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Full text of "Chansons nationales et populaires de France : précédées d'une Histoire de la chanson française et accompagnées de notes historiques et littéraires"

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CHANSONS 


NATIONALES  ET  POPULAIRES 


DE     FRANCK 


TOME  DEUXIÈME 


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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/chansonsnational02dume 


DUMERSAN  ET   NOËL  SÉGUR 


CHANSONS  NATIONALES 


ET    POPULAIRES 


DE   FRANCE 


ACC0MPAG3  liEi 


DE  MUES    HISTORIQUES    ET   LITTÉRAIRES 


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PARIS 

LIBRAIRIE   DE   GARNIER  FRÈRES,   ÉDITEURS 

(i  ;    RUE    DES    SAINTS-PÈRES,     0 


1860 


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CHANSONS 


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DE    FRANCE. 


CHANSONS  BACHIQUES.  —  SECONDE  SÉRIE. 


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LE  FOND  DE  LA  BESACE, 

Air  des  Trembleurs. 

Un  jour  le  bon  frère  Etienne 
Avec  le  joyeux  Eugène, 
Tous  deux  la  besace  pleine, 
Suivis  du  frère  François, 
Entrant  tous  à  la  Galère, 
Y  firent  si  bonne  chère 
Aux  dépens  du  monastère, 
Qu'ils  s'enivrèrent  tous  trois. 

T.  IL  —  60 


Ces  (rois  grands  coquins  de  frères, 
Perfides  dépositaires 
Du  dîner  de  leurs  confrères, 
S'en  donnent  jusqu'au  menton  : 
Puis,  ronds  comme  des  futaiKes, 
Escortés  de  cen  l  canailles, 
Du  corps  battant  les  murailles, 
Regagnèrent  la  maison. 

Le  portier,  qui  les  voit  ivres, 
Leur  demande  où  sont  les  vivres. 


CHANSONS  POPULAIRES. 


«  Bon!  dit  l'autre,  avec  ses  livres, 

Nous  prend-il  pour  des  savants? 

Je  me  passe  bien  de  lire, 

Mais  pour  chanter,  boire  et  rire, 

Et  tricher  la  tirelire, 

Bon  !  à  cela  je  m'entends.  » 

Au  réfectoire  on  s'assemble, 
Vieux  dont  le  râtelier  ttemble 
Et  les  jeunes  tous  ensemble 
Ont  un  égal  appétit. 
Mais,  ô  fortune  ennemie! 
El  bien  fou  qui  s'y  confie, 
C'est  ainsi  que  dans  la  vie, 
Ce  qu'on  croit  tenir  nous  fuit. 

Arrive  frère  Pancrace, 
Faisant  piteuse  grimace 
De  ne  rien  voir  à  sa  place, 
Tour  boire  ni  pour  manger. 
A  son  voisin  il  s'informe, 
S'il  serait  venu  de  Rome, 
Quelque  bref  portant  réforme 
Sir  l'usage  du  dîner. 

«  Bon  !  répond  son  camarade. 
N'ayez  peur  qu'on  s'y  hasarde, 
Sinon,  je  prends  la  cocarde 
Et  je  me  ferai  Prussien. 
Qu'on  me  parle  d'abstinence 
Quai.d  j'ai  bien  rempli  ma  panse, 
J'v  consens;  mais  sans  pitance, 
Je  suis  fort  mauvais  chrétien. 

—  Resterons-nous  donc  tranquilles 

Comme  de  vieux  imbéciles? 

Répliqua  pè:e  Pamphile 

Oh!  pour  le  moins  vengeons-nous  ; 

Prenons  tous  un  sandale, 

El  sans  la  crainte  du  scandale, 

Allons  battre  la  cymbale 

Sur  les  fesses  de  ces  loups.  » 

Chacun  ayant  pris  son  arme, 
Fut  partout  porter  l'alarme; 
Mais  au  milieu  du  vacarme, 
Frère  Etienne  fil  un  p... 
Mais  un  p...  de  telle  taille, 
Que  jamr.is  jour  de  bataille, 
Lanon  chargé  de  mitraille, 
Ne  fit  un  pareil  effet. 

Ainsi  finit  la  mêlée; 
Car  la  troupe  épouvantée, 
S'enfuyanl  sur  la  montée, 
Pensa  se  rompre  le  cou; 


Tandis  que  le  frère  Etienne, 
Riani  à  perle  d'haleine, 
Et,  frappant  sur  sa  bedaine, 
Amorçait  un  second  coup. 

Paroles  d'un  anonyme. 

La  musique,  de  Rameau,  se  tronve  notée  au  N.  73* 
de  la  Clé  du  Caveau. 


RONDE  DE  TABLE. 

Air  :  Pour  étourdir  le  chagrin. 

Allons,  mctlons-nous  en  train; 
Qu'on  rie, 
Et  que  la  folie 
D'un  aussi  joli  festin 
Vienne  couronner  la  fin. 

Si  par  quelque  malins  traits 
Les  convives  se  provoquent, 
Ici  ce  ne  sont  jamais 
Que  les  verres  qui  se  choquent. 
Allons,  etc. 

Le  vin  donne  du  talent 
El  vaut,  dit-on.  une  muse, 
Or  donc,  en  me  l'infusant, 
J'aurai  la  science  infuse. 
Allons,  etc. 

Amis,  c'est  en  préférant 
La  bouteille  à  la  carafe, 
Qu'on  voit  le  plus  ignorant 
Devenir  bon  géographe. 
Allons,  etc. 

Beaunc,  pays  si  vanté, 
Chablis,  Maçon,  Bordeaux,  Grave. 
Avec  quelle  volupté 
Je  vous  parcours  dans  ma  cave! 
Allons,  etc. 

Champagne,  ton  nom  flatteur 
A  bien  plus  d'altrait,  je  pense. 
Sur  la  carie  du  traiteur 
Que  sur  la  carte  de  France. 
Allons,  etc. 

A  voir  ainsi  du  pays, 
On  s'expose  moins  sans  doute  : 
11  vaut  mieux,  à  mon  avis, 
Verser  à  laLIc  qu'en  route, 
Allons,  etc. 

Je  sais  qu'une  fois  en  train, 
On  est  êlendïl  par  terre 


CHANSONS   BACHIQUES. 


Tout  aussi  bien  par  le  vin 
Que  par  un  vélocifère. 
Allons,  etc. 

Mais  voyage  qui  voudra  ; 
A  moins  que  l'on  ne  me  chasse. 
D'un  an,  tel  que  me  voilà, 
Je  ne  bougerai  de  place. 
Allons,  etc. 

Ce  lieu  vaut  seul,  en  effet, 
Toute  la  machine  ronde, 
Et  le  tour  de  ce  banquet 
Est  pour  moi  le  tour  du  monde. 
Allons,  etc. 

Il  faudra  pourtant,  amis, 
Fuir  de  ce  séjour  aimable  , 
En  quittant  ce  paradis, 
Nous  nous  donnerons  au  diable. 

Allons,  mettons-nous  en  train  ; 
Qu'on  rie, 
Et  que  la  folie 
D'un  aussi  joli  festin 
Vienne  couronner  la  fin. 

Dcsauglers. 


LE    CABARET. 

Air  du  cabaret. 

Mes  amis,  voulez-vous  m'en  croire, 

Afin  de  bannir  le  chagrin, 

Il  faut  aimer,  chanter  et  boire, 

Ainsi  l'ordonna  le  destin. 

On  nargue  la  mélancolie, 

Dès  que  l'on  sable  du  clairet. 

Et  le  trône  de  la  folie 

N'est  pas  ailleurs  qu'au  cabaret. 

Jupiter  un  jour,  dans  sa  rage, 
Du  ciel  fit  descendre  Apollon, 
Que  fit  le  divin  personnage? 
Il  se  sauva  sur  l'Hélicon, 


Bientôt  il  finit  par  s'y  plaire, 
Et  loin  d'éprouver  du  regret, 
Des  dieux  il  brava  la  colère, 
En  y  fondant  un  cabaret. 

De  la  morale  d'Épicure 
Suivons  toujours  le  vrai  chemin, 
Puisqu'hélas!  le  plaisir  ne  dure 
Que  l'espace  d'un  seul  matin. 
Travaillons,  le  sort  nous  l'ordonne, 
Je  ne  sais  trop  à  quel  sujet-, 
Mais  le  peu  d'instants  qu'il  nous  donne, 
Passons-les  tous  au  cabaret. 

Ne  sait-on  pas  que  sur  la  terre, 
L'espérance,  fille  des  dieux, 
Pour  adoucir  notre  misère, 
Tout  exprès  descendit  des  cieux. 
Voltigeant  d'asile  en  asile, 
Nul  d'entre  eux  ne  la  captivait: 
Le  vin  sut  la  rendre  facile  : 
On  ne  voit  qu'elle  au  cabaret. 

Généraux,  électeurs,  califes, 
Princes,  rois,  sultans,  empereurs, 
Du  trône  saint,  nobles  pontifes, 
Est-il  des  plaisirs  pour  vos  cœurs? 
Le  souci  toujours  vous  assiège, 
Chaque  jour  voit  naître  un  regret, 
Celui  qui  vous  fuit  nous  protège, 
Le  bonheur  est  au  cabaret. 

Sexe  charmant,  sexe  adorable: 
Il  est  pour  vous,  chacun  lésait, 
Un  passe-temps  plus  agréable 
Que  les  charmes  d'un  cabaret, 
Mais  nous  y  chantons  votre  gloire, 
Et  de  Bacchus  tel  est  l'effet  : 
Qu'amour  est  sûr  d'une  victoire, 
Quand  nous  sortons  du  cabaret. 

Emile  Debreaux. 


La  musique,  d'Ermel,  se  trouve  notée  au  N.  735 
de  la  Clé  du  Caveau. 


CHANSONS    POPULAIRES 

LE  VERRE. 


Air  •  La  bonne  chose  que  le  vin  !  ou  Air  :  du  vaudeville 
tfuFandange. 

Quand  je  vois  des  gens  ici-bas 
Sécher  de  chagrin  ou  d'envie, 
Ces  malheureux,  dis-je  tout  bas. 
N'ont  donc  jamais  bu  de  leur  vie! 
On  ne  m'entendra  pas  crier 
Peine,  famine,  ni  misère, 
Tant  que  j'aurai  de  quoi  payer 
Le  vin  que  peut  tenir  mon  verre. 

Riche  sans  posséder  un  sou, 
Rien  n'excite  ma  jalousie; 
Je  ris  des  mines  du  Pérou, 
Je  ris  des  trésors  de  l'Asie  ; 
Car  sans  sortir  de  mon  taudis, 
Grâce  au  seul  Dieu  que  je  révère, 
Je  vois  et  topaze  et  rubis 
Abonder  au  fond  de  mon  verre. 

Tout  nous  atteste  que  le  vin 
De  tous  les  maux  est  le  remède, 
Et  les  dieux  n'ont  pas  fait  en  vain 
Un  échanson  de  Ganymède. 
Je  gage  môme  que  ces  coups 
Que  l'homme  attribue  au  tonnerre. 
Sont  moins  l'effet  de  leur  courroux 
Que  du  choc  bruyant  de  leur  verre. 

Chaque  jour  l'humide  fléau 
Descieux  ne  rompt-il  pas  les  digues? 
Si  les  immortels  aimaienl  l'eau, 
Ils  n'en  seraient  pas  si  prodigues; 
Et  quand  nous  voyons  par  torrent 
La  pluie  inonder  notre  terre, 
C'est  qu'ils  rejettent  en  jurant 
L'eau  que  l'on  verse  dans  leur  verre. 

Le  bon  vin  rend  l'homme  meilleur, 
Car  du  monarque  assis  a  table 
Vit-on  jamais  le  bras  vengeur 
Signer  la  perle  d'un  coupable? 


De  son  coeur  le  courroux  banni 
N'obscurcit  plus  son  front  sévère  : 
Armé  du  sceptre,  il  l'eût  puni  ; 
Il  lui  pardonne,  armé  du  verre. 

Je  ne  sais  par  quel  vertigo 
Ou  quelle  suffisance  extrême, 
Narcisse,  en  se  mirant  dans  l'eau, 
Devint  amoureux  de  lui-même. 
Moi,  fort  souvent  je  suis  atteint 
De  cette  risible  chimère, 
Riais  c  est  lorsque  je  vois  mon  teint 
Pourpré  par  le  reflet  du  verre. 

Dieu  du  vin,  dieu  de  l'univers, 

Toi  qui  me  (is  à  ton  image, 

Reçois  ce  tribut  de  mes  vers  ; 

Et,  pour  couronner  ton  ouvrage, 

Fais,  jusqu'à  mes  instants  derniers, 

Que  dans  ma  soif  je  persévère. 

Et  qu'à  ma  mort  mes  héritiers 

Ne  trouvent  plus  rien  dans  mon  wrre. 

Désaiislcrs 


LE  PETIT  GARGANTUA. 

Air  :  Quand  on  sait  aimer  et  plaire.  ■ 

Quand  on  sait  manger  et  boire, 
A-t-on  besoin  d'autre  bien  ? 
Sans  son  ventre  et  sa  mâchoire, 
Le  plus  riche  n'aurait  rien. 

La  table,  amante  fidèle, 
Eut  notre  premier  désir, 
Et  du  vieillard  qui  chancelle 
Elle  est  le  dernier  plaisir. 
Quand  on  sait  manger,  etc. 

D'une  science  importune 
I  ••  pédant  se  targue  en  vain  ; 
Où  le  traiteur  fait  fortune, 
Le  libraire  meurt  de  faim. 
Quand  on  sait  manger,  etc. 


CHANSONS  BACHIQUES, 


Les  noms  si  beaux  de  Corneille, 
Démosthène  et  Scipion, 
Sonnent  moins  à  mon  oreille 
Que  celui  d'Amphitryon. 
Quand  on  sait  manger,  etc. 

Pauvre  au  sein  de  l'abondance, 
Midas,  Tantale  nouveau, 
-Eût  troqué  son  opulence 
Contre  un  plat  de  fricandeau. 
Quand  on  sait  manger,  etc. 

Si  de  l'amoureux  manège 
La  fatigue  me  séduit, 
C'est  qu'elle  a  le  privilège 
De  tripler  mon  appétit. 
Quand  on  sait  manger,  etc. 

A  parcourir  les  deux  mondes 
Colomb  en  vain  s'illustra  ; 
Amis,  des  machines  rondes 
La  plus  belle,  la  voilà... 
Quand  on  sait  manger,  etc. 

Le  chagrin,  la  sombre  envie, 
Mangent  peu,  n'engraissent  point. 
Mais  la  bonté,  la  folie, 
Ont  pour  cachet  l'embonpoint. 
Quand  on  sait  manger,  etc. 

Si  Jean-Jacque  eut  l'humeur  aigre, 
Si  Panard  ne  boudait  pas, 
C'est  que  Jean-Jacque  était  maigre, 
C'est  que  Panard  était  gras. 
Quand  on  sait  manger,  etc. 

Élevons  dans  cette  enceinte 
Une  statue  à  Cornus; 
Et,  pleins  d'une  ferveur  sainte, 
Gravons-y  cet  oremus  : 
Quand  on  sait  manger,  etc. 

Que  la  statue  embaumée 
Protège  nos  gais  festins, 
Et  s'anime  à  la  fumée 
Et  des  sauces  et  des  vins. 
Quand  on  sait  manger,  etc. 


Quentin  en  vapeur  épaisse 
L'encens  monte  vers  les  cieux, 
Et  porte  ce  cri  d'ivresse 
Jusqu'à  la  table  des  dieux  : 

Quand  on  sait  manger  et  boire, 
A-t-on  besoin  d'autre  bien  ? 
Sans  son  ventre  et  sa  mâchoire, 
Le  plus  riche  n'aurait  rien. 

Désaugiers 


La  musique,  de  J.-J  Rousseau,  se  trouve  notée 
au  N.  483  de  la  Clé  du  Caveau. 


UN  COUP   DE   PIGTON, 

1837. 

Air  :  Je  la  donne  pour  gage  (de  la  Croix  d'Or). 

Un  coup  d'  picton, 
Moi,  j'  m'en  fiche, 
Y  faut  que  j' liche. 
Un  coup  de  picton  : 
J'aime  mieux  l'huil'  que  1'  coton. 

Picton,  liqueur  charmante, 
Nectar  des  malheureux, 
Tu  vaux  bien  qu'on  te  chante 
A  la  face  des  cieux. 
Point  d'  chagrins  domestiques 
Que  ne  fasse  finir, 
Point  d'enn'mis  politiques 
Que  n'  puisse  réunir. 
Un  coup  d'  picton,  etc. 

Riches,  au  sein  des  fêtes 
D'où  le  plaisir  a  fui, 
Oh  !  que  vous  êtes  bêtes 
De  payer  cher  l'ennui  : 
Un  coup  d'  picton  réveille 
Le  pauvre  en  son  chemin, 
Et  lui  cache  la  veille 
Les  pein's  du  lendemain. 
Un  coup  d' picton,  etc. 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Je  ne  puis  vous  le  taire, 
J*  suis  pris  d'un  mal  subit , 
Déjà  ma  voix  s'altère 
Au  milieu  à"  mon  récit; 
Je  n'  fais  pas  la  bégueule, 
Vrai  1  je  m' sens  défaillir  : 
Si  vous  m'  rincez  la  bouche 
Ça  m'  Trait  bien  du  plaisir. 
Un  coup  d'  picton,  etc. 

Ce  vieux  soldat  naguère 
Illustra  son  pays  ; 
Mais  les  ans  et  la  guerre 
N'en  font  plus  qu'un  débris. 
Qui  le  rend  plus  loquace? 
Qui  le  rend  radieux? 
Qui  rajeunit  sa  face? 
Qui  le  rend...  amoureux? 
Un  coup  d'  picton,  etc. 

Nos  chambres  discoureuses 
N'offrent  à  tous  les  yeux 
Que  discussions  creuses 
Par  des  estomacs  creux. 
Qu'on  m'  donn'  la  présidence, 
Moi,  qui  sais  tout  oser, 
J'ouvre  chaque  séance 
En  venant  proposer 
Un  coupd'  picton,  etc. 

Voyant  ma  langue  épaisse, 
Hier,  le  médecin 
M'  dit  :  la  bil'  vous  oppresse, 
Faut  vous  purger  demain. 
Pour  s'  purger  il  faut  boire, 
Ordonn',  ça  m'est  égal, 
Pour  m' procurer  la  foire 
En  me  lavant  1'  bocal. 
Un  coup  d'  picton,  etc. 

La  chanson,  camarades, 
Que  j'  viens  de  composer. 
Est  comm'  ces  plants  malados 
Qu'il  faut  bien  UfflOMT. 
Pour  me  tirer  d'affaire, 
Al'av'nir,  s'il  vous  plaît. 


Vous  mettrez  dans  votr'  verre, 
Entre  chaque  couplet... 
Un  coup  d'  picton, 
Moi,  j'  m'en  Gche, 
Il  faut  que  j' liche, 
Un  coup  d'  picton, 
J'aim'  mieux  l'huil'  que  1'  coton. 

Billions. 


La  musique,  d'A.Pilati,se  trouve  notée  au  N.  2C?l 
de  la  Clé  du  Caveau. 


UNE  NOCE*  A  MONTREUIL. 

1846. 
Air  :  Mire  dans  mes  yeux  les  yeux. 

Enfants,  dis-je  à  deux  confrères, 
Nous  avons  bon  pied,  bon  oeil, 
Au  lieu  d*  flâner  aux  barrières 
Si  nous  allions  à  Montreuil. 
Allons  viv'ment  qu'on  s'embarque, 
J'  possède  un  couple  d'écus  ; 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

Ça  sonn'  le  monarque  ; 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

Et  n'en  parlons  plus. 

A  Charonn'  c'est  1'  moins  qu'on  entre 

Boire  un  p'tit  coup  chez  Savart , 

Mais  l'un  d'  nous  s'  sent  mal  au  ventre 

En  avalant  son  nectar. 

Savart  craignant  qui'  n'  s'insurge, 

Dit  en  r'versant  un  coup  d'  jus  : 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

C'est  bon  mais  ça  purge  ; 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

Et  n'en  parlons  plus. 

Nous  y  v'ia,  bonjour,  la  mère, 
Fricassez-nous  urr  lapin, 
—  Bahl  fait's-en  sauter  un'  paire, 
Histoir'  de  goûter  vot'  vin. 


CHANSONS   BACHIQUES, 


— Nous  somm'sen  fond comm'  dit  c't'autre, 
Les  trois  n'  s'ront  pas  superflus. 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

Ce  s'ra  chacun  l' nôtre  ; 

Tapez,  tapez -moi  là-d'ssus» 

Et  n'en  parlons  plus. 

Tu  cries  à  casser  les  vitres, 
Voyons,  de  quoi  te  plains-tu  ? 
A  trois  nous  n'avons  qu'  douze  litres, 
Vrai  nous  aurons  1'  prix  d'  vertu. 
Moi  je  n'  quitte  pas  la  guinguette 
Qu'  mes  goussets  n'  soient  décousus. 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

Qu'on  mont'  la  feuillette; 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus. 

Et  n'en  parlons  plus. 

Allons,  qui  prend  la  parole, 
L'un  ou  l'autr'  ça  m'est  égal, 
Mais  n'  chantez  pas  d'  gaudriole 
J'  trouv'  ça  trop  sentimental. 
Chantez,  le  vin  nous  excuse, 
D'  Martin  les  refrains  les  plus  crus. 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

N'y  a  qu'  ça  qui  m'amuse; 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

Et  n'en  parlons  plus. 

Deux  époux  d'  la  rue  Saintonge 
Sont  avec  nous  dans  la  cour, 
L'  mari  boit  comme  une  éponge, 
Et  la  femm'  cri'  comme  un  sourd, 
Avec  quell'  rage  ell"  contemple 
Les  pichets  qu'  son  homme  a  bus. 

Tapez,  tapez -moi  là-d'ssus, 

Faut  faire  un  exemple: 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

Et  n'en  parlons  plus. 

J'  suis  amoureux  quand  je  chante 
Et  qu'  j'ai  pompé  mon  p'tit  coup, 
Aussi  j'  vois  bien  qu'  la  servante 
N'est  pas  déchiré'  du  tout, 
Ses  petits  yeux  gris  semblent  dire  : 
De  certains  appas  charnus. 


Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 
Ça  m'  fait  toujours  rire; 
Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 
Et  n'en  parlons  plus. 

C'est  fini,  faut  s'  mettr'  en  route, 
Allons  somm's-nous  disposés, 
Quand  nous  aurons  bu  la  goutte 
Tous  nos  gros  sous  s'ront  usés. 
Quand  vous  s'rez  dans  votr'  domaine 
Sur  vos  poussiers  étendus. 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

En  v'ià  pour  la  s'maine; 

Tapez,  tapez-moi  là-d'ssus, 

Et  n'en  parlons  plus. 

<li.   Colniam  e. 


La  musique,  de  Mlle  Loïsa  Puget,  se  trouve  notée 
au  N.  2217  de  la  Clé  du  Caveau. 


COMME  FAISAIENT  NOS  PERES. 


J'aimons  que  l'on  chante  gaîment 

Couplets  et  chansonnette, 
Où  berger  à  berg'rette 
Parle  d'amour  ben  gentiment. 
J'aime,  morguenne, 
Surtout  qu'on  prenne, 
Ehl  oui,  morguenne, 
J'aime  surtout  qu'on  prenne 
Quelque  joli  petit  refrain 
Qui  mette  tout  le  monde  en  train,  {bis.) 
Tout  en  vidant  nos  verres 
Comme  faisaient  nos  pères, 
Comme  faisaient  {bis)  nos  pères. 

J'  commençons  à  m'apercevoir 
Qu'il  en  est  d'  la  musique 
Comme  d' la  politique 
Dont  chacun  parle  sans  savoir. 
J'aime,  morguenne,  etc. 

Je  ne  voulons  pas  me  vanter, 
Mais,  si  j'  puis  m'y  connaître, 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Tel  chant'  ben  haut,  peut-être, 
Qui  bientôt  pourra  déchanter. 
Ehl  oui,  morguenne, 
Ç'  ti-là  qu'on  traîne, 
Eh!  oui,  morguenne, 
Ç'ti-là,  ç'ti-là  qu'on  traîne 
Si  vite  dans  son  phaélon, 
Un  beau  malin,  changeant  de  ton, 
Ç'ti-là  qu'on  traîne  avec  son  phaéton, 
Pourra  r'monter  derrière, 
Comme  faisait  son  père, 
Comme  faisait  (bis)  son  père. 

Marsolller. 

Musique,  de  Dalayrac.  notée  au  N.  255  de  la  Clé 
du  Caveau. 


LE  CABARET  DES  TROIS-LURONS. 

1844. 
Air  :  Cest  à  votre  tour,  mes  enfants  (Morisset). 

AutreTois  au  quartier  des  halles 
Il  existait  un  vieux  bouchon, 
Vieux  comptoir,  vieux  pots,  vieilles  salles, 
Tout  était  vieux  jusqu'au  patron. 
Trois  hambocheurs  à  courte  empeigne, 
Chapeaux  blancs,  rouges  gilets  ronds,  (bis.) 
Décoraient  la  joyeuse  enseigne        1    ... 
Du  cabaret  des  Trois-Lurons.  i      s '' 

Là,  plus  d'un  buveur,  bon  apôtre, 
Venait  se  rincer  le  sifflet, 
Et  d'un  bout  de  l'année  à  l'autre, 
Dieu  sait  le  vin  qu'on  y  buvait. 
Pour  le  rentrer  jamais  d'entraves. 
Quel  dépit  pour  les  vignerons  1 
On  le  fabriquait  dans  les  caves 
Du  cabaret  des  Trois-Lurons. 

Notre  hdteflse  à  lourde  bedaine, 
^adjoignant  un  gros  \w  ergnat, 
Au  moins  une  foia  par  semaine, 
Déchirait  un  coin  du  contrat. 


D'un  petit  jeune  homme  au  teint  blême, 
Elle  adorait  les  cheveux  blonds; 
Le  mari  n'était  qu'en  troisième 
Au  cabaret  des  Trois-Lurons. 

Des  pochards,  la  troupe  avinée, 
Avec  effroi,  voyait  écrit 
Sur  un  coin  de  la  cheminée  : 
«  Crédit  est  mort,  plus  de  crédit.  » 
Pourtant,  en  se  moquant  du  reste, 
On  buvait  sans  craindre  d'affronts, 
Puisqu'on  pouvait  laisser  sa  veste 
Au  cabaret  des  Trois-Lurons. 

Notre  capitale  envahie 

Par  vingt  monarques  conjurés, 

Criait  aux  fils  de  la  patrie  : 

A  vos  rangs,  braves  fédérés. 

Du  pays,  prenant  la  défense, 

Plus  d'un  de  ceux  que  nous  pleuron9 

Est  parti,  pour  venger  la  France, 

Du  cabaret  des  Trois-Lurons. 

Aux  éclats  d'une  gaîté  folle, 
Aux  élans  d'un  plaisir  sans  lin, 
Debreaux  chantait  la  gaudriole, 
Leroy  trinquait  avec  Dauphin. 
Le  piclon  soutenait  la  verve 
De  ces  aimables  biberons  ; 
Momus  avait  soûlé  Minerve 
Au  cabaret  des  Trois-Lurons. 

Le  temps  a  dévoré  les  traces 
De  ce  pauvre  et  riant  réduit  : 
Les  murs  se  sont  couverts  de  glaces, 
Le  comptoir  de  clinquant  reluit. 
Courant  où  le  plaisir  s'installe, 
Je  cherche  dans  les  environs 
Si  je  trouve  une  succursale 
Du  cabaret  des  Trois-Lurons. 

<  ii.    4  oliuance. 


La  musique,  de  Charles  i&origget,  k  trouve  chez 
L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de-Naia- 

reth. 


(  »a  J 

CHANSONS    BACHIQUES. 


LE  CHAMPAGNE. 

1846. 

Ai:i  des  Comédiens  sans  reprise). 

Beau  prisonnier,  dont  les  échos  fidèles 
Ont  retenu  les  chants  et  la  gaîté, 
A  tes  esprits  je  veux  rendre  leurs  ailes; 
Viens  respirer  l'air  et  la  liberté. 

Assez  longtemps,  dans  ta  prison  profonde 
Enseveli  par  des  maîtres  ingrats , 
Tu  demeuras  oublié  de  ce  monde, 
Qui  t'aurait  dû  l'oubli  de  ses  combats. 

L'heure  a  sonné:  surgis  à  la  lumière; 
Viens  resplendir  à  l'éclat  des  flambeaux; 
Secoue  enfin  cette  humide  poussière, 
Que  les  hivers  attachent  aux  tombeaux. 

Tu  nous  diras  tes  refrains  d'allégresse, 
Tu  chanteras  l'espoir  et  la  beauté  ; 
Mais  laisse-moi,  sous  ma  main  qui  te  presse, 
Sécher  les  pleurs  de  ta  captivité. 

De  nos  beaux  jours  entretiens  la  mémoire, 
En  nos  pensers  rappelle  la  vigueur  ; 
Enflamme-nous  aux  rayons  de  ta  gloire  ; 
Mais  viens  d'abord  te  chauffer  à  mon  cœur. 

Oui,  tu  frémis;  et  cette  douce  étreinte 
Rend  leurs  vertus  à  tes  sens  engourdis  ; 
Et  sous  le  joug,  dont  tu  gardes  l'empreinte, 
Impatient,  tu  grondes  et  bondis! 

Je  veux  doubler  l'ardeur  qui  le  dévore  ; 
Sois  donc  heureux,  vois,  j'ai  rompu  tes  fers, 
Un  seul  lien  te  lient  captif  encore, 
11  est  brisé...  pars  libre  dans  les  airs!... 

Non;  pas  encore... un  malheureux  esclave, 
Que  l'habitude  au  joug  a  façonné, 
Quand  une  main  a  brisé  son  entrave, 
Reste  un  moment  immobile,  étonné. 


Mais  il  est  temps,  et  ton  heure  s'achève; 
Je  viens  aider  tes  généreux  efforts; 
Oui,  regardez,  il  gramlit,  il  s'élève-, 
Monte,  pars,  vole,  et  répands  tes  trésors! 

Vin  de  Champagne,  enivrante  maîtresse, 
Viens,  le  front  libre  et  les  cheveux  épars!... 
Brise  à  ton  tour  le  joug  qui  nous  oppresse, 
Et  de  ton  prisme  éblouis  nos  regards. 

Fais-nous  savoir  que  la  vie  a  des  charmes; 
Qu'à  nos  douleurs  succèdent  nos  plaisirs , 
Verse  à  nos  cœurs  l'oubli  de  leurs  alarmes, 
Verse  à  nos  sens  l'ardeur  de  leurs  désirs! 

Gustave  Nadaud. 


La  musique,    de    Miller,  se   trouve    notée   au 
N.  1916  de  la  Clé  du  Caveau. 


VERSE   ENCORE. 


Verse  encor, 
Encor,  encor,  encor, 
Encore  un  rouge  bord, 
Dieu  joufflu  de  la  treille  ! 

Verse  encor. 
Encor,  encor,  encor. 
Par  toi  tout  ss  .^veille, 
Et  sans  loi  tout  est  mort. 

Toi  qui,  déplorant 
Les  misères  humaines, 

Vas  partoutjurant 
Et  le  désespérant, 

Pourquoi  fulminer? 
Moi,  pour  guérir  mes  peines. 

Au  lieu  de  tonner, 
J'aime  mieux  entonner  : 
Verse  encor,  etc. 

Si  toujours  heureux, 
Alcide  a  tant  su  faire 


(il 


10 


(  'J  } 

CHANSONS    POPULAIRES. 


D'exploits  amoureux 
Ht  d'exploits  valeureux, 

C'est  que,  chaque  fois 
Qu'il  parlait  pour  la  guerre, 

Sa  tonnante  voix 
Disait  d'un  ton  grivois 
Verse  encor,  etc. 

Amant  qui  toujours 
De  soupirs  et  d'alarmes 

Attristes  le  cours 
De  tes  sottes  amours, 

Répands  loin  de  moi 
Tes  longs  torrents  de  larmes, 

Nous  avons,  ma  foi, 
Bien  assez  d'eau  sans  toi... 
Verse  encor,  etc. 

A  quoi  bon  ce  gros, 
Ce  lourd  dictionnaire, 

Que  mal  à  propos 
Surchargent  tant  de  mots. 

N'eût-il  pas  suffi 
Au  bonheur  de  la  terre 

D'en  avoir  un  qui 
Contînt  ces  seuls  mots-ci  ; 
Verse  encor,  etc. 

Je  tiens  pour  certain 
Que  notre  premier  bomme 

Bût,  d'un  tour  de  main, 
Sauvé  le  genre  humain, 

Si  ce  Ijùii  Adam, 
Mettant,  au  lieu  de  pomme. 

I  ii  broc  sous  sa  dent, 
Bût  dit  en  le  vidant  : 
Verse  encor,  etc. 

pourquoi,  Turcs  damnés. 
Par  un  décret  céleste 
tous  ués 
A  rôtir  condamnés  T 
;  que,  réduits  I 
rbel  indi 
n  d'entre  vous 
•  i  i 
etc. 


Du  sort  inhumain 
Suivant  l'arrêt  sévère, 

Puisque,  hélas!  ta  main, 
Peut-être  dès  demain, 

Ne  versera  plus 
Dans  mon  sein  ni  mon  verre, 

Bienfaisant  Baccbus, 
Ton  ivresse  et  ton  ju6, 


Verse  encor, 
Encor,  encor,  encor, 
Kncore  un  rouge  bord, 
Dieu  joufflu  de  la  tre-illel 

Verse  encor, 
Encor,  encor,  encor  1... 
Par  toi  tout  se  réveille, 
Et  sans  lui  tout  est  mort. 


Désaugiers. 


Air  populaire,  noté  au  N.  1240  de  la  Clé  du  Cave  iu. 


LE   PERE   JEROME. 

Ai  in  :  Ma  Marmotte  a  mal  au  pied 

Je  me  souviens  qu'à  dix-huit  ans 

(Age  que  je  regrette), 
Pour  tirer  parti  des  iuslans, 

Je  fuyais  l'étiquette  : 

A  cache-pot, 
Bravant  l'impôt, 
Sous  un  abri  de  chaume, 

Ali  !  que  j'ai  bu 

lit!  vin  ilu  crû 
Chez  l'1  pèr  ■  Jérôme I 


Jérôme  était  un  \  ieux  troupier; 

Sun  vin  étail  potable  : 
Tel  qu'il  entrait  dans  son  cellier. 
Il  le  servait  à  table. 


(  *5   ) 

CHANSONS    BACHIQUES. 


Là  l'âge  d'or 

Avait  encor 
Son  bachique  fantôme. 
Ah!  que  j'ai  bu,  etc. 

Au  souvenir  de  maints  Bayard, 
J'ouvrais  des  yeux  humides  : 
L'un  nous  parlait  de  Saint-Bernard, 
L'autre  des  Pyramides; 
Puis  du  Kremlin, 
Jérôme  enfin 
Nous  charbonnaitle  dôme. 
Ah  !  que  j'ai  bu,  etc. 

fin  maudissant  les  chefs  flétris 

Dans  la  lutte  dernière, 
Nous  entonnions  les  chants  proscrits 
Par  la  blanche  bannière, 
Là,  de  Capet 
Un  plat  valet 
N'eût  été  qu'un  atome... 
Ah!  que  j'ai  bu,  etc. 

Quand  Erigone  à  nos  cerveaux 

Inspirait  son  délire, 
Nous  remettions  à  nos  chapeaux 
Les  couleurs  de  l'empire, 
Puis  d'Austerlitz 
Mes  vieux  amis 
Rêvaient  le  second  tome. 
Ah!  que  j'ai  bu,  etc. 

D'une  mâle  et  franche  amitié 

Chacun  était  l'apôtre. 
Par  routine  et  non  par  pitié, 
On  payait  l'un  pour  l'autre  : 
On  n'eût  pas  fait 
De  l'intérêt 
Pour  tout  l'or  du  royaume. 
Ah!  que  j'ai  bu,  etc. 

Mais,  hélas  1  la  mort  à  ses  lois 
A  soumis  ce  vieux  brave... 
Partout  où  je  trinque,  je  vois 
Rôder  des  rats  de  cave  : 
L'égalité 
A  déserté 


La  cabane  de  chaume. 

Ah!  que  j'ai  bu 

De  vin  du  crû 
Chez  le  père  Jérôme! 


Louis  Voitelalu. 


Air  ancien,  noté  au  N.  745  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  DESSERT. 

Air  :  En  revenant  de  Bâle  en  Suint. 

Disparaissez,  on  vous  l'ordonne, 
Rôtis  pompeux,  fins  entremets; 
Ici  Bacchus,  Flore  et  Pomone 
Doivent  seuls  régner  désormais  : 

On  rit.  on  babille, 

Le  cœur  est  ouvert, 

Et  la  gaîté  brille 
Au  moment  du  dessert. 

Voyez  quand  un  dîner  commence, 
Souvent  on  ne  se  connaît  pas; 
Mais  sans  peine  on  fait  connaissance 
Et  quand  vient  la  fin  du  repas, 
On  rit,  on  babille,  etc. 

A  raisonner  chacun  s'applique, 
Tous  ensemble,  et  non  tour-à-tour  : 
Tout  haut  on  parle  politique, 
Et  tout  bas  on  parle  d'amour: 
On  rit,  on  babille,   etc. 

C'est  du  Champagne  qu'on  apporte, 
Chacun  va  dire  sa  chanson  , 
On  chante  juste  ou  faux,  n'importe, 
Le  plaisir  est  à  l'unisson: 
On  rit,  on  babille,  etc. 

Voyez  cette  jeune  innocente 
Buvant  de  l'eau,  ne  disant  mot; 
A  ce  vin  mousseux  qui  la  tente 
Elle  cède,  en  boit,  et  bientôt 
Elle  rit,  babille,  etc. 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Étrangère  à  la  gourmandise, 
Indifférente  aux  grands  repas, 
Lise  d'un  peu  de  friandise 
En  secret  ne  se  défend  pas  : 
Elle  rit,  babille,  etc. 

Dans  un  amoureux  tète -à-tête, 
Our  ce!  instant  est  précieux  ! 
Ah  !  quelle  ivresse  !  ah  !  quelle  fête  ! 
Qu'avec  joie,  en  attendant  mieux, 
On  rit,  on  babille,  etc. 

Nous  qu'un  joyeux  délire  excite, 
Et  dont  Momus  dicte  les  chants, 
Mes  bons  amis,  dînons  bien  vite, 
Mais  au  dessert  restons  longtemps: 

On  rit,  on  babille, 

Le  cœur  est  ouvert, 

Et  la  gaîté  brille 
Au  moment  du  dessert. 

Etadet 

Air  ancien,  noté  au  N.  180  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  SON  QUE  JE  PRÉFÈRE. 

Aiu  :  Eiitcndi-tu  l'appel  qui  sonne  .'  Du  vaudeville  d'une 
Nuit  de  la  Garde  Nationale. 


Quand  j'entends  mon  verre 
l'aire, 
Dès  1"  matin, 
R'lintintin,  r'lintintin, 
J'  dis  :  \ 'là  r  sun  que  je  préfère  : 
Et  j'  bois  !à-d'ssus  f 

On  coup  de  plus.  C 


(bis.) 

[Le  verre  de  vin  est  olliijé  après  chaque  re/rain.} 


L'  Bon  d'une  voix  douce  et  tendre 
Comm  ci  il''  d'  Suzon  qu'  j'aimais 
Mon  oreille  n'  peut  l'entendre 

Sans  qu'  mon  cœur  s'afflige  ;  mais... 
Quand  j'entends,  etc. 

L'sun  d' l'argent, quand  j'  n'en  ai  gui  re, 
M'  rend  plus  pauvre  que  jamais 


Et  m'  fait  maudir'  ma  misère, 
Moi,  qui  n'en  fsais  que  rire  ;  mais... 
Quand  j'entends,  etc. 

L'  son  des  violons  d'  mon  village, 
Auquel  autïuis  j'  m'animais, 
M'  dit  à  c't'  heure  que  j'  suis  dans  l'a. 
Où  l'on  doit  les  payer;  mais... 
Quand  j'entends,  etc. 

L'  son  du  tambour  me  rappelle 
C  temps  où  malgré  moi  j'  m'armais 
Pour  aller  chercher  querelle 
A  tous  les  monarques  ;  mais... 
Quand  jentends,  etc. 

L'  son  du  cor  m'  rappell'  sans  cesse 
Qu'un  jour  où  dans  1'  bois  j'  dormais, 
Certain  chasseur  eut  l'adresse 
De  m'  prendr'  pour  la  bête;  mais... 
Quand  j'entends,  etc. 

L'  son  importun  d'  ma  sonnette, 
Qui  ne  se  r'pose  jamais, 
M'  fait  toujours  souv'nir  d'  queuqu'  dette 
Quej'  voudrais  oublier;  mais... 
Quand  j'entends,  etc. 

L'  son  d' la  cloche  d'  not'  paroisse 
M'  rappelle,  à  chaque  pas  quej'  fais, 
L'  carillon  du  jour  d'angoisse 
Où  j'  me  suis  marié  ;...  mais... 
Quand  j'entends,  etc. 

A  chaque  heure,  1'  son  d'  l'horlogd 
Semble  m'  dire  désormais 
Qu'  bientôt  faudra  que  j'  délogé 
Dec'  monde  OÙ  j'  me  plais  tant  :  mais.. 

Quand  j'entends  mon  verre 
Faire 
Dès  I'  malin, 
R'lintintin,  r'lintintin, 
j'  dis  :  V'Ià  I'  80 n  que  je  préfère  . 

Et  j'  buis  lù-d'ssus 
Un  coup  de  plus. 

Ilisau^lrr- 


\  [bis.) 


Air  ami. ni    té  au  N    r:l7  de  la  Clé  du  Caveau. 


L'ORGIE. 

183n. 

Eh  !  vive  l'orgie  ' 
Eh!  buvons  sans  fin. 
Chantons  la  folie, 
L'amour  et  le  vin  ! 

Du  vin  dans  la  tête, 
L'amour  dans  le  cœur, 
Vrai  Dieu  !  quelle  fête  ! 
C'est  double  bonheur  ! 
Eh!  vive  l'orgie!  etc. 

Auprès  d'une  belle, 
D'un  vin  généreux, 
Mon  œil  étincelle, 
Je  me  sens  heureux! 
Eh!  vive  l'orgie!  etc. 

Au  doux  choc  du  verre, 
Au  bruit  des  flacons, 
Narguons  la  misère. 
Rions  et  dansons  ! 
Eh!  vive  l'orgie!  etc. 

Sautons  en  cadence, 
Bravons  l'univers  ! 
Le  vin  fuiL  s'élance, 
Parfume  les  airs  ! 
Eh!  vive  l'orgie!  etc. 

Voyez  cette  écume! 
Voyez  ce  beau  feu  ! 
Ma  soif  se  rallume, 
Bacchus  est  un  dieu  ! 

Eh!  vive  l'orgie  ! 
Eh!  buvons  sans  tin, 
C hantons  la  folie, 
L'amour  et  le  vin  ! 

L.  Crt'vel  de  Cbarleniagne. 

La  musique,  de  Rossini,  se  trouve  chez  M.  Bran  dus 
et  Ce,  rue  Vivienne.  (0. 

62 


L'IVROGNE. 


1840. 

Hé  qu'est'ça  m'fait  à  moi 

Qu'on  m'appelle  ivrogne  ! 
Je  suis  heureux  comme  un  roi 

Quand  je  m'  rougis  la  trogne. 

J'  n'ai  jamais  compris  comment 
S'est  conduit  1'  premier  homme  ; 

Il  fallait  qu'il  fût  Normand. 
De  s'  damner  pour  un'  pomme. 
Hé!  qu'est'ça  m'fait,  etc. 

Adam,  qui  s'est  fourvoyé, 

D'excuse  serait  plus  digne. 
S'il  eût  attendu  qu'  Noé 

Eût  inventé  la  vigne. 

Hé  !  qu'est'ça  m'  fait,  etc. 

L\  vie  est  un  chemin  d'fer, 
11  faut  que  l'homme  y  roule; 

Quand  j'  suis  pané,  j'  vais  prend  r'  l'air. 
Quand  j'ai  d  l'argent,  je  m'  soûle. 
Hé  !  qu'est'ça  me  fait,  etc. 

Les  maîtres  des  nations 

Aux  peuples  s'raient  plus  utiles, 
S'ils  se  servaient  d'  nos  canons 
Au  lieu  d'  leurs  projectiles. 
Hé!  qu'est'ça  me  fait,  et-. 

Eu  l'honneur  du  dieu  du  vin 
Si  j'  vends  jusqu'à  mes  ch'mises, 

C'est  que  j' trouv'  sur  mon  chemin 
Plus  d'cabarets  qu'  d'églises. 
Hé!  qu'est'ça  m'  fait,  etc.;  „' 

La  nature,  dans  mon  froc 

A  mis  un  bon  apôtre, 
Quand  j' tiens  ma  femme  ou  mon  broc, 

J'emplis  l'une  ou  j'  vid'  l'autre. 

Hé  !  qu'est'ça  me  fait,  etc. 

T.  II.  — 3 


il 


(»•  ) 

CHANSONS    POPUL  VIRES. 


L*  dimanche,  dans  le  ruisseau 
Quand  par  malheur  Je  couche, 

J'enrage,  mais  c'est  d'  voir  l'eau 
Aussi  près  de  ma  houche. 
Hé  I  qu'est'ça m' fait,  etc. 

Ici-bas,  quand  j'aurai  bu 

Mes  dernières  bouteilles, 
J'  veux  m'en  aller  1'  cul  tout  nu 

Et  les  manches  pareilles. 

Hé!  qu'esl'ça  m'fjit,  etc. 

A  quoi  bon  des  capitaux  ? 

Quand  la  terre  nous  hume. 
Rois,  peuples,  savants  et  sots, 

On  a  tousl'  mêm'  costume. 

Hé!  qu'est'ça  m'  fait  à  moi 

Qu'on  m'appelle  ivrogne  ! 

Je  suis  heureux  comme  un  roi 

Quand  je  m'  rougis  la  trogne. 

Henri  Simon 

Lamusique,  d'Albanèse,  est  notée  au  N. 119  de  la 
Clé  du  Caveau. 


DÉLIRE  BACHIQUE. 

Air  du  petit  Maillot. 

Mes  amis,  nos  coupes  sont  pleines. 
L'écume  en  couronne  les  bords; 
Quel  feu,  circulant  dans  mes  veines. 
M'inspire  de  nouveaux  transports' 
Je  vois  Bacchus,  je  vois  sa  gloire; 
Mon  ivresse  m'élève  aux  cieux; 
C  est  Hébé  qui  me  verse  à  boire, 
Je  suis  à  la  table  des  dieux. 

Approche,  joyeuse  bacchante; 
L'œil  en  feu,  les  cheveux  épars; 
Viens  redoubler  l'ardeur  brûlante 
Que  je  puise  dans  tes  regards; 
Verse  d  un  bras  infatigable 
Le  pur  nectar  d  s  immortels; 
Je  me  contente  de  leur  table, 
bano  aspirer  à  leurs  autels. 


Vois  dans  sa  marche  vacillante 
Silène  qui,  l'œil  égaré, 
Laisse  aller  sa  tête  tremblante 
Que  couronne  un  raisin  doré; 
Il  sourit,  et  sa  bouche  avide, 
Dont  la  soif  paraît  s'irriter, 
Appelle  encor  la  coupe  humide 
Que  sa  main  ne  peut  plus  porter. 

Qui  de  nous  dans  ces  jours  de  fêle 
Peut  compter  sur  un  jour  nouveau? 
Le  lière  qui  pare  ma  tète 
Croîtra  demain  sur  mon  tombeau. 
Mais  loin  qu'une  sombre  tristesse 
Précède  mon  dernier  sommeil, 
Je  veux  m'endormir  dans  l'ivresse 
Et  chanter  encore  au  réveil. 

Casimir  Dclavlgne. 

Lamusique,  de  Gaveaux,se  trouve  notée  au  N.i08 
de  la  Clé  du  Caveau. 


IVRESSE! 

1847. 

Des  âmes  pures 

Dieu  souverain, 
Tu  bannis  le  chagrin, 
Tu  fermes  nos  blessures. 

Ovin  vermeil,  ô  vin  sacré, 
Reviens  à  moi,  ma  voix  t'implore 
Calme  l'ennui  qui  me  dévore, 
Et  rends-moi  le  ciel  azuré  I 

Plus  de  colères, 

Plus  de  souci3  ; 
Tu  rends  à  nos  esprits 
Les  riantes  chimères. 

Coule  toujours,  divin  trésor  ; 
Ce  qu.' je  veux,  c'est  ton  ivresse; 
C'est  la  vapeur  enchanteresse 
Qui  l'ait  naître  les  rêves  d'or. 


CHANSONS    BACHIQUES. 


15 


Toiil  se  colore 

A  l'horizon. 
Kt  la  froide  raison 
Avec  loi  s'évapore. 

Tout  est  doré,  tout  est  vermeil . 
Le  passé  n'est  plus  qu'un  nuage- 
Le  présent  dans  mon  verre  nage. 
Et  l'avenir  c'est  le  sommeil. 

La  brise  est  pure. 

L'air  embaumé  ; 
Tout  est  riant,  aimé. 
Tout  soupire  et  murmure. 

Concerts  divins,  je  vous  entends; 
Pour  moi  le  ciel  n'a  plus  de  voiles, 
Et  je  contemple  les  étoiles, 
Et  je  songe  à  leurs  habitants  ! 

Est-ce  un  prodige' 

Est-ce  une  erreur? 
L'univers  en  fureur 
S'abandonne  au  vertige! 

En  vain  je  veux  la  retenir; 
La  vieille  terre  est  ébranlée  : 
La  terre  tourne!...  0  Galilée! 
Je  veux  boire  à  ton  souvenir. 

Sainte  ambroisie, 

A  ta  chaleur, 
L'amour  renaît  au  cœur, 
Et. la  haine  s'oublie. 

Mes  amis,  venez  dans  mes  bras; 
Je  suis  en  pleurs,  l'amour  m'inonde 
J  aime  le  ciel,  j'aime  le  monde  ; 
J'aime  ceux  que  je  n'aime  pas. 

J'aime  les  cuistres 

Et  les  enfants, 
Et  les  pâles  savants, 
Et  même  nos  ministres. 

J'aime  les  rois,  l'hiver,  les  chiens, 
Et  les  poètes  romantiques. 
Et  j'aime  les  mathématiques, 
Et  les  mathématiciens! 


Par  toi,  tout  change. 

Tout  rajeunit. 
El  tu  donnes  l'esprit, 
Et  l'amour  sans  mélange. 

Par  toi,  les  vieillards  sont  surpris 
De  se  sentir  encor  des  âmes  ; 
Les  maris  embrassent  leurs  femmes, 
Les  femmes  baisent  leurs  maris. 

Encore!  encore! 

Mais  suis-je  fou  ? 
La  bouteille  au  long  cou 
S'arrondit  en  amphore! 

Versez  toujours!  verrez  encor  I 
Mais  arrière  le  vin  moderne  ! 
Ce  que  je  bois,  c'est  le  Falerne 
Qui  pétille  en  ma  coupe  d'or. 

Plus  de  cravate, 

Plus  de  gilet; 
Je  foule  le  duvet 
Sous  ma  toge  écarlate. 

J'entends  la  flûte  aux  airs  si  doux  : 
Et  cet  ami-là,  c'est  Horace, 
Qui  descend  exprès  du  Parnasse, 
Pour  venir  trinquer  avec  nous. 

0  Messaline, 

Viens  dans  mes  bras  ; 
Dévoile  tes  appas, 
Ouvre-moi  ta  poitrine  ! 

Je  veux  t'aimer  en  vrai  Romain. 
Allons,  esclave,  allons,  des  roses! 
C'est  bien  :  Va-t'en  !...  et,  si  tu  l'oses, 
Reviens  nous  éveiller  demain  !... 

Gustave  Vudnud. 

Cette  chanson  est  extraite  de  la  nouvelle  édition 
du  recueil  des  chansons  de  G.  Nadaud.  En  vente 
chez  L.  Vieillot,  éd.,  32,  r.  N.-D.-de-Nazareth. 
La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve 
chez  L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de- 
Nazareth. 


le 


CHANSONS   POPULAIRES, 


C  EST  ENCORE  GOUTER  LE  BONHEUR. 

1834. 

Du  temps  pour  braver  la  rigueur, 
Versez,  amis,  versez  à  boire.  bis. 

Dans  l'oubli  plonger  sa  mémoire, 
I  i  si  encor  goûler  le  bonheur,  [quater.) 

Arbitre  de  nos  destinées, 
0  Irop  inexorable  temps! 

Tu  omis  en  m  accablant  d'années, 
De  rides  et  de  cheveux  blancs, 
Altérer  ma  philosophie, 
Ma  bonne  humeur  et  ma  gaîté  ; 
Non,  non,  jamais,  car  je  m'écrie    (bis.) 
A  chaque  coup  par  toi  porlé  : 
Du  temps,  etc. 

Que  l'a  fait  la  pauvre  vieillesse 
Pour  ajouter  à  ses  malheurs? 
Na-t-elle  pas  dans  sa  détresse 
Assez  de  regrets,  de  douleurs? 
Près  du  terme  de  mon  voyage. 
Ces  maux,  déjà  je  les  ressens, 
Mais  je  les  brave  avec  courage  ; 
Entends-tu  ces  joyeux  accents"' 
Du  temps,  etc. 

Quand  je  vois  par  tes  mains  arides 
Se  moissonner  avec  fureur 
Tous  ces  mortels  jaloux,  avides. 
Ou  de  richesse  ou  de  grandeur. 
Quand  j'entends,  d'une  voix  tremblante, 
Maints  fous  implorer  ta  pitié; 
Calme  j'attends,  gaîment  je  chante 
Au  sein  de  la  douce  amitié  : 
Du  temps,  etc. 

Quand  par  tes  frimas  sur  la  terre 
Ont  fui  les  printemps,  les  amours; 
Quand  pour  nous  encor  plus  sévèn 
■|  i,  glaces  nos  cœurs  pour  toujours 
Loin  d'en  gémir  avec  faiblesse, 
Je  veux  soudain  doubler  d'efforts 
Pour  me  ranimer  dans  l'ivresse, 
El  m'éga;  ei  pai    es  accords. 
Du  temps  etc. 

Enfin,   dan-  le  calme  or.  l'orage, 

Quand  tout  fuit  à  pas  de  géant, 


Si  tout  froissés,  cassés  par  l'âge, 

11  nous  faut  descendre  au  néant, 

Rien  loin  de  vouloir  m'en  défendre 

Je  me  soumets  à  ton  arrêt  ; 

Le  verre  en  main  viens  me  surprendre, 

Oui,  viens,  je  t'attends!  je  suis  prêt!!! 

Du  temps  pour  braver  la  rigueur, 
Versez,  amis,  versez  à  boire;        {bit.) 
Dans  l'oubli  plonger  sa  mémoire, 
C'est  encor  goûter  le  bonheur,  (quater.] 

Blomlcl. 

La  musique   'le  l'auteur  des  paroles,  se  trouve 
ihez  L.  Vieillot,  32,  rut-    Notre-Dame-de-Nazareth 


BACCHANALE. 

A  moi  les  brûlantes  orgies 
A  moi  l'amour  et  toutes  ses  faveurs, 
A  moi  1  ivresse  et  ses  folies, 
Et  ses  transports  et  ses  tendres  fureurs. 

Noire  à  longs  traits,  aimer  et  plaire, 
De  la  jeunesse  est  la  triple  vertu  ; 
Du  vieillard  la  morale  austère 
N'est  qu'un  regret  d'avoir  trop  peu  vécu. 
A  moi,  etc. 

Restons  encor,  ô  ma  maîtresse  ! 
Enivrons-nous  de  Champagne  et  d'amour, 
Laissons  fuir  l'heure  qui  se  presse 
Pour  la  narguer,  je  l'attends  au  retour. 
A  moi.  ele 

La  nuit  de  ses  plus  sombres  voiles 
Se  couvre  en  vain...  croit-elle  m'effrayei 
Elle  a  beau  cacher  ses  étoiles, 
Sous  tes  cils  noirs  je  les  vois  scintiller. 

A   moi  les  brûlantes  orgies, 
A  moi  l'amour  et  toutes  ses  faveui 
A  moi  l'ivresse  el  Bes  folies 
El  ses  transports  el  ses  tendres  fureurs. 

l'.doiinrd  \evru. 


f  SI  ) 

Cn.VNSONS   BACHIQUES. 


11 


LE   YIVEUR. 

1833. 

An*  du  vaudeville  des  Chansons  de  Béranger. 

Nargue  du  philosophe  austère 
Qui  se  fait  du  monde  un  néanf... 
Pour  qui  la  vie  est  un  mystère, 
Le  trépas  un  bien  qu'il  attend  1 
Du  temps  endormez  la  furie, 
Plaisirs,  disputez-lui  mes  jours! 
D'ivresse,  Amours,  comblez  ma  vie; 
Bons  vins,  enivrez-moi  toujours! 

Que  de  fous  battent  la  campagne 
En  cherchant  clans  l'or  le  bonheur, 
Lorsqu'entre  Lise  et  sa  compagne 
Bacchus  le  décèle  à  mon  cœur! 
Riche  de  joie  et  de  tendresse, 
Plutus  me  souriait  en  vain 
Quand  je  puis,  pour  changer  d'ivresse, 
Changer  de  bacchante  et  de  vin  ! 

Non,  non  !  point  d'ambition  vaine 
Qui  pourrait  troubler  mes  plaisirs! 
Lise  a  souri,  ma  coupe  est  pleine. 
Les  dieux  ont  comblé  mes  désirs. 
La  fortune  tourne  à  ma  guise 
Quand  je  vois,  après  doux  larcins, 
Des  saphyrs  dans  les  yeux  de  Lise, 
Des  perles  dans  nos  verres  pleins  ! 

Des  biens  dont  le  peuple  t'aumône 
Crois-tu  qu'on  puisse  être  envieux, 
Toi  qui  trembles  sous  la  couronne    ' 
Dont  l'éclat  t'a  brouillé  les  yeux! 
Plus  que  toi  j'ai  l'àme  contente 
Lorsque  j'effeuille  quelques  fleurs 
Des  couronnes  que  la  bacchante 
Attache  au  thyrse  des  buveurs! 

Sur  ce  fleuve,  où  par  la  folie 
ai  vu  souvent  guider  mes  pas, 
Dieux  qui  savez  charmer  la.vie, 
Charmez,  s'il  se  peut,  mon  trépas! 


Tombé  sur  le  sein  d'une  belle, 
Puissé-je,  à  mon  dernier  festin, 
Ne  voir  chavirer  ma  nacelle 
Qu'après  un  déluge  de  vin! 


E't'i'riiclct. 


HOMMAGE  A  BACCHUS. 

1842. 

Aik  :  Vive  le  vin  de  Ramponneav 

Le  doux  jus 
Du  divin  Bacchus 
Inspire  l'allégresse. 
Chassons  sans  cesse 
Le  chagrin, 
Que  notre  verre  soit  de  vin 
Plein. 

Un  amoureux 
N'est  heureux 
Qu'en  fixant  les  beaux  yeux 
D'une  cruelle  amante. 
Aux  vains  atours, 
Aux  amours 
Je  préfère  toujours 
La  liqueur  enivrante. 
Le  doux,  etc 

Avec  éclat, 
.  Au  combat, 
Se  montre  le  soldat. 
Désireux  de  sa  gloire, 
Mais  dans  mon  coeur 
Un  vainqueur 
Obtient  bien  moins  d'honneur 
Qui  celui  qui  sait  boire. 
'  Le  doux,  etc. 

J'aime  bien  mieux 
Tous  nos  vieux 
Chansonniers  si  joyeux 
Que  la  nouvelle  écoie. 


H 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Gais  bambocheurs. 
l'oint  censeurs, 
Ils  savaient,  ces  auteurs, 
("hanter  la  gaudriole. 
Le  doux,  etc. 

Demeurons  sourds 
Aux  discours 
Des  peuples  et  des  cours. 
¥i  de  la  politique. 
Jamais  de  voix 
Four  les  rois, 
Mais  pour  les  chants  grivois, 
Pour  un  refrain  bachique. 
Le  doux,  etc. 

Si  sans  retour 
Quelque  jour 

Sur  nous  le  Dieu  d'amour 
Obtient  pleine  victoire, 
Que  les  appas, 
Les  débals, 
Amis,  n'empêchent  pas 
De  chanter  et  de  boire. 
Le  doux,  etc. 

Amis,  il  faut, 
En  un  mot, 
Ne  point  faire  défaut 
A  la  liqueur  vermeille. 
Les  gens  heureux 
Ce  sont  ceux 
Qui  célèbrent  les  dieux 
Des  chants  et  de  la  treille. 

Le  doux  jus 

Du  divin  Bacchus 

Inspire  l'allégresse. 

(.licous  sans  r.-ss<- 

Le  chagrin, 
Que  noire  vei  re  soil  de  vin 
Plein. 


<  lim  i.  n  r  ni mn  «I 


l.\  TREILLE  DE  SINGÉRITÉ. 


Mous  n'avons  plus  cette  merveille 
Ce  phénomène  regretté, 

La  treille  J 

De  sincérité. 


[bia 


Cette  treille  miraculeuse, 
Dont  la  vertu  tient  du  roman. 
Passa  longtemps  pour  fabuleuse 
Chez  le  Gascon,  chez  le  Normand;  [bis.) 
Mais  des  garants  très  authentiques 
Ont  lu  dans  un  savant  bouquin 
Que  son  raisin,  des  plus  antiques 
Existait  sous  le  roi  Pépin... 
Nous  n'avons,  etc. 

Un  docteur  qui  faisait  parade 
De  son  infaillibilité, 
Allant  visiter  le  malade. 
Vit  le  raisin  et  fut  tenté. 
Puis,  de  son  homme  ouvrant  la  porte, 
Et  le  trouvant  sans  pouls  ni  voix  : 
«  C'est,  dit-il  (le  diable  m'emporte  I) , 
Le  trentième  depuis  un  mois.  » 
Nous  n'avons,  etc. 

Un  auteur  sous  son  frais  ombrage, 
Lisant  un  poème  fort  beau, 
A  chaque  feuille  de  l'ouvrage, 
S'humectait  d'un  raisin  nouveau 
«  Çà,  lui  dit-on,  un  tel  poème 
Vous  a  coûté  six  mois  et  plus  ? 
—  Non.  reprit-il  à  l'instant  même... 
Il  m'a  coulé  cinquante  écus.  » 
Nous  n'avons,  etc. 

Sous  la  treille  un  petit  Pompée 
Criait  aux  badauds  étonnés  : 
«  Dans  ma  vie,  ah  !  quels  coups  d'épée, 
Quels  coup-  de  sabre  j  ai  donnés! 

Quels  coups  (h;  fusil  !  quels  coups...  >,  ZesU 

Il  mord  la  grappe  là-dessus, 
Ki  poursuit  d'un  air  plus  modeste  : 
•<  Quels  coupi  de  bâton  j'ai  reçus  !  » 
Nous  n'avons,  etc. 


(    Ml     | 

CHANSON  S    BACHIQUES. 


Au  moment  de  donner  la  vie 
A  l'héritier  de  son  époux, 
Une  jeune  femme  eut  envie 
De  ce  raisin  si  beau,  si  doux  !... 
Et  le  pauvre  homme,  ayant  pour  elle 
Cueilli  le  fruit  qu'elle  happa  : 
«  Que  mon  cousin,  lui  dit  la  belle, 
Sera  content  d'être  papa!  » 
Ndus  n'avons,  etc. 

Un  curé,  que  le  saint  bréviaire 
Amusait  moins  que  le  bon  vin, 
S'amusa  de  monter  en  chaire 
Plein  du  jus  du  fatal  raisin. 
«  Frères,  dit-il  à  1  auditoire, 
Malgré  tout  ce  que  je  vous  dis, 
Je  sais  aimer,  chanter  et  boire, 
Et  je  fais  gras  les  vendredis...  » 
Nous  n'avons,  etc. 

Mais,  hélas  !  par  l'ordre  du  prince, 
Ce  raisin  justement  vanté, 
Un  jour  du  fond  de  sa  province. 
Près  du  trône  fut  transplanté. 
Pauvre  treille,  autrefois  si  belle, 
Que  venais-tu  faire  à  la  cour  ? 
L'air  en  fut  si  malsain  pour  elle, 
Qu'elle  y  mourut  le  premier  jour. 

Nous  n'avons  plus  cette  merveille, 
Ce  phénomène  regretté, 

La  treille  [  ,,.  « 


De  sincérité. 


Désangier«i. 


La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve 
notée  au  N.  1113  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE   DÉLIRE   BACHIQUE. 

Air  de  la  Grande  Orgie. 

Tant  que  le  vin  ira  son  train, 
Faudra  boire 
A  sa  gloire  ; 


Car  il  nous  tient,  ce  vin 
Divin, 
Sans  bois,  sans  charbon,  sans  récham 
Chaud. 

Dans  nos  climats, 
Sous  nos  pas 
Lorsque  les  noirs  frimas 
Ont  vomi  lep  orages, 

Le  verre  plein, 

A  la  main, 
Bravons  jusqu'à  demain 
L'hiver  et  ses  nuages. 

Tant  que  le  vin,  etc. 

Si  des  gazons, 
Des  vallons, 
Les  fougueux  aquilons 
Ont  détruit  les  prestiges; 
Contre  les  fers 
Des  hivers, 
Des  pampres  toujours  verts 
Il  nous  reste  les  tiges. 
Tant  que  le  vin,  etc. 

Un  coffre- fort 
Bien  plein  d'or 
Ne  donne  point  encor 
Une  santé  constante  ; 
Mais  du  pomard 
Le  nectar 
Rend  dispos  et  gaillard; 
Voilà  ce  qui  me  lente. 
Tant  que  le  vin,  etc. 

Foin  du  jaloux 
En  courroux, 
Qui  pour  gloser  sur  cous, 
Soir  et  malin  s'applique; 

Épicurien, 

Prendre  en  bien 
Chaque  jour  comme  il  vient, 
Voilà  ma  politique. 

Tant  que  le  vin,  etc. 

D'un  vain  honneur 
Qu'un  auteur, 


M 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Dans  sa  bouillante  ardeur, 

Conçoive  l'espérance; 

Bien  plus  adroit, 
Moi,  je  bois, 
El  n'aspire,  ma  foi  ! 
Qu'à  ine  remplir  la  panse. 

Tant  que  le  vin,  etc. 

Ces  conquérants, 

Qu'on  dit  grands, 
Ont  versé  par  torrents 
Le  sang  de  leurs  phalanges, 
Moi,  plus  humain. 
Quand  le  vin 
S  échappe  sous  ma  main, 
Je  suis  vraiment  aux  anges. 
Tant  que  le  vin,  elc. 

Quand  par  devoir, 
Un  beau  soir, 
Dans  le  sombre  manoir 
Je  ferai  la  culbute  ; 
En  gai  luron, 
Toujours  lond, 
—  bah  1  dirai-je  à  Caron, 
Attends  une  minute. 

Tant  que  le  vin  ira  son  nain. 
Faudra  boire 
A  sa  gloire; 
Car  il  nous  lient,  ce  vin 
Divin, 
.Sans  bois,  sans  charbon,  sans  réchaud, 
Chaud. 

■Cmilc  Dcltreaui. 

Aii  ancien,  noté  au  N.  1101  de  la  Cle  du  Caveau. 


LE   CHAMPAGNE. 

AlH  :  du  rondeau  des  Deux  Ma' tresses. 
■    Ultur  P  herbage  1  I 

Cal  le  Champagne, 
Vin  de  Cocagne, 
Philtre  enchanteur  créé  par  Lucifer; 


Videz  nos  tonnes, 

Que  nos  Bretonnes 
Boivent  ce  vin,  chef-d'œuvre  de  l'enfer. 

C'est  un  poison  dont  le  goût  électrisé, 

C'est  un  démon  qu'on  avale  gaîmcnt, 
C'est  le  nectar,  qui  de  la  gourmandise 
Lst  aujourd'hui  le  premier  talisman. 

Vin  des  grisen 

Vin  des  Lorelles, 
L'amour  lui  doit  ses  plus  chères  faveurs; 

Quand  ce  vin  mousse, 

La  vie  est  douce, 
Et  le  péché  peut  s'emparer  des  cœurs. 

C'est  le  secret  de  beaucoup  de  faiblesses; 
C'est  le  fléau  des  malheureux  époux  ; 
Serments  d'amour,  baisers,  tendres  caresses 
Ce  n'est  pas  cher,  c'est  quatre  Irancsdix  sous. 

Prodige  étrange, 

Par  lui  tout  change. 
\  la  laideur  il  donne  des  appas  ; 

De  la  science 

A  l'ignorance, 
El  de  l'esprit  à  ceux  qui  n'en  ont  pas. 

S'il  le  voulait,  par  sa  toute  puissance; 
Ce  vin  joyeux,  évitant  plus  d'un  choc, 
Dans  un  banquel  réunirait  la  France, 
Malgré  l'enfer,  malgré  le  diable  en  froc! 

C'est  l''  Champagne, 

Vin  de  Cocagne, 
Philtre  infernal  crée  par  Lucifer  ; 

Videz  nos  tonnes, 

Que  nos  Bretonnes 
Boivenl  ce  vin,  chef-d'œuvre  de  l'enfer! 
Dennery  et  (lalniiu*. 

Les   S, j,L    Châteaux  du   Diable,    en 
M.  Tresse,  éditeur  i'a- 

lais-National, .  ali  rie  de  Chartres,2et  :!-.  prix  '60  ■-. 
aie  où  l'un  trouve  ai  al  unt- 

Vertl  (dl  :   nouvelles.)    ' 

La  muaiq.u<  ■  trouve  i.otee  au 

■  ail. 


■  ;K   Dl    PILLET   KILS    AISÉ,   RUE    Dts    OtUHDt-AOCDSTI 


i;ram>  verre  et  petite  .MAITRESSE 


\iii  :  Plantez-moi  îles  vignes. 

Tâche  qui  pourra  de  saisir 

Des  princes  la  tactique  ; 
N'a  pas  qui  voudra  le  loisir 
De  parler  politique. 

Pour  moi  des  Etats 

Et  des  potentats 
Fort  peu  je  m'intéresse, 

Quand  j'ai  sous  la  main 

Grand  verre  bien  plein 
Et  petite  maîtresse  ! 

Au  lieu  de  ces  couplets  légers 

Charmant  les  plus  farouches, 
Jésuites,  patrie  et  dangers, 

Sont  dans  toutes  les  bouches. 
Voulez-vous,  auteurs, 
Voulez-vous,  chanteurs, 

Qu'Apollon  vous  caresse? 
Ayez  sous  la  main, 
Grand  verre  bien  plein 

Et  petite  maîtresse! 

Ces  preux  qui,  lassés  de  repos, 

Dans  une  ardeur  sublime. 
Sont  allés  percher  leurs  drapeaux 
Sur  les  murs  de  Solime, 
Auraient,  je  le  crois, 
Planté  là  la  croix, 
S'ils  avaient  pu  sans  cesse 
Avoir  sous  la  main 
Grand  verre  bien  plein 
Et  petite  maîtresse! 

Pourquoi  ce  bon  roi,  ce  Henri, 

Rentré  dans  son  royaume, 
Fut-il  tant  prôné,  tant  chéri 
Des  palais  et  du  chaume? 
C'est  que  Je  gaillard, 
Tant  soit  peu  paillard, 
Eut  dans  sa  douce  ivresse 
Toujours  sous  la  main 
Grand  verre  bien  plein 
Et  petite  maîtresse  ! 

Tous  ces  monseigneurs  soucieux 
Qui  près  des  rois  séjournent, 


Dans  leurs  projets  ambitieux 
Nous  tournent  et  retournent  : 

Nous  serions  heureux 

Si  ces  songe-creux, 
Épris  d'une  caresse, 

Avaient  sous  la  main 

Grand  verre  bien  plein 
Et  petite  maîtresse! 

ijuand  donc,  atteignant  le  sommet 

Du  char  de  la  victoire, 

l-'ermerez-vous  à  Mahomet 

Votre  beau  territoire? 

Quand  vous  verrons-nous, 

Forts  sur  vos  genoux, 
Nobles  fils  de  la  Grèce, 

Avoir  sous  la  main 

Grand  verre  bien  plein 
Et  petite  maîtresse? 

Foin  de  l'avenir,  du  passé! 

Qu'aujourd'hui  nous  occupe  : 
Qu'à  grands  flots  le  vin  soit  versé; 
Barbouillons-en  la  jupe. 
Hiver  ou  printemps, 
Pour  vivre  contents 
Et  narguer  la  détresse, 
Ayons  sous  la  main 
Grand  verre  bien  plein 
Et  petite  maîtresse! 

Emile  Debreaix. 


CHANSON  BACHIQUE. 

uk  :  Unsijadit  un  grand  prophète. 

Puisque  sans  boire  un  ne  peut  vivte, 
Célébrons  ce  nectar  parfait! 
Mais  permettez  que  je  m'enivre, 
Pour  me  remplir  de  mon  sujet. 
Etourdi  du  jus  de  la  tonne, 
Je  puis  ne  dire  rien  de  bon; 

T.   11.  — 4 


n 


CHANSONS    POPULAIRES 


.Mais  .lu  moins  si  je  déraisonne, 
Ce  ne  sera  pas  sans  raison. 

D'Anacréon  et  d'Épicure 
Suivons  le  précepte  charmant  : 
Amis,  tout  boit  dans  la  nature. 
Les  enfants  boivent  en  naissant. 
L'homme  boit  dans  la  maladie. 
1  boit  quand  il  est  bien  portant  ; 
De  hoire  enfin  telle  est  l'envié, 
Que  Ion  boit  même  en  se  noyant. 

On  dit  qu'on  chancelle  à  trop  boire, 

Que  la  chute  suit  le  faux  pas  : 

Mais  on  voit,  vous  pouvez  m'en  croire, 

Tout  le  contraire  en  certains  cas  : 

Car  lorsque  le  public  écoule 

Des  pièces  dont  nous  l'assommoir. 

Lui  seul  est  bientôt  soûl  sans  doute. 

Et  c'est  pourtant  nous  qui  tombons. 

Juliet  (*),  que  n'ai-je  ton  adresse 
Pour  représenter  les  buveurs  ! 
A  nos  yeux  quand  tu  peins  l'ivresse 
Tu  la  fais  passer  dans  nos  cœurs. 
Dans  ton  délire,  combien  j'aime 
Les  heureux  faux  pas  que  tu  faisl 
Ali!  chancellr.  toujours  de  même, 
Et  tu  ne  tomberas  jamais. 

Déaaiiglci'M. 

La  musique,  de  Chardiny.se  trouve  notée  au  N.  2 
de  la  Clé  du  Caveau 


UN  JOUR  DE  PLAISIR. 

1821. 
kndu  C 

',       ••  un  bien,  quand  la  Providence 
Nous  donne  la  longévité  "'... 

t 


Amis!  la  plus  longue  existence 

N'est  qu'un  point  dans  l'immensité  ; 
Quand  les  dieux  jettent  leurs  largesses, 
Jouissons  en  criant  :  Liesses  1 
Tous  les  trésors  de  l'avenir 
Valent-ils  un  jour  de  plaisii-V 

L'hiver  en  passant  sur  nos  têtes 
Sème  le  givre  et  le  trépas  ; 
Cueillons,  pour  embellir  nos  fêtes. 
Les  Heurs  qui  naissent  sous  nos  pas 
Flore  en  nos  champs  les  éparpille  : 
Du  temps  devançons  la  faucille. 
Tous  les  trésors,  etc. 

Le  sort,  au  vase  de  l'ivresse. 
Mit  plus  d'absinthe  que  de  miel  : 
Trompons  sa  malice  traîtresse, 
Cherchons  le  nectar  sous  le  fiel  ; 
Buvons  I  qu'importe  si  le  vase 
Se  brise  au  milieu  d'une  extase  I... 
Tous  les  trésors,  etc. 

Tour  bâtir  un  palais  durable 
On  marie  et  le  marbre  et  l'or... 
Mortel  !  tu  fondes  sur  le  sable, 
Nous  dit  Saturne  en  son  essor  ; 
Puis  il  balaie  avec  son  aile 
Palais,  lambris,  marbre  et  tourelle... 
Tous  les  trésors,  etc. 

Pourquoi  caresser  le  fantôme 
Qui  berce  et  qui  leurre  les  fous  ? 
L'espoir  est  un  subtil  atome 
Qui  dans  l'air  nage  autour  de  nous  ; 
C'est  une  lueur  variable, 
Une  ombre  éphémère,  impalpable... 
Tous  les  trésors,  etc. 

Le  plaisir,  c'est  un  divin  baume. 

C'est  l'orgie  où  la  raison  fuit, 

c'est  le  bouquet  qui  nous  embaume, 

C'est  un  doux  rôve  dans  la  nuit. 

Le  plaisir;  c'esl  un  dieu  qui  pa  s.-, 
i  éclair  sillonnant  l'espace... 
Tous  i>  b  trésors,  etc. 


(  99   ) 

CHANSONS    BACHIQUES. 


23 


Savourons  auprès  d'une  l'emme 
Les  poisons  de  la  volupté, 
Laissons  errer,  bondir  notre  âme 
Sur  les  lèvres  de  la  beauté; 
Dût  cette  âme  heureuse  et  sans  crainte 
S'anéantir  dans  une  étreinte... 
Tous  les  trésors,  etc. 

Pendant  que  les  maux,  la  misère, 
Tissent,  cousent  notre  linceul, 
Fêtons,  comme  une  passagère, 
La  joie  assise  à  notre  seuil  ; 
Lorsqu'elle  entre  en  notre  retraite, 
Amis  1  le  sablier  s'arrête... 
Tous  les  trésors,  etc. 

Demain,  ce  jour  que  l'on  envie 
Teut  n'éclairer  qu'un  front  glacé; 
Demain,  des  tables  de  la  vie 
Notre  nom  peut  être  effacé  : 
Dieu  n'inscrit  pas  sur  un  nuage 
Le  but,  le  terme  du  voyage... 
Tous  les  trésors  de  l'avenir 
Valent-ils  un  jour  déplaisir?.., 

Louis  Festeau. 


LE  CHEMIN    DU  PARNASSE. 


1844. 


Air  :  Fille  uu  gentil  mincis. 

Chantres  du  jour,  reprenez  votre  essor; 

La  treille  en  fleur  ramène  l'âge  d'or, 

Lt  de  ses  pampres  verts,  poètes  en  délire. 

Accourez  sous  l'ombrage  accorder  votre  lyre. 

Vive  l'esprit  du  vin,      \  ...   , 

Il  rend  l'esprit  divin.      )  y     '' 


I  La  rime  est  un  terrain  qu'un  chaud  cerveau  défriche 
'  Etce  n'est  qu'en  buvant  qu'on  peut  la  rendre  riche. 
Vive  l'esprit  du  vin,  etc 

Pour  soutenir  nos  droits  avec  orgueil. 

L'abord  du  Pinde  offre  plus  d'un  écueil; 
,  On  peut  chanter  la  grappe  au  nez  de  la  censure: 
'  Plus  nous  la  pressurons,  plus  l'impôt  nous  pressure. 
Vive  l'esprit  du  vin,  etc. 

A  ses  enfants  Apollon  tend  les  bras. 
Faites  couler  en  chemin  l'hypocras; 
I  A  peine  la  liqueur  sera  t- elle  versée, 
Sa  vapeur  produira  la  plus  belle  pensée. 
Vive  l'esprit  du  vin,  etc. 

La  jalousie  aux  regards  envieux 
Vous  montrera  des  sentiers  tortueux  ; 
Videz  loin  des  flatteurs  la  coupe  enchanteresse, 
Vous  passerez  gaîment  le  fleuve  du  Permesse. 
Vive  l'esprit  du  vin,  etc. 

Laissez  en  paix  l'eau  qui  nous  vient  descieux; 

On  n'en  sert  pas  à  la  table  des  dieux. 
Versle  sacré  vallon  lorsqu'un  feu  vousentraîne, 
C'est  celui  du  nectar  et  non  de  l'hippocrène. 
Vive  l'esprit  du  vin,  etc 

Sur  la  Durance  à  chanter  leurs  amours 
On  ne  voit  plus  de  jeunes  troubadours; 
Le  génie  aux  buveurs  tend  son  aile  avec  grâce, 
Ce  n'est  pas  en  bateau  qu'on  gravit  le  Parnasse! 
Vive  l'esprit  du  vin, 
Il  rend  l'esprit  divin. 


{bis.) 


Lonvet. 


TIC  TOC,  TIN  TIN! 

1844. 
Air  du  Réveillon  de  Seré. 


Aux  gouvernants  pour  lancer  un  pamphlel 

Debreaux  trouvait  sa  verve  au  cabaret; 


Toc,  tic  toc,  lin  tin, 
Tic  toc,  lui  lin, 


M 


(  a»  ) 
CHANSONS    POPDLAI  RES, 


Dn  ohnr  des  verres, 
Toc.  tic  toc,  tin  tin, 
Que  j'aime  le  timbre  argentin. 
Toc,  tic  toc,  tin  tin. 
Tic  toc,  tin  tin, 
Joyeux  trouvères, 
Vidons,  francs  lurons, 
[,e  dou\  nectar  de  nos  flacons  ' 


Pour  un  Liiwur. 
Quelle  faveur 
Kst  préférable 
Au  glouglou  charmant 
l'un  vin  qui  coule  en  écumanl! 
Le  lit  est  doux, 
Mais,  entre  nous. 
Vaut-il  la  table, 
Quand  un  boute-en-train 
Chante  eu  chorus  ce  gai  refrain 
Toc,  tic  toc,  tin  tin,  etc. 


Quittons  Zoé, 

Quittons  Cloé 

Pour  la  bouteille. 
Quoi  !  pour  un  baiser 
Qu'un  tendron  peut  nous  refuser, 

Faut-il  gémir, 

Faut-il  languir, 
Quand,  sous  la  treille. 
Bacchus,  à  grands  cris, 
Fait  triompher  ses  favoris! 
Toc.  tic  toc.  lin  lin.  etc. 


Plus  d'oraisons  1 

Qu'à  nos  chansons 

.Momus  préside. 
Céladons  piteux, 
Goûtez-moi  d'un  rin  capiteux 

Qu'en  vos  cerveaux 

De  nos  caveaux 

L'esprit  réside; 
Ne  roucoulez  plu-, 
El  pin-  de  soupirs  superflus  ' 
Toc.  tic  toc,  tin  tin.  i  ,-. 


Adam  eut  tort; 
Craignons  le  sort 
Du  premier  homme, 
Car  il  s'est  perdu 
Kn  mangeant  du  fruit  défendu, 
Au  pur  nectar 
D'un  vieux  pomard 
Donnons  la  pomme.  ; 
Paris  n'aura  pas 
Rendu  justice  à  plus  d'appas  ! 
Toc,  tic  toc,  tin  tin,  etc. 

Holà,  gourmets] 

Déjà  les  mets 

Couvrent  la  table; 
Cornus,  dieu  jaloux. 
Nous  attend  à  son  rendez -vous. 

Ce  vin  coquet 

Porte  un  bouquet 

Si  délectable, 
Qu'il  rendrait  les  sens 
A  des  buveurs  agonisants. 
Toc,  tic  toc   tin  lin.  elc. 

Fi  d'un  auteur. 

Plein  de  hauteur, 

De  suffisance, 
Qui  ne  dort  pas  bien 
S'il  n'est  académicien  ! 

Qu'il  soit  noté 

Pour  député 

Ou  pair  de  France, 
C'est  un  triste  bonneui 
Qui  ne  vaut  pas  ma  bonne  humeur 
Toc,  tic  toc,  tin  lin,  etc. 

Las  de  briguer, 

Las  d'intriguer, 

Robert  Macaire 
\  peur  de  la  mort 
En  pleurant  sur  son  coffre  fort... 

L'épicurien, 

Qui  n'attend  rien 

D'un  sort  précaire, 
i),ui>  an  gai  repas, 
•.m-  pâlir  sourit  au  trép  i 


(  »»  ) 

CHANSONS   BACHIQUKS. 


Toc,  lie  loc,  lin  lin. 

Tic  loc,  tin  tin, 

Du  choc  des  verres, 
Toc,  tic  toc,  tin  tin, 
Que  j'aime  le  timbre  argentin  ! 
Toc,  tic  toc,  tin  tin, 

Tic  toc,  tin  tin, 

Joyeux  trouvères, 
Vidons,  francs  lurons, 
Le  doux  nectar  de  nos  flacons I 

Adolphe  Porte. 


LA  GOURMANDISE. 

Air:  O  loi  qui  n'eus  jamais  dû  naître. 

Le  diable  enseigne  de  bonne  heure 
Le  prix  des  péchés  capitaux, 
Et  nous  offre  pour  premier  leurre 
Du  sucre  et  des  petits  gâteaux; 

Aussi  l'adage 

De  mon  jeune  âge 
Elait  celui-ci,  voyez-vous  : 

La  gourmandise. 

Quoi  qu'on  en  dise, 
Est  le  meilleur  péché  de  tous. 

Du  bien,  du  rang,  de  la  naissance 
L'orgueil  souvent  est  si  petit  ! 
Au  lieu  qu'on  peut  sans  insolence 
Etre  fier  d'un  fier  appétit  : 

Manger  et  boire, 

Voilà  la  gloire 
Dont  nous  devons  être  jaloux: 

La  gourmandise, 

Quoi  qu'on  en  dise, 
Esl  le  meilleur  péché  de  tous. 

L'avare  auprès  de  sa  cassette 
Ne  saurait  jamais  fermer  l'œil  ; 
Mais  le  gourmand,  dans  son  assiette, 
\  mille  plais  fait-il  accueil! 


Plus  il  se  gonfle, 

Et  mieux  il  ronfle 
Sur  la  table,  ou  sinon  dessous. 

La  gourmandise. 

Quoi  qu'on  en  dis'1. 
Est  le  meilleur  péché  de  tous. 

Péché  d'amour,  lorsque  j'y  pense, 
A  son  charme,  et  j'en  suis  certain; 
Mais  dans  le  cours  de  l'existence 
11  nous  laisse  à  moitié  chemin  : 

Si  de  la  table 

La  plaisir  stable, 
Même  à  cent  ans,  est  encor  doux, 

La  gourmandise, 

Quoi  qu'on  en  dise, 
Est  le  meilleur  péché  de  tous. 

Celui  qui  succombe  à  l'envie 
De  jour  en  jour  se  voit  maigrir  : 
Rond,  gras  et  frais  toute  la  vie, 
Le  gourmand  se  voit  refleurir  ; 

Comme  il  déploie 

Sa  grosse  joie 
Quand  il  peut  assouvir  ses  goûts! 

La  gourmandise, 

Quoi  qu'on  en  dise, 
Est  le  meilleur  péché  de  tous. 

Si  la  paresse  est  un  bien-aise, 
Au  tombeau  nous  paresserons  ; 
En  attendant,  ne  vous  déplaise, 
Déjeunons,  dînons  etsoupons: 

Manger  c'est  vivre; 

Il  nous  faut  suivre 
Cet  exercice  utile  et  doux. 

La  gourmandise, 

Quoiqu'on  en  dise, 
Est  le  meilleur  péché  de  tous. 

Puisqu'on  voit  la  colère  horrible 
Mordre  et  verser  des  flots  de  sang 
Mordre  un  succulent  comestible, 
Et  faire  couler  du  vin  franc, 
Me  semble  un  rôle 
Beaucoup  plus  drôle 


(  *•  ) 

CHANSONS    POPULAIRES. 


Que  celui  de  l'homme  en  courroux. 

La  gourmandise, 

Quoi  qu'on  en  dise. 
Est  le  meilleur  péché  de  tous. 

Gourmand  premier,  gourmand  de  pommes, 
Bon  père  Adam,  ce  que  lu  fis 
Nous  force  tous,  tant  que  nous  sommes, 
A  nous  montrer  tes  dignes  fils. 

Puisse  la  race 

Toujours  vorace 
En  refrain  chanter  comme  nous: 

La  gourmandise, 

Quoi  qu'on  en  dise, 
Ksi  le  meilleur  péché  de  tous. 

Piis. 


La  musique,  de  Devienne,  se  trouve  notée   au 
N.  418  de  la  Clédu  Caveau. 


KNCORK  UN  NOUVEAU  GRÉGOIRE. 

1835. 

Balancez,  lancez  sur  ma  liMe 

Vos  foudres,  vos  terribles  feux. 

Je  brave  en  ces  lieux  la  tempête, 

Je  bois  !  je  bois!  je  suis  heureux  !  [quattr.) 

Tout  plein  d'une  bachique  ardeur. 
Ainsi  Grégoire,  armé  d'un  verre, 
ChanU'  lorsque  dans  l'atmosphère 
La  élément*  sont  en  fureur. 
A  ces  tableaux  parfois  sublimes, 
(juaiid  le  mortel  en  désarroi 
Ne  voil  qu'épouvante  et  qu'abfme, 
Il  dit  et  redit  sans  effroi  : 
Balancez,  etc. 

Quoi,  parce  que  le  jour,  la  nuit, 
Malgré' vos  coups  épouvantables 
l-;i  vos  désordres  effroyables 
je  vous  brave  dans  mon  réduit, 


Vous  prétendez  avec  furie 
M'imprimer  encor  la  terreur  V 
Tonnez,  tonnez,  je  vous  défie! 
Regardez  si  Grégoire  a  peur  ! 
Balancez,  etc. 

Amants,  esclaves  de  l'amour, 
Soupirez  pour  une  cruelle, 
Lorsque  son  regard  ne  décèle 
Qu'un  froid,  qu'un  dédaigneux  retour. 
Loin  de  nous  ce  honteux  servage; 
Un  tel  sort  est-il  fait  pour  nous? 
A  qui  méprise  notre  hommage 
Chantons  au  bruit  de  gais  glouglous  : 
Balancez,  etc. 

Et  vous,  intrépides  buveurs. 
Vous,  qui  ne  redoutez  l'orage 
Que  pour  le  tout  puissant  breuvage 
Qui  charme  et  console  nos  cœurs, 
Que  si  jamais  des  cris  d'alarmes 
Vous  armaient  d'un  fer  inhumain. 
Déposez  vos  funestes  armes, 
Et  chantez  au  jaloux  destin  : 

Balancez,  lancez  sur  ma  tête 

Vos  foudres,  vos  terribles  feux, 

Je  brave  en  ces  lieux  la  tempête,  {bis.) 

Je  hois  1  je  bois!  je  suis  heureux  !   ijitati  i 

Blondel 

La  musique,  ii<-  t'auteui  <1ck  pan  1rs.  se  trouve 
c-Ik-z  L.  Vieillot]  '  éditeur,  rue  Notre-  Dame-de*N  ■  ■' 
reta,  83. 


CHANSON  A   BOIRE. 

Air  :  Dtlotu  lii capucin    du  on 

De  Baecbus  la  veine  «-si  gla 
Amis,  la  mode  en  esl  passée  : 
Moi,  je  veux  la  ressusciter; 
Bu  deux  mots  voici  mon  histoire  : 
Je  veux,  si  l'on  me  fui  chante) . 
Ne  chanter  mi<-  chansons  a  boire* 


/  /"//> 


(   »«    ) 
CHANSONS   BACHIQUES. 


L'utile  joint  à  l'agréable, 
Je  le  trouve  à  chanter  à  table  : 
Car  je  tiens  du  docteur  Isoif, 
Qui  vaut  bien  le  docteur  Grégoire, 
Que  chanter  fait  naître  la  soif, 
Et  c'est  la  soif  qui  nous  fait  boire. 

Triste  vertu  que  l'abstinence! 
Nous  n'en  avons  plus  d'autre  en  France 
Chez  ces  buveurs  trop  circonspects, 
Le  pauvre  Amour  languit  sans  gloire. 
Cœurs  et  gosiers  sont  toujours  secs  : 
On  sait  aimer  comme  on  sait  boire. 

Nos  aïeux  étaient  véridiques, 
Nous  sommes  faux  et  politiques  ; 
De  l'homme  on  ne  voit  plus  sortir 
Que  mensonge  et  trahison  noire  : 
11  aimerait  moins  à  mentir 
S'il  aimait  un  peu  plus  à  boire. 

Après  les  travaux  militaires, 

Quand  deux  plénipotentiaires 

Veulent  voir  la  guerre  finir, 

Us  ont  beau  signer  leur  grimoire  ; 

Cet  accord  ne  saurait  tenir  : 

Ils  se  quittent  toujours  sans  boire. 

Jadis,  par  de  saints  hécatombes, 
Les  Romains  honoraient  leurs  tombes  : 
Dieu  proscrivit  ce  culte  vain  ; 
Je  n'ai  pas  de  peine  à  le  croire  : 
Leurs  prêtres  répandaient  le  vin, 
'  Ne  valait-il  pas  mieux  le  hoire  ? 

Dieu  !  quand  viendra  la  fin  du  monde, 

S'il  faut  que  le  ciel  nous  inonde, 

Fais  que  ce  soit  de  flots  de  vin  ; 

L'eau  pure  ternirait  ta  gloire, 

Et  si  le  monde  meurt  enfin, 

Ne  le  fais  pas  mourir  sans,  boire. 

Imbert. 

La  musique  ,  de  Mouret .  se  trouve    notée   au 
N.  137  de  la  Clé  du  Caveau. 

"■'"fur»».  "~ 


TIREZ  LA   SONNETTE. 

1839. 
Air  Oh  !  Ion  lan  la,  gens  de  la  noce. 

Qu'elle  est  douce  la  journée 

Qui  nous  réunit  encor! 

Au  plaisir  elle  est  donnée... 

Amis,  versez  jusqu'au  bord  ! 

Tour  égayer  cette  fête, 

Le  vin,  je  crois,  va  manquer... 
Gais  buveurs,  tirez  la  sonnette, 
Amis,  ensemble  il  faut  trinquer. 

Heureux  dans  cette  chapelle, 

J'aime  le  vin  qu'on  y  boit  ; 

Quand  l'ivresse  ici  m'appelle, 

La  franchise  m'y  reçoit, 

Le  plaisir  fuit  l'étiquette  ; 

Je  le  vois  nous  provoquer. 
Gais  buveurs,  tirez  la  sonnette, 
Amis,  ensemble  il  faut  trinquer. 

Nargue  de  ces  mascarades 
Qu'on  vit  rire  en  un  bouchon, 
Et  qui  maintenant  maussades, 
Se  déguisent  au  salon  ! 
Charmons  mieux  notre  retraite  ; 
Coupe  en  main,  sans  nous  masquer, 
Gais  buveurs,  tirez  la  sonnette, 
Amis,  ensemble  il  faut  trinquer. 

Buvons  loin  du  pauvre  hère 
Qui  sous  un  drap  captieux, 
Nous  dérobe  sa  misère 
Et  dédaigne  un  malheureux  ■ 
L'amitié,  chez  lui  muette, 
Sut  ici  nous  convoquer  : 
Gais  buveurs,  tirez  la  sonnette, 
Amis,  ensemble  il  faut  trinquer. 

Versez-moi  donc  l'ambroisie. 
Je  veux  m'enivrer  aussi  : 
Le  dernier  jour  de  ma  vie 
Est  peut-être  celui-ci 


(  •») 

CHANSONS    POPULAIRES, 


Les  morts  n'ont  pas  de  buvette  ; 
Au  St\.\  avant  d'embarquer, 

Gai?;  buveurs,  tirez  la  sonnette, 
Amis,  ensemble  il  faut  trinquer. 

Ha  muse  vous  a,  je  gage, 
Ravi  quelques  doux  instants; 
Applaudir  son  verbiage 
Serait  perdre  encor  du  temps  : 
Pour  animer  la  goguette, 
Des  mains  au  lieu  de  claquer, 

Gais  buveurs,  tirez  la  son  mil''. 

Amis,  ensemble  il  faut  trinquer. 

■•erciielçt 


LE  VIN  Ï)F.  BORDEAUX  ET  LE  VIN  DE  CHAMPAGNE. 

1810. 

Air  :  Un  jour,  dans  un  joli  boudoir. 

Le  cbarapagne  un  jour  se  fâchait 
Avec  le  bordeaux  son  confrère, 
Et  fièrement  il  lui  disait  : 
A  toi  partout  on  me  préfère  ; 
Tu  possèdes  peu  de  valeur 
Etant  des  bords  de  la  Garonne, 
Moi,  par  mon  feu,  par  ma  vigueur. 
Dans  les  banquets  on  me  couronne. 

Pourquui  celte  présomption? 
Répond  le  bordeaux  fort  tranquille. 
Confrère,  point  d'ambition, 
Ne  vous  échauffez  pas  la  bile; 
Vous  vous  faites  tort  sur  ma  foi, 
Sagement  vous  pouvez  me  croire; 
Vous  [tariez  beaucoup  contre  moi 
Sans  pouvoir  effacer  ma  gloire. 

Bientôt,  durant  un  grand  festin, 
C'eal  le  bordeaux  que  l'on  révère; 
Le  cliampagne  fait  le  mutin 
Le  voyant  verser  à  plein  verre. 
Dam  ce  beau  repas  l'on  te  sert, 
Dit-il,  j<'  le  vois  avec  peine, 

i.  je  crois  bien  qu'au  dessert 
Ma  gloire  effacera  la  tienne. 


Au  bordeaux  l'on  a  fait  honneur, 

Le  Champagne,  en  lin,  va  paraître, 
Ce  dernier  redouble  d'ardeur, 
Jaloux  de  se  faire  connaître; 
L'on  coupe  à  l'instant  le  lien 
Qui  le  retient  dans  l'esclavage; 
Chacun  change  alors  de  maintien 
Pour  goûter  au  nouveau  breuvage. 

A  l'instant  saute  le  bouchon, 
L'ardente  liqueur  aussi  preste 
Vivement  quitte  le  flacon, 
Se  perd  partout  sans  qu'il  en  reste; 
Elle  tache,  et  l'on  dit,  holà  ! 
Quelle  est  donc  cette  évaporée?... 
Nos  chers  convives,  ce  jour-là, 
N'en  ont  goûté  que  la  fumée. 

Aux  orgueilleux  j'offre  un  miroir 
Qu'ils  trouveront  dans  cette  fable  ; 
Quoique  très  simple  elle  fait  voir 
Qu'un  sot  orgueil  est  méprisable  : 
Que  de  gens  font  de  grands,  fracas 
Sachant  se  flatter  et  médire, 
Mais  en  faisant  tant  d'embarras 
Ils  finissent  par  ne  rien  dire. 

lu  toi  ne   Iticlii 


LE  CABARET  DE  LA  POMME  DE  PIN. 

1837. 

Ai  r.  de  Priville  et  Tacormel. 

Le  cabaret!...  En  se  voilant  la  face, 
Tartufe  dit  .  «  Fil  de  ce  mauvais  lieu  ' 
'(  Là,  sans  rougir,  la  vile  populace 
r  Va  s'enivrer  de  haine  et  de  vin  bleu.  » 
— Toutdoux!  brave  homme,  apaisez  voire bi'e; 
Dans  le  grand  siècle  OÙ  naquit  Poqm  lin, 
On  vit  briller  et  la  cour  et  la  ville 
Au  Cabaret  de.  la  pomme  de  pin  *. 

*  l.e  Cabaret  de  la  pomme  de  pin.  tenu  |  ar  Crénet 
et  celui  de  la  (  talent  1rs  lieux  fré- 

quenté» par  la  cou!  i  eaptiti  do  tempi 

On    n'avn  HV6Dté le  cnfr   l'm,    /,,. 


(  »»  ) 

CHANSONS  BACHIQUES. 


Cherchant  un  jour  l'intempérant  Chapelle, 
Qui  s'enivrait  dans  ce  bouchon  fameux, 
Bien  gravement  Desprèaux  l'interpelle, 
Et  sait  flétrir  ses  penchants  malheureux  : 
Alors  que  l'un  tonne  contre  l'ivresse, 
Au  sermoneur  l'autre  verse  du  vin; 
Boileau,  bientôt,  abdique  la  sagesse 
Au  Cabaret  de  la  pomme  de  pin. 

Bonhomme  Jean,  la  muse,  ton  amie, 
Suivait  partout  ton  pas  irrégulier  ; 
Quand  t'appelait  la  docte  académie, 
Tu  t'y  rendais  ainsi  qu'un  écolier-, 
Lorsqu'en  rêvant  lu  partais  dès  l'aurore, 
Tu  savais  faire  une  pause  en  chemin  : 
Le  lendemain  te  retrouvait  encore 
Au  Cabaret  de  la  pomme  de  pin 

On  vit  aussi  l'aîné  des  deux  Corneille, 
Beau  du  talent  que  le  ciel  lui  donna, 
En  savourant  une  liqueur  vermeille, 
Peindre  à  grands  traits  Polyeucle  et  Cimon  ; 
De  heaugency  quand  sa  coupe  était  pleine, 
On  voyait  poindre  un  mâle  alexandrin. 
Lui  seul  osa  conduire  Melpomène 
Au  Cabaret  de  la  pomme  de  pin. 


Le  grand  Condè,  chaud  encor  des  batailles, 
A  la  taverne  allait  se  rafraîchir; 
Lors,  il  laissait  l'étiquette  à  Versailles, 
Si  sa  grandeur  descendait  au  plaisir; 
De  ses  soldats  il  vantait  les  conquêtes  : 
Rocroi,  Fribourg,  ornaient  son  bulletin; 
Puis  il  faisait  manœuvrer  les  topettes 
Au  Cabaret  de  la  pomme  de  pin. 

L'histoire  dit  que,  faussant  la  morale, 
Certains  galants  n'y  pintaient  pas  toujours: 
Quand  les  buveurs  rem  plissaient  la  grand'  salle 
Un  coin  obscur  abritait  les  amours. 
Belle  Ninon,  si  folle  en  la  sagesse, 
Tour  mieux  goûter  un  plaisir  clandestin,' 
A  Yillarceaux  tu  [trouvas  ta  tendresse 
Au  Cabaret  de  la  pomme  de  put. 


Là  se  heurtaient  Despréaux  et  Linière. 
Kn  échangeant  un  caustique  lardon  ; 
Colin  servait  de  plastron  à  Molière, 
Et  Jean  Racine  y  fustigeait  Pradon. 
Enfin  chacun  dans  de  bachiques  veilles. 
Par  sa  gaîlé  conjurait,  le  chagrin  : 
On  débitait  la  folie  en  bouteilles 
Au  Cabaret  de  la  pomme  de  pin. 

Justin  €'nliasso9 


UNE  DESCENTE  D'ÉPICURIENS  A  BAGNOLET. 

18'.'.. 
Air  :  Amants,  agis?»:  sanijaçon. 

Vite,  saisissons 
Les  flacons, 
Les  cannelles, 
Les  pots,  les  écuelles  : 
Mettons  tout  à  sec  :  de  l'ardeur! 
Amis,  la  vigne  a  passé  fleur. 

Nos  vignerons,  dont  les  caveaux 
Sont  encor  pleins  d'un  doux  liquide, 
Pour  y  placer  les  vins  nouveaux, 
Voudraient  voir  chaque  tonne  vide.    bis. 
Enfants  d'Epicure,  courons 
Contenter  nos  bons  vignerons! 
Vite,  saisissons,  etc. 

Père  Grindorge,  àBagnolet, 
Qui  pour  nous  est  une  ressource, 
Ne  nous  prendrait  point  au  collet 
S'il  voyait  à  sec  notre  bourse; 
Père  Grindorge  nous  a  dit  : 
Buvez  toujours,  je  fais  crédit! 
Vite,  saisissons,  etc. 

Père  Grindorge,  franc  buveur, 
Des  verres  aimant  l'harmonie, 
Pour  conserver  sa  bonne  humeur, 
S'assied  à  notre  compagnie, 
Et  puis  dans  ses  caveaux  admis, 
Avec  lui  tout  nous  est  permis... 
Vite,  saisissons,  etc. 


ni 


30 


(   t>4  ) 

CHANSONS    POPULAIRES, 


Dans  les  salons  d'une  cilé 
Laissons  nos  romanciers  moroses  ; 
Loin  d'eux,  nourrissons  la  gaîté 

Sous  les  pampres  et  sous  les  roses; 
C'est  là  qu'un  dieu  pour  nos  loisirs 
Plaça  le  berceau  des  plaisirs. 
Vite,  saisissons, elc. 

A  Bagnolet,  buveurs  chéris, 
De  ses  faveurs  montrons-nous  dignes  : 
Quand  le  soir  nous  le  quittons  gris, 
Souvent  nous  tombons  dans  les  vignes, 
Puisqu'aux  vignerons  cela  nuit. 
Chez  eux  plutôt  passons  la  nuit. 
Vite,  saisissons,  etc. 

S'il  arrive  qu'avant  le  temps 
Où  la  vendange  sera  faite, 
Près  d'attrister  nos  doux  instants, 
Bagnolet  manque  de  piquette  , 
Pour  oublier  ce  triste  écueil, 
Nous  irons  exploiter  Montreuil! 
Vile,  saisissons,  etc. 

Laissons  là  les  tonneaux  vidés. 
Et  remontant  par  Romainville, 
Quand  Baechus  nous  aura  guidés 
Dans  les  celliers  de  Belleville, 
Chez  la  blonde,  aux  quatre  chemins, 
L'amitié  nous  tendra  les  mains! 
Vite,  saisissons,  etc. 

Vile,  s'il  arrivait  encor 
Qu'en  ces  pays  quelques  entraves 
Nous  lissent  tôt  prendre  l'essor, 
Après  avoir  vidé  leurs  caves, 
Nous  irions  visiter  gaîment 
Les  caves  du  département. 
Vite,  saisi- 
Les  flacons, 
Les  cannelles, 
Les  pots,  les  écuelles  : 
Mettons  tout  à  sec  :  de  l'ardeur  ! 
Amis,  la  vigne  a  passé  fleur. 

l'crchclr». 


AU   VIN. 


1847. 


Air  <Ai  Pcrrclltrl  le  pot  au  lait  C.  Petitl. 

Amis,  voulez-vous  m'en  croire 

Je  vous  le  dis  encor, 
Sur  terre  à  qui  sait  bien  boire 
Appartient  le  vrai  trésor; 
Car,  sans  craindre  qu'on  l'obsède, 

Ou  qu'on  soit  indiscret, 
Seul  de  son  coffre  il  possède 
L'ouverture  et  le  secret. 
Joyeux  biberons 
Bien  gais,  bien  ronds. 
Mettons-nous  en  goguette, 
El  d'Atropos  qui  nous  guette 

.Méprisant  les  affronts, 
Que  mille  sons  de  bouteilles 
En  caressant  nos  oreilles 

Lui  brisent  le  tympan  ! 

Fari,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan 

D'épines  jonchant  sa  route, 

Souffrant  mille  trépas, 
Lorsque  l'avare  redoute 
Môme  le  bruit  de  ses  pas, 
Heureux,  d'une  humeur  moins  sombre 

Quand  nous  sommes  pourvus, 
Nous  voudrions  en  notre  ombre 
Compter  un  ami  de  plus!... 
Joyeux  biberons,  etc. 

De  l'amour,  craignons  les  charmes 

Puisque  ce  dieu,  toujours, 
Par  ses  diverses  alarmes 
Vient  empoisonner  nos  joursl 
Car  tandis  que  l'un  soupire 

Toute  sa  vie  en  vain, 
A  l'autre  il  fait  interdire 
L'usage  du  jus  divin  ! 
Joyeux  biberons,  etc. 

Eh  quoi  !  j'entends  qu'on  murmure, 

a  Dépêchons,  il  etl  lard, 
«  Déjà  le  soleil  mesure 

«  La  lerre  de  son  regard    » 


(  os    ) 
CHANSONS   BACHIQUES. 


Que  nuus  importe  sa  course 

Et  la  marche  du  temps, 
C'est  l'état  de  notre  bourse 
Qui  doit  régler  nos  instants!... 
Joyeux  biberons,  etc. 

Homme  qui  maudis  l'étoile 

Où  ton  sort  est  fixé, 
En  cherchant  partout  un  voile 
Pour  jeter  sur  le  passé! 
Ici,  viens  noyer  ta  peine 

En  narguant  l'avenir, 
Et  buvant  à  perdre  haleine 
Perdre  aussi  le  souvenir  !... 
Joyeux  biberons, 
Bien  gais,  bien  ronds, 
Mettons-nous  en  goguette, 
Et  d'Atropos  qui  nous  guette 

Méprisant  les  affronts. 
Que  mille  sons  de  bouteilles 
En  caressant  nos  oreilles 

Lui  brisent  le  tympan  ! 

Pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pan,  pur. 
Gai».  Uauditc. 

La  musique,  de  Célestin  Petit,  se  trouve,  à  Taris, 
chezL.  Vieillot,  éditeur,  32.  rue  Notre-Dame-de- 
Nazareth. 


SILENE. 

1847. 
Air  des  Far/adels. 

Presse,  presse  avec  ardeur 

La  divine  grappe, 
Je  trouve  mon  Esculape 

Dans  cette  liqueur; 

Aimable  Bacchante, 
Tu  me  combles  de  bienfaits, 

Ta  beauté  m'enchante, 

Mais  boire  à  longs  traits 
A  pour  moi  plus  d'attraits. 

Gloire  àNoé!  viens  cueillir  sur  les  treilles 
Les  doux  trésors,  objets  de  mon  amour, 


Je  veux  ici,  célébrant  ses  merveilles, 
Boire  et  chanter  jusqu'à  lafin  du  jour. 
Presse,  etc. 

Fais  à  grands  flots,  fille  au  gentil  sourire, 
Couler  ce  jus,  viens,  fidèle  éebanson! 
Joyeux  transports,  excitez  mon  délire, 
A  moi,  Bacchus!  à  moi,  folle  chanson! 
Presse,  etc. 

Comme  au  pressoir,  de  ta  main  si  jolie, 
Pressure  encor  ce  fruit  délicieux, 
Sans  te  lasser,  extrais  jusqu'à  la  lie  ; 
Emplis  ma  coupe,  enfarît  chéri  des  dieux! 
Presse,  etc. 

De  ton  nectar,  charmante  jouvencelle, 
Ma  tête  chauve  a  reçu  la  vapeur, 
Me  voilà  gris,  soutiens-moi,  je  chancelle; 
Ambitieux,  enviez  mon  bonheur! 
Presse,  etc. 

Couvert  de  pampre,  un  zéphyr  me  caresse, 
Je  sens  déjà  s'égarer  ma  raison, 
Je  vais  enfin  savourer  de  l'ivresse 
Tous  les  plaisirs  sur  ce  lit  de  gazon. 
Presse,  etc. 

Eh  quoi  !  l'amour  vient  me  bercer  en  rêve  : 
Arrière,  ingrat,  respecte  mon  sommeil, 
Mon  cep,  hélas!  pour  toi  n'a  plus  de  sève  , 
Tu  m'entendras  redire  à  mon  réveil  : 

Presse,  presse  avec  ardeur 

La  divine  grappe, 
Je  trouve  mon  Esculape 

Dans  cette  liqueur  ; 

Aimable  Bacchante, 
Tu  me  combles  de  bienfaits, 

Ta  beauté  m'enchante, 

Mais  boire  à  longs  traits 
A  pour  moi  plus  d'attraits. 

l.ouvct. 


LA    MEILLEURE    PHILOSOPHIE. 

1808. 

Connaissez  ma  philosophie; 

Je  possède  en  suivant  ses  pas 


CHANSONS    POPULAIRES, 


Tous  les  biens  qui  charment  la  vie  ; 
Ces  biens  ne  me  possèdent  pas. 

Des  plaisirs  permis  à  la  lerre 
Je  prends  l'exemple  dans  les  cieux  : 
Minerve,  qu'on  dit  si  sévère, 
Boil  le  doux  nectar  chez  les  dieux. 

En  suivant  leur  philosophie, 
Comme  eux  je  possède  ici-bas 
Tous  les  biens  qui  charment  la  vie; 
Ces  biens  ne  me  possèdent  pas. 

Tour-à-tour,  du  chant,  de  la  danse, 
Belles,  disputez  l'heureux  prix  : 
Aux  lauriers  qu'Apollon  dispense 
Joignez  les  myrtes  de  Cypris. 

Ah  !  suivez  ma  philosophie  : 
Vous  posséderez  sur  ses  pas 
Tous  les  biens  qui  charment  la  vie , 
Mais  qui  ne  vous  possèdent  pas. 

Sur  les  fleurs  fraîchement  écluses, 
Marchons  doucement,  sans  regrets, 
Vers  ce  terme,  où  lauriers  et  roses 
Céderont  la  place  aux  cyprès. 

Oui,  voilà  ma  philosophie, 
Et  je  possède  dans  ses  bras 
Tous  les  biens  qui  charment  la  vie  ; 
Ces  biens  ne  me  possèdent  pas. 

Glrand. 

Musique  de  Kreutzer. 


LE  ROI  DE  LA  FEVE. 

1833. 

Aik  du  roi  il'  )  vfl'il. 

Puisqu'on  esl  d'abord  roi  pour  soi, 

Je  suis  roi  (  astronome, 
Quoiq  e  peu  prodigue  pour  moi 

De  l  or  M'-  mon  royaume, 
A  table  j'aime  aller  bon  train, 
Tin  lin,  lintin,  Untin  .  lin  linlin 


A  table  j'aime  aller  bon  train 
Versez,  versez,  j'aime  le  vu. 
Divin. 

Jamais  d'ingratitude  à  moi 

L'on  ne  fera  reproche  : 
La  brioche  m'a  nommé  roi, 

Et  j'aime  la  brioche. 
A  table,  etc 

Une  brioche  est  l'éeusson 

Qui  timbre  mou  registre, 
Et  je  veux  que  mon  échanson 
Soit  mon  premier  ministre. 
A  table,  e'c. 

On  dit  que  le  mélier  de  roi 

N'est  pas  fort  délectable, 
Je  ne  pense  pas  ainsi,  moi, 

Lorsque  je  suis  à  table. 
A  table,  etc. 

On  vante  le  roi  d'Yvelot 

A  cuisine  vulgaire, 
Moi  je  prétends  qu'il  fut  un  sot 
De  faire  maigre  chère. 
A  table,  etc. 

Les  rois  sont  enfin  revenus 

De  si  grande  ignorance, 
Aujourd'hui  l'on 'ne  règne  plus 

Que  pour  faire  bombance. 
A  table,  etc. 

Mon  trône  doit  crouler  ce  soir, 

Déjà  chacun  en  glose, 
Je  me  hâte  donc  pour  pouvoir 

Emporter  quelque  chose. 
A  table  j'aime  aller  bon  train, 
Tintin,  lintin,  lintin,  lin  tin  tin, 
A  table  j'aime  aller  bon  train, 
Versez,  versez,  j  aime  le  vin 
Divin. 

AuxiiNtc  Ai'iiiiimI. 

Air  ancien,  noté  au  N.  48 1  de  la  Cl 


LE    CHANT    DES    VENDANGEURS 


1833 

Air  :  Wleignonà  les  lumières  et  rallumons  le  feu. 

Gai,  nos  cuves  sont  pleines  ! 
Chantons,  et  d'un  nectar  nouveau, 
Des  misères  humaines, 
Barbouillons  le  tableau. 

Riches  au  moins  de  ses  présents, 

Nous,  riante  phalange, 
Prodiguons  encore  notre  encens 
An  dieu  de  la  vendange. 
Vive  Bacchus!  et  trinquons! 
11  remplira  nos  flacons! 
Gai,  nos  cuves,  etc. 

Voyez  joyeux  ce  vendangeur. 
Dont  la  hotte  est  chargée, 
Offrant  à  chaque  voyageur 
La  grappe  vendangée  ! 
il  porte  en  fruit  au  pressoir 
Le  vin  qui  va  non-  pleuvoir! 
Gai,  no-  cuves,  etc. 

Grâce,  à  ce  fluide  enivrant 
Qui  nouiT;i  la  goguette, 
Gais  trouvères  en  l'exploitant, 
Notre  fortune  est  faite  : 
Doublez,  triplez  les  glouglous 
El  le  pactole  est  à  nous  ! 
Gais,  nos  cuves,  etc. 

Sourions  doge  à  l'avenir 

Que  nous  offre  la  vigne! 
C'est  un  bail  avec  le  plaisir... 
Vite,  amis,  qu'on  le  signe. 
Demandez  T'encre  à  Bacchusj 
Passez  la  plume  à  Momus  ! 
Gai,  nos  cuves,  etc. 

Aux  riches  toujours  désireux 
A  quoi  sert  la  fortune? 

6îi 


Le  bonheur  est  si  peu  coûteux  ? 

Qu'avec  peu  de  pécune 
Nous  courons  tous,  plus  grivois. 

Au  même  but  que  les  rois  ! 
Gai,  nos  cuves,  etc. 

Riches,  gueux,  conquérants,  lurons, 

Rien  que  la  mort  n'entraîne. 
Qui  sait,  amis,  si  nous  verrons 
La  vendange  prochaine? 
En  attendant  tel  souci, 
Fêtons  gaîment  celle  ci. 

Gai,  nos  cuves  sont  pleines! 
Chantons,  et  d'un  nectar  nouveau, 
Des  misères  humaines 
Barbouillons  le  tableau. 

Perclielet. 


L'ARTISTE    EN    GOGUETT 

Air  :  Aw-titâl  (jue  In  lumière. 

Brillant  père  de  la  rime, 
Qu'on  invoque  à  l'unisson, 
Je  quitte  la  double  cime 
Bacchus  est  mon  Apollon. 

Je  me  ris  du  moraliste 
Qui  veut  passer  pour  docteur  : 
Peut-on  être  bon  artiste 
Sans  devenir  bon  buveur? 

Si  je  savais  l'art  de  peindre 
Comme  Rubens  ou  Poussin, 
Je  voudrais  tracer  sans  feindre 
Les  charmes  du  dieu  du  vin  ; 
Dans  le  jus  d'une  feuillette 
Je  tremperais  mou  pinceau, 
Et  je  ferais  ma  palette 
De  la  douve  d'un  tonneau. 

Grands  despotes  de  la  terre, 
Ne  troublez  pas  mon  repos  : 

T.  II.  — 6 


u 


(M  ) 
CHANSONS    POPULAIRES. 


Loin  de  vous  je  fais  la  guerre 
Entre  la  pipe  et  les  pots. 
Les  plus  brillantes  conquêtes 
Font  redouter  1  s  vainqueurs. 
L'amour  fait  tourner  les  tries; 
Bacchus  réjouit  les  cœurs. 

Qu'en  Olympe  Jupin  gronde, 
Sans  envier  son  destin, 
Je  suis  souverain  du  monde 
Quand  je  bois  soir  et  matin; 
D'un  tonneau  je  fais  ma  bière 
Dans  le  fond  de  mon  caveau, 
Et  je  prends  pour  cimetière 
Le  vignoble  le  plus  beau. 

Quand  la  parque  au  faux  sourire 
Viendra  pour  trancher  mes  jours. 
Aux  princes  du  noir  empire 
J'adresserai  ce  discours  : 
Tu  vois  aux  royaumes  sombres 
Grégoire,  en  dépit  du  sort; 
11  vient  défier  les  ombre; 
A  qui  boira  le  plus  fort. 

Plus  courageux  que  Thésée, 
Pour  couronner  mon  défi, 
Je  veux  près  de  l'Klj 
Tarir  le  fleuve  d'oubli, 
lui  traversant  le  Ténare, 
Pour  faire  enrager  Car  on, 
J'avalerai  le  Tartare 
A  la  barbe  de  Pluton. 

3-srai.x,  tilleul  de  Vadé. 

Air  ancien,  noté  bu  K.  lé  du  Caveau. 


TANT  Qï  ON  A  DU  BON  VIN. 

De  tous  l<  ■  biens  qui  cons  dent  ce  momie, 
a  b  '  rendons  grâce  a  L'aimable  Baccbu 
onde, 

!1  ••■  t  c   •  i  i  ... 


De  ses  vapeurs  colorant  nos  chimères, 
11  embellit  le  plus  sombre  destin. 
Tin,  tin,  tin, 
Amis,  prenons  nus  verres, 

Tin,  tin,  tin, 
El  narguons  le  chagrin 
El  tin,  tin,  tin,  lin,  tin  ! 
Les  peines  sont  légères. 
Et  tin,  lin,  lin,  lin,  tin. 
Tant  qu'on  a  du  bon  vin. 

Vive  le  vin  ! 
Vive  ce  jus  divin  ! 

Toujours  en  proie  à  des  peines  amèn 
L'homme  devient  injuste  et  soucieux 
L'infortuné  qu'aigrissent  ses  misères 
.Maudit  les  jours  qu'il  a  reçus  des  dieux. 
Si  vous  penchez  vers  sa  funeste  envie, 
Bacchus  vous  offre  un  remède  certain, 
Tin,  tin,  tin, 

A  boire  il  vous  convie. 
Tin,  tin,  lin, 

Pour  noyer  le  chagrin. 

Et  tin,  tin,  tin,  tin,  tin. 

Peut-on  haïr  la  Aie 

Et  tin,  lin,  lin,  lin,  tin, 

Tant  qu'on  a  du  bon  vin  ? 
\  ive  le  vin  ! 

Vive  ee  jus  divin  ! 


Jadis  un  roi,  dans  un  Banquet  splendidc, 
De  ses  Batteurs  savourai!  le  conaeçi, 
Quand  pai  hasard  une  vierge  candide 
Voulut  du  prince  honorer  le  desserl, 
La  vérité,  malgré  le  majordome, 
Sortit  des  ilôts  d'un  roiifre  ehainbertin. 
'lin.  tin,  lin, 

Au  prince  elle  se  nomme, 
Tin,  tin.  lin  ; 

11  l'entend  sans  chagrin, 

El  tin.  lin,  tin.  tin.  lin, 
Un  roi  Bail  qu'il  est  homme, 
El  tin,  tin.  Lin,  tin,  lin, 
Tant  qu'il  a  du  bon  \  in. 

\  ive  le  vin  ! 

\  i\ e  ce  :,i  ■  di\  in  ! 


CHANSONS   BACHIQUES. 


Quand  la  beauté,  cédant  à  la  tendresse, 
Sur  notre  Aie  appelle  d'heureux  jours. 
Aux  noirs  accès  d'une  jalouse  ivresse. 
On  vit  souvent  s'envoler  les  amours. 
Mais  aux  rameaux  de  ses  treilles  nouvelles 
Bacchus  enchaîne  un  sexe  trop  mutin. 
Tin,  tin,  tin, 

11  n'est  plus  d'infidèles. 
Tin,  tin,  tin, 

Fuyez  soupçon,  chagrin! 

Et  tin,  tin,  tin,  tin,  tin, 

Les  amours  n'ont  point  d'ailes. 

Et  tin,  lin,  tin,  tin,  tin, 

Tant  qu'on  a  du  bon  vin! 
Vive  le  vin  ! 

Vive  ce  jus  divin  ! 

Bacchus  enfin,  par  sa  douce  influence, 
Chez  le  vieillard  réveille  un  souvenir; 
Des  maux  présents,  pour  caimer  la  souû'rance, 
Au  malheureux  il  ouvre  l'avenir, 
Et  quand  le  temps,  de  son  souffle  de  glace , 
Veut  refroidir  notre  dernier  festin, 
Tin,  tin,  tin 
Qu'importe  sa  menace, 

Tin,  tin,  tin, 
Au  buveur  sans  chagrin? 
Et  tin,  tin,  tin,  tin,  lin, 
Feul-on  quitter  la  place, 
El  tin,  tin,  tin,  tin,  tin, 
Tant  qu'on  a  du  bon  vin  ? 

Vive  le  vin  1 
Vive  ce  jus  divin! 

Marelllac. 


I,i  musique,  de  i'auteur  des  paro.es.se  trouve 
eWz  L.  Vieillot,  éditeur,  32.  rue  Notre-Dame-de- 
Niuareth. 


ES  JOYEUX  TROUBADOURS. 


\  :  i:   :  .  finit;,  qu'uni  l 


Un  jour,  dans  l'Empyrcc 
Jupiter  s'ennuya; 


Sous  la  voûte  azurée, 

A  l'instant  il  cria  : 

D'ici  je  veux  descendre, 

Ma  foudre  m'étourdit  ; 

Mais  de  quel  côté  prendre  ? 

Et  Bacchus  répondit  : 
Descends,  descends,  Dieu  du  tonnerre, 
A  nos  chansons  accours,  accours,  accours 
On  sait  rire,  on  sait  boire,  on  sait  plaire 

Aux  joyeux  troubadours. 

Où  trouver  sur  la  terre 
Ces  jolis  riens  charmants, 
Cette  amitié  sincère 
Qui  désarme  le  temps? 
Cette  double  auréole 
Qui  charme  et  qui  grandit 
Le  chant  le  plus  frivole  ? 
Et  Bacchus  répondit  : 
Descends,  descends,  etc. 


J'aime  assez  de  l'Olympe 
Découvrir  la  rondeur 
Sous  la  gentille  guimpe 
D'un  minois  enchanteur. 
Mais  où  trouver  des  belles 
Qui,  sans  art,  sans  dépit, 
Sachent  rester  fidèles? 
Et  Bacchus  répondit  : 
Descends,  descends,  etc. 


D'un  sommeil  salutaire, 
Malgré  les  partisans, 
Moi,  j'aime  à  lui  soustraire 
Les  trois  quarts  de  mes  ans. 
Où  trouver  maint  bon  diable 
Qui  consacre  la  nuit 
A  la  passera  table? 
Et  Bacchus  répondit  : 
Descends,  descends,  etc. 

Par  le  Dieu  de  la  treille, 
Des  cieux  le  roi  séduit, 
Sur  l'aigle  non  pareille, 
S'assit  et  descendit  ■ 


M 


(  •••  ) 

CHANSONS    POPULAIRES, 


Planant  sur  un  nuage 

El  suivant  son  essor, 

De  rivage  en  rivage 

Écho  disait  encor  : 
Descends,  descends,  Dieu  du  tonnerre, 
A  nos  chansons,  accours,  accours,  accours  ; 
On  sait  rire,  on  sait  boire,  on  sait  plaire 

Aux  joyeux  troubadours. 

I.niile  Itebreniix. 


COUPLETS  AN  iCRÉONTIQUES. 

1838. 
Air  du  vaudeville  <ie  /"  Petite  .s>«r. 

Mes  bons  amis,  pourquoi  ce  soir 
La  folie  encor  nous  rallie, 
Ce  soir  encor  faisons  mouvoir 
Tous  les  grelots  de  la  folie. 
Et  pour  que  le  plaisir,  demain, 
Nous  trouve  dans  la  même  ivresse, 
A  la  santé  du  dieu  du  vin, 
Vidons  la  coupe  enchanteresse. 

Quoiqu'en  ce  monde,  bien  petits. 
Nous  soyons  tous  de  pauvres  diables. 
Prouvons  que  sans  or,  sans  rubis, 
On  peut  passer  des  jours  aimables. 
Loin  de  maudire  notre  destin, 
Ici  méprisons  la  richesse  ; 
A  la  santé  du  dieu  du  vin, 
Vidons  la  coupe  enchanteresse. 

Quand  le  souci  vient  nous  sai<ir. 
Chassons-le  de  notre  retraite, 
Car  ce  n'est  qu  avec  le  plaisir 
Que  toujours  un  bon  vivant  traite 
De  prouver  qu'il  est  sans  chagrin, 
Que  tout  chacun  de  nous  s'empresse  ; 
A  la  santé  du  dieu  du  \in, 

\  [do  i>  la  coupe  enchaulereMe. 


Sans  désirer  d'autre  bonheur, 
Que  celui  de  toujours  bien  vivre. 
D'Anacréon,  galant  buveur. 
La  doctrine,  amis,  il  faut  suivie. 
Vite  accomplissons  ce  dessein, 
En  ranimant  notre  allégresse; 
A  la  santé  du  dieu  du  vin, 
Vidons  la  coupe  enchanteresse. 

I»crchelol 

La  musique,  deCatel  se  trouve  notée  au  N 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  CARILLON   BACHIQUE. 

Ain  :  Blzig,  et  :'<ij,  etjric,  cl  i  rie  cl '/roc. 

[Tous les  convives  doivent  trinquer  en  m  sure 
;'i  chaque  refrain.) 

Et  tic.  et  tic  et  tic,  et  toc  et  tic,  et  lie,  cl  ùcet  toc 
De  ce  bachique  tintin       tih- ■  \ 
Vive  le  son  argentin  !        j 

De  la  harpe  enchanteresse, 
Du  clavier  qu'une  main  presse, 
Le  charme  entraîne  et  séduit 
Mais,  chers  convives,  je  aie 
Qu'il  existe  une  harmonie 
Plus  touchante  que  ce  bruit 
Et  tic,  et  tic  et  tic,  etc. 

Le  premier  buveur  d'eau  claire 
Qui  lira  des  sons  d'un  verre. 
Contre  Bacchus  forniqua  ; 
l"i  pour  moi,  qui  ne  m'éveille 
Qu'aux  glouglous  de  la  bouteill -. 
\  oici  mon  harmonii 

Et  tic,  et  tic  et  tic    etc. 

C'esi  .1  tort  que  de  bs  lyre 
Orphée  exerça  l'empire 


(  ■©«  ) 

CHANSONS    BACHIQOES. 


Pour  séduire  Lucifer; 
Ce  seul  bruit,  rempli  de  charmes, 
Eût  attendri  jusqu'aux  larmes 
Tous  les  diables  de  l'enfer. 
El  tic,  et  tic  et  lie,  etc. 

D'une  sirène  à  la  mode 
Qu'on  admire  la  méthode, 
L'art  et  le  goût  infinis; 
Des  deux  verres  en  cadence 
L'admirable  discordance 
Vaut  trente  Catalanis. 
Et  tic,  et  tic  et  tic,  etc. 

Du  Très-Haut  les  saints  ministres, 
Avec  leurs  cloches  sinistres, 
Effarouchent  les  mortels; 
Mais  si  l'heure  des  prières 
S'annonçait  au  bruit  des  verres, 
Quelle  affluence  aux  autels! 
Et  tic,  et  tic  et  tic,  etc. 

Combien  je  l'aime,  ô  fougère  ! 
Lorsque,  discrète  et  légère, 
Tu  sers  de  trône  aux  plaisirs  . 
Ou  quand,  fragile  et  sonore, 
Par  le  jus  qui  te  colore 
Tu  ranimes  nos  désirs  ! 
Et  tic,  et  tic  et  tic,  etc. 

Au  choc  redoublé  du  verre, 
Le  vieillard  au  front  sévère 
Se  déride,  reverdit; 
Et  la  belle  qu'on  adore 
Paraît  plus  piquante  encore, 
Quand  avec  elle  on  a  dit  : 
Et  tic,  et  tic  et  tic,  etc. 

La  peste  soit  du  bélître 
Qui  le  premier  de  la  vitre 
Fonda  le  maudit  abus  ! 
Il  nous  ôte  par  fenêtre 
Trente  verres  que  peut-être 
Aujourd'hui  ncus  aurions  bus, 
Et  tic,  et  tic  et  tic  etc 


Vingt  juifs  (que  le  diable  emporte  l] 
Sont  consignés  à  ma  porte, 
Peut-être  à  la  vôtre  aussi. 
Mais,  ma  foi,  je  me  résigne, 
Et  lèverai  la  consigne 
Dès  qu'ils  sonneront  ainsi  : 
Et  tic,  et  tic  et  tic,  etc. 

O  vous!  poissons,  volatiles, 
Quadrupèdes  et  reptiles, 
Combien  vous  devez  pester  ! 
Quand  le  hasard  vous  rassemble, 
Vous  avez  beau  boire  ensemble, 
Vous  ne  pouvez  pas  chanter  ■ 
Et  tic,  4^ tic  et  tic,  etc. 

Gloire  au  soldat  intrépide 
Qu'à  l'honneur  le  tambour  guide  i 
Mais  je  n'en  suis  point  jaloux  : 
Rlantanplan  répand  l'alarme; 
Tic,  tic,  toc,  a  plus  de  charme  ; 
Or,  mes  amis,  chantons  tous  : 

Et  tic,  et  tic  et  tic,  et  toc  et  tic,  et  tic  et  tic,  et  toc 
De  ce  bachique  tintin 
Vive  le  son  argentin  ! 

Désaiigiers. 

Musique.de  Grétry,  notée  au  N.  185    de  la  Cit-- 
du  Caveau. 


LA  VENDANGE. 

1850. 

Pleno  spumat  vindemia  latiri.- 

Aux  pays  que  le  pampre  dore, 
La  vendange  débordera, 
Le  grenier  sous  le  grain  ploiera  ; 
Chantons  la  vendange  et  l'aurore, 

J'ai  rêvé,  qu'au  vieux  firmament, 
Les  comètes  ensorcelées, 


tôt 

CHANSONS   POPCLAI  RES 


Ivres  mortes,  cheveux  au  \ent. 
Dansaient  des  courbes  étoilées; 
Et  j'ai  vu,  sous  les  pieds  de  Dieu, 
Pour  nos  pressoirs  et  pour  nos  granges,  ' 
Epis  dorés,  rouges  vendanges, 
Ruisseler  de  leurs  flancs  de  feu! 
Aux  pays  (pie  le  pampre,  etc. 


Plus  incliné  vers  l'horizon. 
Le  soleil  a  perdu  sa  force; 
La  vigne,  en  sa  mâle  saison, 
Montre  son  fruit  et  son  écorce! 
Vive  le  vin,  l'air  et  le  feu! 
Qu'où  apporte  les  tonneaux  \ides. 
Pour  serrer  les  rayons  liquides 
De  l'astre  qui  nous  dit  adieu  ! 
Aux  pays  que  le  pampre,  etc. 


Dans  ton  caveau,  dans  ton  cellier, 
Dès  l'heure  où  le  ciel  se  colore, 
Le  bras  levé,  franc  tonnelier, 
Fais  tonner  ton  tonneau  sonore! 
Et  vous  par  les  champs  et  les  prés, 
Des  hameaux  et  des  grandes  villes, 
Accourez,  vendangeurs  agiles. 
Pour  cueillir  les  raisins  pourprés  ' 
Aux  pays  (jue  le  pampre,  etc. 


Le  ciel  a  comblé  nos  sillons, 
Et  si  l'épi  jaunit  la  grange, 
Le  raisin  rougit  les  poinçons; 
Après  la  moisson  la  vendange! 
I><>  pieds,  dis  mains,  jusques  aux  Bancs, 
Gens  du  pressoir,  foulez  la  grappe, 
Coupeurs,  coupez,  que  rien  n'échappe, 
Coupez  raisins  rouges  et  blancs! 
Aux  pays  (pie  I»;  pampre,  etc. 

Tout  fuit,  aux  cris  des  vendangeur; 

Là,  c'est  un  lièvre  qui  se  lève, 

Puis,  comme  ud  vent,  sur  les  hauteurs, 

l.a  bartavelle  qui  sVnlew  : 

Plus  loin,  des  bras  d'un  grand  vaurien 
Une  grosse  Bile  >  écliappe  . 


Elle  s'enfuit,  pour  qu'il  L'attrape 
Aux  buissons  qu'elle  connail  hier,  ; 

Aux  pays  que  le  pampre,  etc. 

Allons,  partons,  tout  est  fini , 
Le  soleil  plus  mélancolique. 
Sur  le  somme!  du  buis jauni. 
S'en  va  posant  son  œil  oblique! 
Les  vaches  vont,  la  tète  au  \ent, 
On  ies  voit  se  pendant  aux  branches, 
Passer  rousses,  noires  et  blanches , 
Le  pâtre  chante  en  les  suivant  ! 
Aux  pays  que  le  pampre,  etc. 

Ils  sont  partis  par  les  grands  bois, 
Chacun  lutinant  sa  chacune; 
Petits  et  grands,  tous  à  la  fois. 
S'en  vont  roulant  au  clair  de  lune! 
Et  pour  sauver  ses  blancs  létins, 
En  luttant,  plus  d'une  Jeannette, 
Laissera  tomber  sa  cornette, 
Et  son  honneur  et  ses  raisins. 

Aux  pays  que  le  pampre  dore. 
La  vendange  débordera, 
Le  grenier  sous  le  grain  ploiera; 
Chantons  la  vendange  et  l'aurore. 

«.h •.une  Mathieu. 

Musique  de  L  Darder 


LES  ENFANTS  DE   NOE, 

1846. 

.\ir:  Tant  qu'il  retU *M goutte t 
M     ami      ■'■      i  hont-la. 

Salut,  ô  radieux  printemps, 
Ranime  ma  verve  débile... 

—  Rhéteur,  Laisse  là  ton  beau  style, 
l.a  scolastique  a  fait  son  temps. 

—  Que  vais-jedonc  vous  raconter? 
l'xi n  '  (louée  ivresse  me  conseille. 


(  tos  ) 


CHANSONS  BACHIQUES. 


S9 


[bis. 


Du  raisin  qu'il  fit  fermenter, 
Cuvant  le  vin,  Noé  s'éveille, 

Noé  s'éveille. 
Vidons  encore  une  bouteille, 
C'est  le  vin  qui  nous  fait  chanter. 
C'est  le  vin  qui  nous  fait  chanter. 

Noé  s'éveille  et  se  rendort, 
il  se  rendort  à  pile  ou  face. 
—  Tiens  !  sans  chemise  il  est  cocasse 
Papa  tout  nu!  c'est  par  trop  fort  ! 
Disant  cela,  Cham  fut  conter 
Cette  histoire,  alors  sans  pareille, 
A  ses  frères  qui,  pour  goûter, 
S'étaient  assis  sous  une  treille, 

Sous  une  treille. 
Vidons  encore  une  bouteille, 
C'est  le  vin  qui  nous  fait  chanter. 


Or,  pour  goûter,  Sem  et  Japhet 
Ne  buvaient  pas  que  de  l'eau  claire. 
Cham  observe,  en  contant  l'affaire, 
Qu'à  l'outre  un  grand  vide  était  fait. 
Les  fardeaux  devaient  bien  coûter 
A  ces  gaillards  ronds  de  la  veille. 
Du  vin  ils  pouvaient  en  porter  : 
Tous  deux  buvaient,  c'était  merveille  ! 

C'était  merveille  ! 
Vidons  encore  une  bouteille, 
C'est  le  vin  qui  nous  fait  chanter. 

Depuis  le  déluge  il  craint  l'eau, 
Dit  Sem,  allons  couvrir  l'ivrogne. 
A  reculons,  pris  de  vergogne, 
Us  couvrent  Noé  d'un  manteau. 
Pour  tout  voir  et  tout  écouter, 
Fanfan  se  tint  dans  sa  corbeille  ; 
Puis,  leste,  il  va  tout  rapporter 
Au  bon  papa  qui  se  réveille, 

Qui  se  réveille. 
Vidons  encore  une  bouteille, 
C'esl  le  vin  qui  nous  fait  chanter. 


Coquin,  je  le  mets  à  la  porto; 
Va  travailler,  fiche  ton  camp! 
Tes  frères  seuls  vont  hériter. 
Tiens  I  vois  voler  cette  corneille  ! 
Ah!  ta  race,  Cham,  va  lutter 
Et  ne  boira  que  jus  d'oseille, 

Que  jus  d'oseille. 
Vidons  encore  une  bouteille, 
C'est  le  vin  qui  nous  fait  chanter. 

Cinq  mille  ans,  quels  tristes  repas, 
Cham,  fit  ta  race  misérable  ! 
Riches,  qui  roulez  sous  la  tarde, 
De  nos  buveurs  ûe  riez  pas  ! 
Ivres,  vous  n'osez  affronter 
Les  regards  de  la  race  abeille. 
Avec  vous  tous,  je  veux  jouter  !... 
Le  verre  en  main,  face  vermeille, 

Face  vermeille. 
Vidons  encore  une  bouteille,  ) 

C'est  le  vin  qui  nous  fait  chanter,  j 
C'est  le  vin  qui  nous  fait  chanter. 


[bis.) 


Claude  Genoux,  ouvrier  margeur. 

la  musique,  d'Adolphe  Adam,  se  trouve  chez 
L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de-Naza- 
reth. 


LE  NFC  PLUS  ULTRA  DE  GRÉGOIRE. 

Air  :  Joyeux  enfant  de  la  bouteille. 

J'ai  Grégoire  pour  nom  de  guerre, 
J'eus  en  naissant  horreur  de  l'eau  ; 
Jour  et  nuit  armé  d'un  grand  verre, 
Lorsque  j'ai  sablé  mon  tonneau, 
Tout  fier  de  ma  victoire, 
Encore  ivre  de  gloire, 
Reboire, 
Voilà  [bis) 
Le  nec  plus  ultra 
Des  plaisirs  de  Grégoire. 


^i»'1  réveillé  dit  à  Cham  : 

—  Sais-tu  bien  ce  qu'un  nie  rapport  i? 


En  latin,  en  droit,  en  physique, 
Je  i'u*  toujours  un  ignorant; 


to 


'  104  ) 

CHANSONS    POPULAIRES. 


Poésie,  algèbre,  musique. 
Tout  me  paraît  de  l'Aleoran  , 
Fable,  roman,  histoire, 
Sont  pour  moi  du  grimoire  j 
Mais  boire  I 
Voilà  (bis) 
Le  nec  plus  ultra 
Des  talents  de  Grégoire. 

Qu'un  poète  de  l'Athénée, 

De  ses  éphémères  travaux. 
Sur  la  clientèle  abonnée. 
Aille  répandre  les  pavois  : 
Son  fatras  oratoire 
Assomme  l'auditoire; 
Bien  boire  ! 
Voilà  (bis) 
Le  nec  plus  ultra 
De  l'esprit  de  Grégoire. 

ACythère,  dans  mon  jeune  âge, 
Si  j'ai  brûlé  beaucoup  d'encens, 
Aujourd'hui,  plus  mûr  et  plus  sage. 
Je  me  dis,  maître  de  mes  sens  : 
'.  Hiil  tendre,  dents  d'ivoire 
N'ont  qu'un  charme  illusoire  ; 
Mais  boire  ! 
Voilà  [bis) 
Le  nrc  plus  ultra 
Des  amours  de  Grégoire. 

Me  trouver,  en  sortant  de  table. 
Et  sans  soif  et  sans  appétit. 
Voir  ma  cave  si  délectable 
S'épuiser  petit  à  petit. 
N'avoir  dans  mon  armoire 
Que  la  Seine  ou  la  Loire 
A  boire... 
\  oilà  (bis) 
Le  nec  plus  ultra 
Des  chagrina  de  Grégoire. 

M. h-  doué  d'une  Ame  assez  ferme 
Pour  maîtriser  les  coupa  du  Bort, 
De  mes  maux  avancer  le  terme, 
ht  savoir  vendn  mi. 


Lit,  vaisselle,  écritoire, 
Tout  jusqu'à  l'écumoire, 

Pourboire... 

Voilà  (bis) 
Le  nec  plus  ultra 
Des  vertus  de  Grégoire. 

Lorsqu'enfin  vers  l'empire  sombre 
11  faudra  prendre  mon  essor. 
Oubliant  que  je  suis  une  ombre. 
Le  verre  en  main  pouvoir  encor. 
En  dépit  du  déboire, 
Chanter  sur  l'onde  noire  : 
A  boire... 
Voilà  [bis] 
Le  nec  plus  ullra 
Des  désirs  de  Grégoire. 

DéMogiera 

Air  ancien,  noté  au  N.  237  do  la  Clé  do  ('  iveau. 


KAMPONNKAU  OU  LA  COURTILLE 

En  1760. 

1845. 

Aik  :  Zon,zon,  baise-mot,  l 
Va  Lisette,  ma  grisetle. 

t)  vous  tous,  amis  du  tonneau, 
Rendez-vous  à  la  Courtille; 
Aussitôt  que  le  jour  pointillé, 
Attablez-vous  chez  Ramponneau  '  . 

Là  le  nectar 
Sans  retard, 


i*i  Jean    Ramponneau ,    célébrité    bai 
xviii  di  di  daigna  p 

cuper,  cti|ui  lit  «lire 

\'"\  us  la  i  r  h,'  (  accourir  au  tonnaan, 
••  Qui  ier1  <lr  trône  I  Samponneaa,  i 


pu  i 


lUCl'SI 


;  ~r 


Coule  en  abondance; 
De  ce  vin 
Tout  divin 
On  ne  saurait  boire  en  vain  : 
Quand  on  l'a  pris 
On  est  gris, 
On  saute  en  cadence  ; 
Ponr  six  sous 
On  met  tous 
Les  cœurs  sens  dessus  dessous! 
0  vous  tous,  etc. 

Incognito 
Sans  manteau 
Vient  une  marquise  ; 
Quel  attrait. 
Sans  apprêt, 
D'aller  en  un  cabaret! 
Lors  un  rustaud 

Aussitôt 
Prend  la  femme  exquise  ; 
Il  lui  dit, 
Ce  bandit, 
«  Faisons  la  noce  à  crédit!  » 
0  vous  tous,  etc. 

Certain  abbé, 
Bien  jambe, 
Dans  ce  lieu  s'installe, 
Pour  goûter, 
Pour  tâter 
Ce  jus  qui  sait  le  tenter, 
Ce  prestolet, 
Sans  collet 
LorgHe  une  vestale  ; 
On  s'entend 
A  l'instant, 
Ils  trinquent  tout  leur  comptant. 
0  vous  tous,  etc. 

En  casaquin 
De  nankin 
Vient  une  grisettc  ; 
Œil  brillant, 
Scintillant, 


Sait  agacer  maint  galant. 
Loin  du  quinquet, 

Un  bosquet 
Reçoit  la  fillette  : 
C'en  est  fait, 
L'amour  fHit 
Le  plus  aimable  méfait  ! 
0  vous  tous,  etc. 

Si  Racolleur 

Du  meilleur 
Fait  garnir  sa  table  ; 
Ce  sournois, 
Fin  matois. 
Guigne  certain  Champenois  ; 
Jeune  garçon 

Sans  soupçon 
S'approche,  et  s'attable 
Lampe  un  coup, 
Tout  à  coup 
Du  prince  prend  le  licou. 
0  vous  tous,  etc. 

Jusqu'à  la  cour, 
Tout  accourt 
Pour  voir  la  guinguette; 
Que  de  grands 
Différents 
Du  peuple  doublent  les  rangs! 
Dans  ce  bouchon 

Folichon 
Tout  est  en  goguette  ; 
Sa  galté 
Sans  fierté 
Etablit  l'égalité. 

Des  artisans 
Partisans 
Du  bon  jus  d'octobre, 
Par  milliers, 
Réguliers, 
Désertent  leurs  ateliers. 
Là  bien  dispos, 
Près  des  pots, 
La  bande  peu  sobre 

T.  II.  —  7 


19 


' 


S'étourdit, 

S'ébaudit, 
Pour  fêter  la  saint-lundi  ! 


(  •©«  ) 
CHASSONS   POPULAIRES. 

LES  VENDANGES  SONT  FAITES. 


0  vous  tous,  amis  du  tonneau, 
Rendez-vous  à  la  Courtille; 
Aussitôt  que  le  juar  pointillé, 
A  tlablez-vous  chez  Ramponneau  ! 

Justin  Cabassol. 


MES  VOLONTES  A  TABLE. 

1807. 
Air  :  Tenez,  moi,  je  suis  un  bon  homme. 

Je  tiens  toujours  à  ce  qu'à  table 
Chacun  apporte  un  air  content  ; 
Que  les  bons  mets,  chose  admirable, 
S'y  succèdent  rapidement; 
Qu'on  boive  sans  cérémonie 
En  trinquant  à  son  bon  plaisir; 
Enfin,  je  liens,  je  le  confie, 
A  ce  qu'on  m'y  fasse  tenir. 

te  liens  que  l'on  tienne  à  son  verre, 
Et  surtout  qu'on  n'y  parle  pas 
De  tout  oc  qu'on  fait  à  la  guerre, 
Ni  des  procès  à  grand  fracas; 
Je  tiens  à  ce  que  l'on  y  rie, 
De  rire  cela  fait  plaisir, 
Et  je  tiens,  telle  est  mon  envie, 
Qu'on  m'y  fasse  longtemps  tenir. 

Je  tiens  qu'au  dessert  chacun  chante, 

Cela  sans  se  faire  prier, 

Et  qu'une  romance  indolente 

.\  j  vienne  pas  nous  ennuyer; 

Je  tiens  à  ce  que  la  folie 

Y  nourrisse  un  peu  le  plaisir; 

Et  vous,  amis,  je  vous  en  prie, 

Tenez  à  m'y  faire  tenir. 

Antoine  Dlda. 

La    mugicjue,  de  Michel,   se    trouve    Botét   au 
Ni  507  de  la  Clé  du  Caveau. 


1838. 
Air  :  Enlendez-vous  nos  Orcmusî 

Grâce  au  vin  chez  nous  récolté, 
Tout  s'anime  en  nos  jours  de  fêtes; 
Nous  allons  revoir  la  gaîlé. 
Les  vendanges  sont  faites  ! 

Déjà  les  noirs  frimas 
Ont  glacé  nos  climats, 

Mais  dans  la  tonne 

Le  vin  bouillonne, 

Le  gai  buveur 
Reprend  sa  bonne  humeur. 

Grâce  au  vin,  etc. 

Chaque  jour,  chez  Momus, 
Les  amours  et  Bacchus, 

Au  bruit  du  verre, 

Se  font  la  guerre  : 

C'est  à  qui  d'eux 
Fera  le  plus  d'heureux  ! 

Grâce  au  vin,  etc. 

Enivré  de  vin  doux, 
L'amoureux,  moins  jaloux, 

Près  de  Lisette, 

Fine  griselte, 

D'un  air  loyal 
Trinque  avec  son  rival  ! 

Grâce  au  vin.  etc. 

Tandis  qu'en  se  pâmant, 
A  son  nouvel  amant 

Lise  se  livre, 

Son  voisin,  ivre, 

Presse  à  loisir 
La  coupe  du  plaisir  ! 

Grâce  au  vin,  etc. 

Tel  grondeur  qui  parfois 
Nous  regarde  en  sournois, 

A  notre  table, 

Convive  aimable, 


(  toî  ) 
CHANSONS   BACHIQUES. 


(3 


Rit  de  bon  cœur 
Et  boit  comme  un  sonneur  ! 
Grâce  au  vin,  clc. 

Offrant  à  ses  élus 

Un  charme  heureux  de  plus. 

Sur  chaque  trogne 

Le  gai  bourgogne, 

Au  sein  des  ris, 
Reflète  ses  rubis  ! 

Grâce  au  vin,  etc. 

En  tirant  le  rideau 
Sur  ce  riant  tableau, 

Momus  chancelle, 

Le  vin  ruisselle, 

Et  tout  content 
Chacun  part  en  chantant  : 

Grâce  au  vin  chez  nous  récollé, 
Tout  s'anime  en  nos  jours  de  fêles  , 
Nous  allons  revoir  la  gaîté, 
Les  vendanges  sont  faites! 

Perehelet. 


LE  PANPAN    BACHIQUE. 

Air  :  Repas  en  voyage. 

Lorsque  le  Champagne 
Fait  en  s'échappant 

Pan,  pan, 
Ce  doux  bruit  me  gagne 
L'âme  et  le  tympan. 

Le  mâcon  m'invite, 

Le  beaune  m'agite, 

Le  bordeaux  m'excile, 
Le  pomard  me  séduit; 

J'aime  le  tonnerre, 

J'aime  le  madère  ; 

Mais  par  caractère 
Moi  qui  suis  pour  le  bruit... 

Lorsque  le  Champagne,  etc. 


Quand,  aidé  du  pouce, 

Le  liège  qui  pousse 

L'écumanle  mousse, 
Saule  et  chasse  l'ennui, 

Vite  je  présente 

Ma  coupe  brûlante, 

Et  gaîment  je  chanle 
En  sautant  avec  lui  : 

Lorsque  le  Champagne,  etc. 

Qu'Horace  en  goguette, 

Courant  la  gu^guetle, 

Verse  à  sa  grisette 
Le  falerne  si  doux  ; 

S'il  eût,  lécher  homme, 

Connu  Pans  comme 

Il  connaissait  Rome, 
Il  eût  dit  avec  nous  : 

Lorsque  ie  enampagne,  elc. 

Maîtresse  jolie 

Perd  de  sa  folie, 

Se  fane  et  s'oublie, 
Victime  des  hivers. 

Mais  ma  Champenoise, 

Grise  comme  ardoise, 

En  est  plus  grivoise, 
Et  me  dicte  ces  vers  : 

Lorsque  le  Champagne,  etc. 

De  ce  véhicule 
Où  roule  et  circule 
Maint  et  maint  globule, 

Si  le  feu  me  séduit, 
C'est  que  de  ma  tête, 
Qu'aucun  frein  n'arrête, 
L'image  parfaite 

Toujours  s'y  reproduit. 
Lorsque  le  Champagne,  elc. 

Quand  de  la  folie 
La  vive  saillie 
S'arrête  affaiblie, 
Vers  la  fin  du  banquet, 


14 


(    ••*  ) 

CHANSONS  POPULAIRES. 


Qui  vient  du  délire 
Remonter  la  lyre? 
Du  jus  qui  m'inspire 
C'est  le  divin  bouquet. 
Lorsque  le  Champagne,  etc. 

Pour  calmer  la  peine, 

Adoucir  la  gêne, 

Eteindre  la  haine 
Et  disputer  l'effroi, 

Que  faut-il  donc  faire? 

Sabler  à  plein  verre 

Ce  jus  tutélaire, 
Et  chanter  avec  moi  : 

Lorsque  le  Champagne 
Fait  en  s'échappant 

Pan,  pan. 
Ce  doux  bruit  me  gagne 
L'âme  et  le  tympan. 


DcsaugicrM. 


Musique,  de  Doche,  notée  au  N.  508  de  la  Clé  du 
Caveau. 


LES  FEMMES  ET  LE  VIN. 

1845. 
Air  :  Verse,  verse  du  vin  de  France. 

On  n'a  trouvé  chez  nos  aïeux 
Aucun  potentat,  nulle  altesse, 
Mais  plus  qu'un  roi  je  suis  heureux, 
Sans  grandeurs,  trésors  et  noblesse  ; 

J'ai  pour  richesse 
De  bons  vins  vieux  dans  mon  caveau, 
Une  jeune  et  belle  maîtresse; 
Je  sais  mettre  au  même  niveau 
Et  la  bouteille  ei  la  tendresse; 

Oli  !  double  ivresse I 
P.acchus  me  vaut  une  caresse 
Ki  l'amour  un  Aacon  nouveau. 
Et  l'amour  un  flacon  nouveau. 


\  [ai 


Le  peu  que  le  ciel  lui  donna 
A  l'homme  sage  doit  suffire  : 
Ne  désirer  que  ce  qu'on  a, 
C'est  avoir  tout  ce  qu'on  désire  ; 

Moi,  je  n'aspire 
Qu'à  voir  la  grappe  m'annoncer 
Les  dous  plaisirs  de  la  vendange, 
Mon  amante,  pour  moi,  tresser 
Les  pampres  du  vainqueur  du  Gange, 

Et  cebsl  ange! 
Recevoir,  donner  en  échange, 
Choc  pour  choc,  baiser  pour  baiser. 

Mon  tempérament  fait  ma  loi, 
Je  n'obéis  qu'à  la  nature; 
J'ai  du  bonheur,  du  moins  pour  moi, 
Tracé  la  charte  la  plus  sûre, 

Je  vous  l'assure  ; 
Je  mets  un  flacon  à  l'écart, 
Dès  qu'à  ma  soif  il  est  contraire; 
Si  je  m'aperçois  tôt  ou  tard 
Que  ma  belle  devient  légère, 

J'ai  l'âme  fière!... 
Je  la  change  comme  le  verre 
Où  s'est  mélangé  le  nectar. 

Loin  de  moi  l'ennui,  le  souci 
Et  l'envie  au  visage  blême  : 
L'amour  veut  que  l'on  boive  ici, 
Ici,  Bacchus  veut  que  l'on  aime  : 

Heureux  système! 
Aux  dieux  même  je  l'empruntai  ; 
Toujours  Ganymède,  à  leur  table, 
Leur  verse  et  verse  à  la  beauté, 
Le  breuvage  qui  rend  aimable 

Le  moins  irai  table. 

U  était  juste  qu'un  bon  diable 
Des  dieux  goûtât  la  volupté. 

Peut-on  blâmer  le  goût  du  vin  ? 
Peut-on  blâmer  le  goûl  des  femmes? 
Sans  eux  point  de  bonheur  divin, 
Tous  les  deux  d'enivrantes  flammes 

Brûlent  nos  âmes. 
Nul  d'entre  nous  n'est  un  Caton 
Près  du  (rais  minois  qui  l'inspire  ; 
Comme  en  caressant  un  flacon, 


CHANSONS  BACHIQUES. 


Sa  sagesse  chancelle,  expire, 

Mais  quel  délire!... 
Peut-on  lui  préférer  l'empire 
De  l'austère  et  froide  raison  ? 

Je  dis  à  peine  un  mot  ou  deux, 
Le  cerveau  froid...  Si  je  m'enivre, 
Je  parle  plus  que  je  ne  veux  ; 
Je  puis,  sur  l'art  d'aimer,  de  vivre, 

Dicter  un  livre. 
Amants  déçus  dont  la  langueur 
Fait  de  Cythère  un  purgatoire, 
Buvez,  buvez  avec  ardeur 
Quand  on  vous  dispute  la  gloire 

D'une  victoire  : 
Affronter  les  périls  sans  boire, 
C'est  vouloir  n'être  pas  vainqueur. 

Toujours  aimer,  boire  toujours, 
L'un  de  ces  désirs  est  stérile. 
Effarouches- tu  les  amours? 
Bacchus  t'ouvre  un  riant  asile, 

Vieillard  débile. 
Le  doux  nectar  qu'il  fait  couler 
De  l'hiver  tempère  la  glace; 
Mais  le  plaisir  doit  s'envoler 
Peur  tous  avec  le  temps  qui  passe 

Et  nous  efface. 
Sachons  gaîment  remplir  l'espace 
Que  l'homme  ne  peut  reculer. 
Que  l'homme  ne  peut  reculer. 

P.-J.  Charria. 


La  musique,  d'Adolphe  Adam,  se  trouve  chez 
L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de-Naza- 
reth. 


RONDE  DE  TABLE. 

Air  :  v  audevillc  de  la  Corbeille  d'orange. 

Chantons,  amis,  jusqu'à  demain, 
Chantons  le  verre  en  main, 

Eloignons  tous  les  froids  discours 
Qui  font  tourner  la  tête, 


i  [bis. 


Que  Bacchus,  les  amours. 
Honorent  cette  fête. 

Rien  n'est  si  bon  ?u'un  peu  de  vin, 

Qu'un  peu  d'amour  en  train , 
Le  vin  prépare  notre  cœur 

A  faire  une  conauête, 

Et  donne  la  vigueur 

Qui  convient  à  la  fête. 

J'aime  un  petit  couplet  gaillard, 

Fût-il  chanté  saos^rt, 
Le  badinage  plaît  toujours 

Quand  la  gaîté  l'apprête, 

Et  c'est  un  vrai  secours 

Pour  embellir  la  fête. 

A  la  suite  d'un  bon  dîner 

L'on  peut  prendre  un  baiser  ; 
Voisine,  ne  te  fâche  pas, 

Et  que  ton  cœur  s'apprête, 

Tu  sais  que  tes  appas 

Font  briller  cette  fête. 

Que  l'avare  garde  son  or, 

Je  ris  de  son  trésor  ; 
A  quoi  sert  donc  un  si  grand  bien 

Quand  on  est  assez  bête 

Pour  n'en  user  en  rien 

Et  fuir  la  moindre  fête? 

Les  amours  sont  pâles,  souvent, 

Quand  on  est  indolent, 
Moi,  morbleu!  je  chante  et  je  bois; 

Jamais  je  ne  m'arrête, 

Mes  amours  sont  grivois 

Pendant  toute  une  fête. 

Je  dis  à  ma  voisine,  allons, 

Rions,  chantons,  buvons, 
Eh!  mais,  surtout,  caressons-nous 

Et  d'un  air  fort  honnête 

Je  serre  ses  genoux 

Pendant  toute  la  fête. 

Allons,  amis  charmants  buveurs, 
Devenez  tous  chanteurs, 


15 


CHANSONS   POPULAIRES, 


Riez,  caressez  a  ioisir , 
Cédez  a  ma  requête, 
Et  que  le  vrai  plaisir 
Couronne  celle  :elo. 


Antoine  Dlda. 


LA  VENDANGE. 

loïô. 

AiR  de  la  contre  danse  de  la  Hosiire. 
Ou  :  L'ombre  s'évapore. 

Aux  feux  de  l'aurore 
La  grappe  se  dore, 
Mûrit,  se  colore, 
Invile  au  larcin  : 
Amis,  qu'on  se  range, 
Courons  en  vendange 
Chanter  la  louange 
Du  dieu  du  raisin. 


Qu.,sur  sa  tonne, 
Grégoire  entonne: 
«  Vivent  l'automne; 

«  Et  son  jus  charmant!  » 
Dans  nos  charrettes 
Que  les  fillettes 
Et  les  feuillettes 

Voyagent  gaîment! 

L'amante  s'éveille, 
Et  court  sous  la  treille 
Remplir  sa  corbeille 
Près,  d'un  gai  luron  ; 
Dieux  !  qu'elle  est  jolie! 
B  CChos,  la  Folie, 
Barbouillent  de  lie 
Son  pudique  front. 

Cupidon  guette 

La  bergerette  ; 


D'  une  serpette 
11  se  forge  un  dard  ; 

Puis  il  l'attrape, 

La  fait  sous  cape 

Mordre  à  la  grappe 
Qu'il  tient  à  l'écart. 

Versant  sur  la  terre 
Des  flots  de  lumière, 
Le  soleil  altère 
Nos  gros  jouvenceaux  ; 
On  boit,  on  travaille, 
Et  mainte  futaille 
Sent  gonûer  sa  taille 
Sous  ses  vieux  cerceaux. 

Femme  gentille 
Dont  l'œil  pétille, 
Près  d'un  bon  drille 

Accourt  travailler; 
L'époux  sévère 
Qu'on  ne  craint  guère 
Ne  vient  derrière 

Que  pour  grappiller. 

Dans  la  tonne  vide 
La  hotte  se  vide, 
Le  buveur  avide 
Saisit  le  fouloir  ; 
Brillant  d'allégresse, 
Il  écrase,  il  presse 
Ce  fruit  que  caresse 
Son  œil  plein  d'espoir. 

Selon  l'usage, 

Après  l'ouvrage, 

Tout  le  village 
Court  sous  le  berce  m, 

L'appétit  pousse, 

Puis  I  ,ii  muasse, 

Kt  sous  le  pouce 
On  mange  un  morceau. 

Une  rhausniiiirtîi'. 
Franche  et  guillerette, 


CftANSûNS   BACHIQUES. 


4Î 


En  chœur  se  répète 
Et  vous  met  en  train  : 
Le  cœur  est  en  danse, 
On  saute  en  cadence. 
Et  l'on  se  balance 
Au  son  du  crin-crin. 

Mais  le  jour  baisse, 
Le  travail  cesse, 
Avec  ivresse 
On  rentre  au  hameau  ; 
Les  vendangeuses, 
Vives,  joyeuses, 
Plus  amoureuses, 
Sautent  sous  l'ormeau. 

La  cuve  bouillonne, 
Bacchussur  sa  tonne. 
De  pampre  couronne 
Le  gai  vendangeur  ; 
Des  buveurs  en  groupe, 
Armés  d'une  coupe, 
versent  à  la  troupe 
La  rouge  liqueur. 

Tandis  qu'on  joue 
Et  qu'on  s'enroue, 
J'entends  la  roue 
Du  pressoir  crier  ; 
Des  fruits  qu'on  foule, 
Devant  la  foule, 
Le  vin  découle 
Pour  nous  égayer. 

Quel  vin  agréable! 
Quel  jus  délectable! 
Mes  amis,  à  table 
Courons  nous  asseoir  ; 
Sans  craindre  la  goutte, 
Allons,  qu'on  le  goûte, 
Et  qu'aucune  goutte 
Ne  reste  au  pressoir. 

Dieux,  quel  délire 
Le  vin  m'inspire! 


Quel  joyeux  rire! 
Quels  éclats  de  voix'/ 
D'humeur  plus  vivij, 
Chaque  convive 
Séduit,  captive 
Un  joli  minois. 

Quelle  aimable  orgie  ! 
La  mère  arrondie, 
La  fille  étourdie, 
Tombent,  verre  en  main  , 
L'époux  perd  sa  belle, 
On  roule,  on  se  mêle, 
Tout  dort  pêle-mêle 
Jusqu'au  lendemain. 

Casimir  Méneatrier. 

Air  ancien,  noté  au  N.  1338  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  DÉLIRE   BACHIQUE. 

1823. 

Amis,  j'en  conviens  entre  nous, 
Je  suis  plein  comme  une  outre: 
Allez-vous  faire...  battre, 
Buveurs  méchants,  mangeurs  jaloux, 
Chez  nous  bannie, 
L'économie 
Du  genre  humain  fut  toujours  l'ennemie. 
Pour  les  gourmands  et  les  gourmets, 
La  terre  aura  toujours  des  mets, 
Et  les  bons  vins  ne  tariront  jamais. 
Que  du  globe  qui  roule  j 

La  machine  s'écroule,  >  {bis.) 

Pourmoije  ris  tant quele  tonneau  coule.  ' 

Dans  mes  entrailles  le  bordeaux 
Fait  la  guerre  àl'espagne; 
Recourons  au  Champagne, 
Pour  apaiser  ces  fiers  rivaux, 
Versez-moi  vite 
Des  vins  d'élite! 
A  table,  amis,  je  suis  cosmopolite  t 
Que  j'aime  à  voir  en  bataillon 


48 


(   il*  ) 

CHANSONS    BACHIQUES 


I.e  Rhin  avec  le  Roussillon, 
Et  le  vieux  Grec  auprès  du  cotillon  ! 
Que  du  globe  qui  roule,  etc. 

Exempt  d'impôt  et  de  loyer, 
Je  mange  et  bois  sans  gène, 
Et  comme  Dio^ène 
J'ai  vendu  tout  mon  mobilier. 
De  ma  vaisselle, 
Qu'un  juif  recèle, 
J'ai  seulement  conservé  mon  écuelle  ; 
Dans  un  festin  quand  je  l'emplis, 
Auprès  de  Rose  ou  de  Philis, 
Je  vois  sous  moi  jusqu'au  trône  des  Us. 
Que  du  globe  qui  roule,  etc. 

Humains,  reconnaissez  l'abus 
De  vos  sottes  batailles; 
Echangez  des  futailles 
Au  lieu  de  boulets  et  d'obus. 
Que  le  commerce 
Les  mette  en  perce. 
Vous  le  savez,  quand  le  vin  nous  renverse, 
Plus  joyeux  nous  nous  ramassons, 
Et  puis  l'ivresse  et  les  chansons 
Font  qu'au  dessert  tous  nous  nous  embrassons 
Que  du  globe  qui  roule,  etc. 

Que  le  bouchon  et  le  goulot 
Soient  toujours  en  divorce  : 
Plus  le  vin  a  de  force, 
M' ans  il  faut  l'affaiblir  par  l'eau. 
Que  l'on  arrose 
L'œillet,  la  rose, 
L'homme  a  besoin  d'autre  chose. 
En  dépit  d'un  fade  écrivain, 
C'est  pour  lui  seul  que  le  bon  vin 
S'ambre  et  mûrit  sous  le  pampre  divin. 
Que  du  globe  qui  roule,  etc. 


Amis,  ces  coteaux  odorants, 
Orgueil  de  la  Limagne, 
J  idis,  «  1 .- 1 1  j  >  la  campagne, 
Vomissaient  "lis  feux  dévorants. 
Mais  sur  la   lave, 
Féconde  esclave, 
Le  vigneron  vient  enrichir  sa  cave. 
Ainsi,  des  ans  bravant  le  cours, 

Paris.  —  Imprimerie  de  Pilibt  fils  aîné,  rue  des   Grands-Angustins,  o. 


Bacchus  ramènera  toujours 
Avec  le  vin  les  folles  amours. 
Que  du  globe  qui  roule  \ 

La  machine  s'écroule 
Pour  moi  j'en  ris  tant  que  le  tonneau  coule.  ) 
Joseph  Scrtiè>  «'s. 

La  musique,    de   Dalayrac,    se   trouve  notée  au 
N.  2ôj  de  la  Clef  du  Caveau. 


CONSEILS  BACHIQUES. 
1809. 

Air  :  Tenez,  moi,  je  suis  un  bonhomme. 

Pour  chasser  la  mélancolie 
Honorons  le  divin  flacon, 
C'est  le  guide  de  ma  folie, 
Il  m'inspira  cette  chanson  ; 
Moquons-nous  de  l'heure  fatale 
Qui  peut  pourtant  sonner  demain, 
Que  chacun  de  nous  se  signale 
A  la  braver  le  verre  en  main. 

Ce  flacon  plaît  à  la  sagesse, 
C'est  sa  première  qualité; 
De  la  respectable  vieillesse, 
C'est  la  source  de  la  gaité  : 
Nos  aïeux  chantaient  ce  breuvage, 
Et  le  buvaient  pour  faire  mieux, 
Allons,  mes  amis,  du  COUgage  ! 
Ressemblons  tous  à  nos  aïeux. 

Quand  le  créateur  fit  le  monde, 
Par  méprise  il  lit  le  chagrin; 
Mais  dans  cette  machine  ronde 
Pour  l'éteindre  il  créa  le  via; 
Fiers  pompiers,  gare  à  l'incendie, 
Des  chagrina  éteignons  les  feux. 
Pompons  la  dit  ine  ambroisie  : 
Pomper  ainsi,  c'est  être  heureux. 

Antoine  Dida. 


NOUS  IN' IRONS  l'IAS  AU  BOIS. 


Sautez,  dansez,  embrassez 
Celle  que  vous  aimez. 


Nous n'ironsplus  au  bois,les lauriers  sont  coupé?: 
La  belle  que  voilà,  la  lairons-nous  danser, 

La  lairons-nous  danser  ?... 
Entrez  dans  la  danse. 
Voyez  comme  on  danse; 
Sautez,  dansez,  embrassez 
Celle  que  vous  aimez. 

La  belle  que  \oilà,  la  lairons-nous  danser? 
Ma  s  les  lauriers  du  bois,  les  lairons-nous  faner 
Les  lairons-nous  faner?  < 

Entrez  dans  la  danse, 
Voyez  comme  on  danse. 
Sautez,  dansez,  embrassez 
Celle  que  vous  aimez. 


liais  les  lauriers  du  bois,  les  lairons-nous  faner? 
Non  chacune  à  son  tour  ira  les  ramasser, 
Ira  les  ramasser. 

Entrez  dans  la  danse, 

Voyez  comme  on  danse  , 


Non,  chacune  à  son  tour  ira  les  ramasser. 
Si  la  cigale  y  dort  ne  faut  pas  la  blesser, 
Ne  faut  pas  la  blesser. 
Entrez  dans  la  danse, 
Voyez  comme  on  danse; 
Sautez,  dansez,  embrassez 
Celle  que  vous  aimez. 

Si  la  cigale  y  dort  ne  faut  pas  la  blesser, 
Le  chant  du  rossignol  la  viendra  réveiller, 
La  viendra  réveiller. 
Entrez  dans  la  danse, 
Voyez  comme  on  danse , 
Sautez,  dansez,  embrassez 
Celle  que  vous  aimez. 

Le  chant  du  rossignol  la  viendra  réveiller. 
lit  aussi  la  fauvette  avec  son  doux  gosier, 
Avec  son  doux  gosier; 
Entrez  dans  la  danse, 
Voyez  comme  on  danse; 
Sautez,  dansez,  embrassez 
Celle  que  vous  aimez. 


CHANSONS    l'OI'l  LAIRES 


Et  aussi  la  fauvette  avec  son  doux  gosier, 
El  Jeanne  la  bergère  avec  son  blanc  panier, 
Avec  son  blanc  panier. 
K ii liez  dans  la  danse, 
\  oyez  comme  on  danse; 
Sautez,  dansez,  embrassez 
Celle  que  vous  aimez. 

Et  Jeanne  la  bergère  avec  son  blanc  panier, 
Allant  cueillir  la  fraise  et  la  fleur  d'églantier. 
El  la  flfiir  d'églantier. 
Entrez  dans  la  danse, 
Voyez  comme  on  danse; 
Sautez,  dansez,  embrassez 
Celle  que  vous  aimez. 

Allant  cueillir  la  fraise  et  la  fleur  d  églantier. 
Cigale,  ma  cigale,  allons,  il  faut  planter, 
Allons,  il  faut  chanter. 

Entrez  dans  la  danse 
Voyez  comme  on  danse; 
Sautez,  dansez,  embrassez 
Celle  que  vous  aimez. 

Ci.-ale.  ma  cigale,  allons,  il  faut  chaut'1! . 
Car  les  lauriers  du  bois  sont  déjà  repoussé 
S  ut  déjà  repousses. 
Entrez  dans  la  danse", 
\  oyez  comme  on  danse; 
-aiitez,  dansez,  emhra Bsei 
Celle  que  vous  ahnez. 


Elle  fit  un  fromage. 
El  ion.  ion,  ron.  petit  patapnn, 
Elle  lit  un  fromage 
Du  lait  de  ses  moutons, 

Ron,  ron, 
Du  lait  de  ses  moulons. 

Le  chat  qui  la  regarde, 
El  ron,  ron,  ron,  petit  patapon; 
Le  chat  qui  la  regarde. 
D'un  petit  air  fripon, 

Ron.  ron, 
D'un  petit  air  fripon. 

Si  tu  y  mets  la  patte, 
Rt  ron,  ron,  ron,  pe'.it  patapon; 
Si  tu  y  mets  la  patte, 
Tu  auras  du  bâton, 

Ron,  ron, 
Tu  auras  du  bâton. 

11  n'y  mit  pas  la  paite. 
Ei  ron.  ron,  ron.  petit  patapon, 
11  u  y  mil  pas  la  patte, 
11  y  mil  le  menton, 

Ron,  ron, 
Il  v  mit  le  menton. 

La  bergère  en  colère, 
ill  ron.  ron,  ron,  petit  patapon  ; 
La  bergère  aà  colère 
Tua  son  p'iii  chaton, 

Ron;  ron. 
Tua  son  p  til  Cflàton. 


11.  ÉTAIT  l  \    &ERGÈRE 


Il  fiait  un'  bergère, 
Bhl  ron,  ron,  ron,  petit  patapon 
Il  était  un  bei  i 
Qui  gardait  --  moutons, 

Ron,  ■  on 
Qui  garda  :  ses  mot 


Bile  l'ut  a  iod  pèi  B, 
Ci  mu,  ron,  ron,  petit  patapon  ; 
Elle  fui  a  son  père, 
Lui  demander  pardon, 

Ron,  ron, 
Lui  demander  pardon. 

Mon  père,  je  m'accuse, 
El  ron,  ron,  ron    pelil  patapon  , 


//"" 


W' t/"/'"/"""'  '      '^W^ 


.'il 


l'.ONDES  ENFANTINES. 


Mon  père,  je  m'accuse 
D'avoir  lue  mon  chaton, 

Ron,  ron, 
D'avoir  lue  mon  chalon. 

Ma  fill',  pour  pénilence, 
Et  ron,  ron,  ron,  petit  palapon; 
Ma  fill',  pour  pénilence, 
Nous  nous  embrasserons, 

Run,  ron, 
Nous  nous  embrasserons. 


La  pénitence  est  douce, 

Et  ron,  ron,  ron,  petit  palapon 

La  pénitence  est  douce. 

Nous  recommencerons, 

Ron, ron, 
Nous  recommencerons. 


LE  BOIS  JOLI 


Aux  quatre  coins  de  Paris, 
Devinez  ce  qu'il  y  a  :  . 

11  y  a  un  bois, 
l'n  pelit  bois  joli,  mesdames, 

Il  y  a  un  bois, 
Un  petit  bois  joli  il  y  a. 

Et  dedans  ce  petit  buis, 
Devinez  ce  qu'il  y  a  . 

Il  y  a  un  arbre, 
Un  petit  arbre  joli,  mesdames  . 

Il  y  a  un  arbre, 
Un  petit  arbre  joli  il  y  a. 

Et  dessus  ce  petit  arbre, 
Devinez  ce  qu'il  y  a  : 
Il  y  a  des  branches, 
Des  petites  branches  jolies,  mesdames  ; 

Il  y  a  des  branches, 
Des  petites  branches  jolies  il  y  a. 


El  dessus  ces  petites  branches, 
Devinez  ce  qu'il  y  a  : 

11  y  a  des  feuilles, 
Des  petites  feuilles  jolies,  mesdames  . 

Il  y  a  des  feuilles, 
Des  petites  feuilles  jolies  il  y  a. 

Et  dessus  ces  petites  feuilles, 
Devinez  ce  qu'il  y  a  : 

Il  y  a  un  nid, 
Un  petit  nid  joli,  mesdames-, 

Il  y  a  un  nid, 
Un  petit  nid  joli  il  y  a. 

Et  dedans  ce  petit  nid, 
Devinez  ce  qu'il  y  a  : 
Il  y  a  un  œuf, 
Un  pelit  œuf  joli,  mesdames 

Il  y  a  un  œuf, 
Un  petit  œuf  joli  il  y  a. 

Et  dedans  ce  petit  œuf, 
Devinez  ce  qu'il  y  a  : 

11  y  a  un  blanc, 
Un  petit  blanc  joli,  mesdames; 

Il  y  a  un  blanc, 
Un  pelit  blanc  joli  il  y  a. 

Et  dedans  ce  petit  blanc, 
Devinez  ce  qu'il  y  a  : 

Il  y  a  un  jaune, 
Un  petit  jaune  joli,  mesdames , 

11  y  a  un  jaune, 
Un  petit  jaune  joli  il  y  a. 

Et  dedans  ce  petit  jauru- 
Devinez  ce  qu'il  y  a  : 

Il  y  a  écrit  : 
Votre  serviteur,  mesdames* 

Il  y  a  écrit, 
Votre  serviteur  j  3  suis. 

€.   Kar 


52 


ci!',\s().\s   pop:  [.aires 


IIISTOIIU;    aIKHVKILLEUSE 


DE 

MADAME    TARTINE 

Il  était  une  dame  Tartine, 
Dans  un  palais  de  beurre  frais, 
La  muraille  était  de  farine, 
Le  parquet  était  de  croquets; 

La  chambre  à  coucher 

De  crème  de  lait. 

Le  lit  de  biscuits, 

Les  rideaux  d'anis. 

Elle  épousa  monsieur  Gimblelte, 
Coiffé  d  un  beau  fromage  blanc, 
Son  chapeau  était  de  galette, 
Son  habit  de  vol-au-vent  : 

Culotte  en  nougat, 

Gilet  de  chocolat, 

Bas  de  caramel 

Et  souliers  de  miel. 

Leur  fille,  la  belle  Charlotte, 
Avait  un  nez  de  masse-pain, 
De  belles  dents  de  compote, 
Des  oreilles  de  créquelin. 

Je  la  vois  garnir 

Sa  robe  de  plaisir. 

Avec  un  rouleau 

D»'  pâle  d'abricots. 

Le  grand  prince  Limonade. 
Bien  frisé,  vienl  faire  sa  cour, 
Ses  cheveui  en  marmelade 
Ornés  de  pommes  cuites  au  I 

Son  royal  ban  leau 

De  petits  gâteaux 

Et  de  raisins  secs 

Portait  au  resp 

On  frémit  en  voyant  sa  garde 
De  câpres  el  de  cornu  bon*, 


Armée  de  fusils  de  moutarde 

El  de  sabres  en  pelures  d'oignons. 

Sur  un  trône  de  brioches, 
Charlotte  et  le  roi  vont  s'asseoir , 
Les  bonbons  sortaient  de  leurs  p  >cbcs 
Depuis  le  matin  jusqu'au  soir. 

Voici  que  la  fée  Carabosse, 
Jalouse  et  de  hiaui  aise  bumeiu*, 

Renversa  d'un  coup  de  sa  bosse 
Le  palais  sucré  du  bonheur! !  !... 


MORALITE. 

Pour  le  rebâtir. 
Donnez  à  loisir, 
Donnez,  bons  parente, 
Du  sucre  aux  enfants. 


QUE  DE  Bl,  QUE  DE  BAÏONNETTES 


I tonnez-moi  voire  tille; 
Ah!  que  de  bi,  que  de  bai  Minettes 
Donnez-moi  votre  fille, 

Au  nom  du  chardon  nïcl. 


Ah  m  mari  me  battrait  : 
Ah  !  que  de  bi,  que  de  baïonnel 
Mon  mari  me  bâtirait, 
Au  nom  du  chardonn'rel. 


y  \uiis  donn'rai  cinq  cents  lii res , 
A  h  !  que  de  bi,  que  de  baïonnettes  ; 
.1  \miis  donn'rai  cinq  cents  livres, 

An  nom  du  rharduiin'ivl. 

i  tardez  vos  cinq  cents  livres; 
.\h!  que  de  bi,  que  de  baïonnettes. 
Gardez  vos  cinq  cents  livres, 
Au  nom  du  cbardonn'ret. 


iond:;s  enfantines. 


J'emmène  votre  fille  : 
Ah!  que  de  bi,  que  de  baïonnettes 

.l'einmèue  voire  fille, 
Au  nom  du  ehardonn'ret. 

Ah!  rendez-moi  ma  fille  ; 
Ah  !  que  de  bi,  que  de  baïonnettes 
Ah!  rendez  moi  ma  fille, 
Au  nom  du  ehardonn'ret. 

Je  la  mène  à  l'église  ; 
Ah!  que  de  bi,  que  de  baïonnettes  - 
Je  la  mène  à  l'église, 
Au  nom  du  ehardonn'ret. 

Kh  bien  !  prenez  ma  lille  , 
Ah  !  que  de  bi,  que  de  baïonnettes  : 
Eh  bien  !  prenez  ma  fille, 
Au  nom  du  ehardonn'ret. 


MARIANE  S  EN  ALLANT  AU  MOULIN. 


Marian'  s'en  allant  au  moulin       [bis.) 
Pour  y  faire  moudre  son  grain  ;    [bis.) 

Eli'  monta  sur  son  âne, 
Ma  petit'  mam'sell'  Mariaue! 
EU'  monta  sur  son  âne  Martin 

Pour  aller  au  moulin. 

Le  meunier,  qui  la  voit  venir, 
Ne  peut  s'empêcher  de  lui  dire  : 

Attachez  là  votre  âne, 
Ma  petit'  mamsell'  Mariaue, 
Attachez  là  votre  âne  Martin 

Qui  vous  mène  au  moulin. 

Fendant  que  le  moulin  tournait, 
Avec  le  meunier  eh"  riait. 

Le  loup  mangea  son  âne, 
Pauvre  mamsell'  Mariane  ; 
Le  loup  mangea  son  âne  Martin, 

A  la  port'  du  moulin. 


La  meunier,  qui  la  voit  pleurer, 
Ne  peut  s'empêcher  de  lui  donner 

De  quoi  ravoir  un  âne, 
Ma  petit'  mamsell' Mariane, 

De  quoi  ravoir  un  âne  Martin 
Pour  aller  au  moulin. 


Son  père,  qui  la  voit  venir, 

Ne  peut  s'empêcher  de  lui  dire  . 

Ce  n'e>t  pas  là  notre  âne  , 
Ma  petit'  mamsell'  Mariane, 
Ce  n'est  pas  là  notre  âne  Martin 

Qui  allait  au  moulin. 


Notre  âne  avait  les  quatr'  pieds  blancs 
Et  les  oreill's  à  l'avenant, 

Et  le  bout  du  nez  pâle, 
Ma  petit'  mamseir  Mariane, 
Oui,  le  bout  du  nez  pâle,  Martin 

Qui  allait  au  moulin. 


EN  REVENANT   DE   LA  EOIRE. 


En  revenant  de  la  foire. 

De  la  foire  de  Saint-Jean, 

Je  rencontrai  une  vieille 

Qui  menait  son  âne  aux  champs, 

Aux  champs  le  long  d'  sa  garenne. 

Hue  !  haye  !  mon  âne, 
Aux  champs  le  long  d'  sa  garenne, 
Haye  !  mon  âne,  mon  hourriquet. 


Je  demandai  à  la  vieille 
Si  ell'  n'aimait  pas  le  vin  ? 
Par  ma  friqu',  répondit-elle, 
Pour  de  l'eau  j'  n'en  voulons  point; 
Pour  du  vin  grand  gobelet. 

Hue!  haye!  mon  âne, 
Pour  du  vin  grand  gobelet, 
Haye!  mon  âne,  mon  bpurriquel, 


34 


CHWSONS    POPPLAINKs 


Je  demandai  h  la  vieilli1 
Si  ell'  n'avait  pas  ''     ari? 
Par  ma  fri<|iT.  répondit-elle. 
11  y  a  Irois  ans  <i u "  je  T  perdis. 
Vraiment  j'  l'avons  bon  pleuré. 

Hue!  haye!  mon  âne. 
Vraiment  j'  lavons  ben  pleuré: 
Haye!  mon  âne,  mon  bourrique! 


Je  demandai  à  la  vieille 
Si  ell'  n'avait  pas  d'enfants'.' 
Par  ma  Iriqu',  répondit-elle, 
J'en  ai  un  d'  quatre-vingts  an-, 
L'autr'  qui  commence  à  marcher 

Hue!  haye!  mon  âne, 
L'autr'  qui  commence  à  marcher. 
Haye!  mon  âne.  mou  bourriquet. 

Je  demandai  à  la  vieille. 
Si  ell'  n'avait  pas  de  dents  ? 
Par  malriqu'.  répondit-elle, 
Avant-bier  le  grand  veut 
M'en  abattit  trente-deux  ! 
Hue  !  baye!  mon  âne, 
11  n'  me  rest'  qu'un  vieux  crochet. 
Haye!  mon  âne,  mon  bourriquet. 


Là    VIEILLE. 


\  l'.u  i-  da&fi  une  ronde, 
Composée  de  jeunes  (.'en-. 
Tire,  lire,  sautant, 
Il  se  trouva  une  \icille 
De  passé  quatre-vingts  ans  : 

Tire,  lire,  sautant, 
Sautant  la  vieille, 
nui  cuvait  avoir  quinze  ans. 
1  ire,  lire,  -autant. 

Il  se  trouva  un'-  vieille, 
De  passé  quatre-vingti 


Tire,  lire,  sautant, 
Elle  choisit  le  plus  jeune, 
Qui  était  le  plus  galant. 

Tire,  lire,  sautant. 
Sautant  la  vieille. 
Qui  croyait  avoir  quinze  ans, 

Tire,  lire,  .-autant. 


Elle  choisit  le  plus  jeune. 
Qui  était  le  plus  galant. 

Tire,  lire,  sautant: 
Va-t'en,  va-t'en,  bonne  vieille. 
Tu  n'as  pas  assez  d'argent. 

Tire,  lire,  sautant, 
Sautant  la  vieille, 
Qui  croyait  avoir  quinze  an-. 

Tire,  lire,  sautant. 


Va-len.  va-t'en,  bonne  vieille 
Tu  n'as  pas  assez  d'argent, 

Tire,  liie,  sautant; 
Si  vous  saviez  c'  qu'a  la  vieille 
Vous  n'en  diriez  pas  autant, 

Tire,  lire,  sautant, 
Sautant  la  vieille, 
uni  croyait  avoir  quinze  ans, 

Tue.  lire,  sautant. 


>i  VOUS  .-aviez  e   i|ii  a  la  \ieille 
\  mu-  n'en  diriez  pas  autant, 

Tire,  lire,  -autant  : 
Difl-nOUS  donc  ce  qu'a  la  vieille  ? 
Klle  a  dix  tonneaux  d'argent, 

Tire,  lire,  .-autant, 
."-aillant    la  \ieille, 

Qui  croyait  avoir  quinze  ans, 

Tire,  lire,  sautant. 


Dis-nous  donc  ,-r  qu'a   la  vieille  ' 

Klle  a  dix  tonneaux  d'argent, 

Tire,  lire,  sautant  ; 

Revient   reviens,  bonne  vieille, 
Marions-astis  protnptement, 
Tire,  lire,  sautant, 


-^^^4^^ 


. 


fmp  BzjtauUs.  Faru 


RONDES  ENFANTINES. 


Saulanl  la  vieille. 
Qui  croyait  avoir  quinze  ans, 
Tire,  lire,  saulanl. 

Reviens,  reviens,  bonne  vieille 
Marions-nous  promptement, 

Tire,  lire,  sautant; 
On  la  conduit  au  notaire: 
Mariez-moi  celte  enfant, 

Tire,  lire,  sautant, 
Sautant  la  vieille, 
Qui  croyait  avoir  quinze  ans. 

Tire,  lire,  sautant. 

On  la  conduit  au  notaire: 
Mariez-moi  cette  enfant. 

Tire,  lire,  sautant  ; 
Celte  enfant,  dit  le  notaire, 
Ellea  bien  quatre-vingts  ans, 

Tire,  lire,  sautant. 

Sautant  la  vieille. 
Qui  croyait  avoir  quinze  ans. 

Tire,  lire,  sautant. 

Cette  enfant,  dit  le  notaire, 
Ellea  bien  quatre-vingts  ans. 

Tire,  lire,  sautant; 
Aujourd'hui  le  mariage 
Et  demain  l'enterrement', 

Tire,  lire,  sautant, 
Sautant  la  vieille, 
Qui  croyait  avoir  quinze  ans. 

Tire,  lire,  sautant. 

Aujourd'hui  le  mariage 
Et  demain  l'enterrement , 

Tire,  tin-,  sautant  ; 
On  fit  tant  sauter  la  vieille 
Qu'elle  est  morte  en  sautillant. 

Tire,  lire,  sautant, 
Sautant  la  vieille, 
Qui  croyait  avoir  quinze  ans, 

Tire,  lire,  sautant. 

On  fit  tant  sauter  la  vieille 
Qu'elle  est  morte  en  sautillant . 
Tire,  lire,  sautant  ; 
On  regarde  dans   a  bouche. 


Elle  n'avait  que  trois  dents, 

Tire,  lire,  sautant, 

Sautant  la  vieille, 
Qui  croyait  avoir  quinze  ans, 

Tire,  lire,  sautant. 

On  regarde  dans  sa  bouche, 
Elle  n'avait  que  trois  dents, 

Tire,  lire,  sautant  ; 
Un'  qui  branle,  une  qui  hoche, 
L'autre  qui  s'envole  au  vent, 

Tire,  lire,  sautant, 

Sautant  la  vieille, 
Qui  croyait  avoir  quinze  ans, 

Tire,  lire,  sautant. 

Un'  qui  branle,  une  qui  hoche. 
L'autre  qui  s'envole  au  vent. 
Tire,  lire,  sautant  ; 
On  regarde  dans  sa  poche, 
Elle  n'avait  qu'  trois  liards  d'argent , 
Tire,  lire,  sautant. 
Sautant  la  vieille, 
Qui  croyait  avoir  quinze  ans, 
Tire,  lire,  sautant. 

On  regarde  dans  sa  poche, 
Elle  n'avait  que  trois  liards  d  argent, 
Tire,  lire,  sautant  ; 
Ali  !  la  vieille,  la  vieille,  la  vieille, 
Avait  trompé  le  galant, 
Tire,  lire,  sautant, 

Sautant  la  vieille, 
Qui  croyait  avoir  quinze  ans, 
Tire,  lire,  sautant. 


LE  PETIT  POUCET 

1846. 
Wi  :  Il  était  imp'tit  homme. 

Des  parents  économes 
I  lisaient,  au  coin  du  feu, 


16 


Cil  \NSO\S    !  on  la:R  - 


Saprejeu  ! 

Nous  avons  sept  pli ts  mômes 
Qui  mang'nt  beaucoup,  vraiment, 

C'est  gênanl  '. 
N'  vaudrait-il  pas  mieux 
s  débarrasser  d'eux? 
Ça  sérail  moins  coûleux! 
Un  de  ces  soirs,  en  nous  prom'nant, 
Nous  les  laiss'rons  en  plan  ! 


Le  cadet  d' la  famille, 

Si  p*tit  tiu'on  l'appelai! 

P'iit  Poucet, 
Elait  grand  couun'  un"  quille  ; 
Dans  un'  buile  à  briquet 

On  1'  couchait. 
Il  entend,  de  là, 
1/  projet  d'  son  papa. 
I!t  s'  dit  :  tau. Ira  voir  ça! 
Tâchons  de  prouver,  dans  V  nialheu: 
Que  j'  suÎ9  un  enfant  d1  cœur  ! 


Le  l 'i   dans  sa  tendres? 
Pour  n'avoir  pas  l'espoir 

De  les  n '>ir. 
Se  'lit  :  laut  que  j'  les  laisse 
Dans  un  endroit  couvert 

l.t  désert; 
Je  vais,  I'  tour  est  bon  . 
Les  m'ner  à  l'Odéon  ; 
Je  1  crois,  avec  raison, 
Que  ces  infortunés  enfants 
N'  trouv'ronl  personn'  tà-d'dans. 


Poucet,  pour  reconn 
La  route  où  leur  papa 

Les  mena, 
Imagine  d'j  mettre 

actions  d'  chemins  d'  fer, 
m  pair  ; 
<  t  jeune  imprudent, 
haque  pa  sanl 

el  les  prend  : 
)»•  su  l<-  moutard  : 

Les  j' issants  I'  dir  ni  plus  lard  ! 


Poucet  couche  à  l'auberge, 
Il  entend  le  traiteur, 

En  fureur, 
Se  dire  :  ah!  pourquoi  perds-je 
Presque  tous  mes  clients 
D'puisquéqu"  temps? 
Pour  les  ramener, 
Je  veux  leur  donner 
Un  excellent  dîner  : 
r-eiV  nuit,  des  sept  mioches  d'en  haut 
J'  vas  faire  un  fricandeau  !.. . 

Poucet  voit  la  Ocelle. 

Rèd'  sa  chambre  à  plusieurs 

Voyageurs  ; 
Le  traiteur,  sans  chandelle, 
Fait  d'  ces  gens  endormis 

Un  hachis; 
bès  que  1*  jour  paraît. 
Le  Petit-Poucet 
Se  lève  et  disparaît, 
lui  fsant  au  traiteur  assassin 
Ce  geste  de  gamin. 

Le  traiteur,  en  alarme, 
Jur'  d'arranger  Poucet 

En  civet, 
Met  des  hott's  de  gendarme  ; 
Os  bottes-là,  partout. 

Rattrap'nl  tout  ; 
Mais  il  court  trop  fort. 
El,  souffrant  d'un  cor, 
Sur  la  rouir  il  s'mdort  : 

Poucet,  caché  près  de  ce*  lieux, 

Chipp'  ses  boit's  de  si-pt  lieues. 

Il  revient  chet  la  femme 
Du  traiteur  en  délit, 

El  lui  dil  : 
Remettez-moi,  madame, 
Cent  mill'  francs  el  j'absous 

Votre  époux  ! 
i     femme  le  »  lui  donna  ; 
Poucet  les  apporta 
\    on  petit  papa, 
Lu  lui  disant  :  j  paie  mon 
Un  r'cul  I  magot 


Paris.   -  Imprimerie  di  \nàA  rae  de    C  ka    -ii  v  •*>. 


1 '.ONDES  ENFANTINES. 


bl 


Ce  récit  vous  exhorte 
A  chérir  vos  parents, 

.Mes  enfants; 
S'ils  vous  mett'nt  à  la  porte,. 
A  savoir  voyager 

Sans  manger  ; 
A  montrer  à"  l'esprit 
Et,  dans  votre  lit, 
A  n'  pas  dormir  la  nuit  ; 
Si  vous  êtes  petits,  à  grandir  : 
C'est  1'  moyen  d'  s'enrichir. 

Charles  Uclaugc. 

La  musique,  arrangée  par  Charles  Plantade,  se 
trouve  chez  M.  Meissonnier  fils,  éditeur,  rue  Dau- 
phine.  18. 


LE  CHENE  ET  LE  ROSEAU. 

1845. 
Aiz  :  Ah!  vôvs  dirai-je,  maman. 

Sur  le  bord  d'un  clair  ruisseau, 
Croissait  un  jeune  roseau  ; 
Il  était  doux  et  timide, 
Regardant  l'onde  limpide, 
Le  jour  lui  servant  de  miroir, 
Et  de  bain  de  pieds  le  soir. 

Quand  le  moindre  vent  soufflait, 
Le  roseau  se  balançait  ; 
Et  puis  sa  tige  agitée 
Chantait  d'une  voix  flùtée  ' 
Ah!  vous  dirai-je,  maman, 
Ce  qui  cause  mon  tourment  ! 

Ce  qui  causait  son  tourment, 
C'était  un  affreux  géant! 
Ce  géant,  c'était  un  chêne 
Aussi  vieux  que  Démosthène, 
Qui  du  haut  de  sa  grandeur 
Lui  tint  ce  propos  moqueur  : 


Sur  l'honneur,  dit-il,  mon  cher, 
On  devrait  te  mettre  au  vert  ; 
Tu  log's  un'  grenouille  à  peine, 
Et  pendant  qu'elle  te  gêne 
J'héberge  cinq  cents  corbeaux, 
Qui  sur  moi  sont  aux  oiseaux! 


Je  suis  l'arbre  le  plus  fort 
Et  résiste  sans  effort 
A  la  plus  grosse  tempête  ; 
Mais  toi  lu  courbes  la  tête 
Comme  le  corbeau  confus, 
Jurant  qu'on  n*  l'y  pinc'ra  plus. 

J'ai  beaucoup  d'éducation, 

El  pas  mal  d'érudition  ; 

Près  d'  moi  l'on  trouve  églantine. 

Chacun  sait  que  j'ai  racine; 

Je  n'  manqu'  pas  cl'  feuill's  et  l'on  voit 

Souvent  corneilles  sur  moi  ! 


Quoi!  tu  fais  des  calembourgs  ; 
A  moi,  dit  l'autre  à  son  tour  : 
Je  connais  plus  d'un  proverbe, 
Ma  grand' mère  aime  les  herbes  ; 
Mais  la  fontain  fut  toujours 
Du  roseau  les  seuls  amours! 


Transporté  d'un  haut  mépris, 
Le  chêne  lui  répondit  : 
Tu  seras  jusqu'à  ta  chute 
Du  bois  dont  on  fait  les  flûtes. 
Qui  vous  brisent  le  tympan 
Lorsqu'y  souffle  certain  Pan  ! 

Tu  dis  que  j'ai  le  cœur  dur, 
Je  m'en  fais  gloire  à  coup  sûr  : 
Pour  fair'  des  voitur's  on  m'  tranene. 
Dans  le  tendre  bois  d'  mes  branches: 
Mais  je  suis,  quand  je  m'  fais  vieux. 
Toujours  en  fer  pour  Y  essieu! 

Tiens,  précisément,  vuici 
Que  l'horizon  s'obscurcit; 


HS 


:>s 


CHANSONS     POPULAIRES 


Je  te  parie  un  décime 
Que  de  mes  pieds  à  ma  cime 
Je  ne  vais  pas  plus  broncher 
Que  de  Saint-Malo  1'  rocher! 

11  faisait  ses  embarras, 

Mais  la  tempête  arriva! 

Tout-à-coup  le  chêne  casse... 

L'autre  se  courbe  avec  grâce... 

Au  géant  déraciné 

Le  roseau  fit  un  pied  d'  nez  !... 

morale. 

On  a  tort  d'être  poltron, 
Encor  plus  d'être  fanfaron  ; 
Les  grands  font  toujours  leur  tête; 
Mais  au  jour  de  la  tempête, 
Vous  vovez  alors  qu'il  vaut 
Beaucoup  mieux  être  roseau. 

Marc  Con*tantiu. 


I.a  musique,   arrangée    par   A.   Marquerie,  se 
trouve  chez  MM.  Heugel  et  Cie,  r.  Vivienne. 2 bis. 


LE  CHÊNE  ET  LE  ROSEAl. 

1845. 

A  :  R  de  M,  Dumole.l, 

pour  cette  fable  il  me  fallait 
Dn  air  charmant  aussi  neuf  qu'agréable, 

i;t  je  l'-  rencontre  ;i  Bonfaail 
Dans  l'air  nouveau  de  monsieur  Dumol.-t. 
Quel  est  Ut-bas  ce  brin  d'herbe  qui  il<>tW'? 
Dit  un  \ieu.\  Chêne  en  lorgnant  un  roseau. 
Il  n'est  vraiment  pas  plus  haut  mie  nia  Lotte, 
c'r-t.  je  croie,  le  Tom  Pouce  des  végétaux, 

Sur  l'air  composé  toul  exprès 

Pour  ce  bon  monsieur  Dumolet, 

Holal  bambin,  dit-il,  d'un'  voix  hautaine; 
Dis-moi  qu&  nom  Ion  parrain  le  donna  ' 


Le  Roseau  dit  :  Parbleu,  monsieur  le  Chêne 
Ma  signature  estcell'  de  mon  papa, 
Sur  l'air  composé  tout  exprès,  etc. 

L'arbre  reprit  :  Eh  bien,  madam'  ta  mère 
Du  mauvais  lait  au  berceau  te  donna  ; 
Suis  promptement  un  régime  sévère, 
Bois  du  bordeaux,  prends  du  tapioca, 
Sur  l'air  composé  tout  exprès,  etc. 


Regarde-moi,  je  suis  fort  et  l'orage 
Déchaîne  en  vain  la  foudre  et  l'aquilon; 
Mon  front  hardi  se  coiffe  d'un  nuage 
Et  mes  pieds  vont  rendr'  visite  à  Pluton, 
Sur  l'air  composé  tout  exprès,  etc. 

Les  écrivains,  sous  mes  savants  ombrages. 
Viennent  pourvoir  leurs  esprits  indigents  : 
Hugo,  sans  moi,  n'en!  pas  rempli  ses  pages, 
Dumas,  tout.seul,  eût-il  fait  ses  romans? 
Sur  l'air  composé  tout  exprès,  etc. 

J'inspire  encor,  sans  piano,  ni  grimoire, 
Chaque  matin  des  chansons  aux  oiseaux  ; 
Tout  comme  Auber,  j'ai  mon  conservatoire  : 
lit  là  du  moins  on  ne  cliantc  pas  faux 
Cet  air  composé  tout  exprès,  etc. 

A  mon  en  tour  je  vois  mainte  lillelle 
Rire  fi  graver  sur  moi  son  joli  nom  : 
J'en  conclus  dune  qu'si  le  ciel  m'eût  fait  bêle, 
Certainement  j'aurais  été  lion, 
Sur  l'aii'  composé  toul  <'.\]uts,  etc. 

Mais  toi.  chétif,  perdu  dans  la  campagne, 
Prèle,  tremblant  el  bon  à  rien,  ma  foi, 
Tu  rais  l'effet  d'un  p'tit  mat  de  Cocagne 
Pour  les  fourmis,  à  la  fêle  du  roi, 
Sur  l'air  composé  toul  exprès,  etc. 

Rôti  I  été,  dans  l'hiver  lu  grelottes; 
Si  Dieu  t'a\idt  mil  près  'l  moi  par  hasard; 
j"  l'abriterais  don  p.t  n  il  ma  redingote, 
j' ic  prêterais,  quand  il  pleut,  mon  rililard. 
Sur  l'air  composé  toul  exprès,  etc. 


il  ) 

KOiNDKS  EM'AJNTWES. 


Le  Roseau  dit  :  Monsieur,  je  suis  sensible 
A  vos  hontes,  mois  laissons  fair"  le  temps  : 
Je  ne  crains  rien,  car  j*ai  le  dos  flexible; 
De  père  en  (ils  nous  sommes  courtisans, 
Sur  l'air  composé  tout  exprès,  etc. 

Mais  tout-à-coup,  Eole  et  compagnie 
Lancent  dans  l'air  tous  les  vents  déchaînés. 
L'arbre  tient  bon,  le  pauvre  roseau  plie, 
Et  sur  le  sol  va  se  cogner  le  nez, 
Sur  l'air  composé  tout  exprès,  etc. 

L'arbre  orgueilleux  riait  de  l'aventure  ; 
Soudain  il  ploie,  il  tombe  de  son  haut. 
L'autre  en  fut  quitt'  pour  une  égratignure 
Et  pour  brosser  sa  veste  et  son  chapeau, 
Sur  l'air  composé  tout  exprès,  etc. 

MORALITÉ. 

On  voit  par  là  que  l'homm1  fier,  formidable, 
nui  d'  son  esprit,  d'  ses  talents  fait  jabot, 
N'est  bon  souvent,  comm'  le  chên'  de  la  fable, 
Hélas!  qu'à  fair'  des  buch's  et  des  fagots, 
Sur  l'air  composé  tout  exprès 
Tour  ce  bon  monsieur  Dumolet  ! 

Fortoul. 

La  musique,  arrangée  par  M.  Saint-Malo,  se 
trouve  chez  M.  Leduc,  éditeur,  18,  rue  Vivienne. 


LE  PETIT  CHAPERON  ROUGE. 


1846. 

Air  :  Bonjour,  mou  ami  Vincent. 

Un  pâtissier,  demeurant 
•    Dans  la  plaine  de  Montrouge, 
Avait  un'  charmante  enfant 
App'lé'  le  p'lit  Chapïon  Rouge  I 
C  ''si,  me  direz-vous,  un  nom  singulier, 
k  n'  lui  jamais  vu  dans  1"  calendrier  : 


'  Pourquoi  l'app'lait-on  le  p'lit  Chapïon  Rouge? 

j  Je  vas  fair'  cesser  votre  étonnement  : 
Ça  v'nail  tout  bonn'mentde  c'  que  ses  parents 
Quand  elle  était  p'tit',  l'avaient  vouée  au  blanc  ! 

C  pâtissier  lui  dit  :  Hélas  ! 
J'ai  là,  d'puis  l'année  dernière, 
Deux  pâtés  qui  n'  se  vendent  pas, 
Tiens,  porl'-les  à  la  grand'mère  : 
Elle  a  constamment  des  maux  d'estomac, 
Et  1'  méd'ein  y  a  dit  qu'il  fallait  pour  ça 
Prendre  un'  nourriture  extrèm'ment  légère, 
Ça  lui  fra  du  bien,  ou  je  m'  tromp'  beaucoup 
Vlà  l'enfant  qui  prend  ses  jamb's  à  son  cou, 
Manier'  de  courir  pas  commod'  du  tout. 

Sur  sa  route  elle  rencontra 
Un  loup  qui  lui  dit  :  Mam'selle, 
Au  moins,  pour  courir  comm'  ça, 
Portez-vous  de  la  flanelle  ? 

—  Non,  j'  port'  des  pâtés,  lui  répond  l'enfant, 
Ou'  mon  papa  envoie  à  ma  bonn'  maman. 

—  Fort  bien,  dit  le  loup,  où  demeure-t-elle  ? 

—  Au  moulin,  là-bas,  répond  l'innocent  : 

—  Voyons,  dit  le  loup,  lequel  en  courant 
Sera,  de  nous  deux,  au  moulin-avant. 

Le  loup  part  comme  un  coup  d'  vent, 
Il  frappe  à  la  maisonnette  : 
—  Qui  qu'est  là?  dit  la  mèr'  grand, 
S'  dorlotant  dans  sa  couchette. 
Le  loup  prend  la  voix  du  petit  Chap'ron, 
Et  dit  :  —  J'  vous  apport'  du  nanan  bien  bon! 
La  mèr'  grand  répond  :  —  Tir'  la  chevillette 
Et  la  bobinette,  aussitôt,  cherra. 
L'  scélérat  entra,  la  mangea,  croqua, 
Si  bien  qu'  son  bonnet  fut  tout  c'  qui  resta. 

Non  content  d'  mettr'  le  bonnet, 
Les  lunett's  de  sa  victime, 
Croiriez-vous  qu'il  eut  1'  toupet 
D'  fair'  des  jeux  d'  mots  sur  son  crime  • 

—  Je  n'  vois  pas,  dit-il,  de  quoi  ell'  s'  plaindrait, 
Au  lieu  d'  son  moulin,  j'  lui  donn'  mon  palais 
lit  puis,  en  poussant  ua  rire  unanime, 

11  s'  coucha  dans  1'  lit.  du  côté  du  mur. 


(   13 

CHANSONS    POPULAIRES 


En  disant  :  J'  quittïais  mon  b nicher,  bien  BÛr, 
S'il  m'  vendait  jamais  un  bifteck  si  dur  ! 

Le  p'lit  Chap'ron  qui  s'élail 

Arrêté  à  la  Civette, 

(Quoiqif  son  pèr'  hii  défendait) 

Pour  ach'ter  un'  cigarretle, 
Arrive  au  moulin  et  s'  met  à  cogner  ; 
Le  loup  crie  alors,  en  parlant  du  nez  : 

—  C'est  loi,  mon  enfant,  tir'  la  chevilletle 
Et  viens,  dans  mon  lit,  t'  coucher  avec  moi. 
Carje  n'  fais  pas  d  l'eu,  quoiqu'il  fass'  bien  froid. 
Parc'  que  mon  poèJ'  fmaè  et  que  j'n'ai pasd'bois. 

Le  p'lit  Chap'ron  dit  :  —  Mèr'  grand, 
Qu'  vous  avez  une  drôle  de  balle  ! 
Le  loup  répond  :  —  Mon  enfant, 
J'aim'  celt'  remarqu'  filiale. 

—  Grand  mèr',  vos  deux  yeux  brill'nt  comm'  des  lampions  ; 

—  Enfant,  c'est  l'effet  d'  ma  satisfaction. 

—  Vous  ouvrez  la  bouche  aussi  grand'  qu'un'  malle  ! 
Vous  pourrieï  serrer  tout  plein  d'  choses  là-d'dans. 

Le  loup  prend  l'enfant,  l'avale  en  disant  : 

—  Tu  trouva  ma  bouch'  malle,  et  moi  j' te  mets  d'dans. 

MORALITÉ. 

Écoutez,  grands,  moyens,  p'tils, 

La  moral'  de  cette  histoire  : 

Faut  s'  défier  des  gê&fl  polis  ; 

Ils  ont  souvent  l'àui'  très  noire. 
Et  ceux  qui  vous  dis'nt  :  comment  ça  va-l-il  ? 
Ont  souvent  pour  but  d'  manger  votre  rôti  ; 
Ce  rôti,  pour  eux,  n'est  que  provisoire, 

en  attendant  qu'ils  tous  croqu-'nl  auen  : 
C'eal  pourquoi  je  «lis  qu'  les  gens  impolis 
Doiv'nt  être  regardés  comm'  les  vrais  amis. 
Ch.  DelaiiKe. 

La  i  Kd,  Charte*  Plantade,  se  trouve 

chez  M.  J.  Meissunmcr  (ils,  éditeur,  18,  r.  Dauphine 


GIROFLE,    CI  KOI  LA. 


Ill|e<? 

Girofle   girofla, 


Cuie  t'as  de  bell's  filles? 
L'amour  m'y  compt'ra. 
L'Il's  sont  bell's  et  gentilles, 
Girofle,  girofla, 
EU's  sont  bell's  et  gentilles, 
L'amour  m'y  compt'ra. 

Donnez-moi-z'en  donc  une, 
Girofle,  girofla, 
Donnez-moi-z'en  donc  une, 
L'amour  m'y  compt'ra. 

Passeul'ment  la  queue  d'une. 
Girofle,  girofla, 
Pas  seul'ment  la  queue  d'une 
L'amour  m'y  compt'ra. 

J'irai  au  bois  seulelte, 
Girofle,  girofla, 
J'irai  au  bois  seulette, 
L'amour  m'y  compt'ra. 

Quoi  faire  au  bois  seulelte'? 
Girofle,  girofla, 
Quoi  faire  au  bois  seulelte  > 
L'amour  m'y  compt'ra. 

Cueillir  la  \ioletlc, 
Girofle,  girofla, 

Cueillir  la  violette, 
L'amour  m'y  compt'ra. 

Miiui  l'air'  de,  la  \iolelte? 

Girofle,  girofla, 

Quoi  l'air'  de  la  violette? 

I.  amour  m  \  compt'ra. 

Pour  mettre  à  ma  coller'tte, 

Girofle,  girofla, 

pour  iiieitre.i  lu.i  coller'tte, 

I.  amour  m'jj  compila. 

Si  h-  roi  t'j  t  '-il-  outre? 
Girofle,  girofla, 


Paris.  —  Imprimerie  rie  I'illu  fils  aîné,  ruedei  GraiiuVAugiulins,  •  >. 


/  //</■/'• 


,  t,  //.  '   /W////'///V .  y  ,/, 


©DMin 


fîcntr, 


Si  le  roi  t'y  rencontre  : 
L'amour  rr.'y  compt'ra. 

.1  lui  f  i  .ti  trois  re?:  renées, 
Gii  ullé,  girofla, 
Je  lui  frai  trois  révérences, 
L'amour  m'y  comptera. 

Si  la  reine  t'y  rencontre? 

Girofle,  girofla, 

Si  la  reine  t'y  rencontre? 

L'amour  m'y  compt'ra. 

J' lui  frai  six  révérences, 
Girofle,  girofla, 
J'  lui  frai  m\  révérem  es. 
L'amour  m'y  compt'ra. 

Si  le  diable  t'y  rencontre? 
Girofle,  girofla, 
Si  le  diable  t'y  rencontre? 
L'amour  m'y  compt'ra. 

Je  lui  ferai  les  cornes, 
Girofle,  girofla, 
Je  lui  ferai  les  cornes, 
L'amour  m'y  comptera. 


LE  UENARI)  ET  LES   RAISINS. 


1846, 
mii    /'  était  >ni  /iei/1  homme. 

Un  renard  bon  compère, 
Tout  habillé  'le  gris, 

Biribi, 
Un  jour  dit  à  son  père  : 
•f  vas  tlàner  hors  d'  P. iris, 

''nabi, 
69 


To  to  caraho, 
Donn'moi  mon  chapeau, 
Compère  Guilleri  I 
Qnjl  était  gai    /"'«'!,  le  petit  renard  gris  ! 

Franchissant  la  barrière, 
!"'■  octroyen  lui  dit  : 
Biribi, 

Que  portez- vous  derrière? 
C'est  ma  queue,  mon  ;;mi, 
Carabi, 
(En  i  imit)  To  io  carabo, 

En  poil  de  blaireau, 
Comme  vos  favoris  !... 
Qu'il  était  gai  (bis),  le  petit  renard  gr!«  ' 

Passant  d'vanl  un  village, 
Les  poules  du  pays, 

Biribi, 
Disaient  :  C'biau  personnage 
Est  joliment  bien  mis  ! 
Carabi, 

To  to  carabo, 
La  queu'  d'son  manteai 
Semble  un  plumet  d'  marquis  ! 
Qu'il  était  gai  (bis),  le  petit  renard  gris! 

(Avec  fierté.)  Je  crois,  dit-il,  qu'on  s'moque 
De  ee  qui  m'embellit, 

Biribi. 
Là  il'ssus  il  tombe  et  croque 
La  poule  et  ses  petits, 
Carabi,  « 

To  to  carabo, 
Ao'.ès  c' fricandeau 
Il  fut  en  appétit. 
Qu'il  était  gai  [bis);  le  petit  renard  gris! 

Il  arriv'  dans  un'  ville; 
Qu'elle  est  ceti'  ville,  dit-v, 

Biribi? 
Ca  m'  paraît  fort  tranquille... 
.1'  vas  m 'établir  ici, 
Carabi. 
To  ;,>  carabo, 
J' suis  à  r'ontain'blean 

T.  II.  -    10 


i 


CHANSONS    I  OPI  l.vl!;l  S 


D'où  \ ient  1'  raisin  d'  Paris!... 
Qu'il  était  pai  [bis),  le  petit  renard  pris! 

Ace  joie.)  Passant  devant  un"  treille 
Il  s'  croit  en  paradis. 

Biribi. 
Plus  de  cent  grapp's  vermeilles 
Semblaient  d'un  goût  exquis, 

Carabi, 
To  to  carabo, 
,A  part.  Mais  celait  trop  baut  !... 
A  vingt-cinq  pieds  el  d'mi  ! 
'Haut.)  Qu'il  était  ?ai  (bi$  .  le  petit  renard  pris 

Il  dit  :  ô  pein'  cruelle! 
Commenl  croquer  ceci. 

Biribi, 
Si  j'avais  une  échelle. 
Ça  n'  ferait  pas  un  pli , 

Carabi, 
To  to  carabo. 
Je  croqu'  le  marmot 
En  attendant  1'  treillis! 
Qu'il  était  gai  (6w),  le  petit  renard  gris! 

L'œil  lix",  la  boucb'  béante 
Devant  ces  grains  d'  rubis, 

Biribi, 
Après  cinq  hetir's  d 'attente, 
[At'fC  colère.)  Il  jure  un  :  Sacristi  ! 
Carabi. 
Tu  to  carabo, 
J'ai  le  Lee  dans  l'eau 
El  le  lorticoli  !... 
Qu'il  était  gai  (6m),  le  petit  renard  grisl 

édain.    Les  raisins  d'  cetf  muraille 
Son!  verts  comme  des  afiis, 

Biribi, 
C'est  bon  pour  d'  la  val' taille... 
Mais,  moi.  j'  suis  trop  bien  mis, 

Carabi, 
To  lo  carabo, 

1/  chasselas  d'  Fontainebleau 
N'  saut  pas  un  pomme  d  apis! 
Qu'il  était  gai  Mi  ,  le  petil  renard  -ris! 


MORALE. 

Comme  il  faut  un'  morale 
Aux  fables  qu'on  écrit, 

Biribi  ; 
Pour  toute  fin  finale. 
Je  vais  vous  fair'  cell'-ci, 

Carabi, 
To  to  carabo  : 
L'  raisin  d'  Fontainebleau 
C'fanné'  s'ra  hors  de  prix. 
11  Faudra  fair'  (bis)  comm'  le  p'til  renard  gris. 

Marc   4  oiiNttttniii 


La  musique,  arrangée  par  A.Marquerie,  se  trouve 
hé/  M.  Hençel  etCie,  rue  Vivienne,  2  bit'. 


L'ANE  ET  LA  FLUTE. 


1846. 


Air  du  tra  la  la  la. 


Dans  ses  \ers  gracieux  Florian  dit  qu'un  jour 
Certain  an'  vit  à  table  en  dînant  chez  Véfour 
Un  ami  qui  tout  bas  vint  lui  dir'  au  dessert  : 
Avec  moi  v'nezj'voua  prie  entendre  un  grand  concert' 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la, 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la. 

Sur  l'air  du  tra  déri  déra  la  la  la. 


Après  avoir  repris  sa  canne  et  son  chapeau. 
L'âne  lui  rép  indil  agrafant  son  manteau 
Allons,  plutôt,  mon  bon,  dans  un  estaminet 
Faire  tranquillement  notre  cent  de  piquet! 
Sur  l'air  du  ira,  etc. 


Venez,  vous  entendrez,  ce  soir,  du  Rossini, 
Du  Félicien  David  chanté  par  BulHni. 

,,i;  .  i'-  h  \  ait  non  d  beau, 
j'.iin  '  mieux  ratendi  chanter  le  li'nard  et  u  OorAmi/ 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 


63 


RONDES  ENFANTINES. 


Sur  la  flûte,  mon  cher,  après  quelques  duo?, 
Vous  entendrez  aussi  de  fort  brillants  solos. 
Que  j'entende  cela?  vraiment  vous  êtes  fou  ! 
Voyez  le  beau  talent  d'  souffler  dans  un  p'tit  trou  ! 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

En  raisonnant  ainsi  pour  se  faire  prier, 
Lane  vit  une  flûte  à  la  port'  d'un  luthier; 
Le  sot  s'en  approcha,  et  soufflant  de  son  mieux, 
En  tira  par  hasard  un  son  mélodieux  ! 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Tout  lier  de  ce  début,  l'an'  avec  vanité 
Cria  :  du  feu  sacré  l'Éternel  m'a  doté  !... 
J' viens  d'enfoncer  Tulou,  sur  l'instrument  qu'voici, 
Tu  le  vois,  comme  lui  je  suis  artiste  aussi! 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

MORALITÉ. 


La  moral'  de  ceci,  c'est  que  les  grands  talents 
N'  sont  jamais  dénigrés  que  par  les  ignorants 

Combien  d'ans  incompris,  que  chaquejour  on  peut  voir, 

S' font  passer  pour  savantsgràce  à  leur  habit  noir. 
Sur  l'air  du  Ira  la  la  la, 
Sur  l'air  du  Ira  la  la  la, 
Sur  l'air  du  tra  déri  déra  la  la  la. 

Alexis  Dalè*. 

La  musique,  arrangée  par  J  j  Vimeux,  se  trouve 
chez  L.  Vieillot.  32,  rue   Notre-Dame-de-Nazareth 


LE  RENAUD  ET  LE  CORBEAU. 


1844. 


j  Bonjour,  maître  Corbeau,  comment  nous  portons-nous? 

Merci,  maître  Renard,  ça  va  pas  mal,  et  vous, 
El  mes  enfants  aussi,  hors  mon  p'tit  nouveau-né, 
Qui  par  ces  derniers  froids  s'est  très  fort  enrhumé 
A  l'air  du  tra  la  la,  etc. 


Peste!  mon  cher  Corbeau,  vous  èt's  joliment  mis 
Vous  vous  faites  pour  sûr  habiller  à  Paris? 
Oui,  répond  le  Corbeau  à  ce  propos  railleur, 
Puis  il  offre  aussitôt  l'adress'  de  son  tailleur. 
Sur  l'air  du  tra  la  la,  etc. 


Vraiment  si  vot'  ramag'  ressemble  à  vot'  pal'tot? 
Vous  enfoncez  Duprez,  Lablache  et  Mario  ; 
Chantez-moidoncquéqu'chose,  une  ariette, un  rien, 
Car  dans  votre  famille  on  est  fort  musicien. 
Sur  l'air  du  tra  la  la,  etc. 


Alors  maître  Corbeau,  sans  se  faire  prier, 
Entonne  sans  façon  le  grand  air  du  Barbier. 

Mais  comme  il  faut  ouvrir  la  bouche  pour  chanter, 

Il  laiss'  tomber  par  terr'  son  fromage  glacé 
Sur  l'air  du  tra  la  la,  etc. 


Soudain  maître  Renard,  qui  comptait  là-dessus, 
Saute  sur  le  fromage  et  rit  comme  un  bossu  ; 
Puis  il  dit  au  Corbeau,  je  vous  ai  fait  poser! 

Vous  n'êtes  pas  bien  mis  !  vous  n'  savez  pas  chanter  ! 

Pas  mêm'  le  tra  la  la,  etc. 


En  entendant  ces  mots,  le  Corbeau,  confondu, 
S'écrie  :  eh!  quel  malheur,  le  duel  est  défendu. 
Je  suis  volé,  dupé  !  maudit  soit  le  destin  ! 
Êtr' doyen  des  Corbeaux!  et  passer  pour  un  s'rin. 
Sur  l'air  du  tra  la  la,  etc. 


Un  jour,  maître  Corbeau,  sur  un  arbre  perché, 
Tenait  eniie  son  bec  un  fromage  glacé  : 
Lorsque  maître  Renard,  attiré  par  l'odeur. 
L'accoste  poliment  par  ce  propos  flatteur. 
Sur  l'air  du  tra  la  la  la,     (bis.) 
Sur  l'air  du  ira  déri  déra, 
Tra  la  la! 


MOKALITE. 


Or  donc,  de  ces  couplets  la  moral'  la  ^  oici  . 
Corbeaux  petits  et  grands,  retrnez  bien  ceci  : 

Cest  qu'il  est  maladroit,  a  dit  un  vieux  gourmand, 

Quand  onaim'le  fiomag'  de  parler  en  mangeanl. 


M 


CHANSONS     POIM  LAI III  S 


Sur  l'air  du  Ira  la  la  là  bis. 

Sur  l'air  du  Ira  déri  déra, 

Tra  la  la  ! 

Paroles  il'iui  anonyme. 

La  musique  se  trouve,  à  Paris,  chez  M.  Brûlé, 
éditeur,  16,  passage  des  Panoramas. 


LE  CORBEAU   VENGE. 


Vous  qui  connaissez  tous  la  fable  du  Corbeau, 
Je  viens  à  ce  sujet  vous  conter  du  nouveau  : 
Hier,  en  traversant  la  foret  de  Sénard, 
Je  fus  témoin,  hélas!  de  la  mort  du  renard. 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la     [bis.) 

Sur  l'air  du  tra  déri  déra 
Tra  la  la. 


11  m'a  pris  mon  fromage  et  me  l'a  tout  mangé 
Le  destin  l'a  puni;  Dieu,  vous  m'avez  vengé  t.. 
Sur  l'air,  etc. 

MORALITE. 

La  moral'  de  ceci,  c'esl  que  le  bien  d'aulrui, 
Lorsqu'il  est  mal  acquis,  au  lieu  <f  profiter,  nuit. 
Et  que  si  le  renard  n'eut  pas  été  fripon, 
Il  ne  serait  pas  mort  d'une  indigestion... 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la        {bis.) 

Sur  l'air  du  tra  déri  déra 
Tra  la  la... 

I.-II.  Quliixard  et  *.  IMinau. 


La  musique  se  trouve  chez  M.  Pâté,  éditeur,  14, 
passage  du  Grand-Cerf,  à  P;iri-. 


S<m  papa.  >a  maman,  ses  frères,  son  cousin, 
Etaient  à  ses  genoux  da'is  un  cruel  chagrin 
Lorsque  le  médecin,  vieux  renard  de  bon  ton, 
Déclara  qu'il  étail  mort  d'une  indigestion  !... 
Sur  l'air,  etc. 

Le  père,  honteux,  confus,  disait  :  O  mes  enfants! 
Nous  allons  tous  passer  pour  de  fameoi  gourmande! 
Partout  on  nous  dira  :  .Messieurs,  ce  n'est  pas  beau, 
D'avoir  pris  le  fromage  de  ce  pauvre  corbeau. 
Sur  l'air,  etc. 

Quand  la  famille  entière  eut  fini  de  pleurer, 
Vite  on  se  disposa  pour  aller  l'enterrer. 
Tous  les  renards  en  deuil,  au  nom  m  dix, 

Défilaient  deux  a  deux,  chantant  De  profundis... 
Sur  l  air.  etc. 

Sur  la  tombe  arrivée,  la  foule  B'inclina, 
Quand  le  mair  de  l'endroit  tout  en  larmes  parla. 
j.  i.  sais  paie1  qu'il  a  dit,  mais  un  rail  bien  certain, 

C'est  (pu-  tous  il-  avaient  le  mouchoir  i  la  main. 

Sur  1  air.  etc. 

Lorsque  maître  Corbeau,  sur  un  arbre  perché, 
•    !•■  voilà  mort,  je  a  en  suis  pas  fâché  !... 


LE  LAURIER, 


J'ai  un  beau  laurier  de  France; 
Mon  joli  laurier  danse. 
Mon  joli  laurier. 

Mademoiselle,  entrez  ru  danse; 

Mon  joli  laurier  danse. 
Mon  joli  laurier. 

Faites- nous  trois  révérences  ; 
lion  joli  laurier  danse, 
Mon  joli  laurier. 

Maintenant  le  tour  de  la  danse  , 

Mon  joli  laurier  danse, 
Mon  joli  laurier. 

Embrassez  votre  ressemblance, 

Mon  joli  laurier  dan-e, 
Mon  joli  laurier. 


i;o\n;:s  enfantines. 


6.'i 


LE   BEAU    CHATEAU. 


Lesjeunes  iilles  forment  deux  ronds  vis- 
à-vis  l'un  de  l'autre,  et,  chantent  en  dan- 
sant. On  cède  une  jeune  personne  qui  va 
rejoindre  le  premier  rond,  et  le  jeu  conti- 
nue jusqu'à  ce  qu'il  ne  reste  pins  qu'une 
seule  personne  du  deuxième  rond  Quand 
Ja  dernière  jeune  personne  est  restée  seule, 
le  grand  rond  l'entoure  et  le  jeu  finit. 

1er  rond. 

Ah  !  mon  beau  château, 
Ma  tant'  tire,  lire,  lire. 

Ah  !  mon  beau  château. 
Ma  tant'  tire,  lire,  lo. 

"2«  ROND. 

Le  nôtre  est  plus  beau. 
Ma  tant'  tire,  lire,  lire. 

Le  nôtre  est  plus  beau. 
Ma  tant'  tire,  lire,  lo. 

1er  roxd. 

Nous  le  détruirons. 
Ma  tant'  tire  lire,  lire. 

Nous  le  détruirons. 
Ma  tant"  tire,  lire,  lo. 

2e   KONI). 

LaquelT  prendrez-vous? 
Ma  tant'  tire,  lire,  lire, 

Laquell'  prendrez-vous? 
Ma  tant'  tire,  lire,lo. 

1er  ROND. 
'En  montrant  une  jeune  fille.) 

Telle  que  voici, 
Mm  tant*  tire,  lire,  lire, 


Celle  que  voici, 
Ma  tant'  tire,  lire,  lo. 

2e  ROND. 

Que  lui  clonn'rez-vous  ? 
Ma  tant'  tire,  lire,  lire, 

Que  lui  donn'rez-vous? 
Ma  tant'  tire,  lire,  lo. 

1er  rond. 

De  jolis  bijoux, 
Ma  tant'  tire,  lire,  lire, 

De  jolis  bijoux, 
Ma  tant'  tire,  lire,  lo. 

2e  ROND. 

Nous  en  voulons  bien, 
Ma  tant'  tire,  lire,  lire, 

Nous  en  voulons  bien. 
Ma  tant'  tire,  lire,  lo. 


LA  TOUR,  PRENDS  GARDE 


Deux  jeunes  tilles  figurent  la  Tour,  elles 
se  tiennent  par  la  main. 

Le  duc  est  assis,  son  filsest  près  de  lui; 
il  est  entouré  de  ses  gardes. 

Le  colonel  et  le  capitaine  se  promènent 
devant  la  Tour,  en  chantant  t 

LE  CAPITAINE  ET  LE  COLONEL. 


La  Tour,  prends  garde 
De  te  laisser  abattre. 


LA  TOUR. 


Nous  n'avons  garde 
De  nous  laisser  abattre. 


Ibis.) 


bis  ; 


6ti 


LE  COLONEL. 


J'irai  me  plaindre 
Au  duque  de  Bourbon. 


LA  TOUR. 


CHANSONS     l'OPI  LAIRES 

LES  OFFICIERS  ET  LE  GARDE,  revenant  au  «lue. 

Mon  duc,  mon  prince,       [bis.) 
Je  viens  à  vos  genoux. 

le  une. 


Va-t'en  te  plaindre 
Au  duque  de  Bourbon. 


(bis. 


,E  COLONEL  ET  LE  CAPITAINE;    mettant  un 
genoux  en  terre  devant  le  duc. 

Mon  duc,  mon  prince,        (pf*0 
Je  \iens  me  plaindre  à  vous. 

LE  DUC. 

Mon  capitaine,  mou  colonelle,     {bis.) 
Que  me  demandez-vous? 

LE   COLONEL    ET   LE   CAPITAINE. 

Un  de  vos  gardes,  (bis.) 

Pour  abattre  la  Tour. 

LE   DUC,  à  un  des  gardes. 

Allez,  mou  garde,      (bis.) 
Pour  abattre  la  Tour. 


Le  garde  se  joint  auj  deux  officier^  qu'il 
sait,  et  l'on  marche  autour  de  la  Tour,  en 
chantant  : 


La  Tour,  prends  garde    (bis,) 

De  te  laisser  abattre. 


us  ii  avons  garde      bis.) 
De  nous  lai    et  ab  titre 


Mon  capitaine,  mon  colonelle. 
Que  me  demandez-vous? 

LES  OFFICIERS  ET  LES  GARDES. 

Deux  de  vos  gardes,     (bis.) 
Pour  abattre  la  tour. 

Le  même  jeu  recommence,  eu  deme.inl.int 
trois,  quatre,  six  gardes,  selon  le  nombre 
des  joueurs.  On  continue  la  marche,  et 
quand  le  duc  n'a  plus  de  gardes  à  donner, 
on  revient  à  lui  : 

LES  OFFICIERS  ET  LES  GARDES. 

Mon  duc,  mon  prince,     (6w.N 
Je  viens  a  vos  genoux. 

LE    DUC. 

Mon  capitaine,  mon  colonelle,  (bis.) 
Que  me  demandez-vous? 

i.i>  01  ik  uns  kt  i.i>  CABDBB. 

\  otre  cher  fisse,         bis.) 
Tour  abattre  la  Tour. 


Allez,  mon  fisse,       (bis.) 
Pour  abAttM  la  Tour. 

La  Tour  refusant  de  se  Laisser  abattra; 

la  troupe  r<'\  i <•  ii  1  i  l  'lit  : 

Voir.'  présence.  bis.) 

Pour  abattre  la  Tour. 


y  //////■  ><•».>/«/«"«'*.,,/ 1 


"s/,- 


0^y/v 


LE    PETAT  MAfôQ 


^  £zstcut&Pas-u 


l:o\m;s  t:\F.\vn\i  K. 


LE  DUC. 

Je  vais  moi-même 
Pour  abattre  la  Tour. 


[bis.) 


Le  duc  se  met  à  la  tète  de  ses  gardes,  il 
cherche  à  pénétrer  dans  la  Tour,  en  for- 
çant les  deux  jeunes  filles  à  séparer  leurs 
bras;  chacune  essaie  l'une  après  l'autre,  et 
celle  qui  parvient  à  abattre  la  Tourest  pro- 
clamée duc  à  la  place  de  l'autre. 


LE    FURET  DV  BOLS  .1 0  M 


11  court,  il  court,  le  furet, 
Le  furet  du  bois,  mesdames: 
11  court,  il  court,  le  furet, 
Le  furet  du  bois  joli. 

11  a  passé  par  ici, 

Le  furet  du  bois,  mesdames; 

11  a  passé  par  ici, 

Le  furet  du  bois  joli. 

U  court,  il  court,  le  furet, 
Le  furet  du  bois,' mesdames  ; 
Il  court,  il  court,  le  furet, 
Le  furet  du  bois  joli. 


LE  PETIT   MARI 


Mon  père  m'a  donné  un  mari, 

-M un  Dieu!  quel  homme, 

Quel  petit  homme. 
Mon  père  m'a  donné  un  mari, 

•Mon  Dieu!  quel  homme, 

Qu'il  est  petit! 

D'une  feuille  on  fit  son  habit  ; 
Mon  Dieu!  quel  homme, 


Quel  petit  homme." 
D'une  feuille  on  fit  son  habit, 
Mon  Dieu!  quel  homme, 
Qu'il  est  petit! 

Le  chai  l'a  pris  pour  un'  souris, 

Mon  Dieu  !  quel  homme, 

Quel  petit  homme. 
Le  chat  l'a  pris  pour  un'  souris, 

3Ion  Dieu  !  quel  homme, 

Qu'il  est  petit  ! 

Au  chat!  au  chat  !  c'est  mon  mari, 

Mon  Dieu!  quel  homme, 

Quel  petit  homme. 
Au  chat  !  au  chat  !  c'est  mon  mari, 

Mon  Dieu!  quel  homme. 

Qu'il  est  petit  ! 

Je  le  couchai  dedans  mon  lit, 

Mon  Dieu  !  quel  homme, 

Quel  petit  homme. 
Je  le  couchai  dedans  mon  lit, 

Mon  Dieu!  quel  homme, 

Qu'il  est  petit! 

De  mon  lacet  je  le  couvris, 

Mon  Dieu  !  quel  homme, 

Quel  petit  homme. 
De  mon  lacet  je  le  couvris, 

Mon  Dieu  !  quel  homme, 

Qu'il  est  petit! 

Le  feu  à  la  paillasse  a  pris. 

Mon  Dieu  !  quel  homme, 

Quel  petit  homme. 
Le  feu  à  la  paillasse  a  pris, 

Mon  Dieu!  quel  homme, 

Qu'il  est  petit! 

Mon  peiit  mari  fut  rôti, 

Mon  Dieu  !  quel  homme, 

Quel  petit  homme. 
Mon  petit  mari  fut  rôti, 

Mon  Dieu  1  miel  homme, 

Qu'il  est  petit  J 


(il  \\so\s   l'oi'i  r.\n:i  s 


Pour  me  consoler,  je  me  dis  : 
Mon  Dieu !  quel  homme, 
Quel  petit  homme. 

Pour  me  consoler,  je  me  dis  : 
Mon  Dieu  !  quel  homme. 
Qu'il  est  pelit  ! 


PERRETTE  ET  LE  POT  AU  MIT. 


El  plus  (1ère  encor 

De  son  trésor 

L'innocente  laitière 

Comptait,  recomptait 

La  somme  entière, 

Et  tout  bas  répétait  : 

Pour  moi,  mon  Dieu!  quelle  fêle  ! 

Car  je  liens  là  sur  ma  tète 
Tout  cet  argent  mignon, 
Bon  bon  bon  bon  bon  bon, 

La  la  la  la  lai 


1846. 

Innocente  cl  gracieuse, 
Tant  joyeuse, 
1  an i  rieuse, 
Pcrrelte  un  jour  s'en  allait 
Au  marché  porter  son  lait  : 
Mais  en  marchant  l'étourdie 
Si  jolie, 
Si  fleurie, 
A  son  lait  pensant  hélas  ' 
De  plaisir  sautait  tout  bas. 

Puis  chemin  faisant, 

En  de\  isant, 

La  petite  follette 

Comptait  Le  montant 

De  sa  recette, 
VA  s'en  allai)  ch  inlanl  : 
Pour  moi,  mon  Dieu  !  quelle  fêle  ' 
Car  je  liens  là  sur  ma  tête 
Toul  cel  ai  genl  mignon, 
Bon  bon  bon  bon  bon  bon, 

La  !..  La  la  lai 

Je  veux  avec  ma  recette, 

Dit  Perrette, 

Faire  empl  itte 

D'un  mouchoir  de  crê] mbré, 

El  liin  beau  ruban  moiré  ; 
Je  veux  qu'allant  à  l'église 

S   bien  mise, 

Chacun  dise  : 
Que  pour  le  bon  Dieu  toujours 
Je  mets  mes  plus  beaux  atours. 


Mais  dans  sa  joie  imprudente 
La  charmante 
Danse  el  chaule, 
Puis  tombant  dans  un  fossé, 
Tout  s<m  lait  fui  renversé!... 
Adieu,  ma  pauvre  Perrette, 
Ma  toilette 
Si  coquette, 
D'un  rêve  aussi  plein  d'appas 
Le  réveil  vient  d'un  faux  pas... 
Puis  tout  en  pleurant, 
La  pauvre  enfant, 
Retournant  au  village. 
S'en  allait  disant  : 
Dieu  '  quel  dommage  ! 
Ah!  j'en  mourrai  vraiment  I 
Pour  moi  c'était  une  fête  ! 
.1  avais  L'argent  sur  ma  tête  ' 
Maudit  soit  du  faux  pas  ' 
Ah!  ah!  ah!  ah!  ah! 


D'après  ee  bon  La  Fontaine, 

Châtelaine 

Et  vilaine 
i  Minaii i  par  les  prés  en  fleurs, 
En  tombant  versaient  des  pleurs. 
Ainsi  la  pa  ivre  Perrette, 

La  fillette 

Jolietle, 
En  pleurant  toul  son  trésor 
ni  ses  rêves  d'or... 

Mais  soudain  Lucas 

Lui  dit  tout  bas  : 

Perrette  si  jolie, 


•  l'.i  i .i  t  lils  itn  ■.  rue 


(  «1  ) 

BONDES    ENFANTINES. 


m 


Oh  !  ne  pleure  pas  ; 

Et  je  t'en  prie, 
Que  mon  bien  soit  le  tien... 
Bientôt  la  jeune  laitière, 
D'un  tel  amour  toute  fière, 
S'unit  au  bon  Lucas, 

La  la  la  la  la  la  la  la  ! 

Adolphe  Porte. 

La  musique,  de  Célestiu  Petit,  arrangée  par 
M.  Etienne  Arnaud,  se  trouve,  à  Paris,  chez  M .  Heu- 
gel,  éditeur,  2  bis,  rue  Vivienne. 


LA  PETITE   BERGERE. 


-1846. 

Il  était  naguère 
Un  roi  de  Bavière, 

Toujours  suivi 

D'un  sombre  ennui, 
Que  rien  ne  pouvait  distraire  : 
Un  jour  sous  l'ombrage, 
Seul  avec  son  page, 

11  écoutait 

Dans  la  forêt 
Une  voix  qui  chantait... 

Que.  est,  dit-il,  près  de  nous  ce  doux  chant  de  fauvette  ! 
—  S>ire,  en  ces  lieux,  je  ne  vois  rien  qu*une  bergerette. 

La  fauvette,  elle  est  là  ! 
C'est  Agnèle  la  bergère, 
Qui  se  croit  solitaire. 
Regardez...  la  voilà.     |   ,. .  , 
Ah!  ah!  h6î5') 

Et  lerui  se  troubla! 

Un  jour,  chez  Agnèle 
On  porta  dentelle, 

Manteau  brillant, 

Souliers  d'argent, 
Car  à  la  cour  on  l'appelle  : 
—  Petite  bergère, 
Ta  voix  sait  me  plaire; 

Chante  pour  moi, 


Lui  dit  le  roi, 
Mes  trésors  sont  à  toi  ! 

—  Tous  vos  trésors,  dit  Agnèle,  ne  me  touchent  guère  ; 
Mais  cependant,  Sire,  je  vais  chanter  pour  vous  plaire. 

Fuis  Agnèle  chanta, 
De  sa  voix  si  légère, 
Son  doux  chant  de  bergère, 
Son  doux  chant  que  voilà  ! 

Ah  !  ah  ! 
Et  la  cour  l'admira. 

Ah  !  ah  ! 
Et  le  roi  soupira  ! 

A  présent  Agnèle 
A  montré  son  zèle  ; 

Sire,  ô  mon  roi, 

Permettez-moi 
De  vous  quitter,  lui  dit-elle. 
—  Non,  ta  voix  touchante 
Me  calme  et  m'enchante, 

De  mon  palais, 

Je  te  promets, 
Tu  ne  fuiras  jamais!... 
Puis  celadit,  il  la  fit  monter  jusqu'à  son  trône, 
I  Et,  devant  tous,  sur  la  tête  il  lui  mit  sa  couronne, 
Et  depuis  ce  jour-là 
La  petite  bergère 
Fut  la  reine  de  Bavière, 
Pas  plus  fière  pour  cela. 

Ah!  ah! 
Toujours  elle  chanta. 

Ah  !  ah  ! 
Le  conte  finit  là! 

Gustave  I  emolue. 

La  musique,  de  Mlle  Loïsa  Puget,se  trouve  chez 
M.  Heugel,  éditeur,  rue  "Vivienne,  2  bis. 


LE  CHEVALIER  DU   ROI, 


Qu'est-ce  qui  passe  ici  si  tard, 
Compagnons  de  la  marjolaine? 
Qu'est-ce  qui  passe  ici  si  tard, 
Dessur  le  quai? 


il—  il 


(  **  ) 

CHANSONS    POPl  LAIRES 


C'est  le  chevalier  du  roi. 
Compagnons  de  la  marjolaine, 

C'est  le  chevalier  du  roi, 
Dessur  le  quai. 

Que  demande  le  chevalier, 
Compagnons  de  la  marjolaine? 
Que  demande  le  chevalier, 
Dessur  le  quai  ? 

Une  fille  à  marier. 
Compagnons  de  la  marjolaine, 
\'\)o  fille  à  marier, 
Dessur  le  quai. 

N'y  a  pas  d'  fille  à  marier, 
Compagnons  de  la  marjolaine, 
N'y  a  pas  d'  fille  à  marier, 
Dessur  le  quai. 

On  m'a  dit  qu'  vous  en  aviez, 
Compagnons  de  la  marjolaine, 
On  m'a  dit  qu'  vous  en  aviez, 
Dessur  le  quai. 

Ceux  qui  l'ont  dit  s'  sont  trompés, 
Compagnons  de  la  marjolaine, 
Ceux  qui  l'ont  dit  s'  sont  trompés, 
Dessur  le  quai. 

Je  veux  que  vous  m'en  donniez, 
Compagnons  de  la  marjolaine, 
Je  veux  que  vous  m'en  donniez, 
Dessur  le  quai. 

Furies  onze  heurs  repassez, 
Compagnons  de  la  marjolaine, 
Sur  les  onze  lieu r'.-  i 
Dessur  le  quai. 

mze  béur.'s  sont  bien  passées, 
Compagnons  de  la  marjolaine, 
l      onze  heur's  Boni  bi  a  passées, 

.r  le  quui. 

Sur  les  minuit  revenez, 
Compagnons  de  la  marjolaine, 


Sur  les  minuit  revenez, 
Dessur  le  qua.. 

Voilà  les  minuit  sonnégj 
Compagnons  de  la  marjolaine. 
Voilà  les  minuit  sonnés, 
Dessur  le  quai. 

Mais  nos  filles  sont  couchées. 
Compagnons  de  la  marjolaine, 
Mais  nos  filles  sont  couchées, 
Dessur  le  quai. 

Kn  esl-il  un'  d'éveillée. 
Compagnons  de  la  marjolaine? 
En  est-il  un'  d'éveillée. 
Dessur  le  quai  ? 

Qu'cst-c'  que  vous  lui  donnerez, 
Compagnons  de  la  marjolaine'' 
Qu'esl-c'  que  vous  lui  donnerez, 
Dessur  le  quai? 

De  l'or,  des  bijOUX  assez, 
Compagnons  de  la  marjolaine, 
Pe  l'or,  ^]f>  bijoux  assez, 

Dessur  le  quai. 

Elle  n'est  pas  intéressée, 
Compagnons  de  la  marjolaine, 
Elle  n'esl  pas  intéressée, 
Dessur  le  quai. 

Mon  cœur  je  lui  donnerai, 
Compagnons  de  la  marjolaine, 

Mon  cœur  je  lui  donnerai; 
Dessur  le  quai. 

En  ce  cas-là  choisissez, 
Compagnons  de  là  marjolaine 
En  ce  cas  là  choisissez, 
Dessur  !<•  quai. 

— •+»»< — 


;  s»  ) 

10NDES  ENFANTINES. 


RIQUET  A  LA   HOUPPE. 

1846. 
AIR  .  Cadet  Roussel  est  bon  enfant. 

Il  était  un'  reine  et  un  roi 
Logeant  sus  1'  merci'  carré  que  moi  ; 
Ils  eur'nt  un  fils  si  laid,  si  laid, 
Ou'  c'était  un  affreux  marmouzet. 
On  l'app'lait  Riquet  à  la  Houppe, 
A  cause  d'un  p'tit  bouquet  d'étoupe 

Qui  lui  servait  d'  toupet  ; 
lien  avait  plus  qu'on  n'  croyait. 

