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Full text of "Catalogue de tableaux, aquarelles, pastels, dessins ... composant la collection de M. Auguste Rousseau"

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LIBRARY  OF  THE 

John  G.  Johnson  Collection 

CITY  OF  PHILADELPH-IA 


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Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2013 


http://archive.org/details/catpasaquaOOgale 


CO      G  ■■**?*** 


COLLECTION 


flagaste  Hoasseau 


COLLECTION 

AUGUSTE   ROUSSEAU 


TABLEAUX 

Aquarelles   —   Pastels    —    Dessins 


PRÉFACE       EX       ÉTUDES 


L.    ROGER-MILÈS 


CONDITIONS    DE    LA    VENTE 


Elle  sera  faite  au  comptant. 

Les  acquéreurs  paieront  cinq  pour  cent  en  sus  des  adjudication: 


l'ai  is.  —  i  mp.  I  leorgi  s  Pelil . 


CATALOGUE 


DE 


TABLEAUX 

aquarelles,  pastels,  £)es$îns 

PAR 

B 0  N V I N  ,     BOUDIN,      COROT, 

DELACROIX,      DAUBIGNY,      DIAZ,      J.      DUPRÉ,      FANTIN-L  ATOUR , 

[SABEY,      JONGKIND,     RAFI'ET,      RIBOT, 

TH.      ROUSSEAU,     T  R  O  Y  0  X 

Composant    la    Collection    de 

M.  AUGUSTE  ROUSSEAU 

ET     DONT     LA     VENTE     AURA     LIEU 

G-A.LERXE     Q-EOROEîS     PETIT 

S,  Rue  de  Sèze,  à  Paris 
JLo   Vendredi    O    Mars    JLOOO 

A      3     HEURES 
C  O  M  M I S  S  AIRES-PR I S  EUR  S 


Mc  PAUL    CHEVALLIER 

10.  rue  Grange-Batelière,  10 


Mc   GEORGES  DUCHESNE 

6,  rue  de  Hanovre.  6 


EXPERTS 

M.    HENRI  HARO  M.  GEORGES  PETIT 

4,  rue  Visconti,  et  20;  rue  Bonaparte    |  12,    rue    Godot-de-Mauroi.    12 


EXPOSITIONS 

Particulière  :  Le  Mercredi  7  Mars  1900,  de  1  heure  à  6  heures 

Publique  :  Le  Jeudi  8  Mars  1000,  de  1  heure  à  6  heures. 


PREFACE 


Dans  ses  Petits  Souvenirs,  Jules  Janin,  parlant  de  la 
façon  dont,  au  XVIe  siècle,  on  encourageait  les  artistes,  écrit 
cet  aphorisme  :  «  Acheter  un  tableau  à  un  peintre,  c'est  payer 
une  dette  nationale.  » 

Voilà  certes  une  formule  heureuse  et  fière,  et  tous,  nous 
serions  dans  la  joie  si  les  choses  se  passaient  ainsi.  Mais  tous 
les  amateurs  n  ont  pas  les  mêmes  dispositions  d'esprit,  et  il 
faut  avec  eux  établir  des  classifications.  Il  y  a,  par  exemple, 
l'amateur  qui  achète  une  œuvre  célèbre  pour  l'éclat  qui  en  peut 
rejaillir  sur  lui-même;  pour  tirer,  par  conséquent,  une  satis- 
faction d'amour-propre,  une  fièvre  d'orgueil  de  cette  fantaisie 
qu'il  n'estime  pas  à  un  prix  excessif.  Il  lui  suffit  d'entendre 
autour  de  lui  monter  l'encens  des  complaisances  flatteuses, 
chaque  fois  qu'il  montre  l'œuvre  retentissante,  pour  se  sentir 
grisé  de  sa  propre  gloriole  ;  mais  il  n'éprouve  devant  l'œuvre 
aucune  sensation  esthétique,  quand  il  se  trouve  seul  à  la  con- 
templer. Ce  n'est  peut-être  pas  de  cet  amateur-là  dont  Janin 
aurait  dit  qu'il  payait  une  dette  nationale. 

A  côté  de  cet  amateur,  à  qui  il  faut  le  grand  orchestre  de  la 
renommée,  il  y  a  celui  qui  recherche  sans  bruit  les  artistes  dont 
e  talent  l'émeut  ;  celui  qui  s'entoure  de  petits  tableaux,  cueillis 


6  COLLECTION    AUG.    ROUSSEAU 

dans  l'atelier  et  que  personnifie  n'a  vus  ;  de  petits  tableaux  qui 
portent  le  reflet  de  l'art  le  plus  élevé;  celui  qui,  en  cette  compa- 
gnie d'élite,  fermant  sa  porte  aux  'importuns  et  aux  indiscrets, 
connu'' l  l'adorable  joie  de  reposer  ses  yeux  sur  des  œuvres  qu  il 
a'nne,  et  (/ne  seul  il  a  le  droit  d'aimer.  La  renommée,  il  rien  a 
cure;  il  s'est  créé  une  volupté  à  lui,  jalouse,  silencieuse;  chaque 
jour  il  est  revenu  à  ces  petites  merveilles,  dont  il  est  le  gardien 
plein  de  sollicitude  et  chaque  jour,  depuis  quarante  ans,  il  a 
découvert  en  elles  des  qualités  insoupçonnées  la  veille,  des  aper- 
çus qui  lui  avaient  échappé,  des  clartés  subtiles  dont  son  œil 
ri  avait  pas  encore  deviné  la  caresse. 

Tel  est  le  eus  de  M.  Rousseau,  dont  la  collection  très 
remarquable  est  ici  décrite.  Ses  tableaux,  il  ne  les  a  pus  exhi- 
bés :  comme  il  connaissait  bien  les  peintres,  qui  étaient  ses 
peintres  d'élection,  il  s'est  entouré  d"  œuvres  petites,  pour  la 
plupart,  d'œuvres  dont  aucune  gazette  ri  avait  vanté  le  titre, 
d' œuvres  ou  V artiste  cependant  avait  mis  tout  ce  qu'il  avait  en 
lui  d'expression  caractéristique  et  même  de  génie. 

Et  c'est  vraiment  un  régal  que  ce  petit  musée  de  perles, 
créé  par  un  homme  qui  a  montré  des  idées  très  arrêtées  en  ses 
goûts,  et  un  penchant  à  demander  à  l'art  de  véritables  (/ladites 
d'intimité.  On  le  verra;  pour  les  tableaux  qui  composent  cette 
collection,  la  majesté  et  l'ampleur  d'une  galerie  de  musée 
seraient  déplacées;  ce  qu'il  leur  faut,  c'est  le  petit  salon  aux 
lapis  moelleux,  c'est  le  home  confortable,  ou  le  regard  sans 
fatigue  va  du  foyer  qui  pétille  aux  murs  tout  irradiants  du 
soleil  de  turf. 

Je  n'oserai  pas  affirmer  cependant  que  M.  Rousseau  a 
fait  profession  d'éclectisme  :  il  avait  choisi  parmi  les  maîtres 
ceux  dont  le  talent  —  ou  le  génie  —  s'accordait  le  mieux  avec 


PREFACE  7 

ses  propres  aspirations  ;  et,  s'il  se  rencontre  un  certain  nombre 

de  noms  dans  sa  collection,  il  en  est  cependant  quatre  ou  cinq 
qui  reviennent  assez  fréquemment  pour  que  nous  en  naissions 
conclure  que  ceux-là  étaient  le  plus  près  de  son  cœur  :  Théodore 
Rousseau,  Corot,  Diaz,  Jules  Dupré,  quatre  figures  grandes 

entre  toutes,  dans  la  phalange  des  naturalistes  de  l'école  fran- 
çaise de  1830,  et  Eug.  Boudin,  un  disparu  d'hier,  un  sincère 
et  un  braci\  et  l'un  de  ceux  qui,  de  notre  temps,  eut  la  vision  la 
plus  délicate. 

Pour  ceux-là,  à  mesure  que  l'ordre  alphabétique  amènera 
leur  nom  dans  le  catalogue,  on  trouvera  des  notules  critiques 
établissant  avec  précision  les  caractéristiques  de  chacun,  surtout 
en  ce  qui  concerne  leurs  œuvres  réunies  par  J/.  Rousseau.  Mais. 
au  moment  ou  cette  rare  collection  va  être  dispersée,  il  nous  a 
semblé  qu'en  un  regard  d'ensemble,  il  convenait  d'en  apprécier 
la  portée,  quand  ce  ne  serait  que  pour  féliciter  l'homme  de  haut 
goût  qui,  pendant  quarante  ans,  se  réjouit  de  leur  vue,  et  sut 
deviner  souvent  dans  des  tendances  combattues  par  ses  contem- 
porains, ce  qui  serait  plus  tard  la  raison  la  plus  solide  d'une 
gloire  à  jamais  consacrée. 

