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CHANSONS
NATIONALES ET POPULAIRES
DE FRANCK
TOME DEUXIÈME
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DUMERSAN ET NOËL SÉGUR
CHANSONS NATIONALES
ET POPULAIRES
DE FRANCE
ACC0MPAG3 liEi
DE MUES HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES
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PARIS
LIBRAIRIE DE GARNIER FRÈRES, ÉDITEURS
(i ; RUE DES SAINTS-PÈRES, 0
1860
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CHANSONS
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DE FRANCE.
CHANSONS BACHIQUES. — SECONDE SÉRIE.
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LE FOND DE LA BESACE,
Air des Trembleurs.
Un jour le bon frère Etienne
Avec le joyeux Eugène,
Tous deux la besace pleine,
Suivis du frère François,
Entrant tous à la Galère,
Y firent si bonne chère
Aux dépens du monastère,
Qu'ils s'enivrèrent tous trois.
T. IL — 60
Ces (rois grands coquins de frères,
Perfides dépositaires
Du dîner de leurs confrères,
S'en donnent jusqu'au menton :
Puis, ronds comme des futaiKes,
Escortés de cen l canailles,
Du corps battant les murailles,
Regagnèrent la maison.
Le portier, qui les voit ivres,
Leur demande où sont les vivres.
CHANSONS POPULAIRES.
« Bon! dit l'autre, avec ses livres,
Nous prend-il pour des savants?
Je me passe bien de lire,
Mais pour chanter, boire et rire,
Et tricher la tirelire,
Bon ! à cela je m'entends. »
Au réfectoire on s'assemble,
Vieux dont le râtelier ttemble
Et les jeunes tous ensemble
Ont un égal appétit.
Mais, ô fortune ennemie!
El bien fou qui s'y confie,
C'est ainsi que dans la vie,
Ce qu'on croit tenir nous fuit.
Arrive frère Pancrace,
Faisant piteuse grimace
De ne rien voir à sa place,
Tour boire ni pour manger.
A son voisin il s'informe,
S'il serait venu de Rome,
Quelque bref portant réforme
Sir l'usage du dîner.
« Bon ! répond son camarade.
N'ayez peur qu'on s'y hasarde,
Sinon, je prends la cocarde
Et je me ferai Prussien.
Qu'on me parle d'abstinence
Quai.d j'ai bien rempli ma panse,
J'v consens; mais sans pitance,
Je suis fort mauvais chrétien.
— Resterons-nous donc tranquilles
Comme de vieux imbéciles?
Répliqua pè:e Pamphile
Oh! pour le moins vengeons-nous ;
Prenons tous un sandale,
El sans la crainte du scandale,
Allons battre la cymbale
Sur les fesses de ces loups. »
Chacun ayant pris son arme,
Fut partout porter l'alarme;
Mais au milieu du vacarme,
Frère Etienne fil un p...
Mais un p... de telle taille,
Que jamr.is jour de bataille,
Lanon chargé de mitraille,
Ne fit un pareil effet.
Ainsi finit la mêlée;
Car la troupe épouvantée,
S'enfuyanl sur la montée,
Pensa se rompre le cou;
Tandis que le frère Etienne,
Riani à perle d'haleine,
Et, frappant sur sa bedaine,
Amorçait un second coup.
Paroles d'un anonyme.
La musique, de Rameau, se tronve notée au N. 73*
de la Clé du Caveau.
RONDE DE TABLE.
Air : Pour étourdir le chagrin.
Allons, mctlons-nous en train;
Qu'on rie,
Et que la folie
D'un aussi joli festin
Vienne couronner la fin.
Si par quelque malins traits
Les convives se provoquent,
Ici ce ne sont jamais
Que les verres qui se choquent.
Allons, etc.
Le vin donne du talent
El vaut, dit-on. une muse,
Or donc, en me l'infusant,
J'aurai la science infuse.
Allons, etc.
Amis, c'est en préférant
La bouteille à la carafe,
Qu'on voit le plus ignorant
Devenir bon géographe.
Allons, etc.
Beaunc, pays si vanté,
Chablis, Maçon, Bordeaux, Grave.
Avec quelle volupté
Je vous parcours dans ma cave!
Allons, etc.
Champagne, ton nom flatteur
A bien plus d'altrait, je pense.
Sur la carie du traiteur
Que sur la carte de France.
Allons, etc.
A voir ainsi du pays,
On s'expose moins sans doute :
11 vaut mieux, à mon avis,
Verser à laLIc qu'en route,
Allons, etc.
Je sais qu'une fois en train,
On est êlendïl par terre
CHANSONS BACHIQUES.
Tout aussi bien par le vin
Que par un vélocifère.
Allons, etc.
Mais voyage qui voudra ;
A moins que l'on ne me chasse.
D'un an, tel que me voilà,
Je ne bougerai de place.
Allons, etc.
Ce lieu vaut seul, en effet,
Toute la machine ronde,
Et le tour de ce banquet
Est pour moi le tour du monde.
Allons, etc.
Il faudra pourtant, amis,
Fuir de ce séjour aimable ,
En quittant ce paradis,
Nous nous donnerons au diable.
Allons, mettons-nous en train ;
Qu'on rie,
Et que la folie
D'un aussi joli festin
Vienne couronner la fin.
Dcsauglers.
LE CABARET.
Air du cabaret.
Mes amis, voulez-vous m'en croire,
Afin de bannir le chagrin,
Il faut aimer, chanter et boire,
Ainsi l'ordonna le destin.
On nargue la mélancolie,
Dès que l'on sable du clairet.
Et le trône de la folie
N'est pas ailleurs qu'au cabaret.
Jupiter un jour, dans sa rage,
Du ciel fit descendre Apollon,
Que fit le divin personnage?
Il se sauva sur l'Hélicon,
Bientôt il finit par s'y plaire,
Et loin d'éprouver du regret,
Des dieux il brava la colère,
En y fondant un cabaret.
De la morale d'Épicure
Suivons toujours le vrai chemin,
Puisqu'hélas! le plaisir ne dure
Que l'espace d'un seul matin.
Travaillons, le sort nous l'ordonne,
Je ne sais trop à quel sujet-,
Mais le peu d'instants qu'il nous donne,
Passons-les tous au cabaret.
Ne sait-on pas que sur la terre,
L'espérance, fille des dieux,
Pour adoucir notre misère,
Tout exprès descendit des cieux.
Voltigeant d'asile en asile,
Nul d'entre eux ne la captivait:
Le vin sut la rendre facile :
On ne voit qu'elle au cabaret.
Généraux, électeurs, califes,
Princes, rois, sultans, empereurs,
Du trône saint, nobles pontifes,
Est-il des plaisirs pour vos cœurs?
Le souci toujours vous assiège,
Chaque jour voit naître un regret,
Celui qui vous fuit nous protège,
Le bonheur est au cabaret.
Sexe charmant, sexe adorable:
Il est pour vous, chacun lésait,
Un passe-temps plus agréable
Que les charmes d'un cabaret,
Mais nous y chantons votre gloire,
Et de Bacchus tel est l'effet :
Qu'amour est sûr d'une victoire,
Quand nous sortons du cabaret.
Emile Debreaux.
La musique, d'Ermel, se trouve notée au N. 735
de la Clé du Caveau.
CHANSONS POPULAIRES
LE VERRE.
Air • La bonne chose que le vin ! ou Air : du vaudeville
tfuFandange.
Quand je vois des gens ici-bas
Sécher de chagrin ou d'envie,
Ces malheureux, dis-je tout bas.
N'ont donc jamais bu de leur vie!
On ne m'entendra pas crier
Peine, famine, ni misère,
Tant que j'aurai de quoi payer
Le vin que peut tenir mon verre.
Riche sans posséder un sou,
Rien n'excite ma jalousie;
Je ris des mines du Pérou,
Je ris des trésors de l'Asie ;
Car sans sortir de mon taudis,
Grâce au seul Dieu que je révère,
Je vois et topaze et rubis
Abonder au fond de mon verre.
Tout nous atteste que le vin
De tous les maux est le remède,
Et les dieux n'ont pas fait en vain
Un échanson de Ganymède.
Je gage môme que ces coups
Que l'homme attribue au tonnerre.
Sont moins l'effet de leur courroux
Que du choc bruyant de leur verre.
Chaque jour l'humide fléau
Descieux ne rompt-il pas les digues?
Si les immortels aimaienl l'eau,
Ils n'en seraient pas si prodigues;
Et quand nous voyons par torrent
La pluie inonder notre terre,
C'est qu'ils rejettent en jurant
L'eau que l'on verse dans leur verre.
Le bon vin rend l'homme meilleur,
Car du monarque assis a table
Vit-on jamais le bras vengeur
Signer la perle d'un coupable?
De son coeur le courroux banni
N'obscurcit plus son front sévère :
Armé du sceptre, il l'eût puni ;
Il lui pardonne, armé du verre.
Je ne sais par quel vertigo
Ou quelle suffisance extrême,
Narcisse, en se mirant dans l'eau,
Devint amoureux de lui-même.
Moi, fort souvent je suis atteint
De cette risible chimère,
Riais c est lorsque je vois mon teint
Pourpré par le reflet du verre.
Dieu du vin, dieu de l'univers,
Toi qui me (is à ton image,
Reçois ce tribut de mes vers ;
Et, pour couronner ton ouvrage,
Fais, jusqu'à mes instants derniers,
Que dans ma soif je persévère.
Et qu'à ma mort mes héritiers
Ne trouvent plus rien dans mon wrre.
Désaiislcrs
LE PETIT GARGANTUA.
Air : Quand on sait aimer et plaire. ■
Quand on sait manger et boire,
A-t-on besoin d'autre bien ?
Sans son ventre et sa mâchoire,
Le plus riche n'aurait rien.
La table, amante fidèle,
Eut notre premier désir,
Et du vieillard qui chancelle
Elle est le dernier plaisir.
Quand on sait manger, etc.
D'une science importune
I •• pédant se targue en vain ;
Où le traiteur fait fortune,
Le libraire meurt de faim.
Quand on sait manger, etc.
CHANSONS BACHIQUES,
Les noms si beaux de Corneille,
Démosthène et Scipion,
Sonnent moins à mon oreille
Que celui d'Amphitryon.
Quand on sait manger, etc.
Pauvre au sein de l'abondance,
Midas, Tantale nouveau,
-Eût troqué son opulence
Contre un plat de fricandeau.
Quand on sait manger, etc.
Si de l'amoureux manège
La fatigue me séduit,
C'est qu'elle a le privilège
De tripler mon appétit.
Quand on sait manger, etc.
A parcourir les deux mondes
Colomb en vain s'illustra ;
Amis, des machines rondes
La plus belle, la voilà...
Quand on sait manger, etc.
Le chagrin, la sombre envie,
Mangent peu, n'engraissent point.
Mais la bonté, la folie,
Ont pour cachet l'embonpoint.
Quand on sait manger, etc.
Si Jean-Jacque eut l'humeur aigre,
Si Panard ne boudait pas,
C'est que Jean-Jacque était maigre,
C'est que Panard était gras.
Quand on sait manger, etc.
Élevons dans cette enceinte
Une statue à Cornus;
Et, pleins d'une ferveur sainte,
Gravons-y cet oremus :
Quand on sait manger, etc.
Que la statue embaumée
Protège nos gais festins,
Et s'anime à la fumée
Et des sauces et des vins.
Quand on sait manger, etc.
Quentin en vapeur épaisse
L'encens monte vers les cieux,
Et porte ce cri d'ivresse
Jusqu'à la table des dieux :
Quand on sait manger et boire,
A-t-on besoin d'autre bien ?
Sans son ventre et sa mâchoire,
Le plus riche n'aurait rien.
Désaugiers
La musique, de J.-J Rousseau, se trouve notée
au N. 483 de la Clé du Caveau.
UN COUP DE PIGTON,
1837.
Air : Je la donne pour gage (de la Croix d'Or).
Un coup d' picton,
Moi, j' m'en fiche,
Y faut que j' liche.
Un coup de picton :
J'aime mieux l'huil' que 1' coton.
Picton, liqueur charmante,
Nectar des malheureux,
Tu vaux bien qu'on te chante
A la face des cieux.
Point d' chagrins domestiques
Que ne fasse finir,
Point d'enn'mis politiques
Que n' puisse réunir.
Un coup d' picton, etc.
Riches, au sein des fêtes
D'où le plaisir a fui,
Oh ! que vous êtes bêtes
De payer cher l'ennui :
Un coup d' picton réveille
Le pauvre en son chemin,
Et lui cache la veille
Les pein's du lendemain.
Un coup d' picton, etc.
CHANSONS POPULAIRES.
Je ne puis vous le taire,
J* suis pris d'un mal subit ,
Déjà ma voix s'altère
Au milieu à" mon récit;
Je n' fais pas la bégueule,
Vrai 1 je m' sens défaillir :
Si vous m' rincez la bouche
Ça m' Trait bien du plaisir.
Un coup d' picton, etc.
Ce vieux soldat naguère
Illustra son pays ;
Mais les ans et la guerre
N'en font plus qu'un débris.
Qui le rend plus loquace?
Qui le rend radieux?
Qui rajeunit sa face?
Qui le rend... amoureux?
Un coup d' picton, etc.
Nos chambres discoureuses
N'offrent à tous les yeux
Que discussions creuses
Par des estomacs creux.
Qu'on m' donn' la présidence,
Moi, qui sais tout oser,
J'ouvre chaque séance
En venant proposer
Un coupd' picton, etc.
Voyant ma langue épaisse,
Hier, le médecin
M' dit : la bil' vous oppresse,
Faut vous purger demain.
Pour s' purger il faut boire,
Ordonn', ça m'est égal,
Pour m' procurer la foire
En me lavant 1' bocal.
Un coup d' picton, etc.
La chanson, camarades,
Que j' viens de composer.
Est comm' ces plants malados
Qu'il faut bien UfflOMT.
Pour me tirer d'affaire,
Al'av'nir, s'il vous plaît.
Vous mettrez dans votr' verre,
Entre chaque couplet...
Un coup d' picton,
Moi, j' m'en Gche,
Il faut que j' liche,
Un coup d' picton,
J'aim' mieux l'huil' que 1' coton.
Billions.
La musique, d'A.Pilati,se trouve notée au N. 2C?l
de la Clé du Caveau.
UNE NOCE* A MONTREUIL.
1846.
Air : Mire dans mes yeux les yeux.
Enfants, dis-je à deux confrères,
Nous avons bon pied, bon oeil,
Au lieu d* flâner aux barrières
Si nous allions à Montreuil.
Allons viv'ment qu'on s'embarque,
J' possède un couple d'écus ;
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Ça sonn' le monarque ;
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Et n'en parlons plus.
A Charonn' c'est 1' moins qu'on entre
Boire un p'tit coup chez Savart ,
Mais l'un d' nous s' sent mal au ventre
En avalant son nectar.
Savart craignant qui' n' s'insurge,
Dit en r'versant un coup d' jus :
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
C'est bon mais ça purge ;
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Et n'en parlons plus.
Nous y v'ia, bonjour, la mère,
Fricassez-nous urr lapin,
— Bahl fait's-en sauter un' paire,
Histoir' de goûter vot' vin.
CHANSONS BACHIQUES,
— Nous somm'sen fond comm' dit c't'autre,
Les trois n' s'ront pas superflus.
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Ce s'ra chacun l' nôtre ;
Tapez, tapez -moi là-d'ssus»
Et n'en parlons plus.
Tu cries à casser les vitres,
Voyons, de quoi te plains-tu ?
A trois nous n'avons qu' douze litres,
Vrai nous aurons 1' prix d' vertu.
Moi je n' quitte pas la guinguette
Qu' mes goussets n' soient décousus.
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Qu'on mont' la feuillette;
Tapez, tapez-moi là-d'ssus.
Et n'en parlons plus.
Allons, qui prend la parole,
L'un ou l'autr' ça m'est égal,
Mais n' chantez pas d' gaudriole
J' trouv' ça trop sentimental.
Chantez, le vin nous excuse,
D' Martin les refrains les plus crus.
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
N'y a qu' ça qui m'amuse;
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Et n'en parlons plus.
Deux époux d' la rue Saintonge
Sont avec nous dans la cour,
L' mari boit comme une éponge,
Et la femm' cri' comme un sourd,
Avec quell' rage ell" contemple
Les pichets qu' son homme a bus.
Tapez, tapez -moi là-d'ssus,
Faut faire un exemple:
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Et n'en parlons plus.
J' suis amoureux quand je chante
Et qu' j'ai pompé mon p'tit coup,
Aussi j' vois bien qu' la servante
N'est pas déchiré' du tout,
Ses petits yeux gris semblent dire :
De certains appas charnus.
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Ça m' fait toujours rire;
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Et n'en parlons plus.
C'est fini, faut s' mettr' en route,
Allons somm's-nous disposés,
Quand nous aurons bu la goutte
Tous nos gros sous s'ront usés.
Quand vous s'rez dans votr' domaine
Sur vos poussiers étendus.
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
En v'ià pour la s'maine;
Tapez, tapez-moi là-d'ssus,
Et n'en parlons plus.
<li. Colniam e.
La musique, de Mlle Loïsa Puget, se trouve notée
au N. 2217 de la Clé du Caveau.
COMME FAISAIENT NOS PERES.
J'aimons que l'on chante gaîment
Couplets et chansonnette,
Où berger à berg'rette
Parle d'amour ben gentiment.
J'aime, morguenne,
Surtout qu'on prenne,
Ehl oui, morguenne,
J'aime surtout qu'on prenne
Quelque joli petit refrain
Qui mette tout le monde en train, {bis.)
Tout en vidant nos verres
Comme faisaient nos pères,
Comme faisaient {bis) nos pères.
J' commençons à m'apercevoir
Qu'il en est d' la musique
Comme d' la politique
Dont chacun parle sans savoir.
J'aime, morguenne, etc.
Je ne voulons pas me vanter,
Mais, si j' puis m'y connaître,
CHANSONS POPULAIRES.
Tel chant' ben haut, peut-être,
Qui bientôt pourra déchanter.
Ehl oui, morguenne,
Ç' ti-là qu'on traîne,
Eh! oui, morguenne,
Ç'ti-là, ç'ti-là qu'on traîne
Si vite dans son phaélon,
Un beau malin, changeant de ton,
Ç'ti-là qu'on traîne avec son phaéton,
Pourra r'monter derrière,
Comme faisait son père,
Comme faisait (bis) son père.
Marsolller.
Musique, de Dalayrac. notée au N. 255 de la Clé
du Caveau.
LE CABARET DES TROIS-LURONS.
1844.
Air : Cest à votre tour, mes enfants (Morisset).
AutreTois au quartier des halles
Il existait un vieux bouchon,
Vieux comptoir, vieux pots, vieilles salles,
Tout était vieux jusqu'au patron.
Trois hambocheurs à courte empeigne,
Chapeaux blancs, rouges gilets ronds, (bis.)
Décoraient la joyeuse enseigne 1 ...
Du cabaret des Trois-Lurons. i s ''
Là, plus d'un buveur, bon apôtre,
Venait se rincer le sifflet,
Et d'un bout de l'année à l'autre,
Dieu sait le vin qu'on y buvait.
Pour le rentrer jamais d'entraves.
Quel dépit pour les vignerons 1
On le fabriquait dans les caves
Du cabaret des Trois-Lurons.
Notre hdteflse à lourde bedaine,
^adjoignant un gros \w ergnat,
Au moins une foia par semaine,
Déchirait un coin du contrat.
D'un petit jeune homme au teint blême,
Elle adorait les cheveux blonds;
Le mari n'était qu'en troisième
Au cabaret des Trois-Lurons.
Des pochards, la troupe avinée,
Avec effroi, voyait écrit
Sur un coin de la cheminée :
« Crédit est mort, plus de crédit. »
Pourtant, en se moquant du reste,
On buvait sans craindre d'affronts,
Puisqu'on pouvait laisser sa veste
Au cabaret des Trois-Lurons.
Notre capitale envahie
Par vingt monarques conjurés,
Criait aux fils de la patrie :
A vos rangs, braves fédérés.
Du pays, prenant la défense,
Plus d'un de ceux que nous pleuron9
Est parti, pour venger la France,
Du cabaret des Trois-Lurons.
Aux éclats d'une gaîté folle,
Aux élans d'un plaisir sans lin,
Debreaux chantait la gaudriole,
Leroy trinquait avec Dauphin.
Le piclon soutenait la verve
De ces aimables biberons ;
Momus avait soûlé Minerve
Au cabaret des Trois-Lurons.
Le temps a dévoré les traces
De ce pauvre et riant réduit :
Les murs se sont couverts de glaces,
Le comptoir de clinquant reluit.
Courant où le plaisir s'installe,
Je cherche dans les environs
Si je trouve une succursale
Du cabaret des Trois-Lurons.
< ii. 4 oliuance.
La musique, de Charles i&origget, k trouve chez
L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-Naia-
reth.
( »a J
CHANSONS BACHIQUES.
LE CHAMPAGNE.
1846.
Ai:i des Comédiens sans reprise).
Beau prisonnier, dont les échos fidèles
Ont retenu les chants et la gaîté,
A tes esprits je veux rendre leurs ailes;
Viens respirer l'air et la liberté.
Assez longtemps, dans ta prison profonde
Enseveli par des maîtres ingrats ,
Tu demeuras oublié de ce monde,
Qui t'aurait dû l'oubli de ses combats.
L'heure a sonné: surgis à la lumière;
Viens resplendir à l'éclat des flambeaux;
Secoue enfin cette humide poussière,
Que les hivers attachent aux tombeaux.
Tu nous diras tes refrains d'allégresse,
Tu chanteras l'espoir et la beauté ;
Mais laisse-moi, sous ma main qui te presse,
Sécher les pleurs de ta captivité.
De nos beaux jours entretiens la mémoire,
En nos pensers rappelle la vigueur ;
Enflamme-nous aux rayons de ta gloire ;
Mais viens d'abord te chauffer à mon cœur.
Oui, tu frémis; et cette douce étreinte
Rend leurs vertus à tes sens engourdis ;
Et sous le joug, dont tu gardes l'empreinte,
Impatient, tu grondes et bondis!
Je veux doubler l'ardeur qui le dévore ;
Sois donc heureux, vois, j'ai rompu tes fers,
Un seul lien te lient captif encore,
11 est brisé... pars libre dans les airs!...
Non; pas encore... un malheureux esclave,
Que l'habitude au joug a façonné,
Quand une main a brisé son entrave,
Reste un moment immobile, étonné.
Mais il est temps, et ton heure s'achève;
Je viens aider tes généreux efforts;
Oui, regardez, il gramlit, il s'élève-,
Monte, pars, vole, et répands tes trésors!
Vin de Champagne, enivrante maîtresse,
Viens, le front libre et les cheveux épars!...
Brise à ton tour le joug qui nous oppresse,
Et de ton prisme éblouis nos regards.
Fais-nous savoir que la vie a des charmes;
Qu'à nos douleurs succèdent nos plaisirs ,
Verse à nos cœurs l'oubli de leurs alarmes,
Verse à nos sens l'ardeur de leurs désirs!
Gustave Nadaud.
La musique, de Miller, se trouve notée au
N. 1916 de la Clé du Caveau.
VERSE ENCORE.
Verse encor,
Encor, encor, encor,
Encore un rouge bord,
Dieu joufflu de la treille !
Verse encor.
Encor, encor, encor.
Par toi tout ss .^veille,
Et sans loi tout est mort.
Toi qui, déplorant
Les misères humaines,
Vas partoutjurant
Et le désespérant,
Pourquoi fulminer?
Moi, pour guérir mes peines.
Au lieu de tonner,
J'aime mieux entonner :
Verse encor, etc.
Si toujours heureux,
Alcide a tant su faire
(il
10
( 'J }
CHANSONS POPULAIRES.
D'exploits amoureux
Ht d'exploits valeureux,
C'est que, chaque fois
Qu'il parlait pour la guerre,
Sa tonnante voix
Disait d'un ton grivois
Verse encor, etc.
Amant qui toujours
De soupirs et d'alarmes
Attristes le cours
De tes sottes amours,
Répands loin de moi
Tes longs torrents de larmes,
Nous avons, ma foi,
Bien assez d'eau sans toi...
Verse encor, etc.
A quoi bon ce gros,
Ce lourd dictionnaire,
Que mal à propos
Surchargent tant de mots.
N'eût-il pas suffi
Au bonheur de la terre
D'en avoir un qui
Contînt ces seuls mots-ci ;
Verse encor, etc.
Je tiens pour certain
Que notre premier bomme
Bût, d'un tour de main,
Sauvé le genre humain,
Si ce Ijùii Adam,
Mettant, au lieu de pomme.
I ii broc sous sa dent,
Bût dit en le vidant :
Verse encor, etc.
pourquoi, Turcs damnés.
Par un décret céleste
tous ués
A rôtir condamnés T
; que, réduits I
rbel indi
n d'entre vous
• i i
etc.
Du sort inhumain
Suivant l'arrêt sévère,
Puisque, hélas! ta main,
Peut-être dès demain,
Ne versera plus
Dans mon sein ni mon verre,
Bienfaisant Baccbus,
Ton ivresse et ton ju6,
Verse encor,
Encor, encor, encor,
Kncore un rouge bord,
Dieu joufflu de la tre-illel
Verse encor,
Encor, encor, encor 1...
Par toi tout se réveille,
Et sans lui tout est mort.
Désaugiers.
Air populaire, noté au N. 1240 de la Clé du Cave iu.
LE PERE JEROME.
Ai in : Ma Marmotte a mal au pied
Je me souviens qu'à dix-huit ans
(Age que je regrette),
Pour tirer parti des iuslans,
Je fuyais l'étiquette :
A cache-pot,
Bravant l'impôt,
Sous un abri de chaume,
Ali ! que j'ai bu
lit! vin ilu crû
Chez l'1 pèr ■ Jérôme I
Jérôme était un \ ieux troupier;
Sun vin étail potable :
Tel qu'il entrait dans son cellier.
Il le servait à table.
( *5 )
CHANSONS BACHIQUES.
Là l'âge d'or
Avait encor
Son bachique fantôme.
Ah! que j'ai bu, etc.
Au souvenir de maints Bayard,
J'ouvrais des yeux humides :
L'un nous parlait de Saint-Bernard,
L'autre des Pyramides;
Puis du Kremlin,
Jérôme enfin
Nous charbonnaitle dôme.
Ah ! que j'ai bu, etc.
fin maudissant les chefs flétris
Dans la lutte dernière,
Nous entonnions les chants proscrits
Par la blanche bannière,
Là, de Capet
Un plat valet
N'eût été qu'un atome...
Ah! que j'ai bu, etc.
Quand Erigone à nos cerveaux
Inspirait son délire,
Nous remettions à nos chapeaux
Les couleurs de l'empire,
Puis d'Austerlitz
Mes vieux amis
Rêvaient le second tome.
Ah! que j'ai bu, etc.
D'une mâle et franche amitié
Chacun était l'apôtre.
Par routine et non par pitié,
On payait l'un pour l'autre :
On n'eût pas fait
De l'intérêt
Pour tout l'or du royaume.
Ah! que j'ai bu, etc.
Mais, hélas 1 la mort à ses lois
A soumis ce vieux brave...
Partout où je trinque, je vois
Rôder des rats de cave :
L'égalité
A déserté
La cabane de chaume.
Ah! que j'ai bu
De vin du crû
Chez le père Jérôme!
Louis Voitelalu.
Air ancien, noté au N. 745 de la Clé du Caveau.
LE DESSERT.
Air : En revenant de Bâle en Suint.
Disparaissez, on vous l'ordonne,
Rôtis pompeux, fins entremets;
Ici Bacchus, Flore et Pomone
Doivent seuls régner désormais :
On rit. on babille,
Le cœur est ouvert,
Et la gaîté brille
Au moment du dessert.
Voyez quand un dîner commence,
Souvent on ne se connaît pas;
Mais sans peine on fait connaissance
Et quand vient la fin du repas,
On rit, on babille, etc.
A raisonner chacun s'applique,
Tous ensemble, et non tour-à-tour :
Tout haut on parle politique,
Et tout bas on parle d'amour:
On rit, on babille, etc.
C'est du Champagne qu'on apporte,
Chacun va dire sa chanson ,
On chante juste ou faux, n'importe,
Le plaisir est à l'unisson:
On rit, on babille, etc.
Voyez cette jeune innocente
Buvant de l'eau, ne disant mot;
A ce vin mousseux qui la tente
Elle cède, en boit, et bientôt
Elle rit, babille, etc.
CHANSONS POPULAIRES.
Étrangère à la gourmandise,
Indifférente aux grands repas,
Lise d'un peu de friandise
En secret ne se défend pas :
Elle rit, babille, etc.
Dans un amoureux tète -à-tête,
Our ce! instant est précieux !
Ah ! quelle ivresse ! ah ! quelle fête !
Qu'avec joie, en attendant mieux,
On rit, on babille, etc.
Nous qu'un joyeux délire excite,
Et dont Momus dicte les chants,
Mes bons amis, dînons bien vite,
Mais au dessert restons longtemps:
On rit, on babille,
Le cœur est ouvert,
Et la gaîté brille
Au moment du dessert.
Etadet
Air ancien, noté au N. 180 de la Clé du Caveau.
LE SON QUE JE PRÉFÈRE.
Aiu : Eiitcndi-tu l'appel qui sonne .' Du vaudeville d'une
Nuit de la Garde Nationale.
Quand j'entends mon verre
l'aire,
Dès 1" matin,
R'lintintin, r'lintintin,
J' dis : \ 'là r sun que je préfère :
Et j' bois !à-d'ssus f
On coup de plus. C
(bis.)
[Le verre de vin est olliijé après chaque re/rain.}
L' Bon d'une voix douce et tendre
Comm ci il'' d' Suzon qu' j'aimais
Mon oreille n' peut l'entendre
Sans qu' mon cœur s'afflige ; mais...
Quand j'entends, etc.
L'sun d' l'argent, quand j' n'en ai gui re,
M' rend plus pauvre que jamais
Et m' fait maudir' ma misère,
Moi, qui n'en fsais que rire ; mais...
Quand j'entends, etc.
L' son des violons d' mon village,
Auquel autïuis j' m'animais,
M' dit à c't' heure que j' suis dans l'a.
Où l'on doit les payer; mais...
Quand j'entends, etc.
L' son du tambour me rappelle
C temps où malgré moi j' m'armais
Pour aller chercher querelle
A tous les monarques ; mais...
Quand jentends, etc.
L' son du cor m' rappell' sans cesse
Qu'un jour où dans 1' bois j' dormais,
Certain chasseur eut l'adresse
De m' prendr' pour la bête; mais...
Quand j'entends, etc.
L' son importun d' ma sonnette,
Qui ne se r'pose jamais,
M' fait toujours souv'nir d' queuqu' dette
Quej' voudrais oublier; mais...
Quand j'entends, etc.
L' son d' la cloche d' not' paroisse
M' rappelle, à chaque pas quej' fais,
L' carillon du jour d'angoisse
Où j' me suis marié ;... mais...
Quand j'entends, etc.
A chaque heure, 1' son d' l'horlogd
Semble m' dire désormais
Qu' bientôt faudra que j' délogé
Dec' monde OÙ j' me plais tant : mais..
Quand j'entends mon verre
Faire
Dès I' malin,
R'lintintin, r'lintintin,
j' dis : V'Ià I' 80 n que je préfère .
Et j' buis lù-d'ssus
Un coup de plus.
Ilisau^lrr-
\ [bis.)
Air ami. ni té au N r:l7 de la Clé du Caveau.
L'ORGIE.
183n.
Eh ! vive l'orgie '
Eh! buvons sans fin.
Chantons la folie,
L'amour et le vin !
Du vin dans la tête,
L'amour dans le cœur,
Vrai Dieu ! quelle fête !
C'est double bonheur !
Eh! vive l'orgie! etc.
Auprès d'une belle,
D'un vin généreux,
Mon œil étincelle,
Je me sens heureux!
Eh! vive l'orgie! etc.
Au doux choc du verre,
Au bruit des flacons,
Narguons la misère.
Rions et dansons !
Eh! vive l'orgie! etc.
Sautons en cadence,
Bravons l'univers !
Le vin fuiL s'élance,
Parfume les airs !
Eh! vive l'orgie! etc.
Voyez cette écume!
Voyez ce beau feu !
Ma soif se rallume,
Bacchus est un dieu !
Eh! vive l'orgie !
Eh! buvons sans tin,
C hantons la folie,
L'amour et le vin !
L. Crt'vel de Cbarleniagne.
La musique, de Rossini, se trouve chez M. Bran dus
et Ce, rue Vivienne. (0.
62
L'IVROGNE.
1840.
Hé qu'est'ça m'fait à moi
Qu'on m'appelle ivrogne !
Je suis heureux comme un roi
Quand je m' rougis la trogne.
J' n'ai jamais compris comment
S'est conduit 1' premier homme ;
Il fallait qu'il fût Normand.
De s' damner pour un' pomme.
Hé! qu'est'ça m'fait, etc.
Adam, qui s'est fourvoyé,
D'excuse serait plus digne.
S'il eût attendu qu' Noé
Eût inventé la vigne.
Hé ! qu'est'ça m' fait, etc.
L\ vie est un chemin d'fer,
11 faut que l'homme y roule;
Quand j' suis pané, j' vais prend r' l'air.
Quand j'ai d l'argent, je m' soûle.
Hé ! qu'est'ça me fait, etc.
Les maîtres des nations
Aux peuples s'raient plus utiles,
S'ils se servaient d' nos canons
Au lieu d' leurs projectiles.
Hé! qu'est'ça me fait, et-.
Eu l'honneur du dieu du vin
Si j' vends jusqu'à mes ch'mises,
C'est que j' trouv' sur mon chemin
Plus d'cabarets qu' d'églises.
Hé! qu'est'ça m' fait, etc.; „'
La nature, dans mon froc
A mis un bon apôtre,
Quand j' tiens ma femme ou mon broc,
J'emplis l'une ou j' vid' l'autre.
Hé ! qu'est'ça me fait, etc.
T. II. — 3
il
(»• )
CHANSONS POPUL VIRES.
L* dimanche, dans le ruisseau
Quand par malheur Je couche,
J'enrage, mais c'est d' voir l'eau
Aussi près de ma houche.
Hé I qu'est'ça m' fait, etc.
Ici-bas, quand j'aurai bu
Mes dernières bouteilles,
J' veux m'en aller 1' cul tout nu
Et les manches pareilles.
Hé! qu'esl'ça m'fjit, etc.
A quoi bon des capitaux ?
Quand la terre nous hume.
Rois, peuples, savants et sots,
On a tousl' mêm' costume.
Hé! qu'est'ça m' fait à moi
Qu'on m'appelle ivrogne !
Je suis heureux comme un roi
Quand je m' rougis la trogne.
Henri Simon
Lamusique, d'Albanèse, est notée au N. 119 de la
Clé du Caveau.
DÉLIRE BACHIQUE.
Air du petit Maillot.
Mes amis, nos coupes sont pleines.
L'écume en couronne les bords;
Quel feu, circulant dans mes veines.
M'inspire de nouveaux transports'
Je vois Bacchus, je vois sa gloire;
Mon ivresse m'élève aux cieux;
C est Hébé qui me verse à boire,
Je suis à la table des dieux.
Approche, joyeuse bacchante;
L'œil en feu, les cheveux épars;
Viens redoubler l'ardeur brûlante
Que je puise dans tes regards;
Verse d un bras infatigable
Le pur nectar d s immortels;
Je me contente de leur table,
bano aspirer à leurs autels.
Vois dans sa marche vacillante
Silène qui, l'œil égaré,
Laisse aller sa tête tremblante
Que couronne un raisin doré;
Il sourit, et sa bouche avide,
Dont la soif paraît s'irriter,
Appelle encor la coupe humide
Que sa main ne peut plus porter.
Qui de nous dans ces jours de fêle
Peut compter sur un jour nouveau?
Le lière qui pare ma tète
Croîtra demain sur mon tombeau.
Mais loin qu'une sombre tristesse
Précède mon dernier sommeil,
Je veux m'endormir dans l'ivresse
Et chanter encore au réveil.
Casimir Dclavlgne.
Lamusique, de Gaveaux,se trouve notée au N.i08
de la Clé du Caveau.
IVRESSE!
1847.
Des âmes pures
Dieu souverain,
Tu bannis le chagrin,
Tu fermes nos blessures.
Ovin vermeil, ô vin sacré,
Reviens à moi, ma voix t'implore
Calme l'ennui qui me dévore,
Et rends-moi le ciel azuré I
Plus de colères,
Plus de souci3 ;
Tu rends à nos esprits
Les riantes chimères.
Coule toujours, divin trésor ;
Ce qu.' je veux, c'est ton ivresse;
C'est la vapeur enchanteresse
Qui l'ait naître les rêves d'or.
CHANSONS BACHIQUES.
15
Toiil se colore
A l'horizon.
Kt la froide raison
Avec loi s'évapore.
Tout est doré, tout est vermeil .
Le passé n'est plus qu'un nuage-
Le présent dans mon verre nage.
Et l'avenir c'est le sommeil.
La brise est pure.
L'air embaumé ;
Tout est riant, aimé.
Tout soupire et murmure.
Concerts divins, je vous entends;
Pour moi le ciel n'a plus de voiles,
Et je contemple les étoiles,
Et je songe à leurs habitants !
Est-ce un prodige'
Est-ce une erreur?
L'univers en fureur
S'abandonne au vertige!
En vain je veux la retenir;
La vieille terre est ébranlée :
La terre tourne!... 0 Galilée!
Je veux boire à ton souvenir.
Sainte ambroisie,
A ta chaleur,
L'amour renaît au cœur,
Et. la haine s'oublie.
Mes amis, venez dans mes bras;
Je suis en pleurs, l'amour m'inonde
J aime le ciel, j'aime le monde ;
J'aime ceux que je n'aime pas.
J'aime les cuistres
Et les enfants,
Et les pâles savants,
Et même nos ministres.
J'aime les rois, l'hiver, les chiens,
Et les poètes romantiques.
Et j'aime les mathématiques,
Et les mathématiciens!
Par toi, tout change.
Tout rajeunit.
El tu donnes l'esprit,
Et l'amour sans mélange.
Par toi, les vieillards sont surpris
De se sentir encor des âmes ;
Les maris embrassent leurs femmes,
Les femmes baisent leurs maris.
Encore! encore!
Mais suis-je fou ?
La bouteille au long cou
S'arrondit en amphore!
Versez toujours! verrez encor I
Mais arrière le vin moderne !
Ce que je bois, c'est le Falerne
Qui pétille en ma coupe d'or.
Plus de cravate,
Plus de gilet;
Je foule le duvet
Sous ma toge écarlate.
J'entends la flûte aux airs si doux :
Et cet ami-là, c'est Horace,
Qui descend exprès du Parnasse,
Pour venir trinquer avec nous.
0 Messaline,
Viens dans mes bras ;
Dévoile tes appas,
Ouvre-moi ta poitrine !
Je veux t'aimer en vrai Romain.
Allons, esclave, allons, des roses!
C'est bien : Va-t'en !... et, si tu l'oses,
Reviens nous éveiller demain !...
Gustave Vudnud.
Cette chanson est extraite de la nouvelle édition
du recueil des chansons de G. Nadaud. En vente
chez L. Vieillot, éd., 32, r. N.-D.-de-Nazareth.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
chez L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-
Nazareth.
le
CHANSONS POPULAIRES,
C EST ENCORE GOUTER LE BONHEUR.
1834.
Du temps pour braver la rigueur,
Versez, amis, versez à boire. bis.
Dans l'oubli plonger sa mémoire,
I i si encor goûler le bonheur, [quater.)
Arbitre de nos destinées,
0 Irop inexorable temps!
Tu omis en m accablant d'années,
De rides et de cheveux blancs,
Altérer ma philosophie,
Ma bonne humeur et ma gaîté ;
Non, non, jamais, car je m'écrie (bis.)
A chaque coup par toi porlé :
Du temps, etc.
Que l'a fait la pauvre vieillesse
Pour ajouter à ses malheurs?
Na-t-elle pas dans sa détresse
Assez de regrets, de douleurs?
Près du terme de mon voyage.
Ces maux, déjà je les ressens,
Mais je les brave avec courage ;
Entends-tu ces joyeux accents"'
Du temps, etc.
Quand je vois par tes mains arides
Se moissonner avec fureur
Tous ces mortels jaloux, avides.
Ou de richesse ou de grandeur.
Quand j'entends, d'une voix tremblante,
Maints fous implorer ta pitié;
Calme j'attends, gaîment je chante
Au sein de la douce amitié :
Du temps, etc.
Quand par tes frimas sur la terre
Ont fui les printemps, les amours;
Quand pour nous encor plus sévèn
■| i, glaces nos cœurs pour toujours
Loin d'en gémir avec faiblesse,
Je veux soudain doubler d'efforts
Pour me ranimer dans l'ivresse,
El m'éga; ei pai es accords.
Du temps etc.
Enfin, dan- le calme or. l'orage,
Quand tout fuit à pas de géant,
Si tout froissés, cassés par l'âge,
11 nous faut descendre au néant,
Rien loin de vouloir m'en défendre
Je me soumets à ton arrêt ;
Le verre en main viens me surprendre,
Oui, viens, je t'attends! je suis prêt!!!
Du temps pour braver la rigueur,
Versez, amis, versez à boire; {bit.)
Dans l'oubli plonger sa mémoire,
C'est encor goûter le bonheur, (quater.]
Blomlcl.
La musique 'le l'auteur des paroles, se trouve
ihez L. Vieillot, 32, rut- Notre-Dame-de-Nazareth
BACCHANALE.
A moi les brûlantes orgies
A moi l'amour et toutes ses faveurs,
A moi 1 ivresse et ses folies,
Et ses transports et ses tendres fureurs.
Noire à longs traits, aimer et plaire,
De la jeunesse est la triple vertu ;
Du vieillard la morale austère
N'est qu'un regret d'avoir trop peu vécu.
A moi, etc.
Restons encor, ô ma maîtresse !
Enivrons-nous de Champagne et d'amour,
Laissons fuir l'heure qui se presse
Pour la narguer, je l'attends au retour.
A moi. ele
La nuit de ses plus sombres voiles
Se couvre en vain... croit-elle m'effrayei
Elle a beau cacher ses étoiles,
Sous tes cils noirs je les vois scintiller.
