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LIBRARY OF THE
John G. Johnson Collection
CITY OF PHILADELPH-IA
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in 2013
http://archive.org/details/catpasaquaOOgale
CO G ■■**?***
COLLECTION
flagaste Hoasseau
COLLECTION
AUGUSTE ROUSSEAU
TABLEAUX
Aquarelles — Pastels — Dessins
PRÉFACE EX ÉTUDES
L. ROGER-MILÈS
CONDITIONS DE LA VENTE
Elle sera faite au comptant.
Les acquéreurs paieront cinq pour cent en sus des adjudication:
l'ai is. — i mp. I leorgi s Pelil .
CATALOGUE
DE
TABLEAUX
aquarelles, pastels, £)es$îns
PAR
B 0 N V I N , BOUDIN, COROT,
DELACROIX, DAUBIGNY, DIAZ, J. DUPRÉ, FANTIN-L ATOUR ,
[SABEY, JONGKIND, RAFI'ET, RIBOT,
TH. ROUSSEAU, T R O Y 0 X
Composant la Collection de
M. AUGUSTE ROUSSEAU
ET DONT LA VENTE AURA LIEU
G-A.LERXE Q-EOROEîS PETIT
S, Rue de Sèze, à Paris
JLo Vendredi O Mars JLOOO
A 3 HEURES
C O M M I S S AIRES-PR I S EUR S
Mc PAUL CHEVALLIER
10. rue Grange-Batelière, 10
Mc GEORGES DUCHESNE
6, rue de Hanovre. 6
EXPERTS
M. HENRI HARO M. GEORGES PETIT
4, rue Visconti, et 20; rue Bonaparte | 12, rue Godot-de-Mauroi. 12
EXPOSITIONS
Particulière : Le Mercredi 7 Mars 1900, de 1 heure à 6 heures
Publique : Le Jeudi 8 Mars 1000, de 1 heure à 6 heures.
PREFACE
Dans ses Petits Souvenirs, Jules Janin, parlant de la
façon dont, au XVIe siècle, on encourageait les artistes, écrit
cet aphorisme : « Acheter un tableau à un peintre, c'est payer
une dette nationale. »
Voilà certes une formule heureuse et fière, et tous, nous
serions dans la joie si les choses se passaient ainsi. Mais tous
les amateurs n ont pas les mêmes dispositions d'esprit, et il
faut avec eux établir des classifications. Il y a, par exemple,
l'amateur qui achète une œuvre célèbre pour l'éclat qui en peut
rejaillir sur lui-même; pour tirer, par conséquent, une satis-
faction d'amour-propre, une fièvre d'orgueil de cette fantaisie
qu'il n'estime pas à un prix excessif. Il lui suffit d'entendre
autour de lui monter l'encens des complaisances flatteuses,
chaque fois qu'il montre l'œuvre retentissante, pour se sentir
grisé de sa propre gloriole ; mais il n'éprouve devant l'œuvre
aucune sensation esthétique, quand il se trouve seul à la con-
templer. Ce n'est peut-être pas de cet amateur-là dont Janin
aurait dit qu'il payait une dette nationale.
A côté de cet amateur, à qui il faut le grand orchestre de la
renommée, il y a celui qui recherche sans bruit les artistes dont
e talent l'émeut ; celui qui s'entoure de petits tableaux, cueillis
6 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
dans l'atelier et que personnifie n'a vus ; de petits tableaux qui
portent le reflet de l'art le plus élevé; celui qui, en cette compa-
gnie d'élite, fermant sa porte aux 'importuns et aux indiscrets,
connu'' l l'adorable joie de reposer ses yeux sur des œuvres qu il
a'nne, et (/ne seul il a le droit d'aimer. La renommée, il rien a
cure; il s'est créé une volupté à lui, jalouse, silencieuse; chaque
jour il est revenu à ces petites merveilles, dont il est le gardien
plein de sollicitude et chaque jour, depuis quarante ans, il a
découvert en elles des qualités insoupçonnées la veille, des aper-
çus qui lui avaient échappé, des clartés subtiles dont son œil
ri avait pas encore deviné la caresse.
Tel est le eus de M. Rousseau, dont la collection très
remarquable est ici décrite. Ses tableaux, il ne les a pus exhi-
bés : comme il connaissait bien les peintres, qui étaient ses
peintres d'élection, il s'est entouré d" œuvres petites, pour la
plupart, d'œuvres dont aucune gazette ri avait vanté le titre,
d' œuvres ou V artiste cependant avait mis tout ce qu'il avait en
lui d'expression caractéristique et même de génie.
Et c'est vraiment un régal que ce petit musée de perles,
créé par un homme qui a montré des idées très arrêtées en ses
goûts, et un penchant à demander à l'art de véritables (/ladites
d'intimité. On le verra; pour les tableaux qui composent cette
collection, la majesté et l'ampleur d'une galerie de musée
seraient déplacées; ce qu'il leur faut, c'est le petit salon aux
lapis moelleux, c'est le home confortable, ou le regard sans
fatigue va du foyer qui pétille aux murs tout irradiants du
soleil de turf.
Je n'oserai pas affirmer cependant que M. Rousseau a
fait profession d'éclectisme : il avait choisi parmi les maîtres
ceux dont le talent — ou le génie — s'accordait le mieux avec
PREFACE 7
ses propres aspirations ; et, s'il se rencontre un certain nombre
de noms dans sa collection, il en est cependant quatre ou cinq
qui reviennent assez fréquemment pour que nous en naissions
conclure que ceux-là étaient le plus près de son cœur : Théodore
Rousseau, Corot, Diaz, Jules Dupré, quatre figures grandes
entre toutes, dans la phalange des naturalistes de l'école fran-
çaise de 1830, et Eug. Boudin, un disparu d'hier, un sincère
et un braci\ et l'un de ceux qui, de notre temps, eut la vision la
plus délicate.
Pour ceux-là, à mesure que l'ordre alphabétique amènera
leur nom dans le catalogue, on trouvera des notules critiques
établissant avec précision les caractéristiques de chacun, surtout
en ce qui concerne leurs œuvres réunies par J/. Rousseau. Mais.
au moment ou cette rare collection va être dispersée, il nous a
semblé qu'en un regard d'ensemble, il convenait d'en apprécier
la portée, quand ce ne serait que pour féliciter l'homme de haut
goût qui, pendant quarante ans, se réjouit de leur vue, et sut
deviner souvent dans des tendances combattues par ses contem-
porains, ce qui serait plus tard la raison la plus solide d'une
gloire à jamais consacrée.
L. ROGER-MILES.
TABLEAUX
EUG. BOUDIX
Ce n'est pas par l'effet d'un hasard que les œuvres de
Boudin se trouvent si nombreuses dans eette collection.