L.  ROGER-MILES. 


TABLEAUX 


EUG.    BOUDIX 


Ce  n'est  pas  par  l'effet  d'un  hasard  que  les  œuvres  de 
Boudin  se  trouvent  si  nombreuses  dans  eette  collection. 
L'homme  de  goût  qui  l'a  formée  a  compris  l'affinité  qu'il  y 
avait  entre  l'école  de  1830  et  la  manière  de  ce  naturiste 
sincère,  dont  il  avait  pu  apprécier  le  talent  très  personnel, 
et  la  haute  probité  d'art  de  ce  marin,  à  qui  il  était  permis  de 
parler  de  sa  longue  carrière  sans  amertume,  en  homme  qui 
ne  regrette  rien,  qui  a  la  conscience  pure  de  toute  défail- 
lance, en  vaillant  qui  ne  devait  qu'à  lui,  à  son  effort,  l'estime 
où  le  tenaient  et  le  tiennent  plus  que  jamais  les  seules  gens 
capables  de  l'apprécier  et  de  l'aimer  ;  en  travailleur  qui  n'a 
jamais  rien  demandé  et  à  qui,  —  selon  la  loi  de  l'ombre 
dont  les  médiocres  aiment  à  envelopper  le  vrai  mérite  — 
l'on  n'a  jamais  rien  donné. 

Chaque  morceau  qu'il  a  signé  marque  un  aspect  dans  le 
temps  ;  rien  n'y  est  laissé  au  hasard  ;  on  devine  que  tous 
ses  effets  ont  été  vus,  et  on  constate  qu'ils  ont  été  notés  et 
interprétés  avec  une  incroyable  virtuosité  de  pinceau  ou 
de  crayon  ;  je  n'en  veux  citer  pour  exemple  que  les  toiles 
qui  sont  inscrites  dans  ce  catalogue. 

Les  vrais  amateurs  trouveront  une  égale  joie  d'art  élevé 
à  admirer  ses  tableaux  achevés,  et  ses  dessins  et  études, 
qu'il  s'agisse  de  feuillets  aux  notations  sommaires,  où  il 
donne  cependant,  lui  le  peintre  des  grands  horizons,  toute 
une  synthèse  de    ce   qu'est  cette  chose  étroite  et  folle,   la 


12  COLLECTION    AUG.    ROUSSEAU 

mode,  ou  qu'il  s'agisse  de  bateaux  de  toutes  formes,  indi- 
qués en  leurs  lignes  essentielles. 

Parfois  l'examen  passé  outre-tombe  est  sujet  à  décep- 
lion  pour  ceux  qui  aimaient  l'artiste  sans  avoir  suffisamment 
contrôlé  leur  sensation  de  son  œuvre  à  l'étalon  dune  estbé- 
tique  rationnelle.  Eugène  Boudin  n'a  pas  à  redouter  l'amer- 
tume de  ces  surprises  sentimentales  ;  il  apparaît  dans  son 
œuvre  avec  un  talent  robuste,  une  étude  continue  et  sans 
cesse  en  progrès,  une  conception  personnelle  et  juste  de  ce 
que  doit  être  la  transposition  des  aspects  de  nature,  par  une 
traduction  à  l'aide  de  couleurs  et  de  lignes;  il  procède  avec 
une  étonnante  sûreté  de  toucbe,  que  sa  belle  conscience  de 
travailleur  lui  avait  acquise. 


TABLEAl  X  13 


EUG.    BOUDIN 


1  —  Le  Cangèy  à  Etaples,  marée  basse,  ^,  * 

A  droite,  la  berge,  surélevée,  où  des  barque-  sont  à  quai  : 
au  bord  de  la  berge,  des  pêcheuses  à  la  besogne. 

Plus  à  droite  et  au  fond,  les  maisons  d'Etaples. 

A  gauche,  de  l'autre  côté  de  la  rivière,  les  marais  au  sol 
découvert,  où  quelques  barques  sont  échouées  :  puis  une 
bande  de  canards  :  puis,  plus  loin,  du  même  côté,  la  colline, 
dominée  par  les  constructions  blanches  du  sémaphore  et  du 
phare. 

Signé  à  droite,  en  bas.  dans  le  terrain  :  Eug.  Boudin,   1  S 83. 
Toile.  Haut..  36  cent.:  lare..  58  cent. 


EUG.    BOUDIN 


2  —  Pâturage. 


Dans  un  pré  vert,  que  baigne   la   rivière,  les  vaches  et  les 

bœufs  sont  en  train  de  paître  et  de  ruminer  :  les  nus  s'ap- 
prochent de  l'eau,  pour  humer  la  fraîcheur  qui  monte  en  vapeur 
légère;  d'autres  sont  couchés  et  sont  vus  de  dos;  d'autre-. 
enfin,  s'éloignent  d'une  barrière,  contre  laquelle  s'appuie  un 
paysan. 

Signé  à  droite,  en  bas  :   1 880. 

Toile.  Haut..  36  cent.,  lare.,    16  cent. 


Se 


14  COLLECTION  AUG.    ROUSSEAU 


-e /o  o 


-2  /-?  ô 


EUG.   BOUDIN 

3  —  Le  Canal  abandonné  de  Mardick  (Environs 
de  Dunkerque). 

Au  milieu,  quelques  mares,  à  la  surface  desquelles  nagent 
des  feuilles  de  nénuphar. 

A  droite,  sur  une  pente  douce,  des  linges  étendus  à  sécher, 
et,  blotties  dans  la  verdure,  des  maisonnettes  à  toiture  de 
tuiles  rouges, 

A  gauche  et  au  fond,  tout  un  village,  aux  maisons  coiiFées 
de  tuiles  de  même  couleur  et  semées  parmi  les  buissons. 

Le  ciel,  ennuagé  de  gris,  menace  de  pluie. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  E.  Boudin,  89. 

Toile.  Haut.,  46  cent.l  2:  lar&r.,  65  cent.  1  "2. 


EUG.    BOUDIN 


4  —  Pâturage  au  bord  de  la   Touques. 

A  droite,  sur  la  berge,  les  bœufs  paissent  et  ruminent 
debout  ou  couchés. 

Vers  la  gauche  et  au  milieu,  quelques-uns  ont  descendu  la 
berge   en   pente  douce,  et,  les  pieds  dans  l'eau,  prennent  le 

frais. 

Signé  à  droite,  en  bas,  dans  la  verdure  :  E.  Boudin. 

Toile.   Haut.,  32  cent.;  larg.,    16  cent.  1  2. 


LLECTIOX    AL"',.    ROUSSEAI 


EUG.   BOUDIN" 


d  —  Le  Lhassa  g  e  du   y 


//     fil/P 


Le  troupeau  de  bœufs  s'esl     .._    .      lans  le  gué     les 
ont  de  l'eau  jusqu'aux  genoux,   et  le?  voici   qui   s'avancent 
A-ers  la  gauch      -     is  un  ciel  clai  ;  endant  s'amoncellent 

des  nuées  dorage. 

Signé  à  droite,  en  La-  :  E.  Boudin. 

Toile.  Haut.,  32  cent.:  larg..  46  cent.  1  : 


EUG.  boudin 

6    —    Les     I  dïlSUSCS    flfe     QuiTflpCT. 

lies  deux  agenouillées  sur  un  drap  et    vues  de  profil. 
elle-       ssent  les  grains  au  I   mis. 

jnd.  la  perte  entr'ouverte  de  I 
Signé  à  gauche,  en  b:-  :  E .  Boudin. 

.      32  cent. 

EUG.   BOUDIN 
7   —  Bassin  ou  Havre. 

Le  bassin   où    un    transatlantique   domine   les   bateaux    et 
chalands  amarr es  sinage. 

Au  :    ad,       b  ite,  I   -  ...     sons  en  ]         ire  du  quai  : 
che 

Signé  à  gauche,  en  b  s  :  E .  B 
s  :  Le  H  i  - 

au.  Haut..  32  cent.  1  2:  br_\.  il  cent. 


TABLEAUX  17 


EUG.  BOUDIN 

8  —  Le  Bassin  du  port,  à  Honfleur. 

A  droit      A       _auche.  les  bâtiment?  aux  mâtures    Iress     - 
Dans    le    bassin,   à  l'eau   frissonnante,    une   barque  tra       - 

montée  par  ti    :-  ;      -  _    s. 

A  gauche,  on  aperçoit  les         -       -  maisons, 
ibas:  E     .  B  .  .  v  v 


Panneau.  Haut. 


EUG.    BOUDIN 
9  —  La  Jetée  de   Deduville. 

S  >us  le  ciel  bleu,  les  baigneurs  en  toilette  de  couleurs 

meuade  sur  la  jeté  _  \rdent  les  bateaux  dont 

les  m     s  portent  des  flammes  de  couleur  et  de  grandes  voiles 
-     iffle  le  vent.  Les  chi     s  s        plus      - 

S  _:.é  à  gauche,  en  '.    -  :  E      .  B  .69. 

Panneau.  Haut.,  23  cent.   1  2  :  tarir.,  32  cent. 

EUG.    BOUDIN 
in  —  Marée  basse,  à  Trouville. 

I .  ;  nier  s'esl  et  sur  le  sol,  marqu 

par  les  :'.    :  :   s   d'eau  qui  demeurent,   les  bateaux  de   pèche 
sont  sur  le  flanc,  les  voiles  pendantes,   les  pavillon- 
leurs  fouettés  par  le  v- 

_    u  -lie.  en  bas  :  E.  h      !ln. 

