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Full text of "Campagne de Prusse (1806) d'après les archives de la guerre"

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CAMPAGNE   DE   PRUSSE 


(1806) 

lÉNA 


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En  préparation 
CAMPAGNE    DE    PRUSSE 

(1806) 

Par  le  capitaine  P.  FOUCART 


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CAMPAGNE 

DE    PRUSSE 

(1806) 


PAK 

p.    FOUCART 

CAPITAINE   nRRVBTÉ    AU   39»    rAgTURNT    d'INVAITTRRIR 

Avec  cetto  Immonse  supériorité  de  forces 

réanies  «or  un  espace  si  étroit^  vous  sentes  que  je 
suis  dans  la  volouté  de  ne  rien  hasarder  et  d'atta- 
quer l'ennomii  p.'irtout  où  11  voudra  tenir,  avec  dos 

forces  doubles 

(L'Empereur  au  M«l  Sonlt,  5  octobre  180n.) 


lÉNA 


AVEC    DEUX    CARTES    ET    TROIS    CROQUIS 


1»ARIS 
LIBRAIRIE  MILITAIRE  RERGER-LEVRAULT  ET  C 

5,  rue  des  Beaux- Arts,  5 
MÊME    MAISON    A     NANCY 

1887 

Tous  droUa  réservés 


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PRÉFACE 


Après  avoir  lu,  en  1875,  la  correspondance  de  l'Empe- 
reur, j'ai  recherché,  pour  certaines  campagnes,  les  ordres  . 
de  Vétat-major  annoncés  par  TEmpereur  dans  ses  instruc- 
tions et  les  rapports  des  Maréchaux  rendant  compte  de 
l'exécution  des  ordres.  Ce  sont  ces  travaux  préliminaires 
qui  m'ont  permis,  en  1879,  lorsque  j'étais  employé  à 
l'état-major  de  la  2°  division  de  cavalerie,  de  présenter 
des  renseignements  sur  le  rôle  de  la  cavalerie  pendant  le 
mois  d'octobre  1806.  Encouragé  par  le  général  de  Verné- 
ville  qui  sentait  les  enseignements  à  tirer  de  ces  vieux 
papiers,  et  par  M.  le  général  de  Galliffet,  j'ai  poursuivi 
mes  recherches  sur  le  service  des  troupes  à  cheval  en  m'ap- 
puyant  sur  les  documents  de  la  campagne  de  Pologne. 
Aujourd'hui  je  reviens  en  arrière  pour  ne  pas  laisser 
incomplète  cett«  campagne  de  Prusse  dont  nous  n'avons 
pas  de  relation  militaire. 

Mon  but  principal  est  de  dégager  la  figure  du  Comman- 
dant en  chef  sur  lequel  tout  repose.  «  A  la  guerre  les 
«  hommes  ne  sont  rien,  c'est  un  homme  qui  est  tout*.  »  — 
Je  veux  le  montrer  organisant  son  armée,  la  rassemblant, 
la  mettant  en  marche,  la  concentrant  pour  livrer  bataille. 


1.     L*Empereuf,  Notes  sur  les  affaires  d'Espagne,  80  août  1808. 


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399891 


VllI  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

la  lançant  à  la  poursuite  de  Tennemi  battu,  tirant  de  la 
victoire  tout  le  parti  possible^  enfin  réparant  ses  pertes 
pour  être  prêt  à  de  nouveaux  événements,  travail  immense 
que  lui  seul  peut  diriger. 

Écrire  l'histoire  d'une  campagne  en  publiant  les  ordres 
et  les  rapports  est  le  seiil  moyen  d'avoir  des  faits  une 
relation  vraie  et  exacte.  —  Le  Commandant  en  chef  ne 
donne  d'ordres  verbaux  que  sur  le  champ  deTataille:  il 
voit  rarement  les  commandants  des  armées  et  des  corps 
d'armée  et  ne  communique  avec  eux  que  par  des  ordres 
écrits  expédiés  par  son  chef  d'état-major;  il  leur  adresse 
cependant  lui-même  des  instructions  pour  expliquer  les 
ordres  transmis  par  l'état-ijiajor. 

De  même,  les  commandants  des  armées  et  des  corps 
d'armée  ne  font  jamais  de  comptes  rendus  verbaux  au 
Commandant  en  chef.  C'est  à  l'aide  de  leurs  rapports 
écrits,  des  rapports  écrits  de  la  cavalerie  et  des  émissaires, 
des  interrogatoires  de  prisonniers  que  le  Commandant  en 
chef  décide  ses  opérations.  La  publication  de  ces  pièces 
permet  donc  de  vivre  la  vie  du  Commandant  de  l'armée 
et  de  suivre  le  développement  de  sa  pensée. 

Je  n'ai  voulu  savoir  de  l'armée  prussienne  que  ce  que 
l'Empereur  en  a  su  lui-mSme  au  jour  le  jour  par  les 
renseignements  des  officiers  envoyés  en  reconnaissance, 
des  émissaires  et  de  la  cavalerie,  renseignements  qui  lui 
ont  permis  de  modifier  ses  combinaisons.  J'ai  eu  l'inten- 
tion d'étudier  la  conduite  des  armées  d'après  la  campagne 
de  l'Empereur  et  de  faire  non  pas  un  travail  de  critique 
liistorique,  mais  un  travail  exclusivement  militaire. 

Indépendamment  des  observations  que  m'ont  suggérées 
les  instructions  de  l'Empereur  et  que  j'ai  consignées  pen- 


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PRÉFACE.  IX 

(lant  le  cours  des  opérations,  j'ai  réuni  en  un  faisceau 
quelques  autres  observations  sur  les  marches  et  le  combat. 

Je  ne  saurais  trop  appeler  l'attention  : 

Pour  les  marches,  sur  la  nécessité  de  serrer  les  colonnes 
de  marche,  de  réduire  la  profondeur  des  corps  d'armée 
et  par  suite  les  convois  qu'ils  traînent  après  eux  ; 

Pour  le  combat,  sur  la  faiblesse  des  lignes  déployées 
et  la  nécessité  des  petites  colonnes  pour  pousser  en  avant 
la  ligne  de  combat. 

Si  je  réussis  à  faire  partager  mon  opinion,  je  serai 
payé  de  ma  peine. 

Août  1887. 

P.    FOUCART. 


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DE    L'ÉTUDE 
DE    L'HISTOIRE   DES   GUERRES 


«  Les  principes  de  l'art  de  la  guerre  sont  ceux  qui  ont  di- 
«  rigé  les  grands  capitaines  dont  Thistoire  nous  a  transmis 
«  les  hauts  faits  :  Alexandre,  Annibal,  César,  Gustave-Adol- 

«  phe,  Tarenne,  le  prince  Eugène,  Frédéric-le-Grand 

«  L'histoire  de  leurs  quatre-vingt-trois  campagnes  serait  un 
«  traité  complet  de  Tart  de  la  guerre  5  les  principes  que  l'on 
«  devrait  suivre  dans  la  guerre  défensive  et  offensive  en  dé- 

<  couleraient  comme  de  source 

«  La  tactique,  les  évolutions,  la  science  de  l'ingénieur  et 
«  de  l'artilleur  peuvent  s'apprendre  dans  des  traités  à  peu 
«  près  comme  la  géométrie  ;  mais  la  connaissance  des  hautes 
«  parties  de  la  guerre  ne  s'acquiert  que  par  l'étude  de  l'his- 
«  toire  des  guerres  et  des  batailles  des  grands  capitaines  et 

<  par  l'expérience.  11  n'y  a  pas  de  règles  précises,  détermi- 
«  nées  ;  tout  dépend  du  caractère  que  la  nature  a  donné  au 

<  général,  de  ses  qualités,  de  ses  défauts,  de  la  nature  des 
«  troupes,  de  la  portée  des  armes,  de  la  saison  et  de  mille 

<  circonstances  qui  font  que  les  choses  ne  se  ressemblent  ja- 
«  mais.  »  (L'Empereur,  7®  note  sur  les  Considérations  sur  VaH 
de  la  guerre  par  le  général  Rogniat) 


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XII  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

L'étude  de  Thistoire  des  guerres  doit  donc  se  faire  à  deux 
points  de  vue  : 

1**  Au  point  de  vue  des  hautes  parties  de  la  guerre  :  c'est 
Tétude  des  principes  et  des  règles  de  Tart  de  la  guerre  que 
l'on  cherche  à  dégager  des  opérations  du  Commandant  en 
chef:  «  L'art  de  la  guerre  est  un  art  simple  et  tout  d'exécu- 
^  tion  :  il  n'a  rien  de  vague  ;  tout  y  est  bon  sens  ;  rien  n'y 
«  est  idéologie.  »  (L'Empereur,  Première  observation  sur  lès 
Wnements  militaires  de  1799,) 

2**  Au  point  de  vue  de  l'organisation  et  des  besoins  des 
nrmées,  ainsi  que  de  la  conduite  des  troupes  :  c'est  l'étude 
des  détails  innombrables  que  comportent  les  préparatifs  et 
l'tixécution  de  la  guerre. 

La  première  étude  est  indépendante  des  temps,  ainsi  que 
l'Empereur  le  prouve  dans  son  exposé  des  campagnes  des 
hommes  de  guerre  de  tous  les  âges  qu'il  cite  comme  modèles  ; 
ï^lle  demande  un  examen  raisonné  des  opérations  des  grands 
capitaines  ;  elle  peut  s'appliquer  aussi  bien  à  César  qu'à  Na- 
poléon ;  mais  elle  se  fait  avec  d'autant  plus  de  fruit  que  l'on 
]ïOssède  leur  correspondance,  leurs  instructions,  et  que  l'on 
peut  saisir  le  développement  de  leur  pensée.  Les  campagnes 
de  l'Empereur  sont  donc  les  plus  profitables  pour  nous,  puisque 
sa  correspondance  existe  ainsi  que  la  plus  grande  partie  des 
Hfdres  donnés  en  son  nom  par  son  major  général. 

La  seconde  étude  exige  en  outre  les  rapports  des  officiers 
généraux,  leurs  instructions  aux  troupes,  leurs  registres  de 
correspondance,  des  états  de  situation,  etc.  Toute  d'investi- 
gations et  de  détails,  elle  ne  peut  être  faite  que  pour  l'armée 
nationale  avec  les  ressources  des  archives,  et  elle  est  limitée 
aux  armées  organisées,  comme  les  armées  actuelles,  en  divi- 
sions et  corps  d'armée. 


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ÉTUDE    DE    l'histoire    DES    GUERBES.  XIII 

Pour  moi,  je  trouve  un  intérêt  puissant  à  observer  au  jour 
le  jour  les  différents  actes  de  la  guerre  suivant  leur  enchaî- 
Bcment  naturel  au  fur  et  à  mesure  que  les  événements  se 
déroulent,  et  à  en  tirer  un  enseignement  pour  Tavenir.  C^est 
la  méthode  que  j'ai  suivie  dans  ce  livre  d'instruction  ;  je  la 
préfère  à  toute  autre  *  et  je  crois  qu'on  pourrait  en  faire  l'es- 
sai à  l'Ecole  militaire  supérieure,  au  moins  pour  l'étude 
d'une  campagne  de  l'Empereur.  On  verrait  si  l'on  excite  la 
curiosité  et  l'intérêt  des  officiers. 

On  prétend  que  le  premier  Empire  est  trop  loin  de  nous, 
que  les  guerres  de  1866  et  de  1870  contiennent  seules  des 
enseignements  pour  les  armées  actuelles.  C'est  une  opinion 
contre  laquelle  je  m'inscris  en  faux.  Nous  ne  connaissons 
pas  assez  les  guerres  de  l'Empire,  nous  ne  savons  pas  le 
parti  qu'on  en  peut  tirer.  Si  nous  nous  étions  donné  la  peine 
de  pénétrer  dans  le  détail  des  opérations  et  d'observer,  nous 
aurions  résolu  depuis  longtemps  toutes  les  questions  qui  se 
posent  aujourd'hui  devant  le  public  militaire*.  Mais  c'est 
pitié  de  vouloir  dessiller  les  yeux  de  qui  ne  veut  pas  voir. 

N'ai-je  pas  trouvé  dans  cette  guerre  de  l'Empire  matière 
à  observations  sur  les  sujets  le  plus  à  l'ordre  du  jour,  le  ser- 
vice de  la  cavalerie  en  avant  des  armées  et  sur  le  champ  de 

1-  Surtout  à  celle  qui  prend  les  différuolcs  parties  do  la  guorio  les  unes 
iprés  les  autres,  le  projet  d'opérations,  la  ligne  d'opérations,  etc.,  épuise  le 
^lijet  d'un  seul  coup  pour  n'y  plus  revenir,  sans  mettre  le  moindre  lien  entre 
'les  objets  qui  dépendent  essentiellement  les  uns  des  aulrps  et  se  dévelop- 
pent en  môme  temps.  L'histoire  d'une  campagne  faite  comme  je  la  comprends 
•^1  comme  je  la  présente  ici,  c'est  la  condamnation  do  tous  les  traités  d'art 
niiiitaire. 

J'ajouterai  que  je  me  suis  servi  exclusivement  d'expressions  françaises. 
Noire  langue  est  assez  riche  pour  que  nous  puissions  exprimer  tout  ce  que 
'lous  avons  à  dire  sans  emprunter  les  locutions  inventées  par  les  étrangers. 

i.  El  ce  n'est  pas  d'hier  que  je  pense  à  ces  questions.  Un  livre  de  celle 
taille  ne  se  fait  pas  en  un  jour.  J'en  appelle  à  ceux  qui  ont  entrepris  de 
semblables  travaux  ! 


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XIV  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

bataille,  les  dispositions  de  combat  des  années  et  des  corps 
d'armée,  les  formations  à  adopter,  la  place  de  Tartillerie 
dans  les  colonnes  et  sur  le  champ  de  bataille,  le  service  de 
l'état-major,  etc.  ?  De  l'observation  de  l'armée  de  l'Empe- 
reur*, de  l'organisation  de  ses  colonnes  d'armée,  ne  suis-je 
pas  arrivé  à  conclure  qu'il  faut  toujours  marcher  sur  deux 
corps  d'armée  de  profondeur,  qu'il  faut  serrer  les  colonnes, 
qu'il  faut  réduire  les  convois,  les  rejeter  en  arrière,  que 
l'organisation  uniforme  des  corps  d'armée  à  2  divisions  ne 
répond  pas  à  toutes  les  situations  de  la  guerre,  qu'il  en  faut 
à  3  divisions*?  Toutes  ces  vérités  n'éclatent-elles  pas  de 
l'examen  de  cette  campagne  de  1806?  Où  les  découvrir 
d'une  façon  aussi  nette  dans  les  guerres  contemporaines? 
Ce  qu'il  faut  apprendre,  ce  ne  sont  pas  les  guerres  récentes, 
mais  les  guerres  des  grands  capitaines*.  Il  est  trop  vrai 
qu'en  1870  la  France  n'avait  pas  de  grands  généraux  et  que 
ceux  qui  se  sont  produits  n'ont  pas  eu  à  leur  disposition  les 
moyens  nécessaires.  Pour  ne  pas  faire  un  travail  stérile  sur 
1870,  c'est  chez  l'étranger  qu'il  faut  chercher  l'offensive. 
Vainqueurs,  il  est  vrai,  mais  vainqueurs  surtout  par  notre 
défaut  d'organisation  et  notre  défaut  de   commandement. 


1.  L'arnitSo  de  l'Empereur,  c'est  une  de  nos  armées  aclueUea.  Les  détails 
sont  les  mômes  encore  maintenant  dans  nos  armées.  Quant  aux  hautes  parties 
<ie  la  guerre,  elles  sont  indépendantes  de  la  force  des  armées,  mais  elles 
exigent  de  n'ôtro  étudiées  que  chez  de  grands  capitaines. 

2.  Les  idées  que  j'exprime,  je  les  trouve  aujourd'hui  en  lisant  l'analyse  do 
l'ordonnance  sur  le  service  en  campagne  de  l'armée  allemande  dans  la  Revue 
niilUaire  de  l'étranger  du  30  août  1887.  —  Les  idées  qui  semblent  neuves  no 
viennent  que  par  l'observation. 

3.  Une  campagne  n'est  digne  d'étude  qa'aulant  qu'elle  contient  un  ensei- 
gnement. 

Loin  de  moi  de  dire  qu'il  faille  négliger  les  campagnes  récontes  II  faut 
leur  accorder  la  part  à  laquelle  elles  ont  droit.  Mais  il  ne  faut  pas  s*y  consa- 
crer exclusivement,  et  c'est  la  tendance  actuelle  :  il  faut  aussi  apprendre  le 
passé  en  vue  de  l'avenir. 

Une  armée  qui  voit  la  lutte  devant  elle  et  qui  renierait  les  leçons  de  son 
1)1  us  grand  homme  de  guerre,  mériterait  la  défaite. 


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éTUOE    DE    l'histoire    DES    GUERRES.  XV 

Croient-ils  eux-mêmes  avoir  trouvé  une  formule  invariable 
pour  fixer  la  victoire  ?  Non,  puisqu^ls  ont  modifié,  qu'ils 
modifient  tous  les  jours  leur  organisation  et  leurs  procédés 
d'exécution.  Je  suis  indigné  de  voir  la  France  à  la  re- 
morque de  ses  adversaires.  Profitons  simplement  de  l'expé- 
rience de  nos  pères.  De  l'observation,  du  raisonnement,  du 
bon  sens^.  Soyons  nous-mêmes.  Français,  notre  nom  n'en 
vaut- il  pas  un  autre? 


1.   Nous  sommes  des  hommes  d'acliou  ;  ce  sonl  des  fuils  et  non  Oes  tliéurios 
qu*il  nous  faut. 


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ERRATA 

Pago. 

Ligne. 

Au  Hou  de  : 

Liies  : 

72 

2 

19-39  septembre 

iS^iS  septembre. 

82 

29 

en  rassemblemeat 

au  rassemblement. 

86 

27 

renonveler 

renouveler. 

176 

24 

connaissances 

reconnaissances. 

200 

21 

expliquer 

appliquer. 

217 

7 

toute  de  prévoyance* 

toute*  de  prévoyance. 

414 

5 

je  mètablis 

je  m'établis. 

421 

29 

Gowroux 

Conroux. 

700 

35 

delà 

délai. 

703 

30 

position* 

position. 

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PREMIERS  INDICES  DE  GUERRE 
2  août  —  4  septembre. 


Bien  que  cette  relation  ait  un  caractère  absolument  militaire, 
quelques  éclairciBsements  diplomatiques  préliminaires  donnés  par 
r Empereur  lui-même  ne  sauraient  être  inutiles. 


L  EMPEREUR   A   M.    DE   TALLEYRAND. 

Saint-Cloud,  2  août  1806. 

Monsieur  le  prince  de  Bénévent,  je  vous  envoie  les  lettres 
(lu  duc  de  Clèves.  Je  vous  prie  de  me  les  renvoyer  lorsque 
vous  en  aurez  pris  connaissance.  Mon  intention  est  que  vous 
expédiez  à  Berlin  un  courrier  extraordinaire  à  M.  Laforest, 
pour  l'informer  confidentiellement  de  ce  qui  se  passe.  J'envoie 
Tordre  positif  au  duc  de  Clèves  de  ne  se  permettre  aucune 
hostilité  directe  ni  indirecte  envers  la  Prusse.  Le  but  de 
votre  dépêche  à  M.  Laforest  sera  donc  de  lui  faire  connaître 
que,  si  le  cabinet  prussien  apprenait  qu'il  fût  arrivé  quelque 
chose  de  grave,  il  doit  déclarer  que,  dans  un  moment  où  je 
ne  fais  point  ma  paix  avec  l'Angleterre  pour  ne  point  priver 
la  Prusse  du  Hanovre,  je  n'ai  certainement  point  le  dessein 
de  rien  faire  contre  elle  ;  que,  si  le  duc  de  Clèves  n'a  point 
été  prévenu,  c'est  que  l'on  n'avait  pas  prévu  que  les  pays 
fussent  occupés  par  des  troupes  prussiennes.   Je  n'ai   pas 
besoin  de  vous  dire  que,  s'il  ne  se  passe  rien,  M.  Laforest 
ne  doit  rien  dire.  Réitérez-lui  qu'à  tout  prix  je  veux  être 
bien  avec  la  Prusse,  et  laissez-le  s'il  le  faut  dans  la  convic- 
tion que  je  ne  fais  point  la  paix  avec  l'Angleterre  à  cause  du 
Hanovre, 


CAMP.   DC   PRrSRB. 


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3'.  ::•:-•:••• campî^gne  de  prusse. 

^'::':y:\:   il. .[/:,..} 

L*EMPEREUR   AU   PRINCE   JOACHIM. 

Saint-Gloud,  a  août  i806. 

Mon  cousin,  je  reçois  votre  lettre.  La  résolution  où  vous 
êtes  de  repousser  par  la  force  les  Prussiens  du  pays  qu'ils 
occupent  est  une  véritable  folie  ;  ce  serait  alors  vous   qui 
insulteriez  la  Prusse,  et  cela  est  très  contraire  à  mes  inten- 
tions. Je  suis  en  bonne  amitié  avec  cette  puissance,  je  cesse 
de  faire   la  paix  avec  TAngleterre  pour  lui  conserver  le 
Hanovre;  jugez  après  cela  si  je  voudrais  me  brouiller  avec 
elle  pour  des  bêtises.  Je  veux  m* entendre  à  Tamiable  avec 
elle.  S'il  y  a  des  troupes  prussiennes  dans  les  pays  que  vous 
devez  occuper,  gardez -vous  de  leur  faire  aucune  offense,   et 
ne  donnez  aucun  prétexte.   Je  suis,   encore  une  fois,   en 
bonne  harmonie  avec  la  Prusse.  Nos  propos  doivent  être  très 
rassurants.  Je  ne  puis  vous  exprimer  la  peine  que  j'éprouve 
en  lisant  vos  lettres  ;  vous  êtes  d'une  précipitation  désespé- 
rante. Votre  rôle  est  d'être  conciliant  et  très  conciliant  avec 
les  Prussiens,  et  de  ne  faire  aucun  pas  qui  leur  nuise.  Le 
premier  mal  vient  de  l'occupation  de  Werden,  que  vous  ne 
deviez  pas  occuper.  Ce  n'était  pas  votre  affaire. 

La  division  Dupont  se  rend  sur  l'Inn  ;  vous  ne  devez  en 
disposer  en  rien.  Vous  ne  savez  pas  ce  que  je  fais.  Restez 
donc  tranquille.  Avec  une  puissance  comme  la  Prusse,  on 
ne  saurait  aller  trop  doucement.  La  division  Dupont  a  ordre 
de  se  cantonner  depuis  Cologne  jusqu'à  Coblentz,  et  de  là 
rejoindre  l'année.  Ne  dérangez  aucune  de  mes  dispositions. 

l'empereur  au  prince  primat. 

Saint-Cloud,  13  août  1S06. 

J'ai  reçu  la  lettre  de  Votre  Altesse,  du  4  août.  Je  ne  veux 
pas  tarder  un  moment  à  lui  exprimer  tout  le  plaisir  que 
j'éprouve  des  nouveaux  liens  qui  viennent  de  s'établir.  J'ai 
contracté  l'obligation  de  protéger  les  États  de  la  Confédéra- 


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PREMIERS    INDICES    DE    GUERRE. 


tion  ;  le  bonheur  des  peuples  et  des  souverains  qui  compo- 
sent cette  Confédération  fera  partie  du  mien  propre  ;  leurs 
droits  et  leurs  intérêts  me  seront  constamment  sacrés,  et  je 
les  défendrai  avec  énergie.  Je  me  plais  à  lui  donner  cette 
afisurance,  ainsi  que  celle  de  la  parfaite  amitié  que  je  lui 
porte.  Je  lirai  avec  la  plus  grande  attention  les  statuts  fon- 
damentaux que  Votre  Altesse  m'envoie,  et  je  les  tiens  déjà, 
par  cela  seul  qu'ils  viennent  d'elle,  comme  propres  à  rem- 
plir le  but  que  se  propose  la  Confédération.  Je  ne  tarderai 
pas,  du  reste,  à  lui  écrire  plus  particulièrement  sur  cet 
objet.  Je  sais  que  Votre  Altesse  aurait  préféré  que  la  Confé- 
dération embrassât  tous  les  États  de  l'Empire  germanique  ; 
mais  comment  y  faire  entrer  la  Suède,  la  Prusse  et  l'Autri- 
che? Quant  à  la  Hesse  et  à  la  Saxe,  je  n'ai  pu  faire  autre 
chose  que  ce  que  j'ai  fait,  de  leur  laisser  pleine  et  entière 
liberté.  Il  est  bon  qu'ils  sachent  qu'ils  sont  parfaitement 
libres,  qu'aucune  puissance  ne  sera  dans  le  cas  de  leur  forcer 
la  main,  et  qu'ils  sont  maîtres  de  suivre  sans  réserve  l'in- 
térêt de  leur  souveraineté.  Mais,  du  moment  que  ces  princes 
témoigneront  directement  ou  indirectement  le  désir  de  faire 
partie  de  la  Confédération,  vous  pouvez  les  mettre,  en  mon 
nom,  à  l'abri  de  toute  crainte  du  ressentiment  de  qui  que  ce 
soit.  Je  n'ai  point  manifesté  mes  intentions  à  mon  cabinet  ; 
mes  ministres  auprès  de  ces  princes  n'ont  reçu  aucune  ins- 
truction, tant  il  est  dans  ma  volonté  de  leur  laisser  liberté 
entière  et  absolue. 


l'empereub  a  m.  de  tallëyrand. 

Saint-Cloud,  U  août  1806. 

La  première  chose  à  faire  à  Francfort  est  une  déclaration, 
dont  je  vous  prie  de  me  faire  la  minute  :  que  le  territoire  de 
la  Confédération  est  inviolable  ;  qu'aucune  puissance,  quelle 
qu'elle  soit,  ne  peut  entrer,  armée  ni  désarmée,  sur  ce  terri- 
toire, sans  se  mettre  en  état  de  guerre  avec  la  Confédération  ; 
qu'aucun  membre  de  la  Confédération  ne  peut  accorder  pas- 


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4  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

sage  à  aucun  homme  armé ,  ni  envoyé  des  puissances  étran- 
gères aux  confédérés  ;  que,  quant  aux  Etats  enclavés  dans 
le  territoire  de  la  Confédération,  les  souverains  peuvent  en 
jouir,  mais  en  n'y  employant  que  des  troupes  du  pays,  et 
sans  qu'elles  puissent  communiquer  avec  celles  de  leurs 
autres  Etats. 

l'empereur  au  major  général. 

Rambouillet,  17  ooilt  180C. 

Je  suis  venu  passer  quelques  jours  k  Rambouillet. 

Il  faut  songer  sérieusement  au  retour  de  la  Grande  Armée, 
puisqu'il  me  paraît  que  tous  les  doutes  d'Allemagne  sont 
levés.  Je  crois  qu'il  n'y  a  pas  d'inconvénient  à  ce  que  vous 
fassiez  continuer  leur  marche  aux  prisonniers  autrichiens  ; 
cela  débarrassera  d'autant  le  territoire  de  nos  alliés.  Vous 
pouvez  annoncer  que  l'armée  va  se  mettre  en  marche  ;  mais, 
dans  le  fait,  je  ne  veux  rendre  Braunau  que  quand  je  saurai 
si  le  traité  avec  la  Russie  a  été  ratifié.  Il  a  dû  l'être  le 
15  août;  ainsi  dans  dix  jours  j'en  aurai  la  nouvelle.  Cepen- 
dant il  faut  cesser  tout  préparatif  de  guerre  et  ne  faire  passer 
le  Rhin  à  aucun  autre  détachement,  et  que  tout  le  monde  se 
tienne  prêt  à  repasser  en  France. 

Je  ne  sais  pas  encore  comment  l'amiral  russe  qui  croise 
devant  Cattaro  a  reçu  la  nouvelle  de  la  paix,  et  s'il  a  cessé 
les  hostilités.  Cependant,  le  25  juillet,  la  nouvelle  de  la  paix 
est  partie  de  Vienne,  et  le  27,  d'Ancône.  Il  me  semble  donc 
que  je  ne  devrais  pas  tarder  à  en  avoir  des  nouvelles.  En 
général,  vous  pouvez  annoncer  que  dans  les  premiers  jours 
de  septembre  on  se  mettra  en  marche  pour  rentrer  en  France. 


Le  17  août,  rEmpereur  ne  pensait  donc  nullement  à  faire  lagaerre 
à  la  Prusse  et  songeait  au  contraire  au  retour  de  son  armée  en 
France.  La  première  nouvelle  des  armements  de  la  Prusse  ne  lui 
parvint  que  le  22  août.  La  guerre  étaft  décidée  en  Prusse  depuis 
le  9. 


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PREIkCIERS    INDICES    DE    GUERRE. 


L  EMPEREUR  À  M.    DE   TALLETRAND. 

Rambouillet,  22  août  1806. 

La  lettre  de  M.  Laforest,  du  12  août,  me  paraît  une  folie. 
C'est  un  excès  de  peur  qui  fait  pitié.  Il  faut  rester  tranquille 
jusqu'à  ce  que  Ton  sache  positivement  à  quoi  s'en  tenir.  Ne 
dites  rien  à  M.  Lucchesini  ;  s'il  vient  vous  parler,  faites-lui 
des  reproches  sur  sa  conduite  personnelle,  sur  ce  qu'il  va 
prendre  des  renseignements  chez  les  agioteurs,  et  qu'il  écrit 
à  sa  Cour  des  choses  absurdes  et  bêtes  qui  lui  font  faire  des 
folies.  S'il  vous  parle  de  la  Saxe  et  de  la  Hesse,  vous  lui 
direz  que  vous  ne  connaissez  pas  mes  intentions  ;  s'il  vous 
parle  de  Hamburg,  Brème  et  Lubeck,  vous  lui  direz  que  ma 
résolution  est  qu'elles  restent  villes  hanséatiques.  Vous  écri- 
rez dans  ce  sens  à  M.  Bourrienne,  et  vous  en  parlerez  aux 
députés  de  ces  villes  à  Paris.  Vous  enverrez  un  courrier  à 
M.  Laforest  pour  lui  faire  connaîti'e  qu'il  doit  rester  tran- 
quille, observer  tout  en  me  mandant  tout  ;  battre  en  froid  ; 
que,  si  on  lui  parle  de  la  Confédération  du  Nord,  il  dise  qu'il 
n  a  pas  d'instructions  -,  que,  s'il  est  question  des  villes  han- 
séatiques, il  déclare  que  je  ne  souffrirai  pas  qu'il  soit  rien 
cliangé  i  leur  état  actuel,  vu  que  le  commerce  de  la  France 
y  est  trop  intéressé  ;  que,  du  reste,  il  porte  une  grande 
attention  à  m'instruire  exactement  et  en  détail  des  progrès 
de  l'armement. 

Quant  à  la  Confédération  du  Rhin,  il  faut  écrire  à 
M.  Hédouville  que  les  bases  que  m'a  envoyées  le  prince  Pri- 
mat me  paraissent  bonnes  ;  mais  qu'il  faut  les  faire  goûter 
aux  autres  princes  de  la  Confédération,  et  faire  en  sorte 
qu'ils  soient  lésés  le  moins  possible  dans  leur  indépendance; 
qu'il  faut  donc  attendre  encore  un  peu  que  tout  se  débrouille  ; 
que  le  premier  acte  qu'il  paraît  convenable  de  faire  est  un 
acte  d'inviolabilité  du  territoire  de  la  Confédération,  pour 
en  interdire  le  passage  à  qui  que  ce  soit,  et  convenir  de  se 
secourir  mutuellement  s'il  était  violé.  Je  désirerais  n'être 


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b  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

point  chargé  seul  de  rinitiative  des  décrets,  mais  qu'ils  me 
fussent  demandés  par  la  Confédération,  et  que,  lorsqu'ils  me 
seraient  adressés,  je  fisse  une  espèce  de  dictature  à  peu  près 
dans  le  sens  de  votre  rapport.  Mon  intention  est  qu'aucun 
Prussien,  ni  autre,  ne  puisse  passer  sur  le  territoire  de  la 
Confédération,  et  qu'aucun  confédéré  n'accorde  le  passage 
sans  le  consentement  de  tous.  Préparez-moi  tout  ce  que  je 
dois  faire  pour  la  prochaine  réunion... 


l'eMPEBEUR  àU   major   GENERAL. 

Rambouillet,  S6  août  I8O6. 

J'imagine  que  vous  n'avez  pas  perdu  un  moment  à  mettre 
en  possession  les  princes  de  la  Confédération  du  Rhin.  Si 
vous  ne  l'avez  pas  fait,  faites-le  sans  délai.  Placez  les  troupes 
bavaroises  dans  Nuremberg  et  dans  le  territoire.  Faites 
planter  sur  les  limites  les  poteaux  portant  d'un  côté  les 
armes  de  Bavière  et  de  l'autre  Confédération  du  Rhin.  Cela 
fait,  vous  ferez  éloigner  mes  troupes  de  Nuremberg,  ayant 
l'air  de  se  rapprocher  du  Rhin,  et  vous  laisserez  les  Bavarois 
en  contact  avec  Baireuth.Vous  conseillerez  au  roi  de  Bavière 
de  placer  un  bon  corps  de  troupes  à  Nuremberg  et  environs. 

Vous  engagerez  le  roi  de  Wurtemberg  à  faire  de  même,  de 
manière  que  mes  troupes  soient  le  moins  possible  en  contact 
avec  le  territoire  prussien.  Enfin  vous  ferez  courir,  de  toutes 
manières,  le  bruit  que  toutes  les  troupes  rentrent.  Vous  ferez 
effectivement  mettre  en  marche  quelques  charrois  d'artillerie, 
et  vous  donnerez  à  tous  les  gros  bagages  un  mouvement  sur 
le  Rhin.  Donnez  ordre  que  rien  de  ce  qui  est  à  Strasbourg  et 
Mayence  ne  passe  le  Rhin,  et  que  tout  ce  qui  serait  sur 
le  Rhin,  venant  de  l'intérieur,  attende  à  Strasbourg  et  à 
Mayence. 

Le  cabinet  de  Berlin  s'est  pris  d'une  peur  panique.  Il  s'est 
imaginé  que,  dans  le  traité  avec  la  Russie,  il  y  avait  des 
clauses  qui  lui  enlevaient  plusieurs  provinces.  C'est  à  cela 
qu'il  faut  attribuer  les  ridicules  armements  qu'il  fait,  et 


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PREMIERS   INDICES    DE    GUERRE.  7 

auxquels  il  ne  faut  donner  aucune  attention,  mon  intention 
étant  eflFectivement  de  faire  rentrer  mes  troupes  en  France. 
J'espère  enfin  que  le  moment  n'est  pas  éloigné  où  vous  allez 
revenir  à  Paris,  et  je  n'ai  pas  moins  d'impatience  que  vous 
et  l'armée  de  vous  revoir  tous  en  France. 


l'empereur  au  major  général. 

SaiDt-Cloud,  s  septembro  1806. 
# 
J'allais  vous  expédier  des  ordres  pour  le  retour  de  l'armée 
quand  j'ai  appris  que  l'Empereur  de  Russie  avait  refusé  de 
ratifier  le  traité.  Il  faut  donc  attendre  quelques  jours  pour 
voir  ce  que  cela  va  devenir,  et  le  parti  auquel  je  m'arrêterai. 
En  attendant  ne  faites  rien.  Envoyez  des  émissaires,' quelques 
officiers  polonais,  sur  la  frontière  de  la  Russie,  pour  s'infor- 
mer de  ce  qui  se  passe.  Demandez  confidentiellement  au  roi 
de  Bavière  de  faire  ouvrir  les  lettres  à  Nuremberg  et  à  Augs- 
burg,  pour  savoir  ce  que  dit  le  commerce  des  affaires  de 
Russie,  et  être  instruit  des  mouvements  des  Russes,  si  jamais 
ils  en  faisaient. 


L  empereur  au   major   GENERAL. 

Saint-Gloud,  4  scptonibro  1806. 

Je  ne  vois  pas  d'inconvénient  à  donner  un  congé  de  vingt 
jours  au  maréchal  Ney  pour  assister  aux  couches  de  sa 
femme.  Il  laissera  ses  chevaux,  ses  bagages  et  ses  aides  de 
camp  à  son  quartier  général  ;  le  plus  ancien  général  de  divi- 
sion de  son  corps  en  prendra  le  commandement. 

Vous  pouvez  donner  au  maréchal  Davout  également  un 
congé  de  vingt  jours,  aux  mêmes  conditions  et  sous  les  mêmes 
prétextes,  s'il  veut  en  profiter. 

Le  maréchal  Lefebvre  prendra  le  commandement  du  corps 
du  maréchal  Mortier,  qui  reviendra  prendre  son  service  près 


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8  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

de  moi.  Il  laissera  cependant  ses  chevaux  et  ses  équip&g^es  à 
Munich  ou  à  Augsburg*. 

L'année  bavaroise  me  fournirait-elle  30,000  hommes  ? 
Faites-moi  connaître  son  état  en  détail.  Toutes  les  nouvelles 
de  Russie  disent  que  les  Russes  veulent  attaquer  Constanti- 
nople  et  que  cette  guen^e  est  très  populaire  à  Saint-Péters- 
bourg ;  cela  est  très  douteux.  Faites-moi  connaître  les  nou- 
velles qui  vous  arrivent  sur  cet  objet.  D'ici  à  quelques  jours 
je  vous  accorderai  aussi  un  congé  ;  je  sais  que  vous  avez 
besoin  de  revenir  à  Paris,  et  je  le  désire  autant  que  vous. 

1.  Le  maréchal  Mortier  partit  le  il  septembre  de  DurenhoflT  pour  aller  près 
de  l'Empereur  faire  sou  service  de  colonel  géucral  de  la  Garde  impériale. 
Le  maréchal  Lefebvre  arriva  au  5*  corps  d'armée  le  il  septembre. 


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PRÉPARATIFS  DE  GUERRE^ 
5-18  septembre. 


l'empebeur  au  Major  général. 

Sainl-GIoud,  5  aeptombre  1806. 

Les  nouvelles  circonstances  de  TEurope  me  portent  à  pen- 
ser sérieusement  à  la  situation  de  mes  armées.  J'ai  déjà  levé 
50,000  hommes  de  la  conscription  de  1806,  qui  s'opère  avec 
facilité,  et  ils  sont  en  marche.  Mon  intention  est  de  faire 
marcher,  sous  peu  de  jours,  les  30,000  hommes  de  la  réserve. 

Les  6  régiments  du  maréchal  Bernadotte  ont  chacun  3  ba- 
taillons. Donnez  ordre  qu'ils  renvoient  à  leurs  dépots  les 
cadres  des  3"  bataillons  avec  les  majors ,  après  avoir  com- 
plété les  2  premiers  bataillons  à  140  hommes  par  compagnie. 
L'existence  de  ces  cadres  est  nécessaire  pour  recevoir  les 
nouveaux  conscrits  que  je  vais  lever. 

Donnez  le  même  ordre  au  maréchal  Augereau,  mon  inten- 
tion étant  que  tous  les  régiments  aient  au  moins  un  bataillon 
eu  France ,  le  3®  pour  ceux  qui  ont  3  bataillons ,  et  le  4*  pour 
ceux  qui  en  ont  4. 

Veillez,  avec  toute  l'attention  dont  vous  êtes  capable,  à 
ce  que  les  cadres  des  3"  ou  4"  bataillons,  les  majors  et  les 
3'*  ou  4'*  chefs  de  bataillon  quittent  la  Grande  Armée  pour 
se  rendre  dans  l'intérieur. 


1.  li'expreasioD  préparatift  de  guerre  est  celle  dont  TËmpereur  se  sert  pour 
indiquer  qu'il  met  soo  armée  on  état  d'entrer  eu  campagne.  Je  l'ai  donc  em- 
ployée à  reiclusioD  de  toute  autre. 


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10  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Il  faut  faire  la  même  opération  pour  la  cavalerie.  Faites 
former  tous  les  régiments  de  Tannée  à  3  escadrons,  et  en- 
voyez aux  dépôts  les  cadres  des  4"  escadrons,  afin  que  Ton 
ait  le  moyen  de  lever  les  chevaux.  J'avais  donné  Tordre  de 
faire  rester  à  Strasbourg  et  à  Mayence  tout  ce  qui  y  était  ; 
levez  cet  ordre,  et  faites  venir  aux  corps  non  seulement  le 
personnel,  mais  même  le  matériel. 

Causez  avec  le  roi  de  Bavière  \  et  faites-lui  sentir  de  quelle 
importance  il  est  qu'il  ne  soit  pas  exposé  à  une  agression  de 
la  Prusse  ou  de  la  Russie,  et  que  Tarmée  ne  quitte  pas  l'Al- 
lemagne que  tout  ne  soit  pacifié.  Le  pays  de  Wllrzburg  a 
été  le  plus  ménagé  ;  il  n'y  a  pas  de  mal  d'y  mettre  des  trou- 
pes pour  soulager  un  peu  la  Bavière.  Je  vais  lever  les  prohi- 
bitions' et  faire  passer  à  l'armée  tout  ce  qui  est  possible  et 
tout  ce  qui  se  trouve  dans  l'intérieur'.  Donnez  ordre  au 
21*  régiment  d'infanterie  légère,  de  la  division  Gazan,  qui 
est  à  Dusseldorf,  de  rejoindre  cette  division,  seulement  les 
deux  premiers  bataillons^;  le  3*  restera  à  Wesel.  Les  100* 
et  103*  ont,  je  crois,  2,800  hommes  à  l'armée  ;  il  faut  garder 
les  3  bataillons  en  les  organisant  à  8  compagnies,  et  ren- 
voyer les  cadres  de  3  compagnies  au  dépôt*;  car  2,800  hom- 
mes ne  peuvent  être  formés  en  2  bataillons. 

Faites  rédiger  et  envoyez-moi  l'état  de  situation  générale 
de  la  Grande  Armée  '. 


1.  Le  major  général  était  à  Munich. 

s.  Prohibitions  de  laisser  passer  le  Rhin  aux  détachements  venant  de  Tio- 
té  rieur  à  destination  de  la  Grande  Armée.  Dépêche  du  36  août  au  major  gé- 
néral. 

s.  Par  suite  de  cet  ordre,  les  jeunes  soldats  de  la  conscription  de  Tan  XIV 
et  les  réserves  appelées  en  fructidor  an  XIII,  qui  n'étaient  arrivés  dans  les 
dépôts  qu  en  frimaire  an  XIV  et  qui  n'avaient  que  dix  mois  de  service,  furent 
envoyés  aux  bataillons  de  guerre  pour  les  renforcer. 

4.  Ordre  donné  le  G  septembre  par  le  ministre  Dejeau  aux  8  premiers  ba- 
taillons du  2i«  léger  complétés  à  uo  hommes  par  compagnie  de  quitter  de 
suite  Dusseldorf  pour  se  rendre  à  Wiirzburg  où  ce  régiment  rejoindra  la  divi- 
sion Gazan  du  5«  corps.  Ce  régiment  arriva  à  Mayence  le  S4  septembre  et  en 
repartit  le  25. 

5.  Les  cadres  des  T^^  compagnies  de  fusiliers  furent  renvoyés  en  France. 

G.  L*état  de  situation  générale  de  la  Grande  Armée  était  établi  &  la  date  du 
iw  de  chaque  mois  ;  il  comprenait  Tétat-major  général,  tous  les  corps  d'armée 
(états-majors,  divisions,  cavalerie,  artillerie),  les  services  généraux  de  Tarméei 
les  réserves,  les  troupes  alliées;  il  formait  un  gros  livret  relié. 


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PRÉPARATirS    DE    GUERRE.  11 

L'Empereur  commença  donc  ses  préparatifs  de  guerre  le  5  sep- 
tembre ;  dès  lors  il  donna  sans  interruption  ses  ordres  pour  com- 
pléter Tarmée  au  général  Dejean,  ministre  de  Fadministration  de  la 
guerre,  pour  tout  ce  qui  était  en  deçà  du  Rhin,  et  au  maréchal  Ber- 
thier,  ministre  de  la  guerre,  major  général,  pour  tout  ce  qui  était 
an  delà. 

Le  même  jour  il  indique  au  major  général  Tensemble  de  son  pro- 
jet d'opérations  et  le  point  de  réunion  de  l'armée,  et  lui  ordonne  de 
faire  faire  toutes  les  reconnaissances,  en  précisant  les  points  sur  les- 
quels il  veut  être  particulièrement  éclairé. 


l'eMPEBEUR  au   MAJOB   GENERAL. 

Saint-CIoud,  5  septembre  1806. 

Envoyez  des  officiers  du  génie  faire  de  bonnes  reconnais- 
sances, à  tout  hasard,  sur  les  débouchés  des  chemins  qui 
conduisent  de  Bamberg  à  Berlin.  Huit  jours  après  que  j'en 
aurai  donné  Tordre,  il  faut  que  toutes  mes  armées ,  soit  celle 
de  Francfort,  soit  celle  de  Passau,  soit  celle  de  Memmingen, 
soient  réunies  à  Bamberg  et  dans  la  principauté  de  Baireuth  \ 
Envoyez-moi  l'itinéraire  que  chacune  suivrait  et  la  nature 
des  chemins.  J'imagine  que  le  maréchal  Soult  passerait  par 
Straubing,  le  maréchal  Ney  par  DonauwCrth  et  le  maréchal 
Augereau  par  Wûrzburg.  Je  conçois  qu'en  huit  jours  tous 


1.  Le  i^c  septembre  l'armée  occupait  les  cantonnements  suivants  : 

4*  corps,  m*l  Soult:  quartier  général ,  Passau  ;  —  !'•  div.,  Braunau;  —  8«, 
Laiidshut;  —  8%  Passau;  —  cavalerie  légère,  Noubaus;  —  2»  div.  de  grosse 
ca^TiJerie,  Cham  ;  —  8«  div.  do  dnigons,  Amberg. 

1*'  corps,  m*i  Bernadotte  :  quartier  général,  Anspacb; —  i"  div.,  Anspacb; 
2*,  Furth;  —  cavalerie  légère,  Seeoff;  —  4«  div.  de  dragons,  CEUiugeu  ;  — 
!'•  div.  de  grosse  cavalerie,  Kitzingen. 

6*  corps,  m«i  Mortier:  quartier  général,  DurenholT,  puis  Dinkelsbûhl  le 
U  septembre  ;  —  l'*  div,,  Dinkelsbûbl  ;  —  2*,  Schweinfurt  ;  —  cavalerie  légère, 
BischofTsbeim. 

«•  corps,  m»l  Davout:  quartier  général,  CEllingen;  — 1«*  div.,  Nordlingon  ; 

—  «*,  Hall;  —  3«,  (Ehringen  ;  —  cavalerie  légère,  Mergentheim. 

«•  corps,  m**  Ney:  quartier  général,  Memmingen;  —  i«  div.,  détacbée  à 
Cologne  ;  —  2«,  Memmingen  ;  —  8»,  Altdorf  ;  —  cavalerie  légère,  Allsliauson  ; 

—  2«  div.  de  dragons.  Friburg. 

7*  corps,  m«*  Augereau  :  quartier  général,  Fraucfort  ;  —  1^®  div.,  Friedberg  ; 

—  **,  Dieli;  —  i«  div.  de  dragons,  Siegen. 


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12  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

mes  corps  d'axinée  se  trouveraient  réunis  au  delà  de  Kro- 
nach.  Or,  de  ce  point,  frontière  de  Bamberg,  j'estime  dix 
jours  de  marche  vers  Berlin. 

Dites-moi  quelle  est  la  nature  du  pays  de  droite  et  de 
gauche,  celle  des  chemins  et  des  obstacles  que  l'ennemi 
pourrait  présenter.  Qu'est-ce  que  la  rivière  de  Saale  et  celle 
d'Elster,  à  Géra?  Qu'est-ce  que  la  rivière  de  la  Luppe  et 
celle  de  Pleisse,  vis-à-vis  Leipzig?  Ensuite  qu'est-ce  que  la 
Mulde  à  Dtiben  et  de  là  jusqu'à  son  embouchure  dans  l'Elbe, 
au-dessous  de  Dessau  ?  Enfin  qu'est-ce  que  l'Elbe  qu'on  passe 
à  Wittenberg  ?  Quelle  est  cette  rivière  pendant  un  cours  de 
trente  à  trente-cinq  lieues  en  descendant  depuis  les  frontières 
de  la  Bohême  ;  quels  sont  les  ponts  qui  la  traversent  ?  Com- 
ment sont  fortifiées  les  villes  de  Dresde,  Torgau,  Magde- 
burg?  Vous  pouvez  d'abord  causer  sérieusement  de  tous  ces 
objets  avec  quelque  officier  bavarois  qui  connaisse  bien  le 
pays.  Vous  ferez  ramasser  les  meilleures  cartes  qui  pourront 
se  trouver  à  Munich  et  à  Dresde. 

Vous  enverrez  des  officiers  intelligents  à  Dresde  et  à  Berlin 
par  des  routes  différentes  ;  ils  iraient  demander,  de  votre 
part,  à  MM.  Laforest  et  Durand  ce  que  signifient  les  mouve- 
ments et  rassemblements  des  troupes  prussiennes  ;  ils  diraient 
que  vous  paraissez  très  inquiet  de  tous  ces  mouvements, 
n'ayant  point  reçu  de  Paris  d'ordres  relatifs,  et  que  vous 
ignorez  les  plans  qu'on  peut  avoir.  Celui  qui  irait  à  Dresde, 
dans  le  cas  où  il  n'apprendrait  rien,  se  rendrait  à  Berlin 
aussi.  Ils  s'arrêteraient  partout  en  route  pour  déjeuner,  dîner, 
dormir,  ne  marcheraient  point  de  nuit  et  étudieraient  bien 
par  ce  moyen  le  local.  Donnez-moi  aussi  des  détails  sur  la 
Sprée.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  qu'il  faut  la  plus  grande 
prudence  pour  acquérir  ces  renseignements,  car  je  n'ai  aucun 
projet  sur  Berlin  ;  je  désire  être  fourni  de  ces  détails  unique- 
ment pour  être  en  mesure.  J'imagine  qu'entre  Bamberg  et 
Berlin  il  n'y  a  de  forteresse  que  Magdeburg.  Je  pense  aussi 
qu'on  trouvera  de  quoi  vivre  dans  le  pays  de  Bamberg.  Il  me 
sera  facile  d'approvisionner  WUrzburg.  Il  doit  exister  de 
petites  forteresses  appartenant  soit  à  Wtirzburg,  soit  à  la  Ba- 


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PRÉPARATIFS   DE    GUERRE.  13 

vière,  qu'il   serait  bon  d'occuper  d'avance  ;   faites-les-moi 
connaître. 


Dès  le  premier  jour,  TEmpereur  conçoit  son  plan  d'opérations 
poar  la  Grande  Armée  dans  toute  sa  hardiesse,  avec  cette  résolution 
vigoureuse  qui  est  le  propre  de  tous  ses  actes  ;  il  marque  son  inten- 
tion de  marcher  droit  sur  Berlin.  Ces  renseignements  sont  les  seuls 
qu'il  donnera  par  écrit  au  major  général  sur  ses  projets  généraux. 
Lui  fr-t-il  confié  ensuite  de  vive  voix  son  plan  de  campagne,  une  fois 
arrivé  à  Wllrzburg  ?  H  est  permis  d'en  douter. 

L'Empereur  ordonne  au  major  général  de  prendre  tous  les  rensei- 
gnements dont  il  a  hesoin  pour  mettre  ses  projets  à  exécution.  11 
détermine  lui-même  les  points  sur  lesquels  porteront  les  reconnais- 
sances : 

D'abord  les  débouchés  des  chemins  qui  conduisent  de  Bamberg  sur 
Berlin.  Cette  affaire  est  la  plus  importante  :  comment  l'armée  pas- 
sera-t-elle  la  montagne  ?  combien  y  a-t-il  de  débouchés  ?  quelle  di- 
rection ont-ils  ?  dans  quel  état  sont  les  chemins  dans  la  montagne  ? 
Puis  la  nature  du  pays  de  droite  et  de  gauche,  celle  des  chemins 
et  des  obstacles  que  l'ennemi  pourrait  présenter,  cours  d'e&u  aux 
points  où  l'armée  les  passera,  places  fortes. 

La  manière  de  se  procurer  tous  ces  renseignements  n'est  pas  in- 
différente ;  le  major  général  a  besoin  de  savoir  jusqu'où  il  peut  aller 
dans  ses  procédés  d'information.  L'Empereur  prend  soin  de  le  lui 
indiquer.  Il  causera  d'abord  avec  un  officier  allié  connaissant  bien 
le  pays;  il  fera  ramasser  les  meilleures  cartes  dans  les  grandes  viUes  ; 
puis  II  enverra  des  officiers  en  mission  sous  la  couleur  d'affaires  di- 
plomatiques. 

Le  capitaine  du  génie  Beaulieu  fut  envoyé  à  Berlin  ;  le  chef  de 
bataillon  Guilleminot  à  Dresde. 

L'état-major  peut  recueillir  beaucoup  de  renseignements  de  toute 
espèce  pendant  la  paix;  mais  répondront-ils  aux  besoins  du  comman- 
dant de  l'armée  pour  l'exécution  du  plan  d'opérations  qu'il  conçoit  ? 
Une  étude  de  l'Allemagne,  même  fort  complète,  eût-elle  donné  à 
TEmpereur  tous  les  renseignements  qu'il  désirait  connaître?  Combien 
de  ceux  qui  existent  dans  les  cartons  devront  être  contrôlés  au  der- 
nier moment  par  des  officiers  ou  par  des  agents  sûrs.  Le  commandant 
de  l'armée  peut  donc  seul  ordonner  la  reconnaissance  du  théâtre 
d'opérations,  car  cette  reconnaissance  doit  être  exécutée  selon  ses 
vaes.  Qu'elle  puisse  être  tirée  en  grande  partie  des  documents  déjà 
réunis,  tant  mieux  ;  encore  faut-il  qu'on  lui  présente  le  travail  comme 
il  le  demande  afin  de  lui  faciliter  sa  besogne.  Kecueillir  les  rensei- 
gnements: là  se  borne  le  rôle  de  l'état-major  dans  la  préparation  des 


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14  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

plans  de  campagne  *.  La  conception  du  plan  est  le  travail  du  com- 
mandant de  l'armée.  Tout  doit  être  secret  et  mystère  dans  un  plan, 
de  campagne.  Quel  secret  espérer  d'une  réunion  de  plusieurs  per- 
sonnes ?  Le  commandant  de  l'armée  sera  obligé  de  mettre  bien  assez 
de  monde  dans  sa  confidence  au  moment  de  l'exécution. 

L'indication  donnée  par  l'Empereur  €  Je  pense  aussi  qu'on  trou- 
€  vera  de  quoi  vivre  dans  le  pays  de  Bamberg  »,  devait  suffire  au 
major  général  pour  faire  prendre  tous  les  renseignements  possibles 
sur  les  ressources  du  p&ys,  soit  par  des  officiers  ou  des  agents  envoyés 
de  Munich,  soit  plutôt  par  les  maréchaux  commandant  les  1^'  et 
ô**  corps  qui  étaient  sur  les  lieux,  et  dont  les  états-majors  et  les  or- 
donnateurs pouvaient  se  livrer  à  ces  investigations  sans  recevoir  de 
confidences,  sans  faire  de  bruit  et  sans  éveiller  de  soupçons.  Il  semble 
que  ces  informations  aient  été  négligées  dès  le  jour  où  elles  auraient 
pu  être  prises,  et  cependant  elles  rentrent  bien  dans  les  attributions 
de  l'ét^t-major. 

L'Empereur  avertissait  que  huit  jours  après  qu'il  en  aurait  donné 
Tordre,  il  fallait  que  toutes  ses  armées  fussent  réunies  à  Bamberg  et 
dans  la  principauté  de  Baireuth.  Le  major  général  le  connaissait 
assez  pour  savoir  que,  du  moment  où  il  avait  conçu  un  projet,  il 
pouvait  donner  l'ordre  d'exécution  d'un  instant  à  l'autre.  Le  service 
de  l'état-major  est  parfaitement  clair  et  strict:  une  fois  les  intentions 
du  commandement  connues,  préparer  minutieusement  tout  ce  qui 
sera  nécessaire  et  même  utile  pour  l'exécution.  Un  chef  d'état-major 
doit  savoir  lire  les  instructions  de  son  général. 


Tout  marche  de  front  dans  une  armée  ;  il  est  donc  impossible  de 
séparer  les  mesures  prises  pour  compléter  l'armée  en  personnel  et  en 
matériel  de  celles  qui  ont  pour  but  de  préparer  les  opérations  et  d*eu 
assurer  le  succès.  Pour  que  l'étude  d'une  campagne  soit  profitable, 
il  faut  suivre  au  jour  le  jour  le  développement  de  la  pensée  du  Chef 
de  l'armée  dans  son  ensemble,  en  classant  chaque  objet  à  sa  place 
selon  sa  valeur.  Il  faut  vivre  la  vie  du  Commandant  de  Tarmée  et 
penser  sa  pensée.  Il  faut  voir  avec  lui  à  la  fois  l'ensemble  et  le  détail 
puisqu'à  la  guerre  le  Chef  pense  à  tout  et  s'occupe  de  tout  dans  la 
même  journée,  dans  la  même  heure. 


1.  Lorsque  le  général  en  cher  esl  insufQsanr,  son  chef  d'éiat-major,  quelque 
supérieur  qu'il  soit,  no  saurait  le  suppléer.  Il  n*en  a  pas  rautoritë.  c  A  la 
guerre,  les  hommes  ne  sont  rien,  c*esl  un  hommo  qui  est  tout.  »  L*Empereur, 
l^^olet  tur  les  affaires  d'Espagne,  30  août  1808. 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  15 


l'empereur  au  major  général. 

SaîDt-Cloud,  9  septembre  I8O6. 

Je  remarque  sur  l'état  de  situation  de  la  Grande  Armée, 
en  date  du  l*'  août  (je  n'ai  pas  celui  du  1*'  septembre  *),  que 
tous  les  régiments  de  cavalerie  ont  plus  de  chevaux  que 
d'hommes  ;  cependant  il  existe  encore  beaucoup  d'hommes 
aux  dépots  :  donnez  des  ordres  pour  qu'on  fasse  rentrer  aux 
régiments  assez  d'hommes,  non  seulement  pour  que  tous  les 
chevaux  soient  employés,  mais  encore  qu'il  y  ait  une  cin- 
quantaine d'hommes  par  régiment  pour  remplacer  les  pre- 
miers blessés  ou  malades. 

Si  je  faisais  la  guerre  contre  la  Prusse,  ma  ligne  d'opéra- 
tions serait  Strasbourg,  Mannheim,  Mayence  et  Wttrzburg,  où 
j'ai  une  place  forte  ;  de  sorte  que  mes  convois,  le  quatrième 
jour  de  leur  départ  de  Mannheim  ou  de  Mayence,  seraient  en 
sûreté  à  Wttrzburg.  Je  voudrais,  à  quatre  journées  de  Wttrz- 
burg, sur  le  territoire  bavarois,  avoir  une  petite  place  qui 
puisse  me  servir  de  dépôt.  J'ignore  quelles  forces  peuvent 
avoir  les  petites  places  de  Eronach,  Lichtenfels,  Schesslitz. 
Forchheim  serait  dix  lieues  trop  bas  ;  cependant  il  fau- 
drait s'en  servir  si  l'on  ne  pouvait  s'établir  ailleurs. 

Faites  reconnaître  la  place  de  Kônigshofen  dans  le  pays  de 
Wttrzburg,  au  delà  de  Schweinfurt  ;  je  crois  que  Bamberg 
ne  conviendrait  pas.  Faites  reconnaître  le  Mayn  depuis 
Wttrzburg  jusqu'aux  frontières  du  pays  de  Baireuth,  d'où  il 
Bort.  Faites  aussi  reconnaître  le  haut  Palatinat  jusqu'aux 
frontières  de  la  Saxe  ;  voyez  s'il  s'y  trouve  une  place  où  mes 
convois  puissent  se  rendre  depuis  le  Rhin,  et  qui  puisse  ser- 
vir de  point  d'appui  à  mes  opérations.  Faites  reconnaître  la 
Naab  et  faites  faire  un  grand  croquis  de  cette  rivière  ;  dans 
un  cas  de  guerre,  elle  peut  devenir  très  importante.  Je  ne 
crois  pas  qu'il  y  ait  de  places  fortes  sur  cette  rivière,  maïs 


1.  Le  livret  de  situation  du  i*'  septembre  ne  fut  pas  rédigé. 


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16  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

faites-moi   connaître  ce  qui  en  est.    Dans  tous  les  cas,   la 
place  de  Forchheim  ne  doit  pas  être  négligée.  Concertez- 
vous  avec  le  roi  de  Bavière  pour  qu'il  y  mette  un  comman- 
dant avec  des  munitions  de  guerre  et  de  bouche.  Il  sera  bien 
de  recommander  à  chacun  la  plus  grande  circonspection,  et 
surtout  d'être  bien  avec  les  Prussiens  et  de  maintenir  avec 
eux  la  bonne  intelligence  ;  mais  il  n'y  aura  pas  de  mal  d'an- 
noncer qu'outre  les  50,000  hommes  qui  viennent  d'être  levés, 
je  demande  encore  cent  nouveaux  mille  hommes.   Faites 
observer  Gotha,  Naumburg  et  Leipzig  comme  fortifications, 
et  dites-moi  quelles  places  on  pourrait  trouver  à  l'abri  d'un 
coup  de  main,  entre  Bamberg  et  Berlin,  et  qui  pourraient 
sei-vir  de  centre  aux  positions  de  l'armée.  Vous  sentez  com- 
bien il  faut  d'adresse  pour  cela.  Faites  voir  aux  officiers  du 
génie  combien  j'attachais  d'importance  à  Braunau,  et  combien 
j'en  ai  attaché  à  Augsburg.  Ainsi  il  faut  que  ces  reconnais- 
sances soient  faites  avec  le  plus  grand  soin  et  confiées  à  des 
officiers  de  mérite. 


L'Empereur  fait  connaître  au  major  général  rensemble  de  sa  ligne 
d'opérations  pour  la  première  époque  de  la  guerre,  comme  il  lui  a 
indiqué  le  5  la  direction  des  opérations  de  la  Grande  Armée. 

D'abord  les  points  d'appui  en  territoire  national  :  Strasbourg, 
Mannheim  et  Mayence,  cette  dernière  place  étant  le  pivot  des  mouve- 
ments contre  la  Prusse. 

Puis  sur  le  territoire  de  ses  alliés,  la  place  forte  de  Wiirzburg,  où 
le  quatrième  jour  de  leur  départ  de  Mannheim  ou  de  Mayence  ses 
convois  seront  en  sûreté. 

Enfin,  à  quatre  journées  de  WUrzburg,  sur  le  territoire  bavarois, 
il  veut  une  petite  place  qui  puisse  lui  servir  de  dépôt  et  de  point 
d'appui. 

Poursuivant  la  pensée  de  sa  marche  sur  Berlin,  quelle  place  forte 
à  l'abri  d'un  coup  de  main  peut-il  trouver  au  milieu  de  la  Saxe,  entre 
Bamberg  et  Berlin,  pour  servir  de  centre  aux  positions  de  l'armée? 

C'est  le  Commandant  de  Tarmée  qui  détermine  lui-même  la  ligne 
d'opérations.  A  l'état-major  de  reconnaître  les  places  pouvant  servir 
de  points  d'appui,  l'état  dans  lequel  elles  se  trouvent,  les  travaux  à 
y  faire  ;  de  reconnaître  les  voies  de  communications  et  en  particulier 
la  route  principale  qui  va  devenir  la  route  de  l'armée  ;  de  préparer 
le  tracé  des  étapes.  Le  major  général,  une  fois  qu'il  connaît  les  pre- 


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PRÉPARATIFS    DB    GUERRE.  17 

miéres  idées  dn  général  en  chef,  a  assez  d'expérience  de  la  guerre 
poar  se  mettre  à  même  de  répondre  à  toutes  les  demandes  qu'il  lui 
adressera,  d'exécuter  tous  les  ordres  qu'il  lui  donnera. 

Quatre  officiers  du  génie  partent  de  Munich  pour  procéder  à  ces 
reconnaissances,  le  colonel  Blein,  les  chefs  de  bataillon  Legrand  et 
Huart,  le  capitaine  Rémond  ;  peut-être  d'autres  encore,  mais  je  n'ai 
tionTé  la  trace  que  de  ceux-là. 

Les  ingénieurs-géographes  vont  faire  le  levé  des  routes  en  indi- 
quant les  ressources  qu'on  j  trouvera  et  les  gîtes  qu'on  pourra 
adopter. 

L'Empereur  semble  employer  indifféremment  les  expressions  ligne 
d'opérations  et  ligne  de  communications.  Cependant  en  examinant 
attentivement  sa  correspondance  et  ses  écrits,  j'ai  cru  remarquer 
qu'il  appelait  ligne  d'opérations  la  portion  de  la  route  de  l'armée  qui 
a  étend  de  l'armée  elle-même  à  la  place  de  dépôt  la  plus  rapprochée, 
au  dernier  point  d'appui,  au  pivot  sur  lequel  elle  manœuvre  ;  et  ligne 
de  communications  ou  communication  de  l'armée  la  route  de  l'armée 
depuis  le  territoire  national  jusqu'à  cette  dernière  place  la  plus 
avancée. 

«  Une  armée,  dit  l'Empereur,  dans  ses  Observations  sur  le  plan  de 

<  la  campagne  en  Allemagne  en  1796 ,  qui  marche  à  la  conquête 
«  d'un  grand  pays,  a  ses  deux  ailes  appuyées  à  des  pays  neutres  ou  à 
*  de  grands  obstacles  naturels,  soit  à  de  grands  fleuves,  soit  à  des 

<  chaînes  de  montagnes,  ou  elle  n'en  a  qu'une,  ou  point  du  tout  ; 

<  dans  le  premier  cas,  elle  n'a  plus  qu'à  veiller  à  ne  pas  être  percée 
«  sur  son  front  ;  dans  le  second  cas,  elle  doit  s'appuyer  à  l'aile  sou- 
«  tenue  ;  dans  le  troisième  cas,  elle  doit  tenir  ses  divers  corps  bien 
«  appuyés  sur  son  centre  et  ne  jamais  se  séparer  ;  car,  si  c'est  une 
«  difficulté  à  vaincre  que  d'avoir  deux  flancs  en  l'air,  cet  inconvé- 
«  nient  double  si  on  en  a  quatre,  triple  si  on  en  a  six,  quadruple  si 
«  on  a  huit,  c'est-à-dire  si  on  se  divise  en  deux,  trois  ou  quatre  corps 
«  différents.  La  ligne  d'opérations  d'une  armée,  dans  le  premier  cas, 

<  peut  appuyer  indifféremment  du  côté  de  la  gauche  et  de  la  droite  ; 
«  dans  le  second,  elle  doit  appuyer  à  l'aile  soutenue  ;  dans  le  troi- 

<  sième,  elle  doit  être  perpendiculaire  sur  le  milieu  de  la  ligne  de 
«  marche  de  l'armée.  Dans  tous  les  cas,  il  faut,  toutes  les  cinq  ou 

<  âx  marches,  avoir  une  place  forte  ou  une  position  retranchée  sur 
«  la  ligne  d'opérations  pour  y  réunir  des  magasins  de  bouche  et  de 
«  guerre,  y  organiser  les  convois  et  en  faire  un  centre  de  mouvement, 
«  un  point  de  repère  qui  raccourcisse  la  ligne  d'opérations*  » 


CAlIP.   DB  PKUSmB. 


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18  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


l'empereur  au  major  général. 

SaiiU-Cloud,  10  septembre  i806. 

Les  mouvements  de  la  Prusse  continuent  à  être  fort  ex- 
traordinaires. Ils  veulent  recevoir  une  leçon.  Je  fais  partir 
demain  mes  chevaux,   et  dans  peu  de  jours  ma  Garde.   Ils 
partent  sous  le  prétexte  de  la  diète  de  Francfort.  Toutefois  il 
faut  bien  du  temps  avant  que  tout  cela  arrive.  Tâchez  donc 
de  vous  procurer  quelques  chevaux  pour  moi  ;  vous  ne  m'a- 
vez pas  répondu  sur  ce  que  le  roi  de  Bavière  pourrait  me 
prêter,  si  j'en  avais  besoin.  Si  les  nouvelles  continuent  à 
faire  croire  que  la  Prusse  a  perdu  la  tête,  je  me  rendrai  droit 
à  Wurzburg  ou  à  Bamberg.  J'imagine  que,  dans  quatre  ou 
cinq  jours,  le  quartier  général,  vos  chevaux  et  vos  bagag^es 
seraient  rendus  à  Bamberg.  Faites-moi  connaître  si  je  me 
trompe  dans  ce  calcul.  En  causant  avec  le  roi  de  Bavière, 
dites-lui  très  secrètement  que,  si  je  me  brouillais  avec  la 
Prusse,  ce  que  je  ne  crois  pas,  mais  que,  si  jamais  elle  en 
fait  la  folie,  il  y  gagnera  Baireuth.  J'imagine  que  Braunau 
est  toujours  approvisionné  et  en  état  de  défense.  Peut-être 
serait-il  convenable  que   la  Bavière  fît  approvisionner  le 
château  de  Passau,  quoique  l'Autriche  dise,  proteste  qu'elle 
veut  rester  tranquille.  M.  de  Knobelsdorf  me  fait  toutes 
protestations  ;  mais  je  n'en  vois  pas  moins  continuer  les  ar- 
mements de  la  Prusse,  et,  en  vérité,  je  ne  sais  ce  qu'ils 
veulent  *. 


1.  LE  MAJOB  OÉNÛB.VL  AU  CKKÂRAL  BBLLIAHD. 

Munich,  16  septembre  1806. 

L*Empereur  me  mande,  Génénil,  que  M.  de  Knobelsdorf  lui  fait  toujours 
les  plus  belles  protestations  sur  les  sentiments  amicaux  de  la  Prusse;  cepen- 
dant s  M.  ne  peut  voir  avec  indilléronce  que  les  armements  se  continuent  : 
nous  ferons  tout  pour  nous  maintenir  en  bonne  intelligence  avec  les  Prus- 
siens ;  mais  onûn  s'ils  nous  attaquent,  nous  saurons  nous  défendre.  L'Empe- 
reur m'annonce  qu'il  est  sur  le  point  de  prendre  son  parti,  ce  qui  me  mettra 
dans  le  cas  de  donner  des  ordres.  Vous  avez  bien  fuit  de  ne  pas  accepter  la 
table  qu'on  voulait  vons  donner  à  Ulm  :  les  généraux  français  doivent  payer 
leur  table,  surtout  les  chefs  d'élal-major  qui  ont  io,oOu  fr.  d'indemnité  par 
mois.  La  Bavière  ne  doit  nourrir  que  les  soldats.  Je  viens  d'écrire  a  Paris 
pour  qu'on  vous  fasse  pnyer  voire  arriéré;  j'ai  demandé  également  des  fonds 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  19 

J*ai  ordonné  au  28*  régiment  d'infanterie  légère,  qui  est  à 
Boulogne  *,  et  au  bataillon  d'élite  qui  est  à  Neufchâtel,  de  se 
rendre  à  Mayence.  Il  n'y  aura  donc  plus  rien  à  Neufchâtel. 
J  ai  ordonné  au  roi  de  Hollande  de  former  un  camp  de 
25,000  hommes  à  Utrecht.  Si  les  nouvelles  que  je  reçois 
continuent  à  être  les  mêmes,  je  compte  faire  partir  vendredi  * 
une  avant-garde  d'un  millier  de  chevaux  de  ma  Garde,  et, 
huit  jours  après,  le  reste.  Ainsi,  j'aurai  3,000  chevaux, 
6,000  hommes  d'infanterie  d'élite  et  36  pièces  de  canon. 

Je  vous  ai  écrit  pour  avoir  l'œil  sur  la  citadelle  de  WUrz- 
burg  et  toutes  les  petites  citadelles  environnantes. 

Combien  faudrait-il  de  jours  pour  que  le  parc  d'artillerie 
qui  est  à  Augsburg  pût  se  rendre  à  WUrzburg  ?  Combien  de 
temps  faudrait-il  pour  envoyer  à  Strasbourg  la  plus  grande 
partie  des  objets  d'artillerie  qui  sont  à  Augsburg  ? 

l'empebëur  au  major  général. 

Saiol-Cloud,  lO  septembre  1806. 

Vous  trouverez  ci-joint  un  rapport  qui  m'est  remis  sur  la 
compagnie  Breidt  '.  Je  désire  connaîtra  en  détail  tout  ce  qui 
se  trouve  d'équipages  de  cette  compagnie  aux  différents  corps, 


à  TEoipcreur  pour  payer  les  Trais  do  bureau  des  chefs  d'état-major.  Ainsi  nous 
ne  serons  pas  longtemps  à  avoir  de  l'argent.  Notre  réunion  ne  tardera  pas. 
Vous  connaissez,  Général,  tout  mon  attachement  pour  vous. 

1.  Voirie  mouvement  de  ce  régiment  à  la  date  du  19  septembre.  Note. 

s.  Vendredi  18  septembre. 

9.  Les  équipages  mUitaires  assuraient  en  tout  temps  les  transports  des  ef- 
fets de  campement  et  dliabiliement,  des  hôpitaux  ambulants,  des  vivres  et,  en 
outre,  aux  années,  le  service  du  parc  auxiliaire. 

Va  traité  avait  été  passé,  le  ï4  floréal  an  XIII  (14  mai  1805),  avec  Tcntrc- 
priM  Breidt,  titulaire  du  marché  du  temps  de  paix,  pour  Torganisation  du  bri- 
gades d'équipages  destinées  à  dire  attachées  aux  armées.  6  de  ces  brigades, 
portant  les  n9»  i,  2,  8,  4,  5  et  6,  et  comptant  en  tout  i68  voitures  et  640  che- 
vaax,  étaient  seules  prêtes  en  fructidor  au  XIII  et  partirent  des  camps  de 
rOcéaa  avec  les  corps  de  la  Grande  Armée  pour  hi  campagne  d'Allemagne, 
u  autres  brigades  furent  organisées  aux  parcs  de  Saropigny  (so)  et  de  Paris  (4) 
et  dirigées  successivement  sur  la  Grande  Armée  pendant  le  courant  dos  mois 
de  vendémiaire,  brumaire  et  frimaire  an  XIV  ;  4  d*entre  elles  (n^  18,  19,  87  et 
19) >  composées  de  5i  voitures  et  496  chevaux,  furent  envoyées  à  Tarméo  du 
Nord  sur  la  demande  du  priuco  Louis.  Les  26  brigades  do  la   Grande  Armi3u 


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20  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

et  à  quels  services  ils  sont  affectés  ;  quels  sont  les  corps  qui 
ont  les  caissons  et  autres  objets  qu'ils  doivent  avoir  confor- 
mément à  mes  décrets.  Il  est  très  important  que  je  connaisse 
en  détail  la  situation  de  cette  partie  du  service,  si  les  ambu- 


formaient  un  total  de  546  voitures  el  8,608  chevaux,  d*aprè8  un  rapport  du 
ministre  Oejean  à  TEmpereur,  du  8  nivôse  an  XIV.  Mais  11  s'en  faut  que  toutes 
ces  voitures  soient  arrivées  à  Tarmée  ;  c*est  ainsi  que  la  brigade  15  fut  prise  en 
route  par  les  Autrichiens  (probablement  un  corps  do  partisans),  el  les  voitures 
vendues  à  Anspach  le  S5  brumaire.  Du  reste  TEmpereur  était  loin  d'étro  sa- 
tisfait de  l'exécution  du  service,  car  11  écrivait  au  ministre  Dejean,  de  Schôn- 
brunn,  le  22  frimaire  an  XIV  (is  décembre  1805)  :  «  Vous  avez  mal  fait  d'ôter 
R  aucun  des  moyens  de  la  Grande  Armée  pour  l'armée  du  Nord.  L*arméo  du 
<r  Nord  va  en  Hollande  ;  elle  n'y  manquera  pas  d'équipages.  Vous  dites  que 
«  17  brigades  de  caissons,  de  25  chacune,  sont  à  la  Grande  Armée  ;  il  s*eu 

R  faut  beaucoup  quMl  y  ail  ce  nombre  ;  je  n*en  ai  pas  60  on  tout » 

J'insiste  sur  ce  point  que  l'armée  fit  la  campagne  de  Tan  XiV  sans  équipages 
réguliers,  ou  à  peu  près. 

Dans  un  rapport  présenté  le  25  février  1807  à  TEmpereur  sur  le  projet  d'une 
organisation  militaire  d'équipages,  M.  Tliévenin,  ancien  administrateur  des 
armées  d'Italie  et  d'Orient,  inspecteur  général  du  service  des  transports  et 
équipages  militaires  aux  armées  des  côtes  de  l'Océan,  d'Allemagne  et  de 
Prusse,  s'exprime  ainsi  sur  le  système  de  l'entreprise:  «  On  ne  peut  discerner 
c  les  raisons  qui  ont  pu  déterminer  le  gouvernement  à  laisser  dans  rinerlie 
«  le  service  des  équipages.  Pendant  la  Révolution,  on  avait  réuni  tous  les 
«  équipages,  môme  ceux  de  Tartillerie  ;  mais  celte  réunion  avait  des  incon- 
«  vénienls  sans  nombre  et  le  système  a  été  abandonné.  On  a  ensuite  accueilli 
ff  des  entreprises  et  l'on  ne  s'en  est  pas  bien  trouvé  ;  ce  genre  de  service 
«  n'est  utile  que  lorsque  les  transports  sont  fixés  et  qu'aucune  circonstance 
«  n'en  dérange  l'ordre.  Ce  système  est  très  coûteux  et  ne  doit  être  employé 
«  que  lorsqu'il  n'y  a  pas  d'autres  ressources.  Il  y  a  dans  une  entreprise  tant 
«  de  personnes  intéressées  à  la  conservation  des  objets  qui  la  composent  que 
c  l'entrepreneur  môme  n'est  pas  toujours  le  mailre  de  faire  exécuter  des  mou- 
R  vements  avec  la  promptitude  qui  serait  nécessaire  a  l'armée.  Tout  tend  au 
«  repos  dans  ce  service » 

Les  caissons  de  la  compagnie  Breidt,  attelés  à  quatre  chevaux,'  étaient 
menés  par  un  seul  homme,  de  sorte  que  si  le  conducteur  tombait  malade  en 
route,  il  ne  se  trouvait  personne  pour  le  remplacer.  Au  lieu  de  journées  d'é-  * 
lapes,  les  charretiers  ne  faisaient  que  3  ou  4  lieues  par  jour,  ménageant  che- 
vaux et  voitures,  prétextant  le  mauvais  état  des  chemins,  el  môme  séjournant 
plusieiurs  jours  dans  le  mémo  endroit  en  alléguant  l'impossibililé  de  (aire  exé- 
cuter les  réparations,  dont  ils  étaient  du  reste  chargés.  (Les  chevaux  étaient 
la  propriété  de  l'entreprise,  et  les  caissons  et  harnais  lui  étaient  seulement 
confiés  par  le  gouvernement.) 

Aussi,  au  mois  de  mars  1807,  TËmpereur  prit-il  un  décret  pour  la  formation 
de  bataillons  d'équipages  militaires.  «  ..«..  Ne  me  parlez  plus  do  la  compa- 
«  gnie  Breidt,  écril-il  au  ministre  Dejean  le  26  mars;  c'est  un  tas  de  gueux 
«  qui  ne  font  pas  de  service;  il  vaut  mieux  ne  rien  avoir.  Je  regrette  l'argent 
«  que  je  leur  ai  donné.  II  n'a  pas  tenu  à  eux  que  le  service  ne  manqu&t  tout 
K  à  fait.  Ils  mettent  quatorze  jours  à  faire  une  route  que  l'on  fait  en  cinq 
«  jours,  et  ils  ont  une  bonne  raison  pour  cela  :  les  conducteurs  sont  chargés 


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PRÉPARATIFS   DE    GUERRE.  21 

lances  sont  organisées  et  la  répartition  de  toutes  les  brigades 
de  la  compagnie  Breidt.  Je  vois  sur  les  états  que  le  sous- 
inspecteur  aux  revues  Barbier  a  2  chevaux  appartenant  à 
cette  compagnie  ;  que  le  maréchal  Davout  en  a  8  ;  qu'il  y  en 


«  des  réparations,  et  ils  ne  demandent  pas  mieux  que  de  faire  prendre  leurs 
«  Toitures  pour  se  les  faire  payer.  » 

Comme  les  équipages  de  la  compagnie  Breidt  n'étaient  pas  entièrement  or- 
ganisés en  fructidor  an  XIII,  TEmpereur  fut  obligé  de  requérir  des  voitures 
pour  pourvoir  aux  différents  services.  Ces  équipages  de  réquisition  suivirent 
Tannée  pendant  louto  la  campagne  de  Tan  XIV. 

li'BMPKRKUR   AU   VICB>ROI    D*ITALIB. 

Saint-Cloud,  16  septembre  1805. 

Tavais  eliargé  M.  Maret  de  vous  envoyer  copie  d'un  décret  sur  une  réqui- 
sition de  3,000  ou  4,000  voitures,  que  j'ai  ordonnée  dans  les  départements  de 
France,  et  sur  la  manière  de  les  embrigader.  Je  pense  que  vous  devez  faire 
la  mémo  chose  pour  le  service  de  mon  armée  d'Italie.  Ainsi,  si  l'on  avait  be- 
soin de  900  voitures,  vous  en  feriez  la  répartition  entre  les  départements,  qui 
les  fourniront  et  qui  en  seront  payés  exactement.  Vous  sentez  qu'il  est  impos- 
sible do  faire  des  acliats  de  chevaux  et  de  voitures;  il  faut  six  mois  pour  cela; 
les  chevaux  et  les  voitures  des  paysans  ont  toujours  fait,  dans  tous  les  pays, 
ce  service.  Je  ne  puis  approuver  ce  que  vous  me  dites  à  cette  occasion  ;  il 
laut  parler  paix,  mais  agir  guerre.  Il  ne  faut  rien  épargner  pour  réunir  mon 
armée  et  lui  faire  fournir  tout  ce  dont  elle  pourrait  avoir  besoin.  Donnez  des 
ordres  pour  qu'on  se  concerto  avec  l'ordonnateur  et  qu'on  requière  des  voi- 
tures, qu'on  payera  et  qu'on  embrigadera  pour  le  service  de  l'armée.  Vous 
avez  tait  louer  xoo  chevaux  au  général  Lacombe-Saint-Michel  ;  qu'est-ce  que 
c'est  que  200  chevaux  ?  Si  les  Autrichiens  étaient  dans  le  royaume,  ils  ne  se 
comporteraient  pas  avec  tant  de  ménagements:  c'est  ce  qu'ils  font  a  Venise, 
c'est  ce  qu'on  a  toujours  fait.  Je  ne  vois  pas  pourquoi  vous  y  trouvez  de  la 
répugnance;  je  suis  surpris  que  le  ministre  de  la  guerre  ne  vous  ait  pas 
éclairé  là-dessus.  Dans  toutes  les  circonstances  semblables  on  a  fait  des  ré- 
quisitions de  chevaux.  Ce  n'est  pas  900  chariots  que  je  prenais  lorsque  j'é- 
tais en  Italie,  mais  2,000,  et  ces  réquisitions  se  faisaient  en  désordre,  ce  qui 
^tait  alors  vexatoire  pour  le   pays.  Il  ne  faut  pas  vous  épouvanter  des  cris 
des  Italiens;  ils  ne  sont  jamais  contents.  Mais  faites-leur  faire   cette  seule 
réflexion  :  Comment  faisaient  les  Autrichiens,  comment  feraient-ils?  Montrez 
de  la  vigueur 

Au  camp  impérial  do  Boulogne, 
lo  15  fructidor  an  XIII. 

Napoléon,  Empereur  des  Français,  décrète  ce  qui  suit  : 
Art.  !•■'.  —  Il  sera   levé  dans  les  départements   de  la  Roêr,  de  Rhin-et- 
Moselle,  de  la  Sarre,  du  Mont-Tonnerre,  de  la  Moselle,  de  la  Meurlhe,  des 
Vosges,  du  Haut-Rhin,  du  Bas-Rhin  et   de  la  Haute-Saône,  3,500  voitures  do 
réquisition  attelées  chacune  de  4  bons  chevaux  et  conduites  par  i  charretiers. 
2,500  de  ces  voituies  seront  affectées  au  service  des  parcs  de  la  Grande  Ar- 
mée, et  1,000  aux  transports  de  l'administration  aux  ordres   de  l'intendant 
général  de  l'armée. 
Art.  i,  —  Ces  départements  fourniront  dans  la  proportion  suivante,  savoir  : 
Four  l'artillerie,  chacun  des  dix  départements,  250  voitures,  soit  9,50o  ; 
Pour  les  autres  transports,   les  départements  de   la  Roêr  et  de  Rhin-et- 
Moselle,  1S5  voitures;  du  Mont-Tonnerre,   50;  chacun  des  sept  autres,   lOO, 
soit  1,000. 
Les  voitures  de  chaque  département  se  réuniront  le  96  du  mois  do  fruc- 


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22  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

a  une  grande  quantité  à  Augsburg.  Vous  savez  que  mon  in- 
tention est  qu'aucun  général  ni  officier  n'ait  de  chevaux  ni 
caissons  appartenant  à  cette  compagnie.  J'ai  donné  un  ordre 
à  ce  sujet  à  Vienne  ;  faites-le  exécuter  et  que  chacun  rende 
ce  qu'il  a  pris.  Ces  caissons  sont  destinés  au  transport  du 
pain.  Ce  n'est  pas  trop  que  500  caissons  pour  une  armée  si 
considérable.  Je  désire  qu'il  y  en  ait  à  peu  près  2  attachés  à 
chaque  bataillon,  c'est-à-dire  pour  porter  2,000  rations  ou 
2  jours  de  rations  complètes,  ou  même  4  jours  de  demi-rations 
dans  des  moments  pressés.  J'ai  120  bataillons  ;  cela  me  ferait 
donc  240  caissons.  Un  régiment  de  cavalerie  doit  être  consi- 
déré comme  un  bataillon,  puisque  les  régiments  de  cavalerie 
ont  tous  moins  de  500  hommes.  J'ai  à  l'armée  moins  de 


lidor  aux  lieux  qui  seront  désignés  par  les  préfets  qui  en  passeront  la  revue, 
et  elles  seront  payées  dès  ledit  jour.  Le  «6,  elles  tus  mettront  en  route  pour 
le  lieu  de  leur  destination,  et  si  les  agents  que  doivent  envoyer  le  général 
d'artillerie  et  l'intendant  général  ne  sont  pas  arrivés,  les  voilures  do  chaque 
département  se  mettront  en  route  sous  la  conduite  d'un  lieutenant  do  gen- 
darmerie avec  une  brigade. 

Art.  3.  —  Les  voitures  alTectées  au  service  do  l'artillerie  seront  organisées 
en  brigades  de  50  voitures  chaque,  commandées  par  un  brigadier  et  s  liaut- 
le-pied. 

Les  brigades  seront  formées  en  divisions  composées  chacune  de  lO  brigades 
ou  500  voilures,  commandées  par  un  chef  de  division  et  2  maréchaux  des 
logis. 

La  réunion  des  3  divisions  formera  la  totalité  de  l'équipage  qui  sera  com- 
mandé par  un  inspecteur  et  2  sous-inspecteurs. 

Ces  employés  seront  pris,  autant  que  possible,  dans  le  train  ou  dans  le 
corps  de  l'artillerie. 

Art.  4.  —  Les  voitures  afTectéos  aux  autres  transports  de  l'armée  seront 
dirigées  par  les  employés  actuels  des  équipages,  et  suivant  l'organisation 
précédemment  adoptée  par  S.  M. 

Art.  5.  —  Les  voilures  seront  payées  par  le  payeur  général  du  parc  d'ar- 
tillerie pour  le  service  des  parcs,  d'après  les  revues  de  l'inspecteur  aux  re- 
vues, à  raison  de  i  fr.  50  c.  par  jour  par  cheval,  et  de  0,75  c.  par  jour  par 
charretier.  Les  autres  seront  payées  au  môme  prix  sur  ordonnances  de  Tiu- 
tendant  général. 

Il  sera  délivré,  des  magasins  do  l'armée,  S  rations  de  pain  par  jour  à  chaque 
charretier  et  employé,  et  une  ration  de  fourrage  à  chaque  cheval.  Moyennant 
ce  traitement,  les  particuliers  auxquels  appartiendront  les  chevaux  et  les  voi- 
lures, resteront  chargés  de  leur  entretien  et  de  celui  de  leurs  haniais.  S'ils 
n'y  pourvoient  pas,  cet  entretien  sera  fait  à  leurs  frais,  et  les  retenues  leur 
en  seront  faites  sur  le  paiement  du  loyer  de  la  voiture. 

Art,  6.  —  Solde  des  employés  :  Inspecteurs,  500  fr.  par  mois  ;  —  sous-ins- 
pecteurs, »50;  —  chefs  de  division,  ïOO  ;  —  maréchaux  des  logis,  160;  — 
brigadiers,  lOO;  — haut-Ie-pied,  75. 

Dans  le  cas  où  les  employés  jouiraient  déjà  d'un  autre  traitement,  il  sera 
déduit  do  celui  fixé  ci-dessus. 

Les  ministres  de  la  guerre,  des  finances,  du  Trésor  public,  de  l'adminis- 
tration de  la  guerre  et  de  l'intérieur  sont  chargés  de  Texécution  du  présent 
décret. 

Napoléon. 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  23 

50  régiments  de  cavalerie  ;  cela  me  ferait  donc  une  centaine 
de  caissons  pour  la  cavalerie.  Pour  Tartillerie,  elle  a  ses 
moyens  et  n'a  pas  besoin  de  ceux-là.  Il  me  restera  donc  en- 
viron 200  caissons  dont  je  pourrai  disposer  pour  Tapprovi- 
sionnemcnt  des  magasins  centraux  \  Répondez-moi  là-dessus. 
Faites-moi  connaître  comment  se  fait  le  service  des  ambu- 
lances ;  il  me  semble  que  les  chariots  de  la  compagnie  Breidt 
ne  sont  pas  propres  à  ce  service  *.  Chaque  régiment  doit 
avoir  son  ambulance'.  Si  on  laissait  faire  la  cavalerie,  elle 


1.  Par  magasins  centraux,  l'Empereur  entend  ceux  que  Ton  rcSunit  dans  les 
points  qui  deviennent  le  centre  des  grands  mouvements  des  armées,  et  dont 
ou  tire  des  subsistances  pour  Caire  vivre  les  troupes,  ainsi  que  cela  eut  lieu 
de  Bambcrg  pour  Kronach  après  le  7  octobre.  Une  fois  les  moyens  de  trans- 
port pour  les  vivres  assurés  aux  troupes  (8  caissons  par  bataillon,  t  par  ré* 
gimcnt  de  cavalerie,  et  un  supplément  pour  Tonsomblo  d'un  corps  d'armée,  à 
raison  de  1  caisson  pour  i  bataillons),  tous  les  autres  caissons  sont  à  la  dis- 
position du  grand  quartier  général  qui  les  emploie  suivant  les  besoins,  soit 
pour  approvisionner  les  magasins  d'un  pivot  d'opérations,  soit  pour  approvi- 
sionner un  corps  d'armée  placé  dans  des  circonstances  désavantageuses,  par- 
courant un  pays  mangé  par  l'ennemi  ou  par  les  corps  qui  le  précèdent,  ou 
cantonné  dans  une  contrée  dévastée  pendant  dos  opérations  antérieures. 

Mais  pour  le  moment,  il  est  de  toute  nécessité  d'alléger  les  corps  d'armée, 
et  de  les  débarrasser  de  cette  quantité  de  voitures  qu'ils  traînent  après  eux. 

2.  « La  construction  des  caissons,  dit  M.  Tbévcnin  dans  son  rapport, 

«  ne  permet  pas  de  les  employer  pour  transporter  dos  malades.  La  santé  des 

*  troupes  pourrait  être  compromise  si  on  les  employait  sans  précaution  pour 
«  cet  usage. 

*  On  a  négligé  d'avoir  dos  ambulances;  cependant  ces  voitures  seraient 
«  d'une  grande  ressource  pour  pouvoir  enlever  sur-le-champ  les  blessés.  Ces 

*  voilures  devraient  être  construites  de  manière  qu'elles  soient  utiles  pour 
«  transporter  les  liquides  et  les  matériaux  qui  détériorent  les  caissons;  elles 

■  seront  couvertes  dessus  et  latéralement  avec  uue  bâche  destinée  pour  l'am- 
«  bulancc. 

«  Les  ambulances   légères  attelées  chacune  de  s  chevaux  ne  peuvent  pas 

■  être  très  utiles,  parce  qu'elles  n'offrent  point  assez  de  solidité,  et  que  n'étant 

•  attelées  que  de  2  chevaux  il  peut  arriver  fréquemment  (lu'un  cheval  malade 
«  oblige  à  abandonner  la  voiture.  Il  serait  nécessaire  do  former  des  arabu- 
«  lances  de  chevaux  de  bat  ou  mulets  à  b&t  pour  transporter  avec  célérité 
<  les  caisses  d'instruments  et  les  effots  d'hôpituux  pour  les  première  besoins 

•  sur  les  champs  de  bataille » 

8.  Les  ordres  furent  donnés  le  21  septembre  à  tous  les  corps  d'armée  pour 
la  formation  de  leura  équipages. 

I>B    MAJOR    OiNl^RAL    AU    OKIfÉBAL    DUPONT. 

Munich,  2i  septembre  1806. 

Je  vou.9  préviens  que  l'équipage  d'ambulance  de  votre  division  doit  être 
compose  de  S  caissons;  que  chaque  hAlailIon  d'infanterie  el  chaque  régiment 


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24  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

n'en  aurait  jamais  assez.  Mais  la  cavalerie  n'a  pas  besoin  de 
ces  moyens-là.  Dans  la  saison  où  nous  sommes,  nous  trouve- 
rons partout  des  fourrages. 

Je  vous  rends  responsable  si,  24  heures  après  la  réception 
de  cet  ordre,  il  y  a  des  chevaux  ou  des  caissons  attachés  sl 
des  services  particuliers  *.  Beaucoup  de  régiments  peuvent 
avoir  de  mauvais  chevaux  ;  autorisez-les  à  acheter  en  Alle- 
magne les  chevaux  qu'ils  pourront  trouver.  Chaque  régiment, 
par  exemple,  pourrait  acheter  une  vingtaine  de  chevaux. 
Vous  leur  ferez  10,000  fr.  à  chacun  pour  cet  objet  ;  cela, 
indépendamment  de  ce  que  je  fais  acheter  en  France  par  les 
dépôts  ;  mais  la  France  est  épuisée  de  chevaux.  J'imagine 
que  chaque  régiment  de  toute  arme  a  au  moins  20  hommes  à 
pied,  tant  pour  servir  aux  remontes  que  pour  les  circonstances 
qui  nécessiteraient  des  achats  de  chevaux.  J'imagine  que 
l'artillerie  a  des  forges  de  campagne,  est  munie  de  fer,  de 
manière  à  avoir,  non  seulement  ce  qui  lui  est  nécessaire  pour 
entrer  en  campagne,  mais  aussi  à  avoir  un  approvisionne- 
ment *. 

Vous  m'avez  assuré  que  mon  armée  est  bien  approvision- 
née de  souliers.  Il  faut  désormais  que  Mayence  soit  considérée 
comme  le  grand  dépôt  de  l'armée  ;  cependant  il  ne  faut  pas 


de  troupes  à  cheval  devra  avoir  2  caissons  pour  le  transport  do  ses  subsislan- 
ccs-pain  ; 

Que  tous  ces  caissons  seront  pris  sur  ceux  de  Ti^quipage  Broidt  qui  se 
trouvent  dans  ce  moment  à  votre  division  ou  qui  y  seront  envoyés  ; 

Que  les  caissons  qui  exc<JderoDt  ce  nombre  seront  à  la  disposition  de 
M.  l'intendant  général; 

Que  M.  riuteudant  général  fait  passer  ses  instructions  à  votre  commissaire 
des  guerres  pour  rexécution  de  ces  dispositions. 

Vous  voudrez  bien,  do  votre  côté,  donner  des  ordres  pour  que  cette  opé- 
ration se  passe  dans  le  plus  court  délai  possible. 

1.  Le  major  général  adressa  le  15  aux  maréchaux  une  circulaire  qui  repro- 
duisait textuellement  les  ordres  de  TEmpereur  et  se  terminait  ainsi  :  <  Je 
H  vous  prie  de  m'en  donner  l'assurance  par  écrit,  ce  qui  servira  à  couvrir  la 
«  responsabilité  que  l'Empereur  m'impose  directement  à  cet  égard.  > 

Voir  à  la  date  du  so  le  compte  rendu  du  maréchal  Soult. 

8.  Le  major  général  donna  en  conséquence,  le  15,  des  ordres  pour  les 
troupes  de  cavalerie  et  d'artillerie,  ordres  qui  furent  communiqués  aux  corps. 

4«  corps.  —  Ordre  du  jour.  28  septembre.  —  Les  colonels  rendront 

compte  si  les  régiments  qu'ils  commandent  sont  pourvus  de  forges  de  campagne 
et  si  tous  ont  a  leur  suite  un  approvisionnement  en  fers  et  en  clous,  au  moins 
pour  renouveler  le  ferrage  des  chevaux  du  régiment  en  son  complet 

Cette  partie  avait  été  bien  négligée  dans  la  cavalerie;  car  le  6  octobre,  après 


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PRÉPARATIFS    DB    GUERRE.    ,  25 

annoncer  ce  changement.  Causez-en  avec  Tintendant  géné- 
ral de  Tarmée,  pour  que  beaucoup  de  choses  sment  plutôt 
dirigées  sur  cette  ville  que  sur  Augsburg. 


L  EMPEREUR  AU   GENERAL   CAULAINCOURT,    GRAND   ECUYER. 

Saint-Cloud,  lO  septembre  1806. 

Monsieur  Caulaincourt,  faites  arranger  toutes  mes  lunettes. 
Faites  partir  demain  soixante  chevaux  de  mes  écuries,  parmi 
lesquels  il  y  en  aura  huit  de  ceux  que  je  monte.  Vous  me 
remettrez  Tétat  de  ceux  de  mes  chevaux  que  vous  voulez 
faire  partir.  Je  désire  que  cela  se  fasse  avec  tout  le  mystère 
possible.  Tâchez  qu'on  croie  que  c'est  pour  la  chasse  de  Com- 
piègne.  Ce  sera  toujours,  jusqu'à  leur  passage  à  Compiègne, 
deux  jours  de  gagnés.  Faites  aussi  partir  mes  mulets  et  mes 
cantines  munies  de  tout  ce  qui  est  nécessaire,   ainsi  mes 


sa  revue,  le  Grand-duc  rendait  compte  que  les  divisions  Klein  et  Beaumont 
n*avaieul  point  de  forges  de  campagne. 

liB    OIÎKÉKAL   80X0M   AU    IIAJOB   O^M^SAL. 

Augsburg,  17  septembre  1806. 

V.  A.,  par  sa  lettre  en  date  du  15,  me  demande  si  l'artillerie  a  des  forges  de 
campagne  et  si  elle  est  munie  de  fers  de  manière  à  avoir  non  seulement 
ce  qui  lui  est  nécessaire  pour  entrer  en  campagne,  mais  aussi  à  avoir  un 
approvisionnement.  Il  existe  au  parc  et  aux  corps  d'armée  toutes  les  forges 
nécessaires  tant  pour  les  radoubs  do  rarlillerie  que  pour  les  chevaux  du  train. 
^  approvisionnement  en  fers,  V.  A.  entend  vraisemblablement  celui  des  fers 
à  cheval  ;  Tautro  etft  peu  conséquent,  et  il  en  existe  autant  que  les  besoins 
Texigeut.  Quant  aux  fers  à  cheval,  les  bataillons  du  train  n'ayant  depuis  long- 
temps rien  reçu  sur  la  masse  de  ferrage,  il  leur  a  été  impossible  de  faire  des 
approviiiionnements  conséquents.  Je  vais  tenir  la  main  à  ce  qu'ils  aient  cha- 
cun au  moins  l,000  fers  cl  des  clo'us  à  proportion.  Il  va  y  avoir,  en  outre, 
M<)u  lers  au  (tare.  Je  pense  que  cette  quantité  sera  suffisante  ;  d'ailleurs  il 
serait  très  difficile  d'en  porter  davantage  à  la  suite  de  l'armée. 

W  OÉaÉEAL    PKKaSTT,    CHEF    d'AtAT-MAJOR    DB    l'aRTILLESIK,    AD    OÂKÉRAL    ÉBLK, 
COMMAHDAKT    l'aRTILLKRIIS   DU    1*'   CORPS. 

Augsburg,  17  septembre  18O6. 

Je  vous  informe  que,  d'après  les  ordres  du  général  Songîs,  je  prescris  à 
chaque  commandant  des  bataillons  du  train  de  votre  corps  d'armée  de  se 
pourvoir  d'uu  approvisionnement  de  1,000  fers  à  chevul,  de  8,00U  clous  ordi- 
naires et  de  s, Duo  clous  à  glace. 

I^mleation  du  général  Songis  est  que  vous  veuillez  tenir  la  main  à  ce  que 
cet  approvisionnement  se  fasse  promptement  et  »iue  vous  lui  en  renfliez 
compte. 


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26  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

petits  porte-manteaux,  dont  je  me  suis  servi  avec  tant  d*a- 
vantage  dans  ma  dernière  campagne.  Dans  la  journée    de 
demain,  préparez  mes  fourgons.  Je  désire  qu'il  y  en  ait  un 
qui  porte  une  tente  avec  un  lit  de  fer.  Si  vous  n'en  avez  pas, 
demandez-les  à  la  princesse  Caroline,  et  vous  les  ferez  rem- 
placer sur-le-champ.  Je  désire  que  la  tente  soit  solide  et  que 
ce  ne  soit  pas  une  tente  d'opéra.  Vous  ferez  joindre  quelques 
forts  tapis.  Vous  ferez  partir  demain,  avec  mes  chevaux,  uion 
petit  cabriolet  de  guerre.  Mes  fourgons  avec  le  reste  de  mes 
chevaux,  et  mes  bagages  de  guerre,  habillement,  armes,  etc. , 
ainsi  que  toute  la  partie  de  ma  maison  *  que  le  grand  maré- 
chal aura  préparée,  seront  prêts  à  partir  dimanche*.  Mais  il 
faut  que  l'avant-garde  gagne  quatre  jours.  Elle  se  rendra 
d'abord  à  Mayence,  et  de  là  à  Francfort,  où  je  dois  me  ren- 
dre pour  la  diète.  Le  maréchal  Bessières,  le  grand  maréchal 
du  palais,  vous,  le  général  Lemarois,  un  aide  de  camp,  le 
prince  Borghèse,  l'adjoint  du  palais  Ségur,  feront  également 
partir  leurs  chevaux.  En  en  parlant  à  ces  différents  officiers, 
vous  leur  direz  qu'ils  sont  destinés  à  m'accompagner  à  la 
diète  de  Francfort. 

En  vous  indiquant  le  jour  de  dimanche  pour  le  départ  de 
ma  maison,  mon  intention  est  que  vous  teniez  tout  préparé, 
et  que  vous  preniez  mes  ordres  samedi  au  lever. 

Pendant  les  opérations,  tous  les  gros  bagages  et  objets  inutiles 
restaient  sur  les  derrières.  L'Empereur  ne  se  faisait  suivre  que  de 
son  petit  quartier  général  de  guerre  qui  marchait  avec  la  Garde.  Le 
petit  service  d'avant-garde  l'accompagnait  toujours  dans  tous  les 
mouvements. 


1.  Lo  21  décembre  1806,  la  maison  de  TErapereur  comprenait  comme  per- 
sonnel : 

Équipages  do  selle.    ...     200 

Équipages  If^gers 200 

Equipages  d'attelages.   .   .     40o 

600  raiionnaires.  (État  des  distribulions 
de  pain  faites  à  la  maDulention  de  Varsovie  dans  les  journées  dos  2i  et  22 
décembre  1806.) 

2.  Dimanclic  14  septembre. 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE. 


L.  EMPEREUR  AU   ROI   DE   HOLLANDE. 

Saint-Cloud,  lO  seplembre  18O6. 

Vous  aurez  appris  rarmement  de  la  Prusse  et  la  non-ratifi- 
cation de  la  Kussie.  Mes  négociations  avec  les  Anglais  ne 
sont  pas  rompues,  mais  ils  ont  des  prétentions  extraordi- 
naires. Ils  veulent  avoir  Surinam,  Berbice,  et  garder  toutes 
vos  colonies.  Dans  cette  situation  de  choses,  il  est  important 
de  vous  mettre  en  mesure. 

Mon   intention,   si   la  guerre  recommence,    est  de  vous 
donner  le  commandement  depuis  Boulogne  jusqu'à  Wesel  et 
de  toute  la  Hollande.  Formez  sans  délai  le  camp  d'Utrecht 
BOUS  prétexte  d'exercer  vos  troupes  et  de  les  préparer  à  la 
guerre  contre  TAngleterre,  et  envoyez-moi  des  plans  et  des 
mémoires  sur  vos  places  du  côté  de  la  Prusse.  Il  faut  qu'en 
quatre  jours  de  temps  vous  puissiez  vous  porter  avec  la  plus 
grande  partie  de  votre  armée  sur  Wesel.  Votre  armée  n'est 
pas  destinée  à  faire  de  grandes  marches.   Wesel  approvi- 
sionné, et  que  vous  puissiez  tirer  des  vivres  de  chez  vous  par 
vos  canaux,  je  ne  pense  pas  que  vous  ayez  besoin  d'une 
grande  quantité  de  chariots.  Si  vous  pouvez  réunir  une  divi- 
sion de  cavalerie  hollandaise  de  1,500  à  2,000  hommes,  deux 
divisions  d'infanterie  hollandaise  fortes  de   6,000  hommes 
chacune,  une  division  française  de  5,000  hommes,  en  tout  un 
corps  de  18,000  hommes  avec  25  pièces  de  canon  attelées  et 
Tin  approvisionnement,  cela  sera  suffisant.  Je  mettrai  sous  vos 
ordres  une  autre  division  française  de  12,000  hommes,  ce 
qui  vous  fera  un  corps  de  30,000  hommes  pour  défendre 
Wesel,  le  nord  de  vos  Etats,  et,  selon  la  marche  de  mes  opé- 
rations et  les  événements  de  la  guerre,  vous  étendre  dans  le 
pays  de  Mttnster  et  de  Wesel.  Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire 
combien  tout  ici  doit  être  tenu  secret.  En  réunissant  toutes 
vos  troupes  à  Utrecht,  je  suppose  que  d'Utrecht  vous  pourrez 
être  en  quatre  jours  sur  Wesel  ;  faites-moi  connaître  la-dessus 
ce  qu'il  en  est. 


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28  CAMPAGNE    DB    PRU8SB. 

Le  général  Michaud  est  un  fort  brave  homme,  qui  pourra 
très  bien  commander  ce  corps  sous  vos  ordres.  Mais  il  est 
inutile  d'alarmer  le  pays.  Personne  ne  connaîtra  le  but  réel 
du  camp  d'Utrecht.  Je  vous  le  confie  à  vous,  parce  que  je 
veux  que  vous  soyez  instruit  de  mes  projets  et  que  vous  pre- 
niez toutes  vos  précautions  pour  être  à  même  de  remplir  le 
but  que  je  me  propose,  si  les  circonstances  tournaient  à  la 
guerre, 

L*£mpereur  n'a  pas  encore  communiqué  au  major  général  cette 
partie  de  son  projet  général  d'opérations,  de  même  qu*il  ne  commu- 
nique pas  encore  au  roi  de  Hollande  son  projet  pour  les  opérations 
de  la  Grande  Armée. 


l'empereur  au  général  dejean. 

Saint-Cloud.  lO  septembre  1806. 

Les  1*'  et  2*  de  chasseurs  ont  beaucoup  d'hommes  à  leurs 
dépôts.  J'avais  donné  ordre  que  des. détachements  de  ces 
régiments  partissent  ;  il  paraît  qu'il  y  a  eu  contre-ordre.  L'un 
a  son  dépôt  à  Tournay  et  l'autre  à  Gand.  Donnez  ordre  que 
les  hommes  et  les  chevaux  de  ces  régiments  qui  sont  dispo- 
nibles aux  dépôts  partent  sur-le-champ  pour  la  Grande 
Armée. 

Donnez  ordre  au  20'^  régiment  de  chasseurs  *  de  se  former 
à  3  escadrons  de  200  hommes  chacun,  de  laisser  le  cadre  du 
4*  escadron  avec  le  dépôt,  et  faites  partir  les  3  escadrons  de 
guerre  commandés  par  le  colonel,  ou  par  le  major  si  le  colonel 
est  toujours  absent,  pour  se  rendre  à  Francfort,  où  ils  feront 
partie  du  corps  du  maréchal  Augereau. 

Donnez  ordre  au  général  Watier  de  faire  partir  tout  ce  qui 
est  en  bon  état  et  disponible  des  1",  3*,  5*,  9*  et  15*  régiments 
de  dragons.  Vous  mettrez  tous  ces  détachements  sous  les 
ordres  d'un  chef  d'escadron,  qui  les  conduira  à  May ence,  où  ils 
recevront  de  nouveaux  ordres  du  prince  de  Neufchâtel  pour 


1.  Ce  rëgimonl  était  à  Cologne;  il  en  partit  le  80  septembre  pour  dtre  à 
Francfort  le  so. 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  29 

passer  le  Rhin  et  rejoindre  leurs  corps  ^  Donnez  ordre  au 
général  Watier  de  prendre  des  mesures  avec  les  conseils 
d'administration  de  ces  régiments,  qui  sont  à  Paris,  pour 
acheter  200  nouveaux  chevaux  par  régiment.  Vous  leur  ferez 
les  fonds  nécessaires  au  fur  et  à  mesure.  Il  est  convenable 
que  ces  1,000  chevaux  puissent  être  disponibles  avant  la  fin 
d'octobre. 

Vous  donnerez  ordre  au  4®  régiment  de  dragons  de  se  for- 
mer à  3  escadrons  de  200  hommes  chacun  et  de  laisser  son 
4*  escadron  et  son  dépôt  avec  le  major  à  Moulins  ;  et  vous  les 
ferez  partir  *  pour  Strasbourg,  où  ils  recevront  des  ordres  du 
prince  de  Neufchâtel  pour  leur  destination  ultérieure.  Vous 
ordonnerez  à  ce  régiment  d'acheter  200  chevaux  de  plus 
qu'il  n'a  aujourd'hui  pour  monter  son  4*  escadron. 

Faites-vous  mettre  sous  les  yeux  les  états  de  situation  des 
dépots  de  cavalerie  dans  la  15*  division  militaire  '  ;  faites-en 
partir  tout  ce  qui  est  disponible,  ainsi  que  tout  ce  qui  l'est 
en  infanterie  dans  cette  division,  en  le  dirigeant  sur  Mayence. 

Donnez  ordre  au  14*  de  ligne  de  quitter  ses  travaux  à 
Saint-Quentin,  et  de  se  compléter  avec  son  dépôt  et  son 
3' bataillon  de  manière  à  avoir  1,150  hommes  par  bataillon 
de  guerre,  et  dirigez-les  sur  Mayence,  où  ils  recevront  de 
nouveaux  ordres  *. 

Donnez  ordre  au  22*  de  ligne,  qui  est  à  Wesel,  de  tenir 
prêts  ses  2  premiers  bataillons,  renforcés  de  tout  ce  que 
peut  avoir  de  disponible  le  3*,  pour  entrer  en  campagne  et 
faire  partie  de  la  Grande  Armée. 

Vous  donnerez  Tordre  au  28*  d'infanterie  légère,  qui  est  au 
camp  de  Boulogne,  de  se  rendre  à  Mayence,  où  il  recevra 
de  nouveaux  ordres. 


1.  Les  dépôU  des  l•^  8«,  9^  et  15^  étaient  à  Versailles  ;  celui  du  5«  à  Saint-i 
Oermain;  ce  détachement,  fort  de  686  hommes  montés,  partit  de  Versailles  le 
14  septembre  pour  arriver  à  Mayenne  le  lo  octobre. 

t.  Ce  régiment  partit  de  Moulitis  le  20  septembre  et  passa  le  12  octobre  à 
Mannheim  à  reffcctif  de  X7  officiers,  5S8  sous-offlciers  et  dragons  montés  et 
à  pied  et  373  chevaux  d*officiers  0t  de  troupe  pour  arriver  lo  Si  à  Bamberg. 

3.  Seine-Inférieure,  Eure  et  Somme. 

4.  Les  %  premiers  bataillons  du  14«  de  ligne,  forts  de  2^900  hommes,  par- 
tirent de  Saint-Quentin  Ué  15  et  16  septcrobfe. 


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30  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Vous  donnerez  le  même  ordi'e  au  bataillon  d'élite  qui  est 
à  Neufchâtel. 

Chargez  le  directeur  et  Tinspecteur  d'artillerie  de  la  divi- 
sion où  se  trouve  Wesel  de  faire  ensemble  rinspection  de 
cette  place  et  de  la  mettre  en  situation  de  soutenir  un  siège. 

Faites-moi  connaître  Tétat  de  mes  approvisionnements  à 
Strasbourg,  Mayence  et  dans  les  autres  places  sur  le  Rhin. 
Tenez  la  main  à  ce  que  Tapprovisionnement  que  M.  Vanler- 
berghe  doit  mettre  à  Wesel  soit  prêt  au  plus  tard  en  octobre. 
Faites-moi  connaître  s'il  y  aurait  économie  à  faire  verser  sur 
Wesel  une  partie  de  Tapprovisionnement  de  biscuit  que  j'ai 
dans  les  places  du  Nord,  11  faut  que  cette  place  soit  approvi- 
sionnée pendant  2  ou  3  mois  ;  mais  ce  qui  me  paraît  néces- 
saire d'y  mettre,  c'est  du  blé,  de  la  farine,  des  moyens  de 
les  convertir  en  pain,  de  Teau-de-vie. 

Le  commandant  du  département  de  la  Roër  y  ferait  bien 
vite,  en  cas  d'événements,  verser  la  viande  nécessaire. 

.  Il  faut  que  le  génie  prenne  ses  mesures  pour  qu'il  y  ait 
une  quantité  suffisante  de  palissades  et  de  blindages. 

Il  est  nécessaire  qu'avant  le  18  septembre  j'aie  un  rapport 
qui  me  fasse  connaître  si  Wesel  peut  soutenir  un  siège,  sous 
le  point  de  vue  de  l'artillerie  et  du  génie. 

L'Empereur  s'inquiète  des  trois  clefs  de  son  Empire  sur  le  Rhin, 
Strasbourg,  Mayence  et  Wesel.  ^ 


l'empereur  napoléon  a  l'empereur  d'autriche. 

SainUGIoud,  12  septembre  1806. 

Sérénissime  et  très  puissant  Prince,  Monsieur  mon  très- 
cher  et  très-aimé  bon  Frère,  nous  avons  reçu  la  lettre  par 
laquelle  Votre  Majesté  a  bien  voulu  nous  faire  part  de  la 
résolution  qu'elle  a  prise  et  eflfectuée  d'abdiquer  la  dignité  de 
chef  suprême  de  l'Empire  germanique  et  la  couronne  impé- 
riale d'Allemagne.  Cette  communication,  à  laquelle  nous 
avons  été  sensible,  est  pour  nous  un  gage  précieux  des  senti- 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  31 

ments  de  Votre  Majesté  à  notre  égard,  et  nous  la  prions  de 
croire  que  nous  serons  constamment  empressé  d'y  répondre 
par  tous  les  procédés  d'une  amitié  réciproque.  Nous  pensons 
avec  plaisir  que  le  nouvel  ordre  de  choses  établi  en  Allema- 
gne et  les  mesures  que  Votre  Majesté  a  cru  devoir  prendre 
relativement  à  ses  Etats  héréditaires  allemands,  loin  de  por- 
ter atteinte  à  la  bonne  harmonie  qui  existe  heureusement 
entre  nous,  ne  peuvent,  en  dégageant  les  rapports  futurs  de 
nos  deux  empires  de  tout  intérêt  étranger,  que  consolider  et 
resserrer  chaque  jour  davantage  les  liens  qui  nous  unissent. 
Notre  plus  grand  désir  est  de  n'avoir,  à  l'avenir,  que  des 
relations  de  bon  voisinage  et  de  parfaite  amitié  à  entretenir 
avec  Votre  Majesté  ;  et  nous  ne  cessons  de  former  des  vœux 
pour  sa  prospérité  personnelle  et  pour  celle  des  peuples  sou- 
mis à  son  gouvernement. 

Napoléon. 


L  EMPEREUR  AU   ROI   DE   PRUSSE. 

Saint-Clouil,  12  septembre  i808. 

Monsieur  mon  Frère,  j'ai  reçu  la  lettre  de  Votre  Majesté. 
Les  assurances  qu'elle  me  donne  de  ses  sentiments  me  sont 
d'autant  plus  agréables  que  tout  ce  qui  se  passe  depuis 
quinze  jours  me  donnait  lieu  d'en  douter.  Si  je  suis  contraint 
à  prendre  les  armes  pour  me  défendre,  ce  sera  avec  le  plus 
grand  regret  que  je  les  emploierai  contre  les  troupes  de 
Votre  Majesté.  Je  considérerai  cette  guerre  comme  une  guerre 
civile,  tant  les  intérêts  de  nos  Etats  sont  liés.  Je  ne  veux 
rien  d'elle  ;  je  ne  lui  ai  rien  demandé.  Toutes  les  fois  que 
les  ennemis  du  continent  ont  fait  courir  de  faux  bruits,  je  lui 
ai  fait  donner  les  assurances  les  plus  positives  de  ma  cons- 
tance à  persister  dans  les  liens  de  notre  alliance.  C'est  à 
elle  à  voir  si  elle  n'a  pas  donné  trop  légèrement  confiance 
au  parti  qui,  dans  sa  Cour,  a  été  si  prompt  et  si  chaud  à  secon- 
der les  desseins  de  nos  ennemis  communs.  J'ai  une  telle  opi- 
nion de  sa  justice,  que  je  m'en  rapporte  à  elle  pour  savoir 


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1 


32  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

qui  a  tort,  dans  cette  circonstance,  de  la  Prusse  ou  de  la 
France.  Tous  les  renseignements  qu'on  lui  a  donnés  sont 
faux.  Cela  seul,  dont  elle  est  à  présent  convaincue,  doit  lui 
prouver  que  je  suis  à   Tabri  de  tout  reproche.  Si  Votre 
Majesté  m'eût  dit  que  les  troupes  que  j'ai  en  Westphalie  lui 
donnaient  de  l'inquiétude,  je  les  eusse  retirées  pour  lui 
plaire.  Je  suis  ami  ou  ennemi  franchement.  Ceux  de  ses 
ministres  qui  ont  traité  ses  affaires  et  que  j'ai  admis  à  mon 
audience  peuvent  le  lui  témoigner.  Je  tiens  plus  que  par  le 
cœur  à  Votre  Majesté,  je  tiens  à  elle  par  la  raison.  Toutefois, 
je  viens  de  faire  aussi  des  dispositions  pour  me  mettre  en 
mesure  contre  ses  troupes,  qui  menacent  d'attaquer  mon 
armée  d'Allemagne.  Je  l'ai  fait,  parce  que  j'aurais  été  cou- 
pable envers  mon  peuple  si  je  ne  m'étais  pas  prémuni  contre 
les  préparatifs  formidables  qu'elle  fait  ;  préparatifs  qui  sont 
si  avancés,  que  les  troupes  de  sa  capitale  sont  parties,  même 
après  la  lettre  qu'elle  m'a  écrite.  Je  dois  le  dire  à  Votre 
Majesté,  jamais  la  guerre  ne  sera  de  mon  fait,  parce  que  si 
cela  était,  je  me  considérerais  comme  criminel.  C'est  ainsi 
que  j'appelle  un  souverain  qui  fait  une  guerre  de  fantaisie 
qui  n'est  pas  justifiée  par  la  politique  de  ses  États.  Je  reste 
inébranlable  dans  mes  liens  d'alliance  avec  elle.  Que,  par  sa 
réponse,  elle  me  fasse  connaître  qu'elle  les  repousse,  qu'elle 
ne  veut  mettre  sa  confiance  que  dans  la  force  de  ses  armes, 
je  serai  obligé  de  recevoir  la  guerre  qu'elle  m'aura  déclarée  ; 
mais  je  resterai  le  même,  au  milieu  des  combats,  après  des 
victoires,  si  la  justice  de  ma  cause  m'en  fait  obtenir.  Je 
demanderai  la  paix,  regardant  cette  guerre  comme    une 
guerre  sacrilège,  puisqu'elle  n'est  propre  qu'à  faire  triompher 
et  sourire  nos  ennemis.  Que  Votre  Majesté  me  réponde  au 
contraire  qu'elle  a  contremandé  ses  dispositions,  et  je  contre- 
manderai  les  miennes  de  grand  cœur;  nos  ennemis  seront 
déjoués,  et,  j'ose  le  dire,  ma  conduite  froide  et  impassible 
dans  cette  circonstance  sera  pour  elle  et  pour  ses  ministres 
une  garantie  de  la  confiance  qu'elle  doit  mettre  dans  mes 
dispositions,  qui  ne  seront  jamais  influencées  ni  par  l'intri- 
gue et  les  instigations  étrangères,  ni  par  la  chaleur  des  sen-^ 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  33 

tiinents  effervescents,  mais  qui  seront  uniquement  dirigées 
par  la  saine  politique  et  l'intérêt  de  mes  peuples. 

Napoléon, 
note  pour  une  dépêche  a  m.  lafoeest. 

Saint-Gloud,  12  septembre  1806. 

Monsieur,  le  nouveau  ministre  de  Prusse  a  remis  à 
S.  M.  l'Empereur  ses  lettres  de  créance,  et  M.  deLucchesini 
ses  lettres  de  rappel.  Sa  Majesté  a  eu  un  long  entretien  avec 
ces  deux  ministres  et  elle  doit  les  avoir  convaincus  de  son 
désir  de  vivre  en  paix  avec  la  Prusse  et  de  l'impossibilité 
politique  de  la  guerre,  parce  que,  pour  un  prince  qui  met 
autant  de  réflexions  dans  ses  opérations,  faire  la  guerre  à 
Que  puissance  à  laquelle  il  n'a  rien  à  demander,  avec 
laquelle  il  n'a  rien  à  démêler,  serait  un  véritable  acte  de 
folie.  Il  faudrait  que  l'Empereur  fût  susceptible  de  céder  au 
désir  de  jeunes  officiers  qui  voudraient  aussi  faire  la  guerre 
à  la  Prusse,  et  aux  différents  partis  qui  se  forment  dans  les 
grandes  villes. 

L'Empereur  ne  peut  estimer  la  conduite  du  cabinet  de 
Berlin;  il  a  cela  de  commun  avec  toute  l'Europe.  Si  quel- 
quefois même  il  ne  consultait  que  son  cœur,  il  ne  serait  pas 
impossible  qu'il  désirât  d'humilier  le  cabinet  de  Prusse. 
Mais  la  raison  d'Etat  fera  que  l'Empereur  sera  toujours  ami 
de  la  Prusse.  Sa  politique  s'étend  sur  le  Midi  et  non  sur  le 
Nord.  Il  est  ridicule  de  penser  que  l'Empereur  voulût  faire 
la  guerre  à  la  Prusse  pour  que  la  Bavière  eût  Baireuth,  et  le 
duc  de  Clèves,  Miinster.  La  France  n'a  donc  jamais  pensé 
à  rien  faire  qui  pût  donner  de  l'inquiétude  à  la  Prusse.  Elle 
lui  a  donné,  au  contraire,  dans  toutes  les  circonstances,  des 
assurances  de  sa  protection  et  de  l'intérêt  qu'elle  mettait  à 
rendre  plus  intimes  ses  relations  avec  elle.  Cependant  la 
Prusse  a  couru  aux  armes  sans  aucun  prétexte  -,  ses  mouve- 
ments continuent,  et,  même  aujourd'hui  où  le  cabinet  croit 
avouer  qu'il  a  eu  tort  et  qu'il  s'était  persuadé  sans  raison  que 

CAMP,   DB   FRC8SK.  3 


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34  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

la  France  en  voulait  à  la  Prusse,  on  continue  le  même  sys- 
tème. L'Empereur,  voyant  ainsi  son  système  de  paix  dé- 
rangé, ses  troupes  qui  commençaient  à  évacuer  T Allemagne 
contraintes  d*y  rester,  les  armements  de  la  Prusse  surtout 
coïncidant  avec  la  non-ratification  de  la  Russie,  se  trouve 
dans  la  nécessité  de  se  préparer  à  une  nouvelle  lutte  et  de 
lever  de  nouvelles  troupes.  Il  est  vrai  que,  de  différents 
points  de  Tintérieur  de  la  France,  des  troupes  sont  en  mar- 
che, et  que  TEmpereur  n'attend  plus  que  votre  courrier  pour 
mettre  en  mouvement  la  réserve  qu'il  a  à  Paris  et  sa  Grarde. 
Nous  passerons  donc  l'hiver  en  présence.  La  Prusse  s'épui- 
sera pour  maintenir  sur  pied  une  armée  inutile,  et  le  moin- 
dre mouvement  que  fera  la  Russie  ou  une  autre  puissance, 
des  suspicions  de  part  et  d'autre  décideront  du  commence- 
ment des  hostilités. 

Faites  sentir  ces  raisons  à  M.  de  Haugwitz  ;  dites-lui  bien 
que  des  armements  que  l'Empereur  considérait  copime  une 
folie  avant  le  refus  de  l'empereur  de  Russie  de  ratifier  le 
traité,  deviennent  aujourd'hui  une  offense.  Demandez-lui 
s'il  est  vrai  que  la  Prusse  veuille  de  gaîté  de  cœur  la  guerre, 
c'est-à-dire  sa  ruine.  Faites  sentir  à  M.  de  Haugwitz  qu'il 
sera  impossible  que  l'Empereur  reconnaisse  rien,  si  ce  n'est 
l'intégrité  du  royaume  de  Prusse,  et  la  disposition  où.  il  est 
de  ne  lui  rien  demander  5  qu'il  sera  impossible  qu'il  adhère 
à  aucun  arrangement,  à  aucune  Confédération  du  Nord, 
tant  qu'on  aura  l'air  de  la  lui  dicter  par  la  force  ;  que,  tant 
qu'on  restera  dans  cette  situation  hostile,  on  n'obtiendra 
rien  de  lui  ;  que  si,  au  contraire,  on  désarme,  si  on  déclare 
que  les  armements  ont  été  l'effet  des  craintes  qu'ont  calmées 
les  assurances  que  j'ai  données,  et  si  l'on  fait  parvenir  assez 
promptement  ces  déclarations  pour  que  les  troupes  que 
Sa  Majesté  met  en  marche  ne  passent  pas  le  Rhin,  et  surtout 
Sa  Majesté  elle-même  et  le  corps  de  sa  Garde,  aucun  de  ces 
corps  ne  passera  le  Rhin  ;  le  contre-ordre  qui  sera  donné  à 
tous  les  mouvements  offensifs  de  la  France  répondra  au 
désarmement  qui  sera  ordonné  par  la  Prusse,  et  insensible- 
ment les  troupes  françaises,  comme  il  était  dans  l'intention 


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PRÉPARATIFS   DE    GUERRE.  35 

de  Sa  Majesté,  évacueront  rAllemagne  ;  elles  seraient  déjà 
bien  près  du  Rhin  sans  cette  nouvelle  circonstance.  Si  on 
veut  la  guerre,  on  peut  rester  armé  ;  si  on  veut  la  paix,  on 
doit  désarmer. 

Vous  ferez  ces  différentes  communications  avec  prudence, 
modération  et  sagesse,  car  l'Empereur  désire  véritablement 
ne  pas  tirer  un  coup  de  fusil  contre  la  Prusse.  Il  regardera 
cet  événement  Comme  un  malheur,  parce  qu'il  vient  troubler 
des  intérêts  déjà  assez  compliqués,  qu'il  l'empêche  d'évacuer 
l'Allemagne  avec  honneur  ;  et  il  est  de  fait  que  l'Empereur 
attendait  son  armée  à  Paris  pour  le  15  octobre. 

Mais  autant  vous  mettrez  de  prudence,  de  bonnes  manières 
et  de  raisonnements  pour  porter  la  Prusse  au  désarmement, 
autant  vous  serez  impérieux,  exigeant  si  les  troupes  prus- 
siennes entraient  en  Saxe  et  la  forçaient  à  armer  contre  moi. 
Vous  déclarerez  à  M.  de  Haugwitz,  par  avance  et  en  forme 
de  conversation,  que,  si  ce  cas  arrivait,  vous  avez  ordre  de 
demander  vos  passe-ports,  et  que,  dès  ce  moment,  la  guerre 
serait  déclarée.  Vous  en  instruirez,  par  un  courrier  extraor- 
dinaire, le  maréchal  Berthier,  afin  que  les  troupes  se  mettent 
en  règle  ;  et,  si  effectivement,  après  vos  instances,  la  Prusse 
persistait  à  occuper  la  Saxe,  vous  quitteriez  Berlin. 

Napoléon. 

Le  prétexte  apparent  de  la  guerre  était,  de  la  part  de  la  Prusse,  la 
crainte  que  lui  inspiraient  les  troupes  françaises  stationnées  dans  le 
grand-duché  de  Berg.  Mais  la  cause  véritable  était  un  faux  point 
d'honneur,  un  sentiment  de  honte  qui  8*était  emparé  des  officiers 
prussiens  à  la  suite  de  la  guerre  précédente.  Ils  étaient  jaloux  de  la 
gloire  que  s'était  acquise  l'armée  française  et  ils  voulaient  se  distin- 
guer à  leur  tour  pour  montrer  à  leurs  voisins,  les  Russes  et  les  Au- 
trichiens, qu'ils  leur  étaient  supérieurs,  et  que  ce  qu'ils  n'avaient  pu 
&ire,  eux  Prussiens  le  feraient  aisément.  Les  jeunes  officiers  prus- 
siens n'avaient  d'ailleurs  pas  ménagé  les  sarcasmes  aux  officiers  au- 
trichiens et  russes  après  la  bataille  d'Austerlitz.  Ils  se  considéraient 
donc  comme  engagés  d'honneur  à  battre  l'armée  française. 


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36  CAMPAGNE  DE  PRUSSE. 


NOTE  POUB  UNE  DÉPÊCHE  A  M.  DURAND. 

Saint-Gloud,  12  septembre  1806. 

Faites  connaître  à  mon  ministre  à  Dresde  rinconséquence 
et  la  folie  des  armements  de  la  Prasse  ;  qae  mon  intention 
n'est  pas  de  laisser  violer  le  territoire  de  la  Saxe,  qu'il  doit 
s'en  expliquer  dans  ce  sens  avec  le  cabinet  de  Dresde  ;   que 
je  ne  souffrirai  pas  que,  soit  que  la  Saxe  veuille  se  déclarer 
indépendante,  royaume  de  Saxe  en  réunissant  à  sa  couronne 
les  princes  de  sa  maison,  soit  qu'elle  veuille  faire  partie  de 
la  Confédération  du  Rhin  ou  de  celle  du  Nord,  elle  soit 
influencée  d'aucune  manière  ;  mais  ce  que  je  demande,  c*est 
qu'elle  ne  fasse  aucun  armement,  que  les  Prussiens  n'entrent 
point  sur  son  territoire  ;  car,  à  la  première  entrée  en  Saxe, 
M.  de  Laforest  a  ordre  de  quitter  Berlin  et  la  guerre  est 
déclarée  ;  que  lui-même  alors  fera  comprendre  qu'il  ne  peut 
regarder  cet  événement  que  comme  un  acte  d'hostilité  de  la 
Saxe  contre  la  France  ;  que,  dans  les  circonstances  présentes, 
il  doit  parler  avec  beaucoup  de  douceur,  tacher  de  captiver 
la  Saxe,  et,  si  on  lui  demande  conseil,  dire  que  la  Saxe  doit 
être  indépendante,  sous  la  protection  de  la  France,  de  l'Au- 
triche, de  la  Russie  et  de  la  Prusse,  réunir  à  elle  les  princes 
de  sa  maison  et  se  déclarer  royaume  de  Saxe  ;  qu'elle  aura 
2,600,000  habitants,  et  qu'elle  sera  aussi  considérable  que 
le  royaume  de  Suède. 

Il  ne  doit  rien  mettre  par  écrit,  mais  parler  avec  douceur  ; 
car,  après  tout,  je  n'attache  point  à  ces  affaires  une  impor- 
tance majeure  :  ce  qui  m'intéresse  beaucoup,  c'est  que  la 
Saxe  n'arme  pas,  que  les  Prussiens  n'entrent  pas  en  Saxe. 
Le  cabinet  de  Dresde  doit  dire  au  cabinet  prussien  que  le 
ministre  de  France  a  déclaré  que,  si  la  Saxe  armait  et  qu'elle 
reçût  les  Prussiens  chez  elle,  l'Empereur  le  regarderait 
comme  une  déclaration  de  guerre. 

Napoléon. 


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PRÉPARATIFS   DE    GUERRE.  37 


NOTE   POUB  UNE   DÉPÊCHE   A   M.    BIGNON. 

Saint-Cloud,  18  septembre  1806. 

Ecrire  à  mon  ministre  à  Casse!  que,  si  l'Electeur  arme,  il 
quitte  le  pays,  vu  qu'il  ne  doit  pas  prendre  part  à  la  querelle 
de  la  Prusse.  Si  Ton  n'arme  pas,  il  ne  dira  rien  ;  mais,  au  pre- 
mier mouvement,  il  déclarera  à  M.  de  Weiss  que,  si  TElec- 
teur  arme,  il  a  ordre  de  demander  ses  passe-ports. 

Napoléon, 
l'empereub  au  maréchal  bessières. 

Saint-Gloud,  18  septembre  1806. 

Faites  faire  la  levée  de  tous  les  chevaux  que  ma  Garde  a 
chez  les  paysans  ;  faites  compléter  les  harnais,  de  manière  à 
atteler  1,200  chevaux.  Faites  faire  des  fers,  non  seulement 
poor  les  besoins  actuels  de  toute  la  cavalerie,  mais  encore 
pour  pouvoir  en  emporter  un  bon  approvisionnement.  Faites 
lever  les  boulangers  et*  tout  le  monde  nécessaire  pour  se 
mettre  en  route.  Mon  intention  est  que  la  Garde  ait  au  moins 
24  caissons,  seulement  pour  les  vivres.  Si  chaque  régiment 
de  cayalerie  et  d'infanterie  avait  besoin  de  caissons  pour  les 
bagages,  faites-moi  connaître  le  nombre  qui  serait  nécessaire. 
Donnez  ordre  à  l'officier  du  génie  de  se  tenir  prêt  à  marcher 
avec  la  Garde.  Qu'il  voie  le  ministre  et  le  général  Marescot 
pour  se  procurer  2,000  bons  outils,  lesquels  seront  chargés 
sur  6  gros  caissons  qui  suivront  la  Garde.  Remettez-moi  une 
situation  claire  qui  me  fasse  connaître  ce  qui  pourrait  partir 
d'ici  à  4  ou  ô  jours.  Ayez  soin  qu'on  retrempe  les  armes  qui 
en  auraient  besoin,  qu'on  arrange  les  épinglettes,  qu'on 
complète  les  tire-bourre  et  les  petits  bidons,  tant  pour  la 
cavalerie  que  pour  l'infanterie  ;  enfin  qu'on  fasse  tout  ce  qui 
c«t  convenable  pour  se  tenir  parfaitement  en  état.  Faites-moi 
connaître  le  nombre  d'outils  que  porte  chaque  caisson  de  la 


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38  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

Garde,  même  les  ambulances.  Ces  ambulances  me  paraissent 
une  fort  bonne  institution,  il  faudrait  en  avoir  20  au  lieu  de 
10.  Si  la  Garde  donnait  en  réserve,  il  y  aurait  beaucoup  de 
blessés  ]  si  elle  ne  donnait  pas,  ces  ambulances  serviraient 
à  Tarmée.  L'expérience  de  la  dernière  campagne  doit  vous 
faire  connaître  ce  qu'il  faut  de  boulangers.  La  Garde  aura 
8,000  bouches.  Je  joindrai  probablement  à  la  Garde  8,000 
hommes  de  troupes  de  la  ligne,  ce  qui  fera  16,000.  11  faut 
avoir  un  nombre  double  de  boulangers.  L'ordonnateur 
pourra  avoir  quelques  fours  de  campagne.  Un  bon  four  peut 
faire  du  pain  pour  3,000  hommes.  Ainsi,  avec  deux  fours, 
on  ferait  une  ration  complète  pour  la  Garde,  et  une  demi- 
ration  pour  16,000  hommes.  Il  faut  vous  souvenir  que  la 
Garde  est  obligée  de  laisser  souvent  des  boulangers  en  arrière 
et  d'en  envoyer  en  avant. 

l'empereur  au  roi  de  naples. 

Saint- Cloud,  is  sepiembro  1606. 

Je  vous  ai  mandé  que  la  Russie  n'avait  pas  ratifié.  La 
Prusse  arme  d'une  manière  ridicule  ;  toutefois  elle  désarmera 
bientôt,  où  elle  le  payera  chèrement.  Rien  n'est  plus  indécis 
que  ce  cabinet.  La  cour  de  Vienne  fait  de  grandes  protesta- 
tions, auxquelles  son  extrême  impuissance  me  fait  croire. 
Quoi  qu'il  en  soit,  je  pourrai  faire  et  ferai  face  à  tout.  La 
conscription  que  je  viens  de  lever  est  en  marche  de  tous  côtés  ; 
je  vais  appeler  ma  réserve  ;  je  suis  muni  de  tout  et  je  ne 
manque  de  rien.  Guerre  ou  paix,  je  ne  diminuerai  pas  votre 
armée.  Il  est  possible  que,  dans  peu  de  jours,  je  me  mette  k 
la  tête  de  ma  Grande  Armée.  J'ai  là  près  de  150,000  hommes, 
et  je  puis  avec  cela  soumettre  Vienne,  Berlin  et  Saint-Pé- 
tersburg.  Il  y  aura  dans  le  Nord  de  l'Italie  une  armée  assez 
formidable.  Tenez  secrètes  toutes  ces  dispositions  qu'il  est 
inutile  de  laisser  co|inaître  :  il  est  bon  qu'on  ne  les  apprenne 
que  par  la  victoire. 

...N'ayez  sur  les  affaires  politiques  aucune  inquiétude; 


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PRÉPAKATIPS    DE    GUERRE.  39 

marchez  comme  si  de  rien  n'était.  Si  véritablement  je  dois 
encore  frapper,  mes  mesures  sont  bien  prises,  et  si  sûres,  que 
FEurope  n'apprendra  mon  départ  de  Paris  que  par  la  ruine 
entière  de  mes  ennemis.  11  est  bon  que  vos  journaux  me 
peignent  occupé  à  Paris  de  plaisirs,  de  chasses,  de  négocia- 
tions... 

L'Empereur  a  en  lui-même  la  confiance  que  donnent  une  force 
véritable,  un  calcul  parfaitement  froid  de  la  situation  des  choses  et 
uDe  connaissance  complète  de  la  guerre.  Il  a  prévu  la  coalition  de 
la  Prusse  et  de  la  Russie,  auxquelles  pourra  venir  se  joindre  l'Autri- 
che en  cas  d'événements  malheureux  pour  la  France. 


L  ehpebëub  a  m.  de  TALLEYBAND.   . 

Saint-Cloud,  18  septembre  1806. 

Apportez-moi  demain  le  projet  d'une  circulaire  à  écrire 
aux  rois  de  Bavière,  de  Wurtemberg  et  aux  autres  princes 
confédérés,  pour  leur  apprendre  Tétat  de  la  question.  Vous 
ferez  tout  rouler  sur  Tindépendance  de  la  Saxe.  Je  pense 
que  vous  devez  envoyer  chercher  le  ministre  de  Saxe  pour 
lui  demander  s'il  n'a  rien  à  vous  dire. 


l'empebeub  au  majob  gënëbal. 

Saim-Cloud,  13  septembre  1806. 

J'ai  fait  donner  Tordre  à  mon  ministre  à  Berlin  d'en  partir 
sur-le-champ  si  la  Prusse  envahissait  la  Saxe.  Au  premier 
bruit  qui  vous  en  reviendra,  vous  porterez  votre  quartier 
général,  les  corps  des  maréchaux  Ney,  Augereau,  Davout  et 
la  division  Dupont  sur  Wttrzburg,  où  sera  la  réunion  de 
l'année.  La  Bavière  fournira  6,000  hommes  pour  renforcer 
k  corps  du  maréchal  Bemadotte.  Hesse-Darmstadt  fournira 
4,000  hommes  pour  renforcer  le  maréchal  Augereau.  Vous 
préviendrez  sur-le-champ  les  cours  alliées  que,  la  Prusse 
ayant  envahi  la  Saxe,  j'ai  donné  ordre  à  mes  ministres  de  se 


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40  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

retirer,  ayant  garanti  l'indépendance  de  la  Saxe.  Vous  don- 
nerez rendez-vous  aux  corps  de  Wurtemberg  et  de  Bade  sl  la 
hauteur  de  Kordlingen  sur  la  route  de  Wtirzburg.  Vous 
écrirez  à  Kapp,  à  Strasbourg,  pour  qu'il  m'en  prévienne   par 
le  télégraphe,  et  une  heure  après  je  pars  pour  Wtirzbirrg". 
Vous  vous  arrangerez  de  manière  à  ce  que  je  trouve  de   vos 
nouvelles  à  Mayence.  Cependant  toutes  les  lettres  de    la 
Prusse  sont  amicales,  et  je  ne  crois  pas  qu'elle  envahisse   la 
Saxe.  Toutefois  ma  résolution  bien  déterminée  est  de    ne 
pas  plus  laisser  envahir  la  Saxe  que  je  n'ai  laissé  envahir  la 
Bavière.  Vous  ne  manquerez  pas  de  prévenir  le  grand-duc  de 
Berg  pour  qu'il  ait  à  se  rendre  de  sa  personne  à  Wtirzburg,  en 
prévenant  le  commandant  de  Wesel  de  faire  avertir  le  roi  de 
Hollande,  et  pour  qu'on  approvisionne  Wesel  et  qu'on  tienne 
cette  place  en  état.  Dans  le  cas  où  M.  Laforest  quitterait 
Berlin,  la  Bavière  aurait  soin  de  faire  armer  et  approvision- 
ner les  châteaux  de  Ktifstein  et  de  Passau,  et  de  réunir  ses 
troupes,  hormis  une  division  de  6,000  hommes,  en  avant  de 
Munich,  de  manière  à  pouvoir  se  porter  au  secours  du  maré- 
chal Soult,  mais  sans  trop  alarmer  l'Autriche,  qni  persiste  à 
vouloir  rester  neutre  si  la  querelle  s'engage.  Il  n'y  a  pas  d'in- 
convénient que  vous  préveniez  les  généraux  qui  commandent 
les  corps  des  maréchaux  Ney  et  Davout  de  se  tenir  prêts  à 
partir  d'un  moments  l'autre.  Vous  ferez  partir  également  toute 
la  cavalerie  sans  exception  ;  il  ne  restera,  du  côté  de  l'Inn, 
que  le  corps  du  maréchal  Soult  et  20,000  Bavarois.  Les  corps 
wurterabergeois  et  badois  seront  du  côté  de  Nordlingen.  Tout 
le  reste  de  mon  armée  se  réunirait  entre  Wtirzburg  et  Bam- 
berg.  Le  même  jour  où  vous  apprendrez  que  M.  Laforest  a 
quitté  Berlin,  le  maréchal  Bernadette  entrera  dans  Baireuth. 
Quand  je  dis  l'envahissement  de  la  Saxe,  je  n'entends  pas 
l'occupation  de  quelques  cantons,  mais  l'occupation  de  la 
province  ;  vous  le  saurez  d'ailleurs  par  le  départ  de  Laforest 
et  de  Durand. 

Ces  mesures  semblaient  être  toutes  de  précaution,  puisque  le  lan- 
gage de  la  Prusse  était  amical  ;   cependant  M.   de  Laforest  quittait 


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PREPARATIFS    DE    GUERRE.  41 

Berlin  le  21,  c'est-à-dire  4  jours  seulement  après  la  réception  de 
cette  lettre  par  le  mi^or  général,  car  les  dépêches  de  TËmpereur 
mettaieiit  4  jours  pour  parvenir  à  Munich. 


l'empereur  au  maréchal  BESSIÈRES. 

Saint-GIoud,  1S  septembre  1806. 

J*ai  rintention  de  former  6  bataillons  de  dragons  à  pied, 
chacun  de  6  compagnies,  chaque  régiment  de  dragons  four- 
nissant 2  compagnies  de  100  hommes  chacune.  Il  faudrait 
pour  Tétat-major  de  ce  corps  3  majors  5  chacun  commanderait 
2  bataillons,  l'un  sera  fourni  par  les  grenadiers  vélites,  et  un 
autre  par  les  chasseurs  vélites  ;  ils  seront  attachés,  l'un  aux 
grenadiers  sous  les  ordres  du  général  Hulin,  l'autre  aux 
chasseurs  sous  les  ordres  du  général  Seules.  Un  autre  major 
serait  fourni  par  la  ligne.  11  faudrait  voir  si  des  corps  de 
la  ligne  on  ne  pourrait  pas  tirer  6  chefs  de  bataillon,  6  ad- 
judants-majors, 12  adjudants -sous -officiers,  intelligents  et 
sachant  bien  leurs  manœuvres.  Par  ce  moyen,  ce  corps  tien- 
drait par  la  tête  à  la  Garde. 

Les  ordres  pour  la  formation  de  4  bataillons  de  dragons  à  pied, 
chaque  bataillon  de  ^  compagnies,  furent  donnés  le  15  septembre 
par  le  général  Dejean. 

Chaque  compagnie  devait  comprendre  1  capitaine,  1  lieutenant, 
2  soas-lieuteuants,  1  maréchal  des  logis  chef,  4  maréchaux  des  logis, 
8  brigadiers,  2  tambours  et  130  dragons. 

Le  général  Dorsenne  était  chargé  de  la  formation  des  1*^  et  2*  ba- 
taillons à  Majence,  et  le  major  Frederichs,  de  la  Garde,  de  celle  des 
3*  et  4*  bataillons  à  Strasbourg. 

!•'  bataillon,  compagnies  des  2«,  14*,  20*  et  26''  régiments  *,  1"  di- 
vision de  dragons. 

2«batoillon,  compagnies  des  6%  11*,  IS*  et  22"  régiments*,  2«  di- 
vision de  dragons. 


1.  Les  dépôts  des  2«,  14*,  20«  el  2««  do  dragons  étaient  à  Maêstricht,  25«  di- 
^wion  militaire.  Le  1«'  bataillon,  fort  de  6O1  hommes,  oiflciers  compris,  quitta 
^aycnce  le  3  octobre. 

2-  les  dopôlâ  dos  6*,  13«  et  22»  do  dragons  étaient  à  Liégo,  25«  division.  Los 
compagoioa  du  6«,  I60,  —  du  13*,  14«,  —  du  22*,  150,  quitteront  Mayeiice  le 


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42  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

S*  bataillon,  compagnies  des  8«,  12*,  16*  et  21*  régimentB*,  3*  di- 
vision de  dragons. 

4*  bataillon,  compagnies  des  17*,  18®,  26*  et  27*  régiments,  4*  di- 
vision de  dragons. 

N'étaient  pas  compris  dans  cette  fonnation  les  l®*",  3",  5®,  9«,  15*, 
4*  et  10*  régiments  qui  devaient  fournir  un  escadron  de  200  chevaux 
à  la  réserve  de  l'intérieur,  et  le  19*  dont  le  dépôt  était  à  Strasbourg. 


L  EMPEREUR  AU  MAJOR  GENERAL. 

Saint-Cloud,  13  septembre  1806. 

Lorsque  je  vous  ai  ordonné  de  faire  éloigner  mes  troupes 
de  Nuremberg,  les  circonstances  étaient  diflférentes.  Aujour- 
d'hui, au  contraire,  il  me  semble  qu'il  faut  réunir  beaucoup 
de  troupes  autour  de  cette  ville  qui,  étant  riche,  est  dans  le 
cas  d'en  supporter  les  frais.  Jusqu'à  ce  que  le  bon  sens  soit 
revenu  à  la  Prusse  et  qu'elle  ait  désarmé,  il  est  bon  qu'on  y 
soit  en  force.  Il  serait  même  possible  que  je  donnasse  bientôt 
Tordre  au  maréchal  Ney  de  se  rapprocher  de  Wurzburg. 

l'empereur   au  major   GENERAL. 

SalDt-Gloud,  15  septembre  1806. 

Je  reçois  votre  lettre  du  9  septembre.  Je  vous  ai  écrit 
avant-hier  en  détail  que  M.  de  Laforest  devait  quitter  Berlin 
si  la  Saxe  était  envahie  par  la  Prusse,  et  que,  dans  ce  cas, 
il  avait  ordre  de  vous  en  instruire.  Du  moment  que  M.  de  La- 
forest aura  évacué  Berlin,  vous  aurez  soin  de  mettre  en 
marche  les  corps  des  maréchaux  Ney,  Davout  et  Augereau 
sur  Bamberg  ]  4,000  hommes  de  troupes  de  Hesse-Darmstadt 
renforceront  le  corps  du  maréchal  Augereau,  et  6,000  Bava- 
rois le   corps  du  maréchal  Bernadotte.  Les  24,000  autres 


i«<'  octobre.  —  La  compagnie  du  li^  de  dragons,  dépôt  àHesdin,  16*  division, 
142  hommes,  no  quitta  Mayence  que  le  19  octobre. 

1.  8*  et  25®,  dépôts  à  Strasbourg;  —  12»,  à  Schelestadt;  ^  15*,  à  Molshoim; 
—  21»,  à  Belfort;  —  17«,  18«,  27e,  à  Haguonau.  Ces  8»  et  A*  bataillons,  forts  au 
total  do  1,111  hommes,  odiciers  compris,  quittèrent  Mayence  le  29  septembre 
avec  la  Garde  à  pied.  Ils  étaient  venus  par  le  Rhin  et  étaient  partis  de  Stras- 
bourg le  26  septembre. 


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PHÉPÂRATIFS   DB    GUERRE.  43 

Bavarois  se  réuniront  en  avant  de  Munich,  hormis  ce  qui  est 
nécessaire  pour  garder  le  fort  de  Klifstein  et  les  débouchés 
du  Tyrol.  Les  Wurtembergeois  et  les  Badois  se  réuniront 
près  de  Nôrdlingen.  Les  quatre  divisions  de  dragons  et  les 
divisions  de  grosse  cavalerie  se  mettront  en  marche  sur  Bam- 
berg  et  WUrzburg.  Faites-moi  connaître,  par  le  retour  du 
courrier,  quand  tout  cela  poiura  être  rendu  aux  lieux  dési- 
gnés ;  mais  ne  faites  aucun  mouvement  que  Laforest  n'ait 
quitté  Berlin. 

I^  répétition  de  ces  ordres  indique  bien  Timportance  que  r£m- 
pereur  y  attachait. 

DÉCISION. 

Saint-Gloud,  15  septembre  1806. 

Le  mmUtre  de  V administration  de  la  giterre  présente  un  rapport 
concernant  le  nombre  des  chevaux  à  affecter  atw  régiments  de  carabi- 
niers et  de  cuirassiers,  et  demande  si  l'on  doit  procéder  à  la  formation 
du  5*  escadron. 

Je  pense  que  le  décret  est  bon,  mais  qu'il  serait  difficile 
de  leur  accorder  cette  année  780  chevaux,  parce  que  Ton 
n'aurait  pas  assez  d'hommes  habiles  pour  les  monter,  ni 
assez  de  harnachement.  Un  fonds  pour  700  chevaux  sera 
donc  suffisant,  sauf  à  faire,  en  janvier  ou  en  février,  les 
fonds  pour  les  80  autres.  Je  fais  la  même  observation  pour 
les  dépôts.  Les  régiments  étant  près  d'avoir  700  à  800  che- 
vaux, les  dépots  deviennent  moins  nécessaires.  Cependant  je 
crois  que  le  ministre  doit  organiser  l'escadron  du  dépôt  pour 
le  1"  octobre,  et,  si  la  guerre  avait  lieu,  en  porter  le  nombre 
i  780  chevaux  pour  la  grosse  cavalerie.  On  sait  très  bien  que 
cela  ne  fournira  pas  plus  de  700  chevaux  devant  l'ennemi  : 
car,  quoi  qu'on  fasse,  il  y  a  toujours  bien  60  à  80  chevaux  de 
la  dernière  remonte  qui  n'ont  pas  4  ans.  L'on  ne  saurait  trop 
recommander  de  prendre  des  chevaux  de  5  ans.  Je  ne  vois 
point  de  difficultés  d'expédier  l'organisation,  qui  est  bonne. 

Napoléon. 


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44  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


DÉCISION. 


Saint'Gloud,  16  septembre  1806. 

Le  génércU  Marescot  fait  un  rapport  êur  l'état  de  défense  de  WéseZ. 
Avec  des  blindages  et  quelques  réparations,  cette  place,  apprcvisiowènée 
d'ailleurs  de  munitions  de  guerre  et  de  bouche,  est  en  état  de  soutenir 
un  siège. 

Il  résulte  de  ce  rapport  que  Ton  a  besoin  de  blindages.  Il 
faut  savoir  ce  qu'il  y  a,  ce  qui  est  nécessaire  et  ce  qui  man- 
que. C'est  avec  des  bois  qu'on  défend  les  places  et  qu'on 
remédie  aux  inconvénients.  La  Prusse  devait  en  avoir  beau- 
coup à  Wesel.  La  Lippe  en  charrie  beaucoup,  et  on  pourrait 
en  tirer  de  la  Hollande.  Si,  à  3  lieues  de  Wesel,  sur  les  deux 
rives,  on  pouvait  trouver  des  bois  qu'on  enfermerait  dans  la 
place,  cela  seul  me  suffirait.  On  pourrait,  d'ailleurs,  faire 
passer  des  places  du  haut  Rhin  quelque  chose  qui  pourrait 
manquer.  Enfin,  donnez  des  ordres  pour  que  le  génie  fasse 
ce  qui  est  nécessaire,  et  s'arrange  comme  si  la  place  devait 
soutenir  un  siège  à  la  fin  d'octobre. 

Napoléon. 


l'empereur  au  major  général. 

Saint-^^loud,  15  septembre  1806. 

J'ai  lu  vos  lettres  du  10  septembre.  Je  désire  que  vous 
m'envoyiez,  en  détail,  l'état  des  hommes  qui  partiront  de 
chaque  corps  pour  composer  les  3"  bataillons  et  les  4*"  esca- 
drons *.  Il  ne  vous  échappera  pas  que  plusieurs  régiments  de 


1.  LH  MARÉCHAL  aOOLT  AU  MAJOR  OÉHÉRAL. 

80  septembre  1806. 

J*ai  l'honneur  d'adresser  à  V.  A.  Tëtat  de  situation  de  l'infanterie  employée 
au  corps  d'armée  suivant  le  modèle  qu'elle  n  envoyé  et  Tétat  de  situation  des 
3  divisions  de  cavalerie  (division  de  cavalerie  légère  du  corps  d'armée,  S«  tli- 
vision  de  dragons,  s*'  divisiou  de  grosse  cavalerie). 

J*ai  cru  devoir  faire  distinguer  ces  deux  états  qui  sont  de  la  plus  grande 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  45 

cavalerie  et  d'infanterie  avaient  déjà  à  leurs  dépôts  beaucoup 
de  monde.  J'imagine  qu'on  aura  compris  tout  ce  qui  y  existait 
en  officiers  et  sous-officiers,  c'est-à-dire,  en  parlant  d'une 
antre  manière,  que  chaque  régiment  d'infanterie  et  de  cava- 
lerie aura  conservé  les  officiers  et  les  sous-officiers  des  2  pre- 
miers bataillons  et  des  3  escadrons.  S'il  en  était  autrement, 
et  qu'on  en  eût  envoyé  davantage,  il  faudrait  les  faire  reve- 
nir. Je  le  répète,  il  doit  y  avoir  à  l'armée  le  colonel  (le  major 
doit  être  en  France),  le  major  si  le  colonel  est  absent,  les 
2  chefs  d'escadron  de  cavalerie,  les  6  capitaines,  en  un  mot 
tous  les  officiers  et  sous-officiers  qui  composent  les  6  compa- 
gnies ou  les  3  escadrons;  de  même  pour  l'infanterie. 

J'ai  lu  l'état  de  situation  de  l'armée  bavaroise.  Faites  for- 
mer nne  division  de  6,000  Bavarois,  qui  pourrait  se  réunir  à 
Ingolstadt  pour  être  prête  à  se  ranger  sous  les  ordres  du 
maréchal  Bemadotte.  Il  paraîtrait  que  4  régiments  de  ligne, 
2  bataillons  d'infanterie  légère  et  3  régiments  de  cavalerie, 
tout  cela  ayant  15  à  16  pièces  de  canon,  feraient  une  bonne 
division  de  6,000  bommes.  Que  le  roi  en  réunisse  une 
pareille  à  Munich  pour  pouvoir  l'envoyer  partout  où  les  cir- 
constances l'exigeront  ;  et  que  le  reste  soit  placé  pour  garder 
les  débouchés  du  Tyrol  et  former  les  garnisons  de  Ktifstein 
et  de  Passau. 

J'ai  donné  un  grand  mouvement  à  la  cavalerie.  On  achète 
des  chevaux  de  tous  côtés,  et  les  dépôts,  qui  ont  été  vidés 
dernièrement,  se  remplissent  de  nouveau.  Ce  matin  sont 
partis  1,000  chevaux  de  ma  Garde. 

Toutes  les  fois  que  vous  m'enverrez  l'état  de  situation  de 


«zactitude,  afin  qae,  dans  celui  qui  concerne  la  cavalerie,  V.  A.  trouvât  Tëtat 
de  composition  des  4^«  escadrons  qui  sont  partis  en  vertu  de  ses  ordres  pour 
rentrer  on  France,  mais  h  l'avenir  ces  états  seront  confondus. 

L^opération  relative  au  ^*  escadron  s'est  faite  dans  tous  les  régiments  du 
corps  d'armée  avec  beaucoup  d'exactitude  et  les  corps  n'ont  renvoyé  absolu- 
ment que  les  cadres;  encore  les  chevaux  qui  sont  partis  étaient-ils  absolument 
^ra  de  service  ;  cependant  V.  A.  remarquera  que  dans  les  cuirassiers  on 
en  a  renvoyé  un  plus  grand  nombre  que  dans  les  dragons  et  la  cavalerie 
légère;  je  m*en  suis  plaint  aux  colonels  et  tous  m'ont  fait  la  môme  réponse 
que  celui  du  ii«  régiment,  duquel  je  remets  ci-joint  la  lettre.  Eu  général 
tous  les  chefs  m'ont  assuré  qu'ils  ne  croyaient  pas  que  la  moitié  des  chevaux 
qu'ils  envoyaient  au  dépôt  arrivassent  on  France,  tant  était  nécessaire  sous 
ce  rapport  l'opération  qu'ils  viennent  de  faire. 


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46  CAMPAGNE    OR    PRUSSE. 

la  Grande  Armée,  ajoutez-y  celui  de  Tarmée  bavaroise,  des 
deux  divisions  qui  se  réunissent  aux  environs  d'iAgoLstadt  et 
de  Munich,  avec  le  détail  des  troupes  portées  dans  le  Tyrol. 
Faites-y  mettre  les  noms  des  généraux  et  des  colonels.  Il  faut 
que  je  me  familiarise  avec  la  connaissance  de  cette  armée. 
Si,  dans  la  dernière  campagne,  j'en  avais  bien  connu  la 
force,  TaflEaire  d'Tglau  ne  serait  pas  arrivée. 

Voici  comment  je  désirerais  que  les  divisions  bavaroises 
fussent  formées  : 

Division  faisant  partie  du  corps  du  maréchal  Bemadotte  : 

4  régiments  d'infanterie  de  ligne,  que  je 

suppose,  présents  sous  les  armes,  à  .    .  4,500  hommes 

2  bataillons  d'infanterie  légère 1,000 

3  régiments  de  cavalerie  à  cheval.    .    .    .  1,200 
Artillerie 500 

A  peu  près 7,000  hommes 

Division  destinée  à  être  placée  entre  l'Isar  et  l'Inn  : 

5  régiments  d'infanterie  de  ligne,  que  je 
suppose,  présents  sous  les  armes,  à  .    .     6,000 

2  bataillons  d'infanterie  légère 1,000 

3  régiments  de  cavalerie 1,200 

A  peu  près 9  à  10,000  hommes 

avec  l'artillerie. 

Cette  division  pourrait  être  augmentée  de  toutes  les 
recrues  et  des  moyens  de  la  Bavière. 

Troupes  placées  dans  le  Tyrol  : 

Un  régiment  de  ligne  ;  2  bataillons  d'infanterie  légère  de 
1,200  hommes. 

A  Passau,  un  régiment  d'infanterie  de  ligne,  etc. 

Ce  qui  ferait  une  vingtaine  de  mille  hommes,  et  à  l'effectif 
avec  les  dépôts,  environ  25,000  hommes. 

S'il  y  en  avait  davantage,  ce  serait  un  bien.  Je  désire  avoir 
un  état  en  règle  de  la  situation  de  ces  divisions. 

P. -S.  —  Vous  avez  donné  bien  tard  l'ordre  au  21*  léger  de 


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PRÉPARATIPS    DE    GURRRB.  47 

partir  ;  comme  j'en  avais  également  donné  Tordre  au  ministre 
Dejean,  j'espère  qu'il  l'aura  fait  partir  de  bonne  heure. 

l'emfebeub  au  vice-roi  d'italie. 

Saint-Cloud,  15  septembre  1806. 

La  Prusse  continue  d'armer;  j'espère  qu'elle  désarmera 
bien  vite  ou  qu'elle  s'en  repentira  bientôt.  Je  suis  bien  avec 
l'Autriche,   qui  me   proteste  de  son  désir  de  maintenir  la 
bonne  harmonie.  Dans  cette  situation  de  choses,  il  faut  que 
Palmanova  soit  bien  approvisionnée,  qu'il  n'y  ait  en  Istrie 
que  ce  que  l'ennemi  ne  pourra  prendre,  et  que  ce  que  je 
puis  évacuer  promptement  sur  Palmanova.  Si  Osoppo  est  en 
état  d'être  approvisionné,  prenez  des  mesures  pour  qu'il  le 
soit.  Cependant  ne  faites  aucun  mouvement.  Ces  dispositions 
sont  de  simples  précautions,  et  rien  n'est  plus  pacifique  que 
le  langage  de  la  cour  d'Autriche.  Donnez  l'ordre  aux  3  régi- 
ments de  cuirassiers  qui  se  trouvent  en  Italie  de  se  tenir  prêts 
à  partir  ;  chacun  de  ces  régiments  formera  3  escadrons  forts 
de  160  hommes  chacun,  et  laissera  le  4*  escadron  au  dépôt 
en  Italie.  Vous  donnerez  l'ordre  que  chacun  ait  sa  forge  de 
campagne,  et  des  fers  pour  faire  une  route  de  30  jours,  mon 
intention  étant,   si   les  affaires  se  brouillent,  de  les  faire 
venir  en  Allemagne  par  Insprllck.  Faites-moi  connaître  si, 
en  cas  d'événement,  on  pourrait  défendre  Venise  dans  l'état 
oii  elle  est,  en  y  jetant  les  dépôts  des  armées  de  Naples,  de 
Dalmatie,  d'Istrie  et  du  Frioul,  et  s'il  y  aurait  assez  d'appro- 
visionnements de  bouche.  Je  vous  le  répète,  je  n'ai  rien  à 
craindre  de  l'Autriche.  Ce  sont  des  précautions  qui  ne  seront 
sans  doute  pas  nécessaires  ;  mais  il  faut  tout  prévoir. 

l'empebeub  au  soi  de  hollande. 

Saint-Gloud,  15  septembre  1806. 

...Je  vous  ai  écrit,  il  y  a  peu  de  jours,  pour  le  camp 
d'Dtrecht.  Si  le  65*  est  à  Nimègue,  il  est  bien  ;  il  faudra 


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48  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

bientôt  qu'il  aille  à  Wesel.  Je  suis  dans  un  moment  de  crise 
avec  la  Prusse  ;  mais  mes  moyens  sont  prêts.  Réunissez  les 
troupes  qui  sont  sur  vos  côtes  à  Utrecht  et  du  côté  de  Nimè- 
gue,  pour  pouvoir  les  porter  rapidement  sur  Wesel.  Je  vous 
ai  fait  connaître  qu'en  quatre  jours  vous  pouvez  vous  porter 
sur  Wesel.  Cependant  j'imagine  que  cette  crise  sera  bientôt 
passée  y  et  que  la  Prusse  désarmera  et  ne  voudra  pas  se  faire 
écraser.  Le  succès  est  certain  et  je  réunirai  à  vos  Ktats 
rOst-Frise  et  le  port  d'Emden.  La  Prusse  pacifiée,  soit  par 
des  explications,  soit  par  des  victoires,  il  faudra  penser  à 
l'expédition  de  Surinam... 

Je  vous  ai  demandé  un  mémoire  sur  vos  places  du  côté  de 
la  Prusse.  Approvisionnez-les,  mais  sans  faire  de  grandes 
dépenses;  vous  n'avez  pas  grand'cliose  à  craindre  de  ces 
gens-là. 

Hâtez-vous  de  mobiliser  vos  troupes  :  réunissez  les  forces 
que  vous  avez  disponibles,  afin  de  leur  en  imposer  et  de  gar- 
der vos  frontières,  pendant  qu'avec  mon  armée  d'Allemagne 
je  me  jetterai  au  milieu  de  la  Prusse  et  marcherai  droit 
à  Berlin.  Tenez  tout  cela  secret.  Correspondez  fréquemment 
avec  moi  pour  me  faire  connaître  en  détail  tout  ce  que  vous 
ferez,  afin  que  je  connaisse  vos  ressources  en  infanterie, 
cavalerie,  etc.,  et  la  situation  de  vos  frontières  du  côté  du 
Nord. 

l'empereur  au  roi  de  hollande. 

Saint-Cloud,  15  septembre  1806. 

J'ai  reçu  vos  lettres  du  12.  Je  vois  avec  plaisir  que  votre 
camp  se  forme.  Envoyez-m'en  l'état  de  situation  en  règle,  en 
faisant  mettre  sur  une  colonne  les  présents  sous  les  armes, 
et  sur  une  autre  colonne  les  malades  et  absents.  Comptez 
vous-même  les  présents  sous  les  armes,  afin  d'être  sûr  de 
votre  calcul.  La  lutte,  si  elle  a  lieu,  ne  sera  pas  longue  et 
sera  décidée  bien  plus  vite  que  la  première. 

...Faites-moi  connaître  combien  vous  payerez  vos  chevaux 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  49 

d'artillerie  et  s'ils  sont  bons.  Faites-moi  connaître  si  vous 
avez  autour  de  vous  des  officiers  du  génie  qui  aient  été  en 
Hanovre  et  qui  connaissent  parfaitement  TEms  et  tous  les 
pays  jusqu'au  Weser.  D'ailleurs  tout  ceci  n'est  encore  que 
préparatifs,  et  je  suis  plus  prêt  et  plus  en  mesure  que  mes 
ennemis. 

Faites  passer  la  revue  de  vos  régiments  de  cavalerie  et 
faites-les  compléter  en  chevaux... 

LE   MARÉCHAL   DAVOUT   AU   GÉNÉRAL   FRLkNT. 

Paris»  15  septembre  1806. 

J'arrive  de  Saint-Cloud,  mon  cher  Général  ;  S.  M.  m'a 
accueilli  avec  sa  bonté  ordinaire.  Elle  m'a  parlé  de  partir 
60U8  peu  de  jours  pour  vous  rejoindre.  Cette  nouvelle  est 
pour  vous  seul  et  mon  chef  d'état-major.  Tout  est  à  là  guerre 
ici  ;  une  partie  de  la  Garde  est  partie  ce  matin.  Cependant 
beaucoup  de  personnes  croient  que  ces  préparatifs  n'auront 
aucun  autre  résultat  que  de  déterminer  la  paix,  et  par  con- 
séquent de  rendre  ridicule  l'armement  des  Prussiens.  Mais 
dans  tous  les  cas,  nous  sommes  en  mesure  ;  ma  dernière  ins- 
pection des  troupes  m'a  donné  cette  conviction.  Il  y  a  un 
article  bien  important  cependant  dont  nous  manquons  totale- 
ment, c'est  celui  des  marmites,  bidons,  etc.  Je  me  suis  assuré 
ici  que  l'on  n'avait  aucun  moyen  de  nous  en  faire  délivrer. 
Il  ne  faut  donc  compter  que  sur  nous.  Aussi  je  vous  invite  à 
la  réception  de  ma  lettre  à  prévenir  les  généraux  de  division 
de  recommander  aux  colonels  de  s'assurer  que  dans  le  cas 
d'un  ordre  de  départ,  chaque  capitaine  se  procurera  de  gré 
à  gré  des  habitants  de  ces  marmites  faites  en  tôle  battue  dont 
ou  fait  usage  en  Allemagne.  Cet  objet  n'est  point  très  coû- 
teux et  donnera  au  soldat  la  facilité  de  faire  sa  soupe.  Il  faut 
que  chaque  compagnie  s'en  procure  de  manière  à  en  avoir 
une  ou  deux  de  plus.  Il  vaut  mieux  à  cet  égard  être  riche 
puisqu'il  ne  s'en  perd  que  trop.  Cet  ordre  devra  être  promp- 
tement  exécuté  et  est  pour  toutes  les  armes  du  S**  corps. 


CAUP.   D/.   PkVSSS. 


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50  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Il  est  probable  que  lorsque  vous  recevrez  cette  lettre,  je 
serai  en  route  pour  vous  rejoindre. 

l'empereur  au  major  qënéral. 

Sainl-Cloud,  16  septembre  1806. 

Je  viens  de  voir  le  maréchal  Davout,  qui  m'a  fait  connaî- 
tre le  bon  état  dans  lequel  se  trouve  son  corps  d'armée.  Je 
vous  ai,  je  crois,  déjà  demandé  des  renseignements  pour 
connaître  si  tous  les  corps  avaient  leurs  ambulances.  Je  dé- 
sire avoir  un  prompt  rapport  sur  cet  objet.  Chaque  régiment 
doit  avoir  son  ambulance,  chaque  division  doit  avoir  la 
sienne,  et  chaque  corps  d'armée  doit  en  avoir  une  \  Chaque 
division  de  corps  d'armée  doit  avoir  400  ou  500  outils  de 
pionniers,  outre  1,500  pour  chaque  corps  d'armée  *.  Ne  perdez 


1.  Par  le  rapport  du  major  général  à  l'Empereur  en  date  du  24  septembre, 
ou  voit  qu'il  fut  affecté  un  caisson  d'ambulance  à  4  roues  par  régimeni  d'in- 
fauterio  et  un  par  division,  et  en  outre  un  cuisson  d'ambulance  légère  à 
2  roues  par  division  et  deux  par  corps  d'armée  comme  réserve. 

M.  Vanderbach,  chirurgien-major  du  9«  loger,  chargé  du  service  de  la  divi- 
sion Dupont,  toucha  le  27  septembre  des  magasins  de  Mayence  le  matériel 
destiné  à  la  division  et  en  lit  la  répartition  entre  les  corps  (9«  léger,  32«,  96', 
i«r  (]e  hussards),  qui  reçurent  chacun  54  kilogrammes  de  linge  à  pansement 
(bandes  et  compresses),  12  kilogrammes  et  demi  de  charpie,  une  paillasse, 
une  caisse  à  amputation  complète  ;  M.  Vanderbach  conserva  pour  le  9^  léger 
une  caisse  double  à  amputation  et  à  trépan  complète.  Il  demandait  qu'il  y  eut 
à  chaque  régiment  un  cheval  pour  porter  tous  ces  effets  d\imbulance.  La  division 
Dupont  avait  perdu  ses  caissons  dans  la  campagne  de  Tan  XIV. 

2.  LK   MAJOB   GÉNÉRAL    AU   GÉMKRAIj   ANDRÉOSSY,    COUMARDAMT   LK  GKNIE. 

Munich,  21  septembre  1806. 

Je  vous  ordonne  de  faire  ncheler  sur-le-champ  30  caissons  qui,  avec  les  il 
qui  existent,  suIUront  pour  donner  à  chaque  division  d'infanterie  un  caisson 
contenant  400  à  500  outils  et  à  chnque  corps  d'armée  2  caissons  qui  pourront 
porter  l,ooo  outils;  le  reste  servira  pour  le  parc  général  avec  quelques  voi- 
tures de  réquisition  qu'on  y  joindra,  si  cela  est  nécessaire;  je  mets  en  con- 
séquence à  votre  disposition  une  somme  de  72,noo  fr.  pour  les  so  caissons 
qui  devront  être  rendus  à  Wûrzburg  du  5  au  6  octobre  au  plus  tard  pour 
être  répartis,  ainsi  que  les  outils,  aux  différents  corps. 

Je  viens  d'écrire  au  directeur  à  Strasbourg  de  faire  venir  à  l'armée  13,000 
outils,  indépendamment  dos  9,ooo  que  je  vous  ai  chargé  de  faire  venir. 

J'ai  écrit  également  au  directeur  du  génie  à  Mayence  pour  qu'il  fasse  aussi 
passer  12,000  outils  à  Wùrzburg;  s'il  n'y  en  avait  pas  assez  do  disponibles 
dans  ces  places,  j'ai  dit  aux  directeurs  de  prendre  une  partie  de  ce  nombre 
sur  l'approvisionnement  du  siège  de  la  direction,  en  les  autorisant  à  les  faire 
remplacer  sur*le- champ  p:u:  les  outils  que  je  les  ai  autorisés  a  faire  fuire< 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  Ôl 

pas  un  moment  pour  organiser  cette  partie  si  importante. 
Sans  outils,  il  est  impossible  de  se  retrancher  ni  de  faire  ' 
aucun  ouvrage,  ce  qui  peut  avoir  des  conséquences  bien 
funestes  et  bien  terribles.  J'imagine  que  vous  avez  un  offi- 
cier général  commandant  le  génie  ;  ne  fût-ce  qu'un  colonel, 
il  est  indispensable  qu'il  y  ait  un  officier  qui  commande  et 
qui  corresponde  avec  les  autres  officiers  du  génie.  Un  troi- 
sième objet  qui  mérite  votre  attention  ce  sont  les  bidons  et 
les  marmites  ;  ordonnez  aux  corps  d'acheter  le  nombre  qui 
leur  est  nécessaire. 

l'empereur  au  général  dejean* 

Saiut-Cloud,  17  septembre  18O6. 

Si  la  Prusse  nous  déclarait  la  guerre,  Mayence  paraîtrait 
être  le  pivot  des  mouvements  contre  cette  puissance.  Par  le 
Mayn  on  doit  arriver  à  Wttrzburg  en  peu  de  jours.  Je  désire 
que  le  munitionnaire  puisse  se  procurer,  dans  le  plus  court 
délai,  15,000  quintaux  de  farine,  afin  que,  si  on  en  avait 
besoin,  on  pût  les  faire  transporter  rapidement  sur  Wttrz- 
burg. 

Cependant  il  faut  que  cela  ne  coûte  rien,  c'est-à-dire  que 
les  15,000  quintaux  *  de  farine  servent  à  l'approvisionnement 
ordinaire.  Cette  quantité  est,  je  crois,  nécessaire  pour  nour- 
rir 150,000  hommes  pendant  dix  jours  *.  Le  munitionnaire 
ne  doit  pas  être  en  peine  pour  se  les  procurer.  Si  l'armée 
rentre,  une  grande  partie  rentrera  par  Mayence,  et  cet  ap- 
provisionnement lui  servira.  Si,  au  contraire,  l'armée  guer- 
roie, et  qu'on  en  ait  besoin,  on  le  ferait  venir  à  Wttrzburg, 
et  on  le  lui  payerait.  Présentez-moi  un  rapport  sur  la  ma- 
nière la  plus  avantageuse  de  parvenir  à  ce  but. 

Cette  expression  de  pivot  des  mouvements  ou  pivot  des  opérations 

1.  n  8*agit  du  quintal  de  100  livres. 

s.  D'après  le  calcul  de  TEropereur,  un  quinlal  de  farine  donnerait  100  ra- 
tions ot  1,000  quintaux  100,000  rations.  Or,  d'après  le  rapport  de  Tintendant 
général  du  7  octobre,  1^000  quintaux  no  donnaient  que  90,000  rations. 


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52  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 

^^applique  aux  grandes  places  qui  servent  de  point  d*appui  aux  ar- 
mées, qu'il  s'agisse  des  places  situées  sur  la  frontière  au  début  des 
hostilités,  ou  plus  tard  des  places  du  pays  ennemi  ou  de  celles  de 
son  propre  pays  suivant  la  marche  des  opérations. 


L  EMPEBEUB  AU   GENERAL   DEJEAN. 

Saiul-Gloud,  17  septembre  180C. 

3,600  quintaux  métriques  de  blé  ne  sont  pas  suffisants  pour 
Wesel  ;  faites-en  réunir  le  double,  c'est-à-dire  7,200.  Par  ce 
moyen,  la  moitié  de  cet  approvisionnement  restera  toujours 
en  cas  de  siège,  et  l'autre  moitié  pourra  servir  pour  le  pas- 
sage et  pour  tout  ce  qui  précéderait  un  siège.  Le  munition - 
naire  doit  fournir  à  cet  approvisionnement  de  manière  à  ce 
qu'il  n'en  coûte  rien,  car  il  y  aura  toujours  beaucoup  de 
troupes  à  Wesel  et  aux  environs.  Veillez  à  ce  qu'il  y  ait  à 
Maëstricht,  Juliers.  et  Venloo*,  une  quantité  d'approvision- 
nements capable  de  faire  un  fonds  suffisant  pour  en  nourrir 
la  garnison  pendant  quelque  temps.  Ordonnez  au  munition- 
naire  d'envoyer  à  Wesel  du  riz,  des  légumes  en  quantité 
correspondante  aux  autres  approvisionnements,  ainsi  que  de 
l'eau-de-vie. 

Faites  filer  sur  Wesel  les  102,000  rations  de  biscuit  qui 
sont  à  Wissembourg  et  Haguenau,  pour  y  servir  également 
de  fonds  d'approvisionnement. 

Assurez- vous  s'il  y  a  à  Wesel  des  moulins,  et  si  l'on  ne 
peut  pas  les  empêcher  de  moudre,  et,  dans  le  cas  où  les 
moulins  ne  seraient  pas  indépendants  de  l'ennemi,  ordonnez 
qu'on  ait  toujours  une  grande  quantité  de  farine  en  ma- 
gasin. 

L'Empereur  reviendra  le  20  sur  Torganisation  des  places  de 
Mayence  et  de  Wesel,  lorsqu'il  aura  donné  les  ordres  pour  la  réu- 
nion de  son  armée. 


1.  Place  de  seconde  ligne. 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  53 

l'empereur  au    général   RAPP,    commandant   la  5*  DIVI- 
SION  MILITAIRE. 

Saint-Cloud,  17  septembre  i806. 

Je  reçois  l'état  de  situation  des  4,000  hommes  qui  peuvent 
partir.  J'ai  accordé  des  fonds  à  tous  les  régiments  de  cava- 
lerie pour  les  remontes.  Veillez  à  ce  qu'ils  passent  des  mar- 
chés pour  acheter  les  chevaux.  Je  n'ai  point,  dans  les  situa- 
tions que  vous  m'avez  envoyées,  celles  des  compagnies  de 
grenadiers  des  3*  et  4*  bataillons.  Envoyez-moi  cette  situa- 
tion, que  je  désire  avoir. 

Quelle  serait,  par  exemple,  la  force  d'un  bataillon  de  6  com- 
pagnies qui  serait  formé  des  compagnies  des  3*,  4*,  18*,  57^ 
et  88*  régiments  de  ligne,  qui  sont  à  leurs  3®  bataillons,  et 
d'un  autre  bataillon  qui  serait  formé  avec  les  compagnies  de 
carabiniers  des  7*,  lO**,  16*  et  24*  légers,  qui  se  trouvent  à 
leurs  3*  bataillons  au  dépôt?  Faites-moi  connaître  aussi  la 
situation  des  voltigeurs. 

P.-S.  —  Si  j'avais  besoin  de  réorganiser  les  gardes  natio- 
nales que  Kellermann  avait  organisées  à  Strasbourg,  seraient- 
elles  de  bonne  volonté  ?  Auraient-elles  leurs  habits  ?  Combien 
étaient-elles?  Si  les  circonstances  le  voulaient,  seraient-elles 
dans  le  cas  de  tenir  garnison  à  Strasbourg,  ou  même  à 
Mayence?  Vous  sentez  que  ceci  est  pour  vous  seul  ;  que  c'est 
votre  opinion  que  je  vous  demande.  Vous  ne  devez  même 
pas  laisser  pénétrer  que  je  vous  ai  fait  ces  questions. 

l'empereur  au  major  général. 

Saint-Cloud»  17  septembre  1806. 

Je  vous  envoie  l'expédition  d'un  décret  que  j'ai  pris  pour 
la  remonte  de  la  cavalerie.  Comme  tous  les  régiments  ont 
reçu  20,000  fr.  à  Strasbourg  pour  leur  fourrage  à  leur  ren- 
trée en  France,  vous  leur  ordonnerez  de  prendre  10,000  fr. 
8ur  ce  fonds  pour  acheter  des  chevaux,  et  ils  les  remplace- 


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54  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ront  à  la  masse  de  fourrage  *  lorsque  Tordonnance  du  ministre 
Dejean  sera  arrivée,  et  que  ces  10,000  fr.  leur  seront  payés. 
J'ai  pris  un  décret  qui  met  un  million  à  votre  disposition. 
L'ordre  n'en  arrivera  que  dans  quelques  jours  au  payeur  de 
la  part  du  ministre  du  Trésor  public  5  mais  cela  ne  vous  em- 
pêchera pas  de  le  voir,  et  de  disposer  des  sommes  nécessaires 
pour  les  services  urgents  et  pressants.  Que  chaque  corps 
complète  son  ambulance,  et  se  procui'e  ses  marmites  et  ses 
bidons.  Vous  garderez  sur  ce  million  ce  qui  vous  sera  néces- 
saire pour  vos  dépenses  secrètes. 

Prenez  des  mesures  pour  bien  connaître  les  noms  des  rég-i- 
ments  qui  composent  les  camps  de  Magdeburg,  de  Hameln 
et  de  Breslau,  et  tous  les  mouvements  des  Prussiens. 

Je  pense  qu'il  serait  nécessaire  de  faire  faire  du  biscuit  à 
Bamberg  et  à  Wttrzburg.  Cependant  je  voudrais  que  cela  se 
fît  sans  éclat,  pour  ne  pas  trop  démasquer  ce  que  j'ai  le  projet 
de  faire,  si  jamais  l'ennemi  me  pousse  à  bout. 

J'imagine  que  la  place  de  Braunau  est  en  bon  état.  J'ima- 
gine aussi  que  les  régiments  de  cavalerie  ont  leurs  forges  de 
campagne  et  leurs  fers  et  que  tous  les  corps  ont  leurs  capotes. 
Vous  pouvez  disposer  sur  le  million  des  sommes  nécessaires 
pour  faire  confectionner  des  capotes,  sauf  à  se  mettre  en 
règle  auprès  du  ministre  Dejean,  qui  retiendra  cet  argent 
sur  les  masses  d'habillement. 

Employez,  si  cela  est  nécessaire,  250,000  fr.  pour  les 
vivres,  et  réunissez  beaucoup  de  farine  du  côté  de  Bamberg 
et  de  Wurzburg. 

Vous  pouvez  vous  concerter  avec  M.  de  Montgelas  sur  la 
manière  de  faire  ces  achats  et  de  les  faire  filer  sur  les  diflFé- 
rents  points  le  plus  secrètement  possible.  Mais  il  faut  que 
tout  cela  y  soit  rendu  très  promptement. 

Donnez  ordre  au  payeur  général  et  au  parc,  qui  se  trou- 


1.  Par  décret  du  25  février  I8O6,  l'Empereur  avait  arrêté  qu'à  dater  du 
!<><'  avril  1806  la  masse  de  fourrage  serait  remise  aux  corps  pour  ôtre  em- 
ployée par  le  conseil  d'admiiiistralioa ,  et  qu'elle  serait  payée  aux  corps  par 
douzième,  par  mois  et  d'avance,  à  l'effectif  d'après  les  revues.  —  Les  four- 
rages étaient  fournis  auparavant  par  les  magasins  de  TËtat. —  Les  régiments 
n'avaient  pas  reçu  les  20,000  fr.  de  la  masse  de  fourrage. 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  55 

Tent  à  Augsburg,  de  se  tenir  prêts  à  marcher  au  premier 
ordre. 

Avez  un  commandant  du  génie  qui  ait  des  correspondances 
avec  les  commandants  du  génie  des  différents  corps  d'armée. 
Que  ce  soit  un  officier  général  ou  un  colonel,  peu  importe. 
Qu'il  ait  autour  de  lui  de  jeunes  officiers  du  génie  dont  on 
puisse  se  servir  pour  des  missions.  Que  chaque  corps  d'armée 
ait  la  quantité  d'outils  que  j'ai  prescrite. 

ilayence  va  devenir  le  point  d'appui  de  tous  les  mouve- 
ments de  l'armée.  • 

Faites-moi  connaître  combien  il  faudrait  de  jours  à  des 
bateaux  pour  remonter  de  Mayence  à  Wiirzburg. 

Prévenez  bien  les  officiers  du  génie  que  mon  intention  est, 
dans  la  prochaine  campagne,  de  remuer  beaucoup  de  terre  ; 
({u'il  faut  donc  qu'ils  aient  beaucoup  d'outils. 

Cette  dépêche  arriva  le  22  ;  les  ordres  furent  expédiés  le  23  et  le 
major  général  répondit  le  24. 

Oq  se  procure  par  tous  les  moyens  possibles  des  renseignements 
sur  rennemi,  sur  ses  rassemblements,  sur  ses  mouvements,  sur  la 
composition  de  ses  forces  en  tel  ou  tel  point.  Les  agents  diploma- 
tiques, tant  que  les  relations  ne  sont  pas  rompues,  et  les  agents  ae- 
en*te,  en  tout  temps,  recueillent  tous  les  bruits  qui  circulent.  Il  faut 
avoir  des  agents  partout,  dans  l'intérieur  du  pays  ennemi,  sur  les 
différentes  frontières,  dans  les  pays  voisins.  Le  service  secret  n'est 
pas  limité  à  l'état-major  de  Tarmée  ;  chaque  comniandant  de  corps 
d'armée  a  aussi  un  bureau  de' renseignements  monté  avec  des  agents 
qui  circulent  et  lui  envoient  des  nouvelles.  Le  Commandant  de  l'ar- 
mée discerne  ensuite  lui-même  les  renseignements  auxquels  il  peut 
ajouter  foi  ;  il  compare  entre  eux  les  différents  rapports  et  juge  des 
projets  de  l'ennemi. 

L'Empereur  demande  aujourd'hui  17  les  noms  des  différents  régi- 
ments composant  les  camps  de  Hameln,  Magdeburg  et  Breslau  ;  le 
19  il  ordonnera  au  major  général  de  s'enquérir  de  ce  qui  se  passe  à 
^i^Ue,  où  on  lui  assure  qu'il  y  a  déjà  des  rassemblements  de  troupes 
prussiennes,  et  au  grand-duc  de  Berg  de  faire  reconnaître  les  can- 
tonnements des  Prussiens  et  les  noms  des  régiments  qui  occupent  les 
camps  de  Hameln  et  environs,  ainsi  que  la  force  des  compagnies  et 
des  bataillons.  Le  Commandant  de  l'armée  guide  donc  lui-même  le 
service  des  renseignements  des  états-majors  à  l'aide  des  renseigne- 


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56  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 

nients  que  lui  fournissent  la  diplomatie  et  la  police.  Plus  le  Coin  man- 
dant de  Tarmée  est  puissant,  mieux  il  est  servi.  Lorsqu'il  esta  la.  fois 
le  souverain  du  pays  et  le  chef  de  Tarmée,  il  dispose  de  tous  les  moyens. 

L*Empereur  connaît  la  composition  de  Tannée  prussienne  ;  mais 
la  répartition  des  forces  entre  les  différents  rassemblements  et  les 
mouvements  exécutés  lui  dévoileront  les  projets  de  son  ennemi  et  lui 
permettront  de  prendre  ses  mesures  pour  les  déjouer  et  de  combiner 
ses  propres  opérations  d'après  les  projets  entrevus. 

Un  plan  d'opérations  arrêté  d'avance  dans  toutes  ses  parties  et 
imposé  au  Commandant  de  l'armée,  lorsqu'il  n'est  pas  le  chef  de 
l'État,  est  donc  une  mauvaise  mesure  puisque  le  plan  d'opérations 
doit  être  jnodifié  suivant  les  dispositions  de  l'ennemi,  que  révèlent 
les  renseignements  des  agents  secrets  et  qui  ne  sont  connues  que 
successivement. 

Voilà  les  ordres  d'exécution  pour  la  réunion  des  subsistances,  et 
le  major  général  n'a  encore  fait  prendre  aucune  information  sur  ce 
que  l'on  trouvera  dans  le  pays.  Si  ces  renseignements  étaient  connus^ 
si  l'on  savait  à  quels  fournisseurs  s'adresser,  si  l'on  était  déjà  en  re- 
lations avec  eux  (et  an  pouvait  leur  dire  qu'il  s'agissait  de  former 
des  magasins  à  Mayence),  il  ne  resterait  plus  qu'à  passer  les  marchés 
et  à  faire  filer.  Mais  on  a  perdu  12  jours  ;  les  événements  vont  se 
précipiter;  le  21,  lorsque  le  major  général  recevra  cette  dépêche, 
l'ordre  pour  le  mouvement  général  de  l'armée  sera  déjà  en  route.  On 
risquera  de  ne  pas  arriver  en  temps  opportun.  Les  dépêches  du  13 
et  du  15  auraient  dû  pourtant  ouvrir  les  yeux  au  major  général  puis- 
qu'elles lui  prescrivaient,  aussitôt  qu'il  apprendrait  le  départ  de 
Berlin  de  M.  Laforest,  de  mettre  lui-même  les  corps  d'armée  en 
marche.  Tout  chef  d'état-major  doit  savoir  lire  ses  instructions. 

En  accordant  des  fonds  pour  rassembler  des  subsistances,  l'Empe- 
reur a  pour  but  de  ménager  ses  alliés  et  de  voir  le  marché  approvi- 
sionné. 

l'empereur  au  major  général. 

Saint-Cloud,  17  septembre  1806. 

Mon  Cousin,  je  remarque,  surTétatcle  situation  général  de 
la  Grande  Armée,  que  vous  n'avez  que  cinq  aides  de  camp  ; 
je  crois  qu'il  serait  nécessaire  que  vous  y  joignissiez  trois 
lieutenants,  jeunes  gens  actifs  et  qu'on  pourrait  faire  courir 
pour  porter  des  ordres.  Je  remarque  que  vous  n'avez  que 
cinq  capitaines  adjoints  à  l'état-major  ;  il  vous  en  faudrait  le 


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PRÉPARATIFS   DE    GUERRE.  57 

triple.  Je  remarque  aussi  que  le  général  Andréossy  n'a  qu'un 
seul  aide  de  camp  :  il  faut  qu'il  en  ait  deux  autres.  11  me 
semble  qu'il  y  a  peu  d'officiers  du  génie  à  l'état-major  ;  il  en 
faudrait  le  double  de  ce  que  j'y  voip,  surtout  beaucoup  de 
lieutenants  et  de  sous-lieutenants.  Je  vois  que  le  corps  du 
prince  de  Ponte-Corvo  n'a  point  d'adjudants  généraux  ;  que 
le  chef  d'état-major  n'a  qu'un  seul  aide  de  camp  ;  il  faut 
qu'il  prenne  les  trois  qu'il  doit  avoir.  Le  général  de  division 
Rivaud  n'a  qu'un  aide  de  camp  ;  le  général  Maison,  un  ;  le 
général  Werlé,  un  ;  le  général  Van  Marisy,  un  ;  le  général 
Nansouty,  un  ;  les  généraux  Lahoussaye  et  Saint-Germain, 
un  ;  le  général  Sahuc,  un  :  cela  n'est  pas  suffisant.  Au  corps 
du  maréchal  Davout,  le  général  Daultanne  n'a  qu'un  aide  de 
camp;  le  général  de  division  Morand  n'en  a  que  deux  :  il  lui 
en  manque  un  ;  le  général  Brouard  n'en  a  qu'un  ;  le  général 
Kister  n'en  a  point  ;  le  général  de  brigade  Dufour  n'en  a 
qu'un  ;  le  général  Merle,  un  ;  le  général  Saint-Hilaire,  deux  ; 
les  généraux  Ferey  et  Raimond-Viviès,  chacun  un  ;  les  gé- 
néraux Ledru  et  Dufour  n'ont  pas  le  nombre  suffisant  ;  le 
général  Milhaud  n'en  a  qu'un  ;  le  général  Latour-Maubourg, 
un  ;  le  général  de  division  Beaumont,  un  ]  le  général  La- 
salle,  un  ;  le  général  de  division  Dupont,  un  ;  le  général 
Conroux,  un  ;  le  général  de  division  Beker  n'a  que  deux 
aides  de  camp  ;  le  général  Maillard  n'ena  pas.  Je  remarque 
que  la  division  Gazan  n'a  qu'un  adjoint  :  il  lui  en  faut  deux. 
Donnez  ordre  à  tous  ces  généraux  de  compléter  le  nombre 
d'aides  de  camp  qu'ils  doivent  avoir  selon  l'ordonnance,  et 
de  ne  prendre  aucun  officier  faisant  partie  de  la  Grande 
Année,  mais  de  les  prendre  parmi  les  adjoints  des  divisions 
de  l'intérieur  ou  parmi  les  officiers  de  cavalerie  et  d'infan- 
terie des  dépôts  qui  sont  en  France  ^ 


1-  CIRCUhAIRB    AUX    MARÉCHAUX. 

Munich,  23  septembre  1806. 

L'Empereur,  M.  ie  maréchal,  a  vu  sur  les  étals  de  situation  que  MM.  les 
généraux  u*ont  point  le  nombre  d'aides  de  camp  que  leur  proscrit  la  loi. 
8.  M.  vous  ordonne  et  me  charge  de  vous  recommander  particulièrement 
que  vous  ayez  à  prescrire  à  MM.  les  généraux  de  compléter  sur-le-champ  le 
nombre  d'aides  de  camp  qu'ils  doivent  avoir.  Vous  devez  demander  à  l'étal- 


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58  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  général  de  brigade  Legendre  pourrait  être  envoyé  à  la 
division  Dupont  ;  vous  lui  donnerez  Tordre  d'attendre,  pour 
rejoindre  cette  division,  le  premier  moment  où  les  deux  divi- 
sions seront  à  proximité. 

Il  est  indispensable  que  les  officiers  généraux  aient  le  nombre  d'of- 
ficiers nécessaires  pour  porter  leurs  ordres  et  en  surveiller  Texéca- 


major  général  les  adjudants  commandants  et  adjoints  qui  vous  manqueraient 
d'après  rorgauisatîon  arrêtée  pour  la  Grande  Armée,  et  renvoyer  à  l'étal- 
ni(\jur  général  les  officiers  de  ces  grades  qui  excéderaient  le  nombre  pres- 
crit. L'Empereur  dérend  expressément  à  MM.  les  maréchaux  de  souffrir  qu'il 
soit  employé  près  de  leur  éiat-major  ou  près  des  généraux  de  division  des 
officiers  dits  de  correspondance.  S.  M.  veut  que  tous  les  officiers  des  esca- 
drons ou  iMitaillons  de  guerre  soient  présents  à  leurs  compagnies  et  y  fiassont 
le  service.  Comme  MM.  les  maréchaux  sont  les  seuls  officiers  pour  lesquels 
S.  M.  ait  toléré  que  quelques-uns  de  leurs  aides  de  camp  fussent  titulaires 
dans  des  corps,  s'ils  en  ont  qui  fassent  partie  des  escadrons  ou  bataillons  de 
guerre,  ils  seront  sur-le-champ  remplacés  pour  leur  service  dans  leurs  esca- 
drons ou  bataillons  par  des  officiers  de  leur  grade  tirés  des  dépôts. 

Ouant  aux  aides  de  camp  de  MM.  les  généraux,  ils  doivent  être  aussitôt 
remplacés  dans  leurs  corps  parce  que,  suivant  les  lois,  ils  cessent  d'être 
titulaires. 

MM.  les  maréchaux,  indépendamment  de  l'adjudant  commandant  qui  leur 
est  personnellement  attaché,  peuvent  avoir  6  et  même  8  aides  de  camp,  les 
quatre  derniers  dans  le  grade  de  lieutenant,  jeunes  et  actifs  pour  être  em- 
ployés aux  missions  rapides. 

Tout  officier  qui  se  trouverait  à  la  suite  des  états-majors  ou  des  régiments 
sans  avoir  un  brevet  du  ministre  de  la  guerre  ou  sans  être  compris  dans 
l'organisation  de  l'aimée,  doit  rentrer  en  France;  l'Empereur  seul  peut  au- 
toriser  un  officier  à  servir  dans  ses  armées. 

Vous  voudrez  bien ,  M.  le  maréchal ,  tenir  la  main  à  Pexéculiou  des  ordres 
ci-dessus,  que  S.  M.  me  charge  de  vous  transmettre. 

Je  vous  préviens  que  l'Empereur  ordonne  expressément  que  MM.  les  géné- 
raux ne  prennent  leurs  aides  de  camp  que  parmi  les  oIIIcici*s  d'état-mnjor  de 
l'intérieur  ou  parmi  les  officiers  des  corps  qui  sont  en  France,  l'iulentiou  de 
S.  M.  étant  qu'on  ne  choisisse  pour  aides  de  camp  aucun  des  officiers  des 
escadrons  ou  bataillons  de  guerre  qui  sont  à  la  Grande  Armée. 

M*l  Alex.  Bbrthikr. 

L'usage  des  officiers  dits  de  correspondance  était  venu  de  ce  que  les  aides  do 
camp  et  lt>s  officiers  d'état-major  n'étaient  pas  en  assez  grand  nombre  pour 
suffire  au  service  que  l'on  avait  a  leur  faire  faire  ;  aussi  les  maréchaux  con- 
tinuèrent-ils à  les  tolérer  et  môme  à  en  ordonner  l'emploi. 

3«  corps  d'armée.       circdlairk  aux  oibnÉRAUx  db  division. 

Bamberg,  4  octobre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  vous  prévenir  que  l'intention  de  M.  le  maréchal  est  que 
chaque  général  de  division  désigne  3  officiers  très  intelligents  et  parlant  la 
langue  du  pays ,  s'il  est  possible ,  lesquels  n'auront  d'autre  service  à  faire 
que  de  porter  les  ordres  de  S.  Exe.  à  MM.  les  généraux  de  division  et  de  lui 
faire  connaître  l'emplacement  des  troupes.  M.  le  maréchal  vous  autorise  à 
faire  monter  ces  olTiciers  aussitôt  que  l'armée  pénétrera  dans  le  pays  ennemi, 
soit  avec  des  chevaux  de  prise,  de  déserteur  ou  enfin  par  des  chevaux  re- 
quis; comme  ces  officiers  sont  destinés  à  faire  un  service  très  actif,  il  faudra 
«lu'ils  soient  montés  en  conséquence. 

G**  Daultakhb. 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  59 

tion.  Comme  ces  officiers  sont  toujours  en  course  et  qu'ils  sont  sou- 
vent exposés  et  surmenés,  au  bout  de  fort  peu  de  temps  les  généraux 
n'en  ont  plus  auprès  d'eux  et  il  leur  est  difficile,  quelquefois  même 
impossible,  de  les  remplacer. 

Les  fixations  actuelles  sont  inférieures  à  celles  du  premier  empire. 
Les  maréchaux  vont  tous  se  plaindre  successivement  du  manque 
d'officiers  d'état-major.  Que  sera-ce  donc  aujourd'hui  V 

Les  généraux  chefs  d'état-major  avaient  droit  au  nombre  régle- 
mentaire d'aides  de  camp  qui  venaient  encore  s'ajouter  aux  officiers 
d'état-major  dont  ils  pouvaient  disposer. 


LE   MAJOR   QËKÉRAL  ▲   l'BMPEBEUR  \ 

Munich,  17  septembre  1806. 

Sire,  le  roi  de  Bavière  m'écrit  un  mot  pour  me  dire  que  le 
courrier  qu'il  avait  envoyé  à  Berlin  et  à  Dresde  arrive  à 
l'instant.  Le  chevalier  Debray  mande  au  Roi  que  le  comte 
(le  Haugwitz,  et  en  un  mot  tous  les  gens  sensés  de  ceux  qui 
entourent  le  Roi,  sont  pour  la  paix  et  Talliance  avec  la 
France,  mais  que  les  armements  continuent  (dépêche  de 
Berlin  du  9  après-midi). 

De  Dresde  on  mande  au  Roi  que  la  Hesse  fait  rejoindre 
tous  ses  semestriers  et  que  TElecteur  est  au  désespoir  ;  que 
l'armée  prussienne  destinée  à  rester  sur  TElbe  avance  vers 
Hof  dans  le  pays  de  Baireuth;  que  le  prince  Louis-Ferdi- 
nand, destiné  à  commander  Tavant-garde,  est  parti  pour  ces 
contrées. 

Le  ministre  du  Roi  en  Prusse  Tinforme  par  apostille  que 
le  roi  de  Suède  a  écrit  au  général  Kalkreuth  que,  content  de 
la  retraite  des  troupes  prussiennes  du  Lauenburg,  il  allait 
aussi  faire  retirer  les  siennes,  et  que  de  sa  personne  il  comp- 
tait retourner  en  Suède  ;  que  tout  dépend  des  nouvelles  que 
donnera  le  général Knobelsdorf  qui  esta  Paris  ;  que  les  équi- 
pages du  Roi  sont  partis  de  Berlin. 


1.  Toutes  les  pièces  qui  parvenaient  au  cabinet  de  l'Empereur  y  recevaient 
un  sommaire.  Celle-ci  porte  dans  le  coin  supérieur  gauche  :  Nouvelle*  de 
^rum.  —  DUpo9Uio7u  générales  pour  une  gverrey  etc.,  etc. 


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60  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

D'un  autre  côté  j'apprends  que  les  Suédois  ont  pris  pos- 
session du  Lauenburg  au  nom  du  roi  d'Angleterre. 

Un  officier  bavarois  venant  de  Magdeburg  dit  que  Ton 
rasait  les  faubourgs  qui  entourent  cette  place. 

J'ai  trois  officiers  polonais  sur  la  frontière  de  Pologne  et 
quatre  autres  officiers  d'état-major  sur  les  routes  de  Dresde 
et  de  Berlin  ;  mais  je  n'ai  encore  aucune  nouvelle  d'eux.  On 
dit  que  le  corps  prussien  qui  était  à  Magdeburg  se  met  en 
marche  sur  Leipzig  ;  qu'un  autre  se  porte  à  Gottingen. 

On  dit  de  plus  que  toutes  les  forces  prussiennes  doivent  se 
réunir  en  Saxe  où  elles  feront  leur  jonction  avec  une  armée 
russe  qui  est  déjà  en  marche. 

Les  rapports  particuliers  disent  que  la  Prusse  prend,  de 
tous  côtés  les  grandes  mesures  de  guerre.  Les  gazettes  d'Al- 
lemagne et  le  langage  de  la  société  ne  dissimulent  point  que 
la  Prusse  marche  pour  nous  faire  la  guerre  et  qu'elle  est  sou- 
tenue par  la  Russie.  On  dit  que  l'Autriche  ne  veut  se  décider 
que  pour  le  plus  heureux,  quand  les  hostilités  auront  com- 
mencé. Ce  qu'il  y  a  de  certain,  Sire,  c'est  que  tout  en  Alle- 
magne est  à  la  guerre.  J'attends  d'un  instant  à  l'autre  de 
vos  nouvelles  et  votre  arrivée  ;  car  je  pense  que  si  les  négo- 
ciations de  Paris  ne  vous  donnent  pas  la  certitude  des  vé- 
ritables intentions  de  la  Prusse,  il  n'y  a  pas  de  temps  à  per- 
dre pour  que  V.  M.  ordonne  les  dispositions  conformes  au 
plan  de  guerre  et  aux  opérations  qu'elle  aura  adoptées  ; 
Wtirzburg  ni  la  petite  forteresse  de  Kônigshofen  ne  sont 
armées. 

V.  M.  se  rappelle  qu'elle  m'a  prescrit  de  ne  rien  faire, 
c'est-à-dire  de  ne  faire  mouvoir  aucun  des  corps  de  MM.  les 
maréchaux  sans  ses  ordres  ultérieurs. 

J'ai  envoyé  un  de  mes  aides  de  camp  au  maréchal  Berna- 
dette pour  lui  recommander  d'entretenir  de  nombreux  émis- 
saires et  de  me  faire  part  de  tout  ce  qu'il  apprendrait  des 
dispositions  des  Prussiens.  J'ai  donné  ordre  à  mon  aide  de 
camp  d'aller  à  Leipzig  et  de  revenir  par  Dresde. 

Je  me  borne  à  exécuter  ponctuellement  les  ordres  de  V.  M. 
et  à  tenir  tout  en  état  pour  être  prêt  à  agir. 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  61 

Je  continue  à  rendre  les  prisonniers  autrichiens  à  raison 
de  800  par  jour. 
Je  présente  à  V.  M.  l'hommage  de  mon  profond  respect. 


l'empebeub  au  vice-boi  d'italie. 

Saint-Cloudi  18  scptombro  1806. 

Mon  Fils,  la  Prusse  continue  toujours  ses  armements,  et  il 
ne  serait  pas  impossible  qu'il  y  eût,  dans  le  courant  d'octo- 
bre, une  rupture  entre  les  deux  puissances.  Jusqu'ici  il  n'y  a 
rien  de  décidé.  Toutefois  les  préparatifs  se  font  de  part  et 
d'autre  avec  assez  d'activité.  L'Autriche  proteste  de  sa  neu- 
tralité, et  il  est  à  croire,  vu  la  situation  actuelle  de  ses  affai- 
res intérieures,  qu'elle  attendra,  si  elle  se  décide,  l'issue  des 
événements.  Quoiqu'il  sera  temps  alors  de  vous  donner  des 
instructions,  j'ai  cru  que  je  devais  d'avance  vous  instruire  du 
rôle  que  vous  auriez  à  jouer,  afin  que  vous  vous  y  prépariez. 
Vous  commanderez  en  chef  mon  armée  d'Italie,  qui  ne 
sera  qu'une  armée  d'observation,  vu  que  je  suis  bien  avec 
TAutriche  ;  mais  il  n'en  faudra  pas  moins  exercer  une  grande 
surveillance  et  user  d'une  grande  prudence.  Vous  aurez  sous 
vos  ordres  le  corps  du  Frioul  composé  de  16,000  hommes 
dWanterie  ayant  30  pièces  de  canon  attelées.  A  cet  effet,  le 
général  Seras,  avec  le  13*  régiment  de  ligne,  se  portera  dans 
le  Frioul,  quand  il  en  sera  temps,  de  manière  qu'il  ne  reste 
en  Istrie  aucune  de  mes  troupes,  si  ce  n'est  un  gouverneur 
pour  y  commander  le  bataillon  d'Istrie  et  une  compagnie 
d'artillerie  italienne.  Pour  faire  ce  mouvement  insensible- 
ment, mon  intention  est  que  vous  donniez  d'abord  au  général 
Seras  l'ordre  de  se  rendre  à  sa  division  dans  le  Frioul,  en 
laissant  un  général  de  brigade  pour  commander  à  sa  place  et 
emmenant  avec  lui  un  bataillon  du  13*. 

Les  hôpitaux  d'Istrie  seront  tout  doucement  et  sans  se- 
cousse évacués  sur  l'Italie.  On  laissera  2  pièces  de  campagne 
de  4  avec  le  bataillon  du  13*  qui  restera  en  Istrie,  et  le  reste 
de  Tartillerie  de  campagne  rentrera  à  la  division  ISeras.  Les 


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62  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

fusils,  les  magasins,  tout  doit  être  évacué  insensiblement  £ur 
Palmanova  ;  vous  ne  devez  laisser  en  Istrie  que  Tartillerie 
de  côte,  3  compagnies  d'artillerie  pour  défendre  les  cotes  et 
servir  les  batteries,  mais  aucun  magasin  de  fusils.  Huit  jours 
après  que  le  1"  bataillon  du  13'  et  le  général  Seras  seront 
arrivés  dans  le  Frioul,  vous  y  ferez  venir  le  reste  du  13*,  et 
vous  ne  laisserez  en  Istrie  qu'une  compagnie  de  ce  régiment. 
Ainsi  l'on  s'accoutumera  insensiblement  à  ne  rien  voir  dans 
ristrie.  Mais,  si  le  départ  des  troupes  fait  trop  d'eflFet,  vous 
pourrez  y  envoyer  un  autre  bataillon  et  le  retirer  ensuite. 
Cela  aura  l'avantage  de  jeter  de  l'incertitude  sur  mes  pro- 
jets, et  mes  peuples  d'Istrie  ne  se  croiront  point  abandonnes. 
Toute  l'artillerie  inutile  à  la  défense  de  Palmanova  et 
d'Osoppo  doit  être  évacuée  sur  Venise,  et  il  ne  doit  rien 
y  avoir  entre  l'Isonzo  et  l'Adige  qui  puisse  gêner  les  mouve- 
ments de  l'armée  et  tomber  au  pouvoir  de  l'ennemi,  si  jamais, 
dans  quelques  mois,  l'ennemi  pénétrait  dans  ce  pays.  Tous 
]  es  magasins  nécessaires  à  la  défense  de  Palmanova  doivent 
être  renfermés  dans  cette  place. 

J'ai  appris  avec  surprise  que  le  million  de  rations  de  bis- 
cuit que  j'y  avais  fait  envoyer  a  été  placé  dans  les  villages 
voisins  ;  cela  n'a  pas  de  sens.  Il  y  a  des  églises,  des  maisons 
nationales  ;  il  faut  en  loger  les  habitants  ailleurs,  et  disposer 
ces  maisons  pour  y  placer  les  magasins.  Tout  doit  être  orga- 
nisé insensiblement  et  sans  éclat  pour  la  défense  de  cette 
place.  Les  officiers  d'artillerie  et  du  génie,  le  commandant 
de  la  place,  les  adjudants  de  place,  un  colonel  commandant 
en  second,  doivent  être  à  leur  poste.  La  garnison  serait  com- 
posée de  500  canonniers,  moitié  Français,  moitié  Italiens, 
et  de  1,500  hommes  des  3"  bataillons  du  corps  du  Frioul,  que 
vous  organiseriez  lorsqu'il  en  serait  temps.  Les  8  dépôts  de 
l'armée  de  Dalmatie,  ceux  de  l'armée  du  Frioul,  ceux  de 
l'armée  de  Naples,  ce  qui  fait  28  dépôts  ',  auront  avant  la  fin 


1.  Armc5e  de  Dalmatio  :  8»  et  18»  légers;  6»,  il«,  23*,  60«,  79«  et  8l«  de  liguo. 
Armée  du  Frioul  :  9«,  13«,  86«,  53«,  84«  et  ea»  de  ligue. 
Armée  do  Naples  :  i«r,  14«,   2ï«  et  a3«  légers  ;  !•',  e«,  10«,   20»,  JI9«,  4Ji*i 
6a«,  6a«,  ioi«  et  io2«  de  ligne. 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  63 

d'octobre  plus  de  16,000  hommes  présents  sous  les  armes, 
puisque  près  de  20,000  hommes  vont  s'y  rendre.  Le  cas  arri- 
vant, après  avoir  renforcé  les  bataillons  de  guerre  à  leur 
complet,  le  fonds  de  ces  dépôts  formerait  les  garnisons  de 
Palmanova,  de  Venise,  d'Osoppo,  de  Mantoue,  de  Peschiera, 
Legnago.  Mais  ces  dispositions  sont  des  dispositions  de 
guerre,  à  faire  au  moment  d'une  déclaration  de  guerre,  et 
lorsque  vous  arriveriez  à  être  vraiment  menacé  d'une  inva- 
sion. Ainsi  vous  sentez  Timportance  de  porter  une  surveil- 
lance scrupuleuse  à  Torganisation  des  dépôts,  au  remplace- 
ment des  officiers  réformés  ou  en  retraite,  à  la  nomination 
des  sergents  et  caporaux,  à  Thabillement  et  à  Tarmement  des 
conscrits,  et  au  renvoi  de  tous  les  hommes  éclopés  et  hors 
d'état  de  servir. 

La  défense  de  Venise  pourrait  être  confiée  au  général 
MioUis,  qui,  s'y  enfermant  avec  tous  les  moyens  de  la  marine 
et  avec  6,000  ou  7,000  hommes  des  différents  dépôts,  pour- 
rait faire  une  longue  et  brillante  défense,  jusqu'à  6e  que  la 
suite  des  opérations  générales  parvînt  à  le  dégager. 

La  place  de  Mantoue,  dans  laquelle  vous  mettriez  égale- 
ment 6,000  ou  7,000  hommes  des  dépôts,  serait  promptement 
approvisionnée.  Tout  votre  corps  du  Frioul  deviendrait  ainsi 
disponible.  Le  106*,  le  3*  d'infanterie  légère  et  7  régiments 
que  j'ai  en  Piémont  ',  vous  formeraient  3  nouvelles  divisions 
qui  porteraient  votre  corps  d'armée  à  36,000  hommes  d'in- 
fanterie; ce  qui,  avec  la  cavalerie  légère,  les  cuirassiers  et 
les  dépôts  de  cavalerie  de  l'armée  de  Naples,  vous  formerait 
une  année  de  près  de  40,000  hommes,  force  imposante  qui, 
vu  les  opérations  ultérieures  de  l'Allemagne,  contiendrait 
l'ennemi.  En  tout  cas,  vous  pourriez  manœuvrer  entre  Ve- 
nise, Palmanova,  Osoppo,  Mantoue,  Legnago,  Peschiera, 
sans  être  obligé  de  vous  affaiblir  pour  munir  ces  places,  les 
ayant  armées  et  approvisionnées  d'avance.  Si  les  événements 
politiques  devenaient  très  sérieux,  il  est  probable  que  vous 
vous  trouveriez  rallié  par  l'armée  de  Naples,  ce  qui  vous 


«.  8«,  ?•,  16«,  87',  66«,  67«  et  9S«  do  ligne. 


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64  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ferait  un  renfort  de  40,000  hommes.  Dans  la  saison  où  nous 
entrons,  tous  les  malades  vont  guérir. 

Il  est  convenable  que  vous  me  fassiez  connaître  l'opinion 
du  général  MioUis  sur  la  possibilité  de  défendre  Venise  ^  ; 
celle  du  général  Chasseloup,  ainsi  que  celle  de  votre  aide  de 
camp  Sorbier,  pour,  avec  le  moins  de  travaux  possible,  met- 
tre cette  place  en  état  de  défense  ;  car  mon  intention  n'est 
pas  que  vous  travailliez  sérieusement  à  ces  fortifications 
avant  que  la  tournure  que  vont  prendre  les  affaires  soit  plus 
prononcée.  Si  Topinion  de  ces  différents  officiers  est  que  6,000 
ou  7,000  hommes  peuvent  se  défendre  longtemps  à  Venise, 
vous  y  ferez  passer  sans  éclat  les  approvisionnements  de 
bouche  convenables  et  les  vivres,  surtout  en  blé  et  en  farine. 
Je  n'ai  point  donné  Tordre  qu'on  désarmât  aucune  de  mes 
places  ;  ainsi  je  les  suppose  toutes  armées,  même  Venise.  Il 
est  essentiel  cependant  que  vous  vous  concertiez  avec  le 
général  Sorbier  pour  que  toute  Tartillerie  qui  est  inutile  à 
leur  défense  se  rende  à  Pavie  et  repasse  l'Adda.  Il  ne  faut 
rien  laisser,  même  à  Vérone,  qu'un  parc  de  campagne  qui 
servirait  pour  toute  votre  armée.  Ainsi  vous  ne  laisseriez 
rien  à  l'ennemi,  si  les  circonstances  vous  obligeaient  à  vous 
retirer  en  deçà  du  Mincio  ou  de  l'Adda. 

Quant  à  la  Dalmatie,  dans  une  pareille  occurrence,  le  gé- 
néral Marmont  devrait  laisser  une  garnison  suffisante  à 
Raguse,  car  je  ne  suppose  point  qu'il  ait  pu  s'emparer  de 
Cattaro.  Il  concentrerait  tout  son  monde  du  côté  de  Zara 
pour  pouvoir  inquiéter  les  frontières  de  Croatie,  les  attaquer 
même,  pousser  des  partis  et  obliger  l'ennemi  à  se  tenir  en  force 
vis-à-vis  de  lui.  Les  approvisionnements  qu'il  aurait  soin  de 
réunir  en  grande  quantité  à  Zara,  les  munitions  de  toute 
espèce  qu'il  y  concentrerait  et  les  forces  qu'il  aurait,  pour- 
raient le  mettre  dans  le  cas  de  prendre  l'offensive  ou  d'aider 

1.  Le  gouverneur  d'une  place  doit  toujours  être  consulté  sur  la  possibilité 
de  défendre  la  place  dont  le  commandement  lui  est  confié.  Ce  principe,  qui 
a  été  bien  longtemps  négligé,  a  été  la  cause  des  désastres  qui  sont  venus 
nous  frapper  dans  des  temps  malheureux.  Les  officiers  du  génie  ot  do  l'ar- 
tillorio  étaient  alors  considérés  comme  seuls  compétents  en  celle  malîèrc. 
Puisse  l'expérience  du  passé  nous  servir  de  leçon  pour  Tavonir  ! 


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PRËPAHATIF8    DE   GUERRE.  65 

à  votre  défensive  sur  TIsoiizo,  et  obliger  rennemi  à  avoir  là 
an  corps  d'observation.  Au  pis-aller,  Zara  le  mettrait  à  même 
de  s'y  défendre  des  mois  entiers,  et  d'attendre  la  solution 
générale  des  affaires. 

J'aurai  le  soin  et  le  temps  de  vous  écrire,  s'il  y  avait  quel- 
que chose  de  décidé.  Toutefois,  j'ai  voulu  vous  donner  cette 
instruction  générale,  qui  vous  servira  de  règle.  Dès  aujour- 
d'hui vous  pouvez,  sans  scandale  et  sans  bruit,  vous  occuper 
de  l'approvisionnement  de  vos  places,  de  leur  armement  et 
de  l'ensemble  de  la  défense  du  pays  au  delà  de  l'Adda.  Il 
faut  prendre  sur  les  finances  du  royaume  d'Italie  tout  ce 
qui  ne  pourra  pas  être  pris  sur  le  fonds  mensuel,  et,  sous 
différents  prétextes,  vous  assurer  du  fonds  des  approvision- 
nements ;  l'accessoire  sera  bientôt  complété. 

Indépendamment  du  livret  que  vous  me  remettez  de  l'état 
de  situation  de  l'armée,  je  désire  que  vous  m'en  remettiez 
an  autre  qui  me  fasse  connaître  le  nombre  de  pièces  des 
places,  les  principaux  objets  d'approvisionnement  de  bouche 
qui  se  trouvent  dans  chacune  d'elles,  ainsi  que  les  noms  des 
généraux  commandants  de  place,  des  adjudants  de  place, 
des  officiers  du  génie  et  d'artillerie  préposés  à  la  défense 
deadites  places.  Comme  celle  que  je  connais  le  moins,  c'est 
Venise,  je  désire  avoir  un  plan  général  à  l'appui  de  ce 
livret,  qui  me  fasse  connaître  les  différents  ouvrages  et  leur 
situation. 

Il  ne  faut  point,  dans  ce  moment,  changer  de  dispositions 
avec  l'Autriche,  la  provoquer  d'aucune  manière  ni  lui  donner 
aucune  alarme.  Cette  instruction  est  tout  hypothétique  et 
fondée  sur  des  suppositions  d'événements  qui  n'auront  peut- 
être  pas  lieu.  Il  faut  donc  laisser  ignorer  à  tout  le  monde  que 
vous  l'ayez  reçue,  même  aux  agents  que  vous  ferez  concourir 
à  vos  dispositions,  mais  prendre  vos  mesures  insensiblement 
et  peu  à  peu,  de  manière  que  Palmanova  et  Osoppo  soient 
en  état  de  défense,  approvisionnés  et  prêts  à  soutenir  un 
siège  à  la  fin  d'octobre,  et  les  autres  places  un  mois  plus  tard. 
Que  votre  ordonnateur  corresponde  continuellement  avec  les 
chefs  des  différents  services,  et  que  vos  aides  de  camp  tra- 

CAMP.  DB  FBUnS.  6 


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66  CAVPAGNB    DE    PRUSSE. 

vaillent  sans  relâche  à  leurs  inspections  \  mais  sans  que 
vous  fassiez  connaître  le  but  oit  vous  voulez  arriver  :  car  les 
opérations  une  fois  commencées,  si  cela  devait  être,  il  faut 
que  rien  ne  s'évacue,  que  rien  ne  donne  Talarme,  et  que 
chaque  chose  se  trouve  dans  l'état  où  elle  devra  être. 

Quant  au  général  Marmont,  il  faut  lui  écrire  simplement 
que,  vu  la  guerre  avec  la  Russie,  s'il  n'a  pas  pu  s'emparer  de 
Cattaro,  il  ne  sera  plus  temps  de  le  faire,  puisque  l'ennemi 
s'y  sera  renforcé  et  approvisionné  ;  que  des  armements  con- 
sidérables se  font  en  Prusse,  et  qu'il  ne  serait  pas  impossible 
que  la  guerre  avec  cette  puissance  vînt  à  éclater  ;  que  l'Au- 
triche proteste  de  sa  neutralité  et  de  sa  ferme  résolution  de 
n'être  pour  rien  dans  ces  armements  ;  que  cependant,  vu  son 
éloignement,  il  doit  se  comporter  selon  les  circonstances  ;  que 
son  point  d'appui  doit  être  Zara,  et  qu'il  doit  agir  pour  sa 
défensive  d'une  manière   isolée,   et,  réunissant  toutes   ses 
troupes  sur  la  frontière  d'Autriche,  la  menacer  constamment 
et  l'obliger  à  tenir  un  corps  d'armée  devant  lui  ;  qu'en  cas 
qu'il  fût  attaqué  par  des  forces  supérieures,  Zara  doit  être 
son  réduit  ;  que  ses  moyens  militaires  de  guerre  et  de  bou- 
che doivent  être  concentrés  dans  cette  place  ;  qu'il  doit  y 
faire  un  camp  retranché  de  ses  troupes  de  manière  à  atten- 
dre dans  cette  position  le  résultat  des  opérations  générales  ; 
et,  s'il  arrivait  que  l'Autriche  ne  divisât  point  ses  forces,  il 
doit  la  menacer  du  côté  de  la  Croatie,  de  manière  à  opérer 
une  puissante  diversion.    Il    est  nécessaire   que  vous  lui 
envoyiez  un  chiflEre  très  difficile  à  trouver,  qui  lui  servirait  à 
correspondre  avec  Lauriston,  qui  commanderait  à  Raguse 
avec  une  garnison  suffisante.  Au  moyen  de  ce  chiffre  vous 
communiqueriez  avec  Lauriston  par  mer  et  par  terre.  Vous 
sentez  toute  l'importance  d'avoir  un  bon  chiffre  que  vous 
pourrez  confier  à  Méjean  ;  il  faut  même  essayer  de  vous  en 
servir  pendant  la  paix  pour  voir  si  vous  vous  entendez  bien. 
Si  la  guerre  venait  à  avoir  lieu,  il  sera  convenable  que  le 


1.  Inspections  des  corps,  des  places,  des  magasins.  Les  aides  de  camp  d'un 
général  eu  chef  sont  pour  lut  les  yeux  qui  voient  tout  ;  ils  doivent  donc  ôtro 
d*un  grade  élevé,  puisquUls  le  remplacent  et  inspectent  tout  on  son  nom. 


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PRÉPARATIFS    DE    GUERRE.  67 

général  Marmont  organise  des  postes  de  correspondance,  qui 
viendraient  à  Venise,  de  là  à  Kimini  et  dans  la  Romagne, 
porter  des  nouvelles  et  en  recevoir,  surtout  si  Ancône  était 
bloquée.  Le  général  VignoUe  pourrait  envoyer  en  temps 
de  guerre  des  états  de  situation  en  chiflFres,  ce  qui  n'aurait 
aucun  inconvénient  et  me  ferait  bien  connaître  la  situation 
des  affaires.  Ecrivez  au  général  Marmont  que  tout  ceci  est 
une  instruction  générale  pour  lui  seul,  dont  il  ne  se  servirait 
que  dans  le  cas  bien  éventuel  d'une  guerre  avec  T Autriche. 
Les  affaires  se  méditent  de  longue  main,  et,  pour  arriver  à 
des  succès,  il  faut  penser  plusieurs  mois  à  ce  qui  peut  arriver. 
Lisez  tous  les  jours  cette  instruction,  et  rendez-vous 
compte  le  soir  de  ce  que  vous  aurez  fait  pour  Texécuter, 
mais  sans  bruit,  sans  effervescence  de  tête,  et  sans  porter 
l'alarme  nulle  part. 

Cette  instractîon  au  vice -roi  pour  la  défense  de  Tltalie  en  cas 
d'une  agression  de  TAutriche  est  aussi  importante  que  la  note  du 
30  septembre  sur  la  défense  générale  de  l'Empire.  Elles  montrent 
tontes  deux  la  prévoyance  que  doit  avoir  un  Chef  d'État  lorsqu'il  va 
se  mettre  à  la  tête  de  ses  armées  pour  entreprendre  une  guerre  d'iu- 
Tasion. 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  GENERAL  BELLIARD. 

{Pour  voui  seul  abiolument.) 

Munich,  18  seplombro  1806. 

Vous  partirez  aussitôt  la  réception  de  cet  ordre  sous  le 
prétexte  d'aller  inspecter  les  chevaux  hors  de  service  des 
divisions  Nansouty  et  Klein  et  de  la  cavalerie  du  maréchal 
Augereau.  Comme  Wttrzburg  est  le  centre,  vous  vous  y  ren- 
<lrez  sans  rien  dire  et  vous  ferez  suivre  tous  vos  équipages. 
Vous  verrez  M.  Hersingen,  ministre  de  France,  et  vous  lui 
direz  que  vous  venez  vous  établir  à  Wttrzburg  pour  aller 
passer  les  revues  des  corps  dont  je  viens  de  vous  parler. 
Vous  vous  établirez  à  Wttrzburg  sans  faire  grand  fracas.  Si 
on  vous  parle  de  la  Prusse,  vous  direz  que  le  ministre  du 


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68  CAMPAGNE    DE    PRUSSB. 

Roi  à  Paris  proteste  de  ses  dispositions  amicales,  comme  nous 
y  comptons.  Vous  verrez  la  citadelle  de  Wtirzburg;  vous 
pourrez  aller  voir  la  petite  forteresse  de  Kônigshofen.  Si 
vous  appreniez  d'une  manière  positive  que  M.  de  Laforest 
ait  quitté  Berlin  pour  retourner  à  Paris,  vous  devez  vous 
attendre  à  me  voir  arriver  à  Wtirzburg,  et  à  y  recevoir  des 
ordres  importants  :  il  n'y  a  pas  d'inconvénient  que  vous  em- 
meniez à  Wtirzburg  votre  aide  de  camp  et  un  ou  deux  de 
vos  adjoints.  Faites-y  rejoindre  vos  chevaux  et  vos  fourgons. 
Parlez  toujours  des  dispositions  faites  pour  la  rentrée  de  la 
Grande  Armée  en  France  :  vous  verrez  TÉlecteur,  et  si  le 
maréchal  Lefebvre  se  trouvait  un  peu  gêné  dans  ses  canton- 
nements il  pourrait  loger  un  bataillon  dans  la  citadelle.  Tout 
ceci  est  pour  vous  seul  :  n'en  parlez  à  qui  que  ce  soit,  et 
n'écrivez  pas  au  grand-duc  de  Berg. 

Le  reste  de  tout  ce  qui  tient  à  l'état-major  et  à  la  division 
de  cavalerie  de  réserve  restera  où  il  se  trouve  en  ce  moment. 

Vous  connaissez,  mon  cher  Belliard,  tout  mon  attache- 
ment. 

P. -S.  —  Ecrivez-moi  au  moment  de  votre  départ  et  à 
celui  de  votre  arrivée  à  Wtirzburg.  Faites  beaucoup  d'hon- 
nêtetés à  S.  A.  Ne  passez  pas  les  revues  dont  je  vous  parle  ] 
ce  n'est  qu'un  prétexte.  Attendez  des  ordres  à  Wtirzburg. 


LE  MARÉCHAL  SOULT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 


Passai!,  18  soptombro  1806. 

Je  reçois  à  l'instant  un  rapport  de  M.  le  général  Beaumont 
qui  porte  qu'un  camp  de  10,000  Prussiens  s'est  formé  depuis 
quelques  jours  à  Hof  dans  le  pays  de  Baireuth,  que  des  réqui- 
sitions considérables  en  tout  genre,  surtout  en  fourrages, 
avaient  été  faites,  et  qu'il  était  défendu  aux  soldats  du  camp 
de  parler  de  guerre  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit.  Plu- 
sieurs déserteurs  ont  confirmé  ce  rapport. 

M.  le  général  Beaumont  m'observe  à  ce  sujet  que  le  9*  ré- 


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PRÉPARATIFS   DE    GUERRE.  69 

giment  de  dragons  qui  est  à  Kemnath,  ne  se  trouve  qu'à 
15  lieues  de  Hof,  et  demande  si  par  rapport  à  la  circonstance 
il  ne  doit  pas  resserrer  ses  cantonnements?  N'ayant  point 
d'ordres  à  ce  sujet  de  V.  A.,  je  lui  ai  écrit  de  faire  servir  sa 
troupe  avec  une  grande  vigilance  et  de  se  tenir  sur  ses  gardes  ; 
mais  que  je  ne  croyais  pas  devoir  encore  l'autoriser  à  faire  le 
mouvement  qu'il  proposait,  d'autant  plus  que  s'il  l'opérait, 
il  éprouverait  une  très  grande  difficulté  pour  vivre  dans  le 
restant  de  ses  cantonnements. 

J'ai  envoyé  des  émissaires  en  Saxe  et  dans  les  Etats  prus- 
siens pour  savoir  ce  qui  s'y  passe  ;  aussitôt  leur  rentrée,  je 
rendrai  compte  à  V.  A.  des  renseignements  qu'ils  donneront; 
mais  en  attendant  je  la  prie  de  considérer  s'il  n'y  aurait  pas 
lieu  de  concentrer  davantage  les  troupes,  afin  de  les  mettre 
à  l'abri  de  toute  surprise. 


LE  HABECHAL   BERNADOTTE   AU  MAJOB   GEKEBAL. 

Anspach,  18  septembre  1806. 

Votre  aide  de  camp  m'a  remis  votre  lettre  du  16.  Vous 
pouvez  être  parfaitement  tranquille  sur  notre  position  vis-à- 
vis  des  Prussiens. 

Toutes  les  mesures  sont  prises  pour  obsei'ver  leurs  mouve- 
ments en  conservant  toujours  les  apparences  les  plus  pacifi- 
ques. Dès  les  premiers  avis  de  la  marche  de  leurs  troupes, 
j^avais  ordonné  aux  généraux  Tilly  et  Drouet  de  se  tenir  sur 
leurs  gardes,  d'épier  tous  les  mouvements  de  nos  voisins  sur 
la  frontière  de  leurs  pays,  et  de  m'adresser  chaque  jour  un 
rapport  de  ce  qui  serait  survenu.  Comme  il  s'est  confirmé 
depuis  qu'un  corps  de  troupes  se  formait  à  Hof  et  sur  la 
Saale,  j'ai  prescrit  à  ces  deux  généraux  que  dès  l'instant 
où  ils  sauraient  que  ce  corps  monterait  à  10,000  hommes,  ils 
eussent  à  réunir  leurs  divisions  et  les  concentrer,  la  cava- 
lerie Btur  Bamberg  et  l'infanterie  entre  Furth  et  Nuremberg 
en  dégarnissant  la  tête  de  leurs  cantonnements  qui  touchent 
a  la  lisière  du  pays  prussien.   Ces  divers  mouvements  se 


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70  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

feraient  toutefois  sans  aucune  démonstration  hostile  et  sous 
le  prétexte  de  soulager  les  cantonnements  épuisés.  J'ai  écrit 
directement  au  général  Gazan  pour  qu'il  observe  le  point 
d'Erfurt.  J'ai  en  même  temps  envoyé  un  agent  à  Halle. 

Votre  lettre  du  15  m'est  parvenue  hier  soir.  J'ai  toujours 
recommandé  aux  généraux  d'éviter  de  rien  dire  qui  pût  être 
désagréable  à  la  Prusse.  J'en  renouvelle  l'invitation  d'après 
l'ordre  que  vous  me  transmettez. 

La  petite  place  de  Konigshofen  doit  être  occupée  depuis 
longtemps  par  le  général  Gazan.  J'en  étais  convenu  avec  le 
maréchal  Mortier  lors  de  l'occupation  du  pays  de  Wiirzburg. 

M.  le  maréchal  Lefebvre,  qui  se  trouve  à  Anspach  depuis 
hier,  a  pris  connaissance  de  votre  lettre.  Il  donne  aussi  ses 
instructions  à  ses  généraux. 

J'ai  déjà  envoyé  à  Landsberg  un  agent  pour  observer  la 
marche  des  Russes  et  rendre  compte  de  leurs  mouvements  ; 
s'il  le  peut,  il  poussera  jusqu'à  Kaminiek. 

L'agent  que  j'ai  à  Sagan,  en  Silésie,  sur  les  frontières  de 
la  Saxe,  mande  que  le  prince  de  Hohenlohe  commande  les 
troupes  saxonnes  réunies  à  un  corps  de  Prussiens;  que  le 
prince  Louis  Ferdinand  de  Prusse  commande  son  avant- 
garde  et  que  ses  troupes  se  dirigent  sur  Dresde  où  elles  doi- 
vent passer  l'Elbe. 

Afin  de  pouvoir  vous  rendre  des  comptes  plus  exacts  et 
pour  être  moi-même  à  portée  de  masser  mes  troupes,  au  be- 
soin, avant  d'avoir  reçu  vos  instructions,  je  viens  d'ordonner 
au  général  de  brigade  Maison  de  se  rendre  à  Bamberg,  près 
le  général  Tilly,  et  de  là  à  l'extrême  frontière  du  haut  Bam- 
berg. Comme  cet  officier  a  une  grande  habitude  de  la  guerre, 
qu'il  connaît  le  pays  et  qu'il  recevra  tous  les  avis  qui  vien- 
dront de  la  Saxe  et  de  Hof,  il  pourra  me  transmettre  des 
renseignements  plus  certains.  Dans  le  cas  où  les  Prussiens 
marcheraient,  il  s'abouchera  avec  le  général  bavarois  qui  se 
trouve  à  Bamberg,  afin  de  faire  mettre  une  bonne  garnison  à 
Forchheim  ;  il  invitera  aussi  ce  général  à  faire  garder  la 
petite  forteresse  de  Rottenberg  entre  Erspruck  et  Lauf,  sur 
la  frontière  du  haut  Palatinat. 


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PRÉPARATIFS   DE    GUERRE.  71 

Au  reste,  Prince,  vous  pouvez  être  sûr  qu'aucun  moyen  ne 
Bera  négligé  pour  vous  instruire  de  tout  ce  qui  surviendra. 
Tout  le  monde  ici,  généraux,  officiers  et  soldats,  sont  pleins 
de  zèle  et  d'ardeur  pour  le  service  de  S.  M. 

P. -S.  —  L'on  m'assure  que  le  cabinet  de  Berlin  a  ordonné 
au  directeur  des  postes  d'arrêter  toutes  les  lettres  adressées 
aux  pays  occupés  par  les  armées  françaises.  C'est  sans  doute 
par  suite  de  cette  mesure  que  l'ouverture  des  paquets  faits 
le  16  de  ce  mois  à  Nuremberg  n'a  produit  aucun  renseigne- 
ment. Il  ne  s'y  est  trouvé  aucune  lettre  de  Berlin  ou  de  Pé- 
tersburg. 

Je  reçois  à  l'instant  une  lettre  du  général  Gazan  qui  m'an- 
nonce qu'on  a  fait  le  logement,  à  Meinungen,  pour  2,000 
hommes.  J'ai  peine  à  le  croire,  cette  ville  étant  très  rappro- 
chée de  Eônigshofen.  Il  me  marque  encore  que  des  rassem- 
blements considérables  se  font  à  Halle  et  à  Dresde  ;  mais  je 
sais  cela  depuis  longtemps. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  L'ARMÉE 
19-20  septembre 


Le  18  dans  la  soirée,  TËmpereur  prend  la  résolution  de  réunir 
son  armée  :  il  fait  partir  en  poste  l'infanterie  de  sa  Garde  et  donne 
tous  les  ordres  pour  le  mouvement  général.  Il  a  ordonné  ses  premiers 
préparatifs  le  5,  c'est-à-dire  14  jours  seulement  auparavant.  Lie^ 
moyens  de  communication  étaient  extrêmement  lents  ;  il  fallait  4  jours 
pour  qu'un  courrier  parti  de  Paris  arrivât  à  Munich.  Tous  les  mou- 
vements de  troupes  se  faisaient  par  étapes.  C'était  la  première  fois 
qu'on  pensait  à  faire  transporter  en  poste  de  grandes  quantités  de 
troupes  ;  la  Garde  à  pied  et  les  3  régiments  légers  du  camp  de  Meu- 
don  formaient  environ  10,000  bommes. 


L'EMPEREUB   au   oéNÉRAL   DEJEAN. 

Saint-Cloud,  18  septembre  1806,  il  heures  du  soir. 

Le  1*'  régiment  des  grenadiers  de  ma  Gardé,  composé  de 
2  bataillons  formant  un  total  de  1,000  hommes,  partira  de- 
main à  dix  heures  du  matin,  et  ira  coucher  à  Claye.  U  en 
partira  le  20,  à  la  pointe  du  jour,  pour  se  rendre  à  Meaux. 

Le  2*  régiment  de  grenadiers  partira  de  Paris  le  20,  à  six 
heures  du  matin,  et  ira  coucher  à  Meaux. 

Les  chasseurs  de  ma  Garde,  composés  de  4  bataillons, 
formant  2,000  hommes,  partiront  le  20  et  iront  coucher  à 
Dammartin. 

A  Dammartin  et  à  Meaux,  il  y  aura  100  charrettes  attelées 
chacune  de  quatre  colliers,  capables  de  porter  10  hommes, 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.         73 

qui  seront  prêtes  sur  la  place  de  Meaux,  le  20  à.  dix  heures 
du  matin,  pour  porter  le  même  jour  à  la  Ferté  les  1,000 
hommes  du  1^'  régiment  des  grenadiers  de  ma  Garde. 

Le  même  jour  il  y  aura  à  Dammartin  100  voitures  organi- 
sées de  la  même  manière,  qui  seront  prêtes  à  huit  heures  du 
matin,  pour  transporter  le  1*'  régiment  des  chasseurs  de  ma 
Garde  à  Villers-tUotterets.  Il  y  aura  deux  routes,  celle  des 
grenadiers  par  Metz,  et  celle  des  chasseurs  par  Luxembourg. 
Sur  la  première,  il  y  aura  quatorze  relais  de  Meaux  à  Worms, 
et  sur  la  seconde,  treize  de  Dammartin  à  Bingen. 

Les  tableaux  ci-joints  vous  feront  connaître  l'organisation 
des  relais  et  leur  emplacement. 

A  défaut  d'une  voiture  à  quatre  colliers,  il  y  aura  deux 
voitures  à  deux  colliers. 

Vous  ferez  partir,  avant  deux  heures  du  matin,  deux  com- 
missaires des  guerres  pour  s'entendre  avec  le  sous-préfet  de 
Meaux,  pour  que  les  relais  de  Dammartin  et  de  Meaux  soient 
prêts  le  20,  et  que  celui  de  la  Ferté-sous- Jouarre  soit  prêt 
pour  le  lendemain  21,  à  six  heures  du  matin. 

Du  moment  que  le  sous-préfet  aura  fait  toutes  ces  disposi- 
tions, l'un  des  commissaires  des  guerres  se  rendra  auprès  du 
Bous-préfet  de  Soissons  pour  faire  organiser  les  relais  de  Vil- 
lers-Cotterets  et  de  Soissons. 

L'autre  se  rendra  auprès  du  sous-préfet  d'Epemay  pour 
faire  organiser  les  relais  de  Paroy,  d'Epemay,  de  Châlons  et 
de  Sainte-Menehould. 

Le  premier  se  rendra  ensuite  auprès  du  préfet  de  l'Aisne 
pour  faire  former  les  relais  de  Laon,  Neufchâtel  et  Rethel. 
De  là,  il  se  rendra  à  la  sous-préfecture  de  Rethel  pour  faire 
préparer  ceux  de  Rethel  et  de  Vouziers,  et  ainsi  de  suite. 

Comme  le  temps  est  très  court  pour  les  premiers  relais, 
j  ai  donné  l'ordre  au  maréchal  Bessières  d'écrire  au  sous- 
préfet  de  Meaux  par  un  officier  d'état-major,  qui  arrivera 
avant  quatre  heures  du  matin,  de  manière  que,  lorsque  les 
commissaires  des  guerres  arriveront,  le  sous-préfet  aura  déjà 
pris  ses  dispositions. 
Chaque  cheval  sera  payé  à  raison  de  5  francs  par  jour. 


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74  GAUPAaNE   DE    PRUSSE. 

Les  propriétaires  des  chevaux  pourvoiront  eux-mêmes  aux 
fourrages. 

Vous  préviendrez  chaque  sous-préfet  que  les  voitures  doi- 
vent être  payées  par  le  major  commandant  chaque  rég'iment, 
au  moment  de  l'arrivée  des  voitures  et  sur  la  quittance  du 
préposé  que  le  sous-préfet  aura  commis  pour  commander  le 
relais  ;  de  sorte  que  chaque  sous-préfet  vous  enverra  inconti- 
nent le  reçu  du  payement. 

Mon  intention  est  qu'on  réunisse  à  Worms  assez  de  bâti- 
ments pour  transporter  les  grenadiers  à  Mayence,  par  eau, 
au  moment  de  leur  arrivée  *. 

Vous  autoriserez  les  commissaires  des  guerres  à  prendre 
les  mêmes  mesures  pour  Bingen,  suivant  les  renseignements 
qu'ils  recueilleront  sur  les  lieux. 

Ces  mouvements  doivent  être  combinés  de  manière  que 
tous  les  régiments  de  grenadiers  et  de  chasseurs  à  pied  de 
ma  Garde  soient  arrivés  à  Mayence  le  28  au  plus  tard. 


L  EMPEREUR  AU  ROI  DE  HOLLANDE. 

Saint-GIoud,  19  soptembre  1806. 

Les  circonstances  deviennent  tous  les  jours  plus  urgentes. 
Ma  Garde  est  partie  en  poste  et  fait  en  6  jours  la  route  de 
Paris  à  Mayence.  Le  camp  de  Mcudon  part  de  la  même 
manière.  Mon  intention  est  qu'au  reçu  de  la  présente  lettre 
vous  fassiez  partir  les  65"  et  72^  pour  Wesel,  de  manière  qu'ils 
y  soient  arrivés  le  1"  octobre  ;  que  vous  dirigiez  également 
la  moitié  de  vos  troupes  sur  la  même  direction  avec  toutes 
les  divisions  d'artillerie,  au  fur  et  à  mesure  que  vous  pour- 
rez les  faire  partir,  et  que  vous  composiez  vos  divisions  de 
6  pièces. 


1.  L  EMPEREUR    AU    MARAcUAI<    BB88IBRB8. 

Saiat-Cloud,  80  soplembre  1806. 
Je  vois  qu'il  n'est  pas  nocessairo  que  ma  Garde  passe  à   Worms  pour  se 
rendre  à  Mayence,  et  que,  do  Kaisorslautern  et  do  Diirkheim,  elle  peut  J 
aller  directement  en  passant  {var  AIzey.  Eu  faisant  usage  de  cette  observation, 
vous  épargnerez  à  ma  Garde  au  moins  une  journée  de  marche. 


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ORDUES    POUR    LA    RÉUNION    DE    i/aRMÉE.  75 

Avant  le  1*^  octobre  je  serai  à  Mayence  ;  il  est  nécessaire 
que  vous  vous  trouviez,  de  votre  personne,  du  1*'  au  2  octo- 
bre, à  Wesel,  ayant  les  deux  régiments  ci-dessus  formant 
près  de  5,000  hommes,  toute  votre  cavalerie  et  la  moitié 
(le  vos  troupes  avec  20  ou  30  pièces  d'artillerie  ;  ce  qui 
vous  formera  un  corps  de  11,000  à  12,000  hommes.  Vous 
les  cantonnerez  aux  environs  de  Wesel.  Vous  recevrez  au 
reste  un  ordre  ultérieur  sur  les  diversions  que  vous  devez 
opérer. 

Vous  tiendrez  l'autre  division  de  vos  troupes  entre  Utrecht 
et  Wesel,  de  manière  à  pouvoir  l'appeler  près  de  vous,  ou 
servir  d'avant-garde,  ou  marcher  du  côté  de  la  mer,  si  les 
circonstances  l'exigeaient. 

Comme  mon  intention  n'est  pas  d'attaquer  de  votre  côté, 
je  désire  que  vous  entriez  en  campagne  le  premier  pour 
menacer  l'ennemi  ;  les  remparts  de  Wesel  et  le  Rhin,  à  tout 
événement,  vous  serviront  de  refuge. 

Vous  recevrez  de  nouvelles  instructions  plus  tard. 
Envoyez-moi  l'état  de  la  formation  de  vos  divisions  et  de 
votre  camp. 

Si  vous  avez  du  biscuit  en  Hollande,  faites-en  filer  quel- 
ques centaines  de  milliers  de  rations  sur  Wesel,  qui  a  besoin 
d'approvisionnement. 

Quoique  vous  ne  soyez  pas  bien  organisé,  marchez  toujours 
sur  Wesel,  où  vous  tiendrez  la  défensive  avant  de  prendre 
réellement  l'offensive.  Vous  avez  plus  d'un  mois  pendant 
lequel  vous  pouvez  faire  tous  vos  préparatifs. 

Mais  il  n'en  est  pas  moins  très  important  que  vous  soyez 
rendu  dans  les  premiers  jours  d'octobre  à  Wesel. 

Faites  marcher  toute  votre  cavalerie,  afin  de  couvrir 
le  duché  de  Berg  et  les  terres  de  la  Confédération  de  ce 
côté. 

Les  premiers  avertissements  au  Roi  sont  du  10  ;  ils  ont  été  renou- 
velés le  15.  L'Empereur  semble  donner  encore  un  mois  à  son  frère 
pour  faire  tous  ses  préparatifs;  mais  la  suite  des  circonstances  l'obli- 
gera à  réduire  ce  délai. 

Dans  les  affaires  de  la  guerre,  on  doit  toujours  penser  que  Ton 


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76  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

sera  talonné  par  les  événements  ;  aussi  faut-il  imprimer  à  tous  la 
plus  grande  activité  afin  d^être  prêt  longtemps  avant  l'époque  que 
Ton  s'est  fixée,  surtout  lorsque  l'on  ne  peut  pas  se  fier  à  l'activité  de 
ses  subordonnés.  Les  jours  de  répit  que  l'on  ménage,  ne  sont  jamais 
perdus. 


l'empereur  au  major  général. 

Saiut-Cloud,  19  soplembre  I8O6. 

J'ai  dicté  ce  matin  pendant  deux  heures  à  Clarke^  pour 
ordonner  tous  les  mouvements  de  Tarmée,  mais  il  paraît  que 
ce  ne  sera  que  vers  minuit  qu'il  aura  mis  son  travail  au 
net.  Comme,  parmi  le  grand  nombre  d'instructions  que  je 
lui  ai  dictées,  celle  relative  à  la  place  de  Braunau  et  à  la 
défense  de  Tlnn  se  trouve  copiée,  je  ne  veux  pas  perdre  un 
moment  pour  vous  Tenvoyer.  Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire 
que  le  mystère  et  le  secret  doivent  présider  à  ces  opérations. 
Le  roi  de  Bavière  sera  ainsi  garanti  par  un  corps  de  ses 
troupes  et  mes  positions  sur  Tlnn.  D'ailleurs,  l'Autriche  ne 
bougera  point,  du  moins  jusqu'à  ce  qu'elle  voie  quelle  sera 
l'issue  des  événements.  Je  désire  que  vous  n'instruisiez  de 
rien  Andréossy,  mais  qu'il  reste  encore  à  Vienne  et  qu'il 
continue  à  correspondre  avec  vous,  pour  bien  nous  faire  con- 
naître la  situation  des  affaires. 

J'ai  envoyé  directement  l'ordre  au  corps  du  maréchal  Ney 
de  se  réunir  à  Ulm,  ainsi  qu'à  la  cavalerie  de  la  division  de 
dragons  du  général  Beker. 

J'ai  fait  donner  l'ordre  au  maréchal  Davout  de  réunir  tout 
son  corps  à  Œttingen.  Ces  mouvements  sont  les  plus  pressés. 
Vous  devez  donner  l'ordre  au  parc  qui  est  à  Augsburg  et 
au  grand  quartier  général  de  se  tenir  prêts  à  partir.  Don- 
nez le  même  ordre  à  tous  les  corps  du  maréchal  Soult. 
Tout  part  d'ici  en  grande  diligence  et  par  des  moyens  extra- 
ordinaires. 


1.  Le  général  Clarko  était  secrétaire  du  cabiuet  de  TEmpereur. 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DE    L^AREifÉE.  77 

Le  roi  de  Hollande  commande  Tarmée  du  Nord.  Il  n'y  a 
pas  d'inconvénient  à  taire  mettre  dans  les  journaux  d'Alle- 
magne qu'à  peine  formé  le  camp  d'Utreclit  a  été  levé  ;  que 
les  16,000  hommes  de  troupes  hollandaises  de  ce  camp,  ren- 
forcées de  15,000  hommes  de  troupes  auxiliaires  françaises 
et  de  30,000  hommes  qui  s'y  rendent  des  dépôts  de  Tinté- 
rieur,  doivent  former  l'armée  du  Nord,  commandée  par  le 
roi  de  Hollande,  et  qui  sera  forte  de  80,000  hommes. 

Dans  douze  heures  au  plus  tard  vous  recevrez  tous  les 
ordres  de  mouvement. 


NOTE   SUR   LA  DÉFENSE   DE   l'iNN  ET   L'OCCUPATION 
DE   BRAUNAU. 

Saint-Cloud,  19  septembre  1806. 

Le  maréchal  Soult  laissera  le  3'  régiment  de  ligne  tout 
entier  dans  Braunau,  sous  les  ordres  du  général  de  divi- 
BÎon  Merle  *.  L'adjudant  commandant  Lomet,  un  colonel  du 
génie  et  6  officiers  du  génie  d'un  rang  inférieur,  un  colo- 
nel d'artillerie,  4  compagnies  d'artillerie  française,  une 
escouade  d'ouvriers,  une  compagnie  de  sapeurs,  4  ou  5  offi- 
ciers d'artillerie  en  résidence,  et  2  commissaires  des  guer- 


1.  Le  général  Merle  était  chef  d'état-major  du  4«  corps. 

L*    UKRtcUAL  SOULT   AC    ICAJOB   Q^aSÛRAh. 

36  septembre  180G. 

Je  regrotte  inflnimeot  que  V.  A.  ne  soit  pas  autorisée  à  m'accorder  le  gé- 
Dôral  Morand  pour  chef  d'état-mtgor  ;  elle  a  la  bonté  de  me  proposer  le  gêné- 
ni  Ménard,  mais  j*ai  Ubonnour  do  lui  observer  que  ce  général  ne  me  convient 
WU9  aucun  rapport. 

J'ai  rhonneur  de  demander  à  V.  A.  le  général  Reille  pour  chef  d*ëlat-major 
^  de  la  prier  do  donner  ordre  à  ce  général  de  me  joindre  sur-le-champ  à 
Ratistwune  ou  à  Amberg. 

Je  la  prie  en  outre  d'agréer  que  je  prenne  l*adjudant  commandant  Binot 
pour  sous-chef  d*état-miûor  en  remplacement  de  l'adjudant  commandant  Lo- 
iret, et  que  j^attacbo  à  la  i»  division  Tadjudant  commandant  Lacroix. 

Braunau  87.  —  Ordre  au  général  Compans  (employé  à  la  division  Sainl-Hi- 
laire)  pour  Tinstruire  qu'il  est  appelé  par  le  ministre  à  remplir  les  fonctions 
Qc  chef  d'état-major  du  4«  corps  et  l'inviter  à  so  rendre  à  son  poste  à  Hatis- 


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78  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

res,  y  seront  égalemeut  laissés,   ainsi   qu'un  régiment    de 
cavalerie  '. 

La  citadelle  de  Passau  sera  armée  et  approvisionnée  ;  elle 
sera  gardée  par  un  bataillon  bavarois  '. 

La  forteresse  de  Kufstein  sera  armée  et  approvisionnée  ; 
elle  sera  également  occupée  par  un  bataillon  bavarois. 

Le  corps  de  Tarmée  bavaroise,  fort  d'environ  15,000  hom- 
mes, tiendra  position  entre  Tlnn  et  Tlsar.  Il  aura  des  avant- 
postes  retranchés  dans  le  château  de  Burghausen.  11  entre- 
tiendra des  patrouilles  le  long  de  la  frontière  bavaroise,  de 
telle  sorte  qu'on  puisse  empêcher  la  garnison  de  Braunau 
d'être  insultée  par  la  simple  fantaisie  des  généraux  autri- 
chiens. 

Le  maréchal  Soult  se  Tendra  personnellement  à  Braunau, 
ainsi  que  des  officiers  généraux  du  génie  et  de  l'artillerie,  et 
un  commissaire  des  guerres  désigné  par  l'intendant  général 
de  l'armée,  afin  de  constater  l'état  des  munitions  d'artillerie 
et  les  approvisionnements  de  bouche  de  toute  espèce  qui  se 
trouvent  dans  la  place  de  Braunau  ;  on  y  enverra  tout  ce  qui 
pourrait  manquer,  et  les  ordres  les  plus  exprès  seront  donnés 
pour  que  la  consommation  journalière  de  la  garnison  de 
Braunau  soit  fournie  par  Munich,  afin  de  réserver  les  maga- 
sins de  la  place  pour  le  moment  du  blocus,  s'il  devait  avoir 
lieu.  Le  service  de  la  place  de  Braunau  devra  être  établi  de 
manière  qu'il  se  fasse  rigoureusement. 

Un  bataillon  bavarois*,  destiné  à  s'enfermer  dans  cette 
place  avec  la  garnison  française,  sera  campé  sur  la  gauche 
de  l'Inn  et  à  la  tête  du  pont  de  Braunau,  du  côté  de  la 
Bavière.  On  y  construira  une  tête  de  pont  ou  une  forte 
redoute,  tracée  de  manière  à  être  protégée  par  le  feu  de  la 
place,  et  qu'on  conserverait  aussi  longtemps  que  possible, 
même  en  cas  que  la  place  fût  cernée  et  que  l'ennemi  fût  sur 
la  rive  gauche  de  l'Inn. 

Le  maréchal  Soult  conviendra  d'un  chiffre  avec  le  général 


1.  Le  22»  rogiincnt  de  chasseurs. 

2.  Un  bataillon  du  8*  de  ligne  bavarois. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.         79 

Merle,  et  ce  chiffre  sera  envoyé  au  major  général  de  la 
Grande  Armée  *. 

Il  doit  y  avoir  dans  Braunau  des  vivres  pour  8  mois. 

Le  général  Merle  choisira  pour  commander  en  second  un 
général  de  brigade  ayant  sa  confiance  et  qui  serait  utile  en 
cas  d'événements. 

On  voit  que  le  général  Merle  aura  sous  ses  ordres  : 

3*  régiment  de  ligne 3,000 hommes. 

Artillerie 400 

Sapeurs 100 

Bataillon  bavarois,  qui  doit  camper  à  la 

tête  du  pont 800 

Artillerie  bavaroise,  formant  une  compa- 
gnie   100 

4,400hommes. 

Avec  une  si  belle  garnison  de  4,000  à  4,500  hommes  et 
au  delà,  ayant  des  vivres  pour  8  mois,  et  abondamment  pour- 
vue d'artillerie,  n'ayant,  parmi  les  officiers  du  génie,  que 


1.  I«B  MARéCHÀL  BOCLT  AU  oiNÉRAL   MVRLB. 

Braunau,  87  septembre  1806. 

L'instruction  que  je  vous  ai  adressée  par  roa  lettre  de  ce  jour  vous  a  fait 
conuaître  que  Tintention  de  S.  M.  était  que  jo  convinsse  avec  vous  d'un 
chiffre  au  moyen  duquel  vous  devez  à  l'avenir  correspondre  avec  le  major 
général  de  Tannée. 

■  Pour  remplir  cette  disposition,  je  pense  que  vous  pouvez  faire  usage  de  la 
brochure  intitulée  :  la  Bataille  d'Auslerlitz ,  par  un  militaire  témoin  de  la 
jaurniedu  2  décembre  1805,  attribuée  au  général-major  Stuiterheim;  édition 
de  Paris,  chez  Fain,  imprimeur-libraire,  etc.,  etc. 

U  i*r  numéro  indiquera  le  numéro  de  la  page  ;  le  8«  indiquera  la  ligne 
suivant  le  rang  qu'elle  lient  dans  la  page  en  comptant  tout  ce  qui  est  écrit, 
le  litre  compris. 

Le  $•  numéro  indiquera  le  mot  ou  la  lettre  qu'on  voudra  employer  suivant 
je  rang  que  le  mol  ou  la  lettre  dont  on  aura  fait  usage,  tiendra  dans  la  ligne 
indiquée  par  le  second  numéro,  en  observant  cependant  que  le  numéro  qui 
indiquera  un  mot  devra  être  souligné  et  que  le  numéro  qui  indiquera  la  let- 
tre ne  le  sera  pas.  On  aura  soin  aussi  de  mettre  toiijours  des  virgules  entre 
chaque  numéro  indicatif. 

k  crois  que  ce  chiffre  peut  élro  très  utile,  et,  en  cas  que  les  dépêches 
tussent  interceptées,  qu'il  serait  fort  difficile  do  deviner  ce  qu'elles  contien- 
nent. Je  vous  prie  de  l'adopter  et  j'ai  l'honneur  de  vous  prévenir  que  je 
aonnerai  copie  de  ma  lettre  à  S.  A.  le  prince  ministre  de  la  guerre,  pour 
^^il  en  ait  également  rinlelligence. 


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80  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

des  sujets  choisis  et  connus  pour  avoir  envie  de  se  distinguer, 
ayant  surtout  deux  ou  trois  mois  devant  soi,  pendant  lesquels 
on  peut  s'occuper  de  tout  ce  qui  peut  être  avantageux  à  la 
place,  on  peut  y  faire  la  plus  brillante  résistance,  et,  dans 
aucun  cas,  on  ne  doit  se  rendre  sans  avoir  soutenu  plusieurs 
assauts  au  corps  de  la  place. 

On  fera  venir  sans  retard  beaucoup  de  bois  du  Tyrol  ; 
avec  du  bois,  des  outils  et  des  bras,  on  ferait  une  place  là  où 
il  n'en  existerait  aucune. 

A  Braunau,  on  a  l'avantage  de  Teau,  et  on  peut  y  établir 
des  ouvrages  avancés  et  des  lignes  de  contre-attaque  de 
manière  à  prolonger  la  défense  de  la  place  assez  pour  être 
secouru. 

Du  reste,  rien  ne  porte  à  penser  que  TAutriche  ait  des 
vues  hostiles,  et  on  doit  agir  en  conséquence. 

Personne  ne  doit  passer  en  ville,  pas  même  les  voyageurs. 
Le  gouverneur  ne  doit  jamais  s'éloigner  de  la  place  de  plus 
de  la  portée  du  canon  ;  il  ne  doit  jamais  dîner  hors  de  la 
ville  ;  et,  lorsqu'il  en  sort,  le  commandant  en  second  doit  se 
trouver  sur  les  remparts  ^ 

La  solde  de  la  garnison  de  Braunau  devra  être  assurée 
pour  trois  mois,  et  l'argent  nécessaire  pour  cet  objet  devra 
être  déposé  chez  le  payeur.  Quant  aux  travaux  que  le  soldat 
exécutera,  ils  ne  seront  pas  salariés  et  ne  peuvent  l'être  : 
c'est  déshonorer  le  soldat,  qui  doit  faire  un  travail  de  cette 
nature  uniquement  par  honneur. 

On  maintiendra  la  meilleure  harmonie  avec  les  Bavarois. 

On  plantera  des  poteaux  à  portée  du  canon  de  la  place, 


1.  Ordre  du  24  septembre  du  maréchal  Soult  au  général  Dufour  de  se  ren- 
dre à  Braunau  pour  y  commander  en  second  sous  les  ordres  du  général 
Merle. 

!•■    MA.B^CHAJU    SOULT    AU   OÂMÉRAL    ItBBLK. 

84  septembre. 

...Si  le  général  Dufour  qui  commande  le  8^  régiment  ne  vous  convenait  pas, 
indiquez-m'en  un  autre,  et  je  lui  ferai  donner  ordre  de  vous  joindre.... 

Tout  gouverneur  d'une  place  forte  doit  avoir  le  choix  du  commandant  en 
second,  ainsi  que  celui  du  chef  d*état-major. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  L^ARMÉE.         81 

portant  pour  inscription  :  Territoire  de  Braunau.  Aucun  corps 
anné  étranger  ne  doit  y  entrer. 

Le  gouverneur  communiquera  avec  prudence  avec  mon 
ministre  à  Vienne  et  aura  soin  qu'en  cas  que  ses  lettres  soient 
interceptées,  elles  ne  puissent  rien  compromettre.  U  enverra 
chaque  jour  un  rapport  de  tout  ce  qui  parviendra  à  sa  con- 
naissance à  Munich  et  au  major  général  de  Tarmée. 

On  lui  recommandera  surtout,  ainsi  qu'atout  of&cier  de  la 
garnison,  de  ne  tenir  aucun  propos,  devant  vivre  avec  les 
Autrichiens,  dans  la  meilleure  intelligence,  quoique  sur  ses 
gardes. 

Napoléon, 
l'empereur  au  major  général. 

Saint-Cloud,  19  septembre  1806. 

Mouvements  et  dispositions  générales  de  la  Gh'ande  Armée. 

J'ai  donné  directement  des  ordres  au  roi  de  Hollande  pour 
qu'il  se  trouve  le  2  octobre  avec  son  corps  d'armée  à  Wesel. 

Le  maréchal  Augereau  se  réunira  à  Francfort  le  2  octobre, 
ayant  des  postes  de  cavalerie  et  une  petite  avant-garde  à 
Giessen. 

Le  maréchal  Lefebvre  se  réunira  à  Kônigshofen  le  3  octo- 
bre. Ce  mouvement  s'exécutera  plus  tôt  si  l'ennemi  était  en 
force  à  Halle. 

Le  maréchal  Davout  sera  réuni  à  Bamberg,  avec  tout  son 
corps  d'année,  au  plus  tard  le  3  octobre. 

Le  maréchal  Soult  sera  réuni  à  Bamberg  (hormis  le  3''  de 
ligne  qui  reste  à  Braunau)  et  sera  prêt  à  partir  le  4  octobre 
avec  tout  son  corps. 

Le  prince  de  Ponte-Corvo  sera  réuni  à  Bamberg  le  2  octo- 
bre Ml  y  sera  réuni  avant  cette  époque,  si  les  dispositions 
des  Prussiens  paraissent  être  de  faire  des  mouvements  hos- 
tiles. 


1.  L'inteDtion  de  TEmperour  était  do   réunir  le  !•'  corps  à  Nuremberg  et 
QOQ  à  Bamberg.  Voir  la  dépôcho  du  29  septembre  au  major  généiul. 

CAMP.   DB  PKVMB.  6 


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82  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  maréchal  Ney  sera  réuni  à  Anspach  le  2  octobre.  Les 
6  divisions  de  cavalerie  de  la  réserve  se  mettront  en  mouve- 
ment et  seront  arrivées  en  position  le  long  du  Mayn,  depuis 
Kronach  jusqu'à  Wttrzburg,  le  3  octobre.  La  grosse  cavalerie 
sera  du  côté  de  Wttrzburg. 

Le  2  octobre,  on  prendra  possession  du  château  de  WUrz- 
burg,  qu'on  armera  et  approvisionnera.  On  prendra  posses- 
sion de  KOnigshofen  et  du  château  de  Kronach,  et  on  le  met- 
tra en  état  de  défense. 

Le  parc  général  se  rendra  à  WUrzburg,  le  petit  quartier 
général  à  Bamberg,  les  gros  bagages  à  WUrzburg  ;  tout  cela 
en  position  le  3  octobre. 

Tous  les  commandants  d'armes  de  la  Souabe  et  de  la 
Bavière  seront  rappelés,  excepté  celui  d'Augsburg  et  d'In- 
golstadt,  et  dirigés  sur  la  nouvelle  ligne  d'opérations  jusqu'à 
WUrzburg  et  Bamberg. 

Le  général  qui  commande  en  Souabe  commandera  à  Franc- 
fort ;  un  autre  commandera  tout  le  pays  de  Wttrzburg. 

La  gendarmerie  des  divers  corps  d'armée  sera  affaiblie, 
afin  d'établir  à  une  journée  en  arrière  de  chaque  grande 
route  qu'on  prendra,  un  détachement  commandé  par  un  offi- 
cier supérieur,  pour  arrêter  les  traînards  et  maraudeurs  et 
empêcher  le  désordre. 

On  mettra  à  Tordre  que  les  généraux  aient  les  aides  de 
camp  et  les  officiers  d'état-major,  sans  en  prendre  dans  la 
Grande  Armée,  excepté  aux  dépôts. 

Le  major  général  expédiera  tous  les  ordres  sans  délai  et 
m'enverra  l'itinéraire  de  la  route  de  chaque  colonne.  Chaque 
corps  d'armée  en  arrivant  en  rassemblement,  aura  4  jours 
de  pain.  11  faudra  ordonner  qu'on  y  prépare  du  pain  pour 
10  jours,  afin  qu'il  y  en  ait  toujours  pour  4  jours  au  moment 
où  l'on  voudrait  partir  pour  entrer  en  campagne. 

Les  troupes  de  Bade  se  réuniront  à  Mergentheim  ;  les 
troupes  de  Wurtemberg  à  EUwangen»  Les  troupes  de  Bavière 
prendront  la  position  qui  a  été  indiquée  dans  le  temps,  entre 
l'isar  et  l'inn,  et  occuperont  les  forteresses  de  Passau  et  de 
Ettfstein.  Une  division  de  6,000  hommes  sera  sous  les  ordres 


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ORDREf»  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.         83 

du  prince  de  Ponte-Corvo  et  devra  être  rendue,  prête  à  partir 
avec  le  corps  d'armée,  le  2  octobre.  Les  troupes  de  Darm- 
stadt,  au  nombre  de  7,000  hommes,  se  réuniront  sous  les 
ordres  du  maréchal  Augereau. 

L'opération  qui  consiste  à  rapprocher  les  différents  corps  d'une 
armée  avant  le  commencement  des  hostilités,  de  façon  à  ce  qu'ils 
puissent  se  soutenir  les  uns  les  autres  tout  en  leur  permettant  de 
nvre,  s'appelle  la  réunion  ou  le  rassemblement  de  l'armée.  L'Empe- 
reur se  sert  ici  exclusivement  de  l'expression  réunir,  de  même  qu'il 
s'est  servi  dans  la  dépêche  du  13  de  l'expression  réunion  de  l'armée. 

Une  armée  peut  rester  réunie  pendant  plusieurs  jours  ;  elle  vit 
dans  ses  cantonnements  ;  elle  peut  même  resserrer  ses  intervalles  et 
Bes  distances,  se  mettre  en  mouvement  et  marcher  ainsi  sans  qu'il 
en  résulte  de  trop  graves  inconvénients,  pourvu  que  le  Commandant 
en  chef  ait  pris  certaines  précautions  pour  les  subsistances. 

Le  pays  de  Bamberg  que  l'Empereur  a  indiqué  dès  le  5  septembre 
pour  la  réunion  de  l'armée,  se  trouve  dans  une  position  centrale:  les 
corps  d'armée  de  Passau,  de  Memmingen  et  de  Francfort,  ont  à  peu 
près  le  même  chemin  à  parcourir  pour  s'y  rendre,  50  lieues  environ. 

L'armée  s'y  trouve  le  plus  près  possible  de  la  frontière  de  Saxe 
que  l'Empereur  veut  franchir  pour  se  porter  sur  Berlin  par  la  ligne 
la  plus  courte  en  évitant  les  montagnes  de  Thuringe  et  les  rivières 
de  la  Werra  et  de  la  Pulda. 

Si  contre  toute  attente  les  Prussiens  prennent  l'initiative  du  mou- 
vement et  marchent  sur  Mayence,  l'armée  française  est  sur  leur  flanc 
et,  par  sa  position,  protège  le  territoire  des  princes  de  la  Confédéra- 
tion du  Rhin. 

Enfin  la  réunion  se  fait  à  l'abri  derrière  les  montagnes  qui  sépa- 
rent la  vallée  du  Mayu  des  vallées  de  la  Saale,  de  la  Werra  et  de  la 
Folda,  montagnes  qui  offrent  cependant  des  débouchés.  Le  pays 
n'est  pas  encore  mangé. 

Les  points  de  réunion  sont  disposés  sur  deux  lignes  et  en  échelons  ; 
les  quartiers  généraux  des  corps  d'armée  à  deux  marches  de  7  lieues 
eu  moyenne  les  uns  des  autres  pour  se  soutenir  et  vivre  ;  les  7  divi- 
sions de  cavalerie  échelonnées  le  long  du  Mayn  sur  une  ligne  de 
30  lieues  au  milieu  des  cantonnements  des  corps  de  première  ligne, 
la  cavalerie  légère  à  la  droite  du  côté  du  débouché.  Le  7*  corps  reste 
en  avant  de  Mayence  jusqu'à  la  formation  du  corps  d'observation  de 
h  France. 

L'Empereur  prévient  directement  les  corps  d'armée  qui  se  trouvent 
en  deçà  du  quartier  général.  Le  major  général  recevra  le  mouvement 


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84  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

général  de  rarinée  le  24  ;  il  expédiera  lea  ordres  de  suite  ;  tout  devra 
être  en  position  le  3  octobre,  8  jours  après  Tordre  reçu. 

Toutes  ces  dispositions  ne  sont  donc  que  le  développement  de  la 
pensée  exprimée  dans  la  dépêche  du  5  septembre. 

Les  4  jours  de  pain  que  chaque  corps  aura  en  arrivant  au  rassem- 
blement, suffiront  pour  les  4  premiers  jours,  pendant  que  Ton  cons- 
truira des  fours,  que  Ton  rassemblera  des  farines.  On  se  mettra  de 
suite  à  l'œuvre  pour  préparer  10  jours  de  pain,  c'est-à-dire  4  jours 
destinés  à  être  distribués  au  moment  du  départ  et  portés  par  Thomme, 
4  jours  à  être  portés  sur  les  caissons  des  corps  ou  à  défaut  sur  des 
charrettes  du  pays,  et  2  jours  pour  les  consommations  journalières 
dans  les  cantonnements  de  rassemblement.  Cette  explication  ressort 
des  ordres  des  2  et  3  octobre  aux  maréchaux. 

Il  y  avait  2  caissons  par  bataillon,  c'est-à-dire  pour  porter  2,000  ra- 
tions ou  2  jours  de  rations  complètes.  (Dépêche  du  10  septembre  au 
major  général  ;  rapport  du  24  à  l'Empereur.)  11  fallait  donc  encore 
des  charrettes  pour  porter  2  jours. 


l'empekeur  au  major  génékal. 


Saint-CIoud,  19  soplembre  1806. 

Donnez  ordre  au  maréchal  Augereau  et  à  tous  mes  géné- 
raux de  s^opposer  ouvertement  à  la  levée  d'aucuns  chevaux 
pour  la  Prusse,  et,  au  contraire,  d'en  augmenter  leura  équi- 
pages le  plus  possible. 

Je  reçois  vos  lettres  du  15  ;  je  viens  de  mettre  un  million 
à  votre  disposition  *  5  payez  avec  cela  les  dépenses  les  plus 


U  LE   MAJOR   O^SÉRAL   A    M.    ROQUIN,  PAYEUR  OÉKlARAh   DB  L* ARMÉE. 

Munich,  85  scplombro  1806. 
L'Empereur  a  mis  un  million  à  ma  disposillon.  Vous  devez  donc  consener 
00  milliou  inlact  dans  voire  caisse,  excepté  les  sommes  que  je  vous  ai  auto- 
risé à  payer  sur  ccdit  milliou;  ces  sommes  consistent  en  : 

72,000'  pour  le  service  du  génie  ; 

10,000   à  rinlendant  général  pour  les  vivres; 
150,000   pour  payer  deux  mois  de  frais  de  bureau  aux  chefs  d'état-mAJor  des 

corps  d'armée  et  dos  divisions  (ordre  du  21  septembre); 
190,000    pour  les  vivres  à  la  disposition  de  l'intendant  général; 

30,000   pour  les  hôpitaux  ; 

10,000   pour  dépenses  imprévues. 

462,000^  II  doit  donc  vous  rester  en  numéraire   une  somme  do  588,000  fr. 
que  vous  devez  avoir  disponible  dans  votre  caisse  partout  où  je  serai. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  L'ARMÉE.         85 

pressantes.  Faites  bien  la  distinction  des  dépenses  du  minis- 
tère de  M.  Dejean  d'avec  celle  de  votre  ministère  ;  faites-les 
classer  par  chapitres  du  budget  ;  vous  ferez  ordonnancer 
par  l'ordonnateur  ce  qui  est  du  ressort  du  ministère  de  Tad- 
ministration  de  la  guerre,  et  vous  ordonnancerez  comme 
ministre  de  la  guerre  celles  qui  regardent  votre  ministère. 

Les  marmites  et  les  bidons  seront  trop  longs  à  venir; 
faites-en  acheter  chez  les  habitants,  en  payant  ;  recommandez 
qu'on  ne  fasse  pas  de  vilenie,  et  faites-les  payer  sur  vos 
fonds. 

Ma  Garde  est  toute  partie  ;  tout  sera  rendu  le  30  à  Mayence. 
Mes  chevaux  y  seront,  je  pense,  pour  ce  jour.  Cependant  il 
n'en  est  pas  moins  nécessaire  que  je  trouve  à  Bamberg  quel- 
ques chevaux,  si  les  miens  tardaient  de  quelques  jours  à 
arriver. 

Faites  voir,  je  vous  prie,  ce  qui  se  passe  à  Halle  ;  on  m'as- 
sure qu'il  y  a  déjà  là  des  rassemblements  de  troupes  prus- 
siennes. 

J'ai  ordonné  qu'on  réunît  à  Mayence  une  grande  quantité 
de  bidons  ;  mais,  encore  une  fois,  cela  n'arrivera  pas. 

Faites  distribuer  les  2,500  capotes  aux  corps  qui  en  ont  le 
plus  besoin.  Faites  partir  les  souliers  pour  Wtirzburg.  Quant 
aux  capotes,  écrivez  aux  colonels  d'en  faire  faire  en  France  ; 
à  dater  du  1"  octobre,  les  masses  d'habillement  sont  telle- 
ment augmentées,  qu'ils  peuvent  très  bien  les  faire  faire*. 


^  surplus  des  fonds  que  vous  avez  disponibles  doil  appartenir  à  la  solde, 
ou  loul  auiro  objet  sur  lequel  l'Empereur  u  porté  su  décision. 

Kn  conséquence  des  ordres  de  TEmporeur,  vous  devez  partir  pour  vous 
rendre  âWurzburg,  où  il  est  à  désirer  que  vous  soyez  avec  votre  trésor  vers 
le  30  ou  le  i«f  octobre. 

^'  IsK  MAJOR  aiSNKBAL  AUX   MARÉCHAUX. 

Circulaire, 

Munich,  28  septembre  1806. 

^^  est  impossible  que  dans  la  position  où  nous  sommes ,  on  fasse  faire  des 
™4nnites  et  des  bidons  en  France  et  qu'on  les  envoie  à  l'arméo.  Sans  entrer 
en  explication  ni  en  réprimande  sur  la  négligence  dos  corps  à  ne  point  con- 
^ner  leurs  marmites  et  leurs  bidons,  S.  M.  ordonne  que  chaque  corps  ait 
lur-le-chainp  à  s'en  procurer  en  faisant  confectionner  sur  les  lieux  les  mar- 
mites et  les  bidons  strictement  nécessaires. 

^mme  il  est   possible  que  nous  soyons  forcés   de  faire   une  campagne 


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86  CAMPA.GNE    DE    PRUSSE. 

Ecrivez  au  payeur  de  Tannée,  qui  doit  être  à  Strasbourg, 
de  se  rendre  à  Mayence,  où  il  est  nécessaire  qu41  soit  arrivé 
le  29  septembre. 


l'empereur  au  général  dutaillis. 

Sainl-Cloud,  19  septembre  1806. 

Monsieur  le  commandant  par  intérim  de  notre  6*  corps  de 
la  Grande  Armée  en  Tabsence  du  maréchal  d'empire  Ney, 
au  reçu  de  la  présente,  vous  voudrsz  bien  faire  toutes  les 
dispositions  nécessaires  pour  réunir  notredit  6*  corps  d'armée 
à  Ulm  *,  où  il  est  indispensable  qu'il  soit  rendu,  au  plus  tard, 
le  28  septembre,  prêt  à  marcher,  avec  4  jours  de  vivres,  et 
prêt  à  recevoir  les  ordres  de  notre  major  général,  étant  néces- 
saire que  notredit  6*  corps  de  la  Grande  Armée  soit  rendu, 
dès  le  2  ou  3  octobre,  sur  la  ligne  d'opérations.  Vous  voudrez 
bien  également  faire  connaître  au  corps  du  général  Beker 
qu'il  doit  suivre  le  même  mouvement. 

l'empereur  au  général  dejean. 

Sainl-Cloud,  19  septembre  1803. 

.  Vous  donnerez  l'ordre  aux  maréchaux  Davout  et  Ney,  qui 
se  trouvent  à  Paris,  d'être  rendus  à  leurs  corps  d'armée  pour 
le  28  septembre. 


d*hivcr,  il  faut  que  chaque  soldat  ail  sa  capote.  II  ne  s'agit  pas  de  faire  re- 
nouveler celles  qui  existent,  mais  d'en  faire  confectionner  pour  les  soldais 
qui  n'en  auraient  pas.  Faites  donc  passer  à  Timproviste  une  revue  de  chaque 
corps  et  arri^ter  le  nombre  de  capotes  qu'il  faudra  confectionner  pour  chaque 
corps.  Vous  sentez  qu'il  faut  soigneusement  éviter  les  abus;  car  je  vous  le 
répète,  il  no  s'agit  pas  de  faire  renouveler  les  capotes,  mais  de  réparer  les 
mauvaises  et  d'en  donner  aux  hommes  qui  n'en  ont  pas.  Les  régiments  peuvent 
faire  confectionner  de  suite,  d'après  l'élat  arrêté  par  le  commissaire  des 
guerres  et  visé  par  vous.  Ces  capotes  seront  payées  au  prix  accordé  l'an- 
née dernière  pour  la  campagne. 

Quand  les  états  auront  été  envoyés  à  l'intendant  général,  je  ferai  verser  les 
fonds  sur  les  lieux  dans  la  caisse  du  payeur  de  votre  corps  d'armée.  Il  n'y  a 
pas  un  instant  à  purdre  pour  faire  confectionner  sur  les  lieux. 

1.  Le  6«  corps,  dont  le  quartier  général  était  à  Memmin?en,  était  cantonné 
sur  les  deux  rives  de  l'Iller  et  du  Danube,  en  amont  d'Ulm.  La  8«  division 
de  dragons  était  échelonnée  sur  la  route  de  France  à  Freyburg,  Neustadt  d 
Geissingen. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE,         87 

Vous  donnerez  Tordre  au  régiment  italien  qui  est  au  Havre 
de  se  rendre  à  Paris  sans  faire  de  séjour 


l'empereur  au  général  dejean. 

Saint-Cloud,  19  septembre  1806. 

Envoyez  Tordre  au  général  de  division  Dupont  de  partir 
sans  délai  avec  tous  ses  régiments,  infanterie,  cavalerie  et 
artillerie,  et  de  se  rendre  à  Mayence,  d'où  il  partira  le  28  pour 
se  rendre  à  Wttrzburg  *.  En  passant  à  Mayence,  il  complétera 
ses  cartouches,  son  armement  et  ses  objets  d'artillerie.  Il  est 
nécessaire  qu'il  arrive  à  Wttrzburg  le  2  octobre. 

Par  le  même  courrier  qui  portera  au  général  Dupont  Tordre 
de  partir,  vous  enverrez  aux  généraux  commandant  les  25* 
et 26* divisions  militaires*  Tordre  de  compléter  sur  le  pied 
de  guerre  les  compagnies  de  grenadiers  et  de  voltigeurs  des 
3"  et  4"  bataillons  qui  sont  dans  leurs  divisions,  appartenant 
aux  corps  de  la  Grande  Armée,  et  de  les  diriger  sur  Mayence 
en  les  adressant  au  général  Dorsenne  qui  les  organisera  en 
bataillons  de  6  compagnies.  Il  est  indispensable  que  ces 
compagnies  soient  arrivées  à  Mayence  pour  le  30  septembre*. 


1.  Itinéraire  de  la  division  Dupont  partant  de  Cologne  : 

l«r  de  hussards.  9«  léger.  S8«,  96«  et  artillerie. 


88  .   .   .  fioppard.  Coblentz.  Bonn. 

84   . 

8B  . 

86  . 

87  . 


Baccarach.  Boppard.  Ândernach. 

Bingen.  Baccarach.  Coblentz. 

Mayence.  Biugen.  Baccarach. 

>  Mayence.  Mayence. 

t.  85*  division,  Liège,  départements  de  TOurtho,  de  Sambre-et-Meuse  et  de 
la  Meuse-Inférieure  ;  —  8S«  division,  Coblentz,  départements  du  Mont-Ton- 
nerre, de  la  Sarre,  du  Rhin-et-Moselle  et  de  la  Ro6r. 

s.  Les  bataillons  de  grenadiers  et  de  voltigeurs  ne  furent  organisés  qu*à 
la  fin  d'octobre ,  à  Berlin ,  par  le  général  Oudinot,  après  la  dissolution  des 
régiments  de  dragons  à  pied. 


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88  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 


l'empereur  au  maréchal  BESSIERES. 

Saint>Cloud,  19  septembre  isoc. 

Donnez  Tordre  à  votre  chef  d'état-major  de  partir  le  23 
pour  se  rendre  à  Mayence  en  toute  diligence,  afin  de  tout 
préparer  pour  l'organisation  de  la  Garde  au  fur  et  à  mesure 
de  son  arrivée.  Il  est  nécessaire  de  faire  partir  les  boulangers* 
et  tous  les  autres  ouvriers  de  la  Garde  par  les  voitures  établies 
pour  les  transports  de  la  Garde,  afin  qu'ils  arrivent  aussi 
promptement  qu'elle.  Donnez  également  ordre  aux  commis- 
saire ordonnateur,  chirurgiens  et  employés  de  la  Garde 
d'être  tous  rendus  le  30  septembre  à  Mayence.  Vous-même, 
vos  aides  de  camp  et  le  reste  de  votre  état-major,  partirez  le 
24,  afin  d'arriver  le  28  à  Mayence,  pour  accélérer  l'organi- 
sation des  corps  de  ma  Garde,  et  préparer  tout  ce  qui  est 
nécessaire  pour  votre  dépôt.  Vous  ferez  partir  le  reste  de  la 
Garde  à  cheval  de  toute  arme  le  21,  de  manière  que,  le  21 
au  soir,  il  ne  reste  plus  à  Paris  personne  à  partir. 