L'homme de goût qui l'a formée a compris l'affinité qu'il y
avait entre l'école de 1830 et la manière de ce naturiste
sincère, dont il avait pu apprécier le talent très personnel,
et la haute probité d'art de ce marin, à qui il était permis de
parler de sa longue carrière sans amertume, en homme qui
ne regrette rien, qui a la conscience pure de toute défail-
lance, en vaillant qui ne devait qu'à lui, à son effort, l'estime
où le tenaient et le tiennent plus que jamais les seules gens
capables de l'apprécier et de l'aimer ; en travailleur qui n'a
jamais rien demandé et à qui, — selon la loi de l'ombre
dont les médiocres aiment à envelopper le vrai mérite —
l'on n'a jamais rien donné.
Chaque morceau qu'il a signé marque un aspect dans le
temps ; rien n'y est laissé au hasard ; on devine que tous
ses effets ont été vus, et on constate qu'ils ont été notés et
interprétés avec une incroyable virtuosité de pinceau ou
de crayon ; je n'en veux citer pour exemple que les toiles
qui sont inscrites dans ce catalogue.
Les vrais amateurs trouveront une égale joie d'art élevé
à admirer ses tableaux achevés, et ses dessins et études,
qu'il s'agisse de feuillets aux notations sommaires, où il
donne cependant, lui le peintre des grands horizons, toute
une synthèse de ce qu'est cette chose étroite et folle, la
12 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
mode, ou qu'il s'agisse de bateaux de toutes formes, indi-
qués en leurs lignes essentielles.
Parfois l'examen passé outre-tombe est sujet à décep-
lion pour ceux qui aimaient l'artiste sans avoir suffisamment
contrôlé leur sensation de son œuvre à l'étalon dune estbé-
tique rationnelle. Eugène Boudin n'a pas à redouter l'amer-
tume de ces surprises sentimentales ; il apparaît dans son
œuvre avec un talent robuste, une étude continue et sans
cesse en progrès, une conception personnelle et juste de ce
que doit être la transposition des aspects de nature, par une
traduction à l'aide de couleurs et de lignes; il procède avec
une étonnante sûreté de toucbe, que sa belle conscience de
travailleur lui avait acquise.
TABLEAl X 13
EUG. BOUDIN
1 — Le Cangèy à Etaples, marée basse, ^, *
A droite, la berge, surélevée, où des barque- sont à quai :
au bord de la berge, des pêcheuses à la besogne.
Plus à droite et au fond, les maisons d'Etaples.
A gauche, de l'autre côté de la rivière, les marais au sol
découvert, où quelques barques sont échouées : puis une
bande de canards : puis, plus loin, du même côté, la colline,
dominée par les constructions blanches du sémaphore et du
phare.
Signé à droite, en bas. dans le terrain : Eug. Boudin, 1 S 83.
Toile. Haut.. 36 cent.: lare.. 58 cent.
EUG. BOUDIN
2 — Pâturage.
Dans un pré vert, que baigne la rivière, les vaches et les
bœufs sont en train de paître et de ruminer : les nus s'ap-
prochent de l'eau, pour humer la fraîcheur qui monte en vapeur
légère; d'autres sont couchés et sont vus de dos; d'autre-.
enfin, s'éloignent d'une barrière, contre laquelle s'appuie un
paysan.
Signé à droite, en bas : 1 880.
Toile. Haut.. 36 cent., lare., 16 cent.
Se
14 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
-e /o o
-2 /-? ô
EUG. BOUDIN
3 — Le Canal abandonné de Mardick (Environs
de Dunkerque).
Au milieu, quelques mares, à la surface desquelles nagent
des feuilles de nénuphar.
A droite, sur une pente douce, des linges étendus à sécher,
et, blotties dans la verdure, des maisonnettes à toiture de
tuiles rouges,
A gauche et au fond, tout un village, aux maisons coiiFées
de tuiles de même couleur et semées parmi les buissons.
Le ciel, ennuagé de gris, menace de pluie.
Signé à gauche, en bas : E. Boudin, 89.
Toile. Haut., 46 cent.l 2: lar&r., 65 cent. 1 "2.
EUG. BOUDIN
4 — Pâturage au bord de la Touques.
A droite, sur la berge, les bœufs paissent et ruminent
debout ou couchés.
Vers la gauche et au milieu, quelques-uns ont descendu la
berge en pente douce, et, les pieds dans l'eau, prennent le
frais.
Signé à droite, en bas, dans la verdure : E. Boudin.
Toile. Haut., 32 cent.; larg., 16 cent. 1 2.
LLECTIOX AL"',. ROUSSEAI
EUG. BOUDIN"
d — Le Lhassa g e du y
// fil/P
Le troupeau de bœufs s'esl .._ . lans le gué les
ont de l'eau jusqu'aux genoux, et le? voici qui s'avancent
A-ers la gauch - is un ciel clai ; endant s'amoncellent
des nuées dorage.
Signé à droite, en La- : E. Boudin.
Toile. Haut., 32 cent.: larg.. 46 cent. 1 :
EUG. boudin
6 — Les I dïlSUSCS flfe QuiTflpCT.
lies deux agenouillées sur un drap et vues de profil.
elle- ssent les grains au I mis.
jnd. la perte entr'ouverte de I
Signé à gauche, en b:- : E . Boudin.
. 32 cent.
EUG. BOUDIN
7 — Bassin ou Havre.
Le bassin où un transatlantique domine les bateaux et
chalands amarr es sinage.
Au : ad, b ite, I - ... sons en ] ire du quai :
che
Signé à gauche, en b s : E . B
s : Le H i -
au. Haut.. 32 cent. 1 2: br_\. il cent.
TABLEAUX 17
EUG. BOUDIN
8 — Le Bassin du port, à Honfleur.
A droit A _auche. les bâtiment? aux mâtures Iress -
Dans le bassin, à l'eau frissonnante, une barque tra -
montée par ti :- ; - _ s.
A gauche, on aperçoit les - - maisons,
ibas: E . B . . v v
Panneau. Haut.
EUG. BOUDIN
9 — La Jetée de Deduville.
S >us le ciel bleu, les baigneurs en toilette de couleurs
meuade sur la jeté _ \rdent les bateaux dont
les m s portent des flammes de couleur et de grandes voiles
- iffle le vent. Les chi s s plus -
S _:.é à gauche, en '. - : E . B .69.
Panneau. Haut., 23 cent. 1 2 : tarir., 32 cent.
EUG. BOUDIN
in — Marée basse, à Trouville.
I . ; nier s'esl et sur le sol, marqu
par les :'. : : s d'eau qui demeurent, les bateaux de pèche
sont sur le flanc, les voiles pendantes, les pavillon-
leurs fouettés par le v-
_ u -lie. en bas : E. h !ln.
Panneau. Haut.. 21 cent. J 2 : larg.. 27 cent.
< -
€
18 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
*£ 6£ o
-8
EUG. boudin
11 — Le Rivage de Deauville.