Panneau.  Haut..  21  cent.  J  2  :  larg..  27  cent. 


<    - 


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18  COLLECTION   AUG.   ROUSSEAU 


*£  6£  o 


-8 


EUG.  boudin 


11  —  Le  Rivage  de  Deauville. 

Sur  la  plage,  que  la  mer  laisse  découverte  pour  l'instant, 
un  pêcheur  passe,  portant  sur  l'épaule  ses  instruments  de 
pêche. 

Le  ciel  bleu  est  masqué  de  nuées  blanches,  ourlées  de  nuées 
grises. 

A  l'horizon,  quelques  silhouettes  de  bateaux. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  E.  Boudin. 

Panneau.  Haut.,  24  cent.;  larg ..  19  cent 


EUG.   BOUDIN 


12  —  La  Touques,  le  matin. 

Sur  le  bord  de  la  rivière,  à  droite,  cinq  ménagères  sont 
agenouillées  et  lavent  leur  linge.  Derrière  elles,  de  grands 
baquets  reçoivent  les  pièces  mouillées. 

Au  fond,  la  berge,  avec  des  bateaux  en  chantier,  forme  une 
ligne  boisée. 

Au  ciel,  l'azur  est  voilé  par  le  floconnement  des  nuages. 

Signé  à  droite,  en  bas  :  E.  Boudin. 

Panneau.  Haut..  12  i  cent.:  lare.   19  cent 


TABLEAUX  19 


BONVIN 

13  —  Pêcheuses. 

Elles  se  sont  rencontrées  en  revenant  du  port,  dont  on 
aperçoit  au  fond  les  bateaux  amarrés  et  l'eau  bleue. 

L'une  est  vue  de  profil  à  droite  :  jupe  et  caraco  noirs, 
tablier  blanc,  poche  bleue,  fichu  rouge  ;  elle  porte  sur  le  dos 
une  hotte,  et  à  la  main,  appuyé  contre  le  flanc  gauche,  un 
panier.  L'autre  est  vue  de  profil  à  gauche,  jupe  brune,  fichu 
bleu  foncé,  tablier  bleu  clair,  poche  bariolée,  à  tons  bleus 
dominants.  Elle  tient  la  main  gauche  à  la  hanche,  la  paume  en 
dehors,  et  de  la  droite  cale  un  panier  contre  sa  cuisse  droite. 

Toutes  deux  sont  coiffées  d'un  bonnet  blanc. 

Le  ciel  est  chargé  d'orage. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  F.  Bonvin. 

Toile.  Haut.,  32  cent.;  larg.,  24  cent. 


Jff 


CAMILLE    COROT 


Les  œuvres  de  Corot  qui  sont  ici  réunies  sont  d'une 
qualité  exceptionnelle  ;  il  semble  bien  que  toute  l'ampleur 
de  son  génie  trouve  son  expression  dans  ces  petits  tableaux 
d'une  si  complète  émotion  et  d'un  art  si  pénétrant.  C'est 
son  âme  qu'il  y  raconte  tout  entière,  son  âme  qui  si  haut 
s'élève  hors  de  la  pensée  qui  lui  fut  contemporaine  :  je 
m'explique.  Il  va  des  sujets  sur  lesquels  il  revient  souvent, 
en  des  variations  toujours  exquises  et  toujours  nouvelles  : 
ce  sont  les  pêcheurs  et  surtout  les  passeurs.  Dans  un  grand 
nombre  de  ses  toiles,  le  voici  ce  bonhomme,  debout,  en 
cotte  sombre  et  chemise  blanche,  guidant  d'un  bras  nerveux 
la  barque   qui  fend  le   miroir  de  l'étang  ou  de   la  rivière-. 

Autour  de  lui,  dans  la  splendeur  des  frondaisons  aux 
nids  querelleurs,  sons  le  ciel  qui  plane  en  des  profondeurs 
diaprées,  les  heures  et  les  saisons  chantent  leur  antienne; 
el  lui,  calme,  inconscient  de  la  féerie  sans  cesse  renouvelée 
qui  semble  se  jouer  pour  lui,  pour  sa  solitude .  mais  heu- 
reux cependant  d'un  bonheur  inexprimé  autant  qu'inexpri- 
mable lui,  le  passeur,  est  là,  superbe  de  naïveté,  exprimant 
la  vie  dans  ce  qu'elle  a  de  plus  auguste  :  le  devoir  simple, 
simplement  accompli. 

Ses  passeurs  el  ses  pécheurs  se  meuvent  aux  heures 
où  le  jour  se  lève,  aux  heures  encore  où  le  soleil  disparaît 
derrière  l'horizon.  Mais  là,  point  de  tristesse  :  juste  ce  qu'il 
faut  de  mélancolie  pour  apaiser  le  sourire  des  lumières 
éclatantes  ou  préparer  l'âme  aux  recueillements  attendris  : 


TABLEAUX 


•21 


el  nulle  part  on  ne  découvre  l'ennui,  parce  que  nulle  part 
il  ne  veut  montrer  autre  chose  que  le  bonheur  de  vivre  el 
non  F  orgueil  de  vivre!  Et  c'est  pourquoi  aujourd'hui  ses 
passeurs  et  ses  pêcheurs,  même  ceux  qui  datent  de  cinquante 
ans,  semblent  faits  d'hier.  Je  regardais,  l'autre  matin,  ceux 
qui  se  trouvent  réunis  dans  la  collée  lion  de  M.  Rousseau, 
et  je  me  sentais  ému  dune  admiration  grandissante  devant 
ce  poème  sublime  de  l'humilité  humaine,  qui  est  là,  en  une 
énorme  variété,  l'expression  dune  éternité  vraie,  parce 
qu'elle  a  son  écho  dans  l'éternité  du  génie. 


22  COLLECTION    AUG.    ROUSSEAU 

COROT 

14  —  Le  Chemin  du  village. 

Au  milieu  du  pré  aux  herbes  folles,  et  qu'émaillent  quel- 
ques buissons  fleuris,  le  sentier  va  du  milieu  vers  le  fond,  à 
gauche  ;  il  conduit  au  village  construit  au  revers  d'un  pli  de 
terrain,  et  dont  on  aperçoit  le  clocher  au  toit  d'ardoises,  poin- 
tant dans  le  ciel  bleu. 

A  droite,  au  premier  plan  et  au  devant  de  la  lisière  d'un 
bois,  une  vieille  femme  accroupie  fait  sa  cueillette  de  mousses. 
Plus  loin,  du  même  côté  et  au  bord  du  chemin,  deux  pay- 
sannes causent,  debout  ;  l'une  est  vue  de  face,  coiffée  d'un 
bonnet  blanc,  l'autre  de  dos,  avec  une  coilfe  rouge,  et  un 
caraco  marron. 

Derrière  elles,  dans  l'écartement  des  branches,  deux  mai- 
sonnettes mitoyennes,  aux  toitures  de  tuiles  brunes,  apparais- 
sent, et  le  soleil  qui  tombe  sur  le  mur  y  laisse  un  bel  éclat  de 
lumière.  Tout  au  fond,  la  ceinture  des  collines  apparaît  grisée 
sous  l'ambiance  chaude  d'un  ciel  d'été. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Corot. 

Toile.  Haut.,  30  cent.:  larg.,   1  i  cent. 

COROT 
fo-rao       i6  —  Le  Pêcheur. 


S 


A  gauche,  la  berge  plantée  de  grands  arbres,  dont  les  fron- 
daisons, légèrement  agitées  par  le  vent,  s'écartent,  pour  laisser 
voir,  au  fond,  le  ciel  doré  par  la  féerie  du  soleil  couchant. 

A  droite,  au  premier  plan,  le  pêcheur  dans  sa  longue  bar- 
que qui  circule  au  milieu  des  roseaux  émergeant  hors  de  l'eau  : 
il  est  vêtu  d'une  chemise  blanche  et  coiffé  d'un  bonnet  rouge. 

Au  fond,  du  même  côté,  l'étang  fuit  à  perte  de  vue,  et 
dans  sou  miroir  frissonnant  fait  jouer  de  chauds  reflets,  sur 
lesquels  se  forme  et  se  déforme  le  caprice  des  nuées  grises. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Corot. 

Carton.  Haut.,  23  cent.  1   2:  larg..  ;:9  cent. 


14  —  COROT.  Le  Chemin  du  village. 


lô  —  COIN  >T.   Le  /' 


■i  oyo  o 


v^ 


24  COLLECTION   AU'G.    ROUSSEAU 

COROT 

16  —  Le  Chemin  montant. 

La  route  serpente  à  mi-côte,  ayant  à  droite  un  déval  aux 
herbes  parfois  foulées,  et  aux  arbres  jeunes.  A  gauche,  une 
montée  douce,  où  un  bois  met  de  l'ombre;  à  gauche,  dans  la 
montée,  une  femme  est  vue  debout,  de  face,  avec  une  coiffe 
blanche  et  un  fichu  rouge.  Au  bord  de  la  route,  une  fillette 
est  assise,  en  coiffe  rouge  et  fichu  bleu.  Au  tournant,  une 
vieille  masure  en  ruines.  Au  fond,  s'étageant  sur  la  pente,  les 
maisons  d'un  village  aux  toitures  de  tuiles  et  d'ardoises. 

