNE DK PRUSSE.
division du général Rivaud ; artillerie, cavalerie, infanterie,
tout ce qui était isolé fut pris dans la nuit. La division du
général Dupont et la majeure partie de lartilierie étaient à
Dornburg : cette division ne put rejoindre le corps d'armée
que le lendemain.
Le grand parc avait pris par léna. Le quartier général
était à Apolda.
LE MARECHAL BERNADOTTE AU MAJOR GENERAL.
Apolda, 14 octobre 1806, 9 heures du soir.
Prince, j'ai prévenu directement l'Empereur de mon arri-
vée à 4 heures de Taprès-midi sur les hauteurs d'Ajwlda, avec
ma cavalerie légère et la division Rivaud. J'ai exposé àS. M.
les obstacles qui m'avaient empêché d'y être rendu avec
toutes mes troupes. Le chemin de Naumburg à Dornburg a
deux défilés; le dernier surtout, celui de Dornburg, après le
passage de la Saale, pour monter sur les hauteurs, peut êtrt*
comparé à un passage des Alpes. Vous en aurez une idée en
apprenant que les dragons, seuls, ont mis 6 heures pour le
monter.
Nous nous trouvions absolument sur les derrières de l'en-
nemi et débordant toutes les troupes que le maréchal Davout
avait à combattre , de manière qu'il a été dégagé de très-
bonne heure par notre mouvement.
L'ennemi nous a laissé environ 200 prisonniers, dont un
officier d'état-major et deux pièces de canon.
J'espère que cette nuit les divisions Dupont et Drnuet
m'auront rejoint ; je me mets en route demain sur Buttektadt
où l'on assure que l'ennemi s'est retiré.
Les prisonniers nous rapportent que le Roi lui-même a
commandé la charge et que le duc de Brunswick a été blessé;
après l'aflfaire le Koi paraissait très-abattu.
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14 OCTOBRE. 697
LE MARÉCHAL BERNADOTTE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Bemburg, 21 octobre 1806, 8 heures du soir.
...Ce n'est pas ma faute, M. le Duc, si je n'ai pas eu une
grande part à l'affaire d'Iéna; je vous ai écrit dans le temps
par quelle cause ma marche avait été arrêtée la veille de la
bataille ; ce n'est qu'à 4 heures du matin que j'eus commu-
nication de votre lettre au maréchal Davout, dans laquelle
il était dit que l'Empereur tenait beaucoup à ce que je fusse
à Dornburg * ; je ne perdis pas une minute pour me mettre
en route; je fis grande diligence et j'arrivai à 11 heures;
j'aurais encore été à temps de remplir les vues de S. M. sans
le défilé de Dornburg que tout le monde connaît et qui m'a
pris un temps infini. Malgré toutes ces difficultés, j'ai mar-
ché avec une division d'infanterie et ma cavalerie ; je suis
encore arrivé avant 4 heures à Apolda et assez à temps pour
déterminer la retraite des ennemis qui se trouvaient devant
le maréchal Davout, et le même soir j'ai pris 5 pièces de
canon et plus de 1,000 prisonniers dont un bataillon entier.
Je vous le répète, M. le Duc, il n'a pas dépendu de moi de
faire plus ; j'ai fait tout ce qu'il était humainement pos-
î«ible d'exiger. Il est bien pénible pour moi d'être obligé
d'entrer dans ces détails ; j'ai la conviction d'avoir bien
rempli mes devoirs. Le plus grand malheur qui puisse m'ar-
river est de déplaire à TEmpereur ; aussi ne m'en console
rais-je pas si je n'avais la plus grande confiance dans la
justice de S. M
LE GÉNÉRAL IlÉDOUVILLE AU MAJOR GÉNÉRAL.
Lobenstein, 14 octobre 1806.
Le prince Jérôme Napoléon est parti le 10 de Kronach
pour se rendre le même jour sous le fort de Cuimbach qui
était cerné par les troupes bavaroises. Un dragon du régiment
1. Voir pages G69 el G70.
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698 CA.MPAGNB 08 PRUSSE.
de Taxis a été blessé et 2 chevaux du même régiment tués
par la mitraille du fort.
Le 11 S. A. I. a passé la revue des troupes bavaroises
qu'elle a trouvées belles, bien tenues et bien disposées ; elles
forment deux brigades ainsi composées :
OflBciers. Homme». Che^an.
/ Régiment du Priaee royal, infanterie . . 2ù l,Ul 24
) 1» régloienl d'iufi&niorie de ligne .... 33 1,161 li
^"'*'****® • -i BaUillon d'Infanterie légère de Preysing. ■ 610
' Régiment des chevan-ié^en du Roi ... IS 410 4Si
i Régiment dMnfanterie du due Charles . .33 1^38 1 U
Régiment d'infanterlu Lfiwenstein. ... 18 671 7
Infanterie légère de Zuller IS 533 6
Régiment des chevan-légers de Linaage. .19 3S7 S8T
Régiment des dragons de TaxIb Si 416 416
1'* batterie légère, 6 pièces 3 61 li
I AtteligPi » 46 99
. .... . ) Batt.^rie de pièces de 12, 6 pièces . ... S 69
ArliUerle. . ./ Attelages. - 56 lit
8 batterie légère, 6 pièces S 5ô 17
Attelages » 50 9ii
Le 1"" régiment d'infanterie de ligne fort de 1,184 homme*
et 12 chevaux est resté devant Culmbach et le cerne. Ladivi-
sion bavaroise en marche reste forte de 6,119 hommes et
1,616 chevaux. S. A. L a voyagé à la tête de cette division
et Ta parcourue de la tête à la queue dans sa marche, le 11
pour aller de Culmbach à Kronach, le 12 de Kronach à
Steinwiesen, le 13 de Steinwiesen à Lobenstein.
Elle a vu le 13 une brigade en bataille dont elle a fait
sortir et rentrer les tirailleurs et l'autre brigade en colonne
de marche, ses tirailleurs en avant et sur ses flancs. — Les
troupes bavaroises sont heureuses d'être commandées par
S. A. I. dont l'activité et le coup d'œil les étonnent; elles
brûlent de se mesurer avec l'ennemi pour se montrer dignej>
alliés des Français.
S. A. I. part ce matin pour rejoindre l'Empereur.
La division bavaroise sera aujourd'hui à Schleiz et y res-
tera en position demain jusqu'à nouvel ordre.
J'aurai l'honneur de vous rendre compte de cette position
et de vous envoyer régulièrement des états de situation pins
en règle.
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14 OCTOBRE. 699
LE MARECHAL MORTIER AU MAJOR GENERAL.
Francfort, 14 octobre 1806.
Par ma lettre du 12 de ce mois j'ai eu l'honneur de vous
prévenir que le lendemain 13 les troupes du 8* corps rassem-
blées à Mayence s'établiraient militairement sur la rive
droite du Rhin : ce passage a eu lieu hier et mon quartier
général est à Francfort.
Mes embarras provenant du manque de cavalerie sont
toujours les mêmes. Pas un seul homme de cette arme ne
m'est encore arrivé. Cependant les nouvelles que je reçois
m'en font de plus en plus sentir le besoin.
Il vient de m'être assuré que les Prussiens s'étaient empa-
rés de Kônigshoffen, de Mannerstadt, d'Hofern et de Schwein-
furt ; que de cette dernière ville dont ils annoncent vouloir
faire leur place d'armes, ils ont fait des incursions dans les
environs et se sont avancés jusqu'à Wiirzburg, ce qui a déter-
miné le grand-duc à se retirer à Neuburg ; qu'un corps de
Prussiens a passé le Mayn dans la vue d'intercepter nos con-
vois par la route de Bamberg; que leurs hussards se sont
montrés sur la route d'Aschaffenburg et qu'enfin on évalue à
10,000 hommes les forces de l'ennemi dans ces quartiers.
De quelque intérêt et de quelque importance que soient
pour moi les nouvelles de l'armée, V. A. ne me faitpas l'hon-
neur de m'en adresser. C'est par le journal de Francfort que
je connais la proclamation de l'Empereur du 6 octobre et
quelques ordres du jour.
Le général Godinot, mon chef d'état-major, est arrivé hier
ainsi que le commissaire ordonnateur Monnay.
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OBSERVATIONS
LE CORPS D ABMEE SUS LE CHAMP DE BATAILLE.
Le corps d'année qui fait partie d'une ligue de bataille est encadré
ou placé à une aile.
Encadré il occupe le front fixé parle Commandant de* l'armée dan»
les Dispositions pour l'ordre de bataille, en raison de l'objet qa'il
doit remplir. L'étendue de ce front détermine la proportion des
troupes que le commandant de corps d'armée mettra sur la ligne de
combat au début de l'action, et de celles qu'il conservera en seconde
ligue pour le développement de la bataille.
A une aile il se tient lié avec le centre et agit suivant les circons-
tances pour prolonger la ligne et déborder l'ennemi, ou pour s'oppo-
ser à un mouvement débordant. Ayant un de ses flancs découvert,
il se forme d'abord en profondeur pour prendre ensuite les disposi-
tions que nécessitent les manœuvres et les forces de l'ennemi '.
1. Dans les manœuvres annuelles les corps d*armée, au lieu d'opérer comme
corps isolés*, seront souvent plaças dans de3 situations seniMables à celles
qui se produisent dans une grande bataille, agissant comme corps encadré
ou corps d*aile, ou niêmo comme corps exécutant un mouvement de ilaiic
amené sur le champ de bataille en deliors des vues de Tennemi par une di-
rection de marche indépendante.
Le corps d'armée et l'ennemi représenté reçoivent chaque jour de combat
une tâche définie qui se rattache à un plan d'ensemble. Les bataillons cx-
triSmes des corps d'armée voisins sont représentés pour limiter le chami'
d'action du corps d'année ; le directeur de la manœuvre modifie la situation
de la lutte par dos ordres verbaux on prescrivant à l'ennemi représenté de?
mouvements en avant ou en retraite.
Pendant la durée de grandes manœuvres, un corps d'armée peut livrer suc-
cessivemcnt un combat d'avant-garde, étant supposé léte d'une colonne ù'ar-
* L'a dos travei'A des officier» d'iuf.interie e^t do bp fljçurcr toujours qa'Us son: iM.»li"t,
et qu'avec leur tioupo ils sont chargés d'opérations beaucoup plus Importaotes qatnt
Is coiiiporto la truupe qui leur est confiée. Ce.to observation s'applique à tou» les de-
gré.* de la hiérarchie. — A la guerre l'isolemeni pjur rinfiintfrie n'existe pasetiipdoii
pas rxistor ; s'il so produit, il est essoiitiellemcnt temporaire ; cette f^itoalioB anonoalf
doit ( osser dans le plus bref delà:. ^Daus la grande guerre le corps d'armée n'est rlea:
l'uniti', c'est l'armée.
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I
OBSERVATIONS. 701
Quelle que soit sa place sur la ligue, un corps d'armée a plusieurs
combats à livrer, plusieurs efforts à faire pendant la bataille^ le 5',
le 4', le 7® corps, jusqu'à ce que la lutte soit décidée. Son clit^f éche-
lonne ses troupes de manière à pouvoir produire cette sucfi^sBÎoix
d'efforts. Le plus souvent au commencement de l'action il njcL une
seule division en ligne, conservant l'autre ou les autres en réserve.