Sur la plage, que la mer laisse découverte pour l'instant,
un pêcheur passe, portant sur l'épaule ses instruments de
pêche.
Le ciel bleu est masqué de nuées blanches, ourlées de nuées
grises.
A l'horizon, quelques silhouettes de bateaux.
Signé à gauche, en bas : E. Boudin.
Panneau. Haut., 24 cent.; larg .. 19 cent
EUG. BOUDIN
12 — La Touques, le matin.
Sur le bord de la rivière, à droite, cinq ménagères sont
agenouillées et lavent leur linge. Derrière elles, de grands
baquets reçoivent les pièces mouillées.
Au fond, la berge, avec des bateaux en chantier, forme une
ligne boisée.
Au ciel, l'azur est voilé par le floconnement des nuages.
Signé à droite, en bas : E. Boudin.
Panneau. Haut.. 12 i cent.: lare. 19 cent
TABLEAUX 19
BONVIN
13 — Pêcheuses.
Elles se sont rencontrées en revenant du port, dont on
aperçoit au fond les bateaux amarrés et l'eau bleue.
L'une est vue de profil à droite : jupe et caraco noirs,
tablier blanc, poche bleue, fichu rouge ; elle porte sur le dos
une hotte, et à la main, appuyé contre le flanc gauche, un
panier. L'autre est vue de profil à gauche, jupe brune, fichu
bleu foncé, tablier bleu clair, poche bariolée, à tons bleus
dominants. Elle tient la main gauche à la hanche, la paume en
dehors, et de la droite cale un panier contre sa cuisse droite.
Toutes deux sont coiffées d'un bonnet blanc.
Le ciel est chargé d'orage.
Signé à gauche, en bas : F. Bonvin.
Toile. Haut., 32 cent.; larg., 24 cent.
Jff
CAMILLE COROT
Les œuvres de Corot qui sont ici réunies sont d'une
qualité exceptionnelle ; il semble bien que toute l'ampleur
de son génie trouve son expression dans ces petits tableaux
d'une si complète émotion et d'un art si pénétrant. C'est
son âme qu'il y raconte tout entière, son âme qui si haut
s'élève hors de la pensée qui lui fut contemporaine : je
m'explique. Il va des sujets sur lesquels il revient souvent,
en des variations toujours exquises et toujours nouvelles :
ce sont les pêcheurs et surtout les passeurs. Dans un grand
nombre de ses toiles, le voici ce bonhomme, debout, en
cotte sombre et chemise blanche, guidant d'un bras nerveux
la barque qui fend le miroir de l'étang ou de la rivière-.
Autour de lui, dans la splendeur des frondaisons aux
nids querelleurs, sons le ciel qui plane en des profondeurs
diaprées, les heures et les saisons chantent leur antienne;
el lui, calme, inconscient de la féerie sans cesse renouvelée
qui semble se jouer pour lui, pour sa solitude . mais heu-
reux cependant d'un bonheur inexprimé autant qu'inexpri-
mable lui, le passeur, est là, superbe de naïveté, exprimant
la vie dans ce qu'elle a de plus auguste : le devoir simple,
simplement accompli.
Ses passeurs el ses pécheurs se meuvent aux heures
où le jour se lève, aux heures encore où le soleil disparaît
derrière l'horizon. Mais là, point de tristesse : juste ce qu'il
faut de mélancolie pour apaiser le sourire des lumières
éclatantes ou préparer l'âme aux recueillements attendris :
TABLEAUX
•21
el nulle part on ne découvre l'ennui, parce que nulle part
il ne veut montrer autre chose que le bonheur de vivre el
non F orgueil de vivre! Et c'est pourquoi aujourd'hui ses
passeurs et ses pêcheurs, même ceux qui datent de cinquante
ans, semblent faits d'hier. Je regardais, l'autre matin, ceux
qui se trouvent réunis dans la collée lion de M. Rousseau,
et je me sentais ému dune admiration grandissante devant
ce poème sublime de l'humilité humaine, qui est là, en une
énorme variété, l'expression dune éternité vraie, parce
qu'elle a son écho dans l'éternité du génie.
22 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
COROT
14 — Le Chemin du village.
Au milieu du pré aux herbes folles, et qu'émaillent quel-
ques buissons fleuris, le sentier va du milieu vers le fond, à
gauche ; il conduit au village construit au revers d'un pli de
terrain, et dont on aperçoit le clocher au toit d'ardoises, poin-
tant dans le ciel bleu.
A droite, au premier plan et au devant de la lisière d'un
bois, une vieille femme accroupie fait sa cueillette de mousses.
Plus loin, du même côté et au bord du chemin, deux pay-
sannes causent, debout ; l'une est vue de face, coiffée d'un
bonnet blanc, l'autre de dos, avec une coilfe rouge, et un
caraco marron.
Derrière elles, dans l'écartement des branches, deux mai-
sonnettes mitoyennes, aux toitures de tuiles brunes, apparais-
sent, et le soleil qui tombe sur le mur y laisse un bel éclat de
lumière. Tout au fond, la ceinture des collines apparaît grisée
sous l'ambiance chaude d'un ciel d'été.
Signé à gauche, en bas : Corot.
Toile. Haut., 30 cent.: larg., 1 i cent.
COROT
fo-rao i6 — Le Pêcheur.
S
A gauche, la berge plantée de grands arbres, dont les fron-
daisons, légèrement agitées par le vent, s'écartent, pour laisser
voir, au fond, le ciel doré par la féerie du soleil couchant.
A droite, au premier plan, le pêcheur dans sa longue bar-
que qui circule au milieu des roseaux émergeant hors de l'eau :
il est vêtu d'une chemise blanche et coiffé d'un bonnet rouge.
Au fond, du même côté, l'étang fuit à perte de vue, et
dans sou miroir frissonnant fait jouer de chauds reflets, sur
lesquels se forme et se déforme le caprice des nuées grises.
Signé à gauche, en bas : Corot.
Carton. Haut., 23 cent. 1 2: larg.. ;:9 cent.
14 — COROT. Le Chemin du village.
lô — COIN >T. Le /'
■i oyo o
v^
24 COLLECTION AU'G. ROUSSEAU
COROT
16 — Le Chemin montant.
La route serpente à mi-côte, ayant à droite un déval aux
herbes parfois foulées, et aux arbres jeunes. A gauche, une
montée douce, où un bois met de l'ombre; à gauche, dans la
montée, une femme est vue debout, de face, avec une coiffe
blanche et un fichu rouge. Au bord de la route, une fillette
est assise, en coiffe rouge et fichu bleu. Au tournant, une
vieille masure en ruines. Au fond, s'étageant sur la pente, les
maisons d'un village aux toitures de tuiles et d'ardoises.
Le ciel, où s'envolent quelques nuages blancs, est tout
éclairé de soleil blond et chaud.
Signé à droite, en bas.
Toile. Haut., 25 cent. 1 2 : larg., 33 cent.
