DES PARTISANS
O V
RESOLVTIONS THEOLOGîQVES;
touckantl'Impofition, Leuécs & Employ
des Finances.
Drejfê par Demandes ç^ Rejf^oncei.pour plus^^
grande facilité»
PAR LE R. P. D.P. D. S. L
A P A R I S
hoz CARDIN BESONGNE, rue
d'Efcofle près S» Hilaire.
M. D.C. XLIX. .
AVEC PERM I SS 10 N.
4
AV LECTEVR.
E ne doute point ( Mon ehèr Lcdeur ) qu après amir ietté
Id yeux fur ce petit ouurage ^ tu nefouffires en ton cœur, ft)
n^jes des defirs inutiles . en fouhdttant quUeuJi ejîê compofe
il y a trente ans .dans la créance qu il auroit peiiferuir dchar^
riere à ïâuariu qui a fait tant de rauages en France , ^ qui eft la
fourcedetousles maux que nous fouffrons. Mais puis que nous ne
pouuons pasrappellerle paffe .tout ceque ie te demande efl d^ele-
uerton cœur à Dieu y (^le prier auecferueur,quil injfire dans celuy
des Partifans yn mouuement de contrition (^ de reflitutim yolan-
tairejms attendre dj efireforcez,par les Loix ^lafeuerité de la
lufice.
4 àoÉb ^^ 4^Â-A
5^ .^ ^ £^ '<>H f^^»?*? Ç^ ^ f<5^ f^' Ç^if^î ^ 'r^ f^ f^
i5;ja
<^«^^.
CATECHISME
DES PARTISANS,
O V
RESOLVTIONS THEOLOGIQVES,
touchantriraporitionjkuéesôcemploy des Finance.
Dr ejfé par Demandes & Kejponces pour plus grande facilkk
PAR LE R. P.p. P. D. S. L
Demande,
V'e s T-CE que le Roy ?
Rej^once.
Volts m'auriez fait plus de plaifirde meds»
mander qu'eft.ce que Dieu, puis qu'à l'imira-
tion d'vn Ancien^ après auoir pris du temps pour y rcf-
pondre,icfcrois quitte en auciianc mon ignorance^ Car
aujourd'huy la flaterie mcî !a Royauté en vntel poind,
l'JKitereftj i Ambition &( FAuarice s'en farmcnrvne idccii
eftrangc^qcefiDieu venoiten terre, non plus dans la vie
abif 6te de Icfuo Cbrift, mais dans relevât, la fpîcndeur
& lavertu de rvnde fcs Séraphins, à oeinc trouueroit--
ilplace^non pas dans la maifcn du Roy, mais parmy ks
de meftique s d' va Fau o: y .
Aï]
D. lene m'îmforme point quel peut cftre lefentimcnt
de ceux qui n'ont point d'autre Dieu que peur intereft, ny
d'autre Religion que la fatisfadronde leurs fensj le de-
mande quel eft le voftre, & quel doit eftre ccluy d Vn véri-
table Chrcftien.
R. Puis que vous le defirez ainfi & qu'il ne m'efl: pas
pecrais de vous rjefufcr, & que d'ailleurs dans les Catechif-
mesque nous dreffons pour Tinftrudion des cnfans dans
les myfteres de noftre créance, nous commençons par
reftredeDieUjquicft fe fondement de tout, en leur ap-
prenant ce qu'il' eft : encore que nous fçachions par la foy
que Dieu eîl incomprchenfible , & que nous n'ayons
point de noms ny de termes par lefquels nous Icpuiffions
parfai6^ement exprimer ny définir. De la mefme manière
6^ par proportion pourtant, car il ne fautiamais faire de
parallelle des hommes auec Dieu. ledirayquc le Roy eft
rimageviuantede Dieu5 îe caraderc defa majcfté, de fa
grandeur, de fon authorité & de fon indépendance. Le
premier mobilefous cet Empire immuable, qui par fes or-
dres donnelebrâle&: le mouuementâ tous les inférieurs.
C'eft le Souuerain vifible fous ce fuprerae inuifible , pour
la diredion & Texerciccde fâprouidence& de fa iufti-
cc temporelle fur les hommes , fans autre dépendance que
cellede Dieu. En vn mot^c'cftleprcmierrayon craané de
ceSoleilIncreé^le premicrruiifeau de c'eft Occean infi-
ni, qui communique les lumières & les eauxpour la dire-
dion du corps Se des biens de fortune , & auquel en cette
qualiténous fommes attachez aprcs Dieu, par plus de de-
uoJrs qu'à aucune autre puiflance temporelle.
D, Le Roy eft il le Maiftre de la vie de fes fujcts ?
ReJJwn/e,
5
Rej^wn/è, Ouj, mais non pas en la manière que l'en >
tendu Politique de Machiaueljmaisen celle que nous
apprenons de rEuangilerc'eftàdire qu'exerçant la iufti-
ce de Dieu fur les hommes j iladroitde leur ofterla vie,
ou de lâicurconferuefj conformément aux Loix de Dieu
& non autrçînient î ou à celles qu'iJaeftablies & qui ne
derogentpointàcelIesdcDieq js'ilne veut pécher.. Car
c'êft vne chofe qu'il faut bien obfèruer, 6c qui fcrc corn-
niedefondementauxrcfponfcs qu'on doit faireàtcutcs
les queftions qui le peuiient propofer en ces matières.
Que les Roys ne font pas d*eux raefmes abfoluts & indé-
pendants^ Qu'il n'y a que Dieu qui poflede cette perfe-
dion parfay^mcrme ic de (bymefrae^& qu'ils dépen-
dent ab fol ument deliiy, 6cne peuuent rien au delà de fes
loixj ny de fes ordonnances , comme les Çoyucrneurs
des Piouinccs fanr obliî^ez defuiure hs ordres èi les
commandements des Roys. Et c eft pour cette raifon
que dans l'Ancien Teftament il eftoit ordonné au Roy de
prendre le îiure de laLoy de la m,ain du Preftre:& que
dans eeluy de la Nouuelle Alliance^onluy fait baifercc-
luyderEuan^^ileJorsau'il aflifte au /âcrifice auenfte du
corps de îefus Chrill, pour luy monftrer Tobligation
qu'il a de fuiure les ordres de Dieu & de TEuangile , & la
proteftation continuelle qu'il fait de les obferuer. Ainfî
ledroicfcdevie & de mort qu'aie Souuerain fur fes fub-
j ets , doit eilre reglépar ces règles diuines &, infaillibleSj
lors qu'il s'agifl: ou de tirer vengeance des crimes ou de
pardonner aux coulpàbîcs. Etc'eftfur ce fondement que
SainétPaulIcs propofe comme redoutables, n'ayant pas
inutilement le gîaiue à la main 3 6^ que le Chancelier refti-
B
6
fc de fcellerleslettrcs de grace,'Iorsqu il voit qu'elles ne
font pas dans Tordre de la luftîce.
D. S*lly àdcs limktes au pouuoir des Roys touchant
lavredèshônimes^yena-tll auffi en ccqui regarde leurs
facilitez? Le Roy n'eft'il pas le maîftre de tous les biens
de fesSubjets?N â-ilpas droid d'en difpofef félon fon
plaîfir > fans autre motif ny confidcratîon que fafeuîe vo-
ionté?£n forte quequgndilprendroittoutjil nVferoit
que de fon droit, ôcs1l en 1 aille quelque chofe, c'cft vne
grâce 6^ vncaunaofnequllfait de laquelle on luy a obliga-
tion ,*6c à laquelle il n'cftoit point obligé?