A moi les brûlantes orgies,
A moi l'amour et toutes ses faveui
A moi l'ivresse el Bes folies
El ses transports el ses tendres fureurs.
l'.doiinrd \evru.
f SI )
Cn.VNSONS BACHIQUES.
11
LE YIVEUR.
1833.
An* du vaudeville des Chansons de Béranger.
Nargue du philosophe austère
Qui se fait du monde un néanf...
Pour qui la vie est un mystère,
Le trépas un bien qu'il attend 1
Du temps endormez la furie,
Plaisirs, disputez-lui mes jours!
D'ivresse, Amours, comblez ma vie;
Bons vins, enivrez-moi toujours!
Que de fous battent la campagne
En cherchant clans l'or le bonheur,
Lorsqu'entre Lise et sa compagne
Bacchus le décèle à mon cœur!
Riche de joie et de tendresse,
Plutus me souriait en vain
Quand je puis, pour changer d'ivresse,
Changer de bacchante et de vin !
Non, non ! point d'ambition vaine
Qui pourrait troubler mes plaisirs!
Lise a souri, ma coupe est pleine.
Les dieux ont comblé mes désirs.
La fortune tourne à ma guise
Quand je vois, après doux larcins,
Des saphyrs dans les yeux de Lise,
Des perles dans nos verres pleins !
Des biens dont le peuple t'aumône
Crois-tu qu'on puisse être envieux,
Toi qui trembles sous la couronne '
Dont l'éclat t'a brouillé les yeux!
Plus que toi j'ai l'àme contente
Lorsque j'effeuille quelques fleurs
Des couronnes que la bacchante
Attache au thyrse des buveurs!
Sur ce fleuve, où par la folie
ai vu souvent guider mes pas,
Dieux qui savez charmer la.vie,
Charmez, s'il se peut, mon trépas!
Tombé sur le sein d'une belle,
Puissé-je, à mon dernier festin,
Ne voir chavirer ma nacelle
Qu'après un déluge de vin!
E't'i'riiclct.
HOMMAGE A BACCHUS.
1842.
Aik : Vive le vin de Ramponneav
Le doux jus
Du divin Bacchus
Inspire l'allégresse.
Chassons sans cesse
Le chagrin,
Que notre verre soit de vin
Plein.
Un amoureux
N'est heureux
Qu'en fixant les beaux yeux
D'une cruelle amante.
Aux vains atours,
Aux amours
Je préfère toujours
La liqueur enivrante.
Le doux, etc
Avec éclat,
. Au combat,
Se montre le soldat.
Désireux de sa gloire,
Mais dans mon coeur
Un vainqueur
Obtient bien moins d'honneur
Qui celui qui sait boire.
' Le doux, etc.
J'aime bien mieux
Tous nos vieux
Chansonniers si joyeux
Que la nouvelle écoie.
H
CHANSONS POPULAIRES.
Gais bambocheurs.
l'oint censeurs,
Ils savaient, ces auteurs,
("hanter la gaudriole.
Le doux, etc.
Demeurons sourds
Aux discours
Des peuples et des cours.
¥i de la politique.
Jamais de voix
Four les rois,
Mais pour les chants grivois,
Pour un refrain bachique.
Le doux, etc.
Si sans retour
Quelque jour
Sur nous le Dieu d'amour
Obtient pleine victoire,
Que les appas,
Les débals,
Amis, n'empêchent pas
De chanter et de boire.
Le doux, etc.
Amis, il faut,
En un mot,
Ne point faire défaut
A la liqueur vermeille.
Les gens heureux
Ce sont ceux
Qui célèbrent les dieux
Des chants et de la treille.
Le doux jus
Du divin Bacchus
Inspire l'allégresse.
(.licous sans r.-ss<-
Le chagrin,
Que noire vei re soil de vin
Plein.
< lim i. n r ni mn «I
l.\ TREILLE DE SINGÉRITÉ.
Mous n'avons plus cette merveille
Ce phénomène regretté,
La treille J
De sincérité.
[bia
Cette treille miraculeuse,
Dont la vertu tient du roman.
Passa longtemps pour fabuleuse
Chez le Gascon, chez le Normand; [bis.)
Mais des garants très authentiques
Ont lu dans un savant bouquin
Que son raisin, des plus antiques
Existait sous le roi Pépin...
Nous n'avons, etc.
Un docteur qui faisait parade
De son infaillibilité,
Allant visiter le malade.
Vit le raisin et fut tenté.
Puis, de son homme ouvrant la porte,
Et le trouvant sans pouls ni voix :
« C'est, dit-il (le diable m'emporte I) ,
Le trentième depuis un mois. »
Nous n'avons, etc.
Un auteur sous son frais ombrage,
Lisant un poème fort beau,
A chaque feuille de l'ouvrage,
S'humectait d'un raisin nouveau
« Çà, lui dit-on, un tel poème
Vous a coûté six mois et plus ?
— Non. reprit-il à l'instant même...
Il m'a coulé cinquante écus. »
Nous n'avons, etc.
Sous la treille un petit Pompée
Criait aux badauds étonnés :
« Dans ma vie, ah ! quels coups d'épée,
Quels coup- de sabre j ai donnés!
Quels coups (h; fusil ! quels coups... >, ZesU
Il mord la grappe là-dessus,
Ki poursuit d'un air plus modeste :
•< Quels coupi de bâton j'ai reçus ! »
Nous n'avons, etc.
( Ml |
CHANSON S BACHIQUES.
Au moment de donner la vie
A l'héritier de son époux,
Une jeune femme eut envie
De ce raisin si beau, si doux !...
Et le pauvre homme, ayant pour elle
Cueilli le fruit qu'elle happa :
« Que mon cousin, lui dit la belle,
Sera content d'être papa! »
Ndus n'avons, etc.
Un curé, que le saint bréviaire
Amusait moins que le bon vin,
S'amusa de monter en chaire
Plein du jus du fatal raisin.
« Frères, dit-il à 1 auditoire,
Malgré tout ce que je vous dis,
Je sais aimer, chanter et boire,
Et je fais gras les vendredis... »
Nous n'avons, etc.
Mais, hélas ! par l'ordre du prince,
Ce raisin justement vanté,
Un jour du fond de sa province.
Près du trône fut transplanté.
Pauvre treille, autrefois si belle,
Que venais-tu faire à la cour ?
L'air en fut si malsain pour elle,
Qu'elle y mourut le premier jour.
Nous n'avons plus cette merveille,
Ce phénomène regretté,
La treille [ ,,. «
De sincérité.
Désangier«i.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
notée au N. 1113 de la Clé du Caveau.
LE DÉLIRE BACHIQUE.
Air de la Grande Orgie.
Tant que le vin ira son train,
Faudra boire
A sa gloire ;
Car il nous tient, ce vin
Divin,
Sans bois, sans charbon, sans récham
Chaud.
Dans nos climats,
Sous nos pas
Lorsque les noirs frimas
Ont vomi lep orages,
Le verre plein,
A la main,
Bravons jusqu'à demain
L'hiver et ses nuages.
Tant que le vin, etc.
Si des gazons,
Des vallons,
Les fougueux aquilons
Ont détruit les prestiges;
Contre les fers
Des hivers,
Des pampres toujours verts
Il nous reste les tiges.
Tant que le vin, etc.
Un coffre- fort
Bien plein d'or
Ne donne point encor
Une santé constante ;
Mais du pomard
Le nectar
Rend dispos et gaillard;
Voilà ce qui me lente.
Tant que le vin, etc.
Foin du jaloux
En courroux,
Qui pour gloser sur cous,
Soir et malin s'applique;
Épicurien,
Prendre en bien
Chaque jour comme il vient,
Voilà ma politique.
Tant que le vin, etc.
D'un vain honneur
Qu'un auteur,
M
CHANSONS POPULAIRES.
Dans sa bouillante ardeur,
Conçoive l'espérance;
Bien plus adroit,
Moi, je bois,
El n'aspire, ma foi !
Qu'à ine remplir la panse.
Tant que le vin, etc.
Ces conquérants,
Qu'on dit grands,
Ont versé par torrents
Le sang de leurs phalanges,
Moi, plus humain.
Quand le vin
S échappe sous ma main,
Je suis vraiment aux anges.
Tant que le vin, elc.
Quand par devoir,
Un beau soir,
Dans le sombre manoir
Je ferai la culbute ;
En gai luron,
Toujours lond,
— bah 1 dirai-je à Caron,
Attends une minute.
Tant que le vin ira son nain.
Faudra boire
A sa gloire;
Car il nous lient, ce vin
Divin,
.Sans bois, sans charbon, sans réchaud,
Chaud.
■Cmilc Dcltreaui.
Aii ancien, noté au N. 1101 de la Cle du Caveau.
LE CHAMPAGNE.
AlH : du rondeau des Deux Ma' tresses.
■ Ultur P herbage 1 I
Cal le Champagne,
Vin de Cocagne,
Philtre enchanteur créé par Lucifer;
Videz nos tonnes,
Que nos Bretonnes
Boivent ce vin, chef-d'œuvre de l'enfer.
C'est un poison dont le goût électrisé,
C'est un démon qu'on avale gaîmcnt,
C'est le nectar, qui de la gourmandise
Lst aujourd'hui le premier talisman.
Vin des grisen
Vin des Lorelles,
L'amour lui doit ses plus chères faveurs;
Quand ce vin mousse,
La vie est douce,
Et le péché peut s'emparer des cœurs.
C'est le secret de beaucoup de faiblesses;
C'est le fléau des malheureux époux ;
Serments d'amour, baisers, tendres caresses
Ce n'est pas cher, c'est quatre Irancsdix sous.
Prodige étrange,
Par lui tout change.
\ la laideur il donne des appas ;
De la science
A l'ignorance,
El de l'esprit à ceux qui n'en ont pas.
S'il le voulait, par sa toute puissance;
Ce vin joyeux, évitant plus d'un choc,
Dans un banquel réunirait la France,
Malgré l'enfer, malgré le diable en froc!
C'est l'' Champagne,
Vin de Cocagne,
Philtre infernal crée par Lucifer ;
Videz nos tonnes,
Que nos Bretonnes
Boivenl ce vin, chef-d'œuvre de l'enfer!
Dennery et (lalniiu*.
Les S, j,L Châteaux du Diable, en
M. Tresse, éditeur i'a-
lais-National, . ali rie de Chartres,2et :!-. prix '60 ■-.
aie où l'un trouve ai al unt-
Vertl (dl : nouvelles.) '
La muaiq.u< ■ trouve i.otee au
■ ail.
■ ;K Dl PILLET KILS AISÉ, RUE Dts OtUHDt-AOCDSTI
i;ram> verre et petite .MAITRESSE
\iii : Plantez-moi îles vignes.
Tâche qui pourra de saisir
Des princes la tactique ;
N'a pas qui voudra le loisir
De parler politique.
Pour moi des Etats
Et des potentats
Fort peu je m'intéresse,
Quand j'ai sous la main
Grand verre bien plein
Et petite maîtresse !
Au lieu de ces couplets légers
Charmant les plus farouches,
Jésuites, patrie et dangers,
Sont dans toutes les bouches.
Voulez-vous, auteurs,
Voulez-vous, chanteurs,
Qu'Apollon vous caresse?
Ayez sous la main,
Grand verre bien plein
Et petite maîtresse!
Ces preux qui, lassés de repos,
Dans une ardeur sublime.
Sont allés percher leurs drapeaux
Sur les murs de Solime,
Auraient, je le crois,
Planté là la croix,
S'ils avaient pu sans cesse
Avoir sous la main
Grand verre bien plein
Et petite maîtresse!
Pourquoi ce bon roi, ce Henri,
Rentré dans son royaume,
Fut-il tant prôné, tant chéri
Des palais et du chaume?
C'est que Je gaillard,
Tant soit peu paillard,
Eut dans sa douce ivresse
Toujours sous la main
Grand verre bien plein
Et petite maîtresse !
Tous ces monseigneurs soucieux
Qui près des rois séjournent,
Dans leurs projets ambitieux
Nous tournent et retournent :
Nous serions heureux
Si ces songe-creux,
Épris d'une caresse,
Avaient sous la main
Grand verre bien plein
Et petite maîtresse!
ijuand donc, atteignant le sommet
Du char de la victoire,
l-'ermerez-vous à Mahomet
Votre beau territoire?
Quand vous verrons-nous,
Forts sur vos genoux,
Nobles fils de la Grèce,
Avoir sous la main
Grand verre bien plein
Et petite maîtresse?
Foin de l'avenir, du passé!
Qu'aujourd'hui nous occupe :
Qu'à grands flots le vin soit versé;
Barbouillons-en la jupe.
Hiver ou printemps,
Pour vivre contents
Et narguer la détresse,
Ayons sous la main
Grand verre bien plein
Et petite maîtresse!
Emile Debreaix.
CHANSON BACHIQUE.
uk : Unsijadit un grand prophète.
Puisque sans boire un ne peut vivte,
Célébrons ce nectar parfait!
Mais permettez que je m'enivre,
Pour me remplir de mon sujet.
Etourdi du jus de la tonne,
Je puis ne dire rien de bon;
T. 11. — 4
n
CHANSONS POPULAIRES
.Mais .lu moins si je déraisonne,
Ce ne sera pas sans raison.
D'Anacréon et d'Épicure
Suivons le précepte charmant :
Amis, tout boit dans la nature.
Les enfants boivent en naissant.
L'homme boit dans la maladie.
1 boit quand il est bien portant ;
De hoire enfin telle est l'envié,
Que Ion boit même en se noyant.
On dit qu'on chancelle à trop boire,
Que la chute suit le faux pas :
Mais on voit, vous pouvez m'en croire,
Tout le contraire en certains cas :
Car lorsque le public écoule
Des pièces dont nous l'assommoir.
Lui seul est bientôt soûl sans doute.
Et c'est pourtant nous qui tombons.
Juliet (*), que n'ai-je ton adresse
Pour représenter les buveurs !
A nos yeux quand tu peins l'ivresse
Tu la fais passer dans nos cœurs.
Dans ton délire, combien j'aime
Les heureux faux pas que tu faisl
Ali! chancellr. toujours de même,
Et tu ne tomberas jamais.
Déaaiiglci'M.
La musique, de Chardiny.se trouve notée au N. 2
de la Clé du Caveau
UN JOUR DE PLAISIR.
1821.
kndu C
', •• un bien, quand la Providence
Nous donne la longévité "'...
t
Amis! la plus longue existence
N'est qu'un point dans l'immensité ;
Quand les dieux jettent leurs largesses,
Jouissons en criant : Liesses 1
Tous les trésors de l'avenir
Valent-ils un jour de plaisii-V
L'hiver en passant sur nos têtes
Sème le givre et le trépas ;
Cueillons, pour embellir nos fêtes.
Les Heurs qui naissent sous nos pas
Flore en nos champs les éparpille :
Du temps devançons la faucille.
Tous les trésors, etc.
Le sort, au vase de l'ivresse.
Mit plus d'absinthe que de miel :
Trompons sa malice traîtresse,
Cherchons le nectar sous le fiel ;
Buvons I qu'importe si le vase
Se brise au milieu d'une extase I...
Tous les trésors, etc.
Tour bâtir un palais durable
On marie et le marbre et l'or...
Mortel ! tu fondes sur le sable,
Nous dit Saturne en son essor ;
Puis il balaie avec son aile
Palais, lambris, marbre et tourelle...
Tous les trésors, etc.
Pourquoi caresser le fantôme
Qui berce et qui leurre les fous ?
L'espoir est un subtil atome
Qui dans l'air nage autour de nous ;
C'est une lueur variable,
Une ombre éphémère, impalpable...
Tous les trésors, etc.
Le plaisir, c'est un divin baume.
C'est l'orgie où la raison fuit,
c'est le bouquet qui nous embaume,
C'est un doux rôve dans la nuit.
Le plaisir; c'esl un dieu qui pa s.-,
i éclair sillonnant l'espace...
Tous i> b trésors, etc.
( 99 )
CHANSONS BACHIQUES.
23
Savourons auprès d'une l'emme
Les poisons de la volupté,
Laissons errer, bondir notre âme
Sur les lèvres de la beauté;
Dût cette âme heureuse et sans crainte
S'anéantir dans une étreinte...
Tous les trésors, etc.
Pendant que les maux, la misère,
Tissent, cousent notre linceul,
Fêtons, comme une passagère,
La joie assise à notre seuil ;
Lorsqu'elle entre en notre retraite,
Amis 1 le sablier s'arrête...
Tous les trésors, etc.
Demain, ce jour que l'on envie
Teut n'éclairer qu'un front glacé;
Demain, des tables de la vie
Notre nom peut être effacé :
Dieu n'inscrit pas sur un nuage
Le but, le terme du voyage...
Tous les trésors de l'avenir
Valent-ils un jour déplaisir?..,
Louis Festeau.
LE CHEMIN DU PARNASSE.
1844.
Air : Fille uu gentil mincis.
Chantres du jour, reprenez votre essor;
La treille en fleur ramène l'âge d'or,
Lt de ses pampres verts, poètes en délire.
Accourez sous l'ombrage accorder votre lyre.
Vive l'esprit du vin, \ ... ,
Il rend l'esprit divin. ) y ''
I La rime est un terrain qu'un chaud cerveau défriche
' Etce n'est qu'en buvant qu'on peut la rendre riche.
Vive l'esprit du vin, etc
Pour soutenir nos droits avec orgueil.
L'abord du Pinde offre plus d'un écueil;
, On peut chanter la grappe au nez de la censure:
' Plus nous la pressurons, plus l'impôt nous pressure.
Vive l'esprit du vin, etc.
A ses enfants Apollon tend les bras.
Faites couler en chemin l'hypocras;
I A peine la liqueur sera t- elle versée,
Sa vapeur produira la plus belle pensée.
Vive l'esprit du vin, etc.
La jalousie aux regards envieux
Vous montrera des sentiers tortueux ;
Videz loin des flatteurs la coupe enchanteresse,
Vous passerez gaîment le fleuve du Permesse.
Vive l'esprit du vin, etc.
Laissez en paix l'eau qui nous vient descieux;
On n'en sert pas à la table des dieux.
Versle sacré vallon lorsqu'un feu vousentraîne,
C'est celui du nectar et non de l'hippocrène.
Vive l'esprit du vin, etc
Sur la Durance à chanter leurs amours
On ne voit plus de jeunes troubadours;
Le génie aux buveurs tend son aile avec grâce,
Ce n'est pas en bateau qu'on gravit le Parnasse!
Vive l'esprit du vin,
Il rend l'esprit divin.
{bis.)
Lonvet.
TIC TOC, TIN TIN!
1844.
Air du Réveillon de Seré.
Aux gouvernants pour lancer un pamphlel
Debreaux trouvait sa verve au cabaret;
Toc, tic toc, lin tin,
Tic toc, lui lin,
M
( a» )
CHANSONS POPDLAI RES,
Dn ohnr des verres,
Toc. tic toc, tin tin,
Que j'aime le timbre argentin.
Toc, tic toc, tin tin.
Tic toc, tin tin,
Joyeux trouvères,
Vidons, francs lurons,
[,e dou\ nectar de nos flacons '
Pour un Liiwur.
Quelle faveur
Kst préférable
Au glouglou charmant
l'un vin qui coule en écumanl!
Le lit est doux,
Mais, entre nous.
Vaut-il la table,
Quand un boute-en-train
Chante eu chorus ce gai refrain
Toc, tic toc, tin tin, etc.
Quittons Zoé,
Quittons Cloé
Pour la bouteille.
Quoi ! pour un baiser
Qu'un tendron peut nous refuser,
Faut-il gémir,
Faut-il languir,
Quand, sous la treille.
Bacchus, à grands cris,
Fait triompher ses favoris!
Toc. tic toc. lin lin. etc.
Plus d'oraisons 1
Qu'à nos chansons
.Momus préside.
Céladons piteux,
Goûtez-moi d'un rin capiteux
Qu'en vos cerveaux
De nos caveaux
L'esprit réside;
Ne roucoulez plu-,
El pin- de soupirs superflus '
Toc. tic toc, tin tin. i ,-.
Adam eut tort;
Craignons le sort
Du premier homme,
Car il s'est perdu
Kn mangeant du fruit défendu,
Au pur nectar
D'un vieux pomard
Donnons la pomme. ;
Paris n'aura pas
Rendu justice à plus d'appas !
Toc, tic toc, tin tin, etc.
Holà, gourmets]
Déjà les mets
Couvrent la table;
Cornus, dieu jaloux.
Nous attend à son rendez -vous.
Ce vin coquet
Porte un bouquet
Si délectable,
Qu'il rendrait les sens
A des buveurs agonisants.
Toc, tic toc tin lin. elc.
Fi d'un auteur.
Plein de hauteur,
De suffisance,
Qui ne dort pas bien
S'il n'est académicien !
Qu'il soit noté
Pour député
Ou pair de France,
C'est un triste bonneui
Qui ne vaut pas ma bonne humeur
Toc, tic toc, tin lin, etc.
Las de briguer,
Las d'intriguer,
Robert Macaire
\ peur de la mort
En pleurant sur son coffre fort...
L'épicurien,
Qui n'attend rien
D'un sort précaire,
i),ui> an gai repas,
•.m- pâlir sourit au trép i
( »» )
CHANSONS BACHIQUKS.
Toc, lie loc, lin lin.
Tic loc, tin tin,
Du choc des verres,
Toc, tic toc, tin tin,
Que j'aime le timbre argentin !
Toc, tic toc, tin tin,
Tic toc, tin tin,
Joyeux trouvères,
Vidons, francs lurons,
Le doux nectar de nos flacons I
Adolphe Porte.
LA GOURMANDISE.
Air: O loi qui n'eus jamais dû naître.
Le diable enseigne de bonne heure
Le prix des péchés capitaux,
Et nous offre pour premier leurre
Du sucre et des petits gâteaux;
Aussi l'adage
De mon jeune âge
Elait celui-ci, voyez-vous :
La gourmandise.
Quoi qu'on en dise,
Est le meilleur péché de tous.
Du bien, du rang, de la naissance
L'orgueil souvent est si petit !
Au lieu qu'on peut sans insolence
Etre fier d'un fier appétit :
Manger et boire,
Voilà la gloire
Dont nous devons être jaloux:
La gourmandise,
Quoi qu'on en dise,
Esl le meilleur péché de tous.
L'avare auprès de sa cassette
Ne saurait jamais fermer l'œil ;
Mais le gourmand, dans son assiette,
\ mille plais fait-il accueil!
Plus il se gonfle,
Et mieux il ronfle
Sur la table, ou sinon dessous.
La gourmandise.
Quoi qu'on en dis'1.
Est le meilleur péché de tous.
Péché d'amour, lorsque j'y pense,
A son charme, et j'en suis certain;
Mais dans le cours de l'existence
11 nous laisse à moitié chemin :
Si de la table
La plaisir stable,
Même à cent ans, est encor doux,
La gourmandise,
Quoi qu'on en dise,
Est le meilleur péché de tous.
Celui qui succombe à l'envie
De jour en jour se voit maigrir :
Rond, gras et frais toute la vie,
Le gourmand se voit refleurir ;
Comme il déploie
Sa grosse joie
Quand il peut assouvir ses goûts!
La gourmandise,
Quoi qu'on en dise,
Est le meilleur péché de tous.
Si la paresse est un bien-aise,
Au tombeau nous paresserons ;
En attendant, ne vous déplaise,
Déjeunons, dînons etsoupons:
Manger c'est vivre;
Il nous faut suivre
Cet exercice utile et doux.
La gourmandise,
Quoiqu'on en dise,
Est le meilleur péché de tous.
Puisqu'on voit la colère horrible
Mordre et verser des flots de sang
Mordre un succulent comestible,
Et faire couler du vin franc,
Me semble un rôle
Beaucoup plus drôle
( *• )
CHANSONS POPULAIRES.
Que celui de l'homme en courroux.
La gourmandise,
Quoi qu'on en dise.
Est le meilleur péché de tous.
Gourmand premier, gourmand de pommes,
Bon père Adam, ce que lu fis
Nous force tous, tant que nous sommes,
A nous montrer tes dignes fils.
Puisse la race
Toujours vorace
En refrain chanter comme nous:
La gourmandise,
Quoi qu'on en dise,
Ksi le meilleur péché de tous.
Piis.
La musique, de Devienne, se trouve notée au
N. 418 de la Clédu Caveau.
KNCORK UN NOUVEAU GRÉGOIRE.
1835.
Balancez, lancez sur ma liMe
Vos foudres, vos terribles feux.
Je brave en ces lieux la tempête,
Je bois ! je bois! je suis heureux ! [quattr.)
Tout plein d'une bachique ardeur.
Ainsi Grégoire, armé d'un verre,
ChanU' lorsque dans l'atmosphère
La élément* sont en fureur.
A ces tableaux parfois sublimes,
(juaiid le mortel en désarroi
Ne voil qu'épouvante et qu'abfme,
Il dit et redit sans effroi :
Balancez, etc.
Quoi, parce que le jour, la nuit,
Malgré' vos coups épouvantables
l-;i vos désordres effroyables
je vous brave dans mon réduit,
Vous prétendez avec furie
M'imprimer encor la terreur V
Tonnez, tonnez, je vous défie!
Regardez si Grégoire a peur !
Balancez, etc.
Amants, esclaves de l'amour,
Soupirez pour une cruelle,
Lorsque son regard ne décèle
Qu'un froid, qu'un dédaigneux retour.
Loin de nous ce honteux servage;
Un tel sort est-il fait pour nous?
A qui méprise notre hommage
Chantons au bruit de gais glouglous :
Balancez, etc.
Et vous, intrépides buveurs.
Vous, qui ne redoutez l'orage
Que pour le tout puissant breuvage
Qui charme et console nos cœurs,
Que si jamais des cris d'alarmes
Vous armaient d'un fer inhumain.
Déposez vos funestes armes,
Et chantez au jaloux destin :
Balancez, lancez sur ma tête
Vos foudres, vos terribles feux,
Je brave en ces lieux la tempête, {bis.)
Je hois 1 je bois! je suis heureux ! ijitati i
Blondel
La musique, ii<- t'auteui <1ck pan 1rs. se trouve
c-Ik-z L. Vieillot] ' éditeur, rue Notre- Dame-de*N ■ ■'
reta, 83.
CHANSON A BOIRE.
Air : Dtlotu lii capucin du on
De Baecbus la veine «-si gla
Amis, la mode en esl passée :
Moi, je veux la ressusciter;
Bu deux mots voici mon histoire :
Je veux, si l'on me fui chante) .
Ne chanter mi<- chansons a boire*
/ /"//>
( »« )
CHANSONS BACHIQUES.
L'utile joint à l'agréable,
Je le trouve à chanter à table :
Car je tiens du docteur Isoif,
Qui vaut bien le docteur Grégoire,
Que chanter fait naître la soif,
Et c'est la soif qui nous fait boire.
Triste vertu que l'abstinence!
Nous n'en avons plus d'autre en France
Chez ces buveurs trop circonspects,
Le pauvre Amour languit sans gloire.
Cœurs et gosiers sont toujours secs :
On sait aimer comme on sait boire.
Nos aïeux étaient véridiques,
Nous sommes faux et politiques ;
De l'homme on ne voit plus sortir
Que mensonge et trahison noire :
11 aimerait moins à mentir
S'il aimait un peu plus à boire.
Après les travaux militaires,
Quand deux plénipotentiaires
Veulent voir la guerre finir,
Us ont beau signer leur grimoire ;
Cet accord ne saurait tenir :
Ils se quittent toujours sans boire.
Jadis, par de saints hécatombes,
Les Romains honoraient leurs tombes :
Dieu proscrivit ce culte vain ;
Je n'ai pas de peine à le croire :
Leurs prêtres répandaient le vin,
' Ne valait-il pas mieux le hoire ?
Dieu ! quand viendra la fin du monde,
S'il faut que le ciel nous inonde,
Fais que ce soit de flots de vin ;
L'eau pure ternirait ta gloire,
Et si le monde meurt enfin,
Ne le fais pas mourir sans, boire.
Imbert.
La musique , de Mouret . se trouve notée au
N. 137 de la Clé du Caveau.
"■'"fur»». "~
TIREZ LA SONNETTE.
1839.
Air Oh ! Ion lan la, gens de la noce.
Qu'elle est douce la journée
Qui nous réunit encor!
Au plaisir elle est donnée...
Amis, versez jusqu'au bord !
Tour égayer cette fête,
Le vin, je crois, va manquer...
Gais buveurs, tirez la sonnette,
Amis, ensemble il faut trinquer.
Heureux dans cette chapelle,
J'aime le vin qu'on y boit ;
Quand l'ivresse ici m'appelle,
La franchise m'y reçoit,
Le plaisir fuit l'étiquette ;
Je le vois nous provoquer.
Gais buveurs, tirez la sonnette,
Amis, ensemble il faut trinquer.
Nargue de ces mascarades
Qu'on vit rire en un bouchon,
Et qui maintenant maussades,
Se déguisent au salon !
Charmons mieux notre retraite ;
Coupe en main, sans nous masquer,
Gais buveurs, tirez la sonnette,
Amis, ensemble il faut trinquer.
Buvons loin du pauvre hère
Qui sous un drap captieux,
Nous dérobe sa misère
Et dédaigne un malheureux ■
L'amitié, chez lui muette,
Sut ici nous convoquer :
Gais buveurs, tirez la sonnette,
Amis, ensemble il faut trinquer.
Versez-moi donc l'ambroisie.
Je veux m'enivrer aussi :
Le dernier jour de ma vie
Est peut-être celui-ci
( •»)
CHANSONS POPULAIRES,
Les morts n'ont pas de buvette ;
Au St\.\ avant d'embarquer,
Gai?; buveurs, tirez la sonnette,
Amis, ensemble il faut trinquer.
Ha muse vous a, je gage,
Ravi quelques doux instants;
Applaudir son verbiage
Serait perdre encor du temps :
Pour animer la goguette,
Des mains au lieu de claquer,
Gais buveurs, tirez la son mil''.
Amis, ensemble il faut trinquer.
■•erciielçt
LE VIN Ï)F. BORDEAUX ET LE VIN DE CHAMPAGNE.
1810.
Air : Un jour, dans un joli boudoir.
Le cbarapagne un jour se fâchait
Avec le bordeaux son confrère,
Et fièrement il lui disait :
A toi partout on me préfère ;
Tu possèdes peu de valeur
Etant des bords de la Garonne,
Moi, par mon feu, par ma vigueur.
Dans les banquets on me couronne.
Pourquui celte présomption?
Répond le bordeaux fort tranquille.
Confrère, point d'ambition,
Ne vous échauffez pas la bile;
Vous vous faites tort sur ma foi,
Sagement vous pouvez me croire;
Vous [tariez beaucoup contre moi
Sans pouvoir effacer ma gloire.
Bientôt, durant un grand festin,
C'eal le bordeaux que l'on révère;
Le cliampagne fait le mutin
Le voyant verser à plein verre.
Dam ce beau repas l'on te sert,
Dit-il, j<' le vois avec peine,
i. je crois bien qu'au dessert
Ma gloire effacera la tienne.
Au bordeaux l'on a fait honneur,
Le Champagne, en lin, va paraître,
Ce dernier redouble d'ardeur,
Jaloux de se faire connaître;
L'on coupe à l'instant le lien
Qui le retient dans l'esclavage;
Chacun change alors de maintien
Pour goûter au nouveau breuvage.
A l'instant saute le bouchon,
L'ardente liqueur aussi preste
Vivement quitte le flacon,
Se perd partout sans qu'il en reste;
Elle tache, et l'on dit, holà !
Quelle est donc cette évaporée?...
Nos chers convives, ce jour-là,
N'en ont goûté que la fumée.
Aux orgueilleux j'offre un miroir
Qu'ils trouveront dans cette fable ;
Quoique très simple elle fait voir
Qu'un sot orgueil est méprisable :
Que de gens font de grands, fracas
Sachant se flatter et médire,
Mais en faisant tant d'embarras
Ils finissent par ne rien dire.
lu toi ne Iticlii
LE CABARET DE LA POMME DE PIN.
1837.
Ai r. de Priville et Tacormel.
Le cabaret!... En se voilant la face,
Tartufe dit . « Fil de ce mauvais lieu '
'( Là, sans rougir, la vile populace
r Va s'enivrer de haine et de vin bleu. »
— Toutdoux! brave homme, apaisez voire bi'e;
Dans le grand siècle OÙ naquit Poqm lin,
On vit briller et la cour et la ville
Au Cabaret de. la pomme de pin *.
* l.e Cabaret de la pomme de pin. tenu | ar Crénet
et celui de la ( talent 1rs lieux fré-
quenté» par la cou! i eaptiti do tempi
On n'avn HV6Dté le cnfr l'm, /,,.
( »» )
CHANSONS BACHIQUES.
Cherchant un jour l'intempérant Chapelle,
Qui s'enivrait dans ce bouchon fameux,
Bien gravement Desprèaux l'interpelle,
Et sait flétrir ses penchants malheureux :
Alors que l'un tonne contre l'ivresse,
Au sermoneur l'autre verse du vin;
Boileau, bientôt, abdique la sagesse
Au Cabaret de la pomme de pin.
Bonhomme Jean, la muse, ton amie,
Suivait partout ton pas irrégulier ;
Quand t'appelait la docte académie,
Tu t'y rendais ainsi qu'un écolier-,
Lorsqu'en rêvant lu partais dès l'aurore,
Tu savais faire une pause en chemin :
Le lendemain te retrouvait encore
Au Cabaret de la pomme de pin
On vit aussi l'aîné des deux Corneille,
Beau du talent que le ciel lui donna,
En savourant une liqueur vermeille,
Peindre à grands traits Polyeucle et Cimon ;
De heaugency quand sa coupe était pleine,
On voyait poindre un mâle alexandrin.
Lui seul osa conduire Melpomène
Au Cabaret de la pomme de pin.
Le grand Condè, chaud encor des batailles,
A la taverne allait se rafraîchir;
Lors, il laissait l'étiquette à Versailles,
Si sa grandeur descendait au plaisir;
De ses soldats il vantait les conquêtes :
Rocroi, Fribourg, ornaient son bulletin;
Puis il faisait manœuvrer les topettes
Au Cabaret de la pomme de pin.
L'histoire dit que, faussant la morale,
Certains galants n'y pintaient pas toujours:
Quand les buveurs rem plissaient la grand' salle
Un coin obscur abritait les amours.
Belle Ninon, si folle en la sagesse,
Tour mieux goûter un plaisir clandestin,'
A Yillarceaux tu [trouvas ta tendresse
Au Cabaret de la pomme de put.
Là se heurtaient Despréaux et Linière.
Kn échangeant un caustique lardon ;
Colin servait de plastron à Molière,
Et Jean Racine y fustigeait Pradon.
Enfin chacun dans de bachiques veilles.
Par sa gaîlé conjurait, le chagrin :
On débitait la folie en bouteilles
Au Cabaret de la pomme de pin.
Justin €'nliasso9
UNE DESCENTE D'ÉPICURIENS A BAGNOLET.
18'.'..
Air : Amants, agis?»: sanijaçon.
Vite, saisissons
Les flacons,
Les cannelles,
Les pots, les écuelles :
Mettons tout à sec : de l'ardeur!
Amis, la vigne a passé fleur.
Nos vignerons, dont les caveaux
Sont encor pleins d'un doux liquide,
Pour y placer les vins nouveaux,
Voudraient voir chaque tonne vide. bis.
Enfants d'Epicure, courons
Contenter nos bons vignerons!
Vite, saisissons, etc.
Père Grindorge, àBagnolet,
Qui pour nous est une ressource,
Ne nous prendrait point au collet
S'il voyait à sec notre bourse;
Père Grindorge nous a dit :
Buvez toujours, je fais crédit!
Vite, saisissons, etc.
Père Grindorge, franc buveur,
Des verres aimant l'harmonie,
Pour conserver sa bonne humeur,
S'assied à notre compagnie,
Et puis dans ses caveaux admis,
Avec lui tout nous est permis...
Vite, saisissons, etc.
ni
30
( t>4 )
CHANSONS POPULAIRES,
Dans les salons d'une cilé
Laissons nos romanciers moroses ;
Loin d'eux, nourrissons la gaîté
Sous les pampres et sous les roses;
C'est là qu'un dieu pour nos loisirs
Plaça le berceau des plaisirs.
Vite, saisissons, elc.
A Bagnolet, buveurs chéris,
De ses faveurs montrons-nous dignes :
Quand le soir nous le quittons gris,
Souvent nous tombons dans les vignes,
Puisqu'aux vignerons cela nuit.
Chez eux plutôt passons la nuit.
Vite, saisissons, etc.
S'il arrive qu'avant le temps
Où la vendange sera faite,
Près d'attrister nos doux instants,
Bagnolet manque de piquette ,
Pour oublier ce triste écueil,
Nous irons exploiter Montreuil!
Vile, saisissons, etc.
Laissons là les tonneaux vidés.
Et remontant par Romainville,
Quand Baechus nous aura guidés
Dans les celliers de Belleville,
Chez la blonde, aux quatre chemins,
L'amitié nous tendra les mains!
Vite, saisissons, etc.
Vile, s'il arrivait encor
Qu'en ces pays quelques entraves
Nous lissent tôt prendre l'essor,
Après avoir vidé leurs caves,
Nous irions visiter gaîment
Les caves du département.
Vite, saisi-
Les flacons,
Les cannelles,
Les pots, les écuelles :
Mettons tout à sec : de l'ardeur !
Amis, la vigne a passé fleur.
l'crchclr».
AU VIN.
1847.
Air <Ai Pcrrclltrl le pot au lait C. Petitl.
Amis, voulez-vous m'en croire
Je vous le dis encor,
Sur terre à qui sait bien boire
Appartient le vrai trésor;
Car, sans craindre qu'on l'obsède,
Ou qu'on soit indiscret,
Seul de son coffre il possède
L'ouverture et le secret.
Joyeux biberons
Bien gais, bien ronds.
Mettons-nous en goguette,
El d'Atropos qui nous guette
.Méprisant les affronts,
Que mille sons de bouteilles
En caressant nos oreilles
Lui brisent le tympan !
Fari, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan
D'épines jonchant sa route,
Souffrant mille trépas,
Lorsque l'avare redoute
Môme le bruit de ses pas,
Heureux, d'une humeur moins sombre
Quand nous sommes pourvus,
Nous voudrions en notre ombre
Compter un ami de plus!...
Joyeux biberons, etc.
De l'amour, craignons les charmes
Puisque ce dieu, toujours,
Par ses diverses alarmes
Vient empoisonner nos joursl
Car tandis que l'un soupire
Toute sa vie en vain,
A l'autre il fait interdire
L'usage du jus divin !
Joyeux biberons, etc.
Eh quoi ! j'entends qu'on murmure,
a Dépêchons, il etl lard,
« Déjà le soleil mesure
« La lerre de son regard »
( os )
CHANSONS BACHIQUES.
Que nuus importe sa course
Et la marche du temps,
C'est l'état de notre bourse
Qui doit régler nos instants!...
Joyeux biberons, etc.
Homme qui maudis l'étoile
Où ton sort est fixé,
En cherchant partout un voile
Pour jeter sur le passé!
Ici, viens noyer ta peine
En narguant l'avenir,
Et buvant à perdre haleine
Perdre aussi le souvenir !...
Joyeux biberons,
Bien gais, bien ronds,
Mettons-nous en goguette,
Et d'Atropos qui nous guette
Méprisant les affronts.
Que mille sons de bouteilles
En caressant nos oreilles
Lui brisent le tympan !
Pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan, pur.
Gai». Uauditc.
La musique, de Célestin Petit, se trouve, à Taris,
chezL. Vieillot, éditeur, 32. rue Notre-Dame-de-
Nazareth.
SILENE.
1847.
Air des Far/adels.
Presse, presse avec ardeur
La divine grappe,
Je trouve mon Esculape
Dans cette liqueur;
Aimable Bacchante,
Tu me combles de bienfaits,
Ta beauté m'enchante,
Mais boire à longs traits
A pour moi plus d'attraits.
Gloire àNoé! viens cueillir sur les treilles
Les doux trésors, objets de mon amour,
Je veux ici, célébrant ses merveilles,
Boire et chanter jusqu'à lafin du jour.
Presse, etc.
Fais à grands flots, fille au gentil sourire,
Couler ce jus, viens, fidèle éebanson!
Joyeux transports, excitez mon délire,
A moi, Bacchus! à moi, folle chanson!
Presse, etc.
Comme au pressoir, de ta main si jolie,
Pressure encor ce fruit délicieux,
Sans te lasser, extrais jusqu'à la lie ;
Emplis ma coupe, enfarît chéri des dieux!
Presse, etc.
De ton nectar, charmante jouvencelle,
Ma tête chauve a reçu la vapeur,
Me voilà gris, soutiens-moi, je chancelle;
Ambitieux, enviez mon bonheur!
Presse, etc.
Couvert de pampre, un zéphyr me caresse,
Je sens déjà s'égarer ma raison,
Je vais enfin savourer de l'ivresse
Tous les plaisirs sur ce lit de gazon.
Presse, etc.
Eh quoi ! l'amour vient me bercer en rêve :
Arrière, ingrat, respecte mon sommeil,
Mon cep, hélas! pour toi n'a plus de sève ,
Tu m'entendras redire à mon réveil :
Presse, presse avec ardeur
La divine grappe,
Je trouve mon Esculape
Dans cette liqueur ;
Aimable Bacchante,
Tu me combles de bienfaits,
Ta beauté m'enchante,
Mais boire à longs traits
A pour moi plus d'attraits.
l.ouvct.
LA MEILLEURE PHILOSOPHIE.
1808.
Connaissez ma philosophie;
Je possède en suivant ses pas
CHANSONS POPULAIRES,
Tous les biens qui charment la vie ;
Ces biens ne me possèdent pas.
Des plaisirs permis à la lerre
Je prends l'exemple dans les cieux :
Minerve, qu'on dit si sévère,
Boil le doux nectar chez les dieux.
En suivant leur philosophie,
Comme eux je possède ici-bas
Tous les biens qui charment la vie;
Ces biens ne me possèdent pas.
Tour-à-tour, du chant, de la danse,
Belles, disputez l'heureux prix :
Aux lauriers qu'Apollon dispense
Joignez les myrtes de Cypris.
Ah ! suivez ma philosophie :
Vous posséderez sur ses pas
Tous les biens qui charment la vie ,
Mais qui ne vous possèdent pas.
Sur les fleurs fraîchement écluses,
Marchons doucement, sans regrets,
Vers ce terme, où lauriers et roses
Céderont la place aux cyprès.