Y  s'  trouvait  là,  quand  il  naquit, 
Mam'sell'  Lenormand,  qui  leur  dit  : 

—  Je  vois  qu'  ce  raôrn'  est  très  vilain, 
Mais  qu'il  aura  d'  l'esprit  tout  plein  ; 
A  cell'  qui  d'viendra  son  épouse, 

Ce  garçon-là,  coram'  un'  ventouse, 

S'il  veut,  lui  soufflera 
Autant  d'esprit  qu'il  en  aura. 

Or,  par  hasard,  dans  la  mèm'  nuit 

Où  cet  affreux  Riquet  naquit, 

Un  magnifiqu'  tambour-major, 

Qui  demeurait  dans  1'  collidor, 

Devint  papa  d'un'  demoiselle, 

Qu'était  belle,  oh!  mais  qu'était  belle!... 

Rien  qu'  pour  l'envisager, 
On  s'  s'rait  passé  d'  boire  et  d'  manger. 

Y  s' trouvait  là,  quand  ell'  naquit, 
Mam'sell'  Lenormand,  qui  leur  dit  : 

—  Voir'  fille  est  bell",  ça  s'  voit  beaucoup, 
Mais  ell'  sera  bel'  comme  un  chou  ; 
Mais,  à  son  époux,  chose  heureuse, 

Un  jour,  sans  être  blanchisseuse, 

Je  vois  qu'ell'  repass'ra 
Autant  d'  beauté  qu'elle  en  aura. 

Ces  galopins  grandir'nt  tous  deux, 
Au  moyen  de  nourries  sur  lieux  ; 
Riquet  enlaidissait  toujouis, 
Mais  il  faisait  dos  calembourgs. 


La  p'tite  embellissait  sans  cesse, 

Mais  raisonnait  comme  un'  gross'  caisse, 

Puis,  ell'  faisait  des  cuirs 
Dans  tous  ses  moments  de  loisirs. 

Allant,  un  jour,  chercher  du  lait, 
Eh"  tomba  juste  sur  Riquet, 
Qui  lui  dit,  avec  à-propos  : 

—  Mam'sell',  mettez-moi  dans  vot'  pot, 
Ça  vous  évit'ra  de  descendre. 
Car  je  suis  laid...  à  vous  en  r'vendre, 

D'ailleurs,  il  m'  s'rait  bien' doux, 
Mademoisell',  d'être  bu  par  vous. 

Eh"  lui  répond  :  —  J'entends  pas  l' grec, 
Je  n'  sais  rien  et  j'  suis  bête  avec. 

—  J'  peux  vous  donner,  qu'  Riquet  lui  dit, 
Plusieurs  boisseaux  de  mon  esprit  : 
Jurez-moi  d'êlr'  ma  légitime, 
Et  prenez  mon  esprit  comm'  prime, 

J'  vous  donne,  avant  d'  choisir, 
Quarant'-cinq  ans  pour  réfléchir. 

Pensez  qu'  dans  ces  quarant'-cinq  ans 
Y  s'  présenta  beaucoup  d'  galants; 
Son  pèr'  lui  dit  :  prends-en  donc  un  ; 
Elle  penchait  pour  un  beau  brun. 
Quand  Riquet,  qu'avait  d' la  mémoire, 
Arrive  et  lui  dit  :  j'aime  à  croire, 

Qu'  vous  avez  fait  vot'  choix  ! 
EU'  lui  dit  •  c'est  pas  toi,  chinois  1 

—  Convenez-en,  pour  mon  époux, 
Puis-je  prendre  un  magot  comm'  vous? 
Ça  s'rait  prêter,  mon  p'tit  Riquet, 
Votre  esprit  à  gros  intérêt  ! 
— Ah  !  si  n' faut  qu'êtr' beau  pour  vous  plaire, 
Lui  dit  Riquet,  votre  no.aire 

M'a  dit  qu'  vous  aviez  1'  don 
De  me  changer  en  Cupidon. 

Comme  il  y  avait  donné  d'  l'esprit, 
Aussi  beau  qu'ell'  elle  le  rendit  I 
Le  roi-z-et  le  tambour-major 
Fir'nt  h:  r'pas  d'  noc'  dans  I'  collidor 


(  «4  ) 

CHANSONS    POPULAIRES 


On  y  dansa  la  boulangère, 
Si  bien  que  le  propriétaire 

Leur  dit  :  je  n'  veux  plus  d'  vous. 
Envoya  coucber  les  époux. 


MORALITK. 

Ça  prouv'  qu'on  peut  êtr*  bête  ou  laid, 
Sans  l'être  autant  qu'on  le  paraît; 
Reste  à  savoir  lequel  des  deux 
D'  l'être  ou  de  I'  paraître  vaut  mieux. 
L'amour,  qui  n'  porte  pas  d'  lunettes, 
Ne  vous  voit  pas  tel  que  vous  êtes, 

Et,  grâce  à  son  bougeoir, 
Cbacuu  a  sa  manier'  de  voir. 

Charles  Delanoë. 


La  musique,  arrangée  par  M.  Charles  Plantade, 
se  trouve  chez  MM.  Meissoniûeret  fils,  éditeurs,  22, 
r"e  Dauphine,  à  Paris,  «.lie  se  trouve  également 
hrtée  au  N,  658  de  la  Clé  du  Caveau. 


CÉCILIA. 


Mon  pèr' n'avait  d'enfant  que  moi,    {bis.) 
Dessus  la  mer  il  m'envoya, 
Sautez,  mignonne, 
Cécilia, 
Ali  1  ah!  Cécilia. 

Dessus  la  mer  il  m'envoya,  [bis.) 

Le  batelier  qui  me  pat 
Sautez,  mi. nonne, 
ilia. 
Ah  !  ali!  Cécilia. 

Le  batelier  qui  me  passa, 
.Me  dit  :  il  faut  pajrttr  pQÈi  ça, 
Sautez,  mignonne, 
lia, 
Ab  '  ab  !  Cécilia. 


Me  dit  :  il  faut  payer  pour  ça.      [bis.) 

—  Mais  je  n'ai  pas  d'argent  sur  moi, 

Sautez,  mignonne, 
Cécilia, 
Ah  !  ah  I  Cécilia. 

Mais  je  n'ai  pas  d'argent  sur  moi.  (bis.) 

—  Pour  un'  chanson  l'on  vous  pass'ra, 

Sautez,  mignonne, 
Cécilia, 
Ah!  ahl  Cécilia. 

Pour  un'  chanson  l'on  vous  pass'ra.  (bis.) 

—  Ecoutez  donc  cette  chanson-là, 

Saulez,  mignonne, 

Cécilia, 
Ah!  ah!  Cécilia. 

Ecoutez  donc  cette  chanson-là, 
Que  chantent  les  oiseaux  du  bois, 
Sautez,  mignonne, 
Cécilia, 
Ah!  ah!  Cécilia. 

Que  chantent  les  oiseaux  du  bois, 
Qui  dans  leur  langage  joli, 

Sautez,  mignonne, 
Cécilia, 

Ah!  ah  !  Cécilia. 

Qui  dans  leur  langage  joli, 
Dis'nt  que  les  garçons  n'  valent  rien, 
Saulez,  mignonne, 

Cécilia, 
Ah  l  ah!  Cécilia. 


Dis'nt  que  les  garçons  n'  valent  rien, 
El  les  hommes  encor  bien  moins, 
Sautez,  mignonne, 
Cécilia, 

Ah  !  ah!  Cécilia. 


Et  les  houinies  encorbien  moins, 
Pou*  les  femme   le  n'en  dis  rien. 


—  Iiiii.riinrrïr  '.If  Pille?  litsntné,  r.-.v  ■!.•    r.r.iruN-Aiia   -iin>,  :,. 


m  Un  es 


Sautez,  mignonne, 
Cécilia, 
Ah!  ah!  Cécilia. 

Pour  les  femmes  je  n'en  dis  rien, 
Pour  les  d'moiselî's  j'en  dis  du  bien, 
Sautez,  mignonne, 
Cécilia, 
Ah  !  ah!  Cécilia. 


LA   MARGUERITE. 

Une  jeune  fille  se  met  à  genoux,  plusieurs 
autres  l'entourent  et  élèvent  sa  robe  au-des- 
sus de  sa  tête;  ce  qui  forme  une  espèce  de 
tour. 

Unp  autre  enfant,  représentant  le  franc 
cavalier,  s'avance  en  chantant  : 

Où  est  la  Marguerite? 
Ho  gai  !  ho  gai!  ho  gai! 
Où  est  la  Marguerite? 
Ho  gai'  franc  cavalier. 

LE  GROUPE  LUI   RÉPOND. 

Elle  est  dans  son  château, 
Ho  gai!  ho  gai!  ho  gai! 
Elle  est  dans  son  château, 
Ho  gai  !  franc  cavalier. 

LE   CAVALIEH. 

Ne  peut -on  pas  la  voir? 
Ho  gai!  ho  gai!  ho  gai! 
Ne  peut-on  pas  la  voir? 
Ho  gai  !  franc  cavalier. 

LE  GROUPE. 

Les  murs  en  sont  trop  hauts. 
Ho  gail  ho  gai!  ho  gai! 


Les  murs  en  sunt  trop  hauts. 
Ho  gai!  franc  cavalier. 


LE    CAVALIER. 

Ici  le  cavalier  emporte  une  jeune  fille  du 
groupe. 

LE   GROUPE. 

Une  pierre  ne  suffit  pas, 
Ho  gai  !  ho  gai  !  ho  gai  ! 
Une  pierre  ne  suffit  pas, 
Ho  gai!  franc  cavalier. 

LE  CAVALIER. 

J'en  abattrai  deux  pierres, 
Ho  gai  !  ho  gai  !  ho  gai  ! 
J'en  abattrai  deux  pierres, 
Ho  gai  !  franc  cavalier. 

Il  emmène  encore  une  autre  personne  du 
groupe. 

LE  GROUPE. 

Deux  pierres  ne  suffis'nt  pas, 
Ho  gai!  ho  gai!  ho  gai! 
Deux  pierres  ne  suffis'nt  pas, 
Ho  gai  !  franc  cavalier. 

LE    CAVALIER. 

J'en  abattrai  trois  pierres, 
Ho  gai  !  ho  gai  !  ho  gai  ! 
J'en  abaltrai  trois  pierres, 
Ho  gai   franc  cavalier. 

Même  jeu  et  même  réponse,  qui  se  con- 
tinue jusqu'à  ce  que  l'on  ait  emmené  toutes 
les  jeunes  filles  qui  tenaient  en  l'air  la  robe 
de  Marguerite,  celle  qui  reste  la  dernière 
la  tient  à  elle  seule  et  fermée  au-dessus  de 
la  tête  de  la  jeune  lille. 


T.  II.  -  1-2. 


74 


CHANSONS  POPULAIRE?. 


LE  CAVALIEB  SANS  CHANTER. 

Qu'est-ce  qu'il  y  a  là  dedans? 


REPONSE. 


Un  petit  paquet  de  linge  à  blanchir. 


l,E  ^AVALIEK. 


e  vais  chercher  m  on  petit  couteau  pour  le  coupei 

La  jeune  fille  lâche  la  robe  qui  laisse  à 
découvert  la  Marguerite,  celle-ci  se  lève 
ei  s'enfuit,  lesjeunes  filles  courent  après 
elle,  et  le  jeu  finit. 


GENTIL    COQUELICOT. 


J'ai  descendu  dans  mon  jardin, 
J'ai  descendu  dans  mon  jardin, 
Pour  y  cueillir  du  romarin; 
Gentil  coquelicot, 

Mesdames, 
Gentil  coquelicot 
Nouveau. 


Pour  y  cueillir  du  romarin, 
Pour  y  cueillir  du  romarin  ; 
j  n'en  avais  pas  cueilli  trois  brins  ; 
Gentil  coquelicot, 
Mesdames, 
util  coquelicot 
Nouveau. 


j'  n'en  avals  pas  cueilli  Irois  brins, 
j  im'ii  avais  pas  cueilli  trois  brins, 
Qu'an  rossignol  vient  sur  ma  main; 


Gentil  coquelicot, 

Mesdames, 
Gentil  coquelicot 

Nouveau. 

Qu'un  rossignol  vient  sur  ma  main, 
Qu'un  rossignol  vient  sur  ma  main, 
Il  me  dit  trois  mots  en  latin; 
Gentil  coquelicot, 

Mesdames, 
Gentil  coquelicot 
Nouveau. 

Il  me  dit  trois  mots  en  latin, 
11  me  dit  trois  mots  en  latin, 
Que  les  hommes  ne  valent  rien, 
Gentil  coquelicot, 

Mesdames, 
Gentil  coquelicot 
Nouveau. 

Que  les  hommes  ne  valent  rien, 
Que  les  hommes  ne  valent  rien, 
Kt  les  garçons  encor  bien  moins; 
Gentil  coquelicot, 

Mesdames, 
Gentil  coquelicot 
Nouveau. 

Et  les  garçons  encor  bien  moins, 
Et  les  garçons  encor  bien  moins  ; 
Des  dames  il  ne  me  dit  rien  ; 
Gentil  coquelicot, 

Mesdames, 
Gentil  coquelicot 
Nouveau. 

Des  dames  il  ne  me  dit  rien, 
Des  dames  il  ne  me  dit  rien; 
.Mais  des  d'moiselles  beaucoup  de  bien; 
Gentil  coquelicot, 

Mesdames, 
Gentil  coquelicot 
Nouveau. 


MONDES    ENFANTINES. 


LE  LOUP  ET  L'AGNEAU. 


1845. 

Un  agneau,  nous  dit-on,  ayant  mangé  beaucoup, 
Dans  un  ruisseau  filtré  buvait  un  petit  coup;     - 
Monsieur  de  la  Fontain'  n'a  pas  trop  dit  pourquoi, 
Mais  j'ai  toujours  pensé  qu'  c'est  parc'qu'il  avait  soif. 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la, 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la, 
Sur  l'air  du  tra  déri,  déra,  tra  la  la. 

Survint  messire  loup  avec  un'  faim  de  chien, 
N'ayant  rien  dans  F  gousset  et  dans  le  ventre  rien; 
Pour  surcroît  d'appétit  en  venant  il  avait 
Passé  devant  Véfour,  et  renifflé  Chevet. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Pendant  que  faut'  de  mieux  il  se  désaltérait, 
Il  vit  plus  bas  l'agneau  qui  tranquill'ment  buvait, 
Lorgnant  notre  innocent,  y  s' dit  :  foi  d'animal  ! 
Sij'croquais  c' gaillard-là  je  n'en  frais  pas  plus  mal. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 


C'est  alors  qu'il  lui  dit,  tout  rouge  de  fureur  : 
On  élèv'  la  jeuness'  aujourd'hui  qu'  ça  fait  peur, 
Dans  l'onde  que  je  bois,  comment,  p'tit  galopin, 
Pour  m'donner  mal  au  cœurvous  vous  lavez  les  mains 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Mais  cet  agneau  vraiment  était  pétri  d'esprit; 
Au  dernier  grand  concours,  il  avait  eu  l'grand  prix  ; 
11  dit  sans  hésiter  :  Seigneur,  je  suis  en  bas, 
Et  puisque  l'eau  descend,  c'est  qu'ell'ne  monté  pas. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 


Du  rest',  reprit  le  loup,  je  sais  que  d'puis  deux  ans 
Sur  ma  femme  et  sur  moi  vous  faites  des  cancans; 
Je  suis  de  mauvais'  mœurs, dit' s-vous  dans  le  quartier 
Votre  femm'  de  ménag'  l'a  dit  à  mon  portier. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 


Je  me  souviens  encor,  dit-il  plus  en  courroux, 
Que  d'  vingt  assassinats  vousm'accusàt's,  vous, 
Pour  pièc'  de  conviction,  vous  portàt's  contre  moi 
Deux  ou  trois  os  rongés  chez  1'  procureur  du  roi. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 


L'agneau  crut  s'  disculper  en  disant  aussitôt: 
M.'tis  je  n'étais  pas  né!  — Ce  fut  un  fâcheux  mot. 
— Pas  né,  cria  le  loup,  ah!  tu  n'étais  pas  né? 
Ce  sont  tes  côtelett's  que  j'  vais  manger  panées. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Ce  plaisant  jeu  de  mots  était  à  peine  dit, 
Qu'il  emporta  l'agneau  dans  la  forêt  d'  Bond  y  : 
Et  tout  ce  que  j'ai  su  c'est  qu'  quand  il  eut  fini, 
Uvintprendr'  sa  d'mi-tasseau  café  Tortoni. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

MORALE. 

Toute  fable,  dit-on,  cache  une  vérité; 
La  morale  de  cell'-ci  je  vais  vous  la  conter  : 
C'est  que  lorsqu'on  est  fort  on  a  toujours  raison, 
Et  qu'on  a  toujours  tort  de  n'  pas  avoir  raison. 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la, 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la, 
Sur  l'air  du  tra  déri,  déra,  tra  la  la. 

!..   Fort  oui. 


PROMENONS-NOUS  DANS  LES  BOIS 


Une  des  personnes  qui  doivent  jouer  fait 
le  rôle  du  loup,  une  autre  fait  celui  de  la 
biche,  toutes  les  autres,  se  tenant  par  la 
robe,  font  la  queue  de  la  biche. 

Le  loup  va  se  cacher ,  et  tout  le  monde 
ebante  plusieurs  fois,  en  se  promenant. 

Promenons-nous  dans  les  bois, 
Pendant  que  le  loup  n'y  est  pas. 

LA  BICHE. 


[Parlé.)  Loup,  loup,  y  es-tu?. 


LE   LOUÏ-. 


Non... 


76 


CHA.NSOiNS  ^POPULAIRES 


TOUT  LE  MONDE. 


(Chanté.)  Promenons-nous  dans  les  bois 
Pendant  que  le  loup  n'y  est  pas. 


LA    BICHE. 


I Parlé.)  Loup,  loup,  y  es-tu? 


Oui. 


LE   LOI!" 


LA    BICHE. 


Sauvons-nous. 


LE    LOUP. 

Je  suis  loup,  loup,  qui  te  mangera. 

LA   BICHE. 

Je  suis  bibiche  qui  me  défendra. 

LE   LOUP. 

Défends  ta  queue. 

Celle  qui  fait  la  biche  empêche  le  loup 
de  passer  en  étendant  ses  bras;  et  celui 
ou  celle  qui  fait  la  biche  tâche  d'attraper 
la  dernière  personne  ;  quand  elleyaréussi, 
cette  dernier"  p  i-mme  est  séparée  de  la 
queue,  el  quand  le  loup  les  a  toutes  prises, 
le  jeu  finit. 


BIRON. 


Quand  Biron  voulut  danser. 
onlien  fit  apporter; 

Ses  souliers  tout  ronds, 
Vous  danserez,  Biron. 


(6m.) 


Quand  Biron  voulut  danser, 
Sa  perruqu'  fit  apporter, 
Sa  perruque 
A  la  turque; 
Ses  souliers  tout  ronds, 
Vous  danserez,  Biron. 


Ses  manchettes 
Porl  bien  faites, 

Sa  culotte 
A  la  mode, 


(6is.) 
(6m.i 


Quand  Biron  voulut  danse'/, 

(bis.) 

Son  habit  fit  apporter, 

(Où.) 

Son  habit 

De  petit  gris, 

Sa  perruque 

A  la  turque, 

Ses  souliers  tout  ronds, 

Vous  danserez,  Biron. 

Quand  Biron  voulut  danser, 

(bis.) 

Sa  veste  fit  apporter, 

(6«.) 

Sa  bell'  veste 

A  paillettes, 

Son  habit 

De  petit  gris, 

Sa  perruque 

A  la  turque, 

Ses  souliers  tout  ronds, 

Vous  danserez,  Biron. 

Quand  Biron  voulut  danser, 

(bis.) 

Sa  culotte  fit  apporter, 

(bis.) 

Sa  culotte 

A  la  mode, 

Sa  bell'  veste 

A  paillettes, 

Snn  habil 

De  pot i t  grii, 

Sa  perruque 

A  la  turque, 

Ses  souliers  t<uit  ronds, 

Vous  danserez,  Biron. 

Quand  Biron  voulut  danser, 

(hi$.) 

manchettes  lit  apporter, 

[bu.) 

RONDES   ENFANTINES. 


Sa  belle  veste 

A  paillettes, 

Son  habit 

De  petit  gris, 

Sa  perruque 

A  la  turque, 
Ses  souliers  tout  ronds, 
Vous  danserez,  Biron. 

Quand  Biron  voulut  danser,        (bis.) 
Son  chapeau  fit  apporter,  [bis.) 

Son  chapeau 

En  clabot, 

Ses  manchettes 

Fort  bien  faites, 

Sa  culotte, 

A  la  mode, 

Sa  bell'  veste 

A  paillettes, 

Son  habit 

De  petit  gris, 

Sa  perruque 

A  la  turque, 
Ses  souliers  tout  ronds, 
Vous  danserez,  Biron. 

Quand  Biron  voulut  danser,        (bis.) 
Son  épée  fit  apporter,  (bis.) 

Son  épée, 

Affilée, 

Son  chapeau 

En  clabot, 

Ses  manchettes 

Fort  bien  faites, 

Sa  culotte 

A  la  mode, 

Sa  bell'  veste 

A  paillettes, 

Son  habit 

De  petit  gris, 

Sa  perruque 

A  la  turque, 
Ses  souliers  tout  ronds, 
Vous  danserez,  Biron. 

Quand  Biron  voulut  danser,        (bis.) 
Son  violon  fit  apporter,  (bis.) 


Son  violon, 

Son  basson 

Son  épée 

Affilée, 

Son  chapeau 

En  clabot. 

Ses  manchettes 

Fort  bien  faites, 

Sa  culotte 

A  la  mode, 

Sa  bell'  veste 

A  paillettes, 

Son  habit 

De  petit  gris, 

Sa  perruque 

A  la  turque, 
Ses  souliers  tout  ronds, 
Vous  danserez,  Biron. 


LE  RENARD  ET  LA  CIGOGNE. 

1845. 

Compère  le  Renard,  un  jour  d'un  petit  mot, 
Invita  la  cigogne  à  la  fortun'  du  pot. 
S'etant  donc  requinquée,  un  soir  ell'  s'y  rendit, 
Kn  suivant  les  boul'varts  pour  gagner  d'  l'appétit, 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la, 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la, 
Sur  l'air  du  tra  déri,  déra,  tra  la  la. 

— Eh  !  bonsoir,  mon  compère,  ma  commère,bonsoir. 
Entrez,  donnez-vous  donc  la  pein'  de  vous  asseoir. 
Merci,  vous  êtes  bien  bon  ;  mais  permettez,  renard, 
Que  je  pose  en  un  coin  messocqu'set  mon  rifflard 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

On  servit  un  mets  clair  et  dans  un  plat  très  grand: 
Le  renard  mangea  tout,  la  cigogne  néant. 
Par  ce  fait  j'ai  vu  que  quelqu'affamé  qu'on  soit, 
Pour  bien  dîner  il  faut  d'abord  avoir  de  quoi. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

— Je  vous  traite  sobrement,  mais  vous  m'excuserez, 
Dit  alors  le  renard,  c'est  dans  votre  intérêt; 


7. s 


CHANSONS     POPULAIKLS 


J'ai  lu  dans  mon  journal  qu'il  règne  on  ce  moment 
Un'  maladi'  do  bôt's  qui  tu'  pas  mal  de  gens. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 


Comprenant  la  malice  en  voyant  le  plat  sec, 
La  cigogn'  fit  un  nez  aussi  long  que  son  bec, 
Et  se  dit  en  sortant  :— Ah!  tu  m'as  mis  dedans! 
Mais  quoique  sans  mâchoir'  je  te  garde  une  dent. 
Sur  l'air  du  Ira,  etc. 

Deux  ou  trois  jours  après  elle  dit  au  renard  : 
D'  l'héritag'  que  j'ai  fait  venez  prendr'  votre  part; 
Un  oie  de  Périgueux,  mion  cousin,  en  mourant, 
Vient  d'  me  laisser  son  foi'  truffé  par  testament. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 


Il  arrive  au  jour  dit  ;  à  la  cuisine  il  court  ; 
Sur  chaqu'  casserolleil  se  pench'  tour-à-tour, 
El  dit  à  la  cigogne  en  s' léchant  le  menton  : 
Cai^r.e  auprès  de  vous  n'était  qu'un  marmiton. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Le  dîner  fut  servi  dans  un  vase  au  long  cou  ; 
Le  renard  n'y  prit  rien,  la  cigogne  y  prit  tout; 
Kl  se  dit  en  riant  de  son  air  consterné  : 
Tu  m'  fis  dîner  par  l'œil,  mais  tu  din's  par  le  nez. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Le  renard  tout  honteux,  sans  se  faire  prier, 
Dit  bonsoir,  et  gagna  la  porte  et  l'escalier. 
I,a  cigogne  le  suivit  en  sifflant  jusqu'au  bas 
L'air  :  J'ai  dubun tabac  et  lu  n'en  auras  pas. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 


MOBALfc. 

Je  tire  de  ceci  double  moralité. 
La  première  estqu'  souvent  te  trompeur  est  trompé. 
La  seconde,  moins  connue,  est  que  toujours  il  faut 
Eviter  le*  dln  rs  a  la  fortun'  du  pot. 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la, 

Sur  l'air  du  Ira  la  la  la, 
Çur  l'air  du  tra  ij-n,  déra,  tra  la  la. 

••         I    Ol    (.Mil. 


MON    VILLAGE. 

VIEILLE     RONDE    NOUVELLE. 
Air  :  //  était  un  chasseur. 

Qu'il  est  beau  mon  village  et  son  riant  coleau, 
Et  ma  chaumière  assise  à  l'ombre  de  l'ormeau. 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  ou, 
Mon  village  avant  tout. 


El  ma  chaumière  assise  à  l'ombre  de  l'ormeau, 
Et  ma  bonne  grand'mère  y  filant  son  fuseau. 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  ou, 
Mon  village  avant  tout. 

Et  ma  bonne  grand'  mère  y  filant  son  fuseau, 
Et  ma  petite  sœur  y  dormant  au  berceau. 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  ou, 
Mon  village  avant  tout. 


Et  ma  petite  sœur  y  dormant  au  berceau, 
Et  le  gros  chien  César  y  fourrant  son  museau. 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  ou, 
Mon  village  avant  tout. 


Et  le  gros  chien  Côsar  y  fourranl  son  museau, 
Et  mouchât  gris  joiiantavecmon  blondmoincau 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  ou, 
Mon  village  avant  tout. 


Etmon  chat  gris  jouant  avec  mon  blondmoincau 
Rien  n'est  si  doux  à  voir  qu'un  si  joli  lableau. 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  OU, 
Mon  village  avant  tout. 


Rien  n'est  si  doux  à  voir  qu'un  si  joli  taolea 
Ma  mère  nous  regarde  à  travers  le  carreau. 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  ou, 

lion  village  avant  tout. 


tlONDES  ENFANTINES. 


7!) 


Ma  meré  nous  regarde  à  travers  le  carreau, 
Comme  un  saule  qui  pleure  au  fond  du  clair  ruisseau 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  ou, 
Mon  village  avant  tout. 

Comme  un  saule  qui  pleure  au  fond  du  clair  ruisseau 
Ou  comme  le  pasteur  regarde  son  troupeau. 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  ou, 
Mon  village  avant  tout. 

Ou  comme  le  pasteur  regarde  son  troupeau 
Broutant  l'herbe  fleurie  et  le  trèfle  nouveau. 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  ou, 
Mon  village  avant  tout/ 

Broutant  l'herbe  fleurie  et  le  trèfle  nouveau, 
La  plus  belle  cité  ne  vaut  pas  mon  hameau. 
Et  Ion,  lan,  la,  lou,  la,  li,  ou, 
Mon  village  avant  tout. 

Edouard  Neveu. 


LA  BONNE  AVENTURE   ENFANTINE. 


L  ENFANT. 

Je  suis  un  petit  poupon 

De  bonne  figure, 
Qui  aime  bien  les  bonbons 

Et  les  confitures  : 
Si  vous  voulez  m'en  donner, 
Je  saurai  bien  les  manger. 
La  bonne  aventure, 

Ohlgail 
La  bonne  aventure. 

LA   MAMAN. 

Lorsque  les  petits  garçons 
Sont  gentils  et  sages, 

On  leur'  donne  des  bonbons, 
De  belles  images  ; 


Mais  quand  ils  se  font  gronder, 
C'est  le  fouet  qu'il  faut  donner» 

La  triste  aventure, 
Oh  !  gai! 

La  triste  aventure. 

l'enfant. 

Je  serai  sage  et  bien  bon, 

Pour  plaire  à  ma  mère, 
Je  saurai  bien  ma  leçon, 

Pour  plaire  à  mon  père; 
Je  veux  bien  les  contenter, 
Et  s'ils  veulent  m'embrasser  !.., 

La  bonne  aventure, 
Oh  !  gai  ! 

La  bonne  aventure. 


BIQUETTE  ET  LE  LOUP 


Biquette  ne  veut  pas 

Sortir  du  chou; 

Ah  !  tu  sortiras, 
Biquette,  biquette, 

Ah  !  tu  sortiras 

De  ce  chou-là. 

On  va  chercher  le  chien  pour  mâcher  biquette , 
Le  chien  ne  veut  pas  manger  biquette, 
Biquette  ne  veut  pas  sortir  du  chou. 
Ah  !  lu  sortiras, 
Biquette,  biquette, 
Ah!  tu  sortiras, 
De  ce  chou-là. 

On  va  chercher  le  loup  pour  manger  le  chiwn 
Le  loup  ne  veut  pas  manger  le  chien, 
Le  chien  ne  veut  pas  manger  biquette, 
Biquette  ne  veut  pas  sortir  du  chou. 
Ah  !  tu  sortiras, 
Biquette,  biquette, 
Ah  !  tu  sortiras 
De  cechou-lù. 


50 


<1U\S()\S    POPULAIRES 


On  va  chercher  le  bœuf  pour  manger  le  loup: 
Le  bœuf  ne  veut  pas  manger  le  loup, 
Le  loup  ne  veut  pas  manger  le  chien, 
Le  chien  ne  veut  pas  manger  biquette, 
Biquette  ne  veut  pas  sortir  du  chou. 
Ah  !  lu  sortiras, 
Biquette,  biquette, 
Ah!  lu  sortiras 
De  ce  chou-là. 

On  va  chercher  le  bâton  pour  battre  le  bœuf  ; 
Le  bâton  ne  veut  pas  batlrele  bœuf, 
Le  bœuf  ne  veut  pas  manger  te  loup, 
Le  loup  ne  veut  pas  manger  le  chien, 
Le  chien  ne  veut  pas  manger  biquette, 
Biquette  ne  veut  pas  sortir  du  chou. 

Ah!  tu  sortiras, 
Biquette,  biquette, 

Ah  !  tu  sortiras 

De  ce  chou-là. 

Ou  va  chercher  le  feu  pour  brûler  le  bâton. 
Le  feu  ne  veut  pas  brûler  le  bâton  ; 
Le  bâlon  ne  veut  pas  battre  le  bœuf, 
Le  bœuf  ne  veut  pas  manger  le  loup, 
Le  loup  ne  veut  pas  manger  le  chien, 
Le  chien  ne  veut  pas  manger  biquette, 
Biquette  ne  veut  pas  sortir  du  chou. 

Ah  !  tu  sortiras, 
Biquette,  biquette, 

Ali  !  tu  sortiras 

ire  ce  chou-là. 


On  va  chercher  l'eau  pour  éteindre  le  feu; 
L'eau  ne  veut  pas  éteindre  le  feu, 
Le  feu  ne  veut  pas  brûler  le  bâton, 
Le  bâton  ne  veul  pas  battre  le  bœuf, 
Le  bœuf  ne  \eut  pas  manger  le  loup, 
.>  loup  ne  veut  p.-is  manger  le  chien, 
Le  chien  ne  »eu1  pas  manger  biquette, 
Biquette  ne  veul  pas  Bortir  du  chou. 

Ah  '  lu  BOrtil      , 

Biquette,  biquette, 

Ah  1  tu  sortiras 
!■•  ce  chou-là 


L'eau  veut  bien  éteindre  le  feu, 
Le  feu  veut  bien  brûler  le  bâton, 
Le  bâton  veut  bien  battre  le  bœuf, 
Le  bœuf  veut  bien  manger  le  loup, 
Le  loup  veut  bien  manger  le  chien, 
Le  chien  veut  bien  manger  biquette, 
Biquette  veut  bien  sorlir  du  chou. 

Ah  !  tu  sortiras, 
Biquette,  biquette, 

Ah  1  tu  sortiras 

De  ce  chou-là. 


SUR  LE  PONT  D'AVIGNON. 


Sur  le  pont  d'Avignon, 
Tout  le  monde  y  danse,  danse  : 

Sur  le  pont  d'Avignon, 
Tout  le  monde  y  danse  en  rond. 


Les  beaux  messieurs  font  comme  ça 

Sur  le  pont  d'Avignon. 
Tout  le  monde  y  danse,  danse; 

Sur  lf  pont  d'Avignon, 
Tout  te  monde  y  danse  en  rond. 


Et  les  capucins  font  comme  ça  : 
Sur  le  pont  d'Avignon, 

Tout  le  inonde  y  danse,  danse  ; 
Sur  le  pont  d'Avignon, 

Tout  le  inonde  y  danse  en  rond. 


Les  enfants  peuvent  ajouter  tous  les  mé- 
tiers ou  toutes  les  professions  qui  leur  vien- 
dront ■<  la  pensée,  et  Binger,  autant  que 
possible,  leurs  ollurei  'i  leurs  habitudes. 


paris.  -  Imprimerie  de  Pii.let  Éisatné,  rue  des  Grands-Aagastins,  ■>■ 


L'ALOUETTE  ET  LE    PINSON. 


L'alouette  et  le  pinson 
Tous  deux  se  sont  mariés; 
Le  lendemain  de  leur  noce 
N'avaient  pas  de  quoi  manger.. 
Alouette, 
Ma  tourlourisette; 
Mon  oiseau, 
Que  tout  lui  faut. 

Le  lendemain  de  leur  noce, 
N'avaient  pas  de  gnni  manger; 
Par  ici  passe  un  lapin. 
Sous  son  bras  tenait  un  pain. 
Alouette, 
Ma  tourlourisette  ; 
Mon  oiseau, 
Que  tout  lui  faut. 

Par  ici  passe  un  lapin, 
Sous  son  bras  tenait  un  pain  ; 
Mais  du  pain  nous  avons  trop, 
C'esl  de  la  viand'  qu'il  nous  faut. 
Alouette, 
Ma  tourlourisette; 
Mon  oiseau, 
Que  tout  lui  faut. 

Mais  du  pain  nous  avons  trop, 
C'est  de  la  viand'  qu'il  nous  faut; 
Par  ici  passe  un  corbeau, 
Dans  son  bec  tient  un  gigot. 
Alouette, 
Ma  tourlourisette; 
Mon  uiseau, 
Que  tout  lui  faut. 

Par  ici  passe  un  corbeau, 
Dans  son  bec  tient  un  gigot; 
Mais  d' la  viande  nous  avons  trop, 
Et  c'est  du  vin  qu'il  nous  faut. 


Alouette, 
Ma  tourlourisette, 
Mon  oiseau, 
Que  tout  lui  faut. 

Mais  d' la  viand'  nous  avons  frop, 
Et  c'est  du  vin  qu'il  nous  faut; 
Par  ici  passe  un'  souris, 
A  sou  cou  pend  un  baril. 
Alouefte, 
Ma  tourlourisette; 
Mon  oiseau, 
Que  tout  lui  faut. 

Par  ici  passe  un'  souris, 
A  son  cou  pend  un  baril; 
Mais  du  vin  nous  avons  trop, 
C'est  d' la  musiqu'  qu'il  nous  faut. 
Alouette, 
Ma  tourlourisette; 
Mon  oiseau, 
Que  tout  lui  faut. 

Mais  du  vin  nous  avons  trop, 
C'est  d'  la  musiqu'  qu'il  nous  faut, 
Par  ici  passe  un  gros  rat, 
Un  violon  tient  sous  son  bras, 
Alouette, 
Ma  tourlourisette; 
Mon  oiseau, 
Que  tout  lui  faut. 

Par  ici  passe  un  gros  rat, 
Un  violon  tient  sous  son  bras, 
Serviteur  la  compagnie, 
N'y  a-t-il  pas  de  chat  ici  ? 
Alouette, 
Ma  tourlourisette; 
Mon  uiseau, 
Que  tout  lui  faut. 

Serviteur  la  compagnie. 
N'y  a-t-il  pas  de  chat  ici? 
Entrez  donc,  maître  à  danser, 
Notre  chat  est  au  grenier. 

T.  Il   —  1?. 


89 


CHANSONS    POPULAIliFS. 


Alouette, 
Ma  tourlourisette  ; 
Mon  oiseau, 
Que  tout  lui  faut. 

Entrez  donc,  maître  à  danser, 
Notre  chat  est  au  grenier; 
Le  chat  descend  du  grenier  ; 
Aval'  le  maître  à  danser. 
Alouette, 
Ma  tourlourisette; 

Mon  oiseau., 
Que  tout  lui  faut. 

■  a  1 1  i^  1 1  n  ■ 


LE  ROI  DE  SARDA1GNE, 


C'était  le  roi  de  Sardaigne, 

£)ui  faisait  si  peur  aux  gens  ; 

Jl  avait  mis  dans  sa  tête 

De  détrôner  le  Sultan. 
Ran,  tan,  plan,  par  derrière, 
Ran,  tan.  plan,  par  devant. 

Il  avait  mis  dans  sa  lète 

De  détrôner  le  Sultan  , 

11  avait  pour  toute  armée 

Quatre-vingt-dix  paysans. 
Ran,  tau,  plan,  par  derrière, 
Ran,  tan,  plan,  par  devant. 

Il  avait  pour  toute  armée 

Quatre-vingt-dix  paysans, 

Et  pour  toute  artillerie 

Quatre  canons  de  ferhlanc. 
Ran,  tan,  plan,  par  derrière, 
lian,  ta::,  plan,  par  devant. 

Et  pour  toute  artillerie 
Quatre  canons  de  fei  blanc  ; 
Quand  il  fui  sur  la  montagne, 
Mon  Dieu  .  que  le  monde  est  grand  ! 
Ran,  tan    plan,  par  derrière, 

Ran,  tau    plan,  par  devant. 


Quand  il  fut  sur  la  montagne, 
Mon  Dieu  !  que  le  monde  est  grand'. 
L'ennemi  vint  à  paraître, 
Sauv'  qui  peut,  allons-nous-en. 
Ran,  tan,  plan,  par  derrière, 
Ran,  tan,  plan,  par  devant. 


POLICHINELLE. 


Pan,  pan.  —  Qu'est-c'  qu'estlà? 

—  C'est  Polichinell', 
Mam'selle. 

Pan,  pan.  —  Qu'est-c'  qu'est  là? 
C'est  Polichinell'  que  v'ià. 

Il  n'est 
Pas  bien  fait  ; 
Mais  il  espère 
Vous  plaire. 
Ouvrez,  s'il  vous  plaît, 
11  chant'ra  son  p'tit couplet. 
Pan,  pan.  —  Qu'est-c'  qu'est  là  ? 

—  C'est  Polichinell', 
Mam'selle. 

Pan,  pan.  —  Qu'est-c'  qu'est  là? 
C'est  Polichinell'  que  v'ià. 

Joyeux, 
En  tous  lieux, 
Toujours  en  cadence, 

11  danse, 
Marquant,  à  propos, 
La  m'sure  avec  ses  sabots. 
l'an,  pan.  — Qu'est-c'  qu'est  là? 
—C'est  Polichinell', 

Mam'selle. 
Pan,  pan.  —  Qu'est-c'  qu'est  là? 
C'est  Polichinell'  que  v'ià. 

Chez  lui, 
Point  d'ennui , 
Sam  négoce, 
Il  roui'  sa  bosse, 


x;; 


RONDES   ENFANTINES. 


11  s'  moque  des  sots, 
Et  s'  promène  en  f  sant  1'  gros  dos. 
Pan,  pan.  —  Qu  est-c'  qu'est  là? 
—  C'est  Polichinell', 

Mam'selle. 
Pan,  pan.  —  Qu'est-c'  qu'est  là? 
C'est  Polichinell'  que  v'ià. 


Enfants, 
P'tits  et  grands, 

Il  aspire 
A  vous  fair'  rire  ; 
Disant  :  jeunes  et  vieux. 
Quand  on  rit,  on  est  heureux. 
Pan,  pan.  —  Qu'est-c'  qu'est  là? 
—  C'est  Polichinell', 

Mam'selle. 
Pan,  pan.  —  Qu'est-c'  qu'est  là? 
C'est  Polichinell'  que  v'ià. 


L'ECOLE    BUISSONNIERE 


A:r  :  Noire  meunier  chargé  d'argent. 


Une  fillette  de  huit  ans, 

La  petite  Nicole, 
Disait  toujours  :  j'ai  bien  le  temps 
D'arriver  à  l'école. 
Et  quand  en  classe,  quanden  classe  elle  arrivait . 

Sa  maîtresse  lui  répétait  : 
infant,  si  tu  m'en  crois,  si  tu  m'en  crois,ma  chère. 
Ve  fais  pas,  ne  fais  pas  l'école  buissonnière. 


Mais  Nicole  n'écoutait  pas 

Cet  avis  salutaire  ; 
Elle  s'en  allait  tout  là-bas, 
Aimant  à  ne  rien  faire, 
Prenant  toujours,  toujours  les  chemins  les  plus  longs 

Pour  attraper  des  papillons. 
Enfant, si  tu  m'en  crois,  si  tu  m'en  crois,  ma  chère,  ! 
Ne  fais  pas,  ne  fais  pas  l'école  buissonnière.      j 


Un  jour  voici  que  tout-à-coup, 
Loin,  bien  loin  de  la  classe, 
Nicole  voit  venir  un  loup... 
Elle  eut  beau  crier  grâce, 
Leméchantloup,  le  méchant  loup  sans  se  gêner 

La  mangea  pour  son  déjeuner. 
lînfant,  si  ta  m'en  crois,  si  tu  m'en  crois,  nia  chère. 
Ne  fais  pas,  ne  fais  pas  l'école  buissonnière. 

Lors  la  plus  affreuse  douleur, 

Car  rien  ne  la  console, 
A  tout  jamais  brisa  le  cœur 
Des  parents  de  Nicole. 
Ils  la  pleuraient,  ils  la  pleuraient  soir  et  matin. 

Ils  en  moururent  de  chagrin 
Enfant,  si  tu  m'en  crois,  si  tu.  m'en  crois,  ma  chère, 
Ne  fais  pas,  ne  fais  pas  l'école  buissonnière 


J'AIMERAI    QUI   M  AIME. 


Mam'selle,  entrez  chez  nous,    '{bis  } 
Mam'selle,  entrez  encore  un  coup, 
Afin  que  l'on  vous  aime; 
Ah!  j'aimerai,  j'aimerai,  j'aimerai, 
Ah  !  j'aimerai  qui  m'aime. 

Une  amie,  choisissez-vous,     [bis.) 
Choisissez-la  encore  un  coup, 
Afin  que  l'on  vous  aime; 
Ah  1  j'aimerai,  j'aimerai,  j'aimerai, 
Ah  !  j'aimerai  qui  m'aime. 

Mettez-vous  à  genoux,      (bis.) 
Mettez-vous-y  encore  un  coup, 
Afin  que  l'on  vous  aime  ; 
Ah!  j'aimerai,  j'aimerai,  j'aimerai. 
Ah!  j'aimerai  qui  m'aime. 

Faites-vous  les  yeux  doux,      (bis.) 
Faites -vous-les  encore  un  coup, 
Afin  que  l'on  vous  aime; 
Ah  !  j'aimerai,  j'aimerai,  j'aimerai, 
Ah!  j'aimerai  qui  m'aime. 


SI 


CHANSONS     POPII.AIRKS 


El  puis  embrassez-vous,      {bis.) 
Embrassez-vous  encore  un  coup, 
Afin  que  l'on  vous  aime; 
Ah!  j'aimerai,  j'aimerai,  j'aimerai, 
Ah  !  j'aimerai  qui  m'aime. 

Revenez  parmi  nous,          [bis.) 
Revenez-y  encore  un  coup. 
Afin  que  l'on  vous  aime; 
Ah  !  j'aimerai,  j'aimerai,  j'aimerai, 
Ah  !  j'aimerai  qui  m'aime. 


LA  GRENOUILLE  ET  LE   BOEUF 

1851. 
Air  :  J'ai  vu  la  meunière. 

Une  grenouille  vit  un  bœuf 

A  Large  encolure, 
nui,  dans  un  bel  habit  tout  neuf, 

Se  donnait  carrure. 
Je  veux,  dit-elle,  en  faire  autant, 
J  ai  vingt  livres  d'argent  comptant. 

Faisons  donc  figure 

Comme  ce  manant. 

Elle  s'en  va  trouver  le  bœuf. 

Bonjour,  mon  bel  homme, 
A  moi,  grosse  au  plus  comme  un  œuf, 

Veuillez  dire  comme 
Vous  portez  sous  votre  pourpoint 
lu  si  magnifique  embonpoint, 

Ce  n'est  pas  en  somme 

A  manger  du  foin. 

Foin  du  foin,  répondit  le  bœuf, 

El  foin  de  L'avoine. 
Ce  dont  je  m'  nourris  a'eat  pas  neuf; 

Et,  mieux  qu'  frère  Antoine, 
Chez  Véry  je  prends  mes  repas, 
Pour  vingt  francs  j'ai  me*  quatre  plats. 

Voila,  eomme  un  moine, 

Pourquoi  je  -uis  gras. 

La  grenouille,  c'était  I  hiver, 

Met  ses  ba<  de  bine. 


Et  jette  sur  son  corset  vert 

Son  manteau  de  reine. 
Puis,  elle  s'en  va  chez  Véry... 
Garçon,  vite  un  macaroni, 

Du  vin  de  Surène 

Et  du  veau  rôti. 

Une  salade  de  cresson, 

Douze  anchois  à  l'huile, 
Six  morceaux  de  ce  saucisson 

Comm'  chez  l'pèr  Lathuile. 
De  Neufchàlel  un  vieux  bondon, 
Pour  vingt  sous  de  ce  miroton, 

Ce  pâté  d'anguille, 

Et  c'  gigot  d'  mouton. 

Elle  s'attable  sans  façon. 

Voyez  la  commère, 
.Mangeant  deux  fois  plus  qu'un  bison 

N'eût  osé  le  faire. 
Et  pourtant  le  garçon  lui  dit  : 
Vous  avez  l'estomac  petit... 

N'en  prenez,  ma  chère, 

Qu'à  votre  appétit. 

Qu'est-ce  à  dire,  insolent  garçon! 

Répond  la  pécore  ; 
Apporte  ton  plus  gros  melon, 

Que  je  m'enfle  encore. 
Oui,  sans  faire  trop  d'embarras, 
Après  trente  pareils  repas, 

Je  veux  qu'on  m'honore 

Comme  le  bœuf  gras 

Mais  de  son  indiscrétion 

Elle  fut  punie, 
Une  horrible  indigestion 

Lui  coûta  la  vie. 
Ce  qui  prouve  qu'un  cornichon 
Ne  peut,  sans  perdre  la  raison, 

Concevoir  l'envie 

D'être  potiron. 

i  <i    Neveu. 

Air  ancien,  noté  au  N.  ^90  dolaClé  du  Caveau 


RONDES  ENFANTINES. 


85 


LE  LAPIN  ET  LA  SARCELLE. 

1846. 
Ajr  •  A  lafaçw  <f«  Bcirbnr', 

J'ai  lu  qu'un  lapiu  courageux, 
Plein  d'honneur  et  de  zèle, 
Jadis  devint  fort  amoureux 

D'une  jeune  sarcelle. 
Le  lapin  était  beau  garçon, 
La  l'ari  dondaine,  la  fari  dondon. 
La  sarcelle  était  belle  aussi, 

Biribi, 
A  la  façon  de  Barbari, 
Mon  ami. 

Toujours  ensemble,  nos  amants, 

Evitant  les  querelles, 
Jouaient  à  des  jeux  innocents, 

Ou  lisaient  les  nouvelles, 
Us  devinaient  aussi...  dit-on, 
La  fari  doudaine,  la  fari  dondon, 
Les  rébus  du  Charivari, 

Biribi, 
A  la  façon  de  Barbari, 
Mon  ami. 

Voilà  qu'un  dimanche  matin, 

Chez  sa  gentille  amie, 
Courut  notre  galant  lapin, 

Mais  elle  était  sortie. 
Au  concierge  il  laissa  son  nom, 
La  fari  dondaine,  la  fari  dondon. 
Sa  carte  de  visite  aussi, 

Biribi, 
A  la  façon  de  Barbari, 
Mon  ami. 

S'  prom'nant  pour  calmer  sa  douleur, 

Il  vit  près  d'  la  vallée, 
Dans  la  cage  d'un  oiseleur, 

La  sarcell'  désolée; 
Rongeant  l'osier  de  sa  prison, 
La  fari  dondaine,  la  fari  dondon 


11  lui  dit  :  décampons  d'ic;, 

Biribi, 
A  la  façon  de  Barbari, 

Mon  ami. 

La  sarcelle  qui  du  marchand 

Redoutait  la  colère; 
Au  lapin  disait  en  marchant  : 

Traversons  la  rivière , 
Je  sais  nager  comme  un  goujon, 
La  fari  dondaine,  la  fari  dondon, 
Qu'il  est  doux  d'  voyager  ainsi, 

Biribi, 
A  la  façon  de  Barbari, 
Mon  ami. 

L' lapin  dit  :  J'ai  trop  peur  de  l'eau 

Pour  m' jeter  à  la  nage, 
Construisons  un  léger  radeau 

Pour  notre  court  voyage; 
Comm'  les  canotiers  d'  Charenton, 
La  fari  dondaine,  la  fari  dondon, 
Je  sais  naviguer,  Dieu  merci, 

Biribi, 
A  la  façon  de  Barbari, 
Mon  ami. 

MORALITÉ. 

Bref,  ils  se  sauvèrent  tous  deux, 

Et  j'ajout'  pour  morale  : 
Qu'  faut  avoir  le  cœur  généreux 

Et  la  main  libérale. 
Ceux  qu'on  laisse  dans  l'abandon, 
La  fari  dondaine,  la  fari  dondon 
Ont  1'  droit  d'  vous  obliger  aussi. 

Biribi, 
A  la  façon  de  Barbari, 
Mon  ami. 

Alexis  Dalès. 

Air  ancien,  noté  au  N.  681  de  la  Clé  du  Caveau. 

La  musique,  arrangée  par  J.  Vimeux,  avec  ac 
compagnement  de  piano,  se  trouve  chez  L.  Vieillot 
32,  rue  Notre-Dame-de-Nazareth. 


8<i 


CHANSONS    POPULAIRES 


LES   FILLES   A   MARIER 


J'ai  trente-deux  filles  à  marier, 
J'en  ai  rempli  tout  mon  grenier: 
Grand  Dieu!  je  ne  sais  comment 
Marier  tous  ces  enfants. 

Ma  fille  I  ma  tille  !  je  parle  à  vous. 

Ma  mère!  ma  mère!  que  dites- vous? 
Je  dis  que,  si  vous  êtes  sage. 
Vous  ferez  un  b  au  mariage. 

Je  dis  que,  si  vous  êtes  sage, 
Vous  ferez  un  beau  mariage; 
Que  vous  aurez  de  beaux  atours  ; 
Mais  du  rond  faites-nous  le  tour. 

Puis,  parcourant  toute  la  danse. 
Faites  trois  sauts,  la  révérence, 
Et  enfin  vous  embrasserez 
Celle  que  vous  aimerez. 


LA  CIGALE    ET   LA   FOURMI 

1845. 
Al  H  du  tra  la  la. 

On  dit  que  la  cigale  ayant  chanté  l'été, 
Se  sentit  la  fringal'  quand  la  bise  eut  soufflé  . 
Or    n'ayant,  pour  l'instant, 
Rien  à  s'  mettr'  boub  la  «lent. 

Elle  fut  chez  la  fourmi. 
Lui  conter  son  ennui- 
Sur  l'air  du  tra  la  la  la,  (bis.) 
Sur  l'air  du  tra  déri,  déra,  Ira  la  la. 

rétez-moi  d'  quoi  becqu'ter,  dit-ell', tV.i  d'animal, 
J'  vous  rendrai  l 'intérêt  avec  le  principal. 
El  tonl  ba>  notre  ingrate 

S'  di-ait  :  on  le  I    rendra 
Si  ça  F  tombe  sur  la  patte, 
j  rn>i>  pas  qu  <yi  i'  la  caa  ra 
Sur  l'aT  du  ira,  ei<\ 


La  fourmi,  comme  un  B  il  t,  qu'est  très  Ij/gcdudos, 
Toise  notre  emprunteuse  et  lui  tient  ce  propos: 

Tiens,  vous  n'èt's  pis  gênée... 

L'autre  lui  dit  :  Hélas  ! 

Si  j'  n'étais  pas  gênée, 

Je  n'vous  emprunt  rais  pas. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Vraiment,  dit  la  fourmi,  je  n'  puis  vous  fair'  plaisir: 
D'une  poir',  pour  la  soif,  il  fallait  vous  munir. 

La  cigale  chagrine 

Tout  aussitôt  reprit  : 

Que  frais-j'  d'un'  poir',  voisine, 

Moi  qui  n'  mang'  jamais  d'  fruit. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Vousv'nez  tirer  la  langue  quand  il  fait  un  froid  d' loup, 
Et  dans  la  canicul'  vous  n1  faisiez  rien  du  tout... 

—  Rien  du  tout,  faut  s'entendre, 

A  la  class'  des  grillons, 

J'allais  dans  Y  but  d'apprendre 

La  musiqu  eu  vingt  leçons, 
Sur  l'air  du  tra;  etc. 

i,'n  ne  m'etonn'  plus,  inanisell',  i|ue  vous  chantiez  toujours 
Si  du  Conseivatoir'  vous  alliez  suivr'  les  cours  ; 

J'en  suis  vraiment  fort  aise, 

Maint'nant,  si  ça  vous  va? 

Dansez  la  gigue  anglaise, 

La  gavott',  la  polka... 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

MORALITÉ. 

Mon  aftair'  principale,  eu  vous  contant  ceci, 
C'est  d'  vins  t'air'  mi'  morale,  écoutez,  la  voici; 
En  principe  je  pose, 
Enfants,  r'tenez-le  bien, 
Qu'on  n'a  jamais  grand'chuse 
Quand  on  n'amasse  rien. 
Sur  l'air  du  lia  la  la  la,  bit.) 

Sur  l'air  du  Ira  déri,  déra,  tra  la  la. 

J.-D    Molnaux.. 

Air  ancie.i   not*  au  N.  ilOTJ  d^  la  CI*  du  CavMU 


SI 


RONDES  ENFANTINES. 


PAUVRE,  PAUVRE  QUE  JE  SUIS. 


Pauvre,  pauvre  que  je  suis, 

Qui  va,  qui  vient  dans  tous  pays; 

Serai-je  toujours  pauvre? 

Mam'seU'  sera  des  nôtres. 

Riche,  riche  que  je  suis, 
Qui  va,  qui  vient  dans  tous  pays  ; 
Serai-je  toujours  riche? 

Je  marîrai  mes  tilles 
Avec  cinquante  livres, 
Et  mes  vilains  garçons 
Avec  cent  coups  de  hâtons. 


LES  PLAIDEURS  ET  L'HUITRE. 


Air  .  Femmes,  voulez-vous  éprouver. 

Chacun  connaît  dans  la  cité 

La  perle  de  nos  écaillères, 

Qui,  toujours  pleine  de  gaîté, 

Attend  chalands  pour  ses  cloyères  : 

De  Notre-Dame,  deux  gamins 

Venant  de  chanter  au  pupitre, 

Lui  volèrent  un  beau  matin, 

Non  pas  de  l'argent,  mais  une  huître. 

kxv.  du  petit  Matelot, 

Une  p*our  deux  c'est  peu  de  chose, 
Voyons,  dit  l'un,  vite  au  palais, 
Là  nous  plaiderons  notre  cause 
A  l'amiable  évitant  les  frais: 
Cette  raison  parut  goûtée. 
On  se  rend  où  l'on  perd  ses  pas, 
Et  la  cause  y  fut  expliquée, 
Par  les  plus  savants  avocats. 


Air  de  l'Incognito. 

L'huître  est  à  nous,  dit  un  grand  maître, 

Non,  dit  un  autre,  mon  client, 

Qui  devant  moi  vient  de  paraître , 

Doit  l'avaler  entièrement. 

Or  donc,  réplique  son  confrère, 

Le  juge  seul  décidera, 

L'huître  esta  mon  client,  j'espère, 

Et  c'est  lui  qui  l'avalera. 

Air  de  la  Colonne. 

A  tous  ces  mots,  grand  bruit  et  grand  tapage, 
Il  faut  aller  chez  le  juge  au  plus  tôt, 
Se  conformer  à  cet  aréopage, 
Enfin  savoir  lequel  aura  le  lot, 
Et  les  plaideurs  de  s'y  rendre  aussitôt  : 
Chaque  avocat  veut  gagner  la  bataille, 
Le  président  croit  en  devenir  fou, 
Puis,  avale  l'huître  d'un  coup 
Et  donne  à  cha  cun  une  écaille. 

MORALE. 

AïRdtt  Ira  la  la. 

Mettez  ce  qu'il  en  coûte  à  plaider  aujourd'hui. 
Vous  verrez  que  Perrin  tire  l'argent  à  lui. 
Arrangez-vousaumieux,cars'il  vous  faitplaider, 
Il  ne  vous  restera  que  la  voix  pour  chanter, 
Sur  l'air  du  tra  la  la  la,      [bis.) 
Sur  l'air  du  tra  déri,  déra,  tra  la  la. 

Pluchouucau  et  Maillard. 


LE  CHIEN   ET  LE   LOUP. 


1846. 


Air  du  tralala. 

tin  loup  dans  la  déi-ius  t*,  maigre  comme  un  clou 
Rencontre  un  chien  auquel  il  voudrait  tordr'  le  cou; 


sa 


CHANSONS    POPULAIRES 


Mais  comme  le  malin  était  fort  et  puissant, 
Le  loup  juge  à  piopos  d'entrer  en  compliment. 
Sur  l'air  du  tra  la  la  la,  (bis.) 

Sur  l'air  du  tra  déri,  déra,  tra  la  la  ! 

—  Bien  1'  bonjour,  not/  bourgeois;  en  vous  voyant  j'  disais  : 
Dieu  !  qu'on  doit  être  heureux  d'avoir  le  teint  si  frais. 
Quel  superbe  embonpoint  !  vous  êtes  gras  à  lard  ! 
D'être  dodu  comm'  vous,  enseignez-moi  donc  l'art. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

—Il  ne  tiendra  qu'à  vous  d'être  aussi  gras  que  moi  ; 
Quittez  votre  métier  qui  ne  vaut  rien,  car  quoi? 
Vous  n'  gagnez  pas  toujours  de  quoi  pouvoir  tenter 
L'hasard  de  la  fourchette,  alin  d'  vous  substanter. 
Fur  l'air  du  tra,  etc. 

Laissez  donc  la  maïauu',  car  voilà  tout  le  hic  ! 
Devenez  comme  moi  fonctionnaire  public. 
Je  suis  dans  mon  emploi,  comm'  dans  l'eau  le  poisson, 
Car  je  suis  le  gardien  du  Passag'  du  Saumon. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 


—  Mais  que  faudra-t-il  faire?  lui  demanda  le  loup, 
Mais  qu'est-ce  que  je  vois  qui  vous  blesse  le  cou  ? 
—C'est  F  col  en  crinolin'  d'  l'uniforme  obligé, 
De  l'établissement  où  je  suis  attaché. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 


Attaché,  dit  le  loup,  vous  ne  pouvez  donc  pas 
Faire  votre  lundi  quand  vous  voulez?  — Non  pas. 

Mais  qu'est-ce  que  cela  fuit  !  —  Ça  fait,  gros  cornichon  ! 
Qu' j'aime  mieux  courir  que  d'  vivr'  comm'  un  capon. 

Sur  l'air  du  tra,  etc. 


Où  donc  est  la  moral'  de  cette  fable-ci  ? 
L'auteur  n'en  parle  pas,  je  crois  que  la  voici  : 

|  n'en  courant  toujoui  s,on  n'  devient jamaisgras 
Et  qu'eD  ne  faisant  rien,  on  ne  s'éreinte  pas. 

Sur  l'air  du  tn  la  la  la,  (bit.) 

iur  l'air  du  tra  déri,  déra,  tn  la  la. 

M.  L. 

Air  ancien,  noté  au  N.  2071  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  CHAT,  LA  BELETTE  ET  LE  PETIT  LAPIN 


1846. 

Ai u  (lu  lia  ia  la. 

Pour  prendre  l'air  un  jour,  certain  petit  lapin 
Sortit  de  son  logis  dès  le  plus  grand  matin  ; 
Broutant  par-ci,  par-là, se  croyant  grand  sultan. 
Lesdeuxmainsdanssespoch'sildansaitle  cancan 
Sur  l'air  du  tra  la  la  la,        {bis.) 
Sur  l'air  du  tra  déri.  déra.  tra  la  la. 

En  parcourant  les  prés,  il  prit  un  gros  navet, 
Puis  l'ayant  bien  caché,  il  se  dit  en  secret  : 
Voilà  d' quoi  fair'bonibanc'.  vite,  allons-le  manger 
Sans  mes  voisins  je  pens'quej'  peux  bien  me  l' payer. 
Sur  l'air  du  Ira,  etc. 

Portant  son  comestible,  ayant  fait  tousses  tours, 
Le  p'lit lapin  retourne  aux  souterrains  séjours, 
Il  vit  une  belett'  qui  chez  lui  sans  façon, 
En  faisant  sa  toilelt',  chantait  une  chanson, 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Vite,  de  porter  plaint'  le  lapin  fit  projet, 
Disantquc  de  ces  lieux  seul  il  est  le  sujet  ; 
Mais  la  dame  belett',  continuant  sa  chanson, 
Dit:  Vous  perdez  la  tète,  vous  êtes  un  cornichon. 

Sur  l'air  du  Ira,  etc. 

Etant  roug'  décolère, ayant  Y  bout  du  nez  froid, 
L' lapin  dit  :  Nous  verronslequel  des  deux  adroit, 
lllaul  chez  (Ji  ■ipp'-Minaud,  chat  juge,  gros  et  gras. 
Comme  il  est  le  plusjusle,  exposer  nos  débats. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Bientôt  chez  le  groschat  les  vlà  partis  tou.?.  deux. 
Le  lapin  dit  :  Ma  chère,  je  s'rai  le  pins  heureux. 
Nous  verrons  ça,  dil-ell',  car  au  juge  fourré, 
Si  je  (aie  les  v,||x  'l""x  mon  procès  estgafoé. 
Sur  l'air  du  ira,  etc. 

Alors  dans  son  salon  i^ns  les  deux  arrivés, 
di  ippe-lfinaad  leur  dit:mesenfanU,approchez, 


i  —  Imprimerie  de  Pillei  Rlsatoé,  rue  des  Grgnds-Aagustiiis,  ■'». 


Les  ans  m'ont  rendu  sourd,  vcn<  z  plus 
Puis  il  les  croqu'  tous  deux,  pour  les  mettre  d'accord. 
Sur  l'air  du  Ira,  et.1. 


î  a  morale  de  ceci  est,  qu'au  lieu  de  plaider. 
Mieux  il  faul,  eu  amis,  lâcher  de  s'arranger; 

•  i  nos  i\cv.\  plaideurs  à  l'amiable  euss'ut  irai tr. 
Le  juge  lton  et  gras  ne  les  eût  pas  croqu 
Sur  l'air  du  tra  la  la  la. 
Sur  l'air  du  ira  déri,  dera,  lia  !a  la. 

KugùKc  dôme»*. 

ancien,  net    au  ?\  2071  de  h  C!é  lu  Caveau. 


Après  quelques  instants,  en  se  sentant  gonfler, 
Notre  grenouille  cri'  :  Ali  !  lu  vas  trop  m 'enfler  ! 
Je  ne  veux,  après  tout,  crainle  de  nie  blesser  , 
Qu'être  de  sen  calil)  e  et  non  le  surpasser! 
Sur  l'air  du  Ira,  etc. 

it  déjà  bien  faire?.— Oh!  nous  n'y  sommes  pas. 
—  1  !  crois,  petite?  allô  is,  -   uffle  encore  en  es  cas; 
Y  suis-jc? — Non.  —  Y  suis-je  .'—Eh!  non, non, cent  fuis  ni 
Ou  voascroii  lit Tom-Pounc  et  lui  le  Panthéon! 

Sur  l'air  du  Ira, 

La  grenouille  que  gagne,  à  ce;  ipit, 

!)it  :  J'atteindrai  mon  but;  va,  -  té;  it. 

L'autre  obéit  si  bien,  q  i  n  éclats, 

Voler  noire  impru  'ente  et  cause  son  trépas  : 
Sur  l'air  du  lia,  etc. 


LA   GRENOUILLE   ET  LE   BŒUF 

1846. 

Air  :  Fichons-nous  d'  çà,  fru  la,  la,  etc. 

Non  !oin  de  son  marais,  et  ;  aissanl  près  d'un  clos, 
IV  gren  mill'  vit  <:>.,  bœuf  qui  lui  sembla  !  ien 

t  li  nu  dans  mon  p 
Prétend  de  ranimai  égaler  l'e  ni 

Sur  l'air  du  tra  la   a  la, 
Sur  l'air  du  i;a  déri,  dés  a,  la,  la,  !a. 

Va,  dit  elle  a  sa  sœur,  vile,  chez  le  boucher, 
Emprunter  un  soufflet  qu'il  f   .Ira  m'emboucuer; 
par  moi  qui  suis  ce  sur  plus  eliéiive  qu'un  œuf, 
\,  a\ant  demain,  ressembler  a  ce  ! 
Sur  l'air  du  tia,  etc. 

ar  court  et  revient;  à  l'œuvre  1  s  voilà! 
Où  faut-il  vous  Bouffler?  l'autie  répond  :  Ce 

Puis,  en  faisant  un  ^,-slu  aus.a  précis  que  bref, 
Lui  désigne  la  place  opposée  a  sou  chef. 
Sur  l'air  dû  ira,  etc. 

"3 


IBa  fable  p  ir  dira  fart  peu  de  ekose  au  fond; 
Pourtant  elle  renferme  un  s     i  assez  profond  ; 
C'est  que,  dût-on  grossir  tant  et  p!us,  on  ne  doit 
Jamais  se  ;  ...  n'importe  i  quel  eudroil! 

Su*  l'air  du  ira  la  la  la,         [bi  . . 
Sur  l'air  du  ira  déri,  déra,  la  la  la. 

Dali's  aîné. 
Air  ar.e'en,  noté  i  i  N".  iîi »T I  du  lï  C.é  du  Caveaa. 


LE  RAT  DE  VILLE  ET  LE  RA'l  DES  CHAMPS. 
1831. 

A.      '  :  ■  ■■■-  e  de  Pomp 

L'autre  jour  un  bon  rat  da  .    ai  |    , 

ouvant  ali 
Invita  l'un  ils, 

D'u,.  :.  ■, 

A  venir  manger  un  niorce  m 

Dedans  sa  métairie. 
Ça  m'  va,  dit  !c  rat  beau, 
Oui,  bravo  ! 
J'a 

T.  Il    -II. 


w 


CHANSONS   POPUI.All'.KS. 


Ils  Von  vont  gaîmenl  à  Paulin, 

Parlanl  d'affaire  et  d'autres, 
Sans  médire  de  leur  prochain, 

Comme  deux  bonsapôtres. 
Nos  compares,  en  arrivant, 

Trouvent  la  table  mise, 

Et  les  voilà  mangeant 
Et  buvant 

Comme  deux  rats  d'église. 

Comment  tri  uvez-vous  ce  jambon? 

Goûtez-en,  je  vous  prie; 
Je  crois  que  ce  fromage  est  bon, 

Il  me  vient  de  la  Bric. 
Peut-Cire  aimez-vous  mieux,  cousin, 

Casser  une  noisette?... 

Mais  buvons...  car  sans  vin 
Au  festin 

Point  de  fête  complète. 

Un  petit  couplet  île  chanson 

Ne  gâte  pas  l'affaire. 
\       us,  cousin,  un  rigaudoc 

Fait  passer  maigre  chère. 
Sur  le  grand  uir  du  tra  la  la, 

Filez-nous  un'  romance, 

Vous  chantez  comme  un  rat... 
D'opéra. 

Allez...  je  fais  silence. 

Mille  panions,  mon  cher  ami, 

Répond  l'agent  de  change, 
Entre  d<  us  ce  u'esl  pas  ainsi 

Que  dans  le  monde  on  mange. 
Voire  vin  me  semble  un  peu  lourd, 

11  sent  trop  sa  campagne; 

Je  veux  avoir  mon  tour 
Chez  Véfour, 

Nous  boirons  le  Champagne. 

Huit  jours  aprJ  -,  uoa  deux  amis 
donnaient  à  revanche 

Le'  bon  i.  mps  a»  ail  mis 

Son  habit  du  dimam  .  e. 
Tout  allait  bien...  mail  plus  à"  crédit 

<»n  apporte  la  • 


Voici  notre  dandy 

Qui  se  dit 
11  est  temps  que  je  paitt. 

—  .Monsieur,  vous  ne  sortirez  pas 

Sans  payer  la  dépense; 
Vous  devez  plus  de  cent  repas, 

Kl  c'est  assez,  je  pense. 
Le  lion  veut  faire  du  bruit, 

On  fait  venir  le  poste  ; 

Le  paysan  s'enfuit, 
A  minuit, 

Courant  comme  la  poste. 

Le  bonhomme  arrive  ch'.'z  lui. 

D'effroi  l'âme  transie, 
En  mettant  son  b  une:  de  Quil, 

Se  disait  :  Quelle  vie!... 
J'aim'  ben  mieux  manger  mon  rata 

Avec  l'argent  que  j'  gagne. 

Oh  !  il  m'en  souviendra, 
La  ri  ra, 

D'  leurs  dîners  au  Champagne. 

Edouard   \cveu. 

Air  ancien,  noté  au  N.  745  delà  Clé  du  Caveau. 


LA    BARBE    BLEUE. 

1846. 

Air  de  la  complainte  du  fui/  Krrunt. 

Dans  un  coin  d'  la  banlieue, 
Il  était  une  fois 
Un  Mostieur  barbe-bleue, 
Perrault  dit  .  et  je  crois 
Qu*  jamais  on  n'a^  ail  vu 
On  bomm'  aussi  barbu  ! 

Aik      I        a  'i  Ion. 

Quand,  veul  de  sa  sixième  épouse, 
Il  se  remaria,  dit-on, 


m 


RONDES   ENFANTINES. 


Ton  ton,  ton  ton,  ton  taine,  Ion  ton. 
La  septième  fut  peu  jalouse 
De  la  couleur  de  son  menton, 
Ton  ton,  ton  taine,  ton  ton. 

Ai  ii  :  Partant  pour  la  Syrie. 

Partant  pour  Romainville, 
A  sa  femme,  un  beau  jour, 
Il  dit  :  Sois  bien  tranquille, 
Je  s' rai  bientôt  de  r'tour. 
Amus'-toi  bien,  ma  p'Iile, 
Et  corara'  j'ai  du  quibus, 
Pour  revenir  plus  vite, 
Je  prendrai  l'omnibus. 

Air  :  Au  clair  fli'  le  lune. 

Tu  peux,  ma  Fifine, 
Dit-il,  sa:s  m  fâcher, 
Ouvrir  la  cuisine, 
Ta  chambre  à  coucher; 
Mais,  fais  bien  en  sorte 
D'  n'ouvrir  en  ce  lieu 
Aucune  autre  porte, 
Pour  l'amour  de  Dieu. 

A  ir  :  A  la  faconde  Barbari. 

Il  sort,  et  désirant  tout  voir, 

L'épouse  curieuse 
Ouvrit  un  grand  cabinet  noir: 
Bientôt,  la  malheureuse 
Vit  six  corps  morts  dans  six  jupons! 
La  fari  dondaine,  la  fari  dondon, 
Enterrés  là  par  son  mari, 

Biribi, 
A  la  façon  de  Barbari, 
Mon  ami. 

Air  :  J'ai  du  bon  tabac 

b'  frayeur  la  pauvr  ienim'  était  presque  morte, 
Lorsqu'elle  entendu  monter  doucement. 
On  sonne  ;  aussitôt  elle  ouvre  la  porte  ; 
C  était  son  mari,  quel  saisissement! 
Que  voulez-vous?  lit -elle  tendrement. 
Le  Judas  répondit  faussement  : 


'  J'  viens  prendr'  mon  mouchoir  et  ma  tabatière. 
Puis,  voyant  son  trouble,  il  reprit  tout  bas  : 
Tu  pourrais  jaser  avec  la  portière, 
Du  cabinet  noir  tu  n'  sortiras  pasl 

Air  du  Ira  la  la  la. 

Ah!  r'prit-ilen  fureur,  en  s'armanl  d'un  cout'las, 
Plutôt  que  d'vous  distraire  à  m' tricoter  des  bas, 
Vous  m' désobéissez,  vous  mourrez  sur  l'honneur! 
I.âchez-moi,  lui  dit-elle,  ou  je  vais  app'lermasœur. 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la,       {bis.) 
Sur  l'air  du  tra  déri,  déra,  la  la  la. 

Air  •  T  veux  cire  un  chien. 

Anne,  se  prit-elle  à  crier, 
A  sa  sœur,  logeant  au  grenier, 
N'  vois-tu  rien  venir  dans  la  rue? 
En  r'gardant  par  un  oeil  de  bœuf. 
Ann'  répondit  :  Je  n'  vois  rien  d'  neuf 
Si  c'  n'est  1'  soleil 
A  l'horizon  vermeil, 
Qui  vient  éclairer  la  cohue. 

Air  :  Bonjour,  mon  ami  Vincent 

Prenant  sa  femm'  par  les  ch'veux, 
L'époux,  sans  délicatesse, 
Lui  dit,  roulant  ses  gros  yeux  : 
Dépêchons-nous,  le  temps  presse. 
11  allait  frapper,  mais,,  hasard  heureux, 
Enfonçant  la  port',  d#eux  gars  vigoureux, 
Pour  sau  er  leur  sœur  tombant  en  faiblesse. 
Assommant  1'  brutal,  lui  disaient  tout  bas  : 
Ça  vous  va-t'y  bien, ça  n' vous  bless'  l'y  pas?  ('  is.) 

Air;  Flonjlonjlon,  la  ri  ra  don  daine. 


L'épouse  triomphante 

D'  la  mort  de  son  époux, 

Rev'nant  d'son  épouvante, 

Fredonnait  à  genoux  : 
Fon  flon  fin,  la  m  r*  ûoudaine, 
Gai  gai  gai,  la  ri  ra  uondé. 

Alexis  Paies. 


(bis) 


La  musique  se    rouve  à  Paris,  Chez  M.  Pâté,  édi- 
teur, passage  du  urand-Cerf,  14. 


Cil  ^NSONS     t'OlM  :.M:     5 


LK   COUSINAGE. 

A   UN   MONSIEUR. 

Amis,  nous  s mes  cousins 

ussomm's  cousins,  cousines  : 
Monsieur,  cela  s'adresse  à  vous; 
i,  gardez  bien  vos  voisines; 
Examinez  bien  leur-  Irails, 
Kl  leurs  allraits; 
lin  Irez  dans  la  danse, 
Saluez  a\u'  deceue  ■. 
Va  puis  vous  embrasserez 
La  belle  que  vous  voudrez. 
Sommes-nous  pas  cousins,  cousines? 
Sommes-n  msins  treto 

A    UNE   DEMOISELLE 


Avait  si  frais  visage, 

Le  jouvenceau, 
One  ne  l'ut  au  village 

Garçon  si  beau! 
Do  do,  etc. 

Grand1  élait  sa  liesse, 
Fallait  la  voir... 

lit  pour  sa  vieillesse 
Si  doux  espoir  1... 
Do  (1 1,  etc. 

11  se  lit  homme  d'armes 

Au  bord  lointain, 
Brigitte  eut  bien  des  larmes 

Hélas!...  en  vain... 
Do  do,  etc. 


c  à  vous, 
Nous  somm's  cousins,  cousines  ; 
i,  vous  ; 
d'humeurs  badines 
Examinez  le  miu  lis, 
l'A  l'air  c 

liulrcz  dans  la  dans 
Faites  mi"  révérence, 

p  i-  vous  embrasserez 
Le  monsieur  <;ue  vous  voudrez. 
umes-nous  pas  c  usines? 

mes-nouf  pas  cousins 

t'aioli's  «rtm  auonyinc 


i   '.  SE. 

,  dn  do. 

: 

Avait  i.'ii  fils 

Do 
Petit  pouiot, 

Do  d  •• 


Cha  [ue  fois  que  de  guerre 

Ou  lui  parlait, 
Vite,  la  pauvre  mère 

Se  lamentait. 

Do  do,  etc. 

On  n'eut  qu'une  nouvelle 
iu  pauvre  Arthur. 

il  était  mort  loin  d'elle, 
C'était  bien  sur... 
Do  do,  etc. 

Après  d  uleur  amère, 
Six  mois  durant, 

Mourut  la  pauvre  mère, 

Toujours  pleurant. 

do,  etc 

i    Bui  elle  la  bière 
i  eferma, 

|.-,i  pi  i,  ;';  la  chaumière 

[U'un  (rapna    . 

D  i  do,  été. 

ri  Ci 
Vaillant  houzard, 


HO.\Di;S   ENFANTINES. 


Entra  dans  la  chaumière 

Celait  trop  lard!... 

Do  do, 
l'élit  poulot, 

Do  do. 

Edouard  ."Voveii. 


LES  FLEURS  DE  MAI. 

Air  -.Hume/ie?,  ramenez,  ramenez  donc  les  moulons 
à  la  maison. 

Revenez,  revenez,  revenez  donc, 
Fleurs  de  la  belle  saison. 

[Si  :'est  uue  demoiselle  qui  doit  entrer  dans  le  rond.l 

Vous,  ma  belle  Rose  Pompon, 
Entrez,  s'il  vous  plaît,  dans  ce  rond, 
De  vos  attraits  montrez-vous  iière, 
Embellissez  notre  parterre. 
Revenez,  revenez,  revenez  donc, 
Fleurs  de  la  belle  saison. 

;Si  c'est  un  monsieur  qui  doit  entrer  dans  le  rond.) 

Et  vous,  monseigneur  le  Muguet, 
Qui  faites  si  bien  le  coquet, 
Saluez  la  rose  en  cadence  ; 
Rose,  faites  la  révérence. 
Revenez,  revenez,  revenez  donc, 
Fleurs  de  la  belle  saison. 

(Pour  une  demoiselle.) 

Vous,  modeste  et  gentille  fleur, 
Dont  chacun  vanie  la  candeur, 
Portez,  Violette,  ma  mie, 
Vos  doux  parfums  à  la  prairie. 
Revenez,  revenez,  revenez  donc, 
Fleurs  de  la  belle  saison. 

(Pour  un  monsieur.! 

Et  vous,  mou  cher  Coquelicot 
Quand  chante  le  coqueaaco, 


AUez-vous-eo  voir  en  personne 
Si  notre  moisson  sera  bonne. 
Revenez,  revenez,  revenez  donc, 
Fleurs  de  la  belle  saison. 

iPour  une  demoiselle.) 

Reine  des  champs,  à  votre  tour, 
Entrez  dans  ce  joyeux  contour 
El  dites-nous,  bien  vite,  vite... 
Ce  que  vous  pensez,  Marguerite!.. 
Revenez,  revenez,  levenez  donc. 
Fleurs  de  la  belle  saison. 

(l'our  un  moRuieur.) 

Et  vous,  monsieur  le  Dahlia, 
Avec  votre  habit  de  gala, 
Entrez  aussi  dans  cette  ronde, 
La  porte  s'ouvre  à  tout  le  monde. 
Revenez,  ievei5pz,  revenez  donc, 
Fleurs  ùi  a  >elle  saison. 

I*'!  r  une  demoiselle.) 

Venez,  tends  e  Pensée,  aussi, 
Votre  place  est  toujours  ici  ; 
Par  vous»  le  Inm  Dieu  dit  :  qu'on  aime 
Son  prouliain  autant  que  soi-même... 
Revenez,  îeveiuz,  revenez  donc., 
Fleurs  de  3a belle  saison. 

(tour  un  monsieur. 

Et  vous,  petit  prince  Jasmin, 
Allez  fairo  un  tour  au  jardin  , 
Votre  frais  berceau  vous  rappell", 
Grimpez  autour  de  la  tonnelle, 
Revenez,  revenea,  revenes  done 
Fleurs  de  la  belle  saison, 

(A  une  demoiselle.' 

Vous  qu'on  aime  tant  a  revoir 
Belle  Tulipe  en  corset  non. 


!U 


CHANSONS    POPULAIRES 


Refleurissez  la  plate-bande. 
Qui  dos  longtemps  vous  redemande. 
Revenez,  revenez,  revenez  donc. 
Fleurs  de  la  belle  saison. 

(A  un  monsieur.l 

A  \ous  maintenant,  sire  Œillet, 
Allez  me  faire  un  beau  bouquet: 
Allez  vite;  dans  ce  parterre, 
Ça  n'est  pas  difficile  à  faire. 
Revenez, revenez,  revenez  donc. 
Fleurs  de  la  belle  saison 

(A  tout  le  rond,  et  àl'appel  de  son  nom  chaque  fleur 
doit  revenir  à  la  jardinière.) 

A  moi,  belle  Rose-Pompon, 
A  moi,  vile.  Muguet  mignon, 
A  moi,  gentille  Molette, 
Coquelicot,  qui  \  nus  arrête? 
Ronne  Marguerite,  es-tu  prête? 

Dahlia,  soyez  de  la  fête. 
Pensée,  on  vous  croirait  distraite. 
Jasmin,  Tulipe.  Œillet,  revenez  donc. 
Fleurs  de  la  belle  saison. 

I  doiiard   lie  von. 

Pour  l'intelligence  de  cette  ronde,  nous  ferons 
remarquer  que  celle  ou  celui  qui  la  chante  repré- 
sente la  jardinière  ou  le  jardinier.  Chaque  danseur 
va  dans  le  rond  à  mesure  qu'on  appelle  son  nom 
depuis  la  rose  jusqu'à  l'œillet.  Il  est  cependant  loi- 
sible au  chanteur  ou  à  la  chanteuse  d'intervertir  les 
rôles.  On  conçoit  qu'il  n'y  a  pas  besoin  de  messieurs 
pour  que  les  jeunes  personnes  usent  de  cette  ronde. 
Mademoiselle  Amélie  peut  aussi  bien  être  h 
que  M.  Gustave,  et  mademoiselle  Rose  peut 
Len  consentir  a  se  voir  changer  en  coquelicot. 
Seulement  il  faut  que  chaque  |M  niée  re- 

:. -; .  ..   [i  m.  de  (leur  qu'on  lui  a  donné  quand 
on  la  vv,  >pejlfl  au  dernier  couplet,  ou  elle  paie    un 


TROIS  CENTS  .SOLDATS. 


] .  venant  de  la  guerre,  (bis.) 

V\dii  n'aii,  pian. 


La  fill"  du  roi  étant  à  sa  fenêtre,       (bis.) 
Ran  plan,  pian, 

Fille  du  roi,  donnez-moi  votre  rose,     (6w.) 
Ran  plan,  plan. 

Gentil  soldat,  lu  n'auras  pas  ma  rose,      (6m.) 
Ran  plan,  plan. 

Sire.  A  mon  roi I  donnez-moi  votre  fille,  [bis.) 
Rail  plan.  plan. 

Bel  officier,  lu  n'es  pas  asees  riche,     (bis.) 
Ran  plan,  plan. 

J'ai  deux  vaisseaux  de  sur  la  mer  jolie,  (6m.) 
Ran  pi;. ii,  plan. 

L'un  chargé  d'or,  l'autre  de  pierr  s  fin>'<.   6m.) 
Ran  [dan.  plan. 

Tiens,  dit  le  roi,  je  le  donne  ma  tille,  (6m.) 
Ran  plan,  plan. 


LE  BON  ERMITE. 

1851. 
Air  :  //  ilail  un  roi  d'Yvelo1- 

Jadis  au  fond  tle  ce  vallon 

Vivail  un  bon  ermite. 
Renommé  dans  loùl  le  canton, 

Homme  dé  grand  mérite 
Et  de  grande  religion, 
Il  B'appelail  Hilarion 

Dit-on. 
Oh  !  oh)  oh!  oh|  ah!  ahl  ah!  ah' 
Le  bon  ermite  c'était  là, 
La  la. 

Il  aimait  les  petits  enfants 
Qui  savaient  se  conduire, 

Et  qui  poui  plaire  à  leurs  parente 
Tâchai'  ni  bien  à  B'iustruire» 

Pour  récompeu  er  len. s  ira'  aui 

11  avait  toujours  des  cadeaux 
Nouveaux. 


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ROi\Dl£S  ENFANTINES. 


!l.*i 


Oli  !  oh  !  oli  !  oh  !  ah  !  ah  !  ah  I  al.  I 
Quel  bon  ermite  c'était  là, 
La  la. 

Aux  jeunes  filles  du  pays, 
Quand  elles  éta:ent  sages, 

Il  trouvai!  d"s  petits  maris 
Beaux  comme  des  ima.es. 

Kl  p  is  quand  il  les  mariait, 

M  n  ieur  le  maire  sa'i  fait 
Di  ai!  : 

0:i  !  o:.!  oh!  oh  !  ah  !  ah!  ah!  ah' 

Le  bon  ermite  que  voila, 
La  la. 

Lu  jour  que  l'ermite  lisait 

Dedans  son  bréviaire, 
Arrive  un  tout  jeune  varlet 

Disant  :  pardon,  mon  père. 
J'aime  la  fille  du  seigneur, 
Oui,  je  l'aime  de  tout  mon  cœur, 

D'honneur  ! 
Oh  !  oh  !  oh  !  oh  !  ah  !  ah  !  ah  !  ah  ! 
Quel  bon  ermite  c'élait  là, 
La  la. 

Enfant,  la  fille  du  seigneur, 

Lui  répondit  l'ermite, 
Veut  bien  donner  son  noble  cœur, 

Mais  veut  qu'on  le  mérite. 
Il  faul,  t'en  allant  guerroyer, 
Re\enir  avec  le  laurier 

G  uerrier. 
Oh!  oh!  oh!  oii  !  ah!  ah  !  ah!  ah! 
Quel  bon  ermite  c'était  là, 
La  la. 

Le  page  s'en  fut  guerroyer, 

Mais  ne  perdit  la  vie, 
A" avait-il  pas  pour  bouclier 
Son  cœur  tout  à  sa  mie. 
Chez  l'ermite  après  de  longs  jours, 
Il  revint  gardant  ses  amours, 

Toujours. 
Oh!  oh  1  oh!  oh!  ah!  ah!  ah!  ah! 
Bon  père  ermite,  me  voilà, 

La  la. 


L'ermite  le  voyant  si  beau. 

Il  était  capitaine, 
Lui  dit  je  m'en  vais  au  château. 

Ne  te  mets  plus  en  poine. 
Pour  prix  de  ta  noble  valeur, 
Beau  page,  il  te  faut  du  bonheur 

Au  cœur. 
Ohl  oh  !  oli!  oh  !  ah  !  ah!  ah'  an  i 
Quel  bon  ermite  c'était  là, 

La  la. 

Huit  jours  après  il  unissait, 

A  l'autel  de  Marie, 
Le  c  mple  qui  le  b'nissait 

Comme  son  bon  génie. 
Et  ces  époux  furent  heureux, 
Car  ils  étaient  bien  vertueux, 

Tous  deux. 
Oh!  oh!  oh!  oh!  ah!  ah!  ah!  ah! 
Quel  bon  ermite  c'élait  là, 
La  la. 

Edouard  Neveu» 


LE  RAT  DE  VILLE  ET  LE  RAT  DES  CHAMPS. 


Un  jour  le  rat  des  champs  poliment  invité 
l'ar  un  de  ses  amis,  gros  rat  de  la  cité; 
Quand  il  eut  embrassé  sa  femme  et  son  gamin, 
Armé  de  son  bâton  il  se  mit  en  chemin. 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la, 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la, 
Sur  l'air  du  tra  déri,  déra,  Ira  la  la. 

Grand  Dieu!  comme  il  faitchaud.'se  dit-il  en  courant; 
Il  me  faudra  changer  de  tout  en  arrivant! 

J'  conviens  que  pour  un  r'pas  c'est  un  peu  trop  s'  presser, 

Bien  sûr  durant  un  an  j 'suis  dans  l'cas  d'en  tousser 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Sanschaussures,sansgants,notre  habitant  rural, 
Après  bien  des  détours,  aborde  au  pont  Royal  ; 
J'ai  perdu  L  numéro... mon  instinct,  Dieu  merci, 
M' dit  qu'  mon  gros  citadin  n'demeur  pas  loin  d'ici 
Ciir  l'air  du  Ira,  etc. 


m; 


CHANSONS    l'OI'l  •f.MIU'S 


I  arrive  pourtant...  les  deux  couverts  sont  mis,  ' 
Ne  devinez-vous  pas  la  gaité  des  amis? 
Encore  unj  minute,  et  des  mets  succulents 
Vont  renlorcer  bientôt  un  grand  plat  d'ort  dans, 
Sur  l'air  da  tra,  etc. 

Tout  marche  pour  le  mieux  ;tout  abonde  à  foison; 
Déjà  sont  dégarnisses  buffets  d'  la  maison  ; 
Quand!  rustique  altéré,  s'écri':  Vilain  lourdeau! 

lu  ne  donnes  pas  d'  vin, m'  prends-tu  pour  an  rat  d'eaul 

Sur  l'air  <••••  tra,  etc. 

De  faire  autant  de  bruit,  ami,  vous  avez  tort  ! 
Car  dans  mon  grand  palaisoncause  un  peu  moins  fort, 
Des  chats,  nos  ennemis,  toujours  prêts  à  chasser, 
Craignons  une  surprise  !..  ils  nous  feraient  danser, 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

DEVISE    ET   MORALE. 

J'ai  bien  assez,  mon  vieux,  de  vos  festins  de  rois, 
J'aime  mieux  messoupers  pris  sur  lebord  d'un  bo;s; 
Dans  la  plaine  je  vis  sans  être  inquiété, 
Et  peux  dans  mes  refrains  chanter  la  liberté, 

Sur  l'air  du  Ira  la  la  la, 

Sur  Pair  du  tra  la  la  la, 
Sur  l'air  du  Ira  déri,  déra,  Ira  la  la. 


Ar.n;oi  in  i'.t  polichinelle. 


■ 


Arlequin  lient  sa  boutique 
D(  ssous  un  grand  parasol. 
1!  attire  Li  pratique 
Autant  que  votre  Guignol. 

Oui,  monsieur  Po, 

Oui,  monsieur  Li, 
Ou'.,  t'olipo,  Polichi,  Polincl, 
Il  attire  la  pratique, 
Oui,  monsieur  Policbinel. 

n  vend  des  bouts  de  régi 

Meilleurs  que  votre  bâton, 

li  ta  bons  hoinm's  en  pain  d'epiot! 

Moins  bavards  que  \<>as,  ii'u-on. 
d  i,  monsieur  Po 


Oui,  monsieur  Li. 
Oui.  Polipo,  Policbi,  Polinel, 

Des  bons  homrn's  en  pain  d'épice, 
Oui,  monsieur  Policbinel. 

Il  a  des  pralines  grosses, 
Bien  plus  grosses  que  le  poing. 
Plus  grosses  que  les  deux  bosses 
Qui  sont  dans  votre  pourpoint. 

Oui,  monsieur  Po, 

Oui,  monsieur  Li, 
Oui,  Polipo,  Policbi,  Polinel, 

Plus  grosses  que  vos  deux  bosses, 
Oui,  monsieur  Potichinel. 

Il  a  des  belles  oranges 
Pour  les  bons  petits  enfants, 
Et  des  si  beaux  portraits  d'anges 
Qu'on  dirait  qu'ils  sont  vivants. 

Oui,  monsieur  Po. 

Oui,  monsieur  Li, 
Oui,  Polipo,  Policbi,  Polim-i, 
Et  des  jolis  portraits  d'ançes 
Oui,  monsieur  Policbinel, 

Il  ne  bat  jamais  sa  femme, 
Et  ce  n'est  pas  comme  chez  \ 
Comme  vous  il  n'a  pas  l'âme 
Aussi  dure  que  cailloux. 

Non,  monsieur  Po, 

Non,,  monsieur  Li, 
Non,  Polipo,  Policbi,  Polinel, 
Comme  nous  il  n'a  pas  l'âme 
Non,  monsieur  Policbinel. 

Voua  faites  le  diable  à  quatre, 
Mais  pour  calmer  vol'  courroux, 
Le  diable  viendra  vous  battre, 
Le  diable  esl  plus  forl  que  vous. 

Oui,  monsieur  Po, 

Oui,  monsieur  Li, 
Oui,  Polipo,  Polichi,  Polinel, 
Le  diabh-  viendra  vous  battre, 
Oui,  monsieur  Policbinel. 


;  '  He  i'i  Piilct  fils    lue,  rui  des'firantU-Ai'gi'Mir.a,  5. 


y  ■■■->'■"■■ 


IJM&i-VfiH 

LA   NEIGE. 

A:  R  d'une  valse. 

La  neige  au  loin  couvre  nos  montagnes, 
L'hiver  jaloux 
Va  fondre  sur  nous; 
Plus  de  bosquet  ni  verte  campagne, 
Portez,  amours, 
I.e  deuil  des  beaux  jours. 
Adieu,  prairie, 
ptose  jolie, 
Loisirs,  plaisirs, 
Tout  s'enfuit  devant  les  zéphyrs. 
Cet  ormeau,  l'honneur  du  village, 
Privé  du  feuillage, 
N'offre  plus  d'ombrage; 
Et  l'oiseau  volage, 
Avec  son  ménage, 
Quitte  le  bocage 
Jusques  aux  chaleurs. 
La  brebis  cherche  sur  l'herbette, 
La  tendre  musette 


Est  presque  muette, 

Et  la  bergerette 

Va  dans  sa  retraite 

Soupirer  seulette 

Jusqu'au  temps  des  fleurs. 
Un  mouchoir  épais  couvre  son  sein 
Plus  d'espoir  pour  les  yeux  ni  la  main. 
Sous  ce  voile  qui  l'emprisonne 

Sa  gorge  mignonne 

D'amour  est  cherchée, 

Et  cette  croix, 

Longtemps  enfermée, 

Restera  cachée 

Tant  qu'il  fera  froid. 
Le  bœuf  pressé  par  l'aiguillon 
Tremble  et  tombe  en  faisant  son  ulloii. 
Tout  est  triste  dans  la  nature, 

Et  de  la  froidure 

L'amour  même  endure; 

Ce  petit  enfant, 

Qui,  pour  couverture, 

N'a  que  son  armure, 

Grelotte  en  marohant. 


7i 


I.   I!.  -  15. 


98 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Laisse  ma  main  réchauffer  la  tienne  ; 

Tu  trembles,  vien, 

Approche-toi  bien  ; 
Pose  ta  joue  ici  sur  la  mienne, 

Passe  ton  bras, 

Marche  à  petits  pas  ; 

Enfin  si  la  glace 
•    Sous  mes  pieds  casse, 

Sois  sans  effroi, 
C'est  mon  cœur  qui  veille  sur  toi. 
Vois  ici  ce  chaume  rustique, 

Cet  asile  antique, 

Qu'habite  mon  père  ; 

Allons-y,  ma  chère, 

L'on  y  dort  tranquille. 

C'est  le  domicile 

De  la  pauvreté. 
Cent  hivers  ont  blanchi  le  fait» 

De  celte  retraite, 

Dont  la  bienfaisance, 

Sœur  du  silence, 

La  paix,  l'espérance, 

Offre  à  l'indigence 

L'hospitalité. 
Là,  le  temps  paraît  toujours  serein, 
Là,  jamais  ni  désirs  ni  chagrin  ; 
Le  bonheur  de  la  matinée 

Remplit  la  journée, 

Et  toute  l'année 

Coulant  sans  souci, 

Sans  crainte  importune, 

Loin  de  lin  fortune, 

Recommence  ici. 
Chaque  jour,  lorsqu'après  les  travaux 
La  iniil  Yient  amener  le  repos, 
Au  foyer,  le  sarment  pétille 

I  e  chef  de  famille 

S'assied  el  babille, 

Et  de  temps  en  temps 

In  piquant  breuvage 

Donne  à  son  visage 

Un  air  de  printemps. 

l'wioïc  il  un  anonyme* 


LA    SIRÈNE. 

1844. 

Quand  vient  l'ombre  silencieuse, 
Quand  vient  le  calme  de  la  nuit.» 
Voix  lointaine  et  mystérieuse, 
Dans  la  montagne  retentit  ! 
0  vous  que  sa  douleur  enivre, 
Et  qui  croyez  l'atteindre,  hélas  I 
Voyageurs  qui  voulez  la  suivre, 
Le  précipice  est  sous  vos  pas  I 

Fuyez  l'enchanteresse, 

Fuyez  sa  voix  traîtresse  ; 

Le  plaisir  vous  guida, 

La  mort  vous  atteindra, 

Car  la  sirène  est  là  ! 

J'ai  lu  dans  un  auteur  habile, 
Et  nos  vieillards  les  plus  instruits 
Disent  que  Naple  et  la  Sicile 
Des  sirènes  sont  le  pays... 
Aussj,  messieurs,  et  par  prudence, 
Quand  vous  arrivent  de  ces  lieux 
Une  roulade,  une  cadence, 
Joli  sourire  cl  deux  beaux  yeux... 

Fuyez  l'enchanteresse, 

Fuyez  sa  voix  traîtresse  ; 

Le  plaisir  vous  guida, 

Votre  perte  en  viendra, 

Car  la  sirène  est  là  1 

Scribe. 

Extrait  de /a  Sirène,  opéra-comique  en  3  acte», 
en  vente  chez  M.  Tresse,  éditeur,  2  et  3,  galtfi*  de 
Chartres  (Palais-National).  Prix  :  60  c. 

La  musique,  d'Auber,  se  trouve  chez  MM,  Bran- 
dus  et  Cie, éditeurs,  103,  rue  Richelieu. 


VILLANELLE. 

1843. 

Quand  le  soleil 
Montre  en  riant 


ROMANCES. 


»? 


Son  front  vermeil 
A  l'orient, 

Les  champs,  les  cieux 
Lui  font  accueil, 
Et  tout  joyeux 
Quittent  leur  deuil; 

Tiède  frisson 
Passe  dans  l'air; 
Chaque  buisson 
Chante  son  air  ; 

Et  jour  qui  luit 
Rit  sur  les  fleurs, 
Où  de  la  nuit 
Brillent  les  fleurs. 

La  joie  ainsi 
Va  triomphant 
Du  noir  souci 
Chez  un  enfant. 

Aube  d'été 
Moins  a  d'attrait 
Que  sa  gaîté 
Qui  reparaît  ; 

Du  mal  passé 
Ne  se  souvient; 
Ombre  a  cessé 
Et  jour  revient, 

Comme  les  fleurs 
L'enfant  joyeux 
Rit,  quand  les  pleurs 
Sont  dans  ses  yeux. 

Casimir  et  Germain  Uelarigne. 

Extrait  de  Charles  VI,  opéra  en  5  actes,  en  vente 
chez  MM.  Michel  Lévy  frères,  éditeurs,  2,  rue  Yi- 

vicntie.Prix  :  1  fr. 
Lamusique,  deF.Halévy, se  trouve  chez  MM.  Brai 

dus  etCie,  éditeurs.  103,  rue  Richelieu. 

■U68BW»" 


LÉONA. 

1827. 

0  ciel!  qui  l'eût  prévu  ?  d'une  terreur  soudaine 
Mes  amis  éprouvant  les  funestes  transports. 
Ont  fui  quand  la  victoire  était  presque  certaine. 
Et  pour  les  rallier  j'ai  fait  de  vains  efforts  ! 

Dévoré  par  l'inquiétude, 
Je  me  suis  vu  contraint,  en  gémissant, 
De  gagner  ma  chaumière  où  règne  maintenant 
La  plus  affreuse  solitude  : 
Ma  Léona  n'en  fait  plus  l'ornement. 

0  fortune  cruelle  ! 
Ma  chère  Léona, 
En  vain  ma  voix  t'appelle 
Hélas!  tu  n'es  plus  là  ! 
Ma  compagne  chérie, 

1  Quand  par  d'affreux  revers 
Ta  jeunesse  est  flétrie, 
Qui  brisera  tes  fers  ? 
0  fortune  cruelle  ! 
Ma  chère  Léona, 
En  vain  ma  voix  t'appelle. 
Hélas  !  tu  n'es  plus  là  ! 

Contre  nous,  exacteurs  infâmes, 
C'est  assez  d'armer  vos  soldats; 
Faut-il  encor  que  de  nos  bras 
Vous  veniez  arracher  nos  femmes  ? 

Sauve  celle  que  j'aime 

Grand  Dieu  !  dans  ta  bonté  ! 

Au  prix  de  mes  jours  même, 

Rends-lui  la  liberté  ! 

.lloreau  et  Lafortelle. 


Extrait  de  Mazaniello  ou  le  Pécheur  napolitain, 
opéra  en  4  actes,  en  vente  chez  M.  Tresse,  éditeur, 
2  et  3,  Palais-National,  galerie  de  Chartres. 
Prix  :  1  lr. 

La  musique,  de  Carafa,  se  trouve  chez  M.  Brullé, 
éditeur,  passage  des  Panoramas,  16. 


ICO 


CHANSONS    POPULAIRES. 


L'ARABE  AU  TOMBEAU  DE  SON  COURSIER. 

1810. 

Air  d'Asiiodèe  (L.  Festeau  . 
On  :  Fais,  Dieu  puissant,  que  le  monde  éclairé,  etc. 

Voix  du  désert,  redis  au  loin  mon  deuil  : 
L'ami  du  brave  est  au  fond  du  cercueil. 

0  voyageur!  partage  ma  tristesse  ; 
Mêle  tes  cris  à  mes  cris  superflus: 
Il  est  tombé  le  roi  de  la  vitesse  ; 
L'air  des  combats  ne  le  réveille  plus. 
Il  est  tombé  dans  l'éclat  de  sa  course  ; 
Le  trait  fatal  a  tremblé  sur  son  flanc, 
Et  les  flots  noirs  de  son  généreux  sang 
Ont  altéré  le  cristal  de  la  source. 
Voix  du  désert,  etc. 

Du  meurtrier  j'ai  puni  l'insolence  ; 
Sa  tète  horrible  aussitôt  a  roulé  : 
J'ai  dans  son  sang  désaltéré  ma  lance, 
Et  sous  mes  pieds  je  l'ai  longtemps  foulé. 
Puis,  contemplant  mon  coursier  sans  haleine, 
Je  l'enlevai  d'un  bras  mal  affermi  ; 
Et  je  revins  triste,  portant  l'ami, 
Qui  tant  de  fois  me  porta  dans  la  plaine. 
Voix  du  désert,  etc. 

Depuis  ce  jour,  tourment  de  ma  mémoire, 
Nul  doux  soleil  sur  ma  tête  n'a  lui  : 
Mort  au  plaisir,  insensible  à  la  gloire, 
Dans  le  désert  je  traîne  un  long  ennui. 
Cette  Arabie,  autrefois  tant  aimée, 
N'.-tplus  pourmoiqu'unmorne  etgrand  tombeau, 
On  me  voit  fuir  le  sentier  du  chameau, 
L'arbre  d'encens  et  la  plaine  embaumée. 
Voix  du  désert,  etc. 

Sous  l'œil  du  jour,  quand  la  soif  nous  dévore] 
H  me  guidait  vers  1<:  fruit  du  palmier: 
A  met  '•■'''■  -  il  combattait  le  More, 

Et  B8  poitrine  était  mon  bouclier. 


De  mes  travaux  compagnon  intrépide, 
Fier  et  debout  dès  le  réveil  du  jour, 
Au  rendez-vous  et  de  guerre  et  d'amour. 
Tu  m'emportais,  semblable  au  vent  rapid - 
Voix  du  désert,  etc. 

Tu  vis  souvent  cette  jeune  Azéide, 
Trésor  d'amour,  miracle  de  beauté; 
Tu  fus  vanté  par  sa  bouche  perfide, 
Ton  cou  nerveux  de  sa  main  fut  flatté' 
Plus  douce  était  que  la  tendre  gazelle; 
Le  haut  palmier  brillait  de  moins  d'appas. 
D'un  beau  Persan  elle  suivit  les  pas- 
Toi  seul,  ami,  tu  me  restas  Adèle. 
Voix  du  désert,  etc. 

Entends  du  moins  ton  maître  qui  te  pleure  : 
Je  le  suivrai  ;  réunis  dans  la  mort, 
Couchés  tous  deux  dans  la  même  demeure, 
Nous  dormirons  aux  sifflements  du  nord. 
Tu  sortiras  de  ta  tombe  poudreuse, 
Et  sous  ton  maître,  au  jour  du  grand  réveil, 
Tranquille  et  lier,  dans  les  champs  du  soleil, 
Tu  poursuivras  ta  roule  lumineuse. 

Voix  du  désert,  redis  au  loin  mon  deuil  : 
L'ami  du  brave  est  encorau  cercueil. 

llillevoyc-. 


La  musique,  de  L.  Festeau,  se  trouve  chea  L. 
Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de-Nazaieili, 


CHAGRIN   D'AMOUR. 


Chagrin  d'amour  avait  flétri  ma  vie, 
J'avais  perdu  la  paix  el  les  beaux  jours, 
Je  les  retrouve  en  voyant  ma  patrie, 
De  son  pays  l'on  se  souvient  toujours. 
La  a  la,  la  a  la. 

Je  reconnais  le  vallon,  la  prairie, 

Ce  clair  ruisseau,  ces  muuts,  ces  vieilles  tours, 


ROMANCES. 


101 


Et  l'humble  toit  d'une  mère  chérie, 
Car  de  sa  mère  on  se  souvient  toujours, 
La  a  la,  la  a  la. 

J'entends  déjà  cette  ronde  jolie 
Qui  de  nos  bois  a  passé  dans  les  cours. 
Doux  chant  d'amour, ne crainspasque j'oublie 
Ton  gai  refrain...  je  m'en  souviens  toujours. 
La  a  la,  la  a  la. 

t..  «le  Konslère. 


La  musique,  de  Mme  Malibran,  se  trouve  chez 
M.  Pacini,  éditeur,  59,  rue  Neuve-Saint-Augustin. 


LE  CHANT  DES  ANGES 

1833. 

A  fêter  la  Vierge  suprême, 
Là-haut,  chaque  ange  est  invité  ; 
Et  mon  ange  gardien  lui-même, 
Dès  l'aurore,  hélas  !  m'a  quitté 
Bel  ange,  à  la  reine  céleste , 
Porte  ton  bouquet,  moi,  je  reste, 
La  reine  de  mon  cœur  est  là, 
Et  pour  célébrer  ses  louanges, 
J'emprunte  le  refrain  des  anges  : 
Ave,  Maria,  ave  Maria. 

Je  lui  coûtai,  petit  encore, 
Petit  comme  l'enfant  Jésus, 
Bien  des  alarmes  qu'on  ignore, 
Bien  des  pleurs  que  Dieu  seul  a  vus. 
Chassant  l'insecte  qui  bourdonne, 
Combien  de  fois,  douce  Madone, 
Près  de  ma  couche  elle  veilla  !... 
Aussi,  pour  chanter  vos  louanges, 
J'emprunte  le  refrain  des  anges  : 
Ave,  Maria,  ave,  Maria. 

Au  front  de  la  sainte  que  j'aime, 
Hélas!  j'aurais  voulu  poser 


Des  étoiles  pour  diadème.... 
hi  n'y  peux  mettre  qu'un  baiser. 
Mais  espérance,  ô  ma  palrone, 
J'ose  rêver  pour  ta  couronne 
Quelques  lauriers...  et  jusque-là 
A  les  pieds  chantant  tes  louanges, 
Je  veux  redire  avec  les  anges  : 
Ave,  Maria,  ave.  Maria. 

llégésippe  lloreau. 

La  musique  est  de  M.  Paal  B***. 


LA  FEUILLE  DU  CHENE, 


Je  vous  dirai  l'histoire  qu'autrefois, 

En  revenant  de  la  cité  prochaine, 

Mon  père  un  soir  me  conta  dans  les  bois^ 

(0,  mes  amis,  que  Dieu  vous  garde  un  père, 

Le  mien  n'est  plus!)  De  la  terre  étrangère, 

Seul  dans  la  nuit  et  pâle  de  frayeur, 

S'en  revenait  un  riche  voyageur. 

Un  meurtrier  sort  du  taillis  voisin. 
0  voyageur,  ta  perte  est  trop  certaine, 
Ta  femme  est  veuve  et  ton  fils  orphelin,  [bis) 
Traître  !  a-t-il  dit, nous  sommes  seuls  dans  l'ombre, 
Mais  près  de  nous,  vois-tu  ce  chêne  sombre  ? 
Il  est  témoin  au  tribunal  vengeur! 
Il  redira  la  mort  du  voyageur  !        [bis.) 
Reposons-nous  sous  la  feuille  du  chêne, 
Reposons-nous  [bis]  sous  la  feuille  du  cl 

Le  meurtrier  dépouilla  l'inconnu  ; 
Il  emporta  dans  sa  maison  lointaine 
Cet  or  sanglant  par  le  crime  obtenu,  [bis.) 
Près  d'une  épouse  industrieuse  et  sage 
Il  oublia  le  chêne  et  son  feuillage, 
Et  seulement  une  fois  la  rougeur 
Couvrit  ses  traits  au  nom  du  voyageur,  [bis.) 
Reposons-nous,  etc. 

Un  jour  enfin,  assis  tranquillement 
Sous  la  ramée  au  bord  d'une  fontaine, 


10! 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Il  s'abreuvait  d'un  laitage  écumant:  (bis.) 
Soudain  le  vent  fraîchit  avant  l'automne, 
Au  sein  des  airs  la  feuille  tourbillonne, 
Sur  le  laitage  elle  tombe,  ô  terreur! 
C'était  la  feuille,  arbre  du  voyageur!    {bis.) 
Reposons-nous,  etc. 

Le  meurtrier  devint  pâle  et  tremblant; 
La  verte  feuille  et  la  claire  fontaine, 
Et  le  lait  pur,  tout  lui  paraît  sanglant.  (6m. 
Il  se  trahit,  on  l'écoute,  on  l'enchaîne, 
Devant  le  juge  en  tumulte  on  l'entraîne. 
Tout  se  révèle,  et  l'échafaud  vengeur  ! 
Apaise  enfin  le  sang  du  voyageur  !     (bis.) 
Reposons-nous  sous  la  feuille  du  chêne, 
Reposons-nous  (bis)  sous  la  feuille  du  chêne. 

Mlllevoyc. 

La  musique,  de  Victor  Massé,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  M.  Edmond  Mayaud,  éditeur,  7,  boulevart 
des  Italiens. 


LA  ROSE. 


Tendre  fruit  des  fleurs  de  l'aurore, 
Objet  des  baisers  du  zéphyr, 
Reine  de  l'empire  de  Flore, 
Hâte-toi  de  t'épanouir. 
Que  dis-je,  hélas,  diffère  encore, 
Diffère  un  moment  à  t'ouvrir, 
Le  jour  qui  doit  te  faire  éclore 
Est  celui  qui  doit  te  flétrir.        (bis.) 

Palmire  est  une  fleur  nouvelle 
Qui  doit  subir  la  même  loi  ; 
Rose,  tu  dois  briller  comme  elle, 
Elle  doit  passer  comme  toi. 
Descends  de  ta  tige  épineuse, 
Viens  la  parer  de  tes  couleurs  ; 
Tu  dois  être  la  plus  heureuse, 
Comme  la  plus  belle  des  fleurs.    (6/5. 

Va,  meurs  sur  le  km  de  Palmire, 
Qu'il  6oit  ton  trône  el  ton  tombeau, 


Jaloux  de  ton  sort,  je  n'aspire 

Qu'au  bonheur  d'un  trépas  si  beau. 

Qu'enfin  elle  rende  les  armes 

Au  dieu  qui  forma  nos  liens, 

Et  qu'en  voyant  périr  tes  charmes, 

Elle  apprenne  à  jouir  des  siens,   (bis.) 

(•i  util   Bernard. 

La  musiqu.,  de  G.  Donuetti,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  M.  Pacini,  éditeur,  rue  Neuve-Saint-Au- 
gustin, 59. 


JE  FIS  HEUREIX  AYANT  DE  TE  CONNAITRE. 


Je  fus  heureux 
Avant  de  te  connaître, 
Quand  j'ignorais  le  pouvoir  de  tes  yeux, 
De  tous  mes  sens,  de  mon  cœur  j'étais  m  ai 
Et  cependant  quandje  te  vis  paraître 

Je  fus  heureux,  (615.) 

Tra  la  ra,  la  ra  la 

Auprès  de  toi 
Tout  me  guide  et  m'attire, 
Je  voudrais  fuir,  je  reviens  malgré  moi, 
L'amour  est  cause  et  rit  de  mon  martyre. 
Hélas!  pourquoi  m'a-t-ildonc  su  conduire 
Auprès  de  toi  I  (bis.) 

Tra  la  ra,  la  ra  la. 

Faut-il  venir? 
J'hésite,  je  balance. 
Mes  maux  sont  grands,  mais  tu  peux  les  finir 
Ah  !  par  pitié  romps  ce  crue!  silence  ; 
M'ôteras-tu  jusques  à  l'espérance? 

Faut-il  venir?  (Wb.J 

Tra  la  ra,  la  ra  la. 

I..  de  Honalère. 

La  musique,  de  Mme  Mahbran,  se  trouve  chez 
M.  Pacini,  éditeur,  5rJ,  rue  Ncuve-Saint-Augustin. 


ROMANCES. 


103 


UN  VŒU  A  LA.  MADONE, 

1834. 

0  sainte  Madone, 
Ma  belle  patrone, 
Si  douce  et  si  bonne, 
Quand  j'étais  enfant  1 
Entends  ma  prière, 
Et  sur  cette  terre, 
Laisse  encor  ma  mère.  (bis.) 

Je  l'aime  tant  !  je  l'aime  tant  ! 

Vois  comme  elle  est  flétrie  ! 
Vois  son  regard  mourant. 
Pour  racheter  sa  vie 
Veux-tu,  veux-tu  mon  sang? 
J'ai  donné  mon  rosaire, 
Mes  bijoux,  mes  atours, 
Pour  les  jours  de  ma  mère 
Je  donnerais  mesjours  !... 
0  sainte  Madone,  etc. 

Je  n'ai  plus  rien  au  monde; 
Mais  Pédrille  cent  fois 
M'a  dit  :  ta  tresse  blonde 
Vaut  plus  que  l'or  des  rois  I 
Cette  mère  adorée, 
Par  pitié,  rendez-la-moi, 
Et  ma  tresse  adorée, 
Vierge,  sera  pour  toi  ! 

Oui,  sainte  Madone, 

Sans  regret  je  donne 

Ma  belle  couronne, 

Mon  seul  ornement! 

Mais  sur  cette  terre, 

Laisse  à  ma  prière, 
Laisse  encor  ma  mère.  (6w.) 

Je  l'aime  tant!...  je  l'aime  tant! 

Un  jour  dans  la  chapelle, 
En  offrande  tombait 
Chevelure  si  belle, 
Que  Pédrille  en  rêvait  !... 
A  présent  pour  lui  plaire, 
Hélas!  je  n'ai  plus  rien! 
Aime-moi  bien,  ma  mère, 
Ma  mère,  aime-moi  bien  ! 


0  sainte  Madone, 
Mon  cœur  t'abandonne 
Avec  ma  couronne, 
Mon  amour...  pourtant... 
Sois  toujours  bénie, 
Toi  qui  rends,  Marie, 
Mère  si  chérie,  (bis.) 

son  enfant I  à  son  enfant!.., 


Gustave  Lemolne. 


La  musique,  de  Mlle  Loïsa  Puget,  se  trouve,  a 
Paris,  chez  M.  Pacini,  éditeur,  rue  Neuve-Saint- 
Augustin,  59. 


L'AVARICIEUSE. 


Philis,  plus  avare  que  tendre, 
Ne  gagnant  rien  à  refuser, 
Un  jour  exigea  de  Sylvandre 
Trente  moutons  pour  un  baiser. 

Le  lendemain,  nouvelle  affaire  : 
Pour  le  berger  le  troc  fut  bon  ; 
Car  il  obtint  de  la  bergère 
Trente  baisers  pour  un  mouton. 

Le  lendemain,  Philis,  plus  tendre, 
Craignant  de  déplaire  au  berger, 
Fut  trop  heureuse  de  lui  rendre 
Trente  moutons  pour  un  baiser. 

Le  lendemain,  Philis,  peu  sage, 
Aurait  donné  moutons  et  chien 
Pour  un  baiser  que  le  volage 
A  Lisette  donnait  pour  rien. 

Dufreau?. 


La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve 
notée  auN  512  de  la  Clé  du  Caveau. 


104 


CHANSONS    POPtJLAIRES. 


REGRETS  D'UN   AMANT. 

1796. 

Je  te  perds,  fugitive  espérance, 
L'infidèle  a  rompu  tous  nos  nœuds; 
Pour  calmer  s'il  se  peut  ma  souffrance, 
Oublions  que  je  fus  trop  heureux. 

Qu'ai-je  dit?  Non,  jamais  de  mes  chaînes 
Nul  effort  ne  saurait  m'affranchir  ; 
Ah!  plutôt  au  milieu  de  nos  peines, 
Conservons  un  si  doux  souvenir. 

Ah!  reviens,  séduisante  espérance, 
Ah!  reviens  ranimer  tous  nos  feux  ! 
De  l'amour  quelle  que  soit  la  souffrance, 
Tant  qu'on  aimeon  n'est  pas  malheureux. 

Toi  qui  perds  un  amant  si  sensible, 
Ne  crains  rien  de  son  cœur  généreux  ; 
Te  haïr!  ce  serait  trop  pénible, 
T'oublicr  est  encor  plus  affreux. 

Hoffmann. 


La   musique,    de    Solié,    se    trouve  notée   au 
N.  298  de  la  Clé  du  Caveau. 


LA  CABANE  DU  PÊCHEUR 


1827. 

Ali!  mon  ami,  que  ces  pensées 
Règlent  toujours  tes  actions, 
Qu'elles  ne  soient  point  effacées 
Par  de  vaines  Musions. 
Après  avoir  l'ait  reconnaître 
Ton  dévoûment  et  ta  valeur, 
H<-\  iens  au  lieu  qui  t'a  vu  naître 
Dana  la  cabane  du  pêcheur. 

1»  éblouir  les  yeux  du  vulgaire 

Le  besoin  non-  est  inconnu. 


Qui  n'eut  jamais  le  nécessaire 

Ne  cherche  pas  le  superflu. 

Il  vous  faut  un  trop  grand  espace, 

Rêves,  fantômes  de  grandeur. 

Comment  pourriez-vous  trouver  place 

Dans  la  cabane  du  pécheur? 

flloreau  et  I.afortelle. 


Extrait  de  Masnniello  ou  le  Pêcheur  Napolitain, 
opéra  en  4  actes,  en  vente  chez  M.  Tresse,  éditeur, 
2  et  3,  galerie  de  Chartres,  Palais-National.  Prix  • 
1  fr. 

La  musique  ,  de  Carafa  ,  se  trouve  notée  au 
N.  2129  de  !a  Clé  du  Caveau. 


JEANNE  LA  BLONDE. 


1843. 

Chaque  soir,  Jeanne  sur  la  plage 
Donnait  rendez-vous  au  beau  page 

Qu'elle  adorait.  [bis.) 

En  l'attendant  Jeanne  la  blonde 
Mêlait  sa  voix  au  bruit  de  l'onde 

lit  murmurait  :  [bis.) 

«  Viens  me  rejoindre  sur  la  rive, 
«  Si  du  rendez-vous  où  j'arrive 

«  Tu  te  souviens, 
«  Oui,  tu  te  souviens, 

«  Tu  te  souviens.  » 
El  dans  la  nuit  l'écho  fidèle,  i 

Qui  semblait  l'appeler  comme  elle,  ,  [bis.) 

Disait  :  viens,  viens I  ) 

Disait  :  viens,  viens I 
Viens,  viens  ! 
Ah  !  viens! 

Mais  bientôt  Jeanne  sur  la  plage 
Attendit  en  vain  le  beau  page 

Qu'elle  adorait.  [bis.} 

An  bord  «les  Ilots,  Jeanne  la  blonde 
Mêlait  ses  larmes  à  leur  onde, 

El  murmurait  :  [bis.) 


Poris   -  Imprimerie  île  hun  lllsotnê,  me  des  Gratxta-AiigusUns,  5, 


ROMANCES. 


105 


«  Ne  viens  plus,  toi  qui  m'as  trahie, 
«  Ne  viens  plus,  de  ta  perfidie 
«  Je  me  souviens, 
«  Oui,  je  me  souviens, 
«  Je  me  souviens.  » 
Au  fond  du  cœur  que  disait-elle?  ^ 
Je  ne  sais,  mais  l'écho  fidèle  i  [ois.) 

Disait  :  viens,  viens! 
Disait  :  viens,  viens! 
Viens,  viens, 
Ah!  viens! 

Casimir  et  Urrmain  Delavigue. 


Extrait  de  Charles  VI,  opéra  en  5  actes,  en  vente 
chez  MM.  Michel  Lévy  frères,  éditeurs,  2,  rue  Vi- 
vienne.  Frix  :  1  fr. 

Lamusique,  deF.H.ilévy.se  trouve  chezMM.  Bran- 
Jus  et  Cie,  éditeurs,  103,  rue  Richelieu. 


ADIEU,  FLORENCE 


1S38. 

A  vous,  j'obéis,  ô  mon  père  ! 

A  ^ous,  mon  maître  souverain  ! 

Et  du  devoir  la  loi  sévère 

Sans  mon  cœur  a  donné  ma  main  ! 

Vous  que,  dans  une  humble  chaumière, 
Le  destin  fait  naître  et  mourir, 
Vous  choisissez  qui  sait  vous  plaire... 
Fille  de  roi  ne  peut  choisir  ! 

O  souvenance 

De  mon  enfance, 

Adieu,  Florence  ; 
Adieu,  mon  beau  palais, 
Et  tout  ce  que  j'aimais  ! 

Vous  si  jolies, 

Vous,  les  amies 

Que  j'ai  chéries, 
Gardez-moi  votre  foi, 

Teiisez  à  moi  ! 


Et  vous,  tourment  de  ma  pensée, 
Vain  espoir  d'un  autre  avenir, 
Fuyez  de  mon  âme  insensée  ; 
Pour  jamais  je  dois  vous  bannir! 
O  souvenance 
De  mon  eniance, 
Adieu,  Florence  ; 
Adieu,  mon  beau  palais, 
Et  tout  ce  que  j'aimais. 

Scribe. 


Extrait  de  Guido  et  Ginévra,  opéra  en  5  actes, 
en  vente  chez  M.  Tresse,  éditeur,  2  et  3,  galerie  de 
Chartres.  Prix  :  1  fr. 

La  musique,  de  F.  Halévy,  se  trouve  chez 
MM.  Brandus.  éditeurs,  103,  rue  Richelieu. 


BRIGITTE  ET  JULIEN. 

]  S -29. 

Travaillons,  mesdemoiselles  ! 

Grâce  à  nos  heureux  talents, 

Les  dames  sont  bien  plus  be.les, 

Et  les  messieurs  plus  galants. 
C'est  en  chaulant  que  l'ouvrage  s'avance, 

Henriette,  dis-nous  la  romance 

De  Brigitte  et  de  Julien. 
-Madame  n'est  plus  là?  silence!  écoutonsbien. 

«  Si  je  suis  infidèle, 

«  Même  après  ton  trépas, 

«  Pour  me  punir,  dit-elle, 

«  Julien,  tu, reviendras!...  » 

Il  partit  et  Brigitte 

Un  grand  mois  le  pleura, 

Fit  puis  le  mois  d'ensuite 

Elle  se  consola. 

Dans  ce  temps-là. 
C'était  déjà  coinin'  ça. 

Mais  alors  en  Autriche 
Etait  un  beau  seigneur, 
Jeune,  amoureux  et  riche, 
Toujours  rempli  d'ardeur, 


T.  !!.  —  1(5. 


106 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Brigitte,  toujours  constante, 

D'abord  le  repoussa... 
Puis  la  semain'  suivante 
Brigitte  l'épousa. 

Dans  ce  temps-là 
C'était  déjà  comm'  ça. 

On  fait  le  mariage... 
Mais  voilà  que,  le  soir, 
Un  spectre  au  noir  visage 
Près  du  lit  vient  s'asseoir. 
Ki  ce  spectre  effroyable, 
C'esl  Julien  !...  le  voilà  ! 
lit  d'effroi  la  coupable 
A  sa  vue  expira! 

Dans  ce  temps-là 
C'était  déjà  comm'  ça. 

Scribe. 

Extrait  de  la  Fiancée,  opéra  comique  en  3  actes 
en  vente  chez  M.  Tresse,  éditeur,  2  et  3,  galerie 
de  Chartres,  Palais-National.  Prix  :  CO  c. 

La-musique,  d'Auber,  se  trouve  notée  auK.  2039 
de  la  Clé  du  C'a. eau. 


LE  BIEN-AIME  NE  REVIENT  PAS. 

Quand  le  bien-aimé  reviendra 
Près  de  sa  languissante  amie, 
Le  printemps  alors  renaîtra, 
L'herbe  sera  toujours  Qeurie. 
.Mais  je  regarde,  hélas!  hélas I 
Le  bien-aimé  ne  revient  ■ 

('.-•■aux,  vous  chanterez  bien  mieux, 
i       id  «lu  bien-aimé  là  voix  tendre 
Vous  peindra  BC3  transp  >fts,  ses  feux, 
lui  A'-  vous  l'apprendre, 
.  mais  j'écoute,  hélas  !  hélas  ! 
Le  bien-aimé  ne  revienl 

Echos,  que  j'ai  il  fois 

18,  de  ma 


11  revient  :  peut-être  sa  voix 
Redemande  aussi  sa  maîtres  e. 

Paix!  il  appelle,  hélas!  hélas! 
Le  bien-aimé  n'appelle  pas. 

Marsollicr. 


La  musique,  ili1  P;ilajTrac.  se  trouve  notée  au N. 480 

'Ir  l.i  (.  lé  du  Caveau. 


JE  VEUX  VOUS    PLAIRE 


1840. 

Vous  avez  beau  faire, 

Bon  v:vé  mal  gré. 
Moi  je  veux  vous  plaire 
Et  je  vous  plairai  : 
Vous  avez  beau  faire, 

Bon  gré,  mal  gré. 
Oui  je  veux  vous  plaire 
lit  je  vous  plairai!... 

J'étais  boudeuse. 

Capricieuse, 
Au  point  de  vous  faire  enrager  . 

Plus  de  caprices, 

Plus  de  malices, 
Pour  \ous  monsieur,  je  veux  changer. 

Plus  que  personne, 

Je  serai  bonne, 
Si  bonne  qu'il  faudra  m'aimer. 

Qu'on  se  courrouce, 

Qu'on  nu-  repousse, 
le  saurai  bien  vous  désarmer. 

Vousavez  beau  faire,  etc. 

Pour  ma  toilette, 

.le  suis  coquette  : 
J'allais  à  ce  bal  de  la  cour, 

En  puritaine 

Un  peu  mondaine, 
l'A  mou  costume  est  un  amour  '■ 

J'étais  jolie, 

Mais  j<-  l'oublie, 


h  OU  ANC ES 


107 


El  ce  bouquet 
Qui  me  rendait 
Si  séduisante, 
Si  ravissante , 
Me  semble  laid 
S'il  vous  déplaît. 
Vous  avez  beau  faivi 


etc. 


Mais  pour  vous  plaire 
Que  faut-il  faire?... 
De  vos  rivaux  avez-vous  peur? 
Discours  frivoles, 
Douces  paroles, 
N'arrivent  pas  jusqu'à  mon  cœur. 
Mais  plus  de  fêles  ! 
Plus  de  conquêtes  ! 
Si  le  monde  vous  rend  jaloux, 
Pour  la  retraite 
Me  voilà  prête, 
Je  suis  si  bien  seule  avec  vous  ! 
Vous  avez  beau  faire, 
En  vos  yeux  j'ai  lu,  ' 

Je  voulais  vous  plaire  ( 

Et  je  vous  ai  plu.  ) 


(bit 


iiustnw   l.cmoiiie 

La  musique,  de  Mlle  Loïsa  Puget,  se  trouve  chez 
"deissonnier.  éditeur,  rue  Daupliine,  18. 


0  JOUR  PU- IN    DE  CHAUMES! 


1829. 

O  jour  plein  de  charmes! 
Lecteur  rempli  d'espoir,  j'arrive  au  rendez-vous. 
Plus  de  craintes,  plus  d'alarmes  ! 
Enfin,  demain,  je  serai  son  époux  ! 
Qu'elle  est  jeune  et  jolie, 
Celle  que  j'ai  choisie  ! 

D'un  tel  trésor,  d'un  bien  si  doux, 
Comment  ne  pas  être  jaloux? 


Vn  jour  encore, 
Un  seul  jour!  Quel  tourment, 
Lorsque  l'on  s'adore 
Et  lorsque  l'on  attend  ! 

Qu'un  tel  hymen ée 
A  pour  moi  d'appas  1 
Mais  cette  journée 
Ne  finira  pas  ! 

Un  jour  encore, 
Un  seul  jour  !  Quel  tourment, 
Lorsque  l'on  s'adore 
Et  lorsque  l'on  attend  ! 

K.  Scribe. 


Extrait  de  la  Fiancée,  opéra  comique  en  3  actes, 
en  vente  chez  M.  Tresse,  éditeur,  2  et  3,  galerie  de 
Chartres  (Palais-National)  Prix  :  60  c. 

La  musique,  d'Auber,  se  trouve  chez  MM.  bran- 
dus  et  Cie.  éditeurs,  rue  Richelieu,  103, 


C'EST  MON  AMI  :  RENDEZ-LE-MOI. 

1773. 

Ah!  s'il  est,  dans  votre  village, 
Un  berger  sensible  et  charmant, 
Qu'on  chérisse  au  premier  moment, 
Qu'on  aime  ensuite  davantage; 
C'est  mon  ami,  rendez-le-moi; 
J  ai  son  amour,  il  a  ma  foi. 

Si  par  sa  voix  douce  et  plaintive, 
II  charme  l'écho  de  vos  bois  ; 
Si  les  accents  de  son  hautbois 
Rendent  la  bergère  pensive  ; 
C'est  encor  lui     rendez-le-moi  ; 
J'aisnn  amour,  il  a  ma  foi. 

Si  même  en  n'osant  rien  vous  dire, 
Son  seul  regard  sait  attendrir; 


108 


CHANSONS    POPULAIRES. 


si.  sans  jamais  sans  rougir, 
Sa  gaité  l'ait  toujours  sourire; 
(','(  st  encor  lui.  rendez-le  moi; 
J'ai  son  amour,  il  a  nia  foi. 

Si,  passant  près  de  sa  chaumière) 
Le  pauvre,  en  voyaal  son  troupeau, 
Ose  demander  un  agneau, 
Et  qu'il  obtienne  encor  la  mère; 

Oh!  c'est  bien  lui  :  rendez-le  moi; 
J'ai  son  amour,  il  a  ma  foi. 

Florian. 

La  musique,  do  Chardiny,  se  trouve  notée  au 
N«  23  de  la  Ole  du  Caveau.' 


PRENDS  GARDE,  MONTAGNARDE. 

îxn. 

Prends  garde. 

Montagnarde, 

Hue  regarde 
Un  vieil  amoureux  ! 

Son  âme, 

Qui  s 'en  lia  m  me, 

\  eut  pour  femme 
Fillette  aux  beaux  yeux  ! 
On  prétend  qu'il  a  de  ça, 
Et  ton  père  en  voudra! 
Et  moi  je  dis  tout  bas  : 
Hue  de  lui  je  ne  veux  pas! 
Ah!  ah!  ah!  ah!  [bis.) 

Sévère 
Centenaire 
ilère, 
Il  gronde  toujours! 
Qu'importe 
Qu'il  apporte 
Somme  forte 
Au  lieu  des  amours! 
i ,     oaïo  n'a  que  de  ça, 
Mon  cœur  le  préféra  ! 
Remportez  vos  ducats, 
Le  bonheur  ne  se  vend  pas! 
Ah!  ah!  ah!  ah!  [bis.) 

Svrlhv. 

La  musique,  d'Anber,  se  trouiecbez  MM.  Biun- 
dusel  (.',  6dileur>,  103,  rue  IUchclieu. 


L'AMANT  D1SCRKT. 


173G. 

L'amant  frivole  et  volage 
Chante  partout  ses  plaisirs, 
Le  berger  discret  et  sage 
Cache  jusqu'à  ses  désirs. 
Telle  est  son  ardeur  extrême, 
Mon  cœur,  soumis  à  ta  loi, 
Te  dit  sans  cesse  qu'il  aime 
Pour  ne  le  dire  qu'à  toi. 

Sur  une  écorce  légère, 
Amants,  tracez  votre  ardeur; 
Le  beau  nom  de  ma  bergère 
N'est  gravé  que  dans  mon  cœur. 
Je  n'ose  occuper  ma  Lyre 
A  chanter  un  nom  si  doux, 
Echo  pourrait  le  redire, 
Et  j'aurais  trop  de  jaloux. 

Corinne  à  feindre  m'engage, 
Pour  mieux  tromper  les  témoins. 
Ce  qui  lui  plaît  davantage, 
Semble  me  plaire  le  moins; 
L'herbe  où  son  troupeau  va  paître 
Voit  le  mien  s'en  écarter, 
El  je  semble  méconnaître 
Son  chien  qui  vient  nie  flatter. 

VOUS  qu'un  fol  amour  inspire. 
Connaissez  mieux  Le  plaisir; 
VOUS  n'aimez  que  pour  le  dire  : 

Nous  n'aimons  que  pour  jouir. 

Corinne,  que  ce  m\  : 

Dure  autant  que  ton  amour; 

L'amant  mutent  doit  se  taire  : 
Fais-moi  taire  pour  toujours. 

(■«-ntil  llcrnard. 


Air  ancien,  note  au  N"  31  i  de  le  filé  du  Caveau. 


Paris.  —  Imprimerie  de  Pillet  lik-atné,  rue  des  Grands-Aiigustins,  i. 


LA  FIANCÉE   MOURANTE 


LE  YAL  BÉM 


Ne  mouille  plus  mon  chevet  de  tes  larmes, 

Ma  bonne  mère,  apaise  ta  douleur! 

Je  puis  guérir!...  pou r  calmer  tes  alarmes, 

Jn  te  promets  d'obéir  au  docteur  : 

Mais,  en  retour  de  mon  obéissance, 

i  !hère  maman,  un  prix,  je  crois,  m'est  dû... 

D'Alfred  dis-moi  la  dernière  romance... 

Le  médecin  ne  l'a  pas  défendu!... 

In  jour  plus  tard,  le  flambeau  d'hyménée 
Allait  briller  sur  le  divin  autel  : 
Un  jour  plus  tard  par  l'amour  couronnée, 
J'appartenais  au  plus  tendre  mortel  : 
Hélas!  la  mort  souffla  sur  mon  passage, 
Hors  ce  portrait,  maman,  j'ai  tout  perdu... 
Ah!  sur  mon  cœur,  laisse  sa  douce  image, 
Le  médecin  ne  l'a  pas  défendu!... 

Pourquoi  gémir  sur  le  sort  de  ta  fille? 
Je  me  sens  bien,  vois!...  mon  air  est  joyeux. 
Excepté  toi,  ma  nombreuse  famille 
Auprès  d'Alfred  est  rassemblée  aux  eieux; 
Four  lui,  pour  moi,  désarmons  la  colère 
Du  Dieu  par  qui  le  cœur  est  entendu  : 
A  deux  genoux,  prions!  prions,  ma  mère... 
Le  médecin  ne  l'a  pas  défendu!  .. 

Daigne  céder  à  me 
Pare  mon  sein  du 
Du  bon  pasteur,  1 
Mets  à  mon  doigt, 
Louvre  d'atours  et 
Sur  qui  la  mort  a 
Alfred  m'attend... 
Le  médecin  ne  l'a 


n  dernier  caprice, 

bouquet  virginal;- 
emplis  le  saint  office, 

mets  l'anneau  nuptial; 

corps  brûlant  et  frêle 
le  bras  suspendu.  . 

tâche  que  je  sois  belle... 
pas  défendu!... 

Louis  Fcsteau. 


La  musique,  de  l'auteur  îles  paroles,  se  trouve 
cliez  L.  Vieillot,  éditeur,  rue  Notre-Dame  de  i\a- 
zaretl). 


1839. 

Humble  toit,  pauvre  village 
Dont  mon  cœur  a  gardé  le  nom, 
Val  perdu  dans  le  feuillage 
Comme  la  fleur  dans  un  buisson, 
Tu  parais  triste  et  sans  charmes 
Aux  regards  du  voyageur  ; 
Mais  tu  fais  couler  mes  larmes, 
Mais  tu  fais  battre  le  cœur  !... 
Car  c'est  là,  bonheur  suprême  ! 
Là  que  de  sa  douce  voix 
Elle  a  murmuré  :  Je  t'aime 
Pour  la  première  fois. 

Parlez-moi,  lieux  que  j'adorp, 
Vous  par  elle  bénis  un  jour! 
Oh!  parlez-moi  d'elle  encore. 
Réveillez-vous,  soupirs  d'amour! 
Nuit  plaintive,  éebos,  nature, 
Qui  venez  troubler  mes  sens, 
De  sa  voix  fraîche  et  si  pure 
N'ètes-vous  pas  les  doux  accents?  .. 
Oui,  j'entends,  bonheur  suprême! 
Oui,  j'entends  encor  sa  voix 
Qui  me  dit  tout  bas  :  Je  t'aime  ! 
Pour  la  première  fois. 

0  mon  Louvre  et  mon  royaume, 
Doux  royaume  d'un  souvenir, 

Auprès  de  toi,  pauvre  ebaume, 
Je  voudiais  vivre  et  puis  mourir! 


7(j 


1.  II.  -  17. 


110 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Oui,  toujours,  lerre  chérie, 
Tu  seras  sainte  eu  mon  cœur, 
Car  le  cœur  jamais  n'oublie 
Le  ciel  d'amour  et  de  bonheur, 
Oui,  dans  un  aveu  suprême, 
Une  chère  et  douce  voix 
lu  jour  murmura  :  Je  l'aime! 
Pour  la  première  fois. 

Gustave   témoins 

La  musique,   de  Mlle   Loïsa  Puget,   se    trouve 
(.liez  M.  Meissonnier  fils,  éditeur,  rue  Dauphine,  1   . 


L'ANGE  DÉCHU. 


1843. 

De  l'Eternel  on  chante  les  louanges, 
Et  cependant,  ange  au  front  soucieux, 
Seul  j'ai  quitté  les  célestes  phalanges  ; 
Car  ma  pensée,  hélas!  est  loin  descieux. 
Et  maintenant  exilé  volontaire, 
Qui  deviendra  mon  guide  et  mon  soutien? 
J'aime  d'amour  un  enfant  de  la  terre,     1  ..  . 
Dont  le  Seigneur  m'avait  fait  le  gardien,  y  ,5'> 
Dont  le  Seigneur  m'avait  fait  le  gardien. 

Tiens,  Roi  des  rois,  voilà  mes  blanches  ailes, 
Pour  qu'un  seul  jour,  je  puisse,  en  liberté  . 
.Mirer  mes  yeux  dans  ses  noires  prunelles, 
Reprends,  reprends  mon  immortalité; 
Car  toul  m'u(tri8teau  séjour  du  tonnerre, 
Ivre  d'amour,  je  n'espère  plus  rien. 
Rien  que  le  cœur  de  l'enfanl  de  la  terre 
Dont  ta  bonté  m'avait  l'ait  le  gardien, 
Non,  rien  que  le  cœur  de  l'enfanl  delà  lerre, 
Donl  taboulé  m'avait  fait  le  gardien,    {iris.) 

le  pars,  hélas!  déception  profonde. 
On  nu'  dédaigne  el  mi    vœux,  mes  soupira 
N'ont  pas  sauvé  de  1  océan  du  monde 
Quelques  débris  des  plus  do:ix  souvenirs. 
1  aie  cl  tremblant  de  van  I  ce  fronl  sévère. 


Je  perds  l'espoir,  ici-bas  mon  seul  bien... 
Elle  me  hait  cette  enfant  delà  terre       >.,  .  , 
Don  lie  Seigneur  m'avait  fait  le  gardien,   ( 

Dont  le  Seigneur  m'avait  fait  le  gardien. 

GiiMtuve  Dcsfoatsé. 

La  musique,  d'Adolphe  Vogel ,  se  trouve  chez 
M.  Colombier,  éditeur,  rue  Vivienne,  C. 


L'KKKEUU. 


Air  du  jiarlagede  la  ?-ichesse. 

Lise,  les  yeux  baignés  de  larmes, 

S'aflligeait  pour  un  inconstant. 

Lycas,  objet  de  ses  alarmes, 

Ne  pouvait  être  son  amant;  bis.] 

Son  cœur,  pour  une  autre  bergère, 

Avait  formé  de  tendres  vœux; 

Mais  Lise  ignorait  ce  mystère  :         l    ,  . 

Tant  qu'on  espère  on  esi  heureux.    I 

Sous  un  ormeau  la  pauvre  Lise, 
Avec  Lycas  causant  un  jour, 
Par  une  funeste  méprise, 
Prit  la  gaîté  pour  de  l'amour. 
Depuis,  du  berger  Béparée, 
En  maudissant  son  triste  sort, 
Lise,  presque  désespérée, 
Trouvait  doux  d'espérer  encor. 

Le  soir  assis  sous  le  feuillage, 

Jouant  à  des  jeux  innocents, 

Tous  les  bergers  du  voisinage 

Au  Irais  passaient  d'heureux  moments. 

Par  Lise,  pour  faute  légère, 

A  Lycas  il  est  ordonné, 

Qu'à  celle  que  son  cœur  préfi  rc 

t  h  tendre  baiser  soit  donné. 

Lycas  ignorait  l'art  de  feindre, 
Il  courut  embrasser  Babel. 
b  Sachons,  dit  Lise,  me  contraindre, 
«  Voila  donc  ce  falal  secrel  ! 


ROMANCES 


i!\ 


«  Illusion  douce  el  trompeuse. 
«  Avec  toi  s'enfuit  mon  bonheur. 
«  Ah  !  faut-il  cesser  d'être  heureuse 
«  En  cessant  d'être  dans  l'erreur  !..    » 

ssnrty. 


LE   VOLONTAIRE. 

1843. 

Air  de  lu  valse  de  Gisclle. 

Adieu,  je  pars,  je  reviendrai,  j'espère; 
Ma  benne  sœur,  prends  soin  de  notre  mère 
Adieu,  je  pars,  je  cours  à  la  frontière, 
De  mon  pays 
Chasser  les  ennemis. 

Déjà  l'aurore 

Au  loin  colore, 
Eclaire  et  dore 
Le  vieux  château. 
L'oiseau  s'envole 
Vers  l'auréole, 
Chantant  l'idole 
F»' un  jour  si  beau. 
Adieu,  etc. 

De  ce  village 

Chacun,  je  gage, 
Plein  de  courage, 
Vient  de  quitter 
Femme  et  chaumière. 
Enfant,  vieux  père, 
Four  la  bannière 
Qu'on  voit  flotter. 
Adieu,  etc. 

Ma  fiancée, 
L'àme  oppressée 
D'une  pensée. 
Rêve  au  malheur. 
Dis-lui,  Marie, 


Que  la  patrie 
Veut  qu'on  oublie 
Tout  pour  l'honneur. 
Adieu,  etc. 

Dors,  ô  ma  mère, 
Qu'une  prière 
Me  soit  prospère 
Dans  les  combats. 
Ton  doux  sourhe 
Semble  me  dire  : 
Fils  que  j'admire, 
Viens  dans  mes  bras. 
Adieu,  etc. 

Non,  plus  d'alarmes, 
Donne  mes  armes, 
Sèche  tes  larmes, 
Calme  ton  cœur. 
Va  !  de  ton  frère 
Montre-toi  fîère, 
Le  volontaire 
Sera  vainqueur. 
Adieu,  etc. 

Le  clairon  sonne, 
Le  bronze  tonne, 
Sainte  madone, 
Il  faut  partir. 
Vaine  parole, 
Crainte  frivole, 
Au  feu  je  vole 
Vaincre  ou  mourir. 

Adieu,  je  pars,  je  reviendrai,  j'espère; 
Ma  bonne  sœur,  prends  soin  de  notre  mère  , 
\dieu,  je  pars,  je  cours  à  la  frontière, 
De  mon  pays 
Chasser  les  ennemis. 

b;.  ICcHiiiucstcr. 

La  musique,  de  F.   Burgmullcr,   se  trouve  chez 
M,  Colombier,  éditeur,  6,  rue  Vivien  ne. 


,,,  CHANSON?   P 

LA  TOURTERELLE. 

1844. 

Air  :  O  muse  Juliette. 

Belle 
Tourterelle, 

En  vain  lu  bots  de  l'aile, 
Une  prison  cruelle, 
Voilà  ton  séjour. 
Las!  dans  ma  ebambrette 
L'éeho  ne  répète 
Que  tes  soupirs,  pauvrette, 
Et  les  miens  tour-à-tour. 
Comme  loi,  nuit  et  jour, 
Je  vis  seuleite, 
Sans  amour. 

Mon  bel  oiseau,  ma  gentille  compagne, 
Rien  ne  nous  manque,  et  de  toi  j'ai  bien  soin. 
Nous  nousaimons;  pour tant,rennui  nous  gagne 
Où  souffrons-nous?  Quel  est  notre  besoin? 

A  travers  la  croisée 

Nous  sourit  le  printemps, 

El  notre  âme  embrasée 

Dit  au  bonheur  :  «  J'attends!...» 
Belle,  etc. 

Le  Créateur  rend  les  feuilles  à  l'arbre. 
Les  amandiers  commencent  à  fleurir- 
Ce  beau  soleil  animerait  du  marbre 
Quand  tout  renaît,  devons- nous  dépérir? 

pour  uos  deux  cœurs  en  proie 

Aux  désirs  superflus, 

1.  universelle  joie 

Ksi  i":  tourment  '!<•  plus! 
Belle,  cic. 

Quels  yeux  plus  doux!  h  quel  Boyeux  i  luinage! 
Le  joli  bec  à  mes  doigt!  familier! 

enl  beautés  quel  charmant  ass  ml>i, 
Le  noble  port  !  1  admirable  collier  ' 
E-voua  i.i  coqui 
Soudain  se  rengorgea  ? 


0PULÀ1RES. 

D'aise  elle  me  becquetle, 
El  voudrait  voltiger. 

Belle,  etc. 

A  la  pitié  serai-je  inaccessible! 
C'est  que  j'ai  peur  que  l'on  me  gronde,  moi! 
Eh  bien  !  tant  pis!  je  redeviens  sensible, 
Mais  qu'il  m'en  coûte  à  me  priver  de  toi  1 

Si  j'ouvrais  celle  ca 

Quelle  félicité  ! 

Tu  ;  oui  rais  au  bocage 

Avoir  la  liberté. 
Belle,  etc. 

La  liberté!  tout  ton  être  l'envie  ' 

Car  c'est  pour  toi  l'amour  avec  ses  fleurs. 

Seule,  à  présent,  je  passerai  ma  vie... 

Sois  donc  heureuse...  A  moi,  regreis  et  pleurs. 

Quoi!  là-bas,  sur  un  saule, 

Au  lieu  de  t'envoler. 

Tu  viens  sur  mon  épaule 

Tendrement  roucouler!... 
Belle,  etc. 

Merci!  merci!...  tu  restes;  quelle  ivresse! 
Tiens...  tiens...  encor.  Tebaisé-je  à  moitié!., 
Allons,  rends-moi  caresse  pour  care- 
Consolons-nous,  grâce  à  noire  amitié  ! 

Espoir  !  ma  tourterelle, 

Va.  je  te  donnerai 

Lu  tourtereau  fidèle, 

Quand  je  me  marierai. 

Belle 
Tourterelle, 
En  vain  tu  bals  de  l'aile, 
Lue  prison  cruelle, 

Voilà  ton  séjour. 

Las!  dans  m  i  chambretle, 

L'écho  ne  répète 
Que  tes  soupirs,  pauvrette, 
Et  les  miens  tour  à-tonr. 
Comme  toi.  nuit  et  jour, 
j(<  vis  seule t te, 

Sans  amolli'. 

l'.ntli-  tarin- 


ROMANCES. 


L'AIGLE. 


1838. 


Un  jour,  une  mère  imprudente 
Aux  champs  dormait; 

Un  aigle  à  la  serre  sanglante 

Aux  cieux  planait. 
Soudain,  s'élève  un  cri  terrible; 
La  mère  a  vu,  spectacle  horrible, 

Sur  un  roc  élevé 

Son  enfant  enlevé. 

—  C'est  toi  seule,  ô  Marie, 
Qu'elle  implore  en  s'écriant  : 

O  Marie, 

Prends  ma  vie  ! 

Tout  mon  sang 
Pour  mon  enfant  ! 

—  En  vain,  elle  prie,  éperdue  : 

Mais  nul  mortel 
N'ose,  sur  cette  roche  nue, 

Tenter  le  ciel. 
Que  ne  peut  le  cœur  d'une  mère? 
Voyez-la,  d'un  pied  téméraire. 
S'élancer  et  gravir, 
Sans  trembler,  sans  pâlir... 
—  C'est  toi  seule,  etc. 

—  La  voilà!  ce  n'est  pas  un  rêve... 

Et  son  amour 
Parvient  à  son  enfant,  l'enlève, 

Mais  au  retour, 
Elle  tremble,  la  pauvre  mère  ! 
Elle  tremble  autant  qu'elle  espère,! 
Serrant,  à  cbaque  pas, 
Son  enfant  dans  ses  bras. 
C'est  toi  seule,  etc. 

C  es!  l'amour,  divine  puissance. 

Qui  l'inspira  ; 
L'amour  sera  sa  récompense, 

Son  fils  vivra! 


A  peine,  elle  a  touché  la  terre. 

Tombant  à  genoux  sur  la  pierre, 
Elle  dit,  élevant 
Vers  le  ciel  son  enfant  : 


Sainte  Vierge  Marie, 
En  ce  jour  triomphant, 

O  Marie, 

Sois  bénie, 
Toi  qui  sauves  mon  enfant  ! 

Gustave  Lcmoiiic 


La  musique,  de  Mlle  Loïsa  Puget,  se  trouve 
M.  J.  Meissonnipr, éditeur,  18,  rue  Dauphine. 


LE  GASTEL. 


Un  castel  d'antique  structure 
Vit  l'enfance  du  jeune  Hermand  : 
Son  cœur,  guidé  par  la  nature, 
Aimait  Adèle  encore  enfant  ( 
Tous  deux,  dans  ces  lieux  solitaires 
Coulaient  en  paix  leurs  premiers  jours 
C'était  le  tombeau  de  ses  pères, 
Et  le  berceau  de  ses  amours. 


Mais  bientôt  la  gloire  cruelle 
Appelle  Hermand,  il  faut  partir  , 
Par  ses  larmes,  la  tendre  Adèle 
Espère  encor  le  retenir  ; 
Inutiles  pleurs  et  prières, 
Hermand  renonce  à  ses  beaux 
Il  fuit  le  tombeau  de  ses  pères, 
El  le  berceau  de  ses  amours. 


Aux  combats,  trahi  par  son  zèle. 
Le  brave  Hermand  est  terrasse  . 
Dans  un  soupir,  le  nom  d'Adèle 
Echappe  à  son  cœur  oppressé. 

15 


IU 


CHANSONS    ropn   URF.S, 


Ses  p  ines  seront  moins  amères, 

S'il  | seulement  quelques  jours 

Revoir  le  tombeau  de  s<'s  pères, 
El  lo  berceau  <!<•  ses  amours. 

Arrivé  près  de  son  amie, 
Il  veut  parler,  m  lis  c  esl  en  \  ain 
il  seul  presser  sa  main  chérie 
Il  la  presse,  hélas  '  il  s'<  leiul. 
Adèle  Ferme  ses  paupières, 
La  douleur  termine  Bes  jours, 
Aussi  le  tombeau  » I**  leurs  pères 
Ksi  le  tombeau  de  leurs  amours. 

t'iiroir*  ii'uii  ■■on  y  tue 


LE  PORTRAIT  DE  MYRTIIÉ 

\m  :  Du  partage  di  larichtste. 

Il  \  las,  au  fond  d'un  vertbo 
Tenanl  le  portrait  de  Mj  rthé, 
Disait  •  «  Quel  heureux  assemblage 
«  Et  de  candeur  el  de  beauté  !      (i  is. 

1,1  bien  ces  traits  que  j'adore  ! 
u  Tout  dans  cette  image  est  parfait, 
a  ki  pourtant  ce  modèle  encore 

cent  fois  mieux  que  le  portrait. »(6is 

C  iché  derrière  le  feuillage, 
L'amour  voit  ce  portrait  charmant  : 
Des  mains  d'Hylas  il  le  dégage, 
L'emporte  el  B'envolo  à  l'instant. 
<  >HV>iiis  le,  dit-il,  à  ma  mère . 
El  pour  piquer  sa  vanité, 
Montrons-lui  dans  une  b  îi 
l  es  traita  il  une  divinité. 

I  ci  pilant  si  n  vol  rapide, 
Ki  riant  de  ce  tour  nouveau, 

II  arrive  a  la  eour  de  Gnide, 

lit  monti  e  a  n  '-mis  son  tableau. 
Quels  traits  !  quelle  grâce,  dit-elle, 
Ki  quel  aflïonl  puni  tua  0  i  lél 
Si  celle  i  bien  Adèle, 

belle  que  M\  rthé. 


De  la  déesse  de  Cj  ibère 
Le  dépil  B'ompare  <'ii  secr  I  ; 
Gupidon,  qui  voit  sa  colère, 
Veut  ru  présen  er  le  portrait 
Mai  i,  hélas I  poui  l'obtenir  d'elle 
Se   efforts  soui  infructueux, 
Et  la  trop  jalouse  immortelle 
Le  luise  el  l'écrase  à  6es  veux. 

En  vain  votre  fureur  barbare, 
Dit-il,  a  flétri  tant  d'appas  ; 
La  perte  d'un  objet  si  rare 
Ne  désolera  poinl  Hylaa  : 
Dans  son  cœur  j'ai  gravé  i  image 
Qu'ici  vous  venez  de  bi  I  ei 
Et  tout  i  exci    de  i  otre  1 1 
Ne  peut  jamais  l'en  effacer 


. .  -o-  <-  -  -  - 


PRENEZ  PITIÉ  DE  MOI 


J'ai  faim  !  que  font-ils  donc  T 
Tout  le  monde  m'oublie, 

Odette  aussi  ! 
D'où  \  ient  que  le  bruit  a  cesse  ? 
Ils  onl  craint  ma  raison 

Mais,  plus  je  suis  -eus/'. 

Plus  j'ai  pitié  de  la  folie. 

J'ai  chanté  comme  eun .  j'ai  dansé, 
Ici,  dans  ce   alon,  ici  même...  avec  elle, 
Qui,  belle  et  tendre  alors,  elle  n'esi  plusque  belle; 
Je  ris,  je  lis,  car,  ce  auir-là.jemc  taisais  un  jeu 
D'inlriguei  mainte  damoisulle, 
Que  mou  masque  effrayait  un  peu. 

-  mem  II  au  foui 

lu  réseau  de  Feu  l'environne  ! 

|uel  daogcf  -,  tuse  donc  votre  enVoit 

Pourquoi  ce  cri  :  saine.-  i  ■  rot  1 

Ici,  qui  'l --t  roi  '  \  'Tonne... 

Aujourd'hui..  .maisalors...jecberchectje  ne  puis 
Me  rappeli  r  celui  qui  portail  la  coui'onne. 
je  l'ai  connu  pourtant,  ,  il  sera  naorl  depuis. 


R0I1ANCI  S. 


H5 


nd'  pitié  que  ce  roi,  que  leur  pi 
Leur  bien-aim  •  t  si  promplement  : 

malheureux  riaient  en  le  nommant, 
i  bonté  consolait  leur  mit  [bi  ■ 

Ah  I  s'il  vivait,  j'irais  direà  ce  roi  : 
Je  souffre  au—i.  prenez  pitié  de  moi, 

Prenez,  prenez  pitié  de  moi  ! 
Oui,  s  il  \ivait,  j'irai?  dire  à  ce  roi  : 

oez  pitié  de  moi 
Ah!  s'il  vivait,  j'irais  dire  à  ce  roi  : 
Je  souffre  ans 

moi, 
Ah' 
Pitié  <]<■  moi,  pitié  'le  moi.  pitié  de 

Maisquelb  ■uitnonjen'ose.elleestlàeettereine, 
regard  tue,  un  jour  que  fix  mien. 

11  me  perçait  le  cœur,  je  suis  mon   : 

i  vieu. 

Quand  vous  verrez  la  tombe  où  jes  immeille, 
Priez,  passante,  priez  et  parlez 
On  dit  toujours:  les  morts  \. 
ffre.  moi  sitôt  qu'un  bruit 
Vous  qui  m'airni  z  au  tei 
Je  souffre  encor  bis) ,  prenez  pitié 

.-qui  m'aimiez  au  temps  où  j  étais  roi, 
Je  «ouf!  ii  .  prenez  pitié  de  moi. 

Prenez  pitié  de  moi. 
Pitié,  ah  !  pitié  de  moi.  pitié  de  moi,  pitié  de  moi  ! 

(.crinuin   ri    i  asimir   I>rlav  iziic 


ra  en  5  actes 
main  ti  Casimir  Delavi^ne  magique  de  M.  F.  Ha- 
.  :nvenU'  chez  MM.  -,  édi- 

teurs, rue  Vivienne,  2.  Prix     1  fr. 

La   manque,  de  F.    J!  troai 

M.  Brandas,  éditeur,  103.  rue  Richelieu. 


LE  CAPITAINE  DE  CORVETTE. 

1846. 

Regardez  ma  corvette 
Qui  .s'incline,  coquette, 


la  mer,  son  miroir  ! 

quille  inconstante 
Pend  la  vague  éeumante, 
Ab'  qu'elle  est  b  I1-:  à  voir'    [qn 

Mi      a  <  mne, 

To  :  ibil  mes  lois. 

L    Sainte-Barbe  est  ma  patrone, 
Mon  sceplr  p  irte-voix  ' 

irdez, 
'■'•  gardez  ma  corvette,  etc. 

J'ai  jours  la  terre, 

L'apercevoir  rail  mon  ehagrin... 
Mon  -.v  m  myxtère... 

Dès!  '        arin. 

Reg     '■•■'   '   g  irdez, 

•te 

Il  faut  la  voir  voler  a 

qu'elle  suit  un  pavillon, 
:  lai  ri  le  flot  rapide, 
!      traçant  un  noble  Bill 
- 
Regardez  ma  corvette, 
Q  itte, 

Sur  la  mer,  son  miroir'        '.<  . 
Quand  sa  quille  inconstante, 

manie, 
Ah  !  qu  •:  Ile  à  voir  '.     [quaier. 

!..    il<-  !  <»!i  la  j  . 

La  musique,  de  "Vimeux,  se  trouve  chez  L.  Vieil- 

-    ■ 


RONDE    Ul     MAÇON. 

1836. 

Fon  ouvrier,  voici  l'aurore 
Qui  le  rappelle  à  tes  travaux. 
Ce  matin,  travaillons  encore, 

^  pour  le  !•- 
Tout  seul,  on  -ennuie  à  l'ouvrage, 
Pour  l'abrégei     n  le  pai  I  - 


116 


CHANSONS   POPULA1KI  > 


A  ion  aide  chacun  viendra. 
Du  courage, 
Du  courage, 
Les  amis  sont  toujours  là. 

Bon  ouvrier,  voici  1''  dimanche  . 
Ce  jour-là  tout  est  oublié; 
Quelle  gaîlé  naïve  ''t  franche  ! 
Trinquons  ensemble  à  L'amitié  ! 

M'  laisser  hoir'  seul  est  un  outrage  j 
Mais  pour  partager  mon  ouvrage, 
Et  la  bouteille  que  voilà... 
Du  courage,  etc. 

Bon  ouvrier,  quand  la  tendresse 
De  l'hymen  te  fait  une  loi  ; 
Lorsqu'à  ta  gentille  maîtresse 
Tu  donnes  ton  cœur  et  ta  foi. 
Prends  garde,  ne  sois  point  volage. 
Si  tu  négliges  ton  ouvrage, 
Un  autre,  te  remplacera  : 
Du  courage, 
En  ménage, 

Les  amis  sont  toujours  là. 

Scribe  et  Ci.  Delavloue 


La  musique.  d'Auber,  se  trouve  notée  au  N.  1991 

«ie  la  Ou  du  Caveau 


■-)«08t» 


GAST1BELZA. 

1842. 

Gastibelza,  L'homme  à  la  carabine, 

Chantait  ainsi  : 
«  Quelqu'un  a-t-il  connu  doua  Sabine? 

Quelqu'un  d'ici  V 
Dansez,  chantez,  villageois!  la  nui)  gagne 

i     monl  Palou. 
Le  vent  qui  vient  a  travers  la  montagne 

Me  rendra  fou  ! 
Oui,  me  rendra  fou. 


Vraiment,  la  reine  eût  près  d'elle  été  laide 

Quand,  vers  le  soir, 
Elle  passait  danS  les  rues  de  Tolède 

En  corset  noir. 
Un  chapelel  du  temps  de  Charlemagne 

Ornait  son  cou... 
Le  vent  qui  vient  à  travers  la  montagne 

Me  rendra  fou! 
Oui,  me  rendra  fou. 

Le  roi  disait,  en  la  voyant  si  belle, 

A  son  neveu, 
Pour  un  baiser,  pour  un  sourire  d'elle, 

Pour  un  cheveu, 
Pour  un  regard,  je  donnerais  l'Espagne 

Et  le  Pérou! 
Le  vent  qui  vient  à  travers  la  montagne 

Me  rendra  fou! 
Oui,  me  rendra  fou. 

Je  ne  sais  pas  si  j'aimais  celte  dame, 

Riais  je  sais  bien 
Que  pour  avoir  un  regard  de  son  àme, 

Moi,  pauvre  chien, 
J'aurais  galment  passé  dix  ans  au  bagne 

Sous  le  verrou... 
Le  vent  qui  vient  à  travers  la  montagne 

Me  rendra  fou  ! 
Oui,  me  rendra  fou. 

Dansez,  chantez,  villageois!  la  nuit  tombe, 

Sabine,  un  joui', 
A  tout  donné,  sa  beauté  de  colombe 

Et  son  amour, 

Pour  l'anneau  d'or  du  comte  de  Saldagne, 

Pour  un  bijou  !... 
i  e  vcnl  qui  vient  à  travers  h  montagne 

.M'a  rendu  fou  ! 
Oui.  m'a  rendu  l'on.  » 

Victor  llit-o 


La  musique,  d  H.  M  mpou,»e  trouve  chez  M<  M< .  - 
lonnler  flls,  éditeur,  nu-  Dauphine,  18. 


laris.  —  Imprime \t  Puait  I    ."lue,  ru<  des  Gramu-AiigusUiii,  •>. 


JALOUSIE 

1846. 

Je  suis  jaloux!  j'ai  tort,  je  le  confesse, 
Oui,  je  t'attlige  et  souffre  plus  que  toi; 
Je  ne  saurais  douter  de  ta  tendresse; 
El  mes  rivaux  m'alarineut  maigre  moi. 

A  tes  genoux, 
Quand  leur  essaim  et  bourdonne  et  se  presse, 

Je  frémis  de  courroux 
El  suspecte  ta  foi...  — Je  suis  jaloux! 

Je  suis  jaloux!  En  tous  lieux  désirée, 
Chacun  t'obsède  et  s'attache  a  nos  pas; 
De  moi  je  crains  de  te.  voir  séparée, 
Et  fortement  mon  bras  serre  loti  bras. 

Je  suis  jaloux! 
De  noirs  soucis  mon  âme  est  dévorée, 

El  tes  regards  si  doux 
Ne  me  rassurent  pas. . .  —  Je  suis  jaloux  ! 

Je  suis  jaloux  !  Tout  ce  qui  t'intéresse 
A  mou  repos  se  plaît  à  s'opposer  : 
A  tes  parents  j'envie  une  caresse, 
A  l'amitié,  je  dispute  un  baiser. 

Je  suis  jaloux! 
Ces  tendres  soins  qu'on  me  ravit  sans  cesse, 

Tu  me  les  promis  tous, 
Pourquoi  les  diviser?. . . —  Je  suis  jaloux  ! 

Je  suis  jaloux?  Toujours  de  ton  absence, 
Je  compte,  hélas!  les  instants  douloureux  : 
Le  temps  a  fui. . .  Privé  de  ta  présence. 
Je  suis  en  proie  a  des  tourments  affreux. 

Je  suis  jaloux! 
Et  je  te  crois,  pardonne  cette  offense, 

Exacte  au  rendez-vous 
D'un  ama  nt  plus  heureux ...  —  Je  suis  jaloux  ! 

Je  suis  jaloux  !  Du  monde  que  j'abhorre, 
Les  faux  plaisirs  n'ont  pour  moi  plus  d'altraits; 
Si  je  le  hais  depuis  que  je  t'adore, 
11  m'a  séduit  quand  tu  l'embellissais. 

Je  suis  jaloux  ! 
Et  pour  qu'entin  il  t'oublie,  il  t'ignore, 


Avec  toi  je  voudrais  vivre  sous  des  verrou**. 
Je  suis  jaloux! 

P.  J.  Charrin. 

La  musique,  d'Edouard  Bruguière.se  trouve  chez  L.  Vieil- 
lot, éditeur,  32,  rue  Notre-Dame  de  Nazareth. 


LA  VEILLE,  LE  JOUR  ET  LE  LENDEMAIN 

Ain   J'ai  vu  partout  dans  mes  voyages. 

Ces  trois  mots  nous  offrent  l'«mblènie, 
De  la  course  agile  du  temps  : 
Des  dieux  la  sagesse  suprême 
Ainsi  partagea  nos  instants. 
Notre  vie,  hélas!  est  pareille 
Au  jour  ténébreux  ou  serein  , 
De  ce  jour  l'enfance  est  la  veille, 
La  vieillesse  le  lendemain. 

La  veille  amour  vit  d'espérance, 
Le  jour  amour  est  satisfait. 
Le  lendemain  vient  en  silence 
Le  souvenir  ou  le  regret. 
Le  désir  fatigué  sommeille  : 
Amants,  tel  est  votre  destin; 
Vous  êtes  plus  heureux  la  veille 
Que  le  jour  ou  le  lendemain. 

Damis  avant  le  mariage. 
Parait  tendre,  empressé,  soumis  : 
Le  jour  vient;  dès  qu'hymen  l'engage, 
On  ne  reconnaît  plus  Damis; 
Amour  s'endort;  soupçon  l'éveille; 
D'où,  vient  ce  changement  soudain  ? 
C'est  qu'il  était  amant  ta  veille, 
Qu'il  est  époux  le  lendemain. 

Pour  le  méchant,  dans  la  nature, 
11  n'est  plus  un  seul  jour  serein  ; 
Mais  l'innocence  calme  et  pure 
Ne  craint  jamais  le  lendemain. 
L'homme  ae  bien,  quand  il  sommeille, 
Voit  en  songe  sur  son  chemin 

T.  II.—  18, 


IIS 


CHANSONS  POPULAlftF.S. 


Les  heureux  qu'il  a  faits  la  \eille. 
Ceux  qu'il  fera  le  lendemain. 

Millcvoyc. 

La  musique,   de  L.    Jadin,  se   trouve  nou-e  au 
N.244  de  la  Clé  du  Caveau. 


LA    FILLE   UU    PÈCHEl  K. 


Jamais  dans  Venise  la  (ière, 
On  n'a  vu  rien  d'aussi  charmant 
Que  Minna  ,  jeune  batelière  , 
A  la  voix  douce,  au  cœur  aimant  ; 
Brune ,  car  elle  est  d'Italie  , 
Si  le  lis  a  plus  de  blancheur, 
La  rose  a  bien  moins  de  fraîcheur. 
Mon  Dieu  [bis),  qu'elle  est  jolie, 
Minna,  la  fille  du  pêcheur  ! 


[bis  i 


Quand  avec  grâce  elle  s'incline  , 
Pour  agiter  son  aviron  , 
Voyez  comme  sa  taille  est  fine , 
Comme  son  bras  est  rond. 
Brune,  etc. 

Quand  l'onde  réfléchit  l'image 
De  Minna  qui  vient  à  passer, 
J'éprouve  une  jalouse  rage  ; 
Les  flots  semblent  la  caresser. 
Brune,  etc. 

Et  puis  ,  lorsque  le  jour  se  voile , 
Quand  mille  astres  brillent  aux  cieux 
Vainement  j'y  cherche  une  étoile 
Ayant  le  charme  de  bes  yeux. 
Brune,  car  elle  est  d'Italie  , 
Si  le  lis  a  plus  de  blancheur, 
La  rose  a  bien  moins  de  fraîcheur. 
Hqu  Dieu  [bis),  qu'elle  est  jolie, 
Minna,  la  fille  du  pécheur! 

E.  Burutcnu. 

Musique  d'E.  Bruguière, 


!      EPITHALAMB  SUR   LE   LAC. 


La  nuit  vient,  l'étoile  étincelle. 
L'air  à  la  voilfl  est  plus  léger; 
Attachons  l'humide  nacelle 
Aux  racines  de  l'oranger. 

La  nuit  sereine 
Tombe  des  cieux; 
Suivons  la  reine 
De  ces  beaux  lieux, 
Suivons  l'épouse 
Sur  la  pelouse 
Où  nous  allons, 
L'épouse  aimée, 
Fleur  embaumée 
De  nos  vallons. 
La  nuit  vient,  etc. 

Cueille  aux  prairies, 
Au  pied  des  monts, 
Les  fleurs  chéries 
Que  nous  aimons  ; 
C'est  ta  couronne, 
L'été  la  donne 
Pour  un  instant, 
A  la  chapelle 
L'hymen  t'appelle, 
L'amour  t'attend. 

La  nuit  vient,  l'étoile  étincelle 
L'air  à  la  voile  est  plus  léger; 
Attachons  l'humide  nacelle 
Aux  racines  de  l'oranger. 

Mery. 

La  musique,  d'Emmanuel  Brice,  se  trouve  dans  le 
volume  des  Etoiles,  chez  G.  de  Gonet,  éditeur,  rue 
des  Beaux-Arts,  6. 


MA  BELLE  AMIE   EST  MORTE. 


Ma  belle  amie  est  morte, 
Je  pleurerai  toujours 


ROMANCE*. 


M  9 


Dans  la  tombe  elle  emporte 
Mon  âme  {bis)  et  mes  amours. 

Dans  le  ciel,  sans  m'attendre, 
Elle  s'en  retourna. 
L'ange  qui  l'emmena 
Ne  voulut  pas  me  prendre. 
Ma  belle ,  etc. 

La  colombe  oubliée 
Pleure  et  songe  à  l'absent. 
Mon  âme  pleure  et  sent 
Qu'elle  est  dépareillée. 
Ma  belle ,  etc. 

Ah!  comme  elle  était  belle. 
Et  comme  je  l'aimais  ; 
Je  n'aimerai  jamais 
Une  femme  autant  qu'elle. 

Ma  belle  amie  est  morte  , 
Je  pleurerai  toujours  : 
Dans  la  tombe  elle  emporle 
Mon  âme  [bis]  et  mes  amours. 

Théophile  Gauthier 

La    musique  ,    de    Bruguières  ,  se  trouve  chez 
M. Pâté,  éditeur,  14,  passage  du  Grand-Cerf,  à  Paris. 


JE   T'AIME  A  GENOUX 


Prends  la  couronne  de  fiancée, 

La  couronne  aux  pudiques  fleurs. 

Elle  sourit  à  ma  pensée 

Avec  ses  pieuses  couleurs. 

Et  puis  ton  front,  sous  sou  mystère  , 

Me  laisse  lire  un  tendre  aveu. 

Je  t'aime  à  genoux  sur  la  terre 

Ainsi  qu'au  ciel  on  aime  Dieu.        (6*5.) 

Revêts  encor  la  robe  blanche , 
Passe  au  doigt  l'anneau  nuplial , 
Et  sur  ton  front  qui  tremble  et  penche 
Pose  le  voile  virginal. 


Combien  ta  pudeur  est  sincère  ! 
Qu'il  est  tinvde  ton  œil  bleu  ! 
Je  t'aime  à  genoux,  etc. 

Sous  ton  voile,  sous  ta  couronne, 
Sont  tes  suaves  cheveux  blonds  ; 
Tu  brilles  comme  une  madone 
Sous  ses  atours  chastes  et  longs  ; 
Comme  elle  aussi  je  te  révère 
Et  te  voue  un  culte  en  tout  lieu. 
Je  t'aime  à  genoux  sur  la  terre 
Ainsi  qu'au  ciel  on  aime  Dieu.        [bis.) 

ITC mile  BarAtran, 

La  musique,  de  Masini,  se  trouve  chez  M.   E. 
Mayaud,  éditeur,  7,  boulevart  des  Italiens. 


ALLONS  DANSER  SUR  LA  COLLINE 


Allons  danser  sur  la  colline, 
Près  du  castel  qui  la  domine. 
Et  profitons  d'un  jour  serein 
Pour  répéter  ce  gai  refrain  : 
Ah,  ah,  etc. 

Déjà  les  premiers  jours  d'automne 
Nous  ont  fait  sentir  leurs  rigueurs  , 
Et  dans  la  plaine  monotone 
La  rose  a  perdu  ses  couleurs, 
Profitons  donc  d'un  jour  serein 
Pour  répéter  ce  gai  refrain  : 
Allons,  etc. 

Déjcà  pour  quitter  la  prairie 
Le  pâtre  assemble  ses  troupeaux, 
A  peine  un  peu  d'herbe  flétrie 
Les  attire  au  bord  des  ruisseaux, 
Hâtons-nous  donc  ,  car  ce  beau  jour 
Passera  vile  et  sans  retour 
Allons ,  e(c 

Adieu  les  refrains  et  la  danse, 
Dès  que  l'hiver  fondra  sur  nous , 


5Î0 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Mais  pourquoi  s'a.frister  d'avance  , 
Puisqu'aujourd'hui  le  temps  est  doux. 
Employons  bien  tous  nos  loisirs 
En  nous  livrant  à  nos  plaisirs. 

Allons  danser  sur  la  colline. 
Près  du  castel  qui  la  domine, 
Et  profitons  d'un  jour  serein 
Pour  répéter  ce  gai  refrain  : 
Ali ,  ah ,  etc. 

Métourné. 

La  musique.  d'Auguste  Panseron,  se  trouve  chez 
M.  Mcissonnier,  éditeur,  18,  rue  Dauphinc. 


L'OISEAU  BLEU. 


11  est  tard,  l'ange  a  passé, 
Le  jour  a  déjà  baissé, 
Et  l'on  n'entend  pour  tout  bruit 
Que  le  ruisseau  qui  s'enfuit. 
Endors-toi,  mon  fils,  c'est  moi, 
Jl  est  lard,  et  ton  ami  l'oiseau  bleu  s'est  endormi. 

Dors,  la  fée  arrivera, 
Puis  elle  te  donnera, 
Pendant  que  tu  dormiras, 
Tous  les  fruits  que  lu  voudras. 
Endors-toi,  elc. 

Mais  je  vois  baisser  les  yeux, 
Qui  son1  bleus  comme  les  cieux  ; 
Tu  vas  dormir,  n'est-ce  pas? 
11  s'endort,  chantons  bien  bas  : 
En  lors-toi,  mon  fils,  c'est  moi, 

el  Ion  ami  l'oiseau  bleu  s'est  endormi 

Paralea  d'un  anonyme 

l.i  i,  L  i    ■  liei  \'.  T. 

Orus,  31,  ljoule\art  Bonne-Nouvelle. 


ZELIE. 


Te  bien  aimer,  ô  ma  chère  Zélie! 
Est  pour  toujours  le  charme  de  mon  cœur  , 
El  désormais  loui  m'attache  à  la  vie, 
Si  mon  amour  suffit  à  ton  bonheur. 

Pour  apaiser  le  feu  qui  me  dévore; 
Ce  feu  d'amour  qui  va  me  consumer  ; 
O  ma  Zélie  !  à  l'amant  qui  t'adore  . 
Donne  un  regard,  un  soupir,  un  baiser 

Va,  ne  crains  pas  d'abandonner  ton  âme 

Au  sentiment  que  je  veux  t'inspirer  ; 

Rien  ne  plaît  tant  qu'une  amoureuse  flamme 

Rien  n'est  plus  doux  que  le  plaisir  d'aimer. 

Balzac. 


La  musique,  de  C.  Plantade,  se  trouve  notée  au 
>*.  554  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  MYOSOTIS. 


Cette  fleur  d'azur,  celle  douce  fleur. 
Qu'avant  de  partir  hier  je  t'ai  donnée, 
Ecoule  sa  voix,  écho  de  mon  cœur, 
Ecoule  sa  voix  tendre  cl  parfumée, 

Qui  le  dit  tout  bas, 

Qui  le  dit  tout  bas  : 

Ne  m'oubliez  pas, 

Ne  m'oubliez  pas. 

Ohl  garde-la  bien  jusqu'à  mon  retour, 
El  près  de  ton  sein  cache-la,  ma  belle, 
Si  pendant  l'absence  un  autre  d'amour 
Voulait  le  parler,  cette  fleur  fidèle 

Te  dirait  tout  bas, 

Te  dirait  toul  bas 

Ne  m'oubliez  pa  -. 

Ne  m'oubliez  na* 


ROMANCES. 


121 


C'est  le  myosotis  qui  te  parlera 
De  moi  si  je  meurs  loin  de  cette  terre  ; 
Même,  près  a'un  autre  il  répétcia 
De  ton  seul  ami  l'unique  prière, 

En  disant  tout  bas, 

En  disant  tout  bas  : 

Ne  m'oubliez  pas, 

Ne  m'oubliez  pas. 

Taxile  Uelord- 

La  musique,  d'Auguste  Mord,  se  trouve  dans 
l'ouvrage  des  Fleurs  animées,  chez  G.  deGonet,  édi- 
t  ur,  rue  des  Beaux-Arts,  6. 


OSCAR. 


Il  va  venir,  le  sultan  que  j'adore, 

Ce  seul  espoir  fait  palpiter  mon  cœur, 

Et  dans  ses  bras,  jusqu'au  sein  de  l'aurore. 

Je  goûterai  la  coupe  du  bonheur. 

Chantez,  enfants  du  rivage  d'Asie, 

Des  mains  d'Oscar  j'ai  reçu  le  mouchoir  ; 

Brûlez  pour  lui  les  parfums  d'Arabie, 

Oscar  s'avance,  Oscar,  je  vais  le  voir. 

A  ma  rivale,  Oscar  m'a  préférée  ; 

Il  me  dit  :  j'aime...  A  ce  mot  glorieux, 

Je  ressens  dans  mon  âme  enivrée 

Le  feu  divin  qui  partait  de  ses  yeux. 

Chantez,  enfants  du  rivage  d'Asie, 

Des  mains  d'Oscar  j'ai  reçu  le  mouchoir: 

Brûlez  pour  lui  les  parfums  d'Arabie, 

Oscar  s'avance,  Oscar,  je  vais  le  voir. 

Dans  le  sérail,  cette  nuit,  souveraine, 
Aucun  bonheur  n'égalera  le  mien; 
Et  je  verrai  le  fier  suitan  lui-même 
Faible  et  soumis  reposer  sur  mon  sein. 
Chantez,  enfants  du  rivage  d'Asie, 
Des  mains  d'Oscar  j'ai  reçu  le  mouchoir . 
Brûlez  pour  lui  les  parfums  d'Arabie, 
Oscar  s'avance,  Oscar,  je  vais  le  voir. 


.Mais  à  l'aurore,  liélas!  dosa  puissance, 
Pourra  finir  ce  moment  enchanteur. 
Du  jeune  Oscar  telle  est  donc  l'inconstance, 
Demain  peut-être  une  autre  aura  son  cœur. 
Ne  chantez  plus,  enfants  du  rivage  d'Asie. 
Si  ma  rivale  emporte  le  mouchoir  ; 
Ne  brûlez  pas  les  parfums  d'Arabie, 
Seule  en  ces  li  ux  si  je  reviens  ce  soir. 

Paroles  d'un  anonyme. 


pouRocor. 


Pourquoi,  quand  on  est  si  jolie, 
Refuser  hommage  d'amour? 
Pourquoi  de  cette  fantaisie 
Nourrir  votre  esprit  chaque  jour? 

Pourquoi,  mettant  vos  soins  à  plaire, 

Trouverait-on  à  vous  blâmer  ? 

Pourquoi  seriez-vous  sur  la  terre  J    ,, . 
s-     \,,,  ..  .        ~.        V  (bts. 

bi  ce  n  était  pas  pour  aimer  ?        |   v 

Pourquoi  passer  dans  la  tristesse 
Des  jours  destinés  aux  plaisirs? 
Pourquoi  le  temps  de  la  jeunesse 
S'écoule-t-il  sans  le  saisir? 
Pourquoi,  etc. 


Pourquoi  vous  montrer  si  rebelle 
Quand  vous  avez  un  si  bon  cœur  ? 
Pourquoi  vouloir  être  cruelle 
Q&and  chez  vous  l'amour  est  vainqueur  ? 

Pourquoi,  mettant  vos  soins  à  plaire, 
Trouverait-on  à  vous  blâmer  ? 
Pourquoi  seriez-vous  sur  la  terre  I 
Si  ce  n'était  pas  pour  aimer  ?        j         "' 

Paroles  d'an  anonyme. 


16 


122 


CHANSONS   POPri.AlHKS. 


LA   F1LEUSE. 


182; 


Déjà  la  nuit  sombre 
S'étend  sur  le  verger, 
Voici  venir  l'ombre, 
C'est  l'heure  du  berger, 
Mais  chut  !...  faisons  silence... 
Il  faut  de  la  prudence, 
Colin  bientôt  viendra, 
La  la  la  la  la  la  la  la  la  la  la. 
Dormez,  ma  bonne  mère, 
Je  tourne  mon  fuseau, 
Fermez  votre  paupière, 
Tout  repose  dans  le  hameau      (Ws.) 

Colin,  du  village, 
Est  le  plus  amoureux; 

Il  est  le  plus  sage, 
11  est  le  plus  heureux. 
Je  crois  déjà  l'entendre, 
Demand  r  d'un  air  tendre, 
On  baiser  qu'il  aura... 
La  la  la  la  la  la. 
Dormez,  ma  bonne  mère,  ele 

Mais  l'heure  s'avance, 
El  Colin  ne  vient  pas; 

Pour  lui  ma  présence 
N'a-l-elle  plus  d'appas? 
Comme  mon  cœur  palpite, 
Comme  mon  sein  s'agite. 
Je  l'entends...  il  est  là 
La  la  la  la  la  la. 
Donnez,  ma  bonne  mère,  etc. 

Colin,  Bota  fidèle, 
Tu  promis  d  être  à  moi 

Près  d'une  autre  belle, 
N'engage  pas  la  fui. 
Ce  baiser  doux  et  tendre, 
Qu'hier  lu  voulus  prendre 
Tiens,  Colin,  le  voilà! 
La  la  la  la  la  lu. 


Dormez,  ma  bonne  mère, 
Je  tourne  mon  fuseau. 
Fermez  votre  paupière, 
Tout  repose  dans  le  hameau. 

PuroIcK  d'un  nnonjmc. 


La  musique  ,  de  C.  Plant  a  de  .  se  trouve  ciiez 
A    Drulîé,  passage  des  Panoramas,  1P. 


LE    BON    PASTEUR. 

1R2b. 

Bons  habitants  du  village, 

Prêtez  l'oreille  un  moment. 

Ma  morale  douce  et  sage 

Est  toute  de  sentiment. 

Yous  saurez  bien  me  comprendre, 

C'est  mon  cœur  qui  parlera, 
Quand  vous  pourrez,  venez  m'entendre,    ).^g 
Et  le  bon  Dieu  vous  bénira.  I 

Aux  vignes,  dans  les  vendanges, 
Aux  chants,  pendant  les  moissons, 
De  Dieu  chaulez  les  louanges, 
H  sourit  à  vos  chansons  ; 
Quand  le  plaisir,  dans  la  plaine. 
Le  soir  vous  appellera, 
Dansez  gainent  sous  h"  ^icux  chêne. 


Et  le  bon  Dieu  vous  bénira. 

Un  soldat  que  le  froid  glace, 
Le  soir  vient-il,  à  pas  lents, 
Yous  demander  une  place 
Près  de  vos  foyers  brûlants  : 
Sans  connaître  la  bannière 
Sous  laquelle  il  s'illustra, 
Vite,  ouvnv.-lui  votre  chaumière, 
Et  le  bon  Dieu  vous  bénira. 

De  vos  gerbes  si  nombreuses 
Pour  moi  ne  détachez  rien. 
Yos  familles  sonl  li"iiivuscs, 
Leur  bonheur  sullil  au  mien. 


(&**• 


\(bis 


ROMANCFS 


121 


Ménagez  voire  abondance 

Pour  celai  qui  pâlira; 
Payez  la  dîme  à  l'indigence,      | 
Et  le  bon  Dieu  vous  bénira.       *  ••      ) 


Loin  des  cendres  de  ta  mère, 
Chez  vous,  un  pauvre  exilé 
Dévorait  sa  peine  amère , 
Dieu  vers  lui  l'a  rappelé. 
Qu'importe  si  sa  prière 
De  la  vôtre  différa! 
Priez  pour  lui,  c'est  votre  frère, 
El  le  bon  Dieu  vous  bénira. 


i(bis.\ 


Camille. 

La  musique,   de  Romagnesi,  se  trouve  notée  au 
N.  2013  de  la  Clé  du  Caveau. 


COQUETTERIE 

Air  de  la  Cavatine  de  :  le  Bouffe  et  le  Tailleur. 

Divine  encbanteresse. 

Hélas  ! 
Tu  tends  avec  adresse 

Tes  lacs. 
Sirène  aux  doux  sourires 

Trompeurs, 
Tu  domptes  et  déchires 

Les  cœurs. 

Par  tes  charmes,  tes  grâces. 

Séduit , 
Le  désir  sur  tes  traces 

Conduit. 
Pour  qui,  vers  toi  s'élance, 

Te  suit, 
L'idole  et  l'espérance, 

Tout  fuit. 

Au  gré  d'un  vain  caprice 

Pourquoi 
Vouloir  que  l'on  subisse 

Ta  loi? 
C'est  trop  de  perfidie!... 


Tu  sais, 
Tu  sais  si  l'on  t'oublie, 
Jamais. 

Pour  moi,  devait  il  naître 

Le  jour, 
Où  tu  me  fis  connaître 

L'amour? 
A  tes  dédains  suprêmes 

Je  voi, 
Coquette,  que  tu  n'aimes 

Que  toi. 

Mais  des  ans  rien  n'arrête 

Le  cours; 
Est-on  beauté  parfaite 

Toujours?... 
Plus  de  cour,  d'entourage, 

D'amants , 
Dès  qu'on  subit  l'outrage 

Du  temps. 

P.-J.  Charrin. 

La  musique,  de  Gaveaux,  se  trouve   notée   au 
N.  675  de  la  Clé  du  Caveau. 


ETOILE  DU  MARIN 


Le  ciel  est  noir,  la  mer  gronde. 
Les  dangers  sont  grands  la  nuit  : 
Seul  fanal  levé  sur  l'onde, 
Une  seule  étoile  luit; 
Sa  lueur  blanchit  la  voile, 

Rayon  serein, 
Rayon  d'espoir,  c'est  l'étoile 

Du  marin. 

Sa  douce  clarté  console 
Le  marinier  qui  s'endort. 
C'est  la  divine  boussole 
Qui  doit  le  conduire  au  port. 
Sa  lueur,  etc. 

C'est  un  flambeau  tutélaire  : 
Dieu  l'a  placé  de  sa  main  ; 


1?J 


CHANSONS    POPULAIRES. 


C'est  le  phare  qu'il  éclaire 
Dans  les  ombres  du  chemin. 
Sa  lueur,  etc. 

C'est  la  madone  qu'implore 
Le  pêcheur  au  désespoir, 
El  qui  toujours  à  1  aurore 
A  sa  sœur  la  fait  revoir. 
Sa  lueur  blanchit  la  voile. 

Rayon  serein, 
Ra\on  d'espoir,  c'est  l'étoile 

Du  marin. 

Mer  y. 

La  musique,  d'Emmanuel  Brice,  se  trouve  dans  le 
volume  des  Etoiles,  chez  G.  de  Oonet,  (1,  rue  des 
Beaux-Arts. 


LA  DEMOISELLE  Al    BAL 


Est-il  supplice  égal 
A  celui  d  être  au  bal 
Sans  que  l'on  vous  invite? 
Je  m'ennuie  à  périr. 
Je  n'y  puis  plus  tenir, 
Maman,  partons  bien  vite. 

Je  cherche  en  vain 
D'où  peut  naître  un  dédain 
Qui  me  rendrait  jalouse, 

Si  j'ai  trente  ans, 
A  coup  sûr  je  prétends 
En  cacher  au  moins  douze. 

Est-il  supplice,  etc. 

Nulle,  je  croi, 
N'est  mieux  mise  que  moi, 
J'ai  ma  robe  amarante, 

Que  l'an  dernier, 
Aux  bals  de  Coulommier, 
On  trouvait  ravissante. 

Est-il  supplice,  etc. 


Si  par  des  soins 
Ou  compensait  au  moins 
L'ennui  qui  me  dévore, 

Si  l'on  m'offrait 
Biscuits,  glace  ou  sorbet... 
Minuit  :  et  rien  encore!... 

Est-il  supplice,  etc. 

Jusqu'aux  parents 
Qui  sont  indifférents  1 

C'est  une  chose  infâme  ! 

Sur  trois  cousins, 
Voyez  les  inhumains. 
Pas  un  ne  me  réclame  ! 

Est-il  supplice,  etc. 

Enfin,  je  voi 
Quelqu'un  qui  vient  à  moi... 
J'en  suis  tout  attendrie; 

Que  vois-je,  ô  ciel  ! 
Ah  !  le  tour  est  cruel  I 
C'est  maman  que  l'on  prie  1 

Est-il  supplice  égal 
A  celui  d'être  au  bal 
Sans  que  l'on  vous  invite? 
Je  voudrais  fuir  d'ici, 
Quand  vous  aurez  fini, 
Maman,  partons  bien  vite  I 

Amédcc  de  Bcauplan. 


La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,   se   trouve 
chez  M.  Meissonnier,  éditeur,  rue  Dauphinc,  18. 


LE    ROUET. 


Rosenn,  la  gentille  fileuse, 

A  son  rouet,  bien  tristement, 

Dévide  quenouille  soyeuse... 

Car  elle  songe  à  son  amant. 

Sous  ses  doigts  l'écheveau  s'embrouille  , 

Le  fil  de  lin  se  rompt  toujours  ■ 


Poris.  —  Imprimerie  de  PattT flll atBé,  rue  des  Grands-AHgu&lins,  5. 


HOMANCES. 


125 


Dévide  en  chantant  ta  quenouille, 
Tout  doit  sourire  à  tes  amours! 
Mais  elle  dit  :  Sur  la  rive  étrangère, 
Mon  Dieu,  bénis  Jeanik,  pauvre  soldat  ! 
Ah!  que  mon  humble  et  fervente  prière, 
^ejour,  la  nuit,  le  protège  au  combat,  [bis.) 

11  reviendra,  murmurait-elle , 
Sainte  Vierge,  il  me  l'a  promis  ! 
Son  cœur  ne  peut  être  infidèle... 
Hélns!  d'où  viens  que  je  frémis? 
Oh!  quelle  main  de  glace  effleure 
Mon  front  toujours  pâle  el  brûlant  ? 
Est-ce  un  pressentiment  ?  je  pleure, 
Et  ne  l'appelle  qu'en  tremblant. 
Puis  elle  dit  :  sur  la,  etc. 

Mais  une  tache  de  sang  brille 
Sur  le  lin  qu'elle  dévidait; 
Soudain  la  pauvre  jeune  fille 
Pâlit  et  quitte  son  rouet  ! 
Ce  présage  est  menteur,  peut-être; 
Oh!  si  je  m'affligeais  à  tort  ? 
Le  soir  même,  on  dit  qu'une  lettre 
De  Jeanik  apprenait  la  mortl  ! 

Tu  ne  dis  plus  :  Sur  la  rive  étrangère, 
Mon  Dieu,  bénis  Jeanik,  pauvre  soldat  ! 
Ah  !  que  mon  humble  et  fervente  prière, 
Le  jour,  la  nuit,  le  protège  au  combat!  [bis 

Paul  de  5' ha 7,ot. 


La  musique,   de  Jeun  Conte  ,    se  trouve    chez 
M.  Challiot,  éditeur,  354,  rue  Saint-Honoré. 


L'AMOUR  D'ANNRTTE  POUR    LUBIN. 

Air  :  Il  esl  donc  vrai,  Lucilc. 

Jeune  et  novice  encore, 
J'aime  de  bonne  foi. 
Cet  amour  que  j'ignore 
Est  venu  malgré  moi  : 


Je  ne  savais  pas  même 
Son  nom  jusqu'à  ce  jour. 
Hélas  !  dès  que  l'on  aime, 
On  a  donc  de  l'amour  ? 

Ta  voix  seule  me  touche, 
Par  un  charme  flatteur, 
Chaque  mot  de  ta  bouche 
Passe  jusqu'en  mon  cœur. 
Loin  de  toi,  ta  bergère 
N'aurait  pas  un  beau  jour. 
Hélas  !  comment  donc  faire 
Pour  n'avoir  point,  d'amour  ? 

Des  fleurs  que  tu  me  cueilles, 
Je  me  pare  au  matin  : 
Le  soir  tu  les  effeuilles 
Pour  parfumer  mon  sein. 
Ton  soin  est  de  me  plaire  ; 
C'est  le  mien  chaque  jour. 
Hélas!  comment  donc  faire 
Pour  n'avoir  point  d'amour  ? 


La  musique,    de    Laborde,    se  trouve  notée  au 
N.  288  de  la  Clé  du  Caveau. 


LETTRE    A   MARIE. 


Je  t'ai  promis  ,  quand  tu  quittas  la  France. 

Marie,  un  doux  chant  d'espérance; 

Je  tiens  ma  promesse  en  ce  jour. 
Puissent  mes  vers  te  peindre  ma  souffrance, 
Et  de  mon  cœur  rapprocher  ton  amour! 

La  fleur,  hélas!  que  tu  m'avais  donnée, 

A  ton  départ  était  fanée... 

Ne  te  ris  pas  de  ma  frayeur  : 
Je  crois  parfois  y  voir  ma  destinée, 
En  te  quittant,  j'ai  cru  perdre  ton  cœur! 

Reviens,  reviens,  sans  plus  le  faire  attendre 
Reviens  ,  j'ai  besoin  de  l'entendre 


T.  H. 


19. 


J2fi 


CHA  NSONS    POPUI.M  KF.S. 


Jurer  que  tu  m'aimes  toujours. 

On  en  voit  tant  d'amantes  au  cœur  tendre, 

Pendant  l'absence,  la-las'  changer  d'amours! 

Pour*ton  retour  j'ai  des  chansons  nouvelles, 
Bien  plus  tendres  et  bien  plus  belles 

Que  celles  que  lu  sais  déjà. 
Malin  et  soir,  je  ne  chante  plus  qu'elles. 
Tant  j'ai  d'amour  pour  qui  les  inspira  ! 

Frédéric  Bléral. 

La  musique,  de  l'auteur  des  parolrs.  se  trouve 
chez  M.  Schoncmbcrger,  éditeur,  18,  bonlevart  Pois- 

sonni 


LE    RETOUR    DE    PIERRE 


Pour  aller  venger  la  patrie, 
Jeune  encor  j'ai  quitté  les  champs  : 
A.u  -ilence  de  la  prairie 
A  succédé  le  bruit  des  camps. 
Plus  d'une  fois,  pendant  la  guerre, 
Songeantau  bonheur  du  hameau, 
Je  regrettais  mon  vieux  père, 
Ma  chaumière  et  mon  troupeau. 

Du  serment  de  servir  la  France 
Vingt  blessures  m'ont  dégagé  ; 
Mais  j'emporte  pour  récompense 
Lacroix  du  brave  et  mon  congé. 
Loin  du  tumulte  de  la  guerre, 
Je  vivrai  paisible  au  hameau  ; 
Je  reverrai  mon  vieux  père, 
.Ma  chaumière  et  mon  troupeau. 

Braves  soldats,  mes  frères  d'armes, 
Dont  j'ai  toujours  suii  i  les  pas, 
Dana  vos  succès,  dans  vos  alarmes. 
Compagnons,  ne  m'oubliez  pas. 
Recevez  les  adieux  de  Pierre  : 
Demain  il  retourne  au  hameau 
i;  on  vieux  père, 

:-a  chaumière  et  son  troupeau. 


Si  \cra  les  rives  île  la  France 
L'étranger  marchait  en  vainqueur, 

Le  noble  élan  de  la  vaillance 
Soudain  ferait  battre  mon  cœur. 
Avec  ardeur  on  verrait  Pierre. 
Pour  chercher  au  loin  son  drapeau, 
Quitter  encor  son  \  ieu\  père, 
Sa  chaumière  et  son  troupeau. 

Paroles  «l'un  anonyme. 

Musique  de  Ch.  V  lantde, 


DORS,  MON  ANCB  AUX  JOLIS  Vil  A  BLEl'8. 


Enfant,  il  est  bien  lard,  c'est  1  heure  où  tu  reposes 
L'heure  qui  voit  finir  nos  baisers  et  nos  jeux  ; 
Fidèle  à  ton  berceau,  sur  les  paupières  closes . 
Le  sommeil  va  jeter  ses  pavots  et  ses  roses  ! 
Dors  ,  mon  ange  [bis.) 

Aux  jolis  yeux  bleus! 

Dors,  mon  ange,  (biSi) 

Ange  aux  jolis  veux  bleus! 

La  nuit  quand  près  de  moi  i  <u  berceau  se  balance 
Comme  le  frêle  esquif,  sur  les  Ilots  onduleux, 
J'envie  en  le  voyant  le  sommeil  de  l'enfance; 
Nepleure  pas!  mes  chants  le  disent  ma  présence. 

Dors,  mon  ange  ,  etc. 

Dors,  lu  sauras  trop  tôt  si  la  vie  est  amère  ; 
Les  heures  du  sommeil  sont  les  moments  heureux 
Des  pleurs  viendront  souvent  te  mouiller  la  paupière 
Dors,  mais  réveille-toi  pour  sourire  à  la  mère! 
Dora ,  mon  ange  [bis.) 

Aux  jolis  yeux  bleus  ! 

Dors ,  mon  ange,  6/*, 

Ange  aux  jolis  yeux  bleus  ! 

Aristide  île  Laloin. 


La  d  I  Mteui  des  paroles  ,  lo-trouve 

chci  M.    A.  Leduc,  nu-  Vivien  m-,  16 


ROMANCES. 


1Î7 


L'HERRAGÈRE  FT  LES  GENS  DU  ROI. 


Approchez-vous  ici ,  la  belle  enfant. 

Vous  qu'on  dit  l'herbagère; 
Dans  la  forêt,  mes  gardes  à  l'instant 

Vous  ont  prise,  ma  chère! 
Est-il  bien  vrai  qu'avec  cet  air  si  doux  . 

Et  cette  mine  si  gentille, 
Est-il  bien  vrai  que,  dans  votre  courroux  , 

Vous  les  ayez  battus,  ma  fille?... 

Dites-nous ,  dites  nous  pourquoi        I     . 

Battez-vous  donc  les  gens  du  roi?     S 


— Mon  bon  seigneu,  je  m'en  allais  tout  droit. 

Coupant  de  la  bruyère; 
Mon  bon  seigneu,  c'est  qu'il  faisait  bien  froid  ! 

Et  c'était  pour  ma  mère  ! 
Sur  mon  chemin  se  trouvait,  par  malheur. 

Une  pauvre  branche  de  frêne!... 
Moi  je  la  coupe!...  alors  ,  quelle  rigueur! 

Alors,  on  m'arrête...  on  m'entraîne!... 

Là  ,  bien  vrai  !...  ce  ne  fut  pas  moi  ! 

Moi  qui  battis  les  gens  du  roi! 


Ma  pauvre  mère,  alors,  entend  mes  cris: 

Elle  accourt,  elle  implore!... 
Et  les  cruels!  d'injures,  de  mépris, 

Ils  l'accablent  encore! 
Elle  pleurait,  en  me  tendant  les  bras  ; 

Mais  malgré  ses  pleurs,  sa  prière, 
On  nous  sépare ,  on  la  repousse ,  hélas  ! 

Et  moi .  je  vois  tomber  ma  mère!... 

Ah  !...  pour  cette  fois  ce  fut  moi  ! 

Moi  qui  battis  les  gens  du  roi  ! 

Oui ,  pour  cette  fois  ce  fut  moi  !... 

Oui ,  j'ai  battu  les  gens  du  roi! 


— J'entends  fort  bien,  j'entends  votre  raison; 

Mais  savez-vous,  ma  belle  , 
Que  l'on  mérite  d'aller  en  prison  . 

Lorsque  l'on  est  rebelle? 
Mais  calmez-vous,  calmez  tant  de  douleurs,  ; 
Aujourd'hui   ic  v>>\  vous  pardonne  ! 


De  votre  mère  allez  sécher  les  pleurs, 
En  lui  portant  l'or  qu'il  vous  donne  1... 
Mais  une  autre  fois,  croyez-moi, 
Ne  battez  plus  les  gens  du  roi  ! 
Car  il  vaudrait  mieux...  oui,  ma  foi, 
Il  vaudrait  mieux  battre  le  roi  I 

Gustave  I.cmoiue. 

La  musique,  de  Mlle  Loïsa  Puget,  se  trouve  chez 
M.  Meissonnier.  éditeur,  rue  Dauphine,  18. 


LA  CLOCHE  DE   VOLNAY. 


N'entendez-vous  pas  la  clochette 
De  l'ermitage  de  Volnay  ? 
Le  vent  {bis)  la  fait  aller  seulelte 
Dans  ce  vieux  cloître  abandonné. 


Passant  au  pied  du  monastère, 
Où  la  cloche  sonne  souvent, 
Bien  plus  d'une  jeune  bergère, 
Le  soir,  redoute  un  revenant. 
Oui,  du  temps  des  moines  vivants 
Le  soir,  au  retour  des  champs, 
Le  long  des  murs  du  couvent, 
Passant, 
Bien  plus  d'une  jeune  bergère, 
Le  soir,  craignait  un  revenant. 
N'entendez-vous  pas,  etc. 

Mirtil,  voyant  cet  ermitage, 
D'Églé  n'espérant  nul  retour, 
Voulant  {bis)  oublier  la  volage, 
Se  fit  ermite  par  amour. 
Mais,  dans  ce  triste  monument, 
Mirtil,  en  peu,  changea  tant, 
Que,  vers  la  nuit,  en  passant, 
S'offrant, 
Chacun  disait  dans  le  village. 
Qu'il  avait  vu  le  revenant. 
N'en  tendez- vous  pas,  clc. 


m 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Qnaiiiî,  «ï ii  sommet  de  la  montagne, 
Le  jour  commence  à  décliner, 
0  loi  [bis)\  qui  reste, sans  compagne, 
Bergère,  évite  le  danger  , 
Ta  pudeur  risque  en  ce  moment  : 
Car  des  ffeax  du  soir  brûlant. 
L'amoureux  Daphnis  souvent 

T'attend  ■ 
Ln  fantôme,  dans  la  campagne, 
Est  moins  à  craindre  qu'un  amant. 

\  entendez-vous  pas  la  clochette 
De  l'ermitage  de  Volnay  ? 
Le  vent  (bis)  la  fait  aller  seulette 
Dans  ce  vieux  cloître  abandonné. 

Parole*  d'un  anonyme. 

La  nitiMcnie  se  trouve,  à  Paris,  chez  M.  Brullé, 
éditeur,  lfi,  passage  des  Panoramas. 


LE   PAUVRE  NÈGRE. 


Ravi  naguère  aux  côtes  de  Guinée, 

On  pauvre  nègre,  accablé  de  ses  maux, 

Disait  un  jour  sa  triste  destinée, 

Et  de  soupirs  accompagnait  ces  mots: 

Huai  je  donc  fait  au  Dieu  de  la  nature, 

Pour  qu'il  m'impose  esclavage  et  douleur? 

Ne  suis-je  pas  aussi  sa  créature? 

Est-ce  forfait  que  ma  noire  couleur? 

Comme  le  blanc  dont  la  rigueur  m'oppresse 
Ne  fus-je  pas  formé  pour  le  bonheur? 
J'aimais  Nelzjf  ;  seule  elle  eut  ma  tendresse, 

I  h  regard  faisait  battre  mon  cœur. 
Heureux  époux  !  j'allais  devenir  père, 
o  cher  enfanl  !  gage  de  notre  amour, 

Existes-tu  pour  consoler  la  mère  : 

As-tu  péri  Bans  connaître  le  jour? 

peux  jours  entiers,  jetant  sa  nourriture, 

II  haleta  sous  un  ciel  embrasé, 

L.i  du  malin  jusqu'à  la  niiii  obscure 
pe  sa  Bueur  le  sol  fui  an- 


Mais  au  retour  de  la  troisième  aurore. 
Le  fouet  en  main  le  maître  reparu!  : 
Lève-toi...  .Non.  je  puis  dormir  encore. 
Je  reste  libre,  elsur  l'heure  il  mourut. 

Parole*  d'un  anouyim- 

La  musique  se  trouve,  à  Paris,  chez  M.  Bftilli 
éditeur,  16,  passage  des  Panoramas. 


L'ANGELUS    DU   SOIR. 


1843. 

Quand  tout  bruit  meurt  dans  la  plaine 
Où  l'ombre  des  monts  se  traîne; 
Ouand  de  loin  sonne  aux  hameaux 
La  clochette  des  troupeaux  ; 
A  cette  heure  des  prières, 
Couché  le  long  des  bruyères, 
Que  j'aime  entendre,  sans  voir, 
Pleurer  l'angélus  du  soir. 

Le  laboureur  qui  s'arrête 
Alors  découvre  sa  tète. 
Et  le  pâtre  au  fond  des  bois 
Fait  le  signe  de  la  croix  ; 
La  servante  de  la  ville 
Remplit  son  vase  d'argile, 
Ecoutant,  près  du  lavoir, 
Pleurer  l'angélus  du  soir. 

Pourquoi,  pauvre  àme  exilée 
Loin  de  ma  chère  vallée, 
Ne  vais-je  plus  tous  les  jours 
Parle  sentier,  mes  amours; 
Lorsque  dans  le  ci(d  sans  voile 
Monic  la  première  étoile, 
oh!  pourquoi  ae  puis-je  plus 
Plenrer  avec  l'angélus* 

Ga«t*ve  i.ciuoiittv 

La  musique ,  de  1111e  Loisa  Paget  se  trouve  ■  ■■•.••. 
M   Il'  ugel, éditeur,  me  Vivienne,  2  bis. 


l'uri<.  —  Imprimerie  de  Pillei  rue  les  Grunds-Augua 


L'AMOUR  SENTINELLE 

1780. 
Air;  La  comédie  est  un  miroir. 
Cent  petits  amours  folâtraient 
Dans  un  des  bosquets  de  Cythère, 
El  l'un  après  l'autre  couraient 
Sous  les  yeux  de  Vénus  leur  mère", 
Voila  que  soudain  réunis 
Et  que  prenant  tous  leur  volée, 
Sur  le  visage  de  Zélis, 
Bientôt  la  troupe  est  rassemblée. 

Les  uns  se  nichent  dans  les  yeux, 
D'autres  au  front  trouvent  leur  place  ; 
De  ceux-ci  plus  audacieux 
Le  groupe  à  ses  cheveux  s'enlace  : 
t'e  tableau  que  d'autres  couleurs 
Pourraient  mettre  au  rang  des  merveilles, 
Présentait  la  reine  des  fleurs 
Couverte  d'un  essaim  d'abeilles. 

Un  de  ces  dieux,  charmant  lutin, 
Posé  sur  les  lèvres  mi-closes, 
Des  lèvres  glissa  dans  le  sein 
Atin  d'y  mieux  sucer  les  roses  : 
Le  fripon  était  si  bien  là, 
Qu'oubliant  de  jouer  de  l'aile, 
Pour  garder  cette  place-la 
Sar.s  cesse  il  y  fait  sentinelle. 

Le  chevalier  de  Cubiëres. 

La  musique,  de  Chardiny,  se  trouve  notée  au 
S*  ~M  de  la  Clé  du  Caveau. 


MON  ROCHER  DE  SAINT-MALO 

1835. 
A  tout  je  préfère, 
Le  toit  de  ma  mère, 
Mon  rocher  de  Saint-Malo 
Que  l'on  voit  sur  l'eau  ! 
De  loin,  sur  l'eau! 


Monsieur  Dugnay  m'a  dit.  Pierre, 

Veux-tu  venir  avec  moi? 

Tu  seras  homme  de  guerre, 

Montant  la  flotte  du  roi  ; 
Va,  laisse-là  ton  hameau 
Pour  mon  grand  vaisseau  si  beau  ! 
Non,  non,  je  préfère,  etc. 

Après  combats  et  naufrage, 
De  simple  mousse  du  roi, 
Tu  deviens  à  l'abordage 
Grand  amiral  comme  moi  ! 
El  tu  verras  les  climats 
Où  vogue  mon  beau  trois-niàts. 

Non,  non,  je  préfère 

A  toute  la  terre,  etc. 
Au  lieu  de  vieillir  sans  gloire 
Comme  un  obscur  paysan, 
On  meurt  un  jour  de  victoire, 
Pour  tombe  on  a  l'Océan, 
Et  du  brave  le  requin 
Prends  le  corps  pour  son  butin. 

Non,  non^Je  préfère 
Qu'ici  l'on  m'enterre, 
Au  rocher  de  Saint-Mali) 
Que  l'on  voit  sur  l'eau, 
De  loin,  sur  l'eau. 

Gustave  Lemoinc. 

La  musique,  dp  Mlle  Loïsa  Puget,  se  trouve  chez 
Mi  Meissonnier  (ils,  éditeur,  18,  rue  Dauphine. 


MATHLLDE 

Que  Mathilde  est  jolie, 
Je  la  vis  quelques  jours, 
Et  pour  elle  j'oublie 
Mes  premières  amours. 
Sur  un  coursier  rebelle 
Je  la  vis  s'élancer. 
A  cheval  qu'elle  est  belle 

Si  belle,  si  belle, 
Qu'on  devient  îi.tidèle 
En  la  voyant  passer. 


T.  11.  -  20. 


180 


CHANSONS    POPOI.A1KKS. 


Au  bal  je  l'ai  revue. 

Le  front  paré  de  fleurs, 

Et  sa  grâce  ingénue 

Attire  tous  les  cœurs  ; 

Là,  comme  une  gazelle, 

Je  la  vis  s'élancer, 

Au  bal,  dieu,  qu'elle  est  belle, 

Si  belle,  si  belle, 
Qu'on  devient  infidèle 
En  la  voyant  valser. 

A  l'autel  de  Marie 

Je  la  vis  à  genoux, 

Et  du  Dieu  qu'elle  prie 

Je  me  sentis  jaloux. 

Sur  la  pierre,  auprès  d'elle. 

Je  vins  m'humilier. 

A  genoux  qu'elle  est  belle, 

Si  belle,  si  belle, 
Qu'on  devient  infidèle 
En  la  voyant  prier. 

Mais  ce  n'est  rien  encore  : 
Les  suaves  accents 
De  la  voix  que  j'adore 
Ont  enivré  mes  sens. 
Sa  veix  brille,  étincelle, 
On  ne  peut  résister; 
Dieu,  que  sa  voix  est  belle, 

Si  belle,  si  belle, 
Qu'on  devient  infidèle 
Eu  L'entendant  chanter. 

Mme  F.  mile  de  Glmrdln. 

La  musique,  de    Théodore   Labarre,   se    trouve 
chez  M.  Brandus  et  Cie,  éditeurs,  103,  rue  Richelieu. 

i  ■  1 1  ♦  I       ■ 

LA    FUITE. 

1838. 

Vogue,  vogue,  ma  pirogue, 

L'air  est  frais,  lei  ûoti  sont doux,  / 

De  cet  bords,  fi  ma  pirogue,  i 

Pour  toujours  éloigne-nous.  ' 


Tout  se  môle  et  s'efface 
Sous  le  noir  de  la  nuit. 
Près  ou  loin  dans  l'espace, 
On  n'entend  pour  tout  bruit 
Que  la  douce  parole 
Qui  répond  à  ma  voix, 
Que  l'oiseau  qui  s'envole 
Et  regagne  le  bois. 
Vogue,  etc. 

Oh  !  veux-tu  que  la  joie 
Habile  dans  mon  cœur  ? 
Veux-tu  que  je  ne  croie 
Désormais  qu'au  bonheur? 
Dans  mes  vertes  savanes. 
Eh  bien!  fuis  -ivec  moi. 
Et  viens  dans  mes  cabanes 
Faire  un  palais  de  roi  ' 
Vogue,  elc. 

Déjà  de  notre  fuite 
On  s'aperçoit  là-bas, 
Vois  !  à  notre  poursuite 
Ils  dirigent  leurs  pas. 
Mais  vers  une  autre  terre, 
Objet  de  tous  mes  vœux, 
La  brise  salutaire 
Nous  emporte  loin  d'eux. 

Vogue,  vogue,  ma  pirogue, 

L'air  est  frais  ,  les  Ilots  sont  doux,  /     . 

De  ces  bords,  ô  ma  pirogue, 

Pour  toujours  éloigne-nous.  \ 

1''..  de  Cou  la  y. 

La  musique,  du  comte  d!Adheniar,setrom.É  chez 
M.  Ileugel,  éditeur,  2  bis,  rue  Yivieinie. 


LES    PIRATES. 


Dana  la  galère  capitane  (  ,/>Jv 

Nous  étions  quatre-vingts  rameurs    ) 

Nous  emmenions  <•  n  esclavage 
Cent  chrétiens  |ièebeurs  il«'  corail . 


(6m.) 


ROMANCES . 


13! 


Nous  recrutions  pour  le  sérail. 
Dans  tous  les  mouliers  du  rivage; 
En  nier,  les  hardis  écùmeurs, 
Nous  allions  de  Fez  à  Catane. 
Dans  la  galère,  etc. 

On  signale  un  couvent  à  terre: 
Nous  jetons  l'ancre  près  du  bord  ; 
A  nos  yeux  s'offre  tout  d'abord 
Une  fille  du  monastère  ; 
Près  des  flots,  sourde  à  leurs  rumeurs, 
Elle  dormait  sous  un  platane. 
Dans  la  galère,  etc. 

La  belle  fille,  ii  faut  vous  taire, 
II  faut  nous  suivre,  il  fait  bon  vent. 
Ce  n'est  que  changer  de  couvent  : 
Le  harem  vaut  le  monastère. 
Sa  Haule^se  aime  les  primeurs, 
Nous  vous  ferons  mahométane. 
Dans  la  galère,  etc. 

Elle  veut  fuir  vers  sa  chapelle. 
Osez-vous  bien,  fils  de  Satan? 
Nous  osons,  dit  le  capitan  ! 
Elle  pleure,  supplie,  appelle, 
Malgré  ses  plaintes,  ses  clameurs, 
On  l'emporta  dans  la  tartane. 
Dans  la  galère,  etc. 

Plus  belle  encor  dans  sa  tristesse, 
Ses  yeux  étaient  deux  talismans: 
Elle  valait  mille  tomans  ; 
On  la  vendit  à  Sa  Hautesse. 
Elle  eut  beau  dire  :  Je  me  meurs  ! 
De  nonne  elle  devint  sultane. 

Dans  la  galère  capitane  \ 

Nous  étions  quatre-vingts  rameurs,  y  %  '' 

Victor  Hugo 

La  musique,  de  M.  Galby,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  L. Vieillot,  éditeur ,  rue  Notre-Dame-de-Naza- 
reth, 32. 


BEAU   PAYS. 


Beau  pays,  aux  souvenirs, 
Tes  jeux  du  soir,  les  chants  d'amour, 

De  moi  n'ont  plus  que  soupirs, 
Pour  moi  n'ont  duré  qu'un  seul  jour. 


Loin  de  ta  rive  fortunée, 
Je  n'entends  plus  le  soir 

Le  son  du  cor  dans  la  vallée, 
Les  refrains  du  manoir. 
Beau  pays,  etc. 


'Ibis. 


J'aimais  à  voir,  dans  la  prairie, 

Blanche  fille  à  l'œil  noir, 
Folâtrer  sur  l'herbe  fleurie,       ( ., . 

Sans  regrets,  sans  espoir,      ( '  *■'' 
Beau  pays,  etc. 


Je  vois  encor  la  croix  de  pierre 

Où  venait,  chaque  soir, 
La  pauvre  enfant  pleurer  sa  mère, 

Et  lui  dire...  au  revoir!  .. 


(bis.) 


Beau  pays,  aux  souvenirs, 
Tes  jeux  du  soir,  tes  chants  d'amour, 

De  moi  n'ont  plus  que  soupirs, 
Pour  moi  n'ont  duré  qu'un  seul  jour. 

Aristide  de  La  tour. 

La  musique,   de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve 
ihez  M.  Leduc,  éditeur,  rue  Vivienne,  18. 


FLEUR  DES  BOIS. 


Petite  fleur  des  bois. 

Toujours,  toujours  cachée, 

Longtemps  je  t'ai  cherchée 

Dans  les  prés,  dans  les  bois, 

Pour  te  dire  une  fois 

Ce  mot,  ce  mot  suprême  : 

0  je  t'aime,  je  t'aime, 

'  [ter  ■ 
Petite  fleur  des  bois. 


132 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Ta  naïve  beauté 
N'offre  rien  de  frivole, 
De  ta  blanche  corolle 
Tombe  la  volupté, 
Coupe  chaste  et  divine, 
On  nia  lèvre  s'incline, 
Sans  trouver  ces  douleurs 
Qui  font  verser  des  pleurs. 
Petite,  etc. 


Tout  forme  nos  liens 
Dans  un  rayon  de  flamme. 
Je  te  verse  en  mon  âme, 
Tes  plaisirs  sont  les  miens. 
J'aime  l'oiseau  qui  chante. 
L'ombre  rafraîchissante, 
La  mouche  aux  ailes  d'or 
Reprenant  son  essor. 
Petite,  etc. 


Celle  qui  sait  charmer 
Porte  un  nom  qu'on  adore. 
Le  lien  elle  l'honore, 
Comment  ne  pas  t'aimer, 
Te  chercher  dans  l'absence, 
T'apporter  ma  souffrance, 
Te  dire  :  sois  à  moi, 
Et  m'enivrer  de  toi. 


Petite  fleur  des  buis. 
Toujours,  toujours  cachée, 
Longtemps  je  t'ai  cherchée 
Dans  les  prés,  dans  les  bois. 
Pour  I*'  dire  mie  foifi 
Ce  mot,  ce  mol  suprême  : 
O  je  t'aime,  je  l'aime, 
Petite  tleur  des  bois. 

i.inilc   Unratoau. 


La  musique,  de  P.  M  art  r\\r  i  M    \. 

Grus,  éditeur.  81,  boolevart  B  MM  Nouvelle. 


WALSE. 


Ah  !  que  l'amour  aurait  pour  moi  de  charmes' 
Quoi!  j'ai  quinze  ans  et  pas  eneor  d'amant. 
fJentil  housard,  viens  essuyer  mes  larmes  : 
Mon  cœur  promet  de  t'aimer  tendrement. 

Ainsi  chantait  une  jeune  fillette  ; 

Bile  croyait  désirer  le  bonheur: 

Mieux  eût  valu  cent  fois  pour  la  pauvrette 

Qu'amour  jamais  n'eût  paru  dans  son  cœur! 

Housard  la  vit,  l'adora,  sut  lui  plaire, 
Brûlant  amour  les  embrasa  tous  deux  : 
Jamais  ce  dieu  ne  forma  sur  la  terre 
Cœurs  plus  ardents  ni  plus  aimables  nœuds. 

Housard  goûta  le  bonheur  de  la  vie, 
Mais  ce  bonheur  ne  dura  qu'un  seul  jour  : 
Puis  fut  forcé  de  quitter  son  amie, 
Honneur  parlait,  dut  lui  céder  l'amour. 

Dans  les  combats  housard  perdit  la  vie, 
Bien  jeune  encor,  c'était  mourir,  hélas! 
Mais  tout  un  jour  dans  les  bras  de  sa  mie, 
Il  fut  heureux,  ah  !  ne  le  plaignez  pas 

Parole»  «l'un  anonyme. 

Air  hongrois,  noté  au  N.K'76  delaCléduCaveau 


BONNE  ESPÉRANCE. 

1834. 

Adieu,  mon  Bis,  adieu  ; 
Bonne  espérance,  bonne  espérance, 
Ta  mèreet  moi  pour  loi, 
Pour  notre  France, 
Nous  [triions  Dieu, 
Bonni  espérance, 

Adieu, 
Bonne  espérance. 


ROMANCES. 


133 


Quand  je  partis  pour  les  cômbals 
J'avais  Ion  âge, 
•l'avais  ton  courage, 
Ton  courage  et  ton  bras. 
Je  quittais  un  vieux  père. 
Comme  toi  je  quittais 
Des  amis  que  j'aimais, 
Je  quittais  une  mère. 
Adieu,  etc. 

Parmi  les  noms  chers  au  pays. 
Bientôt,  peut-être, 
Nous  verrous  paraître 
Le  nom  de  notre  fils. 
Que  l'ardeur  qui  l'entraîne 
T'accompagne  au  combat  ; 
Tu  nous  quittes  soldat, 
Reviens-nous  capitaine. 
Adieu,  etc. 

Si  tu  savais  comme  au  retour 
Le  cœur  tressaille  ! 
Un  jour  de  bataille 
N'est  pas  un  plus  beau  jour. 
Alors  sur  ton  passage 
Chacun  se  pressera, 
Ce  jour-là  ce  sera 
Jour  de  fête  au  village. 

Adieu,  mon  fils,  adieu; 

Bonne  espérance,  bonne  espérance, 

Ta  mère  et  moi  pour  toi, 

Pour  notre  France, 

Nous  prîrons  Dieu, 

Bonne  espérance, 

Adieu, 
Bonne  espérance. . 

l-'rédéric   Kern». 


La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve 
Ch:z  M.  Grus  ,  éditeur,  boul.  Bonne-Nouvelle,  31. 


ELE-ONOR.E. 

Air  :  Permets-moi  d'attendre  le  jour. 

Hier,  je  t'adorais  encore, 
J'avais  an  bandeau  sur  les  yeux  ; 
Mais,  trop  perfide  Eléonore^ 
Aujourd'hui  je  le  connais  mieux  : 
Contre  un  désir  que  tu  fis  naître, 
Mes  efforts  seraient  superflus. 
Je  te  regrette  encor  peut-être, 
Et  pourtant  je  ne  t'aime  plus. 

Dans  Son  sourire  que  de  charmes, 
Dans  ton  maintien  rien  d'apprêté; 
Le  plus  sage  le  rend  les  armes 
Et  soupire  la  volupté. 
Je  voudrais  que  mon  autre  amante 
Unît  tes  traits  à  ses  vertus  ; 
Car  je  te  trouve  encor  charmante, 
Et  pourtant  je  ne  t'aime  plus. 

Peut-être  qu'un  autre  à  ma  place 
Sera  bientôt  choisi  par  toi , 
Séduit  par  ton  esprit,  ta  grâce, 
Il  sera  trompé  comme  moi  : 
Malgré  cela  j'envie  encore 
Des  liens  par  l'erreur  tissus  ; 
Je  suis  jaloux  d'Eléonore, 
Et  pourtant  je  ne  l'aime  plus. 

bans  quelqu'aimable  solitude, 
Si  je  te  retrouvais  un  jour, 
Je  pourrais  bien,  par  habitude, 
Te  parler  de  mon  vieil  amour. 
Tu  pourrais,  rallumant  encore 
Des  désirs  dans  mes  sens  émus, 
Me  rendre  mon  Eléonore, 
Et  pourtant  je  ne  t'aime  plus. 

Paroles  d'uu  anonyme. 


134  CHANSONS   POPULAIRES. 

LE  MOYEN  D'ETRE  HEUREUX.    '     LE  CHATEAU    D'ELVIRE. 


Bcoute,  écoule,  écoule,  écoule. 

Quand  on  est  bien  amoureux. 

Ecoule,  écoule,  écoute,  émule 

Un  sec  ,1  pour  être  heureux. 

Jamais  entre  nous 

De  transports  jaloux, 

De  soupçons  fâcheux, 

De  coupables  vœux, 
Ecoute,  écoute,  écoute,  écoute, 
C'est  le  moyen  d'être  heureux. 

Quand  de  l'amour  la  douce  sympathie 
Vient,  pour  toujours,  enflammer  noire  cœur. 
C'esl  l'amitié,  charmante  Sidonie, 
Qui  nous  conduit  au  chemin  du  bonheur. 
Ecoute,  écoute,  etc. 

Combien  d'époux,  ennuyés  de  la  vie, 
Ne  savent  pas  en  embellir  le  cours  ; 
Ornons  de  fleurs  la  chaîne  qui  nous  lie 
El  tous  les  jours  seront  encor  trop  couils. 
Ecoule,  écoute,  etc. 

Partageons  toul  le  plaisir  et  la  peine. 
Le  bien,  le  mal,  tout  doit  être  commun  ; 
En  quelqu'endroit  que  le  destin  nous  mène,      ! 
Que  nos  deux  cœurs  jamais  n'en  fassent  qu'un. 

Ecoute,  écoute,  écoute,  écoute, 
Quand  on  est  bien  amoureux, 
Ecoute,  écoute,  écoute,  écoute 
Un  secret  pour  être  heureux. 
Jamais  entre  nous 
De  transports  jaloux, 
!)•'  soupçons  fâcheux, 
De  coupahles  vœux, 
Ecoute,  écoule.  èeoutQ,  écoule. 
i .  •  -t  le  mo\en  d'être  heureux. 

Ourry. 

I,a  musique   de   Mme  Gail.  te  trouve  notée  au 
N.  1813  de  la  Ci-  du  Caveau. 


Sous  les  murs  du  château  d'Elvirc 
Jeune  troubadour,  de  ses  pleur-. 
Moui liait  les  cordes  de  sa  lyre, 
Et  chaulait  ainsi  ses  douleurs: 
Elvire  un  jour,  que  la  présence 
Relevait  l'éclat  d'un  tournois, 
Je  perdis  mon  indifférence, 
J'aimai  pour  la  première  fois. 

Depuis  ce  jour,  tendre  et  fidèle, 
A  le  voir  je  bornais  mes  yœux. 
Hélas  !  aujourd'hui,  trop  cruelle, 
Tu  fuis  mes  regards  amoureux. 
Pourquoi  cette  rigueur  extrême  ? 
N'ai-je  pas  respecté  tes  lois  ? 
Si  ma  bouche  osa  dire  j'aime, 
Elle  ne  l'osa  qu'une  fois. 

Elvire,  lorsque  de  ma  vie 
S'éteindra  le  pâle  flambeau, 
Viens  dissiper  ta  rêverie 
Où  l'on  placera  mon  tombeau. 
Assise  auprès  de  ma  poussière, 
Tu  diras  à  l'écho  des  bois  : 
L'amant  qui  dort  sous  celte  pierre, 
Vécut  pour  n'aimer  qu'une  fois. 

Parole*  d'un  anonyme. 


LA   JEUNE   FILLE  A  LA  DANSE 


Vite,  Marie,  â  ma  toilette, 

Dans  une  heure  je  \ais  danser, 
Dépêche-toi,  car  je  regrette 
Cette  heure  qu'il  faut  y  passer. 

Ecoulons,  écoutons. 
Tra,  la,  la,  la,  la,  la.  la,  la, 

Ecoutons,  écoutons, 

C'esl  la  ritournelle, 


ROMANCES. 


i3S 


Tra,  la,  la,  la,  la,  la, 
Une  contredanse  nouvelle, 
Tra,  la,  la,  la,  la, 
Quel  plaisir  que  celui-là. 

Soyons  simple  dans  ma  parure, 
D'une  tleur  orne  mes  cheveux, 
De  cette  élégante  ceinture, 
Avec  grâce  pose  les  nœuds, 

Ecoutons,  écoutons, 
Tra,  la,  la,  la,  la,  la,  la,  la, 

Ecoutons,  écoutons, 

Déjà  l'on  commence 

Tra,  la,  la,  la,  la,  la, 
Tu  conçois  mon  impatience. 
Tra.  la,  la,  la.  la, 
Quel  plaisir  que  celui-là. 

Marie,  enfin,  me  voici  prèle, 
Suis-je  bien,  parle  sans  détour, 
Pour  aller  au  sein  de  la  fête. 
L'espoir  de  briller  à  mon  tour. 

Ecoutuns,  écoulons, 
Tra,  la,  la,  la,  la,  la,  la,  la, 

Ecoutons,  écoutons, 

Malgré  moi  je  danse, 

Tra,  la,  la,  la,  la,  la, 
Danser,  voltiger  en  cadence, 

Tra,  la,  la,  la,  la, 
Quel  plaisir  que  celui-Ht. 

Aiuédee  de  Ueaujilau. 

La   musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se   trouve 
chez  M.  Meissonniernls,  éditeur,  rueDauphine,  13. 


LA   CROIX   D'OR. 

1835. 

Je  la  donne  pour  gage, 
Pour  gage  de  ma  foi, 
A  l'amant  dont  i'  courage 
Sera  digne  de  moi. 


Mais  je  veux  une  épreuve... 

Cett'  croix  est  à  celui 

Qui  me  donn'ra  la  preuve 

Qu'il  m'aime  plus  que  lui. 

C'est  une  loterie 

Qui  doit  combler  vos  vœux  ; 

Ma  main,  mon  cœur,  ma  vie 

Sont  au  plus  amoureux... 
Allons,  allons,  il  faut  tenter  le  sort; 
Allons,  allons,  qui  veut  de  ma  croix  d'or? 

Pour  être  militaire 

Guillaume  doit  partir  : 

Qu'un  d'  vous  remplac'  mon  frère, 

A  lui  ce  souvenir! 

Fuis  qu'il  vienn'  me  le  rendre, 

Avant  deux  ans  d'ici, 

Je  promets  de  l'attendre 

Pour  être  mon  mari. 

C'est  une  loterie,  etc. 

Cette  croix  m'est  bien  chère: 

Par  son  charme  si  duux 

Elle  a  sauvé  mon  frère 

Et  me  donne  un  époux  ; 

Et  cependant  j'ignore 

Si  contré  tout  danger 

Son  influence  encore 

Pourra  me  protéger. 

Par  un'  faveur  nouvelle, 

Près  de  vous  en  ce  moment, 

Ah!  me  servira-t-e!le 

Ce  soir  de  talisman  ! 
Allons,  allons,  décidez  de  mon  sort  ; 
Allons,  allons,  qui  veut  de  ma  croix  d'or? 

De  Itougeuiout  et  Uupeuly. 

I.a    musique,  d'A.   Pilati,   se   trouve    notée    au 
S  2231  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  SAULE  DU  MALHEUREUX. 

Air  du  Saule  dans  Othello. 

Charmant  vallon,  le  plus  doux  des  d  - 
Où  souvent  seul  j'ai  cherché  la  nature, 


136 


CHANSONS  POPULAIRE* 


J'entends  déjà  ton  ruisseau  qui  murmure; 
Je  vois  enfin  les  saules  toujours  verts. 
Chantez  le  saule  et  sa  douce  verdure. 

Oui,  les  voila  ces  ramiers  amoureux, 
Ces  monts,  ces  bois,  ces  prés,  cette  onde  pure  ! 
Ah!  devrais-tu,  riche  et  simple  nature, 
T'olïiïr  si  belle  a  l'œil  du  malheureux? 
Chaulez  le  saule  et  sa  douce  verdure. 

Songe  si  doux  qui  m'as  Dallé  longtemps, 
Crédule  espoir,  n'es-lu  qu'une  imposture? 
Hélas!  ce  champ  me  donne  avec  usure 
Ce  que  ses  fleurs  m'ont  promis  au  printemps. 
Chaulez  le  saule  et  sa  douce  verdure. 

L'abeille  au  moins  ne  blesse  en  son  courroux 
Que  l'ennemi  qui  brave  sa  piqûre. 
Cruels  humains,  auleurs  de  mon  injure, 
Je  vous  aimais,  et  je  moins  par  vos  coups. 
Chantez  le  saule  et  sa  douce  verdure; 

Me  voilà  donc,  saule  cher  au  malheur, 
Sous  tes  rameaux,  nourrissant  ma  blessure! 
Ah!  dis  au  \eiit,  dis  à  l'eau  qui  murmure, 
lin  s'cnlinaut  d'emporter  ma  douleur. 
Chantez  le  saule  cl  sa  douce  verdure. 

Puisse  bientôt,  ce  sont  mes  derniers  vœux, 
Quelque  pasteur,  voyant  ma  sépulture, 
Dire  en  passant  :  on  trompa  sa  droiture; 
il  lui  sensible  el  mourut  malheureux. 
Chaulez  le  saule  et  sa  douce  verdure. 

IHiels. 


LA  PITIÉ  N'EST  PAS  DE  L'AMOUR. 


Lorsque,  dans  une  tour  obscure, 
Ce  jeune  homme  est  dans  la  douleur, 
Hou  cœur,  guidé  par  la  nature, 
Doi;  conipatii  à  son  malheur 


Si  j'en  tenus  sa  plainte  touchante, 
Je  deviens  triste  tout  le  jour. 
Maman,  ne  sois  pas  mécontente, 
La  pitié  n'est  pas  de  l'amour. 

Quand  à  la  fenêtre  discrète 
J'écoule  ses  plaintifs  accents, 
D'intérêt  ma  bouche  est  muette, 
Je  crois  toujours  que  je  l'entends. 
Je  resterais  là  quand  il  chante, 
Toute  la  nuit  et  tout  le  jour. 
Maman,  ne  sois  pas  mécontente, 
La  pitié  n'est  pas  de  l'amour. 

Un  jour  sa  romance  était  tendre, 
Elle  enchanta  tous  mes  esprits. 
Je  ne  cherchais  point  à  l'entendre, 
Et  sans  le  vouloir  je  l'appris. 
Depuis  ce  temps-là  je  la  chante, 
Je  la  répète  nuit  et  jour. 
Maman,  ne  sois  pas  mécontente 
La  pitié  n'est  pas  de  l'amour. 

Alexaudre  limai. 


La  musique,  de  Della-Maria,  se  trouve  note  au 
N.  372  de  la  Clé  du  Caveau. 


IL  FAUT  QUITTER  CE  QUE  J'ADORE. 


11  faut  quitter  ce  que  j'adore, 
Adieu,  plaisir,  adieu,  bonheur I 
Aujourd'hui  je  vous  goûte  encore, 
Demain  vous  fuirez  de  mo    cœur. 

Séparons-nous,  ma  douce  .unie, 
Reçois  mes  adieux  en  ce  jour, 
Mais  conservons  toute  la  vie 
Le  souvenir  de  noire  amour. 

Ne  me  montre  pas  tes  alarmes, 
■oute  pas  à  mon  malheur. 


l'uiis.  —  Imprimerie  ne  i'ii.lfi  tus  aine,  rue  ne»  brauut-AHg'iklinn,  .->. 


Ne  m'affaiblis  pas  partes  larmes; 
J'ai  bien  assez  de  ma  douleur. 
S'il  faut  que  notre  cœur  oublie 
La  peine  qu'il  sent  en  re  jour. 
Qu'il  garde  au  moins  toute  la  vie 
Le  souvenir  de  notre  amour. 


Un  jour,  sur  un  lointain  rivage, 
Sans  espérance  et  sans  repos, 
Je  n'aurai  plus  que  ton  image 
Pour  me  consoler  de  mes  maux. 
Alors,  loin  de  ma  douce  amie, 
Je  répéterai  chaque  jour  : 
Je  lui  garde  toute  ma  vie 
Le  souvenir  de  notre  amour. 


HofTman. 


La  musique,  de  Solié,  se  trouve  notre  au  N.  229  de  la 
il.   du  (  aveau. 


FAUT   L'OUBLIER. 

181C. 


Faut  l'oublier,  disait  Colette, 
L'infidèle  a  trahi  sa  foi; 
11  jurait  de  n'aimer  que  moi, 
Et  me  préfère  une  coquette. 
Adieu,  vains  et  cruels  serments, 
Qui  m'assuriez  de  sa  constance; 
Adieu,  d'amour  heureux  moments, 
Adieu,  tant  douce  souvenance  : 
Faut  l'oublier,  faut  l'oublier. 


Faut  l'oublier,  (lisait  encore 
La  bergercile  en  soupirant. 
Pour  le  redire  plus  souvent, 
Colelte  devançai!  l'aurore. 
Hélas!  a  chaque  instant  dix  jour 
Le  dit,  mais  tout  bas  la  pauvrette 
Et  la  nuit,  à  l'heure  d'amour, 
En  s'endorinant  elle  répète  : 
Faut  l'oublier,  faut  l'oublier. 


(bis.) 


{bis.) 


Faut  l'oublier,  mais  comment  faire? 
Tout  me  parle  ici  de  Colin. 
Sous  cet  arbre,  chaque  matin, 
L'ingrat  me  nommait  sa  bergère. 
C'est  ici  qu'un  jour  l'inconstant 
D'un  ruban  para  ma  houlette; 
C'est  là  ([lie  mon  parjure  amant. . . 
Mais  que  fais -lu,  pauvre  Colette? 
Faut  l'oublier,  faut  l'oublier. 


(bis.) 


<:0 


A.  \audet 


La  musique,  de  Romagnési,  se  trouve  notre  au  \.  1744 
de  la  Clé  du  Caveau. 


ROMANCE   D'UNE   FOLLE. 

Je  suis  encor  dans  mon  printemps, 

Abandonnée  et  sans  défense! 

Au  plus  habile  des  tyrans 

On  me  confia  dès  l'enfance! 

Vous  qui  protégez  les  amours, 

Venez,  venez  à  mon  secours!  (quater.) 

Dans  la  contrainte  et  le  dépit 
Serai-je  toujours  encliainée? 
Je  ne  sais  quoi  tout  bas  me  dit 
Que  pour  le  plaisir  je  suis  née; 
Vous  r { il i  protégez  les  amours, 
Venez,  venez  à  mon  secours  ! 

Quelle  voix  enivre  mon  cœur! 
Ah!  pour  moi  quel  heureux  présage! 
Trouverai-je  enfin  le  bonheur, 
Après  un  si  dur  esclavage! 
Vous  qui  protégez  les  amours, 
Venez,  venez  à  mon  secours! 

BonillT. 

La  musique,  de  M*hul,  se  trouve  notée  au  N.  275  de  la 
Clé  du  Caveau. 


T.  f!.—  -21. 


138 


CHANSONS    POPUI.AIRFS 


LE   TOMBEAU    D'ALFRED 

Ai  R  '.  Sous  les  murs  du  château  a"  Elvire 

La  nuit  régnait  sur  la  nature, 
Elvire  attendait  le  repos, 
Lorsqu'une  douce  vois  murmure, 
Près  d'elle,  en  gémissant,  ces  mois  . 
«  Par  tes  rigueurs  quand  il  succombe, 
«  Le  ménestrel  bénit  tes  coups. 
«  Trois  jours  encore,  et  dans  sa  tombe, 
«  Alfred  te  donne  rendez-vous.  » 

Il  dit  :  l'approche  de  l'aurore 
Fait  fuir  le  fantôme  plaintif; 
Elvire  crut  entendre  encore 
De  sa  voix  le  son  fugitif. 
A  sa  frayeur  elle  succombe, 
D'amour  elle  craint  le  courroux  : 
Troisjours,  dit-elle,  et  dans  sa  tombe, 
Alfred  m'a  donné  rendez-vous. 

Bientôt  une  fièvre  violente 
Dans  son  sein  porte  le  trépas, 
Une  vision  effrayante 
Vers  le  tombeau  guide  ses  pas, 
Mais  sa  démarche  chancelante... 
Du  beffroi  résonnent  les  coups: 
Minuit  sonne,  et  l'indifférente 
N'est  plus...  Elle  est  au  rendez-vous. 

Parole*  cl'uu  anonyme 


BOCAGE  QUE  L'AURORE, 


Bocage  que  l'aurore 
Embellit  de  ses  pleurs, 
(i.izuii  naissant  que  Flore 
Pare  de  mille  fleurs: 
Oiseaux,  tendre  zépbyre, 
Qui  charmez  mes  loisirs, 
Voudrez-vous  bien  ine  dire 
D'où  naissent  mes  soupirs  ? 


Toi  qui  d'une  onde  pure 
Baignes  ces  bords  charmants, 
Ruisseau,  ton  doux  murmure 
Ne  calme  plus  mes  sens; 
Hélas  !  j'aime  sans  doute, 
Oui,  j'aime,  je  le  sens  ; 
C'est  l'amour  qui  me  coûte 
Les  pleurs  que  je  répands. 

Asile  solitaire, 
Je  viendrai  chaque  jour 
Te  chanter  ma  bergère, 
Mes  désirs,  mon  amour; 
Mais  si  d'une  voix  tendre, 
Je  ne  te  dis  son  nom. 
C'est  de  peur  de  l'apprendre 
Aux  bergers  du  vallon. 

Paroles  d'un  anonyme. 


Musique,  de  Ch.  Plantade,  notée  au  N.  £9  de  la 
Clé  du  Caveau. 


LE  PETIT   PASTOUR 


Gentille  pastourelle, 
Accourez,  il  est  jour; 
Celui  qui  vous  appelle 
Est  le  petit  pastour; 
La  cloche  du  village 
Par  son  drelin,  dindin, 
Du  petit  ermitage 
Est  le  réveille-matin. 
Gentille  pastourelle,  etc. 

Le  pastour  se  lamente 
Quand  il  ne  peut  TOUS  voir, 
Mais  le  malin  il  chaule 
Quand  il  en  a  l'espoir. 
\  enez  à  l'ermitage 
De  ce  petit  pastour, 
Faire  un  pèlerinage 
lui  laveur  de  l'amour. 

Gentille  pastourelle,  etc. 


ROMANCES. 


130 


Venez  des  dons  de  Flore 
Aspirer  les  odeurs  : 
C'est  pour  vous  que  l'aurore 
Fait  naître  ici  les  fleurs  ; 
Ecoutez  le  ramage 
Du  rossignol  joyeux  : 
Il  dit  en  son  langage, 
L'amour  seul  rend  heureux. 

Gentille  pastourelle. 
Accourez,  il  est  jour  ; 
Celui  qui  vous  appelle 
Est  le  petit  pastour. 

Paroles  d'un  anonyme. 

La  musique,  de  .Lelu,se  trouve  chez  M.  Cotelle, 
éditeur,  137,  rue  Saint-Houoré. 


UNE   NUIT  A  MADRID. 


Castillane,  avançons  sans  bruit, 

Patience,  silence, 
A  l'amour  offrons  cette  nuit  : 
Point  de  guerre  aujourd'hui. 

De  Madrid,  nobles  citadins, 
Profitons  d'un  instant  de  trêve, 
Minuit  sonne,  et  des  Bernardins 
Dépassons  vite  lesjardins, 

Sous  ces  balustres  d'or 
Que  la  sérénade  s'achève. 

Moquons-nous,  puisqu'il  dort, 
De  notre  vieux  corrégidor. 

Tra  la  la  la  la  la. 
Castillans,  etc. 

Qui  de  vous  connaît  Marchitta? 
C'est  l'objet  à  qui  je  m'adresse, 
Sa  rigueur  longtemps  m'arrêta 
Et  son  cœur  combien  me  coûta. 

Jugez  de  mes  travaux, 
J'ai  fait,  pour  plaire  à  ma  maîtresse, 


Eventrcr  dix  chevaux 

Dans  une  course  de  taureaux. 

Tra  la  la  la. 

Castillans,  etc. 

Quand  je  marche  en  vrai  Catalan, 
De  vos  pas  seriez-vous  avares? 
Réprimez  cet  air  grave  et  lent, 
L'Espagnol  doit  être  galant. 

Marchitta  loge  ici, 
Amis,  accordez  vos  guitares , 

Sanl-Yago,  dieu  merci, 
Sous  ses  fenêtres  nous  voici. 
Tra  la  la  la. 
Calalans,  etc. 

Mais  vers  nous  qui  peut  s'avancer  ? 
Des  Français!  oh  !  mésaventure!... 
Courons  vile!  il  faut  nous  presser, 
Leur  patrouille,  hélas  !  va  passer. 

Pour  ces  damnés...  plus  tard... 
Fouillant  dans  nos  larges  ceintures 

La  vierge  del  Pinard 
Saura  guider  notre  poignard. 
Tra  la  la  la. 

Castillans,  avançons  sans  bruit, 

Patience,  silence, 
A  l'amour  offrons  celte  nuit  : 
Point  de  guerre  aujourd'hui. 

I  auront. 


LE  RACCOMMODEMENT, 


Je  t'aimais  d'une  ardeur  sincère, 

Tu  répondais  à  mes  désirs: 

Qui  peut  donc  troubler  nos  plaisirs? 

Nous  l'ignorons,  une  chimère. 
Lorsque  deux  cœurs  l'un  pour  l'autre  sont  fails, 
Amour,  amour,  ne  les  brouille  jamais.    (615.) 

Quel  était  l'aveugle  délire 
Qui  vint  alors  nous  animer? 


140 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Nous  n'avions  point  rossé  d'aimer, 
Et  nous  cessions  de  nous  le  dire. 
Lorsque  deux  cœurs,  etc. 

L'amour,  pour  des  ardeurs  nouvelles, 
Ne  m'a  point  fait  trahir  ma  foi  ; 
Ce  n'est  qu'en  revenant  à  loi 
Que  j'ai  profité  de  ses  ail-s. 
Lorsque  deux  cœurs,  etc. 

Désormais  je  serai  Qdèle, 
Dieu  de  Cvlhère,  à  mes  serments; 
Mais  me  rendras-tu  les  moments 
Que  j'ai  passés  loin  de  ma  belle? 

Lorsque  deux  cœurs  l'un  pour  l'autre  sonl faits, 
Amour,  amour,  ne  les  brouille  jamais,    (bù.) 

Paroles  d'un  nnonvmc. 