K. Nullement. Ce foncdes maximes impies, dam-
nabks, & abominables, qui ne fçauroicnr cftre approu-
uées ny authorifées parmy les peuples les plus barbares
&: les plus defnaturez, Scqui n'onrcfté inucntées que.,
depuis quelques années par des fangfuës populaires 5 par
des honnme's de gourmandife, de luxure &: d*aiiaricc,
pour feruir de prétexte aux vols 5: aux violences qu'ils
Gntfaiîesàroppreirîondecoutlemqndc, quifontcaufc
des troubles &desmouucments que nous voyons à no-
ftre grand regret, & dont les fcntiaients auroient etlé
tous contraires s'ils auoient eftc en cftat d eftre prcffez^ au
lieu que non pas leur mérite, mais la fortune ou le rnau-
uaisgenicde la Francelesauoit mis en ccIdy de mettre
les autres au prciroir;^fin d'en exprimer le fa ng,c6ii3C ils
ont fâirprefqueiufq'/à la dernière crouttc. Il fuit donc
raisônerfurlcsbiensjdc la mefmeforte5^ par proportion
que fur les vies, & mettre en tout& par tout les loixdc
Dieu, de J'Euawgile & de la Charité, comme vn flam-
beau pour feruir de conduitte, afin d'euiterks efcucils &l
les précipices qui fcrca-coûtrentdaLUs les fondions de la
lui^TaQccSc^uueraifiev
D. Etguoy IcRoyn'â-iipas le pouuôlr cîc faire des
impoficions & des Icuces (ar fes Peuples ?
R. Ouy.Âuilî ne fçauroit- on cirer le contraire de ce que
nous venons de dire ^ où nous nauons refpondu qua là
folie des impics^j qui voulant tout mettre en la liberté du
Roy &rvicèbiens,ransauîrcreg!e5nyraifon, que la feule
volonté, iuftifieroient les ctuautez des plus barbares &
rendroicnc les plus cruels tyrans impeccables dans leur
côduitce. Ils peuuent doncimpofer des contributions,
ils peuuenr faire des leuées. Maistoufiours dans I ordre
de la luftrce Chrcîlienne & dans les circonftances ne-
cefTaires pour faire qu'elles ncfoient pas criminelles.
D. Enfeignoz nous qu*cl!es font ces conditions? car
c eft le poinà le plus important en cette matière & fans
kqueljnyeftacpasinftruits comme il faut, nous nefçau-
rions à quoy nous refoudre dans les occurences qui fe
pcuuçnt pre Tenter.
R. Taduouë que cette qncflioncft de grande ronfe^
quçnce 6c bien nccciTaîrc j Mais auffi vous diray-jc qu'elle
enenueloppe & enferme tat d'autres auec elle^qucpour
luy donner tout le iour qu'elle denaanderoit afin qu'il ny
reftat rien à expliquer, il faudroit compofer vnvolume
de plus de rrcntcfciiillcs. Ncatmoinspour voilrefatisfa-
^lionprcfcntejenattcndantpcut cftrequeie le fafTeplus
d.\6\Cir y ie taîcheray de l'cfclaircir par quelques veritez
qu-eiepropofcrayfans autre ordre que celuy auec lequel
elles fc prcfciueront a ma mémoire» Premièrement. Que
côme diuers Royaumes peuuent eftre régis par dmeifcs
LoiKjic ne traittece$ matières que pour la France &:pac
ics règles fotibsliîfquclles lej François doiuenf'cftrere-
gis. 2. Que le Royaume dcFrance n eft pas vn eftat ty-
rannique, ou le Souuerâin nayt pour objed de facon-
duittcquefa feule paffion. 3. Que c*eft vn Royaume
Chreftië, & Catholique , & qui depuis Clouis àfaît gtoi-
redcfetenirfcrmeaux maximes de TEuangile par deflus
tous fes Royaumes de latcrre, ce qui a donné à nos Roys
le nom glorieux de tres-Chreftjens. 4. Que nos Roys ont
lcur[>omaine fcparéd'auecceluy de leurs iubjtdsjj. Que
phifieursProuineesde la France ne font pa^nécsaueclE-
ftâtj&ny ont point cftezvniesparksconqaeftesde nos
Princes: mais fe font volontairciT!écfoumi(es& données^
auec d€scond{tiôs& des referues 3 tat pour leurs perfon-
nes que pour leurs biensjaucc les contributions qu'elles
deuroiêt, faire ^ h manière auec laquelle elles les feroi et:
ce que les Roys ont ftipuléjaccorde&promis,& ont obli-
gé tant eu x que leurs fucccfleurs à les entretenir. Car fi les
côtraâ:s entre des particuiicrsfont rcciproquemêt obli-
gatoires, il ne faut point douter qu'ils ne le foient dauan-
tâgc, lorsqu'ils regardent le public, ou des cômunautcz^
êc qu'il nyaye obligation en confciqiccde les obferuer
de parc éc d'autre aaec finccrité & bonne foy. De ces ve-
ritez qui font notoires d'ellcs-mcfme, 11 s'enfjit que le
droid que le Roy à de faire des impofitions& des'Jeuées
fur fès^fubjedsa doit eftre réduit dans les limittes delà ne-
^ellité^lors que fon Domaine n'cft pas fuffifant pour y
fubucnir,& félon les concordats pour les Prouinccs qui
fe font données.
D. Mais fans faire didincSlIon de Prouinccs, dictes-
Ho^jsqa'ellcsfont cesncceiïiccz ?
R,Ce$ncceffitç2 fom,la çonfcruacion delaperfonne du
Roy,
9
Roy: Sonrâchapt i^iîçftoitencaptiuitéjLa dcffécc de
l'Eftat cotre lés cnnemiscftrangcrsô< domcftiques :Lc
reposa la rranquillité des peuples, contre les fediion.^,
les rebellions, les vols 3 les imiîftices 5 Tes violences des
particuliers , àc toutes chofcs gencralcmét quelconques
qui caufentla ruine, ou dômage notable ;:^u bien public.
Car comrBe le R.oyn'eft pas moins obligé de protéger
fon peuple & le deffendrc de ropprcflîon qui luyeft faite
parlespuiffants dans ion Royaume 5 que de l'incurfioii
'ôcinuafion des ennemis eftranger.s, le peuple n'a pas
m3ins d'obligation de contribuer pour (a defience con-
tre ceux-là ôcû dcliurance de cesennemis domefti-
ques, que contre ceux qui combatiét fous les liuréesd'vn
Prince eflragcr. AindilnVapointdedoutequeleRoy
peistimpoîcr & que le peuple doit contribuer ce qui eft
neceHaireen telles occurrences, le ne parle point des
droidsfcodauXjnydcstaillcs qu'on appelle au quatre
cas, parce que tout cela cft réglé par les ordonnances
générales, ou par leçcoUilumesiocaies.
D. Comment fe doiuent faire ces impofitions & ces
ieuécs? o
R. Elles fc doiuent faiit felonla condition & h pro-
porticyide'sfacultczôcdcsbicn^ de chaque parriculier
^ conime au foi la Hure en forte que perfonoe n'en lois
exempt. Car comme toys ontéiialintcrefl: a la- confer-
Dation du Roy, ôc au bienderEdac, aucun ne fc peut
difpenfer de contribuer au repos- de l'vn & de Tautre.
Et comme dans le corps toutes ks parties n agiiTent pas
par égale contribution a^4a conferuation dutotjtjmais
chacune félon fa portée ôc fa condition, ainîi ce ieroiç
vnccliofe ridicule ôc hontcufe de demander autant de
contribution a vn pauurcqu'àvn riche, lors qu ileftque-
ftion défaire des Icuées pour les neccflitez de r£ftat.