Oui, voilà ma philosophie,
Et je possède dans ses bras
Tous les biens qui charment la vie ;
Ces biens ne me possèdent pas.
Glrand.
Musique de Kreutzer.
LE ROI DE LA FEVE.
1833.
Aik du roi il' ) vfl'il.
Puisqu'on esl d'abord roi pour soi,
Je suis roi ( astronome,
Quoiq e peu prodigue pour moi
De l or M'- mon royaume,
A table j'aime aller bon train,
Tin lin, lintin, Untin . lin linlin
A table j'aime aller bon train
Versez, versez, j'aime le vu.
Divin.
Jamais d'ingratitude à moi
L'on ne fera reproche :
La brioche m'a nommé roi,
Et j'aime la brioche.
A table, etc
Une brioche est l'éeusson
Qui timbre mou registre,
Et je veux que mon échanson
Soit mon premier ministre.
A table, e'c.
On dit que le mélier de roi
N'est pas fort délectable,
Je ne pense pas ainsi, moi,
Lorsque je suis à table.
A table, etc.
On vante le roi d'Yvelot
A cuisine vulgaire,
Moi je prétends qu'il fut un sot
De faire maigre chère.
A table, etc.
Les rois sont enfin revenus
De si grande ignorance,
Aujourd'hui l'on 'ne règne plus
Que pour faire bombance.
A table, etc.
Mon trône doit crouler ce soir,
Déjà chacun en glose,
Je me hâte donc pour pouvoir
Emporter quelque chose.
A table j'aime aller bon train,
Tintin, lintin, lintin, lin tin tin,
A table j'aime aller bon train,
Versez, versez, j aime le vin
Divin.
AuxiiNtc Ai'iiiiimI.
Air ancien, noté au N. 48 1 de la Cl
LE CHANT DES VENDANGEURS
1833
Air : Wleignonà les lumières et rallumons le feu.
Gai, nos cuves sont pleines !
Chantons, et d'un nectar nouveau,
Des misères humaines,
Barbouillons le tableau.
Riches au moins de ses présents,
Nous, riante phalange,
Prodiguons encore notre encens
An dieu de la vendange.
Vive Bacchus! et trinquons!
11 remplira nos flacons!
Gai, nos cuves, etc.
Voyez joyeux ce vendangeur.
Dont la hotte est chargée,
Offrant à chaque voyageur
La grappe vendangée !
il porte en fruit au pressoir
Le vin qui va non- pleuvoir!
Gai, no- cuves, etc.
Grâce, à ce fluide enivrant
Qui nouiT;i la goguette,
Gais trouvères en l'exploitant,
Notre fortune est faite :
Doublez, triplez les glouglous
El le pactole est à nous !
Gais, nos cuves, etc.
Sourions doge à l'avenir
Que nous offre la vigne!
C'est un bail avec le plaisir...
Vite, amis, qu'on le signe.
Demandez T'encre à Bacchusj
Passez la plume à Momus !
Gai, nos cuves, etc.
Aux riches toujours désireux
A quoi sert la fortune?
6îi
Le bonheur est si peu coûteux ?
Qu'avec peu de pécune
Nous courons tous, plus grivois.
Au même but que les rois !
Gai, nos cuves, etc.
Riches, gueux, conquérants, lurons,
Rien que la mort n'entraîne.
Qui sait, amis, si nous verrons
La vendange prochaine?
En attendant tel souci,
Fêtons gaîment celle ci.
Gai, nos cuves sont pleines!
Chantons, et d'un nectar nouveau,
Des misères humaines
Barbouillons le tableau.
Perclielet.
L'ARTISTE EN GOGUETT
Air : Aw-titâl (jue In lumière.
Brillant père de la rime,
Qu'on invoque à l'unisson,
Je quitte la double cime
Bacchus est mon Apollon.
Je me ris du moraliste
Qui veut passer pour docteur :
Peut-on être bon artiste
Sans devenir bon buveur?
Si je savais l'art de peindre
Comme Rubens ou Poussin,
Je voudrais tracer sans feindre
Les charmes du dieu du vin ;
Dans le jus d'une feuillette
Je tremperais mou pinceau,
Et je ferais ma palette
De la douve d'un tonneau.
Grands despotes de la terre,
Ne troublez pas mon repos :
T. II. — 6
u
(M )
CHANSONS POPULAIRES.
Loin de vous je fais la guerre
Entre la pipe et les pots.
Les plus brillantes conquêtes
Font redouter 1 s vainqueurs.
L'amour fait tourner les tries;
Bacchus réjouit les cœurs.
Qu'en Olympe Jupin gronde,
Sans envier son destin,
Je suis souverain du monde
Quand je bois soir et matin;
D'un tonneau je fais ma bière
Dans le fond de mon caveau,
Et je prends pour cimetière
Le vignoble le plus beau.
Quand la parque au faux sourire
Viendra pour trancher mes jours.
Aux princes du noir empire
J'adresserai ce discours :
Tu vois aux royaumes sombres
Grégoire, en dépit du sort;
11 vient défier les ombre;
A qui boira le plus fort.
Plus courageux que Thésée,
Pour couronner mon défi,
Je veux près de l'Klj
Tarir le fleuve d'oubli,
lui traversant le Ténare,
Pour faire enrager Car on,
J'avalerai le Tartare
A la barbe de Pluton.
3-srai.x, tilleul de Vadé.
Air ancien, noté bu K. lé du Caveau.
TANT Qï ON A DU BON VIN.
De tous l< ■ biens qui cons dent ce momie,
a b ' rendons grâce a L'aimable Baccbu
onde,
!1 ••■ t c • i i ...
De ses vapeurs colorant nos chimères,
11 embellit le plus sombre destin.
Tin, tin, tin,
Amis, prenons nus verres,
Tin, tin, tin,
El narguons le chagrin
El tin, tin, tin, lin, tin !
Les peines sont légères.
Et tin, lin, lin, lin, tin.
Tant qu'on a du bon vin.
Vive le vin !
Vive ce jus divin !
Toujours en proie à des peines amèn
L'homme devient injuste et soucieux
L'infortuné qu'aigrissent ses misères
.Maudit les jours qu'il a reçus des dieux.
Si vous penchez vers sa funeste envie,
Bacchus vous offre un remède certain,
Tin, tin, tin,
A boire il vous convie.
Tin, tin, lin,
Pour noyer le chagrin.
Et tin, tin, tin, tin, tin.
Peut-on haïr la Aie
Et tin, lin, lin, lin, tin,
Tant qu'on a du bon vin ?
\ ive le vin !
Vive ee jus divin !
Jadis un roi, dans un Banquet splendidc,
De ses Batteurs savourai! le conaeçi,
Quand pai hasard une vierge candide
Voulut du prince honorer le desserl,
La vérité, malgré le majordome,
Sortit des ilôts d'un roiifre ehainbertin.
'lin. tin, lin,
Au prince elle se nomme,
Tin, tin. lin ;
11 l'entend sans chagrin,
El tin. lin, tin. tin. lin,
Un roi Bail qu'il est homme,
El tin, tin. Lin, tin, lin,
Tant qu'il a du bon \ in.
\ ive le vin !
\ i\ e ce :,i ■ di\ in !
CHANSONS BACHIQUES.
Quand la beauté, cédant à la tendresse,
Sur notre Aie appelle d'heureux jours.
Aux noirs accès d'une jalouse ivresse.
On vit souvent s'envoler les amours.
Mais aux rameaux de ses treilles nouvelles
Bacchus enchaîne un sexe trop mutin.
Tin, tin, tin,
11 n'est plus d'infidèles.
Tin, tin, tin,
Fuyez soupçon, chagrin!
Et tin, tin, tin, tin, tin,
Les amours n'ont point d'ailes.
Et tin, lin, tin, tin, tin,
Tant qu'on a du bon vin!
Vive le vin !
Vive ce jus divin !
Bacchus enfin, par sa douce influence,
Chez le vieillard réveille un souvenir;
Des maux présents, pour caimer la souû'rance,
Au malheureux il ouvre l'avenir,
Et quand le temps, de son souffle de glace ,
Veut refroidir notre dernier festin,
Tin, tin, tin
Qu'importe sa menace,
Tin, tin, tin,
Au buveur sans chagrin?
Et tin, tin, tin, tin, lin,
Feul-on quitter la place,
El tin, tin, tin, tin, tin,
Tant qu'on a du bon vin ?
Vive le vin 1
Vive ce jus divin!
Marelllac.
I,i musique, de i'auteur des paro.es.se trouve
eWz L. Vieillot, éditeur, 32. rue Notre-Dame-de-
Niuareth.
ES JOYEUX TROUBADOURS.
\ : i: : . finit;, qu'uni l
Un jour, dans l'Empyrcc
Jupiter s'ennuya;
Sous la voûte azurée,
A l'instant il cria :
D'ici je veux descendre,
Ma foudre m'étourdit ;
Mais de quel côté prendre ?
Et Bacchus répondit :
Descends, descends, Dieu du tonnerre,
A nos chansons accours, accours, accours
On sait rire, on sait boire, on sait plaire
Aux joyeux troubadours.
Où trouver sur la terre
Ces jolis riens charmants,
Cette amitié sincère
Qui désarme le temps?
Cette double auréole
Qui charme et qui grandit
Le chant le plus frivole ?
Et Bacchus répondit :
Descends, descends, etc.
J'aime assez de l'Olympe
Découvrir la rondeur
Sous la gentille guimpe
D'un minois enchanteur.
Mais où trouver des belles
Qui, sans art, sans dépit,
Sachent rester fidèles?
Et Bacchus répondit :
Descends, descends, etc.
D'un sommeil salutaire,
Malgré les partisans,
Moi, j'aime à lui soustraire
Les trois quarts de mes ans.
Où trouver maint bon diable
Qui consacre la nuit
A la passera table?
Et Bacchus répondit :
Descends, descends, etc.
Par le Dieu de la treille,
Des cieux le roi séduit,
Sur l'aigle non pareille,
S'assit et descendit ■
M
( ••• )
CHANSONS POPULAIRES,
Planant sur un nuage
El suivant son essor,
De rivage en rivage
Écho disait encor :
Descends, descends, Dieu du tonnerre,
A nos chansons, accours, accours, accours ;
On sait rire, on sait boire, on sait plaire
Aux joyeux troubadours.
I.niile Itebreniix.
COUPLETS AN iCRÉONTIQUES.
1838.
Air du vaudeville <ie /" Petite .s>«r.
Mes bons amis, pourquoi ce soir
La folie encor nous rallie,
Ce soir encor faisons mouvoir
Tous les grelots de la folie.
Et pour que le plaisir, demain,
Nous trouve dans la même ivresse,
A la santé du dieu du vin,
Vidons la coupe enchanteresse.
Quoiqu'en ce monde, bien petits.
Nous soyons tous de pauvres diables.
Prouvons que sans or, sans rubis,
On peut passer des jours aimables.
Loin de maudire notre destin,
Ici méprisons la richesse ;
A la santé du dieu du vin,
Vidons la coupe enchanteresse.
Quand le souci vient nous sai<ir.
Chassons-le de notre retraite,
Car ce n'est qu avec le plaisir
Que toujours un bon vivant traite
De prouver qu'il est sans chagrin,
Que tout chacun de nous s'empresse ;
A la santé du dieu du \in,
\ [do i> la coupe enchaulereMe.
Sans désirer d'autre bonheur,
Que celui de toujours bien vivre.
D'Anacréon, galant buveur.
La doctrine, amis, il faut suivie.
Vite accomplissons ce dessein,
En ranimant notre allégresse;
A la santé du dieu du vin,
Vidons la coupe enchanteresse.
I»crchelol
La musique, deCatel se trouve notée au N
de la Clé du Caveau.
LE CARILLON BACHIQUE.
Ain : Blzig, et :'<ij, etjric, cl i rie cl '/roc.
[Tous les convives doivent trinquer en m sure
;'i chaque refrain.)
Et tic. et tic et tic, et toc et tic, et lie, cl ùcet toc
De ce bachique tintin tih- ■ \
Vive le son argentin ! j
De la harpe enchanteresse,
Du clavier qu'une main presse,
Le charme entraîne et séduit
Mais, chers convives, je aie
Qu'il existe une harmonie
Plus touchante que ce bruit
Et tic, et tic et tic, etc.
Le premier buveur d'eau claire
Qui lira des sons d'un verre.
Contre Bacchus forniqua ;
l"i pour moi, qui ne m'éveille
Qu'aux glouglous de la bouteill -.
\ oici mon harmonii
Et tic, et tic et tic etc.
C'esi .1 tort que de bs lyre
Orphée exerça l'empire
( ■©« )
CHANSONS BACHIQOES.
Pour séduire Lucifer;
Ce seul bruit, rempli de charmes,
Eût attendri jusqu'aux larmes
Tous les diables de l'enfer.
El tic, et tic et lie, etc.
D'une sirène à la mode
Qu'on admire la méthode,
L'art et le goût infinis;
Des deux verres en cadence
L'admirable discordance
Vaut trente Catalanis.
Et tic, et tic et tic, etc.
Du Très-Haut les saints ministres,
Avec leurs cloches sinistres,
Effarouchent les mortels;
Mais si l'heure des prières
S'annonçait au bruit des verres,
Quelle affluence aux autels!
Et tic, et tic et tic, etc.
Combien je l'aime, ô fougère !
Lorsque, discrète et légère,
Tu sers de trône aux plaisirs .
Ou quand, fragile et sonore,
Par le jus qui te colore
Tu ranimes nos désirs !
Et tic, et tic et tic, etc.
Au choc redoublé du verre,
Le vieillard au front sévère
Se déride, reverdit;
Et la belle qu'on adore
Paraît plus piquante encore,
Quand avec elle on a dit :
Et tic, et tic et tic, etc.
La peste soit du bélître
Qui le premier de la vitre
Fonda le maudit abus !
Il nous ôte par fenêtre
Trente verres que peut-être
Aujourd'hui ncus aurions bus,
Et tic, et tic et tic etc
Vingt juifs (que le diable emporte l]
Sont consignés à ma porte,
Peut-être à la vôtre aussi.
Mais, ma foi, je me résigne,
Et lèverai la consigne
Dès qu'ils sonneront ainsi :
Et tic, et tic et tic, etc.
O vous! poissons, volatiles,
Quadrupèdes et reptiles,
Combien vous devez pester !
Quand le hasard vous rassemble,
Vous avez beau boire ensemble,
Vous ne pouvez pas chanter ■
Et tic, 4^ tic et tic, etc.
Gloire au soldat intrépide
Qu'à l'honneur le tambour guide i
Mais je n'en suis point jaloux :
Rlantanplan répand l'alarme;
Tic, tic, toc, a plus de charme ;
Or, mes amis, chantons tous :
Et tic, et tic et tic, et toc et tic, et tic et tic, et toc
De ce bachique tintin
Vive le son argentin !
Désaiigiers.
Musique.de Grétry, notée au N. 185 de la Cit--
du Caveau.
LA VENDANGE.
1850.
Pleno spumat vindemia latiri.-
Aux pays que le pampre dore,
La vendange débordera,
Le grenier sous le grain ploiera ;
Chantons la vendange et l'aurore,
J'ai rêvé, qu'au vieux firmament,
Les comètes ensorcelées,
tôt
CHANSONS POPCLAI RES
Ivres mortes, cheveux au \ent.
Dansaient des courbes étoilées;
Et j'ai vu, sous les pieds de Dieu,
Pour nos pressoirs et pour nos granges, '
Epis dorés, rouges vendanges,
Ruisseler de leurs flancs de feu!
Aux pays (pie le pampre, etc.
Plus incliné vers l'horizon.
Le soleil a perdu sa force;
La vigne, en sa mâle saison,
Montre son fruit et son écorce!
Vive le vin, l'air et le feu!
Qu'où apporte les tonneaux \ides.
Pour serrer les rayons liquides
De l'astre qui nous dit adieu !
Aux pays que le pampre, etc.
Dans ton caveau, dans ton cellier,
Dès l'heure où le ciel se colore,
Le bras levé, franc tonnelier,
Fais tonner ton tonneau sonore!
Et vous par les champs et les prés,
Des hameaux et des grandes villes,
Accourez, vendangeurs agiles.
Pour cueillir les raisins pourprés '
Aux pays (jue le pampre, etc.
Le ciel a comblé nos sillons,
Et si l'épi jaunit la grange,
Le raisin rougit les poinçons;
Après la moisson la vendange!
I><> pieds, dis mains, jusques aux Bancs,
Gens du pressoir, foulez la grappe,
Coupeurs, coupez, que rien n'échappe,
Coupez raisins rouges et blancs!
Aux pays (pie I»; pampre, etc.
Tout fuit, aux cris des vendangeur;
Là, c'est un lièvre qui se lève,
Puis, comme ud vent, sur les hauteurs,
l.a bartavelle qui sVnlew :
Plus loin, des bras d'un grand vaurien
Une grosse Bile > écliappe .
Elle s'enfuit, pour qu'il L'attrape
Aux buissons qu'elle connail hier, ;
Aux pays que le pampre, etc.
Allons, partons, tout est fini ,
Le soleil plus mélancolique.
Sur le somme! du buis jauni.
S'en va posant son œil oblique!
Les vaches vont, la tète au \ent,
On ies voit se pendant aux branches,
Passer rousses, noires et blanches ,
Le pâtre chante en les suivant !
Aux pays que le pampre, etc.
Ils sont partis par les grands bois,
Chacun lutinant sa chacune;
Petits et grands, tous à la fois.
S'en vont roulant au clair de lune!
Et pour sauver ses blancs létins,
En luttant, plus d'une Jeannette,
Laissera tomber sa cornette,
Et son honneur et ses raisins.
Aux pays que le pampre dore.
La vendange débordera,
Le grenier sous le grain ploiera;
Chantons la vendange et l'aurore.
«.h •.une Mathieu.
Musique de L Darder
LES ENFANTS DE NOE,
1846.
.\ir: Tant qu'il retU *M goutte t
M ami ■'■ i hont-la.
Salut, ô radieux printemps,
Ranime ma verve débile...
— Rhéteur, Laisse là ton beau style,
l.a scolastique a fait son temps.
— Que vais-jedonc vous raconter?
l'xi n ' (louée ivresse me conseille.
( tos )
CHANSONS BACHIQUES.
S9
[bis.
Du raisin qu'il fit fermenter,
Cuvant le vin, Noé s'éveille,
Noé s'éveille.
Vidons encore une bouteille,
C'est le vin qui nous fait chanter.
C'est le vin qui nous fait chanter.
Noé s'éveille et se rendort,
il se rendort à pile ou face.
— Tiens ! sans chemise il est cocasse
Papa tout nu! c'est par trop fort !
Disant cela, Cham fut conter
Cette histoire, alors sans pareille,
A ses frères qui, pour goûter,
S'étaient assis sous une treille,
Sous une treille.
Vidons encore une bouteille,
C'est le vin qui nous fait chanter.
Or, pour goûter, Sem et Japhet
Ne buvaient pas que de l'eau claire.
Cham observe, en contant l'affaire,
Qu'à l'outre un grand vide était fait.
Les fardeaux devaient bien coûter
A ces gaillards ronds de la veille.
Du vin ils pouvaient en porter :
Tous deux buvaient, c'était merveille !
C'était merveille !
Vidons encore une bouteille,
C'est le vin qui nous fait chanter.
Depuis le déluge il craint l'eau,
Dit Sem, allons couvrir l'ivrogne.
A reculons, pris de vergogne,
Us couvrent Noé d'un manteau.
Pour tout voir et tout écouter,
Fanfan se tint dans sa corbeille ;
Puis, leste, il va tout rapporter
Au bon papa qui se réveille,
Qui se réveille.
Vidons encore une bouteille,
C'esl le vin qui nous fait chanter.
Coquin, je le mets à la porto;
Va travailler, fiche ton camp!
Tes frères seuls vont hériter.
Tiens I vois voler cette corneille !
Ah! ta race, Cham, va lutter
Et ne boira que jus d'oseille,
Que jus d'oseille.
Vidons encore une bouteille,
C'est le vin qui nous fait chanter.
Cinq mille ans, quels tristes repas,
Cham, fit ta race misérable !
Riches, qui roulez sous la tarde,
De nos buveurs ûe riez pas !
Ivres, vous n'osez affronter
Les regards de la race abeille.
Avec vous tous, je veux jouter !...
Le verre en main, face vermeille,
Face vermeille.
Vidons encore une bouteille, )
C'est le vin qui nous fait chanter, j
C'est le vin qui nous fait chanter.
[bis.)
Claude Genoux, ouvrier margeur.
la musique, d'Adolphe Adam, se trouve chez
L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-Naza-
reth.
LE NFC PLUS ULTRA DE GRÉGOIRE.
Air : Joyeux enfant de la bouteille.
J'ai Grégoire pour nom de guerre,
J'eus en naissant horreur de l'eau ;
Jour et nuit armé d'un grand verre,
Lorsque j'ai sablé mon tonneau,
Tout fier de ma victoire,
Encore ivre de gloire,
Reboire,
Voilà [bis)
Le nec plus ultra
Des plaisirs de Grégoire.
^i»'1 réveillé dit à Cham :
— Sais-tu bien ce qu'un nie rapport i?
En latin, en droit, en physique,
Je i'u* toujours un ignorant;
to
' 104 )
CHANSONS POPULAIRES.
Poésie, algèbre, musique.
Tout me paraît de l'Aleoran ,
Fable, roman, histoire,
Sont pour moi du grimoire j
Mais boire I
Voilà (bis)
Le nec plus ultra
Des talents de Grégoire.
Qu'un poète de l'Athénée,
De ses éphémères travaux.
Sur la clientèle abonnée.
Aille répandre les pavois :
Son fatras oratoire
Assomme l'auditoire;
Bien boire !
Voilà (bis)
Le nec plus ultra
De l'esprit de Grégoire.
ACythère, dans mon jeune âge,
Si j'ai brûlé beaucoup d'encens,
Aujourd'hui, plus mûr et plus sage.
Je me dis, maître de mes sens :
'. Hiil tendre, dents d'ivoire
N'ont qu'un charme illusoire ;
Mais boire !
Voilà [bis)
Le nrc plus ultra
Des amours de Grégoire.
Me trouver, en sortant de table.
Et sans soif et sans appétit.
Voir ma cave si délectable
S'épuiser petit à petit.
N'avoir dans mon armoire
Que la Seine ou la Loire
A boire...
\ oilà (bis)
Le nec plus ultra
Des chagrina de Grégoire.
M. h- doué d'une Ame assez ferme
Pour maîtriser les coupa du Bort,
De mes maux avancer le terme,
ht savoir vendn mi.
Lit, vaisselle, écritoire,
Tout jusqu'à l'écumoire,
Pourboire...
Voilà (bis)
Le nec plus ultra
Des vertus de Grégoire.
Lorsqu'enfin vers l'empire sombre
11 faudra prendre mon essor.
Oubliant que je suis une ombre.
Le verre en main pouvoir encor.
En dépit du déboire,
Chanter sur l'onde noire :
A boire...
Voilà [bis]
Le nec plus ullra
Des désirs de Grégoire.
DéMogiera
Air ancien, noté au N. 237 do la Clé do (' iveau.
KAMPONNKAU OU LA COURTILLE
En 1760.
1845.
Aik : Zon,zon, baise-mot, l
Va Lisette, ma grisetle.
t) vous tous, amis du tonneau,
Rendez-vous à la Courtille;
Aussitôt que le jour pointillé,
Attablez-vous chez Ramponneau ' .
Là le nectar
Sans retard,
i*i Jean Ramponneau , célébrité bai
xviii di di daigna p
cuper, cti|ui lit «lire
\'"\ us la i r h,' ( accourir au tonnaan,
•• Qui ier1 <lr trône I Samponneaa, i
pu i
lUCl'SI
; ~r
Coule en abondance;
De ce vin
Tout divin
On ne saurait boire en vain :
Quand on l'a pris
On est gris,
On saute en cadence ;
Ponr six sous
On met tous
Les cœurs sens dessus dessous!
0 vous tous, etc.
Incognito
Sans manteau
Vient une marquise ;
Quel attrait.
Sans apprêt,
D'aller en un cabaret!
Lors un rustaud
Aussitôt
Prend la femme exquise ;
Il lui dit,
Ce bandit,
« Faisons la noce à crédit! »
0 vous tous, etc.
Certain abbé,
Bien jambe,
Dans ce lieu s'installe,
Pour goûter,
Pour tâter
Ce jus qui sait le tenter,
Ce prestolet,
Sans collet
LorgHe une vestale ;
On s'entend
A l'instant,
Ils trinquent tout leur comptant.
0 vous tous, etc.
En casaquin
De nankin
Vient une grisettc ;
Œil brillant,
Scintillant,
Sait agacer maint galant.
Loin du quinquet,
Un bosquet
Reçoit la fillette :
C'en est fait,
L'amour fHit
Le plus aimable méfait !
0 vous tous, etc.
Si Racolleur
Du meilleur
Fait garnir sa table ;
Ce sournois,
Fin matois.
Guigne certain Champenois ;
Jeune garçon
Sans soupçon
S'approche, et s'attable
Lampe un coup,
Tout à coup
Du prince prend le licou.
0 vous tous, etc.
Jusqu'à la cour,
Tout accourt
Pour voir la guinguette;
Que de grands
Différents
Du peuple doublent les rangs!
Dans ce bouchon
Folichon
Tout est en goguette ;
Sa galté
Sans fierté
Etablit l'égalité.
Des artisans
Partisans
Du bon jus d'octobre,
Par milliers,
Réguliers,
Désertent leurs ateliers.
Là bien dispos,
Près des pots,
La bande peu sobre
T. II. — 7
19
'
S'étourdit,
S'ébaudit,
Pour fêter la saint-lundi !
( •©« )
CHASSONS POPULAIRES.
LES VENDANGES SONT FAITES.
0 vous tous, amis du tonneau,
Rendez-vous à la Courtille;
Aussitôt que le juar pointillé,
A tlablez-vous chez Ramponneau !
Justin Cabassol.
MES VOLONTES A TABLE.
1807.
Air : Tenez, moi, je suis un bon homme.
Je tiens toujours à ce qu'à table
Chacun apporte un air content ;
Que les bons mets, chose admirable,
S'y succèdent rapidement;
Qu'on boive sans cérémonie
En trinquant à son bon plaisir;
Enfin, je liens, je le confie,
A ce qu'on m'y fasse tenir.
te liens que l'on tienne à son verre,
Et surtout qu'on n'y parle pas
De tout oc qu'on fait à la guerre,
Ni des procès à grand fracas;
Je tiens à ce que l'on y rie,
De rire cela fait plaisir,
Et je tiens, telle est mon envie,
Qu'on m'y fasse longtemps tenir.
Je tiens qu'au dessert chacun chante,
Cela sans se faire prier,
Et qu'une romance indolente
.\ j vienne pas nous ennuyer;
Je tiens à ce que la folie
Y nourrisse un peu le plaisir;
Et vous, amis, je vous en prie,
Tenez à m'y faire tenir.
Antoine Dlda.
La mugicjue, de Michel, se trouve Botét au
Ni 507 de la Clé du Caveau.
1838.
Air : Enlendez-vous nos Orcmusî
Grâce au vin chez nous récolté,
Tout s'anime en nos jours de fêtes;
Nous allons revoir la gaîlé.
Les vendanges sont faites !
Déjà les noirs frimas
Ont glacé nos climats,
Mais dans la tonne
Le vin bouillonne,
Le gai buveur
Reprend sa bonne humeur.
Grâce au vin, etc.
Chaque jour, chez Momus,
Les amours et Bacchus,
Au bruit du verre,
Se font la guerre :
C'est à qui d'eux
Fera le plus d'heureux !
Grâce au vin, etc.
Enivré de vin doux,
L'amoureux, moins jaloux,
Près de Lisette,
Fine griselte,
D'un air loyal
Trinque avec son rival !
Grâce au vin. etc.
Tandis qu'en se pâmant,
A son nouvel amant
Lise se livre,
Son voisin, ivre,
Presse à loisir
La coupe du plaisir !
Grâce au vin, etc.
Tel grondeur qui parfois
Nous regarde en sournois,
A notre table,
Convive aimable,
( toî )
CHANSONS BACHIQUES.
(3
Rit de bon cœur
Et boit comme un sonneur !
Grâce au vin, clc.
Offrant à ses élus
Un charme heureux de plus.
Sur chaque trogne
Le gai bourgogne,
Au sein des ris,
Reflète ses rubis !
Grâce au vin, etc.
En tirant le rideau
Sur ce riant tableau,
Momus chancelle,
Le vin ruisselle,
Et tout content
Chacun part en chantant :
Grâce au vin chez nous récollé,
Tout s'anime en nos jours de fêles ,
Nous allons revoir la gaîté,
Les vendanges sont faites!
Perehelet.
LE PANPAN BACHIQUE.
Air : Repas en voyage.
Lorsque le Champagne
Fait en s'échappant
Pan, pan,
Ce doux bruit me gagne
L'âme et le tympan.
Le mâcon m'invite,
Le beaune m'agite,
Le bordeaux m'excile,
Le pomard me séduit;
J'aime le tonnerre,
J'aime le madère ;
Mais par caractère
Moi qui suis pour le bruit...
Lorsque le Champagne, etc.
Quand, aidé du pouce,
Le liège qui pousse
L'écumanle mousse,
Saule et chasse l'ennui,
Vite je présente
Ma coupe brûlante,
Et gaîment je chanle
En sautant avec lui :
Lorsque le Champagne, etc.
Qu'Horace en goguette,
Courant la gu^guetle,
Verse à sa grisette
Le falerne si doux ;
S'il eût, lécher homme,
Connu Pans comme
Il connaissait Rome,
Il eût dit avec nous :
Lorsque ie enampagne, elc.
Maîtresse jolie
Perd de sa folie,
Se fane et s'oublie,
Victime des hivers.
Mais ma Champenoise,
Grise comme ardoise,
En est plus grivoise,
Et me dicte ces vers :
Lorsque le Champagne, etc.
De ce véhicule
Où roule et circule
Maint et maint globule,
Si le feu me séduit,
C'est que de ma tête,
Qu'aucun frein n'arrête,
L'image parfaite
Toujours s'y reproduit.
Lorsque le Champagne, elc.
Quand de la folie
La vive saillie
S'arrête affaiblie,
Vers la fin du banquet,
14
( ••* )
CHANSONS POPULAIRES.
Qui vient du délire
Remonter la lyre?
Du jus qui m'inspire
C'est le divin bouquet.
Lorsque le Champagne, etc.
Pour calmer la peine,
Adoucir la gêne,
Eteindre la haine
Et disputer l'effroi,
Que faut-il donc faire?
Sabler à plein verre
Ce jus tutélaire,
Et chanter avec moi :
Lorsque le Champagne
Fait en s'échappant
Pan, pan.
Ce doux bruit me gagne
L'âme et le tympan.
DcsaugicrM.
Musique, de Doche, notée au N. 508 de la Clé du
Caveau.
LES FEMMES ET LE VIN.
1845.
Air : Verse, verse du vin de France.
On n'a trouvé chez nos aïeux
Aucun potentat, nulle altesse,
Mais plus qu'un roi je suis heureux,
Sans grandeurs, trésors et noblesse ;
J'ai pour richesse
De bons vins vieux dans mon caveau,
Une jeune et belle maîtresse;
Je sais mettre au même niveau
Et la bouteille ei la tendresse;
Oli ! double ivresse I
P.acchus me vaut une caresse
Ki l'amour un Aacon nouveau.
Et l'amour un flacon nouveau.
\ [ai
Le peu que le ciel lui donna
A l'homme sage doit suffire :
Ne désirer que ce qu'on a,
C'est avoir tout ce qu'on désire ;
Moi, je n'aspire
Qu'à voir la grappe m'annoncer
Les dous plaisirs de la vendange,
Mon amante, pour moi, tresser
Les pampres du vainqueur du Gange,
Et cebsl ange!
Recevoir, donner en échange,
Choc pour choc, baiser pour baiser.
Mon tempérament fait ma loi,
Je n'obéis qu'à la nature;
J'ai du bonheur, du moins pour moi,
Tracé la charte la plus sûre,
Je vous l'assure ;
Je mets un flacon à l'écart,
Dès qu'à ma soif il est contraire;
Si je m'aperçois tôt ou tard
Que ma belle devient légère,
J'ai l'âme fière!...
Je la change comme le verre
Où s'est mélangé le nectar.
Loin de moi l'ennui, le souci
Et l'envie au visage blême :
L'amour veut que l'on boive ici,
Ici, Bacchus veut que l'on aime :
Heureux système!
Aux dieux même je l'empruntai ;
Toujours Ganymède, à leur table,
Leur verse et verse à la beauté,
Le breuvage qui rend aimable
Le moins irai table.
U était juste qu'un bon diable
Des dieux goûtât la volupté.
Peut-on blâmer le goût du vin ?
Peut-on blâmer le goûl des femmes?
Sans eux point de bonheur divin,
Tous les deux d'enivrantes flammes
Brûlent nos âmes.
Nul d'entre nous n'est un Caton
Près du (rais minois qui l'inspire ;
Comme en caressant un flacon,
CHANSONS BACHIQUES.
Sa sagesse chancelle, expire,
Mais quel délire!...
Peut-on lui préférer l'empire
De l'austère et froide raison ?
Je dis à peine un mot ou deux,
Le cerveau froid... Si je m'enivre,
Je parle plus que je ne veux ;
Je puis, sur l'art d'aimer, de vivre,
Dicter un livre.
Amants déçus dont la langueur
Fait de Cythère un purgatoire,
Buvez, buvez avec ardeur
Quand on vous dispute la gloire
D'une victoire :
Affronter les périls sans boire,
C'est vouloir n'être pas vainqueur.
Toujours aimer, boire toujours,
L'un de ces désirs est stérile.
Effarouches- tu les amours?
Bacchus t'ouvre un riant asile,
Vieillard débile.
Le doux nectar qu'il fait couler
De l'hiver tempère la glace;
Mais le plaisir doit s'envoler
Peur tous avec le temps qui passe
Et nous efface.
Sachons gaîment remplir l'espace
Que l'homme ne peut reculer.
Que l'homme ne peut reculer.
P.-J. Charria.
La musique, d'Adolphe Adam, se trouve chez
L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-Naza-
reth.
RONDE DE TABLE.
Air : v audevillc de la Corbeille d'orange.
Chantons, amis, jusqu'à demain,
Chantons le verre en main,
Eloignons tous les froids discours
Qui font tourner la tête,
i [bis.
Que Bacchus, les amours.
Honorent cette fête.
Rien n'est si bon ?u'un peu de vin,
Qu'un peu d'amour en train ,
Le vin prépare notre cœur
A faire une conauête,
Et donne la vigueur
Qui convient à la fête.
J'aime un petit couplet gaillard,
Fût-il chanté saos^rt,
Le badinage plaît toujours
Quand la gaîté l'apprête,
Et c'est un vrai secours
Pour embellir la fête.
A la suite d'un bon dîner
L'on peut prendre un baiser ;
Voisine, ne te fâche pas,
Et que ton cœur s'apprête,
Tu sais que tes appas
Font briller cette fête.
Que l'avare garde son or,
Je ris de son trésor ;
A quoi sert donc un si grand bien
Quand on est assez bête
Pour n'en user en rien
Et fuir la moindre fête?
Les amours sont pâles, souvent,
Quand on est indolent,
Moi, morbleu! je chante et je bois;
Jamais je ne m'arrête,
Mes amours sont grivois
Pendant toute une fête.
Je dis à ma voisine, allons,
Rions, chantons, buvons,
Eh! mais, surtout, caressons-nous
Et d'un air fort honnête
Je serre ses genoux
Pendant toute la fête.
Allons, amis charmants buveurs,
Devenez tous chanteurs,
15
CHANSONS POPULAIRES,
Riez, caressez a ioisir ,
Cédez a ma requête,
Et que le vrai plaisir
Couronne celle :elo.
Antoine Dlda.
LA VENDANGE.
loïô.
AiR de la contre danse de la Hosiire.
Ou : L'ombre s'évapore.
Aux feux de l'aurore
La grappe se dore,
Mûrit, se colore,
Invile au larcin :
Amis, qu'on se range,
Courons en vendange
Chanter la louange
Du dieu du raisin.
Qu.,sur sa tonne,
Grégoire entonne:
« Vivent l'automne;
« Et son jus charmant! »
Dans nos charrettes
Que les fillettes
Et les feuillettes
Voyagent gaîment!
L'amante s'éveille,
Et court sous la treille
Remplir sa corbeille
Près, d'un gai luron ;
Dieux ! qu'elle est jolie!
B CChos, la Folie,
Barbouillent de lie
Son pudique front.
Cupidon guette
La bergerette ;
D' une serpette
11 se forge un dard ;
Puis il l'attrape,
La fait sous cape
Mordre à la grappe
Qu'il tient à l'écart.
Versant sur la terre
Des flots de lumière,
Le soleil altère
Nos gros jouvenceaux ;
On boit, on travaille,
Et mainte futaille
Sent gonûer sa taille
Sous ses vieux cerceaux.
Femme gentille
Dont l'œil pétille,
Près d'un bon drille
Accourt travailler;
L'époux sévère
Qu'on ne craint guère
Ne vient derrière
Que pour grappiller.
Dans la tonne vide
La hotte se vide,
Le buveur avide
Saisit le fouloir ;
Brillant d'allégresse,
Il écrase, il presse
Ce fruit que caresse
Son œil plein d'espoir.
Selon l'usage,
Après l'ouvrage,
Tout le village
Court sous le berce m,
L'appétit pousse,
Puis I ,ii muasse,
Kt sous le pouce
On mange un morceau.
Une rhausniiiirtîi'.
Franche et guillerette,
CftANSûNS BACHIQUES.
4Î
En chœur se répète
Et vous met en train :
Le cœur est en danse,
On saute en cadence.
Et l'on se balance
Au son du crin-crin.
Mais le jour baisse,
Le travail cesse,
Avec ivresse
On rentre au hameau ;
Les vendangeuses,
Vives, joyeuses,
Plus amoureuses,
Sautent sous l'ormeau.
La cuve bouillonne,
Bacchussur sa tonne.
De pampre couronne
Le gai vendangeur ;
Des buveurs en groupe,
Armés d'une coupe,
versent à la troupe
La rouge liqueur.
Tandis qu'on joue
Et qu'on s'enroue,
J'entends la roue
Du pressoir crier ;
Des fruits qu'on foule,
Devant la foule,
Le vin découle
Pour nous égayer.
Quel vin agréable!
Quel jus délectable!
Mes amis, à table
Courons nous asseoir ;
Sans craindre la goutte,
Allons, qu'on le goûte,
Et qu'aucune goutte
Ne reste au pressoir.
Dieux, quel délire
Le vin m'inspire!
Quel joyeux rire!
Quels éclats de voix'/
D'humeur plus vivij,
Chaque convive
Séduit, captive
Un joli minois.
Quelle aimable orgie !
La mère arrondie,
La fille étourdie,
Tombent, verre en main ,
L'époux perd sa belle,
On roule, on se mêle,
Tout dort pêle-mêle
Jusqu'au lendemain.
Casimir Méneatrier.
Air ancien, noté au N. 1338 de la Clé du Caveau.
LE DÉLIRE BACHIQUE.
1823.
Amis, j'en conviens entre nous,
Je suis plein comme une outre:
Allez-vous faire... battre,
Buveurs méchants, mangeurs jaloux,
Chez nous bannie,
L'économie
Du genre humain fut toujours l'ennemie.
Pour les gourmands et les gourmets,
La terre aura toujours des mets,
Et les bons vins ne tariront jamais.
Que du globe qui roule j
La machine s'écroule, > {bis.)
Pourmoije ris tant quele tonneau coule. '
Dans mes entrailles le bordeaux
Fait la guerre àl'espagne;
Recourons au Champagne,
Pour apaiser ces fiers rivaux,
Versez-moi vite
Des vins d'élite!
A table, amis, je suis cosmopolite t
Que j'aime à voir en bataillon
48
( il* )
CHANSONS BACHIQUES
I.e Rhin avec le Roussillon,
Et le vieux Grec auprès du cotillon !
Que du globe qui roule, etc.
Exempt d'impôt et de loyer,
Je mange et bois sans gène,
Et comme Dio^ène
J'ai vendu tout mon mobilier.
De ma vaisselle,
Qu'un juif recèle,
J'ai seulement conservé mon écuelle ;
Dans un festin quand je l'emplis,
Auprès de Rose ou de Philis,
Je vois sous moi jusqu'au trône des Us.
Que du globe qui roule, etc.
Humains, reconnaissez l'abus
De vos sottes batailles;
Echangez des futailles
Au lieu de boulets et d'obus.
Que le commerce
Les mette en perce.
Vous le savez, quand le vin nous renverse,
Plus joyeux nous nous ramassons,
Et puis l'ivresse et les chansons
Font qu'au dessert tous nous nous embrassons
Que du globe qui roule, etc.
Que le bouchon et le goulot
Soient toujours en divorce :
Plus le vin a de force,
M' ans il faut l'affaiblir par l'eau.
Que l'on arrose
L'œillet, la rose,
L'homme a besoin d'autre chose.
En dépit d'un fade écrivain,
C'est pour lui seul que le bon vin
S'ambre et mûrit sous le pampre divin.
Que du globe qui roule, etc.
Amis, ces coteaux odorants,
Orgueil de la Limagne,
J idis, « 1 .- 1 1 j > la campagne,
Vomissaient "lis feux dévorants.
Mais sur la lave,
Féconde esclave,
Le vigneron vient enrichir sa cave.
Ainsi, des ans bravant le cours,
Paris. — Imprimerie de Pilibt fils aîné, rue des Grands-Angustins, o.
Bacchus ramènera toujours
Avec le vin les folles amours.
Que du globe qui roule \
La machine s'écroule
Pour moi j'en ris tant que le tonneau coule. )
Joseph Scrtiè> «'s.
La musique, de Dalayrac, se trouve notée au
N. 2ôj de la Clef du Caveau.
CONSEILS BACHIQUES.
1809.
Air : Tenez, moi, je suis un bonhomme.
Pour chasser la mélancolie
Honorons le divin flacon,
C'est le guide de ma folie,
Il m'inspira cette chanson ;
Moquons-nous de l'heure fatale
Qui peut pourtant sonner demain,
Que chacun de nous se signale
A la braver le verre en main.
Ce flacon plaît à la sagesse,
C'est sa première qualité;
De la respectable vieillesse,
C'est la source de la gaité :
Nos aïeux chantaient ce breuvage,
Et le buvaient pour faire mieux,
Allons, mes amis, du COUgage !