Le front peut être très-restreint au début : les premières tioupes
engagées, celles qui forment la tête de l'attaque du corps d'armée^
ne présenteront quelquefois que 2 ou 3 bataillons soutenus par uue
grande quantité de réserves sur plusieurs lignes. Le dévehippenieiit
de l'action amène dans la ligne de bataille des entassements et dii&
vides que viennent combler les troupes de seconde ligne et les rùserves.
Les circonstances déterminent leur entrée en ligne*.
Les diviâions de seconde ligne sont tenues abritées par le terrain,
mée, puis parliciper à une grande bataille comme corps d'armée eiicaiiré cl
comme corps d'armée d'ailo ou de flanc, enfln livrer un combat d'arrléru-
parde, soit qu'il exécute une poursuite, soit qu'il couvre une armée en iotmile.
Un corps d'arme'e qui se sera trouvé dans ces quatre siluatiors puiidout
son rassemblement pour les manœuvres, aura bien employé son tetiipR.
Les longues marches de division et do corps d'armée sur une ou pfuf^ieurâi
colonnes, sont inutiles pour l'instruction des olllciers généraux, qui ual le
iiiil principal des manœuvres, attendu que ces marches ne servent quà V'ina-
Irnclion des troupes. C'est donc du temps perdu.
L'exécution des marches doit ôlre réglée d'une façon tellement slrlcie qu'il
y ait une uniformité invariable dans tous les corps de troupes. C'eal à lins-
truction que les corps, sous la responsabilité do leur chef, peuvent arquérir
ces qualités de marche qui atteignent la perfection; les offlciors généraux
^'assurent des résult^its dans leurs inspections eu marchant avec 11^^ troupus
pendant toute une journée. Enfin on peut protiler des mouvemonlë que iiô-
cessiio la réunion pour les manœuvres pour faire exécuter à chaque brigade
une marche qui formera le couronnement de cette instruction. Aussitôt h
réunion du corps d'armée opérée, on procédera de suite aux manoeuvres ;i
proximité de l'ennemi. La recherche de l'ennemi par la cavalerie dana des
manœuvres convenues amène généralement des situations invraisLMiiblubluB
Cl est une cause de perte de temps sans profit pour personne. Il faut donc
D'y attacher qu'une médiocre importance et surtout ne jamais sacrifier h
manœuvre à cet objet tout secondaire.
Pour exercer l'artillerie à la marche avec les colonnes d'infanteriu, comme
eotle arme se trouve toujours dans ses garnisons avec de l'infanterie, oit
réunit une division de 4 batteries que l'on encadre entre 2 bataillons d'iufan-
terio. Les olDciers généraux assistent à ces marches des deux armL^4 réunies
IKJur donner leur direction et trancher les diillcultés qui pourraient sLirveiiir»
1- Dans les manœuvres on s'attache à mener le coml)al comme sur le champ
•le bataille, i mai*quer la succession d'clforts , à engager les divisions ilu ré-
serve pour boucher les vides qu'ont produits les entassements de Iroupes §ur
''ertains points. Les deux divisions du corps d'armée sont alors portées en
Jiçne tout entières, en indiquant les emplacements des réserves d'arraéc
<pic le directeur de la manœuvre fait rechercher par les olTicicrs de son élat*
•'Jiïjor. On est ainsi forcé de suivre les différentes péripéties de la lutte, de
mener l'action jusqu'au bout, jusqu'à la fin de la journée, de faire coucher
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702 CAMPAGNE DB PRUSSE.
dans une formation qui leur permette de se porter rapidement sur k
point où leur présence devient utile. De même pour les divisions da
corps d'armée placés en réserve * : la division Gazan, les divisons
du 6* corps, du 4^ corps, du 1*^ corps, la Garde impériale.
En résumé, dans chaque corps d'armée, les premières dispositioDâ
de combat sont prises de telle façon que le commandant de corps
d'armée reste maître de la direction du combat et de l'emploi des
divisions.
« Un corps d'armée de 26,000 à 30,000 hommes peut être isolé:
« bien conduit, il peut se battre ou éviter la bataille et manœuvrer
« selon les circonstances sans qu'il lui arrive malheur, parce qu'on
les troupes sur los positions si elles les ont enlevées, ou do les faire ûler oc
nuit si olies doivent se mettre en retraite. En un mot, on ne se eonteate
plus de Tattaque d*une première position ; une fois cette attaque proooQcée
et conduite, l'un des deux adversaires, que le directeur de La manisuvrt
indique séance tenante d'après les dispositions prises, cède le terrain eivi
occuper une position en arriére x:omme dans un combat réel, puis enfin une
position dorri ère-garde qu*il ddfend pour permettre à ses colonnes de s'écou-
ler. Le combat est mené à son terme et non pas arrêté dés que les troupes
se sont abordées une première fois.
C'est la véritable acception du mot manœuvre. Il faut manostivrer.
Les cantonnemeuts et les distributions sont subordonnés aux manœovres.
La manœuvre se termine quand elle est passée par tous los dévcloppcoof^ot»
do l'altaque et de la défense , et non pas à telle ou telle iieure détermiot'd u
l^avanco. On ëvito ainsi les départs précipités, et la bousculade dans la mar-
che de la manœuvre.
Los dispositions d'attaque pour le combat de Schleix ne furent fiiitesqu'a
Tarrivée de TEmpereur à midi et le combat ne se termina qu'à la nuit nuire-
Le combat de Saaifeld ne commença pas avant 9 heures du malin et diiru.
avec la poursuite, jusqu'à la fin du jour.
1. Pendant les manœuvres les divisions de seconde ligne sont habituée^
à se porter d'un point à un autre du champ de bataille dans des fonnaiio9>
serrées, en profitant do tous les abris du terrain «plis de terrain, rideaux
d'arbres, bouquets do bois). >- De môme un corps d'armée, supposé n^rre
générale, se portant pour prolonger la ligne de bataille ou exécuter un mou-
vemoiit débordant. Ces situations se sont produites et doivent fixer raltention
des officiers généraux
Ces marchos permettront de déterminer los formations les plus favorables
dans ces circonstances. La colonne double semble la seule formation pour \à
batailion ; le régiment, en ligne de Iwlaillons en colonne double ou en coloimd
do bataillons en colonne double ; la brigade et la division sur pluBîears lign^
de bataillons en colonne double ; rartillerie sur les flancs ou entra les bri-
gadûs; les distances ot los intervalles variant suivant lo terrain et les vues
de l'ennemi ; los bataillons ayant le guide au centre; les régiments guidéi
par leur colonol.
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OBSERVATIONS. Tl*^}
* ne peut le forcer à un engagement, et qu'enfin il doit se lmtrr<^
« longtemps. » L'Empereur au Vice-roi, 7 juin 1809.
Dans certaines circonstances un corps d'armée, lié par desinstrik*-
dons précises, n*est pas libre d'éviter la bataille, lorsqa'il se n^ril,
par exemple, à un rendez- vous d'armée et qu'il se heurte pendaiil ^au
moavement à un corps ennemi qui exécute la même manœuvn^ ni
qui se retire à tire-d'aile devant un rassemblement plusconsidiiiEhlili^
Le Commandant de l'armée, par ses combinaisons, s'attache àiM ^\^x&
mettre ses lieutenants dans ces situations difficiles ; et si ce soiU ni^î^-
combinaisons mêmes qui nécessitent ces situations critiques, il clM^iât
des généraux doués d'une grande fermeté, c première qualitu A' nu
< homme de guerre ' » .
Le commandant d'un corps d'armée placé dans cette situjj^riMi
peut se trouver en présence de forces plus considérables d«Mtî [>•
nombre va toujours croissant *, il peut voir sa ligne de bataille tliln^ir-
dée et être obligé de la prolonger pour parer à de nouvelles att:n|nr*
en déployant successivement toutes ses divisions*. 3* corps Ktir li
plateau d'Hassenhauflsen.
LA DIVISION SUR LE CHAMP DE BATAILLE.
La division doit pouvoir soutenir le combat, le renouveler m lU;^
^l'insuccès, et enfin, si son second effort échoue, résister à un ri[<nir
offensif; elle doit donc être formée sur plusieurs lignes, sur >U n\
lignes ordinairement, les troupes étant disposées dans chaqui.' Il^ih'
suivant la place de la division dans l'ordre de bataille eteui^nnT
l'objet à remplir.
Une division de 4 régiments se présente au combat sur deux li-o^ ->
une brigade par ligne (et non pas par brigades accolées), afin *[n\\
y ait unité dans l'effort de la ligne de combat. Le général de briu'^îul"
dont le front est limité par l'objet même de son attaque et jitr h-
troupes qui l'encadrent, prend les dispositions que nécessitent ii' hwt
a atteindre (attaque de village, de bois, de positions) et la cohtiu'ii-
ration du terrain, les 2 régiments étant engagés simultanément. [ u
i.Les troupes fornuSes et conduites par de tels hommes deviennciH, mu*
lenrs ordres, des troupes d'élite. Les troupes, officiers et soldats, ont Im .jr ,|i>
confiance en qui sait les mener; elles savent reconnaître l'intérêt qi.i Itmt
porte leur chef et le soin qu'il prend d'elles; elles se mettent à hauii r» iH-
la lâche qu'il leur impose.
2. t U est bon que les corps d'armée ne soient pas égaux entre eu\, <|> h
' y en ait de 4 divisions, do 3 divisions, de 2. Il faut au moins 6 cari > i*V.i
« mée d'infanterie dans une grande arméo. » (L'Empereur. Notes sur i t** w
la Guêtre, par le général Rogniat. Conclusions.)
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704 CAMPAGNE DE PRUSSE.
2 bataillons de chaque régiment sur la ligne de combat et les autres
en réserve de première ligne, ou au contraire les régiments engage'?
successivement.
L'autre brigade, placée eu seconde ligne, est destinée en totalité ou
en partie à appuyer l'attaque^ à prolonger la ligne, à tenter un effort
décisif, à s'opposer à une attaque de flanc ou à un retour offensif.
Le développement des combats de Schleiz, de Saalfeld, de Closwitz.
de Vierzehn-lleiligen, d'Hasseuhausen, montre bien cette disposition
des troupes sur plusieurs lignes.
Les mouvements sur le champ de bataille ae font par division ou
par brigade. C'est ce qui se produit au 4:', au 5*, au 7* corps. Au
3" corps, le général Priant et le général Morand attendent pour ?e
porter au combat que leur division soit entièrement réunie.
c Une ligne de 8 bataillons * qui s'ébranle contre une autre ligue.
« dit le général Duhesme, n'arrive jamais parallèlement contre elle.
< Tantôt c'est une partie de la ligne, comme le centre ou une aile.
' qui est arrêtée par un village, un bouquet de bois, on un ouvrage
« qu'il faut emporter, et tenir quand on s'en est emparé. Alors seu-
« lement la charge est continuée par les autres bataillons, à qui ceux
« qui ont pris position servent de pivot ou de point d'appui. Qnel-
« quefois c'est une charge de cavalerie qui force les bataillons des
< ailes à ralentir leur marche et à leur faire face, souvent même à st-
€ replier en potence devant ceux du centre et à se déployer. Souvent
« aussi les bataillons s'engagent dans des pays fourrés, perdent leur
« direction, s'entassent sur uti point, ou se séparent trop les uns des
« autres.
< Si quelques-uns de ces bataillons avaient beaucoup souffert, ils
« prendraient position et seraient remplacés par ceux correspondants
« de la seconde ligne. C'est aux généraux à être partout et à donner
« leur coup d'oeil et leurs ordres »
LA LIGNE DE COMBAT ET LES BÉSERVES DE PREMIÈRE LIGNE.