D. Quel iugement faites-vous donc de ceux qui
nefecontententpasdencriencontribucr^encorc qu'ils
foienc fort riches, mais qui fe feruenr de ces occafions
pour s'enrichir, aplicquanc a leur profit particulier, ôc
pour s'eflcuerau delà de leiât naiflancc ôc de leur condi-
tion, vne partie de ce, qui cftoit ncccfTaire èc deftiné
pourlaconfcruation du public?
R. le refponds que ce font des monftrcs d'hommes,
qui n'en ont quela figure extérieure; qui font Texccra-
tion du Cielj Sc doiuent eftre Pauerfion Bl l'abomina-
tion publicque plus dangereux & plus puniffables que
les ennemis eftraeers, comme les abfcez» qui fe forment
dans le corpsjfont plus dangereux & à craindre, que les
puftullésyqui s efleuentfurlâ peau; Qu'ils pèchent mbr-
rellement ôc n enpeuuent cftre abfous qu'après la refti-
cution.
D. Les Royspeuuent-ils pas faire des îeuées pour
aduancerlafortuneô:fairelamai(bnde ceux qu'ils iu-
,gcnt particulièrement dignes de leur faucur 5c de leur
amitié?
R. Nullement, Carfuppofc quel'Eftat n'eft pas ty-
ranniquCjStqu'ils ont leur domaine pour en diipofer à
leur gréjla feule ncccffité leur donne la liberté de fouiller
danslabourcc de leurs peuples, qui eft comme vn bien
eftrâgcrj&fur lequel hors ceflecirconfiâce ils n'ôrpoint
dedroitSl Et fi pour leur fitisfaiflion particulière jcom-
mepour le luxe des baftimenSj d habits, d'ameuble-
ir
ment§ ^ de bals, de comcdies, & autres diucrtif-
fcmcnts qui regardent icplaifir des fens, ils n'ont pas
ccfte liberté, &ne pcuuent en confcience employer à
ceschofesquc leur domaine & non pas !a Tueur Si le
fang des miferableSiS plus forte raifon ne le pcuuent ils
pas fâirepour l'agrandifTement des perfonncs particu-
lieresjqui d'ailleurs pour Tordinaire abuféc de ces biés,
s'en feruent pour les prodiguer en luxe ôc fe da mner^ d>c
bien fouuent pour fe faifant dès créatures, fe rendre in-
folens êc infupportables aux peuples, ôi forai idables
à leurs propres maiftres.
D. Du moins ne pouucz-vous pas defnier qu'ils ne
puiffcntîmpofcr quelques fommss, quand cène feroit
que furies denrées, pour l'aduancement àe$ comm,u«
nautez ô^ fentrctien des congreeations régulières?
R. Encore moins? s1l fautaini] parler 5 non pas que.
le pouuoirfoît moindre, ou le mal plus grand,de faire
des iiîipofitions &Ieueespour ccftefin, que pour la fa-
tis-fadioninfâtiable de quelques fauoris : mais ie veux
dire, qae commeles péchez font plus grands, quand on
fe fert dans les charmes des mots de TEuangiie, pluÉèoit
que des termes prophanes^ le mal eft en quelque ma-
nière plus dangereux & à craindre j quand fous le man-
teau de pieté 6< de deuotion^ i! veux paflcr pour vn bien
qui mérite la rccompenfe du Ciel^auec la louange des
hommes : parce que entretenant refprit dans cet aueu-
glemcnt.il Tempefche de fc cognoiftre, de samander
& d'en faire penitenee. Et mon cfprit eft dans vn efton-
nement dont il ne fçauroit fortîr,de voir des impositions
pubiicqucs & permancntes,fur les chofes que la nature
12
donac^ qui font neccflaires pour la vie des hommes^-
pour cftre employez en des fuperbes baftimentSjpour ne
direpcDt'cftrcâu change, ôc à la banque, qui ne reffcn-
tentriédetapanureté^nyd^rhumnitérelîgi'eufe.Nous
ne l'îfons pas ces çonduiues dans le vieil Teftamcnt^ ny
aucunes irapofitions excepté les dccimcs5pour les Lcui-
tc$, les Recabites 3 les Scribes ny les Pharisiens: l'Eglife
durant quinze ficelés n'a eu cognoifface^ny pratique, de
ces maxiraes, & elles n'ont commencé àparo^=ilre êc
auoir cours que'dans nos temps, & dés qu'on a quitté la
Théologie de l'Euangile & la Morale vcritabkmcnt
Chreftienne.
D. Quelles impofitions fe peuuent & doiuent
faire? -^
R, On nefçauroit bien conftammcnt, ny auec vnc
détermination arrefteerefpondre a ceflc demande. Il y
enadeplufieurs fortes Les vncsfe font pariaipofuioa
pécuniaire fur les fondsjOufuriespcrfonncs, ou fur tous
lesdeux, qu'on nomme tailles, réelles, perfonnelles^
ou mixtes. Les autres fur les défées neceilaires à la vie<!c
qui croiffcnt dans lcRoyaunie5Comn)e fur le vin &le fel.
Les autres fur les chofes qm entrent des Royaumes e-
ftrangers dans lenoftre, ou fortcnt du noftrc poitr
paflcr d.ms les cllrangers, qu'on appelle douâmes ou
traittes foraines. Pour celles quireg^aïdentles tailles
mixtes, il femble qu'elles foicntles plus iuftcs Se
les plus équitables^: c<k comme l'Ellat contient Se
Iefol,&lcshommc^, il cft bien raifonnable que Yvrx
Se l'autre contribue a' fa conferuation, dans vn or»
drc tSc proportion conuenable. Pour celles qui con-
ccincnc
î]--:
cernent tes cliofes neceflaircs à la vie 6^ qui croîflent
dans le Royaume 5 ce font les plus dures 6i les moins
Chreftitnncs: car quelle apparence de mettre de l'en-
dierjefurce dont les panures ne fepeuu€ntpafirer&: que
là' nature nous donne pour noftre entretien, ou fans tra-
uailjouauecpeu de trauail? n'eft ce pas affez que ie
payeoupôurmaterreyoupourmapcrfonne, félon ma
condition & mon trauâilj (ans payer pour le vin qui viet
furmaterre^quineftque le fruiddemon fonds & de
raonlabcur? Il ncneftpasdc mefme des douanes ôc'--
îraittes foraines, lefquellcs eftant des marques de Van-
îhorité du Prince^ticnnent en quelque forte de la natu-
re de fon domaine : d'autant que le Royeftant le mai-
lire de fdnEftaî^il a droit par cette feule confideration^
fans autre ncceiTité 5 d*empefcher ou de permettre le
commerce auee les cftrangcrs, principalement pour
lés chofes dont on fe peutpa(rerfacilcmët& qui pour
Tordinaire ne feruentqu au luxe & à la vanité: de façon
qu'il peut tirer rccognoiflahcc de la permiflîon qu1l
donncy du tranfporc réciproque de ces marchàndifes"/
dedans oudehorsfon Royaume j Mais aufli cette taxe
doit eftre modérée, ne doit cftrc que dans les villes
ffC)ntitres,pouricsentréesoufortiesduRôyaumCj&non
pasdansleR oyaume,p6ur cequi pafled'vneprouinccà
lâucrcjce qui feroit rendre rEftateftrâgcra foy mefmcj
ny pour toutes ecs entrées de villes^ lefquellcs quelqu*"
tikriefpecicuxquonlcurdonne/oncîoufiours des ma
ques de diuifionjcntrc les freres,dam vne mefînc maif».