Voici  les  corps  qui  doivent  composer  ma  Garde  : 

Deux  régiments  de  chasseurs  à  cheval.  .  1,200  hommes 

Deux  régiments  de  grenadiers  à  cheval  .  1,200  — 

Un  régiment  de  gendarmerie  d'élite.  .    .  400  — 

L'escadron  de  mameluks 80  — 

Deux  régiments  de  chasseurs  à  pied.  .    .  2,000  — 
Deux  régiments  de  grenadiers  à  pied  .    .  2,000  — 
Quatre  divisions  d'artillerie  de  24  pièces 
de  canon  ;  un  parc  composé  de  12  pièces 
de  canon,  plus  1,000  hommes  d'artil- 
lerie   1,000  — 


1.  LB  UkK&CHkts   BKSfllÂBBt  AU  OÂNISRAL  HULIX. 

Paris,  19  septembre  1806. 

J'ai  donné  Tordre  à  Tordonnatour  d*aUacher  la  moitié  de  ses  boulangers 
aux  grenadiers  à  pied  et  Tautre  moitié  aux  chasseurs  à  pied  ;  ils  ont  reçu 
l'onlrc  de  partir  demain.  Ils  seront  transportés  on  mémo  temps  que  la  troupe 
et  logés  et  traités  comme  elle. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.         89 

Quatre  bataillons  de  dragons  à  pied,  cha- 
que bataillon  composé  de  4  compagnies.     2,400  hommes 

Quatre  bataillons  de  grenadiers  et  de  vol- 
tigeurs, composés  des  compagnies  des 
3"  et  4**  bataillons,  formés  dans  les  5% 
25*  et  26*  divisions  militaires 2,400       — 

Ce  qui  fait  plus  de  12,000  hommes,  infanterie,  cavalerie 
et  artillerie.  Comme  ces  bataillons  auront  besoin  de  chefs  de 
bataillon,  de  capitaines  et  d^adjudants-majors,  ne  laissez  aux 
bataillons  des  vélites  qu'un  chef  de  bataillon  et  faites  partir 
lautre  avec  les  quatre  meilleurs  capitaines,  lieutenants  et 
80U8-lieutenants,  lesquels  seront  rendus  à  Mayence  avant  le 
30  septembre  et  seront  employés  aux  différents  bataillons  \ 

l'empereur  au  grand-duc  de  berg. 

Sainl-Gloud,  19  septembre  1806. 

J'ai  reçu  votre  lettre.  Je  ne  sais  pas  quelle  est  la  force  de 
votre  régiment  ;  aussi  je  ne  puis  rien  vous  prescrire  sur  ce 
corps. 

Le  roi  de  Hollande  commandera  mon  armée  du  Nord,  qui 
sera  de  80,000  hommes  ;  son  quartier  général  sera  à  Wesel. 
Votre  duché  sera  sous  ses  ordres  militaires.  Si  votre  régiment 
est  en  état  de  faire  quelque  chose,  il  prendra  ses  ordres  et 
fera  partie  de  son  armée.  Laissez  cependant  un  commandant 
militaire  dans  votre  duché  et  un  ministre  à  Wesel,  pour  s'en- 
tendre avec  le  roi  de  Hollande  et  lui  procurer  tout  ce  qui  lui 
e«t  nécessaire.  Le  roi  sera  chargé  de  couvrir  et  garantir  vos 
État». 

Dirigez  vos  bagages  et  vos  chevaux  sur  Francfort,  et  cela 
le  plus  promptement  possible.  Il  me  suffit  qu'ils  y  arrivent 
le  29  septembre,  et,  si  ce  temps  est  plus  que  suffisant,  vous 

^'  L*XMPKHKUB  AU  HARÉCHAL   BeSSIÈRKS. 

Saint-Cloud,  20  septembre  1806,  7  heures  du  matin, 
niiles  partir  par  les  reluis,  comme  rinfanterie  de  ma  Garde,  un  équipage  de 
«awlois  de  ma  Garde,  composé  de  lOO  hommes,  pour  se  rendre  à  Mayouce. 


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90  GAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

pourrez  leur  faire  faire  une  marche  sur  la  rive  gauche  du 
Rhin  pour  masquer  votre  mouvement.  Restez  encore  quelques 
jours  dans  votre  pays  à  Dusseldorf,  et  aidez  en  ce  que  vous 
pourrez  à  l'approvisionnement  de  Wesel. 

Envoyez  la  situation  de  votre  régiment  au  roi  de  Hollande, 
et  activez  sa  formation  le  plus  possible.  Faites  reconnaître 
les  cantonnements  des  Prussiens  et  les  noms  des  régiments 
qui  occupent  les  camps  de  Hameln  et  environs,  ainsi  que  la 
force  des  compagnies  et  des  bataillons. 

Tenez  toutes  ces  dispositions  secrètes,  et  ne  dites  rien. 


l'empereur  au  général  dejean. 

Saint-CIoud,  19  septembre  1806. 

Donnez  ordre  au  gouverneur  de  Paris  de  former  le  2*  régi- 
ment d'infanterie  légère  à  2  bataillons  bien  complets  de 
1 ,000  hommes  chacun,  si  cela  est  possible  ;  de  faire  la  même 
chose  pour  les  4*  et  12*  régiments  d'infanterie  légère  et  de 
faire  partir  ces  bataillons  :  ceux  du  2^  léger  le  21,  par  la 
route  de  Meaux  ;  ceux  du  12*  léger  par  la  route  de  Dammar- 
tin  ;  et  ceux  du  4%  un  bataillon  par  la  route  de  Meaux  et  un 
bataillon  par  la  route  de  Dammartin. 

Les  2  bataillons  du  4'  partiront  le  22.  Faites  partir  ces 
troupes  ^  par  les  relais  établis  pour  les  transports  de  ma  Garde. 
Envoyez  Tordre  aux  détachements  du  camp  de  Boulogne  •  et 


1.  Les  sS  l*  et  12*  légers  étaient  au  camp  de  Meudon  et  avaient  leurs  dé- 
pôts à  Saint-Denis. 

8.  Une  ic*  colonne  do  1,860  hommes  composée  de  détachements  des  88*  de 
li^ne,  317  hommes;  —  3(j«,  8i7  ;  —  43%  859;  —  46*,  467,  était  partie  de 
Boulogne  le  il  septembre,  et  devait  arriver  à  Mayence  le  18  octobre. 

Une  2*  colonne  de  1,868  hommes,  composée  de  détachements  des  85*  do 
ligne,  317  hommes;  --  60«,  317;  —  56e,  317.  _  750^  317^  ^jt^jt  partie  de 
Doulogne  le  18  septembre  cl  devait  arriver  à  Mayence  le  18  octobre. 

L'ordre  de  brûler  les  séjours  devait  leur  faire  gagner  4  jours.  On  verra  que 
le  i*»"  octobre  l'Empereur  lus  fit  diriger  de  Kaiserslautem  sur  Mannheim  ot  do 
là  on  droite  ligne  sur  Wûrzburg. 

Le  5«  bataillon  de  sapeurs,  5  compagnies,  460  hommes,  et  la  moitié  do  la 
14«  compagnie  d'ouvriers  d'artillerie,  45  hommes,  partirent  de  Boulogne  le 
14  septembre  ;  comme  il  ne  fut  riuu  cliangé  à  leur  mouvement,  ils  arriveront 
H  Mayence  le  15  oclobre  pour  en  repartir  le  m  Ame  jour. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMËE.         91 

au  28*  d'infanterie  légère  \  ainsi  qu'à  son  bataillon  d'élite, 
de  ne  point  faire  de  séjours  et  de  marcher  droit  sur  Mayence, 
pour  y  arriver  le  plus  tôt  possible.  Si  le  bataillon  d'élite  du 
28*  d'infanterie  légère  est  à  portée  du  Rhin,  il  serait  conve- 
nable de  le  faire  embarquer  ;  de  cette  manière  il  arriverait 
sans  se  fatiguer  et  très  promptement  à  Mayence  *. 

Vous  donnerez  ordre  au  sénateur  maréchal  Kellermann  de 
partir  dans  la  journée  de  demain,  pour  se  rendre  à  Mayence 
et  y  prendre  le  commandement  du  corps  de  réserve,  composé 
des  troupes  qui  se  trouvent  dans  les  5*  et  26*  divisions  mili- 
taires'. 

n  commandera  les  gardes  nationales  de  ces  deux  divisions 
militaires,  et  il  réunira  à  Strasbourg  et  à  Mayence  les  grena- 
diers et  chasseurs  des  gardes  nationales  qu'il  avait  levées 
dans  ces  divisions  pendant  la  dernière  campagne. 


LE   MAJOR   GÉNÉRAL   A  L'EMPEREUR. 

Munich,  19  septembre  1806. 

Sire,  j'ai  reçu  hier  à  3  heures  du  matin  votre  dépêche  du 
13  par  laquelle  V.  M.  soumet  l'exécution  des  ordres  qui  y 
sont  contenus  à  la  certitude  que  j'aurai  que  M.  de  Laforest 
et  M.  Durand  ont  quitté  Berlin  et  Dresde.  Comme  vous 
désirez  avoir  votre  cavalerie  promptement  réunie,  je  viens 
de  donner  ordre,  sous  prétexte  de  subsistances,  à  la  divi- 
sion de  grosse  cavalerie  du  général  d'Hautpoul,  de  quitter 
Straubing,  pour  se  porter  à  Eichstedt,  et  à  la  division  de 
dragons  du  général  Sahuc  de  se  porter  sur  Heilbronn.  Quant 


1.  Les  s  premiers  bataillons  du  28«  loger  partirent  de  Boulogne  le  16  sep- 
lemhre,  le  s«  bataillon  le  17,  à  l'effectif  total  de  1,665  hommes,  pour  être 
rendus  à  Mayence  les  17  et  18  octobre.  Ce  régiment,  comme  on  le  verra  le  26, 
'ui  transporté  par  relais  do  Saint-Avold  à  Mayence. 

*.  Le  bataillon  d'élite  du  28«  loger,  fort  de  688  hommes,  venant  do  Nouf- 
fnalel,  arriva  le  S  octobre  à  Colmar,  fut  transporté  le  même  jour  sur  des 
toitures  à  Schlestadt  et  fit  le  S  une  marche  forcée  pour  arriver  à  Strasbourg 
ou  il  fut  embarqué  pour  Maunheim. 

5'  5*  division,  départements  du  Haut  et  du  Bas-Rhin, 


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92  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

à  tous  les  autres  mouvements,  j'attendrai  des  nouvelles  de 
M.  de  Laforest. 

L'officier  que  j'avais  envoyé  à  Dresde  vient  d'arriver, 
V.  M.  verra  que  les  Prussiens  ont  passé  TElbe  sur  quatre 
ponts  et  qu'ils  se  réunissent  sur  leur  tenntoire. 

Le  général  Hohenlohe  est  à  Hof,  frontière  de  Baireuth, 
avec  un  corps  qui  s'augmente  journellement. 

L'officier  que  j'avais  envoyé  à  Dresde,  a  passé  à  Hof;  il 
croit  qu'il  pouvait  y  avoir  7,000  à  8,000  hommes  cantonnés 
dans  cette  ville  et  dans  les  environs  :  le  reste  des  troupes 
paraît  s'être  porté  par  Leipzig,  sur  la  Saale,  dans  le  pays 
prussien.  M.  Simonin  (l'adjoint  qui  a  été  à  Dresde)  a  parlé 
aux  officiers  prussiens  :  ils  disent  qu'ils  désiraient  fort  voir 
faire  la  guerre  et  qu'ils  venaient  au  secours  de  leurs  amis  les 
Bavarois  et  les  Wurtembergeois  opprimés  depuis  si  long- 
temps :  du  reste  il  a  été  accueilli  avec  beaucoup  d'honnêteté 
et  le  général  Thauesing,  que  j'ai  connu  en  Prusse,  m'a  fait 
faire  ses  compliments.  Il  paraît  que  les  Prussiens  se  rassem- 
blent à  Hof,  frontière  de  Baireuth,  à  Magdeburg  où  est  le 
principal  corps  d'armée  et  à  Hanovre. 

Je  vous  adresse  la  lettre  que  m'écrit  M.  Durand  et  la  petite 
carte  qui  y  était  jointe  :  j'envoie  également  à  V.  M.  des  rap- 
ports qui  me  sont  faits  de  Braunau  et  un  bulletin  de  Francfort 
qu'elle  a  certainement. 

V.  M.  me  dit  d'ordonner  au  maréchal  Bernadette  d'occuper 
Baireuth,  aussitôt  que  M.  de  Laforest  sera  parti  de  Berlin  : 
si  les  Prussiens  y  sont  en  force,  faut-il  les  attaquer  pour  les 
en  chasser  et  engager  une  action  avant  votre  arrivée  à  Wtirz- 
burg?  Il  serait  nécessaire  alors  que  M.  le  maréchal  Lefebvre 
soutînt  le  maréchal  Bernadette. 

Je  n'ai  aucime  nouvelle  des  officiers  polonais  ni  de  ceux 
que  j'ai  envoyés  vers  Berlin  et  Magdeburg. 

Je  vous  envoie  une  lettre  du  général  Songis  en  réponse  à 
la  demande  que  vous  avez  faite  s'il  y  avait  des  forges  et  du 
fer. 


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ORDRES    POUR    LA   RÉUNION    DE    L*ARMÉE.  93 


LE  MARECHAL   BEENADOTTE   AU   MAJOR   GENEliAL. 

Aiispach,  19  septembre  1806. 

Par  la  lettre  que  j'ai  eu  Thonneur  de  vous  écrire  hier,  je 
voua  ai  rendu  compte  de  mes  dispositions  préparatoires  ;  je 
suis  heureux  qu'elles  s'accordent  avec  les  vôtres  et  celles 
prescrites  par  S.  M. 

Je  continuerai  à  faire  exercer  une  grande  surveillance,  et 
quelle  que  soit  la  réponse  du  cabinet  de  Berlin,  je  serai  tou- 
jours en  mesure  d'exécuter  les  ordres  que  vous  aurez  à  me 
faire  passer. 

Si  nous  devons  combattre,  je  réclame  de  votre  amitié  de 
vous  joindre  à  moi  pour  obtenir  des  bontés  de  l'Empereur 
que  je  ne  commande  point  de  Bavarois  ;  j'ai  beaucoup  de 
raisons  pour  désirer  ardemment  le  succès  de  cette  demande. 
J  ai  encore  présents  les  chagrins,  les  anxiétés  que  le  com- 
mandement de  l'armée  bavaroise  m'a  causés  pendant  la  der- 
nière campagne.  Je  ne  vous  ai  pas  entretenu,  dans  le  temps, 
de  tous  les  soins  et  de  l'attention  qu'il  m'a  fallu  pour  éviter 
les  rivalités  dangereuses  qui  s'établissaient  entre  les  chefs 
français  et  bavarois.  Je  ne  vous  ai  pas  parlé  des  dégoûts  que 
me  donnaient  l'iiTégularité  dans  la  marche,  l'inexactitude 
dans  l'exécution  des  ordres,  enfin  mille  motifs  du  méconten- 
tement le  plus  vrai  et  le  plus  amer.  J'ai  eu  la  patience  de 
souffrir  tous  ces  déboires  parce  que  je  sentais  que  le  bien  du 
service  s^opposait  à  des  changements  pendant  l'activité  de  la 
campagne  ;  mais  aujourd'hui  que  l'organisation  de  l'armée 
n'est  pas  encore  faite,  permettez  que  je  vous  dise,  dans  la 
confiance  la  plus  grande,  que  de  tous  les  maréchaux  je  suis 
le  moins  propre  à  commander  des  Bavarois. 

Je  ne  puis  pas  ti'op  vous  dire  combien  je  suis  dévoué  pour 
le  service  et  la  gloire  des  armes  de  S.  M.  à  quelque  poste 
qu'elle  me  place  :  quelque  commandement  qu'elle  me  donne, 
je  m'en  trouverai  toujours  très  honoré  et  j'apporterai  pour 
remplir  les  intentions  de  l'Empereur  tout  le  zèle  et  les 


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94  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

moyens  dont  je  suis  capable.  Mais,  en  grâce,  obtenez  que  je 
ne  commande  point  d'étrangers. 

Je  vous  envoie  la  copie  de  la  lettre  que  j'ai  cru  devoir 
écrire  à  ce  sujet  à  S.  M.  et  je  vous  renouvelle  la  prière  de 
vouloir  bien  m'appuyer  de  votre  crédit  pour  que  les  6,000  Ba- 
varois, qu'on  me  destine,  soient  donnés  à  tout  autre  corps. 

P. -S.  —  J'ai  l'honneur  de  remettre  à  V.  A.  l'extrait  des 
rapports  d'aujourd'hui.  J'ai  envoyé  à  Dresde  le  capitaine  du 
génie  Conche,  officier  instruit  et  parlant  bien  l'allemand. 
Il  se  présentera  à  M.  Durand  et  recevra  de  lui  tous  les  ren- 
seignements possibles;  il  lui  recommandera  d'expédier  à 
V.  A.  un  courrier  dès  qu'il  aura  quelque  chose  de  positif  à 
vous  apprendre. 

J'ai  remis  quelques  fonds  à  M.  le  maréchal  Lefebvre  pour 
fournir  à  ses  premières  dépenses  secrètes. 

l'empereur  au  major  général. 

Saint-Gloud,  20  seplembro  1806,  6  heures  du  matin. 

Je  VOUS  envoie  le  mouvement  de  l'armée.  C'est  aujour- 
d'hui le  20  septembre,  6  heures  du  matin.  J'espère  que  vous 
recevrez  ma  lettre  dans  la  journée  du  24*,  et  qu'avant  le 
3  ou  le  4  octobre  toutes  mes  intentions  seront  exécutées.  Je 
compte  être  à  Mayence  le  30  septembre  et  probablement  le 
2  ou  le  3  à  WUrzburg.  Là  je  déciderai  mes  opérations  ulté- 
rieures. 

Il  faut  que  le  général  Songis  prenne  des  mesures  pour  que 
la  division  du  général  Dupas,  qui  se  réunit  à  Mayence,  ait 
10  pièces  d'artillerie,  mais  sans  faire  faire  de  pas  rétrograde  à 
l'artillerie  de  l'année.  Cette  division  est  composée  des  2*, 
12*  et  28*  d'infanterie  légère  et  du  14*  de  ligne  ;  je  compte  y 
joindre  deux  autres  régiments.  Ce  sera  là  le  corps  d'observa* 


1.  L'expédition  dos  premiers  ordres  de  l*Einperour  par  le  major  général  eut 
lieu  le  24  septclDbre.  Le  registre  du  ma^OT  géuéral  pour  la  nouvelle  campagao 
est  ouvert  &  la  date  du  21. 


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ORDRES   POUR    LA    RÉUNION    DE    l'aRMÉB.  95 

tion  de  la  France  et  le  corps  d'appui  de  Tarmée  du  roi  de 
Hollande. 

Il  est  convenable  qu'aussitôt  que  vous  aurez  ordonné  tous 
les  mouvements  vous  vous  rendiez  à  Wtirzburg.  Vous  y 
verrez  la  situation  de  cette  place,  et  vous  prendrez  connais- 
sance de  la  nature  des  chemins  à  Bamberg,  à  Dusseldorf,  et 
jusqu'à  Magdeburg  et  Berlin,  et  quelle  est  la  ligne  où  se 
tenninent  les  montagnes.  Vous  aurez  soin  de  bien  traiter  le 
grand-duc  de  Wûrzburg.  Vous  marquerez  là  votre  quartier 
général,  sans  dire  que  j'arrive,  mais  en  prenant  ce  qu'il  y  a 
de  plus  beau,  sans  cependant  le  gêner  ni  l'exposer  à  aucune 


Vous  examinerez  la  situation  du  château,  quelle  garnison 
on  doit  y  mettre,  et  les  positions  à  occuper.  De  là  vous  vien- 
drez à  Mayence,  à  moins  cependant  d'accidents  extraordi- 
naires et  imprévus,  auquel  cas  vous  sentez  bien  que  je  ne 
resterai  pas  à  dormir  à  Mayence. 

l'empereur  au  major  général. 

Saint- Cloud,  so  septembre  1806. 

Les  places  de  Kônigshofen,  de  Kronach  et  de  WUrzburg 
pouvant  devenir  les  points  d'appui  de  la  Grande  Armée,  il 
sera  nécessaire  qu'il  y  soit  nommé  de  bons  commandants  et 
qu'on  y  dirige  des  compagnies  d'artillerie  et  des  oflSiciers  du 
génie.  On  donnera  à  l'officier  du  génie  commandant  dans 
chacune  de  ces  places  une  somme  de  30,000  fr.  pour  com- 
mencer les  travaux.  Il  y  aura  dans  chaque  place  un  commis- 
saire des  guerres,  et  on  donnera  à  chacun  d'eux  80,000  fr.  * 
pour  en  commencer  les  approvisionnements,  auxquels  on  ne 
touchera  pas  pour  les  consommations  journalières,  à  moins 
que  la  place  ne  fût  cernée* 

On  prendra,  le  2  octobre,  possession  des  trois  places  que 
j'ai  indiquées  ci-dessus  ;  on  les  mettra  en  état  d'être  à  l'abri 

1.  Au  mois  de  septembre  1805,  on  demaudait  eu  F'ranconie  et  eu  Souabe 
tl  fr.  40  c.  du  (tuiutal  de  fariue. 


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96  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

d'un  coup  de  main.  Le  3  ou  le  4  octobre  au  plus  tard,  on 
devra  placer  en  batterie  dans  ces  trois  places  de  Tartillerie 
qu'on  y  enverra  de  Forchheim,  de  Wtirzburg  et  d'Augsburg. 
On  y  disposera  sur-le-champ  tous  les  magasins  nécessaires  et 
le  local  convenable  pour  les  hôpitaux  de  Tarmée,  et  généra- 
lement  tout  ce  qui  est  nécessaire  dans  les  places  qui  servent 
de  points  d'appui  aux  armées. 

Si  la  petite  place  de  KOnigstein,  sur  la  route  de  Limburg 
à  Francfort,  appartient  à  un  prince  de  la  Confédération  du 
Rhin,  on  Toccupera  le  2  octobre  et  on  la  mettra  en  état  de 
défense.  Il  est  nécessaire  que  le  roi  de  Bavière  donne  des 
ordres  pour  armer  et  approvisionner  Forchheim  ;  qu'il  y  place 
un  bon  commandant,  de  bons  officiers  d'artillerie,  et  que 
cette  place  soit  mise  à  l'abri  d'un  coup  de  main. 

l'empereur  au  major  général. 

Saint-Cloud,  20  septembre  1806. 

Je  vois  sur  l'état  de  situation  qu'il  y  a  à  Ulm  un  officier  du 
génie,  qu'il  y  en  a  trois  à  Augsburg,  deux  à  Braunau,  un  à 
Fassau.  J'ai  ordonné  qu'il  y  eût  4  officiers  du  génie  à  Brau- 
nau ;  on  peut  en  laisser  un  à  Augsburg  ;  il  n'en  faut  point  à 
Passau  ni  à  Ulm. 

La  division  du  général  Malher,  dans  le  corps  du  maréchal 
Ney,  n'a  point  d'officier  du  génie  :  faites-en  nommer  un.  Les 
sapeurs  sont  à  Augsburg,  Kehl  et  Ulm  :  il  ne  faut  pas  qu'il 
en  reste  aucun  dans  ces  endroits,  hormis  la  7*  compagnie, 
qui  restera  à  Braunau.  Envoyez  l'ordre  à  la  l'*  compagnie 
du  2*  bataillon  de  sapeurs,  qui  est  à  Palmanova,  de  venir  par 
le  Tyrol  rejoindre  son  bataillon  -,  elle  se  dirigera  sur  Ulm,  où 
elle  recevra  de  nouveaux  ordres. 

Aucun  général  de  brigade  du  corps  du  génie  ne  comman- 
dera son  arme  dans  un  corps  d'armée.  Us  seront  tous  atta- 
chés à  l'état-major  général.  Donnez  l'ordre  aux  généraux  de 
brigade  Kirgener  et  Cazal  de  se  rendre  au  quartier  général. 
Le  général  Andréossy  est  trop  âgé  5  donnez-lui  Tordre  de  se 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DE    l'aRMÉE.  97 

rendre  à  Paris  où  il  prendra  les  ordres  du  ministre  Dejean. 
Le  général  de  brigade  Kirgener  commandera  provisoirement 
en  chef  le  génie  de  Tannée.  Le  général  Cazal  remplira  les 
fonctions  de  directeur  du  parc.  Je  donne  ordre  d* envoyer 
encore  20  officiers  du  génie,  qui  seront  à  la  suite  de  T état- 
major  général.  Vous  voyez  que  déjà  j'en  ai  besoin  de  5  pour 
Wûrzburg  et  les  deux  autres  postes. 

Je  donne  Tordre  que  le  général  Chasseloup  se  rende  en 
poste  à  Augsburg,  pour  commander  le  génie  à  la  Grande  Ar- 
mée, et  que  le  général  Chambarlhiac^  se  rende  à  Augsburg. 
Je  donne  ordre  que  les  3*,  5*  et  7*  compagnies  de  mineurs 
se  rendent  à  Mayence  pour  rejoindre  la  Grande  Armée.  Je 
donne  aussi  Tordre  que  le  5^  bataillon  de  sapeurs  se  rende  à 
la  Grande  Armée.  U  est  nécessaire  qu'il  y  ait  un  petit  parc 
du  génie  composé  de  3,000  ou  4,000  outils,  d'une  compagnie 
de  mineurs,  des  ouvriers  du  génie,  d'une  dizaine  d'officiers 
du  génie,  d'un  millier  de  sapeurs,  et  d'une  compagnie  de 
pontonniers  avec  quelques  voitures  et  les  moyens  de  passer 
une  rivière.  Ce  corps,  ainsi  composé,  sera  commandé  par  le 
général  Cazal,  directeur  du  parc,  aura  son  commissaire  des 
guerres,  et  recevra  un  ordre  de  mouvement  particulier.  U 
pourra  être  susceptible  d'être  divisé  en  deux  corps  lorsque 
les  mouvements  seront  douteux,  mon  intention  étant  de  le 
tenir  toujours  à  portée  des  lieux  où  je  puis  en  avoir  besoin. 
Je  pense  que,  conformément  à  l'ordonnance,  tous  les  sapeurs, 
pontonniers  et  ouvriers  sont  armés  de  fusils. 

Avons-nous  un  équipage  de  pont  ?  Je  n'en  vois  pas  sur 
l'état  de  situation  ;  il  serait  absurde  que  le  général  Songis 
^nt  laissé  une  si  grande  armée  sans  moyens  de  passer  une 
rivière  '.  Dans  tous  les  cas  je  suis  dans  la  croyance  que  Té- 


1.  Le  géoëral  Chambarlhiac  était  employé  à  rarmée  de  Naples. 

t.  Chaque  chef  de  service  est  doDC  responsable  vis-à-vis  du  Commandant 
de  rarmëe  de  la  bonne  organisation  du  service  qui  lui  est  conflé,  jusqu'à  ce 
que,  par  des  demandes  réitérées,  il  ail  dégagé  sa  responsabilité. 

LB   06xiRA>L   80N0IS   AU    MAJOB    O^ITÉRAL. 

Augsburg,  S3  Boplombro  1806. 

Je  vois  par  le  renvoi  que  vous  avez  bien  voulu  me  faire  do  la  lettre  du 
général  aide-major  général  Andréossy  au  sujet  des  bateaux  français  laissés  à 

CAMP.  »■  PKUSSB,  7 


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98  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

-quipage  de  pont  sera  avant  le  4  octobre  à  Augsburg.  S'il  est 
à  Strasbourg,  comment,  sans  équipage  de  pont,  passerai -je 
l'Elbe? 

Le  corps  du  maréchal  Bernadotte  a  la  8*  compagnie  d'ou- 
vriers et  une  escouade  d'une  autre  compagnie  :  cela  est  trop. 
Le  corps  du  maréchal  Davout  n'a  point  de  pontonniers  et  n'a 
(|ue  18  ouvriers.  Le  corps  du  maréchal  Soult  n'a  que  24  ou- 
vriers et  point  de  pontonniers.  Il  n'y  a  pas,  en  général,  assez 
d'ouvriers  avec  les  corps  d'armée.  Il  faudrait  au  moins 
36  ouvriers  par  chaque  corps.  Il  n'y  a  de  pontonniers  qu'au 
corpB  du  maréchal  Bernadotte,  et,  par  l'état  de  situation,  il 
paraît  que  tous  les  pontonniers  sont  à  Augsburg  et  à  Ulm.  Il 
est  nécessaire  que  vous  en  envoyiez  une  compagnie  au  mare- 
t^ml  Davout,  une  au  maréchal  Soult,  une  au  maréchal  Au- 
gereau,  une  au  maréchal  Lefebvre,  une  à  la  réserve  de 
cavalerie,  une  à  la  Garde  ;  une  autre  restera  au  parc  *. 

Vionne  parce  qu'ils  no  valaient  pas  le  transport  qu'il  a  été  de  mon  avis,  mais 
que,  pour  se  confonner  aux  intentions  de  S.  M.,  V.  A.  a  ordonné  qu'il  soit 
jitï^i.yé  un  marché  à  Passau  pour  le  halage  de  ces  bateaux  depuis  Vienne.  Jo 
vais  fiiire  envoyer  les  fonds  nécessaires  au  payement  de  ce  transport. 

Ja  crois  de  mon  devoir  de  représenter  à  V.  A.  que,  en  supposant  ces  bateaux 
eu  ëtnit,  ils  sont  si  lourds  que  leur  transport  pur  terre,  s'il  devait  avoir  lieu 
a  la  <4L]ite  de  l'armée  ou  plutôt  à  la  tôte,  car  cet  équipage  devrait  marcher 
f^itr  la  ligne,  no  pourrait  guère  s'effectuer  par  la  mauvaise  saison;  nous  en 
iivori^  eu  la  triste  expérience  la  campagne  dernière,  et  les  chemins  qu'on 
aurait  à  parcourir  dans  colle-ci  seront  encore  plus  mauvais  que  ceux  d'Au- 
tricho.  On  y  perdrait  successivement  tous  les  chevaux  sans  pouvoir  proba- 
tilmnont  arriver  nulle  part  à  temps. 

t^  nécessité  d'avoir  un  équipage  de  pont  très  mobile  et  à  portée  me  dé- 
tonmne  d'observer  de  nouveau  à  V.  A.  qu'il  me  purait  plus  convenable  de 
faire  marcher  avec  l'armée  un  équipage  de  S5  bateaux  légers  dits  de  Tlnu, 
qui  jioat  prêts  à  Strasbourg  et  montes  sur  des  chariots  autrichiens  légers  qui 
ont  été  arrangés  en  guise  de  baquets  ;  nous  avons  les  ancres  et  cordages  né- 
ctissAJres  ;  ainsi  il  ne  s'agirait  que  de  se  procurer  les  poutrelles  et  madriers 
jioiir  le  tablier,  ce  qui  se  trouve  assez  facilement  partout.  On  pourrait  même 
on  porter  une  partie  avec  les  bateaux. 

i  compagnies  de  pontonniers  seraient  chargées  de  cet  équipage  avec  lequel 
niarf}kurait  le  directeur  des  ponts;  des  6  autres  compagnies  on  pourrait  en 
répartir  une  demie  par  corps  d'armée  et  les  s  dernières  resteraient  au  parc, 
dî^pùiilbles  au  besoin.  C'est  de  ces  mesures  que  me  paraît  dépendre  la  sii- 
resté  ut  la  célérité  de  cette  partie  importante  du  service ,  et  j'ai  l'honneur  de 
prier  V.  A.  de  la  prendre  en  considération. 

Voir  la  suite  de  l'organisation  de  l'équipage  de  pont  à  la  date  du  80  sep- 
tombru.  • 

1^  LB  O^nArAL  SONOIS   AU  UAJOR  0]hll^BAL 

Ulm,  87  septembre  1806. 

V.  A,  m'a  mandé  que  l'Empereur  avait  remarqué  qu'il  y  avait  au  l**"  corps 
d*anuée  la  8*  compagnie  d'ouvriers  et  une  escouade  d'une  autre,  ce  qui  était 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.         99 

Dans  la  4*  division  de  dragons,  commandée  par  le  général 
Sahuc,  le  général  Laplanche  commande  deux  régiments  ;  il 
manque  deux  généraux  de  brigade,  car  les  six  régiments 
sont  présents.  Il  manque  un  général  de  brigade  à  la  cava- 
lerie légère  du  maréchal  Davout.  Il  manque  deux  généraux 
de  brigade  à  la  division  du  général  Beaumont.  Il  manque 
un  général  de  brigade  au  général  Nansouty.  Il  manque  un 
général  de  cavalerie  légère  au  maréchal  Augereau.  Il  me 
faut  donc  un  général  de  brigade  de  cuirassiers,  quatre  géné- 
raux de  brigade  de  dragons,  deux  généraux  de  cavalerie 
légère  pour  les  maréchaux  Davout  et  Augereau.  J*ai  ici 
Durosnel  et  Defrance;  je  donne  ordre  que  les  généraux 
Margaron*  et  Saint-Sulpice  rejoignent  leurs  brigades,  et  que 
le  général  Grouchy  se  rende  à  sa  division  *.  Il  y  aura  à  la 
réserve  de  cavalerie,  sous  les  ordres  du  prince  Murât,  deux 
brigades  de  hussards  et  de  chasseurs.  Une  sera  commandée 
par  le  général  Lasalle,  et  Tautre  par  le  général  Milhaud. 
Celle  du  général  Lasalle  sera  composée  des  5*  et  V  de  hus- 
sards ;  celle  du  général  Milhaud,  des  IV  et  13*^  de  chasseurs. 
Par  ce  moyen,  le  1"  corps  d'armée,  les  3*,  4*,  5*  et  6*  corps 
n'auront  chacun  que  3  régiments  de  cavalerie  légère,  et  le 
?  n'en  aura  que  2.  Les  régiments  de  ces  brigades  de  cava- 
lerie légère  pourront  être  changés  quand  ils  seront  fatigués. 
U  faut  effacer  le  général  Dumoulin  de  dessus  les  états  de 
situation  de  la  Grande  Armée.  Il  y  a  un  général  de  trop 
dans  la  division  Suchet  ;  il  faut  rappeler  le  général  Reille  à 


trop.  S.  M.  8*08t  trompée  ;  il  n*y  a  que  la  moitié  de  la  S*,  Tautro  moitié  est 
en  Italie.  L'escouade  n'est  qu'un  détachement  de  bourreliers  et  de  maréchaux- 
ferrants  faisant  partie  du  train  et  non  des  ouvriers  d'artillerie.  Je  tiendrai  au 
complet  de  36  ouvriers  les  détachements  employés  aux  corps  d'armée  ainsi 
<ia6  l'ordonne  S.  M.  Le  nombre  qui  s'y  trouve  maintenant  avait  snftl  jusqu'à 
présent  pour  les  réparations;  ou  ne  s'est  jamais  plaint  de  n'en  point  avoir 
usez. 

J  «  lait  partir,  comme  vous  me  l'ordonnez,  une  compagnie  de  pontonniers 
pour  chaque  corps  d'armée.  S'il  ce  s'y  en  trouve  pas  maintenant,  c'est  que 
l'année  dernière  S.  M.  avait  prescrit  au  commencement  de  la  campagne  d'en 
rt'tiror  celles  qui  y  étaient  détachées  et  de  les  tenir  réunies. 

1.  Le  général  Margaron  était  employé  à  l'inspection  des  dépôts  de  cava- 
lerie dans  les  24®  et  15*  divisions  militaires. 

i.  La  z«  division  de  dragons,  commandée  provisoirement  parle  général  de 
^livision  Bekcr. 


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100  GAHPA^GNE    DE    PRUSSE. 

Tétat-major  général.  Le  général  Dupont  a  un  général  de  di- 
vision de  trop  ;  il  lui  manque  un  général  de  brigade.  Je 
donne  l'ordre  que  tous  les  adjudants  commandants  et  tous 
les  adjoints  à  Tétat-major  qui  sont  à  Fintérieur  se  rendent  à 
la  Grande  Armée*. 

J'envoie  le  général  Defrance  à  la  division  Nansouty,  pour 
commander  les  carabiniers,  et  le  général  Durosnel  au  corps 
du  maréchal  Augereau.  Donnez  Tordre  qu'on  réunisse  les 
deux  brigades  de  cavalerie  légère  :  celle  de  hussards  à 
Kronach  et  celle  de  chasseurs  à  Lichtenfels. 


l'empkbeur  au  major  général. 

Saint-Gloud,  so  septembre  18O6. 

Mon  intention  est  que  les  hussards  et  les  chasseurs  suivent 
le  règlement,  et  qu'à  leur  entrée  en  campagne  toutes  leurs 
aigles  soient  envoyées  au  quartier  général  *.  Mon  intention 
est  que  les  régiments  de  di'agons  n'aient  qu'une  aigle  par 
régiment  ;  les  deux  autres  iront  au  dépôt.  Les  cuirassiers 
et  les  carabiniers  auront  leurs  trois  aigles  ;  la  cavalerie  légère 
n'aura  point  d'aigles.  Faites  exécuter  sur-le-champ  cette 
mesure  ;  vous  en  sentez  l'importance. 


1.  A  rdtat-major  général  do  la  Grande  Armée.  Le  mugor  général  faisait  la  ré- 
partition dos  officiers  d'état-major  au  double  titre  de  migor  général  et  de  mi- 
nistre de  la  Guerre. 

8.  ORDRB. 

Amberg,  9  octobre  1806. 
Un  ordre  du  jour  a  prescrit  aux  colonels  de  cavalerie  légère  d'envoyer  à 
leurs  dépôts  les  aigles  des  escadrons  de  guerre,  mais  le  ministre  de  la  guerre 
fait  connaître  que  l'intention  do  S.  M.  ost  qu'elles  soient  envoyées  au  grand 
quartier-général.. . 

M**  SouLT. 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DE  'L^RAfi^E.  \0i 


l'empebeur  au  général  DEJEAN. 

Saint-Cloud,  10  septembre  1806. 

Les  places  de  Wesel  et  de  Mayence  doivent  être  mises 
dans  le  meilleur  état  de  défense.  Les  derniers  préparatifs 
doivent  être  faits.  S'il  y  a  quelques  manœuvres  d'eau  à  réta- 
blir pour  remplir  d'eau  les  fossés  de  Wesel,  il  faut  le  faire. 
Si  l'inondation  n'est  pas  tendue  à  Mayence,  il  faut  la  tendre. 
Si  les  ouvrages  de  l'autre  côté  du  Rhin  ne  sont  pas  armés,  il 
faut  le  faire.  S'il  n'existait  pas  quelques  baraques  pour  servir 
de  corps  de  garde  dans  les  ouvrages  des  îles,  il  faut  en  cons- 
truire. Si  les  ouvrages  en  terre  qui  défendent  l'inondation 
ne  sont  pas  établis,  fraisés  et  palissades,  il  faut  les  construire 
et  les  palissader.  Si  le  fort  qui  défend  l'embouchure  du  Mayn 
n'est  pas  encore  rétabli,  il  faut  le  construire,  le  palissader  et 
faire  les  travaux  provisionnels  et  pressés  sans  discontinuer 
les  travaux  permanents  à  Cassel. 

Il  faut  qu'il  y  ait  au  moins  4  officiers  du  génie  de  tout 
grade  à  Mayence  et  6  à  Wesel.  Il  faut  envoyer  une  com- 
pagnie de  mineurs  à  Mayence,  une  autre  à  Wesel,  et  qu'on 
organise  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  la  défense  souter- 
Taine  du  fort  Meusnier  et  des  forts  extérieurs,  tant  à  Mayence 
qu'à  Wesel  ;  d'ailleurs  ces  mineurs  pourront  servir  de  chefs, 
d'ateliers  aux  ingénieurs. 

Il  faut  qu'il  y  ait  à  Wesel  4  compagnies  d'artillerie,  un 
colonel,  un  chef  de  bataillon  commandant  en  second,  deux 
capitaines  en  résidence,  outre  les  officiers  des  4  compagnies. 
11  faut  qu'il  y  ait  à  Mayence  au  moins  4  compagnies  d'artil- 
lerie. Quand  je  dis  qu'il  faut  4  compagnies  d'artillerie  à 
Wesel  et  4  à  Mayence,  j'entends  que  ces  compagnies  aient 
tous  leurs  officiers,  sous-officiers,  80  canonniers  présents,  et 
fonnant  au  moins  400  hommes. 

Il  faut  aussi  une  escouade  d'ouvriers  dans  chacune  de  ces 
deux  places,  pour  réparer  tous  les  affûts  et  donner  à  l'artille- 
rie l'attitude  convenable.  S'il  manque  des  objets  d'artillerie. 


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.•1Q2  .••:*•:*•/**  I      -   ^AMPiGNE    DE    PRL'SSB. 
•  •••  •     ••    »  •••      •  •■••»••••• 

soit  à  Wesel,  soit  à  Mayence,  et  des  approvisionnemente,  il 
faut  les  y  faire  passer. 

Mon  intention  est  que  les  officiers  du  génie  et  d'artillerie 
qui  seront  placés  à  Wesel  et  Mayence  y  soient  par  mon  ordre 
et  que  personne  ne  puisse  les  ôter  de  ces  deux  places  pen- 
dant toute  la  campagne.  Il  faut  me  présenter,  pour  chacune 
de  ces  places,  un  colonel  et  un  chef  de  bataillon  de  chaque 
arme,  qui  seront  chargés  de  défendre  Wesel  et  Mayence, 
pour  ce  qui  concerne  leur  arme,  et  seront  pourvus  d'une 
commission  ad  hoc.  Vous  sentez  qu41  faut  des  officiers  distin- 
gués, qui  aient  Tamour  de  la  gloire  et  les  connaissances  né- 
cessaires pour  une  si  importante  besogne. 

Au  premier  événement,  le  premier  inspecteur  aura  soin 
de  jeter  le  nombre  nécessaire  d'officiers  dans  ces  deux  pla- 
ces. Je  suppose  qu'il  faudrait  20  officiers  pour  Mayence  et 
12  pour  Wesel.  On  ne  les  enverrait  qu'au  dernier  moment. 
Mais  ce  qui  importe,  c'est  que  les  deux  directeurs  et  les 
deux  chefs  de  bataillon  de  chaque  place  soient  nommés  par 
commission,  y  restent  et  n'en  puissent  sortir,  même  malades, 
par  congé,  parce  qu'il  n'y  a  que  moi  seul  qui  aie  le  droit  de 
donner  un  congé. 

Mon  intention  est  que  le  premier  inspecteur  du  génie  '  se 
rende  à  Mayence,  où  il  établira  son  quartier  général.  Là  il 
pourra  diriger  tous  les  ouvrages  de  Mayence,  Wesel,  Juliers, 
Venloo,  Anvers  et  des  places  de  la  frontière  opposée  à  la 
Prusse.  Il  prescrira  tous  les  ouvrages  ordonnés  par  les  pro- 
jets, arrêtera  et  ordonnera  de  son  chef  les  travaux  pressés 
dérivant  des  circonstances.  Il  aura  soin,  si  une  place  mena- 
çait d'être  investie,  d'y  jeter  le  nombre  nécessaire  d'officiers 
du  génie,d'approvisionnements  et  de  tout  ce  qui  a  rapport  à 
son  arme. 

Les  principaux  objets  des  approvisionnements  de  siège, 
savoir  :  les  farines,  le  bois  pour  les  fours,  l'eau-de-vie,  le  riz 
ou  les  légumes,  doivent  être  fournis  par  les  munitionnaires, 
qui  doivent  réunir  dans  l'une  et  l'autre  place  la  quantité 


1.  Le  général  Maroscot. 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DE    l' ARMÉE.  103 

de  farines  nécessaires  pour  nourrir  10,000  hommes  pendant 
6  mois  K  II  faut  surtout  que  vous  leur  donniez  Tordre  d'avoir 
la  quantité  de  bois  propre  à  convertir  la  farine  en  pain. 

Ces  vivres  seront  retirés  de  là,  soit  par  des  envois  en  Alle- 
magne et  pour  nourrir  la  Grande  Armée,  soit  pour  des  sièges, 
soit,  au  retour,  en  consommations  journalières  de  Tannée.  Il 
me  semble  que  vous  n'avez  pas  d'indemnité  à  donner  sur 
cela. 

Faites-moi  un  rapport  sur  cet  objet;  mais  ne  perdez  pas 
une  heure  pour  avoir  la  quantité  nécessaire  de  légumes,  bois 
et  subsistances,  approvisionnée  dans  ces  deux  places. 

Faites  aussi  fabriquer  400,000  rations  de  biscuit  à 
Mayence. 

Ainsi  donc,  sans  attendre  le  rapport  que  vous  me  ferez  sur 
la  question  d'argent,  ne  perdez  pas  une  heure  pour  faire 
approvisionner  ces  places  des  objets  ci-dessus  désignés. 

Cette  instruction  et  la  note  du  19  sur  Toccupation  de  Braunau 
coDiieDuent  tons  les  ordres  qu*un  Commandant  d^armée  doit  donner 
pour  l'organisation  et  la  mise  en  état  de  défense  des  grandes  places 
fortes  situées  sur  les  frontières  et  servant  de  pivots  aux  monvements 
des  années. 


L  EMPEREUR  AU  ROI  DE  HOLLANDE. 

Saint-Gloud,  SO  soptombre  1806. 

Je  reçois  votre  lettre  du  17  septembre.  Un  courrier  parti 
Wer  vous  porte  Tordre  de  réunir  à  Wesel  le  65'  et  le  72% 
toute  votre  cavalerie,  la  moitié  de  votre  infanterie  hollan- 
daise et  15  pièces  attelées.  Il  est  nécessaire  que  vous  fassiez 
mettre  dans  vos  gazettes  qu'un  nombre  considérable  de 
troupes  arrive  de  tous  les  points  de  la  France,  qu'il  y  aura  à 
Wesel  80,000  hommes  commandés  par  le  roi  de  Hollande.  Je 
désire  que  ces  troupes  soient  en  marche  dans  les  premiers 
jours  d'octobre,  parce  que  c'est  une  contre-attaque  que  vous 

1.  so,0oo  quintaux  de  farine,  donnaot  1,800,000  rations. 


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104  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 

ferez  pour  attirer  l'attention  de  Tennemi  pendant  que  je  ma- 
nœuvre pour  le  tourner.  Toutes  vos  troupes  doivent  se  porter 
sur  le  territoire  de  la  Confédération  et  se  répandre  jusqu'à 
ses  limites  sans  les  dépasser  ni  commettre  aucun  acte  d'hosti- 
litt',  (/e  n'est  pas  le  temps  des  jérémiades,  c'est  de  l'énergie 
qu'il  faut  montrer.  J'ai  déjà  beaucoup  soulagé  vos  finances. 
Renfurcez  vos  cadres  ;  formez  des  gardes  nationales,  donnez 
une  direction  à  vos  journaux.  Je  ne  ferai  jamais  qu'une  paix 
Lonnrable,  ou  j'écraserai  tous  mes  ennemis.  Si  vous  ne  pou- 
vez piis  être  de  votre  personne  à  Wesel  le  !"•  octobre,  il  faut 
que  le  général  Michaud  s'y  trouve  et  prenne  le  titre  de  com- 
niandant  de  votre  avant-garde.  Formez  les  2  premiers  ba- 
tiiilloiis  des  régiments  français  à  1,150  hommes,  et  placez 
Ica  3**' bataillons  dans  des  places  fixes  où  se  rendront  les  cons- 
crits pour  être  habillés  ;  il  en  arrivera  plus  de  600  à  chaque 
FL^ginient  avant  un  mois.  Ne  craignez  rien  pour  l'île  de  Wal- 
cheren  ;  les  Anglais  ne  prendraient  pas  si  facilement  Flessin- 
gue  ;  d'ailleui*s  le  général  qui  y  commande  couperait  les 
digiiLtë,  et  ils  seraient  noyés.  Indépendamment  du  camp  de 
Boulogne,  je  réunis  à  Saint-Omer  une  division  de  6,000 
hoiiiïiies  de  gardes  nationales,  commandés  par  le  général 
Kiiiiipon.  Je  serai  le  30  septembre  à  Mayencc.  Tout  ceci 
n'est  que  pour  vous  ;  tout  doit  être  secret  et  mystère.  Comme 
rinipératrice  compte,  pendant  que  je  serai  en  Allemagne, 
porter  sa  cour  à  Mayence,  la  reine  de  Hollande  pourra  s'y 
rendre,  si  cela  lui  convient.  Si  vous  ne  pouvez  pas  être  à 
Wesel  le  1"  octobre,  il  est  nécessaire  que  vous  y  soyez  rendu 
le  6»  Comme  j'imagine  que  vous  pouvez  avoir  besoin  de  quel- 
ques généraux,  si  vous  le  désirez,  je  vous  enverrai  le  géné- 
ral de  division  Lagrange.  Je  pense  que  toute  l'artillerie  des 
pkees  de  Berg-op-Zoom,  Breda,  et  des  places  qui  garantis- 
sent mes  frontières  du  Nord,  est  prête,  et  qu'en  quinze  jours 
vous  pourriez  en  ordonner  l'armement.  Le  résultat  de  tout 
ceci  accroîtra  mes  Etats  et  sera  une  paix  solide  ;  je  dis  solide, 
parce  que  mes  ennemis  seront  abattus  et  dans  l'impuissance 
de  remuer  de  dix  ans. 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DE    l'aRMÉE.  105 


l'empereur  au  général  DEJEAN. 

Saint-CIoud,  20  septembre  i8oa. 

VouB  trouverez  ci-joint  un  décret  pour  la  formation  d'une 
légion  polonaise.  Vous  ferez  appeler  le  général  Zajonchek 
pour  qu'il  vous  propose  des  officiers  polonais  pour  former  le 
cadre  du  1*^  bataillon.  Mon  intention  est  que  les  deux  tiers 
au  moins  des  officiers  soient  polonais  ;  l'autre  tiers  sera  pris 
panni  les  officiers  qui  n'ont  pas  servi  dans  nos  rangs,  mais 
qui  Teulent  servir  et  verser  leur  sang  pour  la  patrie. 

Vous  donnerez  pour  instruction  au  chef  de  la  légion  de 
pourvoir  à  son  habillement,  et  d'envoyer  des  officiers  aux 
avant-postes  de  l'armée  française  pour  recueillir  les  déser- 
teurs prussiens  et  les  organiser.  Quand  le  cadre  du  1"  batail- 
lon sera  rempli,  on  formera  le  second. 

Je  désire  que  le  général  2^jonchek  ne  prenne  point  les 
officiers  polonais  qui  servent  dans  l'armée  et  qui  y  sont 
utiles,  mais  qu'il  les  prenne  dans  l'intérieur,  oh  il  y  en  a 
beaucoup  de  réformés. 


LE  MAJOR  GENERAL  A  L  EMPEREUR. 

Munich,  20  septembre  1806. 

J'ai  reçu  cette  nuit  vos  deux  dépêches  du  15  par  lesquelles 
vous  m'ordonnez  positivement  de  ne  faire  aucun  mouvement 
de  troupes  sans  que  M.  de  Laforest  m'ait  averti  qu'il  avait 
quitté  Berlin,  et  j'ai  été  à  temps  pour  ne  point  effectuer  le 
mouvement  dont  je  vous  ai  parlé  dans  ma  lettre  d'hier  de  la 
division  de  grosse  cavalerie  du  général  d'Hautpoul  et  des 
dragons  du  général  Beker,  que  je  croyais  pouvoir  rappro- 
cher, ainsi  que  j'aurais  désiré  le  faire  pour  le  corps  du  maré- 
chal Ney. 

J  ai  jasé  avec  le  roi  de  Bavière  sur  la  formation  que  vous 
désirez  qu'il  donne  à  ses  troupes  en  cas  d'hostilités  avec  la 


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106  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Prusse  :  je  me  suis  aperçu  qu'il  aurait  vu  avec  plaisir  que  la 
division  de  son  armée  fût  avec  tout  autre  maréchal  qu'avec 
le  maréchal  Bernadette  et  je  sais  aussi  que  ce  dernier  préfé- 
rerait que  V.  M.  donnât  un  régiment  d'infanterie  de  plus  à 
chacune  de  ses  deux  divisions  que  de  lui  donner  la  division 
bavaroÎKe  ;  je  ne  vous  parle  de  cela  que  parce  que  je  dois 
tout  vous  dire.  Vos  ordres  au  surplus  seront  exécutés  autant 
que  l'organisation  bavaroise  le  permet;  on  ne  peut  pas  se 
faire  une  idée  de  la  peine  que  l'on  a  pour  avoir  un  état  de 
Bituatiou.  Mes  dépêches  pour  le  roi  de  Bavière,  de  Wurtem- 
berg, le  grand-duc  de  Bade,  de  Hesse-Darmstadt  relatives 
à  leur  contingent,  l'ordre  pour  le  grand-duc  de  Berg,  et 
eu  tin  tous  ceux  pour  réunir  les  différents  corps  de  votre 
année  sur  Bamberg  et  WUrzburg,  sont  expédiés  et  dans  mon 
poi-tufeuille  prêts  à  être  portés  par  mes  aides  de  camp  un 
quart  d'heure  après  que  j'aurai  su  officiellement  que  M.  de 
Laforest  a  quitté  Berlin.  Il  est  de  mon  devoir  de  faire  obser- 
ver k  V.  M.  que  les  Prussiens  ne  dissimulent  plus  leurs  in- 
tentions de  nous  faire  la  guerre  :  leurs  armées  se  rassemblent 
sur  leti  points  du  territoire  prussien  qui  approchent  de  vos 
avant-postes.  Toute  l'Allemagne  ne  parle  que  guerre;  les 
grandie  mesures  se  prennent  ostensiblement.  Il  n'y  a  que 
VOH  armées  qui  ne  fassent  aucun  mouvement  ;  on  en  est  étonné, 
et  moi  je  les  croirais  en  retard  vis-à-vis  de  celles  de  vos 
ennemie,  si  je  ne  savais  pas  depuis  longtemps  que  V.  M. 
ne  fait  rien  sans  intention  et  qui  ne  tienne  à  ses  grandes 
vues  politiques  et  militaires.  Comme  je  crois  à  la  guerre  et 
qu'il  n'y  a  que  V.  M.  qui  puisse  commander  sa  Grande  Ar- 
mée, je  pense  qu'il  est  important  qu'elle  y  arrive  et  que  les 
maréchaux  soient  à  leur  poste.  Vous  trouverez  ci-joint  l'iti- 
néraire des  différents  corps  pour  se  rendre  de  leurs  canton- 
neiuentJi  sur  Bamberg  ;  je  vous  observe  que  les  journées 
vous  paraîtront  fortes,  mais  ce  ne  sont  que  des  stations  de 
poste  (de  2,000  toises  par  lieue).  Les  ordres  que  j'ai  donnés 
relativement  au  départ  des  3"  et  4**  bataillons  et  4**  escadrons 
ont  été  motivés  littéralement,  comme  V.  M.  le  demande  dans 
sa  lettre  ;  ainsi  ses  intentions  sont  exactement  remplies.  Le 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  D£  l'aRMÉE.        107 

plus  tôt  possible  je  lui  adresserai  la  composition  des  cadres 
et  une  situation  exacte  de  Tarmée  après  le  départ  de  ces 
bataillons  et  escadrons.  Quant  à  Tordre  du  21"^  régiment 
d'infanterie  légère,  je  Tai  donné  aussitôt  que  j*ai  eu  reçu 
votre  lettre  le  10  septembre  ;  mais  d'après  les  notes  que  j'ai 
de  Paris,  le  général  Dejean  avait  expédié  directement  les 
ordres  le  6. 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  une  lettre  du  maréchal 
Bemadotte  et  l'extrait  d'une  lettre  du  maréchal  Soult.  J'en- 
voie aussi  à  V.  M  une  lettre  du  général  Andréossy  et  une 
de  M.  de  La  Rochefoucauld  qui  m'arrivent  de  Vienne. 

LE   MABÉGHAL   SOULT   AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Freysiug,  20  soptumbro  1806. 

V.  A.  m'a  fait  l'honneur  de  m'écrire  le  15  de  ce  mois  au 
sujet  des  équipages  de  l'entreprise  Breidt,  et  elle  a  désiré 
que  je  lui  rendisse  compte  du  motif  et  par  quel  ordre  le  sous- 
inspecteur  aux  revues  Lebarbier  avait  2  chevaux  de  cette 
entreprise  à  sa  disposition.  Les  2  chevaux  dont  il  s'agit 
n'ayant  point  été  pris  dans  la  partie  d'équipages  qui  est  em- 
ployée au  corps  d'armée,  mais  bien  au  dépôt  général  d'Augs- 
borg  pendant  la  dernière  campagne,  je  ne  pouvais  savoir 
que  M.  Lebarbier  les  avait  retenus  ;  car,  si  j'en  avais  été 
instruit,  je  n'aurais  pas  manqué  de  faire  exécuter  à  leur 
égard  les  ordres  de  S.  M.  lesquels  sont  remplis  avec  beau- 
coup d'exactitude  au  corps  d'armée.  Quoique  ces  2  chevaux 
ne  fassent  pas  partie  des  brigades  d'équipages  militaires 
employées  au  corps  d'armée  ainsi  que  j'ai  déjà  dit,  j'ai 
ordonné  à  M.  Lebarbier  de  les  renvoyer  à  Augsburg,  et  ils 
sont  partis.  V.  A.  trouvera  ci-joint  la  justification  que  ce 
sous-inspecteur  m'a  adressée  à  ce  sujet. 

Elle  trouvera  aussi  ci-joint  l'état  de  situation  et  de  compo- 
sition des  brigades  d'équipages  militaires  qui  sont  employées 
au  corps  d'armée.  Je  la  prie  de  remarquer  que  8  caissons 
sont  détachés  par  ordre,  savoir  6  à  Strasbourg  pour  chercher 


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108  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

des  eflfets  d'ambulance  en  vertu  d'ordres  de  l'intendant 
général,  1  à  la  1"  division  de  dragons  qui  n'a  jamais  rejoint, 
et  le  8*  a  été  retenu  à  Augsburg  par  le  directeur  général  de 
l'entreprise.  Il  n'y  a  aucun  cheval  ni  caisson  de  cette  entre- 
prise dans  le  corps  d'armée  qui  soit  détourné  du  service  pour 
lequel  il  est  destiné,  et  j'ai  soin  qu'à  ce  sujet  les  intentions 
de  S.  M.  soient  remplies. 

V.  A.  m'a  fait  l'honneur  de  me  dire  que  les  instructions 
de  l'JEmpereur  étaient  que  les  équipages  de  l'entreprise  Breidt 
fussent  exclusivement  destinés  à  transporter  le  pain  des 
troupes  en  affectant  pour  cet  effet  2  caissons  par  bataillon  et 
1  par  régiment  de  cavalerie  '  et  que  S.  M.  se  réservait  de 
déterminer  ultérieurement  l'emploi  des  caissons  qui  reste- 
raient. 

Aucune  disposition  n'ayant  été  prise  pour  le  transport  des 
effets  d'ambulance  qui  sont  à  la  suite  des  divisions  et  quar- 
tiers généraux,  et  en  cas  de  mouvement  ces  effets  étant 
indispensables,  il  est  à  présumer  que  S.  M.  a  entendu  qu'il 
serait  pris  sur  les  caissons  en  réserve  pour  fournir  à  ce  ser- 
vice, mais  comme  l'autorisation  n'en  est  pas  donnée  et  que 
cependant  les  troupes  ont  ordre  de  se  tenir  prêtes  à  marcher, 
j'ai  l'honneur  de  prier  V.  A.  de  considérer  s'il  ne  serait 
pas  à  propos  que  S.  M.  prît  une  décision,  afin  de  lever  cette 
incertitude  et  pour  assurer  cette  branche  essentielle  du 
service. 

Je  me  suis  fait  remettre  par  l'ordonnateur  du  corps  d'ar- 


1.  «  La  ruparlition  des  caissons  à  la  suite  do  chaque  bataillon  ou  régiment 
«  no  fut  suivie  que  dans  les  i**",  4«  et  6«  corps,  où  se  trouvaient  les  S«,  4«,  5*, 
«  7«,  8«,  »•,  13*»  17»  et  20«  brigades.  Celles  de  ces  brigades  qui  étaient  coin- 
R  posées  de  caissons  a  8  roues  perdirent  presque  toutes  leurs  voitures  à  la 
a  suite  des  régiments.  Ces  pertes  étaient  faciles  à  prévoir  pour  qui  connaît 
«  un  peu  le  service  des  équipages.  Eu  effet,  quels  moyens  pouvaient  cm- 
«  ployer  les  chefs  de  chaque  brigade  pour  la  réparation  de  leurs  caissons 
«  qui  se  trouvaient  ainsi  disséminés  et  marchaient  isolément?  Et  quels 
«  soins  pouvait-on  attendre  de  la  part  des  sous-ofBciers  des  corps  chargés  de 
«  la  conduite  des  équipages,  pour  un  objet  qui  n'était  pas  la  propriété  de 
«  leur  régiment?  »  (Rapport  de  M.  Daru,  du  6  février  1808.)  —  Que  la  mesure 
d*affecter  des  caissons  de  Tentreprise  Breidt  aux  corps  de  troupes  fût  défec- 
tueuse, je  ne  le  nie  pas  ;  mais  il  faut  cependant  reconnaître  que  chaque  corps 
doit  avoir  des  voitures  qui  lui  appartiennent,  pour  transporter  à  sa  suite 
deux  jours  de  pain. 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DE    l'aRMÉB.  109 

mée  un  projet  de  répartition  de  cette  portion  d'équipages,  je 
la  soumets  à  V.  A.,  et  la  prie  de  vouloir  bien  me  donner 
ses  ordres  à  cet  égard. 

£IIe  remarquera  sur  cet  état  qu'après  avoir  pourvu  au 
transport  du  pain  et  en  affectant  encore  32  caissons  aux  am- 
bulances, il  y  en  aurait  8  sans  destination  qui  seraient  dispo- 
nibles, mais  le  14'  de  ligne,  qui  est  détaché  de  la  l'^  division, 
n  ayant  pas  été  pourvu,  devrait,  s'il  rentrait,  en  recevoir  4  ; 
ainsi  il  n'y  en  aurait  plus  que  4  à  disposer. 

La  3*  division  de  dragons  ni  la  division  de  cuirassiers  qui 
sont  employées  au  corps  d'armée  n'ont  pas  été  portées  sur  ce 
projet  de  répartition  ;  mais  si  cela  devait  être,  il  serait 
indispensable  que  l'administration  générale  y  pourvût. 

Il  me  reste  à  faire  une  observation  à  Y.  A.  Aucun  des 
che&  de  l'administration,  tels  que  inspecteurs  et  sous-ins- 
pecteurs aux  revues,  ordonnateur  et  commissaires  des  guerres, 
n'ont  reçu  d'indemnité  pour  acheter  le  fourgon  qui  est  né- 
cessaire au  transport  de  leur  bureau,  ou  de  la  volumineuse 
comptabilité  dont  ils  sont  détenteurs,  et  tous  font  à  ce  sujet 
des  réclamations  qui  me  paraissent  fondées.  Dans  les  der- 
nières campagnes,  ils  étaient  autorisés  à  faire  transporter 
ces  objets  par  des  voitures  des  équipages  militaires.  Si  au- 
jourd'hui cette  faculté  leur  est  retirée,  il  sera  nécessaire 
qu'il  y  soit  suppléé  par  un  autre  moyen  pour  ne  p^  les 
exposer  à  faire  des  pertes  qui  non  seulement  leur  seraient 
nuisibles,  mais  qui,  par  la  suite,  compromettraient  le  service 
ainsi  que  les  intérêts  de  l'Empereur. 

J'ai  l'honneur  de  prier  V.  A.  de  prendre  cet  exposé  en 
considération. 

ORDRE  POUR   LES   GÉNÉRAUX   DUROC   ET   CAULAINCOURT. 

Sainl-Cloud,  21  septembre  i806. 

Mon  intention  est  d'être  le  29  à  Mayence  ;  je  partirai  donc 
mercredi  ou  jeudi  *,  à  6  heures  du  matin.  Je  veux  passer  par 

1.  Mercredi  î4,  —  jeudi  26. 


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110  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Metz,  OÙ  je  m'arrêterai  autant  de  temps  que  je  pourrai,  de 
manière  à  arriver  le  29,  avant  midi,  à  Mayence.  Je  ne  veux 
cependant  pas  rester  plus  de  8  ou  10  heures  à  Metz.  On 
écrira  à  Metz  pour  que  le  général  qui  y  commande,  ou  tout 
autre,  ou  le  dépôt  de  cavalerie,  me  procurent  7  ou  8  chevaux 
et  une  voiture  pour  visiter  tous  les  établissements. 

J'aurai  dans  ma  voiture  l'Impératrice  ;  le  prince  Jérôme 
ira  dans  une  des  voitures  qui  m'accompagnent. 

Je  ne  veux  pas  avoir  plus  de  4  voitures  avec  moi,  sauf  à  en 
envoyer  devant  ou  en  faire  marcher  derrière  les  autres. 

L'Impératrice  n'emmènera  que  M"**  Turenne.  MM.  d'Har- 
ville  et  Ordener  l'accompagneront  ;  M.  Rémusat  se  rendra 
devant  à  Mayence. 

Le  grand  maréchal  du  palais  pourra  marcher  en  avant,  de 
manière  à  se  trouver  à  Mayence  un  jour  avant  moi. 

MM.  Caulaincourt,  Mortier  et  Savary*  marcheront  avec 
moi. 

Les  deux  écuyers  généraux  ",  qui  ont  leurs  chevaux, 
pourront  se  rendre  directement  à  Mayence. 

Il  est  inutile  que  je  traîne  à  ma  suite  des  fourgons  de  car- 
tes et  de  bagages.  Comme  il  y  a  deux  routes,  ils  peuvent 
partir  par  l'autre  route  ou  aller  devant,  pour  arriver  la  veille 
à  Mayence. 

Le  maréchal  Bessières  et  tous  les  officiers  de  la  Garde  doi- 


1.  Des  4  aides  de  camp  de  TEmporour,  le  général  de  division  Lemarois 
était  gouverneur  d'Ancùno  ;  le  général  de  division  Rapp  commandait  la  6«  di- 
vision militaire  à  Strasbourg;  le  générul  de  brigade  Bertrand  était  en  mission 
à  Hcsso-Gassel  ;  le  général  de  brigade  Mouton  était  en  mission  à  Tile  d*Aix,  à 
Rochefort  et  à  Bordeaux. 

l'bmpkkkur  au  oénéraij  lemarois. 

Saiut-Cloud,  20  septembre  1806. 
Je  donne  Tordre  au  général  Laplanche-Mortiêre  de  se  rendre  à  Ancône  pour 
prendre  votre  commandeniunt.  Du  moment  qu'il  sera  arrivé,  et  si  môme  il  y 
avait  à  Ancône  un  officier  supérieur  de  distinction  auquel  vous  puissiez  con- 
fier votre  commandement,  vous  vous  rendrez  en  poste,  par  le  Tyrol,  à  Ulm, 
et  de  là  vous  viendrez  me  joindre  où  sera  mon  quartier-général.  Vous  vous 
arrêterez  à  Vérone  assez  do  temps  pour  prendre  connaissance  de  ce  qui  se 
pusse  en  Frioul,  à  Venise  et  dans  le  royaume  d'Italie. 

L'ancienneté  n'est  donc  un  titre  au  counmmdement  qu'autant  qu'elle  joiut 
à  ses  droits  ceux  que  donnent  le  caractère,  le  jugement  et  l'activité.  , 
f.  Les  généniux  de  brigiidc  Curbinonu  et  Gnrdane. 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DE    L*ARMÊE.  111 

vent  être  partis  en  avant  ;  le  maréchal  BessièrcB  et  le  grand 
écuyer  s'entendront  ensemble  pour  qu'ils  n'encombrent  point 
les  routes. 

M.  Maret  partira  24  heures  après  moi  et  se  rendra  en 
droite  ligne  à  Mayence. 

M.  le  général  Clarke  se  rendra  directement  à  Mayence,  où 
il  devra  être  arrivé  le  28  au  soir. 

Napoléon. 

l'empereur  au   roi   de   BAVIÈRE. 

Sainl-Gloud,  Si  septembre  1806. 

Monsieur  mon  Frère,  il  y  a  plus  d'un  mois  que  la  Prusse 
arme,  et  il  est  connu  de  tout  le  monde  qu'elle  arme  contre  la 
France  et  la  Confédération  du  Rhin.  Nous  cherchons  ses 
motifs  sans  pouvoir  les  pénétrer.  Les  lettres  que  Sa  Majesté 
Prussienne  nous  écrit  sont  amicales.  Son  ministre  des  affai- 
res étrangères  a  notifié  à  notre  envoyé  extraordinaire  et  mi- 
nistre plénipotentiaire  qu'elle  reconnaissait  la  Confédération 
du  Rhin  et  qu'elle  n'avait  rien  à  objecter  contre  les  arrange- 
ments faits  dans  le  midi  de  l'Allemagne.  Les  armements  de 
la  Prusse  sont-ils  le  résultat  d'une  coalition  avec  la  Russie, 
ou  seulement  les  intrigues  des  différents  partis  qui  existent  à 
Berlin  et  de  l'irréflexion  du  cabinet  ?  Ont-ils  pour  objet  de 
forcer  la  Hesse,  la  Saxe  et  les  villes  hanséatiques  à  contracter 
des  liens  que  ces  deux  dernières  puissances  paraissent  ne  pas 
vouloir  former  ?  La  Prusse  voudrait-elle  nous  obliger  nous- 
mêmes  à  nous  départir  de  la  déclaration  que  nous  avons  faite 
que  les  villes  hanséatiques  ne  pourront  entrer  dans  aucune 
confédération  particulière,  déclaration  fondée  sur  l'intérêt 
du  commerce  de  la  France  et  du  midi  de  l'Allemagne,  et  sur 
ce  que  l'Angleterre  nous  a  fait  connaître  que  tout  change- 
ment dans  la  situation  présente  des  villes  hanséatiques 
serait  un  obstacle  de  plus  à  la  paix  générale?  Nous  avons 
aussi  déclaré  que  les  princes  de  l'empire  germanique  qui 
n'étaient  point  compris  dans  la  Confédération  du  Rhin  de- 


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112  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

valent  être  maîtres  de  ne   consulter  que   leurs  intérêts   et 
leurs  convenances  ;  qu'ils  devaient  se  considérer  comme  par- 
faitement libres,  que  nous  ne  ferions  rien  pour  qu'ils  entras- 
sent dans  la  Confédération  du  Rhin,  mais  que  nous  ne  souf- 
fririons point  que  qui  que  ce  fût  les  forçât  de  faire  ce  qui 
serait  contraire  à  leur  volonté,  à  leur  politique,  aux  intérêts 
de  leurs  peuples.  Cette  déclaration  si  juste  aurait-elle  blessé 
le  cabinet  de  Berlin,  et  voudrait-il  nous  obliger  à  la  rétrac- 
ter? Entre  tous  ces  motifs,  quel  peut  être  le  véritable?  Nous 
ne  saurions  le  deviner  et  l'avenir  seul   pourra   révéler   le 
secret  d'une  conduite  aussi  étrange  qu'elle  était  inattendue. 
Nous  avons  été  un  mois  sans  y  faire  attention.  Notre  impas- 
sibilité n'a  fait  qu'enhardir  tous  les  brouillons  qui  veulent 
précipiter  la  cour  de  Berlin  dans  la  lutte  la  plus  inconsi- 
dérée. Toutefois  les  armements  de  la  Prusse  ont  amené  le 
cas  prévu  par  l'un  des  articles  du  traité  du  12  juillet,  et 
nous  croyons  nécessaire  que  tous  les  souverains  qui  compo- 
sent la  Confédération  du  Rhin  arment  pour  défendre  ses 
intérêts,  pour  garantir  son  territoire  et  en  maintenir  l'invio- 
labilité. Au  lieu  de  200,000  hommes  que  la  France   est 
obligée  de  fournir,  elle  en  fournira  300,000  ;  et  nous  venons 
d'ordonner  que  les  troupes  nécessaires  pour  compléter   ce 
nombre  soient  transportées  en  poste  sur  le  bas  Rhin.  Les 
troupes  de  Votre  Majesté  étant  toujours  restées  sur  le  pied 
de  guerre,  nous  invitons  Votre  Majesté  à  ordonner  qu'elles 
soient  mises  sans  délai  en  état  de  marcher  avec  tous  leurs 
équipages  de  campagne,  et  de  concourir  à  la  défense  de  la 
cause  commune,  dont  le  succès,  nous  osons  le  croire,  répon- 
dra à  la  justice,  si  toutefois,  contre  nos  désirs  et  même  contre 
nos  espérances,   la  Prusse  nous  met  dans  la  nécessité  de 
repousser  la  force  par  la  force. 

Des  réquisitions  analogues  forent  adressées  au  roi  de  Wurtemberg, 
aux  grands-ducs  de  Berg,  de  Bade  et  de  Hesse-Darmstadt,  au  prince 
Primat  et  au  collège  des  princes  de  la  Confédération  du  Rhin.  Le 
grand-duc  de  Wiirzburg  ayant  adhéré  à  la  Confédération  à  la  un  de 
septembre,  l'Empereur  lui  fit  le  29  la  même  communication  qu'à 
tous  les  membres  de  la  Confédération. 


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ORDRES  POUR  h\    RÉUNION  0£  l'aRIKIÉE..       113 


L  EMPEREUR  AU  MARECHAL  AUaSREAU. 

Saiut-Gloud,  21  soptembro  1806. 

Vous  m'enverrez  un  état  militaire  de  Hesse-Cassel,  avec 
le  nom  et  la  force  des  régiments,  ainsi  que  leur  composition  ; 
vous  y  joindrez  leurs  cantonnements  et  leurs  positions 
actuelles. 

Vous  m'enverrez  un  mémoire  qui  déterminera  quelle 
serait  la  meilleure  manière  d'attaquer  Hesse-Cassel,  quelle 
résistance  il  pourrait  opposer  à  l'armée  qui  attaquerait,  quels 
obstacles  on  rencontrerait,  et  quel  nombre  de  troupes  l'Elec- 
teur possède. 

l'empereur  au   MARECHAL  AUQEREAU» 

Saint-Cloud,  81  septembre  1806. 

Vous  enverrez  un  officier  du  génie  intelligent,  sous  pré- 
texte de  porter  des  lettres  à  M.  Bignon  à  Hesse-Cassel,  mais 
dans  le  fait  pour  observer  tout  ce  qu'il  sera  possible.  Il  ira  de 
Francfort  à  Hesse-Cassel  et  retournera  de  Hesse-Cassel  droit 
sur  Coblentz.  Il  ira  à  petites  journées,  déjeunera,  dînera, 
couchera  en  route.  H  observera  tout  avec  prudence  :  la  na- 
ture des  chemins,  les  montagnes,  les  rivières,  la  population 
des  villes,  villages,  les  distances  ;  il  fera  un  rapport  sur  les 
places  fortes  que  possède  l'Electeur,  telles  que  Hanau,  Mar- 
burg,  Giessen  et  autres  postes  fortifiés  ;  il  donnera  des  cro- 
quis de  tout  ce  qu'il  aura  observé  de  remarquable. 

Ces  précautions  à  l'égard  de  la  Hesse  et  la  mission  du  général 
Bertrand  sont  expliquées  par  la  dépêche  de  l'Empereur  du  22  à 
M.  de  Talleyrand.  La  dépêche  du  12  à  M.  Bignon  faisait  déjà  près- 
Kutir  les  tendances  de  la  cour  de  Cassei.  L'Empereur  ne  projette 
rexécution  de  cet  ennemi  que  pour  la  deuxième  époque  de  la  guerre. 

Le  mémoire  sur  la  Hesse  et  les  moyens  de  cette  puissance,  ainsi 
que  la  reconnaissance  du  pays  marquent  le  rôle  de  Tétat-major  dans 
^  préparation  des  plans  de  campagne.  L'état-major  rassemble  les 

CAMF.  DR   FJ:U88K.  8 


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114  ,  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

documents  ;  le  commandement  B*en  sert  pour  fixer  ses  idées  et  pren- 
dre ses  déterminations,  non  sans  les  avoir  fait  auparavant  compléter 
et  contrôler  par  ses  propres  officiers. 


l'empereur  au  général  BERTRAND. 

Saint-Cloud,  21  septembre  1806. 

Vous  partirez  dans  la  journée  de  demain  ;  vous  irez  à 
Worms,  vous  passerez  là  le  Rhin.  Vous  vous  assurerez  que 
toutes  les  mesures  sont  prises  pour  le  passage  de  ma  Garde  à 
Mayence*.  Vous  irez  à  Cassel,  et  vous  vous  assurerez  qu'on 
travaille  à  mettre  cette  place  en  état,  et  que  tous  les  ordres 
sont  arrivés  pour  rapprovisionner. 

Vous  irez,  avec  les  précautions  convenables,  voir  la  forte- 
resse de  Hanau.  Peut-on  s'en  emparer  par  un  coup  de  main 
ou  non  ?  Si  cela  est  prudent,  vous  irez  voir  la  forteresse  de 
Marburg.  Vous  continuerez  votre  route  sur  Cassel  (Hesse). 
Vous  serez  censé  avoir  des  lettres  pour  mon  chargé  d'aflfaires  ; 
Vous  aurez  bien  soin  de  vous  assurer  avant  qu'il  y  est. 

Il  y  a  plusieurs  petites  places  autour  de  Francfort  ;  vous 
vous  en  assurerez.  Vous  ne  voyagerez  point  de  nuit  de 
Francfort  à  Cassel,  et  vous  tiendrez  note  de  tout  ce  qui  peut 
m'intéresser. 

De  Cassel  vous  prendrez  la  route  qui  mène  droit  sur  Colo- 
gne, toujours  de  jour*.  Vous  observerez  le  système  des  loca- 


1.  Lm   OÉHiBAL    BmRTBAKD    A   Ij'BlIPBRBnB. 

Mayence,  86  septembre  1806. 

A  mon  passage  à  Worms,  i8  bateaux  pouvant  contenir  a.OOO  hommos 
étaient  prêts  pour  transporter  la  Garde  de  V.  M.  à  Mayence.  On  Q*a  pas  ici 
d*ordro  pour  la  marche  ultérieure  de  votre  Garde. 

Il  faut  une  petite  dcmi-beure  pour  passer  le  Rhin  à  Worms  en  bac,  une 
heure  et  demie  pour  l'aller  et  le  retour  par  les  vents  contraires.  Il  y  a  à 
Worms  deux  bacs,  l'un  pouvant  contenir  8  voitures,  l'autre  4.  De  Wornis  à 
Mayence  par  la  rive  gauche  lO  lieues,  par  la  rive  droite  li,  chemin  de  tra- 
verse sur  lequel  on  ne  peut  compter  pendant  Thiver. 

Suivent  des  renseignements  sur  Cassel  (Mayence). 

a.  liR    aKNÉBAL    BCBTRAHD    AU   GBIléBAL    GLARKH. 

Cassel,  28  septembre  1806,  au  soir. 

Général,  je  profite  d'un  courrier  qu'expédie  le  ministre  de  France  pour 
vous  prier  de  prévenir  S.  M.  qu'aucune  grande  roule  ne  conduisant  directe* 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        115 

lités  du  pays  entre  Wesel,  Mayence,  Cassel  et  Cologne. 
Combien  y  a-t-il  de  routes  et  de  grandes  communications  ? 
Vous  prendrez  là  aussi  des  renseignements  sur  les  chemins 
de  Cassel  à  Gotha,  de  Cassel  à  Gôttingen,  de  Cassel  à 
Paderbom.  Qu'est-ce  que  la  place  de  Cassel?  Est-elle  armée 
et  de  résistance  ?  Jetez  un  coup  d'œil  sur  les  troupes  de  TE- 
lecteur,  sur  leur  situation  actuelle,  sur  son  artillerie,  ses 
milices,  ses  places  fortes.  De  Cologne,  vous  viendrez  me 
rejoindre  à  Mayence  ;  vous  passerez  sur  la  rive  droite  et  vous 
jetterez  un  coup  d'oeil  sur  la  nature  du  pays  de  Dusseldorf, 
de  Wesel  et  de  Cassel.  Le  29  septembre  je  serai  à  Mayence, 
où  j'ai  besoin  que  vous  me  rapportiez  votre  reconnaissance. 
Vous  recueillerez  des  renseignements  de  toute  espèce  sur 
tout  le  système  du  pays.  Vous  sentez  combien  il  est  impor- 
tant que  vous  vous  le  mettiez  bien  dans  la  tête,  non  seule- 
ment pour  le  début  de  la  campagne,  mais  encore  pour  les 
suites. 

C'est  pour  des  missions  de  ce  genre  que  les  Commandants  d'armée 
ont  besoin  d'avoir  des  aides  de  camp  d'un  grade  élevé.  Us  les  choi- 
siront parmi  les  officiers  d'an  jagement  prompt  et  sûr,  d'une  activité 
infatigable  ;  Us  sauront  leur  inspirer  un  dévouement  sans  bornes  et 
tirer  de  leurs  connaissances  tout  le  parti  possible. 

Le  choix  des  hommes  est  la  pierre  de  touche  du  commandement. 


L  EMPEREUR  A  M.    DE   TALLEYRAND. 

Saint-Gloud,  2S  septembre  1806. 
Je  vous  envoie  une  lettre  qui  est  un  trait  de  lumière  ;  j'ai 
en  conséquence  jugé  convenable  d'adresser  la  lettre  ci-jointe 
au  prince  Primat.  Mon  intention  est  de  la  faire  paraître  dans 
\t  Moniteur,  Vous  l'apporterez  ce  soir  à  ma  signature,  et  vous 
tiendrez  des  courriers  tout  prêts  pour  l'expédier  à  Aschaf- 
fenburg,  en  priant  le  prince  Primat  de  ne  la  laisser  connaî- 


yeiit  d'ici  à  Cologne,  et  no  voulant  point  passer  par  Paderborn,  je  me  ren-» 
drai  à  31ayenco  par  Wetzlar  et  Umburg.  Je  serai  le  1"  octobre  à  Mayence 
utt  Je  30  dans  la  cuit  au  plus  tOt. 


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116  CAMPAGNE    D£    PRUSSE. 

tre  que  le  1"  octobre,  mais  de  la  communiquer  confidentiel- 
lement à  la  Saxe,  à  la  Hesse,  à  la  Bavière,  à  Wurtemberg  et 
à  Bade. 

Il  est  convenable  que  vous  envoyiez  chercher  aujourd'hui  le 
ministre  de  Cassel.  Vous  lui  parlerez  avec  beaucoup  de  dou- 
ceur sur  les  armements  actuels  et  sur  le  parti  définitif  que 
son  souverain  veut  prendre.  Il  est  convenable  que  vous  lui 
disiez  quelque  chose  du  traité  signé  à  Berlin,  en  lui  marquant 
votre  étonnement  de  ce  que  TElecteur  puisse  ainsi  renoncer 
à  toute  souveraineté.  Vous  engagerez  M.  de  Malzburg  à 
expédier  un  courrier  à  Cassel  pour  qu'on  cesse  les  armements 
et  qu'on  déclare  ce  que  Ton  veut. 

La  lettre  au  prince  Primat,  écrite  le  11  septembre,  n'a  été  expédiée 
que  le  22. 


L  EMPEREUR  AU   PRINCE   PRIMAT. 

Saint-Cloud,  il  septembre  1806. 

Mon  Frère,  les  formes  de  nos  communications  en  notre 
qualité  de  Protecteur  avec  les  souverains  réunis  en  congrès 
à  Francfort  n'étant  pas  encore  déterminées,  nous  avons  pensé 
qu'il  n'en  était  aucune  qui  fût  plus  convenable  que  d'adres- 
ser la  présente  à  Votre  Altesse  Eminentissime,  afin  qu'elle 
en  fasse  part  aux  deux  Collèges.  En  effet,  quel  organe  pou- 
vions-nous plus  naturellement  choisir  que  celui  d'un  prince 
à  la  sagesse  duquel  a  été  confié  le  soin  de  préparer  le  premier 
statut  fondamental  ? 

Nous  aurions  attendu  que  ce  statut  eût  été  arrêté  par  le 
congrès  et  nous  eût  été  donné  en  communication,  s'il  ne 
devait  pas  contenir  des  dispositions  qui  nous  regardent  per- 
sonnellement. Cela  seul  a  dû  nous  porter  à  prendre  nous- 
même  l'initiative  pour  soumettre  nos  sentiments  et  nos 
réflexions  à  la  sagesse  des  princes  confédérés. 

Lorsque  nous  avons  accepté  le  titre  de  Protecteur  de  la 
Confédération  du  Rhin,  nous  n'avons  eu  en  vue  que  d'établir 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        117 

en  droit  ce  qui  existait  de  fait  depuis  plusieurs  siècles.  En 
lacceptant,  nous  avons  contracté  la  double  obligation  de 
garantir  le  territoire  de  la  Confédération  contre  les  troupes 
étrangères  et  le  territoire  de  chaque  confédéré  contre  les 
entreprises  des  autres.  Ces  obligations,  toutes  conservatrices, 
plaisent  à  notre  cœur  ;  elles  sont  conformes  à  ces  sentiments 
de  bienveillance  et  d'amitié  dont  nous  n'avons  cessé,  dans 
toutes  les  circonstances,  de  donner  des  preuves  aux  membres 
de  la  Confédération.  Mais  là  se  bornent  nos  devoirs  envers 
elle.  Nous  n'entendons  en  rien  nous  arroger  la  portion  de 
souveraineté  qu'exerçait  l'Empereur  d'Allemagne  comme 
suzerain.  Le  gouvernement  des  peuples  que  la  Providence 
nous  a  confiés  occupent  tous  nos  moments,  nous  ne  saurions 
voir  croître  nos  obligations  sans  en  être  alarmé.  Comme  nous 
ne  voulons  pas  qu'on  puisse  nous  attribuer  le  bien  que  les 
souverains  font  dans  leurs  Etats,  nous  ne  voulons  pas  non 
plus  qu'on  nous  impute  les  maux  que  la  vicissitude  des 
choses  humaines  peut  y  introduire.  Les  affaires  intérieures 
de  chaque  État  ne  nous  regardent  pas.  Les  princes  de  la 
Confédération  du  Rhin  sont  des  souverains  qui  n'ont  point 
de  suzerain.  Nous  les  avons  reconnus  comme  tels.  Les  dis- 
cussions qu'ils  pourraient  avoir  avec  leurs  sujets  ne  peuvent 
donc  être  portées  à  un  tribunal  étranger.  La  Diète  est  le  tri- 
bunal politique  conservateur  de  la  paix  entre  les  différents 
souverains  qui  composent  la  Confédération.  Ayant  reconnu 
tous  les  autres  princes  qui  formaient  le  corps  germanique 
comme  souverains  indépendants,  nous  ne  pouvons  reconnaître 
qui  que  ce  soit  comme  leur  suzerain.  Ce  ne  sont  point  des 
rapports  de  suzeraineté  qui  nous  lient  à  la  Confédération  du 
Rlûn,  mais  des  rapports  de  simple  protection.  Plus  puissant 
que  les  princes  confédérés,  nous  voulons  user  de  la  supério- 
rité de  notre  puissance,  non  pour  restreindre  leurs  droits  de 
souveraineté,  mais  pour  en  garantir  la  plénitude. 


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118  CAMPAGNE   DE   PRUSSE. 


M.    DE   LAFOREST   AU   MARECHAL  AUOEREAU. 

Berlin,  ai  septembre  1806. 

Conformément  aux  intentions  de  S.  M.  l'Empereur  et  Boî, 
j'ai  rhonneur  de  prévenir  V.  Exe.  que  Toccupation  de  la  Saxe 
par  les  troupes  de  S.  M.  le  Roi  de  Prusse  m'a  mis  dans  le  cas 
de  demander  au  cabinet  de  Berlin  des  passeports  pour  retour- 
ner en  France. 

J'en  ai  informé  M.  le  maréchal  Berthier,  prince  de  Neu- 
châtel,  major  général  de  la  Grande  Armée.  Veuillez,  je  vous 
prie,  le  faire  savoir  promptement  à  Ânspach,  à  Wttrzburg  et 
en  général  à  MM.  les  maréchaux  commandant  les  divisions 
des  armées  de  S.  M.  I.  et  R.  en  Allemagne. 

Je  prie  V.  Exe,  M.  le  Maréchal,  d'agréer  l'assurance  de 
ma  plus  haute  considération. 

LE  MARÉCHAL  LEFEBVRE  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Dinkclsbûhl,  21  septembre  180€. 

Le  général  de  division  Gazan  me  marque  qu'il  résulte  des 
renseignements  qu'il  a  fait  prendre,  que  jusqu'à  présent 
aucune  troupe  prussienne  n'est  entrée  dans  l'Electorat  de 
Saxe,  que  les  troupes  saxonnes  se  concentrent  à  Dresde  et  à 
Leipzig,  qu'il  n'existe  sur  les  frontières  qu'un  très  faible 
cordon  qui  fait  des  patrouilles;  enfin  que  des  ingénieurs 
prussiens  sont  venus  à  Schanenkalden  reconnaître  les  débou- 
chés qui  y  conduisent  ;  trois  émissaires  sont  en  route  ;  j'aurai 
soin  de  transmettre  leurs  rapports  à  V.  A.  S.  dès  qu!ils  me 
seront  parvenus. 

l'empereur  au  général  dejeak. 

Saint-Cloud,  22  septembre  1806. 
Je  viens  d'être  instruit  que  Wesel  était  approvisionné 
d'une  grande  quantité  de  farine  que  les  Prussiens  y  ont 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        119 

laissée,  et  qu'il  y  en  a  quatre  magasins  pleins.  Faites  véri- 
rifier  cela,  afin  qu'on  ne  vous  le  porte  point  comme  ayant  été 
acheté.  Faites-moi  connaître  ce  qu'il  y  a,  et  si  cela  fera  une 
ressource  pour  les  approvisionnements  de  siège.  Pensez 
sérieusement  aux  approvisionnements  de  Mayence  ;  à  la 
vérité,  il  est  très  probable  que  je  n*en  aurai  pas  besoin  pour 
le  siège,  mais  certainement  j'en  aurai  besoin  pour  les  faire 
venir  à  Wttrzburg,  et  nourrir  l'armée  par  le  Mayn. 

Qae  de  difficultés  pour  la  réanion  des  approvisionnements  des 
places  fortes  et  des  armées  qui  n'existent  plus  avec  les  moyens  de 
commanication  actuels  ! 


l'empereur  au  général  DEJEAN. 

Saint-Cloud,  28  septembre  1806. 

Donnez  des  ordres  pour  qu'au  1"  octobre  un  pont  de 
bateaux  soit  jeté  sur  le  Rhin,  à  Wesel.  Ledit  pont  existera 
jusqu'à  nouvel  ordre.  Je  désire  que  l'emplacement  en  soit 
vis-à-vis  l'île  de  Btiderich,  et  que  le  génie,  qui  doit  faire  les 
ouvrages  permanents,  donne  à  cet  ouvrage  la  force  d'une 
bonne  tête  de  pont. 

v'empereur  au  général  dejean. 

Saînt-Cloud,  82  septembre  1806. 

J'ai  pris,  il  y  a  peu  de  jours,  un  décret  pour  former  une  pre- 
mière légion  du  Nord  à  Juliers.  Le  maréchal  Berthier  me 
mande  que  la  quantité  de  déserteurs  est  si  considérable,  que 
Von  peut  espérer  d'en  former  plusieurs.  J'ai  donc  résolu 
d'en  organiser  une  autre  à  Nuremberg,  et  d'en  donner  le  com- 
mandement au  colonel  Henry.  Faîtes  donc,  avant  mercredi, 
un  travail  pour  la  nomination  des  officiers  du  1*'  bataillon,  et 
concertez-vous  avec  les  généraux  Zajonchek  et  Henry  pour 
ces  nominations. 

Lorsque  les  1*"  bataillons  seront  formés,  on  organisera 
les  2**.  Mon  intention  est  que  chaque  légion  soit  composée 


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120  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

de  4  bataîUons.  Il  y  aura  un  adjudant  commandant  chargé 
de  la  correspondance  avec  les  deux  colonels. 

Les  colonels  pourront  faire  des  proclamations  pour  provo- 
quer à  la  désertion,  sans  jamais  prononcer  le  nom  de  Polo- 
gne. On  promettra  aux  soldats  d'être  employés  sur  le  conti- 
nent, des  avantages,  d'être  traités  comme  les  soldats  français, 
et  aux  sous-officiers  de  conserver  leur  grade,  si  du  reste  ils 
ont  les  qualités  nécessaires. 

l'empereur  au  général  lacuée. 

Saint-Cloud,  as  septembre  18O6. 

Je  vais  appeler  une  réserve  \  Il  faut  que  le  décret  soit 
prêt.  Voici  comment  je  veux  la  distribuer  : 
200  hommes,  à  raison  de  2  hommes  d'élite  par  départe- 
ment, pour  les  régiments  de  carabiniers. 
GOO  hommes,  à  raison  de  6  hommes  d'élite  par  départe- 
ment, pour  les  12  régiments  de  cuirassiers. 
600  hommes  d'élite  pour  les  8  régiments  d'artillerie  à  pied. 
2,000  hommes  d'élite  pour  les  4  régiments  d'artillerie  de  la 
marine. 

3,400  hommes  d'élite. 

Il  restera  26,400  hommes  que  je  veux  distribuer  de  la 
manière  suivante  :  6,000  hommes  entre  les  14  3"  et  4**  ba- 
taillons qui  sont  au  camp  de  Boulogne,  et  depuis  la  Somme 
jusqu'à  l'Escaut,  y  compris  Anvers  *  ;  2,000  entre  les  4  régi- 
ments qui  sont  en  Bretagne  '  ;  2,000  entre  les  4  régiments 
qui  sont  à  l'île  d'Oleron  et  dans  la  12*  division  militaire*; 


1.  Il  s*agit  des  80,000  hommes  do  la  réserve  de  la  conscription  do  1808 
dont  TEmpereur  a  annoncé  la  levée  au  major  général  par  sa  dépôche  du  5. 

2.  8«  bataillon  du  13^  léger  à  Ostende;  s«  et  i«  bataillons  du  17«  de  ligne; 
3^*  bataillons  des  lO»,  25«,  28«,  36«,  43«,  46e.  5oe^  550^  76«  de  ligne  au  1«  corps 
de  réserve  à  Boulogne  ;  3«»  bataillons  des  48^  et  108*  à  Anvers. 

8.  15«  de  ligne  à  Brest  ;  47«,  à  Lorient  et  Belle-Ile;  70*,  à  Brest  et  Concar* 
neau  ;  So*,  à  Saint-Brieuc. 

4.  26«,  66*  et  82«  de  ligne,  qui  étaient  aux  colonies  et  dont  les  dépéls 
siMils  niaient   en   France  ;  Si*  d'infanterie    légère  à  Nantes,  Noirmoutier?» 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        121 

4,000  entre  les  6  régiments  qui  sont  à  Paris  '  ;  et  12,400 
entre  les  40  régiments  appartenant  à  la  Grande  Armée  qui 
sont  BUT  le  Rhin  • .  En  faisant  la  répartition  de  ces  hommes, 
vous  consulterez  les  besoins  de  chaque  corps.  Vous  considé- 
rerez moins  la  situation  générale  d^s  régiments  que  celle 
de  leurs  3"  bataillons  et  ce  qu'ils  reçoivent  de  la  conscription 
de  1806.  Ce  sont  de  nouvelles  réserves  que  je  forme.  Peu 
importe  la  quantité  d'hommes  qu'ils  ont  à  la  Grande  Armée; 
plu»  ils  en  auront  et  plus  ils  en  perdront.  Mais  ce  qui  m'im- 
porte, c'est  que  j'aie  à  Boulogne,  en  Bretagne  et  à  ma  réserve 
sur  le  Rhin  un  grand  nombre  d'hommes. 

Vous  aurez  soin  qu'aucun  corps  ne  reçoive  au  delà  de 
1,000  hommes,  entre  ce  qu'il  recevra  de  la  réserve  et  ce 
qu'il  a  eu  de  la  conscription  de  1806.  Vous  n'appellerez  dans 
les  corps  qui  sont  en  Bretagne  aucun  Piémontais  ni  aucun 
conscrit  des  18  départements  connus  sous  la  dénomination  de 
départements  de  l'Ouest.  Vous  ne  mettrez  dans  les  régiments 
qui  sont  à  Paris  aucun  homme  des  18  départements  de 
rOuest.  Vous  mettrez  dans  les  31*  et  111*  des  Piémontais. 
Du  reste,  vous  destinerez  le  plus  possible  aux  bataillons  de 
dépôt  les  conscrits  voisins  des  lieux  où  se  trouvent  aujour- 
d'hui les  dépôts  qui  ne  doivent  point  changer.  Il  est  cepen- 
dant convenable  de  donner  aux  régiments  la  réserve  de  la 
conscription  des  départements  qui  les  recrutent. 


KapûléoD.  La  12*  division  militaire  dtait  composée   des  départements  de  la 
Loire-lDrén'eure,  de  la  Charente-Inrërieure,  des  Deux-Sévres  et  de  la  Vendée. 

1.  s*,  4«,  12«,  15«  d*infanterie  Idgéro  ;  les  S«*  bataillons  des  trois  premiers 
étaient  à  Saint-Denis  ;  celui  du  15*  léger  à  Paris;  3«  bataillon  du  9a«  de  ligne 
à  YinccDDes  ;  58®  à  Paris. 

2.  5*  division  militaire  :  S®,  4«,  18«,  ai®,  34«,  39«,  40«,  44«,  57«,  63«,  76«, 
88»,  96«,  100»,  103»,  105«  d'infanterie  de  ligne  ;  —  6«,  V,  9«,  10«,  16®,  17«, 
***,  26»  dUnfonterio  légère. 

n*  division  militaire:  27«,  30«,  88«,  61®,  ei®,  85«,  ui«  d'infanterie  de  li- 
gne; —  28«  d*infanterie  iégôrc. 

«5«  division  militaire  :  8«,  2i«,  45«,  54»,  94»,  96«  d'infanterie  de  ligne  ;  — 
8ï%  27*  d'infanterie  légère. 


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122  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


l'empereur  au  major  général. 

Saint-Cloud,  SS  septembre  1806. 

Voici  mon  itinéraire*  :  je  partirai  de  Saint-Cloud  jeudi  25 
du  mois.  Je  serai  le  27  à  Metz,  où  je  resterai  sept  à  huit 
heures.  Je  serai  le  28  au  soir  ou  le  29  au  matin  à  Mayence. 
J'attendrai  de  vos  nouvelles  le  30  et  le  1".  Réglez-vous  là- 
dessus  pour  la  marche  de  vos  courriers. 

l'empereur  au  major  général. 

Saint-Cloud,  28  septembre  1806. 

Mon  Cousin,  voici  la  route  pour  l'armée  :  Mayence,  Franc- 
fort, de  là  par  la  rive  gauche  du  Mayn,  qu'on  passera  à 
Aschaffenburg,  Wlirzburg  et  Bamberg.  Placez  là  des  com- 
mandants d'armes  et  tracez-y  des  étapes  '.  Faites  reconnaître 
la  route  de  Mayence,  Darmstadt  et  Aschaffenburg.  La  route 
de  l'armée  pour  communiquer  avec  Ulm,  Augsburg  et  les 
hôpitaux  qui  sont  de  ce  côté,  sera  de  Bamberg  à  Nuremberg, 

1.  Ordre  donné  lo  28  par  lo  major  général  au  général  Sanson  de  tracer  les 
étapes  sur  la  route  de  Mayence  à  Wnrzburg,  en  calculant  les  journées  do 
marche  à  6  lieues  au  moins  et  à  8  au  plus,  comme  elles  sont  en  France. 

Ordre  à  i*adjudant  commandant  Hastrel,  faisant  fonctions  de  chef  de  Télat- 
m(ûor  général,  de  placer  des  commandants  d'armes. 

LE    MAJOR   OibtiéRAL    ▲    li'xHTKMDART    GÉHÉSAL. 

Wiirzburg,  20  septembre  1806. 

Je  vous  préviens  que  j'ai  approuvé  le  projet  qui  m*a  été  présenté  de  fixer 
ainsi  qu'il  suit  la  roule  d'étape  de  Mayence  à  Bamberg,  savoir: 

Do  Mayence  à  Francfort,  distance  environ 8  lieues. 

—  Seligenstadt  —  ....  6  — 

—  fiessenbach  —  ....  8  — 

—  Langfurt  —  ....  8  — 

—  Wlirzburg  —  ....  6  — 

—  Renpelsdurf  —  ....  8  — 

—  Burgwenheim  —  ....  7  — 

—  Bamberg  —  ....  8  — 

Telle  sera,  par  conséquent,  la  direction  que  suivront  les  troupes  venant 
de  Mayence  à  Bamberg  ;  ordonnez  les  mesures  nécessaires  pour  y  assurer  lo 
service  ;  établissez-y,  à  cet  efTot,  dos  commissaires  des  guerres  ou  des  adjoints. 

Quant  ù  la  communication  de  Bamberg  avec  Ulm  et  Âugsburg,  qui  doit  i^trc 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        123 

Anspach,  Ellwangen  etUlm.  Il  est  nécessaire  que  là  aussi  il 
y  ait  des  étapes  tracées.  Mon  intention  est  que  tous  les 
malades  sortant  des  hôpitaux  établis  en  Bavière,  en  Souabe 
et  sur  la  rive  droite  du  Danube,  se  réunissent  à  Ulm,  où, 
après  un  repos,  on  en  formera  des  détachements  de  100  hom- 
mes pour  rejoindre  l'armée  à  Bamberg.  11  est  une  autre 
route  à  reconnaître,  de  Wttrzburg  à  Boxberg,  Neckarelz  et 
Mannheim.  Cette  route  a  deux  avantages  :  d*abord  plus  courte 
pour  ce  que  j'ai  du  côté  de  Strasbourg,  et  je  la  crois  meil- 
leure ;  ensuite  il  peut  y  avoir  tel  événement  où  la  communi- 
cation de  Francfort  serait  inquiétée  par  des  partisans. 

Je  désire  que  vous  envoyiez  un  ingénieur  géographe 
reconnaître  et  faire  des  croquis  en  détail  de  ces  trois  routes  : 
1*  de  Mayence,  Francfort,  Aschaflfenburg  et  Wttrzburg; 
^deMayence,  Darmstadt  et  Aschaflfenburg;  3*  de  Mann- 
heim, Neckarelz  et  Wttrzburg. 


l'empereur  au  roi  de  hollande. 

SaÏDl-Cloud,  82  septembre  1806. 

Je  donne  ordre  au  ministre  Dejean  de  diriger  sur  Wesel 
les  généraux  de  brigade  Laroche,  Ruby  et  Grandjean.  Mon 


suivie  par  les  militaires  sortant  des  hôpitaux  de  la  Souabe ,  de  la  Bavière  et 
autres  de  la  rive  droite  du  Daoabe,  elle  sera  tracée  ainsi  quMl  suit  : 

Avec  Ulm,  de  Bamberg  à  Bayersdorf,  distance,  environ  .   .  8  lieues. 

—  Nuremberg  —  .   .  8    — 

—  Herlsbron  —  .    .  6    — 

—  Anrach  —  .   .  7    — 

—  Dinkelsbiihl  —  .   .  7    — 

—  Aalen  —  .   .  8    — 

—  Hausen  —  .    .  6    — 

—  Ubn  —  .   .  6    — 

AvecAugsburg,  de  Bamberg  à  Bayersdorf  —  .   .  8    — 

—  Nuremberg  —  .   .  8    — 

—  Roth  —  .   .  8    — 

—  Dietfurt  —  .  .  8    — 

—  Donawerth  —  .   .  8    — 

—  Metingea  —  .   .  6    — 

—  Augsburg  —  .   .  6    — 

Voir  aassi  la  note  de  la  dépêche  de  l'Empereur  du  29  septembre,  8  heures 
91  demie  de  l'après-midi. 


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124  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

intention  est  que   vous   organisiez   une  avant-garde  de  la 
manière  suivante  : 

Commandants  :  avant-garde,  le  général  Michaud  ;  artille- 
rie, le  général  Drouas  ;  génie,  un  de  vos  officiers. 

Chef  d'état-major  :  le  chef  d'escadron  Ferrière,  à  moins 
que  le  général  Michaud  n*aime  mieux  prendre  un  des  géné- 
raux de  brigade  que  je  vous  envoie. 

1"  brigade  :  un  des  généraux  de  brigade  que  je  vous 
envoie  ;  le  65*  régiment,  2,000  hommes  ;  Hollandais,  2,000 
hommes  ;  8  pièces  d'artillerie  attelées,  servies  par  Tartillerie 
hollandaise. 

2*  brigade  :  un  des  généraux  de  brigade  français  ;  le  72*  ré- 
giment, 2,000  hommes  ;  Hollandais,  2,000  hommes  ;  8  pièces 
d'artillerie  attelées,  servies  par  l'artillerie  hollandaise. 

Vous  pouvez  joindre  à  chaque  brigade  un  général  de 
brigade  hollandais  et  un  adjudant  commandant  hollandais. 

Ces  8,000  hommes  seront  renforcés  du  bataillon  de  1,000 
hommes  du  duc  de  Clèves.  Ils  se  réuniront  sans  délai  à 
Wesel  et  se  concentreront  dans  une  position  militaire,  à  une 
ou  deux  lieues  en  avant  de  Wesel.  Vous  joindrez  aussi  à  cette 
avant-garde  1,000  hommes  de  cavalerie  hollandaise,  ce  qui 
fera  un  total  de  9,000  à  10,000  hommes.  Vous  réunirez  le  reste 
de  vos  troupes  hollandaises,  que  j'estime  être  8,000  à  9,000 
hommes,  au  camp  d'Utrecht,  sous  les  ordres  du  général  Dumon- 
ceau.  Il  sera  partagé  en  deux  brigades  ;  il  pourra  ou  se  réunir 
à  vous,  ou  se  porter  sur  le  bord  de  la  mer,  suivant  les  diffé- 
rentes circonstances. 

Cette  avant-garde  est  destinée  à  couvrir  mes  frontières 
du  Rhin  et  ne  s'en  écartera  que  pour  inquiéter  l'ennemi; 
mais  elle  manœuvrera  de  manière  à  n'être  jamais  coupée  du 
Rhin. 

Votre  commandement  s'étendra  de  la  Moselle  k  Coblentz 
jusqu'à  la  mer. 

Après  les  quinze  premiers  jours  d'opérations,  du  moment 
que  la  guerre  aura  pris  une  couleur,  il  sera  possible  que  je 
fasse  rentrer  ce  corps  pour  protéger  mes  frontières  de  France. 
Il  serait  possible  aussi  que  je  le  fisse  pousser  jusqu'à  Mlinster 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        125 

et  Cassel,  selon  les  événements.  Je  vous  donnerai  une  ins- 
truction plus  détaillée  lorsque  les  hostilités  commenceront. 

Faites  que  je  trouve  à  Mayence  un  de  vos  aides  de  camp 
qui  m'apporte  l'état  de  situation  de  votre  corps  d'armée. 
Donnez  de  l'argent  pour  monter  votre  cavalerie.  Vous  devez 
avoir  au  moins  2,000  hommes  de  cavalerie.  Le  8*  corps  de 
la  Grande  Armée  sera  aussi  à  Mayence  et  manœuvrera  de 
manière  à  n'être  jamais  coupé  du  Rhin. 

Je  laisse  à  Paris  de  quoi  former  un  corps  de  réserve  de 
8,000  hommes,  et  j'ai  à  Boulogne  15,000  ou  16,000  hommes 
dans  le  camp.  Le  général  Rampon,  avec  6,000  hommes  de 
gardes  nationales,  est  à  Saint-Omer. 

Je  vous  donne  l'autorisation  nécessaire  pour  pouvoir,  selon 
les  circonstances,  défendre  les  parties  attaquées  de  la  France. 
11  n'y  a  pas  de  nécessité  que  vous  vous  rendiez  le  2,  le  3, 
le  4  à  Wesel,  si  les  affaires  de  votre  royaume  vous  retiennent 
en  Hollande  ;  il  suffit  que  votre  avant-garde  y  soit  ;  mais  il 
sera  convenable  que  vous  y  soyez  le  8. 

Donnez  ordre  au  général  Michaud  de  correspondre  avec 
le  maréchal  Kellermann,  avec  le  commandant  du  8^  corps  et 
avec  la  Grande  Armée,  autant  que  cela  sera  nécessaire. 

Après  avoir  fait  connaître  le  10  au  roi  de  Hollande  qu'il  se  propo- 
sait de  lui  confier  un  corps  de  30,000  hommes  pour  défendre  Wésel 
et  le  nord  de  ses  États,  TËmpereur  a  commencé  le  19  à  entrer  dans 
quelques  développements  sur  le  rôle  qu'il  réservait  à  ce  corps  dans 
son  projet  général  ' .  Le  22,  il  donne  de  nouveaux  renseignements 
à  son  frère  sur  les  opérations  qu'il  devra  Conduire^  en  lui  annonçant 
une  instruction  plus  détaillée  lorsque  les  hostilités  commenceront. 

U  est  d'ailleurs- à  remarquer  que  l'Empereur  ne  s'est  encore  ouvert 
à  personne  de  l'ensemble  de  son  projet  ;  il  a  bien  indiqué  au  major 
général,  le  5,  la  direction  qu'il  comptait  donner  aux  opérations  de 
la  Grande  Armée  ;  mais  le  22  il  n'a  encore  confié  son  plan  général 
ni  an  major  général  ni  au  commandant  du  corps  d'observation  destiné 
a  produire  une  diversion  à  l'extrémité  de  sa  gauche.  Pour  qu'un  plan 
KQssisse,  il  faut  qu'il  soit  tenu  secret  :  le  Commandant  de  l'armée 
seul  doit  le  connaître  jusqu'au  commencement  des  hostilités  ;  il  ne 

1.  L'Empereur  se  suri  du  rux])rcssiuii  projet  général  dans  sa  dôpècbe  du 
i"  octobrv,  i  heuro  après  midi,  au  maruchal  Augoreau. 


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126  CAMPAGNE    DE    PRUBSB. 

révèle  au  major  général,  aux  commandants  des  corps  détachés  et  des 
corps  placés  sous  ses  ordres  directs  que  ce  qu'ils  ont  besoin  de  con- 
naître, au  fur  et  à  mesure  que  les  événements  se  déroulent. 

Le  major  général  savait  par  le  mouvement  général  de  l'armée  que 
le  roi  de  Hollande  réunissait  un  corps  d'armée  à  Wesel,  et  par  la 
dépêche  de  l'Empereur  du  20  à  6  heures  du  matin  qu'une  division 
d'infanterie  française  se  formait  à  Mayence  et  qu'elle  était  destinée 
à  être  le  corps  d'observation  de  la  France  et  le  corps  d'appui  de 
l'armée  du  nord.  Mais  rien  de  plus  ;  tout  doit  être  secret  et  mystère. 

L'Empereur  apprend  le  22  au  roi  de  Hollande  que  le  8*  corps  de 
la  Grande  Armée  sera  à  Mayence,  et  il  ne  fait  connaître  cette  for- 
mation au  major  général  que  le  30  septembre. 

Le  secret  est  donc  une  des  conditions  du  succès,  condition  d'au- 
tant plus  nécessaire  que  les  nouvelles  de  l'ennemi  peuvent  obliger  le 
Commandant  de  l'armée  à  modifier  son  plan  d'opérations  avant  même 
qu'il  ne  l'ait  mis  à  exécution,  et  qu'il  est  inutile  d'apprendre  à  ses 
lieutenants  que  l'ennemi  a  traversé  les  projets  primitifs.  Les  diverses 
parties  du  plan  d'opérations  ne  seront  dévoilées  qu'au  moment  de 
leur  exécution. 


L  EMPEREUR   AU   GENERAL   DEJEAN. 

Saint-Gloud,  22  septembre  1806. 

Présentez-moi  demain  soir  un  état  en  30  colonnes,  chaque 
colonne  indiquant  le  lieu  où  se  trouveront  les  troupes  en 
marche  depuis  le  25  septembre  jusqu'au  25  octobre,  en  y 
comprenant  les  détachements  que  j*ai  fait  partir  et  même 
ceux  de  ma  Garde.  J'ai  besoin  de  cet  état  demain  mardi. 


L  EMPEREUR  AU  GENERAL  DEJEAK. 

Saint-Gloud,  82  septembre  1806. 

Voici  un  rapport  sur  la  compagnie  Breidt.  J'ai  pris  derniè- 
rement un  décret  pour  que  250  caissons  soient  attelés  et  prêts 
le  plus  tôt  possible  à  Strasbourg,  où  ils  doivent  recevoir  un 
ordre  de  mouvement.  Mon  intention  n'est  pas  que  ces  cais- 
sons aillent  en  Allemagne  sans  être  équipés,  mais  que  les 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        127 

hommes  et  chevaux  soient  pris  à  Sampigny,  Bruxelles  et 
Paris,  et  que  de  ces  trois  points  ils  soient  dirigés  sur  Mayence, 
où  ils  recevront  des  ordres  '. 

Écrivez  à  l'intendant  général  que,  s'il  a  300  chevaux  haut- 
le-pied,  il  les  fasse  atteler  à  des  voitures  que  Tartillerie 
d'Augsburg  pourrait  prêter.  Je  préférerais  les  voitures  qu'on 
appelle  prolonges.  On  pourrait  acheter  des  charrettes  du  pays  ; 
on  attellerait  les  300  chevaux  à  72  de  ces  charrettes,  ce  qui 
pourra  servir  à  toute  espèce  de  transports*. 

Quant  aux  marmites  et  bidons  qui  sont  à  Strasbourg, 
envoyez  les  quatre  cinquièmes  de  tout  à  Mayence,  d'où  on 
les  distribuera.  Faites  connaître  au  maréchal  Berthier  qu'il 
faut  que  les  corps  achètent  les  marmites  chez  les  paysans,  en 
payant,  car  ces  marmites  n'arriveront  jamais  à  temps. 

Ecrivez  à  tous  les  majors  des  dépôts  de  faire  confectionner 
des  capotes  pour  leurs  corps  ;  les  masses  sont  tellement  fortes 
qu^elles  pourront  fournir  à  cette  dépense.  Sur  les  capotes  qui 
sont  à  Augsburg,  faites-en  donner  1,800  au  2V  léger. 

Faites-moi  connaître  le  numéro  qu'auront  les  250  caissons 
de  nouvelle  levée,  et  le  temps  où  les  brigades  pourront  être 
rendues  à  Mayence. 

Écrivez  à  tous  les  dépôts  de  faire  confectionner  autant 


1.  Le  24  septembre,  le  ministre  Dejcan  présentait  à  l'Empereur  Tétat  dos 
10  nouvelles  brigades  portant  les  n«"  li,  15,  18,  19,  86,  27,  29,  30,  Si  et  32, 
qui  allaient  être  organisées  en  exécution  du  décret  du  17  septembre  pour 
accroître  les  équipages  de  la  compagnie  Breidt. 

Qiaque  brigade  comprenait  8  employés,  8  sous-employés,  8  ouvriers, 
30  charretiers,  3  chevaux  do  selle  ;  les  9  premières  avaient  8  chevaux  de 
selle,  105  chevaux  do  trait,  24  caissons  à  4  roues  et  l  forge  à  4  roues  ;  la 
3S^  avait  8  chevaux  de  selle,  79  chevaux  de  trait,  24  caissons  à  2  roues  et 
1  forge  à  2  roues,  ce  qui  formait  un  total  de  1,050  chevaux  do  trait,  216 
caissons  à  4  roues  et  24  à  2  roues. 

U  brigade  n»  12  et  2  sections  de  la  brigade  15  furent  organisées  à  Bruxel- 
les; les  brigades  26  et  27  à  Paris;  les  brigades  18,  19,  29,  30,  31,  32  et  une 
section  do  la  brigade  15  à  Sampigny. 

1^8  brigades  12,  16,  26  et  27  partiront  respectivement  do  Bruxollos  et  do 
Pari»  le  14  octobre  pour  Mayence. 

1a  brigade  18  partit  do  Sampigny  lo  12  octobre  pour  arriver  à  Biiiyonce  lo 
>3;  la  brigade  19  le  17  pour  arriver  le  28;  la  brigade  29  et  le  complément 
âe  la  brigade  15  lo  18  pour  arriver  le  29;  la  brigade  80  lo  19  pour  arriver  le 
*0;  les  brigades  Si  et  S2  le  28  iwur  arriver  le  8  novembre. 

t  Ordres  donnés  le  28  par  lo  major  général  à  Tintundant  général. 


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128  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

de  paires  de  souliers  qu'ils  ont  d'hommes  à  la  Grande  Ar- 
mée*. 

Ce  qui  mérite  le  plus  ma  sollicitude,  ce  sont  les  outils  du 
génie.  Faites-en  diriger  de  tous  les  points  sur  Mayence;  il 
est  impossible  qu'on  n'en  ait  pas  recueilli  une  trentaine  de 
mille  à  la  Grande  Armée.  Que  sont  devenus  ceux  qu'on  y  a 
envoyés  et  que  j'ai  payés  sur  le  budget  de  cette  année?  Je 
connais  un  endroit  dans  un  arrondissement  de  corps  d'armée 
où  il  y  en  a  5,000.  Le  génie  ne  croit  pas  en  avoir  ;  le  génie 
ne  sait  ce  qu'il  a  ;  cette  partie,  jusqu'à  cette  heure,  a  été 
bien  mal  organisée  à  la  Grande  Armée. 

M.  DURAKD  AU  MAJOR  GEKERAL. 

Dresdo,  28  septembre  1806. 

J'ai  reçu  de  S.  M.  I.  l'ordre  de  quitter  la  Saxe  dans  le 
cas  où  les  troupes  prussiennes  auraient  envahi  son  territoire 
et  de  donner  avis  de  mon  départ  à  V.  A.  S. 

L'invasion  de  la  Saxe  par  les  troupes  prussiennes  étant 
eflfectuée  depuis  le  6  de  ce  mois  et  n'étant  devenue  que  plus 
générale  depuis  cette  première  époque,  comme  j'ai  eu  l'hon- 
neur d'en  informer  V.  A.  par  ma  lettre  du  14,  j'ai  prévenu 
le  ministère  électoral  que  j'allais  quitter  Dresde.  J'attends 
mes  passeports  et,  à  moins  que  je  ne  reçoive  des  ordres  con- 
traires à  ceux  qui  m'ont  été  transmis,  je  serai  parti  après-de- 
main 24  septembre  pour  retourner  en  France.  J'aurai  soin, 
au  moment  de  mon  départ,  d'en  informer  encore  V.  A.  S. 

LB  GÉNÉRAL  GUDIN  AU  GÉNÉRAL  PETIT. 

Ôhringen,  22  septembre  1806. 

En  conséquence  des  ordres  de  S.  M.  l'Empereur  et  de 
M.  le  maréchal  Davout,  vous  voudrez  bien  donner  les  ordres 


I.  Circulaire  du  29  seplembro  du  major  général  aux  maréchaux  et  à  Tin- 
lendant  général. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DB  L'aRMÉB.        129 

nécessaires  pour  que  votre  brigade  soit  réunie  demain  dans 
les  environs  d'Heilbronn  ;  le  24  elle  devra  être  à  Œhringen 
et  en  avant,  suivant  Téchelon  actuel  des  troupes  ;  le  25  à 
Hall  et  en  avant  ;  le  26  à  EUwangen,  le  27  à  Œttingen. 

Le  1*'  de  chasseurs  et  le  12^  de  ligne  étant  les  plus  éloi- 
gnés marcheront  en  queue  et  ce  dernier  prendra  la  route 
par  Stuttgard,  Canstadt,  Gemund,  Heydenheim,  Nordlingen 
et  Œttingen,  de  manière  à  être  rendu  le  27  au  soir  dans  ce 
dernier  endroit  sans  aucun  retard.  Je  sais  que  les  journées 
sont  fortes,  mais  nous  savons  marcher. 

Depuis  Œhringen,  à  chaque  chef-lieu,  vous  trouverez  vos 
cantonnements  désignés. 

Les  troupes  devront  avoir  avec  elles  des  subsistances  pour 
toute  la  route  ;  leurs  caissons  serviront  à  porter  le  pain  et  au 
besoin  la  farine,  si  on  ne  pouvait  avoir  le  pain  fabriqué  ;  cha- 
que corps  a  des  boulangers.  Les  corps  prendront  en  passant  à 
Œhringen  des  cartouches  pour  se  compléter  à  raison  de  50 
coups  par  homme. 

Comme  les  corps  n'ont  pas  d'ustensiles  de  campagne,  cha- 
que conmiandant  de  compagnie  doit  chercher  à  s'en  procurer 
de  fer  battu  ;  on  assure  que  les  habitants  en  sont  pourvus  ; 
bien  entendu  que  cette  mesure  sera  prise  en  payant  et  de 
gré  à  gré,  car  il  n'y  a  rien  à  espérer  des  magasins. 

Le  nombre  de  blanchisseuses  et  vivandières  ne  pourra 
excéder  le  règlement  et  vous  voudrez  bien  y  tenir  la  main. 
De  Stuttgard  à  Nordlingen,  le  1"  de  chasseurs  établira 
des  postes  de  4  hommes  à  chaque  poste  pour  escorter  le 
Maréchal  qui  prendra  cette  route  ;  le  premier  poste  sera  à 
Canstadt. 

Faites  faire  le  plus  de  pain  possible  à  Heilbronn  afin  de 
suppléer  à  ce  qui  manquera  à  vos  troupes,  car  je  crains 
qu^elles  ne  puissent  s'en  procurer,  en  aussi  peu  de  temps,  ce 
qui  leur  sera  nécessaire. 

Envoyez  un  officier  au  l*"^  de  chasseurs  et  un  autre  au 
12*  de  ligne  avec  des  chevaux  de  correspondance  et  ayez 
la  bonté  de  m'accuser  de  suite  réception  de  la  présente. 
La  brigade  du  général  Gi^uthier  sera  le  24  à  Cuiselsau  ; 

CAMP.  OB  PBCUK,  9 


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130  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

le  25  par  échelon  entre  Hall  et  EUwangen  ;  le  26  à  Nordlin- 
gen  ;  le  27  à  Œttingen. 

La  route  sera  par  la  vallée  de  Colber.  Envoyez  un  officier 
à  l'avance  pour  préparer  le  logement. 

Répandez  le  bruit  que  nous  passons  le  28  la  revue  du 
prince  Berthier. 


L  EMPEREUR  AU   GRAND-DUC   DE  BERG. 

Saint-Cloud,  ss  septembre  180€. 

Vous  trouverez  ci-joint  l'itinéraire  d'une  route  qu'on  me 
dit  exister  de  Worms  à  WUrzburg;  envoyez  un  officier  la 
reconnaître.  Il  m'importe  beaucoup  d'avoir  des  renseigne- 
ments sur  cette  route  qui  peut  m'être  utile  dans  bien  des 
circonstances. 

LE  GÉNÉRAL  BELLIARD   AU  ICAJOR   GÉNÉRAL. 

Wûrsburg,  ss  septembre  1806. 

Votre  officier  d'état-major  m'a  remis  dans  la  nuit  la  lettre 
que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire. 

J'ai  vu  ce  matin  notre  ministre  ;  il  est  peu  instruit  de  la 
position  des  troupes  prussiennes;  cependant  il  m'a  assuré 
qu'il  y  avait  à  Erfurt  et  dans  les  environs  un  corps  d'armée, 
dont  il  ne  connaît  pas  la  force  ;  les  Prussiens  paraissent  faire 
beaucoup  de  mouvements,  et  qui  sont  fort  longs  et  incertains, 
car  tous  les  ordres,  dit-on,  émanent  directement  du  Roi^  il 
paraît  pas  moins  certain  que  les  armées  ennemies  se  renfor- 
cent, se  concentrent  et  se  rapprochent  de  la  nôtre,  qui  me 
paraît  bien  disséminée,  surtout  pour  les  corps  qui  se  trouvent 
former  l'avant-garde,  et  malgré  les  protestations  amicales 
du  roi  de  Prusse,  on  doit,  par  les  apparences,  lui  supposer 
des  intentions  hostiles. 

La  citadelle  de  Wûrzburg  est  assez  bonne,  quoique 
dominée  au  sud  par  la  montagne  des  Capucines  ;  l'intérieur 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉB.        131 

se  tronye  dans  le  plus  mauvais  état  ;  il  n'y  reste  rien,  absolu- 
ment rien;  les  commissaires  du  roi  de  Bavière  ont  tout  en* 
levé,  même  jusqu'au  canon  qui  servait  à  donner  l'alarme  en 
cas  de  feu,  de  sorte  qu'il  faut  tout  pour  la  mettre  en  état  de 
défense  ;  on  dit  qu'une  partie  de  son  artillerie  se  trouve  à 
Bamberg  ;  on  pourrait  la  faire  revenir  ;  il  n'y  a  pas  une  pail- 
lasse, pas  un  bois  de  lit  ;  cependant  comme  c'est  un  poste 
important,  j'espère  pouvoir  le  faire  occuper  sous  deux  ou  trois 
jours  par  quelques  troupes  françaises  ;  il  suffira  de  l'avoir  à  vos 
ordres  pour  en  faire  ce  que  vous  jugerez  convenable.  La  ville 
de  Wlirzburg  a  des  murailles  en  bon  état,  un  large  fossé,  et 
une  contrescarpe  revêtue  en  maçonnerie. 

On  n'a  point  de  nouvelles  de  M.  de  Laforest  ;  on  le  croît 
toajoors  à  Berlin...  Je  pars  à  l'instant  pour  me  rendre  auprès 
du  général  Gazan,  conformément  à  vos  ordres.  Je  visiterai 
la  forteresse  de  Kdnigshofen,  et  à  mon  retour  j'aurai  l'hon- 
neur d'instruire  V.  A.  de  tout  ce  que  j'aurai  pu  voir  et 
apprendre...  Ainsi  que  vous  l'ordonnez,  je  verrai  la  division 
Kansouty. 

J'enverrais  bien  des  officiers  en  avant  et  des  espions,  mais 
vous  savez  mieux  que  personne  que  je  n'ai  pas  d'argent  à 
ma  disposition,  et  c'est  un  mobile  sans  lequel  on  ne  fait  pas 
grand'chose,  surtout  pour  l'espionnage. 


LE  MARÉCHAL  BEBNADOTTE  AU  MAJOR  OÉNÉRAL. 

Anspach,  23  soptembre  1806. 

II  ne  m'est  parvenu,  depuis  la  lettre  que  j'ai  eu  l'honneur 
de  vous  adresser  hier  par  un  adjoint  de  mon  état-major, 
qu'an  rapport  que  je  reçois  à  l'instant  et  qui  m'annonce  que 
20,000  Saxons  ont  ordre  de  se  mettre  en  marche  pour  Pima 
où  ils  doivent  se  réunir  aux  60,000  Prusssiens  qui  s'y  ras- 
«emblent. 

Si  j'apprends  que  les  Prussiens  font  un  mouvement  en 
avant,  je  placerai  de  suite  la  division  Suchet  entre  Ânspach 
^tUffenheim  pour  être  à  même  de  la  porter  soit  sur  Bamberg 


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132  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 

OU  Schweinfurt  ou  enfin  pour  couvrir  Wtirzburg.  J'ai  de  nou- 
veau recommandé  que  la  plus  grande  surveillance  soit  exer- 
cée dans  tous  les  cantonnements  qui  se  trouvent  sur  les  fron- 
tières. V.  A.  peut  être  tranquille  ;  tous  les  jours  elle  aura 
un  rapport  de  moi. 


LK  GÉNÉRAL  DAULTANNE,  CHEF  d'ÉTAT-MAJOB  DU  3*  CORPS, 

A  l'ordokkateub  en  chef. 

Ôttingen,  28  septembre  1806. 

Je  vous  préviens  qu'en  conséquence  des  ordres  de  S. 
M.  I.,  M.  le  Maréchal  prescrit  les  dispositions  suivantes  et 
desquelles  je  m'empresse  de  vous  faire  part  afin  que  vous 
donniez  en  ce  qui  vous  concerne  les  ordres  nécessaires  pour 
leur  exécution. 

Le  corps  d'armée  doit  être  réuni  pour  le  26  ou  le  27  du 
courant  entre  Wassertruding  et  Nordlingen. 

La  1"  division  sera  stationnée  entre  Œttingen  et  Wasser- 
truding ;  les  2*  et  3''  entre  Œttingen  et  Nordlingen  ;  le  parc 
de  réserve  sera  établi  à  Nordlingen  *. 

M^.  le  Maréchal  a  donné  directement  ordre  aux  généraux 
de  division  de  se  pourvoir  de  4  jours  de  vivres  lors  de  la 
levée  de  leurs  cantonnements  ;  il  est  prescrit  en  même  temps 
de  vous  donner  celui  de  réunir  de  quoi  charger  sur  les  cais- 
sons pour  4  à  5  jours  de  pain,  et  de  faire  suivre  de  la  viande 
sur  pied  pour  autant. 

L'intention  de  M.  le  Maréchal  est  que  les  troupes  placées 
ainsi  en  cantonnements  serrés  reçoivent  des  distributions 
régulières  et  n'exigent  rien  des  habitants. 


1.  8«  corps.  —  i'«  division,  est  partie  le  86  de  ses  cantonnements  autour 
de  Nordlingen  pour  se  porter  sur  Œlliugen ,  où  elle  cantonne  dans  les  envi- 
rons; le  27,  elle  se  porte  en  avant  de  la  Veniitz,  sur  la  route  de  Nuremberg* 
par  GuQzenhausen  et  cantoune  dans  les  environs  de  Onosheim. 

8*  division,  quitte  le  26  ses  cantonnements  de  Hall  et  s'établit  en  avant 
d*Ëllwangen  sur  la  droite  de  la  route  de  traverse  qui  conduit  d'Ellwangcn  à 
Nordlingen;  —  le  27,  elle  cantonne  entre  Nordlingen  et  Œttingen. 

8*  division,  cantonne  le  26  à  Ellwan^en  ;  le  27  à  Fremdingun  et  Wa- 
lerstein. 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DB    l'aRMÉE.  133 

M.  le  Maréchal  a  ordonné  à  M.  le  général  de  division  de 
réunir  les  caissons  de  la  compagnie  Breidt,  ces  voitures  ne 
devant  plus  être  attachées  aux  corps,  mais  seulement  destinées 
aux  transports  du  pain. 

Tous  les  malades  qui  sont  atteints  de  maladies  incurables, 
et  dont  la  gravité  de  la  maladie  ne  laisse  aucun  espoir  de 
rejoindre  leurs  régiments  qu'à  une  époque  reculée  seront 
évacués  en  France,  —  les  galeux  qui  ne  sont  point  atteints 
de  maladies  compliquées  suivront  leurs  corps.  C'est  à  vous, 
M.  l'ordonnateur,  à  désigner  les  hôpitaux  sur  la  rive  gauche 
du  Rhin  qui  sont  le  plus  à  même  de  recevoir  cette  éva- 
cuation, de  déterminer  les  échelons  et  de  donner  enfin  tous 
les  ordres  et  instructions  nécessaires  pour  un  objet  aussi 
important. 


l'empereur  au  major  général. 

Saint-Cloud,  S4  sâptombro  1806. 

Je  vous  envoie  la  copie  des  ordi'es  de  mouvement  de  l'ar- 
mée que  je  vous  ai  adressés  le  20  du  courant  au  matin,  et 
que  je  suis  fâché  de  ne  pas  vous  avoir  envoyée  douze  heures 
après  le  départ  de  mon  courrier  du  20  septembre,  parce  qu'il 
aurait  pu  être  intercepté.  Cependant  je  n'ai  pas  lieu  de  le 
craindre.  Vous  aurez  dû  recevoir,  le  24  à  midi,  mon  premier 
courrier  du  20.  Quand  la  présente  vous  parviendra,  et  sans 
doute  le  25,  des  ordres  auront  été  donnés  au  maréchal  Soult, 
qui  sera  parti  dès  le  26  ;  et,  comme  il  lui  faut  trois  ou  quatre 
jours  de  marche  pour  se  rendre  à  Amberg,  il  pourrait  y  être 
le  30,  quoiqu'il  ait  l'ordre  de  n'y  être  que  le  3.  Vous  rece- 
vrez le  présent  courrier  le  27,  afin  que  vous  accélériez  le 
mouvement  du  maréchal  Soult.  Il  importe  qu'il  arrive  vite  à 
Amberg,  puisque  l'ennemi  est  à  Hof,  extravagance  dont  je 
Qe  le  croyais  pas  capable,  pensant  qu'il  resterait  sur  la  défen- 
wve  le  long  de  l'Elbe.  Si  au  lieu  d'arriver  le  3  à  Amberg,  le 
DMiréchal  Soult  peut  y  arriver  le  1*'  octobre,  ordonnez-lui  d'y 
être  ce  jour-là. 


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134  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  corps  du  maréchal  Davout  se  sera  sans  doate  réuni 
le  25,  lorsqu'il  a  reçu  vos  ordres^  à  Œttingen.  Je  suppose 
qu'il  ne  lui  faut  que  deux  ou  trois  jours  pour  cela.  Cependant 
je  ne  lui  ai  donné  Tordre  d'y  être  que  le  3  octobre.  S'il  peut 
y  être  le  1"  ou  le  2,  il  n'y  a  point  d'inconvénient.  Il  déta- 
chera sa  cavalerie  sur  Kronach,  prendra  possession  de  cette 
place  et  s'occupera  sur-le-champ  de  la  mettre  en  bon  état  ^ 
J'imagine  que  le  maréchal  Ney  partira  d'Ulm  le  26  septem- 
bre ;  je  ne  pense  pas  qu'il  puisse  être  à  Anspach  avant  le  2 
ou  le  3  octobre.  Le  maréchal  Lefebvre  n'a  ordre  de  se  porter 
que  le  2  ou  le  3  à  Konigshofen  ;  s'il  en  peut  prendre  posses- 
sion le  1^'  octobre,  ce  sera  bien  fait.  Il  commande  définitive- 
ment le  5*  corps  de  la  Grande  Armée.  L'ancien  chef  de 
l'état-major,  qui  était  à  ce  corps  lorsque  le  maréchal  Mortier 
le  commandait,  continuera  à  y  être  employé  en  cette  qua- 
lité*. Le  général  Ménard  n'est  pas  assez  militaire  pour  ce 
poste  important  '.  Toutes  mes  divisions  de  cavalerie  de  réserve 
doivent  être  rendues  à  leur  destination  le  3.  Si  ce  mouvement 
peut  être  exécuté  dès  le  2,  je  n'y  vois  pas  d'inconvénient. 
Je  donne  ordre  au  duc  de  Clèves  d'être  à  Bamberg  le  1"  oc- 
tobre. Je  vous  prie  d'ordonner  à  tous  les  officiers  de  son  état- 
major  d'y  être  rendus  ce  jour-là,  et  aux  généraux  comman- 
dant les  divisions  de  cavalerie  d'y  envoyer  leurs  états  de 
situation  et  d'y  prendre  ses  ordres.  Je  serai  le  28  àMayence; 
c'est  vous  dire  que  je  puis  être  le  1"  octobre  à  l'avant-garde, 
si  les  circonstances  l'exigent.  Le  but  de  la  présente  est  de 
vous  faire  connaître  que  je  désire  que  vous  accélériez  les 
mouvements  que  j'ai  ordonnés,  sans  fatiguer  les  troupes  et 
sans  donner  trop  d'inquiétude  aux  Prussiens. 


1.  Voir  le  rapport  du  maréchal  Davout  du  1«'  octobre. 

S.  Le  général  Godinot,  qui  suivit  le  maréchal  Mortier  au  8«  corps. 

S.  Ces  quelques  mots  ot  le  jugement  porté  sur  le  général  Victor,  dans  la 
dép6ctaedu  7  octobre  au  maréchal  Lannes,  montrent  quelles  qualités  de  vigueur 
TEmpereur  voulait  trouver  chez  le  chef  d*état-major  d*un  corps  d*armée. 

Le  maréchal  Soult  avait  d'ailleurs  déjà  refusé  le  général  Ménard,  quo  le 
nuijor  général  lui  avait  proposé  comme  chef  d'état-major. 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DE    l'aRMÉE.  135 


L  EMPEREUR  AU  GBAND-DUC  DE  BEBG. 

Seinl-Gloud,  S4  septembre  1806. 

J'ai  envoyé  Tordre  à  toutes  les  divisions  de  cavalerie  d'ac- 
tiver leur  marche^  et  si,  au  lieu  d'être  rendues  sur  leur  posi- 
tion de  Eronach  à  Wttrzburg  le  3  octobre,  elles  s'y  trou- 
vent dès  le  1*'  ou  le  2  sans  trop  se  fatiguer,  je  le  verrai  avec 
plaisir.  Il  est  nécessaire  que  le  général  de  division  Belliard 
et  votre  état-major  se  trouvent  à  Bamberg  le  V  octobre  au 
soir,  ou  le  2  à  midi  au  plus  tard.  Envoyez  vos  chevaux  en 
grande  marche  à  Bamberg.  Vous  m'attendrez  à  Mayence 
pour  en  partir  une  heure  après  mon  arrivée,  afin  que  vous 
Boyez  à  Bamberg  le  1""  octobre  à  midi. 

l'empereur  AU   GÉNÉRAL   DEJEAN. 

Saint-Cloud,  24  septembre  1806. 

Comme  il  est  à  craindre  que  le  maréchal  Kcllermann  ne 
rassemble  20  ou  30,000  hommes  dans  les  5*  et  26*^  divisions 
militaires,  ce  qui  mettrait  en  combustion  les  départements  de 
ces  divisions,  faites-lui  bien  connaître  que  mon  intention  est 
qu'il  lève  seulement  un  corps  de  chasseurs  de  2,000  hommes 
dans  la  5®  division  et  un  dans  la  26*  division,  de  la  même 
force.  Faites-lui  comprendre  que  dans  aucun  cas,  même  le 
plofl  urgent,  il  ne  poun*a  solder  que  6,000  hommes  ;  mais 
que,  dans  ce  moment-ci,  4,000  suflSsent*.  Il  vaut  mieux 
quHls  soient  en  petit  nombre,  mais  choisis,  et  que  cela  ne 
gêne  point  les  départements. 


1.  I«B    MAEéORAL   KBLLVEMANV    A17   UA.JOB   oAlfiBAL. 

Mayence,  18  octobre  1806. 

J  ai  Hionneur  de  prévenir  V.  A.  que  j*ai  organisé  les  compagnies  do  ^- 
nuliers  et  de  chasseurs  des  gardes  nationales  des  5«  et  se*  divisions  mili- 
lures  ainsi  qu'il  suit.  Chacune  de  ces  divisions  formera  une  légion  composée 
de  s  cohortes,  Tune  de  grenadiers  et  Pautre  de  chasseurs  ;  chaque  cohorte 
sera  de  ii  compagnies.  Ainsi,  en  supposant  que  toutes  les  compagnies  fus- 
Knl  toujours  au  complet,  ce  serait  une  force  de  4,400  hommes. 

U  légion  de  la  5*  division  militaire  est  commandée  par  le  général  de  dlvl- 


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136  CAMPAaNE   DE    PRUSSE. 

l'empereur  au  général  dejean. 

SainUGloud,  S4  septembre  1806. 

Laissez  exécuter  les  ordres  du  prince  de  Neufchâtel  *,  hor- 
mis pour  les  1",  3%  5%  9%  15*  et  10*  régiments  de  dragons, 
qui  sont  à  Paris.  Ces  6  régiments  n'enverront  chacun  qu'un 
détachement  de  30  hommes  à  pied,  le  reste  étant  nécessaire 
pour  servir  les  chevaux  et  former  la  réserve  de  l'intérieur. 
Je  vous  engage  à  vous  occuper  beaucoup  de  cette  réserve. 
Je  laisse  TEmpire  dégarni  de  troupes.  Je  laisse  les  escadrons 
des  7  régiments  de  dragons  qui   forment  plus  de  2,400 


sion  Schaal,  agréé  par  S.  M.  ;  la  cohorte  de  grenadiers  a  pour  chef  Tatljudant 
commandant  Klingler,  aussi  agréé  par  S.  M.  ;  la  cohorte  ^e  cliasseurs  sera 
commandée  par  le  chef  de  bataillon  Mathieu,  dont  TEmpereur  a  également 
approuvé  le  choix. 

La  légion  de  la  86*  division  militaire  est  commandée  par  le  général  Jordy, 
approuvé  par  S.  M.  ;  la  cohorte  de  grenadiers  par  M.  Liebler,  de  Mayence, 
ancien  officier  de  hussards ,  et  la  cohorte  de  chasseurs  par  M.  Bnihm,  chef  de 
cohorte  dans  le  département  de  Rhin-et-Moselle. 

J*espére  que  V.  A.  approuvera  cette  organisation. 

Les  généraux  Schaal  et  Jordy,  Tadjudant  commandant  Klingler  et  le  chef 
de  bataillon  Mathieu  ont  servi  au  siège  et  à  la  défense  de  Mayence.  Le  gé- 
néral Jordy,  particulièrement,  a  défendu  Cassel  avec  la  plus  grande  distinction. 

Les  grenadiers  et  chasseurs  de  la  5"  division  militaire  seront  chargés  de  la 
garde  do  Mayence;  ce  qui  ne  pourra  être  logé  dans  la  ville,  sera  cantonné 
dans  les  villages  les  plus  à  proximité  des  ouvrages  extérieurs  de  la  place 
pour  pouvoir  s'y  porter  rapidement  au  besoin. 

Les  grenadiers  et  chasseurs  de  la  se»  division  militaire  seront  cliargés  de 
Cassel  et  des  lies  du  Rhin.  Ceux  qui  ne  pourront  être  logés  dans  la  place 
seront  cantonnés  dans  les  villages  environnants  et  correspondants  aux  ou- 
vrages extérieurs,  pour  pouvoir  également  s'y  porter  rapidement. 

1.  liS   ICA  JOB  aAsilULL  A.  L*SMPSBB17X. 

Munich,  17  septembre  1806. 

J*envoie  à  V.  M.  un  état  de  situation  des  troupes  i  cheval  de  la  Grande 
Armée  ;  elle  y  verra  qu^après  le  départ  des  4**  escadrons,  il  reste  S6,400 
hommes  et  88,800  chevaux,  ce  qui  fait  un  excédant  de  1,800  chevaux.  Vous 
venez  d'ordonner  qu'on  envoie  du  dépôt  dos  régiments  de  troupes  à  cheval  à 
la  Grande  Armée  tous  les  hommes  montés,  ce  qui  ne  donne*  point  d*bommes 
à  pied  pour  les  chevaux  excédants ,  ni  pour  remplacer  les  hommes  malades 
ou  blessés.  En  conséquence,  je  viens  de  donner  ordre  à  tous  les  dépôts  de 
diriger  sur  la  Grande  Armée  4,340  hommes  à  pied,  dans  la  proportion  poui* 
chaque  Corps,  ainsi  que  vous  le  verrez  dans  la  8«  colonne  du  tableau  de  si- 
tuation des  troupes  à  cheval. 

Vous  m'avez  prescrit  de  donner  à  chaque  régiment  10,000  fr.  pour  acheter 
une  vingtaine  de  chevaux  ;  mais  dans  ce  moment,  comme  il  y  a  déjà  un 
excédant,  il  suffira  d'attendre  l'arrivée  des  hommes  à  pied. 

Le  major  général  prévenait  en  môme  temps  le  ministre  Dejean  qu'il  avait 
expédié  les  ordres  pour  les  hommes  à  pied ,  en  recommandant  aux  généraux 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE. 


137 


hommes,  et  qui,  s'ils  sont  montés  une  fois,  seront  une.  res- 
source réelle  pour  comprimer  tous  les  mouvements  et  aider  à 
la  défense  des  côtes. 


LE   MAJOB  GÉNÉRAL   A   L'EHPEBEUR. 


Munich,  24  septembre  1806. 

Sire,  en  conséquence  de  vos  lettres  du  17^  j'ai  expédié  les 
ordres  relatifs  à  la  remonte  des  régiments  de  troupes  à  che- 


d'approcher,  autant  qu*il  serait  possible,  du   nombre   d'hommes  demandés 
dans  le  cas  où  les  dépôts  ne  pourraient  les  fournir  en  totalité. 

DRACHSlIKaTt  D^HOMM»  A.  PIKD  DIICÂSdAS  A.DZ  DÉPÔTS  DM  CORPS  KT  DVSTUràs 
A  POBTSX  LBS  BSCADROSS  D*  OUKXSB  ▲  80  HOICMBS  XVTXROB  AU  DBLA  DU 
■OMBBa  DB  CHBTADX  POUB  BBMPLAOBB  AU  BBaOIjr  LBS  HOMICBS  QUI  SBBAIBKT 
OTOTÉS   AUX    HÔPITAUX. 


5*  division  militaire. 

8*  de  hussards 

11"  de  chasseurs • 

16*  —  

9«  de  hussards 

io«        —         

is*  de  chasseurs 

si«         —  

T  —  

10*  de  cuirassiers 

il«  —  

8*  de  dragons  ....... 

12«       —  

!«•  —  '.'.!.... 

ïi«     -_      ..!.,!  . 

«5«        —  

*7*      — •  "... 


i'*  diviêion  militaire. 


i*'  do  dragons . 

15»         — 


S*  division  militaire, 
^  de  cuirassiers 


**  division  militaire. 
*•  de  cuirassiers 

16*  division  militaire, 
U*  de  dragons 


185 

70 
70 

100 
90 

110 

146 
86 
85 

100 
75 
80 
60 

100 
40 
40 
70 
60 
65 

120 
70 
76 
95 

100 

80 
70 

85 

45 


S5«  division  militaire. 


5«  de  hussards. 

8«  — 

5®  de  chasseurs 
'    7»  de  hussards. 
12*  de  chasseurs. 
««•        — 

8*  de  hussards.  . 
10»  de  chasseurs 
1^  de  hussards  . 

8«  de  dragons  . 
14«  — 

80«  — 

26»  — 

6«  — 

1S«  — 

22«  — 


24*  division  militaire. 


4*  de  hussards.  . 
1^^  de  chasseurs. 
2*  — 


4*  division  militaire. 

!•'  de  carabiniers 

2»  —  

1*'  de  cuirassiers 


26*  division  militaire. 


0*  de  cuirassiers. 
12«  — 


15*  division  militaire. 
10*  de  dragons 


56 
55 

65 
75 

100 
85 
90 

100 
95 
90 

100 
85 
85 
80 
90 
70 


50 

50 

100 


85 

95 

100 


90 
90 


100 


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138  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

val  de  la  Grande  Armée,  et  je  les  ai  autorisés  à  employer 
10,000  fî*.  sur  les  20,000  qu'ils  avaient  sur  la  masse  de  four- 
rage*. 

Par  le  tableau  ci-joint  V.  M.  verra  que  chaque  régiment 
a  son  caisson  d'ambulance,  que  chaque  division  d'infanterie 
et  de  cavalerie  a  également  son  caisson  d'ambulance  comme 
réserve  et  que  chaque  corps  d'armée  a  également  encore  en 
réserve  2  autres  caissons  d'ambulance. 

Chaque  régiment  a  2  caissons  par  bataillon  pour  son  pain, 
et  chaque  escadron  1. 

93  caissons  sont  en  réserve  pour  les  magasins  centraux. 

Pour  l'administration  générale  du  service  de  santé  et  pour 
le  magasin  général,  il  y  a  25  caissons.  Tel  est  l'emploi  des 
473  caissons  existants  dans  l'armée  *.  Il  faut  au  moins  doubler 
le  nombre  de  ceux  destinés  aux  ambulances  des  divisions  et 
des  corps  d'armée  ;  enfin,  pour  bien  organiser  tous  les  ser- 
vices, M.  l'intendant  général  demande  443  caissons  de  plus 
et,  comme  je  vous  l'ai  mandé.  Sire,  il  y  en  a  à  Paris  41,  à 
Bruxelles  44  et  à  Sampigny  200.  Il  ne  faut  que  des  chevaux 
pour  les  atteler. 

(Suit  le  compte  rendu  de  l'expédition  des  ordres  concer- 


1.  liB    MAJOB   OKMKRAI.    AU   aifciréBA.L    BBKBS ,    C0M1CA.1IDAKT   LA 

8«    DIVISION    DB    DBAOOKS. 

Munich,  23  septembre  1806. 

Je  vous  envoie  roxpédition  d'un  décret  que  S.  M.  a  pris  le  17  septembre 
pour  la  remonte  de  la  cavalerie.  Comme  tous  les  régiments  ont  reçu  ao,000  fr. 
pour  leurs  fourrages  à  leur  rentrée  en  France,  S.  M.  ordonne  que  chaque 
régiment  prenne  10,0)0  fr.  sur  ce  fonds  pour  acheter  sur-Ie-cliamp  et  sur  les 
lieux  20  à  85  chevaux  et  ils  remplaceront  cette  somme  de  10,000  fr.  à  la 
caisse  dos  fourrages  lorsque  Tordonnance  du  ministre  Dojean  sera  arrivée  et 
que  cette  somme  de  10,000  fr.  leur  sera  rentrée. 

Veillez  à  ce  que  les  6  régiments  do  dragons  qui  sont  sous  vos  ordres, 
emploient  sur-le-champ  et  sur  les  lieux  cette  somme  de  10,000  fr.  qu'ils  oui 
dans  leur  caisse.  Vous  sentez ,  général ,  qu'il  n'y.  a  pas  un  instant  à  perdre 
pour  procéder  à  l'achat  ci-dessus. 

Assurez- vous  que  tous  ces  régiments  ont  leurs  forges  de  campagne  et 
leurs  fers. 

2.  Les  brigades  de  la  compagnie  Breidt  qui  se  trouvaient  à  l'armée  portaient 

les  U0«  ],  2,  3,  4,   5,  6,  7,  8,   »,  10,   11,  13,   U,   16,  17,    29,  21,  22,  23,  24,  25, 

soit  21  brigades  qui,  à  24  caissons,  auraient  dû  donner  un  total  de  504  toi- 
tures. En  admettant  môme  que  le  2*  corps  d*armée  eût  gardé  24  caissons, 
on  devait  encore  arriver  au  chiffre  de  480.  Les  brigades  n'étaient  donc  \^ 
au  complet. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        139 

nant  les  gamelles,  bidons,  marmites,  les  capotes,  les  appro- 
Tidonnements  de  farines  à  Bamberg  et  à  Wtirzburg,  le  gé- 
néral Andréossy  commandant  le  génie  resté  en  mission  à 
Viemie,  les  outils  d'ouvriers,  les  aides  de  camp  des  généraux.) 

J*ai  reçu.  Sire,  vos  ordres  du  19  et  la  note  pour  la  défense 
de  rinn.  Au  moment  où  les  ordres  venaient  d'être  expédiés, 
je  reçois  un  autre  courrier  qui  m'apporte  vos  dépêches  du  19 
et  du  20  ainsi  que  le  mouvement  général  de  la  Grande 
Année.  -  • 

Comme  j'ai  3  courriers  de  V.  M.  auprès  de  moi,  je  ne 
veux  pas  retarder  le  départ  du  premier;  j'expédierai  le 
second  ce  soir. 

V.  M.  connaît  mon  zèle  à  exécuter  ses  ordres. 

J'ai  fait  mettre  dans  les  journaux  allemands  la  note  sur 
l'armée  du  Nord,  commandée  par  le  roi  de  Hollande. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  V.  M.  l'hommage  de  mon  pro- 
fond respect. 

Le  Major  général,  prince  de  Neufchâtel, 

M**  Alex.  Berthier. 


BépariUion  des  équipages  de  la  Grande  Armée  d'après  les  ordres 
de  8.  M. 


|Ar. 

f      «n 


Ararmée 47Sc«i8MnB^ 

Cei  4<ittip«gefl  se  eompoaent.  {  Attendus  de   Strasbourg    pour   les 

ambulances  légères' 36       — 

50»        — 


1.  OoDt  S02  à  8  rouos,  tous  construits  en  Tan  VII  et  années  antérieures, 
et  qui,  aux  termes  du  règlement  du  14  frimaire  an  XII,  auraient  dû  être  ré- 
formés ou  réparés  à  neuf  au  compte  du  Gouvernement.  Les  caissons  à  4  roues 
des  €  premières  brigades,  soit  144.  se  trouvaient  également  dans  le  cas  de  la 
rûforme  par  les  mômes  raisons.  On  conserva  de  môme  encore  beaucoup  de 
ï»anuis  qui  auraient  dd  être  réformés  ou  réparés  au  compte  de  TÉtat.  C'est 
priaclpalement  à  l'impossibilité  d'effectuer  ces  remplacements  qu'on  doit 
attribuer  les  pertes  faites  en  voitures  et  bamais  pendant  la  campagne  de 
Pniâse.  (Rapport  de  M.  Daru  du  6  février  1808.) 

y  La  brigade  d'ambulance  légère  fut  composée  d'une  partie  des  chevaux  do 
'»  !»•  brigade,  qui  fut  disloquée,  et  d'une  partie  des  chevaux  de  la  IG»  fari- 
ne et  du  dépôt.  On  y  attacha  86  caissons  neufs  à  a  roues,  construits  à  Stras- 
bourg. Cette  brigade  se  mit  en  marche  de  Strasbourg  pour  l'armée  les  9  et 
JT  octobre.  La  précipitation  avec  laquelle  ces  caissons  furent  construits  a  pro- 
wblemoQi  beaucoup  nui  à  leur  solidité,  car  beaucoup  se  trouvaient  déjà  en 


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140  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


rOUR  LK8  YITBIBS.  —  PAIN.  Nfil  lU  ftlIVUlCB. 

^^                  ^^  à  raiton  de  : 

,       .          ^  *     P?'/*^î"~'       TOTAL 

A  raiton  de  :  d  infanlene  % 


2    par   hataillon  Supplémont  1    P»'  dÎTkion       f*"*^ 

d  inftnlerie ,         «rdonn*  d'infanlerie,             p*r 

I    p«r  rè(àm«nt  TOTAL.     I  par  divlcioa  de     ^_g 

de  cavalerie,             P*'  cavalerie, 

Ipoorrarlillerie       S.  M.  1  pour  rariiUarie,    «■"■•*• 

légère.  2  poar  la  réaerve 

(éDérale. 


1er  corps 28  7  S5  8  43 

3«corp8 5G  15  71  10  81 

4«  corps 68  15  77  lO  87 

5«  corps 44  U  55  8  63 

6*-'  corps  (y  compris  la  di- 

vision  Dupont)  ....  50  18  63  10  73 

7e  corps 33  9  42  8  50 

Résenre  générale  de  ca- 
valerie   34  5  39  8  47 

Qraud  parc  d'artillerie, 
considéré  comme  un  ré- 
giment ........  »  8  8  1  S 


307  77»  384  63  447 

.  c  A  la  suite  du  grand  quai-tler  général 86  I 

Non  répartis,  j  caissons  d'ambulance  légère  non  arrivés 36  )    ®^ 

509 

Nota.  —  Sur  les  36  caissons  d'ambulance  légère,  87  étaut  destinés  pour  les  corps',  il 
n'en  restera  que  9  disponibles  qui,  avec  les  86  ci-dossas,  réduiront  à  35  ceux  disponibles 
A  la  suite  du  grand  quartier  général. 


très  mauvais  état  à  la  fin  de  décembre  1806  ;  et  les  roues  surtout  étaient  trop 
faibles  pour  soutenir  le  poids  chargé  dans  les  caissons.  (Rapport  de  M.  Dam 
du  6  février  1808.) 

1.  L*ordre  du  Jour  de  l'armée  dos  eûtes  do  l'Océan,  du  14  fructidor  an  XIII, 
proscrivit  d'attaclier  à  chaque  régiment  d'infanlerie  entrant  en  campagne, 
un  fourgon  d'ambulance  do  premier  secours,  attelé  de  4  chevaux,  destiné 
à  transporter  au  moins  6  blessés  et  pourvu  d'une  caisse  d'instruments  de  chi- 
rurgie au  complot,  d*une  caisse  de  médicaments,  de  lOO  livres  de  charpie, 
de  800  livres  de  linge  à  pansement,  de  8  matelas  et  de  6  brancards  sanglés. 
Le  même  ordre  du  jour  accordait  à  chaque  régiment  une  somme  de  3,000  fr. 
pour  se  pourvoir  de  ces  objets,  plus  50  fr.  par  mois  pour  frais  d'entretien 
du  caisson  et  des  harnais,  le  ferrage  des  chevaux  et  la  solde  des  8  charretiers. 

a.  Ces  chiffres  furent  réduits  à  64.  Lettre  du  major  général  à  rintendant 
général,  88  septembre. 

s.  A  raison  de  i  par  division  d'infanterie  et  de  8  par  corps  d'armée  commo 
réserve. 


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ORDRES    POUR    LA   RÉUNION    DE    l'aRMÉE.  141 


LE    HAJOR  GÉNÉRAL  A   L'EMPEREUR. 

Munich,  24  soplembre  1806. 

Je  viens  de  faire  partir  tous  les  ordres  de  mouyements, 
mais  telle  célérité  que  j'aie  pu  porter  à  les  expédier,  le  temps 
se  trouvera  très  court  pour  être  rendu  aux  époques  que  V.  M. 
a  déterminées.  Les  corps  d'armée  seront  placés  ainsi  que 
V.  H  l'a  ordonné.  Quant  aux  6  divisions  de  la  réserve  de 
cavalerie,  la  division  Klein  sera  à  Aschaffémburg,  la  division 
Beker  à  Mergentheim ,  la  division  Sahuc  à  Schweimfurt ,  la 
division  Beaumont  à  Nuremberg  et  Forchheim,  la  division 
Nansottty  à  Kintzingen  près  Wttrzburg,  la  division  d'Haut- 
poul  à  Windsheim.  V.  M.  verra  qu'entre  Wttrzburg,  Bam- 
berg  et  KOnigsoffen  il  y  aura  un  grand  encombrement  de  trou- 
pes; j'ai  prescrit  toutes  les  mesures  possibles  pour  assurer  les 
subsistances,  mais  je  ne  suis  pas  sans  quelques  inquiétudes 
sur  cet  objet.  M.  de  Montgelas  a  donné  tous  les  ordres  qui 
dépendaient  de  lui  et  M.  Villemanzy  a  envoyé  des  agents 
intelligents  et  actifs.  On  s'occupe  de  rassembler  des  farines 
à  Bamberg  et  à  Wttrzburg  et  d'y  faire  des  biscuits,  mais  à 
peine  est-on  sur  les  lieux  pour  procéder  à  ces  dispositions  \ 

J'ai  l'honneur  d'observer  à  V.  M.  que  son  ordre  portant 
Mimvements  et  dispositions  générales  de  la  Grande  Armée 
ne  parle  point  de  la  division  Dupont  ;  en  conséquence  je  ne 
lui  ai  point  donné  d'ordre,  présumant  que  vous  aviez  l'in- 
tention  de  la  laisser  encore  quelques  moments  et  jusqu'à 
nouvel  ordre  à  Cologne. 


1.  Le  m^or  génuraJ  avait  lieu  d'dtro  inquiet  parce  que  sa  prévoyance  de 
chef  d*état-niigor  était  en  défaut.  li  n*avait  pas  su  lire  la  dupôche  de  l'Empe- 
reur du  5.  El  môme  les  ordres  du  17  concernant  les  subsistances,  parvenus 
l(i  ti,  ne  furent  expédiés  que  le  ta,  quelques-uns  le  S8  (marmites,  capotes). 
^  agents  des  vivres  partirent  seulement  le  23  (M.  Raibell  pour  'Wûrzburg) 
et  ne  purent  pas  commencer  leurs  opérations  avant  le  S5. 

Cette  lettre  montro  combien  le  mi^or  général  avait  compris  la  gravité  de 
^n  omission  et  combien  il  cherchait  à  y  remédier. 

Llnleodant  général  d'une  armée  et  ses  agents  doivent  Otre  des  hommes 
utifii.  L*aetiTiié  est  d'ailleurs  une  qualité  essentielle  à  la  guerre. 


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142  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

V.  M.  ne  me.  parlant  point  du  prince  Joachim,  je  ne  lui  ai 
point  donné  Tordre  de  se  rendre  à  Tarmée  ;  si  je  n'ai  point 
en  cela  rempli  les  intentions  de  V.%M.,  je  la  prie  de  faire 
passer  ses  ordres  directement  à  Dtlsseldorf  et  Cologne. 

Je  vous  envoie  un  rapport  plus  détaillé  du  capitaine  dn 
génie  Beaulieu  qui  a  été  à  Berlin.  J'ai  aussi  l'honneur  de  tous 
adresser  une  lettre  du  maréchal  Bernadette  ^  et  un  rapport 
qui  viennent  de  m'arriver  après  le  départ  des  ordres  qui  le 
concernent. 

Quant  à  moi,  je  compte  partir  le  26  ou  le  27  pour  me 
rendre  à  Wllrzburg.  J'aurai  l'honneur  d'écrire  demain  plus 
en  détail  à  V.  M.  par  le  retour  de  son  troisième  courrier. 

Ainsi  que  V.  M.  le  demande,  je  lui  envoie  l'itinéraire  des 
différents  corps  d'armée  ;  mais  il  y  aura  nécessairement  quel- 
ques changements  qu'y  porteront  MM.  les  maréchaux  par  la 
latitude  que  j'ai  dû  leur  donner;  il  y  a  des  marches  très 
courtes  ;  ils  pourront  doubler  suivant  les  circonstances. 

V.  M.  trouvera  des  chevaux  à  Bamberg. 


LE  MAJOB  GENERAL  A  L  EMPEBEUB. 

Munich,  24  septembre  1806. 

L'officier  d'état-major,  M.  Beaulieu,  que  j'avais  envoyé  à 
Berlin,  en  a  rapporté  la  lettre  ci -jointe  de  M.  de  Laforest. 

Je  vous  envoie  deux  rapports  que  m'a  faits  cet  officier, 
numérotés  1  et  2.  Il  est  extrêmement  difficile  d'avoir  des  rap- 
ports sur  l'armée  prussienne.  On  exerce  en  Prusse  la  plus 
grande  surveillance.  M.  Beaulieu  n'a  pas  pu  passer  par 
Magdeburg.  On  lui  a  dit  que  ce  n'était  pas  sa  route  et  on  la 
lui  a  laissé  continuer  par  Wittenberg  et  Leipzig.  J'avais  dit 
à  M.  Beaulieu  de  demander  à  M.  de  Laforest  un  passe-port 
pour  se  rendre  à  Cassel  ;  mais  ce  ministre  n'a  pas  cru  devoir 
le  lui  délivrer. 

On  a  pendu  un  espion  à  Magdeburg.  On  éloigne  tous  les 


1.  Lettre  du  maréchal  Bomadotte  du  S3. 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DE    l' ARMÉE.  143 

Toyageurs  des  points  où  se  réunit  l'armée.  Je  ne  pense  pas 
qae  les  officiers  que  j'ai  envoyés  en  Saxe  puissent  parvenir 
à  faire  les  reconnaissances  que  je  leur  ai  ordonné  de  faire  ; 
ils  ont  des  espions  à  leur  suite. 

V.  M.  sera  étonnée  d'apprendre  qu'il  m'a  été  impossible 
de  savoir  ici  combien  il  fallait  de  temps  pour  remonter  de 
Mayence  à  Wûrzburg  par  eau  ;  mais  par  approximation  on 
pense  qu'il  faut  7  à  8  jours. 


RAPPORT  DE   H.   LE   CAPITAINE   DU   GENIE   BEAULIEU 
VENANT   DE   BERLIN. 

N*  1.  —  Le  corps  d'armée  commandé  par  le  général  prus- 
sien Tauenzien  s'est  retiré  des  défilés  de  Baireuth  et  Bôr- 
neck  sur  Mtinchberg  et  Hof  ;  on  estime  sa  force  de  2,000 
hommes  ;  l'armée  saxonne  doit  se  joindre  à  lui. 

De  Hof  à  Qefell,  Géra,  Leipzig,  Wittenberg  jusqu'à  Ber- 
lin, je  n'ai  point  rencontré  de  troupes. 

n  7  a  des  troupes  aux  environs  de  Magdeburg  dont  on 
relève  en  ce  moment-ci  les  fortifications  ;  on  exagère  peut- 
être  la  force  de  cette  place.  Elle  a  une  citadelle  qui  est 
entourée  de  l'Elbe  et  une  tête  de  pont  sur  la  rive  droite  de 
ce  fleuve. 

Je  n'ai  pas  vu  qu'on  travaillât  à  construire  des  ouvrages 
nouveaux  autour  de  la  place.  Je  n'ai  plus  aperçu  les  fau- 
bourgs qui  étaient  à  droite  et  à  gauche  de  la  tête  du  pont. 

Les  troupes  prussiennes  sont  en  pleine  marche  pour  se 
porter  sur  Minden,  Gôttingen,  Cassel  et  Erfurt. 

Le  pays  de  Brandeburg,  la  Silésie  et  la  Prusse  proprement 
dite,  sera  sous  peu  sans  troupes.  On  a  cependant  assuré 
qu'on  avait  laissé  lès  régiments  qui  étaient  sur  les  frontières 
de  Russie,  quoique  j'aie  vu  passer  par  Berlin  l'artillerie  légère 
qui  était  à  Kônigsberg. 

C'est  l'armée  prussienne  qui  a  le  plus  porté  S.  M.  le  roi  de 
Prusse  à  entrer  en  campagne  :  elle  brûle  de  se  battre.  Je 


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144  GAMPAONB    DE    PRUSSE. 

parle  du  corps  d'officiers  ;  car  les  soldats  qui  ne  sont  pas 
habillés  pour  faire  une  campagne  d'hiver  et  dont  la  majeure 
partie  est  mariée,  se  plaignent  déjà  de  tout,  des  marches 
qu'on  leur  fait  faire. 

N°  2.  —  C'est  la  position  de  notre  armée  par  rapport  aux 
frontières  des  pays  prussiens  dont  les  ennemis  se  sont  servis 
pour  inspirer  de  la  méfiance  à  S.  M.  le  roi  de  Prusse.  Tous 
les  seigneurs  qui  ont  perdu  par  la  dernière  Confédération 
du  Rhin  leurs  droits,  ceux  qui  craignent  de  les  perdre 
si  la  confédération  du  Nord  avait  lieu,  tous  ces  seigneurs 
qui  composent  en  majeure  partie  l'armée  prussienne,  ont 
le  plus  contribué  à  entraîner  l'armée  en  campagne.  Le  roi 
de  Prusse  n'était  pas  le  maître  à  s'y  opposer  :  l'armée  veut 
la  guerre  et  S.  M.  le  roi  de  Prusse,  qui  a  cédé  le  premier 
pas  à  son  armée,  n'a  au  moins  en  vue  que  la  sûreté  de  ses 
États. 

Cependant  nos  ennemis  n'ont  pas  resté  dans  l'inaction. 
Ils  rapportent  avec  avidité  tous  les  propos  des  Français,  toutes 
les  paroles  de  nos  généraux  contre  la  Prusse,  pour  enveni- 
mer la  confiance  que  S.  M.  le  roi  de  Prusse  avait  dans  l'amitié 
de  l'Empereur  des  Français.  Notre  ambassadeur  à  Berlin 
n'est  plus  écouté.  L'Empereur  des  Français  avait  proposé  au 
roi  de  Prusse  de  retirer  ses  troupes  du  côté  de  WestphaUe 
aux  conditions  qu'il  augmenterait  l'armée  en  Bavière. 

Cette  proposition  n'a  pas  manqué  de  susciter  une  plus 
grande  méfiance  que  jamais  envers  la  France. 

A  l'entrevue  que  le  nouvel  ambassadeur  de  Prusse  a  eue  à 
Paris,  l'Empereur  des  Français  a  fait  témoigner  au  roi  de 
Prusse  de  la  manière  la  plus  sincère  et  la  plus  vraie  qu'il 
n'avait  aucune  vue  d'hostilité  contre  la  Prusse  ;  qu'il  n'avait 
rien  contre  un  armement  qu'on  lui  avait  assuré  être  pour  la 
sûreté  du  pays.  Cette  démarche  n'a  fait  que  peu  d'effets. 

Les  ennemis  n'ont  pas  manqué  de  dire  que  cette  proposr- 
tion  n'était  qu'illusoire,  puisque  journellement  l'armée  fran- 
çaise recevait  de  prodigieux  renforts  qui  arrivent  de  tout 
côté  de  la  France  :  contre  qui,  se  demande-t-on,  peut-elle 


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ORDRES  POUR  LA.  RÉUNION  DE  L^ARMÉE.        145 

être  dirigée  que  contre  la  Prusse  dont  elle  a  déjà  investi 
presque  toutes  les  frontières. 

L'Angleterre  fomente  ici  Tesprit  de  la  cour  qui  est  pour  la 
guerre.  L'Autriche  attend  la  résolution  du  roi  de  Prusse 
pour  se  décider.  L'Empereur  de  Russie  menace  d'abandon- 
ner à  jamais  les  puissances  de  l'Europe  si  dans  ce  moment 
elles  n'agissaient  pas  contre  la  France. 

Cependant  le  roi  de  Prusse  n'a  jusqu'à  présent  accédé  à 
aucune  des  propositions  d'une  cour  étrangère  :  elle  attend 
avec  impatience  le  courrier  du  général  Knobelsdorf,  son 
ambassadeur  à  Paris,  pour  se  décider. 

Il  faut  néanmoins  observer  que  l'armée  prussienne,  qui 
croit  avoir  mérité  la  honte  des  armées  étrangères  par  sa  non- 
activité  dans  la  dernière  coalition,  ne  voudrait  pas  cette 
fois-ci  retourner  en  leurs  garnisons,  si  de  notre  côté  nous  ne 
faisions  quelque  chose  pour  qu'elle  puisse  se  retirer  avec 
honneur  d'un  pas  dans  lequel  son  effervescence  l'a  jetée. 

Cette  prétention,  aussi  illusoire  qu'elle  l'est,  ne  sera  pas 
moins  de  quelque  poids  de  leur  côté  pour  traiter.  Nos  enne- 
mis sont  allés  si  loin  jusqu'à  observer  à  S.  M.  le  roi  de 
Prusse  que  l'Empereur  des  Français  ne  le  traitait  qu'avec 
hauteur,  qu'avec  le  titre  Mon  CoiLsin,  tandis  que  les  autres 
puissances  prodiguent  les  paroles  d'amitié  la  plus  soumise. 


LE  MAJOR  GëNERAL  AU   GÉNÉRAL  BELLIARD,  A  WURZBURG. 

Munich,  24  septembre  1806. 

M.  Raibell,  agent  général  des  vivres,  se  rend  à  WUrzburg, 
Général.  Quoique  nous  soyons  fort  éloignés  de  croire  à  la 
guerre  avec  la  Prusse,  il  est  prudent  de  prendre  ses  précau- 
tions et  de  faire  faire  du  biscuit  tant  dans  cette  place  qu'à 
Bamberg.  Protégez  ses  opérations,  et  recommandez-le  à 
M.  Hirsinger,  ministre  de  l'Empereur  à  WUrzburg. 

Continuez  à  avoir  beaucoup  d'égards  et  de  ménagements 
pour  l'Électeur.  Parlez  paix  \  mais  organisez  un  espionnage 
pour  savoir  quels  sont  les  rassemblements   prussiens  sur 

CAMP.  OK   PBUMB*  10 


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146  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Erfurt,  GOttingen  et  Magdeburg.  Je  charge  M.  Raibell  de 
de  vous  remettre  3,000  fr.  que  vous  emploierez  exclusive- 
ment pour  Fespionnage.  J'ai  donné  ordre  qu'on  payât  aux 
chefs  d'état-major  deux  mois  de  frais  de  bureau,  ce  qui  vous 
mettra  à  votre  aise  *.  Vous  recevrez  incessamment  d'autres 
nouvelles  de  moi. 


M.    DURAND  AU  MAJOR   GENERAL. 

Dresde,  84  septembre  1806. 

N'ayant  reçu  aucun  ordre  qui  ait  modifié  ceux  qui  me  sont 
parvenus  en  date  du  12  de  ce  mois,  je  pars  décidément 
aujourd'hui  et  je  me  rends  directement  à  Paris.  J'ignore  abso- 
lument si  M.  de  Laforest  a  dû  quitter  Berlin.  Beaucoup  de 
personnes  croient  qu'une  partie  des  lettres  est  interceptée 
entre  cette  ville  et  Dresde. 

M.  le  lieutenant-colonel  Guilleminot  que  j'ai  vu  hier, 
aura  déjà  porté  à  V.  A.  des  renseignements  qui  auront 
fait  suite  à  ceux  que  j'avais  eu  l'honneur  de  lui  trans- 


1.  LB  oésrÉBAL  DAULTAHKB  A   M.   VtLLBMAXSr,  XXTBVDAMT   aiw^RAL 

DB  iJàJtUiK, 

OEttingen,  15  septembre  1806. 

Par  ma  lettre  du  82  août,  j*ai  eu  l'honneur  do  vous  faire  connaître  la  Irisle 
situation  de  mes  finances  et  le  besoin  urgent  que  j'avais  de  voir  acquitter  au 
moins  une  partie  de  mes  frais  de  bureau.  Votre  réponse  du  85 ,  toute  rassu- 
rante qu'elle  soit,  ne  m'a  pas  empoché  de  me  trouver  dans  la  nécessite'  de 
vendre  deux  de  mes  chevaux  pour  faire  face  aux  dépenses  les  plus  pressantes 
et  rombari-as  ira  toujours  croissant  si  l'on  ne  vient  prompteroent  à  mon 
secours. 

J*ai  l'honneur  de  vous  prier  de  vouloir  bien  faire  de  nouvelles  démarches 
en  ma  faveur  et  m'envoyer  lu  plus  promptement  possible  une  ordonnance 
de  paiement. 

M.  le  maréchal  Davout,  qui  connaît  ma  position,  a  bien  voulu  en  écrire 
directement  à  S.  A.  le  prince  ministre. 

La  solde  n'était  assignée  que  jusqu'au  i«r  mal  1806  ;  il  était  donc  dû  4  mois 
et  demi  de  solde  aux  troupes,  bientôt  5  mois,  («e  traitement  des  employés  des 
services  administratifs  n'était  môme  pas  acquitté  jusqu'au  l^^  mai. 

Les  deux  mois  de  frais  de  bureau  n'étaient  pas  encore  payés  le  4  octobre 
au  4*  corps  ;  aussi  le  maréchal  Soult  donnait-il  l'ordre  au  payeur  de  son  corps 
d'armée  a  de  mettre  la  somme  de  8,000  fr.  à  la  disposition  du  général  Com- 
«  pans,  son  chef  d'état-major,  laquelle  sera  réintégrée  lorsque  le  ministre  fera 
«  payer  les  frais  de  buroHU  arriérés  do  Tétat-major  général  >. 


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ORDRES  FOUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        147 

mettre  par  ma  lettre  du  14  de  ce  mois  dont  M.  Simonin  s'est 
chargé. 

La  marche  des  troupes  prussiennes  faisant  le  corps  d'ar- 
mée du  prince  de  Hohenlohe  a  été  moins  rapide  qu'on  ne 
rayait  cru  d'abord,  puisque  la  majeure  partie  en  est  restée 
jusqu'à  ce  jour  cantonnée  dans  les  environs  de  Dresde,  et 
que  ce  n'est  qu'aujourd'hui  que  le  prince  de  Hohenlohe  porte 
son  quartier  général  à  Freyberg. 

Ce  délai  peut  avoir  eu  plusieurs  motifs  importants  et  si, 
comme  il  paraît  certain,  les  Busses  sont  attendus,  il  se  peut 
que  les  Prussiens  ne  s'éloignent  pas  trop  de  la  rive  gauche  de 
TËlbe  pour  donner  à  ces  auxiliaires  le  temps  d'arriver.  De 
plus  le  prince  de  Hohenlohe  a  employé  son  séjour  à  Dresde  à 
rendre  plus  prompte  et. plus  complète  la  mobilisation  des 
troupes  saxonnes  qui,  malgré  la.  volonté  positive  qu'avait 
annoncée  l'Électeur  de  les  tenir  unies  pour  agir  en  corps 
séparé  et  n'être  employées  qu'à  la  protection  de  la  Saxe,  se 
trouvent  aujourd'hui  à  l'entière  disposition  du  général  prus- 
sien, et  seront  d'un  moment  à  l'autre  disséminées  suivant  son 
désir  et  l'intérêt  de  sa  cour. 

M.  de  Moustier,  secrétaire  de  la  légation  française  en  Saxe, 
que  j'ai  l'honneur  d'adresser  à  V.  A.  S.,  lui  donnera  de  vive 
voix  tous  les  renseignements  qu'elle  pourra  désirer  et  il  sera 
empressé  de  se  conformer  à  ses  ordres. 


LE  HABÉCHAL  SOULT  AU  MAJOB  GËNEBAL. 

Landshut,  Si  septembre  1S06. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  des  divers  rensei- 
gnements que  j'ai  reçus. 

M.  le  général  Beaumont  m'écrit  que  les  Prussiens  se 
sont  retirés  de  Baireuth  et  qu'ils  se  sont  réunis  au  nombre 
de  9,000  à  10,000  hommes  à  Hof,  où  ils  campent. 

Une  armée  prussienne  que  les  uns  disent  de  30,000, 
que  d'autres  portent  à  40,000  hommes  est  entrée  en  Saxe  et 
n^rche  très  lentement  et  reçoit  tous  les  jours  des  ordres 


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148  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

directs  du  roi.  Sa  direction  n'est  pas  encore  très  prononcée, 
mais  on  observe  qu'elle  semble  ne  pas  vouloir  s'éloigner  de 
l'Elbe... 

(Tous  les  autres  renseignements  donnés  par  le  maréchal 
Soult  concernent  les  mouvements  des  troupes  autrichiennes.) 


LE  MABÉCHAL  BERNADOTTE  AU  MAJOB  GÉNÉRAL. 

Anspach,  S4  septembre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  vous  envoyer  l'extrait  des  rapports  qui 
me  sont  parvenus  ;  ils  ne  contiennent  rien  de  bien  intéres- 
sant, si  ce  n'est  le  départ  de  Berlin  du  roi  de  Prusse  pour  se 
rendre  à  Halle;  je  saurai  très  incessamment  si  cette  nouvelle 
mérite  quelque  confiance.  Tous  les  avis  que  je  reçois  par 
mes  agents,  m'annoncent  qu'on  trace  beaucoup  de  camps  et 
que  partout  on  fait  de  grandes  démonstrations  et  de  grands 
préparatifs  ;  nous  sommes  en  mesure  pour  prévenir  toute 
surprise. 

J'ai  beaucoup  de  monde  en  campagne  ;  j'espère  connaître 
tous  les  mouvements  des  Prussiens  ;  je  vous  en  informerai 
régulièrement. 

L'agent  que  j'ai  envoyé  en  Pologne,  vient  de  me  mander 
qu'un  corps  russe  se  dirigeait  sur  Francfort-sur-l'Oder.  Les 
fonds  que  vous  m'avez  fait  passer  sont  épuisés  ;  cet  agent  seul 
en  a  reçu  près  des  deux  tiers  ;  s'il  vous  est  possible  de  m'en 
envoyer  de  nouveaux,  vous  me  ferez  plaisir  ;  dans  le  cas 
contraire,  je  ferai  les  avances. 

LE  MABÉCHAL  LEFEBVBE  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

DinkeUmûhl,  84  septembre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  vous  transmettre  l'analyse  des  rapports 
qui  me  parviennent  à  l'instant. 

Les  préparatifs  de  guerre  continuent  en  Saxe  avec  beau- 
coup d'activité  :  tous  les  semestriers  rejoignent  ;  il  est  même 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DB  l'aRMÊE.        149 

question  d'organiser  dans  cet  Électorat  et  la  Hesse  une  levée 
en  masse  des  jeunes  gens  de  18  à  28  ans. 

Le  régiment  qui  est  parti  d'Erfurt  pour  Coburg  est  celui 
des  chasseurs  de  Nerembauer,  composé  de  4  bataillons.  Ce 
régiment  vient  de  Magdeburg  et  se  trouve  avec  les  hussards 
qui  sont  dans  cette  principauté  sous  les  ordres  du  colonel  de 
Rizi.  Ces  hussards  ne  sont  point  du  même  régiment  que 
ceux  qui  se  trouvent  à  Meinungen.  On  porte  à  10,000  hommes 
le  nombre  de  troupes  qui  doivent  se  rassembler  dans  la  prin- 
cipauté de  Coburg. 

Lorsque  les  troupes  prussiennes  quittent  Magdeburg  pour 
se  porter  sur  la  frontière,  on  distribue  30  cartouches  à  cha- 
que homme. 


LE  HABÉCHAL   LEFEBVBE  AU   MAJOB  GÉNÉRAL. 


Dinkelsmûhl»  84  septembre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  vous  prévenir  que,  d'après  de  nouvelles 
dispositions  concertées  avec  S.  A.  le  maréchal  prince  de 
Ponte-Corvo;  j'ai  établi  une  brigade  de  cavalerie  à  Hammel- 
burg  pour  couvrir  Wtirzburg  et  protéger  le  flanc  gauche  et 
les  derrières  du  général  Gazan.  La  seconde  brigade  aux 
ordres  du  général  Treillard  a  été  portée  à  Mtinnerstadt  pour 
couvrir  Schweinfurt  et  éclairer  les  routes  de  Meinungen, 
Kôuigahofen  et  Hildburghausen. 

Je  vais  provisoirement  établir  mon  quartier  général  à 
Mergentheim  au  lieu  de  Schweinfurt.  Je  m'y  trouverai  à  peu 
près  au  centre  de  mes  troupes  et  à  même  de  recevoir  plus 
promptement  vos  ordres  que  je  vous  prie  de  m'y  adresser.  Je 
serai  à  proximité  de  Schweinfurt  où  je  pourrai  accourir  de 
suite  en  cas  de  besoin,  et,  dans  le  fait,  la  position  occupée 
par  le  général  Gazan  et  qui  devient  fort  importante,  le  met 
^û  peu  en  l'air. 

V.  A.  trouvera  ci-joint  copie  d'un  rapport  qui  m'a  été  fait 
Mer, 


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150  GAMPAGNB    DE    PRUSSB. 


LE   GÉNÉRAL  SON0IS  AU  BIAJOR  GÉNÉRAL. 

Augsburg,  24  septembre  1806. 

V.  A.  par  sa  lettre  en  date  d'hier  me  prescrit  de  tenir  le 
parc  prêt  à  marcher  au  premier  ordre  *  et  elle  me  demande 
oii  il  en  est  sous  ce  rapport. 

Toutes  les  voitures  et  munitions  sont  en  état  de  partir  sur- 
le-champ,  mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  les  chevaux 
existants  sufBsent  pour  ce  transport.  J'ai  eu  l'honneur  de 
vous  observer,  par  ma  lettre  du  2  septembre,  que  je 
prévoyais  qu*en  se  servant  même  des  moyens  du  pays,  il  fau- 
drait au  moins  10  jours  après  l'ordre  reçu  avant  que  la  tota- 
lité ne  puisse  être  partie.  Il  existe  près  de  1,100  voitures.  H 
faudrait  pour  les  conduire  plus  de  4,600  chevaux,  une  partie 
devant  être  attelée  à  6.  Il  n'y  en  a  que  1,600  de  disponibles; 
ainsi  il  en  manque  3,000  ;  mais  il  existe  plus  de  soldats  du 
train  ou  de  charretiers  de  réquisition  qu'il  n'en  faudrait  à  rai- 
son d'un  pour  2  chevaux  et  le  nombre  en  augmentera  encore 
par  l'arrivée  prochaine  des  2  compagnies  du  9^  bataillon  en 
route  de  Metz  d'après  vos  ordres.  Il  en  résulte  qu'on  aurait 
suffisamment  d'hommes  pour  conduire  1,000  chevaux  de 
plus. 

U  reste  encore  dans  la  caisse  du  payeur  général  427,202^80^ 
sur  le  montant  de  l'ordonnance  qui  avait  été  accordée  l'année 
dernière  pour  les  remontes  que  l'on  n'a  pas  complétées.  Je 
crois  qu'il  conviendrait  d'employer  cette  somme  en  achats  de 
chevaux  qui  ne  sont  pas  très  chers  dans  ce  pays.  Si  V.  Â. 
l'approuve,  je  la  prie  de  me  donner  des  ordres  ainsi  qu'au 
payeur  général. 

Je  crois  devoir  encore  vous  renouveler  la  demande  de  faire 
venir  de  Douai  le  11*^  bataillon  du  train.  Il  ne  suffirait  même 
pas  pour  conduire  le  parc  en  entier,  car  indépendamment 


j  1.  La  lettre  du  major  général  du  2S  a  été  écrite  à  la  réception  de  la  dépê- 

i  che  de  l'Empereur  du  19  annonçant  l'envoi  du  Mouvement  général  de  l'armée. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        151 

des  chevaux  nécessaires  pour  celui  de  campagne,  il  en  faut 
aussi  pour  l'équipage  de  ponts. 

Par  la  même  lettre,  V.  A.  me  demande  combien  il  faudrait 
de  temps  pour  faire  remonter  des  bateaux  de  Mayence 
à  Wûrzburg.  Il  faut  8  jours  par  les  bonnes  eaux. 


LE   MAJOR   GÉNÉRAL   A   L'EMPEREUB. 

Munich,  S5  septembre  1806. 

Je  compte  partir  dans  la  nuit  du  26  au  27  pour  être  rendu 
àWtlraburgle28. 

Par  les  dispositions  ordonnées  et  par  les  premiers  comptes 
qui  me  sont  rendus,  je  suis  plus  rassuré  sur  les  subsistances. 
Le  maréchal  Bemadotte  avait  déjà  ordonné  la  fabrication  de 
200,000  rations  de  biscuit  à  Bamberg. 

J'ai  encore  un  courrier  de  V.  M.  que  je  lui  expédierai 
demain  dans  la  nuit  au  moment  de  mon  départ... 

Le  major  général  passa  la  journée  du  25  à  expédier  touH  les  ordres 
contenus  dans  les  dépêches  de  TEmpereur  du  19  et  du  20  arrivées  le 
24  à  Munich. 

Ordre  à  l'adjudant  commandant  Hastrel  pour  que  le  quar- 
tier général  se  rende  à  Wtirzburg  où  les  officiers  seront 
rendus  le  2  octobre. 


LE  MARÉCHAL  BERNADOTTE  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Anspach,  S6  septembre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  l'extrait  des  rapports  qui 
me  sont  parvenus  depuis  hier  soir.  M.  Conche,  officier  du 
génie,  que  j'ai  envoyé  à  Dresde  près  de  M.  Durand,  n'est 
point  encore  de  retour  ;  je  l'attends  d'un  moment  à  l'autre  ] 
i  son  arrivée  je  verrai  si  ce  qu'il  me  dira  me  confirme  les 
rapports  que  j'ai  reçus  jusqu'à  présent;  je  vous  en  instruirai 
sur-le-champ. 


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152  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

La  division  Gazan  étant  un  peu  trop  disséminée  dans  les 
environs  de  Schweinfurt,  j'ai  cru  qu'il  était  bon  de  l'ap- 
puyer; j'ai,  à  cet  efFet^  fait  passer  le  Mayn  à  Ochsenfurt  à 
une  brigade  de  la  division  Suchet,  et  je  l'ai  placée  entre 
Dettelbach  et  WUrzburg.  Cette  division  a  beaucoup  de  peine 
à  subsister  dans  le  pays  qu'elle  occupe,  cela  la  mettra  un  peu 
plus  à  l'aise.  Les  2  autres  brigades  resteront  entre  l'Ait- 
miihl,  Senchwang  et  Rottenburg,  et  se  réuniront  au  besoin 
entre  Anspach  et  Uffenheim  pour  se  porter  soit  sur  Wttraburg 
ou  Nuremberg. 


Extrait  des  rapports  du  25  septembre. 

On  trace  dans  les  environs  de  Hof  un  camp  qui  doit  conte- 
nir 60,000  à  70,000  hommes  y  compris  les  Saxons;  les 
troupes  doivent  y  être  rendues,  assure-t-on,  pour  le  27.  On 
y  attend  la  garde  royale. 

La  majeure  partie  des  troupes  qui  étaient  à  Magdeburg  se 
sont  portées  sur  Halle  ;  toutes  les  troupes  de  Berlin  se  por- 
tent en  grande  hâte  à  Halle  et  Leipzig. 

Le  corps  venant  de  Hanovre  sous  les  ordres  du  général 
RUchel  est  arrivé  à  Eisenach,  Gotha  et  Erfurt.  Des  détache- 
ments se  sont  avancés  sur  Meinungen  et  Coburg. 

Rien  n'égale  la  présomption  des  officiers  prussiens  ;  ils  an- 
noncent qu'ils  vont  incessamment  entrer  dans  le  pays  de 
Wtirzburg  et  dans  celui  de  Bamberg. 

Un  avis  reçu  porte  que  les  Russes  qui  sont  attendus  à 
Breslau  doivent  faire  partie  du  camp  de  Dresde.  Un  autre 
dit  au  contraire  que  ce  corps  doit  se  porter  à  Prag  et  que 
celui  qui  est  attendu  à  Francfort-sur-l'Oder  doit  former  la 
réserve  de  l'armée  rassemblée  à  Dresde  sous  les  ordres  du 
prince  Hohenlohe. 

On  estime  de  120,000  à  130,000  hommes  les  troupes  prus- 
siennes et  saxonnes  qui  sont  rendues  ou  doivent  se  rendre 
entre  Halle,  Leipzig  et  Dresde. 

Le  prince  Hohenlohe  est  de  l'avis,  assure-t-on,  de  décla- 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'aRMÉE.        153 

rer  de  suite  la  guerre  à  la  France  et  d'attaquer  les  troupes 
françaises  en  Franconie. 

Les  régiments  Holienlohe,Mtiffling,  Saunitz,  Cliimounsky, 
ilâlicliosky,  infanterie,  le  régiment  de  Dolph  cuirassiers  et 
deux  autres  régiments  de  la  même  arme  sont  déjà  arrivés 
dans  les  environs  de  Dresde  il  y  a  10  à  12  jours. 

La  désertion  est  considérable  dans  Tinfanterie  ;  chaque 
régiment  a  déjà  perdu  plus  de  200  hommes. 

Des  rapports  de  la  Bohême  annoncent  que  les  Autrichiens 
font  des  mouvements  et  que  les  troupes  qui  étaient  à  Ëgra  se 
sont  retirées  dans  l'intérieur. 

Des  lettres  de  Budweiss,  en  Bohême,  confirment  le  ras- 
semblement des  Autrichiens. 

Un  agent  envoyé  à  Weimar  rend  compte  que  le  roi  de 
Prusse  était  attendu  à  chaque  instant  à  Weimar;  il  avait 
couché  la  veille  à  Naumburg  et  devait  se  rendre  de  là  à 
£rfart.  Cet  agent  annonce  de  plus  que  Ton  dit  hautement 
dans  Tarmée  prussienne  que  la  guerre  est  déclarée. 


LE   MARECHAL   SOULT   A   L'ORDONNATEUR. 

Freysing,  S5  septembre  1806. 

Je  vous  préviens  que  je  donne  ordre  aux  divisions  du 
corps  d  armée  de  se  mettre  en  marche  le  27  et  le  28  de  ce 
inois  pour  se  rendre  à  Amberg  en  passant  par  Batisbonne  où 
le  corps  d'armée  doit  se  réunir.  Mon  quartier  général  sera  le 
29  à  Ratisbonne,  le  1*'  octobre  à  Amberg.  Donnez  ordre  à 
tout  ce  qui  tient  à  l'administration  et  qui  dépend  du  quartier 
général  de  s'y  rendre. 

Envoyez  de  suite  aux  divisions  les  divers  employés  d'ad- 
ministration qui  leur  sont  affectés. 

Faites  partir  les  caissons  nécessaires  pour  enlever  les  di- 
vers objets  d'ambulance  que  nous  avons  à  Straubing  (où 
®Wt  aussi  le  parc  d'artillerie  du  4*  corps),  et  ensuite  vous 
enverrez  à  chaque  division  d'infanterie  2  caissons  d'ambu- 


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154  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

lance,  1  à  la  cavalerie  légère  et  le  8*  qui  restera  sera  pour  le 
quartier  général,  mais  comme  ce  caisson  sera  insuffisant  pour 
enlever  la  direction  d'ambulance  qui  est  affectée  au  quartier 
général,  vous  en  prendrez  4  autres  pour  y  suppléer,  en  atten- 
dant que  j'aie  obtenu  du  ministre  les  4  caissons  d'augmenta- 
tion qu'aujourd'hui  je  me  propose  de  lui  demander. 

M.  Villemanzy  doit  vous  avoir  écrit  qu'il  ne  nous  était 
accordé  que  8  caissons  pour  les  ambulances,  quantité  certai- 
nement insuffisante  pour  les  besoins,  mais  je  m'en  occuperai 
aujourd'hui. 

Faites  diriger  sur  Amberg,  en  suivant  l'itinéraire  de  la 
troupe,  tous  les  caissons  qui  sont  destinés  au  transport  du 
pain  ;  lorsqu'ils  seront  dans  cette  ville,  vous  les  affecterez 
aux  régiments,  conformément  aux  instructions  que  vous  avez 
reçues. 

Donnez  ordre  au  commissaire  des  guerres  Crouzet  de  par- 
tir de  suite  et  en  poste  pour  Amberg,  à  l'effet  de  préparer 
10  jours  de  vivres  pour  le  corps  d'armée  ;  il  fera  à  ce  sujet 
toutes  les  demandes  nécessaires  à  la  régence  d 'Amberg,  mais 
vous  le  préviendrez  que  ces  vivres  doivent  être  prêts  le  3  ou 
le  4  octobre  prochain  sans  faute. 

Envoyez  au  parc  d'artillerie  du  corps  d'armée  des  objets  et 
effets  d'ambulance  (un  quart  de  division),  mais  vous  ne  lui 
fournirez  pas  de  caisson  ;  le  commissaire  qui  est  au  parc 
pourvoira  à  leur  transport. 

L'Empereur  était  à  Metz  le  26  septembre. 

11  y  trouva  les  14*  de  ligne  et  28*  d'infanterie  légère,  venant  le 
premier  de  Saint- Quentin,  le  second  du  camp  de  Boulogne,  et  donna 
des  ordres  pour  que  ces  deux  régiments  fussent  transportés  par  relais 
jusqu'à  Mayence.  Il  leur  fit  gagner  7  et  8  jours. 


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ORDRES    POUR    LA    RÉUNION    DE    l'aRMÉB.  155 


OBDBE. 

Metz,  le  S6  septembre  1806. 

Les  2  bataillons  du  14'  partiront  demain  de  Metz,  le 
1"  bataillon  à  5  heures  du  matin,  le  2'  à  6  heures. 

Le  2^  bataillon  partira  sur  100  voitures  fournies  à  Metz 
pour  arriver  à  Saint-Avold  à  11  heures  et  y  trouvera  100  voi- 
tures qui  le  conduiront  à  Sarrebrllck  où  100  autres  voitures 
le  mèneront  au  relais  suivant  qui  a  amené  la  Garde. 

Le  relai  de  Metz  restera  à  Saint-Avold  pour  conduire  le 
2"  bataillon  à  Sarrebrttck. 

Le  relai  de  Saint-Avold  retournera  de  Sarrebrttck  à  Saint- 
Avold  ou  il  prendra  la  moitié  du  2'  bataillon  du  28'  qui  y 
sera  arrivé. 

Le  premier  relai  de  Metz  retournera  également  de  Sarre- 
brQck  à  Saint-Avold  pour  mener  la  seconde  partie  du 
28*  d'infanterie  légère. 

On  combinera  ce  service  de  manière  à  ce  qu'il  se  fasse 
comme  celui  de  la  Garde  qui  a  passé,  c'est-à-dire  à  raison  de 
trois  étapes  par  jour  ;  le  préfet  de  Metz  fera  fournir  sur-le- 
champ  l'argent  nécessaire  an  major  pour  partir  pour  Mayence  ; 
il  en  préviendra  le  ministre  Dejean  pour  qu'il  couvre  par 
une  ordonnance. 

Napoléon. 

LE   MAJOR   GÉNÉRAL   A   L'EMPEREUR. 

Munich,  26  septembre  1806. 

Je  m'empresse  d'envoyer  à  V.  M.  la  lettre  que  je  reçois 
de  M.  de  Laforest  qui  a  demandé  ses  passeports  pour  quitter 
Berlin;  tous  les  ordres  et  les  dispositions  que  vous  avez 
ordonnées  s'exécutent  avec  rapidité.  Vos  armées  brûlent 
du  désir  de  combattre. 

Je  viens  de  voir  le  roi  de  Bavière  avec  lequel  j'ai  eu  une 


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156  GAMPAONB    DE    PRUSSE. 

conversation  fort  longue  sur  son  pays  et  sur  son  armée  ;  il 
s'abandonne  aveuglément  à  V.  M. 

Je  vous  envoie  l'état  de  situation  de  l'armée  bavaroise 
dressé  en  conséquence  des  dispositions  que  vous  m'avez 
prescrites  ;  mais  la  division  du  général  de  Wrède  qui  com- 
mence à  se  rassembler  à  Eichstadt  le  V  octobre,  n'y  sera 
entièrement  réunie  avec  son  artillerie  que  le  3  ;  il  m'a  été 
impossible  d'accélérer  davantage  le  mouvement. 

J'adresse  à  V.  M.ajesté  les  derniers  rapports  que  j'ai  reçus 
sur  les  mouvements  des  Prussiens.  Il  nous  arrive  journelle- 
ment des  déserteurs.  Je  désire  beaucoup  que  le  général 
Zajonchek  puisse  former  sa  légion'.  Il  est  11  heures  du 
soir.  J'ai  fini  toutes  mes  affaires  et  je  pars  pour  me  rendre 
directement  à  WUrzburg.  J'emmène  avec  moi  un  de  vos 
courriers  que  je  vous  expédierai  en  route  et  que  je  ferai 
passer  par  Francfort  et  Mayence. 

J'ai  ordonné  à  M.  le  maréchal  Soult  d'emmener  avec  lui 
le  plus  qu'il  pourrait  des  400,000  rations  de  biscuit  qui  sont 
à  Passau.  Le  surplus  remontera  par  eau  jusqu'à  Ratisbonne, 
d'où  il  le  conduira  dans  les  voitures  à  Bamberg.  Nous  sommes 
bien  heureux  du  beau  temps  pour  tous  nos  mouvements* 

J'éprouve  un  grand  bonheur  par  l'espoir  de  revoir  bientôt 
V.  M.  Alors  j'oublierai  l'ennui  et  les  privations  que  j'éprou- 
vais depuis  8  mois  à  Munich. 


1.  Les  ordres  de  TEmporeur  du  80  et  du  22  furent  expédiés  le  29  par  le 
major  général  aux  maréchaux. 

4«  corps.  Ordre. 

Batisbonne,  1*^  octobre  1806. 

S.  M.  a  ordonne  qu'une  légion  du  nord,  commandée  par  le  général  Zajon- 
chek, serait  formée  à  Juliors  et  que  tous  les  déserteurs  étrangers  qui  arri- 
veraieut  à  la  Grande  Armée  seraieiU  incorporés  dans  cette  légion.  Pour  rem- 
plir à  ce  sujet  les  intentions  de  S.  M.,  les  chefs  d'état-major  des  divisions 
auront  soin  d'adresser  dorénavant  avec  exactitude  à  l'état-migor  tous  les 
déserteurs  étrangers  qui  se  présenteront,  et  ils  rendront  compte  des  effets 
d*armeraent,  d'équipement  et  môme  des  chevaux  que  ces  déserteurs  pourront 
avoir  à  leur  arrivée.  Un  adjoint  employé  à  l'état-major  général  tiendra  registre 
de  tous  les  déserteurs  qui  seront  envoyés  des  divisions  et  sera  chargé  de  les 
faire  diriger  sur  Juliers.  Cet  adjoint  enverra  au  prince  ministre  de  la  guerre 
l'étal  des  déserteurs  qu'il  Te ra  partir  et  il  en  donnera  avis  au  général  Zajonchek. 


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ORDRES  POUR  LA  RÉUNION  DE  l'âRMÉE.        157 

LE  MARÉCHAL  SOULT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Munich,  86  septemhro  1806. 

J'ai  rhonneur  de  rendre  compte  à  V.  A.,  qu'en  exécu- 
tion de  ses  ordres,  les  divisions  du  corps  d'armée  se  met- 
tront en  marche  demain  27  pour  se  diriger  sur  Bamberg 
en  passant  par  Ratisbonne.  J'ai  laissé  aux  généraux  com- 
mandant les  divisions  les  dispositions  des  marches  jusqu'au 
delà  de  cette  dernière  ville,  afin  qu'ils  puissent  prendre 
la  direction  la  plus  courte  pour  rassembler  leurs  cantonne- 
ments. 

Le  29  mon  quartier  général  sera  à  Ratisbonne  et  le 
1"  octobre  à  Bamberg  où  je  recevrai  les  ordres  que  V.  A. 
aura  la  bonté  de  m'adresser.  Le  3,  le  corps  d'armée  sera 
rendu  à  sa  destination,  et  le  4  il  sera  dans  le  cas  d'entre- 
prendre de  nouvelles  marches... 

Je  rends  compte  à  V.  A.,  que  pour  enlever  toutes  les  voi- 
tures d*artillerie  du  parc  général  du  corps  d'armée  je  suis 
dans  la  nécessité  de  requérir  en  Bavière  150  chevaux,  mais 
j'aurai  soin  de  les  faire  renvoyer  aussitôt  qu'il  me  sera  pos- 
sible d'en  faire  lever  dans  les  pays  non  alliés... 

Je  dois  lui  renouveler  par  cette  lettre  la  demande  de 
4  caissons  des  équipages  militaires  en  augmentation  pour 
le  transport  des  ambulances  ;  il  est  indispensable  qu'il  y  en 
ait  12  d'affectés  pour  ce  service  au  corps  d'armée,  sans  quoi 
on  s'exposerait  à  laisser  en  arrière  une  partie  des  effets  qui 
en  dépendent,  ou  on  serait  obligé  de  faire  emporter  le  sur- 
plus par  des  voitures  du  pays,  et  ainsi  on  pourrait  en  perdre 
ttne  partie... 


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ARRIVÉE  DE  L'EMPEREUR  A  MAYENCE 


28  septembre 


l'empebeur  au  major  général. 

Mayence,  88  septembre  1806. 

Je  reçois  vos  lettres  du  24.  Je  suis  arrivé  aujourd'hui  au 
matin  à  Mayence.  Toute  ma  Garde  à  pied  est  arrivée,  parce 
qu'elle  est  venue  en  poste  ;  mais  ma  Garde  à  cheval  et  mon 
artillerie  n'arriveront  que  dans  5  ou  6  jours.  Il  est  donc  con- 
venable que  vous  donniez  ordre  au  général  Songis  d'avoir 
12  pièces  de  canon  de  la  réserve  du  parc  prêtes  à  WUrzburg 
pour  les  fournir  provisoirement  à  ma  Garde  à  pied  à  son  pas- 
sage. Faites  réunir  le  plus  de  farine  possible  à  Wtirzburg  et 
à  Bamberg. 


L  EMPEREUR  AU  ROI  DE  WURTEMBERG. 

Mayence»  28  seplembro  1806. 

Monsieur  mon  Frère,  je  suis  arrivé  à  Mayence.  Toute 
mon  armée  doit  en  ce  moment  être  en  mouvement.  Le  dernier 
courrier  de  mon  ministre  de  Berlin  m' ayant  croisé,  je  ne  sais 
pas  positivement  le  dernier  état  de  la  question.  Je  prie 
Votre  Majesté  de  m'écrire  ce  qu'elle  en  sait.  Je  désire  qu'elle 
me  fasse  connaître  quelle  sera  la  composition  de  ses  troupes, 
qui  les  commandera  quand  elles  seront  rendues  au  point  de 
réunion,  et  comment  elle  veut  que  je  les  emploie. 


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ARRIVÉE    DE    L^EMPEREUR   A    MAYENGE.  159 

L'EMPEBEUR  au   PBINCB  héréditaire   de   BADE. 

Mayence,  28  septembre  1806. 
Le  Grand-Duc  doit  avoir  reçu  la  réquisition  pour  son 
contingent.  Faites-moi  connaître  si  vous  êtes  dans  l'intention 
de  le  commander  ;  faites-moi  connaître  aussi  quelle  est  sa 
force,  et  quand  il  sera  rendu  au  point  de  réunion.  Pressez 
autant  qu'il  vous  sera  possible  vos  mouvements.  Je  désirerais 
que  vous  me  fissiez  passer  des  renseignements  sur  le  chemin 
de  Mannheim  par  Keckarelz  et  Wtirzburg. 

l'empereur  au  duc  de  kassau-weilbubg. 

Mayence,  88  septembre  1806. 

Je  prie  Votre  Altesse  de  me  faire  connaître  la  force  des 
hommes  qu'elle  pourra  fournir,  le  jour  où  ils  pourront  être 
rendus  devant  Mayence,  et  Toiiicier  qui  les  commandera. 

LE   MAJOR-GÉNÉRAL   A  l'eHPEREUR. 

Wurzburg,  S8  septembre  1806,  5  heures  du  soir. 

J'arrive  à  l'instant  à  Wtirzburg  après  avoir  été  42  heures 
en  route.  J'ai  passé  par  Œttingen  pour  voir  si  M.  le  maré- 
chal Davout  était  en  mesure  d'exécuter  vos  ordres.  Il  com- 
mence à  arriver  le  1*'  à  Bamberg  et  il  sera  réuni  le  2  au  soir. 

J'ai  vu  le  prince  de  Ponte-Corvo  à  Anspach  ;  il  sera  égale- 
ment réuni  à  Bamberg  le  2. 

Le  maréchal  Lefebvre  sera  entièrement  réuni  à  Kënigsho- 
fen  le  3  ;  il  peut  même  y  être  le  2. 

Le  21*  régiment  arrive  demain  ici  :  j'en  mettrai  un  batail- 
lon k  la  citadelle,  et  j'en  placerai  un  autre  en  avant  de  la 
ville  sur  la  route  de  Fulde.  Comme  les  capotes  d'Augsburg 
8ont  en  route  pour  Wtirzburg,  je  lui  en  ferai  donner  ainsi 
que  vous  me  le  prescrivez. 


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160  CAMPAGNE    DE    PRU6BB. 

Le  chef  d'état-major  du  corps  de  M.  le  maréchal  Ney  me 
mande  qu'il  sera  entièrement  réuni  à  Ulm  et  environs  le  28. 

La  division  de  dragons  du  général  Beker  est  en  arrière  et 
les  2  deraières  brigades  ne  pourront  être  réunies  à  Ulm  que 
le  4  ou  le  5  octobre,  et  de  là  continueront  leur  mouvement. 

Quant  aux  troupes  à  cheval,  les  2  brigades  de  cavalerie 
légère  aux  ordres  des  généraux  Milhaud  et  Lasalle  seront 
réunies  ainsi  que  vous  l'ordonnez  à  Kronach  et  Lichtenfels. 

La  division  du  général  Nansouty  est  à  Kintzingen,  près 
de  WUrzburg  ;  la  division  du  général  d'Hautpoul  sera  le  3 
et  le  4  à  Windsheim. 

Les  dragons  du  général  Beaumontserontle2àForchhein. 

La  division  Sahuc  sera  le  3  à  Schweinfurt. 

La  division  Beker  ne  pourra, pas  être  totalement  réunie  à 
Mergentheim,  point  sur  lequel  je  l'ai  dirigée,  que  le  9  ou  le 
10.  Je  lui  ordonne  de  marcher  le  plus  vite  qu'elle  pourra. 

La  division  Klein  sera  à  Aschaffenburg  le  3  octobre. 

Quant  au  maréchal  Augereau,  il  est  réuni  à  Francfort. 
Vos  armées,  Sire,  sont  en  bon  état.  On  aura  le  strict  néces- 
saire en  bidons  et  en  marmites,  ainsi  que  des  outils. 

On  dit  que  les  troupes  prussiennes  se  rassemblent  en  avant 
de  Gotha,  à  Arnstadt  et  à  Neustadt  pour  se  lier  au  corps  du 
général  Hohenlohe  qui  est  à  Hof .  On  dit  aussi  que  le  roi  de 
Prusse  est  arrivé  à  Arnstadt.  La  plus  grande  activité  paraît 
régner  dans  les  dispositions  de  la  Prusse.  Les  troupes  arri- 
vent sur  des  voitures. 

Je  ne  veux  pas  retarder  ce  courrier  qui  annonce  à  V.  M. 
mon  arrivée  ici. 

J'ai  reçu  vos  dépêches  du  23  qui  me  font  connaître  votre 
itinéraire  *.  Je  vais  expédier  tous  les  ordres  que  vous  mo 
donnez.  Je  réexpédierai  dans  la  nuit  le  second  courrier  de 
V.  M.  et  je  lui  adresserai  des  rapports  que  j'attends  sur  la 
position  des  Prussiens. 


1.  L*Enipereur  arrivait  à  Mayence  en  mdino  temps  que  sa  lettre  du  iS  V^' 
venait  seulement  au  mi^or  génënil. 


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ARRIVÉE    DE    l'eMPËREUR    A    MAYENGE.  161 


LE   MAJOR   GÉNÉRAL   A  l'eMPEREUR. 

Wûrzburg,  28  septembre  1806. 

Le  roi  de  Bavière  envoie  à  V.  M.  3  de  ses  chevaux  à  Bam- 
berg  où  ils  seront  le  3. 

On  m'a  logé  ici  dans  une  auberge  ;  je  sais  que  TElecteur 
a  dit  que  si  V.  M.  venait  ici,  il  lui  donnerait  son  logement; 
qu'il  occuperait  un  petit  appartement  dans  son  château,  où 
il  ne  m'a  pas  logé  parce  qu'il  se  trouve  en  grande  partie, 
démeublé.  Je  verrai  l'Electeur  ce  soir  à  7  heures. 

La  citadelle  de  WUrzburg  €st  totalement  dépourvue  d'ar- 
tillerie et  de  toute  espèce  de  munitions.  J'ai  donné  des  ordres 
pour  que  l'artillerie  bavaroise  de  place  qui  se  trouve  à 
Ingolstadt,  soit  le  2  ou  le  3  à  WUrzburg.  J'en  ai  fait  la 
demande  au  roi  de  Bavière  avant  mon  départ. 


LE   MAJOR   GÉNÉRAL  A   l'INTENDANT   GÉNÉRAL. 

Wûrzburg,  28  septembre  ISOG. 

L'Empereur  a  vu  qu'il  y  a  au  quartier  général  117  voitu- 
res. S,  M.  trouve  que  cela  est  trop  considérable  et  ne  serait 
qu'an  objet  d'embarras,  que  126  caissons  sont  suffisants 
pour  en  donner  un  par  bataillon  d'infanterie.  L'Empereur 
veut  cependant  qu'on  en  donne  un  tiers  de  plus,  c'est-à-dire 
qu'à  la  suite  de  chaque  corps  d'armée  on  en  donne  un  par 
régiment  d'infanterie.  Ainsi,  par  exemple,  on  en  donnera  6 
au  1"  corps  ;  —  14  au  3'  ;  —  14  au  4'  ;  —  10  au  5"  ;  —  12 
au  6'  ;  —  8  au  7*.  Cela  formera  un  emploi  de  64  caissons  ; 
il  en  resterait  une  cinquantaine  à  la  suite  du  grand  quartier 
général  ;  c'est  tout  ce  qu'il  faut. 

L'Empereur  me  fait  observer  aussi  qu'il  est  bien  urgent 
que  vous  vous  concertiez  avec  le  premier  inspecteur  d'artil- 
lerie pour  les  caissons  nécessaires  à  l'artillerie  légère.  Enten- 
dez-vous de  suite  avec  le  général  Songis  à  ce  sujet.  On  ne 

CAMP*  PB  PKtrtSB.  Il 


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162  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

doit  compter  que  rartillerie  légère  attachée  à  chaque  corps 
d'armée,  le  reste  à  la  réserve  de  cavalerie,  n'importe  le  lieu 
où  elle  peut  se  trouver  momentanément,  indépendamment 
d'un  caisson  par  régiment  (de  cavalerie).  L'intention  de 
l'Empereur  est  qu'on  mette  à  la  suite  de  la  réserve  de  cava- 
lerie quelques  caissons  de  surplus. 

Les  caissons  de  la  compagnie  Breidt  ne  doivent  pas  être 
employés  à  porter  des  souliers  et  des  effets  d'habillement. 
On  doit  employer  pour  cela  d^s  voitures  du  pays. 

L'Empereur  me  fait  observer  en  même  temps  que  si  on 
a  fait  de  nouveaux  caissons  d'ambulance,  il  n'y  a  pas  un 
moment  à  perdre  pour  les  faire  passer  du  côté  de  Wlirzburg. 

Si  la  compagnie  Breidt  a  300  chevaux  haut -le -pied, 
S.  M.  pense  qu'il  serait  absurde  qu'on  les  laissât  ainsi; 
cette  compagnie  peut  avec  ces  chevaux  atteler  75  charrettes. 
L'artillerie  peut  avoir  à  Augsburg  des  voitures  à  prêter,  ou 
le  pays  peut  fournir  des  charrettes  qu'on  achèterait  et  dont 
on  se  servirait  en  attendant  que  les  caissons  arrivent.  Du 
reste  S.  M.  n'approuve  pas  qu'on  fasse  venir  à  l'armée  des 
caissons  de  Bruxelles  et  de  Sampigny  ;  ils  doivent  être  réunis 
à  Mayence  attelés. 


LE   MARÉCHAL   LEFEBVRE   AU  MAJOR   GÉNÉRAL. 

Schweinfurt,  28  septembre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  prévenir  V.  A.  S.  que  le  corps  d'armée 
sous  mes  ordres  commencera  à  se  réunir  le  29  dans  un  camp 
près  de  Schweinfurt  pour  de  là  me  porter  à  la  position  indi- 
quée par  votre  lettre  du  24  courant.  Le  point  de  Kônigshofen 
n'étant  abordé  par  aucune  route  et  absolument  inabordable 
en  cas  de  pluie,  j'établirai  le  3  octobre,  à  moins  que  vous 
n'en  ordonniez  autrement,  mon  camp  à  Neustadt  sur  la  Saal 
où  passe  la  seule  grande  route  qui  conduit  en  Saxe  dans 
cette  partie.  De  cette  position  j'éclairerai  parfaitement 
tout  ce  qui  pourrait  venir  par  les  routes  de  Meinungen  et 


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ARRIVÉE    DE    l'bMPEREUR    A    MAYENGE.  163 

Hildburghausen,  et  en  général  tous  les  petits  débouchés  de 
la  Saxe  sur  Schweinfurt  et  Wtirzburg. 

Je  remercie  V.  A.  S.  de  m'avoir  indiqué  la  position 
que  prendra  le  3  octobre  le  corps  du  maréchal  prince  de 
Ponte-Corvo.  Continuez,  je  vous  en  prie  instamment,  de 
me  faire  connaître  à  chaque  mouvement  la  position  des 
corps  qui  seront  à  ma  proximité  et  surtout  prévenez  -  moi 
toutes  les  fois  que  ma  droite  ou  ma  gauche  se  trouveront 
dégarnies. 


LE  qAnéral  daultanne  au  maréchal  davout. 


Œttingen,  28  septembre  1806. 

J'espérais  avoir  rhonneur  de  vous  voir  ici  avant  notre  départ, 
mais  pressé  par  le  mouvement  de  Tarmée  je  suis  forcé  de  me  rendre 
à  Gunzenhansen. 

D'après  les  ordres  de  S.  A.  le  ministre  de  la  guerre  le  corps  d'ar- 
mée s'est  mis  en  marche  pour  se  porter  sur  Bamberg. 

La  1"  division  couche  aujourd'hui  près  de  Schwabach  ;  —  la  2*  à 
2  lieues  en  avant  de  G-unzenhausen  et  la  3*  entre  Gunzenhansen  et 
Œttingen  ;  —  le  parc  d'artillerie  à  Œttingen. 

L'itinéraire  de  S.  A.  le  ministre  de  la  guerre  prescrivait  d*être 
renda  à  Bamberg  le  2  ou  le  3  octobre  au  plus  tard,  mais  d'après  les 
noaveUes  officielles  de  notre  ministre  à  Berlin  qtd  annonce  l'entrée 
des  Prussiens  en  Saxe  et  qu'il  vient  de  demander  ses  passeports,  le 
général  Frîant  a  cru  devoir  presser  la  marche  ;  en  conséquence  des 
ordra  et  itinéraires  ont  été  donnés  de  manière  que  les  1'^  et  2«  di- 
visions arrivent  à  Bamberg  le  1*^  et  la  3*  division  le  2  octobre.  La 
cavalerie  a  reçu  Tordre  de  se  rendre  de  Mergentheim  à  Erlang  où 
elle  arrivera  le  1*'  octobre. 

Je  vous  annonce  avec  regret  que  vous  perdez  le  7*  régiment  de 
bassards;  j'ai  des  ordres  du  ministre  pour  le  diriger  en  avant  de 
Bamberg  où  il  va  se  former  une  brigade  de  hussards  sous  les  ordres 
du  général  Lasalle. 

Le  général  Priant  est  parti  hier  soir  en  poste  avec  Hervo  pour  se 
rendre  à  Bamberg  afin  de  se  consulter  avec  le  prince  Ponte-Corvo 
snr  les  positions  ou  cantonnements  que  le  corps  d'armée  doit  occuper 
près  Bamberg. 

L'ordonnateur  est  en  avant  depuis  2  jours  pour  assurer  les  subsis- 


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164  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

tances  autant  que  possible  '  ;  notre  mouvement  a  été  tellement  pré- 
cipité que  les  divisions  n'ont  pas  eu  le  temps  de  faire  de  grands  ap- 
i  provisionnements,  et  cette  marche  rapide  ne  permettant  pas  trop  aux 

I  convois  de  joindre  ;  au  reste  les  subsistances  sont  assurées  pour  la 

I  route,  et  pourvu  que  nous  ayons  des  vivres  lors  de  notre  arrivée, 

c'est  tout  ce  qu'il  faut. 
I  S.  A.  le  ministre  de  la  guerre  est  arrivé  hier  ici  à  8  heures  du  soir 

et  d'une  manière  très  imprévue  ;  j'ai  eu  l'honneur  de  le  voir  et  de  lui 
faire  part  de  tous  nos  mouvements  et  des  motifs  qui  avaient  engagé 
le  général  Friant  à  presser  le  mouvement  ;  le  colonel  Touzard  lui  a 
fait  part  des  mesures  qu'il  avait  prises  pour  se  procurer  des  outils. 
S.  A.  a  tout  approuvé  et  il  a  promis  de  faire  des  fonds  dès  qu'on  au- 
rait envoyé  l'état. 

J'ai  également  demandé  des  officiers  d'état-major,  surtout  un  ad- 
judant général  pour  les  reconnaissances  ;  il  paridt  qu'il  enverra  Ro- 
meuf,  c'est  fort  heureux,  car  tous  ceux  qui  sont  avec  Hastrel  ne  sont 
pas  connus  ;  si  je  n'ai  pas  l'honneur  de  vous  voir  avant  Nuremberg, 
j'adresserai  directement  une  demande  à  S.  A. 

Quartier  général,  Gunzenhausen.  —  l'*  division,  entre  Aurac  et 
Wassermungen.  —  2*  division,  se  réunit  en  arrière  d'Œttingen,  en 
part  à  7  heures  du  matin  pour  venir  occuper  les  villages  qui  se  trou- 
vent en  avant  de  Gunzenhausen,  route  de  Schwabac.  —  3*  division 
et  1"  de  chasseurs,  Gnosheim,  près  Gunzenhausen.  —  Cavalerie  lé- 
gère, 7*  de  hussards,  2*  et  12*  de  chasseurs  partent  de  Mergentheim 
pour  prendre  des  cantonnements  à  Rothenburg.  —  Parc  de  réserve, 
part  de  Gemund  et  se  rend  dans  les  villages  situés  à  gauche  et  à 
droite  de  la  route  de  Nordlingen  à  Œttingen. 


1.  LR    OI^M^RAL    DAULTANXK    A    L*OBDOKHATBUB    BIT    CKBr. 

Œtlingen,  26  septembre  iBo9, 

J'ai  Thonneur  de  vous  prévenir  que  Tintention  de  M.  le  général  coinmaR- 
dant  en  chef  est  que  vous  devanciez  Tarméu  et  que  vous  envoyiez  des  employés 
sur  toute  la  ligne  quu  le  corps  d'armée  a  à  parcourir,  pour  suivre  et  presser 
l'exécution  des  réquisitions  que  vous  êtes  autorisé  à  frapper  pour  assurer  la 
subsisthnco  du  corps  d  armée. 

Vous  laisserez  ici  le  nombre  d'employés  d'administration  nécessaires  pour 
assurer  et  faire  suivre  les  denrées  que  vous  avez  déjà  requises  et  t&clier  d'en 
réunir  la  quantité  prescrite  par  S.  A.  le  ministre  de  la  guerre. 

Je  vous  préviens  qu'un  détachement  d'infanterie  sera  mis  à  voire  disposi- 
tion pour  escorter  ces  convois. 

Les  ordres  sont  donnés  pour  que  2  hussards  partent  avec  vous. 


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29  SEPTEMBRE. 


l'empebeur  a  m.  fouché. 

Mayence,  29  septembre  I8O6. 

J'ai  reçu  votre  lettre  du  27  septembre.  Je  vous  recommande 
d'apporter  votre  attention  sur  la  conscription.  J'ai  appelé  la 
résenre.  U  est  assez  important  qu'elle  parte.  Toutes  mes 
troupes  sont  en  mouvement.  Nous  sommes  ici  en  mesure.  Ma 
Garde,  qui  n'est  partie  de  Paris  que  le  22,  a  dans  ce  moment 
déjà  passé  Francfort.  Les  fatigues  et  les  périls  ne  sont  rien 
pour  moi.  Je  regretterais  la  perte  de  mes  soldats,  si  l'injus- 
tice de  la  guerre  que  je  suis  obligé  de  soutenir,  ne  faisait 
retomber  tous  les  maux  que  l'humanité  va  encore  éprouver 
sur  les  rois  faibles  qui  se  laissent  conduire  par  tant  de  brouil- 
lons vendus. 

Il  est  assez  convenable  que  M.  Bourrienne  prévienne  le  roi 
de  Hollande  et  vous  de  ce  qui  peut  se  passer  en  Hanovre. 


l'£mp£beur  au  général  dejean. 

Mayeace,  S9  septembre  1806. 

Chaque  corps  a  100  ou  200  hommes  estropiés  sortis  des 
hôpitaux  de  la  Grande  Armée  depuis  la  dernière  inspection. 
Jai  pris  un  décret  pour  qu'au  1"  octobre  les  généraux 
Schauenborg  et  Muller  passent  partout  des  revues.  S'il  y  a 


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166  GAMPAGNB    DE    PRUSSE. 

à  inspecter  d'autres  points  que  ceux  dont  ils  sont  chargés,  je 
vous  autorise  à  nommer  des  inspecteurs  ad  hoc.  Indépen- 
damment de  Tencombrement  qu'éprouvent  les  corps,  il  ré- 
sulte de  l'état  des  choses  deux  autres  grands  inconvénients  : 
d'abord  ces  hommes,  en  grand  nombre,  qui  méritent  des  ré- 
compenses, se  trouvent  mal  aux  dépôts,  et  sont  impatients  de 
retourner  chez  eux  ou  d'aller  à  l'Hôtel  ;  ensuite  il  y  a  parmi 
eux  beaucoup  d'officiers  et  de  sergents  :  ils  comptent  dans 
les  corps  et  ne  sont  pas  remplacés.  Il  y  a  tel  3*  bataillon  à 
Mayence  qui  a  12  officiers  étant  tous  dans  le  cas  de  la  retraite 
et  des  récompenses,  de  sorte  qu'avec  beaucoup  d'officiers  sur 
le  tableau,  ces  corps  n'en  ont  presque  pas  de  disponibles. 

J'ai  commis  le  général  Maçon  pour  faire,  dans  la  journée 
de  demain,  l'inspection  des  régiments  qui  sont  à  Mayence  '. 
Du  moment  où  les  états  vous  seront  parvenus,  expédiez  tout 
et  regardez  ma  signature  comme  chose  de  forme  ;  je  signerai 
ensuite  ce  que  vous  aurez  fait. 

Quant  aux  emplois  qui  seront  vacants  en  conséquence  de 
ces  inspections,  envoyez  sur-le-champ  dans  les  corps,  pour  les 
remplir,  bon  nombre  de  jeunes  gens  de  l'Ecole  de  Fontaine- 
bleau et  de  l'Ecole  polytechnique.  Ils  y  font  merveille.  Il  faut 
convenir  que  nos  officiers  sont  épuisés,  et  que  sans  eux  notre 
armée  en  manquerait.  Demandez-en  une  cinquantaine  à 
Lacuée,  et  une  nouvelle  centaine  à  Fontainebleau,  indépen- 
damment de  ceux  que  j'ai  nommés  dernièrement,  et  dirigez- 
en  3  sur  chacun  des  dépôts  de  l'armée.  Vous  m'enverrez 
ensuite  des  décrets  à  signer.  Mais,  encore  une  fois,  ne  consi- 
dérez en  ceci  ma  signature  que  comme  une  chose  de  forme. 
Tenez  la  main  à  ce  que  tous  les  jeunes  gens  de  Fontaine- 
bleau, que  j'ai  nommés  avant  mon  départ,  rejoignent  sans 
délai.  Ecrivez  à  cet  effet  au  commandant  de  l'Ecole  et  au 
gouverneur  de  Paris  '. 


i.  8«  bataillons  dos  «7«,  30«,  33«,  Si*,  8i«,  85,  iu«  de  ligne. 

s.  M.    DBVHIÉB,    8BCRBTAIBK    OKkAbAL    DU    MIXI8TÈBB    DE    LA    OUKSBK , 

AU    MAJOR    oivASAIi. 

Paris,  87  septembre  18 06. 
S.  M.  TEmpereur,  avant  son  départ,  a  nommé  à   des  sous-lieuteuauces 


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29    SEPTEMBRE.  167 

La  plupart  des  3'*  bataillons  sont  des  cadavres  qui  ne  peu- 
vent être  animés  que  par  cette  jeunesse  ;  cependant  ils  ont  de 
bons  majors  et  de  bons  chefs  de  bataillons.  Je  vous  autorise 
à  prendre  aussi  à  Saint-Cyr  2  jeunes  gens  âgés  de  17  ans, 
par  régiment,  comme  caporaux-fourriers  ;  ils  auront  la  pre- 
mière place  qui  viendra  à  vaquer  dans  le  bataillon  \ 

Il  faut  à  Mayence  un  colonel  d'artillerie.  Le  chef  de  batail- 
lon qui  s'y  trouve  est  un  bon  of&cier  ;  mais  il  n'a  pas  la  tête 
assez  vaste  pour  une  si  grande  besogne.  Envoyez-y  donc  un 
colonel  qui  y  demeure  et  qui  puisse  diriger  l'immense  maté- 
riel de  cette  place.  Il  serait  même  convenable  d'y  avoir  un 
général  d'artillerie. 

Le  général  d'Hautpoul  et  le  général  Grouchy  ne  sont  pas 
encore  arrivés.  J'ai  désigné  aussi  un  grand  nombre  d'adju- 
dants commandants  et  d'adjoints  pour  se  rendre  à  l'armée. 

Je  vous  recommande  les  régiments  suisses.  Je  vous  auto- 


178  élèves  de  l'École  militaire  de  Fontainebleau,  savoir  :  127  dans  rinrontcrie 
et  51  dans  les  troupes  à  cheval. 

134  so  rendronl  à  la  Grande  Arrace,  94  passent  à  Tarnido  de  Naplos  et  13 
8001  envoyés  en  Italie. 

La  nomination  des  jeunes  gens  qui  doivent  remplacer  ces  ëlôves  a  déjà  élu 
proposée  à  S.  M.,  qui  n*a  pu  l'approuver  avant  son  départ.  Go  travail  com- 
prenait 134  demandes.  Lorsqu'il  sera  signé  et  que  les  élèves  nommés  auront 
quitté  l'École,  elle  sera  composée  de  m  élèves  du  Gouvernement  et  471  élèves 
pensionnaires ,  en  tout  ôSé  élèves  qui  devront  tous  être  &  Fontainebleau  au 
1"  novembre  prochain. 

Les  jeunes  sous-lieutenants  des  deux  promotions,  celle  faite  par  l'Empereur 
avant  son  départ  et  celle  faite  par  son  ordre  dans  les  premiers  jours  d'octobre, 
no  quittèrent  TÉcole  militaire  que  le  i^^  novembre,  et  passèrent  le  Hhin  à 
Mayenee  le  15  novembre  au  nombre  de  837. 

Le  général  Girod  (do  l'Ain)  élait  de  la  promotion  d'octobre. 

1.  Indépendamment  des  élèves  de  Fontainebleau  nommés  sous-lieutenants 
depuis  l'organisation  du  bataillon  d'instruction,  l'Empereur  avait  déjà  de- 
mandé, le  a  frimaire  an  XII,  au  prytanée  de  Saint-Cyr,  60  Jeunes  gens  pour 
les  placer  comme  caporaux-fourriers  dans  les  corps  ;  le  8  fructidor  an  XII, 
il  avait  demandé,  pour  Tan  XIll,  soo  jeunes  gens  pour  être  envoyés  comme 
caporaux-fourriers  ou  môme  sergonts-migors  dans  les  corps  ayant  fuit  le  plus 
de  pertes  et  manquant  de  sujets  pour  faire  des  oCQciers  et  des  sous-officiers. 
D'autres  étaient  placés  comme  sorgents  dans  les  compagnies  de  grenadiers 
et  de  cliasseurs  d'Arros  à  raison  de  s  par  compagnie  (9  ventCse  an  Xlll). 
Ainsi  les  cadres  d'officiers  étaient  épuisés;  tout  ce  qui  élait  valide  so  trouvait 
aux  bntaillons  de  guerre  ;  quant  aux  cadres  de  sous-officiers,  ils  étaient  sou- 
vent aussi  formés  d'éléments  jeunes. 

Tous  les  sous-officiers  qui  avaient  quelque  capacité  avaient  été  promus  ; 
beaucoup  avaient  pris  leur  congé;  de  sorte  que  le  cadre  ne  présentait  plus 
aucune  ressource  pour  le  recrutement  des  officiers. 


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168  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

rise  à  nommer  les  officiers  du  1"  bataillon  de  chaque  régi- 
ment. Faites  les  fonds  pour  le  recrutement,  et  qu'enfin  ces 
régiments  prennent  couleur.  M.  Maillardoz  est  adjudant 
commandant  ;  il  a  de  la  bonne  volonté,  de  Tusage  et  de  la 
triture  de  ce  qui  regarde  les  Suisses.  Travaillez  avec  lui,  et 
prenez  les  mesures  nécessaires  pour  que,  dans  deux  mois» 
j'aie  un  régiment  à  Lille,  à  Rennes  et  à  Avignon,  pour  servir 
selon  les  circonstances.  Le  petit  bataillon  valaisan,  que  j'ai 
fait  réunir  à  Gênes,  m'est  aussi  fort  important  pour  garder 
cette  ville.  Levez  les  obstacles,  nommez  les  officiers  et  faites 
en  sorte  que,  dans  deux  mois,  ces  400  ou  500  hommes  puis- 
sent servir  à  Gênes. 

Un  régiment  italien  doit  être  arrivé  à  Paris  et  un  autre  à 
Orléans  ;  faites-les  partir  tous  deux  pour  Mayence. 

La  légion  du  Nord  que  commande  Zajonchek  est  placée 
trop  au  Nord  du  côté  de  Juliers  ;  je  préfère  qu'elle  soit  à 
Landau.  Je  vous  autorise  à  nommer  les  officiers.  Mais  il  n'y 
a  pas  un  moment  à  perdre,  les  déserteurs  commencent  à  arri- 
ver, et  ils  se  perdent  parce  qu'on  ne  sait  où  les  diriger. 

l'empereur  au  général  lacuée. 

Mayence,  29  septembre  1806. 

J'ai  envoyé  hier  un  décret  au  ministre  pour  la  réserve. 
J'en  ai  excepté  dans  l'Ouest  12  départements  et  non  18.  Si 
même  on  jugeait  que  c'est  trop  de  12,  on  pourrait  encore 
restreindre  l'exception.  Cependant  il  est  prudent  de  ne  pas 
appeler  les  4  départements  de  la  Bretagne,  la  Loire-Infé- 
rieure, Maine-et-Loire,  les  Deux-Sèvres  et  la  Vendée.  Le 
reste,  je  crois,  peut  marcher.  Mettez  la  plus  grande  rapidité 
dans  l'envoi  de  cette  réserve.  Elle  est  nécessaire  pour  les 
corps  de  cette  frontière  auxquels  j'ai  envoyé  peu  de  monde 
sur  l'appel  de  1806,  parce  que  ces  corps  étaient  au-dessus  du 
pied  de  paix*.  Aujourd'hui  ils  attendent  des  conscrits  avec 
impatience. 


1.  Des  28  régiments  des  armées  de  Dalmatic,  du  Prioul  et  de  Naples,  6seu- 


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Tfi- 


29    SEPTEMBRE.  169 

Les  3'*  bataillons  sont  pleins  d'officiers  qui  ont  droit  à  leur 
retraite  et  qui  par  leurs  infirmités  ne  peuvent  plus  servir.  Il 
faut  rajeunir  le  corps  des  officiers.  J'ai  écrit  à  M.  Dejean 
de  faire  partir  une  centaine  d'élèves  de  l'Ecole  de  Fontaine- 
bleau. Si  l'Ecole  polytechnique  peut  en  fournir  une  soixan- 
taine, qu'on  les  fasse  partir  sur-le-champ.  Appliquez-vous  à 
former  les  jeunes  gens  de  votre  école  aux  manœuvres.  Que 
chacun  puisse  être  instructeur  à  son  arrivée  au  régiment  ; 
cela  est  très  important.  Il  n'y  a  plus  d'officiers,  et  sans  cette 
école  et  celle  de  Fontainebleau,  je  ne  sais  ce  que  deviendrait 
notre  armée.  Des  paysans  sans  éducation  ne  peuvent  fournir 
des  officiers  qu'après  8  ou  10  ans  d'expérience. 

Le  génie  et  l'artillerie  ne  peuvent  absorber  tous  vos  jeunes 
gens  ;  donnez  un  peu  à  l'Ecole  polytechnique  cette  direction 
sur  l'infanterie. 


l'empeeeur  au  grand-duc  de  wurzburq. 

Mayenco,  29  septombre  1806. 

Je  m'empresse  de  faire  à  Votre  Altesse  la  communication 
que  j'ai  faite  à  tous  les  membres  de  la  Confédération  et  que 
je  n'ai  dû  lui  faire  qu'aujourd'hui,  parce  que  je  n'apprends 
qu'en  ce  moment  la  signature  du  traité  qui  vient  d'être  con- 
clu entre  son  ministre  et  mon  ministre  des  relations  exté- 
rieures. Sous  peu  de  jours  j'aurai  le  plaisir  de  voir  Votre 
Altesse  à  WUrzburg.  Il  est  malheureux  pour  moi  que  ce  soit 
toujours  dans  des  circonstances  de  tumulte  et  de  guerre  que 
j  aie  l'avantage  de  la  voir.  J'ai  du  moins  la  consolation,  cette 
fois,  de  voir  nos  camps  réunis.  Elle  peut  rester  assurée  que, 
<ians  toutes  les  vicissitudes  qui  peuvent  avoir  lieu,  je  serai 
fidèle  aux  engagements  que  j'ai  contractés  avec  elle.  J'es- 
père  que  Votre  Altesse  ne  doute  pas  de  l'estime  particulière 


leœenl  avaient  reçu  dos  contingents  inWrieurs  à  6oo  hommes;  tous  les  autres 
A>'aieDt  eu  dans  la  répartition  de  500  à  i,ioo  hommes.  Les  régiments  de  la 
"faode  Armée  avaient  reçu  peu  de  conscrits. 


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170  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

que  je  lui  ai  vouée  depuis  longtemps,  et  du  plaisir  que 
j'éprouverai  dans  toutes  les  circonstances  à  lui  être  agréable. 


l'empereur  au  major  général. 

Mayence,  29  septembre  1806. 

Ecrivez  au  maréchal  Bernadette  qu'il  se  mette  en  marche 
pour  Kronach,  et  qu'il  fasse  occuper  tous  les  débouchés  des 
montagnes  de  Saxe  en  se  tenant  sur  la  frontière,  et  en  pre- 
nant cependant  une  bonne  position  qui  protège  le  passage  en 
Saxe  ]  qu'il  fasse  reconnaître  les  chemins  de  Leipzig  et 
de  Dresde.  Je  suppose  que  l'on  anne  et  approvisionne 
Ejronach  et  Konigshofen.  Le  maréchal  Lefebvre  fera  recon- 
naître les  débouchés  des  montagnes  pour  descendre  en  Saxe, 
et  les  chemins  d'Erfurt  et  de  Leipzig.  Qu'il  fasse  occuper 
une  bonne  position  à  son  avant-garde,  et  qu'il  fasse  armer  et 
approvisionner  Konigshofen.  Qu'il  envoie  aussi  des  espions 
et  des  reconnaissances  pour  connaître  les  rapports  des  voya- 
geurs du  côté  de  Fulde. 

Du  reste,  la  guerre  n'est  pas  déclarée.  On  doit  se  tenir 
sur  le  qui-vive,  et  faire  parvenir  tous  les  jours  des  rapports. 
On  ne  doit  point  fatiguer  inutilement  la  cavalerie.  Toute  la 
cavalerie  légère  du  maréchal  Bemadotte  sera  placée  en  avant 
de  Kronach  -,  celle  du  maréchal  Lefebvre  en  avant  de 
Konigshofen.  Le  maréchal  Bernadette  portera  son  quartier 
général  entre  Lichtenfels  et  Kronach.  La  cavalerie  légère 
du  maréchal  Soult  prendra  position  sur  les  confins  du  pays 
de  Baireuth,  vis-à-vis  Kreussen  ;  il  placera  une  avant-garde 
qui  occupe  une  bonne  position.  De  Konigshofen  à  Brttcke- 
nau,  il  doit  y  avoir  une  route  qui  passe  par  Neustadt.  II  est 
nécessaire  que  le  maréchal  Lefebvre  fasse  éclairer  cette 
route,  en  supposant  qu'il  y  ait  des  Prussiens  à  Fulde,  pour 
que,  dans  sa  position  de  Konigshofen,  il  puisse  tomber  sur 
l'ennemi,  s'il  cherchait,  de  Fulde,  à  se  porter  sur  Wiirzburg. 

Il  faut  que  le  maréchal  Bernadette  fasse  en  secret  ses 


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29    SEPTEACBRE.  171 

reconnaissances  et  ses  dispositions,  pour  qu'il  puisse,  do 
Kronach,  intercepter  la  route  d'Erfurt  à  Hof. 

Donnez  ordre  au  maréchal  Ney  de  réunir  tout  son  corps  à 
Nuremberg* 

La  guerre  n'est  pas  déclarée  ;  le  langage  doit  être  tout 
pacifique  ;  on  ne  doit  commettre  aucune  hostilité. 

Au  rassemblement  la  cavalerie  de  chacun  des  corps  d*armée  de 
première  ligne  est  réanie  sur  le  débouché  principal  que  garde  ce 
corps  d'année,  et  non  disséminée  en  cordon  par  petits  paquets.  Des 
postes  surveillent  les  débouchés  secondaires.  Tout  le  service  est  or- 
ganisé de  façon  à  ne  point  fatiguer  inutilement  les  chevaux. 


l'empereur  au  major  général 

Muyeoco,  S9  septembre  1806. 

Mon  intention  a  été  de  réunir  le  1"  corps  de  la  Grande  Ar- 
mée à  Nuremberg.  Cependant  j'ai  vérifié  sur  mes  minutes,  et 
il  est  vrai  que  je  vous  ai  écrit  :  h  Bamberg,  En  conséquence, 
donnez  ordre  au  corps  du  maréchal  Ney  de  presser  sa  marche 
pour  être  réuni  le  3  octobre  à  Nuremberg,  au  lieu  d'Ans- 
pach.  Donnez  ordre  à  toutes  les  divisions  de  cavalerie,  qui 
sont  restées  en  arrière,  de  continuer  leur  marche  pour  prendre 
leurs  positions  depuis  Wiirzburg  jusqu'à  Lichtenfels. 


l'empereur  au  grand-duc  de  berg. 

Mayence,  29  seplembre  1806,  lO  heures  du  matin. 

Vous  vous  rendrez  à  Wtirzburg.  Vous  écrirez  sur-le-champ 
au  maréchal  Lefebvre  à  Konigshofen,  au  maréchal  Davout  à 
Bamberg  et  au  prince  de  Ponte-Corvo,  qui  doit  être  à 
Kronach.  Vous  ferez  marcher  les  divisions  de  la  réserve,  de 
manière  qu'elles  se  portent  le  plus  possible  entre  Schwein- 
nirt  et  Kronach.  Vous  aurez  soin  qu'on  occupe  la  citadelle 
de  Wiirzburg,  et  qu'elle  soit  armée  et  approvisionnée  de 
manière  à  être  à  l'abri  d'un  coup  de  main.  Vous  enverrez 


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172  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

des  espîons  sur  Fulde.  Vous  me  ferez  connaître  la  situation 
des  divisions  de  cavalerie  et  le  besoin  qu'elles  ont  d'hommes 
à  pied,  afin  que  ce  qui  vous  est  inutile  soit  retenu  à  Mayence. 
Vous  placerez  des  postes  de  cavalerie  au  delà  de  Karlstadt, 
à  l'extrémité  du  territoire  de  Fulde,  pour  bien  connaître 
les  mouvements  de  l'ennemi.  Vous  me  communiquerez 
les  renseignements  que  vous  pourrez  vous  procurer  sur 
les  débouchés  des  chemins  de  KOnigshofen  sur  Erfurt,  et 
de  Kronach  sur  Leipzig.  Vous  ferez  filer  la  plus  grande  par- 
tie de  vos  bagages  sur  Bamberg,  en  gardant  cependant  à 
Wtirzburg  ce  qui  peut  vous  être  nécessaire.  J'ai  ordonné  au 
maréchal  Lefebvre  de  prendre  une  bonne  position  à  Kônigs- 
hofen,  et  d'éclairer  la  route  de  Fulde,  afin  de  tomber  sur 
l'ennemi,  s'il  se  rapprochait  trop  de  Wtirzburg. 

La  guerre  n'est  pas  déclarée.  Il  ne  faut  donc  pas  dépasser 
les  confins  du  pays  de  Wtirzburg  et  de  la  Bavière.  Mais  on 
pourrait  passer  même  quelques  points,  si  cela  était  néces- 
saire pour  occuper  une  bonne  position  qui  favorisât  les 
débouchés  de  la  Saxe.  Envoyez  des  officiers  du  génie  sur 
Kônigshofen  et  sur  Fulde,  afin  de  bien  connaître  les  routes; 
ils  rédigeront  des  mémoires  sur  les  positions  militaires 
qu'elles  présentent- 

Vous  aurez  la  plus  grande  honnêteté  pour  le  grand-duc 
de  Wtirzburg.  Vous  lui  direz  que  le  traité  qui  le  place  dans 
la  Confédération  a  été  signé  à  Paris,  Pour  être  plus  libre  de 
vos  mouvements,  vous  n'irez  pas  loger  au  château;  vous 
logerez  hors  la  ville. 

Vous  m'enverrez  deux  courriers  par  jour. 


L  EMPEREUR  AU   MAJOR   GENERAL. 

Mayonco,  S9  septembre  1806,  s  heures  et  demie  de  raprés-midi- 

Je  reçois  votre  lettre  du  26  à  11  heures  du  soir. 
Le  grand- duc  de  Berg  est  parti  pour  Wtirzburg,  où  il  sera 
rendu  cette  nuit. 

Je  vous  ai  écrit  ce  matin  une  lettre  dont  je  vous  envoie  la 


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29    SEPTEMBRE.  173 

copie,  au  cas  que  le  premier  courrier  ne  vous  ait  point  ren- 
contré. Vous  rerrei  que  mon  intention  est  que  le  corps  du 
maréchal  Lefebvre  prenne  une  bonne  position  en  avant  de 
Eônigshofen,  le  corps  du  maréchal  Bernadette,  du  côté  de 
Kronach,  et  le  corps  du  maréchal  Soult,  le  plus  près  possible 
du  pays  de  fiaireuth  ;  que  le  corps  du  maréchal  Ney  se  rende 
à  Nuremberg,  et  que  toutes  les  divisions  de  cavalerie  aux- 
quelles le  grand-duc  de  Berg  enverra  d'ailleurs  des  ordres 
directement,  se  mettent  en  marche  pour  prendre  leurs  posi- 
tions de  Schweinfurt  à  Bamberg. 

Puisque  les  Bavarois  ne  se  soucient  pas  de  faire  partie  du 
corps  du  maréchal  Bernadette,  je  les  tiendrai  sous  mes  ordres 
directs. 

Donnez  ordre  au  corps  du  général  de  Wrède  de  partir 
d'Eichstâdt,  et  de  se  rendre  le  plus  tôt  possible  à  Nuremberg. 
Je  suppose  que  ce  corps  du  général  de  Wrède  est  indépen- 
dant des  garnisons  de  Forchheim,  etc. 

La  division  Dupont  sera  à  Wttrzburg  dans  la  journée  du 
1"  octobre  ;  elle  a  couché  hier  à  Francfort  \ 

Ma  Garde  à  pied  sera  le  2  octobre  à  Wttrzburg  ;  elle  est 
partie  ce  matin  de  Mayence*. 

«Tai  fait  partir  un  détachement  de  800  hommes  apparte- 
nant au  corps  du  maréchal  Davout,  qui  marche  avec  ma 
Garde,  sous  les  ordres  de  Tadjudant  commandant  Levas- 
8ear^  De  Wttrzburg,  ce  détachement  continuera  sa  marche 
sur  Bamberg,  et  le  maréchal  Davout  Tincorporera  dans  son 
corps. 

J  ai  fait  partir  de  Mayence,  ce  matin,  2,000  quintaux  de 


1.  La  divimon  Dupont  partit  de  Bfayence  le  28  au  matin  et  alla  cantonner  : 

Le  ss  à  Francfort.  Le  80  &  Esselbach. 

Le  x9  à  Aschaffenburg.  Le  i^^  à  Wûrzburg. 

2.  U  Garde  à  pied  partit  le  29  et  suivit  le  môme  itinéraire  que  la  division  ^ 
t^upom,  avec  un  jour  de  retard. 

S-  Ce  détacboroent.  parti  de  Mayence  le  29,  se  composait  de  détachements 
tirés  des  7  dépôts  d'infanterie  stationnés  à  Mayence,  dont  Tun,  celui  du  27^, 
appartenait  au  6'  corps  et  les  6  autres  au  S«  corps. 

"*,  69  hommes;  —  sa*,  209  ;  —  Sjj^,  92;  —  61»,  1:81  ;  —  6i«,  95  ;  —  85«, 
W;—  iiie^  i7tf.  —  Total  :  808  hommes. 


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174  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

farine  qui  arriveront  le  2  octobre  à  Wtirzburg.  J'ai  fait  partir 
6  pièces  courtes  de  24  avec  armement  de  400  boulets  par 
pièce,  et  6  pièces  autrichiennes  de  12,  pour  l'armement  de 
la  citadelle  de  Wtirzburg.  Ces  bouches  à  feu  ne  seront  arri- 
vées que  le  dixième  jour,  c'est-à-dire  le  9  octobre.  Que 
le  général  Songis  envoie  un  officier  d'artillerie  du  coté 
d'Aschaffenburg  pour  accélérer  la  marche  de  ces  canons,  si 
cela  est  possible. 

J'ai  fait  partir  de  Spire  1,500  quintaux  de  farine  également 
pour  Wtirzburg.  J'ai  pris  différentes  mesures  pour  approvi- 
sionner Mayence  et  Wesel,  non  pas  d'une  manière  aussi 
gigantesque  que  le  veut  l'intendant  général,  mais  suffisam- 
ment pour  parer  aux  événements. 

Il  y  aura  dans  quelques  jours,  à  Mayence,  de  la  farine, 
du  riz,  de  l'eau-de-vie,  à  la  disposition  de  l'armée. 

La  cavalerie,  les  gros  bagages,  l'artillerie  de  ma  Garde, 
passent  le  Rhin  à  Manheim,  et  continuent  sur  Wtirzburg.  Je 
désire  que  vous  organisiez  cette  route  de  Manheim  \  que  je 
désire  être  la  route  de  l'armée  pour  tout  ce  qui  vient  de  Stras- 
bourg et  pour  tous  les  objets  les  plus  importants.  Il  faut  donc  à 
Manheim  un  commandant  qui  corresponde  avec  vous. 

On  me  remet  à  l'instant  votre  lettre  de  Wtirzburg,  du  28. 

Je  désire  que  le  maréchal  Lefebvre  soit  le  2  à  Kônigsho- 
fen,  puisqu'il  peut  y  être.  J'approuve  beaucoup  la  mesure 
que  vous  avez  prise  de  faire  venir  à  Wtirzburg  de  l'artillerie 
bavaroise  d'ingolstadt  ;  je  vois  qu'elle  y  sera  le  2  ou  le  3  oc- 


1.  OBDRB    POUB    M.    BilLAlIOll. 

Wûrzburg,  30  septembre  1806. 

Je  fois  tracer  une  roula  d'étapes  de  Manheim  à  Wûrzburg.  Voyez  le  général 
Sanson,  qui  voua  Tera  connaître  les  giles.  Il  faut  prévenir  le  colonel  Lauer  pour 
qu'il  établisse  dus  itendarmes  sur  cette  ligne,  ainsi  que  sur  celles  de  Mayence 
a  Wûrzburg,  do  Wûrzburg  à  Ingolstadt  et  de  Wiirzburg  à  Augsburg. 

M*  iBsmTHixB. 
De  Manheim  à  Neckermûnd a  lieues. 

—  Neckarelz 7      — 

—  Adelsbeim 6      — 

—  Boxberg 6      — 

—  Riscnofsheim 8      — 

~  Wûrzburg 4t      — ' 

Voir  la  note  de  la  dépêche  de  l'Empereur  du  22  septembre. 


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29    SEPTEMBRE.  175 

tobre.  Je  voîs  avec  peine  que  le  corps  du  maréchal  Ney  soit 
encore  si  en  arrière. 

Ce  qui  est  bien  important,  c'est  qu'il  y  ait  sur-le-champ 
un  commandant,  des  officiers  d'artillerie  et  deux  compagnies 
d'artillerie  à  Wûrzburg,  et  que  des  vivres  soient  prompte- 
ment  jetés  dans  cette  citadelle. 

l'empereur  au  major  général. 

Mayence,  99  septembre  1806,  lo  heures  du  soir. 

Il  faut  nommer  un  général  pour  commander  à  Wttrzburg. 
Il  faut  voir  l'Électeur  pour  lui  faire  comprendre  la  néces- 
sité de  requérir  une  grande  quantité  de  blé  et  de  farine  pour 
approvisionner  abondamment  WUrzburg,  et  suffire  non  seu- 
lement au  service  des  troupes,  mais  encore  au  service  de 
l'approvisionnement  de  la  citadelle.  J'écrjs  au  prince  Primat 
pour  qu'il  envoie  une  quantité  de  farine  à  WUrzburg. 

Vous  ne  parlez  pas  des  mouvements  ni  de  l'arrivée  du 
parc.  Le  principal  est  d'avoir  des  moyens  de  vivre  à  Wiirz- 
borg  ;  on  réglera  ensuite  les  comptes. 

«Timagine  que  vous  avez  des  espions  à  Fulde.  Si  vous 
pouvez  vous  porter  rapidement  à  Kônigshofen,  pour  voir  la 
position  défensive  du  maréchal  Lefebvre,  et  les  rapporta  de 
cette  place  pour  tomber  sur  l'ennemi,  dans  lé  ca8<>ù  celui-ci 
se  porterait  de  Fulde  sur  Wttrzburg,  faites-le.  Je  désire' bteff 
connaître  les  rapports  de  KOnigshofen  avec  Coburg  et 
Kronach,  et  de  Kronach  avec  Hof.  Envoyez  des  officiers  du 
génie,  qui  non  seulement  reconnaîtront  les  débouchés  de 
KOnigshofen  sur  la  grande  route  qui  conduit  sur  Halle,  de 
Bamberg  sur  Coburg  et  de  Kronach  sur  Saalburg  et  Schleiz, 
et  qui  conduit  à  Leipzig,  mais  encore  les  rapports  de  KOnigs- 
hofen avec  Coburg  et  Kronach.  Si,  après  avoir  placé  le 
maréchal  Lefebvre  en  avant  de  KOnigshofen,  il  ne  me  con- 
venait pas  de  le  faire  déboucher  sur  Hildburghausen  pour 
ne  point  le  commettre  avec  Tennemi,  et  que  je  voulusse  le 
faire  venir  sur  Coburg,  en  dérobant  une  marche  à  l'ennemi, 


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176  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

sans  dépasser  les  limites  de  la  Saxe  et  la  petite  chaîne  de 
montagnes  que  je  suppose  être  entre  la  Saxe  et  WUrzburg, 
quel  chemin  devrait  prendre  pour  cela  le  corps  du  maréchal 
Lefebvre?  Combien  aurait-il  à  rétrograder?  Car  il  serait 
possible  que,  ne  voulant  point  engager  une  affaire  avec  l'en- 
nemi qui  se  serait  avancé  jusqu'à  HildburghauBcn,  je  le  fisse 
appuyer  sur  mon  centre  à  Coburg,  et  que,  mon  centre  réuni, 
je  le  fisse  replier  sur  Kronach.  Il  est  donc  nécessaire  que  je 
sache  quel  chemin  le  maréchal  Lefebvre  doit  suivre  pour  se 
rendre  à  Coburg,  en  deçà  de  la  ligne  de  mes  postes,  et  de 
Coburg  à  Kronach  également  en  deçà  de  la  ligne  de  mes 
postes.  Envoyez  un  officier  d'état-major  au  maréchal  Soult 
qui  viendra  vous  rejoindre  du  moment  que  ce  maréchal  sera 
en  position  \  C'est  par  là  que  je  veux  commencer,  si  toutefois 
je  suis  obligé  de  faire  la  guerre.  Je  pense  qu'il  est  inutile 
que  vous  veniez  à  Mayence.  Restez  à  WUrzburg.  J'attends 
moi-même  pour  vous  rejoindre  que  je  sache  quelle  est  la 
dernière  réponse  du  roi  de  Prusse  ;  il  m'a  envoyé  un  cham- 
bellan, que  je  n'ai  pas  encore  reçu  :  on  Ta  vu  sur  la  route  de 
Metz.  Faites  étudier  tout  le  local,  soit  comme  débouché,  soit 
comme  mouvement  parallèle,  depuis  Hof  jusqu'à  Kônigs- 
hofen. 

Cette  dernière  phrase  Faîtes  étudier  tout  le  local,  etc.,  résume  toutes 
les  conuaissances  prescrites  dans  la  dépêche.  Quel  travail  du  tempe 
de  paix  pourvoit  'satisfaire  ces  vues  du  Commandant  de  Tannée  ?  Ces 
.>64>«^&ac»is8auces  sont  imposées  au  dernier  moment  par  les  mouvements 
à  exécuter,  qui  dépendent  eux-mêmes  des  dispositions  de  l'ennemi. 


l'empereur  au  roi  de  hollande. 

Maycuce,  29  septembre  1806,  lo  heures  du  soir. 
Je  ne  reçois  qu'en  ce  moment  votre  lettre  du  24  septem- 
bre, où  je  vois  que  vous  serez  le  1*'  octobre  à  Wesel. 

Voici  d'abord  Tétat  de  la  question  :  la  guerre  n'est  pas 


1.  Les  aides  de  camp  et  les  officiers  d'élat-major  sont  faits  pour  surveiller 
TexécutioD  des  ordres. 


I 


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29    SEPTEMBRE.  177 

déclarée  avec  la  Prusse;   cependant  tout  porte  à  penser 
qu'elle  le  sera  sous  peu  de  jours. 

Envoyez-moi  l'état  de  situation  exact  de  votre  corps  d'ar- 
mée, et  £aites-le  cantonner  autour  de  la  ville.  Envoyez  votre 
cavalerie  légère  sur  les  frontières  observer  Tennemi,  sans  se 
commettre.  Réunissez  à  vos  troupes  le  bataillon  du  duc  de 
Cièves.  Faites  jeter  un  pont  à  Wesel  ;  veillez  à  ce  qu'on 
arme  et  approvisionne  la  place.  Faites  beaucoup  de  bruit  de 
votre  corps  d'armée.  Faites  mettre  dans  les  journaux  de 
Hollande  que  de  nouvelles  divisions  arrivent  de  France  et 
vont  vous  joindre.  Répandez  la  croyance  que  votre  armée 
sera  de  80,000  hommes.  Envoyez  des  espions  du  côté  de 
Munster.  Selon  mes  renseignements,  les  Prussiens  ne  doi- 
vent pas  avoir  plus  de  cinq  bataillons  ;  mais  il  ne  faut  pas 
vous  commettre.  Je  vous  ferai  connaître  mon  plan  de  cam- 
pagne, mais  pour  vous  seul,  par  un  officier  que  je  vous  expé- 
dierai demain.  Il  est  bien  important  que  vous  ayez  un  pont 
sur  Wesel,  pour  que  vous  puissiez  border  le  Rhin,  si  je  par- 
venais à  jeter  un  gros  corps  d'ennemis  sur  le  Rhin.  Il  y  a  des 
gazettes  à  DUsseldorf;  faites-y  mettre  la  nouvelle  de  votre 
arrivée,  et  faites  que  les  habitants  croient  que  vous  avez 
beaucoup  de  monde  et  que  vous  en  attendez  beaucoup 
d'autre. 

Expédiez  un  courrier  à  M.  fiignon,  mon  ministre  àCassel, 
avec  une  lettre  telle  qu'elle  puisse  être  lue,  puisqu'elle  peut 
être  interceptée.  Demandez-lui  dans  quelles  dispositions  est 
Télecteur  de  Hesse-Cassel,  s'il  est  ami  ou  ennemi,  et  les 
renseignements  que  sa  position  lui  permet  de  vous  donner. 
Vous  lui  direz  que  vous  réunissez  80,000  hommes  sur  le  bas 
Bhin,  mais  que  cela  ne  doit  donner  aucune  inquiétude  à 
l'Electeur,  s'il  ne  se  déclare  pas  contre  la  France. 

J  ai  adressé  hier  un  courrier  au  général  Loison,  à  Wesel, 
ignorant  que  vous  vous  trouviez  dans  le  pays. 

Toute  mon  armée  est  en  mouvement.  Je  ne  sais  pas  si 
votre  courrier  me  retrouvera  à  Mayence  ;  mais  il  y  prendra 
les  ordres  du  maréchal  Kellermann,  pour  se  diriger  sur  le 
point  ou  je  dois  être.  Il  est  convenable  que  vous  envoyiez 

CAMP.  DS  PSOMB.  18 


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178  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

près  de  moi  un  officier  intelligent  que  je  puisse  vous  renvoyer 
avec  mes  instructions  *. 

J'approuve  fort  votre  idée  de  faire  venir  des  chaloupes 
canonnières  à  Wesel.  Envoyez-m'en  deux,  si  vous  pouvez, 
à  Mayence  ;  mais  il  faudrait  qu'elles  fussent  légères.  Corres- 
pondez avec  le  maréchal  Kellermann,  qui  vous  instruira  de 
tout. 

Le  prince  Murât  m'a  dit  qu'il  avait  donné  le  commande- 
ment de  son  duché  au  général  Damas,  que  vous  avez  connu 
en  Egypte.  Il  enverra  des  espions  et  correspondra  avec  vous. 

l'empereur  au  général  dejean. 

Mayence,  S9  septembre  1806. 

Le  roi  de  Hollande  me  mande  l'envoi  de  200,000  rations 
de  biscuit  à  Wesel.  Je  n'ai  trouvé  presque  rien  à  Mayence  ; 
le  munitionnaire  n'avait  que  2,000  quintaux  de  farine  en 
iinagasin,  que  j'ai  fait  partir  sur-le-champ  pour  Wurzburg. 
Les  mesures  pour  approvisionner  Mayence  par  réquisition  ne 
sont  pas  encore  prises.  Le  commissaire  ordonnateur  n'a  pas 
même  connaissance  du  décret*.  H  est  bien  nécessaire  pour- 
tant que  j'aie  dans  cette  place  les  approvisionnements  que  j'ai 
demandés. 

Il  n'est  encore  arrivé  de  Strasbourg  à  Mayence  ni  bidons, 
ni  marmites,  ni  souliers.  Il  paraît  que  ce  dépôt  n'en  a  pas 
encore  reçu  l'ordre. 

Les  régiments  de  cavalerie  n'ont  pas  encore  reçu  l'avis 
des  fonds  que  je  leur  ai  accordés  pour  acheter  des  chevaux*. 


J.  La  ntScessilé,  pour  les  commandants  do  corps  d'armée  et  pour  les  com- 
mandants de  corps  détachés,  d^avoir  des  officiers  d*état-major  auprès  des  com- 
mandants des  corps  d'armée  voisins  et  auprès  du  commandant  de  rarmôe, 
doit  encore  guider  dans  la  fixation  du  nombre  des  aides  de  camp  et  des  ofli* 
ciers  d'état-major. 

i.  L'Empereur  avait  donne,  le  so,  Tordre  au  ministre  directeur,  en  luire- 
commandant  de  ne  pas  perdre  une  heure. 

a.      LE   COLOXBL    BOOVILLOIi,    DU    1^^   DB    HUgSABDS,    AU    GAitAbAL   DITPOXT, 
A    FBAKCrOBT. 

Oflenbach,  28  septembre  1806,  au  soir. 
J*ai  pris  connaissance  do  Tordre  du  98  septembre.  Je  n'ai  aucun  caissoo 


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29    SEPTEMBRE.  179 

Cela  devient  très  important  ;  mettez  pins  de  mouvement  dans 
toutes  ces  opérations.  Exigez  que  les  corps  passent  des 
marchés.  Autorisez  les  hussards  et  les  chasseurs  à  acheter 
des  chevaux  au-dessous  de  quatre  pieds  trois  pouces.  Auto- 
risez aussi  la  grosse  cavalerie  et  les  dragons  à  en  acheter 
au-dessous  de  la  taille  prescrite;  il  y  a  de  ces  sortes  de 
chevaux  partout  en  France,  et  il  vaut  mieux  acheter  des 
paysans  des  chevaux  de  6  ans  que  de  faire  des  remontes  de 
3  ou  4  ans  qui  ne  serviront  pas  avant  deux  années. 


l'ehpebeub  au  habéchal  soult. 

fiiayence,  2»  septembre  1806. 

J'espère  que  votre  corps  d'armée  sera  arrivé  le  3  octobre 
à  Amberg.  Je  vais  partir  demain  pour  porter  mon  quartier 
général  à  Wttrzburg.  La  guerre  n'est  pas  encore  déclarée  ; 
mais  elle  tient  à  un  fil  bien  faible.  Vos  propos  doivent  donc 
continuer  à  être  pacifiques.  Cependant  vous  vous  préparerez 
à  exécuter  le  plan  suivant.  Mon  intention  serait  que  vous 
puissiez  arriver  le  5  à  Baireuth  avec  tout  votre  corps  réuni, 
ayant  quatre  jours  de  pain,  et  en  manœuvre  de  guerre  ;  et 
que  le  7  vous  puissiez  arriver  à  Hof,  et  en  déloger  l'en- 
nemi. Mais,  comme  je  serais  à  Bamberg,  sur  le  compte  que 


à  ma  dispositioD  pour  le  transport  des  vivres.  Mon  régiment  aurait  besoin  de 
150  manteaux  neufs  pour  remplacer  pareil  nombre  tombant  de  vétusté. 

L'ordre  do  S.  M.  l'Empereur  pour  emprunter  10,000  fr.  sur  la  masse  des 
fourrages  no  peut  dtre  rois  à  exécution,  cette  masse  étant  non  seulement 
épuisée,  mais  obérée  de  8,960  fr.  que  le  conseil  a  empruntés  sur  la  masse 
de  lÎDge  et  chaussure  des  husscirds  (somme  redue  encore  à  cotte  masse), 
S.  Eic.  le  ministre  directeur  n*ayant  point  répondu  aux  demandes  réitérées 
du  conseil  et  no  pouvant,  d'ailleurs,  passer  aucun  marché  pour  cet  objet,  le 
temps  ne  le  permettant  point. 

Je  a*ai  ni  forge  de  campagne  ni  fors.  Les  maréchaux  ferrent,  comme  ils 
l'oat  tot^ours  fait,  c'est-à-dire  au  ftir  et  à  mesure  que  les  chevaux  en  ont 
besoin. 

J'ai  échangé  à  Mayence  78  carabines  courtes  autrichiennes  contre  un  pareil 
Dombre  de  carabines  françaises. 

Vous  verrez,  mon  Général ,  par  les  réponses  que  je  fieds  à  Tordre  du  jour, 
<|Q'il  De  m'est  point  possible  de  satisfaire  à  aucun  de  ses  articles.  Le  temps 
«l  trop  court.  D'ailleurs,  je  n'ai  aucun  moyen  d'exécution  que  celui  de  pren- 
dre des  vivres  à  Aschaffenburg  pour  8  jours.  S.  M.  ignore  sans  doute  que  mon 
régiment  a  été  négligé,  qu'il  lui  est  redù  encore  S  mois  de  solde. 


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180  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

VOUS  m'auriez  rendu  de  la  journée  du  5,  vous  recevriez  des 
ordres  plus  précis  pour  le  6  et  le  7.  Les  rapports  que  vous 
m'enverriez  sur  la  situation  des  ennemis  à  Hof  me  seraient 
nécessaires. 

Ceci  n'est  point  un  ordre  d'exécution,  mais  une  instruc- 
tion pour  vous  préparer,  en  attendant  mes  ordres  pour  entrer 
dans  le  pays  de  Baireuth.  Vous  vous  porteriez  sur  l'extrême 
frontière  entre  le  pays  de  Bamberg  et  celui  de  Baireuth. 
Far  ce  plan  vous  seriez  le  premier  destiné  à  entrer  dans  le 
pays  ennemi.  Vous  et  votre  corps  d'armée  devez  voir  l'es- 
time que  je  vous  porte.  Je  vois  avec  plaisir  arriver  le  moment 
où  je  vais  vous  revoir.  Envoyez-moi,  par  l'officier  d'ordon- 
nance que  je  vous  expédie,  un  état  exact  de  votre  situation, 
corps  par  corps,  ainsi  que  l'état  du  matériel  de  votre  artillerie. 
Prenez  pour  principe,  dans  toutes  vos  formations  en  ba- 
taille, soit  que  vous  vous  placiez  sur  deux  ou  trois  lignes, 
qu'une  même  division  fasse  la  droite  des  deux  ou  trois 
lignes,  une  autre  division  le  centre  des  deux  ou  trois  lignes, 
une  autre  division  la  gauche  des  deux  ou  trois  lignes.  Vous 
avez  vu  à  Austerlitz  l'avantage  de  cette  formation,  parce 
qu'un  général  de  division  est  au  centre  de  sa  division. 

En  vous  envoyant  l'ordre  d'entrer  dans  le  pays  de  Bai- 
reuth, je  vous  ferai  connaître  comment  vous  devez  traiter  ce 
pays.  Le  3  octobre,  le  maréchal  Ney  sera  avec  son  corps 
d'armée  à  Nuremberg  5  le  maréchal  Davout,  à  Bamberg  ;  le 
maréchal  Bemadotte,  à  Kronach  ;  le  maréchal  Lefebvre,  à 
Konigshofen  ;  le  maréchal  Augereau,  à  Wttrzburg  ;  toute  la 
réserve  de  cavalerie,  entre  Kronach  et  le  Mayn.  J'ai  pensé 
qu'il  était  nécessaire  que  je  vous  donnasse  cette  idée  de  la 
position  générale  de  l'armée.  Du  moment  que  vous  serez  à 
Baireuth,  votre  ligne  d'opérations  doit  être  sur  Nuremberg; 
c'est  sur  cette  place  que  vous  devez  opérer  vos  évacuations. 
Vous  pourriez  diriger  les  prisonniers  que  vous  feriez  sur 
Forchheim. 


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29   SEPTEIIBRE.  181 


l'empereub  a  m.  de  montesquiou. 

Mayence,  30  septembre  1806,  8  heures  du  matin. 

M.  de  Montesquiou  partira  à  2  heures  du  matin  pour  por- 
ter la  lettre  ci-jointe  au  maréchal  Soult  à  Amberg.  Il  me 
rapportera  la  situation  de  ses  troupes,  une  idée  générale 
des  chemins,  et  viendra  me  retrouver  le  plus  tôt  possible 
au  quartier  général.  Si  le  maréchal  Soult  n'était  pas  encore 
arrivé  à  Amberg,  il  ira  à  sa  rencontre.  Il  aura  soin  de  bien 
faire  connaître  le  jour  où  toutes  les  troupes  du  général  y 
seront  rendues.  La  lettre  qu'il  porte  est  de  la  plus  grande 
Conséquence.  Il  la  détruirait  plutôt  que  de  la  laisser  prendre. 
  tout  événement,  il  est  bon  qu'il  la  porte  d'une  manière 
cachée. 

l'empereub  au  génébal  rapp. 

Mayence,  29  septembre  180B,  lO  heures  du  soir. 

Il  est  nécessaire  que  vous  soyez  à  Wtirzburg  le  2  octobre  ; 
rendez-vous-y  directement.  Les  deux  bataillons  de  dragons 
sont  arrivés-  Du  dernier  état  que  vous  m'avez  envoyé,  il 
résulte  que  l'infanterie  de  ligne  peut  faire  partir  1,248 
hommes;  Pinfanterie  légère,  634;  la  'cavalerie  et  les  dra- 
gons, 195  hommes  à  cheval  ;  et  les  chasseurs  et  hussards,  66. 
Je  TOUS  prie  de  me  faire  connaître  si  tous  ces  détachements 
8ont  partis.  Comme  Mayence  est  un  détour,  dirigez-les  direc- 
tement sur  Wtirzburg  ;  mais  faites-les  marcher  en  règle  sous 
les  ordres  d'un  adjoint  à  Tétat-major*,  et  envoyez-moi  leur 
ordre  de  marche,  afin  que  je  sache  le  jour  où  ils  arriveront, 

«Tai  nommé  le  général  Bisson  pour  prendre  le  commande- 

1*  Le  môme  jour  t9,  TEnipereur  a  confié  à  Tadijudaiit  commandant  Levas- 
>eur  le  commandement  des  détachements  du  s*  corps  partant  de  Mayence.  Ces 
iBî^oiis,  dont  on  trouvera  encore  d'autres  exemples,  rentrent  donc  dans  les 
*(tributîoos  des  ofBciers  d^état-roajor.  Le  général  Thiébault  les  signale  à  l'ar- 
ticle Condvite  det  colonnes. 


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182  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ment  de  la  5*  division  ;  mais,  comme  il  peut  tarder  à  arriver, 
laissez  la  division  au  général  de  brigade  le  plus  habile  *  ; 
écrivez  en  miême  temps  au  général  Bisson,  à  Besançon,  qu'il 
est  urgent  qu'il  soit  à  Strasbourg  ;  que  vous  vous  rendez  à 
Tarmée,  et  qu'il  n'y  a  pas  d'homme  capable  de  diriger  cela. 
En  vous  rendant  à  Wtlrzburg,  vous  passerez  à  Carlsruhe, 
où  vous  verrez  le  grand-duc.  Vous  verrez  surtout  le  prince 
héréditaire,  pour  savoir  s'il  commande  son  corps,  quelle 
sera  sa  force,  et  quel  jour  il  sera  réuni.  Vous  verrez  aussi  la 
princesse.  Je  désire  que  vous  alliez  vous-même  jusqu'à 
Manheim,  et  que  vous  suiviez  de  là  la  route  de  WUrzburg, 
pour  connaître  si  tout  est  prêt  pour  ma  Garde  à  cheval  et 
pour  l'artillerie,  qui  doivent  y  passer.  Je  vous  ai  autorisé  à 
prendre  des  aides  de  camp.  J'imagine  que  vous  en  avez  un  f 
dirigez-le  sur  Augsburg,  pour  prendre  la  note  de  tout  ce  qui 
en  est  parti  et  de  la  situation  des  Français  qui  y  restent.  Il 
prendra  les  mêmes  notes  à  Ulm,  et  il  se  rendra  avec  ces 
deux  mémoires  à  WUrzburg  *.  Comment  le  payeur  n'est-il  pas 
encore  ici?  S'il  n'en  a  pas  reçu  l'ordre,  donnez-le-lui,  et 
qu'il  parte  sans  délai.  J'imagine  que  vous  recevrez  ce  cour- 
rier le  30  au  matin.  Réexpédiez-le  sur-le-champ  avec  vos  ré- 
ponses à  ces  questions.  N'oubliez  pas  de  m'envoyer  aussi  par 
lui  la  situation  de  l'artillerie  du  général  Oudinot,  matériel, 
personnel,  attelages,  que  vous  avez  dirigée  sur  Mayence. 

l'empereur  au  maréchal  augereau. 

Mayence,  89  septembre  1806,  minuit. 

Je  vous  prie  de  me  faire  connaître  ce  qui  serait  arrivé  à 
votre  connaissance  du  côté  de  Fulde  et  de  Cassel.  Comme  il 


1.  Là  où  il  y  a  une  direction  à  donner,  Tancionneto  n*est  plus  un  droit  au 
commandement  ;  elle  disparait  pour  faire  place  à  la  capacité,  qui  fixe  seule 
le  choix  du  chef.  Les  questions  de  susceptibilité  doivent  âtre  mises  de  côté. 
L'intérôt  public  exige  que  le  commandement  soit  confié  au  plus  babilo.  Au 
plus  ancien  à  ôtre  aussi  le  plus  capable. 

a.  L*£mpereur  n*était  renseigné  que  parce  qu'il  avait  des  aides  de  camp  et 
des  officiers  d'ordonnance  et  qu'il  savait  s'en  servir.  Tant  qu'on  n'en  viendra 
pas  là,  on  ne  saura  rien. 


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29    SEPTEMBRE.  183 

serait  possible  que  vous  receviez  Tordre  de  vous  rendre  à 
Wûrzburg,  il  serait  nécessaire  que  vous  vous  procuriez 
des  vivres  pour  quatre  jours,  et  de  vous  préparer  à  replier 
vos  postes,  de  manière  à  arriver  à  Wiirzburg  le  3  octobre. 
Je  vous  enverrai  des  ordres  demain  30  avant  minuit.  Ne 
démasquez  point  votre  mouvement,  de  manière  que  Ton  ne 
puisse  supposer  quelle  route  vous  devez  prendre.  Je  suppose 
que  le  20'  de  chasseurs  a  joint  votre  corps  d'année. 

L'eHPEREUB  au   GéNÉRAL  MERLE,    GOUVERKEUR 
DE   BRAUNAU. 

Mayonce,  89  septembre  1806,  minuit 

Monsieur  le  général  Merle,  je  vous  expédie  un  courrier 
pour  vous  faire  connaître  que  je  suis  arrivé  à  Wtirzburg  et 
que  Tannée  y  est  réunie.  Les  hostilités  ne  sont  pas  commen- 
cées avec  l'armée  prussienne  -,  mais  ce  qui  m'importe,  c'est 
(lavoir  la  situation  de  votre  place  et  de  ce  qui  s'y  passe. 
J'espère  qu'il  n'y  aura  pas  lieu  que  vous  me  donniez  des 
preuves  de  votre  courage,  vu  ma  position  avec  l'Empereur 
d'Autriche  ;  mais  enfin,  si  le  cas  arrivait,  je  compte  sur  vous, 
votre  talent  et  la  valeur  des  troupes  que  vous  commandez. 
11  n'y  aura  point  d'inconvénient  à  ce  que,  sans  vous  mettre 
en  avant,  vous  laissiez  courir  le  bruit  que  tout  est  arrangé 
avec  U  Prusse. 

l'empereur  a   m.    OTTO. 

Mayence,  29  septembre  1806,  minuit. 

J'expédie  un  courrier  à  Braunau  pour  avoir  des  nouvelles 
du  général  Merle  et  de  la  situation  des  affaires  de  ce  côté. 
Je  lui  donne  Tordre  de  retourner  par  Munich,  et  je  désire 
que  vous  me  fassiez  passer  tout  ce  qui  viendrait  à  votre  con- 
naissance. Mon  quartier  général  sera  demain  à  WUrzburg, 
^t  probablement  le  5  octobre  à  Bamberg.  Demandez  au  géné- 
ral Deroy  l'emplacement,  au  3  octobre,  de  chacun  de  ses 


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184  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

régiments,  et  leur  situation.  Je  désirerais  qu'il  me  les  en-  | 
voyât  sur-le-champ  à  WUrzburg,  afin  que  la  communication  \ 
soit  fréquente.  Si  le  courrier  avait  besoin  d'une  instruction 
particulière  pour  se  rendre  à  Braunau,  vous  la  lui  donneriez. 
Écrivez  par  un  courrier  au  vice-roi  d'Italie  pour  lui  donner 
des  nouvelles  sur  ce  qui  se  passe,  dissipez  les  faux  bruits,  si 
communs  à  la  guerre.  Écrivez  au  vice-roi  qu'il  fasse  passer 
par  estafette  des  nouvelles  à  Naples.  Toutes  les  fois  qu'il 
courrait  des  nouvelles  désastreuses  ou  que  vous  apprendriez 
des  événements  importants,  n'épargnez  pas  d'envoyer  des 
courriers  à  Milan,  en  en  chargeant  des  hommes  secrets  qui 
ne  sachent  faire  autre  chose  que  de  remettre  une  lettre.  U 
est  convenable  que  vous  fassiez  courir  le  bruit  du  côté  de 
Braunau  que  tout  est  arrangé  avec  la  Prusse,  sans  vous 
mettre  trop  en  avant.  Je  n'écris  point  au  roi  de  Bavière, 
parce  que  vous  pouvez  Tentretenir  de  tout  ce  que  je  peux 
lui  écrire. 


l'empereur  au  général  rapp. 

Mayence,  i9  septembre  1806,  minuit. 

Je  reçois  votre  lettre  du  28  septembre  aujourd'hui  à  mi- 
nuit. Je  vous  ai  expédié  un  courrier  il  y  a  six  heures,  et 
je  vous  en  expédie  un  nouveau  pour  vous  faire  connaître 
que  mon  intention  est  que  les  4  bataillons  que  vous  organisez 
débarquent  à  Manheim  et  se  dirigent  en  toute  diligence  sur 
Wttrzburg.  Les  3  bataillons  sont-ils  composés  de  grenadiers 
et  de  voltigeurs,  ou  de  simples  compagnies?  Faites-le-moi 
connaître,  afin  que  je  sache  ce  que  je  pourrai  en  faire. 

Dirigez  le  bataillon  du  28*  léger  sur  Mayence,  ce  bataillon 
devant  rejoindre  son  régiment  devant  cette  place. 

Les  pontons  sont  inutiles  à  Mayence,  envoyez-les  sur 
Bamberg. 

N'exécutez  point  l'ordre  du  ministre  qui  ordonne  d'en- 
voyer des  hommes  à  pied  des  régiments  de  cavalerie  des 
dépôts  aux  escadrons  de  guerre  ;  toutefois  faites-moi  con- 


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29   SEPTEMBRE.  185 

naître  ce  qu'a  demandé  le  ministre,  et  la  situation  de  ce  que 
TOUS  ayez  déjà  envoyé  de  ces  hommes  à  pied,  ainsi  que  ce 
qui  reste  à  ces  dépôts. 

Les  25  bateaux  sont  bien  importants;  mettez-y  toute  votre 
attention  ;  faites-les  escorter  par  un  bon  détachement  com- 
mandé par  un  officier  supérieur;  donnez-lui,  s'il  faut,  de 
l'argent  pour  lever  tous  les  obstacles  qui  se  présenteront  en 
route,  et  qu'il  soit  rendu  à  Bamberg  le  5  octobre. 

Ayez  bien  soin  d'envoyer  à  Tarmée  et  de  diriger  sur  WUrz- 
burg  tout  ce  que  vous  pourrez  tirer  des  dépôts,  en  laissant 
aux  3^  bataillons  les  officiers  et  sous-officiers  nécessaires 
pour  recevoir  les  conscrits  qui  vont  y  arriver  de  toutes  parts. 

Visitez  également  les  bataillons  du  train  ;  ordonnez- leur 
d'acheter  des  chevaux  de  trait  ;  il  en  manque  à  l'armée  ; 
mettez  en  marche  tout  ce  que  vous  pourrez  de  ces  bataillons 
sur  Wttrzburg,  où  je  vous  ai  déjà  fait  connaître  que  vous 
deviez  être  rendu  pour  le  3  octobre  au  plus  tard. 


LE   MAJOB  GÉNÉRAL  A  L'EMPBREUR. 

Wûrzburg,  29  septembre  1806. 

J'ai  l'honneur  d'adresser  à  V.  M.  la  copie  de  la  lettre  que 
je  viens  de  recevoir  du  roi  de  Wurtemberg  et  la  réponse 
de  l'archiduc  Ferdinand  à  ma  lettre  du  26. 

Un  rapport  de  M.  le  maréchal  Lefebvre,  n**  1  '. 

Un  rapport  du  chef  de  bataillon  Legrand  que  j'avais 
envoyé  en  reconnaissance,  n*  2. 

Un  rapport  du  chef  de  bataillon  Huart,  envoyé  aussi  en 
reconnaissance,  que  les  Prussiens  n'ont  pas  voulu  laisser 
passer  à  Eisenach  et  qu'ils  ont  reconduit  hors  des  frontières 
de  Saxe,  n»  3. 

Un  rapport  du  chef  de  bataillon  Q^uilleminot  que  j'avais 
également  envoyé  en  reconnaissance,  n®  4. 

V.  H.  remarquera  la  grande  activité    qui   règne  dans 

^-  C'est  le  rapport  du  maréchal  Lefebvre  du  28. 


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186  CAMPAGNE   OE    PRUSSE. 

les  dispositions  de  Tarmée  prussienne  :  elle  verra  que  leurs 
troupes  légères  bordent  toutes  les  frontières  de  la  Saxe 
et  de  la  Prusse  et  sont  en  contact  avec  les  armées  de  V-  M. 
Je  viens  d'expédier  un  courrier  au  général  Songis  pour 
quHl  accélère  l'arrivée  des  12  pièces  d'artillerie  à  Wiirzburg 
où  vous  désirez  qu'elles  se  trouvent  au  passage  de  votre 
Garde. 


Les  reconnaissances  suivantes  donneront  une  idée  du  pays  et  de 
la  nature  des  communications. 


LB    CHEF    OB    BATAILLON    HUART   AU    COLONRL    BLBIN. 

Schweinfurt,  28  septembre  1806. 

Voici  une  partie  de  ma  tournée  faite.  J'ai  vu  Coburg,  Hildbnrghan- 
sen,  Meiuingen,  Ëîsenach  et  Fulde.  Aucune  de  ces  villes  ne  remplit 
l'objet  que  Ton  se  propose.  Aucune  de  ces  villes  n'a  de  mur  d'en- 
ceinte proprement  dit  :  loin  d'être  susceptibles  d'être  mises  en  état 
de  défense,  c'est  qu'un  parti  de  cavalerie  pourrait  y  entrer  à  toute 
heure  et  de  tous  côtés.  Les  Prussiens  étaient  et  sont  encore  à  Ëise- 
nach,  Meiningen  et  Hildburgbausen  ;  il  m'a  fallu  avoir  du  front  pour 
pénétrer  jusqu'à  Eisenach  qui  est  le  quartier  général  de  leurs  avant- 
postes  et  boire  la  honte  de  m'en  faire  chasser  et  reconduire  bien  es* 
corté  jusqu'aux  frontières  de  la  Saxe.  Je  vais  examiner  Schweînfiurt 
que  je  connais  déjà,  qui  est  un  fort  bon  poste,  bastionné,  avec  des 
dehors,  quoique  tout  cela  soit  en  assez  mauvais  état,  mais  pas  trop 
difficile  à  améliorer  :  j'irai  voir  demain  Wiirzburg  que  je  ne  connais 
pas  et  là  je  m'occuperai  de  rédiger  et  de  vous  envoyer  des  notes 
plus  détaillées  et  plus  circonstanciées  sur  la  reconnaissance  qne  j'ai 
faite. 