Le  ciel,  où  s'envolent  quelques  nuages  blancs,  est  tout 
éclairé  de  soleil  blond  et  chaud. 

Signé  à  droite,  en  bas. 

Toile.  Haut.,  25  cent.  1  2  :  larg.,  33  cent. 


COROT 

17  —  Le   vieil  Etang,    a    Ville-cV Avray    [Effet 
du  matin). 

L'heure  crépusculaire  où,  dans  le  silence  des  choses,  les 
grenouilles  entonnent  leur  cantique  du  matin. 

Le  bois  se  recueille  au  bord  de  l'étang,  où  ses  reflets  se 
mêlent  au  reflet  des  chaudes  clartés  naissantes  qui  dorent  le 
ciel. 

A  droite,  parmi  les  roseaux,  près  du  bord,  sous  l'ombre 
d'un  massif  d'arbres  aux  branches  largement  éployées,  un 
pêcheur,  en  chemise  blanche  et  bonnet  rouge,  est  en  train  de 
démarrer  sa  barque. 

A  gauche,  autour  des  roseaux  dont  les  lances  émergent  de 
l'eau,  il  passe  des  frissons  de  lumière,  doux  comme  des  bai- 
sers, mystérieux  comme  une  prière. 

La  lune  disparaît  à  l'horizon. 

Signé  à  droite,  en  bas  :  Cur<>!. 

Toile.  Haut.,  2  1  cent.  1  2  :  larg.,  36  cent. 


16  —  COROT.  Le  Chemin  montant. 


17  —  COHOT.  Le  vieil  Étang,  à  VUle-d'Avray    Effet  du  matin  . 


26  COLLECTION   AUG.   ROUSSEAU 


COROT 
18  _  La  Mare. 


s 


A  gauche,  la  plaine,  de  l'autre  côté  d'un  talus  sur  lequel  un 
arbre  a  poussé  ;  à  droite,  un  bois  aux  frondaisons  légères,  et 
plus  loin,  au  fond,  une  pente  dont  le  liane  a  été  ouvert  par  le 
pic  du  carrier. 

A  gauche  et  au  milieu,  une  petite  mare  au  bord  de  laquelle 
une  femme  debout,  en  jupe  beige,  caraco  noir  et  bonnet 
blanc,  veille  sur  une  fillette  blonde  assise  dans  l'herbe. 

Dans  le  ciel  au  fond  d'azur,  il  y  a  toute  une  envolée  de 
nuages  blancs  diaphanes. 

Signé  à  droite,  en  bas  :  Corot. 

Toile.  Haut.,  29  cent.;  larj>.,  35  cen  . 


COROT 
19  —  Les  Chaumières. 


Sur  la  grande  route,  elles  s'en  vont  toutes  trois,  la  mère  et 
les  deux  filles,  vers  la  ville,  laissant  derrière  elles,  à  gauche, 
les  chaumières  construites  dans  le  repli  de  la  colline,  et  à 
droite,  le  bois  dont  les  grands  arbres  sont  plantés  en  amphi- 
théâtre sur  la  pente  qui  dévale. 

A  gauche,  au  premier  plan,  une  montée  aux  herbages  prin- 
taniers,  dont  le  lapis  verdoyant  est  interrompu  de  place  en 
place  par  une  brèche,  laissant  apercevoir  le  terrain   argileux. 

Le  ciel  clair  est  largement  paré  de  nuages  blancs,  derrière 
lesquels  on  devine  l'écran  infini  de  l'azur. 

Signé  à  droite,  en  bas  :  Corot. 

Toile.  Haut.,  27  cent.:  larg.,  3Î  cent.  1  2. 


18  —  COROT.  La  More. 


10  —  COROT.  Les  Chaumières. 


28  COLLECTION    Al'G.    ROUSSEAT 


COROT 


20  —  Coucher  de  soleil  sur  V étang. 


sr* 


A  gauche,  un  massif  d'arbres  dont  la  silhouette  se  dessine 
sur  le  ciel  doré  par  la  magique  splendeur  du  soleil  couchant. 

A  droite,  un  passeur  conduit  sa  barque  et  va  chercher  une 
femme  debout,  dont  le  fichu  rouge  est  comme  un  coquelicot 
liché  dans  les  genêts. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Corot. 


DAUBIGXY 
21    —  Soleil  couchant  sur  la  rivière. 

A  droite,  la  rivière  ;  à  gauche  et  au  fond,  la  berge  en  pente 
douce  et  verdoyante. 

Dans  le  ciel,  parfois  d'azur  profond,  le  soleil  laisse  traîner 
ses  dernières  clameurs  ;  voici  que  de  la  gauche  accourt  le 
voile  épais  de  la  nuit. 

Des  reflets  frissonnent  à  la  surface  de  l'eau,  et  tout,  dans 
ce  site,  que  l'ombre  ambiante  fait  pins  désolé,  tout  est  tra- 
gique d'aspect  et  de  sensation. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Daubigny. 

Panneau.  Haut.,  33  cent.:  larg.,  5*7  cent. 


X.    DIAZ   DE    LA    PEXA 


Bien  qu'il  ne  soit  représenté  que  par  trois  œuvres  clans 
cette  collection,  mais  deux  œuvres  dont  l'une  surtout  porte 
ses  qualités  de  verve  et  de  primesaut,  Diaz  est  une  figure 
trop  intéressante  dans  la  pléiade  de  l'Ecole  française  de  1830, 
pour  qu'un  paragraphe,  si  court  soit-il,  ne  lui  soit  pas  consa- 
cré. Il  lui  a  manqué  trop  peu  de  chose  pour  y  être  classé 
au  premier  rang  ;  mais  il  est  néanmoins  une  personnalité 
considérable  dans  l'art. 

Il  eut,  avec  ses  contemporains,  la  communauté  de  la 
lutte  et  des  difficultés.  Tout  le  temps  qu'il  ne  dépensait  pas, 
aux  heures  de  début,  à  son  travail  professionnel  —  il  était 
apprenti  dans  une  fabrique  de  porcelaine,  —  il  remployait 
à  peindre,  et,  dès  1831,  il  paraissait  au  Salon. 

Il  s'était,  lui  aussi,  placé  en  face  de  la  nature  ;  mais  il 
n'y  voulait  pas  voir  des  paysans  frustes  comme  Millet,  ni 
des  nymphes  à  l'ingénuité  poétique  comme  Corot.  Il  ne 
cherchait  pas  non  plus  le  labeur  difficile  comme  Rousseau. 
Né  dans  le  Midi,  le  Midi  spécial  de  Bordeaux,  qui  n'est  pas 
celui  de  Marseille,  avec  du  sang  espagnol  dans  les  veines,  il 
avait  la  fougue  et  l'imagination  et  il  fut  surtout  un  merveil- 
leux improvisateur. 

Nul  plus  que  lui  n'a  voulu,  sans  peiner,  traduire  les  sen- 
sations très  vives  qu'il  éprouvait,  et  son  rêve  est  essentielle- 
ment souriant;  mais  il  le  veut  rapide,  lestement  enlevé, 
brillant  et  jeune,  plein  d'éclat  et  de  fantaisie. 

La  fantaisie,  voilà  quelle  a  été  la  grande  préoccupation, 


TABLEAUX  31 

la  grande  soif  de  son  tempérament  d'artiste.  Il  avait  bien 
vu  et  bien  compris  la  splendeur  de  la  forêt,  à  Barbizon  ; 
mais  k  côté  des  arbres  vêtus  de  plus  belles  frondaisons,  il 
voyait,  comme  si  récrin  lui  eût  paru  nécessairement  devoir 
être  habité  par  de  rares  joailleries,  des  formes  païennes 
caressées  d'un  pinceau  opulent,  ou  des  figures  parées  de 
riches  costumes.  Quand,  au  contraire,  c'est  la  forêt  seule 
qui  le  prend,  quand  c'est  le  pittoresque  qui  l'emporte  au 
point  de  ne  plus  laisser  au  rêve  le  temps  de  peupler  le  site, 
il  relègue  en  un  coin,  très  loin,  comme  un  modeste  coque- 
licot jeté  parmi  les  herbes,  la  paysanne  à  la  coiffe  d'un 
rouge  éclatant. 


32  COLLECTION    AUG.    ROUSSEAU 


J  Yô  oo 


DIAZ   DE    LA   PENA 

22  —  Mare   en  forêt. 

Comme  une  coupe  où  le  ciel  ensoleillé  mettrait  des  nacres 
irisées,  la  mare  s'est  creusée  dans  la  forêt  et  son  étroit  miroir 
a  des  profondeurs  infinies. 

.Autour  d'elle,  ainsi  que  des  gardes  géants,  les  grands 
arbres  élèvent  leurs  bras  robustes  d'ancêtres  ;  l'été  est  déjà 
avancé  ;  loin  de^  nids,  les  petits  d'avril  ont  pris  leur  vol,  et 
les  frondaisons  rouillées  doivent,  à  chaque  souffle  qui  passe, 
laisser  pleurer  parmi  les  herbes  du  sol  leurs  larmes  fauves. 