&f ous vn mefme pcre.
Do Qus dictes vous des fubfiffiançcs^ -
R. Lemcrmcquei'ay dit des tailles^ puis qu il ny.a
:pointdcdifïerence.Cen'ei1;qu"vnnouueaanominuenté
depuis peu d'années^ pour donner nouuellecouucrcurci
,à roppreffion: qui a plus caufé deruînes à TEftat en fix ou
feptanSjquc les tailles n'enauoienc fait en cinquantÇj
parla barbarie des partifan^ & de leurs commis. Et Dieu
veiiille quecêluyquien a efté Tinuenteurj n'en relTente
point àprefcnc la punition, dans la violence de ces.fla-
iiKS qui ne s'efteigneiit iamais.
D. Vous venez d'auancervne parole qui mèHonno.
& qui en fera bien cftonnerd'autrei? hé quoy le Roy
cft il demoindreconditionquVn particulier? ne peuc4l
pas dirpQfcr de fon bien comme il luy plaift? ne peut-il
pasle mettre en party? iScceux qui en traittent de cette
forte/ont- ils pires que ceux qui font vnaurre trafic pour
l'auancemcnt deleurfamillcôc lelcuatian de leurs ea-
ffans?ya t'il rien en cela qui ne foit licite?
R. Vous neftes pas le premier quiiauezpropofc cet-
te difficulté, c'eft le manteau doKtfecouurcnt tous les
Jîommcs qu'on nomr^îed'afljaircs^pour voler aucc impu-
nité, & en bonne confdence G leur fcmble,ôc le Roy 6c
fesfubiets.C'cft fous ce beau prctcxtCj que leurs raaifons
font cimentées du fang des peuples , que leurs ameuble-^
rpcntsfontcompof^cz des larmes des veufucs, & qu'ils
portent lànsfougir iurqu'au pied de 1 autel & a la Table
deiefus Chrift,lâpourprcôcIeluxetirédela fubdancc
des orphelins & des miferables. Or pour vous rcleuer dp
ceftelionnement ôcles dcfabufer, il faut obferuer que
.dans ce fait, cen'eft pas le nom qui fait le crime, mais la
:^hofequic(lcxpr-i£îi<3epar cenom: ie vcyx dire que ce
■ntû pas le terme cleParty,oii cfe Partîran>qni eft odieux*
'ôc à detcfter, mais ce qui nous eftfignifié pariccux,
D. Ccftcequ'ily a long temps que ie defire de fça-
aïoir, &: que ie vous prie de m'enfeigner ?
R. Les noms comme vous 'çauez, n'ont point de fi-
gnification^que celle que les hommes leur donnent, oa
qui prei^Qent cours^dans la fuite des remps. Ainii ces
motsde PART Y B^ de PA RTIS AN, commeces au-
^tres^ie TRAITE & de TRAITANT, qui difentia
mefrae chofe, ne difent rien defoy de mauuaisj ôc lonc
indifferens pour cftre appliquez en bien ou en mal?
demaniereouc tous les Marchands qui viuent de leur
trafic&engensdebien^peuuenteilreappelIezTraitans^
ôc toutes leurs ventes ôc achapis des traitez : mais le
; prends c^s mots Clon le cours commun qu'ils ont ea
Frâce depuis quelques années, où l'on appelle Traitan s.,,
ouParti{ans,vnef. 6]re deperfonnes qui compofent auec
le Roy, de certaines fômes liquides, que !a neccffité des
affaires i oblige .de leuer fur fes pcupbs, à beaucoup
'inoins qu'elles ne -fe montent, comme au quint ou au
quart prés & les contra d:s& aâcspar lefquels ils fti-
pulcnt,ceft cequ 0 nÔmeTRAlTEZou PARTIS;
,D. Et quia4l en tout cela qui ne foitiufte ôc bonne-
jxable? _.
R. Vous le conceurez plus facilement fi nous en po^
fonsle faiâ: , fuiuant la méthode des lurifconfultcs,
quand il s'agift de quelque refplution. S uppoj ons donc
par excmp e, que pour les neceflitez de la guerre ôc Ten-'
îîretien des armécs,il aye fallu impofer & leuer turlepcu*-
jLedouzje millions cieliures> que l'on a d.liribué partis.
e4i augmentattonde tailles partie en taxes fur les offi-
ciers ôcpar ci e en création de nouueaux oflSccs. Pour le-
uer cette (ommc^ on traitte auec des perfonnes c|ui s'en
chargent^ moyennantneuf millions^qUils fournilTcnt
auRoy^oupeuE cftremoins^lerefteleur reuenant bon
pourleuispçincs le dis en ce casaque ces perfonnts of-
fencent mottellcment^jqu elles volent ce quarcauRoy ôc
ariiftari quelles font obligées de lereftitucr, ôcny a
pcrfonncqui les en puifTedifpçn^er.
D. Maisilsfontdesauanccs ôc rendent l'argent plus
promptcmentôcpluspreftaubtfoiin
R. Il n'importe: pource^ que^fitoutChreftien eft obli-
gé daffi^'rcrfon prochain gratuitement/ lors qu'il eden
neceflîté^prindpalemcnts'il !e peut faite fans aucune
perte, i! y a bien plus d'obligation d'affiiler e Roy, qui
eit le père &lc proteftrurdu peup e> ôc pour es ncccnî-
îcz de 1* Efta tvôcfi Ton ne peut pavauancer que que cho-
fc laquelle reuient toufiours ^ comment elt-ce qu:on
contribuëroir de fa bource aux de (pences necellaires
pourlc bivndu publier îointquvcommetous les inte-
refts d s particuliers, font '.ife ticllement engagez dans
ceux du g. neral^tous ccstraittans ou partifans, qui font
partie du corps de i*hftat/ont obligez d'y contribuer^cr
qu'ils n-peuuent moins faire^quc par l'auance des fom-
mes quil urreuiuincnt a. icc le ternies.
D» Si cela cft ainfi que; vous dit; s , le Treforicrs dv
î*cfpargne & autres ne font pas f:DS d faut, puis que
leurs plus grands profits viennent d s auançcs qu'ils
fo nt| & de^grofles remiies qui leur font faites , ce qui
gicdcpnxdelcurscliaigcsadcs iomn^cs immealcs au
delà
17 ,
delà <îas gages qui leur font attribuez ?
R. 1/ n'y a point de difficulté en cela, kur içondkfon,
dans CCS occalions n'eft point diifercnted'au^c celle des
PaiCjiâns, dont ils pcuuent porter le nom puis qu'ils en
foniroffice. . ,.
De Mais les vns Se les autres, ne prennent ppi.., eçs'
^roffcs tommes danj. leurs bourfes, ils rempiqHtentdii
tiers &: du quart, dont ils payent rinterefl:,ce qui a'eft
pas raifonnable qu'ils faffent a leurs defpens^
R. A cela ie refponds deux chofes. Premièrement^
que les obligations de ces particulier?qui leurpreftent
auce intereft font vfurairçs , & par aififi fujcttesàreftitu-
tion. En fécond lieu, qu'iî y a bien de la différence, de,
prendre de l'argent d autruy à cinq ou fix pour cent,afin
d auancer au Roy , pour après le reprendre fur foy-
mefme, ^ cependant en retenir par fes mains , & en
prendre, quinze, dix- huid, ou vingt pour cent. Et c'cfl:
pour ce fujet que tous ces Partifans & Treforiers font
puniflables, puifquc faifant auancc du bien d'autruy,ils en
prennem plus du Roy.qu'ils n'en donnent pas aux parcicu-
liersj Ce qu'on ne fçauroit defauoUcr eftre vn vol public,
puniffâble par toutes les Loixdiuinesêc humaines, fij'oa
ne veut renoncer non feulement auChriftianifmc, mais
au fens commun.