Ne  sachant  où  est  maintenant  S.  A.  le  major  général  sous  le  cou- 
vert duquel  je  vous  envoie  celle-ci,  je  prends  le  parti  de  l'adresser  à 
WUrzburg  à  M.  le  général  Belliard,  qu'on  m'a  dit  y  être. 

RAPPORT  SUCCINCT  DU  CHEF  DE  BATAILLON  DU  GÂMIE  LEGRAND,  EN  RE- 
CONNAISSANCE DE  RATISBONNB  A  BAMBEBQ  PAR  NUREMBERG,  ET  DE 
BAMBERO  A  KRONACH  ET  GERA,  ADRESSÉE  LE  29  SEPTEMBRE  AU  G^KÉ- 
RAL    8AN80N. 

D'Ërlang  à  Forchheim  il  n'y  a  pas  de  chaussée.  La  route  passe  sur 
des  sables  fins  et  sans  consistance.  La  poste  met  quatre  heures  à 


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^^' 


29    SEPTEMBRE.  187 

faire  4  petites  lieues.  Cependant  les  plus  fortes  voitures,  telles  que 
guimbardes,  j  passent  à  force  de  chevaux. 

L'embranchement  d'Erlang  sur  Amberg  est  mauvais. 

De  Forchheim  à  Bamberg  la  route  est  bonne. 

De  Bamberg  à  Baireuth  la  route  est,  dit-on,  mauvaise. 

De  Bamberg  à  Kronach,  la  route  dans  le  large  vallon  du  Mayn 
jusqu'à  Redwitz  est  généralement  bonne.  Les  villages  jusqu'à  Lich- 
tenfels  sont  assez  nombreux  dans  le  vallon.  On  trouve  sur  la  route 
deux  villages  fermés  d'une  muraille,  celui  de  Staffelstein  et  celui  de 
Lichtenfels. 

Bamberg  plus  grande  et  plus  belle  ville  qu'on  ne  croit  générale- 
ment; elle  est  plus  grande  que  WtJrzburg  et  mieux  bâtie. 

Staffelstein  est  un  petit  village  d'une  centaine  de  feux. 

Lichtenfels  peut  avoir  250  maisons. 

Redwitz  n'est  qu'un  très  petit  village. 

C'est  en  avant  de  ce  village  que  la  route  traverse  le  Mayn  sur  trois 
ponts  en  pierre  et  que  les  Prussiens,  en  débouchant  de  la  petite  for- 
teresse de  Cuimbach,  pourraient  disputer  le  passage. 

J'ai  été  rencontré  à  Cuimbach  par  M.  le  colonel  du  génie  Blein 
qui  m'a  engagé  à  ne  pas  aller  plus  avant. 


RAPrOBT  DC    CHEP    DK    BATAILLON     GUILLBMINOT,     EN    RECONNAISSANCE 
DE    NUREMBERG    A    DRESDE. 

Renseignements  iopographiques. 

Une  armée  qui  suivrait  la  route  de  Nuremberg  à  Dresde  aurait  des 
diiBeiiItésà  vaincre  quant  aux  chemins.  Entre  Plauen  et  Zwickau, 
la  communication  est  absolument  impraticable  en  temps  de  pluie,  et 
uUeors  en  beaucoup  d'endroits  elle  n'a  pas  la  voie  de  l'artillerie 
^nçaise.  Cependant  on  pourrait  ouvrir  des  chemins  à  droite  et  à 
g&nche. 

Le  sol  est  généralement  montueux  et  boisé  depuis  6  lieues  au  delà 
de  Nuremberg  jusqu'à  Zwickau. 

11  Test  moins  jusqu'à  Oderan  et  ensuite  jusqu'à  Dresde  ce  sont 
pïwque  toujours  de  grandes  plaines. 

La  Saale,  qui  passe  à  Hof,  est  la  plus  profonde  des  rivières  que 
l  on  ait  à  traverser  ;  elle  est  guéable  au-dessus  de  Hof.  Il  parait  que 
lenueim  en  défendra  le  passage.  Un  camp,  dit-on,  a  été  tracé  pour 
15,000  à  20,000  hommes  près  de  cette  ville. 

Les  autres  rivières  sont  de  8,  10  et  12  toises  de  large  et  coulent 
^08  des  vallées  assez  profondes,  mais  comme  elles  sont  plus  ou 


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188  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

moins  guéables,  elles  n'arrêteront  pas  longtemps.  Elles  débordent 
toutes  en  temps  de  plaie.  Leurs  ponts  sont  pour  la  plupart  en 
pierre. 

En  général  les  vivres  et  les  fourrages  ne  manqueront  pas  sur  la 
route  de  Nuremberg  à  Dresde  ;  seulement  en  avant  d'Hippolstein  le 
pays  pendant  plusieurs  lieues  est  très  aride. 

(Suivent  des  renseignements  très  complets  sur  Dresde.) 

Le  chef  de  bataûlan  adjoint  à  Vaide'inajor  général  Sanson. 

GUILLBMINOT. 


RAPPORT    FAIT    A    8.    A.    8.    LE     PRINCB   DE    NBUFOHATIL    PAR    LE    CHRP 
DR    BATAILLON    QUILLEMINOT    BNVOVA   A    DRESDE    PAR   SB8    ORDRES. 

Wûrzburg,  89  seplembre  1806. 

L*aile  gauche  de  Tarmée  prussienne,  formée  des  troupes  de  la  Si- 
lésie  et  des  possessions  en  Pologne,  est  entrée  en  Saxe  le  6  septembre. 
Elle  a  passé  l'Elbe  sur  4  points,  au-dessous  de  Pilnitz  sur  un  bac, 
au  pont  de  Dresde,  sur  un  pont  de  bateaux  construit  exprès  à  Nieder- 
Wartha  et  sur  le  pont  de  Meissen.  Ce  corps  cantonna  autour  de 
Dresde  sous  le  prétexte  que  l'armée  du  Roi  qui  s'avançait  de  Magde- 
burg  était  en  retard.  8  régiments  d'infanterie  furent  aussitôt  dirigés 
sur  Merseburg  pour  y  renforcer  cette  dernière. 

On  vantait  la  marche  des  troupes  de  l'aile  gauche  et  on  citait  par 
exemple  celle  du  régiment  de  Zastrow  qui,  en  16  jours,  était  venu  de 
Posen  à  46  milles  ou  92  lieues  de  Dresde,  ce  qui  ne  fait  pas  6  lienes 
de  poste  par  jour. 

Le  23  le  quartier  général  du  prince  Hohenlohe  et  du  prince  Louis 
de  Prusse  devait  être  transféré  à  Freyberg  sur  la  route  de  Dresde  à 
Hof  .  Les  chevaux  du  prince  Hohenlohe  étaient  rassemblés  le  soir  vis- 
à-vis  l'hôtel  de  Pologne  où  il  était  logé. 

L'armée  saxonne  fait  décidément  cause  commune  avec  les  Prus- 
siens. Le  prince  Hohenlohe  lui  donne  des  ordres  directs.  H  en  a  dis- 
persé les  troupes  parmi  les  siennes  ;  quelques  bataillons  saxons  sont 
cependant  disposés  par  échelons  entre  Plauen  et  Chemnitz. 

L'armée  du  Roi  (le  centre)  marchait  lentement  de  Magdeburg  par 
Merseburg  et  Leipzig.  Celle  de  M.  de  Rilchel  (l'aile  droite)  est  daus 
le  Hanovre  septentrional  et  doit  agir,  dit-on,  vers  le  Bas-Rhin.  M.  de 
Wartensleben,  l'ancien  gouverneur  d'Erfurt,  devait  rassembler  20  ba- 
taillons et  12  escadrons  sur  la  Saale  à  la  droite  du  général  Tauensien, 
qui  est  à  Hof  et  dont  le  corps  ne  se  monte  pas  à  plus  de  2,000  hom- 
mes malgré  les  rapports  exagérés  qu'on  en  fait. 


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29   SEPTEMBRE.  189 

Les  forces  ennemies  se  divisent  ainsi  qu'il  suit  : 

Taile  gauche  de  62,000  hommes  sous  le  prince  Hohenlohe  ayant 
avec  lui  le  prince  Louis  ; 

le  centre  de  75,000  hommes  sous  les  ordres  immédiats  du  Roi  ; 

le  duc  de  Brunswick  est  lieutenant  de 
S.  M.  Les  généraux  Môllendorf  et  Kalk- 
reuth  commandent  chacun  une  aile  de 
cette  armée. 

Taile  droite  de      50,000  hommes  sous  M.  de  Riichel. 

Total.   .    .      187,000  hommes. 

Cette  force  est  donnée  d'après  les  rapports  les  moins  exagérés. 

On  avait  cru  d'abord  que  ces  troupes  s'avanceraient  plus  rapidement, 
mais  leur  marche  a  été  suspendue  ;  elle  ne  se  continuait  pas  d'une 
manière  bien  prononcée  le  23  septembre  ;  cependant  il  était  alors 
fortement  question  de  les  porter  plus  en  avant. 

Les  généraux  reçoivent  en  marche  Tordre  de  leur  destination  qui 
leor  parvient  toutes  les  24  heures. 

On  n'a  pu  rien  savoir  de  bien  positif  encore  sur  les  Russes.  Les 
débris  de  la  bataille  d'Austerlitz  rassemblés  à  Brzesc  sur  le*  Bug 
forment  le  noyau  d'une  armée  qu'on  dit  devoir  être  portée  à 
50,000  hommes,  destinés  pour  la  Saxe,  sous  le  commandement  du 
général  £ssen. 

On  dit  aussi  qu'une  autre  armée  de  80,000  hommes  doit  suivre  la 
première  sous  le  vieux  général  Kamensky,  espèce  de  demi-sauvage 
dans  le  genre  de  Souwarow.  Ce  général  avait  été  disgracié.  Les 
coartisaus  d'Alexandre  disaient  qu'il  était  vieux,  sourd  et  bête. 
Lorsque  dans  la  dernière  guerre  on  le  sonda  pour  savoir  s'il  repren- 
drait du  service,  il  répondit  :  «  Je  suis  trop  vieux,  trop  sourd  et  trop 
bête.  >  Il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  tenu  à  cette  résolution.  Les  soldats 
ont  confiance  en  lui  :  du  reste  on  ne  sait  rien  de  certain  sur  la  mar- 
che de  ses  troupes.  Il  court  à  ce  sujet  les  bruits  les  plus  ridicules 
dans  l'armée  prussienne. 

£a  général  l'esprit  de  cette  armée,  surtout  chez  l'officier,  paraît 
très  monté  ;  on  emploie  à  cet  effet  tous  les  moyens  imaginables. 
L*armée  saxonne  n'est  pas  aussi  bien  disposée  :  quelques  jeunes  gens 
désirent  la  guerre  ;  les  anciens  généraux  et  les  officiers  ne  la  deman- 
dent pas  ;  tous  paraissent  assez  mécontents  de  l'incorporation  de 
leur  armée  avec  celle  des  Prussiens. 

La  Prusse  est  en  guerre  avec  l'Angleterre,  et  cependant  les  officiers 
prussiens  et  notamment  le  prince  Louis  ne  quittent  pas  l'envoyé  an- 
glus  et  les  autres  personnes  de  cette  nation  qui  sont  à  Dresde. 

Le  duc  de  Brunswick  ne  désire  pas  la  guerre  *  ;  il  craint  de  com- 


i.  Uùffling,  sous-chef  de  Tétat-major  gûnéral  prussien ,  raconte  que  lo  mar- 


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190  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

promettre  sa  réputation,  il  est  timide,  lent,  irrésolu,  eu  un  mot  c'est 
le  Daun  des  Prussiens. 

M.  de  M($llendorf  craint  également  d'exposer  son  nom  ;  on  lui  a 
fait  ainsi  qu'à  M.  de  Kalkreuth  un  commandement  fictif  à  l'armée 
du  Roi,  afin  de  ne  paâ  intervertir  l'ordre  du  tableau  en  donnant  de 
préférence  un  corps  d'armée  aux  généraux  Hofaenlohe  et  Rdcliel, 
moins  anciens  qu'eux. 

Ces  deux  derniers  veulent  la  guerre  ;  les  uns  accordent  des  talents 
et  de  l'énergie. à  M.  de  Bttchel,  les  autres,  en  grand  nombre,  les  loi 
contestent.  Le  prince  Uohenlohe  est  très  animé  contre  les  Français. 
Il  a  de  la  réputation.  Le  prince  Louis  est  très  débauché  :  on  le  ra- 
mène ivre  toutes  les  nuits  ;  c'est  une  tête  exaltée.  On  lui  donne  de 
l'esprit. 

M.  de  Kalkreuth  est  rongé  de  maladies  ;  on  le  considère  comme 
incapable. 

BE CONNAISSANCE    DU    CAPITAINE    BÂMOND    DB   BATI8B0NNB   A  EOEB; 
BETOUB    PAB   HOF,    BEBNBCK,    BAIBEUTH,    SUE   AHBEBO. 

M.  le  comte  de  Tauenzîen,  commandant  dans  la  principauté  de 

Baireuth,  a  réuni  toutes  ses  troupes  à  Hof  ;  on  compte  8,000  ou 
10,000  hommes  sous  ses  ordres.  Il  a  établi  une  batterie  de  4  pièces 
d'artillerie  à  une  lieue  eu  avant  de  la  ville  sur  le  chemin  de  Baireuth. 
La  chaussée  qui  traverse  ce  pays  est  en  assez  bon  état  jusqu'à  Hof.... 

A  mon  passage  à  Eger,  voyant  arriver  une  dizaine  de  déserteurs 
prussiens,  je  demandai  aux  officiers  autrichiens  s'il  leur  en  arrivait 
souvent  ;  ils  me  répondirent  que  journellement  ils  en  recevaient  jlis 
ou  moins. 

Il  n'y  a  pas  de  chaussée  de  Hof  à  Dresde  ;  seulement  par  inter- 
valles il  eu  est  de  très  petites  portions  qui  sont  fort  mal  entretenues; 
j'ai  remarqué  que  sur  beaucoup  de  points  on  transportait  des  pierres 
et  qu'on  ne  s'occupait  cependant  qu'à  remplir  les  ornières,  de  ma- 
nière que  les  transports  seront  toujours  extrêmement  difficiles  dans  des 
chemins  aussi  montagneux  et  dont  une  grande  partie  ne  sera  pas  ferrée. 

Plauen,  sur  la  rivière  d'Elster,  qui  a  un  pont  en  pierre,  est  la  pre- 
mière ville  de  Saxe. 

Les  villages  et  villes  qui  garnissent  le  chemin  de  Hof  à  Dresde 
offirent  des  ressources  sans  nombre  pour  les  subsistances. 

Toutesles  rivières  sont  peu  conséquentes  et  guéables  presque  partout. 


quis  de  Lucchesini,  arrivant  de  Paris  à  Naumburg,  et  questionné  par  le  duc  de 
Brunswick  sur  les  intentions  de  l'Empereur,  aurait  répondu  :  «  Monseigneur, 
il  ne  sera  jamais  Tagresseur,  jamais,  jamais  I  »  A  ces  mots,  un  sourire  de  sa- 
tisfaction aurait  éclairé  le  visage  du  duc. 


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29    SEPTEMBRE.  191 

BECONKAI88ANCB  DU  COLONEL  BLEIN  DE  BAHBBBQ  A  LEIPZIG  PAR  CO- 
BUBO,  8AALFELD,*IÉNA  ET  MAUMBUBG  ;  BET0T7B  PAB  ZEITZ^  GERA 
ET   8CHLE1Z. 

(S ote  jointe  à  un  mémoire  du  colonel  Blein  sur  la  campagne  de  Prusse.) 

Je  partis  le  19  de  Munich  étant  chargé  de  reconnaître  les  routes 
de  Bamberg  à  Leipzig,  et  cette  mission,  d'après  révénement,  ne  fut 
pas  une  des  moins  importantes. 

La  rupture  ne  devant  pas  encore  éclater,  je  pris  le  prétexte  d'aller 
voir  la  foire  de  Leipzig  et  d'y  acheter  des  cartes  de  géographie. 
J'allai  par  Coburg,  Saalfeld,  léna  et  Naumburg.  Je  trouvai  les  pre- 
miers postes  d'honzards  prussiens  auprès  de  léna.  Celui  qui  était  en 
Tedette  m'interrogea  pour  savoir  oit  était  Tarmée  et  quelle  était  sa 
force,  n  me  laissa  passer  quoiqu'en  uniforme  et  avec  le  ruban  de  la 
Légion ,  mais  je  présume  qu'il  ne  me  prit  pas  du  tout  pour  un  Fran- 
çais, parce  que  je  parlais  et  prononçais  passablement  l'allemand. 
C'était  un  vieux  soldat,  et  qui  ne  paraissait  pas  bien  confiant  dans 
cette  guerre  prochaine.  Je  traversai  Naumburg  la  nuit  du  23  sep^ 
tembre.  Le  Roi  de  Prusse  et  le  prince  de  Brunswick  y  étaient.  Le 
portier  voulut  avertir  l'officier  de  garde  qui  dormait ,  mais  je  parlai 
au  caporal  à  qui  je  dis  que  cela  était  inutile,  et  on  me  laissa  passer. 

Je  traversai  Weissenfels  et  LUtzen  au  milieu  des  colonnes  prus- 
siennes, entre  autres  le  régiment  de  Kleist,  qui  allait  à  Naumburg. 
Les  Prussiens  étaient  alors  coiffés  en  chapeaux  comme  les  Saxons. 

Le  25  au  soir,  après  avoir  bien  vu  Leipzig  et  acheté  mes  cartes, 
sortant  de  dîner  à  V Hôtel  de  la  Cour  dé  Bavière,  avec  beaucoup  d'of- 
ficiers de  cavalerie  prussiens  bien  fanfarons ,  et  qui  avaient  bien  cu- 
neosement  examiné  mon  uniforme,  mes  épaulettes  et  ma  décoration, 
je  vis  arriver  un  équipage  en  poste.  C'était  M.  Durand,  notre  am- 
bassadeur à  Dresde.  Il  me  reconnut  à  mon  uniforme  qu'il  avait  porté 
autrefois  et  me  fit  avertir.  Comme  son  retour  était  pour  moi  le  mot 
de  ralliement,  je  repartis  sur-le-champ ,  prenant  la  route  de  Zeitz  et 
Géra,  où  je  trouvai  la  queue  d'une  colonne  du  corps  d'Hohenlohe 
qui  allait  à  Hof  par  Alteuberg.  Je  passai  à  Schleiz,  à  Lobenstein. 
Je  traversai  Kronach,  poste  assez  fort  que  l'on  s'occupa  à  armer.  Je 
me  retrouvais  en  Bavière.  Enfin  je  retrouvai  des  postes  français  à 
2  lieues  de  Bamberg  et  rencontrai  Maison,  qui  commandait  une  bri- 
gade d'avant-garde,  et  à  qui  je  communiquai  ce  que  je  savais  sur  les 
mouvements  des  Prussiens. 

A  Nuremberg  j'appris  que  le  maréchal  Berthier  n'était  plus  à 
Munich  et  j'allai  le  rejoindre  à  Wilrzburg,  où  je  rendis  compte  à 
l'Empereur  lui-même  de  ma  reconnaissance.  Le  général  Clarke  était 
^8  son  cabinet. 


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192  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

Plusieurs  officiers  avaient  été  envoyés ,  en  même  temps  que  moi, 
sur  Fulde,  Gotha,  Erfurt,  etc.,  mais  ils  ne  purent  pas  pénétrer.  Les 
Prussiens  les  prièrent  poliment  de  s'en  retourner. 


CIBCaLAIBE    DU    MAJOR    oAnÉBAL    AUX    CHEFS    D*iTAT-MAJOR 
DBS    C0BP8   d'aBMÂE. 

Wiirzburg,  89  septembre  1806. 

En  ce  moment  où  les  opérations  militaires  prennent  une  nouvelle 
activité,  il  est  essentiel  que  vous  mettiez  la  plus  grande  exactitude  à 
faire  dresser  et  à  m'envoyer  vos  états  de  situation,  savoir  : 

1**  Le  grand  état  de  situation  au  1*'  et  au  15  de  chaque  mois  en 
deux  exemplaires,  afin  que  je  puisse  en  envoyer  un  à  Paris  ; 

2^  Un  état  de  situation  sommaire  tous  les  5  jours  conformément 
au  modèle  ci-joint. 

Vous  devez  mettre  tous  vos  soins  à  la  rédaction  de  ces  états  et 
porter  dans  la  colonne  d'observations  l'indication  de  tous  les  mouve- 
ments survenus  dans  l'intervalle  d'un  état  à  l'autre. 

Je  vous  recommande  aussi  de  me  faire  parvenir  toujours  sans  au- 
cun délai  l'état  de  vos  cantonnements,  lorsqu'ils  éprouvent  quelque 
changement,  S.  M.  m 'ayant  expressément  ordonné  de  lui  présenter 
chaque  jour  l'état  détaillé  de  l'emplacement  de  la  Grande  Armée'. 


1.  Il  n*esl  pas  sans  inlénU  de  voir  commenl  les  ordres  furent  donnés  dans 
les  corps  d*armée  pour  rexdculion  de  cette  circulaire  et  de  la  suivante.  — 
L'état  de  situation  sommaire  était  trop  compliqué  pour  pouvoir  être  établi 
facilomeut  pendant  des  opérations  actives.  Le  major  générai  ue  put  pas  l'ob- 
tenir des  corps  d'armée  en  octobre  et  en  décembre  ;  il  dut  y  renoncer.  En 
février,  chaque  corps  d'armée  fournissait,  tous  les  8  jours,  une  situation 
sommaire  des  combattants,  régiment  par  régiment. 

8«  corps.    CI&CULAIRB  A  MM.  LBS  OilTÂRAUX    DB  DIVIBIOST  BT  C0MMAVDAVT8   D*ARMBS. 

Forchheim,  i"  octobre  1806. 

J'ai  l'honneur  d\  vous  adresser  un  modèle  d'état  de  situation  sommaire 
prescrit  par  S.  A.  le  major  général  de  la  Grande  Armée;  cet  état,  iodépendant 
du  grand  état  de  situation,  devra  être  fourni  tous  les  6  jours,  c'esl-A-dire 
tous  les  8,  8,  18,  18,  88  et  28  de  chaque  mois. 

Le  grand  état  de  situation  ne  sera  plus  fourni  que  par  quinzaine,  c'est-A-dire 
les  8  et  18  de  chaque  mois. 

Votre  chef  d'état-major  doit  mettre  tous  ses  soins  à  la  rédaction  de  ces  états 
et  porter  dans  la  colonne  d'observations  l'indication  exacte  do  tous  les  mou- 
vements survenus  dans  l'intervalle  d'un  état  à  l'autre. 

En  ce  moment,  où  les  opérations  militaires  prennent  une  nouvelle  activité, 
je  vous  invite  à  prescrire  à  votre  chef  d'étal-major  de  m'adresser  réguliôre- 
ment  un  rapport  journalier  des  mouvements  et  des  opérations  de  votre  divi- 
sion, des  cantonnements  qu'occuperont  vos  troupes  et  dos  événements  qui 
auront  lieu.  Ce  travail  est  do  la  plus  grande  importance  puisqu'il  doit  servir 
de  base  au  compte  qu'il  m'est  ordonné  d'adresser  à  S.  A.  le  mt^or  général. 

J'ai  l'honneur  de  vous  faire  observer  que  la  demande  que  je  lais  à  votre 


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29    SEPTEMBRE.  193 


LS    MAJOR    GÉNÉRAI.    AV    GÉNÉRAL    BBLLIABD. 

Wiirzburg,  89  septembre  1806. 

Dana  les  étatà  de  situation,  le  nombre  de  chevaux  des  régiments 
de  troupes  à  cheval  est  porté  dans  une  seule  colonne  sans  distinguer 
leâ  chevaux  des  officiers  de  ceux  des  troupes.  Cependant  un  lieute- 
nant a  2  chevaux,  an  capitaine  en  a  3,  un  chef  d'escadron  et  un 


rhef  dVtat-major  ne  préjudicio  en  rien  au  rapport  ilirocC  que  vous  êtes  obligé 
(le  rendre  à  M.  le  Maréchal.  G'*  DAULTAXHa. 

4*  corps.  CIKCULAIRB   ▲    lUf.    LB8    oiviKAUX    DB    DIVISXOM. 

s  octobre  1806. 

[Lu  premièret  phraae»  sont  la  reproduction  textuelle  de  cellet  du  major 
générai  pour  renvoi  des  état*  et  la  manière  de  porter  les  chevaux.) 

Je  T0D8  prie,  en  conséquence,  d'ordonner  à  votre  chef  d*étal*roajor  de  meltre 
tuas  ses  soins  à  là  rédaction  de  ces  états  et  de  porter  dans  la  colonne  d*ob- 
8tir\'ftlions  rindication  de  tous  les  mouvements  survenus  dans  riutervalle  d*un 
i'tat  a  l'autre. 

Je  vous  prie  aussi  de  me  faire  adresser  par  votre  cher  d'état-ro^'or  tous  les 
iuiirs  sans  aucun  délai  l'état  de  vos  cantonnements  lorsqu'ils  éprouveronl 
quelque  changement,  S.  Exe.  m'ayant  expressément  ordonné  de  lui  présenter 
chique  jour  l'état  détaillé  de  l'emplacement  du  corps. 

Je  vous  prie  également  d'ordonner  qu'il  soit  fait  mention  sur  les  états  de 
quinzaine  des  mouvements  qu'auront  exécutés  vos  troupes,  de  l'historique  et 
des  événements  qui  seraient  survenus,  comme  il  a  déjà  été  demandé  dans  le 
courant  de  la  dernière  campagne.  6*^  Cokpahs. 

4'  corps.  CIBCULAIBB   AUX   ADJUDAHTS   COKMAKDAIITS. 

4  octobre  1806. 

Ayant  besoin  de  connaître  sur-le-champ  les  mouvements  exécutés  depuis 
le  37  septembre  dernier  jusqu'au  5  du  présent,  par  la  divison  dont  vous  avez 
le  détail,  vous  voudrez  bien,  M.  le  commandant,  m'en  adresser  de  suite  le  rap- 
port détaillé,  de  manière  à  m'indiquer  les  journées  de  marche,  les  lieux  où  la 
dÎTisioQ  a  été  cantonnée  ou  mise  en  position,  ainsi  que  les  points  principaux 
'lu'elle  a  parcourus. 

A  Tavenir  vous  m'adresserez  le  rapport  historique  des  mouvements,  can- 
loDoements  et  positions  de  la  division,  ainsi  que  des  événements  survenus, 
tous  les  5  jours,  avec  l'état  de  situation  sommaire  que  j'ai  demandé  à  M.  le 
géoéral  de  division  dans  ma  lettre  du  8  octobre  et  dont  je  fixe  les  envois  aux 
^'  I0i  15,  so,  25  et  30  de  chaque  mois. 

Je  vous  recommande  très  expressément,  M.  le  commandant,  de  mettre  la 
l'ios  grande  exactitude  à  me  fournir  aux  époques  flxées  ces  états  et  rapports, 
afin  d'élro  dans  le  cas  de  remplir  les  ordres  de  S.  A.  le  prince  ministre  de  la 
^erre  et  ceux  de  S.  Bxc.  M.  le  Maréchal  commandant  en  chef. 

G«l   COMPAIIS. 
l'K  QÀsiBAI.  BBL.L.IAKD  AUX  ADJCDAVTB  OOMKABDAVTS  CUBrS    d'ÉTAT-MAJOB. 

Wiirzburg,  S»  septembre  1806. 

EoToyez>moi  de  suite,  M.  l'adjudant  commandant,  l'état  de  situation  des 
liOQiines  et  des  chevaux  de  votre  division ,  ainsi  que  de  l'artillerie ,  pour  ce 
<lui  coDceme  le  personnel  et  le  matériel  ;  dites-moi  s'il  y  a  des  caissons  de 
<^vtoQehes  et  si  votre  ambulance  est  organisée. 

Vons  aurez  soin,  à  dater  du  i«'  octobre,  de  m'envoyer  tous  les  jours,  avec 

CAMP.  DB  PBUSiB.  13 


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194 


CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


colonel  en  ont  davantage,  ce  qui  augmente  de  beaucoup  le  nombre 
des  non-combattants.  S.  M.  désire  donc  que  cette  distinction  aoit 
établie  avec  beaucoup  de  clarté  sur  les  états  de  situation,  et  qu*à 
cet  effet  on  porte  dans  une  colonne  les  chevaux  d'officier  et  dans  une 
autre  colonne  les  chevaux  de  troupe.  —  Ayez  soin  qu'on  se  conforme 
à  cette  disposition  dans  la  rédaction  des  états  de  situation  de  la  ré- 
serve de  cavalerie.  (Ordre  de  l'Empereur  au  général  Dejean  dn 
22  septembre.) 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AUX  MARÉCHAUX. 

Wûrzburg,  29  soplembre  1806. 

J'ai  souvent  appelé  votre  attention,  M.  le  maréchal,  sur 
les  souliers  des  soldats.  S.  M.  a  ordonné  de  transporter  à 
Mayence  ceux  qui  étaient  à  Strasbourg  et  à  Paris,  et  a  fait 
connaître  en  même  temps  qu'elle  donnerait  en  gratification 
une  paire  de  souliers  à  chaque  soldat  de  la  Grande  Armée. 
Prescrivez  aux  colonels  des  régiments  de  votre  corps  d'armée 
d'ordonner  à  leurs  dépôts  d'en  faire  confectionner  et  de  les 
diriger  sur  Mayence,  l'intention  de  l'Empereur  étant  que 
chaque  soldat  soit  muni  de  trois  paires  de  souliers  dont  deux 
dans  le  sac  et  une  aux  pieds,  et  que  les  conseils  d'adminis- 
tration en  fassent  confectionner  une  quatrième  paire  qu'ils 
enverront  sans  délai  à  Mayence  où  il  sera  donné  des  ordres 
pour  leur  destination  ultérieure. 


Même  ordre  à  l'intendant  général. 


Tétat  de  situalioD,  un  état  conforme  au  modèle  ci-joint,  auquel  vous  devrez 
donner  tous  vos  soins. 


coart    D*AftHi 
de  réserre. 

•      ÉM  des  ca 

ntonnemenU  dt 

;  la  division. 

.  .*   ftltniOH   Bl... 

DATES. 

npiAcamiiT 

du 

qaartier  général. 

•  iaiaxATioM 

des 

régiment*. 

MABCBU 

et 

ROTH  ToroetArai' 
et  militaire*. 

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29  SEPTEMBRE.  195 


LE  MABECHAL  LEFEBVRE  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

SchweiDfurt,  S9  septembre  180G. 

Je  ne  suis  arrivé  à  Schweinfurt  que  d'avantk-hier,  mais 
plasieurs  jours  auparavant  j'avais  placé  une  brigade  de 
cavalerie  à  Hammelburg  pour  couvrir  Wtirzburg,  observer 
Bruckenau  et  en  général  tout  ce  qui  pourrait  déboucher  du 
pays  de  Fulde  ;  depuis  on  y  a  ajouté  quelque  infanterie,  mais 
je  conviens  que  ces  forces  seraient  insuffisantes  pour  défendre 
ce  point  contre  une  force  imposante.  Suivant  vos  instructions 
et  celles  du  prince  de  Ponte-Corvo,  j'ai  dû  porter  ma  princi- 
pale attention  sur  le  point  de  Schweinfurt  sur  lequel  je  vais 
concentrer  mes  troupes  dont  une  partie  commencera  à  cam- 
per aujourd'hui,  pour  me  transporter  le  3  octobre  dans  la 
position  de  Neustadt  à  cheval  sur  la  grande  route  de  Mei- 
nungen  pour  observer  tout  ce  qui  pourrait  déboucher  de 
cette  partie  de  la  Saxe,  où  il  paraît  que  l'ennemi  a  concentré 
ses  principales  forces.  Si  V.  A.  S.  trouvait  ces  dispositions 
insuffisantes,  qu'elle  veuille  bien  me  prescrire  toutes  celles 
qu'elle  croira  nécessaires  à  l'exécution  de  ses  dispositions. 

Je  présume  que  V.  A.  S.  a  voulu  désigner  le  point  de 
Grunschalz  pour  celui  qu'elle  voulait  faire  occuper  par  un 
bataillon  du  21'  régiment  par  le  mot  Chamstadt.  Ce  point 
est  occupé  depuis  plusieurs  jours  par  une  brigade  de  la  divi- 
sion Suchet. 

Les  3,000  fr.  que  V.  A.  S.  m'a  accordés  pour  dépenses 
secrètes,  sont  dépensés  depuis  plusieurs  jours  en  courses 
d'officiers  et  envois  d'émissaires  ;  je  suis  même  en  avance 
de  plus  de  1,200  fr.  de  mes  fonds. 

Le  maréchal  Davoat  arriva  à  Ganzenhausen  le  29  septembre  vers 
H  beures  du  matin  et  continua  sa  route.  Les  3  divisions  d'infanterie 
<iQ  3*  corps  et  le  parc  séjournèrent  le  29  dans  les  cantonnements  du 
28.  Le  V  de  chasseurs  passa  à  la  1'*  division.  Les  7*  de  hussards, 
2*  et  12*  de  chasseurs  vinrent  cantonner  à  Windesheim. 


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196  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


BÉPABTITION    DB    LA  CAVALEBIE  ABEÊTÉB  PAB  M.   LE  MABftCHAL  DATOUT. 

GuDZOubausen,  S9  septembre  I8O6. 

Le  1*'  régimeut  de  chasseurs  à  cheval  sera  attaché  en  eutier  et 
jasqu^à  nouvel  ordre  à  la  1'^  division. 

Le  2*  et  le  12*  régiment  fourniront  chacun  100  chevaux,  le  12*  à 
la  2«  division,  et  le  2«  à  la  3*. 

Le  restant  des  2*  et  12*  formera  la  réserve  de  cavalerie  aux  ordres 
du  général  Viallannes  et  marchera,  sans  des  ordres  contraires,  entre 
les  1'"  et  2*  divisions  d*infanterie. 

Le  général  Viallannes  donnera  les  ordres  nécessaires  pour  que  la 
réserve  de  cavalerie  fournisse  à  Tétat-major  général  du  corps  d'arméo 
un  détachement  de  24  chevaux  commandé  par  un  officier  auquel  il 
sera  joint  un  trompette  ainsi  que  le  nombre  de  sous -officiers  néces- 
saire ;  elle  fournira  également  pour  la  garde  du  parc  d*artillerie  dv 
réser\'e  25  chevaux  commandés  par  un  officier  *. 

Chaque  compagnie  d*élite  des  1"',  2*  et  12*  régiments  fourniront 
chacune  15  hommes  de  la  compagnie  d'élite  pour  la  garde  particu- 
lière de  M.  le  Maréchal  ;  les  maréchaux  des  logis  et  brigadiers  sont 
compris  dans  le  nombre  de  15  que  chacune  de  ces  compagnies  doit 
fournir  ;  ce  détachement  sera  commandé  par  un  officier  et  aura  un 
trompette  avec  lui. 


1.        CIRCULAIRE  AUX   OÉR^AUX   DB   UITI8IOH   BT   AU   oAsiSAL  BAHKICQUE. 

Bamberg,  s  octobre  I8O6. 

M.  le  Marccbal  voulant  mettre  constamment  le  parc  de  re'serve  du  S«  corps 
tl'urmée  à  Tabri  des  partisans,  soit  en  marche,  soit  en  station,  vient  d^ordonncr 
qu'il  serait  alTeeté  à  sa  garde  un  demi-bataillon,  qui  sera  Fourni  alternative- 
luenl  par  lus  3  divisions;  ce  demi-bataillon  sera  relevé  tous  les  10  jours. 

Lu  3«  division  commencera  à  fournir  ce  détachement,  et  comme  celte  divi- 
sion a  été  chargée  de  l'escorte  du  parc  depuis  que  le  corps  d*armée  est  en 
marche,  elle  sera  censée  avoir  commencé  ce  service  à  dater  du  1*'  de  ce  mois. 

Le  10,  la  2^  division  fera  relever  le  i«r  demi-bataillon  fourni  par  la  s<. 

Le  20,  la  ir«  division  fera  relover  le  détachement  de  la  %^. 

Le  même  service  continuera  é  avoir  lieu  par  la  suite  suivant  le  mode  ci- 
dessus  prescrit. 

Le  demi-bataillon  affecté  au  parc  sera  spécialement  sous  les  ordres  de  Toffi- 
cier  supérieur  d'artillerie  commandant  le  parc,  lequel  demeure  chargé  du  pla- 
cement de  son  matériel  et  de  la  disposition  des  troupes  pour  le  mettre  à 
couvert  de  toute  surprise. 

La  surveillance  du  commandant  de  cette  arriére-garde  devra  être  également 
active  pendant  la  nuit  et  pendant  le  jour;  il  est  essentiel  que  cet  olUcler  se 
conduise  comme  s'il  marchait  isolément  et  n'était  point  couvert  par  le  corps 
d'armée.  Il  se  fera  éclairer  pendant  la  marche  et  prendra  toutes  les  mesure^ 
possibles  pour  la  sûreté  du  parc;  les  compagnies  de  canonniers  qui  y  sont 
attachées  seront  utilisées  pour  sa  défense  conjointement  avec  Tinfanterio  et  le 
détachement  de  cavalerie  légère  fourni  par  la  réserve  do  cette  arme. 

G*'    DAri.TAXKB. 


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29    SEPTEMBRE.  197 

Le  général  Viallannes  fera  choix  de  chasseurs  parlant  les  deux 
langaes  pour  les  45  hommes  détachés  près  M.  le  Maréchal,  ainsi  que 
pour  le  détachement  attaché  à  Tétat-major  général.  M.  le  général 
Viallannes  donnera  des  ordres  pour  que  ces  détachements  soient  re- 
levés tous  les  mois. 

Cette  organisation  recevra  son  exécution  dès  que  la  division  de 
i-avalerie  aura  rejoint  le  corps  d'armée. 

Aussitôt  Texécution  du  présent  ordre,  tous  les  hussards  et  chasseurs 
maintenant  d'ordonnance  près  de  MM.  les  généraux  seront  renvo7és 
H  leurs  régiments. 

Ordre  en  conséquence  le  29  aux  généraux  Priant  et  Gudin.  — 
...  M.  le  Maréchal  ordonne  impérativement  que  dès  que  ce  détache- 
ment aura  joint  votre  division,  vous  renvoyiez  à  leurs  corps  respectifs 
tous  les  hussards  et  chasseurs  qui  sont  attachés  à  votre  état*major 
ainsi  que  près  de  MM.  les  généraux  de  brigade  et  que  sous  aucun 
prétexte  quelconque  il  ne  soit  retenu  aucune  des  ordonnances  que 
MM.  les  généraux  peuvent  avoir  maintenant  près  d'eux. 

L  mtention  de  M.  le  Maréchal  est  que  vous  détachiez  4  ordonnan- 
ces près  de  chacun  de  MM.  les  généraux  de  brigade  sous  vos  ordres; 
ces  ordonnances  devront  être  relevées  tous  Tes  8  jours. 


LB  aéNéuAL  DAULTANNE  AU  COLONEL  DU  GÉMIE  TOUZABD. 

Gunzenhausen,  29  septembre  isoe. 

H.  lé  Maréchal  me  charge  de  vous  prévenir  qu'il  est  instant  que 
voQB  vous  procuriez  la  quantité  d'outils  prescrite  par  la  lettre  de 
^*  Â.  le  prince  ministre,  dont  je  vous  ai  donné  copie  :  vous  êtes 
antorisé  à  faire  connaître  que  S.  Exe.  en  garantit  le  paiement  inces- 
samment. 

M.  le  Maréchal  vous  demande  de  procurer  2  barques  par  division 
et  2  pour  le  quartier  général  où  les  grandes  cinquenelles  seront  en 
réserve  ;  ces  barques  devront  contenir  6  hommes,  elles  seront  portées 
par  des  voitures  de  réquisition  avec  les  cordages,  gaffes  et  4  cinque- 
nelles de  400  à  500  livres  de  poids  pour  établir  les  moyens  de  passer 
«t  repasser. 

Vous  achèterez  aussi  tous  les  autres  objets  portés  dans  votre  état. 

Les  généraux  de  division  procureront  les  voitures  nécessaires  sur 
»  demande  des  officiers  du  génie  pour  le  transport  des  nacelles,  etc., 
^  je  me  charge  de  ce  qui  tiendra  au  quartier  général  ;  ces  voitures 
seront  remplacées  le  plus  souvent  possible  jusqu'à  notre  arrivée  sur 
1«  pays  ennemi,  où  les  généraux  de  division  y  pourvoiront  d'une  ma- 
'aère  stable. 


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198  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Vou6  attacherez  à  chaque  division  un  sapeur  conductenr  et  le^ 
charretiers  seront  pris  parmi  les  déserteurs  ennemis  ou  parmi  les 
Français  non  militaires  à  la  suite  de  l'armée. 

Veuillez  bien  ne  pas  perdre  un  instant  pour  travailler  à  cette  or- 
ganisation et  profiter  de  toutes  les  ressources  tant  à  Nuremberg  qn  a 
Bamberg. 

Les  officiers  du  génie  feront  des  demandes  aux  généraux  de  diW- 
sion  afin  d'avoir  les  hommes  nécessaires  pour  entretenir,  diriger, 
mettre  à  l'eau  et  conduire  les  barques  qui  y  seront  affectées  ;  ce* 
hommes  devront  toujours  les  suivre  et  en  avoir  soin  '. 


1.  CIRCULAIRB    AUX    O^N^RAUX    DR    DIVI8IOR. 

L*intention  do  M.  le   Maréchal  est  que  vous  mettiez  à  la  disposition  de 

l'officior  du  génie  i  sous-officier  et  6  hommes  propres  .à  ce  service  pour  en- 
tretenir, diriger,  mettre  à  Teau,  conduire  les  barques  qui  seront  affectées  à 
votre  division  ;  ces  hommes  devront  toujours  les  suivre  et  on  avoir  soin  ;  le 
Buu9-offlcior  sera  en  môme  temps  chargé  de  la  garde  des  outils,  qu'il  ne  déli- 
vrera que  sur  un  ordre  de  1*officier  du  génie  ;  ces  hommes  gaineront  leurs 
armes  ot  ne  seront  relovés  que  sur  de  nouveaux  ordres. 

iM  génie  donnera  à  ces  militaires  une  indemnité  égale  à  leur  solde. 

Les  voitures  portant  les  barques  et  les  Outils  suivront  les  barques  des  divi- 
sions et  seront  gardées  par  la  garde  de  ces  parcs. 

Vu  le  petit  nomitre  de  sapeurs  qui  existe  au  corps  d'armée,  Tintention  de 
M.  le  Maréchal  est  que  vous  mettiez  au  besoin  à  la  disposition  du  commao- 
dsinl  du  gonio  ou  de  ToOlcier  du  génie  de  la  division  les  sapeurs  des  régi- 
ments. 


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30  SEPTEMBRE 


ORDRE. 


Hayence,  so  septembre  180<. 

M.  de  Toumon  partira  à  une  heure  du  matin  avec  une 
lettre  pour  le  prince  Primat  et  le  maréchal  Augereau.  Il 
rapportera  leur  réponse.  Il  aura  soin  de  compter,  en  allant 
et  Tenant,  les  voitures  chargées  de  vivres  qu'il  rencontrerait, 
et  le  nombre  de  sacs. 

Napoléon. 


L  EMPEREUR  AU   PRINCE  PRIMAT. 

Mayence,  8o  septembre  1806. 

Mon  Frère,  je  reçois  votre  lettre.  Les  mouvements  des 
Prassiens  m'obligent  à  accélérer  les  miens.  Une  gi*ande 
quantité  de  troupes  arrivant  à  chaque  instant  à  Wlirzburg, 
je  désirerais  qu'il  vous  fût  possible  d'y  envoyer  20,000  quin- 
taux de  blé  ou  de  farine.  Le  prix  en  serait  promptement 
payé  an  taux  du  pays.  La  célérité  nécessaire  pour  faire  arri- 
ver ces  farines  à  Wtirzburg  me  fait  seul  prendre  le  parti  d'en 
écrire  à  Votre  Altesse.  Je  la  prie  de  charger  un  de  ses 
nùnistres  de  faire  arriver  le  plus  tôt  possible  cet  approvi- 
sionnement dans  cette  place.  Je  la  prie  aussi  de  m'envoyer, 
par  l'officier  que  je  lui  expédie,  les  nouvelles  qu'elle  pourrait 


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200  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

avoir  de  Cassel,  Fulde  et  pays  environnants.  Je  ne  puis  vous 
donner  aucune  nouvelle  des  négociations  avec  la  Prusse.  H 
paraît  qu'il  y  a  un  courrier  prussien  qui  s'est  croisé  avec  moi 
en  route.  Toutefois  je  vous  prie  d'être  sans  inquiétude,  de 
ne  jamais  douter  de  ma  constante  et  ferme  volonté  de  protéger 
la  Confédération,  et  surtout  de  vous  être  agréable. 


l'£mpebeur  au  major  général. 

Mayence,  30  septembre  1806,  S  heures  du  matin. 

En  pensant  à  la  manière  de  pourvoir  mon  armée  de  muni- 
tions, j'ai  senti  la  nécessité  d'avoir  deux  points  forts  où  je 
puisse  établir  mes  dépôts  :  Wttrzburg  et  Forchheim. 

Je  vous  ai  déjà  donné  des  ordres  pour  Wtirzburg,  et  je 
n'ai  pas  à  y  ajouter  \  Quant  à  Forchheim,  nommez-y  un 
commandant,  ordonnez  que  la  place  soit  armée  et  approvi- 
sionnée ;  envoyez  reconnaître  son  état  actuel  ;  faites-y  dési- 
gner des  locaux  pour  des  magasins  de  cartouches  d'infante- 
rie et  de  cartouches  à  canon,  pour  des  magasins  de  bois  de 
rechange,  et  qu'on  y  établisse  sans  délai,  ainsi  qu'à  Wûrz- 
burg,  un  petit  arsenal.  En  prescrivant  des  dispositions  si 
importantes  pour  l'artillerie,  vous  sentez  le  besoin  de  les 
expliquer  à  l'état-major*  et  à  l'administration.  Tous  les  pri- 
sonniers que  l'on  fera  seront  dirigés  sur  Forchheim  ou  Wtirz- 
burg, selon  les  circonstances.  Forchheim  sera  probablement 
le  point  souvent  préféré. 

Faites  établir  à  Forchheim  un  hôpital  de  500  malades  et 
des  magasins  de  vivres.  Faites  transporter  à  Forchheim  les 
35,000  rations  de  biscuit  qui  sont  à  Passau.  Faites-y  cons- 
truire des  fours,  pour  qu'il  y  ait  une  manutention,  et  faites-y 
réunir  15,000  quintaux  de  farine,  de  sorte  qu'à  tout  événe- 


1.  L'Empereur  a  donné  les  ordres  définitifs  pourWûrzburg  dans  sa  dépêche 
du  S9  à  10  heures  du  soir.  Mais  dés  le  so  il  avait  fait  connaître  ses  inlenUons  à 
l'égard  de  Kônigshoren,  Kronach  et  Wiirzburg.  Tout  devait  donc  être  au  moins 
préparé  pour  prendre  possession  de  ces  s  places. 

9.  11  n'y  a  pas  do  commandement  sans  état-major,  c'est-à-dire  sans  aides. 


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30   SEPTEMBRE.  201 

ment  mes  corps  pourraient  se  plier  sur  Forchheim  ou  Wttrz- 
burg,  et  trouver  là  des  cartouches,  des  vivres  et  un  point 
dappui. 

Ces  deux  points  sont  également  à  l'abri  d'un  coup  de 
main  ;  ce  sont  deux  places  assez  fortes.  Il  7  a  des  Bavarois  à 
Forchheim  ;  on  peut  y  envoyer  une  compagnie  d'artillerie, 
.rimagine  qu'il  y  a  2  compagnies  à  Wtirzburg,  qui  travail- 
lent à  armer  la  place.  Faites  donc  passer  des  ordres  à  l'in- 
tendant général  pour  que  tout  soit  ainsi  dirigé.  Je  n'aime 
point  Bamberg,  parce  que  c'est  un  lieu  ouvert,  et  qu'il  est 
important  que  mes  dépôts  soient  dans  uno  petite  place  \ 

Vous  avez  assez  d'expérience  de  la  guerre  et  de  ma 
manière  de  diriger  les  opérations  pour  sentir  l'importance 
des  places  de  Forchheim  et  de  WUrzburg.  Ajoutez  que 
Forchheim  a  le  double  avantage  de  me  servir  contre  la 
Bohême,  et  qu'il  peut  y  avoir  telle  opération  où,  refusant 
entièrement  ma  gauche,  je  sois  privé  pour  longtemps  du 
point  d'appui  de  WUrzburg.  Ainsi  donc  faites  construire 
10  fours  à  Wtirzburg  et  10  fours  à  Forchheim,  et  qu'on  ne 
perde  pas  de  temps  à  approvisionner  ces  places  en  farine,  en 
eau-de-vie  et  en  avoine. 

Beaucoup  de  commandants  vous  deviennent  inutiles  dans 
1a  Bavière  ;  nommez-en  à  ces  places.  Tracez  une  route  pour 
Tartillerie  d'Augsburg  à  Forchheim,  etd'Augsburg  à  Wtirz- 
burg. 

Forchheim  va  être  dans  cette  nouvelle  campagne  ce  qu'a 
été  Braunau  l'année  passée. 


1.  Il  faut  lire  cette  phrase  avec  attention.  De  ce  que  l*Empereur  ne  veut 
pas  de  Bambergy  lien  ouTert,  peur  y  placer  ses  dépôts  (munitions,  vivres), 
il  ne  fiiut  pas  conclure  quMl  rapporte  Tordre  de  réunir  beaucoup  de  farine 
^aiu  celte  ville.  Ces  farines  doivent  servir  comme  approvisionnement  pour  la 
réunion  de  Tarmée  et  non  pas  comme  approvisionnement  de  prévoyance  dans 
le  eas  où  rarmée  effectuerait  un  mouvement  rétrograde. 

I^s  approvisionnements  pour  la  réunion  et  les  approvisionnements  des 
pointe  d*appui  sont  deux  choses  distinctes  ;  de  môme  dans  une  place  forte 
le«  approvisionnements  de  siàge  et  les  approvisionnements  de  prévoyance 
pour  Tarmée  (soit  ceux  de  réunion,  soit  ceux  de  retraite).  A  la  guerre  •  il 
faut  d*abord  bien  établir  la  langue  pour  s*eutendre,  car  c^esl  faute  de  cela 
n^^oD  prend  une  chose  pour  une  autre.  >  Note  de  TEmpereur  pour  Tinteodant 
général,  Posen,  S  décembre  S  806. 


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202  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Ordres  donnés  en  conséquence  par  le  major  général  le  1*'  octobre 
au  général  Songis  et  à  l'intendant  général. 


l'empebeur  au  major  général. 

Mayence,  30  septembre  1806,  S  heures  et  demie  du  malin. 

Je  n'ai  reçu  qu'aujourd'hui  à  minuit  votre  lettre  du  25. 
Le  général  Songis  a  tort  de  s'excuser;  un  parc  d'artillerie 
sans  ponts  est  une  chose  trop  absurde.  Si  ceux  de  Vienne  ne 
valaient  rien,  il  fallait  en  avoir  de  plus  légers,  ce  que  j'ap- 
prouve fort.  J'ai  ordonné  au  général  Rapp  de  diriger  les 
25  pontons  de  Strasbourg  sur  Bamberg  ;  ils  y  seront  rendus 
le  5  octobre,  je  l'espère  '.  J'ai  donné  des  ordres  pour  les 
bataillons  du  train  qui  sont  en  France  et  en  Italie  ;  je  vous 
en  envoie  copie.  J'ai  donné  de  l'argent  pour  les  remonter, 


1.  Xi>    IfAJOK   OÉnArAL    ▲   Li'KMPKBBnR. 

Wûrzburg,  29  septembre  1806. 

Le  général  Songis  mande  que  les  ouvriers  et  les  pontonniers  sont  armés  de 
fusils  conformément  é  Tordonnance. 

Quant  à  Téquipage  do  pont,  il  m*apprond  quMI  a  conservé  les  ancres,  cor- 
dages et  agrès  nécessaires  à  cet  équipage  et  qu'à  Tégard  des  tMteaux  ils 
étaient  re.«lés  à  Vienne,  attendu  qu'ils  étaient  trop  lourds,  mais  qu*Il  a  fait  met- 
tre en  état  à  Strasbourg  25  bateaux  beaucoup  plus  légers  et  qu*on  pourrait 
transporter  avec  facilité.  N'ayant  pas  reçu  d'ordre  de  les  faire  venir  à  l'armée, 
il  avait  cru  devoir  les  laisser  à  Strasbourg,  pensant  d*ailleurs  qu'avec  les  cor- 
dages et  agrès  qui  étaient  au  parc,  ot  les  bateaux  ou  bois  propres  à  faire  des 
radeaux  que  l'on  pourrait  trouver  sur  les  rivières,  il  serait  très  facile  de  jeter 
un  pont  en  très  peu  do  temps.  Il  a  fait  exercer  les  pontonniers  aux  manœu- 
vres des  ponts  de  radeaux.  Elles  ont  très  bien  réussi.  D'après  mes  ordres,  il  a 
fnit  partir  d'Ulm,  le  86  septembre,  un  officier  en  poste  pour  Strasbourg  et  ill's 
chargé  de  conduire  les  25  bateaux  légers  à  Wiirzburg.  Il  lui  a  donné  des  in- 
vitations et  réquisitions  pour  qu'il  puisse  obtenir  des  agents  du  pays  les  chc* 
vaux  qui  lui  seront  nécessaires.  Cet  officier  emporte  de  l'argent  pour  traiter 
s'il  le  faut  de  gré  à  gré.  J'espère,  Sire,  que  d'après  ces  mesures  les  bateaux 
arriveront  à  l'époque  fixée  par  V.  M. 

LB    GÂKKBAL   SONGtS    AU    MAJOR   oixiHAL. 

Wiirzburg,  l»^  octobre  1806, 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  que  l'équipage  de  pont  de  bateaux 
est  parti  le  29  de  Strasbourg  et  qu'il  est  arrivé  le  30  à  Ueilbronn.  Le  mt^r 
Valée,  officier  très-actif  et  intelligent,  est  chargé  de  faire  préparer  les  relais 
sur  la  route  ;  je  lui  ai  donné  toute  autorisation  et  tous  moyens  à  cet  égard 
qui  dépendent  de  moi.  J'ai  lieu  d'espérer,  d'après  les  rapports  que  j'ai  reçus, 
que  ces  bateaux  an'iveront  ici  après-demain,  peut-être  demain  en  partie.  Les 
ancres  et  les  cordages  y  arriveront  en  môme  temps  de  Lawingun  près  d'Olm. 

Le  directeur  de  l'équipage  de  pont  est  ici  depuis  2  jours  pour  faire  préparer 
les  poutrelles,  madriers  et  autres  objets  que  l'on  se  procure  ordinairemont  sur 
les  lieux.  J'espère  ainsi  que  cet  équipage  sera  prêt  à  Wiirzburg  le  S  de  ce  mois. 


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30   SEPTEMBRE.  203 

je  VOUS  en  envoie  la  note.  L'idée  du  général  Songis  d'acheter 
1,000  chevaux  n'en  est  pas  moins  excellente.  Donnez  ordre, 
par  un  courrier  extraordinaire,  au  directeur  du  parc,  d'en 
acheter  2,000,  s'il  en  trouve  de  bons*.  On  ne  saurait  avoir 
trop  de  chevaux  d'artillerie,  et  certainement  j'ai  aujourd'hui 
des  charretiers  à  la  Grande  Armée  pour  servir  20,000  che- 
vaux. Mais  il  est  temps  enfin  de  prendre  un  parti  réel  sur  lu 
parc.  Je  ne  veux  point  non  plus  avoir  1,100  ou  1,200  voitures 
à  ma  suite.  Dites  à  Songis  que  c'est  autant  de  pris  par  l'en- 
nemi. Je  ne  veux  pas  plus  de  400  voitures.  Mais  je  n'entends 
pas  que  la  moitié  soit  des  caissons  d'outils  ou  des  effets  d'ar- 
tillerie des  compagnies,  etc.  J'entends  que  ce  soient  des 
cartouches  d'infanterie,  des  cartouches  à  canon,  pour  ré- 
parer des  pertes,  et  avoir  20  ou  30  pièces  de  canon  de  plus 
en  batterie  le  jour  d'une  bataille.  Sur  ces  400  voitures,  je 
n'en  veux  pas  plus  de  30  qui  contiennent  des  objets  de 
rechange  du  parc  ;  le  reste  doit  être  cartouches  et  munitions. 
Telle  est  ma  volonté.  Alors  ce  parc  me  sera  de  quelque  uti- 
lité, ne  me  gênera  jamais,  et,  s'il  retarde  un  peu  mes  opéra- 
tions, ce  sera  un  retard  raisonnable  et  selon  la  nature  des 
choses.  Ecrivez  donc  au  général  Songis  que,  si  j'avais  30,000 
chevaux,  je  ne  voudrais  pas  dans  l'organisation  de  mon 
armée  plus  de  400  voitures  à  mon  parc. 

Ainsi  donc,  que  le  général  Songis  fasse  l'état  des  voitures 
^t  les  dirige  sur  Bamberg,  si  elles  sont  encore  à  Augsburg, 
^uà  Wttrzburg  si  elles  sont  sur  la  route  ;  qu'il  y  ait  au  parc 

^'  L>    MAJOR    OÉxéRAL    AU    oiRÉKAL    S0N0I8. 

Wûrzhurg,  i*^  octobre  1806. 

L'ordre  a  étu  donntS  par  l'Empereur  au  général  Dejean  le  Si  septembre  que 
'<^  10*  bataillon  du  trahi  à  Turin  aclièlo  Soo  mulets,  que  les  4«  et  7*  ba- 
t^iUonsen  Italie  acbéteut  630  mulets,  que  le  li«  bataillon  à  Douai  se  procure 
9^)0  clievaux.  et  S.  M.  a  ordonné  qu'au  fur  et  à  mesure  qu'une  compagnie 
'lo  ces  batuillons  aurait  ses  cbevaux,  elle  se  dirigeât  sur  Mayence. 

L'Empereur  ne  veut  pas  que  Ton  dispose,  sans  son  ordre,  du  11«  bataillon 
au  Iraio  qui  va  arriver  à  Mayence,  non  plus  que  des  250  caissons  de  la  com- 
pagnie Brcidt,  qui  sont  partis  de  Paris  et  qui  se  réunissent  à  Mayence.  Ce 
»0Q[  rieg  moyens  de  précaution  en  cas  d'événements. 

LF.inpereur  ordonne  d'acheter  a.ooo  chevaux,  à  raison  de  300  fr.,  pour  le.^ 
balailioDs  du  train  présents  à  l'armée. 

«  vous  réitère,  général,  que  l'inlenlion  de  l'Emporeur  est  qu'il  n'y  ail 
poiDt  d'artillerie  à  cheval  au  parc;  elle  doit  être  toule  aux  corps  d'armée. 


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204  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

des  munitions,  des  canons,  des  canonniers  et  une  compagnie 
ou  deux  d'ouvriers,  le  conducteur  général  du  parc  et  tout  le 
personnel  qui  n'est  attaché  à  aucun  corps  d'armée.  Ce  parc 
me  sera  d'une  immense  utilité.  Un  atelier  de  réparations  sera 
établi  dans  la  citadelle  de  Wtirzburg,  et  un  dans  la  citadelle 
de  Forchheim.  Un  magasin  de  cartouches  à  canon  et  de  car- 
touches d'infanterie  sera  foimé  à  WUrzburg,  et  un  autre  à 
Forchheim. 

Les  moyens  du  pays  seront  suffisants  pour  approvisionner 
rapidement  ces  deux  dépôts.  On  peut  même  laisser  à  Augs- 
burg  des  munitions  et  des  approvisionnements.  A  mesure 
que  j'irai  en  avant,  je  choisirai  un  point  central  fortifié,  et 
j'ordonnerai  qu'on  y  fasse,  avec  les  moyens  du  pays,  des 
magasins  ;  mais  cela  n'a  rien  de  commun  avec  le  parc  mobile. 

Ainsi  donc  mon  parc  doit  être  partagé  en  quatre  :  400  voi- 
tures suivront  l'armée  avec  une  compagnie  d'ouvriers,  tous 
mes  pontonniers  et  tout  le  personnel  de  l'artillerie  ;  un  gros 
atelier  de  réparations  sera  formé  dans  la  citadelle  de  Wttrz- 
burg  et  à  Forchheim;  des  ouvriers,  des  forges  y  seront 
envoyés  ;  des  magasins  de  cartouches,  de  rechanges  et  d'effets 
(le  toute  espèce  y  seront  réunis  ;  mais  de  manière  cependant 
qu'il  reste  à  Augsburg  au  moins  le  tiers  de  ce  que  j'y  ai,  de 
sorte  que,  soit  que  je  me  reploie  sur  Augsburg,  soit  que  je  me 
reploie  sur  Forchheim,  soit  que  je  manœuvre  sur  Wtirzburg, 
je  trouve  dans  ces  places  de  quoi  réapprovisionner  mes  cais- 
sons et  réparer  mon  artillerie.  Le  parc  réduit  ainsi  au  strict 
nécessaire  suivra  l'armée. 

Le  général  Songis  me  rendra  compte  tous  les  jours  de  ce 
(jui  s'y  trouve,  de  ce  qu'il  fait,  et  je  donnerai  des  ordres  pour 
son  réapprovisionnement  et  pour  la  formation  de  nouveaux 
dépôts.  C'est  ainsi  qu'il  est  possible  de  faire  la  guerre  ;  tout 
autre  moyen  est  absurde. 

Résumé.  Indépendamment  des  ordres  que  vous  transmet- 
trez sur-le-champ  au  général  Songis,  transmettez-lui  l'ordre 
d'acheter  2,000  chevaux.  J'ai  des  charretiers  à  l'armée  pour 
servir  plus  que  ce  nombre  ;  mais  ils  ne  doivent  pas  être 
employés  comme  domestiques,  ils  ne  doivent  pas  être  atta- 


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30   SEPTEMBRE.  205 

chés  aux  caiBSons  des  officiers,  des  généraux.  Je  serai  inexo- 
rable là-dessus,  et  je  ne  souffrirai  que  personne  se  serve  des 
chevaux  ni  des  caissons  d'artillerie. 

En  expédiant  cette  dépêche  de  rEmpereor,  le  major  général  ajouta 
au  général  Songis  : 

A  l'égard  du  parc,  soit  de  la  réserve  de  cavalerie,  soit  des 
différents  corps  d'armée,  il  faut  les  organiser  de  manière  h 
c^e  qu'il  n'y  ait  rien  d'inutile. 

L'instruction  du  30  septembre  contient  tous  les  principes  de  l'or- 
ganisation du  8er\âce  de  l'artillerie  aux  armées  :  la  constitution  du 
pare  mobile  ;  la  formation  des  premiers  dépôts  dans  les  places  fortes 
servant  de  point  d'appui  ;  l'organisation  successive  des  dépôts  dans 
des  points  centraux  fortifiés  ;  enfin  les  devoirs  du  général  comman- 
'lant  raitîllerîe  de  l'armée. 


l'ehperëuh  au  majob  général. 

Mayence»  80  septembre  1806. 

Je  ne  vois  pas  d'inconvénient  que  l'on  occupe  Neustadt. 
Ce  qui  m'avait  fait  porter  une  avant-garde  à  Kônigshofen, 
t'est  que  je  pensais  qu'il  existait  sur  le  territoire  du  pays, 
en  avant  de  Kônigshofen,  appartenant  à  la  Bavière,  une 
bonne  position  qui  rendait  maître  des  débouchés  sur  Meinun- 
içen  et  Hildburghausen.  Mon  intention  n'étant  pas  de  débou- 
cher par  Meinungen  et  Gotha,  mais  de  faire  ployer  ma  gauche 
^ur  Coburg,  il  faut  que  les  deux  divisions  du  maréchal 
Lefebvre  occupent  une  position  en  arrière  de  Neustadt,  et 
^lu'il  fasse  reconnaître  une  route  telle  qu'il  puisse  se  por- 
ter, par  une  marche  de  flanc,  qui  sera  dérobée  à  l'ennemi, 
hur  le  chemin  de  WUrzburg  à  Coburg,  sans  passer  par  Bam- 
^*ig,  pour  ne  pas  faire  confusion  avec  les  autres  corps  d'ar- 
lûée,  n  faut  aussi  qu'il  y  ait  des  détachements  de  cavalerie 
«or  les  hauteurs,  entre  Meinungen  et  Neustadt,  jusqu'aux 
limites  du  territoire  bavarois,  afin  d'empêcher,  quand  le 
moment  sera  arrivé,  toute  communication,  et  de  pouvoir 


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206  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

masquer  le  mouvement  à  Teniiemi,  mon  intention  étant  d'ar- 
river à  Saalfeld  avant  que  l'ennemi  s'y  trouve  en  très  grande 
force.  Envoyez  donc  un  officier  du  génie  reconnaître  la  fron- 
tière bavaroise  jusqu'à  Heldburg  et  même  jusqu'au  pendant 
des  eaux  qui  est,  je  crois,  au  delà  de  Coburg.  Envoyez-en 
un  autre  reconnaître  le  pendant  des  eaux  entre  Meinungeu 
et  Melrichstadt,  en  avant  de  Neustadt.  Que  le  maréchal 
Lefebvre  réunisse  son  corps  d'armée.  Je  n'aime  point  voir  la 
division  du  général  Gazan  éparpillée  dans  les  montagnes; 
c'est  là  l'affaire  de  quelques  piquets,  ou,  au  plus,  de  quel- 
ques détachements  ;  que  sa  division  et  son  artillerie  se  réu- 
nissent en  arrière  de  Neustadt  ;  qu'il  envaie  des  reconnais- 
sances et  des  piquets  de  cavalerie  sur  la  hauteur,  comme  je 
l'ai  dit  ci-dessus.  J'attends  ces  deux  reconnaissances,  qui 
sont  très  importantes. 

Si  vous  avez  même  des  outils  à  Wttrzburg,  je  ne  serais  pas 
éloigné  d'avoir  l'air  de  faire  travailler  à  des  redoutes  sur  les 
hauteurs,  entre  Meinungen  et  Neustadt,  sur  la  hauteur  du  pen- 
dant des  eaux  et  sur  la  limite  du  territoire  wurtembergeois, 
également  sur  le  pendant  des  eaux  entre  Kronach  et  Loben- 
stein.  Toutefois  il  est  nécessaire  que  le  maréchal  Bernadette 
ait  sur  cette  hauteur  une  avant-garde  d'infanterie  ;  il  suffit 
qu'elle  y  soit  placée  le  4.  Je  suis  fâché  de  n'avoir  pas  use 
reconnaissance  de  Kronach  ;  je  préférerais  de  beaucoup  cette 
place,  si  elle  est  aussi  bonne  que  Kônigshofen  ;  faites  la 
armer  et  approvisionner  sans  délai. 

Pendant  la  réunion  de  l'armée  la  cavalerie  légère  empêche  toute 
communication  avec  le  dehors  et  masque  les  mouvements  queTarmée 
peut  faire  pour  changer  de  direction  et  tromper  l'ennemi. 


L  EMPEREUR  AU  ROI  DE  WURTEMBERG. 

Mayence,  30  septembre  180$. 

Monsieur  mon  Frère,  je  reçois  la  lettre  de  Votre  Majesté 
du  27,  qu'un  de  ses  officiers  m'a  apportée.  Comme  je  pense 
qu'un  courrier  arrivera  plus  vite,  je  lui  expédie  ma  réponse 


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30  SEPTEMBRE.  207 

directement.  Je  serai  fort  aise  de  voir  Votre  Majesté.  Voici 
mon  itinéraire  :  je  serai  le  2  octobre  à  Wtlrzburg  et  le  5  à 
Bamberg.  J'aurai  grand  plaisir  à  m'aboucher  dans  les  cir- 
constances actuelles  une  heure  avec  elle.  J'aurais  été  fort 
aise  de  pouvoir  l'attendre  à  Mayence,  si  je  n'étais  le  plus 
esclave  de  tous  les  hommes,  obligé  d'obéir  à  un  maître  qui 
n'a  point  de  cœur  :  le  calcul  des  événements  et  la  nature  des 
choses. 

Je  désirerais  beaucoup  que  ses  troupes  pussent  être  ren- 
dues, du  10  au  12,  du  côté  de  Wtlrzburg  ou  de  Bamberg. 
Si  elle  a  à  la  main  un  millier  d'hommes  d'infanterie  et  quel- 
ques escadrons,  elle  peut  les  envoyer  à  Wtlrzburg,  où  je  les 
placerai  en  garnison  jusqu'à  ce  que  le  corps  puisse  se  réunir. 

Si  Votre  Majesté  se  résout  à  faire  une  course  aussi  longue, 
nous  pourrons  convenir  des  arrangements  relatifs  au  mariage 
que  nous  avons  arrêté.  Il  me  semble  qu'il  suffit  que  le  céré- 
monial ait  été  réglé  comme  il  doit  se  faire.  Il  faudra  ensuite 
agir  selon  les  circonstances.  Quant  à  moi.  Votre  Majesté  voit 
bien  que  je  suis  l'homme  du  monde  qui,  dans  ce  moment, 
peut  faire  le  moins  de  calculs.  Ce  n'est  pas  que  la  guerre 
Boit  encore  déclarée  ;  je  ne  sache  pas  que  M.  Laforest  ait 
encore  quitté  Berlin  ;  on  m'a  annoncé  un  officier  prussien, 
porteur  d'une  lettre  du  roi  de  Prusse  ;  mais  voilà  trois  jours 
quon  m'en  a  parlé,  et  je  ne  le  vois  point  venir. 

Le  grand-duc  de  Wtlrzburg  a  adhéré  à  la  Confédération. 

L'emPEREUB  au   GBAND-DUC   HëBÉDITAIBE   de   BADE. 

Mayence,  30  septembre  1806. 

Mon  Fils,  je  reçois  votre  lettre  du  27.  J'approuve  le  désir 
<ltte  vous  avez  de  faire  la  guerre.  Je  vous  verrai  avec  plaisir 
près  de  moi.  Vous  pouvez  vous  rendre  à  Bamberg  pour  le  4 
ou  le  5  octobre  et  y  envoyer  vos  chevaux.  Si  vous  pouvez 
diriger  sur-le-champ  sur  cette  place  votre  régiment  avec 
quelques  escadrons  de  cavalerie  et  quelques  pièces  d'artille- 
rie, cela  sera  convenable.  Je  laisserai,  du  reste,  l'infanterie 


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208  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

dans  quelques  places  du  côté  de  Bamberg,  jusqu'à  ce  qut* 
tout  votre  corps  puisse  se  réunir.  J'imagine  que  pour  toui< 
ces  arrangements  vous  avez  Tagrément  du  grand -duc. 
Pressez  autant  qu'il  vous  sera  possible  le  départ  de  votre 
corps  de  troupes.  Les  princes  de  la  Confédération  se  mettent 
en  mouvement.  Le  prince  Primat  fournit  seul  2,000  hommes. 
Il  est  donc  bon  de  n'être  pas  trop  en  retard. 


NOTE  SUR  LA  DÉFENSE  GÉNÉRALE  DE  L'eMPIRE, 

POUR  l'archichancelier  CAMBACÉRÈS. 

Mayenco,  30  septembre  1806. 

Le  roi  de  Hollande  est  à  Wesel  ;  il  a  Tordre  de  défendre 
depuis  la  Moselle  jusqu'à  la  mer.  Le  maréchal  Kellennann 
commande  la  réserve  et  les  gardes  nationales  depuis  la 
Moselle  jusqu'à  la  Suisse. 

Il  y  aura  pour  garnison  à  Mayence  des  dépôts  qui  auront 
bientôt  une  grande  quantité  de  conscrits.  Il  y  a  40  3**  batail- 
lons aux  dépôts  le  long  du  Rhin,  lesquels  reçoivent^  soit  par 
la  conscription  de  1806,  soit  par  Tappel  de  la  réserve, 
30,000  conscrits. 

Il  y  a  à  Paris  2  régiments  de  ligne  entiers,  lesquels  for- 
meront en  octobre,  avec  les  troupes  de  Paris,  un  effectif  de 
8,000  hommes  présents  sous  les  armes.  Il  y  a,  soit  à  Paris, 
soit  à  Moulins,  soit  à  Amiens,  8  4'*  escadrons  de  dragons, 
qui,  avant  le  mois  de  novembre,  auront  2,000  chevaux. 

Les  attaques  du  côté  du  Rhin  ne  peuvent  être  dangereuses 
pour  Tintérieur.  D'ailleurs,  le  roi  de  Hollande  et  le  maréchal 
Kellermann  sont  munis  d'instructions  convenables,  et  de 
plus,  étant  aussi  assuré  que  je  le  suis  du  midi  de  rAUemagne, 
et  me  tenant  en  situation  d'être  le  premier  averti  de  tout,  je 
pourrai  toujours  envoyer  à  temps  les  ordres  convenables. 

L'ennemi  peut  débarquer  en  Hanovre.  Le  roi  de  Hollande 
se  trouve  à  portée  de  faire  face  atout  si  cet  événement  a  lieu^ 
et  tous  les  corps  qui  se  trouvent  le  long  du  Rhin  appuieraient 
le  mouvement  du  roi  de  Hollande. 


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30   SEPTEMBRE.  209 

L'ennemi  peut  débarquer  à  Boulogne  ;  mais  il  y  trouverait 
15,000  hommes  retranchés  et  qui  sont,  tant  marins  que  fan- 
tassins, destinés  à  défendre  ce  poste  important. 

Le  général  Rampon  réunit  6,000  gardes  nationales  à 
Saint-Omer.  Dès  l'instant  où  on  saurait  que  les  Anglais 
auraient  réussi  à  opérer  par  force  un  débarquement,  ce  qu'ils 
ne  peuvent  faire  qu'avec  30,000  hommes,  on  ferait  partir 
promptement  le  maréchal  Moncey,  pour  qu'il  puisse  réunir 
en  toute  hâte  tout  ce  qu'il  pourrait  de  gendarmerie  de  ces 
contrées,  à  Saint-Omer,  et  l'on  dirigerait  en  poste  sur  la 
Somme  les  8,000  hommes  qui  sont  à  Paris.  Il  faudrait  que 
les  Anglais  fussent  bien  audacieux  pour  tenter  cette  entre- 
prise, et  le  roi  de  Hollande  en  peu  de  jours  se  précipiterait 
sur  eux. 

Les  Anglais  peuvent  débarquer  à  Cherbourg.  Le  général 
commandant  la  14*  division  militaire  a,  dans  cette  partie, 
le  5*  régiment  d'infanterie  légère.  Ce  régiment  suffirait  poui- 
garnir  les  forts  de  Cherbourg.  Les  préfets  mettraient  en 
mouvement  les  gardes  nationales,  pendant  que  le  maréchal 
Moncey  serait  envoyé  pour  rassembler  sur  un  point  toute  la 
gendarmerie  des  départements  voisins.  D'une  autre  part,  le 
général  commandant  à  Bennes  la  14^  division  militaire  ferait 
marcher  le  camp  volant  de  Pontivy  *  et  réunirait  une  grande 
I>artie  des  troupes  qui  sont  dans  sa  division.  Les  8,000 hommes 
qui  sont  à  Paris  se  dirigeraient  en  poste  vers  Cherbourg.  Ainsi 
Tennemi  ne  réussirait  pas  à  s'emparer  des  forts.  S'il  brûlait 
la  ville  et  une  frégate  qui  s'y  trouve  sur  chantier,  son  entre- 
prise n'en  aurait  pas  moins  été  sans  but,  et  dès  lors  insensée. 

L'ennemi  pourrait  attaquer  Brest.  Le  général  commandant 
la  13*  division  militaire  s'y  jetterait  avec  les  garnisons  de 
cette  division  ;  tous  les  canonniers  garde-côtes,  ceux  des 
régiments  de  la  marine,  se  ploieraient  dans  la  ville,  où  il  se 


1.  Camp  de  Ponlivy,  formé  de  3  compagnies  de  grenadiors  et  3  cum pagaies 
'le  voUigeura  de  chacun  des  47«,  70«  et  8»«,  et  de  plusieurs  brigades  de  gcn- 
àarmerie,  sous  les  ordres  du  général  do  brigade  Boyer,  pour  poursuivre  les 
t'igands  dans  les  départements  du  Morbihan  et  des  Gùles-du-Nord.  Ordre  au 
général  Dejcan  du  13  septembre  1806. 

Camp,  dk  pbdsiib.  1^ 


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210  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

trouve  plus  de  10,000  marins  et  une  grande  quantité  d'ou- 
vriers qu'on  armerait,  et  Tennemi  ne  retirerait  que  de  la 
honte  d'une  telle  tentative.  Il  faut  un  siège  en  règle  pour 
prendre  Brest.  Les  troupes  de  Paris  auraient  le  temps  de  se 
rendre  en  poste  à  Rennes.  Le  31*  régiment  (d'infanterie 
légère)  qui  est  à  Nantes,  et  ce  que  j'ai  de  troupes  à  Bordeaux 
se  porteraient  vers  Brest.  Une  telle  entreprise  doit  donc 
paraître  extravagante. 

Dans  la  saison  actuelle,  l'ennemi  ne  peut  rien  tenter 
conti'e  Bordeaux,  ni  contre  Belle-Ile. 

Au  surplus,  le  remède  à  tout,  c'est  le  prompt  rassemble- 
ment de  la  gendarmerie,  les  compagnies  de  réserve  dépar- 
tementales^, la  formation  des  gardes  nationales,  et  Tenvoi 
soudain  du  corps  central  qui  est  à  Paris. 

Une  entreprise  contre  Toulon  de  la  part  des  ennemis 
serait  également  folle.  Indépendamment  du  régiment  de  la 
marine,  des  canonniers  garde-côtes,  des  ouvriers,  des  marins, 
de  la  gendarmerie,  des  douanes,  il  y  a  le  régiment  d'Isem- 
burg,  fort  de  3,000  hommes,  et  un  bataillon  du  32*  régi- 
ment d'infanterie  légère  ;  tout  cela  dans  Toulon  mettrait  cette 
place  à  l'abri  de  toute  entreprise.  Il  faudrait  40,000  hommes 
aux  ennemis  pour  l'attaquer,  et  il  n'est  pas  probable  qu'ils  les 
y  voulussent  employer  avec  aussi  peu  de  chance  de  réussir. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  probable,  c'est  que  l'ennemi  débar- 
quera au  Hanovre.  La  saison  n'est  pas  favorable  pour  un 
débarquement  en  Hollande,  ni  pour  débarquer  à  Boulogne, 
et  cette  place  est  à  l'abri  de  tout  événement  funeste,  tant 
parce  qu'elle  est  fortifiée  qu'à  cause  du  corps  nombreux  qui 

1.  Les  compagnies  de  réserve  déparlementales,  créées  par  décret  impérial 
du  24  floréal  an  XIII,  à  raison  d'une  par  département,  pour  fournir  la  garde 
des  hôtels  de  préfecture,  archives  des  départements,  maisons  de  détention, 
prisons  et  dépôts  de  mendicité,  avaient  un  effectif  variant  de  36  à  tio  hommes, 
cadres  compris.  Les  cadres ,  officiers  et  soas-offlciers ,  étaient  pris  de  prof<^- 
rence  parmi  les  officiers  et  sous-offlciers  retraités,  ou  à  défaut,  parmi  Ic^ 
ofllciers  réformes  et  les  sous-offlciers  ayant  servi  6  ans  dans  la  ligne  et  n'ayant 
pos  quitté  le  service  depuis  plus  de  4  ans.  Les  conscrits  do  la  compagnie 
étaient  recrutés  uniquement  parmi  les  conscrits  de  la  réserve  du  départe- 
ment. On  pouvait  aussi  admettre  les  anciens  soldats  nés  ou  domiciliés  dans 
le  département,  ayant  plus  de  5  ans  de  service,  pourvu  qu'ils  fussent  valides 
et  munis  de  congés. 


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30    SEPTEMBRE.  211 

la  défend.  A  mon  avis,  cependant,  de  tout  ce  que  Tennemî 
peut  entreprendre,  c'est  ce  qu'il  y  a  le  plus  à  craindre,  car 
il  ne  faut  qu'un  succès  d'un  moment  pour  que  l'ennemi 
détsnise  la  flottille  et  le  port,  et  puisse  ensuite  se  retirer. 

On  doit  donc  croire  que,  dans  la  saison  où  nous  entrons, 
l'ennemi  n'assayera  rien  de  sérieux,  parce  qu'il  n'aurait  plus 
la  probabilité  de  pouvoir  se  rembarquer. 

M.  l'archichancelier  Cambacérès  doit  écrire  tous  les  jours 
au  roi  de  Hollande,  quelquefois  au  maréchal  Brune. 

J'imagine  que  le  ministre  de  la  marine  a  toujours  assez 
de  vivres  à  Toulon,  à  Brest  et  à  Cherbourg,  pour  que  ces 
places  ne  puissent  se  plaindre  d'en  manquer  en  peu  de 
temps,  en  cas  d'événements. 

Si  l'ennemi  débarque  soit  à  Boulogne,  soit  sur  tout  autre 
point  important  de  la  France,  on  devra  exécuter  ce  qui  est 
prescrit  dans  la  présente  instruction,  et  M.  l'archichancelier 
Cambacérès  en  préviendrait  sur-le-champ  le  roi  de  Hollande, 
afin  que,  laissant  au  général  Michaud  le  commandement  des 
troupes  qui  lui  obéissent  en  ce  moment,  il  se  rendît  en  poste 
vers  le  lieu  du  débarquement  pour  s'opposer  aux  progrès  de 
mes  ennemis. 


l'empereur  au  général  junot. 

Mayence,  so  septembre  180G. 

Monsieur  le  général  Junot,  les  15*  d'infanterie  légère  et 
*^8*  de  ligne  doivent  être  entièrement  réunis  à  Paris.  Mon 
ïntention  est  qu'ils  fassent  peu  de  service,  et  que  ce  peu  do 
service  soit  fait  par  régiment  et  par  semaine,  c'est-à-dire  que 
pendant  8  jours  un  régiment  n'en  fasse  pas  du  tout.  Vous 
^erez  tirer  à  la  cible  les  sous-officiers  et  les  soldats.  Vous 
porterez  une  grande  attention  à  l'instruction  des  conscrits  et 
a  la  bonne  organisation  de  ces  deux  corps,  afin  qu'au  moin- 
^  événement  je  puisse  les  avoir  disponibles.  Ils  vont  rece- 
voir des  conscrits  ;  j'espère  que  ces  deux  régiments  feront 
OjOOO  hommes  à  eux  deux  ;  les  colonels  et  officiers  sont  bons  ; 


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212  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ce  doit  faire,  d'ici  à  un  mois,  deux  très-beaux  corps.  Soignez 
aussi  la  garde  de  Paris,  car  je  pense  envoyer  ces  régiments 
à  Boulogne,  à  Cherbourg,  en  Bretagne  ;  et,  si  Tannée  de 
Hollande,  qui  est  à  Wesel,  avait  besoin  d'être  renforcée, 
mon  intention  est  que  ces  deux  régiments,  le  15*  et  le  58*, 
partent  en  poste  pour  les  points  menacés.  Ce  serait  un  ren- 
fort de  8,000  hommes  qui  ne  serait  pas  indifférent.  D  est 
même  possible  qu'il  y  ait  des  événements  qui  me  mettent 
dans  le  cas  de  vous  faire  marcher  avec  ces  troupes.  Vous 
voyez  qu'il  est  important  d'y  donner  tous  vos  soins. 

Vos  dépôts  de  dragons  auront  bientôt  2,000  hommes.  J'y 
comprends  celui  du  4®,  qui  est  à  Moulins,  et  celui  du  10*, 
qui  est  à  Amiens.  Dans  le  cas  où  ces  troupes  seraient  obli- 
gés de  marcher,  on  rassemblerait  des  gendarmes  qui  feraient 
le  service  à  Paris.  D'ailleurs  les  3"  bataillons  que  vous  avez 
vont  bientôt  avoir  assez  de  conscrits  pour  suffire  à  la  police 
de  Paris  \  Portez  un  grand  soin  à  tous  ces  dépôts. 


INSTRUCTION  POUR  LE    MARECHAL    KELLERMANN,    COMMAN- 
DANT l'armée  de  RÉSERVE  SUR  LE  RHIN,  A  MAYENCE. 

Mayence,  so  septembre  1806. 

Il  faut  que  M.  le  maréchal  Kellermann  ait  4,000  à  6,000 
gardes  nationales  soldées  à  Mayence.  Il  en  cantonnera  1,200 
à  1,500  à  Cassel,  avec  une  compagnie  entière  d'artillerie, 
un  officier  supérieur  pour  y  commander,  un  adjoint  à  Tétat- 


1.  3^  bataillons  des  32«  de  ligne,  2%  4«  et  12<:  légers;  non  compris  ceux 
des  58«  et  15«  léger. 

L*KMFEREUR    A   M.    CAMBACéBÈS. 

Mayence  I  29  septembre  1806. 

Mon  cousin,  le  colonel  Arrighl  peut  fournir  à  toutes  les  gardes  du  palais, 
puisqu'il  a  les  dragons.  Mais  il  faudrait  diminuer  cette  garde  ;  en  général,  il 
faut  accoutumer  Paris  à  ne  plus  voir  tant  de  sentinelles.  C*est  le  seul  moyeu 
d*ùter  les  6,000  hommes  que  j'y  ai  laissés  et  de  pouvoir  les  envoyer  aux 
frouliôres,  si  les  circonstances  l'exigent. 

Le  colonel  Arrighi  était  chargé  de  la  formation  du  régiment  des  dragons  do 
lu  Garde. 


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-Il 


30   SEPTEMBRE.  213 

major*,  un  officier  du  génie  et  un  officier  d'artillerie.  Tous 
ces  militaires  auront  Tordre  le  plus  positif  de  ne  point 
découcher  et  de  ne  point  sortir  de  Cassel.  Il  faudra  exercer 
ces  gardes  nationales  à  la  manœuvre  du  canon,  afin  qu'elles 
puissent  aider  rartillerie.  On  placera  100  hommes  à  Tîle  de 
Saint-Pierre^  50  hommes  dans  le  réduit  qui  défend  Tinonda- 
tion,  une  compagnie  dans  chaque  fort  détaché^  et  ils  pour- 
ront être  relevés  toutes  les  semaines,  ou  même  plus  souvent 
si  cela  est  nécessaire.  La  garnison  de  Cassel  fournira  200 
hommes  aux  redoutes  de  l'embouchure  du  Mayn.  Ils  seront 
relevés  comme  les  précédents.  Un  officier  commandera  dans 
l'île  de  Saint-Pierre  et  un  autre  à  l'embouchure  du  Mayn. 
On  ne  devra  paB  considérer  les  troupes  qui  sont  à  Mayence 
eonune  devant  y  rester,  et  la  défense  de  cette  place  est  spé- 
cialement affectée  aux  gardes  nationales  et  à  4  compagnies 
d'artillerie,  et,  en  cas  d'événements,  aux  6  bataillons  de 
réserve,  qui,  au  moyen  des  conscrits  qu'ils  vont  recevoir, 
auront  un  effectif  de  3,000  à  4,000  hommes. 

Le  8*  corps  de  la  Grande  Armée,  composé  des  divisions 
Dupas  et  Lagrange,  sera  réuni  à  Mayence  dans  la  première 
quinzaine  d'octobre,  et  destiné  à  prendre  position  à  Franc- 
fort. U  agira  suivant  des  circonstances  étrangères  à  ce  qui 
concerne  la  garnison  de  Mayence. 

Le  maréchal  Kellermann  correspondra  avec  le  roi  de  Hol- 
lande, qui  est  à  Wesel.  Il  ne  doit  laisser  passer  le  pont  de 
Mayence  à  aucun  soldat  isolé  qui  voudrait  joindre  la  Grande 
Armée  ;  mais  il  fera  réunir  tous  les  soldats  voyageant  seuls, 


1.  Dans  toute  place  où  se  trouvent  des  troupes  de  difTérenles  armes  et 
des  représentants  des  divers  services,  le  commandant  doit  avoir  un  oUlcier 
«réULt-iDi^or  pour  le  seconder.  Lorsque  les  chefs  de  service  sont  officiers  su- 
périeurs ou  en  ont  le  rang,  Tofflcier  d^état-major  doit  être  lui-mâme  oiflcier 
supérieur;  car  cet  ofBcier  ne  peut  seconder  utilement  le  commandant  de  la 
PUce  qu'en  traitant  d^égal  à  ëgal  avec  les  chefs  de  service.  Un  capitaine  se 
trouve  dans  une  position  d'infériorité  vis-à-vis  des  commandants  de  l'artillerie 
et  du  génie  officiers  supérieurs;  do  1&,  dans  les  relations  journalières,  une 
foule  de  susceptibilités  qui  nuisent  au  bien  du  service,  à  la  préparation  de  la 
défense  et  à  ia  défense  elle-même.  Cet  officier  d'état-major,  chef  d'étut-migor 
'iu  gouverneur  ou  du  commandant  de  la  place,  devrait  faire  partie,  en  qualité 
*ie  secrétaire  et  avec  voie  délibéralivc,  de  la  commission  de  défense  et,  pen- 
^l  la  siège,  du  conseil  de  défense. 


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214  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

soit  qu'ils  sortent  des  hôpitaux,  soit  qu'ils  aient  quelque 
autre  raison  valable  pour  voyager  ainsi,  et,  lorsqu'ils  seront 
au  nombre  de  100,  il  les  fera  partir  sous  la  conduite  d'un 
ou  plusieurs  officiers,  et  aura  soin,  en  les  dirigeant  sur  lar- 
mée,  qu'ils  soient  munis  du  nécessaire.  La  route  de  l'armée 
continuera  à  être  de  Mayence  à  WUrzburg  ;  mais  il  se  pour- 
rait qu'on  ordonnât  que  qui  que  ce  soit  ne  passât  davantage 
sur  le  pont  de  Mayence,  et  que  la  route  de  l'armée  fût  de 
Manheim  à  Wtlrzburg.  Il  est  donc  convenable  d'avoir  vis-à- 
vis  de  Manheim  un  adjoint  *  qui  recevra  les  ordres  du  maré- 
chal Kellermann  et  l'instruira  de  tout  ce  qui  viendra  à  sa 
connaissance.  Il  sera  utile  que  cet  adjoint  ait  avec  lui  une 
compagnie  de  gardes  nationales  ;  et  une  brigade  de  gendar- 
merie pourra  aussi  lui  être  nécessaire,  afin  de  l'aider  à 
réprimer  toute  espèce  de  désordre  et  pour  lui  prêter  main- 
forte,  etc. 

Il  y  aura  en  outre  à  Manheim  même  un  commandant  d'ar- 
mes dépendant  de  la  Grande  Armée  et  qui  correspondra 
avec  le  major  général.  Il  faut  que  le  maréchal  Kellermann 
active,  autant  que  faire  se  pourra,  l'habillement  et  surtout 
l'instruction  des  conscrits  ;  et,  lorsqu'ils  seront  à  l'école  de 
peloton,  on  les  fera  tirer  à  la  cible  ;  en  temps  de  guerre,  c'est 
ce  qu'il  y  a  de  plus  pressé.  Il  faut  s'attacher  avec  un  soin 
très-scrupuleux  à  leur  bien  apprendre  à  nettoyer  leurs  fusils 
et  à  bien  placer  les  pierres  de  leurs  fusils. 

Quant  à  ce  qui  concerne  la  cavalerie,  l'ordre  est  donné 
qu'on  n'achète  pas  de  chevaux  au-dessous  de  l'âge  de  5  ans. 
Je  préfère  des  chevaux  de  4  pieds  3  pouces,  ayant  5  ou  6  ou 
7  ans,  et  il  y  a  en  France  un  grand  nombre  de  chevaux  de 
cette  espèce. 


1.  C'est  ce  que  l'Empereur  appelait  établir  un  bureau  d'état-magor. 


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30    SEPTEMBRE.  215 

l'empekeub  au  maréchal  kellebmann. 

Mayence,  80  septembre  1806. 

Les  chasseurs  et  les  grenadiers  des  gardes  nationales  des- 
tinés à  la  garde  de  la  place  de  Mayence  seront  habillés  sur 
leur  solde  et  comme  ils  Tentendront.  Mon  intention  est  que  le 
Trésor  ni  la  ville  ne  fassent  aucuns  frais  pour  cet  objet.  Les 
gardes  nationales  ne  sont  pas  des  troupes  de  ligne  ;  il  y  en  a 
beaucoup  qui  sont  déjà  habillées,  et  la  rigidité  n'est  pas  ici 
de  saison  \ 

NOTE   POUR  M.    DE   TUEENNE. 

Mayence,  80  septembre  1806. 

M.  de  Turenne  partira  dans  la  journée  pour  porter  une 
lettre  au  roi  de  Hollande  ;  il  suivra  la  rive  gauche  du  Bhin. 
Cette  dépêche  est  de  la  plus  grande  importance.  Il  la  lui 
remettra  en  mains  propres  et  rapportera  sa  réponse.  Quand 
il  aura  remis  sa  lettre,  il  passera  à  DUsseldorf  ;  il  verra  Toffi- 
cier  qui  y  commande  pour  le  grand-duc  de  Berg,  pour  savoir 
s'il  a  des  renseignements  à  donner.  Quand  il  saura  ce  qui 
«y  fait  et  ce  qui  s'y  dit,  il  reviendra  à  Mayence  pour  savoir 
quelle  est  la  route  qu'il  doit  prendre  pour  rejoindre  le  quar- 
tier général. 

l'empebeub  au  roi  de  hollande. 

Mayeace,  so  septembre  1806. 

Je  vous  expédie  M.  de  Turenne,  qui  est  officier  d'ordon- 
nance près  de  ma  personne  ;  il  vous  remettra  en  mains  propres 
la  présente,  qui  a  pour  objet  de  vous  faire  connaître  le  plan 


^'  D^CXBIOK. 

Mayeijce,  i«f  octobre  1806. 

Les  gardes  nationales  ne  doivent  recevoir  que  les  vivres  ordinaires  et  non 
les  vivres  de  campagne.  Napoléok. 


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216  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

d'opérations  que  je  me  propose  de  suivre.  II  est  probable  que 
les  hostilités  commenceront  le  6  du  mois  d'octobre. 


PREMIERE   NOTE. 

Mon  intention  est  de  concentrer  toutes  mes  forces  sur  l'ex- 
trémité de  ma  droite,  en  laissant  tout  l'espace  entre  le  Rhin 
et  Bamberg  entièrement  dégarni,  de  manière  à  avoir  près  de 
200,000  hommes  réunis  sur  un  même  champ  de  bataille  \  Si 
l'ennemi  pousse  des  partis  entre  Mayence  et  Bamberg,  je 
m'en  inquiéterai  peu,  parce  que  ma  ligne  de  communication 
sera  établie  sur  Forchheim,  qui  est  une  petite  place  forte,  et 
de  là  sur  WUrzburg.  Il  deviendra  donc  nécessaire  que  vous 
fassiez  passer  les  courriers  les  plus  importants  que  vous  aurez 
à  m'expédier  par  Manheim,  et  de  là  ils  prendront  langue  à 
Forchheim,  et  m'arriveront  de  la  manière  la  plus  sûre.  La 
nature  des  événements  qui  peuvent  avoir  lieu  est  incalcu- 
lable, parce  que  l'ennemi,  qui  me  suppose  la  gauche  au  Rhin 
et  la  droite  en  Bohême,  et  qui  croit  ma  ligne  d'opérations 
parallèle  à  mon  front  de  bataille,  peut  avoir  un  grand  intérêt 
à  déborder  ma  gauche,  et  qu'en  ce  cas  je  puis  le  jeter  sur  le 
Rhin*.  Occupez-vous  de  mettre  Wesel  dans  le  meilleur  état 
possible,  afin  que  vous  puissiez,  si  les  circonstances  le 
demandent,  faire  repasser  toute  votre  armée  sur  le  pont  de 
Wesel  et  longer  le  Rhin,  afin  de  contenir  les  partis,  et  qu'ils 
ne  puissent  aller  au  delà  de  cette  barrière.  Le  10  ou  le  12  oc- 
tobre il  y  aura  à  Mayence  le  8*  corps  de  la  Grande  Armée, 


1.  L'Empereur  se  sert  ici  de  l'expression  concentrer  parce  qu'il  a  on  vue 
la  bataille.  Concentrer,  c*e8t  réunir  toiues  ses  troupes  sur  un  même  champ  de 
bataille. 

Au  contraire,  ropôration  qui  consiste  h.  porter  ses  corps  d'armée  sur  qq 
môme  point,  en  les  mettant  à  môme  de  se  soutenir  les  uns  les  autres,  mais 
en  leur  laissant  toutefois  l'espace  nécessaire  pour  vivre  dans  leurs  cantonne- 
ments, s'appelle  réunir  l'armée, 

2.  La  ligne  d'opérations  de  l'Empereur  est  perpendiculaire  i  son  front  de 
bataille;  elle  s'appuie  sur  Forchheim  et  de  là,  au  besoin,  sur  les  places  du 
Danube.  En  changeant  sa  ligne  d'opérations,  «  ce  qui  est  considéré  comme  la 
manœuvre  la  plus  habile  qu'enseigne  l'art  de  la  guerre  »,  l'Empereur  c  trompe 
l'ennemi,  qui  ne  sait  plus  où  sont  ses  derrières  et  les  points  délicats  par  où 
il  peut  le  menacer.  »  {Obteroations  sur  la  bataille  de  Leuthen,  1757.) 


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30   SEPTEMBRE.  217 

fort  de  18,000  à  20,000  hommes.  Son  instruction  sera  de  ne 
pas  se  laisser  couper  du  Bhin,  de  faire  des  incursions  jusqu'à  la 
hauteur  de  Francfort  ;  mais,  en  cas  de  nécessité,  de  se  reti- 
rer derrière  le  Rhin  et  d'appuyer  sa  gauche  à  vos  troupes. 

DEUXIÈME   NOTE. 

Les  observations  de  ma  première  note,  qui  est  ci-dessus, 
Si)nt  toute  de  prévoyances.  Mes  premières  marches  menacent 
le  cœur  de  la  monarchie  prussienne,  et  le  déploiement  de 
mes  forces  sera  si  imposant  et  si  rapide,  qu'il  est  probable 
que  toute  Tannée  prussienne  de  Westphalie  se  ploiera  sur 
îlagdeburg,  et  que  tout  se  mettra  en  marche  à  grandes 
journées  pour  défendre  la  capitale.  C'est  alors,  mais  alors 
seulement,  qu'il  faudra  lancer  une  avant-garde  pour  prendre 
possession  du  comté  de  la  Marck,  de  Mtlnster,  d'Osnabrttck 
et  d'Ost- Frise,  au  moyen  de  colonnes  mobiles  qui  se  ploie- 
raient au  besoin  sur  un  point  central.  Il  en  résulterait  que 
l'ennemi  ne  tirerait  ni  recrues  ni  ressources  du  pays,  et  que 
vous  pourriez  en  tirer,  au  contraire,  quelques  avantages. 
Vous  devez  sentir  que  la  masse  de  vos  forces  ne  doit  point 
s'éloignerde  Wesel,  afin  que  de  là  vous  puissiez  défendre  votre 
royaume  et  les  côtes  de  Boulogne,  si  les  circonstances  l'exi- 
geaient. Pour  la  première  époque  de  la  guerre,  vous  n'êtes 
qu'un  corps  d'observation,  c'est-à-dire  que,  tant  que  l'en- 
nemi n'a  pas  été  jeté  au  delà  de  l'Elbe,  je  ne  compte  sur 
votre  corps  que  comme  un  moyen  de  diversion  et  pour  amu- 
ser l'ennemi  jusqu'au  12  octobre,  qui  est  l'époque  où  mes 
opérations  seront  démasquées;  et  aussi  pour  qu'un  corps 
ennemi,  qui  se  trouverait  coupé  et  qui  ne  verrait  d'autre 
ressource  que  de  se  jeter  en  Hollande  ou  en  France,  n'y  pût 
pénétrer  ;  ou  enfin  pour  qu'en  cas  d'un  événement  majeur 
et  funeste,  tel  que  pourrait  l'être  une  grande  bataille  per- 
due, vous  puissiez,  pendant  que  j'opérerais  ma  retraite  sur 
le  Danube,  défendre  Wesel  et  May  en  ce  avec  votre  armée  et 
le  8^  corps  de  la  Grande  Armée,  qui  ne  s'éloignera  jamais 
de  Mayence,  et  empêcher  en  même  temps  l'ennemi  de  passer 
le  Rhin  et  de  piller  mes  États. 


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218  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

TROISIÈME   NOTE. 

Il  est  nécessaire  que  vous  correspondiez  fréquemment  avec 
le  maréchal  Brune  ainsi  qu'avec  le  Texel,  pour  pouvoir  être 
sur  les  côtes,  si  les  Anglais  y  débarquent,  ce  que  je  ne  croîs 
guère  probable.  Il  est  plus  vraisemblable  qu'ils  tenteront  de 
débarquer  en  Hanovre,  et  qu'en  se  réunissant  aux  Suédois 
ils  y  auraient  bientôt  25,000  hommes.  N'ayant  plus  de 
craintes  alors  pour  la  Bretagne,  pour  Cherbourg,  ni  pour 
Boulogne,  j'ordonnerais  au  corps  de  8,000  hommes  que  j'ai 
à  Paris  de  venir  en  poste  vous  renforcer,  ce  qui  serait  une 
affaire  de  dix  jours.  Débarrassé  vous-même  de  toute  appré- 
hension, vous  pourriez  vous  faire  renforcer  par  les  troupes 
du  camp  de  Zeist,  et,  en  cas  de  nécessité  absolue,  la  totalité 
ou  partie  du  8*  corps  d'armée  quitterait  Mayence  pour  se 
rendre,  à  marches  forcées,  par  la  route  du  Rhin,  auprès  de 
vous.  Ces  moyens  réunis  vous  donneraient  une  quarantaine 
de  mille  hommes,  qui  occuperaient  assez  les  Suédois  et  les 
Anglais  pour  que  mon  armée  n'en  fût  point  attaquée.  En  tout 
ceci,  je  vais  aussi  loin  que  la  prévoyance  humaine  le  puisse 
permettre.  D'ailleurs,  malgré  l'éloignement  où  nous  pour- 
rons nous  trouver  l'un  de  l'autre,  assuré  comme  je  le  suis  du 
midi  de  l'Allemagne,  je  pourrai  toujours  vous  envoyer,  en 
peu  de  jours,  des  instructions  analogues  aux  circonstances. 

QUATRIÈME    NOTE. 

Une  fois  le  premier  acte  de  la  guerre  fini,  il  sera  possible 
que  je  vous  charge  de  conquérir  Cassel,  d'en  chasser  l'Elec- 
teur et  de  désarmer  ses  troupes.  Le  8*  corps  de  la  Grande 
Armée,  une  portion  de  la  vôtre,  et  peut-être  même  un  déta- 
chement de  mon  armée,  auquel  je  donnerais  cette  destina- 
tion, vous  mettraient  à  même  d'effectuer  cette  opération. 
L'Electeur  veut  être  neutre  ;  mais  cette  neutralité  ne  me 
trompe  pas,  quoiqu'elle  me  convienne.  Vous  devez  l'entre- 
tenir dans  les  sentiments  qu'il  manifeste  à  ce  sujet,  sans 
compromettre  cependant  votre  caractère.  Des  paroles  d'es- 


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30    SEPTEMBRE.  219 

time  pour  sa  personne  dites  à  propos,  la  manifestation  fré- 
quente de  l'intention  où  vous  êtes  de  vous  conformer  aux 
ordres  que  vous  avez  de  bien  vivre  avec  lui,  de  bons  procé- 
dés de  tout  genre,  le  maintiendront  encore  quelque  temps 
dans  cette  neutralité  à  laquelle  il  a  recours.  Quant  à  moi, 
j  aime  fort  à  voir  à  mon  ennemi  10,000  ou  12,000  hommes 
de  moins  sur  un  champ  de  bataille  où  ils  pourraient  être. 
Mais,  je  le  répète,  le  premier  résultat  d'une  grande  victoire 
doit  être  de  balayer  de  mes  derrières  cet  ennemi  secret  et 
dangereux.  Je  ne  vous  dis  ceci  qu'afin  que  vous  étudiiez  le 
pays,  et  vous  voyez  le  cas  que  je  fais  de  vous  par  la  con- 
fiance que  je  vous  montre. 

A  tout  événement  la  garnison  de  Wesel  doit  être  compo- 
sée du  22*  de  ligne  que  j'y  ai  laissé,  des  4  compagnies  d'ar- 
tillerie qui  y  sont,  du  bataillon  du  grand-duc  de  Berg,  et, 
sil  est  nécessaire,  d'un  millier  d'hommes  à  retirer  des  dépôts 
de  la  26*  division  militaire,  en  organisant  150  hommes  par 
dépôt  et  eu  ayant  bien  soin  de  ne  placer  avec  ce  nombre 
d'hommes  que  deux  oflSciers,  deux  sergents  .et  quatre  capo- 
raux par  dépôt  ;  afin  que,  si  la  place  devait  être  prise,  je 
n'eusse  pas  à  regretter  un  grand  nombre  d'hommes  et  sur- 
tout le  déficit  que  cela  produirait  dans  mes  corps  à  cause  de 
la  non-formation  des  conscrits.  Je  laisse  le  général  Marescot, 
premier  inspecteur  de  l'arme  du  génie  en  deçà  du  Rhin, 
avec  l'ordre  d'être  soit  à  Mayence,  soit  à  Wesel,  à  Venloo,  à 
Anvers,  à  Juliers  et  à  Maëstricht,  pour  fortifier  ces  différents 
points  et  prendre  les  mesures  provisoires  que  les  circons- 
tances commanderont.  Vous  le  verrez  sous  peu  à  Wesel. 

H  me  serait  impossible  de  vous  donner  des  instructions 
plus  détaillées-  Ayez  de  vos  officiers  d'état-major  au  quartier 
général  du  maréchal  Brune  à  Boulogne,  et  qu'il  s'en  trouve  au 
vôtre  de  l'état-major  du  maréchal  Brune.  Tenez-vous  au  cou- 
rant de  toutes  les  nouvelles  que  le  maréchal  Kellermann  pourra 
rassembler  à  Mayence.  Ecrivez  fréquemment  à  M.  l'archi- 
chancelier  Cambacérès  et  au  ministre  Dejean,  afin  d'en  rece- 
voir des  nouvelles.  Ecrivez  même  quelquefois  pour  le  même 
objet  au  général  Junot,  qui  commande  mes  troupes  à  Paris. 


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220  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

N'exposez  jamais  votre  corps  d'armée  et  ne  hasardez  point 
votre  personne,  puisque  vous  n'avez  qu'un  corps  d'observa- 
tion*. Le  moindre  échec  que  vous  éprouveriez  me  donnerait  de 
l'inquiétude  ;  mes  mesures  en  pourraient  être  déconcertée*, 
et  cet  événement  mettrait  sans  direction  tout  le  Nord  de 
mon  empire.  Quels  que  soient,  au  contraire,  les  événements 
qui  m'arriveront,  si  je  vous  sais  derrière  le  Rhin,  j'agirai 
plus  librement;  et  même,  s'il  m'arrivait  quelque  grand 
malheur,  je  battrais  mes  ennemis  quand  il  ne  me  resterait 
que  50,000  hommes,  parce  que,  libre  de  manœuvrer,  indé- 
pendant de  toute  ligne  d'opérations  et  tranquille  sur  les 
points  les  plus  importants  de  mes  États,  j'aurais  toujours  des 
ressources  et  des  moyens. 

Il  est  possible  que  les  événements  actuels  ne  soient  que 
le  commencement  d'une  grande  coalition  contre  nous  et  dont 
les  circonstances  feront  éclore  tout  l'ensemble  ;  c'est  pourquoi 
il  est  bon  que  vous  songiez  à  augmenter  votre  artillerie.  Les 
troupes  ne  manqueront  pas;  elles  vous  viendront  de  tous 
côtés  ;  mais  elles  n'amèneront  pas  avec  elles  les  attelages 
qu'elles  auront  besoin  d'avoir.  Vous  avez  aujourd'hui  30  pièces 
d'artillerie  attelées  :  c'est  plus  qu'il  ne  vous  en  faut  à  la 
rigueur,  mais  ce  n'est  pas  assez  en  cas  d'événements.  Atta- 
chez-vous à  vous  procurer  insensiblement  des  attelages  en 
bon  ordre,  de  telle  sorte  que  vous  puissiez  en  réunir  60  vers  le 
mois  de  novembre.  Comme  il  vous  faut  un  chiffre,  je  charge 
le  général  Clarke,  secrétaire  de  mon  cabinet,  de  vous  en 
envoyer  un.  Mais  ne  chiffrez  que  ce  qui  est  important. 

L'Empereur  a  cru  devoir  faire  connaître  son  plan  de  campagne  au 
roi  do  Hollande  pour  le  rassurer  en  lui  prouvant  que  le  rôle  de  Tar- 
mée  du  Nord  était  seulement  secondaire  ;  mais  cette  commnnicatiou 
est  pour  lui  seul,  et  le  roi  doit  y  voir  le  cas  que  son  frère  fait  de  lui 
par  la  confiance  qu'il  lui  montre.  H  est  certain  que  si  le  commandant 
(le  l'armée  du  Nord  n'eût  pas  été  son  frère,  l'Empereur  ne  lui  aurait 
pas  confié  son  plan  d'opérations.  La  meilleure  preuve  est  que  le  1" oc- 
tobre, en  donnant  au  commandant  du  corps  d'observation  de  la 


1.  Un  corps  d'observation  ne  Ooit  donc  pas  combattre. 

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30   SEPTEMBRE.  221 

France  un  ordre  général  pour  lui  ser^dr  de  guide,  il  ne  lui  parle  pas 
de  ses  projets  généraux.  Du  reste,  il  a  attendu  jusqu*au  dernier  jour 
pour  envoyer  à  son  frère  cette  instruction  détaillée.  Même  dans  le 
cas  d*une  indiscrétion,  le  commencement  des  hostilités  est  trop  pro- 
chain pour  que  l'ennemi  puisse  avoir  connaissance  du  plan  de  cam- 
pagne et  changer  ses  dispositions. 

L'Empereur  avait  conçu  son  projet  général  dès  le  5  septembre,  puis- 
qu'à  cette  date  il  indique  au  major  général  le  point  de  réunion  de 
Tannée  et  la  direction  de  sa  marche  vers  Berlin.  Le  plan  de  campagne 
n'a  pas  varié,  mais  les  dispositions  secondaires  se  sont  fixées. 

On  est  frappé  tout  d'abord  par  la  hardiesse  et  la  ruse  dans  la  con- 
ception. L'Empereur  veut  porter  la  guerre  chez  son  ennemi,  et  il 
cherche  à  le  tromper  sur  ses  projets,  afin  de  l'entraîner  dans  de  fausses 
manœuvres  qu'il  n'ait  pas  le  temps  de  réparer.  En  combinant  ses 
opérations,  le  Commandant  de  l'armée  tâchera  donc  d'étonner  son 
adversaire,  tout  en  ne  faisant  rien  de  contraire  aux  principes  de  la 
guerre. 

Vient  ensuite  l'activité  que  l'Empereur  compte  déployer  pour  ren- 
dre vaines  toutes  les  combinaisons  de  son  ennemi  et  le  forcer  de  su- 
hordonner  ses  opérations  aux  siennes. 

Pois  la  prévoyance  qui  le  pousse  à  calculer  toujours  sur  le  pire. 
Il  songe  à  la  défaite  et  au  moyen  d'opérer  sa  retraite  en  trompant 
son  ennemi  ;  il  a  pourvu  à  la  défense  de  ses  Etats. 

Enfin  la  confiance  en  lui-même  qui  l'empêche  de  douter  du  succès 
et  sanra,  en  cas  de  malheur,  lui  faire  trouver  des  ressources  et  des 
moyens. 

Bien  que  l'Empereur  dévoile  son  projet  général  d*opérations,  il  ne 
fait  connaître  au  roi  de  Hollande  que  les  grandes  lignes  sans  entrer 
dans  aucun  détail  d'exécution  sur  le  plan  de  campagne  particulier  de 
la  Grande  Armée.  Il  développe  au  contraire  avec  soin  le  rôle  spécial 
du  corps  d'observation  du  Nord  pour  la  première  époque  de  la  guerre 
^  indique  les  opérations  qui  lui  incomberont,  une  fois  le  premier  acte 
de  la  guerre  fini. 

On  retrouve  toujours  chez  l'Empereur  cette  circonspection  qui 
Tempêche  de  livrer  en  entier  à  la  même  personne  le  secret  de  ses 
cotnhinaisonB  et  qui  lui  commande  de  ne  faire  connaître  à  chacun 
qae  ce  qu'il  est  indispensable  qu'il  sache  pour  l'exécution  de  la  par- 
tie qui  lui  est  confiée. 

Si  maintenant  on  examine  le  plan  de  campagne,  on  voit  qu'il  est 
haaé  but  le  raisonnement  et  qu'il  ne  contient  rien  qui  ne  soit  conforme 
*ux  principes  de  la  guerre  : 

L'Empereur  va  marcher  réuni,  pouvant  avoir  en  24  heures  toute 


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222  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

son  armée  concentrée  sur  un  même  champ  de  bataille  ;  il  assure  sa 
ligne  d'opérations  par  de  nombreux  points  d'appui  ;  dans  ses  calculs 
il  prévoit  toutes  les  dispositions  de  son  ennemi  et  prend  ses  mesures 
pour  les  déjouer  et  pour  les  empêcher  d'aboutir  jusqu'à  ce  qu'il  ait 
pu  lui-même  forcer  son  adversaire  à  plier  ses  combinaisons  sus 
siennes. 

La  réflexion  avec  laquelle  il  a  conçu  son  plan  de  campagne  et  l'&c- 
tivité  qu'il  compte  mettre  à  l'exécuter,  lui  feront  obtenir  les  résultats 
qu'il  veut  atteindre.  Tout  se  passera  ainsi  qu'il  l'a  prévu.  Il  espère 
la  victoire  et  il  y  compte  tellement  que  le  1 2  septembre  il  a  annoncé 
au  roi  de  Naples  que  ses  mesures  sont  si  bien  prises  et  si  sûres  que 
l'Europe  n'apprendra  son  départ  de  Paris  que  par  la  ruine  entière  de 
ses  ennemis  ;  mais  il  a  aussi  envisagé  la  défaite  et  il  a  pris  ses  dispo- 
sitions en  cas  d'un  événement  majeur  et  funeste,  telle  que  pourrait 
l'être  une  grande  bataille  perdue.  Enfin  il  a  calculé  également  sur 
l'éventualité  d'une  grande  coalition  dont  les  circonstances  feront 
éclore  tout  l'ensemble.  Il  est  allé  aussi  loin  que  la  prévoyance  hu- 
maine pouvait  le  permettre. 


L  EMPEREUR  AU   MAJOR   GENERAL. 

Mayence,  30  seplembro  1806,  minuit. 

J'approuve  la  nomination  du  général  que  vous  avez  nommé 
pour  commander  WUrzburg  ^  Je  n*ai  point  la  reconnais- 
sance de  Kronach.  Cette  position,  avec  celle  de  Wtirzburg  et 
de  Forchheim,  assurerait  bien  mes  derrières.  Kronach  fortifié 
serait  Tappui  de  mon  avant-garde  ;  et,  ma  droite  appuyée  à 
Forchheim,  ma  gauche  à  WUrzburg,  je  serais  environné  de 
places  fortes.  Faites  donc  armer  ces  trois  places. 

l'empereur  au  général  marescot. 

MaycDce,  3o  septembre  1806. 

J'approuve  beaucoup  votre  projet  relatif  aux  caissons. 

Présentez-moi,  ce  soir  même,  un  projet  de  décret  au  moyen 

duquel  les  caissons  que  vous  proposez  seront  attachés  aux 

bataillons  de  sapeurs,  et  qui  réglera  le  mode  de  leur  achat, 


1.  Le  général  Thouvenot.   Le  général  Lefranc   avait  été  nommé  comman- 
dant de  Forchheim  et  le  général  Roize  commandant  de  Kronach. 


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30   SEPTEMBRE.  223 

(le  leur  entretien,  etc.  Il  est  temps  de  prendre  un  parti  rela- 
tif à  ces  caissons  dont  le  service  est  indispensable.  II  faut 
que  le  génie  ait  avec  lui  tout  ce  dont  il  a  besoin.  Il  sera  bon 
démettre  dans  les  caissons  ce  qui  convient  relativement  aux 
outils  de  mineurs.  On  me  dit  quHl  est  parti  de  Strasbourg 
pour  Wttrzburg  beaucoup  d'outils.  Si  cela  est  vrai,  il 
suffira  peut-être  d'envoyer  à  WUrzburg  environ  15,000  ou- 
tils qu'on  pourrait  charger  sur  12  ou  15  prolonges  d'ar- 
tillerie qu'on  attellera  avec  des  chevaux  de  réquisition, 
et  ces  prolonges  seront  alors  attachées,  pendant  cette  cam- 
pagne, au  service  du  corps  du  génie.  Ainsi  les  déplace- 
ments et  les  versements  d'outils  d'une  place  sur  l'autre 
ne  deviendront  plus  funestes  au  service.  On  saura  où 
chaque  chose  aura  été  placée  ;  et,  sans  un  ordre  bien  établi 
pour  tous  ces  objets  de  détail,  tout  se  perdrait,  les  dépenses 
pour  l'Etat  seraient  énormes,  et  je  finirais  cependant  par  ne 
rien  avoir. 

LE   GÉNÉRAL  MARESCOT   A   l'eMPEREUR. 

Mayenco,  So  seplerobre  1806. 

C'est  avec  un  grand  plaisir  que  je  vois  V.  M.  adopter 
une  mesure  que  je  propose  depuis  longtemps,  qui  manque 
au  service  du  corps  du  génie  et  qui  consiste  à  attacher  à  cha- 
cune des  45  compagnies  de  sapeurs  ^  un  caisson  d'outils  à 
4  roues,  attelé  de  4  chevaux. 

11  n'y  a  rien  à  ajouter  à  cet  égard  à  l'organisation  des 
mineurs,  chaque  compagnie  ayant  depuis  longtemps  son 
caisson  d'outils  approprié  à  son  service. 

Projet  de  décret. 

Art,  1*'.  —  Il  sera  attaché  à  chaque  compagnie  de  sapeurs 
un  caisson  d'outils  à  4  roues  et  attelé  à  4  chevaux  '. 


1.  Il  T  avait  5  bataillons  de  sapeurs,  chaque  bataillon  à  9  compagnies. 

2.  Le  décret  du  l*' octobre  i806  donnait  plus  d*extension  au  train  de  chaque 


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224  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

Art.  2.  —  Chaque  caisson  contiendra  les  outils  suivant»  : 

200  pelles  rondes  ou  carrées,  —  70  pioches,  —  30  pics 
à  roc,  —  50  haches,  —  28  serpes,  —  2  grandes  scies,  — 
20  pics  à  main,  —  10  marteaux  grands  et  petits,  —  5  de 
chacun  des  outils  suivants:  tenailles,  ciseaux,  tarièrei$, 
rabots,  varlopes,  maillets,  valets,  vilebrequins,  trusquins, 
repoussoirs,  compas,  fils  à  plomb,  règles,  équerres,  mètres 
ou  doubles  mètres,  —  2  pinces  en  fer,  —  50  livres  de  clous 
de  toutes  grandeurs,  —  80  livres  de  cordes,  cordeaux  et 
ficelles. 

Art.  3.  —  Il  sera  attaché  pour  le  service  de  chacun  de 
ces  caissons  2  hommes  désignés  sous  le  nom  de  soldats  du 
train  du  génie,  qui  seront  portés  en  sus  du  complet  de  la 
compagnie,  et  qui  seront  assimilés  pour  la  solde  aux  soldats 
du  train  d'artillerie. 

Art.  4.  —  L'uniforme  des  soldats  du  train  du  génie  sera 
le  même  que  celui  des  soldats  du  train  d'artillerie  à  la  diffé- 
rence près  du  parement  et  du  collet  qui  seront  de  panne 
noire  avec  passe-poil  rouge.  Les  boutons  seront  ceux  du 
corps  du  génie. 

Art.  5.  —  Il  sera  pourvu  à  la  nourriture,  au  ferrage  des 
chevaux,  à  l'entretien  des  caissons,  des  harnais  et  desoutils, 
au  moyen  d'une  masse  particulière  affectée  à  chaque  batail- 
lon de  sapeurs  et  qui  sera  réglée  par  le  ministre  de  la 
guerre. 

Art.  6.  —  Chaque  capitaine  de  sapeurs  est  particulière- 
ment chargé  de  la  surveillance  et  de  la  comptabilité  du  caiî- 
son  attaché  à  sa  compagnie,  et  en  rendra  tous  les  mois  un 
compte  particulier  au  commandant  du  bataillon. 

Art.  7 .  —  Il  est  mis  à  la  disposition  du  ministre  de  la  guerre 


bataillon,  afin  d*avoir  des  rossources  pour  constituer  le  parc  du  gânie  de 
l'armëe. 

Art.  l'r.  —  Il  y  aura  à  la  suite  de  chaque  bataillon  de  sapeurs  95  caibsons 
attelés  de  4  chevaux  et  chaque  caisson  sera  chargé  de  porter  500  outils  de 
difTérentes  espèces,  conformément  au  règlement  qui  sera  incessamment  établi 
par  le  miuistre  de  la  guerre  à  cet  effet. 

Art.  2.  —  En  conséquence,  il  y  aura  par  bataillon  une  brigade  de  charretier? 
composée  de  60  hommes  au  complet  et  commandée  par  i  sergent-major, 
1  sergent  et  4  caporaux,  sous  la  dénomination  de  train  des  sApours,  etc. 


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30   SEPTEMBRE.  225 

une  fiomine  de  160,000  fr.  qui  sera  employée  pour  le  premier 
achat  de  chevaux,  outils,  équipements,  confection  de  caissons, 
et  en  général  pour  tous  les  frais  de  premier  établissement. 
P.-S.  —  Les  15  caissons  qui  vont  être  faits  à  Mayence 
feront  partie  des  45  portés  au  présent  projet  de  décret, 

LE  MABÉCHAL   LEFEBVBE   AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Schweinfurt,  80  septembre  1806. 

Conformément  aux  intentions  de  S.  M.,  je  serai  le  3  oc- 
tobre en  position  à  Kônigshofen  avec  mon  corps  d'armée. 
D  résulte  d'une  reconnaissance  très-particulière  que  j'ai  fait 
faire  de  ce  point  par  mon  premier  aide  de  camp  que  la  posi* 
tion  de  Kônigshofen  est  à  la  fois  offensive  et  défensive. 
Comme  point  offensif,  elle  offre  une  position  fort  belle  en 
avant  de  la  place  ayant  à  sa  droite  les  montagnes  de  la  Saxe 
et  à  sa  gauche  celles  qui  séparent  la  plaine  du  pays  de 
Neustadt.  De  cette  position  on  peut  agir  offensivement  par 
les  routes  de  Neustadt,  Mehlrichstadt,  R^mhild,  Hildburg- 
hausen  et  Coburg.  Comme  point  défensif,  Kônigshofen  offre 
une  position  derrière  la  Saale  ayant  devant  elle  la  forte- 
resse dont  le  revêtement  est  en  bon  état,  les  fossés  pleins 
d'eau  et  à  laquelle  il  ne  manque  que  quelques  pièces  pour 
arrêter  toutes  premières  attaques  de  l'ennemi. 

Il  est  seulement  à  observer  que  les  routes  qui  aboutissent 
au  point  de  Kônigshofen  qui  sont  très-praticables  aujourd'hui 
deviendraient  extrêmement  difficiles  pour  les  charrois  et  l'ar- 
tillerie s'il  pleuvait  plusieurs  jours. 

Il  est  encore  à  considérer  que  ce  pays  offre  peu  de  vil- 
lages et  conséquemment  peu  de  ressources  pour  les  subsis- 
tances des  troupes  auxquelles  il  faudrait  absolument  pourvoir 
par  d'autres  moyens. 

LB   CAPITAIK£    OéKIK,    DU    103^,    AU   oiNÂKAL    OAZAN. 

Fûchsstadt,  so  septembre  1808,  il  heures  et  demie. 

Ce  matin  vers  9  heures,  2  officiers  et  un  maréchal-des- logis  du 
21*  de  chasseors  sont  venns  à  mou  poste  ;  ils  étaient  chargés  avec 

CAMP.    DB  PBUISB.  15 


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226  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

25  chasseurs,  qu'ils  ont  laissés  en  arrière  pour  ne  pas  les  montrer,  de 
faire  une  reconnaissance  sur  les  frontières  du  pays  de  Fulde  ;  Us 
étaient  envoyés  par  M.  le  général  Lasalle  dont  un  est  aide  de  camp 
et  venaient  de  Gau-Aschach  où  ils  sont  cantonnés  ;  ils  ont  été  étonnés 
de  nous  trouver  en  avant  d'eux  n'y  croyant  personne.  Peut-être  une 
demi-heure  avant,  le  sergent  de  garde  au  pont  me  dit  qu'on  venait 
de  voir  passer  au  delà  de  la  Saale  et  entrer  à  Hamelburg  un  homme 
à  cheval  qui  paraissait  être  un  militaire  ;  je  ûb  part  de  cela  aux  offi- 
ciers de  chasseurs  qui  me  proposèrent  de  pousser  avec  eux  jasqn  a 
Hamelburg  ;  je  m'y  décidai  difficilement,  mais  enfin  j'y  allai  monte 
sur  le  cheval  du  maréchal-des-logis  :  nous  avons  été  là  comme  des 
personnes  qui  se  promènent  ;  nous  avons  d'abord  traversé  la  ville  et 
sommes  ensuite  revenus  à  la  poste,  où  en  buvant  la  goutte  j'ai  en 
l'occasion  de  questionner  plusieurs  habitants  qui  m'ont  assuré  qu'il 
n'y  avait  pas  de  troupes  dans  le  pays  de  Fulde,  et  que  les  plus  près, 
s'il  y  en  avait,  étaient  à  4  lieues  au  delà  de  la  ville  de  Fulde. 

A  10  heures  et  demie  ce  matin  sont  passés  l'un  après  l'autre,  deux 
chevau-légers  bavarois  qui  m'ont  dit  aller  à  Waizbach  ou  Waizen- 
bach  où  est  leur  premier  lieutenant  avec  16  hommes  ;  ils  portaient 
effectivement  des  dépêches  et  venaient  de  Schweinfurt  :  ils  ont  passé 
la  Saale  à  notre  pont  et  se  sont  dirigés  sur  Hamelburg  qui  en  est 
éloigné  de  demi-lieue. 

Le  Schulz  de  ce  village  m'a  proposé  de  me  faire  faire  la  connais- 
sance du  bailli  d'Hamelburg  ;  je  pense  qu'elle  pourrait  nous  être 
d'une  très- grande  utilité,  en  ce  que  je  serais  infailliblement  averti  de 
la  marche  des  troupes  qui  se  dirigeraient  sur  cette  ville  ;  cependant 
je  ne  retournerai  point  à  Hamelburg  sans  qu'au  préalable  vous  ne 
m'y  ayez  autorisé. 

Les  officiers  de  chasseurs  que  j'ai  vus  ce  matin  doivent  envoyer 
un  poste  de  leur  arme  en  arrière  et  près  de  moi  ;  un  chasseur  de  ce 
poste  devra  le  soir  venir  au  mien  et  y  passer  la  nuit,  afin  de  leur 
donner  avis  de  ce  qu'il  y  aurait  de  nouveau  et  de  vous  faire  passer 
avec  célérité  les  nouvelles  intéressantes  que  j'aurais  à  vous  donner. 

Vous  trouverez,  mon  général,  ma  lettre  prolixe,  mais  j'aime  mieux 
l'être  que  de  manquer  de  vous  donner  des  détails  qui  pourraient 
vous  intéresser. 

Tous  les  soirs  à  6  ou  7  heures  j'aurai  des  nouvelles  fraîches  d'Ha- 
melburg. 

P. -S.  —  Il  y  a  un  pont  sur  la  Saale  à  environ  une  demi-lieue  à 
notre  gauche,  et  une  planche  pour  passer  la  même  rivière  à  environ 
même  distance  à  notre  droite. 

3*  corps,  quartier  général,  Nuremberg.  —  Cavalerie  légère,  Lan- 
gesheim.  —  1"  division,  Furth  et  environs.  —  2*  division,  canton- 


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30   8EPT&MBRB.  227 

nements  sur  les  deax  rives  de  laRednîtz  en  avant  de  Schwabach. 

3*  division,  entre  Aurach  et  Schwabach.  —  Parc  de  réserve,  Schwa- 
bach. 

4*  corps  d'armée.  obdbb. 

Ratisbonne,  30  septembre  1806. 

Le  général  Levai  donnera  ordre  à  la  2*  division  de  prendre  le  2  oc- 
tobre des  cantonnements  très-resserrés  dans  les  environs  de  Sulzbach, 
»VLT  un  rayon  d'une  liene  et  demie  au  plus  sans  cependant  dépasser 
la  Vils. 

Le  général  Legrand  donnera  ordre  à  la  3*  division  de  prendre  aussi 
des  cantonnements  très  resserrés  le  3  octobre  en  avant  d'Amberg  sur 
la  rive  gauche  de  la  Vils,  depuis  Hambach  et  Guesonbach  inclusive- 
ment jusqu'à  Pemvied  près  d'Amberg  aussi  inclusivement. 

Le  générai  Saint-Hilaire  donnera  ordre  à  la  1**  division  de  se  ren- 
dre aussi  pour  le  3  octobre  et  en  son  entier  à  Amberg  ;  il  la  fera 
cantonner  dans  cette  ville  et  dans  les  villages  les  plus  à  portée  non 
occupés  par  les  2*  et  3*  divisions,  sans  cependant  pouvoir  l'étendre 
à  plus  d'une  lieue. 

Le  général  Milhaud  réglera  le  mouvement  de  la  division  de  cava- 
lerie légère  de  manière  à  être  rendu  le  3  octobre  prochain  entre 
Hambach  et  Vilseck,  faisant  occuper  cette  dernière  ville  et  laissant 
la  l'*  à  la  disposition  du  général  Legrand. 

Le  général  Lariboisière  donnera  des  ordres  au  parc  d'artillerie 
poar  continuer  sa  marche  sur  Amberg,  et  il  réglera  son  mouvement 
de  manière  à  ce  qu'il  arrive  le  3  octobre  au  soir  à  hauteur  d'Eber- 
uiansdorf,  en  arrière  d' Amberg,  et  la  fera  établir  dans  cette  partie. 

Les  troupes  se  garderont  militairement  dans  leurs  cantonnements 
et  se  tiendront  prêtes  à  continuer  leur  mouvement  dans  la  journée 
(itt  4.  Le  général  Milhaud  fera  garder  la  grande  route  de  Vilseck  à 
Baireuth,  et  le  général  Legrand  celles  qui  conduisent  sur  la  Naab. 

Le  quartier  général  sera  le  1*'  à  Amberg,  mais  le  Maréchal  com- 
mandant en  chef  ne  s'y  rendra  de  sa  personne  que  le  2.  MM.  les  gé- 
néraux voudront  bien  lui  rendre  compte  de  l'exécution  de  ces  dispo- 
sitions. 

i*  corps  d'armée.  obdbs  nu  joub. 

Ratlsbonnoi  80  septembre  ib06. 

Les  colonels  commandant  les  régiments  d'infanterie  et  de  cavalerie 
employés  au  corps  d'armée  ont  eu  ordre  de  renvoyer  en  France  les 
effetB  ou  gros  équipages  qui  sont  à  leur  suite,  mais  peu  se  sont  exac- 
tement conformés  à  ces  dispositions  ;  il  est  même  des  corps  dont  les 


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228  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

bagages  sont  8i  considérables  qa*il  &at  plus  de  20  voitures  ponr  les 
transporter. 

Le  Maréchal  commandant  en  chef  considérant  les  graves  inconvé- 
nients qu'une  aussi  grande  quantité  de  bagages  occasionnerait  daos 
la  marche  des  troupes  et  la  difficulté  que  les  divisions  éprouveraient 
pour  fournir  les  voitures  nécessaires  à  leur  transport  ' ,  persuadé 
d'ailleurs  que  la  plus  grande  partie  des  effets  que  les  corps  ont  à  leur 
suite  leur  sont  inutiles  en  campagne,  ordonne  les  dispositions  sui- 
vantes : 

Art.  1*'.  —  Les  chefs  de  corps  de  toutes  armes  prendront  sur-le- 
champ  des  mesures  pour.se  débarrasser  des  effets  d'équipement  qu'ils 
ont  à  leur  suite  soit  qu'ils  appartiennent  à  l'administration  générale 
des  régiments,  soit  qu'ils  appartiennent  aux  officiers  ou  à  la  troupe, 
et  ils  les  réduiront  de  manière  que  ceux  qui  resteront  dans  chaque 
bataillon  puissent  être  transportés  par  une  voiture  à  4  colliers. 

Art.  2.  —  A  compter  de  ce  jour  il  ne  sera  accordé  qu'une  voiture 
à  4  colliers  par  bataillon  pour  le  transport  des  porte-manteanx  des 
officiers  et  il  est  expressément  défendu  de  mettre  aucune  malle  sur 
ces  voitures. 

Il  sera  en  outre  accordé  aux  régiments  ou  bataillons  qui  ont  des 
souliers  confectionnés  à  leur  suite  et  qu'ils  doivent  avec  grand  soin 
conserver,  une  voiture  à  4  colliers  pour  en  opérer  le  transport. 

Les  régiments  de  cavalerie  auront  chacun  2  voitures,  1  pour  le 
transport  des  effets  des  officiers  et  l'autre  pour  le  transport  des  fers 
et  clous  qu'ils  ont  à  leur  suite. 

Les  troupes  d'artillerie  qui  sont  employées  au  grand  parc  seront 

1.  6^  corps  d'armëû.      ordre  pour  lrb  trahbports. 

2  oclobre  1806. 

M.  le  Maréchal  commandant  en  chef  voulant  meltre  un  terme  aux  abus 
qu'on  fait  des  transports  du  pays,  ordonne  en  conséquence  les  dispositions 
suivantes  :  Il  no  sera  fourni  ni  chevaux  ni  voitures  aux  officiers  et  employés 
de  Tarroée,  lesquels  doivent  tous  être  montés  à  leurs  frais.  M.  le  Maréchal  ex< 
cepte  les  circoustancos  extraordinaires  et  dans  lesquelles  les  officiers  devroat 
uvoir  uu  ordre  du  général  de  division  et  les  employés  celui  d'un  commis- 
saire des  guerres.  Les  fournitures' devront  en  outre  se  faire  sur  rinvitation  du 
commissaire  des  guerres  aux  magistrats  du  pays.  Il  ne  devra  pas  y  avoir  plus  de 
4  voitures  à  la  suite  de  chaque  régiment  d'infanterie  ot  plus  de  2  par  rëgimenl 
de  cavalerie.  La  gendarmerie  arrêtera  les  soldats  d'infanterie  qu'elle  trouvera 
montés  ou  conduisant  les  chevaux  ;  il  eu  sera  sur-le-champ  rendu  compte 
au  chef  d'étal>major  général  et  aux  généraux  de  division  qui  feront  remettre 
les  chevaux  à  qui  de  droit.  Les  militaires  qui  escorteront  les  convois  ne  de- 
vront pas  monter  sur  les  voilures:  les  commandants  des  escortes  seront  res- 
ponsables de  l'exécution  de  cette  mesure.  Le  Maréchal  renouvelle  les  ordres 
précédemment  donnés  par  l'Empereur  pour  qu'il  ne  soit  jamais  pris  ni  chevaux 
ni  fourrages  chez  les  maîtres  de  postes.  Le  Maréchal  désire  que  UÎi.  les  gé- 
néraux de  division  donnent  les  ordres  les  plus  précis  pour  assurer  ces  disposi- 
tions, ot  qu'ils  en  fassent  surveiller  l'exécution  avec  la  plus  grande  exactitude 
dans  la  marche  des  colonnes. 

Le  général  chef  de  Véua-major, 

DuTAILItM. 


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30  SEPTEMBRE.  229 

traitées  sous  ce  rapport  comme  un  régiment  de  cavalerie,  et  celles 
de  la  même  anne  qui  sont  dans  les  divisions,  comme  un  bataillon. 

Art.  3.  —  Il  sera  accordé  1  voiture  à  2  colliers  à  chaque  général 
de  division  ou  de  brigade  employé  au  corps  d*armée,  1  pour  chaque 
état-major  de  division  et  de  rartillerie  et  du  génie,  1  pour  chaque 
Bous-inspectenr  aux  revues  et  commissaire  des  guerres,  1  au  déta- 
chement de  gendarmerie  et  2  à  Tétat-major  général. 

Art.  4.  —  L*ordonnateur  du  corps  d^armée  autorisera  le  commis- 
saire des  guerres  ayant  la  police  du  quartier  général  et  les  commis- 
saires des  guerres  qui  sont  dans  les  divisions  à  faire  chacun  en  ce 
qui  les  concerne  des  réquisitions  pour  assurer  Fezécution  des  dispo- 
sitions que  les  articles  2  et  3  contiennent,  et  il  les  préviendra  qu'il 
leur  est  expressément  défendu  de  les  outrepasser. 

Art.  6.  —  La  faculté  de  faire  des  réquisitions  soit  en  subsistan- 
ces, soit  en  voitures,  appartient  exclusivement  aux  commissaires  des 
guerres,  en  vertu  des  déclarations  ou  autorisations  que  l'ordonnateur 
du  corps  d'armée  leur  délivrera  d'après  les  ordres  que  lui-même  re- 
çoit. Ainsi  il  est  expressément  défendu  à  tout  militaire,  quel  que  soit 
âon  grade,  de  faire  des  réquisitions,  quel  qu'en  soit  l'objet. 

Toutes  les  voitures  requises  doivent  être  exactement  renvoyées 
aussitôt  que  par  l'effet  d'une  nouvelle  demande  il  est  possible  de  les 
remplacer. 

Art.  6.  —  £n  exécution  des  dispositions  ci-dessus  prescrites  les 
colonels  des  régiments  feront  sur-le-champ  partir  pour  Ingolstadt  et 
Augsburg  tous  les  effets  et  gros  bagages,  que  par  le  présent  ordre  il 
leur  est  défendu  d'emmener. 

I^es  officiers  sans  troupes  et  personnes  de  l'administration  qui  font 
partie  de  l'état-major  général  ou  des  états-majors  des  divisions  se 
conformeront  chacun  en  ce  qui  les  concerne  à  ces  dispositions. 

Art.  7.  —  Tontes  les  femmes  qui  sont  à  la  suite  des  régiments  ou 
des  quartiers  généraux  et  qui  ne  sont  pas  patentées  par  le  comman- 
dant de  la  gendarmerie  pour  être  vivandières  ou  blanchisseuses,  dé- 
font être  sur-le-champ  renvoyées  sous  la  responsabilité  des  mili- 
t^B  ou  personnes  de  l'administration  qui  les  emmènent,  et  aussi 
sons  la  responsabilité  du  commandant  de  la  gendarmerie  qui  est 
chargé  de  faire  exécuter  cette  disposition. 

Art.  8.  —  Le  commandant  de  la  gendarmerie  soumettra  au  visa 
du  général  chef  d'état-major  toutes  les  patentes  de  vivandières  et  de 
biauchisseuses  qu'il  délivrera,  mais  il  aura  soin  de  n'en  accorder 
pour  chaque  régiment,  bataillon  ou  état-major  que  le  nombre  déter- 
ûïiné  par  les  règlements. 

Art.  9.  —  Les  vivandières  ne  peuvent  avoir  qu'une  voiture  à 
2  chevaux  et  les  blanchisseuses  qu'un  cheval  de  bât  ;  les  unes  et  les 
autres  doivent  porter  une  plaque  qui  indiquera  leur  profession. 


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230  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Art.  iO.  —  n  est  défendu  à  tout  militaire  d'exercer  la  professioa 
de  vivandier  ou  de  blanchisseur,  ni  même  de  conduire  les  voitures 
ou  chevaux  des  vivandières  ou  blanchisseuses. 

Art.  11.  —  Dans  l'infanterie  et  l'artillerie  à  pied  *,  aucun  officier 
ne  peut  avoir  de  cheval  pour  son  usage,  quels  que  soient  ses  motifs, 
s'il  n'y  est  spécialement  autorisé  et  par  écrit  du  Maréchal  comman- 
dant en  chef.  Le  commandant  de  la  gendarmerie  tiendra  rigoureuse- 
ment la  main  à  l'exécution  de  cette  disposition  ;  il  fera  retirer  sus 
officiers  qui  ne  seraient  pas  en  règle  sous  ce  rapport  les  chevaax 
dont  ils  se  serviraient. 

Art.  12.  —  Pendant  les  marches  aucune  voiture  d*équipages  ne 
peut  être  avec  la  troupe,  mais  elles  doivent  toutes  être  placées  à  la 
gauche  de  la  colonne.  S'il  en  est  qui  enfreignent  cette  disposition, 
elles  seront  jetées  dans  un  fossé. 

Art.  13.  —  L'ordre  en  marche  des  divisions  sera  toujours  réglé 
ainsi  qu'il  suit  à  moins  de  dispositions  contraires  :  l'infanterie  légère  ; 
—  l'artillerie  légère  lorsqu'U  y  en  aura  d'attachée  aux  divisions  *;  — 
la  1*^*  brigade  de  ligne  ;  —  la  compagnie  d'artillerie  de  la  division 
avec  un  caisson  par  pièce  ;  —  la  2*  brigade  de  ligne  ;  —  le  parc 
d'artillerie  de  la  division  ;  —  l'ambulance  ;  —  les  équipages  de  la 
division  sous  la  conduite  du  vaguemestre  de  la  division. 

Dans  la  cavalerie  on  suit  le  même  ordre. 

Les  équipages  de  l'état-major  général  sont  toujours  rassemblés 
par  le  chef  de  bataillon  vaguemestre  général,  et  Us  suivent  la  marche 
de  la  division  que  l'ordre  indique.  Le  chef  de  l'état-major  général 
leur  fait  fournir  une  garde  de  4  hommes  de  gendarmerie. 

Art.  14.  —  La  garde  des  équipages  ne  peut  être  de  plus  de 
).5  hommes  par  régiment  commandés  par  un  sergent,  et  les  chefs  de 
corps  ont  soin  de  ne  la  faire  composer  que  par  des  militaires  éi^lopés 
qui  ont  besoin  d'un  peu  de  repos.  Aucun  homme  de  cavalerie  monté 
ne  peut  être  employé  à  la  garde  de  ces  équipages. 

Art.  15.  —  MM.  les  généraux  commandant  les  divisions  voudront 


1.  4  octobre.  Ordre  du  jour.  —  M.  le  Maréchal  commandant  en  chef  annule 
de  l'arlicle  il  do  Tordre  du  jour  en  date  du  80  septembre  ce  qui  conceroe 
les  o£Qcier8  d*artillerie  à  pied  :  le  règlement  militaire  accordant  des  chevaux 
à  ces  o£Qciors ,  ils  recevront  en  conséquence  les  rations  de  fourrages  aux- 
4iuelIos  ils  ont  droit. 

2.  LE    MARÉCIIAXi    80ULT    AU    OKSréRAL    LK0R&1TD. 

Ratisbonno,  29  septembre  1806. 
Je  voua  préviens  que  j'ai  donné  des  ordres  pour  que  la  s«  compagnie  du 
5«  régiment  d*artiIlerio  à  cheval,  servant  6  pièces,  joigne  à  Raiisboone  la  divi- 
sion que  vous  commandez  et  en  fasse  partie  ju8qu*à  nouvelle  disposition.  Cette 
compagnie  sera  spécialement  affectée  à  la  brigade  d'infanterie  légère  et  mai^ 
cbera  au  centre  des  4  bataillons  qui  la  composent.  Vous  voudrox  bien  loi 
donner  dos  ordres  en  conséquence. 


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30   SEPTEMBRE.  231 

bien  à  la  réception  du  présent  ordre  le  faire  adresser  aux  chefs  de 
corps  et  leur  prescrire  de  se  conformer  avec  exactitude  aux  disposi- 
tions qu'il  renferme  et  de  le  faire  lire  à  la  tête  des  compagnies.  Ils 
tiendront  en  outre  rigooreusement  la  main  à  son  exécution  et  pren- 
dront des  mesures  pour  empêcher  que  pendant  la  marche  aucun  mi- 
litaire ne  reste  en  arrière  ni  ne  s'écarte  de  la  route  quel  qu'en  soit  le 
motif. 

Le  Maréchal  commandant  en  chef  croit  inutile  de  prendre  en  ce 
moment  des  dispositions  pour  empêcher  qu'aucun  excès  ou  désordre 
puisse  se  commettre,  car  il  est  persuadé  que  le  bon  esprit  qui  dirige 
les  troupes  du  corps  d*armée  pour  le  service  de  S.  M.  les  préservera 
de  toute  faute  répréhensible,  et  il  ne  doute  pas  d'ailleurs  que  les 
chefs  et  officiers  de  tout  grade  faisant  preuve  du  zèle  qui  les  anime, 
ne  portent  tons  leurs  soins  à  les  prévenir  ;  mais  il  punira  avec  la 
plus  grande  sévérité  et  par  des  exemples  frappants  tout  excès,  dé- 
sordre, inconduite  ou  inexactitude  dans  le  service  qui,  contre  son 
attente,  aurait  lieu,  et  il  compte  être  parfaitement  secondé  dans 
Texercice  de  ce  devoir  par  MM.  les  généraux  commandant  les  divi- 
ùoDs,  ainsi  que  par  les  généraux  de  brigade,  les  chefs  de  corps  et 
les  autres  officiers  de  tout  grade  chacun  en  ce  qui  les  concerne. 

Le  maréchal  d^ Empire, 

SOULT. 

LE  MABëCHAL  KBY  AU  MAJOR  aÉNÉBAL. 

Anspach,  30  septembre  1806. 

Je  m'empresse  de  vous  annoncer  que  je  suis  arrivé  à 
Anspach  aujourd'hui  à  4  heures  après-midi.  La  cavalerie 
légère  est  aux  environs  de  cette  ville.  La  division  du  géné- 
ral Marchand  est  à  Feuchtwangen,  et  la  tête  de  la  3*  divi- 
sion à  Dunkelsptthl.  Je  n'ai  encore  aucune  nouvelle  de  la 
division  Dupont*... 

BULLETIN  BB  HAKAO  DU  30  SEPTEHBBB  1806. 

Le  roi  de  Prusse  se  trouvait  à  Mersehurg  le  24  septembre  avec  les 
maréchaux  duc  de  Brunswick  et  Môliendorf. 
Le  prince  Hohenlohe  ayant  passé  l'Elbe  avec  son  corps  d^armëe 


^'  U  division  Dupont  était  U  i'«  division  du  6«  corps  pendant  la  campa- 
gne de  l'an  XIV. 


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232  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

qu'on  évalue  à  30,000  hommes  et  le  général  Rîîchel  ayant  quitté 
Gdttingen  pour  aller  par  rEîchsfeld  vers  Gotha,  la  très -grande 
masse  des  forces  prussiennes  se  trouve  en  ce  moment  rassemblée  sur 
une  ligne  qui  part  de  Dresde  et  vient  finir  aux  frontières  de  la  Hesse. 
On  estime,  mais  sans  doute  avec  un  peu  d'exagération,  qu'il  peut  j 
avoir  150,000  hommes  sur  cette  ligne. 

Depuis  que  Rttchel  a  ainsi  fait  filer  ses  troupes  le  long  du  Land- 
graviat  de  Hesse  et  que  Blttcher  est  venu  de  Paderborn  à  GOttingen, 
il  n'y  a  plus  que  très-peu  de  troupes  en  Westphalie,  mais  on  y  at- 
tend des  renforts  considérables.  Le  régiment  de  Hagken,  in£Euiterie, 
est  à  Paderborn  ;  ses  avant-postes  sont  placés  à  une  demi-lieue  de  la 
ville.  Le»  divisions  du  général  Kalkreuth  et  du  prince  Eugène  de 
Wurtemberg  y  arrivent  à  grandes  journées.  On  prétend  que  ces  ren- 
forts, joints  à  ce  qui  existe  encore  dans  les  provinces  westphaliennes, 
y  formeront  un  total  de  25,000  à  30,000  hommes  sous  les  ordres  da 
général  Kalkreuth. 

Les  régiments  qui  y  sont  encore  actuellement,  outre  celui  qui  est 
à  Paderborn,  sont  le  régiment  de  Lettow,  infanterie,  qui  est  àMUns- 
ter  ;  les  dragons  de  Brusewitz  entre  MÛnster  et  Warendorf.  C'est  le 
général  de  Brusewitz  qui  commande  provisoirement.  A  Warburg 
se  trouve  le  régiment  de  Schenk,  infanterie  ;  à  GSttingen  les  dra- 
gons de  Wobscz,  2  régiments  d'infanterie  et  un  bataillon  de  grena- 
diers. A  Hanovre  celui  de  Grevenitz,  infanterie,  et  quelques  esca- 
drons de  cavalerie. 

Le  Roi  est  le  chef  unique  de  la  grande  armée  prussienne  ;  mais  il 
a  besoin  de  conseillers  et  ce  sont  le  duc  de  Brunswick  et  MOllendorf. 
Pour  l'exécution  c'est  le  prince  Hohenlohe  et  RUchel  sur  lesquels  on 
compte  le  plus.  Après  eux  c'est  le  prince  Louis  Ferdinand  et  Blû- 
cher. 

On  assure  qu'on  trace  dans  ce  moment  un  camp  pour  22,000  hom- 
mes de  troupes  hessoises  dans  la  plaine  appelée  Bavem,  à  7  lieues  de 
Cassel  dans  la  direction  de  Francfort. 

Corps  du  prince  Hohenlohe, 

Infanterie  de  ligne.  6  régiments  et  6  bataillons  de  grenadiers. 

Infanterie  légère.  9  bataillons  de  fusiliers. 

Cavalerie.  4  régiments  de  cuirassiers  à  5  escadrons  ;  2  régiments 
de  dragons  à  5  escadrons  ;  4  régiments  de  hussards  à  9  escadrons. 

Artillerie.  5  batteries  d'artillerie  légère  ;  5  batteries  de  pièces  de 
12  ;  1  batterie  de  pièces  de  8. 


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i^^  OCTOBRE 


l'empebeub  au  majob  génébal. 

Mayeoce,  i*'  octobre  18O6,  2  heures  du  malin. 

Le  maréchal  Lefebvre  choisira  une  bonne  position  en 
avant  de  Schweinfurt,  telle  que  40,000  hommes  puissent  s'y 
battre.  Je  préfère  qu'il  reste  près  de  Schweinfurt  à  aller  à 
Neustadt*.  Il  tiendra  un  avant-poste  sur  les  collines,  en  avant 
de  NeuBtadt  et  de  KOnigshofen.  La  division  du  général  Dupont 
doit  être  à  Wtirzburg  ;  ma  Garde  doit  y  arriver  demain.  Le 
maréchal  Augereau  y  sera  le  4  ;  je  lui  en  donnerai  Tordre.  Le 
maréchal  Davout  restera  aux  environs  de  Bamberg  ;  le  maré- 
chal Bernadette  aux  environs  de  Lichtenfels,  ayant  des 
avant-postes  en  avant  de  Kronach  et  au  débouché  de  Coburg. 

Wtirzburg,  Kronach  et  Forchheim  seront  armés  et  appro- 
visionnés :  hôpital,  dépôt,  parc,  tout  sera  renfermé  dans  ces 
^is  places.  Les  petits  dépôts  de  la  cavalerie  seront  réunis 
à  Forchheim.  On  doit  calculer  que  Tennemi  viendra  à  Wtirz- 
^^g.  Je  demande  à  la  Hesse  600  hommes,  qui  seront  le 
6  octobre  à  Wtirzburg,  pour  y  tenir  garnison.  Tous  les  con- 
valescents de  l'armée,  à  raison  de  12  ou  15  par  régiment, 
seront  placés,  ceux  des  corps  des  maréchaux  Augereau, 
Lefebvre  et  Davout  à  Wtirzburg,  ceux  du  corps  du  maréchal 
Bernadette  a  Kronach,  ceux  des  corps  des  maréchaux  Ney  et 


1.  Réponse  à  )a  lettre  du  maréchal  Lefebvre  du  88  septembre. 


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234  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Soult  à  Forchheim.  Tous  les  prisonniers  et  les  malades  seront 
évacués  sur  Forchheim  et  Wtirzburg  »• 

Que  le  général  Songis  soit  le  3  octobre  à  Wtirzburg. 

Envoyez  un  courrier  pour  savoir  où  est  le  maréchal  Ney 
et  où  il  sera  le  3  octobre.  Que  les  Bavarois  s'avancent 
d'Eichstadt  sur  Nuremberg  et  Forchheim. 

l'empereur  au  maréchal  augereau. 

Mayence,  i*''  octobre  180«. 

Vous  partirez  avec  votre  corps  d'armée,  celui  de  Hesse- 
Darmstadt  et  ce  que  vous  pourrez  réunir  des  troupes  de 
Nassau  et  du  prince  Primat,  de  manière  à  être  arrivé  le  4  au 
soir  à  Wtirzburg.  Vous  ferez  distribuer  pour  quatre  jours  de 
vivres  et  vous  vous  ferez  suivre  par  des  vivres  pour  quatre 
autres  jours,  parce  qu'il  y  a  beaucoup  de  monde  à  Wtirzburg. 
Si  les  troupes  de  Hesse-Darmstadt  et  du  prince  Primat  ont 
encore  besoin  de  quelques  jours,  elles  pourront  n'arriver  que 
le  8  au  soir  à  Wtirzburg,  hormis  600  ou  800  hommes  de 
Hesse-Darmstadt,  qui  doivent  tenir  garnison  à  Wtirzburg  et 
y  être  arrivés,  au  plus  tard,  le  5  ou  le  6  à  midi. 

l'empereur  au  maréchal  mortier. 

Mayonce,  i«  octobre  isos. 

Mon  Cousin,  je  vous  ai  nommé  au  commandement  du 
8*  corps  de  la  Grande  Armée.  Vous  correspondrez  chaque 


1.  liB   UkJOB,   aàKÛRKU   A.   L^ADJUDAITT   COHMAKDAirT    BOUtSKR. 

Wûrzburg,  l*r  octobre  1806. 

Je  TOUS  préviens,  Monsieur,  que  Wûrzburg  et  Forchheim  sont  les  places  sur 
lesquelles  on  dirigera  les  prisonniers  de  guerre,  suivant  les  circonstances. 
C'est  donc  sur  ces  deux  places  qu'on  leur  expédiera  des  routes  pour  France. 

Quant  aux  déserteurs ,  c'est  aussi  sur  ces  deux  places  qu'on  devra  les  di- 
riger, pour  de  là  leur  donner  des  feuilles  de  route  sur  Juliers.  (Cette  place 
fut  changée  pour  celle  de  Landau.  Dépêche  de  l'Empereur  du  30  septembre 
au  général  Dejean.) 

Ayez  soin  de  vous  concerter  avec  les  officiers  d'état-major  nommés  par  les 
différents  maréchaux  pour  les  prisonniers  de  guerre,  aûn  que  vous  puissiez 
me  rendre  compte  journellement  des  prisonniers  et  des  déserteurs. 


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1"    OCTOBRE.  235 

jour  avec  le  major  général,  et  vous  lui  enverrez  en  même 
temps  l'état  journalier  de  votre  situation  ^  Vous  aurez  tou- 
jours près  de  lui  des  officiers  d'état-major  qui  pourront  vous 
porter  ses  ordres.  Le  8*  corps  de  la  Grande  Armée  doit  être 
composée  de  deux  divisions,  commandées  Tune  par  le  géné- 
ral Dupas  et  l'autre  par  le  général  Lagrange.  Six  généraux 
de  brigade  et  deux  adjudants  commandants  ont  eu  l'ordre 
de  se  rendre  à  Mayence.  Les  régiments  composant  le  8*  corps 
d'armée  sont  le  2*,  le  4'  et  le  12'  d'infanterie  légère.  Le  2* 
et  le  4*  arriveront  à  Worms  le  8  et  le  9  octobre.  Prenez  les 
mesures  nécessaires  pour  qu'ils  y  trouvent  des  bateaux  qui 
les  transportent  à  Mayence.   Le  12'  régiment  arrivera  le 

8  octobre  par  la  route  de  Bingen.  Les  deux  régiments  ita- 
liens sont  partis  depuis  deux  jours,  l'un  de  Paris  et  l'autre 
d'Orléans,  pour  se  rendre  à  Mayence.  Vous  devez  avoir 
18  pièces  d'artillerie,  une  compagnie  de  sapeurs,  avec  l'état- 
major  nécessaire  pour  l'une  et  l'autre  de  ces  armes  *.  Le 
26'  régiment  de  chasseurs  et  le  4'  de  dragons  feront  partie 
de  votre  corps  d'armée.  J'ai  aussi  donné  l'ordre  au  58*  régi- 
ment d'infanterie  de  ligne  d'être  rendu  à  Mayence  avant  le 
20  octobre.  Aussitôt  que  vous  aurez  plus  de  5,000  hommes  et 

9  pièces  de  canon  attelées,  vous  pourrez  vous  porter  à  Franc- 
fort. Vous  trouverez  ci-joint  une  instruction  qui  vous  servira 
de  guide  en  cas  d'événement.  Vous  devez  avoir  24  caissons 
des  transports  militaires.  Il  faut  que  vous  ayez  toujours 
8  jours  de  biscuit  en  réserve  à  Mayence,  et  que  vous  puissiez 
les  porter  à  votre  suite  avec  2,000  outils  de  pionniers. 


1-  Cette  correspondance  journalière  tenait  à  l'essence  môme  de  la  Grande 
Armée. 

i.  Le  12*  léger,  1,919  officiers  et  troupe,  quitta  Mayence  le  lo  octobre;  le 
^  ^^gw,  1,708,  et  le  4«  léger,  1,785,  le  il. 

Le  1»  régiment  d'infanterie  de  ligne  italienne ,  parti  de  Paris  le  4  octobre 
menant  du  Havre,  quitta  Mayence  le  28,  57  officiers,  i,68i  hommes. 

^  1*  régiment  d'infanterie  légère  italienne,  parti  d'Orléans  les  19  et  14  oc- 
tobre venant  de  Bordeaux,  quitta  Mayence  le  il  novembre,  50  officiers, 
^M9  hommes. 

I^  >6«  de  chasseurs  i  cheval,  parti  de  Saumur  le  lO  octobre,  quitta  Mayence 
le  17  novembre,  8S  officiers,  530  hommes,  eoo  chevaux,  dont  70  d'officiers. 


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236  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


INSTRUCTIONS   POUR  LE   MARECHAL   MORTIER. 

Mayence^  i*'  octobre  1806. 

Mon  Cousin,  le  4  ou  le  5  octobre,  vous  enverrez  des  offi- 
ciers au  prince  de  Nassau,  au  prince  Primat  et  au  grand-duc 
de  Hesse-Darmstadt^  afin  qu'ils  sachent  que  vous  commandez 
un  corps  de  25,000  hommes,  dont  la  tête  arrive  à  Mayence, 
et  qui  est  spécialement  chargé  de  protéger  leurs  États  et  le 
territoire  de  la  Confédération  du  Rhin.  Vous  ferez  tout  prépa- 
rer à  Mayence  pour  le  placement  de  ce  nombre  de  troupes. 
D'ici  au  10  octobre,  vous  recevrez  des  ordres  particuliers. 
Cependant  je  juge  convenable  de  vous  donner,  dès  aujour- 
d'hui et  précautionnellement,  un  ordre  général  qui  vous  ser- 
vira de  guide.  Aussitôt  qu'une  des  divisions  du  8*  corps 
d'armée  aura  plus  de  5,000  hommes,  elle  pourra  occuper 
Francfort,  et  vous  pourrez  même  y  porter  votre  quartier 
général,  en  prenant  bien  soin  toutefois  de  ne  pas  vous  com- 
promettre, ni  de  vous  laisser  couper  d'avec  Mayence  5  et 
même,  à  cet  effet,  dès  que  vous  aurez  réuni  toutes  les  troupes 
qui  doivent  former  votre  corps  d'armée,  vous  en  placerez  en 
échelon  depuis  Francfort  jusqu'à  Mayence.  Vous  surveillerez 
attentivement  tous  les  mouvements  de  l'Electeur  de  Hesse- 
CasseL  Votre  position  lui  donnera  assez  d'ombrage  pour 
qu'il  ne  dégarnisse  pas  ses  Etats,  et  pour  qu'il  soit  forcé  à 
rester  neutre.  Vous  maintiendrez  libre,  autant  qu'il  pourra 
dépendre  de  vous  et  sans  vous  compromettre,  la  route  de 
Mayence  à  Wilrzburg,  et  vous  prendrez  des  mesures  cer- 
taines pour  recevoir  chaque  jour  des  nouvelles  du  comman- 
dant de  la  citadelle  de  WUrzburg.  Si  jamais  il  arrivait  qu'il 
fût  cerné  par  des  forces  supérieures,  vous  en  devrez  être 
prévenu  par  un  signal  dont  vous  conviendrez  préalablement 
avec  ce  commandant.  Vous  n'iriez  à  son  secours  qu'autant 
que  les  forces  qui  le  cerneraient  seraient  très  inférieures  à 
celles  que  vous  pourriez  leur  opposer,  et  il  faudrait  toujours 
que  le  tiers  de  vos  forces  se  rapprochât  de  Mayence,  pour 
que  cette  place  ne  coure  aucun  danger.  Si,  par  suite  d'une 


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1"   OCTOBRE.  237 

bataille  perdue  pour  la  France,  l'ennemi  se  portait  sur 
l^Iayence  et  sur  Cologne,  vous  correspondriez  avec  le  roi  de 
Hollande,  qui  est  à  Wesel,  sur  tout  ce  qu'il  faudrait  entre- 
prendre pour  s'opposer  aux  progrès  de  l'ennemi.  Vous  repas- 
serez le  Rhin,  si  ses  forces  sont  trop  considérables,  et  vous 
appaierez  votre  droite  à  Mayence,  en  bordant  le  Rhin  et  en 
liant  votre  gauche  avec  la  droite  du  roi  de  Hollande,  et  vous 
entendant  avec  S.  M.  pour  cet  objet. 

Dans  des  circonstances  aussi  improbables  qu'imprévues, 
c'est  de  ces  circonstances  mêmes  que  vous  prendrez  conseil  ; 
et,  s'il  arrivait  que  Mayence  dût  craindre  d'être  cernée,  vous 
vous  y  renfermeriez  avec  votre  corps  d'armée. 

Napoléon. 

Le  commandement  d*un  corps  détaché  ne  peut  être  confié  qu*à  un 
général  d*nne  grande  prudence  et  d*un  haut  caractère. 

l'empereur  au  maréchal  AUGERBAU. 

Blayence,  i*'  octobre  18O6,  1  heure  après-midi. 

Je  pars  ce  soir  à  9  heures  pour  Wilrzburg.  Je  ne  passerai 
point  à  Francfort.  Je  m'arrêterai  deux  ou  trois  heures  à 
Aschaffenburg,  demain  vers  6  ou  7  heures  du  matin.  Il  est 
très-important  que  vous  soyez  arrivé  le  4  à  Wtirzburg  avec 
tout  votre  corps  d'armée  ;  ceci  est  une  manœuvre  de  guerre. 
Vous  ne  devez  laisser  ni  dépôts  ni  hôpitaux  à  Francfort  ; 
tout  ce  qui  n'est  point  destiné  à  vous  suivre  doit  revenir  à 
Mayence.  Vous  laisserez  un  commandant  d'armes  à  Franc- 
fort pour  correspondre  avec  le  maréchal  Kellermann.  Demain, 
le  14*  de  ligne  ^  couchera  à  Francfort;  après-demain,  un 
autre  régiment.  Les  troupes  fileront  toutes  sur  Wtirzburg. 
Vous  pourrez  faire  connaître  dans  la  conversation  au  Prince 
et  aux  principaux  de  Francfort  qu'une  armée  se  réunit  à 
Mayence,  et  qu'il  est  possible  qu'elle  pousse  des  avant-gardes 
jusqu'à  Francfort.  Comme  dans  mon  projet  général  je  refuse 

1.  Lo  u«de  ligne,  1,870  ofQciers  et  troupe,  quitta  Mayence  le  9  octobre. 


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238  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ma  gauche,  il  se  pourrait  que  les  communications  de  l'armée 
prissent  pendant  la  campagne  différentes  directions. 
Ne  laissez  rien  à  Francfort. 

l'empereur  au  prince  primât. 

Mayence,  i«r  octobre  1806. 

Mon  Frère,  si  le  prince  de  Cassel  est  sincère,  et  qu'il 
veuille  rester  vraiment  neutre,  je  n'ai  pas  Fintention  de 
l'en  empêcher.  Je  prie  Votre  Altesse  de  lui  envoyer  un 
courrier  qui  lui  en  donne  l'assurance  ;  mais  il  faut  qu'il  soit 
vraiment  neutre.  Aucun  de  mes  détachements  ne  passera  sur 
.  son  territoire  ;  et  je  serai  fort  aise  d'épargner  les  maux  de  la 
guerre  à  ce  pauvre  pays,  puisque  le  malheur  de  l'Europe 
veut  que  je  n'aie  pas  été  le  maître  de  faire  jouir  du  même 
bienfait  tous  les  autres  peuples.  Je  n'ai,  dans  le  fait,  aucun 
sujet  de  me  plaindre  de  Cassel.  Je  ne  l'attaquerai  jamais  de 
mon  plein  gré. 

J'espère  voir  Votre  Altesse  demain  à  Aschaffenburg,  où  je 
passerai  à  6  heures  du  matin. 

l'empereur  au  major  général. 

Mayence,  !«'  octobre  1806,  2  heures  après-midi. 

Je  partirai  ce  soir  à  9  heures.  Je  serai  à  Aschaffenburg 
demain  matin  vers  6  ou  7  heures,  et  probablement  avant 
6  heures  du  soir  à  Wtirzburg.  J'ai  nommé  le  maréchal  Mor- 
tier commandant  le  8'  corps  d'armée,  qui  sera  composé  des 
2',  4'  et  12*  régiments  d'infanterie  légère,  du  58*  de  ligne, 
des  deux  régiments  italiens,  du  4*  de  dragons  et  du  26^  de 
chasseurs,  de  18  pièces  d'artillerie  attelées  et  de  24  caissons. 

J'ai  fait  partir  le  14*  de  ligne  pour  se  rendre  à  Wtirzburg, 
où  il  sera  arrivé  le  5  ;  j'ai  ordonné  que  le  28*  d'infanterie 
légère  partît  le  6  de  Mayence  ;  il  sera  donc  le  9  ou  le  10  à 
Wtirzburg  ;  je  verrai  à  quelle  division  je  les  attacherai. 

Toutes  ces  troupes  sont  en  mouvement,  hormis  le  58*  ;  je 
ne  lui  donnerai  des  ordres  qu'en  partant  de  Bamberg  ;  en 
6  jours  je  le  ferai  venir  en  poste  de  Paris  à  Mayence. 


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1"    OCTOBRE.  239 

Je  désire  que  vous  gardiez  à  Wurzburg  les  officiers  du 
génie  qui  ont  fait  les  reconnaissances  des  routes,  pour  que  je 
puisse  causer  avec  eux  de  la  nature  du  pays\  Voyez  à  faire 
un  dictionnaire  de  la  population  des  villes,  bourgs  et  princi- 
paux endroits  de  la  Saxe,  surtout  de  ce  qu'on  trouve  sur  la 
route  de  Leipzig  ^  Dresde'.  Quelle  est  la  population  de 
Coburg?  II  doit  y  avoir  des  Bavarois  qui  connaissent  parfai- 
tement la  Saxe  ;  il  est  important  d'en  avoir  un  avec  nous'. 

Je  n'ai  aucun  nouvel  ordre  à  vous  donner.  Je  pense  que 
vous  faites  faire  à  Wiirzburg,  Bj*onach  et  Forchheim  tout  ce 
qu'il  vous  est  possible.  Je.  viens  de  faire  partir  2,000  outils  ; 
il  sera  bon  de  les  faire  filer  sur  Bamberg. 

Vous  m'avez  dit  que  Bemadotte  avait  250,000  rations  de 
biscuit;  envoyez-les  à  Kronach,  d'où  on  les  tirera  pour 
approvisionner  l'armée,  si  elle  est  obligée  de  rester  quelques 
jours  en  position  pour  déboucher  en  sûreté.  Faites  faire  dans 
la  citadelle  de  Kronach,  mais  mystérieusement,  8  fours  où 
Ton  puisse  faire  cuire  pour  l'armée,  car  il  ne  serait  pas 
impossible,  comme  il  y  a  là  des  montagnes,  que  les  quatre 
jours  de  pain  dont  elle  se  serait  munie  en  partant  de  Bam- 
berg ne  la  menassent  pas  jusque  dans  le  pays  où  elle  trouvera 
de  nouvelles  provisions.  Si  vous  avez  200,000  rations  à 
Wiirzburg,  faites-les  '  partir  pour  Kronach.  Ceci  n'est  pas 
pour  approvisionnement  de  siège,  mais  pour  subvenir,  en  cas 


1.  II  s'agit  de  MM.  GuillemiDOt,  Legrand  et  Huart,  dont  les  reconnaissances 
ont  été  transmises  le  89  à  TEmpereur  par  le  major  général  et  du  colonel  Blein. 
Les  rapports  écrits  ne  suffisent  pas  ;  le  Commandant  de  l'armée  a  besoin  d'in- 
terroger lui-môme  les  officiers.  Combien  il  y  a  loin  de  ces  conversations  avec 
les  reconnaissances  du  temps  de  paix  étiquetées  et  classées  dans  les  cartons? 
Ce  n*est  Ipas  pour  proscrire  ces  dernières ,  mais  il  faut  les  compléter  à  la 
veille  de  la  guerre,  et  c'est  le  Commandant  de  Tarmée  seul  qui  peut  indi- 
(juer  dans  qnel  sens  doivent  être  faites  ces  nouvelles  reconnaissances  do  la 
dernière  henre. 

s>  Le  dictionnaire  est  bien  un  travail  du  temps  de  paix ,  pourvu  qn*il  soit 
tena  à  jour  et  révisé  de  temps  à  autre. 

9.  La  nécessité  d'avoir  a  Tétat-major  général  de  Tarmée  des  officiers,  ou  au 
moins  un,  connaissant  parfaitement  le  pays,  démontre  Tobligation  do  faire 
voyager  certains  officiers  en  temps  de  paix ,  de  leur  faciliter  ces  voyages  de 
tontes  les  façons  possibles  et  de  leur  apprendre  la  manière  de  les  rendre 
froetaeux,  en  les  leur  faisant  préparer  d'avance  en  grand  détail.  Cette  ques- 
tion est  fort  délicate,  car  elle  dépond  du  choix  de  Tofflcier,  de  ses  qualités 
(jugement,  coup  d'œil,  instruction)  et  de  ses  goûts. 


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240  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

de  retard  y  au  débouché.  Faites  diriger  des  farines  également 
sur  ce  point. 

J'imagine  qu'il  y  a  à  Bamberg  et  dans  les  environs  assez 
de  moyens  pour  que  80,000  hommes  puissent  y  prendre  du 
pain  pour  4  jours  ;  il  est  nécessaire  d'établir  un  magasin 
à  Bamberg  et  d'y  faire  construire  des  fours,  s'il  n'y  en  a  pas; 
mais  tout  cela  en  4  ou  5  jours.  J'ai  demandé  2,000  quintaux 
de  farine  au  prince  Primat  ;  il  faut  étendre  ces  réquisitions 
dans  les  environs  de  Bamberg,  et  faire  filer.  C'est  Bamberg 
qui  est  le  point  central  des  grands  mouvements  de  l'armée. 
Je  désire  beaucoup  être  en  mesure,  de  commencer  les  opéra- 
tions avant  le  10,  si  toutefois  nous  y  sommes  forcés. 

En  recevant  cette  dépêche  dans  la  matinée  du  2  octobre,  le  major 
général  dnt  être  Bingulièrement  embarrassé  ponr  les  vivres.  Ce  qui 
tendrait  à  le  j^roaver,  c'est  qu'il  ne  donna  aucun  ordre  écrit  ni  pour 
Bamberg  ni  pour  Krouach  et  qu*il  attendit  Tarrivée  de  l'Empereur. 

Ainsi  qu'il  ressortira  de  ses  rapports  du  2  et  du  4  octobre,  M.  ViN 
lemanzy  avait  pris  des  mesures  à  Wttrzburg,  mais  n'avait  presque 
rien  fait  à  Bamberg.  Y  avait-il  même  fait  quelque  cbose  !  Il  semble 
d'ailleurs  que  c'était  un  homme  timoré  manquant  de  la  largeur  de 
vues  et  de  l'activité  nécessaires  à  l'intendant  général  d'une  armée. 
Inspecteur  en  chef  aux  revues,  il  était  destiné  à  vivre  au  milieu  des 
formalités  étroites  du  contrôle  qui  rétrécit  l'intelligence  et  les  fa- 
cultés. 

Il  est  cependant  vrai  de  dire  que  la  faute  commise  au  sujet  du 
point  de  Bamberg  incombait  moins  à  l'intendant  général  qu'au  ma- 
jor général  lui-même.  L'intendant  général  ne  connaissait  pas  lea 
projets  de  l'Empereur  ;  il  ignorait  que  l'armée,  pour  déboucher  en 
Saxe,  dut  se  porter  sur  Kronach  en  passant  par  Bamberg.  Quand  le 
22  il  avait  reçu  l'ordre  de  réunir  des  farines  et  de  faire  faire  du  bû- 
cuit  à  WQrzburg  et  à  Bamberg,  il  supposait  sans  doute  que  le  pre- 
mier de  ces  points,  place  forte,  était  le  plus  important.  La  nouvelle 
que  le  maréchal  Bemadotte  avait  ordonné  la  fabrication  de  200,000 
rations  de  biscuit  à  Bamberg,  calma  toutes  les  inquiétudes. 

Mais  le  major  général,  lui,  savait  depuis  le  9  septembre  que  toute 
l'armée  passerait  par  Bamberg  ;  il  connaissait  l'accumnlatioD  de 
troupes  qu'il  y  aurait  dans  cette  partie  ;  il  est  donc  difficile  de  s'ex- 
pliquer qu'il  se  soit  rassuré  si  vite  sur  les  subsistances.  Après  avoir 
donné  les  instructions  à  l'intendant  général  le  22  et  le  23  à  Munich, 
comment  négligea-t-il  de  suivre  jour  par  jour  cette  partie?  L'impor- 
tance de  ce  service  lui  commandait  cependant  de  se  faire  rendre 


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1"   OCTOBRE.  241 

compte  touB  les  jours  à  Wtirzburg  par  M.  Yillemanzy  et  d'avoir  à 
Bambeig  un  officier  spécialement  chargé  de  surveiller  la  marche  des 
opérations  des  agents  des  vivres. 

Chaque  chose  doit  se  classer  dans  la  tête  du  chef  d'état-major  se- 
lon son  importance  ;  dans  cette  circonstance  la  question  des  vivres 
était  capitale  ;  elle  ne  pouvait  être  abandonnée  sans  contrôle,  même 
pas  à  l'intendant  général. 

Ainsi  qu'il  l'a  dit  dans  ses  dépêches  du  5  et  du  15  septembre, 
l'Empereur  répète  que  Bamberg  est  le  point  central  des  mouvements 
de  l'armée,  qu'il  y  faut  assez  de  moyens  pour  que  80,000  hommes  * 
puissent  y  prendre  du  pain  pour  4  jours,  qu'il  est  nécessaire  d'y 
avoir  un  magasin,  des  fours,  de  la  farine.  Le  temps  des  achats  est 
passé  ;  on  ne  trouvera  plus  que  par  des  réquisitions  sur  place,  que 
l'on  réglera  plus  tard.  On  se  trouve  acculé  par  la  rapidité  des  opé- 
rations. L'Empereur  pense  tellement  que  toutes  les  mesures  sont 
prises  à  Bamberg  d'après  ses  ordres,  qu'il  écrit  le  5  au  maréchal  Da- 
vout:  c  ...  Il  y  a  longtemps  que  j'ai  ordonné  qu'on  réparât  ou  cons- 
ff  tmisît  les  fours  de  Bamberg...  » 

Un  nouveau  besoin  surgit  auquel  on  doit  parer  de  suite.  L'armée 
peut  être  obligée  de  rester  quelques  jours  en  position  sur  la  crête 
des  montagnes  pour  déboucher  en  sûreté.  Ses  approvisionnements 
ne  la  mèneront  peut-être  pas  jusque  dans  le  pays  où  elle  trouvera 
de  nouvelles  provisions.  Il  faut  des  subsistances  à  Kronach,  400,000 
à  450,000  rations,  c'est-à-dire  des  vivres  pour  80,000  hommes  pen- 
dant 5  jours  pour  subvenir  en  cas  de  retard  au  débouché.  Et  aussi 
des  fours,  des  farines. 

l'empebeub  au  maréchal  KELLERMANN. 

Mayence,  i«'  octobre  1806. 

Le  4  octobre  arrivent  à  EaiBersIautem  des  détachements 
de  1,400  à  1,500  hommes*  venant  de  Boulogne,  venant  à 
Tannée.  Ces  détachements  doivent,  par  ce  calcul,  être  le  8  à 
Maycnce  ;  envoyez-leur  Tordre  de  se  diriger  de  Kaiserslautern 
sur  Manheim,  d'y  passer  le  Rhin,  et  de  se  diriger  en  droite 
ligne  sur  Wûrzburg  ;  ce  qui  abrégera  la  marche  de  ces  déta- 
chements de  quatre  jours,  et  les  fera  arriver  à  WUrzburg  le 


1.1*' corps,  16,000  hommes;  8*  corps,  S6,000  ;  6  divisions  de  cavalerie, 
15,000;  Garde  à  pied,  6,000;  parcs,  2,ooo  ;  7*  corps,  16,000. 

t.  i^*  colonne  de  i,S60  hommes  partie  de  Boulogne  le  ii  septembre.  (Voir 
au  19  septembre ,  ordre  au  6*'  Dejean.) 

CAMP,  os  PBUS8K.  16 


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242  CAMPAGNE   DE   PRUSSE. 

même  jour  qu'ils  devraient  l'être  à  Mayence.  Un  autre  déta- 
chement de  1,200  hommes  *,  venant  également  de  Boulogne, 
doit  arriver  le  6  à  Kaiserslautem  ;  donnez-lui  l'ordre  égale- 
ment de  se  diriger  sur  Manheim,  et  de  là  de  se  rendre  à 
Wtlrzburg. 

Des  détachements  des  1",  15%  9*,  5'  et  3*  de  dragons 
venant  de  Paris'  seront  à  Kaiserslautem  le  5  octobre.  Je 
désire  que  vous  donniez  Tordre  à  ces  détachements  de  passer 
le  Rhin  à  Manheim,  et  de  se  diriger  sur  WUrzburg. 

LE   MAJOR   GÉirÉRAL   A   L'EMPEBEUR. 

Wûriburg,  !•'  octobre  1806. 

Il  me  faudrait  3  jours  avec  toute  la  célérité  possible  pour 
reconnaître  la  position  de  M.  le  maréchal  Lefebvre  à  EOnigs- 
hofen.  Je  suis  seul  :  les  jours  et  les  nuits  ne  me  suffisent  pas 
pour  expédier  tous  vos  ordres  et  tous  les  détails  de  Tarmée 
qui  sont  immenses  dans  ce  moment  où  tout  est  en  marche  et 
en  action. 

J'ai  expédié  des  officiers  de  confiance  pour  faire  les  recon- 
naissances ;  j'ai  en  partie  prévenu  les  dispositions  que  V.  M. 
ordonne.  Elle  connaît  mon  zèle.  I 

Je  vous  envoie  un  rapport  que  je  reçois  de  M.  le  maréchal 
Soult  qui  est  dans  ce  moment  en  position  à  Amberg  où  tout 
son  corps  d'armée  sera  réuni  demain  2. 

Le  maréchal  Ney  m'écrit  d'Anspach,  le  30  septembre,  que 
sa  cavalerie  et  sa  1*^^  division  seront  aujourd'hui  à  Anspacb, 
sa  seconde  division  demain  :  il  a  des  ordres  pour  continuer 
sa  marche  sur  Nuremberg. 

Je  ne  vous  ai  pas  parlé  du  parc,  parce  qu'il  marche  autant 
que  possible  et  que  la  tête  arrivera  demain  à  Wttrzburg,  à  ce 
que  m'assure  le  général  Songis  '. 

1.  2«  colonne  de  1,]I68  hommes  partie  de  Boulogne  le  18  seplcmbre. 
8.  Colonne  partie  de  Versailles  le  14  septembre.  (Voir  au  lo  septembre, 
ordre  au  0*'  Dejean.) 

3.     Chemin  que  tiendra  le  parc  général  d'artillerie  de  la  Grande  Armée 

pour  êe  rendre  à  WUrzburg. 
Le  parc  d*artillerie  partira  d*Ulm  cl  ira  loger  à  Nerostetlon,  le  t5  ;  -  * 


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=?''■ 


1"  rOCTOBRE,  243 

Je  viens  d'ordonner  de  construire  10  fours  de  plus  à 
Wttrzburg  et  10  à  Forchheim. 

Tout  marche  autant  que  possible,  d'après  vos  ordres. 

J'ai  deux  hommes  envoyés  sur  Fulde  et  Gotha,  mais  ils  ne 
sont  point  de  retour. 

MM.  les  maréchaux  ne  me  rendent  compte  d'aucun  mou- 
vement particulier  de  l'ennemi. 

Dans  2  heures  j'expédierai  un  autre  courrier. 


LE   MAJOB   GÉKâBAL.  A  L'EMPEREUB. 

Wùrzburg,  i«'  octobre  1806. 

D'après  les  ordres  que  j'avais  donnés  au  général  Songis, 
Téquipage  des  25  pontons  partis  de  Strasbourg  arrivera  ici 
le  3  octobre  ou  le  4  au  plus  tard. 

Demain  2,  12  bouches  à  feu  organisées  pour  votre  Garde  et 
2  compagnies  d'artillerie  à  cheval  arriveront  à  WUrzburg. 

Une  autre  division  de  12  bouches  à  feu  arrivera  le  3. 

Je  vous  envoie  ci-joint  l'état  des  convois  d'artillerie  partis 
d'Olm  les  26,  27,  28,  29  septembre  et  qui  arriveront  à  Wilrz- 
burg  les  2,  3,  4  et  5  octobre  *. 


HeydeDheiiD,  le  86  ;  —  à  Aaleo,  le  27  ;  —  à  EUwangeii,  le  28  ;  —  à  Hall,  le  29; 
—  à  Langenburg,  le  80  ;  —  à  Mergentheim,  le  i^^  ;  —  à  Butlhard,  le  2  ;  — 
à  Wûrtburg,  le  8. 

Munich,  24  septembre  1806. 

M**  Alex.  Bbbthibr. 

1.  Chacune  des  4  divisions  du  parc  général  était  composée  de  2  pièces  de 
12,  8  des  calibres  de  8,  6  ou  4,  et  2  obusiers,  soit  12  pièces  par  division, 
i  affûts  de  rechange  des  différents  calibres  et  une  forge  roulante.  —  L'ensem- 
ble des  i  divisions  comprenait  155  caissons  à  canon  et  d*obu8ier,  20  caissons 
(Hnlanterie,  73  chariots  et  charrettes,  portant  10,087  cartouches  à  boulets, 
s.ssi  cartouches  d'obusier,  2,244  cartouches  à  balles,  155  cartouches  à  balles 
(i'obtisier,  2,609,160  cartouches  d*infanterie  et  197,200  pierres  À  feu,  et  7  forges 
portatives. 

(Voir  au  3  octobre  le  rapport  du  général  Songis  sur  la  situation  du  parc 
géuéral  de  la  Grande  Armée.) 


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244  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 


\  LE   GRAND-DUC   DE   BERG   A  L'EMPEREUR. 

I 

j 

'Wiirzburg,  i«r  octobre  18O6,  10  heures  du  matin*. 

D'après  le  rapport  que  je  reçois  à  Tinstant  du  maréchal 
Lefebvre,  il  paraît  que  les  Prussiens  n'ont  point  encore  péné- 
tré dans  la  principauté  de  Fulde.  Il  a  fait  placer  2  bataillons 
avec  2  pièces  de  canon  en  avant  du  village  de  Gross-Harbach 
sur  la  route  de  Fulde  avec  ordre  de  s'y  défendre  jusqu'à  la 
dernière  extrémité  en  cas  d'attaque... 

J'aurai  bien  de  la  peine  à  réunir  toute  ma  cavalerie  sur 
le  point  indiqué  par  V.  M.  à  l'époque  qu'elle  désirerait.  Je 
vais  envoyer  aux  différents  généraux  qui  la  commandent 
l'ordre  d'accélérer  leur  marche. 

Le  général  Rtichel  a  fait  sa  jonction  avec  l'armée  du  Roi 
le  23  au  lieu  du  25,  et  on  m'assure  à  l'instant  que  le  prince 
Hohenlohe  qui,  après  avoir  passé  l'Elbe,  semblait  d'abord  8e 
diriger  sur  Hof,  s'est  dirigé  sur  Erfurt,  où  doit,  dit-on,  se 
réunir  toute  l'armée  prussienne.  Au  reste,  le  prince  de  Neuf- 
châtel  vous  adresse  de  son  côté  tous  les  renseignements  qu'il 
a  pu  recueillir.  Aussitôt  que  le  général  Belliard  que  j'attends 
de  Bamberg,  sera  arrivé,  je  m'empresserai  de  faire  passer  à 
V.  M.  son  rapport. 

Je  fais  partir  à  l'instant  2  jeunes  étudiants  qui  ont  ordre 
de  se  rendre  de  Wtlrzburg  à  Schweinfurt,  Rowild,  Meinun- 
gen.  Gotha,  Erfurt,  Naumburg,  Leipzig,  Dresde,  d'où  ils 
doivent  revenir  me  trouver  en  se  dirigeant  sur  Hof,  Coburg 
et  Bamberg.  L'un  d'eux  a  ordre  de  revenir  d'Erfurt  si  effec- 
tivement toute  l'armée  se  trouvait  réunie  sur  ce  point. 


1.  LE  OBàHD-DUC  DB  BBBQ  ▲  L.  BMPBBBUB. 

Wûrzburg,  so  septembre  18O6. 
J'ai  quitta  Mayence  le  29  septembre  à  1  heure  après  midi  et ,  malgré  toute 
la  diligence  que  j*ai  Taite,  Je  n'ai  pu  arriver  ici  que  ce  matin  à  8  heures ,   tao( 
les  postes  sont  mal  servies. 


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1"   OCTOBRE.  245 


LE   GRAKD-DUC  DE  BEBG  A  L'eMPEÊEUR. 

Wûrzburg,  i«r  octobre  I8O6,  5  heures  du  soir. 

J'ai  eu  l'honneur  d'écrire  ce  matin  à  V.  M.;  depuis  je  n'ai 
point  reçu  de  nouveaux  renseignements  ;  cependant  le  géné- 
ral Belliard  me  mande  que  quelques  régiments  de  hussards 
se  sont  portés  vers  Coburg  ;  mais  l'on  croit  généralement  que 
Tannée  se  réunira  sur  Erfurt.  Le  général  Belliard  s'est  rendu 
à  Kronach  d'où  il  m'écrira. 

J'arrive  de  la  citadelle  avec  le  prince  de  Neufchâtel  5  la 
place  n'a  besoin,  pour  être  à  l'abri  d'un  coup  de  main,  que 
de  quelques  canons. 

J'ai  donné  ordre  à  la  division  Nansouty  d'aller  s'établir  à 
Haasfurt  sur  le  Mayn  ;  elle  y  sera  le  3  octobre. 

La  division  légère  sera  établie  pour  la  même  époque  à 
Kronach  et  à  Lichtenfels. 

J'envoie  l'ordre  à  la  division  d'Hautpoul  de  se  diriger  de 
Nuremberg  sur  Bamberg  au  lieu  de  continuer  sa  route  sur 
Wttrzburg;  elle  sera  établie  sur  le  Mayn  le  3  octobre  à 
Burg-Ebrach. 

La  3*  division  de  dragons  sera  rendue  le  3  à  Hallstadt  ; 
elle  occupera  Zapfendorf  et  Rattersdorf. 

La  4*  sera  le  3  octobre  à  Eltmann  sur  le  Mayn. 

La  2^  ne  pourra  paraître  en  ligne  avant  le  8  octobre. 

Je  ne  puis  me  procurer  ici  des  renseignements  ;  ce  ne  sera 
que  quand  je  serai  à  Bamberg,  parce  qu'alors  je  me  porterai 
souvent  aux  avant-postes  ;  mais  j'ai  besoin  d'un  ordre  de 
V.  M.  pour  ce  mouvement. 

J'ai  aussi  un  grand  besoin  que  V.  M.  me  fasse  donner  des 
fonds;  je  n'ai  plus  un  sol  et  je  ne  trouve  pas  à  emprunter. 

On  m'apprend  à  l'instant  qu'on  n'a  pas  pu  trouver  la  divi- 
sion Klein  ;  je  vais  la  faire  chercher  *. 


1. 1^  général  Belliard,  dans  un  rapport  au  major  général,  Wùrzburg,  2  oc- 
tobre, donne  les  mêmes  renseignements  sur  remplacement  des  divisions  de  la 
réserve  de  cavalerie  ;  il  ajoute  :  s  La  2«  division  de  dragons  sera  le  7  ou  le  « 


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246-  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE   MARâCHÂL   AUGEREAU   A   l'eMPEREUB. 

Francrort,  1*^  octobre  1806,  s  heures  après  midi. 

Toutes  les  troupes  du  7*  corps  peuvent  se  mettre  en  mar- 
che pour  Wlirzburg  dès  demain  ',  mais  j'ai  Thonneur  d'ob- 
server à  V.  M.  qu'il  y  a  quatre  grandes  journées  de  marche 
et  que  conséquemment  elles  ne  pourront  y  arriver  que  le  6  ; 
encore  je  ne  puis  les  faire  marcher  que  par  division,  sans 
quoi  il  y  aurait  encombrement  *. 

On  n'a  pu  commencer  qu'hier  à  confectionner  des  vivres 
et  nous  n'en  aurons  pas  assez  pour  toute  la  route  loin  de  pou- 
voir en  mettre  en  réserve  pour  le  besoin  à  notre  arrivée. 

Les  troupes  du  prince  de  Darmstadt  ne  sont  pas  prêtes, 
non  plus  que  celles  du  prince  de  Nassau-Usîngen  et  du  prince 
Primat.  J'envoie  un  officier  vers  chacun  de  ces  princes  pour 
les  inviter  à  faire  leurs  dispositions  avec  la  plus  grande  cé- 
lérité. 

LE  MARÉCHAL  BEENADOTTE  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Bamberg,  i«r  octobre  1806. 

Je  viens  de  recevoir,  M.  le  Duc,  votre  dépêche  du  30  sep- 
tembre '.  La  division  du  général  Drouet  est  déjà  en  route  sur 
Kronach  ;  la  tête  de  sa  colonne  couchera  ce  soir  à  Staffel- 
stein. 

La  division  Rivaud  couche  ce  soir  ici,  à  Bamberg;  demain 


j  à  Mergenlheim,  où  elle  recevra  de  nouveaux  ordres.  —  La  i»"»  division  doil 
a  se  rendre  à  Wiirzburg,  où  elle  recevra  de  nouveaux  ordres.  Elle  sera  le 
«  4  ou  le  5  à  AschalTenburg.  » 

1.  Avant  de  recevoir  les  ordres  de  TEmpercur,  le  maréchal  Augereaa  devnil 
faire ,  le  2  octobre,  dans  les  environs  de  Francfort,  >  une  grande  manœuvre 
où  toutes  les  armes  seraient  employées  u. 

2.  La  if«  division  du  7«  corps  vint  coucher  le  2  à  Aschafifcnburg ;  —le 
8  à  Esselbach;  —le  4  en  avant  de  Wi'irzburg,  sur  la  route  de  Bamberg,  ayant 
un  poste  de  troupes  à  cheval  sur  la  route  de  Fulde. 

La  2«  division  coucha,  le  2,  à  Seligenstadt;  —  le  S  à  AschafTcnburg  ;  —  dé- 
passa Esselbach  le  4;  ~<  remplaça  le  5  la  !>*«  division  dans  ses  cantonnements 
en  avant  de  Wûrzburg. 

S.  Expédition  de  la  dépêche  de  l'Empereur  du  29. 


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1*'    OCTOBRE.  247 

OU  après-demain  au  plus  tard,  tout  mon  corps  d'armée  sera 
réuni  dans  les  environs  de  Eronach  ;  je  ferai  occuper  les  dé- 
bouchés des  montagnes  sans  dépasser  les  frontières. 

Je  serai  demain  à  Lichtenfels;  après-demain  j'établirai 
mon  quartier  général  entre  cette  ville  et  Eronach  ;  je  vous 
préviendrai  du  lieu  que  j'aurai  choisi. 

J'enverrai  un  régiment  de  cavalerie  pour  observer  la  grande 
route  de  Culmbach  à  Lichtenfels. 

Je  ferai  reconnaître  les  chemins  de  Leipzig  et  de  Dresde; 
j'exécuterai  aussi  les  intentions  de  S.  M.  pour  me  mettre  à 
même  d'intercepter  la  route  de  Hof  à  Erfurt,  si  cela  devient 
nécessaire. 

J'ai  chargé  le  général  Eblé  de  s'assurer  si  les  canons  qui 
viennent  de  Rottenburg  pour  Bj-onach  y  arriveraient  bien- 
tôt ;  il  vient  de  me  rendre  compte  qu'ils  étaient  en  route  et 
qu'ils  avaient  déjà  dépassé  Forchheim. 

Depuis  mon  dernier  rapport  je  n'ai  rien  eu  de  bien  inté- 
ressant sur  les  mouvements  des  Prussiens.  Le  Roi  était,  il  y 
a  quelques  jours ,  à  Naumburg.  On  dit  son  armée  forte  de 
80,000  hommes. 

Le  prince  Hohenlohe  doit  avoir  son  quartier  général  à 
Chemnitz  ;  il  a  toujours  des  troupes  à  Zwickau  et  à  Plauen  ; 
un  petit *corps  de  2,000  hommes  sous  les  ordres  du  général 
Tauenzien  est  toujours  à  Hof. 

Le  petit  fort  de  Culmbach  n'est  encore  occupé  que  par  de 
la  milice,  commandée  par  un  vieux  général  en  retraite. 

On  assure  que  si  nous  devons  faire  la  guerre,  les  Prussiens 
8e  retireront  derrière  l'Elbe  5  on  croit  que  les  mouvements 
de  troupes  qu'ils  ont  faits  en  avant,  n'avaient  pour  but  que 
de  manger  les  ressources  du  pays. 

Je  n'ai  plus  aucun  fonds  pour  la  partie  secrète  *  ;  j'ai  déjà 
tait  quelques  avances  ;  il  est  difficile  de  se  procurer  des 


1-  Ordre,  le  s  octobre,  du  major  général  au  payeur  do  Tannée  de  donner 
19|000  fr.  à  chacun  de  MM.  les  maréchaux  pour  dépenses  secrètes,  le  maré- 
cJi»I  Augereau  excepté. 

^  maréchal  Augereau  touchait  d'ailleurs  le  2  octobre,  à  Francfort,  2,154  fr. 
SB  c.  pour  dépenses  extraordinaires  aecrétes. 


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248  CAMPAGNE   DE   PRUSSE. 

espions  si  ce  n'est  au  poids  de  Tor  ;  cette  difficulté  est  encore 
augmentée  depuis  quelques  jours  qu'on  a  appris  ici  que  les 
Prussiens  avaient  fait  fusiller  quelques  agents;  un  homme 
du  général  Maison  a  été  exécuté  le  29  à  Hof. 

Un  nouveau  rapport  m'annonce  encore  que  les  Russes  sont 
en  Silésie. 


LE  MARÉCHAL  DAVOUT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Nuremberg,  iw  octobre  1806. 

J'ai  l'honneur  d'accuser  réception  à  V.  A.  S.  de  ses  ordres 
du  29  septembre  *. 

J'aurai  l'honneur  de  faire  observera  V.  A.  que,  d'après  son 
premier  itinéraire,  les  2  premières  divisions  du  3*  corps  d'ar- 
mées devaient  être  rendues  à  Bamberg  le  1*'  octobre  et  la 
3*  le  2;  mais  la  tête  de  mes  colonnes  ayant  rencontré  à 
Nuremberg  les  divisions  Drouet  et  Rivaud  faisant  partie  du 
1*'  corps  d'armée,  j'ai  été  obligé  de  faire  halte  pour  donner 
le  temps  à  ces  troupes  de  filer,  ce  qui  a  totalement  changé  la 
marche  de  mon  corps  d'armée  ;  en  conséquence  j'ai  Thon- 
neur  de  rendre  compte  à  V.  A.  que  la  1**  division,  ^insi  que 
la  cavalerie  légère,  arriveront  à  Bamberg  le  2,  et  les  2*  et  3* 
divisions  le  3  octobre,  ce  qui  est  conforme  aux  ordres  de 
V.  A.  qui  prescrivaient  d'être  rendu  du  2  au  3. 

Je  vais  donner  de  suite  les  ordres  nécessaires  pour  que  mA 
cavalerie  se  porte  en  deux  marches  de  Bamberg  à  Kronach. 
J'y  envoie  également  l'officier  commandant  l'arme  du  génie, 
afin  de  mettre  le  plus  tôt  possible  cette  place  en  état  de 
défense  '. 


1.  Expédition  do  la  dëpôche  de  l*Enipereur  du  24. 

9.  LB    OÉIfAbAL    DAULTAinrB    A0  COLOSKL   TOUBARD. 

Nuremberg,  l*'  octobre  1806. 

J'ai  riionneur  do  vous  prévenir  que,  conformément  aux  ordres  de  S.  A-r 
Tintention  de  M.  le  Maréchal  est  que  vous  fassiez  partir  de  suite  pour  Krooacb 
M.  le  chef  de  bataillon  Breuille,  qui  sera  chargé  de  mettre  le  plus  prompte- 
ment  possible  celte  place  en  état  de  défense.  Il  se  servira  à  cet  effet  dM 


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1*'    OCTOBRE.  249 

Je  me  rendrai  aujourd'hui  auprès  de  M.  le  maréchal  Ber- 
nadotte  afin  de  me  concerter  avec  lui  et  de  prendre  connais- 
sance des  ordres  que  V.  A.  a  donnés  à  cet  égard. 


LE  MARÉCHAL  DAVOUT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Bamberg,  i«r  octobre  1806. 

Je  viens  d'arriver  à  Bamberg  pour  me  concerter  avec  le 
prince  de  Ponte- Corvo  qui  m'a  communiqué  les  ordres  de 
V,  A.  S.  pour  porter  ses  troupes  à  Kronach  ;  ces  ordres  sont 
du  30  et  V.  A.  S.  le  29  me  fait  connaître  que  l'intention  de 
l'Empereur  est  que  je  détache  ma  cavalerie  sur  Bj*onach, 
que  je  fasse  occuper  cette  place  et  que  je  cherche  sur-le- 
champ  à  la  faire  mettre  en  bon  état,  et  enfin  que  le  maréchal 
Bemadotte  me  fera  connaître  les  ordres  que  vous  avez 
donnés  sur  cet  objet  :  la  diflférence  de  date  et  le  mouvement 
que  fait  le  prince  de  Ponte-Corvo  devraient  me  faire  supposer 
qu'il  y  a  de  nouvelles  dispositions  dont  je  n'ai  point  connais- 
sance. Quoi  qu'il  en  soit,  ainsi  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous 
en  rendre  compte  ce  matin,  ma  cavalerie  n'étant  arrivée 
près  de  Forchheim  que  ce  soir,  je  ne  puis  la  porter  demain 
qu'entre  Bamberg  et  Staffelstein  ;  j'aurai  donc  le  temps  de 
recevoir  les  ordres  de  V.  A.  sur  les  mouvements  ultérieurs 
de  cette  cavalerie  ;  cependant  je  dirigerai  toujours  le  7*  de 
hussards  sur  Kronach,  conformément  aux  premiers  ordres 
deV.A.  S. 

La  1"  division  est  arrivée  et  est  établie  entre  Bamberg  et 
Forchheim,  sa  tête  à  une  lieue  de  cette  première  ligne  où 
demain  elle  appuiera  sa  gauche,  sa  droite  se  prolongeant  du 
côté  de  Staffelstein  ;  demain  2,  tout  le  reste  du  3*  corps  sera 


Iwbilaols  da  pays  et  des  troupes  qui  vont  y  être  envoyées.  Vous  ferez  égale- 
ment partir  les  sapeurs,  qui  se  rendront  pareillement  à  Kronach  à  marches 
forcées. 

Vous  resterez  ici  de  votre  personne  pour  accélérer  la  réunion  de  la  plus 
gTinde  quantité  d'outils  possible,  ce  qui  ne  peut  guère  vous  retarder  au  delà 
d'une  couple  de  jours,  et  vous  vous  adresserez  au  général  Priant  pour  obtenir 
les  moyens  de  transport. 


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250  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

entre  Bamberg  et  Forehheim.  V.  A.  S.  peut  compter  là- 
dessus. 

J'ai  envoyé  un  chef  de  bataillon  à  Kronach  à  la  réception 
de  votre  lettre  du  29. 


LE  MARECHAL  SOULT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Ratisbonne,  i^  octobre  1806. 

J'ai  rhonneur  de  remercier  V.  A.  de  la  bonté  qu'elle  a  eue 
de  me  prévenir  de  l'arrivée  de  l'Empereur  à  Mayence  ;  nous 
espérons  que  S.  M.  sera  bientôt  au  milieu  de  sa  fidèle  armée 
et  qu'elle  lui  donnera  le  signal  des  combats  pour  tirer  ven- 
geance de  la  perfidie  de  ses  ennemis. 

Toutes  les  troupes  du  corps  d'armée  seront  réunies  le  3 
aux  environs  d'Amberg,  et  pourront  le  4  continuer  leur 
mouvement  ;  cependant,  comme  mon  rassemblement  s'est 
fait  avec  une  extrême  rapidité,  je  désire  n'être  dans  le  cas 
de  me  mettre  en  marche  que  le  5. 

J'ai  l'honneur  de  prier  V.  A.  de  vouloir  bien  rendre 
compte  à  S.  M.  que  tous  les  soldats  du  corps  d'armée  seront 
pourvus  de  2  bonnes  paires  de  souliers  dans  le  sac  et  d'une 
bonne  paire  aux  pieds  ]  la  plupart  des  régiments  ont  en  outre 
un  approvisionnement  de  ce  genre  à  leur  suite,  et  indépen- 
damment ils  ont  fait  des  commandes  en  France  pour  en  faire 
venir;  tous  d'ailleurs  sont  parfaitement  en  règle  à  ce  sujet. 

Je  vais  annoncer  aux  régiments  que  S.  M.  accorde  une 
paire  de  souliers  en  gratification  à  chaque  soldat  de  la  Grande 
Armée  et  je  ne  doute  pas  qu'ils  ne  reçoivent  cette  nouvelle 
avec  le  sentiment  de  la  plus  vive  reconnaissance. 

J'ai  donné  les  ordres  les  plus  pressants  pour  que  tous  les 
régiments  aient  à  se  pourvoir  des  eflfets  indispensables  de 
campement  qui  leur  manquent  ;  quelques-uns  ont  trouvé  à 
en  acheter  ;  mais  ce  qu'ils  ont,  est  encore  bien  peu  de  chose^ 
et  je  dois  prier  de  nouveau  V.  A.  de  faire  tout  ce  qu'elle 
pourra  pour  qu'il  en  soit  distribué  ;  le  pays  oflfre  sous  ce  rap- 
port si  peu  de  ressources  et  nous  avons  d'ailleurs  si  peu  de 


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1*'    OCTOBRE.  251 

temps  à  donner  qu'avec  beaucoup  d'argent  on  ne  serait 
même  pas  plus  avancé.  Je  vais  cependant  leur  renouveler 
les  ordres  qu'ils  ont  reçus  à  ce  sujet. 

Je  me  conformerai  aux  disjiositions  que  V.  A.  me  fait 
rhonneur  de  me  prescrire,  concernant  les  déserteurs  qui 
nous  parviendraient. 

Je  veillerai  aussi  à  ce  que  les  états  de  situation  que  V.  A. 
demande  soient  conformes  à  ses  intentions,  et  lui  parviennent 
exactement.  Le  général  Compans,  chef  d'état-major  du  4* 
corps,  vient  d'arriver,  et  il  travaille  déjà  avec  beaucoup  d'ar- 
deur pour  se  mettre  au  courant. 

J'ai  l'honneur  de  prier  V.  A.  d'agréer  l'expression  de  mes 
sentiments  respectueux. 

P.  S.  —  Je  reste  aujourd'hui  à  Ratisbonne  pour  voir  filer 
les  dernières  troupes  du  corps  d'armée  qui  doivent  y  passer. 
Demain  je  serai  à  Amberg  où  je  recevrai  les  ordres  que  V.  A. 
aura  la  bonté  de  me  faire  parvenir. 


LE  MARÉCHAL  80ULT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Ratiabonne,  i^'  octobre  1806. 

Je  viens  de  recevoir  la  lettre  que  V.  A.  m'a  fait  l'honneur 
de  m'écrire  pour  me  prévenir  que  les  Prussiens  se  rassem- 
blent à  Hof,  et  me  dire  de  faire  en  sorte  que  les  troupes  du 
corps  d'armée  soient  réunies  à  Amberg  le  1*'  octobre. 

Il  est  impossible  que  toutes  les  divisions  soient  à  Amberg 
le  1*'  octobre  -,  la  tête  de  la  colonne  n'y  arrivera  seulement 
qu'aujourd'hui  ]  mais  le  3  tout  y  sera  réuni  ;  encore  a-t-il 
fallu  pour  l'obtenir  que  les  divisions  fissent  des  marches  de 
10  et  11  lieues. 

Cette  circonstance  m'oblige  de  rappeler  à  V.  A.  l'observa- 
tion que  je  lui  ai  faite  au  sujet  du  11*  régiment  de  chasseurs 
a  cheval  ;  si  ce  régiment  part,  il  ne  me  restera  que  le  8*  de 
hussards  et  le  16"  de  chasseurs  au  corps  d'armée,  tandis  que 
d  après  les  mouvements  de  l'ennemi  et  d'après  la  situation 
uu  corps  d'armée  qui  tiendra  la  droite,  je  devrais,  je  crois, 


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252  CAMPAGNE   DE   PRUSSE. 

être  en  force  de  cavalerie  et  avoir  une  division  de  dragons 
d'augmentation. 


LE   MABéCHAL   NET  AU   MAJOR   GÉNÉBAL. 

ÀDSpach,  i«'  octobre. 

J'ai  reçu  à  4  heures  du  matin  la  lettre  que  V.  A.  S.  m'a 
fait  l'honneur  de  m'écrire  de  WUrzburg  le  30  septembre*,  j'ai 
aussitôt  donné  des  ordres  pour  presser  l'arrivée  du  corps 
d'armée  sur  Nuremberg. 

Le  3'  de  hussards  et  le  10'  de  chasseurs  aux  ordres  da 
général  Colbert  s'établiront  aujourd'hui  en  avant  de  Hals- 
brtlnn,  demain  au  delà  de  Nuremberg  et  le  3  sur  les  routes 
qui  conduisent  de  cette  ville  à  Baireuth. 

Ce  général  aura  ordre  d'établir  un  service  de  campagne 
sans  commettre  d'hostilités,  et  de  recueillir  tous  les  rensei- 
gnements possibles  sur  la  marche  et  les  positions  de  Tannée 
prussienne. 

La  division  du  général  Marchand  arrivera  aujourd'hui  à 
Anspach  et  entre  cette  ville  et  Halsbrtlnn. 

La  3*  division,  commandée  par  le  général  de  brigade 
Marcognet,  sera  aujourd'hui  entre  Anspach  et  Feucht- 
wangen. 

Demain  2,  la  tête  de  l'armée  sera  à  Nuremberg  et  au  delà. 

Je  pars  cet  après-midi  pour  Nuremberg  où  je  prie  V.  A. 
de  m'adresser  ses  ordres. 


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2  OCTOBRE 


LE  GRAND-DUC  DE  BERG  A  L  EMPEREUR. 

Wûrzburg,  2  octobre  1806,  midi. 

Je  m'empresse  d'adresser  à  Y.  M.  un  rapport  que  je  reçois 
de  Cassel  et  deux  autres  qui  me  sont  envoyés  par  le  maréchal 
Bernadette  et  le  général  Belliard.  Il  paraît  assez  constant, 
d'après  tous  les  avis  qui  viennent  de  toutes  parts,  que  les 
Prussiens  se  réunissent  sur  la  ligne  d'Ërfurt  et  de  Weimar. 

Tons  les  corps  arrivent  à  leur  destination.  La  division 
Dupont  est  en  ce  moment  dans  la  ville  ;  un  régiment  en 
occupera  la  citadelle.  Le  prince  de  Neufchâtel  me  promet 
qu'il  j  aura  ce  soir  des  canons  en  batterie.  Il  y  en  aura  aussi 
à  Kronach,  poste  que  Ton  dit  fort  important. 

Quant  à  la  réserve  de  cavalerie,  il  paraît  qu'il  y  a  plus 
d'hommes  que  de  chevaux  ;  les  uns  et  les  autres  sont  dans  le 
meilleur  état  possible.  L'artillerie  attachée  à  mon  corps  d'ar- 
mée est  aussi  dans  un  très  bon  état. 

J'ai  l'honneur  de  prévenir  V.  M.  qu'on  peut  se  procurer 
ici  très  facilement  des  chevaux  pour  l'artillerie;  tout  le 
monde  s'empresse  de  les  vendre,  parce  que  l'on  craint  sans 
doute  la  réquisition. 

Je  n'enverrai  de  courrier  à  V.  M.  qu'autant  que  j'aurai 
des  nouvelles  à  lui  annoncer  ;  mais,  je  dois  vous  le  répéter, 
je  suis  encore  un  peu  loin  ici  pour  pouvoir  m'en  procurer 
aussi  facilement  que  je  le  désirerais. 

Je  vous  prie  de  faire  mettre  des  fonds  à  ma  disposition, 
car  je  manque  absolument  d'argent. 


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254  CAIklPAGNE    DE    PRUSSE. 

LE   MAJOR   GÉNÉRAL  AU   GÉNÉRAL   DUPONT. 

Wûrzburg,  2  octobre  1806. 

Il  faut,  général,  que  vous  laissiez  un  bataillon  à  la  cita- 
delle de  Wtlrzburg,  que  le  reste  de  votre  division  soit  can- 
tonné sur  la  route  de  Fulde  et  que  vos  avant-postes  soient 
établis  militairement.  Je  pense  que  vous  devez  faire  relever 
un  petit  poste  d'observation  que  le  maréchal  Lefebvre  a  mis 
sur  la  route  de  Fulde  au  débouché  qui  conduit  à  Hamelburg. 
Je  vous  préviens  que  nous  ne  sommes  pas  en  guerre  et  que 
vos  avant-postes  ne  doivent  point  dépasser  le  pays  de  Wttrz- 
burg. 

CANTONNEMENTS   DU    2    OCTOBBB    EN    AVANT    DE  WOEZEUBO 
SUR   LA  ROUTE    DE    FULDE. 

Le  1*'  régiment  de  hussards  à  Thttngersheim,  à  2  lieues  et  demie 
en  avant. 

Le  9*  d'infanterie  légère  et  Tartillerie  à  VeîtshOchheim,  à  1  liene 
en  avant. 

Le  32*  à  Retzbach,  à  3  lieues  et  demie  en  avant. 

Le  96'  :  un  bataillon  à  Uuter-Diirrbach  et  l'autre  à  la  citadelle  de 
WUrzburg. 

Ordre  de  la  division  du  2  octobre  1806. 

La  division  sera  cantonnée  demain  ainsi  qu'il  suit  : 

Le  1*'  régiment  de  hussards  à  Retzbach  ; 

Le  9*  d'infanterie  légère  :  le  1*'  bataillon  à  Retzbach,  le  second  à 
Thttngersheim  ; 

Le  32*  régiment  à  VeitshSchheim  ; 

Le  96'  :  un  bataillon  à  la  citadelle  de  Wttrzburg,  l'autre  à  Vers- 
bach. 

Les  compagnies  du  second  bataillon  qui  ne  pourront  pas  loger  à 
la  citadelle  seront  placées  à  Hdchberg. 

Le  1'^  régiment  de  hussards  enverra  un  poste  d'observation  à 
Karlstadt,  et  un  autre  à  Arnstein  sur  les  deux  routes  de  Fulde. 
Tous  les  cantonnements  auront  des  postes  de  surveillance  et  se  gar- 
deront militairement. 

L'artillerie  gardera  sa  position  actuelle  à  Yeitshdchheim. 


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2  OCTOBRE.  255 

MM.  les  colonels  enverront  demain  Tétat  des  objets  d'armement 
qu'ib  ont  reçus  des  magasins  de  Majence,  ainsi  que  des  objets  d'am- 
bulance. 

Le  Général  de  division, 
Dupont. 

MM.  les  colonels  rendront  compte  de  leur  position  dans  leurs  can- 
tonnements et  des  ressources  qui  s'y  trouvent. 

LE  MARÉCUAL  DAVOUT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Bainberg,  s  octobre  1806. 

J'ai  rhonneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  des  diverses  posi- 
tions occupées  aujourd'hui  par  le  3'  corps  d'armée. 

La  1"  division  est  établie  en  colonne  entre  Staffelstein 
exclusivement  et  Hallstadt  ;  Bamberg  sera  occupé  par  un 
régiment  de  cette  division. 

La  2*  division  est  placée  également  en  colonne  entre 
Bamberg  et  Hirschaid  inclusivement. 

La  3*  dans  le  même  ordre  entre  Hirschaid  et  Forchheim. 

La  cavalerie  légère  entre  Schesslitz,  Hallstadt  et  Bamberg. 

Le  matériel  du  parc  de  réserve  près  Forchheim  et  le  per- 
sonnel ainsi  que  les  chevaux  cantonnés  dans  les  villages 
situés  à  la  rive  gauche  de  la  Wiesent. 

J'ai  l'honneur  de  rappeler  à  V.  A.  que  l'objet  de  ma  lettre 
d'hier  était  de  savoir  si  son  intention  était  toujours  que  j'en- 
voie ma  cavalerie  légère  à  Eronach  ;  je  désire  ardemment 
recevoir  les  derniers  ordres  de  V.  A.  pour  me  tirer  d'embar- 
ras à  cet  égard. 

P.  S.  —  Le  7*  de  hussards  continue  son  mouvement  sur 
Kronach  conformément  aux  ordres  de  V.  A. 

LE  MARÉCHAL   SOULT  A   l'eMPEREUR. 

Amberg,  2  octobre  1806. 

V.  M.  a  daigné  m'instruire  par  sa  dépêche  du  29  septem- 
bre dernier,  que  je  reçois  à  l'instant,  des  dispositions  que  le 
4*  corps  d'armée  aura  à  exécuter  en  partant  d'Amberg. 

Pour  remplir  ses  intentions,  j'ai  l'honneur  de  lui  rendre 


< 


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256  GAMPAaNB    DE    PRUSSE. 

compte  que  demain  3  octobre  toutes  les  troupes  du  corps 
d'armée  seront  réunies  en  avant  d'Amberg  et  seront  prêtes 
à  en  partir  le  4  pour  entrer  dans  le  pays  de  Baireuth,  si 
V.  M.  Tordonne. 

Je  puis  me  rendre  en  2  marches  à  Baireuth.  Ainsi  V.  M. 
serait  en  possession  de  cette  ville  le  5  et  le  6.  Le  mouvement 
sur  Hof  pourrait  continuer  ;  il  y  a  grande  et  belle  route. 

En  partant  d'Amberg  j'aurai  du  pain  pour  2  jours;  c'est 
tout  ce  qu'on  a  pu  fabriquer  depuis  que  Tavis  en  est  donné  ; 
mais  je  laisserai  des  employés  en  arrière  pour  en  assurer 
encore  pour  2  jours. 

100,000  rations  de  biscuit  suivent  la  marche  du  corps 
d'armée  ;  mais  elles  sont  à  4  marches  en  arrière. 

Les  soldats  ont  50  cartouches  dans  la  giberne,  les  armes 
sont  en  état;  tous  ont  2  paires  de  souliers  dans  le  sac; 
quelques  régiments  en  ont  même  à  la  suite. 

Les  troupes  que  V.  M.  m'a  confiées,  brûlent  d'impatience 
de  la  revoir  à  la  tête  de  son  armée  et  de  pouvoir  justifier  la 
confiance  dont  elle  daigne  les  honorer.  Leur  esprit  est  par- 
fait, la  discipline  exacte,  et  jamais  elles  n'ont  été  mieux 
animées.  Je  suis  bien  heureux,  Sire,  de  pouvoir  rendre  un 
pareil  témoignage  au  moment  où  V.  M.  m'ordonne  de  me 
préparer  à  de  nouveaux  combats  ;  je  n'ai  plus  à  ambitionner 
que  de  mériter  moi-même  la  bonté  et  les  grâces  dont  elle  me 
comble  et  de  lui  en  paraître  toujours  digne  ^ 

Mais  V.  M.  me  pardonnera-t-elle  si  j'ose  lui  dire  que  le 
corps  d'armée  est  bien  réduit  ainsi  qu'elle  le  verra  par  l'état 
de  situation  que  j'ai  l'honneur  de  lui  remettre  :  le  3^  régiment 
qui  était  de  3,000  hommes,  est  resté  à  Braunau,  ainsi  que  le 
22*  régiment  de  chasseurs  à  cheval.  Le  14*  de  ligne  et  le 
26*  de  chasseurs  à  cheval  sont  encore  en  France,  et  j'ai  ordre 
d'envoyer  à  la  réserve  de  cavalerie  le  11*  régiment  de  chas- 
seurs ;  ainsi  il  ne  restera  au  corps  d'armée  que  2  régiments 
de  cavalerie. 


1.  Il  est  singulier  que  des  hommes  d'un  mérite  auBs!  incontestable  que 
Tétaient  le  maréchal  Soult  et  d*autres,  aient  pu  s'abaisser  à  écrire  de  pareilles 
platitudes. 


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2    OCTOBRE.  257 

J'ai  l'honneur  de  supplier  V.  M.  d'y  laisser  le  11*  de  chas- 
seurs et  même  d'y  ajouter  quelque  autre  cavalerie,  lorsque 
le  corps  d'armée  devra  faire  son  mouvement  sur  Hof.  V.  M. 
m'ayant  placé  à  la  droite  de  son  armée,  je  serai  souvent  dans 
le  cas  d'employer  de  nombreux  détachements  de  troupes 
légères  pour  couvrir  ma  droite  et  éloigner  les  partis  ennemis 
qui  ne  manqueront  pas  de  s'y  porter. 

Le  général  Milhaud  qui  commande  la  cavalerie  du  corps 
d'armée  depuis  le  départ  du  général  Margaron,  m'a  témoigné 
le  désir  d'y  rester  :  si  je  ne  craignais  pas  d'importuner  V.  M., 
je  la  supplierais  d'accorder  sa  demande,  au  moins  jusqu'à  ce 
qu'un  autre  général  de  cavalerie  soit  arrivé  ;  j'ai  beaucoup  à 
me  louer  du  zèle  et  de  l'exactitude  que  le  général  Milhaud 
porte  dans  le  service  de  V.  M. 

L'artillerie  du  corps  d'armée  se  compose  de  48  bouches  à 
feu  -  mais  42  sont  autrichiennes  :  j'ai  eu  l'honneur  d'observer 
à  S.  A.  le  prince  ministre  de  la  guerre,  que  si  le  grand  parc 
d'artillerie  n'est  pas  bien  pourvu  de  munitions  pour  ces  der- 
nières, il  conviendrait  de  les  remplacer  par  des  pièces  fran- 
çaises, attendu  que  le  calibre  prussien  est  beaucoup  plus 
rapproché  de  celui  dont  les  troupes  de  V.  M.  se  servent  que 
de  celui  des  Autrichiens,  et  que  par  ce  changement  on  pour- 
rait utiliser  les  munitions  qui  seront  prises,  au  lieu  qu'avec 
les  pièces  autrichiennes  on  n'a  pas  cet  avantage. 

Je  me  conformerai  avec  beaucoup  d'exactitude  aux  instruc- 
tructions  que  V.  M.  a  daigné  me  donner  sur  l'ordre  de 
l)ataiUe  des  divisions,  ainsi  qu'à  ses  intentions  sur  la  ligne 
d'opérations  à  prendre  sur  Nuremberg  du  moment  que  le 
corps  d'armée  sera  à  Baireuth,  et  je  la  supplie  d'être  persua- 
dée qu'aucun  de  ses  sujets  ne  portera  jamais  plus  de  ferveur 
À  profiter  des  inimitables  leçons  dans  la  science  militaire 
qu'elle  a  données,  ni  un  zèle  plus  ardent  à  son  glorieux  ser- 
vice. 

J'ai  l'honneur  d'être  avec  le  plus  profond  respect  et  un 
dévouement  sans  bornes,  Sire,  de  V.  M.  I.  R.,  le  très-humble 
et  très-fidèle  sujet. 

M''  SOULT. 

Cà.U9,  DB  PRUSSR.  17 


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258 


CAMPAGNE    DB   PRUSSE. 


irc  dUislon  : 

a*l  Bftint-HiUire. 

Qnt  Gandnui»  Yaré. 

AdJ»-C»  Lacroix. 


Situation  des  troupes  composant  le  4«  corps  d'armée 
1,930  \ 


14  piéetÈ  de  eampagno  {autriehiennui). 


1,7»0 
1,745  I 
1,9S8 


En  France. 
7,898    II  manque  d'an  chef  de  bttailln. 


2«  division  : 

0*1  Levai. 

G*n>  Schlner,  Vlvles, 

Porey. 

Adjt-Gt  Michel. 


S4*  léger  . 

4«  do  ligne, 

28«  — 
I  46»  — 
L  67"       — 


1,970 
8,808 
1,795 
1,712 
2,826 


14  piieéê  dé  eanpagne  (autrtchiennM). 


i26c  légei 
Tlraillei 


3«  dlvUlon  : 
0«l  Legrand.  ^ 

G"»  Ledra,  Levaaseur.J    8«  de  ligne 
AdJ»-Ct  CoBSon.         i  18*      — 
I  75"       — 


26<  léger 2,300 

Tirailleurs  corses.      639 
dn  Pô.      675 


14pUeeê  de  eampogiM  (autrichUnneê). 


Il  manqne  d'on  cbefde  bstuUoD. 

>X0  111        T**""  ^•^  «^g»"»*"^  <*"  ^^T"  •!'•'■*• 
.     '  ont  leurs  fouigoni  d'smbolMce  bieo  sp- 

I  pfOTitionnéi,  mais  iU  nMnqaeni  giaè- 

ralementd'effeit  de  campement;  3i  en 
ont  fait  confectionner;  iU  oaaqBfat 
aussi  de  qnelqaes  capote*  qa'Oi  fost 
faire  ;  ils  sont  bien  «n  «aDlien. 

Tous  lea  régimeou  ont  les  ahaaai 
pour  le  transport  du  paie,  qse  S.  1. 
leur  a  accordés. 
7,814    ^  Braunan. 
.  2,875  I  II  y  a  au  corps  d'armée  8  caitMiM 

1 ,925  ;  des  équipages  militsirrs  poar  le  uih- 

■  port  des  ambulances  ;  elles  wat  Wes 

25,818     approvisionnées. 


Cavalerie  légère  : 

G4  de  brigade  Billband. 

Adjt-Ot  Beurmann. 


8*  de  hussards  . 
Ile  do  chasseurs. 
16«  — 


428 

529 
479 


1,481 


Pare  : 

Le  général  Larlbolsière, 
commandant  l'artillerie. 

Le  colonel  Garbé, 
commandant  le  génie. 


I  22e  —  .   .         » 

^  26-  —  .   .         » 

1  compagnie  d'artillerie 

légère  servant  6  bou-* 

ches  à  feu. 

1  compagnie  de  pon- 
tonniers. 
1  compagnie  de  sa- 
peurs         93 


93 
26,842 


Il  manque  d'un  chef  d'escadroa. 

Il  manqua  d'un  chef  d'esosdron.  U 

major  commande  le  régimeau 
A  Braunan. 
En  France. 


Ble  est  seulemeni  annoncée. 

L'artillerie  du  corps  d*sméeie«iis- 
pose  de  48  bouches  à  feu,  dost  4S  aoiii- 
chiennes  et  6  françaises.  Tosteilei  voi- 
tures, moins  28,  sont  stidées;  le*  ch»- 
vanx  sont  en  bon  état  et  faanscfac*  ;  U* 
out  des  fers  et  des  clous  de  redianp. 

Les  approTisionMflwnU  ceaniUDt 
en  : 

230  coups  par  pièce  de  It  ; 

250    —    par  pièce  de  8  00  «le  6; 

130    —    parobusicr 
et  en  cartouches  k  raison  de  80  |i«r 
homme. 

Amberg,  2  octobre  1806. 

M>l  SOCVT' 


LE   MARÉCHAL   80ULT  AU   GRAND-DUC  DE  BERG. 

Amberg,  8  octobre  1806. 

J'aî  rhonneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  R.  que  la  cava- 
lerie du  corps  d'armée  est  aujourd'hui  établie  à  Hambach 


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2    OCTOBRE.  259 

en  avant  d'Amberg;  demain  je  la  porterai  sur  les  confins 
du  pays  de  Baireuth,  ainsi  que  V.  A.  me  l'a  prescrit  par  la 
dépêche  dont  elle  m'a  honoré  le  30  du  mois  dernier. 

La  2*  division  d'infanterie  est  aujourd'hui  à  Sulzbach^ 
demain  je  l'établirai  à  Vilseck. 

La  3*  division  sera  demain  à  Hambach  et  la  l'*'  à  Amberg  ; 
ainsi  le  corps  d'armée  sera  réuni,  et  le  4  il  pourra  se  porter 
en  avant. 

D'après  les  derniers  rapports  que  j'ai  reçus,  il  paraît  que 
les  Prussiens  n'ont  que  très  peu  de  monde  à  Baireuth  ;  on 
m'a  dit  même  que  la  milice  montait  la  garde  aux  portes. 

Le  général  Tauenzien,  commandant  l'avant-garde  de 
l'armée  du  prince  Hohenlohe,  est  à  Hof  et  fournit  des  postes 
jusqu'auprès  de  Baireuth  ;  on  dit  que  ce  général  a  2  régiments 
d'infanterie  avec  lui  et  10  escadrons  ;  on  dit  aussi  que  l'ar- 
mée est  en  route  pour  prendre  position  à  Hof,  mais  je  ne 
garantis  pas  àV.  A.  l'exactitude  de  ces  renseignements.  J'at- 
tends pour  demain  2  émissaires  que  j'ai  envoyés  sur  les  lieux 
mêmes,  et  j'espère  qu'ils  en  porteront  de  plus  instructifs. 

Je  désire  bien  vivement  que  les  circonstances  me  per- 
mettent bientôt  de  voir  V.  A.  pour  l'assurer  de  mon  respec- 
tueux attachement  et  lui  demander  la  continuation  de  ses 
bontés. 


Amborg,  8  oclobre  1806. 

Le  général  Milhaud,  commandant  la  division  de  cavalerie  légère  *, 
donnera  ordre  aux  régiments  et  compagnies  d'artillerie  qui  la  com- 
posent de  se  rénnir  demain  pour  10  heures  du  matin  à  Schlicht  près 
Vilseck  ;  il  les  dirigera  sur  Thumbach  en  suivant  la  grande  route  de 
Baireuth  et  les  établira  entre  Thumbach  et  Thurndorf,   occupant 


Amberg,  a  oclobre  isoe. 

Le  général  Milhaud  ayant  reçu  ordre  de  se  rendre  à  la  réserve  de  cavalerie, 
le  général  Gayot,  actuellement  employé  au  corps  d'armée,  a  été  désigné  par 
le  ministre  de  la  guerre  pour  le  remplacer  dans  le  commandement  de  la  ca- 
valerie légère  ;  en  conséquence,  M.  le  général  Guyot  aura  ordre  de  se  rendre 
sur-le-cbamp  à  Hambach ,  à  l'efTet  de  recevoir  du  général  Milhaud  les  ordres 
et  instructions  relatif  à  ce  commandement  et  en  remplir  les  fonctions. 

M«l   SOULT. 


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260  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

tous  les  villages  dans  cette  partie  qui  forment  la  frontière  du  rojanme 
de  Bavière,  mais  se  gardant  de  mettre  aucune  troupe  sur  le  terri- 
toire prussien  ni  d'y  commettre  aucune  hostilité. 

Le  général  Milhaud  se  gardera  militairement  et  établira  son  quar- 
tier général  à  Thumbach. 

Le  général  Legrand  portera  la  tête  de  son  infanterie  légère  jus- 
qu'à Schlicht  et  Vilseck,  et  fera  cantonner  sa  division  depuis  ces 
deux  endroits  compris  jusqu'à  Hambach  aussi  compris  ;  il  s'établira 
de  sa  personne  à  Schlicht  ou  à  Vilseck. 

Le  général  Levai  fera  rapprocher  toutes  les  troupes  qu'il  a  can- 
tonnées en  arrière  de  Sulzbach  sur  la  route  de  Nuremberg,  et  éta- 
blira sa  division  entre  Sulzbach  et  la  Vils,  depuis  le  village  de  Pc- 
penzied  jusqu'à  celui  de  Weissenberg  ;  il  donnera  ordre  aux  colonels 
des  régiments  de  reconnaître  les  communications  qui  aboutissent  des 
cantonnements  qui  leur  sont  assignés  à  la  grande  route  d'Amberg  à 
Baireuth,  afin  que,  lorsqu'il  leur  sera  donné  ordre  de  déboucher  sur 
cette  grande  route  pour  prendre  rang  dans  la  colonne,  ils  n'aient 
point  de  détour  à  faire  et  puissent  s'y  rendre  par  le  plus  court  che- 
min*. 

Le  général  Saint-Hilaire  établira  la  1^'  division  à  Amberg  et  dans 
les  villages  situés  à  droite  et  à  gauche  de  la  route  depuis  cette  ville 
jusqu'à  Hambach  exclusivement. 

Le  général  Lariboisière  donnera  ordre  au  parc  d'artillerie  de  s'é- 
tablir à  Germansdorf  en  arrière  d'Amberg  et  il  disposera,  pour  loger 
les  hommes  et  les  chevaux  qui  y  sont  employés,  de  ce  village  et  des 
deux  hameaux  à  droite  et  à  gauche  de  Germansdorf. 

Les  dispositions  contraires  au  présent  ordre  et  qui  sont  contenues 
dans  celui  du  30  septembre  seront  considérées  comme  non  avenues. 

L'ordonnateur  en  chef  fera  effectuer  dans  la  journée  de  demain, 
8*il  ne  l'a  déjà  fait,  la  remise  des  caissons  des  équipages  militaires 
qui  doivent  être  affectés  aux  régiments  pour  le  transport  du  pain, 
mais  cette  remise  aura  lieu  à  Amberg,  et  à  cQt  effet  les  colonels  des 
régiments  enverront  des  officiers  pour  les  prendre. 

Tous  les  caissons  des  régiments  destinés  au  transport  du  pain  de- 
vront être  rendus  à  Amberg  demain  au  soir  pour  prendre  le  pain  qui 


1.  LS    IfARÉCUAL    80ULT    AU    OÉSÉBAL    LSTAL. 

Amberg,  s  octobre  1806. 
Il  n*y  a  pas  de  difllcullé  à  ce  que  vous  gagniez  du  terrain  sur  la  gauche 
sans  sortir  du  territoire  bavarois;  mais  observez  exactement  la  disposition  de 
l'ordre  qui  vous  a  été  adressé  la  nuit  dernière  eu  ce  qu*il  porte  que  toutes 
vos  troupes  doivent  avoir  un  débouché  sur  la  grande  route  d^Amberg  à  Bai- 
reuth, aûn  qu'elles  n'aient  pas  de  détour  à  faire  lorsqu'elles  devront  prendre 
rang  dans  les  colonnes,  et  que  vous  n'éprouviez  non  plus  aucun  retard  ;  du 
reste,  vous  ne  devez  considérer  votre  position  que  comme  un  bivouac.  Il  est 
vraisemblable  que  pondant  la  nuit  vous  recevrez  des  ordres  de  mouvement; 
ainsi  tenez- vous  prêt  à  partir. 


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2    OCTOBRE.  261 

doit  être  distribué  à  la  troupe  d'après  les  nouveaux  ordres  qui  se- 
ront donnés  ;  l'ordonnateur  s'assurera  du  nombre  de  voitures  du 
pays  nécessaires  pour  prendre  le  surplus  du  pain  réuni  à  Amberg 
qui  n'aurait  pu  être  chargé  sur  les  caissons  des  régiments.  Il  s'assu- 
rera également  des  voitures  pour  le  transport  des  eauz-de-vie  et  du 
sel  qui  sont  aussi  réunis  à  Amberg. 

L'ordonnateur  terminera  également  demain  la  remise  des  caissons 
d'ambulance  avec  leur  approvisionnement  qui  doivent  être  affectés 
aux  divisions,  et  il  rendra  compte  dans  le  jour  au  Maréchal  comman- 
dant en  chef  de  l'exécution  de  cette  disposition. 

M*'    SOULT. 

LE  MÀBÉCHAL  AUGEBEAU  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Francfort,  i  octobre  1806. 

Je  vais  répondre  à  diverses  lettres  que  V.  A.  m'a  fait 
l'honneur  de  m'écrire,  que  j'ai  trouvées  à  mon  retour  ici  5 
elles  avaient  été  ouvertes  en  mon  absence  par  M.  le  géné- 
ral Desjardins  que  j'y  avais  autorisé  comme  commandant  ce 
corps  d'armée  par  intérim,  et  la  plupart  de  vos  ordres  ont 
déjà  été  exécutés. 

Capotes.  Lettre  du  23  sqpterrJyi^e.  —  Il  est  impossible  aux 
régiments  de  faire  les  avances  nécessaires  pour  confectionner 
dea  capotes  pour  les  soldats  qui  n'en  ont  pas.  Toutes  les 
caisses  sont  vides  ;  il  est  dû  5  mois  de  solde.  J'ai  ou  l'hon- 
neur d'en  rendre  compte  à  S.  M.  l'Empereur  et  de  E^upplicr 
de  faire  verser  des  fonds  dans  la  caisse  du  payeur  principal 
du  corps  d'armée.  Néanmoins,  et  en  attendant,  j'ai  ordonné, 
qu'il  soit  fait  une  revue  dans  tous  les  corps  pour  constater  le 
nombre  des  hommes  qui  n'ont  pas  de  capotes. 

Dès  la  réception  de  votre  lettre  du  24  septembre,  il  a  été 
pris  des  mesures  pour  empêcher  la  Prusse  de  faire  aucune 
levée  ou  des  achats  de  chevaux  dans  les  cantonnements 
occupés  par  les  troupes  françaises  ;  il  a  été  acheté  aussi  des 
marmites  et  des  bidons. 

Gendarmerie*  26  septembre.  —  M.  le  colonel  Lauer  n'a  pas 
encore  envoyé  au  corps  d'armée  le  détachement  de  gendar- 
qieriequi  doit  y  être  attaché.  Si  nous  marchons  incessamment, 
il  est  important  qu'il  arrive  pour  la  police. 


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262  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

.   Ordre  du  jour.  —  L'arme  du  génie  est  commandée  à  ce 
corps  d'armée  par  un  colonel. 

Pontonniers  et  ouvriers.  Lettre  du  26  septembre.  —  Les 
pontonniers  et  ouvriers  annoncés  par  votre  lettre  ne  sont 
pas  encore  arrivés,  mais  M.  Tinspecteur  général  d'artillerie 
Songis  m'informe  par  sa  lettre  datée  d'Ulm,  le  27  courant, 
qu'il  a  donné  l'ordre  à  la  3*  compagnie  du  1^'  bataillon  de  se 
rendre  au  7*  corps  pour  y  être  attachée. 

Artillerie  légère.  Lettre  du  28  septembre.  —  La  compagnie 
d'artillerie  légère  annoncée  par  votre  lettre  du  28  septembre, 
n'est  pas  encore  arrivée  ;  M.  l'inspecteur  général  Songis  m'a 
prévenu  des  ordres  qu'il  a  donnés  à  cet  égard. 

Les  états  de  situation  et  d'emplacement  seront  envoyés  à 
V.  A.  exactement  et  dans  la  forme  voulue. 

Légion  du  nord.  Déserteurs.  Lettre  du  29  septembre.  — 
Conformément  aux  ordres  de  V.  A.,  j'ai  nommé  un  officier 
d'état-major  qui  sera  spécialement  chargé  de  recevoir  les 
déserteurs  et  de  les  diriger  sur  Juliers. 

Lettre  du  \1  septembre.  —  Les  3  premiers  escadrons  du 
20^^  régiment  de  chasseurs  à  cheval  sont  arrivés. 

Frais  extraordinaires  h  payer  aux  généraux^  etc.  Lettre  du 
21  septembre.  —  La  caisse  de  l'armée  n'a  pas  de  quoi  payer 
cet  objet.  J'en  ai  rendu  compte  à  S-  M.  en  lui  envoyant  un 
état  de  situation  de  la  caisse  au  30  septembre,  et  l'ai  suppliée 
de  vouloir  bien  ordonner  qu'il  y  soit  versé  des  fonds  le  plus 
tôt  possible. 

Lettre  du  21.  —  L'équipage  d'ambulance  a  été  organisé 
suivant  qu'il  est  prescrit  par  la  lettre  de  V.  A. 

Lettre  du  23.  —  Le  décret  de  S.  M.  pour  la  remonte  de 
la  cavalerie  va  s'exécuter.  J'ai  transmis  à  M.  le  général 
Klein  la  lettre  de  V.  A.  qui  lui  était  adressée. 

Constamment  occupé  depuis  mon  retour  des  préparatifs 
nécessaires  pour  exécuter  le  mouvement  que  S.  M.  m'a 
ordonné  de  faire  demain  avec  ce  corps  d'armée,  je  n'ai  pu 
répondre  que  très  à  la  hâte  aux  dernières  lettres  que  V.  A. 
m'a  fait  l'honneur  de  m'écrire,  afin  de  reprendre  le  courant. 
A  présent  je  suis  en  mesure  pour  la  suite. 


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2    OCTOBRE.  263 


LE   MARÉCnAL   AUGEREAU  AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Francfort,  8  octobre  1806. 

J'envoie  vers  V.  A.  M.  le  colonel  Sicard,  mon  premier 
aide  de  camp  :  il  est  chargé  par  moi  de  prendre  les  ordres 
que  TOUS  avez  à  me  donner,  et  de  recevoir,  pour  me  les 
transmettre,  les  instructions  qui  doivent  me  diriger  après 
mon  arrivée  à  Wttrzburg. 

L'objet  essentiel  est  de  savoir  quelle  position  je  dois  faire 
occuper  par  mon  corps  d'armée. 

M.  le  colonel  Sicard  a  toute  ma  confiance  :  elle  lui  est 
acquise  par  15  années  de  bons  services  auprès  de  moi.  V.  A. 
peut  sans  réserve  lui  dire  ce  qu'elle  me  dirait  à  moi-même. 
Cet  officier  vous  fera  connaître  toutes  les  dispositions  que 
j'ai  feites,  d'après  les  ordres  de  l'Empereur  et  ceux  de  V.  A. 

LE   MARÉCHAL  KELLERMANN  A  L'eMPEREUR. 

Mayence,  a  octobre  isoft. 

J'ai  reçu  les  ordres  de  V.  M.  en  date  des  1"  et  2  de  ce  mois  ; 
il»  seront  tous  exécutés.  Les  divers  détachements  venant  de 
Boulogne  et  ceux  des  1*',  3*,  5%  9*  et  15*  de  dragons  trouve- 
ront en  arrivant  à  Kayserslautem  Tordre  de  se  rendre  de 
suite  directement  à  Manheim  et  de  se  porter  en  ligne  droite 
BUT  Wttrzburg. 

L'adjudant  commandant  Duprat  est  ici  depuis  le  1?'  de  ce 
mois  et  est  entré  aujourd'hui  en  fonctions  de  chef  d' état- 
major  de  l'armée.  Je  le  recommande  toujours  aux  bontés  de 
V.M. 

Les  dépôts  de  troupes  à  cheval  ont  besoin  d'être  particu- 
lièrement surveillés  par  u,n  ofiicier  général  intelligent,  actif 
et  instruit  et  qui  s'en  occupe  exclusivement.  Je  ne  connais 
que  le  général  Marulaz  qui  réunisse  tout  ce  qu'il  faut  pour 
fonner  promptement  une  bonne  cavalerie.  Je  prie  V.  M.  de 


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264  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

le  nommer  commandant  de  la  cavalerie  de  Tannée  de  réserve. 
Je  le  placerai  à  Haguenau  où  il  sera  au  centre  de  tous  les 
dépôts.  Il  est  actuellement  à  Vesoul  et  pourra  arriver  promp- 
tement  lorsqu'il  aura  reçu  son  ordre.  Je  le  chargerai  égale- 
ment de  l'organisation  des  guides  à  cheval  ^ 

l'intendant  général  villemanzy  au  major  général. 

Wiirzburg,  8  octobre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  S.  que  j'avais 
déjà  pris  connaissance  de  la  demande  qui  vous  a  été  faite 
par  M.  le  comte  de  Wolkenstein  tendant  à  ce  que  les  pays 
qui  avoisinent  cet  électorat,  concourent  à  la  fourniture  des 
subsistances  que  doit  faire  la  régence  dans  les  magasins  de 
Wtirzburg  pour  le  service  de  l'armée^  et  conformément  à 
vos  instructions  je  me  suis  concerté  ce  matin  avec  les 
membres  de  cette  régence  pour  l'exécution  de  ces  disposi- 
tions. 


1.  .    Wûnburg,  5  octobre  isotf. 

Expédier  Tordre  à  Mayence  pour  qu'on  y  retienne  tous  les  dotachemeats 
d'hommes  à  pied  des  différents  régiments  de  cavalerie  et  qui,  de  leurs  dépôts, 
ont  été  dirigés  sur  Mayence  pour  se  rendre  à  la  Grande  Armée.  Donner  ordre 
de  les  organiser  par  arme  en  mettant  les  cuirassiers  ensemble,  les  dragons 
ensemble,  les  hussards  et  les  chasseurs  ensemble  ;  on  en  fera  ainsi  4  espèces 
de  bataillons  qui  serviront  à  la  défense  de  la  place.  M'envoyer  de  suite  Tétai 
de  situation  de  ces  détachements. 

Ordonner  au  général  Kellermann  de  se  rendre  sur-le-champ  au  corps  de 
réserve  du  Rhin ,  sous  les  ordres  du  maréchal  Kellermann.  Lui  expédier  une 
instruction  pour  le  charger  spécialement  de  tous  les  hommes  à  pied  de  cava- 
lerie qui  seront  arrêtés  à  Mayence.  Il  sera  charge  de  veiller  spécialement  à 
l'organisation  de  la  remonte  de  tous  les  dépôts  de  cavalerie  placés  dans  les 
5«,  26*  et  S6«  divisions  militaires. 

Il  laissera  dans  la  place  de  Mayence  les  hommes  de  cavalerie  à  pied  pour 
servir  à  la  garde  de  la  place  jusqu'à  Tarrivée  des  gardes  nationales  et  des 
conscrits.  Mais  à  mesure  qu'il  saura  que  les  dépôts  de  cavalerie  ont  reçu  des 
chevaux  et  qu'ils  ont  besoin  d'hommes,  il  ordonnera  qu'ils  rejoignent  et  in- 
sensiblement on  fera  retourner  a  leurs  corps  tous  les  hommes  de  cavalerie  à 
pied  qui  ont  été  arrêtés  à  Mayence,  à  l'exception  d'une  seule  escouade 
d'hommes  à  pied  de  chaque  régiment  de  cavalerie,  qui  resteront  à  Mayeoce 
pour  pourvoir  au  remplacement  aux  escadrons  de  guerre,  soit  dos  malades, 
soit  des  blessés ,  parce  que  de  Mayence  ils  arriveront  plus  vite  à  Tarmée.  Au 
reste,  comme  im  contre-mouvement  est  toujours  une  chose  désagréable,  il  feut 
le  faire  insensiblement  à  mesure  que  les  corps  achèteront  des  chevaux. 

M>^1   Alex.    fiSBTHUR. 

Ordre  au  général  Marulaz  de  se  rendre  de  suite  au  quartier  général  à 
Bamberg.*  « 


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2    OCTOBRE.  265 

En  conséquence  m'ayant  fait  connaître  les  proportions 
d'après  lesquelles  les  pays  de  Amerbach,  Wertheim  et  Ger- 
laszheim  devaient  concourir  à  ces  approvisionnements,  je 
viens  d'écrire  aux  régences  de  ces  pays  pour  les  inviter  à 
nous  procurer  les  denrées  ci-après,  savoir  : 

Qrftinii,  farines.         Fourrages.         Bœnfs. 
(Avoine.) 

Oaintaux.  Quintrax. 

Amerbach 20,000  8,000  150 

Wertheim 16,000  2,000  40 

GerlaBzheim 3,000  2,000  30 

39,000  12,000  220 

J'ai  désigné  M.  le  sous-inspecteur  aux  revues  Chopin 
pour  être  chargé  de  cette  mission  importante.  Il  sera  accom- 
pagné par  un  commissaire  de  la  régence  de  Wtirzburg,  et 
conformément  à  vos  instructions  je  donne  l'autorisation  à  ce 
80U8-inspecteur  de  passer  des  marchés  pour  ces  différentes 
fournitures,  mais  sous  la  condition  qu'il  y  insère  la  clause 
qu'elles  ne  pourront  être  acquittées  qu'aux  époques  qui 
seront  ultérieurement  fixées  par  notre  gouvernement  et  celui 
des  pays  avec  lesquels  il  contractera. 

Nous  éprouvons  d'ailleurs  tant  d'embarras  pour  les  mou- 
tures que  j'ai  recommandé  de  faire  convertir  sur  les  lieux 
mêmes  les  grains  en  farine  ;  après  quoi  on  les  fera  diriger 
sur  Wtirzburg. 

LE  GÉNÉRAL   KIBGENEB,    COMMANDANT  PROVISOIBEMENT 
LE   GÉNIE,    AU  MAJOR   GÉNÉRAL. 

Wûrzburg,  a  octobre  1806,  il  heures  du  soir. 

10  caissons  partent  de  Strasbourg  le  2  octobre  ;  ils  ne 
pourront  être  ici  que  le  15*  au  plus  tôt. 

Les  20  autres  ne  sont  pas  encore  achetés.  On  ne  pourrait 
^8  aucun  cas  les  avoir  avant  le  25. 

Cette  organisation  éprouve  beaucoup  d'obstacles  ]  on  trouve 
tout  difficilement  ;  l'empressement  fait  hausser  les  prix  ;  le 


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266  GAfifPAGNB    DE    PRUSSE. 

commissaire  des  guerres  a  refusé  les  fourrages  qu'il  faut 
acheter  ;  les  fonds  suffiront  à  peine. 

Les  premiers  outils  sont  partis  de  Strasbourg  le  1"  octobre. 
Ils  ne  commenceront  à  arriver  que  le  10  au  plus  tôt. 

Il  n'y  a  donc  absolument  rien  dans  ce  moment  au  parc  du 
génie,  et  il  ne  peut  rien  y  avoir  avant  le  15  au  plus  tôt. 

Que  l'armée  se  mette  en  marche  avant  cette  époque,  elle 
ira  vite,  épuisera  tous  les  moyens  de  transport  et  il  serait  à 
craindre  que  les  caissons  de  Mayence  ne  puissent  rejoindre 
à  temps.  D'ailleurs  comme  ils  doivent  être  distribués  aux 
différents  corps  d'armée,  il  en  restera  très  peu  pour  le  parc. 

Je  demande  donc  pour  subvenir  aux  besoins  du  moment  : 

1^  De  donner  à  chaque  officier  du  génie  dans  les  divisions 
une  somme  de  600  fr.  qui,  avec  les  secours  de  leurs  géné- 
raux, suffira  pour  procurer  de  suite  les  400  à  500  outils 
qu'ils  doivent  avoir  '.  Ils  se  serviront  des  voitures  du  pays  en 
attendant  les  fourgons  de  Strasbourg  ; 

2*  D'accorder  une  nouvelle  somme  de  60,000  fr.  pour  le 
prompt  établissement  du  parc  suivant  l'état  indicatif  ci-joint 
(indépendamment  d'une  autre  somme  de  72,000  fr.  dont  les 
fonds  ont  été  faits  à  Strasbourg  pour  l'achat  de  30  caissons). 


Aperçu  de  la  dépense  à  faire  pour  les  premiers  étahlissemeiiU 

du  parc, 

V  Pour  l'achat  des  ancres,  cordages,  fers, 
bateaux,  art.  5  du  projet  *,  environ.   .    .    .       6,000  fr. 

2^  Pour  l'achat  des  outils  de  charpentiers, 
menuisiers,  charrons,  maréchaux,  etc., 
d'une  compagnie  d'ouvriers  de  100  hommes,       2,500 

3^  Pour  une  seconde  compagnie 2,500 


1.  Le  30  septembre,  le  colonel  du  génie  La  Gastine  demandait  au  maréchal 
Augereau  une  somme  de  i,ooo  fr.  pour  compléter  rapprovisionnement  des 
outils  du  7*  corps. 

'8.  Il  8*agit  probablement  d*un  projet  pour  la  constitution  du  parc  du  génie 
ea  8  divisions^  conformément  aux  ordres  de  TBmpereur  du  80  septembre. 


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2   OCTOBRE.  267 

4"  Pour  Tachât  et  la  construction  d'un  pont 

sur  chevalets,  art.  4  du  projet,  environ  .    .       4,000 

5*  Pour  Tachât  de  3,000  outils  de  pionniers, 

environ 9,000 

6^  Pour  Tachât  de  14  chariots  attelés  de  4  che- 
vaux pour  le  transport  de  Téquipage  de 
pont,  à  raison  de  2,400  fr.  cTiaque 33,000 

T*  Pour  frais  imprévus 2,400 

60,000  fr. 

Nota.  —  Dans  le  cas  où  les  outils  arriveraient  de  France, 
on  achèterait  en  remplacement  4  fourgons  de  plus. 

Wtirzburg,  1"  octobre  1806. 

Général  Cazal. 

LE  MAJOB   GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL   LEFEBVRE. 

Wûrzburg,  a  octobre  1806,  il  heures  du  soir. 

L'intention  de  TEmpereur,  M.  le  Maréchal,  est  que  vos 
troupes  ne  baraquent  ni  ne  bivouaquent  *  ;  vous  devez  les  can- 
tonner aux  environs  de  Schweinfurt,  mais  de  manière  à 
pouvoir  les  réunir  en  3  ou  4  heures  sur  la  position  que  vous 
aurez.choisie. 

Donnez  les  ordres  pour  qu'il  soit  fait  à  Schweinfurt  pour 
5  jours  de  pain  pour  votre  corps  d'armée  et  pour  5  jours  de 
pain  biscuité,  ce  qui  vous  fera  10  jours  de  vivres. 

Je  vous  écrirai  demain  en  détail. 

L'Empereur  est  arrivé  ce  soir;  il  jouit  d'une  parfaite 
santé. 

Vous  devez  continuer  à  avoir  un  poste  de  votre  cavalerie 
SOT  le  débouché  de  Hamelburg,  la  division  Dupont  ne  devant 
pw  rester  à  Wtirzburg  ;  vous  devez  placer  quelques  postes 
de  cavalerie  intermédiaires  jusqu'à  Schweinfurt,  afin  d'avoir 
de«  nouvelles  et  les  envoyer  au  quartier  général. 

^.  Réponse  à  la  dépêche  du  M*^  Lefebvre  du  89  septembre. 


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268  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 

LE   MAJOR   GÉNÉRAL  AU   MARÉCHAL  DAVOUT. 

Wûrzburg,  8  octobre  1806,  il  heures  du  soir. 

L'Empereur  vient  d'arriver,  M.  le  Maréchal  ;  S.  M.  me 
charge  de  vous  expédier  un  courrier  pour  faire  fournir  sur- 
le-champ  par  le  pays  de*Bamberg  20,000  quintaux  de 
farines  ou  de  grains  pour  pouvoir  faire  60^000  rations  de  pain 
par  jour  ;  il  faut  que,  pour  cet  objet^  votre  ordonnateur  s'en- 
tende avec  les  administrations  du  pays  et  que  toutes  les 
mesures  soient  prises  pour  avoir  du  biscuit  ^ 

S.  M.  ordonne  que  vous  fassiez  construire  sur-le-champ 
8  grands  fours  à  Bamberg  par  les  soins  des  officiers  du  génie  ; 
l'Empereur  désirerait  qu'ils  fussent  faits  dans  deux  fois 
24  heures  ;  s'il  manquait  de  briques,  il  faudrait  démolir  une 
mauvaise  maison;  employez-y  les  maçons  qui  peuvent  8e 
trouver  dans  votre  corps  d'armée.  Toutes  les  mesures  que 
vous  prendrez  seront  bonnes,  pourvu  que  les  fours  soient  faits. 

Demain  je  vous  écrirai  beaucoup  plus  en  détail  sur  d'autres 
objets. 

Faites  passer  le  plus  promptement  possible  la  lettre  ci- 
incluse  au  maréchal  Bemadotte. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  BERKADOTTE. 

Wûrzburg,  2  octobre  iao6,  il  heures  du  soir. 

L'Empereur  vient  d'arriver.  S.  M.  me  charge  de  vous 
expédier  un  courrier  pour  que  vous  ayez  à  donner  les  ordres 


1.       LB  oéxifeBAb  DAULTANXB  AU  OAxÂKAL  L.  BBBTHIBE,  CUBF  DB  L*AtAT*MÀJOK 
DU   l^^  COBP8. 

Bainbergi  3  octobre  1806. 

S.  M.  l'Empereur  et  Roi,  M.  le  géntSral,  venant  de  donner  les  ortires  les 
plus  pressants  afiu  qu'il  soit  réuni  à  Bamberg  uue  très  grande  quantité  de 
farines  dans  le  plus  bref  délai  el  les  magistrats  de  cette  ville  manquant  d« 
moyens  de  transport,  attendu,  diseni-iIS|  que  le  i«r  corps  d*armée  a  retenu 
toutes  les  voitures  du  pays  qui  ont  été  requises  pour  son  service,  ]  ai  Thonneur 
de  vous  prier  de  donner  les  ordres  les  plus  précis  afin  que  ces  voilures  re* 
tournent  promptement,  sans  quoi  il  sera  impossible  que  les  ordres  de  S.  M. 
reçoivent  leur  exécution, 


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2   OCTOBRE.  269 

à  vos  officiers  du  génie  de  faire  construire,  en  y  travaillant 
jour  et  nuit,  8  grands  fours  dans  le  fort  de  Kronach.  S.  M. 
voudrait  que  ces  fours  fussent  faits  dans  2  ou  3  jours  ; 
employez  les  maçons  qui  peuvent  se  trouver  dans  votre  corps 
d'armée  ;  s'il  n'y  a  pas  de  briques,  faites  démolir  la  plus 
mauvaise  maison  ;  enfin  toutes  les  mesures  seront  bonnes, 
si  elles  assurent  Texécution  des  ordres  de  TEmpereur. 

Demain  je  vous  écrirai  en  détail  sur  beaucoup' d'autres 
objets. 

Si  Ton  en  juge  par  ces  deux  dépêches,  l'Empereur  dut  entrer  dans 
une  colère  terrible  à  son  arrivée  à  Wttrzburg,  en  apprenant  que  rien 
n'avait  été  fait  sur  le  point  de  fiamberg  pour  assurer  les  approvi- 
eionnements  de  marche  des  troupes. 


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3  OCTOBRE 


OBDEE   DU  JOUR. 


Quartier  gënëral  impérial,  Wiinburg,  8  octobre  1806. 


L'Empereur  est  arrivé  au  quartier  général  à  Wiirzburg. 
S.  M.  a  vu  avec  plaisir  l'activité  que  les  diflFérents  corps 
de  la  Grande  Armée  ont  mise  à  se  porter  dans  leurs  posi- 
tions. 

L'Empereur  ordonne  les  dispositions  suivantes.  Chacun  de 
MM.  les  Maréchaux  passera  la  revue  de  son  corps  d'armée  et 
formera  un  dépôt  des  hommes  convalescents  ou  fatigaés  ;  il 
nommera  un  officier  pour  commander  lesdits  hommes  de  son 
corps  d'armée,  et  il  les  dirigera  pour  se  rétablir  sur  les 
places  suivantes  : 

Ceux  du  1"^  corps,  à  Kronach  ; 

Ceux  du  3*,  à  Kronach  ; 

Ceux  du  4*,  à  Forchheim  ; 

Ceux  du  5%  à  la  citadelle  de  Wiirzburg  ; 

Ceux  du  6*,  à  Forchheim  ; 

Ceux  du  7%  à  la  citadelle  de  Wtirzburg  ; 

Ceux  de  la  division  Dupont  à  la  citadelle  de  Wiirzburg. 

Tous  les  petits  dépôts  de  cavalerie,  c'est-à-dire  ce  qui  est 
éclopé  et  ne  peut  pas  suivre,  seront  cantonnés  aux  envi- 
rons de  Forchheim  pour  être  renfermés  dans  cette  place  s'il 


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3   OCTOBRE.  271 

y  avait  lieu.  Le  grand-duc  de  Berg  nommera  un  général 
pour  les  commander  \ 

Une  fois  Tannée  en  mouvement,  tout  ce  qui  arrivera  de 
France  ou  des  hôpitaux  de  Bavière  rejoindra  directement 
dans  Tune  des  trois  places  où  seront  les  petits  dé{>ôts  de  con- 
valescents de  leurs  corps,  et  il  est  expressément  défendu 
qu'aucun  homme  ne  parte  de  ces  places  sans  un  ordre  du 
major  général,  qui  tracera  et  indiquera  la  route  qu'on  devra 
tenir.  On  en  formera  des  détachements  qui  seront  commandés 
par  des  officiers  et  des  sous-officiers. 

S.  M.  ordonne  que  tous  les  bagages  qui  ne  sont  pas  de  la 
plus  stricte  nécessité,  tant  des  états-majors  que  des  corps  d'in- 
fanterie et  de  cavalerie;  que  les  femmes  et  toute  espèce 
d'embarras  soient  dirigées  sur  les  places  désignées  pour  les 
petits  dépôts  des  corps,  de  manière  que  l'armée  soit  mobile 
légère  et  ait  le  moins  d'embarras  possible  *. 

  mesure  que  nous  avancerons  dans  le  pays  ennemi  on 
désignera  à  l'ordre  de  l'armée  les  nouvelles  places  fortes  qui 
serviront  de  dépôt,  et  l'état-major  général  donnera  l'ordre 
quand  les  dépôts  de  1"  ligne,  qui  sont  les  trois  ci-dessus  dési- 
gnés, devront  partir  pour  ceux  de  la  nouvelle  ligne  ■ .  Les 
généraux  et  commandants  des  corps  observeront  que  les 


1.  Le  colonel  Lacour,  du  6«  de  dragons,  fut  désigné  pour  commander  les 
petits  dépôts  de  cavalerie. 

2-  CIKCULAIBS   A    TOUS   L1C8    O^NiBAUZ. 

Bamberg,  4  octobre  1806. 

Donnez  les  ordres,  mon  cher  Général,  pour  que  tous  les  gros  bagages  au! 
deviennent  inutilea  soient  renvoyés  au  grand  dépôt.  Tous  les  bagages  ou 
autres  choses  nécessaires  à  l'armée  et  qui  gêneraient  les  régiments  dans  leur 
marche,  devront  être  renvoyés  au  petit  dépôt  k  Forchheim. 

Les  régiments  no  pourront  avoir  avec  eux  qu'un  caisson  le  plus  léger  dos- 
«ble  et  bien  attelé.  ^  «     p  « 

Ordonnez,  d'après  les  intentions  du  prince,  que  votre  division  ait  du  pain 
pour  4  jours  et  quïl  ne  soit  distribué  que  lorsque  le  prince  en  donnera  l'ordre 

Je  vous  prie  de  m'envoyer  de  suite  l'état  des  emplois  vacants,  les  noms 
ues  oOlciers  qui  se  trouvent  absents  et  qui  ne  peuvent  pas  rejoindre  et  faire 
»  werre  pour  cause  de  maladie  ou  pour  toute  autre  raison  que  ce  soit.  Joi- 
Piez  à  cet  état  des  mémoires  de  proposition  pour  remplir  les  emplois  vacants. 

G*l  Bblliard. 

5.  Ces  dispositions  servent  de  dispositions  fondamentales  pour  l'organisa- 
lioQ  des  derrières  de  l'armée. 


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272  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

dépôts  étant  dans  les  places  fortes,  ce  qu'ils  y  laissent  ne 
court  jamais  aucune  chance. 

Les  registres  des  régiments,  les  papiers,  les  magasins, 
tout  autre  objet  de  cette  nature,  et  enfin  tout  ce  que  le  soldat 
ne  porte  pas  dans  son  sac  et  Fofficier  dans  son  porte-manteau, 
doit  rester  dans  ces  dépôts. 

Il  est  ordonné  aux  commandants  des  places  et  dépôts  de 
Wtirzburg,  Forchheim  et  Kronach,  de  désigner  autant  de 
dépôts  séparés  qu'il  y  a  de  corps  d'armée  dont  les  convales- 
cents sont  dans  leur  place. 

Il  y  a  des  corps  qui  traînent  à  leur  suite  des  armes  prove- 
nant des  hommes  aux  hôpitaux  :  il  leur  est  ordonné  de  les 
laisser  dans  leurs  dépôts  de  campagne. 

S.  M.  a  vu  avec  peine  que  les  régiments  de  cavalerie  ont 
renvoyé  en  France,  avec  le  cadre  de  leur  4*  escadron,  des 
caissons  attelés  qui  auraient  été  si  utiles  à  l'armée. 

Il  est  ordonné  à  MM.  les  Maréchaux  de  faire  passer  par  les 
généraux  une  revue  à  l'effet  de  s'assurer  si  chaque  soldat  a 
50  cartouches  et  son  épinglette  ;  les  caporaux,  leurs  tire- 
bourres;  chaque  soldat,  2  paires  de  souliers  dans  le  sac;  si 
les  capotes,  les  marmites  et  gamelles,  les  outils  de  campe- 
ment sont  distribués  ;  que  ces  objets  ne  sont  plus  dans  les 
magasins  ou  traînés  à  la  suite  des  corps. 

On  s'assurera  que  les  baïonnettes  ne  manquent  pas  et 
qu'elles  sont  en  état. 

Chaque  corps  d'armée  doit  se  tenir  en  mesure  de  partir 
une  heure  après  l'ordre  reçu  pour  commencer  la  campagne. 

Chacun  de  MM.,  les  Maréchaux  enverra  au  major  général 
un  officier  pour  lui  apporter  le  compte  rendu  de  cette  revue; 
on  observera  d'y  faire  connaître  les  colonels  absents  et  les 
motifs  de  leur  absence,  afin  de  faire  venir  les  majors  à 
l'armée. 

Aucun  officier  ne  quittera  plus  les  bataillons  de  guerre  en 
conséquence  d'avancement,  soit  pour  des  corps  étrangers, 
soit  pour  passer  du  3^  au  4*  bataillon,  à  moins  que  ce  ne  soit 
par  infirmité. 

Il  sera  rendu  compte  du  nombre  d'outils  qui  se  trouvent 


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3    OCTOBRE.  273 

dans  chaque  division,  ainsi  qu'en  réserve  dans  chaque  corps 
d'armée. 

Pendant  la  marche  de  Tannée,  tous  les  hommes  hors  d'état 
de  suivre  celle  de  leurs  corps  seront  renvoyés  dans  les  diffé- 
rents dépôts. 

Napoléon. 

l'empereur  a  m.  daru. 

Wûrzburg,  s  octobre  1806. 

Rendez-vous  à  Mayence.  Voyez,  avant,  le  ministre  Dejean 
peut  connaître  les  dispositions  que  j'ai  prises  pour  l'approvi- 
sionnement de  Mayence,  afin  qu'à  votre  arrivée  dans  cette 
place  vous  prescriviez  des  mesures  efficaces  à  cet  effet,  car 
tout  se  fait  au  ministère  de  la  guerre  et  chez  l'ordonnateur 
avec  une  lenteur  qui  n'a  pas  de  nom.  Quand  vous  aurez 
assuré  à  Mayence  le  service  de  l'approvisionnement,  de 
manière  que  les  magasins  puissent  alimenter  Wttrzburg,  si 
cela  est  nécessaire,  et  que,  12  heures  après  que  j'en  aurai 
donné  l'ordre,  il  soit  possible  de  faire  partir  10,000  ou  12,000 
quintaux  de  farine  pour  WUrzburg  ou  d'autres  postes,  vous 
vous  rendrez  en  toute  diligence  à  Bamberg,  pour  rejoindre 
mon  quartier  général  \ 


1.  U.  YillemaDzy  était  ud  homme  jugé;  c*étail  un  formaliste  et  un  pleurard» 
espèce  de  gens  dont  il  faut  se  garder  dans  notre  profession.  U  avait  remplacé 
le  conseiller  d'État  Petiet,  qui  avait  rempli  les  fonctions  d'intendant  général 
pendant  la  campagne  de  Tan  XIV.  L'Empereur  était  obligé  do  le  conserver 
provisoirement  ;  mais  dés  ce  jour  il  destina  les  fonctions  d'intendant  général 
&  M.  Daru,  intendant  général  de  sa  Maison. 

La  première  qualité  pour  Ôtre  intendant  en  chef  d'une  armée  est  d'être  un 
homme  inventif,  à  vues  larges  et  pénétré  de  l'esprit  de  la  chose  ;  les  chefs 
des  services  administratifs  des  armées  en  campagne  seront  tous  des  hommes 
actife,  énergiques  et  avises,  ayant  un  but  unique  :  le  résultat  à  obtenir.  S'ils 
eatisfoot  le  Commandant  en  chef,  on  réglera  les  comptes  après  la  guerre. 
Une  faut  surtout  pas  de  gens  timorés,  formalistes,  indolents,  trouvant  des 
difficultés  partout  ou  désireux  de  se  faire  valoir. 

M.    DABU   A    L*BMPaRSUB. 

Kronach,  13  octobre  1806. 

Je  reçois  à  Tinstant  la  lettre  que  V.  M.  m'a  fait  l'honneur  de  m'écrire  le 
8  de  ce  mois.  Elle  m'avait  ordonné  d'ôtre  rendu  le  G  à  Mayence.  Je  n'ai  pu 

CAMP.   DK  PBUISB.  18 


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274  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

l'eMPEBEUR    a    m.    de    la    ROCHEFOUCAULD,   AMBASSADEUR 
PRÈS   DE   S.    M.    l'empereur   d' AUTRICHE. 

Wurzburg,  8  octobre  1806. 

Je  suis  depuis  hier  à  Wtirzburg,  ce  qui  m'a  mis  à  même 
de  m'entretenir  longtemps  avec  S.  A.  R.  Je  lui  ai  fait  con- 
naître ma  ferme  résolution  de  rompre  tous  les  liens  d'alliance 
qui  m'attachaient  à  la  Prusse,  quel  que  soit  le  résultat  des 
affaires  actuelles.  Après  mes  dernières  nouvelles  de  Berlin, 
il  est  possible  que  la  guerre  n'ait  pas  lieu  ;  mais  je  suis 
résolu  k  n'être  point  l'allié  d'une  puissance  si  versatile  et  si 
méprisable.  Je  serai  en  paix  avec  elle  sans  doute,  parce 
que  je  n'ai  point  le  droit  de  verser  le  sang  de  mes  peu- 
ples sur  de  vains  prétextes.  Cependant  le  besoin  de  tour- 
ner mes  efforts  du  côté  de  ma  marine  me  rend  nécessaire 
une  alliance  sur  le  continent.  Les  circonstances  m'avaient 
conduit  à  l'alliance  de  la  Prusse  ;  mais  cette  puissance  est 
aujourd'hui  ce  qu'elle  a  été  en  1740,  sans  conséquence  et 
sans  honneur.  J'ai  estimé  l'Empereur  d'Autriche,  même  au 
milieu  de  ses  revers  et  des  événements  qui  nous  ont  divisés; 
je  le  crois  constant  et  attaché  à  sa  parole.  Vous  devez  vous 
en  expliquer  dans  ce  sens,  sans  cependant  y  mettre  un 
empressement  trop  déplacé.  Ma  position  et  mes  forces  sont 


par  conséquent  recevoir  cette  lettre  à  Paris  ni  prendre  à  Mayence  les  disposi- 
tions que  V.  M.  me  prescrit. 

Cependant,  je  me  suis  procuré  quelques  renseignements  desquels  U  rësolte 
qu'il  y  a  à  KfayeDce  un  approvisionnement  de  farines  et  de  biscuit  sur  renvoi 
desquels  l'ordonnateur  était  fort  incertain,  puisqu'il  n*avait  pas  reçu,  d'ordres 
à  cet  égard. 

V.  M.  pourrait  se  faire  donner  à  son  quartier  général  une  indication  plus 
précise  de  l'état  de  cet  approvisionnement  par  M.  Riccé,  inspecteur  géDénI 
de  Thabillemenl,  qui  est  arrivé  de  Mayence  ici  hier  et  qui  doit  ôlre  rendu 
auprès  de  l'intendant  général  de  l'armée. 

Le  iran^ort  de  Mayence  à  Wûrzburg  par  le  Mayn  exige  7  jours.  On  ne 
croit  pas  qu'il  fût  convenable  de  se  servir  de  la  môme  voie  pour  les  transports 
de  Wiirzburg  à  Bamberg,  parce  que  la  navigation  est  difficile  et  très  lente. 

Il  y  a  a  Mayence  iO,OgO  paires  de  souliers  et  il  doit  y  en  avoir  I8,ooo  i 
Wiirzburg. 

Les  ordres  de  V.  M.  ne  me  parvenant  que  10  jours  après  leur  date»  je  crois 
prévenir  ses  intentions  en  attendant  ici,  plutôt  que  de  rétrograder  vert 
Mayence,  ceux  que  je  lui  ai  demandés  par  ma  lettre  d'avant-hier.  Au  reste,  ]« 
vais  écrire  à  l'ordonnateur  de  Mayence  pour  qu'il  tienne  it,000  quintaux  do 
farine  prêts  à  partir  au  premier  ordre. 


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3   OCTOBRE.  275 

telles  que  je  n'ai  à  redouter  personne  ;  mais  enfin  tous  ces 
efforts  chargent  mes  peuples.  Des  trois  puissances,  de  la 
Riusie,  de  la  Prusse  et  de  T Autriche,  il  m'en  faut  une  pour 
alliée.  Dans  aucun  cas  on  ne  peut  se  fier  à  la  Prusse  ;  il  ne 
reste  que  la  Kufisie  et  l'Autriche.  La  marine  a  fleuri  autre- 
fois en  France  y  par  le  bien  que  nous  a  fait  l'alliance  de 
TÂutriche.  Cette  puissance,  d'ailleurs,  a  besoin  de  rester 
tranquille,  sentiment  que  je  partage  aussi  de  cœur. 

Une  alliance  fondée  sur  l'indépendance  de  l'empire  otto- 
man, sur  la  garantie  de  nos  États  et  sur  des  rapprochements 
qui  consolideraient  le  repos  de  l'Europe  et  me  mettraient  à 
même  de  jeter  mes  efforts  du  côté  de  ma  marine,  me  convien- 
drait. La  Maison  d'Autriche  m'ayant  fait  faire  souvent  des 
insinuations,  le  moment  actuel,  si  elle  sait  en  profiter,  est  le 
plus  favorable  de  tous. 

Je  ne  vous  en  dis  pas  davantage  ;  j'ai  fait  connaître  plus 
en  détail  mes  sentiments  au  prince  de  Bénévent,  qui  ne 
manquera  pas  de  vous  en  instruire.  Du  reste,  votre  mission 
est  remplie  le  jour  où  vous  aurez  fait  connaître  le  plus  légè- 
rement possible  que  je  ne  suis  pas  éloigné  d'adhérer  à  un 
système  qui  serrerait  mes  liens  avec  l'Autriche. 

Ne  manquez  pas  d'avoir  l'œil  sur  la  Moldavie  et  la  Vala- 
chie,  afin  de  me  prévenir  des  mouvements  des  Russes  contre 
Tempire  ottoman. 

l'bmpebeub  au  général  clarke. 

Wiirzburg,  8  octobre  1806. 

L'aide  de  camp  des  généraux,  de  service,  partira  demain, 
deux  heures  avant  le  jour,  pour  se  rendre  à  Hammelburg, 
route  de  Fulde  ;  il  prendra  des  informations  s'il  n'y  a  rien  de 
nouveau  à  Fulde.  Il  aura  avec  lui  un  courrier  que  lui  donnera 
le  grand  écuyer,  intelligent,  parlant  allemand  ;  il  l'expédiera 
•jusqu'à  Cassel  ;  lui,  de  sa  personne,  continuera  jusqu'à  Fulde, 
&yant  soin  de  prendre  des  renseignements  pour  savoir  si  les 
Prussiens  sont  entrés  dans  la  principauté.  Arrivé  à  Fulde,  il 


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276  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

prendra  des  renseignements  pour  connaître  tous  les  mouve- 
ments prussiens  et  ce  qui  se  passe  à  Cassel.  Dès  le  moment 
qu'il  aura  des  nouvelles  des  ennemis,  il  reviendra  en  toute 
hâte. 

Le  général  Clarke  écrira  une  simple  lettre  à  l'envoyé  à 
Cassel,  pour  lui  dire  qu'il  a  reçu  sa  dernière  lettre. 


L  EMPEBEUR  AU  ROI  DE  HOLLANDE. 

Wûrzburg,  s  octobre  1806. 

Je  reçois  votre  lettre  des  26  et  28  septembre.  Le  maréchal 
Augereau  n'est  plus  à  Francfort.  Le  8*  corps  de  la  Grande 
Armée,  qui  se  réunit  'à  Mayence  pour  occuper  Francfort  et 
manœuvrer,  selon  les  circonstances,  sur  la  France,  est  com- 
mandé par  le  maréchal  Mortier.  Je  vous  renvoie  votre  aide 
de  camp.  Je  suis  depuis  hier  à  Wtirzburg,  où  je  fais  occuper 
une  très  belle  forteresse  ;  je  l'approvisionne  et  l'arme.  C'est 
un  point  central  où  vous  pourrez  envoyer  demander  des 
nouvelles  toutes  les  fois  que  vous  aurez  quelque  inquiétude. 

Envoyez-moi  souvent  des  officiers  d'état-major  qui  connais- 
sent le  pays  et  la  situation  des  choses.  Ordonnez-leur  de 
faire  des  mémoires  sur  la  route  qu'ils  font,  lieue  par  lieue, 
en  rendant  compte  de  l'état  des  chemins,  de  la  nature  des 
obstacles,  des  noms  et  de  la  force  des  villes  et  villages,  etc., 
afin  que,  devant  manœuvrer  sur  cette  ligne,  vous  la  connais- 
siez parfaitement  *. 


1.  Co9  missions  tiennent  à  la  fois  des  reconnaissances  et  de  la  remise  des 
ordres  importants,  puisque,  au  retour,  ces  offlciers  sont  portears  des  ordres 
du  Commandant  en  chef.  Devant  ôlre  au  courant  de  la  situation  des  choses,  il 
faut  qu'ils  aient  la  confiance  de  leur  général,  qu'ils  vivent  dans  son  intimité, 
quMls  soient  observateurs  et  qu'ils  puissent  répondre  aux  questions  du  Com- 
mandant en  chef,  quelles  qu'elles  soient.  C'est  assez  dire  que  des  missions 
de  ce  genre  ne  peuvent  être  confiées  qu'à  des  offlciers  d'une  certaine  expé- 
rience ,  principalement  à  des  aides  de  camp,  capitaines  au  moins  ou  officiers 
supérieurs.  «  Les  places  d'aides  de  camp  sont  des  places  de  distinction  »,  dit 
le  général  ThiëbauU,  a  elles  élèvent  un  officier  au-dessus  de  la  sphère  de  son 
«  grade.  »  Les  commandants  de  corps  d'armée  ne  sauraient  donc  avoir  auprès 
d'eux  trop  d'officiers  capables  de  remplir  ces  missions,  car  ils  ont  souvent 


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3    OCTOBRE.  277 


LE   MÀJOB   GÉNÉRAL  AU   MARÉCHAL   SOULT. 

Wiirzburg,  8  octobre  1806. 

L'intention  de  l'Empereur,  M.  le  Maréchal,  est  que  votre 
corps  d'armée  réuni  à  Amberg  étende  ses  cantonnements 
entre  cette  ville  et  Baireuth^  sans  cependant  passer  les 
limites  de  ce  pays. 

Vous  vous  assurerez  pour  4  jours  de  pain  et  pour  4  jours 
de  biscuit  ou  de  pain  biscuité,  afin  d'être  prêt  à  partir  le  5  si 
vous  en  recevez  l'ordre.  On  ne  fera  distribuer  le  pain  qu'au 
moment  du  départ.  Les  4  jours  de  biscuit  seront  portés  sur 
des  charrettes  du  pays  si  les  caissons  des  régiments  ne  sont 
pas  suffisants. 

Même  ordre  pour  les  subsistances  au  maréchal  Ney,  au  maréchal 
Bessières,  an  maréchal  Davout,  au  général  Dupont. 

En  résumé,  si  l'on  examine  Tordre  du  19  septembre  pour  le  mou- 
vement général,  la  dépêche  de  l'Empereur  du  1*'  octobre,  2  heures 
après-midi,  au  major  général  et  les  ordres  du  3  du  major  général  aux 
maréchaux,  on  voit  qu'il  y  avait  à  assurer  trois  services  différents 
pour  les  troupes  : 

1*  La  consommation  journalière.  Pour  y  pourvoir,  l'Empereur  a  or- 
donné que  chaque  corps  d'armée,  à  son  arrivée  au  rassemblement, 
aurait  4  jours  de  pain  en  attendant  qu'il  puisse  tirer  parti  des  res- 
sources des  cantonnements,  construire  des  fours,  rassembler  des  fa- 
rines, commencer  la  fabrication,  opérations  pour  lesquelles  il  fallait 
au  moins  deux  fois  24  heures. 

2^  La  constitution  des  approvisionnements  de  marche,  4  jours  de 
pain  à  ne  distribuer  qu'au  moment  du  départ  et  4  jours  de  biscuit 
ou  de  pain  biscuité  à  porter  sur  les  caissons  des  corps  ou  en  cas 


3  et  4  officiers  en  course  rien  que  pour  la  correspondance  avec  le  Comman- 
*lanl  en  chef. 

Les  maréchaux  d*Empire  et  les  généraux  de  division  commandant  des 
corps  d'armée,  indépendamment  de  l'adjudant  commandant  ou  colonel  qui 
leur  était  personnellement  attaché,  avaient  a  et  môme  8  aides  de  camp,  dont 
1  chef  de  bataillon  ou  d'escadron,  8  capitaines  et  les  autres  du  grade  de 
lieutenant, 

Les  généraux  de  division  avaient  s  aides  de  camp,  dont  i  chef  de  bataillon 
et)  capitaines  ou  lieutenants;  les  généraux  de  brigade,  8  capitaines  ou  liou- 
tenants. 


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278  CAMPAGNB    DE    PRUSSE. 

d* insuffisance  sur  des  charrettes  du  pays.  Afin  d'avoir  ces  8  joa» 
disponibles  au  complet,  TEmpereur  a  ordonné  qu*on  en  préparât 
pour  10  jours,  les  2  autres  jours  destinés  à  la  consommation  journa- 
lière. 

Ces  deux  services  devaient  être  assurés  par  les  corps  d'armée  an 
moyen  d'achats  faits  par  leurs  ordonnateurs  sur  des  délégations  de 
fonds  de  l'intendant  général. 

3^  Ija  constitution  des  approvisionnements  pour  subvenir  en  cas  de 
retard  au  débouché. 

Ce  service  avait  été  indiqué  par  l'Empereur  dans  sa  dépêche  do 
17  lorsqu'il  avait  ordonné  de  faire  faire  du  biscuit  à  fiamberg  et  à 
Wtirzburg,  de  réunir  beaucoup  de  farines  sur  ces  deux  points  et  d  y 
employer  250,000  fr.,  si  cela  était  nécessaire.  Le  28,  «  faites  réanir 
le  plus  de  farine  possible  à  WUrzburg  et  à  Bamberg  ».  Tous  ces 
ordres  étaient  indépendants  de  ceux  qu'il  avait  donnés  le  20  et  le 
29i,  10  heures  du  soir,  pour  les  approvisionnements  de  siège  des 
places  de  WUrzburg,  Forchheim  et  Kronach,  pour  la  constitution 
desquels  il  avait  accordé  des  fonds  particuliers,  30,000  fr.  pour 
chacune. 

Ces  approvisionnements  de  marche  si  considérables  sont  nécessités 
seulement  par  la  nature  montagneuse  de  la  région  que  l'armée  tb  tra- 
verser, et  où  elle  sera  peut-être  obligée  de  séjourner  pour  déboucher 
en  sûreté.  Ces  ressources  la  mèneront  jusque  dans  le  pays  où  elle 
trouvera  de  nouvelles  provisions. 

De  là  des  moyens  de  transport  non  moins  considérables  qui  alour- 
dissent la  marche  des  colonnes  et  entravent  les  opérations.  Il  n'entre 
nullement  dans  les  vues  de  l'Empereur  d'accorder  en  permanence  par 
bataillon  4  caissons  pour  les  vivres  puisqu'il  n'en  a  donné  que  2. 
Aussi  toutes  ces  charrettes  de  réquisition  disparûtront-elles  dès  que 
l'armée  aura  passé  la  montagne. 


LE   MAJOR   GÉNÉRAL  AU   GRAND-DUC   DE   BERG. 

Wurzburg,  s  octobre  1806. 

L'Empereur  ordonne  que  V.  A.  prescrive  aux  généraux 
Lasalle  et  Milhaud  de  tenir  leurs  brigades  réunies  ayant  des 
piquets  sur  les  communications  de  Coburg. 

J'ordonne  au  maréchal  Bemadotte  de  faire  éclairer  par  sa 
cavalerie  légère  la  communication  de  Leipzig. 

Les  généraux  Lasalle  et  Milhaud  devront  tous  les  jours, 
d'après  les  instructions  de  l'Empereur,  envoyer  par  duplicata 


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3    OCTOBRE.  279 

au  maréchal  Bemadotte  des  rapports  de  ce  qui  se  passera  sur 
la  frontière  ;  ils  fatigueront  le  moins  possible  leurs  chevaux 
et  les  tiendront  en  état  de  partir. 

J'écris  au  maréchal  Bernadotte  d'envoyer  à  V.  A.  les 
rapports  de  sa  cavalerie  légère. 

V.  A.  ordonnera  au  corps  de  la  réserve  de  se  procurer  du 
pain  pour  4  jours  qui  ne  sera  distribué  qu'au  moment  de  la 
marche. 

Ordre  analogue  au  maréchal  Bemadotte. 

LE  MAJOR  GÉKéRÀL  AU  MARÉCHAL  LEFEBVRE. 

Wûrzburg,  s  octobre  1806. 