Ressemblons tous à nos aïeux.
Quand le créateur fit le monde,
Par méprise il lit le chagrin;
Mais dans cette machine ronde
Pour l'éteindre il créa le via;
Fiers pompiers, gare à l'incendie,
Des chagrina éteignons les feux.
Pompons la dit ine ambroisie :
Pomper ainsi, c'est être heureux.
Antoine Dida.
NOUS IN' IRONS l'IAS AU BOIS.
Sautez, dansez, embrassez
Celle que vous aimez.
Nous n'ironsplus au bois,les lauriers sont coupé?:
La belle que voilà, la lairons-nous danser,
La lairons-nous danser ?...
Entrez dans la danse.
Voyez comme on danse;
Sautez, dansez, embrassez
Celle que vous aimez.
La belle que \oilà, la lairons-nous danser?
Ma s les lauriers du bois, les lairons-nous faner
Les lairons-nous faner? <
Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse.
Sautez, dansez, embrassez
Celle que vous aimez.
liais les lauriers du bois, les lairons-nous faner?
Non chacune à son tour ira les ramasser,
Ira les ramasser.
Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse ,
Non, chacune à son tour ira les ramasser.
Si la cigale y dort ne faut pas la blesser,
Ne faut pas la blesser.
Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse;
Sautez, dansez, embrassez
Celle que vous aimez.
Si la cigale y dort ne faut pas la blesser,
Le chant du rossignol la viendra réveiller,
La viendra réveiller.
Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse ,
Sautez, dansez, embrassez
Celle que vous aimez.
Le chant du rossignol la viendra réveiller.
lit aussi la fauvette avec son doux gosier,
Avec son doux gosier;
Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse;
Sautez, dansez, embrassez
Celle que vous aimez.
CHANSONS l'OI'l LAIRES
Et aussi la fauvette avec son doux gosier,
El Jeanne la bergère avec son blanc panier,
Avec son blanc panier.
K ii liez dans la danse,
\ oyez comme on danse;
Sautez, dansez, embrassez
Celle que vous aimez.
Et Jeanne la bergère avec son blanc panier,
Allant cueillir la fraise et la fleur d'églantier.
El la flfiir d'églantier.
Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse;
Sautez, dansez, embrassez
Celle que vous aimez.
Allant cueillir la fraise et la fleur d églantier.
Cigale, ma cigale, allons, il faut planter,
Allons, il faut chanter.
Entrez dans la danse
Voyez comme on danse;
Sautez, dansez, embrassez
Celle que vous aimez.
Ci.-ale. ma cigale, allons, il faut chaut'1! .
Car les lauriers du bois sont déjà repoussé
S ut déjà repousses.
Entrez dans la danse",
\ oyez comme on danse;
-aiitez, dansez, emhra Bsei
Celle que vous ahnez.
Elle fit un fromage.
El ion. ion, ron. petit patapnn,
Elle lit un fromage
Du lait de ses moutons,
Ron, ron,
Du lait de ses moulons.
Le chat qui la regarde,
El ron, ron, ron, petit patapon;
Le chat qui la regarde.
D'un petit air fripon,
Ron. ron,
D'un petit air fripon.
Si tu y mets la patte,
Rt ron, ron, ron, pe'.it patapon;
Si tu y mets la patte,
Tu auras du bâton,
Ron, ron,
Tu auras du bâton.
11 n'y mit pas la paite.
Ei ron. ron, ron. petit patapon,
11 u y mil pas la patte,
11 y mil le menton,
Ron, ron,
Il v mit le menton.
La bergère en colère,
ill ron. ron, ron, petit patapon ;
La bergère aà colère
Tua son p'iii chaton,
Ron; ron.
Tua son p til Cflàton.
11. ÉTAIT l \ &ERGÈRE
Il fiait un' bergère,
Bhl ron, ron, ron, petit patapon
Il était un bei i
Qui gardait -- moutons,
Ron, ■ on
Qui garda : ses mot
Bile l'ut a iod pèi B,
Ci mu, ron, ron, petit patapon ;
Elle fui a son père,
Lui demander pardon,
Ron, ron,
Lui demander pardon.
Mon père, je m'accuse,
El ron, ron, ron pelil patapon ,
//""
W' t/"/'"/"""' ' '^W^
.'il
l'.ONDES ENFANTINES.
Mon père, je m'accuse
D'avoir lue mon chaton,
Ron, ron,
D'avoir lue mon chalon.
Ma fill', pour pénilence,
Et ron, ron, ron, petit palapon;
Ma fill', pour pénilence,
Nous nous embrasserons,
Run, ron,
Nous nous embrasserons.
La pénitence est douce,
Et ron, ron, ron, petit palapon
La pénitence est douce.
Nous recommencerons,
Ron, ron,
Nous recommencerons.
LE BOIS JOLI
Aux quatre coins de Paris,
Devinez ce qu'il y a : .
11 y a un bois,
l'n pelit bois joli, mesdames,
Il y a un bois,
Un petit bois joli il y a.
Et dedans ce petit buis,
Devinez ce qu'il y a .
Il y a un arbre,
Un petit arbre joli, mesdames .
Il y a un arbre,
Un petit arbre joli il y a.
Et dessus ce petit arbre,
Devinez ce qu'il y a :
Il y a des branches,
Des petites branches jolies, mesdames ;
Il y a des branches,
Des petites branches jolies il y a.
El dessus ces petites branches,
Devinez ce qu'il y a :
11 y a des feuilles,
Des petites feuilles jolies, mesdames .
Il y a des feuilles,
Des petites feuilles jolies il y a.
Et dessus ces petites feuilles,
Devinez ce qu'il y a :
Il y a un nid,
Un petit nid joli, mesdames-,
Il y a un nid,
Un petit nid joli il y a.
Et dedans ce petit nid,
Devinez ce qu'il y a :
Il y a un œuf,
Un pelit œuf joli, mesdames
Il y a un œuf,
Un petit œuf joli il y a.
Et dedans ce petit œuf,
Devinez ce qu'il y a :
11 y a un blanc,
Un petit blanc joli, mesdames;
Il y a un blanc,
Un pelit blanc joli il y a.
Et dedans ce petit blanc,
Devinez ce qu'il y a :
Il y a un jaune,
Un petit jaune joli, mesdames ,
11 y a un jaune,
Un petit jaune joli il y a.
Et dedans ce petit jauru-
Devinez ce qu'il y a :
Il y a écrit :
Votre serviteur, mesdames*
Il y a écrit,
Votre serviteur j 3 suis.
€. Kar
52
ci!',\s().\s pop: [.aires
IIISTOIIU; aIKHVKILLEUSE
DE
MADAME TARTINE
Il était une dame Tartine,
Dans un palais de beurre frais,
La muraille était de farine,
Le parquet était de croquets;
La chambre à coucher
De crème de lait.
Le lit de biscuits,
Les rideaux d'anis.
Elle épousa monsieur Gimblelte,
Coiffé d un beau fromage blanc,
Son chapeau était de galette,
Son habit de vol-au-vent :
Culotte en nougat,
Gilet de chocolat,
Bas de caramel
Et souliers de miel.
Leur fille, la belle Charlotte,
Avait un nez de masse-pain,
De belles dents de compote,
Des oreilles de créquelin.
Je la vois garnir
Sa robe de plaisir.
Avec un rouleau
D»' pâle d'abricots.
Le grand prince Limonade.
Bien frisé, vienl faire sa cour,
Ses cheveui en marmelade
Ornés de pommes cuites au I
Son royal ban leau
De petits gâteaux
Et de raisins secs
Portait au resp
On frémit en voyant sa garde
De câpres el de cornu bon*,
Armée de fusils de moutarde
El de sabres en pelures d'oignons.
Sur un trône de brioches,
Charlotte et le roi vont s'asseoir ,
Les bonbons sortaient de leurs p >cbcs
Depuis le matin jusqu'au soir.
Voici que la fée Carabosse,
Jalouse et de hiaui aise bumeiu*,
Renversa d'un coup de sa bosse
Le palais sucré du bonheur! ! !...
MORALITE.
Pour le rebâtir.
Donnez à loisir,
Donnez, bons parente,
Du sucre aux enfants.
QUE DE Bl, QUE DE BAÏONNETTES
I tonnez-moi voire tille;
Ah! que de bi, que de bai Minettes
Donnez-moi votre fille,
Au nom du chardon nïcl.
Ah m mari me battrait :
Ah ! que de bi, que de baïonnel
Mon mari me bâtirait,
Au nom du chardonn'rel.
y \uiis donn'rai cinq cents lii res ,
A h ! que de bi, que de baïonnettes ;
.1 \miis donn'rai cinq cents livres,
An nom du rharduiin'ivl.
i tardez vos cinq cents livres;
.\h! que de bi, que de baïonnettes.
Gardez vos cinq cents livres,
Au nom du cbardonn'ret.
iond:;s enfantines.
J'emmène votre fille :
Ah! que de bi, que de baïonnettes
.l'einmèue voire fille,
Au nom du ehardonn'ret.
Ah! rendez-moi ma fille ;
Ah ! que de bi, que de baïonnettes
Ah! rendez moi ma fille,
Au nom du ehardonn'ret.
Je la mène à l'église ;
Ah! que de bi, que de baïonnettes -
Je la mène à l'église,
Au nom du ehardonn'ret.
Kh bien ! prenez ma lille ,
Ah ! que de bi, que de baïonnettes :
Eh bien ! prenez ma fille,
Au nom du ehardonn'ret.
MARIANE S EN ALLANT AU MOULIN.
Marian' s'en allant au moulin [bis.)
Pour y faire moudre son grain ; [bis.)
Eli' monta sur son âne,
Ma petit' mam'sell' Mariaue!
EU' monta sur son âne Martin
Pour aller au moulin.
Le meunier, qui la voit venir,
Ne peut s'empêcher de lui dire :
Attachez là votre âne,
Ma petit' mamsell' Mariaue,
Attachez là votre âne Martin
Qui vous mène au moulin.
Fendant que le moulin tournait,
Avec le meunier eh" riait.
Le loup mangea son âne,
Pauvre mamsell' Mariane ;
Le loup mangea son âne Martin,
A la port' du moulin.
La meunier, qui la voit pleurer,
Ne peut s'empêcher de lui donner
De quoi ravoir un âne,
Ma petit' mamsell' Mariane,
De quoi ravoir un âne Martin
Pour aller au moulin.
Son père, qui la voit venir,
Ne peut s'empêcher de lui dire .
Ce n'e>t pas là notre âne ,
Ma petit' mamsell' Mariane,
Ce n'est pas là notre âne Martin
Qui allait au moulin.
Notre âne avait les quatr' pieds blancs
Et les oreill's à l'avenant,
Et le bout du nez pâle,
Ma petit' mamseir Mariane,
Oui, le bout du nez pâle, Martin
Qui allait au moulin.
EN REVENANT DE LA EOIRE.
En revenant de la foire.
De la foire de Saint-Jean,
Je rencontrai une vieille
Qui menait son âne aux champs,
Aux champs le long d' sa garenne.
Hue ! haye ! mon âne,
Aux champs le long d' sa garenne,
Haye ! mon âne, mon hourriquet.
Je demandai à la vieille
Si ell' n'aimait pas le vin ?
Par ma friqu', répondit-elle,
Pour de l'eau j' n'en voulons point;
Pour du vin grand gobelet.
Hue! haye! mon âne,
Pour du vin grand gobelet,
Haye! mon âne, mon bpurriquel,
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CHWSONS POPPLAINKs
Je demandai h la vieilli1
Si ell' n'avait pas '' ari?
Par ma fri<|iT. répondit-elle.
11 y a Irois ans <i u " je T perdis.
Vraiment j' l'avons bon pleuré.
Hue! haye! mon âne.
Vraiment j' lavons ben pleuré:
Haye! mon âne, mon bourrique!
Je demandai à la vieille
Si ell' n'avait pas d'enfants'.'
Par ma Iriqu', répondit-elle,
J'en ai un d' quatre-vingts an-,
L'autr' qui commence à marcher
Hue! haye! mon âne,
L'autr' qui commence à marcher.
Haye! mon âne. mou bourriquet.
Je demandai à la vieille.
Si ell' n'avait pas de dents ?
Par malriqu'. répondit-elle,
Avant-bier le grand veut
M'en abattit trente-deux !
Hue ! baye! mon âne,
11 n' me rest' qu'un vieux crochet.
Haye! mon âne, mon bourriquet.
Là VIEILLE.
\ l'.u i- da&fi une ronde,
Composée de jeunes (.'en-.
Tire, lire, sautant,
Il se trouva une \icille
De passé quatre-vingts ans :
Tire, lire, sautant,
Sautant la vieille,
nui cuvait avoir quinze ans.
1 ire, lire, -autant.
Il se trouva un'- vieille,
De passé quatre-vingti
Tire, lire, sautant,
Elle choisit le plus jeune,
Qui était le plus galant.
Tire, lire, sautant.
Sautant la vieille.
Qui croyait avoir quinze ans,
Tire, lire, .-autant.
Elle choisit le plus jeune.
Qui était le plus galant.
Tire, lire, sautant:
Va-t'en, va-t'en, bonne vieille.
Tu n'as pas assez d'argent.
Tire, lire, sautant,
Sautant la vieille,
Qui croyait avoir quinze an-.
Tire, lire, sautant.
Va-len. va-t'en, bonne vieille
Tu n'as pas assez d'argent,
Tire, liie, sautant;
Si vous saviez c' qu'a la vieille
Vous n'en diriez pas autant,
Tire, lire, sautant,
Sautant la vieille,
uni croyait avoir quinze ans,
Tue. lire, sautant.
>i VOUS .-aviez e i|ii a la \ieille
\ mu- n'en diriez pas autant,
Tire, lire, -autant :
Difl-nOUS donc ce qu'a la vieille ?
Klle a dix tonneaux d'argent,
Tire, lire, .-autant,
."-aillant la \ieille,
Qui croyait avoir quinze ans,
Tire, lire, sautant.
Dis-nous donc ,-r qu'a la vieille '
Klle a dix tonneaux d'argent,
Tire, lire, sautant ;
Revient reviens, bonne vieille,
Marions-astis protnptement,
Tire, lire, sautant,
-^^^4^^
.
fmp BzjtauUs. Faru
RONDES ENFANTINES.
Saulanl la vieille.
Qui croyait avoir quinze ans,
Tire, lire, saulanl.
Reviens, reviens, bonne vieille
Marions-nous promptement,
Tire, lire, sautant;
On la conduit au notaire:
Mariez-moi celte enfant,
Tire, lire, sautant,
Sautant la vieille,
Qui croyait avoir quinze ans.
Tire, lire, sautant.
On la conduit au notaire:
Mariez-moi cette enfant.
Tire, lire, sautant ;
Celte enfant, dit le notaire,
Ellea bien quatre-vingts ans,
Tire, lire, sautant.
Sautant la vieille.
Qui croyait avoir quinze ans.
Tire, lire, sautant.
Cette enfant, dit le notaire,
Ellea bien quatre-vingts ans.
Tire, lire, sautant;
Aujourd'hui le mariage
Et demain l'enterrement',
Tire, lire, sautant,
Sautant la vieille,
Qui croyait avoir quinze ans.
Tire, lire, sautant.
Aujourd'hui le mariage
Et demain l'enterrement ,
Tire, tin-, sautant ;
On fit tant sauter la vieille
Qu'elle est morte en sautillant.
Tire, lire, sautant,
Sautant la vieille,
Qui croyait avoir quinze ans,
Tire, lire, sautant.
On fit tant sauter la vieille
Qu'elle est morte en sautillant .
Tire, lire, sautant ;
On regarde dans a bouche.
Elle n'avait que trois dents,
Tire, lire, sautant,
Sautant la vieille,
Qui croyait avoir quinze ans,
Tire, lire, sautant.
On regarde dans sa bouche,
Elle n'avait que trois dents,
Tire, lire, sautant ;
Un' qui branle, une qui hoche,
L'autre qui s'envole au vent,
Tire, lire, sautant,
Sautant la vieille,
Qui croyait avoir quinze ans,
Tire, lire, sautant.
Un' qui branle, une qui hoche.
L'autre qui s'envole au vent.
Tire, lire, sautant ;
On regarde dans sa poche,
Elle n'avait qu' trois liards d'argent ,
Tire, lire, sautant.
Sautant la vieille,
Qui croyait avoir quinze ans,
Tire, lire, sautant.
On regarde dans sa poche,
Elle n'avait que trois liards d argent,
Tire, lire, sautant ;
Ali ! la vieille, la vieille, la vieille,
Avait trompé le galant,
Tire, lire, sautant,
Sautant la vieille,
Qui croyait avoir quinze ans,
Tire, lire, sautant.
LE PETIT POUCET
1846.
Wi : Il était imp'tit homme.
Des parents économes
I lisaient, au coin du feu,
16
Cil \NSO\S ! on la:R -
Saprejeu !
Nous avons sept pli ts mômes
Qui mang'nt beaucoup, vraiment,
C'est gênanl '.
N' vaudrait-il pas mieux
s débarrasser d'eux?
Ça sérail moins coûleux!
Un de ces soirs, en nous prom'nant,
Nous les laiss'rons en plan !
Le cadet d' la famille,
Si p*tit tiu'on l'appelai!
P'iit Poucet,
Elait grand couun' un" quille ;
Dans un' buile à briquet
On 1' couchait.
Il entend, de là,
1/ projet d' son papa.
I!t s' dit : tau. Ira voir ça!
Tâchons de prouver, dans V nialheu:
Que j' suÎ9 un enfant d1 cœur !
Le l 'i dans sa tendres?
Pour n'avoir pas l'espoir
De les n '>ir.
Se 'lit : laut que j' les laisse
Dans un endroit couvert
l.t désert;
Je vais, I' tour est bon .
Les m'ner à l'Odéon ;
Je 1 crois, avec raison,
Que ces infortunés enfants
N' trouv'ronl personn' tà-d'dans.
Poucet, pour reconn
La route où leur papa
Les mena,
Imagine d'j mettre
actions d' chemins d' fer,
m pair ;
< t jeune imprudent,
haque pa sanl
el les prend :
)»• su l<- moutard :
Les j' issants I' dir ni plus lard !
Poucet couche à l'auberge,
Il entend le traiteur,
En fureur,
Se dire : ah! pourquoi perds-je
Presque tous mes clients
D'puisquéqu" temps?
Pour les ramener,
Je veux leur donner
Un excellent dîner :
r-eiV nuit, des sept mioches d'en haut
J' vas faire un fricandeau !.. .
Poucet voit la Ocelle.
Rèd' sa chambre à plusieurs
Voyageurs ;
Le traiteur, sans chandelle,
Fait d' ces gens endormis
Un hachis;
bès que 1* jour paraît.
Le Petit-Poucet
Se lève et disparaît,
lui fsant au traiteur assassin
Ce geste de gamin.
Le traiteur, en alarme,
Jur' d'arranger Poucet
En civet,
Met des hott's de gendarme ;
Os bottes-là, partout.
Rattrap'nl tout ;
Mais il court trop fort.
El, souffrant d'un cor,
Sur la rouir il s'mdort :
Poucet, caché près de ce* lieux,
Chipp' ses boit's de si-pt lieues.
Il revient chet la femme
Du traiteur en délit,
El lui dil :
Remettez-moi, madame,
Cent mill' francs el j'absous
Votre époux !
i femme le » lui donna ;
Poucet les apporta
\ on petit papa,
Lu lui disant : j paie mon
Un r'cul I magot
Paris. - Imprimerie di \nàA rae de C ka -ii v •*>.
1 '.ONDES ENFANTINES.
bl
Ce récit vous exhorte
A chérir vos parents,
.Mes enfants;
S'ils vous mett'nt à la porte,.
A savoir voyager
Sans manger ;
A montrer à" l'esprit
Et, dans votre lit,
A n' pas dormir la nuit ;
Si vous êtes petits, à grandir :
C'est 1' moyen d' s'enrichir.
Charles Uclaugc.
La musique, arrangée par Charles Plantade, se
trouve chez M. Meissonnier fils, éditeur, rue Dau-
phine. 18.
LE CHENE ET LE ROSEAU.
1845.
Aiz : Ah! vôvs dirai-je, maman.
Sur le bord d'un clair ruisseau,
Croissait un jeune roseau ;
Il était doux et timide,
Regardant l'onde limpide,
Le jour lui servant de miroir,
Et de bain de pieds le soir.
Quand le moindre vent soufflait,
Le roseau se balançait ;
Et puis sa tige agitée
Chantait d'une voix flùtée '
Ah! vous dirai-je, maman,
Ce qui cause mon tourment !
Ce qui causait son tourment,
C'était un affreux géant!
Ce géant, c'était un chêne
Aussi vieux que Démosthène,
Qui du haut de sa grandeur
Lui tint ce propos moqueur :
Sur l'honneur, dit-il, mon cher,
On devrait te mettre au vert ;
Tu log's un' grenouille à peine,
Et pendant qu'elle te gêne
J'héberge cinq cents corbeaux,
Qui sur moi sont aux oiseaux!
Je suis l'arbre le plus fort
Et résiste sans effort
A la plus grosse tempête ;
Mais toi lu courbes la tête
Comme le corbeau confus,
Jurant qu'on n* l'y pinc'ra plus.
J'ai beaucoup d'éducation,
El pas mal d'érudition ;
Près d' moi l'on trouve églantine.
Chacun sait que j'ai racine;
Je n' manqu' pas cl' feuill's et l'on voit
Souvent corneilles sur moi !
Quoi! tu fais des calembourgs ;
A moi, dit l'autre à son tour :
Je connais plus d'un proverbe,
Ma grand' mère aime les herbes ;
Mais la fontain fut toujours
Du roseau les seuls amours!
Transporté d'un haut mépris,
Le chêne lui répondit :
Tu seras jusqu'à ta chute
Du bois dont on fait les flûtes.
Qui vous brisent le tympan
Lorsqu'y souffle certain Pan !
Tu dis que j'ai le cœur dur,
Je m'en fais gloire à coup sûr :
Pour fair' des voitur's on m' tranene.
Dans le tendre bois d' mes branches:
Mais je suis, quand je m' fais vieux.
Toujours en fer pour Y essieu!
Tiens, précisément, vuici
Que l'horizon s'obscurcit;
HS
:>s
CHANSONS POPULAIRES
Je te parie un décime
Que de mes pieds à ma cime
Je ne vais pas plus broncher
Que de Saint-Malo 1' rocher!
11 faisait ses embarras,
Mais la tempête arriva!
Tout-à-coup le chêne casse...
L'autre se courbe avec grâce...
Au géant déraciné
Le roseau fit un pied d' nez !...
morale.
On a tort d'être poltron,
Encor plus d'être fanfaron ;
Les grands font toujours leur tête;
Mais au jour de la tempête,
Vous vovez alors qu'il vaut
Beaucoup mieux être roseau.
Marc Con*tantiu.
I.a musique, arrangée par A. Marquerie, se
trouve chez MM. Heugel et Cie, r. Vivienne. 2 bis.
LE CHÊNE ET LE ROSEAl.
1845.
A : R de M, Dumole.l,
pour cette fable il me fallait
Dn air charmant aussi neuf qu'agréable,
i;t je l'- rencontre ;i Bonfaail
Dans l'air nouveau de monsieur Dumol.-t.
Quel est Ut-bas ce brin d'herbe qui il<>tW'?
Dit un \ieu.\ Chêne en lorgnant un roseau.
Il n'est vraiment pas plus haut mie nia Lotte,
c'r-t. je croie, le Tom Pouce des végétaux,
Sur l'air composé toul exprès
Pour ce bon monsieur Dumolet,
Holal bambin, dit-il, d'un' voix hautaine;
Dis-moi qu& nom Ion parrain le donna '
Le Roseau dit : Parbleu, monsieur le Chêne
Ma signature estcell' de mon papa,
Sur l'air composé tout exprès, etc.
L'arbre reprit : Eh bien, madam' ta mère
Du mauvais lait au berceau te donna ;
Suis promptement un régime sévère,
Bois du bordeaux, prends du tapioca,
Sur l'air composé tout exprès, etc.
Regarde-moi, je suis fort et l'orage
Déchaîne en vain la foudre et l'aquilon;
Mon front hardi se coiffe d'un nuage
Et mes pieds vont rendr' visite à Pluton,
Sur l'air composé tout exprès, etc.
Les écrivains, sous mes savants ombrages.
Viennent pourvoir leurs esprits indigents :
Hugo, sans moi, n'en! pas rempli ses pages,
Dumas, tout.seul, eût-il fait ses romans?
Sur l'air composé tout exprès, etc.
J'inspire encor, sans piano, ni grimoire,
Chaque matin des chansons aux oiseaux ;
Tout comme Auber, j'ai mon conservatoire :
lit là du moins on ne cliantc pas faux
Cet air composé tout exprès, etc.
A mon en tour je vois mainte lillelle
Rire fi graver sur moi son joli nom :
J'en conclus dune qu'si le ciel m'eût fait bêle,
Certainement j'aurais été lion,
Sur l'aii' composé toul <'.\]uts, etc.
Mais toi. chétif, perdu dans la campagne,
Prèle, tremblant el bon à rien, ma foi,
Tu rais l'effet d'un p'tit mat de Cocagne
Pour les fourmis, à la fêle du roi,
Sur l'air composé toul exprès, etc.
Rôti I été, dans l'hiver lu grelottes;
Si Dieu t'a\idt mil près 'l moi par hasard;
j" l'abriterais don p.t n il ma redingote,
j' ic prêterais, quand il pleut, mon rililard.
Sur l'air composé toul exprès, etc.
il )
KOiNDKS EM'AJNTWES.
Le Roseau dit : Monsieur, je suis sensible
A vos hontes, mois laissons fair" le temps :
Je ne crains rien, car j*ai le dos flexible;
De père en (ils nous sommes courtisans,
Sur l'air composé tout exprès, etc.
Mais tout-à-coup, Eole et compagnie
Lancent dans l'air tous les vents déchaînés.
L'arbre tient bon, le pauvre roseau plie,
Et sur le sol va se cogner le nez,
Sur l'air composé tout exprès, etc.
L'arbre orgueilleux riait de l'aventure ;
Soudain il ploie, il tombe de son haut.
L'autre en fut quitt' pour une égratignure
Et pour brosser sa veste et son chapeau,
Sur l'air composé tout exprès, etc.
MORALITÉ.
On voit par là que l'homm1 fier, formidable,
nui d' son esprit, d' ses talents fait jabot,
N'est bon souvent, comm' le chên' de la fable,
Hélas! qu'à fair' des buch's et des fagots,
Sur l'air composé tout exprès
Tour ce bon monsieur Dumolet !
Fortoul.
La musique, arrangée par M. Saint-Malo, se
trouve chez M. Leduc, éditeur, 18, rue Vivienne.
LE PETIT CHAPERON ROUGE.
1846.
Air : Bonjour, mou ami Vincent.
Un pâtissier, demeurant
• Dans la plaine de Montrouge,
Avait un' charmante enfant
App'lé' le p'lit Chapïon Rouge I
C ''si, me direz-vous, un nom singulier,
k n' lui jamais vu dans 1" calendrier :
' Pourquoi l'app'lait-on le p'lit Chapïon Rouge?
j Je vas fair' cesser votre étonnement :
Ça v'nail tout bonn'mentde c' que ses parents
Quand elle était p'tit', l'avaient vouée au blanc !
C pâtissier lui dit : Hélas !
J'ai là, d'puis l'année dernière,
Deux pâtés qui n' se vendent pas,
Tiens, porl'-les à la grand'mère :
Elle a constamment des maux d'estomac,
Et 1' méd'ein y a dit qu'il fallait pour ça
Prendre un' nourriture extrèm'ment légère,
Ça lui fra du bien, ou je m' tromp' beaucoup
Vlà l'enfant qui prend ses jamb's à son cou,
Manier' de courir pas commod' du tout.
Sur sa route elle rencontra
Un loup qui lui dit : Mam'selle,
Au moins, pour courir comm' ça,
Portez-vous de la flanelle ?
— Non, j' port' des pâtés, lui répond l'enfant,
Ou' mon papa envoie à ma bonn' maman.
— Fort bien, dit le loup, où demeure-t-elle ?
— Au moulin, là-bas, répond l'innocent :
— Voyons, dit le loup, lequel en courant
Sera, de nous deux, au moulin-avant.
Le loup part comme un coup d' vent,
Il frappe à la maisonnette :
— Qui qu'est là? dit la mèr' grand,
S' dorlotant dans sa couchette.
Le loup prend la voix du petit Chap'ron,
Et dit : — J' vous apport' du nanan bien bon!
La mèr' grand répond : — Tir' la chevillette
Et la bobinette, aussitôt, cherra.
L' scélérat entra, la mangea, croqua,
Si bien qu' son bonnet fut tout c' qui resta.
Non content d' mettr' le bonnet,
Les lunett's de sa victime,
Croiriez-vous qu'il eut 1' toupet
D' fair' des jeux d' mots sur son crime •
— Je n' vois pas, dit-il, de quoi ell' s' plaindrait,
Au lieu d' son moulin, j' lui donn' mon palais
lit puis, en poussant ua rire unanime,
11 s' coucha dans 1' lit. du côté du mur.
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CHANSONS POPULAIRES
En disant : J' quittïais mon b nicher, bien BÛr,
S'il m' vendait jamais un bifteck si dur !
Le p'lit Chap'ron qui s'élail
Arrêté à la Civette,
(Quoiqif son pèr' hii défendait)
Pour ach'ter un' cigarretle,
Arrive au moulin et s' met à cogner ;
Le loup crie alors, en parlant du nez :
— C'est loi, mon enfant, tir' la chevilletle
Et viens, dans mon lit, t' coucher avec moi.
Carje n' fais pas d l'eu, quoiqu'il fass' bien froid.
Parc' que mon poèJ' fmaè et que j'n'ai pasd'bois.
Le p'lit Chap'ron dit : — Mèr' grand,
Qu' vous avez une drôle de balle !
Le loup répond : — Mon enfant,
J'aim' celt' remarqu' filiale.
— Grand mèr', vos deux yeux brill'nt comm' des lampions ;
— Enfant, c'est l'effet d' ma satisfaction.
— Vous ouvrez la bouche aussi grand' qu'un' malle !
Vous pourrieï serrer tout plein d' choses là-d'dans.
Le loup prend l'enfant, l'avale en disant :
— Tu trouva ma bouch' malle, et moi j' te mets d'dans.
MORALITÉ.
Écoutez, grands, moyens, p'tils,
La moral' de cette histoire :
Faut s' défier des gê&fl polis ;
Ils ont souvent l'àui' très noire.
Et ceux qui vous dis'nt : comment ça va-l-il ?
Ont souvent pour but d' manger votre rôti ;
Ce rôti, pour eux, n'est que provisoire,
en attendant qu'ils tous croqu-'nl auen :
C'eal pourquoi je «lis qu' les gens impolis
Doiv'nt être regardés comm' les vrais amis.
Ch. DelaiiKe.
La i Kd, Charte* Plantade, se trouve
chez M. J. Meissunmcr (ils, éditeur, 18, r. Dauphine
GIROFLE, CI KOI LA.
Ill|e<?
Girofle girofla,
Cuie t'as de bell's filles?
L'amour m'y compt'ra.
L'Il's sont bell's et gentilles,
Girofle, girofla,
EU's sont bell's et gentilles,
L'amour m'y compt'ra.
Donnez-moi-z'en donc une,
Girofle, girofla,
Donnez-moi-z'en donc une,
L'amour m'y compt'ra.
Passeul'ment la queue d'une.
Girofle, girofla,
Pas seul'ment la queue d'une
L'amour m'y compt'ra.
J'irai au bois seulelte,
Girofle, girofla,
J'irai au bois seulette,
L'amour m'y compt'ra.
Quoi faire au bois seulelte'?
Girofle, girofla,
Quoi faire au bois seulelte >
L'amour m'y compt'ra.
Cueillir la \ioletlc,
Girofle, girofla,
Cueillir la violette,
L'amour m'y compt'ra.
Miiui l'air' de, la \iolelte?
Girofle, girofla,
Quoi l'air' de la violette?
I. amour m \ compt'ra.
Pour mettre à ma coller'tte,
Girofle, girofla,
pour iiieitre.i lu.i coller'tte,
I. amour m'jj compila.
Si h- roi t'j t '-il- outre?
Girofle, girofla,
Paris. — Imprimerie rie I'illu fils aîné, ruedei GraiiuVAugiulins, • >.
/ //</■/'•
, t, //. ' /W////'///V . y ,/,
©DMin
fîcntr,
Si le roi t'y rencontre :
L'amour rr.'y compt'ra.
.1 lui f i .ti trois re?: renées,
Gii ullé, girofla,
Je lui frai trois révérences,
L'amour m'y comptera.
Si la reine t'y rencontre?
Girofle, girofla,
Si la reine t'y rencontre?
L'amour m'y compt'ra.
J' lui frai six révérences,
Girofle, girofla,
J' lui frai m\ révérem es.
L'amour m'y compt'ra.
Si le diable t'y rencontre?
Girofle, girofla,
Si le diable t'y rencontre?
L'amour m'y compt'ra.
Je lui ferai les cornes,
Girofle, girofla,
Je lui ferai les cornes,
L'amour m'y comptera.
LE UENARI) ET LES RAISINS.
1846,
mii /' était >ni /iei/1 homme.
Un renard bon compère,
Tout habillé 'le gris,
Biribi,
Un jour dit à son père :
•f vas tlàner hors d' P. iris,
''nabi,
69
To to caraho,
Donn'moi mon chapeau,
Compère Guilleri I
Qnjl était gai /"'«'!, le petit renard gris !
Franchissant la barrière,
!"'■ octroyen lui dit :
Biribi,
Que portez- vous derrière?
C'est ma queue, mon ;;mi,
Carabi,
(En i imit) To io carabo,
En poil de blaireau,
Comme vos favoris !...
Qu'il était gai (bis), le petit renard gr!« '
Passant d'vanl un village,
Les poules du pays,
Biribi,
Disaient : C'biau personnage
Est joliment bien mis !
Carabi,
To to carabo,
La queu' d'son manteai
Semble un plumet d' marquis !
Qu'il était gai (bis), le petit renard gris!
(Avec fierté.) Je crois, dit-il, qu'on s'moque
De ee qui m'embellit,
Biribi.
Là il'ssus il tombe et croque
La poule et ses petits,
Carabi, «
To to carabo,
Ao'.ès c' fricandeau
Il fut en appétit.
Qu'il était gai [bis); le petit renard gris!
Il arriv' dans un' ville;
Qu'elle est ceti' ville, dit-v,
Biribi?
Ca m' paraît fort tranquille...
.1' vas m 'établir ici,
Carabi.
To ;,> carabo,
J' suis à r'ontain'blean
T. II. - 10
i
CHANSONS I OPI l.vl!;l S
D'où \ ient 1' raisin d' Paris!...
Qu'il était pai [bis), le petit renard pris!
Ace joie.) Passant devant un" treille
Il s' croit en paradis.
Biribi.
Plus de cent grapp's vermeilles
Semblaient d'un goût exquis,
Carabi,
To to carabo,
,A part. Mais celait trop baut !...
A vingt-cinq pieds el d'mi !
'Haut.) Qu'il était ?ai (bi$ . le petit renard pris
Il dit : ô pein' cruelle!
Commenl croquer ceci.
Biribi,
Si j'avais une échelle.
Ça n' ferait pas un pli ,
Carabi,
To to carabo.
Je croqu' le marmot
En attendant 1' treillis!
Qu'il était gai (6w), le petit renard gris!
L'œil lix", la boucb' béante
Devant ces grains d' rubis,
Biribi,
Après cinq hetir's d 'attente,
[At'fC colère.) Il jure un : Sacristi !
Carabi.
Tu to carabo,
J'ai le Lee dans l'eau
El le lorticoli !...
Qu'il était gai (6m), le petit renard grisl
édain. Les raisins d' cetf muraille
Son! verts comme des afiis,
Biribi,
C'est bon pour d' la val' taille...
Mais, moi. j' suis trop bien mis,
Carabi,
To lo carabo,
1/ chasselas d' Fontainebleau
N' saut pas un pomme d apis!
Qu'il était gai Mi , le petil renard -ris!
MORALE.
Comme il faut un' morale
Aux fables qu'on écrit,
Biribi ;
Pour toute fin finale.
Je vais vous fair' cell'-ci,
Carabi,
To to carabo :
L' raisin d' Fontainebleau
C'fanné' s'ra hors de prix.
11 Faudra fair' (bis) comm' le p'til renard gris.
Marc 4 oiiNttttniii
La musique, arrangée par A.Marquerie, se trouve
hé/ M. Hençel etCie, rue Vivienne, 2 bit'.
L'ANE ET LA FLUTE.
1846.
Air du tra la la la.
Dans ses \ers gracieux Florian dit qu'un jour
Certain an' vit à table en dînant chez Véfour
Un ami qui tout bas vint lui dir' au dessert :
Avec moi v'nezj'voua prie entendre un grand concert'
Sur l'air du tra la la la,
Sur l'air du tra la la la.
Sur l'air du tra déri déra la la la.
Après avoir repris sa canne et son chapeau.
L'âne lui rép indil agrafant son manteau
Allons, plutôt, mon bon, dans un estaminet
Faire tranquillement notre cent de piquet!
Sur l'air du ira, etc.
Venez, vous entendrez, ce soir, du Rossini,
Du Félicien David chanté par BulHni.
,,i; . i'- h \ ait non d beau,
j'.iin ' mieux ratendi chanter le li'nard et u OorAmi/
Sur l'air du tra, etc.
63
RONDES ENFANTINES.
Sur la flûte, mon cher, après quelques duo?,
Vous entendrez aussi de fort brillants solos.
Que j'entende cela? vraiment vous êtes fou !
Voyez le beau talent d' souffler dans un p'tit trou !
Sur l'air du tra, etc.
En raisonnant ainsi pour se faire prier,
Lane vit une flûte à la port' d'un luthier;
Le sot s'en approcha, et soufflant de son mieux,
En tira par hasard un son mélodieux !
Sur l'air du tra, etc.
Tout lier de ce début, l'an' avec vanité
Cria : du feu sacré l'Éternel m'a doté !...
J' viens d'enfoncer Tulou, sur l'instrument qu'voici,
Tu le vois, comme lui je suis artiste aussi!
Sur l'air du tra, etc.
MORALITÉ.
La moral' de ceci, c'est que les grands talents
N' sont jamais dénigrés que par les ignorants
Combien d'ans incompris, que chaquejour on peut voir,
S' font passer pour savantsgràce à leur habit noir.
Sur l'air du Ira la la la,
Sur l'air du Ira la la la,
Sur l'air du tra déri déra la la la.
Alexis Dalè*.
La musique, arrangée par J j Vimeux, se trouve
chez L. Vieillot. 32, rue Notre-Dame-de-Nazareth
LE RENAUD ET LE CORBEAU.
1844.
j Bonjour, maître Corbeau, comment nous portons-nous?
Merci, maître Renard, ça va pas mal, et vous,
El mes enfants aussi, hors mon p'tit nouveau-né,
Qui par ces derniers froids s'est très fort enrhumé
A l'air du tra la la, etc.
Peste! mon cher Corbeau, vous èt's joliment mis
Vous vous faites pour sûr habiller à Paris?
Oui, répond le Corbeau à ce propos railleur,
Puis il offre aussitôt l'adress' de son tailleur.
Sur l'air du tra la la, etc.
Vraiment si vot' ramag' ressemble à vot' pal'tot?
Vous enfoncez Duprez, Lablache et Mario ;
Chantez-moidoncquéqu'chose, une ariette, un rien,
Car dans votre famille on est fort musicien.
Sur l'air du tra la la, etc.
Alors maître Corbeau, sans se faire prier,
Entonne sans façon le grand air du Barbier.
Mais comme il faut ouvrir la bouche pour chanter,
Il laiss' tomber par terr' son fromage glacé
Sur l'air du tra la la, etc.
Soudain maître Renard, qui comptait là-dessus,
Saute sur le fromage et rit comme un bossu ;
Puis il dit au Corbeau, je vous ai fait poser!
Vous n'êtes pas bien mis ! vous n' savez pas chanter !
Pas mêm' le tra la la, etc.
En entendant ces mots, le Corbeau, confondu,
S'écrie : eh! quel malheur, le duel est défendu.
Je suis volé, dupé ! maudit soit le destin !
Êtr' doyen des Corbeaux! et passer pour un s'rin.
Sur l'air du tra la la, etc.
Un jour, maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait eniie son bec un fromage glacé :
Lorsque maître Renard, attiré par l'odeur.
L'accoste poliment par ce propos flatteur.
Sur l'air du tra la la la, (bis.)
Sur l'air du ira déri déra,
Tra la la!
MOKALITE.
Or donc, de ces couplets la moral' la ^ oici .
Corbeaux petits et grands, retrnez bien ceci :
Cest qu'il est maladroit, a dit un vieux gourmand,
Quand onaim'le fiomag' de parler en mangeanl.
M
CHANSONS POIM LAI III S
Sur l'air du Ira la la là bis.
Sur l'air du Ira déri déra,
Tra la la !
Paroles il'iui anonyme.
La musique se trouve, à Paris, chez M. Brûlé,
éditeur, 16, passage des Panoramas.
LE CORBEAU VENGE.
Vous qui connaissez tous la fable du Corbeau,
Je viens à ce sujet vous conter du nouveau :
Hier, en traversant la foret de Sénard,
Je fus témoin, hélas! de la mort du renard.
Sur l'air du tra la la la [bis.)
Sur l'air du tra déri déra
Tra la la.
11 m'a pris mon fromage et me l'a tout mangé
Le destin l'a puni; Dieu, vous m'avez vengé t..
Sur l'air, etc.
MORALITE.
La moral' de ceci, c'esl que le bien d'aulrui,
Lorsqu'il est mal acquis, au lieu <f profiter, nuit.
Et que si le renard n'eut pas été fripon,
Il ne serait pas mort d'une indigestion...
Sur l'air du tra la la la {bis.)
Sur l'air du tra déri déra
Tra la la...
I.-II. Quliixard et *. IMinau.
La musique se trouve chez M. Pâté, éditeur, 14,
passage du Grand-Cerf, à P;iri-.
S<m papa. >a maman, ses frères, son cousin,
Etaient à ses genoux da'is un cruel chagrin
Lorsque le médecin, vieux renard de bon ton,
Déclara qu'il étail mort d'une indigestion !...