D. Que dites voiîs des Treforiers des guerrcs^qui profi-
tent fur les Payes de la Milice, & des Capitaines, qui re-
tiennent la folde des foldats,&: cependant leur permet-
tent de voler pour s'entretenir ?
R. La mcfmechofequei'ay ditdcs autres, que ce font
des larcins,qui non feulement obligent à rcfl:itution,mais
quifontpuaiffablc§ par toute forte de Loixpoliiîques. Et
1«
ce que ietrouucdépIuseftrangcdanscécabus56fl:qu''àU
ticu d*en faire fcrupulè, on en fait gloire & cftat comme
d vn profit iufte & Icgitimc j Car aujourd'huy dés lors
qu^vne pcrfonne a eu la commiflion pour leucr vne Com-
pagnie ou vnRegimcnt^on ne fait point la petite bouche,
de dirc^ il y a tât de bon pour moy^l'auray tant de paflcvo-
lansj^uffira que ma Compagnie ou mon Régiment foicnt
eompofez de tant d'iiommes^ta folde des autres fera pour
moy.Sans parler des profits des quartiers d'Hy uer,oii Ton
tan çonne les lieu:^quel'on a poiar garnifon^jqui eft vn nou-
ucau genre de vol éi de larcin public. Audi la plufpart ne
s'erygagent point dans ces excrGices,par ledfêlîrde l'hon-
neur, ny du feruice du Roy & de rEftat^mai^ par celuy de
profiter par ces voleries ôc pilleries , qu'i]^ fc perfiiadent
cftrepcrmifes&fegitimes. Ditcslemcfme desTrcfocicrs
quicompofentdesOrdonnanceSjôcdesaffignationsqus
l'on a tiré fur eux.
D» Depui»quelquesannées>on a inuenté vne nôuuelle
forte dimpofition/ous le nom d'Ay fez & fous- Ayfezjqui
â faitbeaucoup de bruitjôc dont pluficurs fe plaigncnrj&
àmoniugcmentauccraifon: le vous prie de m'en dire îe
volire ?
R. A celaiencfçayquevousrefpondrê.LecœurmcGi-
snequand i'y penfc. Cette inuentionn'eft pasdcshom-
nies, ellcne peuteftrefortiequederEnfer,pour la ruyne
vnîuerrelledcrEfl:atengencral;j& de chacun cnparticu-
lier:QuimetlesFrançoisdans vne condition plus rude
qu'ils ne fcroicntpas fous la domination du Turc, 8^ par
laquelle il n'y a perfonne dans le Royaumejdc quelque
condition qu'il foit,qui puiffes'afTcurerd'auoirvnteiïoii
en propre, &: dont il puiiTc fa\;îc eftar>
D. le votis prie de me Texpliqucr plus clairement?
R. C'cftque fous la domination du Turc,Ics taxes font
arrcflécs & publiqucsjou chacun fçait ce qu'il doit par tc-
fte,aprcs quoy il poflede fon bien en repos & tranquillité,
A u lieu que fi outre lesTailles & mi-lle impofitions qui font
fur les denrées, que l'on rend infinies par des augmen-
tations fi eftranges,quc les peuples fuccombent fous le
faix: Si, dis- je, outre celajilefl: permis à vnMidiftre ou à
vn Fauoryjqui abufera deTauthoritédu Prince, de taxer
les particuliers quand bon luy (cmblera, 6c à telles fom-
mesqa il luyplâiia^ fous le prétexte qu'ils font accommo-
dezdans leur conditionj& les contraindre dcpaycr^ou de
gré, ou de fofce: qui ne voit que c'cft mettre tout le bien
des particuliers aupillage deccsinfatiables,&qui ne di-
ront iamais, c'eftafTez^encore qu'ils ne trouuent plus rien
à prendre, ilyaencore vn a^tre mal dans cette maudite
inucntion. C'cftlameihode que l'on atenue pour ces le-
uées-, car icnediray en cccy que ce dont ic fuis témoin,
qu'ayant fait figniner des taxes d'Ayfez^ ceux aufquels la
fignificationeftoitfaite,ayantrecoursauxPartiransà Pa-
ris, ouàleursfouS'Traitans ouCommis dans les Prouin-
ces, en croient facilement dirpenfez, en dcnnantàfous-
main le quart ou le tiers de leur taxe^ au lieu defquels on
en fubftituoit d'autres. SibienquecVrtoit vnc porte ou-
iîerteàvnbrigandagcpublic5&pourvnmillion,par exem-
ple,de traité qui en venoirau Roy, ou pour mieux dire , à
fes Fauoris, il s'en leuoit quatre ou cinq fur le panure peu-
ple, loa^zfien cecasiâ condition des François^quifedi-
fcntlibrespardcfrustoutesles Nationsdu monde, neft
pas plus mal heurcufe quQ celle de ceux que nous ap-
pelle isefclaues Tous fEmpire du Turc?
10
D-BonDieulaevcrrons^nousiamaisIafiadecesmircres'?
K. Ce fera quand il plairaà ccMaiftre Souuerain, d ou-
urir les yeux duRoy & de laRcync Régente, pour voir le
fac & ia mifere, ou ces peftcs ont icduit les peuples^
leurtoucherlecœurdecomp-.flionài cudroit dcrËltatj
quin'eftpIusquvnHofpitaldemiferabiesi Srkurinfpi-
rerTardcurôc iezele^pourtîrer la vengeance ptaportion-
née au crime, de ceux qui ont ainfi r uyné : t Royaume , en
abufant de leur nom Ôi de leur authoriie.
D. Vos rcfolutions me confolcnt d'autant plus qu'el-
les font claires ôc faciles , êc fi le ne craignois de vous
impertuner , i'aurois grande paffion de fçauoir voftre
fentiment fur la matière des prefts? •-
R. Cette matière eft trop vafte pour la bien éclaît-
cir quant à prefent , pource qu elle enferme aucc foy
tout ce qui concerne les vfures, où vous fçauez que la
Théologie à la mode,& la Morale du temps, ont'tanc
crouaé de diftindions , àc leur ont donné de fi belles
couuertures , que les plus luifs font les plus habiles &
les plus iuftes, qui fans rifquer, tirent plus de profit de
leur argent. N eantmoins parce que ie voy bien que voftre
demande ne regarde quelesprefts que l'on fait auRoy,&
enlamanieiequ'onles faitàprefcnt,c'eftâdire,auec des
douzcjquînzcjdix-huidjouvingt pour cent de profit. De
cette forte iefaîslamcfme rcfponcc, & par lesmefmes
raifons, que i*ay fait touchant les Partifans Si lesTrefo-
riers. Car encore qu il y aye quelque différence touchant
le nom & la manière dont on tire le profit- N eantmoins là
fin & Tcffed en font toufiours les mcfmesj Au contraire, il
y auroitlieu de rendre ceux-cy plus coupables & plus cri-
minels,
il
minels^puifquelesautrcs ne manquent point deraifons
apparentes pourfe couurir^que ceux cy ne peuuent au-
cunement appliquer en leurfaueur. Aullî toutlemon-
de fçait l'oppcfîtion de Monfieur rArcheucfque de Pa-
ris auec la Sorbonnc , à la Déclaration enuoyée à la
Chambre des Comptes « pour authorifcr ces maudirs
prefts, mais pluftoft ces infâmes viiircs, & les rendre li-
cites à toutes fortes de perfbnnes.