Je  vous  ai  écrit  hier  pour  que  vous  eussiez  pour  5  jours  de 
pain  et  ô  jours  de  biscuit.  Il  suffit  que  vous  n'en  ayez  que 
pour  4  jours  ;  cela  doit  être  prêt  le  5  et  on  ne  fera  distribuer 
le  pain  qu'au  moment  du  départ.  Les  4  jours  de  biscuit  seront 
portés  sur  des  charrettes  du  pays  si  les  caissons  des  régiments 
ne  sont  pas  suffisants. 

A  dater  du  4,  M.  le  Maréchal,  vous  tiendrez  vos  troupes 
réunies  en  resserrant  vos  cantonnements  dans  deux  lieues 
carrées  en  avant  de  Schweînfurt,  afin  que  dans  deux  heures 
vous  puissiez  vous  mettre  en  marche  sur  la  direction  qui 
vous  sera  donnée.  Tenez  en  avant  de  Mtinnerstadt  et  sur  les 
débouchés  de  Hammelburg  des  piquets  de  cavalerie  ;  ces 
postes  ne  laisseront  plus  rien  aller  de  Wlirzburg  dans  la 
Saxe;  ils  favoriseront  les  reconnaissances  des  officiers  du 
génie  ;  vous  aurez  des  postes  intermédiaires  entre  ces  piquets 
et  le  quartier  général  afin  d'être  instruit  promptement  de  ce 
qui  se  passe. 

Vous  enverrez  à  Tétat-major  général,  à  M.  Hastrel,  à 
Wttrzburg,  les  voyageurs  venant  de  Saxe,  afin  qu'ils  y  soient 
interrogés;  cette  disposition  commencera  le  4  octobre  au 
matin. 

Toute  votre  artillerie  sera  parquée  près  de  Sohweinfurt. 
Vous  avez  dû  reconnaître  une  position,  mais  qu'on  n'occupera 


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280  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

réellement  que  si  l'ennemi  paraissait  être  en  force  sur  la 
frontière. 


ORDRE. 

Wûrzburg,  8  octobre  1806. 

Il  est  ordonné  au  général  Dupont  de  partir  demain  avec 
toute  sa  division  avec  armes  et  bagages  pour  se  rendre  en 
3  jours  à  Bamberg  où  il  devra  être  arrivé  le  6  octobre. 
Avant  son  départ  il  me  préviendra  des  gîtes  qu'il  aura 
déterminés  *  ;  il  trouvera  ci-joint  les  ordres  du  jour  du  3. 

Le  général  Dupont  avant  son  départ  se  conformera  aux 
dispositions  prescrites,  notamment  à  celles  relatives  au  dépôt 
qu'il  doit  laisser  dans  la  citadelle  de  WUrzburg. 

Le  Major  général^  prince  de  NeufcfiâUl, 
M''  Alex.  Berthier. 

P. -S.  —  Le  général  Dupont  emportera  pour  4  jours  de 
pain  et  4  jours  de  biscuit  pour  le  présent  sous  les  armes. 


1.  LB    oiHéRiL   DUPCKT   AU    CAPITAIRK   FAVBBY,    rAISAHT    FOXCTXOH8 

DB    CBBF   d'^TAT-MAJOB. 

Wûrzburg,  8  octobre  ISOS. 

Lb  division  part  demain  pour  se  rendre,  savoir:  le  !«>*  régiment  de  hus- 
sards à  Stadt-Schwarzach  en  avant  de  Dettelbacb;  —  le  9«  d'infanterie  légère 
à  Schwarzenau  en  avant  de  Dottelbach;  ~  le  82«,  le  96«  et  rarlillcrie  à 
Dettelbacb.  Le  quartier  général  sera  à  Dettelbacb.  Vous  vous  y  rendrez  de 
bonne  heure  pour  y  faire  le  logement.  Prévenez  de  ce  mouvement  tout  ce 
qui  tient  à  l'état-msgor. 

Le  général  Dupont  avait  un  capitaine  pour  chef  d*état-major.  Pour  mo  servir 
des  expressions  du  général  Tbiébault,  «  cela  n'est  ni  régulier  ni  heureux  pour 
«  le  service  i.  Un  capitaine  n'est  pas  d'un  grade  assez  élevé  pour  représenter 
dans  certains  cas  un  général  de  division,  pour  parler  en  son  nom,  même  par 
son  ordre,  et  pour  correspondre  avec  des  généraux  et  des  colonels,  surtout 
aujourd'hui,  où  il  n'y  a  plus  de  corps  d*ctat-major.  La  suppression  du  corps 
d'état-major,  créé  par  le  maréchal  Oouvion-Saint-Cyr,  a  entraîné  avec  eUe  la 
suppression  de  l'indépendance  de  caractère  et  du  courage  moral  dont  jouis- 
saient les  o£Qciers  qui  le  composaient. 


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3    OCTOBRE.  281 


ORDBE   POUE   LE   GÉNÉRAL   DUPONT. 

"Wùrzburg,  8  octobre  1806. 

L'Empereur  ordonne,  Général,  que  votre  division  ait  d'ici 
24  heures  pour  4  jours  de  pain.  Le  pain  ne  sera  distribué 
qu'au  moment  du  départ. 

Les  4  jours  de  biscuit  seront  portés  sur  des  charrettes  du 
pays  si  les  caissons  de  la  division  ne  sont  pas  suffisants. 

M''  Beethier. 

LE  MAJOR   GÉNÉRAL   A   l'iNTENDANT   GÉNÉRAL. 

Wùrzburg,  s  octobre  1806,  au  matin. 

L'Empereur  ordonne,  M.  l'intendant  général,  que  vous 
fassiez  partir  ce  matin  même  pour  Kxonach  150,000  rations 
de  biscuit  ;  faites  continuer  également  pour  cette  destination 
le  convoi  de  farine  qui  doit  être  arrivé  hier  au  soir  à  Aschaf- 
fenbarg  ;  faites  aussi  continuer  pour  Kronach  les  convois  de 
farine  qui  viennent  de  Mayence  et  de  Spire  ;  faites  employer 
dans  la  vallée  de  Kronach  les  moyens  de  mouture  ;  l'impor- 
tant est  que  Kronach  puisse  faire  700,000  à  800,000  rations 
pour  l'armée  ;  car  il  est  possible  que  nous  restions  sur  les  hau- 
teurs quelque  temps  avant  de  déboucher  ;  il  faut  donc  que  d'ici 
à  5  ou  6  jours  il  y  ait  8  à  10  fours  à  Kronach  ;  songez  que  ce 
point  est  un  des  plus  importants  de  notre  position. 

L'Empereur  voudrait  que  vous  eussiez  toujours  avec  vous 
une  centaine  de  maçons  prêts  à  faire  des  fours  ;  procurez- 
vous  ce  que  vous  pourrez  dans  le  pays  ;  je  m'en  vais  donner 
1  ordre  à  chaque  corps  d'armée  de  vous  en  envoyer  6. 

L'Empereur  ordonne  que  vous  fassiez  construire  sur-le- 
champ  à  Bamberg  8  fours  qui  sont  nécessaires  pour  la  nour- 
riture de  l'armée  ;  si  on  n'a  pas  de  briques,  on  peut  démolir 
une  vieille  maison. 

Vous  avez  dû  donner  des  ordres  pour  faire  faire  des  fours 


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282  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

à  Forchheim  ;  il  en  faut  aussi  dans  la  citadelle  de  Wiirz- 
burg. 

Faites-moi  connaître  l'organisation  de  vos  constructeurs 
de  fours.  D  faut  que  le  chef  soit  à  Eo-onach. 

Voilà  pour  le  plus  pressé. 

Aux  approvisionnements  de  siège  de  Wttrzburg,  Forchheim 
et  Eronach,  ajoutez  un  approvisionnement  de  100,000  rations 
de  biscuit  ;  indépendamment  des  moyens  que  d'après  cet 
ordre  vous  réunissez  sur-le-champ  à  Kronach,  il  faut  penser 
à  Tapprovisionnement  pour  la  suite,  comme  vers  le  20  ou  le 
25  octobre,  de  manière  qu'il  y  ait  dans  cette  place,  ainsi  que 
dans  WUrzburg  et  Forchheim,  c'est-à-dire  dans  chacune,  un 
million  de  rations,  soit  en  biscuit,  farine,  eau-de-vie,  etc.,  etc. 
Cette  disposition  est  de  la  plus  absolue  nécessité  ;  car  si  par 
les  dispositions  de  l'ennemi  l'armée  retardait  d'avancer^  on 
serait  obligé  de  la  faire  vivre  des  subsistances  qu'on  tirerait 
de  ces  places  par  des  convois  que  l'on  ferait  escorter  par 
5,000  ou  6,000  hommes  pour  les  couvrir  contre  tous  les  partis. 

Cette  mesure  si  utile  d'approvisionnements  serait  encore 
nécessaire  dans  le  cas  où  l'armée  serait  forcée  de  se  reployer 
soit  sur  Wttrzburg,  soit  sur  Forchheim,  afin  d'y  trouver  des 
vivres  pour  un  mois. 

Assurez-vous  par  vos  commissaires  des  guerres  si  on  a 
désigné  dans  les  forteresses  de  Wttrzburg,  Kronach  et  Forch- 
heim, les  emplacements  nécessaires  pour  les  vivres,  les  hôpi- 
taux, etc.,  etc. 

Cette  dépêche  est  rexpédîtion  des  ordres  donnés  par  T  Empereur 
à  son  arrivée  à  Wttrzburg  le  2  à  la  fin  de  la  soirée,  aussitôt  qa'il 
eut  pris  connaissance  de  la  situation.  En  arrivant,  son  premier  soin 
fut  de  s'occuper  des  vivres.  S'est-ii  contenté  d'interroger  le  major 
général  ou  a-t-il  fait  mander  Tintendant  général?  Il  est,  en  tous  cas, 
permis  de  croire  qu'il  eut  un  violent  accès  de  colère,  justifié  par  la 
non-exécution  de  ses  ordres. 

Les  150,000  rations  de  biscuit  ne  purent  pas  être  expédiées  pour 
Kronach  dans  la  matinée  du  3,  ainsi  que  cela  ressort  du  rapport  de 
l'intendant  général  du  4.  D'après  la  note  du  général  Duroc  du  5, 
les  expéditions  de  biscuit  ne  commencèrent  que  le  5  au  matin  par 
100,000  rations  venant  de  Spire,  puis  dans  la  journée  20,900  venant 


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3    OCTOBRE.  283 

de  Majence,  enfin  dans  la  nuit  20,000  de  Wttrzburg  en  chargement 
depuis  le  4. 

D  fiiut  compter  4  jours  pour  des  convois  de  WUrzburgàBLronach. 
Les  premiers  n'arrivèrent  donc  pas  avant  le  9. 

Quant  aux  farines,  les  2,000  quintaux  venant  de  Majence  étaient 
arrivés  le  6  à  Wttrzburg  ;  1,000  quintaux  arrivèrent  le  6  et  le  7  en 
deux  conToia  l'un  de  80  voitures,  Fautre  de  14  ;  la  tête  de  ces  fa- 
rines ne  commença  donc  à  arriver  à  Kronach  que  le  9  au  plus  tôt  et 
suceessivemeat  les  10,  11  et  12.  3,000  quintaux  donnaient  de  quoi 
faire  300,000  rations.  Avec  les  140,000  rations  de  biscuit,  on  ar- 
rivait à  400,000  rations  environ. 

L'armée  partant  le  6  avec  4  jours  de  pain  et  4  jours  de  biscuit, 
avait  des  vivres  jusqu'au  13  inclus. 

D'après  les  renseignements  fournis  par  le  capitaine  Semery  le  8, 
un  des  grands  fours  de  Bamberg  (ceux  de  Kronach  étaient  de  même) 
cuisait  8  fournées  de  400  rations  en  24  heures,  soit  3,200  rations  ; 
et  pour  8  jours  25,600  rations.  En  commençant  à  cuire  à  Kronach 
le  10,  et  en  distribuant  le  pain  au  fur  et  à  mesure  de  la  fabrication 
pour  ménager  les  4  jours  de  biscuit  des  troupes,  on  aurait  pu,  rien 
qu'avec  ces  moyens,  suffire  à  la  consommation  des  14,  15,  16  et  17 
pour  80,000  hommes.  En  outre  chaque  jour  des  convois  devaient 
être  expédiés  de  Bamberg. 

«  Dans  une  armée,  on  prépare  beaucoup  d'établissements  dont  la 
«  moitié  doivent  être  inutiles,  mais  c'est  pour  se  trouver  en  mesure 
<  avec  les  événements.  »  (Note  pour  l'intendant  général,  8  décembre 
1806.) 


LE   MARECHAL  LEFEBVBE   AU   MAJOR   GENERAL. 

Scliwelnrurt,  s  octobre  i806. 

Conformément  à  votre  lettre  d'hier,  le  5"  corps  est  entré  ce 
matin  dans  des  cantonnements  très  resserrés  de  manière  à 
pouvoir  rentrer  au  camp  en  moins  de  trois  heures.  Il  occupe 
une  ligne  qui  prend  par  la  gauche  à  Berg-Rheinfeld,  passe 
par  Eggenhauseii,  Gressthal,  Sulzthal,  Eltingshausen,  Rot- 
tershausen,  Lauringen,  Steînach,  et  va  aboutir  à  droite  à 
Gàdheim.  La  cavalerie  occupe  en  arrière  de  Schvreinfurt  sur 
la  rive  gauche  du  Mayn  les  villages  de  Grafen-Rheinfeld, 
Rothlein,  Schwebheim  et  Weyer. 

J*ai  placé  les  adjudants  commandants  Rewbell  et  Gauthrin 
àîSeustadt  et  KOnigshofen  pour  éclairer  toute  cette  partie  de 


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284  GAMPAONB    DE    PRUSSE. 

la  frontière  de  la  Saxe  et  du  pays  de  Fulde.  Je  leur  ai  adjoint 
à  chacun  un  officier  de  génie  pour  faire  une  reconnaissance 
exacte  des  débouchés  et  routes  qui  conduisent  à  rennemi, 
ainsi  que  le  terrain  ^  Cette  dernière  disposition  retardera  de 
quelques  jours  Tarrivée  à  WUrzburg  des  2  ingénieurs  que 
V.  A.  S.  m'a  invité  à  mettre  à  la  disposition  du  général 
Kirgener. 

J'attends  à  chaque  instant  le  retour  des  émissaires  que  j'ai 
envoyés  à  Fulde,  Meinungen,  Hildburghausen  et  Coburg. 

Rapport  que  me  fait  à  l'instant  un  émissaire  que  j'avais 
envoyé  à  Fulde  : 

Hier  à  midi  il  n'y  avait  pas  un  seul  Prussien  à  Fulde,  La 
partie  de  la  Hesse  depuis  Cassel  jusqu'à  cette  dernière  ville 
est  absolument  sans  troupes  de  cette  puissance.  De  forts 
détachements  prussiens  occupent  Wach  et  Berka  sur  la 
Werra.  11  paraît,  d'après  les  rapports  des  voyageurs,  que  les 
Prussiens  se  trouvent  en  force  ù  Eisenach,  Erfurt  et  Gotha. 

Les  Hessois  paraissent  fort  mécontents  de  la  position  daos 
laquelle  ils  se  trouvent  et  fort  éloignés  défaire  cause  commune 
avec  les  Prussiens. 


BEXSEIGNEMENTB    RECUEILLIS    A    KÔNIQBHOFEN    PAR   LE    GiVÂRAL 
8UCHET. 

S  octobre  1806. 

Nous  avons  devant  nous  l'avant-garde  de  Tarmée  prusâienne  com- 
mandée par  le  général  Bliicher.  Elle  est  derrière  la  forêt  de  Thn- 
ringe  (Thuringerwald)  sur  Gotha  et  Weimar.  On  fortifie  Erfurt. 
800  hommes  y  travaillent.  On  y  fait  quelques  magasins.  Le  général 
Blticher  a  fait  faire  des  abatis  dans  la  forêt.  Les  Prussiens  ont  peur 
d'être  attaqués  et  se  gardent  mal  ;  ils  ne  font  pas  garder  leurs  av&nt- 


1.  Ces  adjudants  commandants  placés  aux  avant-postes  extrêmes  dirigeaieDt 
les  reconnaissances  de  la  cavalerie  et  recueillaient  les  renseignements.  On  a 
donc  de  tout  temps  détaché  des  officiers  d*élat- major  avec  les  troupes  de 
cavalerie,  aussi  bien  à  Tavant-garde  pendant  les  marches  qu*aux  avant-postes 
dans  les  cantonnements. 


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3  OCTOBRE.  285 

postes  à  6  lieaee.Pour  être  tranquille  il  faut  pouBser  jusqu'à  portée  de 
pistolet  ' . 

Us  répandent  à  chaque  instant  le  bruit  qu'il  doit  arriver  beaucoup 
de  monde  devant  nos  postes.  Il  font  des  logements  simulés  et  il  n'ar- 
rive jamais  personne.  Hier  ils  avaient  annoncé  2  régiments  de  hus- 
sards à  Hildburghausen  et  il  n'est  arrivé  en  effet  que  64  hommes  du 
régiment  de  la  Mort  avec  le  colonel  qui  est  venu  en  reconnais- 
sance. 

Le  service  des  postes  d'avant-garde  s'est  fait  jusqu'ici  depuis  Co- 
borg  jusqu'à  Meinu'ogen  par  les  seuls  hussards  de  Keller  dont  le  ré- 
giment est  à  Zella.  Il  paraît  qu'à  présent  le  service  est  partagé  entre 
les  hussards  de  Keller  et  les  hussards  noirs. 

Le  général  Riichel  que  l'on  croit  du  corps  d'armée  de  Paderborn 
s'est  rapproché  jusqu'à  Mulhausen.  On  croit  que  c'est  pour  se  con- 
certer avec  le  général  qui  commande  à  Gotha  et  à  Erfurt. 

Depuis  nos  derniers  mouvements  on  remarque  que  les  officiers 
prussiens  avec  qui  on  a  pu  avoir  quelques  relations  aux  avant-postes 
ont  remplacé  leur  ton  de  morgue  et  d'insolence  par  beaucoup  d'hon- 
nêteté et  de  modestie. 


LE   MARÉCHAL   BERNADOTTE   AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Lichtenfels,  S  octobre  1806. 

J'ai  reçu  hier  au  soir  vos  dépêches  du  1"  octobre  *,  Je 
m'empresse  d'y  répondre  ;  j'avais  déjà  prévenu  vos  intentions 
en  ordonnant  au  colonel  du  génie  Morio  de  faire  reconnaître 
les  routes  de  Coburg  à  Eronach  et  de  Eronach  à  Hof  ,  ainsi 
que  toutes  celles  qui  aboutissent  à  la  vallée  que  j'occupe  ;  je 
n'ai  point  encore  reçu  le  rapport  des  différents  officiers  du 
génie  qui  ont  été  envoyés  pour  cet  objet  ;  en  attendant  je 
vous  transmets  ci-joint  les  renseignements  que  j'ai  recueillis 
moi-même, 

La  forteresse  de  Plassemberg  est  occupée,  comme  je  vous 


1.  Ce  principe  servira  de  rôgle  pour  la  sûreté  des  troupes  aussi  bien  dans 
les  cantonnements  de  rassemblement  que  dans  les  cantonnements  de  marche. 

Le  général  Sachet  veut  dire  qu'une  troupe,  pour  être  tranquille,  doit  avoir 
sur  toutes  les  routes  des  postes  de  cavalerie  à  6  lieues  en  avant  de  ses  avant- 
postes,  afin  d*ôtre  avertie  en  temps  opportun  des  mouvements  de  Tennemi  et 
de  pouvoir  prendre  ses  dispositions,  et  que  ces  postes  doivent  môme  pousser 
jtuqu*i  portée  de  pistolet  des  postes  ennemis  lorsqu'ils  sont  signalés. 

t.  Expédition  de  la  dépêche  de  l'Empereur  du  80  septembre. 


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286  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

l'ai  déjà  mandé,  par  des  paysans  miliciens  et  commandée  par 
un  général  en  retraite  ;  on  travaille  tous  les  jours  à  élever 
quelques  ouvrages  et  à  palissader;  l'espèce  d'hommes  qui 
défend  cette  place  me  fait  croire  qu'il  serait  possible  de  l'en- 
lever d'un  coup  de  main. 

Le  général  Lasalle  a  envoyé  un  détachement  de  cavalerie 
à  Nordhalben,  et  le  général  Drouet  a  le  27*  régiment  d'in- 
fanterie légère  depuis  Kronach  jusqu'à  Steinwiesen;  la 
vallée  de  Rodach  et  le  village  de  Wallenfels  sont  gardés. 
Trois  hussards  prussiens  y  sont  venus  il  y  a  3  jours,  mais  ils 
n'ont  fait  que  paraître. 

Votre  lettre  du  2  vient  de  m'^tre  remise  à  l'instant  '  ;  con- 
formément à  vos  premiers  ordres,  je  portais  tout  mon  corps 
d'armée  à  Kronach  ;  mais  comme  vous  me  dites  que  l'inten- 
tion de  l'Empereur  est  que  je  reste  dans  les  environs  de 
Lichtenfels,  ayant  des  postes  en  avant  de  Kronach  et  aux 
débouchés  de  Coburg,  la  volonté  de  S.  M.  va  être  remplie. 
Je  me  trouverai  ainsi  en  échelons  depuis  Lichtenfels  jusqua 
Steinwiesen,  et  je  pourrai  déboucher  soit  sur  Culmbach,  soit 
sur  Coburg  ou  en  avant  sur  Lobenstein  si  j'en  reçois  l'ordre, 
et  je  suis  bien  aise  que  votre  lettre  soit  venue  à  temps  pour 
arrêter  quelques  troupes. 

Je  suis  bien  content  que  vos  nouvelles  dispositions  me 
permettent  de  ne  pas  être  aussi  concentré  ;  car  le  pays  offre 
bien  peu  de  ressources,  et  les  environs  de  Kronach  surtout 
sont  très -stériles;  les  habitants  n'y  vivent  que  d'un  petit 
commerce  de  bois  flotté. 

Les  agents  que  j'ai  à  Leipzig  et  au  quartier  général  du 
prince  Hohenlohe  ne  sont  point  encore  de  retour  ;  je  vous 
envoie  d'autres  renseignements  qui  viennent  de  me  parvenir. 

BAPPOBT  DU  I*''  CORPS  DU  3  OCTOBRE. 

Sur  le  point  de  Hof,  il  n'y  a  pas  d'augmentation  de  troupes.  Le 
corps  du  général  Tauenzien  est  toujours  de  2,000  hommes  enviroa  ; 


1.  Expédition  de  la  dépôche  de  rBmperour  du  i«r  octobre,  t  heures  du 
matin. 


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3   OCTOBRE.  287 

on  7  attend  toutes  les  troupes  qui  étaient  à  Plauen  ;  le  prince  Ho- 
henlohe  était  attendu  à  Plauen  avant-hier. 

On  assure  qu'à  Erfurt  il  n'y  a  pas  plus  cle  6,000  hommes. 

Les  avant-postes  fournis  par  le  régiment  de  Relier  aux  environs 
de  K5nig8hofen  ont  été  renforcés  par  2  régiments  de  hussards. 

Les  Prussiens  élèvent  des  retranchements  et  font  des  abatis  dans 
la  forêt  de  Thuringe. 

La  grande  armée  prussienne  se  rassemble  à  Merseburg  et  à  Naum- 
burg. 

Les  Prussiens  du  corps  du  prince  Hohenlohe  désertent  beaucoup  ; 
ils  vont  s'engager  dans  les  régiments  autrichiens  qui  sont  en 
Bohême. 

1*'  corps.         Boute  de  Lichtenfels  à  Coburg,  3  lieues. 

Jusqu'à  3/4  de  lieue  la  chaussée  est  fort  bonne  quoique  montueuse  ; 
à  cette  distance  jusqu'à  Ober-Sieman,  1/2  lieue,  elle  est  moins  bonne, 
mais  praticable.  Cependant  ensuite  on  joint  la  chaussée  de  Coburg 
qui  est  en  fort  bon  état. 

De  Coburg  à  ZettUity  8  lieues. 

Simple  chemin  de  traverse  que  l'infanterie  et  la  cavalerie  peuvent 
tenir  avec  leurs  caissons  et  voitures  légères,  mais  où  le  peu  de  soli- 
dité du  fonds  et  la  qualité  des  terres  qui  sont  fort  grasses,  ne  permet 
pas  de  risquer  le  canon. 

De  ZetiUtz  à  Culmbach,  4  lieues. 

Jusqu'à  Burgkundstadt,  chemin  de  traverse  assez  praticable,  une 
lieae;  de  là  jusqu'à  Maynbrtick,  une  lieue,  le  chemin  est  étroit  et 
difficile;  à  ce  Maynbrttck  commence  la  chaussée  jusqu'à  Culmbach, 
nne  lieue  et  demie  ;  comme  tout  ce  chemin  est  très-mauvais  sur  les 
deux  tiers  de  son  développement,  il  est  praticable  seulement  pour 
les  troapes. 

De  Culmbach  à  Baireuth,  5  lieues. 
Chaussée  bonne  et  bien  entretenue. 

De  Coburg  à  Kronach,  7  lieues. 

Les  habitants  disent  que  le  chemin  est  très-mauvais  attendu  qu'il 
est  toujours  à  travers  bois  et  qu'il  n'est  uniquement  praticable  qu'aux 
gens  du  pays. 


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288  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

De  Kronach  à  Hof,  10  lieue». 

Aucun  habitant  ne  le  connaît. 

La  route  par  Steinach,  Mtinchberg  et  Hof,  n'est  point  praticable 
pour  l'artillerie  jusqu'à  Mlinchberg  ;  de  là  à  Hof,  c'est  une  grande 
route. 

Celle  par  Wartenfels,  Presseck,  Enchenreuth,  est  impraticable 
pour  l'artillerie. 

On  n'a  aucune  donnée  sur  la  troisième  route  passant  par  Blan- 
kenstein,  Issigau,  Berg  et  Brandstein. 

Des  rouliers  qui  vont  de  Kronach  à  Hof,  ont  indiqué  au  chef  de 
bataillon  Guilleminot  la  direction  par  Wallenfels,  Bemstein  et  Sel- 
bitz.  On  y  passe  avec  des  voitures  chargées  ;  par  conséquent  les 
pièces  légères  au  moins  y  passeront. 

On  n'a  aucun  renseignement  sur  la  communication  de  Saalborg  à 
Plauen. 

4*  corps.  ORDBE. 

Amberg,  8  octobre  1806. 

Demain  4  les  troupes  du  corps  d'armée  exécuteront  les  disposi- 
tions suivantes  : 

Le  général  Guyot  réunira  la  division  de  cavalerie  légère  à  Thnrn- 
dorf  sur  le  territoire  bavarois  sans  occuper  d'aucune  manière  les 
dépendances  du  pays  de  Baireuth,  et  se  tiendra  prêt  à  exécuter 
dans  le  jour  l'ordre  de  mouvement  qui  lui  sera  adressé. 

Le  général  Legrand  dirigera  sa  division  sur  Thumbach  en  suivant 
la  grande  route  de  Baireuth,  et  la  fera  cantonner  dans  les  hameaoi 
à  droite  et  à  gauche  de  la  route,  sans  trop  écarter  les  troupes,  si  & 
midi  il  n'a  pas  reçu  de  nouveaux  ordres. 

Le  général  Levai  réunira  sa  division  en  avant  de  Schlicht  et  la 
fera  cantonner  entre  cet  endroit  exclus  et  Thumbach,  si  à  midi  il 
n'a  pas  reçu  de  nouveaux  ordres. 

Le  général  Saint-Hilaire  réunira  sa  division  à  Hambach  et  la  fera 
cantonner  entre  cette  ville  et  Schlicht  et  Yilseck  compris,  si  à  midi 
il  n'a  pas  reçu  de  nouveaux  ordres. 

Le  général  Lariboisière  donnera  ordre  au  parc  d'artillerie  de  se 
porter  en  avant  d'Amberg  en  Buivant  la  même  route,  où  il  se  tiendra 
prêt  à  exécuter  les  nouveaux  ordres  qui  lui  seront  adressés. 

Le  Maréchal  commandant  en  chef  se  réserve  de  faire  connaître 
par  un  nouvel  ordre  le  lieu  où  sera  établi  le  quartier  général  ;  en 
attendant  il  restera  à  Âmberg. 

Toutes  les  troupes  devront  être  en  mouvement  de  bonne  heore, 
afin  d'exécuter  les  nouveaux  ordres  qui  peuvent  leur  être  donnés. 


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3   OCTOBRE.  289 

L*ordonnateur  fera  sur-le-champ  partir  pour  les  divisions  les  cais- 
sons chargés  pour  2  jours  de  pain  qui  sont  affectes  aux  régiments  et 
il  les  dirigera  sur  les  points  où  les  divisions  doivent  se  rendre  en 
exécution  du  présent  ordre.  H  dirigera  aussi  sur  les  divisions  des 
bestiaux  pour  assurer  la  distribution  en  viande  pour  2  jours  ;  du  sel 
pour  15  jours  et  de  Teau-de-vie  pour  2  distributions.  Le  surplus  du 
pain,  des  bestiaux,  de  Teau-de-vie  et  du  sel,  sera  transporté  sur  des 
Toitures  à  la  suite  du  quartier  général. 

Les  distributions  de  pain,  de  viande  et  de  sel  seront  faites  à  la 
troope  le  jour  même  qu'elle  campera,  mais  pas  auparavant  ;  jusqu'à 
cette  époque  elle  doit  être  nourrie  chez  l'habitant,  dans  les  Ueux  de 
cantonnements. 

L'ordonnateur  laissera  un  employé  d'administration  à  Amberg 
ponr  faire  réunir  et  transporter  à  la  suite  du  corps  d'armée  tout  le 
pain  qui  doit  être  fourni  par  la  régence,  d'après  la  demande  qui  lui 
a  été  faite  à  ce  sujet. 

M«*    SODLT. 


MPPOBT  SUR   LA  SITUATION   DU   PARC   GÉNÉRAL   DE   LA 
GRANDE  ARMÉE  AU   3   OCTOBRE   1806. 

Du  26  au  29  inclus  de  septembre,  il  est  parti  d'UIm  pour 
Wiirzburg  tout  ce  qui  a  pu  être  attelé  par  les  chevaux  d'ar- 
tillerie. Il  n'en  est  resté  que  141  pour  les  mouvements  inté- 
rieurs. Il  est  parti  en  outre  tout  ce  qui  a  pu  être  conduit  par 
les  moyens  du  pays.  Ce  matériel  consiste  en  393  voitures, 
dont  48  bouches  à  feu,  16  aflfûts  de  rechange,  11  forges  et 
318  caissons  ou  chariots  à  munitions  contenant  14,847  cartou- 
ches à  canon  et  2,609,160  cartouches  d'infanterie,  La  totalité 
sera  rendue  à  Wtirzburg  dans  la  journée  du  6  *. 

Il  est  parti  en  outre  le  30  d'Ulm  62  voitures,  dont  12  bou- 
ches à  feu,  4  affûts  de  rechange,  1  forge  et  45  caissons  ou 
chariots  portant  3,144  cartouches  à  canon  et  68,110  car- 
touches d'infanterie.  On  ne  peut  donner  Tépoque  précise  de 
l'arrivée  de  ce  dernier  convoi  à  WUrzburg,  attendu  qu'elle 


1.  Voir  au  i*^  octobre  le  rapport  du  m^or  général  à  TEmpereur  et  la  note 
jointe.  En  adressant  au  major  général  ce  rapport  sur  la  situation  du  parc 
général,  le  général  Songis  y  joignit  un  duplicata  de  Tétat  détaillé  de  la 
composition  de  chacun  des  4  convois. 

CAMP.  DB  PRUSSE.  19 


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I 

[ 


290  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

dépend  de  la  facilité  avec  laquelle  on  pourra  se  procurer  des 
chevaux  du  pays,  ce  que  Ton  ne  peut  fixer  tant  que  les 
troupes  n'auront  pas  entièrement  passé. 

Il  doit  arriver  en  outre  de  Strasbourg  ou  de  Mayence 
12  affûts  de  rechange,  1,000  paires  de  pistolets,  200  sabres 
de  cavalerie,  400  de  dragons,  600  de  chasseurs,  2,000  d'in- 
fanterie, 4,000  outils  de  pionniers,  1,500  harnais,  600  selles. 

Il  reste  à  Ulm  ou  à  Lawingen  492  voitures,  dont  12  bou- 
ches à  feu,  12  affûts  de  rechange,  19  forges,  449  caissons  ou 
chariots,  12,103  cartouches  à  canon,  2,537,050  cartouches 
d'infanterie,  3,961  fusils,  700  paires  de  pistolets,  490  sabres 
de  cavalerie  légère,  3,335  baïonnettes. 

J'ai  fait  partir  un  officier  en  poste  pour  diriger  ces  objets 
par  égale  partie  sur  Kronach  et  Forchheim.  Ils  y  arriveront 
successivement;  mais  la  tête  des  convois  ne  pourra  être 
rendue  à  Forchheim  avant  le  7  octobre  et  à  Kronach  avant 
le  10. 

Les  chevaux  de  trait  du  parc  consistent  en  1,820  dont  200 
en  convoi  sur  Vérone,  141  restés  à  Ulm  ou  à  Lawingen  pour 
les  mouvements  journaliers  et  62  malades  ou  blessés.  Il  n'y 
en  aura  conséquemment  que  1,417  de  disponibles  avec  les 
convois  qui  seront  arrivés  à  WUrzburg  avant  le  7.  Il  en  faudra 
340  pour  conduire  les  54  voitures  de  l'équipage  de  pont;  il  n'en 
restera  que  1,077  pour  le  parc  de  campagne,  ce  qui  ne  per- 
mettra d'atteler  que  221  voitures,  vu  que  beaucoup  de  celles 
qui  seront  attachées  à  la  Garde  impériale  devront  être  atte- 
lées à  6  chevaux,  ainsi  que  plusieurs  caissons  des  parcs 
à  cause  de  la  faiblesse  des  chevaux  de  réquisition  français. 

Je  propose  de  composer  cet  équipage  mobile  de  24  bouches 
à  feu,  6  affûts  de  rechange,  5  forges,  168  caissons  ou  chariots 
portant  8,360  cartouches  à  canon  et  1,360,000  cartouches 
d'infanterie. 

On  ne  peut  pas  faire  marcher  un  plus  grand  nombre  d'ob- 
jets par  les  chevaux  d'artillerie  jusqu'à  ce  qu'on  en  ait 
acheté,  à  moins  de  faire  conduire  l'équipage  de  pont  par  des 
chevaux  de  réquisition,  ce  qui  ne  paraît  pas  praticable. 
Lorsqu'on  aura  suflSsamment  de  chevaux,  on  pense  qu'il  fau- 


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3    OCTOBRE.  291 

dra  composer  l'équipage  devant  marcher  à  la  suite  de  Tannée 
de  419  voitures,  dont  30  bouches  à  feu,  29  affûts  de  rechange, 
10  forges,  350  caissons  ou  chariots  à  munitions  portant 
18,728  cartouches  à  canon  et  2,000,000  de  cartouches  d'in- 
fanterie ^ 

Le  dépôt  de  Wtirzburg  sera  composé  de  30  bouches  à  feu, 
12  affûts  de  rechange,  97  caissons  ou  chariots,  2,433  cartou- 
ches à  canon,  537,000  cartouches  d'infanterie,  1,000  paires 
de  pistolets,  200  sabres  de  cavalerie,  400  de  dragons,  600  de 
chasseurs,  2,000  d'infanterie  et  4,000  outils  de  pionniers, 
indépendamment  des  bouches  à  feu  que  S.  M.  a  ordonné 
d'envoyer  de  Mayence. 

Les  dépôts  de  Kronach  et  de  Forchheim  seront  composés 
chacun  de  6  bouches  à  feu,  6  affûts  de  rechange,  9  forges, 
225  caissons  ou  chariots,  6,000  cartouches  à  canon,  1,200,000 
cartouches  d'infanterie,  2,000  fusils,  350  paires  de  pistolets, 
245  sabres  de  cavalerie  légère  et  1,600  baïonnettes. 

Les  munitions  à  canon  et  celles  d'infanterie  ne  paraissant 
pas  suffire,  on  croit  qu'il  faudrait  tirer  de  Spire,  où  il  existe 
un  dépôt  de  munitions,  6,000  cartouches  à  canon  et  1,000,000 
de  cartouches  d'infanterie  pour  chacune  de  ces  deux  places  de 
Kronach  et  de  Forchheim.  On  demande  s'il  y  aurait  des  incon- 
vénients à  les  y  diriger  sur-le-champ.  On  demande  également 
s'il  y  en  aurait  à  tirer  des  munitions  de  Mayence  pour  le 
dépôt  de  Wûrzburg. 

Il  reste  au  parc  13  compagnies  d'artillerie  à  pied,  6  d'artil- 
lerie à  cheval  dont  4  sont  très  faibles,  167  ouvriers.  Il  faudra 


1.  Le  détail  de  la  composition  de  rartillorie  qui  devra  suivre  la  marche  de 
l'année,  lorsqu'il  y  aura  suffisamment  de  chevaux,  est  joint  au  rapport  du 
général  Songis. 

£Ue  se  décompose  en  réserve  et  approvisionnements  généraux. 

Réserve.  —  4  pièces  de  12,  12  de  8,  4  de  4,  4  obusiers  de  6  p.  ;  4  pièces  de  6 
autrichiennes  et  2  obusiers  de  5  p.  6  lig.; —  13  affûts  de  rechange;  —  94  caissons 
à  munitions  d*artillerie  ;  —  9  chariots  à  munitions  pour  rechange  ;  —  6  forges 
âe  campagne. 

App^ovisionnevMnts  généraux.  —  16  affûts  de  rechange  ;  —  106  caissons  à 
mnniUons  d*artillerie;  —  125  caissons  à  munitions  d*infanterie,  portant  chacun 
16,000  cartouches;  —  3  caissons  de  parc;  —  il  chariots  à  munitions  pour 
rechange  ;  —  4  forges  de  campagne. 


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292  CAMPAGNE   DE   PRUSSE. 

dans  chacun  de  ces  dépôts  de  Wlirzburg,  Kronach  et  Forch- 
heim  1  compagnie  d'artillerie  à  pied  et  30  ouvriers.  On  est 
obligé  de  laisser  tant  à  Ulm  qu'à  Lawingen,  jusqu'à  la  fin 
de  l'évacuation,  2  compagnies  d'artillerie  à  pied  et  SOouvriers. 
2  compagnies  d'artillerie  à  cheval  suivront  l'artillerie  atta- 
chée à  l'infanterie  de  la  Garde.  Ainsi  il  ne  marchera  avec  le 
parc  mobile  que  6  compagnies  d'artillerie  à  pied,  4  très- 
faibles  compagnies  d'artillerie  à  cheval  et  47  ouvriers. 

WUrzburg,  3  octobre  1806. 

Le  premier  Iiiapecteur  général  de  Vartillerie, 

commandant  en  chef  ceUe  de  Vamtée, 
SONGIS. 


NOTE  DU  MAJOR  GÉNÉRAL  DU  3  OCTOBRE. 

Le  général  Songis  remettra  cet  état  en  comprenant  Tar- 
tillerie  Oudinot  qui  se  compose  de  8  pièces,  attelées  de 
225  chevaux,  comme  appartenant  au  parc. 

Il  comprendra  les  12  pièces  qu'il  a  données  à  la  Garde 
comme  du  parc  ;  également  le  personnel  qu'il  donnera  à  Tar- 
tillerie  de  la  Oarde  sera  compris  comme  faisant  partie  du 
parc. 

Il  y  a  6  pièces  de  canon  parties  aujourd'hui  de  Mayence 
attelées  de  100  chevaux  et  pris  sur  le  dépôt  du  3*  bataillon 
du  train  et  qui  doivent  être  attachées  à  la  Garde  pendant  les 
15  premiers  jours. 

Le  général  Songis  joindra  à  ce  tableau  celui  de  toute  Tar- 
tillerie  de  l'armée. 

Cette  note  est  du  style  de  TEmpereur  ;  elle  contient  des  ordres 
qui  ne  peuvent  avoir  été  donnés  que  par  lui  ;  elle  i5it  donc  écrite 
sous  sa  dictée  par  le  major  général. 


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4  OCTOBRE 


l'empereur  au  major  général. 

Wùrzburg,  4  octobre  1806. 

Par  les  états  que  m'envoie  le  général  Rapp,  je  vois  que 
730  hommes  de  différents  détachements  de  cavalerie,  de  dra- 
goiiB,  hussards  et  chasseurs  à  pied  sont  partis  le  26  de  Stras- 
bourg pour  Manheim,  où  je  suppose  qu'il  sont  arrivés  le  29. 
De  là  ils  doivent  être  dirigés  sur  Wtirzburg.  Je  suis  donc 
fondé  à  penser  que  ces  détachements  devraient  arriver  aujour- 
d'hui. —  350  hommes  de  différents  détachements  de  dragons, 
chasseurs  et  hussards  à  pied,  sont  partis  de  Strasbourg  le  29. 
Ils  ne  devraient  donc  pas  tarder  à  arriver  ;  cela  fera  donc  plus 
de  1,000  hommes  à  pied  de  détachements  de  cavalerie  sans 
chevaux.  —  150  hommes  de  détachements  de  cavalerie,  mais 
à  cheval,  sont  partis  à  peu  près  à  la  même  époque  *.  Enfin  un 
bataillon  d'infanterie  légère  et  3  bataillons  de  ligne,  qu'a 
formés  provisoirement  le  général  Rapp,  faisant  un  total  de 
2,000  hommes,  sont  partis  le  1"  octobre  et  paraîtraient  devoir 
arriver  ici  vers  le  10  ;  également  200  hommes  du  9*  bataillon 
du  train  *  et  200  hommes  des  5*  et  1*'  de  cuirassiers  '.  Tout 
cela  fait  près  de  4,000  hommes.  Il  faut  donc  ordonner  que 
les  1,000  hommes  à  pied  de  cavalerie,  qui  se  composent  des 
régiments  suivants,  savoir  :  30  cuirassiers,  335  dragons  et 
613  hussards  et  chasseurs,  soient  passés  en  revue  à  leur  arri- 
vée à  Wtirzburg  ;  que  les  30  cuirassiers,  qui  appartiennent  au 


I.  31  Cuirassiers  du  10*,  60  du  il*;  17  dragons  du  8*;  50  chasseurs  du  1S«. 
s.  179  hommes  du  9«  bataillon  du  train  et  13  chevaux. 
8.  Si -cuirassiers  du  1«;  170  du  5«. 


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294  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

11®  régiment,  achètent  30  chevaux  et  30  selles,  sur  les 
10,000  fr.  que  j'ai  accordés  à  chaque  corps  de  cavalerie,  afin 
de  se  monter  çt  de  s'équiper  ici.  —  Les  335  dragons  seront 
dirigés  sur  Bamberg  et  Kronach,  où  ils  recevront  ordre  de 
rejoindre  les  détachements  de  leurs  régiments  qui  font  par- 
tie des  4  bataillons  de  dragons  qui  servent  avec  ma  Garde*. 
—  Les  613  hussards  et  chasseurs  '  formeront  un  bataillon  qui 
servira  à  la  défense  de  Wtirzburg  ;  mais  on  ne  perdra  pas 
un  moment  pour  acheter  des  chevaux,  même  de  petite  taille, 
avec  des  selles,  pour  monter  ces  613  hommes. 

Quant  à  tous  les  hommes  montés,  ils  rejoindront  leurs  ré- 
giments par  la  route  de  Bamberg  et  de  Kronach.  Enfin  les 
200  hommes  du  train  d'artillerie  resteront  à  Wtirzburg,  où  le 
général  Songis  leur  fournira  des  chevaux.  —  Il  reste  les  4 
bataillons,  dont  on  passera  la  revue  à  leur  arrivée  à  Wurz- 
burg,  où  ils  se  reposeront  un  jour,  et  de  là,  rejoindront  l'ar- 
mée par  Bamberg  et  Kronach.  —  Pour  les  cuirassiers,  le 
colonel  du  11*  y  pensera.  Quant  aux  hussards  et  chasseurs, 
qui  sont  de  plusieurs  régiments,  il  faudrait  leur  faire  acheter 
des  chevaux  et  des  selles.  On  pourrait  charger  un  sous-ins- 
pecteur aux  revues  de  l'achat  de  ces  chevaux  ;  ce  serait  une 
somme  d'à  peu  près  180,000  fr.  qu'on  mettrait  à  la  disposition 
de  l'inspecteur  aux  revues  ®.  Dès  que  ces  hommes  seraient 
montés,  ils  rejoindraient  leurs  corps.  Pour  le  8*  de  hussards, 
qui  a  125  hommes,  le  9*  qui  en  a  100,  et  le  10*  qui  en  a  92^ 
j'imagine  que  les  détachements  de  ces  régiments  ont  des 
officiers  qui  pourraient  présider  à  l'achat  et  à  la  confection 
des  selles.  S'il  en  était  autrement,  quand  on  aura  reçu  les 
recrues,  les  colonels  pourront  envoyer  des  officiers  pour 
surveiller  l'organisation  et  l'équipement  de  ces  hommes. 


1.  Les  336  dragons  appartenaient  aux  !«•,  16«,  17»,  18«,  19«,  25«  et  «?•  régi- 
ments. Les  8*  et  2l«  n'avaient  pas  fourni.  Le  19«  n'avait  pas  de  compogoii* 
dans  les  balaiUons  à  pied. 

2.  50  chasseurs  du  7»,  70  du  11«,  60  du  13«,  60  du  16«,  66  du  «l«;  185  hus- 
sards du  8«,  100  du  s*),  92  du  10*.  Les  60  chasseurs  du  7*  furent  dirigés  sur 
Mayence  pour  rejoindre  le  7«  corps  à  Francfort  ;  ils  partirent  de  Mayeuce  1& 
2  octobre. 

s.  Par  décret  du  5  octobre,  180,000  fr.  furent  alloués  pour  cet  objet. 


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4    OCTOBRE.  295 

P.-S.  —  Comme  il  serait  possible  que  vous  ne  comprissiez 
pas  bien  cette  lettre,  à  défaut  d'états,  je  vous  envoie  le  livret 
du  général  Eapp.  —  Donnez  des  ordres  de  détail  au  comman- 
dant de  WUrzburg  ;  prévenez  les  colonels  des  corps  auxquels 
appartiennent  les  détachements,  et  chargez  un  inspecteur 
aux  revues  de  Tachât  des  chevaux.  S'il  arrivait  que  Tinspec- 
teur  aux  revues  pensât  que  600  chevaux  fussent  trop  diffi- 
ciles à  trouver  ici,  on  pourrait  diviser  le  détachement  en 
deux,  garder  ici  les  chasseurs  et  envoyer  les  hussards  à 
Forchheîm  \  Le  principal  est  de  charger  quelqu'un  de  cela. 


LE  MAJOR  GÉNÉBAL  AV  MARÉCHAL  AUGEREAU. 

Wûrzburg,  4  octobre  1806. 

L'intention  de  l'Empereur,  M.  le  Maréchal,  est  que  vous 
fassiez  cantonner  votre  corps  d'armée  aux  environs  de  Wiirz- 
burg  BUT  la  route  de  Bamberg  ;  vous  laisserez  un  bataillon 
dans  la  citadelle  et  aux  environs  ;  vous  placerez  un  parti  de 
cavalerie  sur  la  route  de  Fulde. 

Je  vous  préviens  que  le  maréchal  Lefebvre  se  trouve  en 
position  en  avant  de  Schweinfurt. 

Faites-moi  connaître  ce  soir  vos  cantonnements. 

Assurez- vous  si  le  maréchal  Lefebvre  a  un  poste  de  cava- 
lerie au  débouché  de  Hammelburg;  écrivez-lui  qu'il  vous 
prévienne  si  ce  poste  apprenait  quelque  chose  de  l'ennemi. 

LE  MAJOR   GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL   LEFEBVRE. 

Wûrzburg,  4  octobre  1806. 

L'Empereur  ordonne,  M.  le  Maréchal,  que  le  6  octobre 
vous  ayez  un  poste  de  cavalerie  à  MUnnerstadt  sur  la  route 

1.  Le  détachement  resta  tout  entier  à  Wûrzburg;  il  en  partit  après  la  bataille 
duu  pour  80  rendre  a  Erfurth  et  de  là  à  WiUenberg  et  Potsdam,  où  il  arriva 
le  10  novembre.  L'ordre  de  TEmpereur  prescrivait  qu'une  compagnie  de 
100  hommes  de  cavalerie  à  pied  resterait  à  Wûrzburg  ;  ce  furent  probable- 
iDeDt  les  chasseurs  des  16«  et  ai«  qui  y  furent  laissés,  car  ils  n'arrivèrent  pas 
àPolsdam  en  môme  temps  que  les  autres  détachements. 


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296  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

de  Meinungen,  et  un  autre  en  avant  de  Kônigshofen  ;  ces 
postes  se  replieront  dans  la  journée  du  6. 

L'intention  de  l'Empereur  est  que  vous  fassiez  partir  toute 
votre  cavalerie,  ainsi  que  la  division  du  général  Grazan,  le  5, 
pour  se  rendre  sur  la  route  d'Hassfurt  ;  le  6  à  la  pointe  du 
jour,  vous  vous  mettrez  en  marche  avec  votre  corps  d'année 
pour  vous  rendre  à  Hassfurt  sur  le  chemin  de  Coburg  ;  vous 
aurez  soin  d'envoyer  un  escadron  de  cavalerie  sur  la  hauteur 
en  arrière,  entre  Hassfurt  et  Coburg,  afin  d'empêcher  toute 
communication  et  tenir  votre  mouvement  le  plus  secret  pos- 
sible. Le  7  vous  cantonnerez  entre  Hassfurt  et  Coburg; 
le  8  vous  entrerez  à  Coburg  de  manière  à  y  arriver  avec 
tout  votre  corps  d'armée,  et  qu'une  heure  avant  l'arrivée  de 
vos  grenadiers,  on  ne  se  doute  pas  à  Coburg  du  commence- 
ment des  hostilités  ^  ;  arrivé  le  8  à  Coburg  vous  prendrez 
position  en  avant  de  cette  ville  en  vous  arrangeant  de 
manière  à  être  le  10  à  Grâfenthal,  et  vous  vous  mettrez  en 
position  de  nous  soutenir. 

Vous  trouverez  ci-joint  l'ordre  que  je  donne  au  maréchal 
Âugereau  ;  vous  aurez  soin  de  correspondre  fréquemment 
ensemble,  afin  qu'il  puisse  vous  secourir  s'il  y  a  lieu. 

Le  quartier  général  sera  le  6,  etc.  (voir  la  dépêche  au 
maréchal  Soult). 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAX.  AUGEREAU. 

Wûrzburg,  4  octobre  180«. 

L'Empereur  ordonne  que  vous  partiez  le  5  avec  votre 
corps  d'armée  pour  être  rendu  le  7  à  Bamberg  ;  le  8  vous 
prendrez  une  position  intermédiaire  entre  Bamberg  et  Co- 
burg. 


1.  Lorsqu'on  prend  Tinitiative  du  mouvement,  on  est  prôt  à  tout  événe- 
ment ;  on  n'a  qu'un  but  :  surprendre  son  adversaire.  Se  faire  précéder  au  loin 
par  la  cavalerie,  c'est  divulguer  sa  marche,  c'est  démasquer  son  mouvement. 
On  doit  au  contraire  arriver  en  masse  sur  le  point  dont  on  veut  se  rendre 
maître. 


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4    OCTOBRE.  297 

Je  vous  préviens  que  M.  le  maréchal  Lefebvre  arrivera  le 
8  à  Coburg. 

Vous  devez  avoir  votre  cavalerie  réunie  avec  3  pièces 
d'artillerie  légère,  et  à  une  heure  en  avant  de  votre  corps 
d'armée,  afin  de  pouvoir  secourir  celle  du  maréchal  Lefebvre 
s'il  y  avait  lieu. 

Vous  correspondrez  souvent  avec  le  maréchal  Lefebvre 
pour  savoir  ce  qu'il  a  devant  lui  ;  vous  aurez  soin  de  com- 
pléter à  Wtirzburg  vos  4  jours  de  pain  et  de  prendre  dans 
les  caissons  autant  de  biscuit  que  vous  pourrez. 

Le  quartier  général  sera  le  6,  etc. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  DAVOUT. 

Wûrzburg,  4  octobre  1806. 

L'Empereur  pense,  M.  le  Maréchal,  que  vous  devez 
occuper  et  faire  approcher  votre  réserve  du  parc  et  toutes 
vos  divisions  autour  de  Bamberg  ;  que  vous  aurez  bien  fait 
cantonner  vos  troupes  afin  qu'elles  prennent  le  plus  de  repos 
possible;  mais  cependant  de  façon  à  être  prêtes  à  partir 
quelques  heures  après  en  avoir  reçu  Tordre. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL   A   M.    HASTREL\ 

Wiirzburg,  4  octobre  1806. 
Vous  expédierez  tous  les  ordres  pour  que  le  quartier  géné- 
ral parte  le  5  pour  arriver  le  6  à  Bamberg-,  vous  préviendrez 
en  mon  nom  toutes  les  administrations. 


1.  LB  OOLOXML  BLKXM,  AIDB-MAJOB  oAMiRAI.,  A  L  ADJUDAHT-COMUANDANT  HA8TBBL. 

Wùrzburg,  3  octobre  1806. 
Le  m^jor  géDénil  ordonne ,  mon  cber  camarade ,  que  tous  les  chevaux  des 
officiers  de  Tétat-migor  général  soient  dirigés  sur  Bamberg  immédiatement. 
U  faut  envoyer  au-devant  d'eux  pour  qu'ils  ne  viennent  pas  à  Wûrzburg  et 
gagner  un  ou  deux  jours  de  marche  s'il  est  possible. 

L'ADJVDAST-COllMAJroAHT    HASTBEX.,    FAISAHT   VONCTIOB8   DB   CHBF   DB  L*ÂTAT-MAJOB 
OÉKÉRAL,    AU    GÉBiKAIi    DDl>ONT. 

Wîîrzburg,  5  octobre  1806. 
Lmtention  de  S.  A.  le  prince  de  Neufch&tel  étant  que  les  offlciers. d'état- 


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298  Campagne  de  frusse. 


RAPPORT   DE   L^INTENDANT   GÉNÉRAL   A   S.    M.    L^EMPEREUR. 

Wiirzburg,  4  octobre  1806. 

Biscuit.  —  Depuis  le  29  septembre,  les  approvisionnements  en 

biscuit  à  Wiirzburg  jusqu'à  ce  jour  sont  de.    .    .      200,000  rations. 

Sur  cette  quantité  il  a  été  fourni  à  la  \ 

division  Dupont 32,000  (   ^^o  r^AA      __ 

Il  en  sera  fourni  demain  au  5^  corps  i         ' 

d'armée 76,000  ) 

Partant  reste 92,000  rations. 

En  chargement  pour  Kronach 26,000  rations. 

Ces  26,000  rations  partiront  ce  soir  pour  Bjo- 
nach  avec  un  convoi  venant  de  Spire,  que  Ton 
estime  de 100,000     — 

Total 126,000  rations. 

On  s'est  occupé  de  mettre  en  futaille  les  92,000  rations  de 
biscuit  restantes,  et  Tintendant  général  espère  qu'elles  par- 
tiront aussi  demain  pour  Kronach. 

La  fabrication  du  biscuit  se  continuera  avec  d'autant  plnfi 
d'activité  à  Wiirzburg  que  les  farines  propres  à  cette  fabri- 
cation rentrent  avec  plus  d'exactitude. 

Approvisionnements  enfarinés,  —  Les  rentrées  en  farines 
suffisent  à  peine  aux  consommations  journalières  ainsi  qu'à 
la  fabrication  du  biscuit  5  il  en  résulte  que  cet  approvisionne- 
ment ne  peut  pas  encore  prendre  d'accroissement  quant  aux 
ressources  locales. 

Citadelle  de  Wûrthurg,  —  11  a  été  versé  dans  les  magasins  de  la 
citadelle,  savoir  : 


major  et  les  équipages  se  dirigent  de  BischoŒsheim  sur  Deltelbach  demain  4, 
j'ai  l'honneur  do  vous  prier  de  vouloir  bien  eavoyer  un  chasseur  à  cheval 
porter  à  Bischoffshoim  la  dépêche  ci-jointe  à  M.  le  colonel  Wolff.  Vous  me 
rendrez  d*autanl  plus  de  service ,  mon  général ,  que  je  n*ai  personne  à  ma 
disposition. 

La  question  des  ordonnances  est  fort  importante  pour  les  cheGs  d'état-major, 
qui  ont  tant  d'ordres  a  expédier.  Il  est  indispensable  qu'ils  aient  partout 
des  plantons  et  des  estafettes  à  leur  disposition,  quand  môme  ces  ordon- 
nances seraient  fourmes  par  les  troupes  de  passage  et  relevées  toutes  les  Si 
heures. 


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4  OCTOBRE.  299 

provenant  de  Mayence 610  quintaux. 

aujourd'hui  provenant  de  la  même  destination  .    .         800        — 

Total 1,410  quintaux. 

Les  approvisionnements  annoncés  de  Francfort  ne  sont 
pas  encore  arrivés. 

L'intendant  général  a  la  certitude  qu41  sera  versé  d'ici 
au  15,  provenant  du  pays  de  Wertheim  et  environs,  4,000 
quintaux  de  farine  dans  les  magasins  de  WUrzburg. 

Bœufs.  —  L'intendant  général  ne  doute  pas  que  l'armée 
se  rapprochant  de  Wtirzburg  ne  soit  approvisionnée  en  viande 
conformément  et  d'après  les  quantités  ordonnées  par  l'Empe- 
reur. 

Eavrdê-vie.  —  L'intendant  général  acceptera,  avec  l'auto- 
risation de  S.  M.,  une  soumission  qui  lui  a  été  présentée,  de 
180,000  pintes  *  d'eau-de-vie  à  livrer  sur  les  lieux  mêmes,  à 
raison  de  1  fr.  50,  savoir  : 

àKronach  du    4  au  14.    . 

îd.       du  14  au  30.    .    , 
à  Forchheim  du    4  au  19  . 

id.  du  19  au  30  .    . 

àBamberg  du    4  au  19.    .    , 

id.        du  19  au  30.    . 
à  WUrzburg,  du  4  au  25,  à  raison  de  1,000  pintes 
pw  jour  au  moins 60,000      — 

138,000  pintes. 

Quant  aux  42,000  pintes  qui  doivent  compléter  les  180,000, 
l'entrepreneur  s'engage  à  les  fournir,  suivant  le  besoin,  dans 
le  lieu  qui  lui  sera  indiqué,  dix  jours  après  que  l'avis  lui  en 
aura  été  transmis. 

L'intendant  général  n'a  pas  trouvé  d'entrepreneur  qui 
voulût  s'engager  à  fournir  à  des  prix  moins  élevés  et  à  des 
époques  aussi  rapprochées  ;  il  supplie  instamment  S.  M.  de 
vouloir  bien  décider  s'il  peut  accepter  cette  soumission. 

Hôpitaux.  —  La  régence  de  Wtirzburg  s'oflfre  de  faire 


30,000  pi._^.j    „_^^„^ 


I.  La  pinte  yaut  0,9318  de  litre. 


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300  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

toutes  les  dépenses  nécessaires  en  meubles,  effets,  subsis- 
tances, médicaments,  etc.,  pour  le  traitement  des  malades 
de  l'armée  qui  entreront  dans  les  hôpitaux  de  cette  place,  et 
ce,  moyennant  qu'il  lui  sera  tenu  compte  de  1  fr.  50  pour 
chaque  journée  de  malade. 

L'intendant  général  pense  que  l'on  ne  peut  traiter  à  un 
prix  plus  avantageux,  et  il  supplie  en  conséquence  S.  M.  de 
l'autoriser  à  accepter  cette  soumission. 

Approvisionnementa  des  places  de  Kronach,  Bamberg  etForchr 
heim.  —  L'intendant  général  s'est  conformé  aux  ordres  de 
l'Empereur  en  tout  ce  qui  concerne  le  mode  de  marché 
d'après  lequel  on  devra  traiter  pour  l'approvisionnement  de 
ces  places  ;  il  n'est  pas  encore  en  état  de  faire  connaître  à 
S.  M.  le  résultat  des  ordres  qu'il  a  donnés  en  conséquence. 

L'intendant  général, 
ViLLEMANZY. 

LE   MAJOR   GÉNÉRAL   A   l'iNTENDANT   GÉNÉRAL. 

W'ùrzburg,  4  octobre  1806. 

L'Empereur  vous  a  demandé,  M.  l'intendant  général,  s'il 
y  avait  des  fours  à  WUrzburg,  à  Bamberg  et  à  Kronach  ;  il 
vous  a  ordonné  d'en  faire  construire  8  dans  chacune  de  ces 
places,  mais  bien  entendu  que  s'il  en  existait  déjà  2,3,4,  etc., 
dans  une  de  ces  places,  il  ne  faudrait  alors  faire  faire  que  le 
surplus. 

L'Empereur  a  donné  l'ordre  que  l'on  fît  filer  sur  Kronach 
150,000  rations  de  biscuit;  il  vous  en  arrive  de  Mayence 
60,000*;  faites-les  également  diriger  sur  Kronach.  Vous 
avez  dit  hier  qu'il  y  avait  50,000  rations  de  plus  à  Wtirzburg; 
faites-les  également  filer  sur  Kronach,  et  tous  les  jours  à 
mesure  qu'il  s'en  fait  à  WUrzburg,  vous  devez  les  faire  diri- 
ger également  sur  le  même  lieu. 


1.  De  ces  60,000  rations  de  biscuit,  80,ooo  seulement  étaient  arrivées  le 
5  à  WUrzburg. 


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4    OCTOBRE.  301 

L'Empereur  vous  a  dit  hier  qu'il  fallait  dans  la  journée 
400  à  500  quintaux  de  farine  dans  la  citadelle  pour  les 
convertir  en  pain  à  mesure  que  cela  serait  nécessaire  pour 
les  troupes. 

S.  M.  trouve  que  c'est  une  manière  inconvenante  d'admi- 
nistrer que  de  s'adresser  aux  municipalités  pour  les  choses 
que  Ton  peut  payer  '. 

M.  Beckmann  doit  verser  20,000  quintaux  de  grains  ;  il 
faut  tenir  à  ce  qu'ils  le  soient  à  Wttrzburg  ;  par  là  il  y  aura 
encore  de  bons  magasins  à  la  citadelle. 

L'Empereur  vous  a  ordonné  hier  de  conclure  un  marché 
à  Bamberg  pour  approvisionner  cette  ville  de  20,000  quin- 
taux ;  vous  avez  été  autorisé  à  promettre  que  l'on  payerait 
sur-le-champ  par  tiers  de  chaque  livraison  faite  ;  stipulez 
pour  Bamberg  que  ce  sera  en  farine  et  en  farine  de  pain 
de  munition  ',  ce  qui  changera  beaucoup  le  prix.  Ne  faites 
rien  transporter  de  Wttrzburg  à  Bamberg  que  le  seul 
biscuit.  Occupez- vous  de  vous  approvisionner  d'eau-de-vie. 
Songez  que  les  points  de  Forchheim,  Bamberg  et  Kronach 
sont  ceux  où  les  subsistances  doivent  être  en  quantité 
suffisante  pour  nourrir  toute  l'armée  pendant  un  mois  ;  les 
grands  magasins  doivent  être  dans  les  forteresses  de  Forch- 
heim et  de  Kronach,  parce  que  Bamberg  est  une  ville  ou- 
verte, et  qu'il  n'y  peut  rien  rester  quand  l'armée  sera  en 
marche. 


LE  MARÉCHAL   LEFEBVBE   AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Schwoinfurt,  4  octobre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  le  rapport  des  reconnais- 
sances du  9*  de  hussards  que  j'ai  poussées  en  avant  pour  re- 
connaître le  pays  et  avoir  des  renseignements  de  l'ennemi. 


1. 11  est  probable  que  les  marchés  avaient  été  passés  par  le  canal  des  mu- 
nicipalités ou  simplement  que  Ton  avait  demandé  aux  municipalités  à  quels 
fournisseurs  on  pouvait  s'adresser. 

s.  Ces  30,000  quintaux  devaient  donner  i,800,ooo  rations. 


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302  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

«  Les  Prussiens  n'ont  dans  la  partie  de  Meinungen, 
«  Romhild,  Hildburghausen  et  Coburg  que  des  petits  piquets 
«  de  20,  60  et  80  hommes  des  deux  régiments  de  hussards  de 
«  Keller  et  de  Platz. 

«  Le  pays  en  avant  de  KQnigshofen  est  assez  ouvert,  mais 
«  peu  praticable  pour  l'artillerie  ;  sur  la  droite  il  est  très- 
«  boisé,  très-monjueux  et  oflfre  des  obstacles  presque  insur- 
«  montablesà  Tartillerie.  » 


LE   GÉNÉRAL   SAVABY  A   l'eMPEEEUR. 


Mùnnersladt,  4  octobre  1806,  au  matin. 

Je  crois  intéressant  de  rendre  compte  à  V.  M.  de  la  ren- 
contre que  je  viens  de  faire  cette  nuit  d'un  marchand  venant 
de  Leipzig  où  il  était  allé  à  l'occasion  de  la  foire. 

Il  se  trouvait  à  Dresde  le  13  et  le  14  de  septembre.  Il  y  a  vu 
passer  pendant  ces  2  jours  le  corps  du  prince  Hohenlohe  qui 
venait  de  Breslau  et  qui  prenait  la  route  de  Baireuth  sur 
Freyberg,  mais  qui  n'avait  encore  d'ordres  que  pour  aller 
jusqu'à  Chemnitz.  Il  sait  qu'il  y  avait  dans  ce  corps  10  régi- 
ments d'infanterie.  Il  dit  qu'il  a  vu  beaucoup  de  cavalerie, 
mais  qu'il  ne  sait  pas  le  nombre  des  régiments.  Il  assure  aussi 
que  les  Saxons  marchent  en  partie  par  cette  direction  sous 
les  ordres  du  prince  Hohenlohe. 

Il  a  vu  à  Leipzig  beaucoup  de  troupes  prussiennes,  et  tous 
les  jours  il  en  arrivait  venant  du  Brandeburg  et  que  l'on  entas- 
sait jusqu'à  150  hommes  par  maison  dans  tous  les  villages  voi- 
sins. Il  m'a  dit  avoir  causé  avec  des  marchands  russes  qu'il 
a  trouvés  à  la  foire  de  Leipzig,  venant  de  la  Pologne,  et  qui 
lui  ont  dit  avoir  vu  les  premières  troupes  de  leur  nation  en 
marche  vers  Breslau  en  Silésie,  où  elles  devaient  arriver  le 
24  septembre.  Il  m'a  dit  aussi  que  les  bruits  publics  portaient 
cette  armée  russe  à  80,000  hommes.  Je  lui  ai  fait  répéter  deux 
fois  la  même  chose  relativement  à  ces  marchands  russes  de 
Leipzig,  et  il  a  confirmé  ce  qu'il  avait  dit. 


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4    OCTOBRE.  303 

Il  se  trouvait  dimanche  dernier'*  à  Naumburg  sur  la  route 
de  Leipzig  à  Weimar  ;  là  était  le  quartier  du  roi  de  Prusse, 
où  il  se  trouvait  avec  la  Reine,  qui  devait  en  partir  le  lendemain 
pour  retourner  à  Berlin  ;  on  attendait  le  même  jour,  dimanche, 
le  duc  de  Brunswick  et  le  grand-duc  de  Hesse-Cassel,  à  ce 
qu'on  lui  a  dit,  et  il  a  entendu  dire  que  Tarmée  de  Westphalie 
devait  aussi  arriver  très-incessamment. 

n  a  vu  défiler  à  Naumburg  une  colonne  de  10  régiments  de 
cavalerie.  A  l'en  croire  il  y  aurait  20,000  hommes  dans  ces 
lOrégiments,  ce  qui  n'est  pas  possible.  Les  rapports  publics 
annonçaient  que  toutes  les  troupes  prussiennes  rassemblées 
dans  les  environs  montaient  de  130,000  à  140,000  hommes, 
mais  il  n'en  savait  pas  davantage  là-dessus.  Il  m'a  dit  aussi 
n'avoir  rien  vu  de  plus  beau  que  toute  cette  cavalerie,  et 
qu'elle  éprouvait  de  l'impatience  de  voir  que  cela  tardait  si 
longtemps  à  commencer,  qu'elle  bouillait  d'ardeur,  mais  que 
leur  infanterie  n'était  pas  la  même  chose. 

P.-S.  —  Il  y  a  à  MUnnerstadt  3  compagnies  de  la  21*  légère 
et  25  chevaux  que  leur  commandant  envoie  sur-le-champ  à 
NeuBtadt. 


LE  GBAND-DUC  DE  BERG  A  L  EMPEREUR. 

Bamberg,  4  octobre  J80Ç. 

Je  viens  de  passer  la  revue  de  la  4®  division  de  dragons 
qui  avait  eu  ordre  de  se  réunir  ce  matin  à  Staffelbach,  et  de 
la  3*  qui  se  trouvait  rassemblée  aux  environs  d'Hallstadt.  Je 
les  ai  trouvées  en  tous  points  dans  le  meilleur  état  possible  ; 
elles  ont  défilé  aux  cris  répétés  de  «  Vive  l'Empereur!  » 
Jamais  troupes  ne  furent  mieux  disposées.  Cependant  quel- 
ques régiments  auraient  besoin  de  quelques  selles.  J'ai  auto- 
risé les  colonels  à  acheter  en  général  tout  ce  dont  ils  ont  un 
besoin  indispensable.  J'ai  fait  renvoyer  sur  les  derrières  les 
gros  équipages  et  en  général  tout  attirail  inutile  ;  il  est  bien 


1.  Dimaacbe  28  septembre. 


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304  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 

malheureux  que  le  ministre  directeur  de  la  guerre  ait  empê- 
ché que  les  effets  d'habillement  et  d'équipement  soient  par- 
venus à  l'armée. 

Il  y  a  plusieurs  emplois  de  colonels  et  lieutenants-colonels 
vacants. 

Le  général  Sahuc  n'a  qu'un  général  de  brigade,  M.  le  gé- 
néral Laplanche,  homme  âgé  et  qui  m'a  paru  un  peu  froid. 
Le  général  de  division  lui-même,  très-brave  d'ailleurs,  est 
général  de  division  depuis  très  peu  de  temps.  Il  serait  bien 
nécessaire  d'attacher  à  cette  division  deux  bons  généraux  de 
brigade  un  peu  plus  actifs  et  plus  ardents.  S'il  entrait  dans 
les  vues  de  S.  M.  de  faire  des  promotions  de  généraux  de 
brigade,  je  lui  proposerais  les  colonels  Maupetit  du  9*  de 
dragons,  Reynaud  du  20*,  Barthélémy  du  15%  et  Clément 
du  16*  ;  ce  sont  des  officiers  qui  ont  tous  très-bien  servi,  et  je 
suis  persuadé  d'avance  qu'ils  justifieraient  le  choix  de  V.  M. 
Cependant,  si  cette  mesure  n'entrait  pas  dans  vos  vues,  je 
demanderais  des  généraux  attachés  à  la  cavalerie  des  corps 
d'armée  ;  les  régiments  qui  en  font  partie  se  battant  rarement 
en  ligne  et  presque  toujours  partiellement,  leurs  colonels 
pourraient  leur  suffire.  Le  général  Viallanes  conviendrait 
parfaitement  à  une  division  de  dragons  ;  il  a  constanmient 
servi  dans  cette  arme.  M.  le  général  Margaron  serait  égale- 
ment propre  à  ce  service.  Sire,  je  ne  saurais  trop  vous  le  ré- 
péter, j'ai  besoin  de  quelques  bons  généraux  de  cavalerie,  je 
supplie  instamment  V.  M.  de  m'en  accorder.  Je  vais  atta- 
cher le  général  Latour-Maubourg  à  la  3*  division  de  dra- 
gons. 

Voici,  Sire,  la  position  qu'occupe  aujourd'hui  le  corps  de 
réserve  de  cavalerie  : 

La  division  Nansouty  à  Eltmann  ; 

La  division  d'Hautpoul  à  Burg-Ebrach  ; 

La  3*  division  de  dragons  à  Hallstadt  ; 

La  4'  division  de  dragons  à  Bannach  ; 

La  division  légère  à  Lichtenfels  et  Kronach. 

Les  divisions  de  dragons  qui  ne  sont  point  couvertes,  ont 


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4   OCTOBRE.  305 

ordre  de  se  garder  militairement  et  d'observer  soigneusement 
tous  les  débouchés  qui  conduisent  en  Saxe  ^ 

La  division  Beaumont  qui  occupe  depuis  Hallstadt  jusqu'à 
Lichtenfels  s'y  trouve  confondue  avec  toute  l'infanterie  du 
maréchal  Davout  et  y  est  par  conséquent  mal.  Elle  serait 
très  bien  en  avant  de  Battelsdorf  jusqu'à  la  frontière  de 
Saxe,  mais  je  ne  l'y  enverrai  pas  avant  d'avoir  reçu  l'autori- 
sation de  V.  M.,  craignant  de  l'écarter  de  la  ligne  d'opéra- 
tions. 

Après-demain  je  passerai  la  revue  des  divisions  Nansouty 
et  d'Hautpoul.  Demain  matin  je  verrai  la  cavalerie  légère. 
Je  vais  me  rendre  ce  soir  à  Kronach. 

Je  n'ai  encore  reçu  aucune  nouvelle  dés  divisions  Klein  et 
Grouchy. 

LS  OiKÂBAL  DAULTAKKE  AUX  GÉNÉBAUX  FBIANT  BT  GUDIN. 

Bamberg,  4  oclobre  1806. 

M.  le  Maréchal  vous  autorise  à  étendre  vos  cantonnements  sur  les 
deux  rives  de  la  Sednitz,  mais  de  manière  cependant  à  être  promp- 
tement  réunis. 

L'ordre  impératif  de  rEmpereur  est  que  le  corps  d'armée  ait  poar 
8  jours  de  pain,  dont  4  en  biscuit  ou  pain  biscuité.  Il  devient  de  la 
plus  yiye  importance  que  votre  commissaire  des  guerres  tâche  d'être 
en  mesure  pour  avoir  toujours  4  jours  de  pain  en  avance.  Celui  que 
vous  avez  en  ce  moment  dans  les  caissons  sera  déchargé  pour  être 
distribué  au  besoin,  et  les  caissons  demeureront  disponibles  pour 
charger  le  pain  biscuité  que  Ton  fabrique  ici. 

Une  longue  expérience  m'ajant  démontré  combien  il  fallait  peu 
compter  sur  les  promesses  de  ce  genre,  qu'un  rien  peut  paralyser,  je 
vous  conseille  de  faire  fabriquer  également  de  ce  pain  biscuité.  En 
multipliant  les  manipulations,  on  obtiendra  davantage. 


!•     LB  COLOVML   BBURMAHir,    DU    17*    DB  DBAGOITS,   AU  aivABAI.  LAPLAKCHB. 

Glensdorf,  5  octobre  isoe. 
D'après  vos  ordres  j*ai  envoyé  ce  matin  à  la  pointe  du  jour  un  officier  en 
reconnaîasanco  sur  la  route  do  Goburg  ;  il  m*a  rapporté  avoir  rencontre  une 
ptlrooille  du  4*  régiment  de  hussards,  de  la  division  du  générai  Drouet,  corps 
d'armée  de  M.  le  prince  de  Ponte-Gorvo,  entre  Gleusen  et  Rossach,  qui  rentrait 
de  la  découverte  ;  le  brigadier  qui  la  commandait  lui  a  dit  avoir  rencontré  un 
poste  de  4o  hussards  prussiens  entro  Rossach  et  Heirath ,  ayant  9  vedettes 
rapprochées  du  premier  endroit.  Voilà,  mon  général,  tous  les  renseignements 
^e  j  ai  pu  avoir  jusqu'à  présent  sur  l'ennemi. 

CAMP.   DB  PBD88B.  20 


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306  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE    QÂKÂBAL   DAULTANNB   AUX   QÉNÊBAUX   XOBAND,    FBIANT,   OUDDI 
ET    HAKNICQUB. 

Bamberg,  4  octobre  18O6. 

Les  circonstances  sont  telles  que  M.  le  Maréchal  a  cm  qu'il  était 
sage  de  prendre  des  mesures  à  l'avance  afin  d'enlever  dans  le  pajs 
de  Baireuth  les  chevaux  qui  nous  manquent  pour  le  complément  des 
attelages  de  l'artillerie  du  corps  d'armée.  J'ai  en  conséquence  l'hon- 
neur de  vous  adresser  une  instruction  contenant  les  dispositions  pré- 
liminaires à  prendre  pour  l'exécution  de  ce  projet. 

Il  est  nécessaire  que  vous  donniez  vos  ordres  pour  le  placement 
des  détachements  indiqués  pour  votre  division  ;  je  vous  invite  à  don- 
ner les  instructions  de  détail  pour  que  cette  opération  se  fasse  dans 
le  plus  grand  ordre  et  que  vous  en  chargiez  des  officiers  de  choix, 
dont  l'intelligence  et  la  délicatesse  vous  soient  parfaitement  connues, 
car  s'ils  s'oubliaient  au  point  de  sacrifier  l'honneur  à  l'intérêt,  ce 
seraient  des  officiers  perdus. 

Tous  les  chevaux  seront  réunis  à  Forchheim  et  remis  à  M.  le  co- 
lonel d'artillerie  Charbonnel,  qui  après  les  avoir  fait  marquer  et 
classer,  en  fera  la  répartition  conformément  aux  instructions  qu'U  a 
reçues  à  cet  égard. 

Les  chevaux  de  selle  destinés  pour  les  officiers  d'état-major  seront 
conduits  à  Bamberg  où,  sous  les  yeux  de  M.  le  Maréchal,  la  réparti- 
tion en  sera  faite. 

Je  vous  supplie,  mon  cher  général,  de  veiller  à  ce  qu'il  ne  Boit 
fait  dans  cette  opération  aucun  gaspillage,  car  vous  savez  combien 
cela  donnerait  d'humeur  à  M.  le  Maréchal  s'il  venait  à  en  être  ins- 
truit. Ne  confiez  à  personne  le  vrai  motif  du  placement  de  ces  déta- 
chements ;  préparez  toutes  vos  instructions  de  manière  que  lorsque 
le  moment  d'agir  sera  arrivé,  vous  ne  soyez  arrêté  par  rien:  aussitôt 
que  ce  moment  me  sera  connu,  j'aurai  soin  de  vous  en  instruire  le 
plus  promptement  possible  '. 

Instrttction. 

La  2^  division  enverra  un  détachement  de  40  chevaux  et  2  com- 
pagnies de  voltigeurs  à  H^chstadt  et  Lonnerstadt;  au  jour  déterminé 
cette  colonne  se  portera  rapidement  sur  Dachsbach  et  Nenstadt.  Une 


1.  Ordre,  5  octobre.  —  L'intention  do  M.  le  Maréchal  est  que,  sans  perdre 
un  seul  instant,  vous  fassiez  enlever  les  chevaux  sur  les  points  qui  vous  ont 
été  indiqués  sur  le  territoire  soumis  à  la  domination  prussienne. 


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4    OCTOBRE.  307 

compagnie  de  voltigeurs  et  20  chevaux  feront  halte  à  Dachsbach  et 
aue  2*  compagnie  de  voltigeurs  et  le  restant  de  la  cavalerie  se  por- 
teront sur  Neustadt.  Après  avoir  calculé  la  distance  pour  donner  le 
temps  au  détachement  qui  se  rendra  sur  Neustadt  d'arriver,  les  ré- 
quisitions seront  frappées  en  même  temps,  et  il  faudra  que  les  ave- 
nues soient  gardées  par  de  petits  détachements  embusqués  qui  feront 
mftin  basse  sur  tous  les  chevaux  qui  chercheraient  à  s'échapper.  Je 
présume  que  Ton  peut  enlever  30  chevaux  de  trait  sur  chacun  de 
ces  points,  et  de  plus  5  chevaux  de  selle  à  Dachsbach  et  15  à  Neu- 
stadt. Ces  divers  détachements  en  se  retirant  sur  Forchheim  peuvent 
encore  enlever  une  quarantaine  de  bons  chevaux. 

La  3*  division  enverra  une  compagnie  de  voltigeurs  et  de  grena- 
diers ainsi  que  40  chevaux  à  Wilhemsdorf  et  un  pareil  détachement 
à  Langenzein  ;  le  détachement  de  Wilhemsdorf  se  portera  rapide- 
ment à  Windsheim  et  occupera  en  même  temps  Ipsheim  et  Lin- 
kersbeim  ;  en  se  portant  sur  Windsheim-,  une  demi-compagnie  de 
voltigeurs  et  quelques  chevaux  seront  laissés  à  Markers  et  Neuhof 
et  n'entreront  dans  ces  deux  endroits  que  2  heures  après  que  le  fort 
du  détachement  se  sera  porté  en  avant. 

Le  détachement  de  Langenzein  se  divisera  en  deux  colonnes  qui 
86  porteront  Tune  sur  Herzog-Aurach  et  l'autre  sur  Emskirchen. 

Le  colonel  Charbonnel  avec  25  chevaux,  la  compagnie  de  pon- 
tonniers et  une  d'artillerie  ainsi  qu'avec  un  détachement  d'infanterie 
de  la  garde  du  parc  se  portera  sur  Bayersdorf,  Erlangen  et  autres 
villages  dépendant  de  cette  principauté  :  la  ville  d'Erlangen,  outre 
les  chevaux  de  trait,  fournira  20  chevaux  de  selle  *. 

Tous  les  chevaux  qui  seront  enlevés  par  ces  divers  détachements 
seront  réunis  à  Forchheim  où  ils  seront  de  suite  marqués,  signalés, 
accouplés  et  répartis  entre  les  2*  et  3*  divisions  et  le  parc  en  raison 
des  besoins. 

Les  chevaux  de  selle  seront  conduits  au  chef  d'état-major  général 
à  Bamberg,  lequel,  après  avoir  pris  les  ordres  de  M.  le  Maréchal,  en 
fera  la  répartition  à  MM.  les  officiers  des  états-majors. 

Tous  les  chevaux  de  trait  seront  enlevés  avec  leurs  harnais. 


I.  LB   OéviRAL   DAULTAHNB   AU    Ol^NÉRAL   OUDEK. 

Bamberg,  6  octobre  1806. 

M.  le  Maréchal  vous  charge  de  faire  dire  au  colonel  Charbonnel,  qui 

est  à  Erlangen ,  que  les  chevaux  que  roa  y  livre  seront  expertisés  et  qu'ils 
seront  payés,  mais  que  dans  tous  les  cas  il  faut  que  les  clievaux  soient 
livré«. 


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308  CAMPAGNE   DE   PRUSSE. 


LE   MABÉCHAL   SOULT  AU  MAJOR   GÉNÉRAL. 

Amberg,  4  octobre  1896. 

J'ai  rhonneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  qu'en  exécution 
des  ordres  qu'elle  m'a  adressés  par  sa  dépêche  du  3,  j'envoie 
ordre  au  22®  de  chasseurs  qui  était  resté  à  Braunau  d'en 
partir  sur-le-champ  pour  joindre  à  grandes  marches  le  corps 
d'armée.  J'ai  prévenu  de  cette  disposition  le  général  Merle. 

Par  mon  rapport  de  ce  matin,  j'ai  rendu  compte  à  V.  A. 
de  la  position  du  corps  d'armée. 

La  cavalerie  légère  à  Thumdorf,  la  division  du  général 
Legrànd  à  Thumbach,  la  division  du  général  Levai  à  Haag, 
et  la  division  du  général  Saint-Hilaire  àWilsecketSchlicht. 

La  cavalerie  légère  et  les  deux  premières  divisions  d'in- 
fanterie ont  dû  prendre  position  et  bivouaquer;  il  était 
impossible  de  les  faire  cantonner  sans  leur  faire  embrasser 
une  grande  étendue  de  terrain,  ce  qui  eût  nui  à  leur  rassem- 
blement et  retardé  le  mouvement  lorsque  je  recevrai  l'ordre 
de  me  porter  en  avant. 

Je  compte  avoir  du  pain  pour  4  jours,  indépendanmient 
de  100,000  rations  de  biscuit,  qui,  dans  3  jours,  auront  joint 
le  corps  d'armée  ;  mais  si  la  situation  où  est  le  corps  d'armée 
venait  à  se  prolonger,  la  régence  du  Haut-Palatinat  aurait 
de  la  difficulté  à  renouveler  le  pain  qui  serait  journellement 
consommé. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  que  M.  le  général 
Guyot  a  joint  le  corps  d'armée. 

Dans  l'espoir  que  le  4,  en  continuant  le  mouvement,  je 
serais  entré  dans  le  pays  de  Baireuth,  j'avais  porté  à  Thum- 
dorf le  11*^  de  chasseurs,  d'où  il  eût  pu  en  2  marches  se 
rendre  à  sa  nouvelle  destination  et  ainsi  éviter  le  détour  par 
Nuremberg  qu'il  aurait  dû  faire  pour  s'y  porter,  mouvement 
qui  eût  demandé  au  moins  6  marches  ;  quoique  le  mouvement 
du  corps  d'armée  ait  été  retardé  d'un  jour,  je  prie  V.  A. 
d'agréer  que  ce  régiment  prenne  la  direction  que  j'ai  cî-des- 


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4   OCTOBRE.  309 

£08  indiquée  et  que,  d'après  Taris  qu'elle  veut  bien  me 
donner  que  le  5  je  serai  dans  le  cas  de  me  remettre  en  marche, 
je  crois  devoir  maintenir,  d'autant  plus  que  le  régiment  abrège 
ainsi  considérablement  le  chemin  qu'il  aurait  à  faire  pour 
aller  à  Lichtenfels. 

J  observerai  à  Y.  A.,  à  l'égard  de  ce  régiment,  qu'étant 
parti  de  Gravenau  et  de  Schomberg  à  hauteur  de  Passau 
où  il  était  cantonné,  il  n'a  pu  terminer  son  mouvement  en 
avant  d'Amberg  que  le  3,  et  qu'ainsi  il  n'a  pas  perdu  de 
temps  pour  se  rendre  à  la  nouvelle  destination  qui  lui  est 
assignée. 

OBDBE. 

Amberg,  4  octobre  1806. 

Les  troupes  du  corps  d'armée  prendront  position  dans  les  lieux 
qni  leur  ont  été  indiqués  par  Tordre  du  3  ;  à  cet  effet  le  général 
Onyot  fera  bivouaquer  la  cavalerie  légère  qu'il  commande  près  de 
Thumdorf  toujours  sur  le  territoire  bavarois,  et  se  gardera  militai- 
rement. Il  donnera  les  ordres  les  plus  précis  pour  qu'aucune  troupe 
ne  8'établisse  dans  les  possessions  prussiennes  ni  y  commettent  au- 
cune hostilité  '. 

Si  MM.  les  généraux  Legrand*  et  Levai  éprouvaient  des  difficultés 


1.  LB  MABiCBAL  tOULT   AU   otmàRÂJé  OUTOT. 

Amberg,  4  octobre  1806. 

Vous  avez  reçu  ordre ,  M.  le  général ,  d*ëtablir  la  division  que  vous  com> 
mandez  à  Thumdorf,  territoire  bavarois  ;  ayez  soin  qti*aucune  de  tos  troupes 
n'occupe  les  dépendances  prussiennes,  mais  gardez-vous  militairement. 

Vous  enverrez  un  détachement  de  15  chevaux,  commandé  par  un  ofQcier, 
i  Kemnat  (par  Biberach  et  Neustadt-am-Gulm),  afin  d'éclairer  la  route  qui 
Ta  de  Kemnat  à  Hof  par  Wunsiedel  ;  mais  commandez  aussi  à  ce  détache* 
meut  de  ne  point  sortir  du  territoire  bavarois.  L*offlcier  qui  le  commandera 
aura  ordre  de  prendre  tous  les  renseignements  qu*il  pourra  acquérir  sur  les 
mouvemeats  et  forces  des  troupes  prussiennes  dans  le  pays  de  Baireuth  et 
particulièrement  du  côté  de  Hof.  Faites  en  sorte  d'envoyer  des  émissaires 
vers  Hof  par  Baireuth,  et  rendez-moi  compte  de  tous  les  renseignements  qui 
TOUS  parviendront. 

Ordre  au  général  Guyot  de  tenir  son  artillerie  et  la  plus  forte  partie  de  sa 
troupe  sur  la  grande  route  de  Baireuth,  en  se  gardant  avec  soin. 

>•  LM   MABÉCHAL   SOULT   AU   OàmÈRAlM   LBOBAVD. 

Amberg,  4  octobre  1806. 
Diaprés  Tordre  de  mouvement  que  vous  avez  reçu,  la  division  que  vous 
commandez  doit  s'établir  à  Thumbach.  Donnez  des  ordres  pour  qu'elle  se  garde 
militairement,  surtout  sur  la  route  qui  conduit  à  Kemnat  par  Tramersdorf  et 
Neustadt-am-GuIm.  Il  est  vraisemblable  que  je  vous  joindrai  pendant  la  nuit 
et  que  demain  je  vous  donnerai  des  ordres  pour  continuer  le  mouvement. 


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310  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

pour  cantonner  leurs  troupes,  le  premier  aux  environs  de  Thumbach 
et  le  second  entre  Thumbach  et  Haag,  ainsi  qu'il  est  dit  dans  Tordre 
du  3.  ils  feraient  bivouaquer  leurs  divisions  respectives,  en  prenant 
à  cet  effet  une  position  militaire  et  ordonneraient  que  les  distribntionfi 
fussent  faites  à  la  troupe. 

Le  général  Saint-Hilaire  fera  cantonner  sa  division  entre  Hambach. 
Schlicbt  et  Vilseck  %  ainsi  qu'il  est  dit  dans  Tordre  du  3,  et  fera 
garder  en  réserve  les  subsistances  qui  ont  été  envoyées  à  la  division 
pour  être  distribuées  à  la  troupe  lorsqu'elle  aura  ordre  de  camper. 

Le  général  Saint-Hilaire  laissera  2  compagnies  de  grenadiers  à 
Amberg  pour  la  garde  du  quartier  général  qui  reste  dans  cette  ville 
jusqu'à  nouvel  ordre  *. 

Le  parc  d'artillerie  s'établira  en  avant  d' Amberg. 

L'Ordonnateur  en  chef  prendra  des  mesures  pour  faire  remplacer 
aux  divisions  les  subsistances  qu'en  vertu  de  cet  ordre  elles  auront 
consommées,  afin  qu'elles  conservent  toujours  l'avance  pour  2  jouK 
qui  leur  a  été  faite  '.  A  cet  effet  MM.  les  généraux  donneront  ordre 
aux  régiments  de  renvoyer  les  caissons  d'équipages  militaires  qui 
sont  à  leur  disposition  à  Amberg  pour  charger  du  pain  en  rempla- 
cement de  celui  qui  aura  été  distribué  à  la  troupe.  Ils  donneront 
aussi  des  ordres  pour  que  l'eau-de-vie  qui  leur  a  été  envoyée,  soit 
conservée  et  qu'il  n'en  soit  fait  de  distribution  que  sur  Tordre  que 
donnera  le  Maréchal  commandant  en  chef  lorsqu'il  y  aura  lieu. 

MM.  les  généraux  prendront  les  mesures  les  plus  sévères  pour 

1.  LE   MARÉCHAL   BOULT    AU   OÉITAbAL   8AIHT-HILAIBE. 

Amberg,  4  octobre  1806. 

D'après  Tordre  de  mouvement  que  vous  avez  reçu ,  la  division  que  vous 
commandez  doit  s'établir  eniro  Hambach  et  Vilseck  ;  donnez  ordre  au  régi- 
ment qui  occupe  Hambach  de  se  garder  militairement  sur  la  route  qui  con- 
duit à  Kemnat  et  à  Hirschau  par  Gebcubach;  je  compte  que  ce  soir  ou  pen- 
dant la  nuit  voua  recevrez  de  nouveaux  ordres  pour  continuer  le  mouvement. 

2.  LS    MAKÉCHAL   80ULT    AD    oAkÉBAL    LBGRIKD. 

Amberg,  5  octobre  1806. 
J'attends  à  toul  instant  des  ordres,  et  ce  seul  motif  me  retient  à  Amberg. 

S.  OBDBB    DU   JOUB. 

Amberg,  4  octobre  1806. 

En  éxecution  du  décret  impérial  qui  accorde  un  supplément  de  4  onces  de 
pain  par  ration  pour  tenir  lieu  de  pain  de  soupe  aux  troupes  qui  sont  en 
campagne,  le  Maréchal  commandant  en  chef  charge  l'ordonnateur  du  corps 
d'armée  de  prendre  des  mesures  pour  qu'à  l'avenir  la  ration  de  pain  qui  sera 
distribuée  à  la  troupe  soit  composée  de  28  onces  au  lieu  de  24,  ou  de  faire 
tenir  lieu  du  supplément  de  4  onces  de  pain  par  ration  aux  sous-officiers  et 
soldats  dans  le  cas  que  le  poids  des  rations  après  la  fabrication  ne  serait  que 
de  94  onces. 

Les  bons  qui  seront  présentés  lors  des  distributions  seront  dressés  en 
conséquence. 

M*»   SOULT. 


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4  OCTOBRE.  311 

maintenir  Tordre  et  la  discipline  dans  la  tronpe  ;  ils  empêcheront 
snrtoat  qa*aacan  dégât  ni  vexation  soient  commis,  sons  qnelqne  pré- 
texte que  ce  soit. 

M*»   SotTLT. 


LE  MABÉCHAL  NET  AU  MAJOB  OÉNEBAL. 

Nuremberg,  4  octobre  1806. 

L'avant-garde  commandée  par  le  général  Colbert,  com- 
posée de  4  compagnies  de  voltigeurs,  2  pièces  d'artillerie 
légère  et  les  3^  régiment  de  hussards  et  10*  de  chasseurs, 
occupera  le  5  et  le  6  Betzenstein  et  Pottenstein,  observant 
Pegnitz  et  ayant  un  double  cordon  d'avant-postes  vis-à-vis 
la  frontière  du  pays  de  Baireuth. 

La  2*  division,  commandée  par  le  général  Marchand,  com- 
posée des  6'  légère,  39%  69*  et  76%  occupe  aujourd'hui  4 
Rottenberg  et  Lauf  ;  elle  a  un  régiment  d'infanterie  légère  à 
Oberau,  route  de  Betzenstein. 

Demain  ô  cette  division  s'avancera  sur  Betzenstein  et 
poussera  un  régiment  à  Weindensees  qui  touche  à  la  frontière 
du  pays  de  Baireuth. 

La  3*  division,  aux  ordres  du  général  de  brigade  Marco- 
gnet,  composée  des  25*  légère  et  50*  de  ligne,  27*  et  59*,  a 
aujourd'hui  4  sa  1"  brigade  à  Nuremberg  et  la  2"  en  arrière 
de  cette  ville. 

Demain  5  elle  se  dirigera  sur  Grftfenberg  et  Hilpolstein. 

Le  général  en  chef  restera  le  5  à  Nuremberg. 

Le  parc  d'artillerie  arrivera  le  6  dans  cette  ville. 

Au  moyen  de  ces  dispositions ,  mes  troupes  peuvent  être 
rendues  à  Baireuth  le  6,  si  j'en  reçois  Tordre. 

Je  renouvelle  à  V.  A.  la  prière  que  je  lui  ai  faite  de  me 
renvoyer  le  3*  bataillon  du  25*  léger,  aussitôt  que  le  grand 
parc  qu'il  escorte  sera  arrivé  à  Wtirzburg. 

Je  prie  également  V.  A.  de  vouloir  bien  me  dire  si  la  divi- 
sion du  général  Dupont  rejoindra  le  corps  d'armée  aussitôt 
qu'il  sera  en  mouvement,  conformément  à  la  promesse  que 
l'Empereur  a  bien  voulu  me  faire. 


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312  CAMPAGNE  DE  PRUSSE. 


LE  GÉNÉRAL  DUPONT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Wûnburg,  4  octobre  180G. 

J'ai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  que  ma  division 
couchera  aujourd'hui  à  Dettelbach,  demain  5  à  Burgwind- 
heim  et  le  6  à  Bamberg.  Toutes  les  dispositions  contenues 
dans  l'ordre  du  jour  du  3  seront  exactement  remplies,  et  je 
vous  en  rendrai  compte*. 


Garde  impériale.  RAPPORT  A   L  EMPEREUR. 

Wûrzburg,  4  octobre  1806. 

Le  1"  régiment  de  chasseurs  est  parti  pour  aller  coucher 
ce  soir  à  Dettelbach,  d'où  il  se  rendra  en  2  jours  à  Bamberg. 

Les  2  compagnies  d'artillerie  destinées  à  être  attachées  à 
l'infanterie  de  la  Garde,  sont  parties  avec  le  1*'  régiment  de 
chasseurs  sous  les  ordres  du  chef  d'escadron  Boulard,  avec 
du  pain  pour  4  jours.  Elles  ont  l'ordre  de  suivre  la  même 
marche  que  les  chasseurs  à  pied  ]  elles  sont  en  très-bon  état 
en  hommes,  en  chevaux  et  en  équipages. 

Le  reste  de  la  Garde  est  prêt  à  partir  au  premier  ordre. 

11  n'y  a  eu  jusqu'ici  de  pain  fabriqué  que  pour  2  jours  5  on 


1.  LB   COLOHBL   DÀ.BUCÀ.U ,    DU    8S*,    AU   aix^BAIi    DUPOST. 

6  octobre  18O6. 

J*ai  Thonneur  de  vous  rendre  compte  que,  conformément  à  votre  ordre  du 
jour  du  s ,  j*ai  passé  la  revue  du  régiment.  Chaque  homme  est  pourvu  de 
50  cartouches,  de  8  pierres  à  feu  et  de  son  épinglette.  Il  fut  délivré  à  Dassel- 
dorf  un  tire-bourre  par  homme,  la  plupart  Tout  conservé  ;  chaque  soldat  a 
s  paires  de  souliers  dans  le  sac. 

Les  capotes  existantes  au  régiment  furent  envoyées  à  Paris  au  mois  de 
juillet,  à  l'époque  où  le  corps  reçut  Tordre  de  s'y  rendre.  H  n'existe  nulles 
marmites,  gamelles  ni  bidons,  et  le  conseil  d'administration  manque  dos 
fonds  pour  se  les  procurer. 

L'armement  est  en  bon  état,  et  pas  de  baïonnettes  manquantes. 

Ci-joint  l'état  nominatif  des  hommes  restés  au  dépôt  de  Wûrzbourg. 

Au  8*  léger,  il  n*y  avait  plus  ni  marmites,  ni  gamelles,  ni  outils  de  campe* 
ment.  —  Chaque  caporal  avait  un  tire-bourre. 


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4    OCTOBRE.  313 

espère  en  avoir  demain  pour  4.  La  fabrication  en  a  été  moins 
prompte  parce  que  V.  M.  a  défendu  que  Ton  suspendît  la 
fjEtbrication  du  biscuit. 

Une  compagnie  de  pontonniers  venant  de  Stuttgard  est 
arrivée  pour  être  attachée  à  la  Garde.  Les  ordres  ont  été 
donnés  pour  la  loger,  lui  faire  distribuer  le  pain  pour  4  jours 
et  la  tenir  prête  à  partir  avec  le  reste  de  la  Garde. 

Le  pain  est  distribué  pour  4  jours  à  ce  qui  est  parti  aujour- 
dliui. 

25  hommes  ont  été  envoyés  de  garde  à  la  citadelle  après 
le  départ  des  troupes  de  la  division  du  général  Dupont. 

Le  Maréchal 
Bessièbes. 


ToQt  le  reste  de  la  Garde  à  pied,  ainsi  que  les  marins,  pontonniers, 
etc.,  reçut  Tordre  de  partir  le  5  de  Wttrzburg  ponr  se  rendre  en 
SjoanàBamberg. 


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n 


5  OCTOBRE 


l'empebeub  au  majob  oénébal. 

Wûrzburg,  5  octobro  1806. 

Le  commandant  de  WUrzburg  doit  loger  dans  la  citadelle. 
Il  doit  avoir  un  adjoint  dans  la  place  chargé  des  détails  ^  ; 
mais  de  sa  personne,  il  doit  le  moins  possible  sortir  de  la 
citadelle  et  de  la  basse  ville,  qui  est  une  partie  de  la  cita- 
delle. 

Le  commandant  de  Tartillerie  doit  être  prévenu  que  500,000 
cartouches,  12  pièces  de  canon,  dont  6  de  24,  beaucoup  de 
boulets  et  de  poudre,  arrivent  de  Mayence  sur  5  bateaux;  il 
les  fera  mettre  sur-le-champ  en  batterie  ;  que  30  pièces  de 
canon  arrivent  dlngolstadt  ;  ce  qui  fait  plus  de  40  pièces 
pour  la  place,  et  c'est  plus  qu'il  ne  faut.  Indépendamment 
de  ce,  le  général  d'artillerie  laisse  une  partie  des  pièces  de 
campagne  de  l'équipage,  qu'il  pourra  redemander  d'un  mo- 
ment à  l'autre. 

Il  doit  y  avoir  aujourd'hui  deux  bataillons  de  troupes  de 
Bade  ;  il  va  en  arriver  jusqu'à  concurrence  de  3,000  hom- 
mes. 

Il  arrive,  aujourd'hui  ou  demain,  1,000  hussards,  chas- 
seurs ou  dragons  à  pied.  Le  8,  toute  la  Garde  à  cheval  arrive 
à  Wtirzburg  par  la  route  de  Manheim.  Le  9,  un  grand  nom- 
bre de  détachements  à  pied  et  à  cheval  viennent  par  cette 
route.  Le  10  ou  le  11,  le  28*  d'infanterie  légère  arrivera  par 
la  route  de  Mayence,  et  un  assez  grand  nombre  de  gros  déta- 
chements. 


1.  Officier  d'ëtat-major  comme  à  Casscl. 


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5   OCTOBRE.  315 

Le  28^  d'infanterie  doit  continuer  sa  marche  pour  Bam- 
berg. 

Tous  les  détachements  à  cheval  de  cavalerie  doivent  con- 
tinuer leur  marche  surBamberg.  Tous  les  gros  détachements 
d*infanterîe  doivent  continuer  également  ;  mais  aucun  moin- 
dre de  100  hommes  n'ira  isolé. 

D'ici  au  15  octobre,  tous  ces  mouvements  doivent  être  si 
nombreux,  qu'il  convient  d'avoir  ici  un  adjudant-comman- 
dant*, pour  instruire  le  major  général  de  l'arrivée  de  chaque 
détachement  et  de  leur  état  de  situation,  ainsi  que  pour  leur 
donner  l'ordre  de  continuer  leur  route  sur  Bamberg. 

Mon  intention  est  que  toute  la  place  soit  défendue  contre 
des  hussards  et  même  contre  un  corps  d'infanterie  légère 
ennemi,  sauf  à  se  retirer  dans  la  citadelle  et  dans  la  partie 
basse  de  la  ville,  sur  la  gauche  duMayn,si  un  corps  d'armée 
considérable  se  présentait  sur  Wtirzburg,  et  qu'on  ne  fût  pas 
en  force  pour  mettre  toute  la  ville  à  l'abri  d'un  coup  de  main. 
Si  véritablement  un  corps  de  cavalerie  ennemie  s'emparait 
de  la  campagne,  il  serait  urgent  que  le  commandant  envoyât 
deux  officiers  sur  les  routes  deManheim  et  deMayence,  pour 
que  tout  ce  qui  viendrait  de  Manheim  fît  un  détour  pour  se 
rendre  à  Bamberg,  sans  passer  par  WUrzburg,  et  que  tout  ce 
qui  viendi'ait  de  Mayence  y  retourne  ou  fasse  un  détourpour 
gagner  Bamberg.  Il  faudrait  avoir  soin  de  prévenir  pour  les 
courriers. 

Dans  la  journée  du  7,  le  pays  de  Wtirzburg  se  trouve  dé- 
couvert du  côté  de  Fulde  et  de  Gotha.  Il  faut  que,  le  8,  le 
commandant  se  trouve  en  mesure  de  lever  les  ponts-levis  et 
de  fermer  ses  portes,  si,  le  9  ou  le  10,  ce  qui  serait  physique- 
luent  possible,  des  hussards  se  présentaient  devant  la  ville. 
Il  lui  sera  facile  d'ailleurs  d'éclairer  les  routes  et  de  savoir, 
par  des  espions  ou  par  des  gens  du  pays,  tout  ce  qui  se  passe. 
Mais  il  est  convenable  que,  tous  les  matins,  en  ouvrant  les 
portes  de  la  ville  et  de  la  citadelle,  toutes  les  précautions 


1.  Cet  a^judaDt-comraandant  était  place  à  Wiirzburg  «  en  bureau  d^état-ma- 
jor  1.  U  servait  en  mdme  temps  de  chef  d'utat-major  au  commandant  de  la 
place. 


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316  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

soient  prises  pour  éviter  une  surprise  et  être  bien  cert&in 
qu'il  n'y  a  rien  de  nouveau.  Une  heure  avant  le  jour,  une 
patrouille  d'observation  doit  sortir,  afin  que,  le  jour  venant, 
on  puisse  être  bien  certain  qu'il  n'y  a  pas  d'ennemis. 

Tout  le  parc  d'artillerie  doit  être  placé  dans  la  ville  basse 
tenant  à  la  forteresse.  On  doit  avoir  des  sacs  à  terre,  des 
tonneaux  pour  barrer  la  porte  du  pont  en  cas  de  nécessité. 
Mais  il  ne  faut  pas  pour  cela  porter  l'alarme  chez  les  habi- 
tants. 


L'eMPEBEUB  au  MABÉCHAL   80ULT. 

Wûrzburg,  5  octobre  1806,  il  heures  du  matin. 

Le  major  général  rédige  dans  ce  moment  vos  ordres  que  vous 
recevrez  dans  la  journée.  Mon  intention  est  que  vous  soyez 
le  8  à  Baireuth.  Vous  me  renverrez  l'officier  d'ordonnance 
que  je  vous  expédie,  do  Baireuth,  du  moment  que  vous  y 
serez  arrivé,  avec  tous  les  renseignements  sur  cette  place 
que  vous  aurez  recueillis. 

Cet  officier  me  trouvera  probablement  à  Bamberg  ou  à 
Lichtenfels. 

Le  pays  de  Baireuth  à  Hof  est  un  pays  peu  propre  à  la 
cavalerie. 

Je  crois  convenable  que  vous  connaissiez  mes  projets,  afin 
que  cette  connaissance  puisse  vous  guider  dans  les  circons- 
tances importantes. 

J'ai  fait  occuper,  armer  et  approvisionner  les  citadelles  de 
Wtlrzburg,  de  Forchheim  et  de  Kronach,  et  je  débouche 
avec  toute  mon  armée  sur  la  Saxe  par  trois  débouchés.  Vous 
êtes  à  la  tête  de  ma  droite,  ayant  à  une  demi-journée  der- 
rière vous  le  corps  du  maréchal  Ney,  et  à  une  journée  der- 
rière 10,000  Bavarois,  ce  qui  fait  au  delà  de  50,000  hom- 
mes. Le  n:iaréchal  Bemadotte  est  à  la  tête  de  mon  centre.  Il 
a  derrière  lui  le  corps  du  maréchal  Davout,  la  plus  grande 
partie  de  la  réserve  de  cavalerie  et  ma  Garde,  ce  qui  forme 
plus  de  70,000  hommes.  Il  débouche  par  Kronach,  Loben- 


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5    OCTOBRE.  317 

stein  et  Schleiz.  Le  5*  corps  est  à  la  tête  de  ma  gauche.  Il  a 
derrière  lui  le  corps  du  maréchal  Augereau.  Il  débouche  par 
Coburg,  Gràfenthal  et  Saalfeld.  Cela  forme  plus  de  40,000. 
hommes.  Le  même  jour  que  vous  arriverez  à  Hof,  tout  cela 
sera  arrivé  dans  des  positions  à  la  même  hauteur. 

Je  me  tiendrai  le  plus  constamment  à  la  hauteur  du  centre. 

Avec  cette  immense  supériorité  de  forces  réunies  sur  un 
espace  si  étroit,  vous  sentez  que  je  suis  dans  la  volonté  de 
ne  rien  hasarder  et  d'attaquer  T ennemi  partout  où  il  voudra 
tenir  avec  des  forces  doubles. 

U  paraît  que  ce  qu'il  y  a  le  plus  à  redouter  chez  les  Prus- 
siens, c'est  leur  cavalerie  ;  mais,  avec  l'infanterie  que  vous 
avez,  et  en  vous  tenant  toujours  en  position  de  vous  placer 
en  carrés,  vous  avez  peu  à  redouter.  Cependant  aucun  moyen 
de  guerre  ne  doit  être  négligé.  Ayez  soin  que  3,000  ou  5,000 
outils  de  pionniers  marchent  toujours  à  la  hauteur  de  vos 
divisions,  afin  de  faire  dans  la  circonstance  une  redoute  ou 
un  simple  fossé. 

Si  l'ennemi  se  présentait  contre  vous  avec  des  forces 
moindres  cependant  de  30,000  hommes,  vous  pouvez,  en  vous 
concertant  avec  le  maréchal  Ney,  réunir  vos  troupes  et  l'at- 
taquer; mais  s'il  est  dans  une  position  qu'il  occupe  depuis 
longtemps,  il  aura  eu  soin  de  la  reconnaître  et  de  la  retran- 
cher; dans  ce  cas,  conduisez-vous  avec  prudence. 

Arrivé  à  Hof,  votre  premier  soin  doit  être  de  lier  des 
communications  entre  Lobenstein,  Ebersdorf  et  Schleiz.  Je 
serai  ce  jour-là  à  Ebersdorf.  Les  nouvelles  que  vous  aurez 
de  Tennemi,  à  votre  débouché  de  Hof,  vous  porteront  à  vous 
appuyer  un  peu  plus  sur  mon  centre  ou  à  prendre  une  posi- 
tion en  avant,  pour  pouvoir  marcher  sur  Plauen. 

Selon  tous  les  renseignements  que  j'ai  aujourd'hui,  il  pa- 
raît que  si  l'ennemi  fait  des  mouvements,  c'est  sur  ma  gau- 
che, puisque  le  gros  de  ses  forces  paraît  être  à  Erfurt. 

Je  ne  saurais  trop  vous  recommander  de  correspondre  très 
fréquemment  avec  moi  et  de  m'instruire  de  tout  ce  que  vous 
apprendrez  sur  la  chaussée  de  Dresde. 

Vous  pensez  bien  que  ce  serait  une  belle  ajBfaire  que  de  se 


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318  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

porter  autour  de  cette  place  en  un  bataillon  carré  de  200,000 
hommes.    Cependant  tout  cela  demande  un  peu  d'art  et 
^  quelques  événements. 

Lorsque  vous  m'écrirez,  ayez  soin  de  me  bien  décrire 
les  localités  par  où  vous  serez  passé  et  celles  qu'occuperait 
ou  pourrait  occuper  l'ennemie  Faites-en  faire  un  journal 
tenu  exactement  par  un  officier  du  génie.  Ces  renseigne- 
ments sont  très  importants. 


0BDBE8    DE    MOUVEMENT    ET    IKSTEUCTIONS    DU   COMMANDAET 
DE    l'aBMÂE. 

Lorsque  la  nature  du  pays  rend  les  communications  difficiles  entre 
les  colonnes  d'une  même  armée,  le  Commandant  de  Tarmée  donne 
aux  commandants  des  corps  d'armée  des  ailes  des  ordres  et  des  ins- 


1.  L'Empereur  dit  également  au  maréchal  Lannes,  le  8  octobre  :  i  Faites-moi, 
à  mesure  que  vous  passez,  la  description  des  lieux.  »  A  Taide  de  ces  rensei- 
gnements ,  le  Commandant  de  Tarmée  se  fait  une  idée  des  pays  que  parcou- 
rent les  colonnes  latérales  et  qu*il  ne  voit  pas  de  ses  propres  yeux.  Il  juge 
par  comparaison  des  difficultés  que  présente  telle  ou  tello  route  qu*il  peut 
dire  appelé  à  prendre  en  cas  d'événement. 

Dans  son  rapport  du  7  octobre ,  le  maréchal  Soult  donne  de  grands  détails 
à  l'Empereur  sur  la  position  de  Baireuth. 

Le  8  octobre,  le  général  Compans  donnait  au  colonel  du  génie  Garbé  une 
instruction  sur  la  manière  dont  le  Maréchal  voulait  que  fût  rédigé  le  jouroal 
des  marches  et  opérations  du  4«  corps. 

LB  oArAkAL  COMPAXS  AD  COLOHXL  OAKbA. 

8  octobre  1806. 

M.  le  Maréchal  commandant  en  chef  désire,  M.  le  colonel,  que  l'historique 
des  marches,  positions  et  actions  de  son  corps  d'armée  soit  rédigé  avec  le 
plus  grand  soin  et  que  toutes  les  armes  y  concourent ,  chacune  eu  ce  qui  la 
concerne. 

Veuillez  donc  bien,  d'après  les  ordres  qu'il  m*a  chargé  de  vous  trans- 
mettre, tenir  note  de  l'itinéraire  du  corps  d'armée  et  faire  lever  le  plau 
des  positions  et  des  mouvements  des  troupes;  prévenez,  je  vous  prie,  les 
officiers  qui  auront  été  chargés  de  les  lever  qu'ils  trouveront  auprès  de 
M.  Tadjudant-commandant  Binot,  sous-chef  do  l'étal-major,  tous  les  rensei- 
gnements qu'ils  pourront  désirer  concernant  ces  dispositions  et  ces  mouTe- 
ments. 

Ces  plans  devront  toujours  être  accompagnés  de  notes  explicatives  qui  en 
facilitent  l'intelligence. 

Les  intentions  de  M.  le  Maréchal  sont  que  vous  ne  borniez  pas  votre  zélé 
à  ce  travail  ;  il  désire  aussi  que  vous  fassiez  reconnaître  avec  le  plus  grand 
soin  les  pays  que  le  corps  d'armée  parcourra  pendant  la  campagne  et  que 
vous  fassiez  rédiger  des  rapports  de  ces  reconnaissances  dans  lesquels  il  soit 
fait  mention  do  tout  ce  qui  aura  été  observé  de  relatif  à  la  guerre. 

Ces  reconnaissances  devront  avoir  principalement  pour  objet  la  description 


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5    OCTOBRE.  319 

tractions  sur  les  mouvements  qu'ils  doivent  exécuter  pendant  plu- 
sieurs jours. 

11  les  dicte  ou  les  adresse  par  écrit  au  chef  d*état-major  de  Tannée 
qui  les  rédige  et  les  expédie  par  ordre  ^ 

n  leur  écrit  en  outre  lui-même  pour  leur  faire  connaître  ses  pro- 
jets afin  que  cette  connaissance  puisse  les  guider  dans  les  circons- 
tances importantes,  dépêche  du  5  octobre,  11  heures  du  matin,  au 
maréchal  Soult;  mais  ces  ordres  directs  ne  dispensent  jamais  des 
ordres  transmis  par  le  canal  du  chef  d'état-major. 

Ces  instructions  *  contiennent  d'abord  des  ordres  de  mouvement 
pour  plusieurs  jours,  pour  le  nombre  de  jours  où  le  Commandant  de 


lopograpfaique  des  positioDs  qui  paraîtront  mériter  quelque  attention,  des 
routes  et  du  pays  qui  les  avoisinent  à  la  distance  d'uue  lieue,  et  des  fleuves 
daos  le  plus  grand  détail. 

Votre  zôle,  vos  talents  me  garantissent ,  M.  le  colouel ,  que  vous  cgouterez 
de  nouvelles  idées  à  celles  que  je  viens  de  vous  communiquer,  et  que  les 
instructions  de  M.  le  Maréchal  seront  remplies  complètement. 

Comme  les  officiers  de  rétat-miyor  du  génie  ont  souvent  peu  de  chose  à 
aire  pendant  les  marches,  cette  besogne ,  aujourd'hui  comme  autrefois ,  leur 
revient  de  droit. 

1.  Les  ordres  de  mouvement,  dit  le  général  Thiébault,  émanent  toujours  de 
l'Empereur  ou  du  général  en  chef  et  sont  transmis  par  le  prince  mc^or  gé- 
néral pour  les  mouvements  qu'une  armée  doit  faire  ;  par  le  chef  de  Tétat- 
major  général  pour  tous  les  mouvements  que  les  divisions  doivent  exécuter 
dans  Tarrondisseraent  de  Tarmée  ;  par  les  chefs  d'élat-m^gor  divisionnaires 
pour  les  mouvements  qui  tiennent  aux  opérations  de  la  division  à  laquelle 
ils  appartiennent. 

Il  arrive  aussi,  ajoute  le  général  Thiébault,  que,  d*aprôs  les  ordres  du 
n»ajor  général,  un  général  en  chef  fait  transmettre  de  tels  ordres  par  son 
chef  d'état-megor  général,  mais  alors  ils  doivent  relater  l'autorité  dont  ils 
émanent. 

Quelques  personnes  prétendent  que  tout  ordre  de  mouvement  doit  être 
signé  par  les  généraux  commandants  eux-mêmes  et  non  par  leurs  chefe 
d'étatpmajor  ;  cela  n'est  pas  juste  :  la  transmission  des  ordres  de  cette  espèce 
l'ait  essentiellement  partie  des  attributions  des  chefs  d'état-major,  et  leur  si- 
gnature, en  ce  qui  tient  aux  mouvements  des  troupes  comme  au  service  a 
l»  valeur  de  celle  du  général  au  nom  duquel  ils  parlent 

(Général  Tliiébault.  4«  section,  art.  3.  Des  ordres  de  mouvement.) 

2.  Les  instructions  sont  les  développements  nécessaires  pour  assurer  la 
plus  parfaite  exécution  des  ordres  de  marche  et  de  mouvement,  ainsi  que  des 
ordres  donnés  pour  quelque  opération  de  guerre  ou  mission  que  ce  soit 

Le  but  des  instructions  est  de  prévenir  les  incertitudes  et  d'empêcher  que, 
par  de  fausses  interprétations,  on  ne  dénature  la  teneur  des  ordres,  ainsi 
que  cela  arrive  très  souvent. 

Dans  les  opérations  de  guerre,  elles  sont  d'autant  plus  essentielles  que  le 
corps  que  l'on  met  en  mouvement  doit  être  plus  isolé,  qu'il  peut  ôfre  exposé 
i quelque  danger  ou  insulte,  qu'il  s'éloigne  davantage  de  l'armée,  qu'il  doit 
parcourir  un  pays  moins  sûr,  ou  que  Tobjet  du  mouvement  est  plus  irapor- 

(Général  Thiébault,  art.  4.  Des  instructions.) 


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320  CAMPAGNE  DE  .PRU8SE. 

Tannée  sappose  qae  les  communications  seront  difficiles  ;  Tindication 
des  corps  d'armée  qui  marchent  sur  la  même  route  et  qui  doivent 
concourir  à  des  opérations  communes  ;  la  conduite  à  tenir  en  cas  de 
rencontre  de  T ennemi  ;  la  composition  des  colonnes  voisines,  leur 
direction,  l'emplacement  journalier  des  corps  d'armée,  ainsi  que  celai 
du  quartier  général  de  Tannée  ;  enfin  les  recommandations  particu- 
lières que  peut  nécessiter  Texécution  des  mouvements.  Instructions 
du.  4  octobre  au  maréchal  Lefebvre  ;  du  5  au  maréchal  Lannes,  au 
maréchal  Sonlt. 

Les  commandants  de  ces  corps  d'armée  détachés  reçoivent  com- 
munication des  instructions  données  aux  commandants  des  corps  qui 
doivent  les  appuyer.  Le  Commandant  de  Tarrnée  évite  de  les  subor- 
donner Tun  à  Tautre  en  faisant  appel  à  la  bonne  intelligence  qui 
doit  régner  entre  eux  pour  le  bien  du  service,  instruction  du  5  an 
maréchal  Soult)  ;  il  n'arrive  à  cette  extrémité  que  lorsque  des  événe- 
ments antérieurs  lui  font  craindre  de  voir  ses  opérations  sacrifiées  à 
de  vaines  étiquettes  de  commandement.  Lettre  du  21  octobre  du  ma- 
'  jor  général  au  maréchal  Bemadotte. 

Une  instruction  particulière  est  donnée  au  commandant  de  la  ca- 
valerie, la  masse  de  cette  arme  marchant  en  tête  de  la  colonne  prin- 
cipale. L'instruction  précise  le  rôle  de  la  cavalerie,  détermine  la 
répartition  des  troupes,  indique  les  points  sur  lesquels  portera  la 
reconnaissance,  et  Tappui  que  l'infanterie  prêtera  à  Topération.  Le 
Commandant  de  l'armée  fixe  lui-même  chaque  jour  l'objet  que  doit 
atteindre  la  cavalerie  de  la  colonne  à  laquelle  il  se  tient.  Instruction 
du  7  octobre,  10  heures  du  matin,  au  grand-duc  de  Berg;  dépêche 
de  TEmpereur  au  grand-duc  du  10  octobre,  5  heures  du  matin. 

Les  commandants  des  corps  d'armée  détachés  donnent  eux-mêmes 
leurs  instructions  au  commandant  de  leur  cavalerie. 

Les  corps  d'armée  dont  les  communications  avec  le  quartier  géné- 
ral sont  assurées,  reçoivent  chaque  jour  du  Commandant  de  Tannée 
un  ordre  de  mouvement  qui  indique  le  mouvement  à  exécuter,  la 
position  des  différents  corps  d'armée,  les  renseignements  recueillis 
sur  l'ennemi.  Ordres  du  6  au  maréchal  Bemadotte  ;  du  7  au  maré- 
chal Davout,  au  grand-duc,  au  maréchal  Augereau  ;  du  8  au  maréchal 
Bemadotte;  etc.,  etc. 

Lorsque  les  corps  détachés  ont  fait  leur  jonction,  ils  reçoivent 
également  des  ordres  de  mouvement.  Ordres  du  10,  11  heures  du 
matin,  au  maréchal  Soult;  du  11  au  maréchal  Ney;  du  12,  4 heures 
et  demie  du  matin,  au  maréchal  Lannes,  au  maréchal  Augereau;  etc. 

Le  Commandant  de  l'armée  n'entre  jamais  dans  les  détaUs  d'exé- 
cution qui  peuvent  être  réglés  par  les  commandants  des  corps  d'ar- 
mée, à  moins  que  les  mouvements  de  deux  eorps  d'armée  ne  nécessi- 


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5    OCTOBRE.  321 

tent  des  recommandations  particulières.  Ordre  du  6  octobre,  5  heures, 
an  maréchal  Lannes. 

Le  Commandant  de  Tarmée  peut  aussi  dans  certains  cas  donner 
des  ordres  directement  à  des  divisions  en  en  prévenant  les  comman- 
dants des  corps  d'armée  dont  elles  dépendent.  Ordres  du  8  aux  divi- 
sions Sahuc,  Nansoutj,  d*Hautpoul  ;  du  10,  6  heures  du  matin,  au 
général  Dupont,  au  général  Beaumont  ;  du  10,  8  heures  et  demie  du 
Boir,  aux  divisions  du  3*  corps  ;  etc.,  etc. 


DISPOSITIONS  DB  MABCHB  DE  l'aBHÉB.  — -  l'aBMÉE  MABCHB  r£iTRIE 
DE  FAÇON  A  SE  TBOUVBB  TOOT  ENTIÈEB  EN  24  HEUBES  SUB  UN 
XÈHB   CHAMP    DB    BATAILLE. 

Le  Commandant  de  l'armée  dispose  ses  corps  d*armée  de  manière 
à  pouvoir  attaquer  Tennemi,  partout  où  il  voudra  tenir,  avec  des 
forces  doubles.  L^Empereur  au  maréchal  Soult,  5  octobre. 

Une  armée  de  6  corps  d'armée  se  porte  en  avant  par  trois  débou- 
chés, suivis  chacun  par  2  corps  d'armée  marchant  à  une  demi-jour- 
née l'un  derrière  Tautre. 

La  colonne  du  centre,  flanquée  par  la  colonne  de  droite  et  la  co- 
lonne de  gauche,  et  précédée  par  la  masse  de  cavalerie,  s'avance  sur 
la  route  principale,  qui  est  la  ligne  d'opérations  et  de  communica- 
tions suivie  par  les  parcs,  les  convois  et  toutes  les  troupes  qui  rejoi- 
gnent. 

Chaque  colonne  est  assez  fortement  constituée  pour  attaquer  un 
ennemi  qui  se  présenterait  avec  des  forces  moindres  et  aussi  pour 
résister  à  l'attaque  de  forces  supérieures. 

Une  armée  qui  marche  dans  cet  ordre,  n'a  rien  à  redouter  ;  elle 
est  en  masse  ;  les  aUes  peuvent,  selon  les  nouvelles  de  l'ennemi,  s'ap- 
pajer  sur  le  centre,  et  en  cas  d'événement  s'adosser  à  la  colonne 
principale  qui  viendra  tout  entière  les  soutenir. 

Les  différents  débouchés  sont  séparés  par  une  demi-journée  de 
marche;  mais,  quand  à  certains  moments  les  opérations  ont  lieu 
dans  un  pays  où  les  routes  sont  peu  nombreuses,  ils  se  trouvent 
parfois  pendant  quelques  jours  à  une  forte  marche  d'intervalle.  Les 
communications  transversales  sont  reconnues  avec  le  plus  grand 
tom  pour  que  les  colonnes  puissent  se  porter  au  secours  les  unes 
des  autres  par  une  marche  de  nuit. 

Dans  une  guerre  combinée,  on  ne  peut  arriver  à  de  beaux  résultats 
4ue  par  des  communications  très-fréquentes  ;  aussi  les  commandants 
des  corps  des  ailes  doivent-ils  donner  de  leurs  nouvelles  trois  fois 
par  jour  au  Commandant  de  l'armée  qui  se  tient  le  plus  constamment 
&  la  hauteur  du  centre.  Et  il  est  fort  urgent  que  les  rapports  lui 

CAMP.  DB  PKUMC.  SI 


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322  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

arrivent  vite,  afin  qu'il  puisse  les  comparer  avec  ceux  qui  lui  par- 
viennent d'autres  côtés  et  juger  des  projets  de  l'ennemi. 

Le  Commandant  de  l'armée  règle  le  mouvement  de  ses  colomiea 
de  façon  à  ce  qu'elles  arrivent  à  certains  jours  dans  des  positions  à 
la  même  hauteur,  et  surtout  de  façon  à  ce  que  chacune  d'elles -vienne 
en  aide  par  sa  direction  aux  colonnes  voisines  et  seconde  leurs  opé- 
rations en  menaçant  les  flancs  et  les  communications  de  l'adversaire 
et  en  le  prenant  en  queue.  Tel  est  l'objet  des  marches  combinées. 
La  marche  en  échelons,  le  centre  en  avant,  dégage  les  ailes  et  leur 
permet  de  s'élever.  Par  la  marche  sur  Saalburg  et  Schleiz,les  8  et  9, 
la  colonne  du  centre  peut  intercepter  la  communication  du  corps  en- 
nemi de  Hof  avec  Schleiz,  et  seconder  la  marche  de  la  colonne  de 
droite.  L'Empereur  au  maréchal  Soult,  8  octobre,  3  heures  et  deoiie 
après-midi. 

Dans  la  journée  du  10,  pendant  le  combat  de  Saalfeld,  l'Emperenr 
fait  couper  le  chemin  de  Saalfeld  à  Géra  par  des  positions  aux  deax 
chemins  de  PCssneck  et  de  Neustadt.  L'Empereur  au  maréchal  Soult, 
10  octobre,  6  heures  du  soir. 

Le  Commandant  de  l'armée  cherche  toujours  à  menacer  les  flancs 
et  les  communications  de  l'ennemi.  Une  fois  ses  mouvements  démas- 
qués, il  les  mène  avec  une  rapidité  telle  que  l'adversaire  n'ait  plus 
le  temps  de  combiner  ses  opérations  et  de  donner  de  nouvelles  di- 
rections à  ses  colonnes. 

Le  débouché  exécuté,  le  Commandant  de  l'armée  opère  la  jonction 
de  ses  colonnes  et  serre  ses  ailes  sur  son  centre  pour  être  prêt  à  tout 
événement,  maréchal  Ney  sur  Tanna  le  10  ;  maréchal  Lannes  sur 
Possneck  et  Neustadt  le  11  ;  après  cela,  si  l'ennemi  l'attaque,  il 
sera  enchanté  ;  si  l'ennemi  se  laisse  attaquer,  il  ne  le  manquera  pas: 
il  désire  beaucoup  une  bataille  ;  il  doit  la  désirer.  Le  point  capital 
est  la  réunion  de  l'armée  ;  et  l'armée  est  réunie,  lorsqu'elle  peut  se 
trouver  tout  entière  en  24  heures  sur  un  même  champ  de  bataille. 

Lorsque  le  Commandant  de  l'armée  s'attend  à  une  affaire  générale 
et  la  désire,  qu'il  sait  que  l'ennemi  a  voulu  l'attaquer  et  qu'il  lui 
suppose  par  suite  une  grande  conflance  dans  ses  forces,  il  reconnaît 
à  tout  événement  un  bon  champ  de  bataille  sur  lequel  il  réunira  son 
armée  en  24  heures,  et  où  il  attirera  son  adversaire  en  replojant  ses 
avant-gardes  et  ses  troupes  les  plus  avancées.  L'Empereur  au  grand- 
duc,  10  octobre,  5  heures  du  matin  ;  au  maréchal  Soult,  10,  8  heu- 
res du  matin. 

Au  début  des  hostilités  et  aussi  pendant  le  cours  de  la  campagne, 


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5   OCTOBRE.  323 

le  Commandant  de  Tannée  a  des  incertitudes  sur  les  projets  de  son 
adversaire,  sur  les  points  de  réunion  de  son  armée,  sur  les  disposi- 
tions de  ses  troupes  ;  il  le  cherche,  il  le  tâte,  il  a  besoin  de  rensei- 
gnements pour  rendre  ses  idées  plus  précises  ;  mais  son  armée  est 
réunie,  prête  à  faire  face  de  tous  côtés,  et  dès  qu'il  sera  fixé,  son 
intention  est  de  marcher  droit  à  Tennemi  en  un  seul  bataillon  carré. 
L'Empereur  au  maréchal  Soult,  10  octobre,  8  heures  du  matin  ;  au 
grand-duc,  13,  7  heures  du  matin.  Un  Commandant  d'armée  a  des 
incertitudes  y  quelque  grand  homme  de  guerre  qu'il  soit  ;  il  n'en 
ponssera  pas  moins  ses  colonnes  en  avant  à  la  suite  de  celles  qui 
auront  été  battues  dans  les  premières  rencontres,  et  qui  mèneront  au 
point  de  réunion  de  l'armée  ennemie  ;  pendant  la  marche  les  affaires 
a'édairciront.  Plus  le  Commandant  de  l'armée  a  de  jugement,  plus 
vite  il  débrouille  les  projets  de  son  adversaire,  plus  vite  il  prend  son 
parti. 


l'empereur  au  maréchal  bernadotte. 

Wûrzburg,  5  octobre  1806. 

Je  n'ai  laissé  votre  corps  d'armée  qu'à  deux  divisions, 
parce  que  je  voulais  vous  donner  Farmée  bavaroise;  mais, 
d'après  le  désir  que  vous  m'avez  manifesté  de  ne  plus  avoir 
ce  corps  sous  vos  ordres,  j'en  ai  disposé  autrement,  et  j'ai 
ordonné  que  la  division  Dupont,  forte  de  7,500  hommes  pré- 
sents BOUS  les  armes,  avec  8  pièces  de  canon,  passât  sous 
votre  commandement.  Cette  division  sera  le  6  à  Bamberg. 
Vous  lui  ferez  connaître  la  position  qu'elle  doit  occuper,  en 
la  cantonnant  sans  délai  près  Lichtenfels  et  Kronach.  Tous 
les  détachements  du  1"  de  hussards  qui  sont  avec  cette  divi- 
sion, doivent  rester  à  Bamberg,  ayant  pris  ce  régiment  pour 
mon  service  jusqu'à  l'arrivée  de  ma  Garde  à  cheval  *. 

Veillez  à  ce  que  le  fort  de  Kxonach  soit  armé  et  approvi- 
sionné. C'est  sur  cette  place  que  vos  dépôts  doivent  être 
portés.  Tous  les  convois  de  bouche  doivent  y  être  dirigés. 
Choisissez  une  bonne  position  au  pendant  des  eaux,  que  Ton 


1.  Ordre  donn^  le  4  par  le  major  général  au  général  Djpout  de  laisser  le 
L*' de  hussards  auprès  de  l'Empereur  jusqu'à  l'arrivée  de  la  Garde  à  cheval. 


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324  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

puisse  occuper  pendant  que  tout  le  centre  de  Tannée  filera 
par  Eronach  sur  le  chemin  de  Leipzig. 

Je  serai,  demain  6,  à  Bamberg.  Mon  intention  est  de  com- 
mencer mes  opérations  incontinent.  Ménagez-vous  quatre 
jours  de  pain  et  ayez  dans  vos  caissons  le  plus  de  jours  que 
vous  pourrez  vous  procurer  de  pain  et  de  biscuit  qui  puis- 
sent, sans  se  moisir,  durer  huit  ou  dix  jours. 

Vous  devez  trouver  à  Lichtenfels  et  ELronach  des  paysans 
qui  connaissent  suffisamment  le  pays  pour  vous  donner  des 
renseignements  sur  la  nature  des  communications  de  Grâfen- 
thaï  à  Lobenstein,  et  de  Lobenstein  à  Hof  et  Plauen.  Cela 
est  si  près  que  je  suppose  qu'il  y  a  des  hommes  qui  pourront 
vous  donner  des  renseignements.  Renvoyez-moi,  par  Tofficier 
que  je  vous  expédie,  les  éclaircissements  que  vous  aurez 
recueillis. 


L  EMPEREUR  AU  MARECHAL  DAVOUT. 

Wiirzbarg,  5  octobre  1806. 

Je  serai  probablement  demain  à  Bamberg.  Il  y  a  longtemps 
que  j'ai  ordonné  qu'on  réparât  ou  construisît  les  fours  de 
Bamberg.  Vous  devez  prendre  le  chemin  de  Lichtenfels; 
ainsi  n'éloignez  pas  vos  cantonnements  de  cette  route. 

Ma  Garde  à  pied  doit  arriver  demain  à  Bamberg.  Ayez 
soin  qu'elle  soit  bien  placée  dans  la  ville  et  le  plus  à  portée 
possible  du  lieu  où  je  logerai. 

Faites  faire  du  pain  et  du  biscuit  le  plus  possible. 

ORDRE  POUR  M.  DE  MONTESQUIOU,   OFFICIER  d'ORDONNANCE 
DE   l'empereur. 

Wùrzburg,  5  octobre  1806. 

Vous  passerez  toute  la  journée  du  6  à  WUrzburg.  Vous  en 
partirez  le  7,  à  4  heures  après-midi.  Vous  irez,  le  7  à 
midi,  à  la  citadelle.  Vous  verrez  le  nombre  de  pièces  en  bat- 
terie et  la  quantité  de  munitions,  la  situation  de  la  garnison 


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5    OCTOBRE.  325 

et  des  magasins,  enfin  de  quelle  manière  le  service  est  monté. 
Vous  prendrez  note  de  tous  les  effets  d'artillerie  qui  seraient 
arrivés  le  6  ou  le  7  à  Wtirzburg,  ainsi  que  de  tous  les 
convois  de  biscuit  et  farine  qui  seraient  arrivés  dans  la 
journée  du  6  et  du  7  à  Wtirzburg.  Vous  prendrez  note  de 
la  l'^  division  du  parc  général  de  Tarmée,  qui  sera  partie  ; 
vous  la  rencontrerez  probablement  en  route.  Causez  avec 
Tofficier  qui  la  commande.  Comptez  le  nombre  de  voitures, 
de  compagnies  d'artillerie  et  de  sapeurs  qui  s'y  trouvent. 
Vous  vous  arrangerez  de  manière  à  arriver  le  8  à  Bamberg, 
en  prenant  note  de  tout  ce  que  vous  aurez  vu. 

Napoléon, 
ordre  pour  m.  custine,  aide  de  camp  du  general 

SAVARY. 

Wùrzburg,  5  octobre  1806. 

L'aide  de  camp  des  généraux  qui  est  de  service*,  restera  à 
Wùrzburg  jusqu'au  8  octobre.  Il  en  partira  le  8,  à  8  heures 
du  soir,  afin  d'arriver  le  9  à  Bamberg  au  quartier  général.  11 
y  apportera  l'état  de  tous  les  corps  et  de  tous  les  détache- 
ments qui  seront  arrivés  à  Wtirzburg  depuis  aujourd'hui 
jusqu'au  8,  par  les  routes  de  Manheim  et  de  Mayence.  Il  ap- 
portera également  à  Bamberg  la  note  des  convois  d'artillerie 
et  de  vivres  qui  seront  arrivés  à  Wùrzburg  le  7  et  le  8  octo- 
bre. Le  8,  à  midi,  l'aide  de  camp  des  généraux  visitera  la 
citadelle  de  Wtirzburg.  Il  comptera  les  pièces  qui  seront  en 
Wterie  et  fera  attention  à  la  manière  dont  se  fait  le  service, 
pour  en  rendre  compte.  Avant  de  partir  il  prendra  les  let- 


1.  En  campagne,  l'Empereur  se  servait  des  aides  de  camp  de  ses  aides  de 
camp  comme  d'ofBciers  d'ordonnance  ;  car,  à  certains  moments,  tous  ses  offl- 
ciers  étaient  en  course. 

L^KllPBSBUH    AU    O^KÉRAL    DUSOC,    A    TAR80VIB. 

Przasznysz,  30  janvier  1807,  minuit. 
EoToyez-moi  ici  les  aides  de  camp  de  Rapp,  les  vôtres  el  ceux  de  Lemarois, 
hormis  an.  J*ai  détaché  Savaiy,  de  manière  qu'il  ne  reste  personne.  Pressez 
Bertrand  de  venir  me  joindre.  Je  suis  arrivé  ce  soir  à  Przasznysz. 


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326  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

très  du  commandant  de  la  place,  du  commandant  de  l'artil- 
lerie et  du  commissaire  des  guerres  pour  le  quartier  général. 
En  se  rendant  à  Bamberg,  il  s'informera  de  l'emplacement 
où  se  trouveront  deux  détachements  du  parc  d'artillerie  qui 
se  rendent  de  WUrzburg  à  Bamberg.  Il  comptera  lui-même 
les  voitures  de  ces  détachements,  et,  le  9,  il  me  fera  un 
rapport  exact  sur  tous  les  objets  compris  dans  le  présent 
ordre. 

Napoléon. 


L  EMPEREUR  AU  ROI  DE  NAPLES. 

Wûrzburg,  5  oclobre  1806,  10  heures  du  soir. 

Je  pars  pour  Bamberg.  Toutes  nos  armées  sont  ici  en 
mouvement.  Je  me  porte  du  reste  fort  bien ,  et  j'ai  bonne 
espérance  de  venir  bientôt  à  bout  de  tout  ceci. 

Wûrzburg,  5  octobre  1806. 

Le  maréchal  Lannes,  par  ordre  de  S.  M.,,  prend  le  com- 
mandement du  5*  corps  d'armée  qui  se  trouve  à  Schwein- 
furt.  (Note  portée  sur  le  registre  du  major  général.) 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  LANKES. 

Wûrzburg,  5  octobre  1806. 

L'intention  de  l'Empereur,  M.  le  Maréchal,  est  que  votre 
corps  d'armée  parte  demain  à  la  pointe  du  jour  et  se  rende  à 
moitié  chemin  de  Schweinfurt  à  Bamberg,  de  manière  à 
pouvoir  arriver  à  la  fourche  de  la  route  de  Bamberg  à  Cobuiç 
dans  la  journée  du  7,  et  le  8  de  bonne  heure  à  Coburg. 

Le  9  vous  porterez  vo3  postes  en  avant  de  Neustadt  pour 
faire  place  au  maréchal  Augereau  qui  doit  ce  jour-là  arriver 
à  Coburg.  Vous  prendrez  le  plus  tôt  possible  position  sur  le 
pendant  des  eaux  ^  vous  arriverez  à  Grafenthal  le  10  ]  vous 


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5    OCTOBRE.  327 

serez  toujours  appuyé  dans  vos  mouvements  par  le  corps  du 
maréchal  Augereau  qui  marchera  derrière  vous. 

Ainsi  votre  corps  d'armée  et  celui  du  maréchal  Augereau 
forment  la  gauche  ;  le  corps  d'armée  du  maréchal  Bernadette 
et  celui  du  maréchal  Davout  forment  le  centre  et  débou- 
chent parLichtenfels,  Kronach,  pour  se  diriger  sur  la  grande 
route  de  Leipzig. 

Le  maréchal  Bernadette  sera  à  Lobenstein  et  à  Saalburg 
le  9  ;  il  faudra  tâcher  de  communiquer  avec  Lobenstein  et 
avec  le  quartier  général  qui  sera  à  Ebersdorf  ou  en  arrière 
de  Lobenstein,  suivant  les  circonstances. 

Pour  masquer  et  assurer  votre  mouvement  il  est  convena- 
ble que  dans  la  journée  du  6  et  celle  du  7  un  piquet  de  ca- 
valerie de  20  hommes  reste  derrière  Melrichstadt  et  fasse 
des  reconnaissances  comme  à  l'ordinaire  ;  qu'un  autre  soit  en 
ayant  de  Kônigshofen. 

Dans  la  journée  du  8  tous  les  détachements  vous  rejoin- 
dront. 

S.  M.  sera  demain  à  10  heures  à  Bamberg.  Vous  ne  laisse- 
rez rien  à  Kônigshofen,  cependant  vous  ne  le  ferez  évacuer 
que  le  7  au  matin  ;  le  détachement  qui  y  sera  se  hâtera  de 
TOUS  rejoindre  ;  vous  aurez  soin  qu'on  n'y  laisse  pas  de  déta- 
chement d'artillerie,  ni  mineurs  ;  il  serait  possible  que  cette 
compagnie  ne  fût  pas  arrivée  ;  il  faut  placer  un  piquet  de 
lOhonmies  à  la  croix  de  WUrzburg  à  Schweinfurt,  à  la  poste 
Wemeck,  pour  qu'à  compter  du  7  au  matin  les  détache- 
ments de  troupes  auxiliaires  qui  viendraient  de  Wtlrzburg 
pour  prendre  la  route  de  Kënigshofen,  en  rétrogradent  sur 
Wûrzburg. 

A  cet  eflfet  vous  ordonnerez  que  le  poste  que  vous  y  aurez 
laissé,  se  reploie  tout  à  fait  sur  Schweinfurt  et  fasse  rétro- 
gnider  tous  les  Français  qui  se  rendraient  à  Kônigshofen. 
Vous  ne  devez  rien  laisser  à  Schweinfurt-,  vous  devez 
sapposer  que  deux  ou  trois  jours  après  votre  départ  l'ennemi 
y  sera. 

Envoyez  à  Wttrzburg  les  hommes  malingres  et  les  gros 
bagages  ;  la  citadelle  est  le  seul  point  à  l'abri  des  incursions 


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328  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

des  hussards  ;  il  ne  faut  pas  effrayer  les  habitants  du  pays  ; 
mais  vous  devez  en  prévenir  les  généraux  divisionnaires. 

A  votre  passage  le  7  à  Bamberg,  vous  vous  rendrez  au 
quartier  général  pour  recevoir  des  instructions  plus  détaillées 
sur  vos  opérations. 

Wùrzburg,  5  octobre  1806. 

Ordre  au  maréchal  Augereau  de  partir  le  6  avec  son  corps 
d*armée  pour  se  rendre  à  Bamberg,  de  manière  à  y  être  arrivé 
le  8  au  matin  de  bonne  heure. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  AUGEREAU. 

Wûrzburg,  6  octobre  1806. 

L'intention  de  TEmpereur,  M.  le  Maréchal,  est  que  votre 
corps  d'armée  ait  une  division  qui  sera  commandée  par  le 
général  Victor  :  cette  division  sera  composée  du  28'  d'infen- 
terie  légère,  qui  part  de  Mayence  le  6,  du  14*  de  ligne,  de  la 
brigade  des  troupes  de  Hesse-Darmstadt  *  et  des  troupes  du 
prince  Primat,  ainsi  que  des  8  pièces  d'artillerie  que  doivent 
avoir  les  troupes  de  Hesse-Darmstadt. 

Je  donne  Tordre  au  général  Songis  de  fournir  de  plus 
6  pièces  d'artillerie  pour  la  division  du  général  Victor  *. 

Ordres  en  conséquence  au  général  Victor  et  au  général 
Songis. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  SOULT. 

Wûrzburg,  6  octobre  1806. 

L'Empereur,  Monsieur  le  Maréchal,  ordonne  que  vous 
preniez  vos  mesures  pour  entrer  à  Baireuth  le  7,  de  meil- 


1.  4,000  Hessois,  dit  le  major  général  au  général  Victor,  qui  sont  de  très 
bonnes  troupes  et  qui  peuvent  rendre  de  grands  services,  ce  qui  dépendra 
particuliôrement  de  Testime  qu'on  leur  montrera. 

8.  Cette  division  ne  fut  pas  formée.  Voir  la  dépêche  de  l'Empereur  du  7, 
2  heures  après  midi,  au  maréchal  LAunes. 


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r 


Ô    OCTOBRE.  329 

leure  heure  possible.  Vous  y  entrerez  en  masse,  de  manière 
qu'une  heure  après  l'entrée  du  premier  de  vos  hussards, 
tout  votre  corps  d'armée  soit  à  Baireuth  et  puisse  faire  en- 
core quelques  lieues  au  delà  sur  la  route  de  Hof  ;  vous  con- 
tinuerez votre  marche  le  8,  de  manière  à  avoir  votre  corps 
d'armée,  dans  la  nuit  du  8  au  9,  sur  les  hauteurs  de 
Mtinchberg. 

Dans  la  journée  du  9,  vous  porterez  votre  corps  d'armée  à 
Hof. 

Je  vous  préviens  que  le  maréchal  Ney  sera  à  une  demi- 
journée  derrière  vous  ;  je  lui  donne  l'ordre  d'avoir  toujours 
sa  cavalerie  à  une  heure  en  avant  de  lui,  afin  qu'elle  puisse 
se  porter  au  secours  de  la  vôtre,  s'il  y  avait  lieu. 

Cette  instruction  est  faite  comme  si  vous  ne  deviez  pas 
trouver  d'obstacle  ;  mais  si  l'ennemi  était  en  force  à  Hof  et 
que  les  forces  du  maréchal  Ney  réunies  aux  vôtres  ne  vous 
parussent  pas,  à  l'un  et  à  l'autre,  suffisantes  pour  vaincre 
l'ennemi,  vous  en  instruiriez  sur-le-champ  l'Empereur,  et 
vous  vous  placerez  dans  une  bonne  et  forte  position. 

Vous  ne  devez,  M.  le  Maréchal,  prendre  aucune  peine  du 
château  de  Cuimbach;  le  général  de  Wrède,  qui  marche 
après  le  corps  du  maréchal  Ney,  a  l'ordre  de  le  cerner  et  de 
le  prendre ,  si  toutefois  l'ennemi  n'est  pas  en  force  à  Hof. 

Le  quartier  général  sera  le  6  à  Bamberg,  le  8  à  Lichten- 
felg,  le  9  à  Kronach. 

Vous  aurez  soin  d'envoyer  tous  les  jours  un  officier  à  l'état- 
major  général,  pour  rendre  compte  de  votre  position  et  des 
nouvelles  que  vous  auriez  de  l'ennemi. 

S.  M.  s'en  rapporte  à  votre  prudence  et  à  vos  talents  mi- 
litaires, pour  ne  faire  donner  ses  troupes  qu'après  avoir  mû- 
rement examiné  la  position  de  l'ennemi  et  avoir  toutes  les 
probabilités  de  succès. 

Le  général  de  brigade  Legrand  se  rend  à  Baireuth  pour 
prendre  le  commandement  de  tout  le  pays;  vous  le  ferez  re- 
connaître en  cette  qualité. 

S.  M.  n'est  pas  encore  dans  l'intention  de  faire  aucune 
pn)cIamation  ni  que  vous  en  fassiez  aucune  ;  la  guerre  n'est 


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330  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

pas  déclarée  pour  cela  ;  les  troupes  de  S.  M.  le  roi  de  Prusse 
étant  entrées  en  Saxe  et  menaçant  nos  flancs,  Toccupation 
de  Baireuth  devient  nécessaire  pour  appuyer  notre  droite  ; 
ce  n'est  donc  qu^une  position  défensive,  vous  n'en  ferez  pas 
moins  ôter  les  armes  du  roi  de  Prusse  partout,  mais  sans 
scandale  et  sans  outrage. 

Si  Tarmée  prussienne  vous  envoie  des  parlementaires  pour 
savoir  pourquoi  vous  entrez  sur  le  territoire  du  roi  de  Prusse, 
vous  répondrez  :  «  Pourquoi  êtes- vous  entrés  sur  le  territoire 
«  dû  pays  de  Saxe  ?  »  Vous  leur  direz  que  vous  avez  Tordre 
de  ne  commettre  aucune  hostilité,  mais  d'occuper  tout  le 
pays  de  Baireuth,  ce  qui  est  nécessaire  pour  appuyer  notre 
droite,  que  les  rassemblements  de  l'armée  prussienne  sem- 
blent menacer. 

Au  moment  d'entrer  dans  le  pays  de  Baireuth,  vous  ferez 
un  ordre  du  jour  qui  ne  sera  pas  imprimé,  dans  lequel  on 
recommandera  la  bonne  discipline  et  autres  choses  d'usage, 
et  dans  lequel  on  dira  que  nous  marchons  pour  occuper  le 
pays  de  Baireuth,  afin  de  garder  notre  droite  que  tournerait 
l'armée  prussienne,  et  que  partout  où  elle  voudrait  s'y  op- 
poser vous  comptez  sur  le  courage  de  vos  troupes  pour  en 
avoir  bonne  raison. 

S.  M.  est  assurée  de  la  bonne  intelligence  qui  régnera 
entre  vous  et  le  maréchal  Ney  \  si  vous  aviez  seulement  af- 
faire à  un  corps  de  20,000  hommes,  S.  M.  entend  que  le 
corps  du  maréchal  Ney  soit  arrivé  avant  que  vous  attaquiez, 
non  que  S.  M.  ne  doute  que  votre  corps  ne  culbutât  un 
corps  d'égale  force,  même  beaucoup  plus  considérable,  mais 
c'est  qu'en  se  trouvant  plus  nombreux,  on  épargne  le  sang 
et  on  a  des  affaires  plus  décisives. 

S.  M.  vous  aurait  envoyé  plus  de  cavalerie,  mais  le  pays 
de  Hof  est  tellement  coupé,  qu'il  pense  qu'entre  vous  et  le 
maréchal  Ney,  vous  en  avez  suffisamment. 


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5   OCTOBRE.  331 

LE   MAJOR   QËNÉRAL   AU  MARECHAL   NET. 

Wûrzbiirg,  6  octobre  1806. 

Le  corps  du  maréchal  Soult  entre  le  7  à  Baireuth,  et  de  là 
marche  à  grandes  journées  sur  Hof,  pour  y  attaquer  Tennemi 
et  déboucher  en  Saxe  ;  comme  il  n'y  a  qu'une  seule  chaussée 
dans  le  pays  de  Baireuth,  S.  M.  a  jugé  convenable  de  vous 
ordomier  d'être  rendu  à  Baireuth  le  8,  de  marcher  toujours 
à  une  demi-journée  du  corps  du  maréchal  Soult,  et  d'at- 
taquer ensemble  l'ennemi  dans  toutes  les  positions  où  cela 
l'exigerait. 

Débouché  en  Saxe,  S.  M.  vous  fera  connaître  le  rôle 
qu'elle  vous  destine  dans  ce  pays. 

Le  général  Legrand  commandera  le  pays  de  Baireuth. 
La  guerre  ne  doit  pas  être  considérée  comme  déclarée  ;  votre 
langage  doit  être  que  l'Empereur  fait  occuper  le  pays  de 
Baireuth  pour  appuyer  son  aile  droite  menacée  par  le  ras- 
semblement des  Prussiens  et  par  l'invasion  de  la  Saxe. 

Le  général  de  Wrède,  commandant  la  division  bavaroise 
qui  marche  derrrière  vous,  a  ordre  d'occuper  Culmbach. 

Le  quartier  général  sera  le  6,  etc.  (voir  la  dépêche  au 
maréchal  Soult). 

Ordre  en  conséquence  au  général  de  Wrède. 

LE   MAJOR   GÉNÉRAL   AU   MARÉCHAL   LEFEBVRE. 

Wûrzburg,  5  octobre  1806. 

L'Empereur  désirant  vous  avoir  plus  particulièrement  au- 
près de  lui,  vous  donne  le  commandement  d'un  corps  de  ré- 
serve qui  fait  partie  de  sa  Garde  et  dont  les  grenadiers  et 
chasseurs  de  la  Garde  font  partie.  Vous  aurez  sous  vos  ordres 
le  général  de  brigade  Hulin,  commandant  les  grenadiers, 
le  général  Soulès,  commandant  les  chasseurs,  et  le  général 
Oudinot,  commandant  deux  régiments  de  dragons  à  pied; 


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332  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ces  trois  brigades,  dans  Tordre  de  bataille  naturel,  seront 
placées  dans  Tordre  suivant  : 

lia  brigade  de  chasseurs  à  pied  ; 

La  brigade  de  grenadiers  à  pied; 

Et  la  brigade  de  dragons  à  pied. 

Quant  au  détail  de  Tadministration,  il  reste  toujours  sous 
les  ordres  du  maréchal  Bessières  qui  continue  à  commander 
la  cavalerie  de  la  Garde. 

Ordres  en  conséquence  au  maréchal  Bessières  et  au  géné- 
ral Oudinot. 


LE   MAJOB   GÉNÉBAL   AU   HABÉCHAL   BESSIEBES. 

Wûrzburg,  5  octobre  1806. 

Il  est  ordonné  au  maréchal  Bessières  de  partir  avec  toute 
la  Garde  pour  être  rendu  le  6  ou  le  7  à  Bamberg. 

Wûrzburg,  5  octobre  1806. 

Ordre  au  quartier  général  de  partir  aujourd'hui  à  10  heures 
du  matin  pour  se  rendre  en  deux  jours  à  Bamberg,  où  il  ar- 
rivera le  6. 

Note  pour  les  généraux  Songîs  et  Kirgener. 

Donner  Tordre  aux  parcs  du  génie  et  de  Tartillerie  de 
partir,  chacun  en  deux  parties,  les  6  et  8  pour  se  rendre  à 
Bamberg,  le  parc  du  génie  précédant  de  deux  heures  le  parc 
d'artillerie,  le  général  Cazal  et  les  officiers  à  cheval  à  la 
tête  des  convois,  les  sapeurs  ayant  des  outils  pour  réparer  la 
route. 

Les  généraux  Songis  et  Eirgener  partiront  le  5  pour  être 
rendus  le  6  à  Bamberg. 


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5  OCTOBRE.  333 


RAPPORT  A  L  EMPEREUR. 

Wùrzburg,  5  oclobre  1806. 

II  a  été  fabriqué  aujourd'hui  à  la  manutention  9,000  ra- 
tions de  pain  qui  restent  en  magasin.  Il  y  a  dans  les  maga- 
sins 200,000  rations  de  biscuit  sur  lesquelles  il  a  été  dis- 
tribué ou  il  doit  être  distribué  aux  corps  des  maréchaux 
Augereau  et  Lannes  138,000  rations.  On  va  commencer  à 
présent  la  fabrication  du  biscuit  à  la  manutention. 

Il  est  arrivé  dans  la  citadelle  1,300  sacs  de  farine  du 
poids  de  150  à  180  livres,  des  2,500  quintaux  annoncés  de 
Mayence. 

Il  est  parti  aujourd'hui  pour  Eronach  100,000  rations  de 
biscuit  venant  de  Spire,  et  20,900  venant  de  Mayence. 

U  en  partira  encore  20,000  d'ici  à  demain  matin. 

Le  quartier  général  est  parti  à  10  heures  du  matin. 

Le  payeur  n'est  pas  parti.  Il  va  partir. 

Général  Duroc. 

I*ADJ1JDAHT-C0MMANDANT    SEWBELL    AU    MARÂCHAL    LBFEBVBE. 

Mûnnerstadt,  6  octobre  1806. 

J'ai  rhonneur  de  vous  envoyer  ci-joint  le  croquis  de  la  reconnais- 
BSnce  que  nous  avons  faite  hier.  Vous  verrez  que  nous  Favons  pous- 
sée jiisqa*à  Henneberg.  M.  le  général  Savary  que  j*ai  accompagné 
d'après  votre  ordre,  a  été  reconnu  un  peu  en  avant  de  ce  village, 
par  deux  vedettes  prussiennes  du  régiment  de  PlStzen- hussards. 
D'après  leur  dire  F  Autriche  et  la  Russie  se  sont  jointes  à  la  Prusse, 
et  c'est  mercredi  prochain  que  Ton  doit  nous  attaquer.  Le  détache- 
ment dont  ces  deux  vedettes  font  partie  est  cantonné  à  Meinungen. 
U  est  fort  de  40  hommes. 

D'après  les  rapports  des  différents  voyageurs,  il  paraît  certain 
qu'il  j  a  très  peu  de  troupes  devant  nous,  et  que  leurs  principales 
forces  se  sont  dirigées  vers  Bairenth.  Ils  s'accordent  aussi  à  dire 
qu'il  y  a  quelques  compagnies  d'infanterie  légère  dans  les  environs 
de  Satssun. 

Le  chemin  de  Melrichstadt  à  Kônigshofen  est  très  mauvais.  Cepen* 


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334  CAMPAGNE    OG    PRUSSE. 

dant  si  le  temps  se  maintient  un  peu,  il  sera  encore  praticable  pour 
rartillerîe.  Les  villages  que  l'on  traverse  sont  Hendungen,  Walten- 
hausen  et  Aubstadt.  Le  second  seul  offre  quelques  ressources. 

Le  pays  est  très  boisé  et  très  montueuz. 

M.  le  général  Godinot  m'a  donné  Tordre  d'observer  tout  ce  qui 
pourrait  venir  de  Hammelburg,  de  ne  laisser  rien  passer  pour  aller 
en  Saxe  et  de  faire  conduire  au  quartier  général  tout  ce  qui  vien- 
drait. Je  vous  observerai,  M.  le  Maréchal,  que  Miinnerstadt  est  à 
une  demi-lieue  en  avant  de  la  route  de  Hammelburg,  que  je  n'ai  en 
tout  et  pour  tout  que  25  chasseurs  dont  la  moitié  sont  des  conscrits 
et  très-peu  au  fait  du  service  d'avant-garde.  Je  tâcherai  cependant 
de  faire  pour  le  mieux  en  attendant  vos  ordres. 

Un  maréchal  des  logis  que  j'avais  chargé  de  faire  une  reconnais- 
sance  en  avant  de  MUnnerstadt  et  d'observer  si  l'ennemi  s'apercevait 
de  notre  mouvement,  arrive  à  l'instant  et  me  rend  compte  qu'il  a 
aperçu  leurs  vedettes  à  la  hauteur  du  village  d'Ensenhausen  et  en 
avant  du  bois  qui  se  trouve  entre  ce  village  et  celui  de  Stockheim. 
D'après  cela  ils  ont  passé  leurs  limites  et  sont  entrés  sur  le  territoire 
de  Wurzburg. 

P. -S.  —  Deux  émissaires  partent  cette  nuit,  un  pour  Meinungen 
et  l'autre  ira  aussi  loin  qu'il  lui  sera  possible  en  avant  de  Hammei- 
burg. 


LE    OfiNÉRAL    WBRLÂ    AU    GÉNÉRAL    DROUBT. 

Sloinwiesen,  5  octobre  1806. 

D'après  les  nouvelles  quo  j'ai  reçues  hier  au  soir  des  avant-postes, 
tout  était  encore  hier  dans  le  même  état  à  Lobenstein,  c'est-à-dire 
qu'il  n'y  avait  qu'une  trentaine  de  hussards  et  que  l'infanterie  an- 
noncée avant-hier  n'y  était  point  encore  arrivée.  Des  voyageurs  ont 
assuré  la  même  personne  qui  avait  été  envoyée  hier  à  Lobenstein, 
qu'environ  600  Saxons,  tant  infanterie  que  cavalerie,  avaient  couché 
l'autre  nuit  à  Saalburg  et  qu'hier  ils  avaient  pris  la  direction  de 
Saalfeld.  Des  marchands  venant  de  la  foire  de  Leipzig  doivent  loi 
avoir  assuré  que  depuis  cette  ville  jusqu'à  Q-era  ils  n'avaient  point 
aperçu  de  troupes,  mais  qu'avant- hier  à  midi  ils  avaient  vu  près  de 
Géra  une  colonne  composée  d'infanterie,  de  cavalerie  et  de  près  de 
300  voitures  de  munitions.  Ils  n'ont  pu  déterminer  le  nombre  de 
troupes,  mais  ils  avaient  remarqué  que  cette  colonne  avait  mis  une 
heure  à  défiler.  C'étaient  des  troupes  saxonnes.  A  Saalburg  ces  mar- 
chands avaient  aperçu  les  dernières  troupes  qui  consistaient  en  en- 
viron 600  hommes  tant  infanterie  que  cavalerie.  Presque  toutes  les 
troupes  en  marche  paraissaient  venir  de  l'intérieur  et  se  diriger  sur 


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5    OCTOBRE.  335 

Naamburg,  Saalfeld  et  Eisenberg.  On  n'a  pu  avoir  aucunes  nouvelles 
de  Hof  et  de  Plauen. 


LE  MARÉCHAL  DAVOUT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Bamberg,  5  octobre  1806. 

J'ai  Thonneur  d'assurer  à  V.  A.  que  le  3*  corps  est  can- 
tonné de  manière  à  pouvoir  être  réuni  à  Bamberg  en  5  heu- 
res et  en  mesure  de  se  mettre  en  marche  au  premier  ordre 
que  V.  A.  pourrait  en  faire  passer. 

LE   MARÉCHAL   DAVOUT  AU  MAJOR   GÉNÉRAL. 

Bamberg,  5  octobre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  du  résultat  de  la 
revue  du  corps  d'armée  que  j'ai  passée  en  vertu  de  l'ordre 
du  jour  du  3  octobre. 

£n  général  toutes  les  troupes  ont  mis  à  profit  les  moments 
de  repos  pour  se  préparer  à  entrer  en  campagne,  et  je  dois 
ajouter  que  la  sollicitude  des  généraux  et  des  officiers  a  eu 
les  meilleurs  résultats. 

L'armement  est  partout  dans  un  très  bon  état.  Sur  tout 
le  corps  d'armée  il  ne  manquait  pas  au  delà  de  15  à  20  baïon- 
nettes, qui  ont  été  remplacées  peu  d'heures  après. 

L'habillement  a  été  reçu  et  délivré  partons  les  régiments  ; 
les  troupes  sont  dans  la  tenue  où  elles  eussent  été  si  elles 
avaient  passé  la  revue  de  S.  M.  l'Empereur  à  Paris. 

La  chaussure  remplit  les  intentions  de  S.  M.;  chaque  sol- 
dat a  deux  paires  de  souliers  dans  le  sac  et  une  aux  pieds  ; 
quelques  régiments  en  ont  même  une  4*  paire  de  réserve 
qu'ils  font  suivre  ;  quelques-uns  davantage  ;  tous  quelques 
paires  de  rechange. 

Quant  aux  ustensiles  de  campement,  cet  objet  avait  été 
entièrement  oublié;  mais  depuis  la  marche,  on  s'en  est  essen- 
tiellement occupé  ;  toute  la  1"  division  peut  être  considérée 


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336  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

comme  ayant  ce  qui  lui  est  nécessaire.  La  2*  division  est 
bien  moins  fournie  ;  mais,  sous  24  heures,  elle  sera  au  ni- 
veau. La  3*  est  la  plus  arriérée;  cependant  il  n'y  a  que  ce 
reproche  à  lui  faire,  car  sa  tenue  est  excellente. 

Il  ne  manque  rien  à  Tartillerie  ;  les  troupes  sont  pourvues 
de  50  cartouches  par  homme  et  de  3  pierres  à  feu. 

Indépendamment  de  Tapprovisionnement  de  1,200,000 
cartouches  contenues  dans  les  caissons,  il  en  restera  200,000 
provenant  du  dernier  envoi  de  300,000  que  j'avais  demandé 
pour  compléter  les  50  par  homme.  Je  ferai  déposer  à  Kro- 
nach  ces  200,000  restantes,  attendu  que  je  n'ai  aucun  moyen 
de  transport  pour  les  faire  suivre  et  que  ce  serait  les  exposer 
à  être  entièrement  avariées  que  de  les  faire  transporter  sur 
des  voitures  du  pays. 


LE   GRAND-DUC   DE   BEBQ   A  L'EMPEBEUB. 

Bamberg,  5  octobre  18  06,  minuit. 

J'arrive  à  l'instant  de  Eronach.  On  a  été  obligé  de  dissé- 
miner les  troupes  légères  des  généraux  Lasalle  et  Milhaud 
en  tant  d'endroits  différents  que,  malgré  que  l'ordre  de  les 
réunir  eût  été  donné  hier  soir,  elles  n'auraient  pu  l'être  que 
demain  dans  la  journée.  J'ai  donc  dû  revenir  sans  les  voir; 
mais  le  général  Lasalle  et  les  colonels  des  5*  et  7*  régiments 
de  hussards  m'ont  assuré  que  ces  deux  corps  ne  manquaient 
de  rien  et  pouvaient  entrer  sur-le-champ  en  campagne  ;  ils  ont 
500  chevaux  chacun.  Le  13'  que  j'ai  vu  en  routé  se  rendant 
de  Lichtenfels  à  Ejronach,  m'a  paru  superbe  et  très-bien  dis- 
posé; il  est  à  peu  près  de  la  même  force.  Le  général  Milhaud 
n'a  pas  encore  paru  avec  le  11*  de  chasseurs.  Je  lui  ai  en- 
voyé l'ordre  de  se  rendre  à  sa  destination. 

...  Eronach,  superbe  position.  On  peut  la  regarder  comme 
la  clef  de  trois  grands  débouchés.  Nous  avons  des  troupes 
légères  à  Nordhalben,  extrême  frontière  du  pays  de  Bam- 
berg...  Nous  gardons  également  tous  les  autres  débouchés. 

J'ai  vu,  chemin  faisant,  le  corps  du  prince  de  Ponte-Con-o 


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5   OCTOBRE.  337 

qui  le  passait  en  revue.  II  m'a  paru  être  dans  la  plus  belle 
tenue  et  parfaitement  bien  disposé.  Les  chevaux  du  train 
sont  dans  le  meilleur  état  possible. 

Le  corps  du  maréchal  Davout  a  été  aussi  passé  en  revue 
aujourd'hui  *,  il  ne  laisse  également  rien  à  désirer  ni  pour  la 
tenue  ni  pour  son  bon  esprit. 

Les  fours  dont  V.  M.  a  ordonné  la  construction  à  Bam- 
berg  seront  terminés  demain  soir.  Demain  je  passerai  la 
revue  des  2  divisions  de  cuirassiers.  Sire,  ce  pays-ci  souffre 
considérablement  parce  que  tous  les  corps  d'armée  font  à  la 
fois  des  réquisitions.  L'administration  centrale  de  Bavière 
m'a  porté  des  plaintes  très  vives  à  cet  égard.  Il  serait  bien  à 
déeirer  qu'il  fût  possible  que  l'intendant  général  pût  envoyer 
ici  un  de  ses  agents  pour  y  être  chargé  en  chef  du  service 
des  différents  corps  d'armée  et  des  réquisitions  pour  les  ap- 
provisionnements extraordinaires  \ 

J'adresse  à  V.  M.  les  différents  rapports  que  j'ai  reçus 
sur  les  mouvements  de  l'ennemi;  ils  n'annoncent  rien  de 
bien  extraordinaire.  Le  bruit  court  généralement  que  le 
prince  Hohenlohe  marche  sur  Baireuth  et  le  Roi  par  Neu- 
stadt  sur  Schleiz.  Déjà  les  logements  sont  préparés  et  les  vi- 
vres requis,  raison  pour  ne  pas  y  croire,  les  Prussiens  étant 
dans  l'habitude  de  faire  courir  des  bruits  semblables  pour 
donner  le  change.  Tout  porte  à  croire  qu'ils  se  réunissent 
surErfurth  et  Naumburg.  J'espère  avoir  bientôt  des  nou- 
velles positives  à  vous  faire  passer,  car  il  me  paraît  impos- 
sible que  quelqu'un  des  agents  que  j'ai  envoyés  parmi  les 
Prussiens  ne  revienne  bientôt. 

J'observe  à  V.  M.  qu'on  passe  le  Mayn  dans  un  bac  pour 
venir  de  Wtirzburg  à  Bamberg  et  qu'il  n'y  a  pas  de  pont 
établi. 


1.  Cette  demande  du  grand-duc  confirme  ce  que  j*ai  déjà  avancé  le  l*'  oc- 
tobre :  rintendant  général  n*avait  pas  envoyé  d'agent  à  Bamberg. 


CAMP.  DB  PKUflSB.  S2 


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338  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE    MARÉCHAL    SOULT    AU    OâNÉRAL    GUTOT. 

Amberg,  5  octobre  180C. 

Je  vois  par  votre  rapport  en  date  de  ce  jour  que  vous  avez  donné 
ordre  au  détachement  qui  était  à  Kemnat  de  revenir  ;  mais  mon  in- 
tention a  été,  en  renvoyant,  qu'il  j  prît  poste  afin  d*éclairer  cette 
partie  et  garder  la  grande  route  qui  vient  de  Hof  par  Weissenstadt 
et  Wunsiedel  ;  si  ce  détachement  était  rentré,  vous  en  feriez  partir 
sur-le-champ  un  autre  d*égale  force  et  vous  lui  donneriez  la  même 
instruction.  Vous  prescrirez  à  Tofficier  qui  le  commandera  d'envoyer 
fréquemment  une  reconnaissance  de  2  ou  8  hommes  jusqu'à  Textrême 
frontière  vers  Wunsiedel,  sans  cependant  sortir  du  territoire  bava- 
rois. 

Vous  lui  donnerez  en  outre  pour  instruction  que  si,  par  cas,  les 
Prussiens  faisaient  quelques  mouvements  dans  cette  partie,  il  vons 
enverrait  une  ordonnance  pour  vous  en  rendre  compte,  et  vous  en 
préviendriez  le  général  Legrand  qui  est  à  Thumbacb,  et  en  même 
temps  il  m'enverrait  directement  une  autre  ordonnance  pour  m'en 
rendre  compte  aussi. 

Tenez  toujours  vos  troupes  prêtes  à  marcher,  mais  mettez-les  à 
même  de  pouvoir  vivre,  mais  conservez  les  subsistances  que  je  vous 
ai  fait  envoyer  afin  que,  lors  du  rassemblement,  vous  ayez  pour 
4  jours  de  pain  d'avance. 


LB    UABiCHAL    80DLT    AU    COLOnL    GABBÂ. 

Amberg,  5  octobre  1806. 

Donnez  ordre  au  chef  de  bataillon  Guardia  de  partir  de  suite  pour 
aller  faire  la  reconnaissance  militaire  de  la  frontière  du  Haut-Palati- 
nat  en  avant  de  Kemnat,  en  suivant  d'abord  la  grande  route  qui  J 
conduit  par  Hambach,  Gebenbach,  Gravenwôhr,  Pressât  et  Kemnat. 
Vous  lui  recommanderez  de  bien  observer  toutes  les  positions  mili- 
taires qu'il  reconnaîtra  sur  cette  ligne,  ainsi  que  les  communications 
qui  y  aboutissent  ;  de  voir  avec  attention  le  débouché  qui  mène  à 
Wunsiedel  dans  le  pays  de  Baireuth,  et  de  reconnaître  ensuite  les 
communications  qui,  de  Kemnat,  conduisent  à  Thumbach,  d'où  il 
rentrera  au  quartier  général  et  rendra  compte  de  sa  reconnaissance. 

Vous  le  préviendrez  qu'il  y  a  à  Kemnat  un  détachement  de  cava- 
lerie qui  le  protégerait  au  besoin  et  que,  dans  aucun  cas,  il  ne  doit 
aller  sur  le  territoire  prussien. 


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5   OCTOBRE.  339 

Les  officiers  da  génie  qui  sont  dans  les  divisions  doivent,  dans  les 
marches,  lever  le  croqois  des  positions  que  les  divisions  prennent,  et 
reconnaître  les  communications  qui  y  aboutissent.  Donnez-leur  à  ce 
sujet  les  instructions  les  plus  étendues  et  prescrivez-leur  de  vous 
adresser  tous  les  jours  le  résultat  de  leurs  observations,  afin  que 
lorsque  je  vous  en  ferai  la  demande,  vous  puissiez  y  satisfaire. 


LE  MARÉCHAL  NET  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Nuremberg,  5  octobre  1806. 

J'ai  Thonneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  que  le  général 
bavarois  Mezanneli  est  arrivé  cet  après-midi  avec  la  division 
que  devait  commander  le  lieutenant-général  de  Wrède  resté 
malade  à  Munich.  Cette  division  forte  de  8,000  hommes  dont 
1,200  de  cavalerie,  est  aujourd'hui  à  Schobach  et  environs; 
demain  6  elle  sera  placée  partie  à  Nuremberg  et  partie  sur 
les  deux  rives  de  la  Pegnitz,  de  manière  à  pouvoir  suivre  la 
marche  de  mon  corps  d'armée  sur  Baireuth  par  Grâffenberg, 
fii  ce  mouvement  est  ordonné  par  l'Empereur. 

L'infanterie  bavaroise  n'a  qu'une  bonne  paire  de  souliers 
par  homme. 

D'après  les  renseignements  que  m'a  donnés  le  général 
Mezanneli,  il  paraît  que  la  chaussure  de  sa  division  a  été 
très-négligée  puisque  les  régiments  ont  à  peine  une  bonne 
paire  de  souliers  par  homme.  Il  serait  bien  important  de 
venir  au  secours  de  cette  troupe  qui  paraît  dans  les  meil- 
leures dispositions,  s'il  est  possible  de  le  faire  promptement. 

Le  général  Mezanneli  est  dans  le  même  embarras  que 
nous  pour  les  subsistances  ;  mais  les  mesures  prises  pour 
mon  corps  d'armée*  s'étendront  à  sa  division  et  j'espère  que 


1.  UL   oivÉBAL   DUTAILLM   AU    GÉHÉRAL    IfABCUAHD. 

Nuremberg,  4  octobre  1806. 

Le  Marécha]  commanâant  en  chef  voulant  prévenir  les  désordres  qui  se 
sont  trop  souvent  commis  et  ménager  &  Tarmée  les  ressources  que  le  pays 
qa*eUe  parcourt  pourra  lui  offrir,  me  charge  de  vous  informer  que  son  inlon- 
Uon  est  que,  lorsque  les  troupes  seront  bivouaquées  et  qu'il  ne  leur  aura  pas 
été  lait  de  distributions  de  vivres,  vous  devrez  indiquer  à  chaque  régiment 
les  villes  ou  les  villages  dans  lesquels  il  devra  s'en  procurer.  Vous  prescrirez 


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340  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

nous  aurons  un  approvisionnement  de  5  jours,  indépendam- 
ment des  distributions  journalières. 

J'ai  l'honneur  de  répéter  à  V.  A.  que  nous  sommes  par- 
faitement en  mesure  d'agir  au  premier  ordre  de  l'Empe- 
reur. 

Mon  intention  était  de  m'établir  à  Grâffenberg,  route  de 
Nuremberg  à  Baireuth,  mais  j'ai  différé  dans  l'idée  que  je 
recevrai  d'ici  à  demain  de  V.  A.  un  ordre  de  mouvement. 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  copie  d'un  rapport  que 
je  viens  de  recevoir  de  l'un  de  mes  agents  secrets  que  j'ai 
envoyé  à  Hof .  Il  me  paraît  de  nature  à  être  mis  sous  les  yeux 
de  S.  M. 


DISPOSITIONS    PABTICULIÈRES    A    0B8ERVBB   PAR   L*IHFA1ITEBIE 
DU    6*    OOBPB. 

5  octobre  1806. 

Art.  !•'.  —  Pendant  toute  la  campagne,  les  compagnies  de  volti- 
geurs ouvriront  la  marche  des  régiments  ;  elles  seront  constamment 
employées  aux  avant-postes  ;  dès  que  les  divisions  camperont  en 
ligne,  dans  ce  cas,  les  compagnies  de  grenadiers  pourront  être  pla- 
cées en  points  intermédiaires  des  avant-postes  au  camp  pour  soutenir 
les  voltigeurs. 

Art.  2.  —  Le  Maréchal  commandant  en  chef  et  les  généraux  de 
division  pourront  seuls  disposer  d'un  détachement  de  grenadiers  pour 
leur  garde  personnelle  ;  ce  détachement  n^ezcédera  pas  le  tiers  du 
oomplet  ;  ils  ne  pourront  jamais  être  employés  à  escorter  des  hagages: 


à  chaque  commandant  de  corps  le  nombre  de  détachements  qu*il  devra  em- 
ployer et  la  composition  de  ces  détachements  qui  seront  commandés  par  de£ 
uOlciers  fermes  et  actifs.  Les  commandants  de  ces  détachements  ne  perdroot 
jamais  de  vue  que  le  désordre  détruit  toutes  les  ressources,  que  les  habitants 
cachent  leurs  denrées  et  fuient,  emmenant  avec  eux  leurs  bestiaux  et  leun 
moyens  do  transports  ;  ils  devront  donc  maintenir  la  plus  exacte  discipline 
parmi  les  troupes  qu*ils  commanderont,  afin  de  se  procurer  dans  les  lieux  où 
ils  seront  envoyés  toutes  les  ressources  qui  leur  seront  nécessaires.  A  l'arrivée 
uux  bivouacs,  les  colonels  feront  faire  les  distributions  par  compagnie  do  ce 
qui  aura  été  emmené,  et  les  capitaines  les  feront  faire  par  ordinaire  ou  par 
homme,  suivant  Tespèce  de  denrées.  Les  voitures  et  les  chevaux  du  pays 
seront  renvoyés  avec  la  plus  scrupuleuse  exactitude.  Enfin,  les  commissaires 
des  guerres  parcourront  le  pays,  prendront  et  feront  prendre  tous  les  rensei- 
gnements possibles  sur  les  ressources  qui  s*y  trouveront  et  vous  en  infor- 
meront, ainsi  que  Tordonnateur  en  chef;  ils  devront  aussi  s^occuper  de  régu- 
lariser autant  que  possible  les  fournitures  dont  il  s*agit. 


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5   OCTOBRE.  341 

ils  rejoindront  le  poste  d'honneur  auBsitôt  que  le  combat  les  y  ap- 
pellera. 

Art.  3.  —  Les  bataillons  réduits  à  7  compagnies  de  fusiliers,  vu 
l'emploi  des  yoltigeurs  aux  ayant-postes  et  les  compagnies  de  grena- 
diers placées  en  soutien,  une  compagnie  de  fusiliers  de  service,  prise 
par  la  droite,  formera  chaque  jour  la  garde  de  police  du  camp,  des 
quartiers  généraux  de  brigade,  de  MM.  les  colonels,  des  bagages,  etc. 

Art.  4.  —  MM.  les  généraux  de  division  donneront  des  instruc- 
tions aux  capitaines  de  voltigeurs  pour  leur  conduite  aux  avant-pos- 
tes ;  les  postes  principaux  seront  autant  que  possible  retranchés. 

Art.  5.  —  Toutes  les  sentinelles  placées  extérieurement  en  vedette 
pour  la  première  chaîne  de  postes  seront  doubles,  soit  de  jour,  soit 
de  nuit  ;  la  durée  de  la  faction,  c'est-à-dire  depuis  la  batterie  de  la 
diane  jusqu'au  coup  de  canon  de  retraite,  sera  de  2  heures,  et  d'une 
heure  pendant  la  nuit.  Le  service  des  patrouilles  et  reconnaissances 
qoi  battent  l'estrade  d'usage,  sera  organisé  de  manière  à  varier  les 
heures,  les  directions  et  les  distances  ;  elles  ne  s'étendront  jamais 
aa  delà  de  deux  portées  de  canon  de  la  première  chaîne. 

Art.  6.  —  Outre  les  officiers  supérieurs  de  jour  chargés  d'inspecter 
les  postes,  il  y  aura  un  officier  d'état-major  de  la  division,  adjoint 
on  side  de  camp,  qui  couchera  au  poste  principal  pour  avertir  son 
général  de  tout  ce  qui  peut  intéresser  le  bien  du  service. 

Art.  7.  —  Les  patrouilles  qui  battent  l'estrade  ne  devront  jamais, 
si  elles  rencontrent  l'ennemi,  combattre  avec  trop  d'opiniâtreté,  afin 
de  ne  pas  engager  d'affaire  générale  et  compromettre  les  dispositions, 
leur  devoir  n'étant  que  d'observer  la  marche  et  le  mouvement  de 
l'ennemi. 

Art.  8.  —  Les  avant-postes  resteront  sous  les  armes  depuis  minuit 
jusqu'à  la  batterie  de  la  diane,  alors  que  les  patrouilles  partiront  en 
reconnaissance  ;  à  cette  heure  de  nouvelles  gardes  relèveront,  et  au 
letonr  des  patrouilles  le  service  de  jour  sera  observé  comme  de  cou- 
tume ',  les  postes  principaux  pourront  être  rapprochés  du  camp  à  la 
chute  du  jour. 

Art.  9.  —  Les  régiments  campés  ou  cantonnés  prendront  les  ar- 
mes à  la  batterie  de  la  diane  et  se  réuniront  au  lieu  de  rassemblement 
déterminé  par  le  général  ;  on  ne  posera  les  armes  que  d'après  son 
ordre  exprès. 

Art.  10.  —  11  ne  sera  jamais  permis  aux  habitants  des  pays  enne- 
nÛB  d'arriver  jusqu'aux  postes  principaux  des  avant-postes  ;  les  sen- 
tinelles les  renverront  avec  douceur  ;  de  même  les  détachements  des 
troupes  étrangères  à  l'armée  ne  pourront  passer  la  chaîne  des  postes. 
Après  le  coup  de  canon  de  retraite  on  s'assurera  du  commandant , 
qoi  passera  la  nuit  avec  celui  qui  commande  l'avant-garde,  et  après 
le  rapport  du  matin  on  laissera  passer  outre. 


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342  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Art.  11.  —  Afin  de  prévenir  les  surprises  de  la  part  de  Tennemi, 
il  sera  établi  des  torches  d* alarme  aux  points  saillants  des  avant-pos- 
tes et  même  au  camp  si  la  présence  des  ennemis  rendait  cette  meBore 
nécessaire. 

Art.  12.  —  Jamais  la  générale  ne  pourra  être  battue  que  d'après 
les  ordres  du  général  commandant  la  division  ;  de  même  la  charge 
ne  pourra  être  battue  pour  toute  autre  circonstance  que  celle  de  la 
retraite.  Les  régiments  seront  habitués  à  se  rassembler  le  matin  et 
même  pendant  la  nuit  au  moyen  de  trois  coups  de  baguette  ;  les  an- 
tres batteries  ne  seront  mises  en  usage,  pour  le  service  intérieur  des 
corps ,  qu'autant  que  Tennemi  sera  éloigné  des  positions  de  Tannée. 

Art.  13.  —  Toutes  les  fois  que  l'administration  de  l'armée  ne 
pourra  remplir  le  service  des  subsistances,  il  y  sera  pourvu  par  une 
disposition  particulière  du  général,  qui  enverra  par  détachementf 
commandés  par  des  officiers,  requérir  des  villages  à  proximité  des 
camps  les  vivres  et  la  paille  de  couchage  nécessaires  ;  il  en  sera  dé- 
livré des  bons  valables  ;  il  sera  envoyé  par  le  chef  de  Tétat-major 
général  une  instruction  particulière  à  cet  égard. 

Art.  14.  —  Autant  que  les  circonstances  le  permettront,  les  ad- 
judants sous- officiers  de  tous  les  régiments  feront  jalonner  les  com- 
munications avec  les  avant-postes  et  les  derrières  de  l'armée  qui 
conduisent  aux  quartiers  généraux. 

Art.  15.  —  On  joint  à  cette  disposition  copie  de  l'instruction 
donnée  au  général  Colbert,  commandant  l'avant-garde,  sur  le  genre 
de  service  que  la  cavalerie  aura  à  remplir  pendant  la  guerre  dont 
plusieurs  circonstances  pourront  être  applicables  à  l'infanterie. 

M«»  Net. 


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6   OCTOBRE 


PROCLAMATION. 

Quartier  impérial,  Bamberg,  6  octobre  1806. 

Soldats,  Tordre  pour  votre  rentrée  en  France  était  parti  ; 
vous  Yons  en  étiez  déjà  rapprochés  de  plusieurs  marches.  Des 
fêtes  triomphales  vous  attendaient,  et  les  préparatifs  pour 
vous  recevoir  étaient  commencés  dans  la  capitale. 

Mais,  lorsque  nous  nous  abandonnions  à  cette  trop  confiante 
sécurité,  de  nouvelles  trames  s'ourdissaient  sous  le  masque 
de  Tamitié  et  de  Talliance.  Des  cris  de  guerre  se  sont  fait 
entendre  à  Berlin.  Depuis  deux  mois  nous  sommes  provoqués 
tous  les  jours  davantage. 

La  même  faction,  le  même  esprit  de  vertige  qui,  à  la  fa- 
veur de  nos  dissensions  intestines,  conduisit,  il  y  a  quatorze 
ans,  les  Prussiens  au  milieu  des  plaines  de  la  Champagne 
domine  dans  leurs  conseils.  Si  ce  n'est  plus  Paris  qu'ils  veu- 
lent brûler  et  renverser  jusque  dans  ses  fondements,  c'est 
aujourd'hui  leur  drapeau  qu'ils  se  vantent  de  planter  dans 
les  capitales  de  nos  alliés  ;  c'est  la  Saxe  qu'ils  veulent  obli- 
ger à  renoncer,  par  une  transaction  honteuse,  à  son  indépen- 
dance, en  la  rangeant  au  nombre  de  leurs  provinces  ;  c'est, 
enfin,  vos  lauriers  qu'ils  veulent  arracher  de  votre  front.  Ils 
veulent  que  nous  évacuions  l'Allemagne  à  l'aspect  de  leurs 
annes  !  Les  insensés  !  Qu'ils  sachent  donc  qu'il  serait  mille 
fois  plus  facile  dé  détruire  la  grande  capitale  que  de  flétrir 
l'honneur  des  enfants  du  grand  peuple  et  de  ses  alliés  !  Leurs 
projets  furent  confondus  alors  ;  ils  trouvèrent  dans  les  plaines 
de  la  Champagne  la  défaite,  la  mort  et  la  honte.  Mais  les  le- 


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344  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

çons  de  rexpérience  s'effacent,  et  il  est  des  hommes  chez 
lesquels  le  sentiment  de  la  haine  et  de  la  jalousie  ne  meurt 
jamais. 

Soldats,  il  n'est  aucun  de  vous  qui  veuille  retourner  en 
France  par  un  autre  chemin  que  par  celui  de  l'honneur. 
Nous  ne  devons  y  rentrer  que  sous  des  arcs  de  triomphe. 

Eh  quoi  !  aurions-nous  donc  bravé  les  saisons,  les  mers,  les 
déserts,  vaincu  l'Europe  plusieurs  fois  coalisée  contre  nous, 
porté  notre  gloire  de  l'Orient  à  l'Occident,  pour  retourner 
aujourd'hui  dans  notre  patrie  comme  des  transfuges,  après 
avoir  abandonné  nos  alliés,  et  pour  entendre  dire  que  l'aigle 
française  a  fui  épouvantée  à  l'aspect  des  armées  prussiennes  ! 

Mais  déjà  ils  sont  arrivés  sur  nos  avant-postes.  Marchons 
donc,  puisque  la  modération  n'a  pu  les  faire  sortir  de  cette 
étonnante  ivresse.  Que  l'armée  prussienne  éprouve  le  même 
sort  qu'elle  éprouva  il  y  a  quatorze  ans  !  Qu'ils  apprennent 
que,  s'il  est  facile  d'acquérir  un  accroissement  de  domaines 
et  de  puissance  avec  l'amitié  du  grand  peuple,  son  inimitié, 
qu'on  ne  peut  provoquer  que  par  l'abandon  de  tout  esprit  de 
sagesse  et  de  raison,  est  plus  terrible  que  les  tempêtes  de 
l'Océan. 

Napoléon. 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  BERNADOTTE. 

Btunberg,  6  octobre  1806,  s  heures.. 

L'Empereur  ordonne,  M.  le  Maréchal,  que  votre  quartier 
général  soit  demain  7  à  Kronach  et  que  vos  deux  premières 
divisions  soient  en  position  entre  Kronach  et  la  frontière  -, 
que  la  division  du  général  Dupont  qui  fait  partie  de  votre 
armée  soit  en  avant  de  Lichtenfels  à  la  position  de  Zettlitz, 
éclairant  la  route  de  Coburg  et  de  Culmbach. 

Dans  la  journée  du  8,  M.  le  maréchal  Lannes  occupera 
Coburg  et  M.  le  maréchal  Davout  occupera  Zettlitz  en  avant 
de  Lichtenfels,  ce  qui  vous  mettra  à  même  de  rappeler  la 
division  du  général  Dupont  et  de  marcher  avec  tout  votre 


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6    OCTOBRE.  345 

corps  d'armée  pour  être  arrivé  le  9  au  delà  des  frontières  sur 
les  hauteurs  de  Lobeustein. 

Si  Tennemi  avait  marché  à.  la  rencontre  du  maréchal  Soult 
sur  la  route  de  Baireuth,  coupez-lui  tout  ce  qui  voudrait  se 
retirer  sur  la  route  de  Schleiz.  Il  sera  convenable  que  vous 
vous  teniez  très-éclairé  par  votre  droite  pour  connaître  les 
mouvements  de  Tennemi  à  Hof  pour  prévenir  TEmpereur  de 
tout  ce  qui  pourrait  revenir  de  ses  projets. 

L'armée  débouche  sur  trois  colonnes. 

La  droite  est  partie  d'Amberg,  occupera  Baireuth  le  7,  et 
sera  à  Hof  le  9  ;  elle  est  composée  des  corps  du  maréchal 
Soult  et  du  maréchal  Ney. 

Le  centre  occupera  Kronach  et  débouchera  par  Loben- 
Btein;il  est  composé  de  votre  corps  d'armée  ^  de  celui  du  ma- 
réchal Davout,  de  la  plus  grande  partie  de  la  réserve  et  de 
la  Garde  impériale. 

La  gauche  est  partie  de  Schweinfurt,  débouche  sur  Coburg 
et  de  là  sur  Gr&fenthal  ;  elle  est  composée  des  corps  des  ma- 
réchaux Lannes  et  Âugereau. 

Le  quartier  général  est  à  Bamberg,  il  sera  le  8  à  Lichten- 
fels  et  le  9  à  Kronach. 

Donnez  souvent  des  nouvelles  de  l'ennemi. 

LE  MAJOB  GÉNÉRAL  AU  GÉNÉRAL  DUPONT. 

Bamberg,  6  octobre  1806. 
L'£mpereur  ordonne  que  vous  partiez  demain  7  à  la  pointe 
du  jour  pour  joindre  M.  le  maréchal  Bernadette  ;  vous  lais- 
serez tout  le  pays  entre  Bamberg  et  Lichtenfels  entièrement 
libre  pour  les  autres  corps  de  l'armée  qui  vous  suivent. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  LANNES. 

Bamberg,  6  octobre  1806,  5  heures. 

L'instruction  que  je  vous  ai  envoyée  hier  soir,  M.  le  Maré- 
chal, vous  fait  connaître  que  vous  devez  coucher  le  7  à  la 
fourche  des  routes  de  Bamberg  à  Coburg  et  de  Schweinfurt 


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346  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

à  Bamberg  :  cette  fourche  se  trouve  au  village  de  Dorfleins, 
où  je  viens  d^ordonner  qu'il  soit  jeté  un  pont  sur  le  Mayn  ;  il 
serait  à  désirer  que  votre  première  division  et  votre  cavale- 
rie puissent  passer  demain  7.  le  Mayn  sur  ce  pont  et  profiter 
du  reste  du  jour  pour  vous  porter  à  Obemdorf  et  y  passer  le 
Mayn  sur  un  second  pont  que  j'y  fais  établir  *,  et  de  canton- 
ner votre  armée  sur  la  rive  droite  du  Mayn  sans  avoir  aucun 
poste  ni  aucun  homme  sur  la  rive  gauche,  qui  est  occupée 
par  les  autres  corps  de  l'armée .  Le  8  cette  division  qui  se- 
rait ainsi  rapprochée  de  Coburg  se  mettrait  en  marche  pour 
se  rapprocher  également  de  cette  ville. 

Vous  réunirez  dans  la  journée  du  7  tout  le  reste  de  votre 
corps  d'armée,  de  manière  que  le  8  avant  le  jour,  tout  ce 
qui  appartient  à  votre  armée  ait  traversé  le  Mayn  et  franchi 
tout  l'espace  de  pays  qui  se  trouve  entre  Hallstadt  et  Obem- 
dorf, de  manière  qu'à  8  heures  du  matin  cette  portion  de  la 
route  soit  libre. 

Vous  ne  ferez,  M.  le  Maréchal,  aucune  espèce  de  réquisi- 
tion, ni  ne  tirerez  aucune  subsistance  de  la  rive  gauche  du 
Mayn  mais  bien  de  la  rive  droite. 

Vous  comprendrez  facilement,  M.  le  Maréchal,  que  le  but 
de  l'ordre  que  je  vous  donne  est  de  faire  que  la  route  d'H&U- 
stadt  à  Obemdorf,  qui  est  commune  à  la  Garde  et  au  centre 
de  l'armée,  soit  libre,  et  qu'il  n'y  ait  aucun  engorgement, 
parce  que,  pour  avoir  un  bon  chemin  pour  aller  à  Coburg, 
vous  êtes  obligé  de  faire  une  lieue  et  demie  sur  la  communi- 
cation du  corps  du  centre. 


1.  LU  OKKKRAL  DAULTASITB  AU  GÉNÉRAL.  UOEASD. 

Bamberg,  6  octobro  1806. 

J'ai  l'hODueur  do  vous  pruvenir  que,  conrormément  aux  intentions  de  S.  )!■ 
l'Empereur,  il  Taul  que  vous  preniez  de  suite  les  mesures  les  plus  promptes* 
10  pour  faire  jeter  un  pont  sur  le  Mayn  û  Tembouchuro  de  la  Rcdnitz,  de 
manière  que  îe  corps  d*arniée  de  M.  le  maréchal  Lai: nés,  qui  doit  se  reodur 
de  Schweinfurt  à  Hallsladt,  n'éprouve  aucun  retard. 

80  Vous  eu  ferez  également  jeter  un  autre  sur  le  Mayn  à  Obemdorf  au 
point  où  est  le  bac,  de  manière  qu'un  corps  d'armée  qui  se  rendrait  de  Bam- 
berg à  Coburg  n'éprouve  aucun  retard. 

Môme  ordre  au  colonel  du  génie  Touzard.  — Vous  êtes  autorisé  à 

faire  aux  magistrats  toutes  les  demandes  nécessaires  tant  en  ouvriers,  bar- 
ques et  bateaux,  planches,  madriers,  cordages  et  généralement  tous  les  ma- 
tériaux qui  seront  nécessaires  pour  la  prompte  exécution  de  ces  dispositions. 


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6    OCTOBRE.  347 

Dans  la  journée  du  8  il  sera  convenable  que  vous  viviez 
entièrement  dans  le  pays  de  Coburg,  puisque  dans  cette 
journée  le  maréchal  Augereau  aura  débouché  de  Bamberget 
aura  pris  position  sur  la  rive  droite  du  Mayn  depuis  le  vil- 
lage d'Obemdorf  jusqu'aux  limites  de  Coburg. 

Position  de  la  rëseroe  de  cavalerie  le  6  octobre  *. 


Bamberg,  6  octobre  1806. 

Brigade  de  huuards.  .   .     Kronaoh Occupant  Jusqu'à  la  frontière  l»s  val- 

.ées  de  Hawlach,  Krouch  et  Rodach. 
firig&de  de  chMaeara  .    .     Unter-Langenstadt  .   .  .     Elle  n'est  compoaée  que  du  13*. 

1^  diTision  de  dragona.     Wftrzburg.  .    < A  ordre  de  ae  rendre  à  Bamberg. 

S*  —  .    .  —  En  route  pour  Wflrzburg. 

y  —  H&llatadt Occupant  les  villages  en  arant  jusqu'à 

-   Ebensfeld. 

4'  —  Banuach Occupant  les  Vilieges  en  arant  Jusqu'à 

Mmllitz  et  éclairant  la  roule  et  les 
commnnieations  de  Coburg. 

1  e  d  ■  de  ealrassiers  Kltmann Occupant  sur  la  rÎT*  gauche  tous  l«*s 

TïUages  Jusqu'à  Bamberg  entre  lo 
Hayn  et  rAurach. 

y  >-  Barg  Ebraeb Et  tous  les  villages  Jusqu'à  Bamberg, 

séparée  de  la  dirislon  Raasouty  par 
l'Aurach. 

Pare Ebrach. 

Le  général  de  division,  chef  de  l'état-major  général, 

Beluard. 


LE  GÉNÉRAL  BELLIARD  AU  GÉNÉRAL  BEAUMONT. 

Bamberg,  6  octobre  1806,  7  heures  du  soir. 

Mandez-moi  de  suite  si  vous  avez  du  pain  pour  4  jours. 
L'Empereur  veut  le  savoir  à  Tinstant.  Envoyez-moi  un  officier 
in'apporter  votre  réponse;  tenez- vous  prêt  à  partir  et  tâchez, 
en  outre  de  4  jours  de  pain,  de  faire  suivre  pour  5  ou  6  jours 
de  viande  ;  prenez-en  dans  les  villages  et  donnez  des  reçus 
en  règle. 


1.  Celte  pièce,  ainsi  que  la  position  à  la  date  du  7,  est  l'état  d'emplace- 
ment fourni  au  major  général. 


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348  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 


LE   MARÉCHAL    BBRNADOTTB    AIT    OÉVÉBAL    DUPONT. 

Lichtenfels,  6  octobre  1806. 

Je  viens  de  recevoir,  mon  cher  général,  votre  lettre  du  5  octobre 
datée  de  Burg  Ebrach  ;  le  major  général  m'avait  annoncé  que  vous 
n'arriveriez  à  Bamberg  que  demain,  mais  votre  aide  de  camp  m'as- 
snre  que  vous  y  coucherez  ce  soir  ;  la  grande  quantité  de  troupes 
qui  se  trouvent  réunies  à  Bamberg,  me  détermine  à  vous  faire  conti- 
nuer votre  marche  demain  dans  Tespérance  que  vous  serez  mieux 
dans  les  villages  sur  la  route  que  dans  le  lieu  où  vous  êtes  mainte- 
nant ;  vous  porterez  la  tête  de  votre  colonne  à  Staffelstein  et  la  gau- 
che à  GUssbach*.  Un  officier  d*état-major  se  trouvera  de  bonne 
heure  à  Gtissbach  et  vous  indiquera  les  villages  que  vous  devez  oc- 
cuper après-demain. 

Vous  connaissez  assez,  mon  cher  général,  mon  ancienne  amitié 
pour  vous  pour  être  persuadé  du  plaisir  que  j'éprouve  à  nous  voir 
réunis  ensemble. 

Je  vous  renouvelle  l'expression  de  tous  mes  sentiments  inviola- 
bles. 


LE  MARÉCHAL  BEBNADOTTE  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Lichtenfels,  6  octobre  1806,  9  heures  du  soir. 

Je  viens  de  recevoir  à  Tinstant,  M.  le  Duc,  Tordre  de 
mouvement  de  la  Grande  Armée. 

Je  serai  demain  7  avec  les  divisions  Drouet  et  Rivaud  et 
avec  toute  ma  cavalerie  à  Kronach  et  en  avant. 

Je  donne  Tordre  au  général  Dupont  de  se  porter  demain? 
avec  sa  division  la  gauche  à  Lichtenfels  et  la  droite  à  Zett- 
litz.  Je  serai  le  8  au  delà  des  frontières  sur  les  hauteurs  de 
Lobenstein,  mais  je  crains  bien  que  le  général  Dupont  ne 
puisse  y  arriver  en  même  temps  ;  au  reste  je  lui  prescris  de 
presser  sa  marche,  afin  de  pouvoir  remplir  le  plus  ponctuel- 
lement possible  les  intentions  de  S.  M. 


1.  Ces  dispositions  Ibrent  modifiées  par  l'ordre  de  mouvement  de  la  Grande 
Armée,  que  reçut  le  maréchal  Bernadotlo  et  dont  le  major  général  donna 
connaissance  au  général  Dupont  en  ce  qui  le  concernait. 


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6   OCTOBRE.  349 

Tous  les  rapports  qui  me  parviennent,  annoncent  que  Pen- 
nemi  ne  fait  aucun  mouvement  sur  Baireuth,  à  l'exception 
d'un  petit  corps  de  600  hommes  d'infanterie  qui  s'est  porté 
sur  Mark-Schorgast,  vraisemblablement  pour  occuper  la  for- 
teresse de  Plassemberg  ;  cependant  je  n'en  ai  aucun  avis 
certain. 

S'il  y  a  possibilité  de  couper  au  petit  corps  de  Hof  sa  re- 
traite de  Plauen,  je  ne  négligerai  aucuns  moyens  pour  le 
faire.  Des  avis  assurent  que  l'armée  prussienne  se  concentre 
dans  les  environs  d'Erfurt  et  de  Naumburg. 

J'ai  rhonneur  de  vous  oflBrir,  M.  le  Duc,  l'expression  de 
mes  sentiments  distingués. 

1^'  corps.  BAPPOBT   DU    6    OCTOBBB. 

Le  prince  de  Hohenlohe  a  couché  à  Géra  il  y  a  trois  jours,  se  di- 
rigeant  sur  Naumburg  et  Erfurt. 

Les  Saxons  se  renforcent  à  Saaiburg  ;  ils  y  ont  de  Tartillerie. 

Les  troupes  de  Plauen  n'ont  point  été  augmentées  ;  il  n'y  a  pas 
d'aatres  rassemblements  de  troupes  dans  cette  partie. 

n  n'est  point  arrivé  de  troupes  à  Bernstein,  comme  on  l'avait 
annoncé. 

Les  Prussiens  observent  beaucoup  la  route  de  Coburg.  Un  hussard 
placé  en  vedette  entre  Creidlitz  et  Unter  FUllbach  a  tiré  sur  les  géné- 
raux Savary  '  et  Berthier. 

ORDBB   DE    MABCHB    DU    1^'    C0BP8    POUB    LB    7    OCTOBBE. 

Quartier  général,  Lichtenfels,  6  octobre  1806. 

Le  général  Drouet  réunira  sa  division  demain  7  octobre  et  pren- 
dra position  à  Nordhalben,  occupant  les  débouchés  sur  la  route  de 
Lobenstein  et  ceux  qui  se  trouvent  à  la  gauche  et  à  la  droite  de  sa 
position. 

Le  général  Bivaud  réunira  demain  sa  division  à  Kttps,  marchera 
en  guerre,  dépassera  Kronach  et  se  placera  en  échelons  sur  la  route 
de  Nordhalben  occupant  les  villages  depuis  Steinwiesen  inclusive- 


1.  Lo  général  Sarary,  après  avoir  visité  la  position  du  &•  corps  à  Kônigs- 
bofen,  reeonnaissait  la  route  de  ^burg  et  la  position  du  i«r  corps. 


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350  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ment  jusqu'à  Rodach  exclusivement.  Il  gardera  les  débouchés  sur  sa 
droite  et  sur  sa  gauche  ;  il  communiquera  par  des  postes  avec  la  di- 
vision du  général  Drouet. 

Le  général  Dupont  établira  demain  7  sa  division  la  tête  à  Zettlitz 
inclusivement  et  la  queue  à  Lichtenfels. 

La  division  de  cavalerie  légère  partira  demain  7  de  ses  cantonne- 
ments et  ira  s'établir  à  Rodach  et  viUages  environnants  dans  le  rajon 
d'une  lieue  au  plus  ;  elle  se  gardera  militairement. 

Le  grand  parc  d'artillerie  partira  le  7  pour  se  rendre  à  KUps. 


Mouvement  du  8, 

Le  général  Drouet  rectifiera  sa  position  et  poussera  des  postes  siir 
les  bords  de  la  frontière. 

Le  général  Rivaud  serrera  sa  division  sur  celle  du  général  Drouet, 
se  placera  à  sa  droite  si  le  terrain  le  permet,  et,  dans  le  cas  con- 
traire, il  s'établira  en  seconde  ligne.  | 

Le  général  Dupont  partira  de  ses  cantonnements  et  ira  prendre 
position  à  Zejem  entre  Steinwiesen  et  Rodach. 

La  cavalerie  légère  ira  se  placer  à  Steinwiesen. 

Le  parc  d'artillerie  se  placera  à  Rodach. 

Le  quartier  général  du  maréchal  prince  de  Ponte- Corvo  sera  les  7 
et  8  à  Eronach. 

Il  sera  donné  de  nouveaux  ordres  pour  le  mouvement  du  9  et  tou- 
tes les  troupes  se  tiendront  prêtes  à  agir  pour  ce  jour. 

Chaque  division  tâchera  de  se  procurer  pour  4  jours  de  vivres. 

MM.  les  généraux  de  division  se  feront  rendre  compte  s'il  y  a  des 
cartouches  avariées  et  les  feront  remplacer  de  suite. 

P.  0.  Le  général  de  dimnon,  chef  de  VétatHfnajor  général , 

Léopold  Bebthibb. 

P,'S.  —  Le  Prince  pense  que  vous  pouvez  cantonner  vos  troupes, 
mais  dans  un  rayon  très  resserré  et  ayant  un  cinquième  d'entre  elles 
pour  se  garder  militairement  *. 

OBDBB   DU   6    OCTOBBB. 

Bamberg. 

La  division  marchera  désormais  dans  l'ordre  suivant. 
Les  difiFérents  corps  suivront  habituellement  dans  la  marche  leur 
ordre  de  bataille. 


1.  Expédition  adressée  au  général  Dupont. 


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■'STT-F*- 


6   OCTOBRE.  351 

La  V*  brigade  sera  suivie  immédiatement  par  son  artillerie  com- 
posée de  2  pièces  de  6  et  un  obusier  *. 

La  2*  aura  4  pièces  de  6  qui  marcheront  immédiatement  après  le 
32*  avec  leurs  caissons  de  munitions  et  les  hommes  nécessaires  pour 
les  servir. 

Le  reste  de  l'artillerie  formera  la  réserve  et  marchera  après  le 

Tous  les  bagages,  ainsi  que  les  caissons  de  vivres,  marcheront 
après  la  réserve  d'artillerie. 

Les  charrettes  chargées  de  pain  appartenant  aux  différents  régi- 
ments marcheront  à  leur  suite,  ainsi  que  les  voitures  de  vivandiers 
qui  ne  pourront  pas  excéder  le  nombre  de  4  par  régiment*. 

Les  régiments  marcheront  sur  3  rangs  afin  de  diminuer  la  longueur 
des  colonnes. 


1.  LB  CHSr  DB   BATAILI«ON  BBRV AKD,   COMH&MDAHT  L  ABTlI<I<BBIK, 

AU  OÉXÉBAIi  DDPOHT. 

Bamberg,  6  oclobre  1806. 

Vous  me  demandez  compte  des  dispositions  que  j'ai  faites  pour  remplir  les 
intentions  de  3.  M.  l'Empereur  pour  ce  qui  concerne  Tartillerie  de  la  division, 

1»  Ce  qui  a  égard  à  la  marehe  des  bouches  à  feu  a  été  ordonné  d'aprôs  les 
intentions  de  S.  M. 

s<>  11  ne  me  manque  aucun  objet,  pas  môme  un  outil  ;  ceux  qui  ne  se  trou- 
vent point  en  dehors  des  caissons  autrichiens ,  Caute  de  place  pour  les  y 
mettre,  se  trouvent  sur  mes  prolonges  à  la  suite  du  parc  ;  on  ne  peut  mettre  des 
attaches  aux  caissons  à  moins  de  les  décharger,  opération  qui  ne  peut  guère 
se  taire. 

s®  Tai  6  caissons  d*infanterie  et  5  de  parc  qui  contiennent  213,000  cartou- 
ches ,  tandis  que ,  d'après  le  chargement  ordinaire ,  il  ne  devrait  y  en  avoir 
que  190,000  à  195,000  au  plus.  J'en  ai  donc  au  delà  de  ce  que  l'on  doit  y 
mettre. 

Vous  pouvez  juger  d'aprôs  cet  exposé,  mon  général,  que  c'est  faute  d'avoir 
eu  Tesprit  présent  pour  répondre  à  S.  M.  que  l'on  a  pu  me  supposer  autant 
de  torts.  Vous  êtes  d'ailleurs  trop  juste,  lorsque  vous  aurez  reconnu  la  vérité 
de  ee  que  j'ai  l'honneur  de  vous  exposer,  pour  ne  pas  en  convenir  vous- 
mdme. 

Comme  le  caisson  d'infanterie  contenait  i6,ooo  cartouches,  il  en  résulte 
que  le  caisson  de  parc  pouvait  contenir  aa,000  ou  28,000  cartouches. 

s.  LB  COLOBBL    BABBOI8    DU    96*   AU   OéviAltÂX*   OUPOVT. 

Ober^Aurach,  6  octobre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  l'état  du  logement  qu'occupe  le  régiment. 
h  ne  puis  y  joindre  les  rapports  particuliers  parce  qu'ils  ne  me  sont  point 
encore  parvenus  ;  je  sais  seulement  que  dans  presque  tous  ces  villages  il  y 
>  ou  des  cuirassiers  ou  des  soldats  du  train  avec  leurs  chevaux,  mais  malgré 
cela  nous  sommes  beaucoup  mieux  qu'au  bivouac.  Toutes  les  compagnies  auront 
de  la  viande;  si  demain  les  capitaines  me  rendent  compte  qu'ils  ne  peuvent 
avoir  dn  pain,  je  vous  demanderai  la  permission  d'en  donuer  encore  une 
ration  à  chaque  homme;  le  pain  de  la  division  étant  réuni  au  parc,  je  vous 
demanderai  U  permission,  mon  général,  de  retirer  ma  garde,  qui  n'a  point 
niaogé  la  soupe  depuis  48  heures.  Je  vous  prie  de  vous  rappeler  que  vous 
avez  bien  voulu  me  le  promettre  ce  matin. 


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362  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

La  division  partira  demain  à  la  pointe  du  jour  pour  Lichtenfels  à 
6  lieues  de  Bamberg. 

DUPOHT. 

M.  Faverj  se  concertera  avec  le  commissaire  des  guerres  Cayrol 
pour  assurer  les  vivres  et  le  fourrage  et  procurer  à  la  troupe  des 
marmites  et  bidons. 

Il  se  rendra  auprès  du  maréchal  Bernadotte  pour  le  prévenir  de 
Tarrivée  de  la  division  et  le  prier  de  pousser  en  avant  les  corps 
qu*elle  doit  remplacer. 

LE    oiirâBAL    DAULTAMHB    AUX    GÊNÉBAUX    MORAND,    PRIANT,    OUDIN, 
VIALLANNES    ET    HANNICaUB. 

Bamberg,  6  octobre  1806. 

J*ai  l'honneur  de  vous  prévenir  que  le  corps  d'armée  doit  se  tenir 
prêt  à  marcher  d'un  instant  à  l'autre  ;  faites-en  prévenir  de  suite  les 
chefs  de  corps.  L'intention  de  M.  le  Maréchal  est  que  tout  le  pain 
qui  ne  pourrait  pas  être  emporté  dans  les  caissons  soit  chargé  sur 
des  voitures  de  réquisition  ;  bien  entendu  qu'il  faut  que  le  soldat 
en  soit  premièrement  muni  pour  4  jours  :  il  sera  déposé  chez  les  co- 
lonels afin  que  la  distribution  en  soit  faite  à  la  troupe  au  moment 
où  elle  prendra  les  armes. 

L'on  ne  saurait  trop  recommander  aux  soldats  de  conserver  le  pain 
avec  soin  attendu  que  dans  les  premières  marches  que  l'armée  va 
faire  il  sera  impossible  d'en  faire  procurer. 

M.  le  Maréchal  ordonne  que  les  mesures  prises  ci-dessus  reçoivent 
leur  exécution  sitôt  le  présent  ordre  reçu. 

ORDRE    DE    MOUVEMENT  *. 

Amborg,  6  octobre  1806. 

Toutes  les  troupes  du  corps  d'armée  se  mettront  en  marche  de- 
main 7  octobre  de  grand  matin  et  se  dirigeront  sur  Baireuth  où  le 


1.  L*ordre  général  avait  été  précédé  par  les  ordres  particuliers  suivants: 

LB   MAEéCHAL   80ULT    AU    oAxAraL    SAlHT-UIIiAIRE. 

Amberg,  6  octobre  1806. 

Au  reçu  de  ma  lettro,  faites  rassembler  votre  division  en  avant  de  Schlicht 
afin  de  la  préparer  au  mouvement  que  demain  elle  devra  faire  pour  arriver 
dans  une  marche  à  Baireuth.  Dans  8  heures  vous  recevrez  Tordre  général.  Je 
donne  ordre  au  géuéral  Levai  de  rassembler  aussi  sa  division  en  avant  de 
Haag  pour  vous  faire  de  la  place  ;  mais  sMl  le  fallait  vous  bivouaqueries. 

Ordre  analogue  au  général  Levai. 

Au  général  Legrand.  —  Au  reçu  de   ma  lettre,  faites  porter  en  avant  de 


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6  OCTOBRE.  353 

corps  d*armée  devra  être  réuni  dans  le  jour  même  et  d'aussi  bonne 
beure  que  possible,  et  où  il  sera  donné  de  nouveaux  ordres  sur  la 
position  que  les  divisions  devront  prendre. 

A  cet  effet  le  général  Guyot  commandant  la  cavalerie  légère  la 
tiendra  réunie  sur  la  grande  route  pour  8  heures  précises  du  matin. 

Le  général  Legrand  donnera  tous  les  ordres  nécessaires  pour  que 
s&  division  ait  joint  la  cavalerie  légère  à  8  heures  du  matin  sur  la 
grande  route  à  hauteur  de  Tharndorf. 

Le  général  Levai  donnera  aussi  les  ordres  nécessaires  pour  que  sa 
diTiston  ait  joint  à  la  même  heure  la  gauche  de  la  division  du  géné- 
ral Legrand  dans  la  même  direction,  en  avant  de  Thumbach  ou  à 
hautem*  de  Thnrndorf ,  ainsi  qu'il  est  dit  ci-dessus. 

Le  général  Saint-Hilaire  donnera  sur-le-champ  tous  les  ordres  né- 
cessaires pour  que  sa  division  se  mette  en  marche  avant  la  nuit,  afin 
qn^elle  joigne  aussi  à  8  heures  du  matin  la  gauche  de  la  division  du 
général  Levai,  en  avant  de  Thumbach,  et  suive  ensuite  sa  marche. 

Le  général  Lariboisière  donnera  ordre  au  parc  d'artillerie  de  partir 
pendant  la  nuit  pour  suivre  la  marche  du  corps  d'armée  sur  Baireuth, 
et  il  le  fera  établir  demain  7  octobre  à  Creussen. 

Le  quartier  général  du  corps  d'armée  partira  sur-le-champ  d'Am- 
berg  et  se  rendra  à  Thumbach.  Demain  7  il  sera  établi  à  Baireuth. 

L'ordonnateur  prendra  toutes  les  mesures  nécessaires  pour  faire 
transporter  à  la  suite  du  corps  d'armée  le  pain,  la  viande,  l'eau-de- 
Tie  et  le  sel,  provenant  des  versements  que  la  liégence  du  Haut-Pa- 
latinat  a  fait  opérer,  et  il  dirigera  de  suite  sur  les  divisions,  ainsi 
qne  sur  le  parc,  le  pain  qui  leur  manque  pour  que  la  troupe  en  ait 
ponr  4  Jours,  et,  aussitôt  que  ce  pain  sera  arrivé,  MM.  les  généraux 
ordonneront  que  la  distribution  en  soit  faite,  afin  que  les  soldats 
aient  constamment  pour  4  jours  de  pain  et  2  jours  de  viande,  con- 
formément aux  instructions  de  l'Empereur. 

À  compter  de  demain  aucune  éwicuation  ne  devra  être  faite  sous 
quelque  prétexte  que  ce  soit  par  Amberg  sur  Ratisbonne  ;  mais  du 
moment  que  le  corps  d'armée  sera  arrivé  à  Baireuth,  les  évacuations 
de  malades,  de  prisonniers  et  d'effets  quelconques,  auront  lieu  sur 
Forchheim,  d'où  les  malades  et  prisonniers  seront  dirigés  sur  d'autres 
points  par  le  commandant  de  cette  place  et  où  les  militaires  conva- 
lescents du  corps  d'armée  devront  se  réunir  en  exécution  de  l'ordre 
du  3  de  ce  mois. 

Dans  la  marche  qui  va  se  faire,  MM.  les  généraux  maintiendront 
la  plus  sévère  discipline  dans  leurs  troupes  ;  ils  les  feront  marcher 


Thumbach  toutes  les  troupes  de  votre  division  qui  sont  en  arriére  de  cal 
endroit,  afin  de  faire  de  la  plaça  au  général  Lovai ,  qui  a  ordre  de  rassembler 
sa  diYision  en  avant  de  Haag.  Dans  8  heures  vous  recevrez  Tordre  général  ; 
mais  nj  perdez  pas  un  instant  pour  exécuter  les  dispositions  ci-dessus. 

CAMP.  DB  PBUSSB.  93 


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354  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

dans  le  plus  grand  ordre  et  empêcheront  que  sous  quelque  prétexte 
que  ce  soit,  hors  pour  le  service,  aucun  militaire  quitte  la  colonne 
«  Ils  feront  arrêter,  pour  être  livré  à  une  commission  militaire  et 
«  fusillé  de  suite,  tout  militaire  ou  individu  à  la  suite  de  Tannée  qai 
«  se  porterait  au  moindre  excès  de  pillage,  de  désordre  ou  de  vexa- 
«  tion,  et  préviendront  leur  troupe  que,  quoique  Tarmée  entre  dans 
«  les  États  prussiens,  la  guerre  n*est  cependant  pas  encore  déclarée 
«  avec  la  Prusse,  et  que  ce  mouvement  a  principalement  pour  but 
«  d'occuper  le  pays  de  Baireutb,  afin  de  garder  la  droite  de  la  Grande 
«  Armée,  et  empêcher  que  les  Prussiens  ne  puissent  la  tourner;  mais 
«  si  cette  armée  voulait  s'opposer  à  nos  mouvements,  l'Empereur 
«  compte  sur  le  courage  de  ses  braves  troupes  et  leur  rappelle  la 
«  gloire  qu'elles  ont  acquise  à  Austerlitz.  »  (Les  dispositions  qui 
sont  marquées  par  des  guillemets  seront  mises  à  l'ordre  des  divisions 
et  lues  à  la  tête  des  compagnies.) 

Après  cette  marche,  ainsi  que  pendant  toutes  les  autres  qui  seront 
faites  pendant  la  campagne,  MM.  les  généraux  commandant  les  divi- 
sions de  cavalerie  et  d'infanterie,  ainsi  que  le  général  commandant 
l'artillerie,  enverront  tous  les  soirs  un  officier  de  leur  état-major  au 
Maréchal  commandant  en  chef  pour  lui  porter  le  rapport  du  mouve- 
ment et  des  événements  de  la  journée,  ainsi  que  pour  rendre  compta 
de  la  prise  de  position  et  pour  prendre  ses  ordres  *  ;  s'il  arrivait  que 
la  distance  fût  trop  grande  pour  que  l'officier  pût  venir  au  quartier 
général  avec  son  cheval,  il  serait  autorisé  à  prendre  la  poste,  et  les 
frais  lui  en  seraient  payés. 

M*'    SOULT. 

LE   MARÉCHAL   NEY  AU   MAJOR   GENERAL. 

Nuremberg,  6  octobre  1806. 

J'ai  reçu  Tordre  de  mouvement  que  vous  m'avez  fait  Thon- 
neur  de  m'adresser  hier  de  Wtirzburg.  Les  intentions  de 
l'Empereur  seront  remplies  ;  je  serai  le  8  à  Baireuth. 


1.  liS    GÉNÉRAL   COMPABS   AU   GÉNÉRAL   MARGAR05. 

Hûncliberg,  8  octobre  1806. 

La  division  de  cavalerie  est  la  seule  qui  ne  se  soit  pas  encore  coDformée 
à  Tordre  qu'a  douné  M.  le  Maréchal  commandant  en  chef  qu*un  oQlcier 
d'état-major  de  chaque  division  se  rende  tous  les  soirs  au  bureau  de  Tétat- 
major  pour  y  prendre  les  ordres  de  mouvement  et  autres  dépêches;  je  vous 
prie  de  prendre  des  mesures  pour  que  cet  ordre  soit  ponctuellement  exécuté 
à  l'avenir,  ainsi  que  M.  le  Maréchal  vous  Ta  lui-même  recommandé.  Aujour- 
d'hui nous  manquons  d'oOiciers  d'état-major  et  il  me  serait  impossible  dans 
beaucoup  d'occasions  de  suppléer  ceui  qu'on  n'aurait  pas  envoyés.  Le  service 
en  souffrirait  nécessairement. 


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6    OCTOBRE.  355 

Je  m'établis  aujourd'hui  à  Hilpoltstein  et  demain  à  Pe- 

gnitz. 


LE  MARECHAL  KELLERMAKK  A  L  EMPEREUR. 

Mayence,  6  octobre  1806. 

V.  M.  a  senti  la  justice  des  observations  que  j'ai  mises 
i>ous  ses  yeux  sur  la  nécessité  que  j'aie  des  fonds  à  ma  dispo- 
sition chez  le  payeur  de  la  26®  division  pour  faire  face  aux 
dépenses  imprévues  et  urgentes  que  le  bien  du  service  peut 
exiger.  J'en  ai  écrit  à  M.  le  major  général  et  au  ministre 
directeur  de  l'administration  de  la  guerre. 

Il  se  présente  dans  ce  moment  une  circonstance  qui  me 
fait  sentir  bien  vivement  cette  nécessité.  Le  commandant 
de  lartillerie  a  épuisé  tous  ses  fonds  pour  exécuter  les  ordres 
de  V.  M.  11  a  demandé  de  nouveaux  fonds  qui  ne  peuvent  pas 
tarder  d'arriver.  En  attendant  il  a  besoin  de  3,000  fr.  sans 
quoi  il  ne  peut  plus  aller  en  avant.  Inutilement  j'ai  engagé 
le  payeur  à  lui  faire  l'avance  de  cette  somme  dont  il  lui  se- 
rait tenu  compte  sur  les  premiers  fonds  qu'il  aurait  à  verser 
à  lartillerie.  Je  n'ai  pu  le  déterminer.  Si  j'avais  eu  des  fonds 
à  ma  disposition,  je  me  serais  empressé  de  faire  l'avance  de 
ces  3,000  fr.  et  le  service  ne  souflfrirait  pas.  Je  réitère  donc 
lua  demande  à  V.  M.  Elle  sait  combien  je  souffre  lorsque  des 
obstacles  insurmontables  arrêtent  l'exécution  de  ses  ordres. 


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7   OCTOBRE 


MESSAGE   AU   SÉNAT. 

Quartier  imp<$rial,  Bamberg,  7  octobre  1806. 

Sénateurs,  nous  avons  quitté  notre  capitale  pour  nous  ren- 
dre au  milieu  de  notre  armée  d'Allemagne,  dès  l'instant  que 
nous  avons  su  avec  certitude  qu'elle  était  menacée  sur  ses 
flancs  par  des  mouvements  inopinés.  A  peine  arrivé  sur  les 
frontières  de  nos  Etats,  nous  avons  eu  lieu  de  reconnaître 
combien  notre  présence  y  était  nécessaire,  et  de  nous  applau- 
dir des  mesures  défensives  que  nous  avions  prises  avant  de 
quitter  le  centre  de  notre  Empire.  Déjà  les  armées  prussien- 
nes, portées  au  grand  complet  de  guerre,  s'étaient  ébranlées 
de  toutes  parts  ;  elles  avaient  dépassé  leurs  frontières  ;  la  Saxe 
était  envahie,  et  le  sage  prince  qui  la  gouverne  était  forcé 
d'agir  contre  sa  volonté  et  contre  l'intérêt  de  ses  peuples.  Les 
armées  prussiennes  étaient  arrivées  devant  les  cantonnements 
de  nos  troupes.  Des  provocations  de  toute  espèce,  et  même 
des  voies  de  fait,  avaient  signalé  l'esprit  de  haine  qui  ani- 
mait nos  ennemis  et  la  modération  de  nos  soldats,  qui,  tran- 
quilles à  l'aspect  de  tous  ces  mouvements,  étonnés  de  ne  re- 
cevoir aucun  ordre,  se  reposaient  dans  la  double  confiance 
que  donnent  le  courage  et  le  bon  droit. 

Notre  premier  devoir  a  été  de  passer  le  Rhin  nous-même, 
de  former  nos  camps  et  de  faire  entendre  le  cri  de  guerre, 
lia  retenti  au  cœur  de  tous  nos  guerriers.  Des  marches  com- 
binées et  rapides  les  ont  portés  en  un  clin  d'œil  aux  lieux 
que  nous  leur  avions  indiqués.  Tous  nos  camps  sont  formés; 
nous  allons  marcher  contre  les  armées  prussiennes  etrepous- 


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7   OCTOBRE.  357 

ser  la  force  par  la  force.  Toutefois,  nous  devons  le  dire,  notre 
cœur  est  péniblement  affecté  de  cette  prépondérance  cons- 
tante qu'obtient  en  Europe  le  génie  du  mal ,  occupé  sans 
cesse  à  traverser  les  desseins  que  nous  formons  pour  la  tran- 
quillité de  l'Europe,  le  repos  et  le  bonheur  de  la  génération 
présente,  assiégeant  tous  les  cabinets  par  tous  les  genres  de 
séduction,  égarant  ceux  qu'il  n'a  pu  corrompre,  les  aveuglant 
sur  leurs  véritables  intérêts,  et  les  lançant  ^au  milieu  des 
partis,  sans  autres  guides  que  les  passions  qu'il  a  su  leur 
inspirer. 

Le  cabinet  de  Berlin  lui-même  n'a  point  choisi  avec  déli- 
bération le  parti  qu'il  prend  ;  il  y  a  été  jeté  avec  art  et  avec 
une  malicieuse  adresse.  Le  Roi  s'est  trouvé  tout  à  coup  à  cent 
lieues  de  sa  capitale,  aux  frontières  de  la  Confédération  du 
Rhin,  au  milieu  de  son  armée  et  vis-à-vis  des  troupes  fran- 
çaises dispersées  dans  leurs  cantonnements,  et  qui  croyaient 
devoir  compter  sur  les  liens  qui  unissaient  les  deux  Etats  et 
sur  les  protestations  prodiguées  en  toutes  circonstances  par 
la  cour  de  Berlin. 

Dans  une  guerre  aussi  juste,  où  nous  ne  prenons  les  armes 
que  pour  nous  défendre,  que  nous  n'avons  provoquée  par  au- 
cun acte,  par  aucune  prétention,  et  dont  il  nous  serait  im* 
possible  d'assigner  la  véritable  cause,  nous  comptons  entiè- 
rement sur  l'appui  des  lois  et  sur  celui  de  nos  peuples,  que 
les  circonstances  appellent  à  nous  donner  de  nouvelles  preu- 
ves de  leur  amour,  de  leur  dévouement  et  de  leur  courage. 
De  notre  coté,  aucun  sacrifice  personnel  ne  nous  sera  pénible, 
aucun  danger  ne  nous  arrêtera,  toutes  les  fois  qu'il  s'agira  d'as- 
surer les  droits,  l'honneur  et  la  prospérité  de  nos  peuples. 

Napoléon, 
l'empereur  a  m.  pouché. 

Bamborg,  7  octobre  1806. 

Vous  verrez  l'état  de  la  question  actuelle  dans  les  publi- 
cations faites  aU  Sénat.  Donnez,  dans  ce  sens,  une  direction 
a  l'opinion.  Ce  n'est  pas  nous  qui  avons  changé,  c'est  la 


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358  gampàone  de  prusse. 

Prusse  qui  a  changé  elle-même,  qui,  divisée  en  tout  temps 
entre  le  parti  de  la  guerre  et  celui  de  la  paix,  succombe  au- 
jourd'hui sous  le  parti  de  la  guerre. 


L  EMPEREUR  A   M.    DE   TALLETRAND. 

Bamberg,  7  octobre  I8O6. 

Vous  trouverez  ci-joint  la  lettre  du  roi  de  Prusse.  Je  ne 
Tai  lue  que  très  légèrement.  C'est  un  mauvais  libelle.  Vous 
pourrez  cependant  préparer  une  réponse,  si  jamais  il  la  fai- 
sait imprimer.  Je  vous  envoie  ma  lettre  au  Sénat,  signée  ;  vous 
renverrez  par  un  courrier  extraordinaire,  avec  votre  rapport, 
que  vous  modifierez  selon  les  dernières  circonstances.  Puisque 
nous  devons  à  la  bonne  politique  de  la  cour  de  Berlin  de 
nous  avoir  fourni  une  pièce  aussi  importante  que  sa  dernière 
note,  cela  dit  tout.  Vous  y  joindrez  copie  des  notes  adressées 
à  M.  de  Knobelsdorf  au  moment  où  je  faisais  partir  mes 
troupes  de  Paris.  Ce  qu'il  y  a  de  plaisant  dans  tout  ceci,  c'est 
que  les  Prussiens  me  donnent  leur  ultimatum  le  8,  et  que 
moi,  sans  le  savoir,  j'étais  entré  le  7  dans  le  pays  de  Baireuth^ 
et  que  j'avais  commencé  mes  mouvements.  J'espère  que  de 
grands  événements  se  passeront  d'ici  à  unv  mois,  et  que  le 
Roi  s'apercevra  que  les  conseils  des  femmes  sont  funestes.  Le 
roi  de  Wurtemberg  m'assure  qu'un  courrier  est  parti  pour 
Saint-Pétersboui'g  avec  un  mémoire  politique  et  une  lettre 
de  la  reine  de  Prusse  pour  demander  100,000  hommes  au 
Czar.  Vous  saurez  que  ce  vieux  fou  de  duc  de  Brunswick  a 
écrit  au  roi  de  Wurtemberg  une  lettre  où  il  le  menace  de  plan- 
ter l'aigle  prussienne  à  Stuttgart.  Cela  ne  fera  pas  mal  le 
pendant  de  sa  proclamation  d'il  y  a  quatorze  ans. 

l'empereur   a   m.    OTTO. 

Bamberg,  7  octobre  1806. 

Je  vous  envoie  une  lettre  pour  le  roi  de  Bavière  ;  je  l'en- 
voie sous  cachet  volant  pour  que  vous  en  preniez  connais- 


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f 


7    OCTOBRE.  359 

sance.  Envoyez  un  courrier  au  prince  Eugène,  pour  lui  ap- 
prendre qjie  je  suis  à  Bamberg  et  que  les  hostilités  ont 
commencé  le  7.  Je  désire  que  lui  et  vous  gardiez  cela  pour 
vous.  Il  est  même  assez  convenable  que  le  roi  de  Bavière  ne 
fasse  connaître  le  commencement  des  hostilités  que  dans 
quelques  jours.  Pressez  les  mouvements  des  Bavarois.  L'Au- 
triche paraissant  être  dans  le  système  de  ne  rien  porter  sur 
rinn,  il  faut  imiter  ses  mouvements.  Je  désire  que  le  corps 
du  général  Deroy  se  sépare  en  deux,  et  que  8,000  hommes, 
se  portant  sur  Ingolstadt,  puissent  être  en  peu  de  jours  sur  la 
Regnitz  derrière  Bamberg,  si  cela  devenait  nécessaire.  Ré- 
pondez-moi là-dessus  et  faites-moi  connaître  quel  serait  le 
général  qui  conmianderait  cette  nouvelle  division. 

l'eMPEBEUR  au   roi   de   BAVIÈRE. 

Bainberg,  7  octobre  1806. 
Monsieur  mon  Frère,  je  reçois  enfin  une  lettre  du  roi  de 
Prusse.  Je  ne  puis  vous  envoyer  la  lettre  qu'il  m'a  écrite  ; 
c'est  une  rapsodie  copiée  des  journaux  anglais  et  qui  a  vingt 
pages;  mais  voici  la  note  que  M.  de  Knobelsdorf  a  remise  et 
que  je  reçois  à  l'instant.  Vous  y  trouverez  ma  réponse  dans 
ma  proclamation  à  l'armée.  Le  roi  de  Prusse  a  donc  déclaré 
la  guerre  !  Il  me  menaçait  donc  de  la  commencer  le  8  !  Sans 
doute  il  voulait  empêcher  la  jonction  des  forces  que  je  fais 
venir  de  France  ;  il  ne  se  doutait  pas  qu'elles  étaient  arri- 
vées, et  que  ma  Garde  même,  qui  n'est  partie  de  Paris  que  le 
22  septembre,  était  à  Bamberg  dès  le  5  octobre.  Je  ne  puis 
cependant  que  me  louer  de  ce  soin  qu'ils  ont  eu  de  bien 
constater  mon  bon  droit  aux  yeux  de  l'Europe. 

Des  lettres  analogues  furent  adressées  au  roi  de  Wurtem- 
berg et  au  prince  Primat.  La  lettre  au  prince  Primat  porte 
ce  post-scriptum  :  «  Je  pense  qu'il  est  convenable  que  Votre 
«  Altesse  envoie  confidentiellement  cette  note  à  tous  les 
«  princes  de  la  Confédération,  pour  faire  connaître  l'état  de 
«  la  question,  » 


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360  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 


L  EMPEREUR  AU   ROI   DE   WURTEMBERG. 

Bamberg,  7  octobre  1806. 

Monsieur  mon  Frère,  après  ce  que  Votre  Majesté  m'a  dit, 
je  compte  que  son  armée  sera  prête  le  10  octobre  à  Mergent- 
heim.  Je  la  prie  de  m'en  envoyer  un  état  de  situation  par 
un  de  ses  officiers,  afin  que  je  puisse  sans  délai  lui  donner 
un  ordre  de  marche. 


GOUVERNEUR   DE  PARIS. 

Bamberg,  7  octobre  1806. 

Je  n'ai  pas  encore  reçu  une  lettre  de  vous.  Je  désire  ce- 
pendant recevoir  quelquefois  de  vos  rapports.  Faites-moi 
connaître  la  situation  des  15*  et  58*,  l'état  de  l'arrivée  des 
conscrits  et  les  progrès  des  remontes  des  régiments  de  dra- 
gons qui  sont  sous  vos  ordres. 

l'empereur   AU  VICE-ROI   d'iTALIE 

Bamberg,  7  octobre  1806. 

Les  hostilités  ont  commencé  aujourd'hui,  ayant  fait  entrer 
mes  troupes  dans  le  pays  de  Baireuth.  Pour  ne  pas  donner 
d'inquiétude  au  public,  il  est  inutile  d'en  parler.  Faites  ap- 
procher, sous  prétexte  de  les  passer  en  revue,  les  9  escadrons 
de  cuirassiers  sur  Brescia,  afin  que,  si  j'en  avais  besoin,  vous 
puissiez  les  faire  passer  par  la  Rocca  d'Anfo  et  Insprtick, 
pour  me  joindre.  Vous  ferez  mettre  ces  escadrons  sur  le  pied 
de  guerre,  au  moyen  de  tous  les  hommes  disponibles  des 
4*"  escadrons.  Toutes  les  nouvelles  que  j'ai  sont  que  l'Autri- 
che ne  fait  aucun  mouvement,  et  qu'elle  envoie,  au  contraire, 
ses  troupes  du  côté  de  laGallicie  et  dé  laSilésie.  Vous  deveï 
être  à  même  de  voir  ce  qu'elle  fait  en  Italie.  Les  conscrits 
doivent  vous  arriver. 

J'ai  envoyé  à  Gênes  le  16*^  de  ligne  pour  qu'il  soit  plus 


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7    OCTOBRE.  361 

près,  de  sorte  qu'il  y  a  dans  cette  ville  deux  beaux  régiments 
qai  ne  laisseraient  pas  de  vous  être  fort  utiles. 

Envoyez-moi,  par  le  Tyrol,  de  vos  aides  de  camp,  qui  au- 
ront soin,  en  venant  chercher  des  nouvelles  de  l'armée,  de 
prendre  des  précautions.  Us  iront  prendre  langue  à  Forch- 
heim,  petite  place  forte  sur  la  Regnitz.  Ils  tiendront  note  de 
ce  qu'ils  auront  vu  sur  mes  derrières,  pour  pouvoir  m'en  ren- 
dre compte  *  à  leur  arrivée. 

Jusqu'au  moment  où  l'on  puisse  apprendre  la  nouvelle  de 
quelque  événement  majeur,  faites  courir  indirectement  le 
bruit  que  tout  s'est  arrangé  avec  la  Prusse  ;  cela  diminuera 
beaucoup  la  sollicitude. 


LE  MAJOR  GENERAL  AU  MARECHAL  DAVOUT. 

BaiDberg,  7  octobre  1806,  4  heures  du  matin. 

L'Empereur  ordonne,  M.  le  Maréchal,  que  vous  portiez 
votre  quartier  général  dans  la  journée  du  7  à  Lichtenfels  et 
que  vous  poussiez  votre  première  division  pour  cantonner 
autour  de  Lichtenfels  5  vos  deux  autres  divisions  seront  can- 
tonnées entre  Bamberg  et  Lichtenfels  de  manière  que  de- 
main 8  tout  votre  corps  d'armée  puisse  être  réuni  en  masse 
lie  guerre  en  avant  de  Kronach  et  être  en  mesure  de  soute- 
nir le  maréchal  Bemadotte,  qui  doit  dans  la  journée  du  9 
se  porter  sur  Lobenstein  et  sur  la  Saale.  (Voir  pour  la  posi- 
tion de  l'armée,  la  dépêche  du  6  au  maréchal  Bemadotte.) 


X.  Tout  doit  être  un  sujet  d'observation  pour  des  officiers  d*état-major 
aussi  bieo  peudont  les  missions  que  dans  leur  service  journalier.  Non  seule- 
ment ils  répondront  franchement  aux  questions  que  les  généraux  leur  pose- 
ront, mais  môme  ils  n*hésiteront  pas  à  leur  signaler  ce  qu'ils  ont  constaté 
<ie  rontraire  au  bien  du  service.  Plus  ils  seront  indépendants  de  caractère, 
plus  ils  rendront  de  services  aux  généraux,  plus  ceux-ci  pourront  on  tirer 
parti.  —  M'en  rendre  compte  signifie  que  Tofflcier  ne  doit  pas  attendre  d'ôlre 
interrogé  pour  faire  connaître  ce  dont  il  a  pris  uote. 


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362  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE   MAJOB   GÉNÉRAL   AU   GRAND-DUC   DE   BEBG. 

Bamberg,  7  octobre  1806,  4  heures  et  demie  du  matin. 

L'Empereur  ordonne  à  V.  A.  de  porter  son  quartier  géné- 
ral à  Kronach  aujourd'hui  7.  Elle  recevra  dans  la  journée 
une  instruction  sur  ce  qu'elle  aura  à  faire. 

Vous  voudrez  bien,  Monseigneur,  donner  sur-le-champ 
Tordre  au  général  Beaumont  de  se  diriger  sur  Kronach  avec 
sa  division  de  dragons,  à  la  division  de  dragons  Sahuc  de  se 
diriger  sur  Lichtenfels. 

Donnez  également  l'ordre  aux  deux  divisions  de  grosse 
cavalerie  de  se  rapprocher  en  prenant  de  nouveaux  canton- 
nements dans  la  journée  de  demain  8,  entre  Bamberg  et  Lich- 
tenfels. 

Quant  aux  divisions  Klein  et  Grouchy,  elles  doivent  sui- 
vre leur  marche  pour  vous  rejoindre. 


LE   MAJOR   GÉNÉRAL   A  l' ADJOINT   DESNOTERS. 

Bamberg,  7  octobre  1806,  4  heures  et  demie  du  matiu. 

Il  est  ordonné  à  l'adjoint  à  l'état-raajor  Desnoyers  de  par- 
tir sur-le-champ  pour  se  rendre  sur  le  chemin  de  Bamberg  à 
Baireuth  ;  il  s'arrêtera  à  l'extrême  frontière,  il  interrogera 
les  habitants  et  les  voyageurs  afin  d'avoir  des  nouvelles  du 
maréchal  Soult  qui  doit  être  entré  à  Baireuth  à  midi  \  il  n'en 
dira  rien  à  personne  et,  du  moment  qu'il  sera  certain  que 
l'armée  française  est  à  Baireuth,  il  me  l'écrira  par  une  esta- 
fette ou  par  un  homme  du  pays  -,  de  sa  personne,  M.  Des- 
noyers se  rendra  à  Baireuth  et  rapportera  à  l'Empereur  tous 
les  renseignements  qu'il  aura  pu  se  procurer  sur  la  situation 
de  l'armée  du  maréchal  Soult,  ainsi  que  tous  ceux  qu'il  aura 
pu  recueillir  sur  la  situation  de  l'ennemi  àHof.  U  prendra 


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7    OCTOBRE.  363 

également  des  notes  sur  rabondance  des  subsistances  et  la 
manière  de  vivre  dans  le  pays  de  Baireutb  \ 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  AUGEREAU. 

Bamberg,  7  octobre  1808. 

L'intention  de  TEmpereur,  M.  le  Maréchal,  est  que  vous 
traversiez  la  ville  de  Bamberg  demain  8  dans  la  matinée, 
que  vous  suiviez  la  route  de  Coburg  passant  par  Hallstadt  et 
Obemdorf  où  vous  passerez  le  pont  de  bateaux.  Vous  pren- 
drez vos  cantonnements  à  la  rive  droite  du  Mayn,  entre 
Obemdorf  et  Coburg. 

L'intention  de  S.  M.  est  que  demain  à  midi  toute  votre 
arrière-garde  ait  traversé  Bamberg  et  qu'il  ne  reste  pas  un 
homme  de  votre  armée  en  arrière. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  GRAND-DUC  DE  BERG. 

Bamberg,  7  octobre  1806,  lo  heures  du  matin. 

L'Empereur  ordonne  à  S.  A.  le  grand-duc  de  Berg  de  se 
rendre  aujourd'hui  7  à  Kronach.  Quoique  la  guerre  doive 
être  déclarée  dès  aujourd'hui,  aucune  cavalerie  ne  doit  ce- 
pendant dépasser  la  frontière  afin  de  ne  pas  instruire  l'en- 
nemi plus  tôt  qu'il  ne  le  sera. 

Nous  devons  être  aujourd'hui  à  Baireuth  ;  il  est  donc  pro- 
bable que  l'ennemi  ne  sera  instruit  que  demain  à  midi  ou 
demain  au  soir  du  commencement  des  hostilités. 

Il  y  a  à  l'avant-garde  trois  brigades  de  cavalerie  légère  ;  il 
faut  y  mettre  beaucoup  d'ordre. 

La  brigade  attachée  au  maréchal  Bemadotte  est  comman- 
dée parle  général  Watier ;  elle  débouchera  demain  matin, 


1.  Les  missions  ool  presque  toujours  des  objets  multiples.  11  appartieni 
*^x  généraux  de  savoir  tracer  aux  offlciers  leurs  instructions  de  telle  sorti* 
qu'ils  rapportent  de  leurs  courses  et  de  leurs  tournées  tous  les  renseigne- 
ments désirables,  afin  d'éviter  l'envoi  d'un  nouvel  o£Bcier  pour  un  objet  qui 
aurait  pu  6tre  reaipli  par  le  premier. 


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364  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

fera  prisonnier  tout  ce  qu'elle  pourra,  s'avancera  le  plus 
loin  possible  et  battra  tout  le  pays  pour  avoir  des  renseigne- 
ments. 

Le  général  de  brigade  Milbaud,  après  avoir  dépassé  Lo- 
benstein,  se  jettera  sur  la  gauche  et  reconnaîtra  ctf  qu'il  y  a 
à  Saalfeld  et  Grafenthal. 

La  cavalerie  du  maréchal  Lannes  que  commande  le  géné- 
ral Treillard  et  qui  sera  demain  matin  à  Coburg,  poussera 
en  avant  sur  Grafenthal. 

L'intention  de  l'Empereur  est  que  le  Grand-duc  se  tienne 
en  position,  ayant  en  avant  de  lui  la  brigade  du  général  La- 
salle  qu'il  tiendra  le  plus  réunie  possible  pour  en  former 
une  réserve  ;  mais  il  enverra  reconnaître  la  droite  sur  Hof, 
et  comme  le  général  Watier  qui  se  portera  en  avant  avec  un 
régiment  en  a  trois,  le  Grand-duc  se. trouvera  avoir  en  masse 
quatre  régiments  et  sera  couvert  vis-à-vis  de  lui  par  le  gé- 
néral Watier  avec  un  régiment,  à  sa  gauche  par  le  général 
Milhaud,  à  sa  droite  par  le  général  Lasalle. 

Ces  trois  généraux  passeront  le  Mayn  dès  demain  à  une 
ou  deux  lieues  chacun  sur  sa  direction,  ayant  battu  et  éclairé 
le  pays. 

Il  sera  attaché  un  officier  du  génie  à  chacun  de  ces  géné- 
raux de  brigade  pour  faire  la  reconnaissance  du  pays,  de 
sorte  que  demain,  vera  minuit,  l'Empereur  reçoive  à  Kro- 
nach,  où  il  se  trouvera,  la  reconnaissance  de  ces  officiers  et  des 
trois  généraux  de  brigade*  5  ces  reconnaissances  devront 
porter  sur  ces  trois  points  : 

Peut-on  de  Saalburg  communiquer  sur  Saalfeld  ? 

Peut-on  communiquer  de  Saalburg  à  Hof? 

Peut-on  communiquer  de  Lobenstein  à  Grafenthal  ? 

Peut-on  communiquer  de  Lobenstein  à  Hof? 

Quelle  espèce  de  communication  y  a-t-il? 

Est-elle  propre  à  l'infanterie,  à  la  cavalerie  et  à  l'artil- 
lerie ? 

Quelle  est  la  situation  de  l'ennemi  du  côté  de  Hof,  du 


1.  De  Saalburg  à  Kroaach,  il  y  a  60  kilomètres  en  pays  de  montagne. 


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7    OCTOBRE.  365 

côté  de  Saalburg,  et  surtout  celle  de  la  grande  chaussée  de 
Leipzig? 

Quelle  est  sa  position  sur  Grâfenthal  et  Saalfeld,  c'est-à- 
dire  sur  la  communication  de  Coburg  à  Naumburg  ? 

L'Empereur  envoie  le  Grand-duc,  de  sa  personne,  à  cette 
reconnaissance,  exprès  pour  que  S.  M.  puisse  connaître  au- 
tant que  possible  la  position  de  F  ennemi  et  profiter  de  notre 
première  irruption  pour  frapper  un  gi'and  coup. 

S'il  y  a  une  brigade  d'infanterie  du  maréchal  Bernadette 
qui  puisse  être  demain  au  soir  sur  une  bonne  position  en 
avant  de  Lobenstein  et  d'Ebersdorf,  on  la  fera  pousser  jus- 
que-là. 

Le  maréchal  Bemadotte,  avec  son  corps  d'armée,  doit 
prendre  une  bonne  position  sur  la  hauteur  de  Saalburg. 
Probablement  que  les  ponts  de  la  Saale  seront  coupés  ;  il 
faudra  les  faire  réparer  sur-le-champ,  et  pour  cela  il  sera 
nécessaire  que  les  pontonniers  du  maréchal  Bernadette 
soient  en  avant. 

Pour  que  l'Empereur  soit  certain  d'avoir  des  nouvelles 
demain  à  Kronach,  il  faut  que  le  Grand-duc  tienne  des  offi- 
ciers d'état-major  à  mi-chemin. 

S.  A-  est  prévenue  que  le  maréchal  Soult  sera  demain  au 
delà  de  Miinchberg. 

l'empereur  à  m.  de  la  marche. 

Bamberg,  7  octobre  1806. 

Monsieur  l'officier  d'ordonnance,  vous  vous  rendrez  sur 
les  limites  du  pays  de  Baireuth.  Le  maréchal  Soult  a  dû  y 
arriver  aujourd'hui.  Cependant  vous  n'entrerez  dans  ce  pays 
que  quand  vous  saurez  que  les  Français  y  sont  arrivés.  Vous 
porterez  la  lettre  ci-jointe  au  maréchal  Soult,  et  vous  revien- 
drez me  joindre  à  Kronach,  où  je  serai  demain  à  la  pointe 
du  jour. 


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366  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 


l'empereur   au   maréchal   80ULT. 

Bamberg,  7  octobre  1806. 

Je  vous  ai  expédié,  le  5  octobre,  de  Wttrzburg,  un  de  mes 
oificiers  d'ordonnance.  H  n'est  pas  encore  de  retour,  non  plus 
que  l'adjoint  qui  vous  a  porté  les  ordres  du  major  général. 
Je  ne  vous  en  suppose  pas  moins  rendu  aujourd'hui  à  Bai- 
reuth.  Mon  quartier  général  sera  aujourd'hui,  à  minuit,  à 
Kronach,  où  je  désire  apprendre  de  vos  nouvelles  et  savoir 
ce  que  vous  aurez  vous-même  appris  de  nouveau.  Je  désire 
connaître  en  même  temps,  d'une  manière  positive,  le  nom 
du  lieu  où  vous  passerez  la  nuit  du  8  au  9.  La  cavalerie  lé- 
gère de  la  réserve  débouchera  le  8  par  Lobenstein  et  pous- 
sera des  partis  du  côté  de  Hof,  afin  d'avoir  le  9  de  vos  nou- 
velles. 

J'ai  reçu  ce  matin  l'ultimatum  du  roi  de  Prusse,  en  date 
du  1"  octobre.  C'est  le  comble  de  la  déraison  et  de  la  folie. 
Il  ne  veut  rien  moins  que  nous  faire  évacuer  l'Allemagne 
par  journées  d'étapes.  Il  me  donne  pour  tout  délai^  pour  ré- 
pondre, jusqu'au  8  octobre. 

Vous  devez  être  entré  sur  son  territoire  le  7  ;  ainsi  il  n'aura 
pas  à  se  plaindre  de  nous.  Ils  ont  tiré  quelques  coups  de  cara- 
bine sur  la  gauche. 

Vous  recevrez  mon  ordre  du  jour  pour  la  guerre  ;  il  sera 
distribué  demain  matin. 

l'empereur  au  maréchal   LANNE8. 

Bamberg,  7  octobre  1806,  a  heures  apréfl-midl. 

J'avais  donné  au  général  Victor  une  division  dans  le 
corps  du  maréchal  Augereau,  composée  de  deux  régiments 
d'élite.  Grondez-le  de  ma  part  du  mal  qu'il  a  dit  du  14*  de 
ligne,  qui  est  un  des  plus  beaux  régiments  de  l'armée.  Tou- 
tefois je  vois  avec  plaisir  que  vous  le  preniez  pour  chef  d'ê- 
tat-major.  Le  maréchal  Berthier  expédie   sa  commission. 


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7    OCTOBRE.  367 

C'est  un  homme  solide  et  en  qui  j'ai  confiance.  Je  lui  en 
donnerai  des  preuves  aussitôt  que  les  événements  me  le  per- 
mettront. 

Vous  arriverez  demain  à  Coburg.  Prenez  une  bonne  posi- 
tion en  avant  de  cette  ville.  L'ennemi  peut  être  de  deux 
côtés  contre  vous  ;  il  peut  venir  par  le  chemin  de  Gotha,  et  par 
Eisfeld  et  Saalfeld.  La  cavalerie  légère  du  centre,  qui  dé- 
bouche le  8  au  matin  par  Lobenstein,  enverra  des  reconnais- 
sances sur  Grâfenthal.  Le  maréchal  Augereau  dépassera 
demain  Bamberg  pour  arriver  demain  soir  près  de  Coburg. 
11  est  nécessaire,  avant  de  vous  porter  trop  en  avant  sur  la 
route  de  Grâfenthal,  que  vous  ayez  des  nouvelles  positives 
que  le  maréchal  Augereau  a  passé  le  pont  duMayn,  àObern- 
dorf.  D  après  tous  les  renseignements  que  j'ai  pu  me  procu- 
rer, il  paraît  que  les  principales  forces  de  Tennemi  sont  sur 
Xaumburg,  Weimar,  Erfurt  et  Gotha. 

Je  serai  aujourd'hui,  à  deux  heures  après  minuit,  à  Kro- 
nach. 

Du  moment  que  vous  entrerez  à  Coburg,  vous  m'enverrez 
tous  vos  rapports  à  Kronach.  Il  est  fort  urgent  qu'ils  m'arri- 
vent  vite,  afin  que  je  puisse  comparer  vos  rapports  avec  ceux 
qui  m'arri vent  d'autres  côtés  et  juger  des  projets  de  l'ennemi. 
Je  pense  que  vous  devez  placer  deux  piquets,  chacun  de 
5  chasseurs,  entre  Coburg  et  Kronach,  afin  que  vos  rapports 
puissent  arriver  rapidement  et  être  fréquents  *. 

Dans  tout  événement,  votre  ligne  de  retraite  est  sur  Bam- 
berg. D  est  possible  que  je  fasse  attaquer  l'ennemi  à  Saalburg. 
Je  le  ferai  attaquer  le  9.  Faites  ouvrir  les  lettres  à  Coburg  et 
à  la  poste  de  Neustadt;  cela  pourra  vous  donner  quelques 
renseignements.  Placez-vous  très-militairement.  Je  vois  avec 
plaisir  que  vous  arriverez  demain  de  très-bonne  heure  à  Co- 
burg ;  cela  vous  mettra  à  même  de  vous  placer  très-militai- 
rement et  d'avoir  déjà  reconnu  tous  les  débouchés  de  la  route 
qui  arrive  de  Saalfeld  et  de  celle  qui  arrive  d'Eisfeld. 


1.  Il  y  a  so  à  85  kil.  de  Coburg  à  Kronach  à  travers  un  paya  montagneux. 
I^  postes  de  correspondance  sont  échelonnés  de  lo  à  18  kil. 


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368  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Ecrivez-moi  très-fréquemment. 

Arrivé  à  Coburg  ou  à  Neustadt,  envoyez-moi  tous  les  ren- 
seignements que  vous  pourrez  vous  procurer  sur  la  route  de 
Grâfenthal  à  Lobenstein  et  à  Saalburg.  Arrangez  vos  affaires 
comme  si,  deux  ou  trois  jours  après  avoir  abandonné  Coburg, 
l'ennemi  devait  y  venir.  Il  serait,  en  efifet,  possible  que  l'en- 
nemi y  vînt^  Tous  les  embarras  que  vous  avez,  dirigez-lcb 
sur  la  citadelle  de  Kronach,  car  aujourd'hui  vous  êtes  trop 
loin  de  WUraburg  pour  pouvoir  les  envoyer  là. 

En  vous  disant  plus  haut  que  votre  retraite  serait  sur 
Bamberg,  je  dois  ajouter  que  ce  ne  doit  pas  être  sur  la  route 
que  vous  avez  prise  en  venant,  mais  par  la  grande  chaussée; 
et  vous  trouverez  des  positions  intermédiaires  derrière  Co- 
burg, qui  vous  mettraient  à  même  de  couvrir  la  route  de 
Lichtenfels  et  de  Bamberg.  Comme  j'ai  beaucoup  de  troupes 
à  Lichtenfels  et  à  Kronach,  vous  serez  soutenu  non  seule- 
ment par  le  maréchal  Augereau,  mais  encore  par  tout  le 
corps  du  centre. 

J'ai  reçu  ce  matin  une  note  de  la  Prusse  du  1*'  octobre. 
Elle  veut  ne  nous  obliger  à  rien  moins  qu'à  évacuer  l'Alle- 
magne par  journées  d'étapes.  Quand  la  nation  aura  connais- 
sance de  cette  note,  elle  en  frémira  d'indignation. 

5*  corps.  !'•  division,  Hemmerdorf.  —  Quartier  général  et  2*  di- 
vision, Rattelsdorf.  —  Cavalerie  légère,  Ddringstadt. 

LE  MABÉCUAL  AUOEREAU  AU  GÉNÉRAL  DUBOBKEL. 

Burg-Ebrach,  7  octobre  1806. 

Je  mets  sous  vos  ordres  les  7*  et  20*  de  chasseurs  et  les  2  compa- 
gnies d'artillerie  légère  qui  font  partie  du  corps  d'armée.  Vous  vou- 


1.  Dans  la  marche  qu*il  entreprend,  l'Empereur  estime  qu*il  peut  dire  atta- 
que sur  ses  deux  flancs  :  sa  ligne  d'opérations  sera  donc  perpendiculaire  sur 
la  ligne  de  marche  de  l'armée;  il  la  fait  passer  par  Kronach,  Schleiz,  Auma. 
La  route  suivie  par  la  colonne  est  seule  la  ligne  d'opérations  do  l'année,  la 
route  sur  laquelle  marchent  les  grands  parcs  d'artillerie  et  du  génie  ;  car  le 
Commandant  de  l'armée  peut  attirer  ses  ailes  sur  son  centre  et  les  routes 
suivies  par  les  corps  des  ailes  ne  sont  plus  protégées. 

La  ligne  d'opérations  d'une  armée  est  donc  la  route  la  plus  courte  qui  conduit 
do  cotte  armée  à  la  place  forte  servant  de  pivot  à  ses  mouvemenis. 


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"ITF  .  ' 


7    OCTOBRE. 


369 


(Irez  bien  les  réunir  sans  retard.  J'écris  en  conséquence  à  MM.  les 
généraux  de  division.  Vous  correspondrez  directement  avec  M.  le 
chef  de  rétat-major  général. 

MM.  les  généraux  de  division  ne  devront  garder  que  le  nombre 
d'ordonnances  strictement  nécessaire  pour  faire  le  service. 

Au  général  Depjardins,  —  Vous  voudrez  bien  vous  mettre  en  mar- 
che demain  de  grand  matin  avec  tout  ce  qui  compose  votre  division 
et  vous  vous  dirigerez  sur  Bamberg  où  vous  devrez  passer  au  plus 
tard  à  9  heures  du  matin  ;  vous  continuerez  votre  marche  sur  la 
route  de  Coburg  passant  par  Hallstadt  et  Oberndorf  où  vous  trouve- 
rez un  pont  de  bateaux. 

Au  général  Heudelef,  —  Môme  ordre.  Vous  devrez  être  passé  à 
Bamberg  au  plus  tard  à  10  heures  *  ;  vous  emmènerez  aussi  le  14* 
de  ligne  qui  se  trouve  derrière  votre  division  et  qui  en  fait  provisoi- 
rement partie,  les  deux  bataillons  du  grand-duc  de  Darmstadt  et  le 
bataillon  de  Nassau.  Vous  continuerez,  etc. 

Ordre  au  général  Dorsner  de  suivre  la  marche  de  la  division  Heu- 
delet  avec  toute  son  artillerie ,  de  manière  à  traverser  Bamberg  au 
plus  tard  vers  10  heures. 


Position  de  la  réserve  de  cavalerie  le  7  octobre. 

7  oclohre  1806. 

Brigade  de  hassards Stelnwiosen Observant  U  route  de  Lobensteiii. 

Brigade  de  chtMeurs  ....     Steinwiesen Observant  ie  val   Rodacb  et  I.» 

communications  sur  Schviciii- 

furt. 

Quartier  général  de  Uréicrvo.     Kronach. 
IMiviBîon  de  dragons  .    .   .     Sur  la  route  de  Bamberg 
k  Wûrzburg. 

•*  "~  ...  En  roule  pour  Wûrzburg. 

^  "~  ...     Kflp» Tenant   tous    le»   villages   depuis 

Trieb  Jusqu'à  Ncuses  iniloâi- 
veraent,  observant  par  sa  droite 
la  route  de  Culmhach  et  par  su 
gauelie  celle  de  Coburg. 

*  —  .    .    •     StaffcUtein Tenant   tous    les   villages  depuis 

Ebensfeld  inclusivement  jus- 
qu'à Trieb  exclusivement,  oii- 
servant  par  sa  droite  les  com- 
miinicntions  sur  Haireuih  et  par 
sa  gauche  celles  de  Coburg. 

l'«divislonde  cuiraaelers.    .     Eltmann Wa  pas  changé  de  posiUon. 

'  —  .   .     Barg-£bracU IJ. 

^*"î-  •  •  .      Ebraob Id. 

Le  général  de  division,  chef  de  V état-major  général, 

Belliaiid. 


I.  Le  commandant  de  corps  d'arratîo  fixe  l'heure  du  passage  de  chacune  de 
ses  divisions  en  un  point,  mais  en  calculant  cette  heure  en  chiffres  ronds. 

CAMP.  DR  PRU8SB.  24 


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370  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE    OÉMÉRÂL    BBLLIARD    AU    GÉNÉRAL    BEAUUONT. 

Bamberg,  7  octobre  1806. 

D'après  les  ordres  du  Prince,  vous  partirez  de  suite  de  vos  canton- 
nements ;  vous  vous  porterez  en  avant  sur  Kronach,  tenant  depuis 
Lichtenfels  exclusivement  jusqu'à  Neuses  inclusivement.  Vous  éta- 
blirez votre  quartier  général  à  Kfips.  Aussitôt  votre  établissement, 
veuillez  m' envoyer  deux  sous-officiers  d'ordonnance*  avec  l'état  de 
vos  cantonnements. 

Le  général  Sahuc  sera  établi  en  arrière  de  vous  et  aura  son  quar- 
tier général  à  StafFelstein  ;  mettez-vous  en  communication  avec  ses 
postes  de  Lichtenfels.  Je  crois  que  vous  ferez  bien  de  ne  pas  passer 
à  votre  gauche  le  petit  village  de  Trieb.  Donnez  les  ordres  pour 
qu'un  brigadier  et  4  hommes  se  rendent  à  Unter-Obemdorf  pour 
servir  d'escorte  au  Prince  ;  établissez  deux  autres  postes  à  StafFel- 
stein et  à  Zettlitz  pour  le  même  usage.  Je  vous  prie  de  faire  retenir 
et  garder  de  suite  aux  postes  de  Staffelstein  et  de  Zettlitz  8  chevaui 
de  poste  pour  le  Prince. 

Le  quartier  général  sera  établi  aujourd'hui  à  Kronach  *. 


Ordres  donnés  de  Bamberg  le  7  : 

Au  général  Sahuc  de  venir  s'établir  depuis  Ëbensfeld  exclusive- 
ment jusqu'à  Lichtenfels  inclusivement  sur  les  deux  rives  du  Mayu, 
en  se  gardant  militairement  sur  Coburg  ; 

Au  général  Nansouty  de  resserrer  ses  cantonnements  sur  Bamberg 
et  Hallstadt,  et  de  venir  s'établir  demain  8  à  Staffelstein  ; 

Au  général  d'Hautpoul  de  s'approcher  de  Bamberg  aujourd'hui, 


J.  Au  corps  de  réserve  de  cavalerie,  les  sous-ofliciers  d'ordonnance  envoyés 
le  soir  par  chaque  division  à  Tétat-major  général  remplaçaient  rofflcierd'éta:- 
major  envoyé  dans  les  autres  corps  d*amiée  par  chaque  général  do  divisiou 
au  quartier  général  du  corps  d*armée. 

2.  ORDRE. 

Bamberg,  6  octobre  1806. 

Lo  chef  de  bataillon  Leclaire,  vaguemestre  général,  partira  demain  avec 
(ous  les  équipages  do  l'état- major  géuéraJ,  pour  sç  rendre  à  Lichtenfels.  le 
«  à  Kronach,  où  il  attendra  de  nouveaux  ordres.  Il  préviendra  de  son  départ 
l'ordonuateir  en   chef,  le  directeur  de  la  poste,  le  payeur,  et  réglera  llieurc 


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7    OCTOBRE. 


371 


et  de  s'établir  demain  depuis  Kemmern  inclusivement  jusqu'à  Ebens- 
feld  exclusivement  ; 

Au  général  Klein  de  s'établir  demain  8  dans  les  villages  les  plus 
rapprochés  de  Bamberg  sur  la  route  de  Wîirzburg  ; 

Au  général  Lamartinière  d'établir  le  parc  demain  8  à  Hallstadt  ; 

Au  général  Watier  *  d'être  rendu  le  8  à  6  heures  du  matin  sur  le 
plateau  de  Nordhalben  où  sa  brigade  se  réunira  aux  brigades  des 
généraux  Lasalle  et  Milhaud,  et  d'y  attendre  de  nouveaux  ordres. 


de  son  départ  et  le  lieu  du  rendez-vous  où  les  équipages  seront  escortés  par 
des  gendarmes.  M.  le  clief  de  bataillon  Leclaire  donnera  des  ordres  à  MM.  les 
adjoints  Guyardclle,  Moreau  et  Forgeot  de  partir  avec  lui.  MM.  Bedot,  Galde- 
niar,  Sonis  et  Paskowski  resteront  à  Bamberg  jusqu'à  nouvel  ordre. 

Le  général  de  division, 
Bblliard. 

Cet  ordre  fut  modifié  ;  le  quartier  général  de  la  réserve  de  cavalerie  alla 
coucher  à  Kronacb. 

OttDRB  DB  SBRYICB  POUR  MM.  LES  0FPICIBR8  DE  L*iTAT-MAJOR  DE  LA  RK8BRVB 
DE  CAVALERIE 

Quartier  général  à  Bamberg,  7  octobre  180G. 

Il  y  aura  tous  les  jours  deux  officiers  de  service  à  l'état-major,  l'un  sera 
toujoui;^  prêt  à  partir,  l'autre  sera  chargé  des  détails  de  l'expédition  des  or- 
donnances, de  recevoir  les  dépêches,  de  donner  dos  reçus.  Lorsqu'il  expé- 
diera des  ordonnances,  il  prendra  l'heure  du  départ,  le  nom  de  l'ordonnance, 
le  lieu  où  elle  est  expédiée,  l'officier  à  qui  elle  est  adressée  ;  il  exigera  qu'on 
lui  apporte  des  reçus  ;  il  couchera  au  bureau. 

Les  officiers  de  l'état-major  marcheront  toujours  avec  le  chef  de  l'élat-ra^'or 
poar  pouvoir  recevoir  les  ordres.  Dès  qu'ils  seront  arrivés,  ils  se  rendront  à 
lelal-major  pour  y  recevoir  les  ordres  du  général  Belliard;  ils  auront  soin  de 
donner  leurs  adresses  et  do  les  inscrire  sur  le  registre  qui  sera  établi  à  cet 
«tfei.  lis  seront  tous  les  matins  à  c  heures  précises  à  rétat-major.  Ils  s'y  ren- 
dront exactement  avec  leurs  chevaux  à  l'heure  qui  aura  été  indiquée  pour  le 
départ.  Le  service  pour*  le  bureau  commencera  par  l'ancienneté,  celui  pour  le 
départ  par  les  moins  anciens  de  grade. 

Le  général  de  division, 

chef  de  l'élat-major  général, 

Bblliard. 

Pendaut  les  opérations,  la  correspondance  était  enregistrée  sur  des  cahiers 
'ie  papier  de  petit  format,  que  l'on  pliait  et  que  l'on  mettait  dans  la  poche 
pour  pouvoir  les  emporter  à  cheval.  On  recopiait  les  ordres  donnés  sur  des 
registres,  lorsqu'on  en  avait  le  temps.  Les  petits  cahiers  étaient  ensuite  réunis 
et  reliés  ensemble  sous  forme  de  registres.  Dans  l'intervalle  des  opérations, 
on  écrivait  immédiatement  sur  les  registres. 

Les  registres  de  correspondance  et  le  registre  d'ordres  de  la  réserve  de  ca- 
valerie pendant  les  campagnes  de  1806-1807  existent. 

i.  La  cavalerie  légère  du  i«f  corps  coucha  le  7  à  Rodach. 


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372  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


Ordres  donnés  de  Kronach  le  7  : 


Au  général  Beaumont  de  venir  s'établir  demain  8  à  Steinwiesen 
s'ctendant  depuis  Zeyern  jusqu'à  Steinwiesen  inclusivement  ;  le 
quartier  général  du  Prince  sera  à  Steinwiesen  ou  Nordhalben  : 

Au  général  Sahuc  de  s'établir  le  8  depuis  Zettlitz  jusqu'à  NeuFes 
inclusivement,  ayant  son  quartier  à  Kronach  ;  prendre  du  foarre^c 
et  de  l'avoine  pour  2  jours  ;  les  dragons  peuvent  faire  des  trousses  ; 
il  faut  prendre  des  précautions  pour  le  passage  de  la  montagne  ;  re- 
commandez aussi  que  l'on  conserve  autant  que  possible  les  4  jours 
de  pain  ; 

Au  général  Nansouty  de  venir  après-demain  9  à  Kiips  ;  faire  de* 
journées  ordinaires  et  continuer  à  marcher  sur  la  route  de  Loben- 
Btein  ; 

Au  général  d'IIautpoul  de  partir  après-demain  9  de  Zapfendorf 
pour  venir  à  Lichteufels  ;  le  parc  de  réserve  sera  immédiatemeut 
sous  vos  ordres  et  parquera  à  une  demi-lieue  de  votre  division  ;  il 
sera  le  9  à  Ëbensfeld  ; 

Au  général  Klein  de  remplacer  le  général  d'Hautpoul  dans  se» 
cantonnements  ; 

Au  colonel  Lacour,  du  5*  de  dragons,  d'aller  prendre  le  comman- 
dement des  petits  dépôts  de  cavalerie  à  Forchbeim. 


LE    SOUS-LIEUTENANT    REMY,    DU    5"    DE    HU8SABD9, 
AU    COLONEL    SCHWARZ. 

Rapport  du  7  octobre  1806, 

D'après  le  rapport  qui  m'a  été  fait  aujourd'hui,  il  n'y  a  plus  de 
troupes  ennemies  à  Strassdorf,  Naila,  Geroldsgriinn,  etc.  Dans  cha- 
cun de  ces  endroits  il  y  avait  deux  ou  trois  hussards  qui  sont  retour- 
nés à  leur  troupe  qui  se  trouvait  à  Hof.  Samedi  dernier  ' ,  cette 
cavalerie,  le  3®  bataillon  du  régiment  de  Byla  de  700  hommes  d'in- 
fiinterie,  sont  partis  de  Hof  pour  Plauen,  d'où  ils  doivent  se  diriger 
dans  la  principauté  de  Reuss  ;  à  ces  troupes  était  joint  un  corps  de 
Saxons,  qui  était  tellement  nombreux  que  son  passage  à  Hof  dan 
environ  trois  heures.  Ces  troupes  saxonnes  étaient  arrivées  aux  ent- 
rons de  Hof  vendredi  dernier  et  elles  en  sont  également  parties  le 
lendemain  avec  les  Prussiens  auxquels  elles  étaient  jointes  ;  elles  ont 


1.  Samedi  4  octobre. 


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7    OCTOBRE. 


373 


la  même  destination.  On  dit  qu*à  Hof  il  ne  reste  en  ce  moment  que 
(les  milices  du  pays  pour  le  service  de  la  place.  Le  bruit  court  aussi 
que  par  ordre  supérieur  les  habitants  du  pays  sont  tenus  de  recevoir 
amicalement  les  Français. 

Des  voyageurs  disent  que  l'armée  prussienne  se  porte  sur  Franc- 
fort, qu'elle  se  dirige  par  la  Thuringe  ;  les  Prussiens  ont  coupé  un 
pont  à  Saalburg  où  ils  commencent  des  retranchements. 

Les  compagnies  du  27*  régiment  d'infanterie  légère  partent  en  ce 
moment  pour  se  rendre  à  Nordhalben  ;  si  ma  présence  ici,  d'après 
cela,  devenait  inutile,  je  vous  prie,  mon  colonel,  de  me  faire  ren- 
trer. 


LE  MARECHAL  BERNADOTTE  AU  MAJOR  GENERAL. 

Kronach,  7  octobre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  vous  prévenir  que  les  avis  que  je  viens 
de  recevoir  assurent  que  les  Prussiens  ont  quitté  Hof  pour 
se  porter  sur  Plauen  \  la  veille  de  leur  départ,  il  était  amvé 
un  corps  nombreux  de  Saxons  qui  a  suivi  leur  marche  et  qui 
a  la  même  destination.  Des  rapports  annoncent  que  la  grande 
armée  prussienne  manœuvre  sur  sa  droite. 


LE  MARECHAL   BERNADOTTE   AU   MAJOR   GENERAL. 

Kronach,  7  octobre  1806. 

J  ai  reçu  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  Thonneur  de  m'é- 
crire  aujourd'hui  pour  me  prévenir  que  S.  A.  S.  le  grand- 
duc  de  Berg  devait  faire  le  8  une  reconnaissance  vers  Gra- 
fenthal,  Saalfeld,  etc. 

J'ai  Thonneur  de  vous  annoncer  qu'au  lieu  d'une  brigade 
d'infanterie  que  vous  me  dites  d'établir  en  avant  de  Loben- 
stein  et  d'Ebersdorf,  les  divisions  Drouet  et  Rivaud  y  seront 
réunies  demain  de  bonne  heure  -,  j'y  serai  moi-même  rendu 
de  ma  personne  vers  8  heures. 


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374  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 


OBDSE    DE    MOUVEMENT    DU    1*'    CORPS    POCB    LE    8. 

Quartier  général,  Kronacli,  7  octobre  1806. 

MM.  les  généraux  de  division  sont  prévenus  que  d'après  les  ordres 
de  TEmpereur,  S.  A.  I.  le  grand-duc  de  Berg  portera  demain  8  sa 
cavalerie  à  Grftfenthal  et  Saalfeld  sur  sa  gauche,  en  avant  de  Lo- 
benstein  et  Ebersdorf  au  centre,  et  vers  Hof  à  sa  droite. 

D'après  les  nouveaux  ordres  du  major  général,  la  division  du  gé- 
néral Drouet  se  portera  demain  en  avant  de  Lobenstein.  Il  portera 
le  27*^  régiment  d'infanterie  légère  en  avant  d'Ebersdorf.  U  aura  sons 
ses  ordres  le  2^  régiment  de  hussards  et  prendra  la  meilleure  position 
possible. 

La  division  du  général  Rivaud  dépassera  la  frontière  du  pays  de 
Bamberg  et  se  portera  en  avant  de  Lobenstein  ;  le  reste  de  la  cava- 
lerie commandée  par  le  général  Watier  occupera  les  villages  de 
Kordhalben  et  ceux  à  une  lieue  en  avant  sur  la  route  de  Lobenstein; 
il  se  gardera  dans  ses  cantonnements  et  communiquera  avec  les  gé- 
néraux Drouet  et  Rivaud. 

La  division  du  général  Dupont  suivra  l'ordre  de  marche  d'hier  en 
tâchant  de  se  serrer  le  plus  près  possible  de  Nordhalben  afin  d'être 
à  même  de  suivre  le  mouvement  des  autres  divisions  le  9. 

Le  grand  parc  d'artillerie  sera  à  Steinwiesen  et  le  quartier  général 
sera  à  Nordhalben. 

Les  équipages  des  divisions  resteront  parqués  à  Nordhalben  jus- 
qu'à ce  que  les  généraux  de  division  leur  donnent  des  ordres  de  re- 
joindre. 

Le  général  de  division,  chef  de  Vétat-major  général, 
L.  Berthieb. 

1*'  corps.  ORDRE    DU    JOUR    DU    7    AU    8. 

Kronacli,  7  octobre  1806. 

S.  A.  le  prince  de  Ponte-Corvo  témoigne  sa  satisfaction  sur  Tordre 
qui  a  régné  dans  la  marche  des  troupes  ainsi  que  dans  celle  des  con- 
vois d'artillerie  et  des  équipages  malgré  qu'il  n'existe  pas  de  vague- 
mestre à  chaque  division. 

11  ordonne  qu'il  n'y  ait  que  les  voitures  de  MM.  les  généraux  et 
celle  de  l'ordonnateur  qui  suivent  l'armée.  Celles  de  MM.  les  géné- 
raux de  division  marcheront  à  la  suite  de  l'ai-tillerie  de  leur  division 
et  celles  des  généraux  de  brigade  avec  les  équipages  de  leur  brigade. 
Aucune  voiture  ne  pourra  couper  les  convois  d'artillerie.  Le  vague- 


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7    OCTOBRE. 


375 


mestre  général  devra  faire  arrêter  par  la  gendarmerie  toutes  personnes 
qui  contreviendraient  au  présent  ordre. 

3*  corps/  Cavalerie  légère,  en  avant  de  Hochstadt  jusqu'à  Kronach. 
—  r*  division,  en  avant  de  Lichtenfels,  la  tête  à  Hochstadt.  — 
2*  division,  entre  Lichtenfels  et  Staffelstein.  —  3*  division,  de  Staf- 
felstein  à  Ebens'eld.  —  Quartier  général,  Bamberg. 


LE    CHEF    d'escadron   DESNOYERS, 
ADJOINT  A    l'état-major    GÉNÉRAL,    AU    MAJOR    GÉNÉRAL. 

Sur  la  route  h  4  lieues  de  Baireuth,  à  S  heures  de 
l'aprés-niidi  ',  le  7  octobre  18J6. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  S.  que  les  troupes 
françaises  sont  en  possession  ce  matin  de  Baireuth  sans  y 
être  entrées. 

Le  maréchal  Soult  est  à  une  demi-lieue  de  la  ville.  11  n'y 
a  aucun  ennemi  dans  la  ville. 

Jusqu'à  présent  je  n'ai  pu  me  procurer  des  renseignements 
assez  précis  et  qui  méritent  quelque  attention.  Je  continue 
ma  route  à  Baireuth  ;  dès  que  j'aurai  des  détails  sur  la  posi- 
tion des  deux  armées  et  que  je  connaîtrai  les  ressources  du 
pays,  je  me  rendrai  avec  célérité  au  quartier  général. 

LE   MARÉCHAL   SOULT   AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Baireuth,  7  octobre  1836. 
J'ai  l'honneur  de  rendre   compte  à  V.    A.  que  le  corps 
d'année  a  pris  position  aujourd'hui,  en  avant  et  en  arrière 
de  Baireuth  '. 

1-  En-passant  par  Schesslitz,  Wargau  et  Hollfeld,  il  y  a  56  kilomètres  du 
Bamberg  h  Baireuth. 

n  est  probable  que  le  chef  d'escadron  Desnoyers  s'e^t  arrête  à  rexlrômc 
'routière  vers  lo  heures.  A  3  heures,  ayant  interrogé  les  voyageurs,  il  con- 
tinue sa  route. 

^-        LK  OisÉRAL  COMPAS8  AU    PBÉSID:CNT    DK    L.A    RÉOKNCK    D3   BAIKKUTII. 

Baireuth,  7  octobre  I80â. 
Je  vous  invile  à  désigner  de  suite  4   guides  à  cheval  connaissant  bien  lo 


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376  CAMPAGNE   DE    FAUSSE. 

Le  8*  régiment  de  hussards  formant  avant-garde  à  Ber- 
neck. 

Les  16*  et  11*  régiments  de  chasseurs  avec  une  compagnie 
d'artillerie  légère  sont  à  Benk. 

La  division  du  général  Legrand  a  pris  position  en  arrière 
de  Bindloch  ; 

Celle  du  général  Levai  en  avant  de  Baireuth  ; 

Celle  du  général  Saint-Hilaire  en  arrière  de  cette  ville. 

Un  détachement  garde  la  route  de  Culmbach  *. 

Demain  à  deux  heures  après-midi  tout  le  corps  d'armée 
sera  réuni  à  MUnchbcrg. 

Les  troupes  sont  très-bien  en  pain;  elles  en  ont  pour 
4  jours  et  indépendamment  j'en  ai  à  la  suite  pour  2  autres 
jours.  J'espère  que  Baireuth  m'offrira  encore  des  ressources. 
Je  fais  lever  quelques  chevaux  dans  le  pays  de  Baireuth  pour 
compléter  les  attelages  de  l'artillerie. 

Je  prie  V.  A.  d'agréer  que  je  lui  parle  encore  du  IT  régi- 
ment de  chasseurs  qui  est  en  tête  de  la  colonne,  et  que 
d'après  ce  que  V.  A.  me  dit  à  la  fin  de  son  instruction  du  5, 
il  semblerait  que  S.  M.  approuve  que  je  le  garde  -,  si  je  suis 
dans  l'erreur,  de  Hof  je  le  ferai  partir  sur  Schleiz,  où  il  join- 
dra la  colonne  du  centre  et  liera  ainsi  la  communication, 
mais  n'ayant  alors  que  deux  régiments  (le  8*  de  hussards  et 
le  16^  de  chasseurs)  dont  la  force  totale  ne  s'élève  qu'à  750 
chevaux,  je  n'aurai  réellement  pas  assez  de  cavalerie,  et  s'il 
arrive  une  circonstance  où  il  faille  l'employer  avant  que 
celle  de  M.  le  maréchal  Ney  ait  pu  me  joindre,  j'aurai  plus 
d'une  fois  à  regretter  ce  régiment  ;  je  ferai  certainement  de 


pays,  que  vous  ferez  loger  près  la  maison  de  M.  le  gcnëral  Compans,  chef  de 
réîat-major  général,  pour  étro  à  chaque  iustanl  à  sa  disposition.  Un  de  ce? 
4  guides  restera  d'ordonnance  chez  le  général  Compans,  afin  d'indiquer  le 
lo^'ement  des  3  autres  lorsqu'il  plaira  au  général  de  les  Taire  demander. 

Je  vous  préviens  que  par  une  nouvelle  disposition ,  au  lieu  de  3  compa- 
gnies de  grenadiers  qui  vous  ont  été  annoncées  pour  loger  dans  Baireoili,  ie 
nombre  eu  sera  porté  à  5;  veuillez  aussi,  M.  le  Président,  tenir  conllnudlt*- 
ment  à  la  disposition  de  M.  le  général  Compans  2  voitures  suspendues  ei 
couvertes  qui  seront  toujours  prêles  a  marcher  au  premier  ordre. 

1.  Une  grand'garde  du  16»  de  chasseurs  était  établie  sur  la  route  «le 
Culmbach  ;  elle  avait  un  poste  de  i  brigadier  et  i  chasseurs  en  avant  d'elle 
à  N'eu-Drosenreid. 


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7    OCTOBRE. 


377 


mon  mieux  pour  y  suppléer,  mais  j'ai  cru  de  mon  devoir  d'en 
référer  encore  à  V.  A.,  et  de  la  supplier  de  nouveau  de  vou- 
loir bien  prendre  à  ce  sujet  les  ordres  de  S.  M.,  et  d'avoir  la 
bonté  de  me  les  faire  connaître  ;  quels  qu'ils  soient,  je  m'em- 
presserai de  m'y  conformer. 


LE    MARECHAL   SOULT   A   L  EMPEREUR, 

Baireuth,  7  oclobre  1806. 

Toutes  vos  troupes  qui  font  partie  du  4*  corps  d'armée  sont 
entrées  aujourd'hui  àBaireuth,  le  parc  d'artillerie  seulement 
est  resté  à  Creussen. 

J'ai  porté  le  8'  régiment  de  hussards  (suivent  les  mêmes 
renseignements  sur  l'emplacement  des  troupes  que  dans  le 
rapport  au  major  général)  \ 

M.  le  maréchal  Ney  me  mande  que  la  tête  de  sa  colonne 
arrive  ce  soir  à  Creussen,  et  que  demain  elle  sera  de  bonne 
heure  à  Baireuth. 

Je  n'ai  pas  encore  vu  de  soldats  prussiens,  mais  ce  soir 
I  avant-garde  sera  en  présence  d'un  poste  qui  est  à  Gefrees. 