Sur l'air, etc.
Le père, honteux, confus, disait : O mes enfants!
Nous allons tous passer pour de fameoi gourmande!
Partout on nous dira : .Messieurs, ce n'est pas beau,
D'avoir pris le fromage de ce pauvre corbeau.
Sur l'air, etc.
Quand la famille entière eut fini de pleurer,
Vite on se disposa pour aller l'enterrer.
Tous les renards en deuil, au nom m dix,
Défilaient deux a deux, chantant De profundis...
Sur l air. etc.
Sur la tombe arrivée, la foule B'inclina,
Quand le mair de l'endroit tout en larmes parla.
j. i. sais paie1 qu'il a dit, mais un rail bien certain,
C'est (pu- tous il- avaient le mouchoir i la main.
Sur 1 air. etc.
Lorsque maître Corbeau, sur un arbre perché,
• !•■ voilà mort, je a en suis pas fâché !...
LE LAURIER,
J'ai un beau laurier de France;
Mon joli laurier danse.
Mon joli laurier.
Mademoiselle, entrez ru danse;
Mon joli laurier danse.
Mon joli laurier.
Faites- nous trois révérences ;
lion joli laurier danse,
Mon joli laurier.
Maintenant le tour de la danse ,
Mon joli laurier danse,
Mon joli laurier.
Embrassez votre ressemblance,
Mon joli laurier dan-e,
Mon joli laurier.
i;o\n;:s enfantines.
6.'i
LE BEAU CHATEAU.
Lesjeunes iilles forment deux ronds vis-
à-vis l'un de l'autre, et, chantent en dan-
sant. On cède une jeune personne qui va
rejoindre le premier rond, et le jeu conti-
nue jusqu'à ce qu'il ne reste pins qu'une
seule personne du deuxième rond Quand
Ja dernière jeune personne est restée seule,
le grand rond l'entoure et le jeu finit.
1er rond.
Ah ! mon beau château,
Ma tant' tire, lire, lire.
Ah ! mon beau château.
Ma tant' tire, lire, lo.
"2« ROND.
Le nôtre est plus beau.
Ma tant' tire, lire, lire.
Le nôtre est plus beau.
Ma tant' tire, lire, lo.
1er roxd.
Nous le détruirons.
Ma tant' tire lire, lire.
Nous le détruirons.
Ma tant" tire, lire, lo.
2e KONI).
LaquelT prendrez-vous?
Ma tant' tire, lire, lire,
Laquell' prendrez-vous?
Ma tant' tire, lire,lo.
1er ROND.
'En montrant une jeune fille.)
Telle que voici,
Mm tant* tire, lire, lire,
Celle que voici,
Ma tant' tire, lire, lo.
2e ROND.
Que lui clonn'rez-vous ?
Ma tant' tire, lire, lire,
Que lui donn'rez-vous?
Ma tant' tire, lire, lo.
1er rond.
De jolis bijoux,
Ma tant' tire, lire, lire,
De jolis bijoux,
Ma tant' tire, lire, lo.
2e ROND.
Nous en voulons bien,
Ma tant' tire, lire, lire,
Nous en voulons bien.
Ma tant' tire, lire, lo.
LA TOUR, PRENDS GARDE
Deux jeunes tilles figurent la Tour, elles
se tiennent par la main.
Le duc est assis, son filsest près de lui;
il est entouré de ses gardes.
Le colonel et le capitaine se promènent
devant la Tour, en chantant t
LE CAPITAINE ET LE COLONEL.
La Tour, prends garde
De te laisser abattre.
LA TOUR.
Nous n'avons garde
De nous laisser abattre.
Ibis.)
bis ;
6ti
LE COLONEL.
J'irai me plaindre
Au duque de Bourbon.
LA TOUR.
CHANSONS l'OPI LAIRES
LES OFFICIERS ET LE GARDE, revenant au «lue.
Mon duc, mon prince, [bis.)
Je viens à vos genoux.
le une.
Va-t'en te plaindre
Au duque de Bourbon.
(bis.
,E COLONEL ET LE CAPITAINE; mettant un
genoux en terre devant le duc.
Mon duc, mon prince, (pf*0
Je \iens me plaindre à vous.
LE DUC.
Mon capitaine, mou colonelle, {bis.)
Que me demandez-vous?
LE COLONEL ET LE CAPITAINE.
Un de vos gardes, (bis.)
Pour abattre la Tour.
LE DUC, à un des gardes.
Allez, mou garde, (bis.)
Pour abattre la Tour.
Le garde se joint auj deux officier^ qu'il
sait, et l'on marche autour de la Tour, en
chantant :
La Tour, prends garde (bis,)
De te laisser abattre.
us ii avons garde bis.)
De nous lai et ab titre
Mon capitaine, mon colonelle.
Que me demandez-vous?
LES OFFICIERS ET LES GARDES.
Deux de vos gardes, (bis.)
Pour abattre la tour.
Le même jeu recommence, eu deme.inl.int
trois, quatre, six gardes, selon le nombre
des joueurs. On continue la marche, et
quand le duc n'a plus de gardes à donner,
on revient à lui :
LES OFFICIERS ET LES GARDES.
Mon duc, mon prince, (6w.N
Je viens a vos genoux.
LE DUC.
Mon capitaine, mon colonelle, (bis.)
Que me demandez-vous?
i.i> 01 ik uns kt i.i> CABDBB.
\ otre cher fisse, bis.)
Tour abattre la Tour.
Allez, mon fisse, (bis.)
Pour abAttM la Tour.
La Tour refusant de se Laisser abattra;
la troupe r<'\ i <• ii 1 i l 'lit :
Voir.' présence. bis.)
Pour abattre la Tour.
y //////■ ><•».>/«/«"«'*.,,/ 1
"s/,-
0^y/v
LE PETAT MAfôQ
^ £zstcut&Pas-u
l:o\m;s t:\F.\vn\i K.
LE DUC.
Je vais moi-même
Pour abattre la Tour.
[bis.)
Le duc se met à la tète de ses gardes, il
cherche à pénétrer dans la Tour, en for-
çant les deux jeunes filles à séparer leurs
bras; chacune essaie l'une après l'autre, et
celle qui parvient à abattre la Tourest pro-
clamée duc à la place de l'autre.
LE FURET DV BOLS .1 0 M
11 court, il court, le furet,
Le furet du bois, mesdames:
11 court, il court, le furet,
Le furet du bois joli.
11 a passé par ici,
Le furet du bois, mesdames;
11 a passé par ici,
Le furet du bois joli.
U court, il court, le furet,
Le furet du bois,' mesdames ;
Il court, il court, le furet,
Le furet du bois joli.
LE PETIT MARI
Mon père m'a donné un mari,
-M un Dieu! quel homme,
Quel petit homme.
Mon père m'a donné un mari,
•Mon Dieu! quel homme,
Qu'il est petit!
D'une feuille on fit son habit ;
Mon Dieu! quel homme,
Quel petit homme."
D'une feuille on fit son habit,
Mon Dieu! quel homme,
Qu'il est petit!
Le chai l'a pris pour un' souris,
Mon Dieu ! quel homme,
Quel petit homme.
Le chat l'a pris pour un' souris,
3Ion Dieu ! quel homme,
Qu'il est petit !
Au chat! au chat ! c'est mon mari,
Mon Dieu! quel homme,
Quel petit homme.
Au chat ! au chat ! c'est mon mari,
Mon Dieu! quel homme.
Qu'il est petit !
Je le couchai dedans mon lit,
Mon Dieu ! quel homme,
Quel petit homme.
Je le couchai dedans mon lit,
Mon Dieu! quel homme,
Qu'il est petit!
De mon lacet je le couvris,
Mon Dieu ! quel homme,
Quel petit homme.
De mon lacet je le couvris,
Mon Dieu ! quel homme,
Qu'il est petit!
Le feu à la paillasse a pris.
Mon Dieu ! quel homme,
Quel petit homme.
Le feu à la paillasse a pris,
Mon Dieu! quel homme,
Qu'il est petit!
Mon peiit mari fut rôti,
Mon Dieu ! quel homme,
Quel petit homme.
Mon petit mari fut rôti,
Mon Dieu 1 miel homme,
Qu'il est petit J
(il \\so\s l'oi'i r.\n:i s
Pour me consoler, je me dis :
Mon Dieu ! quel homme,
Quel petit homme.
Pour me consoler, je me dis :
Mon Dieu ! quel homme.
Qu'il est pelit !
PERRETTE ET LE POT AU MIT.
El plus (1ère encor
De son trésor
L'innocente laitière
Comptait, recomptait
La somme entière,
Et tout bas répétait :
Pour moi, mon Dieu! quelle fêle !
Car je liens là sur ma tète
Tout cet argent mignon,
Bon bon bon bon bon bon,
La la la la lai
1846.
Innocente cl gracieuse,
Tant joyeuse,
1 an i rieuse,
Pcrrelte un jour s'en allait
Au marché porter son lait :
Mais en marchant l'étourdie
Si jolie,
Si fleurie,
A son lait pensant hélas '
De plaisir sautait tout bas.
Puis chemin faisant,
En de\ isant,
La petite follette
Comptait Le montant
De sa recette,
VA s'en allai) ch inlanl :
Pour moi, mon Dieu ! quelle fêle '
Car je liens là sur ma tête
Toul cel ai genl mignon,
Bon bon bon bon bon bon,
La !.. La la lai
Je veux avec ma recette,
Dit Perrette,
Faire empl itte
D'un mouchoir de crê] mbré,
El liin beau ruban moiré ;
Je veux qu'allant à l'église
S bien mise,
Chacun dise :
Que pour le bon Dieu toujours
Je mets mes plus beaux atours.
Mais dans sa joie imprudente
La charmante
Danse el chaule,
Puis tombant dans un fossé,
Tout s<m lait fui renversé!...
Adieu, ma pauvre Perrette,
Ma toilette
Si coquette,
D'un rêve aussi plein d'appas
Le réveil vient d'un faux pas...
Puis tout en pleurant,
La pauvre enfant,
Retournant au village.
S'en allait disant :
Dieu ' quel dommage !
Ah! j'en mourrai vraiment I
Pour moi c'était une fête !
.1 avais L'argent sur ma tête '
Maudit soit du faux pas '
Ah! ah! ah! ah! ah!
D'après ee bon La Fontaine,
Châtelaine
Et vilaine
i Minaii i par les prés en fleurs,
En tombant versaient des pleurs.
Ainsi la pa ivre Perrette,
La fillette
Jolietle,
En pleurant toul son trésor
ni ses rêves d'or...
Mais soudain Lucas
Lui dit tout bas :
Perrette si jolie,
• l'.i i .i t lils itn ■. rue
( «1 )
BONDES ENFANTINES.
m
Oh ! ne pleure pas ;
Et je t'en prie,
Que mon bien soit le tien...
Bientôt la jeune laitière,
D'un tel amour toute fière,
S'unit au bon Lucas,
La la la la la la la la !
Adolphe Porte.
La musique, de Célestiu Petit, arrangée par
M. Etienne Arnaud, se trouve, à Paris, chez M . Heu-
gel, éditeur, 2 bis, rue Vivienne.
LA PETITE BERGERE.
-1846.
Il était naguère
Un roi de Bavière,
Toujours suivi
D'un sombre ennui,
Que rien ne pouvait distraire :
Un jour sous l'ombrage,
Seul avec son page,
11 écoutait
Dans la forêt
Une voix qui chantait...
Que. est, dit-il, près de nous ce doux chant de fauvette !
— S>ire, en ces lieux, je ne vois rien qu*une bergerette.
La fauvette, elle est là !
C'est Agnèle la bergère,
Qui se croit solitaire.
Regardez... la voilà. | ,. . ,
Ah! ah! h6î5')
Et lerui se troubla!
Un jour, chez Agnèle
On porta dentelle,
Manteau brillant,
Souliers d'argent,
Car à la cour on l'appelle :
— Petite bergère,
Ta voix sait me plaire;
Chante pour moi,
Lui dit le roi,
Mes trésors sont à toi !
— Tous vos trésors, dit Agnèle, ne me touchent guère ;
Mais cependant, Sire, je vais chanter pour vous plaire.
Fuis Agnèle chanta,
De sa voix si légère,
Son doux chant de bergère,
Son doux chant que voilà !
Ah ! ah !
Et la cour l'admira.
Ah ! ah !
Et le roi soupira !
A présent Agnèle
A montré son zèle ;
Sire, ô mon roi,
Permettez-moi
De vous quitter, lui dit-elle.
— Non, ta voix touchante
Me calme et m'enchante,
De mon palais,
Je te promets,
Tu ne fuiras jamais!...
Puis celadit, il la fit monter jusqu'à son trône,
I Et, devant tous, sur la tête il lui mit sa couronne,
Et depuis ce jour-là
La petite bergère
Fut la reine de Bavière,
Pas plus fière pour cela.
Ah! ah!
Toujours elle chanta.
Ah ! ah !
Le conte finit là!
Gustave I emolue.
La musique, de Mlle Loïsa Puget,se trouve chez
M. Heugel, éditeur, rue "Vivienne, 2 bis.
LE CHEVALIER DU ROI,
Qu'est-ce qui passe ici si tard,
Compagnons de la marjolaine?
Qu'est-ce qui passe ici si tard,
Dessur le quai?
il— il
( ** )
CHANSONS POPl LAIRES
C'est le chevalier du roi.
Compagnons de la marjolaine,
C'est le chevalier du roi,
Dessur le quai.
Que demande le chevalier,
Compagnons de la marjolaine?
Que demande le chevalier,
Dessur le quai ?
Une fille à marier.
Compagnons de la marjolaine,
\'\)o fille à marier,
Dessur le quai.
N'y a pas d' fille à marier,
Compagnons de la marjolaine,
N'y a pas d' fille à marier,
Dessur le quai.
On m'a dit qu' vous en aviez,
Compagnons de la marjolaine,
On m'a dit qu' vous en aviez,
Dessur le quai.
Ceux qui l'ont dit s' sont trompés,
Compagnons de la marjolaine,
Ceux qui l'ont dit s' sont trompés,
Dessur le quai.
Je veux que vous m'en donniez,
Compagnons de la marjolaine,
Je veux que vous m'en donniez,
Dessur le quai.
Furies onze heurs repassez,
Compagnons de la marjolaine,
Sur les onze lieu r'.- i
Dessur le quai.
mze béur.'s sont bien passées,
Compagnons de la marjolaine,
l onze heur's Boni bi a passées,
.r le quui.
Sur les minuit revenez,
Compagnons de la marjolaine,
Sur les minuit revenez,
Dessur le qua..
Voilà les minuit sonnégj
Compagnons de la marjolaine.
Voilà les minuit sonnés,
Dessur le quai.
Mais nos filles sont couchées.
Compagnons de la marjolaine,
Mais nos filles sont couchées,
Dessur le quai.
Kn esl-il un' d'éveillée.
Compagnons de la marjolaine?
En est-il un' d'éveillée.
Dessur le quai ?
Qu'cst-c' que vous lui donnerez,
Compagnons de la marjolaine''
Qu'esl-c' que vous lui donnerez,
Dessur le quai?
De l'or, des bijOUX assez,
Compagnons de la marjolaine,
Pe l'or, ^]f> bijoux assez,
Dessur le quai.
Elle n'est pas intéressée,
Compagnons de la marjolaine,
Elle n'esl pas intéressée,
Dessur le quai.
Mon cœur je lui donnerai,
Compagnons de la marjolaine,
Mon cœur je lui donnerai;
Dessur le quai.
En ce cas-là choisissez,
Compagnons de là marjolaine
En ce cas là choisissez,
Dessur !<• quai.
— •+»»< —
; s» )
10NDES ENFANTINES.
RIQUET A LA HOUPPE.
1846.
AIR . Cadet Roussel est bon enfant.
Il était un' reine et un roi
Logeant sus 1' merci' carré que moi ;
Ils eur'nt un fils si laid, si laid,
Ou' c'était un affreux marmouzet.
On l'app'lait Riquet à la Houppe,
A cause d'un p'tit bouquet d'étoupe
Qui lui servait d' toupet ;
lien avait plus qu'on n' croyait.
Y s' trouvait là, quand il naquit,
Mam'sell' Lenormand, qui leur dit :
— Je vois qu' ce raôrn' est très vilain,
Mais qu'il aura d' l'esprit tout plein ;
A cell' qui d'viendra son épouse,
Ce garçon-là, coram' un' ventouse,
S'il veut, lui soufflera
Autant d'esprit qu'il en aura.
Or, par hasard, dans la mèm' nuit
Où cet affreux Riquet naquit,
Un magnifiqu' tambour-major,
Qui demeurait dans 1' collidor,
Devint papa d'un' demoiselle,
Qu'était belle, oh! mais qu'était belle!...
Rien qu' pour l'envisager,
On s' s'rait passé d' boire et d' manger.
Y s' trouvait là, quand ell' naquit,
Mam'sell' Lenormand, qui leur dit :
— Voir' fille est bell", ça s' voit beaucoup,
Mais ell' sera bel' comme un chou ;
Mais, à son époux, chose heureuse,
Un jour, sans être blanchisseuse,
Je vois qu'ell' repass'ra
Autant d' beauté qu'elle en aura.
Ces galopins grandir'nt tous deux,
Au moyen de nourries sur lieux ;
Riquet enlaidissait toujouis,
Mais il faisait dos calembourgs.
La p'tite embellissait sans cesse,
Mais raisonnait comme un' gross' caisse,
Puis, ell' faisait des cuirs
Dans tous ses moments de loisirs.
Allant, un jour, chercher du lait,
Eh" tomba juste sur Riquet,
Qui lui dit, avec à-propos :
— Mam'sell', mettez-moi dans vot' pot,
Ça vous évit'ra de descendre.
Car je suis laid... à vous en r'vendre,
D'ailleurs, il m' s'rait bien' doux,
Mademoisell', d'être bu par vous.
Eh" lui répond : — J'entends pas l' grec,
Je n' sais rien et j' suis bête avec.
— J' peux vous donner, qu' Riquet lui dit,
Plusieurs boisseaux de mon esprit :
Jurez-moi d'êlr' ma légitime,
Et prenez mon esprit comm' prime,
J' vous donne, avant d' choisir,
Quarant'-cinq ans pour réfléchir.
Pensez qu' dans ces quarant'-cinq ans
Y s' présenta beaucoup d' galants;
Son pèr' lui dit : prends-en donc un ;
Elle penchait pour un beau brun.
Quand Riquet, qu'avait d' la mémoire,
Arrive et lui dit : j'aime à croire,
Qu' vous avez fait vot' choix !
EU' lui dit • c'est pas toi, chinois 1
— Convenez-en, pour mon époux,
Puis-je prendre un magot comm' vous?
Ça s'rait prêter, mon p'tit Riquet,
Votre esprit à gros intérêt !
— Ah ! si n' faut qu'êtr' beau pour vous plaire,
Lui dit Riquet, votre no.aire
M'a dit qu' vous aviez 1' don
De me changer en Cupidon.
Comme il y avait donné d' l'esprit,
Aussi beau qu'ell' elle le rendit I
Le roi-z-et le tambour-major
Fir'nt h: r'pas d' noc' dans I' collidor
( «4 )
CHANSONS POPULAIRES
On y dansa la boulangère,
Si bien que le propriétaire
Leur dit : je n' veux plus d' vous.
Envoya coucber les époux.
MORALITK.
Ça prouv' qu'on peut êtr* bête ou laid,
Sans l'être autant qu'on le paraît;
Reste à savoir lequel des deux
D' l'être ou de I' paraître vaut mieux.
L'amour, qui n' porte pas d' lunettes,
Ne vous voit pas tel que vous êtes,
Et, grâce à son bougeoir,
Cbacuu a sa manier' de voir.
Charles Delanoë.
La musique, arrangée par M. Charles Plantade,
se trouve chez MM. Meissoniûeret fils, éditeurs, 22,
r"e Dauphine, à Paris, «.lie se trouve également
hrtée au N, 658 de la Clé du Caveau.
CÉCILIA.
Mon pèr' n'avait d'enfant que moi, {bis.)
Dessus la mer il m'envoya,
Sautez, mignonne,
Cécilia,
Ali 1 ah! Cécilia.
Dessus la mer il m'envoya, [bis.)
Le batelier qui me pat
Sautez, mi. nonne,
ilia.
Ah ! ali! Cécilia.
Le batelier qui me passa,
.Me dit : il faut pajrttr pQÈi ça,
Sautez, mignonne,
lia,
Ab ' ab ! Cécilia.
Me dit : il faut payer pour ça. [bis.)
— Mais je n'ai pas d'argent sur moi,
Sautez, mignonne,
Cécilia,
Ah ! ah I Cécilia.
Mais je n'ai pas d'argent sur moi. (bis.)
— Pour un' chanson l'on vous pass'ra,
Sautez, mignonne,
Cécilia,
Ah! ahl Cécilia.
Pour un' chanson l'on vous pass'ra. (bis.)
— Ecoutez donc cette chanson-là,
Saulez, mignonne,
Cécilia,
Ah! ah! Cécilia.
Ecoutez donc cette chanson-là,
Que chantent les oiseaux du bois,
Sautez, mignonne,
Cécilia,
Ah! ah! Cécilia.
Que chantent les oiseaux du bois,
Qui dans leur langage joli,
Sautez, mignonne,
Cécilia,
Ah! ah ! Cécilia.
Qui dans leur langage joli,
Dis'nt que les garçons n' valent rien,
Saulez, mignonne,
Cécilia,
Ah l ah! Cécilia.
Dis'nt que les garçons n' valent rien,
El les hommes encor bien moins,
Sautez, mignonne,
Cécilia,
Ah ! ah! Cécilia.
Et les houinies encorbien moins,
Pou* les femme le n'en dis rien.
— Iiiii.riinrrïr '.If Pille? litsntné, r.-.v ■!.• r.r.iruN-Aiia -iin>, :,.
m Un es
Sautez, mignonne,
Cécilia,
Ah! ah! Cécilia.
Pour les femmes je n'en dis rien,
Pour les d'moiselî's j'en dis du bien,
Sautez, mignonne,
Cécilia,
Ah ! ah! Cécilia.
LA MARGUERITE.
Une jeune fille se met à genoux, plusieurs
autres l'entourent et élèvent sa robe au-des-
sus de sa tête; ce qui forme une espèce de
tour.
Unp autre enfant, représentant le franc
cavalier, s'avance en chantant :
Où est la Marguerite?
Ho gai ! ho gai! ho gai!
Où est la Marguerite?
Ho gai' franc cavalier.
LE GROUPE LUI RÉPOND.
Elle est dans son château,
Ho gai! ho gai! ho gai!
Elle est dans son château,
Ho gai ! franc cavalier.
LE CAVALIEH.
Ne peut -on pas la voir?
Ho gai! ho gai! ho gai!
Ne peut-on pas la voir?
Ho gai ! franc cavalier.
LE GROUPE.
Les murs en sont trop hauts.
Ho gail ho gai! ho gai!
Les murs en sunt trop hauts.
Ho gai! franc cavalier.
LE CAVALIER.
Ici le cavalier emporte une jeune fille du
groupe.
LE GROUPE.
Une pierre ne suffit pas,
Ho gai ! ho gai ! ho gai !
Une pierre ne suffit pas,
Ho gai! franc cavalier.
LE CAVALIER.
J'en abattrai deux pierres,
Ho gai ! ho gai ! ho gai !
J'en abattrai deux pierres,
Ho gai ! franc cavalier.
Il emmène encore une autre personne du
groupe.
LE GROUPE.
Deux pierres ne suffis'nt pas,
Ho gai! ho gai! ho gai!
Deux pierres ne suffis'nt pas,
Ho gai ! franc cavalier.
LE CAVALIER.
J'en abattrai trois pierres,
Ho gai ! ho gai ! ho gai !
J'en abaltrai trois pierres,
Ho gai franc cavalier.
Même jeu et même réponse, qui se con-
tinue jusqu'à ce que l'on ait emmené toutes
les jeunes filles qui tenaient en l'air la robe
de Marguerite, celle qui reste la dernière
la tient à elle seule et fermée au-dessus de
la tête de la jeune lille.
T. II. - 1-2.
74
CHANSONS POPULAIRE?.
LE CAVALIEB SANS CHANTER.
Qu'est-ce qu'il y a là dedans?
REPONSE.
Un petit paquet de linge à blanchir.
l,E ^AVALIEK.
e vais chercher m on petit couteau pour le coupei
La jeune fille lâche la robe qui laisse à
découvert la Marguerite, celle-ci se lève
ei s'enfuit, lesjeunes filles courent après
elle, et le jeu finit.
GENTIL COQUELICOT.
J'ai descendu dans mon jardin,
J'ai descendu dans mon jardin,
Pour y cueillir du romarin;
Gentil coquelicot,
Mesdames,
Gentil coquelicot
Nouveau.
Pour y cueillir du romarin,
Pour y cueillir du romarin ;
j n'en avais pas cueilli trois brins ;
Gentil coquelicot,
Mesdames,
util coquelicot
Nouveau.
j' n'en avals pas cueilli Irois brins,
j im'ii avais pas cueilli trois brins,
Qu'an rossignol vient sur ma main;
Gentil coquelicot,
Mesdames,
Gentil coquelicot
Nouveau.
Qu'un rossignol vient sur ma main,
Qu'un rossignol vient sur ma main,
Il me dit trois mots en latin;
Gentil coquelicot,
Mesdames,
Gentil coquelicot
Nouveau.
Il me dit trois mots en latin,
11 me dit trois mots en latin,
Que les hommes ne valent rien,
Gentil coquelicot,
Mesdames,
Gentil coquelicot
Nouveau.
Que les hommes ne valent rien,
Que les hommes ne valent rien,
Kt les garçons encor bien moins;
Gentil coquelicot,
Mesdames,
Gentil coquelicot
Nouveau.
Et les garçons encor bien moins,
Et les garçons encor bien moins ;
Des dames il ne me dit rien ;
Gentil coquelicot,
Mesdames,
Gentil coquelicot
Nouveau.
Des dames il ne me dit rien,
Des dames il ne me dit rien;
.Mais des d'moiselles beaucoup de bien;
Gentil coquelicot,
Mesdames,
Gentil coquelicot
Nouveau.
MONDES ENFANTINES.
LE LOUP ET L'AGNEAU.
1845.
Un agneau, nous dit-on, ayant mangé beaucoup,
Dans un ruisseau filtré buvait un petit coup; -
Monsieur de la Fontain' n'a pas trop dit pourquoi,
Mais j'ai toujours pensé qu' c'est parc'qu'il avait soif.
Sur l'air du tra la la la,
Sur l'air du tra la la la,
Sur l'air du tra déri, déra, tra la la.
Survint messire loup avec un' faim de chien,
N'ayant rien dans F gousset et dans le ventre rien;
Pour surcroît d'appétit en venant il avait
Passé devant Véfour, et renifflé Chevet.
Sur l'air du tra, etc.
Pendant que faut' de mieux il se désaltérait,
Il vit plus bas l'agneau qui tranquill'ment buvait,
Lorgnant notre innocent, y s' dit : foi d'animal !
Sij'croquais c' gaillard-là je n'en frais pas plus mal.
Sur l'air du tra, etc.
C'est alors qu'il lui dit, tout rouge de fureur :
On élèv' la jeuness' aujourd'hui qu' ça fait peur,
Dans l'onde que je bois, comment, p'tit galopin,
Pour m'donner mal au cœurvous vous lavez les mains
Sur l'air du tra, etc.
Mais cet agneau vraiment était pétri d'esprit;
Au dernier grand concours, il avait eu l'grand prix ;
11 dit sans hésiter : Seigneur, je suis en bas,
Et puisque l'eau descend, c'est qu'ell'ne monté pas.
Sur l'air du tra, etc.
Du rest', reprit le loup, je sais que d'puis deux ans
Sur ma femme et sur moi vous faites des cancans;
Je suis de mauvais' mœurs, dit' s-vous dans le quartier
Votre femm' de ménag' l'a dit à mon portier.
Sur l'air du tra, etc.
Je me souviens encor, dit-il plus en courroux,
Que d' vingt assassinats vousm'accusàt's, vous,
Pour pièc' de conviction, vous portàt's contre moi
Deux ou trois os rongés chez 1' procureur du roi.
Sur l'air du tra, etc.
L'agneau crut s' disculper en disant aussitôt:
M.'tis je n'étais pas né! — Ce fut un fâcheux mot.
— Pas né, cria le loup, ah! tu n'étais pas né?
Ce sont tes côtelett's que j' vais manger panées.
Sur l'air du tra, etc.
Ce plaisant jeu de mots était à peine dit,
Qu'il emporta l'agneau dans la forêt d' Bond y :
Et tout ce que j'ai su c'est qu' quand il eut fini,
Uvintprendr' sa d'mi-tasseau café Tortoni.
Sur l'air du tra, etc.
MORALE.
Toute fable, dit-on, cache une vérité;
La morale de cell'-ci je vais vous la conter :
C'est que lorsqu'on est fort on a toujours raison,
Et qu'on a toujours tort de n' pas avoir raison.
Sur l'air du tra la la la,
Sur l'air du tra la la la,
Sur l'air du tra déri, déra, tra la la.
!.. Fort oui.
PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS
Une des personnes qui doivent jouer fait
le rôle du loup, une autre fait celui de la
biche, toutes les autres, se tenant par la
robe, font la queue de la biche.
Le loup va se cacher , et tout le monde
ebante plusieurs fois, en se promenant.
Promenons-nous dans les bois,
Pendant que le loup n'y est pas.
LA BICHE.
[Parlé.) Loup, loup, y es-tu?.
LE LOUÏ-.
Non...
76
CHA.NSOiNS ^POPULAIRES
TOUT LE MONDE.
(Chanté.) Promenons-nous dans les bois
Pendant que le loup n'y est pas.
LA BICHE.
I Parlé.) Loup, loup, y es-tu?
Oui.
LE LOI!"
LA BICHE.
Sauvons-nous.
LE LOUP.
Je suis loup, loup, qui te mangera.
LA BICHE.
Je suis bibiche qui me défendra.
LE LOUP.
Défends ta queue.
Celle qui fait la biche empêche le loup
de passer en étendant ses bras; et celui
ou celle qui fait la biche tâche d'attraper
la dernière personne ; quand elleyaréussi,
cette dernier" p i-mme est séparée de la
queue, el quand le loup les a toutes prises,
le jeu finit.
BIRON.
Quand Biron voulut danser.
onlien fit apporter;
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
(6m.)
Quand Biron voulut danser,
Sa perruqu' fit apporter,
Sa perruque
A la turque;
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
Ses manchettes
Porl bien faites,
Sa culotte
A la mode,
(6is.)
(6m.i
Quand Biron voulut danse'/,
(bis.)
Son habit fit apporter,
(Où.)
Son habit
De petit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser,
(bis.)
Sa veste fit apporter,
(6«.)
Sa bell' veste
A paillettes,
Son habit
De petit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser,
(bis.)
Sa culotte fit apporter,
(bis.)
Sa culotte
A la mode,
Sa bell' veste
A paillettes,
Snn habil
De pot i t grii,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers t<uit ronds,
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser,
(hi$.)
manchettes lit apporter,
[bu.)
RONDES ENFANTINES.
Sa belle veste
A paillettes,
Son habit
De petit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser, (bis.)
Son chapeau fit apporter, [bis.)
Son chapeau
En clabot,
Ses manchettes
Fort bien faites,
Sa culotte,
A la mode,
Sa bell' veste
A paillettes,
Son habit
De petit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser, (bis.)
Son épée fit apporter, (bis.)
Son épée,
Affilée,
Son chapeau
En clabot,
Ses manchettes
Fort bien faites,
Sa culotte
A la mode,
Sa bell' veste
A paillettes,
Son habit
De petit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser, (bis.)
Son violon fit apporter, (bis.)
Son violon,
Son basson
Son épée
Affilée,
Son chapeau
En clabot.
Ses manchettes
Fort bien faites,
Sa culotte
A la mode,
Sa bell' veste
A paillettes,
Son habit
De petit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
LE RENARD ET LA CIGOGNE.
1845.
Compère le Renard, un jour d'un petit mot,
Invita la cigogne à la fortun' du pot.
S'etant donc requinquée, un soir ell' s'y rendit,
Kn suivant les boul'varts pour gagner d' l'appétit,
Sur l'air du tra la la la,
Sur l'air du tra la la la,
Sur l'air du tra déri, déra, tra la la.
— Eh ! bonsoir, mon compère, ma commère,bonsoir.
Entrez, donnez-vous donc la pein' de vous asseoir.
Merci, vous êtes bien bon ; mais permettez, renard,
Que je pose en un coin messocqu'set mon rifflard
Sur l'air du tra, etc.
On servit un mets clair et dans un plat très grand:
Le renard mangea tout, la cigogne néant.
Par ce fait j'ai vu que quelqu'affamé qu'on soit,
Pour bien dîner il faut d'abord avoir de quoi.
Sur l'air du tra, etc.
— Je vous traite sobrement, mais vous m'excuserez,
Dit alors le renard, c'est dans votre intérêt;
7. s
CHANSONS POPULAIKLS
J'ai lu dans mon journal qu'il règne on ce moment
Un' maladi' do bôt's qui tu' pas mal de gens.
Sur l'air du tra, etc.
Comprenant la malice en voyant le plat sec,
La cigogn' fit un nez aussi long que son bec,
Et se dit en sortant :— Ah! tu m'as mis dedans!
Mais quoique sans mâchoir' je te garde une dent.
Sur l'air du Ira, etc.
Deux ou trois jours après elle dit au renard :
D' l'héritag' que j'ai fait venez prendr' votre part;
Un oie de Périgueux, mion cousin, en mourant,
Vient d' me laisser son foi' truffé par testament.
Sur l'air du tra, etc.
Il arrive au jour dit ; à la cuisine il court ;
Sur chaqu' casserolleil se pench' tour-à-tour,
El dit à la cigogne en s' léchant le menton :
Cai^r.e auprès de vous n'était qu'un marmiton.
Sur l'air du tra, etc.
Le dîner fut servi dans un vase au long cou ;
Le renard n'y prit rien, la cigogne y prit tout;
Kl se dit en riant de son air consterné :
Tu m' fis dîner par l'œil, mais tu din's par le nez.
Sur l'air du tra, etc.
Le renard tout honteux, sans se faire prier,
Dit bonsoir, et gagna la porte et l'escalier.
I,a cigogne le suivit en sifflant jusqu'au bas
L'air : J'ai dubun tabac et lu n'en auras pas.
Sur l'air du tra, etc.
MOBALfc.
Je tire de ceci double moralité.
La première estqu' souvent te trompeur est trompé.
La seconde, moins connue, est que toujours il faut
Eviter le* dln rs a la fortun' du pot.
Sur l'air du tra la la la,
Sur l'air du Ira la la la,
Çur l'air du tra ij-n, déra, tra la la.
•• I Ol (.Mil.
MON VILLAGE.
VIEILLE RONDE NOUVELLE.
Air : // était un chasseur.
Qu'il est beau mon village et son riant coleau,
Et ma chaumière assise à l'ombre de l'ormeau.
Et Ion, lan, la, lou, la, li, ou,
Mon village avant tout.
El ma chaumière assise à l'ombre de l'ormeau,
Et ma bonne grand'mère y filant son fuseau.
Et Ion, lan, la, lou, la, li, ou,
Mon village avant tout.
Et ma bonne grand' mère y filant son fuseau,
Et ma petite sœur y dormant au berceau.
Et Ion, lan, la, lou, la, li, ou,
Mon village avant tout.
Et ma petite sœur y dormant au berceau,
Et le gros chien César y fourrant son museau.
Et Ion, lan, la, lou, la, li, ou,
Mon village avant tout.
Et le gros chien Côsar y fourranl son museau,
Et mouchât gris joiiantavecmon blondmoincau
Et Ion, lan, la, lou, la, li, ou,
Mon village avant tout.
Etmon chat gris jouant avec mon blondmoincau
Rien n'est si doux à voir qu'un si joli lableau.
Et Ion, lan, la, lou, la, li, OU,
Mon village avant tout.
Rien n'est si doux à voir qu'un si joli taolea
Ma mère nous regarde à travers le carreau.
Et Ion, lan, la, lou, la, li, ou,
lion village avant tout.
tlONDES ENFANTINES.
7!)
Ma meré nous regarde à travers le carreau,
Comme un saule qui pleure au fond du clair ruisseau
Et Ion, lan, la, lou, la, li, ou,
Mon village avant tout.
Comme un saule qui pleure au fond du clair ruisseau
Ou comme le pasteur regarde son troupeau.
Et Ion, lan, la, lou, la, li, ou,
Mon village avant tout.
Ou comme le pasteur regarde son troupeau
Broutant l'herbe fleurie et le trèfle nouveau.
Et Ion, lan, la, lou, la, li, ou,
Mon village avant tout/
Broutant l'herbe fleurie et le trèfle nouveau,
La plus belle cité ne vaut pas mon hameau.
Et Ion, lan, la, lou, la, li, ou,
Mon village avant tout.
Edouard Neveu.
LA BONNE AVENTURE ENFANTINE.
L ENFANT.
Je suis un petit poupon
De bonne figure,
Qui aime bien les bonbons
Et les confitures :
Si vous voulez m'en donner,
Je saurai bien les manger.
La bonne aventure,
Ohlgail
La bonne aventure.
LA MAMAN.
Lorsque les petits garçons
Sont gentils et sages,
On leur' donne des bonbons,
De belles images ;
Mais quand ils se font gronder,
C'est le fouet qu'il faut donner»
La triste aventure,
Oh ! gai!
La triste aventure.
l'enfant.
Je serai sage et bien bon,
Pour plaire à ma mère,
Je saurai bien ma leçon,
Pour plaire à mon père;
Je veux bien les contenter,
Et s'ils veulent m'embrasser !..,
La bonne aventure,
Oh ! gai !
La bonne aventure.
BIQUETTE ET LE LOUP
Biquette ne veut pas
Sortir du chou;
Ah ! tu sortiras,
Biquette, biquette,
Ah ! tu sortiras
De ce chou-là.
On va chercher le chien pour mâcher biquette ,
Le chien ne veut pas manger biquette,
Biquette ne veut pas sortir du chou.
Ah ! lu sortiras,
Biquette, biquette,
Ah! tu sortiras,
De ce chou-là.
On va chercher le loup pour manger le chiwn
Le loup ne veut pas manger le chien,
Le chien ne veut pas manger biquette,
Biquette ne veut pas sortir du chou.
Ah ! tu sortiras,
Biquette, biquette,
Ah ! tu sortiras
De cechou-lù.
50
<1U\S()\S POPULAIRES
On va chercher le bœuf pour manger le loup:
Le bœuf ne veut pas manger le loup,
Le loup ne veut pas manger le chien,
Le chien ne veut pas manger biquette,
Biquette ne veut pas sortir du chou.
Ah ! lu sortiras,
Biquette, biquette,
Ah! lu sortiras
De ce chou-là.
On va chercher le bâton pour battre le bœuf ;
Le bâton ne veut pas batlrele bœuf,
Le bœuf ne veut pas manger te loup,
Le loup ne veut pas manger le chien,
Le chien ne veut pas manger biquette,
Biquette ne veut pas sortir du chou.
Ah! tu sortiras,
Biquette, biquette,
Ah ! tu sortiras
De ce chou-là.
Ou va chercher le feu pour brûler le bâton.
Le feu ne veut pas brûler le bâton ;
Le bâlon ne veut pas battre le bœuf,
Le bœuf ne veut pas manger le loup,
Le loup ne veut pas manger le chien,
Le chien ne veut pas manger biquette,
Biquette ne veut pas sortir du chou.
Ah ! tu sortiras,
Biquette, biquette,
Ali ! tu sortiras
ire ce chou-là.
On va chercher l'eau pour éteindre le feu;
L'eau ne veut pas éteindre le feu,
Le feu ne veut pas brûler le bâton,
Le bâton ne veul pas battre le bœuf,
Le bœuf ne \eut pas manger le loup,
.> loup ne veut p.-is manger le chien,
Le chien ne »eu1 pas manger biquette,
Biquette ne veul pas Bortir du chou.
Ah ' lu BOrtil ,
Biquette, biquette,
Ah 1 tu sortiras
!■• ce chou-là
L'eau veut bien éteindre le feu,
Le feu veut bien brûler le bâton,
Le bâton veut bien battre le bœuf,
Le bœuf veut bien manger le loup,
Le loup veut bien manger le chien,
Le chien veut bien manger biquette,
Biquette veut bien sorlir du chou.
Ah ! tu sortiras,
Biquette, biquette,
Ah 1 tu sortiras
De ce chou-là.
SUR LE PONT D'AVIGNON.
Sur le pont d'Avignon,
Tout le monde y danse, danse :
Sur le pont d'Avignon,
Tout le monde y danse en rond.
Les beaux messieurs font comme ça
Sur le pont d'Avignon.
Tout le monde y danse, danse;
Sur lf pont d'Avignon,
Tout te monde y danse en rond.
Et les capucins font comme ça :
Sur le pont d'Avignon,
Tout le inonde y danse, danse ;
Sur le pont d'Avignon,
Tout le inonde y danse en rond.
Les enfants peuvent ajouter tous les mé-
tiers ou toutes les professions qui leur vien-
dront ■< la pensée, et Binger, autant que
possible, leurs ollurei 'i leurs habitudes.
paris. - Imprimerie de Pii.let Éisatné, rue des Grands-Aagastins, ■>■
L'ALOUETTE ET LE PINSON.
L'alouette et le pinson
Tous deux se sont mariés;
Le lendemain de leur noce
N'avaient pas de quoi manger..
Alouette,
Ma tourlourisette;
Mon oiseau,
Que tout lui faut.
Le lendemain de leur noce,
N'avaient pas de gnni manger;
Par ici passe un lapin.
Sous son bras tenait un pain.
Alouette,
Ma tourlourisette ;
Mon oiseau,
Que tout lui faut.
Par ici passe un lapin,
Sous son bras tenait un pain ;
Mais du pain nous avons trop,
C'esl de la viand' qu'il nous faut.
Alouette,
Ma tourlourisette;
Mon oiseau,
Que tout lui faut.
Mais du pain nous avons trop,
C'est de la viand' qu'il nous faut;
Par ici passe un corbeau,
Dans son bec tient un gigot.
Alouette,
Ma tourlourisette;
Mon uiseau,
Que tout lui faut.
Par ici passe un corbeau,
Dans son bec tient un gigot;
Mais d' la viande nous avons trop,
Et c'est du vin qu'il nous faut.