D. Quel iugement faites- vous donc de ceux qui pre-
ftentpourprefter?
R. Mon fentiment eft,qu'ils pccKent mortellement^
encore qu'ils le preftentgratuitcment,& fans participer
à ce profit infâme & criminel que les autres en tirent.
Semblables en quelque forte, à ceux qui prefteroienc
l'efcbelle à vn voleur de nuidjfçachant bien que c'eft
pourallerpillerlamaifondautruy : ou, qui de propos
délibère fourniroient des armes avn furieux, dont il fè
fèruiroit pour meurtrir fon prochain^ou fe rendre homi-
cide dcrlby-mefme,
D. le voy bien queie vous diuertistrop longtemps,'
mais encore ie vous prie d'agréer, que ic vousfaflc deux
ou trois demandes^quimefemblent extrememêt neccf-
fàires en cette matière. Pofc donc que cesPartiSjCes Ad-
uances,ces Traitez ô*ces Prcfts/oient illicites êcobligés
à rcllitution. Le Roy qui femble feu! intereffc dans cet-
te occafion.ne peut- il pas remettre ces gains fordidesà
ceux qui les ont receus, Ôc les laiffer dans la poflcflîon de
ces richefïcs qu'ils ontamaflées par des voyesfî drues
&fipeu Chreftiennes>
R. Quelque Cafuifte a la mode ac de là noguelleifîi-.
F.
preflîon,vous pourroit répon(îre,auec des diftindionsfî
alwambiquees, que vous auriez de la peine à les coccuoir.
Et moy ruiuantlesCanons de l'Eglife & dans la fincerité
du Chriftianifme,ic vous répondslimplement que non,
s'il ne veut luy-mefme fc charger de la reftitu tion,qui en
doit eftre faite à fon peuple,q\èi en a fouffert la violence
ôc le larcin. .
D. Quelle raifon auez vous de cela, la cliofe n'eft pas
de fi petite coafequence^ qu'elle ne mérite bien de la ^a~
uoir?
R. Ilfautfuppoferpourrentçndre,quelorsquerona
dcffein de faire des impofitions & leuées lur le peuple
par|^a voye desPartifans^on fait vnemafle comune de ce
qui eft neceflaire pour TEftat^ôc de la part qu il faut pour
ceux qui prennent le Party ; de manière que s'il faut par
exemple trois millions de Iiures,pour fubuenir aux afFai-
rcSjil cnfautimpoferquatre^afînquelesPartifans ayenc
Icurpaftj&queleRoyaye toufiours^non pas fon copte,
comme Ton parle, mais pour parler plus Ghreftienne-
mentjce dont il a befoin pour la manutention de fon E-
ftat.Ainfi,commelc bien des peuples n'eft pas au Roy,
& qu'il n'en peut prendre que pour fubuenir à la neccf*
fité & non pas dauantagerqui ne voit qu'ayant toufiours
ce qu'il luy faut^ce qui entre dans la bourfe desPartilans
n'cftpûinrà luy^mais àfcsSubjets,aufquels il doit eftre
rendu ,& duquel il n'a point depuiffance de les priucr,
iîOurlelaifTer en la polTeffion ôciouilTance de ces fing-
uçs inhumaines.
D. le voudrois bien fçauoir, quel eft en ce point le
jpouuoir dcsMagiftrats ? peuuent-ilspas les remettre &
15
les difpeftfer de la reftitutiom
R. Cette demandejà mon iugcmcnr, vous auroît fem-
blc mutile &(upcrfluë fivousy auiez bienpcnfc. Car fi
nous venons de monfl:rer,que le Roy mefmc ne le peut
pas,fes Magiftrats le pcuuent encore mGins,lefquels n*a.
giflent qu'au nom ôc dans l'autlioritc qu ils tiennent du
Prince. Ils font comme les ConfeflTeurs , qui n'ont point
dcpuiffance pour difpofcrdu bien d'autruy,{àns leurco-
fentement , éc les vns &les autres faifans la fonction de
luges , ils font obligez de faire rendre le bien à qui il ap-
partient , fous peine de s'engager eux-mefme,s dans l'obli-
gation de reftituer.
D. Sont-ils obligez d'enpourfuiure la reftitution ôc la
punition pour le bien fc l'exemple du public ?
R. Ouy,puis qu'ils font prepofez à la lufticc^&quelc
Roy leurcômettantfonauthoritéjs'eft déchargé fur eux
de ce qui regarde fon adminiftration , autrement ils pè-
chent $c fontrefponfablcsàla luftice de Dieu^au^fli bien
qu'à celle des homes. En effet fi nous les voyons tous les
ioursagir auec tantdefeuerité,contre les larrons particu-
hers,que pour le vol d'vn mateau en vn coin de rue,ils s'e-
ftimeroient criminels s'ils ne faifoient prendre levolôur^
non tant pour l'expiation du crime, que pour l'exemple &
la cerreur du public: que ne font-ils pas obligez de faire, ôc
quelles armes ne doiuent-ils point mettrecntre les mains
de la luftice, pour punir ces brigandages publics , & par
cette vengeance arrefter le cours de ces peftçs des E*
ftats& (àngïuësdes Rcpubhques?
D. Si cek eft ainfi , ic trouuc la condition des Magi-^
ftrats bien rude&bienpcfilleufe pourlaconfcicnce«
14 ^'
R. llvouscftlibréd^auoirtellepcnfée qu'il voiisplaira^
far la difficulté quife rencontre dans rexcrcicc de laMagi-
iîraturejraais cela n'cmpcfchepoinr,que la yeriré ne de-
meure conftante en la forte que icviensdela propofer,{i
l'on s*cn veut feruir Chrefticnnement ôc félon les règles
del'Euangile. Aufli TEfcriture Saindedeffendauxper-
fonnes de s'engager dans ces charges ,fi elles n ont vn
cœur mafle&genereux^pourrefiftcrauec courage a la li-
cence des mechants,& pour lapunir auccle mefme efprit
îors qu'elle viendra à leur cognoifTance/ansfe rendre ef-
claues de la fortune, ny de la raucur,«o/i quar ère fier i iudex^
nijî valed'S irrumpere iniquitates. Et fi Ton fçauoit les condi-
tioiis & lesqualitcz^quc l'on requeroit en la perfonnc des
luges dans l'ancienne Loy , iln y a aucun qui ne reftaift
cftonnéjCnles comparant auec celles dont on fe contente
âuiourd'huy, pour leur donner l'authoritc fur la vie Ôc fur
les biens des hommes. N'eflimez donc pas que la diffî-
culté, en la matière que nous traittons^puifTedeuâtOieu
Icruir d*excufe aux Magiflrats, le le répète encore, que
dans ce déplorable eflar, ou ces harpies humaines ont ré-
duit la France^&dans le péril de Iaquelle,ccluy del'Egli-
fe fe rencontre , ils font obligez foubs peine de crime^
ïion feulement de leur faire rendre gorge^mais de les pu-
Bir. Et s4I fe rencontroit quelquVn qui ofafl tenir le con-
îraire,il meriteroit d'eflre Fanatheme des hommes^ com-
me ille feroit enefFe6t,ôcde Dieu & des Anges.
D. Et fi le Roy d authorité abfoluë les veut laifTer dans
h poflefïîon de ces biens fi iniuftement amaffez, qu'il
fafîc vn Edi(5k d'abolition, & l'enuoye aux Cours Souuc-
James pour k vérifier.