La  musique,  de  Gatayes,   se   trouve   notée   au 
N.  1139  de  la  Clé  du  Caveau. 


LA   PUPILLE. 


On  me  dit  gentille 
Et  sous  la  mantille 
Mon  œil  noir  qui  brille 
l'ait  battre  le  cœur  ; 
Mais,  Vierge  Marie, 
Ah  !  combien  je  m'ennuie 
De  [tasser  ma  vie 
Près  d'un  vieux  tuteur. 

Dès  le  matin,  dan-  son  humeur  jalouse, 

Vers  ma  ebambretté  il  arrive  à  grands  pas. 
Il  \fii  Bavoir  si  la  jeune  AndaJouse 
I ;>'.  seule  encor,  et  ne  le  trompe  pas, 
El  ne  le  trompe  pas. 
On  médit  gentille,  etc, 

Pendanl  le  joui'  il  foui  parfois  subira 

Les  beaux  discours  d  un  savant  bachelier,      I 


Les  doux  propos  d'une  duègne  en  délire, 
lit  les  sermons  d'un  vilain  cordelier, 
D'un  vilain  cordelier. 
On  me  dit  gentille,  etc. 

Le  soir  enfin,  placés  sous  ma  fenêtre, 
Mes  deux  argus,  dans  leur  zèle  jaloux, 
boulent  des  veux  à  qui  vient  de  paraître, 
El  font  sauver  même  jusqu'aux  hiboux, 
.Même  jusqu'aux  hiboux  ! 

L'on  me  dit  gentille, 
El  sous  la  mantille, 

Mon  œil  noir  qui  brille 

Fait  battre  le  cœur  ; 

M  is.  Vierge  Marie. 

Ah  !  combien  je  m'ennuie 

De  passer  ma  vie 

Près  d'un  vieux  tu'.eur. 

I .  Crevel  tic  4'harli'uiaguc. 

La  musique,  de  C.  Labarre,  se  trouve  notée  an 
N.  2109  de  la  C!é  du  Caveau. 


ROMANCE   DE   ROSALIE. 


Ma  peine  a  devancé  l'aurore, 
Ma  peine  me  suit  chaque  jour  ; 
Le  soir  je  la  retrouve  encore. 
Constante  comme  mon  amour. 
Admirez  la  \  igné  enlacée 
Autour  de  l'arbre  le  pins  beau; 
Plaigne/  la  \  igné  délaissée 

Après  la  chute  de  l'ormeau. 


(6i«.) 
{bis.) 


Il  tant  à  la  rose  un  ombrage 
Contre  les  ailleurs  du  midi  : 
Omtre  les  fureurs  de  l'orage 
Il  lui  faut  encore  un  appui  : 

,'e  suis  la  rose  sans  ombrage 
i lontre  les  ailleurs  du  midi  : 
(  lontre  les  fureurs  de  l'orage 

Il  ne  me  reste  aucun  appui. 


(6l'f. 


-vAtS^VÇ^r-;»;/' 


.      .:.v 


ROMANCES, 


141 


J'étais  aussi  belle  que  tendre, 
Alors  que  j'avais  d'heureux  jours  ! 
On  venait  me  voir  et  m'entendre, 
Lorsque  je  chantais  me;  amours  I 
Je  suis  moins  belle  et  toujours  tendre 
Depuis  que  j'ai  de  cruels  jours; 
On  fuit,  on  ne  vient  plus  entendre  [bis.) 
Le  triste  chaut  de  nies  amours.-        {bis.) 

Autrefois  on  vantait  mes  charmes; 

J'avais  le  souris  du  bonheur  : 

Mrs  yeux  ne  versaient  point  de  larmes, 

L'amour  seul  remplissait  mon  cœur: 

Le  peu  qui  me  reste  de  charmes 

Est  dévoré  par  la  douleur  ; 

Mes  yeux  sont  éteints  dans  les  larmes,  [bis.) 

Je  n'ai  conservé  que  mon  cœur.  [bis.) 

Paroles  u"uu  anonyme. 


La  musique,   de  Boïeldieu ,   se  trouve  notée  au 
N.  493  de  la  Clé  du  Caveau. 


L'AVEUGLE. 


J'entends  le  bruit  de  ta  robe  flottante, 
0  ma  Lisa,  je  reconnais  tes  pas, 
Tu  fais  frémir  la  feuille  languissante, 
En  la  pressant  sous  les  pieds  délicats. 
Le  souffle  pur  exhalé  par  la  bouche 
M'est  apporté  par  la  brise  du  soir; 
Oui,  le  voilà  donc,  ma  main  le  touche  ! 
Et  cependant  je  ne  puis  pas  te  voir. 

La  sombre  nuit  m'entoure  de  ses  voiles, 
El  sur  mes  yeux  se  repose  à  jamais  ; 
Sa  voûte,  hélas!  si  brillante  d'étoiles, 
Permet  du  moins  d'entrevoir  les  attraits, 
Mais  une  nuit  immobile,  éternelle. 
De  ce  bonheur  m'a  défendu  l'espoir, 
La  connais-tu,  celte  peine  cruelle  ? 
Jamais,  Lisa,  je  ne  pourrai  te  voir! 


Le  rossignol  l'a  sans  doute  aperçue, 
Et  ses  concerts  en  ont  plus  de  douceur. 
0  ma  Lisa,  s'il  ne  t'avait  point  vue. 
Soft  chant  si  i  ur  irait-il  à  mon  cœur? 
Mais  le  ruisseau  dont  le  tendre  murmure 
Auprès  de  toi  sait  si  bien  m'émouvoir, 
Il  te  voit!...  moi  seul  dans  la  nature, 
Moi  seul,  hélas!  je  ne  puis  pas  te  voir. 

Elle  te  voit,  la  matinale  aurore, 
Oui  de  ses  pleurs  rafraîchit  Ion  bouquet. 
Le  doux  printemps,  Lisa,  te  voit  encore, 
Car  son  haleine  a  fleuri  ce  bouquet. 
Chacun,  hélas!  peut  garder  ton  image, 
Ce  bien  si  doux  n'est  pas  en  mon  pouvoir, 
L'indifférent  lui-même  le  partage, 
Et  moi,  je  t'aime  et  je  ne  puis  te  voir! 

l>aroleM  d'an  anonyme. 


CE  QUE  J'ÉPROUVE  EN  VOUS  VOYANT. 


Ce  que  j'éprouve  en  vous  voyant, 

Comment  pourrais-je  vous  l'apprendre? 

En  vain  je  cherche  à  le  comprendre, 

Est-ce  un  bonheur,est-ce  un  lourment?(6«5. 

Sans  être  triste,  je  soupire, 

Je  ne  vous  parle  qu'en  tremblant...  (bis.) 

lit  n'oserais  jamais  vous  dire 

Ce  que  j'éprouve  en  vous  voyant,  (ter.) 

Lorsque  je  crois  m'apercevoir 

Que  vers  moi  vous  portez  la  vue, 

Bientôt  mon  âme  est  tout  émue, 

El  je  rougis  sans  le  vouloir.  (bis.) 

Hélas  !  si  je  veux  me  contraindre, 

Mou  trouble  augmente,  en  se  cachant, (bis.' 

Et,  malgré  moi,  je  ne  puis  feindre 

Ce  que  j'éprouve  en  vous  voyant.  (1er.) 

Si  l'on  se  place  auprès  de  vous , 

Je  crains  qu'on  ne  cherche  à  vous  plaire  , 

Vous  parle-t-on  avec  mystère, 

Mon  cœur  souffre  et  douent  jaloux,  (bis.) 


142 


CHANSONS    POPULAIRES. 


'  m. i  i  ,11  mii  ,i     n  \  |e, 

l'.n  tin  charnu  trop  séduisant,         (&if. 
El  |e  n'éprouvai  de  dm  vie, 

<  e  'j  !<■  |  ('-prouve  nu  von  .  wi\;inl.       trr.) 


I  II  m  lu  II 


MllM|UC    dt    If 


LA   MONTAGNARDE, 

o  loi,  ma  compagne  fidèle, 
Dont  le  cœur  discret 
Garde  le  sei  rot, 
Bal   lu  que  ma  mère  loin  d'elle 
\  lenl  m'avei  lir 
(..m  il  fallait  partir? 
Toi  qui  la  connais, 
Dii  lui  que  |e  l'aime, 
Parle  pour  toi-même, 
iii   lui  le   regrel  , 
Surloul  cache-lui 
D'où  \  ienl  mon  ennui. 
in  lui  que  loin  de  mei  compagnes, 
il  n'es!  pour  mon  cœur 
NI  paix  m  bonheur 
Di   lui  qu'en  quittant  nus  montagnes 
Je  dois  lanl  souffrir 
Que  l'en  puis  mourir. 

Di-  lui  toi  qui  connai  i  ma  Irii  '• 
Qui  dans  mon  malheur 
Ile  liens  lieu  de  sœur , 
Dis-lui,  «lis-lui  que  Is  rii  bi 
San  elle  el   an   loi 

plus  i  len  pour  moi , 
lui  qu'en  partant 
Je  laii  e  une  mère, 

1 1  croix  de npèr6| 

Toi  que  i  aime  tant, 
Surtout,  sic. 


DI    lui,  dis-lui  que  ce voj 

ivui  i,i  rendre  un  jour 

Bien  in  te  a  son  tour  ; 
in  lui  qu'elle  ange  a  mon  lige, 

Que  pour  un  dépari 

Quinze  an  i  c'eei  Irop  tard, 

Dis-lui,  si  tu  veux, 

Que  de  maris 

Parfois  au  village, 

Nous  parlons  tous  deux. 

Surloul  cache  lui 
D'où  vient  mon  ennui . 
Dis-lui  que  loin  de  mes  eomp  i 
il  n'est  pour  mon  cesur 
.Ni  paix,  m  bonheur. 

Dis-lui  qu'en  quittant  nos  montagnes 

Je  dois  lanl  souffrir 
Que  j'en  puis  mourir< 

fr'r<«l<rlc  llfrnt. 


I.fi  ni  h  '.i-  |in- ,  f  ! .-   I  lut*  lir  1 1  'iiv  o 

ebw  M.  Orot,  éditeur,  81,  boulevtrt  Boom:  K*u 

vellc. 


LA  PETITE  MENDIANTE. 


C'est  la  petite  mendiante 
Qui  vous  demande  un  peu  de  pain  , 
Donnes  s  la  paw  re  innocente 
Donnez,  donnez  car  elle  ;•  faim. 
\c  rejetez  pas  ma  prière  ! 
Votre  cœur  vous  dira  pourquoi 
\  oiic  cceuf  vous  dira  pourquoi 
J'ai  sis  ani   je  n'ai  plui  de  mère, 
j'ai  faim  !  ayez  pitié  de  mol  I 
Ayez  pitié  de  moi  I     '" 

%  allez  pas  croire  que  i  Ignore 

Que  dam  ce  monde  il  faut lïl  lr 

Mais  je  m    i  petite  encore 
Ah }  ne  me  lai   cz  p  i   moût  li  ' 


KOMANCFS. 


14» 


Donnez  à  la  pauvre  pelile, 
Et  pour  vous  comme  elle  prîra  ! 
Et  pour  vous  comme  elle  prîra  ! 
Elle  a  faim,  donnez,  donnez  vile  ; 
Donnez,  quelqu'un  voua  le  rendra, 
Quelqu'un  voua  le  rendra,    [bis. 

Si  ma  plainte  vous  importune 
Eh  !  bien  je  vais  rire  el  chanter  : 
De  l'aspecl  de  mon  infortune 
Je  ne  «lois  pas  vous  attrister  ; 
Quand  je  pleure  l'on  me  rejette, 
Chacun  me  dit  :  éloigne-toil 
Chacun  me  dit  :  éloigne-toi  ! 
Ecoulez  donc  ma  chansonnette 
Je  chante,  ayez  pitié  de  moi  ! 
Ayez  pitié  de  moi  !     (bis.) 

Tra  la  la  la  la,  Ira  la  la  la  la, 

Ecoutez  ma  chansonnette  ! 

Tra  l;i  la  la  la,  Ira  la  la  la  la, 

Je  chante,  ayez  pitié  de  moi  I 

itmii  iin  dv  Perfhca, 
Musique  de  Roinagnési. 


L'ANGE    DU   CIEL. 


Que  cherches-tu  sur  celle  terre  étrange, 
Esprit  du  ciel  perdu  dans  nos  chemins, 
Ne  crains-tu  pas  de  blesser  tes  pieds  d'ange 
Aux  durs  cailloux  de  nos  sentiers  humains9 
Ne  crains-tu  pas  qu'un  parfum  ne  dévoile 
Ton  origine  à  ceux  qui  le  verront, 
Et  que  le  vent  qui  soulève  ton  voile, 
Ne  lasse  luire  une  étoile  à  ton  front  ? 

Lorsque  ma  voix  te  dit  tout  haut  :  je  l'aime, 
Et  que  tes  yeux  me  le  disent  tout  bas, 
Sais-tu  pourquoi  je  tombe  à  l'instant  même 
A  les  genoux  plutôt  que  dans  les  bras  ? 
C'est  qu'ici -bas  un  bonheur  sans  mélange 


N  est  pas  du  monde  ou  je  vis  soucieux, 
El  que  j'ai  peur  que  Dieu  ne  dise  :  un  ange 
Manque,  il  me  semble,  aux  phalanges  des  deux, 

A  cette  voix  alors  obéissante, 
D'entre  mes  bras  mon  ange  glisserait, 
Et  ma  faiblesse  a  te  suivre  impuissante, 

Du  regard  seul  sur  tes  pas  volerait  ; 
Car  pour  mouler  aux  voûtes  éternelles, 
Quand  dans  ce  monde  on  est  las  de  souffrir, 
La  mort  vient  seul»;  alors  m'offrir  ses  ailes, 
Et  pour  te  suivre  il  me  faudrait  mourir. 

Attribuée  à  Alriiiuilrc  IMiiiium. 


II  E LOI  SE. 


Iléloïse,  pardonne  à  l'erreur, 
Tu  lais  le  tourment  de  ma  vie  ; 
Peux-tu  douter  de  mon  malheur, 
Dévoré  par  la  jalousie  ? 
Iléloïse,  quel  est  ton   pouvoir, 
lui  \ain  l'on  voudrait  s'en  défendre, 
Il  ne  faudrait  jamais  te  voir, 
Il  ne  faudrait  jamais  l'entendre. 


Quand  mes  yeux  ne  te  voient  pas, 
Je  soutire  encore  de  jalousie, 
Je  voudrais  suivre  les  pas 
Au  hameau  comme  à  la  prairie; 
Ton  chien  fidèle  cl  ton  troupeau 
A  mes  yeux  portent  de  l'ombrage, 
Je  suis  jaloux  du  clair  ruisseau 
Qui  réfléchit  ta  douce  image. 

Je  suis  jaloux  de  tes  soupirs, 
Du  jour,  hélas'  qui  l  environne; 
Je  le  suis  encor  du  zéphyr, 
Des  (leurs  qui  forment  la  couronne 
Toute  la  nuil  et  tout  le  jour. 


CHANSONS    POPL'I.  VIRES 


Je  sens  une  douleur  extrême  ; 
L'on  doit  pardonner  à  l'amour 
D'être  jaloux  de  ce  qu'on  aime. 

Paroles  «l'un  anonyme. 


KRADOUDJA. 


Kradoudja,  ma  maîtresse, 

Que  j'aime  tes  yeux, 
Quand  de  tes  cils  s'abaisse. 
L'ombrage  amoureux. 
0  fdle  enebanteresse, 
Que  j'aime  la  souplesse 
Et  l'éclat  de  la  tresse 

De  tes  noirs  cheveux. 
Tra  la  la,  Ira  la  la  la. 

• 

Le  ruisseau  qui  murmure 

Sur  le  gazon  frais, 
L'éclatante  dorure 

De  nos  champs  épais; 
La  plus  belle  nature 
N'a  pas  dans  sa  parure 
lue  grâce  plus  pure 

Que  tes  jolis  traits. 
Tra  la  la,  tra  la  la  la. 

Ton  ârne  est  transparente, 
Ton  cœur  esl  sans  fiel, 
Ta  douceur  s'alimente 
D'un  ruisseau  de  miel. 

l'ombre  qui  serpente, 
Et  sur  l'onde  riante 
Va  [tins  calme  et  brillante 
Que  l'azur  du  cieL 
Tra  la  la,  lia  la  la  la. 


Lorsque  la  .nain  l'ivoire 

Prend  l'opium  fumant. 
Alors  tu  me  fais  croire 

Au  ciel  musulman. 
Kt  je  perds  la  mémoire 
De  cette  ombre  illusoire, 
Que  l'on  appelle  gloire, 
El  qu'emporte  le  vent. 
Tra  la  la,  tra  la  la  la. 

Minrles  I*. 


L'HUMBLE  TOIT  DE  MON  PERE. 


On  vante  les  palais,  les  temples,  les  trophées 
Que  la  belle  Italie  élève  jusqu'aux  cieux, 
lit  qu'on  prendrait  plutôt  pour  l'ouvrage  des  fées, 
Tant  leur  grandeur  magique  éblouit  tous  les  yeux; 
Moi  pourtant  je  préfère,  à  ce  brillant  séjour, 
L'humble  toit  de  mon  père  oùj'ai  connu  l'amour. 

L'on  vante  les  jardins  de  l'heureuse  Idumée, 
Où  le  soleil  répand  ses  plus  riches  couleurs, 
Où  d'éternels  printemps  a  la  terre  embaumée 
.Ne  refusent  jamais  ni  des  fruits  ni  des  ileurs. 
Moi  pourtant,  etc. 

Non  ce  n'est  pas  à  moi  qu'ils  pourront  faireenvie, 
Ces  jardins,  ces  palais  dont  l'œil  esl  enchanté  : 
Dans  Les  climats  du  nord  où  j'ai  reçu  la  vie, 
On  Lrouve  autant  d'amour  et  plus  de  liberté. 
Ci  si  pourquoi  je  préfère  à  ce  brillant  séjour 
L'humbletoitdemon  père  oùj'ai  connu  l'amour. 

['nulles   (l'un    n:  nli>nn 

La    musique,  Je  Théodore  I.abarre,  se  trouve 
notée   au   N.  2118  de  la  Clé  du  Caveau. 


l'ans   —  imprimerie  ne  l'itui  niiaitrir,  rue  m-*  uruir.îa-AHgukiini,  0. 


LE  MATELOT  DE  BORDEAUX. 


C'est  dans  la  ville  de  Bordeaux 
Qu'est  arrivé  trois  beaux  vaisseaux  ; 
Les  matelots  qui  sont  dedans, 
Ma  foi,  ce  sont  de  bons  enfants. 

Il  y  a  un'  dame  dans  Bordeaux 
Qu'est  éprise  d'un  matelot  : 
«  Ma  servante,  allez-moi  queri 
Le  matelot  le  plus  joli. 

—  Beau  matelot,  mon  bel  ami, 
Madame  vous  envoi'  queri  ; 
Montez  là-baut;  c'est  au  premier; 
Collation  vous  y  ferez.  » 

La  collation  a  duré 

Trois  jours,  trois  nuits,  sans  décesser; 
Mais  au  bout  de  trois  jours  passés 
Le  matelot  s'est  ennuyé. 

Le  matelot  s'est  ennuyé, 
Par  la  fenêtre  a  regardé  . 


«  Madam',  donnez-moi  mon  congé: 
Il  fait  beau  temps,  j'  veux  m  en  aller. 

—  Beau  matelot,  si  tu  t'en  vas, 
Bien  mal  de  moi  tu  parleras. 
Tiens,  voilà  cent  écus  comptés, 
Sera  pour  boire  à  ma  santé.  » 

Le  matelot,  en  s'en  allant, 
Fit  rencontre  du  président  : 
«  Beau  président,  beau  président, 
J'ai  les  écus  :  je  suis  content. 

—  Beau  matelot,  mon  bel  ami, 
Bépète-moi  ce  que  t'as  dit. 

—  Monsieur,  je  dis  qu'il  fait  beau  temps 
Pour  aller  sur  la  mer  voguant.  » 

Le  matelot,  dans  son  vaisseau, 
S'  mit  à  chanter  des  airs  nouveaux; 
«  Vivent  les  dames  de  Bordeaux 
Qui  aiment  bien  les  matelots  !  » 

Paroles  d'un  anonyme. 

Le  souvenir  de  cette  chanson  a  été  conservé  par 
un  paillasse  du  boulevart  du  Temple,  nommé  Rous- 

49 


«1 


il.  —  22. 


Ufi 


CHANSONS    POPULAIRES. 


seau,  qui  faisait  la  parade  devant  la  porte  du  spec- 
tacle de  la  danseuse  de  corde  Malaxa,  vi-rs  1800, 
avant  le  célèbre  Bobèche.  C'est  une  de  ces  chansons 
de  matelots  que  l'on  chante  sur  les  ports  de  nier,  et 
qni  ne  manquent  ni  de  gaité  ni  d'originalité 


LA  PETITE  JEANNETON. 

Air  :  Cest  la  petite  Thérèse. 

Jeanneton  prit  sa  faucille, 
Pour  aller  couper  du  jonc  ; 
Hais  auprès  d'une  charmille 

Elle  s'endormit  au  long. 

Las  !  pourquoi  s'endormit-elle, 

La  petite  Jeanneton? 

Mais  auprès  d'une  charmille 
Elle  s'endormit  au  long; 
Par  hasard,  par  là  passèrent 
Trois  chevaliers  de  renom. 
Las!  pourquoi,  etc. 

Par  hasard,  par  là  passèrent 
Trois  chevaliers  de  renom; 

Le  premier,  un  peu  timide. 
Admira  son  pied  mignon. 
La*  !  pourquoi,  etc. 

Le  premier,  un  peu  timide, 
Admira  son  pied  mignon  ; 
Le  second,  un  peu  moins  sage, 
L'embrassa  sous  le  menton. 
Lasl  pourquoi, 

Le  second,  an  peu  moins  sage, 
i  us  le  menton  ; 

\i  m  ce  que  lit  le  troisième 
pas  dit  dans  la  chanson. 
Lai  !  pourquoi,  etc. 

Mai.-  ce  que  lit  le  troisième 
pas  du  d  m>  la  chanson  . 


Si  vous  le  saviez,  mesdames, 
Vous  iriez  couper  du  jonc. 
Las  !  pourquoi  s'endoiinit-elle, 
La  petite  Jeanneton? 

Paroles  «l'un  anonyme. 

Air  ancien,  noté  au  N.  2ô7  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  PROCES  DE  LA  REINE  D'ANGLETERRE. 

Air  de  lavarole. 

Depuis  le  jour  ousque  Cadet, 

En  contant  à  ma  parsonnière, 

Me  lit  une  queue  sus  Y  toupet, 

L'  sommeil  avait  fui  d'  ma  paupière. 

Désolé  d'être  du  régiment 

Qui  porte  l'uniforme  jaune, 

Je  m'  lamentais  à  tout  moment, 

Quand  j'iusdans  l' journal,  heureusement, 

Qu'jons  un  compagnon  {bis)  sur  le  trône. 

Air  •  Cocu,  cocu,  mon  père. 

Ce  glorieux  confrère, 

C'est  le  roi  d'Angleterre. 

Tout  Y  monde  est  convaincu 
Qu'un  courrier  l'a  fait  cocu 
Y  a  mieux,  c'est  qu'on  ajoute 

Qu'  lui  qui  n'  veut  pas  qu'on  doute 

De  ce  grand  évén'ment, 
A  dit  à  son  parlement 

Cocu  I  cocul  l'espère 

Que  le  roi  d'Angleterre 

Verra  punir  L'affront 
Que  l'on  a  fait  a  son  Iront. 

Ai  R  des  Pendus. 

A  ces  mots,  chaque  pair,  stupéfait, 

Dit  soudain  :  Goddem  !  quel  forfait. 

Que  celle  qui  l'a  commis  tremble I 

L'  roi  cocul  Qui  se  r'ssemble  s'assemble. 

Assemblons-nous  donc  à  l'effet 

h  saroir  comment  qu'  la  rein'  l'a  lait . 


CHANSONS    BADINES   ET   GRIVOISES. 


147 


Air  :  Au  clair  de  la  lune. 

Quand  la  reine  arrive 
Et  qu'elle  apprend  c'ei, 
EU'  dit  faut  qu'  j'écrive 
A  m'sieur  mon  mari  ; 
Je  m'  donn'rai  d' la  peine, 
Mais  n'y  a  pas  d'  bon  Dieu, 
J'  s'rai  catin  z'ou  reine, 
11  n'y  a  pas  d'  milieu. 

Air  :  Silence  !  silence  ! 

V  bâtiment  est  à  peine  à  l'ancre 
Qu'  la  princesse  écrit  d'  la  bonne  encre 
Un'  lettr'  de  plus  quatr'  d'pages,  ma  foi, 
Ousquell'  commence  par  dir'  au  roi  : 

AiR  :  N'y  a  qu'à  Paris. 

V  jour  de  nos  noces,  tout  1'  monde  sait  ça, 
Vous  étiez  ivre  de  tendresse, 
Mais,  hélas!  depuis  ce  jour-là, 
J'ai  vu,  souvenir  qui  me  blesse, 
Que  vous  deveniez,  ômon  roi  ! 

Chaque  jour  plus  soûl,  plus  soûl  de  moi. 

Air  :  Voire  fortune  est  faite. 

Un  prince  qui  règne  en  Angleterre 
Doit-il  écouter  les  cancans, 
Obtiendrez-vous  d'  mon  adultère, 
Des  témoignages  convaincants  ? 
Qui  vous  dira, 
Vous  prouvera 
Que  dans  tel  lieu  j'ai  fait  ci,  j'ai  fait  ça? 
Au  nom  d'  tous  deux, 
Ouvrez  les  yeux 
Sur  ce  procès  ignoble  et  scandaleux  ; 
Il  ne  produira  rien  en  somme. 
Ne  teniez  pas  ce  ridicule  essai  ; 
Je  suis  honnête  femme,  aussi  vrai 
Que  vous  êtes  un  grand  homme. 

Air  :  L'amour  ainsi  qu'  la  nature. 

L'  roi  répond  :  C'est  des  bêtises, 
Faut  qu'on  connaisse  vos  sottises, 


fi]t  que  le  fameux  sac  vert 
Devant  tout  1'  monde  soit  ouvert. 
A  la  guerre  c'est  trop  sans  doute 
Que  l'on  m'ait  battu  souvent, 
Je  n'  prétends  pas  qu'on  ajoute 
Que  suis  cocu  z'et  content. 

Air;  Jeunes  filles  et  ieunes  garçons. 

Le  jour  où  1'  parlement  s'ouvrit, 
Dans  la  cité  quelle  cohue.      (6/5.) 
Mais  1'  plus  amusant  c'est  qu'on  hue 
L'  vainqueur  d'  Mont-Saint,  à  c'  qu'y  dit. 
La  salle  est  si  peu  large 
Qu'on  s'  fourre  dans  tous  les  coins. 
Les  femmes  voudraient  au  moins 
Entrevoir  les  témoins 
A  décharge. 

Ajr  :A  la  façon  de  Barbari. 

On  fait  silence,  et  dans  l'instant, 
Sans  qu'  la  reine  soit  honteuse, 
On  lit  des  choses  qui  fraient  pourtant 
Croire  qu'  c'est  une  bambocheuse. 
S'il  est  certain  qu'en  tout  pays 

Tromper  des  maris 

Fut  toujours  permis, 
Celui-ci  ne  1'  fui  pas  à  d'mi, 

Biribi, 
De  la  façon  de  Bergami, 
Mon  ami. 

Air  du  vaudeville,  de  la  Partie  Carée. 

Ce  Bergami  s'  trouvait  près  d'  la  voiture, 
Lorsqu'à  Milan  la  princesse  voyageait. 
Elle  l'examine,  et,  voyant  sa  carrure, 
C  garçon,  dit-elle,  peut  remplir  mon  objet. 
Que  je  le  mette  ou  devant  ou  derrière, 
Il  est  solide,  et  je  voudrais  enfin 
Courir  la  poste  une  nuit  tout  entière 
Qui  n'  resterait  pas  ench'min. 

Ai  r  :  Celui  qui  plie  à  soixante  ans  bagage. 

On  pense  bien  que  le  pauvre  diable 
Qui  d'  la  fortune  avait  été  le  jouet, 


148 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Quand  il  se  vil  dans  ce  poste  honorable 

Fit  joliment  claquer  son  fouet. 
Avec  la  reine,  dans  son  orgueil  extrême. 
Il  prend  d'abord  certaine  liberté  ; 
Bientôt  après,  ô  crime  détesté  ! 
Le  polisson  ne  respect'  pas  même 
Le  sanctuaire  d' la  légitimité. 

Air  de  calpigi. 

C'est  du  moins  c'  que  dis'nt  les  ministres. 
Qu'on  voit  avec  leurs  faces  sinistres 
Interroger  chaque  témoin, 
Qu'ils  ont  fait  venir  d'assez  loin. 
Mais  sitôt  qu'on  les  interpelle, 
D'  ces  témoins  la  mémoire  chancelle. 
L'  seul  point  qu'aucun  n'ait  oublié 
C'est  qu'il  doit  être  bien  payé. 

Air  de  la  soirée  orayeusc. 

C  qui  fit  naîtr'  le  premier  cancan 
C'est  lorsque  l'on  vit  la  donzelle 
D'un  laquais  faire  un  chambellan, 
Comm'  si  c'était  une  chose  nouvelle. 
D'  Bergami  les  ordres  brillants 
De  tous  ces  débats  sont  la  cause, 
Comm'  si  les  croix  et  les  rubans 
Prouvaient  aujourd'hui  quelque  chose. 

Air  de  la  Cataeoua. 

On  poursuit  l'interrogatoire 
Des  témoins  qui  bien  gravement 
Découvrent  à  tout  Y  monde  l'histoire 
De  la  reine  et  de  son  amant. 
N'  craignez  pas  que  1'  parlement  rie. 
Par  les  lords, 
Les  nobles  mylords, 
Des  cuisiniers, 
Des  pal'freniers, 
Dos  postillons, 
Sont  pressés  de  questions, 
Ceux  surtout  qui  viennent  d'Italie 
On  les  retourne  de  toutes  façons. 


A:r  :  Macommère,  quand  je  danse. 

L'un  d'eux  prétend  qu'à  la  danse 
N'y  a  pas  d'  Turc  qu'ell'  ne  lasserait, 

Et  que  pour  la  contredanse 

L'  courrier  était  bien  son  fait. 
D'après  c'  témoin  il  paraîtrait 
Qu'avec  une  reine  quand  on  danse 
Faut  être  ferme du  jarret. 

Air  :  Nous  nous  marierons  dimanche. 

C'est  d'  la  farce,  goddam  ! 
Dit  monsieur  Brougham, 
Qu'est  1'  défenseur  d' l'innocence, 
Quand  la  reine  dans'rait, 
Ça  prouv'-t-il  qu'elle  ait 
Commis  la  grosse  indécence  ; 
D'un  tel  cancan 
Une  reine  se  scan- 
Dalise  ; 
Personne  n'y  a 
Vu  faire  la 
Sottise. 
Sûre  de  son  fait, 
Elle  a  du  toupet, 
Et  c'est  ce  qui  vous  défrise. 

Air:  Mes  chers  amis,  pourriez-  vous  m' enseigner  t 

Malgré  le  sac  vert, 
On  n'a  rien  découvert. 
Dans  quel  embarras  1'  roi  s'  trouve  ! 
Que  Bergami 
Sur  le  dos  ait  dormi  ; 
Encore  une  fois,  qu'est-ce  que  ça  prouve  ? 
Ce  n'est  là  que  des  rébus 
Qu'on  a  pour  du  quibus. 
Si  ks  témoins  n'ont  vu  que  les  vétilles, 
Laissant  des  débats  superflus, 
L'  procureur-général  n'a  plus 
Qu'à  prendre  son  sac  et  quilles. 

Air  :  Contenions-nous  d'une  simple  bouteille. 

De  c'  procès-là  je  n'  puis  m'empècher  d  rire. 
Soyons  cocus  puisque  c'est  notre  lot. 


CHANSONS    BADINES    ET  GRIVOISES. 


141 


Je  me  souviens  d'avoir  entendu  dire 
Qu'en  pareil  cas  le  bruit  est  pour  le  sot. 
Comm'roturier  sansdoute  je  n'suisqu'une  bète 
Et  le  grand  roi  pense  probablement. 
Quand  il  aura  des  cornes  à  la  tète, 
Que  sa  couronn'  tiendra  plus  solid'ment. 

Paroles  d'un  anonyme. 


MA  VOISINE  ET  MON  VOISIN. 

Air  .  Ah  !  si  madame  mevoyail  ! 

y  suis  comm'  un  crin,  d'  voir  ces  badauds 
Qui  s' laiss'nt  mus'ler  par  leur  femelle, 
Et  mêm'  qui  tiendraient  la  chandelle 
Pour  s'  fair'  tondre  la  lain'  su'  1'  dos. 
C'est  pour  nous  qu  la  culotte  est  faite  ! 
Et  j'  dis,  quand  je  vois  un  godard 
Qu'on  plume  comme  une  mauviette, 
Ah!  faut-il  qu'un  homm'  soit  canard!  !... 

Près  de  moi  loge  un  paroissien 

Qui  n'a  pas  seul'ment  deux  liards  d'âme; 

Au  lieu  de  rondiner  sa  femme, 

Comm'  ça  s'  fait  quand  on  s'aime  bien  ■ 

Chez  eux,  lorsque  le  bec  s'escrime, 

Et  qu'  madam'  prend  son  ton  criard, 

Monsieur  cane  comme  un'  victime. 

Ah  !  faut-il  qu'un  homm'  soit  canard  1  !... 

Dans  les  bons  ménag's  de  Paris, 

Le  mâle  promèn'  sa  fauvette, 

Et  le  lundi,  de  la  guinguette,    , 

L'un  portant  l'autre,  on  revient  gris. 

Chez  mon  voisin,  c'est  le  contraire, 

Quand  la  femm'  sirote  à  l'écart, 

Au  baquet  1'  mari  s'  désaltère. 

Ah!  faut-il  qu'un  homm'  soit  canard  !  !... 


Par  besoin,  prend-elle  un  amant, 
Pour  punir  un  mari  godiche, 
C'est  en  arrièr'  qu'un'  femm'  qui  triche 
Lui  fait  le  poil  adroitement. 


Par  un  merlan  de  la  banlieue 

Mon  cher  voisin  est  fait  cornard  ; 

A  sa  barbe  on  lui  fait  la  queue. 

Ah  !  faut-il  qu'un  homm'  soit  canard!  !. 

Pour  se  récréer  les  matins 
Au  lieu  d'  vaquer  à  son  ménage. 
Ma  voisine  élèv'  dans  un'  cage 
Un'  couvé'  de  merl's  et  de  s'rins. 
Le  soir,  près  d'  chaque  innocent'  bète, 
La  femme  ronfle  et  fait  du  lard, 
L'époux  jou'  de  la  serinette. 
Ah!  faut-il  qu'un  homm'  soit  canard!  !.. 
Louis  Festeau. 


UN  ENFANT   TERRIBLE, 

1844. 

Air  :  Ah!  f  suis  l'y  pochard. 

Voisine  j'  suis  désolée 

D'  mon  coquin  d'  garçon. 
Chaqu'  jour  j' lui  donne  un'  volée, 

C'est  un  vrai  démon. 
Tant  que  j'  peux  sur  sa  carcasse, 

J'  tapp'  sans  fair'  semblant  ; 
Derrière  i'  m'  fait  la  grimace  : 

Quel  cochon  d'enfant  ! 

Mon  Dieu,  quel  esprit  fantasque, 

C'est  un  franc  lutin  : 
Il  appell'  sa  tant'  vieux  masque, 

Son  pèr'  grand  pantin  ; 
I'  dit  que  j'  suis  un'  harpie. 

Et  puis,  l'insolent, 
Trait'  sa  grand'  sœur  de  toupie  . 

Quel  cochon  d'enfant! 

Tous  les  matins,  quand  je  m'  lève, 
J'ai  1'  cœur  sens  sus  d'ssous; 

J' l'envoi'  chercher  contr'  la  Grève 
Un  poisson  d'  quat'  sous  ; 


150 


CHANSON?   POPULAIRES. 


I*  rest'  trois  quarts  d'heure  en  route, 

Et  puis,  en  r'montant, 
I'  m' lich'  la  moitié  d'  ma  goutte 

Quel  cochon  d'enfant  1 

Depuis  trois  moisj'ai  l'estime 

D'un  sapeur-pompier, 
Qui  m'  donn'  quequ'  leçons  d'escrime 

En  particulier. 
Tiens,  v'ià  pour  ach'ter  un'  pomme, 

Dis-je,  en  1'  renvoyant; 
I'  cont'  ça  1'  soir  à  mon  homme  : 

Quel  cochon  d'enfant  ! 

Vous  connaissez  la  p'tit'  fille 

A  la  mèr'  Ghibout, 
Tout  chacun  la  trouv'  gentille, 

Moi,  j"  l'estim'  comm'  tout  ; 
11  a  beau  r'cevoir  des  danses, 

Quand  i'  la  surprend, 
11  lui  dit  des  indécences  : 

Quel  cochon  d'enfant! 

L'  dimanche,  à  la  P'tit'-Villette. 

Après  la  chaleur, 
J'allons  chez  mon  oncl'  Tinette, 

Qu'  estmaîtr'  vidangeur; 
Pour  avoir  un  noyau  d'  cerise, 

En  nous  en  r' tournant, 
f  s'  roui'  dans  la  marchandise 

Quel  cochon  d'enfant I 


Enfin,  dans  tout's  ses  manières, 

Je  n'  vois  qu'  des  défauts  : 
I'  suc'  les  rinçur's  des  verres, 

1'  ronjr'  tous  les  os, 
11  est  tapageur,  colère, 

Ivrogne  et  (feignant, 
C'est  ben  tout  1'  portrait  d'  son  père 

Quel  cochon  d'enfant! 

Charle*  C.ilmuiir.  . 


LE  GENOU  DE  M.4R1NETTE. 

1845. 
Air  de  ma  Brunelte (Etienne  Arnaud). 

Le  regard  de  Marin  elle, 

Charmante  fillette, 

Belle  et  pas  coquette, 
Le  regard  de  Marinette 

Me  fait  de  bonheur 
Bondir  le  cœur  ! 

Nul  ne  peut  voir  son  air  timide 
Sans  être  pris,  sans  l'admirer, 
Dans  son  œil  vif  pur  et  limpide 
On  aimerait  à  se  mirer... 
La  fille  au  seigneur  du  village. 
Dont  j'entends  vanter  la  beauté, 
A-t-elle  un  aussi  doux  visage, 
Autant  d'entrain  et  de  gaîté...      {bis.) 

La  gaîté  de  Marinette, 

Charmante  fillette, 

Belle  et  p;is  coquette, 
La  gaîté  de  Marinette, 

Me  fait  de  bonheur 
Bondir  le  cœur  ! 

La  fleur  qui  vient  dans  la  prairie, 
Et  que  j'effeuille  en  mon  espoir, 
Est  bien  moins  blanche  et  moins  jo' 
Que  Marinette  à  l'œil  si  noir! 
Plus  folle  que  notre  hirondelle, 
Au  temps  joyeux  de  la  moisson, 
Nulle  autre  ne  danse  comme  elle, 
Ne  sait  de  plus  douce  chanson,     [bù. 

La  chanson  de  Marinette, 

Charmante  fillette, 

Belle  et  pas  ci  Minette, 
La  chanson  de  Marinette 

Rie  fait  de  bonheur 
Bondir  le  cœur! 


CHANSONS    BADINES  ET  GRIVOISES. 


151 


Un  soir  tout  près  de  la  rivière 
Elle  vint  rire  et  folâtrer; 
Lorsqu'en  jouant  son  jeune  frère 
Au  bord  de  l'eau  la  fit  tomber.... 
J'étais  alors  penché  sur  l'onde, 
Je  regardais  je  ne  sais  où... 
Lorsque  je  vis  sa  jambe  ronde 
Et  son  joli  petit...  genou.  {bis.) 

Le...  genou  de  Marinette, 

Charmante  fillette, 

Belle  et  pas  coquette, 
Le...  genou  de  Marinette, 

Me  fait  de  bonheur 
Bondir  le  cœur  ! 

A.   L. 


LE  MITRON. 

Air  du  troisième  Mari  (Bérangerl. 

Joyeux  mitron,  soir  et  matin, 
Gaîmentje  me  mets  à  l'ouvrage, 
C'est  surtout  près  d'un  œil  mutin 
Que  je  sens  doubler  mon  courage; 
Sur  ma  levure,  en  vrai  luron, 
Je  pose  la  main  d'un  tendron. 
Hein  !*hein  ! 
Au  pétrin, 
Jean  Bastide 
Est  presqu'un  Alcide. 
Hein  !  hein  I 
Au  pétrin 
Jean  Bastide  est  toujours  en  train. 

Suis-je  près  d'un  objet  charmant, 
Combustible  comme  la  braise  ; 
Pour  l'allumer  chouettement 
Mon  cœur  est  comme  une  fournaise, 
Mais,  si  la  belle  veut  grogner, 
Je  me  mets  vite  à  besogner. 
Hein  !  hein  !  etc. 

Chez  monsieur  Chapon,  rue  aux  Ours, 
J'enfourne  souvent  à  la  hâte 


Sa  femme  vient  presque  toujours 
Pour  mettre  la  main  à  la  pâte. 
Quand  l'époux  sort  nous  commençons. 
Dieu  de  Dieu!  que  nous  pétrissons I 
Hein  !  hein  !  etc. 

Par  moi  Chapon  voit  s'arrondir 
Et  sa  fortune  et  sa  famille. 
Avec  transport  il  voit  bondir 
Ses  quatre  garçons  et  sa  fille, 
Et  chacun  dit  dans  le  quartier  . 
Quel  trésor  qu'un  bon  ouvrier  ! 
Hein!  hein!  etc. 

Souvent,  au  milieu  de  la  nuit, 
La  margoulette  enfarinée, 
La  grosse  servante,  sans  bruit, 
Vient  réclamer  une  fournée, 
En  main  je  saisis...  mon  fourgon 
Hein  !  hein  !  etc. 

Autour  de  moi,  je  vois  tourner 
Rose,  Marton,  Claire  et  Lisette, 
Qui  tour-à-tour  viennent  lorgner 
Mes  bras  velus  et  ma  jaquette, 
Et  chacune  en  particulier, 
Vient  me  tendre  son  tablier. 
Hein!  hein!  etc. 

Enfin,  tout  m'arrange  et  me  plaît, 
Et  jeune  et  vieille,  et  brune  et  blonde, 
Sans  me  fatiguer  le  jarret, 
Je  suis  debout  pour  tout  le  monde, 
Des  filles  de  treize  cantons 
J'emplirais  tous  les  pannetons. 
Hein!  hein! 
Au  pétrin 
Jean  Bastide 
Est  presqu'un  Alcide. 
Hein  I  hein  ! 
Au  pétrin 
Jean  Bastide  est  toujours  en  train. 

Louis  Festeau, 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  ae  trouve 
notée  au  N.  3  de  la  Clé  du  Caveau. 


15* 


CHANSONS    POPULAIRES. 


LES  VENDANGES. 


Dans  la  vigne  à  Claudine 
Les  vendangeurs  y  vont  : 
On  choisit  à  la  raine 
Ceux  qui  vendangeront. 
Aux  vendangeurs  qui  brillent 
On  y  donne  le  pas  ; 
Les  autres  y  grappillent, 
Mais  n'y  vendangent  pas. 

Sur  la  fin  de  l'automne, 

Vint  un  joli  vieillard  : 

«  Si  la  vendange  est  bonne. 

J'en  veux  avoir  ma  part.  » 

Cette  prudente  fille 

Lui  répondit  tout  bas  : 

«  Vieux  vendangeur,  grappille, 

Mais  ne  vendange  pas.  » 

Aux  vignes  de  Cythère, 
I  armi  les  raisins  doux. 
Est  mainte  grappe  amère, 
N'en  cueillez  pas  pour  vous. 
Ce  choix,  pour  une  fille, 
Est  un  grand  embarras: 
La  plus  sage  grappille, 
Mais  ne  vendange  pas. 

Du  fretin  y» 

Lamusique,  deCampra,  se  trouve  notée  auN.HG 
de  la  Clé  du  Caveau. 


uni:  fête  al  sérail. 

1845. 
Air  :  Le  bon  vin  cl  ta  franche  gaxtè. 

Mec  enfanta   dans  ce  riant  bercail, 
Notre  mailic 

Aujourd'hui  va  paraître  : 
Parez-voui  de  rubis,  de  corail, 
Esclaves,  noua  avons  grande  fête  au  aérai] 


Que  mille  lustres  étincellent, 
Que  le  thé,  le  moka  ruissellent, 
Que  des  myriades  de  fleurs 
Etalent  leurs  vives  couleurs; 
A  nous  les  beaux  fruits  de  Libye, 
A  nous  les  parfums  d'Arabie, 
Et  de  vos  luths  harmonieux 
Que  les  sons  enchanteurs  s'élèvent  jusqu'aux  cieux. 
Mes  enfants,  etc. 

Que  chacune  se  montre  aimable, 
Notre  grand  seigneur  est  bon  diable, 
11  veut  qu'une  douce  gaîlé 
Tempère  ici  la  volupté  ; 
Il  aime  vos  allures  vives, 
Vos  danses  tant  soit  peu  lascives; 
Mesdames,  vous  joutez,  ce  soir, 
A  qui  possédera  le  précieux  mouchoir. 
Mes  enfants,  etc. 

Montrez-lui  vos  tailles  divines, 
Vos  jolis  pieds,  vosjambes  fines, 
Vos  bras,  vos  mains  et  cœtera, 
Le  reste,  il  le  devinera  ; 
Si  du  sultan  le  cœur  se  blase, 
De  vos  seins  écartez  la  gaze, 
Pour  rajeunir  ses  soixante  ans, 
Sa  Hautesse  a  besoin  de  quelques  stimulants. 
Mes  enfants,  etc. 


Surtout  devant  sa  Seigneurie 
Ne  parlez  pas  trop,  je  vous  prie. 
Bien  que  je  n'ose  pas  vraiment 
Vous  en  priver  absolument; 
Le  Prophète  fit  sans  obstacles 
De  grands,  de  merveilleux  miracles  ; 
Le  seul  qui  le  vit  reculer 
Fut  celui  d'empêcher  les  femmes  de  parler. 
Mes  enfants,  etc. 

Qu'elle  soit  rouge,  blonde  ou  brune, 
Parmi  vous,  il  n'en  choisit  qu'une; 
On  n'OSl  pas  'le  1er...  mais,  parbleu, 
lue  BUT  trois  cents,  c'est  trop  peu. 

Malgré  ma  démarche  caduque, 

Je  voudrais  pouvoir,  foi  d'eunuque 


l'an*.  —  'iiijniii  eue  ne  rnin  m>    nié,  rue  uei  i»ntiiiib>jiHgii6nni,  d. 


CHANSONS   BADINES    ET    GRIVOISES. 


153 


Réparer  cet  affront  cruel. 
Mais  il  me  manque,  hélas!  un  meuble  essentiel. 
Mes  enfants,  etc. 

Par  Mahomet,  que  l'on  s'amuse  ; 
Ici,  je  n'entends  pas  d'excuse  ; 
Je  ne  veux  que  fronts  réjouis 
Et  visages  épanouis. 
J'ose  espérer,  mesdemoiselles, 
Qu'à  mes  volontés  paternelles 
Chacune  de  vous  souscrira, 
Ou  je  fais  empaler  celle  qui  s'ennuîra. 

Mes  enfants,  dans  ce  riant  bercail, 
Votre  maître 
Aujourd'hui  va  paraître; 
Parez- vous  de  rubis,  de  corail, 
Esclaves,  nom  avons  grande  fêle  au  sérail. 

Charles  Coliuance 


PRINCIPES  DE  MORALE. 


Ma  bonne  enfant,  t'es  dans  un  âge  tendre 
Ousque  le  cœur  z'oscurcit  la  raison  ; 
Des  faux  plaisirs  il  faudra  te  défendre 
De  t'inculquer  leur  satané  poison. 
Je  vas  guider  ta  jeunesse  éphémère 
Et  les  écarts  de  ta  simplicité. 
C'est  pas  le  tout  dans  ta  noble  carrière, 
Il  faut  avoir  de  l'émabilité. 

Ce  gueux  d'amour  est  un  n'hâbleur  infâme; 
Si  tu  glissais  dans  ses  emportements! 
Tu  deviendrais,  ô  trop  sensible  femme  I 
La  manivelle  à  ces  gueusards  d'amants. 
SiCupidon  s'agrippait  à  ta  cotte, 
Regimbe-toi;  mais,  d'un  autre  côté, 
En  rembarrant  ce  tyran  sans  culotte, 
Il  faut  avoir  de  l'émabilité. 

L'honneur,  vois-tu,  c'est  un  miroir  à  glace 
Qui  se  ternit  sous  la  respiration  ; 


Dans  l'industrie  où  la  chance  nous  place, 
On  doit  chercher  la  considération. 
Suis  d'un  chacun  le  désir  légitime; 
Qu'aucun  humain  ne  soit  pas  rebuté. 
De  ton  public  veux-tu  conquir  l'estime, 
Il  faut  avoir  de  l'émabilité. 

En  promenant  ta  craintive  existence, 
Tourne  la  croupe  avec  un  air  galant  ; 
Sur  le  pavé  z'en  sifflant  la  romance, 
Pudiquement  z'accoste  le  chaland. 
Prends  un  quartier  qui  te  popularise, 
Roule  les  yeux  avec  hilarité; 
En  sourissant  lâche  quelque  bêtise; 
Il  faut  avoir  de  l'émabilité. 

Mon  pauvrechou,  tous  les  sentiers  sont  rudes, 

Et  l'être  en  vie  a  des  z'hauts  et  des  bas. 

Mets  à  l'abri  des  noirs  vessitudes, 

Le  saint  frusquin  gagné  par  tes  appas. 

Tu  peux  un  jour  avoir  des  viagères, 

Et  comme  moi  voir  la  société; 

Mais  pour  sortir  promptement  des  affaires, 

Il  faut  avoir  de  l'émabilité. 

Louis  Festeau. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve 
notée  au  N.  18  de  la  Clé  du  Caveau. 


ASMODÉE. 

Air  de  Moustache. 
On  :  Quadrille  du  Domino  Noir 

Si  j'étais  le  diable  Asmodée, 
Mon  regard  indiscret 
Découvrirait 
Des  choses,  dont  la  seule  idée 
Amuserait  Paris, 
Et  dont  je  ris. 

Là,  je  verrais  briller  les  feux 
De  cet  astre  aimable  et  mielleux, 


82 


n.  -  23. 


154 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Qui  luit  sur  les  époux,  tant  qu'ilssont  amoureux. 
Ici,  contraste  sans  égal, 
Je  verrais  un  mari  banal, 
Prisant  du  Portugal 
Sur  l'autel  conjugal. 
Je  surprendrais,  sur  sa  couchette. 
Le  rêve  si  fleuri 
De  la  houri, 
Qu'on  nomme,  en  général,  griselte. 
Qui  tous  les  soirs  s'endort 
Sur  des  monts  d'or. 
Je  verrais  des  auteurs  fameux, 
Pillant  des  manuscrits  poudreux, 
Dont  ils  sontinventeurs,  mais  qui  ne  sont  pas  d'eux. 
Je  verrais  des  marchands  de  vin, 
Nous  fabriquant  le  jus  divin 
De  Champagne  ou  du  Rhin 
Sans  un  grain  de  raisin. 
Dans  la  garde  nationale, 
Je  prendrais  mille  traits, 
Mille  portraits, 
Faits  pour  corriger  le  scandale 
Des  gardes  négligents, 
Récalcitrants. 
Je  leur  dirais  :  mes  bons  amis, 
Pour  quelques  tours  de  garde  omis, 
Vous  ignorez  comment  le  ciel  vous  a  punis  ; 
Mais  moi,  j  ai  vu  le  châtiment, 
Chez  vous,  dans  votre  appartement, 
Quand  vous  étiez  enclos 
Hôtel  des  Haricots  I 

Enfin,  si  j'étais  Asmodée, 
Mon  regard  indiscret 
Découvrirait 
Ce  que  fait  ma  femme  adorée, 
Et  peut-être,  surpris, 
Je  rirais  gris. 

Itoftlcr. 


Ce  rondeau  est  extrait  de  la  pièce  :  La  Mnnxnrr/r 
du  Crime,  en  vente  chez  M.  Tresse,  éditeur  de  la 
Franc.  Dramatique,  galerie  de  Chartres.  2  et  3, 
Prix  i  60  cent 


DEVINEZ, 


Air  :  Le  ma gUlrul  irréprochable. 

Dans  vos  yeux,  mon  grand  Nicodême 
J'ai  lu  vos  desseins:  vos  déslM, 
Vous  ne  dites  pas  :  je.  vous  aime, 
Mais  vous  poussez  de  gros  soupirs, 
Il  faut,  à  votre  ardeur  muette, 
Des  aveux?...  ah!  vous  chagrinez 
La  pudeur  d'une  fille  honnête. 
Devinez,  monsieur,  devinez. 

Vous  boudez?  quels  maux  vousaffligent  ? 
Embrassez-moi...  faisons  la  paix... 
Vos  regards  malins  se  dirigent 
Vers  l'ombre  de  nos  bois  épais  ; 
Allons-y.,    mais  on  dit  (sans  rire), 
Qu'au  taillis  où  vous  m'entraînez, 
11  est  certain  gibier  qu'on  tire... 
Devinez,  monsieur,  devinez. 

A  vos  côtés,  je  suis  assise, 
Votre  silence  m'esl  suspect... 
Vous  mitonnez  quelque  sottise, 
M'allez-vous  manquer  de  respect? 
Tout  près,  causons  et  soyez  sage... 
Des  biens  que  Dieu  vous  a  donnés, 
Ne  savez- vous  pas  faire  usage?... 
Devinez,  monsieur,  devinez. 

Bien  !  vous  vous  comportez  en  drille, 
Qui  connaît  à  fond  le  métier, 
Et  vous  cherchez,  sous  la  charmille, 
L'entrée  étroite  d'un  soutier  ; 
Vous  semblez  être  dans  le  doute, 
Et  près  du  fossé  vous  glanez, 
N'apercevez-vous  pas  la  route?... 
Devinez,  monsieur,  devinez. 

Sortez  de  votre  incertitude, 
Prenez  un  parti  décisif... 
Peste  !  c'ist  un  travail  bien  rude 
De  dompter  un  cheval  rétif; 


CHANSONS  BADINES   ET   GRIVOISES. 


155 


Il  court...  il  court...  rien  ne  le  touche, 
Je  vais  crier...  ou  bien  prenez 
Un  mo^en  pour  clore  ma  bouche  ; 
Devinez,  monsieur,  devinez. 

Mais,  il  s'arrête  !...  l'hypocrite 
Veut  borner  là  son  compliment, 
Non,  s'il  vous  plaît,  il  faut  de  suite 
Passer  au  second  argument; 
Allons  donc!  faudra-t-il  vous  dire, 
Quand  près  de  moi  vous  lambinez, 
Ce  que  sur  la  mousse  on  désire, 
Devinez,  monsieur,  devinez. 

louis  Festcau. 


POS'  TA  CHIQUE,  ET  FAIS  L'  MORT. 

Air  :  Le  cordon,  s'il  vous  plaît. 

Oui,  j'en  conviens,  c'est  dans  la  rue 
Que  j'aime  au  vol  attraper  un  refrain  ; 
La  vérité  s'y  montre  nue, 
On  y  voit  la  gaîté  sans  frein.  (bis.) 

Hier  encor,  sur  mon  passage, 
Un  ivrogne  faisait  tapage, 
Un  plaisant  lui  cria  bien  fort  : 
Pos'  ta  chique,  et  fais  V  mort  !         I         , 
Pos'  ta  chique  [bis),  et  fais  F  mort!    i  ^  ts' 

Je  ris  toujours  quand  un  vieux  drille 
Entre  en  ménage  avec  jeune  tendron  ; 
Si  sa  femme  est  jeune  et  gentille,  , 
Il  cherche  à  faire  le  luron  : 
Arrière,  ce  n'est  plus  ta  place; 
Chez  toi,  barbon,  tout  est  de  glace, 
El  l'âge  a  brisé  ton  ressort  : 
Pos'  ta  chique,  etc. 

Une  dame  ayant  cachemire 
S'arrête  et  cause  avec  un  élégant: 
Je  m'approche,  et  bientôt  j'admire 
Ses  jolis  yeux,  son  air  décent, 


Lorsque  d'une  voix  de  rogomme 
Je  l'entends  dire  au  beau  jeune  homme  : 
— Rien  qu'  trois  francs. . .  voyez  le  bel  effort  ! 
Pos'  ta  chique,  etc. 

Dans  nos  trois  jours,  jours  de  justice, 
Où  la  clémence  a  si  souvent  marqué, 
Un  faubourien  terrasse  un  Suisse, 
Qui  par  bonheur  l'avait  manqué  : 
Ah  !  tu  n'en  descendras  pas  d'autres, 
Lui  dit-il,  car  voici  les  nôtres.  . 
Mais,  tu  pâlis...  je  plains  ton  sort  !... 
Pos'  ta  chique,  etc. 

Dans  nos  campagnes  alarmées 
Des  rois  ligués  si  la  horde  rentrait, 
Miracle  des  quatorze  armées, 
C'est  alors  qu'on  te  reverrait  ! 
La  Marseillaise  et  son  tonnerre, 
En  ébranlant  encor  la  terre, 
Redirait  à  l'enfant  du  Nord  : 
Pos'  ta  chique,  etc. 

Pour  empêcher  qu'on  nous  opprime, 
Gardons-nous  bien,  Français,  d'abandonner 
Cette  salutaire  maxime  : 
Le  roi  règne  sans  gouverner. 
Si  le  nôtre  un  jour  s'en  écarte, 
Qu'il  aille  interroger  la  charte, 
Elle  lui  répondra  d'abord  : 
Pos'  ta  chique,  et  fais  1'  mort! 
Pos'  ta  chique  (bis),  et  fais  1'  mort! 

Jules  Leroy. 


LA   MUSETTE, 

1846. 
Air  :  Rentrez  dans  votre  demeure,  ele,  iSqldîtt  4e  la  Loire 

Au  diable  la  froide  étiquette, 
Kn  avant  les  joyeux  ébats, 
Le  plaisir  est  à  la  Musette, 
Au  rendez-vous  des  Auvergnats^ 


156 


CHANSONS    POPULAIRES. 


C'est  le  séjour  où  la  folie 
Assemble  son  joyeux  parti. 
Les  murs  y  sont  tachés  de  lie 
Et  les  bancs  de  jus  de  rôti. 
Au  diable,  etc. 

La  gaîté  semble  plus  piquante, 
Car  à  peine  reconnaît-on 
De  Momus  la  face  riante 
Sous  la  poussière  du  charbon. 
Au  diable,  etc. 


Tout  le  monde  demande  à  boire 
Garçon,  servez  du  vin  partout, 
Car  la  moitié  de  l'auditoire 
Cuit  à  la  vapeur  du  ragoût. 
Au  diable,  etc. 

Bourgeoise,  une  forte  salade, 
Nous  n'avons  pas  ce  qu'il  nous  faut, 
Car  à  nous  deux,  mon  camarade, 
Nous  n'avons  mangé  qu'un  gigot. 
Au  diable,  etc. 

Gorgés  de  vin  et  de  pitance, 
Le  cœur  tant  soit  peu  guilleret, 
Nous  pouvons  commencer  la  danse, 
L'orchestre  est  sur  son  tabouret. 
Au  diable,  etc. 

Musard,  l'artiste  que  tu  loues 
S'épuise  le  tempérament, 
Quand  le  nôtre  se  fait  desjoues 
Grosses  connue  son  instrument. 
Au  diable,  etc. 

Remarquez  bien  le  gros  Jérôme, 
Sautillant  d'un  air  fanfaron, 
1,-1  le  cancan  du  Puy-de-Dôme, 
la  polka  de  l'Aveyron. 
Au  diable,  etc. 

Du  jardin  Fanchettfl  est  rentrée 
Rouge  et  rajustant  son  mouch'  »* 


Allons,  encore  une  bourrée, 
C'est  la  septième  de  ce  soir! 
Au  diable,  etc. 

Au  fond,  la  servante  Javotte 
Vend,  pour  avoir  des  escarpins, 
La  peau  du  chat  de  la  gib'lotte 
Au  marchand  de  peaux  de  lapins. 
Au  diable,  etc. 

Quand  sa  recette  est  assurée, 
Le  gargotier,  drôle  de  corps, 
Termine  gaiment  la  soirée 
En  jetant  son  monde  dehors. 

Au  diable  la  froide  étiquette, 
En  avant  les  joyeux  ébats, 
Le  plaisir  est  à  la  Musette, 
Au  rendez-vous  des  Auvergnats. 

Charles  Colmaiice. 


Y  A  QUE'QU'  CHOS'  LA-D'SSOUS  !. 

Air  :  Du  d'puis  qu'  j'ons  /ait  connaissance. 

Toi  que  j'ai  connu  robuste, 

Et  ferme  et  dipos, 
Tu  ne  fais  l'amour  qu'en  buste, 

Et  l'arme  au  repos; 
Tu  ne  buvais  que  du  rude, 

Il  te  faut  du  doux... 
Comme  on  change  d'habitude] 
Y  a  que'qu'  chos'  là-d'ssous  1 . .. 

Autrefois,  libre  et  joyeuse, 

Rosine  chantait  ; 
Et  maintenant,  soucieuse, 

La  belle  se  tait. 
Lui  reprocher  son  silence 

La  met  en  courroux... 
La  \érilé  seule  offense. 
Y  a  que'qu'  chos'  là-d'ssous!... 


Pans.  —  imprimerie  ue  pillet  nisuiub,  rue  ues  uruiius-AHgusnos,  a. 


CHANSONS    BADINES    ET  GRIVOISES. 


157 


Lecteur  des  feuilles  publiques, 

Mon  voisin  Binet 
Sent  les  plus  fines  tactiques 

De  maint  cabinet  ; 
S'il  reste  à  se  satisfaire, 

Avec  ses  trois  sous, 
Plus  longtemps  sur  son  derrière, 
Y  a  que'qu'  chos'  là-d'ssous  !... 

Je  suis  ta  petite  Laure, 

Ma  petite  sœuri 
Viens,  que  je  t'embrasse  encore!  !  ! 

Maman!  quel  bon  heur! 
Vous  croyez  qu'elle  est  venue 

Hier  sous  les  choux... 
Sous  les  choux  l'avez  vous  vue?.. 
Y  aque'qu'  chos'  là-d'ssous!... 

Tu  n'as  point  de  jalousie, 

Tu  ne  m'aimes  pas, 
Disait  avec  frénésie 

Colette  à  Colas 
Or,  depuis  leur  mariage, 

Colas  est  jaloux, 
Contre  lui  Colette  enrage. 
Y  a  que'qu'  chos'  là-d'ssous  !... 

_  Ah  !  monsieur  de  Roquelaure. 

Sous  votre  chapeau 
Que  tenez-vous  donc  encore?... 

Un  petit  oiseau  ! 
A-t-il  un  joli  plumage? 

Ouvrez  les  genoux... 
Vous  riez,  oui,  je  le  gage, 
Y  a  que'qu'  chos'  là-d'ssous!... 

Qu'importe  que  l'on  renomme 

La  loi  du  plus  fort? 
Sachez  rester  honnête  homme 

Jusqu'à  la  mort  ; 
Afin  que,  sans  cafardise, 

Priant  Dieu  pour  vous, 
Tout  le  monde  en  pleurant  dise  : 
Y  a  que'qu  chos'  là-d'ssous!... 

Emile  Vnrin. 


LE   CURÉ   TRÉCY. 

Aïr  :  On  dit  que  •'«  suis  sans  malice 

On  vient  de  terminer  l'angoisse 
Des  dévotes  de  la  paroisse, 
Et  leur  esprit  est  rassuré 
Depuis  qu'on  leur  a  procuré 
Monsieur  Trécy  pour  leur  curé. 
Si  ces  dames  vont  à  la  messe, 
Et  même  souvent  à  confesse, 
Sans  avoir  le  moindre  souci, 
C'est  grâce  à  leur  curé  Trécy. 

Ce  saint  homme  est  assezbon  diable, 

Fort  tolérant,  très  charitable; 

Il  aime  tant  tous  les  chrétiens 

Qu'il  regarde  comme  les  siens 

Les  enfants  de  ses  paroissiens. 

Les  jeunes  et  les  vieilles  vierges 

Bien  souvent  brûlent  de  beaux  cierges, 

Pour  que  le  ciel  longtemps  ainsi 

Conserve  leur  curé  Trécy. 

Il  cherche  dans  chaque  ménage 
A  faire  cesser  le  tapage, 
Et  c'est  grâce  à  lui  qu'un  époux, 
Fût -il  dur,  brutal  et  jaloux, 
Devient  bon,  confiant  et  doux. 
Bonnes  épouses,  tendres  mères, 
Au  ciel  adressez  vos  prières, 
Et  peut-être  qu'un  jour  aussi 
Vous  aurez  un  curé  Trécy. 

Sans  de  trop  longues  pénitences 
Il  accorde  des  indulgences, 
Ce  saint  homme  est  avec  le  ciel 
Beaucoup  mieux  que  l'abbé  Châlel 
N'est  avec  le  Père  éternel. 
Puisque  d'un  diable,  chose  étrange, 
Ce  bon  pasteur  peut  faire  un  ange, 
A  toutes  les  dames  ici 
Je  souhaite  un  curé  Trécy. 

Victor  li..* 


85 


—  24. 


158 


CHANSONS  POPULAIRES. 


LE  PÈRE  ETIENNE. 


Air  de  Pierre  et  Pierrette. 

Allons,  mes  enfants,  jamais  d'  chagrin, 
Imitez  1'  père  Etienne, 
Morguenne  ! 
Que  l'amour  prépare  un  gai  refrain, 
Et  qu'  Bacchus  soit  le  boute-en-train. 

Quand  je  chante  un  brin  la  gaudriole 
En  buvant,  1'  voisin  rit  comme  un  fou, 
La  voisin'  qui  sent  qu'  ça  l'affriole, 
Tendrement  me  serre  le  genou. 
Allons,  etc. 

Le  prodigu'  mang'  vit'  son  héritage, 
D'  son  trésor  l'avare  fait  son  dieu, 
Mais  à  Lis'  qu'a  mill'  gràc's  en  partage 
J'  dis  :  T'nons-nous  dans  un  juste  milieu. 
Allons,  etc. 

Maint  seigneur,  quoiqu'en  riche  équipage, 
Est  souvent  gai  comme  un  bénitier, 
Et  sa  femme,  avec  un  joli  page, 
En  riant  lui  fait  un  héritier. 
Allons,  etc. 

L'  bon  curé  de  not'  petit  village 
Nous  disait  :  Vous  êtes  mes  soutiens , 
Et  morbleu,  profitant  du  bel  âge, 
Faites-moi  des  petits  paroissiens. 
Allons,  etc. 

A  Suzon,  pour  prouver  sa  tendresse, 
L'  sirnx  G-ercour  buvait  comme  un  perdu, 
Quoiqu'  courbé  le  bonhomme  se  redresse, 
Crac,  le  v  1 1  sur  le  fruit  défendu. 
Allons,  etc. 

J'.iiin.  dit  Ros',  quand  on  m'mèneàCythtTC, 
Qu'on  b  promèn'  pendant  plusieurs  instants. 

i  "ii  i    sort  ça  n'  m'amuse  guère, 
Et  j' voudrais  qu'ça  n  fûtpaspourlonglemps. 

Allons,  etc 


L' jour  des  noe's  Paul  dit  :  le  diable  m'emporte 
Chez  ma  femm',  quoi!  je  n'  puis  pénétrer. 
Dam',  dit-elle,  y  a  pourtant  un'  porte; 
Mais  sois  ferme  et  tu  vas  y  entrer. 
Allons,  etc. 

Oubliant  tous  les  maux  de  la  terre, 
Je  chant'rais  jusqu'à  demain  malin: 
Etquéqu'  belle  voyantquejen'  puis  me  taire 
Dirait  :  Mais  c'est  un  branle  san    tin. 
Allons,  etc. 

Quand  j  quitt'rai  les  lieux  où  j'  respire, 
Chez  Pluion  l'amour  guidra  mes  pas, 
Et  d'  la  rein'  du  ténélveux  empire 
J'espère  bien  voir  les  stcrels  appas. 

Allons,  mes  enfants,  jamais  d'  chagrin, 
Imitez  I'  père  Etienne, 
Morguenne  ! 
Que  l'amour  prépare  un  j,rai  refi  "'n, 
Et  qu'  liacchus  soit  le  boute  -en-train. 

Vida. 


LA  PETITE   FRILEUSE. 

Ain.  de  Laujon. 

A  quoi  sert  d'avoir  du  mérite, 
De  la  tournure  et  des  appas? 
Au  villag  quand  on  est  petite, 
Les  garçons  ne  vous  r'gardent  pas. 
En  grandissant,  aux  dons  de  la  nature, 
Il  faut  joindre  un  peu  de  parure: 

Or,  à  quinze  ans, 
Pour  me  donner  plus  d'agréments, 
J'avais  un  p'lit  manchon 

Mignon, 

J'avais  un  p'lit  manchon. 

En  hiver,  la  bis'  n'est  pas  chaude , 
Un  jour,  dans  un  sentier  étroit, 
Je  rencontrai  le  lils  à  Claude, 
il  était  quasi  raH1  de  froid. 


CHANSONS  BADINES  ET    GRIVOISES 


159 


—  Fanchon,  qui  m' dit,  je  n'ai  pas  ma  capote. 
Réchauffez-moi,  car  je  grelotte. 

—  Non,  non,  Thomas, 
Je  suis  frileus',  ne  m'  louchez  pas  ; 
Je  n'  prêt'  pas  mon  manchon, 

Mignon, 
Je  n'  prêt'  pas  mon  manchon. 

Thomas  est  un  monsieur  sans  gêne, 
Malgré  mon  r'fus.  il  va  son  train; 
Dans  mon  ourson  couleur  d'ébène 
Sans  façon  i!  glisse  la  main. 
<Ah  !  qu'est-c'que  j'sens  ?  il  faut  qu'  la  giboulée, 
«  Nigaud,  vous  ait  donné  l'onglée, 
«  Que  fait's-vousdonc? 
«  Ah  !  mon  Dieu,  c'est  comme  un  glaçon , 
«  Olez  ça  d'  mon  manchon 

«  Mignon, 
«  Otez  ça  d'  mon  manchon  !  » 

Quand  il  voit  pourquoi  je  le  bourre, 
La  colèr'  s'empare  de  Thomas; 
Il  r'tir'  sa  main,  mais  il  y  fourre 
Je  n'  sais  quoi  de  gros  comm'  le  bras. 
De  mon  ourson  ça  gale  la  fourrure, 
Ça  même  élargit  l'ouverture. 

Ah  !  quell'  douleur! 
Quel  malheur  pour  un'  fill'  d'honneur!., 

J'ai  perdu  mon  manchon 
Mignon, 

J'ai  perdu  mon  manchon  ! 

Oui,  je  n'  pourrai  plus  faire  usage 
D'un  meuble  si  neuf  et  si  beau. 
Ah!  quelle  perte  !  ah  !  quel  dommage  ! 
C'était  le  plus  p'tit  du  hameau  . 
Le  v'ià  maintenant  aussi  large  et  difforme 
Que  celui  d'  la  vieill'  Delorme. 

Un  prix  m'est  dû. 
J'  vais  1'  fair'  voir  à  mon  prétendu. 
Vous  paîrezmon  manchon 

Mignon, 
Vouspaîrez  mon  manchon. 

Ne  pari'  pas  de  ça,  me  dit  ma  mère, 
Dans  mon  arnioir' j'ai  déposé 


La  p'tit'  fiol'  qu'un  ami  d' ton  père 
Me  donna  quand  je  l'épousai. 
Pour  les  manchonsc'est  comme  un  antidote. 
EU'  prend  le  mien,  puis  ell'  le  frotte... 

Ça  fit  si  bien, 
Si  bien,  si  bien,  qu'en  moins  de  rien, 
EU'  m'a  r'fait  un  manchon 

Mignon, 
EU'  m'a  r'fait  un  manchon. 

Feu  Lauzoa  et  Henri  Simon. 


L'ENFANT  DE  CHŒUR. 

Air  :  Est-ce  quej'  sais  ça. 

De  ta  petite  chapelle 
L'Amour  m'a  fait  desservant, 
Et  mon  service  m'appelle 
Près  de  toi  le  plus  souvent. 
Si,  dans  ma  tendre  jeunesse, 
J'ai  servi  Notre  Seigneur, 
Je  puis  bien  de  ma  maîtresse 
Être  aussi  l'enfant  de  chœur. 


Pour  contenter  mon  ivresse, 
Il  faut  que  dans  ton  réduit 
Je  ne  serve  que  la  messe... 
Que  la  messe  de  minuit. 
C'est  là  l'heure  favorite 
Où  l'Amour,  sans  carillon, 
Pour  te  donner  l'eau  bénite, 
Saisira  mon  goupillon. 

S'il  faut  entonner  l'épître, 
J'étendrai  mon  livre  saint 
Sur  cet  élégant  pupitre 
Que  forme  ton  joli  sein. 
Quelle  source  de  délice, 
Quand,  guidé  par  le  désir, 
J'épuiserai  le  calice, 
Le  calice  du  plaisir. 


160 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Ecoute,  charmante  vierge, 
Les  vœux  d'un  tendre  mortel, 
Qui  l'offre  son  petit  cierge 
Tous  les  jours  à  ton  autel. 
S'il  a  prouvé  qu'il  t'adore 
Par  plus  d'un  coup  d'encensoir. 
Fais  qu'il  te  le  prouve  encore 
Sur  Ion  petit  reposoir. 

4  iislntir  Ménétrier. 


LE  PETIT   FRERE. 

Air  De  la  Boulangère. 

Qu'un  jour  de  noce  a  d'agrément, 

Bon  Dieu!  quel  jour  prospère 
Pour  le  papa,  pour  la  maman, 

La  tente,  la  grand'mère  : 
Mais  qui  paraît  le  plus  content? 

Ah!  c'est  le  petit  frère, 
Vraiment , 

Ah!  c'est  le  petit  frère. 

Chez  la  mariée,  au  matin, 

Une  prudente  mère 
Lui  doit  du  plus  heureux  destin 

Confier  le  mystère. 
La  mariée,  en  soupirant, 

Attend  le  petit  frère, 
Vraiment, 

Attend  le  petit  frère. 

Souvent  à  ses  jeunes  parents 

La  future  bien  chère 
Leur  donne  de  jolis  présents 

Qui  savent  toujours  plaire- 
Ses  plus  beaux  dons  assurément 

Sont  pour  le  petit  frère, 
Vraiment, 

Sont  pour  le  petit  frère. 

A  l'église  on  s'en  va  gaîment, 
C'est  là  la  grande  affaire  ; 


On  prononce  le  oui  charmant. 

Flambeau  d'hymen  éclaire. 
Qui  tient  le  poèleen  ce  moment"? 

Ah  !  c'est  le  petit  frère, 
Vraiment, 

Ah  I  c'est  le  petit  frère. 

Sans  doute  au  service  divin 

11  est  bien  nécessaire. 
Mais  dans  une  noce  au  festin . 

Le  jour,  la  nuit  entière, 
Le  premier  garçon  constamment, 

C  est  bien  le  petit  frère  , 
Vraiment, 

C'est  bien  le  petit  frère. 

Comme  l'on  n'a  pas  toujours  faim, 

On  devient  téméraire  ; 
On  convoite  un  vol  clandestin, 

Certaine  jarretière. 
Qui  fera  ce  vol  sourdement? 

Ah  !  c'est  le  petit  frère, 
Vraiment , 

Ah!  c'est  le  petit  frère. 

Le  petit  frère  est  bon  à  voir, 

Soumis,  même  en  colère, 
Lorsqu'il  a  rempli  son  devoir 

Et  bien  fait  son  affaire, 
La  bonne  sœur  plus  tendrement 

Chérit  le  petit  frère, 
Vraiment, 

Chérit  le  petit  frère. 

Quand  l'amour  va  fermer  les  yeux 

Pour  un  charmant  m \ stère, 
Je  suis  fâché  d'être  si  \ieux, 

Car  enfin  de  Glycére 
Je  voudrais  bien  en  ce  moment 
Etre  le  petit  frère, 

Vraiment, 
Etre  le  petit  frère. 

Dim  i  a-,  •Itmillllil. 


Pari».  —  Imprimerie  de  Pillei  fils  atoé,  ruedci  Grands-Augoslins, 5. 


*n> 


CONFESSION  D'UN  PETIT  OISEAU 


Air  de  l'Avenir  oc  d'Aristippe. 

«  Gentil  moineau,  réponds  à  ta  maîtresse: 
«  Je  veux  savoir  petits  et  gros  péchés. 
«  Entre  mes  doigts  vous  êtes  à  confesse, 
vi  Mettez  au  jour  tous  vos  crimes  cachés. 
«  Cédez,  monsieur,  cédez  à  mon  caprice, 
«  De  vos  méfaits  donnez  le  hulletin  ; 
a  Vraiment,  je  crois  que,  sous  votreair  novice, 
ce  Petit  Fifi,  t'es  un  grand  libertin  !  » 

—  Tu  le  veux  donc?  ô  ma  jolie  Horlense! 
Nu.  j'oserai  m'offrir  à  tes  regards. 
Tu  connaîtras  de  ma  courte  existence 
Les  doux  penchants,  les  amoureux  écarts, 
l'uur  captiver  ma  mémoire  disiraite, 
Accorde-moi,  sur  ta  peau  de  satin, 
Pour  oreiller  ta  main  douce  et  blanchette. 
«  Petit  Fifi,  t'es  un  grand  libertin!  » 

J'étais  à  peine  au  sortir  de  la  coque, 
En  moi  déjà  germait  la  volupté. 
Un  peu  plus  tard,  rejetant  ma  défroque, 
Mon  pouls  battait  avec  rapidité. 
Sur  le  gazon  rêvant  aux  amourettes, 
Furtivement,  dans  mon  naïf  instinct, 
Je  frétillais  près  des  jeunes  fauvettes. 
«  Petit  Fiti,  t'es  un  grand  libertin!  » 

Bientôt  après,  paré  d'un  noir  plumage, 
Sûr  de  ma  force  et  de  ma  puberté, 
Près  de  femelle  au  séduisant  ramage 
Je  redressais  la  crête  avec  fierté. 
Victime  un  jour  d'une  fatale  ruse, 
En  pourchassant  un  jeune  et  frais  lutin. 
Je  fus  happé  par  une  vieille  buse. 
«  Petit  Fifi,  t'es  un  grand  libertin!  o 

Brisant  mes  nœuds  et  prenant  ma  volée, 
J'allai  gaiment  chercher  fortune  ailleurs. 
A  mes  regards  s'otfrit  sous  la  feuillée 
Gente  serine  aux  pâlottes  couleurs. 

84 


Je  la  poursuis...  La  pauvrette  traquée 
Fuit  vainement  un  péril  trop  certain; 
Je  lui  donnai  la  première  becquée. 
«  Petit  Fifi,  t'es  un  grand  libertin!  » 

Pour  mon  malheur,  je  tombai  sous  la  patte 
D'une  chouette  à  plume  et  huppe  d'or, 
Qui  roucoulait  d'une  voix  délicate  : 
Baisez,  petit,  baisez,  baisez  encor. 
En  becquetant  le  long  de  la  semaine, 
La  nuit,  le  jour,  le  soir  et  le  matin, 
J'avais  perdu  toute  figure  humaine. 
«  Petit  Fifi,  t'es  un  grand  libertin  !  » 

Dame  Vénus,  dans  son  humeur  traîtresse, 
Voulant  punir  mon  inconstante  ardeur, 
Me  fit  poser  avec  jeune  maîtresse 
Sur  une  épine  en  cherchant  une  fleur. 
Hélas!  pleurant  ma  conduite  imprudente, 
Caché,  honteux,  vivant  de  chicotin, 
Six  mois  entiers  mon  aile  fut  pendante... 
«  Petit  Fifi,  t'es  un  grand  libertin  !  » 

Enfin  mon  cœur  renonce  aux  oiselettes 
Qui  font  la  poule  en  voulant  se  percher, 
j'adore  en  toi  ces  gentilles  fossettes 
Où  Cupidon  est  venu  se  nicher. 
Ne  me  crois  pas  un  oiseau  de  passage; 
Maîtresse,  ici  j'accomplis  mon  destin; 
Je  jure  encor  de  mourir  clans  ta  cage. 
«  Petit  Fifi,  t'es  un  grand  libertin  !  » 

Louis  Festcait. 

La  musique  se  trouve  chez  L.    Vieillot,  éditeur, 
32,  rue  Notre-Dame  de  Nazareth. 


ÉPITHALAME. 

Air  :  Où  allez-vous,  monsieur  l'abbé1* 

Vous  l'emportez  sur  vos  rivaux; 
Pour  former  des  liens  si  beaux, 
Vous  sûtes  à  Climène... 
—  Eh  bien? 

T.  II.  —  23. 


16* 


CHANSONS  PO  Pt)  LA  IRE  S. 


Insinuer  sans  peine... 
Vous  m'entendez  bien. 

Insinuer  1...  ce  joli  mot 
Que  l'amour  qui  n'est  pas  un  sot 
Fait  toujours  bien  comprendre... 

—  Eh  bien  ? 

Quand  il  tâche  de  prendre... 
Vous  m'entendez  bien. 

Tâche  de  prendre,  ainsi  que  vous, 
Les  attributs  d'un  tendre  époux  : 
Dans  peu  de  jours,  peut-être... 

—  Eh  bien  ? 

Vous  aurez  l'honneur  d'être... 
Vous  m'entendez  bien. 

L'honneur  d'être  le  Mcnélas 
D'une  Hélène  aux  friands  appas. 
En  mari  débonnaire... 

—  Eh  bien? 

Vous  porterez,  j'espère... 
Vous  m'entendez  bien. 

Vous  porterez  au  fond  du  cœur 
Flamme  constante  et  vive  ardeur 
Pour  l'épouse  si  chère... 

—  Eh  bien? 

Qui  saura  bien  vous  faire... 
Vous  m'entendez  bien. 

Vous  faire  entrer  au  paradis 
Que  l'hymen  réserve  aux  maris 
Le  jour  du  mariage... 

—  Eh  bien? 

Vous  n'aurez  pas,  je  gage... 
Vous  m'entendez  bien. 

Vous  n'aurez  pas  l'air  compassé 
D'un  amant  timide  et  glacé; 
Mais  à  votre  maîtresse... 

—  Eh  bien? 

Vous  montrerez  sans  cesse... 
Vous  m'entendez  bien. 

Vous  montrerez  jusqu'où  s'étend 
L'ampleur  de  votre  sentiment, 


Mais  plus  raide  qu'un  terme... 

—  Eh  bien  ? 

Sachez  vous  montrer  ferme... 
Vous  m'entendez  bien. 

Soyez  ferme,  ne  pliez  plus, 
Conservez  toujours  le  dessus, 
Evitez  la  paresse... 

—  Kh  bien  ? 

Et  surtout  la  mollesse, 
Vous  m'entendez  bien. 

Douter. 


Kf        - 


LE  SÉRIEUX. 

Air  .  Philis  demande  son  portrait. 

Un  jour  un  père  capucin, 

A  barbe  vénérable, 
Etait  assis  dans  un  festin 

Au  milieu  d'une  table; 
La  gaîté,  compagne  des  vins, 

En  fit  tant  et  tant  dire, 
Qu'il  tenait  sa  barbe  à  deux  mains 

Pour  s'empêcher  de  rire. 

Un  jeune  et  timide  tendron 

Qui  le  regardait  faire, 
Voulant  en  savoir  la  raison 

La  demande  à  sa  mère, 
Qui  lui  répondit  de  son  mieux 

Sur  semblable  matière, 
Que,  pour  prendre  son  sérieux, 

C'est  l'usage  ordinaire. 

Deux  jours  après,  la  jeune  enfant, 

Etant  dans  une  fête 
Où  l'on  eu  disait  tout  autant, 

Crut  qu'il  était  honnête, 
N'ayant  pas  de  barbe  au  menton, 

Ainsi  que  le  bon  père, 
De  prendre  celle  de  son...  front 

Pour  se  tirer  d'affaire. 


CHANSONS   BADINES   ET  GRIVOISES. 


163 


On  fut  surpris  du  mouvement, 

Qui  n'est  pas  ordinaire. 
Que  faites -vous  aonc,  mon  enfant  ? 

Lui  demanda  sa  mère. 
Rougissant  et  baissant  les  yeux, 

Elle  se  mit  à  dire  : 
Maman,  je  prends  mon  sérieux 

Pour  m'empêcher  de  rire. 

Paroles  d'un   anonyme. 


LA  CUIRASS1ERE. 

Air  :  Trahit  l'incognito. 

Z'imite-moi,  ma  petite  Simone, 
Prends  un  amant  dans  les  bons  luméros, 
Jette  la  pomme  aux  enfants  de  Bélone, 
Z'il  est  si  doux  d'être  aimé  d'un  rihèros  ! 
Crains  le  pompier,  z'il  boit,  z'il  est  colère; 
Crains  le  dragon,  z'il  est  trop  cavalier; 
Veux-tu  qu'on  susse  aimer,  battre  z'etplaire  î 
Prends-moi  z'uu  cuir, prends-moi  z'un  cuirassier! 

Pour  l'uniforme,  elle  est  bien  séduisante, 
En  la  traçant,  l'amour  s'a  surpassé. 
Pour  d'autres  yeux  que  ceux  de  son  amante 
Le  cuirassier  z'a  le  cœur  cuirassé. 
De  I  honestê  rien  ne  peut  le  distraire, 
Il  sait  z'unir  le  thym  au  doux  laurier  ! 
Veux-tu  z'un  corps  civil  et  mélitaire? 
Prends-moi  z'un  cuir,prends-moiz'un  cuirassier 

Chez  Dénoillier,  j'étais  t'a  la  Courtill'e, 
Un  cuirassier  z'entreprit  mes  progrès , 
Au  bout  d'un  mois,  de  file  zen  aiguille, 
J'étais  t'alors  forte  sur  le  fiançais. 
J'épèle  et  signe  avec  ma  patarafe, 
Je  parle  bien,  z'ou  ne  peut  le  nilier. 
Veux-tu  savoir  ta  langue  et  ïoslographe? 
Pren.ls-moiz'uncuir,prends  moi  z'un  cuirassier 

Dans  un  bosquet,  z'ou  bien  qu'on  soit  z  a  tabe, 
Il  n'a  jamais  effraillié  la  pudeur  ; 


Et  la  beauté  z'est  bien  plus  respectabe 
Lorsqu'on  lavoitz'au  bras  d'un  fier  vainqueur. 
Sure  ton  choix  ne  crains  pas  qu'on  te  visque, 
Pour  l'ennemi  s'il  a  z'un  cœur  d'acier, 
II  s'attendrit  z'avecque  le  beau  setque. 
Prends-moi  z'un  cuir,prends-moi  z'un  cuirassier. 

Je  crois  te  voirz'avec  ta  connaissance, 
Z'au  Grand-Salon,  z'ou  bien  chez  Bobinot  ; 
Là,  tu  prendras  du  bon  ton,  de  l'aisance, 
En  iefraillan!  z'aux  genses  comme  il  faut; 
Car  l'amitié,  l'amour  z'etla  follie, 
De  tes  jours  vont  z  égailler  le  sentier. 
Quelle  avenir  touchante  z'et  jollie! 
Prends-moi  z'un  cuir,prend-moiz'un  cuirassiers. 

Louis  Festeau. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve  à 
Taris,  chez  L.  Vieillot,  éditeur, 32,  rueNotre-Darne- 
de-Nazareth. 


LES   DÉPARTEMENTS 

Air  :  Quand  V Amour  naquit  à  Cylhère. 

Vous  voulez,  charmante  Azélie, 
Parcourir  maint  déparlement; 
Croyez-moi,  quand  on  est  jolie, 
Voyager  seule  est  imprudent. 
Nymphe  agaçante,  à  tresse  blonde, 
Au  doux  sourire,  à  l'œil  fripon, 
Quand  elle  veut  courir  le  monde, 
Doit  s'assurer  d'un  compagnon. 

Je  m'offre  pour  être  le  vôtre; 
Ne  suis-je  pas  de  vos  amis  ? 
Autant  que  ce  soit  moi  qu'un  autre 
Qui  vous  fasse  voir  du  pays  : 
Livrez-moi  donc  cette  main  blanche, 
Et  commençons  à  parcourir 
Le  département  de  la  Manche  ; 
Tout  chemin  conduit  au  plaisir. 

Ce  sol  que  j'admire  en  silence, 
Est  d'un  augure  intéressant  : 


m 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Heureux  qui  par  degrés  s'avance 
Aux  confins  du  département! 
La  Hanche,  malgré  l'apparence, 
Elle  géographe  savant. 
Est  bien  plus  près  que  l'on  ne  pense 
Du  département  du  Mont-Blanc. 

Mont-Blanc,  heureux  qui  le  découvre! 
Ton  sol  aux  voyageurs  friands. 
Malgré  la  neige  qui  le  couvre, 
Offre  des  fraises  en  tout  temps  ; 
Et  cette  neige  éblouissante, 
Du  feu  méconnaissant  les  lois, 
Loin  de  craindre  une  main  brûlante, 
Semble  se  durcir  sous  les  doigts. 


Ah  !  dieux  1  que  mon  âme  est  ravie  ! 
Restons  ici  quelques  instants! 
C'est  le  séjour  de  la  féerie, 
C'est  le  lieu  des  enchantements. 
Car  moi  qui  n'ai  jamais  l'œil  trouble, 
Qui  bois  du  vin  modérément, 
Eh  bien  !  moi,  j'ai  toujours  vu  double 
Dans  ce  joli  département. 

Il  faut  partir  quoi  qu'il  en  coûte, 
Voyager  est  notre  dessein  ; 
Un  lourde  main  change  la  route, 
El  déjà  je  louche  au  Bas-Rhin. 
J'aime  ces  coteaux,  ces  campagnes, 
Mais  en  vain  j'y  cherche  un  gazon, 
Quittons  la  croupe  des  montagnes 
Il  ne  croît  que  dan*  Le  vallon. 

Imitons  les  sages  pilotes, 

Et,  le  gouvernail  à  la  main, 

Dirigeons-nous  le  long  descôtes, 

L'amour  indique  ce  chemin  . 

11  nous  transporte  auprès  de  l'Aisne; 

De  là,  par  an  effort  léger, 

Dans  la  Creuse,  où  l'on  peut  sans  peine 

Perdre  Je  goût  de  voyager. 

Parole»  ii'un  anonyme. 


LE  GARÇON  COMME  ON  N'EN  VOIT  GUERE. 

Air  :  11  est  toujours  le  même. 

Toujours,  toujours,  il  est  toujours  le  même; 
Jamais  Robin 

Ne  connut  le  chagrin  ; 

Le  temps  noir  ou  serein, 

Les  jours  gras,  le  carême, 

Le  matin  ou  le  soir  ; 

Dites  blanc,  dites  noir, 
Toujours, toujours,  il  est  toujours  le  m''-: 

Il  a  pour  lui  cet  air  mâle  qu'on  aime, 
L'œil  en  arrêt, 
Ferme  sur  le  jarret, 
Plus  souple  qu'un  fleuret, 
Des  reins  à  la  Daleine, 
Frisé,  haut  en  couleur, 
Et  pour  sa  belle  humeur, 
Toujours,  toujours,  etc. 

Surmon  tambour, brodantmieux  quemoi-mêrue, 

Veux-je  un  fleuron, 
Jamais  il  ne  dit  non  ; 
En  plus  d'une  façon 
Il  sait  faire  son  thème; 
S'il  badine  au  feston, 
Quand  il  travaille  au  fond, 

Toujours,  toujours,  etc. 

11  n'est  ici  femme,  fille  qui  n'aime 

Mon  beau  garçon, 
Beau,  c'est-à-dire  bon, 
La  dame  du  canton, 
En  connaisseuse,  l'aime; 
Mon  cœur  n'esl  pas  jaloux, 
Car  en  rentrant  chez  nous 

Toujours,  toujours,  elc. 

Pour  en  juger  il  faudrait  être  à  même  ; 
on  n'a  rien  vu 
Quand  on  ne  l'a  pas  vu; 
Les  fillea  de  Jésus, 
Du  pajs  d  Angoulême, 


CHANSONS  BADINES  ET  GRIVOISES. 


ir- 


ont plus  d'un  an  vécu 
Avec  mon  superflu. 
Toujours,  toujours,  etc. 

Pour  l'éprouver  j'ai  plus  d'un  stratagème, 
Je  vois  souvent 
Qu'il  vient  le  nez  au  vent; 
J'affecte  en  lui  parlant 
Une  froideur  extrême; 
Je  change  de  propos, 
Je  lui  tourne  le  dos. 
Toujours,  toujours,  etc. 

Robin,  dansons  le  branle  que  tant  j'aime  ; 
Sans  le  presser 
Robin  vient  le  danser. 
Robin,  j'en  veux  danser 
Un  second,  un  troisième; 
Je  veux  recommencer. 
Je  ne  veux  plus  cesser. 
Toujours,  toujours,  etc. 

Commenl,toujours,ditun  grand  monsieur  blême; 
On  le  croira, 
Mais  quand  on  le  verra  : 
Les  filles  d'opéra 
Résoudront  le  problème. 
Messieurs,  je  n'en  sais  rien  : 
Ce  que  je  sais  fort  bien, 
Toujours,  toujours,  etc. 

Hier  au  soir,  viens,  dit-il.  que  je  t'aime, 
Robin,  hélas! 
Cela  ne  se  peut  pas 
J'ai  certain  embarras... 
—  Parbleu,  le  beau  système  ! 
Porte  ton  compliment 
Au  nouveau  parlement. 
Toujours,  toujours,  etc. 

Enfin  un  jour.voyons,  dis-je  en  moi-même, 
Par  mon  labeur 
Si  j'en  serai  vainqueur, 
J'en  arrachai  le  beur, 
Le  lait  avec  la  crème, 


Je  lui  tordis  le  bec, 
Je  le  croyais  à  sec. 
Toujours,  toujours,  etc. 

Sur  moi  Robin  obtient  le  rang  suprême, 
C'est  par  mon  choix 

Qu'il  m'a  donné  des  lois  ; 

C'est  la  leçon  des  rois, 

Leur  sceptre  ou  diadème 

Souvent  brise  en  leur  main, 

Mais  celui  de  Robin 
Toujours,  toujours, il  est  toujours  le  même. 

Beaumarchais. 


La  musique .    d'Albanèse,  se   trouve   notée  au 
N.  562  delà  Clé  du  Caveau. 


LA   ROSE  ET  L'EPINE. 

AiR<£e  Philoclèle. 

Rienfait  des  dieux,  ineffable  présent, 
L'homme,  ici-bas,  est,  pour  nous,  une  rose, 
Lorsqu'au  matin,  tout  fraîchement  éclose, 
Elle  répand  son  parfum  séduisant; 
Comme  la  fleur,  il  a  son  étamine, 
Dont  le  contact  peut  devenir  malsain  ; 
C'est  le  serpent  qu'on  réchauffe  en  son...  sein, 
Cueillez  la  rose  et  laissez  là  l'épine. 

Ecoutez  bien,  mon  jugement  est  sûr; 
II  est  le  fruii  de  mes  sages  études , 
Eh  bien  1  j'ai  vu  qu  en  amour  les  préludes 
Donnent  toujours  le  bonheur  le  plus  pur. 
Souffrez  sans  crainte  une  tendre  rapine 
Qui  dans  vos  sens  apporte  un  doux  émoi , 
Jusqu'à  l'hymen  cependant,  croyez-moi, 
Cueillez  la  rose  et  laissez  là  l'épine. 

Lorsqu'un  ami  jure  des  feux  constants, 
Son  seul  regard,  qui  doucement  caresse, 
Fait  naître  en  nous  une  suave  ivresse  ; 
C'est  le  rayon  d'un  beau  ciel  de  printemps. 


iec 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Si  ce  regard  vous  trouble  et  vous  fascine, 
Il  faut,  craignant  de  trop  ardents  transports. 
Fermer  l'abîme  ou  défendre  ses  bords. 
Cueillez  la  rose  et  laissez  là  l'épine. 

Je  le  conçois,  il  serait  inhumain, 
Lorsqu'à  genoux  un  homme  vous  supplie. 
De  s'effrayer  quand,  parfois,  il  s'oublie, 
De  se  fâcher  quand  s'égare  sa  main. 
Du  sentiment  si  l'essence  divine 
Ne  suffit  plus  à  ses  brûlants  ébats. 
Cédez  un  peu,  mais  ne  succombez  pas  , 
Cueillez  la  rose  et  laissez  là  l'épine. 

N'imitez  pas  mon  triste  égarement, 
J'aimais  Adolphe;  et,  sur  son  cœur  pressée, 
Par  ses  baisers  la  poitrine  oppressée , 
J'oubliai  tout  en  ce  fatal  moment. 
Plus  de  fraîcheur,  de  ma  taille  si  fine, 
J'ai  vu  bientôt  s'élargir  le  contour; 
C'est  un  malheur  que  je  dois  mettre  au  jour 
Cueillez  la  rose  et  laissez  là  l'épine. 

C.  B 


J'AIME    LES    AMOURS. 


J'aime  les  amours 
Qui,  toujours 
Vifs  et  légers  et  lutins  et  malins, 
Volent  aux  jeunes  cœurs 

Des  faveurs, 
Sans  employer  les  fadeurs 
Ni  les  pleurs. 

Je  ris  de  ces  grands  sentiments. 
De  ces  amants  complaisants  et  tremblants, 

Qui,  vous  regardant  tendrement, 
Pouss'nt  à  loisir  des  soupirs  à  mourir. 
J'aime,  etc. 

Vite  il  faut  saisir  le  plaisir, 
Il  faut  oser  dérober  un  baiser  ; 


Mais  se  fâche-t-on  tout  de  bon, 
En  badinant  à  l'instant  on  le  rompt. 
J'aime,  etc. 

Il  faut  excuser  les  amants. 
S'ils  sont  volages  et  parfois  inconstants; 

Car  après  beaucoup  de  détours. 
Chacun  revient  à  ses  premiers  amours. 

J'aime  les  amours 
Qui  toujours. 
Vifs  et  légers  et  lutins  et  malins, 
Vol'nt  aux  jeunes  cœurs 

Des  faveurs, 
Sans  employer  les  fadeurs 
Ni  les  pleurs. 

Paroles  d'an  anonyme. 

La  musique,  de  Vial,  se  trouve  notée  au  N.  437 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  BIJOU   DE    FAMILLE. 

Air  :  L'Ermite  du  hameau  voisin. 

Sans  richesse,  sans  bien,  sans  or, 

A  peine  aux  portes  de  la  vie, 

Rose  possédait  un  trésor 

A  mille  amants  faisant  envie.  (fei*. 

Qu'il  soit  pauvre,  avare  ou  brutal. 

Un  père  au  moins  donne  à  sa  fille, 

Pour  en  jouir,  soit  bien,  soit  mal, 

Un  petit  bijou  de  famille.  bis. 

Ce  petit  bijou  tant  prôné 
Était  le  simple  coquillage 
Auquel  les  savants  ont  donné 
Le  joli  nom  do  pucelage. 
Rose  avec  grand  soin  le  cachait, 
Et  donnait  un  soufflet  au  drille 
Dont  la  main  par  trop  s'approchait 
Du  petit  bijou  de  famille. 

Sur  ses  écus  osant  compter, 
Unjour  un  vieux  naturaliste 
Espérant  sur  eux  l'emporter, 
Des  amants  vint  grossir  la  liste. 


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(LE   MATELOT  ' 


CHANSONS   BADINES  ETGR1VOISES 


16' 


Mais  Rose  lui  dit  sans  émoi  : 
Pauvre  homme  qui  portez  béquille, 
Que  leriez-vous,  dites-le-moi, 
D'un  petit  bijou  de  famille  ? 

Mais  par  malheur,  un  certain  soir, 
De  Jean,  pour  entendre  la  flûte, 
Sur  le  gazon  voulant  s'asseoir, 
La  pauvre  enfant  fit  une  chute. 
Dans  son  œil  d'amour  enflammé 
D'où  vient  celte  larme  qui  brille? 
La  pauvrette  a  tout  abîmé 
Son  petit  bijou  de  famille. 

Quoi  I  tu  vas  pleurer  pour  si  peu? 
Dit  alors  l'amant  à  sa  belle  ; 
Rassure-toi,  ma  chère,  on  peut 
Racheter  celte  bagatelle. 
Mais  le  gaillard  a  si  mal  fait 
Ce  qu'il  nommait  une  vétille, 
Qu'hélas  !  il  cassa  tout-à-fait 
Le  petit  bijou  de  famille. 

Avec  quelques  mots  de  latin, 
Si  Jean  désire  qu'on  les  dise, 
Un  curé,  le  fait  est  certain,     * 
Pourra  réparer  la  sottise. 
Mais  en  vain,  pour  le  demander, 
Après  Jean  court  la  pauvre  fille  ; 
Jean  ne  veut  pas  raccommoder 
Le  petit  bijou  de  famille. 

Ah  !  dit  Rose,  depuis  ce  jour, 
A  chacune  de  ses  compagnes, 
Vois  mon  sort,  et  crains  que  l'amour 
Te  surprenne  dans  nos  montagnes. 
Ferme  l'oreille  à  ses  chansons, 
Et  surtout,  fillette  gentille, 
Ne  prête  jamais  aux  garçons 
Ton  petit  bijou  de  famille. 

Emile  Debreaux. 


La  musique,  de  Romagnési,  se  trouve  chez   L. 
Vieillot,  32,  rue  Notre-Dame-de-Nazareth 


LA  MANIÈRE  FAIT  TOUT. 

Air  :  Tout  consiste  dans  lamanière. 

Amants  qui  marchez  sur  les  traces 
Des  agréables  de  la  cour, 
Ayez  de  l'esprit  et  des  grâces  ; 
Il  en  faut,  pour  faire  l'amour. 
Tout  consiste  dans  la  manière 

Et  dans  le  goût, 
Et  c'est  la  façon  de  le  faire 

Qui  fait  tout. 

Pour  faire  un  bouquet  à  Lucrèce, 
Suffit-il  de  cueillir  des  fleurs? 
Il  faut  encore  avoir  l'adresse 
D'en  bien  assortir  les  couleurs. 
Tout  consiste,  etc. 

L'amant  risque  tout,  et  tout  passe, 
Lorsque  l'on  sait  prendre  un  bon  tour 
S'il  est  insolent  avec  grâce, 
On  fera  grâce  à  son  amour. 
Tout  consiste,  etc. 

De  deux  jours  l'un,  à  ma  bergère, 
Je  fais  deux  bons  petits  couplets, 
Et  ma  bergère  les  préfère 
A  douze  qui  seraient  mal  faits. 
Tout  consiste  dans  la  manière 

Et  dans  le  goût, 
Et  c'est  la  façon  de  le  faire 

Qui  fait  tout. 

Collé. 

Air  ancien,  noté  au  N.  567  de  la  Clé  du  Careau. 


LA  NEIGE. 

1823. 

Lorsque  l'hiver  enchaîne  les  flots, 
Jeunes  beautés,  avec  audace, 


168 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Accourez  à  ces  plaisirs  nouveaux  : 
L'amour  peut  guider  vos  traîneaux, 
Nul  danger  ne  vous  menace. 
Mais  il  est  au  printemps, 
Des  dangers  bien  plus  grands  : 
Près  de  vous,  quand  avec  grâce 
Un  danseur  vient  soudain 
Vous  présenter  sa  main. 
Ma  Suzon, 
Ma  Lison, 
Pour  danser, 
Pour  valser, 
Ne  va  pas  te  presser. 
Il  est  plus  dangereux  de  glisser 
Sur  le  gazon  que  sur  la  glace. 
Il  est  trop  dangereux  de  glisser  : 
Fillettes,  craignez  de  danser. 

Quand,  sur  la  glace,  en  traîneau  brillant 
Gaîment  on  passe  et  l'on  repasse, 
Si  parfois  arrive  un  accident, 
On  se  relève  promptement  : 
Sans  danger  l'on  se  ramasse. 
Mais  sur  l'herbe,  en  dansant, 
Ah!  c'est  bien  diilérenl  I 
Du  faux  pas  qui  la  menace 
Une  fillette,  hélas! 
Ne  se  relève  pas. 
Ma  Suzon,  etc. 

Sans  te  troubler,  laisse,  vieux  mari, 
Ta  femme  courir  sur  la  glace  : 
L'Amour  n'est  là  qu'un  enfant  transi, 
Ailleurs  il  est  plus  dégourdi  : 
C'est  au  bois  qu'il  vous  menace. 
Qu'un  tendron  imprudent 
Fasse  une  chute  en  dansant, 
Pour  l'époux  quelle  disgrâce  ! 
Car  c'est  lui  toul-à-coiip 
Qui  rçoit  le  conlre-coSip. 
Ma  Suzon. 
lia  Lison, 
Pour  danser, 
Pour  valser, 
Ne  rai  pas  le  preas  r. 
Il  i  m  plni  dangereux  de  glisser 
Sur  le  gazon  que  sur  la  ^ lace. 


Il  est  trop  dangereux  de  glisser  : 
Fillettes,  craignez  de  danser. 

Scribe  et  Germain  Delavlgne. 

La  musique,  d'Auber,  se  trouve  notée  au  N.  1920 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LA  GRISETTE. 

Al  r  :  Ça  pass'  comm'  un'  lellre  à  la  poste. 

Je  m'éveille;  où  suis-je  couché? 
Ce  n'est  pas  mon  lit  ordinaire  ; 
Mais,  pour  en  paraître  fâché, 
J'ai  l'âme  par  trop  débonnaire  : 
Je  suis  près  d'un  minois  joli... 
Mais  je  te  reconnais,  brunetle, 
Hier,  pour  échauffer  ma  musette, 
Sans  façon  tu  m'offris  ton  lit. 
Dieu  !  que  c'est  gentil  la  grisetle  ! 

Jusqu'à  mon  cœur  sentant  jaillir 
De  Champagne  une  forte  dose, 
Je  t  ai  dit  :  Je  voudrais  cueillir 
Une  des  feuilles  de  ta  rose. 
J'en  ai  cueilli  trois,  ma  Ninon  ; 
Maintenant  que  la  chose  est  faite, 
Faisons  connaissance  complète  : 
Je  ne  sais  pas  même  ton  nom. 
Dieu!  que  c'est  gentil  lagrisette! 

Ton  nom,  c'est  Lucrèce,  dis-tu? 
Et  tu  travailles  dans  les  modes: 
Je  m'en  dont ais.  car  la  vertu 
Est  parmi  voas  des  plus  commodes. 
A  la  chaleur  de  nos  amours, 
Me  voilà  sûr.  ma  bergere'lc, 
De  la  fidélité  parfaite... 
Ça  pourra  bien  aller  huit  jours. 
Dieul  que  c'est  gentil  la  grisetle. 

Vainement,  d'un  ton  séducteur, 
De  plaisirs  tu  te  dis  avide 


Paris.  —  i    pnniene  ne  i'illet  Bit  MB),  rue  ues  orauui-ADgusuDB,  D. 


Moi,  je  suis  gueux  comme  un  auleur  : 
Le  coin  de  ton  mouchoir  est  vide; 
Mais  comme  il  serait  peu  galant 
Que  la  noce,  dis-tu,  poulette, 
Finît  sans  un  coup  de  fourchette, 
Tu  veux  mettre  ton  châle  en  plan. 
Dieu!  que  c'est  gentil  la  gnsette! 

Toi,  qui  possèdes  plus  d'appas 
Que  vingt  marquises  à  panache, 
A  tes  amants  lu  ne  vends  pas 
Les  trésors  que  ton  fichu  cache. 
Avec  de  les  sœurs  j'ai  vécu, 
Je  sais  le  prix  de  la  couchette  ; 
J'en  serai  quitte  pour  l'emplette 
D'un  anneau  d'un  petit  écu. 
Dieu!  que  c'est  gentil  la  grisette! 

Si  tant  d'amour  dure...  bientôt 

Nous  aurons  changé,  je  parie, 

Et  la  pelisse  et  mon  manteau 

Eu  cachets  du  bal  d'idalie; 

Puis  enfin  nous  regagnerons, 

Toi,  ton  magasin  de  toilette, 

Moi,  mon  entresolde  poète, 

Quand  nous  aurons  croqué  nos  fonds. 

Dieu  !  que  c'est  gentil  la  grisette  ! 

C'est  égal  ;  dans  ton  œil  vainqueur 
La  volupté  brille  et  respire  ; 
Tes  petites  lèvres  en  cœur 
Font  naître  incendie  et  délire. 
Près  d'une  belle  sans  désir, 
Parfois  la  nature  est  muette, 
Tandis  qu'avec  toi,  ma  brunette, 
On  meurt  et  remeurt  de  plaisir. 
Dieu  !  que  c'est  gentil  la  grisette  ! 

Emile  Debreaux. 


HERCULE. 

Am  :  Toto,  Carabo. 

Hercule,  dit  l'histoire, 
N'eût,  grâce  a  ses  travaux, 


Nuls  rivaux; 
Il  sut  chanter  et  boire, 
Fréquentait  les  festins, 

Les  catins. 
Comme  il  s'en  donnait! 
Comme  il  en  prenait! 
Ah  !  quand  il  s'y  trouvait! 
C'est  étonnant  {bis)  la  force  qu'il  avait! 

Grâces  à  sa  structure, 
Les  méchants,  les  fripons, 

Les  larrons, 
Plus  que  la  préfecture, 
Craignaient  son  bras,  pour  eux 
Trop  nerveux. 

Comme,  etc. 

Les  traiteurs  de  la  Grèce, 
Dont  il  visitait  les 

Cabinets, 
Disent  que  sa  tendresse 
Eut  pour  trône  souvent 
Un  vieux  banc. 
Comme,  etc. 

D'amour  les  étincelles 
Ayant  su  l'émouvoir, 

11  fit  voir 
A  cinquante  pucelles 
Ce  qu'il  avait  de  cœur, 

De  vigueur. 
Comme,  etc. 

Chez  une  souveraine, 
Mon  sot  s'encanailla 

Et  fila 
Et  près  de  cette  reine 
Fit  pour  mouiller  sou  lin 

Le  câlin. 
Comme,  etc. 

Mais  comme  pour  la  fille 
11  quittait  sans  façon 

La  maison, 
Sa  femme  avec  un  drille 
Un  beau  soir  s'arrangea, 

Se  vengea. 
Comme,  etc. 


—  '2(\ 


170 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Cupidon  à  la  dame 
Fit  avec  son  flambeau 

Un  bobo  ; 
Puis  elle,  en  bonne  femme, 
Le  transmit  au  mari, 

Peu  chéri. 
Comme,  etc. 

Le  dieu,  rongé  sans  cesse 
Par  cet  affreux  mal-là, 

Se  brûla. 
Les  dames  de  la  Grèce 
Disent  encor  de  lui 

Aujourd'hui  : 
Comme  il  s'en  donnait! 
Comme  il  en  prenait! 
Ah!  quand  il  s'y  trouvait! 
C'est  étonnant  'bis)  la  force  qu'il  avait. 

V.  Dauphlu. 
Air  ancien,  noté  au  N.  5  1  de  la  Clé  du  Caveau 


LA  CHANSON  DE  LISETTE, 


Lise  chantait  dans  la  prairie, 

En  faisant  paître  sou  troupeau  ; 

Biaise  à  sa  voix  bientôt  marie 

Les  accents  de  son  chalumeau. 

Le  fripon  suivit  la  coquette; 

11  la  suivit  jusqu'au  hameau, 

Eu  essayant,  sur  sa  musette, 

La  chanson  {bis}  que  chantait  Lisette. 

Lu  s'en  retournant  au  village. 

Elle  lui  jeta  son  bouquet; 

11  lui  refusa,  mais  je  gage, 

Pour  le  remettre  à  son  corset. 

11  le  rendit  à  la  coquette, 

L'attacha  d'un  air  sati-l.nl. 

Bt  répéta  sur  sa  musette 

La  chanson  M»]  que  chantait  Lisette. 

Le  soir  on  danM  SUT  llmbette, 
Plaise  et  moi  nour  dansions  Ions  deux 


Mais  il  me  quitta  pour  Lisette 
Qui  vint  se  mêler  à  nos  jeux. 
Il  s'en  fut  avec  la  coquette, 
Le  plaisir  brillait  dans  ses  yeux: 
En  eût-il  eu  si  sa  musette 
N'eût  jamais  [bis)  fait  chanter  Lisette. 

MouveJ, 

La  musique ,    de  Dézéde,    se   trouve    notée   au 
N.  365  de  la  Clé  du  Caveau. 

FAUT   FINIR   PAR    LA. 

AIR  :  Colinette  au  boiu'enalla. 

C'est  un'  fier'  chos'  que  c't  amour-là  ; 
Les  jeun's,  les  vieux,  tout  1'  monde  aim'  ça, 
Tra  la  déri  déra,  tra  la  déri  déra. 

L'aut'  jour,  Colinett'  s'en  moqua, 
Mais  bientôt  l'amour  l'attaqua, 
Tra  la  déri  déra,  tra  la  déri  déra. 
Son  petit  cœur  souffre  déjà, 
Elle  ne  sait  d'où  vient  cela, 
Son  trouble  l'inquiète. 
Tra  déri  déra,  la  la  la  la  la  la  la  la  la  la  déri  déra 
Faut  finir  par  là, 

Colinette, 
Faut  finir  par  là. 

Pendant  qu'ell'  réfléchit,  voilà 
Qu'un  beau  monsieur  passant  pas  là, 
Tra  la  déri  déra,  tra  la  déri  déra 
D'un  air  poli  la  salua  ; 
Et  puis  après  lui  demanda... 
Tra  la  déri  déra,  tra  la  déri  déra. 
Que  lui  demanda-t-il  déjà  ? 
Vous  devinez  c'  que  c'était  qu'  ça, 
Le  cœur  de  la  fillette, 
Tra  déri  déra ,  etc. 
Faut  finir  par  là, 

Colinette, 
Faut  finir  par  là. 

En  entendant  parler  comm'  ça, 
Colinette  se  courrouça  ; 


CHANSONS    BADINES    ET  GRIVOISES. 


171 


Tra  la  déri,  déra,  tra  la  déri  déra. 
Mais  bientôt  l'amour  se  montra; 
Tout  bas  à  l'oreille  lui  parla, 
Tra  la  déri  déra,  tra  la  déri  déra. 

«  Pourquoi  fair'  des  façons comm'  ça, 
Tandis  que  ton  cœur  brûle  déjà? 
Ah  !  rends-toi,  bergerette. 
Tra  déri  déra,  etc. 
Faut  unir  par  là, 

Colinette, 
Faut  finir  par  là. 

Le  moyen  d'  résister  à  ça  ? 
Le  beau  cavalier  l'embrassa , 
Tra  la  déri  déra,  tra  la  déri  déra. 
De  l'aimer  toujours  il  jura... 
La  bergerette  soupira... 
Tra  la  déri  déra,  tra  la  déri  déra. 
Au  temple  d'amour  on  alla; 
En  souriant,  le  Dieu  scella 
Cette  union  parfaite, 
Tra  déri  dé  ra,  lala  la  la  la  la  la  la  la  la  déri  déra. 
Faut  finir  par  là, 

Colinette, 
Faut  finir  par  là. 

A.  B. 

Lamusique.  du  Cousin  Jacques.se  trouve  notée  au 
N,  100  de  la  Clé  du  Caveau. 


BADINEZ,  MAIS    RESTEZ-EN  LA. 

AlR  du  Passe  parlout,ou  ma  Lisa. 

Monsieur  l'auteur,  me  dit  hier  ma  muse, 
Dans  vos  écrits  vous  ne  ménagez  rien , 
Votre  conduite  est  vraiment  sans  excuse, 
Et  vos  couplets  sont  ceux  d'un  franc  vaurien. 
Si  vous  osez  étendre  encor  vos  ailes, 
Songez-y  bien,  j'y  mettrai  le  holà. 
Je  ne  veux  pas  qu'on  alarme  les  belles, 
Badinez  {bis),  mais  restez-en  là. 

En  l'ait  d'amour,  il  est  certaines  choses 
Qu'en  tête-à-tête  on  dit  tout  bêtement: 


On  y  peut  même,  en  chiffonnant  les  roses, 
De  vingt  façons  peindre  le  sentiment. 
Il  est  permis,  sans  causer  de  scandale, 
De  faire  alors  tout  ce  que  l'on  voudra  , 
Mais  en  public,  il  faut  de  la  morale, 
Badinez  {bis),  mais  restez-en  là. 

Je  sais  fort  bien  que  dans  la  chansonnette 
On  peut  glisser  un  caustique  couplet; 
On  peut,  je  crois,  au  sein  d'une  goguette, 
Aux  grands  du  jour  lancer  un  malin  trait. 
J'applaudis  même  aux  flonflons  qu'on  décocl 
Contre  un  ministre  ou  contre  Loyola; 
Et  cependant  de  crainte  d'anicroche, 
Badinez  {bis),  mais  restez-en  là. 

Mylord  London,tout  bouffi  d'arrogance, 
De  son  pays  nous  vante  les  hauts  faits, 
Goddem,  dit-il,  en  fait  de  la  vaillance, 
Je  voyé  rien  de  semblable  aux  Anglais. 
Très  bien,  mylord,  mais  daignez  en  rabattre , 
A  vos  exploits,  ventrebleu,  halte  là  ! 
Je  suis  Français,  et  vous  n'êtes  pas  quatre. 
Badinez  {bis),  mais  restez-en  là. 

Dans  un  bouchon,  auprès  d'une  fillette, 
C'était  ainsi  que  ma  voix  s'exprimait, 
Quand  tout-à-coup  la  Parque  qui  me  guette 
Vint  me  crier  :  Garçon,  fais  ton  paquet! 
Jarnicoton,  au  diable  la  bavarde  ! 
Je  chiffonnais  déjà  par-ci,  par-là. 
Ah  !  par  pitié,  madame  la  camarde, 
Badinez  {bis),  mais  restez-en  là. 

Emile  Debreaux. 


es— es  - 


LES  PRÉMICES  DE  JAVOTTE. 

àlR  du  gros  Thomas. 

Tant  que  je  vivrai, 
De  la  jeune  et  fraîche  Javotte 


17Î 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Je  me  souviendrai  : 
Son  enseigne  était  fa  Galiote; 

Pour  vendre  mieux  son  un, 

Par  un  regard  dhin, 
Elle  enivrait  chaque  pratique 
Qui  venait  garnir  sa  boutique. 

Ah  !  comme  on  tirait 

Chez  elle  un  \\n  clairet  ! 


Autant  de  buveurs, 
Autant  d'amants  pour  la  marchande  ; 

Mais  de  ses  faveurs, 
Aucun  n'avait  eu  la  plus  grande; 
On  pouvait  bien  oser 
Lui  prendre  un  doux  baiser, 
Et  même  redoubler  la  dose, 
En  lui  prenant  quelqu'aulre  chose... 
Ah  !  comme,  etc. 


Quand  j'eus  remarqué 
Que  Javotte,  par  aventure, 

Avait  reluqué 
Mon  pied,  ma  taille  et  ma  figure, 
Je  me  dis  :  Sa  vertu 
C'est  autant  de...  vaincu. 
Vous  allez  voir,  par  mon  histoire, 
Ce  qu'un  jour  je  fis  après  boire. 
Ahl  comme,  etc. 


Or,  un  certain  soir, 
Et  Javotte  n'était  pas  brave, 

11  faisait  bien  noir, 
Pour  descendre  alors  à  la  cave. 
Tous  seuls  dans  la  maison, 
Lui  dis-je  avec  raison, 
Je  puis  vous  servir  à  merveille, 
Pour  mettre  une  pièce  en  bouteille. 
Ah  !  comme,  etc. 


Entrés  au  caveau, 
Je  presse  sa  taille  élancée, 

Et  vert  le  tonneau 
Tout  doucement  je  l'ai  poussée, 
Mon  ejeur  va  soupirant, 


Ma  main  va  s'égarant; 
Sur  le  tonneau  je  la  renverse  ; 
J'étais  prêt  à  tout  mettre  en  perce. 
Ah  !  comme,  etc. 

Vin  nouveau,  vin  vieux. 
Ne  jaillit  pas  sans  qu'on  y  touche. 

Du  jus  précieux 
L'eau  déjà  me  vient  à  la  bouche; 
Mon  foret  est  placé, 
Je  pousse,  j'ai  percé... 
Ma  Javotte  a  perdu  la  boule  ; 
Moi,  je  sens  que  la  liqueur  coule' 
Ah  1  comme,  etc. 

Eugène  de  Prailrl 


I.a  mvsique  ,   de   Frop'ac,  se  trouve  notée  au 
N,  83  de  'a  Clé  du  Caveau. 


LE  JEUNE  PAGE, 


Un  jeune  et  joli  page 
Vit,  non  loin  du  château, 
Fille  au  gentil  corsage, 
Qui  menait  son  troupeau 
L'agneau  sous  la  coudrette, 
En  bêlant  bondissait, 
En  tenant  sa  houlette, 
Pastourelle  chantait . 
Tra,  la,  la,  la. 

Écoute-moi,  la  belle, 
Paie  moi  don  de  Ion  cœnr 

Toujours  serai  fidèle 

El  ferai  ton  bonheur, 

Couronne  ma  tendresse, 
L'hymen  nous  unira  ■ 
Fuyant  avec  \îtesse. 
La  belle  lui  chanta  : 
Tra,  la,  la,  la. 


CHANSONS   BADINES   ET  GRIVOISES. 


171 


Bien  lot  sur  la  fougère 
Elle  se  laissa  choir. 
Et  près  de  la  bergère 
Le  page  vint  s'asseoir, 
Là,  dit-elle,  beau  page, 
Quand  il  se  releva, 
Parlons  de  mariage  : 
Le  traître  lui  chanta  : 
Tra,  la,  la,  la. 

Durant  l'année  enlière, 
On  ne  la  rencontra; 
Bientôt  dans  sa  chaumière 
Un  soir  elle  rentra; 
Enfin  dans  le  village 
On  vit  un  bel  enfant, 
Qui  ressemblait  au  page, 
Et  s'en  allait  chantant  : 
Tra,  la,  la,  la. 


Paroles  d'an  anonyme. 


PERRETTE. 


Perrette  était  meunière, 
Un  berger  l'adorait  ; 
Mais  Perrette  était  fière, 
Et  d'amour  se  moquait. 
Accourant  de  Cythère, 
Elle  dit  à  Lubin  ; 
«  Va,  ton  bonheur  est  certain 
Si  j'arrive  au  moulin.» 

Cupidon  se  déguise; 
Il  met  un  chapeau  blanc; 
Cache  un  fer,  qu'il  aiguise. 
Sous  un  sac  de  froment  ; 
Puis  cachant  sa  malice 
Sous  l'air  le  plus  bénin, 
Le  voilà  sur  le  chemin. 
Grâce  à  son  artifice. 


Ubis) 


Le  voilà  sur  le  chemin 
Qui  conduit  au  moulin. 

Perrette  avec  l'aurore 

A  peine  se  levait, 

Quand  le  Dieu  qu'elle  abhorre, 

A  sa  porte  frappait  : 

«  Ma  mie,  aidez-moi  vite 

A  décharger  mon  grain.  » 

A  la  voix  du  Dieu  malin. 

Déjà  son  cœur  palpite  ; 

A  la  voix  du  Dieu  malin, 

Son  cœur  faille  moulin. 

Seule  et  sans  défiance, 
Perrette  court  ouvrir  • 
Mais  de  son  imprudence 
L'amour  va  la  pum'r. 
De  la  pauvre  petite 
Plaindrez-vous  le  destin  ? 
Car  depuis  ce  matin, 
Plus  fort  son  cœur  palpite; 
Car  depuis  ce  beau  malin, 
Moins  fort  bat  le  moulin. 

Paroles  d'un  anonyme. 


LES    SOUTIENS  DE   LA   FOI 

Atr  :  Les  Fillettes  au  village  (d'Hyp.  de  La  Marre  . 

Vos  maris,  en  Palestine, 

Sont  les  soutiens  de  la  foi  : 

Pour  leur  croyance  divine 

Les  belles  n'ont  plus  d'effroi. 

Et  sultane  et  pèlerine, 

Ils  soumettront  tout,  je  croi...       [bis.) 

Vos  maris,  en  Palestine, 

Sont  les  soutiens  de  la  foi. 

Du  grand  soudan  de  Syrie 
Ils  ont  pris  tout  le  sérail.... 
Voulant  par  une  œuvre  pie 
Le  convertir  en  détail. 


174 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Ils  y  restent,  j'imagine. 

Par  zèle  pour  notre  loi...  (&*'*• 

Vos  maris  en  Palestine, 

Sont  les  soutiens  de  la  foi. 

Kcrlbe  et  Polrwon 

Lamusique.de  de  La  Marre,  su  trouve  notée  ai' 
N.  1538  de  la  Clé  du  Caveau. 


LA  PARESSE. 

Air  de  la  Casquette. 

Fille  jolie  est  tout  pour  moi, 
Je  le  dis  sans  façon,  mesdames, 
Heureux  près  d'agaçant  minoi, 
Je  solde  mon  tribut  aux  femmes. 
J'aime  à  chanter  la  liberté. 
L'amitié,  le  vin,  la  tendresse, 
Je  suis  dans  mon  jour  de  gaîté, 
Je  vais  vous  chanter  la  paresse. 
La  paresse. 

Si  pendant  la  nuit  un  larron. 
Quand  parfois  je  suis  en  voyage, 
M'arrête,  et  d'un  coup  de  bâton 
M'estropie  et  me  dévisage, 
Tout  bas  je  pleure  mon  destin, 
El  dis.  maudissant  son  adresse  : 
S  il  eût  dormi  jusqu'au  matin, 
Je  rendrais  grâce  à  sa  paresse, 
Sa  paresse. 

I  n  mien  ami,  \rai  Bas-Normand, 
Vint  se  fixer  dans  cette  ville, 
U  prit  femme  au  minois  charmant 
Peut-on  être  plus  imbécile? 
On  rit  de  lui,  l'on  fit  très  bien  ; 
Car  la  belle,  dans  son  ivresse. 
Autre  part  formant  doux  lien, 
Le  réduisit  a  la  paresse, 
A  la  paresse. 

JeOMi  btNtés,  on  l'ail  la  cour. 
On  dit  :  J'aime,  et  l'on  est  volage. 


.'e  ris  quand  les  doigts  de  l'Amour 
Ajustent  un  joli  corsage. 
Ma  Lisette  fait  beaucoup  mieux  ; 
Elle  est  si  simple,  ma  maîtresse  : 
Le  seul  charme  de  ses  beaux  yeu* 
M'inspire  une  douce  paresse. 
Douce  paresse. 

Quelques  mortels  que  j'ai  connus 
Dans  un  triste  et  pauvre  délire 
Se  croyaient  enfants  de  Phébus  . 
Et  leur  manie  était  d'écrire. 
Combien  il  en  est  sous  les  cieux 
Qu'agite  une  pareille  ivresse! 
Pauvres  gens!  qu'ils  feraient  bien  mieux 
De  s'en  tenir  â  la  paresse , 
A  la  paresse. 

Pour  nous,  amis  ,  qui  d'Apollon 
Conjurons  parfois  les  malices, 
Songeons  que  le  sacré  vallon 
Est  entouré  de  précipices. 
Répétons  ce  joyeux  refrain  : 
Sur  les  bords  riants  du  Permesse. 
S'agit-il  d'aller  prendre  un  bain? 
Donnons  son  compte  à  la  paresse, 
A  la  paresse. 

Emile  Debreaux. 


L'IGNORANTE. 

Ai  H  :  Ce  mouchoir,  belle  Rtn/montle. 

Dans  la  paix  et  l'innocence, 

Lison  gardait  à  vingt  ans 

Celte  parfaite  ignorance 

Que  n'ont  plus  tous  nos  enfants. 

Elle  vit  trois  lois  Léandre 

Trois  fois  elle  soupira  : 

Maman  voulut  la  reprendre... 

—Eh!  mamère,est-c'  que  j'sais  ça?  (6is. 

Son  amant  lui  fit  remettre 
Un  tendre  et  joli  billet  : 


CHANSONS  BADINES  ET  GRIVOISES. 


«75 


Lison  lut,  relut  la  lettre, 

Y  répondit  en  secret. 

Maman,  toujours  inflexible, 

La  surprit  et  s'emporta  : 

Ah  !  ma  fille,  c'est  horrible  ! 

— Eh  !  ma  mère,  est-c'  que  j' sais  ça?  {bis.) 

Un  beau  soir  Léandre  arrive; 

Lise  était  seule  au  logis  ; 

La  pauvrette  en  vain  s'esquive  , 

Se  souvenant  des  avis... 

11  l'attrape  et  puis  l'embrasse... 

Maman  tout-à-coup  rentra  : 

Oh  !  ma  fille,  qu'elle  audace  ! 

— Moi,  ma  mère,  est-c'  que  j'sais  ça  ?  (bis.) 

Pour  une  autre  fois  Léandre 

Lui  propose  un  rendez-vous; 

L'honneur  défend  de  s'y  rendre  : 

Mais  l'accepter  est  si  doux  ! ... 

Il  la  trouve  si  novice 

Que  le  dépit  s'en  mêla  : 

Ah  !  ma  Lison,  quel  supplice  ! 

— Mais,  Léandre,  est-c'  que  j'  sais  ça?  (bis.) 

le  Cousin  Jacques. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles  ,  se  trouve 
au  N.  113  de  la  Clé  du  Caveau. 


LES    AMOURS   DE   CHAUVIN. 


La  femme  étant  mon  élément, 

Mon  cher  Jean- Jean,  tu  peux  m'en  croire, 

Pour  te  former  sur  1*  sentiment, 

Z'écout'  tant  soit  peu  mon  histoire. 

Tout  le  bonheur  que  j'ai  goûté 

Pourrait  te  paraître  incroyable  * 

Il  est  vrai  qu'en  société, 

J'ai  toujours  été  très  aimable. 

Sexe  charmant,  sexe  charmant , 

Par  toi  ma  vie  fut  embellie  ; 

Sexe  charmant,  sexe  charmant, 

Que  tu  m'as  causé  d'agrément. 


A  mon  arrivée  z'à  Paris, 
J'  descends  chez  un'  particulière, 
La  femme  d'un  de  mes  amis  ; 
EU'  me  donna  dans  la  visière. 
Son  mari  fortement  jaloux, 
La  soupçonnant  d'être  infidèle, 
M'  cassa  la  jambe  au-d'sus  du  g'nou  , 
Qu'j'en  boite  encor  pour  l'amour  d'elle 
Mais  c'est  égal,  sexe  charmant,  etc. 

Me  promenant  sur  le  boulevart, 

Je  fis  rencontre  d'une  belle  , 

Qui  m'invita  d'un  doux  regard, 

Z'à  venir  jaser  avec  elle. 

Dans  cette  conversation , 

J'  pris  tant  d'amour,  cher  camarade, 

Que,  sans  exagération, 

Pendant  trois  mois  j'en  fus  malade. 

Mais  c'est  égal,  sexe  charmant,  etc. 

A  mon  retour  dans  le  pays, 
Je  fus  aimé  d'une  jeunesse 
Qui,  grâces  aux  jeux  et  aux  ris, 
Correspondit  à  ma  tendresse; 
Son  père  était  un  vieux  rageur 
Qui  me  jeta  par  la  fenêtre  , 
Comm'  j'ai  toujours  eu  du  bonheur, 
Je  n'  suis  tombé  que  sur  la  tête. 
Mais  c'est  égal,  sexe  charmant,  etc. 

Fatigué  de  tant  de  plaisirs  , 

Je  fixai  mon  humeur  volage, 

Et  l'hymen  combla  mes  désirs 

Parle  doux  nœud  du  mariage. 

Nous  n'étions  pas  souvent  d'accord; 

J'en  ris  encor,  lorsque  j'y  pense  : 

Mon  épouse  frappait  trop  fort  : 

Les  coupsd' femme  sont  sans  conséquence 

Mais  c'est  égal,  sexe  charmant,  etc. 

A  présent  que  j'  suis  veuf  et  vieux, 
Je  n*  dois  plus  penser  qu'au  solide  : 
Comme  soldat,  comme  amoureux, 
Je  puis  m'  vanter  d'être  invalide  ; 
Je  suis  criblé  des  souvenirs 
De  l'amour  et  de  la  victoire. 


176 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Quand  le  temps  change,  mes  plaisirs 
Se  repeignent  dans  ma  mémoire. 
Sexe  charmant,  sexe  charmant, 
Par  toi  ma  vie  fut  embellie; 
Sexe  charmant,  sexe  charmant, 
Que  tu  m'as  causé  d'agrément. 

l'Ul'olCM   «i  un    UUOIiyiUC 


JAVOTTE. 

Air  :  Allez-vous-en,  gens  de  la  noce. 

Sur  la  place  du  Chat-qui  pète, 

Est  un  traiteur  de  bon  aloi, 

Et  c'est  là  qu'à  six  sous  par  tète 

J'  dis1  tous  les  jours  comme  un  p'titroi. 

C'est  pour  un'  belle  que  je  trotte 

Du  malin  au  soir  dans  ce  lieu: 

Ah  I  jarnidieu, 

Ah  I  ventrehleu, 
JYv  a  pas  d'  princess'  qui  la  dégote, 
La  Javotle 

Du  Cadran  bleu. 

Ceux  qui  \eulnt  connaître  une  grâce, 
l'euv'nl  l'aller  voir!  diinanch'  malin. 
Quand  elle  a  délaché  la  crasse 
Qui  tout'  las'main'  lui  couvre  1'  teint  : 
Elle  est  charmante  avec  une  cotte, 
Mais  quand  ell'  met  Y  caraco  bleu, 
Ah  !  jarnidieu,  eic. 

La  soupe  aux  choux  est  moins  brûlante 
Que  1'  feu  qui  s'allume  à  sa  voix  ; 
Les  haricots  qu'ell'  \ous  présente 

Sont  moins  blancs  que  ses  jolis  doigts. 
Bile  est  doue'  comme  une  carotte, 
1  ri  m' comme  un  roc,  droit'  connue  un  pieu; 
Ali  !  jarnidieu  ,  etc. 

Le  soir,  quand  00  joue  à  cach'cache, 
C'est  ell'  qui  fait  V  plus  d  carillon  ; 
H  faui  voir  i  omme  elle  en  détache 
Quand  ell'  ooui  vend  soucorbiDoo  . 


D'un  tour  de  main  ell'  ravigote 
Le  plus  p'tit,  le  plus  maigre  jeu; 
Ah  !  jarnidieu,  etc. 

Pour  c'  qu'est  au  sujet  du  théâtre, 
Sun  talent  n'  fait  pas  1'  moindre  pli  ; 
J'  dis  qu'elle  n'a  pas  l'air  d'un  emplâtre, 
Quand  ell'  pinc'  madame  ïékéli. 
EU'  ne  porterait  pas  la  hotte, 
Si  la  cour  voyait  son  coup  d'  feu. 
Ali!  jarnidieu,  etc. 

Je  m'  souviens  encore  de  la  s'maine 
Où,  perdant  ma  pauvre  raison, 
Dans  un  potage  à  la  julienne 
De  l'amour  j'avalai  1'  poison. 
J'eus  huit  jours  un  œil  en  compote 
A  la  suite  d'  mon  lendre  aveu, 
Ah  I  jarnidieu,  etc. 


Un  jour,  malgré  ses  r'gards  sévères, 
L'ayant  pris'  par  les  sentiments, 
Pour  une  andouille  et  trois  p'tits  verres 
J'  devins  1'  plus  heureux  des  amants. 
J'  la  vis  quand  ell'  fut  en  ribolte, 
Se  pâmer  comm'  un'  carpe  au  bleu, 
Ah  !  jarnidieu  ,  ele. 

Elle  n'est  pas  musicienne , 

Mais  elle  est  foll'  du  flageolet, 

Et  veut  que  chaqu' jour  de  la  s'maine, 

Je  fredonne  au  moins  un  couplet. 

Elle  aime  à  danser  la  gavotte 

En  sablant  le  coup  du  milieu. 

Ah  !  jarnidieu, 

Ah!  veutrebleu, 
N'y  a  pas  d'  princess'  qui  la  dégote, 

La  Javotte 

Du  Cadran  hleu. 

i.milr  Debreuux. 


La  musique,  de  K.uneuu,  se  trouve  Dotée  au  N.30 
de  ta  Clé  du  Cavuuiî. 


Pari».  —  liii]iriiiieriu  de  Pillit  fils  alué,  rue  des  Grands-Au^ustins,  J. 


LA  NATURE. 

Jeune  fille,  jeune  garçon, 
Que  le  même  couvert  assemble,  [bis.) 

Seront  bientôt  d'accord  ensemble; 
N'en  demandez  pas  la  raison. 

Une  leçon  bien  sûre 

Tous  deux  les  instruira; 

Et,  cette  leçon-là, 

Qui  la  leur  donnera? 

La  nature.  (bis.) 

Vous  voudriez  vous  opposer 

Aux  pièges  qu'ils  savent  vous  tendre  ;  (bis.) 

Pour  les  empêcher  de  s'entendre, 

En  vain  vous  voudriez  ruser; 

Leur  adresse  plus  sûre 

Vous  déconcertera; 

Et,  cette  adresse-là, 

Qui  la  leur  donnera? 

La  nature.  (bis.) 

Planterre. 

La  musique,  de  Gaveaux,  se  trouve  notée  au 
N.  289  de  la  Clé  da  Caveau. 


LE   PETIT    BIEN  DE   LISE, 

Air  :  Philis  demande  son  portrait. 

Du  plus  beau  des  petits  endroits 

Lise  est  propriétaire  : 
Son  petit  bien  est  à  la  fois, 

Forêt,  Ile  et  parterre. 
On  y  voit  buissons  et  gazons , 

Bois  et  mille  autres  choses, 
Même  dans  ces  jolis  buissons, 

On  voit  fleurir  des  roses. 

Sur  les  roses  de  ce  réduit 

Phœbus  est  sans  puissance. 
Mais  l'astre  argenté  de  la  nuit 

Préside  à  leur  naissance. 

86 


Lise  sait  l'instant  non  trompeur 

Qu'elles  seront  écloses, 

Et  reçoit  toute  sa  fraîcheur 

De  l'éclat  de  ces  roses. 

Elles  ne  tiennent  rien  de  l'art. 

Mais  tout  de  la  nature  ; 
Elles  brillent  loin  du  regard, 

Et  naissent  sans  culture. 
Lise,  dont  l'esprit  est  prudent, 

Et  qui  n'est  point  pressée, 
Attend  pour  arroser  le  champ 

Que  la  fleur  soit  passée. 

C'est  ainsi  que  Lise  entretient 

Cette  île  fortunée, 
Où  le  temps  des  roses  revient 

Douze  fois  dans  l'année  : 
Mais  n'en  déplaise  cependant 

A  leur  source  divine, 
Ces  roses-là  pour  un  amant 

Ne  sont  pas  sans  épine. 

Conserve  ce  bien  précieux. 

Ce  charmant  héritage. 
Lise,  ce  sont  les  petits  lieux 

Qu'on  aime  davantage. 
Dès  longtemps,  je  te  l'ai  prédit, 

Tel  est  l'ordre  des  choses, 
Si  ton  domaine  s'arrondit, 

Hélas!  adieu  les  roses! 


Sallemer. 


LE    TALISMAN    D'AMOUR. 

Air  du  nouveau  et  de  l'ancien  régime. 

Un  jour,  au  jardin  de  Cythère, 
L'amour,  ce  petit  chenapan, 
Ne  parvint-il  pas  à  se  faire 
D'un  brin  de  liège  un  talisman  ! 

t.  il  —  27 


178 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Depuis  cette  heureuse  malice, 
A  quoi  doit-il  son  beau  renom  ? 
C'est  à  la  vertu  protectrice 
De  son  joli  petit  bouchon. 

Avec  Lise,  ce  petit  drôle, 
Badinant  dans  le  fond  d'un  bois, 
Jouait  si  joliment  son  rôle, 
Qu'il  mit  la  pauvrette  aux  abois. 
Si  de  Lise  il  fit  le  caprice, 
S'il  eut  enfin  son  chaperon, 
C'est  par  la  vertu  protectrice 
De  son  joli  petit  bouchon. 

Vous  que  femme  aimable  et  jolie 
Entretient  dans  un  doux  émoi, 
Pour  conserver  votre  ambroisie, 
Heureux  époux,  imitez-moi. 
Malgré  son  air  simple  et  novice, 
Méfiez-vous  de  Cupidon, 
Et  de  la  vertu  prolectrice 
De  son  joli  petit  bouchon. 


Quoique  partout  il  soit  volage, 
Partout  on  admire  ses  traits  ; 
A  la  ville  comme  a»»  village, 
Sous  le  chaume  comme  au  palais  ; 
Enfin,  grâce  à  son  artifice, 
Toute  belle,  auprès  du  fripon , 
Cède  à  la  vertu  protectrice 
De  son  joli  petit  bouchon. 

Auditeurs,  si  dans  votre  attente 
Je  vous  ai  trompés  fortement, 
Excusez  ma  muse  innocente 
De  s'être  égarée  un  moment  ; 
Et  vous  qui  faites  mes  délices, 
Si  l'on  critique  ma  chanson, 
Soyez  au  moins  les  protectrices, 
De  mon  pauvre  petit  bouchon. 

Perchelet. 


ENFANT  CHÉRI  DES  DAMES. 


Enfant  chéri  des  dames, 
Je  suis  en  tout  pays 
Fort  bien  avec  les  femmes, 
Mal  avec  les  maris. 


(ter.) 


Pour  charmer  l'ennui  de  l'absence 
A  vingt  beautés  je  fais  la  cour. 
Laissant  aux  sots  l'ennuyeuse  constance, 
Je  les  adore  tour-à-tour. 
Pourquoi  me  piquer  de  constance 
Quand  je  vois  de  nouveaux  appas. 

Un  nouveau  goût  s'éveille, 

J'entends  à  mon  oreille 
Le  dieu  d  amour  me  répéter  tout  bas  : 

Enfant  chéri  des  dames, 

Sois  dans  tous  les  pays 

Fort  bien  avec  les  femmes, 

Mal  avec  les  maris.  (ttr  ) 

Mais  le  ciel  me  seconde, 
Et  veux  faire,  je  crois, 
L'ami  de  tout  le  monde 
D'un  homme  tel  que  moi. 
Me  voici  dans  la  France  ; 
Tout  ira  pour  le  mieux, 
Car  on  aime  l'aisance 
Dans  ce  climat  heureux. 
Non,  il  n'est  pas  de  climat  plus  heureux. 

Car  les  amants  des  dames, 
Dans  ce  charmant  pays, 
Sont  bien  avec  les  femmes. 
Bien  avec  les  maris.  (ter.) 

Picard. 

La  musique  de  Gaveaux,  se  trouve  notée    au 
N.770  de  la  Clé  du  Caveau. 


COUPLETS   DE  PALMA. 


Petits  chagrins  de  temps  en  temps 
Rendent  les  plaisirs  plus  piquants. 


CHANSONS   BADINES   ET  GRIVOISES. 


179 


Souvent  pour  un  sujet  frivole 
Notre  pauvre  cœur  se  désole. 
Hélas!  on  pleure,  on  est  désespéré, 
Et  puis  on  rit  d'avoir  pleuré. 

Fille  sage  qui,  par  erreur, 
Trahit  le  secret  de  son  cœur, 
Voudrait  cacher  dans  un  abîme 
Cet  aveu  qui  lui  semble  un  crime. 
Hélas  !  on  pleure ,  on  est  désespéré , 
Et  puis  on  rit  d'avoir  pleuré. 

Léa  voit  fuir  tous  ses  amants  ; 
Sa  sœur  reste  veuve  à  seize  ans. 
Toutes  deux ,  lasses  de  la  vie , 
Veulent  mourir  de  compagnie. 
Hélas  !  on  pleure  ,  on  est  désespéré  , 
Et  puis  on  rit  d'avoir  pleuré. 

i  eiuontey. 


La  musique,  de  Plantade,  se  trouve  notée  au 
N.  453  de  la  Clé  du  Caveau. 


DE  QUOI  VOUS  PLAIGNEZ-VOUS' 

1820. 
Air  :  Le  bien  vient  en  dormant. 

Le  bon  Dieu,  qui  de  nous  se  mêle 

Une  fois  tous  les  dix-huit  mois, 

Hier,  en  ouvrant  la  prunelle, 

Nous  dit,  ayant  craché  trois  fois  : 

«  Pourquoi  de  vos  tristes  cervelles, 

«  Au  lieu  des  accents  les  plus  doux, 

«  Sort-il  des  plaintes  éternelles, 

«  Morbleu!  de  quoi  vous  plaignez-vous? 

«  Pourquoi  ces  regrc's  par  douzaine  : 
«  Faut-il  contre  mui  s'insurger? 
«  Vous  gagnez  quasi  par  semaine 
«  De  quoi  boire  et  de  quoi  manger; 


«  Vos  femmes  sont  presque  fidèles; 
«  Vos  bambins  sont  de  vrais  bijoux  ; 
«  Vos  filles  sont  presque...  d'moiselles, 
«  Morbleu!  de  quoi  vous  plaignez-vous? 

«  Vous  que  le  mot  impasse  ou  passe 
«  Attire  au  lemple  de  Plutus, 
«  Et  dont  les  râteaux  avec  grâce 
«  Font  déménager  les  écus, 
«  En  sortant  de  la  table  verte 
«  Vous  faites  la  nique  aux  filous  : 
«  Vous  pouvez  dormir  porte  ouverte, 
«  Morbleu!  de  quoi  vous  plaignez-vous? 

«  Vous  pouvez  avoir  des  maîtresses, 

«  Depuis  deux  sous  jusqu'à  six  francs; 

«  Je  le  sais,  parfois  leurs  caresses 

«  Vous  causent  des  regrets  cuisants. 
«  D'un  docteur  alors  la  main  leste 

«  Parfois  vous  rogne  quelques....; 

«  Mais  du  moment  qu'il  vous  en  restJ, 

«  Morbleu  !  de  quoi  vous  plaignez  vL us? 

«  Vous  pouvez,  sans  craindre  la  guerre, 
«  Dormir  en  paix  dans  vos  foyers, 
«  Bellone  est  dans  l'autre  hémisphère 
«  Et  Mars  a  caché  ses  lauriers  ; 
«  Au  lieu  de  ces  chants  d'allégresse, 
«  Dont  tous  les  rois  étaient  jaloux, 
«  Vous  pouvez  entendre  la  messe  ; 
«  Morbleu!  de  quoi  vous  plaignez-vous? 

«  Et  vous,  souverains  de  la  terre, 

«  Pourquoi  ce  murmure  indiscret, 

«  Lorsque  j'ai  fermé  la  paupière 

«  Du  mortel  qui  vous  effrayait? 

«  Au  tombeau  sa  foudre  s'apaise, 

«  Vous  pouvez,  brisant  vos  licous, 

«  Tailler  et  rogner  à  votre  aise, 

«  Morbleu  !  de  quoi  vous  plaignez-vous  ?  » 

Ici  Dieu  ferma  la  paupière, 
La  casquette  un  peu  de  travers, 
Satan  sauta  de  sa  tanière , 
A  cheval  sur  cet  univers  ; 
Tandis  que  ce  uoir  matamore 
Mettait  tout  sens  dessus  dessous, 


180 


CHANSONS  POPULAIRES. 


En  rêvant.  Dieu  chantait  encore  : 

«  Morbleu!  de  quoi  vous  plaignez-vous?» 

Emile   Débreaux. 


LE  REMPAILLEUR. 


En  revenant  de  Yersaille, 
Un  rempailleur  rencontra 
Un'  fille  de  belle  taille  : 
Lui  dit  :  «  Mettez  vot'  chais'  là. 
On  vous  la  rempaille,  paille,  paille, 
On  vous  la  rempaillera.  » 

La  chaise  étant  rempaillée, 
Lui  dit  :  «  Asseyez-vous  là.  » 
Mais  la  fill',  qu'était  rusée, 
Répond  :  «  Monsieur,  ça  m'  l'us'ra. 
—  En  vérité?  petite  mère.  Eh  bien...  ) 
On  vous  la  rempaille,  paille,  paille, 
On  vous  la  rempaillera.  » 

Jeunes  fill's,  prenez  vos  aises 
Quand  l'occasion  s'  trouvera, 
N'  craignez  pas  d'user  vos  chaises; 
Y  aura  toujours  quéqu'un  là... 

(Et  ce  quelqu'un  là,  mes  petites  chattes, c'est 
mei,j 

Qui  vous  les  rempaille,  paille,  paille, 
Qui  vous  les  rempaillera. 

Du  Hrr«an  et  Brasier. 


C'EST    L'AMOUR. 

1821. 

Auk  de  In  contredantr  dr  In  Fie  voleuse. 

C'est  l'amour,  l'amour,  l'amour, 
Qui  fait  le  monde 
A  la  ronde, 


Et  chaque  jour,  à  son  tour. 
Le  monde  fait  l'amour. 


Qui  rend  la  femme  plus  docile, 
Et  qui  sait  doubler  ses  attraits? 
Qui  rend  le  plaisir  plus  facile? 
Qui  fait  excuser  ses  excès? 

Qui  sait  rendre  sensibles 

Les  grands  dans  leurs  palais? 

Qui  sait  rendre  accessibles 

Jusques  aux  sous-préfets  ? 
C'est  l'amour,  l'amour,  l'amour,  etc. 

Qui  donne  de  l'âme  aux  poètes, 
Et  de  la  joie  à  nos  lurons  ? 
Qui  donne  de  l'esprit  aux  bêtes 
Et  du  courage  aux  plus  poltrons? 

Qui  donne  des  carrosses 

Aux  tendrons  de  Paris  ? 

Et  qui  donne  des  bosses 

A  beaucoup  de  maris? 
C'est  l'amour,  l'amour,  l'amour,  etc 

Que  fait  une  nouvelle  artiste 
Qui  veut  s'assurer  des  amis? 
Que  fait  une  jeune  modiste 
Pour  se  mettre  en  vogue  à  Paris  ? 

Que  font  dans  les  coulisses 

Les  banquiers,  les  docteurs? 

Et  que  font  les  actrices 

Avec  certains  auteurs? 
C'est  l'amour,  l'amour,  l'amour,  etc. 

Sur  les  rochers  les  plus  sauvages, 
Dans  les  palais,  dans  les  vallons, 
Dans  l'eau,  dans  l'air,  dans  les  bocagei. 
Sous  le  chaume,  dans  les  salons, 

Que  font  toutes  les  belles, 

Les  amants,  les  époux  ? 

Que  font  les  tourterelles 

Et  même  les  coucous? 


C'est  l'amour,  l'amour. 
Qui  fait  le  monde 
A  la  ronde, 


amour. 


CHANSONS  BADINES  ET    GRIVOISES. 


1S1 


Et  chaque  jour,  à  son  tour, 
Le  monde  fait  l'amour. 

Dartois  et  Francis  d'Ail  ard<- 


La  musique,  de  Constantin,  se  trouve  notée  au 
X.  1824  de  la  Clé  du  Caveau. 


DIEU!  SI  MON  AMANT  ME  BATTAIT. 

1834. 

Air  :  Ah  !  si  madame  me  voyait. 

Quoi,  ton  commis,  Àlexina, 

Lundi  dernier,  à  la  chaumière, 

Te  donna  sa  botte  au  derrière 

Quand  ce  décoré  te  lorgna, 

El  qu'un  instant  il  badina. 

Ma  chère,  c'est  une  infamie! 

Qu'un  homme  est  bas  dans  ce  qu'il  fait! 

A  quoi  sert  donc  d'être  jolie? 

Dieu  !  si  mon  amant  me  battait! 

Entre  nous,  l'homme  est  un  gueusard, 

Bien  bête  qui  s'en  acoquine. 

Tu  sais  la  blonde  Alexandrine, 

Eh  bien!  son  polisson  d'Oscar 

La  quitte,  et  lui  laisse  un  moutard. 

Pauvre  sexe,  hélas  !  tu  la  gobes  ! 

Et  l'on  te  tyranniserait, 

Et  l'on  massacrerait  les  robes! 

Dieu  !  si  mon  amant  me  battait! 

Alexina,  si  mon  amant 

Me  caressait  avec  sa  botte, 

S'il  me  fichait  une  calotte, 

Je  dirais  zut  an  sentiment, 

Et  me  vengerais  prqmptement. 

Tu  vois  bien  ces  ciseaux,  ma  chère, 

Eh  bien!  flan  !  flan  !...  à  son  gilet 

Je  ferais  une  boutonnière... 

Dieu  !  si  mon  amant  me  battait! 

Le  dimanche  après,  au  Wauxhall, 
La  belliqueuse  demoiselle 


Ayant  joué  delà  prunelle 
Avec  un  clerc  trop  immoral, 
Son  amant  fit  du  bacchanal. 
Puis  d'une  cravache  indiscrète 
Il  fit  sauter  rubans,  bonnets.. 
Plus  ne  répéta  la  pauvrette  • 
Dieu!  si  mon  amant  me  battait! 

Justin  Cabassol. 

La  musique,  de  Romagnési,  si  trouve,  à  Taris, 
chez  L.  "Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de- 
Nazareth. 


LE   BOUDOIR  D'ASPASIE. 

1782. 
Asn  :  En  jupon  court,  en  blanc  corset. 

Tout  est  charmant  chez  Aspasie; 
L'art  y  prodigue  son  savoir  : 
Mais  ce  que  j'aime  à  la  folie, 
C'est  son  sopha,  c'est  son  boudoir 

Un  jour,  dans  l'ombre  du  mystère, 
L'amour  près  d'elle  vint  s'asseoir; 
Il  croyait  être  avec  sa  mère, 
Sur  son  sopha,  dans  son  boudoir. 

Je  veux  l'aimer  toute  ma  vie; 
Heureux  quelque  fois  de  pouvoir 
Le  dire  à  la  belle  Aspasie, 
Sur  son  sopha,  dans  son  boudoir. 

Vous  qui  contre  mon  Aspasie, 
Tachez  en  vain  de  m'émouvoir, 
Que  peut  votre  philosophie 
Contre  un  sopha,  dans  un  boudoir  ! 

Vous  aimeriez  mon  Aspasie, 
Si,  comme  moi,  vous  pouviez  voir, 
Combien  la  friponne  est  jolie, 
Sur  son  sopha,  dans  son  boudoir. 


182 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Elle  est  coquette,  elle  est  volage  ; 
Mais  je  ne  veux  pas  le  savoir  : 
Quelle  est  la  femme  qui  soit  sage, 
Sur  sonsopha,  dans  son  boudoir? 

Marquis  de  Goudon. 

La  musique,  de  Campra,    se  trouve  notée  au 
N.  547  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE    DIMANCHE    DES    L1LAS. 

1835. 
Air  :  Contentons-nous  d'une  simple  bouteille. 

Lisa,  crois-moi,  ne  quitt'  pas  la  chaumière 
Pour  te  prom'ner  dans  les  champs,  dans  les  bois; 
J'y  fus  pincée  une  fois  :  c'est  la  première, 
Mais,  j'  t'en  réponds,  c'est  la  dernière  fois. 
A  moins  d'avoir  un  mylord,  un  satrape 
Pour  son  amant,  on  n'  trouv'  qu'ennui,  tracas  ; 
Aussi, Lisa,  plus  souvent  qu'on  m' rattrape 
A  Romainvill',  le  dimanche  des  lilas. 


{bis. 


J'avais  promis  à  mon  petit  Guguste 
D'  récompenser  son  délicat  amour. 
Quand  je  promets,  je  tiens  ;  dame  !  c'est  juste  : 
Nous  vlà  partis  sans  trompetl'  ni  tambour. 
D'  la  rue  Mouffetard,  ça  fait  une  fière  étape  ; 
En  arrivant,  nous  étions  déjà  las  : 
Aussi,  Lisa,  plus  souvent,  etc. 

Loin  de  la  foule,  dans  un  sombre  bocage, 
Sur  le  gazon  nous  allons  nous  r'poser  : 
Moi,  je  regard'  à  l'envers  le  feuillage, 
Lui,  l'herbe  tendre,  histoir'  d'  nous  amuser. 
Auprès  de  nous,  un  méchant  roquet  jappe  ; 
Vile,  je  m'  lève,  et  l'on  rit  aux  éclats. 
Aussi,  Lisa,  plus  souvent,  etc. 

Mon  maladroit  se  laiss'  voler  sa  hnurse, 
En  me  fai-ant  lircr  des  macarons. 
J'avais  dix  sous  pour  unique  ressource  , 
Avec  cela,  dit-il,  nous  dînerons.. 


]  Au  restaurant,  j'  croyais  avoir  la  nappe, 
Et  j'ai  dîné,  sous  le  pouc',  d'un  cervelas. 
Aussi,  Lisa,  plus  souvent,  etc. 

De  mon  Gugust'  la  malice  n'est  pas  grande  : 
Il  est  bonn'lier  ;  ça  s'  comprend  aisément. 
Pour  une  branch'  de  lilas  que  j' lui  demande 
Et  qu'il  me  donn',  dieu  !  quel  désagrément  1 
Un  gros  butor  m'agonit  et  le  frappe  : 
Je  fuis,  1'  croyant  à  l'heure  de  son  trépas. 
Aussi,  Lisa,  plus  souvent,  etc. 

Je  filais  donc,  joliment  tracassée; 
Mon  air  piteux  touche  un  municipal  ; 
Avec  son  bras  il  m'offre  un'  fricassée  : 
Ça  m'arrive  bien,  j'allais  me  trouver  mal. 
A  l'H-d'Amour,  le  sournois  veut.. .  J'  m'échappe. 
Mais  son  ép'ron  déchir'  mon  falbalas. 
Aussi,  Lisa,  plus  souvent,  etc. 

C  n'est  pas  assez  d'une  averse  qui  m'enrhume, 
Il  faut  qu'  j'avale  un  autr'  bouillon  chez  nous. 
Ma  mèr'  regarde  l'horloge  et  mon  costume, 
Avec  des  yeux  qui  n'  sont  pas  des  plus  doux. 
Après  une  gamme,  ell'  m'allonge  une  tape 
Qui  me  fait  voir  trenle-six  chandelles,  hélas 
Aussi,  Lisa,  plussouventqu'on  m' rattrape  l  .  . 
A  HomainviU,  le  dimanche  des  lilas.       |* 

T.  YlurtlBiion. 

La   musique ,  de   Mouret,  se  trouve  notée    an 
N.  105  fie  la  Clé  du  Caveau. 


LA   PREVOYANCE. 

1838. 
Air  de  la  Neige  \E.  Débreaux.' 

Assez  longtemps,  en  joyeux  sans-souci, 
J'ai  fait  sauter  ma  vaisselle  de  poche  . 
Je  suis  garçon  ;  mais  demain,  Dieu  merc, 
l'épouse  Lise,  et  Lise  est  sans  reproche. 


CHANSONS   BADINES   ET  GRIVOISES. 


183 


Que  parmi  vous,  messieurs,  plus  d'un  vaurien 
Jette  sur  moi  la  maligne  épigramme  ; 
Pour  s'amuser,  qu'il  mange  tout  son  bien  ; 
Moi,  maintenant,  qui  n'ai  presque  plus  rien  ; 
Je  le  conserve  pour  ma  femme. 

Deux  ou  trois  fois,  pour  plaire  à  la  beauté, 
Si  j'ai  laissé  mes  meuble*  au  pillage, 
Un  seul  objet  ne  m'a  jamais  quitté, 
Un  seul,  et  c'est  un  gentil  coquillage. 
Jeunes  tendrons  au  minois  chiffonné, 
Vous  dont  l'amour  ne  pèse  pas  un  gramme  . 
Hier  encor  je  vous  1  aurais  donné; 
Mais,  aujourdhui.  bien  qu'il  soit  écorné, 
Je  le  conserve  pour  ma  femme. 

Dans  nos  salons  comme  au  quartier  latin, 
Grâce  au  progrès  qui  tous  nous  émancipe , 
Le  bon  ton  veut  que  le  sexe  lutin 
Fume  aujourd'hui  son  cigare  ou  sa  pipe. 
0  mes  amis!  que  je  serais  flatté 
Si  ma  moitié  singeait  la  grande  dame! 
Aussi  quelqu'un,  l'autre  jour,  m'a  prêté 
Un  brûle...  bouche  assez  bien  culotté, 
Je  le  conserve  pour  ma  femme. 

Ma  vieille  tante,  en  mourant,  m'a  laissé 
Un  sansonnet  pour  unique  héritage; 
Un  savetier  m'en  offrait,  l'an  passé, 
Trois  francs  dix  sousetme  laissait  la  cage. 
Vendre  un  oiseau  qu'on  m'apporta  du  Fecq, 
Pour  le  priver  du  peu  d'air  qu'il  réclame, 
Oh  !  non,  jamais  !  j'aurais  le  cœur  trop   sec  ; 
Il  dit  si  bien  :  «Veux-tu  taire  ton  bec  !  » 
Je  le  conserve  pour  ma  femme. 

J'avais  jadis  un  caniche  à  poil  ras, 
Et  vous  savez  si  l'espèce  en  est  rare , 
Nous  nous  aimions  :  mais  un  matin,  hélas  ! 
Mon  chien  se  noie  au  milieu  d'une  mare . 
Les  souvenirs  parfois  savent  toucher  : 
D  m'en  reste  un  de  mon  pauvre  Pyrame  ; 
C'est  un  gourdin,  que  j'ai  soin  de  cacher, 
Qui  l'empêcha  bien  souvent  de  broncher, 
Je  le  r  '-«erve»pour  ma  femme. 


En  visitant  mon  trousseau,  lundi  soir, 
J'ai  retrouvé,  sous  une  vieille  veste. 
Un  drap  de  lit,  qu'un  jour  de  désespoir 
Je  préparais  dans  un  dessein  funeste. 
Son  aspect  seul  peut,  je  crois,  attendrir 
Tel  qui  rirait  au  dénoûment  d'un  drame: 
Il  était  là,  tout  prêt  à  me  servir , 
Non  pour  coucher,  mais  pour  m'eusevelir 
Je  le  conserve  pour  ma  femme. 

Eugène  Berthler. 


UN    HEUREUX    MÉNAGE, 

Air  :  Aménité,  gatté,  fraternité  (Chànu.j 

Ma  femme  aussi 
Va  porter,  Dieu  merci, 

Une  toilette 

Un  peu  complète  ; 

C'est  le  bon  ton, 

El  vive  le  jupon 
Qui  fait  remuer  le  menton. 

La  détresse  était  au  complet, 
Nous  barbotlions  dans  l'indigence  ; 
Mon  épouse  fit  connaissance 
D'un  monsieur  bête,  riche  et  laid. 
Ma  femme  aussi,  etc. 

Depuis  ce  temps,  notre  maison 
A  pris  une  bonne  tournure  ; 
Bijoux,  vêtements,  nourriture  , 
Chez  nous  tout  arrive  à  foison. 
Ma  femme  aussi,  etc. 

Nous  étions  accrochés  partout 
Dans  le  quartier,  quelle  misère  ! 
Nous  devions  à  toute  la  terre  ; 
Elle  a  payé  tout  ça  d'un  coup. 
Ma  femme  aussi,  etc. 

Notre  protecteur,  en  tout  cas, 
N'attend  jamais  qu'on  lui  rappelle 


184 


CHANSONS    POPULA1KES. 


Que  ma  femme  aime  la  dentelle, 
Et  moi  le  pâté  de  foie  gras. 
Ma  femme  aussi,  etc. 

Il  m'enverra,  le  mois  prochain, 
Tant  il  aime  à  rendre  service, 
A  Longjumeau,  voir  en  nourrice, 
Notre  enfant  dont  il  est  parrain. 
Ma  femme  aussi,  etc. 

Or,  maintenant  tout  me  sourit, 
Je  ne  suis  plus  dans  la  débine  ; 
Car  je  commande  à  la  cuisine, 
Et  ne  couche  plus  au  grand  lit. 
Ma  femme  aussi, etc. 

Depuis  qu'un  soir,  chez  un  traiteur, 
Tête-à-tête  on  l'a  rencontrée, 
On  la  prétend  déshonorée; 
Où  diable  a-t-on  niché  l'honneur  I 
Ma  femme  aussi,  etc. 

Pourquoi  m'en  fâcher,  au  surplus, 
Leur  liaison  m'est  profitable  ; 
Car,  depuis  qu'il  la  trouve  aimable, 
Je  pèse  dix  kilos  de  plus. 
Ma  femme  aussi,  etc. 

Tout  le  monde  était  convaincu, 
Le  jour  de  notre  mariage, 
Que  ma  moitié,  modeste  et  sage, 
Venait  d'épouser  un...  heureux. 

Ma  femme  aussi 
Va  porter,  Dieu  merci, 

Une  toilette 

Un  peu  complète  ; 

C'est  le  bon  ton, 

Et  vive  le  jupon 

Qui  fait  remuer  le  menton. 

lliarle»  «  nlmaurr. 


La  musique  se  trouve,  à  Paris,  chez  L.  Vieillot, 
•diteur,3'J,  rue  Notre-Dnme-de-Nazareth. 


LÉDA. 


1846. 

Aik  :  Ah!  le  bel  oiseau,  maman 

Ah  I  le  bel  oiseau,  vraiment, 

Qui  sut  faire... 

Tout  pur  plaire  ; 
Ah  !  le  bel  oiseau,  vraiment, 
Qui  de  Léda  fut  l'amant. 

Jupiter  se  dit  un  jour  : 
En  dieu  j'ai  fait  mes  conquêtes; 
Je  prétends  faire  l'amour 
A  présent  comme  les  bêtes... 
Ah  !  le  bel  oiseau,  etc. 

11  avait  bien  ses  raisons; 
Car  Léda,  des  plus  subtiles, 
Redoutant  tout  des  garçons, 
N'aimait  que  les  volatiles. 
Ah  I  le  bel  oiseau,  etc. 

Dans  les  eaux  de  l'Eurotas 
Il  aperçut  la  coquette, 
Baignant  ses  charmants  appas 
Et  nageant  comme  une  ablette. 
Ah  !  le  bel  oiseau,  etc. 

Méprisant  trop  le  canard, 
Dont  l'allure  n'est  pas  digne, 
Aussitôt  notre  gaillard 
Se  métamorphose  en  cygne. 
Ah  !  le  bel  oiseau,  etc. 

Il  approche  en  frétillant 
Près  de  la  belle  princesse. 
Oh  !  dit-elle  en  le  voyant, 
Que  de  grâce,  de  souplesse  I 
Ah  !  le  bel  oiseau,  etc. 

A  l'instant  de  ses  deux  bras 
Notre  baigneuse  le  pu 
Ce  jeu  ne  lui  déplaît  pas; 
A  son  tour  il  la  caresse. 
Ah  1  le  bel  oiseau,  etc. 


Paris.    —  Ii 


iprimeric  de  Pillit  fils  utné,  rue  des  Grands-Augustins,  5. 


C'était  très-bien;  mais  voilà 
Que  bientôt  Léda  soupire. 
—  Beau  cygne,  que  fais-tu  là? 
Que  mon  époux  va-t-il  dire! 
Ah!  le  bel  oiseau,  etc. 

Ce  que  faisait  notre  oiseau 
Pourra  paraître  un  peu  louche  ; 
Les  poissons,  au  fond  de  l'eau, 
N'en  ouvrirent  pas  la  bouche. 
Ah!  le  bel  oiseau,  etc. 

L'époux  point  ne  se  fâcha 
Du  résultat  du  colloque; 
Puis  notre  belle  accoucha 
De  deux  beaux  œufs  à  la  coque. 
Ah  !  le  bel  oiseau,  etc. 


Craignez  un  pareil  destin, 
Maris  à  l'humeur  bénigne  ; 
Quand  vos  femmes  vont  au  bain, 
Pour  vous  c'est  un  mauvais  signe. 

Ah  !  le  bel  oiseau,  vraiment, 
Qui  sut  faire... 
Tout  pour  plaire; 
Ah  !  le  bel  oiseau,  vraiment, 
Qui  de  Léda  fut  l'amant. 

Justin  Cabassol. 
Air  ancien,  noté  au  N.  13  de  la  Clé  du  Caveau. 


MA  GRISETTE. 

1839. 
Air  du  Barbier  de  Séville  (Rossioi). 

Viens,  ma  Lisette, 

Viens,  ma  grisette... 
Le  plaisir  chez  moi  te  conduit; 

Quand  sur  ma  couche, 
L'amour  nous  couche. 
Le  bonheur  règne  en  mon  réduit.        (ter) 

87 


Lorsqu'en  tes  bras,  vers  Cylhèreje  cingle, 
En  débarquant  au  pays  des  heureux, 
De  ton  fichu  je  fais  sauter  l'épingle, 
Sans  qua»ta  main  m'ose  fermer  les  yeux  ! 
Viens,  ma  Lisette,  etc. 

Dans  nos  transports,  si  j'éprouve  un  déboire, 
La  coupe  en  main,  pour  bannifinon  émoi, 
Comme  un  ami  tu  me  verses  à  boire, 
Et  d'amitié  tu  trinques  avec  moi! 
Viens,  ma  Lisette,  etc. 

Nous  savourons  la  liqueur  généreuse, 
Et  plus  ses  feux  raniment  mon  désir, 
Plus  je  m'enivre  à  la  coupe  amoureuse 
Qu'en  souriant  ta  bouche  vient  m'offrir!... 
Viens,  ma  Lisette,  etc. 

Sur  ton  sein  blanc,  la  nuit,  ma  main  folâtre, 
L'aurore  vient,  que  je  l'y  trouve  encor; 
Alors,  pour  rien,  je  palpe  encor  l'albâtre 
Qu'à  mes  rivaux  tu  vends  au  poids  de  l'or. 
Viens,  ma  Lisette,  etc. 

Amant  heureux,  peu  m'importe  les  chaînes 
Qu'un  autre  amant  se  forge  auprès  de  toi, 
Quand  tu  me  dis  que  le  suc  de  tes  veines, 
Dans  tes  amours  ne  jaillit  que  pour  moi  ! 

Viens,  ma  Lisette, 

Viens,  ma  grisette, 
Le  plaisir  chez  moi  le  conduit, 

Quand  sur  ma  couche 

L'amour  nous  couche, 
Le  bonheur  règne  en  mon  réduit.      (1er) 

Perchelet. 

La  musique,  de  Rossini,  se  trouve  à  Paris,  chez 
L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame  de  Naza- 
reth. 

—PSBPa— — 

LE    POCIIARD. 

Air  ;  Si  j'étais  V  bon  Dieu 
Tiens,  je  n'  vois  plus  la  barrière, 
Ousquesont  l's  amis?... 


1S6 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Je  n'vois  plus  du  tout  d'  lumière, 

J'  suis-t'y  dans  Paris? 
J'  suis  trempé  sans  parapluie, 

Comm'  un  pauvr'  canard  ; 
J'ai  bu  d  la  bien  bonne  eau-de-vie. 

Ab!  j'  suis-t'y  pochard.  (Ws.) 

Les  amis  n'  sont  pas  en  peine 

Si  j'  vais  au  cass'-cou, 
Si  j'ai  mangé  ma  quinzaine, 

Si  j'  rentre  sans  1'  sou. 
.1"  m'  suis  fait,  par  cesbélitres, 

Fumer  comme  un  r'nard  ; 
J'  n'ai  pourtant  bu  qu'  dix-huit  litres. 

Ab  !  j'  suis-l'y  pochard. 

L'autre  jour,  à  la  Courtille, 

Au  vin  à  six  sous, 
A  propos  d'un'  petit'  fille, 

J'ai  zévu  des  coups. 
J'en   ai-t'y  r'çu  un  terrible 

Dans  mon  pauvr'  pétard  , 
On  n'  m'appell'  plus  l'invincible. 

Ah!  j'  suis-t'y  pochard. 

Mais  qu'est-ce  que  j'  sens  qui  m'  brouille? 

C'est  V  tabac  et  1'  vin, 
Je  crois  qu'  c'est  ça  qui  m'  farfouille 

Dans  les  intestine. 
Mais  qu'est-ce  que  j'  sens  là  qui  flotte? 

Diable!  il  est  trop  tard... 
Faudra  laver  ma  culotte. 

Ah!j'suis-t'y  pochard. 

Enfin,  j'avais  fait  l'emplette, 

Pour  mes  pauvr's  enfants, 
D'un'  pi<V  detrent'  sous  d'  galette, 

Vont-ils  être  contents 
J'  tài   ma  poch',  puisqu'enfin  j'  rentre. 

Faut-il  ètr'  gueulard! 
J  m'  la  suis  fourrée  dans  1'  ventre. 

Ah!  j'  suis-t'y  pochard. 

Allons,  n'  faut  pas  que  je  m'  blouse, 

Bon,  v'ià  la  mais  a  : 
Mais  que  qu'va  <!ir'  mon  épouse? 

liai-'  la  d'ssoua  r savon/ 


C'est  étortnant,  quel  silence! 

Quand  j'rentre  si  tard... 
Tiens...  j'suis  dans  les  lieux  d'aisance. 

Ah  !  j'  suis-t'y  pochard. 

Pour  vaincre  la  réprimande, 

Allons,  sus  V  moment... 
Ma  femm'  qu'est  un  peu  gourmande, 

N'  faisons  pas  Y  faignant... 
Moi  qu'est  toujours  si  sensible, 

Mais  queu  chien  d'hasard  ! 
Aujourd'hui  c'est  impossible. 

Ah  1  suis-t'y  pochard. 

Neveux  père. 


MORT    D'UNE    PUCE. 

1827. 
Air  des  Comédiens. 

il  a  péri,  l'insecte  téméraire 
Qui  de  ton  sang  buvait  le  doux  carmin  , 
11  n'a  pas  su,  redoutant  ta  colère, 
Se  dérober  à  ta  charmante  main. 

Il  sautillait,  et,  dans  sa  fuite  agile, 
Déjà  trois  fois  il  trompait  ton  espoir, 
Quand  tu  rendis  sa  retraite  inutile 
En  l'accablant  de  ton  léger  mouchoir. 

Fallait-il  donc,  comblant  son  infortune, 
Sur  sa  faiblesse  accomplir  ton  dessein?.. 
Qu'il  était  vif!  eh  !  que  sa  robe  brune 
Rehaussait  bien  la  blancheur  de  ton  sein! 

Il  a  péri,  l'insecte  téméraire 
Qui  de  ton  sang  buvait  le  doux  carmin. 
11  n'a  pas  su,  redoutant  ta  colère, 
Se  dérober  à  ta  charmante  main. 

Lorsque  la  nuit,  d'un  voile  impénétrable, 
Venait  cacher  tes  pudiques  appas, 
Le  libertin,  d'une  patte  coupable, 
Furtivement  u  «lissait  dans  les  draps. 


CHANSONS    BADINES    ET  G R I VOISES. 


is- 


Pour  ce  méfait,  fallait-il  le  détruire  ? 
k  ce  propos  tu  dis,  en  rougissant: 
«  Vouliez-vous  donc  que  ce  petit  vampire 
«  Jusques  au  jour  s'enivrât  de  mon  sang"? 

Il  a  péri,  l'insecte  téméraire 

Qui,  de  ton  sang,  buvait  le  doux  carmin  ; 

Il  n'a  pas  su,  redoutant  ta  colère, 

Se  dérobera  ta  charmante  main. 

Cet  animal,  si  j'en  crois  Pythagore, 
Sans  doute,  hélas  !  fut  jadis  un  amant 
Qui,  ple;n  d'émoi,  croyait  presser  encore 
L'aimab.vi  objet  de  son  emportement! 

Mais  qu'ai-je  dit?...  C'est  un  rival  peut-être 

Dans  ta  pudeur  il  a  dû  l'outrager 

Ah!  si  jamais  s'offrait  un  nouveau  traître, 
0  ma  Clara,  sache  encor  me  venger. 

Il  a  péri,  l'insecte  téméraire, 
Qui  de  ton  sang  buvait  le  doux  carmin  ; 
Il  n'a  pas  su,  redoutant  ta  colère, 
Se  dérober  à  ta  charmante  main. 

Justin  <  abassol. 

La  musique,  de  Millet,  se  trouve  notée  auN.  1916 
de  la  Clé  du  Caveau, 

■  i  n  ■  i ,~  i  r\  ~  u  m  i  ii 


PRIERE  D'UN  BON  CHRÉTIEN. 


1804. 
Air  .  Contentons-nous  d'une  simple  bouteille. 

Un  bon  chrétien  doit  au  ciel  sa  prière 
Pour  tous  les  biens  qu'il  reçoit  ici-bas  ; 
Mes  chers  amis,  c'est  l'instant  de  le  faire  ; 
N'oublions  point  à  la  fin  d'un  repas. 


De  prier  Dieu  pour  ceux  qui  n'en  ont  guère 
De  prier  Dieu  pour  ceux  qui  n'en  ont  pas 


fel  ,, 

Ybts- 


A  nos  héros,  cbers  amis,  de  la  guerre 
Abandonnons  les  assauts,  les  combats  : 


Nos  armes  sont  la  fourchette  et  le  verre, 
Pour  attaqur  la  bouteille  et  les  plats, 
En  priant  Dieu,  etc. 

Vous  que  j'ai  vus,  jadis,  dans  la  misère, 
Mangeant  sans  nappe  et  vous  couchant  sans  drap:. 
Tout  éblouis  d'un  éclat  éphémère, 
Envers  le  ciel  vous  vous  montrez  ingrats, 
Sans  prier  Dieu,  etc. 

Lorsque  parfois  le  sot  ou  le  vulgaire 
Vient  m'ennuyer  de  son  galimalliias, 
Tout  courroucé,  je  m'écrie  e*  colère  : 
Les  beaux  esprits  qu'on  rencontre  ici-bas 
Devraient  prier,  etc. 

Quand,  vers  le  ciel ,  élevant  leur  voix  claire. 

J'entends  chanter  de  malheureux  castras, 

En  bon  humain,  moi,  je  plains  leur  misère. 

Ces  pauvres  gens!répétai-je  tout  bas: 

Devraient  prier  pourceuxquin'enontguèrS,  j 

_,  .  .  .     ,  \\bis. 

Devraient  prier  pour  ceux  qui  non  on  pas.   ) 
Alphonse  Jlartaitivillc. 


UNE    COURSE    EN   OMNIBUS. 

1846. 

Air  de  l'Amour  romantique  (ChAN'Ui. 

Pour  une  course  pressée 

De  mon  cabas  embarrassée, 

Je  m'  trouv'  tout  just'  assez  d'  quibus 

Et  j'  grimp'  en  omnibus; 

Mais  qu'est-c'  donc  qui  s  oppose, 

A  c'  que  j'  puisse  y  entrer  plus  d'un  pied, 

Est-ce  que  j'aurais  quequ'chose 

De  pris  dansl'  marche-pied. 

Mon  Dieu  qu'é  malheur, 

Arrêtez,  conducteur; 

Pas  d'esclandre , 

Ici  je  veux  descendre; 

Mais  d'  vot'  intérieur, 
Grand  merci,  j'sors  d'en  prendre, 
Paroi'  d'honneur,  c'est  une  horreur  ! 


188 


CHANSONS    HOPULA!KK>. 


Pour  compagnons  d'  citadine, 
J'  vois  un  étudiant  en  méd'cine. 
Une  nourrice,  un  grand  cuirassier, 
Une  bonne,  un  tapissier, 
Un  peintre,  un  juif,  un  prêtre, 
Un'  douairière  et  son  perroquet, 
Un  caniche,  un  p'tit-maître; 
Allez...  partez...  complet. 
Mon  Dieu,  etc. 

N'y  a  plus  d'  place  sur  la  banquette, 
On  m'dit  d'jn'asseoir  sur  la  sellette. 
Sans  nul  égard  pour  mon  ampleur, 
Ma  taille  cl  ma  rondeur. 
D'un  nieubl'  que  j'  tiens  d' famille 
Sur  c"  tabouret  ça  fait  pitié, 
Je  n'  peux,  foi  d'honnêt'  fille, 
Déposer  qu'  la  moitié. 
Mon  Diou,  etc. 

A  la  plus  petite  secousse, 
Pan  1  via  ma  voisine  qui  me  r'pousse, 
A  chaqu'  pas  aux  moindres  cahots 
J'ai  mon  voisin  su'  1'  dos, 
Le  carabin  s'occupe 
A  m'  fair'  des  frictions  dans  les  reins. 
Et  1'  soldat  prend  ma  jupe 
Pour  s'essu)cr  les  mains. 
Mon  Dieu,  etc. 

En  rajustant  sa  cravate, 
Le  p'Iil-maUr'  me  dit  :  ma  p'tite  chatte. 
Voulez-vous,  au  grand  Hamponeau, 
Accepter  un  morceau. 
Sonl-ils  galants  ces  hommes 
Vouloir  m'emm'ner  au  cabaret, 
Dans  1'  quartier  où  nous  sommes 
N'y  a  donc  pas  d'  cabinet. 
Mon  Dieu,  etc. 


Le  curé  fil'  à  la  Sorbonne, 
L'  troupier  descend  à  la  colonne. 
La  nourrice  entre  aux  orphelins, 
L'  tapissier  aux  Gob'lins, 
Vers  la  Bours'  le  juif  trotte, 


L'  docteur  reste  au  quartier  latin, 
Moi,  quanci  j'  vois  la  galiote, 
.1'  dis  en  lorgnant  Y  voisin: 
Mon  Dieu  qu'é  malheur, 
Arrêtez,  conducteur, 
Pas  d'esclandre, 
Ici  je  veux  descendre; 
Mais  d'  vot'  intérieur, 
Grand  merci,  j'  sors  d'en  prendre, 
Paroi'  d'honneur,  c'est  une  horreur  1 

Otarie*  Colmaucc. 


LES  COQUILLES   D'HUITRES. 

Air  .  Dieu  !  que  c'est  gentil  la  grisolle  ! 

Une  fillette  connaissant 

Mon  penchant  pour  la  gourmandise, 

Conçut  le  projet  innocent 

De  me  vendre  sa  marchandise. 

«  Fais,  me  dit-elle,  un  doux  effort, 

«  Viens  avec  moi,  fleur  des  bons  drilles  (bis 

«  D'une  huître  qui  te  plaira  fori 

«  Je  te  ferai  voir  les  coquilles.  » 

Arrivés  dans  certain  endroit, 
La  belle,  toujours  franche  et  bonne, 
Me  désigne  du  bout  du  doigl 
La  place  de  l'huître  mignonne. 
Soudain  je  me  dis  :  Qu'est  cela? 
Quelle  quantité  de  broutilles  : 
L'huître,  a  coup  sûr,  doit  être  là. 
Mais  je  n'en  vois  pas  les  coquilles. 

Le  temps  nous  change  quelquefois, 
Me  répond  la  maligne  Alice; 
Mon  cher,  celte  place,  autrefois; 
Autant  que  ma  main  était  lisse, 
J'y  vis  pousser,  en  grandissant, 
Une  mousse  des  plus  gentilles  ; 
Puis  la  mousse  en  épaississant 
l'init  par  cacher  les  coquilles. 


CHANSONS    BADINES   ET   GRIVOISES. 


189 


Sous  les  taillis  qui  les  couvraient 
La  recherche  fut  prompte  à  faire, 
Par  malheur,  elles  se  trouvaient 
Closes  d'hermétique  manière. 
Mais  pour  un  amateur  adroit 
Ce  ne  sont  là  que  des  vétilles  ; 
Rien  que  la  chaleur  de  mon  doigt 
Fit  entrebâiller  les  coquilles. 

Sans  y  réfléchir  j'enfonçai 

Ce  pauvre  doigt  jusqu'à  la  garde; 

Aussi  comme  je  fus  pincé  I 

De  l'être  ainsi  que  Dieu  vous  garde. 

Et  ce  doigt,  grâce  au  cotillon, 

Quoique  droit  encore  sur  ses  quilles. 

Portera  toujours  le  sillon 

Du  mal  que  m'ont  fait  les  coquilles. 

Malgré  le  mal  qu'il  ressentit, 
Messieurs,  l'auteur  ici  publie 
Que  rien  n'excite  l'appétit 
Comme  une  huître  fraîche  et  jolie. 
Mais  une  huître  ayant  quelquefois 
Aux  gourmands  fait  porter  béquilles. 
Ayons  soin  de  garnir  nos  doigts 
Pour  les  fourrer  dans  les  coquilles. 

Emile  Debrcaux. 


ADIEU,  FANCHON. 


C'est  fini,  Fanchon,  plus  d'affaire.  ' 
Crois-tu  donc  que  j'  suis  t'un  jobard  ? 
Dimanche,  avec  1'  filsd'  la  fruitière, 
T'as  cancanné  z'à  mon  égard  ; 
T'as  dit  quej'  n'avais  plus  d'  chemise, 
Et  qu'  je  m' livrais  à  la  boisson  ; 
Je  n'veux  pas  d'un'  femm'  qui  m'  détruise. 
Adieu,  Fanchon. 

Va-t'en  z'avec  1'  fils  d'  ta  fruitière, 
Filer  z'un  nouveau  sentiment. 
Rengorge- toi,  fais  bien  la  fière. 


T'as  là  z'un  amant  conséquent. 
I  l'  boira  la  dernière  nippe; 
Moi,  pour  m'  mettre  à  ton  unisson, 
J'étais  sur  Y  point  d'  quitter  la  pipe. 
Adieu,  Fanchon. 

Rappell's-toi  bien  qu'  dans  mon  délire 
J'  t'aurais  donné  îïnfinité: 
J' t'avais  promis  un  d'mi-cach'mire, 
Et  d'  l'amour  pour  l'éternité  ; 
J'aurais  pas  voulu  t'  conter  d'  gosse, 
C'était-y  là  z'un  horizon  ! 
Eh  ben  !  c't'  horizon-là  t'  fait  brosse, 
Adieu,  Fanchon. 

En  dépit  d'un'  paçeill'  tendresse, 
Tu  m'  bats  un  six  pour  un  rival, 
T'as  donc  sucé  1'  lait  d'un'  tigresse 
Dans  quéqu'  paroiss'  du  Sénégal  ? 
Mais,  au  surplus,  r'tiens  bien  1*  quantième 
Ousque  tu  m'  fis  c'tte  trahison, 
Tu  n'  m'en  r'coul'ras  pas  un'  deuxième. 
Adieu,  Fanchon. 

T'as  p't-êtr'  cru  que  j'  frais  la  folie 
D'empoisonner  tout  un  av'nir; 
T'as  p't-êtr'  cru  qu'je  m'  défrais  d'  la\ie: 
Oui,  plus  souvent  que  j'  vas  m'  périr  ! 
Moi  !  m'  calciner  Y  cœur  et  la  tète 
Pour  un'  femm'  qu'  a  pas  null'  raison; 
Dieu  de  Dieu,  qu'il  faudrait  êtr'  bête  I 
Adieu,  Fanchon. 

MORALE. 

0  perfide  coquetterie, 
Que  tes  effets  sont  désastreux  ! 
Tant  pus  que  l'on  se  croit  jolie, 
Tant  pus  qu'on  mène  un  amoureux: 
Dans  ses  filets  on  s'entortille, 
Quand  on  tir'  trop  tort  sur  l'ham'çon, 
La  ligne  s'eass',  bonsoir  l'anguille. 
Adieu,  Fanchon. 

Edouard  \eveus. 


190 


CHANSONS   POPULAIRES. 


LA    BONBONNIERE 


Al  R  du  Portrait  de  la  vie. 

Lorsque  je  mois  la  plume  en  main 
Pour  un  couplet  de  chansonnette, 
Ce  n'est  jamais  qu'avec  dessein. 
De  bâtir  une  historiette. 
Ce  que  je  veux  vous  raconter 
Est  une  méchante  aventure  ; 
Mes  cliers  amis,  faut  l'écouter, 
Vous  en  rirez,  je  vous  le  jure. 

Aglaé  compte  ses  quinze  ans, 
Et  de  Vénus  porte  les  charmes, 
Aussi,  voit-on  tous  les  amants 
A  ses  pieds  déposer  les  armes. 
Elle  possède  un  seul  défaut, 
Oui  ne  l'est  pas  à  sa  manière, 
Ce  sont  des  bonbons  qu'il  lui  faut, 
Puis  elle  ouvre  sa  bonbonnière. 

Mais  s'il  vient  un  gros  financier, 
Voulant  lui  parler  d'amourette, 
Elle  le  prend  pour  son  caissier, 
Tout  en  regardant  sa  pochette. 
Alors,  sans  plus  de  réflexion, 
Afin  de  terminer  l'affaire, 
Dans  l'espoir  d'avoir  du  bonbon, 
Elle  prête  sa  bonbonnière. 

Mais  s'il  survient  de  ces  chalands, 
Comme  on  en  voit  dans  cette  ville, 
Beaucoup  d'amour  et  pas  d'argent, 
Alors,  la  chose  est  difficile. 
Elle  dit  :  vos  discours  sont  bons, 
Mais  ils  ne  font  pas  mon  affaire. 
Si  vous  n'avez  pas  de  bonbons, 
Vous  n'aurez  pas  ma  bonbonnière 

Pardonnez-moi,  sexe  charmant, 
D'avoir  chanté  la  bonbonnière, 
Ce  sujet  me  parut  plaisant, 
Puisqu'il  me  servit  de  matière. 


Je  suis  un  homme  sans  façon. 
Qui  fait  des  vœux  bien  téméraires, 
Je  vous  fournirai  du  bonbon, 
Procurez-moi  vos  bonbonnières. 


Cogvn. 


LA   JEUNE  PORTIERE. 

Aus  .  Alerte  !  alerte  /ou  :  Bataille!  bataille! 

Je  suis  une  jeune  portière. 
Assez  fraîche  et  peu  cancanière. 
Je  possède  quelques  appas. 
Dans  ma  loge,  du  haut  en  bas, 
L'amour  prend  ses  ébats! 
Je  tire...  je  tire... 

Avec  délire, 

Grâce,  abandon  ; 

Je  tire  ..  je  tire... 

Le  cordon  ! 

Le  groom  de  notre  agent  de  change 
Me  pince  et  m'appelle  son  ange  ■ 
Il  est  bien  fluet,  le  coquin, 
Mais  qu'il  est  vif  et  libertin  ■ 
Je  cède  à  ce  lutin  1 
Je  lire...  etc. 


L'intendant  de  monsieur  Saint-Bricc 
Me  fait  souvent  l'œil  en  coulisse. 
Ce  vieux  grigoux  n'est  pas  tentant, 
Mais,  pour  lui,  je  fais  tout  pourtant, 
Car  il  a  du  comptant  ! 
Je  lire...  etc. 

Le  valet  de  chambre  Narcisse 
Souvent  dans  ma  loge  se  glisse, 
Pour  sa  vigueur  il  est  cité; 
Je  veux,  par  curiosité, 
Voir  s'il  est  trop  vanté. 
Je  tire...  etc. 


CHANSONS   BADINES   ET  GRIVOISES' 


191 


Le  cuisinier  du  pair  de  France, 
Sur  mon  cœur,  fonde  une  espérance 
Il  est  bien  gras,  il  est  bien  laid  ! 
Qu'importe  !  il  m'offre  maint  poulet. 
La  volaille  me  plaît  ! 
Je  tire...  etc. 

Le  petit  laveur  de  vaisselle, 
En  tremblant  dit  que  je  suis  belle  ; 
Quand  il  peint  mal  sa  passion, 
Je  fais,  avec  intention, 
Son  éducation. 
Je  tire,  etc. 

Le  chasseur  de  notre  duchesse 
Devant  moi  passe  et  se  redresse, 
Le  gaillard  est  fait  à  ravir. 
Dût  la  noble  dame  en  patir, 
Contentons  mon  désir  ! 
Je  tire...  etc. 

A  deux  battants  ouvrant  ma  porte, 
Au  cocher,  je  prête  main-forte; 
Quand  je  le  vois  prêt  à  broncher, 
Je  dis  pour  le  faire  marcher  : 
Allons,  fouette,  cocher  I 
Je  tire...  etc. 

L'homme  qui  frotte  la  duchesse, 
Dit  qu'on  peut  briller  sans  richesse. 
Quittant  cette  dame  d'honneur, 
Il  met,  cet  habile  frolteur, 
La  portière  en  couleur. 
Je  tire...  etc. 

La  portière  est,  dit-on,  maussade , 
Dans  le  quartier  elle  bavarde; 
Je  me  suis  fait  une  autre  loi, 
Je  remplis  bien  mieux  mon  emploi; 
Tout  à  mon  devoir,  moi, 
Je  tire...  je  tire... 

Avec  délire, 
Grâce,  abandon; 
Je  tire...  je  tire... 
Le  cordon  ! 

Justin  Cabassol. 


BABET  ET  COLIN. 


S'en  retournant  au  village, 

Babet  trouva  Colin 
Près  du  moulin, 
Qui  revenait  de  l'ouvrage 

Et  passait  son  chemin. 

Elle  ramasse  une  motte, 
Pour  jeter  en  passant 

A  ce  galant  ; 
Mais  elle  fut  bien  sotte 
Quand  Colin  la  lui...  rend. 

S'en  retournant  au  village,  etc. 


Babet  se  mit  en  colère. 
Et  dit  :  monsieur  Colin, 
Ça  n'est  pas  bien  ; 

Je  n'ai  qu'à  vous  laisser  faire, 
Otez  donc  votre  main. 

S'en  retournant  au  village,  etc. 


Colin  ne  l'écouta  guère, 

Et  fut  toujours  son  train, 

Comme  un  lutin, 
Babet  finit  par  se  taire, 

Et  Babet  fit  fort  bien. 
S'en  retournant  au  village,  etc. 

Celte  chanson  doit,  sans  doute, 

Être  au  jeune  tendron 

Une  leçon  ; 
On  ne  doit  pas,  sur  la  route, 

Attaquer  un  garçon. 
S'en  retournant  au  village, 

Babet  trouva  Colin 
Près  du  moulin, 
Qui  revenait  de  l'ouvrage 

Et  passait  son  chemin. 

Paroles  d'un  anonyme. 


193 


CHANSONS   POPHLAIRES. 


A   CE  SOIR. 

A  ce  soir,  à  ce  soir,  à  ce  soir, 
Annette.  gentille  brunette, 
Eu  tapinois,  en  tapinois, 
J'irai  le  voir  ; 
Annette,  c'est  à  ce  soir. 

Lorsque  le  soleil  dans  sa  course 
Sera  près  d'atteindre  son  but, 
Tu  me  verras,  ma  mie  si  douce, 
A  tes  charmes  payer  tribut. 
Rien  à  vive  flamme 
Ne  résistera  ; 
Ne  ferons  qu'une  âme 
Qu'amour  charmera. 
A  ce  soir,  etc. 

— Mais  du  village  c'est  la  fête  : 
D'être  rosière  j'ai  l'espoir, 
Et  si  tu  viens  dans  ma  chamhrette, 
Les  voisins  pourront  te  voir. 

—  Quoi  pour  une  couronne 
Tu  refuserais 

Les  plaisirs,  ma  mignonne, 
Qu'amour  nous  promet  '? 
A  ce  soir,  etc. 

—  Cher  Lubiu,  je  n'ai  qu'une  chaise, 

—  Elle  servira  pour  nous  deux. 

—  Mais  tu  seras  mal  à  ton  aise. 

—  Près  de  toi  je  suis  au  mieux. 
Mais  si  ton  lit  est  mince  , 

Ce  qui  s'aperçoit, 
Je  me  croirai  un  prince 
Si  tu  m'y  reçois. 
A  ce  soir,  etc. 

—  Si  je  ne  cède  à  ta  prière, 

Mon  cher  Lubin,  ne  m'en  veux  pas  : 
C'est  que  souvent,  m'a  dit  ma  mère, 
L'amour  heureux  sitôt  s'en  \a. 

—  Ah!  ne  crois  pas  ma  chère 
A  ce  dicton  menteur  ; 

Crois  plutôt  que  ta  mère 
A'  'isede  ton  cœur. 

A  ce  soir,  à  ce  soir,  à  ce  soir  , 
Annette,  gentille  brunette, 


En  tapinois,  en  tapinois, 

J'irai  te  voir; 

Annette,  c'est  à  ce  soir. 

Flriuln. 

La  musique  est  de  l'auteur  des  paroles. 


LA  BONNE  AVENTURE. 

Jeunes  filles  qui  portez 

Blonde  chevelure, 
L'amour  vient  de  tous  côtés 
Rendre  hommage  à  vos  beautés, 
La  bonne  aventure,  ô  gué  ! 
La  bonne  aventure  l 

Longue  souffrance,  en  aimant, 

Est  chose  bien  dure. 
Mais  lorsqu'un  heureux  amant 
Plaît  au  premier  compliment, 
La  bonne  aventure,  ô  gué  ! 

La  bonne  aventure! 

Voir  sans  obstacle  un  ami, 

Bagatelle  pure  ! 
Mais  pour  un  amant  chéri 
Tromper  tuteur  ou  mari. 
La  bonne  aventure,  ô  gué! 

La  bonne  aventure. 

Si  l'amour  d'un  trait  malin 

Vous  a  fait  blessure, 
Prenez-moi  pour  médecin 
Quelque  joyeux  boule-en-train. 
La  bonne  aventure,  ô  gué! 

La  bonne  aventure! 

Suivons  un  penchant  flatteur, 

Sans  peur  du  murmure. 
Est-il  plus  grande  douceur 
Que  celle  que  donne  au  Ci nu- 
La  bonne  aventure,  ô  gué! 

La  bonne  aventure  l 

Diuiroiirt. 

Air  ancien,  noté  au  N.  302  de  la  Clé  du  C 


Paris.  —  Imprimerie  de  Pillet  fils  utné,  rue  des  Grands-Auguslins,  lï. 


(bis.) 


LES  DISTANCES. 

1800. 

Lise  épouse  1'  beau  Germance  ; 
L'  jeune  époux  a  d'  la  naissance, 
La  belle  Lis'  n'en  a  pas, 
Mais  elle  a  beaucoup  d'appas  : 
En  vain  l'orgueil  en  murmure, 
L'  mari  se  moque  d'  tout  ça, 
L'amour  ainsi  qu'  la  nature 
N'  connaît  pas  cps  distanc's-là. 

Jupin,  grand  épouseux  d'  belles, 
S'  mariait  a  des  mortelles  : 
Pour  contracter  c'  bel  hymen, 
Ell's  n'avaient  pas  d'  parchemin. 
A  sa  gentille  future, 
C  dieu  n'  demandait  pas  tout  ça. 
L'amour,  etc. 

Quand  Vénus  sortit  de  l'onde, 
Elle  vint  tout'  nue  au  monde; 
Elle  n'était  pas  d'  qualité, 
Mais  elle  avait  d'  la  beauté: 
Chacun  voyant  sa  figure, 
S'  dit  noblesse  n'  vaut  pas  ça, 
L'amour,  ainsi  qu'  la  nature 
N'  connaît  pas  ces  distanc's-là. 

Bouilly. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  X.  300 
de  la  Clé  da  Caveau. 


LES  PAGES  FRANÇAIS. 

Mon  jeune  page  un  jour  m'invite 
A  nous  promener  loin  du  port; 
Je  cède  sans  crainte,  et  de  suite 
L'esquif  s'éloigne  du  bord. 

Accepter  à  mon  âge, 

Était  imprudent,  mais 
Qui  pourrait  refuser  un  page 

Un  page  français. 

88 


Mais  à  peine  sur  l'onde  amère. 
Bien  loin  du  rivage  étions-nous 
Que  le  page  trop  téméraire. 
Hélas!  tombe  à  mes  genoux. 

On  est  faible  à  mon  âge, 

Je  combats  pourtant;  mais 
Peut-on  longtemps  combattre  un  page, 

Un  page  français. 

Soudain  un  corsaire  barbare 
Uui  rôdait  sans  cesse  par  ià, 
iS'ous  voit,  vole,  nous  sépare, 
Et  vient  me  vendre  au  pacha. 

Tout  console  à  mon  âge, 

Tout  plaît  encore,  mais 
Qui  pourrait  oublier  un  page, 

Un  page  français. 

Théaulon  et  .4.  Dartois. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N.  1130 
delà  Clé  du  Caveau. 


LE  SOUPER  DE  MANON. 

1849. 

Biaise,  dit  la  fillette, 

Je  viens  souper  chez  vous... 

—  Souper  dans  ma  cliambrette! 
Mais  comment  ferons-nous?... 
Car  je  n'ai  qu'une  assiette... 

—  C'est  assez,  dit  Manon. 
Biaise  prétend  que  non! 

Biaise,  mon  ami  Biaise, 
On  est  très-bien  ici; 
Mettez-vous  à. votre  aise, 
Asseyons-nous  ainsi... 

—  Mais  je  n'ai  qu'une  chaise  ! 

—  C'est  assez,  dit  Manon. 
Biaise  prétend  que  non  ! 

Une  chaise,  une  assiette, 
Cela  suffit  vraiment, 

T.  ii.  —  29. 


19« 


CHANSONS  POPULAIRES. 


Partageons  la  serviette 

Et  soupons...  — Mais  comment?... 

Je  n'ai  qu'une  fourchette!...  ^ 

—  C'est  assez,  dit  Manon. 
Biaise  prétend  que  non  ! 

Biaise,  qu'allez-vous  faire? 

—  Je  ne  fais  rien  du  tout. 

—  Voulez-vous  bien  vous  taire!... 
Biaise,  buvons  un  coup.. 

—  Mais  je  n'ai  qu'un  seul  verre!... 

—  C'est  assez,  dit  .Manon. 
Biaise  prétend  que  non  ! 

Vous  froissez  ma  toilette, 

Biaise,  délacez-moi... 

Tirez  ma  collerette... 

Et  coucbons-nous...  —  Sur  quoi?... 

Je  n'ai  qu'une  couchette... 

—  C'est  assez,  dit  Manon, 
biaise  prétend  que  non  ! 

Mais  quoi!...  Biaise  lui-môme, 
Le  matin,  à  mi-voix 
Disait  :  «  Manon,  je  t'aime  !  » 
Pour  la  troisième  fois... 
Non,  pour  la  qualrième!... 

—  C'est  assez,  dit  Manon. 
Biaise  prétend  que  non! 

tumuu'  ftadaud. 

Cette  chanson  est  extraite  des  chansons  de  Gus- 
tave Nadaud,  nouvelle  édition,  un  beau  volume 
in-18.  Prix  ;  2  fr.  50  ent. ,  chez  L.  Vieillot,  32,  rue 
Notre-Dame-de-Nazareth. 

La  musique,  de  l'auteur  les  paroles,  se  trouve 
chez  L,  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de- 
ISazareth. 


ENCORE    UN    D'ENFONCÉ 

A  lu   Du  dieu  da  bonnet  cent. 

Eire  enfonce  Boni  doux  mots  en  usage 
Pour  deagner  qu'on  n'a  pas  réussi- 


Et  j'ai  choisi  ce  populaire  adage 
Pour  le  refrain  des  couplets  que  voici. 
Dans  la  chanson  dont  je  vous  fais  l'annonce, 
Vous  trouverez  plus  d'un  vers  mal  tracé; 
Eh  bien  !  amis,  chantez,  si  je  m'enfonce, 
Encore  un  d'enfoncé  !  {bis.) 

De  s'enrichir  croyant  l'heure  venue, 
Le  mois  dernier,  un  marchand,  mon  voisin, 
Ouvre  à  grands  frais,  au  coin  de  notre  rue, 
De  nouveautés  un  pompeux  magasin; 
Mais  tant  de  luxe  éloigne  la  pratique, 
VA  de  briller  notre  homme  si  pressé, 
Depuis  hier  a  fermé  sa  boutique. 
Encore  un  d'enfoncé! 

Dans  maint  théâtre  on  prend  une  habitude 
Assez  plaisante,  il  faut  en  convenir  : 
D'avance  on  vante  un  ouvrage  à  l'étude  , 
C'est  un  chef-d'œuvre,  il  devra  réussir. 
L'épreuve  arrive  et  le  chef-d'œuvre  tombe  , 
Puis  le  public,  que  la  pièce  a  lassé. 
Dit  e^  riant  de  l'auteur  qui  succombe, 
Encore  un  d'enfoncé  ! 

Il  fallait  voir  dans  leurs  beaux  jours  de  gloire 
Nos  vieux  soldats  gaîment  marcher  au  feu  ■ 
Avec  ces  preux,  vrais  fils  de  la  victoire, 
Prussiens,  Anglais,  vous  n'aviez  pas  beau  jeu! 
Et,  chaque  fois  qu'un  ennemi  farouche 
Tombait,  par  eux  mortellement  blessé. 
Us  s'écriaient,  déchirant  la  cartouche  : 
Encore  un  d'enfoncé  ! 

Dans  une  noce  où  la  gaîté  s'épanche, 
Qu'avec  plaisir  j'attends  le  lendemain  1 
Du  marié,  l'allure  vive  et  franche, 
Trahit  le  secret  de  l'hymen; 
Doux  souvenir  fait  soupirer  encore 
La  jeune  épouse,  et  mon  œil  exercé 
Lit  sur  son  front  que  la  pudeur  colore  . 
Encore  un  d'enfoncé  1  {bis.) 

Jules  l.eroy. 

La  musique,  de  Doche.se  trouve  notée  au  N.  833 
de  la  Clé  du  Caveau. 

MMMÉHM 


CHANSONS  BADINES  ET  GRIVOISES. 


!9ï 


COLIN  ET   COLINETTE. 


Colin  et  Colinelte, 
Dedans  un  jardinet, 
Assis  dessus  l'herbette 
Faisaient  un  beau  bouquet, 
Avec  quelqu'autre  chose 
Que  je  ne  dirai  pas. 
Quoi  donc?  quoi  donc  ? 
Mais  je  n'ose,  mais  je  n'ose, 
Ne  m'en  tendez-vous  pas? 

Colin,  plus  chaud  que  braise, 
La  jette  sur  le  jonc, 
Et  là,  tout  à  son  aise, 
U  lui  prend  le  menton 
Avec  quelqu'autre  chose,  etc. 

Mais  ce  berger  peu  sage, 
Enflammé,  plein  d'ardeur, 
Lui  fit  voir  qu'à  son  âge 
On  a  toujours  du  cœur, 
Avec  quelqu'autre  chose,  etc. 

Lassé  du  jeu,  Lisette, 
Dans  les  bras  de  Colin, 
S'endormit  sur  l'herbette 
Le  lenant  par  la  main  , 
Avec  quelqu'autre  chose, 
Que  je  ne  dirai  pas. 
Quoi  donc?  quoi  donc? 
Mais  je  n'ose,  mais  je  n'ose, 
Ne  m'entendez-vous  pas? 

Paroles  d'un  anonyme. 


L'OCCASION   MANQUÉE. 


Ah!  maman,  que  je  l'échappe  belle! 
Colin,  ce  matin,  s'était  glissé  dans  ma  ruelle. 
Ah!  maman,  que  je  1  échappe  belle  ! 
Qu'on  a  bien  raison 
De  se  méfier  d'un  garçon  ! 


Il  s'approche  de  moi  sans  rien  dire  : 
Le  fripon  soudain 
Me  prend  la  main! 
Je  la  retire, 
Il  sourit;  je  le  grnnde,  il  soupire; 

Mais  en  soupirant, 
Dieu  !  qu'il  avait  l'air  séduisant! 
Ah  !  etc. 

Il  poursuit;  je  m'étonne,  il  m'embrasse* 
Un  prudent  effort 
De  son  transport 
Me  débarrasse; 
Mais  voyant  redoubler  son  audace. 

J'avais  bien  regret 
De  n'avoir  pas  mis  de  corset, 
Ah  1  etc. 

Malgré  moi  mon  sein  frappe  sa  vue  : 
Je  le  couvre  en  vain; 
11  va  plus  loin; 
J'en  suis  émue. 
Les  deux  mains  quand  on  est  presque  nue 
Ne  suffisent  pas 
Pour  voiler  ce  qu'un  a  d'appas. 
Ah!  etc. 

En  tremblant  je  recule,  il  s'avance. 
Le  traître  à  l'instant, 
D  un  air  content, 
Sur  moi  s  élance: 
Son  ardeur  forçait  ma  résistance  : 
Mais  le  suborneur 
S  enfuit  voyant  venir  ma  sœur 

Ah!  maman,  que  je  l'échappe  belle  ! 
Colin,  ce  matin,  s'était  glissé  dans  ma  ruelle. 
Ah  1  maman  ,  que  je  l'échappe  belle  ! 
Qu'on  a  bien  raison 
De  se  méfier  d'un  garçon! 

Varié. 

Air  anglais,  noté  au  N.  lô  de  la  Clé  du  Caveau 
— ooeogaooo— 


196 


CHANSONS    POPULAIRES. 


ARRETONS-NOUS  LA. 

Air  de  Mnnon  Giroux. 

Muse,  allons  vite,  à  l'ouvrage. 
L'  sujel  m'  paraît  bon, 
Franchissons  avec  courage 

Le  double  vallon  ! 
Mais...  chez  Momus  eu  ivresse 

Puisque  nous  voilà, 
Avant  d'aller  au  Permesse. 

Arrêtons-nous  là. 

Rose  qu'on  dit  peu  farouche. 

Aurait  mille  appas, 
Si  ses  oreill's  et  sa  bouche 

Ne  se  touchaient  pas. 
On  lui  ditencor  queuqu'chose 

D'plus  grand  que  cela, 
Mais,  par  charité  pour  Rose, 

Arrêtons-nous  là. 

Thémire,  à  quinze  ans  novice, 

N'  savait  pas  dir'  trois, 
Quand  Lubin  avec  malice 

L'attira  dans  l'bois. 
Depuis  c'  temps  avec  Thémire 

Quand  au  bois  il  va, 
Rar'ment  elle  oublie  d'  lui  dire  . 
Arrêtons-nous  là. 

Quand  nous  voguons  vers  Cythère, 

Afin  dêtre  heureux. 
N'  mettons  jamais  pied  à  terre 

Dans  un  ch'min  douteux; 
Si  nous  touchons  l-  cœur  d'un'  belle 

Qu'amour  maltraita. 
Craint'  d'êtr'  maltraité  par  elle, 

Arrêtons-nous  là. 

Si  nous  trouvons  jeune  fille 

Qu'attire  1'  plaisir. 
Et  dont  l'œil  malin  pétille 

D'amour  el  <1  désir, 
Saisissons  d'une  main  leste 

Les  appas  qu'elle  a; 


Et,  pour  bien  juger  du  reste, 
Arrêtons-nous  là. 

Six  couplets  pour  un'  bluette, 

Muse,  c'est  c'  qu'il  faut, 
Aussi  bien  d'  noir' chansonnette 

Je  n'  vois  qu'  trop  1'  défaut. 
Si  la  critique,  qui  veille, 

Jusqu'ici  n'  parla, 
Craignons  d'  blesser  son  oreille, 

Arrêtons- no  us  là. 

Perrhelet. 

Air  ancien,  noté  au  N.  034  de  la  Clé  du  Caveau. 


SUZETTE. 

Ai  r  du  vaudeville  de  Sans  tambour  ni  tompette 

Suzette,  qui  d'esprit  pétille, 

Me  parut  si  gentille, 
Qu'en  mon  cœur  son  minois  laissa 
Certain  désir  qui  se  devine, 
Et  puis  une  flamme  divine 
Dans  mes  sens  soudain  se  glissa... 
Voilà  pourquoi  toujours  je  guette 

La  petite  Suzette. 

Elle  plaît  à  tout  le  village, 
Mais  elle  est  fille  sage  : 
Pourtant  assez  souvent,  dit-on, 
Avec  Lucas  elle  badine. 
Cela  quelquefois  me  chagrine, 
Car  Lucas  est  joli  garçon. 
Voilà  pourquoi  toujours  je  guette 
La  petite  Suzette. 

D'un  bijou  qui  vient  de  <a  mère, 
Klle  est  dépositaire, 
Chacun  cherche  à  l'en  dessaisir, 
Le  plus  galant  j  perd  sa  peine. 
Ah  !  .le  peur  qu  on  ne  le  lui  prenne , 
Mon  cœur  voudrait  le  lui  ravir  ; 
\  oilà  pourquoi  toujours  je  guette 
La  petite  Suzette. 


CHANSONS  BADINE?   ET   GRIVOISES 


v:>- 


Avec  elle  un  jour,  à  Cythère, 

Je  mettais  pied  à  terre. 
L'Amour  alors  vint  à  passer, 
II  effraya  la  jouvencelle, 
En  s'esquivant  de  ma  nacelle, 
Elle  me  promit  un  baiser. 
Voilà  pourquoi  toujours  je  guette 

Le  petite  Suzette. 

Un  soir,  qu'elle  dormait  seulette, 
J'entrai  dans  sa  chambrette. 

D'amour  j'invoquai  le  pouvoir; 

Bientôt  mon  âme  fut  ravie. 

De  revoir  l'espiègle  endormie 

J'ai  conservé  le  doux  espoir... 

Voilà  pourquoi  toujours  je  guette 
La  petite  Suzette. 

Perrhelet 


MONSIEUR    DELORME. 

Air  :  Je  n'ai  pas  l'honneur  de  vous  connaître. 

«  Allons,  criait  un  voyageur, 

«  Mon  cher  hôte,  apportez  la  carte, 

«  Il  est  bientôt  jour,  et  d'honneur, 

«  Par  le  coche  il  faut  que  je  parle.  » 

L'hôte  se  lève  ..  au  même  instant 

Un  jeune  preux  en  uniforme, 

Près  de  sa  femme  se  glissant, 

Devient  son  zélé  remplaçant. 

Qu'il  est  bon  là  monsieur  Delorme!  (bis.) 

Le  bonhomme,  le  compte  fait, 
Relourne  auprès  de  sa  compagne, 
Et  de  son  monde  satisfait, 
Il  pense  à  se  mettre  en  campagne. 
«  Comment,  dit  la  dame,  deux  fois... 
«  Avant  tout  il  faut  que  je  dorme. 
«  —  Ma  bonne,  vous  rêvez,  je  crois, 
«  Ou  je  suis...  frustré  dans  mes  droits.  » 
Qu'il  est  bon  là  monsieur  Delorme  I 

Une  nuit,  d'un  air  triomphant, 
La  bouche  pleine  de  pistaches, 


A  terme  fixe  un  bel  enfant 
Vint  au  monde  avec  des  moustaches. 
Du  plaisir  repoussant  l'attrait, 
L'époux  à  son  sort  se  conforme. 
«  Mon  fils,  dit-il,  est  mon  portrait; 
«  Il  me  ressemble  trait  pour  trait.  » 
Qu'il  est  bon  là  monsieur  Delorme! 

On  cite  dans  tout  le  pays 

Ce  trait  qui  fait  honneur  aux  dames. 

Mais  depuis  ce  temps  les  maris, 

Au  lit,  ne  quittent  plus  leurs  femmes. 

Quant  à  l'hôtelier,  dont  le  goût 

Est  d'être  père  pour  la  forme, 

Il  dit  à  qui  le  pousse  à  bout, 

Qu'il  a  des  confrères  partout. 

Qu'il  est  bon  là  monsieur  Delorme! 

Paroles  d'un  anonyme 


LE  SÉJOUR   DES  DAMNES. 

Air  :  falmons  que  l'on  chante  gaimenU 

Hier  au  séjour  des  damnés, 
Gens,  ma  foi,  fort  aimables, 
Je  vis  de  très  bons  diables, 
Et  dont  les  airs  sont  des  plus  gais. 
Satan  le  père, 
Franc  et  sévère, 
Vidait  gaîment  son  assiette  et  son  verre, 
Et  les  damnés  et  les  démons 
Vidaient  ensemble  leurs  flacons 
Au  bruit  des  cris,  des  ris  et  des  chansons. 
Quel  aimable  délire 
Dans  l'infernal  empire! 

Non,  ventrebleul 
Jamais  on  n'a  vu  pire. 

La  Pompadour  et  Mazarin, 
Avec  Jeanne-la-Folle, 
Jouaient  à  pigeon-voie, 
En  compagnie  avec  Mandrin; 

Puis  Robespierre, 

Robert-Macaire, 


198 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Carambolaient  Catin  la  vivandière. 
Cartouche,  Henri  IV  et  Calvin, 
Tous  les  trois  chantaient  au  lutrin 

Vivent  les  filles  et  vive  le  bon  vin. 
Quel,  etc. 


Assis  à  côté  de  Ninon, 
Jean  Bail  faisait  l'aimable; 
Judas  faisait  l'affable, 
A  côlé  du  mauvais  larron. 
Platon,  Socrate 
ICI  Mithridate 
Se  disputaient  la  belle  Cléopâlre; 
Et  puis  je  vis  un  peu  plus  loin 
Marinn  Delorme  dans  un  coin 
Faisant  la  gueuse  avec  un  vieux  Bédouin. 
Quel,  etc. 

Mahomet,  qui  se  trouvait  gris, 
Dansait  la  carmagnole. 
Et  Fieschi  se  désole 
De  ne  pas  trouver  un  ami  ; 
Quelques  sœurs  grises, 
Tant  soit  peu  grises, 
Aux  diablotins  racontaient  des  bêtises, 
Et  les  actrices  et  les  acteurs, 
El  les  chantet.es  et  les  chanteurs 
Chantaient,  dansaient,  tous  couronnés  de  fleur 
Quel,  etc. 

Rien  n'est  plus  gai  qu'un  démon  gris  : 
Quelle  aimable  tendresse, 
Quelle  joyeuse  ivresse 
Ont  cea  messieurs  du  noir  taudis! 
Quelle  cuisine  ! 
Comme  on  y  dîne  ! 
Tout  esl  en  l'air,  loul  jusqu'à  Proserpine. 
Au  son  iln  piston,  du  tamtam, 
Lucifer  dansait  le  cancan. 
Quelle  cohuel  ah.  grands  Dieux,  quel  boucan 
Quel,  etc. 

Jeanne  d'Arc  faisait  lesyniv  doux 
A  l'immortel  Voltaire; 


La  belle  Ferronnière 
Tenait  Panard  sur  ses  genoux; 
Marie-Thérèse 
Dansait  l'anglaise, 
Et  les  Chouans  chantaient  la  Marseillaise. 
Trestaillon  dit  :  il  se  fait  tard, 
Entonnons  le  Chant  du  départ! 
«e  vis  alors  que  tous  étaient  pochards. 
Quel  aimable  délire 
Dans  linfernal  empire  1 

Non,  ventrebleu! 
Jamais  on  n'a  vu  pire. 

Paroles  d'un  anonyme. 

La    musique,  de  Dalayrac,  se  irouve  notée  an 
N   255  de  la  Clé  du  Caveau. 


J'  VOUS  D'MANDE  UN  PEU  SI  L'  BON  DIEU 
S'  MÊLE  DE  ÇA. 

1829. 
Ans  :  Ah  I  qu'il  est  doux  de/aire  des  heureux. 

Cherchait  en  vain  à  faire  une  romance, 
El  croyant  rendre  son  nom  immortel; 
Certain  rimeur,  en  accès  de  démence, 
Recommandait  sa  verve  à  l'éternel.  (6m.) 

Fais,  disait-il,  que  ma  muse  fée  >nde 
Tous  mes  couplets,  quatrains,  et  caMera, 
Afin  qu  un  jour  on  me  vante  à  la  ronde. 
J'vosud'mandeunpeu  si  l'bon  Dieu  s'mèle deçà.  6'*. 

Dans  ses  amours  Suzette,  très  précoce, 

Sut  à  profit  mettre  tousses  instants- 

Aussi  deux  mois  après  l'jour  de  sa  noce, 

Fut-elle  en  proie  à  des  maux  bien  misants. 

lui  implorant  le  Christ  et  ses  apôtres, 

Dans  sa  douleur,  Suzette  s'écria  : 

Mon  doux  Jésus,  n'  m'en  envoyez  pas  d'autre. 

J'VOUS  d'mande  un  peu  si  le  bon  Dieu  s'mélede  ça 

Pour  posséder  une  nouvelle  Vierge, 
Blinval  un  jour  fut  à  Saint  Nicolas, 


CHANSONS    BADINES   ET  GRIVOISES. 


199 


1  croyait,  en  faisant  brûler  un  cierge. 

De  son  épouse  avancer  le  trépas  , 

Mais  sa  moitié,  bien  lojn  de  rendre  l'âme, 

Se  portait  mieux,  etBlinval  trépassa. 

Que  l'on  soit  bien  ou  mal  avec  sa  femme, 

J'vous  d'mandeun  peu  si  le  bon  Dieu  s' mêle  ée  ça. 

Quand  de  Thalie  un  fils,  hélas  !  succombe, 

Si  de  l'honneur  il  a  suivi  les  lois, 

Doit-on  avant  qu'il  soit  mis  dans  la  tombe 

Lui  refuser  le  plus  sacré  des  droits  ? 

Quoi!  le  prélat,  guidé  par  la  sottise, 

A  nos  acteurs  refuse  un  libéra. 

Qu'on  ait  vécu  du  théâtre  ou  d'  l'église, 

J'  vous  d'mande  un  peu  si  le  bon  Dieu  s' mêle  de  ça. 

J.-%    «ulllemé. 


LA  FORÊT   NOIRE. 


Notre  meunier  chargé  d'argent 

S'en  allait  au  village  ; 
V'Ià  qu'  tout-à-coup,  v'ià  qu'il  entend 
Un  grand  bruit  dans  Y  feuillage, 
Ouf! 
Notre  meunier  {bis)  n'  manque  pas  d' cœur, 
On  dit  pourtant  qu'il  eut  grand  peur. 
Amis,  si  vous  voulez,  si  vous  voulez  m'en  croire, 
N'allez  pas  {bis)  dans  la  forêt  noire. 

L'autre  jour  la  jeune  Isabeau 

Se  promenant  seulette, 
Elle  revint  sans  son  anneau 
Et  sans  sa  collerette  ; 
Hein! 
Notre  Isabeau  (bis)  n'  manque  pas  d' cœur, 
Mais  que  faire  contre  un  voleur; 
Belle,  si  vous  voulez,  si  vous  voulez  m'en  croire, 
N'allez  pas  {bis)  dans  la  forêt  noire. 

Hier  soir  dans  un  chemin  creux, 
Tout  seul  je  m'achemine, 


J'entends  comme  un  cri  douloureux 

D'  qu'euq'zun  qu'on  assassine, 
Ouf! 
Je  vois  paraître  l'ombre  d'  feu  notre  pasteur, 

Je  m'écrie  d'une  voix  à  faire  peur  : 
Ami,  si  tu  fais  bien  et  si  tu  veux  m'en  croire, 

Ne  r' viens  pas  {bis)  dans  la  forêt  noire. 

Marsolller. 


La  musique  ,  de  Dalayrac,  se  trouve  notée  au 
N.  403  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  CÉLIBATAIRE. 


Asu  :  Dis-moi,  l'ami,  dis-moi,  t'en  souviens-lu  t 

Tu  veux  me  fuir,  Rosine,  et  je  t'adore!.. 

Je  te  croyais  un  cœur  plus  généreux... 

Tu  veux  me  fuir...  eh  bien  !  fuis...  mais  encore 

Daigne  en  tes  bras  recevoir  mes  adieux.... 

Tu  te  trahis  !  une  flamme  divine 

Vient  par  tesyeux  d'amour  sécher  les  pleurs  ; 

Reste  avec  moi,  sémillante  Rosine, 

La  volupté  nous  offre  un  lit  de  fleurs  I 

Ah  !  si  j'en  crois  ton  céleste  sourire, 
Ton  cœur,  ému,  souscrit  à  mon  dessein; 
De  ton  corset  permets  que  je  retire 
Ce  voile  épais  qui.  cache  ton  blanc  sein; 
Tromper  lanour  est  une  perfidie, 
Dans  l'âge  d'or  il  charme  nos  erreurs: 
Reste  en  mes  bras,  ô  maîtresse  jolie  ! 
La  volupté  nous  offre  un  lit  de  fleurs! 


A  mes  désirs  enfin  rien  ne  s'oppose, 

Sous  ces  rosiers  hâtons-nous  d'être  heureux! 

Que  sur  le  mien  ton  cœur  aimant  repose 

Enivre-moi  de  ton  souffle  amoureux  ! 
Moment  divin  !  de  l'ardeur  qui  nous  presse 
Les  mêmes  feux  embrasent  nos  deux  cœurs  ! 
Reste  en  mes  bras,  délirante  maîtresse  ! 
La  volupté  nous  offre  un  lit  de  fleurs  ! 


200 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Ah!  de  l'amour  bénissons  la  puissance! 
Ht  puisse-t-il  longtemps  nous  abuser. 
Si  près  de  nous  s'endort  la  jouissance, 
Réveillons-la  par  le  bruit  d'un  baiser  ! 
De  Cytbérée  où  pour  toi  je  respire, 
Il  faut  aimer  pour  gagner  les  faveurs. 
Rrste  avec  moi,  Rosine,  en  cet  empire 
La  volupté  nous  garde  un  lit  de  fleurs. 

Perchelet. 


REGRETS  D'UN  ÉPOUX  A  SON  ÉPOUSE. 


En  passant  près  d'un  cimetière  , 
Au  lieu  paisible  du  hameau  , 
Je  vis  sur  une  simple  pierre 
Une  croix  noire  avec  ces  mots  : 
«  Ci-gît  la  plus  aimable  femme 
«  Qui  fut  fidèle  à  son  mari.  » 
Je  m'écriai  du  fond  de  l'âme  : 
Il  faut  me  marier  aussi. 


Auprès  de  la  tombe  isolée 
Un  jeune  homme  était  à  genoux  ; 
A  sa  figure  désolée, 
D'abord  je  reconnus  l'époux. 
Ciel!  disait-il ,  dans  sa  prière, 
Devais-tu  donc  prochainement 
Oter  cet  exemple  à  la  terre  ! 
11  s'en  trouve  si  rarement  ! 

M 'approchant  de  lui ,  de  ses  larmes 
Je  lui  demande  le  sujet. 
—  Autant  de  vertus  que  de  charmes, 
Voilà  qui  cause  mon  regret. 
Si  je  voulais  des  femmes  belles, 
Je  n'aurais  qu'à  le  désirer; 
Pour  en  trouver  une  fidèle, 
Jugez  combien  je  dois  chercher. 


M. •?  cher»  amis .  la  chose  est  sûre, 
jr  vous  le  dis  sans  vanité , 


Femme  ,  aussi  fine  créature  , 
Le  plus  fin  s'y  trouve  trompé. 
Mais,  dit-il,  la  mienne  fut  sage  , 
Et  fut  fidèle  à  son  serment  ; 
Car  le  jour  de  son  mariage 
Elle  mourut  subitement. 

Paroles  d'un  anonyme. 


LE  LOUP    BLANC. 

Air  •  Notre  meunier  chargé  d'argent. 

Dans  f  bois  voisin,  un  loup  glouton, 

La  terreur  des  familles, 
Sans  faire  aucun  mal  au  mouton, 

Croque  toutes  les  filles  : 
Non,  non  jamais  [bis)  il  n'exista 

De  loup  pareil  à  celui-là  : 
Fuyez  loin  de  cebois,  fuyez,  jeune  fillette, 

Le  loup  blanc  {bis)  est  là  qui  vous  guette. 

Dans  ce  bois  la  jeune  Alison 

Prenait  le  frais  seulette, 
Le  loup  s'élance  d'un  buisson, 

Et  sur  elle  se  jette  : 
La  pauvre  enfant  {bis)  n'en  mourut  pas, 
Mais  combien  souffrit-elle,  hélas! 
Fuyez  loin  de  ce  bois,  fuyez,  jeune  fillette 

Le  loup  blanc  {bis)  est  là  qui  vous  guette. 

La  tante,  la  vieille  Margot, 

Apprenant  l'aventure, 
Courut  dans  le  bois  aussitôt 

Pour  venger  cette  injure 
Le  loup  bientôt  fut  sur  ses  pas  ; 
Mais  le  loup  ne  la  croqua  pas. 
Fuyez  loin  de  ce  bois,  fuyez,  jeune  fillette, 

Le  loup  blanc  {bis)  est  là  qui  vous  guette. 

l'uroleM  d'un  anonyme. 

La  musique,  de  Dalayra.-,  est  DOléc  au  N    40d« 
la  Clé  du  Carcan. 


Puns.  —  Imprimerie  de  PlU.l1  fils  utrii5,  rue  des  Grands-Augustins,  t). 


LES   ÉTUDIANTS 


La  vie  a  des  attraits 
Pour  qui  la  rend  joyeuse, 
Faut-il  dans  les  regrets 
La  passer  soucieuse? 
Jamais!  jamais!  jamais  ! 
Le  plaisir  est  français. 

Eh  !  pioupe,  pioupe,  pioupe,    ) 

La  la  la  la  la,  la  la  la. 


)  i  fois. 


L'amour  est  un  enfant, 
L'étude  est  une  femme; 
Diligents  étudiants, 
Chacun  d'eux  vous  réclame 
Souvent,  souvent,  souvent, 
Ils  vous  rendront  savants. 
Eh  !  pioupe,  etc. 

Quand  l'hiver,  sur  nos  jours, 
Viendra  semer  la  neige, 
Puissions-nous  pour  retour 
Et  pour  dernier  cortège, 
Toujours,  avoir,  toujours, 
Bacchus  et  les  amours. 
Eh  !  pioupe,  etc. 

Messieurs  les  étudiants, 
Montez  à  la  chaumière, 
Pour  y  danser  l'cancan 
Et  la  Kobert-Macaire, 
Toujours,  toujours,  toujours, 
Triomphez  des  amours. 

Eh  !  pioupe,  etc. 
Il  faut  le  ménager, 
Puisque  c'est  un  confrère, 
•Sachons  le  protéger 
Puisqu'il  ne  sait  pas  faire 
L'amour,  l'amour,  l'amour, 
La  nuit  comme  le  jour. 

Eh  !  pioupe,  etc. 

Des  mets  que  mon  cerveau, 
Enfante  en  son  délire, 

89 


Des  vins  de  mon  caveau, 

Amis  !  puissiez-vous  dire  : 

Bravo,  bravo,  bravo  ! 

Retournons  chez  Friteau. 
Eh!  pioupe,  pioupe,  pioupe, 
La  la  la  la  la,  la  la  la. 

Paroles  d'an  anonyme. 

Air  ancien  noté  au  NT,  1019  de  la  Clé  du  Caveau . 


ARIETTE  DE  LA  PARESSE 

C'est  un  péché  que  la  paresse  : 
Pour  le  bien  de  l'humaine  espèce, 
Mes  amis,  travaillons  sans  cesse, 
C'est  pour  ça  que  Dieu  nous  créa. 

Paresseux  dont  abonde 

La  machine  ronde. 

Que  serait  le  monde 

Où  vous  reposez, 

Si  le  premier  père 

Fut  resté  sur  terre 

Les  deux  bras  croisés? 
Eve  employa  le  geste, 

La  voix  et  le  reste, 

Pour  rendre  plus  leste 

L'époux  indolent, 

Et  toute  sa  vie 

Sa  bouche  jolie 

Lui  disait  souvent  : 
C'est,  etc. 

Le  Turc  et  le  Brahmane, 

Et  la  courtisane, 

La  grande  sultane 

Sur  son  canapé, 

Travaillent  à  la  ronde, 

Et  dans  ce  bas  monde 

Tout  est  occupé. 
On  travaille  en  Syrie, 

T.  h.—  30 


îOi 


CHANSONS    PCPULAIRES. 


Dans  laPoméranie, 
Dans  la  Sibérie, 
Au  mont  Saint-Golhard  ; 
On  travaille  en  Chine, 
Dans  la  Palestine, 
A  Madagascar  ;  car 
C'est,  etc. 

L'or,  les  bijoux,  les  terres 
Ne  sont  que  chimères, 
Le  travail,  mes  trères, 
Vaut  seul  un  trésor  : 
Témoin  ma  Jeannette, 
Qui,  jadis  simplette, 
Roule  en  un  char  d'or; 
Mais,  dimanche  et  fête, 
Travaillait  Jeannette, 
Même  la  pauvrette 
Travaillait  la  nuit, 
Cardans  sa  jeunesse. 
D'un  air  de  tendresse, 
Sa  maman  lui  dit  : 
C'est,  etc. 

Lise  à  quinze  ans  s'ennuie, 

Lise  se  confie 

A  sa  bonne  amie  ; 

Car,  nous  a-t-on  dit, 

I) Y'tre  un  peu  savante, 

\  nisine  obligeante 

Bientôt  nous  instruit  ; 
Si  le  chagrin  vous  mine, 

Travaillez,  cousine, 

Répond  la  voisine  ; 

Lors  un  peu,  je  crois, 

Travaillez,  ma  chère, 

Alors  qu'OD  sait  l'aire 

Œuvre  de  ses  doigts. 

C'est  un  péché  que  la  paresse  : 
Pour  le  bien  de  l'humaine  espèce, 
Mes  amis,  travaillons  gans  cesse, 
I  pour  ça  que  Dieu  nous  créa. 

l'ini.l.  s  d'un   uiioiijnic. 


LE  PRIX  DU   MOMENT. 


1782. 


Air:  Tout  est  dit. 


Tant  qu'un  jeune  galant  désire, 
A  la  beauté  qui  le  ravit 
Il  a  mille  choses  à  dire, 
Son  discours  jamais  ne  finit  : 
Mais,  dès  qu'il  a  signé  certaine  clause, 
Des  jolis  mots  la  source  se  tarit; 
Sa  bouche  estclose, 
Tout  est  dit. 

Quand  votre  fille  devient  grande, 
Mère,  ne  la  quittez  jamais; 
C'est  un  soin  que  je  recommande 
Contre  mes  propres  intérêts. 
Craignez  qu'amour  près  d'elle  ne  s'arrête, 
Jamais  ce  Dieu  n'est  long  dans  son  récit  : 
Tournez  la  tête, 
Tout  est  dit. 

Filles  qui  craignez  le  dommage 
Que  les  amants  peuvent  causer, 
Résistez  au  premier  langage 
Dont  ils  veulent  vous  amuser. 
Si  vous  lardez,  votre  péril  redouble  ; 
De  son  flambeau  l'amour  vous  éblouit  : 
Quand  l'œil  est  trouble, 
Tout  est  dit. 

Panard. 

La  musique  se  trouve  chez  L.  Viellot,  éditeur, 
32,  rue  Notre-Dame-de-Nazareth. 

MMOMM 

COUPLETS    DE    MARIANNE, 


Su/on  sortait  de  son  villtgS  ; 
Ou  In  trouvait  quelques  appas 


CHANSONS   BADINES   ET  GRIVOISES. 


203 


EU'  n'avait  pas  d'  biens  en  partage. 
Mais  un  bon  cœur  et  de  bons  bras. 
Travaillez  donc, 
Mam'sell'  Suzon, 
Travaillez  donc,  jeune  et  pauvre  fillette. 
"Croyez-inoi  donc, 
Songez-y  donc  ; 
Travaillez  donc,  jeune  et  pauvre  Suzon. 
Ecoutez  c'te  voix  qui  répète 
Que  l'argent  ne  donn'  pas  1'  bonheur, 
Et  qu  lorsqu'on  a  la  paix  du  cœur, 
Notre  fortune  est  faite. 

Bientôt  un  amant  se  présente  : 
Il  était  jeune  et  riche  encor  ; 
Le  fripon,  d'un'  voix  séduisante, 
Offre  son  cœur  et  beaucoup  d'or... 
Méfiez-vous  donc 
D'un  pareil  don, 
Méfiez-vous  donc,  jeune  et  pauvre  fillette, 
Croyez-moi  donc, 
Travaillez  donc, 
Travadlez  donc,  jeune  et  pauvre  Suzon. 
Écoutez,  etc. 

11  n'  parlait  point  de  mariage  : 
II  fallut  le  laisser  partir; 
S'il  est  pénible  d'être  sage, 
11  l'est  bien  plus  de  se  r'pentir. 
Continuez  donc, 
Profitez  donc, 
Continuez  donc,  jeune  et  pauvre  fillette, 
Croyez-moi  donc, 
Travaillez  donc, 
Travaillez  donc,  jeune  et  pauvre  Suzon. 
Écoutez  c'te  voix  qui  répète, 
Que  l'argent  ne  donn'  pas  1'  bonheur, 
Et  lorsqu'on  a  la  paix  du  cœur, 
Notre  fortune  «st  faite . 

MursolHer. 


La  musique,  deDalayrac.  se  trouve  notée  au  N. 5-0 
d.  la  Clé  du  Caveau. 


LE   PÉCHÉ    DE   PARESSE, 

1780. 
\\k:A  confesse  m'ensuis  allé  au  curé  de  Pomponne . 

Tant  que  l'homme  désirera 
Plaisirs,  honneurs,  richesse, 
Pour  les  avoir  il  emploîra 
Courage,  esprit,  adresse; 
Tout  le  relèvera 
Larira, 
Du  péché  de  paresse. 

Une  indolente  qui  n'aura 
Rien  vu  qui  l'intéresse, 
Quand  son  moment  d'aimer  viendra. 
Le  Dieu  de  la  tendresse 
Vous  la  relèvera,  etc. 

Un  jeune  époux  qui  ne  dira 
Qu'un  mot  de  politesse, 
Un  amant  plus  joli  viendra, 
Qui  parlera  sans  cesse, 
Et  vous  le  relèvera,  etc. 

Une  veuve  qui  comblera 
D'un  amant  la  tendresse, 
Et  qui  se  tranquillisera 
Dans  ces  moments  d'ivresse, 
On  la  relèvera 

Larira, 
Du  péché  de  paresse. 

Collé. 

Air  ancien,  noté  au  N.  745  delaCléduCaveau 


LES  STATUES    ANIMÉES 

A  R  :  De  tous  les  capucins  du  inonde. 

Qu'auprès  d'un  jeune  homme  on  étale 
Quelque  trait  de  bonne  morale, 


201 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Maxime  ou  quatrain  de  Pybrac, 
Il  s'endort,  l'oreille  est  fermée  : 
De  fillettes  parlez-lui...  tac  ! 
Voilà  la  statue  animée. 

Quand  quelque  plaideur  communique 
Ses  papiers  à  gens  de  pratique, 
Si  rien  n'accompagne  le  sac, 
On  s'endort  l'oreille  est  fermée; 
Mais  joignez-y  de  l'argent...  tac  ! 
Voilà,  etc. 

Auprès  d'une  femme  galante, 
Servez-vous  de  phrase  élégante  ; 
Parlez-lui  Voiture  ou  Balzac, 
Elle  dort,  l'oreille  est  fermée  ; 
Prenez  le  ton  du  caissier...  tacl 
Voilà,  etc. 

Quand  pour  quelque  ancienne  dépense 
On  vient  faire  la  révérence 
Au  chevalier  de  Crédillac; 
Il  s'endort,  l'oreille  est  fermée; 
Mais  parlez-lui  d'un  dîner...  tac! 
Voilà,  etc. 

Qu'on  propose  à  la  jeune  Ismène 
Un  mari  dont  la  soixantaine 
Commence  à  faire  un  almanach  ; 
Elle  dort,  l'oreille  est  fermée; 
Si  c'est  un  jeune  égrillard  ..  tac  ! 
Voilà,  etc. 

L'an  passé  la  jeune  Amarante 
Fut  très  longtemps  pâle  et  mourante  ; 
Des  médecins  tout  le  micmac 
N'opéra  que  de  la  fumée  : 
Vient  un  jeune  colonel...  tacl 
Voilà,  etc. 

Use  a  douze  ans  était  pécore; 
Aucun  soupir  n'avait  encore 
Pressé  son  petit  estomac  : 
Tircis  vient,  elle  en  est  charmée  ; 
I»an^ le  moment  l'amour  fit...  tac! 
Voilà  la  statue  animée. 

Parole»  d'un  anonyme. 


AH  !  SI  MADAME  LE  SAVAIT. 

1829. 
Air  :  Ah  !  si  madame  me  voyait  BoMAr.NÉsi.l 

Ah  !  si  madame  me  voyait  I 
Disait  une  jeune  servante, 
Qui,  pour  paraître  plus  fringante, 
De  sa  maîtresse,  un  jour,  mettait 
Le  bas  soyeux  qui  la  chaussait; 
Elle  ajoutait,  avec  finesse  : 
Pourquoi  cacher  un  pied  bien  fait? 
J'ai  la  jambe  d'une  duchesse  : 
Ahl  si  madame  me  voyait  ! 

Monsieur  m'emploie  assidûment  : 
Lorsque  sa  moitié  se  promène  ; 
Il  me  dit  :  je  veux,  Madeleine, 
Que  tu  viennes,  en  ce  moment, 
Préparer  mon  appartement  I 
J'arrange  avec  soin  son  ménage  ; 
A  peine  le  lit  est-il  fait, 
Qu'il  défait  avec  moi  l'ouvrage  : 
Ah  1  si  madame  me  voyait  ! 

J'ai  toujours  estimé  Jasmin, 
Car  pour  le  bon  motif  il  m'aime; 
Aussi,  je  prends  un  soin  extrême 
De  sa  santé  pour  que  l'hymen 
Nous  réunisse  un  beau  matin. 
Combien  de  fois  il  me  visite  ; 
11  visite  aussi  mon  buffet; 
Pour  lui  j'écréme  la  marmite  : 
Ah  !  si  madame  me  voyait  ! 

Ma  maîtresse  aime  son  cousin, 
M, lis  d'un  amour  ti*s  respectable, 
< liiez  nous  il  est  indispensable  : 
Monsieur  vient,  lui  serre  la  main. 
l.i  madame  Lui  serre!...  Enfin, 
Dans  le  boudoir  parfumé  d'ambre. 
Avant  de  Be  rendre  en  secret, 
Il  m'embrasse  dans  l'antichambre 
Ah  !  si  madame  me  voyait! 


AUPSE^OTEJS  ©ELLE: 


G.  DE  GONET.E 


CHANSONS   BADINES  ET  GRIVOISES. 


Î05 


CONCLUSION. 

Madame  vit  un  jour,  dit-on, 
Qu'il  lui  manquait  des  bas  de  soie; 
Elle  vit  son  époux  en  joie 
Avec  notre  vive  Marton; 
Et  Jasmin  prenant  un  bouillon. 
Elle  vit,  pour  combler  sa  peine, 
Son  ingrat  cousin  qui  chantait, 
Dans  la  chambre  de  Madeleine  : 
«  Ah  !  si  madame  me  voyait  !  » 

Justin  Cnbnssol. 

La  musique,  de  Romagnesi,  se  trouve  notée  au 
N.  1847  de  la  Clé  du  Caveau. 


RIEN  N'ÉTAIT  SI  JOLI  QU'ADELE. 

1789. 
Air  breton. 

Rien  n'était  si  joli  qu'Adèle, 
Qui,  grâce  à  Lucas, 
Arrivait  à  grands  pas 
A  l'âge  où  l'amour  dit  tout  bas  : 
Amusez-vous, 
Belle  aux  yeux  doux, 
Amusez-vous, 
Trémoussez-vous, 
Amusez-vous,  belle; 
Amusez-vous, 
Ne  craignez  rien, 
Trémoussez-vous  bien. 

Un  jour  Lucas  surprit  Adèle 
Au  fond  d'un  p'tit  bois, 
Où  1'  drôle  en  tapinois 
Lui  chanta  pour  la  premier'  fois: 
Amusez-vous,  etc. 

Ce  r'frain  amusa  tant  Adèle 
Qu'avant  de  s'quitter. 


Sans  pouvoir  s'arrêter, 
Elle  et  Lucas  n'  fir'nt  que  chanter  : 
Amusez-vous,  etc. 

Mais  un  jour  que  sur  l'herb'  nouvelle 
Adèl'  chantait  ça, 
Un  gros  loup  la  croqua... 
Fillettes,  d'après  c'te  l'çon-là, 
Méfiez-vous 
D'  ce  r'frain  si  doux  : 
Amusez-vous, 
Trémoussez -vous, 
Amusez-vous,  belle; 
Amusez-vous, 
Ne  craignez  rien, 
Trémoussez-vous  bien. 

Désanglers. 

La  musique,  de  faujon,  refaite  par  Désaugiers, 
se  trouve  notée  auN.  513  de  la  Clé  du  Caveau. 


LA   VENDANGEUSE. 

Air:  V là  c'  que  c'est  qu'  d'aller  aubois. 

Ma  mère  aux  vignes  m'envoyit , 
Je  ne  sais  comment  ça  se  fil; 
En  parlant  elle  m'avait  dit  : 

Travaille,  ma  fille, 

Vendange,  grapille, 
Malgré  moi  Biaise  m'amusit... 
Je  n'  sais  pas  comment  ça  se  fit. 

Malgré  moi  Biaise  m'amusit , 
Je  ne  sais  comment  ça  se  fit. 
Si  poliment  il  m'abordit  ! 
Travaille,  ma  fille 
Vendange,  grappille  ; 
Que  pour  lui  mon  cœur  s'attendrit, 
Je  n'  sais  pas  comment  ça  se  fit. 

Que  pour  lui  mon  cœur  s'attendrit, 
Je  ne  sais  comment  ça  se  fit. 
Il  prit  ma  main  et  la  baisit  • 
Travaille,  ma  fille 


20  ; 


CHANSONS    POPULAIHKS. 


Vendange,  grappille, 

-Mais  ma  vertu  le  repoussi' 

Je  n'  sais  pas  commenl  ça  se  fit. 

Mais  ma  verlu  le  repoussit  ; 
Je  ne  sais  comment  ça  se  fit, 
En  le  repoussant  il  glissit. 
Travaille,  ma  fille, 
Vendange,  grappille, 
Puis  en  tombant  il  m'entraînit... 
Je  n'sais  pas  comment  ça  se  fit. 

Puis  en  tombant  il  m'entraînit... 
Je  ne  sais  comment  ça  se  fit. 
Que  ni  moi  ni  lui  ne  s'  blessit  : 

Travaille,  bon  drille, 

Vendange,  grappille, 
Stapendant  le  coup  m'étourdit... 
Je  n'  sais  pas  comment  ça  se  fit. 

Stapendant  le  coup  m'étourdit: 
Je  ne  sais  comment  ça  se  fit  : 
Un  irait  de  bon  vin  me  remit  : 

Travaille,  bon  drille, 

Vendange,  grapille, 
Et  tout-à-coup  ça  m'endormit, 
Je  n'  sais  pas  comment  ça  se  fit. 

El  lout-à-coup  ça  m'endormit; 
Je  ne  sais  comment  ça  se  fit  ; 
De  mon  sommeil  il  profitil, 
Travaille,  bon  drille 
Vendange,  grappillé, 
Pour  tous  les  deui  il  vendangit.... 
Je  n'  sais  pas  comment  ça  se  fit 

Pour  tous  les  deux,  il  vendangit. 
Je  ne  sais  comment  ça  se  fit. 
Si  bien  de  sa  serpe  il  agit, 
Travaille,  bon  drille, 
Vendange,  grappille, 
mon  panier  plein  m  trouvit  : 
)e  a' sais  pas  commeni  ca  se  lit. 