COROT
17 — Le vieil Etang, a Ville-cV Avray [Effet
du matin).
L'heure crépusculaire où, dans le silence des choses, les
grenouilles entonnent leur cantique du matin.
Le bois se recueille au bord de l'étang, où ses reflets se
mêlent au reflet des chaudes clartés naissantes qui dorent le
ciel.
A droite, parmi les roseaux, près du bord, sous l'ombre
d'un massif d'arbres aux branches largement éployées, un
pêcheur, en chemise blanche et bonnet rouge, est en train de
démarrer sa barque.
A gauche, autour des roseaux dont les lances émergent de
l'eau, il passe des frissons de lumière, doux comme des bai-
sers, mystérieux comme une prière.
La lune disparaît à l'horizon.
Signé à droite, en bas : Cur<>!.
Toile. Haut., 2 1 cent. 1 2 : larg., 36 cent.
16 — COROT. Le Chemin montant.
17 — COHOT. Le vieil Étang, à VUle-d'Avray Effet du matin .
26 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
COROT
18 _ La Mare.
s
A gauche, la plaine, de l'autre côté d'un talus sur lequel un
arbre a poussé ; à droite, un bois aux frondaisons légères, et
plus loin, au fond, une pente dont le liane a été ouvert par le
pic du carrier.
A gauche et au milieu, une petite mare au bord de laquelle
une femme debout, en jupe beige, caraco noir et bonnet
blanc, veille sur une fillette blonde assise dans l'herbe.
Dans le ciel au fond d'azur, il y a toute une envolée de
nuages blancs diaphanes.
Signé à droite, en bas : Corot.
Toile. Haut., 29 cent.; larj>., 35 cen .
COROT
19 — Les Chaumières.
Sur la grande route, elles s'en vont toutes trois, la mère et
les deux filles, vers la ville, laissant derrière elles, à gauche,
les chaumières construites dans le repli de la colline, et à
droite, le bois dont les grands arbres sont plantés en amphi-
théâtre sur la pente qui dévale.
A gauche, au premier plan, une montée aux herbages prin-
taniers, dont le lapis verdoyant est interrompu de place en
place par une brèche, laissant apercevoir le terrain argileux.
Le ciel clair est largement paré de nuages blancs, derrière
lesquels on devine l'écran infini de l'azur.
Signé à droite, en bas : Corot.
Toile. Haut., 27 cent.: larg., 3Î cent. 1 2.
18 — COROT. La More.
10 — COROT. Les Chaumières.
28 COLLECTION Al'G. ROUSSEAT
COROT
20 — Coucher de soleil sur V étang.
sr*
A gauche, un massif d'arbres dont la silhouette se dessine
sur le ciel doré par la magique splendeur du soleil couchant.
A droite, un passeur conduit sa barque et va chercher une
femme debout, dont le fichu rouge est comme un coquelicot
liché dans les genêts.
Signé à gauche, en bas : Corot.
DAUBIGXY
21 — Soleil couchant sur la rivière.
A droite, la rivière ; à gauche et au fond, la berge en pente
douce et verdoyante.
Dans le ciel, parfois d'azur profond, le soleil laisse traîner
ses dernières clameurs ; voici que de la gauche accourt le
voile épais de la nuit.
Des reflets frissonnent à la surface de l'eau, et tout, dans
ce site, que l'ombre ambiante fait pins désolé, tout est tra-
gique d'aspect et de sensation.
Signé à gauche, en bas : Daubigny.
Panneau. Haut., 33 cent.: larg., 5*7 cent.
X. DIAZ DE LA PEXA
Bien qu'il ne soit représenté que par trois œuvres clans
cette collection, mais deux œuvres dont l'une surtout porte
ses qualités de verve et de primesaut, Diaz est une figure
trop intéressante dans la pléiade de l'Ecole française de 1830,
pour qu'un paragraphe, si court soit-il, ne lui soit pas consa-
cré. Il lui a manqué trop peu de chose pour y être classé
au premier rang ; mais il est néanmoins une personnalité
considérable dans l'art.
Il eut, avec ses contemporains, la communauté de la
lutte et des difficultés. Tout le temps qu'il ne dépensait pas,
aux heures de début, à son travail professionnel — il était
apprenti dans une fabrique de porcelaine, — il remployait
à peindre, et, dès 1831, il paraissait au Salon.
Il s'était, lui aussi, placé en face de la nature ; mais il
n'y voulait pas voir des paysans frustes comme Millet, ni
des nymphes à l'ingénuité poétique comme Corot. Il ne
cherchait pas non plus le labeur difficile comme Rousseau.
Né dans le Midi, le Midi spécial de Bordeaux, qui n'est pas
celui de Marseille, avec du sang espagnol dans les veines, il
avait la fougue et l'imagination et il fut surtout un merveil-
leux improvisateur.
Nul plus que lui n'a voulu, sans peiner, traduire les sen-
sations très vives qu'il éprouvait, et son rêve est essentielle-
ment souriant; mais il le veut rapide, lestement enlevé,
brillant et jeune, plein d'éclat et de fantaisie.
La fantaisie, voilà quelle a été la grande préoccupation,
TABLEAUX 31
la grande soif de son tempérament d'artiste. Il avait bien
vu et bien compris la splendeur de la forêt, à Barbizon ;
mais k côté des arbres vêtus de plus belles frondaisons, il
voyait, comme si récrin lui eût paru nécessairement devoir
être habité par de rares joailleries, des formes païennes
caressées d'un pinceau opulent, ou des figures parées de
riches costumes. Quand, au contraire, c'est la forêt seule
qui le prend, quand c'est le pittoresque qui l'emporte au
point de ne plus laisser au rêve le temps de peupler le site,
il relègue en un coin, très loin, comme un modeste coque-
licot jeté parmi les herbes, la paysanne à la coiffe d'un
rouge éclatant.
32 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
J Yô oo
DIAZ DE LA PENA
22 — Mare en forêt.
Comme une coupe où le ciel ensoleillé mettrait des nacres
irisées, la mare s'est creusée dans la forêt et son étroit miroir
a des profondeurs infinies.
.Autour d'elle, ainsi que des gardes géants, les grands
arbres élèvent leurs bras robustes d'ancêtres ; l'été est déjà
avancé ; loin de^ nids, les petits d'avril ont pris leur vol, et
les frondaisons rouillées doivent, à chaque souffle qui passe,
laisser pleurer parmi les herbes du sol leurs larmes fauves.
Dans l'écartement des branches, le ciel, d'un bleu profond,
apparaît derrière le tissu déchiré des nuages flottants.
Signé à gauche, en bas : N. Diaz, 71.
Panneau. Haut.. 76 cent.: lare1., 65 cent.
DIAZ DE LA PEXA. Mare en forêt.
34 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
DIAZ DE LA PENA
23 — La Chasse au renard.