R, I ay
Pv. Tay aefiadicque par les règles dekconfcience, le
Roy ne le peut pas, parce que ce ivcft pas fon bien ; Et
pour ce qui regarde lesMagiftratsdcs Cours Souucrai-
nés i ils ne feront point abfous deuanr Dieu,pour dire ic
Roy nous Ta commandée car comme ils font eftabiis &
prepofez pour (eruir de lien entre le Roy & les peu-
ples & pour l'adminiflration de la lufficc auec équité,
ils doiucnt dire , S I R E , cela n'cft pas iufte ; Ils
doiucnt faire leurs remonftrances, ôcCi au preiudicc
d'icelîes on veut pafler outre , ils doiuent laifTer agir la
puifTance Souuerainepar cllcmefmejiansyprcfterlcur
nom 6c leur confentement, & (ans fe foiiiller du fang de
leurs frères, ny s*engager dans le péril de la reftitution,
parvneiniufte & illégitime approbation.
D. Mais comment faire cette rcftitution aupeuple,
puisque vous dittes que c'eft àluy à qui le tort efi fait:
Faut-il aller dans les Prouinces & informer de ce dont
chaque particulier peut ai^oir elle vexé^afin de le luy
rendre }
R. Non, il nVftpas ncccflaire de prendre cette pci»
ne, ny de procéder ejvk manière que vaus vous figu-
rez ,& qui feroit a-uffi ridicule comme impoflible. Il
y a vue autre façon de reftituer& qui eft fort aifée 5 qui
cft,dc loulagcrlcpeuple d'autant^dece qu'il doit con-
tribuer pour la necelîîtédc hEftat, en luy impolant
moins , ou en ne luy impofant rien du tout iufques a
ce que le preflis de ces J&ngfuès foit employé. Par
exemple , en cette année il faut trerit(? millions de li-
ures pour faire la guerre,il faut les prendre dans la bour-
ce desPartilans ^àc desTraittans^ ^-nonpas les impo^
■^ ' •■""""" ^^ G
le
fer fur îe peuple, qui par ce moyen le trouuantdifpen-
fé de la contribution qu il deuoit faire cctre année > fc
trouuc par mefnie voyc reftimé de ce que l'on luy a exi-
ge de trop les années précédentes. Et cette reftitution
ainfifaitc n'eft-elle pas bien iulle } n'eft elle pas bien-
ailée?
D. Vous fne fermez la bouche, S^ i*aduouëque iene
me ftifTe point aduifé de cette ouuerture, qui certaine-
ment comme vous dirtes ,efi: bien aifee & bien iufte,
quand mefme elle ne feroic pas Chreftienne. Mais , s'il
vousplaifl , &fans changer de propos. Les Partifans &
toutecettefe6tedegenSjfont'i!sen feuretédeconfcien-
cCjpourueu qu'ils nefoientpas recherche2? Ces richef-
fes leur appartiennent- elles, & les peuuent-ils garder
fans ofFence , pource qu'on ne les inquiète pas , foit
parce que l'on ne lefçait pas , foit parce qu'ils les tien-
nent cachées , foie pource qu'ils ont de lafaueur & des
amis qui les mettent à couuert de la recherche?
R. Non. Car fuppofé ce qui eft certain,que c*efl: vn
bien injuftement acquis ôc qui ne leur appartient
point, quand iln'yauroit que î5ieufeul, à qui rien ne
peut eftre caché, qui en euft la connoiffance , leur con-
Iciencen'en feroit pas moins chargée, ny moins obligée
de reftituer: comme nous apprenons de l'Efcriturc Sain-
te, que le fratricide de Gain ne fut pas moins abomina-
ble, encore qu'il n'y euft que Dieu qui en fuft le témgin:
comme le larron qui vole vne maifon durant l'obfcu-
rité de lanuidt, ôc lors que tous les domeftiques font
cnfeuelisdanslefommeil,eft plus criminel & plus pu-
iiiirable,que s'il auojt commis le mefiiie larcin pendant
2-7
leiour, pourcë qu'iladiouftc àforipechévnc cîrconftâ-
ce odieufe,qui luy donne liberté fur la vie comme fur
les biens. Ainfiles prétextes dont on fc fert^pour rauirles
biens des peuples,ne font que des circonftanceSjpour en
rendre le crime d'autant plus grand qu on 'a moins de
liberté de s*en defFendre&deles preuoir.Etficeluy qui
a trouué quelque chofe^ne peut licitement la garder,ny
Teftimer légitimement fienne, qu'après s'eftrc informe
à qui elle peut appartenir.à plus forte raifon,les Partifans
quiontle fang des pauures font ridicules,s'ils fc pcrfiia-
dent qu il leur appartient & qu'ils le peuuent retenir^
fous le prétexte qu'ils n'en font pas recherchez , par les
raifons que vous auez propofées j ou celles autrçs qu on
pourroit fe figurer.
D. Peuuent-ils dénier , efi eftant interrogez par les
luges ,àcaufede leurhonneur^dont il fcmblequ'ils fc-
roient perte s'ils confeffoicnt la vérité, ayant toufiours
eftédans l'eftime de perfonncs démérite ôc de probité
fans fe mefler de ces infâmes commerces?
R. Ceftvnequeftionqùi eftencontrouerfc parmy
les Cafuites ôc dont ils ne feront de longtemps d*ac-
cord,pour ce qui concerne la Confeflîon ou négation,
lorsque l'honneur s'y trouue notablement ôcinfepara-
blement engage. Cela neantmoins n cmpcfchc pas^que
cous ne demeurent dans vn mefmc fentimcnt,qu il faut
abfolument fatisfairearintereftciuil de la perfonnc le»
zéc, quelque circonftance qui puilTeempcfcherdad-
uoiier lefaicj pour la conferuation de l'honneur. Ainfi
quand onfulmine vnMonitoire,pour la reuelation d'va
Vol fait la nuid, encore que le voleur ne foit pas tenu de
zo
fcdeclarcr,àcaufedc{avic&dcfare'putatîonquiyfottt
intcrclTez^ilneftpaspourtâc moins obligé de rcfticucr
qucs'il l'auoitabf©lument déclaré. Et cet exemple cftfî
clair,qa iln'y aperfonneq'uin enpuiflc facilement fai-
re Tapplication.
D. Icvoudrois bien fçauoir^ comment les Cofefleiirs
fedoiucnt comporter dans ces occalions,& s'ils peuuéc
donner rabfolution à ces perfonncs , lors qu*elles fc
prefcntent au Sacrement de Pénitence?
R. Ouy, Pourueu qu'ils rcftituentaduellement ôc
entièrement 6c non autrement : car fans cela leur abfp-
lution eftiiullc , &{i aucc le péché qu'ils commettent
ils s'engagent cux-mcfmesdâs l'obligation de rcftitucr.
Nous auons cy-deuant propofé l'exemple des Confef*
feurs,pour monftrer Tobligatiô des Tuges,il ne faut aufli
en ce licu>qu'appliquer ce que nous auons dit dcsiugcs/
pour cohnoiftre queleft ledeuoir des Confefleurs.
D. Peuuent ils pas appliquer ces reftitutionien œu-
ures picSiCommeen aumorncs>ornemcntsd*Eglifc,faJ
brique de Chapelles ôc telles autres aftions de pieté
Chrcftiennc?