D'après  les  rapports  que  j'ai  reçus,  il  y  a  à  Hof  deux  régi- 
ments de  hussards  prussiens  et  à  Aurbach  un  autre  dont  on 
n  a  pas  pu  me  dire  le  nom,  deux  régiments  d'infanterie  de 
la  même  nation  et  un  bataillon  de  grenadiers  saxons,  le  tout 
sous  les  ordres  du  général  Tauenzien. 

Le  5  un  officier  et  8  dragons  saxons  sont  arrivés  à  Hof,  et 
ont  immédiatement  tracé  un  camp  en  arrière  et  à  gauche  de 
la  ville  pour  une  division  de  leurs  troupes  qui  doit,  dit-on, 
être  arrivée  aujourd'hui  ;  cette  division  est  principalement 
forte  en  cavalerie. 


i.  L'examen  de  ces  doux  dépôclies  du  maréchal  Soult  montre  de  suite  la 
'lifference  de  renseignements  qu'un  commandant  de  corps  d'armée  doit  au 
Coramandanl  en  chef  ou  à  son  major  général.  La  correspondance  des  cora- 
raandanls  de  corps  d'armée  avec  le  major  général  est  de  l'essence  même  do 
la  Grande  Armée.  Mais  les  renseignements  sur  l'ennemi  sont  l'airaire  du  Com- 
mandant en  chef. 


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378  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Un  autre  camp  pour  12,000  Prussiens  venant  du  côté  de 
Leipzig  et  devant,  à  ce  qu'on  dit,  arriver  aussi  aujourd'hui, 
a  été  tracé  en  même  temps  sur  la  droite  de  celui  des  Saxons. 

Il  y  a  un  parc  de  40  pièces  de  canon  à  droite  de  Hof  sur 
la  route  de  Leipzig. 

Les  magasins  qui  sont  à  Hof  doivent  être  considérables. 

A  Plauen  on  dit  encore  qu'il  y  a  deux  divisions,  Tune 
prussienne  et  l'autre  saxonne,  et  que  le  restant  de  l'armée 
combinée  qu'on  élève  jusqu'à  80,000  hommes  en  totalité,  est 
du  côté  de  Chemnitz. 

On  prétend  que  le  camp  de  Leipzig  qu'on  disait  de  40,000 
hommes  a  été  levé  5  que  25,000  hommes  ont  été  sur  Erfurt  et 
15,000  sur  Hof. 

Le  prince  de  Hohenlohe  a  été  appelé  à  Erfurt,  et  on  an- 
nonce pour  le  remplacer  le  prince  de  Wurtemberg. 

A  Elsterberg,  Saalburg,  Schleiz,  Lobenstein  et  Tanna, 
il  doit  y  avoir  quelque  infanterie  dont  la  réunion  est  sur 
Hof. 

On  m'assure  à  Baireuth  que  les  Prussiens  ont  mis  garni- 
son dans  le  fort  de  Culmbach  et  qu'ils  se  proposent  de  le  dé- 
fendre. 

Je  me  confonuerai  en  tout  point  aux  instructions  que 
V.  M.  m'a  fait  l'honneur  de  me  donner,  et,  rendu  à  Hof, 
j'aurai  soin  de  lui  rendre  compte  de  la  situation,  force  et 
disposition  de  l'ennemi,  en  même  temps  que  j'établirai  la 
communication  avec  Lobenstein,  Ebersdorf  et  Schleiz. 

Si  l'ennemi  est  en  force  à  Hof  et  que  je  croie  utile  aux 
armes  de  V.  M.  d'attendre  que  le  maréchal  Ney  m'ait  joint, 
je  différerai  de  l'attaquer;  mais,  s'il  n'y  a  qu'une  avant- 
garde,  je  la  pousserai  afin  d'ouvrir  le  débouché  sur  Plauen. 

Je  n'ai  encore  pu  avoir  le  rapport  sur  Dresde  ;  j'espère 
qu'à  Hof  je  serai  plus  heureux. 

Les  divisions  Levai  et  Saint-Hilaire  ont  fait  aujourd'hui 
dix  lieues  ;  elles  sont  cependant  arrivées  deux  heures  avant 
la  nuit  et  ont  pris  position  ;  elles  n'ont  pas  laissé  20  homme.^ 
en  arrière.  Toutes  les  troupes  ont  du  pain  pour  4  jours  et  ily 
en  a  pour  2  autres  jours  sur  des  voitures  qui  suivent.  J'aurai 


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7    OCTOBRE. 


379 


encore  quelques  ressources  à  Baireuth  ;  je  fais  aussi  lever 
dans  ce  pays  quelques  chevaux  de  trait  qui  manquent  pour 
compléter  les  attelages  de  Fartillerie. 

Il  me  reste  à  rendre  compte  à  V.  M.  de  la  situation  de 
Baireuth. 

Cette  ville  a  8,000  hommes  ;  elle  est  bien  bâtie  ;  elle  est 
ouverte  et  située  au  fond  d'un  bassin  ;  les  hauteurs  qui  la 
dominent  sont  généralement  couvertes  de  bois.  Le  Mayn  qui 
passe  entre  la  ville  et  un  de  ses  faubourgs,  a  les  bords  escar- 
pés et  quelquefois  marécageux  à  droite  et  à  gauche  de  la 
ville. 

Sur  la  droite  et  en  arrière,  la  position  qui  couvre  la  grande 
route  de  Nuremberg  va  toujours  en  s'élevant  vers  la  droite. 
La  gauche  s'appuie  à  un  terrain  marécageux  et  rempli  d'é- 
tangs. Cette  partie  est  assez  couverte. 

Entre  la  route  de  Nuremberg  et  celle  de  Bamberg  le  ter- 
rain est  boisé,  marécageux  et  rempli  d'étangs  ;  ainsi  il  est 
très  diflScile,  et  en  cas  de  défense  on  pourrait  en  tirer 
parti. 

Sur  la  gauche  de  Baireuth  la  position  est  dominante,  et 
elle  va  toujours  en  s' élevant  vers  la  gauche.  Elle  couvre 
cependant  bien  la  route  de  Bamberg  et  défend  celle  de 
Culmbach. 

En  avant  de  Baireuth  les  hauteurs  qui  dominent  la  ville 
sont  très  rapprochées,  et  elles  sont  couvertes  de  bois  sur  une 
grande  étendue.  Ces  hauteurs  demanderaient  beaucoup  de 
monde  pour  être  défendues. 

Au  résumé  je  pense  qu'on  pourrait  tirer  parti  de  la  posi- 
tion en  arrière  de  la  ville  avec  des  forces  raisonnables,  et 
qu'il  y  aurait  des  succès  à  espérer. 


ORDRE. 


Baireulli,  7  octobre  I80n. 


Le»  troupes  du  corps  d'armée  continueront  demain  8  octobre  leur 
mouvement  et  ae  dirigeront  sur  MUnchberg,  en  suivant  la  grande 
route  de  Hof  et  eh  passant  par  Benk  et  Berneck. 


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380  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

A  cet  effet  le  général  Margaron  donnera  ordre  à  la  cavalerie  légère 
de  se  réunir  pour  8  heures  sur  les  hauteurs  en  arrière  de  Bemeck  où 
il  joindra  Tavant-garde  et  attendra  pour  se  mettre  en  mouvement 
que  la  division  du  général  Legrand  l'ait  joint,  ou  qu'il  ait  reçu  de 
nouveaux  ordres. 

Le  général  Legrand  mettra  de  bonne  heure  sa  division  en  mouve- 
ment et  il  réglera  sa  marche  de  manière  à  ce  qu'elle  ait  joint  la  di- 
vision de  cavalerie  légère  sur  les  hauteurs  de  Bemeck  à  8  heures  et 
demie  du  matin. 

Aussitôt  que  la  3*  division  aura  joint  la  cavalerie,  le  général  Le- 
grand détachera  à  Tavant-garde  le  bataillon  de  tirailleurs  du  Pô  pour 
marcher  immédiatement  après  le  8*  de  hussards  ou  en  tête,  suivant 
la  nature  du  pays,  et  éclairer  la  marche  de  la  colonne. 

Le  général  Levai  fera  rassembler  sa  division  en  avant  du  bourg 
de  Brandeburg,  où  les  deux  premières  brigades  sont  campées,  k 
5  heures  du  matin  et  la  mettra  immédiatement  eu  marche  pour  joindre 
la  gauche  de  la  3*  division  et  suivre  son  mouvement  sur  Mttnchberg. 

Le  général  Saint-Hilaire  fera  partir  à  la  même  heure  sa  division 
de  manière  à  ce  qu'elle  joigne  la  gauche  de  la  2«  division  et  suiye 
ensuite  sou  mouvement  sur  Miinchberg. 

Le  parc  d'artillerie  partira  de  Creussen  à  5  heures  du  matin  et  se 
dirigera  sur  Mtinchberg  en  passant  par  Baireuth,  Benk  et  Bemeck. 

Le  quartier  général  du  corps  d'armée  sera  demain  à  MQnchberg 
ou  le  Maréchal  commandant  en  chef  indiquera  par  de  nouveaux  or- 
dres la  position  des  divisions  et  celle  du  parc. 

Dans  la  marche  le  Maréchal  commandant  en  chef  se  tiendra  à  la 
tête  de  la  3*  division  ou  à  la  cavalerie,  .et  donnera  de  là  les  ordres 
nécessaires  *,  mais  s'il  se  portait  sur  un  autre  point  et  que  pendant 
ce  temps  l'avant-garde  ou  la  réserve  de  cavalerie  eussent  des  rapports 
à  faire  ou  à  prendre  des  ordres,  le  général  Margaron  s'adresserait 
pour  cet  effet  au  général  Legrand  qui  recevra  des[  instructions  en 
conséquence. 

Le  commandant  du  génie  donnera  ordre  à  la  compagnie  de  sapeurs 
de  joindre  demain  de  bonne  heure  la  division  du  général  Legrand, 
à  laquelle  elle  restera  attachéejusqu'à nouvel  ordre;  cette  compagnie 
marchera  après  l'infanterie  légère  de  la  division. 

A  l'avenir,  aussitôt  que  la  position  des  divisions  aura  été  déter- 
minée, les  commissaires  des  guerres  qui  y  sont  employés  prendront 
les  ordres  des  généraux  qui  les  commandent,  à  l'effet  de  faire  porter 
sur  place  par  des  voitures  du  pays,  tout  le  bois  et  la  paille  nécessaires 


1.  Dans  les  marches  do  j^uerrc,  le  commandant  de  corps  d'armdo  se  tient  a 
la  tôte  de  la  division  tôLo  de  colonne  et  quelquefois  même  avec  la  cavalerie 
l)0ur  être  plus  rapidement  renseigne  et  pouvoir  prendre  ses  dispositions. 


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I 


7    OCTOBRE. 


381 


à  la  troupe  pour  se  bivouaquer  *,  mais,  s'il  arrivait  qu'il  fût  impos- 
sible de  se  procurer  un  nombre  suffisant  de  voitures,  MM.  les  géné- 
raux feront  rester  les  deux  tiers  des  régiments  sous  les  armes,  jusqu'à 
ce  que  le  bois  et  la  paille  aient  été  procurés  par  l'autre  tiers,  qui  se- 
rait envoyé  sous  escorte  à  la  corvée. 

MM.  les  généraux  défendront  qu'aucun  militaire  puisse  sortir  du 
rang  ni  quitter  son  arme  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit,  avant 
que  les  gardes  aient  été  établies.  Ils  donneront  des  ordres  pour  que, 
avant  la  nuit,  il  y  ait  de  nombreuses  patrouilles  et  des  rondes  d'offi- 
cier de  tout  grade  sur  pied,  afin  de  tenir  les  postes  en  alerte,  obliger 
chacun  à  faire  son  devoir  et  aussi  pour  éviter  toute  surprise. 

Enfin  le  Maréchal  commandant  en  chef  recommande  à  MM.  les 
gc'néraux  divisionnaires  de  donner  les  ordres  les  plus  précis  pour  que 
tous  les  officiers  de  troupe,  même  les  colonels,  se  tiennent  constam- 
ment au  bivouac  avec  la  troupe,  et  les  invite  à  lui  désigner  sans  mé- 
nagement ceux  qui  négligeraient  de  remplir  ce  devoir,  dans  l'exercice 
duquel  MM.  les  généraux  et  le  Maréchal  commandant  en  chef  lui- 
même  donneront  fréquemment  l'exemple. 

M*'    SOULT. 


1.  CIRCULVIRB    A    Mil.    LES    GENERAUX    DE    DIVISION. 

Mùnchborg,  8  octobre  1806. 

M.  le  Maréchal  commandaDt  en  chef  a  appris  avec  peine  que  les  troupes 
consommaient  jouruelleraent,  dans  leurs  bivouacs,  de  la  paille  non  battue; 
ii  désire  mettre  promptement  un  terme  à  cet  abus  qui,  outre  qu'il  est  rui- 
neux pour  l'habitant,  pourrait,  si  l'on  ne  s'empressait  d'y  remt^dier,  corapro- 
loeilre  la  subsistance  de  l'armée  :  c'est  pourquoi  il  m'a  chargé  d'appeler 
loiite  votre  attention  sur  cet  objet. 

La  manière  qu'il  croit  la  plus  propre  à  remédier  à  cet  abus,  — et  qu'il  vous 
engage,  mon  général,  à  faire  observer  rigoureusement,  —  est  celle  d'obliger 
if  rommissaire  des  guerres  de  votre  division  à  se  trouver  tous  les  jours  à  la 
Ifosiiion  qu'elle  devra  occuper,  en  môme  temps  que  l'officier  d'état-mnjor 
<*harsé  de  la  reconnaître,  et  qu'aussitôt  qu'elle  sera  déterminée,  il  se  rende 
lîaiis  les  villages  voisins  pour  y  requérir  la  paille  nécessaire  pour  les  bi- 
viiuacs;  qu'il  prenne,  avec  les  habitants  et  les  autorités  locales,  les  mesures 
necewaires  pour  disposer  cette  paille  hors  do  leurs  granges,  do  manière  que 
le  soldat  puisse  la  prendre  sans  y  entrer,  moyen  qui  aura  l'avantage  de  pré- 
venir les  incendies  auxquels  les  villages  sont  exposés  lorsque  les  soldats 
entrent  avec  du  la  lumière  dans  les  granges  ou  dans  les  maisons. 

M.  le  Maréchal  désire  aussi  que,  toutes  les  fois  qu'il  y  aura  possibilité,  cette 
mesure  soit  employée  pour  le  bois  nécessaire  aux  bivouacs;  il  est  persuadé 
du  zèle  que  vous  mettrez  à  faire  exécuter  ses  intentions. 

G*l    COMPAKS. 


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MMÊm 


382  CAMPAGNE    DE    PRUSSE, 


l'empereur  au  général  thouvexot,  commandant 

A   WURZBURG. 

Bainborg,  7  octobre  1806,  7  heures  du  soir. 

Il  est  nécessaire  que  vous  portiez  une  grande  attention  à 
Tapprovisionncment  des  magasins  de  Wiirzburg  et  à  la  con- 
fection du  biscuit,  et  que  vous  fassiez  partir  tous  les  jours 
♦Î0,000  ou  40,000  rations  de  biscuit  pour  Kronach.  Cela  est 
de  la  plus  grande  nécessité  pour  la  nourriture  de  ramiée. 
Faites  aussi  partir,  par  jour,  300  quintaux  de  farine  pour 
Kronach.  Ayez  soin  qu'on  confectionne  tous  les  jours  une 
grande  quantité  de  biscuit,  car  les  consommations  vont 
devenir  considérables  dans  la  position  que  va  prendre  Tar- 
mée. 


l'empereur  au  général  lefranc,  a  PORCHHEIM. 

Bamberg,  7  octobre  1806. 

Des  ordres  ont  été  donnés  pour  la  confection  des  fours  à 
Forchheim.  Le  commissaire  des  guerres  a  dû  prendre  des 
mesures  pour  Tapprovisionnement  des  magasins  de  farine. 
Faites  confectionner  30,000  rations  de  pain  biscuité  pour 
Tapprovisionnement  de  Kronach  ;  cela  est  nécessaire  pour  la 
nourriture  de  Tarmée.  Je  vous  recommande  de  bien  veillera 
l'armement  de  la  ville.  400,000  rations  de  biscuit  doivent  se 
rendre  de  Passau  à  Forchheim.  Ecrivez  et  envoyez  quelqu'un 
pour  en  avoir  des  renseignements.  Les  circonstances  étant 
urgentes,  prenez  des  mesures  pour  que  30,000  rations  de 
biscuit  partent  dès  le  9  au  matin.  Faites  les  réquisitions  dans 
le  pays  prussien  d'Erlangen  et  dans  le  bailliage  de  Nurem- 
berg, pour  votre  approvisionnement  et  fournir  aux  besoins 
les  plus  pressants  de  l'armée. 


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•^-^iww-'p 


i    OCTOBRE. 


383 


ORDRES \ 

Bambcrg,  7  octobre  1806. 

Donner  l'ordre  au  quartier  général  de  partir  demain  à 
3  heures  du  matin,  afin  de  laisser  la  route  libre  pour  le  corps 
(lu  maréchal  Augereau. 

Il  ira  coucher  demain  à  Lichtenfels  et  après-demain  à 
Kronach. 

11  partira  également  de  Lichtenfels  de  nuit,  afin  de  ne  pas 
embarrasser  la  marche  des  colonnes  et  d'être  arrivé  à  Kro- 
nach à  6  heures  du  matin  *. 

On  donnera  Tordre  à  tout  le  monde  de  prendre  des  vivres 
pour  soi  et  les  domestiques  pendant  8  jours. 

Le  maréchal  Augereau  complétera  ses  vivres  en  passant  à 
Bamberg. 

La  Garde  partira  à  3  heures  du  matin  et  prendra  des  vi- 
vres pour  4  jours  ;  les  10  voitures  de  la  Garde  seront  char- 
gées de  10,000  rations  de  pain.  La  Garde  a  20  ambulances 
et  24  caissons. 

Tous  les  souliers,  effets,  appartenant  aux  ofiiciers,  seront 
laissés  dans  un  dépôt  de  la  citadelle,  avec  le  petit  dépôt  de 
braves,  et  les  44  voitures  se  chargeront  de  60,000  rations  de 
biscuit  à  WUrzburg. 

Le  même  ordre  sera  donné  pour  les  caissons  de  TErape- 
reur.  On  s'arrangera  de  manière  qu'ils  puissent  porter  2,000 
à  3,000  rations  de  biscuit. 

Le  petit  dépôt  pourra  ensuite  partir  dans  5  ou  6  jours  avec 
les  effets  pour  se  rendre  à  Kronach. 

Charger,  indépendamment  de  cela,  le  commissaire  de  la 


1.  Cette  pièce  est  enregistrée  telle  quelle  sur  le  registre  du  major  gén(5ral. 
Elle  ne  doit  être  que  la  copie  de  notes  prises  par  le  maréchal  Berthicr  suus 
la  dictée  de  l'Emporcur. 

2.  Les  généraux  feront  toujours  voyager  leurs  quartiers  généraux  de  façon 
•^  ne  pas  embarrasser  la  marche  des  colonnes  et  à  no  pas  montrer  aux  troupes 
toute  cette  suite  d'équipages  si  laide  à  voir  pour  des  hommes  privés  de  tout 
cl  obligés  de  traîner  leurs  chaussures  sur  les  routes,  sac  au  dos. 


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384  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Garde  resté  àWtirzburg  de  se  procurer  des  voitures  du  pays', 
de- manière  à  charger  et  à  faire  partir  en  même  temps  que 
les  caissons  de  la  Garde  40,000  rations  de  biscuit. 

L'intendant  général  donnera  des  ordres  pour  que  la  fabri- 
cation du  biscuit  continue  à  Wurzburg  et  qu'il  parte  tous 
les  jours  60,000  rations  de  biscuit  pour  Kronach  ;  sans  l'exé- 
cution de  cet  ordre  on  sera  dans  le  plus  grand  embarras. 

Demain  à  midi  toute  Tarmée  aura  passé  ;  on  fera  par  jour 
À  Bamberg  40,000  rations  de  pain  biscuité  que  Ton  fera  par- 
tir le  soir  pour  Kronach  ;  indépendamment  de  cela  on  fera 
5,000  ou  6,000  rations  de  pain,  suivant  les  besoins,  pour  les 
détachements  qui  passeront. 

4,000 hommes  de  la  cavalerie  de  la  Garde  passeront  IclO; 
il  faut  qu'on  puisse  leur  donner  20,000  rations  de  pain. 

Indépendamment  de  cela  on  fera  partir  tous  les  jours  500 
sacs  de  farine  pour  Kronach. 

Ainsi  donc  40,000  rations  de  pain  biscuité  ne  demandent 
pas  plus  de  30  voitures,  500  sacs  de  farine  demandent  50  voi- 
tures ;  il  faudrait  donc  100  voitures  par*  jour  pour  aller  à 
Kronach,  et  en  faisant  la  navette  200  voitures  ;  les  dépôts 
bavarois  fourniront  les  escortes  de  ces  convois. 

Faites  venir  de  Forchheim  deux  compagnies  bavaroises 
pour  ces  convois. 


1.  LE    OÉNBKAL    TIIGOVENOT    AU    MAJOB    GÉKÉRAL. 

Wurzburg,  9  octobre  J806. 

J'annonce  avec  douleur  à  V.  A.  qu'il   existe  beaucoup  de  désordre 

dans  la  marche  des  troupes,  qu'il  se  commet  beaucoup  de  vexations,  qu'il  i^i 
fail  des  réquisitions  dans  les  villages,  qu'on  enlève  voitures  et  chevaux,  qiu' 
Irés-pou  reviennent,  et  que  ce  dernier  désordre  me  prive  de  la  majeure 
partie  dos  moyens  qui  me  sont  nécessaires  pour  faire  arriver  à  l'araiée  les 
farines  et  le  biscuit  que  S.  M.  m'a  ordonné  d'y  faire  conduire.  J'ai  vu  Cf 
matin  le  ministre  du  Grand-duc  qui  ma  promis  que,  jusqu'aux  chevaux  de 
luxe,  tout  serait  employé  pour  les  besoins  de  l'armée,  en  m'observaiit  cepen- 
dant qye  les  moyens  du  pays  partant  et  no  revenant  pas,  ils  seront  bientôt 
épuisés  sans  aucuns  moyens  de  remplacement.  J'aurai  au  surplus,  dans  ie 
jour,  une  réponse  de  ce  ministre  à  mes  demandes  sur  les  fournitures  de 
Hirine,  de  fabrication  de  biscuit  et  de  leur  transport  à  l'armée.  En  attendant, 
j'ai  suspendu  toute  fourniture  do  voitures  jusqu'à  ce  que  celles  nécessaire- 
au  transport  des  biscuits  soient  remplies 

Le   nombre   de   voitures   employées  aux   convois  de   subsistances,  e: 

requises  soit  en  Bavière,  soit  dans  les  États  du  grand-duc  do  Wurzburg,  ex- 
cédait celui  de  8,ooo,  et  conséquemment  l'emploi  de  9,000  chevaux  ou  bœufs. 
(Hupport  de  M.  Oaru  du  6  février  1808.) 


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7    OCTOBRE. 


385 


On  donnerait  Tordre  à  un  chef  et  quelques  ouvriers  de 
surveiller  ces  transports. 

Ainsi  donc  Tarmée  à  Kronach  doit  être  nourrie  par  les 
convois  de  WUrzburg  d'où  Ton  envoie  du  biscuit,  par  les 
convois  de  Bamberg  d'où  Ton  envoie  du  pain  biscuité  et  des 
farines. 

Donner  des  ordres  pour  que  tout  le  biscuit  soit  mis  à  Kro- 
nach en  dépôt  dans  les  magasins  de  la  ville  et  qu'on  n'en 
délivre  que  d'après  mes  ordres. 

Les  deux  divisions  du  parc,  indépendamment  de  4  jours 
de  pain,  en  porteront  pour  4  autres  jours  sur  leurs  voitures; 
toutes  les  fois  que  par  une  circonstance  quelconque  on  no 
pourra  pas  donner  du  pain,  on  donnera  de  la  farine  qui  sera 
changée  en  pain  à  Kronach. 

Savoir  les  numéros  et  l'état  de  la  brigade  qui  est  à  la  suite 
du  quartier  général  ;  on  parlera  aux  brigadiers. 

Il  y  a  des  personnes  du  quartier  général  qui  font  porter 
leurs  bagages  sur  les  caissons  du  quartier  général  ;  ces  cais- 
.^ons  doivent  marcher  à  la  suite  du  quartier  général  et  être 
chargés  de  pain. 

Faire  cuire  à  Forchheim  et  faire  transporter  le  pain  bis- 
cuité que  Ton  y  fera  sur  des  voitures  que  l'on  se  procurera 
tlans  les  environs  pour  Kronach,  et  en  faisant  cuire  30,000 
rations  par  jour  et  les  expédier  sur  Kronach. 

M"*  Alex.  Berthier. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  GÉNÉRAL  THOUVENOT. 

Bamberg,  7  octobre  1806. 
Je  reçois  Tavis  qu'un  convoi  de  14  voitures  de  farine  avec 
50  boulangers  et  20  maçons  sont  partis  de  Mayence  le  3  de 
ce  mois  se  dirigeant  sur  WUrzburg.  Vous  aurez  soin  de  les 
faire  filer  sans  aucun  délai  sur  Bamberg  aussitôt  leur  arrivée 
à  WUrzburg. 

Ces  14  voitures  chargées  de  100  sacs  de  farine  arrivèrent  à  Wiirz- 
birg  le  7  *,  le  6  on  avait  reçu  un  premier  convoi  de  farines  de  80 
voitures  chargées  de  564  sacs. 

CAMP.   DE   PEUISB.  25 


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i 


386  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


L  INTENDANT   GENERAL   AU   MAJOR   GENERAL. 

Damberg,  7  octobre  18 96. 

J'ai  reçu  les  ordres  que  V.  A.  S.  vient  de  m'adresser  de  la 
part  de  T Empereur  pour  assurer  les  approvisionnements  de 
l'armée.  Daignez,  je  vous  prie,  comparer  l'étendue  des  obli- 
gations que  S.  M.  m'impose  avec  les  moyens  qui  sont  en  mon 
pouvoir  pour  les  remplir.  Il  n'existe  à  Bamberg  que  1,00) 
quintaux  de  farine,  tant  dans  les  magasins  militaires  que 
chez  les  boulangers,  et  quand  même  cet  approvisionnement 
serait  converti  en  pain,  il  ne  donnerait  que  90,000  rations, 
lorsqu'il  en  faudrait  158,000  pour  remplir  l'ordre  de  FErape- 
reur;  encore  j'observe  à  V.  A.  qu'une  partie  de  ces  farines 
ne  saurait  être  employée  sans  être  mélangée  avec  des  fari- 
nes fraîches.  Je  dois  vous  observer  en  outre,  Monseigneur, 
que  tous  les  fours  de  la  ville  réunis  (car  l'on  ne  pourra  ps 
faire  usage  avant  deux  fois  24  heures  de  ceux  qui  sont  en 
construction)  ne  peuvent  fabriquer  par  jour  au  delà  de 
60,000  rations,  tant  pour  les  habitants  que  pour  l'armée;  qv> 
observations  ne  portent  que  sur  ce  qu'il  faudrait  faire  po.ir 
demain  ;  elles  seront  vraies  malheureusement  et  encore  appli- 
cables à  ce  qu'il  y  aurait  à  faire  les  jours  suivants.  Monsei- 
gneur, j'ai  fait  faire  et  ferai  tout  ce  qui  peut  être  possible, 
mais  je  ne  puis  tromper  S.  M.  ;  je  lui  dois  toute  la  vérité  et 
elle  m'effraye  sous  le  rapport  des  subsistances  ;  les  grains  ne 
sont  pas  battus  ;  tous  les  moyens  de  transport  ont  disparu  à 
un  tel  point  qu'il  n'en  reste  même  pas  pour  retirer  les  fari- 
nes des  moulins  et  que  plusieurs  fours  ne  marchent  pliiî*  ; 
quand  tous  ceux  des  paysans  seraient  intacts,  ils  suffiraient 
à  peine  à  un  service  immense  par  la  masse  des  approvision- 
nements et  soumis  à  des  opérations  toujours  trop  lente?, 
quand  le  besoin  devance  les  ressources. 

Je  le  répète,  tout  ce  que  l'Empereur  peut  attendre  d'un 
zèle  et  d'un  dévouement  sans  bornes  sera  fait  ;  toutes  les 
ressources  qu'il  me  sera  possible  de  tirer  du  pays  seront  assu- 
rées à  l'armée,  mais  je  tromperais  S.  M.  et  je  serais  indigne 


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7   OCTOBRE.  387 

(le  sa  confiance  si  je  dissimulais  à  V.  A.  S.  la  position  péni- 
ble dans  laquelle  nous  nous  trouvons. 

Les  158,000  rations  peuvent  se  décomposer  ainsi  en  suivant  len 
ordres  du  major  général  du  7  : 

?•  corps,  10,000  hommes 64,000  rations. 

Garde  à  pied,  6,000  hommes   .    .    .  24,000       — - 

10  voitures  de  la  Garde 10,000      — 

Expédition  sur  Kronach 40,000       — 

Troupes  de  passage 6,000       — 

Parcs,  2,000  hommes 16,000       — 

Total 160,000  rations  à  dis- 
tribuer ou  à  expédier  depuis  Tordre  donné  le  7  jusqu'au  8  au  soir. 

Certains  chiffres  peuvent  être  trop  forts  ;  d'un  autre  côté  l'état- 
major  général  ne  figure  pas.  Le  calcul  ne  doit  pas  être  éloigné  de  la 

vérité 

Wurzburg.  —  Le  5*  corps,  20,000  hommes,  toucha  76,000  rationj^ 
<le  biscuit  à  WUrzburg  dans  la  journée  du  5,  soit  du  biscuit  pour 
•l  jours.  Il  dut  se  procurer  ses  4  jours  de  pain  à  Schweinfurt.  Il  se 
init  en  marche  le  6  ;  ses  8  jours  de  vivres  le  menaient  donc  jusqu'au 
13  inclus. 

Le  7*  corps,  16,000  hommes,  toucha  62,000  rations  de  biscuit  à 
Wurzburg  dans  les  journées  du  5  et  du  6  (138,000  —  76,000,  rapport 
du  général  Duroc).  Il  vivait  au  jour  le  jour  n'ayant  pu  préparer 
«rappfovisionnements  à  Francfort.  Il  devait  compléter  ses  vivres, 
c'est-à-dire  toucher  4  jours  de  pain  (64,000  rations),  à  son  passage 
à  Bamberg  le  8  dans  la  matinée,  mais  il  n'y  trouva  rien. 

La  division  Dupont,  8,000  hommes,  toucha  32,000  rations  de 
biscuit  à  Wilrzburg  dans  la  journée  du  3;  elle  y  toucha  également 
du  pain  pour  4  jours  et  partit  le  4. 

La  Garde  à  pied,  6,000  hommes,  ne  toucha  pas  de  biscuit  avant 
?on  départ  de  Wurzburg.  Le  major  général  ordonna  le  7  que  les 
-0  ambulances  et  les  24  caissons  de  la  Garde  se  chargeassent  à  Wurz- 
burg de  60,000  rations  de  biscuit. 

Une  partie  de  la  Garde  toucha  4  jours  de  pain  à  Wiirzburg  Ir 
4  ;  l'antre  partie  ne  toucha  que  2  jours. 

Bamberg,  —  Tous  les  fours  de  la  ville  réunis  ne  pouvaient  fabri- 
^juer  par  jour  au  delà  de  60,000  rations  tant  pour  les  habitants  qut.- 
pour  l'armée.  En  évaluant  la  population  à  15,000  âmes  environ,  il 
restait  45,000  rations  pour  l'armée. 


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388  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  maréchal  Bernadette  fit  confectionner  200,000  rations  de  bis- 
cuit à  Bamberg  ;  en  admettant  qu'on  ait  pu  faire  40,000  rations  par 
jour  et  qu*on  ait  commencé  le  26,  elles  furent  prêtes  le  30.  Ou  put 
fabriquer  du  pain  à  partir  du  1*'  octobre. 

Le  l*'  corps,  15,000  hommes  (divisions  Drouet  et  Rivaud  et  k 
cavalerie),  toucha  60,000  rations  de  biscuit  sur  les  200,000.  Il  prit 
également  à  son  passage  tout  le  pain  fabriqué  le  V  et  probablement 
une  partie  de  celui  fabriqué  le  2,  soit  environ  60,000  à  70,000  ra- 
tions, ou  du  pain  pour  la  consommation  du  1*'  et  des  2,  3,  4  et  5. 
Les  divisions  firent  fabriquer  dans  les  cantonnements,  mais  avec 
peine,  parce  que  toute  cette  vallée  du  haut  Mayn  était  un  pays  res- 
serré et  pauvre.  Aussi  est  il  ordonné  dans  Tordre  de  mouvement  du 
1*'  corps  pour  le  7  que  les  divisions  tâcheront  de  se  procurer  du 
pain  pour  4  jours.  Il  restait  la  ressource  du  biscuit  ;  le  1*'  corps  te- 
nait d'ailleurs  la  tête  de  la  colonne. 

Le  3*  corps,  26,000  hommes,  arriva  à  Bamberg  le  2  *  et  séjourna 
dans  les  environs  pendant  les  journées  des  2,  3, 4,  5  et  6.  Il  j  toucliti 
104,000  rations  de  biscuit  sur  les  200,000.  On  continua  à  fabriquer: 
il  est  donc  probable  que  pendant  ces  5  jours  on  put  faire  face  aui 
distributions  journalières  et  fabriquer  les  4  jours  de  pain  de  marche 
ordonnés  par  l'Empereur,  de  sorte  qu*à  son  départ  le  7  au  matin,  le 
3*  corps  avait  4  jours  de  pain  et  4  jours  de  biscuit,  c'est-à-dire  de? 
vivres  pour  les  7,  8,  9,  10,  11,  12,  13  et  14. 

Les  4  divisions  de  cavalerie  (3*  et  4*  de  dragons,  1"  et  2*  de  grosse 
cavalerie),  environ  10,000  hommes,  ont  dfi  toucher  à  Bamberg  de 
36,000  à  40,000  rations  de  biscuit,  c'est-à-dire  le  restant  de? 
200,000  rations.  Elles  se  sont  nourries  dans  les  villages  et  ont  tou- 
ché à  Bamberg  les  40,000  rations  de  pain  nécessaires  à  leur  appro- 
visionnement de  marche  ;  et  elles  avaient  ces  provisions  puisque  le  7 
le  général  Belliard  recommande  de  ne  pas  toucher,  autant  que  pos- 
sible, aux  4  jours  de  pain.  Elles  étaient  pourvues  pour  les  journées 
des  7,  8,  9,  10,  11,  12,  13  et  14. 

La  division  Dupont  coucha  à  Bamberg  le  6  ;  elle  y  toucha  sans 
doute  une  distribution;  elle  repartit  le  7.  Il  est  probable  qu'elle  avait 
pu  vivre  dans  ses  cantonnements,  de  Wiirzburg  à  Bamberg,  et  qu'elle 


1.  LS  GÉXÉRAL.  DAULTAKKE  AU  GÉNÉRAL  MORAKD. 

Forchheim,  2  octobre  1806. 
L'inlentiou  do  M.  lo  Maréchal  est  qu'aussitôt  votro  arrivée  à  Bamberg  vous 
y  fassioz   fabriquer  du   pain   et  que  vous  vous  procuriez  le  plus  do  subsis- 
tances possible. 

Los  autres  divisions  avaient  également  reçu  Tordre  do  faire  fabriquer  dans 
leurs  caiitonncmeuts. 


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7    OCTOBRE. 


389 


.vait  encore  4  jours  de  pain  et  ses  4  jours  de  biscuit  ou  des  vivre? 
[ourles  7,  8,  9,  10,  11,  12,  13  et  14. 

La  Garde  arriva  le  7  à  Bamberg;  elle  toucha  30,000  rations  le  7^ 
<),000  pour  la  journée  du  7  et  24,000  pour  son  approvisionnement  de 
marche.  Elle  avait  donc  pour  les  7,  8,  9  et  10.  Les  10,000  rations  qui 
(levaient  être  portées  sur  les  10  caissons  ne  purent  pas  être  fournies. 

Lorsque  le  7"  corps  se  présenta  le  8  dans  la  matinée  pour  corn- 
pléter  ses  vivres,  il  ne  trouva  pas  de  pain  confectionné.  On  dut  luî 
•Ustribuer  des  farines.  De  même  pour  le  parc.  Le  soir  à  5  heures  i3 
ne  restait  plus  rien  dans  la  ville,  ni  pain  ni  farine. 

Cette  situation  provenait,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  d'une  erreur  capitale 
•lu  major  général  sur  le  point  de  réunion  de  la  masse  des  approvi- 
^ionnements.  Bamberg  était  le  point  central  des  grands  mouvementg 
•le  l'armée. 

Une  partie  de  l'armée  avait  donc  du  pain  jusqu'au  14. 

ORDRE   DU   JOUR. 

Quartier  général  impérial  à  Bamberg,  7  octobre  1806. 

D'après  les  intentions  de  TEmpereur,  le  prince  de  Neuf- 
t'hâtel,  ministre  de  la  guerre,  major  général,  ordonne  : 

Les  maîtres  des  postes  aux  chevaux  dans  toute  T étendue 
(le  TAllemagne  étant  dans  le  cas  de  rendre  des  services  im- 
lK)rtants  à  Tarmée,  sont  sous  la  protection  spéciale  de  S.  M. 

Lorsque  les  troupes  françaises  occuperont  un  lieu  de  poste, 
le  commandant  enveiTa  sur-le-champ  un  sous-officier  d'in- 
fanterie ou  de  cavalerie  en  sauve-garde  chez  le  maître  de  la 
\mte  aux  chevaux,  afin  que  sa  maison,  ses  propriétés  et  ses 
i^^hevaux  soient  respectés  ;  il  sera  exempt  de  tout  logement 
militaire. 

Le  sous-officier  en  sauve-garde  chez  lui  sera  relevé  aussi- 
tôt que  possible  par  un  gendarme. 

Le  nombre  des  chevaux  de  la  poste  étant  insuffisant  pour 
le  service,  il  y  sera  pourvu  par  les  autorités  du  pays  qui  de- 
^Tont  compléter  le  nombre  de  25  chevaux  toujours  prêts  pour 
le  service  des  coumers  de  S.  M.,  de  ceux  de  Tétat-major  et 
'les officiers  chargés  de  missions.  Les  chevaux  supplémentai- 
res, ainsi  que  ceux  de  la  poste,  seront  payés  suivant  Tusage 
'lu  pays  par  toutes  les  personnes  autorisées  à  en  prendre. 


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390  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Lorsque  des  Maréchaux  commandant  en  chef  seront  éta- 
blis dans  des  lieux  de  postes,  les  maîtres  de  la  poste  aux 
chevaux  ne  pourront  en  délivrer  sans  leur  ordre  *. 

Lorsque  le  quartier  impérial  y  sera  établi,  ils  ne  pourront 
plus  en  délivrer  que  sur  les  ordres  du  major  général  ou  du 
grand  écuyer. 

MM.  les  Maréchaux  sont  invités  à  tenir  la  main  à  Texécu- 
tion  du  présent  ordre. 

M''  Alex.  Bertuier. 

LE    MAJOR    OiNÉBAEi    AU    GÉNÉBAL    MÉNARD  *. 

Bamberg,  7  octobre  18O6. 

Il  est  ordonne  à  M.  le  général  de  brigade  Ménard  de  remplir  le^ 
fonctions  de  commandant  du  quartier  général,  à  Texception  de  cv 
qui  concerne  la  Garde  et  la  maison  de  TEmpereur  qui  ont  une  orgu- 
uisation  particulière. 

M.  le  général  Ménard,  aussitôt  qu'il  aura  reçu  Tordre  que  le  quar- 
tier général  marche,  se  rendra  le  plus  promptement  possible,  avec 
ses  propres  chevaux,  au  nouveau  quartier  général  impérial  ;  il  j''* 
fera  sur-le-champ  donner  un  logement  et  il  lui  sera  affecté  une  bri- 
gade de  gendarmerie;  il  mettra  la  police  parmi  les  militaires  du 
quartier  général  impérial  ;  il  se  procurera  le  plus  tôt  possible  la  liste 


1.  4«   Corps.  OHDRE. 

Plauen,  10  oclobre  1806. 

Le  gendarme  do  sauve-garde  à  la  poste  aux  chevaux  empêchera  que  soi^ 
aucun  prétexte  il  soit  enlevé  du  foin  ou  do  l'avoine  cl  qu'il  y  soit  pris  (ii'^ 
chevaux  que  par  des  personnes  munies  d'ordres  supérieurs  pour  voyager  tv 
poste  comme  chargées  du  dépêclies. 

G«i  C011PAX8. 

2.  Cet  ordre  est  complété  par  le  suivant. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  OÉMÉRAL  PANNBTIBR. 

Oslerode,  23  mars  1S07. 

L'intention  de  TEmpereur,  Général,  est  que  partout  où  se  trouvent  le  qu.ir- 
lier  impérial  et  l'otat-major  général,  vous  soyez  de  droit,  par  vos  fonctioii- 
traiUe-major  général,  commandant  supérieur  du  quartier  général,  ayant  se- 
vos  ordres  le  commandant  de  la  place,  la  compagnie  dos  guides,  la  compagnii' 
polonaise  et  le  bataillon  des  troupes  de  Hesse-Darmstadl.  Vos  fonctions  seront 
de  voir  tout  ce  qui  se  passe,  de  veiller  à  la  police  et  à  la  sûreté  du  quartier 
général  ;  de  passer  en  revue  tous  les  détachomonts  qui  passent ,  soit  allant  n 
l'armée,  soit  allant  aux  hôpitaux.  Vous  prendrez  des  mesures  pour  être  pro 
venu  la  veille  des  détachements  qui  se  rendront  à  l'armée,  aûu  que  lEm}n' 
reur  en  soit  instruit  et  qu'il  puisse  les  passer  en  revue,  si  cela  lui  e<' 
agréable. 

Vous  aurez  à  me  rendre  compte  doux  fois  par  jour,  ainsi  qu*à  vous  concert»', 
avec  le  général  Lecamus,  aide-major  général  chargé  du  détail  de  l'étut-majo 


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7    OCTOBRE. 


391 


dc's  logements  de  chacun  ;  entin  il  est  le  centre  commun  de  ce  qui 
va  et  vient.  Il  doit  prendre  connaissance  de  l'arrivée  des  principaux 
chefs  militaires  et  de  l'administration  ;  il  doit  aussi  prendre  connais- 
sance des  établissements  militaires  de  manutention,  des  ressources 
du  pays,  des  hôpitaux,  des  magasins  militaires  s'il  y  en  a;  placer  sur- 
le  champ  une  sauve-garde  à  la  poste  aux  chevaux  qui  ne  doit  point 
délivrer  de  chevaux  sans  l'ordre  du  grand  écuyer  pour  la  maison  de 
l'Empereur,  de  moi  pour  les  militaires  et  de  l'intendant  général  pour 
les  membres  de  l'administration. 

Il  doit,  aussitôt  son  arrivée,  être  en  communication  avec  les  auto- 
rités du  pays,  et  enfin,  à  mon  arrivée,  prendre  mes  ordres  et  succes- 
sivement chaque  jour.  Il  doit  être  aidé  par  ses  deux  aides  de  camp. 
11  ne  doit  pas  négliger,  quand  il  arrive  dans  un  quartier  général,  de 
savoir  tout  ce  qui  s'y  dit  sur  la  position  de  l'ennemi. 

M.  le  général  Méuard  voyage  de  sa  personne  avec  ses  chevaux  ; 
quant  à  son  fourgon,  il  doit  suivre  les  équipages  du  quartier  général 
comme  les  autres. 


LE    VAJOR    GÉNÉRAL    AU    COLONEL    WOLFF,    VAGUEMESTRE    GÉNÉRAL. 

Bamberg,  7  oclobre  180(>. 

Il  est  ordonné  au  colonel  WolfF,  vaguemestre  général  de  l'armée, 
d'établir  à  partir  d'aujourd'hui  le  plus  grand  ordre  dans  la  marche 
du  quartier  général  ;  il  aura  à  sa  disposition  un  sous-lieutenant  et 
25  hussards  du  1*'  régiment. 

J'enverrai  l'ordre  directement  au  vaguemestre  général  pour  le  dé- 
part; il  sera  tenu  d'en  prévenir  l'intendant  général,  les  commandants 
du  génie  et  de  l'artillerie,  le  payeur  général,  les  administrations  et 
enfin  tout  ce  qui,  d'après  l'ordonnance,  doit  suivre  le  quartier  gé- 
néral. 

Le  vaguemestre  général  se  conformera  strictement  au  titre  21  du 
règlement  sur  le  service  en  campagne. 

Le  colonel  vaguemestre  général  désignera  chaque  jour  de  marche 
le  rendez-vous  général  des  voitures:  il  se  rendra  lui-même  au  lieu 
de  rassemblement,  ainsi  que  les  deux  vaguemestres  particuliers,  et  à 
mesure  qu'elles  arriveront,  ils  les  placeront  dans  l'ordre  suivant  : 

Les  équipages  du  général  commandant  (le  quartier  général)  ; 

Les  équipages  des  généraux  commandant  l'artillerie  et  le  génie  ; 

Les  équipages  de  l'intendant  général  ; 

Les  équipages  des  officiers  généraux  attachés  à  l'état-major  gé- 
néral ; 

Les  équipages  des  officiers  de  l'état-major  de  l'armée  ; 
Les  équipages  des  commissaires  des  gueiTes  ; 


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392  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Les  équipages  du  payeur  général  ; 

Les  équipages  de  l'administration  des  postes  ; 

Les  équipages  du  munitionnaire  général  des  vivres  et  de  Ventre- 
preneur  ou  régisseur  de  la  viande  ; 

Les  équipages  des  hôpitaux*; 

Les  équipages  des  vivandiers. 

Il  est  attaché  au  quartier  général  une  petite  ambulance  et  une  pe- 
tite administration  qui  marcheront  immédiatement  après  les  équipages 
(lu  général  commandant. 

L'Empereur  rend  M.  le  colonel  Wolff  responsable  de  la  marche  de 
toutes  les  voitures  qui  ne  marcheraient  pas  dans  Tordre  ci-dessus,  à 
moins  qu'elles  ne  soient  munies  d*un  ordre  du  major  général. 

A  2  heures,  le  colonel  Wolff  m'apportera  la  note  de  toutes  les 
voitures  composant  les  équipages  du  quartier  général  -,  pour  faciliter 
cette  opér.*ïtion,  je  lui  envoie  les  renseignements  que  j'ai  déjà  à  cet 
égard. 

Le  vaguemestre  trouvera  ci-joint  l'ordre  au  colonel  du  !•'  de  hus- 
sards de  mettre  à  sa  disposition  25  hommes  commandés  par  un  offi- 
cier. 


LE  MAJOR  GENERAL  AU  MARECHAL  KELLERMAXX. 

Bamborg,  7  oclubrc  I8ij6. 

Je  viens,  M.  le  Maréchal,  de  donner  Tordre  de  faire  partir 
sur-le-champ  sur  les  fonds  de  réserve  qui  sont  dans  la  caisse 
du  jayeur  à  Mayence,  une  somme  de  deux  millions  pour  être 
versée  dans  la  caisse  du  payeur  général  de  Tarmée. 

L'intention  de  S.  M.  est  que  cette  somme  soit  remise  à 
M.  de  Labouillerie,  qui  la  fera  conduire  au  quartier  général. 

S.  M.  ordonne  que  vous  fassiez  escorter  ce  trésor  far  le 
28'  régiment  d'infanterie  légère  et  vous  y  joindrez  tous  les 
officiers  généraux,  adjudants  commandants  et  autres  doî^ti- 
nés  à  rejoindre  le  quartier  général  de  Li  Grande  Armée. 

Vous  donnerez  le  commandement  de  ce  convoi  au  plus 
ancien  officier  général  et  au  plus  capable. 

Si  Hcsse-Cassel  ne  s'est  pas  déclaré  contre  nous,  le  convoi 
jîcut  se  diriger  par  Francfort  et  Wttrzburg.  Si,  au  contraire, 
il  y  avait  à  craindre  de  la  liesse,  vous  dirigerez  le  convoi 
parManheim.  S.  M.  ordonne  que  ce  convoi  parte  le  11.  Le 
maréchal  Mortier,  qui  à  cette  époque  doit  avoir  des  troupes 


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7    OCTOBRE.  393 

arrivées,  prendra  des  précautions  pour  assurer  le  passage  de 
ce  trésor*. 

Ordres  à  ce  sujet  au  payeur*  de  la  division  à  Majence  et  au  mi- 
nistre du  trésor  public. 


1.  L.H    MARÉCHAL    KBLL-SRMANX    AU    UAJOR    OÉXÉRAL. 

Mayence,  7  oclo)jre  1806. 

Les  2  bataillons  de  guerre  du  28®  léger  partent  demain  ;  ils  seront  rendus 
le  13  à  Wûrzburg. 

Ils  sont  forts  do  i,(ii6  hommes,  odlciers  compris.  Il  n*a  pas  été  possible  de 
faire  les  bataillons  plus  forts.  Ce  qui  reste  au  3«  bataillon  et  au  dépôt  ne 
consi.^ie  qu'en  hommes  incapables  de  faire  la  guerre  et  en  conscrits  dont  la 
plus  grande  partie  ont  été  pris  en  passant  dans  le  département  de  la  Sarre 
ou  viennent  d'arriver  à  Maycnce. 

LS  MARÉCHAL  KBLLERMAKX  AU  MAJOR  OÉnÉRAL. 

Mayence,  10  octobre  i806. 

J'ai  reçu  ce  malin  la  leltre  que  V.  A.  m'a  fait  l'honneur  de  m'dcrire  le  7  de 
ce  mois  par  laquelle  elle  me  charge  de  faire  partir  pour  le  quartier  géne'ral 
*lc  la  Grande  Armée  un  trésor  de  deux  millions,  de  le  faire  escorter  par  le 
^8«  rt^giment  d'infanterie  légère  et  d'y  joindre  tous  les  officiers  généraux,  ad- 
judanis  commandants  et  autres  destinés  à  rejoindre  le  quartier  général  de  la 
Grande  Armée. 

V.  A.  m'ajoute  que  si  la  Hesse  ne  s'est  pas  déclarée  contre  nous^  le  convoi 
peut  se  diriger  par  Francfort  et  Wûrzburg .  que  si  au  contraire  il  y  avait  à 
craindre  de  la  Hessej  que  je  le  dirigerai  par  Manheim. 

J'ai  eu  Thonneur  de  mandera  V.  A.  que  le  2S^  régi  lient  d'infanterie  légère 
t'bit  parti  le  8  de  ce  mois  ;  d'après  les  ordres  qu'elle  a  adressés  directement 
au  général  commandant  d'armes  de  la  place  de  Mayenco  do  faire  rejoindre 
^ur-le-champ  au  quartier  général  do  la  Grande  Armée  tous  les  officiers  géné- 
raux, adjudants  commandants  et  autres  qui  arriveraient  en  cette  place  pour 
y  aitemlre  leur  destination,  tous  sont  partis  à  mesure  qu'ils  y  arrivaient. 

Le  dernier  article  de  la  lettre  de  V.  A.  me  laissant  des  inquiétudes  sur  le 
\oisinage  de  Hesse-Cassel,  j'ai  dû  consulter  à  cet  égard  le  minisire  des  rela- 
tions extérieures,  qui  doit  être  au  courant  plus  que  moi  des  dispositions  de 
<'elle  cour.  J'ai  l'honneur  de  vous  envoyer  copie  de  sa  lettre,  qui  est  encore 
inoins  rassurante  que  la  vôtre,  et  j*ai  dû,  d  après  cette  lettre,  me  déterminer 
à  diriger  le  convoi  par  Manheim.  M.  le  maréchal  Mortier,  dont  les  troupes 
n'ont  commencé  à  arriver  à  Mayenco  qu'aujourd'hui,  n'a  pu  fournir  d'escorte 
^ur  cette  direction.  Je  suis  obligé  do  prendre  pour  lui  servir  d'escorte  tout 
ce  qui  se  trouve  de  disponible  dans  la  garnison  do  Maycnce,  avec  une  compa- 
gnie do  mineurs  et  une  de  sapeurs  qui  étaient  arrivées  aujourd'hui  et  étaient 
destinées  à  la  Grande  Armée,  ce  qui  formera  une  escorte  d'environ  450  hom- 
mes; si  vous  la  croyez  insuffisante,  vous  pourrez  lui  envoyer  des  renforts. 

Je  donne  le  commandement  de  cotte  pelitc  escorte  au  major  du  kS^  d'in- 
fanlerie  légère,  officier  distingué  et  qui  remplira  parfaitement  cette  mission. 
l'U  convoi  partira  après-domain  12  de  ce  mois  à  6  iieures  du  matin. 

U  compagnie  de  carabiniers  et  celle  de  voltigeurs  du  2B^  d'infanterie 
l 'gère  font  partie  do  l'escorte.  Je  vous  prie  instamment  de  me  renvoyer  ces 
2  compagnies  pour  que  je  puisse  les  compléter  :  sous  très  peu  de  temps,  je 
\ous  en  ferai  2  trés-boUes  compagnies  que  je  vous  enverrai  en  très-bon  état. 
^ous  savez  que  S.  H.  peut  s'en  rapporter  à  moi  pour  la  formation  des  troupes. 
^i  les  magasins  du  28"  d'infanterie  légère  n'éprouvent  pas  de  retard  dans  leur 
route,  j'espère  pouvoir  dans  moins  de  6  semaines  vous  envoyer  un  superbe 
renfort  d'an  moins  400  lionimes  pour  ce  régiment. 

Jaurai  l'honneur  de  vous  envoyer  demain  l'éînt  délaillé  de  la  formation  de 
I escorte  du  trésor  et  son  itinéraire  jusqu'à  Manheim,  d'où  il  se  portera  en 
'igné  droite  sur  Bamberg. 


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8  OCTOBRE 


1"  BULLETIN  DE  LA  GRANDE  ARMEE. 

Bamberg,  8  octobre  I8AG. 

La  paix  avec  la  Russie  conclue  et  signée  le  10  juillet,  det; 
négociations  avec  TAngleterre  entamées  et  presque  conduites 
à  leur  maturité,  avaient  porté  Talarme  à  Berlin.  Les  bruib 
vagues  qui  se  multiplièrent,  et  la  conscience  des  torts  de  ce 
cabinet  envers  toutes  les  puissances  qu'il  avait  successive- 
ment trahies,  le  portèrent  à  ajouter  croyance  aux  bruits  ré- 
pandus qu'un  des  articles  secrets  du  traité  conclu  avec  la 
Russie  donnait  la  Pologne  au  prince  Constantin  avec  le  titre 
de  roi,  la  Silésie  à  F  Autriche  en  échange  de  la  portion  au- 
trichienne de  la  Pologne,  et  le  Hanovre  à  l'Angleterre .  11  se 
persuada  enfin  que  ces  trois  puissances  étaient  d'accord  avee 
la  France,  et  que  de  cet  accord  résultait  un  danger  immi- 
nent pour  la  Prusse.  ^ 

Les  torts  de  la  Prusse  envers  la  France  remontaient  a  de> 
époques  fort  éloignées.  La  première,  elle  avait  armé  pour 
pix)fiter  de  nos  dissensions  intestines.  On  la  vit  ensuite  courir 
aux  armes  au  moment  de  l'invasion  du  duc  d'York  en  Hol- 
lande ;  et  lors  des  événements  de  la  dernière  guerre,  quoi- 
qu'elle n'eût  aucun  motif  de  mécontentement  contre  la 
France,  elle  arma  de  nouveau  et  signa,  le  1*^'  octobre  180.'), 
ce  fameux  traité  de  Potsdam,  qui  fut,  un  mois  après,  leiu- 
placé  par  le  traité  de  Vienne. 

Elle  avait  des  torts  envers  la  Russie,  qui  ne  peut  oublier 
l'inexécution  du  traité  de  Potsdam  et  la  conclusion  subsé- 
quente du  traité  de  Vienne. 


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8    OCTOBRE.  395 

Ses  torts  envers  Tempereur  d'Allemagne  et  le  Corps  ger- 
manique, plus  nombreux  et  plus  anciens,  ont  été  connus  de 
tous  les  temps.  Elle  se  tint  toujours  en  opposition  avec  la 
Diète.  Quand  le  Corps  germanique  était  en  guerre,  elle 
était  en  paix  avec  ses  ennemis.  Jamais  ses  traités  avec  Tâu- 
tiiche  ne  recevaient  d'exécution,  et  sa  constante  étude  était 
(l'exciter  les  puissances  au  combat,  afin  de  pouvoir,  au  mo- 
ment de  la  paix,  venir  recueillir  les  fruits  de  son  adresse  et 
de  leurs  succès. 

Ceux  qui  supposeraient  que  tant  de  versatilité  tient  à  un 
défaut  de  moralité  de  la  part  du  prince  seraient  dans  une 
grande  erreur.  Depuis  quinze  ans,  la  cour  de  Berlin  est  une 
arène  où  les  partis  se  combattent  et  triomphent  tour  à  tour. 
L'un  veut  la  guerre  et  Tautre  veut  la  paix.  Le  moindre  évé- 
nement politique,  le  plus  léger  incident  donne  l'avantage 
à  l'un  ou  à  l'autre,  et  le  Roi,  au  milieu  de  ce  mouvement 
des  passions  opposées,  au  sein  de  ce  dédale  d'intrigues,  flotte 
incertain,  sans  cesser  un  moment  d'être  honnête  homme. 

Le  11  août,  un  courrier  de  M.  le  marquis  de  Lucchcsini 
arriva  à  Berlin  et  y  porta,  dans  les  termes  les  plus  positifs, 
lassurance  de  ces  prétendues  dispositions  par  lesquelles  la 
France  et  la  Russie  seraient  convenues,  par  le  traité  du 
20  juillet,  de  rétablir  le  royaume  de  Pologne  et  d'enlever  la 
Silésie  à  la  Prusse.  Les  partisans  de  la  guerre  s'enflammè- 
rent aussitôt;  ils  firent  violence  aux  sentiments  personnels 
duBoi;  quarante  courriers  partirent  dans  une  seule  nuit  et 
Ton  courut  aux  ainncs.  La  nouvelle  de  cette  explosion  sou- 
daine parvint  à  Paris  le  20  du  même  mois.  On  plaignit  un 
allié  si  cruellement  abusé;  on  lui  donna  sur-le-champ  des 
explications,  des  assurances  précises  ;  et,  comme  une  erreur 
manifeste  était  le  seul  motif  de  ces  armements  imprévus,  on 
espérait  que  la  réflexion  calmerait  une  effervescence  aussi 
peu  motivée. 

Cependant  le  traité  signé  à  Paris  ne  fut  pas  ratifié  à  Saint- 
Pétersburg,  et  des  renseignements  de  toute  espèce  ne  tar- 
dèrent pas  à  faire  connaître  à  la  Prusse  que  M.  le  marquis  de 
Lucohesini  avait  puisé  ses  renseignements  dans  les  réunions 


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396  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

les  plus  suspectes  de  la  capitale  et  parmi  les  hommes  d'intri- 
gues qui  composaient  sa  société  habituelle.  En  conséquence 
il  fut  rappelé.  On  annonce  pour  lui  succéder  M.  le  baron  de 
Knobelsdorf,  homme  d'un  caractère  plein  de  droiture  et  de 
franchise,  d'une  moralité  parfaite. 

Cet  envoyé  extraordinaire  arriva  bientôt  à  Paris,  porteur 
d'une  lettre  du  roi  de  Prusse  datée  du  23  août. 

Cette  lettre  était  remplie  d'expressions  obligeantes  et  de 
déclarations  pacifiques,  et  l'Empereur  y  répondit  d'une  ma- 
nière franche  et  rassurante.  Le  lendemain  du  jour  où  partit 
le  courrier  porteur  de  cette  réponse,  on  apprit  que  des  chan- 
sons outrageantes  pour  la  France  avaient  été  chantées  sur  le 
théâtre  de  Berlin  ;  qu'aussitôt  après  le  départ  de  M.  de  Kno- 
belsdorf les  armements  avaient  redoublé  ;  et,  quoique  les 
hommes  demeurés  de  sang-froid  eussent  rougi  de  ces  fausses 
alarmes,  le  parti  de  la  guerre,  soufflant  la  discorde  de  tous 
côtés,  avait  si  bien  exalté  toutes  les  têtes,  que  le  Roi  se  trou- 
vait dans  l'impuissance  de  résister  au  torrent. 

On  commença  dès  lors  à  comprendre  à  Paris  que  le  parti 
de  la  paix,  ayant  lui-même  été  alarmé  des  assurances  men- 
songères et  des  apparences  trompeuses,  avait  perdu  tous  ses 
avantages,  tandis  que  le  parti  de  la  guerre,  mettant  à  profit 
l'erreur  dans  laquelle  ses  adversaires  s'étaient  laissé  entraî- 
ner, avait  ajouté  provocation  à  provocation  et  accumulé  in- 
sulte sur  insulte,  et  que  les  choses  étaient  arrivées  à  un  tel 
point  que  l'on  ne  pourrait  sortir  de  cette  situation  que  par  la 
gueri'e. 

L'Empereur  vit  alors  que  telle  était  la  force  des  circons- 
tances, qu'il  ne  pouvait  éviter  de  prendre  les  armes  contre 
son  allié.  Il  ordonna  des  préparatifs. 

Tout  marchait  à  Berlin  avec  une  grande  rapidité  ;  les 
troupes  prussiennes  entrèrent  en  Saxe,  arrivèrent  sur  les 
frontières  de  la  Confédération  et  insultèrent  les  avant- 
postes. 

Le  20  septembre,  la  Garde  impériale  partit  de  Paris  pour 
Bamberg,  où  elle  est  arrivée  le  6  octobre.  Les  ordres  furent 
expédiés  pour  l'armée,  et  tout  se  mit  en  mouvement. 


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8    OCTOBRE.  397 

Ce  fut  le  25  septembre  que  TEmpereur  quitta  Paris;  le 
28  il  était  à  Mayence,  le  2  octobre  à  Wttraburg,  et  le  6  à 
Bamberg. 

Le  même  jour,  deux  coups  de  carabine  furent  tirés  par 
les  hussards  prussiens  sur  un  officier  de  Tétat-major  fran- 
çais. Les  deux  armées  pouvaient  se  considérer  comme  en 
présence. 

Le  7,  Sa  Majesté  TEmpereur  reçut  un  coumer  de  Mayence, 
dépêché  par  le  prince  de  Bénévent,  qui  était  porteur  do 
deux  dépêches  importantes  :  l'une  était  une  lettre  du  roi  de 
Prusse,  d'une  vingtaine  de  pages,  qui  n'était  réellement 
qu'un  mauvais  pamphlet  contre  la  France,  dans  le  genre  de 
ceux  que  le  cabinet  anglais  fait  faire  par  ses  écrivains  à  500  li- 
^Tes  sterling  par  an.  L'Empereur  n'en  acheva  pas  la  lecture 
et  dit  aux  personnes  qui  l'entouraient  :  «  Je  plains  mon 
«  Frère  le  roi  de  Prusse  ;  il  n'entend  pas  le  français  ;  il  n'a 
«  pas  sûrement  lu  cette  rapsodie.  »  A  cette  lettre  était  jointe 
la  célèbre  note  de  M.  de  Knobelsdorf.  «  Maréchal,  dit  l'Em- 
«  pereur  au  maréchal  Berthier,  on  nous  donne  un  rendez- 
«  TOUS  d'honneur  pour  le  8  :  jamais  un  Français  n'y  a  man- 
«  que;  mais  comme  on  dit  qu'il  y  a  une  belle  Reine  qui  veut 
<  être  témoin  du  combat,  soyons  courtois,  et  marchons,  sans 
«  nous  coucher,  pour  la  Saxe.  »  L'Empereur  avait  raison  de 
parler  ainsi  ;  car  la  reine  de  Prusse  est  à  l'armée,  habillée 
en  amazone,  portant  l'uniforme  de  son  régiment  de  dragons, 
écrivant  vingt  lettres  par  jour  pour  exciter  de  toutes  parts 
l'incendie.  Il  semble  voir  Armide  dans  son  égarement  met- 
tant le  feu  à  son  propre  palais.  Après  elle,  le  prince  Louis 
de  Prusse,  jeune  prince  plein  de  bravoure  et  de  courage, 
excité  par  le  parti,  croit  trouver  une  grande  renommée 
dans  les  vicissitudes  de  la  guerre.  A  l'exemple  de  ces  deux 
grands  personnages,  toute  la  cour  crie  à  la  giierre.  Mais 
quand  la  guerre  se  sera  présentée  avec  toutes  ses  horreurs, 
tout  le  monde  s'excusera  d'avoir  été  coupable  et  d'avoir  at- 
tiré la  foudre  sur  les  provinces  paisibles  du  Nord;  alors  que, 
par  une  suite  naturelle  de  l'inconséquence  dôs  gens  de  cour, 
on  verra  les  auteurs  de  la  guerre  non  seulement  la  trouver 


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398  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

insensée,  s'excuser  de  Tavoir  provoquée,  et  dire  qu'ils  la 
voulaient  mais  dans  un  autre  temps,  même  en  faire  retom- 
ber le  blâme  sur  le  Roi,  honnête  homme  qu'ils  ont  rendu  la 
dupe  de  leurs  intrigues  et  de  leurs  artifices. 

Voici  la  disposition  de  l'armée  française  : 

L'armée  doit  se  mettre  en  marche  par  trois  débouchés  : 
la  droite,  composée  des  corps  des  maréchaux  Soult  et  Ney  et 
d'une  division  des  Bavarois,  part  d'Amberg  et  de  Nurem- 
berg, se  réunit  à  Baireuth  et  doit  se  porter  sur  Hof,  oii  elle 
arrivera  le  9  ; 

Le  centre,  composé  de  la  réserve  du  grand-duc  de  Berg, 
des  corps  du  maréchal  prince  de  Ponte-Corvo  et  du  maréchal 
Davout,  et  de  la  Garde  impériale,  débouche  par  Bamberg 
sur  Kronach,  arrivera  le  8  à  Saalburg,  et  de  là  se  portera 
par  Saalburg  et  Schleiz  sur  Géra; 

La  gauche,  composée  des  corps  des  maréchaux  Lannes  et 
Augereau,  doit  se  porter  de  Schweinfurt  sur  Coburg,  Grà- 
fenthal  et  Saalfeld. 

l'empereur  au  maréchal  soult. 

Kronach,  8  octobre  1806,  3  heures  et  demie  après-midi. 

Je  reçois  votre  lettre  du  7  octobre  que  m'apporte  mon  offi- 
cier d'ordonnance.  Je  vous  recommande  de  mettre  désormais 
l'heure  à  laquelle  vous  écrirez. 

Je  pensais  qu'il  y  avait  100,000  rations  de  biscuit  qui 
vous  suivaient;  je  ne  pense  pas  qu'elles  soient  encore  loin. 

Je  n'ai  pas  encore  reçu  de  nouvelles  des  avant-postes  du 
centre.  Le  prince  Murât  et  le  maréchal  Bemadotte  étaient, 
à  8  heures  du  matin,  à  Lobenstein.  Si  Saalburg  n'a  pas  tenu, 
il  serait  possible  qu'on  interceptât  la  communication  du  corf  s 
de  Hof  avec  Schleiz. 

Je  serai  demain,  à  2  heures  du  matin,  près  de  Lobenstein. 
Tout  le  corps  du  maréchal  Davout  est  à  3  lieues  derrière  Lo- 
benstein. Le  maréchal  Lannes  est  à  Neustadt;  il  est  entre  à 
Coburg  ce  matin,  à  la  pointe  du  jour,  et  a  pris  quelques  hus- 


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8    OCTOBRE.  399 

sards.  Si  vous  avez  des  nouvelles  des  Bavarois,  donnez-m'en  ; 
je  désire  beaucoup  qu'ils  arrivent  demain  à  Culmbach. 

Donnez-moi  plus  fréquemment  de  vos  nouvelles;  dans 
une  guerre  combinée  comme  celle-ci,  on  ne  peut  arriver  à 
de  beaux  résultats  que  par  des  communications  très-fréquen- 
tes; mettez  cela  au  rang  de  vos  premiers  soins.  Ce  moment 
est  le  plus  important  de  la  campagne;  ils  ne  s'attendaient 
jias  à  ce  que  nous  voulons  faire  ;  malheur  à  eux  s'ils  hésitent 
et  s'ils  perdent  une  journée  ! 

Si  vous  avez  des  hommes  malingres  ou  d'autres  embarras 
qui  vous  gênent,  et  que  vous  trouviez  que  Forchheim  soit 
trop  éloigné,  vous  pouvez  les  envoyer  à  Kronach,  où  il  y  a 
une  forteresse  et  des  dépôts. 

11  est  certain  que  des  régiments  qui  ont  débouché  de  Dresde 
avec  le  prince  de  Hohenlohe,  venant  de  Silésie,  étaient  lundi  * 
en  position  à  Saalfeld. 


L  EMPEREUR  AU  MARECHAL  LANNES. 

Kronach,  8  oclobro  1808,  4  boures  aprôs-midi. 

Je  n'ai  point  de  vos  nouvelles.  Je  suis  fâché  que  vous 
soyez  entré  à  Coburg  hier:  vos  instructions  portaient  d'y 
entrer  ce  matin  et  en  masse.  Si  vous  l'eussiez  fait  ainsi,  il 
vous  eût  été  facile  de  combiner  vos  opérations  pour  enlever, 
à  la  petite  pointe  du  jour,  tout  ce  qui  était  à  Coburg.  La 
prise  d'une  cinquantaine  de  chevaux  eût  été  agréable. 

Le  maréchal  Bernadette  a  passé  Lobenstein.  Son  avant- 
garde  se  trouve  aujourd'hui  à  midi  à  Ebersdorf.  Le  maré- 
chal Soult  avait  enlevé  plusieurs  postes  ennemis  ;  il  était  à 
Mtinchberg  aujourd'hui,  il  sera  ce  soir  à  Hof.  Marchez  le 
plus  rapidement  que  vous  pourrez  sur  Grâfenthal.  Le  maré- 
chal Augereau  vous  suivra  à  une  demi- journée.  Je  serai  de 
ma  personne  à  Lobenstein  à  deux  heures  après  minuit. 

Comme  vous  formez  la  gauche  de  l'armée,  je  pense  qu'il 


1.  Lundi  6  oclobre. 


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400  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

sera  fort  utile,  lorsque  vous  ferez  bivouaquer  vos  divisions, 
que  vous  les  fassiez  bivouaquer  chaque  division  en  bataillou 
carré. 

Faites  en  sorte  que  j'aie  de  vos  nouvelles  fréquemment; 
cela  est  important  pour  que  je  puisse  connaître  les  mouve- 
ments de  l'ennemi.  Faites-moi  aussi,  à  mesure  que  vom 
passez,  la  description  des  lieux. 

Envoyez  des  postes  pour  vous  lier  avec  le  centre. 

Le  maréchal  Davout,  avec  tout  son  corps  d'armée,  est  à 
la  porte  de  Steinwiesen.  Il  envoie  des  patrouilles  sur  Grâfen- 
thal,  sur  Neustadt  et  sur  Judenbach  pour  se  lier  avec  vous. 

l'empereur  a  m.  scherb. 

Kronach,  6  octobro  1806,  5  heures  après-midi. 

M.  Scherb,  oflScier  d'ordonnance,  se  rendra  à  Coburg,  oii 
il  arrivera  à  9  heures  du  soir.  Si  le  maréchal  Lannes  était 
déjà  rendu  à  Neustadt,  il  s'y  rendra.  Il  me  portera  la  réponse 
et  tous  les  renseignements  qu'il  pourra  se  procurer  dans 
l'armée  ou  dans  le  pays.  Il  viendra  me  joindre,  avant  5  heu- 
res du  matin,  à  Nordhalben,  où  il  me  trouvera*. 

l'empereur  au   grand-duc   de   BERG,    a   LOBENSTEIN. 

Kronach,  8  octobre  1806,  5  heures  aprôs-miUL 

Je  reçois  votre  lettre  écrite  à  10  heures  du  matin.  Vous 
n'avez  pas  mis  de  piquets  de  cavalerie  comme  je  vous  avais 
dit  de  le  faire  ;  je  vous  en  témoigne  mon  mécontentement 
parce  que  votre  lettre  écrite  à  10  heures  ne  m'est  parvenue 
que  vers  4  heures.  Vous  devez  savoir  que  la  poste  n'est  pas, 
en  ce  moment,   un   moyen  sûr  de  correspondre*.  Le  ma- 


1.  Il  y  a  30  kilomôlres  do  Kronachà  Coburg.  M.  Scherb  arriva  vers  9  heures 
puisque  la  réponse  du  maréchal  Lannes  est  datée  de  lO  heures.  Au  rclour  i'. 
avait  52  kilomètres  à  parcourir,  30  de  Coburg  à  Kronach,  ei  12  de  Krouach  à 
Nordhalben,  toujours  dans  uu  pays  de  montagnes  et  de  nuit. 

2.  Il  y  a  14  kilomètres  do  Lobenstcin  À  Nordhalben  et  82  de  Nordhalben  à 
Kronach.   L'officier  mit  5  heures  et  demie  environ  à  parcourir  ces  36  kilo* 


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8    OCTOBRE.  401 

réchal  Soult  est  arrivé  hier  à  Baireuth.  Il  était  aujourd'hui 
à  midi  à  Mtinchberg,  et  sera  demain,  de  bonne  heure,  à 
Hof.  Le  maréchal  Lannes  est  entré  à  Coburg  à  la  pointe  du 
jour,  et  couchera  ce  soir  à  Neustadt.  Le  maréchal  Davout 
esta  deux  heures  en  avant  de  Kronach,  du  côté  de  Loben- 
stein.  Je  serai  à  quatre  heures  du  matin  à  Nordhalben,  où 
il  est  vraisemblable  que  je  monterai  à  cheval  pour  me  rendi'e 
à  Tavant-garde.  Faites-moi  toujours  passer  à  Nordhalben 
tous  les  renseignements  que  vous  vous  serez  procurés. 

l'empereur  a  m.  maret. 

Kronach,  8  octobre  1806. 

Je  suis  arrivé  ce  matin  à  Kronach;  j'en  partirai  dans  la 
nuit.  Toute  Tannée  est  en  grand  mouvement.  Donnez  de 
mes  nouvelles  au  prince  de  Bénévent,  à  M.  Tarchichance- 
lier;  un  mot  aussi  à  Tlmpératrice. 

Renvoyez-moi  un  des  courriers  que  j*ai  laissés  à  Bamberg, 
pour  m'instruire  de  tout  ce  qui  est  passé  par  cette  ville  et  de 
tous  les  détachements  et  troupes  qui  y  sont  arrivés.  Voyez 
le  commandant  de  la  place,  voyez  la  régence,  voyez  Tor- 
donnateur,  pour  qu'on  fasse  filer  farine,  biscuit,  pain  bis- 
cuité,  sur  Kronach.  Passez  toute  la  journée  du  9  et  du  10  à 
Bamberg  pour  cet  objet.  Si  vous  appreniez  le  plus  léger  bruit 
que  des  hussards  ennemis  aient  paru  du  côté  de  Fulde  ou  de 
Cassel,  dirigez  alors  mes  courriers  sur  Manheim. 

l'empereur  au   major   GENERAL. 

Kronach,  8  octobre  1806 
Le  prince  Jérôme  prendra  le  commandement  de  la  divi- 
sion bavaroise  qui  doit  se  trouver  demain  à  Baireuth,  cer- 


niéires  de  montagne,   sur  une  route  probablement  encombrée  de  troupes  et 
d'équipages. 

Le  reproche  de  l'Empereur  est  immérité,  puisque  le  Grand-Duc  avait  placé 
des  piquets  de  cavalerie.  (Lettre  à  l'Empereur  du  9  à  6  heures  du  matin.)  Il 
semble  que  TofOcier  n*ait  pas  pu  remettre  sa  dépêche  à  l'Empereur  lui-môme 
ut  que  par  suite  il  n'ait  pu  être  interrogé  par  le  Commandant  en  chef,  choses 
riîgretlables. 


CAMP.   DS  PBUISB.  86 


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402  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

lier  le  fort  de  Culmbach  et  le  faire  rendre.  Vous  en  prévien- 
drez le  général  bavarois,  afin  qu'il  envoie  un  escadron  à  la 
1  encontre  du  Prince.  Le  général  Hédouville  fera  les  foiic- 
tions  de  chef  d'état-major  de  ce  corps.  Après  que  Culmbach 
sera  rendu,  le  Prince  m'enverra  un  rapport  qui  me  fasse 
connaître  Tétat  de  l'artillerie  et  des  fortifications.  A  cet  effet, 
il  faut  qu'un  des  deux  officiers  du  génie  qui  sont  à  Kronach 
se  rende  à  Culmbach,  pour  visiter  lui-même  ce  fort,  indé- 
pendamment du  rapport  que  les  officiers  bavarois  feront.  Le 
Prince  m'enverra  l'état  exact  de  l'infanterie,  cavalerie,  ar- 
tillerie, et  passera  la  nuit  de  demain  à  Culmbach,  où  il  atten- 
dra de  nouveaux  ordres. 

Il  écrira,  pour  ses  subsistances,  au  général  Legrand,  qui 
commande  toute  la  province  de  Baireuth. 

Ordres  en  conséquence  au  prince  Jérôme,  au  général  Kirgener. 
au  gonéral  Hédouville,  au  général  de  Wrède,  au  général  Legraiid, 
au  lieutenant-colonel  bavarois  d'Aubert,  employé  près  du  major  ^j^è- 
uéral. 

8  octubrd  1806. 

Ordre  au  général  Sahucde  se  rendre  à  Steinwiesenleplus 
tôt  possible. 

Ordre  au  général  d'Hautpoul  de  se  rendre  à  Ki'onach  le 
plus  tôt  possible. 

Ordre  au  général  Nansouty  de  se  rendre  à  Kronach  le 
plus  tôt  possible. 

Ordre  au  général  Cazals  de  se  rendre  avec  le  parc  du  gé- 
nie à  Kronach  le  plus  tôt  possible. 

Ordre  au  général  Saint-Laurent  de  se  rendre  avec  le  parc 
d'artillerie  à  Kronach  le  plus  tôt  possible. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  BERNADOTTE. 

Kronach,  8  octobre  1806. 

Je  VOUS  préviens,  M.  le  Maréchal,  que  M.  le  maréchal 
Soult  sera  demain  à  Hof. 

L'intention  de  l'Empereur  est  que  demain  à  la  pointe  du 


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8    OCTOBRE.  403 

jour  vous  soyez  en  marche  pour  reconnaître  et  attaquer  Saal- 
burg,  s'il  y  a  lieu. 

L'Empereur  sera  rendu  à  la  pointe  du  jour  à  Nordhalben. 
Il  est  nécessaire  que  vous  fassiez  préparer  à  Nordhalben  et 
à  Lobenstein  quelques  repos  pour  les  ambulances. 

Je  vous  envoie  des  proclamations  que  vous  ferez  lire  à  la 
tête  des  troupes. 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  LANNES. 

Kronach,  8  octobre  1806. 

L'Empereur  est  instruit  qu'il  y  avait  hier  à  Saalfeld  5  ré- 
giments qui  ont  pris  position  à  Henbronn  près  de  Grâfenthal. 
Si  les  forces  de  l'ennemi  se  trouvent  plus  considérables  qu'on 
ne  croit  à  Grâfenthal,  il  est  convenable  que  vous  pressiez 
l'arrivée  du  maréchal  Augereau.  S'il  n'y  avait  que  10,000  à 
12,000  hommes  dans  une  situation  qui  vous  fût  avantageuse, 
vous  pouvez  les  attaquer  après  les  avoir  reconnus,  et  presser 
l'arrivée  du  maréchal  Augereau. 

Comme  l'Empereur  fera  attaquer  demain  Saalburg,  il  est 
convenable,  si  vous  n'attaquez  pas  vous-même  l'ennemi,  que 
vous  le  veilliez  et  le  teniez  en  échec  pour  empêcher  que,  par 
une  marche  de  flanc,  il  ne  puisse  venir  au  secours  de  Saal- 
burg. L'intention  de  l'Empereur  est  que  dans  l'ordre  de  ba- 
taille chaque  division  forme  une  aile  et  soit  rangée  sur  plu- 
sieurs lignes  à  80  toises  de  distance. 

Je  joins  ici  des  proclamations  de  l'Empereur  que  vous  fe- 
rez lire  à  la  tête  de  vos  troupes. 

Faites  passer  le  paquet  ci -joint  au  maréchal  Augereau. 


LE  MARECHAL  LANNES  A  L  EMPEREUR. 

Coburg,  8  octobre  1806,  5  heures  après-midi. 

Sire,  d'après  tous  les  renseignements  que  j'ai  pu  me  pro- 
curer, il  paraît  que  la  ligne  de  l'ennemi  est  à  Weimar,  Er- 


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404  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

flirt  et  Gotha,  et  que  le  corps  que  V.  M.  veut  faire  attaquer 
à  Saalburg  n'est  que  pour  observer  les  mouvements  de  notre 
droite.  Il  y  a  tout  à  parier  qu41  évitera  le  combat. 

Il  y  a  trois  jours  que  le  grand  quartier  général,  c'est-à-dire 
le  Roi,  était  à  Naumburg;  il  paraîtrait  d'après  l'avis  de  quel- 
ques habitants  éclairés  que  la  position  de  l'ennemi  est  celle 
que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  indiquer,  c'est-à-dire  la  gauche 
à  Leipzig  et  la  droite  à  Gotha.  Cette  opinion  est  aussi  la 
mienne. 

J'ai  fait  saisir  toutes  les  lettres  qui  étaient  à  la  poste;  elles 
ne  donnent  que  des  notions  très  vagues  ;  je  vous  envoie  un 
extrait  de  ces  lettres.  Les  courriers  sont  interceptés  depuis 
plusieurs  jours. 

Il  est  possible  que  le  9**  régiment  de  hussards  que  j'ai  en- 
voyé à  Neustadt  pour  arrêter  les  lettres,  me  donne  des  ren- 
seignements plus  positifs. 

Mon  corps  d'armée  est  arrivé  vers  les  3  heures  à  une  lieue 
en  avant  de  Coburg;  nous  n'avons  trouvé  dans  cette  ville 
qu'un  poste  d'une  trentaine  d'hommes  qui  s'est  sauvé  à  l'ap- 
proche de  nos  hussards. 

Il  est  très  difficile  d'envoyer  des  espions  pour  avoir  des 
nouvelles;  les  paysans  ne  laissent  passer  personne,  de  façon 
que  pour  mille  louis  on  ne  trouverait  pas  dans  ce  pays  un 
homme  qui  voulût  s'exposer. 

Je  partirai  demain  pour  Neustadt  et  je  pousserai  mon 
avant-garde  aussi  près  que  possible  de  Gràfenthal.  Je  ne  mé 
mettrai  cependant  en  marche  que  lorsque  je  serai  sûr  que 
le  maréchal  Augereau  aura  la  tête  de  sa  colonne  à  portée  de 
Coburg. 

Je  me  ti'ouve  absolument  sans  carte  et  il  est  impossible  de 
s'en  procurer  dans  ce  pays;  si  V.  M.  en  a  une  de  reste,  je  la 
prie  de  me  la  donner. 

Si  V.  M;  a  des  ordi'es  à  me  donner,  je  la  prie  de  les  re- 
mettre à  mon  aide  de  camp. 


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8   OCTOBRE.  405 


LE   MARECHAL   LAXNES   A   L  EMPEREUR. 

Goburg,  8  octobre  1806,  10  heures  du  soir. 

Je  suis  fâché  qu'on  ait  fait  le  rapport  à  V.  M.  qu'il  y  avait 
de  ma  faute  si  on  n'avait  pas  enlevé  le  poste  de  30  hussards 
qui  étaient  k  Coburg^  j'avais  pris  toutes  les  précautions  pour 
qu'il  fût  enlevé.  Mon  corps  d'armée  a  couché  hier  à  Merz  à 
6  lieues  de  Coburg;  j'avais  détaché  un  régiment  de  hussards 
la  nuit  pour  enlever  tout  ce  qui  se  trouvait  dans  cette  ville, 
et  je  pensais  que  c'était  la  seule  manière.  Si  j'étais  arrivé 
avec  mon  corps  d'armée,  on  aurait  pris  l'éveil  et  un  poste  de 
30  hommes  n'aurait  pas  tenu.  J'ai  détaché  aujourd'hui  le 
9' régiment  sur  Neustadt  et  Grâfenthal,  j'espère  qu'il  me 
fera  quelques  prisonniers.  J'ai  également  envoyé  deux  forts 
détachements  sur  les  routes  d'Erfurt  et  d'Eisfeld;  d'après 
les  rapports  que  j'ai  reçus  de  ces  deux  derniers  détachements 
qui  ont  été  très  loin,  ils  n'ont  point  vu  l'ennemi. 

Si  je  n'eusse  reçu  hier  l'ordre  de  V.  M.  d'attendre  l'arri- 
vée du  corps  du  maréchal  Augereau  à  la  vue  de  Coburg, 
j'eusse  été  coucher  aujourd'hui  au  moins  à  Neustadt.  Je  par- 
tirai demain  au  point  du  jour,  et  j'espère  que  l'avant-garde 
d'infanterie  arrivera  à  Grâfenthal  où  j'établirai  mon  quartier 
général  et  où  j'attendrai  les  ordres  de  V.  M. 

•^«  corps.  Cavalerie  légère,  Kortendorf.  —  1"  et  2*  divisions,  bi- 
vouac. 

LE   MABEGHAL  AUGEKEAU   A   L'eMPEKEUR. 

Bamberg,  8  octobre  1806. 

D'après  les  ordres  de  V.  M.  tout  le  7*  corps  a  défilé  ce 
loatin  par  Bamberg.  La  queue  de  la  dernière  colonne  avait 
dépassé  cette  place  à  midi.  Demain  tout  le  corps  d'armée 
sera  à  Coburg,  mais  je  suis  dans  un  cruel  embarras.  Le 
ûiajor  général  m'avait  ordonné  de  prendre  à  Bamberg  des 
vi\Te8  pour  4  jours  et  je  n'y  en  ai  pas  trouvé  une  ration. 


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406  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Quelles  seront  mes  ressources  à  Coburg  étant  précédé  par 
plus  de  30,000  hommes  tant  infanterie  que  cavalerie  ?  J'ai 
riionneur  de  supplier  V.  M.  de  daigner  jeter  un  regard  sur 
ma  position  et  de  donner  des  ordres  pour  qu'à  Coburg  il 
soit  mis  en  réserve  des  vivres  que  j'y  trouverais  à  mon  ar- 
rivée. 

7*  corps.  —  Avant-garde,  en  position  sur  la  route  de  Coburg  -,  — 
1"  division,  en  avant  d'Oberndorf,  rive  droite  du  Mayn  ;  —  2*  divi- 
sion, en  arrière  d'Oberndorf,  rive  gàuche  du  Mayn  ;  —  parc,  Halls- 
tadt  ;  —  quartier  général,  Bamberg. 

LE    GRAND-DUC   DE   BERG   A   L'EMPEREUR. 

Lobenstoin,  8  octobre  1806,  lo  heures  du  matin. 

L'avant-garde  des  troupes  dont  V.  M.  m'a  confié  le  com- 
mandement vient  d'entrer  à  Lobenstein;  50  hussards  prus- 
siens en  étaient  partis  hier  au  soir  pour  Saalburg  où  l'on  dit 
qu'il  y  a  environ  500  hommes  d'infanterie  qu'on  présume  en 
être  partis  dans  la  nuit. 

Les  éclaireurs  ont  déjà  trouvé  les  Prussiens  en  avant  d'E- 
bersdorf -,  ils  se  sont  retirés  dès  qu'ils  les  ont  vus.  Les  géné- 
raux Milhaud,  Lasalle  et  Watier  partent  en  ce  moment  pour 
les  reconnaissances  que  vous  avez  ordonnées;  je  ne  perdrai 
pas  une  minute  pour  faire  parvenir  à  V.  M.  les  rapports  que 
je  recevrai.  En  attendant  voici  ceux  que  l'on  me  donne. 

L'armée  est  concentrée  sur  Nauraburg;  le  prince  Hohen- 
lohe  se  trouve,  dit-on,  à  léna.  Un  seul  régiment  se  trouve  à 
Hof  ;  il  se  retirera;  point  de  troupes  d'ici  à  Leipzig;  la  route 
fort  bonne.  Les  premiers  Russes  arrivés  sur  les  frontières  de 
la  Saxe  ;  cependant  des  marchands  partis  samedi  de  Leipzig 
assurent  que  des  négociants  russes  leur  ont  dit  qu'il  n'eu 
viendrait  pas  du  tout;  c'est  de  la  princesse  de  Lobenstein 
que  je  sais  qu'ils  sont  sur  la  frontière  de  la  Saxe  du  côté  de 
la  Silésie ;  mais  elle  ne  l'assure  pas;  ce  soir  j'aurai  de  plus 
complets  renseignements.  On  m'assure  qu'il  y  a  une  assez 
bonne  communication  d'ici  à  Grâfenthal  et  Saalfeld  et  Hof. 
Il  y  a  d'ici  à  Grâfenthal  6  lieues,  d'ici  à  Saalfeld  7,  d'ici  à 


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8    OCTOBRE.  407 

Hof  6,  d'ici  à  Saalburg  2.  Le  27*  régiment  d'infanterie  va 
prendre  position  en  avant  d'Ebersdorf.  Les  2  régiments  de 
la  division  Drouet  en  arrière  de  Lobenstein  occupant  une 
bonne  position  et  en  mesure  de  se  porter  partout  où  les  cir- 
constances pourraient  Texiger;  ils  garderont  les  débouchés 
de  Hof  et  de  Saalfeld  et  Grâfenthal.  —  La  division  Rivaud 
sur  les  hauteurs  de  Neundorf,  en  arrière  de  Lobenstein. 

J'envoie  quelques  lettres  trouvées  à  la  poste. 

J'aurai  l'honneur  de  faire  passer  exactement  à  V.  M.  toutes 
les  nouvelles  que  je  recevrai  de  l'ennemi. 


LK   GÉNÉRAL   BELLIARD   AU   MAJOR   GENERAL. 

Ebersdorf,  le  8  octobre  1806. 

Mon  Prince,  j'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  S. 
que  ce  matin  l'avant-garde  du  corps  d'armée  de  réserve 
s'est  mise  en  mouvement  à  3  heures  du  matin  pour  se  porter 
BUT  Lobenstein*;  arrivé  sur  ce  point,  le  Prince  a  envoyé  re- 
connaître Hof  par  le  général  Lasalle,  Saalburg  par  le  gé- 


1.  Tous  les  oOlciers  génuraux  soulignaient  dans  leurs  rapports  les  ooins  des 
villes,  villages,  cours  d'eau,  etc.;  des  généraux  ennemis,  des  régiments  qu'ils 
avaient  eus  en  présence  dans  les  afluires  ou  les  reconnaissances  ;  ils  mettaient 
a^ec  le  plus  grand  soin  le  lieu,  la  date  et  Iheuru  do  l'expédition  dçs  ordres 
ou  rapports.  L'Kmperour  exigeait  ces  indications  de  la  façon  la  plus  absolue. 
—  11  est  do  bonne  précaution  de  mettre  l'heure  à  la  Qn  d'un  rapport  et  non 
au  commencement;  car  on  peut  étru  interrompu  pendant  la  rédaction  du 
>^pport.  La  plupart  des  ofllciers,  généraux  et  autres,  mettaient  la  date  et 
riœure  en  signant. 

Los  rapports  portaient  souvent  en  tête  le  nom  de  l'oftlcier  h  qui  ils  étaient 
adresses.  Celte  tradition  des  armées  de  la  Hépubliquo  avait  été  conservée  par 
beaucoup  d'officiers,  et  il  est  heureux  qu'on  y  soit  revenu. 

II  est  encore  une  réforme  que  Ton  ne  saurait  réaliser  trop  tôt  :  c'est  de  faire 
disparaître  de  notre  langue  militaire  toutes  les  formules  banales  qui  encom- 
breut  et  alourdissent  la  correspondance ,  les  expressions  inutiles  telles  que 
j'ai  l'honneur  de  vous  prier  de  vouloir  bien,  etc.,  et  tous  ces  raffinements  de 
langage  qui  dénotent  un  affaissement  des  mœurs.  Le  supérieur  ordonne  ;  Tin- 
férieur  rend  compte  de  Texécutiou  des  ordres.  Avec  les  vaines  formules  dis- 
paraîtront en  môme  temps,  il  faut  l'espérer,  toutes  les  susceptibilités  mal 
placées  qui  semblent  absorber  complètement  certains  hommes  à  l'esprit  étroit. 

Les  rapports  des  officiers  d'ordonnance  de  l'Empereur  étaient  rédigés  d'après 
les  principes  que  j'indique  ;  ils  portaient  comme  suscriplion  Rapport  à  S.  M. 
^Empereur  et  se  terminaient  par  ces  mots  l'Officier  d'ordonnance  suivis  de  la 
signature. 


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408  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

néral  Watier  et  Saalfeld  par  le  général  Milhaud.  L'ennemi 
était  à  Saalburg  au  nombre  de  600  hommes  d'infanterie 
saxonne,  200  hommes  de  cavalerie  de  la  même  nation  et 
autant  de  cavalerie  prussienne.  Il  voulait  défendre  le  pas- 
sage de  la  Saale  \  à  l'approche  des  Français,  les  ennemis  ont 
tiré  quelques  coups  de  canon.  Le  Prince,  qui  se  trouvait  à 
Tavant-garde,  a  fait  venir  de  Tartillerie  et  de  rinfanterie.  La 
ville  a  été  attaquée  ;  les  ennemis  ont  pris  la  fuite  sans  faire 
de  résistance.  S'ils  avaient  voulu  tenir  pendant  quelque 
temps,  on  eût  fait  en  petit  l'anniversaire  du  combat  de  Wer- 
tingen,  car  par  les  mouvements  que  le  Prince  avait  ordon- 
nés, l'ennemi  eût  été  enveloppé  par  les  deux  colonnes  qui 
avaient  passé  à  gué  la  Saale,  et  tout  ce  qui  se  trouvait  à 
Saalburg  aurait  été  fait  prisonnier. 

Ce  soir,  la  division  de  dragons,  les  divisions  de  cuirassiers 
et  le  parc  de  réserve  sont  en  colonne  depuis  Bamberg  jus- 
qu'à Steinwiesen.  Le  5*  régiment  de  hussards,  sous  les  ordres 
du  général  Lasalle,  est  à  Lichtenberg  ;  le  4*  régiment  de  la 
même  arme  occupe  Saalburg 5  le  2'*  de  hussards  occupe  Frie- 
sau  et  Ëliasbrtlnn  ;  le  5*  régiment  de  chasseurs  à  Rôppisch 
poussant  des  reconnaissances  sur  Isabellengrilnn.  Le  général 
Milhaud  avec  le  13*  régiment  de  chasseurs  est  sur  la  route 
de  Saalfeld-,  il  n'a  point  encore  donné  de  ses  nouvelles. 

LE   GRAND-DUC   DE   BERG  A   l'eMPEREUR. 

Ebersclorf,  à  une  lieue  de  Lobcnstein,  8  octobre  I8O6,  10  heures  du  soir. 

Le  prince  de  Ponte-Corvo  a  reçu  un  rapport  d'un  de  ses 
espions  qui  a  parcouru  toute  l'armée  ennemie.  Tous  ceux 
que  je  reçois  de  mon  côté  s'accordent  avec  les  siens.  II  est 
très-positif  que  l'armée  est  concentrée  sur  Naumburg  et  Er- 
furt.  Le  prince  de  Hohenlohe  a  son  quartier  général  à  léna. 

Tout  le  monde  s'accorde  à  dire  que  les  Russes  n'arrive- 
ront pas  ;  ce  qu'il  y  a  de  bien  sûr,  c'est  qu'ils  n'ont  pas  encore 
pénétré  en  Saxe  et  je  ne  crois  pas  même  en  Silésie. 

J'arrive  de  Saalbourg  que  j'avais  été  reconnaître  avecle 
général  Watier,  ayant  laissé  sur  la  hauteur  en  avant  d'Ebers- 


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8    OCTOBRE.  409 

dorf  les  2*  et  V  de  hussards  et  le  5*  de  chasseurs,  et,  en 
arrière  de  ce  village,  le  27*  d'infanterie  légère  avec  3  pièces 
de  canon.  J'étais  flanqué  par  les  généraux  Lasalle  et  Mil- 
haud.  J'ai  trouvé  le  pont  de  la  Saale  coupé  et  Tennemi  au 
nombre  de  2  ou  3  escadrons,  d'environ  1,000  hommes  d'in- 
fanterie et  2  pièces  de  canon,  posté  sur  les  hauteurs  de  Saal- 
burg  qui  dominent  à  pic  la  rivière  qui  se  trouve  extrême- 
ment encaissée.  Nos  hussards  ont  été  reçus  par  une  décharge 
de  mousqueterîe  à  laquelle  on  n'a  pas  d'abord  riposté,  et 
moi  par  quelques  coups  de  canon.  Ayant  aperçu  à  Kloster 
qu'on  passait  la  Saale  avec  un  bac  et  qu'en  menaçant  ce 
point-là  je  forcerais  l'ennemi  à  abandonner  Saalburg,  puis- 
que je  menaçais  sa  retraite,  j'ai  envoyé  mon  aide  de  camp 
Lagrange  pour  le  reconnaître  et  essayer  de  passer  la  rivière. 
L'ennemi  qui  s'est  aperçu  de  ce  mouvement  a  porté  sur-le- 
champ  toutes  ses  forces  sur  ce  point  ;  il  a  tellement  craint 
notre  passage  qu'il  a  tiré  au  moins  30  coups  de  canon  à 
toute  volée  sur  mes  premières  vedettes.  Cependant  je  fai- 
sais venir  4  compagnies  d'infanterie  légère  avec  une  pièce 
de  canon  pour  passer  de  vive  force  la  Saale  et  m' emparer  de 
Saalburg.  Sire,  les  voltigeurs  du  27%  ainsi  que  les  chasseurs 
de  ce  corps,  ont  couru  sur  l'ennemi  aux  cris  de  Vive  V Empe- 
reur! ri  ont  pas  tiré  un  seul  coup  de  fusil,  ont  passé  la  Saale 
sur  le  pont  qui  était  mal  rompu,  et  ont  gravi  sur  les  hauteurs 
de  Saalburg,  qui  au  premier  coup  de  canon  que  j'ai  fait 
tirer,  a  été  évacué  au  pas  de  course  par  l'ennemi.  L'ennemi 
a  eu  quelques  hommes  blessés.  Lorsque  j'ai  quitté  Saalburg 
à  5  heures,  le  général  Watier,  qui  avait  passé  la  Saale  avec 
le  4^  de  hussards  et  400  hommes  d'infanterie  légère,  était  à 
la  poursuite  de  l'ennemi  ;  il  aura  probablement  fait  des  pri- 
sonniers. Aussitôt  que  son  rapport  me  sera  parvenu,  j'aurai 
l'honneur  de  l'adresser  à  V.  M.  Je  joins  à  ma  lettre  celui 
que  je  viens  de  recevoir  du  général  Lasalle  ;  le  rapport  du 
^j'énéral  Milhaud  ne  m'est  pas  encore  parvenu.  Demain  ma- 
tin des  reconnaissances  seront  poussées  sur  tous  les  points. 
Je  tâcherai  d'avoir  des  nouvelles  positives  de  Neustadt  et  de 
Posneck;  j'en  recevrai  très-certainement  dans  la  nuit  de 


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410  GÂMPAGiNE    DE    PRUSSE. 

Saalfeld.  Schleiz  aura  été  certainement  reconnu  ce  soir,  et 
peut-être  même  occupé. 

Vraisemblablement  le  maréchal  Bernadette  portera  demain 
matin  son  corps  d'armée  en  arrière  de  Saalburg  ;  dans  ce 
cas,  je  me  porterai  sur  Schleiz,  point  qui  me  paraît  extrême- 
ment important  à  occuper  puisqu'il  est  le  centre  d'un  grand 
nombre  de  communications,  à  moins  que  j'apprenne  qu'il  est 
fortement  occupé. 

LE    GBXÉaAL    MILUAUD    AU    QllAND-DCC    DE    BEBG. 

LeliesteD,  8  octobre  18O6,  8  lieuros  du  soir. 

Conformément  à  vos  ordres  je  me  suis  porté  avec  le  gros  du  régi- 
ment à  trois  lieues  de  Lobcustein,  dans  l'embranchement  des  com- 
munications qui  conduisent  à  Gr&fenthal,  à  Saalfeld  et  Leutenberg: 
j'ai  dirigé  trois  reconnaissances  vers  ces  trois  endroits,  une  directe- 
ment sur  GrUfentbal,  l'autre  en  passant  par  Zell  sur  Saalfeld  et  1h 
troisième  sur  Leutenberg.  11  sera  presque  impossible  à  ces  divers 
détachements  de  rentrer  avant  minuit  ;  j'ai  cru  de  mon  devoir  de  ne 
pas  attendre  leur  retour  pour  rendre  compte  à  V.  A.  I.  de  la  posi- 
tion que  j'occupe  et  des  renseignements  provisoires  que  je  me  suis 
procurés  dans  le  pays.  Un  bataillon  prussien  était  hieràGnifenthal; 
un  corps  de  troupes  de  toutes  armes  d'environ  3,000  hommes  était 
à  Saalfeld  ;  ce  corps  avait  des  postes  qui  s'étendaient  jusques  à  Zell. 
Lichtentanne  et  Leutenberg.  Dans  ce  dernier  lieu,  60  hussards  prus- 
siens étaient  encore  à  midi  :  on  assure  en  ce  moment  que  tous  les 
postes  de  GrUfenthal,  de  Zell  et  de  Leutenberg  se  sont  repliés  et 
que  même  la  troupe  qui  était  à  Saalfeld  doit  aussi  se  retirer  pour  se 
concentrer  à  Rudolstadt  avec  un  corps  d'armée  de  30,000  hommes... 
Mes  reconnaissances  ne  m'ont  encore  rien  mandé  de  nouveau  à  8  heu- 
res... Aussitôt  que  j'aurai  des  nouvelles  plus  positives  de  l'enuemi, 
je  m'empresserai  de  les  faire  connaître  à  V.  A.  I. 

P. -S.  —  La  route  de  Lobeustein  à  Grilfenthal,  quoique  mauvaise, 
est  praticable  pour  l'artillerie  de  campagne. 

LE    GÉMÉUAL    MILHAUD    AU    GBAND-DUC    DE    BBRO. 

LuliostOD,  9  octobre  1806. 

Mes  trois  reconnaissances  sont  rentrées  ;  leur  rapport  confirme 
en  partie  les  renseignements  que  j'ai  eu  l'honneur  de  transmettre  à 


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8    OCTOBRE.  411 

y.  A.  I.  hier  soir  à  8  heures....  Le  capitaine  qui  commandait  la  re- 
connaissance de  Leutenberg  a  trouvé  un  poste  de  cavalerie  qu*il 
n'a  point  chargé  parce  qu'on  lui  avait  assuré  qu'il  était  au  moins 
(ionble  du  sien...  Celui  qui  commandait  la  reconnaissance  sur  GrU- 
fenthal  a  dit  avoir  vu  deux  vedettes  de  hussards  prussiens  et  deux 
sentinelles  d'infanterie...  L'officier  qui  a  reconnu  Zell  »  a  déclaré 
qae  32  hommes  de  cavalerie  avaient  quitté  hier  cet  endroit  à  midi 
et  qu'il  y  avait  encore  hier  à  la  même  heure  un  gros  détachement  à 
Grâfenthal. 

Je  ne  suis  pas  content  de  ces  trois  reconnaissances  ;  je  vais  moi- 
même  à  Leutenberg  avec  le  gros  de  mes  troupes  ;  ce  lieu  est  à  3  lieues 
de  Grâfenthal,  4  de  Saalfeld  et  5  de  Saalburg.  J'enverrai  une  forte 
reconnaissance  jusqu'aux  portes  de  Saalfeld. 

LE    GÉNÉRAL    LASALLE    AU    OBAND-DUC    DE    BERQ. 

Liclitenberg,  8  oclobre  18'J6,  2  heures  après-midi. 

J'arrive  à  l'instant  à  Lichtenberg;  il  est  2  heures.  Un  ordre  avait 
été  donné  par  le  commandant  de  Hof  de  fournir  des  subsistances  de 
Lichtenberg  à  Hof.  Elles  sont  parties  hier  7  de  la  première  ville  et 
arrivées  à  Plof  vers  minuit.  Dans  ce  moment  toutes  les  troupes  en 
partaient  à  la  hâte  ;  tous  les  chevaux  ont  été  mis  en  réquisition 
pour  évacuer  les  magasins  vers  Plauen,  où  ils  se  sont  dirigés.  Ce 
matin  à  4  heures  la  bourgeoisie  a  occupé  les  postes  des  deux  portes. 
Hof  n'a  qu'un  seul  mur  pour  chemise  ;  le  camp  était  à  demi-lieue  eu 
arrière  de  Hof  vers  Plauen,  et  le  paysan  assure  qu'il  est  levé. 

Le  chef  d'escadron  Maîgnet  est  parti  avec  100  chevaux  pour  Hof 
avec  l'officier  du  génie.  J'ai  fait  bivouaquer  le  5®  régiment  et  l'ai 
bien  couvert  de  grand'gardes.  Les  chemins  de  Lobeustein  ici  sont 
pierreux,  étroits,  montueux,  cependant  pas  assez  mauvais  pour  n'y 
pas  faire  passer  de  l'artillerie.  Je  suis  passé  par  le  chemin  le  plus 
court  par  Harra.  L'officier  du  génie  retournera  par  Lichteubrunn 
que  l'on  dit  meilleur. 

LE    CHEF    d'escadron    MAIOKET,   DU    5"    DE    BUSSABDS, 
AU    GÉNÉRAL    LA8ALLE. 

Hor,  8  oclobro  1806,  5  heures  cl  demie  du  soir. 

Les  Prussiens  sont  partis  à  une  heure  du  matin.  Les  avant- postes 
étaient  à  une  lieue  de  la  ville.  L'ennemi  se  retire  sur  Plauen  et 
Schleiz. 


i.  Probstzella. 


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412  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

MUnchberg  est  occupe  par  les  Français. 

Les  habitants  reçoivent  les  Français  avec  plaisir. 

Je  me  suis  saisi  de  la  poste  aux  lettres  et  de  tous  les  paquets.  Je 
vous  les  adresse. 

Trois  petits  magasins  de  fourrage  sont  en  ville.  Ils  étaient  destinés 
pour  les  Prussiens. 

Les  chemins  sont  très  praticables. 

Je  vais  coucher  à  Naila,  3  lieues  d'ici.  J'attends  vos  ordres. 

LE    GÉNéRAL    BELLIABD    AU    COLONEL    DU    5*    DE    CHASSEURS. 

Ebcrsdorf,  s  octobre  1806. 

Vous  partirez  de  suite,  avec  votre  régiment,  M.  le  colonel,  pour 
aller  vous  établir  au  village  de  Rôppisch  ;  vous  ferez  garder  et  re- 
connaître les  routes  et  débouchés  de  IsabellengrUnn  à  Pôiisch  avec 
beaucoup  de  précaution  ainsi  que  celle  de  Liebengrûnn  ;  vous  gar- 
derez aussi  avec  beaucoup  de  précaution  votre  régiment  qui  bivoua- 
quera et  devra  être  établi  militairement.  Demain,  une  demi-heure 
avant  le  jour,  vous  ferez  monter  à  cheval  le  régiment  qui  ne  repren- 
dra son  bivouac  qu'après  la  rentrée  des  reconnaissances.  Envoyez 
après  votre  établissement  un  sous-officier  d'ordonnance  au  quartier 
général  à  Ebersdorf,  et  demain  adressez-moi  votre  rapport  et  votre 
situation. 

LE    CHEF    d'escadron    COMMANDANT    LE    5*    DE    CHASSEURS 
AU    GÉNÉRAL    BELLIARD, 

Ruppisch,  9  octobro  1806. 

Le  régiment  est  arrivé  ici  aujourd'hui  à  9  heures  du  soir.  D  a  bi- 
vouaqué en  avant  de  ce  village,  flanqué  par  deux  gorges  profondes 
et  couvert  par  la  Saale  ;  il  s'est  gardé  militairement,  a  monté  à  che- 
val une  heure  avant  le  jour;  à  la  pointe  du  jour,  a  poussé  des  recon- 
naissances ;  il  s'est  lié  par  sa  droite  avec  les  piquets  du  7*  régiment 
de  hussards  sur  le  plateau  de  Saalburg  ;  sur  le  centre  a  pousse  à 
Burgk  où  il  a  rencontré  les  vedettes  ennemies  placées  à  la  tête  da 
pont  ;  à  gauche  a  poussé  sur  Remptendorf  et  Liebengriinn  où  ou 
n'a  pu  se  procurer  aucun  renseignement  sur  l'ennemi . 

LE  GÉNÉRAL  BBLLIARD  AU  COLONEL  DU  2*  DE  HUSSARDS. 

Ebersdorf,  8  octobre  1806. 

Vous  partirez  de  suite  avec  votre  régiment  pour  aller  vous  établir 
aux  villages  de  Friesau  et  Eliasbriinn  ;  vous  vous  lierez  par  Bup-    ' 


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8    OCTOBRE.  413 

persdorf  sur  la  route  de  Saalfeld  avec  le  général  Milhaud  qui  doit 
occuper  ce  village  ;  vous  vous  établirez  militairement  ;  votre  régi- 
ment devra  être  au  bivouac  et  se  garder  avec  beaucoup  de  précau- 
tion. Demain  une  demi-heure  avant  le  jour,  votre  régiment  devra 
être  à  cheval  et  il  ne  mettra  pied  à  terre  qu'après  la  rentrée  des  re- 
connaissances. Envoyez-moi  aussitôt  votre  établissement  un  sous- 
officier  d'ordonnance  et  faites-moi  passer  demain  matin  votre  rapport 
avec  votre  état  de  situation. 


LE    GÉNÉRAL    BELLIARD    AU    GÉNÉRAL    WATIER. 

Ebersdorf,  8  octobre  1806. 

Vous  voudrez  bien  faire  reconnaître  demain  matin,  par  une  pa- 

trooille  seulement,  Schleiz,  Zollgriinn  et  sur Ordonnez  qu'on  se 

îrarde  avec  beaucoup  de  précaution.  La  troupe  doit  bivouaquer. 
Faites-moi  connaître  par  le  retour  de  Tordonnance  la  position  que 
vous  occupez  et  si  vous  êtes  rentré  dans  Saalburg. 


LE  GÉNÉRAL  BSLLIARB  AU  GÉNÉRAL  BEAUMONT. 

Ebcrsdorf,  8  octol)re  1806. 

Partez  demain  et  venez  à  Ebersdorf  en  avant  de  Lobenstein  où 
vous  recevrez  des  ordres  du  Prince. 

Ordre  à  la  4*  division  de  dragons  de  venir  s'établir  demain  à  Stein- 
wiesen  en  avant  de  Eronach,  occupant  depuis  Rodach  jusqu'à  Stein- 
wiesen  5  après-demain  à  Ebersdorf. 

1"  corps  d'armée.  nouvel  ordre  de  mouvement 

POUR   LE    9    OCTOBRE. 

Quartier  gunéral  à  Lobenstein,  9  octobre  1806,  8  heures  du  matin. 

La  2*  division,  aux  ordres  du  général  Drouet,  se  portera  en  entier 
en  arrière  de  Saalburg. 
La  division  Riyaud  prendra  position  en  arrière  d'Ebersdorf . 
La  division  Dupont  s'établira  en  arrière  de  Lobenstein. 
Le  grand  parc  d'artillerie  viendra  à  Neundorf. 

Le  Général  de  diviêion, 
L.  Bertuier. 
Cet  ordre  annule  l'ordre  précédent. 


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414  CAMPATxNE    DE    PRUSSE. 

LE    MARÉCHAL    BERNADOTTE   AU   MAJOR    GÉNÉRAL. 

LobcDstGtn,  8  octobre  1806,  s  heures  après-midi. 

Je  viens  de  quitter  le  prince  grand-duc  de  Berg  en  avant 
d^Ebersdorf.  S.  A.  vous  fera  sans  doute  le  rapport  de  sa  re- 
connaissance. Je  me  bornerai  à  vous  dire  que  je  métablisà 
Lobenstein  -,  la  division  Drouet  est  placée  en  arrière  de  cette 
petite  ville,  ayant  le  27*  régiment  en  avant  d'Ebersdorf  ;  la 
division  Rivaud  sera  aussi  très  près  d'ici  entre  Neundorf  et 
Lobenstein.  La  division  Dupont  doit  être  aujourd'hui  prè? 
de  Nordhalben  ;  elle  reçoit  Tordre  de  venir  demain  ici. 

LE  MARÉCHAL  BERNADOTTE  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Quartier  général  Lobenstein,  8  octobre  1806. 
J*ai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  que  4  compagniejî 
du  27' régiment  d'infanterie  légère  ont  été  envoyées  aujour- 
d'hui vers  4  heures  du  soir  pour  protéger  le  passage  de  U 
cavalerie  à  Saalburg  ;  ces  compagnies  avec  une  pièce  d'ar- 
tillerie se  sont  emparées  de  la  ville;  l'ennemi  n'avait  pas 
détruit  le  pont;  il  s'est  contenté  défaire  tomber  les  madriers, 
mais  ils  ont  été  replacés  de  suite  et  quelques  coups  de  canon 
ont  précipité  la  retraite  des  troupes  qui  défendaient  la  ville. 
S.  A.  I.  le  grand-duc  de  Berg  transmet  à  S.  M.  le  rapport 
détaillé  de  tout  ce  qui  a  été  fait  dans  la  journée.  L'occupa- 
tion de  Saalburg  m'a  déterminé  à  faire  avancer  le  reste  du 
1"  corps.  J'ai  ordonné  à  toute  la  division  Drouet  d'aller  s'é- 
tablir à  Saalburg,  en  portant  le  27*  régiment  en  avant.  La 
division  Rivaud  va  se  placer  à  Ebersdorf,  et  la  division  Du- 
pont arrivera  ici  demain  de  bonne  heure. 

LE  MARÉCHAL  DAVOUT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

8  octobre  ISOS. 

Les  rapports  sur  les  Prussiens  sont  encore  fort  obscurs;  il 
en  résulte  seulement  qu'ils  sont  en  marche  et  en  grand  mou- 


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8    OCTOBRE.  415 

vement.  Hier  7  tout  me  porte  à  croire  qu41  en  est  arrivé  vers 
les  4  heures  du  soir  à  Coburg,  d'où  ils  ne  laissent  sortir  ni 
entrerpersonne.  Jusqu'à  ce  moment  il  n'avait  paru  à  Coburg 
([ue  30  ou  36  hussards  qui  y  étaient  depuis  5  jours. 

On  y  assurait  que  partie  de  l'armée  prussienne  avait  dû 
arriver  le  même  jour  à  Saalfeld  et  avait  poussé  une  avant- 
garde  à  Qrafenthal.  Suivant  les  rapports,  les  grandes  forces 
prussiennes  devaient  se  réunir  sur  léna  et  Saalfeld. 

A  Coburg  ils  faisaient  courir  le  bruit  que  le  roi  de  Prusse 
devait  se  rendre  aujourd'hui  à  Bamberg  pour  avoir  une 
conférence  avec  notre  souverain. 

J'ai  envoya  un  parti  à  Culmbach  pour  avoir  des  nouvelles 
du  maréchal  Soult  ;  il  n'est  pas  encore  de  retour. 

Toute  l'armée  sera  réunie  de  très-bonne  heure  en  avant 
de  Kronach,  conformément  aux  ordres  de  V.  A. 

3*  corpB.  Cavalerie  légère,  en  avant  de  la  1^*  division  ;  —  1"  di- 
vision, sur  les  hauteurs  au  confluent  de  la  Rodach  et  de  la  Kronach  ; 
—  2*  division,  à  2  lieues  en  avant  de  Kronach,  sur  la  Rodach  ;  — 
3*  division,  près  de  Theisenort  ;  —  quartier  général,  Lichtenfels. 

LE   MARECHAL   LEFEBVRE   AU   MAJOR   GËKERAL. 

Lichtenfels,  8  octobre  1806. 

J'ai  rhonneur  de  vous  rendre  compte  que  je  suis  arrivé 
aujourd'hui  à  Lichtenfels  et  que  le  corps  que  je  commande 
occupe  ce  soir  Lichtenfels,  Zettlitz  et  quelques  villages  envi- 
ronnants. 

Nous  partirons  demain  de  grand  matin  pour  arriver  de 
bonne  heure  à  Kronach. 

J'ai  donné  Tordre  au  général  de  division  Oudinot  d'aller 
cantonner  demain  avec  les  dragons  à  pied  une  demi-lieue 
en  avant  de  Kronach. 

Je  vous  préviens  que  les  10,000  rations  de  pain  que  vous 
m'avez  annoncé  devoir  suivre  la  Garde  impériale,  n'ont  pu 
être  fabriquées  pour  le  départ  de  Bamberg,  on  continue  à 
travailler  à  leur  fabrication,  mais  je  crois  que  les  moyens  de 
t^nsport  seront  difficiles. 


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416  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ORDRES   QUI   ONT   ETE   DONNÉS    POUR   LA   PRISE 
DE    POSITION  DE   MUNCHBERG. 

MûDChberg,  8  oclobre  1806. 

La  division  de  cavalerie  légère  se  rendra  à  Weislenreutli 
sur  la  grande  route  de  Hof  où  elle  s'établira  militairement 
en  arrière  de  cet  endroit,  et  s'y  gardera  avec  soin.  L'avant- 
garde,  composée  du  8*  de  hussards  et  des  tirailleurs  du  Pu, 
se  rendra  à  Konradsreuth  où  elle  s'établira  et  se  gardera 
militairement. 

Aussitôt  son  arrivée,  le  général  Guyot  enverra  un  parti 
reconnaître  ce  qui  se  passe  sur  Hof,  mais  le  commandant  de 
ce  détachement  n'entrera  pas  dans  la  ville,  quand  bien  même 
il  y  aurait  possibilité  ;  il  se  gardera  aussi  d'engager  aucune 
affaire  et  rendra  compte  immédiatement  de  tous  les  rensei- 
gnements qu'il  pourra  acquérir  sur  les  mouvements  et  direc- 
tions des  Prussiens  et  Saxons. 

Les  généraux  Margaron  et  Guyot  enverront  des  partis  sur 
Schwarzenbach,  sur  la  Saale,  où  passe  la  grande  route  de 
Wunsiedel  à  Hof,  afin  de  prendre  connaissance  des  mouve- 
ments de  l'ennemi.  Ils  en  enverront  aussi  sur  Selbitz  pour  le 
même  objet. 

La  1*^®  division  prendra  position  sur  la  hauteur  en  arrière 
de  MUnchberg  s'adossant  au  bois,  dirigeant  sa  droite  vers 
Spameck  sans  dépasser  le  ravin,  la  gauche  se  dirigeant  sur 
la  grande  route  de  MUnchberg. 

Le  général  Levai  placera  le  4*  régiment  en  position  sur  le 
plateau  en  arrière  de  MUnchberg  et  il  mettra  en  avant  de 
son  centre  2  pièces  de  12.  Le  restant  de  la  division  prendra 
position  sur  la  hauteur  en  arrière  du  4*^  de  ligne  et  dans  la 
même  direction  que  la  1'*  division,  appuyant  la  droite  à  la 
grande  route  et  prolongeant  la  gauche  dans  la  direction  de  la 
hauteur  qui  est  en  arrière  du  village  de  Straas. 

La  3®  division  prendra  position  sur  la  hauteur  en  avant  de 
MUnchberg.  Le  général  Legrand  portera  un  bataillon  d'in- 
fanterie légère  en  avant  d'Ahornberg,  un  autre  bataillon  à  la 


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8    OCTOBRE.  417 

tête  du  bois  qui  est  en  arrière  de  ce  village  et  le  bataillon 
corse  à  la  tête  du  bois  qui  est  à  la  droite  de  la  route,  et  au 
delà  de  la  vallée,  de  manière  à  fournir  des  postes  pour  pren- 
dre les  débouchés  de  Markersreuth  et  Weissdorf. 

Le  parc  d'artillerie  s'établira  à  Gefrees;  le  quartier  géné- 
ral est  à  MUnchberg. 

M*'  SOULT. 

XoTE.  —  Dans  la  route  de  Baireuth  à  MUnchberg,  la  po- 
sition qui  est  en  arrière  de  Benck  a  été  observée  ;  cette  posi- 
tion offre  un  beau  développement  ;  elle  domine  à  une  grande 
distance.  Le  terrain  est  en  pente  rapide,  boisé,  coupé  et 
quelquefois  marécageux;  le  fond  de  la  vallée  est  aussi  maré- 
cageux et  rempli  d'étangs.  Si  un  corps  d'armée  occupait 
cette  position,  il  serait  convenable  que  son  avant-garde  fût 
placée  à  la  tête  du  défilé  de  Berneck  qu'on  peut  défendre 
avec  avantage,  même  contre  des  forces  supérieures  ;  du  reste 
la  position  de  Benck  et  celle  du  défilé  de  Berneck  deman- 
dent à  être  étudiées  avec  beaucoup  de  soin. 

LE    MARÉCHAL   SOULT   A   L'eMPEUEUE. 

Mûuchberg,  8  octobre  1806,  4  heures  après-midi. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  M.  de  la  position  que 
les  divisions  du  corps  d'armée  viennent  de  prendre  sur  les 
liauteurs  de  MUnchberg. 

La  cavalerie  légère  est  à  Weislenreuth  et  fournit  son 
avant-garde  à  Konradsreuth  d'où  elle  a  envoyé  un  parti  jus- 
qu'à Hof  et  divers  détachement»  sur  la  droite  et  sur  la  gau- 
che pour  éclairer  ce  qui  se  passe. 

La  division  du  général  Legrand  a  pris  position  sur  la  hau- 
teur en  avant  de  MUnchberg. 

Les  1"  et  2*  divisions,  commandées  par  les  généraux 
Saint-Hilaîre  et  Levai,  ont  pris  position  sur  une  ligne  en 
arrière  de  Mttnchberg,  la  droite  dans  la  direction  du  villago 
de  Weissdorf,  et  la  gauche  se  dirigeant  sur  le  village  de 
Poppenreuth. 

C&UP.   DB  PRUSSB.  27 


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418  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Cette  position,  quoique  étendue,  est  assez  bonne  ;  elle  do- 
mine à  une  assez  grande  distance,  et  un  terrain  marécageux 
la  couvre  ;  il  y  a  aussi  beaucoup  d'étangs.  La  position  de  la 
3*  division  offre  les  mêmes  avantages.  Ainsi  je  croîs  que  si 
on  devait  se  battre  dans  cette  partie,  on  pourrait  compter  sur 
des  succès. 

Je  n'ai  pas  vu  d'ennemi  dans  la  route  ;  un  petit  poste  qui 
était  à  Gefrees  s'est  retiré  la  nuit  dernière. 

Deux  voyageurs,  qui  viennent  de  Hof,  assurent  que  la  nuit 
dernière  à  11  heures  le  général  Tauenzien  fit  subitement 
plier  les  tentes  des  troupes  qui  étaient  campées  en  arrière 
de  Hof,  et  qu'immédiatement  il  dirigea  une  partie  de  ces 
troupes  sur  Schleiz  et  l'autre  partie  sur  Plauen,  où  elles 
doivent  joindre  une  division  de  Saxons  qui  y  campe. 

D'autres  voyageurs,  venant  aussi  de  Hof,  assurent  que  de- 
puis ce  matin  il  n'y  a  plus  de  troupes  dans  cette  ville,  et  que 
les  j  remières  sont  entre  Hof  et  Plauen,  ainsi  qu'à  Schleiz. 

J'ai  envoyé  une  reconnaissance  jusqu'à  Hof  avec  ordre 
de  pénétrer  dans  la  ville  s'il  est  possible,  sans  cependant  se 
compromettre,  mais  je  ne  pourrai  avoir  son  rapport  que  d«nns 
la  nuit  prochaine. 

Demain  à  6  heures  du  matin  le  corps  d'armée  sera  en 
marche  pour  se  diriger  sur  Hof  où  il  arrivera  à  10  heures  et 
demie.  Ensuite  je  lui  ferai  continuer  son  mouvement  sur 
Plauen ,  afin  de  le  rapprocher  de  Schleiz  et  ainsi  lier  la 
communication  avec  les  colonnes  du  centre,  que  V.  M.  m'a 
annoncé  devoir  se  diriger  sur  Schleiz. 

Je  ne  pense  pas  que  les  ennemis  aient  dirigé  beaucoup  de 
troupes  sur  Schleiz,  mais  je  crois  que  tout  ce  qui  était  à  Hof 
s'est  porté  à  Plauen,  et  un  rapport  que  je  reçois  à  l'instant 
me  confirme  dans  ce  sentiment.  , 

D'après  ce  rapport  le  général  Tauenzien  aurait  eu  à  Hof 
4  régiments  de  cavalerie,  dont  2  prussiens  et  2  saxons,  de 
2,000  hommes  chaque,  et  14  bataillons  dont  4  ou  5  de  grena- 
diers saxons. 

On  me  dit  aussi  qu'àZwickau  le  corps  d'armée  du  général 
Hohenlohe  qu'on  élève  jusqu'à  55,000  hommes,  campe. 


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8    OCTOBRE.  419 

Si  cette  version  est  vraie,  et  tout  la  rend  vraisemblable,  il 
me  paraît  naturel  que  les  troupes  qui  étaient  à  Hof  se  soient 
retirées  k  Plauen  afin  de  rejoindre  ensuite  le  gros  de  leura 
troupes  à  Zwickau,  et  ainsi  couvrir  la  Saxe,  sui*tout  la  capi- 
tale. 

Dans  cette  hypothèse  je  crois  remplir  les  intentions  de 
V.  M.  en  me  dirigeant  sur  Plauen,  d'autant  plus  que  je  suis 
la  marche  de  Tennemî  et  que  je  me  rapproche  de  Schleiz  où 
sans  doute  des  troupes  de  la  colonne  du  centre  seront 
demain  arrivées. 

Je  ne  pense  pas  que  l'ennemi  ait  établi  de  ligne  d'opéra- 
tions entre  la  grande  route  de  Hof  à  Dresde  par  Zwickau  et 
la  Bohême,  mais  demain  j'en  serai  assuré  et  j'aurai  l'honneur 
d'en  rendre  compte  à  V.  M. 

ORDRE. 

Mûnckborg,  8  octobre  1806. 

Les  divisions  du  corps  d'armée  se  mettront  en  marche  de- 
main 9  octobre  à  6  heures  du  matin  et  se  dirigeront  sur 
Hof  dans  le  même  ordre  qu'aujourd'hui. 

A  cet  eflfet  la  cavalerie  sera  réunie  pour  6  heures  et  demie 
en  avant  de  Konradsreuth,  où  elle  attendra  que  la  tête  de 
l'infanterie  Tait  jointe  pour  se  mettre  en  mouvement.  M.  le 
général  Legrand  '  mettra  en  marche  sa  division  à  6  heures 
pour  suivre  la  même  direction,  afin  que  la  tête  de  la  2*  divi- 
sion ne  soit  pas  dans  le  cas  de  s'arrêter  lorsqu'elle  aura  com- 
mencé son  mouvement,  et  aussitôt  qu'eUe  aura  joint  la  cava- 


t.  T^B    Qé3rKB4L    COUPAX8    A    L^ORDOSlTATBnR. 

8  octobre  isoG. 

M.  le  général  Lc^mnd  vennnt  de  prévenir  le  Maruchul  commandant  en  chef 
i{Uti  le  pnin  et  la  viande  seront  duos  domain  à  su  division  et  quo  les  caissons 
à  lu  suite  des  corps  qui  sont  partis  de  Thumbach  pour  aller  prendre  du  pain 
a  Amberg  n'étaient  pas  encore  revenus,  je  vous  prie  de  prendre  des  mesures 
pour  assurer  à  cette  division  ses  vivres  de  mhnière  à  ce  qu'elle  se  trouve  de 
pair  avec  les  autres  divisions,  et  à  me  faire  connaître  les  moyens  que  vous 
aurez  employés  afin  que  je  puisse  en  rendre  compte  à  M.  le  Uaréchal  com- 
mandant en  chef. 

Le  général  Legrand  rend  compte  qu'il  existe  2  bœufs  à  la  suite  do  sa  divi- 
sion. —  Il  est  indispensable  qu'il  soit  fait  une  distribution  dans  la  nuit;  don- 
Qcz  vos  ordres  à  cet  effet. 


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420  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

lerie,  il  donnera  ordre  au  général  Margaron  de  se  mettre  en 
marche. 

Le  général  Levai  réglera  son  mouvement  sur  celui  de  la 
3*  division,  de  manière  à  ce  que  sa  droite  se  mette  en  mar- 
che à  6  heures. 

Le  général  Saint-Hilaire  réglera  son  mouvement  sur  celui 
de  la  2*  division,  dont  il  suivra  la  marche,  et  fera  rester  sou 
infanterie  légère  à  la  gauche  de  sa  division,  si  elle  n'était  pas 
rentrée  à  temps  pour  en  prendre  la  tête,  afin  qu'il  n'existe 
aucune  interruption  entre  les  divisions. 

Le  parc  d'artillerie  suivra  la  même  direction  et  se  rendra 
à  Hof  où  il  recevra  de  nouveaux  ordres. 

Les  équipages  du  quartier  général  marcheront  demain  à 
la  gauche  de  la  3*  div^ision. 

Rendu  à  Hof,  M.  le  Maréchal  commandant  en  chef  don- 
nera de  nouveaux  ordres  sur  les  mouvements  que  le  coip 
d'armée  devra  faire  encore  pendant  le  jour,  ou  sur  les  posi- 
tions que  les  divisions  seront  dans  le  cas  de  prendre. 

Les  généraux  îlargaron  et  Guyot  donneront  des  ordres 
pour  que  les  détachements  qu'ils  ont  fournis  aient  rejoint 
leurs  régiments  en  avant  de  Konradsreuth  pour  6  heures  et 
demie,  excepté  cependant  ceux  qui  seront  sur  la  grande 
route  de  Hof. 

LE  MARÉCUAL  NEY  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Raireuth,  8  octobre  1806. 

Le  corps  d'armée  sous  mes  ordres  arrive  ce  matin  à  Bai- 
reuth  ;  une  partie  occupe  les  villages  en  an'ière  de  Bemeck, 
le  reste  est  placé  en  amère  de  Baireuth  et  sur  la  route  de 
Culmbach,  jusqu'à  Neuenblos,  rive  droite  du  Rother-Mayn. 

Demain  à  5  heures  du  matin  je  suivrai  le  corps  d'armée 
du  maréchal  Soult  qui  campe  aujourd'hui  à  MUnchberg,  po- 
sition que  j'occuperai  probablement. 

M.  le  maréchal  Soult  me  mande  qu'il  paraît  que  les  Prus- 
siens veulent  défendre  Hof  et  que  quelques  bataillons  saxons 
doivent  y  être  arrivés  ;  si  ce  maréchal  trouve  des  forces  supo- 


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8    OCTOBRE. 


421 


Heures,  je  forcerai  de  marche  pour  Tappuyer  ;  mais  je  ne 
puis  croire  les  Prussiens  assez  ignorants  pour  nous  livrer 
bataille  dans  une  position  aussi  désavantageuse. 

J'attends  les  ordres  de  V.  A.  sur  ma  nouvelle  destination  ; 
je  pense  que  je  changerai  de  direction  à  droite  à  Hof,  pour 
inarcher  sur  Dresde. 

Le  capitaine  Semery,  aide  de  camp  du  général  Savary,  reçut  le  7 
à  Hamberg  une  mission  analogue  à  celles  que  TËmpereur  avait  con- 
fiées à  Wiirzburg  le  5  à  son  officier  d'ordonnance  Montesquiou  et 
an  capitaine  Custine,  aide  de  camp  du  général  Savary.  Le  rapport 
(le  cette  mission  fait  assister  à  la  traversée  de  Bamberg  dans  la  jour- 
née du  8  par  le  ?•  corps  d'armée,  les  !'•  et  2*  divisions  de  grosse 
cavalerie,  et  ensuite  à  la  visite  des  établissements  de  la  place. 

Troupes  arrivées  dans  la  place  de  Bamberg  le  8  octobre  et  parties  pour 
Unllsladt  d'après  l'ordre  dans  lequel  elles  ont  défilé  depuis  7  heures 
du  matin  jusqu'à  ô  heures  du  soir. 


7  heure». 
Parc  de  réaerve   d'aitil* 
Icrie  do  corp«  de  c«v«- 

lerie. 

%heure»lli. 

i  <  MVISIOX  DD    7«  COIPS. 

7'  ràginient  de  ehasBeara 
à  ebeval. 

5<' compagnie  da  (>«  d'ar- 
tillerie à  cheval. 

1'^  eumpagoie  da  8«  ba- 
taillon da  train  d'artil- 
lerie. 

lit<  régiment  d'infanterie 
iégire. 

U'  régiment  d'infanterie 
<i«  ligne. 

K<5  régiment  dMnfante- 
rie  do  ligne. 

4  conpagule  du  2'  d'ar- 
tillerie à  cheval. 

Détaohement  de  loge- 
mrut  de  la  dIviHion  au 
général  d'Uautpoul. 

P»rc  de  la  ir--  division 
du  >  corps. 

tr«  BlTlHon   SI  CIOSSB 
CATAlBftlS. 

y  régiment  de  cnirae- 
slen. 

l**  ràgiment  de  carabl- 
nier». 

i-  régiment  de  carabi- 
nier!. 


Hommes.    ClieTsax. 


536 


90 


8,606 

1,723 

1,810 

41 

50 

210 
430 
428 


78 


210 


810 
426 
422 


5  aflTùtc  de  rechange  pour  pièces  de  8, 24  cais- 
sons lie  8.  12  d'obasiers  de  6  p.,  12  d'iii- 
fanierie,  6  ubariots  de  muniiions,  4  forges, 
2  fourgons  pour  les  menus  approvisioiiiie- 
menls,  3  caissons  de  paru. 


540        23  chevaux  bli^ssAs.  Venant  d'Ebrac  et  envi- 
rons, route  de  WQrzbiirg. 

06 

117        4  pièces  de  8,  i  obosier  de  6  p.,  8  caissons  de 

8  (l'oOicier  n'a  pu  me  les  détailler  ei  je  ii'ui 

pas   vouln  arrêter   la   colonne  qui   fliaii), 

3  caissons  d'obosier,  i  chariot  k  munitions. 

M  Le  général  Desjardins  marchait  k  la  téie. 


Le  généra]  Covroux  précédait.   40  hommes 

restés  aux  hôpiuox. 
24  hommes  restés  aux  hôpitaux  de  Wilix- 

burg. 
Attachée  k  la    i<-r  division    2  pièces  de  8, 

{  obiisier  de  6  p.,  4  raiskonsde  8,  3  d'oho- 

sier,  1  d'infanterie,  i  forge. 


4  pièces  de  8,  2  de  4,  1  obusier,  8  caissons 
de  8,  2  de  4,  3  d'obusier,  9  caissons  d'iu- 
fauterie,  2  alTùts  de  recluinge,  2  chariots 
de  munitions,  3  voitures  d'objets  d'appro- 
visionnements, 1  forge  de  campagne. 

15  chevaux  blessés. 

4  chevaux  blessés. 


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422  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Hoames.    Chevaux. 

2e    régiment    do    cufriui-  421  i06         15  chevaux  blessé*. 

sien. 
Artillerie  de  la  !'«  divl-  •  »  2  pièces  de  S,  1  obosier  de  6  p.,  4  eaissom 

sion  do  cavalerie.  de  8,  3  d'obusier,  1  d'infanierie,  1  chariot 

de  luuuilioBs,  1  fo^fe,  1  feoifua. 
Artillerie  de  la  2*  division  »  ■»  4  pièces  de  8,  i  obusier  de  6  p.,  S  pièen<i«4. 

du  7   eorpB.  4  caissi»»  de  8,  2  de  4.  3  d'obusier,  9  d'in- 

faulerie,  t  voiiun-s  d*«pprovi«ioBiienetu, 
S  afîUs  de  reehaDfc.  1  d'obosiefi  2  pro- 
longes, i  forge  de  campagne. 
Parc    d*artilIerio    du    7*  <*  »  4  pièi'os  de  12,  6  de  8,  2  obusier*  de  6  p.. 

corps.  12  caissons  de  12,   12  do  8,  6  d'oboiier. 

>  d'infanleiie,  2  forge*  de  c 


4  pièces  de  12,  1  obusier  de  6  p. 

Nota.  —  C'était  la  fin  de  la  eoionae;  I» 
traînards  des  diflérents  corps  éuienc  biv1«> 
avec  le  parc  ei  les  équipages  ;  je  n'ai  pa  bte* 
observer. 

M.  le  grand  veneur  était  parti  le  matin  à  2  heures  par  ordre  de 
S.  M.  pour  se  rendre  à  Kronach. 

Général  d'Hautpoul.  —  Je  ne  Tai  rencontré  qu*à  Lichtenfels  ;  il 
devait  s'avancer  le  10  à  Kronachi 

Le  général  Nansouty  avait  sa  division  cantonnée  à  une  lieue  en 
deçà  de  Kronach  dans  divers  villages  de  la  vallée. 

Se  MER  Y, 

cajAtaine  aide  de  camp  du  général  Savary, 

La  2*  division  du  7*  corps  qui,  d'après  l'ordre  du  maréchal  Auge- 
reau  du  7,  devait  passer  à  Bamberg  à  10  heures,  ne  traversa  donc 
pas  la  \âlle  ;  il  est  probable  qu'en  raison  de  l'encombrement  du  dé- 
filé, elle  contourna  Bamberg  -,  son  artillerie  seule  y  passa. 

Une  des  brigades  de  la  division  Nansouty,  9*  et  12*  cuirassier», 
ne  traversa  pas  non  plus  Bamberg.  Le  3*  de  cuirassiers  était  à  envi- 
ron 400  chevaux  comme  les  autres  régiments  de  la  division  ;  il  avait 
donc  ce  jour-là  un  détachement  soit  au  logement,  soit  à  l'escorte  du 
général  Nansouty.    • 

La  division  d'Hautpoul  ne  traversa  pas  Bamberg  ;  elle  contonroa 
cette  ville.  Le  capitaine  Semery  la  trouva  le  9  sur  la  route  de  Kro- 
nach, où  elle  était  venue  s'établir  le  8,  d'après  les  ordres  du  Grand- 
duc  du  7, 

Place  de  Bamberg. 

Fours,  visités  à  5  heures  du  soir,  —  De  8  fours  en  construction, 
4  sont  achevés  et  commenceront  leur  service  demain  9  octobre  an 
matin  ;  les  4  autres  le  10. 

Chaque  four  ayant  13  pieds  de  dimension  sur  12  peut  contenir 
400  rations  et  produire  dans  les  24  heures  8  fournées.  Service  d'un 
four  dans  24  heures,  3,200  rations. 


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8   OCTOBRE.  423 

8  foura  produûent  dans  le  même  temps  25,600  rations. 
La  construction  de  ces  fours  a  été  retardée  par  le  défaut  de  moyens 
de  transport  pour  avoir  des  briques. 

Magasins,  visités  à  5  heures  un  quart.  —  A  5  heures  un  quart  du 
soir  il  n'existait  rien  dans  les  magasins  de  vivres. 

Tout  le  pain  confectionné  avait  été  distribué  au  7*  corps  d'année 
et  aux  divisions  de  cavalerie. 

Les  farines  qui  y  existaient  ont  été  également  distribuées  à  diffé- 
reutjs  corps  dans  les  proportions  ordonnées  par  S.  A.  S.  le  prince  de 
Keufchâtel  et  ces  moyens  ont  été  insuffisants. 

Au  moment  de  ma  visite,  le  directeur  des  vivres  venait  de  faire 
une  réquisition  de  farines  en  traitant  de  particulier  à  particulier.  Il 
pouvait  ce  soir  disposer  de  500  quintaux  de  farine  de  froment  et  de 
2,500  quintaux  de  farine  de  seigle. 

Commissaire  ordonnateur  et  commandant  de  la  place.  —  Le  com- 
mandant de  la  place  s'occupe  de  réunir  des  voitures  ;  les  moyens  de 
transport  paraissent  anéantis.  Cet  officier  est  seul  et  tellement  occupé 
qull  n'a  pu  me  donner  aucun  renseignement  sur  le  passage  des 
tronpes  ni  sur  la  situation  des  magasins.  J'ai  observé  moi-même  le 
passage  en  restant  sur  le  chemin  depuis  7  heures  du  matin  jusqu'à 
5  heures  du  soir. 

Coiwois  de  vivres  paesés  à  Bamberg.  —  105  voitures  de  biscuit 
ont  passé  dans  la  nuit  et  ont  dii  arriver  ce  soir  à  Kronach. 

Le  8  à  G  heures  du  soir  il  arrivait  à  Bamberg,  venant  d'Erlaug, 
550  quintaux  de  farine  de  seigle  transportés  sur  des  chariots  attelés 
de  bœufs  si  fatigués  qu'ils  ne  peuvent  les  porter  plus  loin  et,  venant 
de  Wiirzburg,  34  voitures  de  biscuit  portant  environ  30,000  ra- 
tions. 

Demain  la  régence  fournira  600  quintaux  de  farine,  mais  au  moin^ 
400  quintaux,  plus  50  chariots  attelés  de  4  chevaux  venant  de  la 
principauté  de  liaireuth  et  chargés  d'au  moins  1,500  quintaux,  total 
1,900  quintaux,  que  la  régence  s'engage  à  fournir  pendant  10  jours 
de  suite. 

Quantité  de  pain  et  de  farine  existant  dans  la  place.  Ce  quelle 
ptut  fournir.  —  On  attend  30  voiture»  parties  de  Wiirzburg  depuis 
2  ou  3  jours  et  chargées  de  biscuit  pour  Kronach. 

La  régie  des  vivres  enverra  sur  Kronach  tout  ce  qu'elle  pourra  se 
procurer  en  sus  des  moyens  qu'elle  m'a  indiques  et  que  je  viens  de 
détailler. 

Moulins.  —  Les  moulins  de  la  ville  et  des  environs  ne  peuvent 
ftiduire  en  farine  par  jour. que  600  quintaux  de  grains.  Les  moyens 


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424  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

de  transport  manquent.  Il  en  faut  pour  envoyer  les  vivres  à  Kronaeh  ; 
on  n'en  a  pas  même  pour  transporter  les  grains  des  magasius  aux 
moulins  et  vice  versa. 

Sembry. 

Les  105  voitures  de  biscuit,  qui  passèrent  à  Bamberg  dans  la  nuit 
du  7  au  8,  portaient  les  100,000  rations  de  Spire,  parties  de  Wîlrz- 
burg  le  5  ;  elles  arrivèrent  à  Kronach  (5*0  kil.  de  Bamberg)  le  8  au 
soir. 

Les  34  voitures  portant  30,000  rations  étaient  parties  de  Wiirz- 
burg  le  5  dans  la  journée  ;  elles  arrivèrent  le  9  au  soir  à  Ej-onacb. 

On  attendait  encore  30  voitures  parties  de  Wiirzburg  depuis  2  ou 
3  jours;  c'étaient  les  20,000  rations  que  le  général  Duroc  annonçait 
comme  devant  partir  avant  le  6  au  matin.  On  peut  admettre  que  ce 
convoi  avait  été  complété  à  30,000  rations  et  qu'il  parvint  à  Kronach 
le  10. 

Ainsi  160,000  rations  de  biscuit  venant  de  Wtirzburg,  soit2jonrB 
de  biscuit  pour  toute  la  colonne  du  centre,  étaient  certainement  ar- 
rivées à  Kronach  le  10. 

Les  expéditions  de  farine  de  Bamberg  sur  Kronach  commencèrent 
le  9.  On  put  faire  partir  500  quintaux,  puisque  le  8  au  soir  il  y  avait 
à  Bamberg  500  quintaux  de  froment  et  3,550  quintaux  de  farine  de 
seigle,  et  que  les  arrivages  devaient  être  de  1,900  quintaux  de  farine 
pendant  10  jours  de  suite.  Tout  ceci  prouve  que  si  les  mesures  né- 
cessaires avaient  été  prises  dès  le  25  septembre,  on  n'aurait  eu  au- 
cune inquiétude.  Mais,  je  le  répète,  il  faut  des  fonctionnaires  anses, 
actifs  et  secondés  par  un  personnel  choisi  par  eux  avec  soin. 

Quant  aux  expéditions  de  pain  biscuité  elles  commencèrent  pro- 
bablement aussi  le  9,  car  le  directeur  des  vivres  put  faire  fabriquer 
dès  le  8  au  soir  ;  elles  furent  certaines  à  partir  du  10. 

On  trouva  des  moyens  de  transport  sur  les  directions  que  l'armcv 
n'avait  pas  parcourues  (route  de  Bamberg  à  Baircuth,  etc.). 

On  doit  joindre  en  outre  les  30,000  rations  de  biscuit  et  les  300 
quintaux  de  farine  à  expédier  journellement  de  Wtirzburg  sur  Kro- 
nach et  les  30,000  rations  de  biscuit  à  expédier  de  Forchheim,  ordre 
de  l'Empereur  du  7  aux  généraux  Thouvenot  et  Lefranc,  ce  qui  fait 
un  total  de  87,000  rations,  qui  pouvaient  arriver  à  Kronach  à  partir 
du  11. 

Ainsi  si  l'armée  avait  retardé  quelques  jours  à  déboucher,  elle  eu! 
certainement  été  nourrie  à  Kronach  par  les  envois  de  Bamberg, 
Wiirzburg  et  Forchheim. 

Enfin  à  partir  du  9  il  arriva  pendant  10  jours  à  Bamberg  1,900 
quintaux  de  farine  par  jour.  Il  en  fallait  1,000  par  jour  tant  pour  les 


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8    OCTOBRE.  425 

expéditions  sur  Kronach  (500  quintaux  de  farine  et  40,000  rations 
(le  pain  biscnité)  que  pour  les  passages  (5,000  à  6,000  rations)  ; 
restaient  900  quintaux  pour  rapprovisionnement  des  magasins,  et,  en 
10 jours,  9,000  quintaux.  A  90,000  rations  par  1,000  quintaux,  sui- 
vant le  calcul  de  l'intendant  général,  rapport  du  7,  on  avait  à  Bam- 
berg,  vers  le  19  ou  le  20,  de  la  farine  pour  faire  800,000  rations. 
C'était  un  magasin  considérable  pour  une  ville  ouverte  ;  l'Empereur 
avait  bien  ordonné  que  tourf  les  moyens  fussent  enfermés  à  Wiirzburg 
et  à  Forchbeim  ;  mais  Bamberg ,  situé  à  la  croisée  des  routes  de 
Mayence  et  d'Ulm,  s'imposait  comme  point  central  des  mouvements 
«le  l'armée. 


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9  OCTOBRE 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  LANNES. 

Nordhallien,  9  octobre  1806. 

Je  VOUS  préviens,  M.  le  Maréchal,  que  le  quartier  de  l'Em- 
pereur sera  ce  soir  à  Ebersdorf. 

Le  maréchal  Davout  sera  à  Lobenstein. 

Le  prince  Murât  à  Schleiz. 

Le  maréchal  Bemadotte  à  Saalburg. 

Le  maréchal  Soult  vis  à-vis  Plauen. 

Le  maréchal  Nev  à  Hof. 

On  suppose  que  Tennemi  veut  défendre  Saalfeld;  6'ily 
est  en  force  supérieure,  il  ne  faut  rien  engager  que  le  maré- 
chal Augereau  ne  vous  ait  rejoint.  Dans  la  journée  on  aura 
des  nouvelles  de  T ennemi,  et  s'il  avait  des  forces  notables  à 
Saalfeld,  TEmpereur  marchera  avec  20,000  ou  25,000  hom- 
mes dans  la  nuit,  pour  arriver  demain  vers  midi  sur  Saalfeld 
par  Saalburg. 

Dans  cette  situation  de  choses,  M.  le  Maréchal,  où  Ten- 
nemi  réunit  toutes  ses  forces  à  Saalfeld,  alors  nous  n'avoDs 
autre  chose  à  faire  qu'à  prendre  position  à  Grâfenthal. 

L'ennemi  ne  peut  se  hasarder  à  marcher  sur  vous  ayant 
des  forces  si  considérables  sur  son  flanc  gauche  ;  si  cepen- 
dant il  le  faisait  en  force  très-supérieure,  il  n'y  a  pas  de 
doute  que  vous  ne  dussiez  battre  en  retraite  parce  qu'alors  il 
serait  pris  et  attaqué  en  flanc  par  le  corps  du  centre  ;  mais  si 
l'ennemi  n'a  que  15,000  à  18,000 hommes,  vous  devez, après 
avoir  bien  étudié  sa  position,  l'attaquer  ;  bien  entendu  que 


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9    OCTOBRE.  427 

le  corps  du  maréchal  Augereau  sera  avec  vous.  Ce  qui  est  le 
plus  important  dans  cette  circonstance,  M.  le  Maréchal,  c'est 
d'envoyer  trois  fois  par  jour  de  vos  nouvelles  et  de  celles  de 
l'ennemi  à  l'Empereur. 

Si  l'ennemi  bat  en  retraite  devant  vous,  arrivez  le  plus 
promptement  possible  à  Saalfeld,  et  là  placez  vos  troupes 
militairement. 

Dépêche  portée  par  un  aide  de  camp  du  maréchal  Lannes,  M.  Sa- 

iiiark  ' . 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  BERNADOTTE. 

Nordhalbeu,  9  octobre  1806. 

Portez  votre  quartier  général  à  Saalburg.  Tenez  vos  trou- 
pe» bien  réunies. 

Je  vous  préviens  que  le  maréchal  Soult  arrive  à  Hof,  le 
maréchal  Lannes  marche  sur  Grâfenthal  ;  le  maréchal  Da- 
vout  porte  ce  soir  son  quartier  général  à  Lobenstein. 

Le  grand-duc  de  Berg  avec  sa  cavalerie  et  une  brigade  de 
votre  infanterie  prendra  position  à  Schleiz. 

L^Empereur  couchera  ce  soir  à  Ebersdorf. 


LE   MAJOR   GÉNÉRAL   AU    MARÉCHAL    LEFEDVRE. 


Nordhalben,  9  octobre  1806. 

Vous  VOUS  rendrez  aujourd'hui,  M.  le  Maréchal,  avec  toutes 
les  troupes  que  vous  commandez  à  la  poste  de  Steinwiesen. 

L'Empereur  couche  cette  nuit  à  Ebersdorf. 

Il  sera  convenable  que  vous  rejoigniez  avec  vos  troupes  le 
pins  tôt  possible  ;  partez  en  conséquence  demain  a  3  heures 
du  matin. 


1.  Cot  officior  avail  apporté  la  dûpôcho  du  maréchal  Lauiies  du  8  octobre, 
5  heures  après-midi. 


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1 


428  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

LE    3IAJ0R   GÉNëRAL   AU    GÉNÉRAL   SOULES. 

Nordhalben,  9  octobre  1806. 

Il  est  ordonné  au  général  Soulès  de  se  rendre  aujourd'hui 
à  Ebersdorf  où  TEmpereur  couche  ce  soir;  en  conséquence, 
il  rafraîchira  à  Nordhalben. 

L'Empereur  avait  emmené  avec  lui  de  Bamberg  la  brigade  de 
chasseurs  à  pied  qui  avait  précédé  le  reste  de  la  Garde. 

LE    MARECHAL   LANXES   A  l'eMPEREUK. 

Grârenthal,  9  octobre  1806,  5  heures  du  soir. 

J'arrive  dans  ce  moment  avec  la  division  Suchet  et  toute 
la  cavalerie  à  Grâfenthal  ;  il  est  5  heures  du  soir  ;  la  division 
Gazan  bivouaquera  entre  la  poste  de  Judenbach  et  le  village 
de  Gràfenthal.  Demain  une  heure  après  le  jour  tout  le  C4)riw 
d'année  sera  placé  à  2  lieues  d'ici  sur  la  route  de  Saalfekl, 
en  attendant  les  ordres  de  V.  M.  que  j'espère  recevoir  dans 
la  journée  ou  dans  la  nuit. 

Le  9'  régiment  a  fait  prisonnier  8  hussards  prussiens  ;  je 
les  ai  fait  interroger. 

V.  M.  trouvera  ci-joint  leurs  réponses.  La  journée  a  été 
terrible  pour  les  troupes  et  l'artillerie  ;  les  chemins  sont  af- 
freux; le  pays  n'offre  absolument  aucune  ressource. 

J'ai  questionné  beaucoup  de  personnes  ;  elles  m'ont  toutes 
confirmé  les  renseignements  que  j'ai  fait  passer  à  V.  M. 

Il  sera  impossible  au  maréchal  Augereau  d'arriver  ici  dans 
la  journée  de  demain  ;  il  y  a  douze  mortelles  lieues  de  Co- 
burg  à  Griifenthal. 

L'aide  de  camp'  que  j'ai  expédié  hier  à  V.  M.  I.  n'est  ps 


1.  M.  Samark  était  parti  de  Goburg  le  8  après  5  heures  du  soir;  il  p3^ 
courut  dans  la  soirée  les  30  kilomètres  do  Coburg  à  Kronach,  accoinpagDa 
TEnipereur  à  Nordhalben,  ss  kilomètres,  dans  la  nuit  du  S  au  9,  et  repartit 
avec  la  dûpiîche  du  major  gûaûrul  entre  u  et  8  lieures  du  malin.  11  dut  re- 
tourner à  Kronach,  22  kilomètres,  de  là  aller  a  Neustadt,  so  kilomètres,  vl 
entin  à  Griifenthal,  30  kilomètres.  Depuis  le  8,  à  5  heures  du  soir,  il  parcourut 
L24  kilomètres. 


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9    OCTOBRE.  429 

encore  de  retour;  je  crains  qu^il  ne  lui  soit  arrivé  quelque 
chose.  Dans  le  cas  où  V.  M.  l'aurait  chargé  de  me  porter  des 
ordres,  il  serait  peut-être  bon  de  me  les  envoyer  par  dupli- 
cata. 

6*  corps.  Cavalerie  légère,  Gesseldorf.  —  1"  et  2*  divisions,  bi- 
vouac. 

!•  corps.  A.vant-garde,  bivouac  en  avant  de  la  \'ille  de  Coburg, 
ob:<ervant  les  trois  routes  de  Neustadt,  Ëisfeld  et  Rodach  dont  l'em- 
hranchement  est  immédiatement  au  passage  de  la  rivière  de  Tltz  ;  — 
Indivision,  Coburg  ;  V^  brigade,  rive  gauche  de  Tltz  ;  2*  brigade, 
rive  droite;  —  2*  division,  cantonnements  en  arrière  de  Coburg 
jusqu'à  une  lieue  de  distance  ;  —  parc,  Meschenbach. 


LE  GUAND-DUC  DE  BERG  A  L  EMPEREUR. 

Ebersdorf,  9  oclobre  1806,  6  heures  du  malin. 

Je  reçois  à  4  heures  du  matin  la  lettre  de  V.  M.  partie  de 
Ivronach  à  6  heures  du  soir'.  Je  suis  très  fâché  et  très  étonné 
ca  même  temps  que  la  mienne  partie  à  10  heures  de  Loben- 
î^tein,  ne  soit  parvenue  à  Kronach  qu'à  4  heures.  Je  ne  mérite 
I«uj  les  reproches  que  me  fait  V.  M.,  puisque  Tofficier  que 
j'ai  eu  Thonneur  de  lui  adresser  est  arrivé  à  Kronach  avec 
les  chevaux  des  piquets  de  cavalerie  que  j'avais  placés  sur  la 
route  d'après  vos  ordres. 

Je  m'empresse  d'adresser  à  V.  M.  les  rapports  que  je  re- 
çois à  l'instant,  4  heures  du  matin,  des  généraux  Lasalle  et 
Milhaud,  ainsi  que  le  paquet  de  lettres  trouvées  à  Hof.  J'or- 
donne au  général  Lasalle  de  se  porter  de  Lichtenberg  par 
Tanna  sur  Mtihltruf,  embranchement  des  routes  de  Plauen  à 
Schleiz  et  Pausa.  Je  lui  ordonne,  s'il  est  arrivé  de  bonne 
heure  à  Muhltruf,  de  s'établir  à  Fausa  d'où  il  enverrait  une 
reconnaissance  à  Gablau  pour  intercepter,  s'il  est  possible, 


1.  II  y  a  42  kilomètres  de  Kronacli  à  Eborsdorf.  UoHIcicr  mit  lO  heures  de 
Il  lit  dans  un  pays  de  montagnes. 

Il  est  probable  que  ce  fut  le  mdmc  officier  qui  avait  apporté  la  dépôche  du 
(jRind-Duc  du  8  à  10  heures  du  malin,  qui  fut  chariçû  de  lui  remettre  celle 
'li:  TEmpereor  du  8  à  6  heures  du  soir.  U  fit  donc  78  kilomètres  en  18  heures 
avec  les  chevaux  des  piquets  de  cavalerie. 


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430  CAMPAGNE    DE    PRLtJSE. 

la  communication  de  Plaiien  sur  Géra.  Il  doit  se  lier  par  sa 
gauche  avec  le  général  Watier,  qui  vraisemblablement  sera 
ce  matin  à  Schlciz. 

J'ordonne  au  général  Milhaud  de  se  porter  de  Lehesten 
sur  Gross-Posen,  embranchement  des  routes  de  Pôsneck,  iv 
Schleiz,  de  Neustadt  et  d'Auma.  Il  doit  se  lier  par  sa  dwite 
avec  le  général  Watier.  Il  doit  éclairer  dans  sa  marche  la 
route  de  Saalfeld  à  Posneck,  et  de  Gross-Posen  il  doit  en- 
voyer des  reconnaissances  sur  Posneck,  Neustadt,  Auma  et 
Schleiz.  Il  fera  reconnaître  aussi  ZiegenrUck. 

Je  me  porterai  ce  matin  sur  les  hauteurs  en  avant  de  S{\al- 
burg  avec  les  trois  régiments  de  cavalerie  légère  qui  se  tn)U- 
vent  ici  et  le  27*  d'infanterie  légère,  et  vraisemblablemoiit 
de  là  sur  Schleiz  si  Tenncmi  ne  Toccupe  pas  très  en  force. 
Je  présume  que  le  maréchal  Bernadotte  suivra  mon  mouve- 
ment avec  le  reste  de  son  corps  d'armée  pour  me  soutenir  et 
faire  place  au  corps  du  maréchal  Davout. 

Une  partie  des  troupes  qui  ont  été  chassées  hier  de  Saal- 
burg  venaient  de  Hof  et  Plauen,  ce  qui  semble  confiriiier 
que  l'ennemi  a  toutes  ses  forces  sur  notre  gauche. 

Je  m'empresserai  d'adresser  à  V.  M.  de  Saalburg  ou  Je 
Schleiz  les  renseignements  ultérieurs  que  je  pourrai  recevoir 
sur  l'ennemi. 

La  division  Beaumont  a  ordre  de  se  porter  aujourd'hui  à 
Lobenstcin  et  Ebersdorf  ;  toutes  les  autres  divisions  suivnmt 
ce  mouvement  à  une  journée  de  distance. 

LE    oéNÉRAL    BBLLIARD    AU    OÉlïéRAL    LASALLB. 

Ebersdorf,  9  octobre  18O6. 

Au  reçu  de  ma  lettre,  mon  cher  Général,  partez  pour  vous  porter 
BUT  Tanna  et  MUhltruf  d'où  voua  ferez  reconnaître  Schleiz,  Pauwi  t*t 
IMauen.  Vous  êtes  prévenu  que  le  général  Watier  occupe  Saalbnrg 
et  qu'il  a  des  postes  à  moitié  chemin  de  Suhleiz  ;  vous  vous  lien'ï 
avec  lui.  Le  chef  d'escadron  que  vous  enverrez  à  Hof  ira  directenn*nt 
î?ur  Tanna  ;  vous  lui  recommanderez  de  faire  filer  une  patrouille  sur 
Plauen,  et  l'officier  qui  la  commandera  aura  soin  de  se  rejeter  sur  lui 
s'il  rencontrait  l'ennemi  sur  Gablau.  Si  vous  arrivez  de  bonne  heure 
à  MUhltruf,  mon  cher  Général,  le  prince  désire  que  vous  envorez  tie 


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9     OCTOBRE.  431 

Pausa  sar  Gablau  pour  intercepter  la  communication  de  Plauen  à 
(fera.  M.  le  maréchal  Soult  a  couché  hier  soir  à  Mlînchberg  et  au- 
jourd'hui il  sera  à  Hof  de  bonne  heure.  Envoyez-moi  de  vos  nou- 
velles, mon  cher  Général,  et  indiquez-moi  Theure  du  départ  de  Tof- 
ficierque  vous  enverrez.  A  la  réception  de  ma  lettre,  prévenez-moi 
(ie  l'heure  à  laquelle  vous  comptez  vous  rendre  à  MUhltruf  afin  que 
vous  puissiez  recevoir  de  nouveaux  ordres. 

LE    GëNÉBAL    LASALLB    AU    OÉNÉBAL    BELLIARD. 

Licktenberg,  9  octobre  1806. 

Je  reçois  à  l'instant  vos  ordres,  mon  Général  ;  il  est  9  heures  et 
«leinie  et  je  pars  à  l'instant.  Le  chef  d'escadron  (jui  était  à  Hof  est 
rentré  ;  je  n'en  exécute  pas  moins  vos  intentions. 

LE  QÉNÉRAL  BELLIABD  AU  GÉNÉRAL  MILHAUD. 

Kbersdorf,  9  octobre  1806. 

Vous  partirez  de  suite,  mon  cher  Milhaud,  de *  pour  vous 

porter  à  Gross-Posen  en  avant  de  Ziegenriick,  à  l'embranchement  des 
routes  de  Schleiz  à  Pôsneck,  Xeustadt  et  Auma.  Vous  êtes  prévenu, 
mon  cher  Général,  que  le  général  Watier  occupe  Saalburg  et  qu'il  a 
^•"^  avant-postes  à  moitié  chemin  de  Schleiz.  Vous  vous  lierez  avec 
lui.  M.  le  maréchal  Lannes  a  dû  coucher  à  Neustadt  en  avant  de 
Cobnrg,  sur  la  route  de  Grftfenthal.  Il  y  a  apparence  que  son  avant- 
;?aTde  sera  ce  soir  à  Saalfeld.  Adressez  vos  rapports  à  Saalburg  ou  à 
Schleiz.  Au  reçu  de  ma  lettre  envoyez  de  suite  un  sous-officier  pour 
annoncer  l'heure  à  laquelle  vous  croyez  pouvoir  être  rendu  à  Gross- 
IV^n.  Vous  aurez  soin  de  vous  éclairer  sur  votre  gauche.  Le  sous- 
officier  que  vous  enverrez  devra  apporter  le  rapport  de  l'officier  qui 
est  allé  sur  Saalfeld  et  Gr&fenthal.  Donnez  souvent  de  vos  nouvelles. 

l'aDJUDANT-COHMANDANT    QIRARD,    SODS-CHBF    de    L*ÉTAT-3ffAJ0B 
DE    LA    RÉSERVE    DE    CAVALERIE,    AU    QRAND-DCC    DE    BERQ. 

Tanna,  9  octobre  1806. 

.l'arrivé  à  Tanna,  j'y  ai  trouvé  une  patrouille  du  4*  de  hussards 
'lue  je  dirige  sur  Schleiz.  Il  n'est  passé  ici  que  quelques  détache- 
ments ennemis,   dimanche  passé*,    et  trois   escadrons   de    dragons 


I.  Le  mol  est  en  blanc  sur  le  registre  de  la  Réserve  do  cavalerie.  Le  gé- 
néral Milhaud  avait  quitté  Lehesten  dans  la  soirée  du  8  pour  se  porter  vers 
Uutcnbcrg,  ainsi  que  le  constatent  ses  rapports. 

t.  5  octobre. 


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432  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

saxons.  Les  troupes  qui  occupaient  Hof  se  sont  retirées  sur  Schleii 
par  Plauen.  Il  y  a  d'ici  à  Schleiz  deux  routes  ;  je  fais  reconnaîtra 
celle  de  gauche  qui  est  à  travers  les  montagnes  par  le  détachement 
du  4*  ;  celle  de  droite  qui  passe  par  Langenbach  sera  éclairée  par 
l'escadron  qui  se  porte  sur  Miihltruf  ;  je  charge  le  chef  d'eseadrou 
de  me  renvoyer  tous  les  renseignements  qu'il  pourra  recueillir,  que 
je  transmettrai  à  V.  A. 

Je  trouve  ici  un  habitant  du  pays  qui  vient  de  la  foire  de  Leipzig; 
il  en  est  parti  avant-hier  le  7  ;  il  m'assure  qu'il  y  avait  beaucoup  di- 
troupes  (il  n'a  pu  en  évaluer  le  nombre)  qui  devaient  partir  hier  8, 
pour  se  porter  partie  sur  Géra  et  partie  sur  Naumburg  ;  il  a  trouvé 
hier  à  Zeitz  environ  2,000  hommes  d'infanterie  prussienne  qui  ve- 
naient de  Leipzig  et  se  dirigeaient  sur  Géra;  il  rapporte  qu'on  disait 
que  le  roi  de  Prusse,  qui  était  venu  à  Naumburg,  en  était  parti  pour 
se  rendre  à  Erfurt  ;  qu'on  y  disait  encore  que  les  Busses  étaient  at- 
tendus et  que  même  les  logements  étaient  déjà  arrivés  à  18  ou  20 
lieues  de  Leipzig.  11  dit  que  le  général  Hanlo  était  à  Géra  et  qu'eu 
général  la  plus  grande  discussion  sur  les  mouvements  des  troupes 
régnait  dans  l'armée  prussienne;  on  ne  parlait  pas  à  Leipzig  de  notre 
marche.  Les  Prussiens  ont  requis,  ici  et  dans  les  environs,  des  vi- 
vres et  des  fourrages,  qu'ils  ont  fait  conduire  à  léna,  du  côté  de 
Weimar  ;  les  voitures  n'ont  pas  encore  été  renvoyées. 

l'âdjudaxt-commandant  qirabd  au  qrai^d-duc  de  berq. 

Mûlillruf,  9  octobre  1806. 

Conformément  aux  ordres  de  V.  A.  I.,  un  escadron  du  7*  de  hus- 
sards s'est  établi  à  Miihltruf,  l'ennemi  n'y  était  pas  ;  quelques  pa- 
trouilles seulement  éclairaient  la  route  de  Schleiz  à  Miihltruf.  Le 
chef  d'escadron  va  faire  reconnaître  Pausa,  Schleiz  et  Plauen.  J'au- 
rai l'honneur  de  vous  faire  connaître  les  renseignements  qu'il  me 
donnera. 

Le  général  Lasalle  est  arrivé  dans  ce  moment  à  Miihltruf. 

LE    QKXÉUAL    LASALLE    AU    OÊNÉRAL    BELLIARD. 

Mûhllruf,  9  octobre  1806. 

J'arrive  à  l'instant,  mon  Général;  j'ai  trouvé  un  escadron  du  7* ré- 
giment de  hussards;  j'ai  fait  partir  toutes  les  reconnaissances  comme 
vous  me  l'avez  ordonné,  et  j'attends  leur  rentrée  pour  vous  donner 
des  nouvelles. 

Je  viens  d'entendre  tirer  le  canon  et  je  présume  que  c'est  du  côté 
de  Schleiz. 

On  dit  qu'il  y  a  beaucoup  de  malades  à  Plauen. 


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9    OCTOBRE. 


LE    OÉMÊftAL    MILUAUD    AU    QÛNÉUAL    BELLIABD. 

Zicgenrûck,  9  octobre  1806,  8  Iioures  du  soir. 

Conformément  aux  ordres  que  vous  m*avez  transmis  ce  matin,  je 
me  suis  mis  en  marche  pour  arriver  à  Gross-Posen.  Les  reconnai^- 
sances  nouvelles  que  j'avais  envoyées  sur  Saalfeld  et  sur  Pôsneck 
ont  retardé  ma  marche,  ainsi  que  les  chemins  affreux  à  travers  les 
bois  et  les  montagnes  qui  se  trouvent  entre  Lehesten  et  Zieganrttck  ; 
je  n'ai  pu  arriver  ici  qu'à  8  heures  du  soir...  Voici  le  résultat  de 
mes  découvertes  depuis  Grafenthal  jusqu'à  Pôsneck...  A  Gnifeuthal, 
30  hussards  prussiens  ont  couché  la  nuit  dernière  et  sont  partis  ce 
matin.  Pareil  détachement  a  couché  à  Leutenberg  et  en  est  parti 
dans  la  nuit  entre  une  heure  et  deux.  Ce  matin  un  corps  de  3,000  hom- 
mes était  encore  à  Saalfeld  ;  quelques  patrouilles  de  hussards  ont 
paru  aujourd'hui  dans  les  communications  de  Pôsneck,  entre  Zicgeu- 
riick  et  Leutenberg.  A  notre  arrivée  à  Ziegenruck  notre  détache- 
ment d'avant-garde  a  poursuivi  un  piquet  de  10  hussards  ennemis 
*ana  pouvoir  l'atteindre.  A  Pôsneck  un  régiment  d'infanterie  avec  un 
régiment  de  hussards  se  trouve  encore  aujourd'hui  et  se  dispose  à 
partir. 

Le  quartier  général  du  prince  Louis,  frère  du  roi  de  Prusse,  est 
à  Rudolstadt. 

Le  quartier  général  de  la  cavalerie  prussienne  de  ce  corps  d'arméii 
e?t  à  Neustadt. 

Nous  avons  entendu  ce  soir  une  fusillade  et  quelques  coups  de 
canon  dans  la  direction  de  Schleiz  ou  d'Hof  qui  paraissent  s'éloigner 
vers  la  route  de  Saxe. 

J'envoie  ce  soir  un  escadron  de  175  chevaux  à  Posen  pour  y  bi- 
vouaquer, car  nous  n'avons  pu  trouver  Gross-Posen  ;  je  passerai  le 
reste  de  la  nuit  entre  Ziegenriick  et  Posen,  mais  près  de  Ziegenruck 
pour  avoir  du  fourrage  et  des  vivres  ;  je  serai  à  portée  d'appuyer 
lescadron  de  Posen  :  demain  matin,  à  4  heures,  je  ferai  partir  trois 
reconnaissances,  une  sur  Pôsneck,  une  sur  Neustadt  et  la  troisième 
sur  Âuma  ;  j'éclaire  beaucoup  ma  gauche  ;  je  prends  encore  ce  soir 
des  renseignements  sur  Pôsneck  où  j'ai  envoyé  une  seconde  petite 
reconnaissance. 

Je  vous  prie  de  mettre  sous  les  yeux  de  S.  A.  I.  la  nécessité  de 
m'envoyer  un  autre  régiment  ;  le  13*  qui  est  excellent  ne  peut  pas 
su  lire  longtemps  au  service  pénible  que  je  suis  forcé  de  lui  ordonner. 

P.-S.  —  A  l'instant  un  officier  qui  vient  de  la  route  de  Leuten- 
l)<*rg  à  Saalfeld  a  fait  passer  la  rivière  au  piquet  de  hussards  pnis- 
>iens  qui  se  sont  réunis  à  3  escadrons,  sont  restés  en  observation 

CAMP.   DR  PBUfSB.  S8 


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434  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

naos  avancer.   M  Tadjudant  commandant  Levasseur'   vous  dira  h 
rc»ste. 


LE    GÉNÉBAL    MILHAUD    AU    GÉNÉRAL    BELLIARD. 

Ziegem*ûck,  9  oclobrc  1806,  minuit. 

J'envoie  à  Schleiz  un  brigadier  et  4  chasseurs,  pour  m'assurer  si 
votre  quartier  général  est  dans  cet  endroit.  M.  Levasseur  nous  h 
(juittés  ce  soir  à  8  heures  et  demie  et  a  dû  vous  remettre  mon  nip- 
]iort.  Notre  flanc  gauche  est  couvert  de  postes  prussiens  :  il  y  a  nne 
ligne  de  cavalerie  depuis  Pôsneck  jusqu'à  Neustadt.  Un  détachement 
de  8  hommes,  commandé  par  un  officier,  que  j'ai  envoyé  après  mon 
arrivée  à  Ziegenriick,  a  rencontré  les  avant-postes  prussiens  sur  la 
route  qui  conduit  de  Pôsneck  à  Ziegenriick  et  Posen.  Trois  vedette:? 
étaient  à  cheval,  une  à  droite,  l'autre  à  gauche  et  l'autre  au  milieu 
(lu  chemin.  Un  régiment  entier  de  hussards  prussiens  est  à  Oppur/j 
<aitre  Pôsneck  et  Neustadt.  Le  général  prussien  de  cavalerie  Scliim- 
melpenning  est  à  Neustadt. 

Si  je  ne  reçois  pas  de  nouveaux  ordres,  je  me  porterai  à  5  heureî^ 
demain  matin  avec  les  deux  escadrons  que  j'ai  ici  en  avant  de  Zie- 
genriick, à  Posen,  pour  me  réunir  au  fort  escadron  que  j'ai  fait  cou- 
cher à  Posen  et  pour  appuyer  les  trois  reconnaissances  qui  doivent 
marcher  sur  Auma,  Oppurg  et  Neustadt. 

LE  GÉNÉRAL  L.  BERTHIER  AU  GÉNÉRAL  DUPONT. 

Quartier  général  à  Schleiz,  9  octobre  1806. 

Conformément  aux  ordres  de  S.  A.  le  prince  de  Ponte-Cono, 
vous  voudrez  bien  partir  au  reçu  du  présent  ordre  de  la  position  que 
vous  occupez  pour  venir  vous  porter  sur  les  hauteurs  en  arrière  de 
Schleiz  dans  la  même  position  qu'occupait  le  général  Rivaud  qui 
vient  de  se  porter  en  avant  à  Œttersdorf. 

Le  quartier  général  du  Prince  sera  établi  à  Schleiz. 

LE   MAIlÉCnAL   BERNADOTTE    A   L'EMPERECR. 

Quartier  général  à  GEttersdorf,  9  octobre  1806. 
Dès  rinstant  où  V.  M.  m'a  donné  Tordre  d'attaquer  l'en- 
nemi, j'ai  ordonné    au  général  Werlé  de  partir  de  sa  p- 


1.  L'adjudant  commandant  Girard  avait  été'  envoyé  en  tournée  sur  la  dro\i<i 
v\  l'adjudant  commandant  Levasseur  sur  la  gauche. 


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9    OCTOBRE.  435 

sition  à  Culm,  en  avant  de  Saalburg,  d'éclairer  la  droite  du 
bois  d'Oschitz,  laissant  le  village  de  Zollgrlinn  et  celui  de 
Rumlera  à  sa  droite.  Après  avoir  éclairé  le  bois,  il  a  eu  Tor- 
dre de  se  rabattre  par  sa  gauche  entre  le  village  d^Oschitz  et 
iSchleiz  pour  se  lier  avec  la  division  Drouet.    Le  général 
Drouet  a  eu  Tordre  de  suivre  la  grande  route  et  de  se  porter 
sur  Oschitz  et  de  là  sur  Schleiz.  J'ai  fait  tourner  le  bois,  le 
long  de  la  rivière  dé  WiesenthaP.  Les  premières  compagnies 
arrivées  à  Schleiz,  T ennemi  a  fait  mine  de  se  retirer  -,  deux 
compagnies  du  27*  d'infanterie  légère  sont  entrées  dans  la 
ville  ]  mais  les  Prussiens,  craignant  d'être  chassés  trop  vigou- 
reusement s'ils  nous  laissaient  déboucher  de  la  ville  avec 
beaucoup  d'infanterie,  sont  revenus  en  force,  après  une  fu- 
sillade assez  nourrie,  notre  infanterie  légère   et   quelques 
compagnies  du  94*  ont  poussé  les  tirailleurs  ennemis  sur  la 
montagne  en  avant  de  Schleiz  ;  en  même  temps,  je  faisais 
jmsser  la  rivière  à  la  gauche  de  cette  ville  par  une  partie  du 
O.V.  Le  94*  passait  par  Schleiz  et  arrivait  en  colonne  derrière 
le  27*.  Le  grand-duc  de  Berg  avec  deux  de  mes  régiments 
de  cavalerie  a  abordé  celle  de  l'ennemi*.  Jusqu'au  village 
d'Œttersdorf,  les  engagements  n'ont  pas  été  trop  sérieux;  mais 
aiTivé  en  avant  de  ce  village,  le  4*  de  hussards  qui  serrait 
l'ennemi,  a  été  chargé  par  600  chevaux;  le  ,5*  de  chasseurs 
est  arrivé  pour  le  soutenir,  mais,  n'étant  pas  encore  formé, 
il  a  dû  charger  par  escadron  ;  la  réserve  de  l'ennemi  s'est 
alors  avancée  et  la  mêlée  a  été  très  forte.  L'ennemi  qui  avait 
abordé  et  enfoncé  la  droite  du  4*,  a  voulu  prendre  à  dos  le 
î)'  de  chasseurs  en  marchant  sur  le  corps  à  5  compagnies 

1.  Le  Commandant  de  l'armée,  qui  8*csl  porté  à  Tavanl-garde,  décide  lui- 
niéme  l'attaque.  Le  commandant  du  corps  d'armée  ordonne  les  dispositions. 
Les  colonnes  chargées  des  attaques  de  flanc  sont  mises  en  marche  et  gngnent 
leurs  débouchés  hors  de  la  vue  de  l'ennemi  pour  lui  dérober  les  mouvements 
cumliinés  ;  elles  suivent  des  directions  qui  les  amènent  sur  les  flancs  et  les 
'ierrières  des  positions  qu'elles  doivent  faire  tomber. 

Lorsque  les  mouvements  de  flanc  sont  exécutés  sur  le  terrain  même  du 
crjtnbal  et  à  découvert,  l'ennemi  peut  ordinairement  les  déjouer  soit  eu  oppo- 
sant des  troupes  de  seconde  ligne,  soit  en  se  retirant. 

2.  Comme  le  terrain  entre  le  bois  d'Oschilz  et  Schleiz  ne  se  prêtait  pas  à 
laclioQ  do  la  cavalerie,  la  brigade  Watier  marchait  sur  la  grande  roule  après 
Il  division  Drouet. 


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^tW*^ 


436 


CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


d'éclaireurs  du  27*  et  du  94*  que  le  général  Maison  venait 
de  former  en  colonne.  Ces  5  compagnies  ont  reçu  la  cava- 
lerie ennemie  à  bout  portant,  le  général  Maison  a  fait  feu 


ff-Ap/ijpHrTIjr 


f      i       4      i       *       ^      f      €      ^      ^^ 


de  tous  côtés  ;  le  grand-duc  de  Berg  se  trouvait  là  ;  cette 
belle  contenance  de  Tinfanterie  a  déconcerté  Tenneini;  il'» 
eu  beaucoup  de  monde  et  de  chevaux  tués  ;  dès  lors  ils  ont 


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9   OCTOBRE.  437 

t'té  mis  en  déroute,  et  notre  cavalerie  a  continué  à  les  pour- 
>uivre  jusqu'à  Rodersdorf  5  en  même  temps  le  27*  arrivait  et 
se  formait  en  avant  d'Œttersdorf  ;  une  colonne  ennemie  se 
trouvait  encore  dans  le  bois  à  gauche  en  avant  d^Œttersdorf 
et  pas  loin  de  Pôrmitz,  appuyée  à  des  marais;  cette  colonne 
ennemie  formée  d'environ  1,000  hommes  d'infanterie,  2  piè- 
ces d'artillerie  et  2  escadrons,  était  séparée  du  reste  de  leur 
corps  et  n'a  pas  pu  faire  sa  retraite  par  le  même  chemin,  car 
le  grand-duc  de  Berg  se  trouvait  avec  la  cavalerie  jusqu'au- 
près de  Rodersdorf  ;  j'ai  envoyé  de  suite  un  bataillon  du  27' 
après  cette  colonne  ;  ce  bataillon  est  arrivé  à  temps  pour  em- 
pêcher notre  cavalerie  d'être  prise  à  dos  dans  le  bois  ;  cette 
colonne,  après  avoir  canonné  nos  troupes,  s'est  enfoncée  dans 
la  forêt;  on  est  à  sa  poursuite,  mais  je  crains  que  l'arrivée 
de  la  nuit  n'empêche  de  s'en  emparer,  et  qu'elle  ne  parvienne 
à  s'échapper  à  la  faveur  des  bois  ;  je  pense  cependant  qu'il 
sera  très  difficile  que  l'artillerie  puisse  s'en  tirer.  J'en  aurai 
bientôt  des  nouvelles. 

D'après  tous  les  rapports,  il  paraît  que  nous  avions  devant 
nous  7,000  à  8,000  hommes  commandés  par  le  général 
Tauenzien,  composés  des  corps  suivants,  savoir:  le  régiment 
de  Zweipel,  prussien  ;  le  régiment  du  comte  de  Rechten, 
«ixon  ;  un  bataillon  du  régiment  du  prince  Maximilien  ;  un 
bataillon  de  fusiliers  prussiens  ;  les  hussards  de  Bîla,  prus- 
Mens  ;  les  chevau-légers  du  prince  Jean,  saxons. 

Ils  n'ont  été  attaqués  que  par  700  chevaux  et  1 ,000  à  1 ,200 
hommes  d'infanterie.  J'évalue  la  perte  de  l'ennemi  à  400 
lïommes,  tant  tués  que  blessés  et  prisonniers.  Nous  avons 
perdu  très-peu  de  monde,  mais  nous  avons  à  regretter  l'un 
des  hommes  les  plus  braves  de  l'armée,  c'est  le  capitaine 
('ampocasso  du  27*  léger;  il  laisse  une  femme  et  3  enfants 
que  je  recommande  aux  bontés  de  V.  M.  Le  chef  d'escadron 
Boudinhon  et  le  capitaine  Maulnoir,  du  4*  de  hussards,  ont 
'té  blessés.  Le  colonel  "du  génie  Morio  a  eu  son  cheval  tué 
î*'»tt8lui.Le  capitaine  Villatte,  mon  aide  de  camp,  a  pris  dans 
la  mêlée  un  capitaine  de  chevau-légers  saxons. 

P. -S.  —  La  division  Drouet  est  placée  en  avant  d'Œtters- 


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438  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

dorf  ;  le  27*  régiment  d'infanterie  légère  appuie  les  deux 
régiments  de  cavalerie  qui  sont  près  de  Rodersdorf.  La  divi- 
sion Rivaud  est  en  arrière  de  celle  Drouet.  La  division  Du- 
pont se  trouve  derrière  Schleiz.  Demain  matin,  je  rectifierai 
cette  position  que  j*ai  prise  cette  nuit. 

LE  OÉNiRAL  WATIER  AU  GÉNÉRAL  BELLIABD. 

Lôhma,  9  octobre  1806. 

J*ai  Thonneur  de  vous  rendre  compte  que  le  4'  régiment  de  hus- 
sards et  le  5*  de  chasseurs  se  sont  cantonnés  suivant  votre  ordre  » 
Lôhina.  Comme  il  était  tard,  les  régiments  sont  rentrés  ;  j'ai  préféiv 
qu'ils  se  logeassent  ensemble  afin  d'être  plus  à  même  d'exécater 
promptement  vos  ordres.  Les  chevaux  sont  très-fatigués.  Demain  à 
5  heures  du  matin  nous  serons  à  cheval  sur  la  route. 

J'aurai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  demain  des  pertes  Mx^f 
par  ces  régiments  dans  la  charge  et  des  différents  traits  de  hravoun* 
qui  ont  distingué  plusieurs  escadrons  de  ces  corps. 

LE   GRAND-DUC   DE   BERG   A  l'EMPEREUR. 

Schleiz,  10  octobre  1806,  8  heures  du  matin. 
Lorsque  j'ai  rejoint  le  prince  de  Ponte-Corvo,  les  éclai- 
reurs  de  la  27*  légère  attaquaient  la  ville  de  Schleiz  avec  la 
plus  grande  intrépidité  ;  Tennemi  avait  Tair  de  vouloir  la 
défendre.  Alors  le  prince  de  Ponte-Corvo  a  fait  soutenir  h' 
27*  régiment  d'infanterie  légère  par  toute  la  division  du  gé- 
néral Drouet.  Déjà  j'avais  envoyé  chercher  le  général  AVa- 
tier  et  ses  régiments,  avec  ordre  d'arriver  au  grand  trot. 
M'apercevant  que  Tennemi  évacuait  la  ville,  je  l'ai  traversée 
avec  le  4*  régiment  de  hussards  pour  tomber  sur  Tinfanterie 
qui  en  sortait  et  qui  déjà  était  sur  les  hauteurs;  j'ai  alors  ma- 
nœuvré par  ma  droite  pour  tâcher  de  déborder  l'ennemi  |wir 
sa  gauche  et  d'arriver  avant  lui  au  défilé  en  avant  de  R»- 
deradorf  *.  La  cavalerie  ennemie  a  suivi  notre  mouvement 


1.  Cotte  manœuvre  a  été  faite  à  la  vue  de  rennemi.  Dans  ces  conditions  a 
rapidité  peut  seule  assurer  le  succès. 


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9    OCTOBRE.  439 

toujours  en  couvrant  son  infanterie  qui  a  réussi  à  gagner  les 
premiers  bois.  Cependant  j'étais  parvenu  sur  les  hauteurs 
où  toute  la  cavalerie  saxonne  et  prussienne  s'était  réunie, 
soutenue  par  Tinfanterie  adossée  au  bois  ;  le  4®  de  hus- 
sards d'abord  a  chargé  avec  une  grande  vigueur  et  est  par- 
venu à  culbuter  les  premiers  escadrons  ;  mais  s'étant  trop 
abandonné  il  a  été  à  son  tour  repoussé  vigoureusement. 
Je  Fai  rallié  ;  il  a  chargé  de  nouveau,  a  culbuté  l'ennemi  et 
a  été  une  seconde  fois  repoussé.  J'attendais  avec  la  plus 
grande  impatience  le  5**  de  chasseurs  qui  n'arrivait  point 
malgré  les  ordres  réitérés  que  j'avais  envoyés-,  il  a  paru 
enfin  et  fort  à  propos  dans  le  moment  où,  après  une  nouvelle 
charge,  le  4*  venait  encore  d'être  repoussé  \  Le  brave  5*  a 
chargé  avec  sa  bravoure  accoutumée  et  a  coupé  en  deux  la 
ligne  de  l'ennemi.  Les  dragons  rouges  du  prince  Jean  qui 
chargeaient  le  4®,  ont  manœuvré  par  leur  gauche  pour  le 
prendre  en  flanc,  et  les  hussards  prussiens  ont  fait  la  même 
manœuvre  par  leur  droite  ;  mais  déjà  les  éclaireurs  du  27*" 
que  j'avais  fait  demander*,  débouchaient  sur  le  mamelon  et 
ont  été  chargés  en  queue  par  les  mêmes  dragons.  Ces  incom- 
parables chasseurs,  auxquels  je  n'ai  eu  que  le  temps  de  faire 
faire  demi-tour,  et  qui  n'ont  pas  eu  le  temps  de  se  former  en 
carré',  ont  fait  un  feu  de  file  à  brûle-pourpoint  ;  moitié  des 
dragons  sont  restés  sur  la  place  ;  le  reste  s'est  sauvé  dans  la 
plus  grande  déroute.  Alors  le  ^'^  qui  s'était  rallié,  et  le  5®  les 
out  poursuivis  l'épée  dans  les  reins,  ont  tué  et  blessé  beau- 
coup de  monde.  Le  colonel  a  été  blessé  par  le  chef  d'escadron 
Déry,  mon  aide  de  camp.  Il  y  a  eu  quelques  prisonniers  et 
surtout  beaucoup  de  blessés  et  de  tués.  Toute  la  cavalerie 


1.  Un  combat  de  cavalerie  présente  une  succession  d'efforts.  Toute  troupe 
de  cavalerie  peut  être  ramenée;  il  lui  faut  donc  toujours  des  troupes  de  sou- 
lien  pour  rétablir  le  combat.  La  cavalerie  qui  fournira  la  charge  la  dernière, 
produira  l'effort  décisif  et  restera  maîtresse  du  terrain. 

2.  Dans  la  poursuite  sur  le  champ  de  bataille  l'infanlerie  de  l'avant-gardo 
suit  de  très  près  la  cavalerie  pour  lui  servir  d'appui  dans  le  cas  où  la  cava- 
lerie adverse  tenterait  un  dernier  effort. 

3.  Avec  du  sang-froid,  toute  formation  est  bonne  à  l'infanterie  pour  re- 
pousser la  cavalerie. 


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440  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ennemie  s'est  alors  jetée  dans  le  défilé  qui  était  gardé  par  4 
ou  5  bataillons  d'infanterie  prussienne  et  saxonne.  Alors  les 
cris  de  Vive  F  Empereur  !  se  sont  fait  entendre  dans  tous  les 
rangs,  la  charge  a  battu,  les  trompettes  ont  de  nouveau 
sonné,  et  toutes  les  troupes  ont  marché  pour  attaquer  le 
défilé.  Cependant  le  grince  de  Ponte-Corvo  a  fait  avancer 
du  canon  sur  notre  gauche,  et  m'apercevant  que  les  pre- 
miers coups  ébranlaient  les  bataillons  qui  défendaient  le 
défilé,  j'ai  ordonné  au  5*  de  charger.  Ce  régiment  a  exécuté 
mes  ordres  avec  la  rapidité  de  l'éclair  ;  ces  troupes  se  sont 
jetées  à  la  débandade  dans  le  bois,  ayant  jeté  sur  la  grande 
route,  pour  courir  plus  vite,  leurs  armes,  leurs  sacs  et  leurs 
chapeaux;  il  y  en  a  au  moins  deux  mille  sur  la  route  et 
j'observe  à  V.  M,  qu'il  n'y  a  que  des  chapeaux  prussiens.  Le 
ô^  régiment  a  fourni  sa  charge  jusque  hors  du  défilé,  et  a 
conséquemment  coupé  la  retraite  sur  Auma  à  tout  ce  qui 
s'était  jeté  dans  le  bois  ;  la  nuit  nous  a  empêchés  de  les  ra- 
masser. Cependant  comme  je  quittais  la  position,  le  chei 
d'escadron  Déry  qui  venait  de  charger  dans  le  défilé,  est 
venu  m'annoncer  une  centaine  de  prisonniers.  Demain  matin 
à  5  heures,  toutes  les  troupes  seront  sous  les  armes  ;  au  jour, 
les  bois  seront  fouillés  et  des  reconnaissances  poussées  sur 
l'ennemi Il  a  été  fort  malheureux  que  les  régiments  en- 
voyés en  reconnaissance  n'aient  pas  pu  prendre  part  à  l'ac* 
tion. 

Demain  matin,  la  position  sera  rectifiée  ;  je  ne  serais  pas 
étonné  que  nous  fussions  attaqués... 

Demain  matin  le  général  Lasalle  avec  3  régiments  de 
troupes  légères  sera  rendu  à  Schleiz  à  5  heures  du  matin  ; 
le  général  Beaumont  y  sera,  j'espère,  vers  8  heures.  Le  gé- 
néral Milhaud  restera  à  Gross-Posen  ;  il  ne  quittera  point  sa 
position  ]  il  me  servira  d'avant-garde,  s'il  est  vrai  que  l'en- 
nemi se  soit  réuni  à  Neustadt  et  Triptis  ;  il  a  ordre  de  recon- 
niiître  tous  ces  points.  Sire,  j'attendrai  les  ordres  de  V.  M. 
pour  faire  faire  un  mouvement  aux  troupes  du  prince  de 
Pontc-Corvo.  Il  paraît  que  nous  n'avons  pei-sonne  sur  notre 
droite  ;  il  n'y  a  que  des  malades  à  Plaucn. 


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9    OCTOBRE.  441 

Je  joins  à  ma  lettre  le  rapport  que  je  reçois  à  Tinstant  du 
;(énéral  Milhaud  ;  il  confirme  les  renseignements  que  je 
donne  à  V.  M.  J'y  joins  aussi  quelques  lettres  interceptées. 

3*  division  de  dragons,  Rôppisch. 
4*  division  de  dragons,  Steinwiesen. 
l'*  division  de  grosse  cavalerie,  Ktips. 
2«  division  de  grosse  cavalerie,  Ebensfeld. 
1'*  division  de  dragons,  Bamberg. 

LE    GÉNÉRAL    VIALLANE3    AU    MARÉCHAL    DAVOUT. 

Glosberg,  9  oclobre  1806*. 

L*officier  commandant  la  reconnaissance  que  j^ai  poussée  hier  sur 
Grafenihal  et  Saalfeld  rentre  à  l'instant  et  me  rend  compte  : 

1'  Que  les  Prussiens  sont  en  force  à  Saalfeld  et  qu'il  y  a  du  mou- 
vement parmi  eux  ; 

2**  Que  leurs  avant-postes  sont  placés  en  deçà  de  Grafenthal  ; 

3®  Que  ces  avant-postes  ont  poussé  une  reconnaissance  bier  matin 
^^^  Ludwigstadt  laquelle  est  retournée  de  suite  sur  Grftfenthal. 

P.-S.  —  Deux  déserteurs  prussiens  sont  arrivés  bier  matin  au 
village  d'Hasslacb  et  ont  été  dirigés  sur  Kronacb. 

3*  corps.  Cavalerie  légère,  en  avant  de  Lobenstein.  —  l""*  division, 
in  avant  de  Lobenstein,  la  gauche  au  chemin  de  Helmsgriinn  ;  les 
Hvant-postes  jusqu'à  Kuppersdorf.  —  2'  division,  bivouac  en  avant 
"te  Lobenstein.  —  3*  division,  bivouac  à  la  hauteur  de  Neundorf.  — 
Quartier  général,  Kronacb. 

LE   MARÉCHAL   SOULT   A   l'eMPBREUR. 

Munchbergi  9  octobre  1806,  3  heures  ilu  malin. 

Je  reçois  la  dépêche  datée  de  Kronach  le  8  à  3  heures 
après-midi,  dont  V.  M.  a  daigné  m'honorer  *.  Je  me  confor-, 
nierai  avec  beaucoup  d'exactitude  aux  instructions  qu'elle 


1.  Co  rapport  eut  de  la  maliaée  du  9,  avant  lo  départ  des  cantonnements. 

i.  Lorsque  l'offlcier  partit  do  Kronacb,  TEmpereur  savait  que  le  maréchal 
s<jull  était  à  Miinchberg.  11  y  a  44  kilomètres  do  Kronach  à  Mûnchberg  par 
Hodach,  Sleinach,  Kupferhorg  et  Markt-Lengast. 

r/ofQcier  mit  environ  9  heures,  de  4  heures  du  soir  à  3  heures  du  malin, 
•lonl  7  heures  de  nuit. 


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442  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

renferme  ;  le  rapport  que  j'ai  eu  Thonneur  de  lui  faire  en 
arrivant  à  MUnchberg  lui  est  sans  doute  parvenu  en  ce  mo- 
ment. 

Les  100,000  rations  de  biscuit  que  je  lui  ai  annoncées,  sui- 
vent toujours  ainsi  que  60,000  rations  de  pain,  mais  elles 
n'ont  pu  encore  me  joindre;  j'espère  cependant  qu'elles  arri- 
veront à  Hof  dans  la  journée  du  9  ;  la  rapidité  de  la  marche 
ne  m'a  pas  encore  permis  de  profiter  des  ressources  que  If 
pays  de  Baireuth  pouvait  offrir  sous  ce  rapport. 

Nous  avons  trouvé  à  Mttnchberg  4,000  boisseaux  d'avoine 
et  l'ambulance  d'un  régiment  que  les  Prussiens  y  ont  lais- 
sés; on  m'annonce  qu'à  Hof  il  y  a  des  magasins  plus  con- 
sidérables. 

La  reconnaissance  que  j'ai  envoyée  sur  Hof,  a  pénétré 
dans  la  ville  et  n'y  a  pas  trouvé  d'ennemis;  2  régiment^ 
d'infanterie  saxonne  et  un  régiment  d'infanterie  prussienne 
ainsi  que  3  régiments  de  cavalerie  commandés  par  le  général 
Tauenzien  et  un  général  saxon  en  sont  partis  dans  la  nuit 
du  7  au  8,  et  se  sont  dirigés  partie  sur  Schleiz  et  partie  sur 
Plauen,  ainsi  que  dans  mon  dernier  rapport  j'ai  eu  l'honneur 
d'en  rendre  compte  à  V.  M. 

Il  se  confirme  que  les  troupes  qui  ont  été  sur  Plauen,  ont 
dû  se  joindre  à  une  division  saxonne  qui  y  campe. 

Les  Prussiens  avaient  fait  tracer  un  camp  à  Hirschberg  où 
beaucoup  de  troupes  devaient  se  rassembler,  mais  je  pense 
que  la  direction  que  V.  M.  a  fait  prendre  à  ses  colonnes, 
aura  dérangé  ce  projet  ;  je  croirais  même  que  s'il  y  a  eu  des 
troupes  qui  de  Hof  se  soient  dirigées  sur  Sclileiz,  elles  «lu- 
rent été  fortement  compromises  avant  d'arriver  à  leur  desti- 
nation ;  cependant  je  n'ai  pas  de  doute  que  le  plus  grand 
nombre  n'aient  été  à  Plauen. 

Les  Prussiens  avaient  quelques  partis  entre  Hof  et  la  Bo- 
hême ;  mais  ils  se  sont  retirés  à  l'approche  de  ceux  que  j'y 
ai  envoyés,  et  ont  suivi  la  même  direction  que  les  troupe.> 
qui  étaient  à  Hof. 

La  reconnaissance  du  8®  de  hussards  qui  a  été  à  Hof  a 
rencontré  comme  elle  entrait  dans  la  ville  un  escadron  du 


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-!^f 


9    OCTOBRE.  443 

5*  de  hussards  venant  de  la  colonne  du  centre  ;  ainsi  la  com- 
munication est  parfaitement  établie  ;  ces  deux  troupes  qui 
ne  se  reconnaissaient  pas  d'abord,  ont  manqué  en  venir  aux 
mains. 

A  8  heures  je  serai  àHof  avec  mon  avant-garde  et  le  corps 
d'armée  y  arrivera  vers  11  heures;  je  porterai  de  suite  un 
fort  parti  du  côté  de  Schleiz  et  je  dirigerai  les  divisions  sur 
Plauen,  ou  je  ferai  en  sorte  que  Tavant-garde  soit  de  bonne 
heure,  à  moins  que  des  forces  supérieures  n'arrêtent  sa  mar- 
che. Je  crois  qu'il  me  sera  possible  d'être  entièrement  réuni 
avant  la  nuit  à  hauteur  de  Œlsnitz  sur  la  route  de  Plauen  •,  on 
me  rapporte  qu'à  Œlsnitz  il  y  a  quelques  troupes. 

Je  suis  pénétré  de  ce  que  V.  M.  daigne  me  dire  et  je  sens 
parfaitement  que  ce  moment  est  un  des  plus  importants  de  la 
campagne,  c'est  dans  cette  persuasion  que  je  continue  le 
mouvement  sur  Plauen  ;  je  désire  bien  vivement  que  cette 
disposition  soit  conforme  aux  vues  de  V.  M.  et  que  dans  le 
jour  elle  daigne  me  donner  ses  ordres  pour  la  destination 
ultérieure  du  corps  d'armée,  qu'à  moins  de  nouvelles  ins- 
tructions je  croirai  devoir  diriger  sur  Zwickau  pour  être 
ainsi  dans  son  plan  d'opérations. 

M.  le  maréchal  Ney  m'a  prévenu  que  le  9  il  serait  à 
iitinchberg  ;  mais  je  n'ai  pas  de  nouvelles  de  la  marche 
des  Bavarois. 

ORDRE. 

Des  hauteurs  de  Hof,  9  octobre  1806. 

Le  général  Margaron  fera  partir  un  escadron  du  11*  l'égi- 
ment  de  chasseurs  et  le  dirigera  sur  Gefell  et  de  là  sur 
Schleiz,  à  l'effet  de  bien  lier  la  communication  avec  les  trou- 
pes de  la  colonne  du  centre  et  m'en  donner  des  nouvelles. 

Si  dans  sa  marche  cet  escadron  rencontrait  l'ennemi,  il 
^enverrait  de  suite  une  ordonnance  pour  m'en  rendre 
compte,  et  en  attendant  des  ordres  il  ferait  face  à  l'ennemi  ; 
niais  le  commandant  éviterait  d'engager  une  affaire  désavan- 
tageuse. 


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444  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Si  le  commandant  de  cet  escadron  peut  passer  sans  diffi- 
culté et  lier  communication  avec  les  troupes  de  la  colonne  du 
centre  qui  doivent  être  sur  Schleiz,  alors  il  enverra  de  suite 
un  de  ses  officiers  bien  monté  pour  porter  la  dépêche  ci-jointe 
à  S.  M.  TEmpereur  et  Roi  qui  doit  être  du  côté  de  Loben- 
stein  ou  de  Schleiz. 

Tous  les  renseignements  qui  parviendront  au  commandant 
de  cet  escadron  soit  sur  la  marche  des  troupes  françaises  du 
côté  de  Schleiz,  soit  sur  les  mouvements  des  ennemis,  leur 
force  et  leur  direction,  seront  immédiatement  recueillis,  et 
il  m'en  rendra  de  suite  compte  sur  Hof  ou  en  avant  de  cette 
ville  où  je  serai  établi. 

5[*'    SOULT. 

ORDRE. 

Dos  hauteurs  de  Hof,  9  octobre  1806. 

Le  général  Margaron  fera  partir  un  escadron  du  16*  régi- 
ment de  chasseurs  et  le  dirigera  sur  (Elsnitz,.à  Teffet  de  bien 
éclairer  tout  ce  qui  se  passe  dans  cette  partie  et  en  rendre 
compte  immédiatement. 

Si  dans  la  route  le  commandant  de  cet  escadron  rencon- 
trait Tennemi  et  qu'il  lui  fût  supérieur  en  force  ou  qu'il  le 
trouvât  en  position  à  Œlsnitz,  il  prendrait  poste  vis-à-vis  de 
lui  et  éviterait  d'engager  une  affaire  qui  lui  fût  désavanta- 
geuse et  en  rendrait  immédiatement  compte  ;  mais  s'il  ne 
rencontrait  que  des  postes  qui  lui  fussent  inférieurs,  il 
les  pousserait  jusqu'à  ce  qu'il  rencontrât  des  foi-ces  supé- 
rieures \ 

Si  le  commandant  de  cet  escadron  peut  arriver  jusqu'à 
Œlsnitz,  il  prendra  poste  en  arrière  de  cette  ville,  enverra  un 
faible  parti  sur  Adorf  par  la  rive  gauche  de  la  Saale'  pour 
éclairer  ce  qui  s*y  passe,  et  s'empressera  de  lier  coraraunica- 


1.  Une  troupe  de  cavalerie,  qu'elle  forme  Tavant-garde  d'une  colonne  ou 
qu'elle  soit  envoyée  en  reconnaissance,  doit  donc  pousser  jusqu'à  ce  qu'elle 
rencontre  des  forces  supérieures. 

i.  De  l'Elstcr. 


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9    OCTOBRE.  445 

tion  par  sa  gauche  avec  la  division  de  cavalerie  légère  qui 
sera  sur  la  grande  route  de  Hof  à  Plauen. 

M"*  SOULT. 

ORDRE. 

Des  Iiauluurs  de  Hof,  9  octobre  180B. 

La  division  de  cavalerie  légère,  moins  deux  escadrons  qui 
ont  reçu  une  destination  particulière,  se  dirigera  sur  Plauen 
en  suivant  la  grande  route  qui  de  Hof  y  conduit. 

Le  général  Margaron  la  fera  marcher  avec  circonspection 
et  s'éclairera  parfaitement.  A  3  lieues  de  Hof  le  général  Mar- 
garon la  fera  arrêter  et  lui  fera  prendre  position  en  attendant 
de  nouveaux  ordres.  Il  chargera  le  général  Guyot  de  pousser 
son  avant-garde  aussi  près  que  possible  de  Plauen,  sans  ce- 
pendant la  compromettre,  afin  d'avoir  des  nouvelles  de  l'en- 
nemi. Le  général  Margaron  cherchera  à  lier  communication 
par  des  partis  avec  les  escadrons  des  11*  et  16'  de  chasseurs 
qui  doivent  se  porter  l'un  sur  Gefell,  l'autre  sur  Œlsnitz. 

M'*  SouLT. 

LE    MARÉCHAL    SOULT   A   l'eMPEREUR. 

Des  hauteurs  de  Uof,  9  octobre  isoe,  10  heures  du  matin. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  M.  de  l'arrivée  du 
corps  d'armée  à  Hof;  les  ennemis  qui  étaient  dans  cette  ville 
l'ont  évacuée  hier  au  matin,  ainsi  que  j'ai  eu  l'honneur  d'en 
rendre  compte  à  V.  M.,  et  se  sont  dirigés  partie  sur  Gefell 
et  Schleiz  et  partie  sur  Plauen  ;  il  y  en  a  même  qui  ont  été 
Bur  Œlsnitz.  Tous  les  équipages  et  chevaux  de  main  ont  été 
à  Plauen,  ce  qui  me  confirme  que  c'est  un  point  de  réu- 
nion. 

J'envoie  un  escadron  du  11*  de  chasseurs  sur  Gefell  et 
Schleiz  pour  faire  parvenir  ce  rapport  à  V.  M.  et  lier  la  com- 
munication avec  les  troupes  de  la  colonne  du  centre. 

Un  escadron  du  16*  part  en  même  temps  pour  se  porter 
sur  Œlsnitz  afin  d* éclairer  ce  qui  se  passe  dans  cette  partie, 


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446  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

et  je  fais  diriger  le  restant  du  corps  d'armée  sur  Plauen  ;  je 
fais  cependant  rester  en  position  en  arrière  sur  les  hauteurs 
de  Hof  la  division  du  général  Saint-Hilaire  jusqu'à  ce  que 
j'aie  une  parfaite  connaissance  des  dispositions  de  Tennemi. 

Les  2  autres  divisions  d'infanterie  et  la  cavalerie  s'arrête- 
ront à  moitié  chemin  de  Hof  à  Plauen,  où  je  leur  donnerai 
une  position  avantageuse,  en  attendant  que  les  rapports  des 
reconnaissances  que  j'ai  envoyées  sur  Schleiz  et  Œlsnitz,  me 
soient  parvenus,  et  pour  attendre  aussi  les  ordres  de  V.  M. 

Il  y  a  quelques  magasins  à  Hof,  mais  je  n'ai  pu  encore  en 
avoir  le  détail. 

Il  y  avait  à  Hof  les  généraux  Tauenzien  et  Billot,  prus- 
siens, et  le  général  Zwifel,  saxon;  les  troupes  étaient  celles 
dont  j'ai  rendu  compte  à  V.  M.  On  y  a  vu  aussi  des  cuiras- 
siers saxons  qui  se  sont  retirés  vers  Plauen. 

P. -S.  —  Les  chemins  depuis  Hof  jusqu'à  Plauen  sont  ti'ès 
mauvais  quoique  ce  soit  la  route  de  poste. 

LE    MARÉCHAL   SOULT   AU   CAPITAINE    MEUZIAU, 
DU    11*   DE    CHASSEURS. 

Gross-Zôbern,  9  octobre  1806. 

Je  reçois  les  deux  rapports  datés  de  Gefell  que  vous  m'a- 
vez faits.  D'après  le  compte  que  vous  me  rendez,  je  consi- 
dère que  la  communication  avec  la  colonne  du  centre  est 
parfaitement  établie  ;  j'espère  cependant  que  vous  avez 
poussé  jusqu'à  Schleiz,  et  que  dans  la  nuit  vous  me  rendrez 
compte  des  mouvements  qui  se  seront  passés  dans  la  journée. 

J'attends  avec  une  vive  impatience  d'apprendre  que  la 
lettre  pour  l'Empereur  dont  je  vous  ai  chargé ,  est  parve- 
nue à  S.  M. 

Demain  vous  porterez  l'escadron  que  vous  commandez  jus- 
qu'à Pausa  en  passant  par  Muhltruf  5  mais  si  l'ennemi  était 
encore  à  Schleiz  et  qu'il  y  fût  en  force,  vous  vous  arrêterez  à 
Muhltruf  ;  dans  l'un  et  l'autre  cas  vous  conserverez  la  com- 
munication avec  la  colonne  du  centre  vers  Schleiz  ou  Saal- 


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9    OCTOBRE,  447 

biirg,  suivant  la  hauteur  où  elle  sera,  et  avec  le  corps  d'ar- 
mée, qui  sera  demain  à  Plauen  ou  en  avant,  et  d'où  je  vous 
enverrai  de  nouveaux  ordres. 

Ecrivez-moi  souvent  et  donnez-moi  des  nouvelles  de  tout 
ce  qui  se  passe  du  côté  de  Schleiz  et  sur  votre  front  du  côté 
de  Pausa  et  de  Mtthltruf . 

LE   MARÉCHAL    SOULT   A   l'eMPEREUR. 

Gross-Zobero,  9  octobre  1806,  6  heures  du  soir. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  M.  de  la  position  que 
les  troupes  du  corps  d'armée  viennent  de  prendre. 

La  cavalerie  légère  est  à  Rosenthal  et  Rosemberg  sur 
TElster;  son  avant-garde  composée  du  8*  de  hussards  et 
d'un  bataillon  d'infanterie  légère  est  à  Messbach,  à  une 
lieue  de  Plauen  ;  elle  a  ordre  de  pousser  jusque  dans  cette 
ville  s'il  n'y  a  pas  d'ennemis. 

Les  divisions  commandées  par  les  généraux  Legrand  et 
Levai  campent  sur  les  hauteurs  de  Gross-ZObern  et  occupent 
Geilsdorf. 

La  division  commandée  par  le  général  Saint-Hilaire  est 
restée  en  position  sur  les  hauteurs  de  Hof  ainsi  que  le  parc 
d'artillerie  \ 

J'ai  envoyé  un  escadron  du  11*  de  chasseurs  sur  Schleiz 
pour  porter  un  rapport  à  V.  M.  et  lier  la  communication 
avec  la  colonne  du  centre. 

Un  escadron  du  16®  de  chasseurs  est  à  Œlsnitz  pour  éclai- 
rer les  mouvements  de  quelques  troupes  saxonnes  qui  s'y 
sont  retirées. 

Je  n'ai  pas  encore  reçu  les  rapports  de  ces  deux  déta- 
chements. 


1.  Venoemi,  en  abandonnant  Hof,  s'était  retiré  partie  sur  Schleiz,  partie 
sur  Plauen  et  (Elsnilz.  Le  point  de  Hof  sur  laSaale  était  donc  important  à  tenir 
pour  un  corps  d'armée  qui  se  portait  sur  Plauen,  dans  le  cas  où  l'ennemi  ro- 
revfenant  de  Schleiz  aurait  voulu  lui  couper  Ja  retraite.  C'est  pour  ce  motif 
nue  io  maréchal  SouU  laissa  la  division  Saint-Hilaire  en  position  à  Hof  jusqu'à 
ce  qu'il  ait  connu  d'une  façon  certaine  le  débouché  do  la  colonne  du  centre, 
ce  qu'il  apprit  à  la  fin  de  la  journée  du  9. 


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448  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Les  rapports  que  j'ai  sur  Plauen  portent  que  ce  matin 
l'ennemi  a  évacué  cette  ville  et  s*est  dirigé  sur  Géra  ;  il  y 
avait  1,000  chevaux,  un  train  d'artillerie  et  quelque  infan- 
terie. 

On  m'assure  que  depuis  Plauen  jusqu'à  Zwickau  il  n'y  a 
pas  de  troupes. 

D'après  les  mêmes  rapports  l'armée  qui  couvre  Dresde  et 
qu'on  élève  à  50,000  hommes,  dont  17,000  Saxons  et  le 
restant  prussien,  n'aurait  pas  dépassé Freyberg,  et  ses  avant- 
postes  ne  seraient  que  vers  Chemnitz. 

A  Plauen  j'aurai  peut-être  des  renseignements  plus  pré- 
cis à  ce  sujet  ;  mais  croyant  à  une  partie  de  ces  rapports,  je 
pense  qu'il  convient  que  je  porte  tout  le  corps  d'armée  sur 
Plauen  d'où  je  le  dirigerai  sur  Géra  pour  me  rapprocher  de 
la  colonne  du  centre  de  V.  M.  et  concourir  à  ses  opérations 
ultérieures  ;  ou  je  le  porterai  sur  Zwickau  si  les  nouveaux 
ordres  que  je  recevrai  me  donnent  cette  destination,  ou  «je 
vois  que  les  dispositions  de  l'ennemi  rendent  ce  mouvement 
nécessaire. 

Les  ordres  que  V.  M.  m'a  donnes,  ne  sont  cependant  que 
jusqu'à  Plauen  ;  mais  si  je  ne  me  porte  pas  en  avant  de  cet 
endroit  dans  la  journée  de  demain,  je- perdrais  nécessaire- 
ment une  marche  et  j'aurais  ensuite  de  la  peine  à  la  regagner. 
V.  M.  m'a  aussi  recommandé  de  me  rapprocher  de  son  cen- 
tre si  j'apprends  que  l'ennemi  y  porte  ses  forces  ;  d'après  ce 
que  j'ai  appris  de  ses  mouvements,  je  crois  devoir  me  déter- 
miner et  être  toujours  dans  l'esprit  des  dispositions  de  V.  M. 

Un  rapport  que  je  reçois  à  l'instant  du  commandant  de 
l'escadron  qui  a  été  sur  Schleiz,  porte  qu'il  a  communiqué  à 
hauteur  de  Schillbach  avec  deux  partis  du  5*  de  hussards, 
dont  l'un  était  conduit  par  le  colonel  qui  se  dirigeait  sur 
Muhltruf  ;  ainsi  la  communication  avec  la  colonne  du  centre 
est  parfaitement  établie,  et  d'après  ce  mouvement  je  consi- 
dère comme  indispensable  celui  sur  Plauen,  que  j'ai  l'hon- 
neur d'annoncer  à  V.  M. 

Avant  de  partir  de  Plauen,  j'aurai  sans  doute  reçu  les 
nouveaux  ordres  de  V.  M.  et  ma  marche  sera  tracée;  j'aurai 


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9    OCTOBRE.  449 

l'honneur  de  lui  observer  à  ce  sujet  que  la  dernière  dépêche 
que  j'ai  reçue  d'elle  est  datée  de  Kronach  le  8  à  3  heures 
après  midi,  et  que  deux  officiers  que  je  lui  ai  envoyés  de 
Mûnchberg  et  de  Hof  ne  sont  pas  encore  rentrés. 


4*  Corps  d'armée.  ordre. 


Gross-Zôbcrn,  9  octobre  1806. 

Demain  10  octobre  le  corps  d'armée  se  mettra  en  marche  et 
86  dirigera  sur  Plauen,  où  le  Maréchal  commandant  en  chef 
donnera  de  nouveaux  ordres  pour  sa  destination  ultérieure. 
A  cet  effet  le  général  Margaron  fera  réunir  pour  8  heures 
et  demie  du  matin  la  division  de  cavalerie  légère  et  le  ba- 
taillon de  tirailleurs  du  Pô,  qui  est  provisoirement  détaché, 
en  arrière  de  Plauen,  et  il  portera  un  escadron  sur  la  grande 
route  de  Zwickau  (au  plus  à  une  demi-lieue)  pour  se  cou- 
vrir pendant  qu'il  sera  dans  cette  position,  et  un  autre  esca- 
dron sur  la  route  de  Greitz,  à  la  même  distance. 

Le  général  Legrand  mettra  en  marche  la  division  qu'il 
commande,  à  la  pointe  du  jour,  et  la  dirigera  aussi  sur 
Plauen,  où  à  son  arrivée  il  lui  sera  donné  de  nouveaux 
ordres. 

Le  général  Levai  fera  suivre  ce  mouvement  par  la  2*  divi- 
sion. Il  recevra  également  de  nouveaux  ordres  en  arrivant  à 
Plauen  ;  il  fera  cependant  en  sorte  qu'il  y  ait  le  moins  pos- 
sible d'intervalle  entre  les  divisions  et  que  sa  troupe  marche 
en  ordre  et  serrée. 

Le  général  Saint-Hilaire  mettra  en  marche  la  1"  division 
à  4  heures  du  matin,  et  la  faisant  passer  par  Gross-Zobern  et 
Rosentbal,  il  la  dirigera  aussi  sur  Plauen  où  il  joindra  le 
corps  d'armée  et  recevra  de  nouveaux  ordres.  Le*  général 
Saint-Hilaire  serrera  autant  que  possible  son  mouvement. 

Le  parc  d'artillerie  suivra  immédiatement  le  mouvement 
de  la  P*  division  et  se  rendra  à  la  même  destination,  où  il 
recevra  de  nouveaux  ordres. 

CAMP.   DR   PRU88B.  89 


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450  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  général  Saint-Hilaire  laissera  le  55*  régiment  pour  le 
couvrir. 

Les  équipages  du  quartier  général  partiront  à  3  heures  du 
matin  de  Hof,  pour  se  diriger  également  surPlauen  ;  le  géné- 
ral Saint-Hilaire  voudra  bien  fournir  une  compagnie  pour  sa 
garde. 

L'ordonnateur  fera  en  sorte  d'emmener  tout  le  pain  qu'il 
aura  pu  obtenir  à  Hof,  et  il  le  fera  distribuer  à  la  2®  et  à  la 
3*  division. 

Les  évacuations  de  malades  qui  seront  faites  du  corps  d'ar- 
mée auront  lieu  sur  Kronach,  en  passant  par  Hof,  jusqu'à 
nouvel  ordre. 

Le  Maréchal  commandant  en  chef  in  vite  MM.  les  généraux 
à  donner  les  ordres  les  plus  précis  pour  empêcher  que  la 
troupe  brûle  la  paille  qui  lui  a  servi  dans  ses  bivouacs,  lors- 
qu'elle les  quitte,  afin  de  conserver  la  trace  des  camps  et  les 
abris  que  les  soldats  s'y  sont  faits  pour  les  autres  colonnes 
qui  doivent  suivre,  et  aussi  pour  éviter  que  Tennerai  ne 
puisse  tirer  aucune  induction  sur  le  mouvement  ou  départ  | 
du  corps  d'armée.  I 

La  proclamation  que  l'Empereur  adresse  à  l'armée  est  en-      j 
voyée  aux  divisions.  MM.  les  généraux  auront  soin  de  la 
faire  lire  à  la  tête  des  compagnies. 

Le  général  Margaron  donnera  ordre  à  l'escadron  du  16' 
de  chasseurs,  qui  est  à  Œlsnitz,  d'en  partir  demain  pour  re- 
joindre le  corps  d'armée  à  Plauen. 

L'escadron  du  11*  qui  est  détaché  à  Gefell  et  à  Schleiz,  a 
reçu  des  ordres  particuliers  du  Maréchal  commandant  en 
chef.  I 

M"   SOULT.  I 


6*  corpa>.  Cavalerie  légère,  Mllnchberg.  —  Quartier  général,  2' di- 
vision, Gefrees.  —  3*  division,  Berneck. 


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9    OCTOBRE.  451 

LE  GÉNÉRAL   DE   BRIGADE   MEZZANELLI,    COMMANDANT   PAR 
INTÉRIM   LA   DIVISION  BAVAROISE,   AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Baireutb,  9  octobre  1806. 

J'ai  rhonneur  d'annoncer  à  V.  A.  S.  que  je  suis  arrivé  à 
Baireuth  aujourd'hui  9  du  courant  avec  ma  division  à  la- 
(juelle  j'ai  joint  le  1"  bataillon  du  7*  régiment  de  ligne 
de  LOwenstein  de  Vorcheim,  fort  de  18  officiers  et  671 
hommes. 

Je  crois  devoir  aussi  vous  informer  que  mes  attelages  des 
chariots  de  munitions  sont  en  mauvais  état,  en  sorte  que  je 
ine  suis  vu  contraint  de  frapper  une  réquisition  de  100  che- 
vaux de  trait  que  j'ai  demandés  à  la  régence  de  Baireuth 
qui  m'a  déclaré  ne  pouvoir  y  satisfaire  ayant  fourni  aux 
corps  des  maréchaux  Soult  et  Ney  tout  ce  dont  elle  pouvait 
disposer  ;  toutefois  je  ferai  usage  de  tous  les  moyens  possi- 
bles pour  mettre  mon  artillerie  en  état  de  faire  le  service. 

Je  me  fais  également  un  devoir  d'instruire  V.  A.  S.  que 
j'ai  envoyé  des  gens  de  confiance  dans  les  environs  de  Hof  et 
de  Culmbach  pour  obtenir  des  renseignements  sur  le  nombre 
et  la  position  des  troupes  prussiennes,  mais  je  n'ai  obtenu 
d'autre  résultat  que  du  côté  de  Hof  les  Prussiens  se  sont  reti- 
rés. Paimi  les  différentes  patrouilles  que  j'ai  détachées  avec 
la  double  intention  d'assurer  ma  communication  avec  l'aile 
droite  du  corps  du  maréchal  Bemadotte  et  Taile  gauche  du 
maréchal  Ney  et  de  prendre  des  informations  sur  les  forte- 
resses de  Plassemburg  et  de  Culmbach,  un  officier  de  chevau- 
légers  du  régiment  du  Roi  m'a  fait  le  rapport  suivant  :  «  11 
«  se  trouve  à  Plassemburg  2  compagnies  du  régiment  de 
«  Zweifelt,  300  hommes  de  milice  et  une  compagnie  d'inva- 
«  lides,  formant  en  tout  à  peu  près  800  hommes.  Cette  place 
«  paraît  assez  bien  pourvue  d'artillerie  et  de  munitions  de 
«  vivres  et  de  guerre.  »  Quant  à  Culmbach,  où  cet  officier 
est  entré,  il  ne  s'y  trouve  point  de  troupes.  Il  a  ajouté  que 
la  forteresse  de  Plassemburg  a  tiré  3  coups  de  canon  sur  son 
piquet. 


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452  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

D'après  ces  renseignements,  j*ai  pris  la  résolution  d'en- 
voyer cette  nuit  un  bataillon  de  troupes  légères,  une  division 
de  cavalerie,  une  pièce  de  canon  et  un  obusier,  sous  la  di- 
rection du  lieutenant-colonel  de  Collonges,  de  rartillerie,  et 
un  oflSicier  du  génie,  pour  prendre  poste  avant  le  jour  dans 
les  environs  de  Plassemburg  et  cerner  cette  place,  où  demain 
de  grand  matin  je  me  rendrai  avec  le  reste  de  la  division 
afin  d'exiger  sa  reddition,  me  proposant  d'instruire  sur-le- 
champ  V.  A.  S.  du  résultat  de  mes  opérations. 

LE  GÉNÉRAL  SONGIS  AU  MAJOR  GÉNÉRAL 

Kronacli,  9  octobre  1806. 

V.  A.  m'a  donné  ordre  de  faire  parquer  le  8  la  1"  division 
du  parc  mobile  à  2  lieues  en  avant  de  Bamberg,  mais  elle 
n'a  point  ordonné  la  marche  qu'il  devait  suivre  aujourd'hui 
ni  les  jours  suivants.  Ayant  pensé  que  c'était  par  oubli 
puisqu'elle  a  prescrit  que  la  seconde  division  soit  rendue  le 
12  à  Kronach,  j'ai  cru  devoir  faire  aller  la  1*^*  aujourd'hui  à 
Lichtenfels,  où  a  couché  hier  le  quartier  général.  Elle  n'au- 
rait pu  faire  une  plus  forte  marche  attendu  qu'ayant  été 
arrêtée  hier  par  la  marche  des  colonnes  du  corps  du  maréchal 
Augereau,  elle  a  été  obligée  de  s'arrêter  à  Bamberg  ^  Je 


1.  Grand  parc  d'artillerie  à  Hallstadt,  M.  lo  colonel  DherviUe,  direclcur, 
établi  dans  la  nuit  du  8  au  9  à  gauche  de  la  route  avant  d'arriver  au  village, 
venant  de  Bamberg. 

Situation  d'après  la  visite  que  le  capitaine  Somery  en  a  faite  lo  9  à  S  heures 
du  matin  : 

Noie  du  directeur.  —  4  pièces  de  l«,  i  obusier  de  6  p.,  lO  caissons  de  u. 
6  de  8,  2  de  4,  3  d'obusier  de  6  p.,  23  d'infanterie  française,  17  d'infanterie 
autrichienne,  3  fourgons,  s  caissons  de  parc,  12  chariots  français,  8  chHno:s 
étrangers,  2  forges  à  4  roues.  Total  89  voilures. 

Ou  attend  do  plus  35  voitures  absentes  restées  à  Hœcht,  compris  8  airiit.< 
de  rechange. 

Au  lieu  de  89,  je  n'ai  compté  que  79  voitures  ou  caissons  dans  le  parc. 
Comme  j'ai  fait  la  visite  de  nuit  et  que  je  ne  pouvais  distinguer  que  la  masst» 
des  voitures,  je  ne  sais  au  juste  de  quelle  espèce  sont  colles  qui  mauquenl. 
—  Ce  sont  des  caissons,  selon  ce  que  m'a  dit  le  gardien,  qui  venus  un  peu 
en  arriére  se  sont  établis  pour  la  nuit  dans  un  parc  de  division.  —  Us  ont  du 
rejoindre  le  grand  parc  le  jour  même. 

Sbmbbt. 


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9   OCTOBRB.  453 

vous  prie  de  vouloir  bien  donner  des  ordres  pour  le  chemin 
qu'elle  devra  tenir  demain. 

La  tête  des  convois  partis  d'Ulm  pour  Kronach  a  dû  cou- 
cher aujourd'hui  à  2  lieues  de  Tautre  côté  de  Bamberg.  Ils 
se  suivent  d'un  jour  à  l'autre  par  convois  de  60  voitures, 
mais  ils  ne  font  que  peu  de  chemin  parce  qu'on  est  obligé  de 
i^o  servir  des  mêmes  chevaux  partis  d'Ulm,  les  corps  d'armée 
n'en  ayant  point  laissé  sur  les  routes  à  ce  que  Ton  assure. 

Le  grand  parc  d'artillerie  coucha  le  7  à  Burg-Ebrach  ;  le  8  à  Bam- 
berg; le  9  et  le  10  à  Kronach;  le  11  à  Nordhalben  ;  le  12  près  de 
Saalburg  (bivouac)  ;  le  13  près  d'Auma  (bivouac)  ;  le  14  près  de 
Koda  (bivouac).  Il  était  à  une  marche  et  demie  ou  deux  marches  du 
(luartier  général  de  l'Empereur. 


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10    OCTOBRE 


L  EMPEREUR  A   M.    »LàRET. 

Ebersdorf,  10  octobre  1806,  5  heures  du  malin. 

Envoyez-moi  la  proclamation  aux  Saxons  en  grand  nombre 
d'exemplaires;  il  m'est  très-important  de  l'avoir.  Vous  pou- 
vez la  faire  mettre  dans  les  journaux  de  Bamberg,  de  Nu- 
remberg et  de  WUrzburg,  afin  qu'elle  pénètre  de  tous  côtés. 

Faites  mettre  dans  ces  journaux  que,  le  9,  le  général 
prussien  Tauenzien,  avec  6,000  Prussiens  et  3,000  Saxons, 
a  été  attaqué  par  l'avant-garde  de  l'armée  française  com- 
mandée par  le  grand-duc  de  Bôrg,  et  culbuté  ;  que  les  hus- 
sards prussiens  ont  été  écrasés  et  n'ont  pas  soutenu  le  choc 
des  hussards  français  ;  que  les  dragons  saxons  ont  fait  une 
perte  notable  ;  que  le  régiment  des  gardes  a  perdu  son  co- 
lonel, vieillard  respectable  âgé  de  60  ans;  que  les  Français 
ont  fait  un  grand  nombre  de  prisonniers  ;  que  la  conduite 
des  Prussiens  est  indigne  ;  qu'ils  ont  incorporé  un  bataillon 
saxon  entre  deux  bataillons  prussiens,  pour  être  ainsi  sûrs 
d'eux;  que,  certes,  une  telle  violation  de  l'indépendance  et 
une  telle  violence  contre  une  puissance  plus  faible  ne  peut 
que  révolter  toute  l'Eui'ope. 

Ecrivez  à  l'Impératrice  que  je  me  porte  très  bien. 

PROCLAMATION  AUX  PEUPLES  DE  LA  SAXE. 

Quartier  impérial  d'Ebersdorf,  lO  octobre  1806. 

Saxons,  les  Prussiens  ont  envahi  votre  territoire.  J'y  entre 
pour  vous  délivrer.  Ils  ont  dissous  violemment  le  lien  qui 


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10    OCTOBRE.  455 

unissait  vos  troupes,  et  ils  les  ont  réunies  à  leur  armée.  Vous 
devez  répandre  votre  sang  non  seulement  pour  des  intérêts 
étrangers,  mais  même  pour  des  intérêts  qui  vous  sont  con- 
traires. 

Mes  armées  étaient  sur  le  point  de  quitter  T Allemagne 
lorsque  votre  territoire  fut  violé  ;  elles  retourneront  en 
France  lorsque  la  Prusse  aura  reconnu  votre  indépendance 
et  renoncé  au  plan  qu'elle  a  formé  contre  vous. 

Saxons,  votre  prince  avait  refusé  jusqu'à  ce  moment  de 
former  des  engagements  aussi  opposés  à  ses  devoirs  ;  s'il 
y  a  consenti  depuis,  c'est  qu'il  y  a  été  forcé  par  l'invasion 
des  Prussiens. 

Je  fus  sourd  à  la  vaine  provocation  que  la  Prusse  dirigea 
contre  mon  peuple  ;  j'y  fus  spurd  aussi  longtemps  qu'elle 
n'arma  que  dans  ses  Etats,  et  ce  n'est  qu'après  qu'elle  eut 
violé  votre  territoire  que  mon  ministre  quitta  Berlin. 

Saxons,  votre  sort  est  maintenant  dans  vos  mains.  Voulez- 
vous  rester  incertains  entre  ceux  qui  vous  mettent  sous  le 
joug  et  ceux  qui  veulent  vous  protéger  ?  Mes  succès  assure- 
ront l'existence  et  l'indépendance  de  votre  j  rince,  de  votre 
nation.  Les  succès  des  Prussiens  vous  imposeraient  d'éter- 
nelles chaînes.  Demain  ils  demanderaient  la  Lusace,  et 
après-demain  la  rive  de  l'Elbe.  Mais  que  dis-je?  n'ont-ils 
pas  tout  demandé  ?  n'ont-ils  pas  tenté  depuis  longtemps  de 
forcer  votre  souverain  à  reconnaître  une  souveraineté  qui, 
vous  étant  imposée  immédiatement,  vous  effacerait  du  rang 
des  nations  ? 

Votre  indépendance ,  votre  constitution ,  votre  liberté 
D  existeraient  plus  alors  qu'en  souvenir,  et  les  mânes  de  vos 
ancêtres,  des  braves  Saxons,  s'indigneraient  de  vous  voir 
réduits  sans  résistance,  par  vos  rivaux,  à  un  esclavage  pré- 
paré depuis  si  longtemps,  et  votre  pays  si  rabaissé  jusqu'à 
devenir  une  province  prussienne. 

Napolîïon. 


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456 


CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


L  EMPEREUR  AU   GRAND-DUC   DE   BERG,    A   SCHLEIZ. 

Quartier  impérial  d't^bersdorf,  lo  ocfobro  1806,  5  heures  du  matin. 

Le  général  Rapp  m'a  fait  connaître  Theureux  résultat  de 
la  soirée.  11  m'a  paru  que  vous  n'aviez  pas  sous  la  main  assez 
de  cavalerie  réunie;  en  l'éparpillant  toute,  il  ne  vous  res- 
tera rien.  Vous  avez  6  régiments;  je  vous  avais  recommandé 
d'en  avoir  au  moins  4  dans  la  main;  je  ne  vous  en  ai  vii 
hier  que  2.  Les  reconnaissances  sur  la  droite  deviennent 
aujourd'hui  beaucoup  moins  importantes.  Le  maréchal  Soult 
arrivant  à  Plauen,  c'est  sur.  Pôsneck  et  sur  Saalfeld  qu'il 
faut  porter  de  fortes  reconnaissances  pour  savoir  ce  qui  s'y 
passe.  Le  maréchal  Lannes  est  arrivé  le  9  au  soir  à  Grafen- 
thal;  il  attaquera  demain  Saalfeld.  Vous  savez  combien  il 
m'importe  de  connaître  dans  la  journée  le  mouvement  sur 
Saalfeld,  afin  que,  si  l'ennemi  avait  réuni  là  plus  de  25,000 
hommes,  je  puisse  y  faire  marcher  des  renforts  par  Pôsneck 
et  les  prendre  en  queue.  J'ai  donné  l'ordre  aux  divisions 
Dupont  et  Beaumont  de  se  porter  sur  Schleiz.  Il  faut,  à  tout 
événement,  reconnaître  une  belle  position  en  avant  de 
Schleiz  qui  puisse  servir  de  champ  de  bataille  à  plus  de 
80,000  hommes.  Cela  ne  doit  point  vous  empêcher  de  pro- 
fiter de  la  pointe  du  jour  pour  pousser  de  fortes  reconnais- 
sances sur  Auma  et  Pôsneck,  en  les  faisant  même  soutenir 
par  la  division  Drouet.  La  1"  division  du  maréchal  Davout 
sera  à  Saalburg;  les  deux  autres  divisions  seront  en  avant 
près  d'Ebersdorf,  et  la  cavalerie  légère  en  avant.  Je  donne 
ordre  au  maréchal  Ney  de  se  rendre  à  Tanna. 

Votre  grande  affaire  doit  être  aujourd'hui ,  d'abord  de 
profiter  de  la  journée  d'hier  pour  ramasser  le  plus  de  pri- 
sonniers et  recueillir  le  plus  de  renseignements  possible; 
2**  de  reconnaître  Auma  et  Saalfeld,  afin  de  savoir  positive- 
ment quels  sont  les  mouvements  de  l'ennemi. 


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10  OCTOBRE.  457 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  GÉNÉRAL  DUPONT. 

Ebersdorf,  lo  octobre  180G,  6  heures  du  matin. 

II  est  nécessaire  que  vous  partiez  à  la  pointe  du  jour  pour 
vous  rendre  à  Schleiz.  Vraisemblablement  le  maréchal  Ber- 
nadette vous  en  aura  envoyé  Tordre;  s'il  ne  Ta  pas  fait, 
mettez-vous  en  marche. 


LE  MAJOR  GENERAL  AU  MARECHAL  LANNES. 

Eber9dorf,  10  octobre  1806,  6  heures  du  matin. 

L'Empereur,  M.  le  Maréchal,  approuve  les  dispositions 
que  vous  avez  prises;  pressez  Tarrivée  de  M.  le  Maréchal 
Augereau  et  immédiatement  après  attaquez  Saalfeld. 

Le  grand-duc  de  Berg  et  le  maréchal  Bernadette  occupent 
Schleiz;  une  division  de  Prussiens  et  de  Saxons  y  a  été 
attaquée  et  culbutée  hier  soir;  Tennemi  qui  avait  2,000  hom- 
mes de  cavalerie,  a  été  écrasé  par  la  nôtre;  2  colonels  et 
1  à  800  prisonniers  sont  restés  dans  nos  mains  ;  ce  corps  était 
i^ominandé  par  le  général  Tauenzien.  Nos  postes  vont  sur 
Pôsneck  et,  si  les  forces  de  Tennemi  sur  Saalfeld  devenaient 
trop  considérables,  on  marcherait  à  elles  par  derrière,  mais 
rien  ne  donne  à  penser  à  TEmpereur  qu'il  puisse  y  avoir 
là  plus  de  12  à  15,000  hommes. 

Le  quartier  général  est  toujours  à  Ebersdorf. 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  GÉNÉRAL  BEAUMONT. 

Ebersdorf,  lo  octobre  1806,  6  heures  du  malin. 
Le  grand-duc  de  Berg,  Général,  vous  a  donné  Tordre  de 
vous  rendre  à  Schleiz  ;  s'il  ne  Ta  pas  fait,  montez  à  cheval  à 
^  teures  et  allez  le  rejoindre. 


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458  CAMPAGNE    DE    PRtSSE. 


LE   MAJOR   GENÉBAL   AU   3IARÉCHAL    DAVOUT. 

Ëbersdorf,  lo  oclobre  1806,  6  heures  du  malin. 

Je  VOUS  préviens  que  le  général  Dupont  part  à  la  pointe 
du  jour  pour  Schleiz  ;  envoyez  votre  1"  division  comme 
avant-garde  à  Saalburg;  faites  avancer  vos  3  divisions  de 
manière  à  ce  que  la  2®  et  la  3*  soient  réunies  entre  Loben- 
stein  et  Ebersdorf  ;  réunissez  votre  cavalerie  légère  entre 
Ebersdorf  et  Saalburg  pour  qu'elle  puisse  selon  les  circons- 
tances se  porter  où  il  sera  nécessaire  ;  comme  Hof  et  toute 
la  droite  nous  appartiennent,  il  n  y  a  rien  à  reconnaître  de 
ce  côté  ;  mais  envoyez  des  patrouilles  et  des  reconnaissances 
sur  Saalfeld. 

Hier  £oir  le  grand-duc  de  Berg  qui  était  à  la  poursuite  du 
cor].s  du  général  Tauenzien,  chassé  de  Schleiz,  l'a  joint; 
2,000  de  cavalerie  ont  été  culbutés;  on  y  a  fait  7  à  800  pri- 
sonniers dont  2  colonels. 

l'empereur  au  maréchal  soult. 

i  Ebersdorf,  lo  octobre  1806,  8  heures  du  matin. 

l  Nous  avons  culbuté  hier  les  8,000  hommes  qui,  de  Hof, 

s'étaient  retirés  à  Schleiz,  où  ils  attendaient  des  renforts 

I  dans  la  nuit.  Leur  cavalerie  a  été  écharpée;   un  colonel  a 

été  pris;  plus  de  2,000  fusils  et  casquettes  ont  été  trouvés 

I  sur  le  champ  de  bataille.  L'infanterie  prussienne  n'a  pas 

tenu.  On  n'a  ramassé  que  2  ou  300  prisonniers  parce  que 

c'était  la  nuit  et  qu'ils  se  sont  éparpillés  dans  les  bois;  je 

[  compte  sur  un  bon  nombre  ce  matin. 

!  Voici  ce  qui  me  paraît  le  plus  clair  :  il  paraît  que  lesPrus- 

i  siens  avaient  le  projet  d'attaquer;  que  leur  gauche  devait  dc- 

j  boucher  par  léna,  Saalfeld  et  Coburg;  que  le  prince  de  Ho- 

I  henlohe  avait  son  quartier  général  à  léna  et  le  prince  Louis 

à  Saalfeld;  l'autre  colonne  a  débouché  par  Meiningensur 
Fulde  ;  de  sorte  que  je  suis  porté  à  penser  que  vous  n'avez 


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10    OCTOBRE.  459 

personne  devant  vous,  peut-être  pas  10,000  homities  jusqu'à 
Dresde.  Si  vous  pouvez  leur  écraser  un  corps,  faites-le. 

Voici  du  reste  mes  projets  pour  aujourd'hui  :  je  ne  puis 
marcher,  j'ai  trop  de  choses  en  arrière  ;  je  pousserai  mon 
avant-garde  à  Auma  ;  j'ai  reconnu  un  bon  champ  de  bataille 
en  avant  de  Schleiz  pour  80  ou  100,000  hommes.  Je  fais 
marcher  le  maréchal  Ney  à  Tanna;  il  se  trouvera  à  2  lieues 
de  Schleiz  ;  vous-même,  de  Plauen,  n'êtes  pas  assez  loin 
pour  ne  pas  pouvoir  en  24  heures  y  venir. 

Le  5  l'armée  prussienne  a  encore  fait  un  mouvement  sur 
la  Thuringe,  de  sorte  que  je  la  crois  arriérée  d'un  grand 
nombre  de  jours.  Ma  jonction  avec  ma  gauche  n'est  pas  en- 
core faite,  ou  du  moins  par  des  postes  de  cavalerie  qui  ne 
signifient  rien. 

Le  maréchal  Lannes  n'arrivera  qu'aujourd'hui  à  Saalfeld, 
à  moins  que  l'ennemi  n'y  soit  en  force  considérable.  Ainsi 
les  journées  du  10  et  du  11  seront  perdues.  Si  ma  jonction 
est  faite,  je  pousserai  en  avant  jusqu'à  Neustadt  et  Triptis  ; 
après  cela,  quelque  chose  que  fasse  l'ennemi,  s'il  m'attaque, 
je  serai  enchanté  ;  s'il  se  laisse  attaquer,  je  ne  le  manquerai 
pas;  s'il  file  par  Magdeburg,  vous  serez  avant  lui  à  Dresde. 
Je  désire  beaucoup  une  bataille.  S'il  a  voulu  m'attaquer, 
c'est  qu'il  a  une  grande  confiance  dans  ses  forces;  il  n'y  a 
point  d'impossibilité  alors  qu'il  ne  m'attaque  ;  c'est  ce  qu'il 
peut  me  faire  de  plus  agréable.  Après  cette  bataille,  je  serai 
à  Dresde  ou  à  Berlin  avant  lui. 

J'attends  avec  impatience  ma  Garde  à  cheval;  elle  est 
aujourd'hui  à  Bamberg  ;  40  pièces  d'artillerie  et  3,000  hom- 
mes de  cavalerie  comme  ceux-là  ne  sont  pas  à  dédaigner. 
Vous  voyez  actuellement  mes  projets  pour  aujourd'hui  et 
demain;  vous  êtes  maître  de  vous  conduire  comme  vous 
l'entendrez  ;  mais  procurez- vous  du  pain,  afin  que,  si  vous 
venez  me  joindre,  vous  en  ayez  pour  quelques  jours. 

Si  vous  trouvez  à  faire  quelque  chose  contre  l'ennemi,  à 
une  marche  de  vous,  vous  pouvez  le  faire  hardiment.  Éta- 
blissez de  petits  postes  de  cavalerie  pour  correspondre  rapi- 
dement de  Schleiz  à  Plauen. 


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460  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Jusqu'à  cette  heure,  il  me  semble  que  la  campagne  com- 
mence sous  les  plus  heureux  auspices. 

J'imagine  que  vous  êtes  à  Plauen  -,  il  est  très  convenable 
que  vous  vous  en  empariez.  Faites-moi  donc  connaître  ce 
que  vous  avez  devant  vous.  Rien  de  ce  qui  étaitàHofne 
s'est  retiré  sur  Dresde. 

P. -S.  —  Je  reçois  à  Tinstant  votre  dépêche  du  9  à  6  heu- 
res du  soir'  \  j'approuve  les  dispositions  que  vous  avez  faites. 
Les  renseignements  que  vous  me  donnez,  que  1,000  hommes 
de  Plauen  se  sont  retirés  sur  Géra,  ne  me  laissent  plus  au- 
cun doute  que  Géra  ne  soit  le  point  de  réunion  de  Tarmée 
ennemie.  Je  doute  qu'elle  puisse  s'y  réunir  avant  que  j'y 
sois.  Au  reste,  dans  la  journée,  je  recevrai  des  renseigne- 
ments et  j'aurai  des  idées  plus  précises  ;  vous-mêmes,  àPlauen, 
vous  en  aurez  beaucoup.  Les  lettres  interceptées  à  la  poste 
vous  en  donneront.  Dans  cette  incertitude,  ne  fatiguez  pas 
vos  troupes. 

Dépêche  du  major  général  au  maréchal  Soult,  8  heures 
du  matin,  portant  expédition  des  ordres  contenus  dans  la 
dépêche  de  l'Empereur. 

LE   MAJOR   GëNÉRAL   AU   PRINCE   JÉRÔME. 

Eborsdorf,  lo  octobre  1806,  8  heures  du  matin. 

11  est  ordonné  à  V.  A.  I.,  après  qu'elle  aura  pris  ou  cerné 
le  fort  de  Culmbach,  de  se  rendre  en  toute  diligence  avec  le 
corps  bavarois  à  Lobenstein.  Nous  avons  attaqué  hier  au  soir 
une  division  ennemie  à  Schleiz.  Ce  corps  aux  ordres  dugê- 


1.  L*ofQcier  du  ii<>  de  chasseurs  qui  porta  la  dépôcbe  du  M*'  Seuil  fBof, 
10  heures  du  matin,  9  octobre)  fut  dirigé  probablement  par  le  capitaine  Meo- 
ziau  do  Gefell  sur  Lobenstein. 

Quant  à  rofllcier  qui  porta  la  dépêche  de  Gross-Zôbern,  9,  6  heures  du  soir, 
il  se  peut  qu'il  se  soit  rendu  à  Schleiz  et  ait  été  obligé  de  rétrograder  sur 
Kbersdorf,  car,  parti  vers  7  heures,  il  mit  13  heures  pour  remplir  sa  mission 
(de  nuit,  il  est  vrai,  et  dans  un  pays  accidenté). 

L'incertitude  où  se  trouve  quelquefois  un  commandant  de  corps  d'aile  sur 
la  position  exacte  du  quartier  du  Commandant  en  chef,  peut  amener  dans  la 
remise  des  dépêches  des  retards  très  préjudiciables. 


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10    OCTOBRE.  461 

néral  Tauenzien  a  été  entièrement  défait  et  2,000  hommes 
de  cavalerie  culbutés  ;  on  a  fait  7  à  800  prisonniers  dont 
2  colonels. 
Le  quartier  général  est  à  Ebersdorf. 

LE  MAJOR  GENERAL  AU  MARÉCHAL  NET. 

Ebersdorf,  10  octobre  1806,  8  heures  du  matin. 

Nous  avons  pris  hier  Schleiz,  M.  le  Maréchal,  culbuté  une 
avant-garde  de  10,000  Prussiens  et  Saxons,  pris  de  7  à  800 
hommes  et  2  colonels. 

L'ordre  de  TEtupereur  est  que  vous  vous  rendiez  à  Tanna, 
à  2  Heues  de  Schleiz  ;  par  ce  moyen,  en  cas  de  bataille,  vous 
pourriez  être  près  de  Schleiz. 

8  heures  du  matin. 

Ordre  au  grand-duc  de  Berg  et  au  maréchal  Bernadette 
de  partir  sur-le-champ  pour  se  rendre  à  Auma  et  intercepter 
la  route  de  Saalfeld  à  Géra. 

11  heures  du  matin. 

11  est  ordonné  à  M.  le  maréchal  Lefebvre  de  se  porter  en 
toute  hâte  avec  la  Garde  à  Schleiz  \ 

11  est  ordonné  au  général  Klein  de  se  porter  en  toute  dili- 
gence et  en  marche  de  guerre  sur  Schleiz. 

Même  ordre  au  général  d'Hautpoul  ;  —  au  général  Kan- 
souty  ;  —  au  général  Grouchy  ;  —  au  parc  d'artillerie  5  — 
au  parc  du  génie  ;  —  à  M.  Hastrel,  pour  le  quartier  gé- 
néral. 


1-  Corps  de  réserve.  ordric  du  jour. 

Quartier  général  à  Schleiz,  10  octobre  18O6. 

....Lorsqu'une  division)  une  brigade  ou  un  des  corps  ou  détachement  arri- 
éra au  quartier  général  où  se  trouve  M.  le  Maréclini  commandant  en  chef, 
l'oQlrier  général  ou  le  chef  qui  commande  enverra  de  suite  Tadresso  do  son 
l'pemeDl  â  M.  le  Maréchal  et  au  général  chef  de  l'état-major.  Il  enverra  en 
''(lire  un  planton  chez  le  chef  d'état-major,  aQn  qu'il  n'y  ait  pas  de  retard  dans 
I  expodition  des  ordres. 

Le  Général  de  brigade,  chef  de  l'élat-major, 
R0U8SKL. 


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4G2  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

11  heures  du  matiu. 

L'Empereur  ordonne  au  prince  Jérôme  qu'au  lieu  de 
se  rendre  à  Lobenstein,  il  se  rende  en  toute  diligence  à 
Hof^ 

Eberedorr,  lo  octobre  1806,  il  heuies  du  matin. 

Ordre  à  M.  le  maréchal  Augereaude  partir  et  de  rejoindre 
ù  ^andes  marches  de  guerroie  maréchal  Lannes  qui  a  ordre 
d'attaquer  Saalféldde  concert  avec  lui. 

Ordre  au  maréchal  Davout  de  se  rendre  en  toute  dili- 
gence à  Schleiz  où  il  portera  son  quartier  général  ;  il  pren- 
dra position  en  avant  de  cette  ville  avec  ses  trois  divisions. 

Ordre  au  maréchal  Soult  de  se  diriger  sur  Géra  ;  il  occu- 
pera d'abord  la  ville  de  Weyda  où  il  se  mettra  en  communi- 
cation avec  l'avant-garde  qui  sera  au  delà  d'Auma  sur  la 
route  de  Saalfeld  à  Géra.  Arrivé  à  Hirschbach,  il  se  mettra 
également  en  communication  avec  Auma. 

l'empereur  au  grand-duc  de  berg,  a  auma. 

Schleiz,  10  octobre  1806,  5  heures  et  demie  du  soir. 

Comme  j'ai  cessé  d'entendre  la  canonnade  ce  soir,  je  suis 
porté  à  penser  que  l'ennemi  ne  s'est  pas  longtemps  défendu 
k  Saalfeld.  Le  maréchal  Soult  se  rend  à  Weyda.  Il  e*t  pos- 
sible que  sa  tête  soit  demain  à  Weinsbach*.  Je  lui  ai  donne 
l'ordre  d'envoyer  des  partis  sur  Auma  pour  correspondre  avtc 
vous.  Envoyez-en  à  sa  rencontre. 

Le  maréchal  Ney  sera  probablement  demain  à  Schleiz. 

J'imagine  que  le  général  Dupont  sera  arrivé  à  Posneck. 


1.  L*Kmpereur   voulait  ainsi  remplacer  en  seconde  ligne,  à  la  coionne  cf 
droite,  le  6<  corps  par  les  Bavarois. 

2.  Probahlement  Hirschbach. 


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10    OCTOBRE.  463 

l'empereur  au  maréchal  soult. 

Sclileiz,  10  oclobre  1803,  6  heures  du  soir. 

Je  crois  que  le  maréchal  Lannes  a  attaqué  aujourd'hui 
Saalfeld,  La  canonnade  a  été  vive,  mais  n'a  duré  que  2  heu- 
res ;  j'en  ignore  le  résultat.  J'ai  fait  couper  le  chemin  de 
Saalfeld  à  Géra  par  des  positions  aux  deux  chemins  de  Pôs- 
neck  et  de  Neustadt.  Je  vous  ai  envoyé  Tordi'e  de  vous  porter 
sur  Géra.  Je  serai  bien  aise  de  savoir  quand  votre  tête  se 
trouvera  à  Langen-Wetzcndorf . 

A  Géra  les  affaires  s*éclairciront.  Je  crois  être  encore  en 
mesure  d'être  à  Dresde  avant  eux  ;  mais  une  fois  que  je  serai 
tranquille  sur  ma  gauche,  tout  prendra  une  vive  tournure. 
Le  maréchal  Bernadette  est  à  Auma  ;  le  prince  Murât  au 
delà;  le  maréchal  Davout  est  en  avant  de  Schleiz.  J'espère 
que  les  maréchaux  Lannes  et  Augereau  sont  à  Saalfeld. 
Faites  savoir  de  vos  nouvelles  à  Auma.  Arrivé  à  Langen- 
Wetzendorf,  faîtes-moi  connaître  si  j'aurai  là  une  route  qui 
mèneàZwickau. 

Je  serai  à  2  heures  du  matin  à  Auma. 


LE  MAJOR  GENERAL  AU  MARECHAL  LANNES. 

Schleiz,  13  octobre  1306|  7  heures  du  soir. 

Nous  avons  entendu  ce  matin,  M.  le  Maréchal,  une  ca- 
nonnade assez  forte  ;  nous  avons  supposé  que  vous  attaquiez 
Saalfeld. 

Je  crois  devoir  vous  faire  connaître  notre  position  ce  soir. 

M.  le  maréchal  Davout  est  avec  une  division  à  Pôsneck  ; 
nous  occupons  Neustadt,  Triptis  et  Auma. 

L'Empereur  attend  avec  impatience  que  vous  vous  rendiez 
à  grandes  journées  sur  Neustadt.  Vous  devez  former  la 
gauche  de  l'armée  qui  va  se  porter  sur  Géra.  L'Empereur 
compte  sur  votre  activité  ordinaire  pour  faire  rapidement 
votre  mouvement. 


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464  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Avis  au  maréchal  Augereau  de  la  dépêche  au  maréchal 
Lannes  et  ordre  de  suivre  à  grandes  marches  le  corps  du 
maréchal  Lannes  qu'on  suppose  à  Saalfeld. 

LE    MARÉCHAL    LANNES   A   L'EMPEREUR. 

Saalfeld,  10  octobre  1806,  7  heures  du  soir. 

Je  suis  parti  ce  matin  à  5  heures  avec  mon  corps  d'armée 
pour  me  rendre  à  Saalfeld,  où  j'ai  trouvé  le  corps  commandé 
par  le  prince  Louis  de  Prusse  qui  a  été  tué  par  un  hussard 
du  10*  régiment.  J'ai  l'honneur  de  faire  passer  à  V.  M.  sou 
crachat  et  un  ordre.  II  paraît  que  le  corps  qui  était  à  ses 
ordres  était  composé  de  5  régiments  dont  3  saxons  et  2  prus- 
siens et  de  4  régiments  de  hussards  dont  2  saxons  et  2  prus- 
siens \ 


1 .    RAPPORT    FAIT    PAR    M.    DE    MUMPFT.INO,    IKOl^KISUR    AU    SERVICE    D3   8.   M.  LE  ROI 
DE   8AXR,    SUR    l'aFPAIRE    D£    SAALFKLD. 

[Cette  traduction  se  trouve  aux  archives  de  la  Guerre.) 

Le  7  octobre  1806,  ravanl-garde  du  prince  de  Uohenlohe  se  forma  en  can- 
tonnement enlre  Arnstadl  et  Saalfeld  sous  les  généraux  Schimmelpfenniug  ei 
PoUot  prussiens  oi  Trutzschlen  et  Bevilaqua  saxons.  Elle  était  composée 
de  18  escadrons  de  cavalerie,  9  bataillons  et  8  compagnies  d'infanterie,  s  l^al- 
Icries,  auxquelles  se  joignirent  2  bataillons  saxons  du  prince  Xavier. 

Le  général  Schimmelpfonning  en  commandait  6  escadrons  do  hussards  à  '.;: 
rive  droite  de  la  Sa&le  prés  d'Oppurg,  enlre  Pôsneck  cl  Neustadt,  pour  cou- 
vrir la  gauche  du  prince  Louis  et  pour  soutenir  le  général  Tauenzieo  qui  le 
7  avait  été  oblige  d'abandonner  Uof  et  de  se  replier  sur  Schleiz. 

Le  8  octobre  les  corps  d'armée  français  s'avancèrent  de  la  haute  Saaie  et 
occupèrent  le  poste  extrêmement  important  du  Sattel,  défilé  près  de  Grâfeu- 
Itial  et  du  pont  de  Saalburg. 

Le  prince  Louis  (sans  doute  peu  instruit  de  la  force  de  ce  corps*)  résolut 
de  prévenir  l'uttaquo  et  do  livrer  bataille  pour  sauver  Saalfeld  où  se  trouvait 
un  magasin.  Le  9  octobre  le  prince  concentra  le  corps  près  de  Budolsiadt, 
mais  il  laissa  les  avant-postes  sur  les  hauteurs  depuis  Obcrhof  jusqu'à  Kablerî, 
le  génëral-major  Schîmmelpfenning  avec  ses  5  escadrons  à  Oppurg  ot  le  géné- 
ral-major PoUot  avec  3  bataillons  de  fusiliers  prussiens,  i  compagnie  de  clia:«- 
seurs  à  pied,  une  demi-batterie  d'artillerie  légère  et  3  escadrons  de  housanis 
saxons  à  Blankcnburg.  Il  fortifia  l'uvanl-garde  par  les  2  bataillons  saxons  <lu 
prince  Xavier.  Il  avait  reçu  du  prince  de  Hohenlohe  Tordre  exprès  <  de  con- 
«  server  les  postes  de  Blankenburg  et  Rudolstadt  jusqu'à  l'arrivée  du  lioute- 
«  nant-général  Bliiclier  qui  commandait  l'avant-garde  du  Roi,  de  remettre  ce? 
«  postes  audit  général,  do  se  retirer  alors  à  Pôsneck  et  d'y  attirer  le  général- 

•L'ouvragp  intitulé  Vertrauete  Briefe  (2  volumes)  cxcuso  le  défaut  de  connAi»«r"' 
que  les  PruRsicnn  avaient  de  la  position  des  armées  françaises  eu  assurant  (!''  Tula>  ><' 
vers  la  flu)  que  le  Uoi  de  Prusse  détestait  l'espionna^p. 

{Note  de  la  traduetion.) 


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10   OCTOBRE.  465 

Gomme  je  pense  que  V.  M.  doit  être  très  inquiète,  je  me 
contenterai  de  lui  dire  en  deux  mots  que  nous  avons  cul- 
buté Tennemi  dans  la  rivière,  fait  environ  800  prisonniers, 
tué  ou  noyé  beaucoup  de  monde,  pris  21  pièces  de  canon  qui 
sont  réunies  dans  ce  moment.  Je  présume  qu'on  en  ramassera 
encore  6,  environ  20  caissons  et  au  moins  3  drapeaux. 

Il  n'y  a  guère  que  4,000  hommes  de  la  division  Suchet 
qui  aient  donné.  La  division  Gazan  était  encore  à  2  lieues 
de  moi. 

J'ai  entendu  ce  matin  une  fusillade  assez  vive  du  côté  du 
corps  du  centre,  où  était  V.  M.  ;  c'est  ce  qui  m'a  engagé  à 
attaquer  Tennemi  pensant  que  mon  mouvement  opérerait 
une  diversion  sur  le  centre. 

Je  ne  dois  pas  laisser  ignorer  à  V.  M.  la  belle  charge  que 
les  9'  et  10*  de  hussards  ont  faite.  Ils  sont  restés  mêlés  avec 
les  hussards  et  Tinfanterie  pendant  une  demi-heure.  Le 
champ  de  bataille  fait  hoiTCur.  Parmi  les  prisonniers  se 
trouvent  un  général  prussien,  3  ou  4  colonels,  autant  de 
lieutenants-colonels  et  environ  30  officiers. 

D'après  les  rapports  des  prisonniers,  le  roi  de  Prusse  est  à 
Erfurt  avec  son  armée. 

Le  général  Foucher  ignore  où  est  le  grand  parc  général 
d'artillerie  ;  il  aurait  besoin  de  500  coups  de  4  et  de  200,000 
caitouches  d'infanterie. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  parler  à  V.  M.  du  général  Victor  ; 
elle  connaît  son  sang-froid  et  son  intrépidité  sur  le  champ  de 
bataille. 

L'officier  qui  remettra  cette  dépêche  à  V.  M.  m'avait 
lM)rté  des  lettres  du  prince  Berthier  ;  il  a  été  témoin  de  l'af- 
faire ;  je  me  suis  servi  de  lui  pour  envoyer  plusieurs  ordres. 
J  en  ai  été  content. 


■  inijor  ScliimmelpfcnDÎng  pour  y  former  ensemble  Tavant-gardo  de  la  droilu 
'  (lu  corps  de  Ilobeolobe,  le  général-major  Tauenzien  devant  former  Tavaut- 
'  ^rde  de  la  gaucho.  » 

Le  prince  de  llohenlohe  annonça  on  môme  temps  son  projet  de  ropassor 
la  Saale  vers  le  lO  octobre,  de  rassembler  son  corps  à  Triptis  ou  Auma  pour 
a'Laquer  Tennemi  sll  se  présentait,  comme  le  Roi  devait  de  sou  côté  se  cou- 
cutiiror  le  même  jour  aux  environs  do  Blankenhaym.... 

CAMP.  oK  pauasK.  30 


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466  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

J'aurai  Thonneur  de  faire  connaître  à  V.  M.  les  personnes 
qui  se  sont  distinguées,  quand  je  lui  ferai  un  rapport  plus 
détaillé. 

Je  prie  V.  M.  de  recevoir  l'assurance  de  mon  profond  res- 
pect et  du  plus  parfait  dévouement. 

P.-S.  —  Le  général  Suchet  me  remet  à  Tinstant  la  lettre 
ci-jointe  ;  V.  M.  aura  la  bonté  de  la  lire  avec  attention  ;  elle 
a  été  prise  dans  la  poche  d'un  aide  de  camp  du  prince  Louis 
qui  a  été  tué  à  son  côté. 

J'attends  ici  les  ordres  de  V.  M.  Je  ferai  filer  demain  les 
prisonniers  et  l'artillerie  sur  Kronach. 


RAPPORT   DU   GENERAL    SUCHET    SUR   LE    COMBAT 
DE    SAALFELD*. 

(Les  gorges  qui  mènent  à  Saalfeld  sont  très  profondes; 
elles  traversent  des  montagnes  à  pic,  couvertes  de  forêts  la 
plupart  impénétrables.  Journal  des  opérations  du  5*  corpê,) 

Après  avoir  franchi  avec  rapidité  les  montagnes  qui  sé- 
parent les  eaux  du  Mayn  de  celles  de  l'Elbe,  la  division  ar- 
rivait le  10  au  matin  sur  les  hauteurs  de  Saalfeld.  Les  pro- 
clamations de  S.  M.  y  furent  accueillies  par  des  cris  répétés 
de  Vive  V Empereur,  Vous  m'ordonnâtes*  de  faire  gagneriez 
crêtes  des  hauteurs^  qui  couronnent  la  profonde  gorge  de 
Saalfeld,  par  2  compagnies  de  voltigeurs  du  17*.  Elles  rem- 
plirent cette  tâche  tandis  qu'une  compagnie  de  chasseurs 
soutenue  par  2  pièces  de  4,  le  17'  et  le  bataillon  d'élite  pé- 
nétraient dans  la  vallée.  Au  débouché  nos  tirailleurs  furent 
reçus  par  le  feu  de  l'ennemi  et  le  canon  nous  annonça  bien- 
tôt que  sa  résolution  était  de  combattre'. 


1.  Le  rapport  du  général  Suchet  a  été  complété  par  des  extrails  du  Journal 
des  opéralions  du  5«  corps,  extrails  qui  ont  été  mis  entre  pareuihèses. 
%.  Le  Maréchal  se  tenait  à  la  tête  de  Tinranterie. 
S.  Hauteurs  à  droite  de  la  route,  entre  la  route  do  Saaireld  et  la  Saaie. 
4.  Rapport  de  M.  de  Mumpfling.  —  La  nuit  du  9  au  lo,  Saalfeld  fut  occupé 


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10   OCTOBRE.  467 

(Le  Maréchal  après  s'être  convaincu  que  les  ennemis  vou- 
laient combattre  donna  Tordre  à  la  cavalerie  et  à  la  division 
Suchet  d'avancer,  de  prendre  position,  la  cavalerie  à  la 
gauche  du  village  de  Garnsdorf,  le  bataillon  d'élite  en  avant 
et  à  droite  pour  le  soutenir  avec  2  pièces  d'artillerie  légère 
commandées  par  le  lieutenant  Simonnet*.  Le  reste  de  la  di- 

par  2  bataillons  de  fusiliers  prussiens  Ruhl  et  Rabcnau,  une  demi-batterie 
légère,  une  batterie  lourde,  une  compagnie  de  chasseurs  à  pied  et  s  escadrons 
(ic  housards  de  Schimmelpfenning.  Le  prince  Louis  avait  son  quartier  géné- 
ral à  Rudolstadt. 

L«  10  octobre  au  matin,  les  avant-postes  prussiens  furent  attaqués  près  de 
Saalfeld;  sur  quoi  le  prince  Louis  forma  son  corps  entre  Rudolstadt  et  Volk- 
■^lailt  en  colonne  dirigée  vers  la  gauche  et  se  trouva  à  7  heures  sur  la  chaus- 
sée de  Saalfeld  laissant  une  compagnie  de  prince  Xavier  (infanterie)  pour  gar- 
nir le  pont  de  Rudolstadt.  Voici  quelle  était  sa  disposition  :  général-major 
Trutzschien,  5  escadrons  de  housards  de  Saxe,  tous  les  carabiniers  à  pied, 
1  compagnie  du  i»^  bataillon  de  TElecteur  ;  —  général-major  Bevilaqua,  2  ba- 
laiilons  de  TËlecteur,  2  bataillons  de  prince  Xavier,  i  batterie  à  pied,  2  ba- 
Iniilons  de  prince  Clément  (saxons),  2  bataillons  de  Mûfling  (prussiens/. 

U  colonne  traversa  Volkstâdt  et  Schwarza,  puis  se  porta  entre  Crôsten  et 
Wohlsdorf  où  elle  fil  halle  à  a  heures.  Chaque  bataillon  faisait  insensiblement 
uue  évolution  à  droite  se  trouvant  dans  la  position  inverse  suivante  à  compter 
«le  la  droite  :  2«  bataillon  prince  Clément,  —  l«f  bataillon,  —  batterie,  — 
3«  bataillon  prince  Xavier,  —  i*f  bataillon,  —  i»""  bataillon  l'Électeur,  —  2« 
bataillon  ;  —  les  2  bataillons  de  MûQing  en  deuxième  ligne  derrière  les  2  ba- 
uùlions  de  prince  Clément  ;  —  les  5  escadrons  de  housards  de  Saxe  en  troi- 
sième ligne  ;  —  le  village  de  Crôsten  en  avant  &  droite  de  côté  j  —  le  village 
(le  Graba  à  gauche  de  côté  en  arrière  de  Taile  gauche,  de  sorte  que  la  ligne 
faisait  front  aux  bois  élevés  et  épais  de  la  hauteur  qui  descend  en  pente  douce 
vers  Saalfeld,  Crôsten  et  Schwarza,  et  forme  un  large  bassin  plat  avec  la  rive 
<lrûlto  monlueuse  de  la  Saale.  La  Suale  était  en  ligne  parallèle  derrière  cette 
ligne. 

En  arrivant  dans  cette  singulière  position  le  prince  Louis  trouva  les  troupes 
qui  avaient  occupé  Saalfeld  pendant  la  nuit  du  9  au  lo  déjà  engagées  avec 
l'eniiemi;  car  le  corps  du  maréchal  Lannes  s'était  avancé  eu  plusieurs  co- 
loQoes  depuis  Grîifenlhal  vers  Saalfeld  prenant  la  grande  route  par  Elba,  la 
route  seigneuriale  par  Arnsgereuth  et  la  haute  chaussée  par  Witzendorf  et 
Wittinannsgereuth. 

Le  y  corps  marchait  sur  une  $eule  colonne  depuis  Gràfenlhal.  C'est  seulement 
pour  déboucher  que  le  Marèc/uil  se  servit  de  tous  les  chemins  qui  s'offrirent. 

1.  Rapport  de  M.  de  Mumpfling.  —  Le  maréchal  Lannes  occupait  avec  une 
partie  de  la  division  Suchet  les  villages  de  Rotbenthal,  Tiefenreich  et  Garns- 
dorf situés  dans  des  terrains  bas  et  plats;  il  avait  placé  une  batterie  légère  à 
i?auche  de  ce  dernier  villagCi  et  une  à  droite  de  Beulwltz  avec  lesquelles  il 
canonnait  vivement  les  troupes  qui  s'avançaient  au-dessus  et  au-dessous  de 
Snaifeld,  tandis  qu'une  partie  de  son  infanterie  soutenue  de  quelque  cavalerie 
s'étcDdail  entre  ces  batteries  à  la  lisière  des  bois  formant  des  lignes  claires 
de  tirailleurs,  et  le  reste  caché  dans  le  bois  et  dans  les  fonds  avec  la  cava- 
lerie en  colonnes.  Ce  terrain  est  singulièrement  favorable  à  la  tactique  fran- 
çaise. 

U  lieuienant- colonel  von  der  GoUz  attribuera  aussi  le  gain  de  la  bataille 


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468 


CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


vision  ayant  le  17*  léger  en  tête  longeait  la  montagne  et  m 
portait  vers  la  gauche  pour  s'emparer  de  la  communication 
de  Konigsee,  un  des  points  de  retraite  de  Tennemi.  Journal 


BlAnkii^nbiii^^/ 


f     T, 


■^/ûJ^ 


des  opérations.)  Le  bataillon  d'élite  s'avança  dans  la  plaine 
et  fut  placé  pour  soutenir  la  batterie  d'artillerie  légère  du 
lieutenant  Simonnet  dont  vous  avez  admiré  la  brillante  con- 
duite pendant  toute  l'action. 

(Vléna  d  la  supériorité  de  la  tactique  française.  La  tactique  française  ne  date 
donc  pas  d'aujourd'hui  :  des  tirailleurs  et  des  colonnes  I  Voir  les  Observaliom 
sur  le  combat  de  l'Infanterie,  Campagne  de  Pologne^  tome  II. 


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10   OCTOBRE.  4G9 

Le  17*  porté  sur  la  gauche  longeait  la  montagne,  s'empa- 
rait du  débouché  de  Beulwitz  et,  pressant  Tennemi  sur  ce 
jwint,  attirait  son  attention.  Le  prince  Louis  Ferdinand  de 
Prusse,  après  avoir  tenté  de  le  déloger  par  son  feu,  com- 
mande une  charge  d'infanterie  :  6  bataillons  prussiens  et 
saxons  en  bataille  sur  le  front  et  4  en  colonne  sur  le  flanc 
i^uche,  après  avoir  fait  la  1"  décharge  de  mousqueterie, 
marchèrent  pour  enlever  les  hauteurs.  Le  général  Claparède 
M*  disposait  à  recevoir  vigoureusement  cette  charge  lorsqu'on 
ce  moment  2  bataillons  du  34*  arrivèrent  en  colonne.  Je  les 
conduisis  sur  le  flanc  droit  de  l'ennemi  en  ordonnant  de 
l»attre  la  charge.  A  peine  ce  mouvement  fut  décidé  que  Tin- 
tanterie  prussienne  fit  demi -tour  et  se  retira  dans  la  plaine*. 


1.  Cest  toujours  par  les  attaques  sur  les  flancs,  en  débordant  les  ailes,  que 
l'on  décide  la  retraite  de  Vadversaire. 

Bapport  de  M.  Murapfling.  —  Les  troupes  avaient  pris  position  sur  un  ri- 
ileau  élevé  ei  découvrant  tout  le  terrain  de  la  vallée  de  la  Saalo  entre  Saalfold 
<>t  Schwarza.  Mais  le  Prince  avait  résolu  d'attaquer  l'ennemi  s  il  s'avançait,  cl 
Tcrice  dans  ce  dessein  rien  ne  put  le  retenir,  pas  môme  l'ordre  reçu  la  veille 
du  prince  de  Hohenlohe.  Il  se  croyait  assuré  de  vaincre  et  marquait  à  ce  gé- 
iiural  qu'il  se  voyait  par  les  circonstances  obligé  de  combattre,  lui  faisunt 
runuailre  sa  position  par  un  officier  de  housards  nommé  Wagner  et  deman- 
<!ant  du  renTorl. 

Entre  9  et  lO  heures,  3  escadrons  de  housards  de  Saxe  traversèrent  Saalfold 
et  Joignirent  les  troupes  postées  au-dessus  de  cette  ville  où  ils  furent  placés 
e:i  {«ccondo  ligne.  Les  «  autres  escadrons  de  housards  de  Saxe  restèrent  en 
'i'jçu  de  Saalfeld  au  Rabonslein. 

I.e  Prince  ordonna  également  au  régiment  de  l'Électeur  de  couvrir  la  batte* 
rie  lourde  placée  à  la  porte  de  Saalfeld  au  débouché  du  chemin  de  Croston 
H  d'observer  un  ravin  plat  qui  descend  de  la  montagne  entre  Saalfeld  et 
^Vohlsdorf.  Ce  régiment  s*y  rendit  à  lO  heures  en  marchant  à  longs  inler- 
^allet«. 

La  cavalerie  postée  au  delà  de  Saalfeld  était  hors  d'état  d'agir  et  extrême- 
ment exposée  au  feu  des  batteries  et  des  tirailleurs  ennemis,  ce  qui  lui  occa- 
^■onnait  une  grande  perle.  Le  général  Trulzschlen  fit  en  conséquence  propo- 
^T  au  Prince  de  le  laisser  passer  Saalfeld  avec  sa  cavalerie,  espérant  y  ùlre 
i>Iu3  utile,  mais  le  Prince  crut  nécessaire  de  la  maintenir  dans  ce  premier 
poste. 

Les  manœuvres  de  Tarmée  française  se  développaient  de  plus  en  plus  :  son 
objet  était  de  tenir  en  respect  les  troupes  postées  à  l'aile  gaucho  au-dessus 
de  Saalfeld  et  d'occuper  par  ses  tirailleurs  tout  le  front  de  la  position  du 
l'rince,  tirant  toujours  sur  la  gauche  afin  d'envelopper  le  Prince  et  de  le 
couper  de  la  Schwarza. 

Le  Prince  ne  put  s'y  tromper  et  remarqua  qu'il  avait  affaire  à  des  forces 
^upérienres,  et  qu'il  n'était  pas  prudent  de  continuer  le  combat  dans  une  po- 
•*itioo  trop  étendue  pour  son  faible  corps,  a  moins  de  compter  sur  de  prompts 


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470  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  34*'  remplaça  Tennemi  dans  sa  position  et  dès  lors  vous 
me  fîtes  part  de  la  résolution  où  vous  étiez  de  le  faire  char- 
ger dans  le  bois,  en  me  recommandant  de  toujours  assurer 


kiecours.  Le  lieutoimnt  saxon  Egydi  lui  apporta  vors  il  heures  un  ordre  verlu] 
du  prince  de  Hohonlohe  de  rester  dans  la  position  de  Rudolsladt,  comme  il  le 
lui  avait  prescrit,  et  do  se  garder  d'attaquer.  Il  lui  fit  dire  en  outre  :  que  lui, 
prince  de  Hohonlohe,  il  avait  ordre  de  soutenir  la  ligne  qui  couvrait  le  ToikI 
du  la  Suale,  et  esptSrail  en  conséquence  que  le  prince  Louis  n'aurait  pa^ 
abandonné  les  avant-postes  d*Ilmenau  ce  qui  feniil  une  percée  dans  Taruiee 
du  Hoi;  que  le  Roi  avait  fixé  le  9  sou  quartier  général  à  Blaukenhaym  auquel 
s*appuyait  Taile  droite  ;  que  l'aile  gauche  de  Tarmée  du  Roi  louchait  à  Uni, 
et  que  lui,  prince  de  Hohenlohe,  il  comptait  placer  son  quartier  général  a 
Kalila  le  lO,  aller  le  môme  jour  a  Neustadt  visiter  toute  la  ligne  et  vuir  le 
prince  Louis  à  cotte  occasion. 

Pour  ne  pas  ôtre  coupé  de  la  Schwarza,  le  prince  Louis  fit  retouroer 
promptemeut  le  2*  bataillon  de  Miifling  dans  le  village  de  Schwarza  peur  en 
occuper  le  pont,  avec  ordre  d'envoyer  un  bataillon  de  ce  régiment  à  Aue 
avec  la  batterie  à  pied  afin  d'occuper  la  hauteur  de  ce  village  nommée  Saiid- 
berg. 

Le  régiment  saxon  prince  Clément  eut  ordre  de  suivre  le  i«'  bataillon  de 
Miifling  et  Tut  placé  entre  Aue  et  Crosten  pour  entretenir  la  communicaliui. 
eutre  ce  bataillon  et  les  régiments  de  PÉlecteur  et  prince  Xavier  près  «le 
Crosten. 

Le  second  bataillon  de  prince  Clément  détacha  une  division  pour  couvrit 
la  batterie  à  pied  sur  le  Sandberg,  où  elle  se  posta  à  droite  de  la  batterie  et 
du  2*  bataillon  de  Mûfiing,  faisant  front  sur  Aue. 

Cependant  le  régiment  de  TÉlecteur  se  mil  eu  ligne  à  l'aile  gauche  avec  '.c 
régiment  do  Xavier,  et  laissa  2  compagnie  prés  de  la  batterie  lourde.  Le 
Prince  crut  alors  avoir  assuré  son  flanc  droit  et  pouvoir  procéder  à  une  at- 
taque décisive.  Il  fit  en  conséquence  former  les  régiments  prince  Xavier  ei 
TËlecteur  par  bataillons  en  échiquier  devant  l'aile  droite,  tirant  d'abord  a 
droite,  ce  qui  changeait  la  direction  do  gauche,  do  manière  que  l'aile  droite 
se  trouvait  en  môme  hauteur  avec  le  village  de  fieulwitz. 

Cependant  les  troupes  françaises  s'étaient  avancées  à  la  dérobée  jusqu'à 
Beulwitz,  et  les  tirailleurs  paraissant  tout  à  coup  à  travers  les  jardins  fireai 
un  feu  violent  sur  le  flanc  droit  du  régiment  prince  Xavier  pendant  que  leur 
batlorie  près  de  ce  village  continuait  k  l'inquiéter  sur  le  flanc  gauche  ce  qù 
obligea  le  régiment  de  faire  halte  et  de  faire  feu.  Enfin  l'ennemi  redoublant  le 
sien,  ce  régiment  perdit  la  ligne,  se  retira  en  désordre  et  fut  repoussé  jusqu'à 
Crosten.  Le  régiment  de  l'Electeur  aussi  exposé  au  feu  de  rennemi  cruyaot 
cette  retraite  commandée  par  le  prince  Louis,  se  retirait  également,  mais 
apercevant  son  erreur  il  ûi  halte  et  forma  8on  front  avec  les  2  compaguif.< 
d'aile  du  second  bataillon  pour  se  couvrir  contre  les  tirailleurs  qui  se  préci- 
pitèrent alors  sur  cette  aile. 

Bientôt  après  le  prince  Louis  commanda  au  régiment  de  l'Électeur  de  con- 
tinuer d'avancer  ce  qu'il  fit  en  portant  à  gauche  sur  la  direction  de  Graha  y 
étant  forcé  par  le  feu  excessif  des  tirailleurs.  Pendant  cotte  marche  il  reçut 
ordre  de  chasser  de  Crosten  l'ennemi  qui  s'y  était  posté  en  avançant  à  la  dé- 
robée par  le  ravin*  Le  régiment  exécuta  cet  ordre  avec  autant  de  résolutiou 
que  de  courage,  marcha  vers  Crosten  en  colonne  renversée  derrière  le  fron: 
du  régiment  prince  Xavier  qui  se  ralliait,  entra  dans  le  village  à  la  baîoiuietie 


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10    OCTOBRE.  471 

ma  gauche*.  En  même  temps  le  reste  de  la  division  débou- 
cliait.  3  pièces  commandées  par  le  brave  capitaine  Sibille 
commençaient  à  inquiéter  Tennemi.  On  ordonna  la  charge. 
Le  général  Reille  conduisit  avec  un  admirable  sang-froid 
le  34%  qui  en  s'enfonçant  dans  le  bois  enleva  successivement 
à  l'ennemi  15  pièces  de  canon.  Le  40*  suivit  en  échelons, 
tandis  que  le  64*,  remplaçant  les  tirailleurs  du  17*  qui  avaient 
épuisé  leurs  cartouches,  renforçait  la  gauche  et  suivait  le 
mouvement  par  lequel  la  droite  de  Tennemi  ne  cessait  d'être 
débordée  et  rejetée  sur  la  Saale*.  Le  88"  descendu  en  masse 
dans  la  plaine  soutenait  la  cavalerie.  (Le  général  Vedel  avec 


et,  malgré  la  résistance  vigoureuse  des  tirailleurs,  il  les  repoussa  jusqu'à 
Beulwitz.  Vers  midi  il  se  posta  en  partie  dans  les  jardins  de  Crosten  du  côté 
de  Beulwitz  et  en  partie  à  droite  hors  de  Crôstcn  du  cdté  de  Aue.  Cependant 
le  régiment  Xavier  avait  détaché  des  volontaires  pour  couvrir  le  front  et  le 
flanc  du  régiment  dp  TÉlecteur. 

Le  succès  de  la  contre-attaque  du  régiment  de  l'Électeur  semble  être  dû  en 
partie  à  l'épuisement  des  munitions  des  tirailleurs  du  17*  léger, 

1.  Les  troupes  qui  se  trouvent  à  Tailo  d'une  ligne  de  bataille  doivent  avoir 
des  réserves  échelonnées  pour  assurer  leur  flanc  découvert. 

1.  Rapport  de  M.  de  Mumpfling.  —  A  une  heure  les  tirailleurs  français  re- 
I>arureDt  do  tous  côtés  vers  Crosten.  Le  brave  régiment  de  l'Électeur,  après 
s'y  être  maintenu  longtemps  avec  courage,  fut  enfin  tourné  à  son  flanc  droit 
et  tellement  repoussé  qu'il  fut  forcé  de  plier  et  de  prendre  à  gauche  prés  do 
Woklsdorf  pour  gagner  la  Saale  où  il  se  reforma  uussitôt.  Celui  de  Xavier 
aussi  vivement  attaqué  suivit  cet  exemple  et  se  jeta  dans  les  jardins  de 
Wohlsdorf. 

Alors  le  gënëral-major  de  Trutzschlen  retira  tes  housards  les  formant  d'abord 
en  une  ligne  en  avant  de  Wohlsdorf  au  delà  du  chemin  creux,  puis  en  deçà 
de  ce  chemin  en  deux  lignes  pour  couvrir  le  front. 

Pendant  ces  mouvements  les  troupes  postées  auprôs  d'Aue  furent  aussi  at- 
taquées ;  des  tirailleurs  débouchant  par  Aue  et  par  le  bois,  attaquèrent  le  i«r 
liataillon  de  Mûfling  et  lu  batterie  à  pied,  et  ce  fut  surtout  à  la  cavalerie 
12/'  de  chasseurs)  qu'eut  aflairo  le  régiment  prince  Clément.  La  résistance  fut 
constante  et  opiniâtre  de  la  part  des  carabiniers  qui  combattaient  en  avant  du 
régiment,  soutenus  par  une  demi-division  de  ce  régiment.  Cependant  le  régi> 
ment  même  se  hâtait  do  gagner  la  hauteur  pour  soutenir  la  batterie  à  pied  ;  le 
i^''  bataillon  marchant  en  colonne  fut  attaqué  à  différentes  reprises  par  lu  ca- 
valerie française  qui  en  prit  une  partie  et  dissipa  le  reste,  mais  le  second 
gagna  le  Sandberg.  Comme  le  i'^  bataillon  de  Mûflling  s'était  retiré  vers  la 
Schwarza  et  que  la  batterie  à  pied  fut  prise,  le  général  Bevilaqua  ordonna  au 
second  bataillon  de  prmce  Clément  de  suivre  celui  de  Miifling,  mais  avant  de 
Tatieindre  pour  gagner  la  Schwarza  il  fut  tourné  et  dispersé  en  partie  par  la 
cavalerie  française.  Le  reste  se  jeta  entre  la  Schwarza  et  Blankenburg  et  tâcha 
de  gagner  la  rive  haute  et  escarpée  de  cette  rivière.  Ce  fut  là  que  le  général 
saxon  Bevilaqua  fut  fait  prisonnier. 