Dans  l'écartement  des  branches,  le  ciel,  d'un  bleu  profond, 
apparaît  derrière  le  tissu  déchiré  des  nuages  flottants. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  N.  Diaz,  71. 

Panneau.  Haut..  76  cent.:  lare1.,  65  cent. 


DIAZ  DE  LA  PEXA.  Mare  en  forêt. 


34  COLLECTION   AUG.    ROUSSEAU 

DIAZ  DE  LA  PENA 

23  —  La   Chasse  au  renard. 

Dans  la  vallée  ;  le  renard  est  chassé  de  son  gîte  :  il  fuit  vers 
la  droite,  suivi  de  près  par  la  meute  élancée  des  chiens. 

Sur  le  sol,  parmi  les  genêts,  de  grandes  roches  montrent  leur 
matière  granitique. 

Signé  à  gauche,  en  bas. 

Panneau.  Haut.,  17  cent.:  larg.,  28  cent. 

DIAZ  DE  LA  PENA 

<*■£  °  24  —  Clairière  en  forêt. 

La  forêt,  épaisse  à  gauche,  laisse  à  droite  un  espace  au  sol 
planté  de  bruyères  et  de  genêts. 

Le  ciel,  en  partie  ennuagé  de  gris,  s'éclaireit  au  fond, 
jusqu'à  découvrir  un  pan  d'azur  :  il  en  descend  une  clarté 
que  reçoit,  vers  le  milieu,  un  arbre  dont  le  feuillage  rouillé 
parle  de  fin  d'été. 

A  droite,  au  premier  plan,  un  arbre  aux  branches  rares. 

Panneau.  Haut..  13  cent.:  larg.,  20  cent. 


JULES   DUPRÉ 


Je  crois  qu'il  serait  difficile,  s'il  s'agissait  d'établir  som- 
mairement la  synthèse  du  génie  de  Jules  Dupré,  de  réunir 
des  œuvres  plus  caractéristiques  que  celles  qui  font  partie 
de  la  collection  Rousseau,  et  cela  m'est  une  occasion  de 
commenter  la  pensée  du  peintre  et  d'expliquer  un  peu 
l'homme  qu'il  fut. 

Jules  Dupré,  lui  aussi,  a  connu  les  longues  années  de 
lutte  ;  mais  sa  vocation  était  telle,  que  rien  ne  le  rebuta. 
Parti  de  la  fabrique  de  porcelaine  où  il  était  apprenti,  il 
s'était  placé  en  face  de  la  nature  et  il  a  cherché. 

Il  a  cherché  toute  sa  vie  :  toute  sa  vie  il  a  poursuivi, 
dans  un  labeur  incessant,  la  conquête  d'une  interprétation 
du  pittoresque  qui  répondît  à  son  idéal,  et  l'on  doit  recon- 
naître que,  s'il  fut  au  début  l'un  des  initiateurs  de  l'Ecole 
française  dite  de  1830,  il  en  est  également  l'un  des  maîtres 
les  plus  aimés,  les  plus  justement  aimés. 

Ce  qu'il  a  voulu,  c'est  montrer  le  drame  dans  la  nature, 
le  drame  qui  se  joue  au-dessus  de  nos  têtes,  dans  le  ciel,  et 
prépare  aux  sites  qu'il  domine  un  effet  spécial,  digne  de 
fixer  son  inspiration.  Il  est  le  grand  poète,  le  grand  sym- 
phoniste des  tempêtes  et  des  accalmies. 

Corot,  qui  aimait  à  l'aller  voir  dans  sa  maison  de  l'Isle- 
Adam,  disait  avec  justesse  que  Dupré  était  le  Beethoven  du 
paysage.  On  n'a  jamais  fait  d'un  mot  plus  approprié  la 
synthèse  du  génie  de  Dupré. 

En  des   œuvres,    qui    sont   pour    beaucoup   des   chefs- 


36  COLLECTION    Al  (1 .    ROUSSEAU 

d'œuvre,  Dupré  a  écrit  lui  aussi  sa  symphonie  pastorale.  Il  y 


a  des  ciels  où  les  nuages  semblent  suspendus  devant   l'azu 


L& 


susp< 


que  l'heure  changera  autre  part  en  une  transparence  rosée  ; 
mais  il  y  a  aussi  des  ciels  où  gronde  Forage,  de  larges  ciels 
où  courent,  en  une  chevauchée  folle,  les  nuages  sombres 
balayés  par  les  vents  hurleurs  :  il  y  a  des  ciels  qui  paraîtraient 
opaques  et  ardoisés,  si  Ion  ne  sentait,  dans  l'amoncellement 
des  vapeurs,  des  rousseurs  d'éclairs,  prêts  à  rutiler  dans 
un  grondement  effroyable. 

Alors,  sur  la  nature,  sur  les  arbres,  sur  les  maisons,  sur 
les  bruyères,  le  soubresaut  des  choses  a  son  retentissement. 
Tout  est  alarmé,  tout  participe  de  la  colère  atmosphérique  ; 
tout  exprime  l'angoisse  de  l'inévitable  secousse.  Jules  Dupré 
a  marqué  ces  effets  avec  une  extraordinaire  vigueur  et  une 
pensée  magnifique  :  il  nous  donne  parfois  le  frisson  ;  et 
même,  lorsqu'il  ne  fait  pas,  dans  ses  toiles,  passer  toutes  les 
masses  orchestrales  de  la  nature  pour  la  tempête  bruyante 
et  déchaînée,  il  ne  peut  s'empêcher  d'imposer  au  spectacle 
qu'il  a  sous  les  yeux  et  qu'il  interprète  d'un  pinceau  essen- 
tiellement maître  de  lui,  encore  que  préoccupé  de  s'affiner 
toujours  dans  des  voies  parfaites,  il  ne  peut  s'empêcher 
d'imposer  à  ce  spectacle  un  caractère  de  mélancolie  pleine 
d'attendrissement,  qui  est  comme  un  reflet  de  son  âme. 


TABLEAUX  .HT 


JULES    DUPRE 
25  —  U  Abreuvoir. 

L'été  clans  la  campagne.  A  gauche,  une  ferme  sous  l'ombre 
de  grands  arbres  aux  frondaisons  touffues  ;  au-devant  de  la 
ferme,  des  ménagères  sont  occupées  à  leurs  besognes  domes- 
tiques. 

A  droite,  et  vue  en  perspective,  une  autre  ferme  de  grandes 
proportions,  avec  des  greniers,  où  les  champs  entassent  des 
richesses  ;  au-devant  s'avance  un  chariot  attelé  de  deux 
bœufs  roux,  et  un  groupe  de  paysans  le  regarde  passer. 

Au  premier  plan,  dans  une  mare  où  le  ciel,  mêlé  d'azur  et 
d'or,  fait  frissonner  de  chauds  reflets,  dc>  bœufs,  des  chevaux 
et  des  vaches  s'abreuvent,  sous  le  regard  d'un  garçon  d'écurie, 
en  chemise  blanche  et  pantalon  de  toile  bleue.  Sur  le  chemin 
qui  longe,  à  droite,  un  chien  court,  aboie  et  se  multiplie, 
poussant  à  l'eau  un  cheval  noir  que  la  baignade  tentait  len- 
tement. 

A  gauche,  sur  l'herbe,  quelques  poules  et  canards. 

Signé  à  droite,  en  bas  et  en  biais  dans  le  terrain  :  Jules 
JDupré,-f836. 

Toile.  Haut..  2S  cent.;  larjr.,  45  cent. 


-4  <T&do 


38  COLLECTION    AUG.    ROUSSEAU 


JULES    D'UPRE 


/â é<*0         26  —  Les  Passeurs, 


L'heure  du  soir,  où  la  clarté  de  la  lune  commence  à  enve- 
lopper les  choses.  A  gauche,  au  fond,  un  bois  au  bord  de 
l'eau  :  des  branches  de  saule  pleureur  plongent  même  dans  le 
miroir  humide  où  elles  se  réfléchissent. 

A  droite,  près  du  bord  aux  herbes  vertes  émaillées  d'une 
touffe  fleurie,  deux  hommes  sont  dans  une  barque  :  l'un  d'eux, 
debout,  appuyant  sa  gaule  au  sol,  va,  d'un  mouvement  puis- 
sant, faire  démarrer  l'embarcation. 

Dans  le  ciel  où,  comme  des  géants,  passent  de  grands 
nuages,  la  lune  allume  sa  clarté  à  la  fois  mélancolique  et 
tragique. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  J.  D. 

Toile.  Haut.,  24  cent.  1/2  :  larar.,  35  cent.  1/2. 


!5  —  JULES  DUPRÉ.  L'Abreuvoir 


26  —  JULES  DUPRÉ.  Les  Passeurs. 


40  COLLECTION   AUG.    ROUSSEAU 


JULES    DIPRE 


27  —   Vaches  se  désaltérant  dans  une  marc 

Au  milieu  de  la  plaine,  la  mare  offre  son  miroir  à  la  splen- 
deur du  ciel  d'azur  où  planent  de  grands  nuages  blancs. 