Alouette,
Ma tourlourisette,
Mon oiseau,
Que tout lui faut.
Mais d' la viand' nous avons frop,
Et c'est du vin qu'il nous faut;
Par ici passe un' souris,
A sou cou pend un baril.
Alouefte,
Ma tourlourisette;
Mon oiseau,
Que tout lui faut.
Par ici passe un' souris,
A son cou pend un baril;
Mais du vin nous avons trop,
C'est d' la musiqu' qu'il nous faut.
Alouette,
Ma tourlourisette;
Mon oiseau,
Que tout lui faut.
Mais du vin nous avons trop,
C'est d' la musiqu' qu'il nous faut,
Par ici passe un gros rat,
Un violon tient sous son bras,
Alouette,
Ma tourlourisette;
Mon oiseau,
Que tout lui faut.
Par ici passe un gros rat,
Un violon tient sous son bras,
Serviteur la compagnie,
N'y a-t-il pas de chat ici ?
Alouette,
Ma tourlourisette;
Mon uiseau,
Que tout lui faut.
Serviteur la compagnie.
N'y a-t-il pas de chat ici?
Entrez donc, maître à danser,
Notre chat est au grenier.
T. Il — 1?.
89
CHANSONS POPULAIliFS.
Alouette,
Ma tourlourisette ;
Mon oiseau,
Que tout lui faut.
Entrez donc, maître à danser,
Notre chat est au grenier;
Le chat descend du grenier ;
Aval' le maître à danser.
Alouette,
Ma tourlourisette;
Mon oiseau.,
Que tout lui faut.
■ a 1 1 i^ 1 1 n ■
LE ROI DE SARDA1GNE,
C'était le roi de Sardaigne,
£)ui faisait si peur aux gens ;
Jl avait mis dans sa tête
De détrôner le Sultan.
Ran, tan, plan, par derrière,
Ran, tan. plan, par devant.
Il avait mis dans sa lète
De détrôner le Sultan ,
11 avait pour toute armée
Quatre-vingt-dix paysans.
Ran, tau, plan, par derrière,
Ran, tan, plan, par devant.
Il avait pour toute armée
Quatre-vingt-dix paysans,
Et pour toute artillerie
Quatre canons de ferhlanc.
Ran, tan, plan, par derrière,
lian, ta::, plan, par devant.
Et pour toute artillerie
Quatre canons de fei blanc ;
Quand il fui sur la montagne,
Mon Dieu . que le monde est grand !
Ran, tan plan, par derrière,
Ran, tau plan, par devant.
Quand il fut sur la montagne,
Mon Dieu ! que le monde est grand'.
L'ennemi vint à paraître,
Sauv' qui peut, allons-nous-en.
Ran, tan, plan, par derrière,
Ran, tan, plan, par devant.
POLICHINELLE.
Pan, pan. — Qu'est-c' qu'estlà?
— C'est Polichinell',
Mam'selle.
Pan, pan. — Qu'est-c' qu'est là?
C'est Polichinell' que v'ià.
Il n'est
Pas bien fait ;
Mais il espère
Vous plaire.
Ouvrez, s'il vous plaît,
11 chant'ra son p'tit couplet.
Pan, pan. — Qu'est-c' qu'est là ?
— C'est Polichinell',
Mam'selle.
Pan, pan. — Qu'est-c' qu'est là?
C'est Polichinell' que v'ià.
Joyeux,
En tous lieux,
Toujours en cadence,
11 danse,
Marquant, à propos,
La m'sure avec ses sabots.
l'an, pan. — Qu'est-c' qu'est là?
—C'est Polichinell',
Mam'selle.
Pan, pan. — Qu'est-c' qu'est là?
C'est Polichinell' que v'ià.
Chez lui,
Point d'ennui ,
Sam négoce,
Il roui' sa bosse,
x;;
RONDES ENFANTINES.
11 s' moque des sots,
Et s' promène en f sant 1' gros dos.
Pan, pan. — Qu est-c' qu'est là?
— C'est Polichinell',
Mam'selle.
Pan, pan. — Qu'est-c' qu'est là?
C'est Polichinell' que v'ià.
Enfants,
P'tits et grands,
Il aspire
A vous fair' rire ;
Disant : jeunes et vieux.
Quand on rit, on est heureux.
Pan, pan. — Qu'est-c' qu'est là?
— C'est Polichinell',
Mam'selle.
Pan, pan. — Qu'est-c' qu'est là?
C'est Polichinell' que v'ià.
L'ECOLE BUISSONNIERE
A:r : Noire meunier chargé d'argent.
Une fillette de huit ans,
La petite Nicole,
Disait toujours : j'ai bien le temps
D'arriver à l'école.
Et quand en classe, quanden classe elle arrivait .
Sa maîtresse lui répétait :
infant, si tu m'en crois, si tu m'en crois,ma chère.
Ve fais pas, ne fais pas l'école buissonnière.
Mais Nicole n'écoutait pas
Cet avis salutaire ;
Elle s'en allait tout là-bas,
Aimant à ne rien faire,
Prenant toujours, toujours les chemins les plus longs
Pour attraper des papillons.
Enfant, si tu m'en crois, si tu m'en crois, ma chère, !
Ne fais pas, ne fais pas l'école buissonnière. j
Un jour voici que tout-à-coup,
Loin, bien loin de la classe,
Nicole voit venir un loup...
Elle eut beau crier grâce,
Leméchantloup, le méchant loup sans se gêner
La mangea pour son déjeuner.
lînfant, si ta m'en crois, si tu m'en crois, nia chère.
Ne fais pas, ne fais pas l'école buissonnière.
Lors la plus affreuse douleur,
Car rien ne la console,
A tout jamais brisa le cœur
Des parents de Nicole.
Ils la pleuraient, ils la pleuraient soir et matin.
Ils en moururent de chagrin
Enfant, si tu m'en crois, si tu. m'en crois, ma chère,
Ne fais pas, ne fais pas l'école buissonnière
J'AIMERAI QUI M AIME.
Mam'selle, entrez chez nous, '{bis }
Mam'selle, entrez encore un coup,
Afin que l'on vous aime;
Ah! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah ! j'aimerai qui m'aime.
Une amie, choisissez-vous, [bis.)
Choisissez-la encore un coup,
Afin que l'on vous aime;
Ah 1 j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah ! j'aimerai qui m'aime.
Mettez-vous à genoux, (bis.)
Mettez-vous-y encore un coup,
Afin que l'on vous aime ;
Ah! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai.
Ah! j'aimerai qui m'aime.
Faites-vous les yeux doux, (bis.)
Faites -vous-les encore un coup,
Afin que l'on vous aime;
Ah ! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah! j'aimerai qui m'aime.
SI
CHANSONS POPII.AIRKS
El puis embrassez-vous, {bis.)
Embrassez-vous encore un coup,
Afin que l'on vous aime;
Ah! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah ! j'aimerai qui m'aime.
Revenez parmi nous, [bis.)
Revenez-y encore un coup.
Afin que l'on vous aime;
Ah ! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah ! j'aimerai qui m'aime.
LA GRENOUILLE ET LE BOEUF
1851.
Air : J'ai vu la meunière.
Une grenouille vit un bœuf
A Large encolure,
nui, dans un bel habit tout neuf,
Se donnait carrure.
Je veux, dit-elle, en faire autant,
J ai vingt livres d'argent comptant.
Faisons donc figure
Comme ce manant.
Elle s'en va trouver le bœuf.
Bonjour, mon bel homme,
A moi, grosse au plus comme un œuf,
Veuillez dire comme
Vous portez sous votre pourpoint
lu si magnifique embonpoint,
Ce n'est pas en somme
A manger du foin.
Foin du foin, répondit le bœuf,
El foin de L'avoine.
Ce dont je m' nourris a'eat pas neuf;
Et, mieux qu' frère Antoine,
Chez Véry je prends mes repas,
Pour vingt francs j'ai me* quatre plats.
Voila, eomme un moine,
Pourquoi je -uis gras.
La grenouille, c'était I hiver,
Met ses ba< de bine.
Et jette sur son corset vert
Son manteau de reine.
Puis, elle s'en va chez Véry...
Garçon, vite un macaroni,
Du vin de Surène
Et du veau rôti.
Une salade de cresson,
Douze anchois à l'huile,
Six morceaux de ce saucisson
Comm' chez l'pèr Lathuile.
De Neufchàlel un vieux bondon,
Pour vingt sous de ce miroton,
Ce pâté d'anguille,
Et c' gigot d' mouton.
Elle s'attable sans façon.
Voyez la commère,
.Mangeant deux fois plus qu'un bison
N'eût osé le faire.
Et pourtant le garçon lui dit :
Vous avez l'estomac petit...
N'en prenez, ma chère,
Qu'à votre appétit.
Qu'est-ce à dire, insolent garçon!
Répond la pécore ;
Apporte ton plus gros melon,
Que je m'enfle encore.
Oui, sans faire trop d'embarras,
Après trente pareils repas,
Je veux qu'on m'honore
Comme le bœuf gras
Mais de son indiscrétion
Elle fut punie,
Une horrible indigestion
Lui coûta la vie.
Ce qui prouve qu'un cornichon
Ne peut, sans perdre la raison,
Concevoir l'envie
D'être potiron.
i <i Neveu.
Air ancien, noté au N. ^90 dolaClé du Caveau
RONDES ENFANTINES.
85
LE LAPIN ET LA SARCELLE.
1846.
Ajr • A lafaçw <f« Bcirbnr',
J'ai lu qu'un lapiu courageux,
Plein d'honneur et de zèle,
Jadis devint fort amoureux
D'une jeune sarcelle.
Le lapin était beau garçon,
La l'ari dondaine, la fari dondon.
La sarcelle était belle aussi,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Toujours ensemble, nos amants,
Evitant les querelles,
Jouaient à des jeux innocents,
Ou lisaient les nouvelles,
Us devinaient aussi... dit-on,
La fari doudaine, la fari dondon,
Les rébus du Charivari,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Voilà qu'un dimanche matin,
Chez sa gentille amie,
Courut notre galant lapin,
Mais elle était sortie.
Au concierge il laissa son nom,
La fari dondaine, la fari dondon.
Sa carte de visite aussi,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
S' prom'nant pour calmer sa douleur,
Il vit près d' la vallée,
Dans la cage d'un oiseleur,
La sarcell' désolée;
Rongeant l'osier de sa prison,
La fari dondaine, la fari dondon
11 lui dit : décampons d'ic;,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
La sarcelle qui du marchand
Redoutait la colère;
Au lapin disait en marchant :
Traversons la rivière ,
Je sais nager comme un goujon,
La fari dondaine, la fari dondon,
Qu'il est doux d' voyager ainsi,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
L' lapin dit : J'ai trop peur de l'eau
Pour m' jeter à la nage,
Construisons un léger radeau
Pour notre court voyage;
Comm' les canotiers d' Charenton,
La fari dondaine, la fari dondon,
Je sais naviguer, Dieu merci,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
MORALITÉ.
Bref, ils se sauvèrent tous deux,
Et j'ajout' pour morale :
Qu' faut avoir le cœur généreux
Et la main libérale.
Ceux qu'on laisse dans l'abandon,
La fari dondaine, la fari dondon
Ont 1' droit d' vous obliger aussi.
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Alexis Dalès.
Air ancien, noté au N. 681 de la Clé du Caveau.
La musique, arrangée par J. Vimeux, avec ac
compagnement de piano, se trouve chez L. Vieillot
32, rue Notre-Dame-de-Nazareth.
8<i
CHANSONS POPULAIRES
LES FILLES A MARIER
J'ai trente-deux filles à marier,
J'en ai rempli tout mon grenier:
Grand Dieu! je ne sais comment
Marier tous ces enfants.
Ma fille I ma tille ! je parle à vous.
Ma mère! ma mère! que dites- vous?
Je dis que, si vous êtes sage.
Vous ferez un b au mariage.
Je dis que, si vous êtes sage,
Vous ferez un beau mariage;
Que vous aurez de beaux atours ;
Mais du rond faites-nous le tour.
Puis, parcourant toute la danse.
Faites trois sauts, la révérence,
Et enfin vous embrasserez
Celle que vous aimerez.
LA CIGALE ET LA FOURMI
1845.
Al H du tra la la.
On dit que la cigale ayant chanté l'été,
Se sentit la fringal' quand la bise eut soufflé .
Or n'ayant, pour l'instant,
Rien à s' mettr' boub la «lent.
Elle fut chez la fourmi.
Lui conter son ennui-
Sur l'air du tra la la la, (bis.)
Sur l'air du tra déri, déra, Ira la la.
rétez-moi d' quoi becqu'ter, dit-ell', tV.i d'animal,
J' vous rendrai l 'intérêt avec le principal.
El tonl ba> notre ingrate
S' di-ait : on le I rendra
Si ça F tombe sur la patte,
j rn>i> pas qu <yi i' la caa ra
Sur l'aT du ira, ei<\
La fourmi, comme un B il t, qu'est très Ij/gcdudos,
Toise notre emprunteuse et lui tient ce propos:
Tiens, vous n'èt's pis gênée...
L'autre lui dit : Hélas !
Si j' n'étais pas gênée,
Je n'vous emprunt rais pas.
Sur l'air du tra, etc.
Vraiment, dit la fourmi, je n' puis vous fair' plaisir:
D'une poir', pour la soif, il fallait vous munir.
La cigale chagrine
Tout aussitôt reprit :
Que frais-j' d'un' poir', voisine,
Moi qui n' mang' jamais d' fruit.
Sur l'air du tra, etc.
Vousv'nez tirer la langue quand il fait un froid d' loup,
Et dans la canicul' vous n1 faisiez rien du tout...
— Rien du tout, faut s'entendre,
A la class' des grillons,
J'allais dans Y but d'apprendre
La musiqu eu vingt leçons,
Sur l'air du tra; etc.
i,'n ne m'etonn' plus, inanisell', i|ue vous chantiez toujours
Si du Conseivatoir' vous alliez suivr' les cours ;
J'en suis vraiment fort aise,
Maint'nant, si ça vous va?
Dansez la gigue anglaise,
La gavott', la polka...
Sur l'air du tra, etc.
MORALITÉ.
Mon aftair' principale, eu vous contant ceci,
C'est d' vins t'air' mi' morale, écoutez, la voici;
En principe je pose,
Enfants, r'tenez-le bien,
Qu'on n'a jamais grand'chuse
Quand on n'amasse rien.
Sur l'air du lia la la la, bit.)
Sur l'air du Ira déri, déra, tra la la.
J.-D Molnaux..
Air ancie.i not* au N. ilOTJ d^ la CI* du CavMU
SI
RONDES ENFANTINES.
PAUVRE, PAUVRE QUE JE SUIS.
Pauvre, pauvre que je suis,
Qui va, qui vient dans tous pays;
Serai-je toujours pauvre?
Mam'seU' sera des nôtres.
Riche, riche que je suis,
Qui va, qui vient dans tous pays ;
Serai-je toujours riche?
Je marîrai mes tilles
Avec cinquante livres,
Et mes vilains garçons
Avec cent coups de hâtons.
LES PLAIDEURS ET L'HUITRE.
Air . Femmes, voulez-vous éprouver.
Chacun connaît dans la cité
La perle de nos écaillères,
Qui, toujours pleine de gaîté,
Attend chalands pour ses cloyères :
De Notre-Dame, deux gamins
Venant de chanter au pupitre,
Lui volèrent un beau matin,
Non pas de l'argent, mais une huître.
kxv. du petit Matelot,
Une p*our deux c'est peu de chose,
Voyons, dit l'un, vite au palais,
Là nous plaiderons notre cause
A l'amiable évitant les frais:
Cette raison parut goûtée.
On se rend où l'on perd ses pas,
Et la cause y fut expliquée,
Par les plus savants avocats.
Air de l'Incognito.
L'huître est à nous, dit un grand maître,
Non, dit un autre, mon client,
Qui devant moi vient de paraître ,
Doit l'avaler entièrement.
Or donc, réplique son confrère,
Le juge seul décidera,
L'huître esta mon client, j'espère,
Et c'est lui qui l'avalera.
Air de la Colonne.
A tous ces mots, grand bruit et grand tapage,
Il faut aller chez le juge au plus tôt,
Se conformer à cet aréopage,
Enfin savoir lequel aura le lot,
Et les plaideurs de s'y rendre aussitôt :
Chaque avocat veut gagner la bataille,
Le président croit en devenir fou,
Puis, avale l'huître d'un coup
Et donne à cha cun une écaille.
MORALE.
AïRdtt Ira la la.
Mettez ce qu'il en coûte à plaider aujourd'hui.
Vous verrez que Perrin tire l'argent à lui.
Arrangez-vousaumieux,cars'il vous faitplaider,
Il ne vous restera que la voix pour chanter,
Sur l'air du tra la la la, [bis.)
Sur l'air du tra déri, déra, tra la la.
Pluchouucau et Maillard.
LE CHIEN ET LE LOUP.
1846.
Air du tralala.
tin loup dans la déi-ius t*, maigre comme un clou
Rencontre un chien auquel il voudrait tordr' le cou;
sa
CHANSONS POPULAIRES
Mais comme le malin était fort et puissant,
Le loup juge à piopos d'entrer en compliment.
Sur l'air du tra la la la, (bis.)
Sur l'air du tra déri, déra, tra la la !
— Bien 1' bonjour, not/ bourgeois; en vous voyant j' disais :
Dieu ! qu'on doit être heureux d'avoir le teint si frais.
Quel superbe embonpoint ! vous êtes gras à lard !
D'être dodu comm' vous, enseignez-moi donc l'art.
Sur l'air du tra, etc.
—Il ne tiendra qu'à vous d'être aussi gras que moi ;
Quittez votre métier qui ne vaut rien, car quoi?
Vous n' gagnez pas toujours de quoi pouvoir tenter
L'hasard de la fourchette, alin d' vous substanter.
Fur l'air du tra, etc.
Laissez donc la maïauu', car voilà tout le hic !
Devenez comme moi fonctionnaire public.
Je suis dans mon emploi, comm' dans l'eau le poisson,
Car je suis le gardien du Passag' du Saumon.
Sur l'air du tra, etc.
— Mais que faudra-t-il faire? lui demanda le loup,
Mais qu'est-ce que je vois qui vous blesse le cou ?
—C'est F col en crinolin' d' l'uniforme obligé,
De l'établissement où je suis attaché.
Sur l'air du tra, etc.
Attaché, dit le loup, vous ne pouvez donc pas
Faire votre lundi quand vous voulez? — Non pas.
Mais qu'est-ce que cela fuit ! — Ça fait, gros cornichon !
Qu' j'aime mieux courir que d' vivr' comm' un capon.
Sur l'air du tra, etc.
Où donc est la moral' de cette fable-ci ?
L'auteur n'en parle pas, je crois que la voici :
| n'en courant toujoui s,on n' devient jamaisgras
Et qu'eD ne faisant rien, on ne s'éreinte pas.
Sur l'air du tn la la la, (bit.)
iur l'air du tra déri, déra, tn la la.
M. L.
Air ancien, noté au N. 2071 de la Clé du Caveau.
LE CHAT, LA BELETTE ET LE PETIT LAPIN
1846.
Ai u (lu lia ia la.
Pour prendre l'air un jour, certain petit lapin
Sortit de son logis dès le plus grand matin ;
Broutant par-ci, par-là, se croyant grand sultan.
Lesdeuxmainsdanssespoch'sildansaitle cancan
Sur l'air du tra la la la, {bis.)
Sur l'air du tra déri. déra. tra la la.
En parcourant les prés, il prit un gros navet,
Puis l'ayant bien caché, il se dit en secret :
Voilà d' quoi fair'bonibanc'. vite, allons-le manger
Sans mes voisins je pens'quej' peux bien me l' payer.
Sur l'air du Ira, etc.
Portant son comestible, ayant fait tousses tours,
Le p'lit lapin retourne aux souterrains séjours,
Il vit une belett' qui chez lui sans façon,
En faisant sa toilelt', chantait une chanson,
Sur l'air du tra, etc.
Vite, de porter plaint' le lapin fit projet,
Disantquc de ces lieux seul il est le sujet ;
Mais la dame belett', continuant sa chanson,
Dit: Vous perdez la tète, vous êtes un cornichon.
Sur l'air du Ira, etc.
Etant roug' décolère, ayant Y bout du nez froid,
L' lapin dit : Nous verronslequel des deux adroit,
lllaul chez (Ji ■ipp'-Minaud, chat juge, gros et gras.
Comme il est le plusjusle, exposer nos débats.
Sur l'air du tra, etc.
Bientôt chez le groschat les vlà partis tou.?. deux.
Le lapin dit : Ma chère, je s'rai le pins heureux.
Nous verrons ça, dil-ell', car au juge fourré,
Si je (aie les v,||x 'l""x mon procès estgafoé.
Sur l'air du ira, etc.
Alors dans son salon i^ns les deux arrivés,
di ippe-lfinaad leur dit:mesenfanU,approchez,
i — Imprimerie de Pillei Rlsatoé, rue des Grgnds-Aagustiiis, ■'».
Les ans m'ont rendu sourd, vcn< z plus
Puis il les croqu' tous deux, pour les mettre d'accord.
Sur l'air du Ira, et.1.
î a morale de ceci est, qu'au lieu de plaider.
Mieux il faul, eu amis, lâcher de s'arranger;
• i nos i\cv.\ plaideurs à l'amiable euss'ut irai tr.
Le juge lton et gras ne les eût pas croqu
Sur l'air du tra la la la.
Sur l'air du ira déri, dera, lia !a la.
KugùKc dôme»*.
ancien, net au ?\ 2071 de h C!é lu Caveau.
Après quelques instants, en se sentant gonfler,
Notre grenouille cri' : Ali ! lu vas trop m 'enfler !
Je ne veux, après tout, crainle de nie blesser ,
Qu'être de sen calil) e et non le surpasser!
Sur l'air du Ira, etc.
it déjà bien faire?.— Oh! nous n'y sommes pas.
— 1 ! crois, petite? allô is, - uffle encore en es cas;
Y suis-jc? — Non. — Y suis-je .'—Eh! non, non, cent fuis ni
Ou voascroii lit Tom-Pounc et lui le Panthéon!
Sur l'air du Ira,
La grenouille que gagne, à ce; ipit,
!)it : J'atteindrai mon but; va, - té; it.
L'autre obéit si bien, q i n éclats,
Voler noire impru 'ente et cause son trépas :
Sur l'air du lia, etc.
LA GRENOUILLE ET LE BŒUF
1846.
Air : Fichons-nous d' çà, fru la, la, etc.
Non !oin de son marais, et ; aissanl près d'un clos,
IV gren mill' vit <:>., bœuf qui lui sembla ! ien
t li nu dans mon p
Prétend de ranimai égaler l'e ni
Sur l'air du tra la a la,
Sur l'air du i;a déri, dés a, la, la, !a.
Va, dit elle a sa sœur, vile, chez le boucher,
Emprunter un soufflet qu'il f .Ira m'emboucuer;
par moi qui suis ce sur plus eliéiive qu'un œuf,
\, a\ant demain, ressembler a ce !
Sur l'air du tia, etc.
ar court et revient; à l'œuvre 1 s voilà!
Où faut-il vous Bouffler? l'autie répond : Ce
Puis, en faisant un ^,-slu aus.a précis que bref,
Lui désigne la place opposée a sou chef.
Sur l'air dû ira, etc.
"3
IBa fable p ir dira fart peu de ekose au fond;
Pourtant elle renferme un s i assez profond ;
C'est que, dût-on grossir tant et p!us, on ne doit
Jamais se ; ... n'importe i quel eudroil!
Su* l'air du ira la la la, [bi . .
Sur l'air du ira déri, déra, la la la.
Dali's aîné.
Air ar.e'en, noté i i N". iîi »T I du lï C.é du Caveaa.
LE RAT DE VILLE ET LE RA'l DES CHAMPS.
1831.
A. ' : ■ ■■■- e de Pomp
L'autre jour un bon rat da . ai | ,
ouvant ali
Invita l'un ils,
D'u,. :. ■,
A venir manger un niorce m
Dedans sa métairie.
Ça m' va, dit !c rat beau,
Oui, bravo !
J'a
T. Il -II.
w
CHANSONS POPUI.All'.KS.
Ils Von vont gaîmenl à Paulin,
Parlanl d'affaire et d'autres,
Sans médire de leur prochain,
Comme deux bonsapôtres.
Nos compares, en arrivant,
Trouvent la table mise,
Et les voilà mangeant
Et buvant
Comme deux rats d'église.
Comment tri uvez-vous ce jambon?
Goûtez-en, je vous prie;
Je crois que ce fromage est bon,
Il me vient de la Bric.
Peut-Cire aimez-vous mieux, cousin,
Casser une noisette?...
Mais buvons... car sans vin
Au festin
Point de fête complète.
Un petit couplet île chanson
Ne gâte pas l'affaire.
\ us, cousin, un rigaudoc
Fait passer maigre chère.
Sur le grand uir du tra la la,
Filez-nous un' romance,
Vous chantez comme un rat...
D'opéra.
Allez... je fais silence.
Mille panions, mon cher ami,
Répond l'agent de change,
Entre d< us ce u'esl pas ainsi
Que dans le monde on mange.
Voire vin me semble un peu lourd,
11 sent trop sa campagne;
Je veux avoir mon tour
Chez Véfour,
Nous boirons le Champagne.
Huit jours aprJ -, uoa deux amis
donnaient à revanche
Le' bon i. mps a» ail mis
Son habit du dimam . e.
Tout allait bien... mail plus à" crédit
<»n apporte la •
Voici notre dandy
Qui se dit
11 est temps que je paitt.
— .Monsieur, vous ne sortirez pas
Sans payer la dépense;
Vous devez plus de cent repas,
Kl c'est assez, je pense.
Le lion veut faire du bruit,
On fait venir le poste ;
Le paysan s'enfuit,
A minuit,
Courant comme la poste.
Le bonhomme arrive ch'.'z lui.
D'effroi l'âme transie,
En mettant son b une: de Quil,
Se disait : Quelle vie!...
J'aim' ben mieux manger mon rata
Avec l'argent que j' gagne.
Oh ! il m'en souviendra,
La ri ra,
D' leurs dîners au Champagne.
Edouard \cveu.
Air ancien, noté au N. 745 delà Clé du Caveau.
LA BARBE BLEUE.
1846.
Air de la complainte du fui/ Krrunt.
Dans un coin d' la banlieue,
Il était une fois
Un Mostieur barbe-bleue,
Perrault dit . et je crois
Qu* jamais on n'a^ ail vu
On bomm' aussi barbu !
Aik I a 'i Ion.
Quand, veul de sa sixième épouse,
Il se remaria, dit-on,
m
RONDES ENFANTINES.
Ton ton, ton ton, ton taine, Ion ton.
La septième fut peu jalouse
De la couleur de son menton,
Ton ton, ton taine, ton ton.
Ai ii : Partant pour la Syrie.
Partant pour Romainville,
A sa femme, un beau jour,
Il dit : Sois bien tranquille,
Je s' rai bientôt de r'tour.
Amus'-toi bien, ma p'Iile,
Et corara' j'ai du quibus,
Pour revenir plus vite,
Je prendrai l'omnibus.
Air : Au clair fli' le lune.
Tu peux, ma Fifine,
Dit-il, sa:s m fâcher,
Ouvrir la cuisine,
Ta chambre à coucher;
Mais, fais bien en sorte
D' n'ouvrir en ce lieu
Aucune autre porte,
Pour l'amour de Dieu.
A ir : A la faconde Barbari.
Il sort, et désirant tout voir,
L'épouse curieuse
Ouvrit un grand cabinet noir:
Bientôt, la malheureuse
Vit six corps morts dans six jupons!
La fari dondaine, la fari dondon,
Enterrés là par son mari,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Air : J'ai du bon tabac
b' frayeur la pauvr ienim' était presque morte,
Lorsqu'elle entendu monter doucement.
On sonne ; aussitôt elle ouvre la porte ;
C était son mari, quel saisissement!
Que voulez-vous? lit -elle tendrement.
Le Judas répondit faussement :
' J' viens prendr' mon mouchoir et ma tabatière.
Puis, voyant son trouble, il reprit tout bas :
Tu pourrais jaser avec la portière,
Du cabinet noir tu n' sortiras pasl
Air du Ira la la la.
Ah! r'prit-ilen fureur, en s'armanl d'un cout'las,
Plutôt que d'vous distraire à m' tricoter des bas,
Vous m' désobéissez, vous mourrez sur l'honneur!
I.âchez-moi, lui dit-elle, ou je vais app'lermasœur.
Sur l'air du tra la la la, {bis.)
Sur l'air du tra déri, déra, la la la.
Air • T veux cire un chien.
Anne, se prit-elle à crier,
A sa sœur, logeant au grenier,
N' vois-tu rien venir dans la rue?
En r'gardant par un oeil de bœuf.
Ann' répondit : Je n' vois rien d' neuf
Si c' n'est 1' soleil
A l'horizon vermeil,
Qui vient éclairer la cohue.
Air : Bonjour, mon ami Vincent
Prenant sa femm' par les ch'veux,
L'époux, sans délicatesse,
Lui dit, roulant ses gros yeux :
Dépêchons-nous, le temps presse.
11 allait frapper, mais,, hasard heureux,
Enfonçant la port', d#eux gars vigoureux,
Pour sau er leur sœur tombant en faiblesse.
Assommant 1' brutal, lui disaient tout bas :
Ça vous va-t'y bien, ça n' vous bless' l'y pas? (' is.)
Air; Flonjlonjlon, la ri ra don daine.
L'épouse triomphante
D' la mort de son époux,
Rev'nant d'son épouvante,
Fredonnait à genoux :
Fon flon fin, la m r* ûoudaine,
Gai gai gai, la ri ra uondé.
Alexis Paies.
(bis)
La musique se rouve à Paris, Chez M. Pâté, édi-
teur, passage du urand-Cerf, 14.
Cil ^NSONS t'OlM :.M: 5
LK COUSINAGE.
A UN MONSIEUR.
Amis, nous s mes cousins
ussomm's cousins, cousines :
Monsieur, cela s'adresse à vous;
i, gardez bien vos voisines;
Examinez bien leur- Irails,
Kl leurs allraits;
lin Irez dans la danse,
Saluez a\u' deceue ■.
Va puis vous embrasserez
La belle que vous voudrez.
Sommes-nous pas cousins, cousines?
Sommes-n msins treto
A UNE DEMOISELLE
Avait si frais visage,
Le jouvenceau,
One ne l'ut au village
Garçon si beau!
Do do, etc.
Grand1 élait sa liesse,
Fallait la voir...
lit pour sa vieillesse
Si doux espoir 1...
Do (1 1, etc.
11 se lit homme d'armes
Au bord lointain,
Brigitte eut bien des larmes
Hélas!... en vain...
Do do, etc.
c à vous,
Nous somm's cousins, cousines ;
i, vous ;
d'humeurs badines
Examinez le miu lis,
l'A l'air c
liulrcz dans la dans
Faites mi" révérence,
p i- vous embrasserez
Le monsieur <;ue vous voudrez.
umes-nous pas c usines?
mes-nouf pas cousins
t'aioli's «rtm auonyinc
i '. SE.
, dn do.
:
Avait i.'ii fils
Do
Petit pouiot,
Do d ••
Cha [ue fois que de guerre
Ou lui parlait,
Vite, la pauvre mère
Se lamentait.
Do do, etc.
On n'eut qu'une nouvelle
iu pauvre Arthur.
il était mort loin d'elle,
C'était bien sur...
Do do, etc.
Après d uleur amère,
Six mois durant,
Mourut la pauvre mère,
Toujours pleurant.
do, etc
i Bui elle la bière
i eferma,
|.-,i pi i, ;'; la chaumière
[U'un (rapna .
D i do, été.
ri Ci
Vaillant houzard,
HO.\Di;S ENFANTINES.
Entra dans la chaumière
Celait trop lard!...
Do do,
l'élit poulot,
Do do.
Edouard ."Voveii.
LES FLEURS DE MAI.
Air -.Hume/ie?, ramenez, ramenez donc les moulons
à la maison.
Revenez, revenez, revenez donc,
Fleurs de la belle saison.
[Si :'est uue demoiselle qui doit entrer dans le rond.l
Vous, ma belle Rose Pompon,
Entrez, s'il vous plaît, dans ce rond,
De vos attraits montrez-vous iière,
Embellissez notre parterre.
Revenez, revenez, revenez donc,
Fleurs de la belle saison.
;Si c'est un monsieur qui doit entrer dans le rond.)
Et vous, monseigneur le Muguet,
Qui faites si bien le coquet,
Saluez la rose en cadence ;
Rose, faites la révérence.
Revenez, revenez, revenez donc,
Fleurs de la belle saison.
(Pour une demoiselle.)
Vous, modeste et gentille fleur,
Dont chacun vanie la candeur,
Portez, Violette, ma mie,
Vos doux parfums à la prairie.
Revenez, revenez, revenez donc,
Fleurs de la belle saison.
(Pour un monsieur.!
Et vous, mou cher Coquelicot
Quand chante le coqueaaco,
AUez-vous-eo voir en personne
Si notre moisson sera bonne.
Revenez, revenez, revenez donc,
Fleurs de la belle saison.
iPour une demoiselle.)
Reine des champs, à votre tour,
Entrez dans ce joyeux contour
El dites-nous, bien vite, vite...
Ce que vous pensez, Marguerite!..
Revenez, revenez, levenez donc.
Fleurs de la belle saison.
(l'our un moRuieur.)
Et vous, monsieur le Dahlia,
Avec votre habit de gala,
Entrez aussi dans cette ronde,
La porte s'ouvre à tout le monde.
Revenez, ievei5pz, revenez donc,
Fleurs ùi a >elle saison.
I*'! r une demoiselle.)
Venez, tends e Pensée, aussi,
Votre place est toujours ici ;
Par vous» le Inm Dieu dit : qu'on aime
Son prouliain autant que soi-même...
Revenez, îeveiuz, revenez donc.,
Fleurs de 3a belle saison.
(tour un monsieur.
Et vous, petit prince Jasmin,
Allez fairo un tour au jardin ,
Votre frais berceau vous rappell",
Grimpez autour de la tonnelle,
Revenez, revenea, revenes done
Fleurs de la belle saison,
(A une demoiselle.'
Vous qu'on aime tant a revoir
Belle Tulipe en corset non.
!U
CHANSONS POPULAIRES
Refleurissez la plate-bande.
Qui dos longtemps vous redemande.
Revenez, revenez, revenez donc.
Fleurs de la belle saison.
(A un monsieur.l
A \ous maintenant, sire Œillet,
Allez me faire un beau bouquet:
Allez vite; dans ce parterre,
Ça n'est pas difficile à faire.
Revenez, revenez, revenez donc.
Fleurs de la belle saison
(A tout le rond, et àl'appel de son nom chaque fleur
doit revenir à la jardinière.)
A moi, belle Rose-Pompon,
A moi, vile. Muguet mignon,
A moi, gentille Molette,
Coquelicot, qui \ nus arrête?
Ronne Marguerite, es-tu prête?
Dahlia, soyez de la fête.
Pensée, on vous croirait distraite.
Jasmin, Tulipe. Œillet, revenez donc.
Fleurs de la belle saison.
I doiiard lie von.
Pour l'intelligence de cette ronde, nous ferons
remarquer que celle ou celui qui la chante repré-
sente la jardinière ou le jardinier. Chaque danseur
va dans le rond à mesure qu'on appelle son nom
depuis la rose jusqu'à l'œillet. Il est cependant loi-
sible au chanteur ou à la chanteuse d'intervertir les
rôles. On conçoit qu'il n'y a pas besoin de messieurs
pour que les jeunes personnes usent de cette ronde.
Mademoiselle Amélie peut aussi bien être h
que M. Gustave, et mademoiselle Rose peut
Len consentir a se voir changer en coquelicot.
Seulement il faut que chaque |M niée re-
:. -; . .. [i m. de (leur qu'on lui a donné quand
on la vv, >pejlfl au dernier couplet, ou elle paie un
TROIS CENTS .SOLDATS.
] . venant de la guerre, (bis.)
V\dii n'aii, pian.
La fill" du roi étant à sa fenêtre, (bis.)
Ran plan, pian,
Fille du roi, donnez-moi votre rose, (6w.)
Ran plan, plan.
Gentil soldat, lu n'auras pas ma rose, (6m.)
Ran plan, plan.
Sire. A mon roi I donnez-moi votre fille, [bis.)
Rail plan. plan.
Bel officier, lu n'es pas asees riche, (bis.)
Ran plan, plan.
J'ai deux vaisseaux de sur la mer jolie, (6m.)
Ran pi;. ii, plan.
L'un chargé d'or, l'autre de pierr s fin>'<. 6m.)
Ran [dan. plan.
Tiens, dit le roi, je le donne ma tille, (6m.)
Ran plan, plan.
LE BON ERMITE.
1851.
Air : // ilail un roi d'Yvelo1-
Jadis au fond tle ce vallon
Vivail un bon ermite.
Renommé dans loùl le canton,
Homme dé grand mérite
Et de grande religion,
Il B'appelail Hilarion
Dit-on.
Oh ! oh) oh! oh| ah! ahl ah! ah'
Le bon ermite c'était là,
La la.
Il aimait les petits enfants
Qui savaient se conduire,
Et qui poui plaire à leurs parente
Tâchai' ni bien à B'iustruire»
Pour récompeu er len. s ira' aui
11 avait toujours des cadeaux
Nouveaux.
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Imp Bcrt&uIL /kru
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L° s TE
ROi\Dl£S ENFANTINES.
!l.*i
Oli ! oh ! oli ! oh ! ah ! ah ! ah I al. I
Quel bon ermite c'était là,
La la.
Aux jeunes filles du pays,
Quand elles éta:ent sages,
Il trouvai! d"s petits maris
Beaux comme des ima.es.
Kl p is quand il les mariait,
M n ieur le maire sa'i fait
Di ai! :
0:i ! o:.! oh! oh ! ah ! ah! ah! ah'
Le bon ermite que voila,
La la.
Lu jour que l'ermite lisait
Dedans son bréviaire,
Arrive un tout jeune varlet
Disant : pardon, mon père.
J'aime la fille du seigneur,
Oui, je l'aime de tout mon cœur,
D'honneur !
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel bon ermite c'élait là,
La la.
Enfant, la fille du seigneur,
Lui répondit l'ermite,
Veut bien donner son noble cœur,
Mais veut qu'on le mérite.
Il faul, t'en allant guerroyer,
Re\enir avec le laurier
G uerrier.
Oh! oh! oh! oii ! ah! ah ! ah! ah!
Quel bon ermite c'était là,
La la.
Le page s'en fut guerroyer,
Mais ne perdit la vie,
A" avait-il pas pour bouclier
Son cœur tout à sa mie.
Chez l'ermite après de longs jours,
Il revint gardant ses amours,
Toujours.
Oh! oh 1 oh! oh! ah! ah! ah! ah!
Bon père ermite, me voilà,
La la.
L'ermite le voyant si beau.
Il était capitaine,
Lui dit je m'en vais au château.
Ne te mets plus en poine.
Pour prix de ta noble valeur,
Beau page, il te faut du bonheur
Au cœur.
Ohl oh ! oli! oh ! ah ! ah! ah' an i
Quel bon ermite c'était là,
La la.
Huit jours après il unissait,
A l'autel de Marie,
Le c mple qui le b'nissait
Comme son bon génie.
Et ces époux furent heureux,
Car ils étaient bien vertueux,
Tous deux.
Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah!
Quel bon ermite c'élait là,
La la.
Edouard Neveu»
LE RAT DE VILLE ET LE RAT DES CHAMPS.
Un jour le rat des champs poliment invité
l'ar un de ses amis, gros rat de la cité;
Quand il eut embrassé sa femme et son gamin,
Armé de son bâton il se mit en chemin.
Sur l'air du tra la la la,
Sur l'air du tra la la la,
Sur l'air du tra déri, déra, Ira la la.
Grand Dieu! comme il faitchaud.'se dit-il en courant;
Il me faudra changer de tout en arrivant!
J' conviens que pour un r'pas c'est un peu trop s' presser,
Bien sûr durant un an j 'suis dans l'cas d'en tousser
Sur l'air du tra, etc.
Sanschaussures,sansgants,notre habitant rural,
Après bien des détours, aborde au pont Royal ;
J'ai perdu L numéro... mon instinct, Dieu merci,
M' dit qu' mon gros citadin n'demeur pas loin d'ici
Ciir l'air du Ira, etc.
m;
CHANSONS l'OI'l •f.MIU'S
I arrive pourtant... les deux couverts sont mis, '
Ne devinez-vous pas la gaité des amis?
Encore unj minute, et des mets succulents
Vont renlorcer bientôt un grand plat d'ort dans,
Sur l'air da tra, etc.
Tout marche pour le mieux ;tout abonde à foison;
Déjà sont dégarnisses buffets d' la maison ;
Quand! rustique altéré, s'écri': Vilain lourdeau!
lu ne donnes pas d' vin, m' prends-tu pour an rat d'eaul
Sur l'air <•••• tra, etc.
De faire autant de bruit, ami, vous avez tort !
Car dans mon grand palaisoncause un peu moins fort,
Des chats, nos ennemis, toujours prêts à chasser,
Craignons une surprise !.. ils nous feraient danser,
Sur l'air du tra, etc.
DEVISE ET MORALE.
J'ai bien assez, mon vieux, de vos festins de rois,
J'aime mieux messoupers pris sur lebord d'un bo;s;
Dans la plaine je vis sans être inquiété,
Et peux dans mes refrains chanter la liberté,
Sur l'air du Ira la la la,
Sur Pair du tra la la la,
Sur l'air du Ira déri, déra, Ira la la.
Ar.n;oi in i'.t polichinelle.
■
Arlequin lient sa boutique
D( ssous un grand parasol.
1! attire Li pratique
Autant que votre Guignol.
Oui, monsieur Po,
Oui, monsieur Li,
Ou'., t'olipo, Polichi, Polincl,
Il attire la pratique,
Oui, monsieur Policbinel.
n vend des bouts de régi
Meilleurs que votre bâton,
li ta bons hoinm's en pain d'epiot!
Moins bavards que \<>as, ii'u-on.
d i, monsieur Po
Oui, monsieur Li.
Oui. Polipo, Policbi, Polinel,
Des bons homrn's en pain d'épice,
Oui, monsieur Policbinel.
Il a des pralines grosses,
Bien plus grosses que le poing.