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472  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

le  88*  descendu  en  masse  dans  la  plaine*  soutenait  la  cava- 
lerie de  manière  à  profiter  d'une  occasion  favorable  pour 
exécuter  une  charge.  Elle  ne  tarda  pas  à  se  présenter;  Fen- 
nemi  pressé  par  notre  infanterie,  foudroyé  par  notre  artil- 
lerie, était  très-inquiet.  Le  Maréchal  s'en  aperçut,  profita 
habilement  de  cette  circonstance.  La  charge  est  aussitôt 
ordonnée.  Les  9*  et  10*  de  hussards  se  jettent  sur  rennemi 
avec  impétuosité,  le  culbutent  et  en  font  un  grand  massacre*: 


i.  Rapport  de  M.  do  MurapAIng.  —  Dans  cos  onlrefailes,  sur  les  reprcsenla- 
lions  réiléréos  du  grjnérai  Trutzsclilen,  Ton  avait  retiré  de  la  hauteur  de  Saal- 
i'uld  les  escadrons  de  housards  et  les  s  canons  légers,  et  on  les  avait  postes 
à  longs  intervalles  entre  WoliUdorf  et  Saaifeld,  les  2  pièces  à  l'aile  gauche, 
et  il  n'était  resté  avec  les  fusiliers  prussiens  qu'un  escadron  de  housards 
saxons  pour  couvrir  la  hauteur  de  Saaifeld.  Les  troupes  françaises  débouclianl 
par  Riefmirh  et  Garnsdorf,  et  lour  artillerie  qui  avançait  toujours,  obligea 
enfiu  les  fusiliers  d'abandonner  le  poste  qu'ils  avaient  conservé  avec  tant  do 
constance,  et  ils  vinrent  lejoindre  leurs  camarades  à  Wohlsdorf  en  essuyant 
une  perte  considérable  ainsi  que  les  housards  qui  les  accompagnaient.  La  bat- 
terie lourde  prussienne  et  les  2  pièces  légères  qui  n'avaient  pas  discontinué 
leur  feu,  mais  avec  peu  de  succès,  se  retirèrent  également  sur  Wohlsdorf  avec 
les  i  compagnies  de  rÉIecleur,  au  moment  où  rennemi  qui  poursuivait  a  Ira- 
vers  Saaifeld  les  fusiliers  prussiens  menaçait  de  prendre  incessamment  ces 
batteries  à  dos. 

2.  Rapport  de  M.  de  Mumpfling.  —  Le  prince  I^uis  voyant  toute  son  infan- 
terie en  désordre  résolut  d  attaquer  Tennemi  à  la  tête  des  5  faibles  escadrons 
de  housards  postés  derrière  le  chemin  creux  qui,  vers  les  2  heures,  avaient 
forcé  à  la  retraite  la  cavalerie  ennemie  dans  un  moment  favorable  où  les 
2  compagnies  de  THlecteur  avaient  pu  les  soutenir  par  un  feu  bien  entretenu. 

Le  Prince  commandait  lui-même  la  cavalerie  à  cette  attaque  qui  se  At  avec 
beaucoup  de  résolution,  mais  sans  succès  ;  car  à  peine  eut-tl  repoussé  la  ce- 
valerie  française  qu'une  autre  ligne  formée  du  9«  et  du  10«  régiment  marcha 
contre  lui,  développa  la  colonne  qui  suivnil  l'aile  de  son  fiont  et  enveloppa 
les  deux  flancs  de  la  ligne  de  la  cavalerie  du  Prince. 

Colle  manœuvre  et  rinégnlilé  du  lorrain  causa  du  désordre  et  de  la  confu- 
sion. Le  Prince  se  battit  corps  à  corps  avec  un  m;irécbal  des  logis  du  io«  ré- 
giment et  en  reçut  une  blessure  à  travers  du  corps,  ce  qui  ne  l'erapêcha  \ias 
de  continuer  de  combattre  jusqu'à  ce  que  couvert  do  blessures  il  tomba  mort 
dans  les  bras  du  lieutenant  Nostilz,  son  adjudant.  Le  général  Trutzschlen  el 
le  colonel  Pfluck  qui  s'étaient  distingués  dans  le  combat,  furent  grièvoment 
blessés  dans  le  même  temps  et  le  dernier  fut  fait  prisonnier. 

La  retraite  la  plus  prompte  et  la  plus  générale  devenait  inévitable.  U« 
2  compagnies  do  l'Élecieur  furent  atteintes  p:ir  la  cavalerie,  hachées  en  pièces 
et  faites  prisonnières  ainsi  que  la  plus  grande  partie  des  batteries  lourde  et 
léiîôre.  La  cavalerie  se  retira  à  travers  la  Saale  par  troupes  détachées.  L'in* 
fuiiterie  dispersée  pour  la  plupart  en  fit  autant. 

f^a  rive  pierreuse  et  boisée  en  deçà  de  la  Saale  où  se  jeta  Tinfantorie,  em- 
1  i*^cba  l'ennemi  de  la  poursuivre  dans  sa  retraite  surRudolstadl  par  Preilipp  et 
Cumbach.  Elle  fut  suivie  de  la  cavalerie  jusqu'au-dessous  de  Preilipp,  à'ou, 
reprenant  la  hauteur,  celle  ci  passa  à  Ober-Preilipp  et  Cumboch  et  gagna  le 


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10  OCTOBRE.  473 

C'est  sous  les  coups  de  cette  ardente  et  valeureuse  cavalerie 
que  le  prince  Louis  Ferdinand  de  Prusse  trouva  la  mort.  Le 
Prince  fut  tué  par  le  maréchal  des  logis  Guindet  du  10'  de'hus- 

ponl  rto  la  Saale  à  Rudolsladt  quelques  minutes  avant  Ui  cavalerie  ennemie 
•jui  suivait  la  chaussée  par  Schwarza  d*où  le  bataillon  de  Mïitling  s^était  retiré 
précipitamment  à  Rudolsladt. 

Ce  fui  sous  celte  ville  que  se  rassemblèrent  les  diCTérents  corps;  ils  ga- 
gnèrent encore  do  jour  Orlamunda  et  arrivèrent  a  Kahia  pendant  la  nuit. 

Le  prince  de  Hohenloho  s*y  trouvait  avec  son  quartier  général  ;  il  ût  mar- 
cher sur  léna  tout  ce  qui  venait  de  Saalfeld.  Tout  y  fut  rendu  le  il  ainsi  que 
les  Saxons  qui  étaieut  poslés  à  Miltel-Pôlnilz  et  le  corps  de  Tnuenzien  qui 
'^-ait  combattu  à  Srhleiz.  La  nuit  du  il  au  la  tout  bivouaqua  dans  le  Mîibl- 
tlial,  et  celle  du  I2  nu  13  on  eut  un  cantonnement  de  repos  dans  les  villages 
derrière  le  camp  de  Cappellendorf. 

bi  i«r  bataillon  de  Mûlling  qui  avait  passé  la  Schwar2a  entre  Blankenburg 
et  Schwarza,  et  le  second  bataillon  de  Clément  dont  une  partie  avait  été  fait 
prisonuier  à  la  gauche  de  la  Schwarza  lorsqu'il  voulait  gagner  Rudolsladt 
pour  éviter  la  montée  difllcile  de  cette  hauteur  escarpée,  ces  troupes,  dis-jo, 
$ti  retirèrent  à  Remda  et  le  lendemain  à  Ërford  d*où  le  second  bataillon  de 
Clément  ne  gagna  le  corps  saxon  que  le  14,  jour  de  lu  bataille  d'Iéua. 

Le  général-major  Pellet  qui  était  à  Blankenburg  eut  ordre  du  prince  Louis 
«le  s'avancer  le  lO  sur  Saalfeld,  et  était  en  marche  vers  8  heures.  Mais  il  eut 
conire-onJre  et  se  reporta  à  Blankenburg  pour  maintenir  le  passage  de  ta 
Sfhwarza  et  chercher  à  faire  quelque  diversion  sur  le  flanc  gauche  du  maré- 
i^lial  Lannes.  Il  y  rci^ta  avec  ses  fusiliers  et  la  demi- batterie  légère  jusqu'à  ce 
'lue  le  lieulenant-colonel  de  Endo,  posté  en  avant  du  front  avec  8  escarlrons 
(le  housards  saxons  et  l  compagnie  do  chasseurs  prussiens,  se  vit  forcé  de 
•  appeler  à  son  soutien.  Les  fusiliers  et  chasseurs  prussiens  prirent  alors  une 
posilion  dans  des  buissons  sur  le  chemin  de  Unler-Wiebach  et  les  bousards 
taxons  se  portèrent  à  côté  d'eux  de  manière  à  cacher  leur  force  à  rcnnemi. 

iL'iis  la  cavalerie  française  qui  avait  poursuivi  le  i»""  bataillon  de  Mijfling 
et  lo  second  du  prince  Clément,  ayant  reçu  du  renfort  et  de  l'artillerie  lé- 
::êre,  tourna  sur  lo  corps  ô^i  Pellet,  tandis  que  l'infanterie  française  descendait 
U  vallée  du  Wiebach  et  débouchait,  en  tiraillant,  du  village  de  Unter-Wiebach 
vi  du  bois. 

Aprvs  une  vigoureuse  résistance  où  le  feu  de  l'artilleriç  et  des  tirailleurs 
flt  beaucoup  de  blessés,  le  général  Pellet,  instiuit  du  malheur  de  Saalfeld,  fit 
rujjasser  le  pont  aux  fusiliers,  aux  chasseurs  el  à  la  baltcrie,  et  se  relira  par 
>a  ville,  soutenu  par  les  housards  saxons.  De  Blankenburg  il  vint  à  Ilm  et  de 
là  à  Biaokenhaym  le  il  octobre,  el  rejoignit  l'armée  à  Cupollendorf  le  12  oc- 
tobre où  il  eut  onlro  de  former  la  communication  entre  les  avant-postes  de 
Tuile  gauche  sur  la  Saale  et  de  l'aile  droite. 

Le  général  Schimmelpfenning  était  le  10  à  Posneck,  mais  ayant  appris  vers 
le  soir  que  les  Français  à  la  poursuite  du  corps  de  Tauenzien  s'avançaient  de 
Schleiz  sur  Triptis  et  Neustndt  et  pouvaient  lo  prendre  à  dos,  il  se  replia  la 
Jiuit  sur  Kalila,  y  rejoignit  le  liataillon  de  fusilioi-s  de  Buguslawski  'qui  venait 
<ie  Neustadt,  couvrit  Kahia  jusqu'au  12  et  le  quitta  pour  gagner  léna  au  mo- 
ment où  les  Français  eurent  pénétré  jusqu'à  celle  première  ville. 

Telle  fut  la  fin  du  combat  de  Saalfeld  il  important  par  ses  suites.  LesFran- 
C^iis  furent  maîtres  do  la  ville  et  de  l'embranchement  des  deux  grandes  roules 
»  foiuche  de  la  Saale  sur  Hudolstadt  et  léna  et  à  droite  sur  Posneck  et  léna, 
''t  le  corps  du  prince  Louis  fut  presque  détruit,  nu  moins  rendu  inutile  pour 
les  journées  su  Ivan  les. 


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474  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

«ards.  Jouirai  des  opérations),  La  déroute  que  vinrent  achever 
si  brillamment  nos  hussards  redoubla  Tardeur  des  troupes.  Le 
bataillon  d'élite  et  plusieurs  compagnies  du  17*,  conduits  parle 
général  Victor,  passèrent  laSaale.  Ils  poursuivirent rennenii 
jusqu'au  delà  de  Rudolstadt.  Le  général  Claparède  de  son 
côté  le  poursuivait  dans  la  Schwarza.  Des  fuyards  réunib 
dans  le  cimetière  d'un  village  crurent  nous  arrêter  et  furent 
bientôt  débusqués  par  la  compagnie  de  voltigeurs  du  brave 
capitaine  Milet  du  40®.  L'ennemi  fut  repoussé  dans  cette 
partie  jusqu'au  delà  de  Blankenburg.  4  compagnies  du  17' 
passèrent  la  rivière  ayant  de  l'eau  jusqu'à  la  ceinture  et 
précipitèrent  la  fuite  de  l'ennemi.  C'est  à  cette  heure  que 
la  division  a  perdu  3  capitaines  distingués  des  17*  et  34*. 

Un  bon  nombre  de  prisonniers  (1 ,500  ou  1 ,800)  et  17  pièces 
de  canon  ont  été  enlevées  par  le  34*  et  le  17*  dans  le  bois  de 
la  gauche  où  l'ennemi  les  avait  entassées.  Deux  autres  l'ont 
été  par  le  64*  et  les  compagnies  détachées  du  34*.  Une  autre 
pièce  a  été  prise  par  le  bataillon  d'élite  à  Rudolstadt,  où  elle 
doit  être  restée  ;  la  route  était  pleine  de  bagages  et  de  cais- 
sons abandonnés  (1,500  ou  1,800  prisonniers,  4  drapeaux, 
et  33  pièces  de  canon  avec  leurs  caissons  attelés). 

Ma  perte  s'élève  à  172  hommes  hora  de  combat  et  10  che- 
vaux tués. 

Vous  avez  remarqué  la  batterie  du  lieutenant  Simonnet 
qui  s'est  avancée  jusqu'au  milieu  de  la  plaine  dès  le  début 
de  l'action.  Elle  a  tiré  264  coups  de  canon  dans  la  journée. 
Le  lieutenant  a  eu  deux  chevaux  tués  sous  lui. 

5*  corps.  Bivouac  sur  le  champ  de  bataille  de  Saalfeld. 

LE  MARÉCHAL  AUGEREAU  AU  GÉNÉRAL  PANNETIER'. 

Coburg,  10  oclobre  1806. 
Ordre  à  M.  le  général  Desjardins  de  se  mettre  en  marche 


1.  LB  MARKCHA,L  AUORRBA,U  AU  GKSriRAL  PAHXRTIKR. 

Cobiirg,  10  octobre  180C. 
Pour  la  régularité,   M.   le  Général,  je  vous  onvoie  par  écrit  les  ordres  qu:; 
je  vous  ai  donnés  verbalement  cet  après-midi. 


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10    OCTOBRE.  475 

aujourd'hui  avec  toute  sa  division  pour  se  rendre  à  Neu- 
stadt;  le  parc  d'artillerie  suivra. 

La  division  Heudelet  se  portera  en  avant  de  Coburg,  la  1" 
brigade  à  quelques  lieues  et  la  2*  plus  rapprochée  de  la  ville. 
Domain  11 ,  elle  se  mettra  en  marche  à  ô  heures  du  matin, 
se  dirigeant  vers  Neustadt. 

Demain  à  5  heures  du  matin,  le  quartier  général  partira 
de  Coburg  pour  aller  s'établir  provisoirement  à  Neustadt  : 
vous  donnerez  en  conséquence  des  ordres  à  l'administration 
de  l'armée  pour  être  transmis  ensuite  aux  divers  services. 


LE   MARÉCHAL   AU6EREAU   AU   MARECHAL   LANNES 
A   SAALPELD. 

Coburg,  10  octobre  1806. 

Mon  cher  Maréchal,  il  est  4  heures  du  soir  et  je  reçois 
votre  lettre  datée  de  Saalfeld,  par  laquelle  vous  me  prévenez 
que  vous  êtes  devant  cette  ville  occupée  par  l'ennemi,  que 
vous  allez  faire  attaquer  dans  le  moment. 

Je  suis  désespéré,  mon  cher  Maréchal,  de  ne  pouvoir  voler 
à  votre  secours  aussi  promptement  que  je  le  désirerais  ;  mais 
les  derniers  ordres  que  j'ai  reçus  du  prince  Alexandre  m'or- 
donnent de  me  rendre  à  Coburg  sans  me  donner  aucune  ins- 
truction. 

Cependant  j'ordonne  au  7*  corps  d'armée  de  se  mettre  en 
marche  pour  vous  rejoindre  à  Saalfeld.  La  1"  division  va  se 
mettre  en  mouvement,  la  2*  la  suivra  de  près. 

Je  regrette  beaucoup  qu'avant  votre  départ  vous  ne  m'ayez 
pas  fait  part  des  mouvements  que  vous  faites  faire  à  votre 
corps  d'armée.  J'aurais  pu  faire  coïncider  mes  opérations 
avec  les  vôtres. 

Dès  mon  arrivée  ici,  j'ai 'envoyé  2  officiers  pour  vous  trou- 
ver; ils  ne  sont  pas  encore  de  retour. 

Dorénavant  il  faudra  nous  entendre  pour  agir  de  concert  ; 
donnons-nous  mutuellement  de  nos  nouvelles  le  plus  sou- 


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476  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

vent  et  le  plus  promptement  possible  ;  le  besoin  du  service 
Texige. 

Je  vous  prie,  mon  cher  Maréchal,  lorsque  vous  aurez  des 
nouvelles  essentielles  à  me  communiquer,  de  me  les  envoyer 
par  un  officier. 


LE    QÉKiRAL    XILHATH)    AU    GÉNéRAL    BBLLIARD. 

Puscn,  en  avant  de  Ziegonrûck,  lo  octobre  1806. 

Mes  vedettes  en  avant  de  Posen  ont  été  inquiétées  depuis  minuit 
jusqu'à  la  pointe  du  jour  ;  Tennemi  nous  a  fait  reconnaître  trois  oa 
((uaire  fois  par  des  patrouilles  ;  mes  reconnaissances  d'Âuma.  de 
Neustadt  et  de  Pôeneck  ont  vu  beaucoup  de  mouvement  sur  la  ligne 
depuis  Pôsneck  jusqu'à  Neustadt  ;  des  colonnes  d'infanterie  et  de 
cavalerie  et  de  bagages  prenaient  la  direction  vers  Neustadt.  Au 
château  d'Oppurg,  entre  Posneck  et  Neustadt,  est  un  grand  corps 
d'infanterie,  de  cavalerie  et  d'artillerie,  s'il  en  faut  juger  par  la 
grande  ligne  de  feux  que  nous  avons  vue  la  nuit.  Le  canon  tire  sur 
Saalfeld  ;  j'attends  en  position  les  ordres  du  prince. 


LE    QÉNÉRAL    MILIIACD    AIT    QRAXD-DUC    DE    BBRO. 

Pôsneck,  lo  octobro  I80f,  lo  liciires  du  soir. 

Les  Français  ont  pris  Saalfeld. 

Les  Prussiens  ont  quitté  Pôsneck  à  7  heures  du  soir  et  ont  pri»  la 
route  de  Neustadt. 

300  hommes  de  Schimmelpfenning  étaient  aux  environs. 

Saalfeld  était  occupé  hier  9  par  600  hommes.  Les  Français  ont 
attaqué  ce  matin  et  ont  été  repoussés  par  ces  600  hommes  et  par 
deux  régiments  prussiens  et  saxons  formant  en  tout  6,000  hommes. 
Us  sont  entrés  dans  la  place  à  3  heures.  L'ennemi  s'est  retiré  à  Ra- 
dolstadt. 

Monseigneur,  voici  les  renseignements  recueillis  à  Pôsneck. 

Je  vais  pousser  quatre  reconnaissances  de  25  hommes  chacune 
commandées  par  un  officier  :  deux  après  avoir  passé  la  ville,  une  sur 
Saalfeld  et  l'autre  sur  Neustadt,  et  l'autre  droit  sur  la  route  directe 
<le  Hudolstadt,  et  une  sur  Oppurg,  où  l'on  voit  encore  des  feux. 


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10    OCTOBRE.  477 


LE    GRAND-DUC   DE   BËRG   A   L  EMPEREUR. 

Allmsdorf,  10  octobre  1806,  midi  et  demi. 

Sire,  j'entends  le  canon  tirer,  j'allais  marcher  sur  Pôsneck 
pour  être  à  même  d'exécuter  les  ordres  de  V.  M.  en  recon- 
naissant Saalfeld  ;  mais  je-  reçois  l'ordre  de  me  porter  sur 
Auma,  pour  intercepter  la  route  de  Saalfeld  sur  Géra,  et  tout 
se  met  en  mouvement  ;  déjà  nos  avant-postes  étaient  ce  ma- 
tin en  avant  d'Auma  que  l'ennemi  avait  évacué  vers  minuit. 
L'ennemi  s'est  retiré  sur,Triptis.  Nos  flanqueurs  de  gauche 
rencontrent  à  tout  moment  les  hussards  prussiens,  ce  qui 
annonce  que  nous  sommes  sur  les  flancs  de  l'ennemi.  On  con- 
tinue à  dire  que  l'ennemi  est  toujours  vers  Naumburg  ;  la 
Reine  est  à  l'armée  portant  l'uniforme  de  son  régiment.  Nous 
avons  retrouvé  ce  matin  dans  le  bois  2  pièces  de  canon. 
J'aurai  l'honneur,  arrivé  à  Auma,  de  rendre  compte  à  V.  M. 
de  ce  que  j'apprendrai  de  Neustadt  et  Triptis.  La  division 
Beaumont  marche  avec  moi. 

LE   MARÉCHAL   BERKADOTTE   A   l'eMPEREUR. 

ŒUerâdorf,  10  octobre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  M.  que  les  2  pièces 
d'artillerie  dont  je  lui  ai  parlé  hier  ont  été  ramassées  par  le 
bataillon  du  27*,  que  j'avais  envoyé  ;  il  a  aussi  fait  une 
soixantaine  de  prisonniers.  Le  reste  de  cette  colonne  s'est 
enfoncé  dans  le  bois  et  s'est  évadé  à  la  faveur  de  la  nuit. 

L'ennemi  a  évacué  Auma  hier  soir  à  11  heures  ;  il  marche 
sur  Triptis  et  Saint-Ulrich. 

Je  réunis  toutes  mes  troupes  et  je  me  mets  en  route  sur 
Auma. 

Je  viens  de  quitter  le  Grand-duc  à  Diega  \  il  marche  sur 
Auma. 

Le  chef  d'escadron  Boudinhon  du  4*  de  hussards  qui  a  été 
blessé  hier  et  qui  a  eu  un  cheval  tué  sous  lui,  s'est  parfaite- 


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478  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ment  conduit  ;  malgré  ses  blessures,  il  vient  de  rentrera  son 
régiment  et  de  reprendre  son  service. 

Le  colonel  des  chevau-légers  du  prince  Jean  de  Saxe  qui 
a  été  pris  dans  la  journée  d*hier,  est  mort  cette  nuit  de  ses 
blessures. 


ORDRE. 

(Ettersdorf,  lO  octobre  1806. 

Diaprés  les  ordres  de  TEmpereur  il  est  ordonné  au  1" 
corps  de  la  Grande  Armée  de  se  mettre  sur-le-champ  en  mar- 
che pour  se  porter  à  Auma.  MM.  les  généraux  de  division 
donneront  leurs  ordres  à  l'instant  même. 

Il  faut  laisser  les  bagages  et  toutes  les  choses  inutiles  afin 
de  pouvoir  marcher  en  grande  hâte. 

Le  1"  corps  d'armée  est  prévenu  que  l'Empereur  sera  à 
midi  au  milieu  de  son  armée. 

Le  général  de  division, 
L.  Berthieb. 


LE    CHEF    d'bBCADRON    AMEIL,    DV    Ô*    DB    CHA88BUBS,    AU    CiKÉBAL 
WATIEB    A    TRIPTI8. 

10  octobre  1806. 

Je  me  suis  porté,  mon  Général,  sur  Schonborn  dans  rintention  de 
couper  les  communications  de  Neustadt  à  Géra,  d'avoir  des  nou- 
velles et  de  m*emparer  de  ce  que  je  pourrais  rencontrer.  J'y  suis  ar- 
rivé trop  tard  :  600  chevaux  venant  de  Neustadt  venaient  de  passer 
et  rafraîchissaient  en  arrière  de  Wittgenstein.  Malgré  la  nuit  je  le* 
ai  fait  tâter  et  reconnaître.  J'ai  fait  tirer  quelques  coups  de  carabine 
pour  inquiéter  ce  corps  et  me  suis  retiré.  D'un  autre  côté,  j'ai  fait 
pousser  sur  P^lnitz  ;  T ennemi  en  sortait.  Ses  postes  ont  été  reconnue 
sur  Sorga  et  Gross-Ebersdorf.  Je  leur  ai  fait  lâcher  plusieurs  coups 
de  carabine  ;  il  n'y  a  pas  de  doute  que  tout  cela  ae  soit  retiré  aus- 
sitôt. 

Plusieurs  voitures  de  blessés  venant  de  Neustadt  venaient  de  pas- 
ser allant  à  Géra. 

J'ai  questionné  des  voyageurs  allant  à  Leipzig.  La  méfiance  existe 
déjà  chez  l'ennemi  ;  l'armée  craint  d'ctre  enveloppée. 


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10   OCTOBRE.  479 

Les  rapports  sont  très  incertains.  Ou  assure  que  10,000  hommes 
sont  rassemblés  à  Hauptest.  D'autres  que  ce  corps  n'est  que  l'avant^ 
pirde  de  30,000  hommes  postés  à  Géra.  On  ne  peut  absolument 
point  compter  sur  ces  rapports. 

J'occupe  un  poste  près  Schonbom.  Demain  à  la  pointe  du  jour 
j'irai  reconnaître  l'ennemi  et  aurai  l'honneur  de  vous  rendre  compte. 

Excusez,  je  vous  prie,  ma  petite  rédaction.  Elle  est  faite  au  bi- 
v.juac  à  la  lueur  du  feu. 

Quoique  le  rapport  du  général  Watier  au  prince  de  Ponte-Corvo 
>oit  postérieur  à  celui  de  ce  général  au  grand-duc  de  Berg,  il  est  né- 
lessaire  de  le  donner  le  premier,  car  il  explique  les  opérations  de  la 
brigade  légère  du  centre  dans  la  soirée  du  10  octobre. 


LE    oéNÂBAL    WATIEB    AU    PRINCE    DE    FONTE-CORVO. 

11  octobre  180G. 

Hier  soir,  je  reçus  l'ordre  de  S.  A.  I.  le  prince  de  Berg  de  me 
porter  avec  4  escadrons  eu  avant  de  Triptis  et  de  pousser  des  recon- 
Qaissances  sur  Neustadt  et  Géra.  Je  fis  reconnaître  ces  deux  routes 
aar  chacune  desquelles  je  jetai  un  parti  de  15  et  25  chevaux.  J'en- 
voyai, en  même  temps,  le  chef  d'escadron  Âmeil  du  6*  de  chasseurs 
à  cheval  pour  pousser  une  pointe  en  avant  de  Triptis,  et  couper  la 
route  de  Neustadt  à  Géra  ;  il  était  à  la  tête  d'un  escadron. 

A  8  heures,  je  reçus  l'ordre  de  m'établir  dans  les  trois  premiers 
villages  qui  se  trouvent  sur  la  route  de  Neustadt,  et  à  10  heures  du 
soir  d'aller  occuper  Neustadt  avec  un  régiment  et  de  placer  le  second 
régiment  de  ma  brigade  à  Dreitzsch  où  je  devais  moi-môme  rester. 

Le  colonel  du  5^  régiment  de  chasseurs,  chargé  d'aller  reconnaître 
Neustadt  et  d'y  établir  militairement  son  régiment,  le  plaça  en  deçà 
de  la  ville  et  alla  avec  un  piquet  se  porter  au  delà  pour  poser  ses 
postes  sur  les  routes  d'Orlamunda  et  de  Pôsneck,  mais  à  500  toises 
des  faubourgs,  il  fut  accueilli  d'une  décharge  de  carabine.  (Puis 
vient  l'incident  relaté  dans  la  lettre  suivante.) 

...  A  la  pointe  du  jour  je  fis  de  nouveau  pousser  une  reconnais- 
sance au  delà  de  Neustadt.  Pendant  la  nuit  il  paraît  que  des  équi- 
pages ont  filé  vers  Géra  ;  je  n'ai  pu  savoir  s'il  y  était  passé  d'autres 
troupes  que  les  escortes  ;  mais  ils  seront  éclairés  par  Ameil  qui  coupe 
la  communication  de  Neustadt  à  Géra. 

J'allais  me  porter  avec  ma  brigade '  au  delà  de  Neustadt,  quand 
j'ai  reçu  l'ordre  de  rejoindre  S.  A.  I.  le  grand-duc  de  Berg  à  Triptis. 

Quelques-uns  de  nos  éclaireurs  voulurent  dans  la  reconnaissance 
du  matin  charger  sur  quelques  mauvaises  voitures  qu'on  leur  dit 


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480  CAMPAGNE    DK    PRUSSE. 

renfermer  du  pain  ;  mais  ils  trouvèrent  quelques  pelotons  de  chasseur 
à  pied  dispersés  dans  les  bois  qui  ne  leur  permirent  pas  d'aller  plu> 
loin.  Il  ne  leur  parut  pas  qu'il  y  eût  beaucoup  de  troupes  dans  ce> 
environs  et  tout  semble  indiquer  une  retraite  très-précipitée. 

On  n'a  pas  entendu  ce  matin  de  canonnade  sur  aucun  point,  au 
moins  dans  la  partie  dans  laquelle  j'étais  placé,  et  la  jonction  avec  le 
général  Dupont  n'était  pas  encore  opérée  par  Neustadt. 


LE    OÉNÉRAL    WATIER    AU    ORAND-DUC    DB    BERG. 

Dreitzsch,  il  oclubre  1806,  S  heures  du  malin. 

Aussitôt  la  réception  des  ordres  de  V.  A.,  je  me  suis  de  suite  mis 
en  marche  pour  occuper  Neustadt  et  Dreitzsch,  Le  colonel  du  5*  rt'- 
gimeut  de  chasseurs  s'est  porté  sur  Neustadt,  où  il  est  entré  sans 
rencontrer  trace  aucune  de  l'ennemi  ;  mais  quand  il  a  voulu  aller 
placer  ses  postes  sur  les  deux  routes  indiquées  par  V.  A.,  il  y  a  été 
reçu  par  une  décharge  de  carabine  à  10  pas;  il  a  fait  de  suite  appeler 
les  bourgmestres  qui  lui  avaient  assuré  qu'il  n'y  avait  pas  dans  la 
place  ou  les  environs  de  Prussiens  ou  de  Saxons  et  il  fut  obligé  d»» 
les  tniiter  durement  pour  leur  faire  avouer  qu'il  y  avait  hors  de  la 
ville  un  régiment  de  dragons  saxons  habillés  en  bleu,  et  de  l'infan- 
terie. 

Pour  ne  pas  compromettre  le  5*  régiment  déjà  affaibli  par  plusieurs 
détachements  très  forts,  j'ai  fait  dire  au  colonel  de  changer  son  sé- 
jour à  Neustadt  en  une  reconnaissance  après  laquelle  il  se  retirerait 
sur  Dreitzsch,  et  demain  matin,  si  vous  me  l'ordonnez,  mon  Prince, 
j'irai  avec  les  2  régiments  ou  m'y  établir  ou  reconnaître. 

Mes  2  régiments  ont  beaucoup  de  détachements  au  dehors  et  sont 
assez  faibles.  Les  chevaux  sont  éreintés  et  cette  nuit  ne  les  remettra 
pas  ;  cependant  ils  désirent  bien  servir,  mais  ce  serait  dommage  de 
voir  de  si  bons  régiments  se  réduire  à  rien,  comme  dans  la  campagne 
dernière  ;  c'est  là  leur  unique  crainte  *. 

Quaut  au  bivouac  que  j'occupe,  il  ne  s'y  est  rien  remarqué  de 
nouveau. 


1.  Si,  outre  1*  marche,  on  tient  compte  des  reconnaissances  envoyées  en 
avant  et  sur  les  flancs,  à  10  et  15  kilomètres,  comme  celles  de  la  brigade 
Milliaud  ;  si  on  observe  que  toutes  les  troupes  étaient  à  che\'al  une  heun 
avant  le  jour,  toutes  ayant  fait  des  marches  pénibles  les  7,8  et  »  et  quelques- 
unes  ayant  combattu  toute  la  journée  du  9;  si  eufln  on  se  rend  comptf 
qu'elles  n'enlraieul  dans  leurs  cantonnements  ou  ne  prenaient  leurs  bivouac* 
qu'à  8  et  10  heures  du  soir  pour  recommencer  le  lendemain,  on  ne  trouvera 
pas  étonnant  que  les  chevaux  fussent  épuises  et  eussent  besoin  d'un  peu  Je 
repos,  sous  peine  do  voir  les  régiments  se  réduire  bienlol  à  rien. 


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10    OCTOBRE.  481 

8'ii  m'arrive  quelque  rapport  digne  de  fixer  Tattention  de  V.  A. 
je  m'empresserai  de  Ten  instruire. 

P.-S,  —  Il  n'est  encore  paru  aucune  patrouille  de  cavalerie  ou 
d'infanterie  du  général  Dupont. 

Brigade  Lasalle,  Mittel-Pôlnitz. 

Quartier  général  de  la  réserve  de  cavalerie,  Triptis. 

3'  division  de  dragons,  Tômmelsdorf. 

1"  corps.  2*  et  3*  divisions,  en  avant  de  Gtitterlitz.  —  Quartier 
général,  Auina.  •* 

4^  division  de  dragons,  bivouac  en  avant  de  Schleiz. 

3*  corps.  1'^  et  2®  divisions,  bivouac  sur  les  hauteurs  en  avant  de 
Schleiz.  —  Cavalerie  légère,  en  avant  des  1"  et  2*  divisions.  — 
3*  dirision,  bivouac  en  arrière  de  Schleiz. 

L'Empereur  inspecte  les  deux  premières  divisions  et  envoie  2  com- 
pagnies de  voltigeurs  du  108*  sur  Saalfeld  pour  éclairer  le  pays. 

Quartier  général  de  l'Empereur,  Schleiz« 

Oarde  impériale,  Schleiz. 

r*  division  de  grosse  cavalerie,  Nordhalben. 

6*  corps.  Cavalerie  légère,  Frankendorf.  —  Quartier  général  et 
2'  division.  Tanna.  —  3*  division,  Gefell. 


4*  Corps.  Ordbe. 

Plauen,  lo  octobre  1806. 

Le  colonel  du  16®  régiment  de  chasseurs  enverra  un  parti  de 
30  chevaux,  commandé  par  un  officier,  à  Auerbach  et  Langefeld 
pour  prendre  des  renseignements  sur  les  mouvements  de  Tennemi  ; 
il  doit  rejoindre  à  Pëhl  le  8®  de  hussards. 

Cet  officier  est  aussi  chargé  de  requérir  à  Auerbach  et  Langefeld 
la  quantité  de  10,000  rations  de  pain  dans  chaque  endroit,  qui  de- 
vra arriver  à  Plauen  dans  la  nuit  prochaine. 

Toute  autre  réquisition  est  sévèrement  défendue. 

M'*  SOULT. 


OAMP.   nn  PBU88K.  31 


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482  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE   MARÉCHAL   SOULT   AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Plauen,  lO  octobre  1806. 

J*ai  rhonneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  de  la  position  que 
le  corps  d'armée  occupe  à  Plauen. 

2  divisions  sont  campées  en  avant  de  la  ville,  Tune  sur  la 
rive  droite  de  TElster  couvrant  la  route  de  Zwickau,  l'autre 
est  sur  la'rive  gauche  de  la  rivière,  couvrant  tous  les  débou- 
chés de  Greiz  et  Elsterberg. 

La  division  du  général  Saînt-Hilaire  est  bivouaquée  sur  la 
hauteur  en  arrière  de  Plauen  \ 

J'ai  porté  le  8*  régiment  de  hussards  jusqu'à  Reichenhach 
pour  éclairer  ce  qui  se  passe  sur  la  route  de  Zwickau. 

Le  restant  de  la  cavalerie  est  à  portée  de  Plauen  d'où  elle 
éclaire  la  rive  gauche  de  l'Elster,  et  fournit  un  escadron  à 
Pausa  pour  lier  la  communication  avec  Schleiz. 

Il  n'y  avait  pas  d'ennemis  à  Reichenhach  ;  on  m'a  dit  aussi 
qu'il  n'y  avait  personne  à  Zwickau  ;  mais  dans  cette  dernière 
ville  il  y  a  de  forts  magasins,  surtout  en  farine. 

Les  avant-postes  du  corps  d'armée  qui  couvre  Dresde 
ne  viennent  que  jusqu'à  Chemnitz;  je  n'ai  pu  encore  me 
procurer  des  renseignements  exacts  sur  la  force  de  cette 
armée. 

Hier  j'ai  omis  de  rendre  compte  à  V.  A.  que  nous  avions 
trouvé  à  Hof  un  magasin  de  45,000  boisseaux  d'avoine; à 
Plauen,  5,000;  on  me  dit  qu'à  Reichenhach  il  y  en  a  autant, 
mais  nous  n'en  profitons  que  pour  ce  que  les  troupes  consom- 
ment à  leur  passage. 

Je  reçois  à  l'instant  l'ordre  de  mouvement  en  date  de  ce 
jour  que  V.  A.  m'a  fait  l'honneur  de  m'adresser;  demain 


1.  LB    O^HisAL   COlCPAirS    AU    OÉKÉBÀL    8AI3IT-HIL41BB. 

Plauen,  lO  octobre  180<. 

Jo  vous  prie,  mon  Général,  de  donner  vos  ordres  pour  que  S  compagnie^ 
dû  grenadiers  de  votre  division  viennent  faire  le  service  du  quartier  gèiiéni. 
concurroniment  avec  S  autres  compagnies  de  grenadiers  de  la  8*  division. 

L'ofllcior  commandant  ces  2  compagnies  devra  so  présenter  à  mon  bureau. 


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10    OCTOBRE.  483 

matin  de  bonne  heure  les  troupes  du  corps  d'armée  seront 
en  marche  pour  le  mettre  à  exécution  ;  mais  leur  mouve- 
ment ne  pourra  être  très  accéléré,  car  le  chemin  qu'elles  ont 
à  parcourir  est  extrêmement  mauvais.  Demain  j'aurai  Thon- 
neur  de  rendre  compte  à  V.  A.  de  la  marche  que  le  corps 
d'armée  aura  faite  dans  la  journée. 

4*  corps.  Cavalerie  légère,  en  avant  de  Plauen.  —  V^  et  3*  divi- 
âions,  Plauen.  —  2«  division,  Reusa. 

LE   MARÉCHAL   SOULT  A   l'eMPEREUR. 

Plauen,  lo  octobre  18C6,  8  heures  du  soir. 

Je  reçois  au  même  instant  la  dépêche  en  date  de  ce  jour 
8  heures  du  matin  dont  V.  M.  a  daigné  m'honorer,  et  Tor- 
dre de  S.  A.  le  prince  ministre  qui  me  prescrit  de  diriger 
le  corps  d'armée  sur  Géra;  demain  à  la  pointe  du  jour  je 
serai  en  marche  pour  cette  destination. 

J'attendais  avec  la  plus  vive  impatience  qu'il  me  fût  per- 
mis de  faire  ce  mouvement  que,  d'après  ceux  de  l'ennemi, 
je  regarde  comme  très  nécessaire  ;  j'aurai  bien  des  mauvais 
chemins  à  parcourir,  mais  tous  les  obstacles  seront  surmon- 
tés, et  après-demain  au  soir  je  serai  dans  ou  devant  Géra. 

Je  ne  crois  pas  que  d'ici  à  Chemnitz,  et  peut-être  même 
jusqu'à  Freyberg,  il  y  ait  aucunes  troupes  ;  ainsi  le  corps 
d'année  qui  couvre  Dresde  ne  peut  être  considérable  ;  cepen- 
dant il  paraîtrait  que  Tennemi  se  propose  de  réunir  des  trou- 
pes dans  cette  partie,  car  on  ne  cesse  d'approvisionner  les 
magasins  de  Zwickau  où  déjà  il  y  a  beaucoup  de  farines  et 
considérablement  d'avoine  ;  quoi  qu'il  en  soit,  je  serai  à 
Géra,  et  V.  M.  aura  certainement  porté  un  grand  coup  à  ses 
ennemis,  avant  qu'ils  aient  pu  entreprendre  quelque  opéra- 
tion sérieuse  sur  son  aile  droite,  et  s'il  le  fallait  ensuite,  aux 
ordres  de  V.  M.,  le  corps  d'armée  aurait  vite  changé  de  di- 
rection pour  aller  à  la  rencontre  de  nouvelles  colonnes  qui 
se  seraient  formées. 

Un  parti  que  j'avais  porté  le  long  de   TEIster  a  donné 


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484  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

chasse  aujourd'hui  à  un  piquet  de  20  hussards  prussiens  qui 
étaient  à  SchOnbach,  ce  qui  ferait  croire  que  demain  je  pour- 
rai bien  rencontrer  quelques  postes. 

Le  8*  de  hussards  a  poussé  aujourd'hui  jusqu'à  Reichen- 
bach  et  n'a  rien  rencontré  ;  j'attends  cependant  encore  de 
cette  partie  un  autre  rapport  qui  donnera  peut-être  des  ren- 
seignements sur  ce  qui  se  passe  vers  Chemnitz  et  vers  Géra. 
Un  escadron  du  11*  de  chasseurs  qui  était  hier  à  Tanna 
pour  lier  la  communication  avec  Schleiz,  s'est  porté  aujour- 
d'hui àPausa  pour  le  même  objet. 

Je  compte  qu'en  partant  de  Plauen,  j'aurai  du  pain  pour 
2  jours,  et  qu'en  route  je  trouverai  de  quoi  vivre  ;  nous  som- 
mes d'ailleurs  dans  la  saison  la  plus  favorable  pour  faire 
campagne  dans  ce  pays  ;  il  y  a  beaucoup  de  bons  légumes 
dans  les  champs  et  la  viande  est  abondante. 

Je  profiterai  avec  prudence  de  la  permission  que  V.  il.  a 
bien  voulu  me  donner  et,  si  je  vois  jour  à  faire  quelque  bon 
coup  sur  les  ennemis,  j'en  saisirai  avec  empressement  l'oc- 
casion sans  cependant  m' écarter  des  dispositions  qui  me  sont 
prescrites,  ni  sans  sortir  de  la  ligne  d'opérations  de  V.  AI. 
Je  maintiendrai  aussi  toujours  la  communication  avec  sa  co- 
lonne du  centre. 

Le  corps  d'armée  eût  regretté  que  le  général  prussieu 
comte  de  Tauenzien  eût  quitté  Hof  pour  aller  se  faire  battre 
à  Schleiz,  s'il  n'avait  pensé  que  la  première  palme  de  la 
campagne  devait  être  cueillie  sous  les  yeux  mêmes  de 
V.  M. 


LE   MARECHAL   SOULT  AU   CAPITAINE   MEUZIAC, 
DU    11*   DE   CHASSEURS. 

Plauen,  lO  octobre  iS06. 
J'ai  reçu  le  rapport  en  date  de  ce  jour  que  vous  m'avez 
iait.  Je  vous  préviens  que  demain  il  y  aura  des  troupes  du 
corps  d'armée  à  Greitz;  peut-être  même  j'y  serai  ;  en  consé- 
quence vous  voudrez  bien  partir  de  Pausa  avec  l'escadron 


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10   OCTOBRE.  485 

que  vous  commandez ,  et  le  diriger  sur  Langenwetzendorf 
où  vous  établirez  de  suite  la  communication  avec  les  troupes 
de  la  colonne  du  centre  qui  seront  à  Auma,  et  avec  celles 
du  corps  d*armée  qui  seront  vers  Greitz. 

De  Langen  vous  pousserez  quelques  partis  vers  Weyda  à 
l'effet  de  reconnaître  les  troupes  ennemies  qui  sont  dans 
cette  partie,  et  prendre  sur  leur  force,  direction  et  position, 
les  renseignements  les  plus  précis  ;  mais  recommandez  à  l'of- 
ficier qui  commandera  ce  parti  d'éviter  de  se  compromettre, 
et  donnez-moi  fréquemment  de  vos  nouvelles. 

4'  Corps.  ORDRE. 

Plauen,  lO  octobre  1806. 

Demain  11  octobre  au  point  du  jour  le  corps  d'armée  se 
mettra  en  marche  et  se  dirigera  sur  Weyda  en  passant  par 
Syrau,  Bemsgrtin,  Dobigau,  Naitschau,  à  hauteur  de  Lan- 
genwetzendorf et  Draxdorf. 

Les  divisions  marcheront  dans  l'ordre  suivant  : 

Le  général  Margaron  réunira  sur  Syrau  le  11*  et  le  16*  de 
chasseurs  et  Tartillerie  légère,  et  prenant  la  tête  du  corps 
d'armée  il  se  dirigera  sur  Weyda  en  suivant  l'itinéraire  pres- 
crit. A  Langenwetzendorf  il  se  fera  joindre  par  Tescadron 
du  11*  de  chasseurs  qui  a  reçu  Tordre  de  se  rendre  sur  ce 
point,  et  attendra  à  hauteur  de  ce  village  que  de  nouveaux 
ordres  lui  soient  délivrés  pour  continuer  le  mouvement. 

Le  général  Guyot  partira  de  Reichenbach  avec  le  8*  de 
hussards  qu'il  commande,  et  le  dirigera  sur  Naitschau  en  pas- 
sant par  Greitz  ;  le  général  Guyot  se  portera  ensuite  en  avant 
de  Langenwetzendorf,  afin  que,  lorsqu'il  y  arrivera,  il  soit 
en  tête  de  la  colonne,  et  immédiatement  il  portera  un  fort 
parti  sur  Weyda  pour  éclairer  les  mouvements  que  l'ennemi 
fait  dans  cette  partie.  Dans  son  mouvement  le  général 
(ruyot  aura  soin  d'éclairer  parfaitement  les  bords  de  l'Elster, 
et  le  général  Margaron,  après  avoir  dépassé  Langenwetzen- 
dorf, éclairera  par  des  partis  de  chasseurs  tout  le  pays  com- 
pris entre  ce  point  et  Auma. 


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486  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  général  Legrand  fera  suivre  à  la  3*  division  la  même 
direction  et  fera  en  sorte  qu'elle  soit  réunie  à  la  pointe  du 
jour  pour  se  mettre  immédiatement  en  marche.  Le  général 
Levai  devra  mettre  en  marche  la  2*  division  un  peu  avant  le 
jour,  afin  qu'elle  joigne  à  Syrau  la  3*  division,  et  suive  ensuite 
son  mouvement.  Pour  cet  eflfet  il  la  fera  passer  par  la  ville 
de  Plauen. 

Le  général  Saint-Hilaire  réglera  son  mouvement  sur  celui 
de  la  2*  division  et  la  suivra  immédiatement;  il  fera  en 
sorte  que  dans  sa  marche  il  ne  reste  point  d'intervalle  entre 
les  2  divisions. 

Le  parc  d'artillerie  prendra  la  même  direction  et  suivra 
la  marche  de  la  l'*  division.  Le  général  Saint-Hilaire  lais- 
sera 4  compagnies  du  55*  régiment  pour  le  couvrir  et  le  dé- 
fendre au  besoin. 

Le  commandant  de  la  gendarmerie  formera  un  détache- 
ment de  12  hommes  et  un  officier  pour  marcher  après  les 
4  compagnies  qui  doivent  faire  la  garde  du  parc  d'artillerie. 
Le  détachement  devra,  sous  la  responsabilité  personnelle 
des  officiers  et  gendarmes  qui  en  font  partie,  ramasser  et 
faire  rejoindre  tous  les  militaires  qui  resteraient  en  arrière. 
En  cas  de  résistance  de  la  part  de  ces  militaires,  le  déta- 
chement est  autorisé  à  employer  la  force  pour  les  y  contrain- 
dre, et  il  donnera  l'état  nominatif,  corps  par  corps,  de  ceux 
qui  sont  dans  ce  cas. 

Les  équipages  du  quartier  général  partiront  avant  le  jour 
de  Plauen  pour  joindre  la  3*  division,  et  marcheront  après 
elle. 

Le  Maréchal  commandant  en  chef  indiquera  par  un  nou- 
vel ordi'e  les  positions  que  les  divisions  devront  prendre  et  le 
lieu  où  sera  demain  le  quartier  général. 

Le  Maréchal  commandant  en  chefa  remarqué  qu'il  y  avait 
encore  à  la  suite  des  régiments  des  équipages  qui  leur  sont 
inutiles,  ordonne  aux  chefs  de  corps  qui  sont  dans  ce  cas,  do 
faire  partir  de  Plauen  toutes  les  voitures  portant  des  effets 
qui  ne  leur  sont  pas  absolument  nécessaires,  les  souliers 
exceptés,  et  ils  les  feront  diriger  surKronach,  en  passant  par 


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10    OCTOBRE.  487 

Hof  *.  On  pourra  en  même  temps  envoyer  à  E[ronach  les  ma- 
lades qui  sont  à  la  suite,  et  ils  en  enverront  en  même  temps 
l'état  nominatif. 

Le  capitaine  Labbé,  du  36'  régiment  qui,  pour  mauvaise 
santé,  ne  peut  suivre  le  corps  d'armée,  commandera  la  réu- 
nion de  ces  équipages,  ainsi  que  les  malades  ;  il  les  conduira 
à  Eronach  et  restera  dans  cette  place  pour  prendre  soin  de 
ces  effets  et  des  militaires  du  corps  d'armée  qui  y  seront 
envoyés. 

Le  colonel  du  36*  fera  venir  de  son  dépôt  un  capitaine  en 
remplacement  de  M.  Labbé. 

P.-S.  —  Le  général  Margaron  enverra  ordre  au  détachement 
du  16*  de  chasseurs  qui,  après  avoir  été  en  parti,  a  dû  revenir 
sur  Pôhl ,  d'en  partir  demain  pour  rentrer  au  régiment  à 
hauteur  de  Naitschau,  en  passant  l'Elster  à  Elsterberg. 

M''  SOULT. 

LE    OÉKJÈBAL    HÂDOUVILLB    AU    OÂNéBAL    UBZZANELLI. 

Sous  le  fort  de  Culmbach,  lo  octobre  1808. 

S.  A.  I.  le  prince  Jérôme  Napoléon  me  charge  de  vous  mander 
de  faire  sommer  cette  nuit  le  commandant  prussien  du  fort  de  Culm- 
bach de  rendre  ce  fort.  Veuillez  bien  m'envoyer  de  suite  par  ordon- 
nance la  réponse  que  vous  fera  ce  commandant.  —  Si  le  fort  ne  se 


!•  CIBCaLAIBB   A   IIM.    I.B9   OS^éRACS    DR    DIVISION. 

Géra,  18  octobre  1806. 

M.  le  Maréchal  commandant  en  chef  voit  avec  peiné  que  quelques  régi- 
ments ont  encore  un  trop  grand  nombre  de  voitures,  ce  qui  suppose  qu'ils 
portent  à  leur  suite  bjaucoup  d'elTets  inutiles.  La  journée  d  hier  a  fait  sentir 
vivement  l'inconvénient  attaché  aux  nombreux  équipages.  Leur  marche  a  été 
lente  dans  les  mauvais  chemins  que  le  corps  d'armée  a  parcourus,  et  grand 
nombre  de  voitures  ont  été  versées  ou  endommagées.  L'artillerie  a  été  consi- 
dérablement retardée  et  Tinfanterie  elle-môme  a  éprouvé  des  relards  causés 
par  l'obstruction  des  chemins. 

M.  le  Maréchal  commandant  on  chef,  d'après  tous  ces  motifs,  vous  charge, 
mon  Général,  d'examiner  de  la  manière  la  plus  sévère  les  équipages  des 
corps  de  votre  division  et  de  les  réduire  au  plus  strict  nécessaire.  Cette  me- 
sure rendra  le  corps  d'armée  plus  léger  et  plus  mobile  et  renverra  beaucoup 
de  hreufe*  aux  travaux  de  l'agriculture  et-  à  des  transports  plus  utiles. 
Maréchal  appelle  toute  votre  attention  sur  son  exécution. 

G'I   COMPASS. 

•Voitures  requises  pour  le  transport  dos  effets.  Ordre  du  jour  du  4"  corps  du  33  se 
tembre. 


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488  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

rend  pas,  vous  laisserez  le  13®  régiment  de  ligne  poar  le  bloquer 
aussi  exactement  que  possible  jusqu'à  de  nouveaux  ordres. 


AU    MÊKE. 


10  octobre  i806. 


Le  prince  Jérôme  Napoléon  me  charge  de  vous  mander  : 

1**  D'ordonner  que  les  troupes  bavaroises  sous  vos  ordres  soient 
rassemblées  demain  à  1 1  heures  du  matin  près  de  la  route  de  Culm- 
bach  à  Kronach  et  qu'elles  soient  en  mesure  de  se  mettre  en  marche 
immédiatement  après  la  revue  que  S.  A.  I.  en  passera. 

Vous  remettrez  à  S.  A.  I.  aussi  avant  la  revue  l'état  du  persomiel 
et  du  matériel  de  l'artillerie  et  l'état  nominatif  des  officiers  supérieurs 
de  chaque  régiment  ; 

2"  D'écrire  au  commissaire  chargé  de  pourvoir  à  la  subsistance  des 
troupes  bavaroises  de  faire  transporter  à  Kronach  pour  la  subsia- 
tance  de  ces  troupes  les  vivres  et  fourrages  qu'il  pourra  tirer  de 
Baireuth  et  des  lieux  qui  ont  le  moins  fourni  aux  différents  corps 
d'armée. 

Veuillez  recommander  à  ce  commissaire  de  vous  rendre  compte 
jour  par  jour  de  ses  opérations  qui  ne  peuvent  être  faites  avec  trop 
d'activité  et  me  transmettre  ces  comptes  qui  seront  mis  sous  les  yeui 
de  S.  A.  I. 

Ordre  au  général  Legrand,  commandant  à  Baireuth,  pour  faciliter 
l'exécution  de  Tordre  qui  vient  d'être  donné  au  commissaire. 

LE  MABÉCHAL  MORTIER  AU  MAJOR  'GÉNÉRAL. 

Mayence,  lO  octobre  1806. 

J'ai  rhonneur  de  prévenir  V.  A.  que  les  2*  et  12*  d'infan- 
terie légère  viennent  d'arriver  àMayence  ;  le  4*  arrivera  pro- 
bablement demain. 

Lundi  je  passerai  le  Rhin  avec  ces  3  régiments  ;  les  deux 
premiers  aux  ordres  du  général  Lagrange  s'établiront  à 
Francfort,  Hochstadt,  Senglingen,  etc.;  le  12*  aux  ordres  du 
général  Dupas  s'établira  à  Hattersheim.  Le  général  La- 
grange aura  ses  instructions  pour  assurer  ses  communications 
avec  le  général  Dupas,  et  celui-ci  avec  Mayence. 

Je  viens  d'apprendre  indirectement  que  le  4*  de  dragons 
que  l'Empereur  m'avait  assuré  devoir  faire  partie  du 8*  corps 


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10   OCTOBRE.  4857 

et  que  j'attendais  avec  la  plus  vive  impatience,  avait  reçu 
l'ordre  de  se  diriger  sur  Bamberg.  Il  est  à  présumer  que  le 
26*  de  chasseurs  n'arrivera  pas  avant  un  mois.  Je  vais  donc 
me  trouver  sans  cavalerie  dans  un  moment  où  elle  me  serait 
bien  nécessaire. 

Je  n'ai  point  encore  d'autre  artillerie  que  les  6  pièces  de 
la  ci-devant  division  des  grenadiers.  Je  vous  prie,  M.  le  Ma- 
réchal, de  donner  des  ordres  pour  que  les  18  pièces  qui  doi- 
vent être  employées  au  8®  corps  soient  complétées. 

Quant  à  l'organisation  de  l'administratioQ  du  8*  corps,  elle 
n'est  pas  plus  avancée  que  le  premier  jour.  Je  n'ai  pas  cessé 
de  vous  faire,  ainsi  qu'au  ministre  directeur  de  la  guerre, 
mes  réclamations  à  ce  sujet  ;  elles  n'ont  eu  jusqu'à  présent 
aucun  succès. 

11  n'y  a  pas  ici  un  seul  caisson  à  cartouches  d'infanterie. 
Je  serai  forcé  d'en  faire  mettre  dans  un  tonneau  et  de  les 
faire  suivre  dans  une  charrette  de  réquisition. 

Vous  m'avez  ordonné,  M.  le  Maréchal,  d'envoyer  mes 
chevaux  et  mes  équipages  à  Augsburg  et  je  m'y  suis  con- 
formé de  suite.  S.  M.  a  eu  la  bonté  de  me  dire  que  vous  avez 
donné  des  ordres  pour  qu'ils  vinssent  à  Wttrzburg  ;  cepen- 
dant le  4  de  ce  mois  ils  étaient  encore  à  Augsburg  et  je  me 
trouverai  probablement  encore  pour  longtemps  privé  de  mon 
écurie*. 

Agréez,  M.  le  Maréchal,  l'assurance  de  ma  considération 
distinguée. 


1.  L^homme  est  homme,  et  dans  toutes  les  affaires  de  la  vie,  pour  ôlre 
inea  servi,  il  faut  8*inquiéter  de  Tiodividu,  de  la  béte,  et  assurer  autant  que 
possible  son  bien-être.  Il  faut  être  humain  et  ne  commander  qu*à  des  hommes 
satisfaits,  ou  au  moins  qu'à  des  hommes  que  Ton  a  cherché  à  satisfaire  dans 
ta  mesure  des  circonstances  et  que  Ton  a  persuadés  de  sa  bonne  volonté,  et 
'^la  depuis  Tliomme  de  troupe  jusqu'à  Tofflcier  général. 

L'Empereur  s'iuquiétait  de  ces  détails. 

Notre  profession  exige  de  la  juatico,  de  la  bienveillance  et  l'exclusion  do 
luut  égoisme. 


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1 


11  OCTOBRE 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  DAVOUT. 

10  octobre  1806,  8  heures  et  demie  du  soir. 

Je  vous  préviens  que  tout  votre  corps  d'armée  part  demain 
avant  le  jour  pour  se  rendre  à  Auma  et  de  là  sur  Géra  ;  il 
est  nécessaire  que  vous  vousy  rendiez.  La  canonnade  n'ayant 
pas  continué,  il  n'y  a  pas  de  doute  que  le  maréchal  Lannes 
est  à  Saalfeld  ;  cela  étant,  le  général  Dupont  se  mettra  en 
marche  à  la  petite  pointe  du  jour  pour  se  rendre  sur  Géra. 
Vous  ferez  prévenir  le  général  Milhaud  qu'il  fasse  retirer  tous 
les  postes  et  qu'il  flanque  avec  toute  sa  cavalerie  la  marche 
du  général  Dupont,  se  tenant  toujours  entre  ce  général  et  le 
général  Lasalle,  afin  de  le  prévenir  à  temps  de  tous  les  mou- 
vements de  l'ennemi. 

Je  vous  envoie  un  triplicata  de  l'ordre  que  vous  ferez  pas- 
ser au  maréchal  Lannes. 

Le  général  Dupont  se  portera  sur  Neustadt  et  Trîptis 
pour  marcher  sur  Géra. 

Si,  ce  qui  n'est  pas  probable,  c'était  l'ennemi  qui  eût  forcé 
le  maréchal  Lannes  à  Saalfeld,  cet  ordre  ne  recevrait  pas  son 
exécution  et  vous  en  préviendriez  l'Empereur. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  GÉNÉRAL  MORAND. 

Schlelz,  10  oclobro  180  j,  8  heures  et  demie  du  soir. 

Vous  ferez  battre  le  premier  à  3  heures  du  matin  et  vous 
partirez  à  4  heures  pour  vous  diriger  sur  Auma. 


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11    OCTOBRE.  491 


AU   GÉNÉRAL   PRIANT. 

Vous  ferez  battre  le  premier  à  4  heures  du  matin  et  vous 
partirez  à  5  heures  pour  vous  diriger  sur  Auma. 

AU   GÉNÉRAL   GUDIN. 

Le  général  Gudin  fera  battre  le  premier  à  5  heures  et  par- 
tira à  6  heures  du  matin  pour  Auma. 

Il  est  ordonné  à  la  cavalerie  légère  du  maréchal  Davout,  à 
laquelle  se  joindra  le  1*'  régiment  de  chasseurs  qui  est  can- 
tonné en  avant  de  Schleiz,  de  partir  demain  à  7  heures  du 
matin,  pour  se  rendre  à  Auma  et  gagner  la  tête  de  la  colonne 
d'infanterie  qui  est  déjà  en  marche. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  CHEF  D'ÉTAT-MAJOR  DU  3*  CORPS. 

Vous  trouverez  ci-joint  des  ordres  que  vous  ferez  remettre 
à  ceux  qu'ils  concernent  ;  le  1"  régiment  de  chasseurs  est 
dans  un  petit  village  en  avant  de  Schleiz. 

laites  connaître  aux  généraux  de  division  qu'ils  doivent 
veiller  à  ce  que  tous  les  bagages  soient  parqués  et  qu'ils  ne 
partent  que  lorsque  tout  le  corps  d'armée  de  M.  le  maréctal 
Davout  et  son  artillerie  seront  passés. 

LE   MAJOR   GÉNÉRAL   AU   MARÉCHAL   LEFEBVRË. 

Schleiz,  10  octobre  1806,  8  heures  et  demie  du  soir. 

11  est  ordonné  à  M.  le  maréchal  Lefebvre  de  faire  partir 
ses  troupes  demain  à  3  heures  du  matin  pour  se  rendre  à 
Âuma;  il  passera  avant  la  division  Morand  qui  part  à  4  heu- 
res. Il  formera  un  détachement  de  tous  les  hommes  fatigués 
et  le  laissera  à  Schleiz  oii  restent  les  équipages  de  l'Empe- 
reur. 


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492  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 

LE   MAJOR   GÉNÉBAL   AU   GRAND-DUC   DE   BERG. 

Schloiz,  10  octobre  I8O6,  8  heures  et  demie  du  soir. 

L'Empereur,  mon  Prince,  sera  demain  à  5  heures  du  ma- 
tin à  Âuma.  Les  trois  divisions  du  corps  du  maréchal  Davout 
se  mettront  en  marche  de  Schleiz  pour  Auma.  L'Empereur 
veut  décidément  arriver  à  Géra,  afin  de  savoir  ce  que  fait 
Tennemi.  S.  M.  vous  recommande  de  tenir  votre  cavalerie 
réunie,  qui  se  trouve  quelquefois  trop  éparpillée. 

Si  M.  le  maréchal  Lannes  est  à  Saalfeld,  le  général  Du- 
pont recevra  l'ordre  de  partir  à  la  petite  pointe  du  jour  pour 
se  porter  sur  Triptis  et  prendre  la  queue  du  corps  d'armée. 

Il  faut  qu'avant  le  jour  les  deux  divisions  du  maréchal 
Bernadotte  marchent  sur  Géra  qu'il  faut  avoir  dans  la  jour- 
née de  demain,  s'il  n'y  a  pas  d'obstacle.  Donnez  l'ordre  à 
M.  le  maréchal  Bernadotte. 

L'Empereur  a  vu  avec  peine  que  vous  avez  donné  au  gé- 
néral Milhaud  le  21*  de  dragons  :  l'Empereur  répète  que 
vous  disséminez  trop  votre  cavalerie. 

Il  est  inutile  de  vous  recommander  de  faire  éclairer  la 
route  d'Iéna.  Le  corps  du  maréchal  Bernadotte  suivra  la 
grande  route  par  Mittel,  Ebersdorf  et  Géra. 

Le  corps  du  maréchal  Davout  suivra  la  route  par  Weyda. 

Ordre  au  maréchal  Bernadotte  d'exécuter  le  mouvement 
indiqué  dans  la  lettre  ci-dessus. 

LE  MARÉCHAL  DAVOUT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Pôsueck,  11  oclobre  I8O6,  s  heures  du  matin. 
Ainsi  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  en  faire  rendre  compte 
verbalement  par  l'un  de  mes  aides  de  camp,  j'ai  été  obligé 
de  faire  arrêter  la  tête  de  la  colonne  d'infanterie  à  3/4  de 
lieue  de  Pôsneck,  tant  pour  attendre  des  nouvelles  de  la 
cavalerie  du  général  Milhaud  que  j'avais  fait  porter  en  avant. 


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11  OCTOBRE.  493 

que  pour  donner  le  temps  à  Tinfanterie  de  se  rallier,  la  mar- 
che aussi  longue  que  rapide  ayant  extrêmement  allongé  les 
colonnes. 

Après  les  premiers  rapports  du  général  Milhaud,  j'ai  fait 
porter  un  régiment  d'infanterie  en  avant  de  Pôsneck  à  rem- 
branchement  des  routes  de  Neustadt  et  de  Uhlstadt  ;  le  reste 
de  la  division  Dupont  et  la  division  Morand  seront  rendues 
ici  à  la  pointe  du  jour. 

Des  partis  de  cavalerie  ont  été  envoyés  sur  Neustadt  et 
Saalfeld. 

Une  reconnaissance  du  13®  de  chasseurs  dirigée  sur  Saal- 
feld, a  poussé  par  sa  droite  un  petit  détachement  qui  est 
tombé  sur  un  poste  d'infanterie  et  de  cavalerie  prussien,  et 
a  enlevé  un  hussard  de  Wolfrad  et  2  fusiliers  du  1*"^  batail- 
lon de  chasseurs  prussiens. 

Ces  prisonniers  rapportent  qu'il  y  avait  à  l'affaire  de  Saal- 
feld, donnée  par  les  Français,  7  bataillons  saxons  et  2  prus- 
siens, un  régimentde  hussards  saxons  et 2  escadrons  prussiens. 
Le  prince  Louis  commandait  en  personne  ;  ces  troupes 
venaient  de  Neustadt;  ils  ne  savent  rien  de  la  Grande 
Année,  si  ce  n'est  qu'on  débite  qu'elle  marche  en  avant. 

Il  arrive  en  ce  moment  3  prisonniers  du  régiment  de 
Schimmelpfenning,  hussards,  ramassés  par  nos  reconnaissan- 
ces. D'après  ce  qu'ils  disent  et  ce  qu'on  débite,  il  paraît  que 
le  maréchal  Lannes  a  complètement  battu  l'ennemi. 

Je  reçois  la  dépêche  de  V.  A.  datée  de  8  heures  et  demie. 
Je  vais  me  mettre  en  marche  pour  rejoindre  de  ma  personne 
le  3'  corps  ;  je  transmets  au  général  Dupont  et  au  général 
Milhaud  les  ordres  qui  les  concernent  pour  leur  marche  de 
demain. 

Je  fais  partir  pour  le  maréchal  Lannes  la  dépêche  de  V.  A. 
à  son  adresse. 

P.-S.  —  Des  partis  sont  en  marche  sur  Neustadt  et  Saal- 
feld. On  débite  que  les  Prussiens  ont  fait  une  très  grande 
perte. 


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494  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE   MARÉCHAL   DAVOUT   AU   GÉNÉRAL   DUPONT. 

Pôsnecki  11  octobre  1806. 

Je  reçois  à  Tinstant,  mon  cher  Général,  une  dépêche  de 
S.  A.  le  prince  de  Neufchâtel  qui  contient  des  dispositionb 
vous  concernant  ;  je  vous  les  adresse  ci-jointes  dans  la  crainte 
que  S.  A.  le  prince  de  Ponte-Corvo  n'ait  pu  vous  faire  par- 
venir ses  ordres  et  pour  éviter  tout  retard  dans  votre  mouve- 
ment. Je  partirai  à  la  pointe  du  jour  pour  rejoindre  mon 
corps  d'armée. 

Je  préviens  le  général  Milhaud  des  mouvements  qu'il  doit 
faire  de  concert  avec  vous. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  NET. 

Schleiz,  11  octobre  1806,  6  heures  du  matin. 

Il  est  ordonné  à  M.  le  maréchal  Ney  de  se  rendre  sur-le- 
champ  à  Schleiz  où  il  occupera  la  position  en  avant  de  la 
ville  et  y  sera  rendu  avant  midi  ;  il  est  prévenu  que,  suivant 
les  circonstances,  il  recevra  Tordre  d'y  coucher  ou  de  se  por- 
ter sur  Auma  ou  sur  Pôsneck. 

6  heures  du  matin. 
Il  est  ordonné  au  général  Sahuc  de  partir  avec  sa  division 
pour  se  rendre  à  Auma,  qui  est  à  4  lieues  de  Schleiz,  vers 
10  ou  11  heures  du  matin. 

LE   MARÉCHAL   LANNES   A   L'eMPEREUR. 

Saaifeld,  ii  octobre  1806,  9  heures  du  matin. 
J'ai  eu  l'honneur  de  faire  part  hier  à  V.  M.  de  l'affaire  de 
Saalfeld.  Je  lui  ai  dit  que  je  ferais  conduire  l'artillerie  au 
nombre  de  36  à  40  pièces  jusqu'à  Kronach.  Je  ne  pourrai 
exécuter  cette  disposition  ;  plusieurs  de  ces  pièces  sont  dé- 
montées et  je  ne  puis  trouver  ici  un  seul  cheval. 


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11    OCTOBRE.  495 

Il  est  resté  sur  le  champ  de  bataille  bien  plus  de  morts  et 
de  noyés  qu'on  ne  Tavait  cru. 

J  ai  fait  porter  le  corps  du  prince  Louis  Ferdinand  à  Saal- 
feld  dans  le  château  du  Duc^,  où  on  lui  a  rendu  les  honneurs 
dus  à  son  rang. 

Je  partirai  de  Saalfeld  avec  tout  mon  corps  d'armée  dans 
une  heure  ;  il  en  est  9  ;  je  serai  ce  soir  à  Neustadt  où  j'atten- 
drai les  ordres  de  V.  M. 


1.  PaOOàs-yBKBAL   DBS   BLEMURKS   DU    PBIHGB    LOUIS   DB    PBU88B. 

Oejourdliui ,  il  octobre  1806,  à  midi,  je  soussigné  chtrurgien-mojor  du 
40* régiment  de  ligne,  membre  de  la  Légion  d*honiieur,  chargé  du  service 
'le  9anté  de  la  division,  certifie  m*étre  transporté  à  Saalfeld  d'après  l'ordre  de 
M.  h  général  de  division  Suchet,.  grand  cordon  do  la  Légion  d'honneur,  com- 
mandant la  iw  division  du  5«  corps  d'armée,  à  Teflet  de  constater  les  blessures 
qua  reçues  le  prince  Louis  Ferdinand  de  Prusse  à  TalTaire  d'hier,  et  qui 
lui  onl  causé  la  mort. 

Éianl  arrivé  à  Tégliso  principale  de  Saalfeld  accompagné  de  M.  Virvaux, 
capitaine  du  génie  de  la  division,  les  gardiens  des  tombeaux  des  princes  de 
Coburg  nous  ont,  sur  ma  réquisition,  fait  descendre  dans  le  caveau  où  on  ve- 
nait de  déposer  depuis  une  heure  le  corps  du  Prince,  que  j'ai  reconnu  être 
Iti  même  que  j'avais  vu  à  6  heures  du  matin  sur  le  champ  de  bataille,  et 
dont  j'avais  admiré  la  beauté  de  la  figure,  le  calme  do  la  physionomie,  le  dé- 
veloppement de  la  poitrine,  joint  à  la  forme  régulière  des  membres  dont  les 
muscles  très  prononcés  annonçaient  beaucoup  de  force  et  de  vigueur. 

J'ai  remarqué  :  !<>  une  plaie  superficielle  do  2  pouces  d'élendue  faite  à  la 
joue  droite  sur  la  pommette  par  un  coup  de  sabre  dont  la  direction  était  do 
haut  en  bas  ; 

i^  Un  coup  de  sabre  à  la  partie  supérieure  du  front  du  côté  droit,  ayant 
divisé  obliquement  Iqb  téguments,  sans  lésion  de  l'os  frontal,  la  plaie  ayant 
un  peu  plus  de  S  pouces  d'étendue  ; 

3*  Une  plaie  transversale  à  la  partie  supérieure  et  postérieure  de  la  tôle,  de 
5  pouces  d'étendue,  produite  également  par  un  coup  de  sabre  qui  a  divisé  les 
téguments  et  lésé  la  première  table  des  pariétaux  ; 

<•  Un  coup  de  sabre  à  la  partie  postérieure  et  inférieure  de  la  tôle  porté 
de  haut  en  bas  et  qui  a  fracturé  l'occipital,  la  lame  du  sabre  ayant  pénétré 
la  substance  du  cerveau,  la  plaie  ayant  6  pouces  d'étendue  ; 

5^  Une  plaie  transversale  do  a  pouces  et  demi  d'étendue  à  la  partie  anté- 
rieure et  supérieure  de  la  poitrine  produite  également  par  un  coup  do  sabre, 
dODl  la  lame  ayant  été  dirigée  sur  son  plat,  a  traversé  cette  cavité  entre  la  8« 
til  la  8«  côte  après  avoir  divisé  une  portion  du  sternum.  La  pointe  du  sabre 
a  Causé  à  la  partie  oppo8ée«de  son  entrée  une  grande  ecchymose  à  l'endroit 
ou  elle  a  soulevé  la  peau  sans  la  percer  ; 

»><*  Enfin  un  dernier  coup  do  sabre  sur  le  bras  droit,  un  peu  au-dessus  de 
son  articulation  avec  Tavant-bras,  la  plaie  peu  profonde  se  dirigeant  oblique- 
ment depuis  le  coude  jusqu'au  pli  du  bras. 

Ayant  ensuite  visité  les  autres  parties  du  corps,  je  les  ai  trouvées  dans  leur 
étal  naturel.  En  foi  de  quoi  j'ai  dressé  le  présent  que  j'ai  rédigé  sur  la  simple 
'ospeclion  des  blessures  sans  aucune  ouverture  ni  incision  et  avons  signé  ;. 

Virvaux.  Gai^lbrsat. 


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496  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

M.  le  maréchal  Augereau  arrivera  ce  soir  à  Saalfeld  et  je 
pense  qu'il  sera  demain  de  bonne  heure  à  Neustadt. 

Je  laisse  ici  les  blessés  hors  d'état  d'être  transportés  à 
Kronach,  les  autres  fileront  avec  les  prisonniers.  Nous  avons 
peu  de  blessés  ;  il  y  en  a  un  grand  nombre  de  l'ennemi  ;  on 
en  ramasse  encore.  Je  donne  l'ordre  (]^u  ils  fussent  bien  trai- 
tés. Le  duc  de  Coburg  y  veillera. 

Il  serait  très  nécessaire  que  le  général  Songis  envoyât  ici 
un  officier  d'artillerie  pour  faire  conduire  les  pièces  où  V.  M. 
jugera  convenable.  Dans  tous  les  cas  je  laisse  ici  une  com- 
pagnie jusqu'à  l'arrivée  de  M.  le  maréchal  Augereau. 

LE  MARÉCHAL  LANNES  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Neustadt,  ii  octobre  1803. 

Mon  corps  d'armée  arrive  ce  soir  à  Neustadt;  comme  je 
n'ai  pas  d'ordre  pour  marcher  demain,  je  vous  prie  d'en  de- 
mander à  S.  M.  et  de  me  les  faire  passer  par  le  retour  de 
l'officier  porteur  de  cette  dépêche.  Je  n'ai  reçu  votre  lettre* 
qu'à  10  heures  et  je  n'ai  pu  partir  qu'à  midi  *  ;  de  cette  ma- 
nière j'ai  perdu  la  moitié  de  la  journée. 

Je  désirerais  avoir,  s'il  était  possible,  l'ordre  de  marche 
pour  2  jours*.  Alors  je  pourrais  faire  de  grandes  journées  et 
placer  de  bonne  heure  mes  troupes. 

Je  désirerais  savoir  également  où  est  le  grand  parc  d'artil- 
lerie pour  faire  remplacer  les  munitions  que  la  division 
Suchet  a  brûlées  liier. 


1.  Celle  datée  de  Schleiz,  lO  octobre,  7  heures  du  soir. 

2.  11  faut  donc  compter  environ  s  heures  après  la  réception  do  Tordre  à^ 
mouvement  par  le  commandant  de  corps  d'armée  pour  Texécution  du  mouve- 
ment, à  moins  toutefois  que  les  troupes  n'aient  été  rassemblées  dans  Tattente 
des  ordres.  Ces  deux  heures  sont  employées  à  la  transmission  des  ordres  au* 
troupes,  à  la  levée  des  cantonnements  ou  bivouacs  et  à  la  mise  en  route  de 
la  colonne. 

3.  Le  Commandant  de  l'armée  n'est  pas  toujours  suffisamment  renseigna" 
sur  les  dispositions  de  l'ennemi  pour  pouvoir  donner  Tordre  de  mouTemepi 
pour  deux  jours.  Les  nouvelles  qu'il  reçoit  à  chaque  instant  de  sa  cûTalerie 
cl  de  ses  émissaires  peuvent  modifier  la  direction  des  colonnes,  surtout  lors- 
que l'on  se  rapproche  de  l'ennemi  et  que  la  jonction  est  faite. 


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11  OCTOBRE.  497 

Je  prie  V.  A.  de  me  renvoyer  Tofficier  le  plus  tôt  pos- 
sible. 
V.  A.  connaît  tout  mon  attachement. 

5'  corps.  Bivouac  en  avant  de  Neustadt  sur  la  route  de  Géra. 


LE  QÉirÉBAL    FOUCHEB,    COMMANDANT   L*ABTILLEB1E    DU    Ô«   C0BP8, 
AU    GÉNiBAL    BON 018. 

Saalfeld,  il  octobre  1806. 

L'artillerie  du  5*  corps  suppléa  dans  la  journée  d'hier  par  l'adresse 
des  canonniers  et  leur  bravoure  au  petit  nombre  de  pièces  que  les 
circonstances  permirent  de  mettre  en  batterie  :  le  parc  de  la  division 
Suchet  s'étant  trouvé  engagé  dans  des  gorges,  2  pièces  de  4  seules 
attachées  à  la  brigade  d*avant-garde  ont  pu  tirer  dès  le  commence- 
ment et  avoir  part  à  Faction  jusqu'à  sa  fin  ;  ces  2  pièces  ont  soutenu 
seules  le  feu  de  27  bouches  à  feu. 

M.Simonnet,  lieutenant  au  6*  régiment  d'artillerie  à  cheval,  a  donné 
des  preuves  d'une  bravoure  froide  et  d'une  grande  fermeté. 

Je  dois  surtout  vous  déclarer  que  c'est  au  sang-froid  et  au  coup 
d'œii  du  capitaine  Beaufranchet,  à  la  constance  avec  laquelle  il  est 
resté  sans  discontinuité  au  centre  des  2  pièces,  à  l'adresse  qu'il  a 
déployée  en  saisissant  les  moments  de  varier  ses  positions  pour  tirer 
à  propos  sur  l'artillerie,  la  cavalerie  et  l'infanterie,  à  mesure  qu'elles 
voulaient  se  former,  que  j'attribue  une  partie  de  l'honneur  dont  l'ar- 
tillerie se  couvrit  dans  la  journée  d'hier.  2  pièces  de  4  portées  rapi- 
dement sur  différents  points  ont  produit  un  effet  supérieur  à  celui 
que  l'on  pouvait  raisonnablement  attendre  d'aussi  faibles  moyens. 

M.  Simonnet  a  eu  2  chevaux  tués,  a  perdu  2  canonniers,  2  soldats 
du  train,  6  chevaux  du  train,  3  chevaux  d'escadron.  Je  vous  demande 
pour  cet  officier,  ancien  militaire,  la  décoration  de  la  Légion  d'hon- 
neur et  pour  M.  Beaufranchet,  officier  d'un  mérite  distingué  qui 
joint  à  beaucoup  de  moyens  une  bravoure  et  un  sang-froid  impertur- 
bable, la  même  faveur  et  le  grade  de  chef  de  bataillon  auquel  son 
ancienneté  et  ses  talents  lui  donnent  depuis  longtemps  des  droits  in- 
contestables. 

25  pièces  de  canon,  2  obusiers,  6  caissons,  70  chevaux  de  trait, 
sont  8011B  le  rapport  de  l'artillerie  le  fruit  de  l'affaire  de  Saalfeld. 

On  a  consommé  264  cartouches  à  canon  de  4  ;  10  pièces  de  8  et 
2  obusiers  arrivés  à  la  fin  de  l'action  ont  tiré  en  tout  63  coups.  L'in- 
fanterie a  tiré  200,000  cartouches,  dont  je  vous  demande  le  rempla- 
cement ;  j'ai  également  besoin  de  4  caissons  de  4  et  de  munitions 
d  obusier  de  5  pouces  6  lignes. 

CAMP.  DB  PRUSSB.  32 


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498  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

J*ai  remis  à  M.  le  maréchal  Launes  le  double  du  rapport.  H  est 
tellement  content  de  Tartillerie  dana  Taffaire  d'hier  qu'il  m'a  ordonné 
de  lui  remettre  les  noms  de  tous  les  canonniers  qui  servaient  les 
pièces  de  4,  afin  de  demander  pour  eux  la  décoration  ;  j'ai  trouvé 
juste  d'y  comprendre  2  soldats  du  train  et  M.  Gourgaud,  mon  aide 
de  camp,  dont  j'ai  été  fort  content  et  qui  joint  au  feu  de  la  jeunesse 
des  qualités  qui  le  rendront  par  la  suite  un  excellent  officier.  J'aurai 
l'honneur  de  vous  adresser  incessamment  les  noms  de  tous  ces  indi- 
vidus et  je  prends  la  liberté  de  recommander  le  dernier  à  votre  justice 
et  à  vos  bontés. 

Des  70  chevaux  de  trait  pris,  j'€n  ai  envoyé  10  à  la  division  Sa- 
chet en  remplacement  de  ce  que  les  pièces  de  4  ont  perdu  ;  le  reste 
passe  au  parc  qui  en  a  le  plus  grand  besoin,  ses  chevaux  étant  très- 
fatigués  par  les  mauvais  chemins  et  les  marches  forcées.  Ces  chevaux 
sont  d'ailleurs  très-faibles  et  d'une  mauvaise  qualité. 

L'armée  part  aujourd'hui  pour  Neustadt. 

Les  pièces  prises  partent  aujourd'hui  ou  demain  pour  Kronach 
avec  des  prisonniers  de  guerre  sous  l'escorte  d'une  compagnie  d'in- 
fanterie et  avec  le  lieutenant  d'artillerie  Thomas  qui  a  sous  ses  or- 
dres 10  canonniers.  D  a  été  requis  à  cet  e£Fet  60  paires  de  bœofe. 


LE  MARÉCHAL  AUGEREAU  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Saalfeld,  li  octobro  1806»  5  heures  du  soir. 

Hier  à  4  heures  après-midi,  j'ai  reçu  une  lettre  de  M.  le 
maréchal  Lannes,  qui  me  donnait  avis  de  son  mouvement. 
J'avais  déjà  envoyé  2  officiers  vers  lui  pour  avoir  de  ses  nou- 
velles quand  sa  lettre  m'est  parvenue.  Aussitôt  j'ai  ordonné 
au  7'  corps  d'armée  de  se  mettre  en  route  pour  rejoindre 
celui  de  M.  le  maréchal  Lannes.  Les  troupes  ont  constam- 
ment marché  depuis  hier  4  heures  après-midi  jusqu'à  pré- 
sent. Elles  n'arriveront  ici  que  très-avant  dans  la  nuit.  Je 
les  ferai  reposer  2  heures  au  plus  et  aussitôt  après  je  les  diri- 
gerai sur  Neustadt. 

J'arrive  à  l'instant  à  Saalfeld  avec  l'avant-garde  de  M.  le 
général  Durosnel.  Je  prie  V.  A.  de  croire  que  si  j'avais  reçu 
des  ordres  je  les  aurais  exécutés  sans  retard,  et  mes  troupes 
n'auraient  pas  fait  20  lieues  dans  la  nuit  dernière  et  dans  la 
journée  d'aujourd'hui. 


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11    OCTOBRE.  499 

J'ai  reçu  par  duplicata  les  ordres  de  V.  A.  pour  me  rendre 

à  Neustadt. 

P.-S.  —  Si  V.  A.  a  de  nouveaux  ordres  à  me  donner,  je 
la  prie  de  vouloir  bien  me  les  adresser  à  Neustadt  où  je  serai 
rendu  de  ma  personne  demain  matin  avec  Tavant-garde. 

L'avant-garde  et  la  !'•  division  ont  fait  leur  repos  en  avant  de 
Saalfeld  sur  la  route  de  Neustadt  ;  —  le  2*  division  en  arrière  de  la 
nlle  ;  —  le  parc  a  suivi  le  mouvement  de  la  2*  division. 


LE  GRAND-DUC  DE  BERG  A  L  EMPEREUR. 

Triplis,  11  octobre  1806,  4  heures  du  matin. 

J'ai  rhonneur  d'adresser  à  V.  M.  le  rapport  que  je  reçois 
(lu  général  Watier  *.  Je  vous  prie  de  me  faire  connaître  si  je 
dois  toujours  me  porter  vers  Géra,  quoique  Tennemi  soit  en 
arrière  de  Neustadt. 

J'adresse  à  V.  M.  les  lettres  saisies  hier  sur  la  route  de 
Géra,  il  s'en  trouve  une  sous  la  date  du  2  octobre  de  Naum- 
burg  qui  confirme  la  réunion  de  presque  tous  les  généraux 
prussiens  dans  cette  ville. 

M.  le  prince  de  Neufchâtel  me  témoigne  votre  mécon- 
tentement de  ce  que  j'ai  envoyé  un  régiment  de  dragons  au 
général  Milhaud.  Sire,  votre  lettre  de  5  heures  de  hier  ma- 
tin m'ordonnait  de  porter  une  forte  reconnaissance  de  cava- 
lerie sur  Pôsneck  et  Saalfeld  et  de  l'appuyer  avec  la  division 
Drouet,  ce  que  j'aurais  certainement  fait  sans  les  ordres  pos- 
térieurs de  V.  M.  de  me  porter  sur  Âuma  et  d'intercepter  la 
route  de  Géra  à  Pôsneck  ;  j'ai  envoyé  l'ordre  au  général 
Milhaud  de  me  rejoindre  ce  matin  à  Triptis,  je  crains  bien 
que  les  officiers  n'aient  pu  arriver  jusqu'à  lui.  Déjà  celui 
qui  allait  par  Neustadt  est  de  retour  sans  avoir  pu  passer.  On 
continue  d'affirmer  que  le  prince  de  Hohenlohe  se  trouve 
encore  à  POsneck.  Si  cela  est,  le  général  Dupont  et  le  maré- 
chal Lannes  ne  manqueront  pas  de  l'attaquer  ce  matin,  et  si, 


1.  Voir  ce  rapport  a  la  journée  du  10. 


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500  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

au  premier  coup  de  canon  que  j*entendraî,  je  n'avais  pas 
reçu  les  ordres  de  V.  M.,  j'attaquerais  moi-même  parNeu- 
stadt,  ce  qui  forcerait  Tennemi  à  abandonner  sa  position.  Je 
chercherais  alors  à  l'inquiéter  en  jetant  des  partis  sur  ses 
derrières,  sur  la  route  de  léna  et  Orlamunda. 

P. -S.  —  Comme  je  me  trouve  très-éloigné  de  la  grosse 
cavalerie,  je  prie  V.  M.  de  lui  donner  des  ordres  ainsi  qu'aux 
divisions  de  dragons. 

LE   GRAND-DUC   DE   BERG   A   l'eMPEREUR. 

Ebersdorf,  il  octobre  1806,  9  heures  et  demie  du  malm. 

J'ai  l'honneur  d'envoyer  à  V.  M.  de  nouveaux  renseigne- 
ments qui  viennent  d'arriver  de  Géra.  11  est  évacué  depuis 
hier  minuit  ;  il  est  très-positif  que  le  corps  qui  a  été  battu  à 
Schleiz  s'est  porté  sur  Roda  et  que  d'autres  troupes  venant 
de  Géra  et  Leipzig  se  sont  aussi  rendues  à  Boda  -,  Neustadt  a 
également  été  évacué,  et  une  reconnaissance  a  dû  être  en- 
voyée par  le  général  Watier  pour  communiquer  de  Neustadt 
avec  Pôsneck,  et  il  est  à  présumer  que,  le  général  Dupont  j 
étant  arrivé,  l'ennemi  ne  sera  pas  resté  entre  Neustadt  et 
Pîisneck.  Mais  pour  remplir  les  intentions  de  V.  M.,  j'envoie 
l'adjudant-général  Girard,  qui  ira  sur  Posneck  jusqu'à  ce 
qu'il  trouve  les  troupes  du  général  Dupont  ;  il  rendra  direc- 
tement compte  à  V.  M.  du  moment  que  la  jonction  sera  opé- 
rée. Il  dira  au  général  Dupont  de  jeter  des  partis  derrière  la 
Saale.  Je  serai  à  11  heures  à  Géra,  d'où  je  ferai  parvenir  à 
V.  M.  tous  les  renseignements  que  j'aurai  pu  recueillir. 

LE    QÉNÉBAL    LA8ALLE    AU    OÉXÉRAL    BELLIABD,    A    OEKA. 

11  octobre  1806. 

La  brigade  du  général  Lasalle  est  à  Langenberg.  2  escadrons 
sont  à  la  poursuite  de  Tennemi  vers  Zeitz.  On  éclaire  la  route  de 
Naumburg  où  l'ennemi  a  fait  aussi  filer  des  bagages  ;  la  route  en  est 
jonchée.  La  jonction  des  deux  routes  a  décidé  le  général  Lasalle  a 
se  placer  à  Langenberg  jusqu'à  ce  que  S.  A,  I.  lui  daigne  envoyer 


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11    OCTOBRE.  501 

des  ordres.  2  officiers  ont  décidé  cette  réuBsite.  Ils  sont  proposés 
pour  capitaines,  le  général  renouvelle  cette  demande. 


LB  GÉNÉRAL  LASALLE  AU  GRAND-DUC  DE  BERG,  A  GERA. 

Wachholder-Baum,  sur  la  route  de  Zeilz,  il  octobre  1806. 

J'espère  que  vous  serez  content  de  mes  hussards,  ils  ont  pris  plus 
de  30O  voitures  ou  caissons,  fait  100  prisonniers,  mais  ils  ont  à  se 
louer  de  votre  bonté.  Les  équipages  de  3  régiments,  ceux  des  quar- 
tierg-maitres,  sont  en  notre  pouvoir  et  ils  sont  déjà  très  riches. 

M.  Lagrange,  aide  de  camp  de  V.  A.,  est  parti  avec  50  chevaux 
pour  Zeitz.  Il  pourra  vous  dire  le  tort  énorme  fait  à  Tennemi.  Les 
caissons  sont  chargés  d'effets  de  campement,  de  souliers  neufs,  d'ha- 
billement, d'avoine,  etc.,  et  d'argent  ou  bancozettels. 

11  serait  à  propos  de  tout  faire  réunir.  Je  n'ai  pu  le  faire. 

J'&i  à  vous  rendre  un  compte  flatteur  de  Tintelligence  de  M.  Méda, 
du  7*  de  hussards,  et  de  MM.  Épinger  et  Quack,  du  5*^,  qui  ont  été 
déjà  proposés  à  V.  Exe.  pour  le  grade  de  capitaines  (il  n'y  en  a  que 
2  dans  ce  régiment).  Ces  officiers  ont  perpétuellement  tenu  la  tête 
de  la  colonne. 

LE    GÉNÉRAL    LA8ALLE   AU    GÉNÉRAL    BELLIARD. 

Wucliholder-Baum,  il  octobre  i806. 

A  l'arrivée  de  la  brigade  du  général  Latour-Maubourg  à  Langen- 
berg,  mon  général,  j'ai  mis  ma  brigade  en  mouvement  sur  la  route 
de  Zeitz,  et  je  m*arrête  à  Wachholder-Baum,  en  arrière  de  Roth- 
Oiebel.  Mes  chevaux  n'en  peuvent  plus  ;  je  me  garde  militairement 
et  attends  vos  ordres  :  nous  avons  pris  plus  de  300  voitures  d'équi- 
pages, et  j'ai  fait  filer  sur  Géra  les  prisonniers,  parmi  lesquels  se 
trouvent  plusieurs  officiers. 

LE  GÉNÉRAL  BELLIARD  AU  GÉNÉRAL  LASALLE. 

11  octobre  1806. 

Hestez  dans  la  position  que  vous  occupiez  ;  faites-la-moi  connaître 
en  détail  ;  il  sera  nécessaire  que  vous  fassiez  reconnaître  la  route  qui 
conduit  de  Giebelroth  à  Crossen.  Je  pense  que  le  village  que  vous 
appelez  Giebelroth  est  celui  qui  sur  la  carte  se  trouve  sur  la  route 
de  Zeitz  sous  le  nom  de  Roth-Giebel.  Donnez  les  ordres  pour  qu'on 
se  garde  avec  la  plus  grande  précaution  et  qu'on  observe  surtout  la 
gauche  ;  qu'on  éclaire  les  routes  de  Zeitz  et  Naumburg  et  toutes  les 


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502  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

routes  qui  peuvent  aboutir  à  la  route  de  Crossen  à  Naumbuig.  Ajez, 
mon  cher  Lasalle,  tous  les  renseignements  possibles  sur  rennemi  \ 
envoyez  à  Naumburg,  si  cela  est  possible,  un  espion  ;  promettez-lui 
beaucoup  d'argent,  3,000  fr.,  môme  6,000  s'il  donne  de  bous  ren- 
seignements. I)  est  important  de  savoir  si  l'ennemi  se  concentre  ; 
quels  sont  les  points  où  il  veut  livrer  bataille  *,  ou  s'il  se  retire  sur 
Magdeburg  ;  où  est  le  Roi. 


LV   GÉNÉBAL    LA8ALLE    AU    GÉNÉRAL    BELLIABD. 

Wachholder-Baum,  li  octobre  1806,  8  heures  du  soir. 

Je  reçois  à  l'instant  votre  lettre  de  ce  soir,  je  ne  me  suis  point 
établi  à  Giebel-Roth,  mais  à  Wachbolder-Baum,  comme  j'ai  eu 
l'honneur  de  vous  en  instruire.  Ce  village  est  situé  an  haut  d'an 
vieux  plateau  en  arrière  d'un  bois,  et  la  position  est  propre  à  soat<>- 
nir  un  combat  de  cavalerie.  La  route,  d'ici  à  Zeitz,  est  moins  bonot 
que  d'ici  à  Géra.  M.  Lagrange,  aide  de  camp  de  S.  Â.  I.,  vient  d'en 
partir  avec  50  hommes  pour  Zeitz.  Pour  aller  d'ici  à  Crossen,  il  faut 
redescendre  à  Langenberg  et  passer  le  pont  à  Rôstritz.  Le  général 
Latour-Maubourg,  étant  à  Langenberg,  peut  mieux  faire  cette  re- 
connaissance que  moi.  C'est  aussi  à  lui  à  se  faire  procurer  des  ren- 
seignements sur  Naumburg  ;  malgré  cela,  j'ai  fait  ici  les  recherches 
nécessaires  pour  trouver  un  espion,  aucun  homme  n'a  voulu  m'en 
servir  ;  d'ailleurs  il  y  a,  d'ici  à  Naumburg,  9  lieues. 

J'ai  déjà  eu  l'honneur  de  vous  instruire  que  nous  avons  pris  200 

ou  300  fourgons C'est  une  bonne  journée  pour  mes  hussards. 

mais  nos  chevaux  sont  éreintés.  Les  prisonniers  disent  que  leBoi  est 
à  Ërfurt  avec  200,000  hommes  ;  on  fiait  courir  le  bruit  qu'une  co- 
lonne de  Russes  doit  être  arrivée  à  Dresde  ;  mais  l'officier  prussien 
qui  m'a  donné  cette  nouvelle  n'en  croit  rien  lui-même. 


LE  GÉNÉBAL  BELLIABD  AU  QÉNÉBAL  BEAUMOKT. 

11  octobre  1806. 

Si  les  hussards  ne  sont  pas  à  Langenberg,  vous  voudrez  y  en- 
voyer un  régiment  et  vous  y  établir  de  votre  personne.  Donnez  les 
ordres  pour  qu'on  se  garde  avec  la  plus  grande  précaution.  Faites 
éclairer  les  routes  d'Ëisenberg  et  Crossen  à  Naumburg,  et  celles  qui 
peuvent  conduire  à  Tinz  ou  qui  aboutissent  à  la  route  qui  va  de 
Tinz  à  Naumburg.  Questionnez  tout  le  monde  ;  ayez  le  plus  de  ren- 
seignements possible  et  envoyez -moi  deux  ordonnances. 


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11    OCTOBRE.  603 


LB    QBNBBAL    BEAUXOKT    AU   GÊNÉBAL    BBLLIABD,    A    GEBA. 

Tinz,  11  octobre  i806. 

J'ai  établi  ma  divifiion  comme  voas  me  Tavez  fait  dire,  à  droite  et 
à  gauche  de  la  grande  route,  en  avant  de  l'infanterie,  et  elle  ne  s'é- 
tend pas  à  plu3  d'une  bonne  demi-lieue;  j'ai  donné  l'ordre  qu'on  soit 
prêt  à  monter  à  cheval  à  6  heures  du  matin.  Je  viens  de  ma  personne 
an  village  de  Tinz,  au  château.  Je  vais  envoyer  un  sous-officier  pour 
qu'il  me  rapporte  des  ordres  pour  demain. 


LB  aÉNÉBAL  BEAUMONT  AU  GÉNÂBAL  BBLLIABD,  A  GEBA. 

Tinz,  11  octobre  1806. 

Je  vous  ai  rendu  compte  de  ma  position  ;  ma  première  brigade  est 
à  Langenberg,  et  les  hussards  eu  avant,  mais  très-près.  J'ai  donné 
l'ordre  à  tout  le  monde  de  se  garder  très-militairement.  Le  général 
Werlé  a  une  compagnie  dans  ce  village  ;  ainsi  nous  sommes  très- 
bien  ;  je  vais  donner  l'ordre  au  général  Latour-Maubourg  de  faire 
ponsser  des  reconnaissances  sur  les  routes  dont  vous  me  parlez.  Si 
j'ai  quelque  chose  d'intéressant,  je  vous  le  ferai  dire  de  suite  ;  je 
vous  envoie  les  ordonnances  ;  je  n'ai  toujours  point  mon  21^. 


LE   GEAND-DUC   DE   BERG   A   l'eMPEEEUR. 

Géra,  il  octobre  1806,  il  heures  du  soir. 

J'ai  rhonneiir  d'adresser  à  V.  M.  le  rapport  que  je  reçois  à 
l'instant  du  général  Lasalle.  Je  vous  aï  envoyé  avec  M.  Mont- 
joie  deux  négociants  qui  ont  traversé  toute  l'armée  ennemie  ; 
ils  pourront  vous  donner  des  renseignements  bien  positifs  si 
on  peut  les  forcer  à  être  sincères,  car  à  dire  vrai  je  les  crois 
espions  de  Tennemi.  La  route  qu'ils  ont  tenue  semble  le 
prouver,  car  pourquoi  de  Gotha  se  porter  sur  Erfurt,  et  de  là 
à  léna,  avec  le  projet  de  descendre  sur  Saalfeld  pour  se  ren- 
dre à  Leipzig. 

Les  nouveaux  renseignements  que  j'ai  pu  me  procurer 
semblent  confirmer  ceux  que  V.  M.  a  déjà  reçus  sur  la  réu- 
nion de  l'armée  à  Erfurt.  Le  sergent  autrichien  que  vous 


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504  CAMPAONE    DE    PRUSSE. 

avez  interrogé  est  parti  pour  Naumburg  et  pour  le  quartier 
général  de  Tarmée  prussienne  ;  il  a  promis  d'être  de  retour 
dans  la  matinée  ;  aussitôt  son  arrivée  je  l'enverrai  à  V.  M. 
Dès  que  mon  aide  de  camp  parti  pour  Zeitz  sera  de  retourj  je 
m'empresserai  de  vous  adresser  son  rapport. 

2  routes  conduisent  de  Géra  à  Naumburg,  celle  par  Zeitz, 
l'autre  par  Crossen  ;  la  première  bien  meilleure  n'est  plus 
longue  que  l'autre  que  d'une  lieue  et  demie  ;  ainsi  V.  M. 
pourra  toujours  exécuter  son  projet  en  s'élevant  jusques  à 
Zeitz. 

LE   PRINCE   DE   PONTE-CORVO   AU   GÉNÉRAL   DUPONT. 

Auma,  11  oclobre  1806,  minuit  ot  demi. 

Le  major  général  m'a  prévenu  hier,  mon  cher  Grénéral,  que 
S.  M.  avait  dirigé  votre  division  sur  Posneck  afin  que  vous 
fussiez  également  à  portée  de  former  mon  avant-garde  dans 
le  cas  où  je  marcherais  sur  Saalfeld,  et  mon  arrière-garde  si 
je  me  portais  directement  sur  Géra. 

A  l'instant  je  reçois  l'ordre  de  l'Empereur  de  marcher 
dès  la  pointe  du  jour  sur  Géra  ;  en  conséquence,  mon  cher 
Général,  vous  vous  dirigerez  sur  Géra  en  passant  par  Ebers- 
dorf  de  manière  à  vous  trouver,  selon  les  intentions  de  TEm- 
pereur,  l'arrière-garde  et  la  réserve  du  V^  corps  d'armée. 

Vous  n'avez  pas  un  instant  à  perdre,  car  je  pense  que  ma 
lettre  ne  vous  sera  pas  remise  avant  3  heures  du  matin.  Je 
partirai  du  village  de  Mittel,  près  la  ville  de  Triptis,  à  6  heu- 
res du  matin. 

Si  vous  aviez  reçu  de  l'Empereur  ou  du  major  général  des 
ordres  directs  qui  contrariassent  ceux  que  je  vous  donne, 
prévenez-m'en  de  suite.  Dans  le  cas  contraire,  suivez  exac- 
tement ce  que  je  vous  prescris. 

LE    GÉNÉRAL    UILBAUD    AU    GÉNÉRAL    DUPONT. 

Posneck,  il  octobre  180G,  5  heures  et  demie  du  matin. 

M .  le  maréchal  Davout  m'a  fait  rhonneur  de  m'écrire  que  je  dois 
flanquer  votre  division  dans  sa  marche  sur  Géra  ;  je  vous  prie,  mon 


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11    OCTOBRE,  505 

Général,  de  me  faire  connaître  la  route  que  vous  tiendrez  afin  de 
bien  vous  éclairer,  et  l'heure  à  laquelle  vous  voudrez  que  je  me 
mette  en  marche. 

Je  vais  retirer  tous  mes  postes  et  rallier  mes  reconnaissances,  et 
je  serai  prêt  à  6  heures  et  demie  à  marcher  avec  toute  ma  cava- 
lerie. 

Je  me  félicite,  mon  Général,  d*être  des  vôtres  et  vous  prie  d'agréer 
ia  nouvelle  assurance  de  tout  mon  respectueux  dévouement  et  atta- 
chement. 


LE  OÂNÉBAL  L.  BEETHIEB  AU  GÉNéBÂL  DUPONT. 

Mittel-Pôluitz,  il  octobre  1806,  8  heures  du  matin. 

(Le  général  répète  les  ordres  donnés  par  le  maréchal  Bernadotte 
dans  sa  lettre  de  minuit  et  demi  et  ajoute)  : 

...  Le  prince  de  Ponte-Corvo  avait  envoyé  immédiatement  après 
la  lettre  du  major  général  un  officier  pour  vous  porter  un  ordre  sem- 
blable ;  mais  cet  officier  disant  qu'il  a  rencontré  quelques  cavaliers 
ennemis  à  Neustadt  a  rapporté  sa  lettre  au  Prince.  Malgré  qu'il  pense 
bien  que  le  major  général  vous  ait  donné  des  ordres  directs  pour 
vous  mettre  en  mouvement  dès  ce  matin,  il  me  charge  de  vous  dire 
pour  plus  de  sûreté  de  vous  mettre  en  marche  de  suite  en  vous  diri- 
geant sur  Neustadt  et  que  vous  nous  serviez  d'arrière-garde  en  pas- 
sant par  la  route  de  Mittel-Pôlnitz  et  Ebersdorf. 

L'intention  du  Prince  est  d'attaquer  l'ennemi  s'il  tient  à  Géra. 
Vous  sentez  combien  il  est  important  que  vous  lui  envoyiez  un  offi- 
cier à  l'avance  pour  le  prévenir  de  votre  arrivée  et  de  la  distonce 
qui  nous  séparerait  afin  qu'il  soit  à  même  de  précipiter  ou  de  retar- 
der 8on  attaque  suivant  le  besoin. 

Je  vous  écris  à  8  heures  du  matin  de  ce  village  où  déjà  une  de 
nos  divisions  a  entièrement  passé  et  dont  la  tête  doit  être  à  Ebers- 
dorf. La  seconde  division  suit  immédiatement. 


1"  Corps.  ORDRE   POUR   LE    11    OCTOBRE. 

Quartier  général  à  Géra,  il  octobre  1806. 

Le  général  de  brigade  Werlé  s'établira  à  Tinz  avec  sa 
troupe,  poussant  des  postes  jusqu'à  Langenberg  sur  la  route 
<le  Naumburg,  et  occupant  Roschtttz  ;  il  enverra  des  recon- 
naissances sur  la  route  de  Géra  à  Zeitz.  Le  reste  de  la  divi- 


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506  CAMP4GNB    DE    PRUSSE. 

eion  Drouet  se  placera  en  avant  de  Géra,  dans  la  meilleure 
position  qu'il  trouvera. 

Le  général  Rivaud  s'établira  avec  sa  division  à  la  droite 
du  général  Drouet,  se  gardant  fort  en  avant  et  sur  son  flanc 
droit  par  des  grand'gardes  et  fera  faire  des  reconnaissances. 

Le  bataillon  du  8*  régiment  de  ligne  qui  est  placé  sur  la 
route  de  Géra  à  Roda,  y  restera  pour  soutenir  la  cavalerie 
qui  se  porte  en  avant. 

La  division  du  général  Dupont  prendra  position  le  long 
du  bois  en  arrière  de  la  ville  et  communiquera  avec  le  ba- 
taillon du  8«  qui  est  sur  la  route  de  Roda  et  qui  a  ordre  de 
soutenir  la  cavalerie. 

Le  4*  régiment  de  hussards  se  portera  à  Ronneburg  et  en 
échelons  dans  les  villages  en  arrière  vers  Géra  :  il  éclairera 
en  avant  les  routes  d'Altenburg  et  de  Dresde. 

Les  2*  régiment  de  hussards  et  5*  de  chasseurs  s'établi- 
ront à  Kaltenborn  et  en  arrière  jusqu'à  Géra,  dans  les  villa- 
ges à  un  quart  de  lieue  à  droite  et  à  gauche  de  la  route. 

Le  grand  parc  d'artillerie  sera  placé  à  Géra  s'il  peut  y 
arriver. 

Le  général  de  divisioiiy  chef  de  Vétat-major  général, 

L.  Bëbthieb. 

3*  corps.  1"  division,  précédée  par  la  cavalerie  légère,  quartier 
général,  Mittel-PôUnitz.  —  2*  division,  bivouac  près  d'Unter-  et 
Ober-Pôllnitz  ;  les  2  compagnies  du  108'  rejoignent.  —  3*  diTÎsion. 
sur  les  hauteurs  en  arrière  de  Mittel-Pdllnitz. 

4*  division  de  dragons,  Mittel-Pôllnitz. 

LE    OÉKÉBAL    ROUSSEL    AU    QÉNÂBAL    BULIN. 

Auma,  11  octobre  1806. 

D'après  l'ordre  de  M.  le  maréchal  Lefebvre,  vous  passerez  nne 
in^pection  des  armes  de  votre  brigade  aujourd'hui  à  3  heures.  Vous 
donnerez  l'ordre  à  la  troupe  de  se  reposer  et  vous  la  préviendrez 
qu'on  partira  à  1  heure  du  matin,  que  l'on  se  dispose  au  combat  et 
que  l'on  sera  peut-être  un  ou  2  jours  sans  trouver  de  subsistances. 

Assurez-vous  par  les  oflSciers  de  compagnie  que  les  cartouches  ne 


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11    OCTOBRE.  607 

sont  point  avariées  et  si  les  hommes  ont  50  cartouches  dans  leurs 
gibernes.  Dans  le  cas  où  elles  seraient  avariées,  vous  les  feriez  rem- 
placer de  suite  par  le  commandant  d'artillerie  de  votre  colonne. 

S'il  pleut  demain,  les  soldats  devront  cacher  leur  batterie  de 
fasil. 

Ainsi,  toutes  les  fois  qu*il  7  a  concentration,  c'est-à-dire  réunion 
de  troupes  pour  une  affaire  générale,  on  doit  s'attendre  à  être  2  jours 
sans  trouver  de  subsistances,  la  veille  de  la  bataille  jour  de  la  con- 
centration, et  le  jour  même  de  la  bataille.  Il  faut  donc  que  l'homme 
ait  toujours  sur  lui  2  jours  de  vivres  pour  ces  situations  pressantes. 


LE  MABÉCHAL  NET  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Schleiz,  11  octobre  18O&. 

J'ai  rhonneur  de  rendre  compte  à  V*  A.  que  mon  corps 
d  armée  est  réuni  en  totalité  sur  les  2  rives  de  la  Saale,  sa- 
voir :  la  division  d'avant-garde  *  en  avant  de  Rodersdorf  ;  la 
division  Marchand  bivouaquée  sur  2  lignes,  la  droite  à  la 
route  d'Auma  vers  Œttersdorf,  la  gauche  sur  Krispendorf, 
et  la  3*  division  bivouaquée  sur  les  hauteurs  en  arrière  de 
Schleiz  entre  Bôhmsdorf  et  Oschitz. 

Les  troupes  ont  ordre  d'être  sous  les  armes  demain  à 
2  heures  précises  du  matin  pour  marcher  sur  Auma  ou  toute 
autre  direction. 

Malgré  les  marches  forcées  que  le  corps  d'armée  a  faites 
consécutivement  depuis  treize  jours,  le  meilleur  esprit  y 
règne  :  officiers  et  soldats  expriment  à  l'envi  le  désir  d'at- 
teindre l'ennemi.  Tous  brûlent  de  combattre  sous  les  yeux 
de  l'Empereur  et  de  convaincre  S.  M.  qu'ils  sont  dignes 
d'être  appelés  à  concourir  à  l'exécution  de  ses  grands  des- 
seins. 

1"  division  de  grosse  cavalerie,  Oschitz. 
2*  division  de  grosse  cavalerie,  Lohenstein. 
1'*  division  de  dragons,  Steinwiesen. 


1.  Cavalerie  légère  et  bataillons  d'élite. 


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508  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE   MARÉCHAL   SOULT   A   l'eMPEREUR. 

Weyda,  il  octobre  1806,  10  heures  du  soir. 

Je  ne  reçois  qu'en  cet  instant  la  dépêche  datée  de  ScUeiz 
le  10  à  6  heures  du  soir  dont  V.  M.  m*a  honoré  et  je  m'em- 
presse de  lui  rendre  compte  de  la  position  que  les  divisions 
du  corps  d'armée  viennent  de  prendre. 

La  cavalerie  est  en  avant  de  Weyda. 

La  division  du  général  Legrand  est  en  position  en  arrière 
de  cette  ville. 
,  La  division  du  général  Levai  est  à  Hohen-ŒUsen. 

La  division  du  général  Saint-Hilaire  à  Ktihdorf. 

Le  parc  d'artillerie  est  à  Langenwetzendorf. 

Demain  à  10  heures  du  matin  je  puis  être  réuni  à  Géra 
et  j'avais  même  donné  des  ordres  en  conséquence;  mais 
je  reçois  au  même  instant  une  lettre  du  colonel  Blein,  aide 
de  camp  du  prince  ministre  de  la  guerre,  qui  me  prévient 
que  l'intention  de  V.  M.  est  que  je  me  tienne  prêt  à  marcher 
à  une  heure  après  minuit  pour  ftiire  une  marche  de  guerre. 
Aussitôt  que  j'en  aurai  reçu  l'ordre,  les  troupes  se  mettront 
en  mouvement  ;  mais  je  dois  observer  à  V.  M.  que  la  marche 
d'aujourd'hui,  quoiqu'elle  n'ait  pas  été  longue,  a  un  peu 
désuni  et  fatigué  les  troupes,  et  que  les  mauvais  chemins 
qu'il  y  a  à  parcourir,  quelle  direction  que  je  prenne,  empê- 
cheront de  faire  de  grands  progrès  pendant  la  nuit. 

V.  M.  me  fait  l'honneur  de  me  demander  si  de  Langen- 
wetzendorf il  y  a  une  bonne  route  qui  conduise  à  Zwickau  ; 
la  communication  qui  existe  entre  ces  2  points  est  certaine- 
ment mauvaise  ;  mais  elle  n'est  pas  impraticable  pour  l'artil- 
lerie ;  si  l'intention  de  V.  M.  était  que  je  prisse  cette  direc- 
tion, je  devrais  retourner  par  Langenwetzendorf,  Greiz, 
Reichenbach  et  Zwickau,  trajet  que  je  ne  pourrais  faire 
qu'en  2  marches. 

De  Zwickau  à  Chemnitz  il  y  aurait  encore  une  très-forte 
marche. 


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-^-r- 


11    OCTOBRE.  509 

En  prenant  la  direction  par  &era,  Altenburg,  Penning  et 
Chemnitz,  je  pourrais  faire  aussi  ce  chemin  en  3  marches,  et 
j'aurais,  je  crois,  meilleure  route. 

J*ai  reçu  Tordre  de  me  rendre  à  Géra,  et  V.  M.  n'a  pas 
rapporté  cette  disposition  ;  je  croirais  donc  toujours  remplir  ses 
intentions,  quelle  direction  que  le  corps  d'armée  doive  en- 
suite prendre,  en  réunissant  demain  le  corps  d'armée  à  Géra, 
et  en  le  tenant  prêt  à  se  mettre  immédiatement  en  marche  au 
premier  ordre  que  je  recevrai,  à  moins  que  par  de  nouveaux 
ordres  ma  destination  ne  soit  changée.  Ainsi,  j'aurai  toujours 
gagné  une  demi-marche  et  je  serai  en  rapport  avec  la  colonne 
du  centre,  près  de  laquelle  V.  M.  m'a  recommandé  d'ap- 
puyer. 

La  communication  est  bien  établie  avec  la  colonne  du  cen- 
tre, et  les  détachements  que  j'ai  pour  cet  effet  envoyés,  me 
rapportent  même  que  des  troupes  de  l'avant-garde  de  cette 
colonne  conduite  par  S.  A.  le  grand-duc  de  Berg  avaient  été 
aujourd'hui  dans  Géra,  ce  qui  me  met  en  quelque  sorte  en 
arrière  d'elle. 


LE   MARÉCHAL   SOULT  AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Weyda,  il  octobre  1806,  lO  heures  du  soir. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  du  mouvement 
que  le  corps  d'année  a  fait  aujourd'hui. 

Les  divisions  sont  parties  de  Plauen  et  se  sont  dirigées 
sur  Weyda  en  passant  par  Syrau,  Berns-Grtin,  Dobigau, 
Naitschau,  Langenwetzendorf  et  Wittichendorf. 

L'avant-garde  de  cayalerie  qui  était  à  Reichenbach  est 
passée  par  Greiz  et  Naitschau  où  elle  a  joint  le  corps  d'ar- 
mée. 

Ces  routes  sont  épouvantables,  mais  ce  sont  les  seules  du 
pays  qui  fussent  voiturables. 

J'ai  porté  un  régiment  de  cavalerie  sur  la  route  de  Géra; 
lin  autre  régiment  de  cavalerie  est  sur  la  route  de  Neustadt 
pour  lier  communication  avec  les  troupes  de  la  colonne  du 


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510  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

centre  qui  sont  dans  cette  partie.  (Suivent  les  renseignements 
contenus  dans  le  rapport  à  l'Empereur.)  Demain  je  réunirai 
tout  le  corps  d'armée  à  Géra.  U  me  serait  impossible  de  faire 
en  ce  jour  davantage,  car  la  marche  d'aujourd'hui,  quoi- 
qu'elle ne  soit  pas  longue,  a  été  extrêmement  fatigante  pour 
la  troupe  et  je  dois  la  réunir. 

Les  troupes  saxonnes  qui  étaient  à  Weyda  (2  régiments)  en 
sont  parties  il  y  a  3  jours  et  se  sont  dirigées  sur  léna  ;  celles  qui 
étaient  à  Géra  ont  aussi  pris  en  même  temps  cette  direction. 

Les  rapports  que  j'ai  reçus  en  arrivant  portent  qu'il  n'y  a 
pas  d'ennemis  d'ici  à  léna,  mais  que  sur  ce  point  il  devrait  y 
avoir  un  fort  corps  de  troupes.  Les  reconnaissances  que  j'ai 
envoyées  n'ont  pu  encore  me  faire  leurs  rapports,  mais  tout 
me  porte  à  croire  qu'entre  la  Saale  et  l'Elster  il  n'y  a  pas 
grand'chose.  Du  reste,  demain  je  ferai  porter  au  loin  des 
reconnaissances  pour  avoir  des  renseignements  positifs,  car 
on  ne  peut  compter  sur  aucun  de  ceux  que  les  habitants  du 
pays  donnent. 

4*  Corps.  ORDRE. 

Weyda,  il  octobre  1806. 

Demain  12  octobre  le  corps  d'armée  continuera  son  mou- 
vement et  se  dirigera  sur  Géra  :  à  cet  effet  le  général  Marga- 
ron  réunira  la  brigade  de  cavalerie  légère  en  avant  de  Weyda 
et  se  mettra  en  marche  à  7  heures  du  matin  pour  cette  desti- 
nation. 

Le  général  Guyot  restera  à  Rôppisch  avec  le  8^  de  hussards 
jusqu'à  ce  que  la  brigade  de  cavalerie  conduite  par  le  géné- 
ral Margaron  Tait  joint,  et  ensuite  se  portera  sur  Géra,  où  il 
recevra  de  nouveaux  ordres. 

Les  généraux  Legrand,  Levai  et  Saint  Hilaire,  mettront 
en  marche  leurs  divisions  à  la  pointe  du  jour  et  les  dirigeront 
sur  Géra  en  passant  par  Weyda.  Ils  feront  en  sorte  de  serrer 
leur  mouvement  afin  qu'il  n'y  ait  pas  d'intervalle  dans  les 
divisions. 


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11    OCTOBRE,  511 

Le  parc  d'artillerie  partira  de  Langenwetzendorf  à  la 
pointe  du  jour  et  suivra  la  marche  de  la  1"  division. 

  Géra  le  Maréchal  commandant  en  chef  donnera  de 
nouveaux  ordres  pour  continuer  le  mouvement. 

M**  SOULT. 

ORDRE   DU  JOUR. 

Schleiz,  11  octobre  1806. 

S.  M.  ordonne  que  tous  les  chevaux  appartenant  aux  diffé- 
rentes postes  des  routes  que  Tannée  a  parcourues,  soient  ren- 
voyés sur-le-champ  aux  postes  ;  toute  voiture  à  la  suite  de 
l'armée,  n'importe  à  qui  elle  appartiendra,  sera  sur-le-champ 
brûlée  si  elle  est  attelée  de  chevaux  de  poste.  Indépendam- 
ment de  cette  disposition,  l'Empereur  se  réserve  de  faire 
punir  particulièrement  l'officier  ou  l'administrateur  à  qui 
appartiendrait  la  voiture,  qui  aurait  contrevenu  au  présent 
ordre. 

La  communication  de  l'armée  est  un  objet  d'État. 

U  sera  passé  des  revues  des  chevaux  attelés  aux  différen- 
tes voitures. 

La  gendarmerie,  les  vaguemestres  et  toute  autre  autorité 
de  l'année,  ont  l'ordre  de  faire  brûler  les  voitures  qui  sui- 
vraient l'armée  avec  des  chevaux  de  poste. 

M**  Alex.  Berthier. 


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12   OCTOBRE 


NOTE. 


Garde,  10  au  soir,  à  Bamberg;  —  11,  à  Lîchtenfels  ;  —  12,  eu 
avant  de  Kronach  ;  —  13,  Lobenstein. 

D*Hautpoul,  le  11,  à  2  lieues  en  avant  de  Kronach  ;  —  14,  Auma  ; 
—  15,  léna. 

Klein,  le  11,  à  2  lieues  en  avant  de  Kronach  ;  —  15,  à  léna. 

le  14,  à  léna. 
le  13,  à  Âama. 

Klein,  le  12  à  Lobensteîn. 

léna  à  Weimar,  4  lieues.  Cavalerie  de  réserve,  le  14,  à  léna. 

Naumburg  à  Weimar,  7  lieues.         Garde,  le  15,  à  léna. 
Kahla  à  Weimar,  5  lieues.  Parc,  le  15,  à  Auma. 

Neustadt  à  léna,  5  lieues.  Davout,  le  14,  à  Apolda. 

Géra  à  léna,  7  lieues.  Lannes,  le  15,  à  Weimar. 

De  Zeitz  à  léna,  7  lieues.  Augereau,  le  14,  à  Mellingen. 

Bernadotte,  le  14,  à  Dornborg. 

Soult,  le  14,  à  léna. 

Ney,  le  14,  à  Kahla. 

Cette  note,  qui  est  entièrement  de  la  main  de  TËmpereur  et  que  la 
Commission  chargée  de  la  publication  de  la  correspondance  a  présume 
être  du  10  octobre,  contient  des  renseignements  très-curieux  sur  les 
projets  de  l'Empereur. 

Dès  le  5  l'Empereur  savait  que  le  gros  des  forces  de  rennemi  pa- 
raissait être  à  Erfurt  (au  maréchal  Soult). 

Le  8,  le  maréchal  Lannes  donnait  la  même  nouvelle,  disant  dans 
sa  dépêche  de  5  heures  après-midi  :  «  La  ligne  de  l'ennemi  est  à  Wei- 
mar, Erfurt  et  Gotha  » 


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12   OCTOBRE.  513 

L'Empereur,  désirant  une  bataille  et  résolu  à  attaquer  (au  maréchal 
Soult,  10,  8  heures  du  matin),  pouvait  penser  le  10  à  porter  son 
armée  vers  léna  pour  déboucher  ensuite  sur  Weimar.  La  note  pré- 
sente des  calculs  de  marche  que  tout  Commandant  d'armée  fait  pour 
•^  rendre  compte  de  la  position  de  ses  troupes. 

Pour  moi,  la  note  n*e6t  pas  entièrement  du  10  ;  elle  a  été  faite  en 
deux  fois  : 

La  première  partie  Garde  (il  s'agit  de  la  garde  à  cheval),  d'Bauf- 
pouî  et  EJein,  est  en  effet  de  la  matinée  du  10  ;  l'Empereur  se  rend 
compte  qu'il  ne  peut  marcher,  qu'il  a  trop  de  choses  en  arrière. 

Quant  à  la  seconde  partie  depuis  Klein  ^  le  12  à  Lobensiein,  elle 
est  de  la  nuit  du  11  au  12.  Les  calculs  de  distance  u'ont  pu  être 
faits  qu'une  fois  la  jonction  opérée,  et  elle  n'a  été  opérée  que  le  11; 
il  «st  en  outre  vraisemblable  que  ces  calculs  ont  permis  à  l'Empereur 
d'ordonner  les  mouvements  du  maréchal  Davout  sur  Naumburg,  du 
;?rand-duc  de  Berg  et  du  maréchal  Bernadotte  sur  Zeitz,  afin  de  pou- 
voir les  appeler  sur  le  champ  de  bataille  vers  Weimar  ;  et  ces  mou- 
vements n'ont  été  résolus  que  le  12  à  4  heures  du  matin. 

Ainsi  cette  seconde  partie  de  la  note  serait  de  la  fin  de  la  soirée 
du  11  ou  de  la  nuit  du  11  au  12. 

Je  pense  que  les  choses  se  passèrent  de  la  manière  suivante  : 

L'Empereur  était  encore  le  10  à  1 1  heures  du  matin  à  Ebersdorf  ; 
à  5  heures  et  demie  du  soir  il  était  à  Schleiz  ;  il  dicta  des  ordres  ; 
mais ,  devant  partir  dans  la  nuit  pour  être  à  Ô  heures  du  matin  a 
Auma,  il  ne  se  mit  pas  à  un  travail  de  cabinet.  A  peine  arrivé  à 
Aumale  11,  il  se  rendit  à  Géra,  d'où  il  revint  à  Auma  seulement 
dans  la  soirée.  H  est  donc  probable  que  la  feuille  de  papier  sur  la- 
<iuelle  rSmpereur  avait  porté  des  indications  à  Ebersdorf,  fut  ra- 
massée par  le  secrétaire  du  cabinet,  qui  la  mit  sur  la  table  de  l'Em- 
pereur à  Auma  à  une  place  analogue  à  celle  où  elle  se  trouvait  à 
Ebersdorf.  L'Empereur  s'en  servit  dans  la  nuit  du  1 1  au  12  pour  ses 
combinaisons  et  y  fit  de  nouvelles  inscriptions. 

Les  calculs  de  distance  ont  prouvé  à  l'Empereur  que  tous  les  mou- 
vements qu'il  va  ordonner  lui  permettront  de  réunir  son  armée  eu 
avant  d'Iéna  en  24  heures,  puisque  les  corps  les  plus  éloignés  n'au- 
ront que  7  lieues  à  parcourir. 

Quant  aux  emplacements  pour  le  14,  ils  présentent  l'armée  sur 
deux  lignes  : 

Première  ligne:  Angereau,  à  Mellinger  ;  —  Lannes,  entre  léna  et 
Weimar  ;  —  Davout,  à  Apolda  ; 

Seconde  ligne  :  Ney,  à  Rahla  ;  — >  Soult,  à  léna;  •—  Bernadotte, 
à  Domburg  ; 

La  cavalerie  de  réserve,  à  léna  ; 

La  Garde,  en  arrière  de  léna; 

CAMP.  DB  PSUSaB.  83 


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514  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  parc  à  Schleiz,  le  14,  à  deux  marches  des  corps  de  seconde 
ligue. 

L'armée  sera  ainsi  réunie  pour  combattre  le  15,  occupant  une 
ligne  de  bataille  de  12  kilomètres  d'Apolda  à  Mellingen,  sur  une 
profondeur  de  12  kilomètres  d'Apolda  à  Dornburg,  de  Frankendorf 
à  léna,  et  de  22  kilomètres  de  Mellingen  à  Kahla,  s'avançant  eu  un 
bataillon  carré  de  12  kilomètres  de  côté. 

La  direction  de  la  marche  pour  le  15  est  indiquée  par  la  mention  : 
Lannes,  le  15,  à  Weimar. 

Cette  note  prouve  donc  une  fois  de  plus  que  les  calculs  du  Com- 
nandant  de  Tarmée  ne  sont  basés  que  sur  des  présomptions,  que  le$ 
renseignements  qu'il  a  de  l'ennemi  sont  entachés  d'inexactitude,  et 
que  pour  ne  rien  donner  au  hasard  il  doit  toujours  se  trouver  en  m- 
tnation  de  combattre  avec  toutes  ses  forces  réunies  sur  un  même 
diamp  de  bataille. 


LE  MAJOR  GENERAL  AU  MARECHAL  NET. 

Auma,  11  octobre  1806,  minuit. 

L'Empereur,  M.  le  Maréchal,  ordonne  que  vous  vous  met- 
tiez sur-le-chainp  en  marche  avec  votre  corps  d'armée  pour 
vous  rendre  vers  Neustadt  où  vous  attendrez  de  nouveaux 
ordres.  Il  est  à  croire  qu'arrivé  à  Neustadt  vous  recevrez  des 
ordres  pour  continuer  votre  marche. 

Le  maréchal  Davout  est  en  avant  d'Âuma. 

Le  maréchal  Bemadotte  est  à  Géra.  —  Le  maréchal 
Lannes  qui  était  à  Saalfeld  a  eu  Tordre  de  marcher  sur  Pôs- 
neck  ;  mais  nous  n'avons  pas  de  ses  nouvelles.  Si  M.  le  ma- 
réchal Ney  en  apprend,  il  en  fera  passer  au  quartier  général 
ainsi  que  de  celles  qu'il  pourrait  apprendre  de  l'ennemi. 

LE    MAJOR   GÉNÉRAL   AU   MARECHAL   NEY. 

Auma,  12  octobre  1806,  3  heures  du  malin. 
Je  vous  envoie,  M.  le  Maréchal,  un  officier  de  mon  état- 
major  pour  vous  porter  un  nouvel  ordre  de  l'Empereur,  En 
conséquence  des  nouveaux  renseignements  que  nous  venons 
d'avoir  de  l'ennemi,  S.  M.  ordonne  que  vous  vous  rendiez 


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12    OCTOBRE.  515 

f 

de  suite  sur  Auma  et  que  vous  regardiez  comme  non  avenu 
l'ordre  daté  de  minuit,  qui  vous  ordonnait  de  vous  rendre  à 
Neustadt. 

(Ordre  porté  par  M.  Thomas,  officier  d'état- major,  parti  à  3  heures 
an  quart  du  matin.) 

t 
L*EMPEREUR  AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Auma,  la  octobre  1806,  4  heures  du  matin. 

Donnez  ordre  au  maréchal  Davout  de  partir  de  sa  position 
pour  se  diriger  sur  Naumburg,  où  il  arrivera  le  plus  vite 
qu'il  pourra,  en  tenant  cependant  toujours  ses  troupes  en 
situation  de  combattre.  Il  se  fera  précéder  par  toute  sa  cava- 
lerie légère,  qui  enverra  des  coureurs  aussi  loin  que  possible, 
tant  pour  avoir  des  nouvelles  de  Tennemi  que  pour  faire 
des  prisonniers,  arrêter  les  bagages  et  avoir  des  renseigne- 
ments précis. 

La  division  de  dragons  du  général  Sahuc  sera  sous  ses 
ordres.  Elle  se  rendra  à  Mittel-PôUnitz,  où  elle  prendra  les 
ordres  du  maréchal  Davout.  Le  prince  Murât  et  le  maréchal 
Bernadette  ont  ordre  également  de  se  rendre  à  Naumburg, 
mais  de  suivre  la  route  de  Zeitz. 

Le  maréchal  Lannes,  de  Neustadt,  se  rend  sur  léna.  Le 
maréchal  Augereau  se  rend  sur  Kahla.  Le  maréchal  Ney 
sera  à  Mittel-PôUnitz.  Le  quartier  général  sera  Géra  à 
midi. 

Donnez  ordre  qu'on  fasse  filer  les  divisions  de  grosse  ca- 
valerie et  les  divisions  de  dragons  qui  seraient  restées  en  ar- 
rière, ainsi  que  le  parc,  sur  Géra. 

CHANGEMENT   DE    DIRECTION    DE    l'aRHÉE. 

Le  Commandant  de  Tarmée,  par  suite  des  nouvelles  qu'il  reçoit  de 
rennemi,  peut  être  amené  à  modifier  la  direction  de  ses  colonnes  et 
par  suite  leur  composition  afin  d'éviter  les  fausses  marches. 

J-*e  11,  TEmpereur  dirige  le  Grand-duc  et  le  maréchal  Bernadette 


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516  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

sur  Géra  et  le  maréchal  Lannes  sur  Neastadt,  inclinant  son  armée 
vers  la  droite. 

Le  12,  il  redresse  sa  marche,  porte  le  maréchal  Lannes  sur  léuA 
et  fait  prendre  au  maréchal  Davout  la  tête  de  son  centre. 

Enfin  le  13  il  exécute  un  changement  de  front  sur  son  aile  gau- 
che :  le  maréchal  Davout  à  Naumburg  prend  la  droite,  le  maréchal 
Bernadotte  doit  former  le  centre  à  Dornburg,  tout  le  reste  de  l'armée 
serre  sur  léna  pour  livrer  bataille.  Dépêche  du  13  à  9  heures  du 
matin  au  Grand-duc. 


L'EMPEREUR  AU   MARECHAL   LANNES. 

Quarlier  impérial,  Auma,  ia  octobre  1806,  4  heures  du  maun. 

J'ai  reçu  avec  grand  plaisir  la  nouvelle  de  votre  affaire  du 
10  courant.  J'avais  entendu  la  canonnade  et  j'avais  envoyé 
une  division  pour  vous  soutenir*.  La  mort  du  prince  Louis 
de  Prusse  semble  être  une  punition  du  ciel,  car  c'est  le  véri- 
table auteur  de  la  guerre.  Réitérez  les  ordres  que  vous  avez 
déjà  donnés  pour  que  les  canons  pris  sur  les  ennemis  soient 
évacués  sur  Kronach  et  ne  soient  pas  volés  par  les  payans, 
comme  il  arrive  souvent.  J'étais  hier  au  soir  à  Géra.  Xous 
avons  mis  en  déroute  l'escorte  des  bagages  de  Tennemi  et 
pris  500  Toitures  ;  la  cavalerie  est  chargée  d'or.  Vous  rece- 
vrez Tordre  de  mouvement  de  la  part  du  major  général. 
Toutes  les  lettres  interceptées  font  voir  que  l'ennemi  a  perdu 
la  tête.  Ils  tiennent  conseil  jour  et  nuit,  et  ne  savent  quel 
parti  prendre.  Vous  verrez  que  mon  armée  est  réunie,  que 
je  leur  barre  le  chemin  de  Dresde  et  de  Berlin.  L'art  est 
aujourd'hui  d'attaquer  tout  ce  qu'on  rencontre,  afin  de  battre 
l'ennemi  en  détail  et  pendant  qu'il  se  réunit.  Quand  je  dis 
qu'il  faut  attaquer  tout  ce  qu'on  rencontre,  je  veux  dire 
qu'il  faut  attaquer  tout  ce  qui  est  en  marche  et  non  dans 
une  position  qui  le  rend  trop  supérieur.  Les  Prussiens  avaient 
déjà  lancé  une  colonne  sur  Francfort,  qu'ils  ont  bientôt  re- 
pliée. Jusqu'à  cette  heure,  ils  montrent  bien  leur  ignorance 
de  l'art  de  la  guerre.  Ne  manquez  pas  d'envoyer  beaucoup 


1.  La  division  Dupont. 


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12  OCTOBRE.  517 

(le  coureurs  devant  vous  pour  intercepter  les  malles,  les 
voyageurs,  et  recueillir  le  plus  de  renseignements  possible. 
Si  l'ennemi  fait  un  mouvement  d'Erfurt  sur  Saalfeld,  ce  qui 
serait  absurde,  mais  dans  sa  position  il  faut  s'attendre  à  toute 
sorte  d'événements,  vous  vous  réunirez  au  maréchal  Auge- 
reau  et  vous  tomberez  sur  le  flanc  des  Prussiens. 

l'empereur  au  grand-duc  de  berg. 

Auma,  12  octobre  I8û6,  4  heures  du  matin. 

Je  serai  aujourd'hui,  avant  midi,  à  Géra.  Vous  verrez, 
par  la  situation  de  l'armée  que  j'enveloppe  complètement 
l'ennemi.  Mais  il  me  faut  des  renseignements  sur  ce  qu^l 
veut  faire.  J'espère  que  vous  en  trouverez  dans  la  poste  de 
Zeitz.  Vous  avez  vu  ce  que  j'ai  fait  à  Géra  ;  faites  de  même  ; 
attaquez  hardiment  ce  qui  est  en  marche.  Ce  sont  des  colonnes 
qui  cherchent  à  se  rendre  à  un  point  de  réunion  et  la  rapidité 
de  mes  mouvements  les  empêche  de  recevoir  à  temps  un 
contre-ordre.  2  ou  3  avantages  de  cette  espèce  écraseront  l'ar- 
mée prussienne,  sans  qu'il  soit  peut-être  besoin  d'affaire  gé- 
nérale. Le  maréchal  Davout  envoie  directement  à  Naumburg 
toute  sa  cavalerie  ;  il  mène  avec  son  corps  d'armée  la  divi- 
sion Sahuc.  Inondez  avec  la  vôtre  toute  la  plaine  de  Leipzig. 

l'empereur  au  maréchal  soult. 

Auma,  la  octobre  1*806,  4  heures  du  malin. 

Réunissez-vous  à  Géra  et  à  Ronneburg.  Il  est  possible 
que  vous  ne  fassiez  pas  aujourd'hui  d'autre  mouvement.  Je 
serai  d'ailleurs  à  midi  à  Géra,  où  est  le  quartier  général. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  ORAKD-DUC  DE  BERG. 

Auma,  la  octobre  1806,  4  heures  du  matin. 

L'Empereur  ordonne,  mon  Prince,  que  vous  partiez  sur- 
le-champ  de  Géra  pour  vous  rendre  à  Zeitz  ;  vous  jetterez  des 
coureurs  sur  Leipzig  et  sur  Naumburg. 


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518  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

De  Zeitz,  si  vos  renseignements  portent  que  l'ennemi  est 
toujours  du  côté  d'Erfurt,  l'intention  de  l'Empereur  est 
que  vous  vous  portiez  sur  Naumburg  où  sera  le  maréchal 
Davout. 

Le  quartier  général  sera  aujourd'hui  12  à  Géra. 

La  position  de  l'armée  aujourd'hui  12,  est  ainsi  qu'il 
suit  : 

Le  maréchal  Soult  à  Géra  ; 

Le  maréchal  Ney  à  Mittel  ; 

Le  maréchal  Lannes  à  léna  ; 

Le  maréchal  Augereau  à  Eahla; 

Le  maréchal  Davout  en  route  de  Mittel  sur  Naumburg. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  BERKADOTTE. 

Auxna,  12  octobre  1806,  4  heures  du  malin. 

Je  vous  préviens,  M.  le  Maréchal,  que  je  donne  l'ordre  au 
grand-duc  de  Berg  de  se  porter  sur  Zeitz  et  de  là  sur  Naum- 
burg si  les  renseignements  qu'il  recueillera  de  l'ennemi,  le 
portent  toujours  à  croire  que  ses  principales  forces  sont  du 
côté  d'Erfurt.  L'intention  de  l'Empereur  est  que  vous  ap- 
puyiez le  mouvement  du  Grand-duc  ;  concertez-vous  avec  lui 
pour  votre  marche. 

Le  quartier  général  sera  rendu  aujourd'hui  à  midi  à  Géra. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  LANNES. 

Âuma,  12  octobre  1806,  4  heures  et  demie  du  matin. 

Il  est  ordonné  à  M.  le  maréchal  Lannes  de  se  porter  au- 
jourd'hui avec  tout  son  corps  d'armée  sur  léna. 

Je  donne  l'ordre  au  maréchal  Augereau  de  se  porter  sur 
Kahla  ;  le  maréchal  Ney  se  trouvera  ce  soir  à  Mittel  et  le 
maréchal  Soult  à  Géra  ;  le  maréchal  Davout  sera  sur  la  route 
de  Mittel  à  Naumburg;  le  maréchal  Bemadotte  sur  la  route 
de  Géra  à  Naumburg  en  passant  par  Zeitz.  Le  quartier  gé- 
'  néral  sera  à  midi  à  Géra. 


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12    OCTOBRE.  519 

L'intention  de  TEmpereur,  M.  le  Maréchal,  est  qu'aussitôt 
votre  arrivée  à  léna,  vous  preniez  tous  les  renseignements 
possibles  pour  savoir  ce  que  fait  Tennemi  depuis  3  jours. 
Vous  ferez  ouvrir  les  lettres  de  la  poste.  Vous  ferez  inter- 
roger les  postillons  et  les  maîtres  de  poste  afin  d'apprendre 
ce  que  fait  l'ennemi,  vous  enverrez  des  courriers  sur  Wey- 
inar. 

Je  vous  préviens  que  nous  avons  pris  hier  sur  notre  droite, 
entre  Géra  et  Zeitz,  plus  de  300  voitures  de  bagages,  de 
l'artillerie,  des  objets  précieux  et  fait  200  prisonniers. 

LE   MAJOR   GtlNÉRAL   AU   MARÉCHAL   AUGERfc^AU. 

Auma,  12  octobre  1806,  4  heures  et  demie  du  matin. 

L'Empereur,  M.  le  Maréchal,  ordonne  que  vous  vous 
portiez  avec  votre  corps  d'armée  sur  Kahla.  M.  le  maréchal 
Lannes  reçoit  l'ordre  de  se  porter  sur  léna.  Envoyez  des 
coureurs  en  avant  pour  avoir  des  nouvelles  de  l'ennemi  ; 
adressez-moi  toutes  les  nouvelles  que  vous  aurez  au  quartier 
impérial  à  Géra.  Mettez-vous  en  correspondance  avec  le  ma- 
réchal Lannes  à  léna. 

La  position  de  l'armée  du  12  sera  ainsi  qu'il  suit  : 

Le  Grand-duc  se  porte  sur  Zeitz  et  de  là  sur  Naumburg,  si 
l'ennemi  est  toujours  du  côté  d'Erfurt  ; 

Le  maréchal  Bernadette  suit  ce  mouvement  ; 

Le  maréchal  Soult  à  Géra  ; 

Le  maréchal  Ney  à  Mittel  ; 

Le  maréchal  Davout  se  met  en  route  de  Mittel  sur  Naum- 


LE  MAJOR  GENERAL  AU  MARECHAL  DAVOUT. 

Auma,  12  oclobre  i806,  5  heures  du  malin. 

II  est  ordonné  à  M.  le  maréchal  Davout  de  partir  avec  tout 
son  corps  d'armée  de  la  position  qu'il  occupe  pour  se  diriger 
directement  sur  Naumburg  oii  il  arrivera  le  plus  vite  qu'il 


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520  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

pourra,  en  tenant  toujours  cependant  ses  troupes  en  situation 
de  combattre  ;  il  se  fera  précéder  par  toute  sa  cavalerie  lé- 
gère qui  enverra  des  coureurs  aussi  loin  que  possible  tant 
pour  avoir  des  nouvelles  de  Tennemi  que  pour  faire  des  pri- 
sonniers, arrêter  les  bagages  et  avoir  des  renseignements 
précis. 

La  division  de  dragons  du  général  Sahuc  sera  sous  les 
ordres  du  maréchal  Davout  :  je  le  préviens  que  je  fais  dire 
au  général  Sahuc  de  se  rendre  à  Mittel  où  il  prendra  les 
ordres  du  maréchal  Davout. 

Le  grand-duc  de  Berg  et  le  maréchal  Bemadotte  ont  éga- 
lement Tordre  de  se  rendre  sur  Naumburg,  mais  de  suivre 
la  route  de  Zeitz.  Le  maréchal  Lannes  de  Neustadt  se  rend 
sur  léna.  Le  maréchal  Augereau  se  rend  à  Kahla  ;  le  maré- 
chal Soult  à  Géra  ;  le  maréchal  Ney  à  Mittel.  Le  quartier 
général  impérial  sera  aujourd'hui  à  midi  à  Géra. 

LE  MAJOR  GÉKÉRAL  AU  GENERAL  SAHUC. 

Auma,  12  octobre  1806,  6  heures  du  matin. 

L'Empereur  ordonne,  Général,  que  vous  soyez  aux  ordres 
de  M.  le  maréchal  Davout;  ce  Maréchal  est  en  avant  de  vous 
à  Mittel  ;  le  général  Sahuc  enverra  prendre  ses  ordres,  sa 
division  étant  destinée  à  marcher  avec  son  corps  d'armée. 
J*en  préviens  le  grand-duc  de  Berg.  Rendez-vous  sur-le- 
champ  avec  votre  division  à  Mittel. 


Auma,  12  octobre  i806. 

Sire,  TEmpereur  Napoléon  me  charge  d'avoir  Thonneur 
de  témoigner  à  V.  M.  toute  la  part  qu'il  prend  à  la  peine 
qu'a  dû  lui  faire  la  mort  glorieuse  du  prince  Louis. 

Je  présente  à  V.  M.  l'hommage  de  mon  respect. 


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r 


12   OCTOBRE.  521 

ORDRES   DONNÉS   PAR  LE   MAJOR   GÉNÉRAL. 

18  octobre  1806. 

Au  commandant  du  bataillon  de  Nassau-Usingen  —  de  se 
rendre  de  Bamberg  à  Schleiz  où  il  est  destiné  à  tenir  gar- 
nison et  à  mettre  la  police  dans  cette  partie  des  communica- 
tions de  l'armée. 

Au  général  commandant  la  division  des  troupes  de  Bade 
—  de  se  rendre  de  Wtirzburg  à  Schleiz. 

Au  général  Thouvenot,  commandant  à  Wilrzburg  —  pour 
le  même  objet. 

Au  général  commandant  la  division  des  troupes  de  Wur- 
temberg —  de  se  rendre  d'EUwangen  à  Baireuth. 

l'empereur  au  maréchal  davout. 

Auma,  18  octobre  1806,  8  heures  et  demie  du  matin. 

Je  monte  à  cheval  pour  me  rendre  à  Géra.  Instruisez-moi 
de  la  route  que  vous  prenez  pour  vous  rendre  à  Naumburg. 
11  serait  possible  que  l'ennemi  exécutât  son  mouvement  de 
retraite  derrière  l'Ilm  et  la  Saale  ;  car  il  me  paraît  qu'il 
évacue  léna  ;  il  vous  sera  facile  de  vous  en  assurer  une  fois 
arrivé  à  Naumburg.  Faites  battre  la  plaine  par  toute  votre 
cavalerie  légère,  et  envoyez  aussi  rapidement  que  vous 
pourrez  des  nouvelles  au  prince  Murât,  qui  sera  du  côté  de 
Zeitz,  et  à  moi,  qui  serai  du  côté  de  Géra.  Le  maréchal  Ney 
sera  à  Géra*  de  bonne  heure.  Vous  pourrez  lui  faire  part  de 
ce  qui  viendra  à  votre  connaissance. 

l'empereur  a  m.  de  talleyrand. 

Auma,  18  octobre  1806. 

Je  vous  envoie  les  décorations  du  prince  Louis  de  Prusse. 
J'y  joins  des  lettres  qui  ont  été  trouvées  sur  lui  ;  je  ne  les  ai 


1.  L'Empereur  a  probablement  voulu  dire  Auma.  Le  rnsgor  général  avait  dit 
dams  la  dépêche  de  6  heures  du  matin  :  i  Le  maréchal  Ney  à  MitleL  » 


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522  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

lues  que  très  légèrement  ;  lisez-les  avec  attention.  Voyez 
avec  M.  Laforest  si  Ton  y  comprend  quelque  chose.  Ren- 
voyez M.  de  Knobelsdorf  en  échange  contre  M.  Laforest. 

Les  affaires  vont  ici  tout  à  fait  comme  je  les  avais  caleu- 
léesj  il  y  a  deux  mois,  à  Paris,  marche  par  marche,  presque 
événement  par  événement  ;  je  ne  me  suis  trompé  en  rien. 

Je  ne  suis  pas  dupe  de  la  neutralité  de  Hesse-Cassel  ;  je 
suis  étonné  que  vous  le  soyez,  après  ce  que  vous  avez  vu  de 
mes  mouvements  et  de  la  retraite  de  Tannée  prussienne.  Il 
se  passera  des  choses  intéressantes  d'ici  à  deux  ou  truk 
jours  ;  mais  tout  paraît  me  confirmer  dans  l'opinion  que  les 
Prussiens  n'ont  presque  aucune  chance  pour  eux.  Leurs 
généraux  sont  de  grands  imbéciles.  On  ne  conçoit  pas  com- 
ment le  duc  de  Brunswick,  auquel  on  accorde  des  talents, 
dirige  d'une  manière  aussi  ridicule  les  opérations  de  cette 
armée. 

Dresde  est  entièrement  découvert. 

l'empereur  a  m.  de  talleyrand. 

Auma,  18  octobre  1806,  7  heures  du  matin. 
Je  VOUS  adresse  les  bulletins.  Vous  ne  les  ferez  pas  impri- 
mer, parce  que  je  ne  désire  pas  qu'ils  arrivent  sitôt.  Vous 
les  enverrez  à  M.  Cambacérès,  pour  qu'il  les  fasse  mettre 
dans  le  Moniteur,  et  vous  en  expédierez  une  copie  au  prince 
Eugène.  Vous  en  ferez  faire  une  copie  pour  le  roi  de  Hol- 
lande, mais  en  lui  faisant  connaître  que  je  ne  veux  pas  qu'il 
les  imprime,  les  ennemis  les  recevraient  cinq  ou  six  joure 
trop  tôt. 

2*  bulletin  de  la  grande  armée. 

Auma,  12  octobre  iSOt;. 
'L'Empereur  est  parti  de  Bamberg  le  8  octobre,  à  3  heures 
du  matin,  et  est  arrivé  à  9  heures  à  Kronach.  Sa  Majesté  a 
traversé  la  foret  de  la  Franconie  à  la  pointe  du  jour  du  9^ 


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12    OCTOBRE.  523 

pour  se  rendre  à  Ebersdorf  ;  et  de  là  elle  s'est  portée  sur 
Schléiz,  où  elle  a  assisté  au  premier  combat  de  la  campagne. 
Elle  est  revenue  coucher  à  Ebersdorf,  en  est  repartie  le  10 
pour  Schleiz,  et  est  arrivée  le  11  à  Auma,  où  elle  a  couché 
après  avoir  passé  la  journée  à  Géra.  Le  quartier  général  part 
dans  Tinstant  même  pour  Géra. 

Tous  les  ordres  de  TEmpereur  ont  été  parfaitement  exé- 
cutés. 

Le  maréchal  Soult  se  portait  le  7  à  Baireuth,  se  présentait 
le  9  à  Hof,  a  enlevé  tous  les  magasins  de  l'ennemi,  lui  a 
fait  plusieurs  prisonniers,  et  s'est  porté  sur  Plauen  le  10. 

Le  maréchal  Ney  a  suivi  son  mouvement  à  une  demi- 
journée  de  distance. 

Le  8,  le  grand-duc  de  Berg  a  débouché,  avec  la  cavalerie 
légère,  de  Kronach,  et  s'est  porté  devant  Saalburg,  ayant 
aveclui  le  27*  régiment  d'infanterie  légère.  Un  régiment 
prussien  voulait  défendre  le  passage  de  la  Saale  ;  après  une 
canonnade  d'une  demi-heure,  menacé  d'être  tourné,  il  a 
abandonné  sa  position  et  la  Saale. 

Le  9,  le  grand-duc  de  Berg  se  porta  sur  Schleiz  ;  un  gé- 
néral prussien  y  était  avec  10,000  hommes.  L'Empereur  y  ar- 
riva à  midi  et  chargea  le  maréchal  prince  de  Ponte-Corvo  d'at- 
taquer et  d'enlever  le  village,  voulant  l'avoir  avant  la  fin  du 
jour.  Le  Maréchal  fit  ses  dispositions,  se  mit  à  la  tête  de  ses 
colonnes  ;  le  village  fut  enlevé  et  l'ennemi  poursuivi  ;  sans 
la  nuit,  la  plus  grande  partie  de  cette  division  eût  été  prise. 
Le  général  Watier,  avec  le  4*  de  hussards  et  le  5*  de  chas- 
seurs, fit  une  belle  charge  de  cavalerie  contre  trois  régiments 
prussiens.  Quatre  compagnies  du  27*  d'infanterie  légère  se 
trouvant  en  plaine  furent  chargées  par  les  hussards  prus- 
siens ;  mais  ceux-ci  virent  comme  l'infanterie  française  re- 
çoit la  cavalerie  prussienne.  Plus  de  200  cavaliers  restèrent 
sur  le  champ  de  bataille.  Le  général  Maison  commandait 
l'infanterie  légère.  Un  colonel  ennemi  fut  tué,  deux  pièces 
de  canon  prises,  300  hommes  furent  faits  prisonniers  et 
400  tués.  Notre  perte  a  été  de  peu  d'hommes.  L'infanterie 
prussienne  a  jeté  ses  armes  et  a  fui  épouvantée  devant  les 


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524  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

baïonnettes  françaises.  Le  grand-duc  de  Berg  était  au  milieu 
des  charges,  le  sabre  à  la  main. 

Le  10,  le  prince  de  Ponte-Corvo  a  porté  son  quartier  gé- 
néral à  Auma.  Le  11,  le  grand-duc  de  Berg"  est  arrivé  à 
Géra.  Le  général  de  brigade  Lasalle,  de  la  cavalerie  de  la 
réserve,  a  culbuté  Tescorte  des  bagages  ennemis  ;  500  cais- 
sons et  voitures  de  bagages  ont  été  pris  par  les  hussards  fran- 
çais ;  notre  cavalerie  légère  est  couverte  d'or.  Les  équipages 
de  pont  et  plusieurs  objets  importants  font  partie  du  convoi. 

La  gauche  a  eu  des  succès  égaux.  Le  maréchal  Lannes 
est  entré  à  Coburg  le  8,  se  portait  le  9  sur  Grâfenthal  ;  il  a 
attaqué,  le  10,  à  Saalfeld,  Tavant-garde  du  prince  Hohen- 
lohe,  commandée  par  le  prince  Louis  de  Prusse,  un  des 
champions  de  la  guerre.  La  canonnade  n*a  duré  que  deux 
heures  ;  la  moitié  de  la  division  du  général  Suchet  a  seule 
donné  ;  la  cavalerie  prussienne  a  été  culbutée  par  les  9'  et 
10*  régiments  de  hussards  ;  l'infanterie  prussienne  n'a  pu 
conserver  aucun  ordre  dans  sa  retraite  ;  partie  a  été  culbutée 
dans  un  marais,  partie  dispersée  dans  les  bois.  On  a  fait 
1 ,000  prisonniers  ;  600  hommes  sont  restés  sur  le  champ  de 
bataille  ;  30  pièces  de  canon  sont  tombées  au  pouvoir  de 
Tarmée.  Voyant  ainsi  la  déroute  de  ses  gens,  le  prince  Louis 
de  Prusse,  en  brave  et  loyal  soldat,  se  prit  corps  à  corps 
avec  un  maréchal  des  logis  du  10"  régiment  de  hussards. 
«  Rendez-vous,  colonel,  lui  dit  le  hussard,  ou  vous  êtes 
«  mort.  >  Le  Prince  lui  répondit  par  un  coup  de  sabre  ;  le 
maréchal  des  logis  riposta  par  un  coup  de  pointe,  et  le  Prince 
tomba  mort.  Si  les  derniers  instants  de  sa  vie  ont  été  ceux 
d'un  mauvais  citoyen,  sa  mort  est  glorieuse  et  digne  de 
regret  ;  il  est  mort  comme  doit  désirer  de  mourir  tout  bon 
soldat.  Deux  de  ses  aides  de  camp  ont  été  tués  à  ses  côtés. 
On  a  trouvé  sur  lui  des  lettres  de  Berlin  qui  font  voir  que 
le  projet  de  Tennemi  était  d'attaquer  incontinent,  et  que  le 
parti  de  la  guerre,  à  la  tête  duquel  étaient  le  jeune  Prince 
et  la  Reine,  craignait  toujours  que  les  inclinations  pacifiques 
du  Roi,  et  l'amour  qu'il  porte  à  ses  sujets,  ne  lui  fissent 
adopter  des  tempéraments  et  ne  déjouassent  leurs  cruelles 


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12   OCTOBRE.  525 

espérances.  On  peut  dire  que  lès  premiers  coups  de  la  guerre 
ont  tué  un  de  ses  auteurs. 

Dresde  ni  Berlin  ne  sont  couverts  par  aucun  corps  d'ar- 
mée. Tournée  par  sa  gauche,  prise  en  flagrant  délit  au  mo- 
ment où  elle  se  livrait  aux  combinaisons  les  plus  hasardées, 
l'armée  prussienne  se  trouve  dès  le  début  dans  une  position 
assez  critique.  Elle  occupe  Eisenach,  Gotha,  Erfurt,  Wei- 
mar.  Le  12,  Tarmée  française  occupe  Saalfeld  et  Géra,  et 
marche  sur  Naumburg  et  léna.  Les  coureurs  de  Tarmée 
française  inondent  la  plaine  de  Leipzig. 

Toutes  les  lettres  interceptées  peignent  le  conseil  du  Roi 
déchiré  par  des  opinions  diflférentes  ;  toujours  délibérant  et 
jamais  d'accord;  Tincertitude,  Talarme  et  T épouvante  pa- 
raissent déjà  succéder  à  l'arrogance,  à  l' inconsidération  et  à 
la  folie. 

Hier  11,  en  passant  à  Géra  devant  le  27*  régiment  d'in- 
fanterie légère,  l'Empereur  a  chargé  le  colonel  de  témoigner 
sa  satisfaction  à  ce  régiment  sur  sa  bonne  conduite. 

Dans  tous  ces  combats,  nous  n'avons  à  regretter  aucun 
officier  de  marque  ;  le  plus  élevé  en  grade  est  le  capitaine 
Campocasso,  du  27*  d'infanterie  légère,  brave  et  loyal  offi- 
cier. Nous  n'avons  pas  eu  40  tués  et  60  blessés. 

l'empereur   au   roi   de   PRUSSE. 

Camp  impérial,  Géra,  12  octobre  1806. 

Monsieur  mon  Frère,  je  n'ai  reçu  que  le  7  la  lettre  de 
Votre  Majesté,  du  25  septembre.  Je  suis  fâché  qu'on  lui  ait 
fait  signer  cette  espèce  de  pamphlet*. 


1.  Cette  lettre  a  paru  dans  le  Moniteur  du  30  octobre  1806,  accompagnée 
de  la  note  suivante  : 

«  Ceci  a  rapport  à  une  lettre  du  roi  de  Prusse,  composée  de  vingt  pages, 
véritable  rapsodie  que  très-certainement  le  Roi  n'a  pu  lire  ni  comprendre. 
Nous  ne  pouvons  l'imprimer,  attendu  que  tout  ce  qui  tient  à  la  correspon- 
dance  particulière  des  souverains  reste  dans  le  portefeuille  de  l'Empereur  et 
ne  Tient  paB  à  la  connaissance  du  public.  Si  nous  publions  celle  de  S.  M., 
c'est  parce  que,  beaucoup  d'exemplaires  en  ayant  été  faits  au  quartier  général 
des  Prussiens,  où  on  la  trouva  très-belle,  une  copie  en  est  tombée  entre  nos 
mains.  » 


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526  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Je  ne  lui  réponds  que  pour  lui  protester  que  jamais  je 
n'attribuerai  à  elle  les  choses  qui  y  sont  contenues  ;  toutes 
sont  contraires  à  son  caractère  et  à  Thonneur  de  tous  deux. 
Je  plains  et  dédaigne  les  rédacteurs  d'un  pareil  ouvrage. 
J'ai  reçu,  immédiatement  après,  la  note  de  son  ministre, 
du  1"  octobre.  Elle  m'a  donné  rendez-vous  le  8.  En  boin 
chevalier,  je  lui  ai  tenu  parole  :  je  suis  au  milieu  de  la 
Saxe.  Qu'elle  m'en  croie,  j'ai  des  forces  telles  que  toutes 
ses  forces  ne  peuvent  balancer  longtemps  la  victoire.  Mais 
pourquoi  répandre  tant  de  sang  ?  A  quel  but  ?  Je  tiendrai  à 
Votre  Majesté  le  même  langage  que  j'ai  tenu  à  l'empereur 
Alexandre  deux  jours  avant  la  bataille  d'Austerlitz.  Fasse 
le  ciel  que  des  hommes  vendus  ou  fanatisés,  plus  les  ennemis 
d'elle  et  de  son  règne  qu'ils  ne  le  sont  du  mien  et  de  ma 
nation,  ne  lui  donnent  pas  les  mêmes  conseils  pour  arriver 
au  même  résultat  !  Sire,  j'ai  été  votre  ami  depuis  six  ans. 
Je  ne  veux  point  profiter  de  cette  espèce  de  vertige  qui 
anime  ses  conseils,  et  qui  lui  ont  fait  commettre  des  erreui» 
politiques  dont  l'Europe  est  encore  tout  étonnée,  et  des 
erreurs  militaires  de  l'énormité  desquelles  l'Europe  ne  tar- 
dera pas  à  retentir.  Si  elle  m'eût  demandé  des  choses  pos- 
sibles, par  sa  note,  je  les  eusse  accordées  ;  elle  a  demandé 
mon  déshonneur,  elle  devait  être  certaine  de  ma  réponse. 
La  guerre  est  donc  faite  entre  nous,  l'alliance  rompue  pour 
jamais.  Mais  pourquoi  faire  égorger  nos  sujets  ?  Je  ne  prise 
point  une  victoire  qui  sera  achetée  par  la  vie  d'un  bon 
nombre  de  mes  enfants.  Si  j'étais  à  mon  début  dans  la  car- 
rière militaire,  et  si  je  pouvais  craindre  les  hasards  des  com- 
bats, ce  langage  serait  tout  à  fait  déplacé.  Sire,  Votre  Ma- 
jesté sera  vaincue  ;  elle  aura  compromis  le  repos  de  ses 
jours;  l'existence  de  ses  sujets,  sans  l'ombre  d'un  prétexte. 
Elle  est  aujourd'hui  intacte  et  peut  traiter  avec  moi  d'une 
manière  conforme  à  son  rang  ;  elle  traitera,  avant  an  mois, 
dans  une  situation  différente.  Elle  s'est  laissée  aller  à  des 
irritations  qu'on  a  calculées  et  préparées  avec  art.  Elle  ma 
dit  qu'elle  m'avait  souvent  rendu  des  services.  Eh  bien,  je 
veux  lui  donner  la  preuve  du  souvenir  que  j'en  ai.  Elle  est 


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12  OCTOBRE.  527 

maîtresse  de  sauver  à  ses  sujets  les  ravages  et  les  malheurs 
(le  la  guerre.  A  peine  commencée,  elle  peut  la  terminer,  et 
elle  fera  une  chose  dont  TEurope  lui  saura  gi'é.  Si  elle 
écoute  les  furibonds  qui,  il  y  a  quatorze  ans,  voulaient  pren- 
dre Paris,  et  qui  aujourd'hui  Font  embarquée  dans  une 
guerre  et  immédiatement  après  dans  des  plans  offensifs  éga- 
lement inconcevables,  elle  fera  à  son  peuple  un  mal  que  le 
reste  de  sa  vie  ne  pourra  guérir.  Sire,  je  n'ai  rien  à  gagner 
contre  Votre  Majesté.  Je  ne  veux  rien  et  n'ai  rien  voulu 
d'elle.  La  guerre  actuelle  est  une  guerre  impolitique. 

Je  sens  que  peut-être  j'irrite  dans  cette  lettre  une  cer- 
taine susceptibilité  naturelle  à  tout  souverain  ;  mais  les  cir- 
constances ne  demandent  aucun  ménagement.  Je  lui  dis  les 
choses  comme  je  les  pense.  Et,  d'ailleurs,  que  Votre  Ma- 
jesté me  permette  de  le  lui  dire,  ce  n'est  pas  pour  l'Europe 
une  grande  découverte  que  d'apprendre  que  la  France  est 
du  triple  plus  populeuse,  et  aussi  brave  et  aguerrie,  que  les 
Etats  de  Votre  Majesté.  Je  ne  lui  ai  donné  aucun  sujet  réel 
de  guerre.  Qu'elle  ordonne  à  cet  essaim  de  malveillants 
et  d'inconsidérés  de  se  taii*e  à  l'aspect  de  son  trône,  dans  le 
respect  qui  lui  est  dû  ;  et  qu'elle  rende  la  tranquillité  à  elle 
et  à  ses  Etats.  Si  elle  ne  retrouve  plus  jamais  en  moi  un 
allié,  elle  retrouvera  un  homme  désireux  de  ne  faire  que 
des  guerres  indispensables  à  la  politique  de  mes  peuples, 
et  ne  point  répandre  le  sang  dans  une  lutte  avec  des  sou- 
verains qui  n'ont  avec  moi  aucune  opposition  d'industrie, 
de  commerce  et  de  politique.  Je  prie  Votre  Majesté  de  ne 
voir  dans  cette  lettre  que  le  désir  que  j'ai  d'épargner  le  sang 
des  honmies,  et  d'éviter  à  une  nation,  qui  géographiquement 
ne  saurait  être  ennemie  de  la  mienne,  l'amer  repentir  d'avoir 
trop  écouté  des  sentiments  éphémères,  qui  s'excitent  et  se 
calment  avec  tant  de  facilité  parmi  les  peuples. 

Sur  ce,  je  prie  Dieu,  Monsieur  mon  Frère,  qu'il  vous  ait 
en  sa  sainte  et  digne  garde. 

De  Votre  Majesté,  le  bon  Frère. 

Napoléon. 


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528  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


RENSEIGNEMENTS   SUR   LA   POSITION   DE   L  ENNEMI  PRIS 
PAR   ORDRE   DE    S.    M. 

Gera,  12  octobre  1806. 

D'après  Tassurance  qu'un  négociant  me  donne,  le  roi  de 
Prusse  a  eu  son  quartier  général  le  8  du  courant  à  Erfurt, 
et  maintenant  son  armée  s'étend  depuis  Gotha,  Weimar  jus- 
qu'à léna.  Le  9  le  prince  Hohenlohe  a  eu  son  quartier  gé- 
néral à  léna,  et  le  corps  du  prince  Louis  qui  a  été  battu  sur 
la  Saale  doit  s'être  dirigé  sur  Weimar.  Le  point  de  Leipzig 
n'étant  pas  occupé  par  les  Prussiens  ni  les  Saxons,  l'on  croit 
que  les  Français  y  sont  déjà. 

Un  corps  d'observation  de  20,000  à  25,000  hommes  doit 
se  trouver  entre  Dresde  et  Kônigstein,  en  attendant  l'arrivée 
de  60,000  Russes  qui  doivent  passer  par  la  Silésie  pour  faire 
leur  jonction  avec  ce  dernier  corps,  et  les  36,000  Prussiens 
qui  ont  occupé  la  Poméranie  suédoise,  en  sont  partis  pour  se 
réunir  à  l'armée  de  leur  Roi  et  doivent  être  remplacés  par  le 
même  nombre  de  Russes. 

Le  Capitaine  officier  d'ordonnance 
pris  S,  M,  l'Empereur  et  Roi, 

SCHERB. 

LE   MARÉCHAL   LANNES  A   L'eMPEREUR. 

Neustadt,  12  octobre  1806. 
Conformément  aux  ordres  de  V.  M.  I.  je  pars  sur-le-champ 
de  Neustadt  avec  mon  corps  d'armée  pour  me  rendre  à  léna. 
J'ai  envoyé  cette  nuit  sur  ce  point  un  fort  détachement  de 
cavalerie  pour  prendre  des  renseignements  sur  l'ennemi. 
L'officier  qui  a  été  chargé  de  cette  reconnaissance  n'est  pas 
encore  de  retour.  S'il  faut  s'en  rapporter  à  ce  que  disent  les 
habitants  du  pays  où  nous  passons,  il  y  aurait  80,000  hommes 
sur  la  ligne  de  Grotha,  Erfurt  et  Weimar.  Pour  moi  je  ne 
crois  pas  que  l'ennemi  soit  resté  sur  cette  ligne,  je  pense 


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12    OCTOBRE.  529 

qu'il  se  retirera  sur  Leipzig.  Si  les  reconnaissances  que  j'ai 
envoyées  me  donnent  des  renseignements  plus  positifs  sur 
Tennemi,  j'aurai  l'honneur  de  les  faire  passer  cette  nuit  à 
V.  M.  I.  Mon  aide  de  camp  est  chargé  de  porter  les  drapeaux 
pris  à  Saalfeld  au  quartier  général  impérial.  Si  V.  M.  a  de 
nouveaux  ordres  à  me  donner,  cet  aide  da  camp  est  chai'gé 
de  me  les  porter. 

Je  crains  que  V.  M.  n'ait  pas  reçu  mes  lettres  sur  l'affaire 
de  Saalfeld,  n'ayant  pas  reçu  de  réponse  à  cet  égard. 


Le  12,  le  5*  corps  d'armée  change  de  direction  pour  se  porter  sur 
léna.  Il  était  précédé  de  la  cavalerie  aux  ordres  du  général  Treiliard. 
Arrivé  à  GiSschwitz,  le  Maréchal  apprit  de  ses  coureurs  que  Tennemî 
l'attendait  en  avant  do  Winzerla,  où  il  s^était  établi  avec  du  canon, 
de  l'infanterie  et  de  la  cavalerie,  et  notre  cavalerie  chargée  de  cette 
opération  en  remplit  Tobjet  avec  beaucoup  d'intelligence  et  de  va- 
leur. Plusieurs  escadrons  ennemis  sont  chargés  par  elle  jusque  sur 
leurs  canons  ;  elle  tue  une  vingtaine  d'hommes  et  fait  plusieurs  pri- 
sonniers. On  apprend  par  eux  que  l'armée  prussienne  est  campée 
entre  léna  et  Weimar,  et  que  ce  qui  est  en  présence  en  est  l'avant- 
garde  composée  de  7,000  à  8,000  hommes.  Le  Maréchal  la  fait  aus- 
sitôt attaquer  par  la  sienne  précédée  des  éclaireurs.  Les  voltigeurs 
da  17'  reçurent  ordre  de  commencer  l'attaque  des  hauteurs  à  gauche 
des  batteries  nombreuses  que  Tennemi  avait  établies  au  défilé.  Le 
^néral  Claparède  à  la  tête  de  50  carabiniers  marcha  par  la  grande 
roate  droit  aux  pièces.  L'ennemi  soutint  l'attaque,  mais  malgré  son 
feu  très  vif  le  village  fut  emporté  au  pas  de  charge  et  l'ennemi  s'em- 
pressa de  retirer  ses  pièces.  Comme  la  nuit  approchait,  le  Maréchal 
borna  là  son  action  et  ordonna  au  général  Claparède  de  faire  inquié- 
ter l'ennemi  pendant  toute  la  nuit.  Le  17*  s'établit  au  village  à  8  heu- 
res du  soir  et  poussa  des  postes  fort  avant  dans  la  plaine.  Le  corps 
d'armée  bivouaqua  derrière  le  village  de  'Winzerla.  Cette  action 
coûta  30  hommes  au  !?•  léger...  {Journal  des  opérations  du ô* corps, 
rédigé  par  le  général  Victor,  et  rapport  du  général  Suchet,) 


CAMP.  DE  PBUSflK.  M 


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I  530  CAMPAGNE  DE  PRUSSE. 

LE  MARÉCHAL  AUGEBEAU  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

I  Kahla,  12  octobre  1806. 

I  D'après  les  ordres  que  j'ai  reçus  de  V.  A.,  j'arrive  à  Kahla 

!  avec  le  7*  corps.  Lorsque  votre  lettre  m'est  parvenue  \  j'étais 

en  marche  pour  me  rendre  à  Neustadt.  J'ai  changé  aussitôt 

la  direction  des  troupes*.  J'attends  ici  les  nouveaux  ordres 

de  V.  A. 

Voici  quelle  est  en  ce  moment  ma  position.  La  l'*  division 
bivouaque  en  avant  de  Kahla  garnissant  les  hauteurs  et  gar- 
dant les  défilés  :  elle  est  précédée  par  la  brigade  de  cavalerie 
légère  et  4  pièces  d'artillerie  légère. 

La  2*  division  est  en  arrière  de  Kahla  avec  le  parc,  occu- 
pant les  hauteurs  et  gardant  les  gorges. 

L'ennemi  était  à  léna,  mais  on  m'assure  qu'il  est  parti  et 
qu'il  se  porte  sur  Weimar.  Le  corps  d'armée  est  commandé 
par  le  prince  de  Hohenlohe  ;  il  doit,  dit-on,  se  replier  de 
Weimar  sur  Erfurt  où  se  trouve  l'armée  du  Roi. 

Beaucoup  de  déserteurs  se  sont  présentés  à  moi.  Ils  disent 
qu'ofiiciers  et  soldats  tous  sont  frappés  de  terreur. 

Les  Prussiens  nous  dépeignent  partout  comme  des  bri- 
gands, afin  de. nous  rendre  odieux.  Il  faut  détromper  les 
peuples,  je  fais  tout  ce  qui  dépend  de  moi  pour  y  parvenir 
par  le  maintien  de  la  discipline  sévère  parmi  les  troupes. 

LE  MARÉCHAL  DAVOUT  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Naumburg,  12  octobre  1806. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  que  la  cavalerie 
légère  est  entrée  à  Naumburg  à  3  heures  et  demie  ;  Tavant- 


1.  Dépêche  du  major  général  au  maréchal  Augereau,  Auma,  it  octobre. 
•4  heures  du  matin. 

s.  ...Le  corps  d'armée  8*est  mis  en  marche  à  la  pointe  du  jour  pour  se 
porter  à  Neustadt.  Arrivé  à  Pôsneck,  les  dispositions  ont  été  changées.  L'avant- 
garde  qui  n'était  qu'à  s  heures  de  Neustadt,  fut  obligée  de  rétrograder  pour 
se  diriger  sur  Kahla. . .  (Journal  des  opérations  du  7«  corps.) 


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12   OCTOBRE.  531 

garde  y  est  arrivée  à  8  heures  du  soir  ;  la  journée  ayant  été 
extrêmement  forte  et  ayant  occasionné  beaucoup  de  traî- 
neurs,  j'ai  fait  arrêter  la  1'*  division  à  une  lieue  en  deçà 
de  Naumburg,  la  2*  un  peu  plus  loin  et  la  3*  à  environ 
3  lieues. 

La  division  de  dragons  du  général  Sahuc  a  été  placée  à 
hauteur  de  la  2'  division  ;  demain  à  7  heures  du  matin  toute 
l'armée  sera  réunie  ici. 

Le  général  Viallannes  s'est  emparé  de  plusieurs  voitures 
de  pain  et  de  bagages  ;  mais  une  prise  plus  importante  est 
celle  de  12  pontons  en  cuivre  parfaitement  attelés;  cette 
dernière  prise  a  été  faite  entre  Naumburg  et  Freyburg  ;  je 
les  fais  conserver,  ainsi  que  les  attelages,  pour  les  tenir  à 
votre  disposition,  ayant,  promis  au  1"  régiment  de  chasseurs 
de  faire  payer  tous  les  chevaux  conformément  aux  règle- 
ments. 

On  annonce  ici  de  grands  magasins  de  fourrages  et  de 
grains  ;  j'en  ferai  faire  l'inventaire  que  j'aurai  l'honneur 
d'adresser  à  V,  A. 

Des  reconnaissances  ont  été  envoyées  du  côté  de  léna, 
mais  elles  ne  sont  point  encore  rentrées  5  il  a  été  entendu 
quelques  coups  de  canon  de  ce  côté  ;  je  n'ai  point  encore  de 
nouvelles  du  prince  de  Ponte-Corvo. 

Tous  les  rapports  des  déserteurs,  des  prisonniers  et  des 
gens  du  pays,  se  réunissent  à  annoncer  que  l'armée  prus- 
sienne se  trouve  à  Erfurt,  Weimar  et  environs.  Il  est  certain 
que  le  Roi  est  arrivé  hier  à  Weimar  ;  on  assure  qu'il  n'y  a 
point  de  troupes  entre  Leipzig  et  Naumburg. 

J'ai  fait  saisir  à  la  poste  tous  les  paquets  ;  je  les  adresse  à 
V.  A.  ;  peut-être  y  trouvera-t-elle  quelque  chose  d'intéres- 
sant. 

On  annonce  toujours  beaucoup  de  jactance  chez  les  offi- 
ciers prussiens. 

Une  lettre  sans  signature  adressée  au  prince  de  Saxe- 
Coburg  compare  la  défaite  de  SaalfeM  à  celle  des  Autri- 
chiens devant  Ulm,  pour  le  découragementqu'elle  a  répandu 
(l\n8  l'armée. 


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532  CAMPAGNE    DE    PRUS8E. 

Il  a  passé  hier  et  aujourd'hui  par  cette  ville  environ  200 
déserteurs. 

J'envoie  un  parti  porter  cette  dépêche  à  V.  A.  ;  demain 
matin,  dès  que  j'aurai  obtenu  de  nouveaux  renseignements, 
j'aurai  l'honneur  de  les  adresser  à  V.  A, 

P.-S.  Il  me  paraît  constant  que  les  troupes  prussiennes 
se  réunissent  du  côté  de  Weimar.  Cette  campagne  promet 
d'être  encore  plus  miraculeuse  que  celles  de  Marengo  et 
d'Ulm. 


Le  général  Viallanues,  précédant  les  divisions,  marcha  sur  Naum- 
burg  à  la  tête  des  3  régiments  de  chasseurs  à  cheval.  Il  ordonna  aa 
capitaine  Locbard,  commandant  le  2^  escadron  du  2*  régiment,  de 
se  poi-ter  en  avant  pour  éclairer  la  marche.  Le  général  Yiallannes 
rencontra  Tennemi  en  avant  de  Naumburg. 

La  1''*'  division  bivouaqua  en  aiTÎère  de  Naumburg,  avec  le  quar- 
tier général  du  corps  d*armée  ;  —  la  2*  division,  autour  de  Molau. 

L'Empereur  passa  devant  la  3*  division  au  moment  de  son  départ; 
elle  lui  rendit  les  honneurs  militaires.  Elle  s'arrêta  à  9  heures  du 
soir  à  Rauschwitz.  (Journal  des  opércUionê  du  3®  corps.) 


Bapport  fait  à  M.  le  maréchal  Davout  d'après  les  déclarations  de 
quelqiAts  prisonniers  ou  déserteurs  qui  lui  ont  été  amenés  dcM  le 
courant  de  la  journée  du  Î2, 

Naumburg,  12  octobre  1806. 

Les  prisonniers  saisis  sur  la  droite  de  la  route  dans  un  village  à 
la  hauteur  de  Géra  sont  au  nombre  de  14  et  appartiennent  à  presque 
autant  de  régiments.  Il  y  a  parmi  eux  3  Prussiens  et  11  Saxons. 

Ces  soldats  déclarent  qu'ils  faisaient  partie  d'un  corps  nombreux 
qui  avait  été  réuni  à  Ollmtlnd  près  Neustadt  où  il  a  séjourné  5  jours. 
Ce  corps  était  composé  d'environ  3,000  Prussiens,  dont  500  à  600 
hommes  de  cavalerie,  et  20,000  Saxons  dont  3,000  de  cavalerie. 

Ce  corps  est  parti  d'Ollmtind  vendredi  à  4  heures  du  soir  après 
l'affaire  de  Saalfeld.  11  s*est  retiré  par  Géra  et  Lope  se  dirigeant  vers 
léna.  Les  prisonniers  l'ont  quitté  hier  entre  Lope  et  Grera.  Ce  corps 
n'avait  eu  que  2  heures  de  repos  depuis  le  vendredi  jusqu'au  samedi 
soir. 


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12    OCTOBRE.  533 

La  grande  armée  s*e8t  rassemblée  à  Erfart.   Les  prisonniers  di- 
sent qu*on  ne  croit  pas  parmi  les  leurs  à  Tarrivée  des  Russes. 
Le  général  qui  commande  ce  corps  s'appelle  Senpfonbilsac. 

Les  Saxons  paraissent  fort  mécontents  de  la  manière  dont  ils  sont 
traités  par  les  Prussiens  et  espèrent  une  fin  prochaine  à  la  guerre 
qu'ils  font  malgré  eux. 

Les  3  déserteurs  appartiennent  au  régiment  de  Schimmelpfenning. 
Ils  ont  déserté  à  léna  en  revenant  de  Saalfeld.  Ils  ont  déserté  au 
nombre  de  40.  Ils  se  sont  dispersés  dans  les  campagnes  pour  n*être 
pas  repris.  Ils  annoncent  qu'un  grand  nombre  de  leurs  camarades 
désirent  l'occasion  d'en  faire  autant,  et  qu'il  y  a  des  régiments  où  la 
moitié  des  hommes  a  la  même  intention.  Le  corps  dont  ils  faisaient 
partie  se  dirigeait  sur  Weimar  où  se  trouvent  le  Roi  et  la  grande 
armée  prussienne. 

Tous  les  renseignements  annoncent  que  le  corps  battu  à  Schleiz 
s'est  retiré  par  Auma,  Géra  et  léna  ;  que  celui  de  Saalfeld  s'est  aussi 
retiré  sur  léna.  Ces,  deux  corps  étaient  dans  le  plus  grand  désordre. 
Os  ont  dû  effectuer  leur  retraite  sur  Weimar. 

Les  6  blessés  trouvés  dans  un  village  près  de  Naumburg  sont  des 
régiments  de  Salfield,  Mefling  et  Riger.  Us  ont  été  blessés  à  Saal- 
feld et  ont  accompagné  le  corps  battu  à  Saalfeld  jusqu'il  2  lieues 
an  delà  d'Iéna.  Ils  ne  peuvent  dire  la  route  qu'a  tenue  ce  corps 
après  leur  séparation  ;  ils  avaient  été  mis  à  l'hôpital  dans  un  lieu 
dont  ils  ignorent  le  nom,  et  se  dirigeaient  sur  Naumburg  quand  on 
les  a  pris. 

Ils  disent  que  leur  grande  armée  commandée  par  le  Roi  est  à 
Weimar. 

Us  portent  à  600  le  nombre  des  blessés  et  ne  connaissent  pas  celui 
des  morts  ni  des  prisonniers.  Ils  disent  que  leur  corps  était  composé 
de  i  bataillons  et  6  escadrons  prussiens  et  de  2  bataillons  et  2  esca- 
drons saxons.  Ce  corps  était  dans  le  plus  grand  désordre  pendant  sa 
retraite. 


LE  OÉNÂBAL  BBLLIABD  AU  OÉKÉRAL  LASALLE. 

Géra,  12  octobre  180G. 

L'intention  du  Prince  est  que  vous  partiez  de  suite  avec  la  brigade 
que  vous  commandez  pour  vous  porter  sur  Zeitz  où  vous  prendrez 
position  ;  vous  enverrez  un  fort  parti  sur  Leipzig  et  vous  pousserez 
votre  avant-garde  sur  la  route  de  Naumburg  que  devra  suivre  le  corps 


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534  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

d'armée  ;  on  marchera  dans  le  même  ordre  qu'hier.  Notre  brigade 
formera  l'avant-garde  et  ensuite  le  27»  d'infanterie  légère  et  la  3'  di- 
vision de  dragons;  dans  votre  marche,  éclairez-vous  avec  soin  sur- 
tout sur  votre  gauche. 


LE  GRAND-DUC  DE  BERG  A  L  EMPEREUR. 

Zeîtz,  12  octobre  1806. 

Sire,  je  m'empresse  d'adresser  à  V.  M.  un  agent  du  gé- 
néral Savary  parti  ce  matin  de  Leipzig,  qui  était  le  7  à  Er- 
furt,  le  8  à  Naumburg  ;  il  a  donc  par  conséquent  traversé 
toute  l'armée  ennemie.  D  a  rencontré  à  Fulde  les  postes 
avancés  prussiens  ;  de  là  il  en  a  trouvé  à  Gotha,  Erfurt, 
Weimar  et  Naumburg.  Le  Roi  et  la  Reine  se  trouvaient  à 
Erfurt  ;  il  a  rencontré  le  8  un  équipage  de  pont  de  80  cha- 
riots, près  de  Weissenfels,  descendant  sur  Erfurt.  Je  ne  le 
garde  pas  une  minute  près  de  moi,  pensant  qu'il  pourra 
donner  des  renseignements  précieux  à  V.  M.  ;  il  me  suffit 
de  savoir  que  l'ennemi  est  sur  Erfurt.  On  prétend  ici  que 
Naumburg  a  été  évacué  ce  matin.  Des  postillons  sont  partis 
il  y  a  deux  heures  pour  Weissenfels  et  Naumburg.  Je  saurai 
positivement  par  eux  sur  quel  point  l'ennemi  s'est  retiré, 
et  je  ne  perdrai  pas  un  instant  pour  en  informer  V.  M. 

Sire,  j'ai  reçu  la  lettre  de  V.  M.  écrite  d'aujourd'hui, 
4  heures  du  matin,  et  celle  du  prince  de  Neufchâtel,  écrite 
de  la  même  heure.  Le  ministre  me  prescrit  de  son  côté  de 
me  borner  à  jeter  quelques  coureurs  sur  Leipzig,  si  j'ap- 
prends que  l'ennemi  s'est  retiré  sur  Erfurt,  et  de  marcher 
avec  tout  mon  corps  sur  Naumburg  ;  et  V.  M.  m'ordonne 
d'inonder  avec  toute  ma  cavalerie  au  lieu  de  quelques  cou- 
reurs les  plaines  de  Leipzig.  Pour  remplir  ce  double  but 
voici  les  dispositions  que  j'ai  cru  devoir  prendre.  Un  esca- 
dron de  hussards  couchera  ce  soir  aux  environs  de  Pegau, 
et  aura  demain  à  la  pointe  du  jour  un  parti  aux  portes  de 
Leipzig.  J'ai  envoyé  le  général  Lasalle  avec  ses  deux  régi- 
ments de  hussards  à  Môlsen  ;  il  aura  un  escadron  à  Weis- 
senfels ;  cet  escadron  reconnaîtra  demain  matin  Naumburg 


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12    OCTOBRE.  535 

et  jettera  des  coureurs  sur  Merseburg  et  Leipzig.  Je  m'éta- 
blis avec  la  division  de  dragons  à  Teuchem,  et  le  prince  de 
Ponte-Corvo  à  Meineweh  avec  toute  son  infanterie,  couvert 
par  sa  cavalerie  légère  qui  aura  un  régiment  à  Stôssen,  re- 
conDaîtra  demain  matin  Kaumburg.  De  cette  manière  nous 
nous  trouvons  pour  ainsi  dire  en  masse,  et  en  mesure  d'exé- 
cuter les  mouvements  qu'il  plaira  à  V.  M.  d'ordonner  sur  Weis- 
senfels  ou  sur  Naumburg,  et  ma  cavalerie,  quoique  sous  ma 
main,  pourra  remplir  les  intentions  de  V.  M.  Par  ma  position 
à  Teuchem,  je  me  trouve  parfaitement  lié  avec  le  maréchal 
Bernadotte  et  ma  cavalerie  légère  ;  et  je  me  trouve  avoir 
intercepté  les  routes  de  Naumburg  à  Leipzig,  Merseburg  et 
Halle.  Le  général  Milhaud  me  couvrira  avec  le  13*  de  chas- 
seurs sur  Weîssenfels  et  Naumburg,  et  le  27*  d'infanterie 
légère  que  j'établis  à  Teuchem  soutiendrait  ma  cavalerie  en 
cas  d'événements. 

J'envoie  à  V.  M.  les  lettres  prises  à  un  courrier  une  lieue 
en  avant  de  Zeitz  sur  la  route  de  Leipzig;  je  joins  à  ma 
lettre  celles  qui  ont  paru  un  peu  intéressantes. 

Je  resterai  à  Zeitz  jusqu'à  ce  qu'il  ait  plu  à  V.  M.  de  me 
faire  connaître  si  elle  approuve  mes  dispositions,  et  si  je  dois 
demain  me  porter  sur  Weissenfels  ou  sur  Naumburg. 

LE    GÉlféBAL    BELLIABD    AU    GÉNÉRAL    LA8ALLB. 

Zeitz,  12  octobre  1806,  »  heures  de  l'aprôs-midi. 

Vous  devez  envoyer  de  suite  sur  Pegau  un  escadron  de  hussards  ; 
l'officier  commandant  enverra  de  là  un  parti  sur  Leipzig  pour  porter 
l'épouvante  sur  les  derrières  de  l'ennemi  et  achever  d'enlever  les 
équipages  du  corps  qui  a  été  battu  à  Schleiz.  L'officier  commandant 
ne  bivouaquera  dans  aucun  village,  mais  dans  les  bois  ou  derrière 
quelque  ferme.  Vous  vous  porterez  vous-même  à  MîJlsen  avec  votre 
brigade  d'où  vous  détacherez  un  escadron  sur  Weissenfels.  Ayez 
soin  d'établir  des  postes  intermédiaires  entre  vous  et  vos  deux  esca- 
drons. L'escadron  de  Weissenfels  poussera  un  parti  sur  la  route  de 
Leipzig  et  d'autres  sur  Merseburg  et  Naumburg. 


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536  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE    OÉNÉBAL    LASALLE    AU    ORAND-DUC    DB    BBBO. 

Môlsen,  18  octobre  1806,  7  heures  et  demie  du  soir. 

Monseigneur,  dans  le  moment  où  la  tête  de  ma  colonne  se  mettait 
en  bataille  en  arrière  de  ce  bourg,  les  éclaireurs  qui  Tavaient  fouillé 
et  dépassé  ont  reçu  le  feu  de  deux  vedettes  cachées  dans  le  ravin  de 
Wtthlitz  ;  elles  ont  été  chargées  vigoureusement.  Mais  une  soixan- 
taine de  Saxons  la  soutenaient  et  la  nuit  était  déjà  tombée  ;  tout  s'est 
terminé  par  quelques  coups  de  pistolet.  Les  60  hommes  qui  sont 
partis  au  grand  galop  n'étaient  pas  passés  par  Môlsen  et  s*étaient  di- 
rigés de  Zeitz  sur  Weissenfels,  où  ils  vont  probablement,  me  disent 
le  curé  et  le  bourgmestre  ;  mais  ils  trouveront  là  le  chef  d'escadron 
Maignet  avec  100  hommes.  Ce  sont  probablement  les  débris  de  l'es- 
corte des  équipages.  Un  voyageur  revenant  de  Leipzig  dit  qu'il  n'y 
a  que  800  hommes  de  garnison  ;  encore  est-ce  de  la  milice. 

Je  me  garde  avec  grand  soin.  J'ai  toujours  en  arrière  de  mes 
grand'gardes  (qui  entourent  tout  le  village)  deux  compagnies  à 
cheval. 

Le  pays  depuis  Zeitz  jusqu'ici  est  découvert,  presque  toujours  uni. 
J'ai  traversé  une  plaine  d'une  lieue  et  demie.  Depuis  Mëlsen,  le  ter- 
rain est  montueux  et  plus  boisé. 


LE    QÉNÉBAL    LASALLE    AU    QBAND-DCC    DE    BEBQ. 

Môlsen,  12  octobre  1806,  il  heures  et  demie  du  soir. 

Le  chef  d'escadron  Maignet  que  j'avais  envoyé  d'après  vos  ordres 
à  Weisseufels,  vient  de  rentrer  avec  son  détachement  qui  a  pris  25 
à  30  hommes  et  72  chevaux,  2  caissons  chargés.  Ces  chevaux  étaient 
conduits  par  des  pontonniers  qui  venaient  de  Naumburg  sous  le 
commandement  d'un  officier.  Il  a  rencontré  le  commandant  Maignet 
qui  a  reçu  de  lui  un  coup  de  sabre  sur  la  main,  mais  qui  a  tué  l'offi- 
cier. Le  reste  des  144  chevaux  qui  étaient  à  Weissenfels  s'est  évadé 
à  la  faveur  de  la  nuit.  Deux  hussards  ont  reçu  de  légers  coups  de 
sabre.  Le  combat  a  eu  lieu  sur  la  grande  place  de  Weissenfels.  Je 
fais  partir  un  autre  chef  d'escadron,  M.  Méda,  avec  100  autres  che- 
vaux pour  achever  d'enlever  ce  qui  y  reste  et  couvrir  ma  gauche. 

P. -S.  —  A  l'instant  arrive  ici  le  baron  de  Schônberg  venant  de 
Naumburg  où  il  logeait  chez  son  gendre  et  retournant  aux  environs 
de  Freyberg,  à  Reinberg,  près  Dresde.  Le  chef  d'escadron  Maignet 
l'a  arrêté  eu  se  portant  à  Weissenfels  et  me  Ta  envoyé.  Je  le  garde 


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12   OCTOBRE.  537 

ici  jusqu'à  ce  que  je  fasse  un  mouvement  ou  que  S.  A.  m*en  ordonne 
autrement.  Il  escorte  sa  famille  et  a  avec  lui  ses  enfants. 

Le  baron  de  SchSnberg  m'a  dit  qu'il  y  avait  à  Naumburg  une 
compagnie  de  sapeurs  en  garnison  et  pas  autre  chose.  La  Saale  n'é- 
tait pas  guéable  dans  cet  endroit  ;  il  paraît  que  c'est  pour  couper  les 
ponts  à  notre  approche. 

Le  roi  de  Prusse  est  à  Weimar. 

  Àpolda  il  7  a  un  camp,  un  autre  à  Weimar,  le  troisième  à  Er- 
furt. 


LE    GéNÉRAL    LASALLE   AU    OBAMD-DUC    DE    BEEQ. 

Môlsen,  13  octobre  1806,  minuit  et  demi. 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  le  maître  de  poste  et  un  sac  de 
lettres  enlevé  après  l'affaire  de  Weissenfels  par  l'officier  d'arrière- 
garde  qu'y  avait  laissé  le  brave  et  intelligent  commandant  Maignet. 

J'apprends  qu'un  quart  d'heure  avant  que  cet  escadron  entrât 
dans  Weissenfels,  100  Saxons  et  Prussiens  en  étaient  sortis. 

Le  chef  d'escadron  Méda  est  parti.  Je  n'ai  point  encore  de  nou- 
velles de  Pegau. 

Partout  où  je  suis  passé,  les  habitants  nous  ont  pris  pour  des 
Saxons. 

LE    OéKÉBAL    LASALLE    AU    OBAND-DUC    DE    BBRQ. 

Môlsen,  13  octobre  1806. 

Je  joins  ici  les  deux  lettres  que  je  reçois  du  commandant  Mathis 
€tde  mon  aide  de  camp  qui,  à  6  heures  du  matin,  seront  à  Leipzig, 
d'où  ils  nous  écriront  autre  chose  de  plus  intéressant.  La  correspon- 
dance de  Pegau  est  ci-incluse. 

LE  COMMANDANT  MATHIS,  DU  7*  DE  HUSSARDS,  AU  GÉNÉRAL  LASALLE. 

Pegau,  12  octobre  1806. 

Je  sois  à  Pegau,  j'en  repartirai  dans  une  heure  pour  me  diriger 
sur  Leipzig.  Tout  le  monde  se  plaît  à  dire  qu'il  n'y  a  pas  de  troupes 
«t  qu'il  s'y  trouve  encore  beaucoup  de  voitures  appartenant  à  l'en- 
Bemi  ;  nous  espérons  leur  souhaiter  le  bonjour  demain  matin  si  les 
rapports  qu'on  nous  a  faits  ne  sont  pas  faux. 

Le  quartier  général  de  S.  A.  l.  le  prince  grand-duc  de  Berg  étant 
changé,  et  vous  trouvant  sur  son  chemin,  je  vous  envoie  les  lettres 


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538  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

de  la  poste  de  Pegau,  présumant  qu^  voas  aurez  la  bonté  de  les  loi 
faire  passer. 


LE    CAPITAINE    THÉBOND,    DU    «5®   DE    HUSSARDS,    AIDE    DE   CAMP 
DU    OÊNiRAI.    LA8ALLE,    AU    OÉN^RAL    LASALLE. 

Pegau,  is  oclobre  18«)6. 

Nous  sommes  arrivés  à  Pegau  à  9  heures,  la  ville  est  assez  grande: 
M.  Pire  vient  de  partir  pour  une  reconnaissance  sur  Leipzig.  Lif 
colonel  se  propose  de  le  suivre  de  près  ;  il  paraît  que  les  renseigne- 
ments que  vous  avez  pris  sur  cette  dernière  ville  sont  vrais  ;  mais 
d'après  ceux  que  le  colonel  a  pris,  les  800  hommes  sont  partis  à 
midi  ;  nous  vous  dirons  quelque  chose  de  plus  certain  dans  hait  heureë. 


LE    CHEF    d'escadron    HÉDA,    DU    7*    DE    HUSSARDS, 
AU    0£n£eAL    LASALLE. 

WeissoDfels,  is  octobre  1806,  5  heures  du  matin. 

Je  suis  entré  à  Weissenfels  à  3  heures  et  demie  du  matin  ;  une 
patrouille  ou  le  détachement  qui  devait  rentrer  a  eu  bien  peur  de 
moi,  car  je  n'ai  pu  joindre  l'un  et  l'autre,  tant  ils  m'ont  évité. 

Je  suis  entré  ici  comme  Saxon,  j'ai  reçu  des  renseignements  assez 
positifs  ;  l'armée  ennemie  se  retire  en  hâte  sur  Merseburg,  Halle  et 
Magdeburg.  La  perte  du  prince  Ferdinand  a  jeté  la  terreur  dan$ 
l'armée  prussienne.  A  Leipzig  on  ne  fait  que  parler  de  la  prise  du 
parc  et  des  équipages  saxons  *,  il  7  a  fort  peu  de  troupes  dans  cette 
ville. 

Ce  n'est  que  des  débris  de  corps  qui  n'ont  pu  rejoindre  la  grande, 
et  quelques  partis  de  chevau-légers  et  dragons  qui  courent  la  plaine. 
et  que  je  vais  chercher  à  mon  tour. 

Je  pars  dans  une  heure  pour  Leipzig  et  marcherai  avec  tonte  la 
prudence  que  nécessiteront  les  circonstances. 

On  dit  ici  les  troupes  de  M.  le  maréchal  Ney  arrivées  à  Naum- 
burg. 

J'ai  reçu  tous  les  renseignements  ci-dessus  par  les  voyageurs  des- 
cendant de  la  diligence  de  Leipzig  et  de  Francfort  ;  il  n'y  avait  an- 
cune  personne  de  considération  digne  de  vous  être  envoyée. 

P. -S.  —  Les  voyageurs  disent  que  l'armée  prussienne  se  porte  snr 
Francfort  en  manœuvrant  vers  leur  droite,  qu'ils  se  dirigent  par  la 
Thuringe  et  ont  campé  au  pont  à  Saalburg  où  ils  commencent  de^ 
retranchements. 


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12    OCTOBRE.  539 


1«  corps  d'armée.         ORDRE   DE   MARCHE   DU   12  OCTOBRE. 

Au  quartier  général  à  Géra,  le  12  octobre  1806.' 

Les  divisions  du  1*'  corps  de  la  Grande  Armée  reprennent 
aDJourd'hui  leur  ordre  de  bataille  ;  en  conséquence  la  divi- 
sion du  général  Dupont  ouvrira  la  marche  :  le  9*  d'infanterie 
légère  suivra  immédiatement  après  les  chasseurs  et  en  avant 
des  dragons;  le  reste  de  la  division  suivra  la  colonne.  La 
2*  division  commandée  par  le  général  Ri vaud  marchera  après 
celle  du  général  Dupont  et  la  3*  aux  ordres  du  général 
Drouet  après  la  division  du  général  Rivaud. 

La  cavalerie  légère  commandée  par  le  général  Watier  se 
portera  à  Langenberg  pour  suivre  le  mouvement  du  corps 
d'armée. 

Le  l"  corps  de  la  Grande  Armée  devant  soutenir  le  mou- 
vement que  le  grand-duc  de  Berg  fait  avec  sa  cavalerie  sur 
Zeitz,  il  se  dirigera  sur  cette  ville  par  la  grande  route. 

Le  même  ordre  de  marche  qui  a  été  suivi  hier  pour  les 
équipages  aura  lieu  aujourd'hui. 

Toutes  les  troupes  se  tiendront  prêtes  à  marcher  au  pre- 
mier signal. 

Le  grand  parc  suivra  autant  que  possible  le  mouvement 
du  corps  d'armée. 

Le  général  de  division,  chef  de  V état-major  général, 
Léopold  Berthier. 

La  divifiion  Dupont,  à  cause  de  sa  marche  du  11,  ne  put  prendre 
la  tête  de  colonne  \  elle  n'atteignit  Meincweh  que  fort  tard  le  12, 
ayant  laissé  beaucoup  de  monde  en  arrière.  Les  troupes  marchèrent 
en  réalité  comme  la  veille,  la  division  Drouet,  la  division  Rivaud  et 
la  division  Dupont.  Le  27*  léger  remplaça  le  9"  et  marcha  après  les 
hussards. 

Quant  à  la  cavalerie  légère  qui,  en  partie,  avait  passé  la  nuit  sur  la 
rive  ganche  de  TElster,  elle  suivit  le  corps  d'armée  et  le  dépassa  en 
arrivant  à  Meineweh.  Le  1*'  corps  était  du  reste  précédé  pendant  la 
marche  par  la  cavalerie  de  la  réserve  et  avait  son  flanc  gauche  cou- 
vert par  rSlster. 


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Ô40  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE   MARECHAL   BEllNADOTTE   AU   MAJOR   GENERAL. 

Zeilz,  18  octobre  1806,  3  heures  a]>ré9-midi. 

Par  votre  lettre  d'aujourd'hui  vous  me  dites  que  Finten- 
tion  de  l'Empereur  est  que  j'appuie  le  mouvement  du  Grand- 
duc  sur  Naumburg,  si  les  renseignements  sur  l'ennemi  le 
déterminaient  à  se  porter  sur  ce  point  ;  j'ai  l'honneur  de  vous 
prévenir  que  je  me  suis  concerté  avec  S.  A.  I.  et  que  nous 
avons  pensé  qu'il  était  convenable  que  je  me  portasse  à 
Meineweh,  entre  Zeitz  et  Stôssen  sur  la  route  de  Naumburg. 
Je  jetterai  un  escadron  sur  Stdssen  pour  communiquer  avec 
la  cavalerie  du  maréchal  Davout  qui  doit  se  trouver  du  côté 
de  Naumburg.  Le  Grand-duc  se  porte  avec  sa  cavalerie  et  le 
27*  d'infanterie  légère  à  Teuchem,  sur  la  route  de  Zeitz  à 
Weissenfels.  Il  envoie  un  escadron  à  Pegau  qui  denoain  sera 
aux  portes  de  Leipzig. 

LE    MARÉCHAL   BERNADOTTE    AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Meineweh,  12  octobre  1806,  7  heures  et  demie  du  soir. 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  je  suis  arrivé  ici  de 
ma  personne  ;  je  viens  d'envoyer  un  parti  sur  Naumburg  pour 
communiquer  avec  le  maréchal  Davout  et  un  autre  parti 
à  Weissenfels  pour  me  mettre  en  communication  avec  les 
troupes  du  Grand-duc;  ma  cavalerie  est  déjà  arrivée,  et  mou 
infanterie  n'y  sera  pas  entièrement  avant  10  heures. 

POSITION   DU    1"   CORPS   D' ARMÉE   POUR   LE    12  OCTOBRE. 

MM.  les  généraux  Drouet  et  Rivaud  établiront  leurs  divi- 
sions à  Meineweh,  à  cheval  sur  la  route  de  StOssen  à  Naum- 
burg, le  général  Rivaud  à  la  droite  du  général  Drouet.  Le 
général  Dupont  se  placera  en  réserve,  en  arrière,  à  100  ou 
200  toises  environ. 

La  cavalerie  légère  occupera  les  villages  entre  PretzBcli  et 


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12    OCTOBRE.  541 

Meineweh  ;  le  général  Watier  enverra  un  escadron  à  SttJssen 
à  Fembranchement  des  routes,  et  sur  Naumburg  pour  tâcher 
de  communiquer  avec  le  maréchal  Davout,  ainsi  que  sur 
Teuchem  pour  communiquer  avec  la  cavalerie  du  Grand-duc. 
Le  2*  régiment  de  hussards  sera  sous  les  ordres  du  général 
Drouet  et  s'établira  à  Meineweh  et  aux  environs.  Le  27* 
d'infanterie  légère,  commandé  par  le  général  Werlé,  recevra 
les  ordres  du  Grand-duc  ;  il  s'établira  à  Teuchem  et  corres- 
pondra néanmoins  avec  le  général  Drouet. 

MM.  les  généraux  voudront  bien  faire  serrer  le  plus  pos- 
sible leurs  équipages  et  les  placer  immédiatement  en  arrière 
de  leur  parc  d'artillerie. 

Le  général  de  division,  chef  de  Vétat-major  général^ 
L.  Bebthiee. 

P.-S.  —  Le  quartier  général  de  M.  le  prince  de  Ponte- 
Corvo  sera  à  Meineweh. 

Quartier  impérial,  Géra. 
Garde  impériale,  Géra. 

4*  corps.  Cavalerie  légère ,  Veislareuth  ?  —  Quartier  général , 
l'*  division,  Géra.  —  2*  division,  Tinz.  —  3*  division,  Naulitz. 

LE  MARÉCHAL  NEY  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Auma,  12  octobre  1806. 

J  ai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  que  les  divisions  du 
6*  corps  parties  ce  matin  de  Schleiz  se  sont  établies  cet  après- 
midi  dans  les  positions  suivantes  : 

L'avant-garde  aux  ordres  du  général  Colbert  est  bivoua- 
quée  entre  Mittel  et  Wetzdorf. 

La  division  Marchand  dans  sa  position  en  arrière  de 
Braunsdorf  à  cheval  sur  la  route  de  Géra. 

La  3*  division  commandée  par  le  général  Marcognet  en 
avant  d'Auma,  la  droite  à  la  route  de  Weyda  et  la  gauche 
«ur  la  direction  de  Neudeck. 

Je  prie  V.  A.  de  me  faire  connaître  par  le  retour  de  Toffi- 


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542  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

cier  que  je  lui  envoie,  l'ordre  de  mouyement  pour  demain. 
Je  pourrais  aisément  pousser  au  delà  de  Géra  et  me  rappro- 
cher des  têtes  de  colonne  qui  me  précèdent  de  manière  à 
prendre  part  à  la  bataille  si  l'ennemi  nous  attendait  en  avant 
de  Leipzig. 

1^*  division  de  dragons,  Schleiz. 

1"  division  de  grosse  cavalerie,  séjour  à  Oschitz. 

2*  division  de  grosse  cavalerie,  Wittendorf? 


NOTE. 

Quartier  impérial,  Auma,  12  octobre  1806. 

S.  M.  TEmpereur  des  Français,  désirant  que  les  maux  de 
la  guerre  soient  diminués  autant  que  possible,  a  décidé  que 
réchange  des  prisonniers  de  guerre  se  ferait  entre  les  deux 
puissances  par  un  cartel  et  aux  conditions  ci-après. 

Les  prisonniers  prussiens  jouiront  en  France  d^une  paye 
et  d'une  ration  déterminées,  sous  la  condition  que  les  pri- 
sonniers français  qui  seront  faits  par  l'armée  prussienne 
jouiront  du  même  traitement  \ 

En  conséquence,  il  est  accordé  à  chaque  soldat  prussien 


1.   LB   UàJOK-atvÈ&Ah   A   M.    LB   QUÀRTXBR-MAITRB    oAhAbaI*  OB  8.   M.   LE  SOI 

DK  PRU88E. 

Quartier  impérial,  Auma,  18  octobre  180€. 

S.  M.  TEropercur  des  Français,  Monsieur,  désirant  que  les  maux  de  la  goerre 
soient  diminués  autant  que  possible,  m*aulorise  à  vous  proposer  ud  cirlc! 
d'échange  des  prisonniers  qui  peuvent  être  faits  do  part  et  d  autre  sur  des 
bases  qui  puissent  vous  convenir  :  je  vous  prie  de  prendre  sur  cet  objet  les 
ordres  de  S.  M.  le  Roi  de  Prusse  ou  du  général  commandant  en  chef  son  anii(.'<^ 
et  de  vouloir  bien  me  faire  connaître  ses  intentions. 

Les  blessés  de  votre  armée  tombés  en  notre  pouvoir  ont  été  traités  comme 
les  nôtres,  autant  que  la  position  le  permettait.  Vos  prisonniers  jouironi  ^en 
France  d'une  paye  et  d*une  ration  déterminées  pourvu  que  de  votre  côté 
vous  promettiez  d'accorder  à  ceux  que  vous  ferez  sur  l'armée  française  Li 
môme  paye  el  le  môme  traitement. 

Il  sera  donné  à  chaque  soldat  une  ration  de  24  onces  de  farine,  dont 
3  quarts  de  froment  et  i  quart  do  seigle  ;  i  demi-livre  de  viande,  i  oore  de 
riz,  6  sols  par  jour  et  le  logement;  —  aux  sous-officiers,  le  tiers  en  sus  ;  — au* 
90us-lieutcnants,  60  francs  par  mois  ;  —  aux  lieutenants,  80  ;  —  aux  capi- 
taines, 100;  —  aux  lieutenants-colonels,  150;  —  aux  colonels  et  migors,  i84: 
—  aux  généraux-majors.  400  ;  —  aux  lieutenants-généraux,  600. 

Au  moment.  Monsieur,  que  je  connaîtrai  sur  cet  objet  les  intentions  de  votre 


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12  OCTOBRE.  543 

prisonnier  une  ration  de  24  onces  de  farine,  dont  trois  quarts 
de  froment  et  un  quart  de  seigle  ;  une  demi-livre  de  viande, 
une  once  de  riz,  3  sous  par  jour  et  le  logement. 
Aux  sous-officiers  le  tiers  en  sus. 

Aux  sous-lieutenants 50  francs  par  mois. 

Aux  lieutenants 80  — 

Aux  capitaines 100  — 

Auxmajors  etlieutenants-colonels.     150  — 

Aux  colonels 180  — 

Aux  généraux-majors 400  — 

Aux  lieutenants-généraux     .    .    .     600  — 

Les  femmes,  enfants,  chirurgiens  et  tous  individus  tenant 
à  l'administration  seront  renvoyés,  ne  pouvant  être  considé- 
rés comme  prisonniers  de  guerre. 

Le  major  général,  ministre  de  la  guerre,  donnera  des  or- 
dres pour  r exécution  des  dispositions  ci-dessus. 

Napoléon, 
dispositions  générales  pour  les  prisonniers 

DE   GUERRE. 

Âuma,  12  octobre  1806. 

Tous  les  prisonniers  de  guerre  seront  dirigés  sur  Kronach 
où  ils  seront  gardés  dans  le  fort. 

De  Kronach,  ils  seront  dirigés  sur  la  place  de  Forchheim 
par  convois  de  500. 

Quand  il  y  aura  à  Forchheim  1,000 prisonniers,  on  enverra 
ces  1,000  à  Wtirzburg  où  ils  seront  consignés  dans  la  cita- 
delle. Le  commandant  fera  prévenir  le  maréchal  Mortier  qui 


souverain,  je  m'empresserai  de  donner  les  ordres  nécessaires  pour  rexéculion 
des  disposLlions  ci-dessus. 

Je  propose  aussi  que  les  femmes,  enfants,  chirurgiens  et  tous  autres  indivi- 
dus tenant  à  l'administration  soient  renvoyés  et  ne  puissent  dtre  considérés 
comme  prisonniers  de  guerre. 

L'Empereur,  M.  le  Quartier-miître  général,  a  ordonné  que  le  corps  du 
prince  Louis  soit  déposé  dans  le  château  de  Saalfeld  avec  tous  les  honneurs 
qui  lui  sont  dus,  et  si  S.  M.  le  roi  de  Prusse  désire  le  faire  inhumer  dans  le 
cavoau  de  ses  ancêtres,  je  suis  autorisé  à  dtinner  les  ordres  pour  qu'il  lui  soit 
rendu. 

Je  salue  V.  Ex.  avec  une  considération  très-distinguée. 


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544  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

est  à  Francfort  et  qui  fera  prendre  les  prisonniers  pour  les 
conduire  en  France. 

Un  officier  d'état-major  placé  à  Eronach,  Forchheim  et 
WUrzburg,  sera  chargé  du  détail  des  prisonniers  et  en  ren- 
dra compte  journellement  au  major  général  en  envoyant  des 
états  très -exacts.  Il  sera  chargé  de  toutes  les  dispositions 
pour  quHls  soient  bien  escortés  et  qu'aucun  ne  s'échappe. 

L'adjudant  commandant  Petiet  en  sera  chargé  à  WUrzburg  ; 
à  Kronach,  l'adjoint  français  qui  est  à  Kronach,  et  à  Forch- 
heim l'adjoint  français  qui  est  à  Forchheim. 

Le  major  général, 

M'^  Alex.  Berthier. 


LE    COLONEL    BLEIN    ▲    L  ADJUDANT    COM MANDANT    HA8TBBL,    FAI8AXT 
rONCTIONB    DE    CHEF    DE    L'éTAT-MAJOR    OéNÊBAL. 

Géra,  is  octobre  Id06. 

L'intention  du  major  général  est  que  M.  Axamitowski  et  M.  Pari- 
got  soient  alternativement  commandant  d'armes  au  quartier  général 
pour  7  maintenir  la  police,  jusqu'à  ce  que  vous  puissiez  les  faire 
remplacer.  Je  pense  qu'il  a  les  mêmes  vues  sur  M.  Lauberdière,  en 
attendant  qu'il  puisse  se  monter.  Qu'est  devenu  M.  Pillet  qui  m'avait 
paru  avoir  envie  de  se  montrer  ? 

Je  vous  renouvelle  la  demande  de  la  part  du  ministre  de  faire  ar- 
river au  plus  tôt  M.  Petiet  pour  faire  le  logement;  il  faut  qu'il 
emmène  les  deux  adjoints  qui  lui  sont  attachés  pour  qu'il  paisse  tou- 
jours en  envoyer  un  sur  les  devants  avec  l'aide  de  camp  que  S.  A. 
charge  de  faire  son  logement. 

J'ai  été  obligé  moi-même  de  faire  le  logement  ici  pour  notre  petit 
état-major  que  j'appellerai  première  section.  Vous  nous  y  rempla- 
cerez ;  à  mesure  que  des  officiers  de  votre  deuxième  section  se  mon- 
teront, ils  pourront  passer  à  la  première. 

Nous  aurions  bien  besoin  des  copies  de  l'instruction  pour  les  com- 
mandants du  quartier  général  et  des  arrêtés  imprimés  poux  la  poste. 

LE    CHEF    DE    BATAILLON    DIBECTBUB    d'aBTILLEBIB    FAB   INTiBIX 
A    MATENCE    AU    MABÂCHAL  ^KELLBBMANV. 

Mayence,  12  octobre  I8O6. 

J'ai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  que  conformément  à  l'ordre 
de  M.  le  général  Saint-Laurent,  directeur  général  des  parcs  d'artii* 


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12    OCTOBRE.  545 

lerie  de  la  Grande  Armée,  daté  du  7  du  courant,  je  fais  transporter 
^ar-le-champ  à  WUrzburg  par  la  navigation  du  Mayn  un  million  de 
cartouches  d'infanterie  et  100,000  pierres  à  feu. 

Les  diverses  livraisons  faites  à  l'armée  depuis  le  28  septembre 
jointes  à  celles  énoncées  dans  la  présente,  ont  mis  la  place  de  Majence 
sans  cartouches  d'infanterie.  Je  prie  V.  Exe.  d'employer  ses  bons 
offices  près  de  S.  A.  S.  le  prince  ministre  pour  qu'il  soit  ordonné 
au  directeur  d'artillerie  à  Mayence  de  faire  confectionner,  par  les 
moyens  qu'il  jugera  à  propos,  le  nombre  nécessaire  de  cartouches 
d'infanterie  tant  pour  la  défense  de  la  place  que  pour  l'approvision- 
nement des  armées,  au  moyen  d'une  somme  de  0,60  c.  par  mille  afin 
d'en  accélérer  la  confection. 

Je  la  prie  également  de  solliciter  près  de  S.  A.  le  prince  ministre 
les  fonds  nécessaires  pour  mettre  à  exécution  les  commandes  et  or- 
dres que  cette  direction  doit  exécuter.  Elle  est  sans  argent  et  sans 
aucune  ressource  pour  exécuter  ces  mêmes  commandes. 

Je  prie  V.  Exe.  de  prendre  en  considération  l'exposé  que  j'ai 
l'honneur  de  lui  soumettre  ;  il  mérite  sa  sollicitude. 

LE   MARÉCHAL  KELLERMANN  A   L'EMPEREUR. 

Mayence,  12  octobre  1806. 

Je  ne  puis  mieux  faire  connaître  à  V.  M.  la  pénurie  dans 
laquelle  se  trouve  la  direction  d'artillerie  à  Mayence,  qu'en 
lui  adressant  copie  de  la  lettre  que  je  reçois  du  directeur.  Si, 
depuis  que  V.  M.  a  reconnu  combien  il  était  juste  et  néces- 
mie  que  j^ eusse  des  fonds  à  ma  disposition  pour  des  besoins 
extraordinaires,  un  crédit  m'avait  été  ouvert  chez  le  payeur, 
j'aurais  aidé  le  directeur  d'artillerie  et  cette  partie  essen- 
tielle du  service  ne  serait  pas  en  soufifrance. 

J'envoie  la  copie  de  la  même  lettre  au  ministre  directeur 
'le  l'administration  de  la  guerre  et  je  l'engage  à  prendre  les 
mesures  les  plus  promptes  pour  faire  cesser  les  besoins  de  la 
direction  d'artillerie. 


CAMP.  DK  PmUSSB. 


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OBSERVATIONS 


PLAOE    DU    COMMANDAHT    DE    L*ABM6b. 

Le  Commandant  de  Tarmée  se  tient  le  plas  constamment  à  la  hau- 
teur du  centre.  La  colonne  du  centre  est  la  plus  importante;  elle 
couvre  la  ligne  d^opérations,  que  suivent  les  parcs. 

Le  quartier  général  s'établit  chaque  soir  entre  le  corps  de  seconde 
ligne  et  la  réserve. 

Le  Commandant  de  Tarmée  se  porte  à  Tavant-garde  toutes  les 
fois  qu'il  le  juge  utile  pour  être  plus  vite  renseigné,  pour  diriger  ses 
reconnaissances  ou  pour  se  faire  une  idée  du  pays,  mais  il  n'y  reste 
pas  ;  il  a  besoin  de  plus  de  calme  qu'il  n'en  règne  aux  avant-postes 
pour  comparer  entre  eux  les  rapports  qui  arrivent  des  différentes  co- 
lonnes et  juger  les  projets  de  l'ennemi. 

Il  se  porte  aussi  aux  colonnes  des  ailes  dans  le  même  but  ;  mais  il 
revient  coucher  au  lieu  où  il  a  marqué  son  quartier  général. 

Le  9  l'Empereur  se  porte  à  l'avant-garde  et  assiste  au  combat  de 
Schleiz  ;  il  revient  coucher  à  Ebersdorf  sur  la  rive  gauche  de  la 
Saale  en  avant  du  3*  corps. 

Le  10  le  quartier  général  se  rend  à  Schleiz  avec  le  3^  corps. 

Le  11  l'Empereur  se  porte  à  Géra  et  revient  coucher  à  Auma  an 
milieu  du  3*  corps. 

Le  12  le  quartier  général  est  transporté  à  Géra  en  seconde  ligne, 
4*  corps.  L'Empereur  n'a  plus  de  craintes  sur  sa  droite  et  le  cban- 
gement  de  front  de  l'armée  est  déjà  commencé. 

Le  13  dès  le  matin  l'Empereur  annonce  au  Grand-duc  qu'il  se 
rendra  à  léna  ;  il  prévoit  qu'une  affaire  générale  est  proche  et  il  a 
besoin  d'avoir  des  renseignements  positifs. 


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^f*?v 


OBSERVATIONS.  547 


LA    CAVALERIE    AU    BA8SBMBLEMENT    DE    l'aBMÉB 
ET    DANS    LA    XABCHE    EN    AYANT. 

Le  Commandant  en  chef  couvre  le  rassemblement  de  Tarmée  au 
moyen  de  la  cavalerie  légère.  Des  piquets  sont  placés  sur  toutes  les 
communications  ;  ils  ne  laissent  rien  aller  vers  Tennemi,  favorisent 
les  reconnaissances  d'officiers  et  envoient  aux  quartiers  généraux 
tons  les  voyageurs  venant  de  l'extérieur  pour  qu'ils  y  soient  interro- 
gés. Des  postes  intermédiaires  sont  établis  entre  les  piquets  et  les  quar- 
tiers généraux  afin  d'être  instruit  promptement  de  ce  qui  se  passe. 
Les  brigades  sont  tenues  réunies  sur  les  communications  les  plus 
importantes.  Les  généraux  transmettent  par  duplicata  aux  comman- 
dants des  corps  d'armée  de  première  ligne  les  renseignements  qu'ils 
ont  de  l'ennemi  ;  ils  fatiguent  le  moins  possible  leurs  chevaux  et  les 
tiennent  en  état  de  partir.  (Major  général  au  Grand-duc,  au  maré- 
chal Bemadotte,  au  maréchal  Lefebvre,  3  octobre.) 

Personne  ne  doit  franchir  la  frontière  avant  que  la  guerre  ne  soit 
déclarée. 

Lorsque  au  moment  de  se  porter  en  avant  le  Commandant  en 
chef  Mt  faire  à  certaines  troupes  des  marches  qui  doivent  être  dé- 
robées à  Tennemî,  les  piquets  extrêmes  qui  couvraient  ces  troupes 
restent  en  position  et  font  leurs  reconnaissances  comme  à  l'ordinaire 
afin  de  masquer  et  d'assurer  le  mouvement  le  plus  longtemps  pos- 
sible. 

Le  Commandant  de  l'armée  cherche  à  surprendre  son  ennemi  et  à 
profiter  de  la  première  irruption  pour  frapper  un  grand  coup.  Il 
pousse  donc  ses  têtes  de  colonne  jusque  sur  son  avant-garde  sans 
qu'aucun  mouvement  se  manifeste  sur  aucun  point  de  la  ligne,  sans 
qu'on  fasse  rien  qui  puisse  donner  de  l'inquiétude  à  l'ennemi  et  l'ins- 
truire plus  tôt  qu'il  ne  le  sera.  Puis  toutes  les  colonnes  débouchent 
en  même  temps  précédées  et  flanquées  par  la  cavalerie.  L'objet  à 
remplir,  les  reconnaissances  à  exécuter,  les  points  à  atteindre  sont 
déterminés  chaque  jour  par  le  Commandant  de  l'armée  lui-même, 
puisque  les  nouvelles  qui  lui  parviennent  de  l'ennemi  peuvent  modi- 
fier la  marche  des  opérations. 

Tant  que  la  jonction  n'est  pas  faite,  le  Commandant  de  l'armée  ne 
dirige  que  la  cavalerie  de  la  colonne  à  laquelle  il  se  tient  ;  les  com- 
mandants des  autres  colonnes  dirigent  eux-mêmes  leur  cavalerie  ;  ils 
buiveut  les  mêmes  principes. 

Colonne  du  centre.  —  Le  8,  reconnaître  les  communications  du 
centre  avec  les  ailes  -,  —  leur  nature  5  —  la  situation  de  l'ennemi  sur 
le*  trois  débouchés  \ 


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548  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  9,  continuer  la  reconnaissance  ;  — -  combat  de  Schleiz  ; 
Le  10,  recueillir  le  plus  de  renseignements  possible  ;  —  recon- 
naître Auma  et  Saalfeld  ; 

Le  11,  arriver  à  Géra  afin  de  savoir  ce  que  fait  T ennemi. 
Dans  les  pays  difficiles,  Taffaire  importante  est  la  jonction  des  co- 
lonnes. Tant  qu'elles  sont  séparées,  le  Commandant  de  Tannée  ne 
peut  marcher  en  masse  ni  rien  entreprendre  de  décbif  ;  il  maintient 
sa  cavalerie.  Lorsque  la  jonction  est  faite,  il  est  prêt  à  agir  ^  il  indi- 
que le  but  à  atteindre  par  la  cavalerie  de  toutes  les  colonnes  et  la 
pousse  en  avant  pour  avoir  des  renseignements  précis. 

Le  12,  envoyer  des  coureurs  aussi  loin  que  possible  sur  toutes  les 
directions  :  TEmpereur  au  maréchal  Lanues,  12  octobre,  4  heures  du 
matin,  colonne  de  gauche  ;  —  au  major  général  pour  le  3^  corps, 
colonne  du  centre  ;  —  au  Grand-duc,  colonne  de  droite  ; 

Le  13  au  matin,  ne  faire  aucun  mouvement,  reposer  les  troupes. 
Dans  un  pays  accidenté  et  par  suite  peu  propre  à  la  cavalerie. 
l'Empereur  au  maréchal  Soult,  ô  octobre,  on  tient  la  cavalerie  d  a- 
vant-garde  à  proximité  de  la  tête  de  la  colonne,  car  elle  peut  avoir 
besoin  à  chaque  instant  du  soutien  de  Tinfanterie.  Le  terrain  oppose 
d'ailleurs  des  difficultés  insurmontables  à  la  réunion  des  grandes 
masses  de  troupes  ;  on  a  des  affaires  partielles  livrées  par  des  tête» 
de  colonne  et  des  arrière -gardes,  mais  jamais  d'affaire  générale.  La 
cavalerie  légère  des  corps  d'armée  suffit  aux  colonnes  latérales. 

Dans  les  pays  de  plaine  au  contraire,  on  envoie  beaucoup  de  cou- 
reurs devant  soi  pour  intercepter  les  malles,  les  vovageurs  et  recueillir 
le  plus  de  renseignements  possible. 

Dans  la  plaine,  le  Commandant  de  l'armée  augmente  la  cavalerie 
des  colonnes  latérales  en  leur  adjoignant  une  division  de  dragons. 
(Maréchal  Soult  au  major  général,  1*'  octobre  ;  4*  division  de  dra- 
gons mise  à  la  disposition  du  maréchal  Davout,  le  12.) 

Le  Commandant  de  l'armée  et  les  commandants  des  colonnes  laté- 
rales dirigent  les  partis  sur  des  points  importants,  à  des  embranche- 
ments de  route,  dans  de  gros  bourgs,  dans  des  villes,  où  ils  peuvent 
trouver  des  renseignements,  saisir  des  lettres,  etc.  Ils  vont  à  10,  20, 
30  et  40  kilomètres  '  ;  la  seule  condition  qui  guide  est  d'avoir  des 
nouvelles  précises,  et  cela  dans  le  plus  bref  délai  possible.  C'est  le 


].  Le  parli  Ou  capitaine  Pire  et  celui  du  commandant  Mëda  envoyés  le  li 
de  Zoitz  sur  Loipzig  pour  porter  l'épouvante  sur  let  derrières  de  CenneM  H 
achever  d'enlever  les  équipages  du  corps  qui  a  été  battu  d  Schlei^f  ne  soQl  allés 
qu'à  -10  kilomètres  do  Tinfanterie.  Sans  vouloir  rabaisser  le  mérite  des  com- 
mandants de  ces  partis,  ils  avouent  Tun  et  l'autre  dans  leurs  rapports  quils 
savaient  qu'il  n'y  avait  pas  do  garnison  à  Leipzig.  —  Ces  reconnaissances  doot 
ou  a  beaucoup  exagéré  la  hardiesse,  doivent  donc  ôtre  réduites  à  leur  juste 
valeur. 


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OBSERVATIONS.  549 

plas  soaveut  à  la  fin  de  la  marche,  en  donnant  Tordre  de  position, 
qu'on  envoie  les  partis.  Ils  rentrent  à  la  fin  du  jour,  dans  la  soirée 
on  dans  la  nnit  au  plus  tard.  Le  commandement  attend  leurs  rensei- 
gnements pour  donner  Tordre  de  mouvement.  Il  faut  en  outre 
quliommes  et  chevaux  mangent  et  se  reposent  pour  repartir  à  la 
pointe  du  jour. 

Colonne  de  droite.  —  Partis  envoyés  le  8  sur  Hof,  8  kilomètres  en 
avant  de  Tavant-garde,  —  Schwarzenbach,  8  kilomètres  sur  le  flanc 
des  avant-postes,  8elbitz,  11  kilomètres  ;  —  le  9  des  hauteurs  de 
Hof  sur  Gefell  et  Œlsnitz  pendant  la  marche;  —  le  9  au  moment  de 
la  prise  de  position  pour  lier  communication  avec  les  précédents  sur 
(Elsnitz,  6  kilomètres,  sur  Gefell,  16  kilomètres;  — le  10  sur  Auer- 
bach  et  Langenfeld,  30  kilomètres.  Le  8*  de  hussards  tout  entier  est 
porté  le  10  de  Plauen  à  Reichenbach,  20  kilomètres,  pour  éclairer 
ce  qui  se  passe  sur  la  route  de  Zwickau.  Partis  envoyés  le  11  pen- 
dant la  marche  sur  Weyda  ;  —  sur  TElster,  flanc  droit  de  la  route, 
6  kilomètres  en  moyenne  :  —  sur  Auma,  flanc  gauche  de  la  route, 
16  kilomètres. 

Ou  peut  suivre  de  même  à  la  colonne  du  centre  la  marche  des 
partis  et  des  reconnaissances. 


LOHOUBUB   DES    MARCHES. 

Le  Commandant  de  Tarmée,  en  indiquant  le  point  à  atteindre 
chaque  jour  par  chaque  colonne  de  Tarmée  ou  par  chaque  corps 
d'armée,  se  préoccupe  moins  de  la  longueur  de  la  marche  à  exécuter 
par  les  troupes,  que  de  la  nécessité  d'occuper  tel  ou  tel  point  du 
champ  des  opérations,  soit  pour  empêcher  Tennemi  de  s*en  rendre 
maître,  soit  pour  prêter  un  appui  aux  autres  corps  de  Tarmée.  Ces 
points  sont  toujours  des  villes  ou  au  moins  de  gros  bourgs  où  Ton 
tronve  des  ressources  et  des  renseignements  ;  des  points  de  passage 
snr  les  cours  d'eau  et  des  nœuds  importants  de  communications,  à 
proximité  desquels  se  trouvent  le  plus  souvent  des  centres  de  popu- 
lation ;  des  cols  et  des  débouchés  dans  les  pays  montagneux. 

L'instruction  du  5  au  maréchal  Lannes  porte  d'occuper  Coburg 
le  8,  Neustadt  le  9,  de  prendre  le  plus  tôt  possible  position  sur  le 
pendant  des  eaux  et  d'arriver  à  Grttfenthal  le  10.  —  Le  8  dans  Ta- 
près-midi  la  situation  s'est  modifiée  ;  le  centre  a  atteint  Saalburg  ; 
l'Empereur  ordonne  au  maréchal  de  marcher  le  plus  vite  qu'il  pourra 
sur  Grâfenthal.  —  Enfin  l'instruction  du  9  dans  la  matinée,  tout  en 
examinant  les  cas  qui  peuvent  se  présenter,  invite  le  Maréchal  à  ar- 
river le  plus  promptement  possible  à  Saalfeld. 


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Ô50  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Coburg  est  une  petite  ville  ;  GrUfenthal  est  un  gros  bourg  sur  It* 
pendant  des  eaux  ;  Saalfeld  est  une  petite  ville,  point  de  passage  de 
la  Saale. 

L'instruction  du  5  au  maréchal  Soult  ordonne  d'entrer  eu  mas»' 
à  Baireuth  le  7  et  de  prendre  position  en  avant  de  cette  ville  :  de 
s'établir  le  8  sur  les  hauteurs  de  MUnchberg,  et  le  9  d'occuper  Uuf. 
point  de  passage  de  la  Saale.  —  L'Empereur  ajoute,  dans  sou  ins- 
truction particulière  du  5,  que  les  nouvelles  que  le  Maréchal  aura  de 
l'ennemi,  à  son  débouché  de  Hof,  le  porteront  à  appuyer  un  peu 
plus  sur  le  centre  ou  à  prendre  une  position  en  avant,  pour  pouvoir 
marcher  sur  Plauen,  petite  ville,  nœud  de  communications  sur  l'Els- 
ter.  —  Le  Maréchal  dépassa  Hof  et  vint  occuper,  dans  la  nuit  du  9 
au  10,  la  position  de  Gross-Zôbern  sur  la  ligne  de  partage  des  eaux 
de  la  Saale  et  de  l'Ëlster. 

Le  centre,  qui  suit  la  chaussée  de  Bamberg  à  Leipzig,  occupe  le 
7  Lobenstein,  sur  le  pendant  des  eaux  de  la  Saale  ;  le  8  Saaiburg. 
point  de  passage  de  la  Saale  ;  le  9  Schleiz,  petite  ville,  nœud  deg 
communicationB  sur  Plauen  et  Saalfeld  ;  le  10  Auma,  Miitel-PQluitz, 
Triptis,  Neustadt  et  PSssneck,  c'est-à-dire  toute  la  route  de  Saalfeld 
à  Géra  ;  le  11  Géra,  ville  assez  importante  sur  TElster,  que  TEmpe- 
reur  supposait  être  le  point  de  réunion  de  l'armée  ennemie  et  où. 
dans  tous  les  cas ,  il  pensait  trouver  des  renseignements  :  A  Géra, 
΀8  affaires  »*éclairciront, 

La  jonction  est  faite  le  11. 

Le  12,  l'Empereur  porte  le  jnaréchal  Lannes  sur  léna,  point  de 
passage  de  la  Saale,  le  maréchal  Davout  sur  Naumburg,  également 
point  de  passage  de  la  Saale,  le  grand-duc  de  Berg  et  le  maréchd 
Bemadotte  sur  Naumburg  passant  par  Zeitz,  route  de  Leipzig. 
L'Empereur  a  déterminé  les  points  d'Iéna  et  de  Naumburg,  tout  en 
sachant  qu'on  ne  les  atteindra  pas  le  12  parce  que  les  forces  hu- 
maines ont  des  limites,  mais  il  a  voulu  indiquer  aux  commandautf 
des  corps  d'armée  qu'il  fallait  faire  tout  ce  qui  était  possible  pour  y 
arriver  dans  le  plus  bref  délai.  Cela  ressort  clairement  de  l'ordre  de 
mouvement  au  maréchal  Lannes,  12,  4  heures  et  demie  du  matin, 
où  le  major  général  dit  :  «  ...  Le  maréchal  Davout  sera  sur  la  route 
de  Mittel  à  Naumburg.  » 

Les  points  que  doivent  atteindre  les  corps  de  seconde  ligne^  sont 
déterminés  dé  façon  qu'il  n'y  ait  qu'une  demi -journée  de  marche 
entre  les  deux  lignes  de  l'armée,  mais  de  façon  aussi  à  ce  que  ces 
corps  trouvent  des  abris  et  des  subsistances  et  occupent  même  dans 
certains  cas  des  positions  sur  lesquelles  les  corps  de  première  ligne 
puissent  se  reployer. 

Ainsi  à  l'aile  gauche  le  maréchal  Augereau  est  obligé  de  faire  une 
marche  forcée  pour  se  porter  de  Coburg  à  Saalfeld. 


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OBSERVATIONS.  551 

Aa  centre  le  3*  corps  occupe  le  9  Lobenstein,  le  10  Schleiz,  le 
11  Auma  ;  le  6®  corps  vient  le  10  à  Tanna,  le  11  à  Schleiz,  le  12  à 
Auma. 

A  l'aile  droite  le  4®  corps  passe  en  seconde  ligne  et  occupe  Weyda 
le  11  et  Géra  le  12. 

Le  6*  corps  fait  le  9  une  marche  de  44  kilomètres  ;  —  le  10,  de 
20  kilomètres,  combat  ;  —  le  11,  de  30  kilomètres  ;  —  le  12,  de 
24  kilomètres,  combat  ;  —  le  13,  de  6  kilomètres,  combat. 

Le  7'  corps  part  de  Coburg  le  10  à  4  heures  de  Taprès-midi,  fait 
61  kilomètres  pour  arriver  à  Saalfeld  dans  la  nuit  du  11  au  12, 
gagne  Rahla  le  12  en  passant  par  PQssneck,  marche  de  37  kilomè- 
tres, et  fait  le  13  une  marche  de  12  kilomètres  pour  se  rapprocher 
d'Iéna. 

Le  1"  corps  fait  le  9  une  marche  de  24  kilomètres,  combat;  — 
le  10,  de  16  kilomètres  (la  V^  division,  20  kilomètres);  —  le  11,  de 
24  kilomètres  (la  l'*  division,  44  kilomètres)  ;  —  le  12,  de  27  kilo- 
mètres; —  le  13,  de  16  kilomètres. 

Le  3*  corps  fait  le  9  une  marche  de  30  kilomètres  ;  —  le  10,  de 
22  kilomètres  ;  —  le  11,  de  22  kilomètres  ;  —  le  12,  la  1"  division, 
44  —  la  2%  36  —  la  3%  26  ;  —  le  13,  la  2"  division,  12  —  la  3% 
22  kilomètres. 

Le  4'  corps  fait  le  8  une  marche  de  28  kilomètres  ;  —  le  9,  de 
32  kilomètres;  —  le  10,  de  12  kilomètres  ;  —  le  11,  de  28  à  38 
selon  les  divisions  ;  —  le  12,  de  14  à  24  selon  les  divisions  ;  —  le 
13,  la  l'^  division,  40  kilomètres  —  les  2*  et  3%  20  kilomètres. 

Le  6*  corps  fait  le  9  une  marche  de  26  kilomètres  ;  —  le  10,  de 
38  kilomètres  ;  —  le  1 1,  de  12  à  18  kilomètres;  —  le  12,  de  16  ki- 
lomètres; —  le  13,  de  22  kilomètres. 

Les  troupes  doivent  donc  s'attendre  à  faire  des  marches  de  45  ki- 
lomètres sans  en  être  étonnées  ;  elles  doivent  y  être  préparées  pen- 
dant la  paix  pour  que  cet  effort  ne  leur  semble  pas  insurmontable^  et 
que  toutes  se  rappellent  l'avoir  déjà  supporté  aisément. 

LIGNE    DE    MARCHE    DE    l'aRHÉE. 

La  ligne  de  marche  de  r armée  est  la  ligne  sur  laquelle  se  présentent 
chaque  jour  les  têtes  des  différentes  colonnes  de  l'armée. 

De  même  on  dit  la  ligne  de  bataille,  de  même  on  dit  la  ligue  de 
marche.  I/Empereur  se  servait  de  cette  expression:  c  L'armée  occu- 
pait une  ligne  de  6  lieues*.  » 


^  1.  Voir  aussi  page  17,  l'expression  ligne  de  marche  de  l'armée,  employée  par 
"Empereur  dans  les  Obêervalionê  sur  le  plan  de  campagnes  en  Allemagne  en 

1796. 


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552  GA.MPAGNB    DB    PRTJSSE. 

Les  chaussées  qui  traversent  une  chaîne  de  montagnes  sont  peu 
nombreuses  et  généralement  assez  espacées  ;  les  communications 
transversales  entre  ces  chaussées  sont  rares  et  souvent  difficiles. 
Dans  ces  pays  retendue  de  la  ligne  de  marche  de  l'armée  augmente 
et  les  colonnes  sont  isolées.  Aussi  doit-on  surprendre  à  Tennemi  le 
passage  dos  pays  de  montagnes,  et  se  hâter  de  déboucher  en  plaine 
pour  opérer  la  jonction  de  ses  colonnes. 

L'Empereur  se  porte  en  avant  en  échelons,  le  centre  en  avant, 
pour  faciliter  le  débouché  de  ses  ailes. 

Dans  une  marche  semblable  l'étendue  de  la  ligne  de  marche  se 
compte  non  pas  de  tête  à  tête  de  colonne,  mais  bien  de  la  tête  des 
échelons  les  moins  avancés  à  la  colonne  voisine  par  la  communica- 
tion la  plus  courte. 

Ainsi  le  8  les  têtes  de  colonne  occupent  la  gauche  Coburg,  le 
centre  Saalburg,  la  droite  Mtinchberg.  La  ligne  de  marche  de  Tannée 
ne  doit  pas  se  compter  de  Coburg  à  Saalburg  et  à  Miinchberg  à  vol 
d'oiseau,  mais  bien  de  Coburg  à  Kronach,  28  kilomètres,  ligne  la 
plus  courte  pour  que  la  colonne  de  gauche  vienne  s'adosser  à  la  co- 
lonne du  centre  ;  de  même  de  MUnchberg  à  Steînwiesen,  30  kilo- 
mètres, ligne  la  plus  courte  pour  que  la  colonne  de  droite  poisse 
appuyer  sur  le  centre.  Le  8  la  ligne  de  marche  est  de  58  kilomètres 
ou  15  lieues  environ. 

Le  9,  de  Grftfenthal  à  Lobenstein,  32  kilomètres;  de  Schleiz  à 
6rosft-Z($bern,  28  kilomètres  ;  soit  60  kilomètres  ou  15  lieues. 

Le  10,  de  Saalfeld  à  Auma,  38  kilomètres  ;  d'Auma  à  Pkiaen, 
32  kilomètres;  soit  70  kilomètres  ou  17  lieues. 

Le  11,  de  Neustadt  à  Mittel-P(51nitz,  12  kilomètres  ;  de  Mittelà 
Géra,  20  kilomètres  ;  soit  32  kilomètres  ou  8  lieues.  La  jonction  ect 
faite.  Les  3  colonnes  peuvent  se  trouver  sur  le  même  champ  de  ba- 
taille en  24  heures  ou  même  en  18  heures. 

Le  12,  d'Iéna  à  Naumburg,  30  kilomètres  ;  de  Naumburg  à  Mei- 
neweh,  16  kilomètres  ;  soit  46  kilomètres  ou  11  lieues. 

Le  13,  d'Iéna  à  Dornburg,  12  kilomètres  ;  de  Dornburg  à  Naum- 
burg, 18  kilomètres  ;  soit  30  kilomètres  ou  8  lieues. 


PROFONDEUR    DES    COLONNES    d'ARMÉE. 

La  profondeur  d'une  colonne  d'armée  se  calcule  de  la  tête  de  la 
1"  division  d'infanterie  du  corps  de  tête  à  la  queue  de  la  dernière 
division  d^infanterie  du  corps  de  queue. 

En  comptant  une  heure  de  marche  pour  4  kilomètres  environ,  on 
déduit  de  la  profondeur  de  la  colonne  le  temps  nécessaire  pour  que 
la  dernière  division  serre  sur  la  tête  ;  il  faut  y  ajouter  le  temps  pour 


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OBSERVATIONS.  553 

que  l'ordre  de  serrer  parvienne,  ce  qui  dépend  de  la  distance  à  par- 
courir par  Tofficier  porteur  de  Tordre,  de  la  nature  et  de  Tétat  des 
chemins,  de  la  température  et  des  circonstances  atmosphériques,  de 
rheare  de  la  journée  où  l'ordre  est  porté  et  où  la  marche  sera  exécutée 
(de  jour  ou  de  nuit),  du  degré  de  repos  ou  de  fatigue  des  troupes. 

La  profondeur  de  la  colonne  de  gauche  était  le  8,  de  28  kilomètres 
de  Coburg  à  Rattelsdorf  ;  —  le  9,  de  44  kilomètres  de  Gi^enthal  à 
Coburg  ;  —  le  10,  de  64  kilomètres,  de  Saalfeld  à  Coburg  ;  le  ma- 
réchal Âugereau  n'apprit  qu'à  4  heures  du  soir  que  le  maréchal 
Lannes  était  engagé  ;  —  le  11 ,  de  30  kilomètres  de  Neustadt  à 
Saalfeld  ;  —  le  12,  de  10  kilomètres  de  Winzerla  à  Kahla. 

La  profondeur  de  la  colonne  du  centre  était  le  8,  de  60  kilomè- 
tres de  Saalburg  à  Theisenort,  traversée  de  la  montagne  ;  —  le  9, 
de  22  kilomètres  de  Schleiz  à  Lobenstein;  —  le  10,  de  18  kilomètres 
d'Ânma  à  Schleiz  ;  —  le  11,  de  22  kilomètres  de  Mittel-Pëlnitz  à 
Schleiz;  — le  12,  de  47  kilomètres  d*Alt-Flemmingà  Auma,  marche 
rapide  du  3^  corps  sur  Naumburg. 

La  profondeur  de  la  colonne  de  droite  était  le  8,  de  30  kilomètres 
de  Manchherg  à  Baireuth  ;  —  le  9,  de  50  kilomètres  de  GrosB-Z5- 
beni  à  Bemeck  ;  —  le  10,  de  22  kilomètres  de  Plauen  à  Tanna  ;  — 
le  11,  de  22  kilomètres  de  Géra  à  Ktihdorf  ;  —  le  12,  de  26  kilo- 
mètres de  Meineweh  à  Géra. 

Les  profondeurs  des  colonnes  d'une  armée  en  masse  de  guerre  opé- 
rant dans  un  pays  ordinaire  varient  de  20  à  25  kilomètres,  ce  qui 
fait  environ  8  à  10  heures  pour  que  la  queue  serre  sur  la  tête  y  com- 
pris le  temps  de  faire  passer  l'ordre. 

Les  profondeurs  se  réduisent  lorsque  l'armée  se  rapproche  de  l'en- 
nemi et  que  le  Commandant  de  l'armée  s'attend  à  une  affaire  géné- 
rale. 

Les  profondeurs  augmentent  au  contraire  dans  les  pays  de  monta- 
gnes où  les  ressources  sont  rares,  ou  bien  lorsque  le  corps  d'armée 
<le  tête  fait  une  marche  rapide  pour  atteindre  un  point  important. 


MARCHES   DE    GUERRE. 
ORDBES   DB    MOtTVBMENT    DBS    CORPS    d'aBMAe. 

Les  ordres  de  mouvement  des  1*'  et  4*  corps  ainsi  que  des  ordres 
isolés  des  3*,  5®,  6*  et  7*  corps  que  l'on  trouvera  soit  dans  les  opé- 
rations de  la  suite  de  la  campagne,  soit  dans  la  campagne  de  Polo- 
gne, ne  laissent  pas  de  doute  que  les  principes  pour  la  rédaction  de 
ces  ordres  ne  fussent  les  mêmes  dans  tous  les  corps  d*armée. 


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554  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Comme  remarque  générale,  plus  on  se  rapproche  de  rennemi. 
plus  les  ordres  de  mouvement  sont  courts.  On  doit  d^ailleurs,  eu 
toutes  circonstances,  s'attacher  à  les  rendre  le  plus  court  possibN 
et  à  n'y  faire  entrer  que  les  détails  indispensables.  On  en  é;:artera 
avec  soin  les  objets  qui  sont  étrangers  aux  marches  et  qui  seront 
plus  à  leur  place  dans  les  ordres  généraux. 

Les  ordres  de  mouvement  des  corps  d'armée  font  rarement  men- 
tion de  l'ennemi,  même  lorsque  l'on  est  en  présence.  Les  renseigne- 
ments sur  l'ennemi  font  plutôt  l'objet  d'instructions  particulières 
adressées  par  le  commandant  de  corps  d'armée  au  commandant  de 
la  cavalerie  ou  aux  généraux  de  division. 

L'ordre  indique  la  direction  de  la  marche,  la  route  à  suivre  et  le 
point  à  atteindre.  Ce  point  peut  être  le  terme  de  la  marche  ou  seu- 
lement un  point  important  de  la  route  où  de  nouveaux  renseigne- 
ments mettront  le  commandant  de  la  colonne  à  même  de  donner  de 
nouveaux  ordres  pour  la  continuation  de  la  marche  ou  la  prise  de 
position.  Lorsque  l'on  se  rapproche  de  l'ennemi,  il  est  en  effet  sou- 
vent impossible  de  faire  connaître  à  l'avance  le  lieu  de  la  coachtV, 
qui  dépend  des  nouvelles  reçues  et  du  terrain  dont  onnejuge  jauiai> 
bien  d'après  la  carte.  , 

L'ordre  indique  ensuite  l'heure  à  laquelle  la  colonne  doit  être  for- 
mée et  se  mettre  en  marche,  ou  bien  les  heures  où  chacune  dir 
fractions  doit  commencer  son  mouvement.  Le  commandant  de  corps 
d'armée  recommande  aux  généraux  de  division  de  serrer  le  oioave- 
ment  de  façon  à  ce  qu'il  y  ait  le  moins  de  distance  possible  entre  le» 
divisions,  et  par  suite  de  la  tête  à  la  queue  de  la  colonne.  Il  lais-^- 
d'ailleurs  aux  commandants  des  divisions  et  au  commandant  de  h 
cavalerie  le  soin  de  donner  tous  les  ordres  de  détail  que  nécessitent 
leurs  mouvements  préliminaires. 

Les  heures  sont  fixées  d'une  manière  simple,  l'heure  ou  la  deo.ie, 
attendu  qu'on  ne  peut  rien  prévoir  à  5  minutes  près. 

Le  commandant  de  corps  d'armée  détermine  le  service  de  la  ca- 
valerie qui  précède  la  colonne,  les  partis  qu'elle  enverra  pour  avoir 
des  nouvelles  ou  pour  lier  les  communications  avec  les  colonnes  voi- 
sines. 

Il  donne  les  indications  pour  faire  rentrer  les  avant-postes  et  le^ 
détachements. 

II  prescrit  les  dispositions  à  prendre  pour  les  équipages,  pour  le> 
subsistances  et  pour  les  évacuations  s'il  y  a  lieu  ;  enfin  il  signale 
d'un  mot  les  observations  urgentes  qu'il  a  pu  faire  pendant  la  oinr- 
che  de  la  veille,  reservant  les  observations  détaillées  pour  un  ordn- 
général. 

Dans  l'ordre  qu'il  donne  pour  la  première  marche  de  guerre,  il 
fait  connaître  la  place  où  il  se  tiendra,  qui  est  généralement  à  la 


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1 


I 


OBSERVATIONS.  OOî> 

tête  de  la  division  tête  de  colonne,  ainsi  que  les  dispositions  particu- 
lières qu'il  veut  voir  prendre  dans  tontes  les  marches.  Ces  ordres 
Tiennent  à  la  suite  de  Tordre  de  mouvement  ou  font  l'objet  d'un 
ordre  général  (place  des  sapeurs  du  génie,  escorte  à  fournir  au  parc 
d'artillerie,  aux  équipages,  mesures  pour  maintenir  l'ordre  et  la  dis- 
cipline, pour  assurer  les  subsistances,  pour  fournir  les  corvées, 
prescriptions  des  règlements  utiles  à  rappeler  lors  d'une  entrée  en 
campagne,  etc.). 

Le  commandant  de  corps  d'armée  donne  l'ordre  pour  le  mouve- 
ment du  lendemain  le  moins  tard  qu'il  peut,  aussitôt  qu'il  a  reçu 
l'ordre  de  mouvement  de  l'armée  et  les  renseignements  de  sa  cava- 
lerie s'il  y  a  lieu.  H  donne  l'ordre  par  écrit  à  son  chef  d'état-major 
qui  en  conserve  la  minute  (maréchal  Augereau  au  général  Pannetier, 
10  octobre)  ou  le  lui  dicte  ;  celui-ci  l'écrit  sur  son  carnet  et  le  fait 
signer  par  le  général. 

Une  fois  l'ordre  de  mouvement  de  l'armée  parvenu  dans  les  corps 
d'armée,  il  faut  environ  2  heures  pour  qu'il  reçoive  son  exécution 
(rapport  du  10  octobre  du  maréchal  Lannes  au  major  général),  à 
moins  toutefois  que  les  troupes  ne  soient  rassemblées  et  prêtes  à  être 
mises  en  route.  Le  Commandant  de  l'armée  doit  tenir  compte  dans 
ses  calculs  du  temps  nécessaire  pour  l'exécution  de  ses  ordres. 


AVANT-OABDE.    DISPOSITIONS    DE    MARCHE    DES    CORPS    d'aRHÉB. 


Dans  tous  les  corps  d'armée  la  cavalerie  légère  forme  seule  l'avant- 
garde.  Comme  elle  couvre  en  général  la  position  occupée  par  l'in- 
fanterie, cantonnements  ou  bivouacs,  elle  se  rassemble  sur  ses  can- 
tonnements les  plus  avancés  et  attend  pour  se  mettre  en  mouvement 
que  la  tête  de  l'infanterie  l'ait  jointe.  Au  début  de  la  marche  il  n'y 
a  donc  pas  de  distance  entre  l'avant-garde  et  la  division  tête  de  co- 
lonne ;  tout  le  monde  marche  serré.  La  longueur  de  la  colonne  est 
diminuée. 

L'avant-garde  est  éclairée  par  un  fort  parti  qui  la  précède  sur  la 
route  suivie  jusqu'au  point  but  de  la  marche  (parti  envoyé  sur  Weyda 
le  II  octobre,  parti  du  capitaine  Lochard  précédant  le  3'  corps  sur 
Naumburg  le  12),  et  par  d'autres  partis  qui  s'élèvent  sur  les  flancs 
de  la  colonne  (partis  éclairant  le  11  le  4*  corps  jusqu'à  l'Elster  sur 
la  droite  et  jusqu'à  Auma  sur  la  gauche). 

L'avant-garde  reste  groupée. 


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Ô56  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

La  cavalerie  ne  marchant  pas  du  même  pied  que  Tinfanterie  '  et 
la  précédant,  gagne  sur  elle  environ  un  kilomètre  par  heure. 

Le  commandant  de  corps  d*armée  qui  se  tient  à  la  tête  de  la  divi- 
sion de  tête  ou  à  la  cavalerie,  reçoit  tous  les  renseignements  des 
partis  et  donne  de  là  les  ordres  nécessaires.  (Ordre  de  mouvement 
du  4*  corps  pour  le  8  octobre.) 

La  cavalerie  forme  à  elle  seule  l'avant-garde  du  corps  d'année. 
On  peut  cependant  lui  adjoindre  un  bataillon  d'infanterie  pour  l'ap- 
puyer au  besoin,  et  même  la  précéder  dans  un  pays  de  montagnes 
ou  un  pays  difficile  (bataillon  de  tirailleurs  du  Pô  pendant  les  mar- 
ches des  8,  9  et  10).  Mais  dans  aucun  cas  le  commandant  de  l'avant- 
garde  ne  doit  avoir  à  sa  disposition  plusieurs  bataillons  d'infanterie, 
afin  de  ne  pas  se  laisser  entraîner  à  engager  un  combat  que  le  com- 
mandant du  corps  d'armée  ne  voudrait  pas  livrer.  N'ayant  que  de  la 
cavalerie  en  avant,  le  commandant  de  corps  d'armée  peut  tonjoun, 
lorsque  l'ennemi  lui  est  signalé,  prendre  position  et  se  conduire  avec 
prudence.  (L'Empereur  au  maréchal  Soult,  5  octobre.) 

Les  instructions  de  l'Empereur  au  vice-roi  d'Italie,  7  juin  1809, 
pour  la  conduite  d'un  corps  isolé  et  d'une  aile  d'armée  composée  de 
4  ou  5  divisions,  sont  précises  : 

«  Il  faut  marcher  tous  bien  réunis,  et  point  de  petits  paquets. 

«  Voici  le  principe  général  à  la  guerre  :  un  corps  de  25,000  à 
«  30,000  hommes  peut  être  isolé  ;  bien  conduit  il  peut  se  battre  ou 
«  éviter  la  bataille,  et  manœuvrer  selon  les  circonstances  sans  qu'il 

<  lui  arrive  malheur,  parce  qu'on  ne  peut  le  forcer  à  un  engage- 
«  ment,  et  qu'enfin  il  doit  se  battre  longtemps.  Une  division  de  9,000 
«  à  12,000  hommes  peut  être  sans  inconvénient  laissée  pendant  une 
«  heure  isolée  ;  elle  contiendra  l'ennemi,  quelque  nombreux  qu'Q 
«  soit,  et  donnera  le  temps  à  l'armée  d'arriver  ;  aussi  est-il  d'usage 
«  de  ne  pas  former  une  avant-garde  de  moins  de  9,000  hommes^ 
«  d'en  faire  camper  l'infanterie  bien  réunie,  et  de  la  placer  au  plus 
«  à  une  heure  de  distance  de  l'armée.  Vous  avez  perdu  le  35*  parce 
«  que  vous  avez  méconnu  ce  principe  ;  vous  avez  formé  une  arrière- 
«  garde  composée  d'un  seul  régiment,  qui  a  été  tourné  ;  s'il  y  avait 
«  eu  4  régiments,  ils  auraient  formé  une  masse  de  résistance  telle 
«  que  l'armée  serait  arrivée  à  temps  à  leur  secours.  Sans  doute  que 
€  dans  des  corps  d'observation,  comme  était  I^auriston,  on  peut 

<  mettre  un  détachement  d'infanterie  avec  beaucoup  de  cavalerie  ; 
«  mais  c'est  qu'alors  on  suppose  que  l'ennemi  n'est  point  en  opéra- 

<  tions  réglées,  qu'on  va  à  sa  découverte,  et  qu'enfin  cette  infanterie 


1.  Le  général  Thiébault  dit  que,  suivant  le  chemin  et  sans  forcer  sa  marche, 
l'infauterie  peut  parcourir  par  heure  un  espace  de  8  à  4,000  mètres,  et  U  ca- 
valerie de  4,800  à  6,000  mètres. 


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OBSERVATIONS.  557 

<  formée  pourra  imposer  à  la  cavalerie  ennemie,  aux  paysans  et  à 
f  quelques  compagnies  de  chasseurs  ennemis.  En  général,  dans  les 
f  pays  de  plaine,  la  cavalerie  doit  être  seule,  parce  que  seule,  à 
c  moins  qu*il  ne  soit  question  d*un  pont,  d'un  défilé  ou  d'une  posi- 

<  don  donnée,  elle  pourra  se  retirer  ayant  que  Tinfanterie  ennemie 
«  poisse  arriver. 

«  Aujourd'hui^  vous  aUez  entrer  en  opérations  réglées  ;  vous  devez 
c  marcher  avec  une  avant-garde  composée  de  beaucoup  de  cavalerie, 
«  d'une  douzaine  de  pièces  d'artillerie  et  d'une  bonne  division  d'infan- 

<  terie.  Tout  le  reste  de  vos  corps  doit  bivouaquer  à  une  heure  der- 

<  rière,  la  cavalerie  légère  couvrant,  comme  de  raison,  autant  que  pos- 
f  sible  ^  Vous  devez  penser  qu'il  est  dans  l'esprit  du  colonel  Nugent, 

<  qui  dirige  le  prince  Jean,  qu'aussitôt  qu'il  verra  que  vous  marchez 

<  à  lui  d'un  côté,  et  Macdonald  de  l'autre,  il  marchera  sur  l'un  de 
«  vous,  et,  comme  il  a  l'avantage  d'avoir  les  gens  du  pays,  il  mar- 

<  chera  réuni,  sans  se  faire  éclairer  par  sa  cavalerie  légère,  et  peut 

<  tomber  sur  vous  sans  que  vous  vous  en  doutiez.  Il  faut  par  consé- 
«  quent  bien  organiser  votre  marche  ;   que  l'artillerie  soit  dans  les 

<  divisions  et  que  chacun  soit  à  son  poste,  en  marche  comme  au 

<  bivouac  ;  que  l'on  bivouaque  comme  en  temps  de  guerre  et  de 

<  manière  à  prendre  les  armes  et  se  battre  au  point  du  jour.  Il  ne 

<  serait  pas  impossible  que  le  prince  Jean  eût  choisi  une  bonne  po- 

<  sition  et  vous  attende  ;  dans  ce  cas,  je  vous  recommande  de  le  bien 

<  reconnaître  et  de  bien  établir  votre  système  avant  de  l'attaquer. 

<  Un  mouvement  en  avant,  sans  fortes  combinaisons,  peut  réussir 

<  quand  l'ennemi  est  en  retraite  ;  mais  il  ne  réussit  jamais  quand 
«  l'ennemi  est  en  position  et  décidé  à  se  défendre  ;  alors  c'est  un 

<  système  ou  une  combinaison  qui  font  gagner  la  bataille...., 

<  De  votre  avant-garde  à  la  queue  de  votre  parc,  il  ne  doit 

«  pas  y  avoir  plus  de  3  à  4  lieues Faites  suivre  votre  parc,  sans 

«  quoi  vous  manquerez  de  munitions » 

<  De  votre  avant-garde  à  la  queue  de  votre  parc,  il  ne  doit  pas  y 

<  avoir  plus  de  3  à  4  lieues  »,  c'est-à-dire  plus  de  3  à  4  heures  de 
marche.  C'est  la  suppression  des  distances,  la  réduction  de  la  pro- 
fondeur des  colonnes,  le  moyen  de  marcher  tous  bien  réunis  et  de 
se  trouver  ensemble  sur  le  champ  de  bataille.  Le  maréchal  Soult 
exprime  la  même  idée  dans  son  ordre  de  mouvement  pour  le  10  lors- 
qu'il ordonne  qu'U  y  ait  le  moins  possible  de  distance  entre  les  divi- 
sions, que  la  troupe  marche  en  ordre  et  serrée,  que  les  généraux  ser- 
rent autant  que  possible  leur  mouvement.   Un  corps  d'armée  qui 


1.  Telles  étaient  les  dispositions  de  marche  et  de  bivouac  des  troupes  de 
't  colonne  du  centre  du  s  au  u  octobre. 


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558  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

marche  ainsi  réuni,  prêt  à  combattre,  sans  se  faire  éclairer  par  sa 
cavalerie  légère,  peut  tomber  sur  l*ennemi  sans  qu*il  s'en  doute. 

Le  parc  suit  ;  sans  quoi  on  peut  manquer  de  munitions.  Il  est 
couvert  par  2  bataillons. 

Enfin  un  commandant  de  corps  isolé  ou  un  commandant  d*ftile 
doit  arranger  ses  afiPaires  comme  si  T ennemi  devait  venir  sur  ses 
derrières,  aussitôt  après  son  passage. 

On  comptait  que  les  divisions  mettaient  environ  une  heure  à  dé- 
filer. Le  major  général  fait  partir  les  3  divisions  *  du  3*  corps  à  une 
heure  de  distance  (ordres  du  10  au  soir).  Dans  les  marches  longues 
et  pénibles,  et  lorsqu'on  est  loin  de  Tennemi,  les  divisions  s'arrêtent 
le  soir  pour  cantonner  ou  bivouaquer  à  4  kilomètres  environ  de  dis- 
tance Tune  de  l'autre,  soit  une  heure  de  marche  (divisions  du  4'  corps 
le  II  au  soir).  Les  têtes  des  divisions  s'arrêtent  à  peu  près  à  la 
même  heure  et  chaque  division  serre  sur  sa  tête. 

L'ordre  général  du  4*  corps  du  30  septembre  règle  l'ordre  des  di- 
visions en  marche  : 

L'infanterie  légère  ;  —  l'artillerie  légère  lorsqu'il  7  en  a  d'attachée 
à  la  division  ;  —  la  I^*  brigade  de  ligne  ;  —  la  compagnie  d'artille- 
rie de  la  division  avec  un  caisson  par  pièce  ;  —  la  2*  brigade  de 
ligne  ;  —  le  parc  d'artillerie  de  la  division  •  ;  —  l'ambulance  *  ;  — 
les  équipages  de  la  division  sous  la  conduite  du  vaguemestre  de  la 
division  *. 


1.  l*^  division  10,300  hommes,  is  pièces;  —  8«  division  7,800  hommes, 
8  pièces  ;  —  3«  division  8,500  hommes,  8  pièces. 

2.  L*arli!lcrie  attachée  à  chacune  des  divisions  du  4*  corps  se  composait  de 
14  pièces  (situation  du  4^  corps  du  8  octobre),  pour  lesquelles  il  y  avaitaDvi- 
rou  uo  voitures,  soit  au  total  74  voitures,  marchant  dans  Tintérieur  de  la  divi- 
sioD  ou  au  parc  de  la  division.  —  La  division  de  cavalerie  avait  6  pièces  et 
11  voitures  environ.  —  Le  parc  du  corps  d*armëe  se  composait  d*i  peu  prés 
HO  voitures. 

Le  détail  de  l'artillerie  des  divisions  du  7«  corps  (rapport  du  capitaine  Se- 
in ery  du  8  octobre)  donne  des  chiinres  analogues. 

3.  1  caisson  d'ambulance  à  4  chevaux  par  régiment  et  8  pour  rambuUnce 
de  la  division. 

4.  Étot-major  de  la  division.  —  1  voiture  à  8  chevaux  pour  le  général  >ii' 
division  ;  —  1  pour  l'état-major  de  la  division  ;  —  1  pour  chaque  gêaérai  de 
brigade  ;  ~  1  pour  le  commissaire  des  guerres  ;  —  1  voiture  de  caoliniere. 

Hùgiment  d'infanterie.  —  2  caissons  à  4  chevaux  par  bataillon  pourletrans- 
])ort  du  pain  ;  —  1  voilure  de  réquisition  à  4  colliers  par  bataillon  pour  le 
transport  des  portemanteaux  des  officiers  ;  —  l  voiture  Â  4  colliers  pour  1« 
transport  des  souliers  ;  —  1  voilure  de  canlinière  à  8  colliers  par  batailioo. 

Artillerie  de  la  division.  —  1  caisson  à  4  chevaux  pour  le  transport  du  pain; 

—  1  voiture  de  réquisition  à  4  colliers  pour  les  portemanteaux  des  officiers; 

—  1  voiture  do  canlinière. 

Équipages  du  quartier  général.  —  1  voiture  a  S  colliers  pour  le  llarécl^si 


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OBSERVATIONS.  559 

Cet  ordre  en  marche  semble  être  le  même  dans  tous  les  corps 
(Farmée  :  ordre  du  6  octobre  de  la  division  Dupont  ;  ordre  de  mon- 
vemeDt  du  19  octobre  de  la  division  Gudin  du  3*  corps.  Dans  cette 
division,  réduite  momentanément  à  3  régiments,  Tartillerie  légère  et 
la  compagnie  d'artillerie  marchent  après  le  l^''  régiment.  On  a  donc 
ane  tendance  à  rapprocher  l'artillerie  de  la  tête  de  la  colonne.  Le 
parc  d'artillerie  et  les  équipages  à  la  suite  de  la  division. 

Les  équipages  du  quartier  général  marchent  à  la  suite  d'une  di- 
vision. 

Dès  que  Ton  est  en  présence  de  l'ennemi  ou  que  l'on  pense  avoir 
ane  affaire,  les  équipages  resteut  en  arrière.  (Ordre  du  1"  corps  du 
10  pour  le  mouvement  du  11  ;  ordre  du  major  général  du  10  pour  le 
mouvement  du  3*  corps  le  11.)  On  peut  donc  s'attendre  à  être  privé 
de  ses  équipages  pendant  plusieurs  jours  ;  les  officiers  doivent  pren- 
dre leurs  précautions  en  conséquence. 


HEURES   DB    DEPART. RASBBHBLBMENT    AVANT    LA    MABCHB.    — 

OB  AN  d'halte. 

L'heure  de  départ  est  fixée  d'après  la  saison  et  la  longueur  de  la 
route.  Au  4*  corps  les  ordres  semblent  avoir  été  donnés  de  telle  sorte 
que  les  troupes  partant  le  plus  tôt  de  leurs  cantonnements  ou  bi- 
vouacs ne  se  mettent  pas  en  route  avant  5  heures  du  matin,  souvent 
même  avant  6  heures.  On  est  au  mois  d'octobre. 

Dans  bien  des  circonstances  on  ne  peut  ordonner  et  faire  com- 
mencer le  mouvement  qu'au  reçu  des  ordres  du  Commandant  de  l'ar- 
mée, ou  le  faire  continuer  qu'à  l'arrivée  des  renseignements  de  la 
cavalerie.  On  est  alors  obligé  de  former  ses  troupes  en  rassemble- 
ment, pour  qu'elles  soient  prêtes  à  marcher  au  premier  signal.  — 
Le  11,  le  maréchal  Lannes  ne  partit  de  Neustadt  qu'à  10  heures  à 
la  réception  de  la  dépêche  du  major  général. 

Si  l'on  attend  de  nouveaux  rapports  des  partis  de  cavalerie,  le  ras- 
eemblement  est  protégé  par  l 'avant-garde  couverte  elle-même  par 
des  détachements  que  l'on  envoie  prendre  position  sur  toutes  les 
routes.  Le  10  (ordre  du  9)  le  général  Margaron  qui  doit  réunir  Ta- 


commandant  en  chef  ;  —  l  pour  ses  aides  de  camp  ;  —  i  pour  le  général  chef 
'i'éUit-mjyor  ;  —  s  pour  rëlat-migor  général  ;  —  i  pour  le  général  comman- 
dant rarlillerie  ;  —  i  pour  l'état-major  de  Tarlillerie  ;  —  i  pour  l'étal-major 
du  génie  ;  —  i  pour  Tordonnateur  ;  —  i  pour  le  sous-inspecteur  aux  revues  ; 
-  1  pour  le  commissaire  des  guerres  du  quartier  général  ;  —  i  pour  le  déta- 
chement de  gendarmerie  ;  —  2  caissons  À  4  chevaux  pour  Tambulance  ;  — 
une  réserve  de  15  caissons  à  4  chevaux  pour  le  pain. 


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560  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

vant-garde  en  arrière  de  Plaaen  pour  y  attendre  de  noaveaux  ordres, 
porte  d'après  les  instructions  du  maréchal  Soult  un  escadron  sur  la 
grande  route  de  Zwickau  au  plus  à  une  demi-lieue,  et  un  autre  sur 
la  route  de  Greitz,  à  la  même  distance. 

La  grand'halte  se  fait  de  même  sous  la  protection  de  Tavant- 
garde  qui  prend  position  et  se  couvre  par  des  postes. 


PRISE    DB    POSITION. 

La  cavalerie  d'ayant-garde  ne  marchant  pas  du  même  pied  qae 
l'infanterie  gagne  environ  un  kilomètre  par  heure.  Le  commandant 
de  corps  d'armée,  qui  se  tient  à  la  tête  de  la  division  de  tête,  peat 
facilement  devancer  son  infanterie  d*une  heure  ;  il  voit  le  terrain, 
prend  ses  dispositions  et  dicte  l'ordre  de  position  avant  que  la  tête 
de  colonne  n'ait  débouché.  Le  chef  d'état-major  fait  faire  immédia- 
tement les  expéditions  de  l'ordre,  les  signe  et  les  envoie  aux  généntax 
de  division,  au  commandant  de  la  cavalerie,  au  commandant  de  l'ar- 
tillerie. C'est  assez  dire  que  Tordre  de  position  doit  être  bref  puisque 
l'on  dispose  de  si  peu  de  temps  pour  le  donner  et  l'expédier.  Les 
ordres  du  1*'  corps  du  11  et  du  12  remplissent  ces  conditions. 

Le  plus  souvent,  le  commandant  de  corps  d'armée  ne  donne  pas 
d'ordre  de  position  écrit  et  indique  verbalement  aux  généraux  de 
division,  ou  même  à  leurs  chefs  d'état-major  qui  l'ont  accompagné, 
la  position  à  occuper.  Tl  n'existe  sur  le  registre  du  maréchal  Soalt 
que  les  ordres  donnés  le  8  ;  ils  paraissent  d'ailleurs  avoir  été  trans- 
crits sur  le  registre  une  fois  les  troupes  installées,  et  n'être  que  U 
rédaction  des  ordres  donnés  verbalement  sur  le  terrain.  Le  Maréchal 
semble  avoir  renoncé  dès  le  9  à  faire  faire  cette  rédaction  sar  son 
registre  ;  les  rapports  à  l'Empereur  et  an  major  général  ainsi  que 
l'historique  des  marches  et  opérations  étaient  là  pour  conserver  la 
trace  des  positions  occupées. 

Quant  aux  ordres  de  position  du  1''  corps,  les  expéditions  reçues 
par  le  général  Dupont  existent  seules  ;  et,  comme  pendant  plusieurs 
jours  sa  division  a  été  détachée,  les  ordres  ne  lui  ont  pas  été  adressés. 
Ils  sont  d'ailleurs  extrêmement  concis,  et  tels  que  le  chef  d'état-major 
du  corps  d'armée  a  pu  en  faire  faire  séance  tenante  le  nombre  de 
copies  nécessaires. 

Les  ordres  pour  les  prises  de  position  indiquent  les  dispositions  à 
prendre  par  chacune  des  fractions  de  la  colonne,  l'avant-garde,  les 
divisions,  le  parc,  pour  leur  installation  et  leur  garde  (cantonnements 
ou  bivouacs,  avant-postes  à  fournir)  en  suivant  l'ordre  que  chaque 
fraction  occupe  dans  la  colonne  \  les  partis  à  envoyer  par  la  cava- 
lerie, l'emplacement  du  quartier  général. 


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OBSERVATIONS.  561 


ATANT-P08TE6. 

Lorsque  le  commandant  de  corps  d'armée  fait  prendre  position 
pour  passer  la  nnit,  Tavant-gardc  fournit  les  avant-postes  ;  elle  a  eu 
moins  de  chemin  à  parcourir  au  début  de  la  marche  ;  elle  est  plus 
avancée,  car  elle  marche  plus  librement  que  le  gros  de  la  colonne  ; 
elle  est  déjà  sur  le  terrain  que  doivent  occuper  les  postes  extrêmes  ; 
elle  est  toute  portée  pour  reprendre  le  lendemain  la  tête  de  colonne. 
Aussi  les  mêmes  troupes  de  cavalerie  et  d'infanterie  forment-elles 
pendant  plusieurs  jours  Tavant-garde  et  les  avant-postes.  (4*  coi*ps, 
du  7  au  11.) 

L'avant-garde  est  établie  sur  la  route  que  la  colonne  suivra  le 
lendemain,  à  4  ou  5  kilomètres  en  avant  de  la  position  du  corps 
d'armée  ;  les  avant-postes  sont  complétés  par  des  troupes  d'infante- 
rie tirées  de  la  colonne,  qui  prennent  poste  sur  la  ligne  de  Tavant- 
garde  et  sur  les  flancs.  Souvent  l'extrême  avant-garde  est  poussée 
encore  plus  loin,  à  4  ou  5  kilomètres.  Ordres  donnés  pour  la  prise 
de  position  de  MUnchberg,  4"  corps,  8  octobre. 

PROFONDEUR    DES    CORPS    d'aEM^E.  CANTONNElfENTS    DE    MARCHE 

ET    BIVOUACS. 

Pendant  les  marches  de  la  réunion  de  l'armée,  les  troupes  d'un 
même  corps  d'armée  sont  assez  espacées  pour  pouvoir  cantonner  et 
vivre  chez  l'habitant,  car  il  serait  impossible  de  faire  vivre  pendant 
plusieurs  jours  de  suite  de  grandes  masses  de  troupes  rassemblées 
sur  un  petit  espace,  ha  concentration  pour  la  bataille  est  toujours  un 
moment  critique  qui  ne  peut  durer  que  la  veille,  le  jour  et  le  lende- 
main de  la  bataille. 

Avant  le  commencement  des  hostilités  les  divisions  peuvent  can- 
tonner à  6,  8,  9  kilomètres  de  distance.  Le  4  octobre  la  cavalerie 
légère  du  4*  corps  est  à  6  kilomètres  en  avant  de  la  3*  division  qui 
tient  la  tête  de  la  colonne  ;  la  3*  à  9  kilomètres  de  la  2*  ;  celle-ci  à 
8  kilomètres  de  la  1",  ce  qui  donne  une  profondeur  totale  de  23  ki- 
lomètres, non  compris  le  parc  qui  est  à  8  kilomètres  en  arrière  de  la 
1"*  division. 

Dès  que  l'armée  entre  en  opérations,  les  distances  se  resserrent. 
Le  7  le  4^  corps  franchit  la  frontière  à  Baireuth.  L'extrême  avant- 
garde,  un  régiment  de  cavalerie,  est  à  5  kilomètres  en  avant  des  deux 
Autres  régiments  de  la  brigade  qui  se  trouvent  eux-mêmes  à  4  kilo- 
mètres de  la  3*  division  ;  celle-ci  est  à  4  kilomètres  de  la  2^  et  la  2* 
À  i  kilomètres  de  la  1^,  ce  qui  donne  une  profondeur  totale  de  12  ki- 

CAMP.   DB  PBIT88B.  36 


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562  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

lomètres  pour  le  corps  d*armée  et  de  8  Beulement  pour  Tinfanterie. 
Le  parc  est  à  10  kilomètres  en  arrière. 

Le  8  les  3  divisions  sont  groupées  au  bivouac  couvertes  à  4  kilo- 
mètres et  demi  environ  par  une  ligne  d'avant-postes  (en  tête  3  ba- 
taillons d'infanterie  légère  et  la  brigade  de  cavalerie,  et  sur  les  flancs 
des  troupes  d'infanterie  légère  de  la  1"  division),  qui  tiennent  tous 
les  débouchés  des  camps.  Une  extrême  avant-garde,  un  régiment  de 
cavalerie  et  un  bataillon  d'infanterie  légère,  est  sur  le  débonché 
principal  à  3  kilomètres  en  avant  de  la  ligne  d'avant -postes.  Le  parc 
à  10  kilomètres  en  arrière  de  l'armée. 

Le  9  les  3*  et  2*  divisions  au  bivouac  couvertes  à  4  kilomètrci^ 
par  la  brigade  de  cavalerie  et  à  4  kilomètres  au  delà  par  l'extrême 
av<ant-garde.  La  1'^  division  a  été  laissée  avec  le  parc  à  15  kiloinè- 
très  eu  arrière  pour  garder  le  passage  de  la  Saale  à  Hof  dans  le  caf 
d'un  retour  offensif  du  corps  ennemi  qui  s'est  retiré  de  Hof  sur 
Schleiz. 

Le  10  le  corps  d'armée  est  réuni  autour  de  Plauen  dans  un  rajon 
de  2  kilomètres  ;  il  est  couvert  par  des  avant-postes  et  éclairé  h  16  et 
20  kilomètres  sur  les  avenues  principales  par  des  partis  et  même  par 
un  régiment  tout  entier  porté  à  20  kilomètres  sur  la  communication 
de  Zwickau. 

Le  11  la  3^  division  est  à  4  kilomètres  en  avant  de  la  2*;  celle-ci 
à  4  kilomètres  de  la  1'*.  La  tête  est  couverte  à  7  kilomètres  en  avant 
par  les  postes  de  cavalerie.  La  marche  a  été  pénible  ;  le  Maréchal 
reconnaît  l'impossibilité  de  réunir  toute  l'infanterie  sur  Weyda,  et 
arrête  les  têtes  de  colonne  des  divisions  à  une  heure  l'une  de  l'autre, 
le  parc  à  3  kilomètres  en  arrière. 

Le  12  la  2*  division  est  à  3  kilomètres  et  demi  de  la  l'*  ;  la  l'*  à 
4  kilomètres  de  la  3*. 

Au  1*^  corps  les  distances  entre  les  divisions  sont  analogues. 
Un  corps  d'armée  isolé,  en  opérations  réglées,  qui  prend  une  po- 
sition de  nuit,  doit  donc  être  couvert  par  ses  avant- postes  à  une  dis- 
tance qui  varie  de  4  à  8  kilomètres  ;  son  infanterie  est  tenue  au 
bivouac  en  position  comme  l'ordonne  l'Empereur.  Lorsque  par  des 
nouvelles  certaines  on  sait  que  l'ennemi  n'est  pas  à  portée,  on  peut 
faire  prendre  aux  troupes  des  cantonnements  de  marche,  c'est-à-dire 
arrêter  les  divisions  à  3  ou  4  kilomètres  environ  de  distance  l'une  de 
l'autre,  une  heure  de  marche,  et  leur  permettre  d'utiliser  les  habita- 
tions situées  dans  un  rayon  d'un  ou  2  kilomètres  du  cantonnement 
principal  de  chaque  division  de  manière  à  ne  pas  retarder  le  départ 
du  lendemain  ou  le  rassemblement  du  corps  d'armée  sur  sa  tête. 

Toutes  les  troupes  ne  pourront  pas  cantonner  dans  les  villages  : 
on  s'entassera  avec  ordre  de  façon  à  abriter  le  plus  d'hommes  possi- 
ble ;  le  reste  bivouaquera  à  l'entour  des  habitations.  J'ai  déjàsignah* 


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OBSERVATIONS.  563 

la  manière  dont  la  cavalerie  prenait  ses  cantonnements  de  marcbe. 
(Campagne  de  Pologne.  Observations  sur  la  cavalerie,  tome  II, 
page  400.) 

hekprofondeur  d'un  corps  d'armée  est  la  distance  qui  sépare  la  tête 
'le  la  queue  de  Tinfanterie  ;  elle  s'évalue  par  le  temps  que  les  troupes 
(le  la  division  de  queue  mettront  pour  serrer  sur  la  division  de  tête. 
La  cavalerie  n*est  là  que  pour  donner  des  nouvelles,  éclairer  les 
mouvements  de  l'ennemi,  retarder  ou  arrêter  une  troupe  de  cavalerie 
ennemie,  même  une  avant-garde,  et  donner  à  Tinfanterie  du  corps 
d'année  le  temps  de  se  rassembler  et  de  prendre  ses  dispositions. 

MARCUBB    AU    CANON. 

<  Un  corps  de  25,000  à  30,000  hommes  peut  être  isolé;  bien  con- 

<  duît,  il  peut  se  battre  ou  éviter  la  bataille,  et  manœuvrer  selon  les 

<  circonstances  sans  qu'il  lui  arrive  malheur,  parce  qu'on  ne  peut  le 

<  forcer  à  un  engagement  et  qu'enfin  il  doit  se  battre  longtemps.  > 
L'Empereur  au  Vice-roi,  7  juin  1809. 

C'est  donc  un  principe  général  à  la  guerre  que  le  corps  d'armée 
est  la  troupe  la  plus  faible  qui  puisse  rester  isolée.  Bien  conduit,  il 
sera  toujours  averti  de  l'approche  de  l'ennemi  et  ne  sera  par  suite 
jamais  entraîné,  malgré  sa  volonté,  à  subir  une  action  inégale.  Si 
Tennemi  se  présente  avec  des  forces  égales,  il  se  concerte  avec  lo 
corps  d'armée  qui  le  soutient,  et  tous  deux  réunissent  leurs  troupes 
pour  l'attaquer.  L'Empereur  au  maréchal  Soult,  5  octobre,  11  heures 
dn  matin  ;  au  maréchal  Lannes,  12  octobre,  4  heures  du  matin. 
Marcher  au  canon  est  un  devoir  dans  une  colonne  d'armée  pour  tous 
les  corps  qui  font  partie  de  cette  colonne,  le  7*  corps  pour  soutenir 
le  5*  le  10  (mais  le  maréchal  Augereau  ne  pouvait  pas  entendre  de 
Coburg  la  canonnade  de  Saalfeld  *)  ;  et  dans  une  armée  pour  tous 
les  corps  de  cette  armée  lorsqu'une  action  générale  est  imminente, 
ce  que  le  Commandant  de  l'armée  leur  fait  toujours  savoir,  le  maré- 
chal Bemadotte  le  14.  Mais  il  n'en  est  plus  de  même  pour  des  corps 
d'armée  marchant  sur  des  débouchés  différents.  Le  Commandant  de 
l'armée  est  alors  seul  juge  de  l'appui  qu'il  doit  prêter  aux  diverses 
colonnes  de  son  armée.  Le  10  on  a  entendu  à  Schleiz  depuis  midi 
le  canon  du  combat  de  Saalfeld  et  ni  le  grand- duc  de  Berg  ni  le 
maréchal  Bernadette  n'ont  pris  sur  eux  de  marcher  au  canon.  Le 
Commandant  de  l'armée  se  tenant  à  la  colonne  du  centre  peut  sou- 
tenir ses  ailes  ;  il  connaît  leurs  mouvements.  C'est  l'Empereur  à  son 
arrivée  à  Schleiz  qui  a  dirigé  la  division  Dupont  et  le  maréchal  Da- 


1.  Ce  qui  prouve  de  nouveau  que  2  corps  d'armée  marchant  sur  la  même 
roule  De  doivent  pas  être  à  plus  d'une  demi-marche  Tun  de  Tautro. 


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564  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

vont  sur  Pôssneck  pour  soutenir  le  maréchal  Lannes  et  prendre  l'eu- 
nemi  en  queue.  Le  3^  corps  tout  entier  et  le  1*'  corps  auraient  pu 
suivre. 

D'ailleurs  on  n'entend  pas  toujours  le  canon  d'une  colonne  à  lau- 
tre  ;  ainsi  le  9  ni  le  maréchal  Lannes  ni  le  maréchal  Soult  n'enten- 
dirent le  canon  du  combat  de  Schleiz,  car  ils  n'en  parlent  pas  dans 
leurs  dépêches  du  9.  S'ils  l'eussent  entendu,  connaissant  la  composi- 
tion de  la  colonne  du  centre  et  les  projets  de  l'Empereur,  ils  auraient 
pensé  que  l'engagement  entrait  dans  ses  vues  et  qu'ils  devaient  con- 
tinuer à  s'élever  pour  dégager  le  centre.  Ils  étaient  en  droit  de  croire 
que  l'Empereur  disposait  de  forces  assez  considérables  pour  soutenir 
la  lutte  jusqu'à  ce  qu'il  ait  pu  appeler  ses  ailes  à  son  secours.  De 
même  le  maréchal  Davout  qui  a  entendu  le  12  la  canonnade  depui^^ 
4  heures  jusqu'à  5  heures  et  demie  du  soir  et  le  13  la  canonnade  et 
la  fusillade  depuis  une  heure  de  l'après-midi  dans  la  direction  d'iéua, 
n'a  pas  marché  au  canon,  mais  est  resté  à  Naumburg  ainsi  que  ses 
instructions  le  lui  ordonnaient.  Ainsi  les  corps  des  ailes  ne  se  rabat- 
tent sur  le  centre  qu'autant  que  leurs  instructions  le  leur  prescrivent. 
Le  centre  au  contraire  soutient  les  ailes.  C'est  lui  qui  peut  changer 
la  direction  générale  de  la  marche. 

Lorsque  l'on  est  en  opérations  réglées  et  que  Tarmée  est  bien  con- 
duite, les  commandants  de  corps  d'armée  connaissent  les  projets  da 
Commandant  en  chef  et  la  position  de  tous  les  corps  de  l'armée  afin 
que  cette  connaissance  puisse  les  guider  dans  les  circonstances  im- 
portantes. Il  n'y  a  donc  pas  de  règles  fixes;  tout  dépend  des  instruc- 
tions que  l'on  a  reçues. 

HABCHBS   FORCÉES. 