La ligne de combat est formée d'une ligne de tirailleurs avec de
petites réserves et d'une ligne de petites colonnes. Les tiraillenra,
voltigeurs ou fusiliers, éclairent les colonnes, entament le combat er
attirent sur eux l'attention et les coups de l'ennemi. A l'abri de leur?
feux, dérobées par la fumée, les colonnes s'avancent pour porter les
coups de vigueur. Les tirailleurs se laissent joindre par la tête de?
colonnes, garnissent, eux et leurs soutiens, les intervalles entre le^
colonnes, et tous ensemble se portent à l'attaque.
1. Les régiments iravaient le plus souvent que 2 batailloas présents à
l'arnjue.
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OBSERVATIONS. 705
Cette manière de combattre est mise en lumière par les rapports
des généraux et des chefs de corps ainsi que par les récits de Ten-
nemi qui dépeignent nos tirailleurs comme extrêmement redoutables,
îlflis cette ligne flexible de tirailleurs n'a point de force par elle-
même ; elle ne peut vaincre une résistance ' . La force réside dans les
colonnes qui elles, comme une massue, portent les coups et entraînent
les tirailleurs dans leur marche en avant.
Quelle sera la force des colonnes ?
Le général Duhesme ne veut que de petits bataillons de 8 pelotons
de 12 à 16 files au plus ; en prenant une moyenne de 14 files par
peloton, on arrive à un front de 28 files pour la colonne par division,
k demi-distance ou serrée. Or ce front de 28 files est celui d'une des
sections de notre colonne de compagnie, et les 4 sections de la co-
lonne de campagnie représentent les 8 pelotons de la colonne par
division de Tancien bataillon d'infanterie. La colonne de compagnie
actuelle est donc le petit bataillon en colonne des généraux Duhesme
et Morand. L'infanterie ne se forme plus, il est vrai, que sur 2 rangs,
mais il est bien reconnu que le troisième rang n'ajoutait rien à la
puissance de Tinfanterie.
Tout ce qu'ont dît les généraux Duhesme et Morand pour les ba-
taillons en colonne, s'applique donc à la colonne de compagnie '.
< On forme une ligne, dit le général Morand, avec les éclaireurs
1. Les tendances actuelles de disperser des compagnies entières en tirail-
leurs, de porter successiyement sur la ligne de combat tout un bataillon par
section et par peloton sans liens entre eux, amènent la ligne de combat à
n'être plus qu'une réunion d'hommes sans cohésion, échappant à la direction
des chefs de tout grade et incapable de produire un eflbrt. Si on réussit à
entrainer en avant cette masse d'hommes sur s ou 4 rangs, dés qu'elle aura
fait 50 pas, elle s'égrènera semblable à une cohue confuse qui, devant une
infanterie calme, prête à servir son feu à bout portant, hésitera et tournoiera
sur elle-même pour se sauver dans un pôle-môle général, laissant tous ses
officiers sur le terrain. Et la retraite? quelle déroute ! Plus que jamais au-
jourd'hui avec des troupes jeunes et sous un feu aussi intense, il faut do
l'ordre et de la discipline. Il faut avant tout ne pas ouvrir la porte au dé-
sordre. Les portes; on ne les évitera pas, quoique formation que l'on prenne.
Pourquoi avoir condamné les petites colonnes? Là est le salut.
2. Je tiens seulement à faire remarquer que ce bataillon à 8 pelotons de
a files comprenait plus d'officiers et do sous-offlcicrs que notre colonne de
compagnie. Et cette observation est capitale, car « les officiers et les sous-offi-
* ciers qui sont en serre-files, dit le général Duhosme, le contiennent mieux
" quand il est peu nombreux que quand il est trop étendu, et il ne peut pas
« leur échapper comme l'autre ». La proportion d'un officier subaltorne pour
io ou 50 hommes n'est plus remplie aujourd'hui. Plus lo temps de service
est court , plus les cadres doivent étro solides et nombreux ; et par une
fatalité c'est généralement l'inverse qui se produit. Dans un bataillon de
960 hommes, 8 pelotons de 120 hommes, il y avait autrefois se officiers, tandis
qu'aujourd'hui dans un bataillon do 1,000 hommes il n'y a plus que 14 offi-
ciers.
CAUP' DR PRUSSE. 45
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706 CAMPAGNE DE PRUSSE.
et les grenadiers Beulement et l'autre avec les colonnes*. L'nne
des lignes, déployée, est flexible, très-mobile et capable de pro-
fiter de tous les accidents, de tontes les ressources de la localité
pour se fortifier ; l'autre ligne, se composant de colonnes, est tou-
jours prête à résister à la cavalerie et à faire un mouvement qui
soit utile. Si la ligne flexible est repoussée, elle vient se rallier
dans les intervalles des colonnes, ou se porte en arrière pour s'é-
tablir dans une position que les colonnes dépasseront ensuite :
c'est ainsi que se feraient les retraites'. La ligne déployée ne mé-
nage pas les feux, les colonnes n'en font usage qu'autant qu'elles
sont abordées par l'ennemi ; tandis que les colonnes se retirent,
la ligne des éclaireurs a profité, pour s'établir, des accidents da
terrain, d'un ravin, d'une baie d'arbres, de buissons, où elle at-
tend en silence l'ennemi et le reçoit à bonne portée. Étonné de
cette résistance, l'ennemi bésite et fait ses dispositions pour les
reconnaître et les vaincre ; mais la ligne d'éclaireurs quitte sa po-
sition et se porte rapidement en arrière, protégée dans ce mon-
vement rétrograde par l'artillerie et les colonnes. On voit dans
cette manœuvre sur deux lignes que l'une, composée de masseb
compactes, appuyée par ses canons, est toujours prête à recevoir
la cbarge ; que l'autre, par sa mobilité, se plie au terrain, profite
de toutes ses ressources pour accroître sa force, évite de s'engager
et se contente de barceler l'ennemi et de ralentir sa marche en le
forçant à chaque pas à faire une reconnaissance et des dispositions
pour une attaque...
€ Si cet ordre sur deux lignes est le meilleur en retraite, il n'est
pas moins avantageux pour l'attaque. La ligne des éclairears et
des grenadiers, dont l'ennemi ne peut estimer ni la profondeur
ni la force, surtout si son mouvement est favorisé par un teiraio
accidenté et couvert, s'avance, et au moment de l'attaque le« co-
lonnes surviennent qui s'engagent^ ; alors la première ligne, tout
1. Les dclaireurs sonl les tirailleurs dos deux compagnies de tête du ba-
taillon; les grenadiers, les soutiens de ces mômes compagnies; les colonne?,
les deux compagnies de réserve du bataillon en colonne de compagnie.
s. Il ne Ciiut point que , pendant les grandes manœuvres , un faux poin.
d'honneur empêche de s'exercer aux mouvements de retraite, sous le prétexta
que c'est accoutumer les troupes à la pensée do se retirer devant l'enoemi.
A la guerre un des deux adversaires est obligé de céder le terrain. On peu:
être battu dans les premiers engagements ; doit-on laisser le désordre se met-
tre parmi les troupes , renoncer pour jamais à los reformer et à reprendn
roCTensive? On ne fait bien que ce que Ton a l'habitude do faire ; il but doDC
envisager les manœuvres à faire pour se retirer du combat , et y exercer Ie>
troupes.
3. Ainsi la ligne des tirailleurs ayant entamé le combat et s'étant avancée
par bonds successifs, poussée par l'entrée en ligne des sections de soutien ^
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OBSERVATIONS. 707
< en couvrant les flancs des bataillons, s'arrête, se reforme, prend
« une position telle qne si les colonnes étaient repoussées, cette
« ligne paisse faire une résistance suffisante pour leur donner le
< temps de faire halte et volte-face. »
< Â mesure que les lignes s'aborderont, dit aussi le général Du-
hesoie, les tirailleurs démasqueront le front des colonnes serrées
< de la première ligne et se resserreront vis-à-vis les créneaux, où
ils entreront ensuite en ligne sur un rang avec leur réserve qui,
étant sur deux rangs, commencera un feu de file bien soutenu,
mais dans lequel on recommandera au soldat de tirer plutôt avec
jostesse qu'avec célérité. Il est bien entendu que les tirailleurs ne
' devront jamais cesser le feu, mais au contraire le redoubler.
< Mes bataillons une fois ébranlés, et arrivés à portée de fusiP,
• je ne m'arrêterai que quand l'ennemi aura tourné le dos ou que
^ je l'aurai joint, s'il ose m 'attendre.... Mes bataillons, en s'appro-
chant, ne marcheront plus, ils courront*. Mes tirailleurs ne reste-
- rontpas en arrière... C'est dans de tels moments que brillent avec
le plus grand éclat et le génie et le courage de notre nation -,
c'est ce que nos ennemis appellent cette furia franctst à laquelle
< rien n'a jamais pu résister, toutes les fois qu'on a su l'employer
et la soutenir à propos \ Il est vrai que quelques-uns de nos ba-
taillons, en s'élançant avec tant d'impétuosité, auront dérangé
' leur ordre, mais ils auront vaincu ; ils auront percé la ligne en-
' nemie ; ils pourront se reformer et marcher sur le flanc de ce qui
tiendrait encore. D'ailleurs, à supposer que quelques-uns de mes
• premiers bataillons soient repoussés, ils seront soutenus et rem-
« placés par les bataillons correspondants de la seconde ligne qui,
< aossitôt qu'ils s'apercevront du désordre, doubleront le pas pour
• se porter en avants Ainsi, à la faveur de ce mouvement, les
bataillons repoussés se retireront en arrière et se rallieront pour
• se remettre ensuite en ligne. »
Les colonnes souffriront moins qu'on ne peut le croire ; « car c'est
• là l'avantage des bataillons en masse contre la mousqueterie ; il
' n'7 a guère que le premier rang qui souffre et il est peu étendu.
^ Dans le bataillon serré en masse, le chef en est plus maître ; il l'a
nngs serrés, est entraînée à Tattaque par les deux compagnies de réserve du
bataillon en colonne de compagnie qui s'avancent vers les points où l'ennemi
semble montrer le plus do résistance.
i. Arrivés à 150 ou 100 moires suivant le terrain.
i. Mais avec ordre, étant en petites colonnes d'un front peu étendu.
s. Même dons nos jours de malheur, qu'on demande à nos oOiciers le parti
qu'ils ont tiré de nos soldats et la crainte que ceux-ci ont insplrëo à l'ennemi
lorsqu'il s'est trouvé a portée de nos baïonnettes.
4. Toujours la proximité dos troupes de soutien.
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708 CAMPAGNE DE PRUSSE.
« davantage sons les yeux et dans la main ; il en accélère, ralentit
< et dirige la marche à volonté, ne craint rien pour ses flancs. Il n'a
< donc qu'un seul danger, c'est que le canon a plus de prise ; mais
« on louvoie, on profite des mouvements de terrain pour reprendre
« haleine, et Ton passe les endroits les plus périlleux à la course; on
< se déploie même, s'il le faut, mais on se remet en colonne serrée
« en approchant. Remarquez bien que , dans mes instructions . je
< recommande que cette manœuvre soit rendue si familière que le
c soldat la fasse à la course et presque machinalement ; ainsi on ne
€ perdra pas de temps pour avancer quand, en arrivant sur rennemi.