Dans la vallée ; le renard est chassé de son gîte : il fuit vers
la droite, suivi de près par la meute élancée des chiens.
Sur le sol, parmi les genêts, de grandes roches montrent leur
matière granitique.
Signé à gauche, en bas.
Panneau. Haut., 17 cent.: larg., 28 cent.
DIAZ DE LA PENA
<*■£ ° 24 — Clairière en forêt.
La forêt, épaisse à gauche, laisse à droite un espace au sol
planté de bruyères et de genêts.
Le ciel, en partie ennuagé de gris, s'éclaireit au fond,
jusqu'à découvrir un pan d'azur : il en descend une clarté
que reçoit, vers le milieu, un arbre dont le feuillage rouillé
parle de fin d'été.
A droite, au premier plan, un arbre aux branches rares.
Panneau. Haut.. 13 cent.: larg., 20 cent.
JULES DUPRÉ
Je crois qu'il serait difficile, s'il s'agissait d'établir som-
mairement la synthèse du génie de Jules Dupré, de réunir
des œuvres plus caractéristiques que celles qui font partie
de la collection Rousseau, et cela m'est une occasion de
commenter la pensée du peintre et d'expliquer un peu
l'homme qu'il fut.
Jules Dupré, lui aussi, a connu les longues années de
lutte ; mais sa vocation était telle, que rien ne le rebuta.
Parti de la fabrique de porcelaine où il était apprenti, il
s'était placé en face de la nature et il a cherché.
Il a cherché toute sa vie : toute sa vie il a poursuivi,
dans un labeur incessant, la conquête d'une interprétation
du pittoresque qui répondît à son idéal, et l'on doit recon-
naître que, s'il fut au début l'un des initiateurs de l'Ecole
française dite de 1830, il en est également l'un des maîtres
les plus aimés, les plus justement aimés.
Ce qu'il a voulu, c'est montrer le drame dans la nature,
le drame qui se joue au-dessus de nos têtes, dans le ciel, et
prépare aux sites qu'il domine un effet spécial, digne de
fixer son inspiration. Il est le grand poète, le grand sym-
phoniste des tempêtes et des accalmies.
Corot, qui aimait à l'aller voir dans sa maison de l'Isle-
Adam, disait avec justesse que Dupré était le Beethoven du
paysage. On n'a jamais fait d'un mot plus approprié la
synthèse du génie de Dupré.
En des œuvres, qui sont pour beaucoup des chefs-
36 COLLECTION Al (1 . ROUSSEAU
d'œuvre, Dupré a écrit lui aussi sa symphonie pastorale. Il y
a des ciels où les nuages semblent suspendus devant l'azu
L&
susp<
que l'heure changera autre part en une transparence rosée ;
mais il y a aussi des ciels où gronde Forage, de larges ciels
où courent, en une chevauchée folle, les nuages sombres
balayés par les vents hurleurs : il y a des ciels qui paraîtraient
opaques et ardoisés, si Ion ne sentait, dans l'amoncellement
des vapeurs, des rousseurs d'éclairs, prêts à rutiler dans
un grondement effroyable.
Alors, sur la nature, sur les arbres, sur les maisons, sur
les bruyères, le soubresaut des choses a son retentissement.
Tout est alarmé, tout participe de la colère atmosphérique ;
tout exprime l'angoisse de l'inévitable secousse. Jules Dupré
a marqué ces effets avec une extraordinaire vigueur et une
pensée magnifique : il nous donne parfois le frisson ; et
même, lorsqu'il ne fait pas, dans ses toiles, passer toutes les
masses orchestrales de la nature pour la tempête bruyante
et déchaînée, il ne peut s'empêcher d'imposer au spectacle
qu'il a sous les yeux et qu'il interprète d'un pinceau essen-
tiellement maître de lui, encore que préoccupé de s'affiner
toujours dans des voies parfaites, il ne peut s'empêcher
d'imposer à ce spectacle un caractère de mélancolie pleine
d'attendrissement, qui est comme un reflet de son âme.
TABLEAUX .HT
JULES DUPRE
25 — U Abreuvoir.
L'été clans la campagne. A gauche, une ferme sous l'ombre
de grands arbres aux frondaisons touffues ; au-devant de la
ferme, des ménagères sont occupées à leurs besognes domes-
tiques.
A droite, et vue en perspective, une autre ferme de grandes
proportions, avec des greniers, où les champs entassent des
richesses ; au-devant s'avance un chariot attelé de deux
bœufs roux, et un groupe de paysans le regarde passer.
Au premier plan, dans une mare où le ciel, mêlé d'azur et
d'or, fait frissonner de chauds reflets, dc> bœufs, des chevaux
et des vaches s'abreuvent, sous le regard d'un garçon d'écurie,
en chemise blanche et pantalon de toile bleue. Sur le chemin
qui longe, à droite, un chien court, aboie et se multiplie,
poussant à l'eau un cheval noir que la baignade tentait len-
tement.
A gauche, sur l'herbe, quelques poules et canards.
Signé à droite, en bas et en biais dans le terrain : Jules
JDupré,-f836.
Toile. Haut.. 2S cent.; larjr., 45 cent.
-4 <T&do
38 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
JULES D'UPRE
/â é<*0 26 — Les Passeurs,
L'heure du soir, où la clarté de la lune commence à enve-
lopper les choses. A gauche, au fond, un bois au bord de
l'eau : des branches de saule pleureur plongent même dans le
miroir humide où elles se réfléchissent.
A droite, près du bord aux herbes vertes émaillées d'une
touffe fleurie, deux hommes sont dans une barque : l'un d'eux,
debout, appuyant sa gaule au sol, va, d'un mouvement puis-
sant, faire démarrer l'embarcation.
Dans le ciel où, comme des géants, passent de grands
nuages, la lune allume sa clarté à la fois mélancolique et
tragique.
Signé à gauche, en bas : J. D.
Toile. Haut., 24 cent. 1/2 : larar., 35 cent. 1/2.
!5 — JULES DUPRÉ. L'Abreuvoir
26 — JULES DUPRÉ. Les Passeurs.
40 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
JULES DIPRE
27 — Vaches se désaltérant dans une marc
Au milieu de la plaine, la mare offre son miroir à la splen-
deur du ciel d'azur où planent de grands nuages blancs.
A droite, un bois dresse ses frondaisons, où déjà quelques
rouilles se montrent : c'est la fin de Tété. Dans l'eau jusqu'aux
genoux, des vaches prennent le frais et se désaltèrent ; assise
sur un cheval, qui lui-même est dans l'eau et boit, une
paysanne en jupe rouge, caraco noir et bonnet blanc, garde
ses bêtes.
Au fond, jusqu'à l'orée d'un bois, la plaine s'étend, offrant
son pâturage à d'autres ruminants.
Signé à g-auche, en bas : Julrs Duprê.
Toile. Haut., L 8 cent.; Lara:., 21 cent. 1 2.