Une  troupe  exécute  une  marche  forcée  : 

Pour  soutenir  une  autre  troupe  qui  est  en  présence  de  l'ennemi  et 
s'attend  à  livrer  un  combat,  ou  même  qui  est  engagée,  — le  7*  corps 
se  portant  les  10  et' 11  octobre  au  secours  du  5*  ; 

Pour  atteindre  un  point  important  où  elle  doit  devancer  l'ennemi. 
—  la  division  Dupont  dirigée  le  10  sur  Pôssneck  pour  couper  au 
corps  du  prince  Louis  la  retraite  sur  Géra  et  aussi  pour  soutenir  le 
5*^  corps,  le  3*^  corps  le  12  sur  Naumburg  pour  s'emparer  du  passage 
de  la  Saalc  ; 

Pour  assister  à  une  bataille,  —  le  4®,  le  6*  corps,  la  Garde  à  pied 
et  la  réserve  de  cavalerie  dans  l'après-midi  du  13  et  dans  la  nuit  du 
13  au  U 

Le  chef,  tout  en  cherchant  à  arriver  le  plus  vite  qu'il  pourra, 
tiendra  cependant  toujours  ses  troupes  en  situation  de  combattre. 

Les  marches  forcées  comportent  presque  toujours  des  marches  d  ? 


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OBSERVATIONS,  565 

unit,  soit  que  Ton  doive  partir  avant  le  jour,  soit  que  Ton  prolonge 
la  marche  après  la  tombée  de  la  nuit,  soit  que  Ton  soit  obligé  de 
marcher  une  partie  de  la  nuit. 

La  division  Dupont  partit  de  sa  position  en  arrière  de  Lobenstein 
le  10  à  la  pointe  du  jour,  entre  6  heures  et  6  heures  et  demie  du 
matiu,  pour  se  porter  en  arrière  de  Schleiz,  par  une  marche  ordinaire 
de  22  kilomètres.  Elle  arriva  entre  midi  et  une  heure.  On  entendait 
depuis  11  heures  du  matin  la  canonnade  de  Saalfeld.  L'Empereur 
était  encore  à  11  heures  à  Ebersdorf  et  n'en  partit  pas  avant  11  heu- 
res et  demie  ou  midi.  Sur  cette  route  accidentée  et  encombrée  par 
les  troupes  et  les  bagages  des  corps  d'armée,  il  lui  fallut  de  2  heures 
et  demie  à  3  heures  pour  atteindre  Schleiz  ;  il  n'y  fut  pas  avant 
2  heures  et  demie  ou  3  heures.  II  dirigea  aussitôt  la  division  Dupont 
sur  Pëssneek,  22  kilomètres  par  un  chemin  de  traverse.  Dans  son 
rapport  de  10  heures  du  soir  au  Grand-duc,  le  général  Milhaud  ne 
parie  ni  de  l'arrivée  du  maréchal  Davout  ni  de  celle  de  la  division 
Dupont,  d'où  il  semble  ressortir  qu'à  10  heures  du  "soir  cette  division 
n'était  pas  encore  à  PSssneck,  non  plus  que  le  maréchal  Davout  qui 
avait  reçu  à  Schleiz  l'ordre  de  l'Empereur  de  se  diriger  de  sa  per- 
sonne sur  P($88neck,  de  se  faire  suivre  par  la  division  Morand,  aussi- 
tôt qu'elle  déboucherait,  et  avec  ces  2  divisions  de  couper  la  route 
de  Saalfeld  à  Géra.  A  2  heures  du  matin  cependant  le  maréchal  Da- 
vout tenait  la  route  avec  son  infanterie.  Il  est  donc  permis  de  penser 
que  la  division  Dupont  arriva  vers  11  heures  ou  minuit  ;  elle  avait 
grand  besoin  de  se  rallier,  la  marche  aussi  longue  que  rapide  ayant 
extrêmement  allongé  la  colonne.  Elle'  avait  fait  en  tout  44  kilomètres 
de  6  heures  du  matin  à  1 1  heures  du  soir  en  1 7  heures  avec  un  repos 
de  3  heures  environ  de  midi  et  demi  à  3  heures  et  demie  de  l'après- 
midi.  C'est  la  seconde  partie  de  cette  marche,  aussi  longue  que  ra- 
pide, d'après  le  maréchal  Davout,  qui  lui  donne  le  caractère  d'une 
marche  forcée. 

Le  7*  corps  partît  le  10  à  4  heures  du  soir  de  Coburg  pour  Saal- 
feld, où  le  maréchal  Augereau  arriva  le  11  à  5  heures  du  soir  avec 
Tavant-garde,  composée  de  la  brigade  de  cavalerie  légère  et  d'une 
batterie  d'artillerie  légère,  ayant  fait  64  kilomètres  environ,  16  lieues, 
en  25  heures.  L'infanterie  n'arriva  que  très  avant  dans  la  nuit,  c'est- 
à-dire  probablement  après  minuit. 

Le  12  tout  le  corps  d'armée  repartit  à  la  pointe  du  jour,  6  heures 
du  matin  dans  cette  saison,  et  se  rendit  dans  la  journée  à  Eahla, 
36  kilomètres.  Il  fit  ainsi  100  kilomètres  environ,  plutôt  plus  que 
naoins,  du  10  à  4  heures  de  l'après-midi  au  12  vers  5  ou  6  heures  du 
soir,  en  48  ou  50  heures. 

Les  détails  manquent  sur  cette  marche  peu  commune  ;  mais  il 


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566  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

D^est  pas  impossible  de  se  faire  une  idée  de  la  manière  dont  elle  a 
pu  être  exécutée. 

Dans  les  marches  forcées,  on  est  obligé  de  fiedre  les  grand'haltes 
auprès  des  villes  ou  des  villages  pour  y  trouver  des  vivres.  Le  liea 
de  la  halte,  et  par  suite  l'heure  où  on  la  fait,  sont  donc  tout  indiqués  et 
en  quelque  sorte  imposés.  —  L*avant-garde  fait  préparer  les  vivres. 

L'avant-garde,  cavalerie  légère,  partit  de  Coborg  à  4  heures  et 
marcha  jusqu'à  Judenbach,  soit  26  kilomètres,  où  elle  dut  arriver 
vers  10  heures  du  soir  ayant  marché  à  raison  de  5  kilomètres  pen- 
dant les  2  premières  heures  et  de  4  kilomètres  seulement  à  partir  de 
6  heures  du  soir  où  la  nuit  est  venue  dans  cette  saison.  La  roate 
s'élève  de  377  mètres  depuis  Neustadt.  L*avant-garde  dut  s'arrêter 
de  10  heures  du  soir  à  4  heures  et  demie  ou  5  heures  du  matin  poar 
que  les  hommes  et  surtout  les  chevaux  pussent  manger  et  se  reposer. 
Elle  repartit  le  11  à  5  heures  du  matin  et  arriva  à  Gr&fenthai,  18  ki- 
lomètres, vers  9  heures.  Comme  il  n*y  avait  plus  de  gros  villages 
jusqu'à  Saalfeld,  qu'on  n'aurait  probablement  pas  trouvé  d'eau  sur 
la  hauteur  pour  faire  boire  les  chevaux,  et  que  d'ailleurs  le  Maréchal 
devait  connaître  déjà  l'issue  du  combat  de  Saalfeld,  Tavant-garde  fit 
halte  de  9  heures  à  midi  ou  une  heure  de  l'après-midi,  puis  se  remit 
en  route  et  parcourut  en  4  heures  les  20  kilomètres  dont  4  de  mon- 
tée, qui  séparent  Grftfenthal  de  Saalfeld  où  elle  arriva  vers  5  heures. 

Les  divisions  d'infanterie  partirent  de  Coburg  le  10  entre  4  et 
5  heures  de  l'après-midi  ;  elles  marchèrent  à  raison  de  4  kilomètres 
pendant  les  2  premières  heures  et  de  3  kilomètres  seulement  dès  que 
la  nuit  fut  tombée  ;  elles  arrivèrent  donc  à  Neustadt  entre  8  et  9  heu- 
res du  soir.  Après  une  halte  d'une  demi-heure,  elles  se  remirent  en 
route  pour  Judenbach,  12  kilomètres,  qu'elles  atteignirent  en  4  heures 
de  marche  entre  1  heure  et  2  heures  du  matin  ;  elles  prirent  un  repos 
de  5  à  6  heures  et  partirent  le  1 1  vers  7  heures  du  matin  pour  Gri- 
fenthal  où  elles  arrivèrent  vers  midi  lorsque  l'avant-garde  en  partait, 
et  où  elles  firent  une  halte  de  4  heures  environ  pour  manger.  Par- 
ties vers  4  heures,  elles  mirent  7  heures  pour  gagner  Saalfeld  et  y 
parvinrent  vers  11  heures  ou  minuit. 

Tout  le  corps  d'armée  se  remit  en  marche  le  12  à  la  pointe  du 
jour  (6  heures  du  matin)  pour  se  porter  à  Neustadt,  mais  le  Maré- 
chal reçut  pendant  la  route  la  dépêche  du  major  général  de  4  heures^ 
et  demie  du  matin  lui  ordonnant  de  se  rendre  à  Kahia. 

Le  12  le  maréchal  Davout  reçut  vers  5  heures  et  demie  ou  6  heu- 
res du  matin  Tordre  de  l'Empereur,  4  heures  du  matin,  expédié  par 
le  major  général  à  5  heures,  de  se  porter  sur  Naumburg  et  d'y  arri- 
ver le  plus  vite  possible. 

La  cavalerie  légère  put  se  mettre  immédiatement  en  marche,  c'est- 


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OBSERVATIONS.  5G7 

à-dire  vers  6  heures  et  demie  ;  elle  entra  à  Naumburg  à  3  heures  et 
demie,  dépêche  du  maréchal  Davout,  ayant  mis  9  heures  pour  faire 
les  45  kilomètres  qui  séparent  Mittel  de  Naumburg  ;  elle  avait  dû 
marcher  à  raison  de  5  kilomètres  à  l'heure  sans  faire  de  grand'halte. 
L'avant-garde,  probablement  le  13°  léger  de  la  division  Morand,  qui 
dut  partir  presque  aussitôt,  vers  6  heures  et  demie  ou  7  heures  moins 
im  quart,  n'atteignit  Naumburg  qu'à  8  heures  du  soir,  ayant  marché 
pendant  13  heures  environ,  grand'halte  comprise. 

La  1"  division  partit  vers  7  heures  et  fit  40  kilomètres  ;  —  la  2® 
suivie  par  la  4*  division  de  dragons,  vers  8  heures,  elle  fit  37  kilo- 
mètres ;  —  la  3*  vers  9  heures  et  demie,  elle  fit  26  kilomètres.  L'Em- 
pereur monta  à  cheval  entre  8  heures  et  9  heures  pour  se  rendre  à 
Géra  et  passa  devant  la  3°  division  au  moment  de  son  départ.  Mittel- 
Pohiitz  est  à  5  kilomètres  d'Âuma.  Cette  division  n'arriva  qu'à 
9  heures  du  soir  et  mit  ainsi  12  heures  et  demie  pour  parcourir 
26  kilomètres. 

La  marche  avait  occasionné  beaucoup  de  traîneurs  * ,  et  il  fallait 
donner  le  temps  à  l'infanterie  de  se  rallier. 


1.  Le  giSaéral  ThiébauU  donne  les  indications  suivanlos  au  chapilre  des 
marches  : 

Pour  empôclier  que  la  colonne  ne  laisse  des  traîneurs,  i»  faire  ù  moitié  clic- 
min  une  halle  générale  d'une  heure  et  demie,  au  quart  et  aux  trois  quarts  de 
la  route  des  baltes  d'une  demi-heure,  et  toutes  les  heures  dos  halles  de  5  à 
10  minutes,  afin  que  les  hommes  puissent  satisfaire  à  leurs  besoins  (sans 
3'éloignor  de  leurs  places  de  plus  de  40  pas),  qu'ils  puissent  boire,  remettre 
leur  chaussure  en  état  ; 

î^  Faire  marcher  les  chefs  de  bataillon  à  la  queue  de  leur  bataillon  et  les 
capitaioes  à  la  queue  de  leur  compagnie  pour  les  avoir  toujours  en  entier 
$ous  les  yeux  et  surveiller  en  môme  temps  les  officiers,  sous-officiers  ou  sol- 
dats; les  lieutenants  marchant  en  léte  de  leur  compagnie  et  les  sous-lieutu- 
nants  en  queue  *. 

30  Veiller  à  ce  qu'aucun  officier  ou  sous-officier  ne  quitte  sa  place  ; 

4^  Former  par  brigade  un  peloton  composé  d'un  sergent  par  compagnie, 
coomiandé  par  un  capitaine,  marchant  à  la  suite  de  la  brigade,  ne  laisser  per- 
sonne en  arrière,  fouillant  les  maisons,  haies,  chemins  creux,  villages.  J'ai 
employé  ce  moyen  pendant  la  campagne  d'Âusterlitz  ;  je  l'ai  ûiit  employer 
depuis,  il  m'a  toujours  réussi  ; 

50  Faire  parcourir  continuellement  l'étendue  de  la  colonne  par  dos  officiers 
delat-major  et  même  ^%iéraux,  et  l'étendue  de  chaque  corps  par  les  officiers 
supérieurs,  pour  s'assurer  que  tout  marche  à  sa  place,  en  ordre  et  sans  inter- 
valle. 

Les  officiers  supérieurs  et  d'état-major  ayant  droit  d'être  montés,  seront 
seuls  suivis  d'un  domestique  chacun  ;  les  autres  domestiques  seront  aux  ba- 
gages avec  les  chevaux  de  main  et  d'équipages. 

Les  vivandiers  ne  quitteront  jamais  les  bagages. 

*  Beaaconp  d'ofBcieri  de  grade  élevé  ne  semblent  pas  encore  pénétrés  de  cette  nécee- 
>Jt«  et  prennent  à  tâche  d'empêcher  les  capitaines  et  les  commandants  de  détachement 
d«  marcher  à  la  gauche  de  leur  troupe. 


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568  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

Pareil  fait  8*était  produit  la  veille  11  au  4^  corps  par  suite  de:* 
mauvais  chemins. 


La  cavalerie  légère  et  la  1"  division  du  4*  corps  partirent  de  Géra 
le  13  vers  11  heures  du  matin  et  firent  42  kilomètres  pour  se  rendre 
à  léna  où  elles  arrivèrent  vers  minuit,  ayant  effectué  leur  marche  en 
13  heures  sur  une  route  extrêmement  mauvaise  et  encombrée  par 
une  infinité  de  voitures  et  de  troupes  qui  obstruaient  le  passage. 
Le  lendemain  14  elles  prirent  les  armes  avant  le  jour  et  firent  en 
combattant  22  à  25  kilomètres  dans  la  journée. 

Les  2*  et  3*  divisions,  parties  le  13  vers  1  heure  et  1  heure  et  de- 
mie de  Tinz  et  de  Naulitz,  firent  respectivement  16  et  22  kilomètret 
pour  atteindre  Klosterlausnitz  où  elles  arrivèrent  vers  6  heures  et 
7  heures  et  demie.  Elles  se  remirent  en  marche  probablement  Ters 
2  heures  du  matin,  rejoignirent  la  1"  division  vers  midi  et  s'établi- 
rent le  soir  à  Ulrichshalben  ayant  fait  44  kilomètres  dans  leur 
journée. 

Toutes  les  troupes  du  4**  corps  firent  de  62  à  68  kilomètres  en 
32  heures  consécutives  environ,  dont  5  ou  6  seulement  de  repos,  et 
prirent  part  à  une  bataille. 

Le  6®  corps  partit  le  12,  à  9  heures  du  matin  d'après  le  général 
Roguet,  pour  se  porter  à  Géra  ;  mais  ayant  eu  l'ordre  de  se  rendre 
à  Eoda,  il  fit  10  lieues  dans  la  journée  et  arriva  à  Roda  à  la  nuit 
excédé  de  fatigue.  Il  fallut  environ  11  heures  à  l'infanterie  pour  faire 
son  mouvement  ;  elle  dut  arriver  à  Roda  vers  8  heures  du  soir. 

L'avant- garde  qui  passa  à  MSrsdorf  vers  6  heures  du  soir,  con- 
tinua sur  léna  où  elle  n'arriva  que  vers  10  heures  ou  10  heures  et 
demie,  ayant  fait  environ  56  kilomètres  en  13  heures  et  demie.  Le 
lendemain  14,  elle  prit  les  armes  avant  le  jour  et  fit  dans  la  jouniét 
22  à  25  kilomètres  en  combattant. 

Les  divisions  d'infanterie  partirent  de  Roda  vers  3  heures  du  nnatin 
pour  suivre  Tavant-garde  qu'elles  rejoignirent  vers  10  heures  du 
matin  sur  le  champ  de  bataille  après  une  marche  de  22  kilomètres 
environ.  Elles  firent  38  kilomètres  dans  la  journée  du  14. 

Toutes  les  troupes  du  6*  corps  firent  donc  eùviron  78  à  80  kilo- 
mètres en  34  ou  36  heures  et  assistèrent  à  une  bataille. 

Le  12  au  soir  la  division  d'Hautpoul  était  à  Untendorf  près  Auma. 
la  division  Klein  à  Schleiz,  la  division  Nansouty  à  Oschitz.  Le  ma- 
jor général  envoya  le  13  à  1  heure  du  matin  Tordre  à  ces  3  généraux 
de  ne  pas  dépasser  Auma  avant  d'avoir  reçu  de  nouveaux  ordres. 
Cet  ordre  parvint  vers  4  heures  du  matin  à  Auma,  26  kilomètres  de 


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OBSERVATIONS.  569 

Gera,  et  vers  6  heures  à  Schleiz,  42  kilomètres.  La  l""®  division  de 
dragons  et  la  !'•  de  cuirassiers  partirent  vers  7  heures  du  matin  et 
arrivèrent  à  Âuma  entre  10  et  11  heures. 

M.  de  la  Marche,  parti  de  Gera  vers  9  heures,  arriva  à  Auma 
entre  11  heures  et  demie  et  midi.  Les  3  divisions  purent  lever  leur 
bivouac  et  se  mettre  en  route  vers  une  heure  environ,  se  dirigeant  sur 
Roda  par  Triptis  et  Neustadt,  la  2*  division  de  cuirassiers  en  tête, 
puis  la  1"  de  dragons  et  la  1"  de  cuirassiers.  Elles  franchirent  en 
5  heures  les  26  kilomètres  qui  séparent  Auma  de  Roda  et  s'arrêtè- 
rent, entre  6  et  7  heures,  la  division  d'Hautpoul  en  avant  de  Roda, 
la  division  Klein  à  Roda  et  la  division  Nansouty  à  Trdbnitz.  Après 
uu  repos  de  6  à  7  heures,  elles  repartirent  le  14  dans  la  nuit,  vers 
2  ou  3  heures  du  matin,  pour  se  porter  sur  la  ville  d*Iéna,  16  kilo- 
mètres, n  régnait  un  grand  encombrement  sur  la  route  en  arrière 
dléna  où  le  7®  corps  avait  passé  la  nuit  et  où  il  devait  se  trouver 
beaucoup  de  voitures  de  bagages  et  autres.  Les  divisions  de  cavale- 
rie de  la  réserve  eurent  donc  quelque  peine  à  déboucher.  Il  pouvait 
être  environ  10  heures  lorsqu'elles  commencèrent  à  se  placer  sur  le 
champ  de  bataille.  Depuis  le  13  une  heure  de  l'après-midi,  en 
21  heures,  la  division  d'Hautpoul  avait  fait  46  kilomètres;  depuis  le 
13  à  7  heures  du  matin,  en  27  heures,  la  division  Klein  avait  fait 
62  kilomètres  et  la  division  Nansouty  64. 

Les  2  divisions  du  6*  corps  se  mirent  en  marche  de  Roda  aussitôt 
après  que  les  divisions  de  cavalerie  eurent  défilé  ;  elles  les  suivirent 
t't  arrivèrent  sur  le  champ  de  bataille  derrière  elles,  vers  10  heures 
(5*  bulletin).  Les  15  régiments  de  la  réserve  de  cavalerie  devaient 
tenir  environ  7  kilomètres  sur  la  route.  Les  divisions  serrèrent  en  se 
rapprochant  d'Iéna,  de  sorte  que  les  divisions  du  6"  corps  purent 
arriver  sur  le  terrain  presque  en  même  temps  que  la  cavalerie. 

Ainsi  24  heures  avant  de  livrer  bataille,  le  Commandant  de  l'ar- 
mée peut  ordonner  la  concentration  sur  un  même  point  de  toutes  les 
troupes  d'infanterie  qui  en  sont  éloignées  de  50  kilomètres  et  de 
toutes  les  troupes  de  cavalerie  éloignées  de  6(>  kilomètres,  avec  l'es- 
poir de  les  voir  arriver  sur  le  champ  de  bataille  assez  à  temps  pour 
prendre  part  à  l'action  comme  troupes  de  soutien  ou  de  réserve. 


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13   OCTOBRE 


I.E    MAJOR   GÉNÉRAL   A   l'iNTENDANT   GÉNÉBAL. 

Gera,  13  octobre  1806,  i  heure  du  matin. 

L'intention  de  TEmpereur,  M.  Villemanzy,  est  que  vous 
fassiez  arriver  à  Âuma  les  farines  et  le  pain  qui  seront  en 
route,  et  que  vous  en  formiez  un  magasin  dans  cette  ville  qui 
va  devenir  un  point  central  pour  notre  armée  ]  donnez  Tor- 
dre pour  qu'on  établisse  sur-le-champ  un  hôpital. 

Mettez  à  Auma  un  bon  commissaire  des  guerres  et  un  bon 
ordonnateur. 

On  ne  peut  pas  transporter  à  la  suite  des  troupes  plus  de  4  ou 
5  jours  de  vivres  (2  ou  3  jours  sur  l'homme  et  2  jours  sur  les  cais- 
sons des  corps)  sans  alourdir  les  colonnes  et  retirer  toute  activité 
aux  opérations.  Il  faut  donc,  toutes  les  4  ou  ô  marches,  former  de 
nouveaux  dépôts,  de  nouveaux  magasins,  d*oii  l'on  puisse  tirer  de 
quoi  faire  vivre  l'armée  si  elle  est  forcée  de  retarder  d'avancer  ou 
si,  à  la  suite  d'un  événement  funeste,  elle  est  obligée  de  se  plier 
en  retraite. 

Auma  était  déjà  à  3  jours  de  marche  de  Kronach,  dernier  point 
d'appui  de  l'armée,  et  en  était  séparé  par  un  pays  difficile.  Il  deve- 
nait nécessaire  de  réunir  des  ressources  au  débouché  des  montagnes 
dans  la  plaine  de  Saxe,  en  un  point  central  pouvant  devenir  le  pivot 
des  mouvements  de  l'armée. 

L'Empereur  choisit  Âuma  parce  que  cette  ville  se  trouvait  sur  U 
route  suivie  par  la  colonne  du  centre  de  l'armée. 

Ces  magasins,  que  l'on  met  dans  des  lieux  ouverts,  à  défaut  de 
places  fortes,  doivent  contenir  des  subsistances  pour  nourrir  toute 
l'armée  pendant  8  ou  10  jours,  afin  de  lui  permettre  de  se  réunir  au- 
tour de  ce  point,  d'y  livrer  une  nouvelle  bataille  et  d'y  puiser  encore 


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13    OCTOBRE.  571 

4  jours  de  vivres  pour  se  reporter  en  avant  ou  gagner  en  arrière  le 
magasin  suivant. 

•  Avec  cette  précaution  de  former  des  magasins  toutes  les  3  ou 
4  marches,  et  avec  la  volonté  d'user  de  toutes  les  ressources  du 
pays,  on  évite  de  traîner  à  sa  suite  immédiate  des  convois  considé- 
rables qui  encombrent  les  routes  et  alourdissent  les  armées. 

ATexception,  pour  les  subsistances,  de  2  caissons  par  bataillon  et 
d'an  supplément  par  corps  d'armée  calculé  à  raison  d'un  caisson  par 
régiment,  ainsi  qu'on  l'a  vu  dans  la  répartition  du  24  septembre, 
toos  les  autres  caissons  doivent  être  à  la  disposition  du  quartier  gé- 
néral pour  les  besoins  généraux  de  l'armée. 

L'année  marche  toujours  sur  deux  lignes,  deux  corps  d'armée  se 
snivant  sur  une  même  route  à  une  demi -journée  de  distance.  Si  cha- 
que corps  d'armée  n'a  qu'un  très-petit  nombre  d'équipages,  il  peut 
les  emmener  à  sa  suite.  Si  au  contraire  il  traîne  après  lui  un  grand 
nombre  de  voitures,  tous  les  convois  du  corps  d'armée  de  tête,  pour 
ne  pas  entraver  la  marche  des  troupes,  sont  rejetés  en  arrière  du 
corps  de  queue,  et  le  fonctionnement  des  ravitaillements  par  les 
convois  du  corps  d'armée  tombe  de  lui-même  \ 

Le  corps  d'armée  tête  de  colonne  parcourt  du  reste  souvent  un 
pays  neuf  ou  peu  mangé,  dans  tous  les  cas  moins  mangé  qu'il  ne 
le  sera  après  son  passage,  et  s'il  est  à  la  poursuite  de  l'ennemi  il 
peut  saisir  ses  magasins.  C'est  le  corps  de  queue,  qui  marche  après 
BO,000  hommes,  qui  a  besoin  de  convois  ;  le  quartier  général  peut  lui 
en  donner  et  les  faire  marcher  à  une  journée  ou  à  une  demi-journée 
en  arrière. 

Que  cette  masse  de  voitures  et  de  convois  existent  dès  le  temps  de 


1.  On  a  prétendu  que  les  arme'es  modernes,  dont  les  effectifs  sont  considë- 
rablos,  mourraient  de  faim  partout  où  elles  seraient  rassemblées  ;  on  a  voulu 
parer  à  cette  éventualité  en  leur  faisant  traîner  après  elles  dès  vivres  pour 
4  jours  indépendamment  des  vivres  des  corps,  et  pour  être  sûr  que  ces  vivres 
oe  leur  fissent  jms  défaut,  ou  en  a  doté  les  corps  d*armée  eux-mômes  :  on  a 
créé  des  convois  administratifs  pour  chacune  des  unités  des  corps  d'armée  et 
on  a  imaginé  un  système  fort  ingénieux  pour  faire  marclier  ces  convois  di- 
visés en  échelons,  et  pour  opérer  le  ravitaillement  des  différents  échelons  les 
uns  par  les  autres.  Seulement  ce  système  ne  compte  pas  avec  les  nécessités 
des  opérations  ;  il  suppose  que  chaque  corps  d'armée  suit  une  route  dont  il 
dispose  pour  lui  tout  seul,  et  même  qu*il  pourra  souvent  disposer  de  deux 
routes.  Que  deviendra  le  système  le  jour  où  2  corps  d'armée  marcheront  sur 
la  même  route  à  demi-journée  l'un  do  l'autre,  où  derrière  ces  s  corps  d'ar- 
mée s'avanceront  la  réserve  et  les  grands  parcs  d'artillerie  et  du  génie  de 
l'arnée,  où  enûn  dans  des  manœuvres  combinées  la  roule  suivie  pourra  être 
occupée  deux  joura  après  par  les  coureurs  do  Tennemi  qui  viendront  mettre 
le  désordre  et  la  panique  dans  cette  multitude  de  voilures  (1,180  par  corps 
d'armée,  dit  le  général  Berlliaut,  soit  a, 200  voitures  pour  2  corps  d'armée, 
Ou  une  colonne  de  plus  do  22  kilomètres  en  prenant  lo  mètres  par  voiture  et 


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572  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

paix,  tant  mieux  ;  maÎB  c'est  leur  répartitioa  et  l'usage  qu'on  en 
fera,  qui  doivent  être  modifiés.  C'est  d'ailleurs  le  rôle  du  Comman- 
dant de  l'armée  d'organiser  son  armée  comme  il  l'entend,  et  de  don- 
ner ses  ordres  lorsqu'il  prend  possession  de  son  Commandement.  A 
lui  d'être  à  hauteur  de  sa  tâche. 

LE   MAJOR   GÉNÉRAL   AU   PRINCE   JÉRÔME. 

Gcra,  18  oclobre  1806,  t  heure  du  matin. 

L'intention  de  TEmpereur  n'est  pas,  Monseigneur,  que  la 
division  de  troupes  bavaroises  rétrograde  pour  se  rendre  à 
Hof  ;  donnez-lui  au  contraire  Tordre  de  se  rendre  à  Schleiz 
où  elle  prendra  position.  Vous  laisserez  le  général  Hédou- 
ville,  votre  chef  d'état-major,  avec  la  division  bavaroise,  et 
de  votre  personne  vous  pouvez  vous  rendre  auprès  de  l'Em- 
pereur. 

1  heure  du  matin. 

Il  est  ordonné  au  général  Nansouty  de  ne  pas  dépasser 
Auma  avant  d'avoir  reçu  de  nouveaux  ordres;  il  prendra 
position  dans  les  environs.  Faites-moi  connaître  le  jour  et 
l'heure  où  vous  serez  arrivé  Auma. 

Même  ordre  au  général  d'Hautpoul  ;  —  au  général  Klein; 


restunt  bien  au-dessous  de  la  vérité).  Uue  pareille  manière  de  faire  la  guerre 
n*esl  pas  admissible.  Elle  nous  ramène  aux  armées  de  Xerxés  et  de  Darius. 

L'armée  qui  voudra  remporter  la  victoire  doit  Ôtre  la  plus  mobile,  la  plus 
vive,  la  plus  active.  Tout  doit  y  être  sacrifié  à  la  mobilité. 

Y  a-t-il  rien  de  semblable  dans  l'urroée  de  TEmpereur  ?  Quels  sont  les  im- 
pedimonla  des  troupes?  2  caissons  par  bataillon  pour  les  vivres,  portants  jours 
de  paiu,  et  pour  Tensomble  du  corps  d'armée  un  supplément  du  quart  du 
total  des  caissons  des  corps.  (Lettre  du  major  général  à  l'Empereur,  du  U 
septembre.)  Tout  ce  qui  dépasse  ce  uombre  est  affecté  au  grand  quartier  gé- 
néral pour  les  magasins  centraux,  c'est-à-dire  pour  les  besoins  généraux  de 
l'armée,  sans  être  affecté  à  tel  ou  tel  corps  d'armée,  à  la  disposition  du  Com- 
mandant de  l'armée  seul,  qui  donne  à  ces  ressources  telle  ou  telle  destina- 
tioii  provisoire.  On  peut  pour  ce  service  compter  un  nombre  de  caisson?  égal 
à  celui  de  l'armée  et  ne  devant  pas  dépasser  600  voitures  pour  une  année  de 
6  corps  d'armée. 

Une  armée  de  150,000  hommes  en  1806  n'avait  pas  plus  de  voitures  pour 
ses  vivres  que  n'en  a  actuellement  un  corps  d'armée  de  30,ooo  hommes.  U 
dépêche  de  l'Empereur  du  30  septembre  au  major  général,  sur  l'organisatioa 
du  grand  parc  d'artillerie  de  l'armée,  contient  des  principes  qui  sont  appli- 
cables à  la  matière  des  subsistances. 


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13    OCTOBRE.  573 

—  au  général  commandant  le  parc  d'artillerie  ;  —  au  géné- 
ral commandant  le  parc  du  génie. 

l'bmpebeua  a  l'impebatrice. 

Géra,  13  octobre  i806,  8  heures  du  matin. 

Je  suis  aujourd'hui  à  Géra,  ma  bonne  amie  ;  mes  aifaires 
vont  fort  bien,  et  tout  comme  je  pouvais  l'espérer.  Avec 
l'aide  de  Dieu,  en  peu  de  jours  cela  aura  pris  un  caractère 
bien  terrible,  je  crois,  pour  le  pauvre  roi  de  Prusse,  que  je 
plains  personnellement  parce  qu'il  est  bon.  La  Reine  est  à 
Erfurt  avec  le  Roi.  Si  elle  veut  voir  une  bataille,  elle  aura 
ce  cruel  plaisir.  Je  me  porte  à  merveille  ;  j'ai  déjà  engraissé 
depuis  mon  départ;  cependant  je  fais,  de  ma  personne,  20 
et  25  lieues  par  jour,  à  cheval,  en  voiture,  de  toutes  les  ma- 
nières. Je  me  couche  à  8  heures  et  suis  levé  à  minuit  ;  je 
songe  quelquefois  que  tu  n'es  pas  encore  couchée. 

Tout  à  toi. 

Géra,  13  octobre  1806,  8  heures  du  matio. 

Ordre  au  commandant  du  contingent  des  troupes  de  Bade 
de  se  rendre  de  Bamberg  à  Baireuth  et  non  à  Schleiz. 

LE  MAJOB  GÉNÉRAL  AU  GÉNÉRAL  DEROI. 

Géra,  13  octobre  1806,  3  heures  du  matin. 

M.  le  lieutenant-général  Deroi  donnera  l'ordre  à  la  divi- 
sion de  8,000  Bavarois  qu'il  a  dû  former  et  réunir  à  Ingol- 
stadt  d'en  partir  le  plus  tôt  possible  pour  se  rendre  à  Baireuth 
où  elle  tiendra  garnison. 

Cette  division  fournira  ce  qui  est  nécessaire  pour  investir 
le  petit  fort  de  Culmbach  ;  ce  corps  tiendra  une  petite  avant- 
garde  à  Hof,  ainsi  qu'aux  autres  débouchés. 

Le  général  Legrand  assignera  des  cantonnements  à  la 
division  bavaroise. 

Même  dépêche  au  Roi  de  Bavière. 

Ordre  en  conséquence  au  général  Legrand,  commandant  à 
Baireuth. 


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574  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


ORDRE. 

Gcra,  is  octobre  1806,  dans  la  nuil*. 

Le  maréchal  Duroc  verra,  à  5  heures  du  matin,  de  s'infor- 
mer pour  combien  de  jours  la  Garde  a  de  pain,  combien  on 
fait  de  pain  ici,  s'il  y  a  de  Teau-de-vie  ;  enfin  combien  cette 
ville  peut  fournir  de  rations  de  pain  par  jour,  combien  elle  a 
fourni  jusqu*à  cette  heure. 

Napoléon. 

le  major  general  au  maréchal  ney. 

Géra,  18  octobre  1806. 

L'Empereur,  M.  le  Maréchal,  ordonne  que  vous  partiez 
avec  votre  corps  d'armée  pour  vous  rendre  à  Roda,  petite 
ville  de  1,500  âmes  à  4  ou  5  lieues  de  la  position  que  vous 
occupez,  et  à  3  lieues  d'Iéna.  Je  pense  que  votre  chemin  est 
de  passer  par  ïriptis  ;  au  reste  vous  passerez  par  le  meilleur 
chemin  ;  là  vous  prendrez  position  et  vous  chercherez  à  vous 
procurer  autant  de  subsistances  que  vous  pourrez  pour  rem- 
plir vos  caissons. 

M.  le  maréchal  Lannes  marche  sur  léna  où  il  doit  sé- 
journer. 

Comme  vous  arriverez  de  bonne  heure  à  Roda,  employez 
le  reste  de  la  journée  à  bien  préparer  vos  armes.  Le  reste  de 
l'armée  est  en  repos. 

Je  vous  envoie  la  série  des  mots  d'ordre  et  des  proclama- 
tions que  vous  pouvez  répandre  dans  le  pays. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  GRAKD-DUC  DE  BERG. 

Géra,  18  octobre  1806. 
J'ai  l'honneur  de  prévenir  V.  A.  I.  que  l'armée  prend  re- 
pos aujourd'hui  ;  l'intention  de  S.  M.  est  qu'on  en  profite 


1.  Nuit  du  12  au  13. 


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13    OCTOBRE.  575 

d  abord  pour  se  procurer  des  vivres  pour  remplir  les  caissons, 
rallier  les  traîneurs  et  mettre  les  armes  en  état. 

Je  vous  adresse  une  série  de  mots  d'ordre  et  une  proclama- 
tion de  TEmpereur  aux  Saxons  que  vous  ferez  afficher  à 
Leipzig  et  répandre  partout. 

Si  vous  avez  des  nouvelles  de  l'ennemi,  ne  négligez  pas 
de  les  envoyer. 

Même  ordre  aux  maréchaux. 

La  grande  occupation  de  la  journée  de  repos  du  13  doit  être  de 
se  procurer  des  subsistances  pour  remplir  les  caissons,  et  bien  en- 
tendu aussi  pour  compléter  les  vivres  du  sac,  c'est-à-dire  pour  que 
les  troupes  aient  leurs  4  jours  de  vivres  au  départ. 


BEPOS. 

Le  Commandant  de  Tarmée  peut  être  retardé  dans  sa  marche  par 
le  défaut  de  renseignements  sur  Tennemi  et  la  nécessité  de  préciser 
ses  idées,  et  aussi  par  l'obligation  d'attendre  des  corps  restés  en  ar- 
rière. Il  en  profite  pour  donner  une  journée  de  repos  aux  troupes 
afin  qu'elles  puissent  se  procurer  des  vivres,  rallier  les  traîneurs  et 
mettre  les  armes  en  état. 

L'Empereur  ne  fait  faire  le  13  à  l'armée  <  aucun  mouvement  pour 
«  qu'elle  prenne  quelque  repos,  et  donner  le  temps  de  rejoindre  >. 
Les  troupes  sont  en  marche  depuis  le  7  ;  quelques  corps  depuis  plus 
longtemps. 


L  EMPEREUR  A   M.    DE   TALLETRAND. 

Géra,  18  octobre  1806. 

Je  vous  envoie  le  3*  bulletin.  Vous  agirez  pour  celui-ci 
comme  pour  les  deux  premiers  ;  ils  ne  doivent  être  imprimés 
que  dans  le  Moniteur.  Cela  seul  met  assez  d'intervalle  pour 
que  les  renseignements  que  contiennent  les  bulletins  ne 
wient  pas  dangereux.  Vous  verrez  que  la  position  de  Tarmée 
prussienne  est  assez  extraordinaire.  Il  est  probable  que,  dans 
8  ou  10  jours,  tout  cela  aura  pris  un  grand  caractère. 


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576  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

3^   BULLETIN   DE   LA   GRANDE  ARMÉE. 

Géra,  18  octobre  1806. 

Le  combat  de  Schleiz,  qui  a  ouvert  la  campagne  et  qui  a 
été  très  funeste  à  Tarmée  prussienne,  celui  de  Saalfeld,  qui 
Ta  suivi  le  lendemain,  ont  porté  la  consternation  chez  Ten- 
nemi.  Toutes  les  lettres  interceptées  disent  que  la  consterna- 
tion est  à  Erfurt,  où  se  trouvent  encore  le  Roi,  la  Reine,  le 
duc  de  Brunswick,  et  qu'on  discute  sur  le  parti  à  prendre 
sans  pouvoir  s'accorder.  Mais,  pendant  qu'on  délibère,  l'ar- 
mée française  marche.  A  cet  esprit  d'eflfervescence,  à  cette 
excessive  jactance  commencent  à  succéder  des  observations 
critiques  sur  l'inutilité  de  cette  guerre,  sur  l'injustice  de 
s'en  prendre  à  la  France,  sur  l'impossibilité  d'être  secouru, 
sur  la  mauvaise  volonté  des  soldats,  sur  ce  qu'on  n'a  pas  fait 
ceci,  et  mille  et  une  autres  observations  qui  sont  toujours 
dans  la  bouche  de  la  multitude  lorsque  les  princes  sont  assez 
faibles  pour  la  consulter  sur  les  grands  intérêts  politiques 
au-dessus  de  sa  portée. 

Cependant,  le  12  au  soir,  les  coureurs  de  l'année  française 
étaient  aux  portes  de  Leipzig;  le  quartier  général  du  grand- 
duc  de  Berg  entre  Zeitz  et  Leipzig,  celui  du  prince  de 
Ponte-Corvo  à  Zeitz,  le  grand  quartier  impérial  à  Géra,  la 
Garde  impériale  et  le  corps  d'armée  du  maréchal  Soult  à 
Géra,  le  corps  d'armée  du  maréchal  Ney  à  Neustadt;  en 
première  ligne,  le  corps  d'armée  du  maréchal  Davout  à 
Naumburg,  celui  du  maréchal  Lannes  à  léna,  celui  du  ma- 
réchal Augereau  à  Eahla.  Le  prince  Jérôme,  auquel  l'Em- 
pereur a  confié  le  commandement  des  alliés  et  d'un  corps  de 
troupes  bavaroises,  est  arrivé  à  Schleiz  après  avoir  fait  blo- 
quer le  fort  de  Culmbach  par  un  régiment. 

L'ennemi,  coupé  de  Dresde,  était  encore  le  11  à  Erfurt  et 
travaillait  à  réunir  ses  colonnes,  qu'il  avait  envoyées  sur 
Cassel  et  Wtirzburg  dans  des  projets  offensifs,  voulant  ouvrir 
la  campagne  par  une  invasion  en  Allemagne. 

Le  Weser,  où  il  avait  construit  des  batteries,  la  Saale, 


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13  OCTOBRE.  577 

qu'il  prétendait  également  défendre,  et  les  autres  rivières 
sont  tournées  à  peu  près  comme  le  fut  Tlller  Tannée  passée  ; 
de  sorte  que  Tarmée  française  borde  la  Saale,  ayant  le  dos  à 
l'Elbe  et  marchant  sur  Tarmée  prussienne,  qui,  de  son  côté, 
a  le  dos  sur  le  Rhin  ;  position  assez  bizarre,  d*où  doivent  naî- 
tre des  événements  d'une  grande  importance. 

Le  temps,  depuis  notre  entrée  en  campagne,  est  superbe, 
le  pays  abondant,  le  soldat  plein  de  vigueur  et  de  santé.  On 
fait  des  marches  de  10  lieues,  et  pas  un  traîneur  ;  jamais 
l'armée  n'a  été  si  belle.  Toutefois  les  intentions  du  roi  de 
Prusse  se  trouvent  exécutées  :  il  voulait  que  le  8  octobre 
l'armée  française  eût  évacué  le  territoire  de  la  Confédération, 
et  elle  Tavait  évacué  ;  mais,  au  lieu  de  repasser  le  Rhin,  elle 
a  passé  la  Saale. 

l'empereur  au  maréchal  lannes. 

Géra,  13  octobre  1806,  7  heures  du  malin. 

Je  serai  à  une  heure  à  léna.  Je  passerai  par  la  petite  ville 
de  Roda.  Faites  en  sorte  que  je  trouve  là  de  vos  nouvelles  et 
des  renseignements  sur  les  mouvements  qu'aurait  faits  l'en- 
nemi. 

Je  n'ai  fait  faire  aujourd'hui  à  l'armée  aucun  mouvement, 
pour  qu'elle  prenne  quelque  repos,  et  donner  le  temps  de 
rejoindre.  Seulement  le  maréchal  Ney  sera  dans  la  journée 
à  Roda  ;  il  se  trouvera  ainsi  à  3  petites  lieues  de  vous.  Si 
l'ennemi  vous  attaquait,  ne  manquez  pas  de  l'en  instruire 
sur-le-champ. 

l'empereur  a  yi.  scherb. 

Géra,  IS  octobre  1806,  7  heures  du  malia. 

L'officier  d'ordonnance  Scherb  se  rendra  en  toute  dili- 
gence à  léna.  Il  verra  ce  qui  se  passe.  Il  prendra  des  rensei- 
gnements sur  l'ennemi  et  viendra  m'en  rendre  compte.  Il  me 
rapportera  des  nouvelles  du  maréchal  Lannes  et  des  mouve- 
ments de  l'ennemi. 

CAMP.   DB  PSUS8B.  37 


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578  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

'  L^Empereur  a  sous  les  yeux  le  rapport  du  maréchal  Lannes,  da 
12  de  Neustadt,  par  lequel  il  annonce  qu'il  7  a  80,000  hommes  sur 
la  ligne  Erfurt,  Gotha,  Weimar.  Le  Maréchal  a  ordre  de  faire  repos 
comme  toute  Tarmée  ;  mais  comme  Tennemi  est  à  une  marche  de  lui, 
il  peut  être  attaqué  ;  il  appellera  à  lui  le  maréchal  Âugereau  qai  est 
en  seconde  ligne  à  la  colonne  de  gauche,  et  le  maréchal  Ney  qui  est 
en  seconde  ligne  à  la  colonne  du  centre  et  arrivera  le  13  à  sa  hau- 
teur. L'Empereur  ne  parle  hien  entendu  pas  au  Maréchal  de  se  por- 
ter sur  l'ennemi  puisqu'il  a  ordonné  de  prendre  repos  ;  il  ignore  que 
le  5"  corps  a  trouvé  les  Prussiens  en  avant  de  léiia  et  a  été  obligé 
de  les  pousser  pour  déboucher  et  se  donner  de  l'air  ;  il  se  rend  d'ail- 
leurs à  léna,  à  l'avant-garde  de  la  colonne  de  gauche,  pour  juger 
par  lui-même. 

l'empereur  au  général  lemarois. 

Géra,  18  octobre  1806,  7  heures  du  matin. 

M.  le  général  Lemarois  se  rendra  en  toute  diligence  à 
Naumburg.  11  y  veiTa  la  situation  du  maréchal  Davout.  A 
Naumburg  il  prendra  des  renseignements  sur  Tennemi.  U 
verra  si  l'on  a  passé  la  rivière  d'Unstrut  et  où  se  trouve  l'en- 
nemi. Après,  il  viendra  en  toute  diligence  me  rapporter  les 
renseignements  qu'il  aura,  à  léna,  où  je  serai  à  midi. 

Les  aides  de  camp  du  Commandant  en  chef  du  grade  d'officiers 
généraux  font  des  communications  verbales  aux  commandants  des 
corps  d'armée  ;  ils  sont  d'un  rang  trop  élevé  pour  remettre  des  dé- 
pêches. On  confie  celles-ci  aux  officiers  d'ordonnance. 


l'empereur  au  grand-duc  de  berg. 

Géra,  13  octobre  I8O6,  7  heures  du  matin. 
Vous  avez  reçu  les  ordres  de  Tétat-major  pour  ne  faire 
aucun  mouvement  aujourd'hui,  afin  de  donner  un  peu  de 
repos  aux  troupes.  Si  le  prince  de  Wurtemberg  venait  à 
Leipzig,  ce  serait  une  bonne  occasion  de  le  rosser.  J  ai  son 
état  de  situation  exact;  il  n'a  pas  plus  de  10,000  hommes.  Je 
n'ai  pas  de  nouvelles  d'Iéna  ni  de  Naumburg  ;  j'en  recevrai 
sans  doute  dans  une  heure.  Reposez  vos  dragons,  afin  que, 
selon  l'ordre  que  je  donnerai  cette  nuit,  ils  arrivent  à  léna 


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13    OCTOBRE.  579 

demain.  Mon  intention  est  de  marcher  droit  à  Tennemi.  En- 
voyez un  commissaire  des  guerres  à  Leipzig,  avec  ordre  d'y 
faire  30,000  rations  de  pain  et  de  les  faire  diriger  sur  Naum- 
burg.  Je  partirai  d'ici  à  9  heures  du  matin,  pour  être  rendu  à 
midi  ou  à  une  heure  à  léna.  Si  Fennemi  est  à  Erfurt,  mon 
projet  est  de  faire  porter  mon  armée  sur  Weimar  et  de  l'atta- 
quer le  16  ^  Le  général  Klein  et  la  grosse  cavalerie  sont 
arrivés  à  Âuma  où  je  les  fais  cantonner. 
J'attends  ma  Garde  demain. 

l'empereur   a   m.    de   TOURNON. 

Gera,  18  octobre  1806,  7  heures  et  demie  du  matin. 

M.  de  Toumon  se  rendra  auprès  du  grand-duc  de  Berg  et 
lui  remettra  la  lettre  ci-jointe.  Il  s'informera  de  toutes  les 
nouvelles  qu'on  peut  avoir  de  l'ennemi.  Il  prendra  les  ordres 
du  Prince  pour  venir  me  joindre  à  léna,  où  je  désire  qu'il 
arrive  avant  3  heures  du  matin. 

l'empereur  au  major  général. 

Géra,  13  octobre  1806,  7  heures  du  matin. 

Le  maréchal  Lefebvre  enverra  à  la  rencontre  du  2*  régi- 
ment de  dragons  à  pied,  afin  qu'il  ne  vienne  pas  jusqu'ici. 
Il  donnera  ordre  à  ce  régiment  de  se  reposer  à  Auma  et  d'at- 
tendre là  de  nouveaux  ordres  ainsi  que  les  12  pièces  d'artil- 
lerie que  ce  régiment  mène  avec  lui. 

.    l'empereur  au  grand-duc  de  berg. 

Géra,  13  octobre  1806,  9  heures  du  matin. 

Enfin  le  voile  est  déchiré  -,  l'ennemi  commence  sa  retraite 
sur  Magdeburg*.  Portez-vous  le  plus  tôt  possible  avec  le 


1.  Le  13,  à  7  heures  du  matin,  d*aprés  les  renseignements  du  maréciial 
Lannes  du  13,  TEmpcreur  prévoit  la  bataille  pour  le  i<>  et  non  pour  le  lende- 

2.  L'Empereur  ne  peut  pas  penser  que  renuomi  n*ail  pas  pris  sa  ligne  d'o- 
T'éralions  sur  Magdeburg,  son  point  d'appui,  et  qu'il  veuille  cffuclucr  sa  retraite 
par  Naumburg. 


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580  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

corps  de  Bernadette  sur  Dornburg,  gros  bourg  situé  entre 
léna  et  Naumburg.  Venez-y  surtout  avec  vos  dragons  et  votre 
cavalerie. 

Toute  la  grosse  cavalerie  et  celle  du  général  Klein  mar- 
chent sur  léna.  Je  crois  que  Tennemi  essayera  d'attaquer  le 
maréchal  Lannes  à  léna,  ou  qu'il  filera.  S'il  attaque  le  ma- 
réchal Lannes ,  votre  position  à  Dornburg  vous  permettra 
de  le  secourir.  Je  serai  à  2  heures  après-midi  à  léna.  Vous 
savez  déjà  que  les  magasins  de  l'ennemi  qui  étaient  à  Naum- 
burg sont  pris,  que  le  bel  équipage  de  pontons  attelé  est 
également  pris.  Il  paraît  que  cet  équipage  se  dirigeait  sur 
Halle.  S'il  n'y  a  rien  de  nouveau,  venez  de  votre  personne 
cette  nuit  à  léna. 

Avant  son  départ  pour  Tavant-garde,  l'Empereur  a  reçu  le  rapport 
du  maréchal  Davout,  du  12,  de  Naumburg,  ainsi  que  les  inteiroga- 
toires  des  prisonniers  et  des  déserteurs,  qui  lui  donnent  les  premiers 
renseignements  positifs  sur  Tennemi.  II  fait  mettre  en  mouvement 
immédiatement  la  tête  des  corps  de  seconde  ligne  pour  leur  faire  ga- 
gner une  demi-marche  et  presse  la  marche  des  troupes  qui  sont  en- 
core en  arrière. 

l'empereur  a  m.  de  la  marche*. 

M.  Lamarche  partira  sur-le-champ  pour  aller  à  la  ren- 
contre des  généraux  Nansouty  et  d'Hautpoul  et  du  général 


1.  L'ordre  original  n*est  pas  daté  ;  on  y  lit  cette  annotation  écrite  parM.  dt 
la  Marche  :  «  J*ai  porté  cet  ordre  le  1.1,  un  peu  avant  la  bataille  d*Iéoa.  • 

L'ordre  a  dû  être  écrit  vers  9  heures,  peut-être  même  avant  la  dépêche  au 
grand-duc  de  fiorg,  puisque  TEmpereur  dit  au  Prince  que  sa  grosse  cavalerie 
et  celle  du  général  Klein  marcheut  sur  léna. 

La  !'•  division  de  dragons,  géuéral  Klein,  était  le  6  à  Wîirzburg;  elle  cul- 
cba  le  7  à  Ober-Schwarzuch  38  kilomélre?,  le  8  à  Bamberg  98  kilométras, 
où  elle  séjourna  le  9,  coucha  le  lo  à  Lichtenrels  38  kilomètres,  le  il  à  Sieiu 
wiusen  37  kilomètres,  le  18  à  Schleiz  45  kilomètres,  le  13  à  Roda  38  kilo 
mètres,  combattit  le  14  à  léna  et  alla  coucher  ce  mêroejouràUlla40kilomé(r«f 
non  compris  la  bataille.  Elle  avait  fuit  plus  de  186  kilomètres  dans  les  5  de^ 
niers  jours  et  avait  pris  part  à  une  bataille.  Les  8  dernières  marches  sont  d'au 
moins  45  kilomètres. 

La  iro  division  de  grosso  cavalerie,  général  Nanaouly,  était  le  6  el  lo  7  a 
Eltmann  ;  elle  coucha  le  8  à  StafTelsteiu  44  kilomètres,  le  9  à  Kiips  14  kilo- 
mètres, lo  10  à  Nordhalben  89  kilomètres,  le  ii  et  le  18  à  OschiU  33  kilo- 


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13    OCTOBRE.  581 

Klein;  il  leur  donnera  Tordre  d'être  rendus  le  plus  tôt  pos- 
sible à  Roda,  petite  ville  à  moitié  chemin  d'Âuma  à  léna. 

11  leur  fera  connaître  que  s'ils  entendent  le  canon  du  côté 
dléna,  ils  pressent  leur  marche,  et  qu'ils  envoient  des  oflS- 
ciere  pour  prévenir  de  leur  arrivée.  A  mesure  qu'il  rencon- 
trera une  division,  il  m'expédiera  un  officier  avec  un  rapport 
détaillé  qui  fasse  connaître  le  lieu  où  il  a  rencontré  la  divi- 
sion, l'état  où  elle  se  trouve,  et  l'heure  à  laquelle  elle  sera 
rendue  à  Roda. 

11  montrera  aux  généraux  le  présent  ordre  qui  leur  servira 
d'autorisation. 

L'Empereur  sera  à  midi  à  léna. 

LE  MAJOE  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  SOULT. 

Géra,  18  octobre  1806'. 

L'intention  de  l'Empereur,  M.  le  Maréchal,  est  qu'une 
division  de  votre  corps  d'armée,  avec  toute  votre  cavalerie 
légère,  soit  rendue  le  plus  tôt  possible  derrière  Roda.  Vous 
donnerez  Tordre  que  toutes  les  ordonnances  et  ce  qui  serait 
détaché ,  soit  près  des  généraux  ou  autres ,  soient  rappelées 
afin  que  les  3  régiments  de  cavalerie  soient  au  complet  du 
nombre  d'hommes  présents  à  l'armée  et  dans  les  rangs  pour 
combattre  '. 


mètres,  le  13  à  Trôbnitz  prés  Roda  S2  kilomètres,  combattit  le  i4  à  luua  et 
biToaaqua  le  14  près  Weimar  S8  kilomètres.  Elle  avait  fait  200  kilomètres 
eoviroQ  en  7  Jours,  dont  un  séjour  le  12. 

La  2«  division  de  grosse  cavalerie,  général  d'Hautpoul,  était  le  6  et  le  7  à 
Burg-Ebrach  ;  elle  coucha  le  8  à  Zapfendorf  29  kilomètres,  le  9  à  Lichlenfels 
18  kilomélres,  le  10  à  Kûps  18  kilomètres,  le  11  à  Lobenstein  43  kilomètres, 
le  12  à  Untendorr  près  Auma  40  kilomètres ,  partit  vers  midi  pour  rejoindre 
rarmëe  et  coucha  le  14  à  Weimar,  68  à  70  kilomètres  en  36  heures.  Elle  avait 
fait  210  kilomètres  en  7  jours. 

1.  Cet  ordre  fut  donné  entre  9  et  10  heures  du  matin. 

2.  3*  division  de  cuirassiers.         obdbb. 

(Général  Espagne.) 

Quartier  général  à  Augsbourg,  12  avril  1809. 

MM.  les  officiers  d'état-mi^or  et  de  ligne  feront  rentrer  à  leur  régi- 
ment les  cuirassiers  d'ordonnance  montés  qu'ils  ont  eus  jusqu'à  ce  jour.  Les 
cuirassiers  qui  pansent  les  chevaux  d'officier  devront  se  trouver  dans  les  rangs 


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582  CA&fPAGNE    DE    PRUSSE. 

Vous  dirigerez  votre  parc  sur  Roda  sans  le  faire  passer 
par  Géra. 

Vous  serez  de  votre  personne  à  la  tête  de  votre  cavalerie 
légère  au  plus  tard  à  midi  à  Roda. 

Vos  deux  autres  divisions  seront  prévenues  qu'elles  parti- 
ront à  2  heures  après  minuit,  si  les  circonstances  Texigent. 

4*  BULLETIN  DE  LA  QEANDE  ARMÉE. 

Géra,  13  octobre  1806,  10  heures  du  matin. 

Les  événements  se  succèdent  avec  rapidité.  L'armée 
prussienne  est  prise  en  flagrant  délit,  ses  magasins  enlevés  ; 
elle  est  tournée.  Le  maréchal  Davout  est  arrivé  à  Naumburg 
le  12  à  9  heures  du  soir,  y  a  saisi  les  magasins  de  Tannée 
ennemie,  fait  des  prisonniers  et  pris  un  superbe  équipage  de 
18  pontons  de  cuivre  attelés.  Il  paraît  que  l'armée  prussienne 
se  met  en  marche  pour  gagner  Magdeburg  ;  mais  Tannée 
française  a  gagné  trois  marches  sur  elle. 

L'anniversaire  des  affaires  d'Ulm  sera  célèbre  dansThis- 
toire  de  France. 

La  lettre  ci-jointe  d'un  officier  prussien  à  un  de  ses  amis 
de  Berlin*,  qui  vient  d'être  interceptée,   fera  connaître  la 


au  rassemblement  et  les  chevaux  de  main  serout  tenus  pendant  le  combat  par 
les  maréchaux  des  compagnies  qui  ne  doivent  pas  compter  dans  les  rang? 
parce  que  le  service  de  ces  hommes  est  trop  utile  pour  dtre  détourné. 

MM.  les  géuéraux  et  commandants  de  corps  peuvent  seuls  avoir  des  cuiras- 
siers d'ordonnance  montés.  Le  nombre  en  sera  réduit  raisonnablement  au 
strict  nécessaire. 

L'adjudant  commandant,  chef  d^état-major, 
Lacroix. 

1.  ZiBTTRIS  d'uK  officier    FRUBSIBR  A   UH  DR  8R8  AXIS  DR  BRRI.IX. 

Naumburg,  12  octobre  1»06. 

Le  commencement  des  hostilités  contre  les  Français  s*est  passé  d'une  ma* 
niére  très-triste  pour  les  troupes  allemandes  ;  ils  ont  forcé  un  poste  de  Taile 
gauche  du  corps  d'armée  de  Hohenlohe,  et  un  combat  meurtrier  a  eu  lieu  au 
corps  de  Tauenzien,  et  le  prince  Louis  Ferdinand  de  Prusse  est  resté  mort 
sur  la  place.  Non  seulement  les  régiments  Zaslrow  et  un  bataillon  de  Bellet. 
les  hussards  verts  et  bruns,  etc.,  mais  encore  les  régiments  saxons  prince 
Jean,  Xavier  et  Rechten  ont  terriblement  souffert.  Depuis  hier  aprâs-midi^  ei 
toute  la  nuit  nous  n'avons  vu  que  des  fuyards  qui  couraient  après  leurs  régi- 
ments ;  on  croit  que  les  Français  se  portent  en  force  sur  notre  gauche  pour 
couper  la  communication  de  Leipzig.  Leur  force  doit  ôtre  de  400,000  hommes 
commandés  par  l'Empereur  qui,  dans  ce  moment,  doit  être  à  Géra,  i  i  milles 


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13    OCTOBRE.  583 

vraie  situation  des  esprits  ;  mais  cette  bataille  dont  parle 
l'officier  prussien  aura  lieu  dans  peu  de  jours  ;  les  résultats 
décideront  du  sort  de  la  guerre.  Les  Français  doivent  être 
sans  inquiétude. 

LE   liAJOR   GÉNÉRAL  AU   MARECHAL   SOULT. 

Au  bivouac  de  Kôslritz,  is  octubre  1806«  il  heures 
et  demie  du  matin. 

L'Empereur,  M.  le  Maréchal,  ordonne  que  vos  2  divisions 
viennent  coucher  ce  soir  au  village  de  Kôstritz  qui  est  un 
assez  gros  endroit  sur  la  route  dléna,  et  où  se  trouve  Tem- 
branchement  d'une  autre  route  qui  va  à  Naumburg.  Une  de 
vos  2  divisions  bivouaquera  sur  T embranchement  de  la  route 
d'Iéna  et  Tautre  sur  celle  de  Naumburg.  Le  village  de  Kôs- 
tritz  se  trouve  à  3  lieues  de  Géra  en  passant  par  Langenberg 
et  cela  vous  avancera  d'autant  pour  la  marche  de  demain. 

Je  vous  fais  observer  que  sur  la  carte  de  Saxe  ce  village 
est  porté,  mais  que  le  nom  n'est  pas  écrit  ;  il  se  trouve  à 
3  lieues  sur  la  route  de  Géra  à  léna  que  suit  l'Empereur. 

LE   MARÉCHAL   LANNES   A   l'eMPEREUR. 

lëna,  13  octobre  1806*. 

Je  suis  arrivé  hier  avec  mon  corps  d'armée  devant  léna  ; 
l'ennemi  y  était  au  nombre  de  12,000  à  15,000  hommes. 

d'ici.  Kous  apercevons  déjà  ici  quelques  patrouilles.  Nous  avons  ici  des  ma- 
gisins  immenses,  sans  trouver  moyen  de  les  sauver;  on  est  ici  dans  des  in- 
quiéludes  affreuses.  Dieu  veuille  que  le  Roi,  qui  ne  peut  pus  manquer  d'ôtrc 
aiiaqaé  sous  peu,  ne  se  laisse  pas  battre,  car  ce  malheur  serait  irréparable. 

D'après  les  dernières  lettres,  le  corps  d*avant-garde  de  Blùcher  s'est  porté 
sur  la  Hesse.  L*élat-ms^or  du  corps  de  Riichel  s*y  est  rendu  aussi ,  de  manière 
Que,  excHpié  à  Hameln,  il  n*yaplus  un  seul  soldat  dans  les  États  hanovrions. 
Actuellement  il  ne  nous  reste  d'autre  ressource  que  la  bataille  décisive  qu'il 
faut  livrer  à  Napoléon.  Dans  cette  triste  situation,  mon  sort  ne  tient  à  rien  ; 
pourvu  que  Tissue  de  la  crise  actuelle  soit  heureuse  ;  je  le  répète  encore, 
mon  ami,  que  notre  situation  est  des  plus  tristes  et  des  moins  rassurantes,  etc. 

Cette  lettro  est  insérée  dans  le  Moniteur  du  ai  octobre  1806. 

1.  Bien  que  ce  rapport  ne  porte  pas  d'indication  d'heure,  il  est  probable 
qu'il  fut  rédigé  entre  midi  et  une  heure  de  l'après-midi,  avant^le  commence- 
ment du  combat,  puisque  le  Maréchal  n'en  parle  pas  :  on  entendit  le  bruit  du 
canon  à  Naumburg  depuis  une  heure  de  l'après-midi.  (Rapport  du  M*'  Davout.) 
U  rapport  parvint  à  l'Empereur  pendant  qu'il  était  en  route  de  Kustiitz  pour 


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584  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Après  nous  avoir  tiré  quelques  coups  de  canon,  il  s'est  retiré 
surWeimar;  je  n*ai  pas  pu  le  poursuivre  la  nuit,  le  pays 
étant  abominable.  J'ai  placé  la  division  Suchet  à  une  lieue 
en  avant  sur  la  route  de  Weimar  ;  celle  du  général  Gazan 
reste  en  position  en  arrière  de  la  ville. 

D'après  les  renseignements  donnés  par  les  habitants,  le 
Roi  était  encore  avant-hier  à  Erfurt  :  je  ne  sais  s'il  veut  noiis 
livrer  bataille  au  lieu  de  se  retirer;  il  y  a  un  camp  d'environ 
20,000  à  25,000  hommes  entre  léna  et  Weimar.  Je  vais 
pousser  des  reconnaissances  pour  savoir  au  juste  où  l'ennemi 
se  trouve.  Je  désirerais  savoir  si  l'intention  de  V.  M.  est  que 
je  marche  avec  mon  corps  d'armée  sur  Weimar.  Je  n'ose 
prendre  sur  moi  d'ordonner  ce  mouvement  par  la  crainte  que 
j'ai  que  V.  M.  ne  veuille  me  donner  une  autre  direction\  11 
paraît  que  le  plus  grand  désordre  règne  dans  l'armée  enne- 
mie. Ils  ont  laissé  ici  quelques  caissons  et  une  pièce  de  ca- 
non. J*ai  poussé  un  fort  détachement  sur  la  route  de  Naurn- 
burg  pour  chercher  à  communiquer  avec  le  corps  du  maréchal 
Davout. 

Je  prie  V.  M.  de  me  faire  connaître  le  plus  tôt  possible  ses 
intentions. 

P. -S.  —  J'apprends  à  Tinstant  même  que  l'ennemi  a  un 


lùna.  L*onicier  qui,  à  son  départ,  avait  pu  entendre  le  début  do  l'engagement, 
l'annonça  on  remettant  sa  dûpôclie.  L'Empereur  8*arrdta  sur  le  chomio,  dès 
qu'il  entendit  distinctement  la  fusillade.  Il  était  alors  8  heures  de  Taprès- 
inidi,  et  l'on  se  trouvait  à  une  lieuo  et  demie  d'Iéua.  Voir  plus  loin  h  dé- 
pêche du  major  général  au  maréchal  Davout,  s  heures  dii  soir. 

1.  C'est  un  principe  général  à  la  guerre  que  le  commandant  d'une  arant- 
liçarde  ne  peut  devancer  les  instructions  du  Commandant  do  l'armée.  Dans  des 
ciiconstancos  imprévues,  il  doit  prendre  des  ordres  avant  d'enfourner  l'armée 
sur  une  direction  sans  connaître  la  volonté  du  Commandant  en  chef,  tout  mou- 
vement inconsidéré  pouvant  avoir  les  conséquences  les  plus  funestes  et  com- 
promettre les  opérations  générales. 

Le  maréchal  Lanncs  était  à  lo  lioues  de  Géra  ;  il  devait  rester  9  beures 
avant  de  recevoir  les  nouvelles  instructions  do  l'Empereur. 

Le  commandant  d'un  corps  d'avant-garde  ou  d'un  corps  d'aile  doit  être  qd 
homme  d'un  grand  jugement  et  d'une  grande  prudence,  qualité  qui  n'exclut 
pas  la  vigueug.  Le  Commandant  de  l'armée  choisira  avec  soin  ceux  de  ses 
lieutenants  qu'il  mettra  en  tôle  de  ses  colonnes.  Le  maréchal  Lannes  semble 
dans  cette  circonstance  avoir  rempli  les  intentions  de  l'Empereur  et  a^oir 
justifié  la  contlauce  que  son  chef  avait  dans  sos  talents. 


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13  ocTOBiŒ.  585 

camp  de  30,000  hommes  à  une  lieue  d'ici  sur  la  route  de 
Weimar  :  il  serait  très  possible  qu'il  voulût  nous  livrer  ba- 
taille. 

LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  LEFEBVRE. 

Au  bivouac  à  une  lieue  et  demie  d*Iéna,  13  octobre  1806, 
s  heures  du  soir*. 

Il  paraît,  M.  le  Maréchal,  que  Tennemi  attaque  Tarmée  ce 
soir,  ou  sûrement  demain  matin  *.  Dans  ce  moment  ses 
avant-postes  fusillent.  L'Empereur  vous  ordonne  d'avancer 
le  plus  tôt  possible  5  faites  passer  le  même  avis  au  maréchal 
Soult  qui  vous  suit.  Qu'un  aide  de  camp  crève  un  cheval 
s'il  le  faut. 


LE  MAJOR  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  SOULT. 

Au  bivouac  à  une  lieue  et  demie  d'Iéna,  3  heures  du  soir. 

L'Empereur  vous  fait  dire,  M.  le  Maréchal,  que  l'ennemi 
marche  en  force  sur  léna,  on  croit  même  qu'il  a  envie  d'at- 
taquer ce  soir  :  hâtez  votre  marche  sur  léna. 

LE   MAJOR  GÉNÉRAL   AU  MARÉCHAL  NET, 
A   MŒRSDORF. 

Au  bivouac  en  avant  d*Iéna,  19  octobre  18O6. 

L'ennemi  est  avec  40,000  hommes  entre  Weimar  et  léna  ; 
poussez  avec  tout  votre  corps  d'armée  aussi  loin  que  vous 
pourrez  sur  léna,  afin  d'être  demain  de  bonne  heure  à  léna. 
Réunissez  toute  votre  cavalerie  légère,  et  rendez  aux  régi- 


1.  L'Empereur  était  à  Kôstrilz  à  il  heures  et  demie  ;  de  là  pour  arriver 
jusqu'à  une  lieue  et  demie  d'Iéna  il  y  a  27  kilomètres.  Il  est  Irôs-vraisem- 
blable  qu*à  S  heures  de  Taprés-midi  TEmpereur  était  encore  à  6  kilomètres 
fi'léna.  Le  rapport  du  5<^  corps  porte  que  TEmpereur  arriva  vers  4  heures  du 
soir.  Or  du  point  où  les  ordres  furent  expédiés  jusqu'à  la  hauteur  en  avant 
dléoa,  il  y  a  8  kilomètres  et  demi  environ. 

s.  Ce  fut  seulement  le  13  à  8  heures  du  soir  que  l'Empereur  fut  fixé  et 
<lu'il  pensa  que  la  bataille  aurait  lieu  le  lendemain  14. 


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586  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ments  toutes  les  ordonnances.  Dirigez  tout  cela  en  arrière, 
avec  votre  cavalerie  légère,  aux  portes  d*Iéna.  Tâchez  d'êtrt» 
de  votre  personne  ce  soir  à  léna,  pour  être  à  la  reconnais- 
sance que  TEmpereur  fera  ce  soir  sur  Tennemi. 

Cette  dépêche  qui  est  insérée  dans  le  13*  volume  de  la  Correspou- 
dance  de  l'Empereur,  ne  figure  pas  sur  le  registre  du  major  gé- 
néral. 


LE  MAJOB  GÉNÉRAL  AU  MARÉCHAL  DAVOUT. 

Au  bivouac  à  une  lieue  et  demie  dléna,  is  octobre  180€, 
3  heures  du  soir. 

L'Empereur,  M.  le  Maréchal,  apprend  à  une  lieue  dléna 
que  Tennemi  est  en  présence  du  maréchal  Lannes  avec  prè> 
de  50,000  hommes.  Le  Maréchal  croit  même  qu'il  sera  atta- 
qué ce  fioir  :  si  vous  entendez  une  attaque  ce  soir  sur  léna^ 
vous  devez  manœuvrer  sur  Tennemi  et  déborder  sa  gauche. 
S'il  n'y  a  pas  d'attaque  ce  soir  à  léna,  vous  recevrez  cette 
nuit  les  dispositions  de  l'Empereur  pour  la  journée  de 
demain. 

Même  ordre  au  maréchal  Bernadette. 

On  sent  aux  ordres  donnés  depuis  9  heures  du  matin  l'activité  de 
la  pensée  de  TËmpereur.  Il  se  passe  dans  sa  tête  un  travail  d'accé- 
lération qui  augmente  au  fur  et  à  mesure  qu'il  reçoit  de  nouTcaus 
renseignements,  qu'il  approche  de  Tavant-garde,  qu'il  entend  le 
bruit  du  combat.  Il  voudrait  déjà  voir  son  armée  réunie.  Il  doit 
compter  avec  les  forces  humaines,  mais  qu'elles  produisent  tout  co 
qu'elles  peuvent  donner  !  Il  n'est  plus  question  de  ne  pas  fatiguer 
les  troupes  ;  il  faut  arriver  sur  le  champ  de  bataille.  «  ....  Ici  tout 
«  est  calcul  d'heures...  »  —  «...  Dans  cette  circonstance  impor- 
«  tante,  faites  sentir  à  mes  troupes  ce  qu'il  faut  qu'elles  fassent.... 
«  Activité,  activité,  vitesse  !  Je  me  recommande  à  vous.  >  L'Empe- 
reur au  maréchal  Masséna,  18  et  19  a\Til  1809. 

Le  13,  au  point  du  jour,  le  5'  corps  prend  les  armes  et 
marche  à  l'ennemi.  Celui-ci  s'était  retiré  sur  son  armée  par 
léna.  Nous  le  suivons  avec  la  prudence  que  le  cas  exige  et 


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13    OCTOBRE.  587 

qui  était  d'autant  plus  nécessaire  qu'une  brume  des  plus 
épaisses  dérobait  tous  les  objets^  que  les  défilés  dans  lesquels 
nous  étions  engagés  offraient  des  dangers  si  Tennemi  mar- 
chait à  nous.  Le  corps  d'armée  continua  donc  sa  marche  avec 
précaution  et  se  porta  derrière  léna  par  la  route  de  Weimar 
en  éclairant  celles  de  Naumburg  et  de  Kônigsee.  Les  tirail- 
leurs ennemis  sont  culbutés  à  l'entrée  de  léna  par  les  tirail- 
leurs du  17*  et  poursuivis  dans  les  rues  et  les  jardins  ;  30, 
dont  4  oflSciers,  sont  pris.  Le  Maréchal  fit  prendre  position  à 
lavant-garde  sur  une  hauteur  qui  domine  la  vallée  à  la  gau- 
che de  la  route  de  Weimar,  tandis  que  le  général  Suchet, 
après  avoir  ordonné  des  reconnaissances  sur  les  hauteurs 
escarpées  de  la  droite,  rangeait  la  division  dans  la  vallée  en 
colonne  par  brigades.  La  cavalerie  pousse  des  partis  vers 
rennemi,  et  le  général  Gazan  couvre  en  même  temps  les 
montagnes  de  gauche  par  ses  troupes.  Bientôt  une  fusillade 
se  fait  entendre  à  droite  ;  c'étaient'  les  éclaireurs  du  général 
Suchet  qui  étaient  attaqués  '.  On  les  fait  à  Tinstant  soutenir 
par  le  bataillon  du  40'  conduit  par  le  général  Reille.  Le  Ma- 
réchal le  suit  pour  savoir  ce  que  signifie  cette  fusillade  *.  Le 
brouillard  commençait  à  se  dissiper  ;  la  journée  était  belle 
et  nous  pûmes  voir  très-distinctement  l'armée  prussienne 
rangée  en  bataille  sur  trois  lignes  dont  l'étendue  était  de 
plusieurs  lieues.  Elle  occupait  sans  intervalle  toutes  ces  hau- 
teurs en  amphithéâtre  qui  sont  entre  léna  et  Weimar  depuis 
le  village  de  Gross-Schwabhausen  où  sa  droite  était  appuyée 
jusqu'aux  sources  de  l'Ilm  à  la  hauteur  du  village  de  Ca- 
pellendorf  où  était  sa  gauche  ^  Le  village  de  Cospeda  était 


1.  Il  convient  plutôt  de  dire  que  les  éclaireurs  du  5«  corps  se  heurtèrent 
aux  tirailleurs  de  Tarriôre-garde  de  Tauenzien,  bataillon  saxon  ;  que  le  com- 
bat s'engagea  et  que  les  Saxons  durent  céder  les  pentes  très-raides  et  assez 
couTcrtes  de  la  montagne.  Le  combat  s*arrôta  en  face  de  Lutzenrode  et  do 
Closwitz  occupés  par  le  corps  de  Tauenzien. 

s.  Le  commandant  d*un  corps  d'armée  tète  de  colonne  se  tient  à  son  avant- 
garde  pour  diriger  rengagement.  Il  ne  peut  contier  ce  soin  à  personne.  Lui 
seul  connaît  les  intentions  du  Commandant  en  chef,  la  position  respective 
des  différents  corps  de  Tarmée,  le  secours  quMl  peut  attendre  de  chacun  d'eux, 
le  moment  où  Tannée  pourra  être  réunie  pour  livrer  bataille. 

3.  C'étaient  le  corps  du  prince  de  Uohenlohe  et  Tarmée  saxonne.  Seulement 


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588  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 

fortement  gardé  et  couvrait  en  quelque  sorte  le  centre  de 
cette  année. 

S.  M.  l'Empereur  arriva  vers  4  heures  après-midi  sur  la 
hauteur  d'où  nous  observions  les  ennemis  ;  il  les  observa 
lui-même  pendant  le  reste  du  jour  et  fit  ordonner  que  le 
5*  corps  d'armée  ainsi  que  la  Garde  impériale  qui  venait  d'ar- 
river, montassent  avec  toute  leur  artillerie  sur  le  plateau  isoL' 
et  fort  étroit  sur  lequel  on  devait  se  former  pour  exécuter  les 
desseins  de  S.  M.  \  Les  troupes  firent  leur  mouvement  pen- 
dant la  nuit  et  furent  rangées  successivement  en  plusieurs 
lignes  à  portée  du  canon  de  l'année  ennemie  '  pour  attendre 
le  moment  qui  allait  décider  du  sort  de  la  Prusse.  S.  M.  bi- 
vouaqua au  milieu  de  ses  soldats.  Cette  circonstance  leur 
rappela  la  veille  de  la  mémorable  bataille  d'Ulm.  Ils  se  pro- 
mirent bien  d'en  célébrer  l'anniversaire.  On  va  voir  s'ils  ont 
tenu  parole. 

L'Empereur  dormit  très-peu.  Le  grand  événement  qu'il 
préparait  pouvait  l'occuper,  mais  il  était  difficile  de  s'en  aper- 
cevoir. S.  M.  n'a  jamais  paru  plus  calme  ni  plus  satisfaite. 
Elle  a  visité  elle-même  plusieurs  fois  les  avant-postes.  {Jour- 
nal des  opérations  du  5*  corps,) 

L'artillerie  a  employé  toute  la  nuit  à  rendre  praticable  la 
rampe  étroite  et  raide  qui  conduit  sur  le  plateau.  S.  M.  a 


l'arniùe  oniicmic  faisait  face  au  sud-ouest,  ce  dont  oo  ne  se  rendait  pas  compte 
du  puinl  d'observation.  Une  autre  ligne  ennemie  s'étendait  de  Closwilz  dans 
la  dircclion  de  Gross-Gcliwahliausen  ;  c'était  le  corps  du  général  TauenzieD, 
battu  à  Schleiz  le  9,  el  poussé  le  12  par  le  maréchal  I^annes.  Ce  général,  qui 
tenait  encore  léna  le  12,  avait  reçu  du  prince  de  Uohenlohe,  dans  la  nuit  du 
12  au  13,  Tordre  de  se  replier  sur  la  ligne  Lûlzenrode-Closwitz  dans  le  cas  ou 
il  serait  serré  de  trop  près  par  les  Français. 

Celte  disposition  des  troupes  ennemies  explique  l'expression  d"  5*  Bu  >- 
lin  :  «...  L'armée  ennemie  déployait  son  front  sur  6  lieues  d'étendue  oi 
paraissait  proie  à  attaquer  le  lendemain  et  à  forcer  les  divers  débouchés  ue 
la  Saale.  ...  m 

1.  L'Empereur  s'avança  ensuite  sur  le  plateau,  mît  pied  à  terre  et  s'appro- 
clia  seul  dos  postes  ennemis  jusqu'à  ce  qu'on  lui  ait  tiré  quelques  coups  de 
fusil.  Il  revint  presser  la  marche  de  ses  colonnes,  mena  lui-môme  les  géné- 
raux à  la  position  qu'il  voulait  qu'ils  occupassent  pendant  la  nuit  et  leur  re- 
commanda de  ne  la  prendre  que  lorsqu'ils  ne  pourraient  plus  être  aperçus  de 
la  ligue  ennemie.  (Mémoires  du  général  Savary.) 

2.  Le  plateau,  dit  le  général  Savary,  n'était  pas  à  plus  de  «50  toises  de  la 
position  qu'occupait  la  gauche  dos  Prussieus. 


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13   OCTOBRE.  589 

daigné  pendant  la  nuit  venir  encourager  le  travail  par  sa 
présence.  Deux  fois  il  a  paru  dans  le  camp  5  à  une  heure  du 
matin  je  Tai  accompagné  sur  la  ligne  des  postes,  et  les  dispo- 
sitions ont  été  faites  pour  le  lendemain.  Dès  la  veille  au  soir 
l'Empereur  a  établi  son  bivouac  sur  les  hauteurs  dléna.  Les 
grenadiers  du  40"  s^empressèrent  de  lui  dresser  un  abri  en 
paille  et  furent  honorés  d'être  chargés  de  la  garde  de  son 
auguste  personne.  (Rapport  du  général  Suchet.) 

«  L'Empereur,  dit  le  général  Savary,  fit  souper  avec  lui  tous  les 

<  généraux  qui  étaient  là.  Avant  de  se  reposer,  il  descendît  à  pied 
«  la  montagne  d'Iéna,   pour  s'assurer  qu'aucune  voiture  de  muni- 

<  tions  n'était  restée  en  route  ;  c'est  là  qu'il  trouva  toute  l'artillerie 

<  du  maréchal  Lannes  engagée  dans  une  ravine  que  l'obscurité  lui 

<  avait  fait  prendre  pour  un  chemin  et  qui  était  tellement  resserrée 

<  que  les  fusées  des  essieux  portaient  des  deux  côtés  sur  le  rocher, 
c  Dans  cette  position  elle  ne  pouvait  ni  avancer  ni  reculer,  parce 

<  qu'il  y  avait  200  voitures  à  la  suite  l'une  de  l'autre  dans  ce  défilé. 
«  Cette  artillerie  était  celle  qui  devait  servir  la  première  ;  celle  des 

<  autres  corps  était  derrière  elle. 

«  L'Empereur  entra  dans  une  colère  qui  se  fit  remarquer  par  un 

<  silence  froid.  Il  demanda  beaucoup  le  général  commandant  l'artil- 

<  lerie  de  l'armée,  qu'il  fut  fort  étonné  de  ne  pas  trouver  là;  et,  sans 
«  se  répandre  en  reproches,  il  fit  lui-même  l'officier  d'artillerie,  réunit 
«  les  canonniers,  et  après  leur  avoir  fait  prendre  les  outils  du  parc  et 
'  allumer  des  falote?,  il  en  tint  un  lui-même  à  la  main,  dont  il  éclaira 
«  les  canonniers  qui  travaillaient  sous  sa  direction  à  élargir  la  ravine 

<  jusqu'à  ce  que  les  fusées  des  essieux  ne  portassent  plus  sur  le  roc. 
«  J'ai  toujours  présent  devant  les  yeux  ce  qui  se  passait  sur  la  figure 

<  de  ces  canonniers  en  voyant  l'Empereur  éclairer  lui-même,  un  falot 

<  à  la  main,  les  coups  redoublés  dont  ils  frappaient  le  rocher.  Tous 

<  étaient  épuisés  de  fatigue,  et  pas  un   ne  proféra  une  plainte,  sen« 

<  tant  bien  l'importance  du  service  qu'ils  rendaient,  et  ne  se  gênant 
«  pas  pour  témoigner  leur  surprise  de  ce  qu'il  fallait  que  ce  fût 
«  l'Empereur  lui-même  qui  donnât  cet  exemple  à  ses  officiers.  L'Em- 

<  pereur  ne  se  retira  que  lorsque  là  première  voiture  fut  passée,  ce 

<  qui  n'eut  lieu  que  fort  avant  dans  la  nuit.  Il  revint  ensuite  à  son 
«  bivouac,  d'où  il  envoya  encore  quelques  ordres  avant  de  prendre 
*  du  repos.  » 


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590  CAMPAGNE    DE    PRU8SE. 


LE    MARÉCHAL    AUGEBEAU    AU    GÉNÉRAL    HEUDELBT. 


Kalila,  is  octobre  1806. 

Vous  voudrez  bien  donner  vos  ordres  pour  rassembler  le  plus  pos- 
sible votre  division  en  masse  et  vous  rapprocher  ce  matin  même  le 
plus  que  vous  pourrez  de  la  petite  ville  de  Kahla,  afin  qu'au  premier 
mouvement  qui  se  fera  vous  ne  vous  sépariez  plus  de  la  1'*  division 
et  que  vous  puissiez  vous  mettre  en  ligne  si  le  cas  l'exigeait.  Youfl 
laisserez  le  parc  d'artillerie  derrière  vous. 

Mon  aide  de  camp  Massj  m'a  dit  que  dans  les  cantonnements  qne 
vous  occupez  on  pouvait  avoir  des  subsistances.  Faites  confectionner 
le  plus  de  pain  possible,  pour  faire  des  distributions  ai]gourd'hTii  bî 
la  troupe  en  a  besoin.  On  y  travaille  également  ici. 


LE  MARÉCHAL  AUGEREAU  AU  MARÉCHAL  LAKNES, 
A  lÉNA. 

Kahla,  13  octobre  1806. 

Il  est  une  heure,  mon  cher  Maréchal,  et  je  reçois  votre 
lettre.  Je  vais  faire  passer  quelques  troupes  légères  par  la 
vallée  de  Kahla  se  dirigeant  sur  Weimar.  J'ai  déjà  dans 
cette  partie  un  fort  détachement. 

J'entends  la  canonnade  ;  je  suppose  que  c'est  votre  corps 
d'armée  qui  pousse  une  reconnaissance  sur  Weimar.  Si  vous 
avez  besoin  de  renfort,  faites-le-moi  savoir,  aussitôt  je  me 
mettrai  en  marche. 

L'Empereur  ne  m'a  donné  d'autres  ordres  que  de  me  ren- 
dre à  Kahla.  Dès  mon  arrivée  j'ai  annoncé  à  S.  M.  que  j'étais 
ici.  L'aide  de  camp  que  j'ai  envoyé,  doit  m'apporter  ses  or- 
dres ultérieurs  et  je  les  recevrai  bientôt. 

Tenez-moi  au  courant  de  vos  opérations  et  comptez  sur 
mon  exactitude  à  vous  faire  connaître  tous  mes  mouve- 
ments. 

A  4  heures  du  soir,  le  7*  corps  s'est  mis  en  marche  pour  se 


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'-*r^' 


13    OCTOBRE.  591 

porter  par  échelons  sur  léna.  Il  a  pris  position  en  arrière  de 
cette  ville  *.  {Journal  des  opérations  du  7*  corps.) 

CAMILLE  DUVIVIBR,  AIDE  DE  CAMP  DU  GÉNÉRAL  HEUDBLET, 
AU  GÉNÉRAL  BEUDELET,  A  KAHLA. 

Magdala,  13  octobre  1806,  il  heures  du  soir. 

Je  n'ai  pu  partir  avec  mon  détachement  qu'après  3  heures,  aussi- 
tôt qu'il  a  pu  être  réuni.  Le  détachement  marchait  fort  bien.  J'avais 
mis  un  guide  à  la  tête  du  détachement  pour  le  conduire  à  Tromlitz. 
J'étais  passé  devant  avec  une  escorte  pour  prendre  des  informations 
et  pouvoir  reconnaître  une  position  en  avant  de  ce  village.  Je  pré- 
cédais de  500  toises.  Tout  allait  bien.  La  position  était  bonne.  J'a- 
vais des  vivres  pour  faire  rafraîchir.  Un  baron  m'avait  donné  des 
renseignements  qui  me  sont  confirmés.  Je  ne  voulais  rester  à  Trom- 
litz que  2  heures  ;  mais  malheureusement  le  guide  n'a  point  conduit 
le  détachement  à  Tromlitz,  mais  ici  une  petite  lieue  plus  loin  et  à 
2  lieues  de  Weimar  :  ne  voyant  point  arriver  le  détachement  je  l'ai 
fait  chercher;  au  bout  d'une  demi -heure  j'ai  entendu  quelques 
coups  de  fusil.  Je  m'y  suis  porté  bien  vite  ;  l'avant-garde  des  volti- 
geurs a  rencontré  quelques  patrouilles  ennemies  4'iufanterie  et  de 
cavalerie,  j'ai  fait  sur-le-champ  fouiller  le  village  de  Tromlitz.  Il  y 
a  eu  de  la  confusion  que  j'ai  arrêtée  ;  tous  les  environs  sont  éclairés  ; 
je  suis  enfin  établi  et  pris  position.  Les  voltigeurs  en  avant  du  vil- 
lage, un  fort  détachement  dans  le  village  et  le  gros  en  arrière  dé- 
fendu sur  son  front  par  des  haies,  la  gauche  appuyée  à  un  ruisseau, 
la  droite  couverte  par  une  grand'garde  et  plusieurs  petits  postes. 
Le  détachement  de  Darmstadt  en  deuxième  ligne.  Voici  le  résultat 
de  mes  informations.  L'ennemi  a  un  camp  très-considérable  à  Hohl- 
stUdt  à  2  lieues  de  Weimar  sur  la  route  de  léna.  Le  roi  de  Prusse 
est  à  Weimar  ou  au  camp.  J'ai  entendu  une  canonnade  ce  soir  entre 


1.  <  ....  Ce  jour-là,  dil  dans  ses  Souvenirs  le  fourrier  Parquin,  du  20«  de 
chasseurs,  nous  bivouaquâmes  dans  les  champs,  près  d'un  village  où  était  logé 
l'ûtat-major  du  Maréchal  et  la  division  De^ardins,  qui  devait  occuper  et  oc- 
cupa un  défilé  important  par  lequel  le  corps  d*armée  devait  passer  le  lende- 
main pour  se  porter  sur  le  champ  de  bataille  d*Iéna. 

<  A  cause  de  la  proximité  du  village,  nous  eûmes  do  la  viande  de  mouton  et 
d'oie,  car  la  Saxe  en  fournit  ou  abondance.  Le  champ  sur  lequel  nous  avions 
élabli  notre  bivouac  était  un  champ  de  pommes  de  terre,  de  manière  que 
nous  n'avions  qu'à  nous  baisser  pour  en  prendre,  ce  que  nous  fîmes  avec  nos 
baïonnettes,  armes  nouvelles  que  Ton  avoit  distribuées  à  notre  régiment,  et 
qui  ne  nous  servirent  qu'à  cela.  Nous  les  laissâmes  eu  effet  sur  le  terrain.  On 
De  manqua  de  nous  les  faire  payer  7  fr.  50  c.  à  la  fin  de  la  campagne,  mais 
Q0U8  nous  étions  débarrassés  d'une  arme  gênante  qui  ne  nous  était  d'aucun 
secours » 


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592  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Weimar  et  léna.  Le  Maréchal  ne  peut  pas  être  près  de  Weimar.  Je 
n^ai  pu  rien  découvrir  de  ce  corps.  Je  crois  ne  devoir  pas  avancer 
davantage.  Je  ferai  beaucoup  de  feu  cette  nuit  selon  mes  instrac- 
tions,  mais  on  me  dit  qu*ils  ne  seront  pas  en  vue  du  camp  ennemi, 
mais  bien  de  ses  avant-postes. 

Notre  fusillade  de  ce  soir  et  nos  feux  rempliront  le  but  de  mes 
instructions. 

Je  serai  toute  la  nuit  prêt  à  me  défendre.  Demain  de  grand  matin 
je  ferai  une  grande  reconnaissance  en  avant  et  serai  prêt  à  profiter 
de  l'attaque  du  maréchal  Lannes. 

J'ai  un  prisonnier  hussard  prussien  non  monté. 

Veuillez  bien  me  faire  parvenir  des  ordres.  Demain  à  midi  si  je 
n'en  reçois  point  je  me  replierai  sur  Kahla.  Si  vous  marchiez  sur 
léna,  je  pourrais  m'y  rendre  d'ici. 

Les  Prussiens  ont  enlevé  tous  les  chevaux  ;  il  est  impossible  d'en 
trouver.  Demain  je  ne  négligerai  point  cet  objet. 

Je  vous  écrirai  à  4  heures  du  matin. 

LE  MARÉCHAL  DAVOUT  AU  MAJOR  OENéRAL. 

î^aumburg.  is  octobre  18O6. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  A.  que  dès  hierraa 
cavalerie  légère  poussa  des  reconnaissances  sur  léna;  après 
avoir  passé  le  pont,  elles  rencontrèrent  Tennemi  à  peu  de 
distance  sur  la  rive  gauche  de  la  Saale.  La  division  de  dra- 
gons aux  ordres  du  général  Sahuc  poussa  également  des  par- 
tis sur  ce  point  et  rencontra  aussi  Tennemi. 

La  première  de  ces  reconnaissances  a  eu  lieu  hier  à  6  heu- 
res du  soir  ;  la  seconde  à  9  heures  du  soir  :  aujourd'hui  une 
nouvelle  reconnaissance  faite  à  10  heures  du  matin,  prouve- 
rait que  l'ennemi  occupe  toujours  léna  et  qu'il  rallie  ses  for- 
ces à  Eckartsberg.  Je  vous  envoie  la  copie  de  cette  reconnais- 
sance ;  les  rapports  la  confinnent.  On  a  entendu  le  canon  hier 
soir  depuis  4  heures  jusqu'à  5  heures  et  demie  ;  aujourd'hui 
on  l'entend;  il  va  assez  fort  sur  notre  gauche  depuis  une 
heure  après-midi  :  il  y  a  de  la  fusillade. 

J'envoie  des  partis  sur  Eckartsberg  par  Freyburg  que 
j'occupe  en  force  et  par  Kosen. 

Toute  l'armée  est  à  Naumburg.  La  division  de  d^lgon^ 
occupe  Pforta  et  Flemmingen. 


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13    OCTOBRE.  593 


LB   CHEF    d'escadron    LIVBBMONT    AU    OéNÉRAL    VIALLANNES. 

Âbtlôbnitz,  13  octobre  1806. 

D'après  vos  ordres,  je  me  suis  transporté  au  pont  de  Domburg  : 
après  avoir  placé  la  moitié  de  ma  troupe  en  deçà  du  pont,  je  me  suis 
porté  aar  léna.  J'ai  rencontré  l'ennemi  à  une  demi- lieue  du  pont, 
près  d'un  village  nommé  Porstendorf  où  il  y  avait  un  régiment  de 
hussards  de  Pastran,  saxons,  et  un  régiment  d'infanterie  avec  des 
pièces.  Comme  je  n'ai  pu  aller  à  léna,  ayant  seulement  l'ordre  de 
inlnformer  si  le  corps  d'armée  de  M.  le  maréchal  Lannes  était  à 
cette  dernière  ville,  j'ai  appris  le  contraire  :  l'armée  prussienne  a  son 
^nd  camp  à  Eckartsberg  et  Weimar  à  3  lieues  sur  la  droite  de 
léna.  J'ai  publié  par  tous  les  endroits  où  j'ai  passé  l'arrivée  de 
50,000  hommes  et  fait  commander  les  vivres'.  Je  n'ai  point  eu 


I.  Dans  rapré9-midi  du  i$,  le  prince  Hohenlobe  quitta  le  camp  de  Capellen- 
ilorT  avec  un  dëtacberaent  de  5,000  hommes  environ  sous  les  ordres  du  géné- 
ral Holtzendorf,  pour  faire  une  reconnaissance  sur  Dornburg.  i  Après  qu'on 
'  fut  arrivé  sur  les  hauteurs  de  Zimmern,  on  fit  balte  et  Ton  envoya  quelques 
hussards  à  Dornburg  pour  faire  apporter  à  nos  troupes  les  vivres  qui  avaient 
été  préparés  pour  Tennemi.  Les  hussards  amenèrent  bientôt  non  seulement 
les  vivres  demandés,  mais  encore  un  ofllcier  français  qui  se  qualifiait  de 
parlementaire,  mais  qu'on  avait  traité  comme  prisonnier  parce  qu'il  n'était 
»  point  accompagné  d'un  trompette.   Cette  circonstance  le  rendait  sans  con- 
'  tredit  suspect,  et  le  Prince  crut  d'abord  que  cette  prétendue  mission  n'était 
qu'une  ruse  pour  avoir  un  moyen  convenable  de  s'approcher  de  l'armée 
'  prussienne.  Toutefois  un  examen  plus  approfondi  fit  connaître  que  cet  offl- 
'  cier  avait  manqué  le  maréchal  Lannes  qui  devait  lui  donner  un  trompette  : 
il  se  dit  chambellan  de  l'Empereur  et  capitaine  officier  d'ordonnance  per- 
■  manent.  Il  avait  été  envoyé  par  TEmpereur,  de  Géra,  avec  des  lettres  pour 

<  le  Roi,  et  se  nommait  M.  de  Montesquieu.  Sur  cela  le  Prince  lui  fit  rendre 
son  sabre,  sa  montre  et  sa  bourse,  en  dédommageant  le  hussard  qui  avait 
pris  le  tout.  Il  avait  s  lettres  sur  lui  >  une  pour  le  Roi,  une  pour  le  ministre 

'  comte  de  Haugwitz,  et  une  troisième  pour  le  chef  de  l'état-major  de  l'armée. 

Le  prince  de  Hohenlobe  ouvrit  celle-ci  qui  ne  roulait  que  sur  la  manière 

dont  on  proposait  de  traiter  réciproquement  les  malades,  les  blessés  et  les 
'  prisonniers,  et  contenait  à  cet  égard  des  propositions  dictées  par  Thumanité. 
'  La  lettre  à  M.  de  Haugwitz  n'était  qu'uue  lettre  de  condoléance  sur  la  mort 

du  prince  Louis  et  une  réponse  à  la  demande  qui  avait  été  faite  de  rendre 
-  son  corps.  On  n'a  pas  su  quel  était  le  contenu  de  la  troisième  lettre,  dont 

le  porteur  assura  qu'il  n'avait  aucune  connaissance. 

1  Cet  examen  et  l'envoi  des  vivres  venus  de  Dornburg  prirent  beaucoup  de 

<  temps.  On  se  contenta  ensuite  de  placer  les  troupes  du  détachement  de 

<  Holtzendorf  dans  les  villages  aux  environs  de  Domburg,  et  le  Prince  retourna 

<  avec  M.  de  Montesquieu  au  camp,  ou  plutôt  à  Gapellendorf,  où  il  n'arriva 
'  qu'après  10  heures.  Quoique  cet  officier  priât  instamment  qu'on  l'envoyât 
*  le  plus  tôt  possible  auprès  du  Roi,  le  prince  de  Hohenlobe  trouva  plus  con- 
venable de  ne  le  laisser  partir  que  le  lendemain  matin.  »  (Traduction  d'un 

''(émoire  prussien  qui  existe  aiix  Archives  historiques  de  la  guerre.) 

CAMP.   OB  PEU88B.  38 


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594  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

dans  ma  découverte  de  courrier  à  sui'prendre  ni  n'ai  trouvé  de  bu- 
reau de  postes.  J'ai  quitté  le  pont,  malgré  Tordre  que  vous  m'en 
avez  donné,  me  rappelant  que  vous  me  dites  verbalement  de  garder 
ce  pont,  au  cas  que  je  ne  rencontre  pas  l'ennemi  et  que  je  rencontre 
le  corps  d'armée  de  M.  le  maréchal  Lannes. 

Comme  le  temps  était  fort  épais  par  le  brouillard,  j'ai  cru  de  la 
prudence  de  ne  point,  avec  une  troupe  fatiguée  et  peu  nombreose, 
engager  une  affaire  contre  trois  fois  plus  de  monde  que  j'en  avais. 

J'ai  rafraîchi  ma  troupe  à  AbtlSbnits,  d'où  je  vous  écris  ce  rap* 
port  assez  barbouillé,  n'ajant  pu  trouver  qu'une  pauvre  baraque  et 
un  mauvais  bout  de  plume. 

J'oubliais  de  vous  dire  que  je  n'ai  point  vu  une  seule  barque. 

Il  ne  m'a  pas  été  possible  d'obtenir  d'autres  éclaircissements  sur 
la  position  du  corps  de  M.  le  maréchal  Lannes.  Je  marche  snrXaain- 
burg  où  j'attendrai  vos  ordres. 

LE   MARÉCHAL   DAVOUT   AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 
Kaumburg,  13  octobre  1806,  soir. 

Ce  soir,  une  heure  avant  la  nuit,  l'ennemi  a  repoussé  vi- 
goureusement une  reconnaissance  du  1*'  régiment  de  chas- 
seurs qui  s'était  avancée  à  une  lieue  et  demie  en  avant  de 
Kôsen  sur  la  grande  route  d'Erfurt. 

L'ennemi  a  des  vedettes  dans  la  plaine  à  une  demi-lieue 
de  Kôsen  ;  m'étant  trouvé  sur  ce  point  dans  ce  moment,  j'ai 
fait  porter  un  bataillon  d'infanterie  sur  ce  point  pour  être 
maître  de  la  tête  de  ce  débouché. 

Toutes  mes  dispositions  sont  prises  en  cas  d'événement. 

Des  détachements  des  3  régiments  de  chasseurs  poussèrent, 
le  13,  des  reconnaissances  sur  Freyburg.  Le  1*'  régiment 
prit  position  en  arrière  de  cette  ville;  le  2*  et  le  12*  restèrent 
sous  Naumburg  ;  ces  3  régiments  étaient  au  bivouac  la  bride 
au  bras. 

M.  le  Maréchal  avait  reconnu  la  position  du  château  de 
Freyburg  qui  défendait  le  pont  de  l'Unstrut  sur  la  route  de 
Weimar  à  Halle  ;  il  fit  occuper  ce  château  par  un  détache- 
ment du  13'  léger,  avec  ordre  de  brûler  le  pont  si  l'ennemi 
«'y  présentait.  Le  reste  du  régiment  prit  poste  sur  la  rive 
gauche  de  la  Saale  pour  garder  le  pont  sur  la  route  de  Frey- 


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13    OCTOBRE.  595 

biirg  et  de  Merseburg.  Les  autres  régiments  de  la  division 
bivouaquèrent  le  long  de  la  route  entre  Naumburg  et  le  pont 
(le  Freyburg. 

La  2^  division  arrivée  de  bonne  heure  dans  la  matinée  à 
la  hauteur  de  Naumburg,  occupa  la  place  que  venait  de 
quitter  la  1'*  division  en  arrière  et  à  un  quart  de  lieue  de 
cette  ville. 

La  3*  division  continua  sa  marche  à  4  heures  du  matin 
dans  la  même  direction  et  arriva  de  très-bonne  heure  à  la 
hauteur  de  New-Flemmingen,  où  elle  passa  le  reste  de  la 
journée. 

M.  le  Maréchal,  vers  les  4  heures  du  soir,  s'avança  sur  la 
route  de  Naumburg  à  Weimar  par  Apolda  ;  il  alla  jusque 
sur  les  hauteurs  qui  bordent  la  rive  gauche  de  la  Saale  au 
delà  de  KOsen.  Là  il  rencontra  un  parti  de  30  chevaux  du 
1''  de  chasseurs  qui  était  ramené  par  plusieurs  escadrons 
prussiens.  Après  les  avoir  ralliés,  il  vit  établir  une  ligne  de 
30  à  40  vedettes  à  un  demi-quart  de  lieue  de  lui.  Par  ce 
mouvement  des  Prussiens,  il  était  aisé  de  juger  qu'un  grand 
corps  de  troupes  se  portait  ou  sur  Freyburg  ou  sur  Kôsen  ; 
dans  tous  les  cas  il  était  important  de  s'assurer  du  défilé  de 
Kôsen. 

En  conséquence  il  donna  ordre  à  2  compagnies  de  volti- 
geurs du  25*  de  ligne  de  se  porter  en  avant  du  pont  de  cette 
ville.  L  envoya  ensuite  le  2*  bataillon  du  même  régiment 
commandé  par  le  chef  de  bataillon  Saint-Faust  pour  garder 
ce  pont  avec  ordre  s'il  était  attaqué  de  tenir  ferme  jusqu'à 
ce  qu'on  vienne  à  son  secours. 

Aucun  mouvement  de  part  et  d'autre  n'eut  lieu  à  Frey- 
burg dans  la  journée...  (Journal  des  opérations  du  3*  corps 
d'armée.) 

LE  GRAND-DUC  DE  BERG  A  L'eMPEREUR. 

Zeitz,  18  octobre  1806,  A  heures  du  matin. 

J'ai  l'honneur  d'adresser  à  V.  M.  les  rapports  que  je  reçois 
'à  Tinstant  du  général  Lasalle;  ils  confirment  de  plus  en  plus 


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596  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

que  rennemi  se  trouve  sur  Erfurt  et  Weimar  et  vers  la  Thu- 
ringe.  Je  n'ai  pas  encore  le  rapport  du  parti  qui  s'est  porté 
sur  Pegau  et  Leipzig. 

Je  vais  attendre  à  Zeitz  les  ordres  de  V.  M.  afin  de  pou- 
voir plus  tôt  les  faire  exécuter  ;  ne  recevant  rien  et  crai- 
gnant qu'il  arrive  quelque  chose  de  nouveau,  je  me  rends  à 
Teuchem,  où  je  trouverai  de  nouveaux  renseignements,  et 
si  à  8  heures  je  n'ai  point  reçu  les  ordres  de  V.  M.,  je  me 
porterai,  conformément  aux  instructions  contenues  dans  là 
dépêche  du  major  général,  sur  Naumburg  et  je  ferai  occuper 
par  le  général  Milhaud  Weissenfels,  qui  couvrira  la  route 
de  Leipzig.  Le  prince  de  Ponte- Corvo  se  portera  aussi  sur 
Naumburg.  Je  ferai  connaître  à  V.  M.  les  dispositions  ulté- 
rieures que  je  ferai  à  mon  arrivée  à  Naumburg. 

Le  bruit  courait  hier  à  Leipzig  que  le  prince  de  Wurtem- 
berg se  portait  à  marches  forcées  sur  Leipzig,  qu'on  y  atten- 
dait hier  soir  ou  aujourd'hui  la  tête  de  sa  colonne  que  l'on 
dit  forte  de  25,000  hommes  ;  on  disait  en  même  temps  à 
Weissenfels  qu'un  corps  de  troupes  se  portait  de  Magdeburg 
sur  Halle  et  Weissenfels. 


LE    GBAND-DUC   DE   BERG  A  L  ElfPEBEUR. 

Teuchern,  13  octobre  1806,  8  heures  du  matia. 

Je  m'empresse  d'adresser  à  V.  M.  le  maître  de  poste  de 
Weissenfels.  C'est  un  homme  qui  paraît  bien  connaître  la 
force  et  la  position  de  l'ennemi  et  très-disposé  à  dire  tout  ce 
qu'il  sait. 

L'armée  de  réserve  du  prince  Eugène  de  Wurtemberg  est 
décidément  en  marche,  la  tête  de  son  avant-garde  devait 
être  hier  entre  Dessau  et  Halle  et  se  dirigeait  sur  la  grande 
armée  à  Erfurt,  mais  l'occupation  de  Weissenfels  et  Naum- 
burg doit  changer  nécessairement  sa  direction  et  la  forcer  à 
marcher  par  Querfurt,  Nebra  et  Allstâdt  ;  encore  est-il  fnrt 
douteux  qu'il  soit  assez  hardi  pour  prendre  ce  parti,  surtout 


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13    OCTOBRE.  597 

s'il  connaît  Tocciipation  de  Naumburg.  Le  même  maître  de 
poste  assure  que  ce  même  général  a  dû  détacher  6,000  hom- 
mes sur  Leipzig  ;  on  a  entendu  hier  toute  la  journée  une 
forte  canonnade  du  côté  d'Erfurt,  et  Ton  présume  que  les 
Prussiens  ont  été  repousses  parce  que  le  feu  semblait  se  rap- 
procher de  Naumburg  et  de  Weissenfels.  Si  je  ne  craignais 
pas  de  m'éloigner  trop  de  la  Grande  Armée  et  vous  priver 
de  notre  corps  pour  une  grande  bataille,  je  n'hésiterais 
pas  de  marcher  contre  ce  Prince.  Au  reste,  de  Naumburg 
je  serai  toujours  à  même  de  Texécuter  si  cela  convient  à 
V.  M. 

Je  ferai  occuper  Freyburg  et  garder  la  tête  de  pont  ;  il  est 
8  heures,  je  n'ai  encore  reçu  aucun  ordre  de  V.  M.  Je  joins 
à  ma  letti-e  d'autres  rapports  de  Pegau  avec  le  paquet  de 
lettres  trouvé  à  Weissenfels  et  dans  cette  ville.  Les  chasseurs 
du  13*  que  j'avais  envoyés  à  Naumburg,  y  sont  rentrés  à 
10  heures  du  soir,  c'est-à-dire  en  même  temps  que  les  hus- 
sards du  général  Lasalle  à  Pegau  et  Weissenfels. 

Quatre  courriers,  dont  deux  de  Berlin,  un  de  Vienne  et 
l'autre  de  Dresde,  étaient  passés  hier  à  Weissenfels  depuis 
3  heures  jusqu'à  7  heures  se  rendant  à  Weimar  au  quartier 
général  du  Roi  ;  il  était  passé  autant  d'estafettes  dans  la 
journée  ;  il  est  malheureux  que  nos  hussards  n'aient  pu 
arriver  quelques  heures  plus  tôt.  J'espère  qu'il  en  aura  été 
pris  quelques-uns  sur  la  route  de  Leipzig. 

LE    QéNÉRAL    BELLIARD    AIT    OÉNÉBAL    LASALLE. 

Teucliern,  i3  octobre  1806. 

Partez  sur-le-champ  avec  votre  troupe  pour  Weissenfels.  Etablis- 
^z-vous  militairement  ;  poussez  une  reconnaissance  sur  Merseburg  ; 
mais  l'officier  qui  la  commandera  devra  marcher  avec  beaucoup  de 
précaution.  Vous  ordonnerez  au  détachement  que  vous  avez  à  Leip- 
zig de  rentrer  sur  la  route  de  cette  dernière  ville  à  Weissenfels  ; 
adressez-moi  vos  rapports  et  les  renseignements  que  vous  pourrez 
avoir,  à  Naumburg. 


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598  GAItfPAGNE    DE    PRUSSE. 


LE    GÂNÉBAL    LA8ALLB    AU    OBAND-DUC    DE    BEBG. 

MôlsoD,  18  octobre  180€. 

J'ai  rhonneur  d'envoyer  à  S.  A.  I.  Tavant-garde  de  ce  qu'a  pris 
le  chef  d*e8cadron  Mathis,  du  7*  de  hussards,  aux  portes  de  Leipzig. 
Ce  détachement  est  composé  de  la  garde  de  la  porte,  de  plusieurs 
officiers  et  de  quelques  bagages. 

LE  OiNlBAL  LAS  AL  LE  AU  QBAND-DUC  DE  BEBO. 

Môlsen,  13  octobre  i80<. 

Le  chef  d'escadron  Maignet,  blessé  hier  dans  Tattaque  du  convoi 
qu'il  a  pris  à  Weissenfels,  se  rend  au  quartier  général  de  V.  Â., 
pour  7  faire  la  remise  des  7  fourgons  et  150  chevaux  environ  qu'il 
a  pris  et  qui  n'ont  pu  me  rejoindre  que  ce  matin.  Vu  la  distance 
d'ici  à  Leipzig  et  de  cette  ville  à  Pegau,  j'ai  renvoyé  mon  aide  de 
camp  avec  25  chevaux  frais  à  Pegau. 

Je  recommande  à  V.  A.  le  brave  chef  d'escadron  Maignet  qui. 
déjà  blessé  deux  fois  en  Italie,  n*en  est  que  plus  courageux,  mais  re 
trouve  à  plaindre,  dit-il,  d'être  déjà  blessé  dès  le  commencement  de 
la  campagne  *  ;  il  mérite  la  croix  d'officier  de  la  Légion. 

Permettez-moi  à  cette  occasion  de  vous  rappeler  que  le  5*  régi- 
ment de  hussards  manque  de  dix  officiers  aux  escadrons  de  guerre  et 
qu'il  n'y  en  a  point  au  dépôt.  Il  est  instant  de  les  remplacer. 

Les  équipages  pris  appartiennent  à  l'artillerie  et  aux  pontonnieis. 
et  les  chevaux  haut-le-pied  allaient  en  toute  hâte  rechercher  dee 
pièces  pour  remplacer  celles  des  trois  batteries  enlevées  par  M.  !« 
maréchal  Lannes  ;  jamais  déroute  semblable  n'eut  lieu  après  an  e«al 
combat.  On  dit  que  les  Prussiens  n'ont  que  40,000  hommes  en  cam- 
pagne et  les  Saxons  15,000,  et  toute  l'armée  est  déjà  en  désordre- 

LE    OÉNÉBAL    LABALLB    AU    OBAND-DUC    DE    BEBO. 

Môlsen,  18  octobre  ISOA,  il  heures  et  demie  dumatio. 

Des  marchands  portant  du  vin  et  revenant  de  Magdeburg  assurent 
qu'il  s'y  rassemble  80,000  hommes  et  qu'on  y  attend  encore  de? 
forces  qui  doivent  s'y  rendre  de  Silésie.  H  n'y  a  point  de  camp  » 
Halle,  et  de  Magdeburg  ici,  ma  brigade  est  la  première  troupe  quiij 
aient  rencontrée. 


1.  Le  commandant  Maignet  fut  employé  au  dëpAt  de  cavalerie  de  Poisd&m. 


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13    OCTOBRE.  599 

Je  reçois  à  Tinstant  Tordre  de  me  rendre  à  Weissenfels  ;  il  est 
11  heures  et  demie  et  je  pars. 


LE  GÉNÉRAL  BBLLIASD  AU  GÉNÉRAL  LA8ALLE. 

Sur  les  hauteurs  de  Naumburg,  18  octobre  1806. 

L'armée  a  séjour,  mon  cher  Général;  gardez  la  position  que  vous 
uccTipez.  Je  vous  envoie  des  proclamations.  Répandez-les  dans  le 
pays  Saxon  ;  faites-les  afficher,  s'il  est  possible,  par  un  parti  dans  la 
ville  de  Leipzig,  et  même  à  Merseburg  si  vous  le  pouvez.  Le  Prince 
vous  autorise  à  pousser  une  reconnaissance  sur  Halle,  si  vous  croyez 
qu'elle  puisse  être  faite.  D'après  les  rapports  que  le  Prince  a  reçus, 
il  paraît  que  le  prince  de  Wurtemberg,  commandant  la  réserve, 
marche  sur  Halle  pour  se  joindre  à  l'armée.  Prenez  tous  les  rensei- 
guemcnts  possibles  sur  la  marche  et  la  force  de  cette  réserve  et  sur 
ses  intentions.  Tâchez  de  faire  reconnaître  Mûcheln.  Envoyez  le  plus 
tôt  possible  les  rapports  que  vous  avez  de  Leipzig,  et  adressez-moi, 
mon  cher  Général,  tous  les  renseignements  que  vous  pourrez  obtenir. 
Donnez  l'ordre  qu'on  arrête  tous  les  courriers  et  toutes  les  estafettes. 
Le  général  Milhaud  est  à  Schônburg,  sur  la  route  de  Weissenfels.  Le 
général  Beaumont  occupe  PlennschUtz,  Pohlitz  et  Piotha  où  est  son 
quartier  général  et  où  se  trouve  le  27*  léger.  Les  deux  généraux  de 
cavalerie  ont  ordre  de  se  lier  avec  vous.  Le  quartier  général  est  à 
Xaumburg. 

LB  GÉNÉRAL  BELLIARD  AU  GÉNÉRAL  HILUAUD. 

Sur  les  hauteurs  de  Naumburg,  is  octobre  1806. 

Etablissez -vous,  mon  cher  Général,  à  Schônburg  avec  votre  régi- 
ment. Liez -vous  avec  Lasalle  sur  Weissenfels  et  avec  Beaumont  sur 
Plotba  et  PlennschUtz.  Répandez  dans  le  pays  saxon  les  proclama- 
tions que  je  vous  adresse  et  envoyez  à  l'état-major  3  sous-officiers 
d'ordonnance  à  Naumburg  où  est  le  quartier  général. 


LB  GÉNÉRAL  BELLIARD  AU  GÉNÉRAL  BBAUMONT. 

Sur  les  hauteurs  de  Naumburg,  13  octobre  1806. 

Vous  vous  établirez  de  votre  personne  au  village  de  Piotha,  avec 
une  de  vos  brigades,  une  autre  brigade  sera  établie  à  PlennschUtz  et 
la  troisième  à  Pohlitz.  La  brigade  établie  à  PlennschUtz  se  liera  par 
ses  postes  avec  la  brigade  Lasalle  établie  à  Weissenfels  et  observera 
les  routes  de  Leipzig  ;  les  deux  autres  brigades  se  lieront  avec  l'in- 
fanterie et  avec  les  troupes  de  Naumburg  où  sera  le  quartier  du 


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600  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Prince.  Envoyez  aussitôt  votre  établissement  chercher  de  Tavoine  à 
la  ville  avec  des  voitures,  et  envoyez  aussi  2  sous-officiers  pour  rece- 
voir les  ordres  qu'on  aura  à  vous  envoyer. 

LE    CAPITAINE    PIRE    AU    GÉNÉRAL    BBLLIARD. 

Wcissenfels,  is  octobre  1806. 

J'ai  Thonneur  de  vous  rendre  compte  que,  conformément  à  vos 
ordres,  je  me  suis  séparé  hier  soir  du  chef  d'escadron  Biathis  et  qu  - 
je  me  suis  porté  sur  Leipzig,  avec  les  50  hommes  sous  mon  conimau- 
dement.  Les  renseignements  que  j'ai  pris  en  route  m'ont  appris  d'une 
manière  certaine  que  le  bataillon  saxon  de  garnison  en  cette  ville  en 
était  parti  à  3  heures  pour  Dresde,  et  qu'il  n'y  avait  plus  dans  la 
place  qu'une  cinquantaine  de  grenadiers  de  garde  aux  équipages 
échappés  de  la  déroute  de  Géra,  20  hussards  et  30  dragons.  En  con- 
séquence, à  2  heures  du  matin,  je  me  fis  ouvrir  la  barrière  avauctV 
du  faubourg  et  me  portai  rapidement  sur  la  grand'garde.  Au  moment 
où  la  sentinelle  criait  Qui  vive  !  le  maréchal-des-logis  Dam  da 
5*  de  hussards  se  précipita  sur  elle,  la  désarma  et  ensuite  se  jeta  cor 
les  grenadiers  ;  il  les  força  à  coups  de  sabre  à  nous  rendre  les  armi-s. 
MM.  le  capitaine  Therond,  aide  de  camp,  Quack,  lieutenant  da 
5*  de  hussards,  et  Curély,  du  7*,  m'ont  n^udu  les  plus  grands  ser- 
vices pour  l'activité  et  le  zèle  qu'ils  ont  mis  pour  me  seconder  dans 
cette  afifaire,  et  à  réunir  les  60  priaonnieis  et  les  8  officiers  que  j'ai 
envoyés  au  quartier  général. 

J'ai  trouvé  le  corps  municipal  fort  bien  disposé  pour  le  bien  du 
service  de  S.  M.  La  ville  offre  de  grands  secours  de  tout  genre:  il 
n'y  a  qu'un  seul  magasin  àfourrages,  de  peu  de  conséquence,  appar- 
tenant aux  Saxons  :  aucun  détachement  prussien  n'avait  traversé  U 
ville  depuis  plus  de  16  jours  ;  on  n'y  supposait  pas  l'armée  prn>- 
sienne  très  considérable  et  l'opinion  paraissait  fixée  sur  sa  destination 
prochaine. 

A  3  heures  du  matin,  je  suis  parti  emmenant  nos  prisonniers,  une 
trentaine  de  voitures  et  80  chevaux.  Je  n'ai  pu  m'emparer  des  lettre?, 
ayant  bravé  de  très-fortes  oppositions  ;  j'ose  vous  prier,  mon  Géu»*- 
rai,  de  vous  intéresser  au  brave  maréchal-des-logis  Dam,  du  5*  d<* 
hussards,  qui  a  en  outre  toujours  tenu  une  conduite  distinguée  dau:» 
son  corps. 

LE    CHEF  d'eSCADBON  MÉDA,  DU  7®  DE  HUSSARDS,  AU  GÉNÉRAL  LA8AUE. 

Divouac  de  Camburg,  15  octobre,  S  heures  du  matin. 

Mon  Général,  conformément  à  vos  ordres,  je  suis  arrivé  avec  me? 
100  chevaux  devant  Leipzig  le  13  à  2  heures  du  jour;  les  préeaa* 


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13    OCTOBRE.  601 

tions  que  j'ai  dû  prendre  dans  ma  marche  m'ont  retardé  ;  j'ai  pris 
dans  un  bois  aux  portes  de  la  ville  quelques  prisonniers  ;  mes  petites 
découvertes  rentrées,  j'ai  traversé  la  ville  en  grand  ordre,  au  milieu 
d'une  population  avide  de  voir  des  Français  ;  j'ai  poussé  une  demi- 
lieue  sur  la  route  de  Dresde.  J'ai  rafraîchi  et  suis  revenu  sur  ma 
route  du  matin  en  passant  sur  le  flanc  de  la  ville.  Mon  arrivée  dans 
cette  ville  a  fait  grande  sensation,  parce  que  quelques  patrouilles 
françaises  s'étaient  présentées  dans  la  nuit  aux  portes  de  la  ville  et 
avaient  pénétré  dedans.  J'ai  annoncé  l'armée  et  fait  faire  un  grand 
logement. 

Le  magistrat  et  les  négociants  français  à  la  foire  de  Leipzig  m'ont 
demandé  protection  ;  j'ai  fait  part  à  l'un  et  aux  autres  de  la  procla- 
mation de  S.  M. 

J'ai  laissé  mon  nom  et  celui  des  détachements  des  corps  sous  mes 
ordres  au  magistrat,  et  n'ai  requis  que  des  bonnes  cartes  ;  on  n'a  pu 
m'en  donner  qu'une  seule  de  peu  de  valeur. 

J'ai  marché  jour  et  nuit,  mes  chevaux  sont  harassés,  et  j'aurais 
rejoint  la  brigade  hier  14,  si  de  faux  renseignements  ne  m'avaient 
fait  prendre  la  route  de  Weimar,  à  la  suite  du  3*  corps,  commandé 
par  M.  le  maréchal  Davout. 

Les  bourgeois  de  Leipzig  sont  sages,  mais  la  population  est  un 
peu  insolente. 

P.- S,  —  Il  n'y  avait  absolument  rien  dans  les  bureaux  de  postes 
et  n'ai  pu  trouver  aucune  estafette.  La  terreur  est  à  Leipzig  ainsi 
qu'à  Dresde,  la  grande  foire  est  perdue,  on  n'y  fait  aucune  affaire. 
Le  commerce  se  plaint  beaucoup. 


L£  GRAND-DUC  DE  BERG  A  L  EMPEREUR. 

Naumburg,  13  octobre  1806,  4  heures  après-midi. 

Les  hussards  du  7'  et  du  5'  régiments  sont  entrés  ce  matin 
dans  Leipzig;  ils  ont  fait  prisonnière  la  garde  de  la  porte.  Le 
général  Lasalle  me  mande  qu'il  m'envoie  Tavant-garde  de 
ce  qui  a  été  pris  aux  portes,  ce  sont  des  officiers,  la  garde  de 
la  porte  et  quelques  bagages.  Je  n'ai  pas  encore  le  rapport 
de  la  reconnaissance  de  Merseburg,  mais  des  rouliers  venant 
de  Magdeburg  assurent  n'avoir  pas  rencontré  depuis  cette 
ville  d'autres  troupes  que  celles  de  V.  M.,  mais  qu'il  se  ras- 
semble sur  ce  point  une  armée  de  80,000  hommes.  Le  gé- 
néral Lasalle  y  enverra  un  parti  dans  la  nuit  ;  c'est  encore 


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602  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

une  autre  grande  communication  qu'il  serait  peut-être  es- 
sentiel de  couper  à  Tennemi. 

J'ai  reçu  Tordre  du  major  général  de  faire  séjourner  le^ 
troupes  aujourd'hui  ;  mais  déjà  nous  étions  en  marche,  et 
j'ai  cru  ne  pas  devoir  rétrograder  ;  par  la  position  que  nous 
occupons,  nous  pouvons  faire  tous  les  mouvements  qu'il 
plaira  à  V.  M.  d'ordonner  -,  la  brigade  Lasalle  à  Weissenfels 
communiquant  avec  le  parti  qui  est  sur  Leipzig,  Merseburg, 
Halle  et  Miicheln  ;  le  général  Milhaud  à  Schënburg  se  liant 
au  général  Lasalle  et  à  Naumburg;  le  général  Beaumont 
avec  sa  division  et  le  27*  d'infanterie  légère  soutenant  la 
cavalerie  légère  ;  le  coi^ps  du  prince  de  Ponte-Corvo  sur  les 
hauteurs  derrière  Naumburg,  se  liant  avec  la  cavalerie.  Il 
m'a  paru  que  le  maréchal  Davout  était  à  la  gauche  de  la 
ville,  éclairant  les  routes  de  Merseburg  et  de  Weimar. 

La  proclamation  de  V.  M.  sera  affichée  à  Leipzig,  Halle, 
et  dans  tous  les  environs.  Le  parti  qui  était  entré  hier  à 
Weissenfels  a  pris  150  chevaux  ;  j'ordonne  que  ceux  propre;» 
au  service  de  la  cavalerie  soient  envoyés  aux  dragons  et  je 
fais  remettre  les  autres  à  l'artillerie. 

Le  maréchal  Davout  a  pris  les  40  pontons  que  j'avais  an- 
noncé à  V.  M.  être  partis  hier  soir  de  Weissenfels.  Nous  ve- 
nons d'entendre  quelques  coups  de  canon  ;  c'est  sans  doute 
le  maréchal  Lannes. 

Le  maréchal  Davout  n'a  pas  encore  reçu  le  rapport  de  la 
reconnaissance  envoyée  sur  Weimar. 

On  dit  que  l'ennemi  est  en  pleine  retraite  sur  Magdeburg. 
Le  bruit  court  généralement  à  Leipzig  que  V.  M.  a  complt- 
tement  battu  les  Prussiens,  que  la  mort  du  prince  Ferdinand 
a  jeté  la  consternation  et  le  découragement  dans  Parmée 
ennemie,  et  que  vous  avez  fait  Mack  le  roi  de  Prusse  à  Er- 
furt,  que  l'on  a  pris  tous  les  parcs  d'artillerie,  les  pontons 
et  les  bagages  de  l'armée. 

Il  est  4  heures  ;  j'allais  envoyer  mon  rapport  à  V.  JI.. 
lorsque  je  reçois  à  la  fois  2  de  ses  dépêches*.  Je  m'estime 


1.  Du  13  à  7  heures  et  à  9  heures  du  matin. 


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13    OCTOBRE.  603 

heureux  de  m'être  rapproché  de  Naumburg,  Quoiqu'il  soit 
déjà  fort  tard,  je  vais  me  porter  sur  Dornburg  et  je  serai 
demain  matin  en  mesure  d'exécuter  les  ordres  que  V.  M. 
daignera  me  faire  donner.  Je  me  rendrai  de  ma  personne 
dans  la  nuit  à  léna.  Je  saurai  vraisemblablement  avant  de- 
main matin  s'il  est  vrai  que  le  corps  du  prince  de  Wurtem- 
berg marche  réellement  sur  Halle. 

LE    oéNéBAL    BELLIABD    AUX    GÉnAbAUZ    BEAUMONT,    LA8ALLE 
ET    MILHAT70. 

Naumburg,  IS  octobre  1806. 

Conformément  aux  nouvelles  dispositions  ordonnées  par  S.  A.  I. 
le  Grand-duc  de  Berg,  vous  partirez  avec  votre  division  pour  vous 
rendre  à  Naumburg  où  vous  recevrez  de  nouveaux  ordres.  Arrivez 
avant  les  troupes  pour  pouvoir  recevoir  les  dispositions  particulières 
de  S.  A. 

LE  OÉNÉBAL  BELLIABD  AU  OÉNiRAL  BEAUMONT. 

Naumburg,  18  octobre  1806. 

Partez  de  suite  avec  votre  division  pour  vous  porter  à  Camburg  ; 
vous  vous  établirez  militairement  et  vous  attendrez  de  nouveaux 
ordres.  Venez  à  l'avance  à  Naumburg,  où  vous  recevrez  les  instruc- 
tions du  Prince. 

LB    GÉiréBAL    BELLIABD    AU    OÉNÉBAL    LA8ALLE. 

Naumburg,  18  octobre  1806. 

D'après  les  nouvelles  dispositions  continuez  votre  mouvement,  et 
partez  de  suite  pour  Kaumburg  où  vous  recevrez  de  nouveaux  ordres. 
En  y  arrivant,  vous  établirez  votre  brigade  en  arrière  de  la  ville  pour 
y  faire  rafraîchir  vos  chevaux.  Vous  prendrez  des  magasins  de  la 
ville  l'avoine,  le  fourrage  et  le  foin,  et  là  je  vous  ferai  connaître  la 
nouvelle  intention  de  S.  A. 

LE  OéNÉBAL  L.  BEBTHIEB  AU  OÉNÉBAL  DUPONT. 

Meineweh,  13  octobre  1806. 

Votre  division  étant  arrivée  très-tard  hier,  et  des  soldats  étant 
encore  en  arrière  en  ce  moment,  l'intention  du  Prince  est  que  vou.s 


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604  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

VOUS  mettiez  eu  marche  avec  votre  division  à  10  heures  du  matin  ; 
vous  suivrez  la  division  du  général  Drouet  sur  Naumburg  où  voui 
reprendrez  ce  soir  votre  ordre  de  bataille. 

LE  MARÉCHAL  BERNADOTTE  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Meineweh,  13  octobre  1806,  7  heures  du  matin. 

Je  VOUS  ai  prévenu  hier  soir  de  mon  arrivée  à  Meineweh. 
Les  reconnaissances  que  j'ai  envoyées  hier  soir  sur  Naum- 
burg sont  entrées  dans  cette  ville  en  même,  temps  qu'un  dé- 
tachement de  chasseurs  du  corps  de  M.  le  maréchal  Davout. 
Tous  les  rapports  qui  me  parviennent  me  confirment  que 
Tennemi  est  toujours  à  Erfurt.  Je  pars  avec  mes  troupes  pour 
me  rendre  à  Naumburg.  Le  Grand-duc  m'écrit  qu'il  s'y  rend 
de  son  côté. 

LE   MARÉCHAL   BERNADOTTE   AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Naumburg,  13  octobre  1806,  6  heures  du  soir. 

L'officier  que  vous  aviez  chargé,  M.  le  Duc,  de  porter  au 
maréchal  Davout  la  lettre  qui  devait  être  communiquée  au 
grand-duc  de  Berg  et  à  moi  *,  vient  de  me  la  faire  voir;  j'en 
ai  pris  copie;  déjà  j'avais  vu  le  Grand-duc  et  nous  étiouB 
convenus  de  partir  de  suite  pour  nous  porter  sur  Camburg  et 
sur  Domburg.  Malgré  l'extrême  lassitude  des  troupes  et 
quoiqu'elles  n'aient  pas  mangé  la  soupe,  je  me  mets  en  mar- 
che dans  une  demi-heure  et  je  serai  rendu  avant  minuit  à 
Camburg  ;  je  ferai  reposer  un  peu  les  troupes,  et  demain  ma- 
tin avant  le  jour  je  serai  à  Domburg  et  prêt  à  me  porter  sur 
Weimar  ou  partout  ailleurs.  Ma  cavalerie  sera  dans  la  nuit 
à  Dornburg.  Le  roi  de  Prusse  était  encore  avant-hier  au  soir 
à  8  heures  à  Weimar  avec  la  Reine.  La  Reine  est  partie;  on 
croit  qu'elle  s'est  dirigée  sur  Magdeburg.  Il  y  avait  hier 
dans  les  environs  de  Weimar  de  50,000  à  60,000  hommes 


1.  Cette  dépêche  n'est  pas  enregistrée  sur  le  registre  du  major  génénl; 
elle  a  dû  être  écrite  soit  du  bivouac  de  Kôslritz,  il  heures  et  demie  du  ma- 
tin, soit  plutôt  pendant  la  marche  do  Rustrîtz  à  léna,  peut-être  a  la  croisoe 
du  chemin  de  Mittel  à  Naumburg,  suivi  par  le  8«  corps  le  12. 


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13    OCTOBRE.  605 

de  troupes.  Le  mouvement  de  l'armée  semblait  annoncer 
une  retraite  sur  Magdeburg.  Tout  le  corps  du  général  Ruchel 
est  arrivé  à  Eisenach  pour  appuyer  celui  du  Roi. 

P.-S.  —  Le  prince  de  Wurtemberg  rassemble  un  coi-ps 
d'armée  d'environ  15,000  hommes  dans  les  environs  de  Halle 
et  en  arrière.  Nous  avons  pris  à  Zeitz  3,000  sacs  de  farine. 

LE  OiNERAL  L.  BEBTHIER  AU  QÉVtRAL    DUPONT. 

Naumburg,  18  octobre  1806. 

Je  voua  préviens,  Général,  que  l'ennemi  faisant  sa  retraite  sur 
Magdeburg,  les  ordres  de  S.  M.  sont  qu'on  le  poursuive.  En  consé- 
quence veuillez  donner  vos  ordres  pour  que  votre  division  prenne  les 
armes  à  l'instant  même  et  suive  le  mouvement  du  général  Rîvaud 
qai  se  rend  cette  nuit  à  Camburg  à  moitié  chemin  d'ici  à  léna,  où 
vous  prendrez  position  en  arrière  des  autres  divisions  et  où  vous 
recevrez  de  nouveaux  ordres. 

Veuillez,  Général,  prendre  un  guide  en  passant  à  Naumburg  afin 
de  ne  pas  faire  plus  de  chemin  qu'il  ne  faut. 

Je  donne  des  ordres  pour  qu'il  vous  soit  fourni  deux  ordonnances 
du  2*  de  hussards  pour  le  service  de  votre  division. 

LE  MARÉCHAL  BERNADOTTE  AU  MAJOR  GENERAL. 

Naumburg,  13  octobre  1806,  8  heures  du  soir. 
Le  maréchal  Davout  me  communique  à  l'instant,  M.  le 
Duc,  votre  lettre  d'aujourd'hui  *  apportée  par  M.  Périgord, 
votre  aide  de  camp;  d'après  son  contenu,  j'ai  cru  devoir  ar- 
rêter le  mouvement  dont  je  vous  ai  rendu  compte  dans  ma 
lettre  de  ce  soir  datée  de  6  heures,  puisque  vous  n'ordonnez 
au  maréchal  Davout  de  manœuvrer  sur  la  gauche  de  l'en- 
nemi que  dans  l'hypothèse  où  M.  le  maréchal  Lannes  aurait 
été  attaqué  ce  soir  du  côté  d'Iéna,  et  que  vous  ajoutez  que, 
l'attaque  n'ayant  pas  lieu,  il  recevra  les  dispositions  de  l'Em- 
pereur pour  la  journée  de  demain.  Comme  je  pense  que  ces 


1.  Dupôche  de  8  heures  du  soir,  au  bivouac  à  une  lieue  et  demie  d*Iéna. 


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606  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

dispositions  seront  générales,  j'arrête  mes  troupes  oii  elles  se 
trouvent  et  j'attends  de  nouveaux  ordres. 

Je  suis  encore  avec  tout  mon  corps  dans  les  environs  de 
Naumburg.  Je  suis  prêt  à  exécuter  les  mouvements  que 
l'Empereur  ordonnera. 


4*  Corps.  ORDRE. 

Géra,  18  octobre  1806. 

S.  M.  l'Empereur  et  Roi  accorde  aujourd'hui  séjour  à  son 
armée  ;  les  chefs  de  corps  en  profiteront  pour  faire  remettre 
en  état  les  armes  de  la  troupe  et  pour  rallier  tous  les  traî- 
neurs  qui  seraient  restés  en  arrière.  Dans  l'artillerie  et  la 
cavalerie  on  s'occupera  aussi  du  ferrage  des  chevaux  et  de 
faire  remettre  en  état  les  parties  du  harnachement  qui  au- 
raient souffert.  Le  général  commandant  l'artillerie  donnera 
des  ordres  pour  que  les  voitures  qui  ont  souffert  pendant  la 
route  soient  réparées. 

L'ordonnateur  fera  toutes  les  réquisitions  nécessaires  dans 
les  arrondissements  de  Ronneburg,  SchmôUen  et  Altenburg, 
afin  de  procurer  pour  deux  jours  de  pain  au  corps  d'armée, 
et  il  les  fera  réunir  à  Ronneburg  où  la  distribution  sera  faite. 
A  cet  effet  le  général  commandant  de  la  cavalerie  sera  pré- 
venu des  lieux  où  les  réquisitions  auront  été  frappées  afin 
([u'il  en  protège  l'exécution.  Aussitôt  que  le  pain  sera  réuni 
à  Ronneburg  et  que  la  répartition  en  sera  faite,  les  chefs  de 
corps  enverront  leurs  caissons. 

MM.  les  généraux  voudront  bien  passer  la  revue  des  équi- 
pages que  les  régiments  ont  à  leur  suite  afin  de  réformer  les 
voitures  de  transport  qui  leur  paraîtraient  inutiles.  Cette  dis- 
position doit  être  exécutée  avec  beaucoup  de  rigueur  afin  de 
diminuer  les  obstacles  et  embarras  qui  pendant  la  marche 
nuisent  aux  mouvements  des  colonnes.  La  proclamation  de 
l'Empereur  aux  habitants  de  la  Saxe  sera  répandue  dans 
l'arrondissement  occupé  par  le  corps  d'armée. 

M*>   SOULT. 


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13  OCTOBRE.  607 

LE  MARÉCHAL   SOULT   AU   GÉNÉKAL   SAINT-HILAIRE.     . 

Géra,  13  octobre  1806. 

Au  reçu  de  cet  ordre  vous  ferez  rassembler  la  division  que 
vous  commandez  et  la  mettrez  immédiatement  en  marche 
1  our  la  diriger  sur  léna. 

Je  vous  préviens  que  Tinfanterie  de  la  Garde  impériale  et 
les  dragons  à  pied  doivent  marcher  avant  votre  division. 
Ainsi  vous  laisserez  passer  ces  troupes  et  ferez  ensuite  mar- 
cher celles  que  vous  commandez,  dans  le  plus  grand  ordre 
it  très-serrées  :  je  vous  joindrai  pendant  la  marche  et  vous 
donnerai  de  nouveaux  ordres.  Je  désire  que  vous  renvoyiez 
à  leur  régiment  toutes  les  ordonnances  que  vous  avez  à  votre 
quartier  général.  Les  circonstances  exigent  queje  retire  pro- 
visoirement toutes  celles  qui  sont  prèades  généraux. 

LE  MARÉCHAL  SOULT  AU  GÉNÉRAL  MARGARON. 

Au  reçu  de  cet  ordre  vous  ferez  monter  à  cheval  les  3.  ré- 
^raents  de  cavalerie  et  Tartillerie  de  la  division  que  vous 
commandez,  et  vous  vous  mettrez  immédiatement  en  mar- 
che pour  diriger  la  division  sur  léna  en  passant  par  Géra. 

Je  serai  à  la  tête  de  la  division  du  général  Saint-Hilaire, 
qui  prend  la  même  direction,  où  vous  me  rendrez  compte  de 
votre  mouvement,  et  je  vous  donnerai  de  nouveaux  ordres; 
faites  rentrer  tous  les  détachements  que  les  régiments  ont 
fournis,  et  donnez-leur  ordre  de  suivre.  Vous  ferez  aussi  ren- 
trer tous  les  détachements  qui  sont  près  des  généraux  des 
divisions  d'infanterie.  Il  n'y  aura  à  Tavenir  d'ordonnances 
de  cavalerie  qu'à  mon  quartier  général,  à  moins  d'un  nouvel 
ordre. 

LE   MARÉCHAL    SOULT   AU   GÉNÉRAL   LARIBOISIERE. 

Donnez  ordre  au  parc  d'artillerie  de  se  diriger  sur  Roda, 
«ù  il  recevra  de  nouveaux  ordres.  Je  désire  qu'il  lui  soit  pos- 
«libledese  rendre  à  Roda  directement,  mais  si  les  cliemins 


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608  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

étaient  trop  mauvais,  il  viendrait  prendre  derrière  Géra  la 
route  qui  y  conduit. 

Si  Roda  n'était  pas  sur  la  route  de  Géra  à  léna,  le  chef  de 
bataillon  Caban  arrêtera  le  parc  à  hauteur  de  Roda,  afin 
qu'il  ne  sorte  pas  de  la  route. 

4*  Corps.  ORDRE. 

Géra,  13  octobre  i804ï. 

Les  généraux  Levai  et  Legrand  sont  prévenus  qu'une  par- 
tie du  corps  d'armée  se  met  en  marche  pour  se  diriger  sur 
léna  où  moi-même  je  vais  me  rendre  ;  ils  auront  ordre  de 
tenir  leurs  divisions  prêtes  à  marcher  à  toute  heure  de  la  nuit 
que  l'ordre  leur  parviendra.  Il  est  vraisemblable  que  vers 
une  heure  ou  2  du  matin  elles  devront  se  mettre  en  mouve- 
ment. MM.  les  généraux  Levai  et  Legrand  auront  en  même 
temps  ordre  d'envoyer  de  suite  aux  régiments  toutes  les  or- 
donnances qui  sont  employées  dans  les  états-majors  ou  près 
des  généraux  de  division.  Lorsque  les  circonstances  le  per- 
mettront, il  leur  en  sera  donné  de  nouvelles. 

Le  quartier  général  restera  à  Géra.  L'ordonnateur  prc»fi- 
tera  de  la  journée  pour  réunir  le  plus  de  pain  possible  et  le 
donner  de  suite  aux  divisions*. 

M*»   SODLT. 

...  Le  13,  S.  A.  le  prince  ministre  de  la  guerre  prévint 
que  l'intention  de  S.  M.  était  que  les  troupes  prissent  séjour; 


1.  LB    OÉNKKAL    COMPJiHS    ▲    l'oBDOHNATBUE. 

Gora,  ts  octobre  1806. 

.M.  lo  Maréchal  commandant  en  chef  vient  de  partir  pour  léna  où  il  da't 
réunir  la  division  de  cavalerie  et  celle  aux  ordres  du  générai  Saint-HilaiK- 
Les  2«  et  3^  divisions  d'infanterie  ont  ordre  de  se  tenir  prêtes  à  partir,  et  si 
elles  font  un  mouvement,  elles  passeront  probablement  par  Géra.  M.  le  Uurè- 
chai  vous  charge  on  conséquence  d'y  faire  réunir  tout  le  pain  que  vous  (K>ur- 
rez  vous  procurer,  soit  au  moyen  des  réquisitions  que  vous  avez  faites  i-i 
dehors,  soit  en  pressant  les  boulangers  de  la  ville  de  confectionner  à  force. 
Il  appelle  toute  votre  sollicitude  sur  cet  objet.  Il  serait  à  désirer  que  les  s*ei 
««  divisions  pussent  recevoir  une  forte  distribution  avant  de  sortir  do  Gew 
Vous  ne  mettrez  pas  moins  d*empressement  à  vous  procurer  de  la  viande  e: 
de  Teau-de-vie.  —  Le  quartier  général  est  ici  jusqu'à  nouvel  ordre  :  il  es- 
probable  que  les  divisions  se  mettront  on  marche  vers  minuit. 


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13   OCTOBRE.  609 

mais  à  midi  la  générale  fut  battue  et  elles  eurent  ordre  de  se 
diriger  de  suite  sur  léna,  en  suivant  le  mouvement  de  la 
Garde  impériale  *. 

La  route  était  extrêmement  mauvaise  et  encombrée  par 
une  infinité  de  voitures  et  de  troupes  qui  obstruaient  le  pas- 
sage :  la  cavalerie  et  la  division  du  général  Saint-Hilaire 
purent  seulement  arriver  vers  minuit  à  léna  ;  les  deux  autres 
divisions  s'arrêtèrent  à  Weissenborn  et  Kloster  Lausnitz, 
pour  laisser  dégager  le  débouché  ;  mais  avant  le  jour  elles 
furent  remises  en  marche  et  se  portèrent  aussi  sur  léna... 
(Journal  des  opérations  du  4*  corps.) 

L'état  d'emplacement  des  troupes  du  4*  corps  joint  au  journal  des 
opérations  porte  : 

Cavalerie  légère,  au  faubourg  d*Iéna.  —  1"^  division,  en  arrière 
de  la  cavalerie.  —  Quartier  général,  au  bivouac  de  la  l'«  division. 
—  2*  division,  marcha  toute  la  nuit.  —  3*  division,  marcha  toute  la 
nuit. 

6«  Corps. 

<  Le  corps  du  maréchal  Ney,  dit  le  général  Roguet,  qui  avait 
*  reçu  ordre  d'être  le  18  à  Géra,  partit  d'Auma  à  9  heures  du  matin. 
«  Mais  à  son  arrivée  à  Géra,  il  dut  continuer  après  une  courte  halte 

<  son  mouvement  sur  Roda,  où  il  parvint  à  la  nuit  excédé  de  fatigue  ; 

<  malgré  la  difficulté  du  chemin,  il  avait  fait  10  grandes  lieues  sans 
«  s'arrêter.  ^ 

11  est  donc  probable  que  le  13  le  maréchal  Nej  mit  son  corps 
d'armée  en  mouvement  sur  Géra  avant  d'avoir  reçu  la  dépêche  du 
major  général  lui  ordonnant  de  se  porter  à  Roda  par  Triptis.  Lorsque 
cet  ordre  lui  parvint,  il  gagna  la  route  de  Géra  à  Roda  et  se  dirigea 
sur  cette  dernière  ville,  ayant  fait  un  grand  détour.  Le  général  Ro- 
guet  estime  que  le  corps  d'armée  fit  10  lieues  dans  la  journée  du  13. 


1.  D'aprôs  côlte  rédaction  du  jourDal  des  opérations  du  4«  corps,  il  semble- 
rait que  la  cavalerie  l(3gère  et  la  division  Saint-Hilaire  ne  passèrent  pas  par 
Roda  pour  se  rendre  à  léna,  mais  bien  par  Saint-GanglofT,  Hermsdorf  et  Rodi- 
gast,  suivant  la  Garde  impériale  ;  elles  partirent  vers  il  heures. 

Les  2«  et  3«  divisions  reçurent  vers  midi  ou  midi  et  demi  l'ordre  du  major 
général  daté  de  Kôslritz,  il  heures  et  demie,  et  se  mirent  eu  marche  vers 
une  heure  ;  mais  au  lieu  de  suivre  la  route  par  Saint-GanglofT,  elles  passèrent 
par  Kôstrilz. 

CAMP.   DB  PBUtSB.  ;)9 


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610  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  général  Fezensac,  lieutenant,  officier  d'ordonnance  du  maré- 
chal Ney,  s'exprime  ainsi  : 

c  ...Le  13,  nous  étions  eu  marche;  le  Maréchal,  impatient  d'ap- 
c  prendre  des  nouvelles,  devançait  son  avant-garde,  que  les  deux 
€  divisions  suivaient  à  une  grande  distance.  Dans  un  petit  village,  k 
«  deux  lieues  de  Roda  (probablement  le  village  de  Môrsdorf  à  6kil. 
«  à  Test  de  Roda) ,  il  reçut  la  lettre  suivante  du  major  généra]  : 
«  (voir  la  dépêche  du  major  général,  au  bivouac  en  avant  d'Iéna, 
«  qui  a  dû  être  écrite  vers  3  heures  du  soir).  Le  Maréchal  envoya  des 
€  copies  de  cettre  lettre  aux  généraux  Colbert,  Marchand  et  Marco- 
«  gnet,  et  partit  sur-le-champ  pour  léua,  avec  deux  officiers  qui 
«  seuls  avaient  d'assez  bons  chevaux  pour  le  suivre.  (Le  Maréchal 
<  n'a  pas  dû  recevoir  la  dépêche  avant  5  heures  ou  5  heurefi  et 
€  demie.) 

<  Je  remis  moi-même  au  général  Colbcrt,  à  son  passage  au  village 
«  où  j'étais  resté,  la  copie  qui  lui  était  destinée.  Il  marcha  sans 
«  s'arrêter,  traversa  Roda,  arriva  la  nuit  à  léna,  et  campa  en  a?ant 
«  de  la  ville.  Les  aides  de  camp  du  maréchal  Key  couchèrent  à 
€  Roda;  le  14,  à  2  heures  du  matin,  nous  étions  à  cheval.  Quelque 
fût  notre  empressement  de  rejoindre  notre  général,  nous  marchâmes 
c  au  pas  jusqu'à  léna,  pour  ménager  des  chevaux  qui,  dans  lajoar- 
«  noe,  devaient  avoir  fort  à  faire...  » 

L'état  d'emplacement  des  troupes  du  6**  corps  porte  : 
2*  et  3^  divisions,  bivouac  en  arrière  de  Roda. 

2«  division  de  dragons,     osdee  de  mouvement  poub  le  13. 

Unter-Loiterbach,  12  octobre  1806. 

Ordre  à  la  1'*  brigade  de  partir  des  cantonnements  qu'elle  occupe, 
demain  13  pour  se  rendre  à  Ober-Langenstadt,  Unter-Langenstadtet 
Kiips,  près  Kronach. 

Ordre  à  la  2*  brigade  de  partir  pour  se  rendre  demain  13  à  ZettliU 
et  Redwitz. 

Ordre  à  l'artillerie  de  se  rendre  à  Ktips. 

Donner  ordre  que  le  sous-officier  qui  commandait  l'escorte  du 
général  Walther  *  se  rende  de  suite  au  quartier  général  divisionnaire; 
que  le  régiment  qui  se  trouve  avec  le  quartier  général  y  envoie  une 
garde  de  25  hommes  et  d'un  officier,  dès  que  l'établissement  da  quar- 
tier général  sera  fait  ;  que  chacun  des  régiments  de  la  division  envoie 
3  ordonnances  bien  montés  au  quartier  général  plus  un  maréchal 


1.  La  2»  division  de  dragons  marchait  après  la  cavalerie  de  la  Garde. 


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13    OCTOBRE.  611 

(les  logis  et  un  brigadier  ;  à  chaque  brigade  de  faire  prendre  au  parc 
<rartillerie  des  cartouches  à  raison  de  6  par  homme. 

G**  Gbouchy. 


LB    COLONEL     WOLFF     ▲     L  ADJUDANT     COMMANDANT    HASTSEL,     FAISANT 
FONCTIONS   DE    CHEF    DE    l'ÉTAT-MAJOB    qAnÉBAL. 

Géra,  18  octobre  1806. 

Depuis  Bamberg  nous  avons  eu  des  marches  extrêmement  pénibles 
arec  les  équipages,  vu  les  mauvais  chemins.  Mais  la  journée  d*hier 
proavera  à  S.  A.  S.  le  prince  combien  la  troupe  est  attachée  à  son 
souverain.  Un  petit  détachement  de  sapeurs  escortant  les  équipages 
de  rétat-major  général  a  donné  des  preuves  qu'on  peut  tout  ;  privés 
(le  sabsistances  près  de  24  heures,  ils  ont  marché  avec  une  constance 
étonnante.  Les  difficultés  que  j'ai  éprouvées  dans  une  marche  de  nuit 
dans  des  chemins  affreux  où  plusieurs  caissons  ont  versé  et  auraient 
sans  doute  été  perdus  s'ils  n'eussent  prouvé  ce  que  peuvent  des  Fran- 
çais. Je  le  dois  à  leur  louange  de  dire  que  sans  leur  zèle  à  me  secon- 
der nous  eussions  peut-être  perdu  des  fonds  destinés  à  la  paye  du 
soldat.  C'est  en  partie  à  eux  que  je  dois  d'avoir  ramené  au  quartier 
général  un  caisson  du  payeur  général  qui  suit  les  équipages.  Je  vous 
prie,  mon  Général,  de  faire  connaître  à  S.  A.  S.  le  prince  major 
général  le  dévouement  de  ces  braves  qui  ont  été  secondés  aussi  par 
la  gendarmerie. 

P. -S.  —  Depuis  4  heures  du  matin  que  je  suis  arrivé  ici,  je  n'ai 
pas  de  logement  ;  veuillez  adresser  vos  ordres  à  la  demeure  de  mon 
adjoint  qui  loge  au  n*  98. 


SITUATION    DE    L  ARMEE    PRUSSIENNE. 

32*  BULLETIN  DE  LA   GRANDE   ARMÉE. 

Berlin,  16  novembre  1806. 

Après  la  prise  de  Magdeburg  et  Taffaire  de  Ltibeck,  la 
campagne  contre  la  Prusse  se  trouve  entièrement  finie. 

Voici  quelle  était  la  situation  de  Farmée  prussienne  en 
entrant  en  campagne. 

Le  corps  du  général  Rttchel,  dit  de  Westphalie,  était  com- 
posé de  33  bataillons  d'infanterie,  de  4  compagnies  de  chas- 


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612  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

seurs,  de  45  escadrons  de  cavalerie,  d'un  bataillon  d'ar- 
tillerie et  de  7  batteries,  indépendamment  des  pièces  de 
régiment. 

Le  corps  du  prince  de  Hohenlohe  était  composé  de  24  ba- 
taillons prussiens  et  de  25  bataillons  saxons,  de  45  escadrons 
prussiens  et  de  36  escadrons  saxons,  de  2  bataillons  d'artil- 
lerie, de  8  batteries  prussiennes  et  de  8  batteries  sas^onnes. 

L'armée  commandée  par  le  Roi  en  personne  était  compo- 
sée d'une  avant-garde  de  10  bataillons  et  de  15  escadrons, 
commandée  par  le  duc  de  Weimar,  et  de  3  divisions.  La  1", 
commandée  par  le  prince  d'Orange,  était  composée  de  11 
bataillons  et  de  20  escadrons.  La  2"  division,  commandée  par 
le  général  Wartensleben,  était  composée  de  11  bataillons  et 
de  15  escadrons.  La  3',  commandée  par  le  général  Schmet- 
tau,  était  composée  de  10  bataillons  et  de  15  escadrons. 
Le  corps  de  réserve  de  cette  armée,  que  commandait  le 
général  Kalkreuth,  était  cqmposé  de  2  divisions,  chacune 
de  10  bataillons  des  régiments  de  la  Garde  ou  d'élite,  et  de 
20  escadrons. 

La  réserve  que  commandait  le  prince  Eugène  de  Wur- 
temberg, était  composée  de  18  bataillons  et  de  20  esca- 
drons. 

Ainsi  le  total  général  de  l'année  prussienne  était  de  160 
bataillons  et  de  236  escadrons,  servis  par  50  batteries  ;  ce 
qui  faisait,  présents  sous  les  armes,  115,000  hommes  d'in- 
fanterie, 30,000  de  cavalerie  et  800  pièces  de  canon,  y  com- 
pris les  canons  de  bataillon. 

Toute  cette  armée  se  trouvait  à  la  bataille  du  14,  honnis 
le  corps  du  duc  de  Weimar,  qui  était  encore  sur  Eisenach, 
et  la  réserve  du  prince  de  Wurtemberg;  ce  qui  porte  les 
forces  prussiennes  qui  se  trouvaient  à  la  bataille  à  126,000 
hommes. 

£n  comptant  les  bataillons  à  700  hommes  et  les  escadrons  à 
120  chevaux  environ,  on  peut  estimer  : 

Le  corps  de  Riichel  à  23,000  hommes  d'infanterie  et  5,000  che- 
vaux, soit  28,000  hommes,  y  compris  Favant-garde  du  duc  de  Wei- 
mar; 


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13    OCTOBRE.  613 

Le  corps  de  Hohenlohe  à  34,000 hommes  d'infanterie  et  10,000  che- 
vaux, soit  44,000  hommes,  7  compris  Tavant-garde  du  prince  Louis 
et  le  corps  dn  général  Taaenzien  ; 

L'armée  du  Koi  à  44,000  hommes  d'infanterie  et  10,000  chevaux, 
soit  54,000  hommes. 

Les  effectifs  donnés  par  lé  lieutenant- colonel  von  der  Goltz  sont  à 
peu  de  chose  près  les  mêmes  ;  il  ne  compte  pas  Tavant-garde  du  duc 
de  Weimar.  <  ...L'armée  prussienne,  dit  cet  officier  supérieur,  après 

<  la  perte  du  pont  de  Naumburg,  s'était  enfin  décidée  à  rompre  vers 
«  sa  gauche  pour  se  maintenir  sur  ses  lignes  de  communication.  La 

<  principale  armée,  forte  de  50,000  hommes,  avait  quitté  Weimar  le 

<  13  vers  midi  et  avait  atteint  Auerstttdt  dans  la  soirée  ;  elle  se  pro- 
«  posait  de  franchir,  le  14,  l'Unstrutt  entre  Freyburg  et  Laucha  pour 

<  se  réunir  avec  le  corps  de  réserve  qui  se  rapprochait  de  la  Saale. 

<  Le  général  Rtlchel  avec   15,000  hommes  devait  se  maintenir   à 

<  Weimar,  tandis  que  le  prince  Hohenlohe  avec  40,000  hommes 

<  occupait  le  plateau  d'Iéna  et  couvrait  la  marche  de  l'armée  vers  la 

<  gauche.  Malheureusement  le  duc  de  Weimar  et  le  général  Winning 
«  se  trouvaient  encore  dans  la  forêt  de  Thuringe... 

<  ...  Le  comte  Tauenzien  qui  formait  l'avant-garde  de  Hohenlohe 

<  tenait  encore  léna  le  12  octobre  ;  ses  avant-postes  allaient  le  long 
«  de  la  Saale,  de  Dornburg  à  Burgau  d'où  ils  se  repliaient  ensuite 

<  vers  Magdala.  Le  gros  de  l'armée  campait  entre  Capellendorf  et  la 

<  Schnecke  et,  quoique  Ton  sût  déjà  que  les  Français  étaient  sur  la 
«  rive  droite  de  la  Saale,  l'armée  n'en  faisait  pas  moins  face  vers  le 

<  sud-ouest.  U  en  résulta  que  lorsqu'il  fallut  conduire  les  troupes  à 

<  Tennemi,  celles-ci  durent  d'abord  être  mises  face  en  arrière  pour 

<  sortir  du  camp...  » 


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14  OCTOBRE 


5^  BULLETIN  DE  LA  GRANDE  ARMEE. 

lëna,  15  octobre  1806. 

La  bataille  dléna  a  lavé  TaflEront  de  Rosbach,  et  décidé, 
en  sept  jours,  une  campagne  qui  a  entièrement  calmé  cette 
frénésie  guerrière  qui  s'était  emparée  des  têtes  prussiennes. 

Voici  la  position  de  l'armée  au  13  : 

Le  grand-duc  de  Berg  et  le  maréchal  Davout  avec  leurs 
corps  d'armée  étaient  àNaumburg,  ayant  des  partis  sur  Leip- 
zig et  Halle. 

Le  corps  du  maréchal  prince  de  Ponte-Corvo  était  en 
marche  pour  se  rendre  à  Dornburg. 

Le  corps  du  maréchal  Lannes  arrivait  à  léna. 

Le  corps  du  maréchal  Augereau  était  en  position  à  Kahla. 

Le  corps  du  maréchal  Ney  était  à  Roda. 

Le  quartier  général  à  Géra.  L'Empereur  en  marche  pour 
se  rendre  à  léna. 

Le  corps  du  maréchal  Soult,  de  Géra,  était  en  marche 
pour  prendre  une  position  plus  rapprochée  à  l'embranchement 
des  routes  de  Naumburg  et  d'Iéna. 

Voici  la  position  de  l'ennemi  : 

Le  roi  de  Prusse  voulant  commencer  les  hostilités  au  9  oc- 
tobre, en  débouchant  sur  Francfort  par  sa  droite,  sur  Wûrz- 
burg  par  son  centre  et  sur  Bamberg  par  sa  gauche,  toutes  les 
divisions  de  son  armée  étaient  disposées  pour  exécuter  ce 
plan  ;  mais  l'armée  française  s'étant  avancée  sur  l'extrémité 
de  sa  gauche,   se  trouva,  en  peu  de  jours,  à  Saalburg,  à 


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14    OCTOBRE.  615 

Lobenstein,  à  Schleiz,  à  Géra,  à  Naumburg.  L'armée  prus- 
sienne, tournée,  employa  les  journées  des  9,  10,  11  et  12  à 
rappeler  tous  ses  détachements;  et,  le  13,  elle  se  présenta  en 
bataille  entre  Capellendorf  et  Auerstâdt,  forte  de  près  de 
150,000  hommes. 

Le  13,  à  deux  heures  après-midi,  l'Empereur  arriva  à  léna, 
et,  sur  un  petit  plateau  qu'occupait  notre  avant-garde,  il 
aperçut  les  dispositions  de  l'ennemi,  qui  paraissait  manœu- 
vrer pour  attaquer  le  lendemain,  et  forcer  les  divers  débou- 
chés de  la  Saale.  L'ennemi  défendait  en  force  et  par  une 
position  inexpugnable  la  chaussée  d'iéna  à  Weimar,  et  pa- 
raissait penser  que  les  Français  ne  pourraient  déboucher  dans 
la  plaine  sans  avoir  forcé  ce  passage.  Il  ne  paraissait  pas 
possible,  en  effet,  de  faire  monter  de  l'artillerie  sur  le  plateau 
qui,  d'ailleurs,  était  si  petit,  que  quatre  bataillons  pouvaient 
à  peine  s'y  déployer.  On  fit  travailler  toute  la  nuit  à  un  che- 
min dans  le  roc,  et  l'on  parvint  à  conduire  l'artillerie  sur  la 
hauteur. 

Le  maréchal  Davout  reçut  l'ordre  de  déboucher  par  Naum- 
burg, pour  défendre  les  défilés  de  Kôsen,  si  l'ennemi  voulait 
marcher  sur  Naumburg,  ou  pour  se  rendre  à  Apolda  pour  le 
prendre  à  dos,  s'il  restait  dans  la  position  où  il  était. 

Le  corps  du  maréchal  prince  de  Ponte-Corvo  fut  destiné  à 
déboucher  deDomburg  pour  tomber  sur  les  derrières  de  l'en- 
nemi, soit  qu'il  se  portât  en  force  sur  Naumburg,  soit  qu'il  se 
portât  sur  léna. 

La  grosse  cavalerie  qui  n'avait  pas  encore  rejoint  l'armée, 
ne  pouvait  la  rejoindre  qu'à  ïnidi  ;  la  cavalerie  de  la  Garde 
impériale  était  à  36  heures  de  distance,  quelque  fortes  marches 
qu'elle  eût  faites  depuis  son  départ  de  Paris.  Mais  il  est  des 
moments  à  la  guerre,  où  aucune  considération  ne  doit  balan- 
cer l'avantage  de  prévenir  l'ennemi  et  de  l'attaquer  le  pre- 
mier. L'Empereur  fit  ranger  sur  le  plateau  qu'occupait 
l'avant- garde,  que  l'ennemi  paraissait  avoir  négligé  et  vis-à- 
vis  duquel  il  était  en  position,  tout  le  corps  du  maréchal 
Lannes.  Ce  corps  d'armée  fut  rangé  par  les  soins  du  général 
Victor,  chaque  division  formant  une  aile.  Le  maréchal  Le- 


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616  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

febvre  fit  ranger,  au  sommet,  la  Garde  impériale  en  batail- 
lons carrés  *.  L'Empereur  bivouaqua  au  milieu  de  ces  braves. 
La  nuit  offrait  un  spectacle  digne  d'observation  :  celui  de 
deux  armées  dont  Tune  déployait  son  front  sur  6  lieues  d'é- 
tendue et  embrasait  de  ses  feux  l'atmosphère,  l'autre  dont 
les  feux  apparents  étaient  concentrés  sur  un  petit  point  ;  et 
dans  l'une  et  l'autre  armée  de  l'activité  et  du  mouvement*. 
Les  feux  des  deux  armées  étaient  à  une  demi-portée  de  ca- 
non ;  les  sentinelles  se  touchaient  presque,  et  il  ne  se  faisait 
pas  un  mouvement  qui  ne  fût  entendu. 

Les  corps  des  maréchaux  Ney  et  Soult  passèrent  la  nuit 
en  marche.  A  la  pointe  du  jour  toute  l'armée  prit  les  anne«. 
■La  division  Gazan  était  rangée  sur  trois  lignes  sur  la  gauche 
du  plateau  ;  la  division  Suchet  formait  la  droite  ;  la  Garde 
impériale  occupait  le  sommet  du  monticule,  chacun  de  ces 
corps  ayant  ses  canons  dans  les  intervalles.  De  la  ville  et  des 
vallées  voisines,  on  avait  pratiqué  des  débouchés  qui  permet- 
taient le  déploiement  le  plus  facile  aux  troupes  qui  n'avaient 
pu  être  placées  sur  le  plateau,  car  c'était  peut-être  la  première 
fois  qu'une  armée  devait  passer  par  un  si  petit  débouché. 

Un  brouillard  épaisobscurcissait  le  jour.  L'Empereur  passa 
devant  plusieurs  lignes  ;  il  recommanda  aux  soldats  de  se 
tenir  en  garde  contre  cette  cavalerie  prussienne  qu'on  pei- 
gnait comme  si  redoutable.  11  les  fit  souvenir  qu'il  y  avait  un 
an,  à  la  même  époque,  ils  avaient  pris  Ulm  ;  que  Tannée 
prussienne ,  comme  l'armée  autrichienne ,  était  aujourd'hui 
cernée,  ayant  perdu  sa  ligne  d'opérations,  ses  magasins; 
qu'elle  ne  se  battait  plus  dans  ce  moment  pour  la  gloire,  mais 
pour  sa  retraite  î  que,  cherchant  à  faire  une  trouée  sur  diffé- 
rents points,   les  corps  d'armée   qui  la  laisseraient  passer 


1.  Toute  cette  masse  d^hommes  et  de  chevaux  passa  la  nuit  dans  un  bivouac 
extrêmement  rossorré  sur  un  plateau  élevé  et  vraisemblablement  sans  eau. 

s.  La  nuit  dut  ôtre  très  belle,  puisque  Ton  voyait  si  distinctement  les  ta 
de  Tarmée  prussienne.  Hais  c  nous  eûmes,  dit  le  général  Savary,  une  gelée 
«  blanche,  accompagnée  d'un  brouillard  semblable  à  celui  que  noos  avions  eu 
«  à  Austerlitz ,  le  brouillard  dura  jusqu'à  8  heures  du  matin.  » 

Il  y  avait  eu  du  brouillard  pendant  les  matinées  précédentes  et  Ton  de- 
vait supposer  qu'il  y  en  aurait  encore  le  14  au  lever  du  jour. 


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14    OCTOBRE.  617 

seraient  perd  as  d'honneur  et  de  réputation.  A  ce  discours 
animé,  le  soldat  répondit  par  les  cris  de  :  Marchons  fLeB  tirail- 
leurs engagèrent  Taction  ;  la  fusillade  devint  vive.  Quelque 
bonne  que  fût  la  position  que  Tennemi  occupait,  il  en  fut  dé- 
busqué \  et  Tarmée  française,  débouchant  dans  la  plaine, 
commença  à  prendre  son  ordre  de  bataille. 

De  son  côté,  le  gros  de  Tarmée  ennemie,  qui  n'avait  eu  le 
projet  d'attaquer  que  lorsque  le  brouillard  serait  dissipé,  prit 
les  armes.  Un  corps  de  50,000  hommes  de  la  gauche  se  porta 
pour  couvrir  les  défilés  de  Naumburg  et  s'emparer  des  débou- 
chés de  Kôsen  *  ;  mais  il  avait  déjà  été  prévenu  par  le  maré- 
chal Davout.  Les  deux  autres  corps,  formant  une  force  de 
80,000  hommes,  se  portèrent  en  avant  de  l'armée  française, 
qui  débouchait  du  plateau  d'Iéna  '.  Le  brouillard  couvrit  les 
deux  armées  pendant  deux  heures  ;  mais  enfin  il  fut  dissipé 
par  un  beau  soleil  d'automne.  Les  deux  armées  s'aperçurent 
à  une  petite  portée  de  canon.  La  gauche  de  l'armée  française, 
appuyée  sur  un  village  et  des  bois,  était  commandée  par  le 
maréchal  Augereau.  La  Garde  impériale  la  séparait  du  centre 
qu'occupait  le  corps  du  maréchal  Lannes.  La  droite  était 
formée  par  le  corps  du  maréchal  Soult.  Le  maréchal  Ney 
n'avait  qu'un  simple  corps  de  3,000  hommes,  seules  troupes 
qui  fussent  arrivées  de  son  corps  d'armée. 

L'année  ennemie  était  nombreuse  et  montrait  une  belle  ca- 
valerie; ses  manœuvres  étaient  exécutées  avec  précision  et 
rapidité.  L'Empereur  eût  désiré  de  retarder  de  deux  heures 
d'en  venir  aux  mains,  afin  d'attendre,  dans  la  position  qu'il 
venait  de  prendre  après  l'attaque  du  matin,  les  troupes  qui 
devaient  le  joindre  et  surtout  sa  cavalerie  5  mais  l'ardeur 


1-  Le  premier  combat  de  la  journée  fut  livré  par  le  5»  corps  et  surtout  par 
la  division  Sucbet.  On  trouvera  le  détail  de  cette  action  dans  le  rapport  du 
génural  Victor  et  dans  celui  du  général  Suchet. 

Dau8  le  Bulletin  de  l'armée  le  Commandant  en  chef  ne  peut  qu'indiquer  la 
marche  générale  do  la  bataille,  sans  s'étendre  sur  les  différents  engagements. 

2.  L*armée  du  Roi  avait  quitté  Weimar  le  13  vers  midi  et  avait  atteint 
Auerei&dt  dans  la  soirée. 

3.  Ces  renseignements  sur  l'armée  prussienne  ne  sont  que  des  renseigne- 
ments généraux.  On  trouvera  plus  loin  quelques  explications  sur  les  mouve- 
menu  des  divers  corps  prussiens. 


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618  CAMPAGNE    DE    PHU3SE. 

franyaise  remporta.  Plusieurs  bataillons  s'étant  engagés  au 
village  d'Hohlstadt  *,  il  vit  Tennemi  s'ébranler  pour  les  en 
déposter  ;  le  maréchal  Lannes  reçut  ordre  sur-le-champ  de 
marcher  en  échelons  pour  soutenir  ce  village.  Le  maréchal 
Soult  attaqua  un  bois  sur  la  droite  *.  L'ennemi  ayant  fait  un 
mouvement  de  sa  droite  sur  notre  gauche,  le  maréchal  Auge- 
reau  fut  chargé  de  le  repousser'.  En  moins  d'une  heure,  l'ac- 
tion devint  générale  :  250  ou  300,000  hommes,  avec  700  ou 
800  pièces  de  canon,  semaient  partout  la  mort  et  offraient  un  de 
ces  spectacles  rares  dans  l'histoire.  De  part  et  d'autre  on  ma- 
nœuvra constamment  comme  à  une  parade  ;  parmi  nos  troupes 
il  n'y  eut  jamais  le  moindre  désordre,  la  victoire  ne  fut  pas 
un  moment  incertaine.  L'Empereur  eut  toujours  auprès  de 
lui,  indépendamment  de  la  Garde  impériale,  un  bon  nombre 
de  troupes  de  réserve  pour  pouvoir  parer  à  tout  accident  im- 
prévu *. 

Le  maréchal  Soult,  ayant  enlevé  le  bois  qu'il  attaquait 
depuis  deux  heures,  fit  un  mouvement  en  avant  :  dans  ces 
instants  on  prévient  l'Empereur  que  les  divisions  de  cavale- 
rie française  de  réserve  commençaient  à  se  placer,  et  que 
deux  nouvelles  divisions  du  corps  du  maréchal  Ney  se  pla- 
çaient en  arrière,  sur  le  champ  de  bataille.  On  fit  alorsavan- 
cer  toutes  les  troupes  qui  étaient  en  réserve,  sur  la  première 


1.  La  deuxième  attaque  du  centre  do  Tarmée  française  fut  dirigée  sur  x 
village  do  Vioraehn-Heiligen,  et  non  sur  lo  village  d'Hohlslàdt.  Ce  fui  PEic- 
pereur  lui-mémo  qui  ordonna  cette  attaque.  (Rapport  du  général  SucbcL) 

2.  Il  s*agil  du  combat  livré  à  Rôdigen  et  à  Ncrkwitz  par  la  division  Saiat- 
Hilairo.  (Journal  des  opérations  du  4»  corps.) 

3.  Combat  du  bois  d*Isserstâd(.  (Rapport  du  maréchal  Augereau.) 

4.  Au  5«  corps,  à  Tatlaque  du  centre,  la  ligne  d'infanterie  légère  et  la  pre- 
mière ligne  de  la  division  Suchet  avaient  été  jusqu'à  ce  moment  seules  enga- 
gées. La  secondo  ligne  n'avait  pas  encore  donné.  A  ce  moment  TEnapereur 
avait  auprès  do  lui,  au  contre,  les  6  bataillons  des  ioo«  et  103»  de  la  divisioi 
Gazan,  les  4  bataillons  des  64«  et  88«  de  la  brigade  Vodel,  division  Sachet, 
les  9  escadrons  de  la  brigade  de  cavalerie  du  5«  corps,  formant  la  secondt- 
ligne,  et  la  Garde  impériale  à  pied,  en  réserve.  —  11  n'engagea  la  f  Hpo*' 
que  lorsque  les  s  divisions  du  «•  corps  furent  arrivées  sur  le  plateau  ain?i 
que  les  divisions  de  cavalerie  de  la  réserve. 

Sur  le  champ  de  bataille  le  Commandant  en  chef  se  tient  touiours  à  portée 
du  point  où  doit  se  livrer  l'action  principale,  celle  dont  dépend  le  sort  de  la 
Ixataille.  Il  conserve  dans  sa  main  les  réserves  pour  décider  l'affaire  ou  pour 
contenir  l'ennemi. 


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14  OCTOBRE.  619 

ligne,  qui,  se  trouvant  ainsi  appuyée,  culbuta  l'ennemi  en 
un  clin  d'œil  et  le  mit  en  pleine  retraite  *.  Il  la  fit  en  ordre 
pendant  la  première  heure  ;  mais  elle  devint  un  affreux  dé- 
sordre, du  moment  que  nos  divisions  de  dragons  et  nos  cui- 
rassiers, ayant  le  granc-duc  de  Berg  à  leur  tête,  purent 
prendre  part  à  Taffaire.  Ces  braves  cavaliers,  frémissant  de 
voir  la  victoire  se  décider  sans  eux,  se  précipitèrent  partout 
où  ils  rencontrèrent  des  ennemis.  La  cavalerie,  Tinfanterie 
prussienne  ne  purent  soutenir  leur  choc';  en  vain  l'infante- 
rie ennemie  se  forma  en  bataillons  carrés  ;  cinq  de  ces  batail- 
lons furent  enfoncés  :  artillerie,  cavalerie,  infanterie,  tout 
fut  culbuté  et  pris.  Les  Français  arrivèrent  à  Weimar  en 
même  temps  que  l'ennemi,  qui  fut  ainsi  poursuivi  pendant 
l'espace  de  6  lieues. 

A  notre  droite  le  corps  du  maréchal  Davout  faisait  des 
prodiges  ;  non  seulement  il  contint,  mais  mena  battant,  pen- 
dant plus  de  3  lieuesj  le  gros  des  troupes  ennemies  qui  de- 
vait déboucher  du  côté  de  Kôsen  '.  Ce  Maréchal  a  déployé 
une  bravoure  distinguée  et  de  la  fermeté  de  caractère, 
première  qualité  d'un  homme  de  guerre.  Il  a  été  secondé 
par  les  généraux  Gudin,  Friant,  Morand,  Daultanne,  chef 
de  l'état-major,  et  par  la  rare  intrépidité  de  son  brave  corps 
d'armée. 

Les  résultats  de  la  bataille  sont  30,000  à  40,000  prisonniers, 

1.  Pour  qu'une  ligne  dont  Télan  a  été  brisé  se  reporte  en  avant,  il  faut  que 
de  nouvelles  troupes  viennent  Tappuyer  et  Tontrainer  dans  leur  marche. 

La  Intaille  durait  depuis  7  heures  du  matin.  C'était  le  second  combat  de  la 
journée. 

On  était  en  présence  do  la  deuxième  ligne  prussienne.  Le  mouvement  en 
avant  du  4«  corps  qui  s'élevait  sur  le  flanc  gauche  des  Prussiens,  et  Tarrivéc 
de  la  deuxième  ligne  du  5*  corps  enlevèrent  la  première  ligne  et,  par  leur 
eObrt  combiné,  rompirent  la  résistance  de  la  deuxième  ligne  ennemie. 

2.  Le  bulletin  ne  parle  pas  plus  du  dernier  combat  de  la  journée,  celui  de 
Capellendorf,  contre  le  corps  du  général  Rûchel,  qu'il  ne  s'est  étendu  au  dé- 
but de  la  bataille  sur  le  combat  de  Closwilz  contre  le  corps  du  général 
fauenzien. 

3.  ' L'Empereur,  dit  le  colonel  Blein,  fut  inquiet  tout  le  jour  sur  les 

corps  des  maréchaux  Davout  et  Bernadotte.  Il  craignait  que  le  premier  n'ait 
éié  forcé  à  Naumburg.  On  croyait  de  temps  à  autre  entendre  le  canon  de  ce 
côté.  Cependant  la  journée  se  passait  sans  que  l'on  en  eût  de  nouvelles.  11 
voyait  bien  qu'il  n'avait  pas  eu  affaire  à  toute  l'armée  prussienne,  mais  il 
croyait  que  l'armée  du  Roi  était  devant  lui » 


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620  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

il  en  arrive  à  chaque  moment  ;  25  à  30  drapeaux  ;  300  pièc^ 
de  canon;  des  magasins  immenses  de  subsistances.  Parmi  les 
prisonniers  se  trouvent  plus  de  20  généraux,  dont  plusieurs 
lieutenants  -  généraux,  entre  autres  le  lieutenant  -  général 
Schmettau.  Le  nombre  des  morts  est  immense  dans  Tannée 
prussienne  ;  on  compte  qu'il  y  a  plus  de  20,000  tués  ou 
blessés.  Le  feld-maréchal  Môllendorf  a  été  blessé  ;  le  duc  de 
Brunswick  a  été  tué  ;  le  général  Rtichel  a  été  tué  ;  le  prince 
Henri  de  Prusse,  grièvement  blessé.  Au  dire  des  déserteurs, 
des  prisonniers  et  des  parlementaires,  le  désordre  et  la  cons- 
ternation sont  extrêmes  dans  les  débris  de  l'armée  ennemie. 

De  notre  côté,  nous  n'avons  à  regretter,  parmi  les  géné- 
raux, que  la  perte  du  général  Debilly,  excellent  soldat. 
Parmi  les  blessés,  le  général  de  brigade  Conroux  ]  parmi  les 
colonels  morts,  les  colonels  Verges,  du  12*  régiment  d'infan- 
terie de  ligne  ;  Lamotte,  du  36°  ;  Barbanègre,  du  9*  de  hus- 
sards ;  Marigny,  du  20*  de  chasseurs  ;  Harispe,  du  16*  d'in- 
fanterie légère  ;  Doullembourg,  du  1*'  de  dragons  ;  Nicolas, 
du  61*  de  ligne  ;  Viala,  du  85*  ;  Higonet,  du  108*. 

Les  hussards  et  les  chasseurs  ont  montré,  dans  cette  jour- 
née, une  audace  digne  des  plus  grands  éloges.  La  cavalerie 
prussienne  n'a  jamais  tenu  devant  eux,  et  toutes  les  charges 
qu'ils  ont  faites  devant  l'infanterie  ont  été  heureuses. 

Nous  ne  parlons  pas  de  l'infanterie  française  ;  il  est  re- 
connu depuis  longtemps  que  c'est  la  meilleure  infanterie  du 
monde.  L'Empereur  a  déclaré  que  la  cavalerie  française, 
après  l'expérience  de  ces  deux  campagnes  et  de  cette  der- 
nière bataille,  n'avait  pas  d'égale* 

L'armée  prussienne  a,  dans  cette  bataille,  perdu  toute 
retraite  et  toute  sa  ligne  d'opérations.  Sa  gauche,  poursuivie 
par  le  maréchal  Davout,  opéra  sa  retraite  sur  Weimar,  dans 
le  temps  que  sa  droite  et  son  centre  se  retiraient  de  Weimar 
sur  Naumburg.  La  confusion  fut  donc  extrême.  Le  Roi  a  dû 
se  retirer  à  travers  champs,  à  la  tête  de  son  régiment  de  ca- 
valerie. 

Notre  perte  est  évaluée  à  1,000  ou  1,100  tués  et  3,000 
blessés. 


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14    OCTOBRE.  621 

Le  grand-duc  de  Berg  investit  en  ce  moment  la  place 
d'Erfurt,  où  se  trouve  un  corps  d'ennemis  que  commandent 
le  maréchal  MôUendorf  et  le  prince  d'Orange. 

L'état-major  s'occupe  d'une  relation  officielle  qui. fera  con- 
naître dans  tous  ses  détails  cette  bataille,  et  les  services  ren- 
dus par  les  différents  corps  d'armée  et  régiments.  Si  cela  peut 
ajouter  quelque  chose  aux  titres  qu'a  l'armée  à  l'estime  et  à 
la  considération  de  la  nation,  rien  ne  pourra  ajouter  aux  sen- 
timents d'attendrissement  qu'ont  éprouvés  ceux  qui  ont  été 
témoins  de  l'enthousiasme  et  de  l'amour  qu'elle  témoignait 
à  l'Empereur,  au  plus  fort  du  combat.  S'il  y  avait  un  moment 
d'hésitation,  le  seul  cri  de  Vive  VEmpereur!  ranimait  les 
courages  et  retrempait  toutes  les  âmes.  Au  fort  de  la  mêlée, 
l'Empereur  voyant  ses  ailes  menacées  par  la  cavalerie,  se 
portait  au  galop  pour  ordonner  des  manœuvres  et  des  change- 
ments de  front  en  carrés.  Il  était  interrompu  à  chaque  ins- 
tant par  les  cris  de  Vive  VEmpereur!  La  Garde  impériale  à 
pied  voyait,  avec  un  dépit  qu'elle  ne  pouvait  dissimuler,  tout 
le  monde  aux  mains  et  elle  dans  l'inaction.  Plusieurs  voix 
firent  entendre  les  mots  :  En  avant  !  «  Qu'est-ce?  dit  TEm- 
«  pereur.  Ce  ne  peut  être  qu'un  jeune  homme  qui  n'a  pas  de 
«  barbe,  qui  peut  vouloir  préjuger  ce  que  je  dois  faire  ;  qu'il 
<  attende  qu'il  ait  commandé  dans  trente  batailles  rangées 
«  avant  de  prétendre  me  donner  des  avis.  »  C'étaient  effective- 
ment des  vélites  dont  le  courage  était  impatient  de  se  signaler. 

Dans  une  mêlée  aussi  chaude,  pendant  que  l'ennemi  per- 
dait presque  tous  ses  généraux,  on  doit  remercier  cette  Pro- 
vidence qui  gardait  notre  armée  1  Aucun  homme  de  marque 
n'a  été  tué  ni  blessé.  Le  maréchal  Lannes  a  eu  un  biscaïen 
qui  lui  a  rasé  la  poitrine  sans  le  blesser.  Le  maréchal  Da- 
vout  aeu  son  chapeau  emporté  et  un  grand  nombre  de  balles 
dans  ses  habits.  L'Empereur  a  toujours  été  entouré,  partout 
où  il  a  paru,  du  prince  de  Neufchâtel,  du  maréchal  Bessières, 
du  grand  maréchal  du  palais  Duroc,  du  grand  écuyer  Cau- 
laincourt,  et  de  ses  aides  de  camp  et  écuyers  de  service.  Une 
partie  de  l'armée  n'a  pas  donné,  ou  est  encore  sans  avoir  tiré 
un  coup  de  fusil. 


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622  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

ORDRE   DU  JOUR. 
Dispositions  de  l'ordre  de  bataille. 

Au  bivouac  d*Iëna,  14  octobre  1806. 

M.  le  maréchal  Augereau  commandera  la  gauche  ;  il  pla- 
cera sa  1"  division  en  colonne  sur  la  route  de  Weimar,  jus- 
qu'à une  hauteur  par  où  le  général  Gazan  a  fait  monter  son 
artillerie  sur  le  plateau  *,  il  tiendra  des  forces  nécessaires  sut 
le  plateau  de  gauche,  à  la  hauteur  de  la  tête  de  sa  eolonse. 
Il  aura  des  tirailleurs  sur  toute  la  ligne  ennemie,  aux  diffé- 
rents débouchés  des  montagnes.  Quand  le  général  Oazân 
aura  marché  en  avant,  il  débouchera  sur  le  plateau  avec  tout 
son  corps  d'armée,  et  marchera  ensuite,  suivant  les  circons- 
tances, pour  prendre  la  gauche  de  Tarmée. 

M.  le  maréchal  Lannes  aura,  à  la  pointe  du  jour,  toute  son 
artillerie  dans  ses  intervalles  et  dans  l'ordre  de  bataille  où  il 
a  passé  la  nuit. 

L'artillerie  de  la  Garde  impériale  sera  plaôée  sur  la  hau- 
teur, et  la  Garde  sera  derrière  le  plateau,  rangée  sur  cinq 
lignes ,  la  première  ligne ,  composée  des  chasseurs,  couron- 
nant le  plateau. 

Le  village  qui  est  sur  notre  droite  sera  canonné  avec  toute 
l'artillerie  du  général  Suchet,  et  immédiatement  après  atta- 
qué et  enlevé. 

L'Empereur  donnera  le  signal  ;  on  doit  se  tenir  prêt  à  h 
pointe  du  jour. 

M.  le  maréchal  Ney  sera  placé,  à  la  pointe  du  jour,  à  l'extré- 
mité du  plateau,  pour  pouvoir  monter  et  se  porter  sur  la  droite 
du  maréchal  Lannes,  du  moment  que  le  village  sera  enlevé 
et  que,  par  là,  on  aura  la  place  de  déploiement. 

M.  le  maréchal  Soult  débouchera  par  le  chemin  qui  a  été 
reconnu  sur  la  droite,  et  se  tiendra  toujours  lié  pour  tenir  la 
droite  de  l'armée. 

L'ordre  de  bataille  en  général  sera,  pour  MM.  les  Maré- 
chaux, de  se  former  sur  deux  lignes,  sans  compter  celle  d'in- 


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14   OCTOBRE.  623 

fanterie  légère  *  ;  la  distance  des  deux  lignes  sera  au  plus  de 
100  toises. 

La  cavalerie  légère  de  chaque  corps  d'armée  sera  placée 
pour  être  à  la  disposition  de  chaque  général,  pour  s'en  servir 
suivant  les  circonstances. 

La  grosse  cavalerie,  aussitôt  qu'elle  arrivera,  sera  placée 
sur  le  plateau  et  sera  en  réserve  derrière  la  Garde,  pour  se 
porter  où  les  circonstances  Texigeraient. 

Ce  qui  est  important  aujourd'hui,  c'est  de  se  déployer  en 
plaine  -,  on  fera  ensuite  les  dispositions  que  les  manœuvres 
et  les  forces  que  montrera  l'ennemi  indiqueront,  afin  de  le 
chasser  des  positions  qu'il  occupe  et  qui  sont  nécessaires  pour 
le  déploiement. 

Par  ordre  de  l'Empereur, 

Le  Major  général^ 
Maréchal  Alex.  Berthier. 

Les  dispositions  générales  données  par  le  Commandant  de  l'armée 
indiquent  la  place  de  chacun  des  corps  d'armée  dans  Tordre  de  ba- 
taille, leur  rôle  au  commencement  de  la  manœuvre,  la  direction 
générale  du  combat  et  son  premier  objet,  Theure  ou  le  signal  de 
l'attaque,  la  liaison  à  conserver  entre  les  différentes  fractions  de  l'ar- 
mée, remplacement  des  réserves  générales  à  proximité  desquelles  se 
tient  toujours  le  Commandant  de  Tarmée,  la  formation  à  prendre  dans 
chaque  corps  d'armée. 

Ces  dispositions  sont  communiquées  dans  leur  ensemble  à  tous  les 
commandants  de  corps  d'armée  et  aux  commandants  de  la  cavalerie 
et  de  l'artillerie,  de  façon  à  ce  que  chacun  puisse  concourir  à  l'exé- 
cntion  du  plan  général. 

Le  Commandant  de  l'armée  place  les  corps  d'armée  sur  la  ligne  de 
bataille  d'après  le  caractère  de  leurs  chefs  de  façon  à  confier  à  cha- 
cun la  besogne  à  laquelle  il  est  le  plus  propre. 

Le  Commandant  de  l'armée  ne  peut  rien  prévoir  pour  le  dévelop- 
pement de  la  journée. 


1.  Indépendamment  de  la  ligne  d'infanterie  légère,  les  divisions  se  forment 
sur  deux  lignes,  une  brigade  par  ligne,  aHn  qu'il  y  ait  unité  de  commande- 
nieDt  dans  l'attaque,  et  aussi  unité  de  commandement  dans  Taction  de  la  se- 
conde ligne  lorsqu'elle  se  porte  on  avant,  soit  pour  prolonger  la  première 
ligne,  soit  pour  la  remplacer. 

Une  division  de  S  régiments  se  forme  sur  8  lignes,  un  régiment  par  ligne. 

Uoe  brigade  isolée  se  forme  sur  2  lignes. 


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624  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Ce  point  important  obtenu,  on  fera  ensuite  les  dîspositîonB  qneles 
manœuvres  et  les  forces  de  l'ennemi  indiqueront  ;  on  manœuvrera 
suivant  les  circonstances,  chaque  corps  conformant  ses  mouvements 
à  ceux  des  corps  voisins  et  cherchant  à  faciliter  leur  action.  D  se 
produira  sur  le  champ  de  bataille  des  manœuvres  analogues  à 
celles  qui  ont  eu  lieu  sur  le  champ  d'opérations  où  les  différentes 
colonnes  ont  facilité  les  mouvements  des  colonnes  latérales  et  leur 
ont  permis  de  s'élever.  Au  début  même  de  la  bataille  le  mouve- 
ment en  avant  du  5*  corps  permettra  au  7*  corps  de  déboucher.  Le 
mouvement  débordant  du  4*  corps  sur  le  flanc  gauche  des  Prussiens 
à  hauteur  de  Klein -Romstftdt  déterminera  la  retraite  de*  la  seconde 
ligne  prussienne. 

L'Empereur  prenait  toujours,  pour  livrer  bataille,  des  dispositions 
générales  qu'il  dictait  et  faisait  communiquer  à  tous  les  comman- 
dants de  corps  d'armée.  (Dispositions  du  23  vendémiaire  an  XIV 
devant  Ulm  ;  pour  la  journée  du  11  frimaire  ;  du  14  juin  1807  pour 
la  bataille  de  Friedland  ;  du  6  septembre  1812  pour  la  bataille  de  la 
Moskowa.)  Bien  d'autres  ordres  analogues  ont  dû  être  dictés  de 
même  et  ne  nous  sont  pas  parvenus.  L'ordre  pour  le  passage  de  la 
Narew  à  Okunin  par  le  3*  corps  le  23  décembre  1806,  qui  a  été 
dicté  à  l'adjudant  commandant  Hervo,  n'a  échappé  que  parce  qu'il 
a  été  transcrit  sur  le  journal  des  opérations  du  3*  corps.  (Campagne 
de  Pologne,  journée  du  23  décembre.) 

Le  Commandant  de  l'armée  donne  lui-même  le  signal  de  l'attaque. 

L'action  engagée,  il  suit  les  progrès  du  combat,  ordonne  selon  le* 
circonstances  de  nouvelles  dispositions  pour  annuler  celles  de  l'en- 
nemi et  les  lui  rendre  funestes,  et  dirige  la  bataille  comme  il  a  dirige 
les  opérations.  Ayant  auprès  de  lui  ses  réserves  pour  parer  à  tout  ac- 
cident imprévu ,  il  est  prêt  à  saisir  le  moment  de  décider  la  bataille. 

Pendant  toute  la  journée  les  corps  d'armée  ont  tenu  la  place  que 
l'Empereur  leur  avait  fixée  dans  l'ordre  de  bataille,  à  l'exception  du 
6*  corps  dont  l'avant-garde  se  forma  à  la  gauche  du  §•  corps  au  lieu 
de  se  former  à  sa  droite. 

Le  point  important  était  de  se  déployer  en  plaine  et  pour  cela 
d'avoir  la  place  de  déploiement. 

Il  fallait  chasser  les  premières  troupes  prussiennes  de  leurs  posi- 
tions et  des  villages  qui  en  formaient  les  points  d'appui.  Le  5*  corps 
qui  avait  fait  l'avant-garde  de  l'armée,  qui  depuis  le  12  suivait  Tar- 
rière-garde  ennemie  et  qui  depuis  le  13  était  sur  le  plateau,  exécuw 
cette  attaque  pour  permettre  à  l'armée  tout  entière  de  déboucher. 
Pendant  toute  la  journée  il  fut  le  pivot  de  la  manœuvre  ;  c'est  lui  qui 
eut  à  supporter  le  principal  effort  de  l'armée  prussienne,  à  vaincre 
toute  la  résistance. 


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14    OCTOBRE.  625 

L'attaque  fut  menée  par  le  centre  que  tenait  le  maréchal  Lanncs. 
Le  rapport  du  5*  corps  est  le  plus  important  ;  c'est  pour  cette  raison 
que  je  le  présente  le  premier.  Les  manœuvres  des  autres  corps  d'ar- 
mée viennent  toutes  se  rattacher  à  celles  de  ce  corps. 


RAPPORT   DU   GÉNÉRAL   VICTOR,    CHEF   d'ÉTAT-MAJOR 

DU  5°  CORPS  d'armée. 

...  Vers  les4  heures  du  matin,  TEmpereur  lit  appelerle  ma- 
réchal Lannes  pour  lui  faire  part  de  ses  projets  ;  les  troupes 
reçoivent  au  même  instant  Tordre  de  prendre  les  armes  et 
rartillerie  de  s'établir  pour  attendre  le  signal  de  la  grande 
bataille  qui  allait  être  livrée.  6  heures  étaient  sonnées  que  le 
j^and  jour  ne  paraissait  pas.  Un  brouillard  extrêmement 
épais  obscurcissait  l'horizon  ;  cependant  il  n'y  avait  pas  un 
instant  à  perdre  pour  marcher  à  l'ennemi  ;  il  pouvait  nous 
prévenir  et  notre  position  dans  ce  cas  devenait  très-embar- 
rassante; aussi  S.  M.,  sans  s'inquiéter  des  obstacles,  donnâ- 
t-elle ce  signal  si  désiré. 

Le  Maréchal  disposa  en  même  temps  son  corps  d'armée 
partie  en  ligne,  partie  en  colonne  avec  l'artillerie  dans  les 
intervalles.  L'attaque  devant  être  dirigée  par  notre  droite 
sur  le  village  de  Closwitz  d'après  les  instructions  de  S.  M., 
le  Maréchal  mit  ses  troupes  en  mouvement,  et,  par  un  chan- 
gement de  direction  à  droite  *,  il  les  prépare  à  soutenir  l'at- 
taque du  village  exécutée  avec  une  grande  vigueur  par  le 
17*,  le  bataillon  d'élite  et  2  pièces  d'artillerie  à  cheval.  Le 
34*,  sous  le  commandement  du  général  Reille,  prit  une  grande 
part  à  cette  affaire  pendant  laquelle  le  21'  léger,  de  la  division 
Gazan,  chassait  du  bois  à  la  droite  de  ce  village  l'ennemi 
qui  y  était  en  force,  et  qu'il  lui  prenait  10  pièces  de  canon 


1.  Le  changement  de  direction  à  droite  du  5^  corps  amena  une  ouverture 
dans  la  ligne  entre  le  6^  et  le  7^  corps.  L'Empereur  boucha  cet  intervalle  par 
une  batterie  qu'il  forma  avec  toute  rartillerie  attachée  à  la  Garde,  une  partie 
de  rartillerie  de  la  division  Gazan  et  une  partie  de  rartillerie  de  la  division 
Desjardins,  soit  au  total  environ  25  pièces  de  canon.  (Voirie  rapport  du  com- 
mandant de  rartillerie  de  la  division  Desjardins.)  La  Garde  garnissait  le  reste 
de  rintervalle.  C*est  dans  cet  espace,  que  le  maréchal  Ney  poussa  Tavant- 
garde  du  6«  corps. 

CAHP.    DR  PRCISB.  40 


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626  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

et  4  obusiers.  Les  64*  et  88*  aux  ordres  du  général  Vedel, 
soutinrent  avec  valeur,  quoique  en  seconde  ligne,  le  feu  ter- 
rible de  rennemi. 

Ces  préliminaires  de  la  bataille  eurent  tout  le  succès  qu  on 
en  pouvait  attendre.  La  brigade  d'avant-garde  de  la  division 
Suchet  se  sentant  puissamment  soutenue  ^  par  les  brigades 
.Reille  et  Vedel  de  cette  division  et  par  la  division  Gazanqui 
arrivaient  successivement  par  échelons,  firent  des  prodige^j 
et  forcèrent  le  grand  nombre  d'ennemis  qu'elles  avaient  à 
combattre  à  se  retirer  en  désordre  et  avec  une  perte  considé- 
rable sur  les  villages  de  LUtzenrode  et  au  delà,  derrière  les- 
quels l'armée  prussienne  nous  attendait.  Elle  nous  avait 
abandonné  26  pièces  de  canon  en  batterie  *. 

Ce  coup  hardi  et  imprévu  lui  donna  de  l'inquiétude  ;  elle 
cràigiiait  pour  son  centre  et  c'est  pour  cette  raison  que  l'on 
vit  toute  sa  droite  abandonner  ses  positions'  pour  se  réunira 
ce  centre  si  dangereusement  menacé. 

Le  5*  corps  marchant  dans  l'ordre  le  plus  parfait  malgré  la 
difficulté  des  obstacles  qu'il  avait  franchis,  vint  se  former  sur 
deux  lignes  en  avant  du  village  de  Vierzehn-Heiligen*;  le 
40*  et  le  21"  léger  furent  envoyés  au  village  de  Vierzehn-Hei- 
ligen*.  Ce  poste  était  intéressant  et  on  va  voir  que  l'ennemi 

1.  La  coaûance  inspirôe  par  la  proximité  des  Iroupes  de  soutiea  double  h 
vigueur  de  l'attaque.    . 

2.  Y  compris  les  canons  de  bataillon. 

3.  Entre  8  et  9  heures,  la  première  position  de  l'armée  prussienne  éiaii 
forcée,  et  tout  le  corps  de  Tauonzien,  fort,  parait-il.  de  la  bataillons,  8  e;^ci- 
drons  et  2  batteries,  était  en  retraite. 

4.  C'est-à-dire  ayant  devant  lui  le  village  qu'il  fallait  enlever. 

5.  Le  rapport  du  général  Victor  n'est  pas  très  clair  au  sujet  de  l'attaque  du 
village  de  Vierzehn-Ueiligon  et  du  second  combat  de  la  journée  ;  le  rappi-n 
du  général  Suchet  et  ceux  des  4*,  6«  et  7*  corps  permettent  de  se  iaire  ure 
idée  assez  exacte  de  cette  action. 

Pendant  le  mouvement  en  avant  du  5«  corps,  le  général  Glaparôde,  avec  Je 
bataillon  d'élite,  avait  continué  à  poursuivre  l'ennemi  dans  le  ravin  «t,  in- 
versant Krippendorf,  8*était  élevé  sur  le  plateau  jusqu'au  moulin  de  Vierubrh 
Heiligen. 

En  môme  temps,  sur  l'ordre  de  l'Empereur,  le  40«  se  portait  à  l'atttqoe  d'-i 
village  de  Vierzehn-Heiligen,  point  d'appui  du  centre  de  la  ligne  ennemie. 
dont  l'occupation  était  très  importante,  et  que  tenaient  encore  les  troupes  ùe 
Tauenzien.  Cette  première  attaque  eut  lieu  vers  o  heures.  L'ennemi  évacua  le 
village  en  y  mettant  le  feu  ;  mais  voyant  qu'il  n'avait  affaire  qu'à  un  pt^ii^ 
nombre  de  troupes,  il  l'attaqua  à  son  tour,  le  reprit  et  y  porta  beaucoup  de 


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14    OCTOBRE.  627 

y  attachait  une  grande  importance.  Il  se  préparait  à  nous  at- 
taquer à  son  tour  et  bientôt  il  se  présenta  avec  des  forces  im- 
posantes. Son  artillerie  faisait  un  feu  terrible  ;  elle  portait  le 

monde.  Le  40*,  ea  se  relirant,  protégeait  la  retraite  du  général  Claparède  ; 
c'est  ce  que  Ton  doit  entendre  par  cette  phrase  du  rapport  du  général  Suchet  : 
1 11  eut  Foccasioa  de  protéger  le  mouvement  rétrograde  de  plusieurs  batail- 
I  Ions  et  escadrons.  » 

Dans  ce  môme  moment,  le  1<'  bataillon  du  84*  montait  sur  la  hauteur  à 
«iroiie  et  arrêtait  lu  cavalerie  prussienne  qui  iiésîlait  à  pénétrer  en  arrière  du 
village  pour  prendre  en  flanc  les  troupes  désunies  qui  en  descendaient,  c'est- 
à-dire  le  40*  et  le  bataillon  d*élite. 

Le  5*  corps  était  maitre  du  vallon  et  des  ravins,  mais  il  avait  été  chassé 
du  village. 

On  entendait  alors  sur  les  derrières,  dans  la  direction  de  Rudigen,  le  canon 
(lu  général  Uoltzendorf,  qui  avait  été  séparé  du  corps  de  Tauenzien.  La  brl- 
^dc  Vedel,  64*  et  88*,  débusquait  en  même  temps  d'un  bois  une  fraction  de 
Taile  gauche  do  Tauenzien,  la  chassait  également  d*Alton-Gônne  et  la  rejetait 
dans  la  direction  d'Apolda,  laissant  au  4«  corps  le  soin  de  la  surveiller. 

Us  divisions  d*infanterie  du  6^^  corps  commençaient  à  déboucher  sur  le 
plateau.  L'Empereur  ordonne  alors  un  nouvel  ed'ort  sur  le  village.  Le  40^  (une 
[lurtiou  de  la  brigade  Reille,  rapport  du  général  Suchet),  soutenu  par  le  2 1«  le- 
;:er,  se  présente  pour  recommencer  Tatiaque  si  longtemps  inFructueuse  do 
Vierzehn-Heiligen  ;  ces  deux  régiments  y  pénétrent  et  avec  eux  le  bataillon 
do  voltigeurs  du  6«  corps;  ils  en  chassent  l'ennemi.  Le  général  Reille  avec 
\ii<  8«  et  8«  bataillons  du  34«  vient  s'établir  à  la  gauche  du  village,  ayant  lui- 
même  à  sa  gauche  la  brigade  de  cavalerie  légère  du  général  TreiUard.  11 
pouvait  être  environ  10  heures  et  demie. 

C'est  à  ce  moment  que  la  division  prussienne  Grawert,  avec  une  nombreuse 
artillerie,  s'avance  a  l'attaque,  par  échelons  de  8  bataillons  l'aile  gauche  en 
'ivant,  pour  repousser  la  ligne  française,  en  recourbant  son  aile  gauche,  aliu 
d'envelopper  le  village  de  Vierzehn-Heiligen. 

L'instant  est  critique.  Le  maréchal  Lannes  se  porte  à  la  droite  du  village, 
i^ur  la  hauteur,  avec  le  100«  de  ligne  soutenu  par  le  103%  arrête  Teffort  de  la 
ligne  ennemie,  et  permet  au  4o«  et  au  2i«  léger  de  se  maintenir.  Pendant  ce 
temps,  la  brigade  Vedel  est  revenue  derrière  le  village  former  la  réserve  du 
ô«  corps. 

Le  4«  corps  arrivant  à  la  hauteur  de  la  droite  du  5«,  l'Empereur  donne  l'ordre 
à  toute  la  ligne  de  se  porter  en  avant.  La  charge  est  battue  ;  le  mouvement 
des  100*  et  103«,  précédés  par  6  pièces  d'artillerie  à  cheval  de  la  division 
Gazan,  détermine  la  retraite  des  Prussiens;  tout  le  5*  corps  suit  cette  impul- 
sion décisive. 

Là,  comme  toujours  sur  le  champ  de  bataille,  le  mouvement  en  avant  est 
déterminé  par  rentrée  en  ligne  de  nouvelles  troupes,  la  division  Gazan  et  le 
i' corps.  Cette  règle  est  invariable,  qu'il  s'agisse  d*un  bataillon,  d'un  corps 
d'armée  ou  d'une  armée  :  les  troupes  de  soutien  (troupes  de  seconde  ligne) 
et  de  réserve  (réserves  générales)  entraînent  avec  elles  dans  le  mouvement 
en  avant  les  troupes  déjà  engagées. 

Dans  le  même  temps,  la  division  Desjardins  s'est  emparée  du  bois  et  du  vil- 
loge  d'Userstâdt  et  a  pris  part  à  l'attaque  du  5*  corps  et  de  l'avant-garde  du 
s*  corps. 

Ce  second  acte  de  la  bataille,  depuis  la  marche  en  avant  de  la  ligne  prus- 
«ieane  jusqu^â  la  déroute  de  sa  gauche,  avait  duré  environ  deux  heures  ou 
deux  heures  et  demie.  11  devait  être  environ  midi  ut  demi  ou  une  heure. 


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628  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

carnage  de  la  mort  dans  nos  rangs  ;  c'est  dans  cet  instant,  le 
plus  critique  de  la  journée,  que  le  maréchal  Lannes  marcha 
à  la  tête  du  100'  régiment  commandé  par  le  général  Grain- 
dorge  pour  se  porter  à  la  droite  du  village,  s'emparer  des 
hauteurs  qui  s'y  trouvent  et  menacer  par  cette  manœuvre 
hardie  le  flanc  gauche  de  l'ennemi,  que  les  généraux  Ga- 
zan  et  Campana,  appelés  avec  le  103®  pour  soutenir  cette 
entreprise,  se  frayèrent  un  passage  à  travers  les  lignes  prus- 
siennes sous  un  feu  des  plus  vifs  d'infanterie  et  d'artillerie 
et  rejoignirent  le  lOO*, 

Le  40*  et  le  21*  se  soutenaient  avec  intrépidité  dans  le 
village.  Le  34*  était  établi  à  la  gauche  avec  le  général  Raille. 
Le  mal  que  lui  faisait  le  canon  ennemi  ne  lui  permettant  pas 
de  tenir  cette  position,  il  marcha  audacieusement  à  lui.  Leb 
64*  et  88*  combattaient  vaillamment  une  colonne  qui  s'était 
jetée  sur  les  derrières  de  notre  droite,  Notre  artillerie  étonnait 
l'armée  prussienne  par  la  justesse  et  la  multiplicité  de  ses 
coups.  La  cavalerie,  aux  ordres  du  général  Treillard,  suivait 
tous  nos  mouvements  sous  le  feu  des  ennemis  et  cherchait  les 
occasions  de  signaler  son  courage.  La  bataille  était  générale. 
Le  5*  corps  luttait  contre  60,000  Prussiens  soutenus  de  plus 
de  100  pièces  de  canon. 

Le  Maréchal,  suivant  les  ordres  qu'il  venait  de  recevoir  de 
IS.  M.,  fit  succéder  nos  triomphes  à  cette  lutte  meurtrière  et 
pénible  en  se  portant  sur  le  flanc  gauche  des  ennemis  avec 
les  100*  et  103*  et  6  pièces  d'artillerie  de  la  division  Gazan 
commandées  par  le  général  Foucher  en  personne.  Cette  ma- 
nœuvre étonne  les  ennemis  ;  ils  sont  incertains  ;  leur  feu  se 
ralentit  tandis  que  le  nôtre  redouble.  Ils  cèdent  du  terrain. 
Le  Maréchal  saisit  cette  occasion  ;  il  les  fait  charger  par  ces 
deux  régiments  en  masse  ;  tout  le  corps  d'armée  suit  cette 
impulsion  décisive. 

L'armée  prussienne  est  culbutée  et  forcée  de  se  retirer  en 
désordre  laissant  en  nos  mains  une  grande  quantité  de  pri- 
«onniers  et  de  canons  \  C'est  alors  seulement  que  notre  cava- 


1.  La  retraite  dos   Prussiens  se  fit  en  ordre  pendant  la  première  beure,  c'est 


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14  OCTOBRE.  629 

lerie  peut  satisfaire  sa  bouillante  ardeur  ;  elle  cherche  à  riva- 
liser de  gloire  avec  Finfanterie  et  Tartillerie,  se  précipite  sur 
les  bataillons  ennemis  ;  ils  ne  peuvent  résister  à  cet  élan  du 
<îourage  et  du  dévouement.  Tout  lui  cède,  et  les  9*  et  10*  de 
hussards  et  2V  de  chasseurs  aux  ordres  du  général  Treillard 
se  mettent  au  niveau  de  notre  infanterie  et  de  notre  redou- 
table artillerie.  Le  résultat  de  cette  charge  a  été  la  prise  de 
4  bataillons  d'infanterie,  8  drapeaux,  16  pièces,  un  grand 
nombre  d'officiers  de  tous  grades  et  2  généraux  prussiens. 

S.  M.  a  détaché  la  brigade  Vedel  au  soutien  de  la  division 
Desjardins  à  la  gauche  ;  le  1"  bataillon  du  64*  et  le  2*  du  88* 
ont  attaqué  avec  vigueur  l'ennemi  et  l'ont  poursuivi  jusque 
sous  les  murs  de  Weimar. 

Le  5*  corps  a  continué  sa  marche  dans  l'ordre  le  plus  im- 
posant, en  suivant  les  traces  ensanglantées  de  l'armée  prus- 
sienne qui,  malgré  ses  pertes  et  ses  défections,  cherchait 
encore  à  se  défendre.  Elle  fut  poursuivie  jusque  sur  les  hau- 
teurs de  Weimar,  trop  heureuse  que  la  nuit  arrivât  pour  se 
sauver  d'une  perte  totale. 

Je  ne  puis  mieux  faire  que  de  reproduire  le  récit  du  combat  de 


n-dire  jusqu'à  une  heure  et  demie  environ.  Mais  elle  devint  bientôt  un  affreux 
désordre.  A  i  heures,  dit  la  relation  prussienne,  l'armée  ressemblait  a  un 
fleuve  de  fuyards.  —  La  division  Saint-Hilaire,  le  5«  corps,  Tavanl-garde  du 
<*  corps,  la  division  Desjardins,  avaient  pris  part  à  Tattaque  décisive  contre 
le  corps  du  prince  de  Hohenlohe.  L'ennemi  fut  mené  battant  pendant  une 
heure  par  la  cavalerie  légère  des  corps  d'armée,  suivie  à  courte  distance  par 
la  ligne  d'infanterie  et  par  les  brigades  de  la  i''^'  division  de  dragons. 

La  division  Saint-Hilaire  occupa  Gross-Romstadt  et  le  5*  corps  s'avança  jus- 
qu'à la  créle  qui  domine  la  vallée  de  Gapellendorf.  La  ligne  française  s'y 
lieurta  contre  le  corps  du  général  Rûchel  qui,  après  avoir  traversé  Gapellen- 
dorf, gravissait  à  ce  même  moment  les  pentes  de  Gross-Bomstadt.  Les  deux 
lignes  d'infanterie  en  vinrent  aux  mains.  Les  Prussiens  ne  purent  se  rendre 
raailres  de  Gross-Romstâdt  :  n'ayant  plus  de  réserves  pour  entraîner  leurs 
troupes,  ils  ne  tardèrent  pas  à  fléchir  et  à  ôlre  jetés  dans  le  vallon,  où  les 
Français  les  suivirent,  le  4«  corps  par  Gapellendorf,  le  7«  corps  par  la  grande 
route  de  Weimar,  en  se  rapprochant  l'un  de  l'autre.  Les  troupes  du  6®  corps 
qui  avaient  soutenu  Tefrort  de  la  journée  étaient  épuisées  et  désunies  ;  elle^ 
passèrent  en  secende  ligne  ainsi  que  Tavant-garde  du  6*  corps.  La  brigade 
Vedel,  la  seule  du  5*  corps  qui  n'eût  pas  été  fortement  engagée,  fut  dirigée 
par  l'Empereur  pour  soutenir  le  mouvement  de  la  division  bcsjardins,  du 
7* corps;  elle  passa  bientôt  en  première  ligne  et  continua  la  poursuite  appuyant 
b  cavalerie  de  la  réserve  et  la  cavalerie  légère  des  corps  d'armée. 


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630  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Vîerzehn-Heiligen  tracé  par  le  lieutenant- colonel  von  der  Goltz,  de 
rétat-major  allemand  ' .  Il  permet  d'assister  du  côté  des  Prussiens  à 
Tacte  décisif  de  la  bataille.  On  pourra  se  rendre  compte  que  ce  récit 
concorde  avec  les  rapports  des  officiers  généraux  français. 

<  ...  Ni  le  prince  Hohenlohe^  ni  le  quartier  maître  général,  colonel 
e  Massenbach,  ne  se  rendaient  un  compte  exact  du  danger  qui  les 
«  menaçait.  On  ne  s'attendait  pas  à  un  combat  sérieux  ce  jour-là.  An 
«  quartier  général,  comme  au  camp,  tout  le  monde  était  au  repos. 
«  La  division   saxonne  Niesemeuschel  qui  était  campée  près  de  la 

<  Schnecke  prenait  seule  les  armes,  et  à  6  heures  du  matin  s'établis- 
«  sait  à  la  Schnecke.  Enfin  quelques  troupes  légères,  sous  les  ordres 
«  du  colonel  Boguslawski  allaient  occuper  les  bords  du  Schwabhan- 
«  ser-Grund  et  4  bataillons  saxons  qui  auraient  dû  rejoindre  le  corps 
«  de  Tauenzien  auquel  ils  appartenaient,  mettaient  en  état  de  dé- 
«  fense  le  bois  d'Isserst&dt. 

«  ...Le  bruit  du  combat  de  Closwitz  et  de  Lutzenrode  commen- 
«c  çait  à  être  entendu  du  camp  de  Capellendorf.  Le  général  Grawert 
«  croyait  même  que  le  combat  se  livrait  du  côté  d'Apolda  dans  le  doè 
«  de  r  armée  et  il  avait  dépêché  un  de  ses  aides  de  camp  auprès  da 
€  colonel  Massenbach  pour  le  prier  de  reporter  la  division  Tauenzien 
«  sur  Vierzehn-Heiligen.  Lui-même,  prenant  l'initiative,  avait  fait 

<  prendre  les  armes  à  sa  division,  abattre  les  tentes,  et  rompait  ver» 
«  la  gauche  pour  faire  ensuite  tête  de  colonne  à  gauche  et  marcher 
«  avec  sa  tête  sur  Vierzehn-Heiligen  pour  se  former  en  bataille  face 

<  à  ce  village,  le  dos  tourné  à  Klein  et  Gross-Romst&dt.  A  ce  mo- 

<  ment,  la  retraite  du  général  Tauenzien  se  dessinait  nettement.  L& 
«  cavalerie  forte  de  19  escadrons  et  d'une  batterie  saxonne  se  porta 
«  en  avant  pour  recueillir  les  débris  de  Tauenzien.  Le  prince  de 
€  Hohenlohe  se  mit  à  sa  tête  et  envoya  à  l'infanterie  l'ordre  d  ava»- 
c  cer  dès  qu'elle  aurait  achevé  sa  formation  eu  bataille.  Il  était  envi- 

<  ron  9  heures  et  demie  quand  toute  la  ligne  formée  par  la  division 
«  s'ébranla.  Au  pas  accéléré,  au  son  des  instruments  et  avec  uue 
c  régularité  qu'on  ne  rencontrait  pas  toujours  même  sur  le  terrain 
c  d'exercices,  la  division  se  mit  à  gravir  les  pentes  douces,  hautes  de 
«  20  mètres  environ  qui  montent  vers  Vierzehn-Heiligen.  Afin  de  ?e 

<  relier  avec  les  Saxons  qui  occupaient  Isserst&dt,  la  division  obliqo& 

<  légèrement  à  droite  ;  à  Isserstildt  aussi  se  tenait  la  cavalerie  saxouue 

<  forte  de  15  escadrons  avec  une  batterie.  Enfin  la  brigade  Djherrn. 
«  fortement  éprouvée  au  combat  dç  Saalfeld  et  qui  ne  comptait  que 
«  4  bataillons  et  3  escadrons,  se  formait  derrière  la  droite  de  ladiri- 
€  sion  Grawert. 


1.  Je  dois  cette  traduction  à  robligoancedu  lieutenant-colonel  Hartschmidl, 
du  94*. 


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14    OCTOBRE.  631 

c  Arrivés  à  hauteur  de  Vierzehn-Heiligen,  lès  19  escadrons  prus- 
siens reçurent  des  coups  de  canon  ;  ils  reculèrent  jusqu'à  une 
légère  dépression  où  ils  se  formèrent  en  bataille.  Pendant  ce  temps, 
les  débris  de  Tauenzien  dépassaient  Yierzehn-Heiligen,  laissant  le 
Domberg  couvert  de  fuyards  et  de  blessés.  Du  côté  de  KSdigen 
aussi,  on  entendait  une  vive  fusillade  et  de  la  canonnade,  mais  le 
broaillard  empêchait  de  rien  distinguer... 

«...  Lorsque  les  bataillons  de  Grrawert  arrivèrent  aux  abords  de 
Vierzehn-Heiligen,  les  4  bataillons  saxons  qui  occupaient  le  bois 
d'Isserstftdt  passèrent  en  deuxième  ligne.  Le  brouillard  se  dissipait 
et  l'on  commençait  à  distinguer  nettement  les  tirailleurs  français 
qui  s'avançaient  sur  Vierzehn-Heiligen  suivis  de  petites  colonnes 
d'escadrons  isolés  soutenus  par  quelques  pièces  d'artillerie  à  che- 
val "...  La  cavalerie  prussienne  s'était  bravement  reportée,  en 
avant;  mais  accueillie  par  le  feu  des  tirailleurs  et  par  le  canon  ^ 
elle  dut  se  replier  par  les  deux  ailes.  Elle  perdit  môme  .une  de  ses 
batteries  à  cheval  prise  par  de  la  cavalerie  française.  Les  Français 
pénétrèrent  dans  Vierzehn-Heiligen. . .  A  ce  moment,  le  bruit  de  la 
canonnade  du  côté  du  corps  de  Holtzendorf  semble  avoir  amené  un 
temps  d'arrêt.  L'idée  de  rejeter  la  première  ligne  française  s'empara 
de  l'esprit  de  tous,  mais  au  lieu  de  la  mettre  à  exécution  à  l'aide 
des  trois  armes,  le  prince  de  Hohenlohe  n'y  employa  que  son  infan- 
terie, sans  doute  parce  qu'elle  avait  toute  sa  confiance.  Il  passa 
devant  le  front  des  bataillons  de  la  gauche  à  la  droite,  leur  rappe- 
lant la  vieille  gloire  prussienne  et  les  hauts  faits  d'armes  de  leurs 
pères,  et  partout  il  fut  salué  avec  enthousiasme. 
<  n  était  10  heures  et  demie  quand  les  10  bataillons  de  la  division 
Orawert  se  portèrent  en  avant  par  échelons  de  2  bataillons,  la 
gauche  en  avant.  Malgré  le  feu  des  tirailleurs  français  et  malgré  la 
mitraille,  leur  marche  se  fit  comme  sur  le  terrain  d'exercices.  A  la 
droite,  les  Saxons  et  des  chasseurs  prussiens  du  corps  de  Tauenzien 
suivirent  leur  mouvement  dans  la  direction  d'IsserstUdt.  Les  tirail- 
leurs français  furent  repoussés  abandonnant  une  partie  de  la  lisière 
du  village  et  du  bois  d'Isserstâdt.  Mais  il  s'agissait  bien  ici  d'exé- 
cuter des  marches  en  échelon  avec  une  régularité  sans  pareille.  Ce 
qu'il  fallait,  c'était  un  choc  à  fond  sur  le  même  point,  avec  les 
forces  disponibles,  pour  reprendre  le  village  de  Vierzehn-Heiligen 
qui  était  devenu  la  clef  de  la  position.  Mais  l'infanterie  prussienne 
n'était  pas  habituée  à  des  efforts  de  ce  genre.  Suivant  sa  tactique, 
elle  s'arrêta  à  portée  de  mousqueterie  de  la  lisière  du  village  et 
attendit  l'entrée  en  ligne  des  échelons  postérieurs  en  recourbant 
son  aOe  gauche  pour  envelopper  le  village.  On  ouvrit  le  feu  contre 

1.  Lei  6  pièces  d*artillerie  légère  de  l'avant-garde  du  6«  corps. 


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632  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

<  le  village  ;  Fartillerie  parvint  même  à  y  mettre  le  feu,  mais  finale- 

<  meut  les  Français  en  restèrent  les  maîtres. 

«  A  ce  moment,  riUusion  était  telle  du  côte  des  Prussiens  que  le 
«  général  Grawert  crut  pouvoir  complimenter  le  prince  de  Hchenlobe 
«  de  la  victoire  qu'il  venait  de  remporter!...  Le  prince  Hohenlohe 
€  voulait  recommencer  l'attaque  ;  le  général  Grawert  conseillait  d'at- 
«  tendre  l'entrée  en  ligne  du  corps  de  Rtichel  dont  on  avait  demandé 

<  l'aide  et  que  l'on  savait  en  marche  vers  le  champ  de  bataille. 
«  D'autres  attendaient  aussi  le  concours  du  corps  de  Holtzendorf,  à 
c  ce  moment  déjà  en  retraite.  Massenbach  seul  semble  avoir  eu  cons- 
«  cience  de  la  gravité  de  la  situation  :  «  Attendre,  dit-il,  c'est  la 
€  mort  !»  et  il  proposa  de  réunir  toute  la  cavalerie  et  de  la  faire 

<  charger  à  fond.  La  charge  n'eut  pas  lieu;  on  préféra  attendre  l'ar- 
«  rivée  de  RUchel,  mais  Kuchel  ne  vint  pas.  Le  temps  passait,  les 

<  pertes  augmentaient  et  les  cartouches  commençaient  à  manquer, 
c  Les  tirailleurs  français  embusqués  derrière  les  haies  et  dans  les 
c  maisons  du  village  tiraient  sur  les  lignes  prussiennes  comme  à  la 
«  cible.  Celles-ci  répondaient  par  des  feux  de  peloton  et  de  batail- 
c  Ion,  mais  sans  produire  le  moindre  résultat. . .  Un  régiment  de  l'aile 
c  gauche  lâcha  pied  *,  le  Prince  le  fit  ramener  à  coups  de  bftton  et  de 
€  plat  de  sabre  ;  les  hommes  furent  ramenés  au  feu  et  firent  brave- 
«  ment  leur  devoir  jusqu'au  bout.  Ce  combat  inégal  dura  2  heures... 

«...  Les  pertes  des  Prussiens  devenaient  insupportables  *,  les  ba- 
«  taillons  commençaient  à  chanceler  ;  l'aile  gauche  fut  la  première  à 
«  reculer  et  son  mouvement  se  communiqua  à  toute  la  ligne,  malgré 
€  les  efforts  du  Prince  et  de  ses  officiers  pour  l'arrêter.  Les  bataillons 
«  de  Tauenzien  placés  à  Klein -Romstâdt  permirent  à  l'aile  gauche 
«  de  s'arrêter  et  de  se  remettre  ^  mais  la  retraite  de  l'aile  droite  se 
«  changea  en  une  déroute  complète.  Seul  le  bataillon  saxon  «  An» 
«  dem  Wenkel  »  au  milieu  duquel  se  trouvait  le  Prince  ne  perdit  pas 
«  contenance  ;  il  fit  une  brillante  retraite  et  parvint  à  se  retirer...  A 
€  2  heures  de  l'après-midi,  l'armée  ressemblait  à  un  fleuve  de 
«  fuyards...  » 

LE  GÉNÉBAL  8UCHET  AU  MARÉCHAL  LANNBS. 

Weimar,  15  octobre  1806. 

...  A.  la  pointe  du  jour  je  formai  la  brigade  Claparède  en  bataille 
suivie  de  2  pièces  pour  s'emparer  du  petit  village  de  Closwitï  qui  se 
trouvait  sur  notre  droite,  la  brigade  en  deux  lignes,  l'artillerie  dans 
les  intervalles.  Le  40*  eu  colonne  avec  ordre  de  se  déployer  aussitôt 
que  le  terrain  le  permettrait,  et  enfin  la  brigade  Vedel  en  masse  pla- 
cée en  réserve  à  100  toises. 

Dans  cet  ordre  la  division  s'ébranle  ;  le  général  Claparède  pousse 
à  l'ennemi  et  cherche  le  village,  mais  l'ép&is  brouillard  qtii  nous 


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14  OCTOBRE.  633 

enveloppe  permet  à  peine  de  distinguer  les  objets  à  quelques  pas. 
Vous  m'ordonnez  de  faire  appuyer  à  gauche  la  brigade  Claparède  ; 
cet  ordre  porte  par  mon  aide  de  camp  Meyer  lui  permet  d'entendre 
très- distinctement  le  commandement  des  officiers  prussiens  ;  il  l'in- 
dique au  général  Claparède  et  dès  lors  s'engage  un  feu  nourri  de 
mousqueterie  et  d'artillerie  dans  l'obscurité  du  brouillard  qui  ne  per- 
mettait pas  de  juger  de  la  force  de  l'ennemi. 

J*ai  fait  continuer  la  marche  eu  avant  et  là  le  17°  soutint  pendant 
près  de  cinq  quarts  d'heure  '  un  feu  des  plus  vifs  et  des  plus  meur- 
triers au  milieu  duquel  j'ai  vu  tomber  à  mes  côtés  deux  officiers  et 
trois  ordonnances.  Mes  aides  de  camp,  mes  officiers  d'état-major  et 
du  génie  ont  eu  leurs  habits  percés  de  balles.  Tous  les  corps  de  la 
division,  que  la  marche  en  avant  avait  resserrée,  étaient  fortement  jetés 
à  gauche  et  comme  traînés  par  la  pente  du  terrain  sur  lequel  nous  nous 
trouvions.  Dès  que  nous  commençâmes  à  distinguer  les  petits  bois, 
je  prescrivis  au  général  Claparède  d'en  chasser  l'ennemi.  11  y  téussit 
en  éprouvant  une  opiniâtre  résistance.  Arrivée  à  la  tête  du  bois,  la 
division,  presque  serrée  en  masse  *  quoique  deux  brigades  déployées, 
reconnut  devant  elle  sur  le  plateau  une  nombreuse  cavalerie.  Le  17° 
manquait  de  cartouches  et  se  trouvait  singulièrement  affaibli  *.  J'or- 
donnai au  général  Reille  de  le  remplacer  par  le  34*  ^.  Ce  passage  de 
ligne  s'exécuta  par  bataillon  parfaitement,  et  à  ce  moment  le  soleil 
commença  à  dissiper  le  brouillard  *  et  nous  fit  apercevoir  à  peu  de 
distance  3  bataillons  de  grenadiers  à  grands  bonnets,  qui  nous  char- 
geaient en  flanc*. 

J'ordonnai  aux  2*  et  3*  bataillons  du  34°  qui,  presque  lentement 
l'arme  au  bras,  s'avançaient  en  bon  ordre,  de  les  chargera  leur  tour 
avec  un  feu  en  avançant  et  par  un  changement  de  front  l'aile  droite 
en  avant  de  culbuter  les  grenadiers  et  d'enlever  les  pièces.  Ce  mouve- 
ment fut  fait  au  pas  de  charge,  les  grenadiers  mis  en  fuite  et  2  pièces 
en  batterie  prises.  L'ennemi  continuait  de  tirer  en  retraite.  J'ordonnai 


1.  Le  bro-jillard  ne  permit  pas  de  mener  Tattaque  du  village  et  du  bois  en 
avant  d'uno  façon  aussi  rapide  ol  aussi  sûre  qu'on  l'aurait  désiré. 

2.  Il  s'était  produit  une  accumulation  de  tous  les  corps  sur  un  soûl  point 
par  suite  do  Taclion  et  aussi  de  la  Torme  du  terrain. 

3.  Ce  régiment  était  anniliilé  pour  le  reste  de  la  journée.  Il  n'en  sera  plus 
TaîI  mention. 

4.  I  Une  ligno,  dans  une  journée  importante,  passe  tout  entière  aux  tirail- 
'  leurs,  quelquefois  même  deux  fois.  Il  faut  relever  les  tirailleurs  toutes  les 

■  deux  heures,  parce  qu'ils  sont  fatigués,  parce  que  leurs  fusils  se  dérangent 

■  et  s'encrassent.  »  (L'Empereur,  IVoie»  tur  l'art  de  la  guerre  du  général  Rogniat.) 
à.  Il  pouvait  dtrc  environ  8  heures  et  demie. 

6.  Le  5®  corps  s'avançait  en  échelons  sur  le  platoau  dans  la  direction  de 
Krippeudorf,  l'échelon  de  droite,  division  Suchet,  en  avant.  L'attaque  se  pro- 
duisit sur  notre  flanc  gauche,  venant  du  village  de  Liitzenrode. 


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634  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

au  chef  de  bataillon  Rosey,  du  88*,  d'achever  ce  succès.  Il  le  fit  avec 
vigueur.  Un  bataillon  en  masse  du  21*  léger  le  soutint  en  ce  moment 
et  22  pièces  furent  abandonnées  dans  le  grand  ravin  en  arrière  de  U 
position  que  nous  venions  d'enlever  ' .  Le  général  Claparède  *  mar^ 
cha  dans  la  vallée  pour  en  chasser  l'ennemi.  Entraîné  jusqu'au  delà 
du  moulin  de  Vierzehn-Heiligen,  il  fit  abandonner  encore  4  pièces 
de  canon,  mais  lui-même  bientôt  rencontrant  des  forces  supérieures 
revint  en  bon  ordre  prendre  position  près  de  la  division.  Pendant  ce 
temps  l'Empereur  '  avait  disposé  du  40*  régiment  et  le  dirigeait  sur 
le  village  de  Vierzehn-Heiligan  qui  brûla  ensuite.  A  la  première 
charge  qu'eut  occasion  de  faire  ce  brave  régiment,  il  prit  une  pièce, 
soutint  avec  une  grande  vigueur  des  attaques  réitérées  et  eut  occa- 
sion de  protéger  le  mouvement  rétrograde  de  plusieurs  bataillons  et 
escadrons.  Pendant  toute  la  journée  ce  régiment  a  combattu  avec  sa 
bravoure  ordinaire  ;  toutes  les  fois  qu'il  a  pu  joindre  l'infanterie,  il 
l'a  culbutée.  Son  colonel  a  été  blessé  ;  le  chef  de  bataillon  Dupejronx 
l'a  remplacé  et  par  son  calme  et  sa  vigueur  il  a  su  tenir  constamment 
son  régiment  rallié. 

La  ligne  ennemie  était  coupée  et  nous  étions  maîtres  des  vallons 
et  du  ravin  lorsqu'une  fusillade  et  une  canonnade  très-vives  se  sont 
fait  entendre  derrière  notre  droite.  La  brigade  Vedel  a  fait  aussitôt 
demi-tour  pour  attaquer  l'ennemi  sur  ce  point,  tandis  qu'une  portion 
de  la  brigade  Reille  s'est  présentée  pour  recommencer  l'attaque  si 
longtemps  infructueuse  du  village  brûlé. 

Le  l***  bataillon  du  34*,  commandé  par  le  colonel  Dumoustier.  à 
travers  le  vallon  à  droite,  a  poussé  des  escadrons  de  la  cavalerie 
ennemie  qui  hésitait  à  pénétrer  en  arrière  du  village  pour  prendre 
en  flanc  les  troupes  désunies  qui  en  descendaient.  Il  arriva  au  mou- 
lin et  By  forma  aussitôt  en  carré  pour  se  préparer  à  soutenir  la 
charge  de  la  cavalerie.  Dans  cette  position  il  a  beaucoup  souffert  par 
le  canon  jusqu'à  ce  que  le  mouvement  victorieux  que  nous  avons 
entraîné,  a  fait  abandonner  à  l'ennemi  le  village  brûlé.  Dès  lors  la 
division  a  continué  de  traverser  la  plaine  sur  deux  lignes  et  de  pour- 
suivre la  déroute. 

Pendant  ce  temps  l'Empereur  en  personne  a  disposé  de  la  bri- 
gade Vedel  et  l'a  mise  en  soutien  de  la  division  Desjardins.  Le  64*  a 
eu  occasion  de  marcher  sur  un  point  que  défendaient  les  Prussiens 
avec  opiniâtreté  sur  la  droite  ;  il  l'a  enlevé  avec  vigueur,  et  enfin  le 
chef  de  bataillon  Cambronne,   commandant  le  2*  bataillon  du  8î3'. 


1.  C'est-à-dire  dans  le  ravin  Krippondorf-Alten-Gônne.  Ces  pièces  sool  les 
mêmes  que  los  26  dont  le  général  Victor  parle  dans  son  rapport. 

8.  Avec  le  bataillon  d'élite. 

s.  L*Ëmpereur  se  trouvait  donc  à  ce  moment  i  hauteur  de  la  première  ligne 
de  rinfanterie  de  bataille. 


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14    OCTOBRE.  635 

officier  très  déterminé,  a  chargé  audacieusement  les  batteries  et  re- 
poussé rennemi  de  deux  positions  en  arrière,  a  pressé  les  charges  de 
notre  cavalerie,  qu'il  a  appuyée  jusque  sous  les  murs  de  Weimar, 
tandis  que  le  reste  de  la  division,  après  la  retraite  totale  de  l'ennemi, 
a  pris  position  à  la  nuit  sur  la  grande  route  d'Iéna  à  Weimar  à  Tem- 
brauchement  de  celle  de  Naumburg*. 

L'artillerie  a  tiré  à  Saalfeld  et  à  la  bataille  d'Iéna  1,322  coups  de 
canon.  Elle  a  démonté  à  l'ennemi  9  pièces  dont  3  ont  été  enlevées 
par  les  canonniers.  Elle  a  eu  3  pièces  démontées  et  15  chevaux  de 
troupe  tués... 

La  perte  totale  en  tués  ou  blessés  s'élève  à  2,645  parmi  lesquels 
(5  officiers. 

LB   QBNÉBAL    FOUCBER,    COMMANDANT    l'aRTILLERIE    DU    5®    CORPS, 
AU    GÉNÉRAL    SONGIS. 

Merseburg»  I8i  octobre  18O6. 

L'artillerie  du  5*  corps  a  pris  une  part  fort  active  à  la  bataille 
dléna  :  toutes  les  pièces  étaient  en  batterie  et  ont  tiré  comme  il  est 
à  déairer  que  puisse  toujours  le  faire  l'artillerie,  de  différente  points 
sur  le  même  but  et  à  petite  portée.  Pendant  l'attaque  du  village 
brûlé,  elles  ont  soutenu  nos  troupes  avec  vigueur  et  se  sont  portées 
en  avant  au  galop  quand  l'ennemi  a  commencé  son  mouvement  ré- 
trograde ;  elles  ont  alors  démonté  une  partie  de  ses  pièces  et  porté 
dans  ses  rangs  un  désordre  tel  que  pour  se  soustraire  au  feu  meur- 
trier de  notre  artillerie  tirant  à  mitraille  à  70  toises,  ils  se  sont  vus 
réduits  à  prendre  la  résolution  désespérée  de  venir  fusiller  nos  canon- 
niei-8  à  leurs  pièces,  ce  qu'ils  auraient  fait  sans  l'arrivée  d'un  corps 
d'infanterie  destiné  à  nous  soutenir. 

Nous  avons  perdu  M.  Gronnier,  second  lieutenant  au  6'  régiment 
d'artillerie  à  cheval.  Ce  jeune  homme  plein  d'honneur  et  de  bravoure 
a  été  emporté  par  un  obus  à  l'attaque  du  village. 

3  canonniers,  1  soldat  du  train,  23  chevaux  d'escadron  et  39  che- 
vaux du  train  ont  été  tués. 

21  canonniers  ainsi  que  2  soldats  du  train  ont  été  blessés  par  la 
mousqueterie. 

3  pièces  ont  été  démontées. 

1  coffret  a  sauté  par  le  feu  de  l'ennemi. 

M.  Sibille,  capitaine  commandant  la  3"  compagnie  du  6'  d'artille- 
rie à  cheval,  et  M.  Giraud,  sous- lieutenant  au  5*  bataillon  bis  du 
train,  ont  eu  l'un  et  l'autre  un  cheval  tué  sous  eux. 


].  Toute  Tinrantorie  du  6e  corps  bivouaqua  dans  cette  position,  à  i*excep- 
tion  de  la  brigade  Vedel. 


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636  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

J'attribue  une  partie  du  succès  de  l'artillerie  du  corps  d'armée  an 
zèle  et  aux  soins  de  MM.  Fruchard  et  Saint-Loup,  commandant  l'ar- 
tillerie des  divisions. 

Le  corps  d'armée  a  tiré  1,464  coups  de  canon  et  300  coups 
d'obusier  et  consommé  23  caissons  de  cartouches  d'infanterie  en 
remplacement  de  ce  qui  se  trouvait  en  giberne. 

Les  munitions  sont  remplacées,  les  menues  réparations  faites  et  les 
pertes  en  chevaux  du  train  réparées. 

JOURNAL  DES  OPÉRATIONS  DU  4*  CORPS  D'ARMÉE. 

Le  14  avant  le  jour,  en  exécution  des  dispositions  de  S.  M. 
le  corps  d'armée  se  mit  en  marche  pour  attaquer  Taile  gauche 
de  Tarmée  ennemie  qui  était  établie  en  avant  de  Closwitz  et 
dans  le  bois  qui  est  à  la  gauche  de  ce  village  *  ;  pour  cet  effet 
le  général  Saint-Hilaire  eut  ordre  de  déboucher  par  les  che- 
mins qui  sont  à  droite  du  plateau  que  M.  le  maréchal  Lannes 
occupait,  et  qui  avaient  été  reconnus  la  veille,  de  diriger  sa 
gauche  sur  le  village  de  Closwitz,  de  s'emparer  du  bois  et, 
aussitôt  qu'il  en  aurait  chassé  l'ennemi,  de  changer  de  direc- 
tion à  gauche  afin  d'être  toujours  sur  son  flanc  et  même  de 
déborder  sa  gauche. 

La  cavalerie  légère  eut  ordre  de  suivre  le  mouvement  de 
la  division  Saint-Hilaire,  et  aussitôt  que  le  bois  et  le  village 
seraient  pris,  de  se  former  en  avant  d'elle  dans  la  plaine  pour 
concourir  à  ses  opérations. 

Il  fut  envoyé  ordre  aux  divisions  des  généraux  Legrandet 
Levai  qui  n'étaient  pas  encore  arrivées  à  léna,  de  presser 
leur  marche  pour  venir  prendre  part  à  la  bataille  ;  vers  midi 
elles  joignirent,  mais  les  mouvements  de  l'ennemi  ne  permi- 
rent pas  de  les  engager  de  la  journée. 

La  division  du  général  Saint-Hilaire  exécuta  avec  intrépi- 
dité le  mouvement  qui  lui  avait  été  ordonné  sur  Closwitz  et 
le  bois  immédiatement  à  gauche  *  ;  l'ennemi  en  fut  chassé 

1.  Par  rapport  à  rennemi. 

2.  La  !'•  brigade,  io«  léger  et  se»  de  ligne,  traversa  le  bois  diagonalemeni 
en  coupant  ie  Raulilhal  ;  la  seconde  brigade,  43*  et  55*,  arriva  sur  CJoswiU 
on  longeant  le  bois.  Les  s  brigades  se  rejoignirent  en  avant  de  Closwitz,  Ter? 
la  croisée  des  chemins  Closwitz-Lehesten,  Liitzenrode-Rôdigen.  Levé  à  tuc 
Tait  te  16  octobre  1806  par  le  capitaine  du  génie  Coustontin. 


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14  OCTOBRE.  637 

avec  perte  de  beaucoup  de  inonde  et  la  division  se  forma  en 
tête  du  bois  pour  donner  à  la  cavalerie  légère  et  à  Tartillerie 
le  temps  de  déboucher. 

L'attaque  de  la  division  Saint-Hilaire  fut  tellement  impé- 
tueuse qu'une  colonne  ennemie  de  3  bataillons  et  quelques 
escadrons  qui  occupait  la  gauche  du  bois  de  Closwitz  et  cou- 
vrait le  débouché  de  Domburg,  fut  entièrement  coupée  et 
n'eut  pas  le  temps  de  se  retirer  ^  Cette  colonne  manœuvra 
inutilement  toute  la  journée  pour  joindre  la  gauche  de  Tar- 
mée  prussienne  ;  le  maréchal  Soult  se  contenta  de  la  faire 
observer  ;  le  soir  n'ayant  pu  s'ouvrir  de  débouché,  elle  fut 
forcée  de  mettre  bas  les  armes  et  de  se  rendre  à  Tavant-garde 
du  1"  corps  d'armée  qui  était  avancée  vers  Apolda. 

Les  troupes  ennemies  qui  avaient  été  chassées  du  village 
de  Closwitz  et  du  bois  qui  est  à  gauche,  voulurent  se  refor- 
mer en  avant  des  villages  de  Rodigen  et  de  Nerkwitz  et  elles 
firent  même  un  mouvement  sur  la  division  du  général  Saint- 
Hilaire  qui  marchait  à  leur  rencontre*:  la  cavalerie  ennemie 
qui  était  en  partie  composée  de  chevau-légers  de  la  garde 

1.  Ce  doit  ôtro  la  colonne  contre  laqueUe  se  porta  la  brigade  Vedel,  colonne 
qu'elle  chassa  d*Alten-Gônne. 

2.  La  division  Saint-Hilaire  marchait  sur  deux  lignes,  la  ir«  brigade  en  pre- 
mière ligne,  la  8^  brigade  en  seconde  ligne. 

>  Le  général  Holtzendorf,  dit  le  lieutenant-colonel  von  der  Goltz,  avec  5,000 

<  hommes,  avait  passé  la  nuit  à  Domburg,  et  au  bruit  du  combat  livjé  par  lo 
I  corps  de  Tauenzien,  il  avait  rassemblé  ses  forces  et  pris  position  vers  Rodigen. 

<  En  ce  point  il  se  trouvait  à  plus  de  s  kilomètres  du  corps  principal  dont 

*  le  corps  du  maréchal  Soult,  qui  s'élevait  par  le  Rauthal,  commençait  déjà 

<  à  le  couper Holtzondorf,  coupé  du  corps  principal,  se  rendit  bien  compte 

*  qu'il  ne  pouvait  rejoindre  ce  dernier  et  qu*il  ne  lui  restait  que  raltemative 

*  ou  de  forcer  le  passage  de  vivo  force,  ou  de  battre  en  retraite  par  le  ravin 

*  profondément  encaissé  do  Nerkwitz  pour,  do  là,  par  une  marche  forcée  par 

<  Slobru,  gagner  Hermstûdt.  Il  se  décida  pour  Tattaque. 

"  En  échelons  de  bataillon,  Taile  droite  eu  avant,  avec  800  pas  de  distance 

<  eutre  les  échelons  et  dans  le  plus  grand  ordre ,  il  porta  son  infanterie  en 

<  avant.  Mais  cette  marche  fut  de  courte  durée.  Les  tirailleurs  français  se 

*  jetèrent  dans  les  bois  et  lo  combat  se  transforma  en  une  fusillade  de  pied 
'  ferme,  dans  laquelle  Tinfanterio  prussienne  tirait  avec  calme  et  ordre,  mais 

■  sans  produire  le  moindre  résultat  contre  les  tirailleurs  abrités  à  la  lisière 

■  des  bois.  Quand  le  général  Holtzendorf  se  décida  à  la  retraite  par  Nerkwitz, 
'  sa  gauche  était  déjà  compromise,  et  la  brigade  de  cavalerie  légère  Guyot 

<  acheva  de  la  mettre  en  déroute  après  avoir  sabré  des  fractions  de  cavalerie 

*  prussienne.  Celte  brigade  ne  fut  arrêtée  et  repoussée  que  par  le  feu  des 
«  grenadiers  prussiens.  Uoltzendorf  rassembla  son  corps  en  arrière  de  Nerkwitz  ; 


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638  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

du  Koi  et  de  dragons  saxons,  tut  reçue  à  bout  portant  par  le 
10®  léger  qui  était  en  mouvement  pour  tourner  le  village  et 
par  le  36''  de  ligne  qui  marchait  à  sa  hauteur  :  un  bon  nom- 
bre d'hommes  et  de  chevaux  restèrent  sur  place.  Les  géné- 
raux Margaron  et  Guyot,  conduisant  la  cavalerie  du  corps 
d'armée,  arrivèrent  alors,  chargèrent  immédiatement  l'en- 
nemi et  le  culbutèrent  dans  le  défilé  de  Nerkwitz  où  lU 
prirent  200  hommes  de  cavalerie  et  autant  d'infanterie, 
6  pièces,  un  général,  20  autres  officiers  et  2  étendards.  Ce 
qui  s'échappa  de  ces  troupes  se  retira  en  désordre  vers  la 
gauche  de  l'année  prussienne  et  y  fut  poursuivi. 

Dans  le  choc,  le  8*  de  hussards  et  le  11*  de  chasseurs  mon- 
trèrent une  grande  valeur  ;  trois  charges  qu'ils  exécutèrent 
furent  faites  avec  audace  contre  une  cavalerie  supérieure  et 
elles  eurent  le  plus  grand  succès  ;  le  16*^  de  chasseurs  suivait 
en  réserve  pour  les  protéger*. 

La  division  du  général  Saint-Hilaire  manœuvra  avec  habi- 
leté, et,  quoique  la  nombreuse  artillerie  de  l'ennemi  timt 
sur  elle  à  mitraille  pour  l'empêcher  de  déboucher,  cette  ar- 
tillerie fut  enlevée  et  les  bataillons  qui  la  protégeaient  dis- 
persés. 

Dans  cette  attaque,  le  36',  dont  le  colonel  fut  tué,  les  8*" 


a  mais  au  lieu  de  chercher  à  se  relier  avec  Grawert,  il  resta  inaciif  da  c6to 
«  de  Slobra,  et  Unit  par  se  retirer  sur  Âpoida  vers  a  heures  de  raprés-midi...  • 

Il  semble,  d'après  ce  rëcit,  que  le  corps  du  général  Holtzendorf  n'était  pas 
encore  en  ligue  lors  de  l'attaque  du  bois  de  Closwitz  par  la  division  Saiot- 
Ililaire,  et  que  les  troupes  du  4«  corps,  poursuivant  les  bataiUons  chassés  du 
bois,  rencontreront  le  général  Holtzendorf  vers  Rôdigon,  au  moment  mdme 
où  il  se  portait  à  Tattaque. 

1.  Les  8^  do  hussards  et  ii«  de  chasseurs  formaient  les  deux  premières 
ligues  de  Tallaque  ;  le  16«  de  cliasseurs  la  réserve. 

Une  troupe  qui  termine  une  charge  est  plus  ou  moins  de'sunie  par  son  at- 
taque: A  moins  qu'elle  u*ait  complètement  renversé  la  cavalerie  adverse  et 
que  celle-ci  soit  privée  de  troupes  de  soutien,  elle  est  attaquée  à  son  tour 
par  la  deuiiéme  ligne  ennemie.  —  La  deuxième  ligne  ou  ligne  de  soutien  e$: 
par  suite  obligée  de  charger  pour  faciliter  le  ralliement  de  la  première  ligoo 
ou  avant  si  la  chargo  a  réussi,  en  arrière  si  elle  a  éehoué.  La  deuxième  ligne 
est  donc  presque  toujours  engagée.  A  son  tour  la  première  ligne  ralxied 
charge  pour  permettre  à  la  deuxième  ligne  de  se  rallier. 

Les  dilTérentcs  lignes  sont  autant  d'échelons  qui  se  suivent  à  courte  di^ 
tance  en  se  prêtant  un  mutuel  appui.  La  réserve  qui  luit  à  proximité  oa  mi- 
uŒuvrant,  protège  les  deux  premières  lignes. 


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14   OCTOBRE.  639 

de  hussards  et  11*  de  chasseurs  eurent  particulièrement  à 
souffrir. 

Ce  premier  succès  obtenu,  le  maréchal  Soult  faisant  tou- 
jours appuyer  à  gauche  la  division  du  général  Saint-Hilaire 
ainsi  que  la  cavalerie,  en  ne  cessant  de  déborder  la  gauche 
de  Tennemi  *  et  de  surveiller  les  mouvements  des  troupes  qui 
avaient  été  coupées',  porta  la  division  dans  la  direction  du 
village  de  Gross-Komstâdt,  où  l'ennemi  appuyait  sa  gauche  et 
réunissait  ses  principales  forces.  Pour  cet  effet  il  changea  de 
direction  à  gauche*  et  passant  par  Hermstâdt,  Klein-Romstâdt 
et  Vierzehn-Heiligen,  il  joignit  à  hauteur  de  ce  dernier  vil- 
lage la  division  du  général  Suchet  aux  ordres  du  maréchal 
Lannes,  dont  partie  venait  d'être  repoussée  de  ce  village  *,à 
hauteur  duquel  il  joignit  encore  l'ennemi  qui  remarchait  en 
avant:  les  régiments  étant  en  colonne  sur  deux  lignes,  et  la 
cavalerie  à  droite,  la  charge  fut  battue*,  l'ennemi  culbuté  et 
poussé  jusqu'à  Gross-Romstlidt^  où  un  nouveau  combat  se 
préparait. 

Dans  ce  mouvement  la  division  du  général  Saint-Hilaire 
et  la  cavalerie  prirent  encore  à  la  baïonnette  15  pièces  de 
canon  et  firent  un  bon  nombre  de  prisonniers. 

Lorsque  les  troupes  du  corps  d'armée  se  portèrent  en 
avant  de  Vierzehn-Heiligen,  celles  de  la  division  du  géné- 
ral Suchet  qui  étaient  à  la  droite  du  village  et  une  brigade 


1.  *  Le  maréchal  Soult  se  tiendra  toujours  lié  pour  tenir  la  droite  de 
>  rarmée.  » 

2.  Les  bataillons  de  Taile  droite  du  général  Tauenzien  et  le  corps  du  géné- 
ral Holtzendorf.  Les  2«  et  8«  divisions  qui  joignirent  vers  midi  auraient  arrêté 
toute  attaque  de  ces  corps  sur  les  derrières  de  la  division  Saint-Uilaire. 

3.  Pendant  que  le  10«  léger  tournait  Rôdigen  et  Nerkwitz,  les  36^,  43«  et  as* 
traversaient  ce  dernier  village  et  venaient  se  former  sur  le  plateau,  face  à 
Hermstâdl,  parallèlemeot  au  chemin  de  Lehesten  à  Stobra,  le  36«  à  gauche,  le 
i3«  an  centre,  le  55*  à  droite  ;  le  io«  léger  en  seconde  ligne. 

4.  Ainsi  que  je  Tai  déjà  fait  remarquer,  la  possession  du  village  fut  vive- 
ment disputée.  Soit  que  la  première  attaque  du  40«  ait  échoué ,  ce  que  fait 
croire  l'expression  repoiusée,  soit  que  ce  régiment  ait  été  chassé  du  village 
pv  uo  retour  offensif,  il  est  certain  que  le  5*  corps  rencontra  sur  ce  point 
uoe  résistance  opiniâtre  qui  nécessita  remploi  des  troupes  de  deuxième  ligne. 

5.  fl  Au  centre,  dit  le  lieulenaut-colonel  von  dor  Goltz,  d'épaisses  lignes  de 

•  tirailleurs,  suivies  do  colonnes,  s'avançaient  au  son  dos  tambours  et  dus 

•  musiques.  » 


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640  Campagne  de  prusse. 

de  la  division  du  général  Gazan  s'y  réunirent  et  marchè- 
rent ensemble  vers  Gross-Romst&dt;  le  maréchal  Soult  les 
dirigea. 

La  cavalerie  de  réserve  venait  de  déboucher  et  se  portait 
en  avant  à  la  rencontre  de  Tennemi  ;  une  brigade  de  dragons 
engagea  la  charge  contre  Taile  gauche  de  l'armée  prussienne 
qui  était  renforcée  de  beaucoup  de  cavalerie  ainsi  que  de  la 
colonne  d'infanterie  du  général  Riichel  qui  venait  d'arri- 
ver *  :  cette  charge  n'eut  pas  le  même  succès  que  celle  qui  fut 
entreprise  en  même  temps  sur  la  droite  des  Prussiens  ;  les 
dragons  furent  ramenés  ainsi  que  la  cavalerie  du  corps  d'ar- 
mée qui,  voyant  leur  mouvement,  avait  manœuvré  pour  les 
protéger;  mais  l'ennemi  s'étant  maladroitement  engagé  à 
leur  poursuite,  fut  arrêté  par  l'infanterie  de  la  1"  division 
qui  à  son  tour  la  chargea  et  la  poussa  au  delà  de  Capellen- 
dorf,  d'où  l'ennemi  ne  chercha  plus  qu'à  se  sauver  vers  Wei- 
mar  pour  échapper. 

Dans  ce  choc  qui  fut  certainement  un  des  plus  violents  de 


1.  (t  A  s  heures  do  raprés-midi,  dit  le  lieutenant-colonel  von  der  Goli/, 
«  rarmûe  ressemblait  à  un  fleuve  de  fuyards.  A  ce  moment,  le  géuvnl 
n  \on  Rùchel  arrivait  à  Capellendorf.  Le  malheur  voulut  que  Massenbach  viol 
«  au-devant  de  Riichel,  et  que  celui-ci  ayant  demandé  sur  quel  point  il  arail 
«  à  se  porter,  reçût  pour  réponse  :  «  Vite  à  travers  Capellendorf!  »  Ainsi  fa: 
N  amené  le  quatrième  et  dernier  acte  isolé  de  la  bataille.  Riichel  descendit 
«  avec  ses  bataillons  dans  le  ravin  profondément  encaissé  de  Capellendorf, 
«  traversa  le  village  ou  le  contourna  par  le  nord  et  se  mit  eu  demeure  de 
K  gravir  les  pentes  ardues  qui  conduisent  vers  Gross-Romstâdt  et  qui  soDt 
«  élevées  de  200  pieds  au-dessus  de  la  vallée.  Mais  déjà  les  tirailleurs  frao- 

«  çais  en  garnissaient  les  crôtes  ;  do  rartillerie  les  suivait Les  18  balail- 

«  Ions  do  Riichel  qui  s'avançaient  msOeslueusement  au  pas  de  parade,  furent 
«  accueillis  par  une  fusillade  et  une  canonnade  meurtrières.  Natureilecneûi 
«  les  Prussiens  marchaient  en  échelons,  chacun  de  2  bataillons  ;  mais  coite 
«  fois  réchelon  du  centre  était  en  avant.  Malgré  des  pertes  sanglantes,  la 
«  marche  no  fut  pas  arrêtée  ;  los  charges  de  la  cavalerie  française  furent  môme 
«  ropoussées  et  les  Prussiens  prirent  pied  sur  le  plateau.  Là  on  fit  balte,  etlo 

«  général  Riichel  prit  ses  dispositions  pour  attaquer  Grôss-Romstadt Les 

n  tirailleurs  français  avaient  bien  reculé,  mais  ils  n'avaient  pas  cessé  un  seul 
«  instant  de  tirer,  et  maintenant  ils  couvraient  d'une  grêle  de  balles  les  ba- 
«  taillons  prussiens  tirant  par  salves  sans  produire  d'effet.  Von  Riichel  était 
((  atteint  à  la  poilrine  ;  la  plupart  des  chefs  étaient  hors  do  combat  ;  les  rangs 
«  s'éclaircissaient,  et,  comme  à  Vierzehn-Heiligon,  le  moment  approchait  où 
«  l'infanterie  ne  pourrait  plus  endurer  ce  feu  meurtrier.  Après  un  combai 
«  d'une  demi-heure,  cavalerie,  infanterie  et  artillerie  se  précipitèrent  en  ar- 
«  rière  dans  la  vallée  de  Capellendorf.  » 


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14   OCTOBRE.  641 

la  journée',  le  régiment  d'infanterie  de  Wedel,  prussien,  fut 
entièrement  détruit;  les  chevau-légers  y  furent  de  nouveau 
culbutés  et  souffrirent  extrêmement  ;  le  champ  de  bataille 
resta  jonché  de  cadavres  ;  il  y  eut  beaucoup  de  prisonniers 
de  faits  et  6  pièces  de  canon  d'enlevées.  Le  général  Rtichel 
y  fut  blessé. 

Les  grenadiers  du  36*  croisèrent  plusieurs  fois  la  baïon- 
nette avec  ceux  du  régiment  prussien  de  MôUendorf;  mais 
ceux-ci  furent  constamment  renversés  jusqu'à  ce  qu'enfin  ils 
eussent  tous  été  détruits.  Un  bataillon  du  43'  obtint  le  même 
succès  sur  un  autre  bataillon  ennemi  dans  l'attaque  du  vil- 
lage de  Gross-Romstâdt,  où  le  10*  léger  donna  de  nouvelles 
preuves  de  valeur  ". 

Dès  ce  moment  l'ennemi  ne  pensa  plus  qu'à  sauver  les  dé- 
bris de  son  armée,  et  il  se  retira  dans  le  plus  grand  désordre 
vers  Weimar  ;  une  de  ses  colonnes  dont  la  force  consistait 
principalement  en  cavalerie  ayant  paru  se  diriger  par  sa 
gauche  vers  Apolda  pour  ensuite  se  porter  sans  doute  sur 
Eckartsberg,  où  elle  eût  joint  les  troupes  qui  avaient  com- 
battu dans  cette  partie^  le  maréchal  Soult  manœuvra  pour 
lui  couper  le  passage  et  se  porta  sur  Ulrichshalben  ;  l'ennemi 
ayant  saisi  le  but  de  ce  mouvement  se  retira  avec  la  plus 
grande  hâte  derrière  l'Ilm  et  passa  cette  rivière  à  Denstadt 
et  Ulrichshalben.  La  cavalerie  du  corps  d'armée  arriva  assez 
à  temps  dans  ce  dernier  endroit  pour  y  faire  300  prisonniers 
et  augmenter  le  désordre  de  la  colonne  ennemie  dont  la 
retraite  fut  favorisée  par  la  nuit  qui  survint  et  qui  empêcha 
de  la  poursuivre  davantage.  Le  soir,  le  corps  d'armée  prit 
position  en  arrière  d'Ulrichshalben. 

...  Il  y  eut  au  corps  d'armée  plus  de  2,000  prisonniers,  27 
pièces  de  canon,  2  étendards  et  un  grand  nombre  d'officiers 
dont  un  général  et  3  officiers  supérieurs.  La  perte  de  la  divi- 

1.  Ce  fat  la  division  Saint-Hilaire  qui  eut  à  supporter  reffort  de  ce  troisième 
combat. 

s.  D'après  le  levé  du  capitaine  du  génie  ConstantiD,  au  moment  de  Tattaque 
de  Gross-Romstadt,  le  io«  léger  était  venu  prolonger  la  ligne  à  la  droite  du  65«. 
Il  exécutait  probablement  un  mouvement  débordant  pour  faire  tomber  le  vil- 
lage. 

CAMP.  DB  PBUS8B.  41 


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642  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

sion  du  général  Saint-Hilaire  consista  en  7  officiers  tués,  dont 
le  colonel  Lamothe  et  son  adjudant-major  Abadie,  et  21  offi- 
ciers blessés,  36  soldats  tués  et  544  sous-officiers  ou  soldats 
blessés. 

La  cavalerie  perdit  275  hommes  dont  27  morte,  209  bles- 
sés et  39  égarés. 

...L'artillerie  ne  cessa  un  seul  instant  de  prendre  en  flanc 
Tennemi  et  de  lui  tirer  à  mitraille  ;  par  la  hardiesse  de  ses 
mouvements  elle  contribua  puissamment  à  renverser  les  a*- 
lonnes  les  plus  nombreuses,  et  fit  un  grand  ravage  dans  les 
rangs  ;  enfin,  dans  les  7  heures  de  combat  qu'elle  fournit, 
elle  consomma  toutes  ses  munitions.  L'artillerie  du  général 
Levai  arriva  encore  à  temps  pour  prendre  part  au  dernier 
combat  de  la  journée... 


LE    QÉNÉBAL    LABIBOIBI^BB,    COKMAITDANT    L*ABTILLBBIE   DV  4*  C0BP8, 
AU    QÉKÉBAL    80X018. 

Schwerio,  14  novembre  180«. 

L'artillerie  du  4^  corps  a  fait  son  devoir  pendant  la  campagne  que 
noua  venons  de  terminer  ;  elle  peut  réclamer  sa  bonne  part  daoj 
toutes  les  affaires  qui  ont  eu  lieu.  Toujours  empressée  d^exécnter  les 
ordres  qu'elle  recevait,  elle  se  portait  rapidement  sur  Tennemi  ausfii- 
tôt  qu*il  7  avait  possibilité  de  l'atteindre  ;  et,  sans  s'inquiéter  da 
nombre  ni  de  la  force  des  batteries  qui  lui  étaient  opposées,  elle 
s'avançait  de  suite  à  portée  de  mitraille  et  ses  coups  deveniieni 
d'autant  plus  meurtriers  qu'ils  étaient  dirigés  avec  autant  de  jus- 
tesse que  de  sang-froid. 

  la  bataille  d'Iéna  nous  ne  pûmes  présenter  au  commencement 
de  la  journée  que  les  6  bouches  à  feu  attachées  à  la  cavalerie  légère: 
l'artillerie  des  !'•  et  2*  divisions,  retardée  par  une  marche  longue  et 
difficile,  ne  put  arriver  qu'après  midi  :  il  fallut  donc  suppléer  au 
nombre  par  la  hardiesse  des  positions,  par  la  rapidité  des  mouvenieots 
et  par  la  bonne  direction  du  tir. 

J'ordonnai  qu'on  ne  s'amusât  point  à  riposter  au  feu  des  battent^ 
prussiennes,  et  qu'on  tirât  uniquement  sur  les  masses  de  troupe?* 
Toute  l'armée  a  pu  juger  des  ravages  que  nous  faisions  dans  leurs 
rangs,  et  nous  eûmes  la  satisfaction  de  voir  reculer  plusieurs  fois  df 
fortes  colonnes  d'infanterie  et  de  cavalerie  par  le  seul  effet  du  feu  de 
nos  pièces.  Nous  avons  continué  notre  feu  pendant  plus  de  7  heures 


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14   OCTOBRE.  643 

ao  miliea  des  tirailleurs  de  notre  avant-garde.  Nous  ayons  consommé 
plus  de  1,500  coups  et  si  nous  n*ayons  éprouvé  qu*un  très -petit 
nombre  d^accidents  à  raison  de  notre  proximité  de  l'ennemi  et  du 
niai  que  nous  lui  avons  fait,  c'est  qu'il  était  intimidé  par  la  hardiesse 
(le  nos  mouvements,  c'est  que  nous  ne  restions  pas  assez  longtemps 
dans  la  même  position  pour  lui  donner  la  facilité  de  bien  ajuster  ses 
coups  ;  c'est  qu'enfin  ses  boulets  et  même  sa  mitraille  passaient  par- 
dessus nos  têtes  et  allaient  happer  bien  loin  derrière  nous. 

Le  maréchal-des-logis  chef  de  la  compagnie  du  train  attachée  à 
cette  batterie  a  eu  la  jambe  emportée,  8  canonniers  ont  éprouvé  des 
contusions  légères  par  des  balles  ou  de  la  mitraille,  un  affût  a  été  brisé 
et  i  chevaux  ont  été  tués.  Un  soldat  du  train  de  la  1'*  division  a  été 
blessé  gravement  à  la  tête,  4  canonniers  l'ont  été  légèrement  ;  2  cais- 
sons de  cette  division  ont  eu  leurs  armons  et  timons  fracturés  par 
des  boulets  ;  il  7  a  eu  4  chevaux  tués.  Dans  la  2"  division,  un  soldat 
du  train  et  5  chevaux  ont  été  tués,  et  2  canonniers  ont  été  légèrement 
blessés... 

LE  MARÉCHAL   SOULT   AU  MAJOR   GÉNÉRAL. 

Du  bivouac  en  arriére  de  UlrichshalbeD,  16  octobre  1806, 
2  heures  du  matin» 

Il  m'a  été  impossible  de  rendre  plus  tôt  compte  à  V.  A.  de 
la  position  que  le  corps  d'ai*mée  a  prise.  Ayant  fait  moi-même 
plusieurs  reconnaissances  et  pourvu  à  rétablissement  des 
troupes,  je  ne  fais  que  rentrer  en  ce  moment. 

Le  corps  d'armée  est  réuni  en  son  entier  sur  le  rideau  en 
arrière  de  Ulrichshalben  sur  la  rive  droite  de  Film  ;  une 
avant-garde  couvre  seulement  ce  village  et  l'infanterie  est 
campée  sur  trois  lignes. 

Je  suis  parfaitement  lié  par  la  droite  avec  les  troupes  de 
M.  le  maréchal  Bemadotte  qui  sont  campées  à  Unter-Ober- 
Rossla,  par  la  gauche  aussi  par  des  partis  avec  les  troupes 
qui  ont  été  portées  sur  Weimar. 

Une  forte  colonne  ennemie  s'était  dirigée  immédiatement 
après  la  bataille  sur  Rossla  où  elle  comptait  passer  l'Ilm,  mais 
ayant  aperçu  la  tête  de  la  colonne  de  M.  le  maréchal  Berna- 
dette, elle  revint  sur  Ulrichshalben  où  je  l'ai  poursuivie. 
Cette  colonne,  principalement  composée  de  cavalerie,  m'a 
paru  avoir  le  projet  de  s'élever  pour  prendre  la  route  de  Halle 


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644  CAMPA&NE    DE    PRUSSE.  / 

et  les  rapports  des  déserteurs  le  confirment  ;  cependant  comme^ 
après  avoir  passé  Tllm,  elle  ne  s'est  pas  encore  engagée  dans 
cette  direction,  elle  a  pu  aussi  prendre  celle  d'Erfurt  en  tour- 
nant Weimar.  Du  reste  leur  retraite  est  très-prononcée,  et  je 
crois  qu'aujourd'hui  il  restera  fort  peu  de  monde  en  avant  de 
nous. 

Je  supplie  V.  A.  de  vouloir  bien  me  faire  connaître  les 
ordres  de  S.  M.  concernant  le  4'  corps  d'armée. 

Je  devrais  rendre  compte  à  V.  A.  de  la  part  que  la  divi- 
sion du  général  Saint-Hilaire,  ainsi  que  la  cavalerie  et  l'ar- 
tillerie  du  corps  d'armée,  ont  prise  à  la  mémorable  bataille 
du  14,  mais  ma  situation  ne  me  permet  pas  de  lui  faire  un 
rapport  détaillé  à  ce  sujet  *.  Je  m'en  occuperai  de  suite,  et  je 
la  prierai  en  même  temps  de  vouloir  bien  mettre  sous  les 
yeux  de  S.  M.  le  récit  de  plusieurs  actions  distinguées  des 
corps  et  des  militaires  de  tout  grade  qui  se  sont  ainsi  acquis 
de  nouveaux  droits  à  ses  bontés  paternelles  ;  je  me  bornerai 
donc  aujourd'hui  à  lui  en  faire  connaître  le  résultat. 

Les  troupes  du  corps  d'armée  qui  ont  combattu  ont  fait 
1,300  prisonniers,  parmi  lesquels  plusieurs  officiers  et  deux 
généraux  (quant  aux  généraux  je  ne  les  ai  pas  vus,  mais  le 
rapport  m'en  a  été  fait).  Elles  ont  pris  en  outre  pendant  la 
journée  22  pièces  de  canon  ouobusiers  et  un  plus  grand  nom- 
bre de  caissons  que  faute  de  transport  on  n'a  pu  enlever. 

La  perte  de  l'ennemi  a  été  très  considérable  surtout  en  tués 


1 .  CIBCULAIRB. 

Ulrichshalbeni  15  octobre. 

Veuillez,  je  vous  prie,  mon  cher  GéDéral,  charger  le  chef  d^état-major  de 
voire  division,  de  m*adresser  sur-le-champ  l*état  des  pertes  qu'elle  a  ^ites 
dans  bi  journée  d*hier.  —  Cet  état  devra  comprendre  le  nombre  dliommes 
lues,  blesses,  pris  et  égarés  ;  il  devra  être  rédigé  par  régiment. 

Je  vous  prie  aussi,  mon  Général,  de  faire  joindre  à  cet  état  un  rapport  des 
événements  de  la  journée  où  il  soit  fait  une  mention  des  pertes  pro'sumées  de 
Tennemi,  des  mouvements,  manœuvres  et  actions  des  troupes  et  les  appli- 
quant au  terrain  qu*il  importe  d'indiquer  de  la  manière  la  plus  précise. 

M.  le  Maréchal  commandant  en  chef,  sous  les  yeux  duquel  je  dois  mettre 
dans  le  jour  tous  ces  renseignements»  désire  également  être  informé  des  ac- 
lions  d'éclat  individuelles  qui  ont  eu  lieu  dans  la  division  à  vos  ordres. 

Je  vous  prie,  mon  Général,  d'ordonner  que  cet  état  et  ce  rapport  me  soient 
adressés  dans  le  jour  le  plus  de  bonne  heure  possible,  car  M.  le  Maréchal 
se  propose  de  le  mettre  lui-même  dans  le  jour  sous  les  yeux  de  S.  H.  I.  et  R. 

0*1   COMPAW. 


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14  OCTOBRE.  645 

«t  blessés  dans  la  partie  où  le  corps  d'armée  a  combattu  ;  le 
régiment  de  Wedel,  infanterie  prussienne,  a  été  presque  dé- 
truit ;  d'autres  régiments  sont  réduits  à  moitié  et  sur  l'espace 
de  plus  d'une  lieue  on  trouve  la  terre  couverte  de  morts,  de 
blessés,  d'armes,  de  sacs,  etc.,  qui  prouvent  la  déroute  la  plus 
complète. 

Mais  S.  M.  a  fait  de  grandes  pertes  au  corps  d'armée.  Le 
colonel  Lamothe,  du  36",  ainsi  que  15  ou  17  officiers  de  divers 
grades  ont  été  tués  ;  un  plus  grand  nombre  a  été  blessé  et 
parmi  ceux-ci  se  trouvent  le  colonel  Laborde,  du  8*  de  hus- 
sards, qui  Test  assez  grièvement  h  la  cuisse,  le  colonel  Jaqui- 
not  du  11*  de  chasseurSj  et  Fouset,  du  10*  léger;  mais  tous 
deus  légèrement. 

Le  nombre  des  murt.<  est  de  90  ua  100  tout  compris,  et  celui 
de«  blessés  au  moins  de  700.  Band  la  cavalerie  on  a  aussi 
perdu  plusieurs  chevaux. 

Tous  les  corps  se  sont  battus  avec  valeur  et  ont  justifié  dans 
<î€tte  rencontre  tju'ils  étaient  toti Jours  dignes  de  la  confiance 
deS.  M- Le  gén/ralSamt-Hîlairo,  le  général  Compans,  le 
généml  Laribuisièrej  la  génér;d  .^îaiTj^aron,  le  général  Guy ot, 
lesadjudants-coinmafidants  KiLunl  rt  Binot  méritent  que  je 
les  cite  partii-ulièrement* 

Je  ferai  ai^ssî  m<jnt ion  expresse  dans  mon  rapport  de  tous 
les  colon  eU^  de  pluâieura  autres  uiiiciers  ou  soldats  qui  dans 
ce  jour  ont  Aussi  mérita  lea  bonnes  grâces  de  S.  M. 

Je  Vil  lis  pri«  dô  ret't.'voir  l'assurance  de  mes  sentiments 
rcspertueux. 


'Jrhom 


RECHAL  NET   A   L  EMPEREUR. 

WoLmar,  14  octobre  1806. 

J^aîTTiomieur  de  rendre  compte  à  V.  M.  qu'une  partie  des 
ttoufjes  de  mon  avant -garde  *  est  établie  en  avant  de  Weimar 
«nr  1»  route  d'Ertiirfc. 

Lai  quatre  régiments  de  la  2*  division  sont  bivouaques  sur 
ici  hanté  urè  en  arrière  de  Weimar,  rive  droite  de  Tllm. 

i,  P|»1»'jleaMnt  la  hrigo^de  c)o  cavalE^riu  Mgi^ra  seule. 


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646 


CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 


La  3*  division  est  bivouaqiiée  en  arrière  de  la  2*  de  ma- 
nière que  mon  corps  d'armée  est  disponible  pour  toutes  le* 
opérations  qu'ordonnera  V.  M. 

Quelques  régiments  du  corps  d'armée  de  M.  le  maréchal 
Lannes  *  se  trouvent  également  à  ma  droite  en  position  sur 
les  hauteurs  à  droite  de  Weimar. 

La  cavalerie  légère,  les  dragons  et  les  cuirassiers  de  S.  A.  I. 
le  grand-duc  de  Berg  sont  de  même  concentrés  dans  cette 
position. 

Je  ne  puis  faire  aucun  rapport  sur  la  bataille  d^anjonr- 
d'hui  ;  V.  M.  dans  cette  ^Içai^^^ournée  a  tout  fait  et  tout  vu. 

J'adresserai  au  Prwifeii   ffîini^e   de  la  guerre  Tétat  di^ 


blessés  et  des  tiXi-B;  lit 
daient  à  mon  avant-gurU 

L'ennemi  fait  sa  retra^ 
désordre;  il  abamlonue  esel 
plus  de  80  pièces  d'art î lier? 

Plusieurs  généraux  eniie^iîs  %àtî 
autres  tués  ou  bIcHsrs,  Enfin  V*   M' 
entièrement  détruite  l'armée  pi 
dessus  de  Iéna> 


s  officiers  qui  commao- 

.ssés- 

'fur  ï^fl^t  dans  le  plue  gniinl 

canons;  j'ai  trouvé 

de  mon  attaque. 

et  la  plupart  il^ï 

regarder  cemmtï 

était  campée  au- 


Sin  I     IV    1 


LE   MARECHAL    NEY  A 

Conformément  aux  ordres  de  V.  M.  fmTBiK  fait  fT*M- 
dispositions  pour  pouvoir  prendre  part  fc  l'atiaquc  ^' 
qu'elle  avait  mù*litùe  lo  14  octobre  sur  I'mhiI^a'  t>i*ui^i 
le  corps  d'armée  était  posté  à  Koda;  mon 
léna. 

Dans  cette  po.sLtion  reculée,  il  était  diffî^^^^^^Hcor]» 
pût  entrer  en  li^ne  pour  l'attaque,  et  le  gri^^^^^^|^  4^i 
survint  devait  encore  y  mettre  obstacle. 

Je  pris  donc  la  résolution  de  marcher  f^^^^^^Hrant 
garde  composée  de   troupcë  d'élite,  atin  t^^^^^Hueiiss 


1.  Les  64«  ot  sa",  Irrii^iiJe  Vc-del. 


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14    OCTOBRE.  647 

quelque  part  aux  glorieux  événements  qui  se  préparaient. 
Malgré  tous  les  obstacles,  je  parvins  à  m'établir  à  la  gauche 
du  maréchal  Lannes  \ 

Lorsque  je  fus  arrivé  à  quelque  distance  de  Erippendorf  , 
je  trouvai  une  ligne  ennemie  établie  la  droite  au  bois  ',  le 
centre  couvert  par  le  village  •  et  la  gauche  se  prolongeant 
sur  le  long  rideau  de  hauteurs  qui  bordaient  le  champ  de 
bataille. 

Informé  que  le  corps  du  maréchal  Augereau  devait  débou- 
cher à  ma  gauche,  je  pensais  qu'en  m'établissant  entre  le 
bois  et  le  village  toute  la  droite  de  l'ennemi  pourrait  être  cou- 
pée, et  la  direction  du  feu  sur  ma  droite  me  prouvait  que  ce 
résultat  serait  inévitable. 

Malgré  le  peu  de  forces  que  j'avais  à  ma  disposition,  je 
résolus  de  faire  charger  sur  les  pièces  d'artillerie  dont  le  feu 
incommodait  beaucoup. 

Le  10*  de  chasseurs  en  colonne  par  escadron  marcha  à  la 
faveur  d'un  petit  taillis,  changea  vivement  de  direction,  se 
jeta  sur  l'artillerie  et  enleva  7  pièces  *. 

Je  fis  appuyer  le  mouvement  par  le  3*  de  hussards  qui  se 
prolongeait  à  gauche'  ;  il  changea  de  direction  à  droite  et  se 
jeta  sur  le  flanc  des  gendarmes  et  cuirassiers  de  Heinkel  qui 
commençaient  à  ramener  le  lO. 

J'avais  également  fait  former  deux  petits  carrés  par  mes 
deux  bataillons  de  grenadiers  et  de  voltigeurs  réunis  pour 
secourir  la  cavalerie  si  elle  était  ramenée  '. 


1.  D'Hprés  les  dispositions  de  l*ordre  de  bataille,  le  maréchal  Ney  devait  se 
porter  sur  la  droite  du  fnaréchal  Lannes,  mais  le  6"  corps  ayant  appuyé  for- 
tement à  droite  dans  l'attaque  de  Closwitz,  il  se  produisit  au  centre  un  vide 
où  le  maréchal  Ney  disposa  son  ayantrgarde. 

I.  Bois  d'Isserstâdt. 

3.  Vierzehn-Heiligen. 

4.  C'est  la  batterie  à  cheval  que  perdit  la  cavalerie  prussienne. 

i.  Ici  sur  le  champ  de  bataille,  le  maréchal  Ney  et  le  général  Colbert  ont 
cru  pouvoir  former  la  brigade  sur  deux  lignes,  la  seconde  ligne  appuyant  la 
première,  la  réserve  remplacée  par  les  carrés  d*infanterie  légère. 

6.  La  charge  sur  le  champ  de  bataille  a  pour  but  d*arrÔter  un  mouvement 
offensif  de  Teunemi  ou  de  faciliter  un  bond  en  avant  de  la  ligne.  Pendant  que 
la  cavalerie  attire  sur  elle  Tattention  et  le  feu  de  Tadversaire ,  l'inAmterie  en 
profite  pour  se  rallier  ou  pour  s*avancer  à  Tabri  et  occuper  une  position  d*où 


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648  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Les  cuirassiers  arrivèrent  à  20  pas  sans  qu'il  partît  un  seul 
coup  de  feu.  Cette  contenance  vigoureuse  réunie  à  Tappari- 
tion  du  3®  de  hussards  les  fit  rebrousser  et  la  division  de  cava- 
lerie légère  du  général  Treillard  étant  alors  arrivée',  ils  pri- 
rent la  fuite. 

La  ligne  d'infanterie  ennemie  était  couverte  par  une  artil- 
lerie trop  formidable  "  pour  que  Ton  pût  tenter  de  Tentamer 
avec  les  hussards  seulement  ;  il  était  néanmoins  de  la  plus 
grande  importance,  en  attendant  l'arrivée  de  quelques  ren- 
forts, de  faire  des  démonstrations  qui  empêchassent  Tennemi 
de  faire  un  mouvement  offensif. 

Je  fis  avancer  mon  carré  de  grenadiers  vers  le  bouquet  de 
bois  au  centre,  celui  des  voltigeurs  sur  le  village  adroite'  et 
le  25*  léger  sur  le  bois  à  gauche  *. 

Dans  cet  instant  le  feu  d'artillerie  et  de  mousqueterie 
devint  terrible  sur  toute  la  ligne. 

Le  chef  de  bataillon  Lamour,  mon  aide  de  camp,  se  main- 
tint longtemps  dans  le  village  qui  fut  incendié. 

Le  bataillon  de  grenadiers  tint  également  avec  courage  à 
l'issue  du  bouquet  de  bois. 

Comme  je  n'avais  que  3  ou  4  pièces  de  canon  avec  Tavant- 
garde  et  que  je  n'avais  aucun  autre  moyen  à  ma  disposition, 
le  feu  de  l'ennemi  devenait  trop  supérieur,  et  je  fis  faire  un 
petit  mouvement  en  arrière  *,  ce  qui  s'exécuta  avec  un  aplomb 
sans  exemple. 

Le  corps  du  maréchal  Lannes  avait  continué  son  mouve- 
ment ;  celui  du  maréchal  Augereau  et  mes  divisions  d'infan- 


elle  puisse  à  la  fois  protéger  la  retraite  de  la  cavalerie  et  contiouer  le  con- 
bat  dans  des  conditions  favorables. 

1.  Pendant  le  combat  de  Viorzehn-Heiligen  la  brigade  de  cavalerie  àv 
6«  corps  se  tint  à  l'aile  gauche  de  ce  corps  d'armée.  Il  y  avait  donc  5  rép- 
ments  do  cavalerie  légère  entre  Vierzehn-Heiligen  et  le  bois  d'Isserslâdt. 

a.  Bien  que  la  relation  du  lieutenant-colonel  von  der  Goltz  ne  &sse  pas 
mention  de  l'artillerie  de  la  division  Grawert,  il  est  certain  qu'elle  joua  un 
rôle  dans  le  combat  ;  les  rapports  du  5^  et  du  6^  corps  en  parlent  trop  pour 
qu'elle  n'ait  pas  secondé  puissamment  l'attaque  de  l'infanterie  prussienne. 

3.  Vierzehn^Heiligen. 

4.  Bois  d'isserstâdt. 

6.  Go  mouvement  en  arrière  est  signalé  dans  la  relation  du  lieutenant- co- 
lonel von  der  Goltz. 


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14    OCTOBRB.  649 

terie  commençaient  également  à  arriver  ;  la  marche  en  avant 
fut  aussitôt  reprise.  V.  M,  ordonna  elle-même  les  dispositions 
nécessaires  pour  enlever  la  droite  de  T  ennemi  qui  restait 
engagée  un  peu  sur  la  gauche. 

Dans  cet  instant  la  2*  division  de  mon  corps  d'armée  appuya 
le  mouvement  des  dragons  du  prince  Murât;  la  cavalerie 
légère  en  fit  autant  et  chargea  la  colonne  qui  se  retirait  sur 
Weimar*. 

Je  suis  au  désespoir  que  la  force  irrésistible  des  choses 
m'ait  empêché  de  rendre  compte  à  V.  M.  d'événements  plus 
décisifs  que  l'arrivée  de  mes  divisions  n'aurait  pas  rendus 
douteux,  mais  je  puis  assurer  à  V.  M.  que  jamais  troupe  ne 
chargea  avec  plus  d'enthousiasme  que  cette  faible  avant- 
gcorde.  Mon  état-major  a  fait  des  eflForts  dignes  des  plus  grands 
éloges. 

Je  me  fais  un  devoir  de  rendre  un  témoignage  éclatant  du 
courage  et  du  zèle  du  général  Bertrand,  aide  de  camp  de 
V.  M.,  qui  a  suivi  tous  les  mouvements  de  l'avant-garde '. 

Le  général  Colbert  a  soutenu  dans  cette  circonstance  sa 
réputation  de  courage  et  de  valeur  ;  il  fera  un  excellent  gé- 
néral de  division. 

Le  capitaine  Chodron,  que  j'avais  pris  pour  aide  de  camp 
deux  jours  avant  la  bataille,  a  eu  la  jambe  emportée  par  un 
boulet  ;  je  supplie  V.  M.  de  vouloir  bien  accorder  à  cet  offi- 
cier le  grade  de  chef  de  bataillon  aide  de  camp  :  c'est  une 
récompense  à  laquelle  12  campagnes  et  4  blessures  lui  don- 
nent de  grands  titres . 

J'ai  cru  devoir  garder  auprès  de  moi  jusqu'à  ce  jour  l'ad- 
judant-commandant  Jomini,  qui  avait  obtenu  de  V.  M.  la 
permission  de  me  suivre  pendant  l'action  '  ;  cet  officier  a  jus- 


1.  Les  troupes  d'infanterie  de  Tayaiit-garde  du  6«  corps  étalent  épuisées. 
Elles  passèrent  en  deuxième  ligne  et  furent  remplacées  par  la  2«  division 
qui,  avec  la  brigade  Vedel  du  &«  corps,  appuya  le  mouvement  de  la  cavalerie 
sur  Weimar  et  la  poursuite  sur  le  champ  de  bataille. 

8.  Les  aides  de  camp  de  l'Empereur  sont  partout  sur  le  champ  de  bataille. 

8.  l'bUPBRSUB   au    major    OÉNIÈRAIj. 

Saint-Cloud,  20  septembre  1806. 
Je  ne  sais  si  je  vous  ai  écrit  de  faire  venir  à  Mayence  Tadjudant-comman- 


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650  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

tifié  dans  cette  occasion  la  bonne  opinion  que  j'avais  de  sa 
valeur  et  de  sa  capacité  ;  je  le  recommande  de  nouveau  à  la 
bienveillance  de  V.  M. 