Plus grosses que les deux bosses
Qui sont dans votre pourpoint.
Oui, monsieur Po,
Oui, monsieur Li,
Oui, Polipo, Policbi, Polinel,
Plus grosses que vos deux bosses,
Oui, monsieur Potichinel.
Il a des belles oranges
Pour les bons petits enfants,
Et des si beaux portraits d'anges
Qu'on dirait qu'ils sont vivants.
Oui, monsieur Po.
Oui, monsieur Li,
Oui, Polipo, Policbi, Polim-i,
Et des jolis portraits d'ançes
Oui, monsieur Policbinel,
Il ne bat jamais sa femme,
Et ce n'est pas comme chez \
Comme vous il n'a pas l'âme
Aussi dure que cailloux.
Non, monsieur Po,
Non,, monsieur Li,
Non, Polipo, Policbi, Polinel,
Comme nous il n'a pas l'âme
Non, monsieur Policbinel.
Voua faites le diable à quatre,
Mais pour calmer vol' courroux,
Le diable viendra vous battre,
Le diable esl plus forl que vous.
Oui, monsieur Po,
Oui, monsieur Li,
Oui, Polipo, Polichi, Polinel,
Le diabh- viendra vous battre,
Oui, monsieur Policbinel.
; ' He i'i Piilct fils lue, rui des'firantU-Ai'gi'Mir.a, 5.
y ■■■->'■"■■
IJM&i-VfiH
LA NEIGE.
A: R d'une valse.
La neige au loin couvre nos montagnes,
L'hiver jaloux
Va fondre sur nous;
Plus de bosquet ni verte campagne,
Portez, amours,
I.e deuil des beaux jours.
Adieu, prairie,
ptose jolie,
Loisirs, plaisirs,
Tout s'enfuit devant les zéphyrs.
Cet ormeau, l'honneur du village,
Privé du feuillage,
N'offre plus d'ombrage;
Et l'oiseau volage,
Avec son ménage,
Quitte le bocage
Jusques aux chaleurs.
La brebis cherche sur l'herbette,
La tendre musette
Est presque muette,
Et la bergerette
Va dans sa retraite
Soupirer seulette
Jusqu'au temps des fleurs.
Un mouchoir épais couvre son sein
Plus d'espoir pour les yeux ni la main.
Sous ce voile qui l'emprisonne
Sa gorge mignonne
D'amour est cherchée,
Et cette croix,
Longtemps enfermée,
Restera cachée
Tant qu'il fera froid.
Le bœuf pressé par l'aiguillon
Tremble et tombe en faisant son ulloii.
Tout est triste dans la nature,
Et de la froidure
L'amour même endure;
Ce petit enfant,
Qui, pour couverture,
N'a que son armure,
Grelotte en marohant.
7i
I. I!. - 15.
98
CHANSONS POPULAIRES.
Laisse ma main réchauffer la tienne ;
Tu trembles, vien,
Approche-toi bien ;
Pose ta joue ici sur la mienne,
Passe ton bras,
Marche à petits pas ;
Enfin si la glace
• Sous mes pieds casse,
Sois sans effroi,
C'est mon cœur qui veille sur toi.
Vois ici ce chaume rustique,
Cet asile antique,
Qu'habite mon père ;
Allons-y, ma chère,
L'on y dort tranquille.
C'est le domicile
De la pauvreté.
Cent hivers ont blanchi le fait»
De celte retraite,
Dont la bienfaisance,
Sœur du silence,
La paix, l'espérance,
Offre à l'indigence
L'hospitalité.
Là, le temps paraît toujours serein,
Là, jamais ni désirs ni chagrin ;
Le bonheur de la matinée
Remplit la journée,
Et toute l'année
Coulant sans souci,
Sans crainte importune,
Loin de lin fortune,
Recommence ici.
Chaque jour, lorsqu'après les travaux
La iniil Yient amener le repos,
Au foyer, le sarment pétille
I e chef de famille
S'assied el babille,
Et de temps en temps
In piquant breuvage
Donne à son visage
Un air de printemps.
l'wioïc il un anonyme*
LA SIRÈNE.
1844.
Quand vient l'ombre silencieuse,
Quand vient le calme de la nuit.»
Voix lointaine et mystérieuse,
Dans la montagne retentit !
0 vous que sa douleur enivre,
Et qui croyez l'atteindre, hélas I
Voyageurs qui voulez la suivre,
Le précipice est sous vos pas I
Fuyez l'enchanteresse,
Fuyez sa voix traîtresse ;
Le plaisir vous guida,
La mort vous atteindra,
Car la sirène est là !
J'ai lu dans un auteur habile,
Et nos vieillards les plus instruits
Disent que Naple et la Sicile
Des sirènes sont le pays...
Aussj, messieurs, et par prudence,
Quand vous arrivent de ces lieux
Une roulade, une cadence,
Joli sourire cl deux beaux yeux...
Fuyez l'enchanteresse,
Fuyez sa voix traîtresse ;
Le plaisir vous guida,
Votre perte en viendra,
Car la sirène est là 1
Scribe.
Extrait de /a Sirène, opéra-comique en 3 acte»,
en vente chez M. Tresse, éditeur, 2 et 3, galtfi* de
Chartres (Palais-National). Prix : 60 c.
La musique, d'Auber, se trouve chez MM, Bran-
dus et Cie, éditeurs, 103, rue Richelieu.
VILLANELLE.
1843.
Quand le soleil
Montre en riant
ROMANCES.
»?
Son front vermeil
A l'orient,
Les champs, les cieux
Lui font accueil,
Et tout joyeux
Quittent leur deuil;
Tiède frisson
Passe dans l'air;
Chaque buisson
Chante son air ;
Et jour qui luit
Rit sur les fleurs,
Où de la nuit
Brillent les fleurs.
La joie ainsi
Va triomphant
Du noir souci
Chez un enfant.
Aube d'été
Moins a d'attrait
Que sa gaîté
Qui reparaît ;
Du mal passé
Ne se souvient;
Ombre a cessé
Et jour revient,
Comme les fleurs
L'enfant joyeux
Rit, quand les pleurs
Sont dans ses yeux.
Casimir et Germain Uelarigne.
Extrait de Charles VI, opéra en 5 actes, en vente
chez MM. Michel Lévy frères, éditeurs, 2, rue Yi-
vicntie.Prix : 1 fr.
Lamusique, deF.Halévy, se trouve chez MM. Brai
dus etCie, éditeurs. 103, rue Richelieu.
■U68BW»"
LÉONA.
1827.
0 ciel! qui l'eût prévu ? d'une terreur soudaine
Mes amis éprouvant les funestes transports.
Ont fui quand la victoire était presque certaine.
Et pour les rallier j'ai fait de vains efforts !
Dévoré par l'inquiétude,
Je me suis vu contraint, en gémissant,
De gagner ma chaumière où règne maintenant
La plus affreuse solitude :
Ma Léona n'en fait plus l'ornement.
0 fortune cruelle !
Ma chère Léona,
En vain ma voix t'appelle
Hélas! tu n'es plus là !
Ma compagne chérie,
1 Quand par d'affreux revers
Ta jeunesse est flétrie,
Qui brisera tes fers ?
0 fortune cruelle !
Ma chère Léona,
En vain ma voix t'appelle.
Hélas ! tu n'es plus là !
Contre nous, exacteurs infâmes,
C'est assez d'armer vos soldats;
Faut-il encor que de nos bras
Vous veniez arracher nos femmes ?
Sauve celle que j'aime
Grand Dieu ! dans ta bonté !
Au prix de mes jours même,
Rends-lui la liberté !
.lloreau et Lafortelle.
Extrait de Mazaniello ou le Pécheur napolitain,
opéra en 4 actes, en vente chez M. Tresse, éditeur,
2 et 3, Palais-National, galerie de Chartres.
Prix : 1 lr.
La musique, de Carafa, se trouve chez M. Brullé,
éditeur, passage des Panoramas, 16.
ICO
CHANSONS POPULAIRES.
L'ARABE AU TOMBEAU DE SON COURSIER.
1810.
Air d'Asiiodèe (L. Festeau .
On : Fais, Dieu puissant, que le monde éclairé, etc.
Voix du désert, redis au loin mon deuil :
L'ami du brave est au fond du cercueil.
0 voyageur! partage ma tristesse ;
Mêle tes cris à mes cris superflus:
Il est tombé le roi de la vitesse ;
L'air des combats ne le réveille plus.
Il est tombé dans l'éclat de sa course ;
Le trait fatal a tremblé sur son flanc,
Et les flots noirs de son généreux sang
Ont altéré le cristal de la source.
Voix du désert, etc.
Du meurtrier j'ai puni l'insolence ;
Sa tète horrible aussitôt a roulé :
J'ai dans son sang désaltéré ma lance,
Et sous mes pieds je l'ai longtemps foulé.
Puis, contemplant mon coursier sans haleine,
Je l'enlevai d'un bras mal affermi ;
Et je revins triste, portant l'ami,
Qui tant de fois me porta dans la plaine.
Voix du désert, etc.
Depuis ce jour, tourment de ma mémoire,
Nul doux soleil sur ma tête n'a lui :
Mort au plaisir, insensible à la gloire,
Dans le désert je traîne un long ennui.
Cette Arabie, autrefois tant aimée,
N'.-tplus pourmoiqu'unmorne etgrand tombeau,
On me voit fuir le sentier du chameau,
L'arbre d'encens et la plaine embaumée.
Voix du désert, etc.
Sous l'œil du jour, quand la soif nous dévore]
H me guidait vers 1<: fruit du palmier:
A met '•■'''■ - il combattait le More,
Et B8 poitrine était mon bouclier.
De mes travaux compagnon intrépide,
Fier et debout dès le réveil du jour,
Au rendez-vous et de guerre et d'amour.
Tu m'emportais, semblable au vent rapid -
Voix du désert, etc.
Tu vis souvent cette jeune Azéide,
Trésor d'amour, miracle de beauté;
Tu fus vanté par sa bouche perfide,
Ton cou nerveux de sa main fut flatté'
Plus douce était que la tendre gazelle;
Le haut palmier brillait de moins d'appas.
D'un beau Persan elle suivit les pas-
Toi seul, ami, tu me restas Adèle.
Voix du désert, etc.
Entends du moins ton maître qui te pleure :
Je le suivrai ; réunis dans la mort,
Couchés tous deux dans la même demeure,
Nous dormirons aux sifflements du nord.
Tu sortiras de ta tombe poudreuse,
Et sous ton maître, au jour du grand réveil,
Tranquille et lier, dans les champs du soleil,
Tu poursuivras ta roule lumineuse.
Voix du désert, redis au loin mon deuil :
L'ami du brave est encorau cercueil.
llillevoyc-.
La musique, de L. Festeau, se trouve chea L.
Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-Nazaieili,
CHAGRIN D'AMOUR.
Chagrin d'amour avait flétri ma vie,
J'avais perdu la paix el les beaux jours,
Je les retrouve en voyant ma patrie,
De son pays l'on se souvient toujours.
La a la, la a la.
Je reconnais le vallon, la prairie,
Ce clair ruisseau, ces muuts, ces vieilles tours,
ROMANCES.
101
Et l'humble toit d'une mère chérie,
Car de sa mère on se souvient toujours,
La a la, la a la.
J'entends déjà cette ronde jolie
Qui de nos bois a passé dans les cours.
Doux chant d'amour, ne crainspasque j'oublie
Ton gai refrain... je m'en souviens toujours.
La a la, la a la.
t.. «le Konslère.
La musique, de Mme Malibran, se trouve chez
M. Pacini, éditeur, 59, rue Neuve-Saint-Augustin.
LE CHANT DES ANGES
1833.
A fêter la Vierge suprême,
Là-haut, chaque ange est invité ;
Et mon ange gardien lui-même,
Dès l'aurore, hélas ! m'a quitté
Bel ange, à la reine céleste ,
Porte ton bouquet, moi, je reste,
La reine de mon cœur est là,
Et pour célébrer ses louanges,
J'emprunte le refrain des anges :
Ave, Maria, ave Maria.
Je lui coûtai, petit encore,
Petit comme l'enfant Jésus,
Bien des alarmes qu'on ignore,
Bien des pleurs que Dieu seul a vus.
Chassant l'insecte qui bourdonne,
Combien de fois, douce Madone,
Près de ma couche elle veilla !...
Aussi, pour chanter vos louanges,
J'emprunte le refrain des anges :
Ave, Maria, ave, Maria.
Au front de la sainte que j'aime,
Hélas! j'aurais voulu poser
Des étoiles pour diadème....
hi n'y peux mettre qu'un baiser.
Mais espérance, ô ma palrone,
J'ose rêver pour ta couronne
Quelques lauriers... et jusque-là
A les pieds chantant tes louanges,
Je veux redire avec les anges :
Ave, Maria, ave. Maria.
llégésippe lloreau.
La musique est de M. Paal B***.
LA FEUILLE DU CHENE,
Je vous dirai l'histoire qu'autrefois,
En revenant de la cité prochaine,
Mon père un soir me conta dans les bois^
(0, mes amis, que Dieu vous garde un père,
Le mien n'est plus!) De la terre étrangère,
Seul dans la nuit et pâle de frayeur,
S'en revenait un riche voyageur.
Un meurtrier sort du taillis voisin.
0 voyageur, ta perte est trop certaine,
Ta femme est veuve et ton fils orphelin, [bis)
Traître ! a-t-il dit, nous sommes seuls dans l'ombre,
Mais près de nous, vois-tu ce chêne sombre ?
Il est témoin au tribunal vengeur!
Il redira la mort du voyageur ! [bis.)
Reposons-nous sous la feuille du chêne,
Reposons-nous [bis] sous la feuille du cl
Le meurtrier dépouilla l'inconnu ;
Il emporta dans sa maison lointaine
Cet or sanglant par le crime obtenu, [bis.)
Près d'une épouse industrieuse et sage
Il oublia le chêne et son feuillage,
Et seulement une fois la rougeur
Couvrit ses traits au nom du voyageur, [bis.)
Reposons-nous, etc.
Un jour enfin, assis tranquillement
Sous la ramée au bord d'une fontaine,
10!
CHANSONS POPULAIRES.
Il s'abreuvait d'un laitage écumant: (bis.)
Soudain le vent fraîchit avant l'automne,
Au sein des airs la feuille tourbillonne,
Sur le laitage elle tombe, ô terreur!
C'était la feuille, arbre du voyageur! {bis.)
Reposons-nous, etc.
Le meurtrier devint pâle et tremblant;
La verte feuille et la claire fontaine,
Et le lait pur, tout lui paraît sanglant. (6m.
Il se trahit, on l'écoute, on l'enchaîne,
Devant le juge en tumulte on l'entraîne.
Tout se révèle, et l'échafaud vengeur !
Apaise enfin le sang du voyageur ! (bis.)
Reposons-nous sous la feuille du chêne,
Reposons-nous (bis) sous la feuille du chêne.
Mlllevoyc.
La musique, de Victor Massé, se trouve, à Paris,
chez M. Edmond Mayaud, éditeur, 7, boulevart
des Italiens.
LA ROSE.
Tendre fruit des fleurs de l'aurore,
Objet des baisers du zéphyr,
Reine de l'empire de Flore,
Hâte-toi de t'épanouir.
Que dis-je, hélas, diffère encore,
Diffère un moment à t'ouvrir,
Le jour qui doit te faire éclore
Est celui qui doit te flétrir. (bis.)
Palmire est une fleur nouvelle
Qui doit subir la même loi ;
Rose, tu dois briller comme elle,
Elle doit passer comme toi.
Descends de ta tige épineuse,
Viens la parer de tes couleurs ;
Tu dois être la plus heureuse,
Comme la plus belle des fleurs. (6/5.
Va, meurs sur le km de Palmire,
Qu'il 6oit ton trône el ton tombeau,
Jaloux de ton sort, je n'aspire
Qu'au bonheur d'un trépas si beau.
Qu'enfin elle rende les armes
Au dieu qui forma nos liens,
Et qu'en voyant périr tes charmes,
Elle apprenne à jouir des siens, (bis.)
(•i util Bernard.
La musiqu., de G. Donuetti, se trouve, à Paris,
chez M. Pacini, éditeur, rue Neuve-Saint-Au-
gustin, 59.
JE FIS HEUREIX AYANT DE TE CONNAITRE.
Je fus heureux
Avant de te connaître,
Quand j'ignorais le pouvoir de tes yeux,
De tous mes sens, de mon cœur j'étais m ai
Et cependant quandje te vis paraître
Je fus heureux, (615.)
Tra la ra, la ra la
Auprès de toi
Tout me guide et m'attire,
Je voudrais fuir, je reviens malgré moi,
L'amour est cause et rit de mon martyre.
Hélas! pourquoi m'a-t-ildonc su conduire
Auprès de toi I (bis.)
Tra la ra, la ra la.
Faut-il venir?
J'hésite, je balance.
Mes maux sont grands, mais tu peux les finir
Ah ! par pitié romps ce crue! silence ;
M'ôteras-tu jusques à l'espérance?
Faut-il venir? (Wb.J
Tra la ra, la ra la.
I.. de Honalère.
La musique, de Mme Mahbran, se trouve chez
M. Pacini, éditeur, 5rJ, rue Ncuve-Saint-Augustin.
ROMANCES.
103
UN VŒU A LA. MADONE,
1834.
0 sainte Madone,
Ma belle patrone,
Si douce et si bonne,
Quand j'étais enfant 1
Entends ma prière,
Et sur cette terre,
Laisse encor ma mère. (bis.)
Je l'aime tant ! je l'aime tant !
Vois comme elle est flétrie !
Vois son regard mourant.
Pour racheter sa vie
Veux-tu, veux-tu mon sang?
J'ai donné mon rosaire,
Mes bijoux, mes atours,
Pour les jours de ma mère
Je donnerais mesjours !...
0 sainte Madone, etc.
Je n'ai plus rien au monde;
Mais Pédrille cent fois
M'a dit : ta tresse blonde
Vaut plus que l'or des rois I
Cette mère adorée,
Par pitié, rendez-la-moi,
Et ma tresse adorée,
Vierge, sera pour toi !
Oui, sainte Madone,
Sans regret je donne
Ma belle couronne,
Mon seul ornement!
Mais sur cette terre,
Laisse à ma prière,
Laisse encor ma mère. (6w.)
Je l'aime tant!... je l'aime tant!
Un jour dans la chapelle,
En offrande tombait
Chevelure si belle,
Que Pédrille en rêvait !...
A présent pour lui plaire,
Hélas! je n'ai plus rien!
Aime-moi bien, ma mère,
Ma mère, aime-moi bien !
0 sainte Madone,
Mon cœur t'abandonne
Avec ma couronne,
Mon amour... pourtant...
Sois toujours bénie,
Toi qui rends, Marie,
Mère si chérie, (bis.)
son enfant I à son enfant!..,
Gustave Lemolne.
La musique, de Mlle Loïsa Puget, se trouve, a
Paris, chez M. Pacini, éditeur, rue Neuve-Saint-
Augustin, 59.
L'AVARICIEUSE.
Philis, plus avare que tendre,
Ne gagnant rien à refuser,
Un jour exigea de Sylvandre
Trente moutons pour un baiser.
Le lendemain, nouvelle affaire :
Pour le berger le troc fut bon ;
Car il obtint de la bergère
Trente baisers pour un mouton.
Le lendemain, Philis, plus tendre,
Craignant de déplaire au berger,
Fut trop heureuse de lui rendre
Trente moutons pour un baiser.
Le lendemain, Philis, peu sage,
Aurait donné moutons et chien
Pour un baiser que le volage
A Lisette donnait pour rien.
Dufreau?.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
notée auN 512 de la Clé du Caveau.
104
CHANSONS POPtJLAIRES.
REGRETS D'UN AMANT.
1796.
Je te perds, fugitive espérance,
L'infidèle a rompu tous nos nœuds;
Pour calmer s'il se peut ma souffrance,
Oublions que je fus trop heureux.
Qu'ai-je dit? Non, jamais de mes chaînes
Nul effort ne saurait m'affranchir ;
Ah! plutôt au milieu de nos peines,
Conservons un si doux souvenir.
Ah! reviens, séduisante espérance,
Ah! reviens ranimer tous nos feux !
De l'amour quelle que soit la souffrance,
Tant qu'on aimeon n'est pas malheureux.
Toi qui perds un amant si sensible,
Ne crains rien de son cœur généreux ;
Te haïr! ce serait trop pénible,
T'oublicr est encor plus affreux.
Hoffmann.
La musique, de Solié, se trouve notée au
N. 298 de la Clé du Caveau.
LA CABANE DU PÊCHEUR
1827.
Ali! mon ami, que ces pensées
Règlent toujours tes actions,
Qu'elles ne soient point effacées
Par de vaines Musions.
Après avoir l'ait reconnaître
Ton dévoûment et ta valeur,
H<-\ iens au lieu qui t'a vu naître
Dana la cabane du pêcheur.
1» éblouir les yeux du vulgaire
Le besoin non- est inconnu.
Qui n'eut jamais le nécessaire
Ne cherche pas le superflu.
Il vous faut un trop grand espace,
Rêves, fantômes de grandeur.
Comment pourriez-vous trouver place
Dans la cabane du pécheur?
flloreau et I.afortelle.
Extrait de Masnniello ou le Pêcheur Napolitain,
opéra en 4 actes, en vente chez M. Tresse, éditeur,
2 et 3, galerie de Chartres, Palais-National. Prix •
1 fr.
La musique , de Carafa , se trouve notée au
N. 2129 de !a Clé du Caveau.
JEANNE LA BLONDE.
1843.
Chaque soir, Jeanne sur la plage
Donnait rendez-vous au beau page
Qu'elle adorait. [bis.)
En l'attendant Jeanne la blonde
Mêlait sa voix au bruit de l'onde
lit murmurait : [bis.)
« Viens me rejoindre sur la rive,
« Si du rendez-vous où j'arrive
« Tu te souviens,
« Oui, tu te souviens,
« Tu te souviens. »
El dans la nuit l'écho fidèle, i
Qui semblait l'appeler comme elle, , [bis.)
Disait : viens, viens I )
Disait : viens, viens I
Viens, viens !
Ah ! viens!
Mais bientôt Jeanne sur la plage
Attendit en vain le beau page
Qu'elle adorait. [bis.}
An bord «les Ilots, Jeanne la blonde
Mêlait ses larmes à leur onde,
El murmurait : [bis.)
Poris - Imprimerie île hun lllsotnê, me des Gratxta-AiigusUns, 5,
ROMANCES.
105
« Ne viens plus, toi qui m'as trahie,
« Ne viens plus, de ta perfidie
« Je me souviens,
« Oui, je me souviens,
« Je me souviens. »
Au fond du cœur que disait-elle? ^
Je ne sais, mais l'écho fidèle i [ois.)
Disait : viens, viens!
Disait : viens, viens!
Viens, viens,
Ah! viens!
Casimir et Urrmain Delavigue.
Extrait de Charles VI, opéra en 5 actes, en vente
chez MM. Michel Lévy frères, éditeurs, 2, rue Vi-
vienne. Frix : 1 fr.
Lamusique, deF.H.ilévy.se trouve chezMM. Bran-
Jus et Cie, éditeurs, 103, rue Richelieu.
ADIEU, FLORENCE
1S38.
A vous, j'obéis, ô mon père !
A ^ous, mon maître souverain !
Et du devoir la loi sévère
Sans mon cœur a donné ma main !
Vous que, dans une humble chaumière,
Le destin fait naître et mourir,
Vous choisissez qui sait vous plaire...
Fille de roi ne peut choisir !
O souvenance
De mon enfance,
Adieu, Florence ;
Adieu, mon beau palais,
Et tout ce que j'aimais !
Vous si jolies,
Vous, les amies
Que j'ai chéries,
Gardez-moi votre foi,
Teiisez à moi !
Et vous, tourment de ma pensée,
Vain espoir d'un autre avenir,
Fuyez de mon âme insensée ;
Pour jamais je dois vous bannir!
O souvenance
De mon eniance,
Adieu, Florence ;
Adieu, mon beau palais,
Et tout ce que j'aimais.
Scribe.
Extrait de Guido et Ginévra, opéra en 5 actes,
en vente chez M. Tresse, éditeur, 2 et 3, galerie de
Chartres. Prix : 1 fr.
La musique, de F. Halévy, se trouve chez
MM. Brandus. éditeurs, 103, rue Richelieu.
BRIGITTE ET JULIEN.
] S -29.
Travaillons, mesdemoiselles !
Grâce à nos heureux talents,
Les dames sont bien plus be.les,
Et les messieurs plus galants.
C'est en chaulant que l'ouvrage s'avance,
Henriette, dis-nous la romance
De Brigitte et de Julien.
-Madame n'est plus là? silence! écoutonsbien.
« Si je suis infidèle,
« Même après ton trépas,
« Pour me punir, dit-elle,
« Julien, tu, reviendras!... »
Il partit et Brigitte
Un grand mois le pleura,
Fit puis le mois d'ensuite
Elle se consola.
Dans ce temps-là.
C'était déjà coinin' ça.
Mais alors en Autriche
Etait un beau seigneur,
Jeune, amoureux et riche,
Toujours rempli d'ardeur,
T. !!. — 1(5.
106
CHANSONS POPULAIRES.
Brigitte, toujours constante,
D'abord le repoussa...
Puis la semain' suivante
Brigitte l'épousa.
Dans ce temps-là
C'était déjà comm' ça.
On fait le mariage...
Mais voilà que, le soir,
Un spectre au noir visage
Près du lit vient s'asseoir.
Ki ce spectre effroyable,
C'esl Julien !... le voilà !
lit d'effroi la coupable
A sa vue expira!
Dans ce temps-là
C'était déjà comm' ça.
Scribe.
Extrait de la Fiancée, opéra comique en 3 actes
en vente chez M. Tresse, éditeur, 2 et 3, galerie
de Chartres, Palais-National. Prix : CO c.
La-musique, d'Auber, se trouve notée auK. 2039
de la Clé du C'a. eau.
LE BIEN-AIME NE REVIENT PAS.
Quand le bien-aimé reviendra
Près de sa languissante amie,
Le printemps alors renaîtra,
L'herbe sera toujours Qeurie.
.Mais je regarde, hélas! hélas I
Le bien-aimé ne revient ■
('.-•■aux, vous chanterez bien mieux,
i id «lu bien-aimé là voix tendre
Vous peindra BC3 transp >fts, ses feux,
lui A'- vous l'apprendre,
. mais j'écoute, hélas ! hélas !
Le bien-aimé ne revienl
Echos, que j'ai il fois
18, de ma
11 revient : peut-être sa voix
Redemande aussi sa maîtres e.
Paix! il appelle, hélas! hélas!
Le bien-aimé n'appelle pas.
Marsollicr.
La musique, ili1 P;ilajTrac. se trouve notée au N. 480
'Ir l.i (. lé du Caveau.
JE VEUX VOUS PLAIRE
1840.
Vous avez beau faire,
Bon v:vé mal gré.
Moi je veux vous plaire
Et je vous plairai :
Vous avez beau faire,
Bon gré, mal gré.
Oui je veux vous plaire
lit je vous plairai!...
J'étais boudeuse.
Capricieuse,
Au point de vous faire enrager .
Plus de caprices,
Plus de malices,
Pour \ous monsieur, je veux changer.
Plus que personne,
Je serai bonne,
Si bonne qu'il faudra m'aimer.
Qu'on se courrouce,
Qu'on nu- repousse,
le saurai bien vous désarmer.
Vousavez beau faire, etc.
Pour ma toilette,
.le suis coquette :
J'allais à ce bal de la cour,
En puritaine
Un peu mondaine,
l'A mou costume est un amour '■
J'étais jolie,
Mais j<- l'oublie,
h OU ANC ES
107
El ce bouquet
Qui me rendait
Si séduisante,
Si ravissante ,
Me semble laid
S'il vous déplaît.
Vous avez beau faivi
etc.
Mais pour vous plaire
Que faut-il faire?...
De vos rivaux avez-vous peur?
Discours frivoles,
Douces paroles,
N'arrivent pas jusqu'à mon cœur.
Mais plus de fêles !
Plus de conquêtes !
Si le monde vous rend jaloux,
Pour la retraite
Me voilà prête,
Je suis si bien seule avec vous !
Vous avez beau faire,
En vos yeux j'ai lu, '
Je voulais vous plaire (
Et je vous ai plu. )
(bit
iiustnw l.cmoiiie
La musique, de Mlle Loïsa Puget, se trouve chez
"deissonnier. éditeur, rue Daupliine, 18.
0 JOUR PU- IN DE CHAUMES!
1829.
O jour plein de charmes!
Lecteur rempli d'espoir, j'arrive au rendez-vous.
Plus de craintes, plus d'alarmes !
Enfin, demain, je serai son époux !
Qu'elle est jeune et jolie,
Celle que j'ai choisie !
D'un tel trésor, d'un bien si doux,
Comment ne pas être jaloux?
Vn jour encore,
Un seul jour! Quel tourment,
Lorsque l'on s'adore
Et lorsque l'on attend !
Qu'un tel hymen ée
A pour moi d'appas 1
Mais cette journée
Ne finira pas !
Un jour encore,
Un seul jour ! Quel tourment,
Lorsque l'on s'adore
Et lorsque l'on attend !
K. Scribe.
Extrait de la Fiancée, opéra comique en 3 actes,
en vente chez M. Tresse, éditeur, 2 et 3, galerie de
Chartres (Palais-National) Prix : 60 c.
La musique, d'Auber, se trouve chez MM. bran-
dus et Cie. éditeurs, rue Richelieu, 103,
C'EST MON AMI : RENDEZ-LE-MOI.
1773.
Ah! s'il est, dans votre village,
Un berger sensible et charmant,
Qu'on chérisse au premier moment,
Qu'on aime ensuite davantage;
C'est mon ami, rendez-le-moi;
J ai son amour, il a ma foi.
Si par sa voix douce et plaintive,
II charme l'écho de vos bois ;
Si les accents de son hautbois
Rendent la bergère pensive ;
C'est encor lui rendez-le-moi ;
J'aisnn amour, il a ma foi.
Si même en n'osant rien vous dire,
Son seul regard sait attendrir;
108
CHANSONS POPULAIRES.
si. sans jamais sans rougir,
Sa gaité l'ait toujours sourire;
(','( st encor lui. rendez-le moi;
J'ai son amour, il a nia foi.
Si, passant près de sa chaumière)
Le pauvre, en voyaal son troupeau,
Ose demander un agneau,
Et qu'il obtienne encor la mère;
Oh! c'est bien lui : rendez-le moi;
J'ai son amour, il a ma foi.
Florian.
La musique, do Chardiny, se trouve notée au
N« 23 de la Ole du Caveau.'
PRENDS GARDE, MONTAGNARDE.
îxn.
Prends garde.
Montagnarde,
Hue regarde
Un vieil amoureux !
Son âme,
Qui s 'en lia m me,
\ eut pour femme
Fillette aux beaux yeux !
On prétend qu'il a de ça,
Et ton père en voudra!
Et moi je dis tout bas :
Hue de lui je ne veux pas!
Ah! ah! ah! ah! [bis.)
Sévère
Centenaire
ilère,
Il gronde toujours!
Qu'importe
Qu'il apporte
Somme forte
Au lieu des amours!
i , oaïo n'a que de ça,
Mon cœur le préféra !
Remportez vos ducats,
Le bonheur ne se vend pas!
Ah! ah! ah! ah! [bis.)
Svrlhv.
La musique, d'Anber, se trouiecbez MM. Biun-
dusel (.', 6dileur>, 103, rue IUchclieu.
L'AMANT D1SCRKT.
173G.
L'amant frivole et volage
Chante partout ses plaisirs,
Le berger discret et sage
Cache jusqu'à ses désirs.
Telle est son ardeur extrême,
Mon cœur, soumis à ta loi,
Te dit sans cesse qu'il aime
Pour ne le dire qu'à toi.
Sur une écorce légère,
Amants, tracez votre ardeur;
Le beau nom de ma bergère
N'est gravé que dans mon cœur.
Je n'ose occuper ma Lyre
A chanter un nom si doux,
Echo pourrait le redire,
Et j'aurais trop de jaloux.
Corinne à feindre m'engage,
Pour mieux tromper les témoins.
Ce qui lui plaît davantage,
Semble me plaire le moins;
L'herbe où son troupeau va paître
Voit le mien s'en écarter,
El je semble méconnaître
Son chien qui vient nie flatter.
VOUS qu'un fol amour inspire.
Connaissez mieux Le plaisir;
VOUS n'aimez que pour le dire :
Nous n'aimons que pour jouir.
Corinne, que ce m\ :
Dure autant que ton amour;
L'amant mutent doit se taire :
Fais-moi taire pour toujours.
(■«-ntil llcrnard.
Air ancien, note au N" 31 i de le filé du Caveau.
Paris. — Imprimerie de Pillet lik-atné, rue des Grands-Aiigustins, i.
LA FIANCÉE MOURANTE
LE YAL BÉM
Ne mouille plus mon chevet de tes larmes,
Ma bonne mère, apaise ta douleur!
Je puis guérir!... pou r calmer tes alarmes,
Jn te promets d'obéir au docteur :
Mais, en retour de mon obéissance,
i !hère maman, un prix, je crois, m'est dû...
D'Alfred dis-moi la dernière romance...
Le médecin ne l'a pas défendu!...
In jour plus tard, le flambeau d'hyménée
Allait briller sur le divin autel :
Un jour plus tard par l'amour couronnée,
J'appartenais au plus tendre mortel :
Hélas! la mort souffla sur mon passage,
Hors ce portrait, maman, j'ai tout perdu...
Ah! sur mon cœur, laisse sa douce image,
Le médecin ne l'a pas défendu!...
Pourquoi gémir sur le sort de ta fille?
Je me sens bien, vois!... mon air est joyeux.
Excepté toi, ma nombreuse famille
Auprès d'Alfred est rassemblée aux eieux;
Four lui, pour moi, désarmons la colère
Du Dieu par qui le cœur est entendu :
A deux genoux, prions! prions, ma mère...
Le médecin ne l'a pas défendu! ..
Daigne céder à me
Pare mon sein du
Du bon pasteur, 1
Mets à mon doigt,
Louvre d'atours et
Sur qui la mort a
Alfred m'attend...
Le médecin ne l'a
n dernier caprice,
bouquet virginal;-
emplis le saint office,
mets l'anneau nuptial;
corps brûlant et frêle
le bras suspendu. .
tâche que je sois belle...
pas défendu!...
Louis Fcsteau.
La musique, de l'auteur îles paroles, se trouve
cliez L. Vieillot, éditeur, rue Notre-Dame de i\a-
zaretl).
1839.
Humble toit, pauvre village
Dont mon cœur a gardé le nom,
Val perdu dans le feuillage
Comme la fleur dans un buisson,
Tu parais triste et sans charmes
Aux regards du voyageur ;
Mais tu fais couler mes larmes,
Mais tu fais battre le cœur !...
Car c'est là, bonheur suprême !
Là que de sa douce voix
Elle a murmuré : Je t'aime
Pour la première fois.
Parlez-moi, lieux que j'adorp,
Vous par elle bénis un jour!
Oh! parlez-moi d'elle encore.
Réveillez-vous, soupirs d'amour!
Nuit plaintive, éebos, nature,
Qui venez troubler mes sens,
De sa voix fraîche et si pure
N'ètes-vous pas les doux accents? ..
Oui, j'entends, bonheur suprême!
Oui, j'entends encor sa voix
Qui me dit tout bas : Je t'aime !
Pour la première fois.
0 mon Louvre et mon royaume,
Doux royaume d'un souvenir,
Auprès de toi, pauvre ebaume,
Je voudiais vivre et puis mourir!
7(j
1. II. - 17.
110
CHANSONS POPULAIRES.
Oui, toujours, lerre chérie,
Tu seras sainte eu mon cœur,
Car le cœur jamais n'oublie
Le ciel d'amour et de bonheur,
Oui, dans un aveu suprême,
Une chère et douce voix
lu jour murmura : Je l'aime!
Pour la première fois.
Gustave témoins
La musique, de Mlle Loïsa Puget, se trouve
(.liez M. Meissonnier fils, éditeur, rue Dauphine, 1 .
L'ANGE DÉCHU.
1843.
De l'Eternel on chante les louanges,
Et cependant, ange au front soucieux,
Seul j'ai quitté les célestes phalanges ;
Car ma pensée, hélas! est loin descieux.
Et maintenant exilé volontaire,
Qui deviendra mon guide et mon soutien?
J'aime d'amour un enfant de la terre, 1 .. .
Dont le Seigneur m'avait fait le gardien, y ,5'>
Dont le Seigneur m'avait fait le gardien.
Tiens, Roi des rois, voilà mes blanches ailes,
Pour qu'un seul jour, je puisse, en liberté .
.Mirer mes yeux dans ses noires prunelles,
Reprends, reprends mon immortalité;
Car toul m'u(tri8teau séjour du tonnerre,
Ivre d'amour, je n'espère plus rien.
Rien que le cœur de l'enfanl de la terre
Dont ta bonté m'avait l'ait le gardien,
Non, rien que le cœur de l'enfanl delà lerre,
Donl taboulé m'avait fait le gardien, {iris.)
le pars, hélas! déception profonde.
On nu' dédaigne el mi vœux, mes soupira
N'ont pas sauvé de 1 océan du monde
Quelques débris des plus do:ix souvenirs.
1 aie cl tremblant de van I ce fronl sévère.
Je perds l'espoir, ici-bas mon seul bien...
Elle me hait cette enfant delà terre >., . ,
Don lie Seigneur m'avait fait le gardien, (
Dont le Seigneur m'avait fait le gardien.
GiiMtuve Dcsfoatsé.
La musique, d'Adolphe Vogel , se trouve chez
M. Colombier, éditeur, rue Vivienne, C.
L'KKKEUU.
Air du jiarlagede la ?-ichesse.
Lise, les yeux baignés de larmes,
S'aflligeait pour un inconstant.
Lycas, objet de ses alarmes,
Ne pouvait être son amant; bis.]
Son cœur, pour une autre bergère,
Avait formé de tendres vœux;
Mais Lise ignorait ce mystère : l , .
Tant qu'on espère on esi heureux. I
Sous un ormeau la pauvre Lise,
Avec Lycas causant un jour,
Par une funeste méprise,
Prit la gaîté pour de l'amour.
Depuis, du berger Béparée,
En maudissant son triste sort,
Lise, presque désespérée,
Trouvait doux d'espérer encor.
Le soir assis sous le feuillage,
Jouant à des jeux innocents,
Tous les bergers du voisinage
Au Irais passaient d'heureux moments.
Par Lise, pour faute légère,
A Lycas il est ordonné,
Qu'à celle que son cœur préfi rc
t h tendre baiser soit donné.
Lycas ignorait l'art de feindre,
Il courut embrasser Babel.
b Sachons, dit Lise, me contraindre,
« Voila donc ce falal secrel !
ROMANCES
i!\
« Illusion douce el trompeuse.
« Avec toi s'enfuit mon bonheur.
« Ah ! faut-il cesser d'être heureuse
« En cessant d'être dans l'erreur !.. »
ssnrty.
LE VOLONTAIRE.
1843.
Air de lu valse de Gisclle.
Adieu, je pars, je reviendrai, j'espère;
Ma benne sœur, prends soin de notre mère
Adieu, je pars, je cours à la frontière,
De mon pays
Chasser les ennemis.
Déjà l'aurore
Au loin colore,
Eclaire et dore
Le vieux château.
L'oiseau s'envole
Vers l'auréole,
Chantant l'idole
F»' un jour si beau.
Adieu, etc.
De ce village
Chacun, je gage,
Plein de courage,
Vient de quitter
Femme et chaumière.
Enfant, vieux père,
Four la bannière
Qu'on voit flotter.
Adieu, etc.
Ma fiancée,
L'àme oppressée
D'une pensée.
Rêve au malheur.
Dis-lui, Marie,
Que la patrie
Veut qu'on oublie
Tout pour l'honneur.
Adieu, etc.
Dors, ô ma mère,
Qu'une prière
Me soit prospère
Dans les combats.
Ton doux sourhe
Semble me dire :
Fils que j'admire,
Viens dans mes bras.
Adieu, etc.
Non, plus d'alarmes,
Donne mes armes,
Sèche tes larmes,
Calme ton cœur.
Va ! de ton frère
Montre-toi fîère,
Le volontaire
Sera vainqueur.
Adieu, etc.
Le clairon sonne,
Le bronze tonne,
Sainte madone,
Il faut partir.
Vaine parole,
Crainte frivole,
Au feu je vole
Vaincre ou mourir.
Adieu, je pars, je reviendrai, j'espère;
Ma bonne sœur, prends soin de notre mère ,
\dieu, je pars, je cours à la frontière,
De mon pays
Chasser les ennemis.
b;. ICcHiiiucstcr.
La musique, de F. Burgmullcr, se trouve chez
M, Colombier, éditeur, 6, rue Vivien ne.
,,, CHANSON? P
LA TOURTERELLE.
1844.
Air : O muse Juliette.
Belle
Tourterelle,
En vain lu bots de l'aile,
Une prison cruelle,
Voilà ton séjour.
Las! dans ma ebambrette
L'éeho ne répète
Que tes soupirs, pauvrette,
Et les miens tour-à-tour.
Comme loi, nuit et jour,
Je vis seuleite,
Sans amour.
Mon bel oiseau, ma gentille compagne,
Rien ne nous manque, et de toi j'ai bien soin.
Nous nousaimons; pour tant,rennui nous gagne
Où souffrons-nous? Quel est notre besoin?
A travers la croisée
Nous sourit le printemps,
El notre âme embrasée
Dit au bonheur : « J'attends!...»
Belle, etc.
Le Créateur rend les feuilles à l'arbre.
Les amandiers commencent à fleurir-
Ce beau soleil animerait du marbre
Quand tout renaît, devons- nous dépérir?
pour uos deux cœurs en proie
Aux désirs superflus,
1. universelle joie
Ksi i": tourment '!<• plus!
Belle, cic.
Quels yeux plus doux! h quel Boyeux i luinage!
Le joli bec à mes doigt! familier!
enl beautés quel charmant ass ml>i,
Le noble port ! 1 admirable collier '
E-voua i.i coqui
Soudain se rengorgea ?
0PULÀ1RES.
D'aise elle me becquetle,
El voudrait voltiger.
Belle, etc.
A la pitié serai-je inaccessible!
C'est que j'ai peur que l'on me gronde, moi!