« on se formera en masse, parce que la division de la tête, en arrière
« de laquelle on ploiera les autres, pourra toujours marcher; tout
« le mouvement se faisant à la course, le bataillon sera serré en
« masse ^. »
Les bataillons de réserve de première ligne, leurs compagnies
formées en colonne de compagnie, suivent à courte distance* poar
soutenir l'attaque ou même pour donner une impulsion nouvelle et
décisive si l'intensité des pertes produit de l'hésitation et de l'in-
certitude dans la ligne de combat. Alors les colonnes de compa-
gnie des bataillons de réserve s'intercalent entre les colonnes de
compagnie des bataillons de tête et entraînent toute la ligne en
avant'.
« La méthode d'exécuter toutes les manœuvres avec des colonne»
1. Je ne crois pas qu'il faille exécuter beaucoup de mouvements à lacouifc.
parce que la course épuise les forces de rhomme et que si tous demandez
au soldat un effort qu*il soit incapable de produire, vous le découragez, Mais
ce que je demande, c'est que, dans les manœuvres, on exécute tontes Iés
formations, tous les déploiements, sans cesser de marcher, par un raientis*
sèment d'allure de la tôte, sans qu'il soit nécessaire d'arrêter les honunes e:
de leur faire donner ainsi un effort inutile qui les fatigue et les énerve. D«
simples indications données à voix basse ou par signes par les officiers suffi-
ront dans la plupart des cas.
2. C'est la proximité des troupes de soutien qui toujours assure la réussite
lie Taltaquo.
3. Les commandants dos bataillons do réserve de première ligne délenoi-
iiont l'intervaiie entre leurs colonnes de compagnie, suivant les obstacles du
lorrain, les abris qu'il peut présenter afin de dérober autant que possible les
petites colonnes aux coups de l'artillerie comme un seul individu, mais eu
tenant avant tout les colonnes en état d'appuyer la ligue de combat. Aiu
chefs de ces bataillons à être toujours attentifs, à se porter eux-mêmes en
avant avec leurs adjudants-majors pour voir ce qui se passe, à prévoir le mo-
ment où la présence de leur bataillon va être nécessaire, à le faire arriver a
l'instant voulu. A eux de les disposer dans l'ordre le plus favorable pour
marcher et se déployer. Il leur faut, ainsi qu'aux commandants de compagnie,
(le l'intelligence, de l'à-propos et do la bonne volonté pour comprendre ei
exécuter les ordres souvent confus qu'ils reçoivent au fort de la latte, et
deviner les intentions du chef si les ordres viennent à manquer, de façon a
se tenir toujours à sa portée.
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OBSERVATIONS. 709
« de bataillon, ajoute le général Morand, est, je crois, dans Topinion
« de tous les officiers qui ont fait la guerre et qui ont étudié un peu
< plus que Tordonnance ; Fessai en a été fedt au camp de Boulogne ;
< il a été, je crois, peu suivi. Cependant, si cette méthode de ma-
< nœuvres a donné à un ou plusieurs généraux des succès constants
< à la guerre, si au moins elle leur a épargné des revers, on peut
< croire que ses avantages seraient certains et très-grands si elle
* était adoptée, rédigée et prescrite, si Tarmée était organisée et
< exercée diaprés ce principe. D'ailleurs, je le répète, ce n'est point
< une instruction nouvelle ; il ne s'agit que de choisir dans Tordon-
< nance actuelle quelques règles et d'en rejeter tout ce qui est inu-
' die, diffus et dangereux. Toute mon opinion se réduit à ne consi-
< dérer plusieurs bataillons réunis que comme des individus ' qui
< agissent tous de la même manière en se conservant, dans tous les
« instants, dans l'état de consistance et d'individualité qui fait leur
< force ; à appliquer toutes les manœuvres au terrain et aux événe-
« ments de la guerre, de sorte que dans tous ses mouvements, par
« tous les ordres qu'elle reçoit, une troupe voie l'ennemi en pré-
' sence, de sorte qu'après une longue paix les officiers et les soldats
< aient l'expérience et l'habitude de la guerre, de sorte que Tins-
< truction d'un chef de bataillon suffise à un général et qu'un chef
* de bataillon sache et ne puisse agir que comme doit le faire un
< bon général.
« J'ai vu de bons généraux, ignorant les manœuvres des livres
' ou les dédaignant, s'en passer, vaincre et n'employer pour vaincre
« que des colonnes de bataillons. Pour mon compte, j'ai expérimenté
f pendant quinze ans la méthode dont je propose l'adoption, et j'ai
"^ obtenu un succès constant. D'ailleurs cette méthode est puisée
* dans l'ordonnance, toutes ses dispositions sont connues ; je ne
1. Les colonnes de compagnie doîTent avoir leur guide au centre ; ce guide
sera le commandant de la compagnie se tenant devant lo centre de sa section
de tète, qu'il soit à cheval ou à pied, ou, sMl 8*ëloigne, le chef de la section
de tête. Les colonnes se portent, comme le ferait un individu, sur le point
qu'elles doivent occuper par le chemin le plus court, la subdivision de tôte
se conformant à la marche de son chef et successivement les suivantes à la
iQarche de la subdivision de tôte. Trôs-mobiles, ces colonnes se déplacent en
savant, en arriére, à droite et à gauche, toigours en situation de combattre et
de servir d'appui aux tirailleurs ou à d'autres colonnes.
De môme la colonne double doit ôtre conduite par le commandant du ba-
laillon placé devant le centre de la colonne, le commandant de chacune des
compagnies de tôte se réglant sur le chef de bataillon. Si le chef de bataillon
s'arrête ou se porte en avant pour observer avec son adjudant-major, un des
capiiaines de la tôte le remplace et dirige le bataillon. Il faut, à Tinstruction,
s'exercer à conduire les colonnes d'aprôs ces principes, car il n'est plus temps
sur le champ de bataille de faire des innovations. On ne fait bien à un moment
critique que ce que l'on a Thabitade de faire journellement.
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710 CAMPAGNE DE PRUSSE.
« propose rien de noareau, je ne change rien, je die seulement qu'il
« faut réduire Tordonnance à quelques pages et rejeter tout ce qui
c est dangereux ou au moins inutile, ne garder que ce qui est appli-
« cable à la guerre * , et, au lieu de fausser Tesprit des officierB et de
« charger leur mémoire par une mauvaise étude, faire en sorte qa*ib
« n'appliquent leur attention que sur ce qu'il faut pour obtenir des
c succès, que sur ce qu*il faut faire sur le champ de bataille pour
« arracher la victoire ou au moins pour ne pas être défait; »
« Moi, dit de son côté le général Duhesme, je suis arrivé à mon
« ordonnance par Texpérience ; je ne Tai point inventée, je n'en sui^
< pas le créateur ; je l'ai reçue des généraux que l'opinion publique
< désigna de bonne heure comme de bons mtdtres, je l'ai pratiquée
« et je m'en suis toujours très-bien trouvé, soit qu'il fallût marcher
« à l'ennemi, soit qu'il fallût se retirer devant lui.... Avec 3 ou4ba-
« taillons serrés en colonne, disposés en échelons ou en échiquier,
« et précédés de bons tirailleurs, j'ai plusieurs fois attaqué et ren-
< versé des lignes autrichiennes beaucoup plus nombreuses, et j'ai
< particulièrement fait cette remarque : c'est qu'eux-mêmes, quand
c ils marchaient en colonnes devant quelques-uns de nos bataillons
€ qui étaient en position et déployés, ils les mettaient en déroute
c malgré le feu le plus vif ; mais si j'arrivais à leur secours avec
« d'autres bataillons en masse, ces Autrichiens commençaient à se
< déployer eux-mêmes, faisaient le feu de file et se mettaient en dé-
« route à notre approche. »
La formation en ligne déployée comme moyen d'attaque aussi
bien pour les bataillons de la ligne de combat que pour les ba-
taillons de réserve de première ligne, est donc une formation à reje-
ter absolument comme dangereuse.
« Qu'on veuille m'en croire, dit encore le général Duhesme, il e^t
< bien difficile de faire marcher longtemps un régiment en bataille ;
< pour peu qu'il y ait quelques obstacles et des difficultés de terraiu
« et de pertes, les ailes tournent, le centre crève, et voilà encore
« mon bataillon en déroute ! Dans ces moments d'action, lors même
< que l'ardeur porte en avant un bataillon déployé, les braves se
c lancent en avant, les autres restent en arrière ; et on perd tout
« alignement* ; les officiers crient, d'autres ont été les premiers a
1. II n'y a rion à ajouter à ces demandes du général Morand. L ordonnance
contient tout ce qui ost utile ; il faut savoir en faire usage. — Il fiiut que
toutes los manœuvres soient simples ; car à la guerre les choses simples sodi
seules faisables et peuvent seules réussir.
2. Comment un bataillon marchant en bataille sur deux rangs sacs in\eT-
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^^Wr?'
OBSERVATIONS. îll
* deyancer la ligne avec une partie de leur peloton, et Ton arrive
< tellement en désordre que, si Tennemi tenait ferme , on ne pourrait
< faire aucun effort * . »
valles pourra-t-il entraÎDer à l'attaque une ligne de tirai 1 leurs sut 2, â ou 4
rangs? Le l)atailloD en bataille se fondra avec la ligne d& tiruillùara sans?
pouvoir la traverser ni la pousser en avant. Une colonne de compagnie réussira
au contraire par sa masse à entraîner avec elle les tirailleurs qui^ d'eux-
mêmes, s'écarteront lorsqu'ils seront joints par la tôle de la colonne.
1. Notez encore que la distance à parcourir dans le donner bond pour
atteindre Tennemi à la baïonnette doit être aussi courte qutà possible
et ne peut pas dépasser lOO à 150 mètres; beaucoup d'Iiomines sont déjà
épuisés par la lutte et le poids qu'ils portent, et ne pourraic^nt pas fournir uqq
marche plus longue; encore faut-il que Tallure ne soit pas Trop accélérée,
que Ton se règle sur les plus faibles, afin que toute la ligne* Liriiillaurs ei eo^
lonnes, arrive ensemble et produise un effort décisif. Dés que l'on fait &u pas
à une allure un peu accélérée, pas de course, on sent déjà l'égrfjuemetii; que
sera-ce s'il faut parcourir 200 mètres? Aux oflBciers donc de régler l'allore
dans toutes les circonstances, à l'instruction comme sur la cha/ap de haLmllOj
en se mettant à pied à la tète de leur troupe, colonn<ïs do rompagnie et
tirailleurs.
Un capitaine à pied ne peut pas, au milieu du bruit du combat, commander
et diriger une compagnie de 250 hommes en ligne déployée, qui occupe un
front de loe mètres environ. Cette tâche est au-dessus des TurcHS d'un homme.
Il n'est donc plus le maître de sa troupe; sa compagnie lui échappts. Il u'ea
est pas de môme si les 4 sections sont en colonne l'une (ierriére fanlre i un
homme peut commander et diriger à pied une colonne de 25 mètres de front.
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L'ËMPBBEUB est né eu 1769 ; il avait 37 ans.
Les maréchaux Lannes, Soult et Ney étaient nés aussi en 1769 ;
le graDd-duc de Berg en 1771 ; le maréchal Davout en 1770 ; les
maréchaux Mortier et Bessières en 1768 ; le maréchal Bemadotte en
1764 ; le maréchal Augerean en 1757 ; le maréchal Lefebvre en
1755; le maréchal Berthier en 1753, il avait 53 ans.