Je  termine  ce  rapport  en  suppliant  V.  M.  de  nonmier géné- 
ral de  brigade  le  colonel  Lebrun,  qui  pendant  toute  Faction 
a  conduit  son  régiment  avec  beaucoup  de  distinction,  et  de 
donner  le  commandement  du  3*  de  hussards  au  chef  d'esca- 
dron Lapointe,  du  lO*  de  chasseurs,  dont  les  titres  à  cette 
grâce  sont  rapportés  au  tableau  ci-joint. 

La  perte  de  mon  avant-garde  s'élève  au  moins  à  600  tués 
ou  blessés. 

J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  V.  M.  l'état  des 
officiers  pour  lesquels  je  demande  de  l'avancement;  tous 
ceux  qui  y  sont  portés  sont  dignes  de  votre  bienveillance. 

LE    COLONEL    BICdVELLEY,     CBET    D*ÉTAT-MAJOB    DB    l'aBTILLEBR 
OU    6*    C0BP8,    AU    GÉNÉRAL    80NQI8. 

Devant  Magdeburg,  8  novembre  1806. 

Des  troupes  composant  le  6*  corps  d*armée,  Tavant-garde  seule, 
aux  ordres  du  général  Colbert,  et  un  régiment  de  la  3*  division  '  ont 
pu  contribuer  au  succès  de  la  bataille  du  14  et  en  partager  la  gloire. 
Cette  ayant-garde,  forte  d'environ  4,000  hommes  tant  infanterie  que 
cavalerie  légère,  avait  pour  artillerie  2  pièces  de  8,  2  pièces  de  4, 
2  obusiers  de  6  pouces ,  commandés  par  le  capitaine  Brasseur  et 
servies  par  la  moitié  de  la  5"  compagnie  et  une  escouade  de  la 
l"*  compagnie  du  2"  régiment  d'artillerie  à  cheval  et  un  détachement 
de  la  1'*  compagnie  du  5*  bataillon  principal  du  train. 

Cette  artillerie  arriva  avec  beaucoup  de  peine  sur  le  plateau  en 
avant  d'Iéna  vers  les  9  heures  et  demie  du  matin*.  Les  troupes  de 
Tavant-garde  étaient  déjà  aux  prises  avec  l'ennemi  et  l'avaient  dé- 
busqué du  petit  bois  et  du  village  de  Vierzehn-Heiligen  où  l'on 
venait  de  mettre  le  feu.  On  se  mit  en  batterie  pour  arrêter  une  charge 
de  l'ennemi,  mais  à  peine  eut-on  tiré  quelques  coups  de  canon  qu'il 
fallut  se  reployer  avec  nos  troupes  *  à  une  portée  de  fusil  en  arrière. 


dant  Jomini,  qui  est  à  Memmingen,  employé  au  6*  corps  d'armée.  Si  je  ne  lai 
pas  fait,  donnez-lui  Tordre  de  se  rendre  au  quartier  général,  oùmoniotentioo 
est  qu*ii  soit  employé. 

1.  Le  25«  léger. 

2.  L'infanterie  et  la  cavalerie  avaient  gravi  les  pentes  sans  attendre  la  bat- 
terie d'artillerie  légère. 


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14   OCTOBRE.  651 

Dans  cette  nouvelle  position  on  recommença  le  feu  tant  sur  les 
troupes  ennemies  que  sur  une  batterie  de  8  ou  10  pièces  qui  faisait 
un  ravage  épouvantable  dans  nos  rangs.  Un  obusier,  commandé  par 
le  lieutenant  Masson  et  pointé  par  le  canonnier  Mertoto,  démonta 
une  pièce  de  l'ennemi  et  lui  fit  sauter  2  caissons.  Ce  même  obusier 
fut  démonté  lui-même  un  instant  après  ainsi  qu'une  pièce  de  4.  Un 
de  nos  caissons  fut  atteint  et  sauta.  13  sous-officiers,  canonniers  et 
soldats  du  train  furent  tués  ou  blessés  ;  23  chevaux  de  troupe  et  de 
trait  furent  tués  ou  blessés  de  manière  à  ne  pouvoir  continuer  le  ser- 
vice. Le  lieutenant  Masson  eut  sa  giberne  emportée  d'un  boulet  et 
reçut  plusieurs  balles  dans  sa  capote,  dont  il  ne  fut  heureusement 
pas  blessé.  La  bonne  contenance  de  cette  batterie  et  l'activité  de  sou 
feu  contribuèrent  beaucoup  aux  avantages  qu'on  obtint.  L'ennemi  se 
retira. 

2  bouches  à  feu  s'étant  ainsi  trouvées  hors  d'état  de  combattre  et 
plusieurs  voitures  ne  pouvant  plus  marcher  à  cause  des  pertes  que 
leurs  attelages  avaient  éprouvées,  le  lieutenant  Masson  continua  de 
suivre  les  mouvements  de  l'avant-garde  avec  2  pièces  seulement,  et 
ne  cessa  d'inquiéter  l'ennemi  qu'après  Tentière  consommation  de  ses 
munitions. 

L'artillerie  de  la  2*  division  protégea  (mais  sans  tirer)  le  bataillon 
carré  qui  soutint  la  charge  de  cavalerie  à  la  fin  de  la  bataille  \ 

L'artillerie  de  la  3"  division  ne  put  ainsi  que  la  division  même 
arriver  assez  à  temps  pour  prendre  part  à  l'affaire... 

Il  a  été  consommé  en  munitions  2  caissons  d'obus,  2  caissons  de 
8  dont  un  a  sauté,  1  caisson  d'infanterie  et  1/2  caisson  de  4. 

LE   MAEÉCHAL  AUGEREAU  AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

14  octobro  1806. 

V.  A.  est  instruite  des  difficultés  que  le  corps  d'armée  a  dû 
vaincre,  faisant  constamment  des  marches  forcées  à  travers 
les  défilés  de  la  Saale,  dont  les  chemins  sont  presque  impra- 
ticables, et  traînant  à  sa  suite  un  parc  nombreux  d'artillerie 
sans  autre  moyen  de  transport  que  celui  qu'ont  fourni  les 
différentes  réquisitions  dont  on  a  été  obligé  de  faire  usage. 

Le  corps  d'armée,  qui  suivait  le  mouvement  de  celui  com- 
mandé par  M.  le  maréchal  Lannes,  prit  position  le  13  en 


1.  La  8«  division  appuya  la  cavalerie  dans  la  poursuite  des  Prussiens  sur 
Wetmar.  Il  est  probable  que  la  cavalerie  eonemie  ramena,  à  un  certain  mo- 
ifient,  la  cavalerie  française  jusque  sur  la  ligne  de  son  infanterie. 


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652  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

avant  de  Kahia  sur  la  route  d'Iéna.  Pendant  la  nuit  il  se  rap- 
procha de  cette  ville  et  prit  position  sur  les  hauteurs  qui  se 
trouvent  immédiatement  en  arrière. 

Le  lendemain  dès  la  pointe  du  jour,  à  peine  le  canon  se 
faisait  entendre,  que  j'ordonnai  à  la  1"  division  de  se  porter 
en  avant  sur  le  plateau  au-dessus  d'Iéna. 

Pour  arriver  plus  promptement  à  la  position  qui  lui  était 
assignée,  la  l'*  brigade  gravit  la  montagne  àtraversles  vignes, 
tandis  que  la  seconde  suivait  le  chemin  creux  à  travers  les 
gorges  *  pour  donner  à  Tartillerie  et  à  la  cavalerie  légère  k 
possibilité  de  suivre  son  mouvement. 

Aussitôt  que  la  !'•  division  commandée  par  le  général  Des- 
jardins fut  réunie  sur  le  même  point,  elle  se  forma  sur  deux 
lignes*  :  bientôt  après  la  1"  brigade  fit  un  changement  de 
front  oblique  l'aile  droite  en  avant  ;  la  seconde  quivit  ce  mou- 
vement en  débordant  la  1"  par  sa  gauche  de  2  bataillons. 

La  1"  brigade,  16*  léger  et  14*  de  ligne,  rompît  par  peloton 
à  gauche  et  marcha  dans  cet  ordre  '  pour  repousser  rennemi 
qui  s'était  emparé  du  bois  situé  à  la  gauche  ;  le  général  Je 
brigade  Lapisse,  à  la  tête  du  16*  léger,  chargea  avec  la  plus 
grande  intrépidité. 

Le  14*  appuya  par  une  charge  vigoureuse  le  16*,  déjà  fort 
maltraité  par  un  feu  de  mitraille  très-bien  nourri  qui  blessa 
le  colonel  Harispe,  tua  plusieurs  officiers  et  soldats  et  mit 
hors  de  combat  un  grand  nombre  d*autres. 

Malgré  la  position  difficile  où  se  trouvait  la  1'*  brigade,  la 
seconde  commandée  par  le  général  Conroux  ne  put  venir  en 
entier  à  son  secours.  Le  général  s'était  porté  en  avant  avec 
le  105*  afin  de  protéger  les  troupes  repoussées  du  bois  et  du 
village  qui  étaient  sur  notre  front*.  C'est  en  marchant  vers 
Tennemi  avec  la  plus  grande  fermeté,  que  le  général  Con- 


1.  Chemin  qui  monte  à  Cospeda. 

2.  Chaque  ligne  formée  par  une  môme  brigade. 

.8.  Il  est  probable  que  chaque  bataillon,  après  avoir  rompu  par  peloton  à 
gauche,  fit  tête  de  colonne  à  droite  ou  tôte  de  colonne  demi-à-droite. 

4.  C'étaient  Tavant-garde  du  6«  corps  et  le  40«  repoussé  de  Vicnehn-Hei- 
ligen. 


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14  OCTOBRE.  653 

roux  reçut  un  coup  de  feu  et  qu'il  perdit  165  hommes,  tant 
tués  que  blessés.  Il  n'y  eut  donc  que  le  44®  qui,  malgré  les 
pertes  qu'il  avait  essuyées,  rendit,  par  sa  marche  serrée  et  sa 
contenance  hardie,  un  véritable  service  à  la  1"  brigade. 

Ainsi  secourus,  les  16*  et  14®  redoublèrent  d'ardeur,  char- 
gèrent chacun  de  leur  côté  avec  une  vigueur  inouïe,  se  ren- 
dirent maîtres  du  bois  et  mirent  l'ennemi  en  déroute. 

Le  général  Desjardins  fait  une  mention  particulière  du 
courage,  de  la  bravoure  et  de  l'activité  de  tous  les  officiers  de 
son  état-major. 

Pendant  que  la  1"*  division  disputait  à  l'ennemi  le  terrain 
pied  à  pied,  la  cavalerie  légère  sous  les  ordres  du  général 
Durosnel,  se  formait  sur  deux  lignes  *  :  le  7®  de  chasseurs 
composant  la  1'*  et  le  20*  la  seconde.  M.  le  major  Castex, 
commandant  le  premier  de  ces  deux  régiments,  vaillamment 
secondé  par  MM.  Barbé  '  et  Simon,  chefs  d'escadron,  attaque 
un  régiment  d'infanterie,  renverse  tout  ce  qui  s'oppose  à  son 
passage  et  enlève  8  pièces  de  canon  en  batterie  avec  leurs 
caissons.  Dans  cette  charge  M.  Framery,  sous-lieutenant  de 
la  compagnie  d'élite,  fut  tué  ainsi  que  plusieurs  sous-officiers 
et  chasseurs.  Il  y  eut  un  grand  nombre  de  blessés  parmi  les- 
quels se  trouvent  6  officiers. 

Deux  régiments  ennemis,  l'un  de  hussards  et  l'autre  de 
dragons,  voyant  l'infanterie  ainsi  enfoncée,  fondirent  avec 


1.  La  brigade  de  cavalerie  du  7*  corps  était  formée  sur  deux  lignes  comme 
celle  du  6*  corps.  Elle  était  aussi  de  8  régiments.  —  Pendant  la  bataille,  la 
cavalerie  légère  des  corps  d'armée,  laissée  à  la  disposition  des  généraux  pour 
B*en  servir  suivant  les  circonstances,  se  forme  liabituellement  un  régiment  par 
ligne,  sûre  qu'elle  est  de  Tappui  de  Tinfanterie.  Lorsque  le  corps  d'armée 
occupe  une  aile,  il  faut  lui  donner  des  dragons  pour  soutenir  sa  cavalerie 
légère  ;  et  si  cette  cavalerie  légère  est  seule,  comme  celle  du  4«  corps  au 
combat  de  Rôdigen  le  14  au  matin,  elle  doit  se  constituer  une  réserve.  —  En 
résumé,  les  corps  d'année  des  ailes  doivent  ôlre  toujours  renforcés  en  cava- 
lerie, aussi  bien  sur  le  champ  de  bataille  que  sur  le  champ  d'opérations. 

2.  (  Je  voyageai  la  nuit  du  13  au  14,  dit  le  colonel  Blein,  ayant  été  obligé 
de  rester  tard  à  Géra,  tant  en  poste  qu'à  pied  faute  de  chevaux  pour  arriver 
â  léna.  Je  traversai  les  colonnes  du  4*  corps  et  du  6«  corps  et  m'arrêtai  un 
instant  avec  Dalton  qui  commandait  le  59»  régiment.  Mes  chevaux  n'avaient 
pu  me  suivre  ;  Barbé,  chef  d'escadron  au  80"  de  chasseurs,  du  corps  d'Auge' 
reau,  que  je  rencontrai  à  léna  en  arrivant  à  8  heures  du  matin,  me  prêta  un 
dos  siens,  et  je  pus  me  présenter  sur  le  champ  de  bataille.  »  Note  jointe  au 
mémoire  sur  la  campagne  de  Prusse. 


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654  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

rapidité  sur  le  ?•  de  chasseurs  qui  se  trouvait  coupé  ',  mais  le 
20%  par  une  charge  exécutée  avec  précision,  mit  le  désordre 
dans  les  rangs  ennemis,  culbuta  tout  ce  qui  se  trouvait  devant 
lui  et  donna  ainsi  au  7'  trop  engagé  le  temps  de  se  raIUer^ 
Il  en  coûta  la  vie  au  colonel  Marigny  et  au  capitaine  La- 


1.  La  brigade  du  7«  corps  se  trouva  aux  prises  avec  les  escadroos  saxons  qui 
étaient  derriôre  le  village  d'Isserstadt. 

Le  camp  de  la  cavalerie  du  corps  d*HohenIohe  était  perpendiculaire  au 
chemin  dlsserstâdt  à  Kôtschau,  face  à  ce  dernier  village,  la  gauche  appuyée 
à  la  grande  roule  dléna  à  Weimar. 

2.  C'était  réguliôroment  ce  qui  devait  arriver  :  la  deuxième  ligne  devait 
charger  pour  donner  à  la  première  la  possibilité  de  se  rallier.  Mais  d'après  ie^ 
Houvenirs  du  capitaine  Parquin,  alors  fourrier  à  la  compagnie  d*ëlite  daso^de 
chasseurs,  les  choses  se  passèrent  autrement  : 

«  Le.  14  octobre,  à  la  pointe  du  jour,  qui  arrive  assez  tard  à  cette  époque, 
«  la  1^  division  du  T  corps  enleva  le  défilé  par  lequel  nous  devions  débou- 
u  cher.  Nous  avions  pris  les  armes  à  7  heures  du  matin 

a  La  route  élait  déjà  couverte  de  cadavres 

«  Lorsque  nous  eûmes  passé  le  défilé  et  atteint  la  plaine,  le  colonel  Mari- 
«  gny  qui  se  trouvait  au  débouché  et  qui  de  la  voix  et  du  geste  excitait  les 
«  chasseurs  à  avancer  plus  vite  (nous  marchions  par  4),  me  dit  :  t  Fourrier, 
«  avez-vous  un  bon  cheval  ?  — Oui,  mon  colonel.  —  Eh  bien  !  restez  auprès 
«.  do  moi  ;  vous  serez  toute  la  journée  d^ordonnance.  »  L*adjudaiit  Isnard,  qui 
«  était  auprès  de  lui,  venait  d'ôtre  enlevé  par  un  boulet 

«  Lorsque  la  compagnie  d'élite  fut  parvenue  sur  le  plateau  au  dehors  du 
((  défilé,  le  colonel  ordonna  au  capitaine  Fieury  qui  la  commandait  d'aller  se 
a  placer  à  la  gauche  du  7^  régiment  de  chasseurs,  en  conservant  toutefois  Tin* 
K  lervalle  d'un  corps  à  un  autre  sur  le  champ  de  bataille  ;  puis  il  me  dit  : 
«  Fourrier,  restez  prés  du  défilé  ;  vous  direz  au  capitaine  Sabinet,  de  la  b*  com- 
a  pagnie,  de  partir  au  trot  pour  prendre  sa  place  do  bataille  à  la  gauche  de 
«  la  compagnie  d'élite,  et  vous  transmettrez  les.  ordres  jusqu'à  la  demiêrt! 
«  compagnie  successivement  ;  ensuite  vous  viendrez  me  rejoindre  au  galop; 
«  je  serai  au  centre  du  régiment » 

a  Lorsque  la  7«  compagnie,  qui  était  la  dernière  du  régiment,  eut  passé  le 
«  défilé,  j'allai  au  galop  rejoindre  le  colonel,  qui  commanda  aussitôt  les  man- 
«  teaux  en  sautoir.  Le  colonel  paraissait  heureux  et  fier  de  voir  en  ligne  de 
«  bataille  son  régiment,  fort  de  600  hommes,  qui  tous  avaient  U  volonté  de 
«  bien  se  comporter  dans  cette  journée.  Le  temps  était  beau  ;  le  brouillard, 
R  qui  avait  duré  tard,  avait  tout  à  fait  disparu  ;  il  était  II  heures 

«  Un  aide  de  camp  du  général  Durosnel  vint  au  galop  trouver  le  colonel  en 
«  cet  instant,  et  il  ne  lui  eut  pas  plutôt  dit  quelques  mots  que  le  colonel  dit 
tf  à  un  chasseur  qui  se  trouvait  derrière  lui  :  c  Cliasseur,  mettez  pied  à  terre; 
«  je  sens  que  ma  selle  roule  sur  mon  cheval  ;  serrez  un  peu  la  courroie,  c«r 
«  nous  allons  charger,  s  Le  chasseur  eut  bientôt  mis  pied  à  terre  et  ayant 
n  passé  son  bras  dans  les  rênes  de  son  cheval,  il  prit  avec  ses  dents  la  cour- 
«  roie  do  la  selle  du  colonel,  qui  avait  porté  Ja  jambe  gauche  en  avant  pour 
«  lui  faciliter  l'opération.  A  ce  moment  môme,  notre  pauvre  colonel  fat  frappe 
a  par  un  boulet  et  eut  la  tête  emportée,  ce  qui  fit  que  la  mort  dut  être  ios- 
«  taalanée.  Le  cheval  du  colonel,  no  sentant  plus  la  main  qui  le  retenail, 
«  partit  au  galop  et  se  sauva  droit  devant  lui  vers  l'ennemi.  Quant  au  clias- 


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14   OGTOfiRB.  650 

vigne;  une  vingtaine  de  fious-officiers  et  chasseurs  furent 
tués  ou  blessés. 

Le  général  Durosnel,  en  donnant  des  éloges  bien  mérités 
aux  officiers  des  deux  régiments,  cite  particulièrement 
MM.  Watrin  et  Desoziers,  chefs  d'escadron  au  20®,  ainsi  que 
M.Lafite,  son  aide  de  camp. 

Tandis  que  la  division  Desjardins  et  la  cavalerie  légère 
arrivées  les  premières  sur  le  champ  de  bataille  étaient  aux 
prises  avec  F  ennemi,  la  2*  division,  commandée  par  le  géné- 
ral Heudelet,  traversait  avec  peine  le  défilé  tout  encombré 


s  seur,  il  se  hâta  de  remonter  à  cheval  et  moi  de  rejoindre  mon  poste  à  la 

s  compagnie  d*élite  du  régiment 

«  Il  se  passa  au  moins  dix  minutes  avant  que  le  régiment  reçût  des  ordres, 

<  ce  qui  fut  un  grand  malheur,  pour  nous  d'abord  qui  restions  sous  le  canon 
a  ennemi,  et  ensuite  pour  le  T  de  chasseurs  qui,  ayant  chargé  à  fond  sur 
I  l'armée  prussienne,  avait  entamé  la  première  et  la  seconde  lignes,  mais  qui, 
«  n'étant  pas  soutenu  par  le  80^,  perdit  tout  le  fruit  d'une  des  charges  les  plus 
c  audacieuses  qui  se  soient  faites  dans  cette  journée.  Le  major  Gastex,  qui 
fl  était  à  la  tête  du  7«  régiment  et  qui  l'avait  enlevé  d'une  manière  si  bril- 
I  iante,  ne  jugea  pas  à  propos  de  revenir  par  le  chemin  qu'il  avait  traversé  ; 
■  car  les  Prussiens  qui  s'étaient  couchés  à  son  passage,  et  que  les  chasseurs 
f  du  7«  avaient  foulés  aux  pieds,  s'étaient  reformés  ;  il  revint  sur  le  ventre 

*  d'an  régiment  de  cavalerie  saxonne  qui  fut  à  l'instant  culbuté  et  mis  en  dé- 

•  roule. 

■  Quand  le  major  Castex  ramena  le  7*,  il  avait  perdu  la  moitié  de  son  monde, 

8  c'est-à-dire  800  hommes 

«  Lorsque  le  général  Durosnel  vint  faire  placer  notre  régiment  en  arrière 

<  pour  le  mettre  hors  de  la  portée  des  boulets  ennemis,  nous  fîmes  ce  mou- 

<  vement  par  4  et  au  trot 

(  Le  capitaine  Lavigne  eut  le  bras  emporté  par  un  boulet  ;  il  mourut  le  soir 
«  de  l'amputation. 

•  Toute  la  journée  la  brigade  manœuvra  çà  et  là  sous  le  canon  qui  nous  fit 
B  beaucoup  de  mal  ;  mais  notre  régiment  ne  donna  pas  un  coup  de  sabre,  et 

a  le  7«,  comme  on  l'a  vu,  fit  une  charge  sans  résultat Je  vois  encore  le 

«  16«  et  le  7»  léger,  le  14«  et  le  24«  de  ligne  aborder  les  ligues  ennemies, 
?  malgré  les  feux  terribles  de  la  mousqueterie  et  de  la  mitraille  ;  les  flageo- 
«  lets  qui  dominaient  dans  la  musique  ne  perdaient  pas  une  note 

«  Le  soir  de  la  bataille  nous  fûmes  bivouaquer  dons  le  faubourg  de  la  ville 
«  de  Weimar  où  je  passai  une  triste  nuit. 

«  Le  lendemain  je  dus  aller  au  fourrage,  chercher  des  vivres  dans  un  vil- 

9  lage  voisin.  En  rentrant  le  soir  au  bivouac  je  fus  tout  étonné  d'apprendre, 

<  par  un  bulletin  qui  était  arrivé  fort  tard,  que  nous  avions  remporté  la  veille 
a  une  grande  victoire » 

Ainsi  la  charge  du  20*  de  chasseurs  semble  ne  pas  avoir  eu  lieu.  Elle  au- 
rait dû  âtre  exécutée.  Bien  souvent  les  rapports  contiennent  les  relations  des 
événements  non  pas  tels  qu'ils  se  sont  passés,  mais  bien  tels  qu'ils  auraient 
dû  se  passer.  L'instruction  que  l'on  peut  en  retirer  est  la  môme.  11  faut  donc 
accepter  les  rapports  tels  qu'ils  sont  et  y  chercher  encore  des  enseignements 
pour  l'avenir. 


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656  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

par  Tartillerie  et  un  grand  nombre  de  blessés.  J'avais  en- 
voyé ordre  à  ce  général  de  hâter  sa  marche.  Il  jugea  qu'il  ne 
devait  pas  attendre  sa  division  entière,  mais  faire  filer  les 
troupes  à  mesure  de  leur  arrivée.  Aussitôt  que  la  tête  de  co- 
lonne de  sa  l"*  brigade,  composée  du  7®  léger,  conmiença  à 
déboucher,  il  fit  avancer  le  1*'  bataillon,  et  successivement 
les  2  autres,  au  delà  du  ravin,  en  avant  du  village  de  Isser- 
stâdt,  pour  se  porter  à  la  gauche  de  la  1'"  division;  mais 
voyant  beaucoup  de  blessés  sortir  du  bois  situé  sur  la  gauche, 
dans  lequel  une  fusillade  assez  vive  se  faisait  entendre,  il 
ordonna  un  à-gauche  en  bataille.  Ce  mouvement  déconcerta 
l'ennemi  qui  venait  encore  nous  disputer  ce  bois,  où  il  avait 
déjà  fait  marcher  des  renforts  considérables  et  il  n'y  eut  d'au- 
tre engagement  que  celui  des  tirailleurs*. 

Sur  ces  entrefaites  je  fis  reconnaître  l'ennemi  sur  son 
extrême  droite  afin  de  savoir  s'il  était  prudent  de  l'attaqner 
avec  aussi  peu  de  monde  ;  il  était  fort  d'environ  10  bataillons 
soutenus  par  de  l'artillerie  et  défendus  par  une  position  res- 
pectable. 

Pendant  ce  temps  la  brigade  du  général  Sarrut,  24*  et  63* 
et  fédérés  de  Darmstadt  et  d'Usingen,  est  arrivée  ;  aussitôt 
j'ai  ordonné  l'attaque,  mais  l'ennemi  qui  avait  vu  nos  troupes 
s'y  disposer,  s'est  retiré  au  premier  feu  des  tirailleurs.  C'est 
alors  qu'une  charge  d'un  régiment  de  dragons  est  venue  échouer 
sur  la  dernière  ligne  ennemie,  qui  se  retirait  devant  la  seconde 
division.  Ce  régiment  qui  n'avait  éprouvé  qu'un  feu  assez 
mal  nourri,  s'est  rejeté  sur  la  première  ligne  de  la  division  et 
a  failli  la  culbuter.  Elle  était  composée  du  7*  léger  qui  s'est 
porté  avec  rapidité  sur  l'ennemi  et  l'a  forcé  de  mettre  bas  les 
armes.  Je  dois  dire  aussi  qu'au  même  instant  ce  régiment  de 
dragons  encouragé  par  le  chef  de  bataillon  Martin,  adjoint  à 
l'état-major  du  général  Heudelet,  avait  exécuté  une  nouvelle 
charge  sur  le  flanc  droit  de  la  ligne  ennemie  pendant  que  le 


1.  Je  ne  reviendrai  pas  sur  remploi  des  tirailleurs.  J*ai  déjà  cité  A  ce  sujet, 
Campagne  de  Pologne,  tome  II,  pages  U9  et  suivantes,  Topinion  des  généraux 
Morand  et  Duhesme,  et  la  description  qu'ils  donnent  de  la  formation  de  com- 
bat do  l'infanterie. 


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14    OCTOBRE.  657 

général  Klein  arrivait  aussi  sur  son  flanc  gauche  avec  quel- 
ques escadrons.  Mais  la  charge  et  le  feu  du  7«  léger  furent  les 
véritables  causes  de  la  prise  de  cette  troupe  ennemie. 

Au  milieu  du  choc  des  deux  armées,  Tartillerie  rendit  les 
plus  éclatants  services.  Le  capitaine  Chopin,  à  la  tête  de  la 
0' compagnie  du  6*  d'artillerie  légère,  eut  deux  combats  à 
soutenir;  dans  le  1*',  où  il  perdit  3  chevaux  d'escadron  et  un 
canonnier,  il  détruisit  Tentreprise  d'un  régiment  de  dragons 
qui  se  disposait  à  charger  nos  troupes  ;  dans  le  second  il  con- 
tribua par  la  justesse  de  son  tir  à  la  défaite  totale  de  l'en- 
nemi pousuivi  par  la  cavalerie  de  S.  A.  I.  le  grand-duc  de 
Berg. 

Le  chef  de  bataillon  Dubois,  chargé  du  commandement  de 
l'artillerie  de  la  1'*  division,  coordonna  avec  la  plus  grande 
précision  ses  mouvements  avec  ceux  des  régiments  sous  les 
ordres  du  général  Desjardins. 

Le  capitaine  Benoît,  au  moment  où  les  44*  et  lOô""  atta- 
quèrent, prit  l'ennemi  en  écharpe  par  sa  droite  et  le  chassa 
(les  deux  positions  dont  il  s'était  emparé. 

Il  eut  3  canonniers  blessés,  2  hommes  et  9  chevaux  du  train 
tués. 


L8    CHEF    DE    BATAILLON    COMMANDANT    LE     16"    LÉGER 
AU    OÉNÉBAL    LAPIS8E. 

Bivouac  près  Weimar,  16  octobre  1806. 

Après  avoir  franchi  le  ravin  escarpé  qui  domine  léna,  le  régiment 
n^çut  ordre  de  S.  M.  l'Empereur  elle-même  de  chasser  les  tirailleurs 
qui  tenaient  le  bois  '  à  gauche  de  la  division  et  d'enlever  la  ligne 
formée  sur  le  rideau  à  droite  de  ce  bois. 

Pour  cela  le  régiment  se  porta  en  colonnes  la  gauche  en  tête  * 
vers  ce  bois  :  le  3*  bataillon  y  pénétra  en  tirailleurs  ^  ;  les  deux  pre- 


1.  Bois  d'Isserstadt.  —  L'Empereur  se  tenait  à  la  hauteur  du  centre.  Il  avait 
<lêjà  fait  porter  le  40«,  5«  corps,  sur  le  village  de  Vierzebn-Heiligon. 

i'  L'expression  en  colonnes  au  pluriel  prouve  bien  que  le  régiment  formait 
plusieurs  colonnes,  une  par  bataillon,  et  que  chaque  bataillon,  après  avoir 
rompu  par  peloton  à  gauche,  fit  tôte  de  colonne  à  droite. 

3.  Ce  combat  de  bois,  que  menèrent  le  3«  bataillon  du  J6«  léger  et  les  2  com- 
pagnies de  voltigeurs  du  14"  de  ligne,  montre  bien  la  manière  do  combattre 

CAMP.   DS   PBUB8B.  ii 


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658  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

mîers  marchant  toujours  en  colonnes  se  portèrent  en  avant  et  à  la 
droite  du  bois  et  s'y  déployèrent  dans  la  plaine  à  portée  de  mousquc- 
terie  de  l'artillerie  ennemie  et  de  la  ligne  de  bataille  sur  ce  point. 

Cette  manœuvre,  malgré  le  feu  de  plus  de  20  pièces  de  canon 
tirant  à  mitraille,  se  fit  dans  le  plus  grand  ordre  et  avec  le  plus 
grand  calme,  quoique  ces  deux  bataillons  éprouvassent  dans  ce  mo- 
ment les  pertes  les  plus  sensibles,  car  ce  fut  dans  cette  circonstance 
que  le  colonel  eut  la  jambe  traversée  d'une  balle. 

Cette  ligne  formée,  elle  commença  un  feu  vif  et  bien  dirigé  ;  mar- 
chant ensuite  vers  la  ligne  ennemie,  serrant  les  rangs  que  la  mi- 
traille emportait,  elle  s'approcha  jusqu'à  portée  de  pistolet  ;  se  préci- 
pitant de  là  en  tirailleurs  *,  elle  enleva  pied  à  pied  et  de  vive  force 
11  pièces  de  canon  et  contraignit  l'ennemi  à  quitter  le  plateau  jon- 
ché de  ses  morts  et  de  ses  blessés. 

Pendant  ce  temps-là,  le  3»  bataillon  auquel  s'était  réunie  une  par- 
tie de  la  l*"'  compagnie  de  carabiniers  s'avançait  dans  le  bois  malgré 
le  feu  supérieur  de  l'infanterie  ennemie  et  celui  de  son  artillerie  pla- 
cée sur  le  plateau  dominant  le  bois,  chassa  l'ennemi  et  s'empara  da 
village  qui  se  trouve  dans  la  vallée  '. 

Dans  cette  position,  mais  toujours  sous  le  feu  foudroyant  de  l'en- 
nemi, ce  bataillon  reçut  l'ordre  de  vous  d'attendre  l'arrivée  du  U' 
pour  former  l'attaque  du  plateau. 

Après  cette  jonction,  ce  bataillon,  résistant  à  trois  charges  de 
cavalerie,  monta  le  plateau,  s'empara  de  6  pièces  et  poussa  l'infante- 
rie ennemie  jusqu'à  ce  que,  poussée  par  un  corps  de  cavalerie,  elle 
mit  bat  les  armes.  La  cavalerie  ennemie  seule  qu'il  combattait,  loi 
échappa. 

Le  régiment  eut  5  officiers  et  31  sous-officiers  et  soldats  tués, 
19  officiers  et  388  sous-officiers  et  soldats  blessés. 


LE  COLONEL  8AVABT,  DU  14*  DE  LIONE,  AU  OÉNÉBAL  LAPI8SE. 

16  octobre  180<. 

Le  régiment  reçut  l'ordre  de  S.  M.  l'Empereur  de  se  porter  au 
débouché  du  bois  ^  et  de  se  maintenir  à  la  tête  sans  désemparer,  ce 
qui  fut  exécuté  sur-le-champ. 

Au  moment  où  le  régiment  arrivait,  il  fut  joint  par  le  16*  léger 


de  riofanterie  française  :  d'épaisses  lignes  de  tirailleurs  souples  et  flexibles 
soutenues  par  de  petites  colonnes. 

1.  C'est  l'attaque  à  la  baïonnette. 

2.  Isserstâdt. 

3.  Bois  d'Isserslâdt. 


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14  OCTOBRE.  659 

qui  même  masqua  le  1*'  bataillon  qui  eut  le  temps  par  là  de  se  bien 
former  et  établir  à  la  tête  du  bois  ;  le  2*  bataillon  débouchait  plus  à 
gauche,  près  d'un  village  ' ,  à  l'extrémité  de  la  ligne. 

Les  2  compagnies  de  voltigeurs  du  régiment  avaient  pénétré  au 
travers  du  bois  en  chassant  devant  eux  les  chasseurs  prussiens  ;  ils 
prirent  une  pièce  de  canon  et  un  drapeau. 

L'ennemi  ayant  abandonné  sa  première  position  et  partie  de  son 
canon,  le  16"  ayant  poussé  une  partie  de  l'ennemi  sur  la  droite,  le 
14'  se  mit  en  bataille  dans  la  position  que  les  Prussiens  abandon- 
nèrent, et  les  soldats  tournèrent  4  pièces  abandonnées  sur  l'ennemi 
et  épuisèrent  les  munitions  des  coffres.  A  l'arrivée  des  troupes  du 
6*  corps,  le  régiment  marcha  par  la  gauche  pour  l'appuyer  au  vil- 
lage occupé  par  le  3*  bataillon  du  16*  '  et  détacha  2  compagnies  à 
la  tête  du  bois  qui  est  en  avant  de  ce  village.  Le  régiment  fut  obligé 
d'exécuter  différents  changements  de  front  sous  le  feu  de  l'ennemi 
pour  suivre  ses  mouvements  et  tourna  à  gauche  autour  du  bois  pour 
Feoir  appuyer  la  charge  fournie  par  la  cavalerie. 

Pendant  ces  mouvements,  les  7*  et  8*  compagnies  du  2®  bataillon, 
détachées  d'abord  à  la  tête  du  bois,  le  furent  encore  pour  soutenir  les 
voltigeurs  du  régiment  qui  montaient  le  revers  de  la  montagne  pour 
attaquer  l'ennemi  et  remplir  une  partie  de  l'intervalle  entre  la  2*  di-  ' 
vision  dont  les  éclaireurs  attaquaient  l'ennemi  par  la  gauche  ;  2  esca- 
drons de  dragons  prussiens  chargèrent  ces  2  compagnies,  mais  au 
moyen  d'une  bonne  position  que  le  chef  de  bataillon  Dupuy  courut 
leur  faire  prendre,  et  la  fermeté  des  officiers  et  soldats,  la  charge 
fut  repoussée  avec  succès. 

Le  régiment  était  soutenu  du  44*  '  ;  il  reçut  l'ordre  de  monter  la 
montagne,  ce  qu'il  fit  ;  le  2*  bataillon  est  formé  en  bataille  ;  le  l*** 
en  colonne  serrée,  ordre  qu'il  avait  pris  près  le  bois  :  sa  droite  se 
trouyant  souvent  à  découvert  et  ayant  quelque  cavalerie  en  tête  sur 
la  montagne,  le  régiment  fut  formé  en  colonne  serrée  par  le  général 
de  division  et  marcha  dans  cet  ordre  pour  suivre  la  cavalerie  de  S.  A. 
le  prince  Murât  dont  il  suivit  les  mouvements  avec  le  plus  d'ordre  et 
de  célérité  possible  ;  à  la  fin  de  la  journée  il  fut  même  campé  par 
les  généraux  sur  la  route  de  Weimar  à  Naumburg  à  demi-lieue  de  la 
première  ville. 

Le  régiment  perdît  7  hommes  tués,  52  blessés,  non  compris 
40  légèrement  blessés  qui  ne  veulent  pas  aller  aux  hôpitaux. 


I-  Il  8*agit  probablement  du  village  de  Lûlzenrode,  qui  est  à  800  mètres  du 
bois  d'Iaserstidt 

s.  IsserstÂdt. 

3.  On  retrouve  toujours  les  divisions  formées  sur  deux  lignes  suivant  les 
instructions  de  TEmpereur. 


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660  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

RAPPORT   DU    COLONEL    8ANDEUB ,    DU   44"    DE    LIGKE. 

14  octobre  1806. 

Le  44*  formant  la  droite  de  la  2*  brigade  de  la  l**  division  du 
7'  corps,  général  Conroux,  s'est  trouvé  en  bataille  en  arrière  et  à  la 
droite  du  village  brûlé  *  ;  vers  les  10  heures  et  demie  du  matin, 
TEmpereur  passa  devant  le  régiment  en  s*informant  de  son  numén) 
au  colonel  Sandeur  ;  il  lui  ordonna  de  rompre  par  peloton  à  droite 
et  de  se  mettre  en  marche  pour  se  porter  en  avant  en  appuyant  à  nii 
bois  de  sapin  *  qui  se  trouvait  à  une  petite  distance  où  je  détachai 
une  compagnie  de  voltigeurs  qui  se  porta  en  avant  pour  observer  le 
mouvement  de  l'ennemi \  Je  reçus  un  quart  d'heure  après*  Tordre 
de  quitter  cette  position  pour  me  porter  à  la  gauche  et  à  la  pointe 
du  petit  bois  près  du  village  brûlé*,  auquel  je  prêtai  ma  droite  et 
appuyant  ma  gauche  au  village  de  Isserst&dt  où  je  rencontrai  le  gé- 
néral de  brigade  Lapisse  et  le  14"  qui  étaient  à  la  même  position. 

Aussitôt  arrivé  •  je  fis  prendre  les  dispositions  pour  déboucher 
dans  la  plaine  en  faisant  former  le  régiment  de  la  manière  suivante  : 
.  le  1^'  bataillon  en  bataille  et  le  2'  en  colonne  serrée  en  arrière  du 
8®  peloton  du  précédent  en  attendant  des  ordres  pour  me  porter  en 
avant,  ce  qui  eut  lieu  une  demi-heure  après  '.  Dans  cette  position 
le  régiment  fut  assailli  par  l'artillerie  ennemie  qui  était  en  batterie 
sur  la  hauteur,  laquelle  me  mit  42  hommes  hors  de  combat  tant  par 
le  boulet  que  par  la  mitraille  ;  nous  continuâmes  la  charge  '  pendant 
une  heure  sans  que  nous  puissions  tirer  un  coup  de  fusil  et  toujours 
recevant  le  feu  de  l'ennemi  quia  été  forcé  d'abandonner  16  à  18 piè- 
ces de  canon  qui  sont  restées  sur  le  champ  de  bataille  *.  C'est  daos 
cette  occasion  que  j'ai  examiné  et  vu  avec  plaisir  le  sang-froid  de 
MM.  les  officiers,  sous-officiers  et  soldats  qui,  en  vertu  des  ordres 
que  j'avais  donnés  avant  la  bataille  que  l'on  ne  devait  nuUement 


1.  C*est-à-dire  à  la  droite  du  chemin  qui  va  de  Lûtzenrode  à  Vierzelin-Hei- 
ligen. 

2.  Petit  bois  de  sapin  qui  se  trouve  sur  les  pentes  entre  Vierzehn-Heiiigeu 
et  le  bois  disserstâdt. 

3.  Toujours  les  voltigeurs  éclairant  les  colonnes. 

4.  Il  pouvait  ôtre  il  heures  environ. 

5.  C'est  le  bois  où  le  maréchal  Ney  avait  placé  son  bataillon  de  grenadiers, 
entre  Vierzelin-Heiligen  et  Issorstâdt 

6.  Entre  11  heures  un  quart  et  il  heures  et  demie. 

7.  Vers  midi. 

8.  Dans  ce  mouvement  le  44«  était  à  la  gauche  du  105<>,  formant  échelon 
en  arriére.  Il  soutenait  le  14*  de  ligne  et  se  trouvait  par  conséquent  eu  se- 
conde ligne  à  lOO  toises. 

9.  La  ligne  avait  mis  une  heure  pour  parcourir  environ  8,000  mètres. 


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14   OCTOBRE.  661 

s'inquiéter  des  hommes  qui  se  trouveraient  atteints ,  ne  devant  rece- 
voir des  secours  qu'après  le  choc  terminé,  ont  vu  tomber  des  files 
entières  sans  que  pour  cela  personne  ait  quitté  son  poste  ;  j'ai  vu 
des  files  de  7  hommes  emportées  et  de  suite  les  rangs  se  resserraient. 
Le  44*  a  eu  7  hommes  tués  et  36  blessés. 

BAFPOBT  nu  COLONEL  HABBBT,  DU  105*  DB  LIGKE. 

Bivouac  devant  Weimar,  14  octobre  1806. 

Le  105*  occupait  la  gauche  de  la  2*  brigade  de  la  1'*  division 
formant  une  partie  de  la  deuxième  ligne,  lorsque  la  l**  division  se 
mit  en  bataille  en  arrivant  à  10  heures  dans  la  plaine  d'Iéna  en 
avant  du  village  où  le  feu  fut  mis  *. 

Bientôt  inutile  dans  sa  position,  la  brigade  du  général  Conroux 
reçut  ordre  de  se  porter  sur  la  droite  afin  d'observer  les  mouvements 
de  la  cavalerie  *.  Cette  cavalerie  ne  donna  aucune  inquiétude  sur  ce 
point  et  la  brigade  restait  en  panne  lorsque  S.  M.  envoya  le  maré- 
chal Duroc  au  général  Conroux  pour  lui  ordonner  de  faire  faire  un 
mouvement  à  sa  brigade  par  sa  gauche  et  de  se  porter  à  la  droite 
d'un  petit  bois  qui  couvrait  le  village  en  feu,  pour  protéger  le  16*  lé- 
ger qui  ne  pouvait  plus  tenir. 

Par  ce  mouvement  le  régiment  se  trouvait  en  tête  en  ordre  pro- 
fond par  sa  gauche.  Arrivé  dans  la  plaine  à  hauteur  du  bois,  il  se 
déploya  promptement  et  marcha  en  bataille  en  avant  de  cette  lisière  ; 
1h  il  reçut  un  feu  d'artillerie  et  de  mousqueterie  très-vif  qui  blessa 
le  général  Conroux  qui  était  à  la  tête  du  régiment,  tua  et  blessa 
beaucoup  d'hommes. 

L'impatience  que  le  régiment  avait  de  charger,  engagea  le  colonel 
à  demander  au  maréchal  Augereau  l'ordre  d'entrer  dans  la  plaine  ^  : 
ce  mouvement  fut  exécuté  ;  le  régiment  chargea  et  prit  3  pièces  de 
canon,  un  caisson  et  culbuta  tout  ce  qu'il  trouva  à  son  passage.  Ce 
fut  dans  cet  endroit  que  le  chef  du  2*  bataillon  eut  son  cheval  tué 
âou8  lui,  que  5  officiers  furent  tués  ou  blessés  et  120  hommes.  L'en- 
nemi alors  se  retira  en  désordre  ;  le  régiment  se  forma  en  colonne 
n'ayant  plus  à  redouter  d'artillerie  et  traversa  la  plaine  en  avant  du 
bois  pour  gagner  au  pas  de  charge  les  hauteurs  qui  dominaient  la 
route  qu'avait  prise  l'ennemi  en  fuite.  A  ces  hauteurs  *  le  régiment 


1-  G'esl-à-dlre  ayant  devant  elle  le  village  de  Yiershen-Heiligen. 

2.  G'esl  la  cavalerie  qui  atlaqua  le  i*^  bataillon  du  84«.  (Rapport  du  général 
^ucliet.)  A  ce  moment  la  brigade  Vedel  avait  éld  détachée  sur  Alten-Oonne. 

S.  Après  ce  déploiement,  le  44«  qui  marchail  en  arrière  du  lo.'i®,  puisque  la 
brigade  était  la  gauche  en  lèle,  prolongea  la  ligne  vers  la  gauche.  Le  105^ 
tenait  la  droite  en  avant  du  petit  bois,  le  44«  la  gauche  à  gauche  du  bois. 

4.  Hauteurs  au-dessus  de  Eôtschau,  roule  de  Woimar. 


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662  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

se  déploya  ;  ce  fat  dans  cet  instant  qu'une  diviâioa  de  cavalerie  lé- 
gère ^  se  porta  en  ligne  en  ayant  de  lui,  mais  bientôt  elle  fut  obligée 
de  se  replier  derrière  le  régiment.  Une  colonne  d'infanterie  des  gar- 
des du  roi  de  Prusse  et  plusieurs  escadrons  de  cavalerie  ennemie  la 
chargèrent'.  Le  régiment  en  ordre  déployé  fit  un  feu  de  deux  rang» 
extrêmement  roulant  qui  dura  un  quart  d'heure.  Ce  feu  sauva  un 
régiment  de  dragons  qui  s'était  avancé  sans  connaître  la  force  de 
l'ennemi  embusqué  derrière  un  ravin  (les  officiers  de  ce  régiment 
vinrent  remercier  le  105*  des  secours  qu'il  leur  avait  portés),  et  fit 
cesser  celui  de  l'ennemi  qui  était  lui-même  pris  en  flanc  par  le  34'  do 
ligne  ^  qui  se  porta  rapidement  à  la  droite  du  régiment  pour  le  pro- 
téger. En  cet  endroit  le  régiment  perdit  2  officiers,  1  adjudant  et 
une  vingtaine  de  soldats.  L'infanterie  ennemie  fut  mise  en  pleine 
déroute,  mais  sa  cavalerie  se  portait  sur  la  gauche  du  régiment  et 
voulait  le  déborder.  Le  colonel  fit  faire  alors  une  retraite  en  échi- 
quier par  bataillon  à  50  pas,  raccorda  la  ligne  et  ordonna  au  2*  ba- 
taillon un  changement  de  front  oblique  en  arrière  sur  les  grenadiers 
et  un  feu  de  deux  rangs  qui  repoussa  la  cavalerie.  L'ennemi  était  eu 
retraite  de  toutes  parts.  Le  colonel  séparé  du  corps  d'armée  da  ma- 
réchal Augereau  et  du  général  de  division  par  la  pointe  qu'il  avait 
été  obligé  de  faire  en  avant  et  au  centre  des  lignes,  prit  les  ordre? 
du  maréchal  L aunes  qui  lui  enjoignit  de  se  porter  en  avant  et  de 
garder  sa  position.  Le  flanc  gauche  du  régiment  étant  dégarni  et 
craignant  encore  la  cavalerie  qui  avait  fait  volte  face  sur  ce  point. 
le  colonel  ordonne  au  2^  bataillon  de  «e  mettre  en  colonne  et  au  1" 
de  rester  en  bataille.  £n  ce  moment  le  régiment  était  au  revers  de 
la  montagne  qui  dominait  le  petit  village  par  où  l'ennemi  avait  fait  s.^ 
retraite  *  et  sur  le  champ  de  bataille  couvert  des  morts  de  rennemi. 
Le  régiment  eut  1  officier  tué  et  6  blessés  ;  23  hommes  tués  et 
160  blessés. 


LE     CHEF    DE    BATAILLON     FLORENCE    DUBOIS, 
COMMANDANT     L*ABTILLEBIE    DE     LA    1"    DIVISION    DU    7*    CORPS, 
AU    GÉNÉRAL    DE    BRIGADE    SÉNABMONT. 

Berlin,  88  octobre  1806. 

Mon  cher  Général,  les  rapports  militaires  sont  souvent  comme  les 
articles  insérés  dans  les  gazettes.  La  vérité  7  a  eu  peu  de  part.  On 


1.  La  brigade  de  cavalerie  légère  du  5*  corps. 

2.  Attaque  du  corps  du  général  Rùchel. 
S.  Du  5«  corps. 

4.  Probablement  Kôtschau. 


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14    OCTOBRE.  663 

les  dénature,  on  les  arrange  à  raison  de  l'effet  que  Ton  veut  qu'ils 
produisent. 

Je  sais  que  vous  aimez  de  l'exactitude  dans  les  récits.  Je  vais  en 
conséquence  vous  dire  avec  précision  et  sincérité  tout  ce  que  l'artil- 
lerie de  la  l'"  division  du  7*  corps  a  fait  à  la  bataille  d'Iéna  le  14 
courant. 

De  12  bouches  à  feu  que  se  compose  l'artillerie  de  cette  division, 
10  furent  employées  de  la  manière  suivante  pendant  le  combat  : 

4  pièces  de  8  et  1  obusîer  servis  par  la  5*  compagnie  du  6*  régi- 
ment d'artillerie  légère  (capitaine  Chopin)  ; 

1  pièce  de  8  et  1  obusier  servis  par  la  2*  compagnie  du  même  ré- 
giment (capitaine  Gros-Jean)  ; 

Ces  7  bouches  à  feu  d'artillerie  légère  ont  été  employées  à  la 
grande  batterie  du  centre  de  l'armée  '  pendant  la  durée  du  combat 
par  ordre  de  S.  M.  l'Empereur  ; 

2  pièces  de  8  et  1  pièce  de  4  servies  par  la  4"  compagnie  du  3*  ré- 
giment d'artillerie  à  pied  (capitaine  Benoist)  ;  ces  3  bouches  à  feu 
à  l'aile  gauche  avec  les  troupes  du  V  corps  d'armée. 

Je  me  mis  à  la  tête  des  7  bouches  à  feu  d'artillerie  légère  et  les 
fis  déployer  dans  la  plaine  au-dessus  de  la  ville  d'Iéna.  Le  combat 
s'engagea  vers  les  7  heures  et  demie  du  matin  et  dura  jusqu'à  2  heu- 
res après- midi,  avec  un  feu  de  pied  ferme  pour  enlever  la  première 
position  de  l'ennemi.  Cette  batterie  contribua  beaucoup  à  chasser 
l'ennemi  de  cette  position.  Elle  démonta  plusieurs  pièces  de  canon  ; 
des  obusiers  tirés  avec  justesse  sur  un  corps  de  cavalerie  y  causèrent 
un  grand  ravage  et  arrêtèrent  ce  corps  dans  une  charge  qu'il  voulait 
entreprendre  sur  nos  batteries.  2  canonniers  à  cheval  de  la  compa- 
gnie du  capitaine  Chopin  furent  tués  et  5  chevaux  d'escadron. 

Une  batterie  de  4  pièces  de  8  du  6®  corps,  commandée  par  un 
brave  sergent  dont  j'ignore  le  nom,  contribua  aussi  à  nos  premiers 
âncees.  Je  fis  avancer  cette  batterie  par  ordre  du  général  Songis  sur 
la  ligne  de  mon  artillerie  légère. 

L'ennemi  prit  une  troisième  position  parallèlement  et  à  environ 


1.  A  la  bataille  d'Iéna,  TEmpereur  forma  donc  une  grande  batlerie  avec  les 
baUeries  attachées  à  la  Garde,  7  pièces  da  7«  corps,  4  du  5®.  —  Les  disposi- 
tions de  l'ordre  do  bataille  indiquent  du  reste  que  l'artillerie  de  la  Garde  de- 
vait se  trouver  sur  le  plateau. 

L'artillerie  attachée  à  la  Garde  se  composait  dôs  8  pièces  de  l'artillerie  Ou- 
dinot  ;  des  is  pièces  données  par  le  général  Songis  )  de  6  pièces  parties  do 
Mayeoce  ;  soit  26  pièces.  (Note  de  TEmpereur  du  s  octobre.)  De  ces  26  pièces, 
18  étaient  encore  a  Auma  lo  is  au  matin  avec  le  2«  régiment  do  dragons  à 
pied,  et  no  purent  arriver  à  léna  le  13  au  soir.  L'artillerie  do  la  Garde  pré- 
sente à  la  bataille  ne  comprenait  donc  que  14  pièces  environ.  Avec  les  il  pièces 
indiquées  plus  haut ,  il  pouvait  donc  y  avoir  25  pièces  groupées  à  la  grande 
batterie  du  centre. 


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664  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

une  lieue  au  delà  de  la  première  '.  La  grande  batterie  du  centre 
marcha  pour  Ten  déloger  *.  Les  7  bouches  à  feu  d'artillerie  légère 
de  la  V*  division  du  7*  corps  d*armée  contribuèrent  puissamment  à 
chasser  l'ennemi  de  cette  troisième  position.  2  de  nos  bouches  à  fea 
furent  démontées,  1  pièce  de  8  et  1  obusier  de  6  pouces  ;  3  soldsts 
du  8*  bataillon  du  train  tués  et  8  chevaux  de  trait. 

Pendant  ces  deux  combats,  les  2  pièces  de  8  et  la  pièce  de  4  ser- 
yies  par  la  compagnie  du  capitaine  Benoist  marchèrent  sur  la  gaache 
avec  les  44®  et  105*  régiments  d'infanterie.  Ces  3  bouches  à  feu  se- 
condèrent puissamment  les  opérations  de  ces  deux  régiments  et  délo- 
gèrent l'ennemi  d'une  position  très-avantageuse  qu*il  occupait  sur 
le  plateau  au-dessus  d'un  petit  bois.  Le  feu  à  mitraille  se  maria  à  la 
fusillade  de  notre  infanterie,  et,  malgré  la  plus  vigoureuse  résistance 
de  la  part  de  l'ennemi,  le  plateau  fut  enlevé  après  plus  d'une  demi- 
heure  de  combat.  2  canonniers  furent  blessés  et  le  sergent-major  de 
cette  compagnie. 

Vers  les  4  heures  du  soir,  la  batterie  d'artillerie  légère,  réduite  à 
5  bouches  à  feu,  venait  de  recevoir  un  approvisionnement  en  muni- 
tions. L'ennemi  en  pleine  retraite,  S.  A.  le  prince  Murât  lui  donnait 
la  chasse  avec  un  corps  nombreux  de  dragons  ;  elle  ordonna  à  Tar- 
tilleric  légère  de  le  suivre. 

La  plaine  étant  propre  à  une  marche  rapide,  je  fis  avancer  cette 
batterie  au  grand  trot  à  l'aile  droite  du  corps  de  dragons  du  Prince. 
Nous  rencontrâmes  plusieurs  débris  de  régiments  d'infanterie  enne- 
mie en  déroute.  L'artillerie  légère  les  canonna  jusqu'aux  portes  de 
Weîmar,  pendant  près  de  2  lieues  de  marche.  Le  prince  Murât  prit 
près  de  3,000  prisonniers,  15  à  20  pièces  de  canon,  Tambulance  et 
de  nombreux  bagages. 

Voilà,  mon  cher  Général,  tout  ce  que  l'artillerie  sous  mes  ordres  a 
fait  d'utile  à  la  bataille  du  14.  Je  vous  en  rends  compte  comme  ami 
de  la  vérité  et  non  parce  que  je  crois  en  valoir  mieux,  car  je  n'ai  fait 
que  mon  devoir. 

On  doit  des  éloges  aux  capitaines  Chopin,  Benoist  et  Gros-Jean 
pour  la  bravoure  et  le  sang-froid  qu'ils  ont  déployés  pendant  le 
combat. 


1.  Position  du  corps  du  prince  de  Hohenlohe  sur  les  hauteurs,  en  arriére 
du  village  de  Yierzehn-Heiligen. 

8.  La  grande  batterie  du  centre  se  tint  toujours  à  la  gauche  dn  6*  corps  «t 
boucha  l'intervalle  qui  séparait  le  5*  du  7*  corps. 


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14  OCTOBRE.  665 


LE  MARÉCHAL  AUGEREAU  AU  MAJOR  GÉNÉRAL. 

Château  de  "Weimar,  i5  octobre  18O6. 

J'ai  rhonneur  d'informer  V.  A.  S.  que  je  suis  arrivé  ici 
hier  soir  après  avoir  harcelé  Tennemi  pendant  toute  la  jour- 
née. A  8  heures  j'ai  fait  prendre  position  au  7*  corps  en 
avant  de  mon  quartier  général.  Elles  ont  bivouaqué  sur  la 
crête  des  montagnes. 

Mon  chef  d'état-major  a  donné  des  ordres,  aussitôt  son  ar- 
rivée, pour  que  les  troupes  qui  ne  font  pas  partie  de  ce  corps 
d'armée  soient  de  suite  renvoyées  à  leurs  divisions  respec- 
tives. Dans  ce  moment  il  s'occupe  à  rallier  toutes  les  troupes 
du  7*  corps. 

J'attendrai- ici  les  ordres  ultérieurs  de  V.  A.  S. 

P.  S.  —  Le  général  Desjardins  arrive  en  ce  moment  et 
redemande  instamment  le  105*  qu'il  croit  être  au  camp  de 
M.  le  maréchal  Ney."  Je  vous  prie  de  vouloir  bien  donner  des 
ordres  pour  que  ce  régiment  rejoigne  de  suite  sa  division, 
car  je  tiens  infiniment  à  l'avoir. 

Quartier  général  de  la  réserve  de  cavalerie  et  2*  division  de  grosse 
cavalerie,  Weimar  ;  —  l'*  division  de  grosse  cavalerie,  bivouac  près 
Weimar  ;  —  !'•  division  de  dragons,  Ulla,  5  kilomètres  de  Weimar 
route  d'Erfurt  ;  —  3*  division  de  dragons,  Apolda  ;  —  cavalerie  lé- 
gère de  la  réserve,  Utenbach  •  ;  —  4*  division  de  dragons,  bivouac  à 
Domburg. 


1.  La  brigade  Lasalle  passa  à  Naumburg  vers  8  heures  du  matin  se  diri- 
geant sur  léna  ;  elle  traversa  la  Saale  à  Camburg  ou  à  Doruburg  et  vint  bi- 
vouaquer à  Utenbach,  prés  d* Apolda. 

Lo  billet  suivant  de  M.  Lenolr,  secrétaire  du  maréchal  Davout,  donne  une 
certitude  sur  l'heure  du  passage  du  général  Lasalle  à  Naumburg. 

•  Le  14  octobre,  entre  8  et  9  heures,  le  général  Lasalle  vint  pour  parler  à 
M.  le  maréchal  Davout  au  logement  que  M.  le  Maréchal  avait  occupé  à  Naum- 
burg. Sur  ce  que  je  lui  dis  que  M.  ie  Maréchal  était  parti  depuis  longtemps, 
il  répondit  d*un  air  de  mauvaise  humeur  :  «  Eh  bien  !  il  recevra  les  ordres 
«  comme  il  pourra,  s 

•  Le  général  Lasalle  demanda  ensuite  où  était  allé  M.  le  Maréchal.  Je  lui  dis 
^ïue,  d'après  les  ordres  qu*il  avait  reçus  de  S.  M.  pendant  la  nuit,  il  avait  dû 
passer,  dès  le  matin,  la  Saale  au  pont  de  Kôsen.  Là-dessus  le  général  témoi- 


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666  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

LE   GBAND-DUC   DE   BEBG  À   L'EHFEBEUB. 

Weimar,  14  octobre  I8O6. 

Je  ne  vous  parlerai  pas  de  la  conduite  de  la  cavalerie  dont 
vous  m'avez  confié  le  commandement  ;  V.  M.  en  a  été  témoin 
et  en  a  vu  les  résultats;  mais  je  dois  de  grands  éloges  à  k 
bravoure  des  dragons  de  la  division  Klein  et  à  celle  des  cui- 
rassiers de  la  division  d'Hautpoul  qui  ont  donné,  aux  hus- 
sards du  10*  régiment  et  aux  autres  troupes  légères  qui  ont 
donné  *.  —  Sire,  rien  n'a  résisté  à  la  cavalerie  ;  tout  a  été  cul- 
buté, les  bataillons  carrés  rompus,  la  propre  garde  dû  Roi, 
les  chevau-légers ,  tout  a  plié  *,  tout  a  fui  honteusement  et 
Ton  ne  dira  plus  que  la  cavalerie  de  V.  M.  n'est  pas  la  pre- 
mière du  monde.  — Les  généraux  Rapp  et  Gardane  ne  m'ont 
pas  quitté,  le  premier  a  surtout  bien-  fait  ;  il  a  chargé  avec 
les  cuirassiers  ;  je  dois  les  plus  grands  éloges  aux  généraux 
Klein  et  d'Hautpoul,  et  en  général  à  tous  les  généraux.  J'ai 
eu  lieu  d'être  content  des  généraux  Picard  et  Treillard  dont 
je  m'étais  plaint  autrefois.  —  Plusieurs  canons  et  caissons» 
ont  été  pris,  plusieurs  drapeaux,  plusieurs  mille  prisonniers. 
Je  fais  garder  les  routes  d'Erfurt  et  de  Buttstadt  par  où  s'est 


gna  beaucoup  de  surprise  et  dit  qwHl  ne  concevait  rien  à  cette  marche,  et  quim 
lieu  de  ptuser  la  Saale ,  M.  le  Maréchal  devait  prendre  position  en  atani  it 
Naumburg  pour  couvrir  cette  place  ;  qu'il  était  chargé  par  le  Prince  (il  oe  le 
Domma  pas)  de  lui  dire  cela,  Peudant  celte  conversation  qui  fut  beaucoup  plus 
longue,  mais  dont  je  garantis  l'exactilude  pour  le  peu  que  fen  rapporte,  ou 
viut  annoncer  au  général  que  sa  brigade  ôlait  prôte  et  il  partit 

«  Quelque  temps  après  plusieurs  corps  de  cavalerie  détilôrent  et  prirent  U 
route  à  gauche  de  celle  suivie  par  le  corps  de  M.  le  Maréchal. 

«  Le  général  Lasalle  m*a  parlé  dans  la  rue,  en  prôsence'de  beaucoup  de  pe^ 
sonnes  qui  toutes  purent  l'entendre,  mais  que  je  ne  connais  pas,  à  Texcep- 
tion  de  M.  Lacoste,  chirurgien  en  chef  du  corps  d'armée. 

«  Lbhoib.  I 

1.  Le  Grand-Duc  est  resté  au  centre  de  la  ligne  de  bataille  avec  les  brig»l<^ 
de  cavalerie  légère  du  5®,  du  6«  et  du  7«  corps,  la  brigade  Picard  (««etîô*de 
dragons)  de  la  division  Klein,  la  1^  brigade  delà  division  d*Hautpoul  (i^' c^- 
10*  de  cuirassiers),  soit  il  régiments  ;  auxquels  vinrent  se  joindre  dans  U 
poursuite  sur  Weimar  les  3  autres  régiments  de  la  division  Klein  et  couiim' 
soutien  la  2*  brigade  de  la  division  d*Hautpoui. 

2.  Dans  la  poursuite  sur  le  champ  de  bataille,  à  la  fin  de  la  journée,  la  ca- 
valerie a  été  secondée  par  Tartillerio  légère  du  7«  corps,  5  piôces,  qui  s»'* 
vait  au  grand  trot  à  l'aile  droite,  parallèlement  à  la  chaussée  d'iéna  à  Weimar. 


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14   OCTOBRE.  667 

retiré  rennemi.  —  Demain  de  grand  matin  je  rallierai  ma 
cavalerie  et  je  pousserai  vigoureusement  l'ennemi.  Mais  je 
désirerais  savoir  par  quelle  route,  car  Tennemi  en  a  pris  plu- 
sieurs*. 

Plusieurs  généraux  ennemis  ont  été  pris  et  blessés,  parmi 
lesquels  RUchel,  Hohenlohe  et  les  ducs  de  Brunswick  et 
Schmettau. 

Le  Boi  et  la  Beine  sont  partis  à  4  heures  de  Weimar  ;  la 
Reine  a  pleuré  comme  un  enfant.  J'y  suis  entré  à  6  heures  ; 
les  dragons  ont  chargé  une  colonne  d'infauterie  qui  faisait 
l'arrière-garde,  les  rues  sont  jonchées  de  cadavres  et  remplies 
de  caissons,  canons  et  bagages.  La  duchesse  est  ici.  Le  loge- 
ment de  V.  M.  est  désigné. 

J'aurai  l'honneur  de  rendre  compte  à  V.  M.  des  actions 
d*éclat  qui  ont  eu  lieu  aujourd'hui  sous  mes  yeux. 

V.  M.  me  pardonnera  mon  griffonnage  ;  mais  je  suis  seul 
et  je  tombe  de  lassitude*. 

M.  de  Ségur  s'est  bien  conduit. 

LB    OiNÉRAL    d'hAUTPOUL    AU    GRAND -DUC    DE    BEBO. 

Ers  lad  t,  16  octobre  180  G. 

La  1"  brigade  de  ma  division,  composée  des  1"  et  10*,  a 

doimé  des  preuves  de  la  plus  grande  valeur  ;  sur  la  hauteur  de  Ca- 
pellendorf  ^,  le  4*  escadron  du  1*'  régiment  a  chargé  un  corps  d'in- 
fanterie légère  d'environ  400  hommes  qu'il  a  fait  prisonnier  en  enle- 
vant un  drapeau  malgré  le  feu  très-nourri  que  l'ennemi  n'a  cessé  de 
faire  sur  lui  ;  les  3  autres  ont  chargé  deux  fois  la  queue  d'une  co- 
lonne de  cavalerie  ennemie  qui  s'est  retirée  à  la  hâte  dans  un  défilé  ^; 


1.  Avant  de  commencer  la  poursuite,  le  commandant  de  la  cavalerie  prend 
les  ordres  du  Commandant  de  l*armée  sur  la  direction  à  prendre. 

2.  Le  Grand-Duc  était  le  is  à  4  heures  du  malin  à  Zeitz,  à  8  heures  à  Teu- 
cbem,  et  se  rendit  dans  la  journée  à  Naumburg.  11  en  partit  après  4  heures 
(iu  ^ir  pour  léna,  où  il  arriva  dans  la  nuit,  ayant  fait  60  kilomètres  depuis  io 
matin.  Il  combattit  le  14  toute  la  journée  aux  côtés  do  TEmpereur  d'abord, 
puis  se  donna  ensuite  beaucoup  de  mouvement  pour  diriger  sa  cavalerie. 

3.  C'est-à-dire  sur  la  hauteur  do  Gross*Romstadt,  au-dessus  de  Capellen- 
<lorf,  où  se  produisit  l'attaque  du  corps  du  général  Kiichei. 

i.  n  faut  entendre  un  des  nombreux  chemins,  bordés  probablement  de  prai- 
ries, qui  descendent  vers  le  vallon  de  Capellendorf. 


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668  CASirPAGNE    DB    PRUSSE. 

n*ayant  pu  atteindre  que  Tarrière-garde ,  on  n'a  pa  faire  prisonnierg 
qae  20  cuirassiers  et  3  officiers. 

Pendant  que  le  1*'  de  cuirassiers  était  aux  prises  avec  cette  cava- 
lerie, le  10*  marchait  en  arrière  du  1''  pour  le  soutenir*,  lorsque  je 
me  suis  aperçu  qu'un  gros  corps  d'infanterie  manœuvrait  sur  mon 
flanc  gauche  à  portée  de  fusillade.  J'ordonnai  au  brave  colonel  du  10* 
de  faire  escadrons  à  gauche  '  pour  marcher  sur  cette  colonne,  M.  le 
capitaine  Boyer,  d'une  intrépidité  rare,  a  été  le  premier  à  se  porter 
sur  ce  corps  d'infanterie  avec  son  escadron ,  qu'il  n'a  pu  entamer. 
Mais  le  colonel  Lhéritier  avec  les  2  autres  escadrons  et  le  3*  qui  s'était 
rallié,  a  chargé  deux  fois  sur  cette  infanterie  qui  a  été  presque  toute 
prisonnière  ;  le  reste  s'est  jeté  dans  un  ravin  et  est  tombé  au  pou- 
voir de  nos  dragons  '  qui  étaient  sur  la  gauche  de  ce  ravin. 

J'estime  que  le  résultat  de  ces  3  charges  faites  par  les  1*'  et  10' 
6ur  l'infanterie  peut  être  évalué  à 4,000  prisonniers,  3  drapeaux  en- 
levés et  1  pièce  de  canon  que  l'ennemi  a  été  obligé  d'abandonner. 

J'ai  été  très  fâché  que  la  2*  brigade  n'ait  pu  sortir  du  défilé  eu 
avant  de  léna  ;  cette  journée  aurait  pu  être  plus  brillante  pour  la  di- 
vision que  j'ai  l'honneur  de  commander 

M.  Snbatier,  sous-inspecteur  aux  revues  de  ma  division,  ne 

m'a  pas  quitté  de  la  journée,  a  aussi  porté  mes  ordres  sous  le  feu  de 
l'ennemi. 

Je  dois  ajouter  que  la  grand'garde  du  5*  de  cuirassiers,  placée  en 
avant  de  son  régiment  sur  la  route  de  Weimar  à  Naumburg,  s'est 
saisie  d'un  bataillon  d'infanterie  qui  venait  se  rendre  à  Weimar 

Je  n'ai  pas  encore  l'état  des  pertes. 


Dans  sa  dépêche  du  13  à  3  heures  du  soir,  le  major  général  fai* 
sait  connaître  au  maréchal  Davout  et  au  maréchal  Bemadotte  que 
s'ils  entendaient  une  attaque  le  soir  même  sur  léna,  ils  devaient  ma- 
nœuvrer sur  l'ennemi  et  déborder  sa  gauche,  et  que,  s'il  n'y  avait 
pas  d'attaque  le  soir  du  13  à  léna,  ils  recevraient  pendant  la  nuit 
les  dispositions  de  l'Empereur  pour  la  journée  du  lendemain. 


1.  Troupes  de  soutien,  deuxième  ligne. 

2.  Le  régiment  de  deuxième  ligne  était  donc  formé  en  colonne  par  escadrons 
à  distance  onliére. 

s.  La  brigade  do  la  division  Klein  qui  était  au  centre  de  la  ligne  de  ba- 
taille. Il  semble  que  la  division  Klein,  5  régiments,  la  seule  des  divisions  de 
dragons  qui  se  trouva  sur  le  champ  de  bataille,  fut  répartie  par  TEmpereor 
sur  s  points  de  la  ligne.  Une  brigade,  i^i'et  14*,  fut  envoyée  à  l*aile  droite 
au  4«  Corps  ;  une  autre  brigade,  celle  du  général  Picard,  f  et  20«,  dirigée 
par  le  général  Klein,  resta  au  centre  de  Tordre  de  bataille  ;  enfin  le  5*  régi- 
ment, 26«,  fut  porté  à  Taile  gaucho,  au  7«  corps. 


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14   OCTOBRE.  669 

Ces  dispositions  pour  le  maréchal  Davout  ne  figurent  pas  sur  le 
registre  du  major  général,  où  se  trouvent  cependant  les  dispositions 
de  l'ordre  de  bataille  ;  mais  l'extrait  suivant  du  Journal  des  opéra- 
tions du  3*  corps  doit  reproduire  les  termes  mêmes  de  la  dépêche  du 
major  général  : 

Journal  des  opérattons  'du  3*  corps,  —  «  Cependant  M.  le  Ma- 
>  réchal  Davout^  avait  fait  appeler  à  Naumburg  la  nuit  du  13  au 
«  14  les  généraux  de  division  et  les  commandants  des  différentes 

<  armes  pour  7  recevoir  ses.  ordres  en   conformité    de  ceux   que 

<  S.  M.  rEmpereur  lui  avait  annoncés  pour  cette  même  nuit  '. 
«  lis  lui  furent  apportés  à  3  heures  du  matin.  Us  étaient  en  date 
«  du  13,  JO  heures  du  soir,  du  bivouac  sur  les  hauteurs  d'Iéna. 
c  L'Empereur  qui  dans  la  soirée  avait  reconnu  une  armée  prus- 
«  sienne  qui  s'étendait  depuis  une  lieue  en  avant  et  sur  les  hauteurs 

<  d'iéna  jusqu'à  Weimar,  avait  le  projet  de  l'attaquer  le  lendemain. 

<  Il  ordonnait  à  M.  le  Maréchal  de  se  porter  sur  Apolda  afin  de 

<  tomber  sur  les  derrières  de  cette  armée  ;  il  laissait  M.  le  Maréchal 
«  maître  de  tenir  la  route  qui  lui  conviendrait  pourvu  qu'il  prît 
«  part  au  combat.  S.  A.  S.  le  major  général   ajoutait  :  Si  M,  le 


1.  Cd  qui  prouve  quo  Ton  ne  peut  pas  toujours  enregistrer  toutes  les  dé- 
pêches que  i*on  expédie. 

LB   MABÉCHAXi    DAYOUT    AD    MAJOR   OifcKKBAL. 

Posen,  10  novembre  1806. 

Monseigneur,  par  votre  lettre  du  8,  V.  A.  mMnvile  à  lui  donner  plus  de  dé- 
tails sur  les  motifs  de  plainte  que  j*ai  contre  le  génûral  Viallanes.  Les  voici  : 
ils  sont  d'une  nature  à  ne  pouvoir  jamais  être  oubliéa  par  un  générai  en  chef. 

Dans  la  nuit  du  13  au  14,  dans  Taltenle  des  ordres  de  l'Empereur,  et  pour 
ne  pas  perdre  une  minute  pour  leur  exécution,  j'avais  fait  prier  tous  les  gé- 
Dénux  de  division  et  tous  les  commandants  des  armes  de  se  réunir  chez  moi 
et  d'y  passer  la  nuit.  Tous  le  firent  :  le  général  Viallanes  s'y  présenta  comme 
ies  autres,  et  il  me  mit  dans  le  cas  de  l'inviter  plusieurs  fois,  avec  beaucoup 
(le  modération,  de  rester.  Malgré  mes  instances,  il  s'en  alla  à  mon  insu  à 
3  heures  du  matin.  Lorsqu'un  aide  de  camp  m'apporta  les  ordres  de  l'Empe- 
reur, tous  les  généraux  partirent  aussitôt  pour  mettre  en  marche  leurs  troupes. 
Ce  ue  fut  qu'à  5  heures  qu'on  put  parvenir  à  trouver  le  général  Viallanes  qui 
nie  montra,  dans  cette  circonstance,  un  esprit  mauvais  et  dangereux,  et  beau- 
coup d'insolence,  parce  qu'il  sentait  qu'on  avait  besoin  de  lui.  11  en  est  ré- 
*\x\[é  que  sa  cavalerie,  au  lieu  de  déboucher  la  première,  est  débouchée  trois 
heures  plus  tard,  et  que  je  ne  l'ai  eue  que  vers  les  9  ou  10  heures.  Enfin,  sans 
avoir  été  positivement  mécontent  du  générai  Viallanes  dans  l'aflaire,  je  n'ai 
l«s  eu  à  m'en  louer. 

Le  général  Viallanes,  en  outre,  a  laissé  piller  toute  sa  cavalerie  légère  dans 
l'arrondissement  de  Francfort,  où  elle  a  pris  et  revendu  plus  de  240  chevaux  ; 
et  Ijui-môme  a  fait  des  demandes  de  chevaux  qu'il  a  convertis  en  argent,  no- 
nobstant la  défense  que  je  lui  avais  faite  plusieurs  fois  de  faire  ce  commerce 
liouteux,  surtout  à  Naumburg,  où  je  l'ai  pris  sur  le  fait.  Je  suis  beaucoup  plus 
content  de  la  cavalerie  légère,  sous  tous  les  rapports,  depuis  le  parti  que  j'ai 
pris. 


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670  CAMPAGNE    DE   PRUSSE. 

€  maréchal  Bemadotte  se  trouve  avec  vous,  vous  pourrez  marcher 
«  ensemble;  mais  V Empereur  espère  qu'il  sera  dans  la  position  qu^il  lui 
€  a  indiquée  à  Domburg. 

€  M.  le  maréchal  Davout  donna  ses  ordres  à  chacun  des  généraux 
«  qui  partirent  de  suite  pour  en  hâter  l'exécution  ;  et  il  se  rendit 
€  chez  S.  A.  le  prince  de  Ponte-Corvo,  commandant  le  1"  corps 
«  d'armée,  qui  était  effectivement  arrivé  dans  la  soirée  à  Naumbarg. 
«  M .  le  maréchal  Davout  lui  donna  communication  par  écrit  des  or- 
c  dres  qu'il  venait  de  recevoir  de  S.  M.  en  le  priant  de  lui  donner 
«  connaissance  du  parti  qu'il  prendrait.  Le  Prince  lui  répondit  qu'il 
€  partait  pour  Camburg.  » 

Le  3*  corps  se  mit  en  marche  immédiatement  et  la  3*  division  pas- 
sait  le  pont  à  6  heures  et  demie.  De  là  pour  se  rendre  à  Apolda  par 
la  grande  route  de  Weimar  il  y  a  22  kilomètres.  Si  le  3*  corps  n'a- 
vait pas  trouvé  l'armée  du  roi  sur  son  chemin,  il  aurait  atteint  Âpolda 
vers  midi,  entendant  la  canonnade  depuis  le  matin.  D' Apolda  à 
Hermstildt  ou  à  Stobra  il  7  a  4  kilomètres  ;  à  Klein -BomstSdt,  ô  : 
à  Gross-Ilomst^dt,  6 .  Le  Maréchal  n'aurait  pas  hésité  à  engager  de 
suite  la  division  Gudin  tète  de  colonne  ;  à  2  heures  et  demie  la  di- 
vision Priant  serait  entrée  en  ligne  à  son  tour,  et  à  4  heures  la  divi- 
sion Morand,  heures  calculées  d'après  l'entrée  en  ligne  de  chaque 
division  à  la  bataille  d'AuerstIUlt. 

Donc  si  l'armée  prussienne  avait  été  tout  entière  réunie  devant 
l'Empereur  et  qu'elle  lui  eût  tenu  tête,  le  3*  corps  serait  encore 
arrivé  en  temps  opportun  sur  le  champ  de  bataille  pour  prendre 
l'ennemi  à  dos  et  décider  la  victoire. 

Quant  au  maréchal  Bemadotte,  n'entendant  le  canon  que  snr  sa 
gauche  en  débouchant  de  Domburg,  il  est  à  présumer  qu'il  se  serait 
porté  au  feu,  et,  toujours  dans  l'hypothèse  où  l'armée  prussienne 
réunie  eût  tenu  tête  à  l'Empereur,  il  serait  venu  tomber  dans  le  flanc 
de  l'ennemi  entre  3  et  4  heures  ayant  pris  la  direction  de  Stiebritz. 
Il  n'est  donc  pas  douteux  que  l'armée  prussienne  eût  été  culbutée 
quand  même  elle  eût  été  tout  entière  réunie. 

n  faut  se  rappeler  que  les  2  divisions  du  6*  corps,  les  2*  et  3*  di- 
visions du  4®  corps,  la  Garde  et  la  division  Nansouty  ne  furent  pas 
engagées ,  et  qu'elles  furent  cependant  présentes  à  la  bataille.  Si  la 
lutte,  au  lieu  de  s'éloigner  vers  Weimar,  était  demeurée  snr  le  pla- 
teau, toutes  ces  troupes  seraient  entrées  en  ligne  plus  tôt. 

D'ailleurs,  le  moral,  dont  on  parle  tant  et  à  juste  titre,  était  du 
côté  de  l'armée  française.  Conduite  par  son  Empereur,  elle  eût 
opposée  une  résistance  opiniâtre  qui  lui  eût  permis  d'attendre  Tar- 
rivée  des  3'  et  1"'  corps.  L'armée  prussienne,  au  contraire,  était 
démoralisée  :  c  Le  combat  de  Schleiz ,  qui  a  ouvert  la  campa^^ 
<  et  qui  a  été  très  funeste  à  l'armée  prussienne,  celui  de  Saalfeld* 


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14  OCTOBRE. 


Gli 


€  qui  Fa  suivi  le  lendemain ,  ont  porté  la  consternation  chez  Ten- 
«  nemi.  »  (3*  Bulletin,  13  octobre.) 
L'Empereur  disposait  au  commencement  de  la  journée  : 

BaUiUon$.  Homme*.        EEcadroni.      Chevtax. 


Dn  7«  corps *   •    • 

Do  5«  corps  , 

D«  la  Garde  impériale  à  pied. 
De  la  !»•  division  du  4»  corps. 
De  l'avant-garde  du  6«  corps  . 


17 

16,500 

6 

1,000 

20 

19,000 

9 

1,500 

» 

6,000 

M 

» 

8 

7,700 

9 

1,400 

5 

3,400 
50,600 

6 
80 

1,100 

M 

6,000 

Vers  11  heures  sur  le  plateau  au  centre  en  réserve  : 

Bataillon*.        Hommes.        Escadron*. 


Chevaux. 


r  2»  dlTision. 
Da  6»  corps.   .   .j  3.  division. 


De  la  division  d'Hantponl 
De  U  division  Klein  .  .  . 
De  la  division  Nansouty  . 


8 

9,000 

» 

» 

6 

6,000 

» 

» 

» 

» 

12 

1,900 

a 

» 

16 

2,500 

» 

» 

18 
45 

2,900 

14 

16,000 

7,800 

Vers  midi  sur  le  plateau  à  Taile  droite  : 

Bataillon*.       Hommes. 


Du  4c  corps. 


2«  division.  .   .  . 

10 

10,300 

8«  division.  .  . 

8 

7,700 

18 

18,000 

Enfin,  si  Tarmée  du  Roi  ne  s'était  pas  portée  sur  Naumburg,  se- 
raient arrivées  successivement  sur  le  champ  de  bataille  et  dans  le 
flanc  de  Tarmée  prussienne  :\ 

Vers  midi  : 


La  S«  division  du  8«  corps  et  1»  cavalerie  légère  .... 

Vers  2  heures  et  demie  : 

La  2t  division  du  8«  corps. •  .   .  , 

La  3*  division  du  le*  oorps  et  la  cavalerie  légère  .... 

Vers  4  heures  : 

La  In  division  du  8«  corps 10,000 

La  S<  division  du  l*r  oorps 6,600 

La  9«  division  de  dragons » 

La  brigade  Lasalle * 


Hommes. 
8,600 

Chevaux 
1,300 

7,600 
6,800 

1,500 

47,400 


2,600 
1,100 

6,500 


La  1"  division  du  1*"  corps,  7,000  hommes,  la  4*  division  de  dra- 
gons, 2,600  chevaux,  la  2*  division  de  dragons,  2,500  chevaux,  et 
la  cavalerie  de  la  Garde,  2,800  chevaux,  n'auraient  pu  se  trouver 
à  la  bataille. 


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672  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

L'£mpereur  avait  environ  165,000  combattants  dans  sa  main  sar 
le  champ  d'opérations,  non  compris  les  alliés  et  les  corps  d'observa- 
tion (8*  corps  et  armée  du  Nord). 


BATAILLE    D  AUERSTADT. 

LE   MARÉCHAL   DAVOUT  A   l'eMPEREUR. 

Au  bivouac  d'Auerstadt,  14  octobre  1806. 

J'ai  rhonneur  de  rendre  compte  à  V.  M.  qu'en  débouchant 
de  Kôsen ,  j*ai  trouvé  à  un  quart  de  lieue  Tennemi  qui  était 
on  marche  pour  s'emparer  lui-même  de  ce  débouché.  La  ba- 
taille s'est  engagée  de  suite  ;  elle  a  été  sanglante  et  disputée. 
Le  roi  de  Prusse,  le  duc  de  Brunswick  et  le  maréchal  de 
MoUendorf  et  plus  de  60,000  hommes  ont  disputé  la  victoire 
à  votre  3*  corps  ;  elle  nous  est  restée  ainsi  que  presque  toute 
raFjillerie  ennemie.  Le  nombre  des  prisonniers  n'est  pas  très 
considérable,  le  peu  de  cavalerie  que  j'avais,  qui  a  fort  bien 
servi  du  reste,  n'ayant  pas  été  suffisante  pour,  pouvoir  prc»- 
fiter  des  succès  de  l'infanterie.  Le  grand-duc  de  Berg  avait 
retiré  la  veille  la  division  de  dragons  Sahuc. 

V.  M.  a  perdu  beaucoup  de  braves,  parmi  lesquels  je  ci- 
terai le  général  Debilly,  les  colonels  Vergés,  Higonet,Viala, 
Nicolas  et  plusieurs  autres  blessés.  Plusieurs  régiments  ont 
perdu  la  pluplart  de  leurs  officiers  ;  le  nombre  des  blessés 
est  très-considérable. 

Le  duc  de  Brunswick  a  été  grièvement  blessé  à  la  tête  ;  on 
regarde  sa  blessure  comme  mortelle. 

Des  généraux  prussiens  ont  été  blessés.  Parmi  ces  derniers 
on  compte  le  prince  Auguste,  oùclê  du  Roi. 

Les  deux  frères  du  Roi  se  trouvaient  à  cette  bataille  ;  les 
gardes  à  cheval  et  à  pied  ont  beaucoup  souffert. 

Les  cartouches  manquant ,  les  corps  étant  très-affaiblis^ 
j'ai  pris  position  vers  les  7  heures  du  soir.  Cette  nuit  on 
remplacera  les  cartouches,  on  mettra  les  armes  en  état  et  de- 
main nous  serons  prêts  à  exécuter  les  ordres  de  V.  M. 

Je  dois  citer  avec  le  plus  grand  éloge  la  conduite  des 


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14  OCTOBRE.  673 

généraux Friant,  Gudin  et  Morand...  Le  général  Daultanne 
s'est  fait  distinguer  de  toute  Tarmée. 

Ces  jours-ci  j'aurai  l'honneur  d'adresser  à  V.  M,  les  dé- 
tails nécessaires  pour  lui  faire  connaître  la  brillante  conduite 
de  tous  ses  officiers  et  soldats. 

L'ennemi  paraît  s'être  retiré  du  côté  de  Weimar. 


•^1 


extrait  du  journal  des  opérations  du  3®  corps 
d'armée. 

Le  terrain  au  delà  de  la  Saale  est  élevé  et  offre  de  beaux 
plateaux  qui  sont  accidentellement  coupés  par  quelques  ruis- 
seaux, par  de  petits  ravins  et  quelques  chemins  creux  et  sur 
lesquels  sont  répandus  un  grand  nombre  de  villages.  Ces 
jJateaux  sont  couronnés  vers   le  nord  de  mamelons   plus  >^ 

élevés  et  couverts  de  bouquets  de  bois.  La  Saale  n'est  point 
guéable  ;  sa  rive  gauche  est  très- escarpée  et  couverte  aussi 
de  quelques  bouquets  de  bois.  La  grande  route  de  Naumburg 
à  Weimar  et  Erfurt  passe  par  KOsen,  où  il  y  a  un  pont  en 
pierre  sur  la  Saale.  Après  avoir  passé  cette  rivière  il  faut 
monter  par  une  pente  raide  et  longue  sur  le  plateau  d'Hassen- 
liausen.  Il  n'y  avait  pas  d'autre  chemin  pour  se  diriger  sur 
Erfurt  en  passant  par  Auerstadt  et  Apolda,  ainsi  que  l'Em- 
pereur l'avait  ordonné.  Il  était  donc  important  de  se  saisir  de 
la  tête  du  défilé  afin  de  pouvoir  se  développer. 

D'après  les  ordres  donnés  dans  la  nuit  par  M.  le  Maréchal*, 
vu  l'éloignement  où  se  trouvait  la  1"  division ,  le  mouve- 
ment se  fit  par  la  gauche.  Le  général  Gudin  avec  la  3*  division 
passa  la  Saale  sur  le  pont  de  Kôsen  à  6  heures  et  demie  % 
tandis  que  le  colonel  Cassagne  avec  le  25*  •  précédé  d'un  es- 

1.  Voir  page  670. 

2.  La  s«  division  partit  à  4  heures  du  matin  de  sa  position  do  Neufleraming. 
'apport  du  général  Gudin,  Naumburg,  17  octobre.) 

Sauf  les  quelques  détails  que  Ton  trouvera  ci-après  en  noie,  le  rapport  du 
général  Gudin  est  entièrement  reproduit  dans  le  journal   des  opérations  du         .'< 
5*  corps. 

S-  Â  6  heures  la  tôte  de  la.  division  a  traversé  le  défilé.  (Général  Gudin.) 

OàMP.  DS  PRUSSE.  43 


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-i 


674  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

cadron  du  1"  de  chasseurs  après  avoir  traversé  le  défilé,  dé- 
bouchait sur  le  plateau. 

La  2*  et  la  1"  division  s'étaient  mises  en  marche  à  4  heures 
du  matin  pour  se  porter  vers  le  même  point. 

Il  s'était  élevé  une  demi-heure  avant  le  jour  un  brouillard 
si  épais  qu'il  ne  permettait  pas  de  distinguer  les  objets  à  por- 
tée de  pistolet.  Le  Maréchal  ordonna  à  son  premier  aide  de 
camp  le  colonel  Burke  de  se  porter  en  avant  avec  un  détache- 
ment du  1"  de  chasseurs  commandé  parle  capitaine  Hulot  et 
d'engager  une  échauflFourée  pour  se  procurer  des  renseigne- 
ments certains  sur  la  position  de  l'ennemi.  Le  colonel  Burke, 
sans  rencontrer  ni  vedettes  ni  avant-poste,  se  trouva  à  portée 
de  l'avant-garde  commandée  par  le  général  Blucher.  Le  Boi 
y  était  en  personne  et  marchait  à  la  tête.  Cette  avant-gardi* 
s'arrêta  près  deHassenhausen  en  apercevant  à  travers  le  brouil- 
lard le  détachement  français 

Le  colonel  Burke  qui  fit  insulter  à  coup  de  pistolet  les  es 
cadrons  prussiens ,  soutint  avec  vigueur  la  charge  de  2  esca- 
drons du  régiment  de  là  Reine  et  fit  quelques  prisonniers  dont 
un  major*.  Ramené,  après  avoir  rempli  sa  mission,  par  des 
forces  supérieures,  il  vint  rallier  son  détachement  sous  la  pn»- 
tection  du  25*  qui  s'avançait  en  colonne  à  la  droite  de  la 
chaussée  tandis  que  le  85*  marchait  dans  le  même  ordre  sur 
la  gauche  *.  Le  général  Gauthier  eut  ordre  de  mettre  pi-omp* 
tement  sa  brigade  en  état  de  recevoir  la  charge  de  ces  2  en- 
cadrons en  faisant  former  le  cari'é  au  25*. 

En  même  temps  le  général  BlUcher  avec  le  reste  de  l'avant- 
garde  composé  de  600  chevaux,  d'une  batterie  légère  et  d'un 
bataillon  de  grenadiers,  avançait  sur  la  chaussé^  au  delà  de 

1.  Le  rôle  de  la  cavalerie  de  l'avaul-garde  est  de  s'avancer  jusqu'à  ce  qu'elle 
ail  trouvé  Tennemi,  et  de  le  forcer  à  se  déployer  et  a  prendre  ses  dispos- 
lions.  Â  Tavanl-garde  il  faut  rocounaître  à  coups  do  sabre  afin  de  faire  àa 
prisonniers.  On  a  vu  la  môme  manière  de  reconnaître  au  comliat  de  Winzcria 
le  IJ,  page  529. 

s.  Le  21^  régiment  suivait  le  mouvement  du  8.5«,  et  le  is*  celui  do  a^- 
(Général  Gudin.) 

La  division  se  forma  sur  deux  lignes,  une  brigade  par  ligne.  C'est  toujours 
ce  qui  arrive  dans  les  combats  livrés  pondant  la  marche.  On  est  obltgé  d-' 
former  de  suite,  avec  les  Iroupes  de  la  tétc  de  colonne,  une  ligne  de  lâtaill« 
d'une  certaine  élendue,  ménageant  toutefois  des  réserves. 


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14    OCTOBRE. 


675 


Hassenhausen.  Il  fut  foudroyé  par  Tartillerie  de  la  brigade 
Gauthier  placée  sur  cette  chaussée.  Les  escadrons  et  le  ba- 
taillon de  grenadiers  furent  dispersés,  la  plupart  des  canon- 
niers  furent  tués  et  les  charretiers  prirent  la  fuite  \ 

En  même  temps  2  compagnies  de  grenadiers  et  une  de  vol- 
tigeurs du  25'  conduites  par  le  capitaine  Lagoublais,  aide  de 
camp  du  général  Gauthier,  soutenues  par  le  détachement  de 
chasseurs  du  capitaine  Hulot,  se  précipitèrent  sur  la  batterie 
prussienne  et  enlevèrent  6  pièces. 

Après  ce  premier  succès,  le  25*  régiment  se  porta  en  colonne 
•  n  avant  sur  la  droite  de  Hassenhausen.  L'ennemi  voulut  pro- 
fiter de  son  isolement.  Le  régiment  eut  à  soutenir  une  nou- 
velle charge  de  cavalerie.  Le  feu  d'une  batterie  ennemie 
l'incommodait  de  nouveau.  Le  chef  de  bataillon  Saint- 
Faust  et  4  compagnies  se  précipitèrent  sur  les  pièces  de  ca- 
non et  les  enlevèrent. 

Cependant  toute  la  3*  division  prussienne,  général  Schmet- 
tau,  était  en  ligne  avec  une  immense  cavalerie  en  arrière  de 
Hassenhausen.  L'ennemi  réunissait  ses  eflforts  sur  le  25'' 
posté  à  la  tête  et  un  peu  à  droite  du  village. 

Le  Maréchal,  voyant  sa  droite  débordée  par  la  cavalerie 
prussienne,  craignant  même  d'en  être  tourné  et  enveloppé  et 
voulant  concentrer  ses  forces,  ordonna  au  général  Petit  de  se 
porter  au  secours  du  25®  avec  le  21',  et  de  se  faire  suivre  en 
échelon  par  le  12*.  Le  Maréchal  fit  en  même  temps  avancer 
10  pièces  d'artillerie. 

Ce  mouvement  s'exécutait  sous  le  feu  le  plus  vif  pendant 
que  le  général  BlUcher  marchait  à  la  tête  de  25  escadrons 
eutre  Spielberg  et  Punscherau  :  au  moment  où  le  brouillard 
se  dissipait,  il  s'aperçut  qu'il  était  sur  les  derrières  de  l'in- 


1.  Cost  rinconvénienl  d'avoir  un  petit  paquet  d*infniilerio  à  l'avant-gardo. 
H  ne  faut  mettre  à  l'avant-garde  que  do  la  cavalerie  qui  voit  au  loin,  recon- 
Diiil  les  coloones,  les  force  ù  se  déployer,  prévient  et  peut  au  besoin  se  re- 
tirer. Toute  rinfanlorid  doit  marcher  ensemble  et  bien  réunie.  Si  on  met  un 
ItaUiilloD  d'infanterie  à  Tavant-garde  et  qu'il  s'engage,  on  n'est  plus  maître 
(l'éviter  le  combat;  on  est  obligé  de  le  subir  ot  on  se  fait  écraser  en  détail 
par  un  ennemi  qui  marche  en  grosse  masse,  tous  réunis. 

Voir,  page  556,  les  instructions  de  l'Empereur  au  vice-roi  d'Italie  pour  la 
marche  de  son  armée. 


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i 


676  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

fanterie  française.  H  n'hésita  pas  à  la  charger  avec  vigueur 
dans  tous  les  sens,  mais  d'après  Tordre  du  Maréchal  les  car- 
rés déjà  formés  recevaient  avec  calme,  à  bout  portant,  ce& 
nombreux  escadrons  tandis  que  le  Maréchal^  le  général  Gu- 
din,  les  généraux  Gauthier  et  Petit  se  portaient  tantôt  dans 
un  carré  et  tantôt  dans  un  autre.  Pas  un  seul  bataillon  ne 
fut  entamé,  quoique  le  général  Blticher  revînt  sans  cesse  à  la 
charge.  Enfin,  après  une  perte  énorme,  lui-même  ajant  eu 
son  cheval  tué  et  n'ayant  que  le  temps  de  prendre  celui  d'un 
trompette,  il  fut  entraîné  avec  toute  sa  cavalerie  dans  un  dé- 
sordre complet  jusqu'à  Eckartsberg. 

Pendant  que  3  régiments  de  la  division  Gudin  résistaient 
depuis  une  heure  et  demie  avec  tant  d'intrépidité  et  de  suc- 
cès aux  efforts  de  la  cavalerie  prussienne  et  à  ceux  de  la  divi- 
sion Schmettau,  le  85*  placé  à  la  gauche  d'Hassenhausen  et 
soutenu  par  2  seules  pièces  de  8,  voyait  se  développer  devant 
lui  une  partie  de  la  division  Orange,  tandis  que  la  division 
Wartensleben,  2',  s'avançait  vers  sa  gauche. 

Le  général  Triant ,  à  la  tête  de  la  2*  division ,  arrivait  sur 
le  plateau  sur  les  8  heures  et  demie  en  colonne  serrée  par 
bataillon  ;  le  111'  marchait  le  premier  \  Le  Maréchal  envoya 
le  colonel  du  génie  Tousard  le  placer  à  la  droite  de  la  divi- 
sion Gudin.  Ce  régiment  se  trouva  en  face  d'une  batterie  de 
6  pièces  qui  incommodait  beaucoup  les  mouvements  de  toute 
la  2^  division  française  '. 

Le  Maréchal  donna  ordre  au  108''  de  l'enlever.  Ce  fut  pour 
le  2®  bataillon  conduit  par  le  colonel  Higonet  l'affaire  d'un 
moment  ',  tandis  que  le  1*'  allait  chasser  l'ennemi  du  vil- 
lage de  Spielberg  où  venait  d'arriver  par  Poppel  la  brigade 
du  prince  Henry  de  Prusse  de  la  division  Orange,  1**;  l'autre 
brigade  sous  les  ordres  du  général  Lutzow  s'était  portée  à  la 
gauche  de  la  division  Schmettau. 

Le  prince  Henry  par  ses  mouvements  menaçait  de  tourner 


1.  Dans  chaquo  division  on  marchait  la  gauche  en  lôte. 

2.  Voir  le  rapport  du  général  Priant. 

3.  La  batterie  se  trouvait  en  face  du  ill«  ;  le  S«  bataillon  du  108«  dot  l'en- 
lever en  se  portant  sur  son  flanc. 


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14   OCTOBRE.  677 

la  droite  de  Tarmée  française.  Le  Maréchal  recommanda  au 
général  Priant  de  ne  pas  se  laisser  déborder  ' .  En  conséquence 
le  général  fit  marcher  le  33*  et  le  48*",  général  Kister,  sur  la 
droite  de  Spielberg  *  et  détacha  4  compagnies  sous  les  ordres 
du  capitaine  du  génie  Menissier  pour  fouiller  le  bois  sur  la 
droite  et  en  débusquer  Tennemi,  ce  qui  fut  exécuté  avec  le 
plus  grand  succès. 

Toute  la  cavalerie  du  3*  corps  était  placée  à  l'extrémité  de 
Taile  droite  et  chargeait  à  propos  les  bataillons  prussiens  qui 
étaient  ébranlés  par  notre  infanterie.  Elle  suppléait  à  la 
faiblesse  du  nombre  par  son  courage  et  sa  bonne  contenance. 

Pendant  ce  temps  le  85' seul  sur  la  gauche  d'Hassenhausen 
allait  enfin  être  écrasé.  Le  Maréchal  envoya  à  son  secours  le 
12''et  fit  défendre  le  village  d'Hassenhausen  par  le  2V*. 
A  peine  le  12*  avait-il,  en  arrière  d'Hassenhausen,  traversé 
la  grande  route  d'Erfurt  pour  prendre  à  gauche,  qu'il  fut 
assailli  par  des  forces  tellement  supérieures  que  la  division 
Gudin  tournée  par  sa  gauche  allait  succomber,  si  la  1"  divi- 
sion ne  fût  arrivée  au  pas  de  course.  Le  Maréchal  lui  avait 
envoyé  l'ordre  de  s'appuyer  de  suite  à  la  gauche  de  la  divi- 
sion Gudin. 


1.  Ne  pas  se  laisser  déborder  est  une  préoccupation  constante  sur  le  champ 
de  bataille  ;  d*où  la  nécessité  d'avoir  toujours  dos  troupes  en  échelon  en  ar- 
rière des  ailes. 

2.  La  brigade  Kister  de  la  2«  division  formait  donc  échelon  débordant  en 
arriére  à  droite,  couverte  elle-môme  sur  son  flanc  par  la  cavalerie  légère. 

3.  Le  mouvement  débordant  de  l'armée  prussienne  s*était  d'abord  produit 
sur  l'aile  droite  du  S»  corps,  la  plaine  étant  plus  ouverte  de  ce  côté  et  le  dé- 
bouché de  Poppel  sur  Spielberg  offrant  des  plis  de  terrain  par  où  les  colonnes 
s'élevaient  à  fabri.  —  C*est  pour  cette  raison  que  le  Maréchal  porta  de  suite 
li^  2^  division  à  la  droite  de  la  8«.  Dès  qu'il  vit  déboucher  la  l'^  division,  il 
^Qgagea  le  4®  régiment  de  la  8«  division,  18*  de  ligne,  qu'il  avait  jusque-là 
Conversé  en  réserve. 

i.  Pendant  que  le  12*  régiment  se  portait  à  la  gauche  et  en  arrière  du  vil- 
lage d'Hassenhausen,  le  2i«  régiment,  sous  les  ordres  du  colonel  Decous,  s'y 
établissait  en  avant,  occupant  le  villcge  par  son  centre.  La  résistance  des  ré- 
giments de  la  division  contre  des  forces  aussi  supérieures  ayant  donné  le 
temps  à  la  i"  division  d'arriver  à  notre  secours,  le  combat  redevint  offensif 
^t  les  efforts  que  nous  avions  faits  pour  la  conservation  du  village  d'Hasscn- 
bausen  furent  couronnés  du  plus  grande  succès,  car  l'ennemi  fut  obligé  de 
Qous  abandonner  toute  l'artillorie  qu'il  nous  avait  opposée  sur  ce  point.  (Géné- 
ral Gudin.) 


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678  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Dès  que  la  !'•  division  fut  sur  le  terrain,  le  Maréchal  alla 
avec  Je  général  Morand  se  mettre  à  sa  tête.  Le  général  Mo- 
rand avait  par  ordre  laissé  le  2'  bataillon  du  17*"  à  la  garde  du 
pont  deKosen.  Le  rest^  de  sa  division  marchait  sur  la  gauche 
du  plateau  d'Uassenhausen  en  colonne  par  division  à  distance 
de  peloton. 

Le  IS**  léger  avec  2  pièces  de  4  tenait  la  tête  des  colonnoi^. 
Le  général  d'Honnières,  qui  conduisait  ce  régiment,  eut  orJro 
de  faire  marcher  un  des  bataillons  serré  en  colonne  et  l'autri' 
déployé  et  de  se  diriger  sur  le  clocher  d'Hassenhausen  que  la 
3*  division  venait  d'abandonner  en  repliant  un  peu  sa  gauche. 
L'ennemi  avait  établi  une  batterie  en  avant  de  ce  village, 
protégée  par  un  corps  nombreux  ;  il  fut  enfoncé  par  le  13'  et 
poursuivi  au  delà  du  village.  Mais  ce  régiment  emporté  par 
son  ardeur  s'isola  trop  du  reste  de  la  division  ;  il  tomba  au 
milieu  de  forces  si  nombreuses  qu'il  fut  obligé  de  revenir  et 
de  prendre  position  à  gauche  et  en  arrière  du  village  à  la 
hauteur  de  la  3*  division.  Ceci  eut  lieu  vers  les  10  heures  et 
demie  du  matin. 

En  même  temps  les  autres  bataillons  de  la  1^  division 
marchaient  en  colonne  à  grande  distance  et  s'avançaient  de 
front  dans  le  plus  bel  ordre,  au  milieu  des  escadrons  prussieuî^ 
qui  couvraient  le  plateau;  le  51*  et  le  61',  général  Debilly, 
obliquaient  à  gauche. 

Le  général  Brouard  avec  le  30*  suivait  le  mouvement  de  la 
brigade  du  général  Debilly,  de  manière  à  présenter  ses  tête> 
de  colonne  vis-à-vis  les  intervalles  de  la  première  ligne  \ 

Le  1"  bataillon  du  17%  colonel  Lanusse,  appuyait  la  gauche 
près  de  la  Saale  en  côtoyant  la  rampe  qui  forme  la  rive  gauche 
de  cette  rivière*.  Le  Maréchal  avait  fait  placer  Tartillerie  au 
centre  de  la  division. 

La  1"  division  avait  à  peine  passé  la  grande  route  qu'elle 
fut  assaillie  par  la  cavalerie  de  la  division  Wartensleben  rcn- 


1.  La  i'«  division  élail  donc  aussi  formée  sur  deux  ligues,  une  brigade  par 
ligne,  sans  complor  la  ligne  d'infanterie  légère. 

2.  La  ligne  do  bataille  du  3«  corps  avait  niors  de  4,0I>0  à  4,500  mètres.  Le 
maréchal  Davout  disposait  do  86  bataillons. 


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14    OCTOBRE.  679 

forcée  d'un  autre  corps  nombreux  de  cavalerie  à  la  tête  du- 
quel était  le  prince  Guillaume  de  Prusse.  Le  Prince  chargea 
à  différentes  fois  la  division  Morand,  mais  tous  les  corps  for- 
més en  carré  le  reçurent  avec  sang-froid  aux  crix  de  Vive 
l'Empereur!  Le  prince  Guillaume,  après  avoir  été  blessé,  se 
replia  avec  sa  cavalerie  derrière  Tinfanterie.  Le  duc  de  Bruns- 
\nck  avait  déjà  été  blessé  mortellement  en  arrière  d'Hassen- 
hausen,  ainsi  que  le  général  Schmettau.  La  division  Gudin 
se  défendait  avec  avantage  à  hauteur  d'Hassenhausen,  tandis 
que  le  général  Friant  avec  la  plus  grande  partie  de  sa  divi- 
sion continuait  de  tourner  Tennemi,  s'avançait  entre  Spiel- 
berg  et  Zeckwar,  et  incommodait  déjà  le  flanc  gauche  des 
Prussiens  par  une  artillerie  bien  placée  et  bien  dirigée. 

La  droite  de  la  division  Morand  commença  à  gagner  du 
terrain.  Le  61*,  général  Debilly,  avançait  à  la  tête  du  ravin 
qui  conduit  à  Rehhausen  ;  il  était  défendu  par  une  nombreuse 
infanterie  prussienne  soutenue  par  un  grand  nombre  de 
bouches  à  feu.  Le  choc  fut  terrible  ;  on  était  à  portée  de  pis- 
tolet ;  la  mitraille  ouvrait  les  rangs  qui  aussitôt  se  resserraient. 
Chaque  mouvement  du  61®  était  dessiné  sur  le  terrain  parles 
braves  qu^il  y  laissait.  Enfin  Taudace  et  Tintrépidité  rempor- 
tèrent; Tennemi  renversé  et  en  désordre  abandonna  ses  ca- 
nons. En  même  temps  le  51*,  quoique  foudroyé  par  rartillerie 
prussienne,  reçut  avec  intrépidité  une  nouvelle  charge  de  ca- 
valerie combinée  avec  une  attaque  d'infanterie.  Le  2*  batail- 
lon du  30*  s'élança  sur  une  batterie  et  repoussa  une  forte 
colonne  qui  débouchait  du  ravin  par  le  chemin  qui  situé  n 
gauche  d'Hassenhausen  mène  à  Rehhausen. 

Pendant  ce  temps  les  chasseurs  de  Weimar,  le  bataillon 
d'Oswald,  les  régiments  des  Gardes  et  une  partie  de  la  ré- 
seive  arrivaient  par  Sonnendorf  ^  sur  les  hauteurs  qui  bordent 
la  rive  gauche  de  lllm,  faisant  filer  3  compagnies  d'infan- 
terie au  pied  du  vallon  le  long  de  la  rivière.  Le  Roi  voulait 
par  un  dernier  eflFort  enfoncer  l'aile  gauche  de  la  1"  division 


1.  D^Âuerstâdt,  par  où  ces  troupes  débouchaient,  on  se  porte  en  ligne  droite 
sur  Rehhausen  et  Sonnendorf  en  évitant  le  détour  do  Gorastadt  et  Poppel. 


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680  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

OÙ  il  s'était  aperçu  qu'il  n'y  avait  non  plus  qu'à  la  3'  division 
pas  un  détachement  de  cavalerie;  il  espérait  tourner  ainsi 
l'infanterie  qui  s'avançait  sur  Rehhausen. 

La  garde  de  ces  hauteurs  était  confiée  au  30*  et  au  1*'  ba- 
taillon du  17*  ^ 

Le  Maréchal  s'aperçoit  de  ce  mouvement  de  l'ennemi  et  y 
fait  porter  le  général  Morand  qui  se  fait  précéder  par  de  Tar- 
tillerie  à  pied  de  sa  division  et  va  se  placer  à  la  tête  du  30*. 
Les  régiments  des  Gardes  prussiennes  sont  foudroyés,  ainsi 
que  la  plus  grande  partie  de  la  Indivision  de  la  réserve  prus- 
sienne. Le  général  Morand  gagne  toujours  du  terrain  ;  les 
hauteurs  del'Ilm  sont  balayées  et  il  finit  par  s'établir  à  l'extré- 
mité du  plateau,  en  face  du  vallon  où  est  le  moulin  d'Emsen, 
sur  un  contrefort  qui  domine  tous  les  environs.  Il  y  fait  pla- 
cer son  artillerie  et  de  16  il  déborde  et  prend  en  flanc  l'armée 
prussienne  ;  en  même  temps  le  général  Friant,  placé  égale- 
ment sur  les  hauteurs  à  droite  de  Poppel,  débordait  déjà  l'aile 
gauche  de  l'ennemi. 

Le  général  Friant  avait  combattu  longtemps  à  Spielberg. 
Après  s'être  rendu  maître  de  ce  village,  il  ordonna  au  géné- 
ral Lochet  de  se  djrîger  sur  Poppel  avec  le  108*.  Ce  régiment 
enlevait  un  drapeau  et  plusieurs  pièces  à  l'ennemi  et  faisait 
un  grand  nombre  de  prisonniers,  pendant  que  la  6*  compa- 
gnie de  sapeurs,  commandée  par  le  capitaine  Pradeau,  s'avan- 
çait au  pas  de  course  sur  la  grande  route,  tournait  le  même 
village,  s'ouvrait  un  passage  à  coups  de  baïonnette  au  milieu 
de  la  colonne  ennemie,  imposait  par  son  audace  aux  Prus- 
siens qui 'voulaient  secourir  les  compagnies  coupées  près 
du  ruisseau  do  Poppel,  et  faisait  mettre  bas  les  armes  à 
plus  de  1,000  hommes.  Le  capitaine  Pradeau  et  le  lieute- 
nant Truilhier  se  sont  particulièrement  distingués  dans  cette 
affaire. 

A  Taile  droite  le  48'  gagnait  toujours  du  terrain  et  enle- 
vait 2  pièces. 


1.  Ces  s  régimoDts  constituaient  la  seconde  ligne  do  la  division  Morafid,  (e 
bataillon  du  n*  qui  tenait  la  gaucho  Tonnant  échelon  débordant. 


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14  OCTOBRE.  681 

Profitant  des  succès  de  la  droite  et  de  la  gauche,  le  Maré- 
chal fit  avancer  le  centre. 

La  division  Gudin  se  porta  en  conséquence  sur  Tauchwitz, 
força  ce  village  et  s'avança  à  la  hauteur  des  l'«  et  2*  divi- 
sions. 

Un  faible  détachement  du  2*  de  chasseurs,  capitaine  De- 
couz,  saisît  à  propos  cette  occasion  de  charger  Tennemi  et  le 
fit  avec  succès. 

A  midi  et  demi  Tarmée  prussienne  avait  commencé  à  plier. 
A  une  heure  elle  évacuait  les  hauteurs  d'Hassenhausen  et  sa 
déroute  eût  été  complète  si  le  général  Kalkreuth  ne  se  fût 
présenté  avec  ce  qui  lui  restait  de  la  réserve.  Cette  réserve, 
divisions  Amim  et  Kukenheim,  était  restée  en  bataille  depuis 
le  commencement  de  Faction  entre  Auerstâdt  et  Gemstadt  à 
la  hauteur  de  Suiza. 

Le  général  Kalkreuth  s'avança  sur  les  hauteurs  en  arrière 
de  Tauchwitz  et  de  Rehhausen  ayant  devant  son  front  le 
ruisseau  qui  coule  de  Poppel  à  Rehhausen.  La  brigade  nou- 
vellement formée,  régiments  prince  Auguste  et  Rheinbahden, 
bataillon  de  grenadiers  Knebel,  et  confiée  au  prince  Auguste, 
formait  sa  gauche  ;  tout  ce  que  le  général  Blttcher  avait  pu 
réunir  de  cavalerie  formait  sa  droite.  Le  général  Kalkreuth 
présenta  ainsi  un  front  imposant  pendant  que  les  3  divisions 
du  corps  de  bataille  de  Tarmée  prussienne  se  retiraient  en 
désordre  en  abandonnant  sur  les  hauteurs  d'Hassenhausen 
une  grande  partie  de  leur  artillerie. 

Le  général  Kalkreuth  tint  quelque  temps  ferme  dans  cette 
position,  mais  foudroyé  sur  sa  droite  par  le  général  Morand 
et  sur  son  flanc  gauche  par  Tartillerie  du  général  Friant, 
placée  sur  les  hauteurs  de  Poppel,  il  revint  prendre  en  arrière 
de  Gemstadt  sa  première  position.  Attaqué  vigoureusement 
sur  sa  gauche  par  la  2^  division  qui  marchait  sur  Lisdorf, 
menacé  sur  son  centre  par  la  3"  qui  s'avançait  au  delà  de 
Poppel,  il  fut  obligé  de  prendre  une  troisième  position  en 
avant  d'Eckartsberg. 

Le  Maréchal  qui  de  la  1'*  division  s'était  rendu  à  la  3*,  la 
dirigea  sur  la  gauche  des  plateaux  situés  en  avant  d'Eckarts- 


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682  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

berg  où  elle  se  forma  en  bataille,  et  il  ordonna  au  général 
Petit  d'attaquer  ce  plateau  avec  400  hommes  du  12''  et  du 
21*  régi  ment. 

Le  général  Petit  reçut  le  feu  de  l'artillerie  prussienne  et 
celui  de  la  mousqueterie  sans  riposter  -,  ses  troupes  gravireni 
la  montagne  la  baïonnette  en  avant,  tandis  que  le  général 
Grandeau  arrivait  sur  la  droite  de  cette  montagne  avec  la 
plus  grande  partie  du  111*  suivi  du  général  Friant  et  de  «i 
division.  L'ennemi  abandonna  cette  belle  et  dernière  po- 
sition avec  une  telle  précipitation  qu'il  laissa  20  pièces  de 
canon  au  pouvoir  du  général  Petit.  Il  fut  poursuivi  jusqu'au 
delà  du  bois  et  du  château  d'Eckartsberg  où  se  terminè- 
rent sur  les  4  heures  et  demie  les  exploits  de  cette  mémo- 
rable journée. 

Le  Roi  de  Prusse  *  qui  s'était  toujours  trouvé  au  fort  de  h 
mêlée  et  avait  eu  un  cheval  tué  sous  lui,  espérait  faire  «i 
jonction  avec  l'armée  du  prince  de  Hohenlohe  et  avec  h 
corps  du  général  RUchel  ;  il  ignorait  encore  que  dans  la 
même  journée  l'un  et  l'autre  avaient  été  complètement  dé- 
faits par  l'Empereur  à  léna.  En  conséquence  il  indiqua  In 
ville  de  Weimar  pour  le  rendez- vous  général. 

Le  général  Kalkreuth  s'efforça  encore  de  rallier  ses  troui>e? 
entre  Ranstadt  et  Eberstadt,  mais  il  suivit  bientôt  l'armét 
prussienne  et  prit  la  route  de  Weimar  avec  la  plus  grande 
partie  de  la  réserve.  Une  partie  des  gardes  de  la  l'*  division 
de  la  réserve  firent  leur  retraite  le  long  des  hauteurs  qui  bor- 
dent la  rive  gauche  de  l'Ilm  par  Wickerstàdt. 

La  1'^  division  du  corps  d'armée,  Orange,  avait  fait  la 
sienne  par  Auerstâdt  ;  la  2',  Wartensleben,  par  Reisdorf  ;  h 
3%Schmettau,  par  Eckartsberg. 

Le  Maréchal  ne  put  poursuivre  aussi  vigoureusement  qu'il 


1.  «  J'ai  eulondu,  dit  le  colonel  Bleiii,  raconter  à  un  officier  qui  a^ai 

éUî  pris  ol  conduit  au  roi  do  Prusse,  «jue  ce  prince  s'élanl  îurormé  de  la  force «1  • 
Ci)  corps  d'armée,  quand  on  lui  dit  qu*il  n'était  que  de  25,000  à  26,000  homiaes. 
il  s'écria  :  «  Voilà  bien  une  rodomoulado  française;  il  y  a  là  ccrlainemenl  pli^^ 
«  de  50,000  hommes  et  vous  no  montrez  pas  tout,  s 

Un  officier  fait  prisonnier  ne  doit,  soua  aucun  prétexte,  donner  de  ren?i*i- 
guemenls  sur  sa  propre  armée  ;  parler,  c'est  trahir  son  pays. 


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14    OCTOBRE.  683 

l'aurait  désiré.  Cependant  d'après  ses  ordres  le  général  Vial- 
lannes  qui  avec  ses  3  régiments  n'avait  cessé  de  harceler 
l'ennemi  sur  la  droite  ^  jusqu'à  la  hauteur  d'Eckartsberg, 
continua  de  le  poursuivre  toujours  à  droite,  afin  de  le  rejeter 
à  gauche  vers  la  Saale  et  vers  Apolda,  point  indiqué  par  S. 
M.  TEmpereur.  Le  général  Viallannes  tout  en  ramassant  des 
canons  et  un  bon  nombre  de  prisonniers  vint  bivouaquer  la 
nuit  avec  ses  3  régiments  jusqu'à  Buttstâdt,  à  4  lieues  du 
champ  de  bataille  et  pour  ainsi  dire  pêle-mêle  avec  les  débris 
de  l'armée  prussienne.  Le  2^  bataillon  du  17*  qui  avait  étépré- 
posé  à  la  garde  du  pont  de  KOsen,  fut  rappelé  et  envoyé  avec 
les  avant-postes  ;  ils  ramassèrent  aussi  un  grand  nombre 
de  pièces  d'artillerie  et  de  prisonniers. 

Le  Maréchal  bivouaqua  la  nuit  au  milieu  du  3*  corps  sur 
le  champ  de  bataille.  Le  15,  à  2  heures  du  matin,  il  envoya  le 
^'énéral  Lochet  avec  sa  brigade,  2'  division,  renforcer  le  dé- 
tachement du  13'  léger  chargé  dès  le  13  octobre  au  matin  de 
la  garde  du  pont  de  Freyberg  sur  l'Unstrutt.  Ce  général  avait 
ordre  de  détruire  tous  les  ponts  sur  cette  rivière  pour  en  in- 
terdire le  passage  à  l'armée  prussienne. 

De  6  heures  et  demie  à  9  heures  la  division  Gudin  soutint 
seule  l'effort  de  l'ennemi  ;  de  9  heures  à  10  heures  et  demie 
la  cavalerie  légère,  les  divisions  Gudin  et  Friant  combat- 
tirent ensemble  ;  de  10  heures  et  demie  à  la  fin  de  la  bataille 
tout  le  corps  d'armée  fut  réuni. 

L'ennemi  perdit  115  pièces  de  canon,  environ  15,000 
hommes  tués  ou  blessés  et  3,000  prisonniers. 

Toute  l'artillerie  du  3**  corps,  réserve  comprise,  ne  consis- 
tait qu'en  44  pièces  de  différents  calibres. 

OfDciert.  Troupe. . 

Lft  Ire  division  perdit,  tant  tués  que  blessés.   ....  <J8  2,181 

L«2«  —  —  20  900 

La3«  —  —  134  3,500 


252  6,581 


1.  Dés  le  début  du  combat  le  Maréchal  avait  porté  loulc  sa  cavalerie  sur 
soiï  aile  droite,  seule  partie  de  la  ligue  de  bataille  où  clic  pouvait  avoir  une 
action  efficace. 


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684  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

En  y  ajoutant  les  pertes  de  la  cavalerie»,  de  rartillerie, du 
génîe  et  de  Tétat-major,  il  y  eut  environ  le  tiers  du  3*  coriîe 
mis  hors  de  combat  *. 

Au  premier  coup  de  fusil  le  tocsin  s'était  fait  entendre 
dans  tous  les  villages.  Partout  les  habitants  s'étaient  montrés 
ennemis.  Ceux-mêmes  de  Naumburg  firent  des  difficultés  pen- 
dant la  bataille  pour  recevoir  les  blessés.  Sur  le  rapport  qni 
en  fut  fait',  le  Maréchal  chargea  le  commissaire  ordonnateur 
Chambon  de  déclarer  aux  magistrats  que  si  cette  mauvaise 


i^r  de  chasseurs.  . 

1 

17 

4 

53 

3«  de  chasseurs.   . 

» 

il 

1 

75 

12«  de  chasseurs.  . 

» 

II 

B 

30 

TCés.  BLRSSiS. 

OflT.       Troupe.  OflT.       Troupe. 


Colonel  fioussoo  griêvd- 
naent  blessé. 

Ce  régiment  perdit  pjLià 
de  80  cbevaax,  dont 
it  d^oOicier. 

8.  Lo  s«  corps,  qui  comptait  28,874  hommes  à  reffectif  le  5  octobre,  n'avait 
pas,  le  14,  plus  de  26,000  combattants  présents  à  la  bataille. 

3.  li'OBDOHNÀTEUB    CHA.MBOX    AU    MA-RiLCHAL    DAVOUT. 

Naumburg,  14  octobre  1806. 

Par  une  autre  lettre  j*al  eu  l'honneur  de  vous  rendre  compte  de  ce  qui  se 
passe  ici,  la  ville  est  remplie  de  blessés.  Je  puis  les  évaluer  à  1,200.  A  une 
demi-Iiuue  dMcî  cl  avant  de  quitter  Tarmée,  fen  ai  fait  placer  à  un  ciottresur 
la  roule  et  je  pense  que  les  commissaires  des  guerres  en  établiront  ;  je  le  leur 
ai  bien  recommandé  ;  ils  s'en  occupaient  activement.  J*ai  besoin  de  cbinir- 
gious.  Je  n'ai  que  ceux  de  la  ville  qui  ont  montré  beaucoup  do  zélé,  mais  les 
habitants  sont  très  insolents  ;  je  no  suis  pas  tranquille  sur  la  sûreté  des  n»- 
lades.  11  est  une  vérité  cruelle  à  vous  dire  :  les  militaires  non  malades  ae 
veulent  faire  aucun  service,  au  moins  une  grande  partie,  et  la  tranquillité  re- 
pose sur  12  à  15  chasseurs  et  une  vingtaine  d'hommes  d'inranterie.  Quelques 
militaires  se  font  môme  loger  de  force.  Quoi  qu'il  arrive,  je  ne  quitterai  paf 
les  malades.  Où  faut-il  les  évacuer  ?  L'évacuation  est  indispensable. 

Je  demande  M.  Lacoste,  des  officiers  de  santé  et  les  boulangers  altaebés  aux 
divisions.  Tous  les  officiers  de  santé  restent  aux  corps.  C'est  un  grand  mal- 
heur. 

Il  est  arrivé  à  peu  près  800  prisonniers.  Je  viens  de  donner  Tordre  de  lecr 
distribuer  une  ration  de  pain  ;  que  fera-t-on  demain  do  ces  prisonniers  Ne  le 
répète,  un  commandant  militaire  (M.  Duc,  officier  au  2*  de  chasseurs,  en  bH 
les  fonctions  et  avec  beaucoup  de  zèle),  une  garde  pour  la  sûreté  de  la  viik, 
20  chirurgiens  et  une  caisse  à  instruments.  Los  demandes  sont  de  rigueur 
pour  prévenir  une  épidémie  cruelle  et  maintenir  les  habitants.  Il  est  arrifè 
quelques  déserteurs. 

Là  où  il  y  u  1,200  à  1,500  blessés  disséminés  portent,  M.  Lacoste  doit  y  être 
avec  sus  aides. 

P.  S.  —  J'ai  20  blessés  dans  mon  logement.  Les  femmes  les  pansent.  Hs 
sont  heureux.  Pourquoi  no  puis-je  vous  dire  que  les  autres  sont  bien? 

Je  vous  fais  partir  cotte  dépêche  par  un  de  mes  domestiques.  Je  vous  prie 
de  gr&ce  do  me  donner  dos  ordres  sur  l'évacuation. 


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14    OCTOBRE.  685 

Tolonté  ne  cessait  à  rinstant,  il  serait  fait  sur  eux  et  sur  leurs 
administrés  un  exemple  dont  le  souTenir  serait  transmis  a 
leurs  arrière-neveux.  Il  réparèrent  leur  erreur  et  secondèrent 
parla  suite  Tordonnateur  en  chef  Chambon  qui  déploya  dans 
cette  circonstance,  comme  dans  toute  autre,  une  activité,  une 
intelligence  et  un  zèle  qui  lui  ont  acquis  Testime  des  mili- 
taires. 

Les  habitants  du  village  de  Priessnitz  avaient  attaqué  et 
arrêté  un  convoi  de  munitions  ;  plusieurs  militaires  qui  l'es- 
cortaient appartenant  au  3*  corps,  avaient  été  blessés  et 
même  quelques-uns  tués.  Le  Maréchal  donna  ordre  àTinstant 
décerner  le  village,  d'en  faire  sortir  les  habitants,  d'épar- 
gner les  femmes,  les  enfants,  les  vieillards,  de  faire  fusiller 
tous  ceux  en  état  de  porter  les  armes  et  d'incendier  le  village. 
Cet  ordre  allait  être  exécuté  quand  le  bailli  et  les  principaux 
habitants  vinrent  implorer  la  clémence  du  Maréchal.  Il  leur 
pardonna  en  disant  :  «  Les  Français  sont  vainqueurs,  je  vous 
«  fais  grâce.  Si  le  succès  avait  été  douteux,  vous  auriez  tous 
«  été  passés  au  fil  de  Tépée.  Les  habitants  s'exposent  à  ces 
«  terribles  vengeances  lorsque,  violant  les  lois  de  la  guerre 
«  établies  entre  les  nations  civilisées,  ils  se  forment  en  bandes 
«  d'assassins.]»  {Journal  des  opérations  du  3^  corps  d'armée,) 


BAPPOBT    DU    COLONEL    VERGÉS,    COMMANDANT    LE    12"    RÉGIMENT, 
SUR    LA   BATAILLE    DU    14    OCTOBRE. 

Le  12®  régiment  s'étant  porté  en  colonne  à  la  droite  du  village  de 
Hassenhausen  se  forma  en  bataillon  carré  pour  résister  à  une  charge 
de  cavalerie  que  l'ennemi  se  disposait  à  faire,  mais  qu'il  n'osa  entre- 
prendre vu  sa  bonne  disposition  ;  ensuite  il  se  reforma  en  colonne 
pour  se  porter  sur  la  gauche  du  même  village  où  il  prit  les  mêmes 
dispositions  afin  de  résister  à  une  autre  charge  que  la  cavalerie  se 
disposait  à  faire  ;  en  même  temps  il  fut  attaqué  par  plusieurs  régi- 
inents  d'infanterie  et  par  une  batterie  de  7  pièces  d'artillerie  et  sou- 
tint avec  courage  pendant  une  heure  le  feu  meurtrier  de  ces  diffé- 
râtes armes  qui  lui  tuait  et  blessait  beaucoup  d'officiers  et  de  soldats 
parmi  lesquels  est  le  colonel  et  les  2  chefs  de  bataillon  qui  étaient 
des  capitaines  commandants.  Ne  pouvant  plus  se  maintenir  dans 
cette  position  vu  la  trop  grande  perte  qu'il  éprouvait,   battit  la 


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686  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

charge,  avança  sur  rennemi  ;  dans  cette  marche  audacieuse  il  ren- 
contra un  ravin  où  il  s'embusqua  et  où  il  résista  jusqu*à  Tarrivée  di- 
la  2*  division  et  continua  à  se  battre  conjointement  avec  elle  ta 
l)Oursuivant  Tennemi  jusqu'à  2  heures  de  l'après-midi.  En  ce  momiu: 
M.  le  général  Petit  nous  fit  prendre  de  nouvelles  dispositions  pour 
rattaquer  de  nouveau  l'ennemi.  Les  voltigeurs,  commandés  par 
M.  Godard  capitaine,  furent  envoyés  dans  un  village  à  gauche  pour 
débusquer  l'ennemi,  lui  prirent  2  pièces  de  canon  qu'ils  retournèrent 
contre  eux  et  les  forcèrent  à  se  retirer  en  désordre.  L'autre  partie  d  i 
régiment  fut  placée  à  la  droite  du  2*  bataillon  du  21*régimeut  con:- 
niandé  par  M.  le  général  Petit,  enleva  à  la  baïonnette  conjointemeTit 
avec  lui  la  position  en  avant  du  bois  sur  la  hauteur  de  Hassenhaas^:) 
((ue  défendaient  les  gardes  royaux  de  S.  M.  prussienne  où  on  leur 
prit  plusieurs  pièces  d'artillerie,  quantité  de  prisonniers,  et  le  rcet*^ 
fut  mis  en  désordre. 

Cette  journée  a  coûté  au  régiment  36  officiers  et  800  hommes  d.U 
hors  de  combat,  tant  tués  que  blessés. 


LE  GÂNÉRAL  FRîAMT  AU  HABÉCHAL  DAVOUT. 


Niderhollzhausen,  15  octobre  18e6. 

Ne  pouvant  vous  faire  connaître  dans  ce  moment  tous  les  hT&\^: 
qui  se  sont  distingués  dans  la  journée  du  14,  je  me  bornerai  à  vous 
faire  connaître  la  quantité  de  ceux  qui  ont  succombé  dans  cette  glo- 
rieuse journée. 

Le  33*  a  perdu  11  hommes  et  a  eu  192  blessés.  Le  chef  de  ba- 
taillon commandant  le  régiment  a  été  tué. 

Le  48*  a  eu  72  sous-officiers  et  soldats  blessés,  4  officiera  ble^i^^'^ 
et  8  hommes  morts. 

Le  108*  a  perdu  29  hommes  tués  du  nombre  desquels  se  trouve  1' 
colonel,  213  blessés  dont  7  officiers,  entre  autres  les  2  chefs  de  ba- 
taillon. J'ai  l'honneur  de  vous  prier  d'envoyer  des  officiers  supérieure 
pour  commander  ce  régiment.  J'en  ai  confié  le  commandement  i 
M.  le  capitaine  des  grenadiers  Schmidt,  quoiqu'il  ne  fût  point  le 
plus  ancien  *  ;  sa  bravoure,  son  intelligence  et  son  activité  m'ont 
déterminé  à  faire  ce  choix. 

Le  11 1»  a  perdu  23  officiers  dont  3  morts,  402  sous-officiers  et 
soldats  dont  61  morts. 

L'artillerie  a  perdu  1  homme  mort,  3  blessés,   23  chevaux.  Lt'j' 


1.  Uancionnet(5  n'csl  un  tîlro  qu*autant  que  viennent  s*y  joindre  rini.' > 
gcuce,  rdnergie  et  lo  caractère. 


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14  ocTOBiiE.  687 

caissons  ont  été  renvoyés  au  parc  pour  remplacer  les  cartouches  qui 
out  été  distribuées. 

J'ai  rhonneur  de  vous  prier  de  vouloir  bien  vous  occuper  égale- 
ment de  faire  avoir  des  officiers  sapérieurs  au  33*  qui  n*a  plus  qu'un 
-.'ul  chef  de  bataillon  nouvellement  arrivé  au  corps. 


LE    OÉNËRAL    PRIANT    AU    MARÉCHAL    DAVOUT. 

Froyburg,  17  octobre  1806. 

J'ai  rhonneur  de  vous  rendre  compte  de  la  part  que  la  division  à 
:iie8  ordres  a  eue  à  la  journée  du  14  où  vous  et  votre  corps  d'armée* 
ont  donné  tant  de  preuves  de  valeur  et  d'intrépidité  en  combattant 
1  élite  de  l'armée  prussienne  deux  fois  plus  nombreuse  que  vos 
troupes. 

D'après  vos  ordres  la  division  quitta  le  14  octobre  à  5  heures  du 
matin  les  bivouacs  qu'elle  occupait  en  arrière  de  Naumburg.  Votre 
corps  d'armée  marchant  la  gauche  en  tête,  je  suivis,  sans  intervalle  *, 
les  mouvements  de  la  3*  division  qui  se  dirigeait  sur  Kôsen.  Arrivé 
à  8  heures  sur  le  plateau  à  demi-lieue  en  avant  du  village  de  Neu- 
Kôsen,  je  me  formai  suivant  votre  intention  en  colonne  serrée  par 
bataillon  %  ma  gauche  appuyée  à  la  grande  route  à  la  distance  de 
300  à  400  toises.  On  marcha  dans  cet  ordre  et  on  arriva  à  la  hauteur 
Je  la  droite  de  la  division  Gudin  qui  était  déjà  aux  mains. 

Le  111*  régiment  (brigade  du  général  Grandeau)  appuyait  sa 
gauche  à  la  3'  division  et  il  continuait  de  sang-froid  sa  marche  sous 
uu  feu  des  plus  meurtriers.  Il  commença  l'action  en  défendant  avec 
vigueur  le  village  de  Hassenhausen  dont  l'ennemi  voulait  s'emparer  ; 
il  s'avança  à  pas  de  course  sur  une  batterie  dont  il  essuya  6  dé- 
charges à  mitraille  qui,  dans  quelques  minutes,  lui  mirent  hors  de 
combat  18  officiers  et  250  hommes  environ,  ce  qui  causa  un  instant 
(le  désordre  parmi  le  soldat,  désordre  qui  bientôt  fut  réparé. 

Vous  donnâtes  au  2*  bataillon  du  108*  l'ordre  de  s'emparer  de 
^  pièces  de  canon  :  attaquer  l'ennemi,  le  mettre  en  déroute  et  forcer 
la  position  fut  l'affaire  d'un  moment  ;  le  1*^  bataillon  fut  employé  à 
chasser  les  Prussiens  du  village  de  Spielberg  et  s'en  empara. 


1.  La  pièce  originale,  qui  est  la  minute  du  rapport  du  général  Priant  et  qui 
Kovient  des  papiers  de  cet  ofDcier  général,  porte  au  crayon,  en  marge,  lan- 
nolalion  :  Flatterie  de  M.  Esparron.  Cet  officier  était  lieutenant  aide  de  camp 
(lu  général  Priant. 

2.  J*ai  déjà  fait  remaïquer  qu'il  faut  à  tout  prix  réduire  la  profondeur  dos 
colonnes. 

3.  Le  général  Priant  parait  avoir  formé  sa  division  tout  enliôre,  avant  de  l.i 
porter  en  avant. 


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688  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Durant  ce  temps  les  48'  et  33'  (brigade  du  général  Kister)  se  por- 
tèrent plus  à  droite  en  laissant  à  leur  gauche  le  susdit  villag.'  et 
ceux  de  Zeckwar  et  Bindorf  ;  en  faisant  faire  ce  mouvement  j'avais 
pour  but  d'inquiéter  l'ennemi  sur  ce  point. 

Des  vedettes  et  tirailleurs  ennemis  me  donnant  des  inquiétudes 
sur  ma  droite,  je  détachai  4  compagnies  de  voltigeurs  pour  l'éclairer 
et  fouiller  les  bois.  J'en  donnai  le  commandement  au  capitaine  dn 
génie  Ménissier  :  il  se  porta  jusqu'à  la  hauteur  de  Marienthal  chas- 
sant toujours  devant  lui  un  gros  corps  de  cavalerie  qui  le  crut  pro- 
tégé par  d'autres  troupes  masquées  dans  les  bois. 

L'artillerie,  divisée  en  3  batteries,  la  première  de  2  pièces  de  8 
servie  par  l'artillerie  légère,  la  deuxième  de  2  pièces  de  4  et  la  der- 
nière de  3  pièces  de  8  et  1  obusier  servies  par  l'artillerie  à  pied,  a 
suivi  tous  les  mouvements  de  l'ennemi  et  occupé  successivement  les 
positions  qu'il  était  obligé  d'abandonner. 

Ces  pièces,  peu  nombreuses  comparées  à  celles  des  Prussiens,  fu- 
rent dirigées  avec  beaucoup  de  sang-froid  et  d'intelligence. 

L'ennemi  ayant  porté  beaucoup  de  forces  sur  ma  gauche  et  crai- 
gnant qu'il  ne  parvînt  à  l'enfoncer,  je  donnai  l'ordre  au  33*  de  s'a- 
vancer pour  la  soutenir  en  passant  par  Bindorf  :  à  peine  arrivé  et 
déployé  l'équilibre  se  rétablit  et  l'ennemi  ne  put  résister  à  sa  vigou- 
reuse attaque. 

J'ordonnai  ensuite  au  lOS*  (brigade  du  général  Lochet)  d'enlever 
à  la  baïonnette  le  village  de  Poppel,  afin  de  prendre  à  dos  l'aile 
gauche  de  l'ennemi.  Le  régiment  du  Roi  qui  s'y  trouvait,  fut  tué  oa 
pris.  Un  drapeau,  3  pièces  de  canon  et  un  grand  nombre  de  prison- 
niers sont  le  résultat  de  cette  attaque  vive  et  bien  dirigée.  Le  succès 
avait  entièrement  couronné  l'entreprise  du  108*  et  il  ne  lui  eût  rien 
resté  à  désirer  si  la  mort  en  frappant  le  brave  colonel  Higonet  ne  lui 
eût  fait  éprouver  une  perte  presque  irréparable. 

Le  48*  qui  pendant  toute  la  matinée  avait  manœuvré  avec  la  di- 
vision, fut  ensuite  employé  à  occuper  la  gauche  de  rennemi  et  à 
l'empêcher  de  nous  tourner.  Je  détachai  en  tirailleurs  le  1*'  bataillon: 
le  2*  le  suivait  en  colonne  serrée  pour  le  soutenir.  L'ennemi  très- 
nombreux  et  soutenu  par  plusieurs  pièces  d'artillerie  jouant  à  mi- 
traille, ne  tint  pas  longtemps  contre  l'attaque  de  ce  bataillon  auquel 
le  second  ne  tarda  pas  à  se  réunir.  2  pièces  de  canon ,  des  prison- 
niers parmi  lesquels  un  colonel  et  un  lieutenant- colonel,  furent  le 
résultat  de  cette  attaque. 

Les  autres  régiments,  qui  jusqu'alors  avaient  combattu  dans  les  en- 
virons de  Poppel  et  étaient  parvenus  à  culbuter  l'ennemi,  marchèrent 
en  avant  'en  colonne  serrée  en  laissant  Auerstadt  sur  leur  gauche  et 
appuyant  leur  droite  au  village  de  Lisdorf.  Le  33*,  qui  formait  cette 
droite,  eut  à  souffrir  du  boulet  et  de  la  mitraille  et  perdit  plosieun 


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14    OCTOBRE.  689 

braTCs  entre  autres  le  chef  de  bataillon  Cartier,  commandant  le  ré- 
giment. 

Je  me  mis  à  la  tête  de  ce  régiment  et  marchai  laissant  Lisdorf  à 
ma  gauche.  Je  voulais  couper  la  retraite  à  l'ennemi.  Ce  mouvement 
et  celui  du  48'  Tinquiétèrent  beaucoup  et  ne  contribuèrent  pas  peu 
au  succès  de  Tattaque  du  bois  en  arrière  d'Eckartsbcrg  par  les  108* 
etllPet  par  d'autres  troupes  qui  enlevèrent  les  batteries  prus- 
fiiennes  et  firent  nombre  de  prisonniers. 

L'ennemi  fut  culbuté  et  poursuivi  jusqu'au  delà  d'Eckartsbcrg. 
C'est  ainsi  que  se  termina  cette  journée  mémorable  dans  laquelle  la 
division  donna  une  nouvelle  preuve  de  bravoure,  de  courage  et  de 
dévouement  à  son  auguste  Empereur 


RAPPORT    DU    GÉNÉRAL    DE    BRIGADE    QRANDEAU, 
C0H3IANDANT    LE     111*    RÉGIMENT     A    l'aFFAIRE     DU     14. 


Niderhollzhausen»  15  octobre  180C. 

En  arrivant  sur  l'ennemi,  je  reçus  l'ordre  de  former  le  111*  régi- 
ment en  carré  par  bataillon.  Il  marcha  ainsi  quelques  instants  ;  il  se 
forma  en  colonne  d'attaque,  continua  sa  marche  jusqu'à  la  hauteur 
(le  la  3*  division  aux  mouvements  de  laquelle  il  devait  se  conformer. 
Le  boulet  et  la  mitraille  faisant  trop  de  ravage  dans  les  rangs,  il  fut 
obligé  de  se  déployer  ;  il  donna  lui-même  cet  ordre  au  colonel  du  J^ 

répriment  qui  se  trouvait  au  1*'  bataillon.  Dans  cet  ordre  les  batail- 
lons continuèrent  leur  marche  sous  un  feu  des  plus  meurtriers.  La 
3'  division  forcée  de  faire  un  mouvement  rétrograde,  le  village 
tl'Hassenhausen  menacé  alors  d'être  enlevé  par  l'ennemi,  le  2*  ba- 
taillon reçut  l'ordre  d'en  défendre  l'entrée,  ce  qu'il  fit  avec  infini- 
nient  de  vigueur  et  de  courage.  Ce  bataillon  ayant  éprouvé  un  feu 
<l»i  mousqueterie  et  de  mitraille  des  plus  vifs  eut  un  moment  de  dé- 
sordre, mais  la  bravoure  et  le  sang-froid  du  chef  de  bataillon  Guigne 
'l^ii  le  commandait,  secondé  par  ses  braves  officiers,  parvint  bientôt 
^  le  rallier  et  continua  sa  marche  en  se  réglant  toujours  sur  la  3*  di- 
vision ainsi  que  j'en  avais  l'ordre.  Je  me  suis  porté  deux  fois  sur  le 
plateau  de  gauche  pour  y  connaître  les  mouvements  de  l'ennemi  et 
nie  régler  sur  ceux  que  faisaient  les  troupes  de  la  1"^*  division  qui 
étaient  entrées  en  ligne. 

Jt  revins  au  2*  bataillon  qui  continuait  toujours  de  faire  des  pertes 

conséquentes  ;  j'ordonnai  au  chef  de  ce  bataillon  de  continuer  de 

marcher  en  bataille  sur  le  deuxième  village  où  il  contribua  à  la  prise 

do  beaucoup  de  prisonniers. 

Ensuite  des  ordres  de  M.  le  maréchal  Davout,  les  2  bataillons 

CAUP.   DM  PHU88C.  4& 


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690  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

quoique  très  affaiblis  réunis  à  d'autres  bataillons  de  la  3*  division 
chargèrent  l'ennemi  sur  la  dernière  hauteur  couronnée  par  des  bois, 
défendue  par  6  pièces  de  canon  qui  faisaient  un  feu  continuel  de 
mitraille;  la  fusillade  de  l'ennemi ,  quoique  très  vive,  n'a  pas  em- 
pêché le  111'  régiment  de  continuer  sa  marche,  de  s'emparer  du  boiâ 
k  la  baïonnette,  où  étant  entré  il  a  répondu  au  feu  de  l'ennemi  par 
une  fusillade  vigoureuse  et  parvint  enfin  à  enlever  la  position  et 
l'artillerie  qui  la  défendait. 

Il  est  impossible  de  montrer  plus  de  sang-froid  et  de  bravoure  que 
le  colonel  Gay,  partout  où  je  l'ai  vu.  J'en  ai  eu  des  preuves  con- 
vaincantes, entre  autres  en  le  voyant  rallier  son  régiment  dans  le- 
quel s'était  mis  un  peu  de  désordre  occasionné  par  700  ou  800  cong- 
crits  qui  se  trouvaient  au  feu  pour  la  première  fois  *. 

Les  grenadiers  ont  prouvé  partout  qu'ils  étaient  dignes  de  l'être. 


RAPPORT    DU    COLONEL    BARBANÈGRE,    COMMANDANT    LE    48% 

SUR  l'affaire  du  14. 

Le  régiment  manœuvra  en  ligne  pendant  toute  la  matinée  avec  la 
division.  Vers  midi  se  trouvant  seul  près  de  l'artillerie,  M.  le  Maré- 
chal ordonna  de  la  protéger  en  continuant  la  marche  dans  la  même 
direction  qu'on  avait  suivie.  Cette  direction  jeta  le  régiment  lUns 
les  forets  sur  les  hauteurs  de  la  droite  de  l'armée.  Il  les  travers* 
n'ayant  vu  dans  cette  partie  que  quelques  éclaireurs  à  cheval  de 
l'ennemi  dont  3  furent  pris. 

Vers  une  heure  se  trouvant  en  plaine  et  derrière  les  hauteurs,  le 
colonel  n'ayant  pas  reçu  d'instructions  et  voyant  qu'en  continuant 
la  même  marche  il  s'éloignait  de  plus  en  plus  du  champ  de  bataille, 
il  fit  faire  halte  et  se  disposait  à  envoyer  demander  des  ordres  lors- 
qu'un aide  de  camp  du  général  de  division  vint  le  prévenir  de  rétro- 
grader vers  le  point  d'où  il  était  parti.  Le  colonel  s'attendait  au 
contraire  à  devoir  se  porter  sur  les  derrières  pour  couper  la  retraitt' 
à  l'ennemi.  La  position  du  régiment  alors  était  en  eflPet  favorablt 
pour  faire  promptement  ce  mouvement  sans  en  être  aperçu  eu  «■ 
portant  vers  cette  position.  Le  colonel  était  tellement  persuadé  qut 
c'était  le  projet  du  général  de  division  qu'il  avait  pris  des  précautions 
pour  l'exécuter  avec  succès.  Cependant  à  3  heures  le  régiment  rentra 
dans  la  ligne  de  la  division. 

Le  général  donna  l'ordre  d'envoyer  le  1*'  bataillon  attaquer  l'eu- 
nemi  par  son  flanc  gauche  et  de  le  soutenir  avec  le  2*.  Le  régiment 
se  mit  en  marche  ;   en  traversant  la  plaine  il  essuya  plusieurs  àv- 


1.  EIToctif  le  5  octobre,  2,346  ;  —  soit  environ  un  tiers  de  jeunes  soldais. 


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14    OCTOBRE.  691 

charges  à  mitraille  qui  lui  mirent  22  hommes  hors  de  combat  dont 
un  capitaine  de  grenadiers.  Parvenu  au  point  d'attaque,  le  ch^  de 
bataillon  lança  vivement  sa  troupe  vers  F  ennemi  fort  de  4  régiments 
en  bataille  soutenus  par  8  pièces  d'artillerie  jouant  à  mitraille  à 
demi-portée  de  fusil.  L'ennemi  était  placé  derrière  des  amaâ'  de 
pierres  qui  formaient  une  espèce  de  retranchement  sur  la  crête 
d'une  côte  très-élevée  ce  qui  rendait  sa  position  encore  plus  forte. 
La  troupe  n'en  fut  pas  intimidée  et  ne  consultant  que  son  courage 
elle  attaqua  hardiment.  Le  2*  bataillon  suivit  de  près  le  1*'  et  se 
joignit  bientôt  à  lui.  L'ennemi  était  au  même  instant  chargé  sur  son 
front  par  la  S*  division,  et  la  2*  arrivait  sur  la  hauteur  par  derrière 
pour  lui  couper  la  retraite  ;  le  feu  de  l'ennemi  était  bien  nourri  ;  son 
artillerie  faisait  beaucoup  de  mal  ;  chacun  sentit  la  nécessité  de 
s'emparer  des  pièces.  Aussitôt  le  régiment  fut  dirigé  vers  la  batterie. 
Il  7  courut  sans  faire  feu  à  travers  une  grêle  de  balles  et  de  mitraille. 
L'ennemi  ne  tint  plus,  prit  la  fuite  précipitamment  et  fut  poursuivi 
jusqu'au  soir  par  toute  la  division.  Le  régiment  a  pris  dans  cette 
attaque  2  pièces  de  canon,  un  colonel  et  un  lieutenant-colonel  pris 
leâ  armes  à  la  main.  Il  a  perdu  84  hommes  tant  tués  que  blessés 
dont  4  officiers. 


BAPFOBT    DU    COLONEL    CHARBONNEL, 

CHEF    n'iTAT-HAJOB    DE    l'aBTILLEBIE    DU    3*^    COBPS    n'ABMiE, 

SUE    LA    BATAILLE    DU    14    OCTOBBE. 

Friedrichsfeld,  26  octobre  1806. 

Le  3*  corps  d'armée  commandé  par  M.  le  maréchal  Davout  s'étant 
mis  en  marche  de  Naumburg  le  14  à  4  heures  du  matin  rencontra 
Tennemi  près  du  village  de  Kosen  à  environ  7  heures.  Plusieurs  es- 
cadrons de  cavalerie  légère  prussiens  ayant  débouché  du  village  de 
Hassenhausen  et  chargé  nos  flanqueurs  de  droite  qui  se  replièrent 
précipitamment,  la  3*  division  qui  marchait  en  tête  se  forma  de  suite 
en  carré,  l'artillerie  aux  angles.  Cette  manœuvre  fut  de  pure  pré- 
caution. Le  brouillard  épais  qu'il  faisait  alors  ne  permettant  pas 
d'apercevoir  la  ligne  ennemie,  il  était  bon  de  se  mettre  à  même  de 
résister  à  toute  espèce  d'attaque.  Le  brouillard  s'étant  dissipé,  la 
3*  division  marcha  en  bataille,  la  1"  brigade  à  droite  de  la  route  do 
Naumburg  et  la  seconde  à  la  gauche,  l'artillerie  à  pied  placée  aux 
ailes  et  au  centre  et  en  avant  du  front  de  la  brigade  de  droite,  la 
demi-compagnie  du  5®  régiment  d'artillerie  à  cheval  ayant  2  pièces 
de  8  et  1  obusier. 

Le  centre  de  la  ligne  ennemie  placé  en  avant  du  village  de  Has- 
senhausen fut  bientôt  enfoncé  par  les  12*  et  21*  régiments  de  ligne. 


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692  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Le  feu  d'une  batterie  de  2  pièces  de  8  et  de  l  de  4,  commaudée  par 
le  lieutenant  Manguin  de  la  3^  compagnie  du  7' à  pied,  et  celui  de  la 
demi-batterie  du  5®  à  cheval  commandée  par  le  lieutenant  Boy  dé- 
montèrent 3  pièces  des  fortes  batteries  ennemies  placées  en  avant  du 
village  et  forcèrent  les  canonniers  à  cheval  prussiens  à  les  abandou- 
ner,  après  avoir  perdu  beaucoup  des  leurs. 

La  3*  division  commandée  par  M.  le  général  Gudin  étant  la  seule 
qui  fût  encore  sur  la  ligne  et  se  trouvant  aux  prises  avec  des  forcer 
infiniment  supérieures,  ne  perdit  néanmoins  pas  un  pouce  de  terr&iii  : 
une  batterie  de  pièces  de  12  placée  à  la  gauche  du  village  de  Ha5- 
senhausen  l'appuyait  fortement,  et,  avec  un  feu  bien  dirigé,  ell-j 
parvint  à  empêcher  l'ennemi  de  forcer  la  position  qu'occupait  It 
25*  régiment.  Cette  batterie  était  commandée  par  les  lieutenants 
Osella  et  Micquel,  de  la  15*  compagnie  du  7*;  ce  dernier  officier, 
qui  annonçait  de  grandes  dispositions,  est  resté  sur  le  champ  de  ba- 
taille. 

Pendant  que  la  3*  division  soutenait  le  choc  de  tout  le  centre  et 
d'une  grande  partie  de  la  droite  de  l'armée  ennemie,  la  1"  division 
commandée  par  le  général  Morand  débouchait  de  la  route  de  Xaaui- 
burg  et  se  déployait  sur  les  hauteurs  qui  dominent  les  salines  placées 
H  sa  gauche.  L'ennemi  voyant  ce  mouvement  détacha  plusieurs  Cî^- 
cadrons  de  cavalerie  pour  tâcher  d'enfoncer  le  centre  de  cette  divi- 
sion et  la  déborder,  tandis  qu'un  petit  corps  de  houzards  se  dirigrenir 
sur  la  batterie  d'artillerie  à  cheval  servie  par  la  1*"*  compagnie  da 
5®  ;  la  division  formée  en  bataillons  carrés,  l'artillerie  aux  angîe>, 
attendit  de  pied  ferme  la  charge  et  reçut  l'ennemi  à  demi-portée  tic 
fusil.  Cette  cavalerie  criblée  de  mitraille  et  de  balles  laissa  unegrand»- 
partie  des  siens  sur  le  champ  de  bataille.  La  division  marchant  en 
avant,  l'artillerie  à  cheval  fut  placée  en  avant  des  deux  carrés  for- 
mant son  centre  ;  son  feu  vif  et  soutenu,  quoique  ayant  en  opposi- 
tion deux  fortes  batteries  ennemies,  empêcha  la  cavalerie  de  charpr 
sur  le  centre  de  la  division.    Elle  a  protégé  l'attaque  de  la  hauteur 
au-dessus  du  premier  village,  a  démonté  2  pièces  et  fait  sauter  nn 
caisson  ennemi.  Dans  cette  position,  le  capitaine  Séruzier  qui  la 
commandait,  a  eu  un  doigt  de  la  main  droite  emporté  et  une  forte 
contusion  au  flanc  droit.  Le  second  lieutenant  Laporte,  blessé  au  c"l 
et  à  l'épaule  droite,  a  eu  son  cheval  tué  sous  lui.  4  pièces  serrie? 
par  un  détachement  de  la  1"  compagnie  du  7*  à  pied  réunies  à  Tar- 
tillerie  légère  commandée  par  l' adjudant-major  Alphand,  ont  con- 
tribué à  chasser  l'ennemi  des  hauteurs  d'Eckartsberg.  2  autres  pièce? 
de  cette  même  compagnie,  placées  entre  les  30*  et  17*  régiments, 
ont  suivi  les  mouvements  de  ces  corps  et  les  ont  appuyés  de  lea: 
feu. 

La  2*  division  s'étant  formée  en  colonne  s'était  dirigée  dans  le 


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14    OCTOBRE.  693 

vallon  situé  à  droite  de  la  route  ;  ayant  eu  beaucoup  de  chemin  a 
faire  pour  arriver  à  la  gauche  de  l'ennemi,  elle  n'avait  pu  commencer 
'On  attaque  qu'après  la  1'*  division,  quoiqu'ayant  débouché  avant 
celle-ci.  L'artillerie  de  cette  division  divisée  en  3  batteries,  la  1'®  de 

2  pièces  de  8  servies  par  l'artillerie  à  cheval  et  commandée  par  le 
capitaine  Chemin,  la  2*  de  2  pièces  de  4  servies  par  l'artillerie  à 
pied  et  commandée  par  le  lieutenant  Jouault,  la  3"  de  3  pièces  de  8 
et  1  obusier  de  6  pouces  commandée  par  le  capitaine  Jarry.   Ces 

3  batteries  placées  d'abord  d'après  les  dispositions  prises  par  M.  le 
irénéral  de  division  Friant  chargé  d'attaquer  la  gauche  de  l'ennemi, 
oui  changé  plusieurs  fois  de  position  en  attaquant  sur  différents 
points  et  suivant  ses  mouvements  autant  que  possible. 

Vers  le  milieu  de  l'action  les  2  pièces  sei-vies  par  la  demi-compa- 
irnie  du  5'  à  cheval  ont  été  par  ordre  de  M.  le  Maréchal  réunies  à 
rartillerie  de  la  3*  division.  C'est  à  la  dernière  position  qu'a  occupée 
l'ennemi  avant  de  faire  sa  retraite  que  les  2  batteries  servies  par  la 
2*  compagnie  du  7*  à  pied  s'étant  portées  environ  100  toises  en 
avant  d'une  petite  réserve  de  cavalerie  légère  qui  serrait  le  flanc 
franche  de  l'ennemi  ont  rendu  un  véritable  service  soit  en  attirant 
sur  elles  tout  le  feu  d'une  batterie  ennemie  très-supérieure  en  nombre 
qni  inquiétait  singulièrement  la  ligne  de  cavalerie  et  d'infanterie, 
soit  en  contribuant  à  forcer  l'ennemi  de  se  retirer  de  son  excellente 
poijitiou,  en  abandonnant  ses  pièces  démontées. 

11  est  de  la  justice  de  dire  que  tous,  officiers,  sous-officiers  et  sol- 
dats d'artillerie  et  du  train,  ont  fait  leur  devoir  pendant  cette  action, 
mais  on  doit  plus  particulièrement  des  éloges  aux  capitaines  Séruzier, 
«la  5*  à  cheval,  Jarry,  du  7"  à  pied,  Chemin,  du  5*  à  cheval  ;  aux 
lieutenants  Jouault,  Manguin  et  Osella  du  7"  à  pied,  Roy  et  Pauli- 
uier,  du  5*^  à  cheval.  MM.  les  commandants  d'artillerie  des  divisions 
ont  montré  tout  le  sang-froid  et  l'intelligence  que  les  circonstances 
t'xigeftient. 

LE    OBNËBAL    VIALLANNES    AU    MARÉCHAL    DAVOUT. 

Bulsliidt,  9  liouros  ol  demie  du  soir,  14  oclobre  180G. 

J'arrive  à  Butstâdt  ;  l'ennemi  s'est  retiré  en  grande  partie  sur 
Weiinar.  Un  corps  de  2,000  chevaux  seulement,  de  5  compagnies 
d'infanterie  et  de  4  pièces  est  passé  par  cette  ville. 

Du  champ  de  bataille  l'ennemi  s'est  dirigé  par  lleisdorf,  Kuders- 
dorf,  Nieder-Reissen,  route  de  Weimar. 

On  m'assure  que  M.  le  prince  de  Brunswick,  qui  est  passé  par 
Batstadt  escorté  par  un  escadron  de  cavalerie,  est  mortellement 
Messe. 


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G94  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

Les  troupes  qui  ont  passe  par  ButstUdt  se  sont  dirigées  sur  Fran- 
kenhausen. 

Il  était  3  heures  et  demie  du  soir  lorsque  le  prince  de  Brunswick 
est  passé  par  Butstâdt. 

Le  gros  de  Tarmée  prussienne  est  passé  à  4  heures  et  demie  àEu- 
dersdorf. 

Les  chevaux  étant  exténués,  je  me  suis  arrêté  ici  ;  dans  2  heures 
et  demie  j'enverrai  des  reconnaissances  sur  Weimar  et  sur  Fran- 
kenhausen. 


LE   MARECHAL   BERNADOTTE  A   L  EMPEREUR. 

14  octobre  1806,  4  lioures  du  soir. 

J'ai  rhonneur  de  rendre  compte  à  V.  M.  que  je  suis  arrivé 
à  Apolda  ;  ayant  entendu  la  canonnade  sur  ma  droite  et 
présumant  que  le  maréchal  Davout  était  aux  mains  avec 
l'ennemi,  je  me  suis  empressé  *  de  marcher  avec  une  seule 


1.  Si  lo  maréchal  BernadoUo  s'est  empressé  de  marcher  en  entendant  la  ca- 
nonnade sur  la  droite,  pourquoi  no  veut-il  pas  répondre  à  Tappel  du  marc- 
chai  Davout,  lorsqu'à  4  heures  ot  demie  il  reçoit  sou  aide  de  camp  Trobriand? 
Pourquoi  dire  qu'il  va  communiquer  avec  le  maréchal  Davout  ?  On  ne  com- 
munique que  pour  savoir  ce  qui  se  passe  et  pouvoir  s'appuyer  réciproque- 
ment. La  communication  établie,  pourquoi  se  dérober?  Le  maréchal  Bema- 
dolto  n'agit  pas  dans  cotte  circonstance  d'uno  Taçou  franche  et  loyale.  Cette 
manière  do  fairo  lui  était  d'ailleurs  habituelle.  On  ne  saurait  assez  flélrir  Je 
tels  caractères. 

Rapport  du  capitaine  de  Trobriand,  parti  du  champ  de  bataille  d'Auerslâdi 
à  3  heures  et  demie  du  soir,  et  envoyé  en  mission  au  i«ï  corps  d'armée. 

Monsieur  le  Maréchal, 

Conformément  aux  ordres  que  vous  m'avez  donnés,  je  me  suis  rendu  en 
toute  hâte  auprès  du  maréchal  prince  do  Ponte-Corvo,  quoique  mon  chevai 
fût  très-fatigué  et  que  j'eusse  quelque  incertitude  sur  le  point  où  je  pourrai> 
rencontrer  le  Prince.  Je  l'ai  trouvé  à  4  heures  30  minutes  sur  les  hauteurs  de 
la  rive  gauche  do  la  Saale,  à  peu  près  à  une  lieue  et  demie  du  poiot  ou 
j'étais  parti  :  c'était  au  môme  endroit  où  je  l'avais  vu  le  matin  en  revcDaot 
du  quartier  général  de  l'Empereur.  S.  Exe.  était  à  cheval,  avec  une  partie  de 
sou  état-major  et  un  piquet  de  cavalerie  d'escorte,  mais  toutes  les  troupes  au 
repos.  Je  lui  ai  dit  que  je  venais  de  votre  part,  pour  l'informer  que  renoepi 
était  on  pleine  retraite  :  on  voyait  ses  mouvements  du  point  où  j'avais  al  teint 
M.  lo  Maréchal.  Je  lo  fis  remarquera  S.  Ex.,  qui  n'en  doutait  pas.  J'aJoulEi que 
lo  corps  d^armée  avait  tellement  souffert  en  soutenant  depuis  le  malio  »  hdo- 
ros  l'eflort  de  toute  l'armée  prussienne,  commandée  par  le  Roi  en  personne, 
que  la  moitié  de  vos  hommes  étaient  hors  de  combat;  qu'en  consëqueuce 
vous  l'invitiez  à  vous  seconder  dans  la  poursuite  de  vot  tuccès,  que  sans  cela 
vous  seriez  dans  l'impossibilité  de  continuer  seul  vos  avantages  avec  de? 
troupes  harassées  et  avec  1,500  chevaux  réduits  par  la  mitraille  à  moios  d'un 
tiers.  M.  le  Maréchal  m'accueillit  assez  mal  :  il  me  demanda  d'abord  qttels 


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14    OCTOBRE.  695 

division,  ma  cavalerie  légère  et  3  régiments  de  dragons  ;  les 
maurais  chemins  et  lesdéfilés  presque  impraticables  que  nous 
avons  trouvés  en  quittant  Dornburg  ont  beaucoup  ralenti  ma 
marche  ;  quelques  caissons  cassés  m'ont  aussi  fait  perdre  du 
temps;  je  vais  attendre  les  troupes  que  j'ai  derrière;  aussitôt 
qu'elles  seront  arrivées  je  continuerai  ma  marche  sur  Weimar 
à  moins  que  je  ne  reçoive  de  nouveaux  ordres.  Le  maréchal 
Davout  est  encore  loin  d'arriver  à  Apolda.  Je  vais  communi- 
quer avec  lui.  L'ennemi  montre  quelques  troupes  en  avant 
sur  les  hauteurs  d' Apolda. 

JOURNAL   DES   OPÉRATIONS   DU    1"   CORPS   d'aRMÉE. 

Position  du  14  octobre.  —  Le  corps  d'armée  n'était  qu'à 
Camburg  lors  du  brouillard  épais  qu'il  faisait  le  matin,  et 
que  l'armée  de  l'Empereur  à  notre  gauche  et  celle  du  maré- 
chal Davout  à  notre  droite  étaient  aux  prises  depuis  une 
heure  avec  l'ennemi.  Cependant,  au  sortir  du  débouché  dje 
Dombui'g,  le  déploiement  des  troupes  des  divisions  Drouet 
et  Rivaud,  ainsi  que  3  régiments  de  cavalerie  qui  mar- 
chaient en  bataille ,  ne  laissait  pas  que  d'inquiéter  l'en- 
nemi. En  effet,  l'armée  prussienne  qui  se  battait  avec  le 
maréchal  Davout  paraissait  faire  un  mouvement  par  sa  droite 
pour  déborder  la  gauche  de  ce  Maréchal. 

A  7  heures  du  soir  les  deux  divisions  ainsi  que  la  cava- 
lerie étaient  en  position  sur  les  routes  de  Weimar.  Ce  fut 
dans  la  nuit  du  14  qu'un  bataillon  ennemi  fut  pris  par  la 


iUiieni  le*  braves  qui  avaient  payé  leur  délie  à  la  pairie  ;  et  lorsque  je  lui 
eus  indiqué  les  noms  des  plus  connus  d'onlro  eux,  il  mo  dit  :  «  Retournez 
près  de  votre  Maréchal,  et  dites-lui  que  je  suis  là,  et  qu'il  soit  saus  craintes; 
parlez.  » 

Je  crois  inutile  de  vous  répéter  la  réplique  un  peu  vive  peut-être  que  je 
fis  à  la  dernière  phrase  de  M.  le  Maréchal,  tant  elle  nie  caus.-i  de  surprise  et 
de  peine.  Tel  est,  du  reste,  le  récit  exact  de  la  mission  que  vous  m'avez  con- 
fiée. Lîi  réponse  du  Prince  et  le  ton  dont  elle  fut  prononcée,  ne  me  permet- 
tant pas  d'insister  davantage,  je  me  suis  empressé  de  revenir  prés  do  V.  Exe. 

Je  suis  avec  le  plus  profond  respect, 

M.  le  Maréchal,  é-* 

votre  tout  dévoué, 

Dis  Tkobriaso. 


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696  CAMPAGNE    DK    PRUSSE. 

division  du  général  Rivaud  ;  artillerie,  cavalerie,  infanterie, 
tout  ce  qui  était  isolé  fut  pris  dans  la  nuit.  La  division  du 
général  Dupont  et  la  majeure  partie  de  lartilierie  étaient  à 
Dornburg  :  cette  division  ne  put  rejoindre  le  corps  d'armée 
que  le  lendemain. 

Le  grand  parc  avait  pris  par  léna.  Le  quartier  général 
était  à  Apolda. 


LE  MARECHAL  BERNADOTTE  AU  MAJOR  GENERAL. 

Apolda,  14  octobre  1806,  9  heures  du  soir. 

Prince,  j'ai  prévenu  directement  l'Empereur  de  mon  arri- 
vée à  4  heures  de  Taprès-midi  sur  les  hauteurs  d'Ajwlda,  avec 
ma  cavalerie  légère  et  la  division  Rivaud.  J'ai  exposé  àS.  M. 
les  obstacles  qui  m'avaient  empêché  d'y  être  rendu  avec 
toutes  mes  troupes.  Le  chemin  de  Naumburg  à  Dornburg  a 
deux  défilés;  le  dernier  surtout,  celui  de  Dornburg,  après  le 
passage  de  la  Saale,  pour  monter  sur  les  hauteurs,  peut  êtrt* 
comparé  à  un  passage  des  Alpes.  Vous  en  aurez  une  idée  en 
apprenant  que  les  dragons,  seuls,  ont  mis  6  heures  pour  le 
monter. 

Nous  nous  trouvions  absolument  sur  les  derrières  de  l'en- 
nemi et  débordant  toutes  les  troupes  que  le  maréchal  Davout 
avait  à  combattre ,  de  manière  qu'il  a  été  dégagé  de  très- 
bonne  heure  par  notre  mouvement. 

L'ennemi  nous  a  laissé  environ  200  prisonniers,  dont  un 
officier  d'état-major  et  deux  pièces  de  canon. 

J'espère  que  cette  nuit  les  divisions  Dupont  et  Drnuet 
m'auront  rejoint  ;  je  me  mets  en  route  demain  sur  Buttektadt 
où  l'on  assure  que  l'ennemi  s'est  retiré. 

Les  prisonniers  nous  rapportent  que  le  Roi  lui-même  a 
commandé  la  charge  et  que  le  duc  de  Brunswick  a  été  blessé; 
après  l'aflfaire  le  Koi  paraissait  très-abattu. 


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14    OCTOBRE.  697 

LE  MARÉCHAL   BERNADOTTE    AU    MAJOR    GÉNÉRAL. 

Bemburg,  21  octobre  1806,  8  heures  du  soir. 

...Ce  n'est  pas  ma  faute,  M.  le  Duc,  si  je  n'ai  pas  eu  une 
grande  part  à  l'affaire  d'Iéna;  je  vous  ai  écrit  dans  le  temps 
par  quelle  cause  ma  marche  avait  été  arrêtée  la  veille  de  la 
bataille  ;  ce  n'est  qu'à  4  heures  du  matin  que  j'eus  commu- 
nication de  votre  lettre  au  maréchal  Davout,  dans  laquelle 
il  était  dit  que  l'Empereur  tenait  beaucoup  à  ce  que  je  fusse 
à  Dornburg  *  ;  je  ne  perdis  pas  une  minute  pour  me  mettre 
en  route;  je  fis  grande  diligence  et  j'arrivai  à  11  heures; 
j'aurais  encore  été  à  temps  de  remplir  les  vues  de  S.  M.  sans 
le  défilé  de  Dornburg  que  tout  le  monde  connaît  et  qui  m'a 
pris  un  temps  infini.  Malgré  toutes  ces  difficultés,  j'ai  mar- 
ché avec  une  division  d'infanterie  et  ma  cavalerie  ;  je  suis 
encore  arrivé  avant  4  heures  à  Apolda  et  assez  à  temps  pour 
déterminer  la  retraite  des  ennemis  qui  se  trouvaient  devant 
le  maréchal  Davout,  et  le  même  soir  j'ai  pris  5  pièces  de 
canon  et  plus  de  1,000  prisonniers  dont  un  bataillon  entier. 
Je  vous  le  répète,  M.  le  Duc,  il  n'a  pas  dépendu  de  moi  de 
faire  plus  ;  j'ai  fait  tout  ce  qu'il  était  humainement  pos- 
î«ible  d'exiger.  Il  est  bien  pénible  pour  moi  d'être  obligé 
d'entrer  dans  ces  détails  ;  j'ai  la  conviction  d'avoir  bien 
rempli  mes  devoirs.  Le  plus  grand  malheur  qui  puisse  m'ar- 
river  est  de  déplaire  à  TEmpereur  ;  aussi  ne  m'en  console 
rais-je  pas  si  je  n'avais  la  plus  grande  confiance  dans  la 
justice  de  S.  M 

LE   GÉNÉRAL   IlÉDOUVILLE   AU   MAJOR   GÉNÉRAL. 

Lobenstein,  14  octobre  1806. 

Le  prince  Jérôme  Napoléon  est  parti  le  10  de  Kronach 
pour  se  rendre  le  même  jour  sous  le  fort  de  Cuimbach  qui 
était  cerné  par  les  troupes  bavaroises.  Un  dragon  du  régiment 


1.  Voir  pages  G69  el  G70. 


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698  CA.MPAGNB    08    PRUSSE. 

de  Taxis  a  été  blessé  et  2  chevaux  du  même  régiment  tués 
par  la  mitraille  du  fort. 

Le  11  S.  A.  I.  a  passé  la  revue  des  troupes  bavaroises 
qu'elle  a  trouvées  belles,  bien  tenues  et  bien  disposées  ;  elles 
forment  deux  brigades  ainsi  composées  : 

OflBciers.  Homme».  Che^an. 

/  Régiment  du  Priaee  royal,  infanterie  .   .      2ù  l,Ul  24 

)  1»  régloienl  d'iufi&niorie  de  ligne  ....       33  1,161  li 

^"'*'****®  •   -i  BaUillon  d'Infanterie  légère  de  Preysing.         ■  610 

'  Régiment  des  chevan-ié^en  du  Roi  ...       IS  410  4Si 

i  Régiment  dMnfanterie  du  due  Charles  .   .33  1^38 1  U 

Régiment  d'infanterlu  Lfiwenstein.   ...       18  671  7 

Infanterie  légère  de  Zuller IS  533  6 

Régiment  des  chevan-légers  de  Linaage.  .19  3S7  S8T 

Régiment  des  dragons  de  TaxIb Si  416  416 

1'*  batterie  légère,  6  pièces 3  61  li 

I  AtteligPi »  46  99 

.    ....     .            )  Batt.^rie  de  pièces  de  12,  6  pièces  .   ...        S  69 

ArliUerle.   .   ./  Attelages. -  56  lit 

8   batterie  légère,  6  pièces S  5ô  17 

Attelages »  50  9ii 


Le  1""  régiment  d'infanterie  de  ligne  fort  de  1,184  homme* 
et  12  chevaux  est  resté  devant  Culmbach  et  le  cerne.  Ladivi- 
sion  bavaroise  en  marche  reste  forte  de  6,119  hommes  et 
1,616  chevaux.  S.  A.  L  a  voyagé  à  la  tête  de  cette  division 
et  Ta  parcourue  de  la  tête  à  la  queue  dans  sa  marche,  le  11 
pour  aller  de  Culmbach  à  Kronach,  le  12  de  Kronach  à 
Steinwiesen,  le  13  de  Steinwiesen  à  Lobenstein. 

Elle  a  vu  le  13  une  brigade  en  bataille  dont  elle  a  fait 
sortir  et  rentrer  les  tirailleurs  et  l'autre  brigade  en  colonne 
de  marche,  ses  tirailleurs  en  avant  et  sur  ses  flancs.  — Les 
troupes  bavaroises  sont  heureuses  d'être  commandées  par 
S.  A.  I.  dont  l'activité  et  le  coup  d'œil  les  étonnent;  elles 
brûlent  de  se  mesurer  avec  l'ennemi  pour  se  montrer  dignej> 
alliés  des  Français. 

S.  A.  I.  part  ce  matin  pour  rejoindre  l'Empereur. 

La  division  bavaroise  sera  aujourd'hui  à  Schleiz  et  y  res- 
tera en  position  demain  jusqu'à  nouvel  ordre. 

J'aurai  l'honneur  de  vous  rendre  compte  de  cette  position 
et  de  vous  envoyer  régulièrement  des  états  de  situation  pins 
en  règle. 


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14   OCTOBRE.  699 


LE   MARECHAL   MORTIER   AU   MAJOR   GENERAL. 

Francfort,  14  octobre  1806. 

Par  ma  lettre  du  12  de  ce  mois  j'ai  eu  l'honneur  de  vous 
prévenir  que  le  lendemain  13  les  troupes  du  8*  corps  rassem- 
blées à  Mayence  s'établiraient  militairement  sur  la  rive 
droite  du  Rhin  :  ce  passage  a  eu  lieu  hier  et  mon  quartier 
général  est  à  Francfort. 

Mes  embarras  provenant  du  manque  de  cavalerie  sont 
toujours  les  mêmes.  Pas  un  seul  homme  de  cette  arme  ne 
m'est  encore  arrivé.  Cependant  les  nouvelles  que  je  reçois 
m'en  font  de  plus  en  plus  sentir  le  besoin. 

Il  vient  de  m'être  assuré  que  les  Prussiens  s'étaient  empa- 
rés de  Kônigshoffen,  de  Mannerstadt,  d'Hofern  et  de  Schwein- 
furt  ;  que  de  cette  dernière  ville  dont  ils  annoncent  vouloir 
faire  leur  place  d'armes,  ils  ont  fait  des  incursions  dans  les 
environs  et  se  sont  avancés  jusqu'à  Wiirzburg,  ce  qui  a  déter- 
miné le  grand-duc  à  se  retirer  à  Neuburg  ;  qu'un  corps  de 
Prussiens  a  passé  le  Mayn  dans  la  vue  d'intercepter  nos  con- 
vois par  la  route  de  Bamberg;  que  leurs  hussards  se  sont 
montrés  sur  la  route  d'Aschaffenburg  et  qu'enfin  on  évalue  à 
10,000  hommes  les  forces  de  l'ennemi  dans  ces  quartiers. 

De  quelque  intérêt  et  de  quelque  importance  que  soient 
pour  moi  les  nouvelles  de  l'armée,  V.  A.  ne  me  faitpas  l'hon- 
neur de  m'en  adresser.  C'est  par  le  journal  de  Francfort  que 
je  connais  la  proclamation  de  l'Empereur  du  6  octobre  et 
quelques  ordres  du  jour. 

Le  général  Godinot,  mon  chef  d'état-major,  est  arrivé  hier 
ainsi  que  le  commissaire  ordonnateur  Monnay. 


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OBSERVATIONS 


LE  CORPS  D  ABMEE  SUS  LE    CHAMP  DE  BATAILLE. 

Le  corps  d'année  qui  fait  partie  d'une  ligue  de  bataille  est  encadré 
ou  placé  à  une  aile. 

Encadré  il  occupe  le  front  fixé  parle  Commandant  de*  l'armée  dan» 
les  Dispositions  pour  l'ordre  de  bataille,  en  raison  de  l'objet  qa'il 
doit  remplir.  L'étendue  de  ce  front  détermine  la  proportion  des 
troupes  que  le  commandant  de  corps  d'armée  mettra  sur  la  ligne  de 
combat  au  début  de  l'action,  et  de  celles  qu'il  conservera  en  seconde 
ligue  pour  le  développement  de  la  bataille. 

A  une  aile  il  se  tient  lié  avec  le  centre  et  agit  suivant  les  circons- 
tances pour  prolonger  la  ligne  et  déborder  l'ennemi,  ou  pour  s'oppo- 
ser à  un  mouvement  débordant.  Ayant  un  de  ses  flancs  découvert, 
il  se  forme  d'abord  en  profondeur  pour  prendre  ensuite  les  disposi- 
tions que  nécessitent  les  manœuvres  et  les  forces  de  l'ennemi  '. 


1.  Dans  les  manœuvres  annuelles  les  corps  d*armée,  au  lieu  d'opérer  comme 
corps  isolés*,  seront  souvent  plaças  dans  de3  situations  seniMables  à  celles 
qui  se  produisent  dans  une  grande  bataille,  agissant  comme  corps  encadré 
ou  corps  d*aile,  ou  niêmo  comme  corps  exécutant  un  mouvement  de  ilaiic 
amené  sur  le  champ  de  bataille  en  deliors  des  vues  de  Tennemi  par  une  di- 
rection de  marche  indépendante. 

Le  corps  d'armée  et  l'ennemi  représenté  reçoivent  chaque  jour  de  combat 
une  tâche  définie  qui  se  rattache  à  un  plan  d'ensemble.  Les  bataillons  cx- 
triSmes  des  corps  d'armée  voisins  sont  représentés  pour  limiter  le  chami' 
d'action  du  corps  d'année  ;  le  directeur  de  la  manœuvre  modifie  la  situation 
de  la  lutte  par  dos  ordres  verbaux  on  prescrivant  à  l'ennemi  représenté  de? 
mouvements  en  avant  ou  en  retraite. 

Pendant  la  durée  de  grandes  manœuvres,  un  corps  d'armée  peut  livrer  suc- 
cessivemcnt  un  combat  d'avant-garde,  étant  supposé  léte  d'une  colonne  ù'ar- 

*  L'a  dos  travei'A  des  officier»  d'iuf.interie  e^t  do  bp  fljçurcr  toujours  qa'Us  son:  iM.»li"t, 
et  qu'avec  leur  tioupo  ils  sont  chargés  d'opérations  beaucoup  plus  Importaotes  qatnt 
Is  coiiiporto  la  truupe  qui  leur  est  confiée.  Ce.to  observation  s'applique  à  tou»  les  de- 
gré.* de  la  hiérarchie.  —  A  la  guerre  l'isolemeni  pjur  rinfiintfrie  n'existe  pasetiipdoii 
pas  rxistor  ;  s'il  so  produit,  il  est  essoiitiellemcnt  temporaire  ;  cette  f^itoalioB  anonoalf 
doit  (  osser  dans  le  plus  bref  delà:.  ^Daus  la  grande  guerre  le  corps  d'armée  n'est  rlea: 
l'uniti',  c'est  l'armée. 


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I 


OBSERVATIONS.  701 

Quelle  que  soit  sa  place  sur  la  ligue,  un  corps  d'armée  a  plusieurs 
combats  à  livrer,  plusieurs  efforts  à  faire  pendant  la  bataille^  le  5', 
le  4',  le  7®  corps,  jusqu'à  ce  que  la  lutte  soit  décidée.  Son  clit^f  éche- 
lonne ses  troupes  de  manière  à  pouvoir  produire  cette  sucfi^sBÎoix 
d'efforts.  Le  plus  souvent  au  commencement  de  l'action  il  njcL  une 
seule  division  en  ligne,  conservant  l'autre  ou  les  autres  en  réserve. 
Le  front  peut  être  très-restreint  au  début  :  les  premières  tioupes 
engagées,  celles  qui  forment  la  tête  de  l'attaque  du  corps  d'armée^ 
ne  présenteront  quelquefois  que  2  ou  3  bataillons  soutenus  par  uue 
grande  quantité  de  réserves  sur  plusieurs  lignes.  Le  dévehippenieiit 
de  l'action  amène  dans  la  ligne  de  bataille  des  entassements  et  dii& 
vides  que  viennent  combler  les  troupes  de  seconde  ligne  et  les  rùserves. 
Les  circonstances  déterminent  leur  entrée  en  ligne*. 

Les  diviâions  de  seconde  ligne  sont  tenues  abritées  par  le  terrain, 


mée,  puis  parliciper  à  une  grande  bataille  comme  corps  d'armée  eiicaiiré  cl 
comme  corps  d'armée  d'ailo  ou  de  flanc,  enfln  livrer  un  combat  d'arrléru- 
parde,  soit  qu'il  exécute  une  poursuite,  soit  qu'il  couvre  une  armée  en  iotmile. 

Un  corps  d'arme'e  qui  se  sera  trouvé  dans  ces  quatre  siluatiors  puiidout 
son  rassemblement  pour  les  manœuvres,  aura  bien  employé  son  tetiipR. 

Les  longues  marches  de  division  et  do  corps  d'armée  sur  une  ou  pfuf^ieurâi 
colonnes,  sont  inutiles  pour  l'instruction  des  olllciers  généraux,  qui  ual  le 
iiiil  principal  des  manœuvres,  attendu  que  ces  marches  ne  servent  quà  V'ina- 
Irnclion  des  troupes.  C'est  donc  du  temps  perdu. 

L'exécution  des  marches  doit  ôlre  réglée  d'une  façon  tellement  slrlcie  qu'il 
y  ait  une  uniformité  invariable  dans  tous  les  corps  de  troupes.  C'eal  à  lins- 
truction  que  les  corps,  sous  la  responsabilité  do  leur  chef,  peuvent  arquérir 
ces  qualités  de  marche  qui  atteignent  la  perfection;  les  offlciors  généraux 
^'assurent  des  résult^its  dans  leurs  inspections  eu  marchant  avec  11^^  troupus 
pendant  toute  une  journée.  Enfin  on  peut  protiler  des  mouvemonlë  que  iiô- 
cessiio  la  réunion  pour  les  manœuvres  pour  faire  exécuter  à  chaque  brigade 
une  marche  qui  formera  le  couronnement  de  cette  instruction.  Aussitôt  h 
réunion  du  corps  d'armée  opérée,  on  procédera  de  suite  aux  manoeuvres  ;i 
proximité  de  l'ennemi.  La  recherche  de  l'ennemi  par  la  cavalerie  dana  des 
manœuvres  convenues  amène  généralement  des  situations  invraisLMiiblubluB 
Cl  est  une  cause  de  perte  de  temps  sans  profit  pour  personne.  Il  faut  donc 
D'y  attacher  qu'une  médiocre  importance  et  surtout  ne  jamais  sacrifier  h 
manœuvre  à  cet  objet  tout  secondaire. 

Pour  exercer  l'artillerie  à  la  marche  avec  les  colonnes  d'infanteriu,  comme 
eotle  arme  se  trouve  toujours  dans  ses  garnisons  avec  de  l'infanterie,  oit 
réunit  une  division  de  4  batteries  que  l'on  encadre  entre  2  bataillons  d'iufan- 
terio.  Les  olDciers  généraux  assistent  à  ces  marches  des  deux  armL^4  réunies 
IKJur  donner  leur  direction  et  trancher  les  diillcultés  qui  pourraient  sLirveiiir» 

1-  Dans  les  manœuvres  on  s'attache  à  mener  le  coml)al  comme  sur  le  champ 
•le  bataille,  i  mai*quer  la  succession  d'clforts ,  à  engager  les  divisions  ilu  ré- 
serve pour  boucher  les  vides  qu'ont  produits  les  entassements  de  Iroupes  §ur 
''ertains  points.  Les  deux  divisions  du  corps  d'armée  sont  alors  portées  en 
Jiçne  tout  entières,  en  indiquant  les  emplacements  des  réserves  d'arraéc 
<pic  le  directeur  de  la  manœuvre  fait  rechercher  par  les  olTicicrs  de  son  élat* 
•'Jiïjor.  On  est  ainsi  forcé  de  suivre  les  différentes  péripéties  de  la  lutte,  de 
mener  l'action  jusqu'au  bout,  jusqu'à  la  fin  de  la  journée,  de  faire   coucher 


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702  CAMPAGNE    DB    PRUSSE. 

dans  une  formation  qui  leur  permette  de  se  porter  rapidement  sur  k 
point  où  leur  présence  devient  utile.  De  même  pour  les  divisions  da 
corps  d'armée  placés  en  réserve  *  :  la  division  Gazan,  les  divisons 
du  6*  corps,  du  4^  corps,  du  1*^  corps,  la  Garde  impériale. 

En  résumé,  dans  chaque  corps  d'armée,  les  premières  dispositioDâ 
de  combat  sont  prises  de  telle  façon  que  le  commandant  de  corps 
d'armée  reste  maître  de  la  direction  du  combat  et  de  l'emploi  des 
divisions. 


«  Un  corps  d'armée  de  26,000  à  30,000  hommes  peut  être  isolé: 
«  bien  conduit,  il  peut  se  battre  ou  éviter  la  bataille  et  manœuvrer 
«  selon  les  circonstances  sans  qu'il  lui  arrive  malheur,  parce  qu'on 


les  troupes  sur  los  positions  si  elles  les  ont  enlevées,  ou  do  les  faire  ûler  oc 
nuit  si  olies  doivent  se  mettre  en  retraite.  En  un  mot,  on  ne  se  eonteate 
plus  de  Tattaque  d*une  première  position  ;  une  fois  cette  attaque  proooQcée 
et  conduite,  l'un  des  deux  adversaires,  que  le  directeur  de  La  manisuvrt 
indique  séance  tenante  d'après  les  dispositions  prises,  cède  le  terrain  eivi 
occuper  une  position  en  arriére  x:omme  dans  un  combat  réel,  puis  enfin  une 
position  dorri ère-garde  qu*il  ddfend  pour  permettre  à  ses  colonnes  de  s'écou- 
ler. Le  combat  est  mené  à  son  terme  et  non  pas  arrêté  dés  que  les  troupes 
se  sont  abordées  une  première  fois. 

C'est  la  véritable  acception  du  mot  manœuvre.  Il  faut  manostivrer. 

Les  cantonnemeuts  et  les  distributions  sont  subordonnés  aux  manœovres. 

La  manœuvre  se  termine  quand  elle  est  passée  par  tous  los  dévcloppcoof^ot» 
do  l'altaque  et  de  la  défense ,  et  non  pas  à  telle  ou  telle  iieure  détermiot'd  u 
l^avanco.  On  ëvito  ainsi  les  départs  précipités,  et  la  bousculade  dans  la  mar- 
che de  la  manœuvre. 

Los  dispositions  d'attaque  pour  le  combat  de  Schleix  ne  furent  fiiitesqu'a 
Tarrivée  de  TEmpereur  à  midi  et  le  combat  ne  se  termina  qu'à  la  nuit  nuire- 

Le  combat  de  Saaifeld  ne  commença  pas  avant  9  heures  du  malin  et  diiru. 
avec  la  poursuite,  jusqu'à  la  fin  du  jour. 

1.  Pendant  les  manœuvres  les  divisions  de  seconde  ligne  sont  habituée^ 
à  se  porter  d'un  point  à  un  autre  du  champ  de  bataille  dans  des  fonnaiio9> 
serrées,  en  profitant  do  tous  les  abris  du  terrain  «plis  de  terrain,  rideaux 
d'arbres,  bouquets  do  bois).  >-  De  môme  un  corps  d'armée,  supposé  n^rre 
générale,  se  portant  pour  prolonger  la  ligne  de  bataille  ou  exécuter  un  mou- 
vemoiit  débordant.  Ces  situations  se  sont  produites  et  doivent  fixer  raltention 
des  officiers  généraux 

Ces  marchos  permettront  de  déterminer  los  formations  les  plus  favorables 
dans  ces  circonstances.  La  colonne  double  semble  la  seule  formation  pour  \à 
batailion  ;  le  régiment,  en  ligne  de  Iwlaillons  en  colonne  double  ou  en  coloimd 
do  bataillons  en  colonne  double  ;  la  brigade  et  la  division  sur  pluBîears  lign^ 
de  bataillons  en  colonne  double  ;  rartillerie  sur  les  flancs  ou  entra  les  bri- 
gadûs;  les  distances  ot  los  intervalles  variant  suivant  lo  terrain  et  les  vues 
de  l'ennemi  ;  los  bataillons  ayant  le  guide  au  centre;  les  régiments  guidéi 
par  leur  colonol. 


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OBSERVATIONS.  Tl*^} 

*  ne  peut  le  forcer  à  un  engagement,  et  qu'enfin  il  doit  se  lmtrr<^ 
«  longtemps.  »  L'Empereur  au  Vice-roi,  7  juin  1809. 

Dans  certaines  circonstances  un  corps  d'armée,  lié  par  desinstrik*- 
dons  précises,  n*est  pas  libre  d'éviter  la  bataille,  lorsqa'il  se  n^ril, 
par  exemple,  à  un  rendez- vous  d'armée  et  qu'il  se  heurte  pendaiil  ^au 
moavement  à  un  corps  ennemi  qui  exécute  la  même  manœuvn^  ni 
qui  se  retire  à  tire-d'aile  devant  un  rassemblement  plusconsidiiiEhlili^ 
Le  Commandant  de  l'armée,  par  ses  combinaisons,  s'attache  àiM  ^\^x& 
mettre  ses  lieutenants  dans  ces  situations  difficiles  ;  et  si  ce  soiU  ni^î^- 
combinaisons  mêmes  qui  nécessitent  ces  situations  critiques,  il  clM^iât 
des  généraux  doués  d'une  grande  fermeté,  c  première  qualitu  A' nu 
<  homme  de  guerre  '  » . 

Le  commandant  d'un  corps  d'armée  placé  dans  cette  situjj^riMi 
peut  se  trouver  en  présence  de  forces  plus  considérables  d«Mtî  [>• 
nombre  va  toujours  croissant  *,  il  peut  voir  sa  ligne  de  bataille  tliln^ir- 
dée  et  être  obligé  de  la  prolonger  pour  parer  à  de  nouvelles  att:n|nr* 
en  déployant  successivement  toutes  ses  divisions*.  3*  corps  Ktir  li 
plateau  d'Hassenhauflsen. 


LA    DIVISION    SUR    LE    CHAMP    DE    BATAILLE. 

La  division  doit  pouvoir  soutenir  le  combat,  le  renouveler  m  lU;^ 
^l'insuccès,  et  enfin,  si  son  second  effort  échoue,  résister  à  un  ri[<nir 
offensif;  elle  doit  donc  être  formée  sur  plusieurs  lignes,  sur  >U  n\ 
lignes  ordinairement,  les  troupes  étant  disposées  dans  chaqui.'  Il^ih' 
suivant  la  place  de  la  division  dans  l'ordre  de  bataille  eteui^nnT 
l'objet  à  remplir. 

Une  division  de  4  régiments  se  présente  au  combat  sur  deux  li-o^ -> 
une  brigade  par  ligne  (et  non  pas  par  brigades  accolées),  afin  *[n\\ 
y  ait  unité  dans  l'effort  de  la  ligne  de  combat.  Le  général  de  briu'^îul" 
dont  le  front  est  limité  par  l'objet  même  de  son  attaque  et  jitr  h- 
troupes  qui  l'encadrent,  prend  les  dispositions  que  nécessitent  ii'  hwt 
a  atteindre  (attaque  de  village,  de  bois,  de  positions)  et  la  cohtiu'ii- 
ration  du  terrain,  les  2  régiments  étant  engagés  simultanément.  [     u 


i.Les  troupes  fornuSes  et  conduites  par  de  tels  hommes  deviennciH,  mu* 
lenrs  ordres,  des  troupes  d'élite.  Les  troupes,  officiers  et  soldats,  ont  Im  .jr  ,|i> 
confiance  en  qui  sait  les  mener;  elles  savent  reconnaître  l'intérêt  qi.i  Itmt 
porte  leur  chef  et  le  soin  qu'il  prend  d'elles;  elles  se  mettent  à  hauii  r»  iH- 
la  lâche  qu'il  leur  impose. 

2.  t  U  est  bon  que  les  corps  d'armée  ne  soient  pas  égaux  entre  eu\,  <|>  h 
'  y  en  ait  de  4  divisions,  do  3  divisions,  de  2.  Il  faut  au  moins  6  cari  >  i*V.i 
«  mée  d'infanterie  dans  une  grande  arméo.  »  (L'Empereur.  Notes  sur  i  t**  w 
la  Guêtre,  par  le  général  Rogniat.  Conclusions.) 


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704  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

2  bataillons  de  chaque  régiment  sur  la  ligne  de  combat  et  les  autres 
en  réserve  de  première  ligne,  ou  au  contraire  les  régiments  engage'? 
successivement. 

L'autre  brigade,  placée  eu  seconde  ligne,  est  destinée  en  totalité  ou 
en  partie  à  appuyer  l'attaque^  à  prolonger  la  ligne,  à  tenter  un  effort 
décisif,  à  s'opposer  à  une  attaque  de  flanc  ou  à  un  retour  offensif. 

Le  développement  des  combats  de  Schleiz,  de  Saalfeld,  de  Closwitz. 
de  Vierzehn-lleiligen,  d'Hasseuhausen,  montre  bien  cette  disposition 
des  troupes  sur  plusieurs  lignes. 

Les  mouvements  sur  le  champ  de  bataille  ae  font  par  division  ou 
par  brigade.  C'est  ce  qui  se  produit  au  4:',  au  5*,  au  7*  corps.  Au 
3"  corps,  le  général  Priant  et  le  général  Morand  attendent  pour  ?e 
porter  au  combat  que  leur  division  soit  entièrement  réunie. 

c  Une  ligne  de  8  bataillons  *  qui  s'ébranle  contre  une  autre  ligue. 
«  dit  le  général  Duhesme,  n'arrive  jamais  parallèlement  contre  elle. 

<  Tantôt  c'est  une  partie  de  la  ligne,  comme  le  centre  ou  une  aile. 
'  qui  est  arrêtée  par  un  village,  un  bouquet  de  bois,  on  un  ouvrage 
«  qu'il  faut  emporter,  et  tenir  quand  on  s'en  est  emparé.  Alors  seu- 
«  lement  la  charge  est  continuée  par  les  autres  bataillons,  à  qui  ceux 
«  qui  ont  pris  position  servent  de  pivot  ou  de  point  d'appui.  Qnel- 
«  quefois  c'est  une  charge  de  cavalerie  qui  force  les  bataillons  des 

<  ailes  à  ralentir  leur  marche  et  à  leur  faire  face,  souvent  même  à  st- 
€  replier  en  potence  devant  ceux  du  centre  et  à  se  déployer.  Souvent 
«  aussi  les  bataillons  s'engagent  dans  des  pays  fourrés,  perdent  leur 
«  direction,  s'entassent  sur  uti  point,  ou  se  séparent  trop  les  uns  des 
«  autres. 

<  Si  quelques-uns  de  ces  bataillons  avaient  beaucoup  souffert,  ils 
«  prendraient  position  et  seraient  remplacés  par  ceux  correspondants 
«  de  la  seconde  ligne.  C'est  aux  généraux  à  être  partout  et  à  donner 
«  leur  coup  d'oeil  et  leurs  ordres » 

LA    LIGNE    DE    COMBAT    ET    LES    BÉSERVES    DE    PREMIÈRE    LIGNE. 

La  ligne  de  combat  est  formée  d'une  ligne  de  tirailleurs  avec  de 
petites  réserves  et  d'une  ligne  de  petites  colonnes.  Les  tiraillenra, 
voltigeurs  ou  fusiliers,  éclairent  les  colonnes,  entament  le  combat  er 
attirent  sur  eux  l'attention  et  les  coups  de  l'ennemi.  A  l'abri  de  leur? 
feux,  dérobées  par  la  fumée,  les  colonnes  s'avancent  pour  porter  les 
coups  de  vigueur.  Les  tirailleurs  se  laissent  joindre  par  la  tête  de? 
colonnes,  garnissent,  eux  et  leurs  soutiens,  les  intervalles  entre  le^ 
colonnes,  et  tous  ensemble  se  portent  à  l'attaque. 


1.  Les  régiments  iravaient   le  plus  souvent  que  2  batailloas  présents  à 
l'arnjue. 


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OBSERVATIONS.  705 

Cette  manière  de  combattre  est  mise  en  lumière  par  les  rapports 
des  généraux  et  des  chefs  de  corps  ainsi  que  par  les  récits  de  Ten- 
nemi  qui  dépeignent  nos  tirailleurs  comme  extrêmement  redoutables, 
îlflis  cette  ligne  flexible  de  tirailleurs  n'a  point  de  force  par  elle- 
même  ;  elle  ne  peut  vaincre  une  résistance  ' .  La  force  réside  dans  les 
colonnes  qui  elles,  comme  une  massue,  portent  les  coups  et  entraînent 
les  tirailleurs  dans  leur  marche  en  avant. 

Quelle  sera  la  force  des  colonnes  ? 

Le  général  Duhesme  ne  veut  que  de  petits  bataillons  de  8  pelotons 
de  12  à  16  files  au  plus  ;  en  prenant  une  moyenne  de  14  files  par 
peloton,  on  arrive  à  un  front  de  28  files  pour  la  colonne  par  division, 
k  demi-distance  ou  serrée.  Or  ce  front  de  28  files  est  celui  d'une  des 
sections  de  notre  colonne  de  compagnie,  et  les  4  sections  de  la  co- 
lonne de  campagnie  représentent  les  8  pelotons  de  la  colonne  par 
division  de  Tancien  bataillon  d'infanterie.  La  colonne  de  compagnie 
actuelle  est  donc  le  petit  bataillon  en  colonne  des  généraux  Duhesme 
et  Morand.  L'infanterie  ne  se  forme  plus,  il  est  vrai,  que  sur  2  rangs, 
mais  il  est  bien  reconnu  que  le  troisième  rang  n'ajoutait  rien  à  la 
puissance  de  Tinfanterie. 

Tout  ce  qu'ont  dît  les  généraux  Duhesme  et  Morand  pour  les  ba- 
taillons en  colonne,  s'applique  donc  à  la  colonne  de  compagnie  '. 

<  On  forme  une  ligne,  dit  le  général  Morand,  avec  les  éclaireurs 


1.  Les  tendances  actuelles  de  disperser  des  compagnies  entières  en  tirail- 
leurs, de  porter  successiyement  sur  la  ligne  de  combat  tout  un  bataillon  par 
section  et  par  peloton  sans  liens  entre  eux,  amènent  la  ligne  de  combat  à 
n'être  plus  qu'une  réunion  d'hommes  sans  cohésion,  échappant  à  la  direction 
des  chefs  de  tout  grade  et  incapable  de  produire  un  eflbrt.  Si  on  réussit  à 
entrainer  en  avant  cette  masse  d'hommes  sur  s  ou  4  rangs,  dés  qu'elle  aura 
fait  50  pas,  elle  s'égrènera  semblable  à  une  cohue  confuse  qui,  devant  une 
infanterie  calme,  prête  à  servir  son  feu  à  bout  portant,  hésitera  et  tournoiera 
sur  elle-même  pour  se  sauver  dans  un  pôle-môle  général,  laissant  tous  ses 
officiers  sur  le  terrain.  Et  la  retraite?  quelle  déroute  !  Plus  que  jamais  au- 
jourd'hui avec  des  troupes  jeunes  et  sous  un  feu  aussi  intense,  il  faut  do 
l'ordre  et  de  la  discipline.  Il  faut  avant  tout  ne  pas  ouvrir  la  porte  au  dé- 
sordre. Les  portes;  on  ne  les  évitera  pas,  quoique  formation  que  l'on  prenne. 
Pourquoi  avoir  condamné  les  petites  colonnes?  Là  est  le  salut. 

2.  Je  tiens  seulement  à  faire  remarquer  que  ce  bataillon  à  8  pelotons  de 
a  files  comprenait  plus  d'officiers  et  do  sous-offlcicrs  que  notre  colonne  de 
compagnie.  Et  cette  observation  est  capitale,  car  «  les  officiers  et  les  sous-offi- 
*  ciers  qui  sont  en  serre-files,  dit  le  général  Duhosme,  le  contiennent  mieux 
"  quand  il  est  peu  nombreux  que  quand  il  est  trop  étendu,  et  il  ne  peut  pas 
«  leur  échapper  comme  l'autre  ».  La  proportion  d'un  officier  subaltorne  pour 
io  ou  50  hommes  n'est  plus  remplie  aujourd'hui.  Plus  lo  temps  de  service 
est  court ,  plus  les  cadres  doivent  étro  solides  et  nombreux  ;  et  par  une 
fatalité  c'est  généralement  l'inverse  qui  se  produit.  Dans  un  bataillon  de 
960  hommes,  8  pelotons  de  120  hommes,  il  y  avait  autrefois  se  officiers,  tandis 
qu'aujourd'hui  dans  un  bataillon  do  1,000  hommes  il  n'y  a  plus  que  14  offi- 
ciers. 

CAUP'  DR  PRUSSE.  45 


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706  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

et  les  grenadiers  Beulement  et  l'autre  avec  les  colonnes*.  L'nne 
des  lignes,  déployée,  est  flexible,  très-mobile  et  capable  de  pro- 
fiter de  tous  les  accidents,  de  tontes  les  ressources  de  la  localité 
pour  se  fortifier  ;  l'autre  ligne,  se  composant  de  colonnes,  est  tou- 
jours prête  à  résister  à  la  cavalerie  et  à  faire  un  mouvement  qui 
soit  utile.  Si  la  ligne  flexible  est  repoussée,  elle  vient  se  rallier 
dans  les  intervalles  des  colonnes,  ou  se  porte  en  arrière  pour  s'é- 
tablir dans  une  position  que  les  colonnes  dépasseront  ensuite  : 
c'est  ainsi  que  se  feraient  les  retraites'.   La  ligne  déployée  ne  mé- 
nage pas  les  feux,  les  colonnes  n'en  font  usage  qu'autant  qu'elles 
sont  abordées  par  l'ennemi  ;  tandis  que  les  colonnes  se  retirent, 
la  ligne  des  éclaireurs  a  profité,  pour  s'établir,  des  accidents  da 
terrain,  d'un  ravin,  d'une  baie  d'arbres,  de  buissons,  où  elle  at- 
tend en  silence  l'ennemi  et  le  reçoit  à  bonne  portée.  Étonné  de 
cette  résistance,  l'ennemi  bésite  et  fait  ses  dispositions  pour  les 
reconnaître  et  les  vaincre  ;  mais  la  ligne  d'éclaireurs  quitte  sa  po- 
sition et  se  porte  rapidement  en  arrière,  protégée  dans  ce  mon- 
vement  rétrograde  par  l'artillerie  et  les  colonnes.  On  voit  dans 
cette  manœuvre  sur  deux  lignes  que  l'une,  composée  de  masseb 
compactes,  appuyée  par  ses  canons,  est  toujours  prête  à  recevoir 
la  cbarge  ;  que  l'autre,  par  sa  mobilité,  se  plie  au  terrain,  profite 
de  toutes  ses  ressources  pour  accroître  sa  force,  évite  de  s'engager 
et  se  contente  de  barceler  l'ennemi  et  de  ralentir  sa  marche  en  le 
forçant  à  chaque  pas  à  faire  une  reconnaissance  et  des  dispositions 
pour  une  attaque... 

€  Si  cet  ordre  sur  deux  lignes  est  le  meilleur  en  retraite,  il  n'est 
pas  moins  avantageux  pour  l'attaque.  La  ligne  des  éclairears  et 
des  grenadiers,  dont  l'ennemi  ne  peut  estimer  ni  la  profondeur 
ni  la  force,  surtout  si  son  mouvement  est  favorisé  par  un  teiraio 
accidenté  et  couvert,  s'avance,  et  au  moment  de  l'attaque  le«  co- 
lonnes surviennent  qui  s'engagent^  ;  alors  la  première  ligne,  tout 


1.  Les  dclaireurs  sonl  les  tirailleurs  dos  deux  compagnies  de  tête  du  ba- 
taillon; les  grenadiers,  les  soutiens  de  ces  mômes  compagnies;  les  colonne?, 
les  deux  compagnies  de  réserve  du  bataillon  en  colonne  de  compagnie. 

s.  Il  ne  Ciiut  point  que ,  pendant  les  grandes  manœuvres ,  un  faux  poin. 
d'honneur  empêche  de  s'exercer  aux  mouvements  de  retraite,  sous  le  prétexta 
que  c'est  accoutumer  les  troupes  à  la  pensée  do  se  retirer  devant  l'enoemi. 
A  la  guerre  un  des  deux  adversaires  est  obligé  de  céder  le  terrain.  On  peu: 
être  battu  dans  les  premiers  engagements  ;  doit-on  laisser  le  désordre  se  met- 
tre parmi  les  troupes ,  renoncer  pour  jamais  à  los  reformer  et  à  reprendn 
roCTensive?  On  ne  fait  bien  que  ce  que  Ton  a  l'habitude  do  faire  ;  il  but  doDC 
envisager  les  manœuvres  à  faire  pour  se  retirer  du  combat ,  et  y  exercer  Ie> 
troupes. 

3.  Ainsi  la  ligne  des  tirailleurs  ayant  entamé  le  combat  et  s'étant  avancée 
par  bonds  successifs,  poussée  par  l'entrée  en  ligne  des  sections  de  soutien  ^ 


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OBSERVATIONS.  707 

<  en  couvrant  les  flancs  des  bataillons,  s'arrête,  se  reforme,  prend 
«  une  position  telle  qne  si  les  colonnes  étaient  repoussées,  cette 
«  ligne  paisse  faire  une  résistance  suffisante  pour  leur  donner  le 

<  temps  de  faire  halte  et  volte-face.  » 

<  Â  mesure  que  les  lignes  s'aborderont,  dit  aussi  le  général  Du- 
hesoie,  les  tirailleurs  démasqueront  le  front  des  colonnes  serrées 

<  de  la  première  ligne  et  se  resserreront  vis-à-vis  les  créneaux,  où 
ils  entreront  ensuite  en  ligne  sur  un  rang  avec  leur  réserve  qui, 
étant  sur  deux  rangs,  commencera  un  feu  de  file  bien  soutenu, 
mais  dans  lequel  on  recommandera  au  soldat  de  tirer  plutôt  avec 
jostesse  qu'avec  célérité.  Il  est  bien  entendu  que  les  tirailleurs  ne 

'  devront  jamais  cesser  le  feu,  mais  au  contraire  le  redoubler. 

<  Mes  bataillons  une  fois  ébranlés,  et  arrivés  à  portée  de  fusiP, 

•  je  ne  m'arrêterai  que  quand  l'ennemi  aura  tourné  le  dos  ou  que 
^  je  l'aurai  joint,  s'il  ose  m 'attendre....  Mes  bataillons,  en  s'appro- 

chant,  ne  marcheront  plus,  ils  courront*.  Mes  tirailleurs  ne  reste- 

-  rontpas  en  arrière...  C'est  dans  de  tels  moments  que  brillent  avec 

le  plus  grand  éclat  et  le  génie  et  le  courage  de  notre  nation  -, 

c'est  ce  que  nos  ennemis  appellent  cette  furia  franctst  à  laquelle 

<  rien  n'a  jamais  pu  résister,  toutes  les  fois  qu'on  a  su  l'employer 
et  la  soutenir  à  propos  \  Il  est  vrai  que  quelques-uns  de  nos  ba- 
taillons, en  s'élançant  avec  tant  d'impétuosité,  auront  dérangé 

'  leur  ordre,  mais  ils  auront  vaincu  ;  ils  auront  percé  la  ligne  en- 

'  nemie  ;  ils  pourront  se  reformer  et  marcher  sur  le  flanc  de  ce  qui 

tiendrait  encore.  D'ailleurs,  à  supposer  que  quelques-uns  de  mes 

•  premiers  bataillons  soient  repoussés,  ils  seront  soutenus  et  rem- 
«  placés  par  les  bataillons  correspondants  de  la  seconde  ligne  qui, 

<  aossitôt  qu'ils  s'apercevront  du  désordre,  doubleront  le  pas  pour 

•  se  porter  en  avants  Ainsi,  à  la  faveur  de  ce  mouvement,  les 
bataillons  repoussés  se  retireront  en  arrière  et  se  rallieront  pour 

•  se  remettre  ensuite  en  ligne.  » 

Les  colonnes  souffriront  moins  qu'on  ne  peut  le  croire  ;  «  car  c'est 

•  là  l'avantage  des  bataillons  en  masse  contre  la  mousqueterie  ;  il 
'  n'7  a  guère  que  le  premier  rang  qui  souffre  et  il  est  peu  étendu. 
^  Dans  le  bataillon  serré  en  masse,  le  chef  en  est  plus  maître  ;  il  l'a 


nngs  serrés,  est  entraînée  à  Tattaque  par  les  deux  compagnies  de  réserve  du 
bataillon  en  colonne  de  compagnie  qui  s'avancent  vers  les  points  où  l'ennemi 
semble  montrer  le  plus  do  résistance. 

i.  Arrivés  à  150  ou  100  moires  suivant  le  terrain. 

i.  Mais  avec  ordre,  étant  en  petites  colonnes  d'un  front  peu  étendu. 

s.  Même  dons  nos  jours  de  malheur,  qu'on  demande  à  nos  oOiciers  le  parti 
qu'ils  ont  tiré  de  nos  soldats  et  la  crainte  que  ceux-ci  ont  insplrëo  à  l'ennemi 
lorsqu'il  s'est  trouvé  a  portée  de  nos  baïonnettes. 

4.  Toujours  la  proximité  dos  troupes  de  soutien. 


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708  CAMPAGNE   DE    PRUSSE. 

«  davantage  sons  les  yeux  et  dans  la  main  ;  il  en  accélère,  ralentit 

<  et  dirige  la  marche  à  volonté,  ne  craint  rien  pour  ses  flancs.  Il  n'a 

<  donc  qu'un  seul  danger,  c'est  que  le  canon  a  plus  de  prise  ;  mais 
«  on  louvoie,  on  profite  des  mouvements  de  terrain  pour  reprendre 
«  haleine,  et  Ton  passe  les  endroits  les  plus  périlleux  à  la  course;  on 

<  se  déploie  même,  s'il  le  faut,  mais  on  se  remet  en  colonne  serrée 
«  en  approchant.  Remarquez  bien  que ,  dans  mes  instructions .  je 

<  recommande  que  cette  manœuvre  soit  rendue  si  familière  que  le 
c  soldat  la  fasse  à  la  course  et  presque  machinalement  ;  ainsi  on  ne 
€  perdra  pas  de  temps  pour  avancer  quand,  en  arrivant  sur  rennemi. 
«  on  se  formera  en  masse,  parce  que  la  division  de  la  tête,  en  arrière 
«  de  laquelle  on  ploiera  les  autres,  pourra  toujours  marcher;  tout 
«  le  mouvement  se  faisant  à  la  course,  le  bataillon  sera  serré  en 
«  masse  ^.  » 

Les  bataillons  de  réserve  de  première  ligne,  leurs  compagnies 
formées  en  colonne  de  compagnie,  suivent  à  courte  distance*  poar 
soutenir  l'attaque  ou  même  pour  donner  une  impulsion  nouvelle  et 
décisive  si  l'intensité  des  pertes  produit  de  l'hésitation  et  de  l'in- 
certitude dans  la  ligne  de  combat.  Alors  les  colonnes  de  compa- 
gnie des  bataillons  de  réserve  s'intercalent  entre  les  colonnes  de 
compagnie  des  bataillons  de  tête  et  entraînent  toute  la  ligne  en 
avant'. 

«  La  méthode  d'exécuter  toutes  les  manœuvres  avec  des  colonne» 


1.  Je  ne  crois  pas  qu'il  faille  exécuter  beaucoup  de  mouvements  à  lacouifc. 
parce  que  la  course  épuise  les  forces  de  rhomme  et  que  si  tous  demandez 
au  soldat  un  effort  qu*il  soit  incapable  de  produire,  vous  le  découragez,  Mais 
ce  que  je  demande,  c'est  que,  dans  les  manœuvres,  on  exécute  tontes  Iés 
formations,  tous  les  déploiements,  sans  cesser  de  marcher,  par  un  raientis* 
sèment  d'allure  de  la  tôte,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'arrêter  les  honunes  e: 
de  leur  faire  donner  ainsi  un  effort  inutile  qui  les  fatigue  et  les  énerve.  D« 
simples  indications  données  à  voix  basse  ou  par  signes  par  les  officiers  suffi- 
ront dans  la  plupart  des  cas. 

2.  C'est  la  proximité  des  troupes  de  soutien  qui  toujours  assure  la  réussite 
lie  Taltaquo. 

3.  Les  commandants  dos  bataillons  do  réserve  de  première  ligne  délenoi- 
iiont  l'intervaiie  entre  leurs  colonnes  de  compagnie,  suivant  les  obstacles  du 
lorrain,  les  abris  qu'il  peut  présenter  afin  de  dérober  autant  que  possible  les 
petites  colonnes  aux  coups  de  l'artillerie  comme  un  seul  individu,  mais  eu 
tenant  avant  tout  les  colonnes  en  état  d'appuyer  la  ligue  de  combat.  Aiu 
chefs  de  ces  bataillons  à  être  toujours  attentifs,  à  se  porter  eux-mêmes  en 
avant  avec  leurs  adjudants-majors  pour  voir  ce  qui  se  passe,  à  prévoir  le  mo- 
ment où  la  présence  de  leur  bataillon  va  être  nécessaire,  à  le  faire  arriver  a 
l'instant  voulu.  A  eux  de  les  disposer  dans  l'ordre  le  plus  favorable  pour 
marcher  et  se  déployer.  Il  leur  faut,  ainsi  qu'aux  commandants  de  compagnie, 
(le  l'intelligence,  de  l'à-propos  et  do  la  bonne  volonté  pour  comprendre  ei 
exécuter  les  ordres  souvent  confus  qu'ils  reçoivent  au  fort  de  la  latte,  et 
deviner  les  intentions  du  chef  si  les  ordres  viennent  à  manquer,  de  façon  a 
se  tenir  toujours  à  sa  portée. 


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OBSERVATIONS.  709 

«  de  bataillon,  ajoute  le  général  Morand,  est,  je  crois,  dans  Topinion 
«  de  tous  les  officiers  qui  ont  fait  la  guerre  et  qui  ont  étudié  un  peu 

<  plus  que  Tordonnance  ;  Fessai  en  a  été  fedt  au  camp  de  Boulogne  ; 

<  il  a  été,  je  crois,  peu  suivi.  Cependant,  si  cette  méthode  de  ma- 

<  nœuvres  a  donné  à  un  ou  plusieurs  généraux  des  succès  constants 

<  à  la  guerre,  si  au  moins  elle  leur  a  épargné  des  revers,  on  peut 

<  croire  que  ses  avantages  seraient  certains  et  très-grands  si  elle 

*  était  adoptée,  rédigée  et  prescrite,  si  Tarmée  était  organisée  et 

<  exercée  diaprés  ce  principe.  D'ailleurs,  je  le  répète,  ce  n'est  point 

<  une  instruction  nouvelle  ;  il  ne  s'agit  que  de  choisir  dans  Tordon- 

<  nance  actuelle  quelques  règles  et  d'en  rejeter  tout  ce  qui  est  inu- 
'  die,  diffus  et  dangereux.  Toute  mon  opinion  se  réduit  à  ne  consi- 

<  dérer  plusieurs  bataillons  réunis  que  comme  des  individus  '  qui 

<  agissent  tous  de  la  même  manière  en  se  conservant,  dans  tous  les 
«  instants,  dans  l'état  de  consistance  et  d'individualité  qui  fait  leur 

<  force  ;  à  appliquer  toutes  les  manœuvres  au  terrain  et  aux  événe- 
«  ments  de  la  guerre,  de  sorte  que  dans  tous  ses  mouvements,  par 
«  tous  les  ordres  qu'elle  reçoit,  une  troupe  voie  l'ennemi  en  pré- 
'  sence,  de  sorte  qu'après  une  longue  paix  les  officiers  et  les  soldats 

<  aient  l'expérience  et  l'habitude  de  la  guerre,  de  sorte  que  Tins- 

<  truction  d'un  chef  de  bataillon  suffise  à  un  général  et  qu'un  chef 

*  de  bataillon  sache  et  ne  puisse  agir  que  comme  doit  le  faire  un 

<  bon  général. 

«  J'ai  vu  de  bons  généraux,  ignorant  les  manœuvres  des  livres 
'  ou  les  dédaignant,  s'en  passer,  vaincre  et  n'employer  pour  vaincre 
«  que  des  colonnes  de  bataillons.  Pour  mon  compte,  j'ai  expérimenté 
f  pendant  quinze  ans  la  méthode  dont  je  propose  l'adoption,  et  j'ai 
"^  obtenu  un  succès  constant.  D'ailleurs  cette  méthode  est  puisée 

*  dans  l'ordonnance,  toutes  ses  dispositions  sont  connues  ;  je  ne 


1.  Les  colonnes  de  compagnie  doîTent  avoir  leur  guide  au  centre  ;  ce  guide 
sera  le  commandant  de  la  compagnie  se  tenant  devant  lo  centre  de  sa  section 
de  tète,  qu'il  soit  à  cheval  ou  à  pied,  ou,  sMl  8*ëloigne,  le  chef  de  la  section 
de  tête.  Les  colonnes  se  portent,  comme  le  ferait  un  individu,  sur  le  point 
qu'elles  doivent  occuper  par  le  chemin  le  plus  court,  la  subdivision  de  tôte 
se  conformant  à  la  marche  de  son  chef  et  successivement  les  suivantes  à  la 
iQarche  de  la  subdivision  de  tôte.  Trôs-mobiles,  ces  colonnes  se  déplacent  en 
savant,  en  arriére,  à  droite  et  à  gauche,  toigours  en  situation  de  combattre  et 
de  servir  d'appui  aux  tirailleurs  ou  à  d'autres  colonnes. 

De  môme  la  colonne  double  doit  ôtre  conduite  par  le  commandant  du  ba- 
laillon  placé  devant  le  centre  de  la  colonne,  le  commandant  de  chacune  des 
compagnies  de  tôte  se  réglant  sur  le  chef  de  bataillon.  Si  le  chef  de  bataillon 
s'arrête  ou  se  porte  en  avant  pour  observer  avec  son  adjudant-major,  un  des 
capiiaines  de  la  tôte  le  remplace  et  dirige  le  bataillon.  Il  faut,  à  Tinstruction, 
s'exercer  à  conduire  les  colonnes  d'aprôs  ces  principes,  car  il  n'est  plus  temps 
sur  le  champ  de  bataille  de  faire  des  innovations.  On  ne  fait  bien  à  un  moment 
critique  que  ce  que  l'on  a  Thabitade  de  faire  journellement. 


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710  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

«  propose  rien  de  noareau,  je  ne  change  rien,  je  die  seulement  qu'il 
«  faut  réduire  Tordonnance  à  quelques  pages  et  rejeter  tout  ce  qui 
c  est  dangereux  ou  au  moins  inutile,  ne  garder  que  ce  qui  est  appli- 
«  cable  à  la  guerre  * ,  et,  au  lieu  de  fausser  Tesprit  des  officierB  et  de 
«  charger  leur  mémoire  par  une  mauvaise  étude,  faire  en  sorte  qa*ib 
«  n'appliquent  leur  attention  que  sur  ce  qu'il  faut  pour  obtenir  des 
c  succès,  que  sur  ce  qu*il  faut  faire  sur  le  champ  de  bataille  pour 
«  arracher  la  victoire  ou  au  moins  pour  ne  pas  être  défait;  » 

«  Moi,  dit  de  son  côté  le  général  Duhesme,  je  suis  arrivé  à  mon 
«  ordonnance  par  Texpérience  ;  je  ne  Tai  point  inventée,  je  n'en  sui^ 

<  pas  le  créateur  ;  je  l'ai  reçue  des  généraux  que  l'opinion  publique 

<  désigna  de  bonne  heure  comme  de  bons  mtdtres,  je  l'ai  pratiquée 
«  et  je  m'en  suis  toujours  très-bien  trouvé,  soit  qu'il  fallût  marcher 
«  à  l'ennemi,  soit  qu'il  fallût  se  retirer  devant  lui....  Avec  3  ou4ba- 
«  taillons  serrés  en  colonne,  disposés  en  échelons  ou  en  échiquier, 
«  et  précédés  de  bons  tirailleurs,  j'ai  plusieurs  fois  attaqué  et  ren- 

<  versé  des  lignes  autrichiennes  beaucoup  plus  nombreuses,  et  j'ai 

<  particulièrement  fait  cette  remarque  :  c'est  qu'eux-mêmes,  quand 
c  ils  marchaient  en  colonnes  devant  quelques-uns  de  nos  bataillons 
€  qui  étaient  en  position  et  déployés,  ils  les  mettaient  en  déroute 
c  malgré  le  feu  le  plus  vif  ;  mais  si  j'arrivais  à  leur  secours  avec 
«  d'autres  bataillons  en  masse,  ces  Autrichiens  commençaient  à  se 

<  déployer  eux-mêmes,  faisaient  le  feu  de  file  et  se  mettaient  en  dé- 
«  route  à  notre  approche.  » 

La  formation  en  ligne  déployée  comme  moyen  d'attaque  aussi 
bien  pour  les  bataillons  de  la  ligne  de  combat  que  pour  les  ba- 
taillons de  réserve  de  première  ligne,  est  donc  une  formation  à  reje- 
ter absolument  comme  dangereuse. 

«  Qu'on  veuille  m'en  croire,  dit  encore  le  général  Duhesme,  il  e^t 

<  bien  difficile  de  faire  marcher  longtemps  un  régiment  en  bataille  ; 

<  pour  peu  qu'il  y  ait  quelques  obstacles  et  des  difficultés  de  terraiu 
«  et  de  pertes,  les  ailes  tournent,  le  centre  crève,  et  voilà  encore 
«  mon  bataillon  en  déroute  !  Dans  ces  moments  d'action,  lors  même 

<  que  l'ardeur  porte  en  avant  un  bataillon  déployé,  les  braves  se 
c  lancent  en  avant,  les  autres  restent  en  arrière  ;  et  on  perd  tout 
«  alignement*  ;  les  officiers  crient,  d'autres  ont  été  les  premiers  a 


1.  II  n'y  a  rion  à  ajouter  à  ces  demandes  du  général  Morand.  L  ordonnance 
contient  tout  ce  qui  ost  utile  ;  il  faut  savoir  en  faire  usage.  —  Il  fiiut  que 
toutes  los  manœuvres  soient  simples  ;  car  à  la  guerre  les  choses  simples  sodi 
seules  faisables  et  peuvent  seules  réussir. 

2.  Comment  un  bataillon  marchant  en  bataille  sur  deux  rangs  sacs  in\eT- 


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^^Wr?' 


OBSERVATIONS.  îll 

*  deyancer  la  ligne  avec  une  partie  de  leur  peloton,  et  Ton  arrive 

<  tellement  en  désordre  que,  si  Tennemi  tenait  ferme ,  on  ne  pourrait 

<  faire  aucun  effort  * .  » 


valles  pourra-t-il  entraÎDer  à  l'attaque  une  ligne  de  tirai  1  leurs  sut  2,  â  ou  4 
rangs?  Le  l)atailloD  en  bataille  se  fondra  avec  la  ligne  d&  tiruillùara  sans? 
pouvoir  la  traverser  ni  la  pousser  en  avant.  Une  colonne  de  compagnie  réussira 
au  contraire  par  sa  masse  à  entraîner  avec  elle  les  tirailleurs  qui^  d'eux- 
mêmes,  s'écarteront  lorsqu'ils  seront  joints  par  la  tôle  de  la  colonne. 

1.  Notez  encore  que  la  distance  à  parcourir  dans  le  donner  bond  pour 
atteindre  Tennemi  à  la  baïonnette  doit  être  aussi  courte  qutà  possible 
et  ne  peut  pas  dépasser  lOO  à  150  mètres;  beaucoup  d'Iiomines  sont  déjà 
épuisés  par  la  lutte  et  le  poids  qu'ils  portent,  et  ne  pourraic^nt  pas  fournir  uqq 
marche  plus  longue;  encore  faut-il  que  Tallure  ne  soit  pas  Trop  accélérée, 
que  Ton  se  règle  sur  les  plus  faibles,  afin  que  toute  la  ligne*  Liriiillaurs  ei  eo^ 
lonnes,  arrive  ensemble  et  produise  un  effort  décisif.  Dés  que  l'on  fait  &u  pas 
à  une  allure  un  peu  accélérée,  pas  de  course,  on  sent  déjà  l'égrfjuemetii;  que 
sera-ce  s'il  faut  parcourir  200  mètres?  Aux  oflBciers  donc  de  régler  l'allore 
dans  toutes  les  circonstances,  à  l'instruction  comme  sur  la  cha/ap  de  haLmllOj 
en  se  mettant  à  pied  à  la  tète  de  leur  troupe,  colonn<ïs  do  rompagnie  et 
tirailleurs. 

Un  capitaine  à  pied  ne  peut  pas,  au  milieu  du  bruit  du  combat,  commander 
et  diriger  une  compagnie  de  250  hommes  en  ligne  déployée,  qui  occupe  un 
front  de  loe  mètres  environ.  Cette  tâche  est  au-dessus  des  TurcHS  d'un  homme. 
Il  n'est  donc  plus  le  maître  de  sa  troupe;  sa  compagnie  lui  échappts.  Il  u'ea 
est  pas  de  môme  si  les  4  sections  sont  en  colonne  l'une  (ierriére  fanlre  i  un 
homme  peut  commander  et  diriger  à  pied  une  colonne  de  25  mètres  de  front. 


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L'ËMPBBEUB  est  né  eu  1769  ;  il  avait  37  ans. 

Les  maréchaux  Lannes,  Soult  et  Ney  étaient  nés  aussi  en  1769  ; 
le  graDd-duc  de  Berg  en  1771  ;  le  maréchal  Davout  en  1770  ;  les 
maréchaux  Mortier  et  Bessières  en  1768  ;  le  maréchal  Bemadotte  en 
1764  ;  le  maréchal  Augerean  en  1757  ;  le  maréchal  Lefebvre  en 
1755;  le  maréchal  Berthier  en  1753,  il  avait  53  ans. 

Les  généraux  Dupont  et  Drouet  étaient  nés  en  1765  ;  le  général 
Rivaud  en  1766  ;  le  général  Eblé  en  1758;  le  général  Werlé  en  1763  ; 
le  général  Pacthod  en  1764  ;  le  général  Maison  en  1770. 

Le  général  Priant  en  1758  ;  le  général  Gudin  en  1768;  le  général 
Morand  en  1770  ;  le  général  Petit  en  1763  ;  le  général  d'Honnières 
en  1764  ;  le  général  Lochet  en  1767. 

Les  généraux  Legrand  et  Levai  en  1762  ;  le  général  Saint-Hilaire 
en  1766  ;  le  général  La  Riboisière  en  1759  ;  le  général  Compans  en 

1769. 

Le  général  Victor  en  1766  ;  le  général  Gazan  en  1765  ;  le  général 
Sachet  en  1772  ;  les  généraux  Vedelet  Campana  en  1771  ;  le  général 
Oraindorge  en  1772  ;  le  général  Claparède  en  1774  ;  le  général  Reille 
en  1775. 

Le  général  Gardanne  en  1760  ;  le  général  Marchand  en  1765  ;  le 
général  Vandamme  en  1771  ;  le  général  Roguet  en  1770. 

Le  général  Desjardins  en  1759  ;  le  général  Heudelet  en  1770  ;  le 
général  Sénarmont  en  1769. 

Le  général  d'Hautpoul  en  1754  ;  le  général  Sahuc  en  1755  ;  le 
général  Klein  en  1761  ;  le  général  Beaumont  en  1763  ;  le  général 
Gronchy  en  1766  ;  le  général  Nansouty  en  1768;  le  général  Belliard 
en  1769  ;  le  général  Beker  en  1770. 

Le  général  Boussart  en  1758  ;  les  généraux  Viallannes,  Walther, 
Fénérolz,  Saint- Germain ,  Saint-Sulpice  en  1761;  les  généraux 
Treillard  et  Marisy  en  1764  ;  le  général  Margaron  en  1765  ;  le  gé- 
néral Milhaud  en  1766  ;  le  général  Guyot  en  1767  ;  les  généraux 
Latour-Mabourg  et  Lahoussaye  en  1768  ;  les  généraux  Marulaz  et 


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714  CAMPAGNE    DE    PRUSSE.  j 

Dahlmann  en  1769  ;  les  généraux  Wattier  et  Montbnm  en  1770;  les 
généraux  Durosnel  et  Defrance  en  1771  ;  le  général  Bruyères  en 
1772  ;  les  généraux  Lefebvre-Desnoëttes  et  Clément  en  1773;  le  gé- 
néral Lafialle  en  1775;  le  général  Laferrière  en   1776  ;  le  géoéraJ  | 
Colbertenl777. 

Les  généraux  Chasseloup  et  Chambarlhîac  en  1754  ;  les  généraux 
Songis  et  Andréossj  en  1761  ;  le  général  Kirgener  en  1766. 

Le  général  Lauriston  en  1768  ;  le  général  Mouton  en  1770;  les 
généraux  Rapp,  Duroc  et  Corbineau  en  1772  ;  le  général  Bertiaiid 
en  1773  ;  le  général  Savary  en  1774  ;  le  général  Lemaroû  en  1776. 

M.  Villemanzy  en  1751  ;  M.  Daru  en  1767. 


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NOTE   SUE  LES   CARTES. 


Les  cartes  se  composent  : 

1"  D'une  carte  générale  des  opérations  tin'e  de  l'atEas  portatif  du 
général  Jomini  pour  servir  à  l'intelligence  de.s  gu terres  d<i  Napoléon* 

—  Cette  carte  est  la  seule  qui  remplissait  m  un  but  :  avoir  une  cïirte 
antérieure  aux  chemins  de  fer  et  suffisamunjiit  ('tt'iidue  pour  que  Ton 
ait  sous  les  yeux  l'ensemble  du  théâtre  d^a  opênitioDs  \ 

2'  D'un  croquis  pour  les  opérations  de  Tanniic  du  8  au  14  octobre, 

—  Destiné  à  compléter  la  carte  générale,  te  crotjui?^  ne  toiitiont  que 
les  noms  des  localités  citées  dans  l'onvrago  ^  :  aush;,  bien  4 ut;  les 
écritures  ne  soient  pas  très  nettes,  est-il  impD^sible  de  eonfondre  les 
noms  entre  eux.  Pour  les  formes  générales  du  torraiu,  vallécïiT  ou- 
trefortfl  des  montagnes,  se  reporter  à  la  carte,  qui  donne  uue  idée  du 
relief.  Des  cotes  d'altitude  exprimées  en  metrea  out  été  pkcdes  sur 
1^  parcours  des  routes  pour  que  l'on  puisse  se  ri'udre  tompte  de* 
•lifficultés  du  débouché  ; 

3"  D'un  croquis  sommaire  du  combat  de  Ê^ublcîâs  \ 

4°  D'un  croquis  sommaire  du  combat  de  Siialfeld  ; 

5*  D'un  plan  de  la  bataille  d'Iéna  reproiïuit  d'après  un  cuivre 
gravé  au  Dépôt  de  la  guerre  sous  la  direction  dn  gi!'iiural  Pelet,  et 
qui  existe  au  Dépôt  général  de  l'armée. 


ï»  J'ai  omis  do  placer  sur  le  croquis  les  villages  Ac  S;iirU-Gii[iij[lun;  ilerrnsdùif 
•îl  Rodigast,  que  je  cite  page  609,  note  1.  —  Sat]U-Giitii:totT  o?L  a  micliemiii 
<JcGeraà  Roda;  Rodigast  à  mi-cliemin  do  Klo^^lcrkuiîuilz  a  Il-iio,  au  coude 
nord  de  la  roulo  ;  Hermsdorf  sur  le  chemin  transversal  qui  lolic  li^s  deux  rouies 
«eCéra  àléna,  par  Roda  et  par  Kôstritz. 


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TABLE  ANALYTIQUE 


;VlDESDE  CAMP  ET  OFFICIERS  d'ORDONMATICE  DE  l'EnFEBEQU.    —  Alées  dû 

camp  des  commandants  d'armée;  missions;  iDspcciioTis,  G6,  tlO, 
ttS,  182.  —  Ordres  transmis  par  les  aides  de  camp  et  les  oQiciers 
d'ordonnance  de  r£mpereur,  578.  —  Missions  sur  le  champ  de  ba- 
taille, 649.  —  V.  Missions. 
Ambclamces.  —  Composition  des  ambulances  des  coips  de  troupoâ  et  des 
divisions,  23.  —  Ambulances  de  la  Garde,  38,  383.  —  Ordre  de  com- 
pléter les  ambulances,  50.  —  Répartition  des  caissons  de  l'armée 
affectés  aux  ambulances,  138  à  140.  —  Répartition  au  4»  corps  des 
caissons  d'ambulance,  153,  154.  —  Le  maréchal  Soult  demando  une 
augmentation  de  caissons  pour  le  transport  des  ainbulanoes,  137.  ^ 
Ambulances  du  3*  corps  pendant  la  bataille  du  U^  684,  635. 

AppaovisioifNEMEHTS.  —  Approvisiounemeuts  pour  la  réunion  de  Tarméc, 
approvisionnements  des  points  d'appui  (de  siège,  de  j>ré voyance), 
201,  282,  283.  —  Approvisionnements  à  Kronach  ])Our  retard  au  dé- 
bouché, 239,  240,  281,  282.  —  Approvisionnements  pour  los  consom- 
mations journalières,  277,  278.  —  V.  Places  forUs^  Poénls  d'appui, 
Subsistances. 

Abm&k  bavaroise.  —  Instructions  de  l'Empereur  pour  la  fonnatioEi  de 
l'armée  bavaroise,  45,  46.  —  Plaintes  du  maréchaJ  Bernadatle  au 
sujet  du  commandement  des  Bavarois,  93.  —  Dllllculttis  pour  la  for- 
mation des  troupes  bavaroises,  105,  106.  —  L'Empereur  se  rôserv'^e 
le  commandement  des  Bavarois,  173.  —  Mauvais  ùuit  de  la  chaussure 
de  la  division  bavaroise;  embarras  pour  les  subsistances,  339.  — 
Ordre  au  prince  Jérôme  de  prendre  le  commandeuienl  do  in  division 
bavaroise,  401,  402.  —  Situation  de  la  division  bavnroÎ6<=  nu  9  octobre, 
451,  452.  —  Ordres  du  prince  Jérôme  aux  troupes  bavaroises,  Î87, 
488.  —  Ordre  au  prince  Jérôme  de  se  rendre  de  su  personni?  nuprês 
de  l'Empereur,  572.  —  Composition  de  la  division  havanîiiïe  du  gêné» 
rai  Mezanelli  ;  sa  marche  de  Gulmbach  à  Schlek,  mi,  698. 

Abmék  d'Italie.  —  Instructions  de  l'Empereur  au  Vicp-Hoi  pour  la  dé- 
fense de  l'Italie,  61  à  66. 

'^RMÉK  DU  Nord.  —  Réunion  des  troupes  françaises  et  liollandaiaes  q 
Ulrecht  et  à  Nimègue,  47,  48.  —  Ordres  pour  la  rouniou  de  rerméi' 
du  Nord  à  Wesel,  74,  75.  —  Instructions  pour  le  cuoiinaiidant  de  Tar- 


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718  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

mée  du  Nord,  103,  104,  177,  215,  216,  217  à  219.  —Organisation  u. 
l'avant-garde  de  l'armée  du  Nord,  123  à  125. 

I  Arméb  prussiennb.  —  Situation  de  l'armée  prussienne,  611  à  613. 

Armée  de  réserve.  —  Troupes  disponibles  pour  la  défense  de  TEmpire. 
208  à  212.  —  Instruction  pour  le  maréchal  Kellermann,  commandant 
l'armée  de  réserve,  212  à  214.  — Formation  des  troupes  d'inranierie. 
— '911.214  —  Formation  des  troupes  de  cavalerie,  263,  264. 

Artillerie.  —  Ordre  au  grand  parc  d'artillerie  de  se  tenir  prêt  à 
marcher,  55^  —  Ordre  pour  l'organisation  de  l'artillerie  du  8«  corps, 
94.  —  Répartition  des  ouvriers  d*artillerie  dans  les  corps  d'armée, 
98,  99.  —  Situation  du  grand  parc  au  24  septembre  ;  besoins  en  per- 
sonnel et  en  attelages,  150.  —  Artillerie  attachée  à  la  Garde,  1^, 
243,  292,  663.  —  Nécessité  d'un  général  d'artillerie  àMayence,  167.  — 
Ordre  aux  bataillons  du  train  d'acheter  des  chevaux,  185,  203.  — 
Parc  d'artillerie  du  3*  corps,  sa  garde,  196.  —  Organisation  du  granu 
parc  d'artillerie  de  l'armée  de  façon  qu'il  n'ait  pas  plus  de  400  voi- 
tures au  parc  mobile  ;  formation  des  dépôts  ;  devoirs  du  généraj 
commandant  l'artillerie  de  l'armée,  203  à  205.  —  Organisatioti  du 
parc  des  corps  d'armée,  205.  —  Roule  suivie  par  le  grand  parc  pour 
se  rendre  d'UIm  à  Wûrzburg,  242,  243.  —  Approvisionnement  du  4' 
corps  en  munitions  d'infanterie  et  d'artillerie,  258.  —  Situation  du 
parc  général  de  l'armée  à  la  date  du  3  octobre,  289  à  292.  —  Marcb» 
du  grand  parc  d'artillerie,  332.  —  Approvisionnements  du  3«  corp> 
en  munitions  d'infanterie,  336.  —  Parc  d'artillerie  du  corps  de  Tr- 
serve  de  cavalerie,  421  ;  du  7«  corps,  422.  —  Situation  et  marche  du 
grand  parc  d'artillerie,  452,  453.  —  Remplacement  des  munitions  du 
5«  corps  par  le  grand  parc,  456,  496  à  498.  —  Parc  d'artillerie  du  4< 
rps,  sa  garde,  486.  —  Évacuation  de  l'artillerie  prise  sur  l'enuemi, 
496,  498.  —  Fonds  à  la  disposition  de  l'artillerie  à  Mayence,  544,  54d. 
—  Grande  batterie  du  centre  à  léna,  625,  663,  664.  —  Action  de  l'ar- 
tillerie sur  le  champ  de  bataille,  iSô,  642,  643,  6G3.  —  Artillerie  à 
cheval  avec  la  cavalerie,  664.  —  Consommation  des  munitions  :  com- 
bat de  Saalfeld,  497;  bataille  du  14,  636,  642,  650,  651,  691  à  693. 

Avant-garde.  —  Avant-garde  du  7«  corps,  '296,  297,  368,  369.  —  Avani- 
garde  du  6«  corps,  311.  —  Avant-garde  du  4«  corps,  380.  —  Poursuite 
sur  le  champ  de  bataille,  439.  —  Avant-garde,  555  à  559.  —  Choix 
d'un  général  commandant  un  corps  d'armée  d'avant-garde,  584;  se> 
devoirs,  587.  —  Inconvénient  d'avoir  de  l'infanterie  à  l'avant-garde. 
674. 

AvAMT-posTBs.  —  Dispositious  pour  le  service  de  l'infanterie  du  $•  corps 
aux  avant-postes,  340  à  342.  —  Proportions  des  troupes  employée.-" 
au  service  des  avant-postes,  350.  —  Avant-postes,  561.  —  Postes  dé- 
tachés en  avant  des  avant-postes,  595. 

Bivouacs.  —  Installation  des  troupes  dans  leurs  bivouacs  ;  réquisitions, 
380,  381.  —  Bivouac  des  divisions  en  bataillon  carré,  400.  —  Bivousc 
la  veille  de  la  bataille,  616.  —  V.  Cantonnements. 

Boulangers.  —  Boulangers  de  la  Garde,  37,  38,  88. 
Cantonnements.  —  Ordre  au  maréchal  Lefobvre  de  cantonner  ses  irou- 


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TABLE    ANALYTIQUE.  719 

pes,  267.  —  Cantonnements  resserrés,  350.  —  Les  cantonnements 
sont  préférables  au  bivouac,  351.  —  Cantonnements  dts  marche  et 
bivouacs,  561  à  563. 

Capotes.  —  Ordre  de  s'en  procurer,  85,  86.  —  Ordre  d'en  faire  confec- 
tionner, 127.  —  Impossibilité  d'en  faire  confectionner,  2G[, 

CivALERiB.  —  Répartition  des  troupes  à  cheval  dans  les  corps  ct'armi^e, 
99.  —  Officiers  généraux  de  cavalerie,  99.  —  Relèvement  des  régi* 
ments  de  cavalerie  légère  de  la  masse  de  cavalerie  pondant  lo  cou- 
rant de  la  campagne,  99.  —  Force  des  troupes  à  cheval  â  Ja  Grande 
Armée,  136.  —  Détachements  d'hommes  à  pied  destinés  à  compléter 
les  escadrons  de  guerre,  137.  —  Position  de  la  cavalerie  pour  cou- 
vrir le  rassemblement  de  l'armée;  ne  pas  fatiguer  inutilement  la  ca- 
valerie, la  tenir  réunie,  170,  171,  206,  278,  279.  —  Répartition  dû  la 
cavalerie  du  3«  corps;  détachement  d'escorte  du  Mariclml^  des  gé- 
néraux de  division  et  de  brigade  ;  piquet  à  la  disposition  du  chef 
d'étal-major,  196,  197.  —  Organisation  des  dépôts  de  traupi  s  à  cho- 
yai; former  une  bonne  cavalerie,  263,  264.  —  Petits  déiJùLs  des  trou- 
pes à  cheval,  270,  271.  —  Distance  à  laquelle  on  doit  pousser  les  pos- 
tes de  cavalerie  pour  la  sûreté  des  troupes  dans  les  cantonnemenis 
de  rassemblement  et  de  marche,  285.  —  Détachements  de  cavalerie 
rejoignant  l'armée,  293,  294.  —  Reconnaissances  journalières,  décou- 
vertes, 305,  338.  —  Détachements  de  cavalerie  pour  couvrir  les  trou- 
pes au  rassemblement,  309.  —  Instructions  du  Commandant  de  l'ar- 
mée au  commandant  de  la  cavalerie,  320.  —  Service  de  la  cavalerie 
pendant  les  marches  de  flanc,  327.  —  Reconnaissance  de  la  masse 
de  cavalerie  au  commencement  des  hostilités;  officii^cs  d'ètat-major 
détachés  avec  la  cavalerie  d'avant-garde,  364.  —  Postas  de  corres- 
pondance, 367,  400,  429.  —  Combat  de  cavalerie,  Schleiz,  435.  439,  44!l. 
—  Cavalerie  chargée  de  la  communication  entre  les  colon  ries  d*ariiiéi\ 
442  à  444,  446,  448,  484,  485.  —  Avant-garde  du  4^  corps,  i 45.  —  Nêl 
cessité  de  tenir  la  cavalerie  réunie,  456.  —  Fatigue  \ïk*s  troupes  à 
cheval  de  l'avant-garde,  480.  —  Réquisitions  de  subsistanees  par  les 
partis  de  cavalerie,  481,  593.  —  Divisions  de  cavalerie  détachées 
avec  les  colonnes  d'armée,  515.  —  Reconnaissance  envoyiye  par  \b 
maréchal  Lannes  sur  léna,  528.  •—  Reconnaissance  de  l'ennemi  â 
coups  de  sabre  par  la  cavalerie  de  l'avant-garde  pour  Taire  iI&h  pri- 
sonniers, 529,  674.  —  Partis  envoyés  sur  Leipzig,  534  à  à'SS,  548,  5y7 
598,  600,  601.  —  La  cavalerie  au  rassemblement  de  l'armèo  i^t  dans  la 
marche  en  avant,  547  à  549.  —  Avant-garde,  555,  556.  —  Graud'lmlte, 
559.  —  Maréchaux-ferrants,  581.  —  Reconnaissance  do  la  cavalerie 
du  3«  corps,  592  à  594.  —  Partis  en  avant  de  l'armée,  597  u  ji!>9,  -^ 
Manque  d'officiers  dans  les  régiments,  598.  —  Ordonnances  de  cava- 
lerie à  la  disposition  des  généraux  d'infanterie,  605.  —  LïéiachiMiients 
de  cavalerie  pour  protéger  la  rentrée  des  réquisitions.  G06.  —  Faire 
rentrer  toutes  les  ordonnances  de  cavalerie  à  leur  corps  pour  la  ba- 
taille, 607,  608.  —  La  cavalerie  sur  le  champ  debatailit^,  023,  (j;;9, 63*i 
638,  640,  647  à  649.  651,  653  à  656,  666  à  668,  681,  683.  —  Le  comman- 
dant de  la  cavalerie  à  la  Un  de  la  bataille,  667. 

^'HaNQEMBNT  de  DIRBCTtON  DE  L'aRMÉE,  515,  516. 

Chiffre,  67,  79,  220. 


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720  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Combat.  >-  Dispositions  pour  le  combat  de  Schleiz,  434,  435,  523.  -  Diâ- 
positions  pour  le  combat  de  Saalfeld,  466  à  474,  524.  —  Combat  de 
Winzerla,  529.  —  Combat  d'Iéna,  587.  —  Accumulations  des  troupes 
pendant  le  combat,  633.  —  Le  corps  d*armée  sur  le  champ  de  ba- 
taille, 700  à  703.  —  La  division  sur  le  champ  de  bataille,  703,  70i.- 
La  ligne  de  combat  et  les  réserves  de  première  ligne,  704  à  7U. 

Commandant  db  larmes.  —  Place  du  Commandant  de  l'armée  pendant 
la  marche  en  avant,  546.  —  Activité  du  Commandant  de  Tannée  la 
veille  de  la  bataille,  586.  —  Reconnaissance  de  l'armée  ennemie,  587, 
588.  —  Le  Commandant  de  Tarmée  sur  le  champ  de  bataille,  618.  — 
Dispositions  de  Tordre  de  bataille,  622,  623.  —  Direction  de  la  ba- 
taille ;  corps  d* armée  chargé  de  la  direction,  623,  624.  —  Forces  doni 
l'Empereur  disposait  sur  le  champ  d'opérations  et  sur  le  champ  de 
bataille,  670  à  672. 

Commandement.  —  Droit  au  commandement,  IIO,  182,  686.  —  Estime  des 
généraux  pour  les  troupes,  328. 

Commissaires  des  guerres.  —  Devoirs  pour  l'installation  des  troupes. 
381.  —  V.  Réquisitions,  Subsistances. 

Communications,  V.  Ligne  d'opérations,  Route  de  V armée. 

Composition  des  troupes.  —  Proportion  des  conscrits  dans  les  cor^a, 
334,  690. 

Concentration  des  troupes  pour  la  bataille,  579,  etc. 

Concentrer  l'armâe,  216. 

Confédération  du  Rhin.  —  V.  Troupes  de  la  Confédération  du  Rhin. 

Conscription.  —  Levée  de  la  conscription  de  1806,9.  —  Appel  de  la  ri- 
serve  de  la  conscription  de  1806,  120,  121,  168. 

Constructeurs  de  fours,  268,  269,  281,  282,  385. 

Convois.  —  V.  Équipages,  Subsistances. 

Corps  d'observation.  —  Instruction  pour  le  commandant  d'un  con« 
d'observation,  217  à  220.  —  Formation  du  8«  corps  de  la  Grande  Ar- 
mée, corps  d'observation  de  la  France,  234,235.  —  Instructions  pour 
le  maréchal  Mortier,  236,  237.  —  Commandement  d'un  corps  d'obser- 
vation, 237.  —  Composition  du  8«  corps  à  la  date  du  10  octobre,  48^ 
489.  —  Le  quartier  général  du  8«  corps  à  Francfort  le  13,  699. 


Défense  générale  de  l'Empire.  —  Instruction  pour  la  défense  générale 
de  l'Empire,  208  à  211. 

Dépôts.  —  Inspections  des  dépôts,  165,  166.  —  Dépôts  sur  le  Rhin  et 
dans  l'intérieur,  208,  211,  212.  —  Petits  dépôu  de  campagne,  231  - 
Organisation  des  petits  dépôts  par  corps  d'armée  dans  les  place? 
fortes  ;  commandement,  270  à  272.  —  V.  Armée  de  réserve. 

Derrières  de  l'armée.  —  Dépôts  de  première  ligne,  271.  —  Précaution> 
à  prendre  par  les  colonnes  d'aile  pour  leurs  derri^re^,  237,  327.  - 
Précautions  à  prendre  pour  les  communications  de  l'armée,  3 15.  — ^. 
Ligne  d'opérations.  Places  fortes,  Points  d'appui,  Route  de  formée. 


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TABLE    ANALYTIQUE. 


721 


OÉsiRTEcits.  -—  Désertion  dans   l'armée  prussienne,    153,  t9t),  530,  53^, 
533,  684.  —  Direction  à  donner  aux  déserteurs,  15G. 

OisciPLiKB.  —  Maintien  de  la  discipline,  353,  354. 

DlSPOSlTlOHS  A  PRENDRE  POUR  COMBATTRE,  180,  623,  6Î7,  6t9.  652,  678,  700 
à71l. 

DiSTRIBDTIOllS,  260,  261. 

OiueoNS  A  PIED.  —  Formation  et  composition  des  baUi lions  do  dragons 
à  pied,  41,  42. 


Equipages  DE  l'Empereur,  25. 

Équipages  de  powt.  —  Projet  d'organisation  de  loquipage  de  pont, 
97, 98.  —  Répartition  des  pontonniers  de  la  Grande  Armée,  98,  99.  — 
Pontons  à  diriger  en  toute  diligence  de  Slrdsbourg  snr  Batuberg^ 
184,  185.  —  Équipage  de  pont  du  3«  corps,  l§7.  198.  —  Orgaiii^fsntion 
de  l'équipage  de  pont  de  l'armée,  202.  —  Pontïî  sur  le  Mayn,  3i6.  — 
Pontonniers  à  Tavant-garde,  365. 

Équipages  militaires.  —  Équipages  de  la  compagnie  Breidt,  19,  ^0, 
107  à  109,  126,  127.  —  Équipages  de  réquisition,  2t,  22.  --  Équipages 
des  corps  de  troupes,  22,  23,  2i.  —  Équipages  à  la  disposillon  du 
quartier  général,  23.  —  Équipages  de  la  Garde,  37,  383.  -^  Héparti- 
lion  des  équipages  de  la  Grande  Armée,  138  k  140,  161.  —  Ordre 
pour  les  équipages  du  4*^ corps;  place  dans  les  marcihois  ;  garde, 
'2*27  à  230.  —  Équipages  de  réquisition  pour  le  transport  éventutl 
des  subsistances  destinées  à  subvenir  en  cas  ûe  r(?iard  au  dùbouchô, 
278,  352.  —  Ordre  pour  la  marche  des  équîi>ages  du  !*»■  corps,  374. 
—  Ordre  pour  la  marche  des  équipages  du  quartier  général  de  l'ar- 
mée, 391,  392.  —  Équipages  à  renvoyer  dans  les  dèp6Ls,  48'>,  487.  ~ 
Revue  des  équipages  pour  réformer  les  voilures  inuliles,  60G.  —  %> 
Subsistances,  Vaguemestre. 

EspioKHACB.  V.  Renseignements. 

Ëtat-major.  —  Indemnité  des  chefs  d'état-major  des  corps  d'armée,  fraia 
de  bureau,  18,  19,  146.  —  Aides  de  camp  eL  oUiciers  d'éLat-major  ; 
leur  nombre,  56  à  59,  276,  277,  325.  —  Choix  d'un  chef  dï^tat- major, 
77,  134,  366.  —  Officiers  chargés  des  déserteurs  et  das  prisonniers  d© 
guerre  au  grand  quartier  général,  234;  à  l'étal- major  des  corps  d'ar- 
mée, l.')6,  234.  —  Adjudant-commandant  chargé  du  tiervice  des 
reconnaissances  à  Tétat-major  des  corps  d'armée,  !Gi.  —  Officiera  de 
fétat-major  de  l'armée  auprès  des  commandanlâ  de  corps  d'arrnéo  et 
des  états-majors  de  corps  d'armée  auprès  du  Commandant  de  l'armée, 
176  à  178,  219,  235,  329.  —  Officiers  d'étet-major  chargés  do  la  con- 
duite de  détachements,  181.  —  États  de  situation,  étals  de  cantonne^ 
ments,  192.  —  Journaux  d'opérations,  192  h  lîïi,  :118,  313.  —  Fonds 
pour  les  dépenses  secrètes,  195,  245,  247,  25:i.  —  Officiers  d'état-ma- 
jor détachés  dans  les  places  fortes,  212,  213,  311.  —  Bureau  d'élat- 
major,  214,  315.  —  Correspondance  journalière  il(.'s  commandants  do 
corps  d'armée  avec  le  chef  d'élat-major  de  rarmét%  235,  329,  377.  — 
Officiers  connaissant  le  théâtre  des  opérations,  239,  —  Tache  écra- 
sante du  major  général  de  l'armée,  242.  —  Survice  personnel  des 


CAMP.   DB   PRU88K. 


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J 


722  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

aides  de  camp»  263.  —  Reconnaissances  des  officiers  d'étal-maj^-r 
protégées  pur  la  cavalerie,  279.  —  Officiers  d'état-m«gor  chargés  «le 
l'interrogaloire  des  voyageurs,  279.  —  Grade  des  chefs  d'éial-major 
des  divisions,  280.  —  Officiers  d'état-major  aux  postes  extrêmes  de 
cavalerie,  283,  284.  —  Plantons  et  estafettes  dans  les  élats-majûr> 
pour  l'expédition  des  ordres,  298,  461.  —  Nécessité  pour  les  com- 
mandants de  corps  d'armée  de  correspondre  fréquemment  avec  1- 
Commandant  de  l'armée,  317,  399.  —  Rédaction  et  expédition  des 
ordres  de  mouvement  par  le  chef  d'état-major  de  l'armée,  318, 319, 
490.  —  Service  des  officiers  de  l'état-major  du  génie  pendant  les 
marches,  339.  —  Officiers  de  Tétat-migor  des  corps  d'armée  cbar^'éâ 
de  désigner  l'emplacement  des  divisions,  3i8.  —  Officiers  des  ét&hr 
majors  de  division  envoyés  chaque  jour  à  l'état-major  du  corps  d'ar- 
mée, 354.  —  Officiers  d'état-major  détachés  avec  la  cavalerie  da- 
vant-garde,  364.  —  Correspondance  entre  la  cavalerie  d'avani-garde 
et  le  Commandant  de  l'armée,  365.  — Postes  de  correspondance,  367, 
400,  429.  —  Sous-officiers  d'ordonnance  envoyés  par  les  divisions  de 
cavalerie  à  l'état-major  de  la  réserve  de  cavalerie,  370,  599,  600.  - 
Ordre  de  service  pour  les  officiers  d'état-major  de  la  réserve  de  cd- 
valerie,  371.  —  Enregistrement  de  la  correspondance  a  l'état-major 
de  la  réserve  de  cavalerie,  371.  —  Guides  et  voitures  réquisitionnés 
pour  le  service  des  états-majors,  375,  376.  —  Officiers  d'étal-raajor 
chargés  de  reconnaître  la  position  pour  l'installation  des  troupes, 
381.  —  Remise  des  ordres  ou  rapports  importants,  400,  401,  429. 
460.  —  Difficulté  de  se  procurer  des  cartes,  404.  —  Règles  de  cor- 
respondance, 407.  —  Onicicrs  d'état-major  en  tournée  à  la  cava- 
lerie d'avant-garde,  431,  432,  434.  —  Ordres  donnés  par  les  généraux 
aux  chefs  d'état-major,  474.  —  Comptes  rendus  verbaux  pendani 
l'exécution  des  opérations,  492.  —  Temps  nécessaire  pour  l'exèiu- 
tion  des  ordres  de  mouvement,  496.  —  Comptes  rendus  directs  fait? 
par  des  officiers  en  mission,  500.  —  Officiers  envoyés  pour  prévenir 
de  l'arrivée  des  troupes,  505.  —  Transmission  d'ordres  urgents,  5S5. 
—  Guides  pour  conduire  les  colonnes,  605.  —  Rapport  de  la  U- 
taille,  états  de  pertes,  actions  d'éclat,  644. 

ËvACCATiOMS,  180,  353,  684. 


Flancs.  —  Couvrir  ses  flancs  pendant  le  combat,  688. 

Fonds.  —  Fonds  à  mettre  à  la  disposition  des  Commandants  d'armée  ^: 
des  gouverneurs  de  places  fortes  pour  les  besoins  extraordinaire^, 
355,  514,  545.  —  Convoi  de  fonds  à  organiser  à  Mayence,  392, 393. 

FoBMATiows.  V.  Dispositions  à  prendre  pour  combattre. 

Forges  db  campagne,  24,  25,  54. 


Garde  impériale.  —  Composition  de  la  garde  impériale,  88, 331. 

Gardes  nationales.  —  Projet  d'organisation  des  gardes  nationales  dan.> 
les  5«  et  26«  divisions  militaires,  53.  —  Ordre  au  maréchal  Keller- 
mann  de  réunir  à  Strasbourg  et  à  Mayence  les  grenadiers  et  chas- 
seurs des  gardes  nationales,  91.  —  Organisation  des  gardes  nationa- 
les des  5«  et  26«  divisions  militaires,  135,  136.  —  Otmies  nationales 


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TABLE    ANALYTIQUE.  723 

pour  la  défense  de  l'Empire,  208  à  211.  —  Habillement,  vivres  des 
gardes  nationales,  215. 

Gesdarmerie.  —  Police  sur  les  derrières  des  corps  d'armée,  82.  —  Po- 
lice des  équipages,  229,  230,  511.  —  Détachement  de  gendarmerie  à 
l'arrière-garde,  486. 

(JËMB.  -~  Approvisionnements  d'outils  de  pionniers  ;  ordre  de  les  com- 
pléter, 37,  50,  55,  128.  —  Répartition  des  officiers  du  génie  à  Tannée, 
96.  —  Organisation  du  parc  du  génie,  97.  —  Parc  d'outils  et  équi- 
page de  pont  du  3«  corps,  197.  198,  248,  249.  —  Caissons  et  train  des 
sapeura,  222  à  224.  —  Parc  du  génie  de  l'armée,  des  corps  d'armée, 
des  divisions,  265  à  2G7.  —  Emploi  des  outils  de  pionniers  comme 
moyen  de  guerre,  317.  —  Marche  du  grand  parc  du  génie,  332. 

Obexadiers  et  voltigeurs.  —  Projet  de  formation  de  bataillons  de  gre- 
nadiers et  de  voltigeurs,  53.  —  Ordre  de  compléter  les  compagnies  de 
grenadiers  et  de  voltigeurs  des  3«  et  4<>  bataillons  stationnés  dans  les 
25«  et  26"  divisions  militaires,  et  de  les  diriger  sur  Mayence,  87. 

Hessb-Cassbl.  —  Instruction  pour  M.  Bignon,  ministre  à  Hesse-Cassel, 
^  37.  —  Reconnaissance  des  routes  de  la  Hesse;  ordre  au  maréchal 
Augereau  de  faire  rédiger  un  mémoire  sur  la  meilleure  manière 
d'attaquer  Hesse-Cassel,  113.  —  Reconnaissance  générale  de  la 
Hesse  par  le  général  Bertrand,  114,  115.  —  Instruction  au  roi  de 
Hollande  sur  la  conduite  à  tenir  envers  la  Hesse,  218,  219.  —  Ins- 
tructions pour  le  maréchal  Mortier,  commandant  le  8«  corps  de  la 
Grande  Armée,  chargé  de  surveiller  les  mouvements  de  la  Hesse, 
236.  —  Assurance  à  donnera  l'électeur  de  Hesse-Cassel,  238. 

INSTRUCTIONS  DU  COMMANDANT  DE  l' ARMÉE,  180,   318  à  320. 

Légion  du  Nord.  —  Formation  d'une  légion  du  Nord,  105,  119,  168. 

LiCîïK  DE  COMMUNICATIONS,  17.  —  Précautious  à  prendre  par  les  colon- 
nes des  ailes  pour  leurs  communications,  237,  327.  —  Précautions  à 
prendre  pour  les  communications  de  l'armée,  315. 

Ligne  de  marche  de  l'armée,  551. 

Ligue  d'opérations.  —  Direction  générale  ;  indication  des  points  d'ap- 
pui, 15,  16.  —  Choix  et  organisation  de  la  ligne,  d'opérations,  17.  — 
Ligne  d'opérations  des  corps  des  ailes,  évacuations,  180,  367,  368.  — 
Direction  de  la  ligne  d'opérations  de  l'Empereur,  216,  222.  —  Ce 
que  l'on  doit  entendre  par  ligne  d'opérations,  368. 

Marcher  ad  canon,  563,  564. 

Marches.  —  Ordre  en  marche  des  troupes  du  4*  corps,  230.  —  Disposi- 
tions de  marche  de  l'armée,  321  à  323.  —  Ordre  en  marche  de  la 
division  Dupont,  350,  351.  —  Ordres  du  maréchal  Augereau  pour  la 
traversée  de  Bamberg  par  le  7«  corps  d'armée,  369.  —Longues  mar- 
ches, 378.  —  Place  du  commandant  de  corps  d'armée  pendant  les 
marches,  380.  —  Retard  dans  les  marches  occasionné  par  les  équi- 
pages, 487.  —  Temps  nécessaire  pour  l'exécution  des  ordres  de  mou- 


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724  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

vement,  496.  —  Marche  forcée  du  ?•  corps,  498,  499.  —  Marche  for- 
cée du  3«  corps,  530,  531.  —  Longueur  des  marches,  549  à  551.  - 
Profondeur  des  colonnes  d'armée,  55Î,  553.  —  Marches  de  guerre. 
553.  —  Ordres  de  mouvement  des  corps  d'armée,  553  k  555.  —  Avani- 
garde  ;  dispositions  de  marche  des  corps  d^armée,  555  à  559.  —Heu- 
res de  départ  ;  rassemblement  avant  la  marche  ;  grand'haite,  559. 
560.  —  Prise  de  position,  560.  —  Avant-postes,  561.  —  Profondeur 
des  corps  d'armée  ;  cantonnements  de  marche  et  bivouacs,  561  à  363. 

—  Marches  forcées,  564  à  569.  —  Marches  des  divisions  de  la  résen: 
de  cavalerie,  580,  581. 

Missions.  —  Mission  de  M.  Simonin,  adjoint  à  Tétat-major  général,  à 
Dresde,  92;  —  du  capitaine  du  génie  Gonche,  du  !«' corps,  à  Dresde. 
94  ;  —  du  général  Bertrand  dans  la  Hesse,  114,  115  ;  —  du  capitaio^ 
du  génie  Beaulieu  à  Berlin,  143,  144;  —  de  M.  de  Montesquieu  au- 
près du  maréchal  Soult,  181  ;  —  des  aides  de  camp  et  officiers  d'or- 
donnance de  l'Empereur,  182;  —  de  M.  de  Turenne  auprès  do  ro: 
de  Hollande,  215  ;  —  de  l'aide  de  camp  des  généraux,  de  senice,  à 
Gassel,  275.  —  Devoirs  des  officiers  d* état-major  pendant  les  missions. 
276, 361.  —  Mission  du  général  Savary  aux  avant-postes,  302, 333,349: 

—  de  M.  de  Montesquieu  à  Wûrzburg,  324,  325  ;  —  de  M.  de  Cusline  à 
Wûrzburg,  325,  326  ;  —  de  M.  Desnoyers,  adjoint  à  Télal-major  g-^- 
néral,  auprès  du  maréchal  Soult,  362, 363,  375  ;  —  de  M.  de  La  Mai-cb  • 
auprès  du  maréchal  Soult,  365  ;  —  de  M.  Scherb  auprès  du  maréchal 
Lannes,  400.  •—  Remise  de  rapports  et  d'ordres  importants,  400,  401. 

—  Mission  du  capitaine  Semery  à  Bamberg,  421  à  423,  452;  —de 
M.  Samark,  aide  de  camp  du  maréchal  Lannes,  428  ;  —  de  l'adjodaDi* 
commandant  Girard  avec  la  cavalerie  d'avant-garde,  431,  432;  —  J' 
l'adjudant-commandant  Girard  auprès  du  général  Dupont,  500  ;  —  d' 
M.  Scherb  auprès  du  maréchal  Lannes,  577  ;  —  du  général  Lemarius 
auprès  du  maréchal  Davout,  578  ;  —  de  M.  de  Toumon  auprès  du 
Grand-duc,  579;  —  de  M.  de  La  Marche  auprès  des  généraux  Kleia. 
d'Haulpoul  et  Nansouty,  580,  581;  —  de  M.  de  Montesquieu  auprt? 
du  roi  de  Prusse,  593. 

Munitions.  —  Épuisement  des  munitions,  465,  633, 642, 651, 672.  — Réaf^ 
provisionnement  sur  le  champ  de  bataille,  664. 

Officiers.  —  Épuisement  des  officiers  ;  recrutement,  166,  167,  169. 
Ordres  de  mouvement.  —  Ordres  de  mouvement  du  Commandant  6? 

I*armée,  318  à  320,  496.  —  Ordres  de  mouvement  des  corps  darmée. 

553  à  555. 

Pivot  des  mouvements,  Pivot  des  opérations,  51. 

Places  fortes.  —  Approvisionnements  des  places  du  Rhin,  30.  —  Ap- 
provisionnement de  bois  pour  la  mise  en  état  de  défense  de  Wese., 
44.  —  Réunion  à  Mayence  d'approvisionnements  pouvant  servir  pou: 
l'armée,  51.  —  Approvisionnements  de  siège  à»  Wesel,  52.—  Instru- 
tion  pour  la  défense  de  Palmanova,  de  Venise  et  des  autres  plac<v 
d'Italie,  62  à  65.  —  Ordres  pour  la  défense  de  Braunau,  77  à  79.  - 
Organisation  des  places  points  d'appui  des  armées,  95,  96.  —  Ordre 
de  mettre  dans  le  meilleur  état  de  défense  les  places  de  Wesel  «-i 


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TABLE    ANALYTIQUE.  725 

de  Mayence,  pivots  des  mouvements  de  Tarmée,  et  d*y  faire  les  der- 
niers préparatifs,  10 1  à  t03.  —  Approvisionnements  de  Wesel  et  de 
Mayence,  118,  119,  174,  178,  273.  —  Organisation  des  places  points 
d'appui  de  Tarmée,  Wûrzburg,  175,  314,  315,  —  Forchheim,  200,  201, 

—  Kronach,  206,  222,  233,  248.  —  Instruction  pour  Torganisation  du 
service  dans  la  place  de  Mayence,  212,  213.  —  Officiers  d*état-major 
détachés  dans  les  places  fortes,  212,  213,  314. 

PùixTs  d'appui  des  armées.  V.  Places  fortes. 

Postes  aux  chevaux.  —  Protection  accordée  aux  postes  aux  chevaux  ; 
réquisition  de  chevaux  supplémentaires,  389,  390.  —  Surveillance  à 
exercer  sur  les  équipages  de  l'armée  pour  que  les  chevaux  de  poste 
soient  renvoyés  exactement,  511. 

Presse,  Journaux.  —  Renseignements  à  mettre  dans  les  journaux  pour 
tromper  l'ennemi,  177,  183,  184.  —  Direction  à  donner  à  l'opinion, 
357.  —  Précautions  à  prendre  pour  l'impression  des  nouvelles  de 
l'armée  dans  les  journaux,  522. 

Prise  de  position.  —  Ordres  pour  la  prise  de  position  de  Mùnchberg, 
4«  corps,  416.  —  Ordre  de  prise  de  position  du  l"  corps  le  11  octo- 
bre, 505,  506,  —  le  12  octobre,  540,  541.  —  Prise  de  position,  560. 

pRi^arfTNiEBS  de  guerre.  —  Officiers  chargés  des  déserteurs  et  des  pri- 
^-^onniers  de  guerre,  156,  234.  —  Direction  à  donner  aux  prisonniers 
de  guerre,  200,  234.  —  Ii\terrogatQires,  de  prisonniers  et  de  déser- 
teurs, 532, 533.  —  Note  pour  le  traitement  rt^l'rchnjiga  don  prinonnicrn 
^guerre,  542.  —  Dispositions  générales  pour  la  garde  et  Tévacua- 
tioh  dps^risonniers  de  guerre,  543,  544.  —  Silence  à  garder  par  les 
prisonniers  de  guerre,  682. 

Phojet  d'opérations,  Plan  de  campagne.  —  Projet  d'opérations  de 
l'Empereur,  II,  13.  —  Projet  pour  l'armée  du  Nord,  27,  28,  124.  — 
Projet  général  et  plan  d'opérations  du  Commandant  de  l'armée,  125- 

—  L'Empereur  expose  son  plan  d'opérations  au  roi  de  Hollande, 
215  à  222.  —  Projets  de  l'Empereur,  316,  317,  458,  459,  512  à  514. 

Quartier  général.  —  Marche  des  quartiers  généraux,  297,  332,  383, 
391,  392,  611.  —  Équipages  du  quartier  général  de  la  réserve  de  ca- 
valerie, 370.  —  Commandant  du  grand  quartier  général,  390,  391.  — 
Garde  du  quartier  général  du  4«  corps,  482.  —  Commandant  d'armes 
au  grand  quartier  général,  544. 

liECONNAisSANCEs.  —  Recounaissauces  du  théâtre  des  opérations  par  l'é- 
tat-major,  11  à  13,  15  à  17.  —  Reconnaissance  des  débouchés  de 
l'armée  par  le  chef  d'état-major,  95.  —  Reconnaissance  des  routes 
de  Hesse-Cassel,  113.  —  Reconnaissance  générale  de  la  Hesso  par  le 
général  Bertrand,  114,  115.  —  Reconnaissance  au  dernier  moment 
de  toutes  les  routes  en  avant  des  points  de  réunion  de  l'armée  comme 
débouché  et  comme  mouvement  parallèle,  172,  175,  170,  285.  —  Rap- 
ports des  reconnaissances  du  théâtre  des  opérations  :  du  chef  de  ba- 
taillon Huart,  186  ;  —  du  chef  de  bataillon  Legrand,  186,  187  ;  —  du 
chef  de  bataillon  Guilleminot,  187,  188;  —du  capitaine  Rémond,  190; 

—  du  colonel  Blein,  191.  —  Le  Commandant  de  l'armée  interroge 


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726  CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

lui-môme  les  officiers  envoyés  en  reconnaissance,  239.  —  Officier? 
d'état-major  connaissant  le  théâtre  des  opérations,  239.  —  Recon- 
naissances des  ofittciers  d'état-major  protégées  par  la  cavalerie,  279, 
338.  —  Renseignements  sur  les  communications  en  avant  de  Tannée, 
287,  288.  —  Reconnaissance  de  Tadjudant-commandant  Rewbeil  en 
avant  du  5*  corps,  333.  —  Reconnaissance  du  terrain  par  le  corn. 
mandant  de  corps  d'armée,  587,  595.  —  V.  Cavalerie,  Aat-major. 

Rbmontbs.  —  Instructions  pour  les  remontes;  ordre  d'acheter  des  che- 
vaux, 24,  29,  45,  53,  137,  138,  178,  179,  214.  295. 

Renseignements.  —  Direction  donnée  par  le  Commandant  de  rarmée  au 
service  des  renseignements,  54,  55,  56.  —  Influence  des  renseigno- 
ments  concernant  l'ennemi  sur  le  plan  d'opérations,  56.  —  Heosei- 
gnemonts  à  prendre  sur  les  mouvements  des  Prussiens,  54,  113,  177. 
182,  275,  276,  456,  577,  578,  579.  —  Renseignements  fournis  sur  les 
différents  rassemblements  et  sur  les  mouvements  des  Prussiens  et 
des  Saxons:  par  les  agents  diplomatiques,  128,  146,  147,  231,  232;  - 
par  le  service  du  Commandant  de  l'armée  et  de  Tétat-major  général, 
92,  106,  142  à  145,  160,  186  à  192,  302,  303,  528  ;  —  par  le  maréchal 
Bernadette,  70,  94,  131,  148,  152,  153,  247,  286,  287,  334,  335,349,  373, 
437,  478,  479,  604,  605;  —  par  le  maréchal  Davout,  414,  415,  441, 49X 
531,  532,  533,  592,  593;  —  par  le  maréchal  Soult,  68,  147,  148,259, 
377,  378,  418,  442,  445,  446,  448,  483,  510;—  par  le  maréchal  Lannes. 
148,  149,  284,  285,  302,  303,  333,  334,  403,  404,  464.  465,  528,  584  ;  - 
par  le  maréchal  Augereau,  530,  591,  592;  —  par  le  Grand-duc  dt 
Berg  et  la  cavalerie  légère  de  la  réserve,  130,  244, 245, 253,  337, 37î. 
406,  408,  411,  412,  431  à  434,  476,  477,  480,  499',  500  à  504.  534  à  53^ 
596  à  598,  600  à  602.  —  Espionnage,  émissaires,  agents  secrets,  69. 
70,  131,  142,  145,  148,  243,  244,  248,  286,  309,  315,  334,  337,  404,  40S, 
504,  534.  —  Fonds  pour  les  dépenses  secrètes,  94,  131,  146,  195,  245, 
247,  248,  253.  —  Dictionnaire  du  théâtre  des  opérations,  239. 

Repos  de  l'armée,  575.  —  Occupations  des  journées  de  repos,  606. 

Réquisitions.  —  Équipages  de  réquisition,  21,  22.  —  Réquisitions  de 
voitures  et  de  subsistances,  228,  229,  352.  —  Réquisitions  de  chevaux 
de  complément,  306,  307,  379.  —  Réquisitions  de  toute  espèce  fai- 
tes par  les  corps  d'armée,  337.  —  Réquisitions  de  subsistances,  339. 
340,  342,  347,  606.  —  Zone  de  réquisition  des  corps  d'armée,  346. 
347.  —  Réquisitions  de  matériaux,  346.  —  Réquisitions  de  guides, 
de  voitures  pour  le  service  des  états-majors,  375,  376.  —  Réquisi- 
tions do  voilures  attelées  pour  l'organisation  des  convois  auxiliaires 
de  subsistances,  384.  —  Réquisitions  do  subsistances  par  les  partis 
de  cavalerie,  481,  579,  593. 

Réunion,  Rassemblement  de  l'armée,  Réunir  l'armée,  81,  82,  83,  216. 

Revues.  —  Ordre  de  passer  les  revues  d'entrée  en  campagne,  270  à  27î. 

—  Comptes  rendus  des  revues  d'entrée  en  campagne,  303  à  305, 
312,  335  à  337.  —  Revues  à  passer  la  veille  de  la  bataille,  506,  507. 

Route  de  l'armée.  —  Organisation  de  la  route  de  l'armée,  122,  123,  174, 
214.  314,  315.  —  Organisation  des  communications  secondaires,  201. 

—  Détachements  rejoignant  l'armée,  2-13,  214.  —  Instractions  pour 


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TABLE    ANALYTIQUE.  727 

le  maréchal  Mortier,  chargé  de  maintenir  libre  une  parUe  de  la 
roule  de  l'armée,  236.  —  Les  corps  des  ailes  ne  doivent  rien  latssin- 
derrière  eux,  237,  327.  —  Modifications  dans  la  marchu  vie  troupoi 
rejoignant  Tarmée,  241,  242. 


Sac\egardes,  389,  390. 

Solde.  —  Retard  dans  le  paiement  de  la  solde,  146,  179,  261,  262, 

SooLiERs,  24.  85,  127,  194,  250,  335,  339. 

ir^uBsisTANCEs.  —  Reconnaissance  des  ressources  du  pays,  12,  U,  —  Ma- 
gasins centraux,  23,  571.  —  Fours  de  campagne,  38.  —  Rounton  à 
Mayence  d'approvisionnements  pour  l'armée,  51.  —  Ordres  d'exécution 
pour  la  réunion  des  subsistances,  54,  56.  —  Subsistances  des  corps 
d'armée  au  rassemblement,  82,  84.  —  Mesures  pour  asâuror  les  sub- 
sistances à  Wùrzburg  et  à  Bamberg,  141,  145,  199.  —  Hesponsabi- 
litt^  du  chef  d'élat-major  de  l'armée  et  de  l'intendant  gênerai  ;  acti- 
vité qu'ils  doivent  déployer,  141,  240,  241,  273.  —  Préparation  des 
subsistances  au  point  de  réunion  du  4«  corps,  154,  —  pendant  la 
marche  et  au  point  de  réunion  du  3*  corps,  163,  164.  —  Aïjprovi- 
sionnements  à  rassembler  à  Bamberg  et  à  Kronach  pour  jâub venir 
en  cas  de  retard  au  débouché,  239,  240.  —  Bamberg  point  central 
des  grands  mouvements  de  l'armée,  240.  —  Approvisionnements  de 
Wùrzburg,  264,  265.  —,  Ordre  de  faire  construire  immodialement 
8  fours  à  Bamberg  et  à  Kronach  et  de  faire  confectionner  60JXH>  ra- 
tions de  pain  par  jour  dans  chacune  de  ces  localités,  2US,  2U9.  — 
Consommations  journalières  ;  approvisionnements  de  marche  ;  ap- 
provisionnements pour  subvenir  en  cas  de  retard  au  déhouché,  277, 
278.  —  Distributions  (troupes  du  4«  corps),  289,  310,  353,  U9.  —  Ap- 
provisionnnements  à  Wùrzburg,  Kronach,  Bamberg,  Forchheim, 
298  à  301.  —  Subsistances  du  3«  corps,  305.  —  Subsistances  h  Wùrz- 
burg le  5  octobre,  333.  —  Réquisitions  de  subsistances,  6"  corps, 
339,  340,  342.  —  Subsistances  du  5«  corps,  346,  347.  —  Subsislancea 
à  diriger  de  Wùrzburg,  de  Bamberg  et  de  Forchheim  sur  Kronach 
pour  la  consommation  de  l'armée  en  cas  de  retard  au  dèboLtchi^j 
382  à  385,  424,  425.  —  Organisation  des  convois  auxiliairnsT  38i.  — 
Difficultés  à  Bamberg  pour  les  subsistances,  386.  —  DistnbuUoiJ:* 
aux  corps  d'armée  à  Bamberg  pour  compléter  et  constituer  leurs 
approvisionnements  de  marche,  387  à  389.  —  Situation  cie,s  subsistan- 
ces à  Bamberg  le  8  octobre,  422,  423.  —  Précautions  pour  les  subsis- 
tances la  veille  de  la  bataille,  506,  507.  —  Auma  point  central  et 
pivot  des  mouvements  de  l'armée,  570,  571.  —  Convois  des  armées, 
571,  572.  —  Subsistances  à  Géra,  574.  —  Repos  de  rarinée  ;  com- 
pléter les  vivres,  575.  —  Distributions  extraordinaires  la  veillr?  de  lu 
bataille,  608. 

TlHllLLEURS  ET  ÉCLAIREURS,  633,  656  à  660,  686. 

Transports  en  poste.  —  Organisation  des  relais  pour  le  irrinsport  dp. 
la  Garde,  72,  73.  —  Transport  des  troupes  du  camp  de  Meudon  par 
ces  mômes  relais,  90.  —  lYansport  en  poste  de  Metz  à  Miiyeuce  du 
14«  de  ligne  et  du  28«  d'infanterie  légère,  155. 


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728  GAMPA&NE    DE    PRUSSE. 

Troupes  de  la  Confédération  du  Rhin.  —  Contingent  de  Bade,  I5î^, 
207,  208,  521,  573,  —  de  Hesse-Darmstadt,  234, 246,  328,  —  de  Nassau. 
159,  234,  246,  521,  —  du  prince  Primat,  246,  —  de  Wurtemberg,  155, 
207,  360,  531,  —  de  Wùrzburg,  169,  234. 

Ustensiles  de  campement,  49,  51,  85,  127,  129,  250,  335. 

Vaguemestre,  370,  374,  391,  392.  V.  Équipages,  Quartier  général. 

Vivandières,  Blanchisseuses,  229. 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages. 

Préface v 

De  r étude  de  ^'histoire  des  guerres. ix 

2  aoîit-5  septembre.  Premiers  indices  de  guerre l 

5-19  septembre.         Préparalifs  de  guerre 9 

Projet  général  d'opérations U 

s               Ligne  d'opérations 15 

19-28  —  Ordres  pour  la  réunion  de  l'armée.  —  Départ 

de  l'Empereur 72 

->g                  —              .  Arrivée  de  l'Empereur  à  Mayence 158 

19                   -                 165 

3Q                   —  ■               Plan  de  campagne  de  l'Empereur 199 

1er  octobre. 233 

-2            —                      Arrivée  de  l'Empereur  à  Bamberg 253 

3  — 270 

4  _ 293 

3            _                       314 

Ordres  de  mouvement  et  Instructions  du  Com- 
mandant de  l'armée 318 

Dispositions  de  marche  de  l'armée. —  L'armée 
marche  réunie,  de  façon  i  se  trouver  tout 
entière  en  24  heures  sur  le  même  champ  de 

bataiUe 321 

6  —                       343 

7  —                      Commencement  des  opérations 356 

g            —                      Affaire  de  Saalburg 394 

9            —                      Combat  de  Schleiz 426 

10  —                      Combat  de  Saalfeld 454 

11  -                     Jonction  du  centre  avec  l'aile  gauche 490 

12  —                      512 

Changement  de  direction  de  l'armée 515 


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730 


Obbervations. 


li  octobre. 


W       — 


Observations. 


CAMPAGNE    DE    PRUSSE. 

Page» 

Place  du  Commandant  de  Tannée jI 

La  cavalerie  au  rassemblement  de  Tarmée  et 

dans  la  marche  en  avant oÛ 

Longueur  des  marches ô'jl 

Ligne  de  marche  de  l'armée 3'>l 

Profondeur  des  colonnes  d'armée ô'iS 

Marches  de  guerre.  —  Ordres  de  mouvemeot 

des  corps  d'armée 531 

Avant-garde.  —  Dispositions  de  marche  des 

corps  d'armée ô3 

Heures  de  départ.  —  Rassemblement  avant  la 

marche.  —  Grand'halte 

Prise  de  position 

Avant-postes ^jIj 

Profondeur  des  corps  d'armée.  —  Ganlonae- 

ments  de  marche  et  bivouacs 5611 

Marcher  au  canon ^^ 

Marches  forcées ^i 

5ro 


Concentration  pour  la  bataille 

Situation  de  l'armée  prussienne  en  entrant  en 
campagne  . 

Bataille  d'Iéna 

Situation  sommaire  de  l'armée  française  .  .  • 
Bataille  d'Auerstsedi 

Le  corps  d'armée  sur  le  champ  de  bataille .  . 

La  division  sur  le  champ  de  bataille 

La  ligne  de  combat  et  les  réserves  de  première 
ligne 

Natc  sur  les  généraux  de  l'armée 

Note  sur  les  cartes 

Table  analytique. 

Table  des  matières  ; 


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