42 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
/
JULES DUPRÉ
'*?0o 28 — Le Ruisseau.
A droite, un massif d'arbre?, dont les formes élancées jail-
lissent de l'épaisse futaie.
A gauche, un pré en pente douce, planté d'arbres également,
et qui, à quelque distance, se dégage pour découvrir une
ferme à la toiture de chaume. Devant la ferme, un chariot
arrêté et attelé d'un cheval blanc.
Au milieu, un ruisseau serpente, ruban lumineux, où le ciel
d'azur profond se réfléchit, avec sa belle clarté douce et ses
nuages flottants. Au bord du ruisseau, une vache rousse se
désaltère.
Signé à droite, en bas : J. D.
Toile. Haut., 46 cent.; larg., 38 cent.
2S — JULES DUP1IE. Le Ruisseau.
te COLLECTION AUG. ROUSSEAU
JULES DUPRÉ
29 — Les Granges.
/ / -e o
A l'orée du bois, deux granges, dont les toits de chaume
élèvent, parmi les branches, leur haute pyramide.
Le ciel est sombre, avec des nuages brodés de quelques
lointains reflets.
Signé à gauche, en bas : Jules Dupré.
Toile. Haut.. 24 cent. \ 2 : larg., 32 cent. 1 2.
JULES DUPRÉ
30 — Les Toits de chaume, à Cayevi .
Le soir, bientôt la nuit : au bord du champ, parmi les
frondaisons, les maisonnettes sont nichées, coiffées de leurs
toitures de chaume. Nul bruit ne semble y retentir: c'est
l'heure silencieuse, où du ciel assombri par le nuage qui
voile les dernières clartés du jour mourant, il tombe de la
mélancolie et du recueillement. Le soir bientôt la nuit
Signé à droite, en bas : /. D.
Toile. Haut.. 21 cent.: larg., 32 cent.
FANTIN-LATOUR
jfto 31 _ Les Bose^
Dans un cornet de cristal vert, sur une table, un bouquet
de roses s'épanouit : il y en a de roses, de jaunes, de blan-
ches, dont le poème parfumé chante sur le vert antique des
feuillages.
Sur la table, une rose grenat foncé est tombée.
Signé à droite, en haut : Faniin^ 89.
Toile. Haut., 11 cent.: larg.. 37 cent.
TABLEAUX 45
E. ISABEY
32 — Coup de vent.
Les sloops de pêcheurs, qui naviguaient de front, sont
secoués par le vent qui s'est levé subitement, et voici les
grandes voiles rouges et blanches, gonflées et balancées sur la
vague aux crêtes blanches d'écume.
Signé à droite, en bas : E . I.
Panneau. Haut., 1S cent. 1/2 ; larg., 24 cent.
JONGKIND
33 — Canal en Hollande, V hiver.
C'est l'hiver : le canal est pris ; la neige cache la surface
glacée, et les gens s'en vont à leurs besognes, les mains dans
les poches et les pieds armés de patins.
A gauche, les arbres se dressent, les branches dépouillées ;
la maisonnette a sa toiture de tuiles rouges à demi ensevelie
sous la neige. A droite, deux moulins élèvent leurs ailes
engourdies, qui semblent sombres sur le ciel ennuagé où l'on
devine encore l'azur, et qu'une bande d'oiseaux émigrants
traverse de son vol.
Signé à gauche, en bas : Jongkind, i 878.
Toile. Haut., 25 cent.; larg., 32 cent. 1/2.
RAFFET
34 — Hussard, pendant la campagne des Alpes.
Le sol est glacé : sous la neige, le pied mal assuré ne sait
ce qu'il va rencontrer; le hussard, tenant de la main droite
son cheval par la bride, et de la gauche son sabre et les
courroies de sa sabretache, descend la montagne prudemment .
Derrière lui, dans l'ambiance transparente du brouillard.
d'autres cavaliers et quelques silhouettes d'officiers généraux.
Signé à gauche, en bas : Raffet.
Toile. Haut.. 24 cent.. Lare., 10 cent.
/Sa
r
^^-e a
THÉODORE ROUSSEAU
On sait quelle place occupe Théodore Rousseau au pre-
mier rang de l'Ecole française de 1830. Ceux qui ne le
connaissent pas pourraient se faire une idée de son génie
rien qu'en examinant la très remarquable série cT œuvres du
maître, patiemment cherchées par M. Rousseau. Il nous a
semblé que nul autre ne pouvait présenter ces œuvres de
choix que celui qui les avait tant aimées, à l'heure même où
Th. Rousseau y insérait tout ce qu'il y avait dans son âme
de passion dramatique de la nature ; et nous nous faisons
un plaisir de reproduire, avant les descriptions, une page,
contemporaine du peintre, où Thoré, avec une foi sincère
et un enthousiasme raisonné, célèbre le génie de Rousseau :
ce Le génie de Rousseau, c'est l'effet. Les effets dans la
nature, c'est comme les émotions dans l'homme : cela va
depuis une impression douce et passagère jusqu'aux secousses
violentes et aux passions furieuses, depuis un petit mouve-
ment atmosphérique jusqu'à la tempête, depuis une pâle
éclaircie dans un ciel orageux jusqu'aux éclats splendides
des soleils couchants.
» Rousseau a su peindre tous les caprices et les acci-
dents, tous les drames et toutes les excentricités de la nature :
la pluie, le vent, la bourrasque, la rosée, le givre, la neige ;
le matin, le soir, le plein midi ; le soleil qui va se lever et le
soleil qui descend derrière l'horizon ; l'hiver et l'été, l'au-
tomne surtout, et même le printemps
» Rousseau, qui essayait tout, essaya donc des effets
TABLEAUX u
printaniers, avec des haies fleuries, où les oiseaux pouvaient
cacher leurs nids, avec de tendres pousses à la pointe des
arbres, avec des herbes que le soleil n'a point encore rous-
sies. Ce n'est pas si facile à peindre que des rochers fauves
ou bronzins, ni que de vieilles carcasses d'arbres. Il y faut
une délicatesse de ton et une légèreté de touche peu fami-
lière à la nouvelle école, vaillante surtout par ses empâte-
ments, par l'énergie du coloris, par la profondeur des
ombres contrastant avec les lumières. Il y faut un parti pris
de clair et des demi-teintes insensibles, puisque le soleil ne
marque pas encore en vigueur les silhouettes des objets.
Il y faut surtout l'audace de la sincérité, pour oser expri-
mer ce qu'on voit, tel qu'on le voit »
18 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
TH. ROUSSEAU
35 — Soleil couchant en foret, Vhiver.
C'est l'automne : les arbres aux cimes dépouillées élèvent
vers le ciel leurs branches torturées ; à leurs pieds, la mare
n'a plus à refléter les nids où s'ébattaient des ailes : le sol est
rude, avec, de place en place, du bois mort. Et voici qu'à
travers le taillis des branches, au fond, le soleil couchant
embrase l'atmosphère, et dans cette mélancolie, la lumière
qui fuse de l'atmosphère accroche des gouttes de sang aux
écorces dénudées.