Les généraux Dupont et Drouet étaient nés en 1765 ; le général
Rivaud en 1766 ; le général Eblé en 1758; le général Werlé en 1763 ;
le général Pacthod en 1764 ; le général Maison en 1770.
Le général Priant en 1758 ; le général Gudin en 1768; le général
Morand en 1770 ; le général Petit en 1763 ; le général d'Honnières
en 1764 ; le général Lochet en 1767.
Les généraux Legrand et Levai en 1762 ; le général Saint-Hilaire
en 1766 ; le général La Riboisière en 1759 ; le général Compans en
1769.
Le général Victor en 1766 ; le général Gazan en 1765 ; le général
Sachet en 1772 ; les généraux Vedelet Campana en 1771 ; le général
Oraindorge en 1772 ; le général Claparède en 1774 ; le général Reille
en 1775.
Le général Gardanne en 1760 ; le général Marchand en 1765 ; le
général Vandamme en 1771 ; le général Roguet en 1770.
Le général Desjardins en 1759 ; le général Heudelet en 1770 ; le
général Sénarmont en 1769.
Le général d'Hautpoul en 1754 ; le général Sahuc en 1755 ; le
général Klein en 1761 ; le général Beaumont en 1763 ; le général
Gronchy en 1766 ; le général Nansouty en 1768; le général Belliard
en 1769 ; le général Beker en 1770.
Le général Boussart en 1758 ; les généraux Viallannes, Walther,
Fénérolz, Saint- Germain , Saint-Sulpice en 1761; les généraux
Treillard et Marisy en 1764 ; le général Margaron en 1765 ; le gé-
néral Milhaud en 1766 ; le général Guyot en 1767 ; les généraux
Latour-Mabourg et Lahoussaye en 1768 ; les généraux Marulaz et
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714 CAMPAGNE DE PRUSSE. j
Dahlmann en 1769 ; les généraux Wattier et Montbnm en 1770; les
généraux Durosnel et Defrance en 1771 ; le général Bruyères en
1772 ; les généraux Lefebvre-Desnoëttes et Clément en 1773; le gé-
néral Lafialle en 1775; le général Laferrière en 1776 ; le géoéraJ |
Colbertenl777.
Les généraux Chasseloup et Chambarlhîac en 1754 ; les généraux
Songis et Andréossj en 1761 ; le général Kirgener en 1766.
Le général Lauriston en 1768 ; le général Mouton en 1770; les
généraux Rapp, Duroc et Corbineau en 1772 ; le général Bertiaiid
en 1773 ; le général Savary en 1774 ; le général Lemaroû en 1776.
M. Villemanzy en 1751 ; M. Daru en 1767.
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NOTE SUE LES CARTES.
Les cartes se composent :
1" D'une carte générale des opérations tin'e de l'atEas portatif du
général Jomini pour servir à l'intelligence de.s gu terres d<i Napoléon*
— Cette carte est la seule qui remplissait m un but : avoir une cïirte
antérieure aux chemins de fer et suffisamunjiit ('tt'iidue pour que Ton
ait sous les yeux l'ensemble du théâtre d^a opênitioDs \
2' D'un croquis pour les opérations de Tanniic du 8 au 14 octobre,
— Destiné à compléter la carte générale, te crotjui?^ ne toiitiont que
les noms des localités citées dans l'onvrago ^ : aush;, bien 4 ut; les
écritures ne soient pas très nettes, est-il impD^sible de eonfondre les
noms entre eux. Pour les formes générales du torraiu, vallécïiT ou-
trefortfl des montagnes, se reporter à la carte, qui donne uue idée du
relief. Des cotes d'altitude exprimées en metrea out été pkcdes sur
1^ parcours des routes pour que l'on puisse se ri'udre tompte de*
•lifficultés du débouché ;
3" D'un croquis sommaire du combat de Ê^ublcîâs \
4° D'un croquis sommaire du combat de Siialfeld ;
5* D'un plan de la bataille d'Iéna reproiïuit d'après un cuivre
gravé au Dépôt de la guerre sous la direction dn gi!'iiural Pelet, et
qui existe au Dépôt général de l'armée.
ï» J'ai omis do placer sur le croquis les villages Ac S;iirU-Gii[iij[lun; ilerrnsdùif
•îl Rodigast, que je cite page 609, note 1. — Sat]U-Giitii:totT o?L a micliemiii
<JcGeraà Roda; Rodigast à mi-cliemin do Klo^^lcrkuiîuilz a Il-iio, au coude
nord de la roulo ; Hermsdorf sur le chemin transversal qui lolic li^s deux rouies
«eCéra àléna, par Roda et par Kôstritz.
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TABLE ANALYTIQUE
;VlDESDE CAMP ET OFFICIERS d'ORDONMATICE DE l'EnFEBEQU. — Alées dû
camp des commandants d'armée; missions; iDspcciioTis, G6, tlO,
ttS, 182. — Ordres transmis par les aides de camp et les oQiciers
d'ordonnance de r£mpereur, 578. — Missions sur le champ de ba-
taille, 649. — V. Missions.
Ambclamces. — Composition des ambulances des coips de troupoâ et des
divisions, 23. — Ambulances de la Garde, 38, 383. — Ordre de com-
pléter les ambulances, 50. — Répartition des caissons de l'armée
affectés aux ambulances, 138 à 140. — Répartition au 4» corps des
caissons d'ambulance, 153, 154. — Le maréchal Soult demando une
augmentation de caissons pour le transport des ainbulanoes, 137. ^
Ambulances du 3* corps pendant la bataille du U^ 684, 635.
AppaovisioifNEMEHTS. — Approvisiounemeuts pour la réunion de Tarméc,
approvisionnements des points d'appui (de siège, de j>ré voyance),
201, 282, 283. — Approvisionnements à Kronach ])Our retard au dé-
bouché, 239, 240, 281, 282. — Approvisionnements pour los consom-
mations journalières, 277, 278. — V. Places forUs^ Poénls d'appui,
Subsistances.
Abm&k bavaroise. — Instructions de l'Empereur pour la fonnatioEi de
l'armée bavaroise, 45, 46. — Plaintes du maréchaJ Bernadatle au
sujet du commandement des Bavarois, 93. — Dllllculttis pour la for-
mation des troupes bavaroises, 105, 106. — L'Empereur se rôserv'^e
le commandement des Bavarois, 173. — Mauvais ùuit de la chaussure
de la division bavaroise; embarras pour les subsistances, 339. —
Ordre au prince Jérôme de prendre le commandeuienl do in division
bavaroise, 401, 402. — Situation de la division bavnroÎ6<= nu 9 octobre,
451, 452. — Ordres du prince Jérôme aux troupes bavaroises, Î87,
488. — Ordre au prince Jérôme de se rendre de su personni? nuprês
de l'Empereur, 572. — Composition de la division havanîiiïe du gêné»
rai Mezanelli ; sa marche de Gulmbach à Schlek, mi, 698.
Abmék d'Italie. — Instructions de l'Empereur au Vicp-Hoi pour la dé-
fense de l'Italie, 61 à 66.
'^RMÉK DU Nord. — Réunion des troupes françaises et liollandaiaes q
Ulrecht et à Nimègue, 47, 48. — Ordres pour la rouniou de rerméi'
du Nord à Wesel, 74, 75. — Instructions pour le cuoiinaiidant de Tar-
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718 CAMPAGNE DE PRUSSE.
mée du Nord, 103, 104, 177, 215, 216, 217 à 219. —Organisation u.
l'avant-garde de l'armée du Nord, 123 à 125.
I Arméb prussiennb. — Situation de l'armée prussienne, 611 à 613.
Armée de réserve. — Troupes disponibles pour la défense de TEmpire.
208 à 212. — Instruction pour le maréchal Kellermann, commandant
l'armée de réserve, 212 à 214. — Formation des troupes d'inranierie.
— '911.214 — Formation des troupes de cavalerie, 263, 264.
Artillerie. — Ordre au grand parc d'artillerie de se tenir prêt à
marcher, 55^ — Ordre pour l'organisation de l'artillerie du 8« corps,
94. — Répartition des ouvriers d*artillerie dans les corps d'armée,
98, 99. — Situation du grand parc au 24 septembre ; besoins en per-
sonnel et en attelages, 150. — Artillerie attachée à la Garde, 1^,
243, 292, 663. — Nécessité d'un général d'artillerie àMayence, 167. —
Ordre aux bataillons du train d'acheter des chevaux, 185, 203. —
Parc d'artillerie du 3* corps, sa garde, 196. — Organisation du granu
parc d'artillerie de l'armée de façon qu'il n'ait pas plus de 400 voi-
tures au parc mobile ; formation des dépôts ; devoirs du généraj
commandant l'artillerie de l'armée, 203 à 205. — Organisatioti du
parc des corps d'armée, 205. — Roule suivie par le grand parc pour
se rendre d'UIm à Wûrzburg, 242, 243. — Approvisionnement du 4'
corps en munitions d'infanterie et d'artillerie, 258. — Situation du
parc général de l'armée à la date du 3 octobre, 289 à 292. — Marcb»
du grand parc d'artillerie, 332. — Approvisionnements du 3« corp>
en munitions d'infanterie, 336. — Parc d'artillerie du corps de Tr-
serve de cavalerie, 421 ; du 7« corps, 422. — Situation et marche du
grand parc d'artillerie, 452, 453. — Remplacement des munitions du
5« corps par le grand parc, 456, 496 à 498. — Parc d'artillerie du 4<
rps, sa garde, 486. — Évacuation de l'artillerie prise sur l'enuemi,
496, 498. — Fonds à la disposition de l'artillerie à Mayence, 544, 54d.
— Grande batterie du centre à léna, 625, 663, 664. — Action de l'ar-
tillerie sur le champ de bataille, iSô, 642, 643, 6G3. — Artillerie à
cheval avec la cavalerie, 664. — Consommation des munitions : com-
bat de Saalfeld, 497; bataille du 14, 636, 642, 650, 651, 691 à 693.
Avant-garde. — Avant-garde du 7« corps, '296, 297, 368, 369. — Avani-
garde du 6« corps, 311. — Avant-garde du 4« corps, 380. — Poursuite
sur le champ de bataille, 439. — Avant-garde, 555 à 559. — Choix
d'un général commandant un corps d'armée d'avant-garde, 584; se>
devoirs, 587. — Inconvénient d'avoir de l'infanterie à l'avant-garde.
674.
AvAMT-posTBs. — Dispositious pour le service de l'infanterie du $• corps
aux avant-postes, 340 à 342. — Proportions des troupes employée.-"
au service des avant-postes, 350. — Avant-postes, 561. — Postes dé-
tachés en avant des avant-postes, 595.
Bivouacs. — Installation des troupes dans leurs bivouacs ; réquisitions,
380, 381. — Bivouac des divisions en bataillon carré, 400. — Bivousc
la veille de la bataille, 616. — V. Cantonnements.
Boulangers. — Boulangers de la Garde, 37, 38, 88.
Cantonnements. — Ordre au maréchal Lefobvre de cantonner ses irou-
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TABLE ANALYTIQUE. 719
pes, 267. — Cantonnements resserrés, 350. — Les cantonnements
sont préférables au bivouac, 351. — Cantonnements dts marche et
bivouacs, 561 à 563.