Uernvtal 


NICOLAS. 


Ai  H  du  curé  de  Pomponne. 

Chez  Nicolas,  moi,  je  nie  plais, 
Malgré  son  air  sévère... 

Après  boire  au  nez  des  valets 
Si  l'on  jette  son  verre, 

Si  l'on  s'escrime  avec  les  plats. 
11  gronde  et  veut  qu'on  parte  : 
Ne  vous  emportez  pas, 

Nicolas  ; 
Mettez  ça  sur  la  carte. 

Ce  mot  apaise  en  un  moment 
Notre  hôte  qui  s'effraie  ; 

Sous  ce  bon  prince  on  a  vraiment 
Les  libertés  qu'on  paie. 

Attable-t-on  certains  appas, 
Il  gronde,  etc. 

Priant  de  ne  pas  l'oublier, 
Quand  la  gentille  Rose 

Voit  chacun  dans  son  tablier 
Lui  glisser  quelque  chose, 

Met-on  la  main  un  peu  plu^  bas, 
Il  gronde,  etc. 

Si  quelque  vent,  fort  à  propos 
Éteignant  la  chandelle, 

Fait  trébucher  parmi  les  pots 
Son  épouse  fidèle, 

Si  de  la  nappe  on  fait  des  draps, 
11  gronde,  etc. 

Le  Pouvoir  est  de  ses  amis: 
Dans  un  coin  de  la  salle 

Il  a  vingl  fois  mis  et  remis 
Certain  buste  un  peu  sale  : 

Quand  '•'  pIMre.  vole  en  éclats. 
H  gronde,  elc. 

Nicolas,  digne  petit-fil* 

De  madame  Grégoire, 


CHANSONS   BADINES   ET  GRIVOISES. 


207 


Ton  vin  m'inspirait  quand  je  fis 

Ces  couplets  à  ta  gloire. 
Ton  vin  est  bon,  mes  vers  sont  plats, 

Mais  il  faut  que  je  parte, 

Je  te  les  offre,  hélas  ! 
Nicolas, 
Pour  acquitter  la  carte. 

Bégésippe  Moreau. 


Cette  chanson,  qui  fut  écrite  par  l'auteur  sur  la 
carte  d'un  restaurateur,  est  l'une  des  plus  originales 
compositions  d'un  grand  poète  mort  misérablement 
dans  un  lit  d'hôpital,  à  l'âge  de  vingt-huit  ans.Certes 
le  talent  d'Hégésippe  Moreau  ne  peut  être  apprécié 
convenablement  par  cet  essai,  dans  un  genre  qui  ne 
lui  était  pas  familier;  il  était  bien  plus  poète  que 
chansonnier,  et  bien  que  par  la  suite  il  ait  fait  quel- 
ques autres  chansons,  il  est  plus  que  probable  qu'il 
serait  tout-à-fait  ignoré,s'il  s'en  était  tenu  à  ce  genre 
qui  demande  plus  de  gaîté  et  d'entrain  que  de  véri- 
table poésie. 

Comme  presque  tous  les  hommes  de  génie,  Hégé- 
sippe  Moreau  n'a  été  connu  que  longtemps  après  sa 
mort.  Enfant  naturel,  né  à  Paris,  le9  avril  1810,  au 
n°  9  de  la  rue  Sainte-Placide,  il  fut  élevé  à  Provins, 
où  son  père  était  professeur  au  collège.  Devenu  or- 
phelin dès  ses  premières  années,  Moreau  fut  placé, 
par  les  soins  d'une  dame  F***,  au  petit-séminaire 
d'Avon,  près  de  Fontainebleau, où  il  fut  élevé  gratui- 
tement.C'est  dans  cette  maison  qu'il  fit  ses  premiers 
essais  en  poésie.  Il  avait  alors  douze  ans.  A  quinze 
ans,  cette  même  dame  F***  le  plaça  comme  apprenti 
dans  une  imprimerie,  à  Provins,  et  plus  tard  l'en- 
voya à  Paris,  où  il  exerça  successivement  comme 
compositeur  d'imprimerie  et  comme  maître  d'éiudes; 
mais,  emporté  par  son  esprit  rêveur,  il  ne  put  se 
plier  que  très  difficilement  aux  exigences  de  ces  deux 
professions;  aussi  mena-t-il  une  vie  abreuvée  de  dé- 
goûts; seul,  repoussé  de  tout  le  monde,  il  se  traîna 
malade  jusqu'à  l'hôpital  de  la  Charité,  où  il  ex- 
pirait deuxmois  après,  le  20  décembre  1838. 

Air  ancien,  noté  au  N.  745  de  la  Clé  du  Caveau 


LA  PORTE  ET  LE   COEUR 


Air  .  Lisette,  ma  Lisette. 


Lise,  ouviv-moi  bien  vfte, 
Réponds  à  mon  ardeur, 


Tout  à  l'amour  t'invite 

Ouvre  moi  vite 
Ta  porte  et  ton  cœur. 

A  travers  la  serrure , 
Friponne,  je  te  voi; 
Ouvre,  je  t'en  conjure, 
Lubin  est  tout  à  toi. 
Trop  souvent  au  bocage 
Tu  déçus  mon  projet; 
De  ton  joli  corsage 
Romps  enfin  le  lacet. 
Lise,  ouvre-moi,  etc. 

Sous  les  traits  que  décore 
Ta  pudique  fraîcheur, 
Lise,  je  vois  encore 
De  ton  sein  la  blancheur; 
Ces  charmes  que  j'admire, 
Si  je  n'y  puis  toucher 
Pour  calmer  mon  martyre, 
Laisse-les-moi  cacher. 
Lise,  ouvre-moi,  etc. 

Fixant  ta  gorge  nue, 
Mes  yeux,  avec  douceur, 
Ont  découvert  l'issue 
Qui  conduit  au  bonheur, 
Cède  à  ma  flamme  extrême , 
Ta  sensibilité 
Te  conduira,  toi-même, 
A  la  félicité. 

Lise,  ouvre-moi,  etc. 

Tout  brille  en  ta  personne  . 
Que  tes  bras  sont  jolis, 
Que  ta  taille  est  mignonne! 
Que  tes  pieds  sont  petits  1 
Belle,  en  m'offrant  l'image 
De  la  Divinité, 
Laisse-moi  rendre  hommage 
A  ta  virginité.  ■ 
Lise,  ouvre-moi,  etc. 

Quoi!  ton  âme  inflexible 
Se  rit  de  mes  désirs  . 


208 


CHANSONS  P.OPULAIKES. 


Serait-elle  insensible 
A  mes  tendres  soupirs? 
Hélas!  si  par  mon  zèle 
Je  ne  puis  t'attendrir. 
Entre  tes  bras,  cruelle, 
Permets-moi  de  mourir. 
Lise,  ouvre-moi  bien  vite, 
Réponds  à  mon  ardeur, 
Tout  à  l'amour  t'invite. 

Ouvre-moi  vite 
Ta  porte  et  ton  cœur 

I*ervliclet. 


LA  COURTIERE. 

1822. 
Asu  :  La  seule  promenade  qu'a  du  prix. 

L' commerce  est  vraiment  V  seul  moyen 
De  s'  (aire  un  sort  quand  on  n'a  rien  ; 
Aussi  des  pauvres  tilles  sans  bien, 
C'est  lui  qu'est  la  r'source  et  1*  soutien. 

D' jour  en  jour  j'avançais  en  âge, 
Il  n'  se  présentait  pas  d'  mari  ; 
Mes  meilleurs  nip's étaient  en  gage, 
J'  dis  faut  pourtant  prendre  un  parti; 
J'  lâch'  tout  d'  suit'  l'état  d'  couturière, 
J'  prends  un  log'mentdans  l'beau  quartier. 
Puis  dès  1'  mêm'  soir  je  in'  mets  courtière! 
Via  r  qui  s'appelle  un  bon  métier! 
L'  commerce,  etc. 

J'  trouve  d'abord  plus  d'une  anicroche: 
L'  commenc'ment  est  toujours  comm'  ça; 
Mai-  -ans  m'  décourager  j' racroche 
Tout  <•'  qui  s   présente  par-ci  par-la 
Comme  r  courtage  n'allait  guère, 
Pour  d  avoir  rien  a  me  r'procher, 
Quand  il  n'  me  »  nail  qu'un'  p'tite  affaire, 
j'  tâchais  tout  d  même  de  l'emmancher  ! 
L'  commerce!  etc. 


Ensuite  une  autre  chos  m  embarrasse 
Fallait  trouver  un  protecteur. 
Car  pour  travailler  sur  la  place, 
Faut  avuir  un  bon  endosseur. 
Un  jour,  jugez  si  j'  fus  contente! 
Un  monsieur  r'lira  galamment 
Tout  c'  qu'était  en  plan  chez  ma  tante, 
Puis,  s'  paya  par  tempérament. 
L'  commerce,  etc. 

D'  craintes  pourtant  mes  joies  sont  mêlées; 
Heureus'  tant  qu'  la  hausse  se  maintient, 
Quoiqu'  nos  affair's  soient  bien  réglées, 
Adieu  1'  courtage  quand  la  baisse  vient. 
Dans  c'  cas-là  faut  fair'  plus  d'avances; 
A  force  d'  soins,  d'  pein's  et  d'efforts, 
On  peut  trouver  d'assez  bonn's  chances, 
Mais  il  faut  avoir  les  reins  forts! 
L'  commerce,  etc. 

Aujourd'hui  môme  un'  grande  affaire 
M'  gène  encor,  quoique  j'  sois  en  fond; 
Un'  fill'  qui  nouvell'ment  opère 
N'  peut  pas  r'cevoir  d'effet  trop  long. 
Pour  s'  ménager  un'  ressource, 
N'  faut  pas  trop  s'  mettre  à  découvert  ; 
Gnia  qu'  pour  les  affaires  de  bourse 
Qu'  mon  crédit  est  toujours  ouvert. 
L'  commerce,  etc. 

Mais  enfin  v'ià  que  j'  suis  connue, 
Aussi  j'  ne  r'çois  que  d'  bons  billets; 
Pour  s'  faire  payer  les  miens  à  vue, 
Gnia  pas  besoin  d'  faire  de  protêts, 
Dieu  merci,  tout  va  comme  un  ange: 
Aux  gros  commerçants  j'  fais  la  loi  : 
Pas  un  banquier,  un  agent  d'  change, 
Un  négociant  qui  u'  tir'  sur  moi  ! 
L'  commerce  est  vraiment  1  seul  moyen 
De  s'  faire  un  sort  quand  un  n'a  rien; 
Aussi  des  pauvres  Biles  sans  bien, 
C'est  lui  qu'est  la  r'source  et  V  soutien 

Ylurcilluc. 


Paris.  —  Imprimerie  de  Puxn  fils  utné,  rue  des  Grands-Augustins,  V,. 


/V////.V//.. 


y 


■IË  ÊMÂfô'  m  là/ 


iap  Dclamamfi.RGitleXTœiirPéni 


LE  CHAR  DE  LA  VIE. 

1823. 

Air  nouveau  de  Fourcy. 
Oc  :  Air  du  vaudeville  des  Gardes-Marines. 

En  chantant,  joyeux  troubadours, 
Pour  que  jamais  il  ne  dévie, 
Attelons  au  char  de  la  vie 
Et  les  plaisirs  et  les  amours. 

N'envions  pas  ces  chars  pompeux 
Que  Plutus  lance  sur  l'arène  ; 
C'est  l'ambition  qui  les  traîne, 
Les  soucis  voltigent  près  d'eux  : 
Couvert  de  fleurs  et  de  feuillage, 
Le  nôtre  roule  doucement, 
Et  le  bonheur  en  souriant 
Dirige  l'équipage.  {Us.) 

En  chantant,  eic. 


Arrête,  gentil  conducteur, 

J'aperçois  jeune  pèlerine  , 

Ah!  d'une  rose  purpurine 

Son  gai  minoista  la  fraîcheur   ! 

Fais-la  monter...  Dieu!  sa  main  tremble! 

Des  pleurs  mouillent  ses  yeux  si  douxl 

Timide  enfant,  rassurez-vous, 

Et...  voyageons  ensemble. 

En  chantant,  etc. 

• 
Mais  auprès  du  fils  de  Vénus 
S'est  placé  le  dieu  de  la  treille  : 
Ses  mains  d'une  grappe  vermeille 
Nous  expriment  le  divin  jus! 
Autour  de  nous  quel  cercle  aimable  I 
Le  char  n'est-il  pas  arrêté  ? 
Non...  c'est  charmant,  en  vérité  ! 
Nous  voyageons  à  table. 

En  chantant,  etc. 

L'amour,  insensible  à  nos  vœux, 
S'éloigne  de  notre  cortège 


T.  iL—  31 


ftlfl 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Sitôt  que  la  première  neige 
Vient  s'attacher  h  nos  cheveux... 
Au  pampre  vert  qui  les  décore 
Le  plaisir  môle  ses  fleurons  ... 
Bacchus  nous  ranime...  espérons! 
Notre  cliar  roule  encore  ! 
Enchantant,  etc. 

L'airain  vibre  sous  le  marteau  I... 
Du  char,  hélas!  il  faut  descendre!... 
Amitié,  porte  notre  cendre 
Au  pied  d'un  fertile  coteau. 
Reposés  sous  l'herbe  légère, 
Parmi  îes  fleurs  nous  renaîtrons; 
Heureux  destin,  nous  parerons 
Le  sein  d'une  bergère  ! 

En  chantant,  joyeux  troubadours, 
Pour  que  jamais  il  ne  dévie, 
Attelons  au  char  de  la  vie 
Et  les  plaisirs  et  les  amours. 

A.  Jacquemart. 

La  musique,  de  Fourcy,  se  tr  .uve,  à  Paris,  chez 
L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Kotre-Dame-de-Na- 
zareth. 


LES  C.UKUX. 


Les  gueux,  les  gueux 
Sont  des  gens  heureux  ; 
Ils  s'aiment  entre  eux. 

Vivent  les  gueux  ! 

Des  gueux  chantons  la  louange, 
Une  de  f:i)(;iix  hommes  de  bien! 
Il  faut  qu'enfin  l'esprit  venge 
L'honnéle  homme  qui  n'a  rien. 
Les  gueux,  etc. 

Oui,  le  bonheur  est  facile 
Au  sein  de  la  pauvreté  ; 
J  en  atteste  l'Évangile, 
tleste  ma  galle 

i  •     .'lieux,  etc. 


Au  Parnasse  la  misère 
Longtemps  a  régné,  dit-on  ; 
Quel  bien  possédait  Homère? 
Une  besace,  un  bâton. 
Les  gueux,  etc. 

Vous  qu'afflige  la  détresse, 
Croyez  que  plus  d'un  héros 
Dans  le  soulier  qui  le  blesse 
Peut  regretter  ses  sabots. 
Les  gueux,  etc. 

Du  foste  qui  vous  étonne 
L'exil  punit  plus  d'un  grand  , 
Diogène,  dans  sa  tonne. 
Brave  en  paix  un  conquérant. 
Les  gueux,  etc. 

D'un  palais  l'éclat  vous  frappe, 
Mais  l'ennui  vient  y  gémir. 
On  peut  bien  manger  sans  nappe  , 
Sur  la  paille  on  peut  dormir. 
Les  gueux,  etc. 

Quel  dieu  se  plaît  et  s'agite 
Sur  ce  grabat  qu'il  fleurit? 
C'est  l'Amour  qui  rend  visite 
A  la  pauvreté  qui  rit. 
Les  gueux,  etc. 

L'amitié  que  l'on  regrette 
N'a  point  quitté  nosclimals  : 
Elle  Irinqueà  la  guinguette 
Assise  entre  deux  soldats. 

Les  gueux,  les  gueux 
Sont  des  gens  heureux; 
Ils  s'aiment  entre  eux. 

Vivent  les  gueux  ! 

Déranger. 

11  ne  faut  pas  toujours  prendre  à  la  lettre  la  j>r« 
tendue  philosophie  des  poètes  et  des  chanaonniera, 

Les  gueux  sont  heureux  à  leur  manière;  et  si  l'on 
est  bien  dansun  grenier  à  vingt  ans,  on  y  est  bien  mal 
à  soixante. 

Les  illusions  de  la  jeunesse  embellissent  tout, 
mais  son  Imprévoyance  prépare  à  la  vieillesse  do 
trist.  s  jours. 

Ki  l'on  peut  manger  sans  nappe  qunnO  on  n'en  a 


OFIANSONS    EPICURIENNES. 


«Il 


l'as,  et  dormir  sur  la  paille  <)uand  on  manque  d'un 
non  lit,  cela  ne  prouve  pas  qu'une  table  bien  servie 
soit  désagréable,  et  qu'on  dorme  mal  sur  un  bon 
matelas 

Il  est  singulier  que  des  gens  d'esprit  «ipolîiéosent 
le  cynisme,  et  que,  parce  qu'Homère  a  demandé 
l'aumône,  qu'il  était  aveugle,  que  Cervantes  a  été 
en  prison,  queCamoëns  est  mort  à  l'hôpital,  on  croie 
qu'il  soit  nécessaire,  pour  être  heureux  et  pour  être 
poète,  de  leur  ressembler  par  les  disgrâces  du  sort, 
de  mendier  et  de  se  crever  les  yeux. 

Horacen'en  faisaitpas  deplusmauvais  versquand 
il  avait  bu  du  falerne  à  Tibur,  et  Voltaire  n'en  était 
pas  plus  malheureux  parce  qu'il  ^vait  soixante  mille 
livres  de  rente. 

Ces  sortes  de  déclamations  sont  peut-être  une 
consolation  pour  ceux  qui  n'ont  rien;  mais  il  vau- 
drait mieux  leur  apprendre  à  avoir  quelque  chose. 

Si  Diogène  savait  se  passer  des  biens,  Aristippe 
savait  en  user;  sa  philosophie  n'était  pas  la  plus 
mauvaise. 

On  a  dit  que  Béranger,  auteur  dt;  cette  chanson, 
avait  un  peu  de  ressemblance  avec  J.-J.  Rousseau 
par  son  goût  pour  les  paradoxes  et  la  misanthropie. 
La  première  partie  de  cette  proposition  est  seule 
vraie.  Béranger  aime  le  paradoxe  ;  mais  le  paradoxe 
en  chansons  comme  il  sait  les  faire,  est  chose  déli- 
cieuse et  charmante.  Béranger  n'est  point  misan- 
thrope ;  il  est  vrai  qu'il  n'a  voulu  être  ni  académi- 
cien,ni  représentant  du  peuple  ;  mais  il  n'a  pas  cessé 
de  chanter  malgré  ses  soixante-dix  ans. 

Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  Pérottin,  édi- 
teur de  Béranger,  l'autorisation  de  publier  cette 
chanson  ;  nous  profitons  de  cette  circonstance  pour 
rappeler  au  public  ia  magnifique  édition  des  oeuvres 
de  notre  illustre  chansonnier,  que  cet  éditeur  vient 
de  publier  dans  le  même  format  que  les  Chansons 
nationales.  ' 


LE   PIQUE-ASSIETTE. 

1838. 


Aik  :  Patali,  palala. 

Franc  luron. 
Toujours  rond, 
Bon  garçon, 
Sans  laçon, 
J'ai  sans  cesse 
Egayé  ma  jeunesse, 
De   débats 
D'ici  bas, 


Du  fracas 
Dos  combats 
Je  me  ris  dans  un  bon  repas. 

Grâce  à  nombre  d'amis 
Chez  qui  je  suis  admis, 
Par  mon  petit  moyen 
Je  ne  manque  de  rien. 

Se  faisant 

Complaisant, 

Amusant, 

Caressant, 

Nouvelliste, 
Et  surtout  moraliste, 

Sans  argent, 

L'intrigant, 

Tel  que  moi, 

Peut,  ma  foi, 
Vivre  bien,  en  suivant  ma  loi. 

Sur  mes  goûts,  du  bon  ton. 
Me  question ne-t-on, 
J'approuve  toujours,  mais 
Je  ne  solde  jamais. 

Ce  métal, 

Sans  égal, 

Mais  fatal, 

Fait  tant  mal 

A  l'espèce 
Qui  toujours  le  caresse, 

Qu'ayant  fui 

Son  appui, 

Aujourd'hui, 

Chez  autrui, 
Je  sais  bien  me  passer  de  lui. 

Tel  qu'un  petit  savant 
Qui  se  vante  souvent, 
Avec  maint  amateur 
Je  dîne  comme  auteur 

Grâce  enfin 

Au  destin, 

Quand  j'ai  faim, 

J'ai  soudain 

Mon  assiette, 
Ainsi  que  ma  serviette, 


21* 


CHANSONS    POPULAIRES. 


A  l'abri 

Du  souci, 
Jusqu'ici, 

Dieu  merci, 
J'ai  passé  lous  mes  jours  ainsi. 

Pcrcliclct. 


LATTAIGNANT. 

1850. 

Air  :  Aux  sons  des  glouglous. 

<• 11  connaît  à  fonds 

«  Tous  les  sujets  profonds 
«  Qu'il  chante.  nfTiRON. 

Chantons  Lntlaiqnanl  (*) 

Qui.  dédaignant 

Église  cl  cure. 
Servit  Épicure. 
Et  s'arrosa  de  fronlignan. 

Cet  abbé  joyeux. 
Ambitieux 
Ainsi  qu"un  moine, 
Dn  jour  débusqua 
Le  plus  riche  canonicat, 
Sûr  de  son  affût 
A  Reims  il  fut 
Nommé  chanoine  : 
Il  n'a  point  haï 
Depuis  le  jambon  et  l'aï. 
Chantons,  etc. 

Trouvant  peu  touchant 

Le  lourd  plain-chant 

El  les  cantiques, 
Franc  épicurien 
Il  laissait  1<-  chant  grégorien  ; 

(  •  i . 

Kr/,eteal  mota*  ieflneiteq 

mail  il  lui  jlus  chansonnier  (jue  si  s  deux  coi  . 


Sans  être  au  lutrin 

Sa  voix  d'airain 

lui  vers  bachiques 
Exaltait  Momus 

En  de  profanes  oremus. 
Chantons,  ele, 

Paré  d'un  rabat. 
Il  exhiba 
Dans  les  nielles 
De  roses  sermons 
Pour  combattre  les  noirs  démons. 
Par  tnnl  de  savoir 
Il  fallait  voir 
Toutes  les  belles 
Se  laisser  toucher... 
Par  qui  savait  si  bien  prêcher. 
Chantons,  etc. 

Grâce  au  célibat, 

Il  prohiba 

Le  mariage; 
De  la  chasteté 

Son  cœur  ne  fut  pas  entêté. 
Et,  sans  sacrement, 
Gaillardement 
Dans  son  bel  âge, 
Ses  feux  dérobés 
Créèrent  de  petits  abbés. 
Chantons,  etc. 

A  table  il  plaisait, 
Improvisait 
Chansons  jolies; 
La  chère  et  le  vin 
Ne  l'inspiraient  jamais  en  vain, 
Nul  ne  s'étonnait 
S'il  ne  donnait 
Des  homélies  ; 
Dieu  L'avait  doté 
D'un  autre  genre  de  galle. 
Chantons,  etC- 

A  quatre-vingts  ans 
Il  partit  sans 

i  érémonie; 
En  homme  poli 

Il  dit,  dans  un  couplet  joli  : 


CHANSONS  ÉPICURIENNES. 


213 


«  Je  ne  puis  surseoir, 
«  Or  donc  :  Bonsoir 
«  La  compagiiie  !...  (*).  » 
El  chez  les  élus 
Ce  fut  un  bon  vivant  de  plus. 

Chantons  Lattaignant 
Qui,  dédaignant 
Église  et  cure, 
Servit  Épicure, 
Et  s'arrosa  de  frontignan. 

Justin  Cnbassol. 

(*)  Chacun  connaît  sa  spirituelle  chanson  des 
Adieux  ait  Monde  \ .1777),  à  laquelle  l'iis,  son  élève, 
répondit  avec  non  moins  d'esprit. 


ALLONS  SOUPER  CHEZ  PLUTON. 


1807. 
AIR  du  vaudeville  final  du  Dîner  île  Madelon, 

Malgré  le  censeur  morose, 
Amis,  dans  un  doux  loisir, 
Entre  la  grappe  et  la  rose, 
Sachons  goûter  le  plaisir. 
Profilons  du  Temps  qui  passe, 
Car  la  Mort  viendra,  dit-on, 
Un  beau  jour  nous  dire  en  face  : 
Allons  souper  chez  Plulon. 

Voyez-vous  aux  Thermopyles, 
Voyez-vous  Léonidas, 
A  cent  colonnes  mobiles 
Opposer  trois  cents  soldats? 
Devant  sa  troupe  il  s'écrie, 
Avec  le  plus  noble  ton  : 
«  Mourons  tous  pour  la  patrie, 
«  Allons  souper  chez  Pluton.  » 

De  ce  courage  héroïque, 
Nos  illustres  grenadiers, 


Dans  les  champs  de  la  Relgique, 
Se  montraient  les  héritiers. 
Le  Français,  sans  rien  entendre, 
Bravant  l'orgueilleux  Breton, 

MEURT  PLUTOT  QUE  DE  SE   RENDUE, 

Et  va  souper  chez  Pluton. 

Imitons  ces  camarades 
Dont  le  nom  est  respecté  ; 
Buvons,  buvons  cent  rasades 
A  leur  immortalité. 
Eût-on  du  plaisir  à  boire, 
Sur  la  terre  se  plût-on, 
Si  l'on  ternit  notre  gloire, 
Allons  souper  citez  Pluton. 

C'est  un  banquet  que  la  vie; 
L'homme,  dans  ses  plus  beaux  jours, 
Déjeune  avec  la  Folie 
Et  dine  avec  les  Amours; 
Au  dessert  un  Esculape, 
Suivi  de  dame  Clothon, 
Dit  en  enlevant  la  nappe  ■ 
Allons  souper  chez  Pluton. 

taeiuiir  Xlénestrlcr. 

La  musique,  de  Porro,  se  trouve  notée  au  N.  1-17? 
de  la  Clé  du  Caveau. 


L'EPICURIENNE. 

1834. 

Franche  faubourienne, 

Livrons  tous  nos  jours, 

En  épicurienne, 

Aux  jeux,  aux  amours  ; 

Vivons  dans  l'ivresse, 

Nargue  le  bon  ton, 

Moquons-nous  sans  cesse 

Du  qu'en  dira-t-on. 
Courons  à  la  guinguette 
Car  le  bonheur  est  là, 
ïra  la  la  la  la  la,  \fiis.) 

Mettons-nous  eu  goguette, 
Chacun  son  goût,  voilà. 


21  1 


CHANSONS    POP  ri.  AIRES 


J'aime  Ion  allure. 
Séjour  enchanteur  ; 
Chez  loi  la  parure 

N'est  pas  de  rigueur. 
Joyeuse  et  jolie, 

.Mainte  Frélillon, 
Comme  la  folie. 
N'a  qu'un  cotillon. 
Courons  à  la  guinguette,  etc. 

En  amour  frivoles. 
Tout  notre  agrément, 
Changeons,  tendres  folles, 
Tous  les  jours  d'amant  ; 
Souvent  infidèles, 
Partageons  nos  feux 
En  mille  étincelles 
Pour  mille  amoureux. 
Cornons  à  la  guinguette,  etc. 

Suivant  nos  caprices. 
Filles  de  Momus, 
Goûtons  les  délices 
Que  donne  Cornus  ; 
En  sortant  de  table 
On  s'entend  bien  mieux  ; 
La  femme  est  aimable 
Et  l'homme  est  joyeux. 
Courons  à  la  guinguette,  etc. 

Un  auteur  lyrique, 
Vaurien  sans  façon. 
Chanta  du  bachique 
El  du  polisson  ; 
Par  son  gai  délire 
Chacun  excité 
V<'iit  chanter  pour  rire  • 

Vive  la  L.raîté; 
Courons  à  la  guinguette,  etc. 

L'orchestre  résonne 
l'n  air  vif,  piquant, 
Lort  "H  B'abandonne 
Au  badin  cancan. 
Cette  danse  exprime 
Nos  galant  déflii  -  : 


C'esl  la  pantomime 

Des  plus  doux  plaisirs. 
Courons  à  la  guinguette,  etc. 

Que  les  soins  d'un  drille. 
L'amoureux  caquet 
Entraîne  une  fille 
Au  fond  d'un  bosqu>'\ 
Si  la  contredanse 
Est  encore  en  train, 
L'amour  se  cadence 
Au  son  du  crincrin. 
Courons  à  la  guinguette,  etc. 

Quand  le  plaisir  lasse 

Il  est  déjà  tard, 

Alors  on  s'cmhrasse, 

Et  gaîment  l'on  part , 

Là  me  radieuse 

Et  le  cœur  content, 

La  troupe  joyeuse 

Descend  en  chantant  : 
Courons  à  la  guinguette, 
Car  le  bonheur  est  là, 
Tra  la  la  la  la  la, 
Mettons-nous  en  goguette. 
Chacun  son  goût,  voilà. 


bis.) 


Clianu. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  so  trouve 
<hezL.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de- 
Nazaretli. 


LE   MARIN. 


Sur  l'Océan,  j'aime  à  passer  ma  \ie; 
De  nos  cités,  moi  je  fuis  la  rumeur, 
liai  matelot,  la  mer  est  ma  patrie; 

C'est  là  qu'on  trouve  le  bonheur. 
Sur  terre,  hélas  !  la  vie  est  importune  , 
Oui,  je  n'y  vois  que  chagrin  et  tourment 

Ainsi  que  sur  mon  bâtiment, 
Gloire,  grandeurs  et  titres  et  fortune. 

Autant  en  emporte  le  vent. 


CHANSONS    ÉPICURIENNES 


215 


Dans  mes  amours  j'imite  l'hirondelle, 
J'aime  très  vite,  et  cela  pour  raison. 
A  mon  objet  je  puis  être  fidèle, 

Mais  seulement  pour  la  saison. 
De  lui  garder  à  jamais  ma  tendresse, 
A  mon  départ,  je  lui  fais  le  serment  ; 

Mais  bientôt  sur  mon  bâtiment, 
Serments  d'amour  et  serments  de  maîtresse, 

Autant  en  emporte  le  vent.        (bis.) 

Quand  ballotté  par  les  flots  et  l'orage. 
Notre  navire  est  près  de  couler  bas, 
Nous  prions  Dieu  d'apaiser  le  tapage, 

Et  de  nous  sauver  du  trépas. 
Nous  lui  jurons  d'observer  l'abstinence, 
De  nous  priver  de  tabac  du  Levant; 

Et  quand  vogue  le  bâtiment, 
Serments  de  fous,  serments  de  tempérance, 

Autant  en  emporte  le  vent.        (bis.) 

Un  jour,  amis,  puisqu'il  faut  que  je  meure, 
Ah  !  que  du  moins  ce  soit  sur  mon  vaisseau  ! 
Promettez-moi  qu'après  madernière  heure, 

La  mer  deviendra  mon  tombeau. 
Ne  cherchez  pas  de  menteuse  épilaphe  ; 
Qu'un  gros  requin  soit  mon  seul  monument. 

Un  regret  sur  le  bâtiment, 
Mais  pas  de  pleurs,  pas  de  deuil,  d'épitaphe, 

Autant  en  emporte  le  vent.      (pis.) 

Paroles  d'un  anonyme. 


CHANT  DES  ÉPICURIENS. 

Air  :  Ow,  ce  bas  monde  est  une  comédie. 

Puisqu'en  suivant  les  leçons  d'Epicure, 
De  vivre  heureux  on  trouve  les  moyens, 
Du  vrai  bonheur  prenons  la  roule  sûre, 
Vivons  toujours  en  francs  épicuriens. 

Mais  si  Bacchus  pourtant  ne  nous  seconde, 
Notre  espérance  est  loin  de  s'affermir; 
Sur  cette  terre  en  malheureux  féconde, 
Nous  sommes  tous  condamnés  à  gémir! 


Ainsi  qu'on  voit  la  feuille  abandonnée 
Dans  les  vallons  se  perdre  tous  les  jours, 
L'homme  ici-bas,  dans  sa  course  bornée, 
Erre  sans  cesse  et  végète  toujours. 

Tel  qu'un  roseau  que  le  moindre  vent  plie, 
Parle  destin  il  se  voit  tourmenter; 
A  peine  est-il  dans  le  port  de  la  vie 
Qu'un  flot  l'abat,  s'il  ne  sait  résister.  ' 

Si  le  hasard  pourtant  le  favorise, 
Soudain  il  sort  de  son  obscurité  ; 
Et  des  douceurs  dont  son  âme  est  éprise, 
Son  cœur  alors  jouit  en  liberté. 

Mais  ce  bonheur,  que  peu  de  temps  il  goûte, 
Bientôt  n'est  plus  que  dans  l'illusion, 
Et  son  espoir  de  vivre  heureux,  sans  doute, 
Va  se  briser  contre  l'ambition. 

Comme  la  fleur  que  le  printemps  fait  naître, 
Et  que  l'hiver  trop  tôt  vient  dépouiller, 
Perdant  l'éclat  qui  relevait  son  être, 
Il  tombe,  hélas  !  au  moment  de  brillerl 

Ainsi  du  sort  maudissant  ies  caprices, 
L'lïornme  ombrageux  est  toujours  mécontent, 
Vit  dan3  le  monde  ignorant  ses  délices, 
Et  malheureux,  il  retourne  au  néant, 

Mes  bons  amis,  jouir  est  le  plus  sage  : 
Avec  Momus  charmons  notre  loisir, 
Sur  le  chemin  qui  mène  au  noir  rivage, 
Pour  nous  guider  n'ayons  que  le  plaisir. 

Puisqu'en  suivant  les  leçons  d'Epicure, 
De  vivre  heureux  on  trouve  les  moyens, 
Du  vrai  bonheur  prenons  la  route  sûre, 
Vivons  toujours  en  francs  épicuriens. 
Pcrchslet. 


La    musique,    de   Miller,    se    trouve    notée    au 
N.  1916  de  la  Clé  du  Caveau. 


216 


CHANSONS   POPULAIRRS 


Là   PHILOSOPHIE  DU  MARIN,    l 


1810. 

âlR     Suzon  sortait  de  son  village  {Marianne). 

Chacun  a  sa  philosophie; 
Un  marin  a  la  sienne  aussi. 
Sur  ma  frégate  je  défie 
Et  les  chagrins  et  le  souci. 
Pour  les  dompter, 
Les  éviter, 
Toujours  j'embarque  avec  moi  la  folie. 
Dans  mon  hamac, 
Sur  le  tillac, 
Je  me  distrais  en  fumant  mon  tabac; 
Mais  quand  ma  pipe  est  allumée. 
Je  me  dis  :  Que  sont  les  grandeurs, 
Les  biens,  l'amour  et  les  honneurs? 
Ma  foi,  de  la  fumée. 

Comme  un  autre,  dans  ma  jeunesse, 
J'ai  vécu  sur  le  continent, 
Et  je  me  dis  avec  tristesse  : 
La  terre  est  un  sot  élément. 
Plus  d'un  faquin, 
Jadis  Pasquin, 
N'y  parait  grand  que  par  mainte  bassesse, 
Quand  de  son  char, 
l  ii  peu  plus  lard, 
Sur  nous  il  jette  un  coup  d'œil  goguenard. 
Mais  quand  pour  moi  la  mer  est  douce, 
Je  ris,  je  chante  sur  le  pont. 
Là  je  ne  crains  pas  qu'un  fripon 
Eu  [lassant  m'éclabousse. 

Traversant  la  merde  la  vie, 
Tâchons  d'arriver  à  bon  port; 
Soyons  sans  haine  et  sans  envie, 
Toujours  contents  de  notre  sort. 

De  la  gai  lé, 

De  la  santé, 
D'ctre  immortels  n'ayons  point  la  manie; 

Car  bien  souvent, 

Le  plus  savant 
Voit  ses  écrits  emportes  par  1"  vent, 


N'usons  donc  point  en  vain  notre  encre 
L'onde  coule,  el  l'homme  s'en  va, 

Et,  corhleu  I  dans  cette  mer-là, 
L'on  ne  jette  pas  l'ancre. 

Pierrot  de  Naint-Scverlii 

La  musique,   de  Dalayrac,   se  trouve   notëc  au 
N.  550  de  la  Clé  du  Caveau. 


MA   CASQUETTE. 

Air  du  vaudeville  de  la  Petite  Sœur. 

Toi  qui  parmi  mes  vêtements 
Occupes  un  rang  honorable,      [bis.) 
Toi  qui  sauvas  de  temps  en  temps 
D'un  échec  mon  front  vénérable  ; 
Voulant  qu'aux  deux,  après  ma  mort, 
Phébus  te  transforme  en  comète, 
Tandis  qu'il  en  est  temps  encor, 
Je  vais  te  chanter,  ma  casquette,     [bis. 

Si  j'entendais  certains  railleurs 
S'écrier  :  Dieu!  quel  mot  ignoble! 
Ne  pouvait-il  trouver  ailleurs 
Quelque  sujet  un  peu  plus  noble? 
Je  répondrais  à  ces  farauds  : 
N'attaquez  donc  pas  ma  toilette, 
Vous  devez  encor  vos  chapeaux 
Et  moi  j'ai  payé  ma  casquette. 

Qu'elle  a  de  gloire  et  de  vertu  ! 
Ah!  si  dans  les  champs  de  bataille 
Sa  faible  étoffe  n'a  pas  pu 
Me  garantir  de  ta  mitraille , 
De  bien  d'autres  choses,  ma  foi, 
Elle  a  su  préserver  ma  tète  : 

Mes  .unis,  pour  savoir  de  quoi, 
.Mettez  le  nez  sur  ma  casquette. 

Mais  c'est  assrz  la  badiner  ; 
A  sa  fierté  rendons  hommage; 
Disons  qu'elle  aime  à  B'incliner 
Devant  l'honneur  et  le  courage. 
Quoiqu'ornée  indifféremmen1 
(  )n  d  ■  ro n  de  \  i  iletle. 


Paris.  --  Imprimerie  de  Pii.ii  t  fils  aîné,  rue  des  Grands-Augustins, 


CHANSONS   EPICURIENNES 


217 


„amais,  à  chaque  coup  de  vent, 
On  n'a  vu  tourner  ma  casquette. 

Jamais  l'or  qui  couvre  les  grands, 
Jamais  les  lazzis  d'un  paillasse, 
Les  équipages,  les  rubans, 
Ne  la  firent  bougur  de  place  ; 
Mais  vient-il  s'offrir  à  mes  yeux 
Cheveux  blancs  ou  jeune  fillette, 
Sur  mon  front  jamais  devant  eux 
Je  n'ai  pu  garder  ma  casquette. 

S'il  me  fallait  choisir  un  jour 
Entre  l'opprobre  et  la  misère, 
Ma  casquette,  mon  vieil  amour, 
Tu  me  seras  bien  nécessaire  I 
D'être  fier  je  n'ai  pas  sujet, 
Puisqu'Homère,  ce  grand  poète, 
Jadis  a  tendu  son  bonnet, 
Je  puis  bien  tendre  ma  casquette. 

Emile  Debreanx. 


DANS  NOTRE  COEUR  CHERCHONS  LA  VÉRITÉ. 

Air  duManteau  de  la  pauvreté  (Morisset.) 

Du  vrai  bonheur  pour  trouver  la  science, 
On  croit  qu'il  faut  compulser  maints  écrits; 
Le  meilleur  guide  est  notre  conscience; 
Elle  sait  tout  sans  avoir  rien  appris. 
Supérieure  aux  sages  qu'on  renomme, 
Don  précieux  d'un  Dieu  plein  de  bonté, 
L'interroger  devrait  suffire  à  l'homme  : 
Dans  notre  cœur  cherchons  la  vérité. 

Oh!  non,  le  cœur  n'égare  pas  la  tète'; 
Par  lui,  Jésus  brûlait  du  sacré  feu  : 
L'humanité,  dont  il  fut  l'interprète, 
Mort  sur  la  croix,  l'adore  comme  Dieu! 
Bien  qu'étranger  aux  dogmes  de  Socrate, 
Il  découvrit  que  la  fraternité 
Du  mal  sur  terre  effaçait  le  stigmate  : 
Dans  notre  cœur  cherchons  la  vérité. 

Tant  de  rhéteurs,  professeurs  de  morale, 
Ont  composé  chacun  leur  rudiment! 


Comment  voir  clair  dans  cet  obscur  dédale? 
L'esprit  n'a  point  les  yeux  du  sentiment. 
Abandonnant  de  vaines  controverses, 
Tous  enflammés  d'espoir,  de  charité, 
Ne  formons  plus  mille  sectes  diverses: 
Dans  notre  cœur  cherchons  la  vérité. 

Ce  noble  élan,  ce  pur  instinct  de  l'âme, 
Qui  parle  en  nous  si  bien  de  l'avenir, 
C'est  un  prophète  inspiré,  qui  proclame 
La  loi  du  ciel  dont  il  a  souvenir... 
Pour  nous  il  souffre,  et  veut  devancer  l'heure 
Où  nous  vivrons  dans  la  félicité. 
N'étouffons  pas  la  voix  intérieure  : 
Dans  notre  cœur  cherchons  la  vérité. 

Peuples  !  fondez  le  règne  du  Bien-Être  : 
C'était  le  seul  qu'il  eût  fallu  choisir. 
Lors  vous  verriez  tous  les  maux  disparaître 
Et  le  travail  deviendrait  un  plaisir. 
Vautour  cruel,  quoi!  l'affreuse  misère 
Plane  toujours  sur  la  société  ! 
Ne  peut-on  pas  établir  une  autre  ère  ?... 
Dans  notre  cœur  cherchons  la  vérité. 

Le  rossignol  ne  doit  qu'à  la  nature 
Son  chant  vainqueur,  doux  et  mélodieux; 
L'art  au  bouvreuil  donne  en  vain  la  mesure, 
Le  pauvre  oiseau  ne  chante  guère  mieux. 
Les  sols  lettrés  sont  d'autant  plus  stériles 
Qu'ils  ont  acquis  plus  defécoudilé; 
Nous,  ouvriers,  poètes  mal  habiles, 
Dans  notre  cœur  cherchons  la  vérité. 

Emile  Variu. 

La  musique,  de  Merisset,  se  trouve,  à  Paris,  chez 
L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de-Naza- 
reth. 


LA  VIE   EST   UN   VOYAGE 

1801. 

La  vie  est  un  voyage, 
Tâchons  de  l'embellir. 


91 


T.  m. 


32 


213 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Jelons  sur  ce  passage 

Les  roses  du  plaisir.  {ter.) 

Dans  l'âge  heureux  de  la  jeunesse, 
L'amour  nous  flatte,  il  nous  caresse, 
11  nous  présenle  !e  bonheur, 
Puis  il  s'envole  :  on  voit  l'erreur. 
Hélas  !  que  faite? 
Tâcher  de  plaire.        {bis.) 
Du  bien  présent  savoir  jouir, 
Sans  trop  songer  à  l'avenir.       {1er.) 

A  la  ville,  au  village, 

On  n'est  content  de  rien  : 

Pensons  comme  le  sage 

Qui  dit  que  tout  est  bien.      {ter.) 
Le  bonheur  n'est  qu'imaginaire, 
Chacun  sourit  à  sa  chimère  ; 
Chantons,  célébrons  tour-à-lour 
Bacchus,  le  plaisir  et  l'amour. 
Que  sous  la  treille 
Le  plaisir  veille.  {bis.) 

Tenant  le  flambeau  de  l'amour, 
Bacchus  sera  le  dieu  du  jour.      {1er.) 

Les  dieux  à  leur  image 

Formèrent  la  beauté  ; 

Sur  leur  plus  bel  ouvrage 

L'amour  fut  consulté.  (ter.) 

Le  jour,  la  nuit,  fût-elle  obscure, 
Sur  la  pourpre,  sur  la  verdure, 
Suivons  l'amour  et  lagaité, 
Aux  autels  de  la  volupté. 
Ah!  quel  délire! 
Pour  qui  respire  :  (bis.) 

L'encens  par  l'amour  présenté, 
Des  dieux  c'est  la  félicité  !  (ter.) 

.Mord. 


La  réputation  de  M  j,:art  faisait  désirer  depuis 
longtemps  que  ses  chefs-d'asuvre  fussent  natiunali- 
France.  On  avait  déjà  parodié,  en  1793,  2e 
Nozze  di  Figaro,  on  fit  choix,  en  lbOl,  de  U  i 
inchuitlce,  qui  jouissait  en  Allemagne  d'une  grande 
réputation,  et  que  M.  Morel,  le  grand  faiseur  de 
a,  ajusta  sous  le  titre  des  Mystères  d'hit. 
Malgré  la  faiblesse  du  poème,  la  pièce  eut  un  grand 
■uect-s,  d,râce à  l'admirable  inusiijue  di.  Mozart  On 
répéta  partout  l'air  la  Vie  est  un  voyage,  ctaanl 


Vicieusement  par  Laïs.  Le  motif  de  cet  air  ne  parut 
cependant  pas  nouveau,  et  en  effet  il  avait  été  em- 
ployé dans  un  joli  opéra-comique,  les  Vititandiius. 
Voici  à  ce  sujet  uneanecdote  peu  connue  :  Gavcaux, 
qui  jouait  dans  cette  pièce  le  rôle  de  Belfort,  n'était 
pas  content  de  l'air  que  lui  avait  fait  Devienne 
sur  le  rondeau  Enfant  chéri  des  dames:  «  Fais-en 
un  autre,  »  lui  dit  Devienne.  En  effet,  Gavcaux  ap- 
porta le  lendemain  l'air  cl. armant  qui  eut  le  plus 
grand  succès,  et  qu'il  avait  sans  façon  imité  de  celui 
de  Mozart,  qm  n'était  pas  connu  en  France  ;  il  n'a- 
vait fait  qu'en  changer  le  mouvement. 

Depuis  la  représentation  des  Mystères  d'Isis,  on 
a  donné  en  France  d'autres  opéras  de  Mozart;  le 
Don  Juan  M  représenté  en  1805  à  l'Académie  impé- 
riale de  musique,  et  le  Nozxe  di  Figaro  à  l'Opéra- 
Buffa  en  1807. 

Mozart  ne  fut  pas  témoin  du  succès  que  sa  mu- 
sique obtint  sur  les  théâtres  de  France  ;  il  mourut  à 
Vienne  en  1792,  âgé  seulement  de  trente-six  ans. 

Monique  de  Mozart,  arrangée  par  Lachnith, notée 
au  N.  3  de  'a  Clé  du  Caveau. 


NOTRE  DERNIER  JOUR   PEUT-ÊTRE. 

AIR  :  Pour  un  soldai  qui  n'en  a  pas  l'usage 
(vaudeville  de  Michel  et  Christine). 

Dans  celle  vie,  hélas!  trop  fugi  ive, 
Qui  nous  assure  un  lendemain?. 
Sous  la  couronne  du  convive 
Souvent  la  mort  glisse  la  main. 
Eh!  savons-nous  si  dans  ce  lieu  champêtre 
Le  lierre  au  front  nous  pourrons  revenir? 
C'est  noire  dernier  jour  peut-être, 
Qu'il  soit  tout  entier  au  plaisir! 

De  ce  beau  fruit  à  la  couleur  vermeille 

J'admire  l'éclat  passager; 

Mais  préparez  votre  corbeille, 

Un  ver  s'apprête  à  le  ronger  : 
Ainsi  la  vie  <"-i  prompte  à  disparaître. 
Quand  QOU8  voulons  la  laisser  trop  mûrir; 

C'est  DOtre  dernier  jour  peut-être, 

Qu'il  soit  tout  entier  au  plaisir! 

Resplendissant  comme  un  vaste  incendie, 
Le  beau  soleil  de  ce  matin, 


CHANSONS    EPICURIENNES, 


21!) 


Sous  les  saules  de  la  prairie, 

Par  degrés  s'efface  et  s'éteint  : 
Il  meurt  aussi  pour  ne  jamais  renaître, 
Le  frêle  arbuste  oublié  du  zéphir. 

C'est  notre  dernier  jour  peut-être, 

Qu'il  soit  tout  entier  au  plaisir! 

Le  verre  en  main,  descendons  dans  la  cave 
Où  dès  longtemps  amoncelés, 
Dorment  le  sauterne  et  le  grave 
Près  du  Champagne  aux  flots  perlés! 
Enivrons-nous  sans  chercher  à  connaître 
De  vains  secrets  cachés  dans  l'avenir. 
C'est  notre  dernier  jour  peut-être, 
Qu'il  soit  tout  entier  au  plaisir  ! 

Du  peu  d'instants  que  le  sort  nous  dérobe, 

Ne  jouissons  pas  à  demi; 

Savons-nous  même  si  ce  globe 

Sur  son  axe  est  bien  affermi  ? 
Mais  en  voyant  l'aurore  reparaître, 
Chaque  matin  chantons,  pour  mieux  jouir  : 

C'est  notre  dernier  jour  peut-être, 

Qu'il  soit  tout  entier  au  plaisir! 

Joseph  Servlères. 


MAXIMES  ÉPICURIENNES. 

1830. 

Air  :  Tendres  échos  errants  dans  ces  vallons. 

Faisons  asseoir  au  banquet  de  nos  jours 
Et  la  folie  et  les  riants  amours. 

Petit  acteur  d'un  drame  merveil'eux,' 
Toi  qu'on  remarque  à  peine  dans  la  pièce, 
A  ton  début,  prends  un  rôle  joyeux, 
Parmi  les  fous  la  folie  est  sagesse. 
Faisons  asseoir,  etc. 

Mortel,  r:mplis  ton  saint  apostolat, 
Laisse  à  vau-l'eau  couler  ton  existence. 
Tes  doigts  enfants  ont  souscrit  un  mandai 
Dont  tu  n'as  pas  indiqué  l'échéance. 
Faisons  asseoir,  etc. 


Amis,  le  temps  vole,  fauche  et  détruit, 
A  jouir  vite,  hélas!  il  nous  oblige  ; 
Puis,  le  bonheur  est  un  céleste  fruit, 
Qui  pousse  et  meurt  sur  une  frêle  tige. 
Faisons  asseoir,  etc. 

Pour  enrichir  des  vieux  jours  incertains, 
L'industriel  sans  cesse  amasse  et  compte  ; 
Dans  ses  calculs,  tout-à-coup  les  deslins 
Par  un  zéro  viennent  fermer  son  compte. 
Faisons  asseoir,  etc. 

Sur  le  vélin,  jeune  et  timide  amant, 
Pourquoi  jurer  d'être  à  jamais  fidèle  ? 
A  peine  écrit,  ton  amoureux  serment 
Est  par  l'amour  effacé  d'un  coup  d'aile. 
Faisons  asseoir,  etc. 

Pauvre  Harpagon,  pour  des  parents  ingra's, 
Tu  vis  de  peu,  tu  sèches  d'abstinence  ; 
Tes  successeurs,  comme  un  essaim  de  rats. 
Gaspilleront  ton  grenier  d'abondance. 
Faisons  asseoir,  etc. 

Cerclés  d'amis,  dépensons  nos  deniers, 
Sans  mesurer  les  plaisirs  à  la  dose. 
Lorsqu'on  n'a  rien,  au  moins  les  héritiers, 
A  notre  mort,  pleurent  pour  quelque  chose. 
Faisons  asseoir,  etc. 

Au  jour  le  jour  prenant  le  bien,  le  mal, 
Le  gai  Viveur,  sans  soins  ni  fantaisie, 
Voit  sans  regret  se  briser  le  cristal 
Dont  il  a  bu  l'absinthe  et  l'ambroisie. 
Faisons  asseoir,  etc. 

Qu'est  ce  au  total  que  la  vie  ici-ba  ?... 
C'est  un  billet  que  le  hasard  nous  tire  ; 
C'est  un  sentier  où  s'effacent  nos  pas; 
C'est  un  feuillet  que  le  destin  déchire!  M... 


Faisons  asseoir  au  banquet  de  nos  jours 
Et  la  folie  et  les  riants  amours. 

Louis  Festeau. 

La  musique .    de    Gilles ,  se  trouve  notée   au 
N.  1797  rie  la  Clé  du  C  iveau. 


tio 


CHANSONS   POPOLA1RES. 


LE  BUVEUR   PHILOSOPHE. 

1835. 

Air  du  gourmand  (de  Favart), 

Joyeux  amis,  puisque  l'ivresse 
Esl  la  compagne  du  bonheur, 
Avec  celte  aimable  maîtresse, 
Réveillons  notre  bonne  humeur. 
Tout  au  plaisir  qui  nous  caresse, 
Rions  du  caustique  censeur  ; 
Laissons  tous  nos  esprits-moroses 
Prendre  des  ronces  pour  des  roses  ! 

Buveurs, 
De  ma  philosophie, 
Pour  goûter  les  douceurs, 
Du  chemin  de  la  vie 
Ne  cueillons  que  les  fleurs  ; 
Des  ports  de  l'univers, 
Jusque  dans  les  enfers, 

De  pampres  verts 

Ornons  nos  hivers. 

Loin  de  nous  ces  prêcheurs  insignes 
Qui  ne  s'abreuvent  que  de  fiel!... 
Jamais  aigris  et  toujours  dignes 
Des  présents  de  l'Etre  éternel  ! 
Du  Dieu  qui  protège  nos  vignes, 
Protégeons  le  culte  immortel! 
Des  bons  vivants  peuplons  le  temple; 
Nous  n'y  prêchons  que  par  l'exemple! 
Buveurs,  etc. 

Embrasés  du  feu  du  génie, 
Que  nous  donne  un  jus  précieux, 
Quand  sur  le  sein  déjeune  amie 
Noua  portons  nos  transports  joyeux. 
Tâchons  que  de  sa  main  jolie, 
Le  plaisir  nous  ferme  les  yeux, 
Et  que  Phébus  ne  nous  réveille 
Que  pour  nous  guider  sous  la  treille!..- 
buveurs,  etc. 

Sous  l'égide  de  la  folie, 
Charmons  d'avance  l'avenir 
De  chaque  instant  qui  nous  rallie 
l>  misons  le  souvenir  ; 


Afin  qu'au  gré  de  notre  envie 
Nous  accompagne  le  plaisir; 
Enlacés  de  myrte  et  de  lierre, 
Attachons-nous  à  sa  bannière  !... 
Buveurs,  etc. 

Sur  ce  beau  fleuve  où  tout  chancelle 
Naviguons  avec  fermeté. 
Enivrés  des  biens  qu'il  recèle, 
Du  temps  bravons  l'égalité. 
Tranquilles  dans  notre  nacelle^ 
Gagnons  doucement  le  Lélhé... 
De  Momus  ayons  pour  pilote 
Le  tambourin  et  la  marotte... 

Buveurs, 
De  ma  philosophie 
Pour  goûter  les  douceurs, 
Du  chemin  de  la  vie 
Ne  cueillons  que  les  fleurs, 
Des  ports  de  l'univers, 
Jusque  dans  les  enfers, 

De  pampres  verts 

Ornons  nos  hivers. 

Fei-chclet. 

La  musique  se  trouve  chez  L.  "Vieillot,  éditeur, 
32,  rue  Notre-Dame-de-Nazareth. 


LA   MOUSSE. 

Air  :  Vite  en  route  (du  Juif,. 

Ils  sont  passés,  les  jours  d'ennui 
Loin  de  nous  les  frimas  ont  fui  ; 
A  nos  yeux  le  printemps  a  lui. 
Mais  la  terre  nue 
Fatigue  la  Yue; 
Pour  la  recouvrir 
El  la  refleurir, 
Pousse,  pousse, 
Gentille  mousse; 

Viens  servir 
De  trône  au  plaisir. 


Paris.  —  Imprimerie  de  Piu.l1  fils  aîué,  rue  des  Crands-Augustins,  li. 


CHANSONS    ÉPICURIENNES. 


231 


Le  remords  endurcit  parfois 
Le  duvet  que  foulent  les  rois. 
Quand  de  Lise  les  jolis  doigts, 

Aux  pieds  d'une  treille, 

Pour  que  j'y  sommeille, 

De  fleurs  et  d'épis 

Couvrent  ton  tapis. 
Pousse,  pousse,  etc. 

Fille  qui  glisse  en  un  palais, 
Pour  toujours  trouve  les  regrets; 
Celle  qui  tombe  en  tes  guérets, 

Sans  doute  elle  pleure; 

Mais,  au  bout  d'une  heure, 

La  timide  enfant 

Sourit  en  pleurant. 
Pousse,  pousse,  etc. 

Du  sang  qui  pourpra  tes  atours 
Quand  les  flots  ont  fui  pour  toujours, 
Souffre  au  moins  que,  grâce  aux  amour. 

Fleur  que  l'on  effeuille, 

Rose  que  l'on  cueille, 

Sur  tes  sillons  d'or 

En  répande  encor. 
Pousse,  pousse,  etc. 

Vois  pâlir  le  plus  riche  écrin, 
Lorsqu'à  l'aube  d'un  jour  serein, 
Suspendue  au  plus  faible  brin, 

Chaque  gouttelette 

Mille  fois  reflète 

Du  ciel  le  plus  pur 

Le  pourpre  et  l'azur. 
Pousse,  pousse,  etc. 

Ne  crains  plus  le  pesant  essor 
Des  farouches  enfants  du  Nord, 
Jamais,  sans  y  trouver  la  mort, 

Jamais  sur  nos  terres 

D'autres  que  nos  frères 

Ne  t'effleureront, 

Ne  te  flétriront. 
Pousse,  pousse,  etc. 

Comme  la  terre  est  le  cercueil 
Qui  doit  engloulir  notre  orgueil. 


Son  aspect  attriste  mon  œL. 
Viens,  fille  de  Flore, 
Viens  cacher  encore, 
Sous  ton  gai  manteau. 
Ce  vaste  tombeau. 

Pousse,  pnusse, 
Gentille  mousse; 

Viens  servir 
De  trône  au  plaisir. 

Emile  Debrcaiix. 


PORTONS  GAIMENTNOTRE  FARDEAU 

A'R  de  la  treille  de  sincérité. 

Dans  cette  vie 

Où  tout  varie, 
Où  chaque  pas  mène  au  tombeau, 
Portons  gaiment  notre  fardeau.         (bis  ) 

Ainsi,  contemplant  sa  chaumière, 
Au  lieu  d'accuser  le  destin, 
Lucas  égayait  sa  misère 
Avec  ce  consolant  refrain  ;  (bis. 

Et  lorsqu'à  la  fin  de  l'ouvrage, 
Le  soir  ramenait  le  repos, 
Lucas  regagnait  son  village, 
Chantait  en  portant  ses  fagots  : 
Dans  cette  vie,  etc. 

A  Lucas  Louise  était  chère , 
Louise  l'aime,  on  les  unit. 
De  la  gentille  ménagère 
Bientôt  la  taille  s'arrondit; 
Son  petit  jupon  d'écarlate 
Chaque  jour  va  raccourcissant. 
Mais,  fière  d'un  poids  qui  la  flatte 
Louise  dit  en  souriant  : 
Dans  cette  vie,  etc. 

Un  des  fils  qui  faisait  sa  gloire 
Courut  défendre  son  pays; 
Mais,  hélus!  parfois  la  vicire 
A  maltraité  ses  favoris  I 


9-2 


T.  u.  —  33. 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Du  sort  éprouvant  le?  injures, 
En  route  notre  jeune  héros, 
De  lauriers  couvrant  ses  blessures, 
Fredonnait  le  sac  sur  le  dos  : 
Dans  cette  vie,  etc. 

Pauvre  qui  guettes  l'espérance 
Et  qui  n'obtiens  que  la  pitié. 
Martyr  d'une  noble  vaillance. 
Qui  n'a  pu  mourir  qu'à  moitié, 
Vieillard  que  la  tombe  muette, 
Malgré  tes  vœux,  repousse  encor, 
Bergère  qui  tient  la  houlette, 
Roi  qui  portez  un  sceptre  d'or, 
Dans  cette  vie,  etc. 

Souvenons-nous  que  sur  la  terre 
Chacun  a  son  lot  de  douleur  : 
Tout  n'est  pas  peine  à  la  chaumière, 
Au  château  tout  n'est  pas  bonheur; 
La  crainte  assiège  la  richesse, 
Le  pouvoir  redoute  un  écueil, 
L'amour  a  ses  nuits  de  tristesse, 
Et  la  gloire  a  ses  jours  de  deuil. 

Dans  cette  vie 

Où  tout  varie, 
Où  cliuque  pas  mène  au  tombeau. 
Portons  gaîment  notre  fardeau. 

U.  de  Kougemont. 

La  musique,  de  Désaugiers,  se  trouve  notée  au 
N.1113  de  la  Clé  du  Caveau. 


LA   MELOMANIE. 

1782. 

Sans  chanter  peut-on  vivre  un  jour? 

Le  chant  ranime  la  vieillesse  ; 
11  est  pour  la  jeunesse, 
Le  pèn  du  plaisir  et  le  fils  de  l'amour. 

A  douce  et  gentille  fillette, 
Le  berger  va  chaulant  son  amoureux  désir. 


Et  c'est  au  son  de  sa  musette, 
Aux  couplets  de  sa  chansonnette, 

Que  la  bergerette 

Se  laisse  attendrir. 

Les  guerriers  chantent  leur  victoire; 
Les  amants  chantent  leur  ardeur  ; 
C'est  la  trompette  de  la  gloire, 
C'est  le  signal  du  bonheur. 
Sans  chanter  peut-on  rire  et  boire  : 
On  chante  le  verre  à  la  main  ; 
Si  le  bon  vin  inspire  la  tendresse, 
La  chansonnette  amène  l'allégresse, 
De  la  joie  ou  passe  à  l'ivresse, 
Et  la  voisine  embrasse  son  voisin. 

Paroles  d'un  anonyme. 

La  musique,  de  Champein,  se  trouve   notée  au 
N.  1167  de  la  Clé  du  Caveau. 


HYMNE  AU  SOLEIL. 

1844. 
Air  :  Sans  craindre  les  vents  ni  l'orage. 

De  ta  lumière  vive  et  pure, 
Dieu  visible,  éclaire  mes  sens! 
Brillant  époux  de  la  nature, 
Soleil,  reçois  mes  vœux  et  mon  encens  I 

Par  toi,  tout  s'anime  en  ce  monde, 
Aslre  éclatant  de  l'univers, 
Et  ton  feu  créateur  féconde 
La  terre,  les  cieux  et  les  mers. 
De  ta  lumière,  etc. 

Globe  lumineux,  ta  présence 
Du  méchant  trouble  le  repos; 
Le  crime  guette  ton  absence 
Pour  exécuter  ses  complots. 
De  ta  lumière,  etc. 

Du  temps  lu  braves  les  outrages, 
Et,  sans  jamais  t'en  ressentir, 


CHANSONS   EPICURIENNES. 


m 


Dans  le  torrent  profond  des  âges, 
Tu  vois  les  âges  s  engloutir. 
De  ta  lumière,  etc. 

L'éclat  de  la  magnificence 
Frappe  les  yeux  de  tout  mortel. 
Dieu  du  jour,  la  reconnaissance 
T'éleva  le  premier  autel. 
De  ta  lumière,  etc. 

Une  théologie  occulte 
Tronqua  la  primitive  loi; 
Mais,  tout  en  altérant  ton  culte, 
L'homme  n'eut  d'autre  Dieu  que  toi. 
De  4a  lumière,  etc. 

Dans  l'Egypte,  à  Rome,  en  Phocide, 
Tu  fus,  tour-à-tour,  Osiris, 
Jupiter,  Adonis,  Alcide, 
Jéhovah,  Pan  et  Sérapis. 
De  ta  lumière,  etc. 

L'homme-Dieu  reçoit  nos  hommages, 
Mais  son  culte  émane  du  tien  ; 
Le  culte  solaire  des  Mages 
Sert  de  type  au  culte  chrétien. 
De  ta  lumière,  etc. 

Dieu  des  buveurs,  à  la  guinguette, 
De  Bacchustu  reçois  le  nom. 
Au  Parnasse,  dieu  du  poète, 
Pour  nous,  tu  deviens  Apollon. 
De  ta  lumière,  etc. 

Dieu  des  bons  vers,  ton  art  aimable, 
Aux  yeux  du  sot,  n'est  qu'un  travers. 
Tel  est  le  renard  de  la  fable 
Qui  trouve  les  raisins  trop  verts. 
De  ta  lumière,  etc. 

Du  cerveau  momusien  qu'il  frappe 
Le  bon  vin  fait  jaillir  l'esprit  ! 
La  terre  fait  germer  la  grappe, 
Mais  c'est  ton  feu  qui  la  mûrit. 

De  ta  lumière  vive  et  pure, 
Dieu  visible,  éclaire  mes  sens  ! 


Brillant  époux  de  la  nature, 
Soleil,  reçois  mes  vœux  et  mon  encens  ! 
Auguste  Saint-tàllle». 


REVES   DORÉS 
d'un   pauvre    diarle. 

Air  :  Amis,jamat$  le  chagrin  ne  m'approche. 

Pour  aplanir  la  route  de  la  vie, 

Que  de  soucis,  de  peines,  d'embarras  ; 

Moi,  je  la  trouve  ardue  et  défleurie, 

Et,  poursuivant  la  fortune  à  grands  pas, 

Je  cours  sans  trêve  et  je  ne  l'atteins  pas. 

Un  créancier  qu'un  recors  accompagne, 

Me  fait  de  jour  quitter  mon  logement, 

J'y  rentre  tard  et  m'endors  promptement... 

Je  ne  dois  rien  quand  le  sommeil  me  gagne. 

Ce  bonheur-là  ne  me  vient  qu'en  dormant. 

Dans  le  sommeil  que  je  trouve  de  charmes, 
Si,  par  instant,  les  pavots  trop  pesants 
D'un  cauchemar  me  causent  les  alarmes: 
Combien  de  fois,  légers  et  bienfaisants, 
D'un  doux  mensonge  ils  enivrent  mes  sens. 
Songes  dorés!...  Des  femmes  jeunes,  belles, 
Que  mon  amour  supplia  vainement, 
Qui  souriaient  aux  vœux  d'un  riche  amant. 
Ont  dans  mes  bras  cessé  d'être  cruelles. 
Mais  ce  bonheur  ne  me  vint  qu'en  dormant. 

Quand  un  beau  rêve  au  sein  de  l'opulence, 

Moi,  qui  toujours  ai  le  gousset  percé, 

Vient  me  jeter,  oh  !  ma  joie  est  immense!... 

Chez  l'indigent,  mon  argent  bien  placé 

Chasse  la  faim  dont  il  est  menacé. 

De  mes  amis  je  devine  la  gêne, 

De  mon  trésor  j'use  alors  largement; 

Faisant  leur  part,  j'en  jouis  doublement, 

C'est  pour  mon  cœur  une  excellente  aubaine. 

Mais  es  bonheur  ne  me  vient  qu'eu  dormant. 

Enfant  trouvé,  je  n'eus  point  de  famille... 
Je  n'ai  jamais  réuni  près  de  mo. 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Cesèlres  chers,  femme,  garçon  et  fille, 
El  du  deslin  la  rigoureuse  loi 
Ne  permet  pas  que  j'engage  ma  foi. 
Las!  je  n'ai  rien  !...  et  je  vis  sol  taire; 
Mais  quelquefois,  dans  mon  isolement. 
D'un  nœud  sacré  je  sens  l'enivrement... 
Un  songe  heureux  me  rend  époux  et  père  '  .. 
Un  tel  bonheur  ne  me  vient  qu'en  donnant. 

Pauvre  pécheur,  j'ai  fourni  ma  carrière, 
J'arrive  au  but,  au  moment  solennel. 
J'ai  trop  souvent  vidé  la  coupe  amère, 
Dont  les  bords  seuls  étaient  enduits  de  miel. 
Pour  craindre  encor  les  châtiments  du  ciel. 
En  es]>érant  l'éternelle  existence, 
Implorant  Dieu  jusqu'au  dernier  moment, 
Chrétien,  j'irai  sous  le  froid  monument 
Du  Tout-Puissant  attendre  la  clémence. 
Bonheur  d'élu  ne  viendra  qu'en  dormant. 

I*  -.1     »  linrriii. 

_<i  musique,  de  Darondeau,  se  trouve  notée  au 
N.  1<U4  de  la  Clé  du  Caveau. 


LES   SONGES. 

1820. 
Air  du  Carnaval  de  Bèranger. 

Des  feux  du  jour  la  chaleur  dévorante 
Devant  la  nuit  a  fui  de  toutes  parts, 
Et,  de  ses  fils  guidant  la  troupe  errante, 
Le  vieux  Riorphée  envahit  nos  remparts. 
A  mon  aspect,  dit  il,  que  la  souffrance 
Dépi  Be  enfin  son  sceptre  rigoureux  : 
Songes  Légers,  enfants  de!  Espérance, 
Couviez  île  Heurs  le  lit  du  malheureux. 

Cherchez  ce?  toits,  si  voisins  des  orages, 
Où  le  talent,  pauvre  ou  persécuté, 

l-.ii  souptt  m1  esquisse  les  oui  rages. 
Orgueil  futur  de  la  postérité. 


Que,  par  vos  soins,  il  rêve  que  la  France 
Couronne  enfin  ses  efforts  généreux  : 
Songes  légers,  enfants  de  l'Espérance, 
Couvrez  de  fleurs  le  lit  du  malheureux  ! 

Puis  visitez  l'ombrage  tutélaire 
Où  quelques  Grecs,  des  auteurs  abrités, 
En  s'endormant.  frémissent  de  colère 
Au  souvenir  des  fers  qu'ils  ont  portés. 
Ah!  donnez  leur  la  tant  douce  assurance 
Quêtons  les  rois  vont  se  croiser  pour  eux  : 
Songes  légers,  enfants  de  l'Espérance, 
Couvrez  de  fleurs  le  lit  du  malheureux  t 

Planez  ensuite  sur  les  sombres  repaires 
Où  le  génie,  un  instant  égaré, 
Voil  remplacer  le  berceau  de  ses  pères 
Par  le  cachot  aux  forfaits  consacré: 
Que,  grâce  à  vous,  du  jour  de  délivrance, 
Au  sein  des  nuits,  sonne  le  timbre  heureux  ■ 
Songes  légers,  enfants  de  l'Espérance, 
Couvrez  de  fleurs  le  lit  du  malheureux! 

Volez  ensuite  en  cette  humble  chaumière 
Où  le  sergent,  que  chanta  Bèranger, 
Pense  aux  beaux  jours  où  sa  couche  première 
Fut  des  drapeaux  conquis  sur  l'étranger. 
Ah!  qu'à  ses  yeux  l'onde  de  la  Durance 
Reflète,  au  moins,  l'étoile  de  nos  preux: 
Songes  légers,  enfants  de  l'Espérance, 
Couvrez  de  fleurs  le  lit  du  malheureux  1 

Volez  enfin  sur  ce  lit  de  misère 
Que  tant  de  gloire  un  jour  environna; 
Là,  sans  trembler,  un  nouveau  Bélisaire 
Va  rendre  h  Dieu  ce  que  Dieu  lui  donna, 
lui  vain  des  rois  la  sombre  intolérance 
Creusa  sa  tombe  en  des  climats  atl'reux  : 
Songes  légers,  enfants  de  l'Espérance, 
Couvrez  de  fleurs  le  lit  du  malheureux  I 

Emile  llebrraui. 


La  musique  ,  fie  A.  Meiaaonnier  aîné,  se  trouve 
notée  au  N.  1983  de  la  Clé 


Paris.—  imprimerie  de  Pau.i  BU  atnô,  rue  de»  Grands-Augustin»,  '6. 


LES  TROUBADOURS  MODERNES. 

1804. 

Sous  les  drapeaux  des  ris  et  des  amours, 
Qu'on  rétablisse  un  corps  de  troubadours, 
Et  d'entrer  dans  ses  rangs  sur-le-champ  je  m'honore  : 
Ce  qui  fut  bon  jadis,  aujourd'hui  l'est  encore, 
Et  le  sera  toujours. 

Si  nuls,  revers  ne  troublent  nos  amours, 
Par  monts,  par  vaux,  fortunés  troubadours, 
Nous  dirons  en  riant  sur  notre  luth  sonore  : 
Comme  on  aima  jadis,  et  comme  on  aime  encore, 
On  aimera  toujours. 

Mais  s'il  advient  échec  à  nos  amours, 
Nous  chanterons,  malheureux  troubadours  : 
Adieu,  Lise,  Cloris,  Bélinde  et  Léonore! 
Puisqu'on  trompa  jadis,  et  puisqu'on  trompe  encore, 
On  trompera  toujours. 

A.-P.-A.  de  Piis. 

La  musique,  de  l'auteur  fies  paroles,  se  trouve  à  Paris,  chez 
L,  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Nutre-Daine-de-Xazareth. 


LA  LUMIERE. 

Air  :  Je  veux  une  femme  qui  m'aime  (le  Cousin  Jacques). 

La  vertu  seule  est  la  lumière 

Qui  s'accorde  avec  la  raison; 

Qu'importe  que  l'esprit  s'éclaire, 

Si  le  cœur  est  sensible  et  bon? 

C'est  l'éclat  de  la  bienfaisance 

Qui  doit  toujours  frapper  nos  yeux; 

Le  plus  aveugle  de  la  France 

Est  clairvoyant,  s'il  est  heureux!  (bis.) 

Il  n'est  aucun  pays  du  monde 
Où  l'esprit  fasse  le  bonheur; 
On  brille  dans  la  nuit  profonde, 
Si  l'on  garde  la  paix  du  cœur. 

93 


Dieu,  plaçant  l'homme  sur  la  terre, 

Lui  donnant  un  cœur  vertueux, 

Ne  lui  dit  pas  :  Je  vous  éclaire! 

Mais  il  lui  dit  :  Soyez  heureux!  (bis,) 

Louis  Abel  R<  Il  roy  de  Reigny, 
dit  le  Cousin  Jacques. 

La  musique,  de  Caveaux,  se  trouve,  à  Paris,  chez  L.  Vieil- 
lot, éditeur,  3.',  rue  Xotre-l>aine-de-.\azareUi. 


FAITES-MOI  VIVRE  ENCOR  LONGTEMPS. 

Am  du  vaudeville  des  Maris  ont  tort. 
De  l'heureux  présent  je  dispose; 
Mais  dans  mon  obscur  avenir, 
Les  soucis  étouffent  la  rose  : 
Ah!  grand  Dieu,  faites-moi  mourir! 
J'aperçois  l'aimable  Niuette, 
Riche  de  ses  quinze  printemps; 
Elle  écoute  ma  chansonnette. 
Faites-moi  vivre  encor  longtemps. 
Ma  voix,  jadis  sonore  et  pleine, 
Aujourd'hui  commence  à  faiblir; 
L'indulgence  m'écoute  à  peine  : 
Ah!  grand  Dieu,  faites-moi  mourir! 
Mai^demain  ma  jeune  famille 
Redira  mes  sons  tremblotants; 
Pour  entendre  chanter  ma  fille, 
Faites-moi  vivre  encor  longtemps. 

Pour  disperser  ma  chevelure, 
Regardez  le  temps  accourir; 
C'est  en  vain  que  je  le  conjure  : 
Ah!  grand  Dieu,  faites-moi  mourir! 
La  rose,  le  myrte  et  le  lierre 
Couvrent  le  ravage  des  ans. 
Je  puis  en  semer  ma  carrière, 
Faites-moi  vivre  encor  longtemps. 
Je  vois  les  vices  et  l'intrigue 
Au  sein  des  bureaux  parvenir; 
Les  rangs  se  donnent  à  la  brigue  : 
Ah!  grand  Dieu,  faites-moi  mourir! 

T.  n.  —  m 


«?6 


CHANSONS   POPULAIRES 


Quoi  1  mourir!  et  ma  tendre  mère 
Réclame  mes  moindres  instants, 
Le  reste  n'est  qu'une  chimère  ; 
Faites-moi  vivre  encor  longtemps. 


F.  Dauphin. 


LE    TONNERRE. 

Air  du  vaudeville  de  Préville  el  Taconnet. 

Un  jour  l'Eternel  en  courroux 
Avait  juré  de  nous  réduire  en  poudre, 

Mais  Jésus,  qui  veillait  sur  nous, 
Osa  dire  à  son  père,  en  arrêtant  sa  foudre  : 

Les  mortels  veulent  vous  braver, 
C'est  mériter  votre  juste  colère  ; 

Mais  je  suis  mort  pour  les  sauver  : 

Laissez  reposer  le  tonnerre!  (bis.) 

Ces  paroles,  qu'on  doit  bénir, 
Nous  ont  jadis  épargné  maint  orage  ; 

Prêtres,  veuillez  les  retenir  ; 
Ce  qui  vaut  mieux  encor,  daignez  en  faire  usage. 

Voulez-vous  que  le  genre  humain 
Vousmonlrcentin  unfrontbieo  moins  sévère? 

Ne  prêchez  plus  le  glaive  en  main... 

Laissez  reposer  le  tonnerre  ! 

Du  monde,  orgueilleux  souverains, 
Faudra-t-il  donc  sans  cesse  vous  le  dire  ? 

Dieu  mit  la  foudre  dans  vos  mains 
Pour  venger  vos  sujets  el  non  pour  le§  détruire. 

Les  mortels  sont  las  de  souffrir; 
Pour  gouverner  à  présent  sur  la  terre, 

Mieux  vaut  pardonner  que  punir  . 

Laissez  reposer  le  tonnerre! 

Et  vous,  Dieu  que  nous  adorons, 
Vous  le  Bavez,  hélas  !  dans  cette  i  ie, 
A  chaque  pat  DOUA  rencontrons, 
Au  lieu  de  vrais  amis,  la  discorde  et  l'enrio. 
Pour  endormir  noire  douleur, 
Un  peu  de  vin  nous  est  si  nécessaire! 


Ah  !  lorsque  la  vigne  est  en  fleur, 
Laissez  reposer  le  tonnerre!      • 

Du  Français,  lâches  détracteurs, 
Rappelez-vous'que  sur  la  terre  et  l'onde 

Nous  étions  les  foudres  vengeurs 
Qu'un  nouveau  Jupiter  balançait  sur  le  monde. 

Ce  feu,  par  ordre  du  Destin, 
A  dérobé  sa  trop  vive  lumière; 

Il  dort;  mais  il  n'est  pas  éteint  : 

Laissez  reposer  le  tonnerre  ! 

Cmilc  Uebraux. 


La  musique,    de  Daroudeau,  se  trouve  notée  au 
N.Î6U  de  laClé  du  Caveau. 


PHILOSOPHIE    D'UN    SEXAGÉNAIRE. 


A  soixante  ans  on  ne  doit  pas  remettre 
L'instant  heureux  qui  promet  un  plaisir; 
Plus  lard  le  sorl  voudrait-il  nous  permettre 
De  le  rejoindre  et  de  le  ressaisir?     [bis.) 
Sur  l'avenir  je  ne  compte  plus  guère  : 
Le  présent  seul  à  mon  âge  est  certain,   (bis.', 
Mon  plus  beau  jour  est  celui  qui  m'éclaire, 
Car  lesvieillards  n'ontpas  de  lendemain. (bis.) 

Si  le  destin  veut  proléger  ma  vie, 

Je  me  résigne  à  ses  sages  décrets  ; 

Mais  mourir  vieux  n'est  pas  ce  que  j'envie  : 

L'âge  BOUVent  amène  des  regrets,     (bis.) 

Chacun  son  tour  est  la  règle  du  sage; 

Contentons-nous  d'égayer  nos  instants,  (bis. 

Celui  qui  plie  à  soixante  ans  bagage, 

S'il  vécut  bien,  vécut  assez  longtemps,  (bis. 

néNauitlerN 


La  musique,  de  Tourterelle,  se  trouve  notée  au 
N.  1129  de  la  Clé  du  Caveau, 


CHANSONS   ÉPICURIENNES. 


227 


LA   PHILOSOPHIE  DE    ROGER-BONTEMPS. 

Air  :  Sans  chagrin  pour  l'avenir  (Robin  des  Bois'. 

En  voyant  le  temps  s'assombrir, 
Plus  noir  encor  voir  l'avenir, 
Mes  amis,  c'est  folie  ! 
L'âme  calme,  et  l'esprit  fort, 
Affronter  les  coups  du  sort, 
C'est  ma  philosophie  !  (bis.) 

Aimer  qui  ne  nous  aime  pas, 
S'affliger  des  torts  des  ingrats, 
Mes  amis,  c'est  folie  ! 
Dupés,  obligeons  toujours, 
Cherchons  amours  pour  amours, 
C'est  ma  philosophie  ! 

Pour  un  mot,  lancé  sans  dessein, 
S'escrimer  comme  un  spadassin, 
Mes  amis,  c'est  folie  ! 
D'un  tort  sachons  convenir, 
Ou  pardonnons  sans  rougir, 
C'est  ma  philosophie  ! 

Croire  aux  oracles  d'un  devin, 
Qui  prédit  un  fâcheux  destin. 
Mes  amis,  c'est  folie  ! 
En  consultant  deux  beaux  yeux, 
Prévoir  ses  moments  heureux, 
C'est  ma  philosophie  ! 

Vers  quelques  boudoirs  somptueux, 
De  son  cœur  élever  les  vœux, 
Mes  amis,  c'est  folie  ! 
D'un  plusmodesie  réduit, 
Moins  souvent  le  bonheur  fuit, 
C'est  ma  philosophie  ! 

Faire  grand  bruit  du  grave  affront, 
Qui,  sans  le  marquer,  charge  un  front, 
Mes  amis,  c'est  folie  ! 
Chut  !...  Des  gens  disent  tout  bas: 
«  On  en  vit...  On  n'en  meurt  pas,  » 
C'est  ma  philosophie  ! 


S'adresser  un  propos  choquant. 
Se  brouiller  en  politiquant, 
Mes  amis,  c'est  folie  ! 
La  paix,  entre  honnêtes  gens, 
Qu'ils  soient  rouges,  bleus  ou  blancs. 
C'est  ma  philosophie! 

Vouloir  surprendre  les  secrets 
D'adroits  diplomates  discrets, 
Mes  amis,  c'est  folie! 
Flairer  un  maître  d'hôtel, 
Qui  sache  ceux  de  Vatel, 
C'est  ma  philosophie! 

Chercher  si  dans  l'immensité, 
Notre  globe  est  bien  supporté, 

Mes  amis,  c'est  folie  ! 
A  table,  en  joyeux  gourmand, 
Être  assis  solidement, 
C'est  ma  philosophie! 

Vouloir  sans  cesse  approfondir, 
Ce  que  nul  ne  peut  définir, 
Mes  amis,  c'est  folie  ! 
Bien  savoir  quels  sont  les  vins 
Les  plus  francs  et  les  plus  fins, 
C'est  ma  philosophie  ! 

Prendre  place  aux  brillants  repas, 
Où  l'on  pose,  où  l'on  ne  rit  pas, 
Mes  amis,  c'est  folie  ! 
Moi,  j'aime  un  petit  couvert, 
De  gais  flonflons  au  dessert, 
C'est  ma  philosophie  !  (bis.) 

P.  J.  Charrln. 

La  musique, de  Weber,  se  trouve  notée  auN.  1982 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  BONHEUR. 

Air      Un  vieux  solda/,  naguère  à  la  revue. 

Pour  s'enrichir  des  biens  d'un  autre  monde. 
Qu'un  envieux  vole  au-delà  des  mers, 


228 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Je  n'irai  pas,  de  la  machine  ronde, 
Pour  un  peu  d'or,  traverser  les  déserls  ; 
Sous  le  beau  ciel  où  j'embellis  ma  vie, 
D'un  bien  certain  tout  m'offre  la  douceur; 
En  respirant  l'air  pur  de  ma  patrie, 
Pans  le  chercher,  je  trouve  le  bonheur. 

Las  des  travers  dont  ce  monde  fourmille, 
Des  maux  passés  j'éteins  le  souvenir; 
Tranquille  au  sein  de  mon  humble  famille, 
De  mes  enfants  je  charme  l'avenir. 
Le  cœur  content  de  ma  douce  puissance, 
Dans  le  chemin  que  nous  trace  l'honneur, 
En  dirigeant  les  pas  de  l'innocence, 
Sans  le  chercher,  je  trouve  le  bonheur. 

Malgré  l'hymen  et  son  doux  ministère, 
Amant  heureux,  j'honore  la  beauté. 
Le  plaisir  vrai  que  je  goûte  à  Cylhère, 
Vient  ajouter  à  ma  félicité. 
Par  les  effets  qu'un  dieu  malin  me  dresse, 
Quand  d'un  ten/iron  je  provoque  l'ardeur, 
En  exhalant  un  soupir  de  tendresse, 
Sans  le  chercher,  je  trouve  le  bonheur. 

Sujet  constant  de  l'aimable  folie, 
Partout  son  charme  accompagne  mes  pas; 
Toujours  près  d'elle,  avec  elle  j'oublie 
Que  chaque  instant  me  conduit  au  trépas. 
Soumis  au  dieu  dont  le  jus  délectable 
Saitm'animer  par  sa  vive  chaleur, 
Quand  j'ai  trouvé  gais  amis,  bonne  table, 
Sans  le  chercher,  je  trouve  le  bonheur. 

Perchelet. 


A  GENOUX  DEVANT  LE  SOLEIL 

1824. 
Air  de  madame  Fnvart. 

Qu'on  dise  que  je  suis  impie, 
C'est  un  blâme  que  je  crains  peu, 
Moi  qui  porte  à  l'idolâtrie 
L  amour  que  réclame  mon  Dieu. 


C'est  mon  Dieu  qui  régit  la  terre, 
Visible  à  tous,  à  nul  pareil, 
Pour  qu'on  le  voie,  il  nous  éclaire. 
A  genoux  dev.mt  le  soleil  I  {bis.) 

C'est  lui  qui  ranime  la  plage , 
Où,  gais  voyageurs,  nous  passons, 
Qui  provoque  et  chasse  l'orage, 
Pour  faire  fleurir  nos  moissons. 
C'est  mon  Dieu  qui  dote  la  treille, 
Chaque  automne,  d'un  grain  vermeil. 
Joyeux  amis  de  la  bouteille, 
A  genoux  devant  le  soleil! 

Lorsque  l'hiver  et  son  cortège, 
L'ennui,  les  frimas,  les  autans, 
Remportent  leur  deuil  et  la  neige, 
Mon  Dieu,  ramène  le  printemps, 
A  l'arbre,  il  rend  sa  chevelure, 
Aux  amours  il  donne  l'éveil  : 
Amants,  qui  cherchez  la  verdure, 
A  genoux  devant  le  soleil I 

Mon  Dieu  n'a  pas  de  sanctuaire 
Où  l'on  marchande  ses  faveurs; 
Les  rois  n'ont  pas,  à  la  lumière,' 
Plus  de  part  que  les  laboureurs. 
Du  monde  il  confond  les  richesses 
Sur  chaque  sol,  dès  son  réveil, 
Gratis  il  répand  ses  largesses. 
A  genoux  devant  le  soleil  ! 

Ce  disque  saint  qui  vivifie 
L'être  chélif  et  souffreteux, 
C'est  l'esprit  que  je  déifie, 
Lui  qui  se  révèle  est  mon  Dieu. 
Puis,  les  hommes  quittant  le  monde, 
C'est  par  lui,  durant  leur  sommeil, 
Que  croissent  les  fleurs  sur  leur  tombe. 
A  genoux  devant  le  soleil. 

Alexis  DalèM. 

La  musique,  d'Auguste  Pilati,  se  trouve,  à  Taris, 
chez  L.Vieillot,  éditeur,  rue  Notrc-Damc-dc-Naza- 
retli,  32. 


CHANSONS    EPICURIENNES. 


229 


TOUT  CHEMIN  MÈNE  A  RQME. 


Air  de  Marianne 

Chacun,  sous  la  céleste  voûte, 
Aux  erreurs  payant  un  tribut, 
Par  une  différente  route, 
Veut  arriver  au  même  but: 
Quand  Pierre  brigue, 
Postule,  intrigue, 
Pour  se  hisser  jusques  à  la  grandeur, 
Dans  la  richesse 
•  Et  la  molesse, 
Paul  croit  trouver  le  souverain  bonheur. 
Moi,  sans  vouloir  m'en  guérir,  comme 
J'y  puis  arriver  tôt  ou  tard, 
Pas  à  pas  je  marche,  au  hasard  ; 
Tout  chemin  mène  à  Rome  I     (ter.) 

Ne  vous  raillez  pas  d'un  système 
Que  l'expérience  a  prescrit. 
Il  explique  ce  vieux  problême  : 
Bienheureux  les  pauvres  d'esprit. 
Or,  plus  d'études, 
D'inquiétudes  ; 
D'un  vain  mérite  à  quoi  bon  se  pourvoir, 
Quand  l'impudence, 
Et  l'ignorance 
Passent  avant  le  modeste  savoir? 
Combien  d'heureux  sots  qu'on  renomme. 
Marchant  par  d'ignobles  sentiers, 
Au  but  arrivent  les  premiers  ; 
Tout  chemin  mène  à  Rome  I 

De  l'antique  reine  du  monde, 
Nos  guerriers  prenaient  le  chemin. 
Mais  dans  leur  course  vagabonde 
Ils  ne  virent  pas  un  Romain. 

Un  ambassade 

Assez  maussade 
Pour  les  fléchir  leur  fit  de  beaux  sermons  ; 

Voyez,  dit-elle, 

La  route  est  telle 
Qu'il  vous  faudra  franchir  fleuves  et  monts 
«  Messieurs,  répondit  un  grand  homme, 


«  Qui  ne  fut  pas  toujours  gascon, 
«  Tout  fleuve  est  notre  Rubicon, 
«  Tout  chemin  mène  à  Rome  !  » 

S'il  n'est  plus  aux  champs  de  Bellonne 
De  lauriers  sanglants  à  cueillir, 
France  !  n'est-il  d'autre  couronne 
Dont  tu  puisse  t'enorgueillir? 
Terre  chérie, 
0  !  ma  patrie  ! 
Ne  tiens-tu  pas  le  sceptre  des  beaux  arts  ? 
De  ta  jeunesse, 
L'ardente  ivresse 
S'est  éclairée  au  berceau  des  Césars. 
Clio,  de  tes  fils  qu'elle  nomme, 
Immortalisant  les  travaux, 
Semble  dire  aux  peuples  rivaux. 
Tout  chemin  mène  à  Rome  ! 


Mais,  par  ses  clameurs,  sa  furie, 
L'erreur  signale  son  réveil  ; 
En  vain  la  vérité  lui  crie  : 
Retire-toi  de  mon  soleil! 
Partout  d'Ignace, 
La  sombre  audace 
A  révélé  le  monstre  renaissant  ; 
Le  pouvoir  plie, 
Tremble  et  supplie; 
A  la  remorque  il  se  traîne  impuissant. 
Chaquejour  l'œuvre  se  consomme, 
L'ultramontisme  suit  son  cours. 
Pour  lui,  malgré  ses  vains  détours, 
Tout  chemin  mène  à  Rome  I 

Nous  renaîtrons  à  la  lumière, 
J'en  di  l'espoir  consolateur. 
Déjà  l'opinion  plus  fière, 
Frappe  un  cynisme  corrupteur. 
Certain  ministre, 
Agent  sinistre, 
Frêle  instrument  d'allière  faction, 
Corromp,  divise, 
Démoralise, 
Sème  la  haine  et  la  dissension. 
De  discorde  odieuse  pomme, 


2?o 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Français,  ce  pouvoir  éhonté, 
Peut  conduire  à  la  liberté  : 
Tout  chemin  mène  à  Rome  ! 

Fortune,  ô  toi  qu'on  déifie, 
Qu'on  maudit  et  cherche  toujours, 
Sans  un  grain  de  philsophie 
Tu  ne  peux  donner  d'heureux  jours. 
Pendant  la  vie 
Chacun  envie 
Tes  vains  hochets,  ton  brillant  appareil  : 
Mais  pour  le  sage. 
Qu'est  ce  passage  ? 
Un  songe  court  pendant  un  long  sommeil! 
On  s'endort  de  ce  dernier  somme 
Au  sein  des  ris,  au  son  des  pleurs 
Semé  d'épines  ou  des  fleurs, 
Tout  chemin  mène  à  Rome! 

tlarcillac. 

La  musique,   de  Dalayrac,  se  trouve  notée  au 
N.  550  de  la  Clédu  Caveau. 

■^■1  #  II» 

L'IMMORTALITÉ. 

Air  de  Dorillas. 

Immortels,  du  dieu  de  la  lyre 

Ecoutez  la  douce  leçon  ! 

Si  l'on  ny  peut  chanter  et  rire, 
Les  cieux  ne  sont  qu'une  prison  1 
Ah  !  croyez-moi,  joyeuse  ivresse 
Vaut  mieux  que  triste  majesté!.. 
S  .us  le  nectar,  sans  la  tendresse, 
Que  serait  l'immortalité? 

J'ai  vu  le  maître  du  tonnerre, 
Déposant  son  sceptre  éternel, 
Trop  heureux  d'être,  sur  la  (erre, 

Le  rival  d'un  simple  mortel  ! 

El  si  .lupin,  dans  son  ivresse, 
Eût  trouvé  rebelle  beauté, 
Il  eût,  contre  an  mot  de  tendresse, 
Change  son  in  mortalité, 


Jadis,  par  un  ordre  suprême. 
Du*  ciel  je  me  vis  exilé, 
Mais  sur  la  terre  on  boit,  on  aime. 
Et  je  fus  bientôt  consolé  : 
Doux  nectar  et  douce  maîtresse 
Enivraient  mon  cœur  enchanté  : 
Grâce  au  vin,  grâce  à  la  tendresse, 
J'oubliai  l'immortalité. 

Paroles  «l'un  anonyme 

— —»»:-+■ — 
LE    BONHEUR  PRÉSENT 


Je  ris  tout  bas  de  votre  Mahomet, 
Que  le  prophète  ici  me  le  pardonne: 
Mais  au  plaisir  que  sa  loi  vous  promet, 
Moi  je  préfère  un  baiser  qu'on  me  donne. 
Moi,  je  préfère  un  baiser  qu'on  me  donne 

Aux  vrais  croyants,  dans  son  livre  divin, 
Après  leur  mort,  il  promet  l'ambroisie  : 
Ah!  sans  attendre  un  bonheur  incertain, 
Transportons-nous  d'abord  en  l'autre  vie. 
Transportons-nousd'abord  en  l'autre  vie. 

Ah!  si  j'étais  maître  de  ce  séjour, 
Du  vrai  bonheur  prenant  la  route  sûre, 
Je  bannirais  Mahomet  de  ma  cour, 
Pour  y  fixer  à  jamais  Épicure. 
Pour  y  fixer  à  jamais  Epicure. 

De  iMiérirourt. 


LE  SOLDAT  ET  LE  BERGER. 


LE   SOLDAT. 

Vois-tu  celle,  troupe  guerrière 
Déployer  ses  nombreux  drapeau  ' 


CHANSONS    ÉPICURIENNES 


431 


Berger,  laisse  là  ta  chaumière, 
Et  ta  houletle  et  tes  troupeaux  ; 
Parmi  les  fils  de  la  Victoire, 
Viens  briller  d'un  plus  noble  éclat  ; 
Laisse  le  repos  pour  la  gloire  ■ 
Fais-toi  soldat,  fais-toi  soldat. 

LE   BERGER. 

Soldat,  vois-tu  ces  eaux  dociles 
Suivre  la  pente  du  coteau  ? 
C'est  l'image  des  jours  tranquilles, 
Qui  s'écoulent  dans  le  hameau. 
Tes  lauriers,  arrosés  de  larmes, 
N'offrent  qu'un  bonheur  passager, 
Le  nôtre  est  pur,  quitte  tes  armes, 
Fais-toi  berger,  fais-toi  berger. 

LE    SOLDAT. 

Qui,  moi,  déserter  la  carrière 
Que  Mars  offre  à  ses  favoris, 
M'ensevelir  dans  la  poussière, 
Couvert  d'opprobre  et  de  mépris  I 
Lorsqu'à  mon  bras  le  ciel  confie 
L'intérêt  sacré  de  l'État, 
Mon  sang  est  tout  à  ma  patrie  : 
Je  suis  soldat,  je  suis  soldat. 

LE   BERGER. 

Des  vrais  amis  l'heureux  modèle, 
En  tous  lieux  mon  chien  suit  mes  pas, 
Guidés  par  ce  gardien  fidèle, 
Mes  troupeaux  ne  désertent  pas. 
Ma  cabane  échappe  au  tonnerre, 
Qui  met  les  trônes  en  danger  ; 
Des  rois  que  me  fait  la'  colère  ? 
Je  suis  berger,  je  suis  berger. 

LE   SOLDAT. 

Aux  fiers  accents  de  la  trompette, 
Tressaille  mon  cœur  généreux. 

LE   BERGER. 

Aux  doux  accords  de  la  musette, 
Palpite  mon  cœur  amoureux. 


LE    SOLDAT. 

Adieu  berger,  l'honneur  m'appelle, 
J'entends  le  signal  du  combat. 

LE  BERGER. 

Voici  venir  ma  pastourelle, 
Adieu  soldat,  adieu  soldat. 

Paroles  d'un  anonyme» 

La  musique,  de  Romagnési.  se  trouve,  à  Paris, 
chez  L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de- 
Nazareth. 


PEUT-ON  SAVOIR  01)  DIEU  NOUS  CONDUIRA? 


Faibles  mortels,  jetés  sur  cette  terre, 
Sans  trop  savoir  ni  pourquoi  ni  comment, 
N'essayons  pas  d'éclaircir  ce  mystère, 
Rions  de  tout,  et  voyageons  gaîment; 
Portons  sans  cesse  une  main  peu  timide 
Sur  chaque  fleur  que  la  route  offrira, 
Plus  loin  peut-être  est  un  chemin  aride  : 
Peut-on  savoir  où  Dieu  nous  conduira?  (bis.) 

Où  t'en  vas-tu  ?  dit-on  au  bon  Esope. 

«  Je  n'en  sais  rien,  »  répond-il  savamment. 

Le  guet-à-pied,  qui  soudain  l'enveloppe, 

Droit  en  prison  le  mène  lestement. 

«  Vous  voyez  bien,  dit-il  alors,  mon  maître, 

«  J'avais  raison,  chacun  vous  le  dira  : 

.«  J'allais  aux  champs,  et  j'arrive  à  Bicètre. 

«  Peut-on  savoir  où  Dieu  nous  conduira? 

Ah  !  si  jamais  je  débénais  ministre, 

Dit  un  Gascon,  je  repousserais  l'or. 

Il  y  parvient...  il  enfle  son  registre; 

Et  le  voilà  qui  prend  et  prend  encor. 

Sur  nos  discours,  de  peur  qu'on  nous  moleste, 

Ne  disons  rien  ;  advienne  que  pourra. 

Le  cœur  est  droit,  mais  la  main  est  si  leste  ! 

Peut-on  savoir  où  Dieu  nous  conduira? 

De  nos  héros  exploitant  l'héritage, 
Un  conquérant,  l'effroi  des  potentats, 


Î32 


CHANSONS    POPULAIRES 


Voulut  un  jour  que  le  Tibre  et  le  Tage 
Vinssent  couler  au  sein  de  ses  Étals. 
Déjà  sa  voix  retentit  clans  la  plaine 
D'où  le  zéphir  au  czar  la  redira, 
Mais  du  Kremlin  il  tombe  à  Sainte-Hélène: 
Peut-on  savoir  où  Dieu  nous  conduira? 

Gros  matadors  de  la  sainte  alliance, 
Qui  ballottez  les  peuples  et  les  rois, 
De  vos  congrès  n'excluez  pas  la  France, 
Daignez  avoir  des  égards  pour  ses  druits. 
Quoique  la  paix  ait  pour  nous  bien  descharmes, 
Peut-être  un  jour  cette  paix  finira, 
Et  si  jamais  nous  reprenons  les  armes! 
Peut-on  savoir  où  Dieu  nous  conduira? 

Les  détracteurs  de  l'Église  romaine, 
Qui,  môme  entre  eux,  sont  rarement  d'accord, 
Citent  en  vain  l'abîme  où  l'on  nous  mène; 
Moi,  franchement,  je  n'en  vois  point  encor, 
Mais  à  l'aspect  de  l'ultramontanisme, 
Ainsi  que  moi  tout  Français  s'écrira  : 
S'il  prête,  hélas!  l'oreille  au  fanatisme, 
Peut-on  savoir  où  Dieu  nous  conduira? 

Dans  une  église  une  ci-devant  vierge, 
Sans  badiner  allant  droit  à  son  but, 
De  chaque  main  offrait  un  jour  un  cierge 
A  saint  Michel  et  l'autre  à  Belzébut; 
Bien  fou,  dit-elle,  est  celui  qui  se  flatte 
Qu'en  Paradis  tout  fin  droit  il  ira, 
Au  diable  même  il  faut  graisser  la  patte, 
Peut-on  savoir  où  Dieu  nous  conduira? 

Emile  Ucbreaui. 


LE  SAUVAGE. 


En  abordant  sur  cette  aride  plage, 
Européens,  qu'espérez-vous  de  moi? 
Quoi  !  vous  pensez  énerver  mon  courage, 
En  me  berçant  de  l'amitié  d'un  roi? 
Pour  vous  livrer  les  champsqui  m'ont  vu  naître 
J'irais  braver  l'iiuuicnsitr-  des  mers! 


Je  ne  sais  pas  ramper  devant  un  maître, 
Gardez  vos  dieux,  vos  plaisirs  et  vos  fers. 

De  vos  palais  que  prouve  la  structure  ?' 
De  vos  cités  que  prouve  la  splendeur? 
Qu'un  fol  orgueil  se  charge  de  dorure, 
En  dérobant  la  substance  au  malheur. 
L'humanité  brille  sous  nos  platanes, 
L'égalité  défriche  nos  déserte, 
La  liberté  protège  nos  cabanes, 
Gardez  vos  dieux,  vos  plaisirs  et  vos  fers. 

De  votre  dieu  vous  vantez  la  puissance, 
Et  cependant  l'avez-vous  vu?  jamais... 
Le  mien  est  là...  son  auréole  immense 
Ainsi  que  moi  vous  comble  de  bienfaits. 
Rien  ne  saurait  maîtriser  sa  carrière, 
Son  œil  de  feu  commande  à  l'univers, 
Je  lui  dois  tout  :  fleurs  et  fruits  et  lumière 
Gardez  vos  dieux,  vos  plaisirs  et  vos  fers. 

Européens,  retournez  vers  vos  maîtres, 
N'espérez  plus  attenter  à  nos  droits. 
Songez  surtout  qu'en  nos  abris  champêtres 
La  liberté  veille  dans  nos  carquois. 
Oh  !  si  jamais  vous  rêviez  des  conquêtes, 
Nos  bras  nerveux,  étrangers  aux  revers, 
Sous  îles  rochers  écraseraient  vos  têtes, 
Gardez  vos  dieux,  vos  plaisirs  et  vos  fers. 

LouIn  Voitelaln. 


LE  VIVEUR. 

Air  :  Voilà  la  manière  de  vivre  cent  aia 

Vous,  esprits  malades, 

Que  le  spleen  poursuit; 

Songes  creux,  maussades, 

Que  le  repos  fuit; 

Sinistres  penseurs, 
Je  connais  votre  maladie, 

Quittez  \03  docteurs, 
Et  \i\ez  un  peu  de  ma  vie. 


Paris  —  Imprimerie  de  Pillet  fils  aîné,  rue  des  Grands-AuKiislins,  ti. 


CHANSONS   EPICURIENNES. 


».33 


Moi.  je  chante,  j'aime, 
Buveur,  gai  conteur, 
Gastronome  même, 
Je  suis  un  viveur  ! 

A  fille  jolie, 

Faisant  les  doux  yeux, 

Maintes  fois  j'oublie 

Que  j'ai  d'autres  nœuds. 

D'un  feu  passager, 
Je  jure,  quand  s'éteint  l'ivresse, 

De  ne  plus  changer, 
D'adorer...  comme  une  maîtresse 

Ma  femme  qui  m'aime, 

Me  garde  son  cœur  ! 

Et  bientôt!...  quand  même! 

Je  suis  un  viveur  I 

Fou  !  qui  s'étudie 

A  compter  les  ans  ; 
•     Je  sais  de  ma  vie 

Faire  un  long  printemps. 

Mais,  viens-je  à  penser 
Que  je  marche  vers  la  vieillesse, 

C'est  pour  mieux  passer 
Les  jours  dorés  que  Dieu  me  laisse , 

Insouciant,  j'aime 

Devoir  le  bonheur 

Au  caprice  même. 

Je  suis  un  viveur  ! 

En  gourmet  habile 

Traiter  ses  amis, 

Et  souvent  en  ville 

Voir  son  couvert  mis; 

Discourir  gaîment, 
Chanter  en  sablant  le  Champagne; 

Parfois  trébuchant, 
Rejoindre  au  logis  sa  compagne  : 

Ravi  de  soi-même, 

Et  brûlant  d'ardeur, 

Lui  prouver  qu'on  l'aime, 

Voilà  le  viveur! 

Porteur  d'une  rente 
Inscrite  au  trésor, 


Quand  je  m'y  présente, 

Je  la  touche  en  or. 

L'or!...  dès  que  j'en  ai, 
Circule,  c'est  sa  desiinée  ; 

Sans  calcul  donné, 
Je  rn'endeite...  El  vois  chaaui»  a^-'ée 

Qu'à  tort  je  le  sème 

En  dissipateur. 

Mais,  foin  de  Barème! 

Je  suis  un  viveur! 

Point,  ou  peu  de  vices, 

Mais  tous  les  défauts  ; 

Aimer  les  actrices, 

Le  jeu,  les  chevaux; 

Ne  pas  s'abstenir 
D'une  confortable  existence, 

Savoir  en  jouir 
Et  ne  jamais  faire  abstinence; 

Le  gousset  creux  même, 

Faire  adroit  flâneur, 

Gras  dans  le  carême, 

Voilà  le  viveur! 

S'arranger  de  sorte 

Qu'à  ses  créanciers, 

On  ferme  sa  porte, 

Ainsi  qu'aux  huissiers; 

N'avoir  de  valets 
Que  son  portier  qui  doit  connaître 

Si  le  besoin  est 
De  conduire  ou  porter  son  maître, 

Dans  un  cas  extrême, 

Crainte  de  malheur, 

Jusqu'en  son  :it  même. 

Voilà  le  viveur  1 

P  -J.  Charria. 


OUI,  C'EN  EST  FAIT,  JE  ME  MARIE 


Oui,  c'en  est  fait,  je  me  marie, 
Je  veux  vivre  comme  un  Calon, 


il.  —  ào 


234 


CHANSONS    POPULAIRES. 


(bis. 


S'il  est  un  temps  pour  la  folie, 
Il  en  est  un  pour  la  raison. 

Par  le  mariage, 
Une  fille  sage 
Peut,  dans  mon  menace, 
M  offrir  le  bonheur. 
Bientôt  celte  belle, 
El  clouée  et  fidèle, 
Sait  fixer  près  il  elle 
Mes  pas  et  mon  cœur. 
Oui,  c'en  est  fait,  etc. 

Chez  moi  tout  prospère. 
Cette  épouse  chère 
Ne  remlra  le  père 
D'aimables  enfants! 
Ma  main  les  caresse  : 
Bientôt  leur  jeunesse 
Donne  à  ma  vieillesse 
Les  plus  doux  matants, 
Oui,  donneà  ma  vieillesse 
Les  plus  doux  instants. 


Oui,  c'en  est  faii,  je  me  marie, 
Je  \eux  vivre  comme  un  Calon. 
S'il  est  un  temps  pour  la  folie, 
Il  en  est  un  pour  la  raison. 

Alexuiidrc  Duvnl. 

La  musique,  de  Delta-Mafia,   se  trouve  notée  an 
N.  768  de  la  Clé  du  Caveau. 


L'HEUREUX   JOUR. 

Air  des  Triolets, 

Le  joli  jour  de  Saint-Michel 
lui  un  des  beaux  jours  de  ma  vie! 
nue  soit  à  jamais  solennel 
Le  joli  jou«-  ''.«•  Sainl-.Miiliel  ! 
A  genoux  jevant  son  autel, 
Depuis  douze  jours  je  m'écrie  : 
Le  joli  jour  de  Saint-Michel 
Fut  un  (lm  plus  beaux  de  ma  vie! 


Ce  jour,  il  me  tomba  du  ciel 
Douze  pintes  de  Malvoisie  : 
Un  si  rare  et  joli  casuel, 
Ce  jour-là,  me  tomba  du  ciel. 
-Mon  palais  trouvait  bien  cruel 
De  ne  savourer  que  du  brie  : 
Ce  jour  il  me  tomba  du  ciel 
Douze  pintes  de  Malvoisie. 


l'il'OII. 


LE  CHAMP  DE  BATAILLE. 

Air  nouveau  du  Vieillard  de  Béranger. 

Non  loin  des  lieux  où  deux  peuples  en  armes, 
En  un  combat  ont  joué  1  univers, 
D'un  doux  loisir  goûtant  enlin  les  charmes, 
Le  preux  sourit  aux  maux  qu'il  asuuffeats. 
Enfin,  dit-il,  ô  mon  Dieu  !  Lu  fais  taire 
L'airain  vengeur  dont  tu  nous  foudroyas  : 
Sang  des  héros,  fertilise  la  terre  ! 
Roses,  cachez  la  irace  des  combats! 

Jetez  les  yeux  sur  ces  belles  contrées, 
Riches  d'épis,  de  raisins  et  de  fleurs, 
Et  dites-moi  si  Dieu  les  a  créées 
Pour  y  verser  et  du  sang  et  des  pleurs. 
Non,  la  beauté,  sa  seule  mandataire, 
Les  résenait  à  de  plus  doux  ébats  : 
Sang  des  héros,  etc. 

Au  gré  des  vents  agitant  leurs  panaches, 
Les  petits-fils  des  Coudé,  des  Nemours, 
Ont  trop  longtemps  par  leurs  vieille!:  moustaches 
Effarouché  les  jeux  et  les  amours. 
Mars,  laisse-nous  par  le  dieu  de  Cythère 
Rendre  le>  lils  que  tu  nous  dérobas  : 
Sang  des  héros,  etc. 

Mille  hameaux  onl  disparu  du  monde; 
Cent  mille  corps,  par  le  1er  déchirés, 

Aux  bords  lointains  ont  empoisonné  Tond'' 
Et  nous,  quels  fruits  en  avons-nous  tirés? 


CHANSONS   EPICURIENNES. 


235 


Au  poirls  de  l'or  mon  pays  tributaire 
Dul  ex  (lier  la  force  de  son  bras. 
Sang  des  héros,  etc. 

Mais  à  mes  pieds  un  vieil  aigle  étincelle 
Presque  rongé  par  la  rouille  et  les  ans; 
Ce  vieux  débris  d'une  gloire  immortelle 
Éveilla  en  moi  des  souvenirs  cuisants. 
Tu  prétendis  détrôner  le  tonnerre  ; 
Mars  fut  jaloux,  et  bientôt  tu  tombas  : 
Sang  des  héros,  etc. 

N'est-ce  pas  là  qu'un  bataillon  de  braves, 
De  notre  gloire,  hélas!  dernier  rempart, 
Pour  échapper  à  d'ignobles  entraves, 
Jusqu'à  la  mort  fit  face  au  léopard? 
Et  des  Français  vendus  è  l'Angleterre 
Ont  sans  rougir  désiré  leur  trépas  ? 
Sang  des  héros,  etc. 

Quand  sur  ces  prés,  sur  ces  fleurs  gentillettes 
Nos  jeunes  gens  un  jour  folâtreront, 
Aux  doux  refrains,  aux  danses  des  fillettes 
De  nus  guerriers  les  ombres  souriront; 
Et  s'ils  voyaient  parfois  plus  doux  mystère, 
Ainsi  que  nous  ils  rediront  t  >ut  bas  : 
Sang  des  héros,  fertilise  la  terre  I 
Roses,  cachez  la  trace  des  combats  ! 

Emile  Debreaux. 


ÉPIGURE. 

1816. 

Air  :  Son,  jamais  jamais,  jamais, 
je  ne  quitterai  ma  chaumière 

De  tous  les  biens  qu'ici-bas 
Nous  départ  la  bonne  nature, 

Jouissez  avec  mesure, 
Mes  amis,  n'en  abusez  pas. 

A  l'ombre  des  vastes  platanes, 
Présent  du  vieil  Académus, 


[bis. 


Épicure,  loin  des  profanes, 
Charmait  ses  disciples  émus. 

«  Enfants,  disait  le  sage, 

«  Croyez  à  ma  leçon  ; 

'<  Dos  roses  du  bel  âge 

«  Prolongez  la  saison.  » 
De  tous  les  biens,  etc. 

Quand  de  Chypre  ou  de  malvoisie 
La  liqueur  coule  en  un  festin, 
Des  dieux  saturés  d'ambroisie 
Vousn'enviez  point  le  destin. 
Mais  si  par  la  sagesse 
Les  coups  ne  sont  réglés, 
D'une  funeste  ivresse 
Vos  sens  seront  troublés. 
De  tous  les  biens,  etc. 

Partout  des  filles  de  la  Grèce 
On  vante  l'esprit,  la  beauté: 
Leur  chant  exprime  la  tendresse, 
Leur  danse  peint  la  volupté. 

Chez  Thaïs,  chez  Aglaure, 

Supplantez  vos  rivaux  ; 

Mais  songez  qu'Épidaure 

Est  voisin  de  Paphos. 
De  tous  les  biens,  etc. 

Si  dans  vos  palais  de  la  ville 
Cent  esclaves  veillent  pour  vous; 
Des  beaux-arts  si  le  luxe  utile 
S'empresse  à  flatter  tous  vos  goûts  ; 

Du  char  qui  vous  promène, 

Secourez  en  chemin 

Le  pauvre  qui  se  traîne, 

Un  bâton  à  la  main. 
De  tous  les  biens,  etc. 

Du  sol  de  la  féconde  Attique 
Vos  pères  ont  banni  les  rois; 
Enfants,  aimez  la  république, 
Qui  seule  protège  vos  droits. 

Mais  craignez  le  délire 

D'orateurs  factieux, 

Qui  vous  rendraient  l'empire 

Détruit  par  vos  aïeux. 
De  tous  les  biens,  etc. 


Î36 


CHANSONS    POPULAIRES. 


En  suivant  ce  code  facile, 
Mes  cheveux  ont  blanchi  bien  lard, 
El  près  de  mon  dernier  asile 
Le  temps  rit  encore  au  \ieillard. 

A  quoi  bon  du  Ténare 

Les  tourments  infinis, 

Le  prodigue  et  l'avare 

Seront  assez  punis. 

De  tous  les  biens  qu'ici-bas 
Nous  départ  la  bonne  nature, 

Jouissez  avec  mesure, 
Mes  amis,  n'en  abusez  pas.  {bis.) 

Joseph  Scrvléres. 


ET  NOUS  VERRONS  APRES. 

1829. 
Air  :  Au  présent  seul  je  consacre  ma  vie. 

Je  Yeux,  amis,  dire  une  chansonnette. 
Mois  quel  refrain  choisir  pour  mes  couplets? 
Parbleu  !  qu'il  soit  de  vin  ou  d'amourette, 
Chantons  toujours, .. et  nousverronsaprès.  {bis.) 

Que  le  flacon  trouve  en  nous  plus  d'un  brave, 
Et,  par  valeur,  montrons-nous  fins  gourmets! 
Mais  qu'on  nous  verse  aï,  pomard  ou  grave, 
Buvons  toujours...  et  nous  verrons  après! 

Quel  mets  exquis  nous  ott're  cette  table  !... 
Mais  les  docteurs  défendent  tous  excès. 
Envoyez-moi  la  médecine  au  diable  ! 
Mangeons  toujours...  et  nous  verrons  après  I 

Tout  cœur  bien  né  doit  aimer  à  s'instruire; 
Hais,  direz-vous,  grâce  à  certains  projets, 
Avant  un  an  nous  ne  pourrons  plus  li.e... 
Lisons  toujours...  et  nous  verron3  après  I 

Que  la  galle  loua  in  doos  inspirai 

•  us  au  loin  politique  et  procès, 


Car  le  dessert,  amis,  semble  nous  dire  : 
Rions  toujours...  et  nous  verrons  après! 

Est-ce  Plaion  ou  serait-ce  Épicure 
Qui  dans  l'amour  fait  trouver  plus  d'attraits? 
Quelle  méthode  est  plus  douce  et  plus  sûre? 
Aimons  toujours...  et  nous  verrons  après I 

Si  ma  chanson  parfois  vous  fit  sourire, 
La  gaîté  seul;  en  a  fourni  les  traits. 
Sans  examen,  amis,  puissiez-vous  dire  : 
Applaudissons!...  et  nous  verrons  après!  (615. 

Édnioud  liaconde. 


LA  NEIGE. 


Quoi  !  tu  m'as  dit  d'un  ton  glacé  d'elîroi, 
Suivant  des  yeux  ma  plume  chancelante, 
La  neige,  hélas!  c'est  un  sujet  bien  froid, 
Pour  un  auteur  dont  la  verve  est  brûlante, 
Souviens-loi  donc,  loin  de  te  désoler, 
Que  des  hivers  affrontant  le  cortège, 
On  a  beau  frissonner,  trembler, 
Lorsque  l'amour  veut  s'en  mêler 
On  peut  s'échauffer  sur  la  neige. 

Tu  sais  si  bien  éveiller  le  désir, 
0  mon  amie,  ô  séduisante  Adinel 
Que  tout  mon  corps  frissonne  de  plaisir 
Lorsque  ta  main  me  frôle  à  la  sourdine; 
Et  quand  alors  j'ai  commis  doux  larcin, 
Torrent  de  feu  me  dévore  et  m'assiège; 

Le  froid  ine  semblerait  plus  sain, 

El  voilà  pourquoi  de  ton  sein 

Je  voudrais  caresser  la  neige. 

Lesjeunes  gens  portent  des  fruits  trop  verts 
Tout  est  chez  eux  ou  faiblesse  ou  manie, 
Quand  des  che\eux  blanchis  par  les  hivers 
Cachent  souvent  ia  flamme  du  génie. 
Si  Béranger,  l'exemple  est  peu  suspect, 
Au  sein  de  nous  venait  chercher  un  siège, 


Ptril  —  Imprimerie  Je  I'illit  fils  atné,  rue  des  Grands-Aususlins,  5. 


CHANSONS   EPICURIENNES. 


231 


Le  cœur  saisi  d'un  saint  respect, 
On  s'écrirait  à  son  aspect  . 
Que  de  feu  caché  sous  la  neige! 

Lorsque  jadis  l'orage  eut  dispersé 
Nos  dqux  épis  et  nos  roses  chéries, 
Vingt  potentals.  de  leur  souffle  glacé, 
Deux  ans  de  suite  ont  flétri  nos  prairies. 
Si  Ton  fuula  les  fleurs  que  tant  j'aimais, 
J'entends  redire  à  Dieu  qui  nous  protège  : 

Du  Nord  les  enfanis  désormais,  . 

De  leurs  manteaux  chez  vous  jamais, 

Ne  viendront  secouer  la  neige. 

«  Mon  cher,  disait  un  fils  des  vieux  Germains 
A  l'un  des  preux  qu'a  respectés  la  Loire, 
Convenez-en,  les  rivaux  des  Romains 
Sont  trop  enclins  à  parier  de  leur  gloire. 
—  Oui,  répondit  le  moderne  Bayard  : 
Le  fait  est  vrai;  mais,  vous  observerai-je. 
D'orgueil  on  peut  avoir  sa  part 
Quand  on  a  du  mont  Saint-Bernard 
Aux  pieds  foulé  la  vieille  neige!  » 

Quand  je  la  vois  envahir  mes  carreaux. 
Jetant  les  yeux  sur  noire  vieille  histoire, 
Je  me  rappelle  un  temps  où  nos  héros 
La  sillonnaient  des  pas  de  la  victoire  ; 
L'aigle  français,  prompt  à  tout  surmonter. 
Foulait  aux  pieds  tout  complot  sacrilège; 
L'univers  n'a  pu  le  dompter, 
Il  a  fallu  pour  l'arrêter 
Les  vents  et  la  glace  et  la  neige  ! 

Emile  nebreaux. 


JUSQU'A   DEMAIN. 

1832. 
Air  .Jean,  Jean,  la  pipe  est  agréable. 

Dans  un  salon  où  l'étiquette 

N'est  point  mise  au  rang  des  travers, 


Mondor,  rêvant  qu'il  est  poète, 
Nous  assassine  de  ses  vers.  [bis.) 

Sa  Minerve,  que  rien  n'arrête, 
Part,  sans  calculer  le  chemin; 
Aussi  chacun  bâille  et  répète  : 
C'est  de  l'ennui  jusqu'à  demain. 

Quelquefois,  seul  dans  ma  chambrette, 
Agité  d'un  transport  bien  doux, 
Mon  œil  impatient  s'arrête 
Sur  le  moment  du  rendez-vous.      [bis.) 
On  ne  vient  point  ;  tout  me  chagrine: 
Chut!...  j'entenrls  un  pas  incertain.. 
J'ouvre,  et  dis  en  voyant  Rosine: 
C'est  du  bonheur  jusqu'à  demain  ! 

Je  ne  connais  de  l'opulence, 
Ni  le  faste,  ni  la  grandeur  ; 
Pourtant  dans  ma  modeste  aisance, 
J'ai  l'obole  pour  le  malheur.        [bis.) 
Quand  le  travail  clôt  ma  paupière, 
Je  m'endors  avec  un  refrain; 
Un  refrain,  voilà  ma  prière... 
C'est  du  repos  jusqu'à  demain  I 


Rions,  chantons  à  perdre  haleine, 
De  tous  les  biens  sachons  jouir  ; 
Le  sage  a  dit  qu'un  jour  de  peine 
Passait  comme  un  jour  de  plaisir. 
Au  sein  de  ce  délire  aimable, 
Répétons  tous  le  verre  en  main  : 
Bons  amis,  bons  vins,  bonne  table  ! 
C'est  du  plaisir  jusqu'à  demain  ! 

Edouard  Donvé. 


[bis. 


SUIVONS    LES  TRACES  DU  PLAISIL 

Ai  r  des  Amis  d' Anacréon. 

En  échange  de  leur  trépas, 

Dieu,  promit,  nous  dit  l'Ecriture, 

Une  vie  éternelle  et  pure 

A  ceux  qui  soutirent  ici-bas. 

Quoi  qu'en  dise  un  maître  aussi  sage, 

Du  présent  goûtons  l'esclavage, 


9ô 


36 


Î38 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Ne  songeons  qu'à  nous  divertir. 
Pour  bien  vivre,  il  faut  bien  jouir. 
Unis  jusques  au  noir  rivage, 
Suivons  les  traces  du  plaisir. 

Le  bonheur,  que  cherchent  en  vain 
Des  fous  qui  prêchent  la  sagesse, 
Si  j'en  crois  noire  douce  ivresse, 
Ne  se  irouve  que  dans  le  vin. 
Ici  donc,  pour  lui  rendre  hommage, 
De  Bacchus  encensons  limage, 
Enivrés  de  son  élixir. 
Pour  bien  vivre,  etc. 

Fuyons  ces  tristes  courtisans, 
Que  toujours  tourmente  l'envie  , 
Laisse ns-les  eonsumer  leur  vie, 
Enchaînés  aux  pieds  des  tyrans. 
Point  de  soucis,  point  d'esclavage  ! 
D'Anacréon  tel  fut  l'adage  : 
C'est  celui  qu'il  nous  faut  choisir. 
Pour  bien  vivre,  etc. 

Un  bon  drille  avec  la  gaîté 
Peut-il  envier  l'opulence? 
Les  douceurs  de  sa  jouissance 
Lui  fonl  chérir  la  pauvreté. 
Des  grandeurs  le  frêle  apanage, 
Leur  sot  orgueil,  leur  vain  langage, 
Ne  sauraient  que  vous  engourdir. 
Pour  bien  vivre,  etc. 

Puisqu'entin  dans  cet  univers, 
Tout  mortel  duil  subir  sa  peine, 
Des  dieux  sans  redouter  la  haine, 
Descendons  gaîmenlaux  enfers. 
Du  cagot  méprisant  l'outrage, 
Pour  charmer  le  cours  du  voyage, 
Bo  chaulant  tâchons  de  partir. 
Pour  bien  vivre  ir  f  ut  bien  jouir, 
Amis,  jusques  au  noir  rivage 
Suivons  les  traces  du  plaisir. 

l'vrrkelel. 


IL   EST   UN    DIEU. 


Faible  mortel,  quels  sont  ces  vains  caprices? 

Crains  leur  appât,  fixe  l'éternité. 

Crois-tu  toucher  la  coupe  des  délices, 

Et  l'épuiser  avec  impunité? 

Vois  quelle  main,  de  la  voûte  azurée, 

De  pourpre  et  dora  nuancé  le  bleu; 

Reconnais-tu  celte  main  adorée? 

Il  est  un  Dieu!  [bis.) 

Sur  nos  foyers  lorsqu'à  grondé  l'orage, 
De  vos  forfaits  l'univers  a  frémi. 
Je  vous  ai  vus  dans  un  jour  de  carnage 
Porterie  1er  sur  le  sein  d'un  ami. 
Vos  passions  ont  épuisé  les  crimes; 
Mais  quand  la  mort  en  éteindra  le  feu, 
Vous  tomberez  aux  pieds  de  vos  victimes. 
Il  est  un  Dieu! 

Fiers  descendants  de  Sophocle  et  d'Achille, 
Vous  que  jadis  ont  enviés  les  rois, 
De  ses  congrès  l'Lurope  vous  exile, 
El  le  croissant  a  renversé  la  croix. 
De  vous  rayer  des  peuples  de  la  terre 
Les  fds  d'Omar  ont  l'ait  l'horrible  vœu; 
Mais  trop  de  sang  émousse  un  cimeterre. 
Il  est  un  Dieu  ! 

Des  rois  du  Nord  secondant  l'insolence, 
Vous  que  pour  fils  la  victoire  adopta, 
N'avez-vous  pas  un  jour  mis  en  balance 
Et  vos  serments  et  l'or  qu'on  vous  compta? 
Ce  vil  mélail  a  fait  tomber  vos  armes  ! 
De  notre  amour  il  vous  a  tenu  lieu  ; 
Mais  il  faudra  plus  tard  payer  nos  larmes. 
11  est  un  Dieu! 

Vous  que  le  sort  dota  du  rang  suprême, 
Combien  de  fois  votre  implacable  orgueil, 
Pour  envahir  un  triple  diadème, 
De  l'univers  lit  un  vaste  cercueil  ! 
Des  nations  vous  confondiez  la  cendre; 
Ah!  respectez  les  jours  de  chaque  preux  : 
Un  roi  rfpond  du  sang  qu'il  tait  répandre, 
l\  est  un  Dieu! 


CHANSONS  EPICURIENNES 


*&9 


Toi  que  l'amour  a  mise  en  ma  puissance, 
Si  je  pouvais  cesser  de  t' adorer, 
Si  dans  tes  bras  j'oubliais  ta  présence, 
C'est  que  j'aurais  cessé  de  respirer. 
Déjà  le  temps  a  moissonné  mon  être; 
A  tes  baisers  il  me  faut  dire  adieu  ; 
Mais  le  destin  me  les  rendra  peut-être. 
11  est  un  Dieu  ' 

Kmile   Débreaiix. 


LA  TRIBUNE  DES  FLONFLONS. 


1820. 


Air  :  Halle-là. 


J'aime  à  voir  à  la  tribune 
Les  pairs  et  les  députés. 
Dans  l'une  et  l'autre  fortune 
Défendre  nos  libertés. 
J'admire  leur  éloquence; 
Maisje  dis  :  Nous  possédons 
Une  autre  tribune  en  France, 
Et  c'est  celle  des  cbansons  : 
Francs  lurons, 
Défendons 
La  tribune  des  flonflons. 

La  chanson  indépendante 
Dans  nos  festins  fait  la  loi  ; 
Tour-à-tour  le  Français  chante 
Son  Dieu,  sa  dame  et  son  roi. 
Opprimé,  loin  que  sa  bile 
Se  répande  en  noirs  poisons, 
Dans  un  malin  vaudeville 
Elle  s  exhale  en  chansons; 
Francs  lurons,  etc. 

iJn  grand  monarque  à  Versailles 
Faisait  gnver  autrefois 
Sur  le  bronze  des  batailles  : 
Dernière  raison  des  rois! 
Roi,  voire  raison  s'explique 
Par  la  bouche  des  canons  ; 


Laissez-nous  notre  musique 

Et  nos  refrains  de  chansons. 

Francs  lurons,  etc. 

Si  l'on  veut  vous  faire  taire, 
Il  faudra  représenter 
A  messieurs  du  ministère 
Que  tout  Français  doit  chanter. 
Gallus  contât ,  dit  l'histoire. 
Dans  César  nous  apprenons 
Que  nos  aïeux  à  la  gloire 
Marchaient  au  bruit  des  chansons. 
Francs  lurons,  etc. 

En  France,  il  faut  bien  qu'on  mette 
Tôt  ou  tard  la  poule  au  pot  ; 
Jusques  là  qu'on  nous  permette 
D'entendre  le  chant  du  co  *. 
C'est  un  privilège  antique  ; 
De  père  en  fils  nous  vivons 
Dans  un  état  monarchique, 
Tempéré  par  des  chansons. 

Francs  lurons, 

Défendons 
La  tribune  des  flonflons. 


Le  chevalier  Coupé  de  Ht-Douut. 


)*)Pour  coq. 


A  MEDOR. 


Air:  T'en  souviens-tu  ? 


Heureux  Médor,  si  j'ai  bonne  mémoire, 
Je  t'ai  connu  jadis  maigre  et  hideux; 
Chien  san<  pâtée,  et  poète  sans  gloire, 
Dans  le  ruisseau  nous  barbottions  tous  deux. 
Lorsqu'à  mes  chants  si  peu  d'échos  s'émeuvent 
Lorsque  du  ciel  mon  pain  tombe  à  regret, 
A  tes  abois  Dieu  sourit ,  les  os  pleuvent  : 
Chien  parvenu ,  donne-moi  ton  secret. 

Aux  chiens  lépreux,  oui,  le  malheur  m'égale  • 
Battu  des  vents,  par  la  foule  outragé, 


«40 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Si  je  caresse  on  a  peur  de  la  gale; 

Si  j'égratigne  on  m'appelle  enragé. 

Pour  qu'au  bonlieurje  pmsse  enfin  renaître. 

Dieu  sait  pourtant  qu'un  peu  d'or  suffirait; 

Bien  peu...  celui  de  Ion  collier,  peut-être; 

Chien  parvenu,  donne-moi  ton  secret. 

J'eus  comme  toi  mes  longs  jours  de  paresse  , 
in  lit  moelleux  et  de  friands  morceaux  , 
J'ai  frissonné  sons  plus  d'une  caresse, 
D'abois  moqueurs  j'ai  talonné  les  sols. 
Puis, dans  la  foule  où  l'on  pousse,  où  l'on  beugle 
J'ai  vu  s'enfuir  Plutus  qui  s'égarait  : 
Pour  devenir  le  chien  de  cet  aveugle, 
Chien  parvenu,  donne-moi  ton  secret. 

Aux  dominos  sais-tu  comment  l'on  triche? 

Nouveau  Paris  arbitre  de  beauté  , 

As-tu  donné  la  pomme  à  la  plus  riche  , 

Fait  le  gentil ,  fait  le  mort ,  ou  sauté? 

Ton  sort  est  beau:  moi, chien  d'hon  neur  bizarre 

Pour  égayer  le  riche  à  son  banquet, 

Je  ne  sais  rien...  rien  que  flatter  Lazarre  : 

Chien  parvenu  donne-moi  Ion  secret. 

Tombé ,  dit-on ,  dans  un  pays  de  fées , 
Dont  ta  laideur  mit  le  peuple  en  émoi , 
On  essuya  tes  pattes  réchauffées, 
De  blanches  mainste  bercèrent;  maismoi!... 
Chien  trop  crotté  pour  que  la  beauté  m'aime, 
Si  j'entrais  là,  le  pied  me  b  ilalrail , 
Hué  de  tous,  et  mordu  par  toi-même  : 
Chien  parvenu  ,  donne-moi  ton  secret. 

Ilcséalppe  iloirnu. 


BONSOIR,    LA    COMPAGNIE. 

1777. 

J'aurai  bientôt  quatre-vingts  ans, 
Je  crois  qu'à  cel  Age  il  est  temps 

D'abandonner  la  vie  ; 
Je  la  quitterai  sans  regret, 
Gaîmcnt  je  b'rai  mon  paquet, 

Bonsoir,  la  comnagnie. 


Quand  de  chez  nous  je  sortirai, 
Je  ne  sais  pas  trop  où  j'irai, 

Mais  en  Dieu  je  me  fie; 
11  ne  peut  que  me  mener  bien, 
Aussi  je  n'appréhende  rien. 

Bonsoir,  la  compagnie. 

J'ai  goûté  de  tous  les  plaisirs, 
J'en  ai  gardé  les  souvenirs, 

A  présent  je  m'en  nuie  ; 
Mais  quand  on  n'est  plus  propre  à  rien. 
L'on  se  relire  et  l'on  fait  bien, 

Bonsoir,  la  compagnie. 

Dieu  fil  tout  sans  nous  consulter. 
Rien  ne  saurait  lui  résister  : 

Ma  carrière  est  remplie; 
A  force  de  devenir  vieux, 
Peut-on  se  flatter  d'être  heureux? 

Bonsoir,  la  compagnie. 

Nul  mortel  n'est  ressuscité 
Pour  nous  dire  la  vérité 

Des  biens  de  l'autre  vie; 
Une  profonde  obscurité 
Fait  le  sort  de  l'humanité, 

Bonsoir,  la  compagnie. 

Rien  ne  périt  entièrement, 

Et  la  mort  n'est  qu'un  changement. 

Dit  la  philosophie  ; 
Que  ce  système  est  consolant, 
Je  chante  en  adoptant  ce  plan  : 

Bonsoir,  la  compagnie. 

Lorsque  l'on  prétend  tout  savoir, 
Depuis  le  matin  jusqu'au  soir 

On  lit,  on  étudie  ; 
Mais,  par  ma  loi,  le  plus  savant 
N'est  comme  moi  qu'un  ignorant. 

Bonsoir,  la  compagnie. 

I.nttuignant. 

La  musique,  de  Philiior,  se  trouve    notée    au 
N.  2T>1  de  la  Clé  du  Caveau. 


Paris. — Imprimerie  de  P. LUI  fil  »  itilé,  rue  Jes  Grandi-  l'.gnstins,  ."> 


L'ÉPICURIEN. 

Au:  De  tous  les  capucins  du  monde. 

Je  ne  suis  né  ni  roi  ni  prince  ; 
Je  n'ai  ni  ville  ni  province, 
Ni  presque  rien  de  ce  qu'ils  ont; 
Mais  je  suis  plus  content  peut-être; 
Car,  en  n'étant  pas  ce  qu'ils  sont, 
Je  suis  tout  ce  qu'ils  veulent  être. 

En  vain,  sans  ma  philosophie, 
L'homme,  durant  toute  sa  vie, 
Biens  sur  biens  accumulera; 
Il  faul,  quoi  qu'on  en  veuille  dire, 
Ne  désirer  que  ce  qu'on  a, 
Pour  avoir  tout  ce  qu'on  désire. 

Non,  je  ne  veux  pas  de  contrainte, 
Ni  pour  Philis  ni  pour  ma  pinte; 
Je  ne  veux  vivre  que  pour  moi. 
Je  suis  élève  d'Epicure; 
Mon  tempérament  fait  ma  loi; 
Je  n'obéis  qu'à  la  nature. 

Saurin. 


La  musique,  de  Mouret,  se  trouve  notée  au  N.'  137  de  la 
Clé  du  Caveau. 


LE  PLAISIR. 


Air:  Allons  souper  chez  Pluton. 

Si  la  fortune  sur  terre 
De  nous  s'éloigne  toujours, 
Par  un  joyeux  caractère, 
Chers  amis,  charmons  nos  jours. 
Engourdis  par  l'insomnie, 
Laissons  les  grands  s'endormir, 
Savourons  gaîment  la  vie  ; 
Sous  l'étendard  du  plaisir. 

Loin  du  critique  morose, 
Cueillons  encore  une  fleur; 

9G 


Le  plaisir  est  une  rose 
Que  nous  offre  le  bonheur; 
Pour  en  mériter  l'hommage, 
Puisqu'il  suffit  de  jouir, 
Cherchons-en  toujours  l'image 
Dans  les  douceurs  du  plaisir. 

Paul,  dans  son  petit  ménage, 
Quoiqu'uni  par  l'amitié, 
En  dépit  du  mariage, 
Gronde  souvent  sa  moitié; 
Mais  souvent,  d'une  caresse 
Goûtant  le  charmant  loisir, 
Il  retrouve  son  ivresse 
Entre  les  bras  du  plaisir. 

Colin,  Colette,  au  bocage 
S'esquivent  chaque  matin... 
Protégés  parle  feuillage, 
L'amour  bénit  leur  destin. 
Sur  le  sein  de  la  lutine, 
Qu'enflamme  un  brûlant  désir, 
Colin,  sans  craindre  l'épine, 
Cueille  la  fleur  du  plaisir. 

Hélas!  la  vie  est  fragile; 
L'homme  s'éteint  en  naissant; 
Le  temps,  ce  vieillard  agile, 
Nous  frappe  en  nous  caressant. 
Afin  de  fleurir  la  plage 
Qu'il  nous  reste  à  parcourir, 
Pour  compagnon  de  voyage 
Ayons  toujours  le  plaisir. 

Perchelet. 


BOUTEILLES  ET  FLONFLONS. 


183o. 

Air:  0  liberté,  liberté,  liberté! 

Aimables  fous, 
Au  bruit  doux 

t.  n.  —  37. 


H\ 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Des  glouglous 
De  nos  vieilles 

Bouteilles, 
A  l'unisson, 
Que  leson 
D'un  flonflon 
Fasse  un  gai  carillon. 


Pour  fêter  ce  jour, 

En  ce  séjour 

Digne  d'envie, 
Chantons  en  chorus 

Un  orémus 

Cher  à  Momus. 
Aimables  tendrons, 

Joyeux  lurons, 

11  nous  convie 
A  rire  entre  nous, 

Et  des  époux, 

Et  des  jaloux. 

Levez  donc  les  yeux, 
Voyez  les  cieux 
Brillants  d  étoiles; 
Que  chaque  désir, 

Chaque  loisir, 

Soit  au  plaisir.    . 
Servant  nos  projets, 

La  nuit,  exprès, 

Etend  ses  voiles; 
Bacclius  nous  séduit, 

L'amour  sourit, 

Bonheur  nous  luit  1 
Aimables  fous,  etc. 

Laissons  donc  les  sots 

Braver  les  Ilots 

De  ce  Pactole, 
Qui  dans  son  essor 

Pare  son  bord 

D'un  sable  d'or  : 
Destin  hasardeux 

Bientôt  loin  d'eux 

Le  temps  s'envole, 
lit  toujours  l'erreur 

Livre  leur  cœur 

A  la  douleur. 


Moins  ambitieux, 

Nos  bons  aïeux, 

Sur  leur  passage, 
Trouvaient  la  gaîté, 

L'intimité, 

La  liberté. 
Ils  nous  ont  laissé 

Le  temps  passé 

Pour  héritage  ; 
Pour  en  profiter, 

Les  imiter, 

Il  faut  chanter: 
Aimables  fous,  etc. 

Cessez  vos  combats, 

Braves  soldats, 

Fils  de  Bellone, 
Que  la  douce  paix 

Retrouve  accès 

Chez  les  Français. 
Des  fleurs,  des  moissons 

Nous  vous  tressons 

Une  couronne. 
Pour  le  monde  entier, 

Oui,  l'olivier 

Vaut  le  laurier. 
Toujours  inquiet 
L'amour  fuyait 
Au  choc  des  armes  ; 
Le  bruit  du  clairon, 

Cède  au  doux  son 

De  la  chanson. 
11  revient  enfin, 

L'enfant  malin, 

Sécher  nos  larmes  ; 
Puisqu'ainsi  les  dieux 

Comblent  nos  vœux, 
Soyons  heureux. 
Aimables  fous,  etc. 

Au  flot  du  moment 

Livrons  gaîment 

Notri'  nacelle  ; 
L'horizon  lointain 

Cache  un  destin 

Trop  incertain. 


CHANSONS    EPICURIENNES. 


■243 


Il  jaillit  toujours 

De  nos  beaux  jours 

Quelque  étincelle. 
C'est  un  souvenir 

Pour  embellir 

Notre  avenir. 
Si  nous  vieillissons, 

Rajeunissons 

Noire  bannière; 
L'amitié  viendra 

Lui  sourira, 

La  bénira. 
Puisqu'Anacréon 

Parait  son  front 
D'un  jeune  lierre, 
Vieillards,  bons  vivants, 
Cachons  au  temps 
Nos  cheveux  blancs. 

Aimables  fous, 
Au  bruit  doux 
Des  glouglous 
De  nos  vieilles 
Bouteilles, 
A  l'unisson 
Que  le  son 
D'un  flonflon 
Fasse  un  gai  carillon. 

C.-H.-T.  Morisset. 


CHANSON   DE   TABLE. 

1850. 
Air  :  Je  loge  au  quatrième  étage. 

Puisque  l'amitié  nous  rassemble 
A  ce  simple  et  joyeux  festin, 
Buvons,  amis,  trinquons  ensemble, 
Et  savourons  le  jus  divin.  (bis.) 

A  vivre  heureux  tout  nous  convie, 
Quand  nous  possédons  la  gaîté  ; 
Noyons  les  chagrins  de  la  vie  j 

Dans  le  vin  et  la  volupté.  \  ' 


Une  maîtresse  un  peu  coquette 
Pour  nous  a  toujours  plus  d  attraits, 
Bien  fou  celui  qui  s'inquiète 
Si  l'inconstance  vient  après.  (bis.) 

Il  faut  de  la  philosophie, 
Même  auprès  de  fière  beauté. 
Noyons,  etc. 

Pour  vivre  heureux  en  ce  bas-monde, 
Loin  de  nous  chassons  les  soucis  ; 
En  tourments  la  vie  est  féconde, 
Le  bonheur  c'est  de  vrais  amis.        (bis. 
Etre  aimé  de  femme  jolie, 
N'est-ce  pas  la  félicité? 
Noyons,  etc. 

Sachez  que  l'esprit,  en  ce  monde, 
Souvent  loge  dans  un  grenier  ; 
En  sots  riches  Paris  abonde  ; 
Mais  l'or  est  un  maître  altier.         (bis.) 
Les  pleurs  nourrissent  le  génie, 
Honneur  à  sa  noble  fierté  1 
Noyons,  etc. 


Que  faut-il  à  l'homme  sur  terre  ? 
Peu  doit  suffire  à  ses  besoins, 
Pourvu  qu'il  ait  le  nécessaire, 
Pour  vivre  à  quoi  bon  tant  de  soins 
Le  sage  voit  tout  sans  envie, 
Sa  devise  est  la  liberté  I 
Voilà  les  vrais  biens  de  la  vie, 
Les  amis  et  la  volupté. 

F.  Flamant. 


?  (bis. 
(bis.) 


La  musique,  de  Boufïet,  se  trouve  notée  au  N  264 
de  la  Clé  du  Caveau. 


PANIERS  ET  CORBEILLES. 

1843. 

Air  :  Allez  cueillir  des  bluels  dans  les  blés. 
Ou  du  vaudeville  du  Château  perdu. 

Le  sombre  hiver  a  passé  comme  un  rêve  ; 
Le  verre  en  main,  allons,  Roger-Bontemps, 
Quand  tout  renaît,  quand  tout  est  plein  de  sève, 


24i 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Par  nos  chansons,  saluons  le  printemps  ! 
Les  papillons,  les  oiseaux,  les  abeilles, 
Vont  butiner  les  trésors  printaniers; 
Aujourd'hui  Flore  embellit  nos  corbeilles, 
Demain,  Pomone  emplira  nos  panier 


les,)  ...  . 

[  (ois.) 

PS.    )  ' 


Faut-il  tant  d'or,  de  soie  et  de  dentelles, 
Pour  illustrer  le  trésor  de  l'amour/? 
Rose  se  pare  avec  des  fleurs  nouvelles, 
Et  la  nature  est  sa  dame  d'atour. 
Quels  yeux  brillants  !  quelle  bouche  vermeille  ! 
Prône  en  tous  lieux,  opulent  chevalier, 
Ta  grande  dame  et  sa  grande  corbeille; 
J'aime  mieux  Rose  et  son  petit  panier. 

Au  bon  vieux  temps,  objet  de  nos  satires, 
Nos  grands  papas  trouvaient  chez  nos  mamans 
Plus  de  candeur  et  moins  de  cachemires, 
Plus  de  vertus  et  moins  de  diamans. 
L'amour  de  l'or  seul  occupe  nos  veilles, 
De  la  plus  belle  on  compte  les  deniers  : 
0  mes  amis  !  le  siècle  des  corbeilles 
Fait  regretter  le  siècle  des  paniers. 

A  Louison,  fille  des  mieux  nourries. 
Un  Cordon  bleu,  d'un  accent  maternel, 
Disait  :  «  Enfant,  bientôt  tu  te  maries; 
«  Un  chef  connu  va  t'  conduire  à  l'autel  ; 
«J'veuxqu'cejour-làjtoull'quarlier  s'émerveille, 
«  Qu'  lu  fass's  l'effet  d' la  fille...  d'un  épicier!... 
«  Ma  Louison,  pour  remplir  ta  corbeille, 
«  J' fais  joliment  danser  l'ans'  du  panier.  » 

Toi,  dont  la  table  est  si  bien  décorée 
Dans  ton  hôtel,  ô  moderne  Crésus, 
En  dévorant  ta  brioche  dorée, 
Rappelle-toi  les  sept  pains  de  Jésus. 
Que  la  pitié  dans  ton  cœur  se  réveille! 
En  imitant  ce  roi  des  aumôniers, 
Du  pain  bénit,  de  ta  riche  corbeille, 
Tu  lieux  remplir  mille  pauvres  paniers. 

De  feu  Mondor,  dans  la  triste  vallée, 

Le  monument  semble  braver  le  ciel  : 

Il  crut  pouvoir,  sous  un  lourd  mausolée, 

Cacher  sa  vie  aux  jeux  de  l'Eternel. 

Quand  la  trompette  en  sursaut  nous  réveille, 


Peur  comparaître  au  jugement  dernier, 
Il  faut  montrer  le  fond  de  sa  corbeille, 
Il  faut  montrer  le  fond  de  son  panier. 

En  vérité,  la  Fortune  nous  triche! 
Nul  n'est  content  de  son  petit  bonheur  : 
J'entends  se  plaindre  et  le  pauvre  et  le  riche  ; 
L'un  cherche  un  fruit,  l'autre  cherche  une  fleur 
Pour  effacer  des  misères  pareilles, 
Change  tes  lois,  ô  destin  routinier! 
Jette  des  fleurs  dans  toutes  les  corbeilles, 
Comble  de  fruits  le  plus  petit  panier. 

A.  Jacquemart. 

La  musique,  deBérat,  se  trouve  notée  auN.  1644 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LA  MARMITE. 

1823. 
Air:  Ma  marmotte  a  mal  au  pied. 

A  tort  on  flétrit  votre  nom, 
Chantres  à  circonstance, 
Qui  ne  visez,  avec  raison, 

Qu'à  vous  garnir  la  panse  ; 
Contre  vos  chansons,  qu'il  blâma, 
Si  l'homme  droit  s'irrite, 
Moquez  vous  d'  ça 
Ces  chansons-là 
Font  bouillir  la  marmite! 

Filles  qu'hymen  lente  parfois, 

Prenez  un  invalide; 
Pour  l'hymen,  des  jambes  de  bois 

Sont  un  soutien  solide. 
Une  coquette,  l'on  dira, 
Dédaigne  leur  mérite 
Moquez-vous  d'  ça, 
Ces  jambes-là 
Font  bouillir  la  marmite. 

Empiffrez-vous,  maigres  époux 
Dont  on  preue  la  femme  , 


CHANSONS    EPICURIENNES. 


245 


Pour  bien  engraisser,  gardez-vous 

De  maîtriser  sa  flamme  I 
Des  feux  dont  elle  brûlera 
Que  votre  corps  profite  1 
Moquez-vous  d'  ça, 
Tous  ces  feux-là 
Font  bouillir  le  marmite. 

Des  écrits  qu'on  braille  au  saint  lieu, 

Si  Dieu  se  formalise, 
Bien  souvent,  sous  mon  pot  au  feu, 

Moi  je  les  utilise  : 
Heureux  enfants  de  Loyola, 
Qu'en  vain  l'on  discrédite, 
Moquez-vous  d'  ça, 
Ces  écrits-là 
Font  bouillir  la  marmite. 

Tribuns  ventrus,  parfois  nigauds, 

Qu'un  beau  dindon  inspire, 
En  nous  débitant  vos  fagots 

Narguez  notre  satire  ; 
Villèle  qui  vous  les  souffla, 
A  dîner  vous  invite... 
Moquez- vous  d'  ça, 
Ces  fagots-là 
Font  bouillir  la  marmite. 

Mangez,  mangez,  riches  bedauds 

Que  le  rabat  domine, 
Que  vos  brillants  bâtons  royaux 

Ne  brillent  qu'en  cuisine  I 
Si  tant  de  fois  on  les  tacha 
De  sang  et  d'eau  bénite, 
Moquez-vous  d'  ça, 
Ces  bâtons-là 
Font  bouillir  la  marmite. 

Perchelet. 

Air  ancien,  noté  au  N.  313  de  la  Clé  du  Caveau. 


LES   CTGARRES. 

1844. 

Vumons,  fumons,  amis,  fumons,  fumons! 
Que  l'on  prépare 


Son  cigarre  ! 
Fumons,  fumons,  fumons,  fumons,  fumons! 
De  tout  nous  nous  consolerons. 

Sous  l'ancien  régime  on  prisait; 
Mais  c'est  rococo...  c'est  empire!... 
tL'odeur  du  tabac  me  déplaît  ; 
Moi,  je  ne  connais  rien  de  pire... 
Fumons,  etc. 

Ici-bas,  que  demandons-nous 
Dans  nos  plaisirs  économiques? 
Des  cigarres  à  quatre  sous 
Et  des  allumettes  chimiques  '... 
Fumons,  etc. 

A  notre  exemple,  l'on  peut  voir 
Et  la  duchesse  et  la  lorette. 
Dans  ie  salon,  dans  le  boudoir, 
Fumer  gaîment  la  cigarrette... 
Fumons,  etc. 

Ce  n'est  plus  un  genre  commun  ; 
Cela  sent  l'aristocratie  ; 
Pour  avoir  en  nous  le  parfum 
De  la  meilleure  compagnie... 
Fumons,  etc. 

Sur  les  flots,  gais  navigateurs, 
Quand  notre  barque  se  hasarde, 
Ou  bien,  grenadiers  amateurs, 
Les  jours  où  nous  sommes  de  garde.,. 
Fumons,  etc. 

Quand  on  nous  fait  perdre  un  pari. 
Quand  nous  manquons  un  mariage, 
Surtout  en  fait  de  bon  parti, 
Quand  nous  manquons  un  héritage.  . 
Fumons,  etc. 

Et,  seul,  lorsqu'en  vain  l'on  attend, 
Devant  la  pendule  muette. 
Qu'une  main  qui  nous  promit  tant... 
Fasse  vibrer  notre  sonnette... 
Fumons,  etc. 

Pour  rêver  la  nuit  et  le  jour, 

Dans  de  beaux  châteaux  en  Espagne, 


'46 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Gloire,  crédit,  fortune,  amour... 
Bief!  pour  remplacer  le  Champagne!-.. 
Fumons,  etc. 

L'été,  fumons  sous  le  ciel  bleu; 
En  bon  air  passons  nos  journées; 
L'hiver,  ensuite,  au  coin  du  feu, 
Faisons  comme  nos  cheminées... 
Fumons,  etc. 

La  Régie  a  de  l'agrément, 
Dans  ses  débits  la  foule  abonde, 
El  jamais  le  gouvernement 
N'a  fail  fumer  autant  de  monde... 

Fumons,  fumons,  amis,  fumons,  fumons  I 
Que  l'on  prépare 
Son  cigarre  1 
Fumons,  fumons,  fumons, fumons,  fumons!. 
De  tout  nous  nous  consolerons. 

F.  de  Courcy. 

La  musique,  de  L.  Clapisson,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  M.  Quantin,  éditeur,  boul.  Montmartre,  18. 


PHILOSOPHIE   PRATIQUE. 

1847. 

Air:  Je  commence  à  m' apercevoir, 
fivdcs  Troubadours   (Bérangeri. 

Je  ne  suis  qu'un  pauvre  ouvrier, 
Mais  la  gaîlé  m'inspire  ; 
Du  sort,  j'ose  le  dire, 
Les  coups  ne  me  font  point  plier. 
J'aime  la  vie, 
Quoiqu'asservie. 
Les  biens  d'autrui  ne  me  font  point  envie  ! 
Joyeux,  j'attends  la  liberté, 
De  la  mort,  seule  égalité; 
Heureux  de  vivre,  heureux  par  ma  gaîtél 
Fhilosophc,  je  chante; 
Du  sort  qui  me  tourmente, 
Oui.  je  me  ris  comme  de  l'an  quarante  I 


.le  déleste  l'ambition; 
J'abhorre  la  rapine; 
L'amour,  c'est  ma  doctrine; 
Le  bien,  c'est  ma  religion  , 
Par  caractère, 
Vrai  prolétaire, 
Sans  or,  sans  nom,  je  suis  bien  sur  la  terre. 
Plus  utile  qu'un  beau  parleur, 
Je  sais  agir  :  tout  travailleur 
Doit  porter  haut  et  la  tête  et  le  cœur! 
Philosophe,  etc. 

Esprit  entier,  me  dira-t-on, 
Quelle  erreur  est  la  tienne  I 
Que  le  malheur  survienne 
Alors  tu  changeras  de  ton. 
Cbange  toi-même 
Ta  face  blême, 
Cœur  de  mouton,  mon  courage  est  extrême 
Le  malheur  I...  nous  nous  connaissons  ; 
C'est  le  parrain  de  mes  garçons. 
Lui-même  aussi  m'inspire  mes  chansons. 
Philosophe,  etc. 

De  grands  penseurs  ont  fait  surgir 
De  belles  théories, 
Dont  les  phrases  fleuries 
Nous  dorent  un  bel  avenir! 
Je  veux  y  croire... 
Versez  à  boire; 
Rires  et  pleurs,  voilà  toute  l'histoire. 
Depuis  cinq  mille  ans  nous  souffrons  ! 
Chaque  siècle  dit  :  Nous  verrons... 
Et  que  voit-il  ?  La  sueur  sur  nos  fronts 
Philosophe,  etc. 

Aide-toi,  le  ciel  t'aidera; 
Fort  de  ta  conscience, 
Marche  !  l'idée  avance; 
Sois  juste  :  advienne  que  pourrai 
Lutte,  courage  I 
Prends,  homme  sage, 
Plaisirs,  douleurs,  que  le  hasard  partage. 
Sous  un  ciel  pur  ou  nébuleux, 
Tu  dois  avoir  le  cœur  joyeux  ; 
Le  vrai  bonheur,  c'est  de  se  croire  heureux  I 
Philosophe,  etc. 


CHANSONS  ÉPICURIENNES. 


24; 


Ce  monde,  et  si  large  et  si  long, 
N'est  qu'un  grain  dans  l'espace! 
L'homme  qui  s'y  prélasse, 
Aux  yeux  de  Dieu,  mais  qu'esl-il  donc? 
Un  éphémère, 
Dans  la  poussière, 
Que,  par  un  trou,  fait  danser  la  lumière! 
Croyez-en  d'augustes  édits  ; 
Rustres,  prélats,  grands,  érudits, 
Sont  tous  égaux,  infiniment  petits  ! 
Philosophe,  je  chante; 
Du  sort  qui  me  tourmente, 
Oui,  je  me  ris  comme  de  l'an  quarante! 

Claude  Genoux. 


La  musique,  de  Dalayrac,  est  notée  au  N.  253  de 
la  Clé  du  Caveau. 


JEUNESSE  ET   PLAISIR. 


1843. 

Air  des  Trois  Marteaux. 
Ou  du  Vaurien  (E.  Petit). 

Vive,  vive  le  plaisir, 
Richesse 

De  la  jeunesse  ! 
Sur  les  ailes  du  désir, 
Luttons  contre  la  vieillesse' 
Opposons  aux  noirs  chagrins 

Nos  gais  refrains  ; 
Et  dans  le  champ  des  amours 

Semons  toujours! 


'■(bis.) 


Allons,  phalanges  brillantes, 
Les  chemins  nous  sont  ouverts  ; 
Et  nos  fanfares  bruyantes 
Retentissent  dans  les  airs  ! 
Au  sein  d'une  ondoyante  foule 
Dont  les  cris  s'élèvent  en  chœur, 
Notre  char  bondit  et  roule 
Sur  la  route  du  bonheur. 
Vive,  vive,  etc. 


Oui,  le  plaisir  nous  convie 
A  ses  somptueux  repas  ; 
Et  les  serpents  de  l'envie 
N'embarrassent  point  nos  pas. 
A  nous  l'ivresse  sans  mélange, 
A  nous  son  flambeau  radieux  ! 
L'ivresse  doit  être  un  ange 
Puisqu'elle  nous  vient  des  cieux  ! 
Vive,  vive,  etc. 

A  nous  gentilles  maîtresses  1 

Car  notre  magique  ardeur 

Fait  tomber  sous  nos  caresses 

Les  armes  de  la  pudeur. 
Quand  le  zéphir  amoureux  glisse 
Sur  ses  pétales  veloutés, 

La  rose  ouvre  son  calice 

Au  charme  des  voluptés. 
Vive,  vive,  etc. 

Seigneur  Plutus  a  beau  faire, 

Car,  sans  être  gorgés  d'or, 

Nous  enrichissons  la  sphère 

Où  la  gaîté  règne  encor. 
De  la  tristesse  à  face  blême 
Pourrions-nous  craindre  les  affronts, 

Quand  le  poids  d'un  diadème 

Ne  fait  point  plisser  nos  fronts  ? 
Vive,  vive,  etc. 

Prôneur  à  longues  oreilles, 

Place  à  notre  char  joyeux! 

Quoi  !  lu  fais  monts  et  merveilles 

D'un  monde  mystérieux  ? 
Toi  qui  hois  le  nectar  sans  lie, 
Peux-tu  mêler  sans  trahison 

Aux  grelots  de  la  folie 

Les  accents  de  la  raison  ? 
Vive,  vive,  etc. 

France  aux  puissantes  mamelles, 

Tu  souris  à  nos  efforts 

Lorsque,  groupés  autour  d'elles, 

Nous  épuisons  leurs  trésors. 
Heureux,  nous  gouvernons  les  mondes, 
Pour  nous  les  épines  sont  fleurs, 

Quand  de  les  vignes  fécondes 


2*8 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Nous  avons  séché  les  pleurs  ! 
Vive,  vive,  etc. 

Jusqu'en  ta  couche  dorée, 
Riche,  la  peur  le  poursuit  ; 
Et  ta  paupière  altérée 
Cherche  le  sommeil  qui  fuit; 
Mais  le  vaurien  d'humeur  joyeuse 
N'a,  lorsqu'il  songe  à  sommeiller, 
Que  la  gaîté  pour  berceuse 
Et  l'amour  pour  oreiller  I 
Vive,  vive,  etc. 

Pour  des  fous  la  vie  est  belle  I 

Mais  si  le  temps  est  compté, 

De  bluets  et  d'immortelle 

Parons  la  félicité. 
Quand  ce  vautour,  l'âge  qui  presse, 
S'abattra  sur  nous  sans  pitié, 

Nous  puiserons  la  sagesse 

Dans  le  sein  de  l'amitié. 

Vive,  vive  le  plaisir, 
Richesse 

De  la  jeunesse  I 
Sur  les  ailes  du  désir 
Luttons  contre  la  vieillesse! 
Opposons  aux  noirs  chagrins 

Nos  gais  refrains, 
Et  dans  le  champ  des  amours 

Semons  toujours  ! 

J.-F.  llailly 


(bis.) 


La.  musique,  d'Hippolyte  Monpou  ,  se    trouve 
chez  M.  Meiasonnier  fils,  éditeur,  rue  Dauphine,  1  . 


LE    NOUVEAU   DEMOCRITE. 

1849. 
Air   Eh  tgcU,  gai,  gai,  mon  cjficier. 

Gai,  gai,  gai,  gai,  rions  toujours, 
La  vie 
C'est  la  folie; 
Gai,  gai,  gai,  les  instants  sont  courts, 
Profitons  des  beaux  joui-. 


En  voyant  ce  bas-monde 
Pour  des  riens  s'agiter, 
Ma  tristesse  est  profonde, 
Je  n'ose  plus  chanter. 
Gai,  gai,  etc. 

De  notre  politique. 
Si  tout  va  de  travers, 
C'est  que  chacun  se  pique 
De  régir  l'univers. 
Gai,  gai,  etc. 

Dans  ce  siècle  fertile 
En  tant  de  beaux  esprits. 
L'auteur  le  plus  habile 
De  l'or  seul  est  épris. 
Gai,  gai,  etc. 

De  nos  hommes  en  place 
Combien  de  fois  j'ai  ri; 
Du  sage  la  besace 
Renferme  plus  d'esprit. 
Gai,  gai,  etc. 

Vous  qui  d'une  coquette 
Subissez  la  rigueur, 
Prenez  une  Lisette, 
Vous  aurez  le  bonheur. 
Gai,  gai,  etc. 

Moi  qui  rien  ne  désire 
Que  vivre  en  passager, 
De  tout  si  j'aime  à  rire, 
J'imite  Béranger. 
Gai,  gai,  etc. 

L'amour  et  la  folie 
Occupent  mes  instants, 
Et  sans  soins,  sans  envie, 
Je  vois  couler  le  temps. 
Gai,  gai,  etc. 

Des  sots  je  ris  sans  cesse, 
Et  d'eux  prenant  pitié, 
Je  trouve  la  sagesse 
Auprès  de  l'amitié. 
Gai,  gai,  etc. 


Paris  —  Imprimerie  de  Pillet  fils  utné,  rue  des  Grands-Augustins,  .'> 


V-  \LtMk 


Partisan  d'Epirure, 
De  l'aimable  gaîté, 
Je  chante  la  nature, 
Le  vin  et  la  beauté. 

Gai,  gai,  gai,  gai,  fions  toujours, 
La  vie, 
C'est  la  folie; 
Gai,  gai,  gai,  les  instants  sont  courts, 
Profitons  des  beaux  jours. 

F.  Flamant. 

Air  ancien,  noté  auN.  107  de  la  Dé  du  Caveau. 


L'AUTOMNE. 

1847. 

Ain  :  Depuis  longtemps  j aimais  Adèle." 

Déjà  l'automne  maladive 
Pu  temps  précipite  le  cours, 
Chassant  la  saison  fugitive 
De  la  jeunesse  et  des  amours, 
J'ai  vu  mourir  les  fleurs  nouvelles, 
Jaunir  l'ombrage  du  bois  vert; 
J'ai  vu  s'enfuir  les  hirondelles  : 
Printemps,  adieu;  salut,  hiver. 

Plus  de  romanesques  voyages 
Où  le  hasard  guide  nos  pas; 
Plus  dejoyeux  pèlerinages 
Que  Lisette  n'avoùrait  pas! 
Mais  près  du  foyer  sédentaire, 
Réglant  nos  droits  et  nos  devoirs, 
Nous  allons  réformer  la  terre  : 
Longs  jours,  adieu;  salut,  longs  soirs. 

Des  souvenirs  de  la  jeunesse 
Nous  avons  une  ample  moisson; 
Chacun  de  nous  à  sa  maîtresse 
Dit  adieu  dans  une  chanson. 
Mais  le  temps,  qui  flétrit  les  roses, 
Des  fruits  amène  la  saison; 
Laissons  les  mots  :  pensons  aux  choses, 
Plaisirs,  adieu;  salut,  raison. 

97 


L'âge  survient;  l'acre  nous  chasse; 
Après  nous  not  lils  vous  venir; 
Sans  regret  de  tout  ce  qui  passe, 
Portons  nos  yeux  vers  l'avenir. 
Et  si  quelque  image  chérie 
Parfois  revient  nous  émouvoir, 
Ne  pensons  plus  qu'à  la  patrie!... 
Regrets,  adieu;  salut,  espoir. 

Gustave  Xaduiul. 

Cette  chanson  est  extraite  de  la  nouvelle  édition  du  recueil 
de  chansons  de  Gustave  Nadaud,  augmentée  de  quarante 
chansons  nouvelles  et  inédites.  Joli  volume,  grand  in-18.  Prix  : 
•2  fr.  50  c,  chez  L.  Vieillot,  32,  rue  Notre-Dame-de-Nazareth. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve  à  Paris,  chez 
Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-uame-de-Nazureth. 


VIEUX  VIN  ET  JEUNES  AMOURS. 

1841. 

Air  d'une  contredanse. 

Du  vin  vieux,  des  jeunes  amours, 
Leur  présence 
Endort  la  souffrance; 
Le  vin  vieux,  les  jeunes  amours 
Font  oublier  les  mauvais  jours. 

Foin  du  censeur!  et  sans  retour 
Oublions  sa  vaine  jactance, 
Puisqu'au  banquet  de  l'existence 
Le  plaisir  offre  tour  à  tour  : 
Du  vin  vieux,  etc. 

De  plus  d'une  déception 
Préservons  nos  âmes  craintives; 
Sachons  toujours,  joyeux  convives, 
Borner  là  notre  ambition: 
Du  vin  vieux,  etc. 

En  dépit  de  l'esprit  mutin 
Qui  veut  envahir  son  domaine, 


?50 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Dieu  permet  à  l'espèce  humaine 
De  retrouver  chaque  matin 
Du  vin  vieux,  etc. 

Sur  terre  bornant  notre  essor, 
Près  de  lui  si  Dieu  nous  rappelle, 
C'est  qu'en  sa  demeure  éternelle, 
Pour  nous,  amis,  il  est  encor 
Du  vin  vieux,  etc. 

Avec  effort  l'humanité 
Du  mal  cherche  à  combler  l'abîme  ; 
Pour  aider  à  l'œuvre  sublime, 
Demandons  à  la  Volupté 
Du  vin  vieux,  etc. 

Pour  ne  pas  jouir  qu'à  moitié, 
Puissé-je,  au  gré  de  mon  envie, 
Trouver  jusqu'au  soir  de  ma  vie, 
Unis  à  la  douce  amitié, 

Du  vin  vieux,  des  jeunes  amours  I 
Leur  présence 
Endort  la  souffrance  ; 
Le  vin  vieux,  les  jeunes  amours 
Font  oublier  les  mauvais  jours. 

Charles  Morlssei. 


UN  HEUREUX  CARACTERE. 


Air:  Çan'  s' peut  pas. 

Franc  luron  et  joyeux  convive, 
Sans  souci,  tant  soit  peu  farceur, 
Magaîlé  communicative 
Met  tout  Le  monde  en  belle  humeur. 
Qu'on  parle  cotillon,  musique, 
Sciences,  mœurs,  art  théâtral, 
Bourse,  choléra,  politique, 
Ça  m'est  égal.  (6m.) 


}  (bit. 


De  l'amitié,  que  je  partage 
Le  pot  au  feu,  le  petit  vin, 
L'ordinaire  enfin  d'un  ménage, 
Ou  que  je  m'asseieau  festin 


Qu'un  des  noms  fameux  en  cuisine 
Rend  exquis  et  phénoménal  : 
Qu'importe  !  pourvu  que  je  dîne, 
Ça  m'est  égal  ! 

Qu'une  femme  aimable  et  jolie 
M'accorde  quelques  privautés  ' 
Heureux  !  je  l'aime  à  la  folie , 
Vois-je  des  infidélités  ?... 
Je  déplore  peu  la  disgrâce 
D'être  oublié  pour  un  rival  ; 
Je  remplace  qui  me  remplace, 
Ça  m'est  égal  ! 

De  bons  amis,  au  mariage, 
Ne  cessent  de  me  convier  ; 
D'un  autre  côté  l'on  m'engage 
A  ne  me  jamais  marier. 
Au  parfait  bonheur  on  oppose, 
Certain  déboire  conjugal. 
Mais  bah  !  c'est,  dit-on,  peu  de  chose, 
Ça  m'est  égal! 


Je  vois  arriver  la  vieillesse, 
Je  \*>is  s'argenter  mes  cheveux  ; 
Et  sens  encor  de  la  jeunesse 
Les  goûts,  les  désirs  et  les  feux. 
Qu'on  traite  cela  de  démence, 
Si  je  lance  un  trait  jovial, 
Et  si  je  fais  plus  qu'on  ne  pense, 
Ça  m'est  égal!  bis.) 

l'.-J    lharrin. 


i  (bis.) 


La  musique.de  Ducray-Duminil,  se   trouTe  no- 
tée au  N.  692  de  la  Clé  du  Caveau. 


LES  CLOCHES. 


Par  ma  fenêtre  s  est  enfui: 
L'illusion  et  pour  jamais! 
Doux  rêves,  adieu  :  je  m'ennuie 
Au  son  des  cloches  que  j'aimais. 
I)  Interpréter  leur  babillage, 
Poète,  à  seize  ans  j'eus  le  don. 


CHANSONS    EPICURIENNES 


251 


Pour  fêter  le  saint  du  village, 
Les  cloches  disaient  :  Allons  donc, 
Arrivez  donc  I  [1er.) 

Mais  je  suis  peu  dévot,  et  même 
11  me  souvient  d  avoir  osé 
Faire  un  gai  repas  en  carême, 
Repas  d'amis,  bien  arrosé. 
Homnns  de  Dieu,  point  de  reproches  : 
11  excuse  un  jour  d'abandon  ; 
Puis...  c'était  la  faute  des  cloches, 
Qui  nous  répétaient  :  Allons  donc  ; 
Grisez-vous  donc  !  {ter.) 

Quand  je  donnai  mon  cœur  à  celle 
Qui  n'en  veut  plus,  et  l'a  toujours, 
Le  tocsin  même  et  la  crécelle 
Parlaient  aux  vents  de  nos  amours. 
A  l'ombre  des  bois,  sur  la  mousse, 
Rêvant  mieux  que  sur  l'édredon, 
Nous  entendions,  de  leur  voix  douce, 
Les  cloches  nous  dire  :  Allons  donc, 
Allons  donc!  (ter.) 

Puis  j'arrivai,  jeune  et  plein  d'âme, 
Dans  la  grand'ville  en  pèlerin  ; 
Le  Te  Deum  de  Notre-Dame 
Alors  berçait  un  souverain  ; 
Mais  à  fêter  sa  bienvenue 
Quand  on  fatiguait  le  bourdon, 
J'espérais,  moi  ;  car,  dans  la  nue, 
L'airain  grommelait  :  Allons  donc, 
Armez- vous  donc!         (ter  N 

Pour  moi,  tes  cloches,  pauvre  Pran  e, 
N'ont  plus  un  langage  aussi  clair; 
D'amour,  de  gloire  et  d'espérance, 
Pour  moi,  rien  ne  parle  dans  l'air. 
Je  n'entends,  comme  tout  le  monde, 
Qu'un  éternel  drelin  dindon. 
Que  la  république  vous  fonde! 
Cloches  bavardes,  allons  donc  ■ 
Taisez-vous  donc  I  (ter.) 

Hégéslppe  M  or  ou  ii 


JOUISSONS   DE  LA  VIE 


1836. 

Air  :  A  Papa  Momus. 
Ou  .  Moquons-nous  d'  ça,  ces  jambes-là 

Amis,  pour  charmer  tous  ses  jours. 

Il  faut,  dit  un  adage, 
Du  vin  invoquant  le  secours, 
S'égayer  d'âge  en  âge. 
Malgré  nos  mentors, 
Palpons  les  trésors 
Du  dieu  qui  nous  convie! 
Puisque  du  trépas 
On  ne  revient  pas, 
Jouissons  de  la  vie. 


Nargue  du  censeur,  du  grimaud, 

Qui  jamais  ne  fredonnent: 
Nargue  du  bigot,  du  cagot, 

Qui  toujours  nous  sermonnent! 
Soyons  francs  lurons, 
Au  diable  envoyons 
Toute  race  engourdie. 
Puisque,  etc. 

Qu'importe,  une  fois  chez  les  morlt. 

Que  Pluton  nous  réclame! 
Et  quand  nous  n'aurons  plus  de  coros 
Qu'il  consume  notre  âme  ! 
Joyeux  et  d'accord 

Jusqu'au  sombre  bord 
Que  Momus  nous  rallie  ! 
Puisque,  etc. 

Que  toujours  contents,  notre  voix 

En  tous  lieux  retentisse! 
Qu'un  pâle  buveur,  peu  grivois. 
A  notre  aspect  rougisse  ! 
Que  nos  gais  concerts, 
En  frappnut  les  airs, 
Animent  lu  f  lie  ! 
Puisque,  etc. 


Î52 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Avant  de  fouler  le  duvet 

Que  nous  dresse  la  parque, 
De  cabaret  en  cabaret 
Conduisons  noire  barque... 
De  ce  monde  enfin, 
Sur  des  flots  devin, 
Faisons  notre  sortie! 
Puisque  du  trépas 
On  ne  revient  pas, 
Jouissons  de  la  vie. 

Perchelet. 

Air  ancien,  noté  au  N.  313  de  la  Clé  du  Caveau. 


L'HEUREUX    PHILOSOPHE. 

1721. 
Air  :  Nous  autres,  bons  villageois. 

Je  n'ai  pour  toute  maison 
Qu'une  pauvre  et  simple  chaumière, 

Que  dans  le  pays  gascon 
On  nommerait  gentilhommière. 
Là,  loin  du  bruit  et  du  fracas, 
Sans  chagrin  et  sans  embarras, 
Dans  une  heureuse  obscurité, 

Je  jouis  de  la  liberté. 

J'ai  dans  le  môme  canton 
Un  ;  vigne  pour  héritage  : 

Je  prends  soin  de  la  façon, 
Les  dieux  bénissent  mon  ouvrage. 
De  ce  bien  j'use  de  mon  mieux, 
Je  ne  garde  point  de  vin  vieux: 
La  fin  de  mon  dernier  tonneau 
M  annonce  toujours  le  nouveau. 

Que  la  fortune  à  son  gré 
lin  impose  à  ceui  qu'elle  joue; 

Assis  au  dei  nie*  degré, 
Je  rois  de  loin  tourner  sa  roue. 
La  déesse,  d'un  vain  éclat, 
Souvent  revêlll  m  pied-  lat: 
je  ii-  de  toutes  nés  ■  i .<■ 
Et  je  renonce  surs. 


Trop  penser  est  un  abus: 
Qui  veut  prévoir  est  misérable; 

Le  passé  ne  revient  plus; 
L'avenir  est  impénétrable, 
Le  présent  seul  est  le  vrai  bien 
Songeons  à  l'employer  si  bien, 
Que  du  plaisir  qui  va  passant 
Un  autre  renaisse  à  l'instant. 


i"< 


llaz':i"..ï«i 


LES  BELLES. 

1809. 
\i  u     Tétais  bon  chasseur  autrefois. 

Fils  d'Fpicure,  il  est  certain 
Qu'à  notre  titre  peu  fidèles, 
Nous  avons  trop  chanté  le  vin, 
lit  pas  assez  chanté  1.  s  belles. 
Franc  buveur,  galant  troubadour, 
11  me  faut  bouteille  et  maîtresse: 
Fêler  Bacchus,  fêter  l'Amour, 
C'est  toujours  être  dans  l'ivresse. 

Hommes  trop  fiers  de  vos  talents, 
Toutes  les  belles  que  l'on  cite 
Vous  surpassent  en  agréments 
Et  vous  égalent  en  mérite  ; 
L'illustre  amante  de  Phann, 
Cédant  à  son  triple  délire, 
Unissait  comme  Awacréon 
Le  myrte,  le  lierre  et  la  lyre. 

Chère  au  dieu  du  sacré  vallon, 
Notre  gentille  Deshouliàre 
Parut  à  la  cour  $  Apollon 
Sons  l'humble  habit  d'une  beiv 
Ct,  par  un  prodige  nouveau, 
Gardant  toujours  la  foi  puomise, 
lille  unit  l'esprit  de  Sapbo 
\  la  constance  i'Artiiémt  < 

Le  dieu  du  goût  a  désigné 

Pour  sa  favorite  lidèle 


w.) 


[FOI 


■ 


CHANSONS    ÉPICURIENNES, 


253 


Cette  piquante  Sévigné, 

Sans  rivaux  comme  sans  modèle; 

D'un  style  aimable  et  familier 

Quand  elle  écrivit  maint  volume, 

Momus  lui  tenait  l'encrier, 

Et  les  Grâces  taillaient  sa  plume. 

Sinon  jusques  à  son  déclin, 
Des  sots  méprisant  l'apostrophe, 
Sous  les  dehors  d'un  libertin 
Cachait  l'âme  d'un  philosophe. 
Toujours  infidèle  aux  amants, 
En  amitié  jamais  frivole, 
Elle  manquait  à  ses  serments, 
Mais  elle  tenait  sa  parole. 

Du  feu  dont  Pétrarque  a  brûlé, 
Laure  fut  l'heureuse  origine  ; 
On  assure  qu'à  Champmélé 
Nous  devons  les  vers  de  Racine; 
Et  la  Grèce,  qu'à  surpasser 
En  vain  la  France  s'étudie, 
A  vu  Socrate  s'élancer 
Du  galant  boudoir  d'Aspasie. 

Les  belles,  Clio  nous  l'a  dit, 
Ont  su  par  un  double  avantage 
Offrir  des  modèles  d'esprit 
Et  des  exemples  de  courage. 
Voyez-vous  Sombreuil  se  nourrir 
Au  sein  d'une  ii lie  chérie?... 
Un  amant  y  voudrait  mourir  ; 
Un  père  y  retrouve  la  vie. 

Objets  charmants,  vos  seuls  regards 
Electrisent  par  leur  magie 
Les  vaillants  favoris  de  Mars 
Et  les  amants  de  Polymnie. 
Oui,  les  auteurs  et  les  guerriers, 
Dont  les  amours  plaident  la  cause, 
Moissonneraient  moins  de  lauriers 
Si  vous  n'y  mêliez  pas  la  rose. 

meceau. 

La    musique,   de    Doche ,   se    trouve    notée   au 
S.  791  de  la  Clé  du  Caveau. 


JE  YEUX   FINIR  COMME  J'AI  COMMENCE. 

Ai  r  :  Déjà  la  nuiL  de  ses  voiles  épais. 


Puisque  je  prends  avec  vous  mes  ébats, 
C'est  à  présent  un  refrain  que  j'implore, 
Mais  la  raison  enfin  me  dit  tout  bas  : 
A  soixante  ans  dois-tu  chanter  encore; 
Par  des  chansons  ma  mère  m'a  bercé, 
Je  veux  finir  comme  j'ai  commencé. 


{bis.) 


Je  me  souviens,  enfant,  quand  je  pleurais. 
Je  fus  bercé  dans  les  bras  d'uné^femme, 
Lorsqu'il  faudra  m'endormir  pour  jamais, 
Je  veux  encor  que  sa  main  me  réclame, 
Et  sur  son  sein  posant  mon  front  glacé, 
Je  veux  finir  comme  j'ai  commencé. 

'  Sans  imiter  les  Bernis,  les  Ghaulieu, 
Je  bois^un  coup  quand  je  me  mets  à  table, 
Je  bois  encor  pour  le  coup  du  milieu, 
Mais  au  dessert  ma  soif  est  redoutable; 
Le  bouchon  part...  le  Champagne  a  moussé, 
Je  veux  finir  comme  j'ai  commencé. 

On  pourrait  bien  se  venger  des  méchants, 
On  sait  pourtant  si  l'espèce  en  abonde  ! 
Moi,  plus  heureux,  par  de  modestes  chants, 
J'ai  su  braver  les  peines  de  ce  monde  ; 
Jamais  le  fiel  dans  mon  sang  n'a  passé, 
Je  veux  finir  comme  j'ai  commencé. 

Un  avfinir,  une  espérance,  un  Dieu, 
Ont  embelli  les  jours  de  ma  jeunesse. 
Quand  à  ce  monde  il  faudra  dire  :  adieu, 
Sans  que  jamais  aucun  espoir  me  blesse, 
Ah!  vers  le  ciel  mon  œil  sera  fixé, 
Je  veux  finir  comme  j'ai  commencé. 

M.  Brazicr. 


La  musique,  de  Gilles  ,  se  trouve  notée  auN.  17'.)7 
le  la  Clé  du  Caveau. 


»5* 


CHANSONS    POPULAIRES. 


LE  CHOIX  DES  SCIENCES 

Air  du  vaudeville  de  Figaro. 

Ne  poursuivons  plus  la  gloire  ; 

Elle  vend  cher  ses  faveurs  ; 

Tâchons  d'oublier  l'histoire  : 

C'est  un  lissu  de  malheurs. 

Mais  appliquons-nous  à  boire 

Ce  vin  qu'aimaient  nos  aïeux. 

Qu'il  est  bon  quand  il  est  vieux  I     {bis.) 

J'ai  quitté  l'astronomie, 

Je  m'égarais  dans  les  cieux; 

Je  renonce  à  la  chimie, 

Ce  goût  devient  trop  coûteux. 

Mais  pour  la  gastronomie 

Je  veux  suivre  mon  penchant. 

Qu'il  est  doux  d'être  gourmand  !      [bis.) 

Jeune,  je  lisais  sans  cesse; 

Mes  cheveux  en  sont  tout  gris 

Les  sept  sages  de  la  Grèce 

Ne  m'ont  pourtant  rien  appris. 

Je  travaille  la  paresse  : 

C'est  un  aimable  péché. 

Ah!  comme  on  est  bien  couché  !     (6m.) 

J'étais  fort  en  médecine, 

Je  m'en  tirais  à  plaisir  ; 

Mais  tout  ce  qu'elle  imagine 

Ne  fait  qu'aider  à  mourir. 

Je  préfère  la  cuisine  : 

C  est  un  art  réparateur. 

Quel  grand  homme  qu'un  traiteur!  {bis.) 

Ces  travaux  sont  un  peu  rudes, 

Mais  sur  le  déclin  du  jour, 

Pour  égayer  mes  études, 

Je  laisse  approcher  l'amour. 

Malgré  les  caquets  des  prudes, 

L'amour  est  un  joli  jeu  : 

Jouons-  le  toujours  un  peul  (bis.) 

iirillaf  Navarin 


LA  TAVERNE. 

Que  j'aime  en  tout  temps  la  taverne  F 
Que  librement  je  m'y  gouverne  ! 
Elle  n'a  rien  d'égal  à  soi  ; 
J'y  vois  tout  ce  que  je  demande  : 
Et  les  torchons  y  sont  pour  moi 
De  fine  toile  de  Hollande. 

Pendant  que  le  chaud  nous  outrage, 
On  ne  trouve  point  de  bocage, 
Agréable  et  frais  comme  elle  est  ; 
Et  quand  la  froidure  m'y  mène, 
Un  malheureux  fagot  m'y  plaît 
Plus  que  tout  le  bois  de  Vincenne. 

J'y  trouve  à  souhait  toutes  choses; 

Les  chardons  m'y  semblent  des  roses, 

Et  les  tripes  des  ortolans  ; 

L'on  n'y  combat  jamais  qu'au  verre 

Les  cabarets  et  les  brelans 

Sont  les  paradis  de  la  terre. 

C'est  Bacchus  que  nous  devons  suivre, 
Le  nectar  dont  il  nous  enivre 
A  quelque  chose  de  divin, 
Et  quiconque  a  celte  louange 
D'être  homme  sans  boire  du  vin, 
S'il  en  buvait,  serait  uu  ange. 

Le  vin  me  rit,  je  le  caresse  ; 
C'est  lui  qui  bannit  ma  tristesse, 
Et  réveille  tous  mes  esprits: 
Nous  nous  aimons  de  même  force. 
Je  le  prends,  après  j'en  suis  pris  ; 
Je  le  porte,  et  puis  il  m'emporte. 

Quand  j'ai  mis  quarte  dessus  pinte, 
Je  suis  gai,  l'oreille  me  tinte, 
Je  recule  au  lieu  d'avancer  : 
Avec  le  premier  je  me  frotte, 
Et  je  fais,  sans  savoir  danser, 
De  beaux  entrechats  dans  la  crotte. 

Pour  moi,  jusqu'à  ce  que  je  meure 
Je  veux  que  le  vin  blanc  demeure. 


CHANSONS    ÉPICURIENNES. 


255 


Avec  le  clairet  dans  mon  corps, 
Pourvu  que  la  paix  les  assemble  : 
Car  je  les  jetterai  dehors, 
S'ils  ne  s'accordent  bien  ensemble. 

Motlu. 

Motin  est  le  premier,  dIt-on:  qui  fit,  en  France, 
des  chansons  à  boire  ;  elle  est  du  vrai  bon  temps  de* 
l'ivrognerie,  et  ne  manque  pas  de  verve. 

Brillât  Savarin. 


LA  VIE. 


A  MATNARD. 

Pourquoi  se  donner  tant  de  peine? 
Buvons  plutôt  à  perdre  haleine 
De  ce  nectar  délicieux, 
Qui.  pour  l'excellence,  précède 
Celui  même  que  Ganymède 
Verse  dans  la  coupe  des  dieux. 

C'est  lui  qui  fait  que  les  années 
Nous  durent  moins  que  les  journées. 
C'est  lui  qui  nous  fait  rajeunir, 
Et  qui  bannit  de  nos  pensées 
Le  regret  des  choses  passées 
Et  la  crainte  de  l'avenir. 

Buvons,  Maynard,  à  pleine  tasse, 

L'âge  insensiblement  se  passe, 

Et  nous  mène  à  nos  derniers  jours; 

L'on  a  beau  faire  des  prières, 

Les  ans,  non  plus  que  les  rivières, 

Jamais  ne  rebroussent  leur  cours. 

Le  printemps,  vêtu  de  verdure, 
Chassera  bientôt  la  froidure.  ' 

La  mer  a  son  flux  et  reflux; 
Mais,  depuis  que  notre  jeunesse 
Quitte  la  place  à  la  vieillesse, 
Le  temps  ne  la  ramène  plus. 

Les  lois  de  la  mort  sont  fatales 
Aussi  bien  aux  maisons  royales 
Qu'aux  taudis  couverts  de  roseaux  ; 
Tous  nos  jours  sont  sujets  aux  Parques  ; 


Ceux  des  bergers  et  des  monarques 
Sont  coupés  des  mêmes  ciseaux. 

Leurs  rigueurs,  par  qui  tout  s'efface, 

Ravissent,  en  bien  peu  d'espace, 

Ce  qu'on  a  de  mieux  établi, 

Et  bientôt  nous  mèneront  boire, 

Au-delà  de  la  rive  noire 

Dans  les  eaux  du  fleuve  d'oubli. 

Racan 


LE  BON    TEMPS  PERDU. 

1827. 
AlB  :  Contentons-nous  d'une  simple  bouteille. 

Du  jour  que  Dieu  pour  peupler  ce  bas  monde, 
D'un  mot  créa  le  chef  de  nos  aïeux, 
Tout  nous  promit,  sur  la  terre  et  sur  l'onde, 
Les  plaisirs  purs  qu'on  goûte  dans  les  cieux. 
Rien  n'était  mal  ;  fillette,  sans  alarmes, 
De  son  corps  blanc,  ferme,  souple  et  dodu, 
A  découvert  laissait  voir  tous  les'charmes... 
Ah!  le  bon  temps  que  nous  avons  perdu! 

Pour  le  guérir  d'un  fort  grand  mal  de  côtes, 
Adam  reçut  un  adjoint  féminin, 
Et  ce  fut  là  le  principe  des  fautes 
Qu'à  chaque  instant  commet  le  genre  humain 
Eve  le  flatte  et  présente  une  pomme  ; 
Dans  ce  beau  fruit  le  gourmand  a  mordu  : 
De  son  bonheur  soudain  fut  déchu  l'homme. 
Ah!  le  bon  temps  que  nous  avons  perdu! 

Or,  qu'advinl-il?  notre  chélive  engeance 
Vit  tout  à  faux  et  fit  tout  de  travers  ; 
Tous  les  fléaux,  comme  d'intelligence, 
Vinrent  planer  sur  ce  triste  univers. 
Sous  les  travaux,  courbé  dans  la  déiresse, 
L'homme  languit,  gémissant  éperdu... 
Il  était  né  pour  la  douce  paresse... 
Ahl  le  bon  temps  que  nous  avons  perdu! 

Je  le  sens  trop,  ô  paresse  chérie  ! 
C'est  dans  tes  bras  qu'est  la  félicité  : 


256 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Heureux  celui  dont  la  molle  incurie 
Pour  toul  travail  n'a  que  la  volupté! 
Aimer  beaucoup,  bien  boire  et  ne  rien  faire, 
Etait  mon  lot...  ce  lot  m'est  défendu... 
Parle  péché  de  notre  premier  père, 
Ah!  le  bon  temps  que  nous  avons  perdu  ! 

Quand  de  mes  ans  bientôt  finit  l'automne. 
A  mon  printemps  ie  me  plais  à  s«mger; 
D'amour  souvent  désirant  la  couronne, 
Je  fus  un  sot  à  l'heure  du  berger. 
Plus  d'un  minois  friand  et  peu  sauvage 
Me  fit  beau  jeu,  ne  fut  pas  entendu... 
Je  n'en  vois  plus  m'offrant  même  avantage... 
Ah  !  le  bon  temps  que  nous  avons  perdu  ! 

A  mon  refrain  s'unit  toute  la  terre: 
Du  jour  présent  on  méconnaît  les  fleurs  , 
Des  jours  passés  qui  ne  leur  plaisaient  guère. 
Tous  les  mortels  sont  de  grands  louangeurs. 
Vous  qu'Epicure,  amis,  prit  soin  d'instruire, 
Sachez  lui  rendre  un  hommage  assidu, 
Et  vous  n'aurez  jamais  sujet  de  dire  : 
Ah!  le  bon  temps  que  nous  avons  perdu! 

J     IK:-aiil(  li<>> 

La  musique,  de  Mouret,  se  trouve  notée  au  N.  105 
delà  Clé  du  Caveau. 


LE  CARNAVAL  PERPÉTUEL 

1823. 
Air  :  Ah  !  voilà  la  vie. 

Chacun  à  sa  guise, 
Déguise 
Sa  mise; 
Chacun  à  sa  guise, 
Se  déguise 
Ici-bas. 

Trompant  à  la  ronde, 
Je  le  vois,  hélas  ! 
L'homme,  en  ce  bas  monde 
Prend  l'air  qu'il  n'a  pas. 
Chacun, i 


Qu'un  vieux  parent  meure, 
Ne  voyez-vous  pas 
L'héritier  qui  pleure 
Comptant  ses  ducats? 
Chacun,  etc. 

L'ami  qui  vous  loue, 
Avec  grand  fracas, 
Souvent  dans  la  boue 
Vous  traîne  tout  bas. 
Chacun,  etc. 

La  timide  Hortense 
Qui  feint  l'embarras, 
Sous  l'air  d'innocence 
Nous  cache  un  faux  pas. 
Chacun,  etc. 

Maint  poltron  qui  tremble, 
Craignant  le  trépas, 
En  paroles,  semble 
Etre  un  fier-à-bras. 
Chacun,  etc. 

Couchant  à  la  dure 
Dans  un  galetas, 
Lise  a  pour  parure 
Plumes,  vitchouras. 
Chacun,  etc. 

Le  temps  chez  Olympe 
Fait  quelques  dégâts  ; 
Mais  l'art,  sous  sa  guimpe, 
Lui  rend  ses  appas. 
Chacun,  etc. 

El  l'eau  de  la  Seine 
Qui,  dans  mille  cas, 
De  bon  vin,  sans  ^rène, 
Prend  le  nom  tout  bas... 

Chacun  à  sa  guise, 
Déguise 

Sa  mise  ; 
Chacun  à  sa  guise, 

Se  déguise 

Ici-bas. 

notifier-. 

Air  ancien,  noté  au  N.  24  dclaCléduCaveau. 

M«0«» 


Paris     -  Imprimen    <!o  l'n.i.r.T  fi's  uirn'-,  r  m  'les  C.rands-AuRustins,  ro. 


CROIS-MOI,  PLANTE   DE   LA  VIGNE. 

Que  fais-tu  de  tes  richesses, 
Sot  favori  de  Plutus  ? 
T'occuperas-tu  sans  cesse 
D'augmenter  tes  revenus? 
A  quoi  sert  cette  opulence 
Dont  tu  me  parais  si  vain  ? 
Triste  au  sein  de  l'abondance, 
Veux-tu  voir  fuir  le  chagrin? 
Crois-moi,  plante  de  la  vigne, 
Tu  cueilleras  du  raisin, 
Et  tu  boiras  du  bon  vin. 

Cette  tige  salutaire, 
Pour  l'homme  est  un  don  des  cieux; 
Elle  attire  sur  la  terre 
Tous  les  favoris  des  dieux. 
Le  pauvre,  en  vidant  bouteille, 
Voit  disparaître  soudain 
Les  fatigues  de  la  veille, 
Les  soucis  du  lendemain. 
Crois-moi,  etc. 

Vois  ce  buveur  qui  s'arrête  : 
Il  admire,  il  est  heureux, 
Il  entend,  tourne  la  tête, 
Écoute  des  chants  joyeux; 
Entrant  dans  une  guinguette, 
On  lui  met  un  verre  en  main; 

9S 


En  buvant  sa  chopinette, 
Il  chante  ce  doux  refrain. 
Crois- moi,  etc. 

Si  la  fortune  volage 
Sur. moi  versait  ses  bienfaits, 
Je  ferais  un  digne  usage 
Du  bien  qu'elle  m'aurait  fait  : 
Point  de  luxe,  d'équipage, 
Point  de  château  ni  de  train  ; 
Tranquille  en  mon  ermitage, 
Bienfaiteur  du  genre  humain, 
Je  planterais  de  la  vigne. 
Je  cueillerais  du  raisin, 
Et  je  boirais  du  bon  vin. 

Paroles  d'un  anonyme 


RONDE    DE    TABLE 

Air  :  Pour  étourdir  le  chagrin. 

Mais,  mettez-vous  donc  en  train, 

Il  faut  rire 

Avec  délire, 
Et  noyer  dans  le  bon  vin 
Les  soucis  et  le  chagrin. 

Celui  qui  ne  rit  jamais 
Est  un  triste  personnage, 


39 


958 


CHANSONS    POPULAIRES. 


J'aime  mieux,  en  bon  français, 
Voir  son  dos  que  son  visage. 
Mais,  mettez-vous,  etc. 

Demain  nous  pouvons  périr, 
Corbleu,  qu'y  voulez-vous  faire? 
Oh!  du  moins,  s'il  faut  mourir, 
Mourons  près  de  notre  verre. 
Mais,  mettez-vous,  etc. 

Laissons  tous  nos  inventeurs 
S'exposer  par  leurs  sciences; 
Avec  de  bonnes  liqueurs 
Faisons  nos  expériences. 
Mais,  mettez-vous,  etc. 

Quand  on  m'offre  sans  façon 
De  boire  une  tasse  pleine, 
Je  ris,  si  le  vin  est  bon, 
Je  fuis,  si  c'est  du  surêne. 
Mais,  mettez-vous,  etc. 

Les  femmes  en  tout  pays 
Fuient  les  buveurs,  sans  doute; 
Mais  il  leur  faut,  mes  amis, 
Toujours  la  petite  goutte. 
Mais,  mettez-vous,  etc. 

Chacun  a  son  goût,  dit-on, 
Eh  !  vraiment,  j'aime  à  le  croire; 
Bacchus  aime  la  chanson, 
Et  l'amour  aime  l'histoire. 
Mais,  mettez-vous,  etc. 

Vous  approuvez,  mes  amis, 
Les  couplets  que  je  vous  donne; 
Mais  ils  vont  rester  sans  prix 
Si  l'on  ne  les  assaisonne. 

Mais,  mettez-vous  donc  en  train, 
11  faut  rire 
Avec  délire, 
Et  noyer  dans  le  bon  vin 
Les  soucis  et  le  chagrin. 

A.  Dlda. 

I.a  inii.si.jui-  ,  de  J.-J.  Rousseau,  se  trouve   notée 
au  N.  1072  de  la  Clé  du  Caveau. 


•GQObo* 


POURQUOI  BOIRE  DE  L'EAU? 


AIR:  Eh  I  pourquoi,  quoi,  quoi 

Fuyons  le  triste  breuvage 
Dont  les  poissons  font  usage  ; 
Des  dieux  ce  fatal  fléau 
N'est  que  pour  les  niguedouilles. 
Eh!  pourquoi  donc  boire  de  l'eau?}..  . 
Sommes-nous  des  grenouilles?   ) 


Aimable  jus  de  l'automne, 
Je  renais  quand  je  t'entonne  ; 
Tu  réjouis  mon  cerveau  : 
Grands  Dieux  !  que  tu  me  chatouilles  t 
Eh  I  pourquoi  donc,  etc. 

Heureux  qui  chante  ta  gloire! 
Plus  heureux  qui  te  sait  boire! 
Un  plaisir  toujours  nouveau 
Charme  les  cœurs  que  tu  mouilles. 
Eh  !  pourquoi  donc,  etc. 

Le  bon  vin  nous  ravigote  ; 
Mais  pour  toi,  pauvre  hydropote, 
Toujours  plus  noir  qu'un  corbeau , 
Dans  les  ombres  tu  t'embrouilles. 
Eh  !  pourquoi  donc,  etc. 

Bacchus  nous  rend  la  voix  belle, 
Mais  pour  toi,  liqueur  cruelle, 
Eût-on  le  son  le  plus  beau, 
Tu  le  gâtes,  tu  l'enrouilles. 
Eh  !  pourquoi  donc,  etc. 

C'est  la  bachique  ambroisie 
Qui  nous  donne  la  saillie: 
Fade  boisson  du  crapaud, 
C'est  toi  qui  nous  en  dépouilles 
Eh  I  pourquoi  donc,  etc. 

Breuvage  ignoble  et  funeste, 
La  vérité  te  déteste; 
Jamais  son  divin  flambeau 
N  éclaire  ceux  que  tu  souilles. 
Eh  !  pourquoi  donc,  etc. 


CHANSONS  BACHIQUES. 


25S 


Dieu  des  mers,  ton  vaste  empire 
N'a  point  d'attraits  que  j'admire  ; 
J'aime  mieux  un  noir  caveau 
Que  le  trône  où  tu  patrouilles. 
Eh  !  pourquoi  donc,  etc. 

Si  le  vin  ne  m'accompagne 
Lorsque  je  vais  en  campagne, 
J'estime  peu,  clair  ruisseau, 
Les  beaux  lieux  où  tu  gazouilles. 
Eh  I  pourquoi  donc,  etc. 

L'eau  n'est  bonne  sur  la  terre 
Que  pour  les  fleurs  d'un  parterre, 
Pour  le  chou,  pour  le  poireau, 
Les  melons  et  les  citrouilles. 
Eh  !  pourquoi  donc,  etc. 

Fâcheux  prôneur  de  tisane, 
Médecin,  tu  n'es  qu'un  âne  ; 
Tu  mérites  bien,  bourreau, 
Qu'ici  l'on  te  chante  pouilles. 
Eh  !  pourquoi  donc  boire  de  l'eau  ? 
Sommes-nous  des  grenouilles? 

Panard. 


\[bis. 


LE  DOIGT  DE  VIN. 

1822. 

Aj  r  :  A  genoux  devant  le  soleil. 
Ou  de  madame  Favart  (A.  Pilati). 

Chacun  nous  dit  que  sur  la  terre 
Le  mal  est  plus  grand  que  le  bien  ' 
Grâce  à  mon  joyeux  caractère, 
De  ce  discours  je  ne  crois  rien. 
Car  des  maux  le  plus  effroyable 
Viendrait  nous  attaquer  en  vain, 
Puisqu'on  peut  l'envoyer  au  diable 
En  l'arrosant  d'un  doigt  de  vin. 

L'homme  à  vingt  ans  bat  la  campagne  ; 
L"  amour  fait  palpiter  son  cœur. 


A  trente  il  bâtit  en  Espagne 
Les  châteaux  brillants  du  bonheur 
A  soixante  aussi  raisonnable, 
Il  est  parfois  bourru,  chagrin  ; 
'  Mais  à  tout  âge,  il  est  aimable 
S'il  aime  à  boire  un  doigt  de  vin. 

Aussitôt  que  la  mort  augure 
Qu'elle  peut  chez  nous  pénétrer, 
C'est  par  le  trou  de  la  serrure 
Qu'elle  regarde  avant  d'entrer. 
Boit-on  de  la  tisane  fade, 
Elle  ouvre  et  nous  frappe  soudain  , 
Mais  elle  épargne  le  malade 
Qui  boit  encore  un  doigt  de  vin. 

F.  Dauphin. 

La  musique,  d'A.  Pilati,  se  trouve, à  Paris  ,  chez 
L.  "Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de-Na- 
zareth. 


OLIVIER    BASSEL1N. 

1843. 
Air  du  vaudeville  de  La  Partie,  carrée. 

Vers  le  milieu  du  siècle  quatorzième, 
Naquit,  à  Vire,  un  ouvrier  foulon, 
Auquel  le  vin  et  le  cidre  lui-même 
Ont  inspiré  plus  d'un  joyeux  flonflon  : 
Ce  bon  vivant,  père  du  vaudeville, 
Foulant  le  drap  bien  moins  que  le  raisin, 
Dès  le  matin  courait  d'un  pas  agile 
Au  cabaret  voisin.  (bis.) 

Du  beau,  du  grand,  admirateur  sincère, 
Il  ne  pouvait  «ontempler  sans  orgueil 
Son  gros  nez  rouge,  imposant,  rubifere(*). 
Qui  de  sa  bouche  embellissait  le  seuil... 
«  Ah  !  (disait-il)  la  gorge  d'un  coq-d'Iude 
«  Est  moins  brillante  et  moins  belle, à  mon  sens!>. 
Et  pour  son  nez  sa  muse  au  haut  du*Pinde 
Cherchait  un  pur  encens!  (Ins.) 


*  Qiii  porte  des  rubis.  Expression  dans  le  style  de 
Basselin.  [Note  de  l'auteur.) 


260 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Mais  les  Anglais,  que  le  ciel  les  confonde! 
De  tous  côtés  assiègent  les  remparts  : 
Pour  résister,  Vire  a  irop  peu  de  inonde, 
Que  faire,  hélas!  contre  tant  de  soudards? 
«  Çà  !  refoulons  toute  mélancolie  ! 
«Sauvons, d'abord,  nos  tonneaux  compromis... 
«  Puis,  vidons-les,  ne  laissons  que  la  lie 
«  A  ces  gueux  d'ennemis  !  »     (bis.) 

On  lui  disait  :  le  vin  nuit  à  la  vue; 
Vous  avez  tort...  corrigez-vous,  mon  cher! 
Lui,  répondait  :  — Quand  j'aurais  la  berlue! 
Le  beau  malheur  de  n'y  pas  voir  si  clair!... 
Eh  quoi!  ducorpslesyeuxsont-ilsles maîtres? 
De  tous  mes  maux,  voilà  la  guérison! 
J'aime  bien  mieux  perdre  les  deux  fenêtres 
Que  toute  la  maison.        (bis.) 

D'un  buveur  d'eau  qui?  moi?  j'aurais  lamine, 
Blafarde,  sombre!  et  l'air  d'un  déterré?... 
N'espérez  point  que  je  m'y  détermine  : 
L'homme  au  cœur  pur  a  le  teint  coloré. 
On  me  fait  là  jaser  comme  une  pie, 
Au  diable  soit  votre  boisson  sans  goût!... 
Vous  m'altérez  et  je  crains  la  pépie.  . 
Laissez-moi  boire  un  coup.        (bis.) 

Divin  Bacchus!  l'apôtre  de  ta  gloire, 
Notre  poète,  Olivier  Basselin, 
Savait  chanter  tes  bienfaits  ..  et  les  boire!... 
Comme  ses  vers  son  verre  en  était  plein. 
Pour  embellir  chaque  jour  de  la  vie, 
Fier  d'enfanter  plus  d'un  gai  nourrisson. 
Tu  prodiguas  à  la  France  ravie 
La  vigne  et  la  chanson  I        (bis.) 

i:  ml  le  Tarin. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N.  833 
de  la  Clé  du  Caveau. 


CHANSON  A  BACCHUS  SUR  LE  TEMPS. 

An;     Dans  le  cœur  d'une  cruelle. 

Oui,  puissant  Dieu  de  la  vigne. 
Le  temps  frappe  le  buveur, 


El  bientôt  il  est  indigne 
De  déguster  ta  liqueur; 
Mon  cœur  se  trouble, 
Prends  pitié  de  mes  vieux  ans, 
Tâche  de  doubler  le  temps, 
Tu  m'as  si  souvent  fait  voir  double. 

Au  passé  lorsque  je  pense, 
Je  crois  voir  fuir  le  bonheur  ; 
Le  temps,  par  sa  vigilance, 
J'en  conviens,  me  fait  grand'peur; 

Mais  à  ma  mie 
Lorsque  je  parle  d'amour, 
Qu'elle  m'en  parle  à  son  tour, 
Ah!  que  le  temps  me  fait  envie. 

/• 

Quand  j'occupe  ma  pensée 
Des  tourments  de  l'avenir, 
Mon  âme  en  est  oppressée, 
Et  le  temps  me  fait  souffrir  ; 

.Mais  lorsqu'à  table, 
Animé  par  le  bon  vin, 
Je  chante  le  verre  en  main, 
Ah!  que  le  temps  me  semble  aimable. 

Antoine  lililu 


La  musique,  de  Dalayrac,  se  trouve  notée  au 
N.  117  de  la  Clé  du  Caveau. 


DIALOGUE  DU  VIN  ET  DE  L'EAU. 


LE   VIN. 

Hélas  1  que  tu  es  folle, 
Disait  le  vin  à  l'eau: 
Toujours  tu  cours,  tu  voles 
Toul  le  long  d'un  ruisseau; 
El  comme  une  Ame  errante, 
Toujours  tu  suis  la  pente: 
Du  moins  imite-moi; 
Car  l'homme,  sans  mélanges, 
Me  donne  des  louanf 
.Mille  fois  plus  qu'à  toi. 


CHANSONS    BACH1QUKS. 


L  EAU. 

Mais  l'eau,  avec  sagesse, 
Sitôt  répond  au  vin  . 
Tu  parles  avec  hardiesse 
Dis-moi,  pelit  mutin  : 
Apprends  que  je  suis  belle, 
Ancienne  et  nouvelle  ; 
Je  fais  la  propreté  ' 
Toi,  tu  terrasses  l'homme, 
Pis  que  le  jus  de  pomme, 
Et  le  rends  hébété. 


Je  terrasse  et  j'entête 
Les  hommes  imprudents 
Qui  veulent  faire  tète 
A  moi  qui  suis  puissant. 
Tu  n'es  qu'une  cruelle, 
Quoique  tu  semblés  belle, 
Même  aux  yeux  de  plusieurs, 
S'ils  vont  à  grande  haleine, 
Pour  boire  à  ta  fontaine, 
Tu  affaiblis  les  cœurs. 

l'eau. 

J'arrose  les  campagnes, 
Les  plantes,  les  jardins, 
Les  plaines,  les  taon  tagnes, 
Fais  moudre  les  moulins  , 
Je  réjouis  le  monde, 
Le  juste,  aussi  l'immonde, 
Par  mes  attraits  charmants , 
Toi,  toujours  variable, 
Tu  es  insupportable, 
Sujet  au  changement. 

LE    VIN. 

Au  royaume  d'Espagne 
Je  suis  en  grand  renom: 
En  Bourgogne,  en  Champagix 
L'on  rés  ère  mon  nom  ; 


En  Bohême,  en  Italie, 
En  Savoie,  en  Hongrie 
A  la  table  des  grands, 
io,  fais  tout  leur  délice, 
En  me  trouvant  propice 
Ils  se  trouvent  contents. 


Moi,  je  rends  la  sagesse  : 
Peut-on  rien  de  plus  beau  ? 
Je  sers  pour  le  commerce, 
Portant  de  gros  vaisseaux. 
Toi,  tu  n'es  pas  de  même, 
Jouant  ton  stratagème, 
Tu  mets  l'homme  aux  abois  . 
Tous  les  jours,  sans  relâche, 
Je  relave  les  taches 
Qui  sont  faites  par  toi. 

LE    VIN. 

L'on  voit,  avec  tristesse, 
Tes  inondations  ; 
Tu  donnes  la  détresse 
Souvent  aux  vignerons: 
C'est  contre  la  justice, 
Tu  portes  préjudice 
A  tous  mes  compagnons, 
Et  pire  qu'une  armée, 
Dedans  plusieurs  contrées 
Tu  les  détruis  à  fond. 

LEAU. 

L'homme,  avec  grande  instance 
Offre  pour  moi  des  vœux, 
Demandant  ma  présence 
Au  monarque  des  deux. 
Je  suis  supérieure, 
Et  non  inférieure, 
Par  mon  flux  et  reflux; 
Bien  loin  de  me  confondre, 
Tu  pourrais  te  morfondre  : 
Ainsi  ne  parle  plus. 


262 


CHANSONS    POPULAIRES. 


LE   VIN. 

Noé  planta  la  vigne 
Qui  porle  le  raisin  ; 
Celte  invention  digne 
A  fait  croître  le  vin. 
Servant  au  sacrifice, 
Je  suis  le  plus  propice, 
Avec  distinction; 
Dans  tout  le  grand  mystère, 
Premier  l'on  me  révère, 
Dans  celte  occasion. 

l'eau. 

Avant  même  le  monde 
L'Eternel  me  créa; 
Ma  demeure  profonde 
Que  lui-même  forma. 
Noé,  que  tu  renomme, 
Par  toi  fît  un  long  somme; 
Absurde,  et  imprudent; 
Un  de  ses  fils  s  en  moque , 
Lorsque  tu  le  provoque 
A  montrer  son  néant. 

LE   VIN. 

Souviens-toi  que  la  noce 
Qui  fut  faite  à  Cana, 
Était  comme  un  divorce, 
Lorsque  le  vin  manqua  ; 
Alors  la  compagnie 
A  la  table  s'ennuie. 
Voyant  manquer  le  vin, 
Celui  qui  fut  sans  tache 
Te  changea  sans  relâche, 
Par  son  pouvoir  divin. 

l'eau. 

Oui,  d'abord  les  convives, 
Qui  étaient  là  présents, 
Ont  vu  ce  qui  arrive 
De  son  bras  tout-puissant. 


Par  ce  miracle  pense 
Que  j'étais  en  présence 
De  ce  nouvel  effet  ; 
J'étais  donc  la  première 
Dans  les  urnes  entière, 
Quand  par  moi  tu  fus  fait 

LE    VIN. 

Tu  rends  les  cœurs  de  glace 
Moi,  je  rends  amoureux  ; 
Un  homme  qui  trépasse, 
Par  moi  rouvre  les  yeux  , 
Et  toi,  que  rien  ne  touche, 
Qu'on  te  mette  en  sa  bouche, 
Trouve-t-il  mon  odeur  ? 
Ta  fadeur  fait  qu'il  cède  ; 
kdieu  donc  ton  remède, 
Ton  infâme  liqueur. 

l'eau. 

Par  toi  Loth  à  ses  filles 
Devint  incestueux  : 
Dans  nombre  de  familles 
Tu  fais  des  malheureux. 
Malgré  ta  bonne  mine, 
Tu  causes  leur  ruine; 
En  démon  familier, 
Faisant  tout  par  outrance, 
Toute  la  jouissance 
Ne  tend  qu'à  désoler. 

Parole*  d'un  anonyme. 


L'AMOUR    ET   LE   VIN. 

Air  :  Eteignons  les  lumière*. 

L'âge  a  su  borner  nos  désirs 

Au  vin  vieux  qui  pétille; 
Mais  il  est  de  plus  doux  plaisirs 
Pour  une  jeune  fille  ; 
on  cœur  lui  dit  [tour  refrain: 
L'amour  vaut  mieux  que  le  vin. 


CHANSONS    BACHIQUES. 


963 


Ehl  le  cœur  a  la  danse  1 

Un  rigodon, 

Zig,  zag,  dondon, 
Le  plaisir  en  cadence 
Vaut  mieux  que  la  raison. 

A  se  passer  de  deux  beaux  yeux 

Un  buveur  met  sa  gloire  ; 
Mais  je  défie  un  amoureux 
De  se  passer  de  boire  ; 
Cela  prouve  qu'à  son  tour 
Le  vin  vaut  mieux  que  l'amour. 
Eh  !  le  cœur,  etc. 

L'amant  jaloux  de  son  tendron 

L'enferme  ou  le  surveille  ; 
Le  buveur,  toujours  sans  façon, 
Vous  prête  sa  bouteille. 
J'en  reviens  à  mon  refrain, 
L'amour  vaut  mieux  que  le  vin. 
Eh  !  le  cœur,  etc. 

Aimer  et  boire  sont  vraiment 

Deux  choses  nécessaires  ; 
Mais  il  faut  suivre  prudemment 

L'exemple  de  nos  pères. 
Il  faut  prendre  tour-à-tour 
Peu  de  vin  et  peu  d'amour. 

Eh  !  le  cœur  à  la  danse  ! 

Un  rigodon, 

Zig,  zag.  dondon, 
Le  plaisir  eu  cadence 
Vaut  mieux  que  la  raison. 

Forgeot. 


\A  musique ,  de  Grétry,  se  trouve  notée  au  N.  7]  1 
delà  Clé  du  Caveau. 


LES  VENDANGES. 


Vive  la  saison  de  l'automne, 
On  bol:,  on  chante  à  loisir  ; 


Le  vin  dans  la  cuve  bouillonne, 
Semblable  est  né  le  plaisir. 
Vainement  l'hiver  nous  menace. 
Nous  chantons  ce  charmant  refrain  • 

Jamais  de  glace   '  (bù.) 

Dans  le  bon  vin. 
Filles  gentilles  comme  des  anges 
Viennent  de  tous  les  environs, 
C'est  pour  fair',  pendant  les  vendanges, 
Du  bon  vin  et  des  vignerons. 

Ce  sont  les  filles  de  Surêne, 
De  Nanterre,  Auteuil  et  Passy, 
De  Puteaux,  Clichy-la-Garenne, 
De  la  Sablonnière  et  d'Issy  ; 
On  voit  ces  belles  vendangeuses 
Éveiller  Bacchus  et  l'Amour, 

Plus  matineuses  (bis.) 

Que  le  jour, 
Mais  avec  elles  on  s'arrange 
Dans  le  pays  aux  environs, 
C'est  pour  fair',  pendant  les  vendanges, 
Du  bon  vin  et  désignerons. 

A  Vincennes,  à  Romainville, 

A  Charonne,  aux  Prés-Saint-Gervais, 

A  la  Courtille,  à  Belleville, 

Tous  les  environs  ici  près  ; 

Les  filles  marquent  l'abondance, 

Leurs  jolis  paniers  d'osier  fin 

Sont  jusqu'à  l'anse  (bis.) 

Souvent  pleins  ; 
Leurs  mamans  sans  prendre  le  change 
Accusent  ces  maudits  garçons 
D'avoir  fait,  pendant  les  vendanges, 
Du  bon  vin  et  des  vignerons. 

L'Amour  en  vendange  se  môle 
Pour  plaire  au  bonhomme  Bacchus  ; 
Et  les  vendangeurs  pêle-mêle, 
La  nuit  sur  la  paille  étendus, 
Tandis  que  le  jus  de  la  treille 
Endort  ses  compagnes  du  jour, 

Qui  les  éveille  ?  (bis.) 

C'est  l'Amour. 


264 


CHANSONS  POPULAIRES. 


Ils  vont  fourrager  dans  la  grange 
Où  dorment  de  jeunes  tendrons, 
C'est  pour  fair',  pendant  les  vendanges, 
Du  bon  vin  et  des  vignerons. 

La  vendange,  pour  la  jeunesse, 
Est  le  rendez-vous  des  plaisirs  ; 
Kilt-  égaie  eneor  la  vieillesse, 
Par  d'agréables  souvenirs; 
On  voit  la  vieille  qui  grappille, 
Disant,  admirant  ses  enfants: 

J'étais  gentille  (bis.) 

Dans  mon  temps  ! 
Mais  a  présent,  comme  tout  change  , 
Jeunes  tiLes  et  jeunes  garçons, 
C'est  à  vous  à  faire  en  vendange 
Du  bon  vin  et  des  vignerons. 

l'uroleat  d'un  anonyme. 

La  musique,  du  cousin  Jacques,  se  trouve  notée 
au  N.  330  Je  la  Clé  du  Caveau. 


LA   BOUTEILLE. 


1830. 
Air:  Lorsque  le  Champagne  (Désaugiers). 

Vive  la  bouteille  1 
Ce  son  argentin, 

Tin,  tin, 
Est  pour  mon  oreille 
Un  concert  divin. 

Qui  voudra,  réforme  • 
Plus  d'un  code  énorme, 
Plaisant  pour  la  forme, 
Au  raisonneur  profond  ; 
Le  code  bachique, 
Est  le  code  unique 
Qu'un  buveur  se  pique 
De  bien  connaître  ;t  fond. 
Vive  la  bouteille!  etc. 


Laissons  l'antiquaire 
Explorer  la  terre, 
Pour  un  bloc  de  pierre 
Ou  quelques  vieux  tronçons; 
Près  d'un  cercle  aimable, 
Nous,  restons  à  table  : 
On  y  trouve  et  sable 
Toujours  de  vieux  flacons. 
Vive  la  bouteille  !  etc 

Nous  devons  le  croire. 
Amis,  la  victoire 
Enivre  de  gloire 
Le  soldat  belliqueux  ; 
Mais,  soyons  sincères, 
11  sort  de  nos  verres 
Des  vapeurs  légères 
Qui  nous  enivrent  mieux. 
Vive  la  bouteille  !  etc. 

Sur  la  mer  profonde 
Quand  l'orage  gronde, 
Le  marin  dans  l'onde 
Termine  son  destin  ; 
Fermons  cette  voie  • 
Enfants  de  la  joie, 
S'il  faut  qu'on  se  noie, 
C'est  dans  des  Ilots  de  vin  1 
Vive  la  bouteille  !  etc. 

Lorsque  la  froidure 
Vient  à  la  nature 
Uavir  sa  parure 
Et  sa  variété. 
La  liqueur  vermeille 
Pétille  et  réveille 
L'amour  qui  sommeille 
Aux  pieds  de  la  beauté  ' 
Vive  la  bouteille  !  etc. 

Puisque  ce  breuvage, 
Délices  du  sage, 
Convient  à  tOUt  Age, 

lit  bannit  le  chagrin, 
Vei  -"lis  à  la  ronde, 
El  que  dans  ce  inonde 


l>aris  —  Imprimerie  <\p  Pillit  fils  atné,  rue  <i<>s  Grànde-AupietiM, .',. 


CHANSONS    BACHIQUES. 


265 


Un  écho  réponde 
A  mon  joyeux  refrain 

Vive  la  bouteille  ! 
Ce  son  argentin, 

Tin,  tin, 
Est  pour  mon  oreille 
Un  concert  divin. 

A.  Bétourné. 

La   musique ,    de  Doctae ,   se    trouve  notée    au 
N.  508  de  la  Clé  du  Caveau 


O  MON  DIEU,  PROTÈGE  NOS  VIGNES! 

1829. 
Air  :   Vive  le  roi  !  vive  la  France  I 

Un  doux  soleil  promet  ses  feux 

Aux  bourgeons  qui  viennent  d'éclore; 

Sans  regret,  buvons  nos  vins  vieux , 

La  grappe  doit  brunir  encore. 

Amis,  d'une  telle  faveur 

Envers  le  ciel  montrons-nous  dignes, 

Et  répétons  avec  ferveur  : 

O  mon  Dieu,  protège  nos  vignes  ! 

Tu  nous  créas  pour  les  amours; 
Hélas!  les  amours  infidèles, 
A  l'approche  de  nos  vieux  jours, 
S'envoleront  à  tire  d'ailes  ; 
Mais  sur  nos  fronts,  s'ils  sont  joyeux, 
De  l'âge  verront-ils  les  signes? 
Pour  nous  rajeunir  à  leurs  yeux, 
O  mon  Dieu,  protège  nos  vignes  ! 

Si  quelque  jour  le  vin  manquai}  1 
Oh  !  je  frémis  à  celte  idée! 
Quoi!  vainement,  dans  un  banquet, 
On  tendrait  sa  coupe  vidée? 
Mais  non,  la  soif,  chez  les  mortels, 
De  pitié  les  rendrait  indignes  : 
Ils  boiraient  le  vin  des  autels... 
O  mon  Dieu,  protège  nos  vignes! 


Dans  un  temps  fertile  en  malheurs. 
Le  plaisir  a  besoin  d'excuse, 
Si  nos  cyprès  semblent  des  fleurs, 
C'est  que  l'ivresse  nous  abuse  : 
Eh  bien  !  d'une  flatteuse  erreur 
Acceptons  les  bienfaits  insignes! 
L'oubli  des  maux,  c'est  le  bonheur.. 
O  mon  Dieul  protège  nos  vignes! 

Mais  un  beau  jour  bientôt  luira, 

Où  le  plaisir  sera  sans  feinte, 

Où  la  gaîté  recueillera 

Les  fruits  qu'avait  semés  la  crainte 

Qu'à  pleine  coupe  il  soit  fêté 

Le  jour  que  déjà  tu  désignes; 

Nous  boirons  à  la  liberté!... 

O  mon  Dieu,  protège  nos  vignes  ! 

Salgat . 


La  musique,   de    Pcrsuis,  se  trouve    notée    au 
N.  1742 delà  Clé  du  Caveau. 


MA  PHILOSOPHIE. 

Air  :  Nous  sommes  précepteurs  d'amour. 

A  quoi  bon  former  tant  de  vœux 
Pour  les  biens,  les  honneurs,  la  gloire  ? 
Veut-on  vivre  toujours  heureux? 
Il  faut  toujours  aimer  et  boire. 

Avec  le  charmant  dieu  du  vin 
Règne  une  éternelle  allégresse; 
Le  pouvoir  de  ce  jus  divin 
L'inspire  même  à  la  vieillesse. 

Plaignons  celui  qui  n'est  qu'amant, 
Et  choisissons  Bacchus  pour  maître; 
On  peut  être  heureux  en  aimant, 
En  buvant  on  est  sûr  de  l'être. 

Duc  de  Aivernois. 

La  musique,  de  Le  Gat|  se  trouve  notée  au  N.  410 
de  la  Clé  du  Caveau. 


il) 


!€'. 


CHANSONS  POPULAIRES. 


TOUJOURS  A  BACCHUS  ON  BOIRA. 

AIR  :  Jupiter,  ),rcte-mni  tajoudrt. 

Non,  Bacchus,  ta  divine  gloire 
Jamais,  jamais,  ne  périra; 
Plus  on  boit,  plus  on  voudrait  boire; 
Toujours  à  Bacchus  on  boira 

De  son  doux  jus  qui  nous  enivre. 
La  couleur  toujours  charmera. 
Sans  boire,  hélas!  qui  pourrait  vivre? 
Toujours  à  Bacchus  on  boira. 

le  plaisir  ici  nous  rassemble, 
Et  dans  peu  nous  rassemblera. 
Mes  amis,  chantons  tous  ensemble  : 
Toujours  à  Bacchus  on  boira. 

Un  beau  jour,  sur  l'autre  rivage. 
Mes  amis,  nous  nous  reverrons  : 
Le  verre  en  main,  sur  cette  plage, 
A  Bacchus  encor  nous  boirons. 

Fessln. 

La  musique ,    d'Albanèse ,  se  trouve    notée    au 
N.  296  de  la  Clé  du  Caveau. 


A  TABLE  ON  SE  FAIT  DES  AMIS. 

1846. 
Air  :  Amis,  voici  la  riante  semaine. 

Un  beau  repas,  où  l'amphitryon  donne 
Chère  excellente  et  \ins  délicieux, 
Fait  oublier,  dès  que  son  heure  sonne, 
Ce  que  la  vie  ;i  pour  nous  d'enttuyeux. 
On  voudrait  bien  parfois  changer  la  place 
Des  noms  qu'on  voit,  à  côté  du  sien  mis, 
Mais,  an\  \<>isins  i-ùt-on  fait  la  grimace, 
Un  lotie  arrive  et  l'on  devient  amis,     (bis./ 

i-.ii  Boulevanl  d'acerbes  polémiques, 
Très  divisés  et  forts  en  arguments, 


Nos  gens  lettrés,  nos  hommes  politiques, 
Se  font  souvent  de  mauvais  compliments. 
Bien  qu'à  lutter  ces  nobles  preux  s'obstinent. 
Hors  de  leur  lente  entre  eux  plus  d'ennemis. 
Et  l'on  peut  voirensemble  quand  ils  dînent, 
Qu'ils  ne  sauraient  être  meilleurs  amis. 

Enfant  gâté  de  l'aveugle  fortune, 
Un  homme  nul,  mais  des  plus  imposés, 
Bève  aux  honneurs,  aux  succès  de  tribune, 
Les  électeurs  sont  par  lui  courtisés. 
Quand  il  a  fait  visites  et  courbettes, 
Pour  s'assurer  quelques  votes  promis, 
Il  donne  bals,  dîners,  soupers  et  fêtes  ; 
Et,  s'il  échoue,  il  s'est  fait  des  amis. 

Dans  les  salons,  où  la  froide  étiquette 
De  l'eujoûment  prononce  l'interdit, 
Aux  yeux  de  tous  on  s'honore,  on  se  fête 
Et  l'un  de  l'autre  en  secret  on  médit. 
Se  revoit-on  dans  la  salle  où  l'on  mange, 
Où  sans  entrave  un  fou  rire  est  admis. 
Le  bon  ton  perd,  mais  le  cœur  gagne  au  change: 
Plus  on  est  gai,  plus  on  compte  d'amis. 

Le  cœur  bouillant  de  colère  et  de  haine, 
Blessés  d'un  mot,  d'une  femme  jaloux, 
Deux  hommes  vont  ensanglanter  l'arène 
Où  les  amène  un  dernier  rendez  vous. 
Si  des  témoins  la  voix  conciliante 
Pallie  un  tort  et  réclame  un  sursis. 
Au  restaurant,  toute  affaire  cessante, 
Le  ventre  à  table  on  redevient  amis. 

A  la  beauté  dont  la  tlamme  indécise 
Donne  un  espoir  qu'ensuite  elle  détruit 
Qui  vous  résiste  atin  qu'on  la  courtise, 
Ht  vous  échappe  alors  qu'un  la  poursuit  ; 
En  ménageant  un  souper  tète  à  tête, 
Adroitement  de  son  cœur  insoumis, 
En  préparant,  en  pressant  la  conquête, 

On  SOTl  de  table  amis...  et  plus  qu'amis. 

Un  candidat  au  trône  académique 

Bal  de  nos  jours  dans  un  triste  embarras, 

On  n'en  \eut  pas,  là,  s  il  est  romantique  ; 
S'il  est  classique,  ici,  l'on  n'en  veut  pas. 


CHANSONS   BACHIQUES. 


S6*! 


L'un  des  deux  camps  le  honnit,  le  rejette, 
Seul  pourra  t-iLvaincre  ses  ennemis?... 
Il  les  provoque...  et  le  coup  de  fourchette 
S'engage  à  table  et  lui  fait  des  amis. 

En  prévoyant  que  des  boules  sinistres 
Feront  crouler  leur  puissance  aux  abois, 
L'art  culinaire  offre  à  tous  nos  ministres 
Un  sûr  moyen  de  conquérir  des  voix. 
Pour  les  mutins  le  conseil  improvise 
Un  grand  dîner  où  leurs  couverts  sont  mis, 
11  les  caresse,  il  les  flatte,  il  les  grise, 
Le  soir,  à  table,  il  s*en  fait  des  amis. 

A  tout  banquet  on  prend  place  en  silence; 
L'estomac  vide  on  mange...  on  parle  peu  ; 
Les  premiers  plats  attaqués,  on  commence, 
Tout  bas.  à  mettre  l'un  et  l'autre  en  jeu. 
Vient  l'entremets,  on  s'anime,  on  babille, 
Fuis  au  dessert  ..  ma  foi  !  tout  est  permis... 
Adieu  raison,  lorsque  l'aï  pétille, 
Chaque  convive  est  un  de  nos  amis. 

P.-J.  t  hurrin. 

La  musique  ,  de  A.  Meissonnier  aîné,  se  trouve 
notée  au N.  1932  de  la  Clé   du  Caveau. 


A  GENOUX  DEVANT  LES  POCHARDS. 

1842. 
Air  de  madame  Favarl. 

Il  faut  toujours  chercher  à  plaire 
Aux  gens  qui  nous  veulent  du  bien. 
En  goguette  on  voit  le  contraire, 
Pourvoyeurs,  écoutez-moi  bien  : 
Loin  de  murmurer  quand  l'ivresse 
Rend  quelques  biberons  criards, 
Vous  devriez  être  sans  cesse 
A  genoux  devant  les  pochards  ! 

Les  vrais  amis  de  la  bouteille 
Sont  chéris  de  l'être  divin  ; 
voyez  quand  Noé,  sous  la  treille, 
A  plat  ventre  buvait  son  vin 


De  .".es  formes  à  demi-nues 
S'approchait-il  quelques  moutards, 
Dieu  leur  criait  du  haut  des  nues  : 
A  genoux  devant  les  pochards  ! 

Quand  le  vin  lui  trouble  la  tète. 
Au  sortir  d'un  joyeux  gala, 
L'ivrogne  à  chaque  pas  répète  . 
Je  suis  honnête  homme. ..et  voilà 
Dans  ce  siècle,  la  conscience 
Se  montre  sous  tant  de  brouillards, 
Qu'on  va  bientôt  se  mettre,  en  France, 
A  genoux  devant  les  pochards  ! 

• 
Comment  nommez-vous  cette  idole  ? 

Chut  !  c'est  saint  Dyonisius. 

Que  dites-vous  ?  mais  à  l'école 

Ainsi  nous  appelions  Bacchus. 

Quoi  !  Bacchus  couronné  de  lierre. 

Porterait  de  saints  étendards  ! 

Allons,  dévot,   fais  ta  prière  : 

A  genoux  devant  les  pochards  ! 

J'ai  pour  voisin  certain  compère 
Qui,  seulement  lorsqu'il  est  gris, 
S'acquitte  envers  sa  ménagère 
Du  devoir  sacré  des  maris. 
Si  tous  agissaient  de  la  sorte, 
Plus  d'une  femme  aux  doux  regards 
Se  mettrait,  le  Diable  m'emporte  ! 
A  genoux  devant  les  pochards  ! 

Eugène  Berthler. 


Lamusique,  deA.  Pilati,  se  trouve,  à  Paris,  chez 
L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de-Naza- 
reth. 


MON  COMBAT  AVEC  MA  BOUTEILLE. 

AiR  :  Puisqu'on  ne  peut  espérer  rien. 

Apprenez  que  depuis  trois  jours 
Je  me  bats  contre  ma  bouteille  ; 


208 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Elle  me  provoque  toujours 

Et  son  audace  est  sans  pareille; 

J'ai  pour  soldats  de  vrais  chagrins, 

Mais  elle  seule  les  disperse, 

Quoique  lorsqu'on  en  vient  aux  mains, 

Pourtant  toujoursje  la  renverse. 

Tous  mes  chagrins,  tristes  soldats, 
Loin  de  mon  cœur  ont  pris  la  fuite. 
Bravement  tout  seul  je  me  bats 
Et  je  me  ris  de  leur  conduite  ; 
La  bouteille  semble  viser 
Vers  cette  ouverture  si  large, 
Et  je  ne  puis  la  repousser 
Que  lorsqu'elle  n'a  plus  de  charge. 

De  ces  soldats  voici  les  noms  : 
Plaisir,  Gaîté,  Ris  et  Folie  ; 
Ce  ne  sont  pas  là  des  poltrons 
Qui  craignent  de  perdre  la  vie; 
Ils  ne  se  battent  qu'en  chantant, 
Mais  voyez  quelle  est  leur  audace  : 
Us  m'ont  cerné  comme  un  enfant, 
Et  dans  mon  cœur  ils  font  leur  place. 

Battons-nous  donc  comme  un  démon. 
Les  coquins  me  forcent  à  rire, 
Vous  verrez  qu'ils  auront  raison, 
Je  suis  faible  et  n'ose  rien  dire  ; 
Oui,  je  sens  que  je  suis  rendu 
Malgré  mon  courage  et  mon  zèle. 
Comme  je  me  suis  tant  battu, 
Je  sens  qu'à  la  fin  je  chancelle. 

A.  I»ida 


CHANTONS  BACCHUS  ET  COMUS, 

Air  du  Mont  Sainl-Jean    Kmilc  Debreaux]. 

Buveurs,  répondez  à  ma  lyre, 
Chantons  la  gloire  de  Bacchus, 
Et  célébrons  ce  beau  délire 
Qu'on  trou\c  au  banquet  de  Cornus  ; 


Que  ces  noms,  signal  d'allégresse. 
Éveillent  les  Faunes  des  bois; 
Dans  celte  coupe  enchanteresse 
Nous  pouvons  ranimer  nos  voix, 
Ranimer  nos  voix. 
Chantons  Bacchus,  dont  le  puissant  génie 
Est  vainqueur  des  chagrins  qui  tourmentent  la  vie: 
Chantons  Bacchus,  chantons  Cornus,  [bis. 


Je  ris  des  lauriers  de  la  gloire. 
Je  crains  les  roses  du  plaisir  ; 
Les  fleurs  ne  donnent  point  à  boire, 
Et  les  épines  font  souffrir. 
Mais  de  la  treille  qui  m'inspire, 
J'aime  les  pampres  verdoyants; 
Souvent  j'en  couronne  ma  lyre, 
J'en  tire  des  sons  plus  louchants. 
Des  sons  plus  touchants. 
Chantons  Bacchus,  elc. 

Ton  œil  coquet,  belle  Sylvie, 
Me  dit  en  vain  :  Chante  l'amour  , 
J'ai  quitté  ma  triste  élégie, 
Et  la  harpe  du  troubadour  ! 
Tandis  que  sa  voix  amoureuse 
A  la  nuit  chante  son  ardeur. 
Assis  à  celte  table  heureuse, 
Moi  je  trouve  ici  le  bonheur,   • 
Ici  le  bonheur. 
Chantons  Bacchus,  etc. 

Amis,  je  finis  ma  carrière, 
Buvons  et  chantons  lour-à-tour  : 
Ici  je  suis  roi  de  la  terre, 
Ici  je  règne  jusqu'au  jour. 
Si  demain  la  mort  implacable 
Vient  briser  mon  sceptre  divin, 
En  buveur,  que  je  meure  àtable, 
Sans  crainte,  et  Le  verre  à  la  main, 
Et  le  verre  à  la  main. 
Chantons  Bacchus,  dont  le  puissant  génie 
Est  vainqueur  des  chagrins  qui  tourmentent  la  vie 
Chantons  Bacchus,  chantons  Cornus.  [Ois. 

i*iii  <>!<—  d'un  anonyme. 


Paris    -  Imprimerie  de  Pillet  fds  atné,  rue  des  Grands-Auj-ustins,  5. 


CHANSON    BACHIQUE. 

Aip  :  Célébrons,  Célébrons. 

Si  le  vin  [bis.  i 

Coulait  dans  la  Seine, 
Combien  on  verrait 
D'ivrognes  fuir  le  cabaret; 

Chacun  d'eux..  [bis.  I 

Pour  chasser  sa  peine, 
Boira;t  à  longs  traits 
De  ce  doux  jus  à  peu  de  frais. 

Des  sources  de  la  Bourgogne 
Huiiieclons-noiis,  nies  amis; 
# C'est  la  plus  belle  besogne, 
La  meilleure,  à  mon  avis. 
Comme  nous  disaient  nos  pères  : 
N'ayez  jamais  de  chagrin, 
Si  vides  sont  vos  verres, 
Emplissez-les  de  vin. 
Si  le  vm,  etc. 

Combien  on  verrait  se  pendre 
De  maîtres  cabaretiers, 
Et  combien  on  venait  vendre 
De  beaux  fonds  de  'onneliers; 
Avec  de  vieilles  futailles, 
On  se  ferait  des  baleuux, 
Pour  faire  des  ripailles 
En  voguant  sur  les  eaux. 
Si  le  vin,  etc. 

Hélas!  que  Dieu  nous  exempte 
D'un  aussi  fatal  malheur; 
On  en  verrait  plus  de  trente 
Noyés  dans  relie  liqueur. 
Ah  !  quelle  douleur  profonde 
Causerait  ce  changement; 
Bientôt  la  fin  du  monde 
Viendrait  assurément. 
Si  le  vin,  etc. 

Il  n'est  pas  fort  nécessaire, 
Pour  le  bien  du  genre  humain, 
Que  noire  grande  rivière 
Au  lieu  d'eau  coule  du  vin; 

ion 


Remplissons  bien  nos  verres 
De  ce  que  nous  possédons, 
Et  sans  êlre  trop  sévères, 
Ensemble  répétons  : 

Si  le  vin 
Coulait  dans  la  Seine, 
Combien  on  verrait 
D'ivrognes  fuir  le  cabaret; 
Chacun  d'eux, 
Pour  chasser  sa  peine, 
Boirait  à  longs  traits 
De  ce  doux  jus  à  peu  de  frais. 


(bis.  ) 


{bis). 


Paroles  d'un  anonyme. 

Air  ancien,  noté  au  N*  1265  de  la  Clé  du  Caveau. 


L'HISTORIEN  DÉSAPPOINTÉ. 

Air  :  Des  frelons  bravant  la  piqiire. 

Je  voulais  écrire  l'histoire, 
Lorsque  la  Muse  des  chansons 
Vint  renverser  mon  écritoire  ; 
Soudain  je  m'écriai  :  C-antons! 
Chantons,  le  front  taché  de  lie, 
Jeunes  et  vieux,  sages  et  fous,  ' 
En  chantant  puisque  l'on  oublie, 
Chantons  au  doux  bruit  (bis)  des  glouglous  [bis) 

Que  trouve-t-on  dans  les  annales 
De  ce  monde  déjà  si  vieux? 
Combien  d'horribles  saturnales 
Pour  un  banquet  vraiment  joyeux. 
Chantons,  le  Iront,  etc. 

Partout  je  vois  la  tyrannie 
Museler  les  faibles  mortels  ; 
Talent,  vertu,  beauté,  génie, 
Répondez,  où  sont  vos  autels? 
Chantons,  le  front,  etc, 

D'un  brigand  souillé  de  carnage 
Le  nom  jusqu'à  nous  a  volé, 


il. 


»7fl 


CHANSONS    POPULAIRES. 


El  nous  ignorons,  d'âge  en  âge, 
Qui  sema  la  vigne  ou  le  blé  I 
Chantons,  le  front,  etc 

Eh  !  que  nous  font  les  vieilles  ligues 
Entre  le  sceptre  et  l'encensoir? 
Le  monde,  après  tant  de  fatigues, 
Ne  devrait-il  donc  pas  s'asseoir? 
Chantons,  le  front,  etc. 

Qu'importe  qu'un  nouveau  Tacite, 
Fasse  pâlir  nos  héritiers? 
Du  portrait  d'un  làclie  hypocrite 
Nos  Séjan  riraient  les  premiers. 
Chantons,  le  front,  etc. 

La  Vérité,  vierge  inflexible, 
Des  rois  menace  en  vain  l'orgueil  ; 
Clio,  ton  miroir  si  terrible 
Ne  darde  que  sur  un  cercueil. 
Chantons,  le  front,  etc. 

Croyez-moi,  bornons  notre  histoire 
Aux  buveurs  d'un  joyeux  renom, 
\  Ivent,  dans  nos  chansons  à  boire, 
Tibulle,  Horace,  Anacréon  !  * 

Chantons,  le  front  taché  de  lie, 
Jeunes  et  vieux,  sages  et  fous, 
En  chantant  puisque  l'on  oublie, 
Chanloiisaudoux  bruit  (6is)  des  glouglous,  (bis.) 

Joseph  .••crvièrcd. 

La    musique,   de  Fosquel,   se  trouve   notée   au 
N   1Ô0  de  la  Clé  du  Caveau. 


CHANTONS,  BUVONS 

Air  :  Eh  !  gai,  gril,  gai,  mon  officier. 

Chantons,  buvons,  ce  n'est  qu'ici 

Que  la  vie 

Est  jolie  : 
Chantons,  buvons,  de  n'est  qu'ici 
Qu'on  nargue  le  Ri  uci. 

Une  onde  fugitive, 
voii;'i  noire  destin  ; 


Mais  le  ciel  sur  la  rive 
Fait  croître  le  raisin. 
Chantons,  buvons,  etc. 

Peine,  ennui,  jalousie, 
Assiègent  nos  foyers; 
Mais  ici  l'on  oublie 
Jusqu'à  ses  créanciers. 
Chantons,  buvons,  etc. 

Laissons  un  dieu  volage 
Amuser  des  enfants  : 
On  n'aime  qu'au  jeune  âge, 
On  boit  dans  tous  les  temps. 
Chantons,  buvons,  etc. 

Combien  d'heures  chagrines 
Suivent  les  doux  ébats  ! 
La  rose  a  des  épines, 
Le  pampre  n'en  a  pas. 
Chantons,  buvons,  etc. 

Belles  qu'amour  condamne 
A  de  tendre  langueurs, 
Imitez  Ariane  : 
Bacchus  sécha  ses  pleurs. 
Chantons,  buvons,  etc. 

Garde,  fils  de  Latone, 
Tes  neuf  sœurs,  ton  ruisseau  , 
J'ai  pour  muse  Erigone, 
Pour  Parnasse  un  carreau. 

Chantons,  buvons,  ce  n'est  qu'ici 

Que  la. vie , 

Est  jolie  : 
Chantons,  buvons,  ce  n'est  qu'ici 
Qu'on  nargue  le  souci. 

!..  iMiilipoii  ia  nadolulne. 


C'EST   G  A. 

18Î9. 
Air  -.  Ton  ton  ion  laine,  Ion  ton. 

Met  unis,  il  faut  que  je  chante 
A-t-ou  du  Champagne  '!  En  voila. 


CHANSONS   BACHIQUES. 


271 


C'est  ça,  c'est  ça,  mes  amis,  c'est  ça. 
Voyons!  sa  mousse  pétillante  , 
-Me  charme  et  m'inspire  déjà  : 
C'est  ça,  mes  amis,  c'e~t  ça. 

On  poursuit  le  bonheur  sans  cesse; 
Mais  Bacchus  nous  dit  :  Le  voilà  : 
C'est  ça,  c'est  ça,  mes  amis,  c'est  ça. 
Rang,  dignité,  crédit,  richesse, 
Dans  ma  bouteille,  tout  est  là  : 
C'est  ça,  mes  amis,  c'est  ça. 

Gare'  pan!  pan  !  le  bouchon  vole: 
Vite,  buvons,  le  vin  s'en  va  : 
C'est  ça,  c'est  ça,  mes  amis,  c'est  ça. 
Déplaisir  nous  tenons  école; 
Argumentons  sur  ce  fait-ià: 
C'est  ça,  mes  amis,  c'est  ça. 

Je  crois  qu'amour,  ce  petit  drôle, 
Sommeillait  dans  ce  flacon-là  : 
C'est  ça,  c'est  ça,  mes  amis,  c'est  ça. 
Je  l'ai  gobé,  sur  ma  parole  ; 
Dans  mon  cœur  je  le  sens  déjà  : 
C'est  ça,  mes  amis,  c'est  ça. 

Fripon,  tu  désertes  Cythère! 

Eh  bien  !  on  t'y  reconduira: 
C'est  ça,  c'est  ça,  mes  amis,  c'est  ça. 
Je  veux  ce  soir  à  ma  bergère 
Remettre  ce  polisson-là; 

C'est  ça,  mes  amis,  c'est  ça. 

Le  chevalier  Coupé  de  St-Donat. 

Air  ancieu,  noté  au  N.  1112  de  la  Clé  du  Caveau. 


BACCHUS  EST  LE  DIEU  DU  PLAISIR. 

182-2. 
Air  .  Rèveill<m.s,  réveillons.  e>c. 

De  Bacchus, 
De  Cornus 
Chantons  les  merveilles , 


Mais  que  nos  refrains 
Soient  toujours  gais,  toujours  malins  , 
Renversons, 
Caressons 
Filles  et  bouleilles  ; 
Car,  pour  bien  jouir, 
Bacchus  est  le  dieu  du  plaisir. 

Lorsqu'assis  à  cette  table, 
Je  goûte  le  vrai  bonheur, 
Buvant  le  jus  délectable, 
Je  savoure  sa  douceur  ; 
Si  l'on  vante  le  Parnasse, 
Je  réponds  avec  dédain  : 

J'aime  mieux  une  place 

Chez  un  marchand  de  vin.        (bis.) 
De  Bacchus,  etc. 

Chers  amis,  sur  cette  terre, 
L'amour,  petit  dieu  malin  , 
Ne  sera  pas  si  sévère, 
Si  vous  lui  versez  du  vin  ; 
Voyez  le  dieu  de  la  treille 
Se  montrer  partout  vainqueur  , 

Vidons  une  bouteille, 

Nous  séduirons  un  cœur.        (bis.) 
De  Bacchus,  etc. 

0  vous!  grands  rois  de  la  terre. 
Cherchez  en  vain  le  bonheur, 
Il  existe  au  fond  du  verre, 
Quand  la  paix  est  dans  le  cœur  ; 
Si  vous  nous  donnez  des  chaînes, 
Vous  les  portez  désormais. 

Car  les  soucis,  les  peines, 

Ne  vous  quittent  jamais. 
De  Bacchus,  etc. 

Suivant  la  marche  ordinaire, 
Il  faut,  dans  chaque  chanson 
Parler  d'Alecton,  Mégère, 
Delà  barque  ou  de  Caron; 
Pour  moi,  voilà  mon  système 
Lorsque  je  vous  quitterai. 

Je  veux  dire  de  même, 

Sans  savoir  où  j'irai  . 


273 


CHANSONS  POPULAIRES. 


De  Bacchus, 
De  Cornus 
Chantons  les  merveilles, 
Mais  que  nos  refrains 
Soient  toujours  gais,  toujours  malins: 
Renversons, 
Caressons 
Fïlli  s  et  bouteilles  , 
Car,  pour  bien  jouir, 
Bacchus  est  le  dieu  du  plaisir, 

I'jiuI  Dewlnt 

Air  ancien,  noté  au  N.  12tT>  de  la  Clé  du  Caveau 


HYMNE   BACHIQUE. 

1821. 

Air  :  Gloire  au  père  du  raisin. 

De  la  valeur  admirons  le  trophée! 