A  droite,  un  bois  dresse  ses  frondaisons,  où  déjà  quelques 
rouilles  se  montrent  :  c'est  la  fin  de  Tété.  Dans  l'eau  jusqu'aux 
genoux,  des  vaches  prennent  le  frais  et  se  désaltèrent  ;  assise 
sur  un  cheval,  qui  lui-même  est  dans  l'eau  et  boit,  une 
paysanne  en  jupe  rouge,  caraco  noir  et  bonnet  blanc,  garde 
ses  bêtes. 

Au  fond,  jusqu'à  l'orée  d'un  bois,  la  plaine  s'étend,  offrant 
son  pâturage  à  d'autres  ruminants. 

Signé  à  g-auche,  en  bas  :  Julrs  Duprê. 

Toile.  Haut.,  L 8  cent.;  Lara:.,  21  cent.  1  2. 


42  COLLECTION   AUG.   ROUSSEAU 


/ 


JULES    DUPRÉ 
'*?0o         28  —  Le  Ruisseau. 


A  droite,  un  massif  d'arbre?,  dont  les  formes  élancées  jail- 
lissent de  l'épaisse  futaie. 

A  gauche,  un  pré  en  pente  douce,  planté  d'arbres  également, 
et  qui,  à  quelque  distance,  se  dégage  pour  découvrir  une 
ferme  à  la  toiture  de  chaume.  Devant  la  ferme,  un  chariot 
arrêté  et  attelé  d'un  cheval  blanc. 

Au  milieu,  un  ruisseau  serpente,  ruban  lumineux,  où  le  ciel 
d'azur  profond  se  réfléchit,  avec  sa  belle  clarté  douce  et  ses 
nuages  flottants.  Au  bord  du  ruisseau,  une  vache  rousse  se 
désaltère. 

Signé  à  droite,  en  bas  :  J.  D. 

Toile.  Haut.,  46  cent.;  larg.,  38  cent. 


2S  —  JULES  DUP1IE.  Le  Ruisseau. 


te  COLLECTION    AUG.    ROUSSEAU 

JULES  DUPRÉ 


29  —  Les  Granges. 


/  /  -e  o 


A  l'orée  du  bois,  deux  granges,  dont  les  toits  de  chaume 
élèvent,  parmi  les  branches,  leur  haute  pyramide. 

Le  ciel  est  sombre,  avec  des  nuages  brodés  de  quelques 
lointains  reflets. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Jules  Dupré. 

Toile.  Haut..  24  cent.  \   2  :  larg.,  32  cent.  1   2. 

JULES  DUPRÉ 
30  —  Les  Toits  de  chaume,  à  Cayevi . 

Le  soir,  bientôt  la  nuit  :  au  bord  du  champ,  parmi  les 
frondaisons,  les  maisonnettes  sont  nichées,  coiffées  de  leurs 
toitures  de  chaume.  Nul  bruit  ne  semble  y  retentir:  c'est 
l'heure  silencieuse,  où  du  ciel  assombri  par  le  nuage  qui 
voile  les  dernières  clartés  du  jour  mourant,  il  tombe  de  la 
mélancolie  et  du  recueillement.  Le  soir bientôt  la  nuit 

Signé  à  droite,  en  bas  :  /.  D. 

Toile.  Haut..  21  cent.:  larg.,  32  cent. 


FANTIN-LATOUR 

jfto  31    _    Les  Bose^ 

Dans  un  cornet  de  cristal  vert,  sur  une  table,  un  bouquet 
de  roses  s'épanouit  :  il  y  en  a  de  roses,  de  jaunes,  de  blan- 
ches, dont  le  poème  parfumé  chante  sur  le  vert  antique  des 
feuillages. 

Sur  la  table,  une  rose  grenat  foncé  est  tombée. 

Signé  à  droite,  en  haut  :  Faniin^  89. 

Toile.  Haut.,  11  cent.:  larg..  37  cent. 


TABLEAUX  45 

E.   ISABEY 

32  —   Coup  de  vent. 

Les  sloops  de  pêcheurs,  qui  naviguaient  de  front,  sont 
secoués  par  le  vent  qui  s'est  levé  subitement,  et  voici  les 
grandes  voiles  rouges  et  blanches,  gonflées  et  balancées  sur  la 
vague  aux  crêtes  blanches  d'écume. 

Signé  à  droite,  en  bas  :  E .  I. 

Panneau.  Haut.,  1S  cent.  1/2  ;  larg.,  24  cent. 

JONGKIND 

33  —   Canal  en  Hollande,  V hiver. 

C'est  l'hiver  :  le  canal  est  pris  ;  la  neige  cache  la  surface 
glacée,  et  les  gens  s'en  vont  à  leurs  besognes,  les  mains  dans 
les  poches  et  les  pieds  armés  de  patins. 

A  gauche,  les  arbres  se  dressent,  les  branches  dépouillées  ; 
la  maisonnette  a  sa  toiture  de  tuiles  rouges  à  demi  ensevelie 
sous  la  neige.  A  droite,  deux  moulins  élèvent  leurs  ailes 
engourdies,  qui  semblent  sombres  sur  le  ciel  ennuagé  où  l'on 
devine  encore  l'azur,  et  qu'une  bande  d'oiseaux  émigrants 
traverse  de  son  vol. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Jongkind,   i  878. 

Toile.  Haut.,  25  cent.;  larg.,  32  cent.  1/2. 

RAFFET 

34  —  Hussard,  pendant  la  campagne  des  Alpes. 

Le  sol  est  glacé  :  sous  la  neige,  le  pied  mal  assuré  ne  sait 
ce  qu'il  va  rencontrer;  le  hussard,  tenant  de  la  main  droite 
son  cheval  par  la  bride,  et  de  la  gauche  son  sabre  et  les 
courroies  de  sa  sabretache,  descend  la  montagne  prudemment . 

Derrière  lui,  dans  l'ambiance  transparente  du  brouillard. 
d'autres  cavaliers  et  quelques  silhouettes  d'officiers  généraux. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Raffet. 

Toile.  Haut..  24  cent..  Lare.,  10  cent. 


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THÉODORE    ROUSSEAU 


On  sait  quelle  place  occupe  Théodore  Rousseau  au  pre- 
mier rang  de  l'Ecole  française  de  1830.  Ceux  qui  ne  le 
connaissent  pas  pourraient  se  faire  une  idée  de  son  génie 
rien  qu'en  examinant  la  très  remarquable  série  cT œuvres  du 
maître,  patiemment  cherchées  par  M.  Rousseau.  Il  nous  a 
semblé  que  nul  autre  ne  pouvait  présenter  ces  œuvres  de 
choix  que  celui  qui  les  avait  tant  aimées,  à  l'heure  même  où 
Th.  Rousseau  y  insérait  tout  ce  qu'il  y  avait  dans  son  âme 
de  passion  dramatique  de  la  nature  ;  et  nous  nous  faisons 
un  plaisir  de  reproduire,  avant  les  descriptions,  une  page, 
contemporaine  du  peintre,  où  Thoré,  avec  une  foi  sincère 
et  un  enthousiasme  raisonné,  célèbre  le  génie  de  Rousseau  : 

ce  Le  génie  de  Rousseau,  c'est  l'effet.  Les  effets  dans  la 
nature,  c'est  comme  les  émotions  dans  l'homme  :  cela  va 
depuis  une  impression  douce  et  passagère  jusqu'aux  secousses 
violentes  et  aux  passions  furieuses,  depuis  un  petit  mouve- 
ment atmosphérique  jusqu'à  la  tempête,  depuis  une  pâle 
éclaircie  dans  un  ciel  orageux  jusqu'aux  éclats  splendides 
des  soleils  couchants. 

»  Rousseau  a  su  peindre  tous  les  caprices  et  les  acci- 
dents, tous  les  drames  et  toutes  les  excentricités  de  la  nature  : 
la  pluie,  le  vent,  la  bourrasque,  la  rosée,  le  givre,  la  neige  ; 
le  matin,  le  soir,  le  plein  midi  ;  le  soleil  qui  va  se  lever  et  le 
soleil  qui  descend  derrière  l'horizon  ;  l'hiver  et  l'été,  l'au- 
tomne surtout,  et  même  le  printemps 

»  Rousseau,    qui  essayait   tout,    essaya  donc  des  effets 


TABLEAUX  u 

printaniers,  avec  des  haies  fleuries,  où  les  oiseaux  pouvaient 
cacher  leurs  nids,  avec  de  tendres  pousses  à  la  pointe  des 
arbres,  avec  des  herbes  que  le  soleil  n'a  point  encore  rous- 
sies. Ce  n'est  pas  si  facile  à  peindre  que  des  rochers  fauves 
ou  bronzins,  ni  que  de  vieilles  carcasses  d'arbres.  Il  y  faut 
une  délicatesse  de  ton  et  une  légèreté  de  touche  peu  fami- 
lière à  la  nouvelle  école,  vaillante  surtout  par  ses  empâte- 
ments, par  l'énergie  du  coloris,  par  la  profondeur  des 
ombres  contrastant  avec  les  lumières.  Il  y  faut  un  parti  pris 
de  clair  et  des  demi-teintes  insensibles,  puisque  le  soleil  ne 
marque  pas  encore  en  vigueur  les  silhouettes  des  objets. 
Il  y  faut  surtout  l'audace  de  la  sincérité,  pour  oser  expri- 
mer ce  qu'on  voit,  tel  qu'on  le  voit » 


18  COLLECTION   AUG.    ROUSSEAU 


TH.   ROUSSEAU 


35   —  Soleil  couchant  en  foret,   Vhiver. 