Capotes. — Ordre de s'en procurer, 85, 86. — Ordre d'en faire confec-
tionner, 127. — Impossibilité d'en faire confectionner, 2G[,
CivALERiB. — Répartition des troupes à cheval dans les corps ct'armi^e,
99. — Officiers généraux de cavalerie, 99. — Relèvement des régi*
ments de cavalerie légère de la masse de cavalerie pondant lo cou-
rant de la campagne, 99. — Force des troupes à cheval â Ja Grande
Armée, 136. — Détachements d'hommes à pied destinés à compléter
les escadrons de guerre, 137. — Position de la cavalerie pour cou-
vrir le rassemblement de l'armée; ne pas fatiguer inutilement la ca-
valerie, la tenir réunie, 170, 171, 206, 278, 279. — Répartition dû la
cavalerie du 3« corps; détachement d'escorte du Mariclml^ des gé-
néraux de division et de brigade ; piquet à la disposition du chef
d'étal-major, 196, 197. — Organisation des dépôts de traupi s à cho-
yai; former une bonne cavalerie, 263, 264. — Petits déiJùLs des trou-
pes à cheval, 270, 271. — Distance à laquelle on doit pousser les pos-
tes de cavalerie pour la sûreté des troupes dans les cantonnemenis
de rassemblement et de marche, 285. — Détachements de cavalerie
rejoignant l'armée, 293, 294. — Reconnaissances journalières, décou-
vertes, 305, 338. — Détachements de cavalerie pour couvrir les trou-
pes au rassemblement, 309. — Instructions du Commandant de l'ar-
mée au commandant de la cavalerie, 320. — Service de la cavalerie
pendant les marches de flanc, 327. — Reconnaissance de la masse
de cavalerie au commencement des hostilités; officii^cs d'ètat-major
détachés avec la cavalerie d'avant-garde, 364. — Postas de corres-
pondance, 367, 400, 429. — Combat de cavalerie, Schleiz, 435. 439, 44!l.
— Cavalerie chargée de la communication entre les colon ries d*ariiiéi\
442 à 444, 446, 448, 484, 485. — Avant-garde du 4^ corps, i 45. — Nêl
cessité de tenir la cavalerie réunie, 456. — Fatigue \ïk*s troupes à
cheval de l'avant-garde, 480. — Réquisitions de subsistanees par les
partis de cavalerie, 481, 593. — Divisions de cavalerie détachées
avec les colonnes d'armée, 515. — Reconnaissance envoyiye par \b
maréchal Lannes sur léna, 528. •— Reconnaissance de l'ennemi â
coups de sabre par la cavalerie de l'avant-garde pour Taire iI&h pri-
sonniers, 529, 674. — Partis envoyés sur Leipzig, 534 à à'SS, 548, 5y7
598, 600, 601. — La cavalerie au rassemblement de l'armèo i^t dans la
marche en avant, 547 à 549. — Avant-garde, 555, 556. — Graud'lmlte,
559. — Maréchaux-ferrants, 581. — Reconnaissance do la cavalerie
du 3« corps, 592 à 594. — Partis en avant de l'armée, 597 u ji!>9, -^
Manque d'officiers dans les régiments, 598. — Ordonnances de cava-
lerie à la disposition des généraux d'infanterie, 605. — LïéiachiMiients
de cavalerie pour protéger la rentrée des réquisitions. G06. — Faire
rentrer toutes les ordonnances de cavalerie à leur corps pour la ba-
taille, 607, 608. — La cavalerie sur le champ debatailit^, 023, (j;;9, 63*i
638, 640, 647 à 649. 651, 653 à 656, 666 à 668, 681, 683. — Le comman-
dant de la cavalerie à la Un de la bataille, 667.
^'HaNQEMBNT de DIRBCTtON DE L'aRMÉE, 515, 516.
Chiffre, 67, 79, 220.
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720 CAMPAGNE DE PRUSSE.
Combat. >- Dispositions pour le combat de Schleiz, 434, 435, 523. - Diâ-
positions pour le combat de Saalfeld, 466 à 474, 524. — Combat de
Winzerla, 529. — Combat d'Iéna, 587. — Accumulations des troupes
pendant le combat, 633. — Le corps d*armée sur le champ de ba-
taille, 700 à 703. — La division sur le champ de bataille, 703, 70i.-
La ligne de combat et les réserves de première ligne, 704 à 7U.
Commandant db larmes. — Place du Commandant de l'armée pendant
la marche en avant, 546. — Activité du Commandant de Tannée la
veille de la bataille, 586. — Reconnaissance de l'armée ennemie, 587,
588. — Le Commandant de Tarmée sur le champ de bataille, 618. —
Dispositions de Tordre de bataille, 622, 623. — Direction de la ba-
taille ; corps d* armée chargé de la direction, 623, 624. — Forces doni
l'Empereur disposait sur le champ d'opérations et sur le champ de
bataille, 670 à 672.
Commandement. — Droit au commandement, IIO, 182, 686. — Estime des
généraux pour les troupes, 328.
Commissaires des guerres. — Devoirs pour l'installation des troupes.
381. — V. Réquisitions, Subsistances.
Communications, V. Ligne d'opérations, Route de V armée.
Composition des troupes. — Proportion des conscrits dans les cor^a,
334, 690.
Concentration des troupes pour la bataille, 579, etc.
Concentrer l'armâe, 216.
Confédération du Rhin. — V. Troupes de la Confédération du Rhin.
Conscription. — Levée de la conscription de 1806,9. — Appel de la ri-
serve de la conscription de 1806, 120, 121, 168.
Constructeurs de fours, 268, 269, 281, 282, 385.
Convois. — V. Équipages, Subsistances.
Corps d'observation. — Instruction pour le commandant d'un con«
d'observation, 217 à 220. — Formation du 8« corps de la Grande Ar-
mée, corps d'observation de la France, 234,235. — Instructions pour
le maréchal Mortier, 236, 237. — Commandement d'un corps d'obser-
vation, 237. — Composition du 8« corps à la date du 10 octobre, 48^
489. — Le quartier général du 8« corps à Francfort le 13, 699.
Défense générale de l'Empire. — Instruction pour la défense générale
de l'Empire, 208 à 211.
Dépôts. — Inspections des dépôts, 165, 166. — Dépôts sur le Rhin et
dans l'intérieur, 208, 211, 212. — Petits dépôu de campagne, 231 -
Organisation des petits dépôts par corps d'armée dans les place?
fortes ; commandement, 270 à 272. — V. Armée de réserve.
Derrières de l'armée. — Dépôts de première ligne, 271. — Précaution>
à prendre par les colonnes d'aile pour leurs derri^re^, 237, 327. -
Précautions à prendre pour les communications de l'armée, 3 15. — ^.
Ligne d'opérations. Places fortes, Points d'appui, Route de formée.
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TABLE ANALYTIQUE.
721
OÉsiRTEcits. -— Désertion dans l'armée prussienne, 153, t9t), 530, 53^,
533, 684. — Direction à donner aux déserteurs, 15G.
OisciPLiKB. — Maintien de la discipline, 353, 354.
DlSPOSlTlOHS A PRENDRE POUR COMBATTRE, 180, 623, 6Î7, 6t9. 652, 678, 700
à71l.
DiSTRIBDTIOllS, 260, 261.
OiueoNS A PIED. — Formation et composition des baUi lions do dragons
à pied, 41, 42.
Equipages DE l'Empereur, 25.
Équipages de powt. — Projet d'organisation de loquipage de pont,
97, 98. — Répartition des pontonniers de la Grande Armée, 98, 99. —
Pontons à diriger en toute diligence de Slrdsbourg snr Batuberg^
184, 185. — Équipage de pont du 3« corps, l§7. 198. — Orgaiii^fsntion
de l'équipage de pont de l'armée, 202. — Pontïî sur le Mayn, 3i6. —
Pontonniers à Tavant-garde, 365.
Équipages militaires. — Équipages de la compagnie Breidt, 19, ^0,
107 à 109, 126, 127. — Équipages de réquisition, 2t, 22. -- Équipages
des corps de troupes, 22, 23, 2i. — Équipages à la disposillon du
quartier général, 23. — Équipages de la Garde, 37, 383. -^ Héparti-
lion des équipages de la Grande Armée, 138 k 140, 161. — Ordre
pour les équipages du 4*^ corps; place dans les marcihois ; garde,
'2*27 à 230. — Équipages de réquisition pour le transport éventutl
des subsistances destinées à subvenir en cas ûe r(?iard au dùbouchô,
278, 352. — Ordre pour la marche des équîi>ages du !*»■ corps, 374.
— Ordre pour la marche des équipages du quartier général de l'ar-
mée, 391, 392. — Équipages à renvoyer dans les dèp6Ls, 48'>, 487. ~
Revue des équipages pour réformer les voilures inuliles, 60G. — %>
Subsistances, Vaguemestre.
EspioKHACB. V. Renseignements.
Ëtat-major. — Indemnité des chefs d'état-major des corps d'armée, fraia
de bureau, 18, 19, 146. — Aides de camp eL oUiciers d'éLat-major ;
leur nombre, 56 à 59, 276, 277, 325. — Choix d'un chef dï^tat- major,
77, 134, 366. — Officiers chargés des déserteurs et das prisonniers d©
guerre au grand quartier général, 234; à l'étal- major des corps d'ar-
mée, l.')6, 234. — Adjudant-commandant chargé du tiervice des
reconnaissances à Tétat-major des corps d'armée, !Gi. — Officiera de
fétat-major de l'armée auprès des commandanlâ de corps d'arrnéo et
des états-majors de corps d'armée auprès du Commandant de l'armée,
176 à 178, 219, 235, 329. — Officiers d'étet-major chargés do la con-
duite de détachements, 181. — États de situation, étals de cantonne^
ments, 192. — Journaux d'opérations, 192 h lîïi, :118, 313. — Fonds
pour les dépenses secrètes, 195, 245, 247, 25:i. — Officiers d'état-ma-
jor détachés dans les places fortes, 212, 213, 311. — Bureau d'élat-
major, 214, 315. — Correspondance journalière il(.'s commandants do
corps d'armée avec le chef d'élat-major de rarmét% 235, 329, 377. —
Officiers connaissant le théâtre des opérations, 239, — Tache écra-
sante du major général de l'armée, 242. — Survice personnel des
CAMP. DB PRU88K.
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722 CAMPAGNE DE PRUSSE.
aides de camp» 263. — Reconnaissances des officiers d'étal-maj^-r
protégées pur la cavalerie, 279. — Officiers d'état-m«gor chargés «le
l'interrogaloire des voyageurs, 279. — Grade des chefs d'éial-major
des divisions, 280. — Officiers d'état-major aux postes extrêmes de
cavalerie, 283, 284. — Plantons et estafettes dans les élats-majûr>
pour l'expédition des ordres, 298, 461. — Nécessité pour les com-
mandants de corps d'armée de correspondre fréquemment avec 1-
Commandant de l'armée, 317, 399. — Rédaction et expédition des
ordres de mouvement par le chef d'état-major de l'armée, 318, 319,
490. — Service des officiers de l'état-major du génie pendant les
marches, 339. — Officiers de Tétat-migor des corps d'armée cbar^'éâ
de désigner l'emplacement des divisions, 3i8. — Officiers des ét&hr
majors de division envoyés chaque jour à l'état-major du corps d'ar-
mée, 354. — Officiers d'état-major détachés avec la cavalerie da-
vant-garde, 364. — Correspondance entre la cavalerie d'avani-garde
et le Commandant de l'armée, 365. — Postes de correspondance, 367,
400, 429. — Sous-officiers d'ordonnance envoyés par les divisions de
cavalerie à l'état-major de la réserve de cavalerie, 370, 599, 600. -
Ordre de service pour les officiers d'état-major de la réserve de cd-
valerie, 371. — Enregistrement de la correspondance a l'état-major
de la réserve de cavalerie, 371. — Guides et voitures réquisitionnés
pour le service des états-majors, 375, 376. — Officiers d'étal-raajor
chargés de reconnaître la position pour l'installation des troupes,
381. — Remise des ordres ou rapports importants, 400, 401, 429.