Et,  conservant  ce  noble  souvenir, 

Aux  temps  heureux  d'Epicure  et  d'Orphée, 

Tout  duucement,  lâchons  de  revenir. 

Laissons  en  paix  la  muse  de  l'histoire, 

Mais  entonnons  des  hymnes  à  la  gloire 

Du  Dieu  du  vin,  du  Dieu  des  vers; 
0  mélodie  I  ô  doux  charme  de  boire  ! 

Enivrez  encor  l'univers! 

Aux  conquérants  ne  servons  plus  d'exemple  : 
Sachons  jouir  de  plus  paisibles  jours  ; 
El  de  Janus  si  nous  fermons  le  temple, 
Amis,  ouvrons  notre  porte  aux  amours. 
Laissons  en  paix,  etc. 

Avec  Bacchus  la  gaîlé  nous  inspire, 
Kn  nous  versant  un  nectar  généreux  ; 
D'Anacréon  en  empruntant  la  lyre, 
On  s'entretient,  on  chante  avec  les  dieux  ' 
Laissons  en  paix,  elc 

Que  les  pipeaux  remplacent  la  trompette; 
N'envions  plus  un  Irop  sanglant  renom: 
Et  i|ue  Bellone  enfin  reste  muette, 
En  écoutant  les  enfanta  d'Apollon! 
.,aisson>  en  paix  la  muse  de  I  histoire, 
Mais  entonnons  dos  hymnes  à  la  gloire 


Du  Dieu  du  vin,  du  Dieu  des  vers, 
O  mélodie!  ô  doux  charme  de  boire  . 
Enivrez  encor  l'univers! 

Charles  Champion. 


LES  QUATRE   REFRAINS   DE   GREGOIRE 

Air  :  Au  son  du  fijn  <•/  du  tambour. 

A  l'âge  où  le  nom  d'une  femni" 
Double  les  battements  du  cœur, 
Où  notre  sang  bout  et  s'enflamme, 
A  l'aspect  d'un  minois  vainqueur, 
Cédant  au  besoin  de  son  âme, 
Grégoire  adopta  pour  refrain  . 
Beaucoup  d'amour,  un  peu  de  vin.    (ter.) 

Dix  ans  après,  bien  moins  novice 

S'indignanl  au  mot  de  repos, 

De  Vénus  et  de  sa  milice, 

Ayant  bien  servi  les  drapeaux. 

Pour  réparer  maint  sacrifice, 

Grégoire  prit  pour  son  refrain  : 

«  Beaucoup  d'amour,  beaucoup  de  oin.  » 

Quinze  ans  après,  plus  raisonnable. 

Ayant  appris  à  ménager, 

Et  voyant  que  rien  n'est  durable. 

Grégoire  dit  :  «  Il  faut  changer  '  » 

Et,  nuit  et  jour,  au  lit,  à  table, 

Il  chantait,  changeant  de  refrain  . 

«  Très  peu  d'amour,  beaucoup  de  oin.  -> 

Enfin,  après  vingt  ans  encore, 
Et  marchant  d'échec  en  échec 
Très  éloigné  de  son  aurore, 
Grégoire  se  voit  mis  à  sec  , 
El  dans  la  soif  qui  le  dévore, 
11  prend  pour  son  dernier  refrain  : 
Jamais  damour,  toujours  du  vin. 

Gentil. 

Air  ancien,  noté  au  N.  746  de  la  Clé  du  Cuveau. 


CHANSONS   RACHIQUES. 


973 


RONDE   BACHIQUE. 

1820. 
Air  :  Amis,  trinquons,  etc. 

Fêtons  Bacchus, 
Que  son  doux  jus 
En  goguette 

Nous  nielle! 
Chantons  sans  bruit 
Dans  ce  réduit 
Où  Momus  nous  conduit  !  [ter.) 

La  politique  a  dispersé, 
Du  bon  Momus  la  joyeuse  famille; 
Dans  Pans  les  chants  ont  cessé; 
On  chante  encore  à  la  Courtille. 
Fêlons  Bacchus,  etc. 

Chantres  du  vin  et  des  amours, 
Couplets  grivois,  proscrits  du  vaudeville, 
Gaudrioles,  gais  troubadours, 
C'est  ici  votre  Champ-d'Asile. 
Fêtons  Bacchus,  etc. 

Redoutant  jusqu'à  son  voisin, 
Se  méfiant  d'un  accès  de  franchise, 
A  la  cour  on  trempe  son  vin  ; 
Avec  nous  sans  crainte,  on  se  grise. 
Fêlons  Bacchus,  etc. 


Et  l'ail,  chanté  par  un  cagot, 
Dans  un  gigot  saignant  nous  flatte. 
Fêtons  Bacchus,  etc. 

A  l'homme  à  jeun,  trop  pointilleux, 
Comme  elles  sont,  les  choses  vont  paraître. 
Qu'il  boive!  aussitôt,  à  ses  yeux, 
Tout  paraît  comme  il  devrait  être. 
Fêlons  Bacchus,  etc. 

Or,  pour  bien  agir,  il  convient, 
En  attendant  le  mieux  dont  on  nous  berce, 
De  prendre  le  temps  comme  il  vient. 
Et  le  vin  tel  qu'on  nous  le  verse. 

Fêtons  Bacchus, 
Que  son  doux  jus 
En  goguette 
Nous  mette  ! 
Chantons  sans  bruit, 
Dans  ce  réduit 
Où  Momus  nous  conduit  !  ter.) 

Auguste  Saint-Gilles. 

La  musique,  d'Edouard  Donvé,  se  trouve,  à  Paris, 
chezL.Vieillot,  éditeur,  rue  Notre-Dame-de-Naza- 
reth, 32. 


BACCHUS  EST  ENCORE  EN  VIE. 


La  Sottise,  dans  les  couleurs, 
Trouve  un  sujet  de  discorde  et  de  guerre 
Ici,  tour-à-lour,  nos  buveurs 
Les  font  refléter  dans  leur  verre.    ' 
Fêlons  Bacchus,  etc. 

Du  lis,  qui  jette  un  doux  éclat, 
\.'aï,  pour  nous,  a  la  teinte  discrète  . 
Le  clos-iougeot  prend  l'incarnat 
Et  le  goût  de  la  violette. 
Fêtons  Bacchus,  etc. 

D'un  laurier  qui  sentie  fagot, 
Dans  un  salmis  nous  prisons  l'aromate, 


Bacchus  est  encore  en  vie, 
Chers  amis,  consolez-vous  ; 
Notre  dernière  folie 
Est  encore  loin  de  nous  ! 

Trop  souvent  j'entends  dire  : 
«  Fou  qui  compte  sur  l'avenir... 

Ah!  laissez- moi  sourire! 
La  vigne  doit  toujours  fleurir. 
Bacchus  est,  etc. 

Bientôt  le  temps,  sans  doute, 
D«i  rides  couvrira  nos  fronts... 


"•/4 


CH  \NSONS  POPULAIRES. 


.Mais  je  vois  sur  la  route 
Des  fruits  de  tuules  les  saisons! 
Bacchus  est,  etc. 

Sur  nous  le  plaisir  veille  ! 
Si  ce  soir,  nous  pressant  la  main, 

Nous  tombons  sous  la  treille, 
Il  nous  éveillera  demain  ! 
Bacchus  est,  etc. 

Noire  barque,  à  notre  âge, 
Ne  peut  dévier  de  son  cours; 

J'en  appelle  à  l'adage  : 
Quiconque  a  bu  boira  toujours! 
Bacchus  est,  etc. 

Voici  ce  qu'il  me  semble 
Du  destin  que  nous  font  les  dieux 

Nous  vieillirons  ensemble, 
Mais  nous  ne  serons  jamais  vieux. 
Bacchus  est,  etc. 

Moins  vite,  joyeux  drilles, 
Pour  aller  chez  le  roi  cornu, 

S'il  nous  faut  dos  béquilles, 
Nous  en  prendrons  de  boistortu! 

Bacchus  est  encore  en  \ie, 
Chers  amis  consolez-vous; 
Notre  dernière  folie 
Est  encore  loin  de  nous! 

Perchelet 


maoH&t**' 


L'EXCELLENCE  DU  VIN 

1826. 
Ain.  AU  I  qu'il  est  bnn,  qu'il  est  divin  ! 

Amis,  au  plus  puissant  des  dieux 
Adressons  constamment  nos  vœux, 
Bl  de  Bacchus,  pour  être  heureux, 
Savourons  le  jus  précieux  ' 


Adam,  à  défaut  de  raisin. 
Mangeait  des  pommes  dans  Edeu  ; 
On  lui  reproche,  avec  chagrin, 
D'avoir  damné  le  genre  humain. 
Moi,  je  bénis  le  premier  homme, 
Car,  s'il  n'eût  pas  croqué  la  pomme, 
Nous  n'aurions  pas  connu  le  vin. 
Amis.  elc. 

Que,  par  la  tempête  battu, 
Le  sage  essaie  à  l'impromptu 
Et  la  puissance  et  la  vertu 
Du  fruit  du  joli  bois  tortu. 
11  verra  que,  par  art  magique, 
Bientôt  ce  fluide  électrique 
Relève  un  courage  abattu. 
Amis,  etc. 

Augurant  mal  du  genre  humain, 
Le  regardant  avec  dédain, 
Diogène,  lanterne  en  main, 
Cherchait  un  homme  un  beau  matin. 
Tout  autrement  je  me  gouverne  ; 
Une  bouteille  et  ma  lanterne, 
Je  cherche  l'homme  dans  le  vin. 
Amis,  etc. 

Qu'au  fond  d'un  puits,  un  buveur  d  eau 
Cherche,  Démocrite  nouveau, 
La  vérité,  ce  don  si  beau, 
Et  si  rare  même  au  hameau, 
C'est  une  erreur  de  Démocrite; 
Car,  moi,  pour  la  trouver  au  gîte, 
Je  la  cherche  au  fond  d'un  tonneau. 
Amis,  elc. 

Au  nom  de  ce  bon  roi  Henri, 
Si  tout  buveur  est  attendri, 
C'est  qu  en  naissant,  prince  aguerri, 
De  Bacchus  il  fut  favori. 
Pour  en  faire  un  vaillant  compère, 
Dans  sa  coupe  d'or,  son  grand-père 
Lui  fit  sucer  ce  jus  chéri. 
Amis,  etc. 

Le  vin  nous  rend  sains  el  gaillards, 
H  nous  fait  braver  les  hasarda 


CHANSONS  BACHIQUES. 


275 


On  lui  doit  les  progrès  des  arts: 
Il  enflamme  l'enfant  de  Mars  ; 
Il  soutient  notre  faible  enfance; 
Il  ranime  notre  existence, 
Et  devient  le  lait  des  vieillards. 

Amis,  au  plus  puissant  des  dieux 
Adressons  constamment  nos  vœux, 
El  de  Bacchus,  pour  être  heureux, 
Savourons  le  jus  précieux  ! 

Valcour. 


IN   VINO   VERITAS. 

1836. 

Air  du  vaudeville  de  Quinze  ans  d'absence. 

Depuis  que  le  monde  est  monde. 
Un  proverbe  connu  dit  : 
Sur  celle  machine  ronde 
Le  mensonge  est  en  crédit; 
Celte  rage  sans  pareille 
A  son  remède  ici-bas, 
Dans  le  fond  dune  bouteille  : 
In  vino  veritas. 

Démasquer  un  hypocrite 
N'est  pas  facile,  vraiment  ; 
Mais  qu'à  dîner  on  l'invite, 
Il  se  perd  s'il  est  gourmand. 
On  le  connaît  à  merveille 
Avant  la  fin  du  repas, 
Grâce  au  fond  de  la  bouteille  : 
In  vino  veritas. 

Se  marier,  c'est  folie, 
Car  on  serait  trop  heureux. 
En  prenant  femme  jolie, 
De  voir  combler  tous  ses  vœux. 
Mesdames,  un  mot  éveille 
Les  soupçons  sur  un  faux  pas... 
Prenez  garde  à  la  bouteille: 
In  vino  veritas. 

Malin  el  soir,  à  l'église, 
Contre  ce  neclar  si  bon, 


Curé,  qui  parfois  se  grise, 
Fait  un  superbe  sermon  ; 
Avec  fille  jeune  ou  vieille 
Il  chante  chez  lui  tout  bas, 
En  vidant  une  bouteille  : 
In  vino  veritas. 

Si  ma  chanson  peut  vous  plaire, 
Mes  amis,  qu'un  rouge  bord 
A  ma  santé,  pour  salaire, 
Soit  bu  d'un  commun  accord. 
Si,  flattant  peu  votre  oreille, 
Elle  ne  vous  plaisait  pas, 
Vile,  éloignez  la  bouteille  : 
In  vino  veritas. 

Théodore  Marttgnon. 


A  BOIRE,  A  BOIRE,  A  BOIRE! 

Air  connu. 

Chaqu'  chanson  qui  prend  sa  fin, 

EU'  mérite,  ell*  mérite, 

Chaqu'  chanson  qui  prend  sa  fin, 

EU'  mérite  un  verr'  de  vin. 

A  boire,  à  boire,  à  boire, 

Nous  quitterons-nous  sans  boire; 
Les  bons  enfants  ne  sont  pas  si  fous 
Que  de  se  quitter  sans  boire  un  coup. 

Un  coup,  c'est  trop  peu,  mon  vieux. 
Encore  un.  frère  Grégoire. 
Quand  les  bœufs  vont  deux  à  deux. 
Le  labourage  en  va  mieux. 
A  boire,  etc. 

Deux  coups  sont  bientôt  finis  ; 
Verse  en  cor,  frère  Grégoire, 
A  la  sanlé  des  amis 
A  table  ici  réunis. 
A  boire,  etc. 

Trois  coups,  ce  n'est  pas  assez, 
Allons  donc,  frère  Grégoire, 


i:« 


CHANSONS    POPUl.AIUES. 


En  l'hoiineur  de  ces  beautés 
Dont  nos  cœurs  sont  enchantés. 
A  boire,  etc. 

Quatre  coups!  morguenne,  holà! 
Non  vraiment,  frère  Grégoire, 
A  notre  hôte  que  voilà. 
Buvons  encor  celui-là. 
A  boire,  etc. 

Cinq  coups,  1'  compte  n'est  pas  fait, 
Encore  un,  frère  Grégoire  ; 
Notre  hôte  se  fâcherait 
Si  sa  cave  n'y  passait. 
A  boire,  etc. 

Mais  la  m'sureest  au  complet; 

Merci  bien,  frère  Grégoire  ; 

Laissons  reposer  1'  cornet 

El  fermez  le  robinet. 

A  boire,  à  boire,  à  boire, 

Nous  quitterons-nous  sans  boire; 
Les  bons  enfants  ne  sont  pas  si  fous 
Que  de  se  quitter  sans  boire  un  coup. 

l'urolcs  d'un  auonyiiie. 


L'HEUREUSE    l  1  J\ . 

1759. 

Folâ'rons,  rions  sans  cesse; 
Que  le  vin  et  la  tendresse 
Remplissent  tous  nus  moments; 
De  myrte  parons  nos  tôles, 
Et  ne  composons  nos  fêles 
Que  de  buveurs  et  d'amants. 

Quand  je  bois,  lame  ravie, 
Je  ne  porte  point  envie 
Aux  trésors  du  plus  grand  roi; 
Souvent  j'ai  \  u  BOUJ  la  treille 
Que  i  m  :  bouteille 

Liaient  encor  trop  pour  moi. 


S'il  faut  qu'à  la  sombre  rive, 
Tôt  ou  tard,  chacun  arrive, 
Vivons  exempts  de  chagrin; 
Et  que  la  parque  inhumaine 
Au  lomheau  ne  nous  entraîne 
Qu'ivres  d  amour  et  de  vin. 

liUujon. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouv» 
notée  au  N.  1213  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  BONHEUR  DE  L'HOMME. 


1824. 

A1K  :  Mon  père  était  pot,  etc. 

Avec  un  coup  de  chambertin, 
Moi,  je  soutiens  en  somme, 
Qu'on  peut  sans  grec  et  sans  latiu 
Faire  un  bonheur  à  l'homme: 
Donnons-lui  du  vin  ; 
Que  le  verre  en  main 
Il  chasse  l'humeur  noire. 
Silène  en  buvant, 
Sans  être  savant, 
S'illustra  dans  1  histoire. 

Si  Kousseau,  cet  auteur  divin, 

Aimait  Ermenonville, 
C'est  qu'il  y  huvait  du  bon  vin, 
Bien  moins  cher  qu'à  la  ville. 
Loin  des  sols,  du  bruit, 
Là,  dans  son  réduit, 
Pi  es  de  sa  ménagère, 
Ce  sage  trouvait 
Que  l'esprit  venait 
Quand  il  vidait  son  verre. 

i     Ouupblu. 


La  m  •  .  ISIuijc,  est  nuiee  au  N.  W3  delà 

Clé  du  C 


wcflcaOttiM 


•  imprimerie  ')<■  Piuit  fils  aîné,  me  des  Grands- Aagastios,  5. 


LE  CARILLON  BACHIQUE. 

1823. 

Air  :  Mon  Système  est  d'aimer  le  bon  vin. 

Tic,  tic  et  toc,  digue,  di,  din,  don, 
Qu'à  la  ronde 
Chacun  me  seconde 

Et  réponde 
A  ce  gai  carillon  : 
Tic,  tic  et  toc,  digue,  di,  din,  don. 
Vive,  amis,  ce  nectar  salutaire! 
Le  bonheur  e-t  au  fond  d'un  tonneau. 
Conservons  l'empire  de  la  lerre, 
L'Océan  ne  sied  qu'aux  buveurs  d'eau. 
Tic,  tic  et  toc,  etc. 

L'amateur  d'un  clavier  diaphane 
Qui  tira  des  accords  ravissants, 
Par  ce  jus  remplaçant  l'eau  profane, 
Eu  eût  fait  le  roi  des  instruments, 
Tic,  tic  et  toc,  etc. 

L'ennemi  menace  la  patrie;. 
Affrontons  sa  rage  avec  dédain. 
A  défaut  d'airain,  d'artillerie, 
Levons- nous  en  masse  à  ce  tocsin  : 
Tic,  tic  et  toc,  etc. 

Ariane  aimait  le  beau  Thésée; 
Le  perfide  un  beau  soir  la  auitta;      , 
Mais  bientôt  cette  amante  abusée 
\it  Bacchus,  avec  lui  répéta  : 
Tic,  tic  et  toc,  etc. 

De  recors  une  avide  cohorte 
^  ainement  m'assiège  au  nom  du  roi  ; 
Je  promet^  de  leur  ouvrir  ma  porte 
Aussitôt  qu'ils  «liront  avec  moi  : 
Tic,  tic  et  toc,  etc. 

Le  guerrier  aime  le  bruit  des  armes, 
Le  gourmand  tressaille  au  bruit  des  plats, 
Le  tic,  tac,  pour  l'amour  a  des  charmes, 
Tic,  tic,  toc  est  pour  moi  plein  d'appas, 

101 


Tic,  tic  et  toc,  digue,  di,  din,  don, 
Qu'à  la  ronde 
Chacun  me  seconde 

1 1  réponde 
A  ce  gai  carillon  : 
Tic,  tic  et  toc,  digue,  di,  din,  don. 

J.  Polhe. 

La  musique,  de  Durci,  se  trouve  notée  au  n°  1 165  de 
la  Clé  du  Caveau. 


LA  SAGE  RÉSOLUTION. 

1809. 

Amis,  je  ne  veux  plus  chanter 

Racrhus  ni  son  bruyant  délire; 

Trop  souvent  il  brise  ma  lyre, 

Quand  je  la  lui  donne  à  monter. 

Suivant  un  nlus  sage  système, 

Si  je  bois  jamais  sans  raison, 

Je  veux  qu'à  vos  yeux  ce  vin  même        (bù 

Me  serve  à  l'instant  de  poison!  [bis. 

Qu'on  me  verse  un  dernier  verre; 

Un  verre  de  plus  n'est  rien, 

Et  la  raison  le  tolère 

Quand  il  doit  produire  un  bien. 

Comme  il  faut  être  juste  en  tout, 
J'avoue,  avec  l'ami  Grégoire, 
Qu'il  est  des  cas  où  l'on  doit  boire, 
Et  le  sage  alors  s'y  résout... 
Lorsque  l'on  a  soif...  (je  suppose) 
L'estomac  plein,  le  gosier  sec, 
Encor  faut-il  pour  qu'on  l'arrose 
Se  passer  du  vin  par  le  bec... 
Qu'on  me  verse,  etc. 

Des  cas  où  le  vin  peut  servir 
Faisons  ici  la  liste  exacte, 
Et  sans  regret  signons  le  pacte 
Auquel  il  faut  nous  asservir... 
Des  jours  de  deuil  il  faut  bien  croire 
Que  le  vin  fait  des  jours  sereins... 

T.  II.  —  i2. 


!7* 


CHANSONS    POPt'1.41  RF.S. 


Quand  on  est  irisie  on  peut  donc  boire: 
RI)  !  qui  n'a  pas  quelques  chagrins! 
Qu'on  nous  verse,  etc. 

Du  sage,  trésor  précieux, 
La  vérité,  qui  nous  échappe, 
Sans  le  jus  divin  de  la  grappe 
Ne  frapperait  jamais  nos  yeux  ; 
Ceux  même  qu'amitié  rassemble 
L'un  par  l'autre  encor  sont  flattés... 
Mes  chers  amis,  buvons  ensemble 
Pour  nous  dire  nos  viriles. 
Qu'on  nous  verse,  etc. 

Dans  son  désespoir  indiscret 
L'amant  trahi,  dont  l'âme  est  fière. 
S'en  irait  droit  à  la  rivière 
S'il  n'allait  droit  au  cabaret... 
Comme  moi  par  trente  inûdèles 
Si  vous  vîtes  briser  vos  nœuds... 
Pour  charmer  nos  peines...  mortelles, 
Buvons  encore  un  verre  ou  deux. 
Qu'on  nous  verse ,  etc. 

Souvent  un  timide  amoureux 
N'ose  parler  à  sa  Glicère  : 
11  boil...  le  voilà  téméraire; 
Il  parle,  il  presse;  il  est  heurenx  : 
Ainsi  du  vin  la  douce  ivresse 
Conduit  à  celle  du  bonheur.,. 
Ce  soir  auprès  de  ma  maîtresse, 
Ma  foi,  je  veux  m'en  faire  honneur. 
Qu'on  me  verse ,  etc. 

La  gaîté,  ce  rare  trésor, 
Avec  lâge  nous  abandonne, 
El  si  Bacchus  seul  la  redonne  , 
C'îst  qu'il  nous  rend  enfants  encor. 
Le  buveur  d'eau  ne  sait  pas  rire; 
Moi...  quand  j'ai  bu  je  ris  de  rien. 
Ne  rougissons  plus  du  délire, 
Puisque  le  délire  est  un  bien. 

Épuisons  jusqu'à  livresse 

Les  flacons  et  les  refrains; 

La  véritable  sa. 

N'es!  que  l'oubli  des  chagrins. 

th.  Ile   1  on.  Iiuui|i«. 


LE  VIN. 

182S. 

Air  :  Cent  l'amour,  fie. 

C'est  le  vin,  le  vin,  le  vin, 
Que  boil  le  monde 
A  la  ronde  ; 
C'est  avec  ce  jus  divin 
Qu'on  brave  le  destin. 

Amis,  qui  chasse  la  trisiesse  ; 
Pour  les  plaisirs,  les  ris.  les  jeux. 
Qui  sait  décider  ma  maîtresse 
A  couronner  mes  tendres  feux? 

Qui  mène  à  la  Courlille, 

Ou  chez  mère  Badis, 

Le  dimanche  en  famille 

La  moitié  de  Paris? 
C'est  le  vin,  etc. 

Qui  fait  que  notre  belle  France 
L'emporte  sur  tous  les  pays? 
Et  pourquoi  donc  celle  affluence 
De  ces  étrangers  à  Paris? 

Qui  rend  déraisonnable 

L'Anglais  si  peu  léger, 

Au  poinl  que  sous  la  table 

Il  roule  après  dîner? 
C'est  le  vin,  etc. 

A  l'homme  sot,  à  l'imbécille, 
Qui  souvent  donne  de  l'esprit  ? 
Qui  parfois  nous  fait  voir  un  mille 
Dans  un  nombre  bien  plus  petit1* 
Qui  fail  «pie  je  pardonne     ■ 
Aux  torts  de  mon  prochain  ? 
El  qui  rend  ma  personne 
L'amie  du  genre  humain? 
C'est  le  vin,  elc. 

Qui  donne  encor  des  jouissances 
Au  vieillard  sous  le  poids  des  ans. 
Et  d  heureuses  réminiscences 
Des  doux  plaisirs  <lr  sou  printemps? 


CHANSONS    BACHIOTKS. 


279 


Que  chanta  sur  ma  lyre 
L'aimable  Anacréon? 
Aujourd'hui  qui  m'inspire 
Cette  faible  chanson? 

C'est  le  vin,  le  vin,  le  vin, 
Que  boit  le  monde 
A  la  ronde  ; 
C'est  avec  ce  jus  divin 
Qu'on  brave  le  destin. 

Paroles  d'un  anonyme. 


LA    SANTE. 

L809. 

Air  :  En  revenant  de  Bâle  en  Suiw. 

C'est  à  la  santé  qu'il  faut  boire . 
Car  rien  n'égale  la  santé  : 
La  santé  vaut  mieux  que  la  gloire  , 
De  la  santé  naît  la  gaîté  : 
Que  chacuu  réponde 

Au  toast  porté, 
El  buive  à  la  ronde 
A  la  santé. 

Nous  savons  tous  que  dans  la  table 
La  santé  fut  en  grand  crédit  ; 
Si  Bacchus  la  chômait  à  table, 
Vénus  la  célébrait  au  lit. 
Que  chacun  réponde,  etc. 

La  table  au  lit  est  préférable, 
Si  j'en  crois  mes  regards  charmes. 
Puisque  je  vois  tout  double  à  table, 
Et  qu  au  lit  mes  yeux  sont  fermés. 
Que  chacun  réponde,  etc. 

C'est  à  table  que  l'on  rattrape 
Les  forces  que  l'on  perd  au  lit  : 
Bacchus  est  mou  seul  Esculape  : 
Mais,  pour  suivre  ce  qu'il  prescrit, 
Que  chacun  réponde,  etc. 


S'il  est  vrai  qu'on  perd  la  mémoire 
En  buvant  quelques  coups  de  plus  ; 
Et  tût  qu'on  recommence  à  boire, 
Pour  oublier  ceux  déjà  bus. 
Que  chacun  réponde 

Au  toast  porté, 
Et  boive  à  la  ronde 
A  la  santé. 

Mari  In  Crée*. 
Air  ancien,  noté  au  X.  180  de  la  Ole  du  Carean. 


LE  PROVERBE  RETOURNE. 

1823. 
AIR  :  Au  soin  que  je  prends  de  ma  gloire. 

Naïades,  vous  glacez  ma  veine  ; 
Je  bâille  auprès  d'un  clair  ruisseau , 
El  je  dis  chaque  jour  :  «  Fontaine, 
Je  ne  boirai  pas  de  ton  eau  !...  » 
Bacchus,  ton  nectar  me  réveille, 
Il  m'inspire  un  joyeux  refrain  ; 
Et  je  ne  dis  jamais  :  «  Bouteille, 
Je  ne  boirai  pas  de  ton  vin  I  » 

Si  je  puise  un  couplet  bachique 
Dans  le  généreux  Chambertin, 
Je  trouve  une  rime  erotique 
Dans  le  Champagne  libertin. 
Je  songe,  à  part  moi,  que  l'abeille, 
De  mille  fleurs  fait  son  butin, 
Et  je  ne  dis  jamais  :  «  Bouteille, 
Je  ne  boirai  pas  de  ton  vin  !  » 

Dès  qu'un  bon  villageois  me  prie 
D'arroser  un  large  paie, 
D'un  vin  de  Surêne  ou  de  Brie 
Que  lui-même  il  a  récolté; 
Fùt-il  vendangé  de  la  veille, 
Je  sais  qu'il  bannit  le  chagrin 
Et  je  ne  dis  jamais  :  «Bouteille, 
1    no  boirai  pas  de  ion  "in!  » 


580 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Lorsqu'un  jour  les  trois  sœurs  perfides 
M'enverront  trinquer  chez  Pluton, 
De  Tantale  el  des  Oanaïdes 
Je  foirai  le  triste  canton  ; 
Mais  si  je  vois,  sous  une  treille, 
Panard  muni  d  un  flacon  plein, 
De  grand  cœur  je  dirai  :  «  Bouteille, 
Je  veux  boire  encor  de  Ion  vin  !  » 

Armand  Goufle. 


La  musique  ,  d:Al.  Piccini ,  se  trouve  notée  au 
N .  774  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE   VIN. 

1820. 
Air  :  En  revenant  de  Bâle  en  Suisse. 

Du  char  pompeux  de  la  victoire 
Qu'un  héros  compose  son  train, 
Gomme  lui  je  chéris  la  gloire; 
Mais  je  préfère  le  bon  vin. 

Que  chacun  répète 

Mon  joyeux  refrain: 

Pour  mettre  en  goguette, 

Vive  le  bon  vin  ! 

Pour  être  un  ami  vrai,  sincère, 
De  l'honneur  pour  chérir  les  lois, 
Pourêtre  bon  époux,  bon  père, 
Il  faut  s'enhrer  quelquefois! 
Que  chacun  répète,  etc. 

A  jeun  je  suis  toujours  timide; 
La  crainte  se  peint  dans  mes  yeux; 
Mais  quand  j'ai  bu,  plus  intrépide, 

Je  ne  crains  pas  môme  les  dieux. 
Que  chacun  répète,  etc. 

Si  Brennus  quitta  sa  patrie 
Pour  faire  la  guerre  aux  Romains, 
C  est  qu  il  avait  de  l'Italie 
Plus  d'une  fou  goûté  les  vins, 
i  lue  chacun  i  épète.  »  te 


Qu'un  pilote  vante  à  la  ronde 
Le  Havre,  Dunkerque,  Nankin, 
Je  crois  que  tous  les  ports  du  monde 
Ne  valent  pas  le  Port  au  vin. 
Que  chacun  répète,  etc. 

Tous  les  buveurs  à  rouge  trogne 
De  l'Eternel  sont  les  amis, 
Puisque  Noé,  ce  digne  ivrogne, 
Est  un  élu  du  paradis. 
Que  chacun  répète,  etc. 

De  l'univers  souverain  juge. 
Si  tu  détruis  le  genre  humain, 
Fais  que  ce  soit  par  un  déluge. 
Mais  par  un  déluge  de  vin. 

Que  chacun  répète 

Mon  joyeux  refrain  : 

Pour  mettre  en  goguette, 

Vive  le  bon  vin! 

F.  Dauphin. 

Air  ancien,  noté  au  N.  180  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE   BUVEUR   DETERMINE. 


1823. 
Aik    Tonton,  tonUtine,  tuninn 

Peut  on  ne  pas  aimer  à  boire; 
Ksi  il  donc  un  plaisir  plue  grand? 
Glou,glou,  glou,  glou,  ce  bruit  est  charmant! 
Je  borne  là  toute  ma  gloire; 
De  bon  vin,  morbleu!  je  suis  fou; 
Je  bois,  je  bois  «  omme  un  trou. 

J'aurais  défié  feu  Grégoire 
Bacclms  ne  me  ferait  pas  peur, 
"m  le  gros  Silène  en  belle  humeur. 
Chers  .unis,  vous  pouvez  m'eu  croire 
Car  de  bon  vin,  oui,  je  suis  fou  ; 
ii  bois,  je  bois  comme  un  Irou. 


CHANSONS    BACHIQUES. 


281 


Qu'on  ne  me  parle  pas  d'eau  claire  ; 
Le  penser  seul  m'en  fait  frémir, 
Au  lieu  que  j'éprouve  un  doux  plaisir 
Quand  devin  on  remplit  mon  verre, 
Car,  sur  mon  honneur,  j'en  suis  fou; 
Je  bois,  je  bois  comme  un  trou. 

Pour  moi  l'amour  n'a  plus  de  charmes, 
Depuis  longtemps  je  l'ai  changé, 
El  Baccbus  m'en  a  dédommagé; 
Je  ne  connais  plus  que  les  larmes 
De  ce  bon  vin  dont  je  suis  fou; 
Je  bois,  je  bois  comme  un  trou. 

Je  m'en  vante,  rien  ne  m'étonne, 
La  bouteille  est  tout  mon  bonheur; 
Elle  me  donne  force  et  vigueur, 
Et  j'avalerais  une  tonne  : 
Car  de  bon  vin,  oui,  je  suis  fou  ■ 
Je  bois,  je  bois  comme  un  trou. 

Allons!  rivaux,  je  vous  défie, 
Le  pampre  orne  déjà  mon  front, 
Et  plutôt  que  d'avoir  un  affront, 
J'aimerais  mieux  perdre  la  vie  : 
Car  de  vin,  morbleu  !  je  suis  fou  ; 
Je  bois,  je  bois  comme  un  trou. 

W.  D.  L. 

Air  ancien,  noté  au  N.  1112  de  la  Clé  du  Caveau. 


SAINT   MARTIN. 

1809. 

Air  :  Frère  Pierre  à  la  cuisine. 
Ou  du  vaudeville  de  Jean  Monnet. 

A  bien  des  gens,  dans  ce  monde, 
Saint  Martin  sert  de  patron  ; 
Et,  sans  compter  à  la  ronde 
Martin  Sec,  Martin  Fréron, 

Chez  Cottin, 

Chez  Frontin, 


Chez  Rosine  et  chez  Roxane, 
On  voit  souvent  plus  d'un  âne 
Que  l"on  appelle  Martin.  [tir. 

Se  laissant  un  jour  surprendre 
Par  Satan,  qu'il  n'aimait  point, 
Mon  saint  lui  permit  de  prendre 
La  moitié  d'un  beau  pourpoint: 

Du  butin 

Le  lutin 
Couvrit  son  corps  effroyable; 
Mon  tailleur,  voilà  le  Diable 
Qui  m'habille  en  saint  Martin. 

Maxime,  tyran  sévère, 
Fut  désarmé  dans  son  camp 
Dès  que  Martin  prit  un  verre, 
Et  vint  le  voir  en  trinquant. 

Ce  tin- tin 

Argentin 
Vaut  la  plus  belle  maxime, 
S'il  renaissait  un  Maxime, 
Je  serais  son  saint  Martin. 

Puisque  saint  Martin  sut  boire, 
A  sa  gloire  il  faut  trinquer: 
Trinquons,  trinquons  à  sa  gloire! 
Le  vin  ne  peut  nous  manquer. 

Le  Destin, 

Bien  certain 
Qu'on  chanterait  ses  louanges, 
Daigna  placer  les  vendanges 
Tout  près  de  la  Saint-Martin. 

Qu'on  prépare  à  la  cuisine 
Les  plats,  la  broche  et  le  four! 
Que  le  voisin,  la  voisine 
Se  rassemblent  tour-à-tour  ! 

.Et  qu'enfin 

Un  festin, 
Mouillé  de  vins  délectables, 
Brille  sur  toutes  les  tables 
En  l'honneur  de  saint  Martin. 

Faisons  danser  les  volailles! 
Faisons  sauter  les  bouchons  ! 
Tremblez,  dindons!  tremblez  cailles, 
Saumons,  canards  et  cochons! 


282 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Que  lapin, 

Tuib  >lin, 
Faisan,  brochet,  carpe  et  lièvre 
Tremblent  delà  même  fièvre 
A  l'aspect  de  saint  Martin! 

Ramenant  l'usage  antique, 
Faisons,  en  joyeux  lurons, 
Retentir  de  ce  cantique 
Paru  et  ses  environs. 

De  Pantin, 

Dammartin, 
De  Vaugirard  et  du  Houle 
Q'avec  les  buveurs  il  roule... 
Jusqu'au  faubourg  Saint -Martin  ! 
Armand  Goutté. 

Lamiibique,  de  Laujon,  se  trouve  notée  au  N.  iyt> 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LISETTE  ET  LE  V  I IV 

1831. 

A  i  h  :  Ce  ni'juch  ir,  bi  lie  Raj/moiloU 

Malgré  le  censeur  austèiv. 
Ici-bas  point  de  bonheur 
Sans  les  plaisirs  de  Cvthère, 
Sans  la  grappe  du  buveur. 
Heureux  avec  la  fillette. 
Heureux  avec  le  raisin, 
Ai-je  tort  d'aimer  Lisette  ? 
Ai-je  tort  d'aimer  le  vin? 

Feu  d'amour  brûle  mon  ouïe, 
ht  Bacchus  vient  le  calmer; 
Le  vin  assoupit  ma  tlamme. 
Lise  vient  la  rallumer: 
Que  l'un  songe  à  la  retraite, 
L'autre  reprend  le  terrain 
Ai-je  tort  d'aimer  Lisette  Y 
Ai-je  tort  d'aimer  le  ?in  ? 

»i  ma  bouteille  m  échappe 
Lisette  me  r^-iera 


Et  si  Lisette  m'attrape, 
Mon  vin  me  consolera. 
Si  Bacchus  trouble  ma  tète. 
L'amour  me  tendra  la  main  : 
Ai-je  tort  d'aimer  Lisette? 
Ai-je  tort  d'aimer  le  vin  ? 

Sur  le  fleuve  delà  vie, 
Je  ne  guide  mon  bateau 
Que  vers  le  dieu  dldalie, 
Ou  vers  le  dieu  du  tonneau; 
Chez  l'un  vois-je  une  tempête. 
Le  ciel  chez  l'autre  est  serein  : 
Ai-je  tort  d'aimer  Lisette? 
Ai-je  tort  d'aimer  le  vin  ? 

Combes  jeune 

La  musique.de  Ducray-Dnminil,  se    trouve   no- 
tée au  N.  74  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  POUVOIR   D'ERIGONE. 

1823. 

Air:  Chante,  chante,  troubadour,  chunlf. 

A  l'âge  où  l'amour  nous  tourment'' 
Et  nous  rend  parfois  ennuyeux, 
Bien  souvent  ma  muse  innocente 
Traita  des  sujets,  des  sujets  langoureux 
Mais  à  présent  que  je  grisonne. 
Du  bon  vin  je  suis  amoureux  . 
Verse,  verse,  mon  Erigone,  , 

Verse,  verse,  je  tuf*  joyeux.  i 


bis. 


Si,  pour  de  race  hantes  affaires 
Dont  le  plan  a  mal  réussi, 
Par  des  créanciers  mercenaires 
Je  mhs  mon  logis,  mon  logis  assailli  ; 
Si  d'un  tel  sort  m  nu  sang  bouillonne, 
S  il  me  rend  crâne  et  coléreux. 
Verse,  verse,  mon  Érigone,  | 

Verse,  verse,  et  je  suis  joyeux.        j 

Quand  je  vois  briller  l'opul* 
Dane  un  char  galanl  el  pompeui 


bù 


CHANSONS    BACHIQUES, 


«S 


Si  je  pense  à  niun  indigence, 
Je  deviens  morose,  morose  et  qninteux 
Du  noir  souci  qui  m'environne 
Si  je  veux  affranchir  mes  yeux, 
Verse,  verse,  mon  Érigone, 
Verse,  verse,  et  je  suis  joyeux. 


j  [bis 


Vieux  soldat  du  Dieu  de  Cythère. 
Parfois  sourd  à  son  aiguillon, 
Aux  désirs  de  ma  ménagère, 
Souvent  malgré  moi, m  >lgré  moi,  j'ai  dit  non. 
Pour  qu'à  ses  lois  je  m'abandonne. 
Et  réponde  à  ses  chastes  feux, 
Verse,  verse,  mon  Érigone,  1  .,.g  , 

Verse,  verse,  et  je  suis  joyeux.        I 


Quand  à  notre  aimable  assemblée 
On  admet  un  nouveau  venu, 
Si  sa  contenance  troublée 
indique  un  timide,  un  timide  ingénu, 
Embarrassé  de  sa  personne. 
S  il  est  froid  et  silencieux, 
Verse,  verse,  mon  Érigone, 
Verse,  verse,  il  sera  joyeux. 


|  (6, 


Derrière  une  épaisse  charmille, 
Hors  de  tout  regard  vigilant, 
Deux  champions,  pour  une  vétille, 
Metlentbretle  au  vent,brette'au  vent  à  l'instant 
La  noble  ardeur  qui  les  talonne 
Va  rendre  leurs  coups  dangereux... 
Verse,  verse,  mon  Érigone, 
Verse,  verse,  ils  seront  joyeux. 


{bit 


Piron,  Collé,  Panard  sur  terre, 
Où  leur  esprit  a  profité, 
Trouvaient  sans  cesse  dans  leur  verre 
De  quoi  ranimer,  ranimer  la  gaîlé. 
N'axant  pas  la  verve  aussi  bonne,    ' 
Je  répète,  faute  de  mieux  : 
Verse,  verse,  mon  Erigone,  > 

Verse,  verse,  et  rends-nous  joyeux.) 

T.  Thibault. 


[bit 


La  musique,  de  A.  Romagnési,  se  trouve  chez 
M.  Aulagnier,  éditeur,  4,  rue  du  faubourg  Mont- 
martre. 


LE  VIN    ET  MA  MAITRESSE 

1823. 
Air  :  Vive  le  vin  et  le  plaisir. 

Qui  frappe  ainsi?  qui  me  réveille? 
Mes  amis,  suspendez  vos  coups  ; 
Rose  est  là?  demain  sous  la  trr-ille 
J'irai  boire  et  rire  avec  vous. 
Au  doux  sommeil  son  âme  cède  : 
Au  plaisir  le  repos  succède  : 
Qu'au  repos  succède  l'Amour, 
Demain  Bacchus  aura  son  tour. 

A  ma  porte,  eh  bien  !  quel  vacarme 
D'où  viennent  ces  joyeux  éclats? 
Vous  trinquez...  que  ce  bruit  me  charme 
Je  veux  partager  vos  ébats. 
Mais  Rose,  amis,  est  si  jolie... 
Différez  votre  aimable  orgie. 
Jusqu'à  demain  tout  à  l'Amour  , 
Demain  Bacchus  aura  son  tour. 

Quoi!  sans  redouter  ma  colère, 
Vous  avez  brisé  mes  verrous? 
Hardiment  vous  m'offrez  un  verre; 
Je  sens  s'affaiblir  mon  courroux. 
.Mais  non  ,  fuyez,  troupe  indiscrète, 
Bacchus  rirait  de  ma  défaite; 
Qu'elle  appariienne  au  dieu  d'amour  , 
Demain  Bacchus  aura  son  tour. 

Pourquoi  m'entraîner  loin  de  Rose?. 
De  moi  vous  allez  disposer; 
Ah  I  qu'au  moins  ma  bouche  dépose 
Sur  sa  bouche  un  dernier  baiser. 
Mais  un  songe  la  rend  plus  belle  1 
Elle  soupire...  elle  m'appelle! 
Laissez-moi  rassurer  1  Amour; 
Demain  Bacchus  aura  son  tour. 

Vains  discours  !  le  jus  de  la  treille 
Coule  en  mon  verre  à  flots  pressés. 
Eh  bien  !  coulez,  liqueur  vermeille  , 
Amis,  eh  bien!  versez,  versez. 


9ÎU 


(Il  WSONS  POPULAIRES. 


.Mais  loin  de  moi,  liqueur  traîtresse  : 
Le  plaisir  échappe  à  l'ivresse. 
Ah  !  ménageons-le  pour  l'Amour; 
Demain  Bacchus  aura  son  tour. 

J'ai  bu...  quel  charme  m'environne? 
De  Bacchus,  aimables  élus, 
A  vous  enfin  je  m'abandonne... 
Mais  grand  Dieu  !  Rose  ne  dort  plus . 
Le  charme  à  fui,  l'Amour  m'éclaire 
A  mes  pieds  il  brise  mon  verre. 
Adieu  donc  ;  s  il  plaît  à  l'Amour, 
Demain  Bacchus  aura  son  tour. 

Kdouard  Itevenas. 


LE   BUVEUR  INTREPIDE. 

1828. 
Air  du  vaudeville  de  la  Partie  carrée. 

Dès  que  Pbœbus  vient  éclairer  le  monde, 
Que  sur  la  terre  il  prodigue  ses  feux, 
Lorsqu'il  s'éloigne,  et  que  la  nuit  profonde 
Répand  partout  sou  voile  ténébreux, 
Je  bois  alors,  je  bois  à  perdre  haleine 
De  ce  nectar  que  l'on  appelle  vin  ; 
Disparaissez,  chagrins,  tristesse  et  peine 
Devant  ce  jus  divin. 

Quand  le  retour  de  Flore  et  de  Pomone 
Sur  nos  coteaux  ramène  le  zéphyr, 
Le  verre  en  main,  appuyé  sur  ma  tonne 
A  chaque  instant  je  me  livre  au  plaisir. 
Que  l'aquilon,  les  frimas,  la  tempête, 
Sur  notre  sol  fondent  av<  c  courroux, 
Lorsque  je  bois,  qu  ils  menacent  ma  tête, 
Je  brave  tous  leurs  coups. 

Lorsqu'Atropos,  d'une  voix  triste  e|  grêle. 
Viendra  me  «lue  :  Allons,  il  foui  partir  ! 
Je  saisirai  ma  coupe  Bi  fidèle, 
i-,t  mes  adieux  se  «liront  sans  gémir. 


Sur  un  tonneau  je  ferai  mon  voyage; 
J'enivrerai  l'insensible  Caron, 
Et  verserai  le  vin  de  l'Ermitage 
Chez  le  sombre  Pluton. 

Par  mes  chansons,  par  ma  vive  allégresse, 
J'amuserai  le  dieu  du  noir  séjour  : 
Je  charmerai  la  plaintive  déesse 
En  amenant  la  gaîté  dans  sa  cour-, 
De  Danaiis  je  oalmerai  la  race, 
Qu'à  verser  l'eau  condamna  le  Destin, 
Et  j'obtiendrai,  s'il  faut  qu'elle  se  lasse, 
Qu'elle  verse  du  vin 

Cessez  vos  pleurs,  dissipez  vos  alarmes 
Amis,  pourquoi  gémir  sur  mon  trépas? 
Lemomenl  vient,  au  temps  je  rends  les  armes, 
Et  pour  toujours,  je  fuis  loin  d'ici- bas. 
Après  ma  mort  qu'une  sotte  epitaphe 
Ne  vienne  pas  décorer  mon  tombeau  ; 
Inscrivez-y  cette  seule  épigraphe  ; 
«  Ci-gît  qui  craignit  l'eau.  » 

Gubrlt'l  Vinav 


La    musique,    de    Docile,   se    trouve    notée   au 
N.  833  de  la  Clé  du  Caveua. 


L'AMOUR  ET  LE  CHAMPAGNE. 


1821. 

Aik  :  Le  luilt  galant  qui  chanta  1rs  amours. 

Fuyaul  la  foule  et  les  cercles  nombreux, 

Toujours  en  paix,  je  suis  toujours  heureu. 

Oùl'on  est  tant  de  monde  en  chorus  on  B'ennuii 

J'aime  mieux  posséder,  pour  toute  eompagnii 

Fille  au  gentil  minois 

Et  flacon  champenois. 

J'habiterais  léa  plus  sombres  déserts 
J'irais  au  boul  de  ce  vaste  univers 


I'  ii  II   —  Imprimerie  de  Pillet  fils  atné,  rue  des  Grands-Au^ustins,  ÎJ. 


CHANSONS    BACHIQUES. 


485 


Et  je  ferais  gaîment  ce  long  pèlerinage, 
Si  j'étais  sûr  d'avoir,  au  terme  du  voyage, 

Fille  au  gentil  minois 

Et  flacon  champenois. 

Pour  adoucir  les  rigueurs  de  l'état. 
Je  l'avoûrai,  si  j'eusse  été  soldat, 
J'aurais  plus  d'une  fois  évité  la  mitraille, 
En  fêtant  sans  danger,  loin  du  champ  de  bataille. 
Fille  au  gentil  minois 
Et  flacon  champenois. 

Maint  plébéien  jusqu'au  trône  est  monté  : 
Le  croirait-on,  cet  espoir  m'a  flatté  ; 
Mais  à  régner  un  jour,  si  quelquefois  j'aspire , 
C'est  qu'un  roi  peut  avoir,  sitôt  qu'il  le  désire, 
Fille  au  gentil  minois 
Et  flacon  champenois. 

Loin  d'Esculape  et  de  la  Faculté, 
Mes  bons  amis,  l'on  trouve  la  santé, 

Nos  docteurs  sont  instruits,  mais  craignons  leur  science, 
Et,  contre  tous  nos  maux,  prenons  pour  ordonance 

Fille  au  gentil  minois 
Et  flacon  champenois. 

S'ils  revenaient  ces  siècles  bienheureux 
Où  les  mortels  se  choisissaient  leurs  dieux, 
Moi,  sans  diviniser  des  êtres  fantastiques, 
Sagement  je  prendrais  pour  mes  dieux  domestiques 
Fille  au  gentil  minois 
Et  flacon  champenois. 

Sans  délaisser  Bacchus  ni  les  Amours, 
Je  vois,  l'oeil  sec,  s'envoler  mes  beaux  jours. 
Le  dieu  qui  nous  forma,  c'est  ma  philosophie. 
Nous  donnera  là-haut,  pour  charmer  l'autre  vie, 
Fille  au  gentil  minois  ' 

Et  flacon  champenois. 

Combes  jeune. 


La  musique,   de  Gérard  de  Propiac,   se  trouve 
notée  au  N.  1035  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE   CABARET. 

1809. 

AIR  :  Frire  Pierre  a  la  cuisine. 
Ou  vaudeville  de  Jean  Monnet. 

J'aime  le  vin  et  la  raine 
D'un  moderne  Ramponneau; 
Mais  je  plains  celui  qui  dîne 
Chez  quelque  Midas  nouveau  : 

Leur  caquet 

Au  banquet 
Tient  Momus  en  léthargie  ■ 
Pour  une  joyeuse  orgie 
Parlez-moi  du  cabaret  !       (ter.' 

Collé,  Piron  en  délire, 
Quand  Phébus  les  éclairait, 
Couraient  accorder  leur  lyre 
En  sablant  du  vin  clairet. 

Qui  dirait, 

Qui  croirait 
Qu'on  vit  sept  fois  la  semaine 
Ces  gais  soutiens  de  la  scène 
Chanceler  au  cabaret  ! 

Dans  son  étonnante  verve 
Le  menuisier  de  Nevers 
Unit  Bacchus  et  Minerve 
Sous  un  dais  de  pampres  verts 

Il  buvait, 

Il  chantait, 
Et  courut,  ivre  de  gloire, 
Dans  le  temple  de  Mémoire, 
En  sortant  du  cabaret. 

Les  Muses,  qui  d'un  bon  drille 
Aiment  le  ton  décidé, 
Avaient  fait  de  la  Courtille 
Le  Parnasse  de  Vadé. 

Taconnet, 

Qu'on  connaît, 
Dans  la  bachique  assemblée 
Y  fut  proclamé  d'emblée 
'  'Apollon  du  cabaret. 


1112 


13. 


«86 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Avec  orgueil  on  calcule 
Les  bienfails  du  dieu  du  vin. 
Les  fameux  exploits  d'Hercule 
Sont  dus  au  nectar  divin. 

Quel  effet 

Le  vin  fait! 
Le  buveur,  amant  des  belles, 
N'est  jamais  plus  épris  d'elles 
Qu'en  sortant  du  cabaret. 

On  boit  sur  la  rive  maure, 
(ibez  le  Turc  et  le  Chinois: 
De  vin  vieux  on  se  restaure 
Jusque  chez  les  Iroquois* 

Bien  replet, 

On  se  plaît 
A  boire  en  tous  lieux  du  monde: 
Et  eette  machine  ronde 
N'est  qu'un  vaste  cabaret. 

C'est  vainement  que  la  Parque 
Croit  rabaisser  notre  ton; 
Portons  du  vin  dans  la  barque 
Qui  nous  conduit  chez  Pluton  : 

Sans  regret 

Du  trajet, 
Grisons  le  dieu  de  l'Averne, 
Et  faisons  de  sa  ca\erne 
Notre  dernier  cabaret. 

OToreau. 

La  musique,  de  Laujon,  se  trouve  notée  au  N.  198 
de  la  Clé  du  Caveau.  • 


LES  VENDANGES   DE  LA  FOLIE. 

1747. 

Chantons  le  dieu  de  la  vendange, 
Que  boue  si  -  loie  l'amant  se  range, 
Puisque  le  plus  Bouvenl  \  '•nus 
Doit  ses  conquêtes  à  Bacchus. 

On  rend  la  »  ie  aimable, 

En  passant  tour-à-tour 

Des  |. i.i,-ii    de  la  table 

Aux  plaisirs  de  l'amour. 


Un  peu  de  vin  rend  plus  jolie  , 
Le  vin  donne  de  la  saillie  , 
Le  vin  fait  dire  de  bons  mots 
El  tenir  de  galants  propos. 
On  rend  la  vie,  etc. 

Le  vin  rend  l'amant  intrépide, 
11  rend  l'amante  moins  timide; 
A  l'un  il  fait  tout  hasarder, 
A  l'autre  il  fait  tout  accorder. 
On  rend  la  vie,  etc. 

Entre  deux  ou  quatre  convives, 
Le  vin  rend  les  scènes  plus  vives, 
Un  petit  souper  libertin 
Vaut  cent  fois  mieux  qu'un  grand  festin. 
On  rend  la  vie,  etc. 

Le  vin  dans  le  sommeil  vous  plonge, 
Ce  sommeil  vous  fait  naître  un  songe 
Qui  vous  revient  pendant  le  jour, 
Et  qui  fait  naître  enfin  L'amour. 

On  rend  la  vie  aimable, 

En  passant  Lour-à-tour 

Des  plaisirs  de  la  table 

Aux  plaisirs  de  l'amour. 

Collé. 

La  musique,  de  Gillier,  se  trouve  notée  au  N.  92 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LES  VENDANGES   DE  GYTIIÈHE. 

1774. 
Am  ;  Dans  la  vigne  à  Claudine. 

Dans  l'île  de  Cythère 
N  énUB  a  son  pressoir, 
Que ,  d'une  main  légère. 

Les  Amours  font  mouvoir. 
On  3  puise  sans  cesse 
Ce  nectar  précieui 
Que  verse  la  jeunesse 

A  la  table  des  Dieux. 


CHANSONS  BACHIQUES. 


287 


Cuve  où  l'on  est  à  l'aise 
Plaît  le  mieux  à  Bacchus  ; 
Ce  goût,  ne  lui  déplaise  , 
Irait  mal  à  Vénus. 
Le  plus  petit  espace 
Renferme  mille  appas; 
Le  vin  tient  de  la  place, 
Le  plaisir  n'en  tient  pas. 

Tout  rempli  d'allégresse, 
Comme  on  voit  le  glaneur 
Grappiller  ce  que  laisse 
Le  fer  du  vendangeur, 
Armé  d'une  faucille , 
Dans  Cythère,  à  son  tour, 
Le  pauvre  hymen  grappille 
Les  restes  de  l'Amour. 

Ennemi  du  mystère, 
,  Bacchus  aune  un  séjour 
Que  le  soleil  éclaire, 
Et  vendange  le  jour. 
Vénus  aime  le  sombre 
Du  plus  secret  réduit; 
Elle  se  plaît  à  l'ombre , 
Et  vendange  la  nuit. 

Dorât. 

La  musique,  de  Campra,  se  trouve  notée   au 
N.  116  de  la  Clé  du  Caveau. 


LES  VIGNES. 

1821. 
Air  :  Aussitôt  que  la  lumière. 

Si  nous  voulons  èlre  dignes 
Des  biens  émanés  des  d'eux, 
Plantons,  replantons  des  vignes, 
Soignons  ce  don  précieux. 
Partout ,  qu'à  toutes  les  heures 
Croissent  des  pampres  nouveaux  ; 
Qu'ils  forment  dans  nos  demeures 
De  voluptueux  rideaux. 


Bénissons  la  main  féconde 
Qui  nous  fit  ce  beau  présent 
Amis,  selon  moi,  le  monde 
Doit  dater  de  cet  instant. 
Le  premier,  de  son  ouvrage 
Noé  voulut  profiter; 
Ses  fils  en  prirent  ombrage  : 
Ils  auraient  dû  l'imiter. 

Votre  face  rubiconde 

Brille-t-elle  de  gaîté  ? 

C'est  qu'aux  vignes,  non  dans  l'onde, 

Vous  puisez  votre  santé. 

Leur  doux  jus  en  harmonie 

Met  les  esprits,  les  humeurs; 

Il  enflamme  le  génie, 

Et  rapproche  les  bons  cœurs. 

Dans  ses  vignes  de  Sabine , 
Dédaignant  la  pourpre  et  l'or, 
Avec  sa  lyre  divine 
Prenant  un  sublime  essor. 
Horace  à  Varus  conseille, 
Pour  goûter  un  plaisir  pur. 
D'élever  treille  sur  treille 
Dans  son  fertile  Tibur. 

«  Veut-on  ,  dit-il ,  de  la  vie 
«  Chasser  les  soucis  rongeurs? 
«  Les  recherches  de  l'Asie 
«  Sont  des  remèdes  trompeurs  ; 
«  La  vigne  a  ce  privilège... 
«  Les  dieux  veulent  qu'ici-bas, 
«  Les  ennuis  soient  le  cortège 
«  De  celui  qui  ne  boit  pas.  » 

Non,  jamais  un  méchant  homme 
Ne  fut  en  pointe  de  vin  ; 
Tont  bon  humain  qu'on  renomme 
Rejette  l'eau  d'un  festin. 
Voyez  ce  brave  :  à  plein  verre 
Il  ranime  son-ardeur, 
Et  bientôt  on  lui  voit  faire 
Des  prodiges  de  valeur. 

La  vendangeuse  légère 
Veut-elle  emplir  son  panier? 


288 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Pour  l'aider  ai  cette  affaire , 
L'Amour  lui  sert  d'ouvrier. 
Il  place,  en  riant  sous  cape. 
Son  dard  parmi  le  raisin , 
Et  fait  jaillir  de  la  grappe 
Le  plaisir  avec  le  vin. 

Qu'on  décerne  une  statue 
A  chaque  heureux  fondateur 
De  ces  coteaux  dont  la  vue 
Fait  le  charme  du  buveur. 
Les  moines  à  large  panse 
Étaient  des  êtres  divins, 
Puisque,  par  leurs  soins,  la  France 
Vit  naître  ses  meilleurs  vins. 

Or  donc,  les  cieux  à  la  vigne 
Attachant  tant  de  bienfaits, 
Prenons  son  nom  pour  consigne 
Alignons-nous,  buvons  frais. 
Is'ous  pouvons  au  noir  rivage 
Sauter  en  un  tour  de  main  : 
Lestons- nous  pour  le  voyage  ; 
N'attendons  pas  à  demain, 

J.  Onsaulchoy. 

Air  ancien,  noté  au  N.  50  de  la  Clé  du  Caveau. 


PASSONS-NOUS   LA  BOUTEILLE. 

1821. 
AIR  ■  Amis  dépouillons  nos  pommiers. 

Amis,  pour  narguer  le  chagrin, 

Invoquant  la  folie, 
A  table,  entonnons  gai  refrain, 

Près  de  femme  jolie; 

Puisqu  ici  Baechus, 

Puisqu'ici  Cornus, 
Nous  promettent  merveille  : 

Ah!  He  main  en  main  , 

Jusques  a  demain, 
Passons-nous  la  bouteille  ! 


Quand  je  veux  être  un  jour  heureux, 

Moi,  je  le  passe  à  boire; 
C'est  avec  desvins  généreux 
Qu'on  purge  sa  mémoire  : 
Buvons  donc  du  fin, 
Mes  amis,  afin 
Que  le  chagrin  sommeille; 
Et  de  main  en  main, 
Jusques  à  demain. 
Passons-nous  la  bouteille! 

Qui  n'a  jamais  été  trahi, 

Par  maîtresse  jolie? 
Qui  n'a  pas  pleuré  d  un  ami 
La  lâche  perfidie? 
Mais,  du  souvenir 
Afin  de  bannir 
Infortune  pareille, 
Ah!  de  main  en  main, 
Jusques  à  demain, 
Passons-nous  la  bouteille  1 

Des  politiques,  croyez-moi, 

Evitons  le  délire; 
Quand  on  a  dit  :  Vive  le  roil 
Qua-t-on  de  plus  à  dire? 
Aux  cris  inhumains 
De  nos  Jacobins, 
Pour  mieux  fermer  l'oreille, 
Ah  !  de  main  en  main, 
Jusques  à  demain, 
Passons-nous  la  bouteille! 

J'irai  bientôt  au  sombre  bord 

Faire  aussi  ma  visite  ; 
Je  sens  qu'au  banquet  de  la  mort 
Déjà  Pluton  m'invite. 
Je  veux,  cependant, 
Boire  en  attendant 
Qu'Atropos  se  réveille. 
Ah  I  de  main  en  main, 
Jusques  à  demain, 
Passons-nous  la  bouteille. 

«.    Meunrt  de  Hochera»  e 

La    musique  ,    de  Doche ,    se    trouve  notée    au 
N.  36  de  la  Clé  du  Caveau. 


Pari».  —  Imprimerie  <lc  I'ii.let  fils  aîne,  rue  des  Grand*  Auyuslins,  .>. 


LI   KIEIF^^D^  ®mi  ËMASiÈi 


LE  NOUVEAU  TIC  ET  TOC 


1800. 


Air  :  Et  zig,  et  zig,  et  zig,  et  zog. 

Et  tic,  et  lie  et  tic,  et  toc, 

Et  tic  et  tic,  et  toc; 
Trinquons  et  faisons  en  bloc I  ,. . 
Tinter  pinte  et  verre  et  broc.j  '  ls'' 

Dans  la  lice  académique 
Ton  vaudeville  comique 
M'a  fait  choir  du  premier  choc  : 
Mais  par  une  botte  oblique 
Souffre,  ami,  que  je  réplique; 
Tiens-toi  ferme  comme  un  roc. 
Et  tic,  et  tic  et  tic,  et  tue,  etc. 

Toi,  maître  Adam,  je  t'évoque 
Des  lieux  où  la  Mort  te  bloque 
Par  son  lugubre  mastic  : 
Cesse  un  trop  long  soliloque  ; 
Et,  reprenant  ta  défroque, 
Chante  avec  nous  en  public  : 
Et  toc,  et  toc  et  tic,  et  toc,  etc. 

Je  donnerais  sans  colloque 
Et  montre  et  chaîne  et  breloque 
Pour  voir  comme  un  basilic, 
Pour  nager  ainsi  qu'un  phoque, 
Et  pour  (quand  on  me  provoque) 
Lever  ce  que  lève  un  cric  : 
Et  toc,  et  toc  et  tic,  et  toc  etc. 

Mettrai-] e  avec  Bolinbrooke, 
Avec  Pascal,  avec  Loke 
Mon  esprit  à  l'alambic?... 
Plutôt  que  le  loup  me  croque... 
Ou  mourir  comme  Archiloque, 
Ou  m'abreuver  d'arsenic  ! 
Et  toc,  et  toc  et  tic,  et  toc,  etc. 

Cet  écrivain  ascétique, 
Qui  fait  par  sa  mine  étique 

103 


Voir  qu'il  pend  ses  dents  au  crue. 
Vaut-il  l'écrivain  lyrique, 
Au  teint  rouge  comme  brique. 
Qui  dit,  pompant  du  Médoc, 
Et  tic,  et  tic  et  toc,  et  toc,  etc. 

Si  Pégase  m'interloque 
Par  une  allure  équivoque, 
A  l'aspect  du  double  pic, 
Loin  de  lâcher  d'un  ton  rauque 
Quelque  dia  hue  trop  baroque, 
Je  dis,  pour  calmer  son  tic  : 
Et  toc,  et  toc  et  tic,  et  toc,  etc. 

Autrefois  près  de  Monique, 
D'Agnès  et  de  Véronique 
De  baisers  j'étais  escroc; 
Réduit  au  panégyrique 
Des  beaux  yeux  de  ma  barrique, 
Je  dis  dès  le  chant  du  coq  : 
Et  tic,  et  tic  et  toc,  et  toc,  etc. 

Si  l'engeance  monastique 
Au  fond  d'un  cloître  gothique 
Supportait  l'ennui  du  froc, 
C'est  que  d'un  ton  pathétique, 
Après  maint  dévot  cantique, 
Le  chœur  entonnait  ad  hoc  : 
Et  tic,  et  tic  et  toc,  et  toc,  etc. 

Est-il  besoin  qu'on  se  pique 
De  passer  sous  le  tropique 
Comme  Anson,  Thoyras  et  Cook  ? 
En  Europe,  en  Amérique, 
En  Asie  et  dans  l'Afrique 
On  chante  al  hac  et  ab  hoc  : 
Et  tic,  et  tic  et  toc  et  toc,  etc, 

Dans  un  joyeux  pique-nique 
Doit-on  se  faire  la  nique 
Pour  Pékin,  Malte  ou  Maroc  ? 
Un  peu  moins  de  politique, 
Un  peu  plus  de  sel  attique  ; 
Croyez-moi,  Marc,  Luc,  et  Roch  : 
Et  lie,  et  tic,  et  toc,  et  toc,  etc. 

t.  u.   —  [f. 


290 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Crains,  dit  Hippocrate  en  toque, 
Que  le  vin  ne  te  suffoque, 
Et  sèvre-t'en  rie  à  rie. 
Puissant  Bacchus,  je  l'invoque; 
Fais  que  cent  ans  je  nie  moque 
Des  docteurs  à  pronostic  : 
Et  toc,  et  toc  et  tic,  et  toc,  etc. 

L'eau  vous  donne  la  colique  ; 
L'eau  vous  rend  mélancolique  ; 
L'eau  vous  rend  froid  comme  un  bloc 
Le  vin  aide  au  suc  crastrique  ; 
Le  vin  par  son  calorique 
Vous  fait  vivre  autant  qu'Hénok  : 
Et  tic,  et  tic  et  toc,  et  toc,  etc. 

J'ai  sur  une  bague  antique, 
Très  belle  et  très  authentique, 
Un  Triptolème  et  son  soc  : 
Mais  contre  un  Noé  rustique, 
Mettant  la  vigne  en  pratique, 
Ma  foi,  j'en  ferai  le  troc  : 
Et  tic,  et  tic  et  toc,  et  toc,  etc. 

Quand  des  foires  c'est  l'époque, 
Tout  en  Suisse  est  réciproque  ; 
Gaîté.  breuvage  et  trafic... 
La  vide  aux  champ-  <e  convoque, 
Et  le  refrain  univoque 
Est  de  Glarus  à  Zurich  : 
Et  tue,  et  toc  et  tic,  et  toc,  etc. 

Toujours  mon  fer  harmonique 
A  la  voûte  maçonnique 
Concourt  de  taille  et  d'estoc  ; 
Mais  quand  le  maii  '<•/  l'indique, 
Comme  au  banquet  je  m'applique 
A  marquer  le  triple  choc! 
Et  tic,  et  tic  et  toc,  et  toc,  etc. 

Nègre  à  jeun,  sut  domestique, 
Nègre  àjeun,  lourd,  apathique, 
Y  paa  plus  bouger  qu'un  roc  : 
Mais,  dans  i\  resse  h  chique, 
Danser  calandar  <'i  chique 
Si  tatia  mouiller  manioc  : 

Kl  ti«.\  et  tic  et  toc,  el  toc,  etc. 


A  propos  de  rime  en  oque, 
Prions  tous  Dieu  qu'il  révoque 
Les  décrets  de  Copernic  ; 
Car  je  vois  le  ciel  en  loque 
Si  chaque  planète  choque 
Phœbus,  des  astres  syndic.  . 
Et  tic.  et  tic  et  toc,  et  toc,  etc. 

A  propos  de  rime  en  ique, 
Faut-il  en  st.vle  cinique 
S'immoler  pour  hic,  hœc,  hoc? 
Point  d'épigramme  caustique  ; 
Le  temple  de  la  Critique 
N'est  point  celui  de  Molock  . 
Et  tic,  et  tic  et  toc,  et  toc,  etc. 

A  tout  auteur  ventriloque 
Le  matin  dans  ma  bicoque 
J'offre  un  plat  qu'on  nomme  aspic; 
Puis  des  œufs  frais  à  la  coque  ; 
Puis  maint  et  maint  soliloque; 
Puis  du  vieux  paf  de  Dantzick... 


Et  toc,  et  toc  et  tic,  et  toc, 

Et  tic  et  tic,  et  toc  ; 
Trinquons  et  faisons  en  hloc 
Tinter  pinte  et  verre  et  broc. 


}  {bis-) 


De  vu*. 

La  musique,  de  Grétry,  se  trouvi  notée  au  N.  185 
de  la  Clé  du  Caveau. 


A  BOIRE!  A  BOIRE! 

1821. 

Air  du  Comte  Ory. 

A  boire!  à  boire  ! 
Buvons  jusi|i;';i  demain  ; 

Qu'en  dit  Grégoire? 
Répétons,  du  genre  bumain, 

A  boire!  à  boire! 
Le  doux,  l'i'l.i  nrl  refrain. 


CHANSONS  BACHIQUES. 


291 


A  boire!  à  boire  ! 
Entonne  le  vainqueur, 

Quand  la  victoire 
A  couronné  son  ardeur; 

A  boire!  à  boire  ! 
Le  vin  nourrit  la  valeur. 

A  boire  !  à  boire! 
Chanle  l'auteur  fécond, 

Lorsque  la  gloire 
De  laurier  pare  son  front  ; 

A  boire  !  à  boire  ! 
Bacchus  chérit  Apollon. 

A  boire  !  à  boire  ! 
Voilà  votre  oraison 

Jaculatoire, 
Désaugiers,  Gouffé,  Piron 

A  boire!  à  boire  ! 
Bon  vin  fait  bonne  chanson. 

A  boire  !  à  boire! 
Que  ce  cri  soit  toujours 

Toute  l'histoire 
Des  amants,  des  troubadours 

A  boire!  à  boire! 
Il  faut  du  vin  aux  amours. 

A  boire  !  à  boire! 
On  éloigne,  à  ce  prix, 

De  sa  mémoire 
Les  ingrats,  les  faux  amis, 

A  boire  !  à  boire  ! 
Le  vin  chasse  les  ennuis 

A  boire  !  à  boire  ! 
Disait  le  bon  Henri  : 

Point  d'humeur  noire. 
C'est  mon  refrain  favori  : 

A  boire  !  à  boire  ! 
Tout  bon  vivant  est  chéri. 

A  boire  I  à  boire! 
Dit  l'enfant  caressant 


Vase  d'ivoire; 
Et  du  vieillard  finissant, 

A  boire  !  à  boire! 
C'est  en  cor  le  dernier  chant. 

Méiiard  de  nïocheeave, 

Air  ancien,  noté  au  N.  341  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  LAIT    DES   VIEILLARDS. 

'.821. 
Air  .  Ces  postillons  sont  d'un  emaladresse. 

Divin  Bacchus  !  si  ta  liqueur  vermeille 

Aux  bons  vieillards  offre  un  lait  bienfaisant, 

Si  l'âge  fuit  dès  qu'on  tient  la  bouteille, 

De  rajeunir  le  moyen  est  plaisant. 

En  s'enivrant  de  ses  glouglous  propices, 

Je  vois  pourquoi  tant  d'égrillards 
Quittent  gaîment  le  lait  de  leurs  nourrices 
Pour  le  lait  des  vieillards. 

C'est  de  ce  lait  que  le  bon  Henri  quatre 
Fut  régalé  sitôt  qu'il  vit  le  jour: 
Il  y  puisa  son  ardeur  pour  combattre, 
L'art  de  chanter,  l'art  d'aimer  tour-à-tour  ; 
Eût-il  séduit  mainte  beauté  novice, 
Eût-il  dit  tant  de  mots  gaillards, 
S'il  n'eût  quitté  le  lait  de  sa  nourrice 
Pour  le  lait  des  vieillards? 

Avec  plaisir  j'ai,  pendant  mon  enfance, 
Sucé  le  lait  par  Vénus  présenté  ; 
Dans  mon  printemps,  c'est  par  reconnaissance 
Que  j'aime  encore  le  sein  de  la  beauté. 
Mais  sous  mon  toit  déjà  l'hiver  se  glisse  : 

Qui  peut  dissiper  ses  brouillards? 
Ah  !  ce  n'est  plus  le  lait  de  ma  nourrice, 
C'est  le  lait  des  vieillards. 

Armand   Goulfé. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  auN  819 
de  la  Clé  du  Caveau. 


292 


CHANSONS    POPULAIRFS, 


GLOIKE  AUX  DIEUX!  VIVE  LE  VIN! 

1823. 
Air  du  vaudeville  des  habitants  des  Lan&t  ■•> 

Quel  bruit  frappe  mon  oiville? 
Quel  éclat  brille  à  mes  yeux? 
Ah!  c"est  du  dieu  de  la  treille 
Le  triomphe  glorieux! 
Sur  nos  coteaux,  dans  nos  plaines 
Bacchus  étendit  sa  main, 
Kt  partout  des  grappes  pleines 
Sont  l'espoir  du  genre  humain. 
Si  le  vin  est  divin. 
Gloire  aux  dieux  !  vive  le  vin  ! 

Déjà  la  Seine  et  la  Loire 
De  ce  jus  roulent  les  flots  ; 
Momus  se  fait  une  gloire 
D'en  arroser  ses  grelots  ; 
Kt  tandis  que  la  folie 
Suit  les  pas  de  son  voisin, 
La  franche  gaîté  s'allie 
Avec  le  dieu  du  raisin. 
Si  le  vin  est  divin, 
Gloire  aux  dieux  !  vive  le  vin! 

Grâce  à  la  liqueur  chérie, 
Je  vois  nos  galants  buveurs 
De  leur  bergère  attendrie 
Obtenir  mille  faveurs. 
H  est  constant  qu'une  belle 
Dont  BuCCbus  presse  la  main, 
Rarement  l'ait  la  rebelle 
Et  se  plaint  d'un  doux  larcin. 
Si  le  vin  esl  divin, 
Gloire  aux  dieux  !  vive  le  vin  ! 

Mes  vertus  d'une  Anligone 
m  parfois  je  suis  charmé, 
je  leur  préfère  Érigone 
De  qui  Bacchus  esl  aimé. 
Avec  lui  voyez  la  belle 
Sous  le  liei  re  el  le  jasmin 
Le  dieu  boit  <t  côté  d'elle 


A  deux  boutons  de  carmin. 
Si  le  vin  est  divin. 
Gloire  aux  dieux!  vive  le  vin-! 

Couronné  par  la  victoire, 
Bacchus  est  vraiment  français, 
Car  la  muse  de  l'histoire 
Nous  raconte  ses  succès. 
Près  d'un  tendron,  pour  s'ébattre, 
11  fut  là,  soir  et  matin  ■ 
Comme  nous  il  sut  combattre, 
Boire  el  chanter  en  lutin  . 
Si  le  vin  est  divin, 
Gloire  aux  dieux  !  vive  le  vin  ! 

Bannissant  l'humeur  chagrine, 
Oublions  quelques  revers  ; 
Que  la  liqueur  purpurine 
Rende  nos  lauriers  plus  verts, 
Éprouvant  la  double  ivresse 
Qui  met  l'homme  en  si  bon  train, 
Des  braves  pleins  d'allégresse 
Vaincre  encore  est  le  refrain. 
Si  le  vin  esl  divin, 
Chantons  la  gloire  et  le  vin  ! 

l'irrre  l'olaii 

La  musique,  de  Tourtert'lle,  se  trouve  notée  au 
N.  H32  de  laCléduCav  au. 


LA  MER  ROl'GE. 


Quand  la  mer  Rouge  apparut 

A  la  troupe  noire , 
Le  peuple  égyptien  crut 

Qu'il  n'avait  qu'à  boire  ; 
Mais  Moïse  \  il  Boudai  n 
Que  ce  n'était  pas  du  vin. 

Il  la  pas,  p  i8,  pas, 

Il  la  sa,  sa,  sa, 
Il  la  pas.  il  |,i  sa, 

Il  la  passa  toute 

Ï5ans  en  boire  ''nulle. 


CHANSONS  BACHIQUES. 


293 


Alexandre,  dont  le  nom 

A  rempli  la  terre, 
N  aimait  pas  un  bataillon 

Autant  qu'un  hou  verre. 
Si  Mars  parmi  les  guerriers 
S'est  acquis  tant  de  lauriers, 

Que  pouvons,  vous,  vous, 

Que  devons,  vons,  vons. 
Que  devons  que  pouvons, 

Que  devons-nous  croire? 

Sinon  qu'il  faut  boire  ! 

Puroles  ti'uu  anonyme. 

Air  ancien,  noté  au  N.  355  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE   POETE   ÉPICURIEN. 

Ai  R  :  Ah  !  que  de  chagrins  dayis  la  vie. 

D'Anacréon  touchant  la  lyre, 
Amis,  pour  embellir  nos  jours, 
Fêtons,  dans  un  joyeux  délire, 
Les  Muses,  le  vin  ,  les  amours. 

Et  vous  ,  des  jeux,  des  ris,  aimable  troupe 
Ah!  charmez  de  trop  courts  instants  ! 

Que  votre  main  ,  en  remplissant  ma  coupe, 
Vide  gaîmenl  celle  du  temps. 

D'Épicure  la  loi  divine 

Défend  la  peine  et  le  chagrin  ; 

Pour  monter  la  double  colline  , 

Des  vignes  je  prends  le  chemin. 
Si  le  Parnasse  est  un  vaste  parterre, 

Il  faut  l'arroser  à  loisir; 
Mais  que  le  vin  seul  féconde  la  terre, 

Où  les  lauriers  doivent  fleurir! 

Voyez,  dans  la  iiqueur  vermeille. 

Prisant  la  douce  volupté, 

Tous  ces  buveurs  sous  une  treille, 

Rêver  à  l'immortalité. 
Eh  bien  !  Bacchus,  tous  ces  faibles  atomes, 

Grâce  à  son  prisme  merveilleux, 
Avant  de  boire  ils  n'étaient  que  des  hommes, 

Dès  qu'ils  ont  >>u,  ce  sont  des  dieux. 


Un  moment,  pour  fixer  les  belles, 
Amis,  de  ce  jus  plein  d'appas 
De  Cupidon  mouillons  les  ailes; 
Prudi mment  ne  les  coupons  pas. 

De  cet  avis  quelque  vieux  sage  gronde  ; 
Pour  nous  guérir  de  son  poison  , 

Vite ,  buvons  ,  car  boire  est  dans  ce  me 
L'antidote  de  la  raison. 

Paroles  «l'un  anonyme. 

La  musique  ,  de  Doche  \  ère,  se   trouve    notée  ar 
N.  20  de  la  Clé  du  Caveau. 


LA   BOUTEILLE. 

1821. 

Air  de  la  parole. 

D'un  sujet  qui  n'est  pas  nouveau 

Je  régale  mon  auditoire  ; 

Je  l'ai  puisé  dans  mon  caveau, 

On  devine  qu'il  fera  boire  : 

Pour  dissiper  le  noir  chagrin, 

Flore,  il  vaut  mieux  que  ta  corbeille. 

Mes  amis,  s'il  vous  met  en  train, 

Vous  répéterez  mon  refrain, 

Car  je  vais  chanter  (bis)  la  bouteille. 

A  l'ambition  ,  à  l'orgueil , 

Je  n'adresse  point  mon  hommage; 

Je  connais  le  funeste  écueil 

Que  l'on  trouve  sur  leur  passage  : 

Ma  déesse  est  la  volupté, 

Et  je  préfère,  sous  la  treille, 

Au  sceptre  de  la  royauté, 

Pour  aiguillonner  la  beauté, 

Tenir  dans  ma  main  (bis)  labouteii  . 

Jadis  aux  lois  de  Cupidon 

Mes  désirs  n'étaient  point  rebelles  : 

Le  lutin  m'avait  fait  un  don 

Qui  me  faisait  chérir  des  belles. 

Dans  mon  cœur  s'éteignent  ses  feux, 


294 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Les  ans  me  font  baisser  l'oreille. 
Au  temps  qui  blanchit  mes  cheveux 
En  vain  j'adresserai  mes  vœux. 
J'ai  pour  seul  recours  (bis)  la  bouteille. 

Quand  je  la  vois  pleine  de  vin, 

De  plaisir  mon  âme  est  ravie! 

Je  crois  que  ce  nectar  divin 

Peut  encore  allonger  la  vie  : 

Des  verres  quand  j'entends  le  choc, 

Dans  mon  cœur  l'amour  se  réveille  ■ 

Si  je  vidais  un  petit  broc, 

Le  chapon  redeviendrait  coq; 

Mais  vidons  d'abord  [bis)  la  bouteille. 

Pour  séduire  Erigone,  un  jour, 
Empruntant  la  métamorphose, 
Bacchus  fit  le  plus  joli  tour; 
Mais  Ovide  en  lait  quelque  chose. 
De  ce  fait,  moi.  je  suis  certain  : 
11  est  constant  que  sou*  la  treille, 
Lorsque  Bacchus  se  fit  raisin, 
El  qu'il  voulul  devenir  vin  , 
Erigone  était   bis)  la  bouteille. 

Oh  !  que  la  bouteille  a  d'attraits  ! 
Oh  !  que  la  bouteille  a  de  charmes  ! 
Admirant  chacun  de  ses  traits , 
A  son  venire  je  rends  les  armes. 
C'est  là  qu'est  le  dépôt  sacré, 
Plus  doux  que  le  miel  de  l'abeille  : 
Brisons  ce  goulot  vénéré  ; 
Que  chaque  instant  soit  consacré 
A  bien  célébrer  (bis)  la  bouteille. 

Pierre  Colau. 


MAXIMES    DE   SILENE 

Ai  i<  :  Chantes,  rlnnsez,  amusez-vous. 

Malgré  les  maux  et  les  tourmenta 
Que  dan>  1,1  vieillesse  on  éprouve, 
Elle  a  de  cei  lains  agrémente, 
Et  i i  comme  je  le  prouve  : 


De  vieux  amis  et  du  vin  vieux 

Sont  les  plus  doux  présents  des  cieux. 

Mon  printemps  est  bien  loin  de  moi, 
Et  déjà  mon  été  s'envole  ; 
En  faut-il  pleurer?  Non  ,  ma  foi  ; 
Par  ce  refrain  je  me  console  : 
De  vieux  amis  ,  etc. 

Contre  le  temps  prompt  à  passer 
C'est  mal  à  propos  que  l'on  boude; 
Quand  la  tête  vient  à  baisser, 
Pour  boire  on  hausse  mieux  le  coude. 
De  vieux  amis,  etc. 

Mes  chers  amis,  jusqu'au  moment 
Où  nos  yeux  ne  verront  plus  goutte, 
Verre  en  main  voyons-nous  souvent, 
Et  buvons  la  petite  goutte. 
De  vieux  amis.  etc. 

Que  des  dieux  l'auguste  pouvoir, 

Jusqu'à  la  fin  de  ma  carrière, 

Me  conserve  un  œil  pour  vous  voir, 

Une  main  pour  porter  mon  verre. 

De  vieux  amis  et  du  vin  vieux 

Sont  les  plus  doux  présents  des  cieux 

l'auurct. 

La   musique ,    de  Biaise  et  Philidor,  se  trouve 
notée  au  N.  1268  de  la  Clé  du  Caveau. 


LA    PAIX. 

1823. 

Mars  dorl  sur  le  Bein  de  Vénus 
Pendant  ce  repos  Balulaire, 
Buvons,  .ni  bonheur  de  la  terre, 
Le  nectar  versé  par  Bacchus. 

Dissipant  un  brouillard  épais, 
Ouvrant  le  milieu  de  l'année, 

De  ii uits  la  tôle ironnée, 

L'automne  seconde  la  paix  ; 


CHANSONS    BACHIQUES. 


295 


Dans  sa  flottante  draperie 
Voltigent  les  jeux,  la  chanson, 
Et  sa  touchante  voix  nous  crie  : 
Mortels,  écoutez  ma  leçon. 
Mars  dort,  etc. 

A  table  courons  nous  ranger, 
Laissons  à  la  voix  de  l'histoire 
Le  soin  de  chanter  notre  gloire  ; 
Fredonnons  un  couplet  léger  : 
Fi  d'une  orgueilleuse  chimère  ! 
Que  le  citoyen,  le  guerrier, 
Embrassent  leur  fille  et  leur  mère  . 
Le  bonheur  vaut  bien  le  laurier. 
Mars  dort,  etc. 

Du  repos  goûtant  les  bienfaits, 
Buvant,  à  sa  jeune  famille, 
Près  d'un  vieux  sarment  qui  pétille. 
Le  preux  raconte  ses  hauts  faits. 
Oubliant  le  destin  funeste 
Qui  tint  son  courage  enchaîné, 
Bientôt  sur  le  pied  qui  lui  reste 
Il  fait  danser  son  premier-né. 
Mars  dort,  etc. 

Au  sein  de  nos  brillants  remparts, 
Minerve,  enfin  tu  te  reposes  ; 
Bellone  en  pleurant  voit  les  roses 
Sur  le  front  des  enfants  de  Mars  ; 
Ses  bouches  d'airain  sont  muettes, 
Et  du  rossignol  dans  nos  bois 
On  n'interrompt  les  chansonnettes 
Que  par  le  doux  son  du  hautbois. 
Mars  dort,  etc. 

Profitons  des  derniers  beaux  jours, 
Dit  un  vainqueur  des  pyramides, 
Qui,  de  désirs,  les  yeux  humides, 
Poursuit  l'objet  de  ses  amours  : 
Pallas,  dont  l'ardeur  périlleuse 
A  son  char  longtemps  l'attacha, 
_ui  montre  la  palme  orgueilleuse, 
Qu'amour  sous  des  myrtes  cacha. 
Mars  dort,  etc. 


Aimant  la  paix  et  ses  douceurs. 
Ainsi  chantait  dans  son  délire, 
En  s'accompagnant  de  la  lyre, 
Un  jeune  élève  des  neuf  Sœurs  : 
La  bergère,  naïve  et  sage, 
L'écoutait,  l'amour  dans  les  yeux, 
Et  les  échos  du  voisinage 
Portaient  ce  refrain  jusqu'aux  cieux  . 

Mars  dort  sur  le  sein  de  Vénus  ; 
Pendant  ce  repos  salutaire, 
Buvons,  au  bonheur  de  la  terre. 
Le  nectar  versé  par  Bacchus. 

I''.  Kaiiphiii. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve  chez 
L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Xotre-Dame-de-Naza- 
reth. 


LES  AMOURS  BACHIQUES. 

Air  •  Vive  l'enter,  ou  noua  irons  ! 

Accourez,  joyeux  biberons, 
Bons  drilles, 
J'ai  deux  filles; 
Il  faut,  pour  plaire  à  ces  tendrons, 
Les  aborder  en  francs  lurons, 
Ronds. 

Elles  n'ont  pas 
Ces  appas, 
Grand  moteur  des  faux  pas; 
La  nature  en  est  cause. 
Vous  n'aurez  donc 
Sur  le  front 
Jamais  aucun  affront . 
C'est  déjà  quelque  chose. 
Accourez,  etc. 

Un  beau  matin, 
De  mon  vin 
Deux  jeunes  bouie-en-lrain 
Versent  à  leurs  déesses  ; 
On  boit  d'abord. 
C'est  mon  fort, 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Les*couples  sont  d'accord, 
L'amour  l'ait  des  prouesses. 
Accourez,  etc. 

Nos  amoureux 
Sont  heureux; 
Mais  l'amour  à  ses  jeux, 
Qui  ne  veut  point  d'entraves, 
Les  dégrafait 
C'est  parfait  ! 
Dis-je,  elles  sont  au  fait, 
Descendons  à  la  cave. 
Accourez,  etc. 

Ces  égrillards 
Vrais  paillards, 
Par  leurs  discours  gaillards, 
Enchantaient  mes  oreilles  ; 
Mon  vin  coulait, 
S'avalait, 
Et  l'hiver  s'écoulait, 
Ainsi  que  mes  bouteilles. 
Accourez,  etc. 

Sans  se  lasser 
Déverser, 
Toujours  prêts  à  percer 
Et  vider  mes  feuillettes, 
Bien  plus  adroits 
Mes  grivois, 
Par  de  nouveaux  exploits, 
Ont  empli  mes  fillettes. 
Accourez,  etc. 

Jurez-le-moi 
Sur  la  foi, 
Chacun  devant  la  loi 
Conduira  sa  compagne 

Par  des  serments 
De  Normands, 
Les  futures  mamans 
Débouchent  le  Champagne. 
Accourt  /  etc. 

M  ii  sistez  point 

Sur  ce  point, 


Voyez  leur  embonpoint 

Et  regardez  vos  verres, 

Qu'il  faut,  amis, 

Quoique  gris, 

Quand  on  les  a  remplis 

Les  vider  en  trouvères. 

Accourez,  etc. 

Le  plus  malin 
Dit  enfin  : 
Si  c'était  du  bon  vin 
On  ferait  la  folie  ; 
Mais  je  suis  sûr 
Qu'il  est  sur  : 
Il  n'est  ni  clair  ni  pur  ; 
Nous  n'aimons  pas  la  lie. 
Accourez,  etc. 

Consommateurs 
De  liqueurs, 
Décampez,  séducteurs, 
Vos  amours  sont  indignes  ; 
C'est  pour  les  miens, 
Car  j'y  tiens, 
Et  non  pour  des  vauriens 
Que  j  ai  planté  mes  vignes. 
Accourez,  etc. 

Je  suis  volé, 
Désolé, 
Us  m'ont  ensorcelé  , 
Pour  l'honneur  je  proteste. 
Je  suis  confus 
Du  refus, 
Honte,  filles  et  fûts, 
Voila  ce  qu'il  me  reste  1 

Accourez,  joyeui  biberons, 
Bons  drilles 
J  ai  deux  filles; 
11  faut,  pour  plaire  à  ces  tendrons, 
Les  aborder  en  lianes  lurons, 

Ronds. 

Louve i,  doyen  de  la  Faculté. 


Paris   ~  Imprimerie  de  I'illf.t  fils  aîné,  rue  des  Grands-Aufçuslins,  B. 


(*IOOEMCH 


TONTON,   TONTAINE 

1770. 

Mes  amis,  partons  pour  la  chasse  : 
Du  cor  j'entends  le  joyeux  son. 
Tonton,  tonton, 
Tontaine,  tonton. 
Jamais  ce  plaisir  ne  nous  lasse, 
11  est  bon  en  toute  saison. 
Tonton, 
Tontaine,  tonton. 

A  sa  manière  chacun  chasse, 
Et  le  jeune  homme  et  le  barbon. 

Toulon,  tonton, 

Tontaine,  tonton. 
Mais  le  vieux  chasse  la  bécasse, 
lit  le  jeune  un  gibier  mignon. 
Tonton, 

Tontaine,  tonton. 


Pour  suivre  le  chevreuil  qui  passe 
11  parcourt  Jes  bois,  le  vallon. 

Tonton,  tonton, 

Tontaine,  tonton. 
Et  jamais,  en  suivant  sa  trace, 
11  ne  trouve  le  chemin  long. 
Tonton, 

Tontaine,  tonton. 

A  l'affût  le  chasseur  se  place, 
Guellant  le  lièvre  ou  1  oisillon. 

Tonton,  tonton, 

Tontaine,  tonton. 
Mais  si  jeune  fillette  passe, 
11  la  prend  :  pour  lui  tout  est  bon. 
Tonton, 

Tontaine,  tonton. 

Le  vrai  chasseur  est  plein  d'audace  ; 
11  est  gai,  joyeux  et  luron. 

Tonton,  tonton, 

Tontaiae,  tonton. 


101 


t.  u.    —  43. 


298 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Mais,  quelque  fanfare  qu'il  fasse, 
Le  chasseur  n'est  pas  fanfaron. 
Tonton, 
Tontaine,  tonton. 

Quand  un  bois  de  cerf  l'embarrasse, 
Chez  sa  voisine,  sans  façon, 

Tonton,  tonton, 

Tontaine.  tonton. 
Bien  discrètement  il  le  place 
Sur  la  tète  d'un  compagnon. 
Tonton, 

Tontaine,  tonton. 

Quand  on  a  terminé  la  chasse, 
Le  chasseur  se  rend  au  grand  rond. 

Tonton,  tonton, 

Tontaine,  tonton, 
Et  chacun  boit  à  pleine  tasse 
Au  grand  saint  Hubert,  son  patron. 
Tonton, 

Tontaine,  tonton. 

Harion  du  IHeman. 


Il  y  a  beaucoup  de  chansons  de  chasse  avec  ce 
refrain,  mais  la  plupart  sunt  un  peu  libres  et  ne 
peuvent  guère  se  chanter  q  le  dans  les  bois  ou  à 
huis  dus.  Celle-ci,  quoique  iort  gaie,  est  de  bonne 
compagnie;  eile  fut  laite  en  1770  pour  le  château 
de  La  Brosse,  qui  appartenait  au  duc  de  Montmo- 
rency L  au.eur  est  M.  Marion  du  Mcrsan,  un  de  ces 
poètes  aimables  du  XVill  siècle,  qui  taisait  des 
vers  pour  son  plaisir,  comme  .es  CuaulieJ  et  les 
Lattaignant,  et  qui  brillait  dans  la  société  choisie 
de  celte  époque.  Il  était  ne  à  Peilhac ,  près  de 
Ploermel,  e:i  Bretagne,  eu  i ~ la,  etil  est  mort  a  Pa- 
na en  Ib'-il,  a^e  de  bJ  ans. 

La  musique  be  trouve  uolee  au  N.1112  de  la  Clé 
du  Caveau. 


LA  CHASSE. 


Chacun  de  nous  a  sa  folie  ; 
Moi,  lu  chasse  est  ma  passion, 


Tonton,  tonton, 

Tontaine,  tonton. 
C'est  un  plaisir  que  je  varie 
Suivant  le  lie^i,  l'occasion. 
Tonton, 

Tontaine,  tonton. 

Tantôt  les  perdrix  dans  la  plaine 
Tombent  sous  mes  coups  à  foison. 

Tonton,  tonton, 

Tontaine,  tonton. 
Tantôt  la  trompe  au  bois  m'entraîne 
Tout  gibier  me  plaît  s'il  est  bon. 
Tonton, 

Tontaine,  tonton. 

Dans  les  vignes  du  vieux  Silène 
La  chasse  est  de  toute  saison. 

Tonton,  tonton, 

Tontaine,  tonton. 
Et  le  plaisir  passe  la  peine, 
Car  on  y  laisse  sa  raison. 
Tonton, 

Tontaine,  tonton. 

Quelquefois  je  vais  au  Parnasse  , 
Mais,  hélas!  depuis  qu'Apollon, 

Tonton,  tonton, 

Tontaine,  tonton, 
N'a  plus  le  Goût  pour  garde-chasse, 
Sou  domaine  est  à  l'abandon. 
Tonton, 

Tontaine,  tonton. 

Sur  les  terres  de  la  fortune, 
Le  chasser  n'est  plus  aussi  bon. 

Tonton,  tonton, 

Tontaine,  tonton. 
La  chasse  au  vol  e.4  trop  commune 
Depuis  dix  ans  dans  le  canton. 
Tonton, 

Tontaine,  tonton. 

J'aime  à  braconner  à  Cythère  ; 
Mais  du  cor  j'adoucis  le  son. 

Tonton,  tonton, 

Tontaine,  tonton. 


CHANSONNETTES. 


299 


Les  Grâces  ne  se  prennent  guère 
Dans  les  filets  du  fanfaron. 
Tonton, 
Tontaine,  tonton. 

Philippou  la  Madeleine. 

Cette  chanson,  sur  le  même  air  quelaprécédente, 
est  de  Philippon  La  Madeleine,  l'un  des  convives 
des  Dîners  du  Vaudeville,  et  l'un  des  spirituels  au- 
teurs de  ce  théâtre,  qu'on  appelait  dans  ce  temps-là 
la  Boîte  à  l'esprit- 

Le  genre  a  bien  dégénéré  depuis.  Les  drames  lar- 
moyants et  la  grosse  bouffonnerie  ont  remplacé  les 
couplets  fins  et  délicats. 

Philippon  La  Madeleine,  qui  est  mort  en  1818, 
âgé  de  84  ans,  avait  conservé  jusqu'à  ses  derniers 
moments  1  a  grâce  et  la  vivacité  de  la  jeunesse,  et  tout 
le  charme  de  l'urbanité  française. 

La  musique  se  trouve  notée  au  N.  111*2  de  la  Clé 
du  Caveau. 


LE  LION-D'OR. 

Air  :  Heureux  habitants  des  beaux  vallons,  etc. 

Ce  n'est  qu'au  Lion-d'Or 
Que  le  plaisir  charme  la  vie, 

Sans  bruit,  sans  effort, 
On  y  brave  les  coups  du  sort. 
Sitôt  que  l'archet  vient  exhaler  son  harmonie. 

A  trois  sous  1'  cachet, 
On  peut  fair'  danser  son  objet. 

Au  premier  signal 
Du  bal 

Et  de  la  contredanse. 

On  saute,  et  d'un  bond, 
Crac,  on  prend  sa  place  au  grand  rond  ; 

On  s'  pose  adroit' ment, 
Vis-à-vis  d'une  connaissance  ; 

Puis,  artistement, 
On  balance  avec  sentiment. 

Avec  volupté 
Si  vot'  beauté 
Danse  et  s'élance, 
Si  par  la  chaleur 


Son  visag'  a  pris  d' la  couleur, 
D'un  litre  ou  d'un  broc  pour  lui  plaire  fail's  la  dépense, 
Et  ce  n'est  qu'un  prêt 
Dont  l'amour  vous  paie  l'intérêt. 

Afin  d'obtenir, 
Si  douc'ment  vous  lui  «lit's  :  Bobonne, 

Laisse-toi  fléchir  ! 
Impossibl'  de  n'  pas  réussir  , 

L'amour,  les  quinquets,  le  vin,  la  pou  ,  ière,  le    trombonne. 

Tout  vient  l'attendrir 
Et  l'éblouir 
Et  l'étourdir. 

Le  verre  à  la  main, 
Comme  sur  le  champ  de  bataille, 

Attaquez  soudain, 
Serrez-lui  tendrement  la  main... 
En  valsant 
Gaîment, 
Pressez-lui  doucement  la  taille, 

La  main  sur  son  cœur, 
Tâchez  de  d'viner  vot'  bonheur. 

Dans  e'  moment  si  doux 
Saisissant  un  mot,  une  œillade, 

Loin  des  r'gards  jaloux, 
Tâchez  de  tomber  à  ses  g'noux  ; 

Si,  là,  sans  courroux, 
Elle  accept'  du  veau,  d' la  salade, 

Vous  êt's  son  époux, 
Et  ça  vous  coût*  trois  livr's  dix  sous. 

R'gagnant  votr'  logis, 
De  cet  avis 

Qu'il  vous  souvienne, 

Si  certain  pochard 
De  votr'  beauté  voulait  sa  part  ; 

Ayant  prudemment 
Dans  un  lieu  sûr  mis  votre  reine, 

Pour  calmer  ses  feux 
A  coups  d  poings  pochez-lui  les  yeux 

Ce  n'est  qu'au  Lion-d  Or 
Que  le  plaisir  charme  la  vie, 

Sans  bruit,  sans  effort, 
On  y  brave  les  coups  du  sort. 


300 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Sitôt  que  l'archel  vient  exhaler  son  harmonie, 
A  trois  son*  I'  cachet, 
On  peut  fair'  danser  son  objet. 

Cogniatfi  frèrea  el  Jaime. 

Ce  rondeau  est  extrait  cie  la  Tirelire,  vaudeville 
en  un  act'\  >n  vente  chez  M.  Marchant,  éditeur, 
12,  boulevart  Saint-Martin.  Prix  :  50  o 

Les  neuf  derniers  vers  de  ce  rondeau  ne  sont  pas 
il.- MM.  Cogniard  frères  et  Jaime,  mais  bien  d'un 
chanteur  des  rues,  qui  a  cherché  à  rendre  le  ta- 
bleau plus  complet  pour  le  chanter  sans  la  pièce. 

La  musique,  de  Ch.  Plantade,  se  trouve  notée  au 
N.  1920  de  la  Clé  du  Cavt  ai  . 


LA  FÊTE  DU  VILLAGE. 

1845. 

C'est  aujourd'hui  la  fête  du  village; 
Préparez-vous,  filles  au  blanc  corsage  : 
Venez  danser,  car  sous  le  vert  feuillage 
Chaque  garçon  s'est  donné  rendez-vous. 

Amusez-vous,  faites  les  fous  ; 
Car  c'est  pour  vous  les  plaisirs  du  jeune  âge 

Annette et  puis  Lubin 
S'aimant  à  la  folie, 
Vont  lier  de  la  ^  ie 
Leur  avenir  demain  : 
Aujourd'hui  qu'on  apprête 
Cornemuse  et  musette, 
El  que  chacun  répète 
Au  son  du  tambourin  : 
C'est  aujourd'hui,  etc. 

Pour  signaler  ce  jour 
Offrons  à  la  madone 
De  fleurs  une  couronne  : 
Pour  encens .  notre  amour. 
Sainte  i  ierge  Marie, 
encor,  je  t'en  ; 
Le  hameau,  la  prairie  . 
D'un  bien  tendre  retour. 
i  aujourd'hui,  etc. 


Au  cabaret  voisin, 
Le  curé  du  village, 
Homme  modeste  et  sage, 
Trinque  avec  Mathurin  ; 
Près  de  lui  sa  servante, 
Que  le  diable  tourmente  , 
Pendant  qu'on  rit,  qu'on  chante 
Boit  comme  un  sacristain. 
C'est  aujourd'hui,  etc. 

On  donne  le  signal , 
Et  la  fête  commence  : 
Puis  chacun  entre  en  danse 
D'un  air  tout  jovial. 
Sitôt  que  midi  sonne, 
Au  loin  l'archel  résonne  : 
Soudain  chaque  personne 
Court  vers  l'endroit,  du  bal. 
C'est  aujourd'hui,  etc. 

Les  papas,  les  mamans, 
Sans  hâtons  ni  béquilles, 
Prennent  part  aux  quadrilles, 

Comnï  s'ils  avaient  vingt  ans  ; 
Les  danseurs,  les  danseuses, 
Les  valseurs,  les  valseuses, 
Aux  poses  curieuses , 
Passent  d  heureux  instants. 
C'est  aujourd'hui,  etc. 

Soudain  en  tapinois, 
ande  Jacqueline 
S'échappe  à  la  sourdine 
\mv  le  gros  François  : 
El  Bans  le  ministère 
Du  bedeau,  du  vicaire, 
Vont  fouler  la  bruyère 
Au  coin  du  petil  bois. 
C'est  aujourd'hui,  etc. 

Pour  terminer  gatmenl . 
La  fête  prinlannière, 
Il  faut  d'une  rosière 
i  m  beau  couronnement  ; 
On  la  veul  jeune  el  belle, 
I ïa  che,  el  surtout...  t'ulèlo; 


CHANSONNETTES. 


301 


Pas  une  demoiselle 
N'a  cautionnement. 

C'est  aujourd'hui  la  fête  du  village  ; 

Préparez-vous,  filles  au  blanc  corsage  ' 
Venez  danser,  car  sous  le  vert  feuillage 
Chaque  garçon  s'est 'donné  rendez-vous. 

Amusez-vous,  faites  les  fous, 
Car  c'est  pour  vous  les  plaisirs  du  jeune  agi 

Gioliua. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve 
chez  L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de- 
Nazareth. 


LETTRE  DE  Mlle  FÉLICITÉ,  COUTURIER!-; 

A  M.    ISIDORE,  COMMIS  MARCHAND  DE  SOIERIE. 


Amant  chéri,  mon  Isidore, 

Permets  que  ta  Félicité 

Ecrive  à  celui  qu'elle  adore 

Pour  s'informer  de  sa  santé. 

Ah!  comme  au  bal  de  l'Ermitage, 

Dimanch'.  tu  paraissais  troublé  ! 

Va,  c'  n'est  qu'  par  pur  enfantillage 

Qu'avec  Adolphe  j'ai  parlé. 

Ce  jeune  homme  est  plein  d'imprudence 

Jamais  il  ne  me  séduira; 

Je  sais,  par  son  inconséquence, 

Comme  il  compromet  Fœdora. 

Qu'un'  demoiselle  est  malheureuse 

Quand  ell'  pari'  avec  des  jeun's  gens, 

Qui  pour  peu  qu'elle  soit  jaseuse, 

Dis'nt  partout  qu'elle  a  des  amants. 

A  propos,  le  cousin  d'Eugène, 
Qui  vient  d'abandonner  Fan  ni, 
Hier  soir  est  venu  sans  gène 
M'offrit-  des  billets  d'  Franconi. 
J'avais  encore  d'un  corsage 
A  terminer  tous  les  œillets, 
Mais  j'ai  laissé  là  mon  ouvrage, 
Et  j'ai  profité  des  billets. 
J'ai  bien  d'viné,  cher  Isidore, 
Pourquoi  l' farceur  v'nail  m'engager, 


Mais  comm'  nous  étions  nous  deux  Flore, 

11  n'y  avait  aucun  danger.     . 

La  pantomime  était  jolie, 

Nous  avons  eu  beaucoup  d'  plaisir, 

Mais  la  poudre  et  la  caval'rie 

Font  un  bruit  à  vous  étourdir. 

Flore  en  avait  la  têt'  fendue 

Au  point  d'  manquer  de  s' trouver  mal. 

Si  bien  qu'  chez  elle  elle  est  r'venue 

Avec  une  fièvre  de  cheval. 

Excuse-moi  mon  orthographe, 

Car  l'encrier  était  à  sec, 

Et  j'ai  pris  d'  l'eau  dans  la  carafe, 

Pour  me  faire  un  peu  d'encre  avec. 

De  tristesse,  à  tout  moment  j'  pleure, 

Quej  voudrais  être  à  samedi  soir! 

Ne  manqu'  pas  d'  venir  de  bonne  heure, 

Tu  sais  que  1'  mien  est  de  te  voir. 

On  dit  qu'au  bal  de  la  Chaumière 

Le  public  sera  très  choisi. 

Laiss'-moi  deux  mots  chez  la  portière, 

Si  tu  n'  peux  pas  sortir  sam'di. 

Je  vais  terminer  ma  rob'  blanche, 
Et  je  puis  dir'  sans  vanité, 
Quej'  serai  joliment  mis'  dimanche, 
Toi,  soign'  ta  mise  de  ton  côté, 
Signé,  signé,  Félicité. 

Paroles  il'uu  anonyme* 

La  musique,  de  C.  Plantade,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  M.  Brullé,  éditeur,  16,passage  des  Panoramas. 


LES  COMPAGNONS  DE  VOYAGE. 


L'hymen  est  un  lien  charmant 

Lorsque  1  on  s'aime  avec  ivresse, 

Et  ce  n'est  que  dans  la  jeunesse 

Qu'on  peut  s'aimer  bien  tendrement,  [bis.) 

C'est  un  gentil  pèlerinage 

Que  l'on  entreprend  de  moitié; 

Peines,  plaisirs,  tout  se  partage.       (bis.. 

L'amour,  l'estime  et  l'amitié  V 

Sont  les  compagnons  du  voyage,      v     *' 


302 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Si  par  malheur,  chez  les  époux 
On  voit  naître  l'indifférence, 
Si  la  triste  et  froide  inconstance 
Succède  à  leurs  transports  si  doux,  [bis.) 
Plus  n'est  genlil  pèlerinage 
Qu'on  faisait  gaiment  de  moitié, 
.Mais  si  l'amour  devient  volage, 
Qu'au  moins  l'estime  et  l'amitié 
Restent  compagnons  du  voyage. 


(bis. 

{bis 


{bis  ) 

(bis. 
(bis.) 


Quand  j'ai  vu  naître  mes  enfants. 
M'immoler  devint  nécessaire. 
Je  connais  les  devoirs  d'un  père, 
Il  doit  tenir  tous  ses  serments! 
Dans  mon  triste  pèlerinage, 
Qui  fui  entrepris  de  moitié, 
Je  bénis  encor  mon  partage, 
Si  leur  bonheur,  leur  amitié 
Sont  mes  compagnons  de  voyage. 


Marsolller. 

La    musique,    de  Nicolo,    se  trouve    notée    au 
N.  361  de  la  Clé  du  Caveau. 


ON  EST  SI  MÉCHANT  AD   VILLAGE. 

1824. 

Je  n'ai  pas  encore  quinze  ans, 
Lucas  en  compte  seize  à  peine  ; 
Et  nos  troupeaux  en  même  temps 
Paissent  tous  les  jours  dans  la  plaine. 
Des  garçons  c'e  t  le  plus  prudent, 
Des  tilles  je  suis  la  plus  sage  ; 
Mais,  sur  nous  l'on  jase  pourtant 


On  est  si  méchant  au  village  I 

Lucas  danse-t-il  avec  moi, 
On  dit  que  c'est  par  préférence  : 
On  me  demande  aussi  pourquoi 
Je  suis  si  triste  en  son  absence. 
Souvent,  la  nuit,  je  ne  dors  pas: 
Si  l'on  Bavait  ça,  je  le  gage, 
On  dirait  que  j  aime  Lucas; 
On  esisi  méchai.l  au  village! 


[bû 


Un  jour  contre  un  loup  furieux 
Lucas  avait  pris  ma  défense; 
Aux  champs  nous  étions  seuls  tous  deux. 
Un  baiser  fut  sa  récompense. 
Mais  le  malheur  qui  nous  poursuit 
L'apprit  à  tout  le  voisinage  : 
Pour  un  seul  baiser  tant  de  bruit! 
Ah!  qu'on  est  méchant  au  village! 

Les  jeunes  garçons  d'aujourd'hui 
Me  causent  tant  de  défiance, 
Qu'au  bois  je  ne  vais  qu'avec  lui, 
Mais  on  blâme  encor  ma  prudence. 
Si  ma  mère  enfin  me  croyait... 
De  peur  qu'on  en  pari'  davantage, 
Avec  Lucas  me  marierait. 
On  est  si  méchant  au  village! 

A.  1%'audet. 


La  musique,  de   Romagnesi ,  se  trouve  notée  au 
N.  1988  de  la  Clé  du  Caveau 


LE  JARDINIER    FLEURISTE. 


Venez,  venez  dans  mon  parterre, 
Vous  qui  voulez  cueillir  des  fleurs; 
J'en  ai  de  toutes  les  couleurs, 
Et  qui  sont  dignes  de  vous  plaire; 
Elles  étalent  à  vos  yeux 
Leur  élégante  simétrie, 
Venez,  venez;  pour  être  heureux 
Il  faut  de  fleurs  (quater)  semer  la  vie. 

A  tous  les  goûts,  avec  adresse, 
Je  sais  assortir  mes  bouquets  ; 
Pour  les  galans  j'ai  des  muguets, 
Et  des  myrtes  pour  la  tendresse  ; 
Pour  les  jaloux  j'ai  des  soucis 
Des  pavots  pour  l'indifférence, 
L'immortelle  pour  les  amis  ; 
Pour  les  époux  la  patience. 


CHANSONNETTES. 


303 


J'offrirai  le  pâle  narcisse 
A  beaucoup  de  nos  jeunes  gens  ; 
Le  tourne-sol  aux  courtisans  ; 
Le  bouton-d'or  à  l'avarice  ; 
La  pensée  a  qui  parle  peu. 
Au  babillard  une  clochette, 
Et  d'après  le  commun  aveu, 
De  l'ellébore  à  tout  poète. 

A  l'ombre  d'un  bois  tutélaire, 
Pour  les  amis  du  bon  Rousseau, 
Je  protège  le  vert  rameau 
De  la  pervenche  solitaire  ; 
Pour  la  beauté  j'aurai  toujours 
Beaucoup  de  roses  purpurines, 
Et  pour  l'objet  de  mes  amours, 
J'eti  conserve  une  sans  épines. 

Paroles  d'un  anonyme. 


LE   LION    ET  LE    RAT. 

1845. 

AIR  :  Cest  la  mère  Michel  qu'a  perdu  son  chat. 
Ou  air     Fichons-nous  de  ça,  Ira  la  la. 

Obliger  tout  le  monde  est  fort  bon,  croyez-moi, 
On  peut  avoir  besoin  de  plus  petit  que  soi. 
A  plus  d'un  égoïste,  atteint  de  cécité, 
Par  un  exempt',  je  veux  prouver  c'te  vérité, 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la,       (bis .) 
Sur  l'air  du  Ira  déri,  déra,  tra  la  la. 

Un  peu  plus,  un  peu  moins,  nous  somm's  tous  étourneaux, 

Hormis  le  grand  Chicard  jouant  aux  domin  os  ; 
Un  jour,  à  1  étourdie,  un  rat  sorlit  du  sol, 
Dans  les  pattes  d'un  lion  en  fredonnant  en  sol. 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

A  moins  d'être  Carter,  qui  n'eût  alors  tremblé? 
Le  pantalon  du  rat  de  peur  était  mouillé, 
Et  le  pauvre  animal,  d'épouvante  transi, 
Ne  chantait  plus  en  sol,  mais  soupirait  en  si, 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Le  roi  des  animaux,  en  digne  potentat, 
Se  montra  généreux,  et  dit  au  petit  rat 


«Tu  pratiques  la  gamme,  et  j'aime  fort  cela , 
«Je  pourrais  te  croquer,  hé  bien!  restons  en  la, 
«  Sur  l'air  du  tra,  etc.  » 

Or,  à  la  liberté  l'avorton  fut  rendu  : 
Mais,nousdit-on,jamais  un  bienfait  n'est  perdu. 
Pourtant  le  carnassier  aurait  pu  spéculer 
Sur  un  petit  rongeur?...  bien  qu'il  sût  roucouler 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Il  advint  que  ce  lion,  au  sortir  des  forêts, 
S'embarlificota  dans  de  perfides  rets  ; 
Pour  rompre  les  cordeaux,  vainement  il  agit, 
En  Lablache  des  bois,  vainement  il  rugit, 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

Notre  rat  mélomane  aussitôt  accourut, 
Et  son  ami  le  lion,  par  ses  dents,  secourut. 
Témoignage  nouveau,  facile  à  constater, 
Qu'il  est  bon  desavoir  grignoter  et  chanter, 
Sur  l'air  du  tra,  etc. 

MORALITÉ. 

Pour  apprendr  l'obligeance,  allez  à  l'Opéra  : 

Là,  s'entr'aidant  Vun  l'autre,  on  peut  voir  lion  et  rai. 

Le  rat  est,  de  bijoux,  couvert  par  la  fashion; 
Puis,  après  le  spectacle,  il  rend  service  au  lion 
Sur  l'air  du  tra  la  la  la      (bis.) 
Sur  l'air  du  tra  déri,  déra,  tra  la  la. 

Edmond  Gaeonde. 


J'AI  PERDU  MON  GOUTIAU. 

Air  :  J'ai  cassé  mon  sabot. 

En  r'venant  du  château, 

R'conduisant  mon  troupeau, 

Jer'gardais  (bis)  l'un  batiau 

Qui  s'en  allait  sur  l'eau.  . 

Tu  sais  ben  c'tit  coutiau 

Qu'  papa  m'a  fait  cadeau. 

J'ai  perdu  mon  coutiaii.  (ter.) 

Ah  I  c'est  à  la  maison 
Qu'  va  y  avoir  du  bouillon. 


304 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Mais  queiiqu'  maman  va  dire  ; 
Papa,  c'est  encore  pire, 
Lui  qui  m'avait  d'Klbeuf, 
En  r'venant  par  batiau, 
Rapporté  c'til  coutiau, 
Qu'était  tout-a-fait  neuf. 
En  r  venant,  etc. 

Faut  que  j'  cherché  un  moyen 
De  repêcher  mon  bien. 
Ah!  j'  Baise'  que  j'  m'en  vais  faire: 
J'ai  mon  parrain  qu'est  notaire, 

L'  plus  savant  du  bameau. 
Je  lui  dirai  :  mon  parrain. 
Vous  qui  êtes  écrivain, 
Faites-moi  z'un  écrileau. 
En  r'venant,  etc. 

Afin  qu"  tout  ebacun  sacbe 
Que  c'  n'est  pas  un  eustache, 
Y  a  z'un  poteau  sur  la  route; 
Enfin  j'  vas  dessus,  coût'  que  coûte, 
Planter  mon  écriteau, 
Et  par  ce  moyen-là, 
Le  passant  qui  pass'ra 
Pourra  lire  d'en  haut  ■ 
En  r'venant  du  château, 
R'conduisant  mon  troupeau; 
J'ai  perdu  (6m)  mon  coutiau, 
J'  suis  François  l'Ëlourniau; 
11  y  a  z'un  son  pour  cadran  ; 
Rendez-moi  mon  coutiau. 

Itraxier  et  Gabriel. 

La  musique,  de  E.  Bérrat ,  se    trouve   notée  au 
N,  19G1  aela  Clé  du  Cav<  au. 


NON    JE   NE   VALSE    PAS. 


Non  je  né  false  pas 
El  je  voua  retnerci 
Puisqu'on  vent  qu>-  j'oublie 
Ce  plaisir  plein  d'appas, 
Ma  tante  observe  tous  mes  pas; 
La  valse  lui  déplaît,  j<  santé, 


J'obéis  à  ma  tante. 
Non,  monsieur,  je  ne  valse  pas. 
Quel  ennui,  quel  chagrin  ; 
11  faut  quand  on  m'invite, 
Refuser  au  plus  vile  , 
Moi  qui  valse  si  bien. 

Cette  danse  et  vive  et  joyeuse, 
Que  l'on  nous  défend  à  seize  ans, 
Je  le  vois  par  mainte  valseuse, 
on  la  permet  aux  graml'mamans   [bis.) 
Non  je  ne  valse  pas.  etc. 

Voyez  donc  cette  femme  énorme, 
lui  traînant  mon  petit  cousin  : 
11  faut  la  mettre  à  la  réforme, 
Ils  vont  tomber,  c'est  bien  certain,   bù.) 
Non  je  ne  valse  pas,  etc. 

Plus  loin  la  grotesque  tournure! 
Je  crois  qu'en  province  on  est  mieux  , 
Que  du  moins  elle  aille  en  mesuré'; 
Car  à  Paris  c'est  scandaleux,  (bis.) 
Non  je  ue  valse  pas,  etc. 

D'un  notaire,  voici  l'épouse, 

Bien  que  ses  yeux  soient  de  travers, 

Elle  ilanse  et  valse  pour  douze, 

Grâce  au  dévoûmènt  <h'  ses  clercs,  (bis.) 

Non  je  ne  valse  pas 

Et  je  vous  remercie; 

Puisqu'on  veut  que  j'oublie, 

Ce  plaisir  plein  d'appas. 
Ma  tante  observe  tous  mes  pasj 
La  valse  lui  déplaît,  je  suis  obéissante, 

J'obéis  a  ma  taule. 
Non  monsieur,  je  ne  valse  pas. 

Quel  ennui,  quel  chagrin, 

Il  faul  quand  on  m'invite, 

Refuser  au  plus  vite  ; 

Moi  qui  valse  si  bien  ! 

tmédéc  «le  Heauplan. 

La  musique,  de  l'auteur  des  parolei 
chai  M.  J.MeJ  (sonniei  (Us,  éditeur,  1 1* ,  r.  Daupldne 


Paris  —  Imprimerie  de  I'illet  fils  atné,  modes  Grands-Au^ustins,  S. 


J'  SIS  AMOUREUX 


1846. 


Mam'zell',  que  je  sis  heureux, 
De  vous  j' sis  amoureux  ! 
Ah  !  oui,  vraiment,  j'  sis  ben  heureux, 
Pisque  d'  vous  j'sis  amoureux  : 
Ah  !  vraiment,  j'  sis  ben  heureux, 
Pisque  d'  vous  j'  sis  amoureux  !  {bis.) 

Quand  j*  vous  ai  vu'  z-à  la  prom'nade, 
Ma  têt'  tourna  comm'  mon  moulin; 
Pendant  huit  jours  j'en  fus  malade, 
Et  mon  pauvr'  cœur  fut  dans  1'  pétrin  ! 

Vous  étiez  si  drôlètte 

Dans  vos  biaux  affiquets, 

QuJ  j'en  pleurais  com'  un'  bête 

Sitôt  que  j'  vous  voyais. 
Mam'zell',  etc. 

Mam'zell',  je  voudrais,  pour  vous  plaire, 
Etr'  voltigeur  ou  guernadier, 
Et  si  jamais  j'  pars  pour  la  guerre, 
Je  saurai  bien  ni'  couvrir  d' laurier. 

A  la  premier'  boulette 

De  la  poudre  en  courroux, 

J' prendrai  eeli' d'escampette 

Pour  ètr'  plus  tût  près  d'  vous. 
Mam'zell',  etc. 

Vus  lèvr's  sontroug's  comm'  des  groseilles, 
Et  vus  jours  connu'  des  pomm's  d'api; 
J'adore  aussi  vos  belles  oreilles, 
Vos  p'tits  yeux  m'  font  perdr'  l'appétit. 

Ma  figur  peut  n'  pas  plaire 

Mais  du  moins  1'  cœur  est  bon  ! 

A  l'écorce  on  n'  jug'  guère 

De  la  valeur  du  m'ion. 
Mam'zell',  etc. 

Pour  dot  aujourd'hui,  moi,  j'  vous  offre 
Mon  an',  mon  cœur  et  cent  louis  d'or  : 
■1  ai  mis  tout  ç  i  dans  un  petit  coffre, 
El  trois  pourciaux  qu'  j'y  joins  encor. 

105 


Mais  je  vous  vois  sourire, 
Vous  m'  tendez  vot'  p'tit'  main, 
Oh  !  j'  vous  promets  d'  vous  dire 
Longtemps  après  l'hymen  : 

Mam'zell',  que  j' sis  heureux, 
De  vous  j'  sis  amoureux! 
Ah!  oui,  vraiment,  j'  sis  ben  heureux; 
Pisque  d'  vous  j'  sis  amoureux  ; 
Ah  !  vraiment,  j'  sis  ben  heureux, 
Pisque  d'  vous  j'  sis  amoureux! 

Marc-Constantin. 

I.a  musique,  de  Marquerie,  se  trouve,  à  Paris,  chez  M.  Heu- 
?el,  éditeur,  rue  Vivienne,  2  bis. 


LES  PETITS  CHANTEURS  DES  RUES 

1827. 

Point  de  chagrin, 

C'est  mon  refrain, 
On  nous  bat  quand  nous  sommes  tristes. 
Vous  qui  protégez  les  artistes, 
Ecoutez  les  accents  joyeux 
Des  pauvres  petits  malheureux.  (bis) 

Encouragez  notre  délire, 
Nous  sauterons  comme  des  fous; 
Dans  notre  état  nous  faisons  rire, 
Pour  que  l'on  ait  pitié  de  nous. 
Point  de  chagrin,  etc. 

Tout  seuls  parfois,  baissant  la  tête. 
Nous  nous  mettons  à  sangloter, 
Mais  devant  nous  dès  qu'on  s'arrête, 
Nous  recommençons  à  chanter... 
Point  de  chagrin,  etc. 

Ma  sœur  va  danser  pour  vous  plaire, 
Moi  j'imite  Paganini, 
Nous  avons  perdu  notre  père, 
Et  maman  est  bien  loin  d'ici. 
Point  de  chagrin,  etc. 

t.  ii.   —  4G. 


sor. 


CHANSONS 


Si  nous  ne  faisons  pas  merveilles, 
Messieurs,  excusez  nos  défauts  ; 
Venlrc  affamé  n'a  pas  d'oreilles, 
C'est  pourquoi  je  j  >ue  un  peu  faux 
Point  de  chagrin,  etc. 

Pour  tâcher  à  notre  demeure 
De  rapporter  un  sol  ou  deux, 
Nous  allons  chanter  tout  à  l'heure 
Que  les  gueux  sont  des  gens  heureux. 

Point  de  chagrin 

C'est  mon  refrain, 
On  nous  bat  quand  nous  sommes  tristes, 
Vous  qui  protégez  les  artistes 
Ecoutez  les  accents  joyeux 
Des  pauvres  petits  malheureux.       {bis.) 

F.  »c  t'ourcy. 

La  musique,   de  Plantade,  se   trouve,  à  Paris, 
chez  M.  Brullé,  éditeur,  10,  passage  des  Panoramas. 


LA  DEMANDE  EN  MARIAGE. 

1842. 

demse,  avec  volubilité. 

Vous  me  demandez  en  mariage  : 

Je  suis  bien  sensible  à  votre  hommage, 

Monsieur  Nicolas, 
Mais,  je  ne  vous  le  cache  pas, 
Je  suis  dans  un  grand  embarras  ; 
Car  c'est  pour  longtemps  <iu'on  se  marie; 
11  faut  donc  un  peu  de  sympathie  ; 

Je  crains,  entre  nous, 
Que  lorsque  nous  serons  époux, 
Nous  n'ayons  pas  les  mêmes  goûts  : 
Ah  !  je  suis  bonne  ménagère  ! 
Mais  j'ai  la  télé  un  peu  légère; 
l'aime  à  changer,  à  toute  heure,  en  tous  temps, 
Et  de  bonnets  et  de  rubans; 


POPULAIRES. 

ï         J'aime  aller  à  toutes  les  fêtes, 
J'aime  avoir  de  belles  toilettes, 
Et,  pour  me  plaire,  il  faudrait  tous  les  jours 
Nouveaux  plaisirs,  nouveaux  atours? 

Nicolas,  très  tranquillement . 


Vous  en  aurez  tant  que  vous  voudrez, 

Même  davantage  ; 

Si  ça  vous  plaît, 

Si  ça  vous  plaît, 
Mon  Dieu!  ça  me  plaira; 
C  n'est  pas  ça  qui  nous  empêch'ra 
D'être  heureux  en  ménage  ! 


[bis.) 


DENISE. 


Écoutez,  ce  n'est  pas  tout  encore  ■ 
J'ai  plus  d'un  défaut  que  l'on  ignore; 

Je  veux,  sans  mentir, 
Aujourd'hui  vous  en  avertir. 
Pour  n'avoir  aucun  repentir. 
Au  fond,  j'ai  le  meilleur  caractère; 
Seulement,  je  me  mets  en  colère; 
Mais...  en  vérité, 
C'est  plus  fort  que  ma  volonté, 
Et  nécessaire  à  ma  sanlé! 
Je  n'ai  pas  l'humeur  difficile  ; 
Mais...  j'aime  que  l'on  soit  docile, 
Et  qu'on  approuve,  en  ne  grondant  jaunis, 
Ce  que  je  dis,  ce  que  je  fais. 
Je  cède  en  tout,  sans  qu'on  me  prie  ; 
Mais...  sitôt  qu'on  me  contrarie, 
J'ai  la  main  prompte  et...  si  je  le  donnais... 
J'en  serais  bien  fâchée  après!... 

Nicolas,  très  tranquillement. 


Vous  me  battrez  tant  que  vous  voudrez, 
Même  davantage; 
Si  ça  vous  va, 
Si  ça  vous  va, 
Mon  Dieu!  ça  me  plaira; 
C  n'esl  pas  ça  qui  nous  empêch'ra 
D'être  heureux  eu  ménage! 


[bis.) 


CHANSONNETTES. 


307 


DENISE. 

Monsieur  Nicolas,  je  vous  honore; 
Mais  Iiélas!  ce  n'est  pas  tout  encore: 

C'était  mon  secret; 
Mais  puis-je  en  avoir  sans  regret 
Pour  un  prétendu  si  parfait? 
Autrefois,  un  garçon  du  village 
Me  recherchait  pour  le  mariage, 

Lorsque,  par  malheur, 
Sous  les  drapeaux  de  la  valeur, 
Il  partit  avec  l'empereur. 

(Avec  embarras.) 

S'il  faut  ici  ne  vous  rien  taire, 
Il  avait  le  don  de  me  plaire; 
En  le  quittant,  bien  longtemps  je  pleurai, 
Et  lui  Ois.  :  ie  vous  attendrai!... 
Qu'est -il  devenu?  je  l'ignore; 
Mais  je  crois  que  j'y  pense  encore.  . 
Et  je  ne  puis,  malgré  moi,  je  le  sens, 
Penser  à  d'autres  de  longtemps  ! 

Nicolas,  après  une  pause  et  un  gros  soupir. 

Vous  m'aimerez  quand  vous  le  pourrez... 
Et  pas  davantage! 
Et  jusques-là, 
Aimant  pour  deux,  mon  cœur  vous  attendra 
C  n'est  pas  ça  qui  nous  empêch'ra 
D'être  heureux  en  ménage  ! 

denise,  très  émue. 


{bis.) 


\h  !  c'en  est  trop  !  je  vous  rends  les  armes  ; 

iiiije  suis  touchée...  et  jusqu'aux  larmes!.. 
Se  montrer  si  doux!... 
Jamais  je  ne  vis,  entre  nous, 
Un  si  galant  homme  que  vousl 
De  tant  de  bonté  je  suis  confuse... 
J'étais  une  ingrate!...  et  je  m'accuse!.. 

Je  ne  puis  vraiment 
Vous  dire,  ici,  quel  sentiment 
Mon  cœur  éprouve  en  ce  moment. 
Est-ce  de  la  reconnaissance? 
Est-ce  de  l'amour  qui  commence  ! 


Je  n'en  sais  rien,  mais  bien  sûr,  pour  époux, 
Je  n'en  veux  plus  d'autie  que  vous  ! 
Et  pour  vous  en  donner  un  gage, 
Je  n'y  puis  tenir  davantage. 
Il  faut  ici,  dans  l'instant,  me  laisser 
De  tout  mon  cœur  vous  embrasser! 

Nicolas,  tranquillement. 

Embrassez-moi  tant  qu'il  vous  plaira, 
Même  davantage! 
Si  ça  vous  va, 
Ce  qui  vous  va, 
Mam'zell',  toujours  m'ira; 
C  n'est  pas  ça  qui  nous  empêch'ra 
D'être  heureux  en  ménage  ! 

Gustave  Lentoine 


\(bis.) 


La  musique,  de  Mlle  Loïsa  Puget,  se  trouve  chez 
M.  J.  Meissonnier,  éditeur,  rue  Dauphine,  22. 


UN  HOMME  SENSIBLE. 


1843. 
Air  :  El  voila  comme  toul  s'arrange. 

Être  sensible  c'est  fort  bien, 
Mais  l'excès  en  tout  est  nuisible  , 
Avec  un  cœur  comme  le  mien, 
Le  bonheur  devient  impossible. 
Je  plains  l'écolier  dissipé; 
Pour  l'avenir  triste  présage  ; 
Je  plains  l'honnête  homme  dupé, 
Mais  les  ingrats  qui  l'ont  trompé, 
Je  les  plains,  hélas!  davantage. 


■(bis.) 


Je  plains  le  marchand  éperdu 
En  voyant  tomber  son  commerce; 
Je  plains  le  caniche  perdu 
Surpris  par  la  neige  ou  l'averse  ; 
Les  élus  de  la  nation 
Qu'on  injurie  et  qu'on  outrage, 
Excitent  ma  compassion. 
Mais  les  bourgeois  en  faction, 
Je  les  plains,  hélas!  davantage. 


30S 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Je  compatis  a  la  douleur 
Dos  cires  souffrants  et  débiles. 
Ainsi  qu'à  celle  du  censeur, 
Qui  lit  par  jour  vingt  vaudevilles. 
Soovenl  je  soupe  aux  embarras 
De  l'indigent  dans  son  ménage, 
Avec  cinq  enfants  sur  les  bras. 
Mais  les  riches  qui  n'en  ont  pas, 
Je  les  plains,  hélas I  davantage. 

Au  mot  de  choléra  morbus, 
Pour  tous  mes  amis  je  frissonne  , 
Je  plains  les  chevaux  d'omnibus, 
Lorsque  le  mot  complet!  résonne. 
Je  plains  l'auteur  au  désespoir 
D'entendre  siffler  son  ouvrage. 
Je  plains  l'amoureux  sans  espoir. 
Mais  vous  qui  m'écoutez  ce  soir, 
Je  vous  plains,  hélas!  davantage. 

Eugène  Wésauglers. 

La  musique,  de  Paul  Ilenrion,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  M.  Colombier,  éditeur,  6,  rue  Vivienne 


C'EST  DES  BÈTIS'S  D'AIMER  COMM'  CA. 


J'entends  dire  que,  sur  la  terre  , 
11  faut  aimer  pour  être  heureux  , 
Faut  croir'  que  je  n'  m'y  connais  guère. 
Car  c'  bonheur-là  m'  rend  malheureux; 
Depuis  que  la  fille  à  Simonne 
Auprès  de  mon  moulin  passa,  (bis.) 
Je  n'ai  plus  d'  cœur  à  la  besogne  ; 
C'est  des  bétis's  d'aimer  comm'  ça,  (bis.) 
D'aimer  comm'  ç.à. 

J'étais  le  plus  gros  du  village 

Avant  qu' j'aie  Y  malheur  d'êtro  heureux, 

.1   |>  isaia  plus  d'  trois  cents  livres  j'  gage  , 

Qu'à  présent  je  n'en  pès'  pas  deui  - 

Ben  loin  qu'  mon  embonpoint  ne  r' rien  ne, 

J>-  roii  q'  bientôt  partant  de  ça 

J'  pes'rai  plus  rien  du  tout,  morguienne  1 

C'est  des  bêtia  b  d'aimer  comm'  ça. 


L'amour  c'est  de  la  diablerie  ; 
Depuis  qu'  j'en  ai  j'  pens'  plus  à  rien  ; 
J'ons  oublié  dans  l'écurie 
L'âness'  qui  me  servait  si  bien! 
Pendant  trois  grands  jours  sans  pitance, 
La  pauvre  bête  trépassa  !  !  ! 
J'ons  causé  la  mort  d' l'innocence; 
C'est  des  bètis's  d'aimer  comm'  ça. 

Avant  que  Suzon  ne  m'enflamme, 
Mon  moulin  faisait  tout  mon  bien; 
Son  tic  tac  réjouissait  mon  âme, 
El  j'y  chantais  drès  le  matin. 
\ 'là  qu'aujourd'hui  son  bruit  m'osline  , 
Dans  mon  cœur  son  tic  lac  passa  ; 
Mais  celui-là  n'  fait  pas  d'  farine; 
C'est  des  bètis's  d'aimer  comm'  ça. 

On  me  l'offre  ben  en  ménage, 
Mais  je  voulais  vivre  garçon  : 
Je  pensais  que  c'était  plus  sage, 
Et  je  crois  que  j'avais  raison. 
Aux  grands  maux  faut  un  grand  remède  , 
Le  proverbe  ainsi  le  pensa. 
J'vas  l'épouser  pour  qu'  l'amour  cède. 
C'est  des  bètis's  d'aimer  comm'  ça. 
Polak. 

La  musique,  d'Edmond  L'huillier,  se  'trouve,  à 
Paris,  chez  Joly,  éditeur,  9,  rue  de  Seiue-Saint- 
Germain 


LE  CLERC  DE  NOTAIRE  Ali  CLAIR  DE  LUNE. 

1810. 
Air  :  L'aslrc  du  nuiti  la  Sentinelle). 

L'astre  des  nuits,  de  son  disque  argenté, 
Lançait  des  feux  sur  la  Seine  et  la  Marne, 
Un  jeune  clerc,  rêvant  à  s;:  -beauté, 
Chantait  ainsi  la  tôle  à  sa   lucarne  : 
Pigeon,  vole,  vole  à  ma  voix, 
Auprès  de  Vénus  endormie, 
Dis  que  je  veille  sous  les  toits     (bis.) 
Pour  l'amour  et  pour  mon  amie, 
Pour  mon  amie. 


CHANSONNETTE?. 


309 


Dans  les  plaisirs  les  uns  passent  les  nuits, 
D'autres  en  paix  se  livrent  à  Morphée; 
Mais  cet  amant,  pour  charmer  ses  ennuis, 
Chantait  ainsi,  comme  un  second  Orphée  : 
Pigeon,  vole,  etc. 

du  jour  ramène  les  travaux  ; 
Demain  il  faut,  suivant  notre  coutume, 
Me  signaler  par  des  actes  nouveaux  ; 
Mais  si  je  meurs  à  côté  de  ma  plume, 
Pigeon,  vole  comme  un  zéphir, 
Va,  dans  le  sein  de  ma  patrie, 
Dire  que  mon  dernier  spupir      (bis.) 
Fut  pour  l'étude  et  mon  amie. 

Casimir  Méncstrier. 

La   musique,  de  Choron,    se   trouve  notée  au 
N.  2 US  de  la  Clé  du  Caveau. 


GIGISTE  OU  LE  VRAI  MOUTARD  DE  PARIS. 

1834. 

Connaissez- vous  l's  amis 

Le  moutard  fie  Paris? 

Connaissez-vous,  l's  amis, 

Le  moutard  de  Paris  ? 

Le  moutard  le  moutard, 

Le  moutard,  de  Paris? 
Ep!  touptouptouplouptouptouplouptouptoup. 
Ehldougdougdougdougdougdougdougdougdoug. 

Voyez  c'  mossieu  qui  fait  sa  tête, 

Avec  son  air  sournois  et  bête  ; 

Demandez  donc  à  ce  faquin 

S'il  est  de  Prague  ou  de  Pékin. 

S'il  a  des  bott's  j'ai  des  savates, 

J'  mépris'  son  ling'j'  port'  pas  d' cravates, 

Mais  j'avou'  mon  pays, 

J'  suis  moutard  de  Paris. 

Mais  j'avou'  mon  pays, 

J'  suis  moutard  de  Paris. 
J'  suis  moutard,  etc. 

On  m'  voit  jouer  à  la  pigoche  ; 
On  m'  voit  coller  une  taloche  ; 


Et  su  1'  boulevart  tous  les  matins 
Je  dame  Y  pion  aux  plus  malins. 
A  la  Gaîlé,  au  dernier  acque, 
Je  crie  à  mort  :  demandez  Y  flaque. 

Vlà  les  droits  réunis 

Du  moutard  de  Paris. 

Vlà  les  droits  réunis 

Du  moutard  de  Paris. 
Du  moutard,  etc. 

Quand  mon  esprit  est  en  bamboche, 

A  tous  les  cornichons  j'  m'accroche  ; 

De  l'épicier  j'  crève  les  carreaux 

Et  j'y  dis  :  Combien  tes  pruneaux? 

Et  si  la  fureur  le  transporte 

L'  soir  je  pose...  un'  corde  à  sa  porte.., 

Vlà  1'  pass'-temps,  mes  amis, 

Du  moutard  de  Paris. 

Vlà  1'  pass'-temps,  mes  amis, 

Du  moutard  de  Paris. 
Du  moutard,  etc. 

Quand  un  vieux  roi  dans  son  délire 

Osa  des  lois  braver  l'empire, 

Au  cri  de  liberté  qui  part, 

Surgit  notre  vieil  étendard. 

Un  moutard,  échappé  de  l'école, 

Ressuscitait  Y  beau  nom  d'Ârcole. 

Ah  !  qu'ils  étaient  beaux  l's  amis, 

Les  moutards  de  Paris. 
Qu'ils  étaient  beaux,  l's  amis, 
Les  moutards  de  Paris. 
Les  gamins,  les  enfants, 
Les  moutards  de  Paris. 
En  avant,  marchons 
Contre  leurs  canons, 
A.  travers  le  fer,  le  feu  des  bataillons, 
Volons  à  la  victoire! 
Eh!  toup  toup  toup  toup  toup  toup  toup  toup  toup. 
Ehîdougdougdougdougdougdougdougdougdong. 

Kdouard  Uonve. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve 
chez  L,  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de- 
Nazareth. 


RIO 


CHANSONS   POPULAIRES. 


LES  GRENOFIILGS  Qll  DEMANDENT  IN  ROI. 

1845. 
Air  :  Aussitôt  que  la  lumière. 

Un  certain  jour  les  grenouilles, 
Après  mille  coi,  coi,  coi, 
Se  prosternent,  s'agenouillent, 
Priant  pour  avoir  un  roi. 
Faut-il  qu'un  peuple  soit,  bête, 
Quand  il  peut  se  passer  d'  ça, 
D'aller  se  rompre  la  tète, 
Pour  dépenser  plus  qu'il  n'ai 

Le  dieu  Jupin  est  bon  diable; 

Il  lui  vint  donc  au  cerveau 

D'envoyer  au  préalable 

A  ce  peuple  un  soliveau. 

Le  roi  fit  du  bruit  dans  l'onde; 

Le  peuple  s'en  agita, 

Puis,  comm'  d'autres  en  ce  monde. 

Le  bon  prince  en  resta  là. 

Le  peuple,  bon  camarade, 
Bientôt  l'aborde  en  chemin, 
El  plus  lard  il  se  hasarde 
Jusqu'à  lui  donner  la  main. 
Le  roi  ne  dit  rien  encore, 
Car  ce  brav'  n'était  pas  fier, 
Et  faisait  voir  des  l'aurore 
A  sa  majesté  1'  grand  air. 

Aussitôt  h  la  irihune 
Sautent  tous  les  députés, 
En  discours  pleins  d'amertume 
II-  traitent  la  royauté  : 
Jupiter,  c'est  donc  pour  rire, 
Ce  roi,  par  irons  envoyé, 
Ni   l'ait  rien,  ne  sait  rien  dire. 
Faudra- t-il  donc  le  payer? 

Jupiter  ni  dans  sa  barbe 
l  h  voyant  tout  cet  éclat, 
Puis  va  dans  le  corps-de-garde 

Choisir  un  grand  potentat; 


Lancé  dans  le  marécage 
Il  y  l'ait  un  tel  gâchis. 
Qu'il  met  les  uns  en  potage 
El  les  autres  en  salmis. 


MORALE. 

On  connaît  ce  qu'on  possède, 
On  n'  sait  pas  ce  qu'on  aura; 
Pour  guérir  on  prend  un  r'mède. 
Le  remède  vous  tuera  ; 
On  est  mécontent  d'  sa  femme, 
On  la  chang'  ;  cell'  qui  viendra, 
Vous  fera  damner  votre  ârne 
Et  l'autre  s'en  réjouira. 

Pluchonncaa  de  Rochfor  ei  Ht  Mait. 


BONJOUR  ET   BONSOIR, 

1846. 

Vivre  au  jour  le  jour, 

C'est  ma  méthode, 

Elle  est  commode, 
Vivre  au  jour  le  jour, 
Pour  les  plaisirs  et  pour  l'amour, 

Toujours  bon  gaillard, 

Bavard  égrillard, 

Quelquefois  pochard, 

Toujours  bon  gaillard, 

Bavar  I,  égrillard. 
Voilà,  voilà  Gaspard. 

Le  ciel  m'a  fait  cadeau 

D'un'  solide  caboche, 

Kl,  pour  voir  loiit  en  heaii, 

De  noyaui  dans  ma  poche; 
Aussi,  l'  cii'iir  plein  d'espoir, 
J'  dis  du  malin  au  soir, 
Bon  jour  a  la  bamboche; 
El  au  chagrin  bonsoir. 
Vivre"  au  jour,  etc. 


CHANSONNETTES. 


311 


.  aime  la  gaîté,  le  bruit... 
J'aime  femme  jolie... 
J'aim'  le  sommeil,  la  nuit, 
Et  le  jour  la  flânerie...' 
Un  petit  goulot  noir 
Me  fait  plaisir  à  voir  : 
Bonjour,  liqueur  chérie, 
Mais  quant  à  l'eau,  bonsoir. 
Vivre  au  jour,  etc. 

Je  suis  toujours  content 
Quoiqu'on  dise  et  qu'on  fasse  ; 
Citoyen,  bon  enfant, 
J'  n'ai  ni  grade,  ni  place. 
Quand  la  garde  à  son  d'voir 
Se  rend...  j'aime  à  la  voir; 
J'  dis  bonjour  quand  elle  passe, 
Mais  la  monter...  bonsoir. 
Vivre  au  jour,  etc. 

Mais,  dans  quelque  vingt  ans, 
J'aurai  la  gross'  bedaine, 
Les  cheveux  grisonnants, 
De  moutards,  un'  douzaine  ; 
C  n'est  qu'en  rêvant  le  soir 
Que  je  pourrai  revoir 
Quelqu'amoureuse  fredaine; 
Mais  au  réveil,  bonsoir. 

Vivre  au  jour  le  jour, 

C'est  ma  méthode, 

Elle  est  commode, 
Vivre  au  jour  le  jour, 
Pour  les  plaisirs  et  pour  l'amour  ; 
Toujours  bon  gaillard, 
Bavard,  égrillard, 
Quelquefois  pochard, 
Toujours  bon  gaillard, 
Bavard,  égrillard, 
Voilà,  voilà  Gaspard. 

Corniou  et  Chabot. 

La    musique  ,    de  Couder,    se  trouve,  à  Paris, 
chez  M.  Pâté,  éditeur,  14,  passage  du  Grand-Cerf. 


MAMZ'ELLE  MARIE. 

1829. 

Pour  vous  aimer,  mam'zell'  Marie, 
Je  I'  sens  ben  là  z'i  n'  faut  qu'un  cœur 
Plein  de  votre  image  chérie, 
Qui  n'  rêv'  toujours  qu'à  votr'  bonheur; 
Qui  rêve  et  prie  ! 

Vous  vous  moquez  de  mon  amour, 
Et  tous  les  soirs  à  la  veillée 
J'  voyons  pus  souvent  qu'à  mon  tour, 
Par  vous  ma  constance  raillée . 
Ah  !  j'  nons  par  l'air  si  déluré, 

Que  1'  voisin  Pierre, 

Qu'à  su  vous  plaire, 
Je  n'  somm'spas  biau,  c'est  encor  vrai. (M*.) 

Pour  vous  aimer,  etc, 

Si  Jean-Pierre  a  z'un  bon  magot, 
S'il  dans  ben  aux  fèt's  du  village, 
S'il  chante  ben ,  s'il  n'est  pas  sot, 
Y  n'a  pas  plus  qu'  moi  du  courage!... 
Ah  !  j'  tournons  mal  un  compliment, 

N'  sachant  plus  qu'  dire 

Alors  j'  soupire  .. 
Et  j'  vous  fais  rire  joliment.      (bis.) 

Pour  vous  aimer,  etc. 

Vous  n'  m'aim'rez  point,  avez-vous  dit  ; 
De  mon  rival  vous  s'rez  la  femme. 
Par  vous,  méchante,  être  maudit... 
Ah!  t'nezmam'zellevous  m'  navrez  l'âme, 
D'amour,  dit's-vous,  on  ne  meurt  pas  ! 
Nous  êt's  cruelle 
Autant  que  belle, 
Seigneur- mon  Dieu  vous  perdre,  hélas  !  (bis.) 
Pour  vous  aimer,  etc. 

Des  pleurs?...  qui  vous  fait  tant  chagrin? 
Pierr'  va  partir  pour  la  milice... 
Vous  l' pleurez  lui,  vous  l'aimez  ben, 
Faut  donc  que  mon  sort  s'accomplisse... 
J'allons  l'  tirer  de  c'  mauvais  pas  ■ 

Afin,  d'  vous  plaire 

J'  pars  pour  Jean-Pierre  , 
Vous  l'avez  dit:  op  u'en  meurt  pasl...  (bis.) 


312 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Pour  vous  aimer,  mam'zelle  Marie, 
Je  l' sentais  là,  z'i  n'  faut  qu'un  cœur 
Plein  de  votre  image  chérie  ; 
Qui  n'  rôv'  toujours  qu'à  votr  bonheur, 
Qui  rêve  et  prie! 

Uoudiu. 

La   musique,  de  Darcier,  se  trouve  à  Paris, chez 
M.  Heugel  rue  Yivienne,  2  bis. 


LES  AMANTS  DE  TOURS. 


Ce  n'est  point  une  histoire  , 
Il  est  de  constantes  amours 
Au  milieu  de  la  Loire 
Tout  près  de  Tours. 

En  sortant  de  la  ville, 
Comme  un  bouquet  de  fleurs, 
On  aperçoit  une  île, 
Aux  brillantes  couleurs. 
C'est  là  qu'unis  ensemble 
El  vivant  en  commun, 
Le  même  goût  rassemble 
Deux  cœurs  n'en  faisant  qu'un. 
Ce  n'est  point,  etc. 

Sous  leurs  toits  de  bruyère 
Un  rien  les  rend  heureux  ; 
Voir  couler  la  rivière 
Est  un  bonheur  pour  eux. 
D'innocence  infinie 
Chacun  d'eux  est  doué, 
C'est  Paul  et  Virginie 
Ou  Daphis  et  Chloé. 
Ce  n'est  point,  etc. 

A  pas  lents  sur  la  plage 
On  les  voit  s  on  aller, 
Se  tenant  un  langage 
Qu'eus  seuls  peuvent  parler. 
Cei  amants  de  Touraine, 
Avant  même  hasard, 
Même  l'UMir,  même  peine, 
'  sont  deus  canards. 


Ce  n'est  point  une  histoire, 
Il  est  de  constantes  amours 
Au  milieu  de  la  Loire 
Tuut  près  de  Tours. 

Emile    Uurutcau. 

La  musique,  de  Charles  Plantade,  se  trouve,  à 
Paris,  chez  M.  E.  Muyaud,  éditeur,  7,  boulevart 
des  Italiens. 

r»'W,)».»i. 


JE  PRENDS  TOUT  DANS  MES  FILETS. 

1827. 

Les  pêcheurs  de  toutes  nos  rades 
Devant  moi  baissent  pavillon. 
De  mon  talent,  chers  camarades, 
Vous  voyez  un  échantillon  : 
Saumons,  turbots,  fines  anguilles, 
Tour-à-tour  tombent  dans  mes  rets; 
Et  même  jusqu'aux  jeunes  tilles... 
Moi  je  prends  tout  dans  mes  lilels. 

Ces  messieurs  se  vantent  sans  cesse  ; 
Mais  quelquefois  les  orgueilleux 
Ont  la  preuve  que  pour  l'adresse 
Nous  pouvons  lutter  avec  eux. 
Ils  sont  bien  fins,  à  les  entendre  ; 
Mais,  quelques  petits  airs  coquets, 
Un  doux  sourire,  un  regard  tendre... 
Les  voilà  pris  dans  nos  filets. 

Ah  !  malgré  l'exemple  des  hommes, 
Point  de  ruses,  point  de  détours. 
Ici-bas,  tous  tant  que  nous  sommes, 
Nous  devons  triuut  aux  amours. 
Acquittons  franchement  la  dette  : 
Livrée  à  de  cruels  regrets, 
11  vient  un  jour  où  la  coquette 
Se  prend  dans  ses  propres  lilels. 

.lloreuu   et  l.ufortelle. 

Extrait  de  Masaniello  ou  le  Pêcheur  napolitain, 
opéra  historique  en  4  actes,  en  vente  chez  M.  Tresse, 
,r.  2  et  3,  galerie  de  Chartres,  Palais-Natio- 
nal. Prix:  60  cent. 


Parti  — Imprimerie  de  Piutl  fils  atné,  rue  des  Grands-AuRiisiins,  .f>. 


LA  PEINE  ET  LE  PLAISIR. 

Pourquoi  faut-il  ici  bas  que  la  peine 

Soit  si  souvent  compagne  du  plaisir  ? 

C'est  qu'il  n'est  pas  de  vrai  plaisir  sans  peine, 

Il  est  pourtant  des  peines  sans  plaisir  : 

Celui  qui  n'a  jamais  connu  lu  peine, 

Jamais  uou  plus  u'a  connu  le  plaisir.        (bis.) 

Plaisir  d'amour  souvent  se  change  en  peine, 
Peine  d'amour  parfois  est  un  plaisir; 
Sensible  cœur  sent  vivement  sa  peine, 
Mais  il  sait  bien  savourer  le  plaisir. 
Plus  le  plaisir  nous  a  coûté  de  peine, 
Plus  nous  trouvons  d'attraits  dans  le  plaisir. 

Dès  le  berceau  l'homme  éprouve  la  peine, 
Dès  son  enfance  il  goûte  le  plaisir. 
Adolescent,  l'amour  cause  sa  peine, 
L'amour  aussi  lui  donne  le  plaisir. 
Sur  ses  vieux  ans  s'il  éprouve  la  peine, 
11  trouve  encordes  instants  de  plaisir. 

Femmes  combien  vous  nous  donnez  de  peine, 
Combien  aussi  vous  donnez  de  plaisir  ! 
On  n'a  jamais  de  regret  à  la  peine, 
Lorsqu'on  lui  fait  succéder  le  iilaisir. 
Sexe  adoré,  pour  alléger  la  peine, 
Fais  qu'à  longs  traits  nous  goûtions  le  plaisir. 

Paroles  d'an  anonjmei 

Air  ancien,  noté  au  N".  408  de  la  Clé  du  Caveau. 


DIS-MOI   POURQUOI? 

1818. 

Depuis  longtemps,  gentille  Annette, 
Tu  ne  viens  plus  sous  la  coudrette 
Danser  au  sou  du  chalumeau. 
Lorsque  tu  quilles  le  hameau, 

10<i 


Fuyant  les  plaisirs  de  ton  âge, 

Tu  vas  rêver  dans  le  bocage  : 

Dis-moi  j 

Pourquoi.  liais.) 

Dansez,  dansez,  jeunes  compagnes, 

Dansez  la  ronde  des  montagnes; 

Un  jour  {bis)  vous  saurez  coïnme'moi, 

Un  jour  (bis)  vous  saurez  pourquoi. 

Lorsque  tu  viens  dans  le  bocage 
Si  tristement  chercher  l'ombrage, 
En  même  temps  au  fond  du  bois; 
Lubin  se  glisse  en  tapinois. 
Souvent  le  hasard  vous  rassemble, 
Et  l'on  vous  voit  rêver  ensemble. 
Dis-moi,  etc. 

A  ta  relraile  tant  chérie 

Tu  vas  toujours  par  la  prairie; 

Et  d'une  fleur,  chaque  matin, 

Nous  te  voyons  parer  ton  sein. 

Le  soir,  hélas  !  a  la  veillée, 

La  pauvre  fleur  est  effeuillée  : 

Dis-moi  i     . 

Pourquoi  ?  \\'ns-> 

Dansez,  dansez,  jeunes  compagnes, 
Dansez  la  ronde  des  montagnes, 
Un  jour(ôfî)  vous  -:iurez  connue  moi, 
Lu  jour  (bis)  vous  saurez  pourquoi. 

Théanlon. 

Le  Petit-Chaperon  rouge,  opéra-comique  en  3  actes.en  v.  n 
chez  M.  Tresse  éditeur,  2et  3,  galerie   de  Chartres,   palai  - 

Royal.  Prix  :  60  centin 

Musique,  de  Boïeldieu,  notée  au  \  >.  1761  de  la  Clédul 


LE  GAMIN  DE  PARIS. 

1837. 

Y  a  pas  d'  farc'  qui  m'  soit  inconnue; 
J'  mont'  des  couleurs  à  mes  parents; 
J'agace  les  chiens  dans  la  rue 
El  j'éclabousse  les  passants. 

T.  n.  —  4" 


114 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Je  frappe  à  toutes  les  port  s  cochères, 

Et  quand  j'ai  fini  des  portiers, 

Aux  marchands  j'éteins  leux  lumières, 

Ou  j'  cass'  les  vilr's  aux  épiciers. 

Quand  on  a  déjeuné  susl'  pouce, 

Qu'on  a  bu  son  verr'  de  coco, 

On  s'en  vient  jouer  à  la  falliousse 

Aux  alentours  du  Chàteau-d'Eau, 

Et  puis  1'  soir  dès  qu'on  bat  la  r'traile, 

Aux  pas  nous  suivons  les  tambours, 

En  avant,  marche  à  la  galette, 

Boul'vart  Saint-D'nis  diezCoup'-Toujours. 

Ma  cheminée  est  sur  les  places, 

Je  m'  chauffe  économiquement 

En  brûlant  les  vieilles  paillasses 

Qu'on  jette  après  l'  déménag'ment. 

Et  si  j'  veux  m'  prom'ner  en  berline, 

Moi  qui  n'  suis  pas  chargé  d'  quibus, 

J'  grimp'  derrière  une  citadine, 

Six  sous  moins  cher  qui;  l'omnibus. 

Moi,  j'  n'  hais  pas  la  comédie, 
Au  Gratis  j'allais  même  autr'  fois, 
Mais  aux  Français,  Phèdre,  Athalie, 
Tout  ça  c'est  bon  à  voir  un'  fois. 
Les  Funambules,  v'ià  c'  que  je  r'marque; 
Je  prends  mon  billet  au  bureau, 
El  puis  je  r'vends  ma  contremarque 
Après  la  pièce  de  Débureau. 
Avec  d'  l'ognon,  j'  fais  des  trompettes, 
J'  suis  un  musicien  renforcé; 
Je  m' fabriqu'  des  cascarinettes 
Avec  des  morceaux  d'  pot  cassé. 
J'imil'  le  coq  pus  beau  qu'  nature, 
D'  la  Normandie  j'  sais  un  couplet, 
Et  mieux  qu'  ça  je  siffle  en  mesure 
Tous  les  airs  de  monsieur  Chollet. 
Comme  aujourd  hui  le  peupl'  s'éclaire. 
J'  fais  mes  étud'fl  lOUB les  malins, 
Connu,  connu,  l'écol'  primaire, 
Enfonce  les  ignorantins. 
Dans  l'orlhograph'  et  dans  la  prose, 
A  preuv'  que  j'ai  su  me  former, 
Sur  les  murs  j'écris  plus  d'un'  chose 
nu'  la  politess'  défend  d'  nommer. 

S'il  pleut,  à  la  correctionnelle 
J'  m'en  vas  voir  juger  les  filous  ; 


S'il  fait  chaud,  au  pont  d' la  Tournelle 

J'  vas  nager  aux  bains  à  quai'  sous. 

L'hiver  avec  les  camarades, 

Nous  patinons  dans  les  grands  froids, 

Et  nous  arrangeons  des  glissades 

Pour  faire  étaler  les  bourgeois. 

Au  carnaval  on  trotte  à  pattes 

Après  les  masqu's  el  les  badauds, 

A  la  chianht,  puis  à  coups  d'  lattes 

On  leux  y  fait  des  rats  sus  1'  dos. 

Quand  c'est  fête  aux  Champs-Elysées, 

Dans  mon  quartier  j'  tir'  des  pétards, 

J'  m'amuse  à  lancer  des  fusées, 

A  travers  les  jamb's  des  jobards. 

S'il  y  a  du  mond'  qui  réclame 

Alors  on  leux  y  chante  en  chœur  : 

Ah!  c'te  tète...  bonjour,  madame! 

Tiens!  ah  !  c'te  queue,  bonjour,  monsieur 

Pour  les  litis  l'année  entière, 

Pus  qu'  ça  d'  plaisir  et  d'agrément, 

Tant  qu'on  n'  cass'  pas  de  réverbère, 

On  n'offens'  pas  1'  gouvernement. 

En  quatre  mots  v'ià  mon  histoire  : 
J'  flân',  je  chant',  je  me  bats,  j'  ris, 
Et  je  m'  fais  honneur  et  gloire 
D'êlre  un  vrai  gamin  de  Paris, 
Etje  me  fais  honneur  et  gloire 
D'être  un  vrai  gamin  de  Paris. 
Rrrrrrrrrrrrrrrrr  ha  hais  ! 

F. de  Courcy. 

La  musique,  de  Ch.   Plantade,  se  trouve  chez 
M.  Ed.  Mayaud,  éditeur,  7,  boulevart  des  Italiens. 


LETTRE    ÉCRITE    D'ALGER 

ParDumanet,  caporal  de  voltigeurs,  à  sa  future,  M"e 
phie  lloiubosse,  burtkuse  de  souliers,  présenlemenl 
à  Paris. 

1830. 

Vous  d'vez  t'êt'  ben  inquiète  tout  d'  même, 
Que  vous  n'  vissiez  pas  d'  l'ttre  d'  rnoi 


CHANSONNETTES 


315 


Quoique  ça  Dumanet  vous  aime 
Ni  plus  ni  moins  qu' si  c'était  soi. 
Oui,  bell'  Sophi',  soilliez  tranquille, 
Rien  n'a  v'nu  rafroidir  mon  cœur, 
De  d'puis  que  je  suis  dans  un'  ville 
Ous  qu'y  a  cinquant'  degrés  d'  chaleur. 
J'  voulais  m'  servir  du  télégraphe 
Pour  vous  signaler  mon  ardeur, 
Mais  n'en  savant  pas  l'orthographe, 
J'emploie  z'un  bateau  z'à  vapeur. 
C'est  un'  espèce  de  chaudière  ronde. 
Voyez-vous,  qu'a  pas  d'  cuisinier; 
Ça  marche  tranquillement  sur  l'onde 
Et  ça  fum'  comm'  un  vré  troupier. 
Mais  p't'être  que  vous  s  rez  ben  aise 
D'apprend'  que  bravant  le  danger, 
En  Afric  la  valeur  française 
À  trelliomphé  dedans  Alger. 
Premièrement,  sachez ,  ma  chère, 
Qu'au  moment  de  nous  embarquer, 
J'ai  t'évu  des  tranchées  d'  misère 
Que  l'cœur  a  manqué  d'  m'en  craquer. 
J'allais  prend'  mon  congé  d'avance 
Et  m'absorber  dans  les  marsouins, 
Quand  l'on  toucha  terre  en  présence 
Des  Moricauds,  qu'on  nomm'  Bédouins. 
C'est  un  las  d'  pouss '-cailloux  du  centre, 
Qu'a  rien  d'  français  dedans  l'aspect  : 
Ils  ont  la  houch'  noir'  comm'  de  l'encre, 
Et  pas  d'  chemis',  sous  vot'  respect. 
Rapid's  comm'  1'  tremblement  d' terre, 
Ils  filaient  d'vant  nos  régiments, 
Les  ch' veaux  d'  not'  caval'rie  légère 
Voulaient  tous  prend'  le  More  aux  dents. 
C  calembourgil  vous  fait  sourire, 
Mais  le  Français,  en  vérité, 
Ne  peut  se  soustraire  à  l'empire 
D'avoir  de  l'émabilité. 
Nous  vlà  campés  en  sentinelle. 
J'en  fais  d'abord  deux  heurs  de  nuit  ; 
Mais  c'est  là,  cré  coquin  !  ma  belle, 
Qu'il  m'a  fallu  du  cœur  pour  huit! 
Maginez-vous  trente-six  sonates, 
De  cris  et  de  gémissements, 
De  particuliers  à  quat'  pattes 
Qu'étaient  gros  comm'  des  éléphants. 
Des  tyg's,  des  lions,  un  tas  d'  vermine 


Qui  s'  promèn'nt  dans  ces  pays-là. 
Bref,  on  dit  qu'  j'avais  un'  pauv'  mine 
Quand  not'  caporal  me  r'ieva. 
Crevant  d'  soif,  je  fus  près  d'un'  source 
Ous  quej'  bus  l' l'eau,  mais,  gredind' sort! 
Le  matin,  en  r'prenant  not'  course. 
Nous  y  trouvîmes  un  chameau  mort. 
J'  m'ai  cru  poisonné  :  mill'  tempêtes! 
Que  m'  dit  I'  sergent  tout  confondu  ! 
Tu  vois  que  c't'  eau-là  tue  les  bêtes, 
Aussi,  Dumanet,  t'es  perdu  ! 
L'halein'  me  manque,  j'  devins  pâle, 
Mais  j'oublie  bientôt  le  danger, 
Lorsque  j'entends  la  générale, 
Et  qu'  nous  somm's  entrés  dans  Alger. 
Couronné  de  gloire,  je  m'élance 
Dans  un  palais,  queu  coup  a'essai  1 
Ous  que  j'  crus  bien  par  ma  vaillance 
D'avoir  pris  la  sultane  au  Dey. 
Elle  avait  un'  tournure  sauvage 
Avec  un  couvre-pied  d' linon. 
Comme  ail'  m'a  griffé  le  visage  ; 
Ils  dis'nt  que  c'  n'était  qu'un'  guenon. 
C'est  possible,  j'  sais  ben  qu'en  France, 
Les  femm's  et  les  guenons  c'est  deux, 
Mais  ici  n'y  a  pas  d'  différence, 
A  moins  d'avoir  de  fameux  yeux. 
Adieu,  j'  gardais  pour  la  bonn'  bouche 
D'  vous  annoncer  qu'  mon  général 
M'a  vu  brûler  plus  d'une  cartouche, 
Et  qu'il  vient  de  m'  faire  caporal  ; 
Mais  malgré  cet  honneur  suprême 
Et  la  chaleur  qui  nous  grill'  tous, 
Ça  n'empêche  pas  que  j'ai  tout  d'  même 
Un  fameux  coup  d'  soleil  pour  vous. 
Je  désire  que  la  présente 
Que  j'écris  d'  la  main  d'  not'  tambour, 
Vous  trouv'  fidèle  et  bien  portante 
En  réciproqu'  de  mon  amour. 

Afric,  cinq  juillet. 
Signé  :  Dumanet, 

Paulin. 

La  musique,  de  Ch.  Plantade,5e  trouve,  à  Paril, 
chez  M.  Brullé,  éditeur,  16,  passage  des  Panoramas. 


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CHANSON?    POPULAIRES. 


SI    CA   T'A  R  RIVE   ENCORE, 


Je  ne  veux  pas  vous  regarder  ; 
Monsieur,  cessez  voire  prière  ; 
Quoi  I  vous  osez  me  demander 
Ce  qui  peut  causer  ma  colère! 
De  rubans  vous  avez  paré 

La  houlette  d'îsaure  ; 
Ah!  Colin,  je  me  fâcherai...    I    ...  . 

Si  ça  t  arrive  encore...  » 

L'autre  soir,  sous  ce  bois  épais. 
Tout  occupé  de  la  coquette, 
Vous  lui  répétiez  les  couplets 
Que  vous  avez  faits  pour  ma  fêle. 
Ou  ne  chante  un  tendre  refrain 

Qu'à  celle  qu'on  adore; 
Colin,  je  mourrai  de  chagrin, 

Si  ça  t'arrive  encore.  (bis.) 

Moi!  je  pourrais  vous  pardonner! 
Allez  !  vous  n'avez  plus  d'amante  ! 
Ah!  c'est  assez  me  chagriner; 
Je  pleure...  mais  je  suis  contente. 
Tous  vus  serments  sont  superflus. 
Retournez  près  d'îsaure. 
Pour  moi  je  ne  vous  aime  plus... 
Si  ça  t'arrive  encore.  (bix.) 

J.  Minmrd. 

Musique  de  Romagnesi. 


LE   ROYAL  TAMBOUR. 

1847. 

Je  suis  royal  tambour, 
J'aime  ma  Pomponnette, 
DonJ  la  main  si  caquette, 
Me  mène  à  la  baguette, 

A  la  baguette, 


Comme  ou  fait  au  royal  séjour. 

Aussi  ma  Pomponnette, 
Ma  Pomponnette  est  ma  Pompadour. 
Ma  Pompon  nette,  c'est  ma  Pompadou 

Oui,  c'est  la  Pompadour 
Du  royal  tambour. 

Frais  carmin  sur  la  bouche, 
Poudre  dans  les  cheveux, 
Sur  la  joue  une  mouche 
Moins  noire  que  ses  yeux  , 
Une  taille  qui  penche, 
Légère  et  sans  effort, 
Une  main  douce  et  blanche, 
Petite  et  frappant  fort. 
Ahl 
Je  suis  royal,  etc. 

Œil  qui  vous  assassine, 
Sans  remords,  sans  pitié. 
Un  pied  qui  certe  en  Chine. 
Serait  un  petit  pied  ; 
Un  vrai  cœur  de  tigres  se, 
Qui.  ne  plaisantant  pas, 
Par  excès  de  tendresse, 
Me  met  toujours  au  pas. 
Ah! 
Je  suis  royal,  etc. 

Pour  toi,  viennent  lui  dire 
Les  galants  de  la  cour. 
Nous  souffrons  le  martyre 
Et  nous  mourons  d'amour. 
Des  galants  la  cruelle 
N'entend  pas  les  discours  ; 

Mais i,  tambour  fidèle, 

Elle  m'entend  toujours. 
Ah! 

Je  suis  royal  tambour, 
J'aime  ma  Pomponnette, 
Dont  la  main  si  coquette 
Me  mène  à  la  baguette, 
A  la  baguette, 
Comme  on  fait  au  royal  séjour. 
Aussi  ma  Pomponnette, 


CHANSONNETTES. 


317 


Ma  Pomponnelte  est  ma  Pompadour, 
Ma  Pomponnette  c'est  ma  Pompadour  \ 
Oui,  c'est  la  Pompadour 
Du  royal  tambour. 

E.  Barateau. 


La  musique,  de  Etienne  Arnaud,  se  trouve  chez 
M.  Heugel,  éditeur,  rue  Vivienne,  2  bis. 


LES  AMOURS  DE  MICHEL  ET  CHRISTINE. 

1845. 

Michel  à  Christine 
Vint  faire  sa  cour, 
Ah!  ah  !  ah!  quelle  cour! 
C'était,  j'imagine, 
De  Noël  le  jour; 
Ah  !  ah  !  ah  !  quel  beau  jour  î 
Mais  Christine  la  mijaurée 
Le  regarda  du  haut  en  bas, 
Et,  pendant  toute  la  soirée, 
Michel  n'osa  plus  faire  un  pas! 
Les  yeux  en  l'air,  le  chapeau  bas, 
Michel  n'osa  plus  faire  un  pas  ! 
Ah  !  ah!  ah!  les  drôles  d'amours! 
J'en  rirai  longtemps,  j'en  rirai  toujours  ! 

Ah  !  ah  !  ah  !  les  drôles  d'amours  ! 
Ah  !  ah  !  ah  !  ah  !  j'en  rirai  toujours  ! 

Vers  la  Mi-Carême, 
Michel  ose  un  jour. 
Ah!  ah  !  ah!  le  bon  tour! 
A  celle  qu'il  aime  , 

Conter  son  amour, 
Ah  !  ah!  ah!  sans  détour! 
En  vain  pour  fléchir  l'inhumaine. 
11  soupira,  pleura,  pria... 
La  cruelle  rit  de  sa  peine, 
Et  tellement  le  rebuta, 
Que  dans  le  lac  il  se  jeta!... 
Par  bonheur  on  le  repêcha!... 
Ah!  ah!  etc. 


Un  bain  à  la  glace, 
Ça  calme  l'amour, 
Ah  !  ah  !  ah  !  sans  retour. 
Ma  foi,  je  me  lasse, 
Dit  Michel  un  jour; 
Tra  la,  la,  la,  la,  la,  la,  plus  d'amour  ! 
Mais  à  mesure  que  sa  mine 
Sous  les  roses  refleurissait, 
Chaque  jour,  la  pauvre  Christine, 
Par  contre-coup,  dépérissait... 
Et  toujours  Michel  fleurissait  !... 
Et  Christine  dépérissait!... 
Ah  I  ah  !  etc. 

Christine,  soupire, 
Gémit  nuit  et  jour, 
Ah!  ahl  ah!  c'est  son  tour! 
Mais  son  mal  empire, 
Michel  dit  un  jour  : 
Ah!  ah!  ah  !  quel  amour! 
Je  ne  puis  pas,  en  conscience, 
Sous  mes  yeux  la  laisser  périr  ; 
C'est  bien  assez  de  pénitence! 
11  faut  aller  la  secourir  ! 
Et  maintenant,  époux  heureux, 
Us  sont  encore  plus  amoureux. 
Ah  !  ah  !  ah  !  les  drôles  d'amours! 
J'en  rirai  longtemps,  j'en  rirai  toujours  ! 

Ah!  ah!  ah!  les  drôles  d'amours! 
Ah!  ah!  ah!  ah!  j'en  rirai  toujours! 

Câustave  I.emolue. 

La  musique,  de  Mlle  Loïsa  Puget.se  trouve  chea 
M.  Heugel,  éditeur,  2  bis.  rue  Vivienne. 


LA  FEMME  A  JEAN  BEAUVA1S. 

1837. 

Vlà  nos  papiers  qu'  arrivent  du  pays, 
Y  a-t-il  longtemps  qui  nous  les  font  attendre! 
Depuis  trois  mois  qu'  tous  les  matins  j'écris, 
j  croisqu'ilsfesiontsemblaritd'pasnousentendre 
A  mon  onc',  à  ma  tante,  à  mon  cousin  Perrin, 
Au  curé  z'à  l'adjoint,  ainsi  qu'à  mon  parrain, 


318 


CHANSONS    POPULAIRES. 


J'ons  écrit,  j'ons  écrit,  fallait  leux  affranchir  ! 
J'ons  payé  tant  de  ports  qu'c'est  à  n*en  pas  finir! 

Enfin  i'  n'  manque  plus  rien. 

De  r'culer  n'y  a  pus  moyen  ; 

y  m'en  vas  épouser  Jean  Beauvais. 
Mais  l'bonDieu  saitq'c'est  pas  lui  que  j'voulais, 
L'bon  Dieu  sait  ben  q'  c'est  pas  lui  que  j'voulais, 
Mafin'non.mafin'non,c'estpasluiquej'voulais. 

J'  parierais  ben  qui  n'  s'ra  jamais  jaloux  ; 

Pour  la  douceur  on  dirait  d'une  fille. 

I  n'est  pas  grand,  mais  y  en  a  ben  au-d'ssous, 

Et  sans  V  flatter  sa  figure  est  gentille; 
Il  est  blond,  tout  frisé,  tout  guilleret,  tout  rond; 
lia  des  grands  yeux  bleus, p'tit'  bouche  et  pied  mignon 
Pour  son  nez,  par  exemple,  on  n' peut  pas  trouver  mieux, 

On  en  voit  rarement  de  plus  avantageux... 
Enfin  i  m'ainf  tant,  je  croi, 
Qui  s'  mettrait  dans  l' feu  pour  moi! 
J'  vas  toujours  prendre  Jean  Beauvais; 
Mais  I'  bon  Dieu  sait,  etc. 

Mon  Dieu,  j' sais  ben  qui  n'est  pas  dépenseur, 
Qu'il  a  de  l'ordre  et  de  l'économie, 
Qu'il  n'  boit  jamais,  qu'il  est  bon  travailleur, 
Qu'  dans  son  état  i  gagne  ben  sa  vie. 
Je  sais  bien  qu' Jean  Beauvais  s'est  fait  un  bon  lopin, 
Sans  compter  qu'au  pays  Jean  Beauvaisa  du  bien, 
Queson  onc'  le  meunier  promet  d'  l'avantager. 
Certain'ment  que  tout  ça  c'est  fait  pour  engager; 
I'  m'  fait  des  las  de  cadeaux, 
C'en  est  chaqu' jour  des  nouveaux! 
J'  voudrais  ben  aimer  Jean  Beauvais, 
Mais  1'  bon  Dieu  sait,  etc. 

Y  en  a-t-on  fait  ded'ssus  moi  d'ces  caquets? 

I'  n'en  croit  rien,  tant  il  est  estimable  ! 

J'y  ai  dit  rcnt  fois  que  jamaisje  n'I'aim'rais. 

I'  m'  (lit  à  ça  :  mon  Dieu  qu'  t'es-t-adorablc  ! 
Pourquoi  doncqu'yades  gens  qui  sontloindervaloir, 
Qui  pour  se  hireaimern'onivraimenl  qu'à  vouloir? 
Il  a  loul  '"qui  hudrail  pour  faire  mon  bonheur, 
U  atout...  presque  tout.,  car  i  n'a  pas  mon  cœur 
A  l'aimer  j'  vas  [n'appliquer  .. 

Mai-  -i  I    pied  allait  m'  manquer... 
J'aurai  pas  trompé  Jean  Beauvais, 


J'y  ai  assez  dit  qu'  c'est  pas  lui  que  j'  voulais, 
J*y  ai  pas  caché  qu'  c'est  pas  lui  que  j'  voulais. 
Ma  fin'non,ma  fin'non.c'estpaslui  quej'voulais 

,  Amédéc  de  Ueauplan 


La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,   se  trouve 
Chez  M.  Heugel,  éditeur, 2  bit  ,  rue  Viviennc. 


LA   TROMPETTE  A    PISTON 


1832. 
Air  :  Quand  les  oiseaux  du  voisinage  (Titi  le  talocheuri. 

Où  vas-tu  donc,  ma  Fanchonnette? 
Et  que  fais-tu  sur  ces  remparts? 
Voudrais-tu  courir  en  cachette, 
Pour  danser  au  bal  des  houzards? 

—  Es-tu  drôT,  mon  pauvre  Biaise  ! 
Je  crois  qu'  tu  perds  la  raison. 

—  Oh  !  que  non  !  oh  que  non  ! 
Je  suis  jaloux,  ne  t'en  déplaise, 
Et  j'éprouve  un  certain  malaise... 
Quand  des  houzards  d'  la  garnison, 
J'entends  la  trompette  à  piston,     (bis.) 

—  Comment,  comment,  mon  ami  Biaise, 
La  jalousie  est  dans  ton  cœur  ? 
Penses-tu  qu'un  autre  me  plaise? 

Ne  suis-je  pas  fille  d'honneur? 

—  Oui,  mais  une  fille  honnête 
Trompe  un  honnête  garçon  ! 

—  Oh  !  que  non  !  oh  !  que  non  ! 
Car  loin  d'  vouloir  faire  une  conquête, 
J'ai  toujours  un  grand  mal  de  tète, 
Quand  des  houzards  d'  la  garnison 
J'entends  la  trompette  à  piston,     (bis.) 

—  Est-il  bien  vrai,  ma  Fanchonnette, 
Que  lu  n'aim'rais  pas  un  houzard  ? 

—  Je  n'  peux  pas  souffrir  leur  trompette, 
Quand  je  l'entends,  c'est  par  hasard. 

—  Moi  qui  croyais  que  leur  présence 
Te  plaisait,  ma  p'tilc  Fanchon. 


CHANSONNETTES. 


319 


—  Oh  !  que  non  !  oh  !  que  non  ! 
J'  n'ai  pour  eux  que  d' l'indifférence  : 
(l'est  pour  toi  qu'est  mon  innocence! 
Et  des  houzards  d'  la  garnison 
J*  n'aim'  pas  la  trompette  à  piston,  {bis.) 

—  C'est  uni,  drès  d'main  je  t'épouse  ; 
D'vant  1'  mair'  tu  r'cevras  mes  serments, 
Si  lu  m'  préfèr's  z'avec  ma  blouse, 

A  ces  p'tils  houzards  si  fringants. 

—  Je  crains,  si  j'  suis  la  ménagère, 
De  rester  seule  à  la  maison. 

—  Oh  !  que  non  !  oh!  que  non! 

J'  te  jur'  que  j'  veux  tout  au  contraire, 
Le  soir  et  1'  malin  pour  te  plaire, 
Te  jouer  des  airs  de  mirliton 
En  guis'  de  trompette  à  piston,    (bis.) 

Charles. 

La  musique,  de  A.  Marquerie,  se  trouve  ,  à  Paris, 
chez.  M.  Heuge!,  éditeur,  2  bis,  rue  Yivienne. 


LE  PERE   LAMOURETTE. 


Etes-vous  à  marier, 
Jeune  garçon,  jeune  fillette? 

Etes-vous  à  marier  ? 
Voilà  le  vieux  ménétrier! 

Allons,  jeune  fillette  ! 

Pour  la  noce  est-on  prête  ? 

Allons,  jeune  fillette  ! 

11  faut  vous  marier! 
Voilà  le  vieux  ménétrier  ! 

Vous  avez  vingt  ans,  c'est  l'âge    , 
Où  l'on  doit  entrer  en  ménage, 
Peur  s'aimer  l'hiver,  il  faut,  enfants, 
Commencer  au  printemps  ; 

Alors  le  cœur  joyeux, 
On  travaille,  on  moissonne, 
Et  quand  l'année  est  bonne, 
Pour  chanter  l'on  est  deux, 
Gai!  gai  !  gai  !  gai  !  gai  !  toou  ! 
Etes-v.ous,  etc. 


Je  fus  jeune  aussi, 
Comme  vous  j'aimais  ma  Louise  si  belle  : 

Je  ne  voyais  qu'elle, 
Et  lorsqu'au  bal  on  disait  :  la  voici  ! 
Mon  archet  s'arrêtait  ; 
Adieu  la  contredanse; 
Je  perdais  la  cadence, 
Et  mon  cœur  seul  chantait  : 
Gai!  gai  !  gai!  gai!  gai!  toou! 
Etes-vous,  etc. 

Mais  un  jour, hélas! 
Je  crus  mourir;  on  mariait  Louise, 
J'étais  dans  l'église, 
Le  cœur  brisé,  mais  je  priais  tout  bas. 
Et  puis  au  bal  après 
Je  jouais  une  ronde. 
Où  chantait  tout  le  monde. 
Et  moi  seul  je  pleurais!... 
Oui,  je  pleurais  et  je  chantais  ! 
Etes-vous,  elc. 

Mais  de  mes  amours 
Que  le  récit  n'attriste  pas  votre  âge. 

Moi  seul  j'eus  l'orage, 
Et  vous,  enfants, vous  aurez  les  beaux  jours 
Venez  donc  deux  à  deux 
Danser  sous  le  grand  chêne, 
Et  j'oublierai  ma  peine 
En  vous  voyant  heureux. 
Gai  !  gai  !  gai  !  gai  !  gai  !  toou  ! 

Etes-vous  à  marier, 
Jeune  garçon, jeune  fillette? 
Etes-vous  à  marier? 
Voilà  le  vieux  ménétrier! 
Allons,  jeune  filleUe  ! 
Pour  la  noce  est-on  prête? 
Allons,  jeune  fillette! 
Il  faut  vous  marier  ! 
Voilà  le  vieux  ménétrier! 

Gustave  Leniolne. 

La  musique,  de  Mlle  Loïsa  Puget,  se  trouve,  à 
Paris,  chez  M.Hugel,  éditeur,  2,  bis,  rue  Vivienne, 


3Î0  CHANSONS   POPULAIRES 

J'AI  PERDU  MA    FEMME. 

1850. 


J'ai  perdu  ma  femme, 
J'en  perdrai  l'esprit; 
Le  diable  ait  son  âme 
Kt  Dieu  soit  béni. 

Je  m'en  vais  de  la  bonne  dame 
Vous  tracer  un  léger  croquis. 
Ce  que  j'en  dirai  vient  de  l'âme; 
Je  lui  dois  un  De  prufundis. 
J'ai  perdu,  etc. 

Par  amitié  je  l'avais  prise  ; 
Un  mois  je  l'aimai  comme  un  fou. 
Toujours!...  telle  était  ma  devise; 
Un  mois  après  j'en  étais  soûl. 
J  ai  perdu,  etc. 

Gaie,  alerte  et  des  plus  gentilles, 
Elle  était  franche  et  sans  façons. 
Sa  mort  a  fait  rire  les  filles 
Et  mis  en  deuil  trente  garçons. 
J'ai  perdu,  etc. 

Gomme  elle  était  d'humeur  accorle, 
Dans  son  boudoir,  maint  freluquet, 
Si  je  sortais  par  une  porte, 
Par  l'autre  aussitôt  se  risquait. 
J'ai  perdu,  etc. 

Quand  je  sortais,  d'un  air  tout  drôle 
Les  voisines  me  regardaient, 
Chacun,  je  crois,  avait  son  rôle. 
Quand  je  rentrais  les  chiens  jappaient. 
J'ai  perdu,  etc. 

Un  fat,  un  jour,  me  fit  les  cornes... 
A  ce  point  je  fus  outragé  I 

Ma  colère  n'eut  plus  de  bornes, 
Et  je  jurai  d'être  vengé. 
J  ai  perdu,  etc. 

Tiré  du  fond  de  la  cuisine, 
L'n  manche  à  balai,  sans  pitié, 


Fit  connaissance  avec  l'échiné 
De  ma  tendre  et  chaste  moitié. 
J'ai  perdu,  etc. 


Enfin,  grâces  à  cette  voie, 
En  enfer  son  corps  est  allé. 
Deux  heures  j'ai  pleuré...  de  joie. 
Et  brûlé  le  manche  à  balai. 

J'ai  perdu  ma  femme, 
J'en  perdrai  l'esprit; 
Le  diable  ait  son  âme 
Et  Dieu  soit  béni. 

Edouard  NeTeu. 


LE  DÉPART  DU  (JRENADIEH. 

1823. 

Guernadier,  que  tu  m'affliges 
En  m'apprenant  ton  départ. 
Va  dire  à  ton  capitaine 
Qu'il  te  laisse  en  nos  cantons. 
Que  je  serai  bien  aise, 
Contente,  ravie, 
De  t'y  voir  en  garnison. 

Ma  Fanchon,  sois-en  bien  sûre, 
Je  ne  l'oublierai  jamais; 
C'est  ton  amant  qui  le  I  jure, 
Et  crois  bien  qu'il  n'aura  pas 
Le  cœur  assez  coupable, 
Perfide ,  barbare , 
D'oublier  tous  tes  attraits. 

Guernadier,  puisque  tu  quittes 
Ta  Fanchon,  ta  bonne  amie, 
Tiens,  voilà  quatre  chemises, 
Cinq  mouchoirs,  un  pair'  de  bas  : 
Sois-moi  toujours  fidèle, 
Constant,  sincère, 
Je  ne  t'oublierai  jamais. 

IIuiim  i  h.iij  et  Brasier. 


Paris  —  Imprimerie  de  Pulet  fds  atné  ,ruedes  Grands-Aujçustins,  S. 


QUELQUES  USAGES  D'UN  PATS. 

[1834. 

C'est  dans  l'Alsace  ou  dans  la  Flandre, 
Du  moins  on  me  l'a  raconté, 
Que  tout  amoureux  est  plus  tendre. 
Et  plus  tendre  aussi  la  beauté.       (bis.) 
Là,  chaque  fille,  aimable  et  douce, 
Par  bon  cœur  jamais  ne  repousse 
Le  vœu  d'un  garçon  bien  épris. . . 
C'est  un  usage  du  pays.  (ter.) 

Puis  lorsqu'arrive  le  dimanche 
Et  que  le  jour  vient  à  baisser. 
Coquette  on  met  sa  robe  blanche, 
Et  l'on  court  au  bal  pour  danser,     (bis.) 
Au  bal  par  hasard  on  rencontre 
Quelqu'un  qui  tout  joyeux  se  montre 
Paré  de  ses  plus  beaux  habits... 
C'est  un  usage  du  pays.  (ter.) 


Mais  au  lieu  de  danser  on  cause, 
On  cause  d'amour  et  d'hymen; 
La  jeune  fille  devient  rose 
Sitôt  qu'on  lui  presse  la  main. 
Ravi,  l'amant  ne  peut  se  taire, 
Et  le  fou  parle  du  notaire 
Qu'il  appelle  de  tous  ses  cris.. 
C'est  un  usage  du  pays. 


(bis.) 


(ter.) 


(bis.) 


Bientôt  on  se  rend  à  l'église, 
L'amoureux  est  tout  réjoui, 
Car  c'est  l'instant  où  sa  promise 
Baisse  les  yeux  et  répond  oui!... 
Au  bout  d'un  mois  de  mariage, 
La  paix  déserte  le  ménage, 
Et  puis  l'on  fait  comme  à  Paris... 
C'est  un  usage  du  pays.  (ter.) 

Eniile  Baraleau. 

r,h?  ïïm?.i<?lie-  de  Lh-  Plantade,  se  trouve  à  Paris, 
ltan        EJmona  Mayaud,  éditeur,  7,  boulevard  des 


107 


TU  N'EN  AURAS  PAS  L'ÉTRENNE. 

1838. 

Ai»  :  Ni  vu  ni  connu  j't'embrouUle . 

Rimant  de  travers, 

Chez  le  dieu  des  vers 

Je  croyais  marquer  ma  place. 

Apprends,  me  dit-il, 

Qu'un  esprit  subtil 

Peut  seul  gravir  le  Parnasse 

Vois-tu  l'écueil 

Où  trop  d'orgueil 

Vous  mène  : 
Dans  ce  fossé 
On  est  placé 
Sans  peine; 
Ne  crains  pas  l'affront 
De  tomber  au  fond, 
Tu  n'en  auras  pas  l'étrenne. 

Ne  sois  pas  si  fier, 
Tu  sauras,  mon  cher, 
Répondis-je  avec  noblesse, 
Que  les  lycéens, 
Mes  joyeux  soutiens, 
Sont  aussi  de  ton  espèce. 
On  m'entendra 
La  lice  est  ma 

Marraine, 

Et  ma  chanson 

Sera  de  sou 

Domaine. 

J'allais  te  l'offrir, 

Mais  pour  te  punir, 

Tu  n'en  auras  pas  l'étrenne» 

J'ai  ri  de  bon  cœur 
D'un  garçon  d'honneur 
A  la  figure  éveillée. 
Au  premier  signal 
On  ouvre  le  bal 
Sans  trouver  la  mariée. 
Notre  égrillard 
D'un  air  gaillard 
L'amène; 

T.  ii.  —  48 


322 


CHANSONS    POPULAIRES. 


L'époux  prétend 
Danser  et  prend 

Sa  reine. 
Va!  dit  le  malin 
Au  mari  bénin, 
Tu  n'en  aurgs  pas  l'étrenne. 

A  Londres  on  pendit 
Un  fameux  bandit, 
Mais  à  peine  à  la  potence, 
La  corde  se  rompt 
Et  le  drôle  est  prompt 
A  profiter  de  la  chance. 
Pour  vol  de  prix 
Il  est  repris 
A  Vienne. 
Près  du  gibet 
Certain  valet 
L'amène  : 
Va,  dit-il,  mon  vieux, 
Pends-moi,  si  tu  veux, 
Tu  n'en  auras  pas  l'étrenne. 

Je  sais  d'un  devin 
Qu'en  dix-neuf  cent  vingt, 
Grâce  au  droit  héréditaire, 
D'un  prince  Cliiptou, 
Pauvre  peuple  indou, 
Tu  deviendras  tributaire. 
Dans  tes  refrains 
Si  tu  dépeins 
Ta  gène, 
On  t'enverra 
Raisonner  à 
Cayenne. 
Ce  n'est  pas  pour  toi 
Qu'on  a  fait  la  loi, 
Tu  n'en  auras  pas  l'étrenne. 


Mme  Klikii  Fleury. 


La   musique ,  de   Mourit,  se  troute  notto  au 
N.  409  d«  la  Clé  du  Caveau. 


LE    GRENADIER 

Air  :  Vous  dont  le  seul  désir. 

A  l'aspect  de  ma  croix 
Bien  souvent  j'entends  dire  : 
Pour  célébrer  des  rois 
Sans  doute  il  prit  la  lyre; 
Près  d'un  trône  doré 
11  a  rampé  sans  cesse, 
Ou  bien  d'un  sol  titré 
Débauché  la  maîtresse. 
Mill  bomb'!  halte-là! 
J'  m'appell'  La  Vaillance, 
J'  suis  grenadier  d'  France, 
Et  je  n'  sors  pas  d'  là. 

Dès  mon  âge  enfantin 
Ma  place  lut  certaine, 
D'un  régiment  d'étain 
Je  me  fis  capitaine  ,■ 
Voulait-on  m'infliger 
Une  peine  légère, 
Je  criais,  sans  bouger, 
Grimpé  sur  ma  bergère  : 
Mill'  bomb'!  etc. 

Pour  fuir  l'emportement 
D'un  magister  ganache, 
Je  pris  secrètement 
Le  sabre  et  le  panache  ; 
Puis  je  dis  au  pédant, 
Quand  sa  main  meurtrière 
D'un  nouvel  accident 
Menaça  mon  derrière  : 
Mill'  bomb'  I  etc. 

Si  de  nos  fiers  drapeaux, 
L'Europe  tributaire 
Proclama  nos  héros 
Les  vainqueurs  de  la  terre, 
C'est  que  sans  nul  émoi 
Et  prompt  à  la  riposte, 
Tout  Français  comme  moi 
Chantait,  ferme  à  son  poste  : 
Mill'  bomb'  !  etc. 


CHANSONNETTES, 


323 


Un  jour  au  fond  d'un  bois, 
M'abritanl  d'un  orage, 
Jeune  li lie  aux  abois 
M'apparut  sous  l'ombrage; 
D'une  main  je  croisai 
Le  pas  de  la  rebelle, 
Et  de  l'autre  j'osai.. 
J'osai  dire  à  la  belle  : 
Mill'  bomb'I  etc. 

Un  brigadier  survint, 
Qui  me  cria  bien  vite, 
Espérant,  mais  en  vain, 
Tâter  de  la  petite  . 

—  Hors  de  là,  grenadier, 
C'est  la  femme  que  j'aime  !. 

—  Hors  de  là,  brigadier  !... 
Fût-elle  au  diable  même  : 

Mill'  bonib'  !  etc. 

Un  de  ces  vils  mortels 
Que  flétrira  l'histoire, 
Voyant  de  nos  autels 
Déserter  la  victoire, 
Me  dit  un  jour  :  —Ami... 
La  gloire  m'importune, 
Passons  à  l'ennemi... 
Volons  à  la  fortune... 
Mill'  bomb'!  etc 

Avant  qu'un  sot  vainqueur 
Rendit  nos  bras  esclaves, 
J'ai  décoré  mon  cœur 
De  l'étoile  des  braves, 
Et  quand  d'un  ton  léger, 
De  nous  osant  médire, 
On  vante  l'étranger, 
On  m  entend  toujours  dire  : 
Mill' bomb'I  halle-là! 
J'  m  appell'  La  Vaillance, 
J'  suis  grenadier  d'  France, 
Et  je  n'  sors  pas  d'  là. 


Emile  Debrcaui. 


LES  AMOURS  DU  SERGENT  VA-D'RGS-COEIJR. 

1826. 

Air  :  Eh  !  ma  mère,  est-ce  que  j'  sais  ça. 
Ou  :  El  voilà  ce  que  rapporle  le  métier  de  ■paladin. 

Vrai  gibier  d'amour,  Colette 
Par  moi  fut  prise  au  collet  ; 
Autant  qu'  j'aimais  la  follette, 
L'amour  pour  moi  1  affolait. 
Sergent,  comm'  mon  épauletle 
Près  du  papa  m'épaulait, 
Chaqu  soir  j'  buvais  sa  piquette, 
Et  f  sais  son  cent  de  piquet. 

Un  jour,  auprès  d'  ma  bruneUe 
S'  faufile  un  monsieur  Brunel, 
En  le  tuant  net  comm'  torchetu», 
J'  lui  fis  voir  comm'  on  s' torchait 
Et  tout'  fois  que  la  poulette 
R'çut  billet  doux  et  poulet, 
Qui  rengaina  la  fleurette, 
Dégaina  vit'  le  fleuret. 

Seuls  faisions-nous  la  causette, 
Que  de  joie  ça  nous  causait! 
Intéressante  couchette, 
Mon  œil  en  joue  te  couchait. 
Sur  les  lèvres  d'  ma  Colette, 
Qui  d'  ses  deux  bras  m'accolait, 
J'  vous  imprimais  en  cachette 
D'amour  le  brûlant  cachet. 

Si,  près  de  c'tte  chère  minette, 
Le  désir  point  n'  me  minait, 
C'est  qu'  sans  cadeau  ni  sonnette, 
L'heure  du  berger  sonnait. 
Sur  charmante  gorgerette 
D'  plaisir  qui  ne  s'  gorgerait  ! 
Quand  fill'  vous  lâch'  la  gourmette 
Quel  bonheur  pour  un  gourmet  ! 

Seule,  au  son  de  la  musette, 
Ma  danse  alors  l'amusait  ; 
Bientôt  dame  et  bergerette, 
C  fut  à  qui  m'hébergerait  ; 


324 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Et  courant  de  fête  e."  fête, 
Bref,  j'en  ai  ae  ian  'nnt  fait. 
Que  à"  danser  fam  que  j'arrête, 
Que  j'arrête  faut'  de  jarret. 

F.  Vniibertrand. 

La  musique,  du  Cousin  Jacques,  se  trouve  notée 
au  N   113  de  la  Clé  du  Caveau. 


Bientôt,  marchande  à  la  toilette, 
Faisant  du  commerce...  à  son  tour, 
Elle  vient  en  aide  à  l'amour  : 
De  cette  affreuse  compagvonne 
Quelques  poils  ornent  le  menton, 
Et  sur  son  nez  qui  se  trognone, 
Se  prélasse  plus  d'un  bouton  1 
Laide  Sylvie,  etc. 


METAMORPHOSES    D'UN    JNEZ. 

1850. 
AIR:  De  la  Treille  de  sincérité. 

Jeune  Sylvie, 

En  cette  vie 
Tout  n'a  qu'un  temps,  et  prouve  bien 
Que  l'on  ne  doit  compter  sur  rien  !  (bis  ) 

Sylvie  a  dix-huit  ans  à  peine, 
Elle  possède  deux  beaux  yeux  ; 
De  sa  chevelure  d'ébène 
Les  anneaux  brillants  et  soyeux 
Encadrent  son  front  gracieux; 
Elle  est  chaste  comme  Diane, 
Sait  plaire  par  son  air  mutin, 
Et  son  nez  à  la  Roxelane 
Est  aussi  blanc  que  le  satin. 
Jeune  Sylvie,  etc. 

L'amour  en  lorette  la  change; 
Ce  dieu,  provoquant  son  ardeur, 
A  su  faire  un  diable  d'un  ange, 
Et  dans  une  fausse  splendeur, 
Vient  lui  ravir  toute  pudeur. 
Une  aulre  passion  la  gagne, 
Dans  de  petits  soupers  choisis, 
En  sablant  bourgogne  et  Champagne, 
Son  nez  s'enrichit  de  rubis. 
Folle  Sylvie,  etc. 


Les  cheveux  gris,  la  face  sèche, 
Et  portière  dans  le  Marais, 
Sylvie  est  quinteuse,  revêche, 
Et  dans  la  maison  à  peu  près 
De  chacun  sait  tous  les  secrets. 
Lorsque,  jasant,  comme  une  pie, 
Elle  parle  ab  hoc  et  ab  hac, 
On  voit  perler  une  roupie 
A  son  nez  farci  de  tabac! 
Vieille  Sylvie,  etc. 

Le  bien  du  monde  est  périssable, 
Et  dans  la  bible  il  est  écrit 
Que  l'homme  bâtit  sur  le  sable. 
Beauté,  jeunesse,  gloire,  esprit, 
Tout  se  fane  et  tout  dépéril  ! 
Le  château  se  change  en  ruine, 
Le  jeune  époux  en  vieux...  mari, 
La  vierge  pure  en  Messaline, 
La  fraîche  rose  en  gratte...  nez.  . 

Pauvre  Sylvie, 

En  celte  vie 
Ton  exemple  nous  prouve  bien 
Que  l'on  ne  doit  compter  sur  rien  !  [bis. 

Louis   l'rotiit  et  Justin  1  UllANNUl 


I. a  musique,  de  Désaugiers,  se  trouve  notée  au 
N'.  11 13  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE   CONSCRIT. 


Cet  âge  d'or  qu'elle  regrette, 
Loin  d'elle  s'enfuit  chaque  jour, 


J'avais  à  peine  dix-huit  ans, 
Qu'exempt  de  chagrin  et  d'affaire, 


CHANSONNETTES. 


335 


Gaîment  je  consacrais  mon  temps 
A  boire,  a  dormir,  à  rien  faire. 
Un  beau  jour  survint  une  loi 
Qui  m'envoie  au  bout  de  la  terre 
Batailler  pour  je  ne  sais  quoi: 
Avez-vous  jamais  vu  la  guerre? 

La  souveraine  du  Brabant 
Prétendait  avec  hardiesse 
Avoir  le  pied  plus  élégant 
Que  le  pied  de  notre  princesse: 
Pour  soutenir  des  droits  si  beaux, 
On  rangea,  grâce  au  ministère, 
Cent  mille  hommes  sous  les  drapeaux 
Avez-vous  jamais  vu  la  guerre  ? 

J'avais  le  regard  louche  et  faux, 
J'avais  les  jambes  non  pareilles 
On  ferma  l'œil  sur  mes  défauts, 
On  me  promit  monts  et  merveilles 
De  moi,  que  rendait  tout  blafard 
Le  bruit  du  canon,  du  tonnerre, 
On  prétendit  faire  un  César  : 
Avez-vous  jamais  vu  la  guerre  ? 

Amis,  l'agréable  métier 
Que  le  noble  métier  des  armes! 
Le  diable  au  fond  d'un  bénitier, 
Trouverait,  je  crois,  plus  de  charmes. 
Doux  navels,  tendres  haricots, 
Bon  pain  noir,  excellente  eau  claire. 
Voilà  le  festin  des  héros: 
Avez-vous  jamais  vu  la  guerre? 

La  gloire  n'avait  pas  pour  moi 
Entr'ouvertses  voiles  de  rose  ; 
Et  j'étais  peu  jaloux,  ma  loi, 
Des  honneurs  de  l'apothéose. 
Pour  calmer  mes  sens  effrayés, 
Sans  rire  on  m'offrit  pour  salaire 
Cinq  sous  par  jour,  jamais  payés  : 
Avez-vous  jamais  vu  la  guerre? 

Aux  champs  de  la  destruction 
Je  trouve  besogne  nouvelle; 
Me  plante-t-on  de  faction  ? 
Ou  bien  j'y  brûle  ou  hien  j'y  gèle. 


Je  fais  prendre  un  convoi  d'argent, 
Et  pour  prix  de  mon  ministère 
Mon  caporal  est  fait  sergent  : 
Avez-vous  jamais  vu  la  guerre? 

Cette  injustice  me  frappa, 
Je  pris  la  poudre  d'escampette , 
Par  malheur  on  me  rattrapa. 
Mon  affaire  fut  bientôt  faite; 
Ma  tête  était  mal  en  renom, 
Et,  pour  la  rendre  moins  légère, 
On  voulut  y  loger  du  plomb  : 
Avez-vous  jamais  vu  la  guerre? 

Par  bonheur  on  se  culbuta 
En  l'honneur  de  nos  souveraines; 
Mais  j'ignore  qui  remporta 
Du  noble  pied  de  ces  deux  reines. 
Voici  les  résultats  connus  : 
C'est  que  nous,  juges  de  l'affaire, 
Nous  revînmes  les  pieds  tout  nus: 
Avez-vous  jamais  vu  la  guerre? 

Amis,  ne  me  soupçonnez  pas, 
Malgré  cette  plaisanterie, 
D'avoir  jamais  craint  le  trépas, 
En  combattant  pour  la  patrie: 
Mais  lorsque  j'entends  répéter 
Qu'au  bonheur  la  paix  est  contraire, 
Je  suis  toujours  prêt  à  chanter: 
Avez-vous  jamais  vu  la  guerre  ? 

Emile  Dehreaux. 

La  musique  se  trouve  notée  au  N.  263  de  la  Cle 
du  Caveau. 


UN  COEUR  SENSIBLE  ET  DES   PRINCI PES 

1834. 


Beau  voltigeur,  éloigne-toi  I 
Eloigne-toi,  je  t'en  supplie  ! 
Je  pourrais  faire  une  folie 
Si  tu  restais  auprès  de  moi. 


(bis. 


326 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Bien  qu'il  choque  les  participes,  y 

Que  ton  langage  est  caressant  !     {bis.) 
Ah  !  quel  bagage  embarrassant!        I  ' 

Qu'uncœursensibleetdes  principes  !  \xJ    '' 
Qu'un  cœur  sensible  et  des  principes, 
Et  desprincipesl 

Non,  voltigeur,  n'espère  pas 
Remporter  sitôt  la  victoire  , 
Car  l'honneur  seul,  tu  peux  m'en  croire, 
A  pour  moi  d'éternels  appas.        (/•«.) 
Cependant  déjà  tu  dissipes 
Mes  terreurs  par  ton  noble  accent,  (bù.) 
Ahl  quel  bagage,  etc. 

Grand  Dieu  !  n'en  ai-je  pas  trop  dit  ? 
Instruit  par  un  aveu  si  tendre, 
Que  ne  vas-tu  pas  entreprendre 
Pour  t'assurer  de  ton  crédit?      (bis.) 
Mais,  voltigeur,  tu  t'émancipes, 
Cruel,  tu  deviens  plus  pressant  !     [bis.)       i 
Ah!  quel  bagage  embarrassant         "| 
Qu'uncœursensibleetdes  principes!  j' 
Qu'un  cœur  sensible  et  des  principes, 
Et  des  principes! 

l'Irlc  Gattlngner. 

La  musique,  d'Amédée  de  Beauplan,  se  trouve 
chez  MM.  HeugeletCie,  rue  Vivienne,  2bis. 


UIGOLETTE  OU   UNE  VERTU. 


Mais,  pour  être  heureuse. 
Ce  que  j'ai  me  suffit. 
On  m'appell',  etc. 

J'  suis  jeune,  étourdie, 
On  vante  mes  appas; 
Et  j' jouis  d'  la  vie 
Sans  faire  un  faux  pas. 
On  m'appell',  etc. 

J'  n'  suis  pas  bégueule, 
Chez  moi,  sans  façons, 
M'ennuyant  toute  seule, 
Je  r'çois  des  garçons. 
On  m'appelle,  etc. 

J'  compte  par  douzaines, 
Les  adorateurs, 
Qui  perdent  leurs  peines 
A  m'  dir'  des  douceurs. 
On  m'appell',  etc. 

On  m'  paie  un  bouquet  d'  roses, 
L'  spectacl',  des  babas, 
Du  punch  et  null' choses 
Qui  n'  se  r'fusent  pas. 
On  m'appell',  eic. 

A  la  médisance 
J'  m'expose  et  1'  sais  bien, 
Mais,  ma  conscience 
Ne  me  r'proche  rien. 
On  m'appell',  etc. 


1849. 


Air:  Virent  les  fillette». 


On  m'appfir  Rigolette, 
Kt  j'  rends  grâce  à  Dieu, 
D'être  une  grisette 
Comme  on  en  voit  peu. 

Quoiqu'  laborieuse, 
Mon  gain  est  petit; 


Du  travail  d' la  s'maine, 
Pour  me  délasser, 
L'  dimanche  on  m'  promène, 
Et  l'on  m'  fait  danser. 
On  m'appell',  etc. 

Chez  les  traiteurs  j'  dîne 
Dans  d'  p'tils  cabinets; 
C  qu'on  désir'  j'  1*  devine... 
Et  n'  l'accord' jamais. 
On  m'appell',  etc. 


CHANSONNETTES. 


327 


Bonn'  fille,  j' tolère 
C  qu'  permet  l'amitié  ; 
D'vient-on  téméraire, 
On  m'  trouv'  sans  pitié. 
On  m'appell',  etc. 

Qu'à  ma  porte  on  m'  ramène, 
La  nuit  ou  le  soir; 
On  m'embrass'  pour  la  peine, 
Et  j'  dis...  au  revoir. 
On  m'appell',  etc. 

J'  puis  être  épouse  et  mère, 
Je  n'  veux  pas  qu'une  erreur 
D'  ma  couronne  d'  rosière, 
Fan'  même  une  fleur  !  !  ! 

On  m'appell'  Rigolette, 
Et  j'  rends  grâce  à  Dieu 
D'être  une  grisette, 
Gomme  on  en  voit  peu. 

P  -J.  C  bu  ri  in 

La  musique,  d'Albanèse,   se  trouve    notée    au 
N.  624  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  FOURNIMENT 

OU    LE    COMPAGNON    DU    GRENADIER. 


Sais-tu  pourquoi  que  je  t'estime, 
Dis-moi  donc,  mon  cher  fourniment? 
C'est  qu'  tu  fus  toujours  mon  intime 
Depuis  que  j'  suis  au  régiment. 
Pour  monter  d'main  nous  deux  la  garde, 
J'  vas  té  blanchir,  lé  nettoyer  ; 
J'  veux  qu'on  admire  à  la  parade 
Le  compagnon  du  grenadier. 


Tu  dois,  ma  petite,  être  fière 
D'avoir  l'honneur  de  renfermer 
Les  cheveux  d'  la  particulière, 
Et  les  cartouch's  du  grenadier. 


}(« 


Noble  soutien  dé  ma  vaillance, 

Joli  fusil  !  si  clair  !  si  beau  ! 

Que  pour  lé  service  dé  la  France, 

Tu  s'rais  dans  1'  cas  d'  partir  dans  l'eau 

Au  tripoli,  fils  de  la  gloire  t 

Tu  dois  l'éclat  de  ton  acier, 

Comme  je  lé  dois  la  victoire, 

Vieux  compagnon  du  grenadier. 


1{W 


Sabre  d'honneur,  sabre  de  guerre, 
Tu  s'ras  toujours  lé  défenseur, 
De  celle  qu'elle  a  su  me  plaire 
Et  qu'elle  gouverne  mon  cœur. 
Gare  à  celui-là  qui  t'offense  1 
Il  doit  dé  toi  se  méfier... 
Car  tu  coup'sles  en  n'misdela  France 
Comm'  les  rivaux  du  grenadier. 


\{bis.) 


Mon  havresac,  mon  tendre  frère, 
Que  d'  fois  sur  mon  dos  j'  t'ai  porté  ; 
Dans  la  Russie,  dans  la  Bavière, 
Avec  moi  partout  t'as  trotté. 
Tu  contiens  les  bas,  la  chemise, 
Lé  pantalon  d'  drap  d'officier, 
Et  les  mouchoirs  que  la  payse, 
Fit  présent  à  son  grenadier. 

Paroles  d'un  anonyme. 


j  (bis.) 


}(«*•) 


La  musique  ,  de  C.  Plantade  ,  se  trouve  chez 
A.  Brullé,  passage  des  Panoramas,  16. 


LE  HOUSSARD  DE  LA  GARDE. 


C'est  par  toi,  charmante  giberne, 
Que  d'abord  je  vas  commencer; 
Par  toi  qu'on  n'a  jamais  vu'  terne, 
Et  qu'  l'on  peut  toujours  s'y  mirer. 


Toi  qui  connais  les  houssards  delà  garde, 
Connais  tu  pas  l' trombonn'  du  régiment? 
Que!  air  aimable  quand  il  vous  regarde, 
Eh  bien  !  ma  chère,  il  était  mon  amant. 


J»B 


CHANSONS    POPULAIRES. 


\u  Luxembourg  je  fis  sa  connaissance, 
Qu'il  était  beau  dessous  son  fourniment! 
Quel  air  vainqueur!  Quelle  noble  prestance 
En  embouchant  son  aimable  instrument. 
Toi  connais,  etc. 

Le  premier  jour  qu'il  me  vit  en  personne, 
J'  crus  qu'il  allait  tomber  en  pâmoison: 
11  soupirait  plus  fort  que  sa  trombonne; 
Moi,  de  pitié,  j'en  avais  le  frisson. 
Toi  qui  connais,  etc. 

Tu  peux  m'en  croire,  ô  ma  chère  Julie, 
C'était  vraiment  un  amour  de  garçon  ; 
Pour  l'obliger  j'aurais  donné  ma  vie, 
J'aurais  vendu  jusqu'au  dernier  jupon. 
Toi  qui  connais,  etc. 

Il  est  parti,  j'attends  de  ses  nouvelles 

De  Lille  en  Flandre  ous  qu'il  tient  garnison  ; 

Ah!  que  du  moins  il  me  reste  fidèle, 

Ou  j' suis  dans  l' cas  de  m' détruire  au  charbon . 

Toi  qui  connais  les  houssards  de  la  garde,. 
Connais-tu  pas  f  trombonn'  du  régiment? 
Quel  air  aimable  quand  il  vous  regarde, 
Eh  bien!  ma  chère,  il  était  mon  amant. 

Paroles  d'un  anonyme. 

I. a  musique  ,  d'Al.  Piccini,  se  trouve  notée  au 
H.  1395  de  la  Clé  du  Caveau. 


LES  VÉRITÉS  GASCONNES. 

1816. 
Air  de  la  Treille  de  Sincérité. 

Plus  d'un  Gascon  erre, 
Exagère, 

Ment 
Constamment  ; 
Hais,  eadédis! 
(>n  peut  eroiré  ce  que  je  dis. 


Je  suis  d'une  illustré  noblesse  ; 
Tout  en  moi  lé  l'ait  pressentir: 
Neveu  d'un  duc,  d'une  duchesse, 
Leurs  biens  doivent  m'apparténir  . 
Un  intrus  vient  mé  les  ravir. 
Ma  plainte  en  justice  est  formée, 
Je  veux  plaider  titrés  en  mains  ; 
Mais  une  souris  affamée 
A  dévoré  mes  parchemins. 
Plus  d'un  Gascon,  etc. 

Ce  révers  né  m'afflige  guères, 
Car  je  possédé  beaucoup  d'or; 
A  chacun  dé  vous,  chers  'on  frères, 
J'offrirais  un  pélit  Irésoi 
Que  je  serais  trop  riche  encor. 
Lé  croirez-vous  ?  j'ai  la  manie 
Dé  toujours  sortir  sans  argent  ; 
Bien  certain  qu'une  bourse  amie 
S'ouvrira  dans  un  cas  urgent. 
Plus  d'un  Gascon,  etc. 

Ma  gardé-robé  bien  garnie 
Est  celle  d'un  homme  dé  cour  ; 
bijoux,  dentelles,  broderie, 
Chez  moi  se  trouvent  tour-à-tour; 
J'en  puis  changer  vingt  fois  par  jour 
Courant  1rs  bouchons,  la  grisette. 
Incognito,  j'aime  à  jouir; 
Et  si  je  fais  peu  de  toilette, 
C'est  que  l'éclat  nuit  au  plaisir. 
Plus  d'un  Gascon,  etc. 

En  fait  d'armes,  mieux  qu'un  Saint-George, 
Je  manie  épée,  espadon  : 
Voulez-vous  vous  couper  la  gorge? 
Pour  un  oui,  comme  pour  un  non, 
Moi,  je  mé  bals  connue  un  démon; 
Si  j'avais  eu  laine  inoins  belle 
Dieux!  que  d'imprudents  sérient  morts! 
Mais  avec  eux,  quand  j'eus  querelle, 
Noblement...  j'oubliai  leurs  torts. 
Plus  d'un  Gascon,  etc. 

J'éclipse  en  grâce,  en  flfsufani 
Terpsichore  et  ses  favoris 


Paris  —  Imprimerie  de  I'illet  fils  aîné  ,rue  des  Grands-AuRustius,  3. 


CHANSONNETTES. 


329 


Et  je  fais  pâ!ir,  quand  je  danse, 
Les  plus  grands  talents  dé  Paris, 
Paul,  Duport,  Gardel  et  Vestris, 
Vous  lé  prouver  dans  la  minute 
Né  m'aurait  point  embarrassé, 
Si  je  n'avais,  par  une  chute, 
Eu  le  genou  droit  fracassé. 
Plus  d'un  Gascon,  etc. 

On  a  vu  dé  l'Académie 
Les  membres  les  plus  érudits 
Céder  la  palme  à  mon  génie, 
En  lisant  les  doctes  écrits 
Qu'un  plat  écrivassier  m'a  pris  ; 
Leurs  litres!...  j'en  fais  un  mystère, 
Le  sot,  qui  leur  doit  un  renom, 
Parvint  au  fauteuil  littéraire 
En  l'es  publiant  sous  son  nom. 
Plus  d'un  Gascon,  etc. 

Dans  mes  amours,  du  fils  d'Alcmène 
Je  surpassé  l'heureuse  ardeur  ; 
Plus  je  m'agite  dans  l'arène, 
Plus  je  sens  croître  ma  vigueur  : 
Dé  cent  tendrons  je  fus  vainqueur. 
J'invoquerais  leur  témoignage  ; 
Mais,  hélas  I  comment  l'obtenir  ? 
Chacun  d'eux,  à  la  fleur  dé  l'âge, 
Est  mort...  d'un  excès  de  plaisir. 
Plus  d'un  Gascon,  etc. 

En  bon  Français,  dé  ma  pairie 
Je  fus  lé  zélé  défenseur; 
Mille  fois  j'exposai  ma  vie, 
Et  j'eus,  pour  prix  dé  ma  valeur, 
Croix  dé  Saint-Louis,  croix  d'Honneur. 
Qu'importe!  on  voit  mes  boutonnières 
Veuves  de  ces  riens  élégants; 
Pour  moi,  pour  les  factionnaires, 
Les  saluts  seraient  fatigants. 
Plus  d'un  Gascon,  etc. 

J'eus  toujours  pour  la  chansonnette 
Un  talent  vraiment  précieux, 
Et,  sans  cessé,  j'ai  dans  la  tète 

Des  couplets  malins,  gracieux, 

• 

ICS 


Et  les  refrains  les  plus  heureux. 
Jugez  de  mon  rare  mérite; 
Favart,  qu'on  n'a  pas  surpassé, 
Et  Panard,  que  partout  on  cite, 
Ont  écrit.  .  ce  que  j'ai  pensé. 

Plus  d'un  Gascon  erre, 
Exagère, 

Ment 
Constamment; 
Mais,  cadédis, 
On  peut  croire  ce  que  je  dis. 

P.-J.  Cbarrln. 

La  musique,  de  Désaugiers,  se  trouve  notée   au 
N.  1113  de  la  Clé  du  Caveau. 

AU  HASARD  DE  LA  FOURCHETTE. 

1849. 
Air  :  La  queue  emporte  la  télé. 

11  est  un  traiteur  ambigu 

Chez  qui  1  étiquette  est  un  mythe... 

Savants,  l'on  trouve  l'inconnu 

Sous  le  bouillon,  dans  sa  marmite... 

Chacun  vient  piquer  pour  un  sou, 

A  tour  de  rôle,  à  l'aveuglette, 

Navets,  chien,  porc,  bœuf,  mouton,  cliot 

Au  hasard  de  la  fourchette.       (quaier.) 

Vous  buvez  de  tous  les  tonneaux, 
Vous  courtisez  toutes  les  filles 
Tirez  votre  poudre  aux  moineaux... 
Conduisez-vous  en  joyeux  drilles  ! 
Mais  les  regrets  ont  bien  leur  tour.. 
On  se  mord  les  doigts  en  cachette... 
Aussi  pourquoi  faire  l'amour 
Au  hasard  de  la  fourchette?... 

Le  mariage  est  un  grand  sac; 
Fouillez-y,  mettez-vous  à  l'œuvre! 
On  espère  une  anguille...  et  crac! 
On  en  relire  une  couleuvre... 

tous  a.  —    >:!. 


330 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Il  faut  des  époux  assortis, 
Dit  une  vieille  chansonnelle 
Le  plus  souvent  ils  sont  lotis 
Au  hasard  de  la  fourchette. 

La  propriété,  cest  le  vol!... 
Crie  un  célèbre  économiste  : 
Quand  ou  la  voit  le  fruit  du  doL, 
Ça  fait  devenir  proudhoniste  ! 
De  parlageux  onde  rêveurs 
L'aveugle  fortune  nous  traite, 
lit  répand  toujours  ses  faveurs 
Au  hasard  de  la  fourchette. 

Gloire  au  suffrage  universel! 
Il  sait  cl  que  Dieu  nous  destine. 
Plus  tard  s'éclaircira  le  ciel... 
Bene,  citoyen  Lamartine  1 
En  attendant  cet  heureux  temps, 
Le  sort  en  est  jeté,  poète  ! 
On  nomme  les  représentants 
Au  hasard  de  la  fourchette. 

Collé,  Piron,  Laujon,  Panard, 
Qui  nous  rendra  la  verte  allure, 
L'air  badin,  le  ton  égrillard 
De  vos /Ion,  (Ion...  flou  turelure? 
Comme  ces  aimables  garçons 
Savaient  broder  une  bluettel... 
Nous  faisons  un  las  de  chansons 
Au  hasard  de  la  fourchette. 

Kmile  Varia. 

La  musique,  de  Louis  Festeau,  se  trouve, à  Paris, 
chez  L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dams-de- 
Nazaretba 


LE  PATRIOTE  MECONTENT 

1831. 
Air  :  Nos  amours  ont  duré  toute  une  semaine. 

C'esl  lonl  d'  même  embêtant  ! 
J'  marron n'  quand  j'j  pense, 


D'  voir  tant  de  ch'napans 
S'  faire  valoir  à  nos  dépens; 
.Nous  avons  eu  Y  mal,  eux  la  récompense; 
Pour  la  nation 
Fait'sdonc  une  révolution  ! 

Ui  premier  signal,  on  m'  vit  dans  la  rue 
Courir  au  danger,  l'âme  résolue. 
J'ai  seul  embroché,  comme  des  aloyaux, 
rnsuiss',deuxgendarm'set  trois  gard's  royaux 

i)u  fruit  pourquoi  donc  nc-m'hùsse-t-on  qu'  les  noyaux  1 

C'est  tout  d'  même  embêtant,  etc. 

(Jued'gensmaintenant  font  lescrân's, les  braves, 
Oui  pendant  V  combat  s' cachaient  dans  leurs  caves 
Pour  récompenser  d'  prétendus  hauts-faits, 
On  les  noiiim'  minist',  on  les  fait  préfets. 
Fncor  ces  messieurs  n'  sont-ils  pas  satisfaits. 
C'est  tout  d'  même  embêiant,  etc. 

Fallait  voir  alors  comm'  sur  nos  théâtres, 
De  la  liberté  s'  montrant  idolâtres, 
Ils  nous  accablaient  dans  lescommenc'ments, 
D'élog's,  de  saluts,  d'applaudissements; 
Aujourd'hui  c'n'estplusqued' petits  compliments. 
C'est  tout  d'  même  embêtant,  etc. 

Quoiqu"  toujours  au  feu,j'  n'ai  pasd'entamure; 
Fst-ce  ma  faute  à  moi  si  j'  n'ai  pasd'  blessure? 
Aussi  j'  n'obtiens  rien  :  quell'  vexation! 
lït  ma  femm'  m' dit,  à  et'  occasion  : 
Si  t'étais  ocis.  j'aurais  la  pension. 

C'est  tout  d'  même  embêtant,  etc. 


De  leurs  favoris  pour  êtr'  sur  la  liste, 
Paul  être  avocat  ou  ben  journaliste. 
Moi  qui,  par  malheur,  n'  suis  qu'un  ouvrier 
Moi  qui  m' suis  battu  sans  me  fair'  prier, 
N'  veut-on  pas  m'ôter  la  liberté  d'  crier  : 
C'esl  tout  d'  même  embêtant,  etc. 

A  Pliilipp'  premier,  nol'  nouveau  monarque, 
V'ià  trois  foisqu  j'écris,  et  je  le  remarque, 
Ils  n'  lui  lonl  répondr'  que  ce  qu'ils  veul  ni  bien. 
Car  son  noble  cœur  d  vrail  entendr'  i<-  mien. 
J  voudrais  lui  parler,  j' lui dirais:Nomd'un  chien' 


CHANSONNETTES. 


331 


C'est  tout  d'  même  embêtant  ! 
J'  marronne  quand  j'y  pense, 
D'  voir  tant  de  ch'napans, 
Se  fair'  valoir  à  nos  dépens. 
Nous  avons  eu  1'  mal,  eux  la  récompense  ; 
Pour  la  nation 
Fait's  donc  une  révolution  ! 

Jules  Leroy. 


L'air  anglais,  retouché  par  Doche  (Ils,  se  trouve 
noté  au  N.  2173  de  la  Clé  du  Caveau. 


LEÇON  D'UNE  MÈRE  A  SA  FILLE. 

Ar  du  Menuet  d'Exaudct. 

Cet  étang 

Cjui  s'étend 

Dans  la  plaine, 
Répète  au  sein  de  ses  eaux 
Ces  verdoyants  ormeaux 
Où  le  pampre  s'enchaîne  : 

Un  ciel  pur, 

Un  azur 

Sans  nuages 

Vivement  s'y  réfléchit; 

Le  tableau  s'enrichit 

D'images. 

Mais  tandis  que  l'on  admire 
Celte  onde  où  le  ciel  se  mire, 

Un  zéphir 

Vient  ternir 

La  surface 

De  la  glace  ; 
D'un  souffle  il  confond  les  traits, 
Détruit  tous  les  effets; 
L'éclat  de  tant  d'objets 

S'efface. 


Un  désir, 
Un  soupir, 
0  ma  fille! 


l'eut  ainsi  troubler  un  cœur 
Où  se  peint  la  candeur, 
Où  la  s;  gesse  bril  e. 
Le  îepos 
Sur  les  eaux 
Peut  renaître; 
Mais  il  se  perd  sans  retou- 
Dans  un  cœur  (.ont  l'Amo-ir 
Est  maître. 

l 'avart. 

La  musique,  d'Exaui'et,  se  trouve  n  3tée  au  N.  752 
delà  Clé  du  Caveau. 


LE    BRASSEUR    DE  PRESTON. 


Pour  aller  veng3r  la  patrie, 
Tout  à  l'heure,  tant  bien  que  mal, 
Comme  un  hon  me  à  l'an  e  aguerrie 
Le  sergent  me  hisse  à  cheval, 
Et  sans  atlendr.!  le  signal, 
Je  vois  s'élancei  l'animal. 
Grand  Diei  !  qu  il  fracas  infe.  nal  ! 
Par  un  mouvement  maclina!, 
Je  veux  fuir  ave  ;  le  cheval; 
Mais  par  son  élaa  martial, 
Si  j'ai  su  gagner  la  bataille, 
Vois-tu,  c'est  grâce  à  mon  cheval. 
Oui,  si  j'ai  hravé  la  mitraille, 
C'est  que  j'étais  sur  mon  cheva'. 

Mon  coursier,  d'une  ardeur  guerrière, 
Me  conduit,  <)  dest,n  fatal! 
Malgré  mes  \œux  et  ma  prière, 
Au  beau  milieu  du  bacchanal, 
Et  pour  moi  !  ans  ciaindre  aucun  mal, 
Se  conduisant  comir  e  un  t  rutal, 
Partout  on  voyait  men  che 'al 
Aux  ennemis  donner  un  b;  J, 
Qu'ils  ont  dû  iiouver  sans  (gai. 
Mon  éloge  n'es'  pfcs  banal, 
Je  n'aurais  pas  eu  la  viUohe, 
Si  j'avais  été  sans  chevai. 


232 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Si  je  me  suis  couvert  de  gloire, 
C'est  que  j'avais  un  bon  cheval. 

J'ai  sauvé  l'honneur  de  mon  frère 
Sans  coup  de  feu  ni. le  bancal. 
Mais  je  reviens  brasser  ma  bière 
Et  chanter  d'un  air  jovial  : 
De  mon  lrère  on  m'a  cru  l'égal 
En  me  plaçant  sur  mon  cheval. 
Je  l'avoue  en  homme  loyal, 
Un  des  soldais  du  coqis  royal 
Mer','»  d'être  marécha', 
Mieux  que  moi  d'être  i-apoi  al. 
S'il  est  unejustice  humaine, 
0  mon  cheval,  noble  animal, 
Puisqu'on  me  nomme  «-apitaine, 
On  doit  te  nommer  généial. 

Parole*  d'ui:  anonyme. 

La    musique,    d'Adolphe  Adan  ,  se  trouve    chez 
M.  Rich.mlt,  éditeur,  bonlevart  Poissonnière,  14. 


LE   CONSCRIT   DE   CORBEIL. 


Cotait  un  conscrit  de  Corbeil, 
Il  n'y  avait  pas  son  pareil. 
A>ant  d'être  au  régiment, 
Au  régiment,  ent,  ent,  an  régiment, 
Avant  d'être  au  régiment, 
11  avait  z'un  atlachme.it. 

S'en  va  dire  à  sa  m  tinan  : 
Je  purs  insensiblement. 

Dits  à  ma  tant'  que  son  n'veu, 
Que  boii  neveu,  eu,  eu,  que  son  neveu, 
Dit's  à  ma  tant'  que  son  n'veu 
A,  è,  u  le  liméro  deux. 

Si  Cl  r.rlolt'  vieil*  med'mander, 
Dit's- l'y  que  j'  sr.is  occupé  ; 
Qu'eif  me  gani'  son  cœur,  sa  foi, 
Son  cœur,  sa  foi,  i,  a,  son  cœur,  sa  foi, 
Qu'ell'  in  i  cœur,  sa  foi, 

Si  <;a  se  peut  quelquefois. 


Dites  bien  aux  compagnons 
Que  le  tîleur  de  coton 
Qu'a  filé  bonnels  et  bas, 
Bonnets  et  bas,  à  a  bonnels  et  bas, 
Qu'a  filé  bonnets  et  bas, 
Devant  l'ennemi  n'  iil'rapas. 

Paroles»  d'un  anonyme 


La  musique,  de  Blanchard,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  L.  Vieillot,  éditeur.  32,  rue  Notre-Dame-de- 
Nazareth. 


FANFAN   LA  TULIPE. 

1819. 
Air  :  La  discipline  est  peu  sage. 

Comme  1'  mari  d'  notre  mère 
Doit  toujours  s'app'ler  papa, 
Je  vous  dirai  que  mon  père 
Un  certain  jour  me  happa. 
Puis  me  m'nant  jusqu'au  bas  d' la  rampe, 
M'dit  ces  mots  qui  m' mir'ent  tout  sens  d'ssus  d'ssous: 
«  J'  te  dirai,  ma  foi, 
«  N'y  a  plus  pour  loi 
«  Rien  chez  nous  ; 
«  Vlà  cinq  sous, 
«  El  décampe! 
«  En  avant, 
«  Fan  fan 
«  La  Tulipe, 
«  Oui,  mil!'  noms  d'une  pipe, 
«  En  avant!  » 

Puisqu'il  est  d'  l'ait  qu'un  jeune  lioinuu-. 
Quand  il  a  cinq  sous  vaillant, 
Peut  aller  d'  Paris  à  H. nue, 
Je  partis  en  sautillant. 
L'  premier  jour  je  trottais  comme  un  ange, 
Mais  1'  lendemain 
Je  mourais  quasi  d'  faim. 
Un  r'eructeur  passa, 
nui  m'  proposa... 


Paris  — Imprimerie  Je  Piuet fils utué,rue des Grands-Anjnutint,  S 


CHANSONNETTES. 


333 


Pas  d'orgueil, 
J'  m'en  bals  l'œil, 
Faut  que  j'  mange. 
En  avant,  etc. 

Quand  j'entendis  la  mitraille, 
Comm'  je  r'grettais  mes  foyers  ! 
Mais  quand  j"  vis  à  la  bataille 
Marcher  nos  vieux  grenadiers  ; 
Un  instant,  nous  somm's  toujours  ensembb 
Venfrebleu  !  me  dis-je  alors  tout  bas, 
Allons,  mon  enfant, 
Mon  p'tit  Fanfan, 
Vite  au  pas 
Qu'on  n'  dise  pas 
Que  tu  tremb'e  ! 
En  avant,  etc. 

En  vrai  soldat  de  la  garde, 
Quand  les  feux  avaient  cessé, 
Sans  r'garder  à  la  cocarde 
J'  tendais  la  main  au  blessé. 
D'insulter  des  homm's  vivant  encore, 
Quand  j'  voyais  des  lâch's  se  faire  uu  jeu; 
Ah!  mill'  ventrebleu, 
Quoi, 
Devant  moi, 
J'  souffrirais 
Qu'un  Français 
S'  déshonore! 
En  avant,  etc. 

Vingt  ans  soldat,  vaill'  que  vaille, 
Quoiqu'au  d'voir  toujours  soumis, 
Un'  fois  hors  du  champ  de  bataille, 
i'  n'ai  jamais  connu  d'enn'mis. 
Des  vaincus  la  touchante  prière 
M'  fit  toujours 
Volera  leur  secours.  / 

P't'-èt'  c'  que  j'  fiai  pour  eux, 
Les  malheureux 
L'  front  un  jour 
A  leur  tour 
Pour  ma  mère  ! 
En  avant,  etc. 

A  plus  d'un'  gentill'  friponne 
Mainte  fois  j'ai  fait  la  cour  ; 


Mais  toujours  à  la  dragonne. 
C'est  vraiment  l'  chemin  1'  plus  court 
El  j'  disais  quand  un'  fille  un  peu  fière, 
Sur  l'honneur  se  mettait  à  dada  • 
N'  tremblons  pas  pour  ça, 
Ces  vertus-là 
Tôt  ou  tard 
Finiss'nt  par 
S' laisser  faire, 
En  avant,  etc. 

Mon  père,  dans  l'infortune, 
M'app'la  pour  le  protéger  ; 
Si  j'avais  eu  d'  la  rancune, 
Quel  moment  pour  me  venger  ! 
Mais  un  franc,  un  loyal  militaire, 
D'  ses  parents  doit  toujours  être  l'appui , 
Si  j'  n'avais  eu  qu'  lui 
J's'rais  aujourd'hui 
Mort  de  faim, 
Mais  enfin 
C'est  mon  père  ! 
En  avant,  etc. 

Maintenant  je  me  repose 
Sous  le  chaume  hospitalier  ; 
Et  j'y  cultive  la  rose 
Sans  négliger  le  laurier. 
D'  mon  armur' je  détache  la  rouille, 
Car  si  1'  temps  ramenait  les  combats, 
D'  nos  jeunes  soldats 
Guidant  les  pas  : 
J'  m'écriais  : 
J'  suis  Français, 
Qui  touch'  mouille. 
En  avant, 
Fanfan 
La  tulipe, 
Oui,  mill'  noms  d'un'  pipe, 
En  avant  1 

Emile  nébraux. 


La  musique  se  trouve  notée  auN.  1473  de  la  Clé 
du  Caveau. 


«*S€^^I3M 


108 


TOME    [I.    —    50 


334 


CHANSONS  POPULAIRES. 


LA  FEMME  CONTRARIANTE. 

1783. 

Je  n'aimais  pas  le  tabac  beaucoup  ; 
J'en  prenais  peu,  et  souvent  pas  du  tout; 
Mais  mon  mari  me  défend  cela,      (bis.) 
Depuis  ce  moment-là, 
Je  le  trouve  piquant 

Quand 
J'en  peux  prendre  à  l'écart  ; 

Car 
Un  plaisir  vaut  son  prix  (bis.) 

Pris 
Kn  dépit  des  maris  ! 

Attribuée  à  Tadé  et  à  Sedainc 

Ce  couplet,  qui  a  dû  son  succès  populaire  à  l'o- 
péra du  Diable  à  Quatre,  dans  lequel  il  a  été  inter- 
calé par  Sedaine,  a  toujours  été  attribué  à  ce  der- 
nier; nous  croyons  au  contraire  que  ce  couplet  est 
de  Vadé,  ainsi  que  le  prouverait  le  Chansonnier 
Français,  format  Cazin,  tome  3,  page  31,  publiéà 
Londres  en  1783. 

La   musique ,    de    Solié ,    se  trouve    notée    au 
N.  369  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  CHIEN    DU  RÉGIMENT. 

1846. 

Air  :  De  ladragonne  de  Friedland  Debreaux). 
Orj  :  J'  fil'  tout  V  long  des  parapets. 

Je  chante  un  modeste  caniche, 
Célèbre  par  ses  faits  marquants; 
Naguère  il  déserta  sa  niche, 
Pour  se  distinguer  dans  les  camps. 
Qui,  sans  avoir  l'âme  alarmée, 
Sur  quatre  pattes  bravement, 

Rli,  r'ian, 
Suivait  partout  la  grande  armée? 
C'était  le  chien  du  régiment: 

Ce  héros  de  la  gent  canine, 
En  aimant  le  feu  des  combats, 


Du  feu  plus  doux  de  la  cantine 
Sagement  ne  se  privait  pas. 
Sur  sa  propreté,  sur  son  zèle, 
Chacun  comptait  visiblement, 

Rli,  r'ian. 
Qui  nettoyait  chaque  gamelle? 
C'était  le  chien  du  régiment! 

Il  flairait,  parfois,  d'une  lieue 
Le  Russe  comme  l'Autrichien  ; 
De  plaisir  s'agitait  sa  queue, 
Il  semblait  dire  :  tout  va  bienl... 
Lorsque  nos  ennemis  ingambes 
Nous  tournaient  le  dos  lestement, 

R'ii,  r'ian, 
Qui  leur  mordait  le  gras  des  jambes? 
C  était  le  chien  du  régiment! 

En  revenant  de  la  mêlée, 
Son  bon  cœur  prenait  le  dessus; 
Il  savait  (l'affaire  bâclée) 
Caresser  vainqueurs  et  vaincus. 
Il  soignait,  dans  ces  conjonctures, 
Chaque  blessé  pareillement, 

R'ii,  r'ian, 
Qui  léchait  toutes  les  blessures  ? 
C'était  le  chien  du  régiment  I 

Ses  passions  étaient  légères, 
Il  traitait  l'amour  en  hussard  ; 
Avec  des  chiennes  étrangères, 
Il  fit,  dit-on,  plus  d'un  bâtard. 
Près  de  la  brune  et  de  la  blonde 
11  frétillait  également, 

R'ii,  r'ian. 
Qui  faisait  le  petit  Joconde? 
C'était  le  chien  du  régiment  ! 

Quand  les  frimas  et  quand  le  nombre 
Refoulèrent  nos  étendards, 
Nos  troupiers,  prenant  un  air  sombre. 
Devenaient  quinteux  et  grognards. 
Pris  d'une  humeur  toute  pareille, 
Ému  de  leur  ressentiment, 

R'ii,  r'ian, 
Qui  grognait  en  baissant  l'oreille? 
(.'était  le  chieu  du  régiment I 


^3-WK 


■ 


CHANSONNETTES. 


335 


Ici-bas,  hélas!  tout  succombe! 
Par  une  balle  il  expira! 
Un  trou  d'obus  devint  sa  tombe, 
Plus  d'un  grenadier  le  pleura. 
Il  n'eut  point  d'autre  cénotaphe 
Que  ce  glorieux  monument, 

Rli,  r'ian; 
On  y  mit  pour  toute  épitaphe  '. 
Ci-gît  le  chien  du  régiment  ! 

Justin  Cabassol. 


MONSIEUR  PRUDENTIN 

1817. 

Air  de  1?  contredanse  de  la  Légère. 

La  prudence,      {bis.) 
Est  ma  loi 
Par  excellence. 
L'imprudence,  {bis.) 

En  moi 
Cause  un  juste  effroi. 

La  sûreté,  nous  dit-on, 
A  pour  mère  la  prudence; 
Mon  aïeul,  dès  mon  enfance, 
Me  répétait  ce  dicton. 
Quel  vertige  ici  m'attire, 
Vieux,  sobre,  faible  cerveau, 
Dois-je  chanter?  dois-je  rire  ? 
Et  boire  mon  vin  sans  eau? 
La  prudence,  etc. 

Du  poète  et  du  héros, 
J'ai  les  deux  protubérances  ; 
La  guerre  a  certaines  chances 
Qui  m'ont  fait  fuir  nos  drapeaux. 
Voyant  prospérer  des  buses, 
J'ai  dû  négliger  Phébus  ; 
Dans  le  commerce  des  muses 
On  se  brouille  avec  Plutus. 
La  prudence,  etc. 


En  examinant  un  jour 
Les  girouettes  dociles, 
Dont  les  mouvements  faciles 
Cèdent  aux  vents  tour  à  tour, 
Je  me  dis  :  Un  homme  sage 
Doit,  quels  que  soient  ses  penchant 
D'opinions,  de  langage, 
Varier  selon  le  temps. 
La  prudence,  etc. 

Par  des  nœuds  remplis  d'appas, 
Je  veux  embellir  ma  vie  : 
Déjà  parée  et  fleurie, 
Ma  future  attend  mon  bras. 
Pour  l'hymen  tout  se  dispose  ; 
Mais...  je  le  romps  sans  façon, 
Voyant  sortir  d'une  rose 
Les  cornes  d'un  limaçon. 
La  prudence,  etc. 

Pour  éviter  les  malheurs, 
Quittant  ma  montre  et  ma  bourse, 
Le  soir  je  me  mets  en  course, 
Et  n'ai  pas  peur  des  voleurs. 
Au  café  je  me  délasse  ; 
Je  vois  tout,  je  cause  peu; 
J'accepte  une  demi-lasse; 
Sans  jouer...  je  suis  au  jeu, 
La  prudence,  etc. 

Quand  parfois  un  insolent, 
Ou  me  heurte,  ou  m'injurie, 
Je  feins  d'entrer  en  furie 
Pour  qu'il  s'éloigne  à  l'instant. 
A  me  battre  s'il  me  presse, 
S'il  me  force  à  me  venger, 
Je  lui  laisse...  mon  adresse, 
Mais  ailleurs  je  vais  loger. 
La  prudence,  etc. 

Mon  cœur  des  feux  de  l'amour 
Ressenties  vives  atteintes; 
Mes  désirs...  certaines  craintes 
Me  tourmentent  tour  à  tour; 
Bref...  d'un  sexe  que  j'adore 
Fuyant  les  bras  caressants, 


*36 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Je  suis  lier  d'avoir  encore 

Ce  qu'il  pert...  avant  vingt  ans. 
La  prudence,  etc. 

De  Voltaire  et  de  Rousseau 
Je  possédais  les  ouvrages; 
J'avais  à  lire  leurs  pages 
Toujours  un  plaisir  nouveau. 
Par  mindcment...  d'archevêque  * 
Ce  plaisir  est  condamné  ; 
Je  vends  ma  bibliothèque, 
De  crainte  d'être  damné. 
La  prudence,  etc. 

Tout  calculer,  tout  prévoir, 
Voilà  quelle  est  ma  manie  : 
Je  puis  quitter  cette  vie 
Dans  un  mois,  demain,  ce  soir. 
Vienne  l'ange  des  ténèbres... 
On  m'élève  un  monumenl  : 
J'ai  même,  aux  pompes  funèbres, 
Soldé  mon  enterrement. 

La  prudence,        [bis.) 
Est  ma  loi 
Par  excellence. 
L'imprudence,  (bis.) 

En  moi 
Cause  un  juste  effroi. 

P.-J,    (harrln. 

*  En  1817,  Monseigneur  l'archevêque  de  Paris  pu- 
blia uu  Mandement  contre  les  réimpressions  des 
œuvres  de  Voltaire  et  de  J.-J.  Rousseau. 

La  musique  se  trouve  notée  au  N.  501  de  la  Clé 
•lu  Caveau. 


LES  DEUX  CONSCRITS. 

Air  :  Adieu  ma  bonne  mère. 

Queu  douleur!  faut  que  j'aille 
Vivre  loin  du  pays; 
J'aimons  pas  la  bataille, 
i  :,ir  j'ons  pas  d'ennemis. 
—  A  tont  je  me  conforme, 
J'  partirai  sans  regrets: 


Le  tambour,  1  uniforme 
Ont  pour  moi  tant  d'attraits  : 

Ran  tan  plan,  (bis) 

J'aim'  ce  r'frain  du  régiment, 
Ran  tan  plan,  ran  pataplan. 
Plan  plan,  rataplan. 

—  J'ons  le  cœur  qui  me  serre 
Quand  j'  vois  battre  un  dindon  ; 
Pourrai-j'  ben  à  la  guerrei 
Tuer  des  gens  pour  tout  d'  bon  l 

—  Les  enfants  de  la  France 
A  l'ennemi  vont  gaîment, 
Et  pas  un  ne  balance 
Quand  on  crie  :  En  avantl 

Ran  tan  plan.  (bis.) 

Au  feu  l'on  court  en  chantant, 
Ran  tan  plan,  ran  pataplan. 

—  Après  une  bonne  affaire 
On  r'vient  clopin  clopan. 

—  Mais  à  la  boutonnière 
Peut  briller  un  ruban. 

—  On  attrapp'  quelqu'  torgnoles  ; 

—  Mais  on  devient  sergent. 

—  L'  canon  vous  carambole 

—  On  meurt  glorieus'ment. 

Ran  tan  plan,  (bis.) 

On  voit  l'ennemi  fuyant, 
Et  l'on  redit...  en  mourant  : 
Ran  pataplan. 

—  Adieu  donc  au  village. 
Priez  pour  les  conscrits. 

—  Et  nous,  par  nof  courage 
F'sons  honneur  au  pays. 

—  On  ne  peut  sans  souffrance 
De  lui  se  détacher. 

—  Gardons  tous  l'espérance 
De  revoir  son  clocher 

Ran  tan  plan,  (bis) 

Amis,  la  gloir'  nous  attend, 
Ran  tan  plan,  ran  pataplan. 

Coxniurd  frères. 

Lamusique.de  Lhiiillin      'trouve  chez  L.  Vieil- 
lot, éditeur,  32,  rur  N'>trc-l>.<ine-'le-Nazaretli. 


I 


Paris.  —  Imprimerie  d«  I'illet  fils  aîné,  rue  des  Grands-  Augustins,  :>. 


ASMODKE. 

Air  de  la  Fée.  (Béranger.) 

Hier,  à  l'heure  où  l'étoile  scintille, 
J'étais  plongé  dans  un  sommeil  profond; 
Un  petit  diable,  armé  d'une  béquille, 
Dans  mon  grenier  entra  par  le  plafond. 
Avant,  dit-il,  de  rêver  à  la  noce, 
Ami,  veux-tu  choisir  dans  les  houris 
Que  l'amour  sème  en  ce  vaste  Paris?... 
Partons,  lui  dis-je  en  sautant  sur  sa  bosse. 
B  m  Asmodée,  allons,  allons  toujours, 
cherchons  ailleurs  l'hymen  et  les  amours. 

Par  la  fenêtre,  après  un  vol  rapide, 

Nous  nous  perchons  sur  un  brillant  palais 

De  là,  je  vois  une  imposante  Araride 

Menant  au  doigt  ses  femmes,  ses  valets; 

D'adorateurs  une  petite  armée 

A  grnoux  flatte  et  son  âme  et  ses  sens; 

Sous  les  lambris  où  l'orgueil  vit  d'encens 

Le  vrai  bonheur  s'évapore  en  fumée 

Bon  Asmodée,  etc. 

110 


Un  peu  plus  loin,  sémillante  et  coquette, 
Clara  consulte  un  complaisant  miroir; 
Un  art  cruel  préside  à  sa  toilette, 
Où  tout  se  cache  et  se  laisse  entrevoir; 
Devant  la  glace,  enjouée,  ingénue, 
Elle  s'assied,  pleure  et  rit  aux  éclats  : 
C'est  l'oiseleur  apprêtant  ses  appâts  : 
Gare  au  moineau  que  retiendra  la  glue  !...  (*) 
Bon  Asmodée,  etc. 

Plus  haut,  que  vois-je?  un  salon  à  l'antique; 
Sur  un  divan  repose  une  Clairon, 
Qui,  suspendant  sa  tirade  tragique, 
S'est  endormie  en  maudissant  Néron; 
Sous  le  manteau  de  Phèdre  ou  de  Lucrèce, 
Qu'elle  est  superbe  et  qu'elle  a  de  talents! 
Hélas!  hélas!  pourquoi  depuis  vingt  ans 
Rend-elle  heureux  les  Romains  et  la  Grèce? 
Bon  Asmodée,  etc. 

A  la  lueur  d'une  pâle  veilleuse 
Zoé  dévore  un  lourd  in-uclavo; 


(*)  Boiste  autorise  ylue. 


T.  Il  —  51 


388 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Ses  yeux  sont  vifs  ,  sa  pose  est  gracieuse  ; 
Chez  elle  s'ouvre...  an  sentiment  nouveau. 
Furtivement  cette  tendre  vestale, 
Dont  le  cœur  cherche  et  poursuit  un  époux , 
Prend  chez  Ricard  son  style  a  hillet  doux, 
Et  chez  de  Koch  des  leçons  de  morale. 
Bon  Asmodée,  etc. 