C'est  l'automne  :  les  arbres  aux  cimes  dépouillées  élèvent 
vers  le  ciel  leurs  branches  torturées  ;  à  leurs  pieds,  la  mare 
n'a  plus  à  refléter  les  nids  où  s'ébattaient  des  ailes  :  le  sol  est 
rude,  avec,  de  place  en  place,  du  bois  mort.  Et  voici  qu'à 
travers  le  taillis  des  branches,  au  fond,  le  soleil  couchant 
embrase  l'atmosphère,  et  dans  cette  mélancolie,  la  lumière 
qui  fuse  de  l'atmosphère  accroche  des  gouttes  de  sang  aux 
écorces  dénudées. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Th.  Rousseau. 

Toile.  Haut..  27  cent.:  larg.,  il  cent. 


TH.   ROUSSEAU 

36  —  Clairière  en  forêt  (Fontainebleau). 

Les  arbres  massés,  dont  le  tronc  est  vêtu  de  mousse  et  le 
pied  caché  clans  les  bruyères  et  dans  les  herbes. 

Au  milieu,  une  clairière  se  fait,  afin  de  laisser  le  ciel  se 
mirer  dans  une  étroite  mare  :  et  le  soleil,  qui  pénètre  sans 
gêne  à  travers  les  branches  écartées,  met  des  caresses  sur  les 
feuilles  et  sur  l'écorce  d'un  chêne,  dont  l'épidémie  a  des 
reflets  de  vieille  orfèvrerie. 

Signé  à  gauche,  en  bas,  en  rouge  :   77/.  Rousseau. 

Panneau.  Haut..  29  cent.  1  2  :  lare..  38  cent. 


35  —  TH.  ROUSSEAU.  Soleil  couchant  en  foret,  l'hiver 


36  —  TH.  ROUSSEAU.  Clairière  en  forêt  (Fontainebleau). 


50  COLLECTION   AUG.    ROUSSEAU 


TH.    ROUSSEAU 


37  —  Paysage  cV Auvergne, 


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Sur  le  sol.  entre  les  roches,  les  genêts  et  les  bruyères 
poussent  follement.  A  droite,  le  tronc  d'un  arbre  abattu,  sur 
l'écorce   duquel  la   lumière  met  des  taches  de  vieil  argent. 

A  gauche,  sur  un  plan  plus  élevé,  un  bouquet  d'arbres. 
Plus  loin,  du  même  côté,  sur  le  plateau,  deux  figures  de 
paysans  marchant,  l'un  vêtu  d'une  blouse  bleue,  l'autre  d'un 
caraco  rouge  et  d'un  bonnet  blanc. 

A  droite,  sur  la  hauteur,  des  maisonnettes  coiffées  de 
chaume.  Dans  le  ciel,  dont  l'azur  est  caché,  de  grands  nuages 
blancs  et  gris. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Th.  Rousseau. 

Toile.  Haut.,  35  cent.  1/2  ;  larg\,  46  cent. 


TH.    ROUSSEAU 
38  —  Gorges  cPApremont,  après  la  pluie. 

Une  plaine  dont  le  sol  est  légèrement  vallonné.  Aux  pre- 
mier plans,  sur  les  bosses  du  terrain,  les  bruyères  et  les  herbes 
poussent  dru.  Vers  le  milieu,  deux  massifs  d'arbres,  dont  l'un, 
celui  de  gauche,  se  mire  dans  une  mare,  semblent,  avec  leur 
feuillage  sombre,  avoir  poussé  là,  pour  mieux  faire  chanter 
l'ambre  d'un  rayon  de  soleil  sur  des  bruyères  variées. 

Au  fond,  la  forêt  et  des  collines  portent  la  voûte  du  ciel, 
dont  le  ton  doré  se  dégrade  jusqu'au  gris  sombre  des  soirées 
d'orage. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Th.  Rousseau. 

Toile.  Haut.,  27  cent.  1/2  ;  larg.,  50  cent. 


37  —  TH.  ROUSSEAU.  Paysage  d'Auvergne. 


38  —  TH.  ROUSSEAU.  Gorges  d'Apremont,  après  la  pluie. 


52  COLLECTION   AUG.    ROUSSEAU 


ÏH.    ROUSSEAU 


31)   —  Le  Torrent. 

Au  fond,  la  montagne  dont  les  terres  sont  retenues  par  les 
rocs,  qui  bossèlent  la  surface  et  parfois  sont  vêtus  de  mousse. 

A  gauche,  le  torrent,  clans  le  lit  qu'il  s'est  creusé,  coule 
rapide  et  transparent,  se  heurtant  aux  pierres  que  son  flot 
n'a  pas  encore  entraînées,  et  retombant  en  cascade. 

Le  vent,  qui  secoue  les  branches  au-dessus  du  courant,  a 
précipité  dans  l'eau  des   feuilles  qui  se  perdent,   alfolées 

Parfois,  à  l'angle  mal  joint  des  roches  accumulées,  des 
bruyères  ont  pris  racine  et  fleurissent. 

Signé  à  gauche,  en  bas,  en  rouge  :   Th.  Rousseau. 

Toile.  Haut.,  38  cent:  larg.,  16  cent. 


TABLEAUX  53 


TH.    ROUSSEAU 

40  —  Route  de  Paris  à  Versailles.  Les  Chevaux 
de  Mari  y. 

Une  large  avenue,  dont  le  point  initial  est  marqué  parles 
deux  statues  célèbres.  Dans  les  premiers  plans,  l'avenue 
devient  un  route  qui  tourne  à  gauche,  et  où  sont  engagés  une 
diligence  attelée  de  chevaux  blancs  et  des  postillons  condui- 
sant au  relai  leurs  paires  de  chevaux. 

De  chaque  côté  de  la  route  et  de  l'avenue,  des  prés  s'éten- 
dent entre  des  rangées  d'arbres. 

A  droite,  une  construction,  dont  l'image  n'est  qu'amorcée 
dans  la  composition. 

("est  la  fin  de  l'été  ;  aux  feuilles  vertes  déjà  se  mêlent  les 
frondaisons  roussies  par  le  soleil. 

Dans  le  ciel,  qu'une  belle  lumière  blonde  envahit,  des 
nuages  gris  esquissent  des  formes  puissantes  et  harmonieuses 


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squissent  aes  lormes  p 


en  leur  indécision  flottante. 

Signé  à  droite,  en  bas  :  Th.  //.,  dans  le  mur. 

Toile.   Haut,.  26  cent.  1/2  :  lar^..  45  cent.  1  2. 


5i  COLLECTION"   AL'G.    ROUSSEAU 


TH.  ROUSSEAU 
41  _  pont  de  Moret. 


A  droite,  les  vieilles  constructions  de  pierre,  au  bord  de  la 
rivière  et  la  porte  surmontée  de  sa  tour  aux  lignes  féodales. 
Plus  loin,  dominant  les  toitures  de  tuiles  brunes,  l'abside  de 
l'église  toiturée  de  tuiles  rouges  ;  à  gauche,  le  pont  de  pierre, 
dont  les  trois  arches  s'ouvrent  à  l'eau  courante,  au  miroir  de 
laquelle  frissonne  l'image  du  ciel  ensoleillé.  A  droite,  près  de 
la  berge,  une  barque  est  amarrée. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Th.  /?.,  sur  le  terrain,  daté  dans 
l'eau,  1844. 


Toile.  Haut.,  26  cent.  12:  larg..  33  cent  1  2 


56  COLLECTION   AU  G.    ROUSSEAU 


TH.   ROUSSEAU 


42   —  La  Montagne, 


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A  gauche,  la  montagne  aux  hautes  arêtes  escarpées,  au 
sommet  de  laquelle,  comme  un  nid  d'aigle,  se  dresse  l'abbaye 
aux  allures  de  forteresse. 

A  droite,  de  l'autre  côté  de  la  vallée  profonde,  que  le  soleil 
caresse  de  clarté  blonde,  d'autres  montagnes  aux  roches  vol- 
caniques, ou  amplement  parsemées  de  pâturages  verdoyants 
et  de  bf  ii. 

Dans  le  ciel,   les  reflets  dorés  et  chauds  d'un  soleil  d'été  à 
;  on  déclin. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Th.  //.,  dans  le  terrain. 

Toile.  Haut.,  26  cent.;  larg.,  35  cent. 


TH.   ROUSSEAU 

43  —  Les  Roches  dans  la  clair  ivre. 

Le-,  roches,  de  leurs  blocs  qui  parlent  de  cataclysmes  anté- 
diluviens, hérissent  le  sol,  mais  avec  le  temps  leur  épidémie 
s'est  sensibilisé  ;  il  a  reçu  du  vent  qui  passe  les  poussières  et 
les  graminées,  et  des  mousses  sont  nées  de  ces  matières 
déposées. 