460. — Difficulté de se procurer des cartes, 404. — Règles de cor-
respondance, 407. — Onicicrs d'état-major en tournée à la cava-
lerie d'avant-garde, 431, 432, 434. — Ordres donnés par les généraux
aux chefs d'état-major, 474. — Comptes rendus verbaux pendani
l'exécution des opérations, 492. — Temps nécessaire pour l'exèiu-
tion des ordres de mouvement, 496. — Comptes rendus directs fait?
par des officiers en mission, 500. — Officiers envoyés pour prévenir
de l'arrivée des troupes, 505. — Transmission d'ordres urgents, 5S5.
— Guides pour conduire les colonnes, 605. — Rapport de la U-
taille, états de pertes, actions d'éclat, 644.
ËvACCATiOMS, 180, 353, 684.
Flancs. — Couvrir ses flancs pendant le combat, 688.
Fonds. — Fonds à mettre à la disposition des Commandants d'armée ^:
des gouverneurs de places fortes pour les besoins extraordinaire^,
355, 514, 545. — Convoi de fonds à organiser à Mayence, 392, 393.
FoBMATiows. V. Dispositions à prendre pour combattre.
Forges db campagne, 24, 25, 54.
Garde impériale. — Composition de la garde impériale, 88, 331.
Gardes nationales. — Projet d'organisation des gardes nationales dan.>
les 5« et 26« divisions militaires, 53. — Ordre au maréchal Keller-
mann de réunir à Strasbourg et à Mayence les grenadiers et chas-
seurs des gardes nationales, 91. — Organisation des gardes nationa-
les des 5« et 26« divisions militaires, 135, 136. — Otmies nationales
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TABLE ANALYTIQUE. 723
pour la défense de l'Empire, 208 à 211. — Habillement, vivres des
gardes nationales, 215.
Gesdarmerie. — Police sur les derrières des corps d'armée, 82. — Po-
lice des équipages, 229, 230, 511. — Détachement de gendarmerie à
l'arrière-garde, 486.
(JËMB. -~ Approvisionnements d'outils de pionniers ; ordre de les com-
pléter, 37, 50, 55, 128. — Répartition des officiers du génie à Tannée,
96. — Organisation du parc du génie, 97. — Parc d'outils et équi-
page de pont du 3« corps, 197. 198, 248, 249. — Caissons et train des
sapeura, 222 à 224. — Parc du génie de l'armée, des corps d'armée,
des divisions, 265 à 2G7. — Emploi des outils de pionniers comme
moyen de guerre, 317. — Marche du grand parc du génie, 332.
Obexadiers et voltigeurs. — Projet de formation de bataillons de gre-
nadiers et de voltigeurs, 53. — Ordre de compléter les compagnies de
grenadiers et de voltigeurs des 3« et 4<> bataillons stationnés dans les
25« et 26" divisions militaires, et de les diriger sur Mayence, 87.
Hessb-Cassbl. — Instruction pour M. Bignon, ministre à Hesse-Cassel,
^ 37. — Reconnaissance des routes de la Hesse; ordre au maréchal
Augereau de faire rédiger un mémoire sur la meilleure manière
d'attaquer Hesse-Cassel, 113. — Reconnaissance générale de la
Hesse par le général Bertrand, 114, 115. — Instruction au roi de
Hollande sur la conduite à tenir envers la Hesse, 218, 219. — Ins-
tructions pour le maréchal Mortier, commandant le 8« corps de la
Grande Armée, chargé de surveiller les mouvements de la Hesse,
236. — Assurance à donnera l'électeur de Hesse-Cassel, 238.
INSTRUCTIONS DU COMMANDANT DE l' ARMÉE, 180, 318 à 320.
Légion du Nord. — Formation d'une légion du Nord, 105, 119, 168.
LiCîïK DE COMMUNICATIONS, 17. — Précautious à prendre par les colon-
nes des ailes pour leurs communications, 237, 327. — Précautions à
prendre pour les communications de l'armée, 315.
Ligne de marche de l'armée, 551.
Ligue d'opérations. — Direction générale ; indication des points d'ap-
pui, 15, 16. — Choix et organisation de la ligne, d'opérations, 17. —
Ligne d'opérations des corps des ailes, évacuations, 180, 367, 368. —
Direction de la ligne d'opérations de l'Empereur, 216, 222. — Ce
que l'on doit entendre par ligne d'opérations, 368.
Marcher ad canon, 563, 564.
Marches. — Ordre en marche des troupes du 4* corps, 230. — Disposi-
tions de marche de l'armée, 321 à 323. — Ordre en marche de la
division Dupont, 350, 351. — Ordres du maréchal Augereau pour la
traversée de Bamberg par le 7« corps d'armée, 369. —Longues mar-
ches, 378. — Place du commandant de corps d'armée pendant les
marches, 380. — Retard dans les marches occasionné par les équi-
pages, 487. — Temps nécessaire pour l'exécution des ordres de mou-
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724 CAMPAGNE DE PRUSSE.
vement, 496. — Marche forcée du ?• corps, 498, 499. — Marche for-
cée du 3« corps, 530, 531. — Longueur des marches, 549 à 551. -
Profondeur des colonnes d'armée, 55Î, 553. — Marches de guerre.
553. — Ordres de mouvement des corps d'armée, 553 k 555. — Avani-
garde ; dispositions de marche des corps d^armée, 555 à 559. —Heu-
res de départ ; rassemblement avant la marche ; grand'haite, 559.
560. — Prise de position, 560. — Avant-postes, 561. — Profondeur
des corps d'armée ; cantonnements de marche et bivouacs, 561 à 363.
— Marches forcées, 564 à 569. — Marches des divisions de la résen:
de cavalerie, 580, 581.
Missions. — Mission de M. Simonin, adjoint à Tétat-major général, à
Dresde, 92; — du capitaine du génie Gonche, du !«' corps, à Dresde.
94 ; — du général Bertrand dans la Hesse, 114, 115 ; — du capitaio^
du génie Beaulieu à Berlin, 143, 144; — de M. de Montesquieu au-
près du maréchal Soult, 181 ; — des aides de camp et officiers d'or-
donnance de l'Empereur, 182; — de M. de Turenne auprès do ro:
de Hollande, 215 ; — de l'aide de camp des généraux, de senice, à
Gassel, 275. — Devoirs des officiers d* état-major pendant les missions.
276, 361. — Mission du général Savary aux avant-postes, 302, 333,349:
— de M. de Montesquieu à Wûrzburg, 324, 325 ; — de M. de Cusline à
Wûrzburg, 325, 326 ; — de M. Desnoyers, adjoint à Télal-major g-^-
néral, auprès du maréchal Soult, 362, 363, 375 ; — de M. de La Mai-cb •
auprès du maréchal Soult, 365 ; — de M. Scherb auprès du maréchal
Lannes, 400. •— Remise de rapports et d'ordres importants, 400, 401.
— Mission du capitaine Semery à Bamberg, 421 à 423, 452; —de
M. Samark, aide de camp du maréchal Lannes, 428 ; — de l'adjodaDi*
commandant Girard avec la cavalerie d'avant-garde, 431, 432; — J'
l'adjudant-commandant Girard auprès du général Dupont, 500 ; — d'
M. Scherb auprès du maréchal Lannes, 577 ; — du général Lemarius
auprès du maréchal Davout, 578 ; — de M. de Toumon auprès du
Grand-duc, 579; — de M. de La Marche auprès des généraux Kleia.
d'Haulpoul et Nansouty, 580, 581; — de M. de Montesquieu auprt?
du roi de Prusse, 593.
Munitions. — Épuisement des munitions, 465, 633, 642, 651, 672. — Réaf^
provisionnement sur le champ de bataille, 664.
Officiers. — Épuisement des officiers ; recrutement, 166, 167, 169.
Ordres de mouvement. — Ordres de mouvement du Commandant 6?
I*armée, 318 à 320, 496. — Ordres de mouvement des corps darmée.
553 à 555.
Pivot des mouvements, Pivot des opérations, 51.
Places fortes. — Approvisionnements des places du Rhin, 30. — Ap-
provisionnement de bois pour la mise en état de défense de Wese.,
44. — Réunion à Mayence d'approvisionnements pouvant servir pou:
l'armée, 51. — Approvisionnements de siège à» Wesel, 52.— Instru-
tion pour la défense de Palmanova, de Venise et des autres plac<v
d'Italie, 62 à 65. — Ordres pour la défense de Braunau, 77 à 79. -
Organisation des places points d'appui des armées, 95, 96. — Ordre
de mettre dans le meilleur état de défense les places de Wesel «-i
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TABLE ANALYTIQUE. 725
de Mayence, pivots des mouvements de Tarmée, et d*y faire les der-
niers préparatifs, 10 1 à t03. — Approvisionnements de Wesel et de
Mayence, 118, 119, 174, 178, 273. — Organisation des places points
d'appui de Tarmée, Wûrzburg, 175, 314, 315, — Forchheim, 200, 201,
— Kronach, 206, 222, 233, 248. — Instruction pour Torganisation du
service dans la place de Mayence, 212, 213. — Officiers d*état-major
détachés dans les places fortes, 212, 213, 314.
PùixTs d'appui des armées. V. Places fortes.
Postes aux chevaux. — Protection accordée aux postes aux chevaux ;
réquisition de chevaux supplémentaires, 389, 390. — Surveillance à
exercer sur les équipages de l'armée pour que les chevaux de poste
soient renvoyés exactement, 511.
Presse, Journaux. — Renseignements à mettre dans les journaux pour
tromper l'ennemi, 177, 183, 184. — Direction à donner à l'opinion,
357. — Précautions à prendre pour l'impression des nouvelles de
l'armée dans les journaux, 522.
Prise de position. — Ordres pour la prise de position de Mùnchberg,
4« corps, 416. — Ordre de prise de position du l" corps le 11 octo-
bre, 505, 506, — le 12 octobre, 540, 541. — Prise de position, 560.
pRi^arfTNiEBS de guerre. — Officiers chargés des déserteurs et des pri-
^-^onniers de guerre, 156, 234. — Direction à donner aux prisonniers
de guerre, 200, 234. — Ii\terrogatQires, de prisonniers et de déser-
teurs, 532, 533. — Note pour le traitement rt^l'rchnjiga don prinonnicrn
^guerre, 542. — Dispositions générales pour la garde et Tévacua-
tioh dps^risonniers de guerre, 543, 544. — Silence à garder par les
prisonniers de guerre, 682.
Phojet d'opérations, Plan de campagne. — Projet d'opérations de
l'Empereur, II, 13. — Projet pour l'armée du Nord, 27, 28, 124. —
Projet général et plan d'opérations du Commandant de l'armée, 125-
— L'Empereur expose son plan d'opérations au roi de Hollande,
215 à 222. — Projets de l'Empereur, 316, 317, 458, 459, 512 à 514.