Signé à gauche, en bas : Th. Rousseau.
Toile. Haut.. 27 cent.: larg., il cent.
TH. ROUSSEAU
36 — Clairière en forêt (Fontainebleau).
Les arbres massés, dont le tronc est vêtu de mousse et le
pied caché clans les bruyères et dans les herbes.
Au milieu, une clairière se fait, afin de laisser le ciel se
mirer dans une étroite mare : et le soleil, qui pénètre sans
gêne à travers les branches écartées, met des caresses sur les
feuilles et sur l'écorce d'un chêne, dont l'épidémie a des
reflets de vieille orfèvrerie.
Signé à gauche, en bas, en rouge : 77/. Rousseau.
Panneau. Haut.. 29 cent. 1 2 : lare.. 38 cent.
35 — TH. ROUSSEAU. Soleil couchant en foret, l'hiver
36 — TH. ROUSSEAU. Clairière en forêt (Fontainebleau).
50 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
TH. ROUSSEAU
37 — Paysage cV Auvergne,
3 4 O ô
c
Sur le sol. entre les roches, les genêts et les bruyères
poussent follement. A droite, le tronc d'un arbre abattu, sur
l'écorce duquel la lumière met des taches de vieil argent.
A gauche, sur un plan plus élevé, un bouquet d'arbres.
Plus loin, du même côté, sur le plateau, deux figures de
paysans marchant, l'un vêtu d'une blouse bleue, l'autre d'un
caraco rouge et d'un bonnet blanc.
A droite, sur la hauteur, des maisonnettes coiffées de
chaume. Dans le ciel, dont l'azur est caché, de grands nuages
blancs et gris.
Signé à gauche, en bas : Th. Rousseau.
Toile. Haut., 35 cent. 1/2 ; larg\, 46 cent.
TH. ROUSSEAU
38 — Gorges cPApremont, après la pluie.
Une plaine dont le sol est légèrement vallonné. Aux pre-
mier plans, sur les bosses du terrain, les bruyères et les herbes
poussent dru. Vers le milieu, deux massifs d'arbres, dont l'un,
celui de gauche, se mire dans une mare, semblent, avec leur
feuillage sombre, avoir poussé là, pour mieux faire chanter
l'ambre d'un rayon de soleil sur des bruyères variées.
Au fond, la forêt et des collines portent la voûte du ciel,
dont le ton doré se dégrade jusqu'au gris sombre des soirées
d'orage.
Signé à gauche, en bas : Th. Rousseau.
Toile. Haut., 27 cent. 1/2 ; larg., 50 cent.
37 — TH. ROUSSEAU. Paysage d'Auvergne.
38 — TH. ROUSSEAU. Gorges d'Apremont, après la pluie.
52 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
ÏH. ROUSSEAU
31) — Le Torrent.
Au fond, la montagne dont les terres sont retenues par les
rocs, qui bossèlent la surface et parfois sont vêtus de mousse.
A gauche, le torrent, clans le lit qu'il s'est creusé, coule
rapide et transparent, se heurtant aux pierres que son flot
n'a pas encore entraînées, et retombant en cascade.
Le vent, qui secoue les branches au-dessus du courant, a
précipité dans l'eau des feuilles qui se perdent, alfolées
Parfois, à l'angle mal joint des roches accumulées, des
bruyères ont pris racine et fleurissent.
Signé à gauche, en bas, en rouge : Th. Rousseau.
Toile. Haut., 38 cent: larg., 16 cent.
TABLEAUX 53
TH. ROUSSEAU
40 — Route de Paris à Versailles. Les Chevaux
de Mari y.
Une large avenue, dont le point initial est marqué parles
deux statues célèbres. Dans les premiers plans, l'avenue
devient un route qui tourne à gauche, et où sont engagés une
diligence attelée de chevaux blancs et des postillons condui-
sant au relai leurs paires de chevaux.
De chaque côté de la route et de l'avenue, des prés s'éten-
dent entre des rangées d'arbres.
A droite, une construction, dont l'image n'est qu'amorcée
dans la composition.
("est la fin de l'été ; aux feuilles vertes déjà se mêlent les
frondaisons roussies par le soleil.
Dans le ciel, qu'une belle lumière blonde envahit, des
nuages gris esquissent des formes puissantes et harmonieuses
i&-^ oJ
squissent aes lormes p
en leur indécision flottante.
Signé à droite, en bas : Th. //., dans le mur.
Toile. Haut,. 26 cent. 1/2 : lar^.. 45 cent. 1 2.
5i COLLECTION" AL'G. ROUSSEAU
TH. ROUSSEAU
41 _ pont de Moret.
A droite, les vieilles constructions de pierre, au bord de la
rivière et la porte surmontée de sa tour aux lignes féodales.
Plus loin, dominant les toitures de tuiles brunes, l'abside de
l'église toiturée de tuiles rouges ; à gauche, le pont de pierre,
dont les trois arches s'ouvrent à l'eau courante, au miroir de
laquelle frissonne l'image du ciel ensoleillé. A droite, près de
la berge, une barque est amarrée.
Signé à gauche, en bas : Th. /?., sur le terrain, daté dans
l'eau, 1844.
Toile. Haut., 26 cent. 12: larg.. 33 cent 1 2
56 COLLECTION AU G. ROUSSEAU
TH. ROUSSEAU
42 — La Montagne,
r
A gauche, la montagne aux hautes arêtes escarpées, au
sommet de laquelle, comme un nid d'aigle, se dresse l'abbaye
aux allures de forteresse.
A droite, de l'autre côté de la vallée profonde, que le soleil
caresse de clarté blonde, d'autres montagnes aux roches vol-
caniques, ou amplement parsemées de pâturages verdoyants
et de bf ii.
Dans le ciel, les reflets dorés et chauds d'un soleil d'été à
; on déclin.
Signé à gauche, en bas : Th. //., dans le terrain.
Toile. Haut., 26 cent.; larg., 35 cent.
TH. ROUSSEAU
43 — Les Roches dans la clair ivre.
Le-, roches, de leurs blocs qui parlent de cataclysmes anté-
diluviens, hérissent le sol, mais avec le temps leur épidémie
s'est sensibilisé ; il a reçu du vent qui passe les poussières et
les graminées, et des mousses sont nées de ces matières
déposées.
C'est l'automne : les tiges frêles et les feuilles sont roussies ;
ce place en place; cependant, quelques touffes plus abritées
contre les ardeurs de Tété ont gardé leur fraîcheur verte.
Signé à gauche, en bas : Th. II.
Panneau. Haut.. 1» cent. 1 2 : larg., 33 cent.
TABLEAUX 57
TH. ROUSSEAU
44 — Le Pont de Saint-Cloud.