Là- bas,  drapant  son  foulard,  sa  pelisse, 
Marche  une  femme  au  regard  inspiré; 
Elle  est  en  feu  ,  comme  la  Pythonisse 
Improvisant  sur  le  trépied  sacré  : 
C'est  une  Muse  à  la  voix  creuse  et  mâle; 
Dans  sa  mansarde  est  l'immortel  vallon; 
En  )  grimpant ,  l'amante  d'Apollon 
A  déchiré  sa  rube  virginale. 
Bon  Asmodée,  etc. 

Que  vois-je  encor  ?  c'est  une  jeune  artiste 
Aux  doigts  légers,  aux  modestes  atours; 
Son  noir  crayon  ,  fidèle  anatomiste, 
D'un  Sparlacus  arrondit  les  contours; 
Danschaque  Irait,  chaque  ombre, chaque  ligne, 
Un  aperçoit  son  goût  pour  les  beaux-arts  ; 
Rien  n'est  omis,   tout  s'offre  à  nos  regards, 
Tout...  jusqu  aux  plis  de  la  feuille  de  vigne, 
lion  Asmodée,  etc. 

Là,  qu'aperçois-je  auprès  d'une  croisée!... 
C'est  une  vierge  aux  mourantes  couleurs 
Veillant  la  nuit  sur  sa  mère  épuisée, 
En  lui  rai  liant  son  travail  et  ses  pleurs  ; 
Ange  aux  yeux  doux,  que  d'amour  te  réclame! 
Pour  captiver  les  époux,  les  amants, 
Ton  Iront  n'est  pas  orné  de  diamants; 
Mais  Dieu  versa  des  trésors  dans  ton  âme... 

Bon  Asmodée,  arrêtons  pour  toujours; 
Je  trouve  ici  l'hymen  et  les  amours. 

■.oui*  I  fiiiuii. 


La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve 
cl..,  I.,  Vieillot,  éditeur,  32,  roc  Nulre-Dame-iie- 
fWareili. 


VOiR  COULEUR  DE  ROSE. 


182t. 
Air  :  De  la  cinquitvie  édition 

Le  dégoût  suit  la  vérité 

Lorsqu'elle  abandonne  son  voile; 

De  la  voir  dans  sa  nudité 

Me  préserve,  hélas!  mon  étoffe! 

Ici-bas  la  réalité 

Souvent  à  bâiller  nous  dispose  ; 

Pour  goûter  la  félicité 

Il  faut  tout  voir  couleur  de  rose. 

Lindor,  qui  court  après  l'esprit, 
N'a  ni  bon  sens,  ni  caractère; 
Il  ne  sait  jamais  ce  qu'il  dit, 
Et  pourtant  il  ne  peut  se  taire. 
Qu'il  soit  l'objet  d'un  compliment, 
Ou  que  de  ses  travers  on  glose, 
Il  prouve,  par  son  air  content, 
Qu'il  faut  tout  voir  couleur  de  rose. 

Flicûac  est  un  vrai  la  Terreui 
Quand  avec  lui  l'on  est  honnête  ; 
Mais  rien  n'égale  sa  douceur, 
Si  l'on  se  montre  homme  de  tête. 
Que  sur  son  front  mainte  rougeur 
Contre  sa  bravoure  dépose, 
Usait,  pour  se  croire  du  cœur, 
Qu'il  faut  tout  voir  couleur  de  rose. 

Quoique  le  rimeur  Narcolin 
Soit  fustigé  par  la  critique, 
Son  goût,  dit-il,  est  superflu, 
Pindarique,  épique,  angélique. 
Sifflez-vous  pour  ne  pas  dormir. 
Soudain  il  regarde  la  chose 
Comme  une  façon  d'applaudir... 
Il  faut  tout  voir  couleur  de  rose. 

Aux  feux  de  vingt  amants  Lison 
Fit  son  plaisir  d'être  pro,>icc  : 
Pour  en  finir,  près  de  Damon 
Elle  prend  des  airs  de  novice. 


CHANSONS    EPICURIENNES. 


339 


Damon  l'épouse  radieux  : 
Sur  lant  de  candeur  bouche  close  ! 
Puisque  Damon  se  croil  aux  cieux, 
Il  faut  tout  voir  couleur  de  rose. 

Quand  le  bon  Grégoire,  à  longs  traits, 
A  vidé  plus  d'une  bouteille, 
Son  taudis  lui  semble  un  palais, 
Sa  grosse  femme  une  merveille  ; 
Son  grabat  en  mol  édredon 
A  ses  yeux  se  métamorphose... 
Avec  le  vin,  quand  il  est  bon, 
Il  faut  tout  voir  couleur  de  rose. 

Par  la  fortuné  ballotté, 
Souvent  j'ai  vu  de  près  la  peine  ; 
Mais,  amour,  amitié,  gaîlé, 
Toujours  ont  allégé  ma  chaîne. 
Si  le  souci  veut  m'assaillir, 
D'un  mot  je  le  mets  hors  de  cause: 
Je  dis,  sans  soin  de  l'avenir  : 
Il  faut  tout  voir  couleur  de  rose. 

.1.  Uusaulchoy. 

la    musique,    de  Doche,    se  trouve    notée    au 
N  819  de  la  Clé  dn  Caveau. 


LA  TABLE  ET  L'AMOUR 

1821. 
Air  :  Adieu,  je  vous  fuis,  bois  charmants. 

Entre  deux  plaisirs,  tour-à-tour, 
Notre  cœur  indécis  balance  : 
Est-ce  à  la  table,  est-ce  à  l'amour,, 
Qu'on  doit  donner  la  préférence? 
A  l'un,  si  nous  devons  le  jour, 
A  l'autre  nous  devons  la  vie; 
Mais  quand  des  amis  sont  autour, 
Vive  une  table  bien  servie  I 

Si,  près  de  celle  qu'on  chérit, 
L'amour  nous  trouble,  nous  enivre, 
La  table  où  l'on  boit,  mange  et  rit, 
Peut  enivrer  et  faire  vivre. 


L'un  s'enfuil quand  nous  vieillissons, 
L'autre  nous  sert  toute  la  vie  : 
Lorsqu'on  chanle  de  gais  fions,  flo  :s 
Vive  une  table  bien  servie  I 

Si  l'amour  n'est  beau  qu'en  un  cœui 
Enflammé  d'une  ardeur  divine, 
La  table  ne  doit  sa  splendeur 
Qu'aux  feux  brûlants  de  la  cuisioe. 
L'un  a  des  temples  en  tous  lieux. 
L'autre  partout  est  desservie  , 
Mais,  pour  rendre  un  homme  joyeux, 
Vive  une  table  bien  servie  ! 

Si  la  table,  pour  les  gourmands. 
Est  parfois  cruelle  et  perfide, 
Le  repentir  et  les  tourments 
Accompagnent  le  dieu  de  Gnide. 
L'une  engraisse  et  l'autre  amaigrit; 
Tous  deux  grossissent  une  amie  ; 
Mais,  lorsqu'on  a  bon  appétit, 
Vive  une  table  bien  servie  ! 

J'aime  la  table  et  le  bon  vin, 
Près  des  amis  de  la  folie  ; 
Mais  j'adore  le  dieu  malin 
Auprès  d'une  femme  jolie. 
L'une  offre  des  rôts,  des  ragoûts  ; 
L'autre,  des  minois  que  j'envie, 
Lorsqu'ensemble  nous  sommes  tous, 
Vive  une  table  bien  servie  ! 

.1.   Bigot. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N. 
de  laClé  du  Caveau. 


LE  TONNEAU. 


A.IR    Le  magistral  irréprochable. 

Toi  seul  éveilles  mon  génie, 
Par  toi  je  me  sens  inspiré  , 
Caveau,  nom  cher  à  la  Folie, 
Deux  fois  à  Momus  consacré! 


3in 


CHANSONS    POPUI.AIRFS. 


Pour  lyre  prenant  ma  bouteille. 
Je  veux  donc  pour  temple  un  caveau 
Pont  le  parvis  soit  une  treille, 
Et  dont  l'autel  soit  un  tonneau. 

Parcourant  la  machine  ronde, 
Vous  qui,  le  compas  à  la  main, 
Nous  montrez,  sur  la  mappemonde. 
La  demeure  du  genre  humain  ; 
Comme  dans  un  miroir  fidèle, 
Tracez  plutôt,  dans  mon  caveau, 
Le  sein  arrondi  de  ma  belle, 
Près  du  contour  de  mon  tonneau. 

Tout  est  ressource  pour  le  sage  : 
Amour,  fais-moi  passer  tes  traits  I 
Je  prétends  en  faire  un  usage 
Oui  serre  nos  nœuds  à  jamais. 
A  Cypris,  à  Bacchus  fidèle, 
J'en  veux,  aidé  de  ton  flambeau, 
Percer  le  cœur  de  mon  Adèle 
Quand  j'aurai  percé  mon  tonneau. 

J'aurais  pilié  du  vieux  Tantale 
Si  l'eau  n'attirait  tous  ses  vœux  ; 
Pluton,  sans  son  onde  infernale, 
Serait  pour  moi  le  roi  des  dieux. 
Par  toi,  faisant  grâce  à  la  Parque. 
Lélhé,  j'aurais  foi  dans  ton  eau, 
Si,  près  de  la  fatale  barque, 
Je  voyais  voguer  un  tonneau. 

■>c  I»ré*o«t   d'Irny. 

La  musique,  àr  Wicfat,  se  trouve  notée  au  N. 76 
de  la  Clé  du  Caveau. 


MA  PHILOSOPHIE. 

1818. 
A:><     Hain'  le*  Jemmet  qui  voudra. 

Chacun  court  après  le  bonheur; 

Il  •  i    !••    leul  noua  le  prouve  ; 


Il  esl  partout^;  mais  par  malheur 
Bien  rarement  l'homme  le  trouve,  fiw 

Plus  il  a,  moins  il  est  content  ; 

L'ambition  le  ronge. 
Le  désir  d'être  au  premier  rang 

Le  poursuit  même  en  BOhgè. 
Moi,  loin  de  former  de  tel >  vœux. 
Je  chéris  ma  philosophie  : 
Il  ne  me  faut,  pour  être  heureux, 
Que  bon  vin  et  femme  jolie,     {ter  ) 

Un  vrai  soldat  met  son  bonheur 

A  servir  son  roi,  sa  patrie, 

Et  pour  tous  deux,  au  champ  d'honneur 

Sans  nul  effroi  risque  sa  vie. 

L'espoir  de  se  faire  un  renom 

Le  mène  à  la  victoire, 
Et,  pour  mériter  le  cordon. 

Il  se  couvre  de  gloire. 
Mais  moi,  qui  suis  moins  valeureux. 
De  m'illustrer  je  n'ai  l'envie  : 
Il  ne  me  faut,  pour  être  heureux, 
Que  bon  vin  et  femme  jolie. 

L'astrologue  se  réjouit, 
Lorsqu'à  l'aide  d'un  double  verre 
Il  peut  fixer  en  plein  midi 
L'astre  brillant  qui  nous  éclaire. 
Il  voit  les  lieux  d'où  Phaét"ii 

Fit  la  terrible  chute, 
Et  ne  voit  pas  un  puits  profond 

Dans  lequel  il  culbute. 
De  l'imiter  et  lire  aux  deux 
Je  n'aurai  jamais  la  folie  ; 
Il  ne  me  faut,  pour  être  heureux, 
Que  bon  vin  et  femme  jolie. 

Certain  lâche  se  croil  heureux 
El  dil  que  sa  fortune  esl  faite, 
Si,  d'un  exilé  malheureux, 
Il  peut  indiquer  la  retraite. 
Hélas,  quelle  esl  donc  son  erreui  ' 

Quni  !  peul  il  méconnaître 
Que  l  Etal  paie  un  délateur, 

Mais  qu'il  méprise  un  traître  ? 
A^'ir  ainsi  !  j  aimerais  mieux 
Rester  pauvre  toute  ma  \  ie 


CHANSONS  EPICURIENNES 


H\ 


Il  ne  iuc  faut,  pour  être  heureux, 
Que  bon  vin  et  femme  jolie. 

Sous  le  nom  de  navigateur, 
L'homme,  que  l'ambition  guide, 
Croyant  atteindre  le  bonheur 
Traverse  la  plaine  liquide. 
Avec  sang-froid  bravant  le  sort, 

Les  vents,  la  foudre  et  l'onde, 
Quand  près  de  lui  plane  la  mort, 

Il  cherche  un  nouveau  monde. 
Moi  je  possède,  grâce  aux  cieux, 
Dans  celui-ci  ce  que  j'envie  : 
Il  ne  me  faut,  pour  être  heureux, 
Que  bon  vin  et  femme  jolie. 

Le  politique  est  satisfait, 

Lorsque  l'armée  entre  en  campagne  ; 

Il  forme  proje'  sur  projet 

Et  fait  cent  châteaux  en  Espagne. 

Une  canne  et  sa  carte  en  main, 

Sur  la  poussière  il  trace 
Des  plans,  des  villes,  que  soudain 

Le  moindre  vent  efface. 
Moi,  sans  être  aussi  belliqueux, 
Plus  gaîment  je  passe  ma  vie; 
11  ne  me  faut,  pour  être  heureux, 
Que  bon  vin  et  femme  jolie. 

Un  souverain  se  croit  heureux 
De  posséder  une  couronne, 
Parce  que  tout  cède  à  ses  vœux 
Et  que  la  pourpre  l'environne. 
Mais,  esclave  de  vils  flatteurs, 

Rampants  par  habitude, 
11  n'est  pas,  malgré  ses  grandeurs. 

Exempt  d'inquiétude. 
Sous  le  chaume  de  mes  aïeux 
Je  ne  crains  pas  la  perfidie  : 
Il  ne  me  faut,  pour  êire  heureux, 
Que  bon  vin  et  femme  jolie. 

Amis,  la  source  du  bonheur 
N'est  pas  toujours  dans  la  richesse  ; 
Souvent,  au  sein  de  la  splendeur, 
On  a  vu  régner  la  tristesse. 
Mettons  un  frein  a  nos  désirs, 
Et  passons  notre  vie 


Entre  l'amour  et  les  plaisirs, 

Bacchus  et  la  Folie  : 
Je  ne  forme  pas  d'autres  vœux, 
Car,  telle  est  ma  philosophie, 
Qu'il  ne  me  faut,  pour  être  heureux, 
Que  bon  vin  et  femme  jolie. 

Pierre  Touruein!.>t>. 

La  musique  ,  de  Doch.;  [  ère,  se  trouve    notée  a' i 
N.  204  de  la  Clé  du  Caveau. 


PAUVRE    ET    JOYEUX. 

1820. 
Air  :  Elle  a  Ira/Uses  serments  et  sa  foi. 

Content  du  lot  que  m'ont  donné  l-s  dieux, 
Point  ne  m'échappe  une  plainte  importune: 
Le  riche  pleure  eimoi  je  suis  joyeux, 
Et  je  ferais  des  vœux  pour  la  foriune, 
Moi  qui  reçus  de  la  divinité  »  ,.  . 

Peude richesse etbeaucoupdegaîlé.    | 

Dans  son  landeau,  l'opulence  a  frémi 
Au  seul  aspect  d'un  chemin  de  traverse  ! 
Heureux  à  pied,  sous  le  bras  d'un  arai, 
Je  ne  crains  pas  que  ma  voiture  verse, 
Moi  qui  reçus  de  la  divinité,  etc. 

Lorsque  viendra  fille  au  gentil  maintien 
Sous  l'humble  toit  du  pauvre  et  gai  trouvère 
Je  lui  dirai  :  partage  tout  mon  bien, 
Je  n'ai,  ma  foi,  qu'un  cœur,  qu'un  lit,  qu'un  verre, 
Moi  qui  reçus  de  la  divinité,  etc. 

Pauvre  richard,  mets  ton  or  en  monceau  ; 
La  soif  de  l'or  jamais  n'est  assouvie  : 
Sans  jamais  être  au  bout  de  mon  rouleau 
Joyeusement  je  dépense  ma  vie, 
Moi  qui  reçus  de  la  divinité,  etc. 

Le  verre  en  main,  j'avale  la  douleur, 
Sans  consulter  Esculape  et  son  livre, 


Bil 


CHANSONS    POPI'I.AIRFS. 


Pe  mon  hon  sang  ot  do  ma  belle  humeur. 
Je  ne  veux  pas  qu'un  docteur  me  délivre, 
Moi  qui  reçus  de  la  divinité,  etc. 

Je  dis  à  Dieu  :  Mon  père,  pardonnez 
Les  gais  élans  de  ma  philosophie  ! 
Je  dis  aux  rois  :  Soyez  plus  fortunés, 
Mais  plus  joyeux...  ohl  je  vous  en  défie, 
Moi  qui  reçus  de  la  divinité,  etc. 

Tel  d'une  tahleon  s'éloigne  gaiment. 
Tel  de  la  vie  un  luron  se  relire. 
Amis,  je  veux,  à  mon  dernier  moment, 
Vous  saluer  par  un  dernier  sourire, 
Moi  qui  reçus  de  la  divinité 
Peu  de  richesse  et  beaucoup  de  gaité. 

A.  Jacquemart. 

La  musique,  de  Gilles,  se  trouve  notée  au  N.  1797 
de  la  Clé  du  Caveau. 

LE  MEILLEUR   REMÈDE. 

AlB  :  Nous  jouissons  dans  nos  hameaux. 

J'aime  à  le  voir,  cher  médecin, 

Goûter  cette  ambroisie  ; 
Je  regarde  comme  un  faquin 

Quiconque  la  décrie. 
Quoi  qu'en  dise  la  Faculté, 

Bois  en  tout  comme  un  autre; 
Tu  trouveras  de  la  santé 

Pour  veiller  sur  la  nôtre. 

Guerrier,  ton  métier  fait  honneur; 

Hais  je  n'en  veux  point  être  : 
Le  bruit  du  verre  fait  moins  peur 

Que  celui  du  salpêtre; 
Et,  quand  je  décoitTe  un  flacon, 

Le  liège  qui  pelte 
Me  fait  entendre  un  plus  doux  son 

Que  tambour  et  trompette. 

Toi  qui  ras,  pour  me  secourir, 
Crier  à  l'audience, 


Avocat,  veux-tu  voir  fleurir 

Ta  bruyante  éloquence? 
Qu'avec  le  bon  jus  du  tonneau 

Ta  voix  se  reconforte; 
Pour  étourdir  tout  le  barreau 

Tu  l'auras  assez  forte. 

Si  lu  veux  qu'un  joyeux  transport 

Dans  ton  àme  renaisse, 
Financier,  mets  ce  rouge-bord 

En  dépôt  dans  ta  caisse  : 
Tu  pourras,  après  l'avoir  bu, 

Dire  en  toute  assurance 
Que  de  tes  jours  tu  n'as  reçu 

Meilleur  droit  de  présence. 

De  ce  jus  tu  sais  la  vertu  ; 

Sa  bonté  t'est  connue  : 
Philosophe,  pourquoi  veux-tu 

Porter  plus  loin  ta  vue? 
Son  goût  charmant  nous  satisfait: 

Nous  faut-il  aulr3  chose  ? 
Quand  je  suis  content  de  l'effet 

Que  m'importe  la  cause? 

Vos  yeux,  mesdames,  sur  nos  cœurs 

Lancent  des  traits  de  flamme  ; 
Mais  vous  ôtez,  par  vos  rigueurs, 

Tout  espoir  à  notre  àme. 
Permettez- nous  de  recourir 

A  ce  divin  breuvage  : 
Vous  ne  voulez  pas  nous  guérir, 

Souffrez  qu'il  nous  soulage. 

l'an  il  id 

Air  ancien,  noté  au  N.  406  de  la  Clé  du  Cav-  au. 


LE  VIN  ET   LA  VÉRITÉ, 

A,ir  :  De  la  pipe  de  (abat. 

In  vino  veritas ,  mes  frères  , 

Nous  dit  un  proverbe  divin. 

Dieu  pour  nous  faire  aimer  nos  verres, 

Mit  la  vérité  dans  le  vin. 


CHANSONS    ÉPICURIENNES. 


343 


J'obéis  à  sa  loi  suprême  ; 
Comme  buveur  je  suis  cité  : 
On  croit  que  c'est  le  vin  que  j'aime. 
Mes  amis  ,  c'est  la  vérité. 


On  croit  que  la  philosophie 

N'a  jamais  troublé  mes  loisirs, 

Et  qu'à  bien  jouir  de  la  vie 

J'ai  toujours  borné  mes  désirs  : 

On  dit,  quand  je  cours  sous  la  treille, 

("'est  le  plaisir,  c'est  la  gaîté 

Qu'il  va  chercher  dans  la  bouteille... 

Mes  amis  ,  c'est  la  vérité. 

On  croit  aussi  que  la  tendresse 

Fait  quelquefois  battre  mon  cœur  ; 

On  croit  qu'une  jeune  maîtresse 

Est  nécessaire  à  mon  bonheur; 

Quand  je  trinque  avec  une  belle , 

Chacun  dit  :  «  C'est  la  volupté , 

«  C'est  l'amourqu'il  cherche  auprès  d'elle.» 

Ah!  messieurs,  c'est  la  vérité. 

Armand  GoaiTé. 


La  musique,   de  Gaveaux,  se  trouve  notée  au 
H.  108  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  BONHEUR  DE  LA  TERRE. 

AlK  :  Mon  père  ilail  pot. 

Sans  boire  ,  en  vain  nous  prétendons 

Plaire  au  dieu  des  vendanges  : 
Ce  n'est  qu'en  usant  de  ses  dons 
Qu'on  chante  ses  louanges. 

Parmi  tous  les  dieux, 

Qui  mérite  mieux  , 
Amis,  qu'on  le  révère? 

L'aimable  Bacchus 

Fait  par  son  doux  jus 
Le  bonheur  de  la  terre. 

De  chaque  immortel ,  je  le  sais, 
La  bonté  libérale. 


Tous  les  jours,  par  quelques  bienfaits  , 
Envers  nous  se  signale  ; 

Mais  quelque  charmants 

Que  soient  leurs  présents 
Nul  au  vin  ne  ressemble  : 

Aimable  Bacchus, 

Dans  ton  divin  jus 
Sont  tous  les  biens  ensemble! 

Quand  on  veut  perdre  de  ses  maux 

L'importune  mémoire  , 
Ce  ne  sont  pas  les  tristes  eaux 
Du  Léthé  qu'il  faut  boire; 
Car,  loin  de  guérir, 
L'eau  ne  fait  qu'aigrir 
Le  mal  qui  nous  obsède  : 
L'aimable  Bacchus, 
Dans  son  divin  jus  , 
Offre  un  plus  sûr  remède. 

Le  soldat,  dont  celte  liqueur 

Échauffe  le  courage , 
Cherche  à  signaler  sa  valeur 
En  volant  au  carnage. 

Aussi  nos  guerriers 

De  tous  leurs  lauriers 
Lui  rapportent  la  gloire. 

Aimable  Bacchus, 

A  ton  divin  jus, 
Ils  doivent  la  victoire. 

Ariane  avait  fait  serment 

De  n'aimer  de  la  vie  ; 
Lorsque  par  son  perfide  amant 
Sa  flamme  fut  trahie. 

D'amour  tous  les  traits 

Ne  purent  jamais 
Vaincra  son  cœur  rebelle  : 

Tu  parais  ,  Bacchus  I 

Et  ton  divin  jus 
Te  soumet  cette  belle. 

Voyez  Anacréon  assis 

À  l'ombre  d'une  treille  , 
Chanter,  parmi  les  jeux  ,  les  ris, 

Glycère  et  sa  bouteille. 


av, 


CHANSONS    POPULAIRES. 


L'hiver  de  ses  ans 

A  les  agréments 
Dont  brille  la  jeunesse  ; 

Pour  qui  boit,  Baechus, 

De  ton  divin  jus, 
Il  n'est  point  de  vieillesse. 

Désirez-vous  que  vos  chansons 

Méritent  que  la  gloire 
S'empresse  de  graver  vos  noms 
Au  temple  de  mémoire  ? 

Pour  les  composer, 

N'allez  pas  puiser 
Dans  la  docte  fontaine  : 

L'aimable  Bacclius, 

Avec  son  doux  jus , 
Fait  plus  que  l'hypocrène. 

Aux  plaisirs  que  l'on  goûte  aux  cieux 

Ne  portons  point  envie; 
N'avons-nnns  pas,  comme  les  dieu"  . 
Aussi  notre  ambroisie? 
Oui ,  cette  liqueur 
Procure  un  bonheur 
Que  jamais  rien  n'altère  . 
*    Aimable  Baechus, 
Avec  ton  doux  jus, 
Le  ciel  est  sur  la  terre. 

L'abbé  Fatiu. 

La    musique ,    de   Biaise  ,    se  trouve  notée  au 
N.  133  delaClédu  Caveau. 


L'ÊPICURISME. 

ISU. 

Ain    Trop  de  pétulance  gâte  tout.. 

Ilire  ,  manger,  dormir  et  boire, 
Chanter  et  rimer  sur  un  rien, 
Aimer  toujours .  voilà  la  gloire 
Du  véritable  épicurien. 
Qui  se  prive   dil-il,  s'abuse. 
Suivons,  mais  réglons  nos  désirs; 


Il  faut  qu'on  s'amuse, 
S'amuse ,  s'amuse, 
Et  le  bonheur  est  dans  les  plaisirs. 

Grapin,  chez  un  fils  d'Épicure, 
Arrive,  au  moment  du  banquet, 
Pour  lui  parler  de  procédure  ; 
.Mais  le  sage  répond  tout  ml  : 
Je  n'aime  pas  qu'on  me  dérange 
Quand  le  repas  vient  de  sonner, 
11  faut  que  je  mange, 
Mange,  mange, 
l'.t  voici  l'heure  de  mon  dinar. 

Purgon  était  venu  la  veille 
Lui  commander  expressément 
De  renoncer  à  la  bouteille, 
Ou  de  faire  son  testament. 
Non,  non,  docteur;  quoique  je  doive 
Mon  trépas  à  ce  jus  divin, 
11  faut  que  je  boive, 
Boive,  boive, 
Car  point  d'existence  sans  le  vin. 

Platon,  tant  soit  peu  misanthrope, 
Veut  qu'en  amour  l'homme  exalté, 
Sans  s'occuper  de  L'enveloppe  , 
De  l'âme  adore  la  beauté. 
Moi,  je  crois  meilleur  mon  système. 
Quand  une  belle  me  sourit , 
Il  faut  que  je  l'ai  ne  , 
L'aime,  l'aime, 
De  cœur,  de  sens,  de  corps  et  d'esprit. 

Si,  prodiguant,  dans  une  fêle, 
Café ,  liqueurs,  \ins  précieux, 
i  Cornus,  en  m'échaull'anl  la  lôte, 
Chasse  le  sommeil  de  mes  yeux. 
Lors  je  prends,  n'importe  la  forme, 
Un  journal,  un  nouveau  roman. 
Il  faut  que  je  dorme, 
Donne,  dorme, 
Avec  eux  je  dormirais  un  un. 

Sans  pain,  et  couché  sur  la  dure, 

Lorsque  gémit  l'homme  de  bien  , 


Paris  — Imprimerie  de  ''ilLft  fils  utn£  .nir  îles  f.rands-AujitiStins,  .'; 


CHANSONS  ÉPICURIENNES. 


345 


Le  digne  élève  d'Épicure 
Court  l'obliger  et  ne  dit  rien. 
N'eût-il ,  dans  sa  bourse  mignonne, 
Tout  au  plus  qu'un  louis  ou  deux, 
11  faut  qu'il  le  donne, 
Donne,  donne. 
Plus  léger,  il  rit  et  danse  mieux. 

Mangeur  et  rimeur  détestable, 
Souvent  j'éprouve  du  dépit 
De  prendre  place  à  cette  table 
Sans  talent  et  sans  appétit  ; 
Mais  votre  gaité,  qui  m'enchante, 
Dissipant  bientôt  mes  chagrins, 
Il  faut  que  je  chante, 
Chante .  chante, 
Apprenez-moi  vos  joyeux  refrains. 

Charles  Sartrouvtlle. 

La  musique ,  de  Philidor ,  se  trouve  notée  au 
N.  864  de  la  Clé  du  Caveau. 


COMME  ON  FAIT  SON  LIT  ON  SE  COUCHE. 
1809. 

AIR  de  la  cinquième  édition. 

Dans  de  beaux  lits  quand  bien  des  gens 
Ne  peuvent  fermer  la  paupière  , 
Sur  leurs  grabats  que  d'indigents 
:*omineillent  la  nuit  tout  entière  : 
Il  est  plus  d'un  homme  à  Paris 
Qu'un  pareil  contraste  effarouche  : 
Pour  moi  je  n'en  suis  pas  surpris  ; 
Comme  on  fait  son  lit  on  se  couche. 

Dumont,  près  de  se  marier, 

Disait  à  sa  jeune  future  : 

«  Pourquoi  des  plis  à  l'oreiller , 

«  Des  plumes  sur  la  couverture? 

«  Tenez,  tout  cela  me  déplaît , 

«  Et  quand  vous  ornerez  ma  couche  , 

u  Tâchez  que  le  lit  soit  mieux  fait; 

«  Comme  on  fait  son  lit  on  se  couche.  >; 

lit 


Paul  hérita  de  bons  aïeux, 
Qui  d'amasser  avaient  coutume  ; 
Tant  que  Paul  fut  sage  comme  eux 
Comme  eux  il  coucha  sur  la  plume; 
Mais  bientôt ,  le  jeu  l'entraînant, 
Avec  maint  joueur  il  s'abouche  : 
Sur  la  paille  il  dort  maintenant  ; 
Comme  on  fait  son  lit  on  se  couche. 

Laa  de  sommeiller  sur  le  foin  , 
Certain  bas-Normand  en  cachette 
Dérobe  au  tapissier  du  coin 
Deux  matelas,  une  couchette  : 
On  l'arrête;  il  est  entendu  ; 
Et  l'affaire  étant  un  peu  louche, 
On  le  condamne  ,  il  est  pendu  : 
Comme  on  fait  son  lit  on  se  couche. 

Prompt  à  donner  dans  le  panneau, 
Ces  jours  derniers,  le  buveur  Pierre, 
En  sortant  de  chez  Ramponneau, 
Tombe  étendu  sur  une  pierre  : 
Quoique  le  lit  ne  fût  pas  sain, 
Pierre  y  dormit  comme  une  souche, 
Et  s'écria  le  lendemain  : 
«  Comme  on  fait  son  lit  on  se  couche.  » 

Bravant  la  chance  des  combats, 
Lorsque  leur  chef  les  accompagne  ; 
Voyez  tous  nos  jeunes  soldats 
En  chantant  faire  une  campagne  ; 
Ils  brûlent ,  en  braves  guerriers  , 
Jusqu'à  leur  dernière  cartouche  ; 
Puis  ils  dorment  sur  des  lauriers  : 
Comme  on  fait  son  lit  on  se  couche. 

N.  Brazier. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N.  812 
delà  Clé  du  Caveau. 


QUE  CHACUN  EN  FASSE  AUTANT. 

1809. 

Air  du  vaudeville  du  Mameluck. 

Qu'on  me  blâme  ou  qu'on  me  fronde  ( 
Mon  sort  est  digne  d'un  roi  ; 

TOME  u.  —  52. 


346 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Il  n'est  de  bonheur  au  monde 
Que  pour  les  gens  tels  que  moi  : 
Oui,  ma  vie  est  exemplaire; 
Pour  être  toujours  content, 
Je  la  passe  à  ne  rien  faire  ;     [bis. 
Que  chacun  en  fasse  autan l. 

Je  chante,  je  ris  ,  je  danse  ; 
Je  bois,  je  mange  ou  je  dors; 
Mon  lit ,  ma  table  et  ma  panse 
Sont  mes  uniques  trésors. 
Je  verrai  finir  ma  vie 
Sans  avoir  un  sou  comptant  ; 
Pour  ne  pas  craindre  l'envie, 
Que  chacun  en  fasse  autant. 

Je  ne  fais  pas  antichambre 
Chez  les  critiques  du  jour, 
Chez  les  sols  parfumés  d'ambre, 
Ni  chez  les  grands  de  la  cour  : 
Pour  rendre  le  fat  moins  leste, 
Le  censeur  moins  important, 
Le  parvenu  plus  modeste  , 
Que  chacun  en  fasse  autant. 

On  dit  que  l'humeur  légère 
De  nus  tendrons  de  Paris 
Guérit  du  désir  de  plaire, 
lit  fait  damner  les  maris  : 
Poursa\oir  s'il  est  des  dames 
Dignes  d'un  amour  constant, 
J'en  conte  à  toutes  les  femmes; 
Que  chacun  en  fasse  autant. 

Trente  créanciers  barbares 
M'assiègent  matin  et  soir; 
Sur  quatre  oncles  très  avares 
Je  fonde  tout  mon  espoir  : 
Voyant  ma  douleur  profonde, 
L'autre  jour  le  mieux  portant 
S'embarqua  pour  1  autre  monde  : 
Que  chacun  en  fasse  autant. 

Les  procès  et  les  batailles 
Sont  la  perte  des  Étals; 
Amis,  ce  n'est  qu'aux  futailles 
Qu'il  faut  livrer  des  combats  : 


Je  ne  bats  qu'à  coups  de  verre; 
Je  ne  plaide  qu'en  chantant  : 
Pour  le  bonheur  de  la  terre 
Que  chacun  en  fasse  autant. 

Dans  plus  d'une  compagnie, 
J'entends  plus  d'une  chanson 
Sans  esprit  el  sans  folie, 
El  sans  rime  et  sans  raison  ; 
Quoique  ennuyé  de  l'antienne  , 
J'applaudis  on  l'écoutant  : 
Quand  on  chantera  la  mienne 
Que  chacun  en  fasse  autant. 

Frauda  d'Allante. 


La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  auN.  872 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  PARADIS  ÉPICURIEN. 

1811. 
AIR  :  J'ai  vu  p  arlivt  dans  mes  voyages. 

Lorsque  du  banquet  de  la  vie 
Gaîment  nous  serons  tous  sortis., 
Quelle  religion  amie 
Nous  ouvrira  son  paradis? 
J'interroge  leur  caractère, 
Et.  peu  satisfait,  je  crains  bien 
Que  le  sorl  n'ait  placé  sur  terre 
Le  paradis  épicurien. 

Chez  Ossian  ,  on  se  fait  gloire 

De  haïr  après  le  trépas  ; 

Dans  un  crâne  on  vous  offre  à  boire; 

Ce  vase  ne  nous  plairait  pas  : 

L'Elysée  où  revit  la  haine  . 

.Mais  où  l'amour  n'entre  pour  rien  , 

Ne  peul  être,  on  le  voit  sans  peine  , 

Le  paradis  épicurien. 

Du  Salomon  de  l'Arabie 
J'aime  assez  les  mille  houris  ; 


CHANSONS  ÉPICURIENNES. 


347 


Mais  ce  législateur  oublie 
Que  sur  terre  on  eut  des  amis  : 
Dans  ces  lieux  que  le  Turc  honore  , 
L'amour  es!  tout,  l'amitié  rien... 
Mahomet  n'a  pas  fait  encore 
Le  paradis  épicurien. 

On  chante,  dit-on  ,  chez  saint  Pierre, 
Mais  sur  des  airs  fort  peu  grivois  ; 
Puis,  l'éternité  toute  entière 
Doit  finir  par  lasser  la  voix. 
Les  yeux  fixés  sur  chaque  sainte  , 
On  voit  tout,  on  ne  touche  à  rien... 
Ah I  cherchons,  loin  de  cette  enceinte, 
Le  paradis  épicurien. 

Dans  le  paradis  de  la  fable 

Tous  les  plaisirs  sont  bien  venus; 

Les  grâces  y  servent  à  table 

Oresie  assis  près  de  Vénus  : 

Mais  Chapelle,  Piron  ,  Horace, 

N'habitent  pas  ce  lieu  païen, 

Et  ce  n'est  pas  loin  d'eu  y  qu'on  place 

Le  paradis  épicurien. 

Sur  terre,  du  moins,  je  puis  lire 
Ces  gais  auteurs,  mon  désespoir; 
Vénus  parfois  vient  me  sourire, 
Et  Bacchus  m'ouvre  son  pressoir •; 
L'Amitié  dans  ses  bras  me  serre  : 
Oh  !  mes  amis  ,  je  le  vois  bien , 
On  ne  peut  trouver  que  sur  terre 
Le  paradis  épicurien. 

II.  de  Itougemoiit. 

La  musique,  de  Ch.  IMantade,  se  trouve  notée  au 
N.  243  de  la  Clé  du  Caveau. 


DIVERTISSONS-NOUS. 

1812. 

Air.   Uncordeiier  d'une  riche  encolure. 

Je  suis  chagrin...  je  vois  avec  tristesse 
Les  choses  sans  cesse 


Sens  dessus  dessous  ; 
Mais  divertissons-nous. 
Pourquoi  faut-il  que  tout  soit  dans  le  monde, 

Sur  terre  et  sur  l'onde, 

Sens  dessus  dessous!... 
Mais  divertissons-nous. 

Chez  les  huissiers,  procureurs  ou  notaires, 
Je  vois  les  affaires 
Sens  dessus  dessous  ; 
Mais  divertissons-nous. 
Je  vois  partout,  affrontant  le  scandale  , 
Mœurs,  bon  sens,  morale, 
Sens  dessus  dessous; 
Mais  dmrtissons-nous. 

Faut-il  qu'un  sot  devienne  un  personnage 
Tout  est,  j'en  enrage, 
Sens  dessus  dessous; 
Mais  diverlissons-nous. 
C'est  qu'il  a  mis ,  pour  mieux  filer  sa  trame, 
Une  grande  dame 
Sens  dessus  dessous , 
Mais  divertissons-nous. 

Valsain ,  pour  plaire  à  sa  chaste  compagne, 
Vous  met  sa  campagne 
Sens  dessus  dessous  ; 
Mais  divertissons- nous. 
A  son  retour,  il  vole  chez  madame , 
Et  trouva  sa  femme 
Sens  dessus  dessous; 
Mais  divertissons-nous. 

Chacun  le  sait,  tout  est,  sans  épigramme, 
Dans  un  mélodrame , 
Sens  dessus  dessous; 
Mais  divertissons- nous. 
En  ce  moment ,  Thalie  et  Melpomène, 
Sont  bien  sur  la  scène, 
Sens  dessus  dessous; 
Mais  divertissons-nous. 

A  déjeuner  qu'un  garçon  vous  engage , 
Voyez  son  ménage 


8*8 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Sens  dessus  dessous  ; 

Mais  divertissons-nous. 

Voyez  aussi  chez  un  moderne  Apelles  , 

Les  dieux  et  les  belles 

Sens  dessus  dessous  ; 

Mais  divertissons-nous. 

Que  l'intrigant  aux  richesses  parvienne, 
11  met  tout  sans  [iciiie 
Sens  dessus  dessous  ; 
Mais  divertissons-nous. 
L'ambitieux  qui  vous  heurte  et  culbute, 
Peut  faire  une  chute 
Sens  dessus  dessous  ; 
Mais  divertissons-nous. 

Lindor paraît...  Lise  qui  le  redoute, 
Soudain  se  sent  toute 
Sens  dessus  dessous; 
Mais  divertissons-nous; 
La  vieille  Arganl  vomirait .  au  lieu  de  Lise. 
Que  Lindor  1  ' * ■  û t  mise 
Sens  dessus  dessous... 
Mais  divertissons-nous. 

Vive  Bacchusl  qu  à  Don  droit  chacun  fête, 
Qui  vous  met  la  tête 
Sens  dessus  dessous  I 
Mais  divertissons-nous. 
Amour!  Bacchusl  par  vous  on  voit  sang  cesse 
Jeune»!-  el  i  ieilli 
Sens  des  as  ; 

Mais  divertissons-nous. 

Chantons,  buvons;  Délaissons  rien  aux  treille- 

Mettons  les  bouteill  - 

Sens  dessus  dessous  ; 
divertissons-nous  : 
Car  dans  cenl  ans,  tout  ce  qui  vit  sur  terre 

Scia  loi  sérèi  ■ 

Sens  dessus  dessou 

Mai-  diVI  nous. 

Durrny-Kkiiiiiiiill. 

Air  ancien,  noM  U  N.  'XI3  de  la  Clé  du  Caveau. 


DAGOBERÏ. 

1842. 
Air  :  Conlenlons^nous  d'une  simple  bouteille. 

De  par  la  mode  on  peut  tout  se  permettre; 
Cette  déesse  est  maîtresse  chez  nous. 
Grâce  à  ses  lois,  nous  finirons  par  mettre 
Le  haut  en  bas  et  le  dessus  dessous. 
Pour  déguiser  son  auguste  personne, 
Tout  paraît  bon  dans  ce  monde  pervers  I 
EtDagobert,  le  peuple  le  chansonne, 
Pour  avoir  mis  sa  culotte  à  l'envers! 

Ne  dites  pas  qu'une  mise  décente 
Est  de  rigueur  dans  nos  bals  de  Paris  : 
De  la  Courtille  autrefois  la  descente, 
A  nos  regards,  offrait  des  gens  mieux  mis. 
Dans  un  galop  chacun  se  déboutonne, 
Du  grand  Chicard  on  se  donne  les  airs!.. 
EtDagobert,  le  peuple  le  chansonne, 
Pour  avoir  mis  sa  culotte  à  I  envers. 

Notre  théâtre  a  de  tristes  allures!... 
Pour  débiter  et  la  prose  et  les  vers 
On  a  recours  à  de  minces  doublures, 
Dont  le  costume  a,  je  crois,  deux  envers. 
Mais  le  public  chez  nous,  se  passionne 
Pour  les  acteurs  et  les  mots  mal  couverts; 
Et  Dagobert,  le  peuple  le  chansonne, 
Pour  avoir  mis  sa  culotte  à  l'envers. 

De  la  beauté  l'Anglais  est  tributaire; 
Ne  voulant  pas  d'un  roi  mal  culotté, 
Les  citoyens  de  la  vieille  Angleterre 
D'un  cotillon  drapent  la  royauté. 
Pour  le  trident  sa  main  est  trop  mignonne 
Une  quenouille  est  le  sceptre  des  mers!... 
Et  Dagobert,  le  peuple  le  chansonne. 
Pour  avoir  DUS  Sa  culotte  à  l'envers. 

Pour  les  enfants  chéris  de  la  Victoire 
Toujours  le  peuple  élève  un  Panthéon. 
Le  remps  ne  peul  chasser  de  sa  mémoire 
Les  Alexandre  et  les  Napoléon. 


Paris  —  Imprimerie  de  IMllkt  fils  ut  ne"  .rue  des  Grands-Augustins,  5 


CHANSONS    ÉPICURIENNES. 


349 


Sans  le  Destin  ces  amants  de  Bellone 
Auraient,  je  crois,  retourné  l'univers, 
Et  Dagobert,  le  peuple  le  chansonne, 
Pour  avoir  rais  sa  culotte  à  l'envers. 

Combien  de  fois,  nos  illustres  paillasses, 
Kn  exploitant  nos  changements  subits. 
Pour  conserver  leurs  titres  et  leurs  places 
Ont,  sans  pudeur,  retourné  leurs  habits. 
Vous  saluez  l'étoile  qui  rayonne 
Sur  ces  habits  tantôt  bleus,  tantôt  verts!... 
El  Dagobert,  le  peuple  le  chansonne, 
Pour  avoir  mis  sa  culotte  à  l'envers. 

Je  ne  sais  pas  si  mes  notes  sont  fausses, 
Car  je  n'ai  point  la  clé  des  cabinets  ; 
Maison  prétend  que  plus  d'un  haut  de  chausses 
Se  raccommode  avec  des  fonds  secrets. 
Le  bon  bourgeois  souffre  qu'on  le  rançonne 
Pour  restaurer  le  pantalon  d'un  tiers.... 
Et  Dagobert,  le  peuple  le  chansonne, 
Pour  avoir  mis  sa  culotte  à  l'envers. 

Nous  avons  vu  de  zélés  patriotes 

Représentant  in  naturalibus, 

Dans  le  Forum,  paraître  sans-culottes, 

Pourréformer  le  luxe  et  ses  abus. 

Sous  ton  drapeau,  Liberté  polissonne, 

De  leur  médaille  ils  montrent  le  revers!... 

Et  Dagobert,  le  peuple  le  chansonne, 

Pour  avoir  mis  sa  culotte  à  l'envers 

Dieu  sait,  hélas!  en  ce  sièc!e  profane, 
Ce  qu'à  l'envers  un  beau  jour  nous  mettrons! 
Le  frac,  l'habit,  la  toge,  la  soutane, 
Tout  est  taillé  sur  de  mauvais  patrons. 
Casque,  bonnet,  chapeau,  mitre,  couronne, 
Tout  est  mesquin,  tout  est  mis  de  travers!... 
Et  Dagobert,  le  peuple  le  chansonne, 
Pour  avoir  rais  sa  culotte  à  l'envers. 

A.  Jacquemart. 

La  musique,  de  Mouret,  se  trouve  notée   au 
N.  105  de  la  Clé  du  Caveau. 


112 


REFLEXIONS  ÉPICURIENNES. 

1811. 

Air  du  vaudeville  du  Mélèagre  Champenois. 

L'esprit  joyeux,  l'âme  toujours  pure , 
Lorsque  l'on  fête  et  Vénus  et  Bacchus , 

On  peut  se  croire  un  fils  d'Épicure, 
Et  se  passer  des  biens  de  Lucullus. 

Fi  du  censeur  tourmenté  par  l'envie  ! 
Tel  qu'un  cynique  au  fond  de  son  tonneau , 
A  tout  blâmer  il  consume  sa  vie  ; 
Il  parle  d'or  et  ne  boit  que  de  l'eau. 
L'esprit  joyeux,  etc. 

L'heureux  du  jour,  dans  un  bel  équipage, 
Aux  grands  dîners  ventre  à  terre  est  conduit  : 
A  pied  du  moins  on  a  plus  d'avantage, 
Car  en  chemin  on  trouve  l'appétit. 
L'esprit  joyeux ,  etc. 

Chaulieu  fut  riche ,  et  de  plus  bon  convive  ; 
Mais  au  bonheur  il  n'eut  pas  tous  les  droits  : 
Le  bon  prieur  (quoiqu'un  docteur  écrive) 
Avec  son  or  ne  dînait  pas  deux  fois. 
L'esprit  joyeux,  etc. 

L'illustre  auteur  de  la  Métromanie , 
Qui  n'avait  rien  ,  qui  même  ne  fut  rien, 
A  sa  gaîté  bien  plus  qu'à  son  génie 
Doit  son  brevet  d'aimable  épicurien. 
L'esprit  joyeux ,  etc. 

Le  bon  Panard,  dont  nous  cherchons  la  trace, 
Pour  Épicure  abandonna  Cujas  ; 
Il  s'écriait,  à  l'exemple  d  Horace  : 
Bonum  vinum  et  mediocritas. 
L'esprit  joyeux,  etc. 

D'autres  encor,  qui  n'étaient  pas  plus  tristes, 
Ont  bien  vécu  sans  payer  à  grands  frais, 
Pour  cuisiniers  de  célèbres  artistes  ; 
Ils  dînaient  bien,  et  buvaient  toujours  frais. 
L'esprit  joyeux,  etc. 

TOMB  II.  —  53 


350 


CHANSONS    POPULAIRES. 


A  leurs  leçons,  amis,  soyons  fidèles  ; 
En  vains  regrets  ne  perdons  point  nos  jours, 
Et,  s'il  se  peut ,  surpassons  nos  modèles  ; 
Aimons,  rions,  buvons,  chantons  toujours  : 

L'esprit  joyeux  ,  l'âme  toujours  pure, 
Lorsque  l'on  fùte  et  Vénus  et  Bacchus, 

On  peut  se  croire  un  fils  d'Épicure, 
Et  se  passer  des  biens  de  Lucullus. 

Antignac. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N.  1469 
de  la  Clé  du  Caveau. 


MA  PROFESSION  DE  FOI. 

1811. 
Air  :  Oui,  ie  suis  soldai,  moi. 

Oui ,  je  suis  gourmand ,  moi , 
Et  je  m'en  fais  gloire; 
Du  tçmps  le  plus  doux  emploi, 
C'est  de  manger,  de  boire. 

Quand  Bacchus  vient  l'animer, 

Ma  Muse,  peu  bégueule, 
Préfère  à  l'art  de  rimer 

Le  grand  art  de  la  gueule. 

Oui,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

Plein  de  verve  et  d'appétit, 

lJiron,  convive  aimable, 
Me  surpassait  en  esprit, 

Je  le  surpa-se  à  table. 

Oui,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

Quatre  somptueux  repas 

Remplissent  ma  journée, 
Et  pour  moi  le  mardi-gras 

Dure  toute  l'ami'  e 

Oui,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

Le  sort  devait  ordonner 
Que  dans  Hume  je  vinsse, 


Quand  Lucullus  à  dîner 
Mangeait  une  province. 
Oui,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

L'auleur  qui  cherche  un  succès 

S'agite,  s'inquiète  ; 
Mais  l'heureux  gourmand  jamais 

Ne  sort  de  son  assiette. 

Oui,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

Que  je  plains  l'aveuglement 

De  ce  convive  blême 
Qui  converse  sobrement 

El  qui  mange  de  même! 

Oui,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

Gais  bavards  et  francs  gourmets, 
Montrons-nous  moins  novices; 

De  bons  mots  et  de  bons  mets 
Parons  tous  les  services. 
Oui,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

Par  mille  et  mille  arguments 

Je  prouverais  à  table 
Que  le  corps  des  vrais  gourmands 

Est  le  seul  respectable. 

Oui ,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

De  la  terre  jusqu'aux  cieux, 
Et  de  l'homme  à  l'insecte  , 

Ne  voit-on  pas  on  tous  lieux 
Des  gens  de  notre  secle  ? 
Oui,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

A  dîner  en  tapinois 

Souvent  belle  se  prête; 
Et  l'amour  prend  en  sournois 

Cornus  pour  interprète. 

Oui ,  je  suis  gourmand  ,  moi,  etc. 

Celle  dont  Antoinr  un  jour 
Satisfit  les  demandes  (1), 

Peut  bien,  je  crois,  passer  pour 
La  pcrlf  des  gourmands. 
Oui,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

(*)  Cléopàtre. 


CHANSONS    EPICURIENNES 


3S1 


Jamais  aux  méchants  discours 
Un  gourmand  ne  s'adonne. 

Et  celui  qui  mord  toujours 
Ne  déchire  personne. 
Oui ,  je  suis  gourmand,  moi,  etc. 

Par  un  règlement  nouveau 

De  cette  confrérie , 
Que  tout  ennemi  de  l'eau 

Eu  arrivant  s'écrie  : 

Oui,  je  suis  gourmand,  moi, 
Et  je  m'en  fais  gloire  ; 
Du  temps  le  plus  doux  emploi, 

C'est  de  manger,  de  boire. 

Moreau. 

La  musique ,  d'Albanèse ,   se  trouve  notée   au 
N.  119  delà  Clé  du  Caveau. 


L'HOMMAGE  AU  GENRE  HUMAIN. 

Air  de  la  Boulangère. 

Mes  amis,  je  vais  vous  chanter 

Une  ronde  de  table  , 
En  cherchant  à  vous  inspirer 

Un  plaisir  délectable; 
Pour  rendre  hommage  au  genre  humain, 

Fuyons  l'impitoyable 
Chagrin, 

Fuyons  l'impitoyable. 

Ne  croyez  pas  que  pour  souffrir 

Nous  soyons  sur  la  terre  ; 
Appliquons-nous  à  bien  jouir, 

Aux  maux  faisons  la  guerre  ;    , 
Pour  rendre  hommage  au  genre  humain 

Prenons  tous  notre  verre 
A  la  main, 

Prenons  tous  notre  verre. 

Que  des  bons  mots  fins  et  choisis 

Viennent  frapper  l'oreille  ; 
Par  de  bons  refrains,  mes  amis, 

Que  chacun  se  réveille; 


Pour  rendre  hommage  au  genre  humain, 
Couchons  une  bouteille 

Soudain, 
Couchons  une  bouteille. 

Nous  devons  tous  aimer  l'amour, 

C'est  assez  ma  morale  ; 
Mais  le  dieu  Bacchus,  à  son  tour, 

Prétend  qu'on  le  signale; 
Pour  rendre  hommage  au  genre  humain, 

Qu'ici  chacun  avale 
Son  vin, 

Qu'ici  chacun  avale. 

Essuyez-vous  tous  le  menton, 

Si  l'amour  vous  lutine, 
Il  faut  céder  à  sa  raison, 

Je  crois  qu'on  me  devine  ; 
Pour  rendre  hommage  au  genre  humain 

Embrassons  la  vrisine, 
Voisin, 

Embrassons  la  voisine. 

Je  crois  qu'il  faut  boire  et  manger 

Pour  jouir  de  la  vie, 
Qu'il  faut  aimer,  qu'il  faut  chanter 

Et  suivre  la  folie  ; 
Pour  rendre  hommage  au  genre  humain, 
C'est  ma  philosophie, 

Mon  train, 
C'est  ma  philosophie. 

A.  Dida. 

La  musique,  de    Mondonville,   se  trouve  notée 
au  N.  303  delaClé  duCaveau. 


L'HOMME  ÉGAL  AUX  DIEUX  PAR  LE  PLAISIR. 

Air  :  Aussitôt  que  la  lumière. 

L'austère  philosophie, 
En  contraignant  nos  désirs, 
Prétend  que  dans  cette  vie 
Il  n'est  point  de  vrais  plaisirs. 
Je  renonce  à  ce  système; 
Dieux,  n'en  soyez  point  jaloux; 


852 


CHANSONS  POPULAIRES. 


Dans  les  bras  de  ce  que  j'aime , 
Suis-je  moins  heureux  que  voue? 

Eh  quoi  !  m'avez-vous  fait  naître 
Avec  des  sens  superflus? 
Pour  avoir  le  plaisir  d'être, 
Faut-il  que  je  ne  sois  plus? 
Je  renonce  à  ce  système  ; 
Dieux,  nen  soyez  point  jaloux; 
Dans  les  bras  de  ce  que  j'aime 
Suis-je  moins  heureux  que  vous  ? 

D'un  bonheur  imaginaire 
Je  ne  repais  point  mon  cœur, 
Lorsque  le  présent  peut  faire 
Mon  unique  et  vrai  bonheur. 
Voilà  quel  est  mon  s\stème  ; 
Dieux,  devenez-en  jaloux  ! 
Dans  les  bras  de  ce  que  j'aime 
Je  suis  plus  heureux  que  vous. 
Attribuée  à  Philippe,  duc  d'Orléans,  régent 

Air  ancien,  noie  au  N.  W  de  la  Clé  du  Caveau. 


APRES  MOI  LE  DELUGE. 

•1818. 
Air  de  Marianne. 

Qu'un  soldat  courre  à  la  bataille 
Pour  combattre  sous  sou  guidon, 
Moi,  je  ne  cours  qu'à  ma  futaille, 
Armé  d'un  broc  ou  d'un  bidon. 
Plein  de  valeur, 
lui  vrai  buveur, 
Mon  caveau  seul  devient  mon  cbampd  honneur 
«  Mais,  quoique  ardent , 
«  Reste  prudent, 
Médit  Bacchus,  mon  premier  commandant. 
Fier  comme  un  coq  ou  comme  Un  juge, 
Assù  près  du  plus  gros  tonneau  , 
Je  bois  sec,  et  toujours  sans  eau. 
Après  moi  le  déluge. 

Heureux  dans  mon  modeste  gile, 
Je  n'ai  qu'un  lit  et  qu'un  buffet , 


Et  jamais  je  ne  rends  visite, 
Qu'au  magasin  de  Corcelet. 
Au  cher  Cornus  , 
A  l'angelus , 
Tous  les  matins  je  chante  un  orémus. 
Dieu  des  gourmands  , 
Malgré  le  temps , 
Ab!  par  pitié  conserve-moi  les  dents! 
Qu'un  mets  soit  bon  je  me  l'adjuge  ; 
Cédant  à  la  tentation  , 
Je  risque  une  indigestion. 
Après  moi  le  déluge. 

Je  chasse  la  mélancolie, 
Et  vois  combler  tous  mes  désirs, 
Quand  l'étendard  de  la  folie 
Sert  de  jalon  à  mes  plaisirs. 
Le  dieu  d'amour 
Sait  à  son  tour 
Charmer  ma  vie  ,  et  la  nuit  et  le  jour. 
Frais  et  dispos , 
A  tous  propos 
J'aime  à  jouir  sans  prendre  de  repos. 
Je  veux  avant  que  l'on  me  gruge, 
En  mangeant  mon  dernier  écu , 
Mourir  comme  j'aurai  vécu, 
Après  moi  le  déluge. 

Un  jour  la  camarde  mégère 
Me  dira  dans  son  vieux  caquet  : 
«  La  vie  est  courte  et  passagère  , 
«  11  en  est  temps,  fais  ton  paquet .  » 
Zeste  à  Carou  , 
En  franc  luron, 
J'irai  gaîment  offrir  mon  rouge  front. 
11  me  dira  : 
«  Place-toi  la, 
«  Viens  avec  moi .  Minos  te  jugera.  » 
Dé,à  sans  faire  de  grabuge, 
De  mon  arrêl  je  soi-  content  ; 

Je  rôtirai mais  en  chantant  : 

Après  moi  le  déluge. 

i  ii^inc   lieront-. 

La  musique,  de  Dalayrac,  se  troure   notée 
N.  650  de  la  Clé  du  Caveau. 


Paris.  —  Imprimerie  dn  Piuet  filsttné,  rue  des  Grands-  Augustins,  5. 


LE   SAINT   CARNAVAL 

1809. 

Au  :  -Won  pin  était  pot. 

D'un  patron  pour  nous  on  faii  choix 

Le  jour  qu'on  nous  baptise; 
Mais  à  notre  âg3  on  peut,  je  crois, 
Le  choisir  à  sa  guise  : 
Que  tout  bon  luron 
Prenne  le  patron 
Que  nia  voix  préconise  : 
C'est  saint  Carnaval!... 
Qu'un  cri  général 
Ici  le  canonise. 

Pour  obtenir  quelque  faveur 
Auprès  de  tous  les  autres, 
Il  faut  sans  cesse,  avec  ferveur, 
Croquer  des  patenôtres  : 
J'avais,  entre  nous, 
Trop  mal  aux  genoux 
Quand  je  chmtais  leur  gloire  : 
Pour  saint  Carnaval 
Si  je  me  fais  mal, 
Ce  n'est  qu'à  la  mâchoire. 

Dans  les  grandes  afflictions 
Pour  le  rendre  prospère, 
Je  lui  fais  des  libations 
De  charup;igne  ou  madère  : 
Le  plus  noir  chagrin 
Diparaît  soudain; 
El  qmmd  on  l'intercédé, 
A  saint  Carnaval 
11  n'est  point  de  mal, 
Point  d'ennui  qui  ne  cède. 

Il  n'a  point,  comme  saint  Bernard, 

Et  froc  et  scapulaire; 
Ses  enfants  prennent  au  hasard 
L'habit  qui  sait  leur  plaire  ; 
Mais  il  est  toujours 
Propice  aux  amours, 

113 


A  leurs  'loux  exercices  : 

C'esi  à  table,  au  bal, 

Que  saint  Carnaval 
Eprouve  ses  novices. 

Quant  aux  miracles,  chacun  sait 

Comment  il  fait  les  choses; 
Jamais  un  autre  saint  n'a  fait 
Plus  de  métamorphoses  : 

Il  donne  aux  vieillards 

Des  airs  égrillards; 
Il  rend  fous  les  plus  sages  ; 

Et  saint  Carnaval 

Confond  d'un  signal 
Tous  les  rangs,  tous  les  âges. 

De  tante  ou  d'oncle  encor  très-sains 

Convoitant  les  espèces, 
Un  neveu  pauvre  à  tous  les  saints 
Faisait  dire  des  messes; 
Au  nitre  à  son  tour 
Il  s'adresse  un  jour, 
Et,  doublant  son  attente, 
Ce  bon  Carnaval, 
Dans  un  seul  régal, 
Rafle  l'oncle  et  la  tante. 

On  bâille,  on  dort  aux  tristes  chants 

Que  psalmodie  un  prêtre  ; 
L'on  rit  et  l'on  danse  aux  accents 
Que  Carnaval  fait  naître  : 
Quel  hymne  jamais 
Valut  vos  couplets, 
Ou  seulement  les  nôtres? 
Bientôt  sans  rival, 
Oui,  saint  Carnaval 
Fera  damner  les  autres. 

Lorsqu'arrive  ce  triste  jour 
Où  ce  grand  saint  expire, 
C'est  alors  qu'on  voit  tout  l'amour 
Qu'à  chacun  il  inspire 
Tout  le  lendemain 
On  trouve  en  chemin 
Des  faces  de  carême, 
El  de  Carnaval 
Un  deuil  général 
Marque  l'heure  suprême. 

T.   ii.  —  SI 


35* 


CHANSONS  POPULAIRES. 


Plus  d'un  disciple  cependant, 

Dans  l'excès  do  son  zèle, 
Malgré  le  carème-prenant 
Lui  demeure  fidèle  : 
Pour  nous,  mes  amis, 
A  sa  loi  soumis, 
Puisqu'elle  nous  amuse, 
Chômons  Carnaval 
Jusqu'au  jour  fala! 
Où  viendra  la  camuse. 

Ch.  de  Longchamp*. 

La   musique ,  de    Biaise ,    se    trouve  notée 
N.  633  delaClé  du  Caveau. 


MA  PHILOSOPHIE. 

Am  de  Calpîgi. 

Mes  amis,  ma  philosophie 
Consiste  à  blâmer  dans  la  vie 
Tout  excès  qui  nuit  au  plaisir. 
Afin  d'en  pouvoir  mieux  jouir,     {bis.) 
Je  veux  d'abord  qu'on  rende  hommage 
A  l'nomme  raisonnable  et  sage; 
Mais  pour  être  sage,  vraiment, 
11  faut  l'être  modérément.      (bis.) 

Quand  je  vois  une  aimable  fille 
Dont  le  cœur  bat,  dont  l'œil  pétille, 
Et  qui  semble,  par  ses  3  mpirs, 
Nous  inviter  aux  doux  plaisirs,      (bis.) 
Je  n'entends  pas  que  cette  belle 
Trouve  en  nous  humeur  trop  cruelle; 
Mais  ne  lui  donnons  qu'un  moment: 
11  faut  aimer  modérément.      (bis.) 

Je  croîs  que  le  diable  me  pousse 
Quand  je  vois  pétiller  la  mousse 
De  ce  Champagne,  dont  les  dieux 
Voudraient  s'enivrer  dans  les  cieux.  (615.) 
Mais,  le  plus  triste  de  l  histoire, 
C'est  qu'on  s'extermine  à  trop  boire  ; 
Pour  boire  longtemps  el  souvent, 
11  fan'  boire  modérément.       bis.) 


J'aime  assez  ce  métal  jaunâtre 
Dont  tout  le  monde  est  idolâtre, 
Et  qui  fait  bien  plus  d'orgueilleux 
Qu'il  n'a  jamais  fait  des  heureux,     (bis.) 
A  la  fortune  si  l'on  vise, 
Qu'un  droit  chemin  nous  y  conduise, 
L'ar,  pour  dormir  tranquillement, 
Il  faut  gagner  modérément.      (6w*) 

J'aime  avec  passion,  sans  doute, 
Chanter  afin  que  l'on  m'écoute  ; 
J'ai,  j'en  conviens  de  bien  bon  cœur. 
Mon  grain  d'amour- propre  d'auteur.    Wl 
Mais  je  sais  que  l'on  peut  déplaire 
Quand  on  ne  sait  jamais  se  taire. 
Pour  amuser,  même  en  chantant, 
Il  faut  chanter  modérément,      (bis.) 

Vr.  I.iénard. 


La  musique,  de  Salieri,  est  notée  au  N.  2S0  de  la 
Clé  du  Caveau. 


LE  RÉVEIL  DU  CHANSONNIEF 

1823. 

AlR  :  Mes  amis,  trinquons,  trinquons. 


Mes  amis,  chantons,  chantons,  chantons 

L'humanité  nous  donne 

Des  sujets  qu'on  chansonne; 
Mais  après  buvons,  limons    buvons, 

Par  de  joyeux  fions  fions 

Égayons  nos  chansons. 

Dans  le  siècle  où  nous  sommes, 
Tant  que  seront  les  hommes 
plus  coquets  que  tendrons, 
C'est  1111  sujet:  limons. 
Mes  amis,  etc. 

Tant  qu  on  verra  des  trames 
Kl  de  noirs  mélodrames 


CHANSONS   EPICURIENNES. 


355 


Illustrer  la  Gaîté, 

Jamais  d'oisiveté. 

Mes  amis,  etc. 

Tant  que  mainte  Lucrèce, 
Bien  rigide  en  sagesse, 
Dira  que  pour  toujours 
Elle  fuit  les  amours, 
Mes  amis,  etc. 

Tant  qu'un  tuteur  avare 
Mettra  son  or  en  barre, 
Et  qu'un  dissipateur 

Trompera  le  tuteur, 
amis,  etc. 

Tant  qu'on  verra  les  belles 
Se  dire  bien  fidèles 
A  leurs  tendres  maris 
Complaisants  et  soumis, 
Mes  amis,  etc. 

Quand  nous  irons  en  terre 
(Ce  que  chacun  doit  faire) , 
Ceux  qui  nous  conduiront 
Tous  en  chœur  chanteront  : 

Mes  amis,  chantons,  chantons,  chantons; 

L'humanité  dous  donne 

Des  sujets  qu'on  chansonne; 
Mais  après  buvons,  buvons,  buvons; 

Par  de  joyeux  fions  fions 

Égayons  nos  chansons. 

J.    Bigot. 


CHACUN  A  SON    TOUR. 

Aik  :  Au  clair  de  la  lune. 

Selon  ma  coutume, 
Mon  cher  Apollon, 
En  prenant  ma  plume 
J'invoque  ton  nom. 


Ah  !  permets  de  grâce, 
Que  sans  nul  détour 
On  aille  au  Parnasse 
Chacun  à  son  tour. 

Lorsque  Philomèle 
Chante  au  mois  de  mai, 
Tout  se  renouvelle 
Et  prend  un  air  gai. 
L'amant,  la  fillette, 
Conduits  par  l'Amour, 
Vont  fouler  l'herbelte 
Chacun  à  son  tour. 

Le  cœur  de  nos  belles 
Se  donne  à  l'encan, 
Et  l'or  est  pour  elles 
Le  seul  talisman . 
L'Amour,  dans  la  ville, 
N'a  point  de  séjour, 
On  lui  donne  asile 
Chacun  à  son  tour. 

Un  soir,  chez  Ismène, 
On  me  conduisit, 
Et  celle  Syrène 
En  entrant  me  dit  : 
«  Partout  on  me  vante, 
«  Faites-moi  la  cour... 
«  Chez  moi  l'on  contente 
«  Chacun  à  son  tour.  » 

Craignons  Esculape 
Et  ses  serviteurs, 
La  mort  ne  nous  happe 
Qu'en  leurs  bras  trompeurs. 
Si  dans  sa  colère 
Dieu  les  mit  au  jour, 
C'est  pour  mettre  en  terre 
Chacun  à  son  tour. 

Rien  n'est  plus  aimable 
Qu'un  épicurien, 
Des  lois  de  la  table 
11  est  le  soutien. 
Souper  plein  d'ivresse, 
Fille  faite  au  tour, 


S5« 


CHANSONS     POPULAIRES. 


Lui  plaisent  sans  cesse 
Chacun  a  son  tour. 

Nargue  de  l'envie, 
Goûtant  le  plaisir 
Passons  noire  vie 
A  boire  et  jouir. 
Le  temps  fait  sa  ronde 
La  nuit  et  le  jour  ; 
On  sort  de  ce  monde 
Chacun  à  son  tour. 

Casimir  Ménestrler. 

La  musique,  de  Lulli,  se  trouve  notée  au  N.   1820 
de  laCle  du  Caveau. 


LE  ROI   ET   L'ÉPICURIEN! 

1821. 

Air  du  Cabaret. 

0  rois  qui,  gouvernant  la  terre, 
Croyez  goûter  le  vrai  bonheur, 
Abandonnez  cette  chimère, 
Laissez  cette  trop  douce  erreur. 
D'or  vous  portez  de  lourdes  chaînes; 
Ma  maîtresse,  suivant  mes  goûts, 
Avec  des  fleurs  tresse  les  miennes  : 
Ah  !  je  suis  plus  heureux  que  vous  I 

Dans  votre  main  je  vois  sans  cesse 
Briller  votre  sceptre  imposant; 
Mais  bientôt  votre  règne  cesse 
Si  son  joug  devient  trop  pesant. 
Mon  thyrse,  moins  brdlanl  Bans  doute, 
Me  procure  un  plaisir  plus  doux, 
Personne  au  moins  ne  le  redoute  : 
Ah  !  je  suis  plus  heureux  que  vous! 

Sur  votre  tiMe  une  couronne 
Doit  vous  sembler  un  lourd  fardeau 
A  celui  qui  vous  environne 
S>n  eclal  peut  paraître  beau. 


Une  simple  branche  de  lierre 
Cerne  mon  front  d'un  nœud  si  doux. 
Ma  couronne  au  moins  est  légère  : 
Ah  !  je  suis  plus  heureux  que  vous! 

Un  trône  éclatant  de  parure, 
C'est  là  que  tendent  tous  vos  vœux. 
Un  banc  couvert  par  la  nature 
Me  semble  un  siège  plus  moelleux  ; 
Près  d'une  nouvelle  Érigone, 
Entre  quelques  aimables  fous, 
A  mon  aise  je  déraisonne  : 
Ah!  je  suis  plus  heureux  que  vous! 

A  tahle  quand  la  soif  vous  presse, 
Loin  de  goûter  les  vrais  plaisirs, 
Un  valet,  qui  fort  peu  s'empresse, 
Contente  à  peine  vos  désirs. 
Si  je  ne  bois  que  du  suresne. 
Ma  maîtresse,  sur  mes  genoux, 
M'en  verse  au  moins  à  tasse  pleine  : 
Ah  !  je  suis  plus  heureux  que  vous! 

Alexandre. 

La  musique,  d'Ermel,se  trouve  notée  au  N.  733 
de  la  C'é  du  Caveau. 


LE   RIEUR    ÉTERNEL. 

1823. 
Air  î  Turlurelle. 

Rire  de  tout  est  fort  bon  ; 
Le  monde,  me  dira-t-on, 
N'est  pas  très  gai  ;  mais  que  dire  ;. 
Il  faut  rire  [bis. 

Rire  et  toujours  rire! 

Garçon,  être  planté  là 
Par  le  tendron  qu'on  aima. 
Ce  n'est  pas  gai,  etc. 

Pour  avoir  un  héritier 
Finir  pai  se  marier, 
Ce  n  esl  pas  gai,  eti 


CHANSONS    EPIGURIENNFS. 


357 


Quand  noire  femme  chez  nous 
Crie  et  se  mol  eu  courroux, 
Ce  n'est  pas  gai,  etc. 

Ou  bien,  quand  ces  dames  font 
A  notre  front  quelqu'affront, 
Ce  n'est  pas  gai,  etc. 

On  a  plus  d'un  créancier 

Qu'il  faut  finir  par  payer, 

Ce  n'est  pas  gai,  etc. 

L'opéra,  ses  longs  ballets, 

La  comédie  aux  Français, 

Ce  n'est  pas  gai,  etc. 

Parcourt-on  le  Moniteur? 
\a-t-on  chez  le  percepteur? 
Ce  n'est  pas  gai,  etc. 

Voir  des  sols,  des  patelins, 
Des  huissiers,  des  médecins, 
Ce  n'est  pas  gai,  etc. 

Enfin  avoir  tôt  ou  tard 
Pour  carrosse  un  corbillard, 
Ce  n'est  pas  gai,  mais  que  dire?... 
Il  faut  rire,  (bis. 

Rire  et  toujours  rire  ! 

Sinioiiniii. 


Pour  nous  former  d'heureuses  destinées, 
Des  vains  honneurs  évitons  le  fardeau; 
Loin  du  tumulte  abritons  nos  années, 
Et  de  la  Parque  oublions  le  ciseau. 

Si  notre  globe,  où  règne  la  Folie, 

Est  plus  fertile  en  épines  qu'en  Qeurs  ; 

Dans  nos  tonneaux  s'il  est  un  peu  de  lie, 

Si  de  nos  feux  les  objets  sont  trompeurs, 

C'est  peu  de  chose,  auprès  de  ces  entraves, 

De  ces  dégoûts  où  nous  voyons  languir. 

Ambition,  tes  superbes  esclaves, 

Quand  nous  chantons  les  hymnes  du  Plaisir 

Depuis  longtemps  la  bizarre  fortune 
De  bas  en  haut  promène  les  grandeurs  : 
Monter,  descendre  est  l'histoire  commune; 
Sots  et  méchants  lour-à-tour  sont  acteurs. 
Ils  ont  de  l'or,  et  pour  eux  tout  abonde; 
L'or  fait  briller  les  plus  hideux  objets  ; 
Mais  le  bonheur,  sur  aucun  point  du  monde, 
Parmi  ses  dons  ne  figura  jamais. 

Par  les  périls  on  arrive  à  la  gloire  ; 
De  son  phosphore  on  est  tout  ébloui. 
Que  gagne-t-on,  pour  vivre  dans  l'histoire 
Mainte  blessure,  et  la  goutte  et  l'ennui. 
En  consacrant  aux  neuf  sœurs  votre  vie, 
D'un  long  travail  quel  prix  attendez-vous?... 
Vous  gémirez,  victime  de  l'envie; 
A  votre  tour  vous  deviendrez  jaloux. 


Air  ancien,  note  au  N.  o~>>  de  1  a  Clédu  Caveau. 


LA  MORALE  MOMUSIENNE. 

1823. 
Air  du  vaudeville  de  la  Danse  interrompue. 

Qu'un  vin  mousseux  pétille  dans  nos  verres: 
Qu  il  coule  à  flots  des  mains  delà  beauté I 
\vec  Bacchus  et  les  Grâces  légères, 
Plus  de  soucis,  tout  sera  volupté  ! 


Si  d'un  parti  vous  prenez  la  livrée, 
Aux  passions  vous  devez  obéir, 
Bientôt  votre  âme,  à  leur  fougue  livrée, 
Éprouvera  le  tourment  de  haïr. 
Que  nous  importe  ou  César  ou  Pompée, 
Si  nos  celliers  sont  garnis  de  bons  vins! 
Aucun  des  deux  a-t-il  tiré  l'épée 
Pour  augmenter  le  produit  des  raisins? 

Accumulez  toutes  les  jouissances, 
Vous  languirez,  énervé,  dépravé. 
Bornez  vos  vœux  comme  vos  espérances, 
Des  plaisirs  vrais  le  secret  est  trouvé. 
Qu'on  sache  aimer  sans  en  perdre  la  tête; 
A  la  bonté  que  le  cœur  s'ouvre  en  paix  ; 


CHANSONS    POPICAIRES. 


Dans  L'avenir  alura  rien  n'inquiète, 

Et  «lu  malheur  on  affronte  les  traits. 

Jouets  trente  ans,  sur  des  routes  diverses, 
De  mille  erreurs  et  de  tous  les  excès, 
Soyons  enfin,  après  tant  de  traverses, 
Chantres  joyeux,  bons  amis,  bons  Français! 
Lorsque  I  on  prend  cette  règle  de  vie, 
Pour  l'Elysée  on  part  aussi  gaîment, 
Que,  vers  sa  table  abondamment  servie, 
On  voit  marcher  un  somptueux  gourmand 

J.   iHisniili-hOY. 

La   musique ,  de  Labord.  ,  se  trouve  notée    au 
N.  827  de  la  Clé  du  Caveau. 

— mm  '  %'  '■'  M  lmm» 


IL  FAUT  PARER  SA  PUT'  CHAPELLE. 

Air  de  la  petite  sceur- 

Je  possède  un  réduit  discret, 
Loin  des  méchants  et  de  leurs  ruses, 
Où  mon  cœur  s'épanche  en  secret 
En  donnant  audience  aux  muses. 
Sur  n. «s  panneaux,  sur  mes  lambris, 
Où  nul  orgueil  ne  se  révèle, 
J  ai  colle  les  portraits  chéris 
Des  demi-dieux  de  mon  pays. 
11  faut  parer  sa  p'lit  chapelle. 

De  sa  table  Urbain  a  proscrit 
Cidre,  poiré,  bière  et  piquette, 
Mais  tlans  le  cellier  qu'il  chérit 
Chaque  vin  porte  une  étiquette. 
En  augmentant  d'un  crû  nouveau 
Sa  riche  et  longue  kyrielle, 
Il  dit,  CD  clouant  l'écrileau  : 
Mon  temple,  à  moi,  c'est  uu  caveau. 
11  faut  parer  sa  p'tit'  chapelle. 

Rosine  an  fond  de  son  boudoii 
Emploie,  à  ce  que  l'on  assure, 
Et  cosmétique  1 1  démêloir, 

Eli  Irisottanl  SB  Chevelure. 

i    ,,i  oouvei  les  adorateurs 


Sous  les  retlets  de  sa  prunelle, 
Pour  pouvoir  sans  soins,  sans  lab  sur», 
Lever  la  dîme  sur  les  cœurs, 
11  faut  parer  sa  p'tit'  chapelle. 

Un  prélat  à  certain  curé 
Disait  :  «  Soignez  le  sanctuaire; 
Les  croix,  les  saints  en  bois  doré 
Font  grand  effet  sur  le  vulgaire. 
Pour  produire  un  pieux  effroi, 
Pour  gonfler  la  sainte  escarcelle, 
Séduisez  les  yeux,  croyez-moi, 
Le  prestige  entretient  la  foi; 
Il  faut  parer  sa  p'tit'  chapelle.  » 

Ce  bon  roi  qui  prisait  les  cors- 
De-chasse  et  les  canons  d'église, 
Disait,  en  livrant  nos  trésors, 
Aux  grands,  ainsi  qu'à  la  prêtrise  : 
Puisque  l'on  m'adore  en  haut  lieu, 
Récompensons  un  si  beau  zèle, 
A  mon  tour  ne  puis-je,  morbleu  ! 
Faire  saints  ceux  qui  me  font  dieu. 
11  faut  parer  sa  p'tit'  chapelle. 

Un  blâme  de  la  veuve  Amond 
Et  la  toilette  et  la  dépense  ; 
Mais  sans  rougir  elle  répond 
Aux  colporteurs  de  médisance  :    ■ 
«  Aujourd'hui,  je  puis  en  chemin 
Rencontrer  un  garçon  fidèle 
Oui  m'offre  son  cœur  et  sa  main . 
Pour  loger  le  cierge  d'hymen, 
11  faut  parer  sa  p'tit'  chapelle.  » 

Sitôt  que  vient  à  trépasser 

Un  gros  tripoteur  sur  la  rente, 

Ses  héritiers  lui  font  dresser 

Une  riche  chapelle  ardente. 

Le  velours  marquant  les  douleurs, 

De  larmes  d'argent  étincelle  . 

On  met  des  flambeaux  et  des  fleurs . 

11  ne  manque  rien...  que  des  pleurs 

Il  faut  parer  sa  p'lit'  chapelle. 

I.OIli»  Fcfttl'MII. 


CHANSONS    ÉPICURIENNES. 


359 


AMENDONS-NOUS,  MES   FRÈRES  !  f     ^  n'en  trouvaient  jamais  de  trop  étroits... 

Revenons,  chers  confrères, 
Aux  amours  de  nos  pères  ! 
Oui,  revenons  aux  amours  de  nos  pères  : 


1834. 
Air:   Comme  faisaient  nos  pères. 

«  Nos  pères  valaient  mieux  que  nous!  » 
A  dit  un  moraliste. 
D'un  arrêt  qui  m'attriste 
Je  voudrais  bien  nous  voir  absous. 
Jadis,  courage 
Valait  mieux  qu'héritage; 

Grand  personnage 
Ne  prêtait  pas  sur  gage  ; 
Les  amis  étaient  plus  constants; 
Les  filles  avaient  moins  d'amants  ; 
L'époux  faisait  lui-même  ses  enfants... 
Revenons,  chers  confrères, 
Aux  vieux  us  de  nos  pères  ! 
Oui,  revenons  aux  vieux  us  de  nos  pères! 

Nos  pères  ne  chantaient  jamais, 
Dans  une  feinte  ivresse, 
Cupidon,  sans  maîtresse, 
Et  Racchus,  sans  boire  à  longs  traits. 
Fille  vermeille  ! 
Ronde  et  noire  bouteille! 

Sous  une  treille, 
Près  d'eux,  faisaient  merveille. 
Aux  dieux  dont  ils  s'étaient  imbus 
Us  n'offraient  pas  de  froids  tributs  : 
Us  célébraient  les  vins  qu'ils  avaient  bus.. 
Revenons,  chers  confrères, 
Aux  chansons  de  nos  pères! 
Oui,  revenons  aux  chansons  de  nos  pères! 

Nos  pères  préféraient  toujours 

L'asile  le  moins  vaste  ; 

Us  mettaient  peu  de  faste 
Dans  leurs  goûts  e!  dans  leurs  amours. 
Ardeur  subite 

Que  le  désir  excite, 
L'amour  habite 

Le  plus  modeste  gîte! 
Aussi,  pour  leurs  galants  exploits, 
Us  cherchaient  les  petits  endroits  : 


Nos  pères,  fort  mauvais  soutiens 
Des  discordes  civiles, 
Ne  souillaient  point  leurs  villes 
Du  sang  de  leurs  concitoyens. 
Gais  adversaires  ! 
Dans  toutes  ces  affaires, 

A  coups  de  verres 
Us  faisaient  bonnes  guerres. 
Quand  un  fusil  armait  leurs  mains, 
Leurs  cris  notaient  pas  inhumains  : 
«  Mort  aux  perdreaux,  aux  lièvres,  aux  lapins!  » 
Revenons,  chers  confrères, 
Aux  combats  de  nos  pères! 
Oui,  revenons  aux  combats  de  nos  pères! 

Nos  pères  ,  vrais  épicuriens  , 
Ne  s'inquiétaient  guères. 
De  voir,  sur  leurs  frontières , 
Des  Espagnols  ou  des  Prussiens  : 
Près  d'une  assiette, 
Us  défiaient  la  diète  ; 

Verre  et  fourchette  , 
C'était  là  leur  Gazette. 
L'accord  des  rois  semblait  certain  , 
Tant  qu'ils  voyaient  dans  un  festin 
Des  vins  d  Espagne  et  des  carpes  du  Rhin... 
Revenons,  chers  confrères, 
Aux  journaux  de  nos  pères! 
Oui,  revenons  aux  journaux  de  nos  pères! 

Nos  pères  dressaient  leur  menu 
D'après  un  vieux  système; 
L'art  de  monsieur  Carême 
De  leurs  chefs  n'était  pas  connu. 
Viande  bouillie 
Suivait  dinde  rô lie  î 

Sans  symétrie 
Leur  table  était  servie. 
Nos  couverts  y  ressemblent  peu  : 
Nous  mettons  les  plats  en  bon  lieu  , 
Et  le  dindon  dans  le  juste  milieu... 
Revenons,  chers  confrères, 


360 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Aux  repas  de  nos  pères! 
Oui,  revenons  aux  repas  de  nos  pères! 

Nos  pères  d'abréger  leurs  jours 
Avaient  fort  peu  d'envie; 
Du  fleuve  de  la  vie 
Ils  descendaient  gaîment  le  cours. 
Nouveau  Pétrarque, 
Laujon,  soudain  .  s'embarque  , 

Et,  dan-  sa  barque  , 
Nargue  cent  ans  la  Parque  , 
Disant  :  «  A  la  Postérité  , 
«  Ravir  un  siècle  de  gaîté , 
«  C'est  escompter  son  immortalité!...  » 
Revenons ,  chers  confrères, 
Aux  trépas  de  nos  pères  ! 
Oui,  revenons  aux  trépas  de  nos  pères. 

Henri  Siniou. 

La   musique,  de  Dalayrac,  se  trouve  notée   au 
N.  25b  de  la  Clé  du  Caveau. 


TOUJOURS  CONTENT 


1821. 
Air  :  Vint  le  vin  de  Ramponneau. 

Toujours  content, 
Toujours  chantant, 

A  table 
Je  suis  stable  : 
De  Bacchus  comme  de  Cypris, 
Le  gaîté  médit  :  Sois  épris; 
Ris. 

L'homme  est  un  animal 
Qui  du  bien  et  du  mal 
Aime  assez  le  mélau 
Il  est  doux,  furieux. 
Timide,  impérieux 
qu'il  suit  de  son  lan 
'l  oujoure  content,  etc. 


Malgré  tous  les  travers 
Que  dans  cet  univers 
Chaque  jour  on  rencontre, 
Le  sage  observateur 
Ne  laisse  pas  son  cœur 
Dans  le  pour  et  le  contre. 
Toujours  content,  etc. 

Lise  que  j'adorais. 
Qui  semblait  faite  exprès 
Pour  embellir  ma  vie, 
A  trahi  son  serment  ; 
Mais  au  même  moment 
J'ai  retrouvé  Sylvie. 
Toujours  content,  etc. 

Qu'un  petit  rimailleur 
Décoche  un  trait  railleur 
Aux  fils  de  la  victoire; 
D'Apollon  ce  bâtard, 
Selon  moi,  vient  trop  tard 
Pour  vivre  dans  l'histoire. 
Toujours  content,  etc. 

Qu'un  bigot  libertin, 
Ivre  chaque  malin, 
De  poison  nous  abreuve  : 
On  sait  que  ses  écrits 
Du  plus  sanglant  mépris 
Ne  sont  pas  à  l'épreuve. 
Toujours  content,  etc. 

De  vanité  rempli. 
Se  croyant  un  Sully, 
Qu'un  autre  politique. 
Moraliste  en  chansons. 
Donne  aux  rois  des  leçons 
Dans  un  style  gothique  : 
Toujours  content,  etc. 

Pour  égayer  mes  joui-. 
Je  rirai  donc  toujours; 
Et,  nouveau  Démocrite, 
Si  j'ai  l'air  d'un  grondeur, 
On  dira  :  Ce  frondeur 
a  du  moine  Bon  mérite. 


paris  — Imprimerie  iU  Pllltl  BU  itné,  rue  des  f.rands-Aui/ustins,  ■'>. 


CHANSONS  EPICURIENNES. 


361. 


Toujours  content, 
Toujours  chantant, 

A  table 
Je  suis  stable: 
De  Bacchus  comme  de  Cypris, 
La  gaît''  me  dit  :  Sois  épris  ; 
Ris. 

Pierre  Colau. 

Air  ancien,  noté  au  N.  1101  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  DELIRE. 

1834. 

Air  de  Madame Favar, 

Viens  encor,  nouvelle  Érigone, 
Verser  le  nectar  que  je  boisl 
Quoi  !...  déjà  ton  front  se  couronne 
Du  lierre  que  tressa  mes  doigts?... 
Ah!  quand  ta  bouche  palpitante 
D'un  verre  a  pressé  le  contour, 
Je  veux,  dans  la  coupe  brûlante, 
M'enivrer  de  vin  et  d'amour  ! 


La  pudeur  sied  bien  à  ton  âge, 
Elle  unit  sa  rose  à  tes  lis  ; 
Et  si  parfois,  sur  ton  corsage, 
D'un  voile  j'écarte  les  plis, 
C'est  quand  la  liqueur  pétillante 
A  fait  rejaillir  sous  la  main 
La  perle  humide  et  transparente 
Qui  vient  se  tarir  sur  ton  sein  ! 

Le  soleil  fournit  sa  carrière, 
Et  Bacchus  double  nos  plaisirs. 
Déjà  la  mourante  paupière 
Exprime  d'amoureux  désirs  I 
Le  vin  fume,  et  sa  couche  est  prête 
Du  point  du  jour  à  son  déclin 
Joignons  dans  cette  double  fête 
Les  feux  d'amour  aux  feux  du  vin  ! 


A  peine  au  matin  de  la  vie, 
Bientôt  nous  loucherons  au  soir  : 
Anaïs,  le  temps  nous  convie, 
Au  banquet  courons  nous  asseoir; 
Et,  brisant  ma  coupe  tarie, 
Que  la  Parque  nous  voie  enfin, 
Ivres  d'amour  et  d'ambroisie, 
Assister  au  dernier  festin. 

Paul  Dewlnt. 

La  musique,  d'Auguste  Pilati,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  L.  Vieillot,  éditeur  ,  rue  Notre-Dame-de-Naza- 
reth, 32. 


L'AMBITIEUX  CORRIGÉ. 

1838. 
Air    C'est  des  bêtises  d'aimer  comme  ça. 

Enfin,  tant  mieux,  je  désespère 
D'être  heureux  avant  de  mourir  ; 
Après  le  bonheur  sur  la  terre 
Je  suis,  ma  foi,  las  de  courir, 
Je  suis  vraiment  faligué  de  courir... 
Peste  !  les  sots  auront  beau  dire, 
J'adopte  ce  précepte-ci  :  [bis.) 
Avant  d'être  heureux  il  faut  rire, 
D'peur  de  mourir  sans  avoir  ri,  [bis.) 
Oui. 
Sans  avoir  ri. 

Pauvre  et  content  dans  son  échoppe, 
Voyez  ce  joyeux  savetier. 
Comme  la  fièvre  le  galope 
Sitôt  qu'il  se  croit  financier, 
Dès  qu'il  se  croit  un  riche  financier! 
Gaîment  aussi  comme  il  respire 
Quand  par  bonheur  il  est  trahi  ! 
Avant  d'êlre  heureux,  etc. 

Juif  enrichi  par  l'avarice, 
J'ai  vu,  couché  sur  son  butin, 
Harpagon  avec  la  jaunisse, 
L'œil  hagard,  le  poignard  en  main, 
Les  yeux  hagards,  un  poignard  à  la  main  ! 


114 


t.  n.  —  oa 


362 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Ce  bonheur-là,  morguenne!  est  pire 
Que  la  pauvreté  sans  souci... 
A^ant  d'être  heureux,  etc. 

Qui  donc  aspire  à  la  couronne? 
Des  monarques, l'histoire  dit: 
Que  les  plus  heureux  sur  le  trône 
Ne  sont  pas  tous  morts  dans  leur  lit, 
Ne  sont  pas  tous  morts  heureux  dans  leur  lit; 
Mais,  ventrebleu!  pour  un  empire 
Je  ne  voudrais  pas  être  occil 
Avant  d'être  heureux,  etc. 

Donc  soumis  à  la  loi  sévère 
Du  destin  qui  pèse  sur  nous, 
Au  plaisir  qui  nous  tend  un  verre, 
En  riant  jetons  nos  gros  sous, 
Jetons,  jetons  en  riant  nos  gros  sous  ! 
Du  vin...  hâtons  notre  délire!... 
La  mort  peut  nous  surprendre  ici. 
Avant  d'être  heureux,  etc. 

Ah!  puisqu'enfin  il  faut  qu'on  meure, 
A  quoi  bon  tasser  nos  deniers? 
Quant  à  moi,  qui  point  ne  me  leurre, 
J'en  ratisse  à  mes  héritiers, 
Moi  j'en  ratisse  à  tous  mes  héritiers. 
Ils  ont  l'œil  sur  la  tirelire  ; 
Mais  elle  est  vide,  Dieu  merci! 
Avant  d'être  heureux  il  laul  rire, 
D'peur  de  mourir  sans  avoir  ri, 
Oui, 
Sans  avoir  ri. 

Perchelet, 

La  musique,  de  Lhuilli  r,  se  trouve,  à  Taris, 
chez  L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de 
Nazareth. 


LA  VRAIE  PHILOSOPHIE. 

J'ai  vu  partout  dans  mes  voyages 
Des  philosophes  comme  vous, 
nui,  pour  avoir  trop  fait  les  sages 
Etaient  enfin  devenus  fous. 


Jamais  leur  docte  inquiétude 
Ne  leur  permit  un  doux  loisir  : 
Moi,  je  crois  qu'un  siècle  d'étude 
Vaut  moins  qu'un  instant  de  plaisir. 

C'est  la  divinité  de  Guide 
Qui  seule  fait  les  vrais  savants  : 
J'aime  Sapho,  Catulle,  Ovide, 
L'Amour  inspira  leurs  accents. 
Je  hais  Aristote,  Lucrèce  ; 
Je  m'endors  en  ouvrant  Platon. 
Des  philosophes  de  la  Grèce 
Le  plus  sage  est  Anacréon. 

Pourquoi  donner  la  préférence 
A  l'esprit  aux  dépens  du  cœur; 
Vous  cherchez  toujours  la  science. 
Voua  fuyez  toujours  le  bonheur. 
Je  veux  bien  que  1  homme  s'éclaire; 
La  femme  doit  avoir  du  goût. 
Le  grand  art  est  celui  de  plaire  : 
Dès  l'instant  qu'on  plaît  on  sait  tout. 

Delrleu. 

La  rausique.de  Ch.  Plantade,  se  trouve  notée  au 
N.  243  de  la  Clé  du  Caveau. 


AU  ROI  DE, LA  FEVE. 

Air  :  Mes  chers  amis,  il  est  certain. 

Le  hasard,  qui  fit  tant  de  rois, 
Au  rang  suprême  vous  élève; 
Et  nous  reconnaissons  vos  droits, 
Quoiqu'ils  vous  viennent  d'une  fève. 
Dans  le  cœur  de  tous  vos  sujets 
Voulez-vous  fonder  votre  empire? 
Qu'on  soit  tenu  ,  par  vos  décrets  , 
De  boire,  d'aimer  et  de  rire. 


j  (bis. 


Formons  d'abord  votre  maison  : 
Cornus  sera  chef  de  cuisine. 
Qui  prendrez-vous  pour  échausofl  ? 
Ce  sera  Bacchus,  j'imagine. 


CHANSONS  ÉPICURIENNES 


363 


Que  Momus  soit  votre  aumônier 
Pour  ministres  prenez  les  Grâces  , 
Et  que  l'Amour,  grand-écuyer, 
Vole  avec  les  Jeux  sur  vos  traces. 
Dans  le  cœur,  etc. 


Nous  vois  choisirons  deux  châteaux, 
L'un  à  Pomard,  l'autre  en  Champagne, 
Et  vous  adopterez  Paphos 
Pour  voire  maison  de  campagne. 
Là  ,  pour  votre  couronnement, 
Les  plaisirs  se  rendront  en  foule  ; 
Et  de  muscat,  le  vin  charmant, 
Y  servira  de  Sainte-Ampoule. 
Dans  le  cœur,  etc. 

La  justice  est  un  saint  devoir! 
Mais  point  de  prisons,  de  potences... 
11  est  des  vins  dont  le  pouvoir 
Vaut  hien  mieux  que  nos  ordonnances. 
Voulez-vous  à  l'homme  méchant 
Infliger  une  horrible  peine? 
Ordonnez  pour  tout  châtiment 
Qu'il  ne  boive  que  du  suresne. 
Dans  le  cœur,  etc. 


Vous  direz  à  tous  les  époux  : 
«  Dans  l'amour  mettez  votre  gloire.  » 
Vous  direz  à  tous  les  jaloux  : 
«  Pans  le  vin  perdez  la  mémoire.  » 
Pour  guérir  les  ambitieux 
Et  ceux  que  tourmente  l'envie  , 
Vous  n'emploîrez  que  des  vins  vieux  , 
La  chansonnette  et  la  foiie. 
Dans  le  cœur,  etc. 


Surtout,  ne  sovez  jamais  vain 
Du  rang  que  le  destin  vous  donne 
Tel  règne  aujourd'hui,  qui  demain 
Perdra  lout  avec  sa  couronne. 
Que  voire  peuple  a  vos  vertus- 
Doive  une  heureuse  destinée  ; 
Pour  surpasser  même  Titus, 
Ne  perdez  pas  une  journée. 


Dans  le  cœur  de  tous  vos  sujets 
Voulez-vous  fonder  votre  empire? 
Qu'on  soit  tenu,  par  vos  décrets, 
De  boire ,  d'aimer  et  de  rire. 

Félix. 


LE  FUMEUR. 


Air  :  Put,  put,  put. 

A  cet  emploi  tranquille 
M'occupant  chaque  jour, 
Je  vois  que  dans  la  \ille, 
De  même  qu'à  la  cour, 
La  gloire  si  fort  estimée, 
Put,  put,  put, 
N'est  que  fumée. 

Vous  dont  le  vain  système 
Est  d'avoir  un  grand  nom, 
De  votre  erreur  extrême 
Je  ris  avec  raison  ; 
Car  toute  votre  renommée, 
Put,  put,  put, 
N'est  que  fumée. 

L'amant  d'une  infidèle 

Loin  d'elle  est  furieux  ; 

Mais  sitôt  que  la  belle 

Vient  s'offrir  à  ses  yeux, 

Sa  fureur  si  bien  allumée.' 

Put,  put,  put, 

N'est  que  fumée. 

Kn  partant  pour  la  guerre 
Un  rodomont  fait  peur  ; 
11  jette  tout  par  terre  : 
Mais,  hélas!  sa  valeur. 
Sitôt  qu'il  aperçoit  l'armée, 
Put,  put,  nul, 
N'est  que  fumée. 

Pour  fixer  le  mercure. 
Vous  qui  dans  un  creuset 


36^ 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Mettez  à  l'aventure 
Votre  argent  le  plus  net, 
Qu'avez-vous  au  bout  de  l'année? 
Put,  put,  put, 
De  la  fumée. 

Panard. 


MES  VIEUX  SOUVENIRS 

Air  :  O  Mahomet. 

Je  me  souviens  qu'au  sortir  du  collège, 
Des  fils  du  Pinde  enviant  l'heureux  sort, 
Je  me  croyais  comme  eux  le  privilège 
D'être  immortel  du  moins  après  ma  mort. 
Sur  l'Hélicon  les  fruits  de  mon  génie 
M'auraient  bientôt  fait  monter  à  grands  pas: 
Mais  pour  sauver  des  tourments  à  l'Envie, 
Je  me  souviens  que  je  n'y  montai  pas. 

Je  me  souviens  que  j'aimais  une  belle, 
Riche  en  jeunesse,  en  grâces,  en  attraits. 
Fidèle  aussi  'du  moins  le  jurait-elle), 
Et  d'après  elle  aussi  je  le  jurais. 
Un  jour  pourtant  ma  flamme  fut  trahie, 
Dans  ma  douleur  j'invoquai  le  trépas... 
Mais  soit  raison,  soit  amour  de  la  vie, 
Je  me  souviens  que  je  n'en  mourus  pas. 

Je  me  souviens  que  las  d'être  sans  cesse 

Le  vain  jouet  de  l'infidélité, 

Mon  cœur  chercha  longtemps  une  maîtresse, 

Qui  réunît  et  constance  et  beauté. 

De  tels  phénix,  rêves  de  ma  jeunesse, 

Peut-être  bien  qu'il  en  est  ici-bas; 

Mais  soit  hasard,  malheur  ou  maladresse, 

Je  me  souviens  que  je  n'en  trouvai  pas. 

Je  me  souviens  que,  devenu  plus  sage, 
Et  renonçant  aux  perfides  amours, 
Je  crus  trouver  au  sein  du  mariage 
Ce  vrai  bonheur  qui  me  rayai!  toujours. 
Je  cherchai  bien  :  enfin  je  ris  Ciarice  ; 
Clarice  avait  quinze  ans  ci  des  appas  : 


Je  me  souviens  que  je  la  crus  novice  ; 
Je  me  souviens  qu'elle  ne  l'était  pas. 

Je  me  souviens  que,  jaloux  par  nature, 
Un  soir  je  dis  à  ma  chaste  moitié  : 
«  Crains,  si  jamais  ton  cœur  était  parjure, 
«  De  voir  par  moi  ton  crime  publié.  » 
Deux  jours  après  (je  frémis  quand  j'y  pense!) 
Je  trouvai  Paul  endormi  dans  ses  bras. 
J'allais  parler,  j'allais...  mais,  par  prudence, 
Je  me  souviens  que  je  ne  parlai  pas. 

Je  me  souviens  qu'en  proie  à  l'indigence. 
Jadis  Damon  implora  mon  secours. 
Il  prit  ma  bourse  ;  et  sa  reconnaissance 
Devait,  dit-il,  s'en  souvenir  toujours. 
Je  devins  pauvre  ;  il  acquit  des  richesses  ; 
Vers  lui  je  vole...  Il  plaint  mon  embarras, 
Pleure  avec  moi...  Mais  quant  à  sis  prome 
Je  me  souviens  qu'il  ne  s'en  souvint  pas. 

Je  me  souviens  qu'un  jour  l'espèce  humaine 

S'offrit  à  moi  sous  les  plus  nobles  traits. 

Mais,  je  l'avoue,  hélas!  quoiqu'avec  peine, 

Je  me  souviens  aussi  que  je  rêVaifl  ! 

Le  lendemain  je  crus  voir  tous  les  hommes 

Trompeurs,  jaloux,  égoïstes,  ingrats, 

Et,  pa>-  malheur  pour  le  siècle  où  nous  sommes 

Je  me  souviens  que  je  ne  rêvais  pas. 

Amène. 

Air  ancien,  noté  au  N.  224  de  la  Clé  du  Caveau. 


RIONS   TOUJOURS. 

1834. 
Air  :  Faut  cl'  la  vertu,  pas  trop  n'en  faut. 

Momus  nous  livre  ses  grelots,        i     . 
Rions,  que  l'ennui  reste  aux  sotsl  |  ^ 

J'ai  ri,  lorsque  je  vins  au  monde, 
Dit-on  ;  je  le  crois,  car  depui-. 


Paris  — Imprimerie  de  Pii.lit  fils  utné  , rue  des  Grunds-Auguslins,  .'». 


CHANSONS  EPICURIENNES. 


3G5 


Quoique  l'on  en  pense  à  la  ronde, 
Je  veux  toujours  rire  et  je  ris. 
Momus,  etc. 

Rire  nous  convient  à  tout  âge  : 
On  rit  enfant,  on  rit  barbon  ; 
Démocrite,  ce  fameux  sage, 
Riait  de  tout  avec  raison. 
Momus,  etc. 

On  rit,  quand  la  fortune  altière 
Devient  prodigue  de  tout  bien, 
Quand  elle  redevient  sévère, 
Très  souvent  même  on  rit  de  rien. 
Momus,  etc. 

On  rit  des  grands  airs  d'importance 
Que  se  donne  un  fat,  un  pied-plat  ; 
Il  s'ennuie  avec  l'opulence, 
Le  pauvre  rit  sur  son  grabat. 
Momus,  etc. 

Un  trésor  fait  rire  l'avare, 
On  rit  de  l'amour,  de  ses  tours  ; 
Si  l'époux  trompé  rit,  c'est  rare  ; 
De  son  malheur  on  rit  toujours. 
Momus,  etc. 

Trouvant  bon  vin  et  bonne  chère 
Dans  un  dîner,  soudain  on  rit  ; 
De  l'aï  la  mousse  légère 
Rend  gai  le  plus  morose  esprit. 
Momus,  etc. 

A  vos  banquets  gaîté  préside, 
On  y  chante  couplets  joyeux  ; 
Chez  les  grands  tristesse  réside  ; 
biner  sans  rire  est  ennuyeux. 
Momus,  etc. 

A  notre  prochaine  séance, 
Me  dites-vous,  nous  verrons-nous  ? 
C'était  ma  plus  douce  espérance  ; 
Oui,  oui,  j'irai  rire  avec  vous. 
Momus,  etc. 

J'ai  ri  de  vos  folles  antiennes  ; 
Si  vous  riez  à  mes  dépens, 


Lorsque  je  chanterai  les  miennes, 
Ne  riez  pas  du  bout  des  dents. 
Momus,  etc. 

Rire  est  notre  importante  affaire, 
Avant,  même  après  le  trépas, 
Amis,  grâce  à  votre  bréviaire, 
Nous  rirons  en  sautant  le  pas. 
Momus,  etc. 

Nous  formerons  à  notre  école, 
En  riant,  et  saintes  et  saints  ; 
Nous  rirons,  si  la  gaudriole 
Fait  rire  damnés  et  lutins. 


Momus  nous  livre  ses  grelots, 
Rions,  que  l'ennui  resteaux  sots! 

Théodore  IHartiguou 


.    \{hî 


Lamu-ique,  deDezède,  se  trouve  notée  au  N.  194 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  NOUVEL  ÉPIMÉNIDE. 

Air  :  Vit-on  jamcds  -pareille  extravagance  ? 

Après  dîner,  nouvel  Epiménide  , 
Je  rêve  un  monde  heureux  et  plein  d'appas  : 
Un  doux  espoir  et  m'échauffe  et  me  guide... 
Si  c'est  un  songe,  ah!  ne  m'éveillez  pas! 

Je  suis  monarque,  et  dans  mon  vaste  empire 
On  ne  voit  point  comme  en  d'autres  États 
De  bas  flatteurs  souiller  l'air  qu'on  respire  ; 
Chacun  est  gris...  in  vino  veritas! 

Mais  j'ai  fait  choix  d'un  nouveau  ministère, 
Tel  que  jamais  on  n'en  vit  un  pareil , 
Aimant  son  prince,  ennemi  du  mystère, 
Faisant  le  bien  sans  bruit,  sans  appareil. 

Un  chansonnier,  dont  maint  bon  mot  circule, 
Est  désigné  pour  mon  garde-des-sceaux  ; 
Je  lui  remets  l'arme  du  ridicule 
Dont  il  flétrit  les  méchants  et  les  sots. 


IIS 


56 


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CHANSONS    POPULAIRES. 


Un  employé  dont  hier  la  consigne 
Etait  d'écrire,  écrire,  écrire  encor, 
Change  de  rôle  :  il  signe,  signe,  signe... 
Je  l'établis  ministre  du  trésor. 

Ce  gai  buveur  que  jamais  l'eau  ne  trouble 
Pour  la  marine  est  un  heureux  sujet  : 
Après  dîner  parfois  il  y  voit  double... 
Mais  c'est  à  jeun  qu'il  fera  son  budget. 

Ce  gros  vivant,  je  le  nomme  à  la  guerre 
Qu'il  aura  soin  de  faire  aux  buveurs  d'eau  : 
Si  l'un  de  nous  boit  mal  ou  ne  boit  guère, 
Des  étrangers  il  aura  le  fardeau. 

Sexe  adoré  de  tous  ces  bons  apôtres, 
Mon  peuple  en  vous  chérit  mes  conseillers  : 
11  ne  connaît  de  chaînes  que  les  vôtres  ; 
Chaînes  de  fleurs...  qui  servent  d'oreillers. 

Enfin  de  peur  que  des  esprits  sinistres 
N'osent  troubler  les  élus  de  Cornus, 
Pour  président  du  conseil  des  ministres 
J'ai  pris  celui  des  soupers  de  Momusl 

Après  dîner,  nouvel  Épiménide, 
Je  rêve  un  monde  heureux  et  plein  d'appas 
Un  doux  espoir  et  m'échauffe  et  me  guide.,   i 
Si  c'est  un  songe,  ah!  ne  m  éveillez  pas! 

Jacinthe  I.eclèrc. 


LA  PHILOSOPHIE  FORCÉE. 

1834. 
Al  R  du  Dieu  des  bonnes  gens. 

Pauvres  humains,  lorsque  dans  la  détresse 
maudissons  nuire  destin  fatal, 
-umines  fous,  car  c'est  une  faiblesse 

Qui  vainement  Doua  (ail  beaucoup  de  mal. 

Le  bon  exemple  a  guéri  ma  folie  ; 

Oui,  je  -m-  Bage,  el  je  di<  à  présent  : 

Il  faut  avoir  de  la  philosophie 

Quand  on  n'est  pas  content.      pto.) 


La,  liberté,  de  conquête  en  conquête, 
Marche  à  grands  pas,  dicte  partout  ses  lois 
Les  souverains  en  vont  perdre  la  tête, 
Et  quelques-uns  déjà  sont  aux  abois. 
De  ses  sujets  redoutant  la  furie, 
Un  petit  prince  a  cédé  sagement. 
Il  faut  avoir  de  la  philosophie 

Quand  on  n'est  pas  content.      (Us.) 

J'aime  le  vin;  je  n'en  fais  pas  mystère  : 
Quand  il  est  bon,  sans  me  faire  prier, 
Je  sais  emplir,  je  sais  vider  mon  verre, 
Trop,  quelquefois,  je  ne  puis  le  nier. 
Je  bois  aussi  du  suresne  et  du  brie, 
Si  mon  gosier  devient  trop  exigeant. 
11  faut  avoir  de  la  philosophie 

Quand  on  n'est  pas  content.      (bis.) 

Jean  Pacot,  plein  d'une  ardeur  belliqueus 

Croyait  qu'un  jour  il  serait  général. 

La  chance,  hélas!  ne  lui  fut  pas  heureuse. 

Et  du  service  il  sortit  caporal. 

Tout  glorieux,  cependant,  il  s'écrie  : 

«  Des  cayorals  je  suis  le  plus  valliant..    > 

Il  faut  avoir  de  la  philosophie 

Quand  on  n'est  pas  content.      (bis.) 

Avec  l'amour  cherchant  bonne  fortune 
Je  découvris  deux  séduisants  objets, 
Gentille  blonde  et  sémillante  brune  : 
Me  voilà  pris  dans  leurs  doubles  filets. 
Il  faut  choisir  :  je  prends  la  plus  jolie, 
Avec  regret  laissant  l'autre  pourtant. 
Il  faut  avoir  de  la  philosophie 

Quand  on  n'est  pas  content,      (bis.) 


Un  cadédis,  impudent  passé  maître, 
De  ses  méfaits  enfin  récompensé, 
Fut  d'un  premier  jeté  par  la  fenêtre; 
On  releva  le  faquin  tout  froissé. 
«  l)é  m'en  aller,  dit-il,  j'abais  enbie, 
«  Et  lé  chemin  m'était  indifférent.  » 
Il  faut  avoir  de  la  philosophie 

Quand  on  n'est  pas  content.      (bis.] 

Mepromenani  dans  la  forêt  voisine, 
Je  chantonnais,  gai  de  cœdf  et  d'esprit 


CHANSONS    EPICURIENNES. 


367 


Lorsqu'un  monsieur  de  fort  mauvaise  mine, 
En  me  montrant  un  gros  hâton,  me  dit  : 
«  Pas  de  façons,  c'est  la  bourse  ou  la  vie!  » 
Je  lui  donnai  ma  bourse  poliment. 
11  faut  avoir  de  la  philosophie 

Quand  on  n'est  pas  content.      {bis.) 

Un  pauvre  diable,  au  bas  d'une  potence, 
Parlait  ainsi  :  «  Je  ne  crains  pas  la  mort; 
«  Personne  n'a  contre  elle  de  licence, 
«  Et  tôt  ou  tard  on  doit  subir  son  sort. 
«  Mourir  soldat,  de  faim,  de  maladie, 
«  Ou  bien  pendu,  n'est  pas  très  important.  » 
Il  faut  avoir  de  la  philosophie 

Quand  on  n'est  pas  content.      (bis.) 

Théodore  Martlgnon. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N.  833 
de  la  Clé  du  Caveau. 


RONDE  PHILOSOPHIQUE 

1826. 
Air  :  Vive  la  saison  de  l'automne. 

Du  passé  perdons  la  mémoire , 
Comptons  peu  sur  notre  avenir; 
Le  présent ,  si  l'on  veut  m'en  croire, 
Est  le  temps  dont  il  faut  jouir. 

Qu'on  vienne  nous  vanter  sans  cesse 
Les  jours  où  vivaient  nos  aïeux  ! 
Leur  gaîté,  leur  aimable  ivresse, 
Nous  rendront-elles  plus  heureux? 
Du  passé,  etc. 

Amants  d'une  gloire  éphémère 
Que  promet  la  postérité  , 
Le  bonheur  qu'on  goûte  sur  terre 
Vaut  bien  votre  immortalité. 
Du  passé,  etc. 

0  vous  qu'une  belle  aime  encore  I 
Du  plaisir  prenez  le  chemin  : 


Aujourd'hui  si  l'on  vous  adore, 
On  peut  vous  oublier  demain. 
Du  passé ,  etc. 

Sur  l'hymen,  fou  qui  se  repose  , 
Puisqu'enfin  il  nous  faut  vieillir, 
Sous  nos  pas  ,  s'il  naît  une  rose, 
En  passant  sachons  la  cueillir. 
Du  passé,  etc. 

De  l'hiver,  dont  le  froid  nous  glace , 
Perdons  le  triste  souvenir  ; 
Puisque  le  printemps  le  remplace, 
Oublions  qu'il  doit  revenir. 
Du  passé,  etc. 

Dans  les  cieux  on  promet  aux  hommes 
Un  bonheur  que  nous  ignorons  ; 
Ici  nous  savons  où  nous  sommes  ; 
Mais  savons-nous  où  nous  irons. 

Du  passé  perdons  la  mémoire, 
Comptons  peu  sur  notre  avenir  ; 
Le  présent,  si  l'on  veut  m'en  croire , 
Est  le  temps  dont  il  faut  jouir. 

Paul  IMwiut. 


LES  DÉBRIS. 

AIR  du  vaudeville  des  Scythes  et  des  Amazones 

Je  ne  suis  pas  un  misanthrope  austère, 
Vous  le  savez,  mais,  hélas  I  par  malheifr 
Ce  globe  étroit  n'est  qu'un  triste  parterre 
Où  chaque  instant  voit  tomber  une  fleur. 
Comme  un  zéphyr  le  bel  âge  s'envole, 
Mais,  entourés  de  rameaux  défleuris, 
Loin  d'exhaler  une  plainte  frivole, 
De  nos  beaux  jours  recueillons  les  débris. 

Combien  de  fois,  téméraires  pilotes, 
Notre  vaisseau  s'engloutit  à  Paphos  I 
Quand  la  beauté  nous  traitait  en  ilotes, 
Que  de  longs  jours,  que  de  nuits  sans  pavots' 


368 


CHANSONS    POPULAIRE*. 


Ne  livrons  plus  à  de  nouveaux  orages 
De  noïre  esquif  les  fragiles  abris  ; 
La  barque  s'use  à  force  «Je  naufrages, 
Non  loin  du  bord  recueillons  ses  débris. 

Que  Lucullus.  voluptueux  avare, 
De  vins  choisis  s'enivre  chaque  soir, 
Lorsqu'à  sa  porte  on  chasse  le  Lazare, 
Qui  pour  tout  bien  sollicite  un  pain  noir. 
Moins  opulent  on  est  plus  secôurable  ; 
N'envions  pas  de  superbes  lambris  : 
Buvons  gaîment;  mais  en  quittant  la  table. 
Pour  l'indigent  recueillons  les  débris. 

Rousseau,  Franklin,  Washington  et  Voltaire 
Sont  descendus  au  rivage  des  morts  ; 
Près  de  ces  dieux,  bienfaiteurs  de  la  terre, 
Le  grand  Bytou  module  ses  accords. 
Ne  léguons  pas  seulement  à  l'histoire 
Tant  de  hauts  faits  cl  de  savants  écrits; 
Leur  cendre  illustre  appartient  à  la  gloire  : 
Avec  respect  recueillons  ses  débris. 

Mais  qu'ont  produit  ces  généreux  exemples? 
L'âge  présent  est  stérile  en  vertus. 
Patrie,  honneur,  ont  déserté  nos  temples 
Pour  s'abaisser  aux  autels  de  Plutus. 
Pourtant,  au  sein  de  la  plus  vile  écume, 
Brillent  des  cœurs  que  l'on  n'a  pa-  flétris  ; 
Ah!  pour  qu'un  jour  le  flambeau  se  rallume 
Du  leu  sacré  recueillons  les  débris. 

Paroles  d'an  anonyme. 


MES  AMIS,  NE  NOUS  PLAIGNONS  PAS. 

1822. 

Air  du  vaudeville  de  la  Somnambule. 

Le  pessimiste,  en  sa  misantrophie. 
B-pand  sur  tout  sa  bilieuse  aigreur  ; 
Ce  monde  esi  loin  d'être  mon  utopie , 
Mais  tel  qu'il  est  je  le  vois  sans  humeur. 


Que  peut  d'ailleurs  une  critique  vaine? 
Ah!  crovez-moi,  lorsqu'on  trouve  ici-bas 
Un  peu  de  bien  parmi  beaucoup  de  peine  , 
Mes  amis,  ne  nous  plaignons  pas.     {bis.) 


L'hypocrisie,  engeance  cafardine, 
Insatiable  en  sa  cupidité  , 
Du  pauvre  peuple  exploite  à  la  sourdine 
Et  l'ignorance  et  la  crédulité. 
A  son  aspect  toute  lumière  expire  , 
La  barbarie  accompagne  ses  pas... 
Mais  si  Momus  échappe  à  son  empire, 
Mes  amis,  ne  nous  plaignons  pas 


(bis.) 


«  Nos  jours,  dit-on  ,  sont  anti-poétiques; 
«  Le  positif  est  notre  déité; 
«  Nous  délaissons  les  Muses  erotiques 
«  Pour  la  sévère  et  triste  vérité.  » 
Si  des  flonflons  la  veine  est  appauvrie  , 
N'avez-vous  pas  ,  ô  rimailleurs  ingrats  ! 
La  liberté,  l'amour  de  la  patrie  ? 
Mes  amis,  ne  nous  plaignons  pas.     (bis.) 

Dans  ses  transports,  la  jeune?re  imprudente 
Tarit  souvent  la  coupe  des  pLisirs. 
Ménagez  mieux  une  verve  abondante  , 
Réser\ez-vous  du  moins  quelques  désirs. 
Ab  !  si  l'objet  de  nos  vives  tendresses, 
Sans  nous  livrer  ses  pudiques  appas  , 
Daigne  accorder  d'innocentes  caresses, 
Mes  amis  ,  ne  nous  plaignons  pas.    (bis.) 

Mais  quand  vos  sens  seront  glacés  par  l'Age, 
Si  les  ennuis  viennent  vous  consumer, 
Ne  comptez  plus  sur  un  sexe  volage  , 
Qui,  sans  amour,  ne  sut  jamais  aimer. 
Du  monde  alors  s'éclipsent  les  merveilles; 
Et  s'il  nous  reste,  aux  portes  du  trépas, 
Un  vieil  ami ,  quelques  vieilles  bouteilles  , 
Mes  amis  ,  ne  nous  plaignons  pas.     (bis.) 

Harelllae. 


La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N.  800 
de  la  Clé  du  Caveau. 


Pans.  —  Imprimerie  dePiu.ii  lli  itné,  nie  des Grands-Augustins,  •">. 


LE  BAPTEME. 


Air  :  Le  choix  que  fait  tout  le  village. 

Je  méditais  une  ode,  ou  pis  peut-être, 
Quand  tout  à  coup  grand  bruit  dans  le  quartier 
«  A  l'enlre-sol  un  garçon  vient  de  naître; 
«  Notre  portière  accouche  d'un  portier!...  » 
Ornant  de  fleurs  ses  langes  un  peu  sales, 
Je  l'ai  vu  beau,  beau  comme  un  fils  de  roi, 
Pleurer  au  bruit  des  cloches  baptismales  : 
Dors,  mon  enfant,  rien  n'a  sonné  pour  toi. 

A  ton  baptême  un  curé  bon  apôtre, 
Quelques  voisins,  quelques  brocs  de  vin  vieux, 
Cela  suffit  :  te  voilà  comme  un  autre 
Cohéritier  du  royaume  des  deux. 
Convive  ailleurs  d'un  plus  friand  baptême, 
Si  quelque  saint,  gras  martyr  de  la  foi, 
Bénit  tout  haut,  puis  murmure  :  Anathème! 
Dors,  mon  enfant,  dors,  ce  n'est  pas  sur  toi. 

Tu  n'as  point  vu  la  robe  et  la  finance 
Crier  bravo  lorsque  tu  vagissais; 
Tu  n'as  point  eu,  comme  un  enfant  de  France, 
A  digérer  maint  discours  peu  français. 
Pour  premiers  bruits  le  monde  à  ton  oreille 
N'a  point  jeté  des  paroles  sans  foi. 
Près  d'un  berceau  si  la  trahison  veille, 
Dors,  mon  enfant,  dors,  ce  n'est  pas  chez  toi. 

Dors,  fils  du  pauvre;  on  dit  qu'il  est  une  heure 
Lente  à  passer  sur  les  fronts  criminels; 
Le  fils  du  riche,  alors,  s'éveille  et  pleure 
Au  bruit  que  font  les  remords  paternels. 
Lorsque  minuit  descend  plaintifs  des  dômes, 
En  secouant  leur  linceul  et  l'effroi, 
On  dit  qu'au  Louvre  il  revient  des  fantômes  : 
Dors,  mon  enfant,  Dieu  seul  entre  chez  toi. 

A  l'hôpital,  sur  le  champ  de  bataille, 
Chair  à  scalpel,  chair  à  canon,  partout 
Tu  souffriras,  et  lorsque  sur  la  paille 
Tu  dormiras,  la  faim  crîra  :  Debout! 

116 


Tu  seras  peuple,  enfin  ;  mais  bon  courage  ! 
Souffrir,  gémir,  c'est  la  commune  loi. 
Sur  un  palais  j'entends  gronder  l'orage  : 
Dors,  mon  enfant,  il  glissera  sur  toi. 

Hégésippe  Moreau. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N°904  de  la 
Clé  du  Caveau. 


LE  RUISSEAU  OU  L'IMAGE  DE  LA  VIE 

Voyez  dans  ce  champêtre  asile 
Serpenter  ce  jeune  ruisseau  : 
Entre  la  fleur  et  le  roseau, 
Il  poursuit  sa  course  tranquille; 
Bientôt  par  cent  détours  divers, 
Egaré  loin  de  sa  patrie, 
Il  va  traverser  les  déserts  : 
Voilà  l'image  de  la  vie. 

Tantôt,  sous  un  ciel  sans  nuage, 
Paisible  et  pur  comme  un  beau  jour, 
Des  champs  et  des  bois  d'allentour 
Son  sein  réfléchira  l'image  : 
Tantôt  l'aiguillon  irrité 
Viendra  sur  sa  rive  fleurie 
Rider  son  cristal  argenté  : 
Voilà  l'image  de  la  vie. 

Plus  loin,  son  onde  ambitieuse, 
Fuyant  des  rivages  obscurs, 
D'Athènes  va  baigner  les  murs; 
Elle  en  sort  livide  et  fangeuse  : 
Dans  une  heureuse  obscurité 
Tant  qu'elle  fut  ensevelie, 
Rien  n'altérait  sa  pureté  : 
Voilà  l'image  de  la  vie, 

Enrichi  du  tribut  limpide 
Que  lui  portent  mille  ruisseaux, 
Il  devient  fleuve,  et  de  ses  eaux 
Il  étend  la  marche  rapide  : 

i.  u.  —  57 


370 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Son  cours  étonne  l'univers  ; 
Ampihiiriie  lui  porte  envie; 
11  disparaît  au  sein  des  mers  : 
Voilà  l'image  de  la  vie. 

De  Moustlcr. 


L'HIVER. 

1822. 
Ai  u  du  vaudeville  des  deux  Philiberls. 

Mes  amis,  quittons  la  campagne, 
Voici  l'hiver  et  les  glaçons  ; 
Entendez-vous  dans  la  montagne 
Mugir  les  fougueux  aquilons  : 
Disons  bonsoir  à  cette  treille, 
Muet  témoin  de  tous  nos  jeux, 
Mais  emportons  notre  bouteille, 
Nos  verres,  nos  couplets  joyeux. 

Adieu,  cave  où  le  vieux  madère 
Repose  auprès  du  fin  bordeaux  ; 
Adieu,  campagne  ;  adieu,  parterre, 
Bosquets  fleuris  et  clairs  ruisseaux  ; 
Adieu,  chêne  dont  le  feuillage 
Protégeait  nos  danses,  nos  chants 
Contre  Phœbus,  contre  l'orage, 
Au  revoir  jusqu'au  vert  printemps. 

Adieu,  bergères  séduisantes 
Qui  livrez  vos  cœurs  a  l'amour, 
Et  dont  les  tournures  charmantes 
Causaient  nos  tourments  nuit  et  jour. 
Pour  aller  encor  à  Cvlhère, 
L'hiver  est  un  bien  mauvais  temps  : 
Vous  nous  attendrez,  je  l'espère, 
Pour  vous  y  conduire  au  printemps. 

Regagnons  la  ville  au  plus  vite; 
Pai  de  li  11'   dam  le  chemin  ; 
Dans  le  temple  ""  Momus  habite 
All"ii-  entonnei  un  refrain. 


Ne  pensons  plus  à  la  campagne, 
Au  noir  hiver,  aux  froids  autans  ; 
El  près  d'un  tonneau  de  Champagne 
Attendons  gaîment  le  printemps. 

f»nltriel  Tinay. 


LES  LOIS  DE  LA  TABLE. 

Air  :  Je  suis  une  vigne  nouvelle. 

Point  de  gêne  dans  un  repas; 
Table  fût-elle  au  mieux  garnie , 
Il  faut,  pour  m'offrir  îles  appas  , 
Que  la  contrainte  en  soit  bannie. 
Toutes  les  maisons  où  j'en  roi 

Sont  des  lieux  que  j'évite  : 

Amis,  je  veux  être  chez  moi 

Partout  où  l'on  m  invite. 

Quand  on  est  sur  le  point  d'honneur, 
Quel  désagrément  on  éprouve  I 
Poin'  de  haut  bout;  c'est  une  erreur  : 
11  faut  s'asseoir  comme  on  se  trouve, 
Surtout  qu'un  espace  assez  grand 

En  liberté  nous  laisse  : 
Même  auprès  d'un  objet  charmant 

Cornus  défend  la  presse. 

Fuyons  un  convive  pressant 

Dont  les  soins  importuns  nous  choquent, 

Et  qui  nous  lue  en  nous  versant 

Des  rasades  qui  nous  suffoquent  : 

Je  veux  que  chacun  sur  ce  fait 

Soit  libre  rve, 

Qu'il  soit  son  maître  el  son  valet, 

Qu'à  son  goût  il  se  serve. 

Tout  ce  qui  ne  plaît  qu'aux  regards 

A  l'utilité  je  l'immole; 

D'un  buffet  chargé  de  cent  marcs 

La  montre  me  paraît  frivole  : 

le  ii^  tout  lias  lorsque  je  vois 

L'éléganl  édifice 
D'un  surtout  qui,  pendant  six  moi.. 

Rentre  entier  dans  l'office. 


\ 


CHANSONS    EPICURIENNES 


371 


Des  mets  joliment  arrangés 
Le  compartiment  méthodique , 
Malgré  les  communs  préjugés, 
Me  paraît  sujet  à  critique  : 
A  quoi  cet  optique  est-il  bon' 

Dites-moi ,  je  vous  prie, 
Sert-on  pour  les  yeux,  et  doit-on 

Manger  par  symétrie  ? 

Se  piquer  d'être  grand  buveur 
Est  un  abus  que  je  déplore  : 
Fuyons  ce  titre  peu  flatteur  ; 
C'est  un  honneur  qui  déshonore. 
Quand  on  boit  trop  on  s'assoupit , 

Et  l'on  tombe  en  délire  : 
Buvons  pour  avoir  de  l'esprit, 

Et  non  pour  le  détruire. 

Cassen  les  verres  et  les  pots, 
C'est  ingratitude  et  folie  : 
Quelquefois  il  est  à  propos 
De  boire  aux  attraits  de  Sylvie. 
Mais  ne  soyons  point  assez  sots  , 

Dans  nos  bouillants  caprices, 
Pour  détruire  et  mettre  en  morceaux 

Ce  qui  fait  nos  délices. 

Qu'aucun  de  nous  pour  son  talent 
Ne  se  fasse  jamais  attendre; 
Que  sa  voix  ou  son  instrument 
Parte  dès  qu'on  voudra  l'entendre  , 
Mais  qu'il  cesse  avant  d'ennuyer  : 

0  l'insupportable  homme 
Qui  par  son  art  croit  égayer 
Des  amis  qu'il  assomme  I 

Des  rois  les  importants  secrets 
Doivent  pour  nous  être  un  mystère  ; 
Il  faut,  pour  fuir  de  vains  regrets  , 
Tout  voir,  tout  entendre  ,  et  se  taire  : 
Respectons  dans  nos  entretiens 

Ce  que  les  dieux  ordonnent; 
Goûtons  et  méritons  les  biens 

Que  leurs  bontés  nous  donnent. 

Quand  on  devrait  me  censurer, 
Je  tiens,  amis,  pour  véritable 


Que  la  raison  doit  mesurer 
Les  plaisirs  mêmes  de  la  table  ; 
Je  veux  ,  quand  le  fruit  est  servi  , 

Que  chacun  se  réveille  ; 
Mais  il  faut  quelque  ordre ,  et  voici 
Celui  que  je  conseille  : 

Dans  les  chansons  point  d'àboyeurs, 
Dans  les  transports  point  de  tumulte, 
Dans  les  récits  point  de  longueurs, 
Dans  la  critique  point  d'insulte  ; 
Vivacité  sans  jurement, 

Liberté  sans  licence, 
Dispute  sans  emportement , 

Bons  mots  sans  méiisance. 

Panard. 


L'ÉPICURIEN  MALADE, 

1838. 

Air  de  Madame  Grégoire. 
Ou  :  C'est  le  ijras  Thomas. 

De  l'eau  !  plus  de  vin  ! 
Suivez  un  régime  sévère  , 

Dit  mon  médecin  , 
Ou  bien  commandez  votre  bière! 
Vous  l'avez  entendu, 
Amis  ,  je  suis  perdu. 
L'ordonnance  de  l'Esculape 
Plus  encor  que  le  mal  me  frappe. 

Ah!  plaignez  mon  soit 

Mes  amis ,  je  suis  mort. 

Jadis  j'étais  fier, 
D'avoir  un  appétit  énorme  : 

On  m'invite  hier, 
A  déjeuner,  mais  pour  la  forme, 
J'accepte,  c'est  pitié; 
0  trop  douce  amitié, 
Pourquoi  ta  voix  consolatrice 
Augmente-t-elle  mon  supplice. 

Ah!  plaignez  mon  sort, 

Mes  amis,  je  suis  mort. 


171 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Avec  vous  j'ai  ri 
Des  fous,  des  sols  qui  font  carême  : 

Hélas!  aujourd'hui , 
Je  jeûne  et  j'ai  la  face  blême. 
Vos  visages  joyeux 
Me  rendenl  tout  honteux; 
Vous  ne  pensez  qu'à  boire  et  rire, 
De  la  fièvre  j'ai  le  délire. 

Ah!  plaignez  mon  sort_ 

Mrs  amis,  je  suis  mort. 

Vénus,  Cupidon. 
Mis  à  l'index  par  l'ordonnance, 

Sont  dans  l'abandon  . 
Ma  muse  est  réduite  au  silence. 
Pauvre  épicurien, 
Quel  destin  est  ie  mien 
A  mes  yeux  un  trésor  s'étaie. 
Je  meurs    souffrant  comme  Tantale! 

Ah!  plaignez  mon  sort, 

Mes  amis ,  je  suis  mort. 

0  fatalité  ! 
En  vain  ,  vous  me  dites  courage  ! 

Le  coup  est  porté , 
Je  touche  an  terme  du  voyage. 
De  tous  côtés  je  voi 
Triste  chose  pour  moi  : 
Suivant  ou  quittant  le  régime, 
Des  Parques  je  deviens  victime  ! 

Ah!  plaignez  mon  sort, 

Mes  amis,  je  suis  mort. 

Théodore  Mnrtignon 

La  musique,  de  Prouiac ,  se  trouve  notée  au 
N.  83  de  la  Clé  du  Caveau. 


L'HEUREUSE  MEDIOCRITE. 

1826. 
Air  :  l.n  trai  ■■  de  linéarité. 

Que  l'on  prône 
L'éclat  du  trône  ; 
Charmé  de  mon  Borl  ici-bas, 
Les  grandeurs  n>'  me  tentenl  pas. 


Dans  leurs  somptueuses  demeures, 
Les  rois  sont-ils  toujours  heureux? 
J'y  vois  l'ennui  compter  les  heures 
Qui  marchent  lentement  pour  eux  :  [bis.) 
N'ayant  point  l'humeur  vaine  ettière, 
J'aime  mieux  mon  humble  séjour  : 
On  chante,  on  rit  dans  ma  chaumière. 
Et  souvent  on  bâille  à  la  cour. 
Que  l'on  prône,  etc. 

Ce  n'est  qu'au  milieu  de  sa  garde 
Qu'un  roi  se  montre  à  ses  sujets  ; 
Un  suisse  avec  sa  hallebarde 
Veille  à  la  porte  du  palais. 
Je  me  promène  sans  escorte. 
N'ayant  jamais  eu  d'ennemis, 
Et  n'ai  pour  défendre  ma  porte, 
Qu'un  chien  qui  connaît  mes  amis. 
Que  l'on  prône,  etc. 

Fiers  de  leurs  insignes  bassesses, 
A  la  cour  de  vils  courtisans. 
Du  prince  admirant  les  faiblesses, 
Prodiguent  leur  funeste  encens  : 
Eh  bien  !  quant  à  moi  je  préfère 
Aux  sols  discours  de  ces  flatteurs, 
Un  ami  vrai,  parfois  sévère, 
Qui  sait  me  montrer  mes  erreurs. 
Que  l'on  prône,  etc. 

Fuyant  les  plaisirs  de  Cylhère, 
Plus  d'un  roi,  qui  veut  sommeiller. 
Trouve,  dans  son  lit  solitaire. 
Peine  et  soucis  sous  l'oreiller  : 
La  nuit,  auprès  de  ma  maîtresse, 
Les  instants  me  semblent  ai  courts, 
Que  je  voudrais  dans  mon  ivresse 
A  mes  nuits  ajouter  mes  jours. 
Que  l'on  prône,  etc. 

I  ii  mi  qui  ne  rêve  (pie  gloire 
Brave  les  hasarda  des  combats, 
Et  pour  vivre  un  jour  dans  l'histoire 
Conduit  ses  sujets  au  trépas  . 
Que  je  bénis  ma  destinée  ! 
Loin  d'imiter  les  conquérants, 


CHANSONS  EPICURIENNES. 


373 


Loin  de  détruire,  chaque  année. 

Je  voi*  augmenter  rues  enfants. 

Que  1  on  prône,  etc. 

Qu'un  prince  malheureux  succombe, 
Soudain  oubliant  ses  faveurs, 
Mille  ingrats  regardent  sa  tombe 
Sans  l'arroser  de  quelques  pleurs  : 
Je  vous  connais,  et  sans  prétendre 
A  ne  jamais  être  oublié, 
Sur  mon  tombeau  je  puis  attendre 
Une  larme  de  l'amitié. 

Que  l'on  prône 
L'éclat  du  trône  ; 
Charmé  de  mon  sort  ici-bas, 
Les  grandeurs  ne  me  tentent  pas. 

P.  Lcdoux. 

La  musique;  de  Désaugicrs,  se  trouve  notée  au 
N.  1113  de  la  Clé  du  Caveau. 


FRERES,  IL   FAUT  VIVRE. 

Air  du  vaudeville  de  la  Vallée  de  Barcelonnette, 

Peste  soit  de  lus  révoltant 
De  ces  moines  atrabilaires 
Qui  vont  sans  cesse  en  répétant  : 

11  faut  mourir,  mes  frères; 
D'un  docteur  plus  sage  qu'eux  tous 
Nous  avons  la  morale  à  suivre, 
Et  nous  prenons  pour  refrain,  nous  : 

Mes  frères,  il  faut  vivre. 

De  faim  au  maigre  et  froid  repas 
De  nos  avortons  littéraires. 
D'ennui  surtout  à  leurs  vers  plats, 

Il  faut  mourir,  mes  frères  : 
Mais  quand  à  vos  joyeux  banquets, 
De  vin,  de  plaisir  on  s'enivre, 
Mais  lorsqu'on  entend  vos  couplets, 

Mes  frères,  il  faut  vivre. 

Si  nous  songeons  à  l'avenir, 
La  tête  pleine  de  chimères, 


Avec  la  frayeur  de  mourir, 
Il  faut  mourir,  mes  frères  ; 

Que  de  prévoyance  et  d'ennui 

L'insouciance  nous  délivre  ; 

Mourons  demain,  mais  aujourd'hui. 
Mes  frères,  il  faut  vivre. 

Les  aimons-nous  trop  constamment. 
Quand  nos  maîtresses  sont  légères, 
De  désespoir  et  de  tourment 

Il  faut  mourir,  mes  frères  ; 
Bien  loin  de  nous  en  affliger, 
Nous  avons  leur  exemple  à  suivre, 
Et  pour  tous  les  jours  en  changer, 

Mes  frères,  il  faut  vivre. 

Pour  agrandir  leur  queue,  on  dit 
Que  les  comètes  passagères 
Nous  avaleront  une  nuit  ; 

Il  faut  mourir,  mes  IVères  : 
J'ai,  ma  foi,  grand'peur  de  leurs  dents 
Mais  j'ai  lu  dans  un  fort  gros  livre 
Que,  pour  trembler  encor  longtemps, 

Mes  frères,  il  faut  vivre. 

Des  vrais  amis  de  la  chanson 
Combien  les  regrets  sont  sincères! 
Plus  de  Panard,  plus  de  Laujon  ! 

11  faut  mourir,  mes  frères  ; 
Ah!  malgré  le  chagrin  nouveau 
Auquel  cette  perte  nous  livre, 
Puisqu'il  nous  reste  le  Caveau, 

Mes  frères,  il  faut  vivre. 

Malgré  l'amour,  malgré  le  vin. 
Malgré  les  talents,  les  prières, 
Même  malgré  le  médecin, 

Il  faut  mourir,  mes  frères  ; 
Si  de  l'impitoyable  sort 
Aucun  secret  ne  nous  délivre, 
En  attendant  gaîment  la  mort, 

Mes  frères,  il  faut  vivre. 

Paroles  d'un  anonyme. 

La  musique,  de  Wicht,  se  trouve  notée  au  N.838 
de  la  Clé  du  Caveau. 


3'4 


CHANSONS    POPULAIRES. 


LES  VERTUS  D'UN  BON  VIVANT.  ' 

Am     Vlàc'  que  c'est  que  d'aller  nu  bois. 

Bien  vivre  fui  dans  tous  les  temps 
La  devise  des  bons  enfants. 
Voyez-vous  un  joyeux  compère 
Buvant  à  plein  verre, 
Fêtant  sa  bergère? 
Vous  pouvez  dire  hardiment  : 
Y  là  c'que  c'est  qu'un  bon  vivant. 

Etre  fidèle  en  ses  amours 
Tient  trop  de  nos  vieux  troubadours  ; 
Changer,  c'est  jouir  de  la  vie  : 
Le  malin  Julie, 
Le  soir  Emilie  : 
Le  lendemain  en  faire  autant, 
Vlà  les  amours  d'un  bon  vivant. 

Chez  lui  de  quelque  trahison 
Qu'un  mari  forme  le  soupçon, 
Et  qu'au  lieu  de  faire  tapage 
Il  dissipe  en  sage 
Un  léger  nuage, 
Chante  et  se  console  en  buvant, 
Vlà  l'ménage  d'un  bon  vivant. 

Heureux  qui  sait  avec  gaîté 
Braver  la  triste  adversité! 
Le  chagrin  jamais  ne  l'attère  ; 

Et  le  sort  contraire 

En  un  sort  prospère 
Change  pour  lui  le  plus  souvent  : 
Vlà  1  destin  d'un  bon  vivant. 

De  tout  cœur  servir  ses  amis, 
Partager  en  tout  leurs  soucis, 
Obliger  .-ans  se  faire  attendre, 
Ne  jamais  prétendre 
Que  ce  qu'on  peut  rendre  ; 
Taire  un  bienfait,  petit  ou  grand, 
Vlà  c'que  fait  un  bon  vivant. 

Quand  je  suis  à  table  avec  von-, 
Mes  chers  amis,  je  suis  jaloux 
De  faire  autant  que  vous  merveille; 
Et  de  ma  bouteille 


La  liqueur  vermeille 
Bientôt  m'échauffe  le.  tympan  : 
Vlàcomra'  boit  un  bon  vivant. 


Thierry  Petit. 


La   musique,  de  Dauvergne, 
N.  627  delaCléduCaveau. 


se  trouve  notée  au 


TUONS    LE  TEMPS. 

Air  :  Aussitôt  que  In  lumière. 

Contemplons  le  temps  qui  passe 
Et  regardons  après  lui  : 
Il  ne  laisse  sur  sa  trace 
Que  le  néant  et  l'oubli. 
A  détruire  il  s'évertue  : 
Profitons  bien  des  moments  : 
En  attendant  qu'il  nous  tue  , 
Mes  amis,  tuons  le  Temps. 

Il  frappa  le  grand  Molière  , 
Et  La  Fontaine  et  Scarron  , 
La  gentille  Déshoulière, 
Vadc  ,  Panard  et  Piron. 
Ce  vieillard  cruel  moissonne 
Les  plus  illustres  talents  ; 
Il  ne  ménage  personne, 
Ne  ménageons  pas  le  Temps. 

11  faut  que  sa  mort  soit  douce , 
Préservons-le  de  l'ennui, 
Que  l'Amour  gaîmeiil  é  mousse 
Toutes  ses  flèches  sur  lui. 
Que  Baccbus  couvre  de  lie 
Son  fronl  ridé  par  les  ans  ; 
Dans  les  bras  de  la  Folie 
Faisons  expirer  le  Temps. 

Dans  sa  course  meurtrière 
S'il  lève  sa  faulx  sur  nous, 
v   faisons  point  de  prière 
Pour  échapper  à  ses  coups. 
Abandonnons-lui  sa  proie; 
Mais  en  redoublant  nos  chants 


CHANSONS  ÉPICURIENNES, 


375 


Éternisons  notre  joie, 

Et  nous  survivrons  au  Temps. 

Francis  Dallarde. 

Air  ancien,  noté  au  N.  50  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  GATEAU  DES  ROIS. 

Air  du  Petit  matelot. 

Puisque  mon  destin  et  le  vôtre 

Vous  a  fait  sujets  et  moi  roi, 

Je  puis  gaîment,  tout  comme  un  autre. 

Exercer  ce  petit  emploi. 

Ne  croyez  pas  que  je  m'élève 

Au-delà  d'un  juste  niveau  : 

Les  sujets  du  roi  de  la  fève 

Auront  toujours  part  au  gâteau. 

Je  veux  pour  couronne  une  treille, 
Pour  palais  un  vaste  caveau, 
Pour  sceptre  une  vieille  bouteille, 
Et  pour  trône  un  large  tonneau. 
Je  n'aurai  que  trois  seigneuries, 
Pomard,  Arbois  et  Pacaret, 
Et  je  prendrai  pour  armoiries 
Une  enseigne  de  cabaret. 

Héritier  des  rois  de  Cocagne, 

Et,  comme  eux,  bravant  le  danger, 

Je  saurai  me  mettre  en  campagne... 

Sitôt  qu'il  faudra  vendanger. 

Les  francs  lurons,  d'humeur  gaillarde, 

Seront  mes  premiers  défenseurs, 

Et  je  ne  veux  avoir  pour  garde 

Qu'un  bataillon  de  bons  buveurs.  , 

Je  suis  fort  doux  par  caractère, 
Ne  craignez  rien  de  votre  roi  : 
Des  princes  le  plus  débonnaire 
N'est  pas  meilleur  enfant  que  moi. 
Pour  ne  pas  trouver  de  rebelles, 
Je  serai  souple  comme  un  gant, 
Parfois,  pourtant,  auprès  des  belles, 
J'ai  le  projet  d'être  un  tyran. 


Si  le  bon  vin  est  doux  à  boire, 
L'amour  en  double  la  douceur, 
Je  serai  par  goût  et  par  gloire, 
Tantôt  amant,  tantôt  buveur. 
Du  bachique  enfant  de  Latone 
Je  suivrai  l'exemple  enchanteur; 
Versé  par  la  main  d'Érigone, 
L'excellent  vin  paraît  meilleur. 

Amis,  le  grand  art  de  la  vie 
Est  de  bien  employer  son  temps. 
Pour  qu'aucun  de  vous  ne  s'ennuie, 
Je  dois  régler  tous  vos  instants. 
Je  veux  donc,  monarque  équitable, 
Que,  mettant  les  jours  à  profit, 
Vous  vous  rendiez  du  lit  à  table, 
Four  aller  de  la  table  au  lit. 

Si  vous  n'avez  rien  à  redire 
A  ce  code  émané  du  roi, 
Que  dans  votre  bachique  empire 
Dès  ce  moment  il  fasse  loi. 
Jurez  sur  le  jus  de  la  grappe 
De  vous  y  soumettre  gaîment, 
Et  de  peur  qu'il  ne  vous  écliappe, 
Avalez  tous  votre  serment. 

f.-i'.a.  Léger. 

La   musique,    de  Gaveatix,  se  trouve  notée  au 
N.  108  de  la  Clé   du  Caveau. 


IL   FAUT   RIRE. 

Air  :  Rions,  chantons,  aimons,  buvons. 

Mes  amis  ,  vive  la  gaîté  1 
Nargue  de  la  sagesse  austère  1 
La  gaîté  donne  la  santé , 
Elle  adoucit  le  caractère. 
Sur  les  nœuds  que  l'on  voit  serrer, 
Sur  les  méchants  vers  qu'on  admire 
Un  censeur  dit  qu'il  faut  pleurer, 
Et  moi ,  je  soutiens  qu'il  faut  rire. 

L'Amour,  ce  petit  dieu  malin  . 
Se  glisse  dans  plus  d'un  ménage  ; 


:?7S 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Avec  son  petit  air  câlin 
Le  fripon  fait  bien  du  ravage. 
Trop  prompt  à  se  désespérer, 
Quand  de  sa  femme  il  est  martyre  , 
Un  mari  dit  qu'il  faut  pleurer. 
Et  moi ,  je  soutiens  qu'il  faut  rire. 

Parmi  les  drames  éclatants 
Qu'il  faudra  que  le  goût  expie, 
On  se  rappellera  longtemps 
Repentir  et  misanthropie. 
Voyant  un  benêt  endurer 
Certaine  chose  sans  rien  dire, 
Tout  Paris  dit  qu'il  faut  pleurer, 
Et  moi ,  je  soutiens  qu'il  faut  rire. 

Amis,  pour  embellir  nos  jours, 
Pour  les  rendre  dignes  d'envie, 
Rions  de  tuut ,  rions  toujours  , 
Le  rire  est  l'àme  de  la  vie. 
Si  des  pleurs  pouvaient  différer 
Notre  voyage  au  sombre  empire  , 
Je  vous  dirais  :  11  faut  pleurer  ; 
Mais  n'y  pouvant  rien,  il  faut  rire. 

Brazlcr. 


La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N.  514 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LA  RICHESSE  DE  CELUI  QUI  N'A  RIEN. 

Air  du  vaudeville  de  Fanchon. 

Amis,  je  le  confesse, 

Depuis  longtemps  ma  caisse 

N'a  besoin  de  gardien  : 

Mais,  narguant  la  tristesse, 

J'ai  pour  devise  :  Tout  est  bien  ; 

Et  voilà  la  richesse  »  ,. .   , 

.  .      .    ,     .  >  (ois.) 

lie  celui  qui  n  a  rien.  | 

Au  pauvre,  sort  funeste! 
Aucun  ami  ne  re.-te  ; 
Ce  sort  n'est  pas  le  mien... 
Heureux  dans  mon  esp 
Moi  ,  j'i  n  ai,  sans  compter  mon  cliien  : 


Et  voilà  la  richesse 
De  celui  qui  n'a  rien. 

Le  chambertin  ,  le  grave, 
Ne  sont  plus  dans  ma  cave  : 
C'est  un  malheur...  Eh  bien! 
L'amitié,  qui  me  presse, 
A  fable  nie  verse  du  sien  ; 
Et  voilà  la  richesse 
De  celui  qui  n'a  rien. 

Par  mon  avoir  futile 
Je  suis  encore  utile, 
Je  fais  un  peu  de  bien  ; 
Ma  gaîté  point  ne  cesse, 
L'espoir  est  toujours  mon  soutien  ; 
Et  voilà  la  richesse 
De  celui  qui  n'a  rien. 

En  voyant  ma  détresse, 
Ma  fidèle  maîtresse 
A  rompu  son  lien  : 
Pour  punir  la  traîtresse 
La  voisine  m'offre  un  moyen; 
Et  voilà  la  richesse 
De  celui  qui  n'a  rien. 

Plus  d'un  huissier  apporte 
Maints  papiers  à  ma  porte, 
En  humble  citoyen  ; 
Tant,  hélas!  il  s'empresse 
Que  j'en  ai  je  ne  sais  combien; 
Et  voilà  la  richesse 
De  celui  qui  n'a  rien. 

Sans  remords  ,  sans  envie  , 
Je  quitterai  la  vie 
I  Ji  franc  épicurien  , 
Si  sur  ma  tombe  on  laisse  : 
«  Ci-gît  qui  tut  homme  de  bien  :  » 
Car  voilà  la  richesse 
De  celui  qui  n'eut  rien. 

p.-c 

La  musique  de,  Joseph  Pain,  se  trouve  notée  ta 
S.  792  de  la  Clé  du  Cavvau. 


Pari*.  —  Imprimerie  île  I'illst  fils  aîné,  me  des  Cranda-Augattioi,  •». 


VIVE    HENRI  IV. 


Vive  Henri  Quatre  ! 
Vive  ce  roi  vaillant! 

Ce  diable  à  quatre 
A  le  triple  talent 
De  boire  et  de  battre, 
Et  d'être  un  vert  galant. 

Chantons  l'antienne 
Qu'on  chant'ra  dans  mille  ans 

Que  Dieu  maintienne 
En  paix  ses  descendants, 
Jusqu'à  ce  qu'on  prenne 
La  lune  avec  les  dents. 

J'aimons  les  filles , 
Et  j'aimonsle  bon  vin. 

De  nos  bons  drilles 
Voilà  tout  le  refrain. 


Oui,  j'aimons  les  filles , 
Et  j'aimons  le  bon  vin. 

Moins  de  soudrilles 
Eussent  troublé  le  sein 

De  nos  familles , 
Si  Fligueux  plus  humain 
Eût  aimé  les  filles, 
Eût  aimé  le  bon  vin. 


Collé. 


Cette  chanson  fut  composée  par  Collé  pour  sa 
comédie  de  la  Partie  de  chasse  de  Henri  IV.  Le  pre- 
mier couplet  est  plus  ancien  et  date,  à  ce  qu'on  croit, 
du  temps  de  ce  prince. 

Le  second  couplet  fut  ajouté  lorsque  Louis  XVI 
permit  de  représenter  à  Paris  cette  pièce,  que  sous 
Louis  XV  on  n'avait  jouée  qu'en  province. 

L'air  est  celui  des  Tricolels,  que  l'on  appelait 
aussi  le  Pas  de  Henri  IV,  parce  qu'il  se  plaisait  à 
le  danser. 

Cet  air  fut  proscritpendant  la  révolution  ;  la  res- 
tauration le  remit  en  faveur,  et  il  remplaça  la  Car- 
magnole et  Ça  ira. 


t.  ii.  —  58 


CHANSONS   POPULAIRES. 


En  France  toutes  les  époques  ont  été  signalées 
T  f  des  chansons. 

La  musique  ,  de  Ducauroy  père,  se  trouve  notée 
au  N.  622  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  BAL  CHAMPÊTRE. 

1830. 

Livrons-nous  à  la  danse, 
Profitons  des  instants; 
Déjà  l'hiver  s'avance 
Pour  chasser  le  printemps. 

Il  reviendra,  ma  chère, 
Garde-toi  d'en  douter, 
Les  hommes  ont  beau  faire, 
On  ne  peut  l'éviter.      (la  chaîne  des  dames.) 
Livrons-nous,  etc. 

On  croit  en  mariage 
N'avoir  que  d'heureux  jours. 
Par  malheur,  en  ménage, 
Les  époux  sont  toujours..  (dos à  dos.) 

Livrons-nous,  etc. 

L'hymen  est  une  chaîne 
Qui  pèse  bien  Bouvent  ; 

Mais  (pie  l'amour  survienne, 
Alors  on  fait  souvent...     (la  chaîne  à  trois.) 
Livrons-nous,  etc. 

Le  sexe  est  peu  fidèle, 
Excepté  les  maris, 

I'.  :  Bonne,  d'une  belle, 
Ne  se  croit  à  Paris...  (le  cavalier  seul.) 

Livrons-nous,  etc. 

Voyez  la  prude  Elvire, 
A  sa  vertu  l'on  croit  : 
Offrez  un  cachemire, 

Bl  soudain  on  la  voit...  (balancez.) 

Lhrrons-nous,  etc. 

Sur  le  champ  de  bataille, 

Vieux  soldat  et  conscri. 


Courent  à  la  mitraille 
Dès  que  l'honneur  leur  dit 
Livrons-nous,  etc. 


(en  avant. 


Gloire  à  notre  patrie, 
Au  commerce  français; 
Les  arts  et  l'industrie 
Ont  brisé  pour  jamais... 
Livrons-nous,  etc. 


(la  chaîne  anglaise.) 


Comblant  notre  espérance, 
Philippe  règne  sur  nous. 
Plus  de  partis  en  France, 
Mes  amis,  formons  tous...   (le  grand  rond.) 
Livrons-nous,  etc. 

Si  dans  ce  bal  champêtre, 

Pour  détruire  notre  espoir 

La  critique  veut  paraître, 

Priez-la  d'  fair'  ce  soir...      (la  promenade.) 

Livrons-nous  à  la  danse, 
Profitons  des  instants; 
Déjà  l'hiver  s'avance 
Pourchasser  le  printemps. 

Mcriht*  et  Ikupln. 

La  musique,  d'Adolphe  Adam.se  trouve  chez  L. 
Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de-.'f.izaroth. 


LE  TOURLOUROIJ. 


Qui,  dans  un  régiment, 
A  le  plus  d'agrément, 
Et  sans  avoir  un  BOU 
S'amuse  comme  un  fou? 

C'esl  If  lourlourou,  (ter.) 
C'est  le  tourloutoutou,  (Iris.) 
C'est  le  lourlourou. 

Qui  Bail  d'un  jeun'  objet 
Triompher  en  secret, 
Sans  lui  donner  un  srm, 
Ni  il'  meubles  en  acaVM  f 
C'est  le  lourlourou,  etc. 


;  («».} 


(M*.) 


(bit.) 


CHANSONNETTES. 


379 


Qui,  voyageant  enfin 
En  guêtre  en  escarpin, 
S'en  revient  du  Pérou 
Sans  avoir  un  bambou  ? 


(bis. 


C'est  le  toJSrlourou,      (ter.)     } 
C'est  le  kfurlou  toutou,  (bis.)     c  (bis.) 
C'est  le  toorlourou. 

■*aroles  d'un  anonyme. 

La  musique  ,  d'Adolphe  Porte,  se  trouve  notée 
au  N.  2183  de  la  Clé  du  Caveau. 


LA  MAISON  DU  CHIFFONNIER. 

1845. 
Air  :  Du  Cabaret  des  trois  Lurons  (Colmance). 

Je  garde  un  souvenir  intime 
Des  lieux  que  ma  mère  occupa 
Avec  son  époux  légitime, 
Que  j'ai  toujours  nommé  papa. 
Aujourd'hui,  guidé  par  ma  muse, 
En  ces  lieux  chéris  je  me  rends  : 
Suivez-moi,  si  ça  vous  amuse, 
Dans  la  maison  de  mes  parents. 


(bis.) 


Notre  chambre  au  septième  étage 
Revenait  à  trois  francs  par  mois, 
Compris  l'impôt  et  l'éclairage, 
Eclairage  omis  bien  des  fois. 
Aussi,  pour  punir  la  portière, 
Au  lieu  d'allonger  les  trois  francs, 
On  rossait  le  propriétaire 
Dans  la  maison  de  mes  parents. 

Nous  dormions  sans  fermer  la  porte, 
Attendu  que  mes  chers  auteurs 
Se  gouvernaient  de  telle  sorte 
Qu'ils  ne  craignaient  pas  les  voleurs. 
Ceux-ci,  malgré  leur  tas  d'astuces, 
N'auraient  trouvé,  hormis  les  gens, 
Qu'un  chien,  des  chiffons  et  des  puces 
Dans  la  maison  de  mes  parents. 

Nous  n'avions,  dans  notre  tenue, 
Pas  les  moindres  cummodités  ; 


11  fallait  aller  dans  la  rue 
Porter  ses  inutilités. 
Au  risque  d'abîmer  l'immeuble, 
Il  arrivait,  dans  des  moments, 
Qu'on  jetait  cela  sous  un  meuble 
Dans  la  maison  de  mes  parents. 

Chauds  partisans  de  la  bombance. 
Lorsque  nous  avions  du  quibus, 
Nous  nous  bourrions  un  peu  la  panse, 
En  rendant  hommage  à  Bacchus. 
Après  ce  repas  confortable. 
Les  père  et  mère  et  les  enfants, 
Tous  allaient  ronfler  sous  la  table 
Dans  la  maison  de  mes  parents. 

Jamais  un  seul  mouchoir  de  poche, 
Chez  nous,  dit-on,  n'était  entré, 
Si  ce  n'est  pas  un  faux  reproche, 
Il  est  au  moins  exagéré. 
On  en  prenait  un  le  dimanche, 
Après  ça,  le  reste  du  temps, 
Chacun  se  mouchait  sur  sa  manche 
Dans  la  maison  de  mes  parents. 

Mon  père,  d'humeur  fort  galante, 
Faussait  le  serment  conjugal, 
Et  ma  mère,  tout  indulgente, 
N'y  voyait  pas  le  moindre  mal. 
Ceci  doit  vous  sembler  baroque, 
Mais  apprenez,  petits  et  grands, 
Que  la  chose  était  réciproque 
Dans  la  maison  de  mes  parents. 

Aujourd'hui,  père  de  famille, 
J'élève  mes  dix-sept  moutards  ; 
Je  les  emmène  à  la  Courtille, 
Et  nous  rentrons  un  peu  pochards. 
Je  reçois  de  ma  ménagère 
Quelques giffles  que  je  lui  rends;       (bis.) 
Nous  faisons  ce  que  j'ai  vu  faire      j 
Dans  la  maison  de  mes  parents.      j  ^  ts'* 
Moinaux. 

La  musique,  de  Morisset ,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de- 
Nazareth. 


380 


CHAN90N8   POPULAIRES. 


LE   DÉPART  DU  CONSCRIT. 

1829. 

Adieu,  ma  bonne  mère, 
Je  pars,  le  tambour  bal, 
Puisque  j'suis  militaire, 
Faut  que  j'  fass'  mon  état. 
Ne  crains  rien,  à  la  guerre, 
J'aurai  ben  soin  de  moi, 
Et  le  ciel,  je  l'espère, 
Me  gardera  pour  loi. 

Ran  plan  plan, 

Ran  plan  plan, 
Rata  plan  plan,  plan  plan  plan, 

Ran  plan  plan, 

Ran  plan  plan, 
Plan  plan,  rata  plan! 

Adieu,  mon  pauvre  Pierre, 
Prends  garde  à  queuqu'  malheur; 
Adieu,  ma  bonne  Claire, 
Garde-moi  bien  ton  cœur. 
En  r'venant  d'  la  milice, 
J'  t'épous' rai  dans  huit  ans, 
Etj'  frai  faire  l'exercice 
A  tous  nos  p'tits  enfants. 
Ran  plan  plan,  etc. 

M'sieur  1'  curé,  j' viens  vous  faire 
En  partant  mes  adieux  ; 
Si  quelque  militaire 
V'nait  vous  dire  en  ces  lieux, 
Qu'il  a  vu  mourir  Pierre 
Pour  la  France  et  son  roi, 
Ne  1'  dits  pas  à  ma  mère 
Et  priez  Dieu  pour  moi. 
Ran  plan  plan,  etc. 

L'  sac  sur  1'  dos  vers  la  plaine, 
Amis,  dirigeons-nous, 
Je  sais  qu'  ça  fait  d'  la  peine, 
Mais  il  faut  01er  doux. 
Dans  ces  instants  d'alarme, 
Pour  chasser  le  chagrin, 


Renfonçons  une  larme 

Et  chantons  le  refrain  : 

Ran  plan  plan,  etc. 

Le  cœur  gros,  l'œil  humide, 
L'habitant  du  hameau 
Les  voit  d'un  pas  rapide 
Descendre  le  coteau. 
Rientôt  sur  l'autre  rive 
Ils  se  perdent  enfin. 
Et  l'oreille  attentive 
Peut  seule  entendre  au  loin  : 

Ran  plan  plan, 

Ran  plan  plan, 
Rata  plan  plan,  plan  plan  plan, 

Ran  plan  plan, 

Ran  plan  plan, 
Plan  plan,  rata  plan  1 

Jalme. 

La  musique,  de  Lhuillier,  se  trouve  chez  M.  l'a- 
cini,  éditeur,  59,  rue  Neuve-Saint-Augustin. 


LE   GRAND   GIROUX, 


Ah  !  qu'il  est  biau  V  grand  Giroux, 
Et  surtout  quand  il  est  d'  garde, 
Avec  le  schako,  la  cocarde, 
Sa  cote  bleue  et  ses  ch'veux  roux. 

Faut  1'  voir  avec  ses  sabiaux, 
Son  nez  r'troussé  z'en  serpette, 
Sa  queue  tournée  en  trompette, 
Et  ses  habits  nationaux. 
Ah  !  qu'il  est  biau,  etc. 

Parguenn'  I  morguenn'l  jarnigoi! 
Faut  1'  voir  friser  sa  moustache, 
C'est  blond  comme  des  poils  de  vache, 
Et  long  comme  je  n'  sais  quoi 
Ah!  qu'il  est  biau,  etc. 

Giroux,  1'  plus  fort  gas  de  Tendrait, 
Bal  si  terribl'dans  1'  vacarme, 


CHANSONNETTES. 


381 


Quand  >'  li  vois  manier  son  arme. 
J'  craignons  qu'il  m'enfile  tout  drait. 
Ah!  qu'il  est  biau,  etc. 

Aux  p'tit's  lot'ries  du  hamiau 
Il  gagne  tout  par  douzaine  ; 
Il  n'  tire  pas  un  coup,  morguenne, 
Sans  rapporter  son  morciau. 
Ah  !  qu'il  est  biau,  etc. 

Pour  se  faire  un  p'tit  avoir, 
Ce  gars  travaille  sans  cesse, 
L'  dimanch'  y  sert  la  grand'messe, 
Mène  les  ans  à  l'abreuvoir. 
Ah!  qu'il  est  biau,  etc. 

Pour  s'  marier  avec  Catiau, 
C  gars  sur  tout  économise  ; 
Y  n'  mangerions  pas  une  c'rise, 
Sans  avaler  son  noyau. 
Ah  !  qu'il  est  biau,  etc. 

De  gard'  au  poste  d'  Neuilly, 
En  train  d' fumer  sa  bouffarde; 
Vlà  qu'un  troupier  d'  la  vieill'  garde 
S'arrête,  et  tout  drait  lui  dit  : 
Ah  !  qu'il  est  biau,  etc. 

Quand  il  est  d'  gard'  au  Grand-Ch'min, 
Faut  1'  voir  comme  il  s'  révolutionne; 
Pour  un  moucheron  qui  bourdonne 
Ils  feriont  sonner  l' tocsin. 

Ah  !  qu'il  est  biau  1'  grand  Giroux, 
Faut  le  voir  quand  il  est  d'  garde, 
Avec  le  schako,  la  cocarde, 
Sa  cote  bleue  et  ses  ch'veux  roux. 

Legros. 


LES  CONSCRITS  MONTAGNARDS. 

AlR  de  la  Fiancée  de  Lammermoor. 

Partant  avec  courage, 
Deux  conscrits  montagnards, 


Jetaient  vers  le  village 
De  douloureux  regards. 
Beau  pays  que  voilà, 
Leur  amour  était  là  ! 

Ah! 
Il  n'est  pas  de  royaume, 

Pas  de  séjour, 
Qui  vaille  un  toit  de  chaume 
Où  l'on  reçut  le  jour. 

Au  milieu  de  la  ville, 
Et  du  luxe  et  de  l'or, 
Songeant  à  leur  asile 
Ils  répétaient  encor  : 
Grand'  ville  que  voilà. 
Le  bonheur  n'est  pas  là  ! 

Ah! 
Il  n'est  pas  de  royaume,  etc. 


Mais  quittant  leur  bannière, 
Un  jour,  libres,  joyeux, 
Revoyant  leur  chaumière, 
Ils  s'écriaient  tous  deux  : 
Beau  pays  que  voilà, 
Tout  notre  amour  est  là! 

Ah! 
Il  n'est  pas  de  royaume, 

Pas  de  séjour, 
Qui  vaille  un  toit  de  chaume 
Où  l'on  reçut  le  jour. 

Cogniard  frères 


(bis.) 


bis.) 


L'ÉCOLE  CHRÉTIENNE. 

Air  ■   C'est  la  faute  de  Voltaire. 

Messieurs,  le  frère  est  parti, 

J'  suis  censeur  en  son  absence, 

Chacun  d'  vous  est  averti 

Qu'il  faut  faire  du  silence. 

J'  marque  d'abord  le  p'tit  Potet; 

Et  toi,  monsieur  Pannotet, 

Si  tu  n'  veux  pas  t'  taire, 

T'es  sûr  que  j'  vas  1'  dire  au  frère,  [bis.) 


382 


CHANSONS    PO  PU  LAI  R  F.  S. 


r  Qù'equ'  tu  dis,  méchant  censeur? 
Esl  ce  moi  qui  fais  du  tapage? 
C'est  ce  galopin  d'  Brasseur, 
Qui  vient  d'effacer  ma  page; 
N'  fais  pas  d'ailleurs  le  capon, 
Ou  «ans  ça  gare  au  tampon  ! 

—  Pannotet,  \eu\-tu  t' taire  ! 

Ou  bien  j'  m'en  vas  1'  dire  au  frère. 

—  Beau  censeur  on  s'  fich'  de  toi, 
Et  décidément  j'  m'insurge-, 

L'  premier  qui  n'  dit  pas  comme  moi 
Ici  faudra  que  je  1'  purge  : 
Ils  ont  beau  fair'  les  malins. 
Tous  tes  frères  sont  des  câlins  ! 

—  Pannotet,  veux-tu  t'  taire  ! 

Ou  bien  j'  m'en  vas  1'  dire  au  frère. 

—  Pour  prouver  que  d'  ton  benêt 
J'  n'ai  plus  un'  peur  ridicule, 

J'  vas  brûler  son  martinet, 
Et  puis  casser  sa  férule  ; 
Tes  corbeaux  sont  trop  cruels  , 
Demain  je  passe  aux  mutuels!... 

—  Pannotet,  veux-tuf  taire! 

Ou  bien  j'  m'en  vas  1'  dire  au  frère. 

—  Quand  ton  Polignac  manqua 
De  nous  faire  à  tous  la  nique, 

Tu  d'  sais  donc  pas  qu'  c'est  moi  qu'a 
Proclamé  la  république  ? 
Même  à  preuve,  que  j'ai  dans  1'  temps 
D'mandé  la  tète  des  tyrans 

—  Pannotet,  veux-tu  t'  taire! 

Ou  bien  j'  m'en  vas  V  dire  au  frère. 

—  J'  voudrais  rosser  les  Prussiens, 
Et  mettre  les  Russes  en  compote; 
J'  voudrais  s'eourir  les  Belgiens, 
Car  j'  suis  un  chaud  patriote. 

J'ai  donné  même  à  mes  Irais 
Quat'  sous  pour  les  Polonais 

—  Pannotet,  veux-tu  t'  taire  ! 

Ou  bienj   m'en  vas  I   dire  au  frère. 

—  Ton  frèrel  tiens I  c'eel  un  cafard! 
Vas  lui  re'lir'  ea  bien  vite, 


Auprès  de  lui  fais  le  mouchard, 

T'auras  la  emi\  de  mérite. 

Mais  je  l'entends...  sacré  nom  !... 

Je  m'en  sauve  à  la  maison 

—  Tu  n'as  pas  voulu  t' taire  ! 

T'es  sûr  que  j'  vas  1'  dire  au  frère.  (û*< 

Jules  Leroy. 


LES  CHIFFONNIERS  DE  PARIS. 


reluit!  | 
a  nuit.  )' 


1847. 

Lèv'-toi,  chiffonnier,  v'ià  lai  un' qui  reluit! 
Fais  de  la  nuit  l' jour,  et  du  jourl 
Holà!  holà!  chiffonnier  de  Paris, 

En  avant,  les  amis  ! 
Holà!  holà!  chiffonnier  de  Paris, 
De  Paris. 

Philosoph's  que  nous  sommes  , 
Dans  nos  trous  retiré-  , 
De  c'  qu'on  appell'  les  hommes 
Nous  vivons  séparés. 
Par  la  pluie  ou  la  g'iée, 
Dans  les  quatr'  coins  d'  Paris 
Nous  prenons  not'  volée 
Avec  les  chauv's-souris  !... 
Lèv'-toi,  etc. 

Vrais  coureurs  d'aventures , 
Nous  narguons  le  sommeil, 
A  l'abri  des  voitures 
Et  des  coups  de  soleil. 
Sur  1'  trottoir  on  s'  pavane, 
En  portant  son  falot... 
Le  crochet  sert  de  canne 
Et  la  hotte  de  pal'tot. 
Lèv'-toi,  etc. 

A  nos  lampes  solaires 
Paris  doit  sa  clarté, 
Lorsque  les  réverbères 

Sur  la  lune  ont  compté. 


CHANSONNETTES. 


383 


Nos  lantern's  vont  répandre 
Partout  leurs  doux  reflets... 
De  loin,  on  peut  nous  prendre 
Pour  des  p'tits  feux  follets. 
Lèv'-toi,  etc. 

Vrai  gardien  de  la  ville, 
L'  chiffonnier  crie  :  au  feu  ! 
C'est  lui  qui  donne  asile 
Au  Terre-Neuv'  sans  aveu  ; 
Amateur  de  gib'lotte  , 
Sensibl'  pour  son  prochain  , 
Il  met  1'  chat  dans  sa  hotte 
Et  1'  pochard  dans  son  ch'min. 
Lèv'-toi,  etc. 

Quand  1'  chiffonnier  s'  marie , 
Ça  s'  passe  ,  ordinair'ment, 
Vis-à-vis  de  la  mairie 
De  son  arrondiss'ment. 
On  s'  donne  un'  première  bosse, 
En  buvant  d'  la  liqueur... 
Puis  on  va  faire  la  noce 
Chez  madam'  Mal-au-Cœur! 
Lèv'-toi,  etc. 

En  ch'mise  presque  blanche  , 
L'ouvrage  terminé, 
Le  lend'main  du  dimanche, 
A  l'Hann'ton  couronné  , 
On  va  par  ribambelles  , 
Déposant  les  mann'quins, 
Boir'  des  polichinelles, 
Manger  des  arlequins!... 
Un'  fois  par  semain',  pour  toi  l' soleil  luit  ! 
Visaujourlejour...  elcouch'-toic'tenuit. 
Bonsoir,  bonsoir, chiffonnier  de  Paris, 

Bonne  nuit ,  les  amis  ! 
Bonsoir,  bonsoir,  chiffonnier  de  Paris, 
De  Paris  ! 

F.  de  Coarcy. 


La  musique,  de  Paul  Henrion,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  M.  Colombier,  éditeur,  6,  rue  Vivienne. 


{bis.) 


LES  CONTES. 


Orphelin,  sous  un  ciel  avare , 
Radcliffe  m'a  donné  son  lait; 
Puis,  de  la  reine  de  Navarre  , 
Je  devins  amant  et  varlet. 
Schérazade  est  ma  favorite , 
Et  la  nuit,  rimeur  ennuyé, 

Sur  ma  petite 

Couche  d'ermite  , 

Quand  je  m'agite, 

Si  par  pitié 
La  sultane  entrait  chez  moi,  vite 
Elle  en  obtiendrait  la  moitié. 

Je  préfère  un  conte  en  novembre 
Aux  doux  murmures  du  printemps. 
Bons  amis ,  qui  peuplez  ma  chambre  , 
Parlez  donc,  j'écoute  et  j'attends. 
Tombant  des  tréteaux  de  la  foire  , 
Ou  glissant  du  sopha  des  cours, 

Que  votre  histoire 

Soit  blanche  ou  noire  , 

Chante  la  gloire 

Ou  les  amours  ; 
Vieil  enfant,  je  promets  d'y  croire  : 
Contez,  amis,  contez  toujours. 

En  tremblant ,  voilà  qu'un  beau  page 
A  sa  dame  écrit  ses  douleurs  ; 
Il  écrit,  et  sur  chaque  page 
Répand  moins  de  vers  que  de  fleurs. 
Pauvre  Arthur!  son  teint  frais  se  plombe; 
Mais  en  roucoulant  sous  les  tours, 

Tendre  colombe , 

Quand  il  succombe , 

Un  baiser  tombe 

Sur  ses  yeux  lourds  ; 
Ce  baiser  l'enlève  à  la  tombe... 
—  Contez,  amis,  contez  toujours. 

Pèlerin ,  dans  l'hôtellerie, 

Vois  :  de  sang  les  draps  sont  tachés  ; 

Aux  trous  de  la  tapisserie 

Vois  les  yeux  des  brigands  cachés. 


384 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Hélas!  suffoqué  par  la  crainte, 
Contre  eux  il  sanglote  :  au  secours  ! 

Mais  minuit  tinte  !... 

De  leur  atteinte . 

0  vierge  sainte, 

Sauvez  ses  jours  ! 

—  Rallumons  notre  lampe  éteinte  , 
Mes  amis  ,  et  contez  toujours. 

Qui  babille  en  cet  oratoire  ? 

Ce  sont  les  nymphes  d'un  couvent , 

Long  chapelet  aux  grains  d'ivoire 

Que  dévide  un  moine  fervent  : 

Le  jour  en  chaire  il  moralise; 

Mais,  sans  bruit,  au  déclin  des  jours, 

Hors  de  l'église 

Il  catéchise 

Quelque  Héloïse 

En  jupons  courts... 

—  Un  instant,  que  j'embrasse  Élise. 
Mes  amis,  et  contez  toujours. 

Ou  bien,  histoires  plus  charmantes, 
Epanchons  nos  cœurs,  et  parlons 
De  nos  sœurs  et  de  nos  amantes; 
Parions  de  cheveux  noirs  ou  blonds. 
Doux  secrets  que  le  monde  ignore, 
Allez  ,  partez  :  les  murs  sont  sourds. 

En  vain  l'aurore 

Qui  vient  d'éclore 

Brille  et  veut  clore 

Nos  longs  discours  : 
Jusqu'à  la  nuit  contons  encore, 
Jusqu'à  demain  contons  toujours. 

■If'gésippe  Moreau. 


LE  GENTILHOMME  D'A  PRÉSENT. 

1846. 

Si  vous  suivez  la  mode, 
Le  s[x»rt ,  la  (asliion  ; 

leurs,  voici  le  code 
D'un  homme  du  bon  ton. 


Sur  un  siège  un  peu  maigre 
Se  hisser,  se  percher. 
Avoir  un  petit  nègre 
Dont  on  est  le  cocher. 
Oui,  voilà,  voilà  comme 
On  devient  séduisant. 
Voilà  le  gentilhomme , 
Le  gentilhomme  d'à  présent  ! 

Tailler  dans  sa  paillasse  , 
Comme  nos  charlatans, 
Un  pantalon  cocasse, 
Puis  un  habit  sans  pans. 
Posséder  la  tournure 
D'un  matelot  à  bord, 
Des  bateaux  pour  chaussure  , 
Un  chapeau  sans  rebord. 
Oui,  voilà,  etc. 

Posséder  pour  la  chasse 
Un  cheval  très  vanté  , 
Une  vue  assez  basse, 
C'est  encor  bien  porté  ; 
Respirer  à  la  gêne , 
El  prendre  son  lorgnon 
Pour  voir  la  Madeleine 
Ou  bien  le  Panthéon  I 
Oui,  voilà,  etc. 

Aller  vider  sa  bourse 
Aux  eaux,  cliez  Tortoni; 
Se  montrer  à  la  course 
De  la  Croix-de-Berny. 
Siéger,  comme  à  la  chambre, 
Dans  ce  club  si  fameux, 
Et  pour  en  être  un  membre  , 
S'en  faire  briser  deux  I 
Oui,  voilà,  voilà  comme 
On  devient  séduisant, 
Voilà  le  gentilhomme, 
Le  gentilhomme  d'à  présent. 

i  i-iiiM'i-  Tourte. 

La  musique,  de  A.  Marquerie,  se  trouve,  chez 
M.  Brullé,  éditeur,  16,  passage  des  Panoramas,  à 
Paris. 


Paris.  —  Imprimerie  dePlttlt  fila  ntné,  rue  des  Grands-Aiigustins.  {J. 


LE   PRINTEMPS. 

1844. 
Am  de  l'Artisan  chansonnier. 

Fillettes,  jeunes  garçons, 

Aux  chansons 

Que  Ton  danse 

En  cadence  -, 
Fêtez  encor  et  toujours 

Les  beaux  jours, 
La  saison  de's  amours  ! 

Du  printemps  célébrons  les  louanges. 
Assez  tôt  il  nous  fait  ses  adieux. 
Que  le  bal,  à  l'étroit  dans  les  granges, 
Sous  l'ormeau  se  montre  plus  joyeux  ! 
Fillettes,  etc. 

Ecoutez,  ô  musique  enivrante  ! 
Le  concert  gracieux  des  oiseaux 
Se  marie  à  votre  voix  charmante, 
Au  murmure  agréable  des  eaux. 
Fillettes,  etc. 

Au  tapis  de  mensonger  augure 
Où  le  jeu  règne  avec  ses  fureurs, 
Préférons  ce  tapis  de  verdure 
Où  l'amour  accorde  ses  faveurs. 
Fillettes,  etc. 

Ornement  de  ce  beau  paysage, 
Admirez,  que  de  nouvelles  fleurs  !     ' 
Comme  aussi  sur  votre  gai  visage, 
Ont  brillé  de  plus  vives  couleurs  ! 
Fillettes,  etc. 

Des  bluets,  voilà  votre  couronne  : 
Baisers  pris  sont  d'innocents  exploits; 
In  essaim  d'amours  vous  environne; 
Vous  régnez  plus  heureux  que  les  rois  ! 
Fillettes,  etc. 

Gens  du  monde,  à  la  fin  des  orgies, 
Vous  attend  le  plus  triste  réveil... 

118 


Croyez-moi,  tout  l'éclat  des  bougies 
Ne  vaut  pas  l'éclat  d'un  beau  soleil, 
Fillettes,  etc. 

Pastoureaux  et  gentilles  bergères, 
Les  mamans,  le  vieillard  raisonneur, 
Jouissant  de  nos  danses  légères, 
Du  passé  retrouvent  le  bonheur. 
Fillettes,  etc. 

Chaste  et  pur,  se  riant  de  l'orage, 
Le  plaisir  est  un  guide  enchanteur 
Qui  nous  mène  au  terme  du  voyage. 
Paix  au  front  et  douce  joie  au  cœur  ! 

Fillettes,  jeunes  garçons, 

Aux  chansons 

Que  l'on  danse 

Eu  cadence; 
Fêtez  encor  et  toujours 

Les  beaux  jours, 
La  saison  des  amours  ! 

Emile  Varin. 


LE  MILLIONNAIRE. 

1845. 

Beaux  jours  de  mes  revers, 
Epoque  fortunée, 
Où  dans  ma  destinée 
Tout  allait  de  travers... 
Souvent  je  vous  regrette 
Et  voudrais,  de  bon  cœur, 
Vous  troquer  en  cachette 
Contre  tout  mon  bonheur  !... 
Un  destin  bien  acerbe 
Eprouvait  mes  efforts  î... 
Mais  j'étais  jeune  alors, 
J'étais  jeune  et  superbe... 
J'étais  bien  plus  heureux 
Quand  j'étais  malheureux  ! 


(«*.) 


Parfois  sans  feu,  l'hiver, 
Je  gardais  en  revanche 

t.  h.  —  59. 


386 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Une  gaîté  bien  franche, 
Un  appélit  d'enfer! 
Au  besoin,  sur  la  paille 
Dormant  bien,  sans  façons, 
J'étais,  sans  sou  ni  maille, 
Riclie  d'illusions... 
Tout  ce  que  je  redoute, 
Alors  m'était  permis  : 
Bref  j'avais  des  amis 
Et  n'avais  pas  la  goutte... 
J'étais  bien  plus  heureux  ) 

Quand  j'étais  malheureux!      ) 


Mon  hôtel  est  payé, 
Il  faut  queje  m'y  plaise... 
J'ai  pour  bâiller  à  l'aise 
Dix  pièces  de  plain-piél 
Sur  le  logis  moins  ferme, 
Jadis,  j'en  fais  l'aveu, 
J'allais  fuyant  le  terme 
A  la  grâce  de  Dieul... 
Mais  sous  sa  sauvegarde 
L'amitié  me  prenait; 
La  griselte  m'offrait 
Un  coin  dans  sa  mansarde... 
J'étais  bien  plus  heureux 
Quand  j'étais  malheureux! 


(bis. 


1  {bis 


Vingt  laquais  à  l'envi 

Me  mettent  en  déroute... 

Je  sais  ce  qu'il  en  coûte 

Pour  être  mal  servi. 

De  braver  leur  caprice 

Autrefois  j'avais  l'art; 

Jamais  dans  mon  service 

Rien  n'était  en  retard  ; 

Point  d'erreurs  sur  mes  notes... 

Chaque  matin,  gratis, 

Je  battais  mes  habits 

Et  je  cirais  mes  bottes  I... 

J'étais  bien  plus  heureux         ) 

Quand  j'étais  malheureux!       j 

Je  crains  pour  mes  valeurs 
Dei  chana  s  trop  hardies  ; 
Je  crains  les  incendies 
La  Uourse...  les  voleurs l.„ 


Jadis  de  ces  faiblesses 
J'aurais  bien  ri  tout  bas  ; 
L'embarras  des  richesses 
Ne  m'embarrassait  pas... 
Sans  fracas,  sans  mécomptes, 
Se  réglait  mon  budget... 
Un  huissier  se  chargeait 
D'apurer  tous  mes  comptes... 
J'étais  bien  plus  heureux  )      . 

Quand  j'étais  malheureux!      j*     '' 


De  ses  lenteurs  l'amour 
Veut  m'épargner  la  peine, 
Pour  moi  plus  d'inhumaine, 
Et  l'on  me  fait  la  cour... 
A  vingt  ans,  quel  martyre I 
Comme  je  soupirais!... 
Six  mois  dans  mon  délire, 
Jour  et  nuit  je  pleurais!... 
Mais,  après  tant  d'alarmes, 
Un  cœur  qui  les  calmait, 
Un  cœur  qui  se  donnait 
Avait  bien  plus  de  charmes  !.. 
J'étais  bien  plus  heureux 
Quand  j'étais  amoureux! 


[bis.) 


Je  me  trouve  encor  bien  ; 

Mais  enfin  je  puis  croire 

Qu'on  m'aime...  pour  mémoire, 

Que  je  n'y  suis  pour  rien  ; 

Je  puis  penser  qu'on  aime 

Mes  bals,  mon  bijoutier, 

Mon  équipage...  et  même 

Jusqu'à  mon  cuisinier! 

Félicité  suprême 

D'un  être  pauvre,  obscur!... 

Dans  le  temps  j'étais  sûr 

Qu'on  m'aimait  pour  moi-même... 

J'étais  bien  plus  heureux         \    .  . 

Quand  j'étais  malheureux!       j  * 

Oui,  c'était  le  hou  temps, 

Ce  temps...  qui  nous  échappe... 

où.  faute  d'Escolape, 

Noua  restions  bien  portants... 

(  »ù  h'  bonheur,  avare, 
Laissait  place  aux  désirs... 


CHANSONNETTES. 


JBi 


Où  le  plaisir,  si  rare, 

Centuplait  nos  plaisirs!... 

Déshérité  sur  terre 

De  toute  autre  faveur, 

Du  moins,  dans  mon  malheur, 

J'étais...  célibataire  !... 

J'étais  bien  plus  heureux         ) 

Quand  j'étais  malheureux  !       ) 

Frédéric  de  Coiircy, 


{bis.) 


La  musique,  de  L.  Clapisson,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  M.  Meissonnier  fils,  éditeur,  18,  rue  Dau- 
phin e 


Le  bouton  avant  que  d'éclore  , 
Souvent  hélas!  paraît  languir, 
Il  attend  les  pleurs  de  l'aurore , 
Et  les  caresses  du  zéphir. 
Filles,  bouton,  sont  mêmes  choses. 
Nymphes  gentilles,  le  moyen 
De  transformer  vos  lits  en  roses, 
C'est  de  prendre  les  eaux  d'Enghien. 

D.  T.  l*ois*ou. 

La  musique,  de  A.  Eomagnési,  se  trouve,  à  Paris, 
chezL.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de- 
Nazareth. 


LES  EAUX  D'ENGHIEN. 


1828. 

Vous  qui  de  la  puissante  Hygie 
Réclamez  partout  les  bienfaits, 
D'Enghien  la  campagne  jolie 
Vous  charmera  par  mille  attraits. 
Dans  ces  beaux  lieux  l'âme  est  ravie, 
Là,  près  d'un  nouveau  Galien  , 
Voulez-vous  doubler  votre  vie,        I 
Allez  prendre  les  eaux  d'Enghien  !   T  *S'' 

Femme  d'humeur  mélancolique , 

Aux  grands  yeux  bleus  mouillés  de  pleurs , 

D'Enghien  le  site  romantique 

Vous  offre  un  lac,  des  bois,  des  fleurs. 

Et  vous  femme,  vive  et  légère, 

Qui  souffrez  d'un  fâcheux  lien, 

Si  le  plaisir  peut  vous  distraire, 

Allez  prendre  les  eaux  d'Enghien. 

Enfants  de  Mars  dont  les  blessures 
Nous  rappellent  tant  de  hauts  faits, 
Auteurs  dont  les  pâles  figures 
Attestent  le  bruit  des  sifflets, 
Maris  d'épouses  infidèles, 
Pour  vous  consoler  de  l'hymen  , 
Victimes  des  beautés  cruelles, 
Allez  prendre  les  eaux  d'Enghien. 


CA  N'  MANGE  PAS  D'  PAIN. 


1836. 


Air  :  Ça  n'  se  peut  pas. 


Chacun  sait  que  la  sag'  Minerve 
D'  Jupiter  sortit  du  cerveau , 
Moi  j'ai  beau  tourmenter  ma  verve, 
Elle  ne  m'  produit  rien  d'  sag'  ni  d'  beau. 
Rien  enfin  dans  1'  bon  numéro. 
D'  mauvais  couplets  j'enrage  d'êtr'  père, 
Mais  j'  dis,  r'preuant  la  plume  en  main  : 
Ces  enfants-là  ça  n'  coûte  qu'à  faire  , 
Ça  n'  mange  pas  d'  pain.      (  quater.) 

Va,  crois-moi,  laisse  là  l'aiguille, 
Disait  Adèle  à  Lise  .  un  jour, 
T'as  seize  ans,  t'es  fraîche  et  gentille, 
Prête  un  peu  l'oreille  à  l'amour, 
De  vieux  rentiers  te  front  la  cour  ; 
Car,  quoiqu'  tu  sois  ben  laborieuse  , 
Tu  dois  juger  à  ton  p'tit  gain 
Que  d'  nos  jours  un'  fill'  vertueuse, 
Ça  n'  mange  pas  d'  pain.        (qualer.) 

Un  soir,  dans  une  compagnie  , 
Un  gros  boulanger  se  trouvait , 
On  raisonnait  géographie, 
Des  sauvages  quelqu'un  traçait 
Le  tableau  ,  les  mœurs,  le  portrait  : 
Ces  peuples-là  c'est  rien  qui  vaille , 


398 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Qu'il  est  beau  d'être  postillon  ! 

Voyez  quel  tourbillon 

De  bruit  et  de  poussière, 
Son  passage,  ou  plutôt  son  vol, 

En  effleurant  le  sol , 

Laisse  dans  la  carrière. 
En  avant,  etc. 

Être  postillon  ,  c'est ,  ma  foi  ! 

Avoir  la  terre  à  soi 

Qu'on  a  franchie  et  vue; 
Enfin,  c'est  être  un  souverain 

Qui  passe,  à  fond  de  train  . 

L'univers  on  revue. 

En  avant,  en  avant. 
Galopez ,  cavales 
Rivales  ! 
En  avant,  en  avant , 
Que  vos  pieds  devancent  le  vent  ! 

Charles  Fonry. 

Cette  chanson  est  exlrnite  du  dernier  volume  de 
Chbrles  Poney,  :  La  Chanson  de  chaque  Métier,  joli 
volume  in-18.  Prix  :  2  fr.  Chez  L.  Vieillot,  éditeur, 
32,  rue  Notre-Dama-de-Nazareth. 

La  musique,  de  Luigi  Bordèse.  se  trouve  chez 
M.  Schoncn berger,  éditeur,  28,  boulevart  Poisson- 
nière, à  Paris. 


LE  VOYAGE  A  PARIS. 

1829. 
Ai  r  du  vaudeville  de  la  Petite  Sceur. 

Pour  instruire  son  jeune  fi!* , 
Un  père  quittait  sa  province;  (bis.) 

Il  le  conduisait  à  Paris  , 
Pour  v  voir  la  cour  et  le  prince,    (bis.) 
"  Mon  fils,  lui  disait-il  souvent, 
Bette  prodenee  : 
«  A  toui  propos^  .'i  tout  retient, 
a  Mon  fils,  faites  la  révérence.  »     (bis.) 


Ils  découvraient  ce  mont  fameux 
Où  vint  expirer  notre  gloire  : 
o  Là  jadis,  de  tout  jeunes  preux 
«  Avaient  compté  sur  la  victoire. 
«  Leur  sang  coula,  c'était  pour  nous; 
«  Et  s'ils  n'ont  pu  sauver  la  France, 
«  De  leur  défaite  ils  sont  absous  : 
«  Mon  fils,  faites  la  révérence.  » 

Vous  contemplez  ce  monument, 
Les  arts  en  ont  taillé  la  pierre 
Pour  immortaliser  l'amant 
Des  Maintenon,  des  La  Vallière: 
De  souvenirs,  c'est  un  dépôt 
Dont  sourit  et  gémit  la  France... 
Pourquoi  Louis  fut-il  dévot  ? 
Faites  toujours  la  révérence. 

Saluez ,  saluez  encor 
Ce  bronze  que  l'Europe  envie, 
Qui  vers  les  cieux  prend  son  essor, 
Chargé  des  lauriers  du  génie. 
En  soulageant  son  chapiteau 
Du  fardeau  d'une  gloire  immense, 
On  y  plaça  le  blanc  drapeau  : 
Mon  fils,  faites  la  révérence. 

Courons  au  palais  de  nos  rois  , 
Le  tambour  bat ,  le  clairon  sonne  , 
Vous  y  verrez  tout  à  la  fois , 
Fils  de  Thémis,  fils  de  Bellone. 
Ne  cherchez  point  si  les  talents 
V  brillent  moins  que  la  naissance  ; 
A  nos  seigneurs  les  courtisans  , 
Mon  fils,  faites  la  révérence. 

Saluez  donc  ce  maréchal  , 
Saluez  donc  celte  marquise , 
Et  puis  encor  ce  général  , 
Et  puis  encor  ces  gens  d'église. 
Hé    e  aux  valets  de  ce  séjour 
Mollirez  beaucoup  de  déférence; 
Enfin  vous  êtes  à  la  four, 
Mou  Gis ,  laites  la  révérence. 

Docile  aux  leçons  du  papa , 
Le  jouvenceau  se  mit  en  nage  ; 


CHANSONNETTES. 


899 


Pas  un  seul  homme  n'échappa 
Au  très  humble  salut  d'usage. 
11  fit  un  rapide  chemin  ! 
Frolté  d'altesse  et  d'excellence, 
C'était  à  lui  le  lendemain 
Que  Ton  faisait  la  révérence. 

Salgat. 

Cette  chanson  fut  longtemps  attribuée  à  notre 
célèbre  chansonnier.  Il  ne  fallait  que  juger  les  négli- 
gences qui  s'y  trouvent  et  dont  M.  Béranger  n'a  ja- 
mais donné  l'exemple,  pour  ne  pas  tomber  dans  une 
semblable  erreur. 

Si  l'on  veut  une  preuve  plus  convaincante,  qu'on 
lise  la  lettre  que  je  reçus  le  4  août  1830. 

•  Noie  de  l'auteur.) 

Non,  monsieur,  la  jolie  chanson,  Mon  fils,  faites 
la  révérence,  n'est  pas  demoi,  et  je  vous  remercie  de 
m'en  avoir  fait  connaître  l'auteur.  Mon  recueil  au  • 
rait  dû  prouver  au  public  qu'elle  ne  m'appartenait 
pas,  puisqu'elle  n'y  est  pas  insérée,  bien  qu'il  y  en 
ait  plusieurs  qui  avaient  plus  à  craindre  messieurs 
delà  justice. 

Je  suis  fier,  monsieur,  qu'on  m'ait  attribué  cette 
charmante  production;  mais  je  vous  prie  de  croire 
quo  j'ignorais  adsolument  l'espèce  de  tort  que  vous 
ont  fait  mes  contrefacteurs,  qui,  en  m'enrichissant 
du  bien  des  autres,  pensaient  plus  à  faire  leurs  af- 
faires que  les  miennes. 

Recevez  l'assurance,  etc. 

BÉRANCER. 

La  musique,  deCatel,  se  trouve  notée  auN.  Ii89 
de  la  Cié  du  Caveau. 


LE  SOLITAIRE. 


Qui  traverse  à  la  nage 
Nos  rapides  torrents  , 
Qui ,  sur  un  roc  sauvage , 
Va  défier  les  vents? 
A  l'ours  dans  sa  tanière 
Qui  donne  le  trépas, 
De  la  biche  légère, 
Qui  devance  les  pas  ?    chut  1 
C'est  le  solitaire,  il  sait  tout, 
Il  voit  tout,  il  fait  tout, 

Est  partout.  (bis. 


Qui  jette  un  sortilège 

Sur  nos  pauvres  troupeaux' 

Qui  glace  sous  la  neige 

Nos  moissons ,  nos  coteaux  ? 

Qui  féconde  la  terre? 

Qui  fait  fleurir  nos  bois  ? 

Qui  rend  le  siècle  plus  prospère 

A  tous  les  villageois  ?    chut  1 

C'est  le  solitaire,  etc. 

Qui  sèche  sur  la  branche 
Nos  fruits  prêts  à  mûrir  ? 
Et  sous  une  avalanche 
Qui  vient  nous  engloutir? 
Qui  console  une  mère 
En  retirant  des  flots 
Cet  enfant  téméraire, 
Disparu  sous  les  eaux?    chut! 
C'est  le  solitaire,  il  sait  tout, 
Il  voit  tout,  il  tait  tout , 
Est  partout.  (his.) 

Panard. 

La  musique ,  de  Caraffa.  se  trouve  notée   au 
N.  1915  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  DÉPART  POUR  SAINT-MALO. 


Bon  voyage, 

Cher  Dumollet, 

A  Sainl-Malo  débarquez  sans  naufrage. 

Bon  voyage, 

Cher  Dumollet , 

Et  revenez  si  le  pays  vous  plaît. 

Peut-être  un  jour  une  femme  charmante 
Vous  rendra  père  aussi  vite  qu'époux; 
Tâchez  c'te  fois  qu'  personn'  ne  vous  démente, 
Quand  vous  direz  que  l'enfant  est  à  vous. 
Bon  voyage ,  etc. 

Si  vous  venez  revoir  la  capitale, 
Métiez-vous  des  voleurs  ,  des  amis , 


39P 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Faire  de  bonnes  actions, 
Voilà  les  plaisirs  du  village. 


l'a  rôle*  tî'uii  anonyme. 


La  musique,  de  A.  Romagnési.  se  trouve  notée 
au  N.  1758  de  la  Clé  du  Caveau. 


TAMBOUR   BATTANT. 


1758. 

Je  veux  ,  au  bout  d'une  campagne  , 
Me  voir  déjà  joli  garçon  ; 
Des  héros  que  l'on  accompagne 
On  saisit  l'air,  on  prend  le  Ion  : 
Des  ennemis,  ainsi  qu'  des  belles 
On  est  vainqueur  en  1'  s'imilanl. 

Et  rli,  et  r'ian  , 
On  prend  d'assaut  les  citadelles , 
Relan  lamplan,  tambour  battant. 


Braves  garçons  que  l'honneur  mène, 
Prenez  parti  dans  Orléans  ; 
Not'  coronel ,  grand  capitaine, 
Est  le  patron  des  bons  vivants: 
Dam'  il  fallait  le  voir  en  plaine 
Où  le  danger  était  1'  plus  grand. 

El  r'ii ,  et  r'ian  , 
Lui  seul  en  vaut  une  douzaine  , 
Relan  tamplan  ,  tambour  ballant. 


Nos  officiers  dans  la  bataille 
Son!  pèle -mêle  avec  nous  tous  : 
Il  n'en  est  point  qui  ne  nous  vaille  , 
Et  les  premiers  ils  sont  aux  coups. 
In  général  ,  fût-il  un  prince, 
Des  grenadiers  se  met  au  rang 

Bt  rli  .  el  r'ian  , 
Fond  sur  l's  ennemie  et  vous  les  rince  , 
Relan  tamplan  ,  tambour  battant. 


Vaillant  et  lier  sans  arrogance  , 
Et  respecter  ses  ennemis; 
Brutal  pour  qui  fait  résistance  , 
Honnête  à  ceux  qui  sont  soumis  ; 
Servir  le  roi ,  servir  les  dames  : 
Voilà  l'esprit  du  régimenl 

Et  rli ,  et  r'ian  , 
Nos  grenadiers  sont  bonnes  lames, 
Et  vont  toujours  tambour  battant. 

Viens  vite  prendre  la  cocarde  ; 

Du  régiment  quand  tu  seras  , 

Avec  respect  j'  veux  qu'on  te  r'garde  : 

Le  prince  est  I'  chef,  et  j'  sons  les  bras. 

Par  le  courage  on  se  ressemble  : 

J'ons  même  cœur  et  sentiment. 

Et  r'ii ,  et  r'ian , 
Droit  à  l'honneur  j'allons  ensemble  , 
Relan  tamplan  ,  tambour  battant. 

La  jeune  Agnès  devint  ma  femme; 
J'étais  le  maître  à  la  maison. 
Auboutd'un  mois,  changeant  de  gamme, 
Elle  fut  pire  qu'un  dragon. 
Pauvres  époux  ,  voyez  ma  peine  : 
Si  je  m'échappe  un  seul  instant , 

Et  rli ,  et  r'ian  , 
Relan  tamplan  elle  me  mène 
Relan  tamplan  ,  tambour  battant. 

Quand  un  mari  fait  bon  ménage , 
Que  de  sa  femme  il  est  l'amant , 
Frauder  ses  droits  est  un  outrage 
Que  l'on  excuse  rarement. 
S'il  va  courir  la  prétantaine  , 
Ne  peut-on  pas  en  faire  autant? 

Bt  rli  ,  el  r'ian  , 
Relan  tamplan  on  voua  le  mène, 
Relan  tamplan  ,  tambour  battant. 

l'aiarl, 


La    musique,  de    Biaise,    se   trouve    notée    au 
N.  515  de  la  Cle  du  Caveau. 


CHANSONNETTES  391 

AMIS,  LA  MATINÉE  EST  BELLE  LES  MÉDISANTS. 


1828. 

Amis,  la  matinée  est  belle  : 
Sur  le  rivage  assemblez-vous; 
Montez  gaîment  votre  nacelle, 
Et  des  vents,  bravez  le  courroux. 
Conduis  ta  barque  avec  prudence, 

Pêcheur,  parle  bas  ; 
Jette  tes  filets  en  silence, 

Pêcheur,  parle  bas, 
Le  roi  des  mers  ne  t'échappera  pas  ! 


(bis.) 


L'heure  viendra,  sachons  l'attendre  ; 
Plus  tard  nous  saurons  la  saisir. 
Le  courage  fait  entreprendre, 
Mais  l'adresse  fait  réussir. 
Conduis  ta  barque,  etc. 

Pêcheur,  sur  la  mer  orageuse 
Brave  la  mort  et  le  destin  ; 
Pour  une  action  périlleuse, 
Vogue  sans  peur  en  vrai  marin. 
Conduis  ta  barque,  etc. 

Ne  redoute  pas  la  baleine  ; 
Le  temps  est  calme  :  il  faut  partir. 
Si  la  conquête  est  incertaine, 
Brave,  ne  crains  pas  de  mourir. 
Conduis  ta  harque  avec  prudence, 

Pêcheur,  parle  bas  ; 
Jette  tes  filets  en  silence, 

Pêcheur,  parle  has, 
Le  roi  des  mers  ne  t'échappera  pas  !  (bis. 

Scribe. 


Le9  deux  premiers  couplets  seulement  sont  de 
M.  Scribe,  et  tirés  de  l'opéra  de  la  Muette  de  Portici, 
en  vente  chez  M.  Tresse,  éditeur,  2  et  3,  galerie  de 
Chartres,  Palais-Royal.  Prix  :  1  franc. 

La  musique ,  d'Auber  ,  se  trouve  notée  au 
N.  2032 de  la  Clé  du  Caveau. 


**smmmm-i* 


Le  perruquier  du  quartier 
Médit  du  cabaretier, 
Qui  médit  du  fruitier, 
Que  médit  du  charpentier, 
Qui  médit  du  papetier, 
Qui  médit  du  ferblantier, 
Qui  médit  du  bottier, 
Qui  médit  du  cafetier. 

La  vieille  mercière 

Dit  que  le  libraire, 
Fut  jadis  à  Châlons 
Marchand  d'habits  vieux  galons. 

Et  notre  portière 

Dit  que  la  laitière 
Vend  son  lait  bien  plus  cher 
Au  vieil  huissier  qu'à  son  clerc. 
Le  chapelier  dit  tout  bas 
Que  du  cordonnier  Thomas, 
A  Marbœuf,  la  moitié 
Trouva  chaussure  à  son  pied  ; 
Et  la  femme  du  cordonnier, 
Dit  tout  haut  qu'au  chapelier 
Un  sous-chef  de-bureau 
Donne  un  fort  vilain  chapeau. 
J'entends  dire  à  la  lingère  : 
Que  notre  propriétaire, 
Refuse  à  sa  ménagère 

Châles,  robes  et  souliers. 
J'entends  dire  à  l'herboriste 
Que  la  femme  du  dentiste 
Mange  volontiers  à  deux  râteliers. 
Bref,  de  notre  quartier, 
Cancaner  est  le  métier; 
Chefs,  commis,  fabricants, 
Ne  vivent  que  de  cancans  ; 
On  cancane  en  déjeunant, 
On  recancane  en  dînant, 
C'est  cancan  sur  cancan, 
Qui  finiront  Dieu  sait  quand  I 

Dcstiuiilers. 


392 


CHANSONS    POPULAIRES. 


L'ÉDUCATION  DE  FIFI. 

1834. 

Mon  fils,  tu  crois  que  j'suis  ton  père? 
Eh  ben!  pas  du  tout,  c'est  pas  ça; 
Car  un  boulet  fit  son  affaire, 
Et  comme  un  brave  il  trépassa, 
Oui,  comme  un  brave  il  trépassa. 
Mais  avant  à"  fermer  la  paupière, 

Y  m'  dit  :  Prends  soin  démon  enfant. 
Je  te  nomm'  sa  famille  entière. 

C'est  dit.  c'est  fait  (bis)  dans  un  instant  ; 
D'  sa  charge,  tu  d'vins  la  mienne  ; 
Dans  mon  sac  j'  te  campai,  morveux. 
Mais,  Fiû,  pour  qu'il  t'en  souvienne, 
Tétais  ben  trop  jeune,  mon  vieux,     [bis.) 

Comme  un  p" lit  prince  j'  te  restaure, 

La  pomme  déterre  à  discrétion  ; 

Ce  n'est  rien,  je  fais  plus  encore  : 

Je  fais  ton  éducation.  (bis.) 

T'as  quinze  ans,  et  tu  prends  la  prise. 

Et  lu  fumes  très  proprement  ; 

T'es  très  soigné  dessus  ta  mise, 

Et  tu  bois  (bis)  agriablement 

Deux  bouteilles,  et  j'  veux  qu'  t'espères, 

Mon  p'lit  Fifi,  faire  encor  mieux, 

Et  le  r'passer  tes  six  p'tils  verres  ; 

Mais  t' es  encor  trop  jeune,  mon  vieux,  (bis.) 

En  trois  temps  tu  fais  l'exercice  ; 

Mais  c'  qui  t'  vexe,  et  je  V  conçois  bien, 

C'est  qu'  tu  n'as  pas  un'  cicatrice. 

Une  balle,  un  coup  d'  sabre,  un  rien,  (bis) 

Pourquoi  se  désoler  d'avance, 

C'est  bête,  j'  te  1'  dis  sans  détour, 

Tu  n'  dois  pas  perdre  patience  ; 

l'aris  n'  fut  pas  fait  (bis)  dans  un  jour  ; 

Y  n'  faut  qu'un  combat,  qu'une  affaire, 
El  crac,  un  bras,  qui  sait,  p'tèt'  deux... 

d'  la  ebance,  la  chose  est  claire  ; 
T'es  encor  si  jeune,  mon  vieux.  (bis.) 

Enfin,  grâce  à  la  Providence, 
l.'  -  préjugea  s'  melteni  de  côté  ; 


On  n'  tient  plus  compte  d' la  naissance, 

Le  siècle  est  pour  l'égalité.  (bis.) 

Si  Ion  étoile  s'  trouve  heureuse, 

Qui  sait  jusqu'où  tu  peux  aller  ; 

La  fortune  est  un'  capricieuse  ; 

Dans  V  monde  y  s'  peut  qu'  tiras  briller. 

J' te  vois  d'jà  dans  ton  sort  prospère. 

Le  possesseur  d'un  cordon  bleu... 

En  épousant  un'  cuisinière, 

Ça  peut  v'nir,  t'es  jeune,  mon  vieux   (fris.) 

Quant  à  moi,  j'ai  fini  ma  tâche, 

L'  temps  d'  mon  service  est  accompli  ; 

Adieu,  le  lion  de  ma  moustache, 

Je  sens  ben  que  je  m'  démolfe..'. 

Dans  les  champs  d' l'honneur  eld'  la  gloire. 

A  ton  tour  de  l'acclimater. 

Si  je  n'  peux  plus  voir  de  victoire, 

Toi,  tu  viendras  (bis)  m'  les  raconter; 

El  me  montrant  ta  boutonnière, 

Tes  chevrons,  tu  m'  diras  :  Morbleu!... 

T'as  tenu  parole  à  mon  père, 

C'est  à  toi  que  j'  dois  ça,  mon  vieux,  (bis.) 

Tli.  Polak. 

La  musique,  de  E.  Voisel,  se  trouve,  à  Paris, chez 
M.  Brullé,  éditeur,  16, passage  des  Panoramas. 


L'AMOUREUX  TRANSI. 

1825. 

Me  voilà  seul  au  rendez-vous 
Que  lu  m'as  donné  sur  la  brune. 
Le  zéphir,  au  clair  de  la  lune, 
En  janvier  n'est  pas  des  plus  doux.  (61*., 
Ah  !  ne  crois  pas  que  je  recule, 
Dans  mon  àme  où  l'amour  s'accroît,  (bis.) 
0    mon  Ursule  ,  i 

Pour  toi  je  brûle  ,  j  (bis.) 

Mais  j'ai  bien  froid,    bisj)  | 

Pour  gage  assuré  de  ta  foi, 

En  ce  moment   hélas!  que  n'ai-je 


Taris.  —  hnprimci  ie  de  Pillii  flli  atné,  rue  des  Grands-  Aogasiini,  .r>. 


CHANSONNETTES. 


393 


Ta  main  rivale  de  la  neige 
Qui  tombe  à  gros  flocons  sur  moi.,  {bis.) 
Sur  mon  dos  elle  s'accumule , 
Et  pourtant  plus  que  l'on  ne  croit  (bis.) 
0  mon  Ursule,  etc. 

Tandis  que  chantant  mon  amour, 
le  te  pince  un  air  de  guitare, 
Hélas  !  de  son  souffle  barbare 
L'aquilon  me  pince  à  son  tour,     (bis.) 
En  moi  pourtant  un  feu  circule  , 
Du  cœur  au  bout  de  chaque  doigt,  (bis.) 
0  mon  Ursule,  etc. 

A  ta  fenêtre  on  voit  d'ici 
Du  foyer  la  flamme  qui  brille; 
J'entends  le  fagot  qui  pétille, 
Et  moi  j'ai  le  corps  tout  transi,    (bis.) 
Quand  ma  bouche  à  peine  articule, 
Quand  ,  sans  pitié,  ton  œil  me  voit,  (bis.)  j 
0  mon  Ursule  ,  l 

Pour  toi  je  brûle,  ({bis.) 

Mais  j'ai  bien  froid,    (bis.)     i 

Gentil. 

La  musique,  de  Ch.   Plantade,  se  trouve  chez 
M.  Cotelle,  éditeur,  137,  rueSaint-Honoré. 


TITI  CANDIDAT. 

1848. 
AIR  ■  Viv'  le  roi  gui  n'  veut  point  d'  moi. 

liston,  j'  veux-t-êlre  député, 

J'  suis  noté,  )., .    . 

...        ,;  ois. 

J  suis  porte  ) v      ' 

Au  Club  des  pratiques  ! 

Et  si  j'  suis  pas  accepté, 

Ou  r'jelé, 

J'  suis  monté,  (bis.) 

D  la  Cité 
J'  cass'  tout's  les  boutiques  1 

J'  vot'  pour  toi , 

Vot'  pour  moi, 


Dam',  tu  vois  ma  profession  de  foi  I 

J'  vot'  pour  toi, 

Vot'  pour  moi, 
J'  décrétions  la  loi  1 

J'  suis  paresseux  d'  mon  état, 
Mais  j'ai  pas  mal  d'éloquence  , 
J'  veux  m'  poser  comm'  candidat 
Pour  êtr'  député  d'  la  France. 
Avec  vingt-cinq  francs  par  jour, 
Gugus',  tu  m'  croiras  sans  peine, 
Même  en  chauffant  un  peu  1'  four, 
On  peut  s' fair'  un'  bonn'  semaine. 
Fiston,  j'  veux  ,  etc. 

J'  suis  1'  général  des  moutards, 
Au  club  c'est  moi  qui  domine; 
C'est  moi  qui  tir'  les  pétards  , 
Et  qui  d'mand'  qu'on  irlumine. 
Par  civisme  j'ai  planté  , 
Dans  nos  grands  jours  populaires, 
L'arbre  de  la  liberté 
A  cinq  cent  mille  exemplaires. 
Fiston,  j'  veux,  etc. 

Gugus',  vois-tu,  mon  Fiston, 
J'  connais  si  bien  mon  affaire, 
Qu'  si  j'ai  la  députation, 
Nous  n'aurons  plus  rien  à  faire. 
J'  vot'rai  la  gouappe  en  détail. 
Pour  le  bien  d'  la  chos'  publique; 
J'aurais  trop  peur  que  1'  travail 
Fatigu'rait  la  République. 
Fiston,  j'  veux,  etc. 

C'est  si  bon  de  s'  démarier, 
J'  suis  pour  la  loi  du  divorce  ; 
Fifin'  a  beau  s'  récrier, 
Je  n'  veux  plus  l'aimer  par  force. 
Toujours,  c'est  un  trop  long  bail , 
Au  diable  un'  si  lourde  chaîne  , 
J'  vot'  pour  avoir  un  sérail 
Qui  se  renouvell'  chaqu'  semaine. 
Fiston  ,  j'  veux,  etc. 

En  Franc'  faut  d'  la  nouveauté, 
Tout  n'a  qu'un  règne  éphémère  : 


119 


60 


394 


CHaÏSSONS    POPULAIRES. 


Vin^rt  siècles  de  royauté  , 
Ça  n'  pouvait  plus  faire  I "affaire. 
Mettons  pour  les  nouveaux  v'nus  , 
Tous  les  vieux  d'  la  vieill'  à  l'ombre; 
Les  nouveaux  noms  s'ront  élus  , 
P'tèt'  ben  qu'  Tili  s'ra  du  nombre. 
Fiston,  j'  veux,  etc. 

Tout  citoyen  qu'a  du  cœur, 
Cabeliste  ou  Louis-Blanquiste , 
Va  s'  fair'  un  avenir  meilleur, 
Par  la  ebos'  d'être  communiste. 
Par  ce  syslèm' ,  v<  is-tu  bien  , 
L'  propre  à  rien  voit  tout  en  rose , 
On  prétend  qu'  c'est  1'  seul  moyen 
Qu'  les  paresseux  fas^'nt  quelqu'  chose. 
Fiston,  j'  veux,  ete. 

La  peste  soit  des  recors, 
C'est  un'  engeanc  diabolique; 
Ht  puis  la  contraint'  par  corps , 
Çagèn'rait  la  République. 
Tant  pis  pour  les  créanciers  , 
Les  endettés  s'ront  d'  la  fêle  : 
A  la  barbe  des  huissiers 
J'  veux  qu'on  démoliss'  la  Dette! 
Fiston,  j'  veux,  etc. 

A  bas  les  vieux  députés , 
A  bas  les  vieux  fonctionnaires, 
C'est  tous  des  vrais  encroûtés 
Qui  comprennent  pas  les  affaires. 
Mais  viv'nt  les  homm's  du  moment  : 
Or,  d'après  c'  fait  qu'est  notoire, 
ï  vot'  pour  que  1'  gouvernement 
Reste  toujours  Provisoire  !  !  ! 


Fiston,  j'  veux-t-être  député 

J'  suis  noté, 

J'  suis  porté 
Au  Club  des  pratiques  1 
Et  si  j'  suis  pas  accepté. 

nu  r'jeté , 

.1'  bdù  monté, 

1)  la  Cité 
s'  loui's  les  boutiques  ! 


{bis. 


ibis.) 


i'  vot'  pour  toi  , 
Vot'  pour  moi  , 
Dam',  tu  vois  ma  profession  de  foi. 
J'  vot'  pour  toi, 
Vot'  pour  moi . 
J'  décret' rons  la  loi  ! 

Adolphe    Porte. 

La  musique  ,  de  Paul  Hcnrion  ,  se  trouve  notée 
au  N.  2350  de  la  Clé  du  Caveau,  et  se  trouve  chez 
M.  Colombier,  éditeur,  6,  rue  ^  ivienne 


LE  PETIT  MEUNIER  DE  CHATEAULIN. 

847. 

J'ai  cent  écus  d'argent  blanc, 
Autant  en  or  qui  brille; 
J'ai  cent  écus  d'argent  blanc, 
Mais  pas  le  cœur  content. 
Oh!  non,  non,  non  franchement, 
A  cause  d'une  jeune  tille, 
Oh!  non,  non,  non  franchement, 
Non,  je  n'ai  pas  le  cœur  content. 

Un  vieux  berger  de  Cliàleaulin 

M'a  dit  :  Ne  te  contie 
Pas  plus  au  vent  de  ton  moulin 
Qu'à  fillette  jolie! 
De  ton  moulin  bien  souvent 
L'aile  tourne  au  gré  du  vent  ; 
Mais  des  jeunes  filles, 
Et  les  plus  gentilles, 
Au  vent  des  amours 
Le  cœur  tourne,  tourne  toujours, 
Tourne,  tourne,  tourne,  tourne,  loin  n  • 
Tourne  tous  les  jours  ! 
[Soupirant.)  J'ai  cent  écus,  etc. 

Le  vieux  berger  parla  pour  rien  ; 

Car  je  croyais  aux  femmes; 
Mais  aujourd'hui,  je  le  vois  bien, 
Il  connaissait  leurs  trames. 
Après  m'avoir  dit  :  «Crois-moi, 
Je  ne  veux  aimer  que  toi,  » 


CHANSONNETTES. 


tlcse  à  sa  fenêtre 
Ne  veut  plus  paraître  ; 
J'y  viens  chaque  soir 
Et  je  soupire  sans  la  voir  ! 
Je  soupire  [ter)  sans  la  voir  ! 
\Soupirant  très  fort.)  J'ai  cent  écus,  etc. 

Mais  qu'ai-je  appris?  Rose  en  secret 

Pleurait  avec  son  père  ; 
Pour  un  peu  d'or  qui  leur  manquait, 
On  vendait  leur  chaumière  1 
Mais  moi,  qui  suis  un  malin, 
Je  me  suis  levé  matin, 
Bien  vite  en  cachette, 
J'ai  payé  la  dette, 
Et  Rose,  le  soir, 
M'a  dit  :  «  Je  t'aime  !...  bon  espoir  ! 
Oui,  je  t'aime  !  oui,  je  t'airr.e  ! 
Oui,  je  t'aime!  bon  espoir  !  » 

{Très  joyeux.)  Je  n'ai  plus  un  son  vaillant, 
Je  n'ai  plus  d'or  qui  brille! 
Je  n'ai  plus  un  sou  vaillan  t  ! 
Mais  j'ai  le  cœur  content  ! 
Oui,  je  suis  riche  à  présent, 
J'ai  l'amour  d'une  jeune  tille! 
Oui,  je  suis  riche  à  présent  ; 
Car  j'ai  1'  cœur  gai,  j'ai  1'  cœur  content  ! 

liustave  Lt  moine. 

La  musique,  de  Mlle  Loïsa  Puget,  se  trouve,  à 
Paris,  chez  M.  Hugcl,  éditeur,  2  bis,  rue  Vivieune. 


LE  JEUNE  SOLDAT. 

Air  :  L'hymen  est  un  lien  charmant. 

J'entends  le  signal  du  départ, 
Adieu,  Français,  adieu,  mes  frère-, 
Adieu,  je  vole  à  nos  front. 
Me  ranger  sous  mon  étendard,     [bis.) 
Le  nom  français  est  mon  partage, 
Ce  titre,  gravé  dans  mon  cœur, 
Enflamme  déjà  mon  jeune  âge  : 
Pourrait-on  manquer  de  courage 


Quand  un  ,i  la  gloire  »'t  l'honneur 
Pour  ses  compagnons  de  voyage  ? 

Dans  les  plaines  <!•:  Marengo, 
Que  je  serais  fier  de  me  battre  ! 
J'aimerais  encore  à  combattre 
Aux  nobles  champs  de  VVaterlo, 
Des  preux  dormant  sur  le  feuillage, 
Le  sang  qui  pourpre  chaque  fleur, 
L'ombre  qui  perce  le  nuau'e, 
Tout  embrase  sous  cet  ombrage, 
Quand  on  a  la  gloire,  etc. 

Que  n'ai-je,  ô  Kléber!  ô  Deôaix! 
Marché  sur  vos  pas  intrépides  ! 
Que  n'ai-je,  sur  les  pyramides, 
Vu  flotter  le  drapeau  français! 
Mais  sans  les  pleurer  davantage, 
On  doit,  imitant  leur  ardeur, 
Des  hauts-fait-  qui  sont  leur  partage 
Augmenter  encor  l'héritage, 
Quand  on  a  la  gloire,  etc. 

Si,  malgré  nos  brillants  succès, 
Le  fiel  jaloux  de  notre  gloire 
Voulut  de  l'astre  de  victoire 
Quoique  temps  priver  les  Français, 
Son  disque,  obscurci  d'un  nuage, 
Va  reparaître  avec  splendeur. 
Oui.  l'on  doit  voir  après  i'orar.re 
Briller  l'étoile  du  courage, 
Quand  on  a  la  gloire,  etc. 

Près  de  moi,  qui  suis  un  enfant, 

Je  vois  ces  vieux  vainqueurs  du  monde, 

Qui,  de  l'antique  mappemonde, 

Ont  fait  le  tour  en  triomphant. 

Sur  leur  front  sillonné  par  l'âge 

On  lit  ce  cri  de  la  valeur  : 

Malgré  les  vents,  malgré  l'orage, 

On  peut  encor  narguer  Çartha.  -, 

Quand  on  a  la  gloire  et  l'honn  sur 

Pour  ses  compagnons  de  voy ag   ■ 

Emile  Dehreaux. 

La    musique,  de  Nicoio,   se  trouve  notée    au 
N.361  delà  Clé  du  Caveau. 


396 


CHANSONS    POPULAIRES. 


MON  PAYS    AVANT  TOUT. 


Qu'on  soit  né  sur  les  bords  du  Tage, 

Qu'on  soit  de  Vienne  ou  de  Paris, 

Mortels,  répétons  cet  adage  : 

Il  faut  être  de  son  pays. 
L'homme  chérit  le  lieu  de  sa  naissance  ; 
Moi,  mes  amis,  je  cherche  en  vain  partout. 
Je  ne  vois  rien  de  si  beau  que  la  France  : 
Je  suis  Français,  mon  pays  avant  tout. 

Que  l'on  me  vante  llbérie, 

L'Amérique  et  ses  habitants, 

Qu'on  me  dise  que  l'Italie 

Jouit  d'un  éternel  printemps. 
Tous  ces  pays  sont  fort  bons  à  connaître  ; 
Mais,  moi,  je  veux,  par  raison  et  par  goût, 
Vivre  et  mourir  aux  lieux  qui  m'ont  vu  naître: 
Je  suis  Français,  mon  pays  avant  tout. 

Que,  chez  nous,  des  modes  anglaises 
Un  fat  se  montre  curieux, 
Ce  que  firent  des  mains  françaises 
A  bien  plus  de  prix  à  mes  yeux. 
Gardez,  messieurs,  vos  perkales,  vos  frises, 
Paris  me  vend  mes  bas  et  mon  surtout, 
Louviers,  mes  draps,  et  Rouen,  mes  chemises; 
Je  suis  Français,  mon  pays  avant  tout. 

Que  dédaignant  les  vins  de  France, 

Mondor  serve,  un  jour  de  gala, 

Alicante,  porto,  constance, 

Tokay,  madère  et  malaga, 
Fi  de  ces  vins  de  Hongrie  ou  d'Espagne, 
Du  vin  amer  qu'on  baptise  partout  : 
A  moi,  bourgogne,  et  bordeaux  etchampagne, 
Je  suis  Français,  mon  pays  avant  tout. 

Que  par  une  étrange  manie, 

Il  Boit  'I  insensés  détracteurs 

Qui,  nous  refusant  le  génie, 

Des  étrangers  vantent  les  auteurs. 
En  Italie,  ainsi  qu'en  Angleterre, 

rivains  sont  tous  de  fort  bon  goût; 
Mais  je  préfère  el  Racine  el  Voltaire  ; 
le  sua  Français,  mon  pays  avant  tout. 


Pour  la  beauté  bien  moins  sévère. 

Aisément  je  change  d'avis, 

Et,  j'en  conviens,  je  voudrais  plaire 

Aux  belles  de  tous  les  pays  ; 
Maisj'aimeun  jourles  Russes,  lesAnglaises 
Passé  ce  temps,  nia  constance  est  à  bout  : 
Et  tour-à-tour  j'adore  les  Françaises, 
Je  suis  Français,  mon  pays  avant  tout. 

Qu'un  poète,  vendant  sa  lyre, 

Chante  les  Russes,  les  Anglais, 

Animé  d'un  noble  délire, 

Je  ne  chante  que  les  Français. 
Que  n'ai-je,  hélas!  pour  célébrer  leur  gloire, 
Les  dons  heureux  du  génie  et  du  goût, 
Je  graverais  au  temple  de  mémoire  : 
Je  suis  Français,  mon  pays  avant  tout. 

Paroles  d'un  anonyme. 


TITI   LE    TALOCHEUR 

Air  :  Je  suis  loin  de  Paris. 

Je  suis  ton  cavalier  , 
Adorable  brocheuse: 
Vois  ma  flamme  amoureuse, 
J'  sens  là  comme  un  brasier. 
Calme  ce  feu  brûlant 
Qui  cause  mon  tourment, 
Car,  vois-tu ,  c't'inceudie 
Doit  durer  tout'  ma  vie. 
Phrosine,  à  toi  mon  cœur; 
Que  n'en  ai-je  un'  douzaine  1 
Titi-le-Talocheur 
Te  r'conuaît  pour  sa  reine. 

On  vante  tour-à-tour 
Les  belles  d'Italie , 
D'Espagne  et  de  Turquie, 
Mais  j'  l'avoue  sans  détour  • 
Sur  le  globe  il  n'est  pas 
[)'  plus  séduisants  appas 
Que  ceux  de  mou  amie. 
Foi  d    lit,  j' le  pane. 
Phrosine ,  etc. 


l'aris.  —  Imprimer!*  de  PiLLtT  lits  ttné,  rue  des  Grauds-Au^usiii^,  :». 


CHANSOiSNiiîï  ES. 


rr 


II  me  semble  déjà 
M'voir  dans  mon  p  lit  ménage  , 
Et  r' venant  de  l'ouvrage 
M'entendre  app'lerpapa. 
Pour  en  fair'  des  flambards 
Je  veux  que  mes  moutards 
Soient  à  chaque  barrière 
Redoutés  comm'  leur  père. 
Phrosine,  etc. 

Quels  ravissants  destins! 
i'  voudrais  qu'à  la  minute 
On  te  cherchât  dispute 
Quand  ils  seraient  dix  gamins. 

ruis  monamouren  leur  cassant  les  rein* 
Respect  à  l'Andalouse 
Qui  devient  mon  épuu.-e. 
Phrosine,  à  toi  mon  cœur; 
Que  n'en  ai-je  un'  douzaine! 
Titi-le-Talocheur 
Te  r'connait  pour  sa  reine. 

Cogniard  frères  et  Jaînie. 

Lt  premier  et  le  dernier  couplet  seulement  sont 
de  MM.  Cogniard  frères  et  Jaime,  et  sont  extraits 
■  le  la  Tirelire,  vaudeville  en  un  acte,  en  vente  chez 
M.  Marchar.t,  éditeur,  12,  boulevart  Saint-Martin. 
Trix  :  50  c. 

La  musique,  de  Frédéric  Bérat,  se  trouve,  àParis, 
chez  M.  Schonenberger,  éditeur,  23,  boulevart  Pois- 
sonnière 


LA  CHANSON  DU  POSTILLON. 

1847. 
Aih  :  Au  galop,  au  galop,  rien  n'égale  un.  garçon  d'  salle 

En  avant,  en  avant, 

Galopez  ,  cavales 

Rivales  ! 

En  avant ,  en  avant , 

Que  vos  pieds  devancent  le  vent! 

<;iie,  clac,  clic,  clac1  voyez  dans  1  air 
Passer,  comme  l'éclair, 

m 


Mon  fouet  flexible  et  mince. 
Gare  à  vous,  gare  les  badauds  : 
Sous  l'acier  des  sabots  , 
Déjà  le  pavé  grince. 
En  avant,  etc. 

Me  voici  sur  le  grand  chemin  , 

Les  rênes  à  la  main , 

Et  bercé  sur  mon  siège  ; 
Où  ,  dès  qu'en  partant,  je  m'assieds. 

Je  chante  et  foule  aux  pieds 

Le  souci  qui  m'assiège. 
En  avant,  etc. 

Je  me  sens  frappé  de  stupeur, 

Quand  j'entends  la  vapeur, 

Qui  dévore  l'espace, 
Crier  :  A  bas  le  postillon  ! 

Qu'il  baisse  pavillon 

Devant  qui  le  dépasse. 
En  avant,  etc. 

Bah  !  que  jamais  de  vains  regrets 

N'entravent  le  progrès, 

Pour  un  métier  qu'ii  tue, 
La  vapeur,  au  rapide  essor, 

Chez  nous  ne  marche  encor 

Qu'au  pas  de  la  tortue. 
En  avant ,  etc. 


Longtemps  on  verra  les  chevaux 

Traîner,  par  monts  et  vaux  , 

Sur  les  roules  pavées, 
Les  millionnaires  ennuyés, 

Les  artistes  choyés, 

Les  filles  enlevées  1 
En  avant,  etc. 

Si  la  locomotive,  un  jour, 

Doit  briser  sans  retour 

Nos  bras  et  notre  gloire, 
D'avance,  il  faut  nous  en  venger  : 

Qui  voudra  voyager 

Triplera  le  pour-boire. 
En  avant,  etc. 

T.  ». —  «1 


398 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Qu'il  est  beau  d'être  postillon  ! 

Voyez  quel  tourbillon 

De  bruit  et  de  poussière, 
Son  passage,  ou  plutôt  son  vol, 

En  effleurant  le  sol , 

Laisse  dans  la  carrière. 
En  avant,  etc. 

Être  postillon  ,  c'est ,  ma  foi  ! 

Avoir  la  terre  à  soi 

Qu'on  a  franchie  et  vue  ; 
Knfin,  c'est  être  un  souverain 

Qui  passe,  à  fond  de  train  . 

L'univers  en  revue. 

En  avant,  en  avant. 
Galopez ,  cavales 
Rivales  ! 
En  avant,  en  avant, 
Que  vos  pieds  devancent  le  vent  ! 

Charles  Poney. 

Cette  chanson  est  extraite  du  dernier  volume  de 
Charles  Poney,  :  La  Chanson  dr  chaque  Métier,  joli 
volume  in-18.  Prix  :  2  fr.  Chez  !..  Vieillot,  éditeur, 
32,  rue  Notre-Dame-de-Nazareth 

La  musique,  de  Luigi  Bordèse,  se  trouve  chez 
M.  Schonenberger,  éditeur,  28,  boulevart  Poisson- 
nière, à  Paris. 


LE  VOYAGE  A  PARIS. 

1829. 
Air  du  vaudeville  de  la  Petite  Saur. 

Pour  instruire  son  jeune  fils, 

Un  père  quittait  sa  province;         (bis.) 

11  le  conduisait  à  Paris  , 

Pour  y  voir  la  cour  et  le  prince,    (bis.) 

«  M<>n  fils,  lui  disait-il  souvent , 

«  Ayez  toujours  cette  prudence  : 

«  A  tout  propos,  à  tout  venant, 

«  Mon  fils,  faites  la  révérence.  »    (bis.) 


Ils  découvraient  ce  mont  fameux 
Où  vint  expire:'  notre  gloire  : 
«  La  jadis,  de  tout  jeunes  preux 
«  Avaient  compté  sur  la  victoire. 
«  Leur  sang  coula,  c'était  pour  nous; 
«  Et  s'ils  n'ont  pu  sauver  la  France, 
«  De  leur  défaite  ils  sont  absous  : 
«  Mon  fils,  faites  la  révérence.  » 

Vous  contemplez  ce  monument, 
Les  arts  en  ont  taillé  la  pierre 
Pour  immortaliser  l'amant 
Des  Maintenon,  des  La  Vallière; 
De  souvenirs,  c'est  un  dépôt 
Dont  sourit  et  gémit  la  France... 
Pourquoi  Louis  fut-il  dévot  ? 
Faites  toujours  la  révérence. 

Saluez ,  saluez  encor 
Ce  bronze  que  l'Europe  envie, 
Qui  vers  les  cieux  prend  son  essor, 
Chargé  des  lauriers  du  génie. 
En  soulageant  son  chapiteau 
Du  fardeau  d'une  gloire  immense, 
On  y  plaça  le  blanc  drapeau  : 
Mon  fils,  faites  la  révérence. 

Courons  au  palais  de  nos  rois , 
Le  tambour  bat ,  le  clairon  sonne  , 
Vous  y  verrez  tout  à  la  fois , 
Fils  de  Thémis,  fils  de  Bellone. 
Ne  cherchez  point  si  les  talents 
Y  brillent  moins  que  la  naissance  ; 
A  nos  seigneurs  les  courtisans  , 
Mon  fils,  faites  la  révérence. 

Saluez  donc  ce  maréchal , 
Saluez  donc  celte  marqu  ise , 
Et  puis  encor  ce  général , 
El  puis  encor  ces  gens  d'église. 
Môme  aux  valets  de  ce  séjour 
Montrez  beaucoup  de  déférence; 
Enfin  vous  êtes  à  la  cour, 
Mon  fils,  laites  la  révérence. 

Docile  aux  leçons  du  papa  , 
Le  jouvenceau  se  mit  en  nage  ; 


CHANSONNETTES. 


39y 


Pas  un  seul  homme  n'échappa 
Au  très  humble  salut  d'usage. 
11  fit  un  rapide  chemin  ! 
Frotté  d'altesse  et  d'excellence, 
Celait  à  lui  le  lendemain 
Que  l'on  faisait  la  révérence. 

Salgat. 

Cette  chanson  fut  longtemps  attribuée  à  notre 
célèbre  chansonnier.  Il  ne  fallait  que  juger  les  négli- 
gences qui  s'y  trouvent  et  dont  M.  Béranger  n'a  ja- 
mais donné  l'exemple, pour  ne  pas  tomber  dans  une 
semblable  erreur. 

Si  l'on  veut  une  preuve  plus  convaincante,  qu'on 
lise  la  lettre  que  je  reçus  le  4  août  1830. 

[Note  de  l'auteur.) 

Non,  monsieur,  la  jolie  chanson,  Mon  fils,  faites 
la  révérence,  n'est  pas  de  moi,  et  je  vous  remercie  de 
m'en  avoir  fait  connaître  l'auteur.  Mon  recueil  au  • 
rait  dû  prouver  au  public  qu'elle  ne  m'appartenait 
pas,  puisqu'elle  n'y  est  pas  insérée,  bien  qu'il  y  en 
ait  plusieurs  qui  avaient  plus  à  craindre  messieurs 
de  la  justice. 

Je  suis  fier,  monsieur,  qu'on  m'ait  attribué  cette 
charmante  production;  mais  je  vous  prie  de  croire 
quo  j'ignorais  adsolument  l'espèce  de  tort  que  vous 
ont  fait  mes  contrefacteurs,  qui,  en  m'enrichissant 
du  bien  des  autres,  pensaient  plus  à  faire  leurs  af- 
faires que  les  miennes. 

Recevez  l'assurance,  etc. 

BÉRANCER. 

La  musique,  deCatel,  se  trouve  notée  auN.  1S89 
de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  SOLITAIRE. 


Qui  traverse  à  la  nage 
Nos  rapides  torrents  , 
Qui ,  sur  un  roc  sauvage , 
Va  défier  les  vents? 
A  l'ours  dans  sa  tanière 
Qui  donne  le  trépas, 
De  la  biche  légère, 
Qui  devance  les  pas  ?    chut  ! 
C'est  le  solitaire,  il  sait  tout, 
Il  voit  tout,  il  fait  tout, 

Est  partout.  {bis.) 


Qui  jette  un  sortilège 

Sur  nos  pauvres  troupeaux  ? 

Qui  glace  sous  la  neige 

Nos  moissons,  nos  coteaux? 

Qui  féconde  la  terre? 

Qui  fait  fleurir  nos  bois? 

Qui  rend  le  siècle  plus  prospère 

A  tous  les  villageois  ?    chut  1 

C'est  le  solitaire,  etc. 

Qui  sèche  sur  la  branche 
Nos  fruits  prêts  à  mûrir? 
Et  sous  une  avalanche 
Qui  vient  nous  engloutir? 
Qui  console  une  mère 
En  retirant  des  flots 
Cet  enfant  téméraire, 
Disparu  sous  les  eaux?    chut! 
C'est  le  solitaire,  il  sait  tout, 
Il  voit  tout,  il  tait  tout , 
Est  partout.  {bis.) 

Panard. 


La  musique,  de  Caraffa.  se  trouve  notée   au 
N.  1915  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  DÉPART  POUR  SAINT-MALO. 


Bon  voyage, 

Cher  Dumollet, 

A  Sainl-Malo  débarquez  sans  naufrage. 

Bon  voyage, 

Cher  Dumollet , 

Et  revenez  si  le  pays  vous  plaît. 

Peut-être  un  jour  une  femme  charmante 
Vous  rendra  père  aussi  vite  qu'époux; 
Tâchez  c'te  fois  qu'  personn'  ne  vous  démente, 
Quand  vous  direz  que  l'enfant  est  à  vous. 
Bon  voyage ,  etc. 

Si  vous  venez  revoir  la  capitale , 
Méfiez-vous  des  voleurs  ,  des  amis , 


;on 


CHANSONS  POPULAIRES. 


Des  billets  doux  ,  des  coups ,  de  la  cabale  , 
Des  pistolets  et  des  torticolis. 
Bon  voyage ,  etc. 

Allez  au  diable!  et  vous  et  votre  ville. 
Où  j'ai  souffert  mille  et  mille  tourments. 
Il  \uus  serait  cependant  bien  facile, 
De  m'y  tixer,  messieurs,  encor longtemps. 

Pour  \niis  plaire  je  suis  tout  prêt 
A  rétablir  ici  mon  domicile. 

Faites  connaître  à  Dumollet 
S  il  doit  rester  ou  faire  son  paquet. 

né»augiers. 

Air  ancien,  noté  au  N.  866  de  I  a  Clé  du  Caveau. 


LE  SIGNAL  AVAIT  RETKNTI. 


Le  signal  avait  retenti , 
Au  loin  murmurait  la  tempête, 
Et  déjà  d'un  pas  affermi 
Nous  marchions  droit  à  l'ennemi. 
Le  doux  son  des  clairons, 
Qu'au  loin  1  écho  si  bruyamment  répète, 

Et  le  bruit  des  canons 
Ont  enflammé  d'abord  nos  bataillons. 

Nous  avançons  rapidement 
Croisant  ainsi  la  baïonnette  , 
Et  sans  hésiter  un  moment 
Nous  culbutons  un  régiment; 
Le  feu,  le  plomb,  le  fer, 
Autour  de  nous  tout  siffle,  vole  et  tombe; 

Mais  l'honneur  nous  est  cher 
Et  le  laurier  à  nos  yeux  est  offert. 

Dé, à  frappé  par  maint  éclat, 
Maint  héros  descend  dans  la  tombe, 
Bn  disant  :  mourir  pour  l'État, 
C'est  le  devoir  d'un  bon  soldat. 
Le  destin  en  courroux 
Veut  nou6  chasser  du  champ  de  la  vietofM 


Mais  redoublai.,  nos  coups. 
La  gloire  bat  en  retraite  avec  nous 

Près  de  l'ennemi  triomphant 
Tout-à-coup,  pourripz-vous  le  foire' 
J'aperçois  de  loin  cet  enfant 
Qu'un  seul  dragon  blessé  défend. 
J'accours  vers  ce  héros 
Et  près  de  lui  tandis  qu'ainsi  je  *ire. 

Ce  bambin  en  deux  sauts 
Adroitement  s'élance  sur  mon  dos. 

Je  l'emporte  au  pas  redoublé, 
Malgré  le  feu  je  l'entends  rire, 
Et  sa  main  qui  n'a  pas  tremblé 
Joue  avec  mon  bonnet  criblé. 
Pour  sauver  ce  trésor, 
Au  fond  d'un  bois  hardiment  je  me  jette  , 

Reprenant  leur  essor, 
Les  éclaireurs  me  harcellent  encor. 

Tout  seul  et  toujours  poursuivi 
Dans  cette  superbe  retraite  , 
Pour  mettre  l'enfant  à  l'abri 
Je  faisais  face  à  l'ennemi. 
11  m'ajustait  :  pan...  pan. 
Le  plomb  sifflait ,  mais  je  levais  la  tète  ; 

Je  ripostais  :  pan...  pan... 
Et  je  chargeais  mon  arme  en  reculant. 

Enfin  tout  fier  de  ce  fardeau 
J'échappe  au  sort  le  plus  funeste, 
Aussi  content ,  je  vous  l'atteste , 
Que  si  j'avais  pris  un  drapeau. 
De  ce  petit  amour, 
On  ne  saurait  en  nier  l'évidence, 

Je  suis  |  ère  à  mon  tour, 
Car  il  me  doit  et  l'honneur  el  le  jour. 

Pour  moi  c'est  un  plaisir  bien  doux  ; 
Mais  cet  enfant,  mon  espérance, 
Il  me  vient  de  la  Providence  : 
J'aimerais  mieux  qu'il  vînt  de  ious. 

Araxo. 


Pins.   —  Tjp.  de  I'iiirt  fils  aine,  rat  et»  CranHs-Au  gMllM,  \ 


LES  AMOURS  D'ÉTÉ. 

Air  de  Saint-Onge. 

Avec  les  jeux  dans  le  village, 
Quand  le  printemps  fut  de  retour, 
Je  méprisai  le  tendre  hommage 
De  tous  les  bergers  d'alentour. 
Mais  l'été  me  rend  moins  sauvage, 
Et  je  me  demande  à  mon  tour 
Ce  qui  m'enflamme  davantage, 
De  la  saison  ou  de  l'amour. 

Tandis  que  je  me  mets  en  nage, 
En  travaillant  dans  ce  séjour, 
Mon  cœur  vole  à  l'autre  rivage, 
Chez  Guillot,  qui  me  fait  la  cour. 
Mais  ce  qui  m'ôte  le  courage, 
C'est  que,  sur  le  déclin  du  jour, 
Je  vois  la  fin  de  mon  ouvrage, 
Sans  voir  la  fin  de  mon  amour. 

A  porter  dans  un  seul  voyage, 
Que  mon  panier  me  semble  lourd!., 
bu  moins,  s'il  passait  un  nuage, 
Le  trajet  semblerait  plus  court. 
Sous  ces  arbres  du  voisinage 
Evitons  la  chaleur  du  jour  : 
Mais,  hélas  !  il  n'est  pas  d'ombrage 
Qui  mette  à  l'abri  de  l'amour. 

Piis  et  Itarré. 

I.a  musique,  de  M"»  ••*,  de  Bordeaux,  se  trouve 
notée  au  N.53de  la  Clé  du  Caveau.  < 


SAINT  DENIS. 

1809. 
Ara  du  Ballet  des  Pierrots. 

Chantons,  chantons  à  pleine  gorge, 
Chantons  le  vaillant  saint  Denis, 
Qui  fit  jadis  trembler  saint  George 
Et  tous  les  Anglais  réunis  : 

121 


Toujours  calme  dans  la  tempête, 
Denis,  frappé  du  dernier  coup, 
Ne  perdit  pas  môme  la  tête... 
Quand  elle  fut  loin  de  son  cou. 


{bis.) 


Lorsqu'un  païen,  au  cœur  de  glace, 
De  son  pauvre  chef  l'eut  privé, 
Peut-être  qu'un  autre  à  sa  place 
Ne  s'en  serait  pas  relevé  : 
Mon  héros  ne  fut  pas  si  bête; 
Il  se  redressa  tout  à  coup, 
Et,  des  deux  mains  portant  sa  tête, 
Il  prit  ses  jambes  à  son  cou, 

Après  avoir  franchi  la  plaine, 
Denis,  très-fatigué,  dit-on, 
S'arrêta...  pour  reprendre  haleine 
Dans  le  bourg  qui  porte  son  nom; 
Et  dans  cette  heureuse  retraite, 
Ce  qui  vous  surprendra  beaucoup, 
C'est  que  pour  embrasser  sa  tête 
Il  se  sauta  vingt  fois  au  cou. 

Altéré  par  son  aventure, 
Il  but  à  force...  et  c'est  de  lui 
Que  nous  vient  la  grande  mesure 
Si  célèbre  encore  aujourd'hui. 
«  Pour  moi,  disait-il,  quelle  fête! 
«  Je  puis,  en  buvant  coup  sur  coup, 
«  Sans  voir  jamais  tourner  ma  tête, 
«t  Me  passer  du  vin  par  le  cou.  » 

Armand  Gonffé. 
Air  ancien,  noté  au  N.  733  de  la  Clé  du  Caveau. 


CADET  BITEIJX  AU  SPECTACLE  DES  CHIENS. 

1809. 
Air  :  J'arrive  à  pied  de  province. 

D'puis  qu'  sans  r'garder  aux  dépenses, 

L'ami  Désaugier 
M'a  régalé  d's  expériences 

D'  monsieur  z'Olivier, 
Sur  c'te  rivière,  où  j'  m'ennuie, 

J'  n'avons  goût  zà  rien; 

t.  n.  —  62 


402 


CHANSONS    POPULAIRES, 


Mais  j'ons  pour  la  comédie 
Un'  rage...  de  chien. 

Moyennant  vingt  sous  que  j'  compte 

Pour  entrer  partout, 
J'  vas  voir  Peau  d'an  qu'est  zun  conte 

A  dormir  debout  : 
J'  lrou\'  ça  beau...  mais  v'Ià  z'in  crâne 

Qui  dit  qu'  ça  n'  vaut  rien  ; 
J'  vous  l'empogne...  et  pour  un  âne 

V'Ià  zun'  qu'rell'  de  chien. 

Là  zousque  d's  incomparables 

F'saient  des  sauts  fameux. 
J'apprends  qu'  des  chiens  véritables 

Font  des  sauts  comme  eux  ; 
Aussitôt  v'Ià  que  j'  délaie, 

Et  je  m'  press'  si  bien, 
Qu'  quand  j'arrivai  dans  la  salle, 

Gn'avait  pas  un  chien. 

J*  suis  tun  homm'pour  qui  V  beau  sexe 

Eut  toujours  d's  appas, 
Et  j'  demand',  parc'  que  ça  m'  vexe, 

Pourquoi  gn'en  a  pas  : 
C'est  qu'  par  ordre  on  r'çoit  les  filles, 

M'  dit  zun  homm'de  bien, 
Tout  d'  mèm'  que  dans  un  jeu  d'  quilles 

On  vous  r'çoit  zun  chien. 

Du  paillasse  sur  la  corde 

Quand  1'  public  a  ri, 
V'Ià  L'orchestre  qui  s'accorde  ; 

Queu  charivari  ! 
En  musiqu  je  n'  crois  point  zètre 

Grand  rhétoricien  ; 
Maisj' jug'  ça,  sans  m'y  connaître, 

D' la  musiqu'  de  chien. 

Il  est  bon  que  j'  vous  prévienne, 

Nous  dit  1'  directeur, 
Qu'il  faut  moi-mèm1  pour  qu'il  vienne 

Que  j' siffl'  chaqu'  acteur  ; 
c.'te  mod'-là  n'est  pas  nouvelle, 

Et  -n  a  des  chrétiens 
Qu'au  grand  théâtre  nn  appelle 

c.ouim'  j'appell'  mes  chii 


L'jeun'  premier,  qu'a  la  queu'  basse. 

Pleure  son  objet; 
Mais  le  v'Ià  qui  flair'  la  trace 

D'ia  bell'  qu'il  cherchait  :        g 
Gn'a  d's  amoureux  dans  des  pièces 

Que  j'  connaissons  bien, 
Qui  n'ont  pas  près  d'  leux  maîtresses 

Tant  d'esprit  que  c'  cbien. 

J' vois  arriver  d'un  air  trisse 

Un  chien  zen  vieillard, 
Et  j'  crois  r'connaître  un  artisse 

Qu'  j'avons  vu  queuqu'  part: 
Est-c'  ma  bête? C'est-i'  possibel 

Le  croiriez-vous  bien  ? 
V'là-t-i'  pas  qu'  dans  1'  pèr'  sensibe 

Je  r'connais  mon  chien  ! 