C'est  l'automne  :  les  tiges  frêles  et  les  feuilles  sont  roussies  ; 
ce  place  en  place;  cependant,  quelques  touffes  plus  abritées 
contre  les  ardeurs  de  Tété  ont  gardé  leur  fraîcheur  verte. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :   Th.  II. 

Panneau.  Haut..  1»  cent.  1   2  :  larg.,  33  cent. 


TABLEAUX  57 


TH.  ROUSSEAU 
44  —  Le  Pont  de  Saint-Cloud. 

Entre  ses  rives  plantées  d'arbres,  la  Seine  conle  et  passe 
sous  deux  ponts,  dont  le  premier  a  trois  arches  cintrées  ;  à 
droite,  les  maisons  alignées.  Près  du  pont,  d'autres  construc- 
tions, d'ancienne  date,  qui  se  mirent  dans  le  courant. 

Le  ciel,  d'un  bleu  tendre,  s'appuie  au  loin  à  l'épaule  des 
collines,  qui  se  nimbent  de  clarté  diaphane  sous  l'atmosphère 
limpide. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Th.  II.,  dans  l'eau. 

Panneau.  Haut..  21  cent.:  lare:.,  30  cent. 


TH.    ROUSSEAU 
45   —  La  Plaine. 

La  plaine  s'étend  gazonnée,  à  perte  de  vue,  avec  quelques 
vallonnements  peu  sensibles,  et  quelques  bouquets  d'arbres,  à 
droite  principalement. 

A  gauche,  le  terrain  se  relève  en  un  mamelon  qu'un  sentier 
escalade. 

Au  fond,  des  collines  basses  ferment  l'horizon. 

Au-devant  du  ciel,  d'un  bleu  intense,  le  soleil  met  des  bro- 
deries d'or  à  l'écume  des  nuages. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :   Th.  /?. 

Toile.  Haut.,  K3  cent.  1  2  :  larg.,  20  cent.  1  2. 


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58  COLLECTION    AUG.   ROUSSEAU 


G.    TROYON 


46  —  Le  Bois, 


A  droite,  une  partie  de  plaine.  Au  milieu  et  jusqu'à  la 
gauche,  le  bois  aux  grands  arbres,  dont  l'été  déjà  jaunit  les 
frondaisons  :  leurs  troncs  sont  à  demi  cachés  dans  le  fouillis 
des  bruyères. 

Le  ciel  est  blond  de  soleil  et  quelques  nuages  blancs  y 
volent  sur  l'océan  infini  de  l'azur. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  C.  Troyon. 

Panneau.  Haut.,  3G  cent.  1  2;  larff..  55  cent. 


AQUARELLES 

PASTELS     —     DESSINS 


F.   BOX  VIN 

47  —   L'Élude. 

Le  jeune  écolier  est  assis  sur  un  tabourel  :  il  est  vu  de  clos  ; 
il  s'appuie  contre  le  mur,  et,  sur  ses  genoux  son  carton  à 
dessin,  il  s'applique  à  copier  un  modèle  placé  devant  lui  et 
fixé  au  mur  par  des  punaises. 

Signé  à  droite,  vers  le  haut  :  F.  Bon  vin,  .3  6". 

Dessin  au  crayon  sur  papier  maïs. 

Haut..  20  cent.:  lar&-,  20  cent. 


F.    BONVIN 

48  —  La  Religieuse. 


Debout,  de  trois  quarts  à  gauche,  elle  tient  de  la  main 
gauche  son  livre  de  prière,  dont  elle  tourne  les  feuillets  de  la 
main  droite. 

Signé  à  gauche,  en  bas. 

Dessin  au  crayon,  rehaussé  de  blanc  et  de  pastel,  sur  papier 
gris. 

Haut.,  28  cent.:  larg.,  21  cent. 


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62  COLLECTION   AL'G.   ROUSSEAU 


EUG.   BOUDIN 

49  —  Sentier   sous   bois.   Paysage,    environs  du 
Havre. 

Les  arbres  forment  une  voûte  de  feuillage  au  sentier  que 
suit  une  paysanne. 

Au  fond,  la  campagne  qui  monte  en  pente  douce  ;  à  gauche, 
de  hautes  futaies. 

Ciel  clair  où  passent  des  nuages  blancs. 

Signé  à  droite,  en  bas  :  Fug.  Boudin. 

Dessin  au  crayon,  rehaussé  de  pastel,  sur  papier  Ingres,  gris. 

Haut.,  39  cent.;  larg.,  53  cent. 


AQUARELLES,    PASTELS,    DESSINS  63 


EUG.    DELACROIX 


50   —    Cavalier  arabe, 

II  est  monté  sur  un  cheval  gris  pommelé,  vu  de  profil  à 
droite,  et  portant  sur  la  croupe  une  couverture  rouge,  brodée 
d'or.  Lui,  vêtu  d'une  tunique  bleue  au  plastron  ouvert,  coiffé 
d'un  turban  rouge  et  blanc  à  aigrette,  est  armé  de  la  lance. 
Il  laisse  la  bride  flotter  sur  le  col  de  sa  bête  et  se  détourne 
pour  regarder  derrière  lui. 

Au  fond,  à  droite,  on  aperçoit  deux  autres  cavaliers  lancés 
au  galop  et  vus  de  profil  à  gauche. 

Signé  à  droite,  en  bas  :  Eug.  Delacroix. 

Aquarelle.  Haut.,  16  cent.;  larg\,  21  cent.  12. 


Ci  COLLECTION    AUG.    ROUSSEAU 


TH.    ROUSSEAU 
51  —  Le  Four  banal. 


A  gauche,    une  ferme;  au  milieu,  un  bouquet   d'arbres,  à 
l'abri  desquels  se  trouve  le  «  four  banal  ». 
A  droite,  un  chemin,  puis  la  campagne. 
Le  ciel  est  d'un  bleu  profond,  à  peine  troublé  par  quelques 


nuages  blancs  et  gri; 


Signé  à  gauche,  en  bas  :  th.  Rousseau,  1 845. 

Aquarelle.  Haut..   15  cent.:  lai  g'.,  '2  1  cent. 


66  COLLECTION    AUG.    ROUSSEAU 


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TH.    ROUSSEAU 


52  —  Sentier  à  travers  la  futaie. 

Au  milieu,  le  chemin  monte  et  tourne,  avant  à  droite  quel- 
ques arbres,  puis  des  meules  ;  à  gauche,  une  futaie  touffue. 
Au  fond,  un  bouquet  d'arbres  indique  un  tournant  et  domine 
le  site  de  ses  frondaisons  fournies. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Th.  R. 

Dessin  à  la  plume,  rehaussé  de  lavis  d'encre  de  Chine  et 
de  bistre  sur  papier  crème. 

Haut.,  18  cent.  1/2  .  larg.,  26  cent.  1  2. 


AQUARELLES,   PASTELS,    DESSINS  67 


RIBOT 
53    —  Le   Christ  en  croix. 

Il  est  attaché  à  la  croix,  le  corps  tirant  sur  les  bras,  la  tête 
penchée  sur  la  poitrine,  le  tronc  affaissé  sur  les  jambes.  Il  est 
vu  de  trois  quarts  à  droite. 

A  droite,  on  aperçoit,  également  crucifié,  un  des  deux 
larrons,  la  tète  renversée,  la  bouche  ouverte  pour  le  cri 
suprême. 

Signé  à  gauche,  en  bas  :  Itibot. 

Dessin  à  la  plume  et  au  lavis  d'encre  de  Chine,  sur  papier 
maïs. 

Haut..  38  cent.,  larg.,  '22  cent. 


68  COLLECTION   A  l"  C .    ROUSSEAU 


G.    TROYOX 


£00      54  —  V  Abreuvoir 


C'est  le  soir,  parmi  beau  clair  de  lune  :  sur  la  route  bordée 
d'arbres,  à  droite,  une  paysanne  s'en  revient,  tenant  par  la 
main  son  enfant.  A  sa  gauche,  dans  une  mare,  deux  bœufs,  de 
l'eau  jusqu'au  jarret,  se  désaltèrent  ou  prennent  le  frais.  Un 
chien,  la  tète  levée,  les  regarde  et  semble  veiller  sur  eux. 

Plus  loin,  du  même  côté,  et  près  d'une  ferme,  un  paysan 
debout,  dans  une  carriole  attelée  d'un  cheval  et  arrêtée,  cause 
avec  une  femme  debout. 

Signé  à  gauche,  en  bas. 

Dessin  au  crayon,  rehaussé  de  blanc. 

Haut..  17  cent.  1  2  ;  larg.,  36  cent. 


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54  —  C.  TROYOX.  L'Abreuvoù 


COLLECTION    AUG.    ROUSSEAU 


G.   TROYON 


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o5  —  La  Laveuse. 


Au  bas  d'un  massif  d'arbres,  une  mare  s'olïre  au  travail 
d'une  paysanne  accroupie,  en  train  d'y  laver  son  linge. 

A  droite,  une  autre  paysanne,  vue  de  dos,  étend  son  linge 
humide  sur  une  haie,  pour  le  faire  sécher. 

Dessin  au  crayon,  rehaussé  de  blanc,  sur  papier  Ingres  gris. 
Haut.,  55  c?nt.  1/2  ;  larg\,  46  cent.  1/2. 


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