Entre ses rives plantées d'arbres, la Seine conle et passe
sous deux ponts, dont le premier a trois arches cintrées ; à
droite, les maisons alignées. Près du pont, d'autres construc-
tions, d'ancienne date, qui se mirent dans le courant.
Le ciel, d'un bleu tendre, s'appuie au loin à l'épaule des
collines, qui se nimbent de clarté diaphane sous l'atmosphère
limpide.
Signé à gauche, en bas : Th. II., dans l'eau.
Panneau. Haut.. 21 cent.: lare:., 30 cent.
TH. ROUSSEAU
45 — La Plaine.
La plaine s'étend gazonnée, à perte de vue, avec quelques
vallonnements peu sensibles, et quelques bouquets d'arbres, à
droite principalement.
A gauche, le terrain se relève en un mamelon qu'un sentier
escalade.
Au fond, des collines basses ferment l'horizon.
Au-devant du ciel, d'un bleu intense, le soleil met des bro-
deries d'or à l'écume des nuages.
Signé à gauche, en bas : Th. /?.
Toile. Haut., K3 cent. 1 2 : larg., 20 cent. 1 2.
Sf
a a
fao
58 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
G. TROYON
46 — Le Bois,
A droite, une partie de plaine. Au milieu et jusqu'à la
gauche, le bois aux grands arbres, dont l'été déjà jaunit les
frondaisons : leurs troncs sont à demi cachés dans le fouillis
des bruyères.
Le ciel est blond de soleil et quelques nuages blancs y
volent sur l'océan infini de l'azur.
Signé à gauche, en bas : C. Troyon.
Panneau. Haut., 3G cent. 1 2; larff.. 55 cent.
AQUARELLES
PASTELS — DESSINS
F. BOX VIN
47 — L'Élude.
Le jeune écolier est assis sur un tabourel : il est vu de clos ;
il s'appuie contre le mur, et, sur ses genoux son carton à
dessin, il s'applique à copier un modèle placé devant lui et
fixé au mur par des punaises.
Signé à droite, vers le haut : F. Bon vin, .3 6".
Dessin au crayon sur papier maïs.
Haut.. 20 cent.: lar&-, 20 cent.
F. BONVIN
48 — La Religieuse.
Debout, de trois quarts à gauche, elle tient de la main
gauche son livre de prière, dont elle tourne les feuillets de la
main droite.
Signé à gauche, en bas.
Dessin au crayon, rehaussé de blanc et de pastel, sur papier
gris.
Haut., 28 cent.: larg., 21 cent.
^K
^^
62 COLLECTION AL'G. ROUSSEAU
EUG. BOUDIN
49 — Sentier sous bois. Paysage, environs du
Havre.
Les arbres forment une voûte de feuillage au sentier que
suit une paysanne.
Au fond, la campagne qui monte en pente douce ; à gauche,
de hautes futaies.
Ciel clair où passent des nuages blancs.
Signé à droite, en bas : Fug. Boudin.
Dessin au crayon, rehaussé de pastel, sur papier Ingres, gris.
Haut., 39 cent.; larg., 53 cent.
AQUARELLES, PASTELS, DESSINS 63
EUG. DELACROIX
50 — Cavalier arabe,
II est monté sur un cheval gris pommelé, vu de profil à
droite, et portant sur la croupe une couverture rouge, brodée
d'or. Lui, vêtu d'une tunique bleue au plastron ouvert, coiffé
d'un turban rouge et blanc à aigrette, est armé de la lance.
Il laisse la bride flotter sur le col de sa bête et se détourne
pour regarder derrière lui.
Au fond, à droite, on aperçoit deux autres cavaliers lancés
au galop et vus de profil à gauche.
Signé à droite, en bas : Eug. Delacroix.
Aquarelle. Haut., 16 cent.; larg\, 21 cent. 12.
Ci COLLECTION AUG. ROUSSEAU
TH. ROUSSEAU
51 — Le Four banal.
A gauche, une ferme; au milieu, un bouquet d'arbres, à
l'abri desquels se trouve le « four banal ».
A droite, un chemin, puis la campagne.
Le ciel est d'un bleu profond, à peine troublé par quelques
nuages blancs et gri;
Signé à gauche, en bas : th. Rousseau, 1 845.
Aquarelle. Haut.. 15 cent.: lai g'., '2 1 cent.
66 COLLECTION AUG. ROUSSEAU
/jfo o
TH. ROUSSEAU
52 — Sentier à travers la futaie.
Au milieu, le chemin monte et tourne, avant à droite quel-
ques arbres, puis des meules ; à gauche, une futaie touffue.
Au fond, un bouquet d'arbres indique un tournant et domine
le site de ses frondaisons fournies.
Signé à gauche, en bas : Th. R.
Dessin à la plume, rehaussé de lavis d'encre de Chine et
de bistre sur papier crème.
Haut., 18 cent. 1/2 . larg., 26 cent. 1 2.
AQUARELLES, PASTELS, DESSINS 67
RIBOT
53 — Le Christ en croix.
Il est attaché à la croix, le corps tirant sur les bras, la tête
penchée sur la poitrine, le tronc affaissé sur les jambes. Il est
vu de trois quarts à droite.
A droite, on aperçoit, également crucifié, un des deux
larrons, la tète renversée, la bouche ouverte pour le cri
suprême.
Signé à gauche, en bas : Itibot.
Dessin à la plume et au lavis d'encre de Chine, sur papier
maïs.
Haut.. 38 cent., larg., '22 cent.
68 COLLECTION A l" C . ROUSSEAU
G. TROYOX
£00 54 — V Abreuvoir
C'est le soir, parmi beau clair de lune : sur la route bordée
d'arbres, à droite, une paysanne s'en revient, tenant par la
main son enfant. A sa gauche, dans une mare, deux bœufs, de
l'eau jusqu'au jarret, se désaltèrent ou prennent le frais. Un
chien, la tète levée, les regarde et semble veiller sur eux.
Plus loin, du même côté, et près d'une ferme, un paysan
debout, dans une carriole attelée d'un cheval et arrêtée, cause
avec une femme debout.
Signé à gauche, en bas.
Dessin au crayon, rehaussé de blanc.
Haut.. 17 cent. 1 2 ; larg., 36 cent.
1
«3 1
54 — C. TROYOX. L'Abreuvoù
COLLECTION AUG. ROUSSEAU
G. TROYON
-£/'
o5 — La Laveuse.
Au bas d'un massif d'arbres, une mare s'olïre au travail
d'une paysanne accroupie, en train d'y laver son linge.
A droite, une autre paysanne, vue de dos, étend son linge
humide sur une haie, pour le faire sécher.
Dessin au crayon, rehaussé de blanc, sur papier Ingres gris.
Haut., 55 c?nt. 1/2 ; larg\, 46 cent. 1/2.
v V
Si