Quartier général. — Marche des quartiers généraux, 297, 332, 383,
391, 392, 611. — Équipages du quartier général de la réserve de ca-
valerie, 370. — Commandant du grand quartier général, 390, 391. —
Garde du quartier général du 4« corps, 482. — Commandant d'armes
au grand quartier général, 544.
liECONNAisSANCEs. — Recounaissauces du théâtre des opérations par l'é-
tat-major, 11 à 13, 15 à 17. — Reconnaissance des débouchés de
l'armée par le chef d'état-major, 95. — Reconnaissance des routes
de Hesse-Cassel, 113. — Reconnaissance générale de la Hesso par le
général Bertrand, 114, 115. — Reconnaissance au dernier moment
de toutes les routes en avant des points de réunion de l'armée comme
débouché et comme mouvement parallèle, 172, 175, 170, 285. — Rap-
ports des reconnaissances du théâtre des opérations : du chef de ba-
taillon Huart, 186 ; — du chef de bataillon Legrand, 186, 187 ; — du
chef de bataillon Guilleminot, 187, 188; —du capitaine Rémond, 190;
— du colonel Blein, 191. — Le Commandant de l'armée interroge
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726 CAMPAGNE DE PRUSSE.
lui-môme les officiers envoyés en reconnaissance, 239. — Officier?
d'état-major connaissant le théâtre des opérations, 239. — Recon-
naissances des ofittciers d'état-major protégées par la cavalerie, 279,
338. — Renseignements sur les communications en avant de Tannée,
287, 288. — Reconnaissance de Tadjudant-commandant Rewbeil en
avant du 5* corps, 333. — Reconnaissance du terrain par le corn.
mandant de corps d'armée, 587, 595. — V. Cavalerie, Aat-major.
Rbmontbs. — Instructions pour les remontes; ordre d'acheter des che-
vaux, 24, 29, 45, 53, 137, 138, 178, 179, 214. 295.
Renseignements. — Direction donnée par le Commandant de rarmée au
service des renseignements, 54, 55, 56. — Influence des renseigno-
ments concernant l'ennemi sur le plan d'opérations, 56. — Heosei-
gnemonts à prendre sur les mouvements des Prussiens, 54, 113, 177.
182, 275, 276, 456, 577, 578, 579. — Renseignements fournis sur les
différents rassemblements et sur les mouvements des Prussiens et
des Saxons: par les agents diplomatiques, 128, 146, 147, 231, 232; -
par le service du Commandant de l'armée et de Tétat-major général,
92, 106, 142 à 145, 160, 186 à 192, 302, 303, 528 ; — par le maréchal
Bernadette, 70, 94, 131, 148, 152, 153, 247, 286, 287, 334, 335,349, 373,
437, 478, 479, 604, 605; — par le maréchal Davout, 414, 415, 441, 49X
531, 532, 533, 592, 593; — par le maréchal Soult, 68, 147, 148,259,
377, 378, 418, 442, 445, 446, 448, 483, 510;— par le maréchal Lannes.
148, 149, 284, 285, 302, 303, 333, 334, 403, 404, 464. 465, 528, 584 ; -
par le maréchal Augereau, 530, 591, 592; — par le Grand-duc dt
Berg et la cavalerie légère de la réserve, 130, 244, 245, 253, 337, 37î.
406, 408, 411, 412, 431 à 434, 476, 477, 480, 499', 500 à 504. 534 à 53^
596 à 598, 600 à 602. — Espionnage, émissaires, agents secrets, 69.
70, 131, 142, 145, 148, 243, 244, 248, 286, 309, 315, 334, 337, 404, 40S,
504, 534. — Fonds pour les dépenses secrètes, 94, 131, 146, 195, 245,
247, 248, 253. — Dictionnaire du théâtre des opérations, 239.
Repos de l'armée, 575. — Occupations des journées de repos, 606.
Réquisitions. — Équipages de réquisition, 21, 22. — Réquisitions de
voitures et de subsistances, 228, 229, 352. — Réquisitions de chevaux
de complément, 306, 307, 379. — Réquisitions de toute espèce fai-
tes par les corps d'armée, 337. — Réquisitions de subsistances, 339.
340, 342, 347, 606. — Zone de réquisition des corps d'armée, 346.
347. — Réquisitions de matériaux, 346. — Réquisitions de guides,
de voitures pour le service des états-majors, 375, 376. — Réquisi-
tions do voilures attelées pour l'organisation des convois auxiliaires
de subsistances, 384. — Réquisitions do subsistances par les partis
de cavalerie, 481, 579, 593.
Réunion, Rassemblement de l'armée, Réunir l'armée, 81, 82, 83, 216.
Revues. — Ordre de passer les revues d'entrée en campagne, 270 à 27î.
— Comptes rendus des revues d'entrée en campagne, 303 à 305,
312, 335 à 337. — Revues à passer la veille de la bataille, 506, 507.
Route de l'armée. — Organisation de la route de l'armée, 122, 123, 174,
214. 314, 315. — Organisation des communications secondaires, 201.
— Détachements rejoignant l'armée, 2-13, 214. — Instractions pour
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TABLE ANALYTIQUE. 727
le maréchal Mortier, chargé de maintenir libre une parUe de la
roule de l'armée, 236. — Les corps des ailes ne doivent rien latssin-
derrière eux, 237, 327. — Modifications dans la marchu vie troupoi
rejoignant Tarmée, 241, 242.
Sac\egardes, 389, 390.
Solde. — Retard dans le paiement de la solde, 146, 179, 261, 262,
SooLiERs, 24. 85, 127, 194, 250, 335, 339.
ir^uBsisTANCEs. — Reconnaissance des ressources du pays, 12, U, — Ma-
gasins centraux, 23, 571. — Fours de campagne, 38. — Rounton à
Mayence d'approvisionnements pour l'armée, 51. — Ordres d'exécution
pour la réunion des subsistances, 54, 56. — Subsistances des corps
d'armée au rassemblement, 82, 84. — Mesures pour asâuror les sub-
sistances à Wùrzburg et à Bamberg, 141, 145, 199. — Hesponsabi-
litt^ du chef d'élat-major de l'armée et de l'intendant gênerai ; acti-
vité qu'ils doivent déployer, 141, 240, 241, 273. — Préparation des
subsistances au point de réunion du 4« corps, 154, — pendant la
marche et au point de réunion du 3* corps, 163, 164. — Aïjprovi-
sionnements à rassembler à Bamberg et à Kronach pour jâub venir
en cas de retard au débouché, 239, 240. — Bamberg point central
des grands mouvements de l'armée, 240. — Approvisionnements de
Wùrzburg, 264, 265. —, Ordre de faire construire immodialement
8 fours à Bamberg et à Kronach et de faire confectionner 60JXH> ra-
tions de pain par jour dans chacune de ces localités, 2US, 2U9. —
Consommations journalières ; approvisionnements de marche ; ap-
provisionnements pour subvenir en cas de retard au déhouché, 277,
278. — Distributions (troupes du 4« corps), 289, 310, 353, U9. — Ap-
provisionnnements à Wùrzburg, Kronach, Bamberg, Forchheim,
298 à 301. — Subsistances du 3« corps, 305. — Subsistances h Wùrz-
burg le 5 octobre, 333. — Réquisitions de subsistances, 6" corps,
339, 340, 342. — Subsistances du 5« corps, 346, 347. — Subsislancea
à diriger de Wùrzburg, de Bamberg et de Forchheim sur Kronach
pour la consommation de l'armée en cas de retard au dèboLtchi^j
382 à 385, 424, 425. — Organisation des convois auxiliairnsT 38i. —
Difficultés à Bamberg pour les subsistances, 386. — DistnbuUoiJ:*
aux corps d'armée à Bamberg pour compléter et constituer leurs
approvisionnements de marche, 387 à 389. — Situation cie,s subsistan-
ces à Bamberg le 8 octobre, 422, 423. — Précautions pour les subsis-
tances la veille de la bataille, 506, 507. — Auma point central et
pivot des mouvements de l'armée, 570, 571. — Convois des armées,
571, 572. — Subsistances à Géra, 574. — Repos de rarinée ; com-
pléter les vivres, 575. — Distributions extraordinaires la veillr? de lu
bataille, 608.
TlHllLLEURS ET ÉCLAIREURS, 633, 656 à 660, 686.
Transports en poste. — Organisation des relais pour le irrinsport dp.
la Garde, 72, 73. — Transport des troupes du camp de Meudon par
ces mômes relais, 90. — lYansport en poste de Metz à Miiyeuce du
14« de ligne et du 28« d'infanterie légère, 155.
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728 GAMPA&NE DE PRUSSE.
Troupes de la Confédération du Rhin. — Contingent de Bade, I5î^,
207, 208, 521, 573, — de Hesse-Darmstadt, 234, 246, 328, — de Nassau.
159, 234, 246, 521, — du prince Primat, 246, — de Wurtemberg, 155,
207, 360, 531, — de Wùrzburg, 169, 234.
Ustensiles de campement, 49, 51, 85, 127, 129, 250, 335.
Vaguemestre, 370, 374, 391, 392. V. Équipages, Quartier général.
Vivandières, Blanchisseuses, 229.
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TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Préface v
De r étude de ^'histoire des guerres. ix
2 aoîit-5 septembre. Premiers indices de guerre l
5-19 septembre. Préparalifs de guerre 9
Projet général d'opérations U
s Ligne d'opérations 15
19-28 — Ordres pour la réunion de l'armée. — Départ
de l'Empereur 72
->g — . Arrivée de l'Empereur à Mayence 158
19 - 165
3Q — ■ Plan de campagne de l'Empereur 199
1er octobre. 233
-2 — Arrivée de l'Empereur à Bamberg 253
3 — 270
4 _ 293
3 _ 314
Ordres de mouvement et Instructions du Com-
mandant de l'armée 318
Dispositions de marche de l'armée. — L'armée
marche réunie, de façon i se trouver tout
entière en 24 heures sur le même champ de
bataiUe 321
6 — 343
7 — Commencement des opérations 356
g — Affaire de Saalburg 394
9 — Combat de Schleiz 426
10 — Combat de Saalfeld 454
11 - Jonction du centre avec l'aile gauche 490
12 — 512
Changement de direction de l'armée 515
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730
Obbervations.
li octobre.
W —
Observations.
CAMPAGNE DE PRUSSE.
Page»
Place du Commandant de Tannée jI
La cavalerie au rassemblement de Tarmée et
dans la marche en avant oÛ
Longueur des marches ô'jl
Ligne de marche de l'armée 3'>l
Profondeur des colonnes d'armée ô'iS
Marches de guerre. — Ordres de mouvemeot
des corps d'armée 531
Avant-garde. — Dispositions de marche des
corps d'armée ô3
Heures de départ. — Rassemblement avant la
marche. — Grand'halte
Prise de position
Avant-postes ^jIj
Profondeur des corps d'armée. — Ganlonae-
ments de marche et bivouacs 5611
Marcher au canon ^^
Marches forcées ^i
5ro
Concentration pour la bataille
Situation de l'armée prussienne en entrant en
campagne .
Bataille d'Iéna
Situation sommaire de l'armée française . . •
Bataille d'Auerstsedi
Le corps d'armée sur le champ de bataille . .
La division sur le champ de bataille
La ligne de combat et les réserves de première
ligne
Natc sur les généraux de l'armée
Note sur les cartes
Table analytique.
Table des matières ;
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