R. Non , parce qu'ils ne font pas maiftres du bien
;d*autruy,& n'en peuuent aucunemêtdifpofer à fonprc-
iudice,&ns fon confèntement.Celacft bon pour vn bien
mal acquis oupoflèdé iniuftement^ lors qu'on en igno-
re^ou le maiftre ou l'héritier : en ce cas il y a obligation
d^étc donner auxpauurcs, ou l'employer en autres œu--
ures de pietc,dont le mérite & la recompenfe deuant
Dieu regarde non ccluy qui reftitu'cjcaril ne donne rien
4u fien^mais çeluyàqui il appartcnoitïc qu'an neluy
peuf rendre, ny aux Tiens, à caufe qu on ne les cognoift
pas > Mais il n'en eft pas de mcfmc au fujet que nous
traittons , parce qu'encore que Ton ne cognoijQTe pas
chaque particulicr^pour luy rendre fa cotre part-, C'cft
aflez que Ion fçache quec'efl:lebienpublic,auquclon
peut le rcflituer, comme i'ay dtc auec facilité, en le met-
tant dans les coffres du Roy, afin qu'il s'en férue dans
fon vrgentc neccfïité , & en foulage d'autant fes peu-
ples, en les exemptant des Impoficions donc le bien de
Ton Eftat le forccroic de les charger, pour (à confcrua-
tion&laleur.
D* Eft- il permis de prcfler (on nom aux Partifàns
pour mettre le bien à couucrt , ou tenir en fà maifon
leur argent , effets & mcublcs,'afin qu'ils foient en fcu-
rctc & ne puifTent eftrc dccouuerts ?
R. Non , Car s'efts'oppofcr au bien public <Sc ati
particulier, &auxLoix de la luftice & del'equitc. Ceft
cftre receleur dVne chofc dérobée^ Et il eft fans doute,
qu outre le péché mortel qu'il y a, lors que lesfommes
font notables , Ton fait inîure à autant de perfonnes
qu il y en a d'intercffces, & que Ton entre dans lobliga-
tion de reftituer. \
D. Ceux qui one vcu cacher, ou tranfporter d'vne
maifonàautrc^dcl'argent, ou des meubles, font ils te-
nus de le dire ea eftant interrogez ?
R. le dis bien dauantage , qu'ils ne doiuent pas at-
tendre l^interrogation: qu'ils font obligez delà preue-
nir, & d'en donner aduis,ou a la Iuftice,Qu à ceux qu'ik
fçauéty eftrc intercflcZjOU quiontpouuoird'y apporter
k remède ncçc0airc,pour le repos desvns & des autres.
D. Les Officiers peuuenc4îs entrer dans les Partis>
R. Non , parce qu'ils font luges , & que IVne des
principales conditions dVnbonIuge,eft d'eftre entiè-
rement def-intereiîé. Et s'il ne leur cft pas permis d'eftre
les luges des caufes qui regardent leurs parens, à plus
forte raifon ne peuuent-ils point cognoiftre de celles,
ouilsferoient engagez par leur propre intereft.
D. Que diriez vousdonc de ceux qui ne fe conten-
tent pasdVntrercn fecret dans les Partis , mais qui en
outre fe font donner des Comraiffions du Confeil, pour
connoiflre de tous les différents qui regardent le Party,
au preiudice de la iurifdi6bion des luges ordinaires ?
R. le dis que cette demande eft fi eftrange , qu'elle
porte fa refponce, par l'horreur qu'elle imprime en la
propofant. Bon Dieu tftpourroit-il bien faire , qu'il y
euftdesOfSciers fiperuertis d'efpric & perdus de con-
fcience? Et neantmoinson!edit5& mefme dans Paris,
& qu'on l'a obferué dans le Party des Amortiffements
fur le Clergé. A quoy ie n'a y que les foufpirs & les larmes
pour toute refponce.
D. Pay du defplaifir de vous auoir fait cette propo-
fition,puîfqucvous en eftes fi fortement touche, ayant
bien iugé qu'elle n'eftoit pas neceffaire ; Et pour vous
diuertir de cette penfée, Dittes-moy, s'il vous plaift, en
matière de reftitution,fuffit-il à ces Partifàns & hommes
d'affaires qui traittent immediatemenc auec le Roy ou
auec fcs Miniftres, de reftituer ce qu'ils ont receu du
bien du peuple &qui cft tourné en leur profir particu-
lier. En vn mot, ont-ilsfatisfaità la jufticedeDieu, eiî
rendant ce qui eft entré dans leurs coffres?
R. Non'^ Cen'eftpasaflçz, ils font cncôfc rcfpon^
fables de toutes les vexations illégitimes qui ont cftc
faites par leurs Commis, & toutes autres perlonnes em-
ployées à leurs receptes. Il ne faut point de preuuc
pour cette rcfolution j Elle fe iuftifie d'elle-mefme, Car
s'ily a obligation dcreparerl€dommagc,qu auroitfaît
vn beuf ou vn cheual dans l'héritage dautruy ;Si vn
Capitaine eft refponfable des violences d'vn foldat, à
plus forte raifon le font les Parfifans,de ceux quilscm^
ployent en leurs Commillîons, ou ils agiflcnt fans crain-
te éc auec impunité. lugcz de là , à quelles reftitutions
ils ne fonr point obligez , par tant d'excez & de volcries
commifes par ces Commis, & par cette engeance mau°.
dite de fuziliers , démons incarnez ôc non pas des hom-
mes,quiauec le feu, le fer &lefang,exerçoicntplusdc
cruauté en leuant la Taille, que ne feroierit des Barbares
cnvnpaisde conquefte.
D. Les cnfansauancez dans les charges, ou les filles
mariées de cette forte de biens , font- ils obligez de rçftij
tuer?
R. Otsy. LeCanonycfl:formel,prinçipalement lor$
qu'ils ont connoiiTante que ces biens ont efté acquis
par cette voye. Ainfi ces fommes iramenfes que l'on
donne en mariage à des filles de néant , qui excédent
celles des PrincefTes 5 Ces grafides charges; de/piix preP
que ineftimable, quel on voit acqûifes & poiTedécspaî
4des perfonnes tirées de la lie du peuple, & donc les pè-
res peut-eftre ont porté la mandille , eu font venus à
Paris auec des fàbots, monftrent bien la profeffio qu'ils
©nt exercée, de quelle forte ces facultez font acqûifes^
A ^
5
z.
fur qui elles oiît effe' pillées, & à qui elles doiuent cftrc
|.cftituécs, fi l'on ne veut participer à la damnation etcr-
nclle,dc ceux qui les ontfi iniuftement amalTées.
D. le ne me laflerois iamais de vous interroger, tant
vos refolutions font Chreftiennes & conuainquanteSjîe
fuperfede pourtant afin de ne point excéder en impor-
tunité.
R. Vous pouuez continuer fans cette apprehenfion
fi vous l'auez agréable.
D. Ceftaffczpour cette rencontre. En vnc autre oc-
cafion,puifque.Vous le trouuezbon , le vouspricray de
xn'efclaircir fur quantité de difficialtez qui me donnent
du fcrupule touchant l'adminiliration des Finances
dans les charges de Chancellier , Surintendant ^Inten-
dants, Secrétaires, & tous les autres Officiers qui com-
pofent le Confcil,qu*on appelle dé Diredion ou de Fi-
nances.
R. Ce fera quand il vous plaira , la matière n eftpas
moins importante ny difficile que celle que nous ve-
nons de trakter. En attendant^ie me recommande à vos
Êifiâcs prierez.
FIN.
La Cour a permis à Cardin Befbngnc;d*inîprimcr, vendre
U Acbkex k prefent Liure intitulé^ ZeCatwhtfme jgs Parti ftt^^
BOSTON PUBLIC LIBRARY
3 9999 05291 312 4