Là  d'ssus  j'interromps  Y  pestacle, 

J'étais  comme  un  fou; 
J'  monte  en  scène,  et  sans  obstacle 

Mon  cbien  m' saute  au  cou  : 
G'te  pauvr'  bête,  qui  m'adore, 

Me  caress'  si  bien, 
Qu'on  aurait  cru  voir  encore 

Saint  Hoch  et  son  cbien. 

Vous  qu'èt's  amis  d' la  justice, 

Voyez  ça  zune  fois, 
D'  peur  que  1'  directeur  n'  finisse 

Par  èlre  aux  abois  : 
Et  mieux  que  le  pus  gros  livre 

Ça  vous  prouv'ra  bien 
Qu'à  Paris  on  a  pour  vivre 

Des  r'ssources  de  chien. 

M  or eau. 

La  musique,  de  Joseph  Vimeux,  se  trouve  noti  a 
au  N.  249de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  CHIEN   FIDELE. 

Ai  h  :  T'en  souviens-tu  .' 

La  nuit  descend,  le  laboureur  tranquille 
Pour  le  hameau  délaisse  les  guérets . 


CHANSONNETTES. 


403 


Viens,  mon  ami ,  viens  loin  de  celte  \ille  ,  J 

Guider  mes  pas  à  l'ombre  des  forêts  ; 

Là ,  sur  un  lit ,  au  monde  inaccessible  , 

D'un  doux  sommeil  attendons  les  bienfaits; 

Mais  si  tu  veux 

Mon  pauvre  chien,  nemequilteji 


c  que  je  sois  plus  paisible,  |  /^ 
iien,neniequiltejamais.  \ 


Lorsque  le  sort  de  fleurs  parait  ma  tête  , 
Tous  les  mortels  me  flattaient  comme  toi, 
Et  quand  je  fus  en  butte"à  la  tempête  , 
Tu  fus  le  seul  qui  restas  avec  moi. 
De  vifs  motifs  m'enflamment  pour  ton  zèle, 
De  l'eau,  du  pain,  voilà  quels  sont  nos  mets  . 
Plusje  suis  pauvre,  et  plus  tum'es fidèle. 
Mon  pauvre  chien,  ne  me  quitte  jamais. 

Tu  m'as  suivi  dans  les  champs  de  bataille  ; 
Depuis,  hélas  !  devenant  mon  soutien, 
Malgré  le  feu,  le  bronze  et  la  mitraille, 
Tu  me  voyais,  tu  ne  redoutais  rien. 
A  l'amitié  quand  des  frères  parjures 
Sous  leurs  chevaux  me  foulaient  sans  regrets, 
Tu  restais  là  pour  lécher  mes  blessures. 
Mon  pauvre  chien  ,  ne  me  quitte  jamais. 

Si  des  grandeurs  on  te  fait  la  peinture, 
Rappelle-toi  les  maux  que  j'ai  soufferts; 
Songe  surtout  qu'une  riche  dorure 
N'enlève  pas  la  pesanteur  des  fers  : 
Un  ravisseur,  hélas I  voilà  peut-être 
Ce  qui  t'attend  dans  un  brillant  palais. 
Moi  je  suis  plus  ton  ami  que  ton  maître, 
Mon  pauvre  chien,  ne  me  quitte  jamais. 

Il  faut  aimer,  telle  est  la  loi  suprême, 
Sans  quoi  la  vie ,  hélas  !  n'est  presque  rien  ; 
Il  faut  aimer,  mais  il  faut  qu'on  nous  aime  , 
Aux  malheureux  cela  fait  tant  de  bien  ! 
J'éprouve  encor- cette  flamme  mortelle, 
Mais  je  suis  pauvre,  aveugle  désormais, 
Qui  m'aimera  si  tu  m'es  infidèle? 
Mon  pauvre  chien,  ne  me  quitte  jamais. 

Paroles  d'un  anonyme. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N.  904 
delà  Clé  du  Caveau . 


JEAN-JEAN    ROMANTIQUE. 

1833. 

Tout'  la  journée  au  régiment, 

Moi,  je  soutiens  le  romantique; 

Et  d'  m'y  connaître  joliment, 

Quoique  Jean-Jean,  un  peu  qu'on  s'  pique! 

Quand  que  je  n'  suis  pas  de  faction, 

Dam  j'iis  dans  la  littérature  ; 

G'n'est  pas  qu'  j'aiben  d' l'ambition ,  I  ^is^ 

Mais  on  peut  un  jour  fair'  figure.  I 
-Oh!  ah!  dis  donc,  Jean-Jean,  quelle  drôle  de  chose! 
Oh!  ah!  que  veux-tu  dir'  par  tout  cela  ? 

Dans  un'  vapeur  de  volupté, 
Lorsque  près  de  toi  je  me  berne, 
Ah  !  quell'  dure  formalité 
De  s'  transvaser  à  la  caserne  ! 
Va ,  que  le  classique  tambour, 
De  son  son  lugubre  et  sonore  , 
Porte  d'angoiss's  à  mon  amour  ,     1  „  .$  . 
Quand  il  faut  te  quitter  encore.      ) 
-Oh!  ah!  je  sais  qu'c'est  un'  bien  triste  chose  ! 
Oh  !  ah  !  il  faut  pourtant  qu'  tu  passes  par  la 

Quand  je  viens  t'faire  mes  adieux, 
A  Dieu  ne  plais'  que  je  t'embrasse  î 
Car  embrasser  c'est  être  heureux , 
Heureux  !  ce  mot  est  dans  l'espace 
L'espac'  fixe  mon  jugement, 
Mon  jugement  est  dans  le  vague!  !! 
— Qu'est-c'  que  tu  dis  donc  là,  Jeau-Jean? 
—  N'entends-tu  pas  que  je  dis  :  vague! 
-Oh  !  ah I  vraiment  que  de  sublimes  choses 
Oh  !  ah  !  t'es  t'heureux  de  savoir  tout  ça  ! 


(bis.; 


Ton  teint,  ton  air,  tes  dents,  tes  traits, 
Ton  cœur,  ton  ton,  ton  doux  langage, 
Et  tout  ton  tout  a  des  attraits, 
Qui  tenteraient  un  cœur  sauvage  ; 
Mollement  assis  à  tes  pieds , 
Mes  bras  enlacent  ta  ceinture 
Manon,  c'est  un  des  contrepieds     },,  .   . 
De  deux  cœurs  en  déconfiture.        j 
-Oh!  ah!  qu'c'est  doux  d' s'entend1  dir'  d'jolies  choses! 
Oh  !  ah!  vrai ,  je  n'tai  jamais  vu  comme  ça. 


404 


CHANSONS  °OPULA    RK  % 


J'hais  tous  les  homm's  et  les  soldats, 
J'hais  1'  service  qu'on  nous  fait  faire, 
J'hais  les  navets  et  tous  les  plats 
Qu'on  nous  sert  pour  notre  ordinaire. 
Mais  j'aim'  Manon,  j'aim'  son  minois, 
Et  l' jour  de  prêt  qui  me  remplume, 
J' m'aime,  car  maintenant  je  vois  1  .  . 
Quej'suis  un  fameux  homm' de  plume,  j^  1S'' 
—  Oh!  ah  !  son  savoir  vraiment  m'en  impose  , 
Oh!  ah!  qu'c'est  heureux d'ètr'  savant  comm'  ça 

Edouard  Ciraugcr. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  trouve, 
à  Paris,  chez  M.  Heugel,  édit.,2  bis,  rue  Vi  vienne. 


PETIT  A  PETIT  L'OISEAU  FAIT  SON  NID 

1844. 
Air  :  C'est  le  gros  Thomas. 

«  Enfants,  vous  riez 
Du  manège  de  l'hirondelle... 

Pas  de  bruit!  Voyez 
Ce  qu'elle  rapporte  (quel  zèle  !) 
A  chaque  patte,  au  bec... 
Elle  va  vient  avec...  » 
Ce  sont  des  brins  de  paille  et  d'herbe.  — 
Qui  deviendront  palais  superbe  I 

Petit  h  petit, 

L'oiseau  fait  son  nid. 

Fillette  à  douze  ans 
Est  encor  timide,  novice  : 

Puis,  appas  charmants 
Se  montrent,  lors  vient  la  malice; 
Quand  la  rose  revêt 
Doux  et  léger  duvet, 
En  cachant  le  bout  de  ses  ailes  , 
L'amour  sait  plaire  aux  demoiselles... 

Petit  à  petit 

L'oiseau  fait  son  nid. 

N'avant  pour  moteur 
Que  son  ardeur  présomptueuse, 


Certain  jeune  auteur 
Suivait  sa  route  tortueuse; 
Après  mur  examen, 
Il  prend  le  bon  chemin, 
Et  laisse  bien  loin  en  arrière 
Ceux  qui  lui  fermaient  la  carrière... 
Petit  à  petit, 
L'oiseau  fait  son  nid. 

Jadis  ignorant , 
Le  peuple  était  bête  de  somme  ; 

Mais  devenu  grand 
Il  s'aperçut  qu'il  était  homme... 

Aussi  l'égalité 

Est  une  vérité 
Que,  désormais,  malgré  le  maître, 
La  loi  ne  peut  plus  méconnaître. 

Petit  à  petit , 

L'oiseau  fait  son  nid. 

Avoir  mal  acquis, 
C'est  un  fait,  jamais  ne  profite  : 

Parchemins  vieillis 

Ne  détrônent  plus  le  mérite  : 

Vous  voulez  parvenir? 

Eh  bien  !  sachez  unir 

Aux  trésors  de  l'intelligence 

Le  travail  et  la  conscience! 

Petit  à  petit 

L'oiseau  fait  son  nid. 

Le  bonheur  pour  tous 
N'est  point  une  vaine  chimère; 

Berce,  berce-nous , 
Chère  espérance,  notre  mère  ! 
Paris,  ce  beau  séjour... 
N'est  pas  l'œuvre  d'un  jour... 
Ayez  un  peu  de  patience, 
Confiez- vous  à  la  science. 

Petit  à  petit 

L'oiseau  fait  son  nid. 

Des  fleuves  fameux 
In  ûlel  d'eau  simple  est  la  source; 

Noua  naissons  comme  eux 
pour  une  utile  el  noble  courte! 


CIIANSONNK  i  1  ES. 


40; 


Tout,  nécessairement , 
Veut  un  commencement  : 
Puisque  Dieu  ,  la  cause  des  causes , 
Mit  six  jours  à  créer  les  choses... 
Petit  à  petit 
L'oiseau  l'ait  son  nid. 

Emile  Tarin. 

La   musique,  de  Gillier,  se  trouve  notée   au 
N.  i>2  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  GAMIN  DE  PARIS. 

1844. 

Air  :  II  était  un  p'lit  homme. 

L'  matin  à  l'exercice 

J'  précèd',  marchant  au  pas, 

Les  soldats. 
Au  r'tour,  encor  d'  service, 
Moi,  j'escorte  toujours 
Les  tambours  , 
Qui  n'  battraient  pas,  1'  soir, 
La  r'traite  sans  me  r'voir  : 
A  c'  métier  j'  m'aguerris. 
J'  suis  un  gamin  {ter)  d'  Paris. 

J'  sais  m'  bûcher  par  principes, 
J'  suis  bâtonist',  jongleur, 

.\mateur. 
J'  culott'  très  bien  les  pipes, 
Et  j'  lamp'  au  cabaret 
Le  suret, 

L  trois-six  égal'ment  ; 

i'  chahutC  joliment, 
J'  chant'  comm'  les  colibris. 
J'  suis  un  gamin  (ter)  d'  Paris. 

J'  nag'  comme  une  limande, 
J'  gliss'  comme  un  patineur, 

J'  suis  farceur. 
Toute  esclaudr'  m'aifriande 


Et  j'aim'  du  carnaval 
L'  baccbanal. 

Les  chie-en-lits,  ma  foi 

Ont  affaire  à  moi  : 
J'  blague  et  j'  les  ahuris. 
J'suis  un  gamin  (ter)  d'  Paris. 

L'hiver  j'  tripot'  la  neige, 
Si  j'ai  l'onglée  aux  doigts  ; 

Mais  quelqu'fois, 
Mon  étoile  m'  protège  ; 
Et  d'un  tas  d'  paill'  jeté 

De  côté, 
J'  fais  un  immens'  feu 
Qui  raviv',  morbleu, 
Mes  membr's  endoloris. 
J'  suis  un  gamin  (ter)  d'  Paris. 

Qu'une  averse  subite 
Vienn'  vexer  les  flâneurs, 

Les  prom'neurs, 
J'  m'empar'  des  fiacr'stout  d'  suite, 
Pour  chaqu'  piéton  cossu 

J'  suis  1'  bien  v'nu.. 
Et  j'  palp'  les  argents 
Des  brav's  et  bonn's  gens, 
Que  l'orage  a  surpris. 
i'  suis  un  gamin  (ter)  d'  Paris. 

Partout  d'un'  main  aisée, 
J'  trace  au  charbon  un  nom, 

Propre  ou  non. 
J'  fais  d'  la  rue  un  musée. 
Qui  n'est  pas  des  meilleurs 
Pour  les  mœurs  ; 

Et  les  murs  choisis 

Pour  j'ter  mes  croquis, 
Sont  frais  peints,  frais  crépis. 
J'  suis  un  gamin  (ter)  d'  Pari-. 

Aux  théàtr's  on  m'  remarqu*1. 
Aux  grands  comme  aux  pelil> 

J'entr'  gratis  ; 
Chaqu'  fois  qu'un'  contremarque 
Qu'  j'attrape  et  dont  j'  fais  cas 

N'  se  vend  pas. 


406 


CHANSONS    POIH'I  AIRES. 


Alors,  tout  héTment, 
J'  gobe  un  dénoûmenl  : 

C'est  toujours  autant  ù"  pris. 

J'  suis  un  gamin  (ter)  à"  Paris. 

Pour  faire  d'  l'étalage 

J'  prends,  quand  j'ai  du  quibus. 
L'omnibus  ; 

J'  me  carre  en  équipage, 

Gastronome  ambulant. 
En  m'  prom'nant. 
Moi.  qu'ai  toujours  faim, 
J'  mange  un  sou  de  pain, 

Et  six  blancs  d'  goujons  frits. 

J'  suis  un  gamin  (ter)  d'  Paris. 

Dans  mainte  fête  publique 
Aux  mâts  d'  Coeagn'  j'ai  pris. 

Bien  des  prix. 
Du  roi,  d'  la  République, 
N'import'  quoi...  j'ai  porté 
La  santé. 

Et  d'  nuit,  au  hasard, 

En  lançant  V  pétard, 
J'ai  fait  pousser  d'  beaux  cris. 
J'  suis  un  gamin  (ter)  d'  Paris. 

En  plein  vent,  la  roulette 
M'entretient  de  bonbons, 

D'  macarons. 
Au  tir  de  l'arbalette, 
Sapristi!  faut  me  voir 
Piquer  1'  noir  : 

Fort  à  tous  lesjeux, 

J'  couvre  les  enjeux, 
Et  j'  gagne  mes  paris. 
J'  suis  un  gamin  (ter)  d'  Paris. 

J'ai  longtemps  joué  zau\  billes, 
Je  m'  fais  homme  à  présent 

Kt  d'viens  galant. 
J' joue  avec  les  jeunes  filles, 
J'ai  r'çu  d'  fameus's  li 
D'  bons  garçons, 
Bambocheura.  noeenre, 
Et  d'  ces  professeurs 


J'enseigne  c'  que  j'appris. 

J'  suis  un  gamin  [ter]  d'  Paris. 

Qu'une  émeute  s'  prépare, 
J'  vois  s'enfermer  chez  eux 

Les  peureux. 
Lorsque  vient  la  bagarre 
J'  suis  toujours  au  milieu 
Sacrebleu  ! 

Pourquoi?  j'  n'en  sais  rien. 

J'  cogne  en  faubourien. 
Si  j'  suis  pincé...  j'  m'en...  ris. 
J'  suis  un  gamin  (ter)  d'  Pari?. 

P.-J.  C'harrin 

Air  ancien,  noté  au  N.  561  de   la  Clé  du  Caveau. 


LES  PONTS  DE  PARIS. 

1809. 

Air  :  J'arrive  à  jied  de  province 

Quand  chaque  jour  notre  ville 

S'embellit  partout , 
Il  serait  trop  difficile 

De  parler  de  tout. 
Froid  censeur,  si  lu  condamnes 

Mes  ponts  en  projet . 
C'est  pour  moi  le  pont  Aux-Anes 

Qu'un  pareil  sujet. 

Un  matin  je  me  promène  , 

Rimant  bien  ou  mal; 
Je  suis  le  cours  de  la  Seine 

Devant  l'Arsenal  : 
Un  pont  me  frappe ,  et  je  gage 

Qu'il  en  vaut  bien  dix; 
Car  on  consacre  au  courage 

Le  pont  d'Austerlitz. 

Le  pont  Marie  à  ma  belle 

Offre  des  appa-  . 
Et  le  pont  de  la  Tniirnelle 

Plaît  aux  magistrats. 


CHANSONNETTES. 


407 


Pont  de  la  Cité  réclame 

Pour  ses  agréments; 
D'autres  ponts  à  Notre-Dame 

Mènent  les  mamans. 

Quand  souvent  l'Amour  dérange 

L'Hymen  dans  ses  goûts  , 
Renvoyons  au  pont  Au-Change 

Les  maris  jaloux. 
Le  pont  d'un  saint  respectable 

Craignant  les  saisons: 
Mais  saint  .Michel  donne  au  diable 

Ses  vieilles  maisons. 

De  passagers  à  la  file 

Tout  plein  comme  un  œuf, 
Vrai  rendez-vous  de  la  ville. 

Voyez  le  pont  Neuf  : 
Neuf  n'es!  pas  trop  l'épithète 

De  ses  deux  moitiés  ; 
Mais  comme  lui  je  souhaite 

Que  vous  vous  portiez' 

A  ses  côtés  sur  la  Seine 

Est  son  substitut  : 
C'est  le  pont  des  Arts  qui  mène 

Droit  à  l'Institut. 
Le  pont  Royal  brille  encore 

Par  son  long  sillon. 
Et  sur  lui  préside  Flore 

Dans  son  pavillon. 

Salut,  jardin,  parc  immense, 

Palais  révéré , 
Du  bienfaiteur  de  la  France 

Asile  sacré  ! 
D'avoir  chassé  la  discorde 

Il  a  le  renom  : 
Or.  le  pont  de  la  Concorde 

Doit  garder  ce  nom. 

Près  d'un  temple  qu'on  honore 

Un  pont  sort  d<>  eaux  , 
Qui  doit  rappeler  encore 

Les  faits  du  héros. 


Dans  tout  Paris  pour  sa  gloire 

Clio  burina  ; 
Austerlitz  peint  son  histoire 

Jusqu'au  pont  d'Iéna. 

De  ponts  en  ponts  mon  voyage 

Est  fait,  Dieu  merci! 
Mais,  amis,  ce  faible  ouvrage 

A-t-il  réussi? 
Si  vous  me  jugez  poète 

Digne  des  Lapons, 
Envoyez  ma  chansonnette 

Par-delà  les  ponts... 

Dacray-Ouminil. 

La  musique,  de  Joseph  Vimeux,  se  trouve  notée 
au  N.  249  de  la  Clé  du  Caveau. 


PLUS  ON  MONTE  ET  PLUS  ON  DESCEND. 
1847. 

Air  du  Cabaret  des  trois  Lurons. 

Il  est  prouvé  par  la  science, 

Bien  qu'on  ait  pu  le  cou 

Qu'un  bon  tiers  de  notre  existence 

Se  passe  à  descendre  et  monter. 

A  cette  maxime  profonde 

J'oppose  un  dilemme  puissant,  (bis.) 

C'est  que  bien  souvent  en  ce  monde  | 

Plus  on  monte  et  plus  on  descend,  i  ljiS'' 

Les  maisons  de  la  capitale 
En  sont  un  exemple  fécond, 
Au  premier,  l'opulent  s'installe, 
L'employé  demeure  au  second. 
Au-dessus  l'ouvrier  hasarde 
Son  ménage  simple  et  décent. 
Le  pauvre  habite  la  mansarde, 
Plus  on  monte  et  plus  on  descend. 

Faut-il  enlever  un  village, 
Ou  prendre  une  ville  d'assaut, 


408 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Un  chef  s'écrie  :  Enfants,  courage, 
Moulez,  la  victoire  est  là-haut. 
Le  rempart  d'une  citadelle 
Pour  lui  peut  être  intéressant, 
Mais  je  soutiens  qu'à  son  échelle, 
Plus  on  monte  et  plus  on  descend. 

Je  fus  galant  dans  ma  jeunesse, 
Mis  traits  maigris  en  sont  témoins, 
A  chaque  nouvelle  maîtresse. 
Je  pesais  deux  livres  de  moins  : 
Si  la  tendresse  et  la  folie 
M'ont  laissé  presque  agonisant, 
C'est  que  près  de  femme  jolie 
Plus  on  monte  et  plus  on  descend. 

A  mes  tableaux,  messieurs,  il  manque 

Un  mât  de  Cocagne  fameux, 

Son  sommet  de  billets  de  banque 

Lui  vaut  des  amateurs  nombreux  ; 

La  corruption  les  excite, 

Puis  du  haut  du  chemin  glissant, 

Le  déshonneur  les  précipite. 

Plus  on  monte  et  plus  on  descend. 

Notre  existence,  assez  bouffonne, 
Est  une  montagne  à  gravir, 
On  se  bouscule,  on  se  cramponne, 
Au  but  on  bout  de  parvenir. 
Vainement  la  raison  nous  crie  : 
Qu'espérez-vous  en  vous  pressant 
Sur  la  colline  de  la  vie, 
Plus  on  monte  et  plus  on  descend. 

Charles  Coliuaucc. 

La  musique,  de  Morisset,  se  trouve,  à  Paris,  chez 
L.  "Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre-Dame-de-Naza- 
*elh. 


LE  SABRE, 


1838. 


Mat  qu'une  heureuse  irève 
Ramenait  sous  le  loîl  natal, 


Disait  en  suspendant  son  glaive 
Sous  le  portrait  de  son  vieux  général  : 
«  Us  ne  sont  plus  ces  temps  où  la  victoire, 
Par  ton  secours,  vint  illustrer  mon  bras  ; 
Puisque  la  paix  met  un  terme  à  ta  gloire. 
Repose-loi,  mais  ne  le  rouille  pas.»  {bis> 

«  Un  jour,  près  de  l'humble  chaumière, 
Où  j'atteignis  quinze  printemps, 
Voyant  flotter  notre  bannière, 
Les  feux  de  Mars  embrasèrent  mes  sens 
Fier  des  héros  dont  s'honore  la  France, 
J'avais  juré  de  marcher  sur  leurs  pas  ; 
Puisque  le  sort  trahit  mon  espérance, 
Repose-toi,  mais  ne  te  rouille  pas.  » 

«  Dans  ces  déserts  où  gît  la  cendre 
Des  preux  qu'ont  suivis  nos  regrets, 
Aux  Tartares  tu  sus  apprendre 
Ce  que  pesait  le  ^abre  d'un  Français. 
Tu  végétas  sur  les  bords  de  la  Loire, 
Mais  puisqu'enfin  les  vents  et  les  frimas 
Ont  respecté  ton  éclat  et  ma  gloire 
Repose-loi,  mais  ne  le  rouille  pas.  » 

«  Tu  fis  assez  pour  la  patrie, 
Tu  sus  émousser  dans  ma  main 
Et  le  poignard  de  l'Ibérie, 
Et  le  stylet  du  perfide  Romain  ;   . 
Tu  sus  braver  le  glaive  d'Angleterre, 
Tu  sus  encore,  en  de  lointains  climats, 
Du  Musulman  briser  le  cimeterre; 
Repose-loi,  mais  ne  te  rouille  pas.  » 

«  Mon  nom  fut  exempt  d'infamie  ; 

Je  t'employai  pour  défendre  nus  droits, 

Au  sein  d'une  ligue  ennemie, 
Tu  n'as  jamais  servi  l'orgueil  des  rois. 
Du  temps  jaloux  lu  peux  braver  l'injure, 
Exempt  de  crime,  exempt  d'assassinats, 
De  sang  français  ta  laine  est  encor  pure, 
Repose-toi,  mais  ne  te  rouille  pas.  » 

l.milr   lIclH-riim. 


.  —  Imprimerie  de Pillrt  fils  atné,  me  des  Crandt-Aogasllns,  •  >. 


UNE   FÊTE    PUBLIQUE. 

1825. 

Air  de  Paris  à  cinq  heures  du  matin. 

Ou  :  Contredanse  de  la  rosière. 

Le  tambour  rappelle  ; 
La  crotte  rebelle 
S'enfuit  sous  la  pelle; 
L'aube  à  peine  a  lui, 
Que  le  commissaire 
Prend  Sun  air  sévère 
Et  sort  en  colère... 
C'est  fête  aujourd'hui  ! 

Par  lui  toisée, 

Chaque  croisée 

Est  pavoisée... 
Heureux  citadins! 

Les  fleurs  se  tressent, 

Les  ais  se  dressent; 

b-s  fous  s'empressent 
D'emplir  les  gradins. 

Plus  loin  l'on  assure 
La  frêle  structure 
D'un  temple  en  verdure, 
Ou,  sous  les  an-eaux 
I)u  lierre  qui  rampe, 
Sans  malice,  ou  campe 
L'Honneur  en  détrempe, 
La  Gloire  en  or  faux. 

In  lord,  pour  être 

A  la  fenêtre, 

Par  un  vieux  reître 
Est  fait  d'amitié  ; 

Lorsque  Perrette, 

De  sa  chambrette, 

A  Julien  prête 
Gratis  la  moitié. 

Au  bronze  qui  tonne, 
Le  bruit  monotone 
Des  cloches  qu'on  sonne 
Répond  en  écho; 

121 


Et,  dans  l'intermède, 
Des  marchands  d'eau  tiède 
La  voix  se  succède  : 
«  Voilà  le  coco  !  » 

L'ennui  s'abrège, 

Et  le  cortège, 

Qu'au  loin  protège 
Un  brillant  rempart, 

Au  pas  s'avance; 

Un  peuple  immence 

Roule,  s'élance, 
Court  de  toute  part. 

On  grimpe,  on  s'entasse; 
Enfin  le  roi  passe. 
Salue  avec  grâce; 
Au  joyeux  Henri 
On  croit  rendre  hommage; 
Mais  l'œil  (quel  dommage') 
Près  de  son  image 
Cherche  en  vain  Sully .' 

La  foule  accrue 

Par  chaque  rue 

Déjà  reflue 
Et  reprend  l'essor  : 

Le  malin  preste 

Quitte  sa  veste, 

Et  d'un  pas  leste 
Va  tenter  le  sort. 

Au  mât  de  Cocagne, 
L'un  fait  Charlemagne... 
Et  du  prix  qu'il  gagne, 
Bientôt  mis  en  plan, 
Mon  nigaud  augmente 
L'appât  dont  le  tente 
L'escroc  sans  patente 
D'un  creps  ambulant. 

Sur  la  rivière 
Une  carrière 
Peu  meurtrière 
S'ouvre  au  plus  adroit: 

t.  h.  —  UJ 


•  lu 


CHANSONS  POPULAIRES. 


Vingt  preux  s'allongent, 
Tombent,  s'épongent, 
Plongent,  replongent; 
Un  seul  reste  droit. 

Ailleurs  brille  un  Gille, 
Qui,  disciple  agile 
D'un  siècle  fertile 
En  sauteurs  fameux, 
Croit  être  de  force, 
Attrape  une  entorse... 
Mais  en  vain  s'efforce 
De  sauter  comme  eux. 

On  va  se  battre 

Près  d'un  théâtre 

Où  d'Henri  Quatre 
Je  vois  l'amitié, 

Les  mots  sublimes 

Qu'en  panlumimes 

Trois  anonymes 
Ont  mis  sans  pitié  !... 

Bon  Dieu  !  quel  vacarme  ! 
Que  vois-je?  un  gendarme 
Du  bout  de  son  arme 
Lance  un  saucisson  : 
Le  gamin  se  foule, 
L'ivrogne  se  roule, 
El  du  vin  qui  coule 
Remplit  uu  tesson. 

Hideuse  lice 

Où  la  police, 

Leurrant  le  vice 
D'un  impur  régal, 

Vrai  trouble -fêtes, 

Semble  à  des  bêtes 

Jeter  les  miettes 
Du  banquet  royal  I... 

Partout  on  allume, 
Le  lampion  fume, 
Le  gaz  se  consume; 
Mais  au  premier  rang, 
En  gros  caracti  re, 
Le  /'le  sincère 


Du  fonctionnaire 
Brille  en  transparent. 

Là,  maint  Jocrisse 

Pour  l'artifice 

Déjà  se  hisse  ; 
Ici,  du  Marais 

Un  indigène, 

Tout  hors  d'haleine, 

Pousse  et  se  gêne 
Pour  voir  de  plus  près. 

Atteint  d'une  bombe. 
Son  chapeau  qui  tombe 
Vainement  succombe; 
Plus  content  qu'un  Dieu, 
Notre  pauvre  sire, 
Grillé,  se  retire, 
Fier  de  pouvoir  dire 
Qu'il  a  vu  le  feu. 

L'un  dans  la  presse 

Perd  sa  Lucrèce, 

Qu'un  galant  presse 
D'accepter  sa  main  ; 

Mais,  sous  l'ombrage, 

Le  mari  sage, 

Qui  sait  l'usage, 
Poursuit  son  chemin. 

Au  sein  de  la  foule 
Qui  par  flots  s'écoule, 
Doucement  se  coule 
Un  gros  de  filoux... 
Riche,  qu'on  accroche, 
Veille  sur  ta  poche  ! 
Tendron,  qu'on  approche, 
Défends  tes  bijoux  I 

Foui'  fâcheuse  ! 
Trois  fois  heureuse 
La  curieuse 
Qui  du  hnurvari 
Vile  B6  suive, 

El,  saii t  sauve, 

Rej i  l'alcôve 

QÙ  dorl  son  mari' 


CHANSONNETTES. 


411 


A  chaque  instant  l'ombre 
Redescend  plus  sombre; 
En  courses  sans  nombre 
Un  jour  s'est  usé  : 
Au  bruit  qui  l'achève. 
Le  sommeil  fait  trêve, 
Et  le  badaud  rêve 
Qu'il  s'est  amusé. 

■lit ci  ni lu>  I-eclère. 

Air  d'une  contredanse  notée  au  N.  1335  de  la  Clé 
du  Caveau. 


ROULE  TA  BOSSE. 

1816. 
Air  :  Son  voyage,  cher  Dumollel. 

Roui'  ta  bosse , 

Petit  luron, 
Et  ris  toujours  à  pied  comme  en  carrosse; 

Roui'  ta  bosse , 

Petit  luron  , 
Sois  toujoursgai, toujours  franc,  toujours  rond. 

Petit  bossu,  retiens  bien  c'  que  ton  père 
Chantait  souvent,  en  t'  berçant  dans  ses  bras  : 
«  Veux-tu,  mon  fils,  avoir  un  sort  prospère, 
«  Veux-tu  d'venir  bien  portant  et  bien  gras? 
«  Roui  ta  bosse,  etc.  » 

Te  plaindr'  du  sort  serait  une  folie  , 
Ta  boss'  n'est  pas  un  si  triste  cadeau  ; 
Pourquoi  t'  fâcher?  dans  celte  courte  vie 
Chacun  de  nous  n'a-t-il  pas  son  fardeau? 
Roui'  ta  bosse,  etc. 

En  fait  d'esprit,  qu'  n'as-tu  celui  d'Ésope, 
Qu'on  admirait  à  la  ville,  à  la  cour! 
T'en  revendrais,  sous  ta  difforme  env'loppe 
A  plus  d'un  nain  qui  s'  croit  1'  géant  du  jour. 
Roui'  ta  bosse,  etc. 

Pour  être  heureux,  jamais  dans  ta  carrière 
Ne  prêt'  l'oreille  aux  cancans  des  badauds, 


Ne  dis  point  d'  mal  des  autres  par  derrière, 
Tes  quolibets  te  r'tomb'raient  sur  le  dos. 
Roui'  ta  bosse,  etc. 

De  tes  amis  soulage  la  détresse , 
A  les  servir  en  tout  temps  sois  dispos, 
Si  tu  parviens  au  faîte  d'  la  richesse, 
D'vant  les  petits  ne  fais  pas  le  gros  dos. 
Roui'  ta  bosse,  etc. 

N'  te  mari'  point,  tu  n'  s'rais  pas  à  la  noce, 
Pour  toi  l'hymen  serait  un  lien  fatal , 
Tu  sentirais  chaque  jour  une  bosse 
Qui  s'élèv'rait  sur  ton  front  conjugal. 
Roui'  ta  bosse,  etc. 

Si  tu  t'mari's,  prends  pour  épous'  fidèle 
Un'  jeun'  bossue  au  minois  agaçant , 
Vous  frez  ensemble  un  p'tit  polichinelle 
Qui,  comme  toi,  chantera  z'en  naissant  : 
Roui'  ta  bosse,  etc. 

Rencontres-tu  z'une  jeune  bergère 
A  l'œil  fripon,  au  nez  toujours  au  vent; 
Pour  la  toucher,  dis  :  «  J'  suis  bossu  derrière, 
«Maisjvousl'  voyez,  je  suis  droit  par  devant.» 
Roui'  ta  bosse,  etc. 

Quand  tu  vas  voir  queuq'  farce  de  Molière, 
Tu  t'amus's  mieux  qu'un  banquier  ben  cossu, 
Et  j'entends  direauxlog's  comme  au  parterre: 
«  J'ai  ri,  ce  soir,  j'ai  ri  comme  un  bossu.  » 
Roui'  ta  bosse,  etc. 

T'es  un  luron  qui  n'  boude  point  à  table, 
Tu  mang's  de  tout,  sans  jamais  hésiter, 
Lorsqu'on  te  sert  un  repas  délectable, 
Tu  f  fais  au  ventre  un'  boss'  qui  peut  compter. 
Roui'  ta  bosse  ,  etc. 

S'il  s'allumait  une  nouvelle  guerre, 
Sois  d'  ton  pays  l'appui  le  plus  fervent, 
Qu'  jamais l'enn'mi  n'  t'envisage  par  derrière. 
Un  bonFrançaiss'  montr' toujours  par  devant. 

Roui'  ta  bosse, 
Petit  luron  , 


i\± 


CHANSONS     POPLLA.fcfcS. 


El  ris  toujours  à  pied  comme  en  carrosse; 

Roui'  ta  bosse, 

Fetit  luron  , 
Sois  toujours  gai, toujours  franc, toujours  rond. 

Casimir  Ménestrler. 

La  musique,  de  Désaugiers,  se  trouve  notée  au 
N.  SC6  de  la  Clé  du  Caveau. 


CE   QU'ON    VOIT    BEAUCOUP 

ET   CE    QU'ON   NE    VOIT   GUÈRE. 

Air  :  Cest  ce  qu'on  ne  voit  guère. 

Chez  les  savants  l'insuffisance, 
Chez  les  chantres  l'intempérance, 
L'avidité  chez  les  traitants, 
C'est  ce  que  l'on  voit  en  tout  temps  : 
Le  scrupule  chez  les  notaires, 
Le  courage  chez  les  auteurs , 
La  mémoire  chez  les  seigneurs, 
C'est  ce  qu'on  ne  voit  guères. 

Qu'une  ville  que  l'on  veut  prendre 
Soit  encor  longtemps  à  se  rendre 
Lorsqu'on  est  maître  des  faubourgs, 
C'est  ce  que  l'on  voit  tous  les  jours  : 
Mais  que,  dans  l'île  de  Cythère, 
Un  fort  soit  longtemps  défendu 
Quand  le  moindre  poste  est  rendu, 
C'est  ce  qu'on  ne  voit  guère. 

Ce  qu'un  homme  franc  a  dans  l'âme, 
Ce  qu'un  jeune  amant  sent  de  flamme, 
Ce  qu'un  prodigue  a  de  comptant: 
C'est  ce  que  l'on  voit  dans  l'instant  : 
Ce  qu'un  politique  veut  faire  , 
Ce  qu'un  sournois  a  dans  l'humeur, 
Ce  qu'une  femme  a  dans  le  cœur, 
C'est  ce  qu'on  ne  voit  guère. 

Du  savoir  chez  les  ignorantes, 
De  l'esprit  chez  les  innocentes, 


Chez  les  Agnès  de  petits  tours, 
C'est  ce  que  l'on  voit  tous  les  jours  : 
Du  secret  chez  les  mousquetaires , 
De  la  pudeur  chez  un  abbé, 
Chez  les  pages  de  la  bonté  , 
C'est  ce  qu'on  ne  voit  guères. 

Les  regrets  avec  la  vieillesse , 
Les  erreurs  avec  la  jeunesse, 
La  folie  avec  les  amours , 
C'est  ce  que  l'on  voit  tous  les  jours  : 
L'enjoûment  avec  les  affaires, 
Les  grâces  avec  le  savoir, 
Le  plaisir  avec  le  devoir, 
C'est  ce  qu'on  ne  voit  guères. 

De  bons  nez  chez  les  parasites  , 
Des  yeux  doux  chez  les  hypocrites , 
Des  bras  longs  chez  les  gens  de  cour, 
C'est  ce  que  l'on  voit  chaque  jour  : 
Des  doigts  courts  chez  les  commissaires, 
Des  mains  gourdes  chez  les  sergents, 
Chez  les  clercs  de  mauvaises  dents, 
C'est  ce  qu'on  ne  voit  guères. 

Qu'un  objet  qui  danse  ou  qui  chante 
Fasse  une  figure  brillante 
Moyennant  un  certain  secours, 
C'est  ce  que  l'on  voit  tous  les  jours  : 
Mais  qu'en  ce  métier  l'on  prospère, 
Sans  vendre  fort  cher  à  quelqu'un 
Quelque  chose  de  très  commun , 
C'est  ce  qu'on  ne  voit  guère. 

Des  forgeurs  de  pièce  nouvelle , 
Des  gens  qui  s'usent  la  cervelle 
Pour  trouver  quelques  traits  pointus, 
C'est  ce  que  l'on  voil  tant  et  plus  : 
Au  Français  de  nouveaux  Molières, 
A  l'Opéra  du  vrai  Lulli , 
De  l'Almanzineen  ce  lieu-ci, 
C'est  ce  qu'on  ne  voit  guères. 

l'auaril. 

■  ■  rjoçi  l  jrw  i  ■  ii 


CHANSONNETTES. 


U3 


TIREZ  LA  BOBINETTE,  L\  CHEVILLETTE  CHERRA. 

1823. 
AIR  :  Amis,  le  cceur  d'unpire  ne  se  trompe  jamais,  etc. 

Vous,  qu'un  refrain  bachique 
Ne  sut  jamais  toucher, 
De  notre  toit  lyrique 
Gardez-vous  d'approcher! 
Mais  vous,  qu'à  la  goguette 
L'amitié  conduira, 
Tirez  la  bobinette , 
La  che villette  cherra. 


]  {bis.) 


Vous  que  suit  l'opulence, 
Vous  que  l'orgueil  conduit, 
Je  vous  préviens  d'avance 
D'éviter  mon  réduit. 
Vous  ,  à  qui  l'étiquette 
Comm?  à  moi  déplaira, 
Tirez  la  bobinette  ,  etc. 

Amants  ,  qui  voulez  plaire 
Sans  payer  de  tributs, 
Ne  frappez  pas  chez  Claire, 
Vous  seriez  mal  reçus. 
Pour  vous  ,  dont  la  cassette 
Au  besoin  s'ouvrira, 
Tirez  la  bobinette,  etc. 

Vous ,  qui  des  Excellences 
Censurez  les  budgets , 
Dans  l'antre  des  finances 
Vous  n'entrerez  jamais. 
Vous,  que  mainte  courbette 
Vers  ce  lieu  poussera, 
Tirez  la  bobinette  ,  etc. 

Faux  ami  qui ,  naguère, 
Loin  de  me  secourir, 
Riais  de  ma  misère , 
Je  ne  dois  plus  t'ouvrir; 
Toi,  dont  l'aide  secrète 
A  mes  besoins  para, 
Tire  la  bobinette,  etc. 

Pensant  à  l'aventure 
Du  Petit-Chaperon, 


Fillette,  crains  l'allure 
Du  malin  Cupidon  , 
Évite-le,  pauvrette, 
Ou  ton  cœur  lui  dira  : 
Tire  la  bobinette,  etc. 

Pasteur,  dont  l'œil  sévère 
N'inspire  que  l'effroi, 
A  mon  heure  dernière, 
Ne  frappez  pas  chez  moi; 
Mais  vous,  qu'à  ma  chambretle 
Fénelon  conduira, 
Tirez  la  bobinette, 
La  chevillette  cherra. 


(bis. 


Louis  Voitelalu. 


CHAUVIN  DEVENU  CAPORAL  ET  TÉMÉRAIRE. 

1836. 

Air  :   Y  à  coup  d' pied,  y  à  coup  d' poing. 

Chauvin,  t'as  un  air  ben  mutin  : 
Qu'ell'  mouch'  t'a  piqué  ce  matin'' 
Réponds  verbal'ment  et  sans  feinte. 
Esl-c'  que  tes  galons  d'  caporal 
Te  troublent  déjà  1'  cérébral? 

—  Sapeur,  halte-là! 
Assez  causé  comm'  ça  : 

Ne  m'échauffez  pas  la  coloquinte! 

Sapeur,  voilà  t'assez  longtemps 
Que  l'on  s'amuse  à  mes  dépens  , 
Sans  jamais  querelle  ni  plainte  ; 
Mais  j'  si's  au  bout  de  mon  rouleau... 

—  Ça  s'  peut,  tant  va  la  cruche  à  l'eau. 

—  Sapeur,  halte-là  ! 
Assez  causé  comm'  ça  : 

Ne  m'échauffez  pas  la  coloquinte  ! 

—  Veux-tu  payer  la  goutte?  —  Non  : 
Quand  je  vous  offrais  un  canon  , 
Vous  m' faisiez  toujours  payer  pinte. 

—  Un  conscrit,  Chauvin  ,  tu  1'  sais  bien  , 
Doit  politesse  à  son  ancien... 

—  Sapeur,  halte-là! 


414 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Assez  causé  comme  ça  : 
Ne  m'échauffez  pas  la  coloquinte! 

Cré  coquin!  j'  voudrais  l'nir  Y  cadet 
Qui  tir'  mon  physique  en  portrait 
Et  1'  malin  qui  m'  met  en  complainte! 
— S' fach'-t-on  d'un  portrait,  d'un'  chanson. 
Quand  on  est  hàti  d' la  façon? 

—  Sapeur,  halte-là  ! 
Assez  causé  coram'  ça  ; 

Ne  m'échauffez  pas  la  coloquinte! 

—  Le  sentiment  est  donc  exclus, 
Mon  vieux,  que  je  ne  te  vois  plus 
C'tejeuness'  qu'avait  l'air  d'un'  sainte? 

—  Saint'!  j'  m'en  méfiais  pas  assez... 

—  Chauvin,  t'es  dans  les  enfoncés! 

—  Sapeur,  halle-là, 
Assez  causé  comm'  ça  : 

Ne  m'échauffez  pas  la  coloquinte! 

Je  l'dis  un'  fois  et  pour  toujours . 

Les  ceux  qui  voudront  m'  fair'  des  tours, 

De  leur  sang  ma  lam'  sera  teinte. 

—  Crois-tu  qu'  ton  coup'chou  leur  f  ra  peur 
Plus  que  la  baguette?  —  Sapeur  ! 

Sapeur,  halte-là, 
Assez  causé  comme  ça  : 
Ne  m'échauffez  pas  la  coloquinte!... 

Théodore  Harlignon. 

La    musique,  de    Biaise,    se    trouve  notée  au 
N.  549  de  laClé  du  Caveau. 


L'HOMME  DES  CHAMPS  A  PARIS. 

AIR  •  L'amour  est  un  dieu  volage. 

Gaulard ,  villageois  honnête, 
Comme  on  l'était  au  vieux  temps, 
Un  beau  jour  quitte  les  champs. 
Peut-on.  'Iii-il .  à  trente  ans, 
Sans  passer  pour  une  bête , 
Ne  pas  avoir  visité 


La  plus  petite  cité  I... 
Que  mon  terrain  reste  en  friche  ; 
Courons  bien  vite  à  Paris  ; 
Sans  peine  on  y  devient  riche. 

—  Qu'il  est  bien  de  son  pays! 

Comment  ferai-je  fortune  ? 
Se  dit  Gaulard  en  chemin  : 
11  faut  y  penser  enfin. 
Jarni ,  sans  être  bien  fin  , 
Je  vois  cent  routes  pour  une  : 
Je  sais  un  peu  de  latin  . 
Car  je  chantais  au  lutrin- 
Je  serai  sage,  économe, 
Et  pour  trouver  des  amis 
Il  suffit  d'être  honnête  homme. 

—  Qu'il  est  bien  de  son  pays! 

Dans  la  grande  ville  il  entre 
Par  le  faubourg  Saint-Marceau. 
Je  croyais  Paris  plus  beau. 
Mangeons  ,  dit-il,  un  morceau  : 
La  route  creuse  le  ventre. 
Mais  vos  œufs  ne  sont  pas  frais , 
Et  votre  vin  est  mauvais  : 
Je  crois  qu'on  en  rit  sous  cape... 
Fi  donc  !  jamais  à  Paris 
Traiteur  ou  marchand  n'attrape. 

—  Qu'il  est  bien  de  son  pays. 

—  Voyez  comme  le  temps  passe 
Allons  de  notre  préfet 

Vite  porter  ce  paquet  ; 
Pour  moi  je  sais  qu'en  secret 
Il  sollicite  une  place  : 
Quand  d'antres  en  ont  l'espoir, 
Moi  je  suis  sûr  de  l'avoir. 
A  t- »rt  cela  les  irrite; 
En  place  pour  Être  mis 
Il  ne  faut  que  du  mérite. 

—  Qu'il  est  bien  de  son  pays! 

—  Au  billard  ici  l'on  joue; 
Allons ,  mon  ami  Gaulard , 
Apprends  le  jeu  de  billard. 
On  t'trille'mon  gaillard  , 
Qui  paie  '-n  faisant  la  moue; 
11  fait  un,  deux,  trois  paria, 


CHANSONNETTES. 


4!o 


Et  perd  autant  de  louis 

—  Ce  sont  des  escrocs  peut-être.. 
Non  ;  ces  messieurs  si  bien  mis 
N'ont  pas  l'air  de  se  connaître. 
— Qu'il  est  bien  de  son  pays! 

Au  diable  la  carambole. 

Allons  au  Palais-Royal... 

Cette  dame  n'est  pas  mal; 

Elle  me  fait  un  signal... 

Tiens,  comme  elle  me  cajole! 

Mathurine  avait  raison; 

Je  suis  un  joli  garçon  : 

Mais  elle  aimait  ma  richesse  : 

Au  lieu  que  dans  ce  Paris 

C'est  pour  rien  qu'on  me  caresse. 

—  Qu'il  est  bien  de  son  pays! 

—  De  spectacles,  idolâtre  , 
Choisissons  le  plus  vanté... 
Théâtre  de  la  Gaité!    . 
Portons-nous  de  ce  côté  : 
On  doit  voir  à  ce  théâtre 

Et  les  plus  plaisants  auteurs 
Et  les  plus  drôles  d'acteurs. 
Mais  que  de  monde  il  attire! 
Que  de  gens  de  mon  avis  ! 
Je  crains  d'y  mourir  de  rire. 

—  Qu'il  est  bien  de  son  pays! 

Gaulard  toute  la  semaine 
Éprouva  môme  destin  , 
Et,  pour  comble  de  chagrin, 
Il  lui  faut  un  médecin. 

—  Oh!  je  ne  suis  pas  en  peine  ; 
Ici  point  de  charlatans, 

De  ces  docteurs  trop  savants 
Qui  chez  nous  ont  l'infamie, 
Pour  gagner  quelques  louis, 
D'allonger  la  maladie. 

—  Qu'il  est  bien  de  son  pays! 

Du  brillant  séjour  des  villes 
Détrompé,  mais  un  peu  tard, 
Que  fait  le  pauvre  Gaulard? 
Il  retourne  sans  retard 
A  ses  pénates  tranquilles  : 
Quel  plaisir  vient  le  toucher 


Lorsqu'il  revoit  son  clocher! 
A  maints  villageois  malades 
Du  désir  de  voir  Paris 
Il  chante  :  Chers  camarades  , 
Vous  reviendrez  au  pays. 

J.-4.  Jaequelin. 

La  musique,  de  Doche,  se  trouve  notée  au  N.  3L" 
de  la  Clé  du  Caveau. 


PASSEZ  VOTRE  CHEMIN, 

ET   DOINNEZ-VOUS    LA    PEINE     D 'ENTRER. 

Air  :  Tenez,  moi,  je  suis  un  bon  homme. 

Vous  qui  d'un  ton  très  philosophe 

Calomniez  le  genre  humain, 

On  vous  doit  bien  cette  apostrophe  : 

Passez,  passez  votre  chemin. 

Vous  qui  savez  chanter  et  rire, 

Et  boire  sans  désemparer, 

Deux  fois  ne  vous  faites  pas  dire  : 

Donnez  vous  la  peine  d'entrer,    \bis.j 

Usuriers  qui ,  d'un  air  avide, 
Chez  moi  venez  tendre  la  main , 
Je  n'y  suis  pas,  ma  bourse  est  vide, 
Passez,  passez  votre  chemin. 
Amis  vrais  et  pleins  de  tendresse, 
Vous  qui  venez  me  rassurer 
Avec  de  buns  billets  de  caisse, 
Donnez-vous  la  peine  d'entrer. 

Laïs  à  qui  rien  ne  résiste , 
Qui  m'éveillez  de  grand  matin  , 
Ma  chère,  que  Dieu  vous  assiste  1 
Passez,  passez  votre  chemin! 
Jeune  novice  au  regard  tendre, 
Qui  craignez  tant  de  vous  montrer, 
Vous  ne  devez  jamais  attendre, 
Donnez-vous  la  peine  d'entrer.  . 

Auteurs  qui ,  bravant  l'épigrarame 
Et  les  règles  d'un  art  divin, 
Vous  présentez  avec  un  drame, 
Passez,  passez  votre  chemin. 


à*,u 


CHANS0N9   POPULAIRES. 


Vous  qui ,  nouveaux  dans  la  carrière  , 
Aux  Fiançais  voulez  pénétrer, 
N'eussiez-vous  fait  que  du  Molière  ! 
Donnez-vous  la  peine  d'entrer. 

Tristes  frondeurs,  froids  parasites, 
Ennuyés  d'un  joyeux  refrain, 
Momus  regrette  vos  visites, 
Passez,  passez  votre  chemin. 
Vous  que  les  talents  et  les  grâces 
En  tous  les  lieux  font  désirer, 
L'amitié  vous  offre  des  places; 
Donnez-vous  la  peine  d'entrer. 

Tristes  boissons  qu'à  ses  malades 
Ordonne  un  grave  médecin, 
Tisanes ,  juleps  ,  limonades , 
Passez  ,  passez  votre  chemin. 
Baume  divin  ,  liqueur  si  pure 
Que  Dieu  fit  pour  nous  restaurer, 
Au  nom  de  Bacchus  ,  d'Épicure, 
Donnez-vous  la  peine  d'entrer. 

AuUgnac. 

La    musique,  de    Mtrhfl,  se  trouve    notée  au 
N.  567  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  SÉDUISANT  JE  NE  SAIS  QUOI. 


Un  soir  je  rêvais  qu'à    lythère, 
Le  dieu  du  goût  donnait  un  thé  , 
Il  voulait  fêter  l'art  de  plaire 
Qu'il  chérit  plus  que  la  beauté. 
Il  dit  :  ceux  qui  voudront  des  places 
Montreront  pour  entrer  chez  moi 
De  l'esprit,  du  ;-r"ùt  ou  des  grâces, 
Le  séduisant  je  ne  sais  quoi.  {ter. 

N'osant  pénétrer  dans  le  temple, 
A  la  porte  je  cherche  un  coin  : 
En  amateur  là  je  contemple 
Toutes  les  nj  mphes  avec  soja  ; 
Minois  charmants,  tailles  <li\ inrs , 
Que  d'aimables  choses  je  rois , 
Des  pieds  mignons,  des  jambesfinM, 
ni  inspirent  le  quoi. 


Tandis  qu'à  la  porte  on  dispute, 
Musique  bruyante  on  entend  : 
Elle  arrive,  pousse  ,  culbute  , 
Le  dieu  du  goût  dit  :  «  Un  instant! 
«  Une  trop  savante  harmonie 
«  Ne  convient  pas  ici,  je  crois; 
«  Laissez  passer  la  mélodie 
«  Et  son  charmant  je  ne  sais  quoi 

Je  vis  monter  au  péristyle 
Boufflers  ,  Ovide  ,  Anacréon 
Delille  et  son  ami  Virgile, 
Bernis,  Chaulieu,  Panard,  Piron; 
Le  Bon-Goûl,  les  voyant  paraître  , 
Leur  dit  :  «  Amis,  entrez  chez  moi  , 
«  Vos  vers  charmants  ont  fait  connaître 
«  De  l'esprit  et  je  ne  sais  quoi.  » 

En  ce  moment  entre  une  file 
D'acteurs  que  Molière  conduit. 
Le  dieu  du  goût  voyant  Préville, 
En  lui  serrant  la  main  lui  dit  : 
«  Imitateur  inimitable, 
«  Quel  plaisir  j'ai  quand  je  vous  voisl 
«  Vous  avez  du  talent  aimable 
«  Trouvé  le  vrai  je  ne  sais  quoi.  » 

Vestris  bondissant  en  cadence  , 

Presque  aussi  léger  que  le  vent , 

Arrive,  tourne,  étonne,  danse  , 

Le  Goût  lui  dit  :  «  Danseur  charmant , 

«  Ce  ne  sont  pas  des  pirouettes 

«  Qui  donnent  droit  d'entrer  chez  moi 

«  Ce  sont  vos  grâces  si  parfaites, 

«  Cet  aimable  je  ne  sais  quoi.  » 

Entre  l'Amour  et  la  Folie 
l'aperçois  un  objet  charmant, 
Je  reconnais  nu  m  Aspa-ic  : 
Le  Plaisir  m'éveille  à  l'instant; 
Que  n'a-t-il  duré  ce  mensonge? 
J'éprouvais  un  si  doux  émoi, 
Que  j'aurais  \u  peut-être  en  songe 
De  la  belle..*  je  ne  sais  quoi. 

l'ai  oies  il  un  anonyme 


>»tti 


Paris.  —  Imprimerie  dePlUSf  Al*  liné,  nie  <lesGrands-Augusiins,îj< 


DESCRIPTION    DE    L'OPÉRA. 

air  :  Réveillez-vous,  belle  endormie. 

J'ai  vu  Mars  descendre  en  cadence, 
J'ai  vu  des  vols  prompts  et  subtils  ; 
J'ai  vu  la  justice  en  balance 
Et  qui  ne  tenait  qu'à  deux  fils. 

J'ai  vu  le  soleil  et  la  lune 
Qui  faisaient  des  discours  en  l'air; 
J'ai  vu  le  terrible  Neptune 
Sortir  tout  frisé  de  la  mer. 

J'ai  vu  l'aimable  Cylliérée, 
Aux  doux  regards,  au  teint  fleuri, 
Dans  une  machine  entourée 
D'amours  natifs  de  Chauibéri. 

J'ai  vu  le  maître  du  tonnerre 
Attentif  au  coup  de  sifflet, 
Pour  lancer  ses  feux  sur  la  terre, 
Attendre  l'ordre  d'un  valet. 

J'ai  vu  du  ténébreux  empire 
Accourir,  avec  un  pétard, 
Cinquante  lutins  pour  détruire 
Un  palais  de  papier  brouillard. 

J'ai  vu  des  dragons  fort  traitables 
Montrer  les  dents  sans  offenser  ; 
J'ai  vu  des  poignards  admirables 
Tuer  les  gens  sans  les  blesser. 

J'ai  vu  l'amant  d'une  bergère, 
Lorsqu'elle  dormait  dans  un  bois, 
Prescrire  aux  oiseaux  de  se  taire 
Et  lui  chanter  à  pleine  voix. 

J'ai  vu  la  vertu  dans  un  temple, 
Avec  deux  couches  de  carmin 
Et  son  vertugadin  très-ample, 
Moraliser  le  genre  humain. 

J'ai  vu  des  guerriers  en  alarmes, 
Les  bras  croisés  et  le  corps  droit, 
Crier  cent  fois  :  Courons  aux  armes  ! 
Et  ne  point  sortir  de  l'endroit. 

123 


J'ai  vu  trotter  d'un  air  ingambe 
De  grands  démons  à  cheveux  bruns  : 
J'ai  vu  des  morts  friser  la  jambe, 
Comme  s'ils  n'étaient  pas  défunts. 

J'ai  vu,  ce  qu'on  ne  pourra  croire, 
Des  tritons,  animaux  marins, 
Pour  danser,  troquer  leur  nageoire 
Contre  une  paire  d'escarpins. 

Dans  des  chaconnes  et  gavottes 
J'ai  vu  des  fleuves  sautillants; 
J'ai  vu  sauter  deux  matelottes, 
Trois  jeux,  six  plaisirs  et  deux  vents. 

Dans  le  char  de  monsieur  son  père 
J'ai  vu  Phaéton  tout  tremblant, 
Mettre  en  cendre  la  terre  entière 
Avec  des  rayons  de  fer-blanc. 

J'ai  vu  Roland,  dans  sa  colère, 
Employer  l'effort  de  son  bras 
Pour  pouvoir  arracher  de  terre 
Des  arbres  qui  n'y  tenaient  pas. 

J'ai  vu,  par  un  destin  bizarre, 
Les  héros  de  ces  pays-là 
Se  désespérer  en  bécarre 
Et  rendre  lame  en  la-mi-la. 

J'ai  vu  plus  d'un  fier  militaire 
Se  croire  digne  du  laurier, 
Pour  avoir  étendu  par  terre 
Des  monstres  de  toile  et  d'osier, 

J'ai  vu  Mercure,  en  ses  quatre  ailes 
Ne  trouvant  pas  de  sûreté, 
Prendre  encore  de  bonnes  ficelles 
Pour  voiturer  sa  déité. 

J'ai  vu  souvent  une  furie 

Qui  s'humanisait  volont  ers; 

J'ai  vu  des  faiseurs  de  magie 

Qui  n'étaient  pas  de  grands  sorciers. 

t.  ii.  —  64 


*18 


CHANSONS    POPULAIRES. 


J'ai  vu  des  ombres  très  palpables 
Se  trémousser  au  bord  du  Styx  ; 
J'ai  vu  l'enfer  et  tous  les  diables 
A  quinze  pieds  du  paradis. 

J'ai  vu  Diane  en  exercice 
Courir  le  cerf  avec  ardeur; 
J'ai  vu  derrière  la  coulisse 
Le  gibier  courir  le  chasseur. 

Panard. 


JEAN-LE-MARSOUIN. 

1846. 
Air  :  Suzon  sortait  de  son  village. 

D'un  village  du  Finistère 
Un  bon  pêcheur  de  moi  prit  soin! 
Ne  me  connaissant  pas  de  père, 
Il  me  nomma  Jean-le-MarsouiQ. 
—  Garçon,  en  route, 
File  l'écoute, 
Me  dit  un  jour  ce  bon  papa  Kersoô. 
Me  voilà  mousse  I 
Au  large  pousse, 
Sur  l'Océan  bondis ,  ô  mon  vaisseau  ! 
J'avais  dix  ans,  du  caractère, 
De  ne  point  pleurer  j'eus  l'orgueil! 
File  ton  nœud  ,  je  m'en  bats  l'œil, 
Eh!  vogue  la  galère!  (ter.) 

Bruni  par  les  feux  du  tropique, 
A  bord  du  trois-mâts  le  Vautour, 
J'ai  vu  l'Asie  et  l'Amérique, 
Du  monde  entier  j'ai  fait  le  tour. 
Quand  je  fus  homme, 
De  tout  rogomme 
Je  m'enivrai  dans  vingt  climats  diversl 
De  la  Finlande 
Et  de  l'Irlande 
Plus  tard  j'ai  vu  les  longs  et  froids  hivers  ! 
Mille  sabords!  quoi,  la  misère 
Est  plus  grande  ici  que  chez  nous  ! 
Vers  la  France,  au  soleil  plus  doux, 
Bfa  !  vogue  la  galère!  {ter.) 


Quartier-maître  du  Démosthènes , 
Un  brick  fringant ,  nn  vrai  bijou  ! 
J'étais  à  Beyrouth,  Smyrne,  Athènes, 
Amoureux  comme  un  sapajou. 
O  Circassiennes, 
O  Géorgiennes, 
Jean-le-Marsouin  eût  fait  un  beau  hacha, 
Pour  une  œillade 
Du  camarade, 
C'est  bien  certain,  vous  l'eussiez  fait  pacha! 
Enfin,  à  Syra  j'ai  su  plaire, 
Avec  Mirza  j'étais  au  mieux! 
J'allumais  ma  pipe  à  ses  yeux 
Eh!  vogue  la  galère'  [ter.) 

J'étais,  en  l'an  quatre-vingt-treize, 
Second  maître  à  bord  du  Vengeur. 
Ce  vaisseau,  d'une  escadre  anglaise, 
Soutint  l'attaque  avec  vigueur. 
Français,  vous  rendre! 
Plutôt  nous  pendre! 
Feu,  canunniers,  feu  tribord  et  bâbord. 
Effort  futile , 
Bage  inutile, 
Cinq centsboulelsviennent  cribler  mon  bord! 
Quoi!  vingt  contre  un!  peuple  insulaire! 
Le  Vengeur  coule  en  liberté. 
Va  le  cap  sur  l'éternité!  !  ! 

Eh!  vogue  la  galère!  {ter.) 

Du  Vengeur,  ainsi  que  la  gloire, 
Le  Marsouin  devait  surnager. 
Qui  de  ce  fait  conta  l'histoire? 
Moi!  j'avais  soif  de  le  venger. 
J'ai  fait  la  course, 
Non  pour  ma  bourse, 
Mais  pour  l'honneur  du  pavillon  français l 
Cest  avec  rage, 
Qu'à  l'abordage , 
Poignard  aux  dents,  je  hachais  les  Anglais. 
J'étais  joyeux  dans  ma  colère; 
Mon  brick  aussi  dansait  sur  l'eau! 
La  voile  au  vent  pour  Saiul-Malo! 
Eh  !  vogue  ia  galère!  {ter.) 

Promenant  dans  les  mers  de  l'Inde 
Mon  pavillon  victorieux , 


CHANSONNETTES. 


419 


Dans  le  sang  anglais,  à  Mélinde, 
Je  me  suis  baigné  furieux  ! 
Tempêtes,  brises, 
Combats  et  prises, 
Du  loup  de  mer  tels  étaient  les  amours  ! 
Mais  j'atteins  l'âge 
Du  grand  voyage, 
Jean-le -Marsouin  s'embarque  pour  toujours. 
Adieu  donc,  ô  France,  ô  ma  mère  ! 
Adieu,  patrie...  Ah!  vent  debout! 
Mon  câble  file...  il  est  au  bout! 
Eh  !  vogue  la  galère  !  (ter.) 

Claude  Genoux. 

La  musique,  de  Dalayrac,  se  trouve  notée  au 
N.  550  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  MARCHAND  DE  CHANSONS. 

Air    Comme  un  oiseau. 

Vous  qui  voulez  des  chansonnettes, 
Venez,  venez  en  faire  emplettes, 

Fill's  et  garçons. 
Fermez  la  bouche,  ouvrez  l's  oreilles. 
Et  vous  entendrez  des  merveilles  : 

Chansons,  chansons  ! 

Un  philosophe  d'importance 

Va  changer  les  mœurs  de  la  France 

Par  ses  leçons  ; 
On  verra  sa  morale  utile 
Réformer  la  cour  et  la  ville  : 

Chansons,  chansons  ! 

Des  apprentis  de  la  finance 
Il  corrige  l'impertinence 

Et  les  façons  ; 
Les  petits  commis  de  province 
Ne  prendront  plus  des  airs  de  prince  : 

Chansons,  chansons  ! 

On  verra  les  époux  fidèles 
S'aimer  comme  des  tourterelles 


A  l'unisson  : 

Le  monde  se  fera  scrupule 
De  les  tourner  en  ridicule  : 
Chansons,  chansons! 

Des  officiers  dans  leur  absence 
Auront  toujours  même  constance 

Pour  leurs  tendrons  : 
En  revenant  près  de  leurs  belles, 
Us  les  retrouveront  fidèles  : 

Chansons,  chansons  ! 


Favart. 


AH!  QUELLE  DIFFÉRENCE. 


Air  :  Ah  !  quelle  différence. 

Tout  l'Orient 

Est  un  vaste  couvent  : 
Un  Musulman  voit  à  ses  volontés 

Obéir  cent  beautés. 
C'est,  ma  foi,  tout  autre  chose  en  France: 

Une  femme  sous  ses  lois 

A  vingt  amants  à  la  fois. 

Ah!  quelle  différence! 

Un  Portugais 

Est  toujours  aux  aguets, 
Et  jour  et  nuit,  de  son  diable  battu, 

II  craint  d'être  trompé. 
On  n'est  point  si  difficile  en  France; 

Un  mari,  sans  craindre  rien, 

Est  trompé  tout  aussi  bien. 

Ah  !  quelle  différence  ! 

Par  tout  pays, 
On  voit  de  sots  maris, 
Fesses-Malhieux,  ou  bourrus,  ou  jaloux  ; 
On  les  respecte  tous. 


Ah!  quelle  différence 


420 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Un  Allemand 

Est  quelquefois  pesant  ; 
Le  sombre  Anglais,  dans  ses  tristes  amours, 

Veut  raisonner  toujours. 
On  est  bien  plus  raisonnable  en  France  ; 

Chacun  sait  se  réjouir, 

Chacun  vit  pour  le  plaisir. 

Ah  !  quelle  différence! 

Dans  l'univers, 

On  fait  de  mauvais  vers; 
Chacun  jouit  du  droit  de  rimailler, 

Et  de  nous  ennuyer. 
On  y  met  bon  remède  en  France  ; 

On  inventa  des  sifflets, 

Dont  Dieu  nous  garde  à  jamais. 

Ah!  quelle  différence! 

Voltaire. 


LA  DERNIERE  MARQUISE, 


Mes  enfants,  tout  dégénère , 
Croyez-en  votre  grand'mère. 

De  mon  temps , 

Oui ,  vraiment, 
Tout  était  mieux  qu'à  présent. 

Feu  le  marquis  ,  votre  grand-père, 
Dont  la  mémoire  m'est  bien  chère, 
Me  fit  la  cour  pendant  trois  ans  , 
Avant  d'avouer  ses  sentiments 
brûlants  ! 
Pourtant  il  avait  tout,  esprit,  beauté,  richesse, 
Et  bienplus  possédait  vingt  quartiersde  noblesse, 

Et  la  noblesse,  enfants, 

Passait,  en  ce  temps-là, 

Beaucoup  avant  L'argent  ; 

Vous  ne  croyez  pas  ça. 

Aujourd'hui  vos  parents 

Bâclent  un  mariage 

Comme,  en  notre  vieux  temps, 

On  bâclait  un  fermage. 


Qu'on  soit  noble  ou  vilain,  qu'importe  l'écusson, 
Les  pièces  de  cent  sous,  voilà  le  seul  blason  ; 
On  vous  cote  à  la  Bourse,  et  tous  ces  prétendus, 
Si  chauds  et  si  brûlants,  brûlent  pour  vos  écus! 
Mes  enfants,  tout,  etc. 

Quoique  folle  et  papillonnante, 

Je  paraissais  fort  imposante, 

Avec  ma  toilette  de  cour, 
Ma  robe  à  grands  paniers,  ma  taille  faite  au  tour! 
J'avais  l'art  de  poser  une  mouche  assassine, 
Qui  donnait  à  mesyeux  une  expression  mutine; 
Sur  mes  cheveux  poudrés,  un  pouf  au  sentiment 
Couronnait  galamment  ce  noble  ajustement. 
Nous  ne  nous  coiffions  pasà  lagrecque,à  l'anglaise, 
Nos  modes  et  nos  cœurs  étaient  à  la  française. 
Peu  de  gens,  aujourd'hui,  pourraient  en  dire  autant. 
Nous  mettions,  j'en  conviens  etdu  rouge  el  du  hlanc;  ' 
Mais  c'était  en  plein  jour, hardiment, franchement 
Vous  en  mettez  aussi,  mais  c'est  en  vous  cachant. 
Mes  enfants,  tout,  etc. 

Des  jeunes  gens  l'outrecuidance 

Va  parfois  jusqu'à  l'insolence, 

Et  par  crainte  de  s'enrhumer, 
Le  chapeau  sur  la  tête,  ils  osent  vous  parler. 
Les  hommes  autrefois  étaient  bien  plus  honnêtes, 
Devant  femme  ou  vieillard  ils  découvraient  leurs  têtes 
Celait  bienrococo,  bien  perruque, et  pourtant, 
Nos  roués  valaient  bien  vos  lions  d'à  présent. 
Us  aimaient  leur  pays,  leur  Dieu,  leur  roi,  leur  dame, 
Sentiments  qu'aujourd'hui  l'on  refoule  en  son  âme; 
Ils  prisaient,  j'en  conviens  ;  maisils  ne  fumaient  pas. 
Rien  qu'à  l'odeur  du  musc,  on  eût  suivi  leurs  pas. 
Ils  dansaient  la  gavotte,  autre  danse,  autre  temps; 
De  vos  jours,  la  gavotte  a  fait  place  au  cancan  ! 
Mes  enfants,  tout,  etc. 

Mais  vous  riez  de  mes  paroles; 
Les  grand'môres  sont  toujours  folles, 
Et  vous  dites  :  ces  vieilles  gens 

Font  toujours  des  serinons  pour  vanter  leur  vieux   temps. 

Il  ne  faut  pas,  enfants,  rire  de  la  vieillesse  ; 
Si  je  VI  ainsi,  ce  n'est  que  par  tendresse; 

Dans  peu  de  temps,  hélas!  je  ne  serai  plus  là, 
Mon  souvenir,  du  moins,  parfois  vous  guidera. 
Dans  le  monde,  aujourd'hui.contre  vous  touteonspin 
Belles,  riches,  chacun  vous  vante  et  vous  admire; 


CHANSONNETTES. 


421 


Restez  simples  toujours,  désarmez  les  jaloux, 
Soyez  belles  sans  bruit,  soyez  bonnes  pour  tous, 
Donnezsans  regarder,  et  puissiez-vous,  un  jour, 
A  vos  petits  enfants  redire  à  votre  tour  : 
Mes  enfants,  tout  dégénère, 
Croyez-en  votre  grand'mère  ; 
De  mon  temps, 
Oui,  vraiment, 
Tout  était  mieux  qu'à  présent. 

Edmond  Lhullller. 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se  troure, 
à  Paris,  chez  M.  Colombier,  éditeur,  6,  rue  Vi- 


LE  JOUR  DE  L'AN 

1817. 

Air  de  la  Vendange. 
Ou  de  la  Contredanse  de  la  Rosière- 

Janvier  recommence, 
Une  foule  immense 
Dans  Paris  s'élance 
Et. court  par  torrents; 
Tour-à-tour  on  presse, 
On  flatte,  on  caresse 
Épouse  et  maîtresse, 
Amis  et  parents. 

Chez  sa  voisine, 

A  la  sourdine 

On  s'achemine, 
On  entre  et  l'on  sort; 

Plus  d'un  ménage 

Est  au  pillage, 

A  chaque  étage 
On  voit  rouler  l'or . 

Grands  dieux  !  quel  supplice  ! 
Sortant  de  l'office, 
Le  bedeau,  le  suisse 
Grimpent  l'escalier: 
Et  d'humeur  accorte 
Sonnant  à  ma  porte, 


Le  facteur  m'apporte 
Le  calendrier. 

Ma  ménagère, 

La  boulangère 

Et  ma  portière 
Accourent  soudain  ; 

Maint  parasite 

Me  rend  visite, 

Mais  de  mon  gîte 
Je  m'esquive  enfin. 

Dans  toute  la  ville 
Les  fiacres  par  mille 
Courent  à  la  file 
Et  dans  tous  les  sens  ; 
Tandis  qu'on  se  pousse 
Et  qu'on  s'éclabousse, 
Le  fripon  détrousse 
Les  pauvres  passants. 

Comme  sans  peine 

Ce  jour  amène 

Et  met  en  scène 
De  nouveaux  Normands! 

Que  d'accolades, 

Que  d'embrassades, 

De  discours  fades 
Et  de  faux  serments! 

L'intrigant  voyage, 
Et,  fier  comme  un  page, 
Vole  en  équipage 
Chez  l'homme  de  bien; 
Le  docteur  qui  sue, 
Trotte  et  s'évertue, 
A  tous  ceux  qu'il  tue 
Dit  :  «  Portez-vous  bien.  » 

Chez  Dorimène, 

Et  chez  Climène 

Mondor  promène 
Ses  pas  et  ses  voeux, 

Et  d'un  air  tendre 

Sans  plus  attendre, 

Lise  à  Clytandre 
Dit  :  «  Soyez  heureux  !  » 


422 


CHAN50NS    POPULAIRES. 


0  jour  favorable  ! 

Ce  fils  si  coupable 

D'un  père  implacable 

Émeut  la  pitié; 

Des  loris  qu'il  retrace 

Il  demande  grâce, 

On  pleure,  on  s'embrasse, 

Tout  est  oublié. 

Jaloux  de  plaire 
A  sa  Glycère, 
D'un  ministère 
Le  commis  galant, 
Quoiqu'on  séquestre 
Tout  son  semestre, 
Mange  un  trimestre 
Dans  le  jour  de  l'an. 

Pour  sa  sœur  cadette, 
Suzon  fait  emplette 
D'une  maisonnette 
Qui  coûte  six  francs  ; 
Paul,  la  main  armée, 
Et  l'âme  charmée, 
Fait  de  son  armée 
Défiler  les  rangs. 

Le  jeune  Emile 

D'un  pied  agile 

Fait  danser  Gille 
Avec  Arlequin  ; 

Charle  et  Pancrace 

Font  avec  grâce 

Sauter  l'aillasse 
Sur  un  palanquin. 

La  foule  m'entraîne, 
El  tout  hors  d'haleine 
J'arrive  avec  peine 
Au  Palais-Royal, 
Où  plus  d'une  Annule, 
D'un  coup  d'œil  perfide 
Agace  et  déride 
Le  provincial. 

Comblant  l'attente 
De  ma  grand'lante 


Qu'un  bonbon  tente 
Chez  Berthcllemol; 

Je  me  rembarque. 

Et  je  remarque 

Au  Grand-Monarque 
Le  roi  d'Yvetot. 

De  ce  pauvre  sire 
Que  L'hymen  inspire, 

Tout  le  monde  admire 
Les  soins  empressés  ; 
Évitant  le  blâme, 
Pour  prouver  sa  flamme, 
Il  offre  à  sa  femme 
Des  marrons  glacés. 

La  vieille  Ursule, 

Bien  ridicule, 

Prend  sans  scrupule 
Un  amour  badin  ; 

Et  la  fillette, 

Vive  et  follette, 

Gaîment  se  jette 
Sur  un  diablotin. 

Les  chalands  pullulent, 
Les  marchands  calculent, 
Les  bonbons  circulent, 
Et  le  fat  titré 
Vante  les  devises, 
Les  tendres  sottises, 
Les  rimes  exquises 
D'un  auteur  sucré. 

Mais  Je  temps  coule, 

On  rentre  en  foule, 

La  nuit  déroule 
Son  noir  étendard  ; 

Chez  le  bon  drille 

La  gaîté  brille, 

L'aï  pétille 
Et  la  chanson  part. 

La  mousse  légère 
Couronne  le  verre, 
On  trinque,  on  resserre 
Les  plus  anciens  nœuds  ; 


CHANSONNETTES. 


423 


Et  la  compagnie 
Quitte  la  partie, 
La  panse  remplie 
Et  le  gousset  creux. 

Casimir  Ménestricr  et  I.éopold. 


MONSIEUR  RAMPANT, 

1826. 

Air  :  Par  l'auteur  des  paroles. 
Ou  :  Moi,  je  flâne. 

Moi,  je  rampe,  {bis.) 

Auprès  des  grands  je  me  campe  ; 
Moi,  je  rampe  :  {bis.) 

Pour  séjour 
J'ai  pris  la  cour. 

Je  suis  loin  de  ressembler 
A  ces  savants  que  l'on  cite, 
Qui  pensent  que  leur  mérite 
Pour  eux  seuls  doit  postuler  : 
Sans  imiter  leur  démarche 
Qu'on  s'efforce  d'entraver, 
Je  choisis  une  autre  marche, 
Dans  l'espoir  de  m'élever. 
Moi,  je  rampe,  etc. 

Je  regarde  en  me  levant 
De  l'idole  que  l'on  fête 
Où  tourne  la  girouette, 
Pour  louvoyer  sous  le  vent. 
Prenant  un  masque  hypocrite, 
Je  cours  à  l'Assomption; 
Là,  j'offre  de  l'eau  bénite 
Aux  gens  de  condition. 
Moi,  je  rampe,  etc. 

Audacieux  et  fluet, 

J'ai  l'œil  vif,  le  pied  agile  ; 

Partout  mon  oreille  habile 

Est  à  l'affût  d'un  secret. 

Des  ministres  bénévoles 

Serviteur  obéissant, 

J'ai  risqué  trente  pistoles 


Sur  la  rente  à  trois  pour  cent. 
Moi,  je  rampe,  etc. 

Au  seigneur  brusque  et  hautain 
Bien  bas  je  fais  la  courbette. 
Je  présente  une  gimblette 
A  son  fils  lourd  et  mutin  ; 
De  saluts  je  suis  peu  chiche, 
Portiers,  valets  ont  leur  part  • 
Même  je  cours  à  la  niche 
Flatter  Brisquet  et  César. 
Moi.  je  rampe,  etc. 

En  prose  je  gronde  fort 
Chaque  préfet  qui  culbute  : 
Car,  selon  moi,  dans  sa  chute, 
Le  plus  faible  a  toujours  tort. 
De  celui  qui  prend  sa  place, 
Vantant  les  talents  réels, 
De  force,  en  vers  je  le  place 
Au-dessus  des  immortels. 
Moi,  je  rampe,  etc. 

Conséquent  dans  mes  projets, 
Tour-à-tour  je  fus  naguère 
Citadin  pendant  la  guerre 
Et  guerrier  pendant  la  paix. 
Quand  les  fils  de  la  Victoire 
Reviennent  dans  nos  remparts. 
Je  grappille  de  la  gloire 
En  m'accrochant  à  leurs  chars. 
Moi,  je  rampe,  etc. 

Tout  cuirassé  de  placets, 
Je  suis  les  grands  à  la  piste, 
De  mes  qualités  la  liste 
Est  toujours  dans  mes  goussets; 
J'accompagne  à  chaque  fête 
Les  pas  de  mon  souverain  ; 
Chasse-t-il  la  grosse  bête? 
On  me  voit  sur  son  chemin. 
Moi,  je  rampe,  etc. 

De  certains  magots  plaisants 
Je  prends  l'air  et  la  souplesse, 
Pour  savoir  avec  adresse 
Courtiser  les  courtisans. 
Je  parviendrai  si  je  perce 


424 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Jusqu'aux  premiers  échelons  : 
Depuis  dix  ans  je  m'exerce 
A  grimper  à  reculons. 

Moi,  je  rampe,  {bis.) 

Auprès  des  grands  je  me  campe; 

Moi,  je  rampe  :  [bis.) 

Pour  séjour 
J'ai  pris  la  cour. 

Louis  I  «•'  leau 


L'INVALIDE  FRANÇAIS. 

1814. 
Air  :  Tai  vu  le  Parnasse  des  dames. 

Pour  être  utile  à  ma  pairie 
Je  redeviens  gaillard,  dispos; 
Partons,  partons;  l'honneur  me  crie 
Que  je  goûte  un  honteux  repos. 
Incomplet,  mais  encor  solide, 
Et  troupier  des  plus  aguerris, 
On  me  verra,  vieil  invalide,, 
Vaincre  ou  mourir  pour  mon  pays. 

Têt3  chauve,  moustache  grise  , 
Ne  plaident  point  en  ma  faveur; 
Mais  au  tendron  que  je  courtise 
Je  prouve  souvent  ma  valeur. 
A  mon  tonneau,  nouveau  Grégoire, 
Je  livre  à  chaque  heure  un  combat. 
Oui  sert  sa  belle  et  qui  sait  boire , 
Doit  faire  encore  un  bon  soldat. 

Il  ne  me  reste  qu'une  jambe; 
Je  n'ai  qu'un  bras,  je  n'ai  qu'un  œil  ; 
Plus  fier  que  si  j'étais  ingambe, 
Mes  blessures  font  mou  orgueil. 
Sabre  en  main,  marchant  à  mon  poste, 
Je  me  damne,  et  c'est  bien  permis  : 
Je  boite...  il  faut  courir  !a  poste 
Pour  atteindre  nos  ennemis. 

Lorsque  ,  dans  les  champs  de  la  gloire, 

lies  forcenés  i Iront  sur  moi , 

A  mon  aspect,  ils  pourront  croire 


Qu'aisément  on  me  fait  la  loi  ; 
Je  les  forcerai  d'en  rabattre  , 
Ces  guerriers  qu'on  dit  si  fameux  : 
Avec  deux  bras  j'en  rossais  quatre, 
Avec  un  bras  j'en  battrai  deux. 

Dans  la  plus  sanglante  bataille , 
Quels  grands  dangers  puis-je  courir? 
J'ai  deux  membres  que  la  mitraille 
Rompra  sans  me  faire  souffrir  ; 
Aussi  perdrai-je  sans  murmures 
Mon  faux  bras,  ma  jambe  de  bois, 
Car  j'ai  su  prendre  mes  mesures 
Pour  en  changer  plus  d'une  fois. 

P.-J.  Churrlu. 


LA  BERGÈRE  DÉLAISSÉE 

A  peine  eus-je  atteint  l'âge 

Où  fille  peut  aimer, 

Qu'un  berger  du  village 

Tenta  de  m'enflammer. 
Ah  !  gardez-vous,  bergerettes  I 
Bergerettes  ,  gardez-vous  d'aimer  ( 
Ah!  gardez-vous,  bergerettes! 
Gardez-vous,  gardez-vous  d'aimer. 

Il  avait  l'air  si  sage, 
Comment  le  rebuter  ; 
A  son  gentil  langage 
Je  ne  pus  résister. 
Ah  !  gardez-vous ,  etc. 

Toujours  sur  mon  passage 
Je  le  vis  s'arrêter; 
Je  ne  suis  pas  sauvage , 
Et  voulus  l'écouler. 
Ah  I  gardez-vous  ,  etc. 

Je  pris  pour  badinage 
Un  innocent  baiser; 
Mais,  las!  il  fut  volage, 
Quand  il  |'Ut  tout  oser. 
Ah!  gardez-vous,  etc. 

l'uroleM  d'un  anonyme. 


Paris.  —  Imprimerie  del'atETfds  atnc\  rue  des  (Irantls-Augaslins,^. 


Àétâêt 


VIVE  LE  VIN. 


Vive  le  vin, 
Vive  ce  jus  divin! 
Je  veux  jusqu'à  la  fin 
Qu'il  égayé  nia  vie. 

Petit  ou  grand 
Un  homme  est  toujours  franc, 
Loyal  et  bon  vivant 
S'il  boit  sec  et  souvent. 

A  mon  amie, 

Jeune  et  jolie, 
Moi  je  consacre  et  l'amour  et  le  vin, 

Joyeuse  vie, 

Point  a'insomnie, 
Aimons  tous  deux,  buvons  jusqu'à  demain. 

Mon  Adèle, 

Toute  belle, 
Boit  gaîment  de  ce  jus  divin; 

Avec  elle, 

Moi  près  d'elle, 
Nous  chantons  ce  joyeux  refrain  : 

Vive  le  vin!  etc. 

Qu'épris  de  ses  att;aus, 
D'autres  chanteut  Glycère; 
Je  ris  de  leurs  couplets, 
Je  n'aimerai  jamais. 

134 


[bis. 


Au  comble  de  mes  souhaits 
Quand  je  remplis  mon  verre, 
Je  savoure  à  longs  traits 
Tous  les  plaisirs  parfaits. 
Vive  le  vin  !  etc. 

Quelle  folie! 

Quelle  manie, 
De  préférer  l'amour  à  ce  bon  vin  ; 

Triste  insomnie, 

Tourment,  folie, 
Voilà  le  lot  d'un  amoureux  destin. 

Haute  gloire 

Et  victoire 
A  Bacchus,  père  du  raisin! 

Cent  bouteilles 

Des  plus  vieilles 
A  celui  qui  fil  ce  refrain  : 

Vive  le  vin,  etc. 

Versant  donc  à  longs  traits, 
Quand  je  remplis  mon  verre  ! 
Nargue  des  freluquets! 
Je  dis  :  N'aimez  jamais. 
Et  près  d'elle  buvant, 
Je  vois,  vidant  mon  verre, 
L'amour  en  badinant, 
Lever  son  voile  blanc. 

Vive  le  vin  ! 
Vive  ce  jus  divin  ! 


—  6b 


MG 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Je  veux  jusqu'à  la  fin 
Qu'il  égaie  ma  vie. 

Petil  ou  grand, 
Un  homme  est  toujours  franc, 
Loyal  et  bon  vivant, 
S'il  boit  sec  et  souvent.        (bis.) 

Parole-  «l'un  anonyme. 


POINTE   DE   VIN. 


1823. 
A  i  r  z  Si  vcncs  m'a  imez. 

Pointe  de  vin  console  l'indigence. 
Quand  les  abus  du  pouvoir  souverain, 
Dans  un  cachot,  font  gémir  l'innocence, 
Que  lui  faut-il,  pour  narguer  le  destin, 
Pour  oublier  ses  maux  et  sa  souffrance? 
Pointe  de  vin. 

Pointe  de  vin  d'amour  accroît  le  zèle. 
De  trop  de  feux,  quand  l'enfant-dieu  malin. 
Toute  la  nuit,  brûla  pour  une  belle, 
Que  lui  faut-il,  pour  donner,  le  matin, 
A  son  flambeau,  clarté  vive  et  nouvelle? 
Pointe  de  vin. 

Pointe  de  vin  apprivoise  et  désarme 
L'altière  humeur  de  plus  d'un  spadassin. 
Pour  un  seul  mot,  la  prude  prend  l'alarme; 
Qu'employons-nous  pour  la  mener  bon  train. 
Quand  sa  vertu,  contre  nous,  se  gendarme? 
Pointe  de  vin. 

Peinte  de  vin,  princes,  doit  vous  apprendre 
Quand  un  ministre  au  mensonge  est  enclin  . 
Il  tenterait,  en  vain,  de  s'en  défendre, 
La  vérité,  de  sa  bouche,  soudain. 

•  chapper,  si  vous  lui  (ailes  prendre 
Pointe  de  vin. 


Pointe  de  vin,  amis  de  la  guinguette, 
Vous  a  valu  plus  d'un  joli  refrain. 
De  vous  payer  tribut  de  chansonnette 
On  formerait  vainement  le  dessein, 
Si  l'on  n'avait,  pour  acquitter  sa  dette, 
Pointe  de  vin. 

A.  St-Clllcs. 


La  musique,  de    Meurgcr,  se  trouve  notée    m 
N.  17ôl  de  la  Clédu  Caveau. 


PLEURONS,  AMIS,  LES  RAISINS  SONT  GELÉS. 

1823 
Ain  :    Amis,  'lu  vin,  de  Li  gloire  et  des  belles. 

Coteau  charmant  où  la  grappe  dorée, 
A  chaque  automne,  égayait  le  buveur, 
Champ  de  bataille  où  triompha  Borée, 
Sois  aujourd'hui  l'objet  de  ma  louleur. 
Oui,  c'en  est  fait,  une  affreuse  disette 
Va  dessécher  nos  palais  désolés  ; 
Plus  de  glouglous,  pas  même  de  piquette... 
Pleurons,  amis,  les  raisins  sont  gelés,  [bis.) 

Un  champ  de  vigne  est  l'arène  amoureuse 
Où  les  tendrons  sont  aisément  soumis  : 
Les  ceps  grandis  et  la  feuille  ombrai 
Auraient  tenu  ce  qu'ils  avaient  promis  ; 
Sous  leur  abri,  deux  à  deux  on  s'arrange; 
Mais  les  Amours  déjà  sont  envolés, 
Le  veut  du  nord  supprime  une  vendange. 
Pleurons,  amis,  les  raisins  sont  gelés. 

Lorsque  la  treille  avait  rempli  mon  verre, 
Je  le  portais  aux  lèvres  d'Alison  ; 
Au  premier  coup  j'apaisais  sa  colère, 
Le  second  coup  ravissait  sa  raison  : 
Pour  ses  refus  elle  demandai!  j-Tàoc, 
Lt  m'enlaçai I  dans  ses  bras  potelés  ; 
Mais  sa  vertu  reprendra  son  audace: 
Pleurons,  amis,  les  raisins  sont  gelés. 


CHANSONS    BACHIQUES. 


497 


Le  temps  est  gros  :  peut-être  la  tempête         f 
Menace  encor  nos  paisibles  foyers. 
Déj ;i  nos  preux  ont  relevé  la  tête, 
Et  nos  enfants  se  joindront  aux  guerriers. 
Mais,  dans  les  camps,  Catin  versait  à  boire  ; 
Les  mieux  servis  étaient  les  plus  zélés. 
Las!  qui  pourra  compter  sur  la  victoire? 
Pleurons,  amis,  les  raisins  sont  gelés. 

Les  partisans  des  troubles  populaires, 
Las  de  crier,  et  de  crier  en  vain, 
Peut-être,  un  jour,  déposant  leurs  tonnerres, 
Kn  bons  mortels,  auraient  goûté  du  vin. 
On  aurait  vu,  dans  un  banquet  comique, 
Choquer  du  verre,  à  grands  coups  redoublés, 
Les  prétendants  avec  la  République  ! 
Pleurons,  amis,  les  raisins  sont  gelés. 

Mais  qu'ai-je  dit?  et  ce  corps  de  réserve, 
Par  le  bon  goût  lentement  amassé, 
Ce  doux  nectar  que  le  buveur  conserve, 
Et  sur  lequel  dix  soleils  ont  passé  ! 
Guerre  aux  flacons  ménagés  par  nos  pères  -, 
Guerre  aux  fagots  qui  les  ont  recelés, 
Ainsi  le  deuil  se  change  en  jours  prospères  : 
Consolons-nous,  les  raisins  sont  gelés. 

Salgat. 


MES  CHERS  AMIS,  J'AI  LE  VIN  BIEN  MAUVAIS. 

Air  :  Contenions-nous  d'une  simple  bouteille. 

Joyeux  enfants,  que  Momus  gouverne, 
Fuyez  du  vin  les  attraits  séducteurs  : 
Le  vin,  nous  dit  l'Anacréon  moderne, 
Est  un  agent  des  plus  provocateurs. 
Lorsqu'aux  festins  Bacchus  remplit  ma  coupe 
Des  flots  pressés  d'un  nectar  pur  et  frais, 
Des  Ris,  des  Jeux  mon  œil  croit  voir  la  troupe  ; 
Mes  chers  amis,  j'ai  le  vin  bien  mauvais. 

Après  un  coup,  deux  au  plus  de  madère, 
En  tapinois  déloge  ma  raison  ; 


Un  coup  encore,  amis,  le  charme  opèie, 
Et  je  me  crois  sous  un  autre  horizon  : 
Un  ciel  brûlant,  qu'éclaira  la  Victoire, 
Offre  à  mes  yeux  des  bataillons  français  ; 
Je  vois  du  sang,  des  revers,  de  la  gloire  ; 
Mes  chers  amis,  j'ai  le  vin  bien  mauvais. 

Le  vin  du  Rhin  m'offre  aussi  quelques  charmes  ; 
Mais  un  flacon,  un  seul  me  met  à  bas  : 
Au  fond  du  verre,  inondé  de  mes  larmes, 
Je  vois  écrit  :  Ambition...  combats. 
Je  vois,  malgré  l'effort  de  la  vaillance, 
De  noirs  frimas  obscurcir  des  succès  ; 
Je  vois  le  Scythe  aux  frontières  de  France  ; 
Mes  chers  amis,  j'ai  le  vin  bien  mauvais. 

Du  vin  de  Nuits  je  redoute  1  ivresse  ; 
Il  me  causa  souvent  plus  d'une  erreur  : 
Lorsque  j'en  bois,  oubliant  ma  faiblesse, 
A  la  beauté  je  commande  en  vainqueur... 
Je  ris  alors  des  prouesses  d'Hercule, 
A  ma  moitié  je  promets  des  hauts  faits  , 
Devant  mon  rêve,  éveillé...  je  recule; 
Mes  chers  amis,  j'ai  le  vin  bien  mauvais. 

Quand  le  bordeaux  circulant  à  la  ronde 
Est  mainte  fois  venu  me  retrouver. 
Notre  pays  me  semble  un  autre  monde  ; 
Un  noir  démon  cherche  à  me  le  prouver  : 
Il  me  fait  voir,  entretenant  mon  rêve, 
Tous  nos  Sullys  augmentant  leurs  budgets; 
Dame  Thémis  laissant  rouiller  son  glaive  ; 
Mes  chers  amis,  j'ai  le  vin  bien  mauvais 

Vient  le  dessert...  le  Champagne  pétille; 
D'un  bon  repas  c'est  le  digne  bouquet  : 
Dans  tous  les  yeux  alors  le  plaisir  brille; 
Le  gai  Momus  prend  sa  place  au  banquet. 
C'est  au  dessert,  qu'entraîné  par  ma  verve, 
Bon  gré  mal  gré,  je  rimai  ces  couplets  ; 
A  jeun  j'ai  dû  maudire  ma  Minerve  : 
Mes  chers  amis,  j  ai  le  vin  bien  mauvais. 

Alphonse  Salin. 


CHANSONS   POPULAIRES. 


LE  VIN   NOUVEAU. 


1810. 


Air  :  Du  lendemain. 


Amis,  la  cuve  bouillonne  ; 
De  nos  verres  armons- nous  ; 
Des  dons  offerts  par  l'automne, 
Allons  goûter  le  plus  doux  : 
De  la  vie  ornons  le  rêve  ;      \ 
Rien  ne  porte  à  mon  cerveau  f         Bis 
Plus  de  gaîté  qui'  la  sève      l   en  chœur. 
Du  vin  nouveau.  ) 

Ce  Chaulieu  de  qui  les  traces 
Guident  mes  pas  chancelants, 
Par  quel  art  avec  les  Grâces 
Joua-t-il  jusqu'à  cent  ans? 
En  riant  s'il  fit  la  route, 
C'est  qu'il  meublait  son  caveau 
De  tocane  ou  mère-goutte 
Du  vin  nouveau. 

Arbois,  ta  liqueur  nouvelle 
Plut  au  meilleur  des  Henris  : 
Vive  dieu  !  que  Gabrielle 
En  connut  bien  tout  le  prix.! 
Ta  mousse  égaie  une  fête 
Rien  plus  que  le  vieux  bordeau, 
El  redonne  au  tête-à-lôle 
Dn  feu  nouveau. 

Vieux  nectar,  vieille  ambroisie 
Sont  pour  Minerve  et  Junon  ; 
D'un  vin  nouveau  la  saillie 
Pourrait  troubler  leur  raison  : 
.Mais  du  nectar  qu'à  Cythère 
Fo  de  un  «lieu  portant  bandeau, 
Celui  que  Vénus  préfère, 
C  est  le  nouveau. 

De  deux  vins  sur  le  Parnasse 
Pbébua  emplit  ses  tonneaux  , 
L'un,  vieux,  dont  buvaient  Hoi 

Et  Racine  et  Dcspréaux  : 


L'autre  a  la  saveur  plus  forte  •, 
Mais  quoiqu'il  pique  on  sent  l'eau  : 
C'est  là  que  le  vieux  remporte 
Sur  le  nouveau. 


«Ii.  <lc  lu  tluclclui 


CHANSONNETTE  DE  TABLE 


<n\  :  Quand  les  bœu/s  vont  deux  à  deux. 


Et  lie,  et  toc,  et  tic,  et  toc, 

El  toc,  et  tic,  et  toc, 
Que  ce  joyeux  carillon 
Se  répèle  à  l'unisson. 


|(6m.) 


Chez  les  amis  de  la  panse 
C'est  ainsi  qu'on  doit,  je  pense, 
Terminer  un  bon  repas. 
Grâce  aux  mains  qui  les  provoquent, 
Que  tous  nos  verres  se  choquent... 
.Mais  ne  les  imitons  pas. 
Et  tic,  et  toc,  etc. 

Quand  la  table  nous  rassemble, 
Son  charme  confond  ensemble 
L'âge,  le  rang  et  l'espril  ; 
Et,  grâces  à  sa  licence, 
Chez  Cornus  toute  distance 
Se  mesure...  à  l'appel  il. 
Et  tic,  et  toc,  etc. 

Tant  que  la  table  est  garnie, 
Gardons-nous  de  la  manie 
De  parler  à  tous  moments  I 
Point  d'esprit,  poinl  de  harangua  : 
Songeons  qu'un  seul  coup  de  langue 
Fait  perdre...  vingt  coups  de  dents. 
Et  tic,  et  toc,  clc. 

Fi  de  ceux  donl  la  bedaine 
A  table  souvent  nous  gêne 
Par  snn  embonpoint  f&cheuxl 
Pour  les  avoir  il  arrive 


CHANSONS    BACH  [QUES. 


429 


Qu'on  n'invite  qu'un  convive... 
Au  lieu  d'en  inviter  deux. 
Et  tic,  el  toc,  etc. 

On  peint  cuinine  chose  étrange 
Ce  vieux  miracle  qui  change 
En  vin  les  eaux  de  Gana  : 
Sans  trop  prôner  leur  science, 
Nos  marchands  de  vin  en  France 
Font  de  ces  miracles-là. 
Et  lie,  et  toc,  etc. 

Certain  fleuve,  dit  l'histoire, 
Jadis  ôlait  la  mémoire, 
Le  premier  de  tous  les  biens  : 
Que  n'est-il  encore  au  monde!... 
J'enivrerai  de  son  onde 
Vos  créanciers...  et  les  miens. 
Et  tic,  et  toc,  etc. 

Mais  j'aime  mieux  la  puissance 
De  ce  vin  dont  l'influence 
Vient  échauffer  mes  esprits  ; 
Si  par  lui  mon  œil  se  trouble, 
J'ai  le  plaisir  de  voir  double 
Le  nombre  de  mes  amis. 

Et  tic,  et  toc,  et  tic,  et  toc, 
Et  toc,  et  tic,  et  toc, 
Que  ce  joyeux  carillon     I 
Se  répète  à  l'unisson.       |  {bis.) 

u.  de  Kougemunt. 


LE    DELIRE   D'ERIGONE. 


1815. 

Puissant  Bacchus  ,  pour  jamais  je  te  livre 
Et  ma  raison,  et  mes  sens,  et  mon  cœur; 
De  voluptés  dans  tes  bras  je  suis  ivre 
En  savourant  ta  vermeille  liqueur  ! 


Ainsi  s'exprimait  Érigone 

Quand  de  l'Inde  le  Dieu  charmant 

Faisait  sentir  à  la  friponne 

Ce  que  peut  un  céleste  amant. 
A  ses  désirs  de  peur  qu'elle  n'échappe, 
Bacchus  a  pris  la  forme  d'un  raisin; 
Avec  délice  elle  mord  à  la  grappe  , 
Et  dans  l'extase  elle  chante  soudain  : 
Puissant  Bacchus  ,  etc. 

Du  pur  nectar  de  la  vendange 

Dès  qu'elle  éprouve  la  chaleur, 

Le  séduisant  vainqueur  du  Gange 

Paraît  dans  toute  sa  splendeur. 
Qu'il  a  d'attraits!  quel  air  noble,  intrépide! 
Il  soumettrait  l'univers  enchanté  ! 
C'est  la  vigueur,  c'est  l'audace  d'Alcide  , 
C'est  d'Adonis  la  grâce  et  la  beauté. 
Puissant  Bacchus,  etc. 

«  Ah  !  dit-elle ,  de  l'allégresse 

S'avance  le  maître  divin  ! 

La  foule  autour  de  lui  se  presse 

Et  de  fleurs  sème  son  chemin  ! 
Docile  au  joug,  le  tigre  le  caresse  , 
Et  de  l'agneau  lui  montre  la  douceur... 
Lorsqu'à  l'aimer  un  dieu  si  beau  no  is  presse, 
De  résister  on  n'a  pas  la  rigueur. 
Puissant  Bacchus  ,  etc. 

«  Comme  il  use  de  son  empire  ! 

Comme  il  est  vif  et  pétulant  1 

Avec  Daphné,  dieu  de  la  lyre, 

On  te  vit  moins  entreprenant. 
Pour  amuser  les  neuf  chastes  pucelles, 
Tu  les  réduis  à  de  tristes  concerts... 
Bacchus  fait  boire  et  lutine  les  belles, 
Et  ses  leçons  valent  mieux  que  des  vers. 
Puissant  Bacchus  ,  etc. 

«  De  la  fontaine  Aganippide 
Qu'on  vante  les  dons  merveilleux! 
Je  trouve  son  onde  insipide 
Et  ceux  qu'elle  abreuve  ennuyeux. 
Le  fruit  ambré  qui  ranime  et  réveille 
Grands  et  petits,  vieillards  et  jouvenceaux  > 


*30 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Pour  nous  charmer  brille  ^ur  une  Ireille 
Et  ne  vient  point  sous  de  frêles  roseaux. 
Puissant  Bacchus,  etc. 

«  En  multipliant  les  rasades, 

Quel  délire  me  fait  la  loi  î 

J'ose  défier  les  Ménades 

D'être  aussi  brûlantes  que  moi. 
Sur  le  gazon  l'amour  tous  deux  nous  groupe; 
Mon  jeune  amant  devient  plus  radieux  ; 
Soudain  il  porte  à  mes  lèvres  sa  coupe , 
Et  le  plaisir  me  place  dans  les  cieux. 
Puissant  Bacchus    etc. 

«  Mais  plus  je  bois,  plus  je  l'adore; 

Plus  je  l'adore  et  plus  je  bois  ; 

La  soif  de  jouir  me  dévore, 

Trouble  tous  mes  sens  à  la  fois... 
Sans  te  lasser,  ô  Bacchus  I  recommence... 
Verse  du  vin,  sur  ton  sein  presse-moi... 
Si  tes  transports  vont  jusqu'à  la  démence, 
Tu  me  vcnas  toujours  digne  de  toi. 
Puissant  Bacchus,  pou;  jamais  je  te  livre 
Et  ma  raison,  et  mes  sens,  et  mon  cœur; 
De  voluptés  dans  tes  bras  je  suis  ivre 
En  savourant  ta  vermeille  liqueur  I  » 


.1.  Uusaulcboy. 


Musique  de  Lélu. 


BUVONS. 

Ai»  :  Tonton,  tontotine,  tonton. 

Le  plaisir  ici  nous  ramène; 
Muiiiiis  (ail  sauter  les  bouchons, 
Buvons,  buvons,  morguenne,  buvons; 
Tant  que  notre  joyeux  Silène 
Nous  fournira  de  vienx  Bacons, 
Buvoo  '■une,  bavons. 

Comme  ob  n'a  point,  à  la  fontaine, 
Pllisé  le  \in  que  nous  sablons, 


Buvons,  buvons,  morguenne,  buvon  ;  ; 
En  attendant  que  dans  la  plaine 
I  'e  tu  fasse  éclore  les  bourgeons, 
Buvons,  morguenne,  buvons. 

Au  lieu  d'aller  voir  sur  la  bc 
Des  acteurs  qui  ne  sont  pas  bons  , 
Buvons,  buvons,  morguenne,  b  tvons; 
Au  lieu  d'applaudir  chez  Ismène 
Des  vers  froids  comme  des  glaçons  , 
Buvons  ,  morguenne  ,  buvons. 

Afin  de  digérer  sans  peine 
Jambons,  chapons,  dindons,  marrons, 
Buvons,  buvons,  morguenne, buvons; 
Et  pour  donner  à  notre  Hélène 
D'amour  de  nombreuses  leçons, 
Buvons,  morguenne,  buvons. 

Faut-il  s'élancer  dans  l'arène 
Pour  combattre,  moi  je  réponds  : 
Buvons,  buvons,  morguenne,  buvons; 
Nous  ne  devons  au  noir  domaine 
Jamais  descendre  que  bien  ronds  , 
Buvons,  morguenne,  buvons. 

Afin  de  trouver  par  centaine 
De  bons  refrains,  de  gais  fions  fions. 
Buvons,  buvons,  morguenne,  buvons. 
Le  Champagne  vaut  l'hippocrène, 
El  pour  chanter  sur  tous  les  tons, 
Buvons,  morguenne  ,  buvons. 

Pour  bannir  les  chagrins,  la  peine, 
Que  trop  souvent  nous  ressentons, 
Buvons,  buvons,  morguenne,  buvons; 
C'est  le  Léthé,  qu'à  tasse  pleine, 
Avec  transport  nous  savourons, 
Buvons,  morguenne,  buvons. 

Quand  le  Temps,  d'une  voix  hautaine, 
Noua  dira  que  nous  vieillissons, 
Buvons,  buvons,  morguenne,  buvons; 
Car  de  Jouvence  la  fontaine 
Ici  coule  à  dots  rubiconds, 
Buvons,  morguenne ,  buvons. 


CHANSONS  BACHIQUES. 


431 


Avant  que  la  Parque  ne  vienne, 
Même  avec  elle,  en  francs  lurons, 
Buvons,  buvons,  morguenne,  buvons; 
Grisons-nous,  grisons  la  vilaine  , 
Pour  l'enterrer  sous  les  bouclions. 
Buvons-  morguenne ,  buvons. 

Relie  aîné. 


LA   BOUTEILLE. 

Air  :  Frappons,  frappons  a  grands  coups  (des  deux  Avares  . 

Chantons,  chantons  tous  en  chœur 
La  bouteille 
Qui  me  réveille; 
Chantons,  chantons  tous  en  chœur 
La  bouteille 
Chère  à  mon  cœur. 

Qu'un  loi  émule  d'Alexandre, 
Pour  devenir  plus  puissant , 
Béduise  les  villes  en  cendre, 
El  fasse,  hélas!  couler  le  sang! 
Moi,  que  le  doux  plaisir  conseille, 
Et  qu'il  ne  prêche  pas  en  vain, 
J'aime  mieux  voir  couler  le  vin 
Qui  s'échappe  de  ma  bouteille. 
Chantons,  etc. 

Se  faisant  un  jeu  des  batailles, 
Quand  vingt  rois  ligués  contre  un  roi 
Viennent  menacer  nos  murailles, 
Et  dans  nos  cœurs  semer  l'effroi  , 
Au  bruit  du  canon  qui  m'éveille, 
Je  voudrais  voir  ces  conquérants,  , 
Pour  mieux  vider  leurs  différends 
Vider  ensemble  une  bouteille. 
Chantons,  etc. 

Afin  d'arrondir  son  empire, 
Plus  d'un  roi,  sans  ambition, 
Au  congrès,  tous  les  jours  conspire 
La  perte  d'une  nation  : 


Pour  moi,  je  vivrais  à  merveille, 
Si  des  dieux  j'obtenais  bientôt 
Pour  empire  le  clos  Vougeot , 
Et  pour  mon  sceptre  une  bouteille. 
Chantons,  etc. 

C'est  une  couronne  d'épines 
Que  la  couronne  de  nos  rois; 
D'amour  les  roses  purpurines 
Sur  mon  cœur  ont  bien  plus  de  droits. 
Épris  d'une  beauté  vermeille  , 
Si  je  m'endors  sur  ses  genoux. 
Je  me  réveille  aux  doux  glouglous... 
Aux  doux  glouglous  de  ma  bouteille. 
Chantons ,  etc. 

Quand  un  ami,  quand  une  belle 
Trompent  mon  cœur  ou  mon  espoir, 
Ou  lorsqu'une  fièvre  cruelle 
Exerce  sur  moi  son  pouvoir, 
Je  cours  gaîment  sous  une  treille. 
Et  là,  narguant  le  médecin, 
De  mes  maux  le  remède  sain 
Je  le  trouve  dans  ma  bouteille. 
Chantons,  etc. 

Si  la  mort  qui  frappe  à  la  porte 
De  la  cabane  et  des  palais , 
Mes  amis,  un  beau  jour  m'apporte 
L'ordre  de  vous  fuir  à  jamais, 
A  la  barbe  de  cette  vieille, 
Fils  de  Momus  et  du  Caveau, 
De  vin  arrosez  mon  tombeau 
Et  sur  lui  cassez  ma  bouteille. 


Chantons,  chantons  tous  en  chœur 
La  bouteille 
Qui  me  réveille; 
Chantons,  chantons  tous  en  chœur 
La  bouteille 
Chère  à  mon  cœur. 

Casimir   .tléncsf rïr-r. 


•tssitgs 


m  CHANSONS   POPULAIRES. 

LE   BON   REMÈDE.         '    î        BUVONS,    CHANTONS. 


Air  nouveau  i 


M,  B...,oo  l'Amour  est  un  dieu  volage 
(Haine  aux  femmes). 


Chacun  se  plaint,  sur  la  terre. 
Des  maux  qui  sont  répartis  ; 
Les  femmes,  de  leurs  maris, 
Les  hommes,  de  leurs  amis, 
Les  pauvres,  de  la  misère. 
Que  répondre  à  tout  cela? 
Eh  !  mes  amis,  le  voilà  : 
Que  l'on  vide  une  bouteille 
De  Champagne  ou  de  bordeaux  ; 
Ce  remède  fait  merveille, 
Il  guérit  de  tous  les  maux 


j  {bis.) 


Quand  une  amante  volage. 
Qui  par  goût  aime  à  changer, 
Vient  un  jour  à  déloger. 
Au  lieu  de  t'en  affliger, 
Jeune  amant,  moi,  je  t'engage, 
Tour  éloigner  le  chagrin, 

I  l'user  de  ce  vieux  refrain  : 

Que  l'on  vide,  etc. 

Plus  d'un  époux  fait  tapage, 
(Sans  raison  assurément) 
De  voir,  sans  son  agrément, 
Et  sa  tomme  et  son  argent 
Disparaître  du  ménage. 
Ah  !  d;un  ce  cas,  mes  avis 
Mériteni  O'être  suivis  : 
Que  l'on  vide,  etc. 

Toi  qui,  jeté  dans  la  vie, 
La  parcours  ,\>  ec  douleur  ! 
Qui,  toujours  Uiste  et  rêveur, 
N'as  vu  que  mds  sans  saveur  I 
A  ce  banquet  qui  i:ous  lie 
Quitte  ce  front  somioux, 
lit  chante  en  louant  Us  dieux  : 

II  faut  boire  une  bouteille 

De  Champagne  ou  de  bordeaux  ; 

mède  fait  merveiHe, 
Il  guérit  de  loua  lea  maux. 

l'Oi-tiuit-  (>.  rit*  «M-*. <  rmniii. 


1785 
Ara  :  Monseigneur,  vous  ne  voyez  riy.i. 

Quel  plaisir  d'être  en  ces  lieux, 
De  boire  et  de  chanter  ensemble  1 

Vive,  vive  le  vin  vieux, 
Et  l'amitié  qui  nous  rassemble  1 
Que  chacun,  le  verre  à  la  main, 
Bannisse  d'ici  le  chagrin! 
Chantons,  chantons  tous, 

Chantons  le  Dieu  de  la  treille; 
Chantons,  chantons  tous, 

Buvons  et  faisons  les  fous. 

Le  bonheur  tant  recherché 
De  la  froide  philosophie, 

Dans  le  bon  vin  s'est  caché 
Entre  les  bras  de  la  folie; 
Le  vin  apaise  nos  douleurs, 
Charme  l'esprit,  unit  les  cœurs. 
Chantons,  etc. 

Vénus  aux  plus  tendres  cœurs 
Cause  toujours  quelques  alarmes, 

Et  ses  plus  douces  faveurs 
Font  bien  souvent  couler  nos  larmes  ; 
Mais  Bacchus  est  plus  généreux, 
Sans  trouble  il  nous  rend  heureux. 
Chantons,  etc. 

Amis,  puissions-nous  longtemps 
Braver  les  Parques  inhumaines! 

Toujours  gais,  toujours  contents. 
Boire  à  longs  traits  l'oubli  des  peines; 
Et  même  aux  portes  du  tombeau, 
Répéter  ensemble  en  rondeau  : 
Chantons,  chantons  tons, 

Chantons  le  Dieu  de  la  treille; 
Chantons,  chantons  tous, 

Buvons  et  faisons  les  fous. 

François. 


-    I  erie  île  PatBt  fils  atné,  rue  des  Grarids-Auga»tins,5. 


CHANSONS    BACHIQUES. 


433 


LE   POUVOIR  DU  VIN. 


1810. 

Air  :  Ahl  le  bel  oiseau,  vraiment. 
Ou  t  Pour  étourdix  le  chagrin  de  la  Danse  interrompue. 

Aies  amis,  buvons,  buvons  ; 
Le  vin  m'enchante, 
Et  je  chante  : 
C'est  au  vin  que  nous  devons 
Les  plaisirs  que  nous  avons. 

Tous  ces  faiseurs  de  pamphlets 
Ont  beau  se  casser  la  tète, 
Eh,  morbleu  !  tous  leurs  feuillets 
Valent-ils  une  feuillette? 
Mes  amis,  etc. 

Quoique  le  latin  soit  beau, 
Plus  d'un  moderne  Grégoire 
N'entend  pas  le  mot  bil>o, 
Mais  il  entend  le  mot  boire. 
Mes  amis,  etc. 

Un  Crésus  compte  à  loisir 
L'or  dont  son  âme  est  avide  ; 
Les  flacons  me  font  plaisir  : 
Sans  les  compter  je  les  vide. 
Mes  amis,  etc. 

Au  savant  qui  lit  aux  cieux 
Un  long  tube  est  nécessaire  : 
Pour  sabler  du  vin  mousseux 
On  n'a  besoin  que  d'un  verre. 
Mes  amis,  etc. 

Le  dimanche  aux  Porcherons 
Que  de  tonnes  sont  entrées 
Dans  le  cou  des  bons  lurons, 
Sans  payer  les  droits  d'entrées. 
Mes  amis,  etc. 

Salomon,  qu'on  chante  en  chœurs 
S'égayait  avec  îes  ûames  ; 


Pour  attaquer  trois  cents  cœurs 
Il  a  grisé  trois  cents  femmes. 
Mes  amis,  etc. 

Ce  roi  qu'on  vante  beaucoup, 
David,  pour  se  mettre  en  marche, 
Avait  bu  son  petit  coup 
Quand  il  dansa  devant  l'arche. 
Mes  amis,  etc. 

Job  mourut  sur  un  fumier, 
Et  c'est  un  trépas  sans  gloire  ; 
S'il  fut  mort  dans  un  cellier, 
On  chanterait  sa  mémoire. 
Mes  amis,  etc. 

On  dit  que  Tobie  enfin 
En  priant  perdit  la  vue  ; 
N'est-ce  pas  plutôt  le  vin 
Qui  lui  donnait  la  berlue? 
Mes  amis,  etc. 

Saint  Jean,  dans  l'eau  du  Jourdain. 
Baptisait  les  hérétiques  ; 
Si  c'eût  été  dans  le  vin, 
Qu'il  eût  fait  de  catholiques! 
Mes  amis,  etc. 

Pour  les  vierges,  entre  nous, 
N'allons  pas  brûler  un  cierge  ; 
Buvons  onze  mille  coups, 
C'est  un  coup  pour  chaque  vierge. 
Mes  amis.  etc. 

On  boit  pour  faire  un  fagot  : 
On  boit  pour  faire  une  pièce  ; 
On  boit  pour  dire  un  bon  mot  ; 
On  boit  pour  dire  la  messe. 
Mes  amis,  etc. 

Mes  amis,  buvons,  buvons  ; 
Le  vin  m'enchante, 
Et  je  chante  : 
C'est  au  vin  que  nous  devons 
Les  plaisirs  que  nous  avons. 

Brasier. 


125 


434 


CHANSONS   POPULAIRES. 


LE  VRAI  MANGEUR 

Air  .  Aussitôt  que  la  lumière. 

Aussitôt  que  la  lumière 
Vient  éclairer  mon  chevet, 
Je  commence  ma  carrière 
Par  visiter  mon  buffet. 
A  chaque  mets  que  je  touche 
Je  me  crois  l'égal  des  dieux, 
Et  ceux  qu'épargne  ma  bouche 
Sont  dévorés  par  mes  yeux. 

Boire  est  un  plaisir  trop  fade 
Pour  l'ami  de  la  gaîlé  : 
On  boit  quand  on  est  malade, 
On  mange  en  bonne  santé. 
Quand  mon  délire  m'entraîne, 
Je  me  peins  la  Volupté 
Assise,  la  bouche  pleine, 
Sur  les  débris  d'un  pâté. 

A  quatre  heures  lorsque  j'entre 
Chez  le  traiteur  du  quartier. 
Je  veux  toujours  que  mon  ventre 
Se  présente  le  premier. 
Un  jour  les  mets  qu'on  m'apporte 
Sauront  si  bien  l'arrondir, 
Qu'à  moins  d'élargir  la  porte 
Je  ne  pourrai  plus  sortir. 

Un  cuisinier,  quand  je  dîne, 
Me  semble  un  être  d i \  in, 
Qui  du  fond  de  sa  cuisine 
Gouverne  le  genre  humain. 
Qu'ici-bas  on  le  contemple 
Comme  un  ministre  du  ciel, 
Car  sa  cuisine  est  un  temple 
Dont  les  fourneaux  sont  l'autel. 

Mais  sans  plus  de  commentaires, 
Amis,  ne  savons-nous  pas 
Que  les  noces  de  nos  pères 
Finirent  par  un  rep 
Qu'on  vit  une  nuit  profonde 
bientôt  les  envelopper, 


Et  que  nous  vînmes  au  monde 
A  la  suite  d'un  souper  ? 

Je  veux  que  la  mort  me  frappe 
Au  milieu  d'un  grand  repas; 
Qu'on  m'enterre  sous  la  nappe 
Entre  quatre  larges  plats  ; 
Et  que  sur  ma  tombe  on  mette 
Cette  courte  inscription  : 
«  Ci-gît  le  premier  poète 
«  Mort  d'une  indigestion.  » 

Désaugiers. 


CHANSON  BACHIQUE. 

air  :  Un  chanoine  de  l'Auxerrois. 

On  dit  que  le  grave  Apollon, 
Pour  inspirer  un  nourrisson, 

Se  fait  tirer  l'oreille  : 
Moi,  quand  je  tiens  le  verre  en  main, 
Je  le  vois  accourir  soudain 

Auprès  de  ma  bouteille, 
S'enivrer  de  ce  jus  charmant, 
Eh!  bon,  bon,  bon, 
Que  le  vin  est  bon  1 

A  ma  soif  j'en  veux  boire. 

Lorsque,  pour  punir  l'univers, 
L'eau  se  précipita  des  airs, 

Les  vagues  écumantes 
Noyèrent  l'homme  dans  leur  sein, 
Ah!  s'il  eût  nagé  dans  le  vin, 

Ses  lèvres  expirantes 
Auraient  formé  ce  doux  accent  : 
Mourons,  mais  mourons  en  chantant  : 
Eh!  bon,  bon,  bon,  etc. 

Patriarches  d'avant  Noé, 
Vous  avez  trop  tôt  habité 

Une  terre  ignorante. 
Si  vous  aviez  plus  tôt  connu 
Ce  joli  petit  bois  loilu 

Dont  lejus  nous  enchante. 


CHANSONS   BACHIQUES. 


435 


Vous  auriez,  dans  un  doux  transport. 
Dit,  en  bénissant  votre  sort  : 
Eh!  bon,  bon,  bon, 
Que  le  vin  est  bon  ! 
A  ma  soif  j'en  veux  boire. 

L'abbé  Patin. 


CH4NSON   BACHIQUE. 

Air  :  Doux  soleil  d'Italie  (de  Fourcy).  \ 

Toi,  qui  donnes  l'ivresse, 
Toi,  par  qui  nous  aimons, 
Liqueur  enchanteresse, 
Inspire  nos  chansons. 

Oui,  tu  me  plais,  père  de  la  Folie, 
Lorsque,  brillant,  tu  sors  du  noir  flacon  ; 
Heureux  par  toi,  ma  langue  se  délie, 
Et  mon  esprit  a  franchi  l'Hélicon; 
Mon  œil  qu'éteint  la  vapeur  enivrante, 
D'un  autre  monde  a  rêvé  le  bonheur  : 
Et  plein  d'émoi,  dans  mon  humeur  charmante, 
Je  viens  chanter  ces  vers  en  ton  honneur  : 
Toi,  qui  donnes  l'ivresse,  etc. 

Bien  souvent  l'or  qu'on  jette  aux  pieds  des  belles 
Ne  peut  trouver  le  chemin  de  leur  cœur, 
Quand,  plus  habile  à  dompter  les  rebelles, 
Le  vin  paraît,  et  bientôt  est  vainqueur. 
Oui,  dans  mon  sein,  j'en  garde  l'assurance, 
Tu  le  rendrais,  trop  coquette  Alison, 
Si  je  voyais,  pour  tromper  ta  jactance, 
Le  jus  divin  maître  de  ta  raison. 
Toi,  qui  donnes  l'ivresse,  etc. 

Lorsque  le  dieu  qu'on  encense  à  Cythère, 
D'un  autre  culte,  inquiet  et  jaloux, 
Pour  se  venger,  de  mon  toit  solitaire 
Éloigne,  hélas!  un  objet  cher  et  doux, 
Bacchus  accourt,  et  son  nectar  me  plonge 
Dans  un  sommeil  qui  n'est  pas  sans  appas, 


En  ramenant  sur  les  ailes  d'un  songe 
Celle  que  j'aime,  émue,  entre  mes  bras. 
Toi,  qui  donnes  l'ivresse,  etc. 

Sur  son  vaisseau,  contemplez  cet  avare  ! 
Son  cœur  glacé  n'a  plus  qu'un  seul  désir; 
Et  sur  les  mers  quand,  joyeux,  il  s'égare, 
C'est  qu'en  espoir  il  pourra  s'enrichir. 
Mais  le  rubis  qui  flatte  son  envie, 
Dans  ses  reflets  a-t-il  l'éclat  du  vin  ? 
Et  ces  parfums,  trésors  de  la  Libye, 
Ont-ils  l'odeur  de  son  bouquet  divin  ? 
Toi.  qui  donnes  l'ivresse,  etc. 

Dans  nos  foyers  où  l'union  expire, 
Où  tout  s'agite  aux  cris  des  factions, 
Le  chansonnier,  secondant  ce  délire, 
Fait  un  appel  aux  noires  passions. 
Pour  assurer  le  repos  de  la  France, 
A" ses  enfants,  ma  lyre,  tour-à-tour, 
Module  un  hymne  au  dieu  de  l'espérance, 
Quand  elle  chante  et  le  vin  et  l'amour. 
Toi,  qui  donnes  l'ivresse,  etc. 

Si  les  humains,  par  un  nouveau  déluge, 

Étaient  encor  menacés  de  périr, 

J'irais,  priant  le  redoutable  juge, 

Pour  les  sauver,  en  victime  m'offrir. 

Je  lui  dirais  :  «  Dieu  bon,  Dieu  juste  et  sage, 

«  Je  m'offre  ici  pour  subir  leur  destin  ; 

«  Mais  rends-moi  doux  ce  fortuné  naufrage, 

«  En  me  noyant  dans  des  torrents  de  vin.  » 

Toi,  qui  donnes  l'ivresse, 

Toi,  par  qui  nous  aimons, 

Liqueur  enchanteresse 

Inspire  mes  chansons. 

Fortuné  G.  de  St-Gerniuln. 

>QQQli        ' 


CHANSON  A   BOIRE. 

Air  du  Temps. 

Que  j'aime  en  tout  temps  la  taverne 
Que  librement  je  m'y  gouverne  1 


436 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Elle  n'a  rien  d'égal  à  soi  : 
J'y  vois  tout  ce  que  je  demande, 
Et  les  torchons  y  sont  pour  moi 
De  fine  toile  de  Hollande. 


Durant  que  le  chaud  nous  outrage 
On  ne  trouve  point  de  bocage 
Agréable  et  frais  comme  elle  est; 
Et  quand  la  froidure  m'y  mène, 
Un  malheureux  fagot  m'y  plaît 
Plus  que  tout  le  bois  de  Vincenne. 


J'y  trouve  à  souhait  toutes  choses, 

Les  chardons  m'y  semblent  des  roses, 

Les  cervelas  des  ortolans  ; 

L'on  n'y  combat  jamais  qu'au  verre  : 

Les  cabarets  et  les  brelans 

Sont  le  paradis  delà  terre. 

C'est  Bacchus  que  nous  devons  suivre  : 
Le  nectar  dont  il  nous  enivre 
A  je  ne  sais  quoi  de  divin, 
Et  quiconque  a  cette  louange 
D'être  homme  sans  boire  du  vin, 
S'il  en  buvait  serait  un  ange. 

Le  vin  me  rit,  je  le  caresse  ; 
C'est  lui  qui  bannit  ma  tristesse, 
Il  réveille  tous  mes  esprits  ; 
Nous  nous  aimons  de  même  sorte; 
Je  le  prends,  après  je  suis  pris; 
Je  le  porte  et  puis  il  me  porte. 

Pour  moi,  jusqu'à  ce  que  je  meure, 
Je  veux  que  le  vin  blanc  demeure 
Avec  le  clairet  dans  mon  corps, 
Pourvu  que  la  paix  les  assemble  ; 
Car  je  les  jetterai  dehors, 
S'ils  ne  s'accordent  bien  ensemble. 

De  l'Entoile  (l'historien.) 


LE  CONVOI   D'UN  BUVKUH. 

1834. 

Ain  :  Que  chacun  de  nous , se  livre. 

Quand  l'heure  sera  venue 
Où  j'aurai  fermé  les  yeux, 
Chansonniers,  qu'on  distribue 
Mes  vins  nouveaux,  mes  vins  vieux; 
Je  vous  lègue  mes  futailles, 
Je  n'ai  qu'elles  pour  tout  bien, 
Sablez-les  aux  funérailles 
De  votre  joyeux  doyen. 

Je  veux  que  mon  sanctuaire 
Soit  au  cabaret  voisin, 
Et  que  mon  drap  mortuaire 
Soit  la  nappe  d'un  festin. 
Celui  qui  rougit  vos  trognes 
Doit  présider  en  ce  lieu, 
Vous  le  savez,  gais  ivrognes, 
Bacchus  fut  toujours  mon  dieu. 

Que  chacun  de  vous  accoure, 
Par  le  devoir  entraîné, 
Que  chacun  de  vous  m'entoure, 
Qu'un  refrain  soit  entonné  ; 
Quelque  chose  de  magique 
Naîtra  de  vos  doux  accords, 
Car  on  dit  qu'un  cri  bachique, 
Peut  seul  réveiller  les  morts. 

Ne  suivez  pas  la  coutume 
Qui  flatte  en  vain  notre  orgueil; 
Pour  tout  cierge  qu'on  allume 
Des  punchs  autour  du  cercueil  ; 
Quand  cette  flamme  animée 
Eblouira  les  passants, 
De  vos  pipes  la  fumée 
Viendra  remplacer  l'encens. 

Pour  égayer  le  cortège, 

Et  ceux  qui  suivront  mon  char, 

Lise  aura  le  privilège 

De  verser  un  doux  nectar  ; 


CHANSONS   BACHIQUES. 


437 


De  son  vin  et  de  ses  charmes 
Que,  jouissant  tour-à-tour, 
Si  l'on  répaud  quelques  larmes, 
Ce  soit  d'ivresse  et  d'amour. 

Qu'une  couronne  de  lierre 
Signale  au  loin  mon  tombeau, 
Et  qu'on  lise  sur  ma  pierre  : 
Il  fut  ennemi  de  l'eau. 
Ah  !  pour  qu'en  paix  je  sommeille, 
Sans  qu'on  puisse  m  oublier, 
Entourez-moi  d'une  treille, 
Chacun  y  viendra  prier. 

I.ouvet 


DÉPIT  D'AMOUR. 

1826. 

Air  nouveau. 

Du  vin,  du  vin,  du  vin  toujours  ! 
Jamais,  jamais,  jamais  d'amours  I 

Je  suis  à  table  et  reste  là. 
J'ai  vu  l'Amour  et  la  fourbe  Amélie  ; 
J'ai  vu  Bacchus  et  l'aimable  Folie  ; 

Ma  devise  aussi  la  voilà  : 
Du  vin,  du  vin,  etc. 

l'étais  grondeur,  j'étais  jaloux  ; 
Plus  de  maîtresse  et  plus  de  jalousie  ; 
J'ai,  pour  bannir  semblable  frénésie, 

Changé  les  soupirs  en  glouglous. 
Du  vin,  du  vin,  etc. 

Mais  boire  seul  serait  pitié  ; 
Amis,  pour  moi  vous  étiez  tout  sur  terre  ; 
Fermer  sa  porte  à  l'enfant  de  Cythère, 

C'est  la  rouvrir  à  l'Amitié... 
Du  vin,  du  vin,  etc. 

Perdre  l'esprit  est  des  affronts 
Le  plus  léger  que  Vénus  nous  apprête  ; 


Le  vin  aussi  nous  fait  perdre  la  tète, 

Mais  il  respecte  au  moins  nos  fronts. 
Du  vin,  du  vin,  etc. 

Parfois  l'arbre  de  volupté 
Recèle  un  ver  dans  le  fruit  qu'il  rapporte  ; 
A  mes  amis  les  santés  que  je  porte 

Ne  sauraient  nuire  à  ma  santé. 
Du  vin,  du  vin,  etc. 

Sage  enfin  qui  vous  éconduit, 
Filles  d'Adam,  fourbes  enchanteresses, 
Portez  ailleurs  vos  perfides  caresses! 

C'est  Bacchus  seul  qui  me  séduit. 

Du  vin,  du  vin,  du  vin  toujours  ! 
Jamais,  jamais,  jamais  d'amours! 

F.  Vaubertrand 

Musique  d'Edouard  Dou  vél 


LE  BUVEUR  MÉTROMANE. 

1826. 

Air  :  Je  loge  au  quatrième  étage. 

Chacun  sous  la  vaste  coupole 
Naît  avec  son  petit  travers  : 
Moi ,  j'en  ai  deux,  je  m'en  console  : 
J'aime  le  vin  et  fais  des  vers. 
D'Apollon  la  douce  magie 
Change  mon  lit  de  paille  en  fleurs; 
Et  dans  les  flots  du  vin  j'oublie 
Que  j'ai  versé  des  flots  de  pleurs. 

Anacréon  jadis  sut  boire; 

Piron  naguère  aima  le  vin; 

L'un,  l'autre  ,  au  temple  de  mémoire. 

Alla  porter  son  nom  divin. 

Je  débute  dans  leur  carrière, 

Et  déjà  je  lutte  avec  eux  : 

Pour  les  vers  je  suis  en  arrière; 

Mais  je  bois  presque  autant  qu'eux  deux, 


438 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Je  bois;  mais  au  moins  je  le  t:agne  : 
A  mes  censeurs  je  ne  dois  rien  ; 
La  paix  de  l'âme  m'accompagne; 
Je  ne  dépense  que  le  mien. 
Médisant  .  je  suis  sans  alarmes, 
Contre  moi  lance  ton  venin  ; 
Je  n'ai  point  fait  couler  de  larmes... 
Si  ce  n'est  des  larmes  de  vin. 

Si  le  vin  était  l'hippocrène, 

Mon  nom  serait  déjà  fameux  ; 

Mais,  pauvre  auteur  à  la  douzaine, 

Que  laisserai-je  à  nos  neveux? 

Ah!  mon  Dieu,  rien I  Foin  de  la  gloire, 

Si  je  savais  que  chez  Pluton 

On  chantât  des  couplets  à  boire 

En  sablant  le  vin  du  patron. 

Teste  d'Ouet. 


DES   KOSES   ET  DU  VIN 


1825. 
AIR  du  Carnaval  de,  Béranger. 

Je  n'aimais  plus...  d'amour  l'inquiétude 

Fuyait  au  loin  sur  les  ailes  du  Temps; 

Un  luth  en  main,  charmant  ma  solitude, 

Je  célébrais  le  retour  du  printemps; 

Du  sein  des  fleurs,  parles  zéphyrs  écloses, 

Déjà  l'abeille  explorait  son  butin  , 

El  je  voyais  renaître  avec  les  roses 

Le  pampre  vert  qui  nous  promet  du  vin. 

J'empli<  ma  coupe  et  chante  à  l'espérance 
Que,  dans  noscœurs,  font  naître  les  beaux  jours  ; 
Je  chante  aussi  la  froide  indifférence 
Que  je  ressens  pour  toi ,  dieu  des  amours. 
oui  désormais  aux  lois  que  tu  m'imposes, 
Mon  cour  flétri  veut  se  soustraire  enfin  , 
Etj'aime  mieux,  me  couronnant  de  roses, 
Chanter  le  dieu  qui  nous  donne  du  vin. 


'  J'allais  chanter  les  jeux  de  mon  enfance, 
Temps  fortuné,  qui  pour  toujours  a  fui , 
Lorsqu'à  mes  yeux  une  nymphe  s'avance: 
D'un  bel  enfant  elle  fait  son  appui  : 
En  lui  voyant  les  paupières  mi-closes, 

i  L'air  de  langueur  présageant  son  déclin  , 
Je  me  disais ,  pour  ranimer  les  roses, 
On  vit  Bacchus  les  arroser  de  vin. 

Le  bel  enfant,  tenant  une  églantine  , 

Me  dit  d'un  ton  qui  peignait  la  douleur  : 

«  De  cette  rose  une  cruelle  épine 

«  A  déchiré  le  beau  sein  de  ma  sœur... 

«  Reçois  la  fleur,  que  ta  main  en  dispose  ; 

«  Humecte-la  des  larmes  du  raisin  : 

«Son  sein,  baigné  par  les  feuilles  de  rose, 

«  Sera  calmé  par  les  vertus  du  vin. 

«  J'ai  vu,  dit-il,  dans  les  bosquets  de  Gnide, 
«  Ainsi  ma  mère  apaiser  sa  douleur...  » 
J'approche  alors  de  la  nymphe  timide, 
Le  cœur  ému,  déplorant,  son  malheur... 
Avec  la  fleur  ma  main  tremblante  arrose 
Un  doux  contour  invitant  au  larcin;. 
Ma  bouche  aspire  au  destin  de  la  rose, 
Et  de  la  coupe  où  retombe  le  vin. 

Mon  cœur,  flétri  par  ces  transports  rapides, 
Ne  songeait  plus  à  parer  mille  traits  .. 
Mon  œil  errait,  et  mes  lèvres  avides 
Allaient  porter  leurs  feux  sur  tant  d'attraits. 
Pour  les  calmer,  c'est  en  vain  que  j'oppose 
la  froide  coupe  et  le  nectar  di\in  ; 
Soudain  ma  bouche  y  rencontre  la  rose, 
Kl  mon  ardeur  s'augmente  par  le  vin. 

L'enfant  médit,  voyant  mon  trouble  extrême  : 
«  J'ai  su  trouver  le  chemin  de  ton  cœur; 
«  Hien  ne  résiste  à  mon  pouvoir  suprême, 
«Reconnais-moi...  l'Amour  est  ton  vainqueur! 
«Sur  l'avenir  jamais  ne  le  repose, 
a  Suivanl  mes  lois,  dit-il  d'un  air  malin, 
x  Avec  Nais  lu  peux  ,  cueillant  la  rose , 
«Chanter  le  dieu  qui  nous  donne  du  vin. 

%  Iphonac  €1. 


CHANSONS  BACHIQUES. 


439 


LE  DÉSESPOIR  D'UN  BUVEUR. 

1822. 

Air  :  Chantons  Bacchus. 
Ou  :  O  mont  Saint-Jean   Emile  Debreaux). 

Sur  les  coteaux  de  la  Bourgogne 
D'où  les  dieux  tiraient  le  nectar, 
Un  vieux  buveur  à  rouge  trogne 
Cherchait  le  beaune  et  le  pomar. 
Assis  près  d'une  tonne  vide  , 
Dont  l'aspect  causait  son  chagrin, 
Le  cœur  gros  ,  l'œil  de  pleurs  humide  , 
Sa  voix  murmura  ce  retrain  : 

Gais  chansonniers,  amants  de  la  bouteille, 
Vous  qui  chantiez  Bacchus  et  le  jus  de  la  treille, 
Pleurez  le  deuil  de  ces  coteaux; 

Point  de  raisin  pour  remplir  nos  tonneaux! 


Temps  fortuné  de  la  comète, 
Si  cher  aux  enfants  de  Bacchus, 
Ton  vin  ranimait  le  poète, 
Et  le  tendre  amant  de  Vénus  ; 
Déjà  ,  dans  sa  force  première, 
11  valait  nos  vins  les  plus  vieux; 
Le  buveur  pouvait  à  plein  verre 
Sabler  son  jus  délicieux. 
Gais  chansonniers,  etc. 

Adieu,  doux  charme  de  l'ivresse, 
Toi ,  qui  faisais  naître  au  festin 
Les  bons  mots,  la  franche  allégresse, 
Adieu  ,  je  vois  tarir  le  vin. 
Fiers  ennemis  de  la  fontaine, 
Fameux  buveurs,  résignez-vous; 
Ne  versez  plus  à  coupe  pleine, 
Il  nous  faut  boire  à  petits  coups. 
Gais  chansonniers,  etc. 

Pour  les  buveurs  jadis  l'automne 
Était  la  reine  des  saisons  ; 
Maintenant  le  dieu  de  la  tonne  , 
Hélas  1  nous  refuse  ses  dons; 
Autour  de  son  char,  la  folie 
Ne  presse  plus  les  vendangeurs  ; 


On  n'entend  plus  dans  la  prairie, 

L'écho  retenlir  de  leurs  chœurs. 

Gais  chansonniers,  amants  de  la  bouteille 

> 

Vous  qui  chantiez  Bacchus  et  le  jus  de  la  treille, 
Pleurez  le  deuil  de  ces  coteaux; 
Point  de  raisin  pour  remplir  nos  tonneaux  1 

Casimir  Josatelln. 

ii  «3C»oen  n 


MORALE  MOMUS1ENNE. 

1816. 

Air  :  du  Méléagre  champenois. 

Pour  nous  former  des  destins  propices, 
Des  vains  honneurs  évitons  le  fardeau; 

D'être  ignorés  faisons  nos  délices, 
Et ,  toujours  gais ,  ne  buvons  jamais  d'eau. 

Avec  de  l'or,  ici-bas ,  tout  abonde  , 
L'or  vous  soumet  les  prudes,  les  tendron»; 
Par  son  pouvoir  on  est  maître  du  monde; 
Mais  le  bonheur  est-il  un  de  ses  dons? 
Pour  nous  former,  etc. 

Par  les  périls  on  arrive  à  la  gloire , 
De  son  phosphore  on  est  tout  ébloui. 
Que  gagne-t-on  pour  vivre  dans  l'histoire? 
Mainte  blessure,  et  la  goutte  et  l'ennui. 
Pour  nous  former,  etc. 

En  consacrant  aux  neuf  sœurs  votre  vie, 
D'un  long  travail  quel  prix  attendez-vous? 
Vous  gémirez,  victime  de  l'envie  ; 
A  votre  tour  vous  deviendrez  jaloux. 
Pour  nous  former,  etc. 

Qu'un  journaliste  agite  sa  férule, 
Chacun  répète  :  Oh  comme  il  est  méchant  ! 
Qu'il  traite  bien  un  modeste  opuscule, 
On  ne  voit  plus  en  lui  qu'un  ignorant. 
Pour  nous  former,  etc. 


440 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Si  d'un  parli  vous  prenez  la  livrée, 
Aux  passions  il  vous  faut  obéir, 
Dès  lors  votre  âme,  aux  noirs  soucis  livrée  , 
Est  condamnée  au  tourment  de  haïr. 
Pour  nous  former,  etc. 

Que  vous  importe  ou  César  ou  Pompée  , 
Si  vos  celliers  sont  garnis  de  bons  vins' 
Aucun  des  deux  a-t-il  tiré  l'épée 
Pour  ajouter  aux  vignes  des  raisins? 
Pour  nous  former ,  etc. 

Accumulez  toutes  les  jouissances, 
Vous  languirez  d3  déguùls  abreuvé  : 
Bornez  vos  vœux  comme  vos  espérances, 
Des  vrais  plaisirs  le  secret  est  trouvé. 
Pour  nous  former,  etc. 

Qu'on  sache  aimer  sans  en  perdre  la  tète, 
Que  l'on  soil  bon  ,  que  le  cœur  soit  en  paix, 
Dans  l'avenir  alors  rien  n'inquiète, 
Et  du  malbeur  on  supporte  les  traits. 
Pour  nous  former,  etc. 

En  pratiquant  notre  philosophie, 
De  cette  vie  on  sort  aussi  gaîment 
Que  d'une  table  abondamment  servie  , 
On  voit  sortir  un  bienheureux  gourmand. 

Pour  nous  former  des  destins  propices , 
Des  vains  honneurs  évitons  le  fardeau; 

D'être  ignorés  faisons  nos  délices, 
Et  ,  toujours  gais,  ne  buvons  jamais  d'eau. 

J.   Ousuulcboy. 


FAUT  L'OUBLIER 


Faut  l'oublier,  disait  Grégoire, 
En  regardant  un  litre  plein; 
Désormais  je  veux  fuir  le  vin, 
Je  renonce  au  plaisir  d'en  boire. 

adieu,  trop  perfide  liqueur, 
J*ai  vu  ia  couleur  vermeille; 


Je  ne  te  bois  qu'avec  horreur, 
Voilà  ma  dernière  bouteille, 

Faut  l'oublier.  [bis.) 

Faut  l'oublier,  mais  comment  faire  ? 
Las!  tout  va  me  le  rappeler. 
Eh  quoi  1  pour  me  désaltérer, 
Boirai-je  de  l'eau,  de  la  bière? 
Ce  doux  parfum,  cette  chaleur 
Sera  toujours  en  ma  mémoire  ; 
Le  vin  seul  peut  plaire  à  mon  cœur. 
Mais  que  fais-tu,  pauvre  Grégoire  ? 
Faut  l'oublier.  (bis.) 

Faut  l'oublier,  dit-il  encore, 
Puis  il  appelle  le  garçon  ; 
Apporte  encore  un  seul  flacon, 
C'est  le  dernier,  car  je  l'abhorre. 
Enfin,  de  dernier  en  dernier, 
Grégoire  se  trouve  en  goguette  ; 
Sous  la  table  il  va  se  coucher. 
Et  ià,  renardant,  il  répète  : 

Faut  l'oublier.  (bis.) 

l'arole»  d'un  anonyme. 


LES  ENFANTS  DE  LA  FOLIE. 

1819. 
Air  :  Verse  encor,  encor,  etc. 

Sans  Bacchus , 

Vénus, 
Cornus , 
Moinus, 
Nous  serions  perdus , 
Enfants  de  la  folie  ; 
mus  Bacchus, 
Vénus, 

C'HIIUS, 

Momus, 
Tout  n'est,  dans  cette  vie, 
Que  sottise  et  quabus. 


Pans.  _  Imprimerie  JePiu.ii  iiis  aîné,  nie  det  Grud*-Augaatini,S, 


CHANSONS    BACHIQUES. 


441 


A  Bacchus,  jamais, 
N'associons  Neptune! 

Buvons  à  longs  traits, 
Notre  vin  pur  et  frais  ! 

Puis,  sans  trouble,  après, 
A  la  blonde,  à  la  brune. 

Offrons,  tour-à-tour, 
Mêmes  preuves  d'amour  ! 
Sans  Bacchus,  etc. 

Quand  Dieu  ,  sans  pitié  , 
Pour  le  vol  d'une  pomme. 

Eut  disgracié 
Adam  et  sa  moitié  , 

«  Sois  moins  effrayé  !  » 
Dit  Eve  au  premier  homme, 

«  J'emporte,  pour  toi, 
«  Le  pommier  avec  moi.  » 
Sans  Bacchus,  etc. 

Que  maint  courtisan 
A  la  faveur  parvienne, 

Et  soit  d'un  ruban 
Glorieux  comme  un  paon; 

Disons-lui  :  «  Crois-m'en  , 
«  Mon  cher,  qu'il  le  souvienne 

«  Que  tu  n'en  seras 
«Ni  plus  grand,  ni  plus  gras!  » 
Sans  Bacchus,  etc. 

Lorsque  Marcellus, 
Ce  député  bonace, 

Prône  les  abus 
Dont  nous  ne  voulons  plus, 

Qu'on  lui  dise  :  «  Intrus, 
«  Tu  n'es  pas  à  ta  place  ; 

«  Change  de  métier, 
«  Et  fais-toi  marguillier  !  » 
Sans  Bacchus,  etc. 

Cagots  patelins, 
Vous ,  qui  voulez  nous  rendre 

Dîmes,  capucins, 
Tous  vos  efforts  sont  vains  I 

Brûlez  vos  bouquins; 
Chez  nous,  venez  apprendre 


La  seule  oraison 
Que  dicte  la  raison  ! 

Sans  Bacchus,  etc. 

Pères  de  la  foi, 
Vos  maximes  étranges 

Sont  de  bas  aloi  ; 
Tenez-vous  loin  de  moil 

Une  sage  loi 
Dissipa  vos  phalanges  ; 

Fils  de  Loyola, 
Vous  êtes  encor  là! 

Sans  Bacchus,  etc. 

Vantez  ,  sans  pudeur, 
0  cafards,  ô  caillettes, 

Et  le  Moniteur, 
Et  le  Conservateur \ 

Redoublez  d'ardeur, 
Constantes  girouettes; 

Agitez,  sans  fin, 
Le  drapeau  de  Martain  !... 
Sans  Bacchus,  etc. 


Quand  des  fiers  Gaulois 
L'élite  triomphante 

Défendait  nos  droits, 
Nos  foyers  et  nos  lois , 

Ces  guerriers  courtois, 
Rassemblés  sous  la  tente, 

Le  soir,  de  grand  cœur, 
Entonnaient  tous  en  chœur  : 
Sans  Bacchus,  etc. 

Que  je  suis  flatté 
D'avoir  servi  la  France, 

Quand  sa  fermeté 
Fonda  la  liberté! 

Du  Germain  dompté, 
Plus  d'une  heureuse  chance 

Me  mit  sous  la  main , 
Et  la  femme  et  le  vin. 
Sans  Bacchus,  etc. 

Comme  vous  ,  je  ris 
Et  j'aime  la  guinguette; 


126 


442 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Gaîment,  j'applaudis 
A  vos  couplets  jolis. 

Agréez,  amis, 
De  cette  chansonnette 

L'hommage  mesquin, 
En  faveur  du  refrain  : 

Sans  Bacchus, 
Vénus, 
Cornus  , 
Momus , 
Nous  serions  perdus , 
Enfants  de  la  folie; 
Sans  Bacchus, 
Vénus. 
Cornus, 
Momus  , 
Tout  n'est ,  dans  cette  vie, 
Que  sottise  et  qu'ahus. 

Auguste   wt-Ulllr». 


LE  PLAISIR  DANS  UN  PETIT  LIEU. 


1822. 
A  h  '•  Quand  je  vois  les  gens,  ici-bat. 

Je  fuis  les  grands  appartements, 
Où  le  plaisii-  est  à  la  gêne, 
Et  les  petits  \ erres  charmants 
Qu'on  vide  Bac 3  reprendre  haleine. 
Je  préfère,  j  en  àis  l'aveu, 

la  beauté  qui  m'est  chère, 
Le  plaisir  dans  un  nelil  lieu, 
Et  le  bon  vin  dans  un  grand  verre. 


(6w.) 


Froids  censeurs,  docteurs  mécontents, 

(jii,  vous  plaignant  de  tonte  chose, 

Otenez  les  ailes  au  ten  ps 

Et  les  épines  à  la  rose  : 

Tout  est  bien,  rendez  grâce  à  D'eu, 

Qui  nous  fait  trouver  sur  la  terre 

Le  plaisir  dans  un  petit  lieu,  ) 

Et  le  bon  vin  dans  un  grand  verre.  )(  ,4-' 


Si  l'hiver  arrive  à  grands  pas 

Nous  montrer  sa  triste  figure, 

Que  sa  vue  ajoute  aux  appas 

D'une  volupté  douce  et  pure  : 

Alors  que,  devant  un  bon  feu, 

On  trouve,  en  faisant  bonne  chère, 

Du  plaisir  dans  un  petit  lieu,  )    ,.  . 

Et  du  bon  vin  dans  un  grand  verre-  i 


Des  richesses  ou  des  honneurs 
Bannissons  l'envie  importune; 
Restons  paisibles  spectateurs 
Des  caprices  de  la  fortune  ; 
Sachons  être  contents  de  peu. 
Si  nous  avons  pour  nous  distraire 
Du  plaisir  dans  un  petit  lieu, 
Et  du  bon  vin  dans  un  grand  verre. 


(6m. 


Les  Parques  tiennent  le  fuseau 

De  mon  existence  ignorée  ; 

Je  ne  sais  si  mon  écheveau 

Doit  être  de  longue  durée  ; 

Mais  son  terme  m'importe  peu 

Si  j'ai,  durant  ma  vie  entière, 

Du  plaisir  dans  un  petit  lieu, 

Et  du  bon  vin  dans  un  grand  verre.  J 

Amis,  dans  un  petit  endroit. 
J'aime  à  vous  rece  oir  sans  faste; 
Mais  si  mon  local  est  étroit, 
En  revanche  ma  coupe  est  vaste. 
Aussi,  plus  fortuné  qu'un  dieu, 
Ai-je,  grâce  à  ce  jour  prospère, 
Du  plaisir  dans  un  petit  lieu,.  ( 

Et  du  bon  vin  dans  un  grand  verre.  \ 
T.  Iluyct. 


M.) 


(6m 


CHANSON  BACHIQUE 

Ai"  :  I  l'ivre  un  bon  i 

Du  Pinde,  aimables  uoun  issons, 
\  ous  travaillez  pour  la  mémoire  : 


CHANSONS  BACHIQUES. 


U3 


Du  dieu  par  qui  nous  la  perdons, 
Moi,  je  veux  célébrer  sa  gloire. 
N'en  déplace  au  dieu  d'Hélicon, 
De  son  eau  je  ne  veux  point  boire  ; 
N'en  déplaise  au  dieu  d'Hélicon, 
L'hippocrène  est  dans  mon  flacon.   ' 

Pour  plaire,  un  enfant  d'Apollon, 
Doit,  accorder  raison  et  rime  ; 
On  plaît  sans  rime  et  sans  raison 
Quand  avec  Bacchus  on  s'escrime. 
N'en  déplaise  an  dieu  d'Hélicon, 
De  son  eau  je  ne  veux  point  boire  ; 
N'en  déplaise  au  dieu  d'Hélicon, 
L'hippocrène  est  dans  mon  flacon. 

Des  Titans  en  rébellion, 
Quand  tous  les  dieux  craignaient  la  rage, 
Bacchus  but  et  devint  lion  : 
Bacchus  seul  montra  du  courage. 
N'en  déplaise  au  dieu  des  guerriers, 
Pour  se  bien  battre  il  faut  bien  boire  ; 
N'en  déplaise  au  dieu  des  guerriers, 
Le  vin  fait  croître  les  lauriers. 

De  l'Inde  le  fier  conquérant 
D'un  flacon  armait  ses  phalanges: 
Et  l'on  eût  dit  en  le  voyant  : 
De  l'Inde  il  a  fait  les  vendanges. 
N'en  déplaise  au  dieu  des  guerriers, 
Pour  se  bien  battre  il  faut  bien  boire  ; 
N'en  déplaise  au  dieu  des  guerriers, 
Le  vin  fait  croître  les  lauriers. 

Brillante  étoile  du  matin, 
L'Amour  éclaire  notre  aurore  ; 
Le  soir,  avec  un  peu  de  vin, 
Son  flambeau  se  rallume  encore.  , 
N'en  déplaise  au  dieu  des  amours, 
11  n'est  qu'un  temps  pour  son  ivresse  ; 
N'en  déplaise  au  dieu  des  amours, 
On  n'aime  point,  on  boit  toujours. 

.  Victime  d'un  volage  amant, 
Ariar~,  qui  se  désole. 


Croit  gémir  éternellement  : 
Bacchus  paraît  et  la  console, 
N'en  déplaise  au  dieu  des  amours, 
Il  n'est  qu'un  temps  pour  son  ivresse, 
N'en  déplaise  au  dieu  des  amours, 
On  n'aime  point,  on  boit  toujours. 

Je  ris  de  ces  sols  parvenus 

Qui  pour  leurs  chevaux,  leur  maîtresse, 

Prodiguent  tous  leurs  revenus; 

Mon  flacon,  voilà  ma  richesse. 

N'en  déplaise  aux  fils  de  Plutus, 

On  n'est  riche  que  pour  mieux  boire; 

N'en  déplaise  aux  fils  de  Plutus, 

Pour  boire  l'on  a  des  écus. 

Cet  Harpagon,  riche  indigent, 
Toujours  s'inquiète  et  se  trouble  ; 
Moi,  quand  je  compte  mon  argent. 
Plus  heureux  que  lui  j'y  vois  double 
N'en  déplaise  aux  fils  de  Plutus, 
On  n'est  riche  que  pour  mieux  boire; 
N'en  déplaise  aux  fils  de  Plutus, 
Pour  boire  l'on  a  des  écus. 

Un  axiome  accrédité 
Place  (est-il  une  erreur  pareille!) 
Au  fond  d'un  puits  la  vérité  ; 
Elle  est  au  fond  de  la  bouteille. 
N'en  déplaise  même  aux  savants, 
On  sait  tout  lorsque  l'on  sait  boire  ; 
N'en  déplaise  même  aux  savants, 
Boire  est  le  premier  des  talents. 

Le  vin  inspire  les  bons  mots  : 
Souvent  Bacchus,  dans  son  délire, 
A  donné  de  l'esprit  aux  sots, 
Et  lui  seul  a  monté  ma  lyre. 
N'en  déplaise  même  aux  savants, 
On  sait  tout  lorsque  l'on  sait  boire  ; 
N'eu  déplaise  même  aux  savants, 
Boire  est  le  premier  des  talents. 

l.iioe  de  C.ai.nivul. 


4  il 


CIIAN  SONS  POPULAIRES. 


FOIN  DFS  PARTIS!  M-  S"NGF.0NS  Ql  \\  TR1NQIEII      [     Bif  n  franchement  embrassent  les  vilains, 

El  qu'avec  eux.  de  leurs  riches  vignobles 
Ils  partagent  les  vins. 


An  du  vaudeville  de  In  Partie  Cnrrée, 

Assez  longtemps  l'austère  politique 
Nous  étourdit  de  ses  tristes  débats  : 
Tout  occupés  de  la  chose  publique, 
Nous  dispuions,  et  nous  ne  buvons  pas  ; 
Au  dieu  du  thyrse  à  présent  infidèles, 
Pour  ses  plaisirs  nous  montrons  du  dédain  : 
Cherchons,  amis,  l'oubli  de  nos  querelles 
Pans  les  flots  d'un  bon  vin. 

Que  les  partis  se  tourmentent,  s'agitent, 
Mes  chers  amis,  laissons-les  se  choquer  : 
A  guerroyer  quand  leurs  fureurs  s'excitent, 
Plus  sages  qu'eux,  ne  songeons  qu'à  trinquer. 
Rions,  chantons,  et,  si  l'on  nous  demande 
De  quel  parti  nous  suivons  le  destin, 
Nous  répondrons  :  De  la  loyeuse  bande 
Qui  chérit  le  bon  vin. 

Fêtons  gaîment  le  doux  jus  de  la  vigne, 
Sans  rechercher  de  trompeuses  faveurs: 
Du  nom  d'ultra  s'il  faut  qu'on  nous  désigne. 
Que  l'on  ajoute  :  Ils  sont  ultra-buveurs. 
Les  traits  heureux  que  l'aï  nous  suggère 
De  bouche  en  bouche  iront  voler  demain  : 
Mes  bons  amis,  j'aime  qu'on  exagère 
Quand  il  s'agit  de  vin. 

Qu'en  s'échappant  la  mousse  pétillante 
De  la  gaîté  nous  donne  le  signal  ; 
Et  qu'en  versant  cette  liqueur  brillante, 
Chacun  de  nous  se  montre  libéral  I 
A  notre  gloire,  à  notre  indépendance, 
Avec  transport  buvons  jusqu'au  matin  ! 
Buvons  surtout  au  bonheur  de  la  France, 
Si  fertile  en  bon  vin. 

Entre  Français  détruisons  tout  divorce, 
Et  d'un  vin  frais  arrosons  l'olivier  : 
D'un  peuple  heureux  l'union  fait  la  force, 
Et  la  concorde  en  est  le  bouclier. 
Formons  le  vœu  que  désormais  les  nobles 


Ah!  croyez-moi.  celle  liqueur  chérie 
Fut,  en  tout  temps,  l'âme  de  nos  succès! 
Aimer  le  vin,  c'est  aimer  la  patrie  ; 
Un  bon  buveur  est  toujours  bon  Français. 
Pour  bien  combattre,  il  faut  apprendre aboire. 
El  tout  soldai,  qui  d'un  laurier  lointain 
Flatte  son  cœur  amoureux  de  la  gloire, 
Doit  honorer  le  vin. 

AugiiNte  Moufle. 


LES  MOINES. 


Nous  sommes  des  moines 
De  Saint-Bernardin, 
Qui  se  couchent  tard 
El  se  lèvent  matin, 
Pour  aller  à  matines 
Vider  leur  flacon. 

Et  bon,  bon,  bon, 

Et  v'ià  qu'est  bon, 

Et  bon,  bon,  bon, 
Ah  !  voilà  la  vie, 

La  vi  ■  suivie, 
Ah!  voilà  la  vie  que  les  moines  font. 

A  notre  déjeuner 

Du  bon  chocolat 

Et  du  bon  café 
Que  Ion  nomme  moka, 
La  fine  andouillelte, 
La  tranche  de  jambon, 
Et  bon,  bon,  bon,  etc. 

A  notre  dîner, 
Un  bon  chapon  gras 
Qui  trempe  la  soupe 
Comme  au  mardi-gras. 


:fiansons  bachiques. 


(45 


Lapins  de  garenne 
Senlant  la  venaison. 
Kl  bon,  bon,  bon,  etc. 

A  notre  goûter, 

Des  petits  oiseaux 

Que  l'on  nomme  cailles, 

Bécasses  et  perdreaux, 

La  tarte  sucrée, 

Les  marrons  de  Lyon. 

Et  bon,  bon,  bon, 

Et  v'ià  qu'est  bon, 

Et  bon,  bon,  bon, 
Ah!  voilà  la  vie, 

La  vie  suivie, 
Ah  !  voilà  la  vie  que  les  moines  font. 

Paroles  d'un  anonyme, 


VERSEZ  RASADE. 

1815. 

Air  :  Encore  une  victoire. 

Vive  un  banquet  où,  de  cent  pots 

Rangés  en  palissade, 
Le  vin,  jaillissant  à  grands  flots, 

Fait  jaillir  les  bons  mots. 
Puisqu'il  enfante  la  gaîté, 
Puisqu'il  est  bon  à  la  santé, 

Amis,  versez  rasade. 

Laissons  dans  leur  trisle  grandeur 

Ces  parvenus  maussades. 
Acheter  au  prix  du  bonheur 

Le  crédit  et  l'honneur. 
Nous,  plus  obscurs,  mais  plus  joyeux. 
Moins  courtisés,  bien  plus  heureux, 

Vidons  force  rasades. 

Que  vois-je!  ô  ciel!  la  vieille  Iris 

Me  lance  des  œillades  ! 
De  son  séculaire  souris 

Je  vois  quel  est  le  prix. 


Dieu  du  vin,  viens  à  mon  secours; 
Pour  (n'étourdir  sur  ses  amours, 
Verse-moi  cent  rasades, 
Mille  rasades. 

Mais  si  la  jeune  Zétulbé 

Bat  enfin  la  chamade, 
Si  par  un  bais.r  dérobé 

Je  l'amène  à  jubé; 
Amis,  éloignez  le  pomard  ; 
L'amour  d'un  tout  autre  nectar 

Va  lui  verser  rasade. 

Bacchus,  dieu  propice  à  l'amour, 
Et  dieu  cher  aux  Ménades, 

Poètes,  amants  tour-à-tour 
T'invoquent  chaque  jour. 

Si  le  bon  vin  fait  les  bons  vers, 

S  il  fait  voir  la  feuille  à  l'envers, 
Amis,  versez  rasades. 

Quand  il  faudra  du  vieux  Pluton 

Augmenter  la  peuplade, 
Amis,  au  bord  du  Phlégeton 

Ne  changeons  pas  de  ton. 
Montons  eaîment  le  noir  coursier, 
Et  pour  le  coup  de  l'élrier, 

Buvons  encor  rasade. 

F.  P.  A.  Léser. 


LES  RAISINS  MURIRONT. 

1825. 

Air  du  vaudeville  de  M.  Guilbmmc. 
Ou  Du  Dieu  des  lionnes  qev  . 

D'un  fr-iid  printemps  dix  arides  semaines 
Laissaient  douter  d'un  heureux  avenir; 
Mais  le  soleil  qui  brille  sur  nos  plaines 
Vient  ranimer  un  espoir  prêt  à  fuir. 
Ah  !  pour  bénir  la  divine  sagesse, 
De  pampres  verts  qu'on  se  pare  le  front, 
Et  que  les  cœurs  s'ouvrent  à  l'allégresse, 
Les  raisins  mûriront.  [bù.) 


446 


CHANSONS    POP  l  ILA1  Kl".  S. 


Jeunes  beautés  que  l'Amour  vit  rebelles, 
N'espérez  plu.-,  vous  soustraire  à  ses  lois  : 
Dans  nos  bosquets,  actives  sentinelles, 
Tousses  suivants  méditent  mille  exploits. 
Quand  vous  irez  pour  y  chercher  l'ombrage. 
Dans  leurs  Blets  les  plus  lins  vous  prendront  : 
Et  pour  réduire  alors  la  plus  sauvage, 
Les  r  lisins  mûriront. 

«  La  Croix  triomphe  et  de  lauriers  se  pare,  a 
Disait  un  Grec,  de  Scyros  habitant; 
«  Il  est  tombé,  le  Musulman  barbare. 
«  De  sang  chrétien  encor  tout  dégouttant  ! 
«  Du  sien,  enfin,  cette  terre  est  fumante! 
«  De  tant  de  morts  nos  ceps  s'engraisseront  ; 
«  El  pour  fêter  la  Grèce  renaissante, 
«  Les  raisins  mûriront.  » 

Non  loin  des  bords  qu'arrose  la  Garonne 
L'œil  radieux,  voyez  ce  Bordelais 
Sourire  aux  fruits  que  protège  Pomone. 
Et  pour  ses  rois  exprimer  ses  souhaits  : 
«  Il  est  debout  l'arbie  qu'on  crut  abattre, 
«  Des<s  rameaux  nus  fils  s'ombrageront  ; 
«  Et  pour  trinquer  aux  enfants  d'Henri  Quatre, 
«  Les  raisins  mûriront.  » 

Vous  qui  rêviez,  pour  notre  belle  France, 
La  liberté  sou:  l'égide  des  lois, 
Gardez  eneor  un  rayon  d'espérance, 
Ce  l'eau  soleil  doit  éclairer  ncsrois. 
Mais  s'il  trompait  une  aussi  noble  attente, 
De  sa  chaleur  nos  champs  se  sentiront  ; 
Et  pour  calmer  votre  âme  impatiente, 
Les  raisins  mûriront. 

Vil  courtisan,  à  la  langue  perfide, 
Ton  règne  expir\  il  B'évanouira; 
Si  dans  le  vin  la  vérité  réside, 

Auprès  des  roi.<  liientôl  on  la  verra. 
Ces  vils  traitants,  que  chaque  jour  on  prône, 
De  leur  grandeur  près  d'elle  tomberont; 
Pour  lui  Irayer  t  n  chemin  jusqu'au  trône, 
Les  raisii  s  mûriront. 

Saluf  Dl  donc  cet  astre  lutélaire, 

.Nous  qui  briguons  les  faveurs  de  Phéboi  ; 


Ne  craignons  point  le  jour  qui  nous  éclain 
i  A  sa  clarté  frondons  tous  les  abus. 

S  Le  ciel  nous  rit,  la  terre  nous  écoute, 
I  Momus  a  dit  :  les  dieux  vous  soutiendront; 
;  Et,  pour  charmer  la  longueur  de  la  route, 
Les  raisins  mûriront. 

Fortuné  G.  de  St-Germnlii. 


L'UNIVERS  EST  A  MOI 

1814. 

\m  du  vaudeville  des  Amazonti. 

A  tous  les  trésors  je,  préfère 
Mon  humble  médiocrité  : 
Pour  être  heureux  il  faut  sur  terre 
De  la  gaîté  ,  de  la  santé  : 
Marchant  sur  les  pas  de  Silène  , 
Je  suis  plus  fortuné  qu'un  roi; 
Pourvu  que  ma  coupe  soit  pleine, 

Tout  l'univers,  mes  amis ,  est  à  moi  ! 
Pourvu  que  ma  coupe  soit  pleine  , 

Mes  chers  amis,  l'univers  est  à  moi! 
L'univers  ,  l'univers  est  à  moi  ! 

Je  possède  une  tendre  amie 

Qui  ,  par  ses  talents,  ses  discours, 

Malgré  la  fortune  ennemie  , 

De  mon  destin  charme  le  cours  ; 

Contre  mon  sein  quand  je  la  presse  , 

Je  suis  fier  d'être  sous  sa  loi! 

Et ,  si  j'obtiens  une  caresse, 

Tout  l'univers,  mes  amis,  est  à  moi  ! 
Et,  si  j'obtiens  une  caresse, 

Tout  l'univers,  mes  amis,  est  à  moi  I 
L'univers,  l'univers  esta  moi! 

Dignes  disciples  de  Barthole, 
Ah!  combien  vous  faites  d'efforts 
Pour  faire  arriver  le  Pactole 
Dans  vos  immenses  coffres-forts; 
Mon  sort  me  paraît  préférable  : 
je  n'ai  rien  ,  mais  je  ris ,  je  boi, 


CHANSONS   BACHIQUES. 


447 


Et,  ma  foi ,  quand  je  suis  à  table , 
Tout  l'univers  ,  mes  amis  ,  est  à  moi  t 

Et ,  ma  foi ,  quand  je  suis  à  table  , 
Tout  l'univers,  mes  amis,  est  à  moi! 

L'univers,  l'univers  est  à  moi! 

Dans  ces  repas  où  l'on  étale 

Des  mets  glacés,  des  vins  nouveaux, 

Je  ressemble,  hélas!  à  Tantale 

Mourant  de  soif  au  sein  des  eaux; 

Mais ,  quand  l'amitié  m'accompagne 

A  ces  dîners  où  sans  émoi 

On  fait  sauter  jeune  fille  et  Champagne, 

Tout  l'univers,  mes  amis,  est  à  moi! 
On  fait  sauter  jeune  fille  et  Champagne, 

Tout  l'univers,  mes  amis,  est  à  moi  ! 
L'univers,  l'univers  est  à  moi! 

Pour  sauver  un  ami  d'enfance, 
Dût- il  être  des  plus  ingrats, 
Je  vole  embrasser  sa  défense, 
Offrir  ma  bourse,  offrir  mon  bras: 
Tiens,  lui-dis,  point  de  partage, 
Prends  mon  peu  d'or,  il  est  à  toi; 
Si  ton  bonheur  est  mon  ouvrage, 

Tout  l'univers,  l'univers  est  à  moi! 
Si  ton  bonheur  est  mon  ouvrage. 

Tout  l'univers,  l'univers  est  à  moi! 
L'univers,  l'univers  est  à  moi! 

Je  ne  vise  point  à  la  gloire; 

Elle  offre  à  mes  yeux  trop  d'écueil  ; 

A  vivre  dans  votre  mémoire 

Je  mets  seulement  mon  orgueil  ; 

De  braver  la  critique  austère 

Je  me  fis  toujours  une  loi; 

Mais  si  ma  chanson  peut  vous  plaire , 
Tout  l'univers  ,  mes  amis  ,  est  à  moi  !  ' 

Mais,  si  ma  chanson  peut  vous  plaire, 
Tout  l'univers,  mes  amis,  est  à  moi! 

L'univers,  l'univers  est  à  moi! 

i*.  I.edoiix. 


BUVONS,  CHANTONS, 
ET  MOQUONS-NOUS  DU  BESTE 

1814. 
Air  d'Arlequin  Crunllo. 

N'ayons  jamais  l'ambition 

De  vivre  dans  l'histoire; 
Bornons  notre  prétention 

A  bien  chanter  et  boire. 
Sans  la  chanson  point  de  galle  ; 
Bon  vin  entretient  la  santé. 

Hippocrate  l'atteste  ; 
Buvons  donc  pour  vivre  longtemps  ; 
Chantons  pour  charmer  nos  instants  ; 
Buvons, 
Chantons, 

Et  moquons-nous  du  reste! 

Rappelez-vous  le  sort  affreux 

De  l'immortel  Homère  ; 
Le  Tasse  et  Milton,  malheureux, 

Ont  fini  leur  carrière  ; 
Mais  vous  savez  qu'Anacréon, 
En  buvant  et  chantant,  dit-on. 

Eut  un  destin  céleste  ! 
Mes  amis,  marchons  sur  ses  pas, 
Et  répétons  dans  nos  repas  : 
Buvons,  etc. 

Gardons-nous  d'imiter  Mo.  Jor, 

De  sa  fortune  esclave  ; 
On  dit  qu'il  possède  un  mont  d'or 

Enfoui  dans  sa  cave  ; 
11  veille  auprès  de  son  trésor, 
Et  le  malheureux  craint  encor 

Quelque  accident  funeste  ; 
Amis,  n'amassons  pas  de  bien  : 
Lorsqu'on  est  pauvre,  on  ne  craint  rien 
Buvons,  etc. 

Sans  craindre  certains  accidents, 

Prenons  femme  charmante 
Qui  possède,  avec  ses  seize  ans, 

Cent  mille  éeus  de  rente  ; 


.'.4  3 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Contenions  nos  moindres  désirs  : 
Contre  dos  goûts  et  nos  plaisirs 
Qu'importe  que  l'on  peste  ' 

Ayons  bonne  table  cl  bon  lit, 
Et  surtout  un  bon  appétit. 
Buvons,  etc. 

Nargue  de  ces  froids  amoureux 

Uni.  ballant  la  campagne, 
Nous  chantent  des  vers  langoureux 

lui  sablant  le  Champagne! 
Dussions-nous  être  critiqués, 
Rions  de  ces  auteurs  musqués. 

Plus  à  fuir  que  la  peste  ; 
Mais,  avec  ces  joyeux  lurons, 
Amis  du  verre  et  des  tendrons, 
Buvons,  etc. 

Lorsque  l'impitoyable  temps, 

Bornant  là  notre  histoire, 
Nous  avertira  qu'il  est  temps 

De  passer  l'onde  noire, 
Morbleu!  sans  faire  de  façon, 
Dans  la  barque  du  vieux  Caron. 

Ah  !  sautons  d'un  air  leste, 
Et  forçons  gaîment  tous  les  morts 
A  répéter  aux  sombres  bords, 
Buvons, 
Chantons, 

Et  moquons-nous  du  reste! 

I».  redoux. 


CONSEILS  A.IX  ATRABILAIRES. 

1822. 
Ai»  :  B%  revenant  du  village. 

A  l'ennui  pour  roui  soustraire, 
Esprits 
Aigu-, 
Contrits, 

De  li'.l  pétris, 


Rangez-vous  sous  la  bann.    •■ 
De  Bacchus  et  des  ris. 

Jouir  est  l'unique  affaire 
Qui  pour  leurs  favoris, 
Ait  quelque  prix  ; 
Peines,  chagrins  et  misère 
De  chez  eux  sont  proscrits. 
A  l'ennui,  etc. 

Par  l'humeur  atrabilaire 
Les  teint  les  plus  fleuris 
Sont  amigris; 
Le  plaisir  orne  au  contraire 
Tout,  jusqu'aux  cheveux  gris. 
A  l'ennui,  etc. 

Si  votre  femme  est  légère, 
Vous  jetez  les  hauts  cris, 
Pauvres  maris  ; 
Croyez-moi,  prenez  un  verre, 
Et  vous  serez  guéris. 
A  l'ennui,  etc. 

Mahomet,  que  l'on  révère, 

A  rempli  ses  écrits 

D'amphigouris  ; 

Mais  il  était  sûr  de  plaire 

En  créant  ses  hou  ris. 

A  l'ennui,  etc. 

A  ces  gens  d'humeur  austère 
Qu'on  ne  vois  jamais  gris, 
Ventre  saint-gris! 

Mes  amis,  moi  je  préfère 
Ces  lurons  bien  nourris. 

A  l'ennui  pour  vous  soustraire, 
Esprits 
Aigris 
Contrits, 
De  fiel  pétris, 
Rangez-vous  sous  la  bannière 
De  Bacchus  et  des  ris. 

Arniuiid  aévllle. 


Paris.  —  1  >  [i.  île  Piu.it  fils  atnê,  rue  îles  Grandft-Aagustins,  ■>• 


PASSÉ  ET  AVENIR. 

1836. 

Air  :  Verse,  verse  le  vin  de  France. 

La  vie,  on  nous  le  dit  toujours, 
N'est  qu'un  aventureux  passage  : 
Sachons  en  embellir  le  cours; 
Suivons,  pour  charmer  le  voyage, 

L'avis  du  sage. 
Laissons,  laissons  le  passé  fuir, 
Effaçons  ses  traces  anières  ; 

Conservant  doux  souvenir, 
Qu'espérance,  aux  ailss  légères, 
Nous  berce  d'aimables  chimères  ! 
Noyons  le  passé  dans  nos  verres, 
Amis,  buvons  à  l'avenir  ! 

Sans  cesse  l'on  forme  des  vœux; 
On  cherche  amour,  gloire,  richesse: 
La  trahison  atteint  les  preux; 
On  voit,  quand  paraît  la  détresse, 

Fuir  sa  maîtresse. 
S'il  nous  fallut  beaucoup  souffrir 
D'illusions  souvent  trop  chères, 

Oublions,  sans  en  gémir, 
Et  des  liens,  si  peu  sincères, 
Et  des  promesses  mensongères. 
Noyons  le  passé  dans  nos  verres. 
Amis,  buvons  à  l'avenir  ! 

On  voit  succès  dont  on  est  fier, 
Et  bonheur  que  l'on  croit  durable, 
Détruits  par  le  sceptre  de  fer 
Du  destin,  tyran  implacable, 

Inexorable  : 
Du  présent,  comme  il  vient  s'offrir, 
Acceptons  les  biens  éphémères; 

Espérant,  pour  mieux  jouir, 
Qu'à  des  jours  sombres  et  sévères 
Succéderont  des  jours  prospères! 
Noyons  le  passé  dans  nos  verres, 
Amis,  buvons  à  l'avenir!!! 


Théodore  Martignon. 


127 


LE  PARTI  LE  PLUS  SAGE. 

1815. 
Air  :  dupas  de  trois  des  Trois  Cousines, 
on  :  Quand  des  ans  la  fleur  printanière. 

Amis,  pour  égayer  la  vie, 
Buvons,  chantons,  aimons  toujours  ? 
Et  changeons,  suivant  notre  envie, 
De  vins,  de  refrains  et  d'amours  ! 

Nargue  du  sot  qui  vient  nous  dire  : 
«  Le  temps  fuit  et  ne  revient  pas  ! 
«  Chétifs  humains  !  pourriez-vous  rire 
«  Quand  la  mort  s'avance  à  grands  pas  ?  » 
Amis,  pour  égayer  la  vie,  etc. 

Puisqu'il  est  vrai  que,  sur  la  terre, 
Nous  passons  des  instants  bien  courts, 
Faut-il  qu'une  morale  austère 
Vienne  encore  abréger  leur  cours  ?... 
Amis,  pour  égayer  la  vie,  etc. 

A  quoi  nous  servirait  de  vivre, 
Si  maître  Young  n'avait  pas  tort, 
Lorsqu'il  dit,  dans  son  triste  livre  : 
«  L'on  n'est  heureux  qu'après  sa  mort  ?  » 
Amis,  pour  égayer  la  vie,  etc. 

Ne  poursuivons  point  la  Fortune  ! 
La  perfide,  en  entrant  chez  nous, 
De  nos  amis...  qu'elle  importune, 
Fait,  hélas  !  autant  de  jaloux  ! 
Amis,  pour  égayer  la  vie,  etc. 

Des  honneurs  évitons  la  route  ! 
Comment  pourraient-ils  nous  tenter  ï 
Pour  les  obtenir  il  en  coûte, 
Il  en  coûte  pour  les  quitter  !... 
Amis,  pour  égayer  la  vie,  etc. 

t.  u.  —  68 


450 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Fuyons,  surtout,  fuyons  la  gloire  ! 
Elle  est  fatale  au  genre  humain! 
D'ailleurs,  le  char  de  la  Victoire 
Verse  trop  souvent  en  chemin  I 
Amis,  pour  égayer  la  vie,  etc. 

Des  dieux  rendons-nous  vraiment  dignes 
C'est  pour  nous  tenir  en  gaîlé 
Qu'ils  font  chez  nous  i'.eurir  les  vignes, 
Et  près  des  vignes...  la  beauté  ! 

Amis  ,  pour  égayer  la  vie, 
Buvons,  chantons,  aimons  toujours. 
Et  changeons,  suivant  notre  envie  , 
De  vins,  de  refrains  et  d'amours  1 

Armand  Gouffé. 


JE  SUIS  ROND. 

1814. 

Ai»  :  Verse  encnr. 
Ou  :  Mes  amis,  trinquons. 

Je  suis  rond,  bien  rond,  bien  rond,  tout  rond, 

J'arrondis  en  luron 

Ma  panse  respectable, 
Je  suis  rond,  bien  rond,  bien  rond,  tout  rond, 

Et  le  dieu  de  la  table 

Est  mon  joyeux  patron. 

Brillant  et  vermeil, 
En  b' échappant  de  l'onde. 

Lorsque  le  soleil 
Dissipe  mon  sommeil  ; 

Bacchus  me  voit  prompt 
A  briser  une  bonde, 

Bt  gai  biberon, 
Je  dis  comme  l'iron  : 
Je  suis  rond,  etc. 

Quels  riches  présenta 

c, mus.  tu  non-  destinée ' 


Ils  flattent  nos  sens, 
Nos  appétits  naissants  I 

Au  bruit  du  chaudron, 
J'entonne  pour  matines, 

Quand  je  vois  de  front 
Trente  mets  environ  : 

Je  suis  rond,  etc. 

Plus  gai  que  Scarron 
Dont  la  burlesque  veine 

Narguait  Cicéron 
Et  Virgile-Maron  ; 

L'heureux  bûcheron 
Qui  vit  exempt  de  peine, 

Dit,  loin  du  clairon 
D'un  poudreux  escadron  : 

Je  suis  rond  ,  etc. 

Ne  le  voit-on  pas? 
Tout  est  rond  dans  ce  monde  , 

Les  tonneaux,  les  plais, 
Les  plus  jolis  appas; 

Puisque  tout  est  rond 
Sur  la  machine  ronde, 

Avec  son  tendron 
Que  chacun  chante  en  rond  : 
Je  suis  rond  ,  etc. 

Si  le  destin  rompt 
De  mes  beaux  jours  la  trame, 

J'irai,  leste  et  prompt, 
Voguer  sur  l'Acbéron  ; 

Loin  d'être  poltron  , 
Je  veux  ,  en  tendant  l'âme, 

Dire  au  vieux  Caron, 
La  main  sur  l'aviron  : 

Je  suis  rond,  bien  rond,  bien  rond,  tout  rond 
J'arrondis  eo  luron 

Ma  panse  respectable  ; 
Je  suisrond,  bien  rond,  bien  rond  ,  tout  rond, 
Et  le  dieu  de  la  table 
Kst  mon  joyeui  patron. 

<  asiiiiir  Mt'iicNtrler. 


CHANSONS    BACHIQUES. 


451 


LA  PHILOSOPHIE  D'UN  MOMUS1EN. 

1815. 
Air  :  Vive  le  vin,  vive  l'amour. 

Le  vrai  bonheur,  mes  chers  amis, 
Est  de  nous  trouver  réunis 
Entre  Bacchus  et  la  Folie  ; 
Pour  (jne  chacun  de  nous  oublie 
Les  nombreux  caprices  du  sort. 
Nous  buvons  sec,  et  dans  un  rouge-bord, 
Nous  noyons  la  mélancolie. 

Quand  chez  Momus  je  me  gaudis, 
La  gaîté  m'ouvre  un  paradis 
A  ceiui  d'en  haut  préférable. 
Chaque  saint  fait  la  moue  en  diable 
De  ne  pouvoir  quitter  les  deux 
Pour  se  mêler  à  nos  transports  joyeux, 
Et  pour  trinquer  à  notre  table. 

L'amitié,  le  vin,  la  beauté, 
Composent  ma  félicité  : 
L'amitié  franche  et  tutélaire 
Me  soutient,  me  guide  et  m'éclaire; 
Le  bon  vin  réjouit  mon  cœur, 
Et  la  beauté,  par  son  charme  enchanteur, 
Sait  me  rendre  habile  à  bien  faire. 

La  fortune  offre  ses  présents, 
A  les  recevoir  je  consens  ; 
Mais  veut-elle  me  les  reprendre? 
Je  les  rends  sans  me  faire  attendre. 
Et  n'en  suis  pas  plus  malheureux  : 
Avec  l'amour,  des  amis,  du  vin  vieux, 
Aux  vanités  peut-on  se  vendre  ! 

Lorsque  j'ai  bien  aimé,  bien  bu, 
Le  soir  je  me  dis  :  J'ai  vécu! 
Qu'importe  qui'  d'un  triste  orage 
Les  dieux  alors  m'offrent  l'image! 
Le  passé  ne  dépend  plus  d'eux  : 
Du  présent  donc  qui  sait  jouir  le  mieux. 
Possède  le  secret  du  sage. 


De  leurs  travaux  audacieux 
Qu'obtiennent  les  ambitieux? 
Fussent-ils  les  maîtres  du  monde, 
La  Voudre  sur  leur  tête  gronde. 
Quand  mes  instants  coulent  en  paix  ; 
Du  Styx  un  jour,  malgré  leurs  vains  projets, 
Comme  nous  ils  passeront  l'onde. 

Dieux  du  vin,  des  ris,  des  amours, 
A  vous  seuls  on  doit  de  beaux  jours; 
Mais  il  faut  qu'un  fils  d'Épicure, 
Suivant  vos  lois  avec  mesure, 
Sache  modérer  ses  désirs... 
Par  ce  régime  on  fixe  les  plaisirs, 
Et  l'on  peut  faire  feu  qui  dure. 

J.  Dusaulcboy. 


LES  PLUS  BEAUX  JOURS  DE  LA  VIE. 

1816. 

Air  dupas  de  trois  des  Trois  Cousines. 
Ou:  Quand  des  ans  la fleur  prinlanière. 

Sans  le  vin  et  sans  la  folie, 
Être  au  monde  serait  un  mal; 
Les  plus  beaux  jours  de  notre  vie, 
Ce  sont  les  jours  du  carnaval. 

Au  triste  jargon  des  affaires 
Ont  succédé  les  mots  plaisants, 
Et  Momus  voit  sous  ses  bannières 
Se  rallier  les  bons  vivants. 
Sans  le  vin,  etc. 

Dans  les  cités  on  se  rassemble 
Pour  faire  de  joyeux  repas, 
Et  gaîment  on  eutonne  ensemble 
Les  cantiques  du  mardi-gras. 
Sans  le  vin,  etc. 

De  sa  raison,  de  sa  science, 
On  fait  grâce  à  chaque  invité  ; 


452 


CHANSONS     POPULAIRES. 


Mais  on  exige,  en  récompense, 
Qu'il  ait  un  grand  fonds  de  gaîté. 
Sans  le  vin,  etc. 

On  voit  pétiller  d'ordinaire, 
Comme  au  temps  de  nos  bons  aïeux. 
Vin  de  Champagne  dans  le  verre, 
Et  le  plaisir  dans  tous  les  yeux. 
Sans  le  vin,  etc. 

L'homme  souffrant  consent  à  rire, 
Excité  par  mille  refrains, 
Et  bientôt  partage  un  délire 
Qui  donne  l'oubli  des  chagrins. 
Sans  le  vin,  etc. 

Quand  les  bouteilles  sur  la  table 
Vont  et  reviennent  tour-à-lour, 
Dessous,  où  l'ombre  est  favorable, 
Vont  et  viennent  billets  d  amour. 
Sans  le  vin,  etc. 

On  arrange  une  mascarade, 
Les  jeunes  veulent  se  masquer, 
Et  les  vieux,  en  versant  rasade, 
Demandent  souvent  à  trinquer. 
Sans  le  vin,  etc. 

Enfin,  s'organise  la  danse, 
Où  se  fera  plus  d'un  faux  pas; 
Mais  dès  qu'ils  seront  en  cadence, 
Les  danseurs  ne  s'en  plaindront  pas. 
Sans  le  vin,  etc. 

Les  mamans  que  le  sommeil  presse 
Du  départ  annoncent  lïnslant, 
Grands  et  petits  sont  dans  l'ivresse, 
En  marche  on  se  met  en  chantant  : 

Sans  le  vin  et  sans  la  folie, 
Être  au  monde  serait  un  mal  ; 
Les  plus  beaux  juins  de  nuire  vie, 
Ce  sont  les  jours  du  carnaval. 


»  -j. 


Il  ri  ii  ml 


MA  PHILOSOPHIE. 


Bon  vin,  bon  vin, 
Quoique  ton  pouvoir  soit  divin, 
Malgré  toi,  nos  jours  prendront  fin, 
Mais,  pendant  que  le  temps  s'écoule, 
Coule,  vin,  sans  cesse  coule  : 
Puisqu'on  ne  peut  fixer  nos  jours, 
Gardons-nous  de  fixer  ton  cours. 

Bon  sens,  bon  sens, 
Te  chercher  parmi  les  savants, 
C'est  perdre  son  huile  et  son  temps. 
0  toi  1  qui  pâlis  sur  ta  lampe  ! 
Lampe  du  vin,  sans  cesse  lampe  I 
Jurisconsulte  ou  médecin, 
Puise  ton  savoir  dans  ie  vin. 

Qu'entends-je  ?  hélas  1 
J'ai  laissé  ma  femme  là-bas. 
Quelqu'un  vient,  et  je  n'y  suis  pas  : 
Pour  me  cacher  ce  qui  se  passe, 
Passe,  bon  vin,  sans  cesse  passe! 
Quand  je  suis  ivre,  je  suis  bien  : 
Mes  yeux  ouverts  ne  verront  rien. 

Que  vois-je,  ô  dieux! 
Quel  fantôme  vient  à  mes  yeux 
Mouiller  ses  doigts  dans  mon  vin  vieux? 
C'est  la  Parque  qui  mes  jours  file; 
File,  bon  vin,  doucement  file; 
Tant  que  mon  bon  vin  durera, 
Pour  moi  la  Parque  filera. 

Diifreinj. 


MON    AVIS. 

1785. 
Ai»  :  Du  serin  qui  te  /ait  envie. 

Les  seuls  dieux  que  j'aime  et  révère 
Sonl  les  dieux  d'amour  et  du  vin. 


CHANSONS  BACHIQl'ES. 


453 


Je  ne  vis  qu'avec  n  a  bergère  , 
Ou  qu'en  tenant  le  verre  en  main. 
Qu'on  cherche  à  briller  dans  l'histoire, 
Pour  moi  je  ne  sais  estimer 
Que  le  héros  qui  sait  bien  boire, 
Ou  le  héros  qui  sait  aimer. 

Au  temple  de  la  Renommée  , 

En  vain  l'oii  cherche  un  rang  brillant  ; 

Ou  quand  on  l'obtient ,  c'est  fumée, 

Autant  en  emporte  le  vent. 

Une  plus  solide  victoire 

Est  vraiment  digne  d'enflammer, 

C'est  celle  de  savoir  mieux  boire, 

Ou  bien  celle  de  mieux  aimer. 

Sans  Bacchus,  l'amour  peut  nous  plaire, 
Bacchus  peut  plaire  sans  l'amour  ; 
Riais  le  sage,  s'il  veut  bien  faire, 
Doit  les  mettre  en  jeu  tour-à-tour. 
Moi  je  fais  consister  ma  gloire, 
Quand  le  plaisir  vient  m'animer, 
A  savoir  aimer  pour  mieux  boire , 
A  bien  boire  pour  mieux  aimer. 

Si  je  suis  aimé  d'une  belle, 
Je  bois  afin  de  m'enflammer, 
Et  si  j'adore  une  cruelle, 
Je  bois,  mais  c'est  pour  l'oublier. 
Bacchus  fait  perdre  la  mémoire 
Des  maux  que  l'amour  peut  causer, 
Et  l'on  peut  aimer  pour  bien  boire , 
Ou  boire  pour  ne  plus  aimer. 

Vingt  fois  on  peut  vider  son  verre, 
Sans  boire  de  bonne  liqueur; 
Et  l'on  possède  sur  la  terre 
Vingt  femmes  sans  avoir  un  cœur. 
Le  plaisir  marche  avant  la  gloire, 
Effleurons  tout  sans  passion. 
Buvons  sans  perdre  la  mémoire, 
Aimons  sans  perdre  la  raison. 

L'abbé  de  Volaeiioii, 


LE  TRIO  DU  VIN. 

Ain:  Eh  !  glou,  glou,  glou,  tin,  lin,  tin,  ton,  ion,  zon. 

Mes  bons  amis,  si  vous  voulez  m'en  croire, 
Aux  intrigants  laissons  choyer  Plutus, 
Aux  courtisans  abandonnons  Janus, 
De  Vénus  oublions  l'histoire. 
Aux  Nostradamus 
Laissons  Uranus, 
Aux  pédants,  Phébus 
Et  son  triste  grimoire  ; 
Mais  pour  être  heureux, 
Au  gré  de  nos  vœux, 
Pour  vivre  longtemps 
Dispos  et  contents, 
Chez  nous  désormais 
Ne  séparons  jamais 
Bacchus 
De  Cornus, 
Et  surtout  de  Momus. 

Comme  un  faisceau  l'union  fait  leur  force, 
Mais  divisés  ils  perdent  leur  pouvoir  ; 
Et  le  bienfait  qu'on  croit  en  recevoi? 
N'est  plus  qu'une  trompeuse  amorce. 
Veut- on  par  le  vin 
Eluder  la  faim, 
Avec  lui  soudain 
La  gaîté  fait  divorce. 
Ah!  pour  être  heureux,  etc. 

Tant  qu'aux  flatteurs  il  sut  fermer  l'oreille, 
Jeannot  tout  court  était  un  bon  vivant; 
Mais  monsJeannot.lejour  qu'il  se  crutgrand, 
Oublia  Jeannot  de  la  veille. 
Son  humeur  s'aigrit, 
Bientôt  il  maigrit, 
Adieu  l'appétit, 
La  joie  et  la  bouteille. 
Ah  !  pour  être  heureux ,  etc. 

Dans  un  salon  où  l'ennui  vous  escorte, 
Chacun,  pendant  un  éternel  repas, 
Mange  beaucoup,  parle  peu,  ne  ri l  pas, 
Tant  le  savoir-vivre  l'emporte. 


454 


CHANSONS  POPULAIRES. 


Bref,  en  ce  réduit 
Tel  qui  s'introduit, 
Doit  laisser  sans  bruit 
Le  plaisir  à  la  porte. 
Ah!  pour  être  heureux,  etc. 

Le  pauvre  Iphis,  qu'un  fol  amour  enivre, 
Pour  aliment  se  nourrit  de  langueurs  ; 
Pour  tout  nectar  il  s'abreuve  de  pleurs 
Et  pense  qu'ainsi  l'on  peut  vivre. 
L'infidélité 
De  sa  déité 
D'un  joug  délesté 
Par  bonheur  le  délivre. 
Ah  !  pour  être  heureux,  etc. 

Pour  ajouter  à  ses  exploits  célèbres, 
Certain  glouton,  sans  daigner  boire  un  coup, 
Avale  un  jour  vingt  crêpes  coup  sur  coup, 
Et  son  œil  ne  voit  que  ténèbres. 
Pour  lui  l'aliment, 
Mangé  goulûment. 
Se  change  à  l'instant 
lin  des  crêpes  funèbres  I 
Ah  !  pour  être  heureux,  etc. 

Dans  une  noce  à  jamais  mémorable, 
Le  vin  manquant  suspendit  le  festin  : 
Tout  languissait  :  mais  eu  un  tour  de  main, 
Par  un  miracle  incontestable, 
Un  nomme  divin 
De  l'eau  fait  du  \in  ; 
lit  chacun  enfin 
Semble  renaître  a  table. 
Ah  !  pour  être  heureux,  etc. 

Mais  a  quoi  bon  vous  citer  maint  exemple, 
Quand  par  vos  chant-  leur  nom  est  consacré  ; 
Mes  chers  amis,  de  ce  trie  sacré 
Ce  séjour  n'esl-il  pas  le  temple  '' 

Tempérants,  joyeux, 

Au  sein  iif  nos  jeux, 

Que  «lu  haut  des  cietui 
Suis  cesse  il  doui  c<>ntemple. 

Ali  !  pour  ôlre  heureux, 

Au  gré  de  dos  vœux, 


Pour  vivre  longtemps 
Dispos  ei  content, 
Chez  nous  désormais 
Ne  séparons  jamais 
Bacchus 
De  Cornus, 
Et  surtout  de  Momus. 


i  liaUllon. 


C'EST  LE  BON  VIN. 


De  tous  les  biens  qu'ici-bas  l'on  nous  vante, 
Savez-vous  bien  celui'quinous  enchante, 

C'est  le  bon  vin  :  (bis.) 

C'est  cette  liqueur  charmante, 
C'est  le  bon  vin  qui  nous  enchante  : 
C'est,  c'est,  c'esl  le  bon  vin. 
C'est  le  bon  vin  qui  nous  met  tous  en  train,  [bis.) 

Quand  deux  amis  se  sont  mis  eu  ribotte, 
Savez-vous  bien  ce  qui  les  ravigotte? 
C'est  le  bon  vin  : 
C'est  de  ce  jus  de  la  treille. 
C'est  le  bon  vin  qui  les  réveille, 
C'est,  c'est,  c'est  le  bon  vin,  etc. 

Quand  deux  amis  se  sont  pris  de  querelle, 
Savez-vous  bien  ce  qui  vous  les  rappelle? 
C'esl  le  bon  vin  : 
C'est  cette  liqueur  si  chérie, 
C'est  le  vin  qui  les  rapatrie, 
C'esl,  c'est,  c'esl  le  bon  \ in,  etc. 

Si  votre  Iris  est  un  peu  trop  volage, 
Savez-vous  ce  qui  vous  en  dégage? 
C'est  le  bon  vin  : 
("est  cet  excellent  breuvage^ 
C  est  le  l>"ii  vin  qui  nous  en 

ii'i'-t,  ■•  est,  c'est  le  bon  vin,  etc. 

in  cordelier  de  bs  voix  hit  parure, 
Savez-vous  bien  ce  qui  la  lui  procure? 


CHANSONS     HACHIQUES. 


455 


C'est  le  bon  vin  : 
C'est  cette  liqueur  si  pure 
Et  qui  ranime  la  nature  : 

C'est,  c'est'  c'est  le  bon  vin,  etc. 

Lorsqu'un  prêtre  s'en  va  dire  sa  messe, 
Savez-vous  bien  là  ce  qui  l'intéresse? 
C'est  le  bon  vin  : 
C'est  la  liqueur  enchanteresse, 
C'est  le  bon  vin  qui  l'intéresse  : 
C'est,  c'est,  c'est  le  bon  vin,  etc. 

(.es  six  couplets  que  je  viens  de  vous  dire, 
Savez-vous  bien  ce  qui  me  les  inspire? 
C'est  le  bon  vin  : 
C'est  ce  divin  élixir, 
C'est  le  bon  vin  qui  me  les  inspire  : 
C'est,  c'est,  c'est  le  bon  vin.  etc. 

Si  vous  trouvez  ma  chanson  un  peu  bonne, 
Savez-vous  bien  ce  qu'il  faut  qu'on  me  donne? 
C'est  du  bon  vin  : 
C'est  ce  divin  jus  d'automne, 
Toujours  le  meilleur  de  la  tonne  : 
C'est,  c'est,  c'est  du  bon  vin, 
C'est  du  bon  vin  qui  nous  met  tous  en  train,  (bis.) 

Paroles  d'un  anonyme. 


NARGUE  DU  CHAGRIN 


Air  des  Trrmhlevrs. 

Nargue  des  soins  de  la  terre, 
Et  de  la  sagesse  austère, 
Qui  nous  dit  d'un  ton  sévère  : 
Songez  bien  au  lendemain! 
Sans  nul  souci,  sans  mémoire, 
Comme  mon  voisin  Grégoire, 
Je  ne  pense  plus  qu'à  boire  ; 
J'ai  toujours  le  verre  en  main. 


Hn  gouvernant  bien  ma  barque. 
Je  veux  que  l'affreuse  Parque 
De  la  liste  me  démarque, 
Et  laisse  là  mon  fuseau  ; 
Fuyant  de  la  médecine 
La  dégoûtante  cuisine, 
Et  la  science  assassine, 
Je  braverai  le  tombeau. 

Pour  conserver  mon  assiette, 
Et  pour  la  rendre  parfaite. 
De  vin  vieux  de  la  comète 
Je  veux  remplir  mon  caveau  ; 
Et  faire,  dans  une  orgie. 
En  bachique  mélodie, 
Chanter  la  palinodie 
A  plus  d'un  froid  buveur  d'eau. 

Sur  les  ronces  de  la  vie 
Glissant  avec  la  folie. 
Et  de  la  mélancolie 
Fuyant  le  trait  assassin, 
J'allongerai  ma  carrière, 
Sans  craindre  l'heure  dernière, 
Et  sauterai  la  barrière 
Sans  regret  et  sans  chagrin. 

.%.  de  Champcour. 


LE   SALUT  BACHIQUE. 

1814. 

Aie  :  Fille  à  qui  l'on  dit  un  secret. 

Salut  à  mes  nouveaux  amis, 
Salut  aux  enfants  de  la  joie; 
Libres  de  soins,  exempts  d'ennuis, 
Que  notre  gaîté  se  déploie  ! 
Versez  du  bon  et  versez  plein  ; 
Dans  notre  bachique  délire, 
Des  misères  du  genre,  hu  nain 
A  notre  aise  nous  pouvons  rire 


456 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Oui.  buvons,  rions  et  chantons, 

Reprenons  la  vieille  méthode  : 

Que  les  gais,  gais,  que  les  fions,  fions, 

Par  nous  reviennent  à  la  mode. 

Auprès  du  moderne  caveau 

On  peut  se  faire  entendre  encore  : 

Buvons,  et  de  notre  cerveau 

Des  couplets  joyeux  von!  éclore. 


Fuyons  ces  rimeurs  du  grand  ton, 

Qui,  fiers  d  une  envieuse  lyre, 

Sont  tristes  dans  une  chanson, 

Et  joyeux  dans  une  satire. 

Aux  traits  lancés  par  les  méchants, 

Les  méchants  seuls  trouvent  des  charmes 

D'Épicure  les  vrais  enfants 

N'ont  jamais  fait  verser  des  larmes. 


Ailleurs,  dans  un  couplet  malin, 
Qu'on  raille  une  muse  importune; 
Au  sot  titré,  par  le  dédain, 
Qu'on  fasse  expier  sa  fortune. 
Nous,  usons  mieux  de  nos  loisirs; 
Mes  amis,  voulez-vous  m'en  croire, 
Bornons  nos  goûts  et  nos  plaisirs 
A  rire,  aimer,  chanter  et  boire. 

Lafefeé. 


LAISSEZ-MOI  BOIRE  EN  LIBERTÉ 

Ain  :  Prcsen   !  présent  ! 

Malins  auteurs,  comblez  l'arène 
•  in  l'immortalisa  Boileau  ; 
Baignez-vous  dans  son  hippocrène, 
Hoi,  je  n'aime  pas  lu. 

lez-moi  boire  en  liberté, 
Je  siais  brave 
Au  fond  de  ma  i 

célébrité! 
ez-moi  boire  en  liberté  I 


Fillettes,  je  vous  rends  les  armes 
Quand  le  plaisir  me  tend  la  main, 
Je  subis  la  loi  de  vos  charmes, 
Mais  je  fuis  celle  de  l'hymen. 
Laissez-moi,  etc. 


Fameux  disciples  d'FscuIape, 
Ne  craignez  jamais  pour  mes  jours; 
Mieux  que  vous,  le  jus  d'une  grappe 
En  éternisera  le  cours. 
Laissez-moi,  etc. 


Petits  héros  de  l'Angleterre, 

Nos  bras  ne  son!  point  courbai  tus; 

Ne  rallumez  doue  plus  la  guerre, 
Nous  vous  avons  assez  battus. 
Laissez-moi,  etc. 


Sous  l'étendard  du  fanatisme, 
Croyants,  hâtez-vous  de  marcher; 
Combattez,  frappez  l'athéisme, 
Mais  ne  venez  pas  me  chercher. 
Laissez-moi,  etc. 


Grands  rois,  le  poids  de  vos  couronnes 
N'estjamais  venu  m'accabler, 
Cependant,  ainsi  que  les  trônes, 
Souvent  on  m'a  vu  chanceler. 
Laissez-moi,  etc. 


Fils  de  Stamboul,  où  l'ignorance 
De  Bacchus  a  fait  un  tyran, 
Aux  buveurs  qui  peuplent  la  France 
Vous  n'apprendrez  pas  le  Coran. 
Laissez-moi  boire  en  liberté, 
Je  vous  brave 
Au  fond  de  ma  cave; 
Chaque  automne  ajoute  à  l'été  : 
Laissez-moi  boire  en  liberté t 

Chai  -le*  Lrpuuc 


—  Typ.  de  Piubi  fili  Ci  lugi   Lins,  '■>. 


~ ^M^teg^fi* 


LA    VARS0V1ENNE. 

1831. 

I!  s'est  levé,  voici  le  jour  sanglant; 
Qu'il  soit  pour  nous  le  jour  de  délivrance. 
Dans  son  essor  voyez  notre  aigle  blanc 
Les  yeux  fixés  sur  l'arc-en-ciel  de  France. 
Au  soleil  de  juillet,  dont  l'éclat  fut  si  beau, 
Il  a  repris  son  vol,  il  fend  les  airs,  il  crie  : 

Pour  ma  noble  patrie, 
Liberté,  ton  soleil,  ou  la  nuit  du  tombeau! 
Polonais,  à  la  baïonnette  ! 
C'est  le  cri  par  nous  adopté  ; 
Qu'en  roulant  le  tambour  répète  : 
A  la  baïonnette  ! 
Vive  la  liberté  ! 

Guerre  ! ...  A  cheval,  cosaques  des  déserts  ! 

Sabrons,  dit-il,  la  Pologne  rebelle  ; 

Point  de  Balkans, ses  champs  nous  sont  ouver  Is 

C'est  au  galop  qu'il  faut  passer  sur  elle. 
Haltel  n'avancez  pasl  ces  Balkans  sont  nos  corps, 
La  terre  où  nous  marcbons  ne  porte  que  des  braves 


Rejette  les  esclaves, 
Et  de  ses  ennemis  ne  garde  que  les  morts. 
Polonais,  à  la  baïonnette  I  etc. 


Pour  toi,  Pologne,  ils  combattront,  tes  fils, 
Plus  fortunés  qu'au  temps  où  la  victoire 
Mêlait  leur  cendre  aux  sables  de  iMemphis, 
Où  le  Kremlin  s'écroula  sous  leur  gloire. 
Des  Alpes  au  Thabor,  de  l'Ebre  au  Pont-Euxin, 
Us  sont  tombés  vingt  ans  sur  la  rive  étrangère; 

Cette  fois,  ô  ma  mère  ! 
Ceuxqui  mourront  pour  toidormirontsur  ton  sein 
Polonais,  à  la  baïonnetle  1  etc. 


Viens,  Kosciusko,  que  ton  bras  frappe  au  cœur. 
Cet  ennemi  qui  parle  de  clémence. 
En  avait-il  quand  son  sabre  vainqueur 
Noyait  Praga  dans  un  massacre  immense? 
Tout  son  sang  va  payer  le  sang  qu'il  prodigua; 
Cette  terre  en  a  soif,  qu'elle  en  soit  arrosée  ; 

Faisons  sous  sa  rosée 
Reverdir  le  laurier  des  martyrs  de  Praga  1 
Polonais,  à  la  baïonnette  1  etc. 


h. 


_58 


458 


CHANSONS    POPULAIRES, 


Allons,  guerriers,  un  généreux  effort! 
Nous  les  vaincrons;  nos  femmes  les  défient 
0  mon  pays!  montre  au  géant  du  Nord 
Le  saint  anneau  qu'elles  te  sacrifient. 
Que  par  notiv  victoire  il  soit  ensanglanté; 
Marche!  et  tais  triompher  .m  milieu  des  bataille- 

L'anneau  des  fiançailles 
Qui  t'unit  pour  toujours  avec  la  liberté. 
Polonais,  à  la  baïonnette!  etc. 

A  nous,  Français!  Les  balles  d'Iéna 
Sur  notre  sein  ont  inscrit  nos  services: 
A  Marengo,  le  fer  le  sillonna; 
De  Champ-Aubert  comptez  les  cicatrices. 
Vaincre  ou  mourir  ensemble  autrefois  fut  si  doux  I 
Nous  étions  sous  Paris.  Pour  de  vieux  frères  d'armes 

N'aurez-vous  que  des  larmes? 
Frères,  c'était  du  sang  que  nous  versions  pour  vous! 
Polonais,  à  la  baïonnette!  etc. 

0  vous  du  moins  dont  le  sang  glorieux 
S'est  dans  l'exil  répandu  comme  l'onde, 
Pour  nous  bénir,  mânes  victorieux, 
Relevez-vous  de  tous  les  points  du  monde! 

Qu'il  soit  vainqueur,  ce  peuple,  ou  martyr  comme  vous , 

Sous  lesbras  du  géant,  qu'en  mourant  il  retarde, 

Qu'il  tombe  à  lavant-garde 
Pour  couvrir  de  son  corps  laliberté  de  tous! 

Polonais,  à  la  baïonnette!  etc. 

Sonnez,  clairons!  Polonais,  à  ton  rang! 
Suis  sous  le  feu  ton  aigle  qui  s'élance. 
La  liberté  bal  la  charge  en  courant, 
El  la  victoire  est  au  bout  de  la  lance. 
Victoire  à  l'éï  indard  que  l'exil  ombragea 
Des  lauriers  d  Austerlitz,  'I''-  palmes  d'iduméel 

-  ne  bien-aimée, 
Qui  vivra  Bera  libre,  el  qui  meurt  l'est  déjà  ! 
Polonais,  à  la  baïonnette  ! 

le  Cri  par  nous  adopté  ; 
Qu'en  roulant  le  tambour  répète  : 
A  la  baïonnette  ! 
\  i\'-  la  liberté  ! 

<  UMlmlr  T>clnvlgn<>. 

-•  :■::..    .:...-  « 


CHANT   PATRIOTIQUE   DUNE  MÈKE.J 

1830. 

Le  tambour  bal!...  le  tocsin  frappe, 

Et  trouble  l'air... 
Du  bronze  en  feu  la  foudre  échappe 

Avec  l'éclair... 
Par  mille  clameurs,  la  patrie 
Maudit,  poursuit  la  tyrannie. 

0  lils  (ii-  nus  amours  ! 

Va  remplacer  ton  père  : 

Vole!  vole!  au  secours 

De  ta  seconde  mère. 

D'un  pin-  saisis  l'héritage! 

Son  bras  vainqueur 
A  doté  ton  jeune  courage 

D'un  fer  vengeur. 
Un  parjure  dans  ta  pairie 
Prétend  fonder  la  tyrannie. 

()  fils,  etc. 

Du  frère  (pie  ta  main  caresse 

Sauve  les  droits  ! 
Il  te  répète  avec  tendresse  : 

«  Kntends  ma  voix, 
«Gustave,  affranchis  la  patrie 
«  Du  sceptre  de  la  tyrannie.  ». 

U  lils,  etc. 

Pars!  et  laisse  couler  mes  larmes... 

Mon  fils...  adieu!... 
Mon  cœur  materne]  en  alarmes 

Va  prier  Dieu. 
Pense  à  moi...  pi  nse  à  la  patrie 
En  combattanl  la  tyrannie. 
0  fils  de  oos  amoursl 
Va  remplacer  ton  père  ; 
\  oie  !  vole  !  au  secours 

De  la  seconde  mère. 

Louis   leslcaii 

La  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  Be  trouve, 
n  Paris,  chez  L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre- 
Dame-dé  Nazareth. 


CHANSONS    PATRIOTIQUES  ET   CHEVALERESQUES. 


459 


LE  PEUPLE  A  SES  REPRÉSENTANTS. 

1848. 

LA   FRANCE. 

0  liberté,  fille  de  mon  angoisse, 
Surgis  enfin  de  mes  flancs  déchirés, 
Marche  en  déesse  et  que  ta  beauté  croisse 
Sur  les  débris  des  trônes  abhorrés  ; 
Va  triomphante,  ô  jeune  souveraine  ! 
A  mes  élus  demander  des  autels  ; 
Chacun  pour  toi  descendia  dans  l'arène, 
Et  combattra  pour  les  droits  immortels. 
A  nos  accents  que  votre  voix  réponde, 
Vous  qui  venez  vous  asseoir  au  saint  lieu. 
Représentants,  fondez  un  nouveau  monde, 
Sous  les  regards  et  du  peuple  et  de  Dieu. 

UN  TRAVAILLEUR. 

Législateurs,  vous  êtes  l'avant-garde 
Des  peuples-rois  marchant  vers  l'avenir, 
En  avant  donc,  l'univers  vous  regarde 
Et  tout  un  siècle  est  prêt  à  vous  bénir. 
Sous  nos  drapeaux  lisez  l'ardente  plainte 
Des  cœurs  navrés,  de  tous  les  fronts  pâlis, 
Délibérez  sans  haine,  mais  sans  crainte. 
Justice  à  tous  !  les  temps  sont  accomplis  ! 
A  nos  accents,  etc. 

UNE   FILLE   DU   PEUPLE. 

Droit  au  travail,  à  nous,  vierges  de  France. 
Droit  au  travail  et  droit  à  la  pudeur  ! 
Du  noir  abîme  où  s'endort  la  souffrance, 
La  faim,  pour  nous,  creuse  la  profondeur.. 
Délivrez-nous  de  la  pâle  misère, 
Ange  de  mort  qui  plane  sur  nosvjours. 
Nous  envions  l'heureuse  et  chaste  mère, 
Qui,  sans  rougir,  confesse  ses  amours. 
A  nos  accents,  etc. 

UN   ENFANT. 

Des  temps  futurs  nous  serons  les  cohortes, 
Apprenez-nous  les  droits  républicains  : 


Faites  revivre  en  nous  les  âmes  fortes, 
MontFOz-nous  Brute  écrasant  les  Tarquins  ! 
Les  cœurs  vaillants  sont,  dit-on,  des  refuges 
Où  vient  en  paix  fleurir  la  liberté... 
Rappelez-vous  que  nous  serons  vos  juges, 
Et  que  l'enfant,  c'est  la  postérité  ! 
A  nos  accents  que  votre  voix  réponde, 
Vous  qui  venez  vous  asseoir  au  saint  lieu. 
Représentants,  fondez  un  nouveau  monde 
Sous  les  regards  et  du  peuple  et  de  Dieu! 

.Marc  F  ournier. 

I  ;i  musique,  de  PaulHenrion,  se  trouve,  à  Paris, 
chez  M.  Colombier,  éditeur,  6,  rue  Vi vienne. 


LA  RÉPUBLICAINE. 


1848. 


Que  ce  cri,  germe  qui  féconde, 
Chez  les  tyrans  sème  l'effroi, 


Et  s'envole  à  travers  le  monde  ;       1 
Le  peuple  est  roi!  le  peuple  est  roi!  ) 


{bis.) 


Sublime  enfant,  sous  ta  grossière  écorce, 
Que  de  grandeur!  combien  tu  pardonnas 
A  ce  vieux  roi,  qu'a  terrassé  ta  force 
Sur  le  pavé  sanglant  d'assassinats  ! 
Il  l'a  voulu  ;  près  du  flot  qui  le  roule, 
Il  n'entendra  que  ce  terrible  adieu  : 
Qu'est-ce  donc?  rien,  c'estun  trône  quicroule, 
Laissez  passer  la  juftice  de  Dieu. 
Que  ce  cri,  etc. 

Peuple,  ton  rôle  est  plus  beau  qu'aucun  autre, 
Des  opprimés  seconde  les  efforts  ; 
Par  l'univers  marche,  fervent  apôtre  ! 
A  tes  pareils  porte  le  pain  des  forts! 
Va,  méprisant  un  royal  anathème, 
Va,  rédempteur,  qu'attend  l'humanité, 
L'Europe  est  là!  tu  lui  dois  le  baptême; 
Va  sur  son  front  verser  la  liberté! 
Que  ce  cri,  etc. 


460 


CHANSONS    POPULAIRES. 


De  vos  enfants,  beaux  héros  en  guenilles, 
Soldats  d'un  jour,  au  grand  cœur, aux  piedsnus 
Après  la  lutte,  au  foyer  des  familles, 
Beaucoup,  hélas!  ne  sont  pas  revenus! 
En  les  pleurant,  ah  !  jalousons  leur  tombe. 
Car  dans  le  camp  de  la  fraternité, 
Obscur  hier,  chaque  martyr  qui  tombe, 
Pour  son  linceul  à  l'immortalité  I 


'  (bis.) 


Que  ce  cri,  germe  qui  féconde, 
Chez  les  tyrans  sème  l'effroi, 
Et  s'envole  à  travers  le  monde  ; 
Le  peuple  est  roi  1  le  peuple  est  roi  !    ) 

Kugène  Wœstlii 


La  musique,  d'Amédée  Arthus,  se  trouve,  à 
Paris,  chez  L.  Vieillot,  éditeur,  32,  rue  Notre- 
Dame-de  Nazareth. 


LA  PARISIENNE. 

1830. 

Peuple  français,  peuple  de  braves, 
La  liberté  rouvre  ses  bras; 
On  nous  disait  :  Soyez  esclaves  1 
Nous  avons  dit  :  Soyons  soldatsl 
Suudain  Paris  dans  sa  mémoire 
A  retrouvé  son  cri  de  gloire  : 

En  avant,  marchons 

Contre  leurs  canons, 
A  travers  le  fer,  le  feu  des  bataillons, 

Courons  à  la  victoire!  (bis.) 

Serrez  vos  rangs  !  qu'on  se  soutienne  I 
Marchons!  chaque  enfant  de  Paris 
De  sa  cartouche  citoyenne 
Fait  une  offrande  à  Bon  pays. 
0  jours  d'éternelle  mémoire  ! 

ii  .i  plus  qu'un  cri  de  gloire  : 
Bn  a\ant,  marchons,  etc. 

I.a  mitraille  en  vain  nous  ilévore  : 

Elle  ••niante  des  combattants. 


Sous  les  boulels  voyez  éclore 
Ces  vieux  généraux  de  vingt  ans. 
(»  jours  d'éternelle  mémoire! 
Paris  n'a  plus  qu'un  cri  de  gloire  : 
En  avant,  marchons,  etc. 

Pour  briser  leurs  masses  profondes, 
Qui  conduit  nos  drapeaux  sanglants  ? 
C'est  la  liberté  des  deux  mondes, 
C'est  Lafayette  en  cheveux  blancs. 
0  jours  d'éternelle  mémoire! 
Paris  n'a  plus  qu'un  cri  de  gloire  : 
En  avant,  marchons,  etc. 

Les  trois  couleurs  sont  revenues, 
El  la  colonne  avec  fierté 
Fait  briller  à  travers  les  nues, 
L'arc-en-ciel  de  la  liberté. 
0  jours  d'éternelle  mémoire  1 
Paris  n'a  plus  qu'un  cri  de  gloire  : 
En  avant,  marchons,  etc. 

Soldat  du  drapeau  tricolore, 
D'Orléans,  toi  qui  l'as  porté, 
Ton  sang  se  mêlerait  encore 
A  celui  qu'il  nous  a  coûté. 
Comme  aux  beaux  jours  de  notre  histoire. 
Tu  rediras  ce  cri  de  gloire  : 
En  avant,  marchons,  etc. 

Tambours,  du  convoi  de  nos  frères 
Roulez  le  funèbre  signal. 
El  nous  de  lauriers  populaires 
Chargeons  leur  cercueil  triomphal. 
0  temple  de  deuil  el  de  gloire! 
Panthéon,  recuis  leur  mémoire! 

Portons-I's,  marchons, 

Découvrons  nos  fronts, 
Soyez,  immortels,  vous  lousque  nous  pleurons 

Martyrs  de  la  \  ictoirel  bis.) 

i  UNliiiir   Dcluvlgiic. 

La  musique  populaire,  connue  avant  1830,  est 
attribuera  Auber,  et  se  trouve  notée  au  N.  2082  de 
lu  Clé   du  Caveau. 


CHANSONS   PATRIOTIQUES    ET    CHEVALERESQUES. 


461 


LE  CID 


Prêt  à  partir  pour  la  rive  africaine , 
Le  Cid,  armé,  tout  brillant  de  valeur, 
Sur  la  guitare,  aux  pieds  de  sa  Chimène, 
Chantait  ces  vers  que  lui  dictait  l'honneur. 

Chimène  a  dit  :  «  Va  combattre  le  Maure; 
«  De  ce  combat  surtout  reviens  vainqueur. 
«  Oui .  je  croirai  que  Rodrigue  m'adore , 
«  S'il  fait  céder  son  amour  à  l'honneur.  » 

Donnez,  donnez  et  mon  casque  et  ma  lance; 
Je  prouverai  que  Rodrigue  a  du  cœur  : 
Dans  les  combats  signalant  sa  vaillance , 
Son  cri  sera  pour  sa  dame  et  l'honneur. 

Maure  vanté  par  ta  galanterie  , 
De  tes  accents  mon  noble  chant  vainqueur 
D'Espagne  un  jour  deviendra  la  folie , 
Car  il  peindra  l'amour  avec  l'honneur. 

Dans  les  vallons  de  notre  Andalousie, 
Les  vieux  chrétiens  chanteront  ma  valeur; 
11  préféra,  diront-ils.  à  la  vie 
Son  Dieu ,  son  roi,  sa  Chimène  et  l'honneur. 

Chateaubriand. 

La  musique,  de  Dalvimare,  se  trouve  notée  au 
N.  464  de  la  Clé  du  Caveau. 


AH!  SI  MA  DAME  ME  VOYAIT. 


Ah  !  si  ma  dame  me  voyait  I 
S'écriait  le  brave  Fleurange, 
Se  trouvant  en  péril  étrange  , 
Sous  un  fort  qu'il  escaladait.        (bis.) 
Portant  i'étendard  de  la  France, 
En  héros  il  le  défendait, 
Disant  a  chaque  coup  de  lance  : 
Ah!  si  ma  dame  me  voyait  !         (bis.) 


On  fêta  le  preux  chevalier. 
Dans  maints  tournois  et  cour  plénière; 
Plus  d'une  beauté  printanière, 
Là,  d'amour  s'envint  le  prier.       (bis.) 
Ému  d'un  regard,  d'un  sourire, 
Quelquefois  son  cœur  chancelait  ; 
Puis  à  regret  il  semblait  dire  : 
Ah  i  si  ma  dame,  etc. 

Fut  blessé  le  preux  chevalier, 
Défendant  l'honneur  de  la  France, 
Et,  par  un  coup  mortel  de  lance, 
Renversé  de  son  destrier.  (bis.) 

Se  croyant  à  sa  dernière  heure  , 
En  soupirant,  il  répétait  : 
Loin  d'elle  faut-il  que  je  meure  ! 
Ah  1  si  ma  dame,  etc. 

0  vous  !  l'espoir  de  mon  pays , 
Descendant  de  ces  preux  fidèles. 
Ah!  prenez  toujours  pour  modèles 
Leurs  hauts  faits  et  leurs  nobles  dits.  (bis. 
Fleurange,  puisse  ta  devise 
Rendre  tout  chevalier  parfait! 
Et,  comme  toi,  que  chacun  dise  : 
Ah  !  si  ma  dame  me  voyait  !  (bis.) 

Paroles  d'un  anonyme. 

Musique  de  Romagnési. 


LE  TAMBOURIN  DU  VALLON. 


Adieu ,  vieux  amis  de  la  gloire , 

Courageux  et  nobles  guerriers; 

Adieu,  trop  flatteuse  victoire, 

Je  neveux  plus  de  tes  lauriers.       (bis. 

Au  son  bruyant  de  la  trompette, 

Au  bruit  terrible  du  canon  , 

Je  préfère  tendre  musette 

Et  le  tambourin  du  vallon.  (bis.] 

Je  vais  habiter  la  chaumière 
Où  je  passai  de  si  beaux  jours, 


462 


CHANSONS     POPULAIRES. 


Je  vais  consoler  mon  vieux  père , 
Revoir  l'objet  de  mes  amours.        [bis.) 
Au  son  bruyant  de  la  trompette,  etc. 

Salul  !  beau  pays  de  la  France , 

Salut!  séjour  délicieux; 

Témoins  de  ma  plus  tendre  enfance, 

Je  vous  revois  :  je  suis  heureux,     [bis.) 

Au  son  bruyant  de  la  trompette, 

Au  bruit  terrible  du  canon, 

Je  préfère  tendre  musette 

Et  le  tambourin  du  vallon.  [bis.) 

Paroles  d'un  anonyme. 

Musique  de  Bérat. 


LES   TROIS  COULEURS. 

1830. 

Liberté  sainte,  après  trente  ans  d'absence, 
Reviens,  reviens,  leur  trône  est  renversé  ; 
Ils  ont  voulu  trop  asservir  la  France, 
Et  dans  leur  main  leur  sceptre  s'est  brisé, 
Tu  reverras  cette  noble  bannière 
Qu'en  cent  climats  portaient  tes  flls  vainqueurs, 
Ils  ont  enfin  secoué  la  poussière  J 

Qui  ternissait  [bis)  tes  brillantes  couleurs,  j  '  ÎA] 

Au  bon  plaisir,  à  la  grâce  divine 
Va  Buccéder,  pour  la  leçon  des  rois, 
lu  droit  plus  vrai,   tirant  son  origine 
Des  droits  du  peuple  et  restreint  par  les  lois. 
La  charte  en  main,  la  France  libre  et  fière 
Pour  l'avenir  peut  essuyer  ses  pleurs, 
Le  drapeau  blanc  roule  dans  la  pous 
Qui  ternissait  [bis]  nos  brillante-  couleurs. 

Soldats,  enfanta  de  la  même  patrie, 
On  \ain  serment,  un  devoir  mal  compris, 
\  oui  lit  défendre  une  race  Qétrie 
Qui  men  lia  son  sceptre  aux  ennemis; 
i  à  nous,  plus  de  sanglantes  guerres, 
pardonnons  malgré  tous  nos  malheurs, 


r  Oui,  désormais,  tous  les  Français  sont  frères, 
Car  la  colonne  (bis)  a  repris  ses  couleurs. 

Et  vous,  Français,  dignes  fils  de  la  gloire, 

Qui  maintenant  dormez  dans  le  cercueil, 

Si  nous  chantons  après  votre  victoire, 

Ah!  dans  qos  cœurs,  nous  portons  votre  deuil. 

De  ce  trépas  que  votre  ame  soit  fière, 

Car  dans  le  temple  ouvert  en  votre  honneur, 

La  liberté  déploîra  la  bannière 

Dont  votre  sang  [bis]  retrempa  la  couleur. 

Ah!  puissions-nous  des  pages  de  l'histoire 
Par  notre  sang  pour  jamais  effacer 
L'époque  affreuse  où,  fatigués  de  gloire, 
L'on  nous  vendit  deu\  fois  à  l'étranger. 

Si  vous  osiez  vers  nous  de  vos  hordes  fatales, 
Fiers  potentats,  diriger  les  fureurs, 
Sur  leurs  clochers  toutes  vos  capitales 
Verraient  bientôt  [bis)  nos  brillantes  couleurs. 

Adolphe  Ulanc. 


LE  REVEIL  DU  PEUPLE. 

1848. 
Ajr  des  Trois  Couleurs  et  de  Noslritdamus. 

Trompé,  trahi  par  des  Mentors  esclaves, 
Le  pauvre  peuple  endurait  les  mépris; 
On  l'entourait  de  fossés  et  d'entraves, 
Pour  comprimer  ses  efforts  et  ses  cris. 
Mais,  demi-nu,  le  Goliath  s'éveille, 
Dressant  le  poing  qu'on  voulait  mutiler. 
Abritez-vous I  potentats  de  la  veille!.. . 
Le  géant  s'arme  (bis  )  '....  un  trône  va  trembler  I 

Enfantai...  la  rue  est  le  champ  des  alarmes, 
I  a  trêve  expire  el  bannit  le  repos  1.  . 
;  n  tendez-vous  le  cri  :  réformel.,  aux  armes  ! 
Ce  cri  se  change  en  mill  i  qs  d'échos; 
paris  armé  se  cou\  re  d'embuscades , 
Tout  s'amoncell  i  en  rempart  crénelé , 
Puis,  au  sommel  des  baul  -  barricades, 

al  monte  (6w).„  un  trône  esl  ébranlé. 


CHANSONS  PATRIOTIQUES  ET   CHEVALERESQUES. 


463 


Le  tube  en  feu  répond  à  la  mitraille  ; 
Pour  la  retraite  il  n'est  plus  de  chemins! 
Le  plomb  mortel,  criblant  chaque  muraille, 
Vole  en  grondant  sur  les  débris  humains I... 
Le  glaive  esl  roi...  la  foudre  est  souveraine, 
Sous  leur  niveau  tout  front  doit  se  courber; 
Frémissez  tous...  sur  la  sanglante  arène , 
Le  géant  frappe  [bis)...  un  trône  va  tomber!. 

La  troupe  cède!...  Amis,  criez  :  victoire  ! 
Le  peuple  uni  déchire  ses  liens. 
Déjà  Clio,  du  temple  de  mémoire, 
Jette  un  laurier  aux  héros  plébéiens. 
Pour  conjurer  son  destin  qui  s'achève  , 
L'orgueil  du  maître  en  vain  s'est  abaissé... 
11  est  trop  tard!  plus  de  paix!  plus  de  trêve!. 
Le  géant  marche  [bis)....  un  trône  est  renversé. 

Jetez  au  vent  tout  insigne  perfide. 
Devant  qui  l'homme  exhalait  son  encens; 
Trône  doré,  meuble  inutile  et  vide, 
Sers  d'holocauste  aux  mânes  des  absents! 
Puis,  sur  le  sol  souillé  par  la  Bastille, 
Frères!  traînez  ce  siège  ensanglanté... 
Voyez!  voyez!  sur  la  flamme  qui  brille!... 
Le  géant  souffle  (bis)...  un  trôneest  emporté!. 

Louis  Festeau. 


BÉLISAIRE. 


Les  éléments  combattaient  dans  les  airs, 

L'univers  semblait  se  dissoudre  ; 
Seul,  un  vieillard,  en  défiant  la  foudre, 
Errait  sans  crainte  au  milieu  des  déserts, 

A  l'infortune  survivant. 

Il  répétait,  dans  sa  misère, 
Ces  tristes  mots  emportés  par  le  vent  : 

Donne  une  obole  à  Bélisaire. 

Est-ce  bien  moi  qu'on  nomma  si  longtemps 
Des  Romains  l'orgueil  et  la  gloire? 


Est-ce  bien  moi  le  fils  de  la  victoire , 
Qui  suis  esclave  et  jouet  des  autans? 
Ma  voix  ,  qui  créa  des  héros  , 
Ma  voix,  qui  fit  trembler  la  terre, 
Ne  sait  donc  plus  que  redire  aux  échos  : 
Donne  une  obole  à  Bélisaire? 

Rome,  à  moi  seul  tu  dois  ton  noble  rang, 
Tu  dois  l'éclat  qui  t'environne  ; 

Chaque  laurier  qui  pare  ta  couronne  , 

Pour  le  cueillir,  je  l'ai  teint  de  mon  sang  ; 
Et  quand  mes  yeux  avec  succès 
Veillaient  sur  ta  grandeur  précaire, 

Un  prince  ingrat  les  ferma  pour  jamais  : 
Donne  une  obole  à  Bélisaire. 

Vois  cet  enfant,  qu'aux  jours  de  ma  grandeur 

J'entourai  de  mon  opulence, 
Sous  les  lambeaux  de  la  triste  indigence 
Anéantir  son  antique  splendeur  ; 

Sur  son  visage  on  croit  revoir 

Le  portrait  de  sa  tendre  mère; 
Chacun  l'admire,  et  je  ne  puis  le  voir! 

Donne  une  obole  à  Bélisaire. 

Pour  moi ,  des  deux  les  superbes  flambeaux 

Sont  couverts  de  voiles  funèbres  ; 
Le  jour  en  vain  dissipe  les  ténèbres, 
Je  reste ,  hélas!  plongé  dans  le  chaos. 

Quand  le  printemps  de  ses  couleurs 

Vient  revêtir  cet  hémisphère  , 
Je  ne  saisis  que  le  parfum  des  fleurs  : 

Donne  une  obole  à  Bélisaire. 

Sois  moins  jaloux,  orgueilleux  conquérant, 

Des  lauriers  qui  parent  ta  tète  ! 
Vois  tu  les  miens,  brisés  par  la  tempête, 
Se  disperser  au  caprice  du  vent? 

Au  destin  tu  dictes  la  loi , 

Mais  crains  sa  faveur  passagère. 
Peut-être  un  jour  tu  diras  avec  moi  : 

Donne  une  obole  à  Bélisaire. 

Tu  m'as  proscrit ,  tu  m'as  cbargé  de  fers  : 

Ah!  je  te  pardonne  mes  larmes  ; 
Je  fais  des  vœux  pour  que  tes  nobles  armes 
Par  leurs  succès  me  ferment  l'univers. 


. 


446 


CHANSONS    POPULAIRES 


Mais  quand  s'éteindra  le  flambeau 
De  mon  orageuse  carrière , 
De  quelques  fleurs  décorant  mon  tombeau , 
I  tonne  une  larme  à  Bélisaire. 


Uiuiic  l»e!ireaui 


LE  RETOUR   DU    TROUBADOUR. 


Du  beau  ciel  d'Occitanie  , 

Le  troubadour  est  en  ces  lieux, 

Disputant  le  prix  glorieux 

Des  combats  et  de  l'barmouie. 

Un  m'a  dit  que,  sur  celte  'erre, 

Fleurissaient  pour  le  troubadour, 

Des  palmes  aux  cliamps  de  la  guerre, 

Des  myrtes  aux  champs  de  l'amour,  [bis.) 

Le  troubadour  est  sans  science, 
Le  troubadour  est  sans  valeur; 
Plaire  n'est  point  son  espérance, 
Pour  trésor  il  n'a  que  son  cœur. 
Le  troubadour  d'un  doux  servage 
N'a  point  encor  serré  des  nœuds, 
Age  d'amour  est  bien  son  âge  ; 
Pour  aimer  il  faut  être  deux.  [bis.) 

On  m'a  dit  aussi  que  la  gloire 

Formait  souvent  ces  nœuds  chéris; 

Il  faut  donc  chercher  la  victoire  , 

Puisque  l'amour  en  est  le  prix. 

Si  deux  beaux  veux,  dans  sa  carrière, 

Encourageaient  le  troubadour, 

Il  pourrait  franchir  la  barrière 

Que  la  gloire  oppose  à  l'amour,    [bis.} 

Puroli  m  d'un  uijouyiue. 

LE  BORISTHÈNE. 


Pi  ■  -  du  Jourdain  un  jeune  troubadour, 
igeanl  ta  Bouffi 


Las  de  combattre,  ainsi  chantait  un  jour, 
Les  yeux  tournés  vers  l'heureuse  Provence  : 

Pays  charmant  !  jardin  d'amour! 

Où  doucement  coulait  ma  vie, 

Vous  ai-je  quitté  sans  retour? 

Ne  verrai-je  plus  mon  amie  ?        [sexies.) 

A  la  faveur  des  ombres  de  la  nuit, 
Le  camp  des  preux  fut  surpris  suis  défense, 
Le  troubadour,  en  servage  réduit. 
Chantait  encor,  regrettant  la  Provence  : 

Pays  charmant!  jardin  d'amour  ! 

Où  doucement  coulait  ma  vie, 

Vous  ai-je  quitté  sans  retour  ? 

Ne  reverrai-je  plus  mon  amie? 

.Mais  Godefroy,  du  Sarrazin  vainqueur, 
A  délivré  les  nobles  (ils  de  l'iauce  ; 
Le  troubadour,  fuyant  ces  lieux  d'horreur, 
Chaulait,  volant  vers  sa  chère  Provence  : 

Pays  charmant!  jardin  d'amour  ! 

Où  doucement  coule  ma  vie. 

Point  ne  vous  quittai  .sans  retour, 

Et  je  vais  revoir  mon  amie. 

Dans  le  désert  se  frayant  un  chemin, 
Le  troubadour  imprudemment  s'avance, 
La  faim,  la  soif,  et  l'Arabe  inhumain, 
Le  font  mourir  bien  loin  de  la  Provence. 

Pays  charmant!  jardin  d'amour! 

Où  doucement  coula  sa  vie; 

Il  vous  a  quitté  sans  retour, 

Et  n'a  pas  revu  son  amie. 

Ainsi  naguère,  épuisés  de  travaux, 
Aux  bords  glacés  du  fatal  Boristhène, 
D'autres  Français  affrontaient  mille  maux 
Pour  regagner  les  rives  de  la  Seine  : 

Vain  espoir!  vains  soupirs  d'amour! 

Pleins  de  gloire  ils  perdent  la  vie, 

Pour  eux  tOUl  péril  sans  retour, 
Ils  n'ont  pas  revu  leur  amie. 

J.  Mtruutz. 

I,i  musique,  de  l'auteur  des  paroles,  se    trouve 
M  N.  1890  de  la  Clé  du  Caveau. 

MMBHBMMM 


Pari».  -   I  vp.  de  Piixbi  Dla  atné,  roc  dea  (irands-Aupustins,  S. 


CHANSONS  PATRIOTIQUES  ET   CHEVALERESQUES. 


465 


LES  ADlf.UX  DU  VIEUX  SOLDAT. 

1831 . 

Je  n'  verrai  plus  la  France,  ma  pairie; 
De  mon  trépas  bientôt  l'heur'  va  sonner. 
La  mort  n'est  rien;  soldat,  je  la  défie; 
Mais  les  Français  doivent  me  la  donner. 
Quand  les  boulets  sifflaient  à  mon  oreille, 
A  Waterloo  que  n'ai-je  pu  périr! 
Le tambourbat,fautnousquitter,la vieille,  "j ...  ^ 
Faut  nous  quitter...  adieu,  je  vais  mourir.   ) 

Tu  reverras  mon  père  aux  Invalides, 
Annonce- lui  la  perte  de  son  fils. 
Essui'  les  pleurs  qui  coul'ront  sur  ses  rides; 
Dis  que  j'  fus  tué  par  la  main  des  ennemis. 
Quand  le  coup  d'  feu  frappera  ton  oreille, 
D'un  peu  de  terre  tu  viendras  me  couvrir! 
Le tambourbat,fautnousquiller,la vieille,  ) , 
Fautnousquiiter...  adieu,  je vaismourir.  ) 


Ins. 


Il  se  pourrait?  quoi!  ce  n'est  pas  un  songe? 
D'un  joug  affreux  nous  serions  délivrés? 
Si  c'est  un  rêve,  ô  Dieu!  qu'il  se  prolonge; 
Prends  en  pitié  mes  esprits  égarés. 
Mon  vieux  drapeau,  c'est  bien  toi  que  j'embrasse! 
Ah!  maintenant  j'  puis  descendre  au  cercueil! 
Frappez, amis;  mais  que c'drapeau.par  grâce  \ 
Au  vieux  soldat  soit  donné  pour  linceul.  \  \t)is-l 

Th.  et  II.  Cogniard  frères. 

La  Cocarde  tricolore,  vaudeville  en  3  actes  de 
MM.  Cogniard  frères,  en  vente  chez  M.  Tresse  , 
éditeur,  213,  galerie  de  Chartres,  Palais- Royal. 
Prix  :  60  c. 

La  musique  est  de  M.  Bûcher. 


IMOGINE  ET  ALONZO. 


11  le  faut,  disait  un  guerrier 
A  la  belle  et  tendre  Imogine, 


Il  le  faut  ;  je  suis  chevalier, 

Et  je  vais  à  la  Palestine. 

Tu  me  pleures  en  ce  moment, 

Que  ces  pleurs  ont  pour  moi  de  charmes  I 

Mais  il  viendra  quelque  autre  amant, 

Et  sa  main  essuira  tes  larmes. 


—  Moi!  t'oublier,  non,  non  jamais, 
Cher  Alonzo,  répond  la  belle  ; 
Mort  ou  vivant  je  te  promets 
De  te  rester  toujours  fidèle. 
Si  j'étais  parjure  à  ma  foi, 
Que  le  jour  de  mon  mariage, 
A  table,  assis  auprès  de  moi, 
Mes  yeux  puissent  voir  ton  image. 

Que  le  fantôme  d' Alonzo 
Atteste  ses  droits  sur  mon  âme, 
Qu'il  m'entraîne  dans  le  tombeau 
En  disant  :  Elle  était  ma  femme. 
Douze  mois  se  sont  écoulés  ; 
Un  baron  de  haute  origine, 
Par  mille  présents  étalés, 
Demande  ia  main  d'Imogine. 

L'éclat  du  nom  et  des  bijoux 
Eblouit  la  belle  et  l'enchante  : 
Il  est  accepté  pour  époux  : 
La  fête  arrive,  elle  est  brillante. 
Joyeux  festin  va  commencer, 
En  chantant  l'épouse  nouvelle  : 
Chaque  ami  vient  de  se  placer... 
Un  étranger  est  auprès  d'elle. 


Son  air,  son  maintien,  son  aspect, 
Et  surtout  sa  taille  imposante, 
Semblent  imprimer  le  respect, 
Et  je  ne  sais  quelle  épouvante  ; 
Son  casque  le  couvrait  si  bien, 
Que  chacun  en  vain  l'examine  : 
Immobile,  il  ne  disait  rien; 
Mais  il  regardait  Imogine. 

D'un  ton  qui  marque  la  >ayeur, 
A  l'étranger  elle  s'adresse  : 


123 


466 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Baissez  votre  casque,  seigneur, 
Et  partagez  notre  allégresse. 
L'étranger  se  rend  à  ses  vœux. 
0  ciel  !  ô  surprise  effroyable  1 
Son  casque  ouvert,  à  tous  les  yeux, 
Présente  un  spectre  épouvantable  1 

Pâle  et  debout,  l'affreux  géant 
Dit  à  la  tremblante  lin  igine  : 
Reconnais-tu  bien  maintenant 
Alonzo,  mort  en  Palestine? 
Ta  bouche  autrefois  lui  jura 
Qu'aux  amants  tu  serais  rebelle, 
Tu  disais  :  Il  me  trouvera, 
Mort  ou  vivant,  toujours  fidèle. 

Si  j'étais  parjure  à  ma  foi, 
Que  le  jour  de  mon  mariage, 
A  table,  assis  auprès  de  moi, 
Mes  yeux  puissent  voir  ton  image. 
Vois  le  fantôme  d  Alonzo  : 
Rends-moi  mes  droits,  je  les  réclame  ; 
Suis-moi,  je  l'entraîne  au  tombeau. 
Chevaliers,  elle  était  ma  femme. 


Il  saisit,  de  ses  bras  hideux, 
Son  infidèle  qui  l'implore  : 
Ils  avaient  disparu  tous  deux, 
Et  ses  cris  s'entendaient  encore. 
Le  baron,  pleurant  jours  et  nuits, 
Ne  Burvécut  point  à  sa  perle, 
Du  château  nui  n'osa  depuis 
Habiter  l'enceinte  déserte. 


Imogine  y  vient  tous  les  ans 
Dans  ses  habits  de  fiancée, 
Poussant  toujours  des  cris  perçants, 
'I  onjours  par  le  Bpectre  embrassée. 
Amantssans  foi   cœurs  inconstants, 
Qui  faites  un  jeu  du  p.  i  jure, 
Vo^ez  quels  affreux  châtiments 
De  l'amour  ont  vengé  l'injure. 

l'iirolt-N  «l'un  11110117111c. 


LA  ROSE  ET  LA  CRfH  K. 


Beaux  jours  de  la  chevalerie, 
Siècle  de  gloire  et  de  plaisir, 
Dans  quelle  douce  rêverie 
Me  jette  votre  souvenir  ! 
Ohl  combien  je  chéris  cet  âge 
Où  les  enfanls  des  vieux  Gaulois, 
Ivres  d'amour  et  de  courage, 
Unissaient  la  rose  à  la  croix. 

Alors  Dieu,  le  prince  et  les  dames, 
Mots  sacrés  pour  les  preux  Français, 
Gravés  dans  le  fond  de  leurs  âmes, 
Leur  étaient  garants  du  succès  ; 
Jamais,  du  ciel  et  de  leurs  belles, 
Ils  ne  séparèrent  leurs  droits, 
Toujours  constants,  toujours  fidèles 
A  la  rose  comme  à  la  croix. 

Allaient-ils  dans  la  Palestine 
Chercher  des  lauriers  incertains, 
Et  purger  la  tombe  divine 
De  l'aspect  des  fiers  Sarrasins  ? 
Leur  zèle  pour  la  sainte  cause 
S'enflammait  encore  à  la  voix 
Qui  mettait  pour  prix  à  la  rose 
L'honneur  d'avoir  servi  la  croix. 

Désormais,  rendus  intrépides, 

Par  l'espoir  de  cet  heureux  prix, 

Nos  guerriers,  sous  leurs  coups  rapides, 

Renversaient  tous  leurs  ennemis. 

Après  mille  combats  insignes, 

Ils  revoyaient  enfin  leur  toit, 

En  se  disant  :  nous  sommes  dignes 

Et  de  la  rose  et  de  la  croix. 

Frères,  de  nos  anciens  modèles 
Suivons  l'exemple  révéré  ; 
Que  Dieu,  notre  prince  el  1rs  belles 
Soient  l'objet  d'un  culte  sacré  '■ 
Au  vice  affreux  faisons  la  guerre, 
Réduisons  l'impie  aux  aboie, 


CHANSONS  PATRIOTIQUES  ET  CHEVALERESQUES. 

BAYARD, 


*67 


Et  sachons  enfin,  pour  salaire, 
Mériter  la  rose  et  la  croix. 

Paroles  d'un  anonyme. 


LA  LIBERTÉ. 


On  dit  qu'il  est  une  mâle  déesse 
Qui  grandit  l'âme  avant  la  puberté, 
Que  chaque  peuple  accueille  avec  ivresse, 
Que  chaque  roi  repousse  avec  fierté  ; 
C'est  une  femme  à  la  noire  prunelle, 
Au  maintien  noble,  aux  robustes  appas. 
Oh  !  Liberté,  que  tu  dois  être  belle, 
Faible  mortel,  je  ne  la  verrai  pas. 

C'est  une  vierge  exempte  d'infamie, 
Dont  le  cœur  seul  ne  bat  que  pour  nos  droits; 
Fille  du  peuple,  elle  est  née  l'ennemie 
Des  préjugés  de  nos  gothiques  lois, 
Stigmatisant  d'une  empreinte  éternelle 
Le  front  moqueur  d'insolents  renégats. 
Oh!  Liberté,  etc. 

Du  prisonnier  c'est  la  flamme  vivante, 
C'est  sou  espoir,  son  dieu,  son  univers, 
C'est  son  amie,  c'est  son  unique  amante 
Qu'il  déifie  en  regardant  ses  fers. 
Il  l'idolâtre,  il  l'implore,  il  l'appelle 
Même  au  moment  d'un  glorieux  trépas. 
Oh  !  Liberté,  etc. 

Quand  chaque  roi  tremble  pour  sa  couronne, 
Elle  de  fleurs  diamante  son  front, 
Puis  en  riant  quand  la  foudre  résonne, 
Du  monde  esclave  elle  venge  l'affront; 
L'Égalité  ne  marche  qu'avec  elle. 
Et  la  Raison  sert  de  guide  à  ses  pas. 
Oh  !  Liberté,  que  tu  dois  être  belle, 
Faible  mortel,  je  ne  la  verrai  pas. 

Victor  Leray. 


1817. 

Le  preux  Bayard ,  dans  la  lice  guerrière, 
Blessé  d'un  trait,  fut  dans  Bresse  alité; 
Fille  bien  née,  aimable  prisonnière, 
Vint  à  son  lit  dès  qu'il  fut  en  santé. 

Bouquet  en  main  elle  s'approche, 

Elle  rougit  avec  candeur; 

Ah!  crois-tu,  chevalier  sans  peur, 

Prendre  sa  rose  sans  reproche? 

Quelle  rançon  peut  vous  être  payée! 
Nous  n'avons  rien,  dit-elle  au  boa  seigneur  : 
Par  mes  parents  je  vous  suis  envoyée, 
llsn'ontquemoi:  monseul  bien  est  l'honneur. 

Bayard  s'émeut...  sa  main  approche 

Ses  yeux  alarment  sa  pudeur; 

La  belle  n'était  pas  sans  peur 

Près  du  chevalier  sans  reproche. 

Elle  pleurait,  craintive  demoiselle; 

Bayard  vit  moins  ses  pleurs  que  sa  beauté; 

Dans  tous  ses  sens  une  flamme  nouvelle 

De  ce  vainqueur  trouble  la  loyauté. 
Us  étaient  seuls,  elle  était  proche 
Du  preux  qu'égarait  son  ardeur  : 
Et  Bayard  n'était  pas  sans  peur 
De  ne  plus  être  sans  reproche. 

Vaincre  en  amour  est  bien  douce  victoire, 
Pour  ce  héros,  prompt  à  tous  les  combats; 
Mais  il  s'arrête  et  pensant  à  sa  gloire, 
Dit  à  regret  :  maître  de  tant  d'appas , 

De  ton  hymen  le  jour  s'approche; 

Prends  cette  dot,  garde  ta  fleur; 

Va,  fuis  le  chevalier  sans  peur, 

Et  sois  épouse  sans  reproche. 

II.  I.emcrcicr. 

La    musique,   de   Blanchard,   se    trouve  Dotée 
au  N.  1700  de  la  Clé  du  Caveau. 


*e* 


CHANSONS    POPULAIRES. 


LES  VOLONTAIRES  DE  1792. 


Par  de  vils  émigrés 
La  France  fut  trahie, 
Par  des  rois  conjurés, 
Sa  terre  est  envahie; 
Aux  armes!  empochons 
Leur  course  meurtrière, 
Des  esclaves  sachons 
Punir  l'audace  allière. 
Soldats  d'hier,  marchons , 
Marchons  à  la  frontière. 


{bis. 


Marchons,  marchons,  marchonsàla  frontière 


La  patrie  en  danger 
Réclame  nos  courages; 
Oui,  nous  saurons  vengei 
Ses  maux  et  nos  outrages. 
Citoyens,  nous  vaincrons, 
Et  la  palme  guerrière 
Omhragera  nos  fronts; 
Marchons  à  la  frontière! 
Soldats  d'hier,  etc. 

Plus  de  lâche  repos  , 
Enfants  de  l'industrie, 
Courons  sous  les  drapeaux 
Pour  sauver  la  patrie. 
Dieu  qui  vois  nos  efforts, 
Entends  notre  prière; 
Fais-nous  grands,  fais-nous  forts. 
Marchons  à  la  frontière. 
Soldats  d'hier,  etc. 

Halte!  notre  Paris 
S'offre  encore  à  la  vue, 
Contemplez  ses  toits  gris, 
Là-has  sous  cette  nue. 
Nous  allons  lui  servir 
De  rempart,  de  barrière, 
Pour  vaincre  ou  pour  mourir! 
Marchons  à  la  frontière, 
Soldats  d'hier,  etc. 


{bis.) 


Mais  si  nous  succombons 
Dans  cette  œuvre  si  sainte, 
Amis,  nous  tomberons, 
Et  sans  peur,  et  sans  plainte. 
Honneur  a  qui  mourrai 
Demain  la  France  entière 
Sur  leurs  corps  s'écrira  : 
Marchons  h  la  frontière. 
Soldats  d'hier,  marchons, 
Marchons  à  la  frontière, 
Marchons,  marchons,  marchons  à  la  frontière  ! 
Charles    Gllle. 


La  musique,  de  Jean  Conte  ,    se    trouve  chez 
M.  Challiot,  éditeur,  352,  rue  Saint-Honoré. 


LE  VAILLANT  TROUBADOUR. 


Brûlant  d'amour  et  partant  pour  la  guerfe, 
On  troubadour,  ennemi  du  chagrin, 
Dans  son  délire,  à  sa  jeune  bergère, 
Fn  la  quittant  répétait  ce  refrain  : 

Mon  bras  à  ma  patrie, 

Mon  cœur  à  mon  amie, 
Mourir  gaîment  pour  la  gloire  et  l'amour, 
C'est  le  devoir  d'un  vaillant  troubadour. 

Dans  le  bivouac  le  troubadour  fidèle, 
Le  casque  au  front,  la  guitare  à  la  main, 
Toujours  pensif,  et  regrettant  sa  belle, 
Allait  partout  en  chantant  ce  refrain  : 
Mon  bras ,  etc. 

Dans  les  combats  déployant  son  courage, 
Des  ennemis  terminant  le  destin  , 
Le  troubadour,  au  milieu  du  carnage, 
Faisait  encore  entendre  ce  refrain: 
Mon  bras,  etc. 

Ce  brave,  hélas!  pour  prix  de  sa  vaillance, 
Trouva  bientôt  le  trépas  en  chemin, 
Il  expira  sous  le  fer  d'une  lance, 
Nommant  sa  belle  et  chantant  son  refrain  : 


CHANSONS   PATRIOTIQUES   ET  CHEVALERESQUES. 


4G9 


Mon  bras  à  ma  patrie, 

Mon  cœur  à  mon  amie , 
Mourir  gaîment  pour  la  gloire  et  l'amour, 
C'est  le  devoir  d'un  vaillant  troubadour. 

Paroles  d'un  anonyme. 


La    musique ,    de  Sauvan,    se  trouve    notée  au 
N.  1359  de  la  Clé  du  Caveau. 


LE  CHEVALIER  FRANÇAIS. 


Air  :  Français,  voici  le  jour. 

Tu  me  revois,  disait  Roger 
A  la  noble  et  tendre  Isabelle  ; 
Pour  toi  j'ai  bravé  le  danger, 
Et  je  reviens  toujours  fidèle. 
Un  troubadour,  un  chevalier  français 

Chante  sous  l'oriflamme 
Ce  doux  refrain,  gage  de  ses  hauts  faits  : 
Son  Dieu,  son  roi,  sa  dame. 

A  mille  assauts,  dans  cent  combats, 
Bravant  et  la  foudre  et  l'orage, 
J'ai  rabaissé  des  potentats, 
La  fierté,  l'orgueilleux  courage. 
Gai  troubadour  et  chevalier  français, 

Le  cœur  plein  de  ma  flamme, 
Au  champ  d'honneur  sans  cesse  j'invoquais 
Mon  Dieu,  mon  roi,  ma  dame. 

Aux  attraits  de  mille  beautés 
J'ai  résisté  pour  Isabelle  ; 
Mes  yeux  éblouis  de  clarté 
Se  fermaient  pour  ne  plus  voir  qu'elle  : 
Donne  à  Roger,  le  chevalier  français, 

Tout  l'amour  qu'il  réclame, 
Et  dans  le  sien  réunis  à  jamais 
Son  Dieu,  son  roi,   sa  dame. 

Phébus  se  plonge  dans  les  mers, 
De  ses  feux  le  couchant  se  dore, 
Je  dois  parcourir  l'univers 
Quand  viendra  la  seconde  aurore. 


Gai  troubadour  et  chevalier  français, 

Je  vais  contre  Abdérame, 
Redire  encore  en  conquérant  la  paix  . 

.Mon  Dieu,  mon  roi,  ma  dame. 

Un  doux  baiser,  brûlant  d'amour, 
Annonce  à  Roger  sa  victoire  ; 
Sa  belle  lui  donne  à  son  tour 
Le  plus  beau  fleuron  de  sa  gloire. 
Le  troubadour,  en  chevalier  français, 

S'écriait  a\ec  âme  : 
Heureux  qui  peut  servir  avec  succès 
Son  Dieu,  son  roi,  sa  dame. 

Emile  Debreaux. 


L'ERMITE  ET  LE  PALADIN. 

1825. 

Holà!  qui  frappe  ?  —  Un  noble  paladin 
Qui,  sur  sa  route,  assailli  par  l'orage, 
S'en  va  mourir  de  fatigue  et  de  faim, 

Si  vous  n'ouvrez  votre  ermitage. 

Sous  votre  toit  hospitalier 

Lui  refuserez-vous  un  gîte  ? 

—  Vous  serez  mal  chez  un  ermite,  i ,. .   . 
i        i.  \{ois.) 

Excusez-moi,  preux  chevalier.         ( 

A  ce  foyer  allumé  par  bonheur 
De  votre  cœur  ranimez  la  faiblesse  ; 
Vous  avez  faim,  mais,  hélas!  monseigneur, 
Que  puis-je  offrir  à  Votre  Altesse? 
Un  pauvre  père  à  son  foyer 
N'eut  jamais  ni  pot,  ni  marmite; 
On  soupe  mal  chez  un  ermite, 
Excusez-moi,  preux  chevalier. 


(bit. 


Un  pain  grossier  est  mon  seul  aliment, 
Mais  d'un  grand  saint  c'était  hier  la  fête  ; 
Pour  la  chômer,  j'ai  fait  expressément 
Cuire  la  moitié  de  ma  quête. 
Ah  !  c'est  bien  peu  pour  un  guerrier 
De  votre  rang,  de  grand  mérite' 
Vous  serez  mal  chez  un  ermite        | 
Excusez-moi,  preux  chevalier.        { 


«70 


CHANSONS   POPULAIRES. 


An  môme  instant  sur  le  noyer  poli 

L  homme  de  Dieu  pose  un  coq  de  bruyère. 

Un  pâté  froid,  à  moitié  démoli, 

Puis  une  truite  encore  entière. 

—  Peste!  dit  le  noble  guerrier, 
Quel  festin  pour  un  cénobite  ! 

—Vous  vous  moquez  d'un  pauvre  ermite,  ) 
Excusez-moi,  preux  chevalier.  j  ^*s'^ 

—Non,  par  ma  foi,  tous  ces  mets  sont  exquis: 
Je  m'y  connais,  mais  dîtes-moi,  mon  p(  re, 
Quand  vous  fêtez  les  saints  du  paradis, 
Ne  buvez-vous  que  de  l'eau  claire  1 

—  De  posséder  certain  cellier 
Qu'en  ce  jour  je  me  félicite  ! 

Mais,  hélas  !  c'est  du  vin  d'ermite,  / 
Excusez-moi,  preux  chevalier.         j  ^      ) 

L'ermite  appelle,  et  tenant  un  flacon 
Soudain  paraît  la  gentille  Gertrudc. 
—  Et  quoi!  mon  père,  un  pareil  compagnon 
Embellit  votre  solitude? 

—  Ah!  je  sens  bien  qu'un  bachelier 
Lui  trouverait  peu  de  mérite, 

Riais  c'est  assez  pour  un  ermite,      i  ,  . 
Excusez-moi,  preux  chevalier.        j  {     ') 
Joseph  Servlères. 


NE    M'OUBLIKZ   PAS. 

1812. 

Vous  me  quittez  pour  voler  à  la  gloire, 
Mon  triste  cœur  partout  suivra  vos  pas; 
Ailes,  volez  an  t<  mple  de  mémoire 
Suivez  1  honneur,  et  ne  m'oubliez  pas. 

lésin  comme  à  l'amour  fidèle, 
Suivez  la  gloire,  évites  le  trépas; 
Dans  1rs  combat*  où  l'honneur  voua  appelle 
/  heureux   mais  ne  m'oubliez  pas. 

Que  faire,  bêlas!  dans  mes  peines  cruelles I 
Couvert  de  gloire,  après  d'aflretu  combats; 


Vous  y  verrez  tant  de  beautés  nouvelles. 
Vous  leur  plairez  ,  ah!  no  m'oubliez  pas. 

Toujours  vainqueur,  oui, vous  plairez  sans  cesse, 

Mars  el  l'Amour  partout  suivront  vos  pas. 
De  \os  succès  gardez  1 1  douce  ivresse, 
Soyez  heureux,  mais  ne  m'oubliez  pas. 

Comte  de  Néjçur. 

La   musiijue,  de  Mme  Ilortense  de  Bcauliarnais, 
se  trouve  notée  au  N.  93s  de  la  CléduCaveau. 


BELISAIRE. 

Ain  de  Garât. 

Un  jeune  enfant,  un  casque  en  main, 
Allait  quêtant  pour  l'indigence 
D'un  vieillard  aveugle  et  sans  pain, 
Fameux  dans  Rome  et  dans  Byzance  ; 
Il  disait  à  chaque  passant 
Touché  de  sa  noble  misère  : 
Donnez  une  obole  à  l'enfant 
Qui  sert  le  pauvre  Bélisaire. 

Je  tiens  le  casque  du  guerrier, 
Effroi  du  Goth  et  du  Vandale  ; 
11  fut,  dit-on,  sans  bouclier 
Contre  l'imposture  fatale. 
Un  tyran  lit  brûler  ses  yeux, 
Qui  veillaient  sur  toute  la  terre; 
La  nuit  voile  à  jamais  les  cieux 
Au  triste  et  pauvre  Bélisaire. 

L'infortuné,  pour  qui  ma  voix 
S'élève  seule  et  vous  supplie, 
Apre.-  son  char  traîna  les  rois 
De  l'Afrique  et  de  l'Italie. 
On  sait  que,  même  en  triomphant, 
Il  n'eut  point  d'orgueil  téméraire; 
Quand  je  le  nomme  il  me  défend 
DH   dire  le  grand  Bélisaire. 

Privé  du  plaisir  des  regards^ 
Le  héros,  qui  rêve  sa  gloire, 


CHANSONS  PATRIOTIQUES  ET  C  H  E  VALER  ESQUES. 


V71 


Du  monde  et  de  tous  ses  hasards, 
Voit  le  spectacle  en  sa  mémoire. 
Son  jeune  guide  apprend  de  lui 
Que  la  fortune  est  mensongère, 
Et  s'étonne  d'être  l'appui 
Que  Dieu  laisse  au  grand  Bélisaire. 

IVep.  Lemercier. 


LES  ADIEUX   D'OSCAR   A  MALVINA. 

Air  de  Beauvarlelchar'penlier. 

Le  cor  retentit  dans  les  bois  , 
Fingal  appelle  son  armée  : 
Il  faut  retourner  aux  exploits  ; 
Il  faut  partir,  ma  bien-aimée. 
Ne  verse  point  des  pleurs  d'amour  ; 
Mais  prends  la  harpe  de  la  gloire  : 
Bientôt  nous  serons  de  retour, 
Sur  les  ailes  de  la  Victoire. 


L'azur  du  ciel  est  dans  tes  yeux  : 

Ton  souffle  est  celui  du  zéphyre; 

Le  premier  rayon  lumineux 

Est  moins  doux  que  ton  doux  sourire  ; 

L'albâtre  de  ton  sein  charmant 

Du  cygne  efface  le  plumage. 

Je  suis  ton  époux,  ton  amant... 

Et  te  laisse  dans  le  veuvage. 

Quand  du  milieu  des  Ilots  amers 

Sortira  le  char  de  l'Aurore, 

Viens  t'asseoir  sur  le  bord  des  mers, 

Aimable  fille  d'Inistore  ; 

Et  si  l'étranger  orgueilleux 

Voit  son  audace  confondue, 

Que  mon  vaisseau  victorieux 

Le  premier  bondisse  à  ta  vue  ! 

Mais  si  le  sort  trompe  mes  vœux, 
S'il  faut  que  ma  valeur  succombe, 


Auprès  du  torrent  écumeux, 
Souviens-toi  d'élever  ma  tombe. 
Que  mon  père  chante  ma  mort  ! 
Qu'Oscar  soit  nommé  dans  ses  fêtes  l 
Et  que  mon  ombre,  sans  effort, 
S'envole  au  trône  des  tempêtes l 

Baour  de  Lormian. 


ARIETTE  DE  TOUTE  LA  GRÈCE. 


Où  vont  tous  ces  peuples  épars  ? 
Quel  bruit  a  fait  trembler  la  terre 
Et  retentit  de  toutes  parts? 
Amis,  c'est  le  cri  du  dieu  Mars, 
Le  cri  précurseur  de  la  guerre, 
De  la  guerre  et  des  hasards  : 
Mourir  pour  sa  patrie ,  [bis.) 

C'est  le  sort  le  plus  beau,  le  plus  digne  d'envie! 

Français,  laisserions-nous  flétrir 
Les  lauriers  de  notre  patrie  ? 
Sous  le  joug  faudrait-il  fléchir? 
Aurions-nous  vaincu  pour  souffrir 
Un  tel  excès  d'ignominie  ? 
Ah  !  plutôt  mille  fois  périr  ! 
Mourir ,  etc. 

Ces  hordes  que  nos  bras  vengeurs 
Avaient  tant  de  fois  terrassées, 
Ces  esclaves  seraient  vainqueurs  l 
Peuple  libre,  à  les  oppresseurs 
Verrais- tu  la  France  livrée  ? 
Non,  j'en  jure  par  ta  valeur! 
Mourir,  etc. 

Français  ralliés  à  ma  voix 
Sous  les  lois  qui  sont  votre  ouvrage  , 
C'est  là  l'égide  de  vos  droits. 
L'ennemi,  vaincu  tant  de  fois, 
Provoque  encor  votre  courage  ; 
Volez  à  de  nouveaux  exploits  ! 
Mourir,  etc. 


472 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Entendez  ce  soldat  vainqueur 
Mourant  d'une  p.obl<-  blessure... 
«  Amis  !  pourquoi  votre  douleur? 
«  Le  Bang  qui  coule  au  champ  d'honneur 
«  D'un  vrai  guerrier  c'est  la  parure  , 
«  C'est  le  g  ge  de  sa  valeur  1 
«  Je  meurs,  etc.  » 

Et  toi  seconde  nos  efforts, 
Liberté!  liberté  chériel 
Dirige  nos  bouillants  transports  ; 
Osons  affronter  mille  morts 
Pour  nous  soustraire  à  l'infamie. 
Chantons  dans  de  nouveaux  accords  : 
Mourons,  etc. 

Oui,  j'entrevois  le  jour  heureux 

Où  l'égalité  triomphante 
Rappellera  les  ris  ,  les  jeux  ; 
Plus  de  combats,  de  maux  affreux. 
Dans  la  France  libre  et  puissante 
Retentira  ce  ci  i  jo\  eux  : 

Vivre  pour  sa  patrie  ,  [bis.) 

C'est  le  sort  le  plus  beau,  Le  plus  digne  d'envie! 

l>arok-N  d'iiu  uiionyuie. 


AVANT  TOUT  LA  PATRIE. 


L'amour  dans  le  cœur  d'un  Français, 
L'amour  est  le  bonheur  suprême; 
Tous  les  instants  sont  pleins  d'attraits 
Auprès  de  la  beauté  qu'il  aime  ;    [bit.) 
Mais  au  premier  son  du  tambour 

Il  sacrifie 

A  sa  patrie 
Son  bien  .  sa  vie  et  son  amour.      (Ins.) 

|       quitter  de  son  devoir 
l  ii  bon  Français  trouve  des  charmes, 
l  le  ion  amante  au  désespoir 
Lui-même  il  sail  tarir  les  larmes 
Mais  au  premier     n    etc. 


Tout  homme  sage  avec  regret 
S'arme  pour  frapper  et  détruire; 
Toujours  actif  et  toujours  prêt, 
lies  maux  de  la  guerre  il  soupire; 
Mais  au  premier  son,  etc. 

Qui  sait  délivrer  son  pays 
Est  vu  comme  un  dieu  sur  la  terre; 
A  l'objet  dont  il  est  épris 
Le  Français  est  jaloux  de  plaire;     [bis.) 
Mais  au  premier  son,  etc. 

J'aime  qu'on  désire  la  paix  ; 
Aux  humains  elle  est  nécessaire. 
J'aime  qu'au  déclin  d'un  jour  frais 
L'on  s'égaie  sur  la  fougère  ;         [bis.) 
Mais  je  veux  qu'au  son  du  tambour 

On  sacrifie 

A  sa  patrie 
Son  bien,  sa  vie  et  son  amour. 

l'ai-olcs  d'un   aiioit>me. 


L'HONNEUR  DU  NOM  FRANÇAIS. 

Air  de  la  Mère  Picard- 

Sur  un  refrain  qui  plaira  sans  peine 
Je  vais  ici  chanter  quelques  couplets, 

Et  joignez  tous  vos  voix  à  la  mienne 
Pour  soutenir  l'honneur  du  nom  français. 

D'une  beauté  de  l'antique  Ibérie 
Le  beau  Valmorse  déclara  l'amant, 
Et  cependant  chaque  jour  on  lui  crie  : 
Vingt  Espagnols  l'ont  tenté'  vainement. 

Oui ,  je  le  sais,  à  l'amour  rebelle  , 
Jusqu  ii  présent  elle  évita  ses  traits  ; 

Moi  je  prétends  me  faire  aimer  d'elle, 
Pour  soutenir  l'honneur  du  nom  français! 

Le  sombre  Anglais,  aux  bonis  de  la  Tamise, 
Du  dieu  Bacchus  a  méconnu  les  droits, 
El  de  poj  U  r  le  malheureux  si;  grise 
Modestement  par  semaine  sept  fois. 


Puris.  —  Typ.  de  Piu.ii  Bit  atnô,  rue  dci  Grandt-Augustii 


CHANSONS  PATRIOTIQUES   ET   CHEVALERESQUES. 


473 


Tandis  qu'ici  chacun  do  nos  frères, 
Toujours  joyeux,  sans  reculer  jamais, 

Dans  les  combats  ,  au  tintin  des  verres, 
Peut  soutenir  l'honneur  du  nom  français! 

Divin  Corneille,  ô  Racine,  ô  Voltaire! 
Qu'est  devenu  votre  noble  talent! 
Pourquoi  faut-il  que  sur  cet  hémisphère 
Vos  noms,  hélas!  n'aient  brillé  qu'un  instant! 

Vous  n'êtes  plus,  on  vous  pleure  encore, 
Mais  pour  calmer  de  trop  justes  regrets, 

Plus  d'un  auteur,  que  la  France  honore, 
Peut  soutenir  l'honneur  du  nom  français  ! 

Pendant  trente  ans  j'ai  servi  ma  patrie, 
Dit  le  Français  couronné  de  lauriers, 
Et  maintenant  je  vais  finir  ma  vie  , 
Tranquille  enfin  au  sein  de  mes  foyers; 

Mais  souviens-loi,  cruelle  Bellone, 
Qu'en  gémissant  sur  tes  nombreux  excès , 

Nous  serons  là,  si  le  canon  tonne, 
Pour  soutenir  l'honneur  du  nom  français! 

Pourquoi  faut-il  que  la  sage  Minerve 
A  mon  oreille  ici  vienne  crier  : 
N'est- il  pas  temps  de  suspendre  ta  verve? 
Ta  faible  voix  pourrait  nous  ennuyer. 

Je  vais  me  taire.  Ah  !  puissiez-vous  dire  : 
Mes  chers  amis,  tolérons  ses  couplets  ; 

Point  de  rigueur,  il  a  pris  la  lyre 
Pour  soutenir  l'honneur  du  nom  français! 

Éniile  Debreaux. 


LE  SOLEIL  DE  LA  RÉPUBLIQUE. 


Toi,  dont  la  lumière  éclatante 
Dissipe  les  plus  sombres  nuits; 
Toi,  dont  la  chaleur  bienfaisante 
Fait  naître  les  fleurs  et  les  fruits  ; 
Dans  la  course  périodique 
Des  points  de  la  ligne  écliptique, 
Où  des  peuples  tu  fais  l'espoir, 


Soleil  !  puisses-tu  ne  rien  voir 
D'aussi  grand  que  la  République! 

Beautés  plus  fraîches  que  l'aurore, 
Venez  vous  joindre  à  nos  drapeaux; 
Déployez  votre  voix  sonore, 
Entonnez  des  hymnes  nouveaux; 
Du  fond  de  sa  grotte  rustique, 
Faites  dire  à  l'écho  Belgique, 
Dès  l'aube  du  jour  jusqu'au  soir  ; 
Soleil!  puisses-tu  ne  rien  voir 
D'aussi  grand  que  la  République! 

De  nos  guerriers  couverts  de  gloire 
Chantons  les  exploits  immortels; 
Pour  éterniser  leur  mémoire, 
Partout  élevons  des  autels  ; 
Qu'un  obélisque  magnifique, 
Dressé  dans  la  place  publique, 
A  l'univers  fasse  savoir, 
Soleil!  que  tu  ne  peux  rien  voir 
D'aussi  grand  que  la  République! 

Mères  tendres,  que  votre  exemple 
Se  propage  dans  l'univers  ; 
Que  le  nom  d'époux,  dans  ce  temple, 
Soit  consacré  par  nos  concerts  : 
Qu'à  vous  imiter  l'on  s'applique, 
Répétez  d'un  ton  énergique, 
En  remplissant  votre  devoir  : 
Soleil  !  puisses-tu  ne  rien  voir 
D'aussi  grand  que  la  République! 

Que  le  repos  soit  le  partage 

Des  vieillards  courbés  par  les  ans, 

Et  qu'ils  se  voient  d'âge  en  âge 

Renaître  dans  leurs  descendants; 

Que  notre  jeunesse  pudique 

S'élève  à  la  vertu  stoïque, 

Et  chante  en  comblant  notre  espoir  : 

Soleil!  puisses-tu  ne  rien  voir 

D'aussi  grand  que  la  République  I 

Honorons  les  hommes  célèbres, 
Qui,  par  leurs  sublimes  écrits. 


130 


71 


474 


CHANSONS  POPULAIRES. 


Ont  su  dissiper  les  ténèbres 
Où  l'on  retenait  nos  esprits  ; 
Que  sur  une  urne  métallique 
On  grave  l'éloge  historique 
De  leurs  vertus,  de  leur  savoir  : 
Soleil  !  puisses-tu  ne  rien  voir 
D'aussi  grand  que  la  République! 

Mortels,  qui  suivez  en  tumulte 
Des  fanatiques  égarés, 
Aux  vertus  rendez  un  vrai  culte, 
Les  sentiers  vous  sont  préparés; 
Fuyez  l'erreur  théologique, 
Qu'on  entende,  au  lieu  d'un  cantique 
Forgé  pour  mieux  vous  décevoir  : 
Soleil!  puisses-tu  ne  rien  voir 
D'aussi  grand  que  la  République! 

Ce  temple,  où  l'horrible  imposture 
Versait  à  grands  flots  son  poison, 
Nous  dicte  une  morale  pure 
Par  la  bouche  de  la  raison  : 
L'homme,  abhorrant  le  sens  mystique, 
Dans  un  long  sommeil  léthargique, 
Ne  craindra  plus  de  se  revoir  : 
Soleil!  lu  ne  pourras  rien  voir 
D'aussi  grand  que  la  République! 

Montrons-nous  toujours  redoutables 
Dans  la  plus  grande  adversité  ; 
Républicains  inébranlables, 
Combattons  pour  la  liberté; 
Armés  pour  la  cause  publique, 
Apprenons  au  corps  germanique 
Que  le  peuple  a  seul  tout  pouvoir  : 
Soleil!  puisses-lune  rien  voir 
D'aussi  grand  que  la  République  I 

Sans  relâche  lançons  la  foudre 
Sur  les  rois,  d'orgueil  euii 

B8-l(  b  rentrer  dans  la  poudre, 
D'où  Le  destin  les  a  tii 
Dans  cette  ligue  despo  ique, 
Forçons  chaque  tyran  inique 
A  dire  dans  son  désespoir  : 

h  ae  mu  voir 
and  que  la  République! 


Prêtres,  brigands,  parlementaires, 
Malgré  tous  vos  complots  pervers, 
Les  peuples  deviendront  nos  frères  ; 
Comme  nous  ils  rompront  leurs  fers  ; 
Du  pôle  arctique  à  l'antarctique 
On  entendra  ce  chant  civique, 
Que  l'homme  libre  doit  savoir  : 
Soleil!  puisses-tu  ne  rien  voir 
D'aussi  grand  que  la  République  ! 

Liberté!  douce  bienfaisance! 
Égalité!  fraternité! 
Formez  une  étroite  alliance, 
Par  l'indivisibilité, 
Sous  l'unité  démocratique, 
Des  vertus  l'austère  pratique 
Aura  sur  nos  cœurs  tout  pouvoir  : 
Soleil!  tu  ne  pourras  rien  \ « > i r 
D'aussi  grand  que  la  République) 

Avec  une  mâle  assurance, 
A  l'univers  offrons  nos  lois; 
Cimentons  notre  indépendance 
En  brisant  le  sceptre  des  rois  ; 
Pleins  d'un  amour  patriotique, 
Détruisons  le  joug  lyrannique, 
Et  foulons  aux  pieds  l'encensoir  : 
Soleil!  puisses-tu  ne  rien  voir 
D'aussi  grand  que  la  République  ! 

lloruinltei't, 

La  musique  est  de  l'auteur  des  paroles. 


HYMNE   A  LA  LIBERTÉ, 

1850. 

Vierge  divine,  altière  et  pure, 

Des  peuples,  immortelle  sœur  ; 

Chaste  Bile  de  la  nature, 

Salut  a  la  mâle  splendeur  ! 

C'est  par  loi,  c'est  par  la  puissance 

Que  l'univers  régénéré 

Des  irésors  de  l'indépendance 

A  c [uia  le  pacte  Bacré  ! 


CHANSONS  PATRIOTIQUES   ET   CHEVALERESQUES. 


475 


Reine  de  tous  lestemps,  soleil  de  tous  les  mondes, 
Symbole  de  grandeur,  de  force  et  de  fierté, 
Toi  qui  creusas  pariout  les  empreintes  fécondes, 
Gloire  à  ton  noble  empire,  ô  sainte  Liberté! 

Jadis  dans  les  champs  de  la  gloire, 
C'est  loi,  sublime  et  noble  sœur, 
Qui  sur  l'aile  de  la  Victoire. 
Guidas  notre  étendard  vainqueur! 
Si  des  despotes  sanguinaires 
Osaient  s'avancer  menaçants, 
Ce  que  tu  fis  pour  nos  vieux  pères, 
Tu  le  ferais  pour  leurs  enfants  !... 
Reine,  etc. 

Ton  nom  fait  rougir  les  esclaves 
Comme  il  fait  pâlir  les  tyrans  ; 
C'est  ton  nom  qui  transforme  en  braves 
Les  hommes  lâches  et  tremblants  ; 
A  Ion  nom,  les  fières  couronnes 
Se  brisent  aux  pavés  fangeux  ; 
Et  les  bases  des  plus  vieux  trônes 
S'effondrent  en  éclats  poudreux. 
Reine,  etc. 

Liberté!  que  ton  fier  génie 

Préside  à  nos  rudes  travaux  ; 

Qu'avec  la  paix  et  l'harmonie 

S'engendrent  des  destins  nouveaux! 

Et  que  les  peuples  de  la  terre, 

Bénissant  ton  règne  éclatant, 

Proclament  l'unité  prospère 

Dans  un  sublime  embrassement! 
Reine  de  tousles  temps,  soleil  de  tous  les  mondes, 
Symbole  de  grandeur,  de  force  et  de  fierté, 
Toi  qui  creusas  parlout  tes  empreintes  fécondes, 
Gloire  à  ton  noble  empire,  ô  sainte  Liberté  ! 

Félix  Motittet. 


MARENGO. 

Air  :  De  nos  soldats  les  palmes  de  la  gloire. 

Toi ,  dont  le  front  trahit  les  cicatrices, 
Bon  voyageur,  arrête  ici  tes  pas. 


Quel- âge  as-tu?  —  J'ai  trente  ans  cl    scnice, 
Et  dès  quinze  ans  je  volais  aux  combats. 
— Es-tu  Français? —  Je  vais  porter  en  Grèce 
Le  noble  fer  qu'ébrécha  Waterloo. 
—  Sais-tu  quel  sol  ton  pied  foule  et  caresse? 
Incline-toi,  c'est  ici  Marengo  ! 

Te  souviens-tu  de  ce  mortel  auguste 
Qu'avec  orgueil  cite  encor  le  Français? 
Les  fils  du  Nil  l'appelaient  Sultan-Juste  ; 
Nous  l'honorions  sous  le  nom  de  Desaix. 
Ah!  disait-il,  au  sein  de  la  souffrance, 
Le  seul  regret  que  me  laisse  Clotho  , 
C'est  d'en  avoir  trop  peu  fait  pour  la  France. 
Incline-toi,  c'est  ici  Marengo  1 

Reconnais-tu  cette  plage  immortelle 
D'où  le  tonnerre  un  jour  s'est  élancé  ? 
Combien  de  fois  l'Europe  trembla-t-elle 
Devant  l'orage  en  ces  lieux  amassé? 
Pour  s'étourdir,  de  ce  champ  de  victoire 
Des  rois  en  vain  ont  bâillonné  l'écho. 
Dieu  sur  l'airain  a  gravé  notre  histoire. 
Incline-toi,  c'est  ici  Marengo! 

N'est-ce  pas  là  qu'un  jour  l'aigle  superbe, 
Foulant  aux  pieds  le  pacte  de  nos  droits, 
Leva  son  front  longtemps  caché  sous  l'herbe, 
Et  le  ceignit  du  bandeau  de  nos  rois. 
Mais  pour  mourir  sur  les  bords  de  la  Loire, 
Pourquoi  quitter  le  rivage  du  Pô? 
Ici  du  moins  tout  reflétait  ta  gloire. 
Incline-toi ,  c'est  ici  Marengo  ! 

Là!  ce  géant,  cet  Atlas  de  notre  âge, 
Qui  de  son  nom  fatigua  l'univers, 
Donnant  l'essor  à  son  jeune  courage, 
Du  monde  entier  rivait  déjà  les  fers  ; 
Plus  tard,  hélas!  ce  nouvel  Alexandre, 
Contre  un  pavois  échangea  son  drapeau; 
Mais  l'Océan  a  dévoré  sa  cendre. 
Incline-toi,  c'est  ici  Marengo! 

Incline-toi,  jamais  champ  de  bataille , 
Depuis  mille  ans,  ne  l'a  mieux  mérité  : 
Là  nos  soldats  ,  criblés  par  la  mitraille, 
Tombaient  au  cri  :  Vive  la  liberté! 


476 


CHANSONS    POPULAIRES. 


D'un  or  vénal  jamais  leur  main  flétrie 
N'a  marchandé  le  prix  de  leur  tombeau; 
Ils  sont  tous  morts,  oui,  morts  pour  la  patrie! 
Incline-toi,  c'est  ici  Marengol 

F.milc  Dcbreaux. 


LE  BONNET  DE  LA  LIBERTÉ. 

1833. 
Aih  :  Pour  obtenir  celle  qu'il  aime. 


Peuples  esclaves  de  la  mode, 
Et  de  la  gloire,  et  du  plaisir, 
Pour  nous  n'est-il  pas  plus  commode 
D'avoir  des  bonnets  à  choisir,     [bis.) 
Couronnons-nous  aux  jours  de  fêtes 
Des  roses  de  la  volupté  : 
Lesdieuxn'ontpasfaitpournos  têtes 
Le  bonnet  de  la  Liberté. 


(bis. 


Sachant  bien  qu'à  certaine  grille 
En  veste  il  ne  passerait  pas, 
Le  dimanche  vers  la  Courlille, 
L'ouvrier  dirige  ses  pas.     (bis.) 
Tandis  qu'il  sable  une  piquette, 
Dont  les  rois  n'ont  jamais  goûté, 
te  plaisir  change  sa  casquette 
lin  bonnet  de  la  Liberté. 


(bis. 


Grâce  aux  saints  d'un  nouveau  calibre 
Oui  vont  réformer  l'univers, 
Voyez  déjà  la  femme  libre 
Mettre  son  bonnet  de  travers,     (bis.) 
Leur  religion  fait  merveille  ; 
Suivant  ses  dogmes  la  beauté 
Porte  sur  le  coin  de  l'oreille 
Le  bonnet  de  la  Liberté. 


\{bis.) 


Ma  Lisette  à  qui  j'aime  à  plaire 

A  la  tèle  près  du  bonnet, 

Aussi  chaque  jour  je  tolère 

Nouveaux  chapeaux,  aouveau  béret.  (6m.) 


Sur  ce  beau  front  que  je  décore, 

Pour  lire  :  amour,  fidélité, 

Je  ne  tolère  pas  encore  \    . 

Le  bonnet  de  la  Liberté  j^      ' 


Liberté,  la  fière  Bellone 

Monte  sur  ton  trône  de  fer  ; 

Nos  fils  au  pied  de  la  colonne 

Ont  jeté  ton  bonnet  en  l'air!     (bis.) 

Un  prince  prudent,  économe, 

Substitue  en  notre  cité 

Le  petit  chapeau  du  grand  Homme  I 

Au  bonnet  de  la  Liberté.  i 


(bis 


Dieu  nous  garde  des  bonnetades 

De  ce  citoyen  sans  défaut, 

Qui  met  pour  plaire  aux  camarades 

Un  bonnet  rouge  s'il  le  faut  !     (bis.) 

Demain  qu'une  cour  l'environne, 

11  aura  bientôt  adapté 

Les  diamants  de  la  couronne  )  ,.  .  . 

Au  bonnet  de  la  Liberté.  j       '' 


0  vous  qui  pensiez  sur  le  marbre 
Voir  aussitôt  vos  noms  inscrits, 
En  juillet  vous  plantez  un  arbre, 
D'autres  en  recueillent  les  fruits,     (bis.) 
Au  destin  sachez  vous  soum  ttre, 
Allons,  captifs,  de  la  gaîté  !... 
En  prison  on  vous  laisse  mettre 
Le  bonnet  de  la  Liberté. 


J* 


il.) 


Vive  la  Liberté  légère 

Qui  ne  met  qu'un  chapeau  de  fleurs! 

Loin  de  nous  l'horriBle  mé 

Qui  tend  une  coupe  à  nos  pleurs  !     (bis.) 

Ici  nous  n'avons  poinl  «à  craindre 

Son  chaperon  ensanglanté  : 

Un  vin  rosé  suffit  pour  teindic 

Le  bonnet  de  la  Liberté. 


[bit. 


Jacqulu. 


CHANSONS   PATRIOTIQUES  ET    CHEVALERESQUES. 


477 


CHANT  DU  RETOUR. 


Contemplez  nos  lauriers  civiques  ; 
L'Italie  a  produit  ces  fertiles  moissons; 
Ceux-làcroissaient  pournous  au  milieu  des  glaçons; 
Voici  ceux  de  Fleurus,  ceux  des  plai  nés  belgiques. 
Tous  les  fleuves  sur  pris  nous  ont  vus  triomphants; 

Tous  les  jours  nous  furent  prospères; 

Que  le  front  blanchi  de  nos  pères 
Soit  couvertdes  lauriers  cueillis  par  nos  enfants. 

LE  CHOEUR. 

Tu  fuslonglempsreffroi,soisramourde  la  terre 

0  république  des  Français' 
Quelechautdes  plaisirs  succède  auxcrisdeguerre  : 

La  victoire  a  conquis  la  paix. 

LES  VIEILLARDS. 

Chers  enfants,  la  tombe  des  braves 
Réclame  ces  lauriers  moissonnés  par  vos  mains; 
Vos  frères,comme  vous,  ont  vaincu  les  Germains, 
Délivré  les  Toscans,  les  Belges,  les  Bataves. 
Au  séjour  des  héros,  parvenus  avant  vous, 
Ils  y  tiennent  vos  palmes  prêtes  : 
Leurs  mânes  célèbrent  nos  fêtes  ; 
Unis  à  nos  concerts  ,  ils  chantent  avec  nous  : 
Tu  fus  longtemps,  etc. 

LES   BARDES. 

Les  Germains  vaincus  applaudissent. 

Les  bardes  de  la  France  ont  élevé  leur  voix; 

Leur  lyre  prophétique  a  chanté  vos  exploits, 

Et  de  vos  noms  sacrés  les  siècles  retentissent. 

La  victoire  a  plané  sur  vos  fiers  étendards; 
Chargés  de  ses  palmes  allières, 
Venez  ,  loin  des  tentes  guerrières, 

Goûter  un  doux  repos  sous  les  palmes  des  arts. 
Tu  fus  longtemps,  etc. 

LES  JEUNES  FILLES. 

Guerriers,  votre  dot  est  la  gloire. 


LES  GUERRIERS. 

Unissons  par  l'hymen  et  nos  mains  et  nos  cœurs. 

LES  JEUNES  FILLES. 

Et  l'hymen  etl'amoursontlo  prix  des  vainqueurs. 

LES  GUERRIERS. 

Formonsd'autres  guerriers;  léguons-leur  la  victoire. 

LES  GUERRIERS  ET  LES  JEUNES  FILLES. 

Qu'un  jouràleursaccents,  à  leurs  yeux  enflammés, 
On  dise  :  Ils  sont,  enfants  des  braves. 
Que  sourds  aux  tyrans,  aux  esclaves, 

Ils  accueillent  toujours  la  voix  des  opprimés. 
Tu  fus  longtemps,  etc. 

UN  GUERRIER,    UN  BARDE,   UN    VIEILLARD, 
UNE  JEUNE  FILLE. 

Grand  Dieu,  c'est  ta  main  qui  dispense 
La  gloire  et  la  vertu  ,  bienfaits  dignes  du  ciel; 
La  victoire  descend  de  ton  trône  éternel  ; 
Par  toi  la  liberté  vint  luire  sur  la  France. 
N'éteins  pas,  Dieupuissant.  ses  rayons  précieux  ; 

Que  d'âge  en  âge  la  patrie 

Soit  libre,  puissante  et  chérie; 
Et  que  nos  descendants  bénissent  leurs  aïeux. 

LE  CHOEUR. 

Tu  fus  longtemps  l'effroi,  sois  l'amour  de  la  t^rre, 

0  république  des  Français  ! 
Que  le  chant  desplaisirssuccède  auxcrisdeguerre: 

La  victoire  a  conquis  la  paix. 

J.  Cheuier. 


LE  DESTRIER. 


Le  soir,  brunissant  la  clairière ,| 
Les  oiseaux  rentraient  dans  les  bois, 
Et  la  cloche  du  monastère 
Tintait  pour  la  dernière  fois. 


478 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Au  sein  d'une  forêt  obscure, 
Seul ,  égaré .  loin  <lu  senlier, 
Marchant,  errant  à  L'aventure, 

N'entendant  plus  dans  la  nature 

Que  les  pas  de  mon  destrier.        (bis.) 

Quand  soudain  s'ofTrii  à  ma  vue 
La  jeune  beauté  du  hameau  ; 
Quelle  est,  lui dis-je,  l'avenue 
Qui  peut  me  conduire  au  château? 
Suivez  le  long  de  la  fougère, 
A  droite  de  ce  coudrier; 
Elle  était  belle  ,  la  bergère , 
Sa  voix  était  douce  et  légère, 
Et  j'arrêtai  mon  destrier. 

Et  loi,  pastourelle,  à  cetie  heure, 
Où  vas-tu  ?  le  ciel  est  si  noir.. . 
Reste  avec  moi  :  dans  ta  demeure 
.lirai  te  conduire  ce  soir. 
A  mes  côtés  viens  prendre  place, 
Sous  la  feuille  du  coudrier; 
Et  dans  ses  bras  je  me  délasse  , 
Entre  ses  beaux  bras  j'entrelace 
Les  rênes  de  mon  destrier. 

Non,  non,  car  je  suis  fiancée  : 
Dans  lmii  jours  on  m'enchaînera. 
Sa  main  dans  la  mienne  placée 
Tout  doucement  la  retira. 
Adieu,  mon  aimable  bergère, 

Adieu! mais  encore  un  baiser. 

J'ai  quille  ma  eharmante  belle 
Tristement  je  m'éloignai  d'elle. 
Ralentissant  mon  destrier. 

Au  château,  rendez- vous  fidèle, 
Je  revins  le  huitième  jour. 
Portant  à  l'épouse  nouvelle 
I.a  croix  d'or,  présent  du  retour. 

—  Où  esi  doue  la  belle  bergère? 

■  .1  l'ermite  hospitalier. 

—  Pas  bien  loin  ,  dit  le  solitaire; 
Pas  bien  loin  de  vous...  gong  la  terre 
Que  foule  rotre  destrier. 

l*nroleH  d'un  nnoiM  me. 


SAINTE-HÉLÈNE. 

Air  :  C'est  Lconie. 

J'ai  dit  au  chef  de  nos  vieux  matelots  : 
Quel  est  ce  roc  embrassé  par  les  flots9 
TTn  saint  respect  succède  à  l'insolence; 
Je  vois  les  fronts  s'incliner  en  silence. 
De  ces  rochers  quel  est  donc  le  renom? 
Quelle  est  cette,  tombe  sans  nom? 
A  qui  furent  ces  armes? 


-Ron  voyageur,  verse  des  larmes 
Ici  mourut  Napoléon. 


j  [bis 


Vous  qui  vingt  fois  tombâtes  à  ses  pies, 
Levez  enfin  vos  fronts  humiliés! 
De  vos  bandeaux  secouez  bien  la  poudre 
Qu'avait  sur  eux  fait  rejaillir  sa  foudre 
A  force  d'or,  ebassé  de  l'horizon, 
L'aigle  est  mort  dans  une  prison 
Serrant  encor  ses  armes. 
Bon  voyageur,  etc. 

Ah!  pouvait-il  porter  longtemps  des  fers, 
Lui  dont  les  pas  ont  usé  l'univers? 
J'ai  vu  tomber  sa  tête  profanée, 
Comme  à  Jésus  d'épines  couronnée. 
Lui,  qui  vingt  ans  fil  trembler  Albion  , 
Put-il  voir  dans  l'inaction 
Rouiller  ses  nobles  armes. 
Bon  voyageur,  etc. 

Lui  qui  trouvait  le  monde  trop  petit, 
Dans  ef  déserl  le  destin   l'engloutit; 
Mais  il  fui  grand  sur  ces  humbles  muraille- 
Corameà  Madrid,  au  Kremlin,  à  Versailles. 
Quoiqu'il  habite  au  manoir  de  Plutoii, 
L'univers  brille  encor,  dit-on, 
lui  reflel  de  ses  armes. 
Bon  voyageur,  etc. 

Voilà  le  pie  d  où  perçant  les  brouillards, 

i\  encor  cherchaient  nos  étendards; 
\  oila  le  roc  où .  nouveau  Promélhée, 
il  vu  ronger  sa  gloire  épouvantée. 


CHANSONS  PATRIOTIQUES  ET   CHEVALERESQUES. 


479 


Il  eût  pourtant  béni  ce  Phlégéton 
S'il  eût  pu  voir  son  rejeton 
Jouer  avec  ses  armes. 
Bon  voyageur,  etc. 

En  écoutant  ces  accents  de  douleurs, 
Je  m'écriai,  les  yeux  baignés  de  pleurs  : 
Fuyons,  fuyons  cette  île  meurtrière; 
Mais  avant  tout  j'écrivis  sur  la  pierre: 
«  Ab  !  fussiez-vous  de  Sparte  ou  d'Ilion , 

«  Pourrez-vous,  sans  émotion , 
«  Envisager  ses  armes. 
«  Bons  voyageurs,  versez  des  larmes:  1  ,, .  , 

«  Ici  mourut  Napoléon.  »  I 


Emile  Dcbreaux. 


PHILOCTETE. 


181' 


Dans  un  désert  entouré  par  les  flots, 
Abandonné  sur  une  plage  aride, 
De  cris  aigus  un  compagnon  d'Alcide 
Fait  retentir  les  rochers  de  Lemnos. 
Naguère  amant  favori  de  Bellune , 
Mortel  fameux  par  ses  destins  divers, 
Qui  mérita  sa  gloire  et  ses  revers, 
Honneur  des  Grecs,  la  Grèce  l'abandonne! 

0  Philoctèle  !  ô  héros  malheureux  ! 
Combien  le  sort  éprouve  ta  constance  ! 
Toi,  qu'entouraiejitla  grandeur,  la  puissance, 
Te  voilà  seul  en  ces  climats  affreux. 
Ah!  du  destin  la  colère  assouvie 
Doit  mettre  un  terme  à  ton  adversité; 
Eh  quoi!  l'exil  et  la  captivité, 
Termineraient  une  si  belle  vie! 

Tu  reviendras ,  vaillant  fils  de  Pœas, 
Tu  reviendras,  et  mon  âme  inspirée 
Te  voit  déjà  d'une  flèche  acérée 
Frapper  Paris  et  venger  Ménélas. 


Puisse  à  ce  prix  te  suivre  la  victoire, 
Nos  vieux  guerriers  reconnaître  ta  voix, 
La  Grèce  entière  admirer  tes  exploits, 
Et  l'univers  applaudir  à  ta  gloire. 

Itlureillac. 


LE  SUFFRAGE  UNIVERSEL. 

1850. 

Air  :  Je  préfère  la  Marseillaise. 
Ou  du  Remouleur  (Louis  Festeau). 

O  sainte  Révolution  ! 
Ta  resplendissante  auréole 
Brille  sur  chaque  nation  : 
Dans  l'immensité  ton  char  vole! 
Poursuis  ton  cours  providentiel, 
Ta  mission  apostolique  ! 
Gloire  au  suffrage  universel! 

Vive  la  République  !  !  ! 
Gloire  au  suffrage  universel  ! 
Vive  ! 

Vive  la  République  !!  ! 

Tu  déchires  le  voile  épais 
Qui  nous  dérobe  l'abondance  : 
De  toi  naîtront  les  arts,  la  paix, 
Le  vrai  bonheur,  l'indépendance! 
Du  travail  l'essor  fraternel 
Étend  sa  puissance  magique... 
Gloire  au  suffrage  universel  ! 
Vive  la  République!  Il 
Gloire,  etc. 

Le  parasitisme  usurier 
Est  la  lèpre  qui  nous  dévore; 
La  famille  de  l'ouvrier 
Repaît  ce  nouveau  Minotaure... 
A  chacun  le  droit  immortel, 
Droit  social  et  politique  ! 
Gloire  au  suffrage  universel! 
Vive  la  République  !  !  ! 
Gloire,  etc. 


tSS 


CHANSONS    POPULAIRES. 


On  ne  craindra  plus  dans  Paris 
Que  le  canon  se  fasse  entendre: 
Le  suffrage,  une  fois  compris, 
Désormais  saura  nous  défendre. 
Le  vote  est  un  boulet  réel 
Qui  sape  le  monde  gothique  ! 
Gloire  au  suffrage  universel  I 
Vive  la  République  '  !  ! 
Gloire,  etc. 

Peuples,  Dieu  vous  a  révélé 
Les  tristes  fruits  de  la  vengeance... 
Le  sang  des  martyrs  a  coulé 
Pour  cimenter  l'intelligence  1 
Partagez  le  pain  et  le  sel, 
Suivez  le  code  évangélique. 
Gloire  au  suffrage  universel! 

Vive  la  République!  !! 
Gloire  au  suffrage  universel  1 
Vive! 

Vive  la  République  !!  ! 

I  mile    Va  ri  n. 


VAINCRE  OU   MOURIR  POUR  LA  PATRIE. 


1821. 
Aia  de  l'Etoile  du  courage. 

Le  canon  tonne,  tu  l'entends, 
C'est  la  voix  de  la  France  en  larmes  ; 
Je  la  servis  pendant  Lrente  ans, 
A  ton  tour  a  prendre  les  armes  ; 
Je  le  transmets  avec  l'honneur 
Ces  mois  que  tout  bon  Français  crie, 
Quand  le  sort  trahit  sa  valeur  : 
Vaincre  ou  mourir  pour  la  patrie. 


Comme  ton  père,  sois  soldât, 
Méprise  une  sanglante  glo 

terrible  dans  le  combat, 
Sois  humain  après  la  victoire. 


On  ne  doit  se  souiller  jamais 
Par  le  pillage  ou  l'incendie, 
Lorsque  l'on  veut,  en  bon  Français, 
Vaincre  ou  mourir  pour  la  patrie. 

Au  sein  des  palais  embrasés, 
Songe  à  la  sœur,  à  ton  amante  ; 
Qu'à  ces  noms,  tes  sens  maîtrisés 
Respectent  la  vierge  tremblante. 
Si  tu  franchissais  ee  rempart, 
Dis-moi  si  ta  bouche  flétrie 
Oserait  dire  avec  Bayard  : 
Vaincre  ou  mourir  pour  la  patrie. 

Quand  tu  verras  sous  les  drapeaux 
Ces  guerriers  sans  peur  et  sans  tache, 
Dont  les  vents  septentrionaux 
Ont  blanchi  la  brune  moustache  ; 
Admire  de  ces  anciens  preux 
Les  rides,  la  mâle  énergie  : 
Sois  lier  de  pouvoir  avec  eux 
Vaincre  ou  mourir  pour  la  patrie. 

Pour  le  prouver  que  le  soldat 
Peut  s'illustrer  par  son  courage, 
Au  rang  des  premiers  de  l'État, 
Vois  briller  les  preux  de  notre  âge  ; 
Rappelle-loi  que  ces  héros, 
En  Egypte,  en  Prusse,  en  Russie, 
Pour  devise  avaient  pris  ces  mots  : 
Vaincre  ou  mourir  pour  la  patrie. 

Si,  malgré  vos  exploits  vainqueurs, 
Un  jour  l'inconstante  Bellone 
Vous  accablait  de  ses  rigueurs, 
Souviens-toi  du  mot  de  Cambronne  ; 
Donne  une  larme  à  ton  drapeau, 
Un  soupir  à  la  douée  amie, 
Kl  répète  jusqu'au  tombeau  : 
Vaincre  ou  mourir  pour  la  patrie. 

Emile  i><-li ren m. 


Parifl.  —  Typ.  de  PlLUI  lils  atné,  rue  des  Cramls-Au^ustins,  r>. 


ROLAND. 

Le  roi  des  preux,  le  fier  Roland, 
Français,  au  danger  vous  appelle; 
Auprès  de  son  glaive  sanglant 
Marche  la  Victoire  fnèle. 
Le  paladin  et  les  soldats, 
Nobles  enfants  de  la  vaillance, 
Chaînaient,  en  allant  au  combat  : 
«  Vive  le  rui  !  vive  la  Fr  ance  !  » 

En  vain  les  Maures  valeureux 
Opposaient  leur  triple  barrière, 
Roland  s'est  élancé  sur  eux, 
Ils  ont  tous  mordu  la  poussière. 
«  Sont-ils  nombreux  leurs  escadrons? 
S'écriait  un  jeune  trompette. 
Roland  dit  :  «  Nous  les  compterons 
«  Le  lendemain  de  leur  défaite.  » 

Et  nous  qui  marchons  sur  ses  pas, 
Nous  que  la  même  ardeur  anime, 
Français,  dans  les  jours  de  combats. 
Suivons  cet  exemple  sublime! 
Que  son  feu  brûle  dans  nos  cœurs; 
Que  la  victoire  nous  devance; 
Et  répétons  ces  mots  vainqueurs  : 
«  Vive  le  roi  !  vive  la  France  !  » 


Houtlai  t. 


Musique  deDalvimare. 


LA  REDINGOTE  GRISE. 

Air  nouveau  de  M.  lieinnass. 
Ou  :  Voilà  com'  ça  s'  termine. 

Quand  vous  savourez  les  plaisirs 

A  l'ombre  d'une  treille, 
Je  sais  que  nos  vieux  souvenirs 

Sont  chers  à  votre  oreille. 

131 


Donc  j'ai  compté  sur  votre  appui, 
Je  vous  le  dis  avec  franchise, 
Car  je  vais  chanter  aujourd'hui, 
La  redingote  grise. 

Amis,  pourquoi  le  déguiser? 

Nous  fîmes  une  école 
En  voulant  naturaliser 

Chez  nous  la  carmagnole  : 
Mais  notre  engoùnent  s'arrêta, 
Et  l'Europe  nous  fut  soumise 
Sitôt  que  la  Franceadopta 

La  redingote  grise. 

Ce  vêtement  exempt  d'orgueil, 

Aux  regards  du  vulgaire, 
Ne  présente  au  premier  coup  d'oeil 

Rien  d'extraordinaire. 
Pourtant  l'on  vit  assez  souvent, 
En  des  jours  qu'en  vain  on  méprise, 
La  pourpre  s'incliner  devant 
La  redingote  grise. 

Quand  l'Europe  sur  ses  coteaux 

Voyait  briller  la  foudre, 
Diadèmes,  sceptres,  et  manteaux, 

Etaient  réduits  en  poudre. 
Et  quand  des  plus  riches  atours 
La  splendeur  était  compromise, 
Le  boulet  respectait  toujours 

La  redingote  grise. 

Enfin,  quoiqu'elle  eût  bien  souffert 

Du  Nil  jusqu'à  la  Luire, 
Le  feu,  les  frimas  et  le  fer 

Ont  respecté  sa  gloire. 
Contre  elle  on  eut  beau  conspirer, 
Tant  que  la  France  en  fut  éprise, 
Rien  ne  put  jamais  altérer 

La  redingote  grise. 

Tant  qu'elle  sut  mettre  nos  droits 
Au-dessus  des  entraves. 

Nous  finies  du  manteau  des  rois 
Des  habits  pour  nos  braves. 


489 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Mais  on  arrêta  notre  essor 
Lorsqu'aux  enfants  de  la  Tamise 
On  eul  livré,  pour  un  peu  d'or, 
La  redingote  grise. 

Celui  qui  \ingl  ans  la  porta. 

Depuis  les  Pyramides, 
A  Sainte-Hélène  l'apporta, 

Ah  Dieu!  quels  invalides! 
Lui  qui  vit  devant  son  flambeau 
Pâlir  les  foudres  de  l'Église, 
Ne  quitta  que  pour  le  tombeau 

La  redingote  grise. 

Depuis  des  rois  ont  essayé 

Ce  vêtement  sans  faste  ; 
Mais  leur  espoir  fut  mal  payé, 

La  coupe  en  est  trop  vaste  [Ois.) 
On  a  beau  la  rapetisser, 
A  Vienne  on  voit,  quoi  qu'on  en  dise, 
L'enfant  qui  peut  seul  endosser 

La  redingote  grise. 

Éralle  Debreaux. 


LES  MOUTONS. 

Ai»  du  vaudeville  de  la  Partie  Carrée. 
Ou  du  Dieu  des  bonnes  gens  (Béranger . 

Dans  un  pays  que  chacun  peut  connaître, 
Au  temps  jadis  vivaient  nombreux  troupeaux  ; 
Mais  les  bergers  voulaient,  comme  le  maître, 
Dlmer,  tailler,  tondre  jusqu'aux  agneaux. 
Pour  s  affranchir  de  ce  joug  tributaire, 
La  gent  qui  Inde  unjour  se  révolta. 
Pauvres  moulons,  ohl  vous  avez  beau  faire, 
Toujours  on  vous  tondra. 

Crande  rumeur!  on  prit  les  chiens  pour  guide. 

;  gémir  sous  de  nouveaux  tyrans. 
On  vit  bientôt  cette  race  perfide 

Déformer  en  des  loups  dévorants. 


Jour  de  terreur!  Leur  rage  sanguinaire 
Sur  ce  beau  sol  trop  longtemps  s'exerça. 
Pauvres  moutons,  ohl  vous  ave/,  beau  l'aire, 
Toujours  on  vous  Ion  Ira. 

Sire  lion,  d'un  courage  indomptable, 

Vint  à  régner  en  ce  temps  désastreux. 
Gloire,  revers,  splendeur  trop  peu  durable, 
Ont  signalé  son  empire  orageux. 
Le  léopard  trembla  dans  son  repaire; 
Mais  que  d'agneaux  ce  triomphe  coûta! 
Pauvres  moutons,  oh  I  vous  avez  beau  faire, 
Toujours  on  vous  tondra. 

On  vit  bientôt  mille  hordes  sauvages 
Fondre  du  Nord  sur  ces  bords  désolés; 
On  s'adjugea  de  riches  pâturages 
Pour  secourir  des  frères  accablés. 
Le  reste  échut  au  fermier  solidaire, 
Qui  par  traités  en  toisons  s'acquitta. 
Pauvres  moutons,  oh  !  vous  avez  beau  faire, 
Toujours  on  vous  tondra. 

Robin  mouton,  favori  du  despote, 
Eut  après  lui  la  bergerie  à  bail. 
Flatteur  adroit  et  fourbe  patriote, 
A  l'étranger  il  vendait  le  bercail. 
On  paya  bien  son  zèle  mercenaire; 
Il  voulait  paître   et  paître  on  l'envoya. . 
Pauvres  moutons,  oh  !  vous  avez  beau  l'aire, 
Toujours  on  vous  tondra. 

Ah!  quand  pourrai -je  aux  rives  de  la  Seine 
Voir  nos  moutons  jouir  d'un  sort  plus  doux, 
El  pour  eux  seuls  fertilisant  la  plaine. 
Croître  et  bondir  sans  1 1  crainte  des  loups! 
En  altendanl  cet  appui  Lulélaire 
Que  chaque  maître  à  son  tour  promettra, 
Pauvres  moulons,  oh!  vous  avez  beau  faire, 
Toujours  on  vous  tondra. 

florin 

La    millique,   de    I'  ••   trouve     notée    au 

N.  333  de  la  ("lé  du  Caveau. 


CHANSONS    PATRIOTIQUES   ET    CHEVALERESQUES. 


W3 


GASTON  DE  FOIX. 


vik  de  Lambert. 

C'en  est  donc  faitl  au  sein  de  la  victoire 

Ce  héros  a  perdu  le  jour! 

Immortelle  comme  sa  gloire, 

Fidèle,  ainsi  que.  notre  amour, 

La  douleur  dont  je  suis  saisie 

Ne  finira  qu'avec  ma  vie. 

0  mon  héros,  Gaston  de  Foix  ! 

L'écho  seul  répond  à  ma  voix. 

Gaslon  n'est  plus!  Je  dois  le  suivre; 

Vivre  sans  lui  ce  n'est  plus  vivre  : 
Oui,  chaque  jour  c'est  mourir  mille  fois  ! 

Tous  ces  honneurs  quel'on  rend  à  ta  cendre, 
Les  justes  regrets  d'un  grand  roi, 
Les  larmes  que  tu  fais  répandre, 
La  France  en  deuil,  voilà  pour  moi 
Le  seul  bonheur  qu'en  sa  colère 
Le  ciel  m'ait  laissé  sur  la  terre. 
0  mon  héros ,  Gaslon  de  Foix  ! 
L'écho  seul  répond  à  ma  voix. 
Gaston  n'est  plus!  etc. 

Dans  ce  château,  sous  ces  murs  vénérables, 
Près  des  tombeaux  de  mes  aïeux, 
0  souvenirs  ineffaçables  ! 
Gaston,  je  reçus  tes  adieux. 
Hélas!  ici  ta  main  tremblante 
Pressa  la  main  de  ton  amante! 
0  mon  héros,  Gaston  de  Foix! 
L'écho  seul  répond  à  ma  voix. 
Gaslon  n'est  plus!  etc. 

Tu  me  disais  :  0  ma  chère  Amélie, 
Tu  me  verras  à  mon  retour 
Plus  digne  encor  de  mon  amie; 
A  mon  roi,  l'honneur  el  l'amour, 
A  la  gloire  de  la  patrie 
N'ai-je  pas  dévoue  ma  vie? 
0  mon  héros,  Gaston  de  Foix! 
L'écho  seul  répond  à  ma  voix. 
Gaston  n'est  plus!  etc. 


Amani  chéri,  les  fastes  de  la  gloire 
Ht  les  annales  des  Français 
Eterniseront  la  mémoire  : 
Ton  nom  ne  périra  jamais. 
Tu  vivras  toujours  pour  la  France, 
Dont  tu  surpassas  l'espérance. 
O  mon  héros,  Gaston  de  Foix! 
L'écho  seul  répond  à  ma  voix. 
Gaston  n'est  plus!  etc. 

Mais  pour  l'amour,  ô  perte  irréparable! 

Gaston,  j'avais  reçu  ta  foi  ; 

Je  dois  seule  être  inconsolable  : 

Hélas!  tu  n'es  mort  que  pour  moi! 

J'ai  le  droit  d'inonder  de  larmes 

Les  lauriers  acquis  par  les  armes. 

O  mon  héros.  Gaston  de  Foix! 

L'écho  seul  répond  à  ma  voix. 

Gaslon  n'est  plus,  je  dois  le  suivre; 

Vivre  sans  lui,  ce  n'est  plus  vivre  : 
Oui,  chaque  jour,  c'est  mourir  mille  fois 
Comtesse  de  Gculia. 


LA  TOMBE  D'EUGÈNE. 

1824. 

Hier,  dans  le  céleste  empire, 
Jupiter  dit  au  père  des  neuf  Sœurs  : 
Cher  Apollon,  brise  la  noble  lyre, 
Ou  voile-la  du  crêpe  des  douleurs. 
Loin  de  la  France  un  demi-dieu  succombe; 
Toi  qui  jadis  célébras  ses  hauts  faits, 
Ah  !  sème  encor,  au  nom  des  bons  Français, 

Des  immortelles  sur  sa  tombe. 

Désertant  jadis  la  bannière 
Hue  mainte  fois  illustra  sa  valeur, 
Plus  d'un  soldat,  dont  la  France  était  fine, 
Contre  de  l'or  échangea  son  honneur. 
Mais  le  guerrier,  sur  qui  ma  foudre  tombe, 
N'a  jamais  su  ni  flatter  ni  trahir, 
Aussi  partout  il  obtient  un  soupir. 

Et  dans  tous  les  cœurs  une  tombe. 


4H 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Que  ce  beau  nom  :  le  prince  Eugène, 
Décore  seul  la  tombe  du  héros; 
Et  je  suis  sur  que  jamais  capitaine 
Ne  la  verra  sans  prononcer  ces  mots  • 
Pour  lui  former  une  digne  hécatombe, 
Chaque  Français  jadis  offrit  son  cœur' 
Rendons  hommage  à  la  gloire,  au  malheur 

Inclinons-nous  devant  sa  tombe  1 

Va,  More,  de  ta  douce  haleine 
Fertiliser  le  *"1  de  son  tombeau  : 
Que  le  laurier,  le  cyprès  et  le  chêne. 
Autour  do  lui  se  forment  en  berceau; 
Que  le  lilas  en  guirlande  y  retombe, 
Et  quand  les  vents  gronderont  à  l'enlour, 
Doux  souvenirs  et  de  gloire  et  d'amour 

Planeront  encor  sur  sa  tombe. 

Et  vous,  légers  enfants  d'Eole, 
Volez,  zéphyrs,  volez  chez  le  Français, 
Puisque  de  tout  la  gloire  le  console, 
Par  ces  accents  peignez-lui  nos  regrets. 
De  posséder  le  héros  qui  succombe. 
Quoique  de  nous  chacun  doive  être  fier, 
Sachant  combien  aux  mortels  il  fut  cher, 

Les  dieux  ont  pleuré  sur  sa  tombe  I 

Autour  de  l'urne  funéraire, 
Quand  vous  aurez  enlacé  mainte  fleur. 
Suspendez-y  l'étoile  qui,  naguère, 
Trop  peu  d'insiantsa  brillé  sur  son  cœur; 
Puis  de  Vénus  la  gentille  colombe, 
Quand  le  printemps  aux  mortels  sourira, 
En  voltigeant,  tous  les  matins  ira 

Semer  des  roses  sur  sa  tombe! 

l'arolen  d'un  anonyme 


L'AUTEL  DE  LA  PATRIE. 


Eh  quoi  !  tu  peux  dormir  encore  I 
N'entf  nds-tu  pas  ces  cris  d'amour  f 
Éveille-toi,  voici  l'aurore, 
Mon  fils,  voici  ton  plus  beau  jour. 


C'est  à  l'autel  de  la  patrie 

Que  tu  vas  marcher  sur  mes  pas  : 

Cours  à  cette  mère  chérie 

Qui  l'appelle  et  t'ouvre  ses  bras. 

Mon  fils,  vois-tu  ce  peuple  immense? 
Comme  il  accourt  de  toutes  parts  ! 
De  ces  guerriers  chers  à  la  France 
Vois-tu  flotter  les  étendards? 
C'est  à  l'autel  de  la  patrie 
Que  l'amour  dirige  leurs  pas; 
Tous  vont  à  leur  mère  chérie 
Se  dévouer  jusqu'au  trépas. 

Dans  les  regards  brille  une  flamme 
Qui  plaît  à  mon  cœur  paternel; 
Ouvre  les  yeux,  fixe  ton  âme 
Sur  ce  spectacle  solennel. 
C'est  à  l'autel  de  la  patrie 
Qu'il  faut  consacrer  tes  quinze  ans; 
Et  c'est  là  que  l'honneur  le  crie 
D'apporter  tes  premiers  serments. 


Tu  l'as  fait ,  ce  serment  auguste, 
Devant  la  Irance  et  devant  moi; 
Tu  serviras,  vaillant  et  juste, 
Ton  pays,  nos  droits  et  la  loi. 
C'est  à  l'autel  de  la  patrie 
Que  tu  viens  de  le  prononcer  ; 
Plutôt  cent  fois  perdre  la  vie 
Que  de  jamais  y  renoncer. 

Il  est  d'autres  serments  encore 
Qu'exigent  ton  père  et  l'honneur 
Un  Dieu  puissant  que  tout  adore 
Va  bii'iitùt  appeler  ton  cœur; 
Mais  sur  l'autel  de  la  patrie 
A  la  beauté  jure  en  ce  jour 
Que  jamais  sa  vertu  flétrie 
Ne  gémira  de  ton  amour. 

Si  d'une  belle,  honnête  et  sage, 
Tu  sais  un  jour  te  faire  aimer, 
Le  nœud  sacré  du  mariage 
Est  le  seul  que  tu  dois  former  ; 


CHANSONS    PATRIOTIQUES  ET  CHEVALERESQUES. 


485 


Mais  à  l'autel  de  la  patrie 
Courez  tous  les  deux  vous  unir; 
Que  jamais  votre  foi  trahie 
N'ordonne  au  ciel  de  vous  punir. 

Dans  cette  chaîne  fortunée  , 
Si  tu  deviens  père  à  ton  tour  , 
Pour  premier  don,  si  rhyménée 
Accorde  un  fils  à  ton  amour, 
Offre  à  l'autel  de  la  patrie 
Ce  fruit  heureux  de  ton  lien  : 
Dans  ton  cœur  c'est  elle  qui  crie 
Qu  il  est  son  fils  comme  le  lien. 

Tu  vois  ce  fer  d'un  œil  d'envie; 

Jl  doit  un  jour  armer  tes  mains  : 

De  lui  souvent  dépend  la  vie 

Ou  la  mort  des  faibles  humains. 

C'est  à  l'autel  de  la  patrie 

Qu'il  faut  le  suspendre  aujourd'hui; 

N'y  touche  pas  qu'elle  ne  crie  : 

«  Prends  ce  fer,  j'ai  besoin  de  lui.  » 

Quand  le  temps,  qui  marche  en  silence . 
Par  d'imperceptibles  efforts 
Aura  miné  mon  existence 
Et  décomposé  mes  ressorts, 
C'est  sous  l'autel  de  la  patrie 
Que  tu  creuseras  mon  tombeau  : 
Est-ce  perdre  en  entier  la  vie 
Que  de  rentrer  dans  son  herceau? 

Desforges. 


BERTRAND  AU  TOMBEAU,  DE  NAPOLEON. 
1821. 

Avant  de  quitter  le  rivage 
Où  dort  pour  jamais  un  héros, 
Bertrand ,  près  du  rocher  sauvage, 
A  sa  tombe  adresse  ces  mots  : 
C'est  donc  là  que  le  dieu  du  monde 
A  vu  ses  beaux  jours  se  flétrir; 


Sur  un  roc ,  au  milieu  de  l'onde, 
Le  sort  le  condamne  à  mourir.        {bis.) 
Ah  !  donnez-lui,  compagnons  de  sa  gloire, 
Seulement  une  larme,  un  soupir  par  victoire, 
Et  plus  que  lui  jamais  Français        |    ,.   . 
N'aura  coûté  de  pleurs  et  de  regrets,  i  ^  tS'' 


Après  avoir  contraint  la  terre 
A  trembler  vingt  ans  sous  ses  pas, 
Ici  le  rival  du  tonnerre 
Fut  forcé  d'enchaîner  son  bras. 
Après  avoir  lancé  la  foudre, 
J'ai  vu  l'oiseau  de  Jupiter, 
Ici,  presque  réduit  en  poudre, 
Courber  un  front  longtemps  si  fier,  [bis. 
Ah  !  donnez-lui,  etc. 

Celui  qui  du  haut  des  colonnes 
Forçait  les  rois  à  se  cacher , 
Celui  qui  donnait  des  couronnes, 
A  pour  tombe  un  creux  de  rocher; 
Celui  qui  balançait  Dieu  même, 
Hélas!  le  vainqueur  des  vainqueurs, 
Tombé  loin  de  son  diadème, 
N'a  plus  d'autels  que  dans  les  cœurs,  (bis.' 
Ah  !  donnez-lui,  etc. 

Du  monde  on  a  vu  les  provinces 
A  ses  pieds  brûler  leur  encens  ; 
Il  eut  pour  esclaves  des  princes, 
Et  des  rois  pour  ses  courtisans. 
Partout  où  grondait  son  tonnerre 
Les  peuples  venaient  l'adorer; 
Il  est  rentré  dans  la  poussière, 
El  moi  seul  ose  le  pleurer.        (bis.) 
Ah!  donnez-lui.  etc. 


Lorsque  sonna  sa  dernière  heure 
Un  nuage  obscurcit  mes  yeux, 
Et  dans  la  céleste  demeure 
J'aperçus  tous  nos  demi-dieux. 
Tous  ces  preux,  qu'en  France  on  regrette , 
Tendaient  les  bras  à  ce  héros, 
Et  la  mort,  planant  sur  sa  tète, 
Pleurait  sur  les  coups  de  sa  faulx.  (bis  ) 
Ah  !  donnez-lui ,  etc. 


486 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Moi,  qui  partageai  son  martyre, 
A  l'Europe  qui  l'acheta. 
Couvert  de  son  sang  j'irai  dire  : 
«  Vous  que  sa  gloire  épouvanta  , 
«  Êies-vous  contents  de  l'épreuve 
«  Qui  l'a  plongé  dans  le  cercueil , 
«  Et  permettrez-vous  que  sa  veuve, 
'<  Son  fils  et  moi  portions  son  deuil?  »  (fci's. 
Ah  !  donnez-lui,  etc. 

Ou  grand  homme  que  je  regrette, 
Refusant  tout  bienfait  nouveau, 
Je  ne  veux  qu'une  violette 
Qui  croisse  au  pied  de  son  tombeau. 
Avec  moi  j'emporte  ses  armes, 
Nul  monarque  n'y  touchera  : 
Encor  couvertes  de  mes  larmes 
Un  jour  son  fils  les  portera.         (bis.) 
Ah!  donnez-lui,  etc. 


Adieu,  dernier  espoir  des  braves  I 
Le  destin  me  dicte  la  loi 
D'aller  vivre  au  sein  des  esclaves 
Qui  jadis  rampaient  devant  toi. 
Mais  quand  finira  ma  carrière  , 
Que  l'on  m'accorde  dans  ce  lieu 
Près  de  ta  tombe  un  peu  de  terre  : 
C'est  là  mon  seul  et  dernier  vœu.    [bis.) 

Ah!  donnez-lui,  compagnons  de  sa  gloire, 
Seulement  une  larme,  un  soupir  par  victoire 
Et  plus  que  lui  jamais  Français      )    , 

N'aura  coûté  de  pleurs  et  de  regrets.  ) 

Emile  Debrcaux. 


ROLAND  A  RONCEVAUX. 


Où  courent  ces  peuples  épars  ! 

Quel  bruit  a  lait  tremblei  la  terre 
Et  retentit  de  toutes  parts? 
Amis,  c'est  le  cri  du  dieu  Mars, 


Le  cri  précurseur  de  la  guerre, 
De  la  gloire  et  de  ses  hasards. 
Mourons  pour  la  patrie! 
C'esl  le  sort  le  plus  beau,  le  plus  digne  d'envie. 

Voyez-vous  ces  drapeaux  flottants 
Couvrir  les  plaines,  les  montagnes. 
Plus  nombreux  que  la  fleur  des  champ.-:' 
Voyez-vous  ces  fiers  mécréants 
Se  répandre  dans  nos  campagnes 
Pareils  à  des  loups  dévorants? 
Mourons  pour  la  patrie  ! 
(Test  le  sort  le  plus  beau,  le  plus  digne  d'envie. 

Combien  sont-ils?  combien  sont-ils? 
Quel  homme  ennemi  de  sa  gloire 
Peut  demander  combien  sont-ils? 
Eh!  demande  où  sont  les  périls, 
C'est  là  qu'est  aus>i  la  victoire. 
Lâches  soldats,  combien  sont-ils?... 
Mourons  pour  la  patrie! 
C'est  le  sort  le  plus  beau,  le  plus  digne  d'envie. 

Suivez  mon  panache  éclatant, 
Français;  ainsi  que  ma  bannière, 
Qu'il  soit  le  point  de  rallîmenl; 
Vous  savez  tous  quel  prix  attend 
Le  brave  qui  dans  la  carrière 
Marche  sur  les  pas  de  Rdland. 
Mourons  pour  la  pairie I 
C'est  le  sort  le  plus  beau,  le  plus  digne  d'envie. 

Fiers  paladins,  preux  chevaliers, 
El  toi,  surtout,  mon  frère  d'armes, 
Toi,  Renaud,  la  Oeur  des  guerriers, 
Voyons  de  nous  qui  les  premiers, 
Dans  leurs  rangs  portant  les  alarmes, 
Rompront  ce  mur  de  boucliers... 
Mourons  pour  la  patrie! 
C'est  le  sort  le  plus  beau,  le  plusdigne  d'envie 

Courage,  enfants!  ils  Boni    vaincus: 
Leurs  coups  déjà  se  ralentissent, 
Leurs  bras  demeurent  suspendus... 
Courage,  ils  ne  résistent  plus. 


CHANSONS    PATRIOTIQUES   ET  CHE  VALERESQU  ES. 


487 


Leurs  bataillons  se  désunissent  ; 
Chefs  et  soldats  sont  éperdus... 
Mourons  pour  la  patrie I 
C'est  le  sort  le  plus  beau,  le  plus  digne  d'envie. 

Quel  est  ce  vaillant  Sarrasin  , 
Oui,  seul,  arrêtant  notre  armée, 
Balance  encore  le  destin? 
C'est  Altamor  !  ..  c'est  lui  qu'en  vain 
Je  combattis  dans  l'Idumée. 
Mon  bonheur  me  l'amène  enfin!... 
Mourons  pour  la  patrie! 
C'est  le  sort  le  plus  beau,  le  plus  digne  d'envie. 

Entends-tu  le  bruit  de  mon  cor? 
Je  te  défie  à  toute  outrance  : 
M'entends-tu,  superbe  Altamor? 
Mon  bras  te  donnera  la  mort; 
Ou  si  je  tombe  sous  ta  lance, 
Je  m'écrirai ,  fier  de  mon  sort  : 
Je  meurs  pour  la  patrie! 
C'est  le  sort  le  plus  beau ,  le  plus  digne  d'envie. 

Je  suis  vainqueur!  je  suis  vainqueur  1 
En  voyant  ma  large  blessure, 
Amis,  pourquoi  cette  douleur? 
Le  sang  qui  coule  au  champ  d'honneur, 
Du  vrai  guerrier  c'est  la  parure; 
C'est  le  garant  de  la  valeur; 
Je  meurs  pour  la  patrie! 
C'est  le  sort  le  plus  beau,  le  plus  digne  d'envie. 

Gloiixt't  «le  l'islc. 

C'est  ce  chant  patriotique  qui  ainipiréàMM.Du- 
maset  M  iquet  le  cliœur  des  Girondins  que  nous 
avons  insère  dans  notre  première  série. 
La  musique  est  de  l'auteur  des  paroles. 


ODE  SUR  LA  MORT  DE  MIRABEAU. 


Beaux  arts  qu'inventa  le  génie, 
Unissez  vos  divins  efforts; 
Lugubre  et  touchante  harmonie, 
Fais-nous  entendre  tes  accords; 


Marbre,  obéis  à  Praxitèle; 

Toile  ,  rends  celte  âme  immortelle 

Que  les  dieux  semblaient  inspirer; 

Et  toi  ,  Muse  patriotique, 

Chante  le  funèbre  cantique  : 

Un  grand  homme  vient  d'expirer! 

Cité  que  chérit  Ara  phi  tri  te, 

Il  attend  de  toi  des  autels; 

Sur  tes  bords  sa  gloire  est  écrite 

En  caractères  immortels. 

Par  son  éloquence  puissante, 

De  notre  liberté  naissante 

Je  vois  les  ennemis  vaincus  : 

Le  despotisme  en  vain  conspire, 

Le  peuple  ressaisit  l'empire 

Aux  accents  d'un  nouveau  Gracchus. 

Sur  une  scène  encor  plus  belle, 
Au  nom  du  peuple  et  de  la  loi, 
Je  l'entends,  plein  du  même  zèle  , 
Répondre  à  l'esclave  d'un  roi. 
Je  vois  son  courage  indomptable 
Dénoncer  au  trône  équitable 
Les  crimes  de  ses  favoris, 
Lorsque  des  guerriers  mercenaires, 
Dans  leurs  exploits  imaginaires. 
Menaçaient  les  murs  de  Paris. 

Silence,  organes  de  l'envie  , 
N'outragez  plus  notre  soutien  : 
Songez  que  la  France  asservie 
A  vu  Mirabeau  citoyen. 
De  ses  vertus  républicaines, 
Les  fers,  les  cachots  de  Vincennes 
N'ont  point  abattu  la  fierté  : 
C'est  là  que  son  mâle  génie  , 
Sous  la  main  de  la  tyrannie, 
De  loin  fondait  la  liberté. 

Couvre-toi  d'un  voile  funèbre, 
Témoin  de  ces  brillants  succès  , 
Tribune  que  rendit  célèbre 
Le  Démosthène  des  Français. 
La  France  ,  mère  inconsolable, 
Pour  celte  perte  irréparable, 


i88 


CHANSONS   POPULAIRES. 


A  pris  ses  vêtements  de  deuil. 
Ah!  puissent  des  honneurs  si  justes 
Consoler  ses  mânes  augustes 
Dans  le  silence  du  cercueil! 

Adoptez  ces  luguhres  marques, 
Français  qui  chérissez  les  lois; 
On  porte  le  deuil  des  monarques  : 
Un  seul  grand  homme  vaut  cent  rois. 
Ce  Franklin  qui ,  dans  l'Amérique, 
Fit  régner  la  raison  publique, 
Au  monde  était  plus  précieux 
Que  tous  ces  princes  dont  la  gloire 
Expire  et  s'éteint  dans  l'histoire 
Dès  qu'on  leur  a  fermé  les  yeux. 

En  vulgaires  humains  féconde, 
La  nature,  à  tous  les  instants, 
Sème  en  foule  ,  au   milieu  du  monde 
Des  esclaves  et  des  tyrans; 
Mais  quand  l'argile  qu'elle  anime 
Enveloppe  un  esprit  sublime 
Et  le  cœur  allier  d'un  héros  , 
Son  sein  ,  qu'un  tel  effort  accable, 
N'enfante  un  prodige  semblable 
Qu'après  un  siècle  de  repos. 

Jour  d'épouvante!  heure  suprême! 

Du  peuple  l'immortel  appui 

Expire  au  sein  du  peuple  même, 

En  s'occupant  encor  de  lui. 

La  douleur  le  trouve  impassible  ; 

D'un  front  serein,  d'un  œil  paisible 

Il  envisage  son  trépas, 

Et  son  âme  ferme  et  sublime 

S'agrandit  en  voyant  l'abîme 

Qui  vient  île  s'ouvrir  sous  ses  pas. 

Au  fond  de  la  nuit  éternelle, 
Parmi  les  ombres  descendu, 
Il  voit  la  douleur  BolenneUe 

Des  citoyens  qui  I  ont  perdu. 
Pans  et  la  patrie  entière 

Voui,  dans  sa  demeure  dernière, 
Déposer  le  grand  Mirabeau  ! 
Ses  re>ies,  que  h-  peuple  adore, 
11  les  voit  triompher  encore 
Et  des  tyrans  et  du  tombeau. 


La  France  a-t-elle,  avant  notre  âge, 
Honoré  ces  mortels  divins, 
Dont  l'esprit  est  un  héritage 
Recueilli  par  tous  les  humains? 
Ils  mouraient  :  leur  cendre  sacrée, 
Par  l'amitié  seule  entourée, 
Marchait  vers  le  funèbre  lieu  ; 
Tandis  qu'une  pompe  insolente 
Accompagnait  l'ombre  sanglante 
D'un  Louvois  ou  d'un  Richelieu. 

Des  grands  hommes  de  la  patrie 
Nous  venons  les  mânes  un  jour, 
Famille  imposante  et  chérie, 
Habiter  un  commun     'jour. 
Tel,  au  milieu  des  sept  collines, 
S'élevait  sous  des  mains  divines, 
Ce  temple  superbe  et  vanté 
Où,  par  la  piété  romaine, 
Dans  les  murs  de  la  cité  reine 
On  vit  l'Olympe  transporté. 

Ennemis  de  la  tyrannie, 
Visitez  ces  augustes  lieux; 
Vertus,  raison,  talents,  génie, 
Voilà  vos  patrons  et  vos  dieux  ! 
Souvent  la  nation  nouvelle, 
Offrant  un  hommage  fidèle 
A  ces  mânes  idolâtrés, 
Viendra,  sur  la  chose  publique, 
Consulter  la  pal.ie  antique 
Au  fond  des  monuments  sacrés. 

Toi  que  la  France  désolée 
Appelle  en  vain  dans  ses  regret?, 
Mirabeau,  de  ton  mausolée 
J'ornerai  du  moins  les  cyprès  : 
Lorsque  la  fatale  journée, 
Par  chaque  printemps  ramenée, 
Renouvellera  nos  douleurs, 
.le  chanterai  tes  nobles  veilles, 
Et  sur  le  marbre  où  tu  sommeilles 
Tu  sentiras  couler  mes  pleurs. 

Chénler. 


Paris.  —  I  fp.  'Ip  Pii.i.rt  (ils  iilné,  rue  dos  Grands-Augustin*,  fi. 


CHANSONS   PATRIOTIQUES  ET  CHEVALERESQUES. 


489 


MONTEBELLO. 

Air  :   De    Roland. 

Pourquoi  de  ces  tristes  flambeaux 

L'éclat  pàlil-il  nos  murailles? 

C'est  pour  le  convoi  d'un  héros 

Trappe  de  l'airain  des  batailles  : 

Monlebello,  nouveau  Roland, 

A  vu  terminer  sa  carrière  ; 

Du  moins  ce  ne  fut  qu'en  mourant 

Que  son  front  toucha  la  poussière. 

Donnez,  donnez,  soldats  français, 

Des  pleurs  à  sa  cendre  chérie, 

Et  surtout  n'ouDliez  jamais 

Qu'il  est  tombé  (&.„;  pour  sa  patrie,     {bis. 

Au  fracas  du  bronze  en  éclats 
L'univers  semblait  se  dissoudre, 
El  sur  le  front  des  potentats 
Nos  soldats  balançaient  la  foudre; 
Quand,  jaloux  d'illustrer  son  bras, 
Ce  brave  parut  dans  l'arène, 
Kt  Mars,  dès  ses  premiers  combats, 
Plaça  son  nom  près  de  Turenne. 
Donnez,  donnez,  etc. 

Toujours  de  la  France  occupé, 
Immobile  au  sein  des  alarmes, 
Celui-là  jamais  n'a  rampé 
Devant  son  ancien  frères  d'armes. 
Nos  enfants  se  rappelleront 
Que  devant  le  preux  qu'on  regrette, 
Lorsque  les  rois  courbaient  leur  front, 
Lui  seul  osa  lever  la  tête. 
Donnez,  donnez,  etc. 

Vous  dont  le  cœur  toujours  altier 
De  Mars  insulte  les  victimes, 
Dans  la  tombe  de  ce  dernier 
Oserez-vous  chercher  des  crimes  ; 
C'est  en  vain  que  vous  tenteriez 
De  flétrir  un  jour  sa  mémoire, 
Les  traits  que  vous  lui  lanceriez 
Se  briseraient  contre  sa  gloire. 
Donnez,  donnez,  etc. 


Ses  enfants  seront  glorieux 
De  sa  mort,  de  ses  hauts  faits  d'armes, 
Et  déjà  brille  dans  leurs  yeux 
Un  sourire  au  milieu  des  larmes  ; 
Ils  peuvent  dire  avec  orgueil  : 
Si  nous  perdons  notre  espérance, 
De  notre  père  au  moins  le  deuil 
Est  porté  par  toute  la  France. 
Donnez,  donnez,  etc. 

Adieu!...  modèle  des  héros. 

C'est  le  cri  de  l'Europe  entière  : 

Adieu  I...  mais,  hélas!  à  ces  mots, 

Des  pleurs  inondent  ma  paupière... 

Eh!  que  dis-je...,  et  pourquoi  gémir 

Sur  le  preux  qui  meurt  pour  la  Fiance  : 

Dès  qu'il  rend  le  dernier  soupir 

Son  immortalité  commence. 

Donnez,  donnez,  soldats  français, 

Des  pleurs  à  sa  cendre  chérie, 

Et  surtout  n'oubliez  jamais 

Qu'il  est  tombé  {bis)  pour  sa  patrie,     [bis. 

Emile  Deltreaiix. 


La  musique,  de  M  Lui,  se  trouvenotee  au  N.  436 
de  la  Clé  du  Caveau. 


A  ROUSSEAU. 

1791. 

Aie  :  Ce  fut  par  la  faute  du  sort. 

Tandis  que  de  la  liberté 
Paris  célèbre  la  conquête, 
D'un  ami  de  l'humanité 
Que  ce  jour  soit  aussi  la  fête  ! 
Rousseau  nous  révéla  nos  droits  : 
C'est  à  sa  profonde  éloquence 
Que  l'on  doit  le  trésor  des  lois 
Dont  ou  vient  d'enrichir  la  France. 

Du  feu  pur  de  l'humanité 
Animant  toujours  son  langage, 


122 


n.  -  :.', 


490 


CHANSONS  POPULAI  RES. 


Pour  le  peuple,  persécuté, 
Rousseau  déploya  son  courage. 
C'est  pour  lui  qu'il  se  déclara  ; 
Et,  sorti  de  son  esclavage, 
Au  grand  homme  qui  l'en  tira 
Ce  peuple  entier  doit  son  hommage. 

Que  d'autres  flattent  les  guerriers, 
Nous  révérons  aussi  leur  gloire  ; 
Mais  le  sang  qui  teint  leurs  lauriers 
Taclie  trop  souvent  leur  mémoire. 
Rousseau,  par  de  sanglants  exploits, 
N'a  point  affligé  la  nature  : 
11  fut  l'apôtre  de  ses  luis, 
Et  comme  elle  sa  gloire  est  pure. 

L'erreur  dans  de  vieux  préjugés 
Avait  plongé  la  France  entière  : 
Rousseau  nous  en  a  dégagés 
lui  nous  prodiguanl  la  lumière; 
Mais,  effrayé  de  ses  leçons, 
Le  monstre  de  la  tyrannie, 
Dans  les  cachots  que  nous  foulons, 
Voulut  engloutir  son  génie. 

Ces  cachots,  tombés  sous  nos  coups, 
De  leurs  débris  jonchent  la  terre  : 
Oh  !  que  ne  peut-il  avec  nous 
Les  voir  couchés  dans  la  poussière  1 
Ce  lieu  détruit,  homme  immortel, 
Te  rend  un  éclatant  hommage, 
Et  ses  ruines  sont  l'autel 
Où  nous  révérons  ton  image. 

E,efèvre. 

Ces  coujjlcts  lurent  chantés  sur  les  débris  de  la 
Bastille,  devant  le  buste  de  J.-J.  Rousseau,  le  14 
juillet  17'Jl. 


COUPLETS  DE  L'ORIFLAMME. 


Issu  d'un  noble  chevalier, 

Raoul  en  es  lieux  prit  naissance  ; 

A  peine  il  sortait  de  l'enfance 


Qu'il  soulevait  le  bouclier. 
Et  portait  le  glaive  et  la  lance. 
Pour  voler  aux  champs  de  l'honneur 
11  quitte  sa  mère  chérie, 
S'écriant  :  Je  serai  vainqueur, 
Ou  je  mourrai  pour  ma  patrie  I 

Mais  tandis  qu'au  pays  lointain 
Raoul  signale  son  courage, 
Ivre  de  fureur  et  de  rage, 
Dans  nos  champs  l'affreux  Sarrasin 
Sème  la  moit  et  le  ravage. 
Raoul  arrive  triomphant; 
Sa  voix  terrible  nous  rallie  ; 
Chacun  le  suit  en  s'écriant  : 
Il  faut  mourir  pour  la  patrie I 

Il  s'abandonne  à  sa  fureur  : 
Dans  ses  mains  le  glaive  étincelle; 
Il  repousse  au  loin  l'infidèle  ; 
Mais  un  fer  le  frappe,  ô  douleur  ! 
Le  héros  s'arrête  et  chancelle. 
Couvert  des  ombres  du  trépas, 
11  dit  d'une  voix  attendrie  : 
Sur  mon  destin  ne  pleurez  pas, 
Amis,  je  meurs  pour  la  patrie  ! 

Baoui-'E.oritiitui  et  Etienne 

La  musique  duMéhul,  Paer,  Kreutzer  et  Bcrton. 


LE  PRINCE  EUGENE. 

1819. 

L'aurore  à  la  moitié  du  monde 
Lançait  à  peine  un  faible  demi-jour 
Quand  ledieu  Mars, en  comuiençanlsa ronde, 
Vint  me  crier  :  «  Ne  dors  plus,  troubadour; 
«  Toi  qui  jadis  dans  les  bois,  dans  la  plaine, 
a  Fia  retentir  un  doux  et  noble  chant, 
«  Reprends  ta  harpe  et  tresse  sur-le-champ 

Une  couronne  au  prince  Eugène. 

«  Il  fut  jadis  un  prince  Eugène  , 
«  Votre  ennemi,  quoiqu'il  naquit  Français, 


CHANSONS   PATRIOTIQUES   ET   CHEVALERESQUES. 


49* 


«  Ce  fut,  dit-on,  un  vaillant  capitaine, 
«  Qui  sur  la  France  obtint  plus  d'un  succès; 
«  On  n'entend  plusauxbordsde  l'Hippocrène 
«  En  son  honneur  chanter  ce  nom  si  heau. 
«  Et  c'est  encore  un  triomphe  nouveau 
«  Que  vous  devez  au  prince  Eugène. 

«  Enfant  chéri  de  la  victoire, 
«  Voilà  le  nom  qu'on  donne  à  Beauharnais; 
«  Ce  nom-là  seul  suffirait  à  sa  gloire, 
«  Ces  titres-là  ne  périssent  jamais; 
«  Quand,  au  sommet  de  saroclie  hautaine. 
«  Le  Capitole  a  vu  nos  étendards, 
«  Rome  se  crut  au  temps  de  ses  Césars 

«  En  revoyant  le  prince  Eugène. 

«  Ce  héros,  toujours  noble  et  calme, 
«  Devant  la  mort  jamais  ne  s'inclina; 
«  Vous  avez  vu  sa  plus  brillante  palme 
«  Fleurir  aux  bords  de  la  Bérésina  ; 
«  Et  mille  fois  la  victoire  incertaine 
«  Avec  nos  preux  cessant  d'être  d'accord, 
«  Même  en  fuyant,  laissa  tomber  enc  tr 

«  Un  laurier  pour  le  prince  Eugène. 

«  Las  de  guerre  et  de  funérailles, 
«  Ce  fils  de  Mars,  dans  sa  paisible  cour, 
«  Laissant  rouiller  le  glaive  des  batailles, 
«  Ne  cueille  plus  que  des  myrtes  d'amour. 
«  Dans  cet  asile  où  le  devoir  I'<  nchaîne, 
«  Il  fait  du  bien  à  ses  vieux  grenadiers, 
«  Et  chaque  soir  sur  un  lit  de  lauriers 

«  Vénus  endort  le  prince  Eugène. 

«  Grâce  aux  chanls  de  \os  jeunes  bardes, 
«Tous  vos  guerriers  sont  inscrits  danslescieux; 
«  Et  cependant  vos  muses  babillardes 
«N'ont  point  chanté  la  fleur  des  demi-dieux. 
«  Pour  le  venger  de  l'oubli ,  de  la  haine , 
«  Prends  ce  brevet  de  l'immortalité, 
«  11  est  signé  par  la  postérité , 

«  Et  Mars  le  donne  au  prince  Eugène.  » 

F.mile  Debreaux. 


LA  BATAILLE    DE  FI  EURUS. 


C'est  en  vain  (pie  le  nord  enfante 

Et  \  omit  d'affreux  bataillons  ; 

Leur  corps  est  promis  aux  sillons 

De  notre  France  triomphante. 

Fleurus,  tes  champs  couverts  de  morts 

Attestent  les  heureux  efforts 

Delà  valeur  républicaine  : 

Tes  champs,  fameux  par  nos  exploits, 

Ont  trahi  l'espoir  et  la  haine 

De  cent  mille  esclaves  des  rois. 

Non,  non,  il  n'est  rien  d'impossible 

A  qui  prétend  vaincre  ou  périr. 

Ce  cri  :  Vivre  libre  ou  mourir! 

Est  le  serment  d'être  invincible. 

Pareils  aux  flots  de  ces  ravines 
Dont  le  bruit  sème  la  terreur, 
Us  s'avançaient,  et  leur  fureur 
Méditait  de  vasles  ruines. 
Leurs  vœux  se  disputaient  nos  biens; 
Du  meurtre  de  nos  citoyens 
Ils  ensanglantaient  leurs  pensées. 
Ils  ont  paru!  mais  ils  ont  fui 
Comme  ces  feuilles  dispersées 
Qu'Éole  souffle  devant  lui. 
Non,  non ,  etc. 

Le  Dieu  que  célèbrent  nos  fêtes, 
L'Éternel,  combattait  pour  nous; 
L'Éternel  dirigeait  nos  coups 
Et  frappait  leurs  coupables  têtes. 
0  Fleurus!  ô  vaste  cercueil 
Où  des  rois  expire  l'orgueil , 
Où  périt  l'insulaire  avare  : 
C'est  là  qu'au  fer  de  nos  soldats 
L'Anglais  fourbe,  lâche  et  barbare, 
A  payé  ses  assassinats  ! 
Non,  non,  etc. 

Soleil ,  témoin  de  la  victoire  , 
Applaudis  nos  brillants  succès! 
Sois  fier  d'éclairer  des  Français; 
Répands  tes  feux  et  noire  gloire! 


49* 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Que  sur  leurs  trônes  chancelants, 
Tous  les  rois,  pâles  et  tremblants! 
Craignent  la  même  destinée! 
Enfin  les  peuples  ont  leur  tour, 
El  leur  justice  mutinée 
Les  venge  d'un  aveugle  amour. 
Non ,  non ,  etc. 

Il  n'est  plus  de  lâches  obstacles. 
Vainqueurs  sur  la  terre  et  les  flots, 
Tous  les  Français  sont  des  héros. 
Liberté!  voilà  les  miracles! 
L'ombre  de  nos  seuls  étendards 
Fait  tomber  les  tours,  les  remparts: 
Le  Brabant  nous  ouvre  ses  portes, 
Et  le  souffle  de  nos  guerriers 
Précipite  au  loin  ces  cohortes 
Qui  menacèrent  nos  foyers. 
Non  ,  non  ,  elc. 

0  Renommée!  à  ces  nouvelles, 
A  ces  prodiges  que  tu  vois, 
Prête  l'éclat  de  les  cent  voix, 
Ranime  tes  rapides  ailes! 
Va,  par  un  fidèle  rapport, 
Glacer  les  despotes  du  NordI 
Conte  au  Danube,  au  Borislhène, 
Que,  vengeur  de  sa  liberté, 
Le  Français  de  Sparte  el  d'Athène 
Surpasse  l'antique  fierté! 
Non,  non  .  il  n'est  rien  d'impossible 
A  qui  prétend  vaincre  ou  périr. 
Ce  cri  :  Vivre  libre  ou  mourir! 
Est  le  serment  d'être  invincible. 

Lebrun. 


Cet  hymne  fut  chanté  au  conceitdu  peuple, 
le  16  messidor  an  n  ,  â  l'occasion  de  la  victoire  de 
fc'leurui  remportée  le  26  juin  1794. 


LE  VENGEUR. 


Air  :  Va,  va,  mon  père  ,je  le  jure. 

Kst-il  permis  que  l'on  se  taise 
Quand  le  phénix  de  nos  vaisseaux 


A  su,  malgré  la  foudre  anglaise, 
Descendre  libre  sous  les  eaux? 
Muses,  d'un  crêpe  à  tort  couvertes, 
D'un  laurier  neuf  ceignez  vos  fronts, 
Et  nous  immortaliserons 
Jusqu'à  la  gloire  de  nos  pertes. 

Ensevelir  plutôt  sa  vie 

Que  de  trahir  la  liberté, 

Tel  fut  le  vœu  de  ma  patrie, 

Tel  il  vient  d'êlre  exécuté. 

Au  fond  des  annales  romaines 

N'allons  point  chercher  les  vertus  : 

On  n'y  trouve  qu'un  Decius, 

Et  nous  en  comptons  par  centaines. 

Nos  marins  du  sang  des  esclaves 
Avaient  déjà  teint  l'Océan  ; 
Chargés  des,  prises  les  plus  graves, 
Nos  vaisseaux  rentraient  tous  gaîment  : 
Un  seul,  pour  suivre  la  colonne, 
Le  Vengeur,  avait  trop  souffert; 
11  se  traîne,  il  est  entrouvert... 
L'escadre  anglaise  l'environne. 

«  Rendez-vous,  maudits  patriotes!  » 
Disent  ces  nombreux  assassins. 
«  Nous  rendre  aux  sbires  des  despotes, 
Nous  Français,  nous  républicains, 
Non,  non,  jamais!  on  vous  annonce 
Que  c'est  à  vous  à  reculer...  » 
L'ennemi  veut  encor  parler  ; 
Nos  canons  coupent  sa  réponse. 

D'une  aussi  belle  résistance 

Les  chefs  anglais  sont  furieux, 

Et  leurs  marins,  à  la  vengeance, 

Sont  longtemps  provoqués  par  eux. 

Mais  la  vérité  leur  échappe  : 

«  Oui,  disent-ils  dans  leur  courroux, 

Os  Français  sont  de  vrais  cailloux, 

Qui  font  feu  pour  peu  qu'on  les  frappe.  ». 

La  canonnade  recommence  : 
Les  Anglais  sont  d'abord  battus; 
Partout,  de  distance  en  distance, 
On  voit  flotter  leurs  mais  rompus. 


• 


Paris.  —  Typ.  de  Pillet  fils  aluc,  nie  des  (irandb-Au^uslins,  .">. 


CHANSONS   PATRIOTIQUES   ET  CH  E  VA  I.ERESQUES. 


493 


Mais,  hélas  !  la  poudre  à  leur  râpe 
Fournit  un  aliment  aisé; 
Et  le  Vengeur  a  tout  usé, 
Hormis  sa  gloire  et  son  courage. 

Plus  de  boulets,  plus  de  défe-sc 
Contre  la  dent  du  léopard. 
Après  un  moment  de  silence. 
C'est  le  cri  de  l'honneur  qui  part  : 
Blessés,  mourants,  chacun  s'élance.  . 
Tout  [équipage  est  sur  le  pont 
Entre  le  trépas  et  l'affront 
Esl-il  un  Français  qui  balance  ? 

Au  danger,  quoiqu'on  se  résigne, 
L'énergie  est  au  fond  des  cœurs  , 
Le  pavillon  brisé  s'indigne, 
El  relève  les  trois  couleurs  : 
Les  jeux  rouverts  sur  un  tel  signe, 
Nos  mourants  bravent  les  vainqueurs, 
Et,  par  des  chants  consolateurs, 
Réalisent  le  chant  du  cygne. 

Enfin  à  l'espoir  on  renonce; 
Mais  c'est  toujours  sans  s'attrister  : 
Plus  le  navire,  hélas  !  s'enfonce, 
Plus  la  valeur  semble  monter. 
«  Vive  à  jamais  la  république  !  » 
Disent  nos  frères  sous  les  flots  ; 
Et  l'onde  en  feu  roule  ces  mots 
Jusqu'au  rivage  britannique. 

Mais  nous  avons  lu  dans  la  fable 
Les  merveilles  du  rameau  d'or  : 
Cueilli  par  une  main  coupable, 
H  renaissait  plus  fier  encor. 
Prouvons  à  l'Anglais  plein  d'audace, 
Que  chez  le  Français  plein  d'honneur, 
Sitôt  qu'il  périt  un  Vengeur, 
Un  autre  à  l'instant  prend  sa  place. 

Que  vois-je,  et  quel  vaisseau  s'agite  ! 
Impatient  dans  le  chantier, 
Il  s'échappe,  il  se  précipite, 
D'un  si  beau  nom  digne  héritier, 
Anglais,  vous  voyez  que  nous  sommes 
Parés  pour  chaque  événement 


Si  c'est  un  nouveau  hâtimenl, 

Ce  sont  toujours  les  mêmes  hommes. 


Un  combat  naval  dans  l'Océan,  à  cent  lienesdes 
côtes  de  France  ,  entre  la  flotte  française  de  vingt- 
cinq  vaisseaux  ,  et  la  flotte  anglaise  de  vingt-sept, 
eut  lieu  le  1"  juin  1794.  L'action  dura  se,  t  heures. 
Jean-Bon-Saint-André  ,  commissaire  de  la  Conven- 
tion, ordonna  la  retraite,  et  fut  cause  du  désastre  de 
la  flotte  française.  Six  de  nos  vaisseaux  furentpris. 
Le  Vengeur,  cerné  par  plusieurs  bâtiments  ennemis 
qui  le  foudroyaient ,  est  démâté,  criblé  de  boulets: 
l'équipage,  près  d'être  englouti,  est  sollicite  de  se 
rendre  ;  il  refuse  ,  et  a|  rès  avoir  cloué  son  pavillon, 
et  déc  argé  sa  batterie  déjà  à  (leur  d'eau,  il  se  laisse 
couler  aux  cris  de  vive  la  Rcpubliquc,vive  la  liberlè! 

Le  rapport  de  ce  combat  fut  fait  à  la  Convention 
le  9  juillet;  elle  rendit  aussitôt  un  décret  portant 
qu'un  modèle  du  vaisseau  le  Vengeur  serait  suspendu 
à  la  voûte  du  Panthéon,  et  que  les  noms  des  braves 
qui  montaient  ce  vaisseau  seraient  inscrits  sur  une 
colonre. 

Une  médaille  fut  frappée  pour  cet  événement  avec 
la  légende  !  Le  triomphe  du  Vengeur. 


HYMNE 


Descends,  ô  Liberté  !  fille  d  •  la  nature 
Le  peuple  a  reconquis  son  pouvoir  immortel. 
Sur  les  pompeux  débris  de  l'antique  imposture 
Ses  mains  relèvent  ton  autel. 

Venez,  vainqueursdes  rois, l'Europe  vous  contemple; 
Venez,  sur  les  faux  dieux  ék-ndez  vos  succès  : 
Toi,  sainte  Liberté,  viens  habiter  ce  temple  ; 
Sois  la  déesse  des  Français. 

Ton  aspect  réjouit  le  mont  le  plus  sauvage, 
Au  milieu  des  rochers  enfante  les  moissons  : 
Embelli  par  tes  mains,  le  plus  affreux  rivage 
Rit,  environné  de  glaçons. 

Tu  doubles  les  plaisirs,  les  vertus,  le  génie  : 

L'homme  est  toujours  vainqueur  sous  tes  saints  étendards 

Avant  de  te  connaître  il  ignore  la  vie, 
Il  est  créé  par  tes  regards. 


133 


T.  h. -74 


(94 


CHANSONS   POPULAIRES. 


Au  peuple  souverain  louslesrois  fontlaguerrre: 
Qu'aies  pieds,  ô  déesse!  ils  tombent  désormais  ; 
Bien  lût  sur  le  cercueil  des  tyrans  de  la  terre 
Les  peuples  vont  jurer  la  paix. 

Guerriers  libérateurs,  race  puissante  et  brave, 

Armés  d'un  glaive  humain,  sanctifiez  1  effroi  : 

Terrassé  par  vos  coups,  que  le  dernier  esclave 

Suive  au  tombeau  le  dernier  roi  I 

Ibonier. 


LE  NOM  DE  FRÈRE. 

Ai k  de  la  Carmagnch: 

Sur  ma  guitare  assez  longtemps 
J'ai  chanté  les  tendres  amants  : 
Chantons  la  liberté, 
La  sainte  égalité 
Et  le  doux  nom  de  frère  ; 
Soyons  unis, 
Mes  amis. 

Disparaissez,  titres  si  vains 
Qu'enfanta  l'orgueil  des  humains: 
Le  seul  que  l'on  chérit, 
Le  seul  qui  nous  suffit 
C'est  le  doux  nom  de  frère; 
Soyons  unis, 
Mes  amis. 

Que  faut-il  au  républicain? 
Une  arme,  du  cœur  et  du  pain  : 
L'arme  pour  l'étranger, 
Du  cœur  pour  le  danger, 
lu  pain  pour  ses  frères; 
Soyons  unis, 
Mes  amis. 

!>.  i  roleurs  nommé»  conquérants 
Quand  je  lis  les  exploits  Banglants, 

Tout  mon  cœur  en  frémi I 
il  s  épanouit 


S'il  est  question  de  frères  : 
Soyons  unis, 
Mes  amis. 

J'aime  à  voir  les  fils  d'Abraham 
S'avancer  dans  le  Canaam  : 
Les  Cobourg  du  pays 
Furent  bientôt  soumis 
Par  ce  peuple  de  frères  : 
Soyons  unis, 
Mes  amis. 

Il  fut  un  cheval  de  renom, 
Celui  des  quatre  fils  Aymon  ; 
Pourquoi  l'antiquité 
L'a-t-elle  tant  vanté  ! 
C'est  qu'il  portait  des  frères; 
Soyons  unis, 
Mes  amis. 

Dans  le  joli  mois  des  beaux  jours, 
Quel  signe  préside  aux  amours? 
Almanachs  vieux,  nouveaux, 
Vous  diront  les  Gémeaux, 
C'est-à-dire  des  frè  res  : 
Soyons  unis, 
Mes  amis. 

Deux  frères,  fils  de  Jupiter, 
L'un  pour  l'autre  allaient  en  enfer. 
Envions  tous  le  sort 
De  Pollux,  de  Castor, 
Et  mourons  pour  nos  frères; 
Soyons  unis, 
Mes  amis. 

Florlan. 


LES  CLOCHES. 

Ai»  :  O  Filii  et  Filùt. 

En  province  comme  à  Paris, 
Toutes  les  cloches  ont  leur  prix  ; 
C'est  bien  ce  que  l'on  posera, 
Alléluia  I  alléluia  !  alléluia  I 


CHANSONS   PATRIOTIQUES  ET   CHEVALERESQUES. 


495 


Notre-Dame  au  plus  tôl  meltra 
Son  ut,  son  ré,  son  mi,  son  fa, 
Bouillir  avec  si,  sol  et  la; 
Alléluia,  etc. 

Aujourd'hui,  plutôt  que  demain, 
Saint-Jean,  Saint-Paul  et  Saint-Germain 
Suivront  ce  bel  exemple-là  ; 
Alléluia,  etc. 

Graves  bourdons  de  Saint-Victor. 
De  résister  vous  auriez  tort  : 
Georges  d'Araboisey  passera, 
Alléluia,  etc. 

Et  toi,  dont  le  timbre  ennemi 
Sonna  la  Saint-Barthélemi, 
Qu'avec  plaisir  on  le  fondra  ! 
Alléluia,  etc. 

Nous  n'entendrons  plus,  dieu  merci. 
Pour  celui-là,  pour  celui-ci, 
Tinter  de  tristes  libéra. 
Alléluia,  etc. 


Sans  réveiller  cnacun  la  nuit, 
Un  marguillier  à  petit  bruit 
Dans  la  tombe  s'endormira  ; 
Alléluia,  etc. 

J'aimais  quand  un  salut  joyeux 
Forçait  un  carillon  pieux 
De  mêler  aux  airs  d'opéra 
L'alléluia,  etc. 

-Mais,  pour  le  salut  général, 
On  fait  si  bien,  que  ce  métal 
En  sous  marqués  se  changera  : 
Alléluia,  etc. 

Par  trois  fois  trois  si  l'angelus 
De  bon  malin  ne  sonne  plus, 
L'impie  entre  ses  draps  dira  : 
Alléluia,  elc. 


iMais  aussi,  sans  clochette  ad  hoc. 
Tout  bon  chrétien,  au  chant  du  coq, 
Devant  le  ciel  s'humilîra... 
Alléluia,  etc. 

Et  quant  à  l'office  divin, 
La  crécelle,  soir  et  matin, 
En  passant  m'en  avertira... 
Alléluia,  etc. 

On  sait  que  le  dévot  airain 
Avait  souvent  un  sot  parrain 
Duc,  baron,  comte,  et  cetera! 
Et  cetera  !  et  cetera  !  et  cetera  ! 

Voilà  des  noms  en  quantité 
Perdus  pour  l'immortalilé  ; 
Le  t lient  seul  y  parviendra  : 
Alléluia,  elc. 

Les  carillonneurs  consternés, 
Les  fondeurs  de  cluche  élonnés, 
Gagneront  Rome  ou  Malaga  : 
Alléluia,  etc. 

Par  un  tocsin  mal  entendu, 
Nul  nuage  n'étant  fendu, 
Le  tonnerre  en  l'air  restera... 
Alléluia,  etc. 

Si  le  feu  prend  à  ma  maison, 
Un  tambour  vaut  bien  un  bourdon, 
Et  la  générale  battra... 
Alléluia,  etc. 

Quand  il  va  savoir,  au  surplus. 
Qu'en  ce  monde  on  ne  sonne  plus, 
Boileau  chez  les  morts  chantera  : 
Alléluia,  etc. 

Des  réveill'-matin  indiscrets 
Et  des  sonnettes  des  mulets 
Sans  doute  on  nous  délivrera. 
Alléluia,  elc. 


(96 


CHANSONS    POPULAIRES. 


Je  n'en  ai  qu'une  à  mon  manoir 
Que  mes  créanciers  font  mouvoir. 
0  ma  patrie,  emportez-la  ! 
Alléluia!  alléluia!  alléluia  ! 


PIIS. 


HYMNE  DE  MORT- 

Air  :    Veillons  nu  salut  de  l'empire. 

Des  vils  oppresseurs  de  la  France 

J'ai  dénoncé  les  attentats: 

Ils  sont  vainqueurs,  et  leur  vengeance 

Ordonne  aussitôt  mon  trépas. 
Liberté!  liberté!  reçois  donc  mon  dernier  hommage; 
Tyrans,  frappez!  l'homme  libre  envira  mon  destin 

Plutôt  la  mort  que  l'esclavage  I 

C'est  le  vœu  d'un  républicain. 

Si  j'avais  servi  leur  furie, 

Ils  m'auraient  prodigué  de  l'or; 

J'aimai  mieux  servir  ma  patrie, 

J  aimai  mieux  recevoir  la  mort. 
Liberté!  liberté!  quelle  âme  à  ton  feu  ne  s'anime? 
Tyrans,  frappez!  l'homme  libre  envira  mon  destin. 

Plutôt  le  trépas  que  le  crime! 

C'est  le  vœu  d'un  républicain. 

Que  mon  exemple  vous  inspire, 
ÂmU!  armez-vous  pour  vos  lois  : 
Avec  les  rois  Collot  conspire; 
Écrasa  Collol  et  les  rois. 

Robespierre  !  et  vous  tous,  vous  tous  que  le  meurtre  accorr- 

[pigne;J 
Tyrans,  tremblez!  vous  devez  expier  vos  forfaits. 

Plutôt  la  mort  que  la  Montagne 

Est  le  cri  des  fiers  Lyonnais. 

Kt  toi,  qu'à  regret  je  délaisse, 
Amante  si  éhèffl  à  mon  cœur, 
Bannis  toute  indigne  faible---, 
Boil  plui  forte  que  la  douleur! 

Liberté I  liberté!  ranime  et  soutiens  son  coura,:.-! 

Pour  toi,  pour  moi,  qu'elle  porte  le  poids  de  ses  jours: 
Son  sein  peut-être  enferme  un  gage, 
L'unique  fruit  de  nos  amours! 


Digne  épouse!  sois  digne  mère, 

Prends  ton  élève  en  son  berceau; 

Redis-lui  souvent  que  son  père 

Mourut  du  trépas  le  plus  beau. 
Liberté!  liberté!  qu'il  t'offre  son  plus  purhommago; 
Tyrans!  tremblez,  redoutez  un  enfant  généreux! 

Plutôt  la  mort  que  l'esclavage 

Sera  le  premier  de  ses  vœux. 

Que  si  d'un  nouveau  Robespierre 

Ton  pays  éiait  tourmenté. 

Mon  fils  ne  venge  point  ton  père, 

Mon  fils,  venge  la  liberté! 
Liberté!  libertélqu'un  succès  meilleur  raccompagne 
Tyrans!  fuyez,  emportez  vos  enf  ntsodieuz! 

Plutôt  la  mort  que  la  Montagne 

Sera  le  cri  de  nos  neveux. 

Oui,  des  bourreaux  de  1  Abbaye 
Les  succès  affreux  seront  courts: 
Un  monstre  effrayait  sa  patrie, 
Une  fille  a  tranché  ses  jours. 

Liberté!  liberté!  que  ton  bras  sur  eux  se  promène. 

Tremblez,  tyrans  !  vos  forfaits  appellent  nos  vertus! 
Marat  est  mort  chargé  de  haine, 
Corday  vit  auprès  de  Brulus. 

Mais  la  foule  se  presse  et  crie  ; 

Peuple  infortuné,  je  t'attends! 

Adieu,  malheureuse  patrie; 

Adieu,  mes  amis  de  vingt  ans  ! 
Liberté!  liberté!  pardonne  à  la  foule  abusée! 
Mais, vous,  tyrans,  le  Midi  peut  encor  vous  punir. 

Moi,  je  m'en  vais  dans  l'Elysée, 

Avec  Sydney  m'entretenir. 

j  -h    l.ouvet. 

l.ouvet  rie  Couvray,  si  connu  par  son  roman  rie 
Faublas ,  fat  nommé  député  A  la  Convention  en 
septembre  1792.11  se  prononça  toujours  contre  l'am- 
bition de  Robespierre  etla  tyrannie  de  la  Montagne, 
11  fut  proscrit  avec  les  Girondins  le 31  mai  1793,  et 
se  déroba  parla  fuite  A  la  hache  révolutionnaire.  Il 
rentra  A  la  Convention  en  mai  1795.  11  est  mort  eu 
17 '7  Madame  Roland  fait  de  lui  un  grand  éloge 
dans  ses  Mémoires. 


Paris.  —  Imprimerie  de  Pillet  fili  atné,  rue  de»  Grandt-Augoatui»,  5. 


TABLE 


DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  CE  VOLUME. 


■*B*->MM>y\/\r\j  VbrlAAAA/'uf>u|  •». 


pag- 

Aboire!  àboire!  — Ménardde  Rochecave.     .     .    .  290 
A  boire!  à  boire  1  nous   quitterons-nous  sans  boire. 

—Anonyme 275 

A  ce  soir.  — Firminv 192 

Adieu,  FancLon.  —  Edouard  Neveu 189 

Adieu,  Florence.  —  Scribe lû^ 

Adieux  d'Oscar  (les).  —  Baour  de  Lokmian.     .     .     .  471 

Adieux  du  vieux  soldat  |les|.  —  Cogniard  frères.   .     .  465 

A  genoux  devant  le  soleil.  —  Alexis  Dalès.    .     .     .  228 

A  genoux  devant  les  pochards. — Eue  Berthier.     .  267 

Ah  !  mon  beau  château.  —  Anonyme 65 

Ahl  que  l'amour  aurait  pour  moi  de  charme.  —  Ano- 
nyme   132 

Ah  I  quelle  différence.  —  "Voltaire.     .          ....  419 

Ah  !  si  madame  le  savait  !  —  Justin  Cabassol.     .     .  204 

Ah!  si  ma  dame  me  voyait.  —   Anonyme 461 

Aigle  d').   —  Gustave  Lemoine 113 

A  la  Liberté.  —  Chénier 493 

Allons  danser  sur  la  colline. — Bétourné 119 

Allons,  mettons-nous  en  train. — Désaugiers.   ...  2 

Allons  souper  chez  Pluton. —  Casimir  MènesTrier.  213 

Alouette  et  le  pinson  d').  —  Anonyme 81 

Amant  discret  d'i. — Gentil-Bernard 103 

Amants  de  Tours  (les).  —  Km.  BarateaU 312 

Ambitieux  corrigé  1  i.  —  Perchelet.  .          ....  361 

Amendons-nous.  —  Henri  Simon 359 

Amis,  la  matinée  est  belle.  —  Scribe 391 

Amis  ,  voulez-vous  m'en  croire. —  Gab.  Hauduc.     .    .  30 

Amis,  pour  égayer  la  vie. — Armand  Gouffè.    .     .     .  449 

Amour  d'Annette  pour  Lubin  |1'|. — Favart 125 

Amour  et  le  Champagne  (l'i. — Combes  jeune 2S4 

Amour  et  le  vin  l'j. — Forgeot.     .     .          ....  2<  2 

Amour  sentinelle  1'. — Le  <  hevalier  de  CubiÈRES.     .  129 

Amoureux  transi  il'). — Gentil 392 

Amours  bachiques  (les).  —  LouvET 295 

Amours  de  Michel  etChristine  (les). — Gust.  Lemoine.  3  7 

Amours  de  Chauvin  les).  —  Anonyme 175 

Amours  d'été  ilesi. — Pus  et  Barré 401 

Amours  du  sergent  (lesi.  —  F.   Yaubertsand.  .    .    .  323 

Ane  et  la  flûte  (l'i.  —  Alex.  Dalès 62 

Ange  déchu  T).  —  Gust.  Desfossés 110 

Ange  du  ciel  (1').  —  Alex.  Dumas 143 

Angélus  du  soir  1'). — Gust.   Lemoine 128 

Après  moi  le  déluge!  —  Eug.  Decour 3S2 

Arabe  au  tombeau  de  son  coursier  1',. —  Millevoye.  LO 

Arlequin  dans  sa  boutique.  —  E.  Neveu.   .....  96 

Arrêtons-nous  là.       Perchelkt 196 

Artiste  en  goguette  l'i.  —  Desrais 33 

Asmodée. —  Rosier 153 

Asmodee.  —  L.  FesteaU 337 

A  table  on  se  fait  des  amis. — P.-J.  Charrin.     .     .     .  266 

Avaricieuseil'i   — Dufrf.sny 103 

Au  hasard  de  la  fourchette. — Em.Vauin 329 

Au  roi  de  la  fève.  —  Félix 362 


130 


pas. 

Au  soleil— Auo.  St-Gilles 222 

Autel  de  la  patrie  (1'). —Desforges 484 

Automne  (F).  —  Gust.  Nadaud 249 

Avant  tout  la  patrie.  — Anonyme 472 

Aveugle  (1'). —Anonyme 141 

Babet  etColin. — Anonyme 191 

Bacchanale  —  Ed. Neveu.    ; 16 

Bacchus  est  encore  en  vie.  —  Perchelet     ....  273 

Bacchus  est  le  dieu  du  plaisir.  —  Paul  Dewint.   .     .  271 

Badinez,  mais  restez-en  ià.  —  Em.  Debreaux.  .     .     .  171 

Bal  champêtre  [le). — Scribe  et  Dupin 378 

Baptême  le). — Hégésippe  Moreau 3C9 

Barbe  bleue  (la).  —  Alexis  Dalès 90 

Bataille  de  Fleurus  (la).— Lebrun.           491 

Bayard.  —  L.  Leme:;cier 467 

Beau  pays.  —  Aristide  de  Latour.  .....     .131 

Bélisaire.  — Em.  Debreaux 463 

Bel  saire.  —  XEp.  Lemercier 470 

Belles  lesi.  —  Moreau 252 

Berceuse    la  .  —  Edouard  Neveu.     .  , 92 

Bertrand  au  tombeau  de  Napoléon.  —  E.  Debreaux.  -Ko 

Bien  aimé  ne  revient  jus  (le).  —  Maksollier.    ...  106 

Bijou  de  famille  (le).  —  É.  Debreaux.    ...    ^    .  166 

Biquet  et  le  loup.  —  Anonyme.    .     .     : 19 

Bonne  aventure  (lai.  —  Dancourt 192 

Bocage  que  l'aurore. — ANONYME.    . 138 

Bois  joli  |le).  —  C.  Karr 51 

Bonbonnière  (la).  — Cogez 190 

Bon  ermite  (le).  —  Ed.  Neveu 94 

Bonheur  (le). — Perchelet 227 

Bonheur  delà  terre  (le)  —  L'ab.  Patin 345 

Bonheur  de  l'homme  lie).  —  F.  Dauphin 276 

Bonheur  présent  (ie).  —  De  Pjxerciourt 230 

Bonjour  et  bon  soir. — Cormon  et  Chabot.     .    .    .  310 

Bonne  aventure  enfantine  ila).  —  Anonyme..     ...  79 

Bonnet  de  la  liberté  (le). — Jacquin 476 

Bonne  espérance.  —  Fréd.  Bérat J32 

Bon  pasteur  |le). — Camille 122 

Bon  remède  (le).  —  Fortuné   G.  de  St-Germain.     .  432 

Bonsoir,  la  compagnie. — Lattaignant 240 

Bon  temps  perdu  (le) — J.  Dusaulcuoy 255 

boudoir  U'Aspasie  (lei. — Marquis  de  Gondon.     .     .  Isi 

Bouteille  da|.  —    Casimir  MÉNESTRIER -131 

Bouteille  (la). —  A.  Bétourné 2.4 

Boutille(la)   —Pierre   Coi.au 2^ 

Bouteilles  et  flanllons   — C.-1L-T.  MORISSET.     .     .     .  2-il 

Braconnier  île  . —  P.  Dli-ont.     ........  3-8 

Brasseur  de  Preston  (le).  — Anonyme 331 

Brigitte  et  Julien. — Scribe 1^5 

Buveur  détenu  nu  (le). —  F.-D.-L 2Su 

Buveur  intrépide  de)   — Gabriel  Yinay 284 

Buveur  met  romane  le).  —  Teste  d'Ouet 437 

Buveur  philosophe  (lel.  — PERCHELET 220 

Buvons,  morguenne  buvons  —  Bi;lle  aine.    .    .     .  430 


TABLE  DES  M  ATI  EU  ES. 


Buvons,  chantons.  —  François 

Buvons  et  moquons-nous  du  reste. — P.  Ledoux 
Cabane  du  pêcheur  |la).  — Moreau  et  Lafortelle 

Cabaret   le*.  — Ém.  DebreAUX 

Cabaret  de;'. — MoreaU 

Cabaret  de  la  Pomme  de  pin  (le!.  —Justin  CaBass 
Cabaret  des  trois  lurons. —  Cil.  Colmance.    . 

Cadet  Buteux.  — Moreau 

Ça  n'  mang'  pas  d'  pain.  —  Martin.     .     .    . 
Capitaine  de  corvette  (le>.  —  E.  de  Lonlay. 
Carillon  bachique  [le).   —  Désaugiers.     .     . 
Carillon  bachique  (le).  —  J.  Polhe.     .     . 
Carnaval  perpétuel  (le).  —  Rontier.     .     .    . 

Castel  (le).  —  Anonyme 

Cécilia.  —  Anonyme 

Célibataire  (le  .  —  Perchelet 

Ce  que  j'éprouve  en  vous  voyant.  — Lambert. 
Ce  qu'on  voit  beaucoup. — Panard.     .     .    . 
C'est  ça  !  —  Chevalier  Coupé  DE  St-DonaT.  . 

C'est  le  bon  vin.  —  Anonyme 

C'est  des  bêtises  d'aimer  comme  ça. —  Polak. 
C'est  encore  goûter  le  bonheur.  —  Blondel. 
C'est  la  façon  de  le  faire  qui  fait  tout. — Collé. 
C'est  l'amour,  l'amour.—  Dartois  et  F.  d'ALLAR 
C'est  le  Champagne.  —  Dennery  e:  Clairyille. 
C'est  mon  ami,  rendez -le-moi. — FlorIan.     .     . 
C'est  un  péché  que  la  paresse.  —  anonyme. 
Chacun  à  son  tour.  —  Casimi  r  Ménestrier.    . 
Chagrin  d'amour.— L.  de  Ronsière.  .     .    . 
Champagne  île). —Gustave  Nadaud.      .     .     . 
Champ  de  bataille.  —  Em.  Debreaux.     .    .    . 

Chanson  de  Lisette  (la).  —  Monvel 

Chanson  du  postillon  (la).  —  Ch.  Poney.    .     . 
Chant  des  anges  de).— Hégésippe  Moreau.     . 

Cliant  du  retour  |le).— J.Chénier 

Chantons,  amis,  jusqu'à  demain.  — Ant.  DidA. 
Chantons  Bacchus  et  Cornus.— Anonyme.    .    . 
Chantons,  buvons.  —  L.  Philipox  de  la  Madela 
Chant  patriotique  d'une  mère.— L.  Festeau.     . 

Char  de  la  vie  (le'. —A.  Jacquemart 

Chasse  la'..  —  L.Philiponde  la  Madelaine. 
Chat ,  la  belette  et  le  petit  lapin  île.— Eue  Clément 

Château  d'Elvire  lej  —  Anonyme 

Chauvin  devenu  caporal.  —  Théod.  Matignon. 

Chemin  du  Parnasse  le,.  —  Louvet 

Cliêie  et  le  roseau  le).  —  Marc  Constantin.  . 

Chêne  et  le  roseau  lei. —  Fortoul 

Chevalier  du  roi 'le!. —  Anonyme 

Chevalier  français. —  Em.  Debkeai  x.      .     •     . 
Chien  du  régiment  (le,. —  Justin  Cabassol. 

Chien  et  le  loup  (le  .— N.  L 

Chien  Adèle  le  .—  Anonyme 

Chien  parvenu(le).— Hégésippe  Moreau.    .     . 

Chiffonnier  Ile).— F    DE  CoURCY 

Choix  des  sciences  de). —  Brillât  Savarin. 

Cil  le  .—  Chateaubriand 

Cigale  et  la  fourmi  (lai.—  J.-D.  Moinaux.    .     . 

Cigarresilts).— F.  deOjurcy 

Clerc  de  notaire  le,. —  CASIMIR  Ménestrier.   . 

Cloches  de  Volnay  la}.—  Anonyme 

Cloches  (les).  —  Hégésippe  MoreaU.      .    .     . 

Cloches  les.  — Pus 

Colin  et ^olinette.  —  Anonyme 

Comme  faisaient  nos  pères.  —  Marsollier.      . 
Comme  on  fait  bon  lit  on  se  couche.  —  M.  Bkazie 
Confession  d'un  petit  oiseau.  —  L.  Festeau 

Conscrit  le  .  —  Km.  Di.ukeaUx 

Conscrit  deCorbel  le).  —  Anonyme    .... 
Conscrits  montagnards  ilesl  — Cognard  frères. 


pag. 
432 
447 
104 
3 
285 

28 

8 

401 

337 

115 

36 
277 
256 
113 

72 
199 
141 
412 
270 
454 
308 

10 
167 
180 

20 
107 
201 
355 
100 
9 
234 
170 
397 
101 
477 

45 
268 
270 
458 
209 
298 

88 
134 
413 

23 

57 

58 

69 
469 
334 

87 
402 
239 
332 
254 
461 

86 
245 
308 
127 
250 
494 
195 
7 
345 

ici 

321 
332 
381 


Va 


Conseils  aux  atrabilaires —  Armand  eville». 
Conseils  bachiques. — Antoine  DlDi.  •  •  • 
Contes  îles).  —  Hégésippe  Mo  >  bau.  »  •  •  ■ 
Convoi  d'un  buveur  le) —  Louvet.       .     .      •    * 

Coquetterie.  —  P.-J.  Charrin 

Coquilles  d'huîtres  les ' .  —  Em.  DebreaUx".  i 
Corbeau  vengé  (lel.  —  J.-B.  Quinzakd  et  A.  Du 

Coup  de  Picton  (un).  —  Billioux 

Courtière  (la).  —  MarcillaC 

Cousinage  (le). — Anonyme • 

Crois-moi, plante  de  la  vigne.  —  Anonyme.       . 
Croix  d'or  ila).  —  DeRougemont  et  Dupeuty.  . 
Cuirassière  (la).  —  L.  Festeau    .    .     . 
CuréTrécy  le).  —  Victor  L.      .     .    . 
Dagobert.  —  A.  Jacquemart.     .     .     . 
Dans  notre  cœur  cherchons  la  v  rite.  —  Km 
De  Bacchus  la  veine  est  glacée.  —  ImberT. 
Débris  (les).  —  Anonyme.      ..... 

Délire  (le).  —  Paul  Dewint 

Dé'Ire  bachique. — Cas.  DelA\  igné.  .     . 
Délire  d'Erigone  (le).  —  J.  Dusaulchoy. 
Demande  en  mariage  (la).  —  Gust.  Lemoine.    . 
Demoiselle  aubal(la|.  —  Amédée  de  Beauplàn 

Départ  du  conscrit  île  . —  Jaime 

Départ  du  grenadier  (lel.  —  Dumersan  et  Brazier 
Départ  pour  Saint-Malo  (le). —  Désaugiers.     . 

Départements  (les) . — Anonyme 

Dépit  d'amour. —  F.  Vaubertrand 

De  quoi  vous  plaignez-vous!  — Em.  Debreaux. 
Dernière  marquise  (la).  —Edmond  Lhuillier.  . 
Descente  d'épicuriens  une). — Perchelet.    .    . 

Description  de  l'Opéra.  —  Panard 

Désespoir  d'un  buveur  (le). —  Cas.  Josselin.     • 

Des  roses  et  du  vin. — Alphonse  Cl 

Destrier  (le).  —  Anonyme 

Deux  conscrits  (les). — Cogniard  frères.  .  .  . 
De  vieux  amis  et  du  vin  vieux. —  Panard.    .    . 

Devinez. — L.  Festeau 

Dialogue  du  vin  et  de  l'eau. — Anonyme.  .  .  . 
Dieu  !  si  mon  amant  me  battait!  — J.  Cabassol. 
Dimanche  des  lilas  lel.-- A.  Martignon.    .     . 

Dis-moi  pourquoi' — ThÉaulon 

Distances  (les). — Bouilly 

Divertissons-nous.— Ducray-Duminil.     .     .    . 

Doigt  de  vin  (le).  —  F.  Dauphin 

Dors  ,  mon  ange.  —  Aristide  Latour.     .    .     . 
Du  bon  vin  et   des  vignerons. — Anonyme.    .    . 
Du  passé  perdons  la  mémoire.  —  Paul  Dewint. 
Du  Pinde,  aimables  nourrissons. — Luce  deLanci 
Eaux  d'iinghien  (les1.  — B.-T.  Poisson.    .     .    . 

Ecole  buissonnière  (1').  —  Anonyme 

Ecole  chrétienne  |1'|.  —  Jules  Leroy.     .    .    . 

Éducation  de  Fifi  [1').  —  Th.  Polak 

Eh!  bon,  bon,  bon,  que  le  vin  est  boni — L'abbé  Pati 

Éléonore. — Anonyme 

Encore  un  d'enfoncé  — Jules  Leroy.  .  .  . 
Encore  un  nouveau  Grégoire  —  Bi.ondel.  .     . 

Enfant  chéri  des  dames  —  Picard 

Enfant  de  chœur  il').  —  Casimir  Ménestrier. 
Enfants  de  la  folie  (les).  —  Aug.  St-Gilleb.  .     . 
Enfants  de  Noé(les|. —  Claude  Genoux.    .     . 
Knfant  terrible  iun). — Ch.  Coi  mance..    .     .     . 
Enivrez  encore  l'univers.  — Charles  Champion. 
]'.n  avenant  de  la  foire.  —  Anonyme    .... 

Epicure.  —  Joseph  Servières 

Épicurien  l'i-  —  Baurin 

Epicurien  malade  d'i. — Th.  Martignon.     .     . 

Epicurienne  (l'|. — Chanu 

Bpicariame (l'|.  —  Cha  ils*  Sartrouvh  le. 


pag. 
448 

48 
483 
436 
123 
188 

64 

5 

208 

92 
257 
135 
163 
157 
348 
211 

20 
367 
361 

14 
429 
306 
124 
380 
320 
399 
1(3 
437 
179 
429 

29 
417 
439 
438 
477 
336 
294 
154 
260 
181 
182 
313 
193 
347 
259 
126 
263 
3G7 
442 
387 

83 
381 
392 
434 
133 
194 

26 
178 
159 
410 

38 

149 
272 

53 
235 
241 
371 
213 
344 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


499 


pag. 

Epithalame  sur  le  lac.  —  Mïry H8 

Ermite  et  le  paladin  il'I.  —  Joseph  Servières.     .    .  469 

Erreur  |l'i. — Marty •     .  H° 

Et  lorsqu'on  a  la  paix  du  cœur.  —  Marsoli.ie:;.  .     .  202 

Et  nous  verrons  après.  —  Edmond  Gaco.nde.    .     .     .  236 

Etoile  du  marin  ll'i.  —  MÉky 123 

Et  tic  et  toc  ,  et  tic  et  toc.  —  B.  DE  Rougemont.   .     .  428 

Étudiants  îles  .  —  Anonyme 201 

Excellence  du  vin  (1').   —  Valcouk 274 

Faisons  asseoir  au  banquet  de  nos  jours.  —  L.  Fes- 

teau 219 

Faites-moi  vivre  encore  longtemps.  —  F.  Dauphin.    .  225 

Fanfan  la  Tulipe.  —  Em.  Debreaux 332 

Faut  finir  par  là. —  A.-B 170 

Faut  1  oublier! —  A.  Naudet 137 

Faut  l'oublier.  —  Anonyme 440 

Femme  à  Jean  Beauvais  |laj.  —  Amédée   de  Beau- 
plan 317 

Femme  contrariante  (la!.  —  VadÉ  ou  SedAINE.      .     .  334 

Femmes  et  le  vin  les).  —  P.-J.  Charrin 44 

Fête  au  sérail  (une). — Charles  Colmance.     .    .     .  152 

Fête  du  village  (la|. —Ciolina. 300 

Fête  publique  une).  —  Jacinthe  Leclère.      .     .    .  409 

Fêtons  Bacchus. — Aug.  St-Gilles 273 

Feuille  de  chêne  la). —  Millevoye 101 

Fiancée  mourante  (lai. —  L.  FesteAU 109 

Fileuse  la.  —  Anonyme 122 

Fille  du  pêcheur  la|. — E.  B\ râteau 118 

Filles  à  marier  lesi. —  Anonyme G6 

Fleur  des  bois.  —  E.  BaratEau 131 

Fleurs  de  mai  (les;. — Edouard  Neveu 93 

Foin  des  partis.  —  Aug.  Moufle.    .    .     .....  444 

Fond  de  la  besace  [le  .  —  Anonyme 1 

Forêt  noire  (lai.  —  Marsollier 199 

Fourniment  le). — Anonyme 327 

Frères,  il  faut  vivre.  —  Anonyme 373 

Fuite  (la  .  —  E.  de    Lonlay 130 

Fumeur  (le).  —  Panard 363 

Furet  du  bois  joli  le).  —  Anonyme. 67 

Gamin  de  Paris  (le).  —  Frédéric  de  Cûcjrcy.       .     .  313 

Gamin  de  Paris  (le). —  P.-J.  Charrin 405 

Garçon  comme  on  n'en  voit  guère  (le  .  —  Beaumar- 
chais   164 

3ardez-vous,  bergerettes,  ahl  gardez-vous  d'aimer. 

—  Anonyme 424 

Gargantua  lie  petit).  —  Désaugiers 4 

Gastibelza.  — "V.  Hugo 116 

Gaston  de  Foix.  —  Comtesse  de  Genlis 483 

Gâteau  des  rois  le  .  —  F.-P.-A.  LÉGER 375 

Genou  de  Marinette.  —  A.-L j  50 

Gentil  coquelicot.  —  Anonyme 74 

Gentilhomme  d'à  présent  (lei. —  F.  Tourte.       .     .     .  3=4 

Giroflée,  g  rofla. —Anonyme 60 

Gloire  aux  dieux,  vive  le  vin  1  —  Pierre  Colau.         .  292 

Gourmandise  liai.  —  Pus 25 

Grand  Giroux  (le).  —  Legro's 380 

Grand  verre  et  petite  maîtresse. — Em.  Debreaux.    .  21 

Grenadier  (lei. —  Em.  Debreaux 322 

Grenouille  et  le  bœuf  (la). — Ed.  Neveu 84 

Grenouille  et  le  bœuf  de;.  —  Dalès  aîné.      ....  89 
Grenouilles  qui  demandent  un  roi  lies'.  —  Pluchon- 

neau  de  Rochefort  et  B.  Mait 310 

Grisette  lai.  —  Em.  Debreaux 168 

Grisette  étudiante  ,1a  .  —  Frédéric  Soulié.    .     .     .  388 

Gueux  les.— Béranger .    .  210 

Guguste  ou  le  vrai  moutard  de  Paris.  — E.  Donvé.    .  309 

Hél'ïse. —Anonyme 143 

Her  agère  et  les  gens  du  roi  1").  —  G.  LemoIne.     .     .  127 

Her  nie. —  F.  Dauphin 169 


pag. 

Heureuse  fin  |1').  —  Laujon.      .    ; 276 

Heureux  jour  il').  —  Piron 234 

Heureux  philosophe  (1').  —  Haguenier. 252 

Heureuse  médiocrité  (IV  —  P.  Ledoux. 372 

Historien  désappointé  |1'|.  —  J.  Servières.       .     .     .  269 

Hiver  |1'|. —Gabriel  Vinay 370 

Hommage  à  Bacchus.  —  Ch.  Pranard 17 

Hommag:  au  genre  humain.  —  A.  D:d* 351 

Homme  des  champs  à  Paris  (l'|. —  J.-A.  Jacquelin.  414 
Homme  égal  aux  dieux.  —  Attribuée  à  Philippe,  duc 

d'Orléans,  régent 351 

Honneur  du  nom  français  (l'J. — Em.  Debreaux.  .    .  472 

Housard  de  la  garde. —  Anonyme 327 

Humble  toit  de  mon  père. — Anonyme 144 

Hymen  est  un  lien  charmant  (l'i.  —  Marsollier.      .  301 

Hymne  à  la  liberté.  —  Félix  Mouttet Û74 

Hymne  de  mort.  —  J.-B.  Louvet 496 

Igm  rante  l'i.  —  Cousin  Jacques 174 

Il  est  un  Dieu.  —  Em.  Debreaux 238 

Il  était  un' bergère. — Anonyme 50 

11  faut  parer  sa  p'tite  chapelle. — L.  Feste.vu.  .    .     .  353 

Il  faut  quitter  ce  que  j'adore  —  Hoffman 136 

Il  faut  rire.  —  BraziEr .  375 

Immortalité  il'j.  —  Anonyme 230 

lmogine  et  Alonzo.  ■—  Anonyme 465 

Invalide  français  J'i. — P.-J.  Charrin 424 

In  vino  veritas. —Théodore  Martignon 275 

Ivresse.  — Gustave  Nadaud 14 

Ivrogne  (1').  — Henri  Simon .  13 

Jalousie.  —  P.-J.  Charrin 117 

Jardinier  fleuriste  le). — Anonyme 302 

Javotte  — Em.  Debreaux 176 

J'aime  les  amours.  — Anonyme 166 

J'aimerai  qui  m'aime   —  Anonyme 83 

J'ai  perdu  ma  femme. — Ed.  Neveu 320 

J'ai  perdu  mon  coutiau. — Brazier  et  Gabriel.  ,    .  303 

Jean  Jean  romantique.  —  Ed.  Granger 403 

Jean-le-Marsouin.  —  Cl.  Genoux 418 

Jeanne  la  blonde. —  Cas.  et  Germ.  Delavigne.    .     .  104 

Je  fus  heureux.  —  L.  de  Ronsière 102 

Je  prends  tout  dans  mes  filets.  —  Moreau  et  Lafor- 

telle. 312 

J'  sis  amoureux. —  Marc  Constantin 305 

Je  suis  rond.  —  Cas.  Ménestrier 450 

Je  t'aime  à  genoux. —Em.  BaraTeau 119 

Je  veux  finir  comme  j'ai  commencé.  —  N.  Brazier.  253 

Je  veux  vous  plaire. — Gust.  Lemoine 106 

J'  vous  d'mande  un  peu  si  1'  bon  Dieu  s'  mêle  de  ça. 

—  J.-A.  Guillemé 198 

Jeune  fille  à  la  danse  la  .  —  Améd.  de  Beauplan.     .  134 

Jeune  page  (le,. — Anonyme.. 172 

Jeune  portière  (la).  —  Justin  Cabassol 19o 

Jeune  soldat  (le).  —  Em.  Debreaux 395 

Jeunesse  et  plaisir. — J.-F.  Bailly 247 

Jouissons  de  la  vie.  —  Perchelet 251 

Jour  de  plaisir  (un). — L.  Festeau .22 

Jour  de  l'an  )le|.  —  Cas.  Ménestrier  et  Léopold.   .  421 

Joyeux  troubadours    les  . —  Em.  Debreaux.     ...  35 

Jusqu  à  demain.  —  Ed.   Donvé 237 

Kradoudja.  — Charles  P 144 

Laissez-moi  boire.  —  Ch.  Lepage 45g 

Lait  des  vieillards  ile|.  —  Arm.  Gouffé 291 

Lapin  et  la  sarcelle  (le  .  — Alexis  Dalès S5 

Lattaignant. —Just.  Cabassol 212 

Laurier  (le  .  —  Anonyme e* 

Leçons  d'une  mère  à  sa  fille. — Favart.      ....  331 

Léda.  —  Just.  Cabassol I84 

Léona. — Moreau  et  Lafortelle 99 

Lettre  à  Marie.  —  Fkéd  Bérat 125 


500 


TABLE  DES  MATIERES. 


Lettre  de  Mlle  Félicité.  —  Anonyme.  . 
Lettre  écrite  d'Alger.  —  Paowh.     .    .    . 

liberté  la).  —  VYCTOR  LBRAY  .... 
Lion  d'or  (le).  — Cogniard  frères  et  Jaime 
Lion  et  le  rat  île  . — Ed.  G\conde.  .  . 
Lisette  et  le  vin.  —  Combes  jeune.  .  . 
Lois  de  la  table   les».  — Pana   d.    .     .    . 

Loup  blanc  (le).  —  ANONYME 

Loup  et  l'agneau  del. —  L.   Fortocl. 
Lumière  |la|.  —  Cousin  Jacques.     .     .     . 
Ma  belle  amie  est  morte.  —  TheûP.  Gauthier 

Ma  casquette. — Em.  Debreaux 

Mme  Tartine. — Anonyme 

Mlle  Marie.  —  Boudin 

Ma  grsette.  — PerchelET.  .  .  .  „  .  . 
Maison  du  chiffonnier  lia'.  —  Moinaux.  .  . 
Ma  philosophie.  —  Duc  de  Nivernois.  .  . 
Ma  philosophie.  —  P.  Tournemine.  .  .  . 
Ma  philosophie. — François  Liénard.    .     . 

Ma  philosophie.  —  Dufresny 

Ma  profession  de  foi.  —  Moreau 

Marchand  de  chansons    le).  —  Favart      .    . 

Marengo.  —  Em.  Debreaux 

Marguerite  (la).  —  Anonyme 

Marianne  s'en  allant  au  moulin.  —  Anonyme 

Marin  |le).  —  Anonyme 

Marmite  ila). — Perciielet 

t  de  Bordeaux  de).  —  Anonyme.  .  . 
Mathildc. — Mme  Em  de  Girakdin.  .  .  . 
Ma  voisine  et  mon  voisin.  —  L.  FESTEAU.     . 

Médisants  les).  —  Désalgieks 

Meilleure  philosophie  ila  . — Giraud.  .     .     . 

Meilleur  remède  de).  —  Panard 

Mélomanie  la'.  —  Anonyme 

Mer  Rouge  la). —  Anonyme 

Mes  amis  ,  ne  nous  plaignons  pas.  — Marcill 
Mes  chers  amis,  j'ai  le  vin  bien  mauvais.  —  Alpho 

Salin 

Mes  vieux  souvenirs.  —  Arsène.  .  . 
Mes  volontés  à  table.  —  Ant.  Dida.  . 
Métamorphoses  d'un  nez.  —  L.  Protat  et  Justi 

Cabassol 

Millionnaire  île!.  —  F.    de  Courcy.    . 

Mirabeau. — Ciiénier 

Mitron   le  .  —  L.  Festeau 

Moines  les  . —  Anonyme.  .... 

Mon  avis.  —  L'abbé  de  Voisenon.  .  . 
Mon  combat  avec  ma  bouteille. —  A.  Dida 
Mon  pays  avant  tout  —  Anonyme.  . 
Monsieur  Dclorme.  — Anonyme.  .  .  . 
Monsieur  Prudentin.  —  l'.-J.  Chakrin.  . 
•;ur  Rampant.  —  L.  Festeau.  .  . 
Montagnarde  la).  —  Fréd.  Bérat.    .    . 

Montébello.  —  Em.  Debreaux 

Mon  village.  —  Ed.  Neveu 

Morale  momusienne.  —  A.   DusaULCHOY. 
Morale  inoirr. sienne   la  .  —  A.  DusaULCHOY 
Mort  d'une  puce.  —  Justin  Cibassol. 
Mourir  pour  la  patrie.  —  Anonyme.    .    . 
Mousse  la).  —  Em.  Debreaux.      .    .    . 
Mouton*        .  —  Moiun 

.  —  OURi>Y.    .      . 

Musette  (la).  —  Charles  Colmance.  .     . 

Myosotis  (le).  —  Taxile  Dei.out.    .     .     . 

. —  A.  Champcourt.     . 

.   —   l'I  ANTEKIU.. 

Nec  plus  ultra  de  Grégoire  (le).  —  Dssauoii 

—  Anonyme 

—  Scribe  et  Germain  Delamcne. 


pag. 

301 
314 
467 
299 
303 
282 
370 
200 

75 
225 
118 
216 

52 
311 
185 
379 

340 
:  51 
452 
350 
419 
47  5 
73 
53 
214 
244 
145 
129 
149 
391 
31 
342 
222 
292 
368 

364 
42 

321 
3S5 

11 
444 
452 
267 
396 
197 
335 
423 

lia 

78 

439 
357 
I  I 
471 
120 

134 
i  B 
120 

177 
39 

97 

un 


Neige  |la. —Em.  Debrevx 

Ne  m'oubliez  pas.  —  Comte  de  Sécur.     .    . 

Nicolas.  —  HÉcÉsipPE  MoRtAu 

Nom  de  frère  de). — FLOKIAN.     •     •     •    .     . 
Non,  je  ne  valse  pas  —  Amédée  pe  Beauplan 
Notre  dernier  jour  peut-être.  —  Joôci  h  Servi 
Nous  n'irons  plus  au  bois. — Anonyme  . 
Nouveau  Démocrite  de).  —  F.  Flamant. 

Nouveau  tic  et  toc  (le). — Pus 

Nouvel  Epiménide  le).  —  Jacinthe  Leclère. 
Noyons  les  chagrins  de  la  vie.  —  F.  Flamant 

Occasion  manquée  1'  .  —  Vadé 

Oiseau  bleu  (1').  —  Anonyme.  .... 

O  jour  plein  de  charmes.  — E.Scribe.    .     . 

Olivier  Basselin.  —  Em.  VarIN 

O  mon  Dieu,  protège  nos  vignes!  —  A.  Salgat 
On  est  si  méchant  au  village  1  —  Naudet 

On  rit,  on  babille  — Radet 

Orgie  |1>).  — L.  Crevel  deCiuri  EMaGNE.  . 
Oriflamme  (l'|.  —  Baour  DeLorMIaN  et  Étien 

Oscar.  —  Anonyme 

Oui,  c'en  c>t  lait,  je  me  marie.  —  ALEX.  Duval, 
—  Théaulon  et  Darto  s. 

Paix  (la)  —  F.  Dauphin 

Palma  couplets  de;. — Lemontey.  .  .  . 
Pan  pan  bachique  (le).  —  DÉSAUGIERS.  .  . 
Paniers  et  corbeils.  —  A.  JaCQUem  \kt.  .  . 
Paradis  épicurien  (le).  —  B.  de  Rougemont. 

Paresse  lia.  —  Em.  Debreaux 

Parisienne  la| . — Cas.  Delav.cn e.     .     .     . 
Parti  le  plus  sage  (lei.  —  Armand  Gouffé    . 
Passé  et  avenir. — Théod.  Martignon, 
Passez  votre  chemin. — Antignac.      .    .     . 
Passons-nous  la  bouteille.  — G.  Ménard  de  Roc 

cave.    .     .         

Patriote  mécontent  (le).  —  Jules  Leroy. 
Pauvre  et  joyeux. — A  Jacquemart.      .    . 

Pauvre  nègre  lie).  —  Anonyme 

Pauvre,  pauvre  que  je  suis.  — Anonyme. 

Péché  de  paresse  (le). — Collé 

Peine  et  le  plaisir  (lai.  —  Anonyme.     .    .    . 

Père  Etienne  (le). — Dida 

Père  Jérôme  (le).  —  L.  "Voitelain.  .  .  . 
Père  Lamourette  (le).  —  Gust.  Lemoine.     . 

Perrette. — Anonyme 

Perrette  et  le  pot  au  lait.  —  Adolphe  Porte 

Petit  à  petit. —Em.  Va rin 

Petit  bien  de  Lise  le). — Sai.LemaRE.  .  .  . 
Petit  chaperon  rouge  (le).  —  Ch.  Delange.  . 
Petite  bi  rgère  la  .  —  Gust.  Lemoine.  .  . 
Petiti  Meuse |la).  — Laujon  et  Henri  Simon 
Jeanneton  (la).  —  Anonyme.  .  .  . 
Petite  mendiante  (la.  — Boucher  et  Perthes 
Petit  frère  (le).  —  Ducray-Duminil.    .     . 

Petit  mari  le  .  — Anonyme 

Petit  meunier  de  .  —  Gust.  Lemoim;.  . 
Petit  pastour  (le.  —  Anonyme.  .  .  . 
Petit-Poucet  le .  —  Ch.  Delange.  .  . 
Petits  chanteurs  des  rues  (I.     .  —  1  COURCY 

Peu  |  le  à  ses  r<  '      —  MARC  FOURNIES 

I  ,  savoir  où  Dieu  nous   conduira?—  Km. 

UrEAUX 

ptjf]     tète  — Makcillac       

ipbie  du  marin   la  . —  P.  DE  Si-Seyeiun. 

h    (la).    —  J.    DusaULCHOY 

itemps.  —  P.-.J.  Charr 
Tlii  '.s  i  bie  d'un  sexagénaire.  —  D 

.  —  l'iiÉou.  Martignon, 
,  bit  pratique.  —  Cl.  Gcnou.y.      .     .     . 


De- 


231 
479 
216 
451 
227 

366 
246 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


501 


P*g. 

Pique-assiette  (le). — Perchelet 211 

Pirates  (les).  —  Victor  Hugo 130 

Pitié  n'est  pas  de  l'amour  (la).  —  Alex.  Duval.     .    .    l3(i 
Plaideurs  et  l'huître  (les).  —  Pluchonneau  et  Mail- 
lard  •     .  87 

Plaisir  |le).  —  Perchelet 241 

Plaisir  dans  un  petit  lieu   lie). —  T.  Hoyet.     .     .     •     442 

Plaisirs  du  village  (les).  —  Anonyme 389 

Pleurons  ,  amis  ,  les  raisins  sont  gelés.  —  SaLGaT.  .  426 
Plus  beaux  jours  de  la  vie  (les). — i.-J.-P.  Bkiand.  .  451 
Plus  on  monte  et  plus  on  descend.  —  Ch.CoimaNCE.     407 

Poète  épicurien  (le). — Anonyme 293 

Pointe  de  vin.  —  A  St-Gilles 426 

Polichinelle.  —  Anonyme 82 

Ponts  de  Paris  (les). — Ducray-Duminil 406 

Porte  et  le  cœur  (la).  —  Perchelet 207 

Portons  gaiment  notre  fardeau. —  B.  de  Rougemont.     221 

Portrait  de  Myrthé. — Jos.  Servières 114 

Pos' ta  chique  et  fais  le  mort.  — J.  Leroy 155 

Pour  moi  je  ris  tant  que  le  tonneau  coule.  —  Joseph 

Servières 47 

Pourquoi?  — Anonyme. 121 

Pourquoi  boire  de  l'eau?  —  Panard 158 

Pouvoir  d'Érigone  (le).  —  T.  Thibault 2S2 

Pouvoir  du  vin  (le).  —  BrAziek 433 

Prends  garde,  montagnarde.  —  Sckibe 108 

Prenez  pitié  de  moi.  —  Germ.  et  Casim.  Delavigne.     1  4 

Principes  de  morale.  —  L.  Festeau 153 

Prémisses  de  Javotte  (les).  —  Eue.  de  Pkadel.    .    .    171 

Prévoyance  Ja). — Eue.  Berthier 182 

Prière  d'un  bon  chrétien.  —  A.  Martai.nville.     .     .     187 

Prince  Eugène  (lel. —  Em.  Debreaux 490 

Printemps  (lel.  —  Em.  Varin 385 

Prix  du  moment  (le). — Panard 202 

Procès  de  la  reine  d'Angleterre. —  Anony'ME.  .  .  .  146 
Promenons-nous  dans  les  bois. — Anonyme..     ...       75 

Proverbe  retourné  (le).  —  Arm.  Gouffé 279 

Puisque  sans  boue  on  ne  peut  vivre.  —  Désaugiers.  21 
Pupille  (la). — L.  Crevel  deCharlemagne.    .     .    .    140 

Quand  Biron  voulut  danser.  —  Anonyme 77 

Quatre  refrains  de  Grégoire  (les).  —  Gentil.  .  .  .  27j 
\ie  chacun  en  fasse  autant. — Franci-  d'AllArde.  345 
£ue  de  bi ,  que  de  baïonnettes.  —  Anonyme.  ...  52 
Que  j'aime  eu  tout  temps  la  taverne.  —  De  l'Estoile.  435 
Quelques  usages  d'un  pays. — Em.  Barateau.     .     .     421 

Raccommodement  (le). — Anonyme 139 

Raisins  mûriront  (les).— Fortuné  G.  de  St-Germain.    445 

Ramponneau.  —  Just.  Cabassol 40 

Rat  de  ville  et  le  rat  des  champs  (le).  —  Anonyme  .  95 
Rat  de  ville  et  le  rat  des  champs  (le)    — E   .Neveu.  .      89 

Redingote  grise  (la).— Em.  Debrfa"X 4SI 

Réflexions  épicuriennes.  —  Antignac 349 

Regrets  d'un  amant.  —  Hoffman 104 

Regrets  d'un  époux.  —  Anonyme 200 

Rempailleur  le).  —  Dumersan  et  Brazier.     .    .    .    180 

Renard  et  la  cigogne  (le). — P.  Foktoul 77 

Renard  et  le  corbeau  (le). — Anonyme 63 

Beuardet  les  raisins  (le).  —  Marc  Constantin.  .  .  61 
Républicaine  liai  —  Eug.   Wœstin.     ...  .  459 

Retour  de  Pierre  de).  —  Anonyme.  22d 

Retour  du  tro  ibadour  (lel. —  Anonyme 464 

Rêve  doré  d'un  pauvre  diable.   —  P.-J.  Cha  >rin.     .     Ï23 

Réveil  du  chansonnier  (le). — J.  Bigot 354 

Réveil  du  peuple  le).  —  L.  Festeau 462 

Richesse  de  celui  qui  n'a  rien  (la). —  P.  C 375 

Rien  n'était  si  joli  qu'Adèle.  —  Désaugiers.     .     .    .     205 

Rieur  éternel  île). —  Simonnin 356 

Rigolet'e.  —  P.-J.  Charrin 32g 

Rions  toujouis.  —  Théod.  Martignon 364 


Riquet-à-la-Houppe.  — Ch.  Delangf. 

Rocher  de  Saint-Malo  imon).  —  Gust.  LkMoisE.  . 

Roi  de  la  fève  (lel.—  Aug.  Arnaud 

Roi  deSardaigne(le).  —Anonyme 

Roi  et  l'épicurien  (lei. — AlexaNDkf , 

Roland.  — Houdard     . 

Roland  à  Roncevaux.  —  Rouget  de  Li  le.    .    .    , 
Ronde  du  maçon. — Scribe  et  G    Dklavign  .    .    , 

Rosalie  (romance  de).   —  Anonyme , 

Rose  (la).  —  Gentil-Bernard 

Rose  et  la  croix  (la). —  Anonyme 

Rose  et  l'épine  (la).  —  C.   B 

Rouet  (le).  — Paul  Ciiazot 

Roule  ta  bosse. — Cas.  Ménestru  k , 

Rousseau  (à).  —  Lefèvre , 

Royal  tambour  (le).  — E.  Barateau 

Ruisseau  (le).  —  Demoustier.     .  

Sabre  (le). —Em.  Debreaux 

Sage  résolution  (la). —C. -H.  de  Longchamp>.    .     , 
Saint  Carnaval  (le). —C. -H.  de  Longciiamps.       .    . 

Saint  Denis.  —  Ahmand  Gouffé 

Sainle-Hélène.  —  Em.  Debkeaux 

Saint  Martin.  —  Armand  Gouffé. 

Salut  bachique  (le). —  Labbé 

Santé  (la).  — Martin Crecy 

Saule  du  malheureux  (le).  — Ducis 

Sauvage  (le)  —  L.  Voitelain 

Séduisant  je  ne  sais  quoi  (le).  —  Anonyme 

Séjour  des  damnés  (le).  — Anonyme 

Sérieux  (le).  —  Anonyme 

Si  ça  t'arrive encore. —  J.  Simard.  .    .  .     .     .     . 

Signal  avait  retenti  (le). —Arago 

Silène.  —  Louvet 

Si  le  vin  coulait  dans  la  Seine,  —  Anonyme.      .    .     . 

Sirène  (la). — Scribe 

Soldat  et  le  berger  (le).  —  Anonyme 

Soleil  de  la  République.  —  Morambert  père.    .    .     . 

Solitaire  (le).  —  Panard.    . 

Son  que  je  préfère  (le).  —  Désaugiers.     .     .     .    .     . 

Songes  (les). —  Em.  Debreaux 

ouper  de  Manon(le).  —  Gustave NaDaud.      .    .    . 

Statues  animées  (les).  —  Anonyme 

Suffrage  universel  (le). — Em.  Yarin 

Suivons  les  traces  du  plaisir  — Perchelet.    .    .    . 
Sur  le  pont  d'Avignon. — Anonyme.    ...... 

Suzette.  —  Perchelet 

Tableet  l'amour  (la).  —  J.  Bigot 

Talisman  d'amour  (le). — Perchelet 

Tambour  battant.  —  Favart 

Tambourin  du  vallon  (le).  —  Anonyme 

Tant  que  le  vin  ira  son  train. — Em.  Debreaux.  .    . 

Tant  qu'on  a  du  bon  vin.  —  Marcillac 

Tapez,  tapez-moi  là -d'ssus.  —  Ch.  Colmance.      .    . 

Taverne  (la).  —  Motin 

Temps  (le).  —  Ant    Dida 

Tic  toc  tin  tin. — Adolphe  Porte 

Tirez  la  bobinette.  —  L.  Voitelain 

Tirez  la  sonnette. — Perchelet 

Titi  candidat. —  Adolphe  Porte 

Titi  le  talocheur. —  Cogniard  frères  et  Jaime.      ,    . 
Toi  qui  donnes  l'ivresse. —  Fortuné  G.  de  Sr-CcR- 

MA1N 

Tombe  d'Eugène   (la). —  Anonyme 

Tombeau  d'Alfred  (le). —  Anonyme 

Tonneau  (le). — Le  Prévost  d'Ira y.        ,    .    .    .    . 

Tonnerre  (le). — Em.  Debreaux 

Tonton,  tontaine.  —  Mahion  Dumersan 

Toujours  à  Bacchus  on  boira. — Fessin. 

Toujours  content.  —  Pierre  Colau.  ..«.., 


pa  . 
71 

129 

b2 

82 
356 
481 
480 
115 
140 
102 
4G6 
165 
124 
411 
489 
316 
3ù9 
408 
277 
313 
401 
47S 
28l 
455 
279 
135 
232 
416 
197 
162 
316 
400 

31 
269 

98 
2J0 
473 
399 

12 

224 

193 

203 

479 

237 

80 

196 

339 

177 

390 

4il 

19 

34 


254 
260 

23 
413 

27 
393 
390 

435 
4S3 
138 
339 
22S 
297 
266 
360 


502 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Tour,  prends  garde  (la).  —  Anonyme. c& 

Tourlourou  (le).  —  Anonyme 378 

Tourterelle  (lai   —  Em.Varin H2 

Tout  chemin  mène  à  Rome.  —  Marcillac 229 

Treille  de  sincérité  (la1.  —  DÉsaugiers 18 

Tribune  des  flonflons  ila».  —  Le  chevalier  Coupé  Di 

St-Germain iS 

Trio  du  vin(le|.  —  ChatilLON 453 

Trois  cents  s  ldats.  —  Anonyme •    •      94 

Trois  couleurs  (les!.  —  Adolphe  Blanc    ....  462 

Trompette  à  piston  (la). — Charles 318 

Troubadours  modernes  (les  .  —  Pus .     ■  22j 

Tu    n'en    auras    pas    l'étrenne.   —   Madame   Elisa 

Fleury .    .  321 

Tuons  le  temps.  —  Francis   d'Ali.arde.     ...     -  374 
Un  cœur  sensible  et    des   principes. — Ulric  Gut- 

tinguer S25 

Une  course  en  omnibus. — Ch.  Colmance 187 

Une  nuit  à  Madrid.  —Laurent.    .     • 139 

Un  heureux  caractère.  —  P.-J.  Ch*rrIN 250 

Un  heureux  ménage.  —  Ch.  Colmance.   .....  1S3 

Un  homme  sensible. — Kug.  Desaugîers 307 

Univers  est  à  moi  il')!  —  P.  Ledoux 446 

Vaillant  troubadour  (le).   —Anonyme 468 

Vaincre  ou  mourir  pour  la  patrie.  —  Em.  Debreaux.  480 

Val  béni  lei  —  Gust.  LemoinE 109 

Varsovienne  (la  .  —  Cas.   Delavign 457 

Veille,  le  jour  et  le  lendemain  (laj.  —  Millevoye.     .     117 

Vendante  la<.  — Gust.  Mathieu 37 

Vandange  (la). — Cas.Ménestrier 46 

Vendanges   de  Cythère  (les).  —  Dorât 286 

Vendanges  yles. —  Dufresny 152 

Vendanges  de  la  folie  (lesi. —Collé 286 

Vendanges  sont  faites  (le-).  — Perchelet 42 

Vendangeurs  |'e  chant  des).   -  Perchelet 33 

Vendangeuse  (la).  —  Dernevai. 205 

Venez ,  venez  à  mon  secours.  — Douilly.    ....    137 


pa  . 

6Vengeur  (le).  —  Anonyme.    . 492 

Vérités  gasconnes  (lesl. — P.-J.  Charrin 328 

Verre  le). —  DÉsaugiers 4 

Verse  encore.  —  DÉsaugiers 9 

Versez  rasade. — F. -P. -A.   Léger 445 

Vertus  d'un  bon  vivant  îles).  — Thierry  Petit.  .     .  374 

Vidons  la  coupe  enchanteresse.  —  Perchelit.     .    .  36 

V    ,1a  .  —  Racan 2Ô5 

Vie  est  un  voyage  (la). — Morel 217 

Vieille  (lai.  —  Anonyme 54 

Vignes  (les).  —  J.  Dusaulchoy 2h7 

Villanelle.  —  Casimir  et  Germain  Delavigse.    .    .  98 

Vin  (le).  —  Anonyme 278 

Vin  de  bordeaux  (le).  —  Ant.  Dida 23 

Vin  et  la  vérité  (le).  —  Armand  Gouffé 342 

Vin  et  ma  maîtresse  (le).  —  Ed  Revenaz 283 

Vin  nouveau  de). — Ch.  de  L\  Madeleine.      .    .    .  428 

Vin  vieux  et  jeunes  amours  —  Ch.  Morisset.    .    .    .  249 

Vive  Henri  IV!  — Collé 277 

Vi>'e  le  bon  vin  !  —  F.  Dauphin 280 

Vive  le  vin  I  —  Anonyme 425 

Viveur  de).  —  Perchelet 17 

.Viveur  (le).  —  L.  Voitelain 232 

Viveur  )le).  —  Perchelet 275 

Vivons  toujours  en  francs  épicuriens.—  Perchelet.  215 

Vœu  à  la  madone  (un).  —  Gust.  Lemoine 103 

Voir  couleur  de  rose. — J.  Dusaulchoy 3-33 

Volontaire  |le|. — E.  Beaumester 111 

Volonta'res  de  1792  (les). —  Ch.  Gilles 463 

Vos  maris  en  Palestine  — Scribe  et  Poirson.    .     .  173 

Vous  m'entendez  bien.  —  Domier 161 

Voyage  à  Paris  (le|.  — SalGat 393 

Vrai  mangeur  (lei.  —  Désaugie   s.       .          ....  431 

Vraie  philosophie  (la).  — Delkieu 362 

Y  aiiuéqu' chose  là-d'ssous.  —  Em.  Varin.      ...  156 

Zélie.  —  Balzac.      • J*° 


FIN    OL.  LA   TABLE. 


PLACEMENT 


DES    GRAVURES    DES    CHANSONS 


lom:    DEUXIEME 


pages. 

Le  Fond  de  la  besace 1 

Le  Nouveau  Grégoire 26 

Rondes  enfantines,  en  frontispice 49 

il  était  une  bergère 50 

La  Vieille 54 

Girofle,  girofla 60 

Le  Petit  mari 67 

Cécilia 72 

Fille  du  roi,  donnez-moi  votre  rose 94 

L'Ermite 95 

La  Neige 97 

La  Pupille 1 40 


pages 

Le  Matelot  de  Bordeaux \  66 

Amusez-vous,  belles 205 

Le  Char  de  la  vie 209 

La  Fin 253 

Crois-moi,  plante  de  la  vigne 257 

Le  Refrain  du  chasseur 297 

La  Contrariante 334 

Asmodée 337 

Vive  Henri  IV 377 

Vive  le  vin 425 

C'est  le  bon  viu 454 

La  Varsovienne 457 


mnis.  —  rupRiHEnie  de  pillbt  fus  aine,  rie  i>fs  grands -aogcstins,  "> 


TABLE 

DES  MATIÈRES  PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  D'AUTEURS. 


Abrantès  (  duc  d').  Pa8« 

Tradita  ,  tome  1 256 

Alexandre. 

Roi  et  l'épicurien   île),  t.  2 356 

Attarde  (Francis  d'j. 

Que  chacun  en  fasse  autant,  t.  2.     ,     .          ....  345 

Tuons  le  temps,   t.  2 374 

Alphonse  (Cl,). 

Des  roses  et  du  vin ,  t.  2 438 

Auoiitiiics. 

A  boire  !  à  boire  1  à  boire  !  t.  2 275 

Ah!  le  bel  oiseau,  maman,  t.  1 103 

Ah!  que  l'amour  aurait  jour  moi  de  charmes,  t.  2      .  132 

Ah  !  que  l'amour  est  agréable,  t.  1 50 

Ah  !  si  madame  me  voyait  !  t.  2.     .     • 461 

Alouette  et  le  pinson   1')  ,  t.  2.           81 

Ame  de  quinze  ans,  t.  1 167 

Amour  la  nuit  et  le  jour  (1'}  ,    t.  1 337 

Amours  de  Chauvin  [V  s) ,  t.  2 1~5 

Au  clair  de  la  lune  ,  t.   1 265 

Avant  tout  la  pairie,  t.   2 472 

Aveugle  |1') ,  t.  2 141 

Ah  !  vous  dirai-je,  maman,  t.   1 10 

Babet  et  Colin  ,  t.  2 191 

Bayard,t.l 79 

Beau  château  île) ,  t.  2 65 

Bergère  délaissée  (la|,  t.  2 424 

Biquette  et  le  loup,  t.   2 179 

Biron ,  t.  2.  .     .          7b 

Bocage  que  l'aurore,  t.  2 138 

Bnne  aventure  enfantine  (la),    t.  2 79 

B'issus  desi ,  t.  I .     .  150 

Brasseur  de  Preston  [le]  ,  t.  2 331 

Biise  du  matin  (la) ,  t.   1 22 

Ça,  t.  1 .     .     .  33i 

Cadet-Rousselle,  t.  1 149 

Cantique  de  Saint-Hubert,  1.  1 ?..     .  159 

Carmagnole  (la)  ,   t.  1 70 

Castel  (le),  t.  2 ....  113 

Cécilia,  t.  2      ....  ' 72 

C'est  le  bon  vin,  t.   2 4  4 

C'est  un  péché  que  la  paresse,  t.  2 201 

Chantons  Bacchus  et  Cornus,  t.  2. 268 

Château  d'Elvire  (le),  t.  2 134 

Chevalier  du  roi  (le),  t.  2 69 

Chien  fidèle  (le),   t.  2 402 

Cloche  de  "Volnay  (la),  t.  2 127 

Colin  et  Colinette,  t.  2 195 

Commençons  la  semaine,  t.] 41 

Comte  Orry  de),  t.   1.    . 122 

Compère  Guilleri,  t.  1      .          loi; 

Conscrit  de  Corbeil  (le),  t.  2 332 


pag. 

Cousinage  (le),  tome  2 92 

Crois-moi,  p'ante  de  la  vigne,  t.   2. 257 

Dans  la  riche  Venise,  t.  1 192 

Débris   (les),  t.  2 367 

Départ  du  conscrit  (le),  t.  1 155 

Départements  (les),  t.  2 183 

Destrier  (le),  t.  2 477 

Dialogue  du  vin  et  de  l'eau,  t.   2 2B0 

Du  bon  vin  et  des  vignerons,  t.    2 263 

Ecole  buissonnière   |l'),t.  2 83 

Eléonore,  t.  : 133 

En  revenant  de  la  foire,  t.  2 53 

Et  je  serai  sage  demain,   t.   1 102 

Etudiants  îles),  t.  2 2-1 

Faut  finir  par  là,  t.  2.     • 170 

Faut  l'oublier,  t.  1.  .... 440 

Fileuseda),  t.   2 122 

Filles  à  marier  les  ,  t.  2 86 

Fond  de  la  besace  (le),  t.    2 i 

Fourniment  le),  t.   2 327 

Frères  ,  il  faut  vivre,  t.   2 373 

Furet  du  bois  joli  (le),  t.  2 67 

Geneviève  de  Brabant,  t.  1 134 

Genou  de  Marinette  (le),   t.    2 150 

Gentil  coquelicot,  t.  2 74 

Girofle  ,  girofla,  t.  2 60 

Heloïse,  t.  2 143 

Henriette  était  fille,  t.  1 131 

Hous^ard  de  la  garde  île),  t.  2 327 

Humble  toit  de  mon  père  T  ,  t.  2 144 

li  est  minuit  ,  t.   1 .  14 

11  était  une  bergère  ,  t.  2 50 

Immortalité  (1'  ,  t.  2 2;0 

imogine  etAlonzo.  t.   2 4ti5 

J'aime  les  amours  ,  t.  2. 16o 

J'aimerai  qui  m'aime  ,  t.    2 b3 

Jardinier  fleuriste  lie),  t    2 302 

Je  n'ai  qu'un  sou,  t.   1 157 

Je  t'aimerai, j'adorerai  mes  chaînes,  t.  1 2u4 

Jeune  page  de),  t.  2 172 

Juif-Errant  (le),   t.  1 129 

Laurier  lie),  t.  2 64 

Lendemain  |lei ,    t.  1 .     .  126 

Lettre  de  mademoiselle  Félicité,  t    2 501 

Loup  blanc  (lel,  t.  2 2i  0 

Mm   Tartine  jhstoiie  merveilleuse  dei,  t    2.     .     .     .  52 

Maire  d'Eu  (e),  t.   1 311 

Malbrough  ,  t.  1 11! 

Marguerite  (la),  t.  2 73 

Marianne  s'en  allant  au  moulin  ,  t.   2 53 

Marin  (le),  t.  2 214 

Matelot  de  Bordeaux  (lej ,  t.  2 145 

Melomanie  (la) ,  t.  2, 222 

Mère  Michel  (la),  t.  1 146 

Mer  Rouge  (la),  t.   2 29* 


l?S 


t.  il.  -   7G 


SOf 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Mésange  (lai  ,  t.  J 26 

Mourement  Deroétuel  (le) ,  t.  1 59 

Moine;    »  >         i,    ...........    •  441 

Mon  pays  avant  tout  ,  t.    2 396 

Monsieur  Delorme  ,  t.  2 197 

Mourir  pour  la  patrie  ,   t.  2 471 

Neige  (la| ,  t.  2 97 

Nos  amours  ont  duré  toute  une  semaine  ,  t.   1.     .     .  374 

Nous  n'irons  plus  au  bois  ,   t.    2 49 

Oiseau  bleu  (!') ,  t.  2 120 

Oscar,    t.  2 121 

Paix  du  ménage  (la! ,  t.  1 341 

Palisse  (de  lai ,  t.  1 142 

Pauvre  nègre  (le!  .  t.  2.        . 128 

Pauvre,  pauvre  que  je  suis,  t.  2 87 

Peine  et  le  plaisir  (lai,  t.  2 313 

Perrette,  t.  2 173 

Petite  Jeanneton  lai,  t.  2 140 

Petit  mari  le) .  t   2 67 

Petit  pastour  (le) ,  t.  2.   . 138 

Plaisirs  du  village  (les,  .  t.  2.    '. 389 

Poète  épicurien  (le  .  t.  2 293 

Polichinelle,  t   2 82 

Portrait  lel  ,  t.  1 11 

Portrait  de  la  vie  (le)  ,  t.  1 214 

Pourquoi,  t.  2 121 

Procès 'le  la  reine  d'Angleterre,  t.  2 .  146 

Promenons-nous  dans  les  bois,  t.  2 75 

Que  de  bi,  que  de  baïonnettes,  t.  2.        52 

Raccommodement  (lel  ,  t.  2 139 

Rat  de  ville  et  le  rat  des  champs  (le) ,  t.  2 95 

ts  d'un  époux,  t.  2 200 

Renard  et  le  corbeau  (le) ,  t.  2 63 

Retour  de  Pierre  (le)  ,  t.  2 12  i 

Retour  du  troubadour,  t.  2 464 

Roi  Dagobert  (lel  ,  t.  1 146 

Roi  deSardaigne  (le)  ,  t.  2. 82 

Rosalie  (romance  de) ,  t.  2 140 

Rose  et  la  croix  la  ,  t.  2 466 

Saint-Crépin,  t.  1 158 

Séduisant  je  ne  sais  quoi  (le) ,  t.  2 416 

Séjour  des  damnés  (le) ,  t.  2 197 

Sérieux  de  ,  t.  2     .     .          .     .  162 

Si  le  vin  coulait  dans  la  Seine,  t.  2 169 

Soldat  et  le  berger  (le)  ,  t.  2 280 

Statues  animées  (les  ,  t.  2 203 

Sur  le  pont  d'Avignon,  t.  2 8o 

Taisez-vous,  t.  1 120 

Tambourin  (le   ,   t.  1 6 

Tambourin  du  vallon   le) ,  t.  2 461 

Tombe  d'Eugène  (la)  ,  t.  2 483 

Tombeau  d'Alfred  (le) ,  t.  2 138 

Tourlourou  (!e  .  t    2 378 

Tour,  prends  garde  (la) ,  t.  2 65 

oldats  ,  t.  2 94 

I          d'airain  (le) ,  t.   1 81 

Vaillant  troubadour  (le),  t.  1 

le),  t.   2 492 

t.  S M 

t.   2 278 

Vivre  loin  de  ses  amouis  ,  t.  1. :: 

Vive  le  vin  !  t.  2.  .           !_,;, 

Antlgnae. 

Passez  votre  chemin,  t.  2 4» 

Réflexions  épicurienne  ,  t.  2 949 

Aru«o  (.:.). 

.n  ,  t.  1 84 


pas- 
Signal  avait  retenti  île) ,  t.  2. 400 

Arnaud  (Auguste). 

Roi  de  la  fève  (le),  t.  2 i2 

Arsène. 

Mes  vieux  souvenirs,  t.  2 364 

%  11  lit  11 

Dans  la  riche  Venise,  t.  1 192 

AiimaNMip  Œ.)* 

Na]  les,  t.    1 167 

Bailly    J.-F). 

Jeunesse  et  plaisir,  t.  2 247 

Balzac. 

Zélie  ,  t.  2. 120 

Uaour  «le  l.ormlaii. 

Adieux  d'Oscar    les),   t.    i 471 

Baour  de  i.orniian  et  Etienne. 

Oriflamme  (l'I,  t.   2 490 

Barallc. 

Un  aveu,  t.    1 248 

Barateau  ',  Emile  . 

Air  natal  il',,  t.  1 .     .  189 

Amants  de  Tours  Iles) ,  t.  2 U2 

Arrivée  du  régiment     l'I,  t.    1 187 

B   n   curé  ilei  ,  t.  1 254 

Calme  lie),  t.  1.     .     .     .     ■ 165 

Chute  des  feuilles  (la) ,  t.   1 171 

De  mon  village  on  ne  voit  1  V>>  Par. s  ,   t.   1 237 

Éveille-toi,  t.   1 270 

Fille  du  pêcheur  (la),  t.   2 us 

Fleur  des  bois,   t.    2 131 

Jardinière  du  roi  (la',  t 

Jenny  l'ouvrière ,  t.  1 105 

Je  suis  lazzaronue  ,  t.  1 256 

Je  t'aime  à  genoux  ,  t,  2 119 

Notre  vaisseau  va  quitter,  1.  1 9 

Quelques  usages  d'un  pays  .    t.  2 321 

Royal  tambour  (lel,  t.   2 :ii6 

Une  chanson  bretonne ,  t.  1.     .     .           168 

Une  fleur  pour  réponse,  t.  1 9 

11  revenez  de  l'année  ,  t.    1 247 

llarré,  Itutlvl,   Desfoiitalnes  et  Picard. 

Ah  !  que  de  chagrins  dans   la  vie  ,   t     1 go 

Baiittsuy  (De). 

ne  (la) ,  t.   1 2O6 

Beaumarchais. 

Garçon  corn on  n'en  voit  guère  (le),  t,  2.    ....  164 

Je  suis  natif  de  Tarare ,  1.    1 t  209 

Beat «ter    Eugène). 

Sonnette  du  diable  (la)  ,  t.  1 379 

Volontaire   |'e),  t.  3 \\\ 

Beaiipluii  (  A    de  ). 

i           he  encor  cett'-                  \  1 43 

la) ,  \.   l j24 

,                                        .1 3 

Femm    à  .dan  Beau  vais     a  .  t.  2 317 

Jiime  fl                            |la  ,  t.  li 134 


TABLE  DES  MATIERES. 


50  : 


Leçon  de  valse  (lai  ,  t.  1 -     .          .     .  267 

Moulin  de  ma  tinte  (lej ,  t.  1 3C0 

Non  ,  je  ne  valse  pas,  t.  2.          304 

Pardon  (le!,  t.  1 183 

Père  Tnnque  Fort  de)  ,  t.  1 43 

Trompez  îuoi ,   trompons-nous,  t.  1 273 

Belle   (aîlie). 

Buvons  !  t.  2 430 

Déranger. 

Gueux  (les) ,  t.  2.   .     .     . 210 

Presque  toutes  les  chansons  de    Béranger  ont  été  pop  i- 
laires.  Nous  donnons  ici  celle  qui,  à  notre  avis,  a  obtenu   le 

plus  de  popularité.  11  existe  du   reste  une  édition  dus  œu- 
vres de  l'illustre  chansonnier  dans  le  même  format  que  les 

chansons  nationales.  Ces  deux  ouvrages  réunis  forment  une 
bibliothèque  complète  des  chansons  françaises 

Bérai  (F.). 

Batelière  de  seize  ans   (lai ,  t.  1 24y 

Au  diable  les  leçons,  t.  1 296 

Bonne  espérance,  t.   2..          ........  132 

Causeries  du  soir  (les) ,  t.  1.    . 232 

Lettre  à  Marie ,   t.  2 125 

Lisette  de  Béranger  (la),   t.    1 2T5 

Ma  Normandie  ,  t.   1 24 

Montagnarde  (la)  ,   t.    2 142 

Valse  dans  la  prairie  ila),  t.  1 250 

Bernard  Varville. 

Romance  de  Marcelhn  ,  t.  1 367 

Bernbaeli     II/. 

Philosophie  d'une  grisette  (la:  ,   t    1 331 

ut-mi*  (  le  cardinal  de  ). 

Le  connais-tu  î  t.  1 375 

Berquin. 

Amourettes  (les)  ,  t.  1 S 

Pécheur  pris  dans  ses  filets  (le),  t,  1.    .     .          .     .     .  3"5 

Vivent  les  fillettes  ,  mais  pour  un  seul  jour,  t.  1.     .     .  8 

Berthler  (Eugène\ 

A  genoux  devant  les  pochrrds  ,  t.   2 2^7 

Prévoyance  (la1,  t.  2 182 

Bétourné  (A.). 

Allons  danser  sur  la  colline,  t.    2 119 

Bouteille  da',  t.   2 264 

Fête  de  la  madone  (la),  t.  1 26 

Fuite  du  contiebandier  (la),   t.   1 362 

Jeune  Albanaise  (la),  t.  1.    .     , 23 

Jeune  fille  aux  yeux  noirs,  t.  1 24 

Pauvre  négresse  |la),  t.  1 vj 

Souvenirs  du  pays  (les),  t     I. Il,,; 

Bigot  (G.). 

Réveil  du  chansonnier  (lel,  t.  2 354 

Table  et  l'amour  \lai,  t.  2 339 

Billions. 


Bluuquct  (A.).  pa-S 

0  France  !  une  étemelle  gloire,  t.   1 90 

Blonde  I. 

C'est  encore  goûter  le  bonheur,  t.  2 .      10 

Encore  un  nouveau  Grégoire  ,   t.   2 26 

Rigoleurs  àRomainville  (les),  t.  1 333 

Blot  (S.) 

Vieille  tante  Marguerite,  t.  1 103 

Bom-lly  et  S'aiii. 

Aux  montagnes  de  la  Savoie  ,  t.  1 ls 

Boitneval  (le  comte  de;. 

Jouissons  du  temps  présent ,  t.! 35 

Bouelicr  de  Perthes. 

Petit  blanc,  t    1 30 

Petite  mendiante  (la),  t.   2 140 

Boudin. 

Mlle  Marie  ,  t  2 3n 

Souffler'»  (le  chevalier  de  . 

Amour  est  un  enfant  tiompeur  (l'i,  t.    1.     .     .     .     .     .     35g 

B  lie  Bourbonnaise  (lai,  t.  1 .     .     154 

Velléda,  t   1 373 

Bouilly. 

Distances  (les),  t.   2 19  j 

Rondeau  d'une  folie  ,  t.  1 203 

Un  bienfait  n'est  jamais  perdu  ,  t.  1. 3CS 

Venez,  venez  à  mon  secours  ,  t.  2 137 

Bouilly   et  J.   Pain. 

Romance  de  Fanchon  la  vi  lieuse,  t.  1 13 

Bouilli >   et  iHoreau. 

Premier  pas  (le),  t   1 H2 

Bouniol. 

Retour  en  France,  t.  I 169 

Brault, 


Coup  depicton  (un),  t.  2 

ulunc  (Adolphe). 
Trois  couleurs  (les),  t.   2 


Aube  riante  annonçait  le  matin  (1'),  t.  1, 
Sentinelle  (lai,  t.  1        . 


Brazier  (N. 


Comme  on  fait  son  lit  on  se  couche,  t.  2 315 

Curalie.t.  1 32 

Il  faut  rire  ,   t.    2 375 

Je  veux  finir  comme  j'ai  commencé,  t.  2 253 

Nos  vingt  ans ,  t  1 2  i2 

Pouvoir  du  vin  (lei,  t.   2 433 

Brazier  et  Gabriel, 

J'ai  perdu  mou  coutiau  ,  t.   2 303 

JSrevaitue  (De  . 

Amourmarchand  de  plaisirs  (l),t.  1 \\ 

Biiuud  (A.-J.-P  ). 

Plus  beaux  jours  de  la  vie  (les) ,  t.  2 451 

Brillât  Savarin. 

Choix  des  sciences  (le) ,  t.  2 .     .  254 


S08 


TABLE  DES  MATIERES. 


Biisset.  Pae- 

Il  reviendra  demain  matin,  t.    1 375 

Uiiguct  (L.). 

Ma  cavale,  t.  1 19 

«  abasMol   (Justin). 

Ahl  si  madame  le  savait  !  t.  2 204 

Cabaret  de  la  Pomme  de  pin  (le),  t.  "2 28 

Chien  du  régiment  Je  ,  t.  2 331 

Dieu!   si  mon  amant  me  battait  !  t.  2 l->3 

Jeune  purtièie  il  a  ,  t.   2 190 

Lattaignant,   t.  2 212 

Léda,  t.  2 1*4 

Lilas  est  en  fleur  (le| ,  t.   2 238 

Mort  d'une   puce,   t.  2 1S6 

Hamponneau  ,  t.   2 40 

Savoir-faire  le),  t.  1 330 

Versez  du  vin  ,  t.  2 43 

Camille. 

Bon  pasteur  lie),  t.  2 122 

0...(B.) 

Rose  et  l'épine  (la),  t.  2 165 

Carpeutier  (Marie). 

Mère  du  conscrit    la,   t.    1 353 

Catalan  (dentiste). 

Fualdès  ,  t.  1 137 

Cateliu  (A.). 

Cest  toi,  t.    1 174 

«  habaiidlèrc  et  Etienne  (de  la). 

Point  du  jour  ilel,   t.    1 27 

Chaïupcour  (A.  de) 

Narcue  du  chagrin  ,  t.   2 456 

Champion  .Charles). 

Enivrez  encor  l'univers,   t.   2 272 

Chanu. 

A  tous  les  coups  l'on  gagne  ,   t.  1 327 

Chambre  â  Lison   >la|  ,  t.    1.     . 3^0 

Coquillage  difficile  à  trouver  (le),   t.  1 312 

I  >'ii.jrr  amant  de  Lise  |lei,  t    1 324 

Epicurienne   i  i.  t.  2 213 

II  faut  souffrir  pour  le  plaisir,  t.  1 112 

Javotte  |je  vis  près  du  Palais-Royal),  t.   1 312 

«  liiii-i  m   iP.-J.). 

A  table  on  se  fait  des  amis  ,  t.  2.  .     .          2C6 

■erie,    t.  2 123 

•  -.et  le  vin  (les  ,  t.  2 41 

(Jarnin  de  Paris  ilei,  t.  2 405 

Invalide  français  l'i  ,  t.  2 184 

Jalousie,   t.   2 117 

Ht  Prudcntin,  t.    2 33ô 

Philosophie  de  Roger  Bontemps (lai.  t.  2 227 

R*re  doré  d'un  pauvre,diable,  t.  2 233 

Rigolette,   t.  2 831 

t'-,250,   t    2 360 

\entvs  gasconne»  (les,  t.  2 3*8 


Cbarlemagnc  (A.).  pag. 

Grandes  vérités  (les),  t.  1 19) 

Charles. 

Trompette  à  piston  ila),  t.   2 318 

Chateaubriand  (De). 

Cid  (le),  t.  2 461 

Combien  j'ai  douce  souvenance,  t.  1 1 

Chatlllon. 

Trio  du  vin  (le)  ,  t.   2 453 

Clmzot  (Paul  de). 

Rouet  (le) ,  t.    : 124 

Chénlcr  (M.-J.). 

A  la  liberté  (hymne)  ,    t.    2 493 

Chant  du  départ  (le),  t.  1 66 

1  ha„t  du  14  juillet  île),  1. 1 94 

Chant  du  retour,  t.  2 477 

Fuyant  les  villes  consternées,   t.  1 83 

Mirabeau,  t.   2 487 

Choiay  (M.  de). 

Écoutez,  sexe  aimable  ,  t.   1 126 

Ciolina. 

Fête  du  \illage  da),   t.    2 300 

Clairtillc  et  Alllon. 

Petite  Margot  (la    ,  t.  1 272 

Clairville  (aîné). 

Gaité  suit  la  pauvreté   lia),  t.  1 2j8 

Clayc  (N.-M.  ;  (d'Eure-et-Loir). 

A  boire ,  versez  ,  amis,  versez  du  vin,  t.    1.     .     .     .  60 

Glouglous  (lesi,  t.    ' 36 

Clément   (Eugène). 

Chat,  la  belette  et  le  petit  lapin  (le)  ,  t.  2.     ....  88 

Cogez. 

Bonbonnière  (la),  t.    2 190 

Cogniard  frères. 

Adieux  du  vieux  soldat  lies),  t.  2 405 

Conscrits  montagnards  (lesl,  t.  2 381 

Deux  conscrits   |les| ,   t.   2 336 

En  avant  marchons,  marchons,  t.   1 82 

Fille  d  ■  l'air  (la),  t.  1 208 

disettes  de  Paris  (les),  t     1.        350 

Jacquot  le  ramoneur,  t.    1 181 

Cogulai  d  frères  et  Jal  se. 

Lion  d'or  (le) ,  t.  2 299 

Titi  le  talucheur,    t.  2 396 

Cola u  ;  Pierre). 

Bouteille  (la),  t.  2 293 

.i  ix  <!icux  ,  vive  le  vin!  t.  2 292 

Toujours  content  ,  t.  2 360 

Collé. 

C'est  la  façon  de  le  faire  qui  fait  tout,  t.  2 167 

l  aisstz  donc  chacun  comme  il  est  ,  t.  1 323 


TABLE  DES  MATIÈRES, 


509 


pas 

Péché  de  paresse  (le),  t.    2 2°3 

Vendanges  de  la  folie  (les* ,  t.   2 286 

Vive  Henri  IV!   t.  2 377 

Colniauce  (Charles). 

Buvons,  amis,  ce  n'est  qu'avec  le  vin,  t.  1 47 

Cabaret  des  trois  lurons  de) ,  t.  2. 8 

Enfant  terrible  (un),  t.  2 149 

Fête  au  sérail  (une) ,  t.  2 152 

Fille  et  garçon  ,  t.  1 30G 

Heureuse  rencontre  d')  ,  t.  1 317 

Ingénue  d'|,  t  2 323 

Musette  (la),  t.    2.     .     . ,155 

P'tit  bleu    lie),  t.   1 52 

Plus  on  monte  et  plus  on  descend  ,   t.  2 407 

Tapez  ,  tapez-moi  là-dessus  ,  t.  2 6 

Une  course  en  omnibus  ,   t.   2 187 

Un  heureux  ménage,   t.    2 183 

Un  homme  en  ribotte,   t.    1 50 

Colombier  (A.  du). 

Scrutin  des  buveurs  ,   t.    1 41 

Combes  (jeune). 

Amour  et  le  Champagne  (l'I,  t.  2 284 

Lisette  et  le  vin,  t.  2 282 

Cormoii  et  Cliubot. 

Bon  jour  et  bon  soir,  t.  2. 310 

Coupé  de  Saiut-Douat  (le  chevalier). 

C'est  ça,  t.    2 270 

Tribune  des  flonflons  liai ,  t.  2.     .......     .  239 

Coupigny. 

Il  est  trop  tard,  t.  1 15 

Courcy  (F.  de  ). 

Chiffonniers  de  Paris  (les),  t.  2 382 

Cigarres  (les),  t.  2 245 

Couvre-feu  de),  t.  1 2Ô9 

Gamin  de  Paris  (1),  t.  2 313 

Hochet  (lel,  t.  1 254 

Millionnaire  (lel,  t.  2 335 

Mon  lit,  mon  pauvre  lit,  t.  1 207 

Oui  .  je  suis  grisette ,   t.  1 ]04 

Petits  chanteurs  des  rues  des  ,  t.  2.  ......     .  305 

Surnuméraire  (le),  t.  1 220 

Crécy  (Martin). 

Santé  (la),  t.  2 279 

Crevel  de  Charlemague. 

Bal  champêtre  le),  t.  1 3g2 

Beau  ciel  de  ma  patrie  ,   t.    1 251 

Calme  reviendra  (le),  t.  2 262 

Départ  du  village  (le),   t.  1 26H 

Fsméralda,  t.  1 2)3 

Fête  des  madones  lia),  t.  1 3fi-, 

Fiancée  d'Appenzell  da),  t.  1 7 

Heureux  pêcheur  (1'),  t.  ] 35. 

Jeune  fille  de  Sorrente  (la),  t.  1 252 

Jeune  exilé  (le),  t   1 364 

Muletier  du  Vésuve  (le),  t.  1 292 

Orgie  (T),    t.  2 13 

Pêcheur  napolitain  île),  t.    1 363 

Promenade  en  gondole  (la),  t.   1 37S 

Pu.ille  da',  t.     2 j40 


p;'g. 

Retour  au  châlet(l  e  ,-. 3C3 

Reviens  à  moi,  t.    1 25li 

Tartane  (la),  t.  1 354 

Un  cœur  de  jeune  fille,  t.  1 361 

Cuiiièrcs  (le  chevalier  de). 

Amour  sentinelle  (D,  t.  2 1:9 

Dnlcs  (aîné). 

Grenouille  et  le  bœuf  (la',  t.  2 89 

Pour  rigoler   montons,  montons  à  la  Barrière,  t.  1.     .  45 

Dalès  (Alexis). 

A  genoux  devant  le   soleil ,  t.  2 223 

Ane  et  la  flûte  (l'I,  t.  2 e2 

Barbe-bleue  lai,  t.  2 90 

Bulle  de  savon  lia),    t.   1.     . 225 

Conseils  à  Lisette  ,   t.  1 c30 

Lapin  et  la  sarcelle  (lei,  t.    2 S5 

D'Allarde  (Francis). 

Tuons  le  temps,   t.  2 374 

Ualviniare. 

Un  gentil  troubadour,  t.    1 76 

Dancourt, 

Bonne  aventure  [la),  t.   1. 192 

ttartois  et  F.  d'Allarde. 

C'est  l'amour,  l'amour,  t.  2 180 

Dartols. 

Marie,  t  1.    .    . 271 

Daupbiu  (F.). 

Bonheur  de  l'homme  (le),  t.  2 276 

Bon   Silène  dei,  t.   1 39 

Ci  st  toujours   ça,    t.   1 345 

Conseils  à  mon  fils,  t.  1 117 

Doigt  de  vin  (le),  t.   2.   .     . 259 

Faites-moi  vivre  encor  longtemps  ,  t.  2 '.  225 

Fille  complaisante  da|,  t.   1 346 

Hercule,  t.   2 1^9 

Homme  étonnant  (l'I.  t   1.   .     .    .          337 

Lucas ,  t.  1. 0-I.3 

Mère  Bontemps  (la),  t.  1.     .    .     .     102 

Ne  m'en  filez  pas,  t.  1 347 

Paix  (la),  t.  2.        294 

Sœur  de  charité  (la),  t.  1 303 

Vive  le  bon  vin,  t.   2 280 

Deblonue. 

S'il  fut  jamais  sur  terre,   t.  1.    .    .    .          ....  16 

Dcbrcaux  (Emile). 

Badinez  ;  mais  restez-en  là  ,  t.   2 ni 

Bélisaire,    t.   2 46J 

Bertrand  au  tombeau  de  Napoléon  ,  t.  2.      .     .          .  485 

Bijou  de  famille    (le),  t.  2 166 

Cabaret  (le),  t.    2 3 

Champ  de  bataille  le),  t.  2 234 

Chevalier  français  île  1,   t.  2 419 

Colonne  (lai ,  t.  1 72 

Conscrit  (le),    I.    2 304 

Coquilles  d'huîtres  îles),  t.  2 188 

De  quoi  vous  plaignez-vous!   t.  2 179 

Dernière  goutte  lai,  t.  1.    .    .    , ,  39 


510 


TABLE  DES   MATIERES. 


pag. 

Fanf.in  la  Tulipe,  t.  2 332 

Filles  honnêtes  les),  t.   î 319 

Grand  verre  et  |  etite  maîtresse   t.  2 21 

Grenadier  le),  t.  2 322 

Grisette  ilal,  t.   2 168 

Honneur  du  nom  français  (l'|,  t.  2 ,  472 

11  est  un   Dieu  ,  t.  2 238 

Javotte.t.  2 '.          .  ' 176 

Jeune  soldat  (le),  t.   2 395 

Joyeux  troubadours  îles),  t.    2 35 

Ma  casquette  .  t.   2 216 

Marcngo,   t.    2 ...  475 

Marronniers  |lesi,  t.    1 194 

Mes  vieux  souvenirs  ,   t.    1 33 

Mes   \oeux,    t.    1 .  210 

Mont  Saint-Jean  (le*,  t.    1 74 

Montébell  ■  ,  t.  2 489 

Mousse  (la),  t.  2 220 

Moyen   d'être  heureux ,    t.    1 236 

Neige  la),  t.   2 236 

Paresse  ilai.  t.  2. 174 

P'tit  Mimile.  t.    1 282 

Peut-on  savoir  où  Dieu  nous  conduira  ,  t.  2 231 

Prince  Eugène  (le,  t.    2 490 

Redingote  grise  la),  t.   : 481 

Regardez  ,  mais  n'y  touchez  pas  ,   t.   1 215 

Rêvez  le  bonheur,  t.   1 223 

Rions  jusqu'au  trépas,  t.  1 218 

Sabre  (le)  ,  t.   2 408 

Sainte-Hélène  ,    t.    2 478 

Songes  tles!,   t.  2 224 

Tant  que  le  vin  ira  son  train  ,  t.    2 19 

Te  souviens- tu,  t.    1 109 

Tonnerre  (le) ,  t.  2 226 

Vaincre  ou  mo  irir  |  our  la  patrie,  t.  2 480 

Décour  (Eugène). 

Après  moi  le  déluge!    t.    2 352 

Vrai  momusien  (le| ,  t.  1 37 

Dejaure. 

Romance  de  Montano  et  Stéphanie,  t.    1 374 

Delarour. 

Maître  d'équipage  (lel,  t. 62 

Dclahaye. 

Amour  au  village  (1),  t.    1 245 

Uelange  fCh.). 

Histoire  de  Cendrillon  ,  t.  1 301 

Petit  Chaperon-Rouge   (le),  t.    2.     .           5g 

Petit  Pou  et  de',  t.   2 60 

Riquetà-la-Ho .,.  ,,e,    t.   2 71 

Delnvlsrwc/Cncirnir). 

Br  ganine  (la  ,   U    \ 25 

I).  tre  badriqoe,  t    2 14 

t.    1 23 

!                         u  ,  t.   2. 4G0 

.nne  (la)  .  t.  2 407 

n< iati(£u<'  [i  asimirel  Germain). 

France  a  l'horreur  d                           t.  ] Hj 

•    2 J04 

la  mol ,  t.  2.  .    .             114 

Villanellc,   t.    i        .     .     .     .               yy 


Delord  (Taxile'. 


Myosotis  (le),  t.   2. 


Delrlea. 

Quels  accents,  quels  transports,  partout  la,  etc.,  t.  1. 
Vraie  philosophie  (la) ,   t.  2 


Dciuallly. 

Ne  montez  pas  chez  elles  ,  t.  1.  .     . 

Demouilier. 

I  Amour  filial   (P),    t.   1 

Ruisseau  |le>,    I.  2 


Dciincry  et  Clalrville. 


Antiquaire  (1),  t.    1.    .     . 
Cest  le  Champagne ,  t,   2. 


Denuery  et  Grnngcr. 


Bohémiens  de  Paris  (les),  t    1. 
Bonheur  du  ménage  ,  t.  1.   .     . 


12J 


91 
362 


339 


367 
369 


292 
20 


283 

314 


Derneval. 


Vendangeuse  (la,  .  t.  2 203 


Désauglers. 


Allons,  mettons-nous  en  train,  t.  2 

Carillon  bachique  (le) ,  t  2 

Départ  pour  Saint-Malo  (le) ,  t.  2 

Epicurien  (1') ,  t.  1 

Franc  vaurien  (lel,  t.  1 

Gargantua  (le  petit) ,  t  2 , 

Il  faut  boire  et  manger,  t.  1 

La  seul'  prom'   a  le  |u'a  du  prix,  t.  1 

I.'autr'  matin  je  m'  disais  comnV  ça,  t.  1.      .     . 

Manière  de  vivre  cent  ans  ,1a  ,  t.  1 

Ma  philosophie  [pour  jama  s  l'an] ,  t   1.     .     . 

Ma  tactique,  t,  1 

Ma  vie  épicurienne,  t.  1 

Monsieur  et  madame  Denis,  t.  1 

Médisants  (les.  ,  t.  2 

Nec  plus  ultra  de  Grégoire  (lel  ,  t.  2 

Palais-Royal  [lel  ,  t.  2     .......     . 

Pan  pan  bachique  (lel ,  t.  2 

Philosophie  d'un  sexagénaire,  t.  2 

Pierre  et  Pierrette,  t.  1 

Pilier  de  café  (le),  1. 1 

Portrait  de  mam'selle  Margot ,  t.    1 

Puisque  sans  boire  on   ne  peut  vivre,  t.  2.     .     . 
Quand  on  est  mort  c'est  |  our  longtemps  ,  t.  1 

.-  nos  pères    les  ,  t.  1 

Rien  n'était  si  joli  qu'Adèle  ,  t.  2 

Sexagénaire  (lel,  t.  1 

Son  que  je  préfère  (le),  t.  2 

Table  (lai,    t.    I 

Tableau  de  Paris  à  cinq  heures  du  matin  ,  t.    I. 
Tableau  de  Paris  1   cinq  heures  du  Soir,  t.  1.    .      . 

Tableau  du  Jour  de  l'an,  t.    I 

Treille  de  sincérité  (la),  t.   2 

l'n  homme  sensible  ,    t.    2 

Via  c' que  c'est  que  1'  carnaval,  t.    1.     .     .     . 

Verre  (lel,  t.    2 

Verse  encore  ,   t.  2 

Vrai  n.an.eur    le),   t.    2 

D<-h(tr<ir»-t  aliiioi  c    Miih 

Rêve  du  mousse  (le|,  t.   1 


2 

36 
399 
219 
325 
4 
210 
287 
113 
216 
205 
221 
201 

99 
391 

39 
297 

43 
2. '6 
118 

126 

21 
228 
224 
2  « 
222 

12 
213 
278 
280 
30'i 

18 

307 

292 

4 

9 

414 


259 


TABLE  DES  MATIERES. 


511 


Desforges.  PaS 

Autel  de  la  patrie  d'i,  t.  2 484 

Desrossés  (Gustave). 

Ange  déchu    (T),  t.   2 *10 

De*  noyers  (Charles)  et  tlbolse. 

Que  notre  destin  s'accomplisse,  t.   1.     .     ■     .     •     •     •  °2 

Desorgues. 

Hymne  i  l'Être  suprême,  t.   1 69 

Desrais  (filleul  de  Vadé). 

Artiste  en  goguette  [V  ,  t.  2 33 

Dcsranieuux  (A.). 

Bague  de  ma  mère  lia),  t.  1 242 

Dewiut   Paul). 

Bacchus  est  le  dieu  du    plaisir,  t.  2 271 

Délire  (le),  t.  2 361 

Du  passé  perdons  la  mémoire,  t.   2 367 

Dida  (Antoine). 

Chantons,  amis,  jusqu'à  demain  ,  t.  2 45 

Conseils  bachiques,  t.  2 ■ ii 

Hommage  au  genre  humain   (l'i.  t   2 351 

Mes  volontés  à  table,  t.   2 42 

Mon  combat  avec  ma  bouteille  ,  t.   2 267 

Père   Etienne   (le) ,  t    2 158 

Temps  (le),  t.  2 260 

Vin  de  Bordeaux  (le),  t.  2 28 

Dollet  (N.). 

Un  mot  d'espoir,  t.  1 258 

Domier. 

Vous  m'entendez  bien  ,   t.  2 161 

Douve  (Edouard). 

Guguste,  ou  le  vrai  moutard  de  Paris  ,  t.    2.     .     .     .  30J 

Jusqu'à  demain  ,   t.    2 237 

L'  vin  à  4  sous,  t.   1 57 

Richesse  de  celui  qui  n'a  rien  (la),  t.  1 22) 

Dorât. 

Vendanges  de  Cythère  les),  t.    2 28C 

Duc  (S.). 

Vrai  bonheur  le),  t.  1 54 

Duché  (E.). 


Je  l'ai  juré,  ma  mère  ,  t.  1. 
Malheur  à  toi,  t.  1.    .     .     . 


265 
250 


Dueis. 


Algardet  Anissa,  t.  1 371 

Saule  du  malheureux  (le) ,  t.  1 135 

Ducray-Diiniiuii. 

e 

Divertissons-nous  ,  t.  2 347 

Marmotte  en  vie  (la),   t.    1 106 

Petit  Itère  (le),  t  2 160 

Ponts  de  Paris  (les  ,  t.  2 406 


Diifrcsiiy. 


Avaricieuse  (l')t  t.   2. 


103 


pag- 
Ma  philosophie ,  t.  2 :    .    .    .    .    452 

Vendanges  (les),   t.  2 152 

Dufresnoy  (Mme). 

Femme  d'un  prisonnier  (laj,  t.   1 372 

Dugas  (E.) 

Adieu  ,  mes  petits  anges,  t.   1 315 

Séparation  (la),  t.  1 187 

Dumanolr  (  Philippe  ). 

Te  souviens-tu,  Mariet  t.  1 .  9 

Diiiuanoîr  et  Deunery. 

Vive  le  fruit  défendu,  t.  1 53 

Dumas  (attribuée  à  Alexandre,. 

Ange  du  ciel  (1) ,  t.  2 143 

Dumas  (A.)  et  Maquet. 

Mourir  pour  la  patrie,  t.  1 87 

Par  la  voix  du  canon  d'alarme,  t.  1 .  87 

Du   ias  (H.) 

Captive  du  pirate  lia) ,  t.  1 383 

Duniersan. 

Hospitalière  (l'(  ,  t,  1 13 

Duniersaa  et   Hrazicr. 

Affiches  (les,,  t.  1 215 

l'épart  du  grenadier  (le)  ,  t  2 320 

Rempailleur  de)  ,  t.  2 180 

Retour  du  conscrit  ,1e) ,  t.  1 155 

Duputy. 

C'est  bien  le  plus  joli  courage,  t.  1 110 

Dupeuty  el  Cormon. 

Canal  Saint-Martin  (le) ,  t.  1 235 

Paris  la  nuit,  t   1 287 

Eiupont  (Pierre). 

Bœufs  (les]  ,  t.  1 299 

Braconnier  (le),  t.  2 388 

Cliant  des  ouvriers  (le)  ,  t.  1 88 

Louis  d'or   (le,  ,  t.  1 377 

Ma  vigne,  t.  1 48 

Musette  neuve  lai  ,  t.  1 297 

Duport  (P.)  et  Deforges. 

A  nous  la  liberté,  t.  1.     .    .         89 

Duport  (A.) 

Je  sais  attacher  des  rubans,  t.  1.      . 27 

Dusaulchoy  (..!.). 

Bon  temps  perdu  (le) ,  t.  2 255 

Délire  d'Érigone  (le) ,  t  2 .     .  429 

MoraÎJ  momusienne  (la)  ,  t.  2 357 

Morale  momusienne,  t.  2 .  429 

Philosophie  d'un  momusien  (la)  ,  t.  2 451 

Vignes  (1  s) ,  t.  2 287 

Voir  couleur  de  rose,  t.  2 •     .  338 

Duval  (  Alexandre). 

A  peine  au  sortir  de  l'enfance,  t.  1 20 

Il  faut  des  époux  assortis,  1. 1 163 


512 


TAlîLE  DES   MATIERES. 


Oui,  c'en  est  fait,  je  me  marie,  t.  1 :33 

Pitic  n'est  pas  de  l'amour  (la: ,  t.  2 13r' 

fiolanJ,  t.  1 72 

Romance  de  Joseph,  t.  1 2u 

Duvcniy. 

Aveugle  sans  chagrin  [V  . '.  1 320 

Entoile  l'historien  (de  P). 

Quej'aimeen  tout  temps  lataverne,  t.  2 435 

Etienne. 

Amour  pour  amour,  t.l 162 

Couplets  de  Joconde.  t.  1.     .     .         .          1' 1 

J  ;j î  1  ngtemps  parcouru  le  monde,  t.  1 116 

Langage  des  yeux  (le! ,  t.  1 3o7 

Romance  de  Cendrillon,  t.  1 I7 

Romance  de  Jocoi.de,  t.  1 163 

l'aine  d'F.glantiuc. 

11  pleut ,  il  pleut,  bergère,  t.  ! 4 

Favart. 

Amour  d'Annette  pour  Lubin  (1'),  t.  2 125 

Courons  de  la  blonde  à  la  brune 121 

d'une  n.ère  à  sa  fille  .  t.  2 331 

Marchand  de  chansons  (le),  t    2 419 

Tambour  battant  ,  t  2 3lJ0 

Une  caresse,  t.    1 «04 

Favièrcs. 

Droit  du  seigneur  (le),  tl 270 

Félix. 

Au  roi  de  la  fève,  t.  2 302 

FeMln. 

Toujours  à  Bacchus  on   boira,  t.  2 266 

Fcstcaii  (Louis) 

Abdication  du  roi  René  (1')  ,  t.    1 200 

Ah!  que  c'est  drôle  un  amoureux,  t.  1 314 

■  •-■  ,  t.    2 831 

,  t.    1 l86 

balayeurs  des   ,  t.    1 2h'J 

Bonne  |la|,  t.   1 127 

limette  deFunchette   (la),   t.     1 31b 

Chant  patriotique  d                    '•    '-' 458 

Confession  d'un  petit  oiseau ,  t.  2 loi 

la  .  l-  2 l63 

Devinez  ,  t.     1 lj  ' 

ir  au  banquet  de  nos  jours,  t.  2.   .     .     .  21'J 

Fiancée  mOUI                       •  -' 109 

Gentille  gondolière ,    t.    1.    .     ■         

;,ari;r  sa  p'tite  chapelle ,  t.  3 

•   > «7 

J.,ur  d(  '•  - 

,  ne  faut-il  pas  s'inslruirel  t.  1 300 

t.  2 149 

.   '•    - '   ' 

..  ai  Rampant,  t.  2 .433 

t.  1 il 

1°8 

4ta 

■  •    •     t.  1 

82fl 

1 231 


pas. 

Un  jour  de  fête  à  la  barrière,  1. 1 276 

Un  philosophe,  t.  1 332 

Usons  de  tout,  mais  n'abusons  de  rien,  t.  1 231 

Vieillard  Je),  t.   1 49 

"Vin  et  la  beauté  (la),  t.  1 62 

Firmin. 

A  ce  soir  !  t.  2 192 

Gentille  Annette,  t.  1 10 

Flamant  (F.). 

Nouveau  Démocrite  (le),  t.  2 248 

Noyons  les  chagrins  delà  vie,  t.  2 213 

Fleury  (Mme  Élisa). 

Tu  n'en  auras  pas  l'etrenne,  t.  2 321 

Floriuu. 

C'est  mon  ami,  rendez-le-moi,  t.  2 107 

Clél  .ence  Isauie,  t.  1 369 

Nom  de  frère  le),  t.2 494 

Pl.iisir  d'amour,  t.  1 6 

Que  j'aime  à  voir  les  hirondelles,  t.  1 12 

Forgeot. 

Amour  et  le  vin  (!'),  t.  2 262 

Fortoul  (L.). 

Chêne  et  le  roseau  (h),  t.  2 53 

Loup  et  l'agneau  (le),  t,  2 76 

Quand  on  est  Basque  et  bon  chrétien,  t.  1 1"7 

Ren  rd  et  la  cigogne  >lel,  t.  2 77 

Fougas. 

Hirondelle  et  le  proscrit  (l'J,  t.   1 17 

François. 

Buvons,  chantons,  t.  2 432 

Caconde  (Edmond). 

Et  nous  verrons  après,  t  2 230 

Lion  et  le  rat  (le),  t.  2 .  3i3 

«faconde  et  Fliiehouneau. 

Gloire  à  Bacchus,   t.   1 56 

«iallet. 

Boulangère  ,1a),   t.    1 91 

Meunière  du  moulin  à  vent  (la),  t.    1 93 

(■arciu  (G.  '. 

Monseigneur,  donnez-moi  mon  compte,   t.  1.     ...  310 
t.arlen. 

Fille  intéressée  lai.  t.   1 333 

Gautier  (Théophile. 

e  amie  est  morte ,  t.  2 111 

u en  lis  [comtesse  de) 

Gaston  de  Poix, t.  2 483 


1         —  Typ.  de  I*ii-i  lt  Bit  aine,  rue  des  Granda-Aujuslins,  .*> 


TABLE  DES 
Genoux  (Claude),  ouvrier  margeur.       Pa§- 

Enfants  de  Noé  (les),  t    2 38 

Jean-le-Marsouin ,   t.    2.          ^18 

Philosophie  pratique,   t.   2 246 

Geusoul  (Justin). 

Angélus  (l'|,  t.  1 353 

Gentil. 

Amoureux  transi  (1'),  t  2 392 

Quatre  refrains  de  Grégoire  (les),  t.   2 272 

Gentil-Bernard. 

Amant  discret  (T),  t.  2 108 

Rose  (la),  t.    2. 102 

Gérnud  (S.-E.). 

Ermite  de   Sainte-Avelle  |1'(,  t.  1 15 

Gllie   Charles). 

Volontaires  de  1792  (les),  t.  2 468 

Girardiu  (Mme  Emile  de). 

Mathilde   t.    2. 129 

Giraud. 

Meilleure  philosophie  (la), t.  2 31 

Gola  (F.) 

Adieu,  Venise,  t.   1 2ôl 

Aime-moi  bien  ,  t.    1 254 

Écuyer(l'),  t.  1 3S0 

Palais  des  papes  (le),  t.    1 371 

Gond ou  (marquis  de\ 

Boudoir  d'Aspasie  (le),  t.  2.     . 181 

Gonflé  (A.). 

Coup  du  milieu  (le),  t.  1. 111 

Éloge  de  l'eau  ,  t.   1 35 

Fin  du  jour  (laJi  l-  l 2S 

Lait  des  vieillards  (le),  t.  2 291 

Parti  le  plus  sagellel,  t.   2 449 

Plus  on  est  de  fous  plus  on  rit,  t.   1 34 

Proverbe  retourné  (le),  t.   2 279 

Saint-Denis,  t.    2.     .     . 401 

Saint-Martin,  t.  2.  .     .  f 281 

Vin  et  la  vérité  (le),  t.  2    ' 342 

Gonfle  (A.)  et  Villlers. 

G  aiment  je  m'accommode,  t.    1 212 

Leçon  (la),  t.  1 31 

Gourdin  (A.). 

Povero,  t.    1 382 

Gozlan  (L.). 

Sous-lieutenant  (le),  t.    1 329 

134 


MATIERES. 


513 


Granger  (Edouard).  pag« 

Jean-Jean  romantique,  t.  2 403 

Grout  (A). 
Beau  Nicolas  (le),  t.    1 303 

Gouet  (A.). 
Oui,  monseigneur,  je  suis  jolie,  t.  1 177 

Guérin  (A.). 
Clochettes  de  monvilla-e  (les!,  t.  1. 35") 

Guérin  (H). 

Enfants  ,  n'y  touchez  pas  ,   t.   1 

Permette  a  trouvé  vingt  sous,  t.    1 


179 
273 


Guillemé  (J.-AA 
J'  vousd'mandeun  peu  si  1'  bonDieu  s' mêl«;  de  ça,  t.  2.     193 

Guiou(P  j. 
Brune  Thérèse  (la) ,  t.  1 179 

Guttiuger. 

Bjnheurde  se  revoir  (le),  t.  1 22 

Guttinguer  (Ulric). 

Un  cœur  sensible  et  des  principes,  t.  2 323 

Guy. 
Couplets  d'Anacréon  ,   t     1 219 

nachin  (E.). 

Javotte  (je  commence  à  bien  pénétrer),  t.  1.    .     .    .  327 

Jeune  malade  et  les  hirondelles    (la),  t.   1 249 

Ma  Lison  ,  ma  Lisette ,  t.  1 98 

Rideaux  (les) ,  t     1 316 

Rues  d'Anjou  (lesl,  t.   1 312 

Taudis  (le),  t.    1 224 

Uacliiii  (E.)  et  Cuanu. 

Goût  de  Lison  (le),  t.  1 1C3 

Ungucnier. 

Heureux  philosophe   (1),   t.  2 

Uulévy  (L.). 

Jeune  Indienne  (la),   t.   1 

Mauilac  (Gab.). 
Amis  ,  voulez-vous  m'en  croire,  t.  2.    .     .     . 
Muyet  (T.). 

Plaisir  dans  un  petit  lieu  de),  t.  2 

Henri  IV. 


252 


26 


30 


.     442 


Charmante  Gabr'p'.e  ,  t.    1. 
Invocation  L  .amour,  t.    1. 


IlofîUlUllH. 


uant  du  barde,  t.    L. 


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516 


TABLE  DES  MATIERES. 


Marri  llae.  PaS-  ' 

Au  bruit  de  ses  joyeux  tintins,  1. 1 61 

Courtière  (la),  t.  3 208 

Cruel  vieillard,  retourne  sur  tes  pas,  t.   1 212 

Gourmand  (le),  1. 1 233 

Mes  amis,  ne  nous  plaignons  pas,  t.  2 3K* 

Mon  ami  Rémi,  t.  1 313 

Philoctète,  t.  2 479 

Tantqu'on  a  du  bon  vin,  t.  2 34 

Tout  chemin  mène  :"  Rome,  t  2 2-9 

Tribulations  d'un  curé  de  village,  t.  1 295 


Mcry. 


Marion  Dunicrsan. 

Ton  ton,  ton  taine,  t.  2 


297 


Maraolller. 


Bien-aimé  ne  revient  pas  (le),  t.  2 106 

Comme  faisaient  nos  pères,  t.  2.     . 1 

Couplets  du  traité  nul,  t.  1 369 

Et  lorsqu'on  a  la  paix  du  cœur,  t.  2 202 

Forêt  noire  (la),  t.  2 199 

Hymen  est  un  lien  charmant  il'),  t.  2 301 

N'ai  je  pas  bien  fait!  t.  1 369 

tinrtignon  (Théodore). 

Chauvin  devenu  caporal,  t.  2.       413 

Dimanche  des  lilas  le),  t.  2 182 

Épicurien  malade  |1'),  t.  2 371 

In  vino  veritas,  t  2 275 

Passé  et  avenir,  t.  2 449 

Philosophie  forcée  (la),  t.  2 366 

Rions  toujours,  t.  2 364 

Martin  (E.). 

Chant  du  prisonnier  Hei,  1. 1 380 

Ça  n'  mang'  pas  d'  pain,  t.  2 387 

Tinrtinviiic  (Alphonse). 

Prière  d'un  bon  chrétien,  t.  2 187 

Marty. 

Erreur  (V),  t.  2. 110 

Mathieu  Gustave). 

'hanson  de  Jean  Raisin,  t.  1 .  85 

Vendange  lia),  t.  2 37 

Mcleflvllle  (M.). 

Que  la  vague  écumante,  t.  2 61 

Zampa,  ou  la  fiancée  de  marbre,  t,  1 35-1 

Mcnard  tic  Itochecave. 


?*1. 


A  boire!  àbMre'  t.  2.     .     .     . 
Passons-nous  la  bouteille,  t.  2. 


290 
283 


Ménentrler  (Casimir). 


Allons  souper  chez  Pluton,  t.  2 213 

Bouteille  .la  ,  t.  2 

Chacun  à  son  tour,  t.  2 355 

Clerc  di- notaire  au  clair  de  la  lune  (le),  t.  2.   ....  308 

Enfant  de  ebani  "  ■  t.  2 169 

Flâneur  le),  t   1 H8 

Je  suis  rond,  t.  2 450 

Roule  ta  bo*se,  t.  2 411 

t.  2 46 

Méwetitrlér  C  i*imir)  et  I^opold 

Jour  de  l'an  (le),  t.  2 42i 


Epithalamesur  le  lac,  t.  2 118 

Etoile  du  marin  (D,  t  2 123 

Mcun  (J.-B.  de). 

Fleuve  du  Tage,  t.  1.     .  7 

Millevoye. 

Amour  vrai  (H,  t.  1 172 

Arabe  au  tombeau  de  son  coursier  [\\  t.  2 100 

Feuille  du  chêne  (la),  t.  2 LOI 

Veille  ,  le  jour  et  le  lendemain  (la),  t.  2 11/ 

Moineaux  (J.-D.). 

Cigale  et  la  fourmi  lia),  t.  2 80 

Maison  du  chiffonnier  (lai,  t.  2 379 

Molard  (Mme  C.-L.). 

Brune  fille,  ô  toi  que  j'adore,  t.  1 246 

Montpellier  (feu  J.-AA 

Philosophie  épicurienne  ,  t.  1 203 

Monvel. 

Chanson  de  Lisette  (la),  t.   2 170 

Morainbert,  père. 

Soleil  delà  République  (le),   t.    2 473 

Mo  mu  et  Lafortelle. 

Si  d'un  pêcheur  napolitain,  t.  1 383 

Moreau  (Hégésippe). 

Baptême  (le),  t.  2 369 

Belles 'lesl,  t.  2 262 

Cabaret   le),    t.  2 285 

Cadet  Buteux,  t.  2 401 

Chant  des  anges  île),  t.  2. 101 

Chien  parvenu,  donne-moi  ton  secret,  t.  2.     .    .         .  239 

Cloches  (les),  t.    2 250 

Contes  (les),  t.   2 .383 

Ma  profession  de  foi,  t.  2 350 

Nicolas,  t.  2.     .     .          206 

Moreau  et  Lafortelle. 

Cabanne  du  pêcheur  (la),  t.  2 104 

Je  prends  tout  dans  mes  filets  ,  t.   2 312 

Leona  ,  t.  2 99 

Morel. 

Vie  est  un  voyage  (la),  t.  2 

Morln. 

Moutons  (les),  t.  2. 

MorlMsei  (Ch.). 

bouteilles  et  flonflons,  t    2 241 

(   ,-t  à  votre  tour,  mes  enfants  ,  t.  1 227 

Ciochette  du  cabaret  (lai,  t.  I 64 

\  m  Mcux  et  jeunes  amours,  t.  2 249 

Motln. 


217 


482 


Taverne  (la),  t.   2 

(Moufle  Auguste). 
Foin  des  partis  ,  t.  2 


264 


TABI.K   DES  MATIÈRES. 


<A1 


Mouttct  (Félix).  P"*' 

T\vm ne  à  la  liberté,  t.    2 474 

Hymne  aux  paysans  ,  t.    1 86 

Mu-set  (A.  de). 

Andalouse  (l'),t.   1 26 

W...  (L.). 

Chien  et  le  loup  île),  t.  2 87 

1%'adaud  (Gustave1. 

Aujourd'hui  et  demain,  t.  1 235 

Automne  11'),  t  2 249 

Champagne  (le),  t.  2 9 

Ivresse!  t.  2 14 

Je  ris,  t.  1 237 

Lorette  de  la  veille  (la),  t.  1 307 

Lorette  du  lendemain  |li),  t.  1 •     .     •     •  308 

Reines  de  Mabille  îles),  t.  1 347 

Souper  de  Manon  île),  t  2 193 

Naudet  (A.). 

Faut  l'oublier!  t.  2 137 

On  est  si  méchant  au  village  !  t.  2 302 


Panard. 


p.ig. 


Neufchateau  (E.  de). 


Anaximandre,  t.  1.     .     .     . 
O liberté!  liberté  sainte,  t.  2. 


240 
95 


Ce  qu'on  voit  beaucoup  ,  t.    2 412 

Description  de  l'Opéra  ,  t.  2 417 

Deux  mesures  (les),  t.  1 121 

De  vieux  amis  et  du  vin  vieux  ,  t.   2 294 

Fumeur  (le),  t.  2 303 

Lois  de  la  table  (les),  t.  2 37  > 

Meilleur  remède  (le),  t.  2 242 

Pourquoi  boire  de  l'eau ,   t.  2.     .     . 258 

Prix  du  moment  (le),  t.  2 202 

Solitaire  (le),  t.  2 31» 

Sous  des  lambris  où  l'or  éclate ,  t.  1 195 

Parny. 

Tombeau  d'Emma  (le),  U  1 363 

patin  (l'abbé). 

Bonheur  de  la  terre  (le),  t.  2 343 

Eh  !  bon,  bon,  bon,  que  le  vin  est  bon  1  t.  2    .    .    •    .  434 

Paulin. 

Lettre  écrite  d'Alger,  t.  2 

Perchelet. 


Nettement. 

Près  d'un  berceau,  t.  1 248 

Neveu  (Edouard). 

Adieu,  Fanchon,  t.  2 189 

Arlequin  et  Polichinelle,  t.  2 96 

Bacchanale,  t.  2 16 

Berceuse  (la),  t.  2 92 

Bon  ermite  (le,  t.  2 94 

Fleurs  de  mai  (les),  t. '2 93 

Grenouille  et  le  bœuf  (la),  t.  2 84 

J'ai  perdu  ma  femme,  t.  2 320 

Mon  village,  t.  2 .  78 

Rat  de  ville  et  le  rat  des  champs  (le1,  t.  2 89 

KSveruols  (le  duc  de). 

Je  ne  veux  pas  me  presser,  t.  1 .  364 

Ma  philosophie,  t.  2 265 

Milita  Mercier. 

Dernier  souper  de  garçon  (le),  t.  1 230 

Orléans  (attribuée  à  Philippe,  régent,  duc  d*). 

Homme  égal  aux  dieux  (1'),  t.  2 351 

Ourry. 

Moyen  d'être  heureux  (le),  t.  2 134 

p...  (Charles). 

Kradoudja,  t.    2 144 

P...(C). 

Richesse  de  celui  qui  n'a  rien  ilai,  t.   2.     ....     .  376 

Paep  (E.  de). 

Beau  gondolier,  pourquoi  pleurer  sans  cesse  1   t.   1.    .  2Ô2 


314 


Ambitieux  corrigé  (1'),   t.  2 361 

Arrêtons-nous  là,  t.  2 196 

Bacchus  est  encore  en  vie  ,  t.  2. 273 

Bonheur  (le),   t.  2 227 

Buveur  philosophe  Ile),  t.  2 220 

Célibataire  (le),  t.  2 199 

Descente  d'épicuriens  (une),  t,  2 29 

Fille  de  vertu  (la) ,  t.  1 321 

Jouissons  de  la  vie  ,  t.  2 ,  251 

Ma  grisette  ,  t.  2 1S5 

Marmite  (la),  t.    2 244 

Petit  Savoyard  (le) ,  t.  1 108 

Pique-assiette  (le),  t.  2 211 

Plaisir  (le)  ,  t.  2 241 

Porte  et  le  cœur  (la) ,  t.  2 207 

Prisonnier  et  les  oiseaux  (le|,  t.  1 381 

Suivons  les  traces  du  plaisir,  t,  2 237 

Suzette  ,  t.   2 196 

Talisman  d'amour  (le),  t.  2 177 

Tirez  la  sonnette,  t.   2 27 

Vendanges  sont  faites  (les),  t.  2 42 

Vendangeurs  (le  chant  des),  t.  2 33 

Vidons  la  coupe  enchanteresse  ,  t.  2.     .....    ,  36 

Vive  la  chanson  ,  t.  1 209 

Viveur  (le),  t.  2 17 

Vivons  toujours  en  francs  épicuriens,  t.  2 215 

Peyi-ounet. 

Hirondelle  gentille ,  voltigeant ,  t.  1 10 

Phtllppon  de  la  Madeloiue  (I,.). 

Chantons ,  buvons  ,  t.  2. 270 

Chasse  (la) ,  t.  2 2J8 

Picard  (G.-G.) 

Enfant  chéri  des  dames  ,  t.  2 173 

Je  chante  en  joyeux  troubadour,    t.   1.    ■.•,■,.    ,  45 

Soir  llel.t.  1 2?4 


Pigault-lehrun. 


Pipe  de  tabac  (la',   t.   1 

Vin ,  les  femmes  et  le  tabac  (le),  t.  J. 


196 
196 


U  S 


TABLE  DES 


pag- 


I»IM(A.-P.-A  i. 

Cloches  îles),   t.    1 494 

Gourmandise  |la  ,  t.   2 25 

Nouveau  tic  et  toc  (le),  t.  2 289 

Troubadours  modernes   les),  l.  2 225 


401 


69 


234 


230 


Pila  et  Barre. 

Amours  d'été  (lest,  t.  2. 

mie*  (F.). 

Efflts  du  vin  ,les),  t.  1 

Plrou. 
Heureux  jour  (1),  t.  2.     .         

Pixértcourt  (de). 
Bonheur  prései.t  (le),  t.  2 

Planard    E  de). 

Barcarolle  de  Marie,  t.  1 12 

Batelier   dit  Lisette,  t.    1 • 12 

Cnanson  du  Pré-aux-Clercs  ,  t.  1 31 

Couplets  de  Marie,   t.  1 164 

Je  [  ars  demain  ,  t    1 ...  20 

Pré-aux-C'ercs  |le|,  t.    1 164 

Planard  (E.  de)  et  Saint-Georges  (H   de  . 

Retour  delà  sœ  r  (le),  t.  1.     .         .     .  * 378 

Planterre. 

Nature  (lai,  t.  2.   ...    , 177 

Plouvier  (E.). 
Exil  et  retour,  t.  1 262 

Pluchouiii'iiii  de  Itocheiort  et  Malt  (H.). 
Grenouilles  qui  demandent  un  roi  (les),  t.   2.     .     .     .     310 

Pliirhonncau  et  Maillard. 
Plaideurs  et  l'huître  lea  ,  t.  2 87 

l'olMMon  (B.-T.). 

Eaux  d'Engluen  îles  ,  t.  3 387 

Polak  (Th.). 
Ccit  des  bètis'sd'aimcrcomm' ça,  t.  2.    ....    .    303 

lion  de  FM  l'i,   t.   2 392 

Polhe    JA 

Carillon  bachique  (le),  t  2 ....    277 

Poney  (Charles). 

I  Lan  on  du  posullon  (la  ,  t.  2 397 

Porrt  de  Mctan  (A.). 

Adieu,  berna  rtrege  d«  France ,  t,  l 18s 

Folle  (lai,  t  1. 21 

Porte    A  ). 

Chasseur  de  chamois  île  ,  L  1 314 

Feuille* menée    es),  t.  l ],-., 

Perrette  et  le  pot  eu   lait  ,  t.  2. gg 

Ti<-    l  r,  t  n.  Un    t.  2 [       33 

TiU  candidat,  L  2 !     393 


MATIERES. 

Pottlcr  (E.)  ouvrier. 
Vote  universel  (le),  t.  1 „      »0 

Pradel  (E.  de). 

Enfer  (l'i,  t.  1 351 

'Notre-Dame-de-la-Carde,  t.  1.     .     .    , 258 

Prémisses  de  Javotte  (les)  ,  t.  2.      .' 1"1 

Waterloo,  t.  1 76 

k  rauard  (Charles). 

Hommage  à  Bacchus,  t.  2 17 

Protat  ( Louis )  et  Justin  iauassol. 

Métamorphoses  d'un  nez,  t.  2 324 

Quinzard  (J.-K.)  et  Diuiun  (A.). 

Corbeau  vengé  (le),  t.  2 64 

Bacun, 

Vie  (la),  t.  2 2i>6 

■tadet. 

On  rit,  on  babille,  t.  2 11 

Tout  pour  deux,  t   1 209 

Reguard  (Ch.). 

Fleurs  tt  jeunes  filles,  t.  1 '90 

Une  Messaline,  t.  1 31fl 

Revennz  (Edouard). 

Vin  et  ma  maîtresse  (le),  t.  2 283 

Itlaul   (L.). 

Vieux  manoir  (le),  t.  1 374 

■tlbié  et  Martaiuville. 

Romance  du  Pied  de  Mouton,  t.  1 169 

■ilnoiitté. 

Souhaits  (les)  [Que  ne  suis-jc  la  fougère] 2 

llochefoi't  (A.;. 

A  boire,  gloire  à  cet  immortel  refrain,  t.  1 58 

Itollund  Bonchery. 

Bois  et  les  villageois  (lesi,  t.  2 237 

nous  1ère  (L.  de  . 

Chagrin  d'amour,  t.  2 100 

Je  fus  heureux  avant  de  te  connaître,  t   2 109 

llosiiu  (P.). 
J  avais  juré  d'aimer  Hosinc,  t.  1 174 

■t  osier. 

Asmodee,  t.  2 1 03 

llougemont    B.  de). 

Baisers  |les),  1. 1 :u9 

Cocus  (les),  t.  ! Ciio 

Et  tic,  et  toc,  tt  tic  et  toc,  t  2. 1.  , 

Paradis  t|  icuritn   le),  I.  3 34, 

Portons  galment  notre  fardeau,  t.  2.  ....  221 

Rougi  mont  (B.  de)  et  Dupent  y. 

Croix  d'or  (lai,  t.  2 135 


ÎAP.LR   DF.S 

Rouget  de  l!Bsli\  pag. 

Marseillaise  (la),  t.  1 65 

Roland  à  Ronce  vaux,  t.  2 4S6 

Btouçscau  (T.). 

Est-il  bien  vrai  que  je  v  il  e?  t.  .  1 92 

O  Liberté!    oiir  ie;i  e.-t  magnanime,  t.  1 93 

Routier. 

Carnaval  perpituel   (le),  t.  2 256 

Roy  (Ad.  S.) 

Salut  de  la  France  (le),  t.  1 68 

Royer  (A.)  et  V:ïcz. 

Favorite  (la),  t.   1 177 

Lui-ie  de  I.ammerrnoor,   t.  1 17.-I 

Liu  ie  de   Lïïmmermoor,  t.  I 25" 

Saîm-.igztct. 

Fil  de  la  vierge  (le),  t.  1 188 

Saint-  EInie-Champs. 

Ltger  bateau  (le),  t.    1 169 

Saint-Félix. 

Hollandais  (lt),  t.  1 ',2 

Saint-Georges  (de). 

Espérance  [Y],   t.   1 17 

Saint-Germain  (Forluné  G.  de). 

B  n  remède  (le),  t.  2 • 430 

Raisirs  mûiiront  (les),  t.  2 4',5 

Toi  qui  cOni.es  l'ivresse,  t.  2 435 

Saint-Gilles    (Auguste). 

Au  soleil  (hymne),  t.  2 222 

Culotte  et  le  cotillon  (la),  t.   1 339 

Enfants  de  la  folie  (l  s),  t.  2 440 

Fêtons  Ba.  chus.  t.  2 27.1 

Poir.te  de  vin,   t.  2 'i26 

Saint-Just. 

Chantons  l'amour  et  le  plai'ir,  t.  1 201 

Saint- Laurent. 

Plus  beaux  ye.ix  de  Castille  (le ■),  t.  I "60 

Sape-femme  (la),  t.  1 344 

Saint-Pcravi  (de). 

Bonheur  d'aimer,  t.  1 "72 

Saint-Srvcrîn  (Pierre  tic). 

Philosophie  du  marin  (la),  t.  2 2IG 

Salgat. 

Cheveux  blancs  (les),  t.  | 239 

O  min  Dieu,  protège  nos  vignes!  '.2 .6.'» 

Pleurons,  amis  les  raisins  sont  gelés,  t.  2 42G 

Santé  vient  ne  la  g.iité  'la),  t.  ! 211 

Voyage  à  Paris  (le),  t.  2 ;<.)s 

Salin  (Alphonse). 

Mes  chers  ami--,  j'ai  le  vin  bien  mauvais!  t.  2 127 

Sa'îcmar. 
Petit  bien  de  Li«e  (le),  t.  1 177 

Sa!m  (la  princesse  Constance  de). 

Bouton  de  Rose  (h),  t.  t 5 

ï  a'm  (coniles-'C  de). 
Pr'e  et    t  avai!' -,  t.  1 368 


MATIÈRES.  Sly 

Salvador.  png 

Bacchanale  (la),  t.  \ 20G 

SarlronviîJe  (Charles). 

Epicurisme   (1'),  t.  2 34.% 

Saurin. 

Epicurien  (.')  t.  2 2 VI 

Sauvage. 

Ronde  de  Newgate,  t.  1 i.">6 

Scribe. 

Adieu,  Florence,  t.  2 105 

Amis,  la  matinée  est  belle,  t.  2 391 

Bouquet  du  bal  (  e),  t.  1 28 

Briaiite  et  Julien,  t.  2 105 

Couplets  de  la  Juive,  t.  1 163 

Dame  Blanche   (la),  t.  I 243 

Dominonoir  (le)  [Ah.  !  quelle  nuit],    t.l 275 

Guido  et   Ginévra,  t.  1 241 

Ojour  plein  de  charme!  t.  2 107 

Part  du  diable  (la),  t.  t 186 

Prends  garne,  montagnarde,  t.  2 108 

Que  de  ma',  de  tourments,  t.  1 2G6 

Récit  du  caporal  (le),  t.  | 304 

Sirène  (la),  t.  2 98 

Viens,  gentille  dame,  '.   1 376 

Scribe  et  .tDélcsvilSc. 

Arrè'ons-nnus  ici  ,  r.   1 245 

Da:  s  ce  modes'eet  simple  asile,  t.   1 171 

Refrain   du  bivouac   le),  t.  1 5J 

Scribe  et  Weîavigne  (Geni'ain). 

Neige  (la),  t.  2 |67 

Ronde  du   Maçon,  t.  2 115 

Scribe  et  Dupin. 

Bal  champêtre  (le),  t.  2 378 

Scribe  et  Poirson. 

Vos  maris  ei  Palestine,  t.  2 1~3 

SccJaïni". 

J'.iirre  mieux  bore,  t,   1 48 

O  R'chard!  ô  mon  roi!  t.   | 75 

Quand  les  bœufs  vont  deux  à  deux,  t.   1 323 

Tentation  de  saint  Antoine,  t.  1 123 

Ségsir  nie". 

A  voyager  pn  s"»nt  sa  vie,  t.   I lll 

Chaumière  (l"),  t.  1 '.17 

Ne  m'oublie/.  |l«,  t.  2 170 

Rions,  chantons,  airronc,  bavons.       1 229 

Sorv'eres  i.lo-eplr. 

Epcure,   t.  2 2.15 

Ermite  et  le  pa  a(iin     'I.  '-2 469 

H    torien  dé«rpp.  inté   [1  )  t.  2 269 

Notre  dernier  jour,  peut-être,  t.  2 218 

P  il--  (la),  ».  I lïlf, 

Bornait  de  Myrthé    le),  t.  2 III 

Pour  m'ij"  ris,  tant  que  le  tonneau  coule,  t.  2 47 

Séville  (Armand'. 
Conrcils  aux  atrab-la'CPS,  t.  2 44g 

ScTirin. 

Fr;'"  du  village  vo-sin  'la',  ».  I .',6 

Philosophie   (lu),  t.  1 lfl[ 


520 


TABLE   DES 


Simard  (G.).  pag. 

Si  ça  t'arrive  encore,  t.  2 316 

Simon  (Henri). 

Amend<  n*-"ors   mes  frères   t.  2 359 

Ivrogne  (i').  t.  2 13 

Mes  bons  amis,  ajournons  à  huitaine,  t.  1 03 

Simcnnin. 

Rieur  éternel  (le),  t.  2 356 

Souîié  (Frédéric). 

Gri«ette  étudiante  (a),  t.  2 3^8 

Soulic  (Frédéric)  et  Arnould. 

Adieu,  mon  beau  navire,  t.  1 32 

Fortune  obseure,  t.  1 366 

Sonvestre  (F..). 

Jeune  pâtre  (le),  t.  \ 19° 

Taeonet. 

Fil'e  du  savetier  (la),  t.  1 •   ....   101 

TagliaCco  (D.). 

Nina  la  marin  ère,  t.  1 17'* 

Terrasson. 

Laurette,  t.  1 lss 

Teste  d'Ouct. 

Buveur  métromane  (le\  t.  2 437 

Théaulon. 

Dis-moi  pourquoi  !  t.  2 

Noble  éclat  du  diadème  (le),  t.  1 


313 
19 


Théaulon  et  Bartois  (A.). 

Page*  français  (les),  t.  2 193 

Tfaibcault. 

Pouvoir  d'Érigée  (le),  t.  2 282 

Thierry  (E.). 

Laveuses  du  rouvent  (les),  t.  \ 29 

Mère  du  chasseur  (la),  t.  1 359 

Thierry  Petit. 

Vertus  d'un  bon  vivant  (les),  t.  2 374 

Toiirnemine  (Pierre). 

340 

321 

Tourte  (F.). 

File,  file,  Jeanne,  t.  \ 201 

Gentilhomme  d'à  présent  (le),  t.  2 384 

Travenct  (marquise  de). 

Pauvre  Jacques,  t.  1 14 

TresHan  (comte  de). 

Philosophe  amoureux  (le),  t.  1 239 


Ma  philosophie,  t.   ?.  . 
Thomas  et  Lisette,  t.  1. 


MATIÈ  P.ES. 

v 

■•••  pag. 

Ecu  de  France  (1  ).  t.  1 \2% 

Vadé. 

Dans  les  gardes  françaises,  t.  1 ^3  , 

Occasion  manquée  (1'),  t.  2 j <j5  ' 

Yadé  et  Sedaine  (altribi 

Femme  c  ntrariante  (la),  t.  2 33^ 

Valconr. 

Excellence  du  vin  (Y),  t.  2 y|,j 

Mère  Ticard  (la),  t.  \ , 3/,o 

Varin  (E.). 

A  genoux  devant  la  beauté,  t.  1 330 

Au  hasard  de  la  fourchette   t.  2 •  329 

Chant  du  cygne,  t.  1 226 

Conversation  (la),  t.  1 ',(, 

Dans  notre  cœur  cherchons  la  vérité,  t.  2 217 

Olivier  Bas-e'm,  t.  2 2o!) 

Petit  à  petit,  t.  2 (04 

Print  mps  (le),  t.  2 385 

Suffrage  universel  (le)    t.  2 

Tourterelle  (la),  t.  2 ||o 

Y  a  quéqu'  chose  là  dessous,  t.  2 KSb' 

Vanltcrtrand  (F.). 

Amours  du  sergent  (les),  t.  2.  ...  ' 323 

Dépit  d'amour,  t.  2 4;)7 

Vial  et  Favièrcs. 

Couplets  d'Aline,  reine  de  Golconde,  t.  1 212 

Romance  d'Aline,  t.   1 241 

Villemontez. 

Veilée  (la),  t.  1 30 

l'inay  (Gabriel). 

Buveu-  intrépide  (le),   t.  2 284 

Hiver  (r),  t.  2 370 

Voiscnou  (l'abbé  de). 

Mon  avis,  t.  2 452 

Yoitclaîn  (Louis). 

P^re  Jérôme  (le),  t.  2 10 

Sauvaae  (le),  t.  2 232 

Tirez  la  bobinette,  t.  2.  . 413 

Viveur  (le),  t.  2 232 

Volsiy  l'Hôtelier. 

Hirondelles  (les)  [Voltigez  hirondelles],  t.  1.  .         •   •    H 

Voltaire. 

Ah!   quelle  différence!  t.  2 4l' 

Gaillardise,  t.l 33* 

Wœstin  (Eugène). 

Républicaine  (la),  t.  2 1S9 


FIN   DE   LA    TABLE. 


Paris.  —  Imprimerie  de  Pillet  fils  aine,  rue  des  Grauds-Augustins,  5.