Eh bien ! tant pis! je redeviens sensible,
Mais qu'il m'en coûte à me priver de toi 1
Si j'ouvrais celle ca
Quelle félicité !
Tu ; oui rais au bocage
Avoir la liberté.
Belle, etc.
La liberté! tout ton être l'envie '
Car c'est pour toi l'amour avec ses fleurs.
Seule, à présent, je passerai ma vie...
Sois donc heureuse... A moi, regreis et pleurs.
Quoi! là-bas, sur un saule,
Au lieu de t'envoler.
Tu viens sur mon épaule
Tendrement roucouler!...
Belle, etc.
Merci! merci!... tu restes; quelle ivresse!
Tiens... tiens... encor. Tebaisé-je à moitié!.,
Allons, rends-moi caresse pour care-
Consolons-nous, grâce à noire amitié !
Espoir ! ma tourterelle,
Va. je te donnerai
Lu tourtereau fidèle,
Quand je me marierai.
Belle
Tourterelle,
En vain tu bals de l'aile,
Lue prison cruelle,
Voilà ton séjour.
Las! dans m i chambretle,
L'écho ne répète
Que tes soupirs, pauvrette,
Et les miens tour à-tonr.
Comme toi. nuit et jour,
j(< vis seule t te,
Sans amolli'.
l'.ntli- tarin-
ROMANCES.
L'AIGLE.
1838.
Un jour, une mère imprudente
Aux champs dormait;
Un aigle à la serre sanglante
Aux cieux planait.
Soudain, s'élève un cri terrible;
La mère a vu, spectacle horrible,
Sur un roc élevé
Son enfant enlevé.
— C'est toi seule, ô Marie,
Qu'elle implore en s'écriant :
O Marie,
Prends ma vie !
Tout mon sang
Pour mon enfant !
— En vain, elle prie, éperdue :
Mais nul mortel
N'ose, sur cette roche nue,
Tenter le ciel.
Que ne peut le cœur d'une mère?
Voyez-la, d'un pied téméraire.
S'élancer et gravir,
Sans trembler, sans pâlir...
— C'est toi seule, etc.
— La voilà! ce n'est pas un rêve...
Et son amour
Parvient à son enfant, l'enlève,
Mais au retour,
Elle tremble, la pauvre mère !
Elle tremble autant qu'elle espère,!
Serrant, à cbaque pas,
Son enfant dans ses bras.
C'est toi seule, etc.
C es! l'amour, divine puissance.
Qui l'inspira ;
L'amour sera sa récompense,
Son fils vivra!
A peine, elle a touché la terre.
Tombant à genoux sur la pierre,
Elle dit, élevant
Vers le ciel son enfant :
Sainte Vierge Marie,
En ce jour triomphant,
O Marie,
Sois bénie,
Toi qui sauves mon enfant !
Gustave Lcmoiiic
La musique, de Mlle Loïsa Puget, se trouve
M. J. Meissonnipr, éditeur, 18, rue Dauphine.
LE GASTEL.
Un castel d'antique structure
Vit l'enfance du jeune Hermand :
Son cœur, guidé par la nature,
Aimait Adèle encore enfant (
Tous deux, dans ces lieux solitaires
Coulaient en paix leurs premiers jours
C'était le tombeau de ses pères,
Et le berceau de ses amours.
Mais bientôt la gloire cruelle
Appelle Hermand, il faut partir ,
Par ses larmes, la tendre Adèle
Espère encor le retenir ;
Inutiles pleurs et prières,
Hermand renonce à ses beaux
Il fuit le tombeau de ses pères,
El le berceau de ses amours.
Aux combats, trahi par son zèle.
Le brave Hermand est terrasse .
Dans un soupir, le nom d'Adèle
Echappe à son cœur oppressé.
15
IU
CHANSONS ropn URF.S,
Ses p ines seront moins amères,
S'il | seulement quelques jours
Revoir le tombeau de s<'s pères,
El lo berceau <!<• ses amours.
Arrivé près de son amie,
Il veut parler, m lis c esl en \ ain
il seul presser sa main chérie
Il la presse, hélas ' il s'< leiul.
Adèle Ferme ses paupières,
La douleur termine Bes jours,
Aussi le tombeau » I** leurs pères
Ksi le tombeau de leurs amours.
t'iiroir* ii'uii ■■on y tue
LE PORTRAIT DE MYRTIIÉ
\m : Du partage di larichtste.
Il \ las, au fond d'un vertbo
Tenanl le portrait de Mj rthé,
Disait • « Quel heureux assemblage
« Et de candeur el de beauté ! (i is.
1,1 bien ces traits que j'adore !
u Tout dans cette image est parfait,
a ki pourtant ce modèle encore
cent fois mieux que le portrait. »(6is
C iché derrière le feuillage,
L'amour voit ce portrait charmant :
Des mains d'Hylas il le dégage,
L'emporte el B'envolo à l'instant.
< >HV>iiis le, dit-il, à ma mère .
El pour piquer sa vanité,
Montrons-lui dans une b îi
l es traita il une divinité.
I ci pilant si n vol rapide,
Ki riant de ce tour nouveau,
II arrive a la eour de Gnide,
lit monti e a n '-mis son tableau.
Quels traits ! quelle grâce, dit-elle,
Ki quel aflïonl puni tua 0 i lél
Si celle i bien Adèle,
belle que M\ rthé.
De la déesse de Cj ibère
Le dépil B'ompare <'ii secr I ;
Gupidon, qui voit sa colère,
Veut ru présen er le portrait
Mai i, hélas I poui l'obtenir d'elle
Se efforts soui infructueux,
Et la trop jalouse immortelle
Le luise el l'écrase à 6es veux.
En vain votre fureur barbare,
Dit-il, a flétri tant d'appas ;
La perte d'un objet si rare
Ne désolera poinl Hylaa :
Dans son cœur j'ai gravé i image
Qu'ici vous venez de bi I ei
Et tout i exci de i otre 1 1
Ne peut jamais l'en effacer
. . -o- <- - - -
PRENEZ PITIÉ DE MOI
J'ai faim ! que font-ils donc T
Tout le monde m'oublie,
Odette aussi !
D'où \ ient que le bruit a cesse ?
Ils onl craint ma raison
Mais, plus je suis -eus/'.
Plus j'ai pitié de la folie.
J'ai chanté comme eun . j'ai dansé,
Ici, dans ce alon, ici même... avec elle,
Qui, belle et tendre alors, elle n'esi plusque belle;
Je ris, je lis, car, ce auir-là.jemc taisais un jeu
D'inlriguei mainte damoisulle,
Que mou masque effrayait un peu.
- mem II au foui
lu réseau de Feu l'environne !
|uel daogcf -, tuse donc votre enVoit
Pourquoi ce cri : saine.- i ■ rot 1
Ici, qui 'l --t roi ' \ 'Tonne...
Aujourd'hui.. .maisalors...jecberchectje ne puis
Me rappeli r celui qui portail la coui'onne.
je l'ai connu pourtant, , il sera naorl depuis.
R0I1ANCI S.
H5
nd' pitié que ce roi, que leur pi
Leur bien-aim • t si promplement :
malheureux riaient en le nommant,
i bonté consolait leur mit [bi ■
Ah I s'il vivait, j'irais direà ce roi :
Je souffre au—i. prenez pitié de moi,
Prenez, prenez pitié de moi !
Oui, s il \ivait, j'irai? dire à ce roi :
oez pitié de moi
Ah! s'il vivait, j'irais dire à ce roi :
Je souffre ans
moi,
Ah'
Pitié <]<■ moi, pitié 'le moi. pitié de
Maisquelb ■uitnonjen'ose.elleestlàeettereine,
regard tue, un jour que fix mien.
11 me perçait le cœur, je suis mon :
i vieu.
Quand vous verrez la tombe où jes immeille,
Priez, passante, priez et parlez
On dit toujours: les morts \.
ffre. moi sitôt qu'un bruit
Vous qui m'airni z au tei
Je souffre encor bis) , prenez pitié
.-qui m'aimiez au temps où j étais roi,
Je «ouf! ii . prenez pitié de moi.
Prenez pitié de moi.
Pitié, ah ! pitié de moi. pitié de moi, pitié de moi !
(.crinuin ri i asimir I>rlav iziic
ra en 5 actes
main ti Casimir Delavi^ne magique de M. F. Ha-
. :nvenU' chez MM. -, édi-
teurs, rue Vivienne, 2. Prix 1 fr.
La manque, de F. J! troai
M. Brandas, éditeur, 103. rue Richelieu.
LE CAPITAINE DE CORVETTE.
1846.
Regardez ma corvette
Qui .s'incline, coquette,
la mer, son miroir !
quille inconstante
Pend la vague éeumante,
Ab' qu'elle est b I1-: à voir' [qn
Mi a < mne,
To : ibil mes lois.
L Sainte-Barbe est ma patrone,
Mon sceplr p irte-voix '
irdez,
'■'• gardez ma corvette, etc.
J'ai jours la terre,
L'apercevoir rail mon ehagrin...
Mon -.v m myxtère...
Dès! ' arin.
Reg '■•■' ' g irdez,
•te
Il faut la voir voler a
qu'elle suit un pavillon,
: lai ri le flot rapide,
! traçant un noble Bill
-
Regardez ma corvette,
Q itte,
Sur la mer, son miroir' '.< .
Quand sa quille inconstante,
manie,
Ah ! qu •: Ile à voir '. [quaier.
!.. il<- ! <»!i la j .
La musique, de "Vimeux, se trouve chez L. Vieil-
- ■
RONDE Ul MAÇON.
1836.
Fon ouvrier, voici l'aurore
Qui le rappelle à tes travaux.
Ce matin, travaillons encore,
^ pour le !•-
Tout seul, on -ennuie à l'ouvrage,
Pour l'abrégei n le pai I -
116
CHANSONS POPULA1KI >
A ion aide chacun viendra.
Du courage,
Du courage,
Les amis sont toujours là.
Bon ouvrier, voici 1'' dimanche .
Ce jour-là tout est oublié;
Quelle gaîlé naïve ''t franche !
Trinquons ensemble à L'amitié !
M' laisser hoir' seul est un outrage j
Mais pour partager mon ouvrage,
Et la bouteille que voilà...
Du courage, etc.
Bon ouvrier, quand la tendresse
De l'hymen te fait une loi ;
Lorsqu'à ta gentille maîtresse
Tu donnes ton cœur et ta foi.
Prends garde, ne sois point volage.
Si tu négliges ton ouvrage,
Un autre, te remplacera :
Du courage,
En ménage,
Les amis sont toujours là.
Scribe et Ci. Delavloue
La musique. d'Auber, se trouve notée au N. 1991
«ie la Ou du Caveau
■-)«08t»
GAST1BELZA.
1842.
Gastibelza, L'homme à la carabine,
Chantait ainsi :
« Quelqu'un a-t-il connu doua Sabine?
Quelqu'un d'ici V
Dansez, chantez, villageois! la nui) gagne
i monl Palou.
Le vent qui vient a travers la montagne
Me rendra fou !
Oui, me rendra fou.
Vraiment, la reine eût près d'elle été laide
Quand, vers le soir,
Elle passait danS les rues de Tolède
En corset noir.
Un chapelel du temps de Charlemagne
Ornait son cou...
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!
Oui, me rendra fou.
Le roi disait, en la voyant si belle,
A son neveu,
Pour un baiser, pour un sourire d'elle,
Pour un cheveu,
Pour un regard, je donnerais l'Espagne
Et le Pérou!
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!
Oui, me rendra fou.
Je ne sais pas si j'aimais celte dame,
Riais je sais bien
Que pour avoir un regard de son àme,
Moi, pauvre chien,
J'aurais galment passé dix ans au bagne
Sous le verrou...
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou !
Oui, me rendra fou.
Dansez, chantez, villageois! la nuit tombe,
Sabine, un joui',
A tout donné, sa beauté de colombe
Et son amour,
Pour l'anneau d'or du comte de Saldagne,
Pour un bijou !...
i e vcnl qui vient à travers h montagne
.M'a rendu fou !
Oui. m'a rendu l'on. »
Victor llit-o
La musique, d H. M mpou,»e trouve chez M< M< . -
lonnler flls, éditeur, nu- Dauphine, 18.
laris. — Imprime \t Puait I ."lue, ru< des Gramu-AiigusUiii, •>.
JALOUSIE
1846.
Je suis jaloux! j'ai tort, je le confesse,
Oui, je t'attlige et souffre plus que toi;
Je ne saurais douter de ta tendresse;
El mes rivaux m'alarineut maigre moi.
A tes genoux,
Quand leur essaim et bourdonne et se presse,
Je frémis de courroux
El suspecte ta foi... — Je suis jaloux!
Je suis jaloux! En tous lieux désirée,
Chacun t'obsède et s'attache a nos pas;
De moi je crains de te. voir séparée,
Et fortement mon bras serre loti bras.
Je suis jaloux!
De noirs soucis mon âme est dévorée,
El tes regards si doux
Ne me rassurent pas. . . — Je suis jaloux !
Je suis jaloux ! Tout ce qui t'intéresse
A mou repos se plaît à s'opposer :
A tes parents j'envie une caresse,
A l'amitié, je dispute un baiser.
Je suis jaloux!
Ces tendres soins qu'on me ravit sans cesse,
Tu me les promis tous,
Pourquoi les diviser?. . . — Je suis jaloux !
Je suis jaloux? Toujours de ton absence,
Je compte, hélas! les instants douloureux :
Le temps a fui. . . Privé de ta présence.
Je suis en proie a des tourments affreux.
Je suis jaloux!
Et je te crois, pardonne cette offense,
Exacte au rendez-vous
D'un ama nt plus heureux ... — Je suis jaloux !
Je suis jaloux ! Du monde que j'abhorre,
Les faux plaisirs n'ont pour moi plus d'altraits;
Si je le hais depuis que je t'adore,
11 m'a séduit quand tu l'embellissais.
Je suis jaloux !
Et pour qu'entin il t'oublie, il t'ignore,
Avec toi je voudrais vivre sous des verrou**.
Je suis jaloux!
P. J. Charrin.
La musique, d'Edouard Bruguière.se trouve chez L. Vieil-
lot, éditeur, 32, rue Notre-Dame de Nazareth.
LA VEILLE, LE JOUR ET LE LENDEMAIN
Ain J'ai vu partout dans mes voyages.
Ces trois mots nous offrent l'«mblènie,
De la course agile du temps :
Des dieux la sagesse suprême
Ainsi partagea nos instants.
Notre vie, hélas! est pareille
Au jour ténébreux ou serein ,
De ce jour l'enfance est la veille,
La vieillesse le lendemain.
La veille amour vit d'espérance,
Le jour amour est satisfait.
Le lendemain vient en silence
Le souvenir ou le regret.
Le désir fatigué sommeille :
Amants, tel est votre destin;
Vous êtes plus heureux la veille
Que le jour ou le lendemain.
Damis avant le mariage.
Parait tendre, empressé, soumis :
Le jour vient; dès qu'hymen l'engage,
On ne reconnaît plus Damis;
Amour s'endort; soupçon l'éveille;
D'où, vient ce changement soudain ?
C'est qu'il était amant ta veille,
Qu'il est époux le lendemain.
Pour le méchant, dans la nature,
11 n'est plus un seul jour serein ;
Mais l'innocence calme et pure
Ne craint jamais le lendemain.
L'homme ae bien, quand il sommeille,
Voit en songe sur son chemin
T. II.— 18,
IIS
CHANSONS POPULAlftF.S.
Les heureux qu'il a faits la \eille.
Ceux qu'il fera le lendemain.
Millcvoyc.
La musique, de L. Jadin, se trouve nou-e au
N.244 de la Clé du Caveau.
LA FILLE UU PÈCHEl K.
Jamais dans Venise la (ière,
On n'a vu rien d'aussi charmant
Que Minna , jeune batelière ,
A la voix douce, au cœur aimant ;
Brune , car elle est d'Italie ,
Si le lis a plus de blancheur,
La rose a bien moins de fraîcheur.
Mon Dieu [bis), qu'elle est jolie,
Minna, la fille du pêcheur !
[bis i
Quand avec grâce elle s'incline ,
Pour agiter son aviron ,
Voyez comme sa taille est fine ,
Comme son bras est rond.
Brune, etc.
Quand l'onde réfléchit l'image
De Minna qui vient à passer,
J'éprouve une jalouse rage ;
Les flots semblent la caresser.
Brune, etc.
Et puis , lorsque le jour se voile ,
Quand mille astres brillent aux cieux
Vainement j'y cherche une étoile
Ayant le charme de bes yeux.
Brune, car elle est d'Italie ,
Si le lis a plus de blancheur,
La rose a bien moins de fraîcheur.
Hqu Dieu [bis), qu'elle est jolie,
Minna, la fille du pécheur!
E. Burutcnu.
Musique d'E. Bruguière,
! EPITHALAMB SUR LE LAC.
La nuit vient, l'étoile étincelle.
L'air à la voilfl est plus léger;
Attachons l'humide nacelle
Aux racines de l'oranger.
La nuit sereine
Tombe des cieux;
Suivons la reine
De ces beaux lieux,
Suivons l'épouse
Sur la pelouse
Où nous allons,
L'épouse aimée,
Fleur embaumée
De nos vallons.
La nuit vient, etc.
Cueille aux prairies,
Au pied des monts,
Les fleurs chéries
Que nous aimons ;
C'est ta couronne,
L'été la donne
Pour un instant,
A la chapelle
L'hymen t'appelle,
L'amour t'attend.
La nuit vient, l'étoile étincelle
L'air à la voile est plus léger;
Attachons l'humide nacelle
Aux racines de l'oranger.
Mery.
La musique, d'Emmanuel Brice, se trouve dans le
volume des Etoiles, chez G. de Gonet, éditeur, rue
des Beaux-Arts, 6.
MA BELLE AMIE EST MORTE.
Ma belle amie est morte,
Je pleurerai toujours
ROMANCE*.
M 9
Dans la tombe elle emporte
Mon âme {bis) et mes amours.
Dans le ciel, sans m'attendre,
Elle s'en retourna.
L'ange qui l'emmena
Ne voulut pas me prendre.
Ma belle , etc.
La colombe oubliée
Pleure et songe à l'absent.
Mon âme pleure et sent
Qu'elle est dépareillée.
Ma belle , etc.
Ah! comme elle était belle.
Et comme je l'aimais ;
Je n'aimerai jamais
Une femme autant qu'elle.
Ma belle amie est morte ,
Je pleurerai toujours :
Dans la tombe elle emporle
Mon âme [bis] et mes amours.
Théophile Gauthier
La musique , de Bruguières , se trouve chez
M. Pâté, éditeur, 14, passage du Grand-Cerf, à Paris.
JE T'AIME A GENOUX
Prends la couronne de fiancée,
La couronne aux pudiques fleurs.
Elle sourit à ma pensée
Avec ses pieuses couleurs.
Et puis ton front, sous sou mystère ,
Me laisse lire un tendre aveu.
Je t'aime à genoux sur la terre
Ainsi qu'au ciel on aime Dieu. (6*5.)
Revêts encor la robe blanche ,
Passe au doigt l'anneau nuplial ,
Et sur ton front qui tremble et penche
Pose le voile virginal.
Combien ta pudeur est sincère !
Qu'il est tinvde ton œil bleu !
Je t'aime à genoux, etc.
Sous ton voile, sous ta couronne,
Sont tes suaves cheveux blonds ;
Tu brilles comme une madone
Sous ses atours chastes et longs ;
Comme elle aussi je te révère
Et te voue un culte en tout lieu.
Je t'aime à genoux sur la terre
Ainsi qu'au ciel on aime Dieu. [bis.)
ITC mile BarAtran,
La musique, de Masini, se trouve chez M. E.
Mayaud, éditeur, 7, boulevart des Italiens.
ALLONS DANSER SUR LA COLLINE
Allons danser sur la colline,
Près du castel qui la domine.
Et profitons d'un jour serein
Pour répéter ce gai refrain :
Ah, ah, etc.
Déjà les premiers jours d'automne
Nous ont fait sentir leurs rigueurs ,
Et dans la plaine monotone
La rose a perdu ses couleurs,
Profitons donc d'un jour serein
Pour répéter ce gai refrain :
Allons, etc.
Déjcà pour quitter la prairie
Le pâtre assemble ses troupeaux,
A peine un peu d'herbe flétrie
Les attire au bord des ruisseaux,
Hâtons-nous donc , car ce beau jour
Passera vile et sans retour
Allons , e(c
Adieu les refrains et la danse,
Dès que l'hiver fondra sur nous ,
5Î0
CHANSONS POPULAIRES.
Mais pourquoi s'a.frister d'avance ,
Puisqu'aujourd'hui le temps est doux.
Employons bien tous nos loisirs
En nous livrant à nos plaisirs.
Allons danser sur la colline.
Près du castel qui la domine,
Et profitons d'un jour serein
Pour répéter ce gai refrain :
Ali , ah , etc.
Métourné.
La musique. d'Auguste Panseron, se trouve chez
M. Mcissonnier, éditeur, 18, rue Dauphinc.
L'OISEAU BLEU.
11 est tard, l'ange a passé,
Le jour a déjà baissé,
Et l'on n'entend pour tout bruit
Que le ruisseau qui s'enfuit.
Endors-toi, mon fils, c'est moi,
Jl est lard, et ton ami l'oiseau bleu s'est endormi.
Dors, la fée arrivera,
Puis elle te donnera,
Pendant que tu dormiras,
Tous les fruits que lu voudras.
Endors-toi, elc.
Mais je vois baisser les yeux,
Qui son1 bleus comme les cieux ;
Tu vas dormir, n'est-ce pas?
11 s'endort, chantons bien bas :
En lors-toi, mon fils, c'est moi,
el Ion ami l'oiseau bleu s'est endormi
Paralea d'un anonyme
l.i i, L i ■ liei \'. T.
Orus, 31, ljoule\art Bonne-Nouvelle.
ZELIE.
Te bien aimer, ô ma chère Zélie!
Est pour toujours le charme de mon cœur ,
El désormais loui m'attache à la vie,
Si mon amour suffit à ton bonheur.
Pour apaiser le feu qui me dévore;
Ce feu d'amour qui va me consumer ;
O ma Zélie ! à l'amant qui t'adore .
Donne un regard, un soupir, un baiser
Va, ne crains pas d'abandonner ton âme
Au sentiment que je veux t'inspirer ;
Rien ne plaît tant qu'une amoureuse flamme
Rien n'est plus doux que le plaisir d'aimer.
Balzac.
La musique, de C. Plantade, se trouve notée au
>*. 554 de la Clé du Caveau.
LE MYOSOTIS.
Cette fleur d'azur, celle douce fleur.
Qu'avant de partir hier je t'ai donnée,
Ecoule sa voix, écho de mon cœur,
Ecoule sa voix tendre cl parfumée,
Qui le dit tout bas,
Qui le dit tout bas :
Ne m'oubliez pas,
Ne m'oubliez pas.
Ohl garde-la bien jusqu'à mon retour,
El près de ton sein cache-la, ma belle,
Si pendant l'absence un autre d'amour
Voulait le parler, cette fleur fidèle
Te dirait tout bas,
Te dirait toul bas
Ne m'oubliez pa -.
Ne m'oubliez na*
ROMANCES.
121
C'est le myosotis qui te parlera
De moi si je meurs loin de cette terre ;
Même, près a'un autre il répétcia
De ton seul ami l'unique prière,
En disant tout bas,
En disant tout bas :
Ne m'oubliez pas,
Ne m'oubliez pas.
Taxile Uelord-
La musique, d'Auguste Mord, se trouve dans
l'ouvrage des Fleurs animées, chez G. deGonet, édi-
t ur, rue des Beaux-Arts, 6.
OSCAR.
Il va venir, le sultan que j'adore,
Ce seul espoir fait palpiter mon cœur,
Et dans ses bras, jusqu'au sein de l'aurore.
Je goûterai la coupe du bonheur.
Chantez, enfants du rivage d'Asie,
Des mains d'Oscar j'ai reçu le mouchoir ;
Brûlez pour lui les parfums d'Arabie,
Oscar s'avance, Oscar, je vais le voir.
A ma rivale, Oscar m'a préférée ;
Il me dit : j'aime... A ce mot glorieux,
Je ressens dans mon âme enivrée
Le feu divin qui partait de ses yeux.
Chantez, enfants du rivage d'Asie,
Des mains d'Oscar j'ai reçu le mouchoir:
Brûlez pour lui les parfums d'Arabie,
Oscar s'avance, Oscar, je vais le voir.
Dans le sérail, cette nuit, souveraine,
Aucun bonheur n'égalera le mien;
Et je verrai le fier suitan lui-même
Faible et soumis reposer sur mon sein.
Chantez, enfants du rivage d'Asie,
Des mains d'Oscar j'ai reçu le mouchoir .
Brûlez pour lui les parfums d'Arabie,
Oscar s'avance, Oscar, je vais le voir.
.Mais à l'aurore, liélas! dosa puissance,
Pourra finir ce moment enchanteur.
Du jeune Oscar telle est donc l'inconstance,
Demain peut-être une autre aura son cœur.
Ne chantez plus, enfants du rivage d'Asie.
Si ma rivale emporte le mouchoir ;
Ne brûlez pas les parfums d'Arabie,
Seule en ces li ux si je reviens ce soir.
Paroles d'un anonyme.
pouRocor.
Pourquoi, quand on est si jolie,
Refuser hommage d'amour?
Pourquoi de cette fantaisie
Nourrir votre esprit chaque jour?
Pourquoi, mettant vos soins à plaire,
Trouverait-on à vous blâmer ?
Pourquoi seriez-vous sur la terre J ,, .
s- \,,, .. . ~. V (bts.
bi ce n était pas pour aimer ? | v
Pourquoi passer dans la tristesse
Des jours destinés aux plaisirs?
Pourquoi le temps de la jeunesse
S'écoule-t-il sans le saisir?
Pourquoi, etc.
Pourquoi vous montrer si rebelle
Quand vous avez un si bon cœur ?
Pourquoi vouloir être cruelle
Q&and chez vous l'amour est vainqueur ?
Pourquoi, mettant vos soins à plaire,
Trouverait-on à vous blâmer ?
Pourquoi seriez-vous sur la terre I
Si ce n'était pas pour aimer ? j "'
Paroles d'an anonyme.
16
122
CHANSONS POPri.AlHKS.
LA F1LEUSE.
182;
Déjà la nuit sombre
S'étend sur le verger,
Voici venir l'ombre,
C'est l'heure du berger,
Mais chut !... faisons silence...
Il faut de la prudence,
Colin bientôt viendra,
La la la la la la la la la la la.
Dormez, ma bonne mère,
Je tourne mon fuseau,
Fermez votre paupière,
Tout repose dans le hameau (Ws.)
Colin, du village,
Est le plus amoureux;
Il est le plus sage,
11 est le plus heureux.
Je crois déjà l'entendre,
Demand r d'un air tendre,
On baiser qu'il aura...
La la la la la la.
Dormez, ma bonne mère, ele
Mais l'heure s'avance,
El Colin ne vient pas;
Pour lui ma présence
N'a-l-elle plus d'appas?
Comme mon cœur palpite,
Comme mon sein s'agite.
Je l'entends... il est là
La la la la la la.
Donnez, ma bonne mère, etc.
Colin, Bota fidèle,
Tu promis d être à moi
Près d'une autre belle,
N'engage pas la fui.
Ce baiser doux et tendre,
Qu'hier lu voulus prendre
Tiens, Colin, le voilà!
La la la la la lu.
Dormez, ma bonne mère,
Je tourne mon fuseau.
Fermez votre paupière,
Tout repose dans le hameau.
PuroIcK d'un nnonjmc.
La musique , de C. Plant a de . se trouve ciiez
A Drulîé, passage des Panoramas, 1P.
LE BON PASTEUR.
1R2b.
Bons habitants du village,
Prêtez l'oreille un moment.
Ma morale douce et sage
Est toute de sentiment.
Yous saurez bien me comprendre,
C'est mon cœur qui parlera,
Quand vous pourrez, venez m'entendre, ).^g
Et le bon Dieu vous bénira. I
Aux vignes, dans les vendanges,
Aux chants, pendant les moissons,
De Dieu chaulez les louanges,
H sourit à vos chansons ;
Quand le plaisir, dans la plaine.
Le soir vous appellera,
Dansez gainent sous h" ^icux chêne.
Et le bon Dieu vous bénira.
Un soldat que le froid glace,
Le soir vient-il, à pas lents,
Yous demander une place
Près de vos foyers brûlants :
Sans connaître la bannière
Sous laquelle il s'illustra,
Vite, ouvnv.-lui votre chaumière,
Et le bon Dieu vous bénira.
De vos gerbes si nombreuses
Pour moi ne détachez rien.
Yos familles sonl li"iiivuscs,
Leur bonheur sullil au mien.
(&**•
\(bis
ROMANCFS
121
Ménagez voire abondance
Pour celai qui pâlira;
Payez la dîme à l'indigence, |
Et le bon Dieu vous bénira. * •• )
Loin des cendres de ta mère,
Chez vous, un pauvre exilé
Dévorait sa peine amère ,
Dieu vers lui l'a rappelé.
Qu'importe si sa prière
De la vôtre différa!
Priez pour lui, c'est votre frère,
El le bon Dieu vous bénira.
i(bis.\
Camille.
La musique, de Romagnesi, se trouve notée au
N. 2013 de la Clé du Caveau.
COQUETTERIE
Air de la Cavatine de : le Bouffe et le Tailleur.
Divine encbanteresse.
Hélas !
Tu tends avec adresse
Tes lacs.
Sirène aux doux sourires
Trompeurs,
Tu domptes et déchires
Les cœurs.
Par tes charmes, tes grâces.
Séduit ,
Le désir sur tes traces
Conduit.
Pour qui, vers toi s'élance,
Te suit,
L'idole et l'espérance,
Tout fuit.
Au gré d'un vain caprice
Pourquoi
Vouloir que l'on subisse
Ta loi?
C'est trop de perfidie!...
Tu sais,
Tu sais si l'on t'oublie,
Jamais.
Pour moi, devait il naître
Le jour,
Où tu me fis connaître
L'amour?
A tes dédains suprêmes
Je voi,
Coquette, que tu n'aimes
Que toi.
Mais des ans rien n'arrête
Le cours;
Est-on beauté parfaite
Toujours?...
Plus de cour, d'entourage,
D'amants ,
Dès qu'on subit l'outrage
Du temps.
P.-J. Charrin.
La musique, de Gaveaux, se trouve notée au
N. 675 de la Clé du Caveau.
ETOILE DU MARIN
Le ciel est noir, la mer gronde.
Les dangers sont grands la nuit :
Seul fanal levé sur l'onde,
Une seule étoile luit;
Sa lueur blanchit la voile,
Rayon serein,
Rayon d'espoir, c'est l'étoile
Du marin.
Sa douce clarté console
Le marinier qui s'endort.
C'est la divine boussole
Qui doit le conduire au port.
Sa lueur, etc.
C'est un flambeau tutélaire :
Dieu l'a placé de sa main ;
1?J
CHANSONS POPULAIRES.
C'est le phare qu'il éclaire
Dans les ombres du chemin.
Sa lueur, etc.
C'est la madone qu'implore
Le pêcheur au désespoir,
El qui toujours à 1 aurore
A sa sœur la fait revoir.
Sa lueur blanchit la voile.
Rayon serein,
Ra\on d'espoir, c'est l'étoile
Du marin.
Mer y.
La musique, d'Emmanuel Brice, se trouve dans le
volume des Etoiles, chez G. de Oonet, (1, rue des
Beaux-Arts.
LA DEMOISELLE Al BAL
Est-il supplice égal
A celui d être au bal
Sans que l'on vous invite?
Je m'ennuie à périr.
Je n'y puis plus tenir,
Maman, partons bien vite.
Je cherche en vain
D'où peut naître un dédain
Qui me rendrait jalouse,
Si j'ai trente ans,
A coup sûr je prétends
En cacher au moins douze.
Est-il supplice, etc.
Nulle, je croi,
N'est mieux mise que moi,
J'ai ma robe amarante,
Que l'an dernier,
Aux bals de Coulommier,
On trouvait ravissante.
Est-il supplice, etc.
Si par des soins
Ou compensait au moins
L'ennui qui me dévore,
Si l'on m'offrait
Biscuits, glace ou sorbet...
Minuit : et rien encore!...
Est-il supplice, etc.
Jusqu'aux parents
Qui sont indifférents 1
C'est une chose infâme !
Sur trois cousins,
Voyez les inhumains.
Pas un ne me réclame !
Est-il supplice, etc.
Enfin, je voi
Quelqu'un qui vient à moi...
J'en suis tout attendrie;
Que vois-je, ô ciel !
Ah ! le tour est cruel I
C'est maman que l'on prie 1
Est-il supplice égal
A celui d'être au bal
Sans que l'on vous invite?
Je voudrais fuir d'ici,
Quand vous aurez fini,
Maman, partons bien vite I
Amédcc de Bcauplan.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
chez M. Meissonnier, éditeur, rue Dauphinc, 18.
LE ROUET.
Rosenn, la gentille fileuse,
A son rouet, bien tristement,
Dévide quenouille soyeuse...
Car elle songe à son amant.
Sous ses doigts l'écheveau s'embrouille ,
Le fil de lin se rompt toujours ■
Poris. — Imprimerie de PattT flll atBé, rue des Grands-AHgu&lins, 5.
HOMANCES.
125
Dévide en chantant ta quenouille,
Tout doit sourire à tes amours!
Mais elle dit : Sur la rive étrangère,
Mon Dieu, bénis Jeanik, pauvre soldat !
Ah! que mon humble et fervente prière,
^ejour, la nuit, le protège au combat, [bis.)
11 reviendra, murmurait-elle ,
Sainte Vierge, il me l'a promis !
Son cœur ne peut être infidèle...
Hélns! d'où viens que je frémis?
Oh! quelle main de glace effleure
Mon front toujours pâle el brûlant ?
Est-ce un pressentiment ? je pleure,
Et ne l'appelle qu'en tremblant.
Puis elle dit : sur la, etc.
Mais une tache de sang brille
Sur le lin qu'elle dévidait;
Soudain la pauvre jeune fille
Pâlit et quitte son rouet !
Ce présage est menteur, peut-être;
Oh! si je m'affligeais à tort ?
Le soir même, on dit qu'une lettre
De Jeanik apprenait la mortl !
Tu ne dis plus : Sur la rive étrangère,
Mon Dieu, bénis Jeanik, pauvre soldat !
Ah ! que mon humble et fervente prière,
Le jour, la nuit, le protège au combat! [bis
Paul de 5' ha 7,ot.
La musique, de Jeun Conte , se trouve chez
M. Challiot, éditeur, 354, rue Saint-Honoré.
L'AMOUR D'ANNRTTE POUR LUBIN.
Air : Il esl donc vrai, Lucilc.
Jeune et novice encore,
J'aime de bonne foi.
Cet amour que j'ignore
Est venu malgré moi :
Je ne savais pas même
Son nom jusqu'à ce jour.
Hélas ! dès que l'on aime,
On a donc de l'amour ?
Ta voix seule me touche,
Par un charme flatteur,
Chaque mot de ta bouche
Passe jusqu'en mon cœur.
Loin de toi, ta bergère
N'aurait pas un beau jour.
Hélas ! comment donc faire
Pour n'avoir point, d'amour ?
Des fleurs que tu me cueilles,
Je me pare au matin :
Le soir tu les effeuilles
Pour parfumer mon sein.
Ton soin est de me plaire ;
C'est le mien chaque jour.
Hélas! comment donc faire
Pour n'avoir point d'amour ?
La musique, de Laborde, se trouve notée au
N. 288 de la Clé du Caveau.
LETTRE A MARIE.
Je t'ai promis , quand tu quittas la France.
Marie, un doux chant d'espérance;
Je tiens ma promesse en ce jour.
Puissent mes vers te peindre ma souffrance,
Et de mon cœur rapprocher ton amour!
La fleur, hélas! que tu m'avais donnée,
A ton départ était fanée...
Ne te ris pas de ma frayeur :
Je crois parfois y voir ma destinée,
En te quittant, j'ai cru perdre ton cœur!
Reviens, reviens, sans plus le faire attendre
Reviens , j'ai besoin de l'entendre
T. H.
19.
J2fi
CHA NSONS POPUI.M KF.S.
Jurer que tu m'aimes toujours.
On en voit tant d'amantes au cœur tendre,
Pendant l'absence, la-las' changer d'amours!
Pour*ton retour j'ai des chansons nouvelles,
Bien plus tendres et bien plus belles
Que celles que lu sais déjà.
Malin et soir, je ne chante plus qu'elles.
Tant j'ai d'amour pour qui les inspira !
Frédéric Bléral.
La musique, de l'auteur des parolrs. se trouve
chez M. Schoncmbcrger, éditeur, 18, bonlevart Pois-
sonni
LE RETOUR DE PIERRE
Pour aller venger la patrie,
Jeune encor j'ai quitté les champs :
A.u -ilence de la prairie
A succédé le bruit des camps.
Plus d'une fois, pendant la guerre,
Songeantau bonheur du hameau,
Je regrettais mon vieux père,
Ma chaumière et mon troupeau.
Du serment de servir la France
Vingt blessures m'ont dégagé ;
Mais j'emporte pour récompense
Lacroix du brave et mon congé.
Loin du tumulte de la guerre,
Je vivrai paisible au hameau ;
Je reverrai mon vieux père,
.Ma chaumière et mon troupeau.
Braves soldats, mes frères d'armes,
Dont j'ai toujours suii i les pas,
Dana vos succès, dans vos alarmes.
Compagnons, ne m'oubliez pas.
Recevez les adieux de Pierre :
Demain il retourne au hameau
i; on vieux père,
:-a chaumière et son troupeau.
Si \cra les rives île la France
L'étranger marchait en vainqueur,
Le noble élan de la vaillance
Soudain ferait battre mon cœur.
Avec ardeur on verrait Pierre.
Pour chercher au loin son drapeau,
Quitter encor son \ ieu\ père,
Sa chaumière et son troupeau.
Paroles «l'un anonyme.
Musique de Ch. V lantde,
DORS, MON ANCB AUX JOLIS Vil A BLEl'8.
Enfant, il est bien lard, c'est 1 heure où tu reposes
L'heure qui voit finir nos baisers et nos jeux ;
Fidèle à ton berceau, sur les paupières closes .
Le sommeil va jeter ses pavots et ses roses !
Dors , mon ange [bis.)
Aux jolis yeux bleus!
Dors, mon ange, (biSi)
Ange aux jolis veux bleus!
La nuit quand près de moi i <u berceau se balance
Comme le frêle esquif, sur les Ilots onduleux,
J'envie en le voyant le sommeil de l'enfance;
Nepleure pas! mes chants le disent ma présence.
Dors, mon ange , etc.
Dors, lu sauras trop tôt si la vie est amère ;
Les heures du sommeil sont les moments heureux
Des pleurs viendront souvent te mouiller la paupière
Dors, mais réveille-toi pour sourire à la mère!
Dora , mon ange [bis.)
Aux jolis yeux bleus !
Dors , mon ange, 6/*,
Ange aux jolis yeux bleus !
Aristide île Laloin.
La d I Mteui des paroles , lo-trouve
chci M. A. Leduc, nu- Vivien m-, 16
ROMANCES.
1Î7
L'HERRAGÈRE FT LES GENS DU ROI.
Approchez-vous ici , la belle enfant.
Vous qu'on dit l'herbagère;
Dans la forêt, mes gardes à l'instant
Vous ont prise, ma chère!
Est-il bien vrai qu'avec cet air si doux .
Et cette mine si gentille,
Est-il bien vrai que, dans votre courroux ,
Vous les ayez battus, ma fille?...
Dites-nous , dites nous pourquoi I .
Battez-vous donc les gens du roi? S
— Mon bon seigneu, je m'en allais tout droit.
Coupant de la bruyère;
Mon bon seigneu, c'est qu'il faisait bien froid !
Et c'était pour ma mère !
Sur mon chemin se trouvait, par malheur.
Une pauvre branche de frêne!...
Moi je la coupe!... alors , quelle rigueur!
Alors, on m'arrête... on m'entraîne!...
Là , bien vrai !... ce ne fut pas moi !
Moi qui battis les gens du roi!
Ma pauvre mère, alors, entend mes cris:
Elle accourt, elle implore!...
Et les cruels! d'injures, de mépris,
Ils l'accablent encore!
Elle pleurait, en me tendant les bras ;
Mais malgré ses pleurs, sa prière,
On nous sépare , on la repousse , hélas !
Et moi . je vois tomber ma mère!...
Ah !... pour cette fois ce fut moi !
Moi qui battis les gens du roi !
Oui , pour cette fois ce fut moi !...
Oui , j'ai battu les gens du roi!
— J'entends fort bien, j'entends votre raison;
Mais savez-vous, ma belle ,
Que l'on mérite d'aller en prison .
Lorsque l'on est rebelle?
Mais calmez-vous, calmez tant de douleurs, ;
Aujourd'hui ic v>>\ vous pardonne !
De votre mère allez sécher les pleurs,
En lui portant l'or qu'il vous donne 1...
Mais une autre fois, croyez-moi,
Ne battez plus les gens du roi !
Car il vaudrait mieux... oui, ma foi,
Il vaudrait mieux battre le roi I
Gustave I.cmoiue.
La musique, de Mlle Loïsa Puget, se trouve chez
M. Meissonnier. éditeur, rue Dauphine, 18.
LA CLOCHE DE VOLNAY.
N'entendez-vous pas la clochette
De l'ermitage de Volnay ?
Le vent {bis) la fait aller seulelte
Dans ce vieux cloître abandonné.
Passant au pied du monastère,
Où la cloche sonne souvent,
Bien plus d'une jeune bergère,
Le soir, redoute un revenant.
Oui, du temps des moines vivants
Le soir, au retour des champs,
Le long des murs du couvent,
Passant,
Bien plus d'une jeune bergère,
Le soir, craignait un revenant.
N'entendez-vous pas, etc.
Mirtil, voyant cet ermitage,
D'Églé n'espérant nul retour,
Voulant {bis) oublier la volage,
Se fit ermite par amour.
Mais, dans ce triste monument,
Mirtil, en peu, changea tant,
Que, vers la nuit, en passant,
S'offrant,
Chacun disait dans le village.
Qu'il avait vu le revenant.
N'en tendez- vous pas, clc.
m
CHANSONS POPULAIRES.
Qnaiiiî, «ï ii sommet de la montagne,
Le jour commence à décliner,
0 loi [bis)\ qui reste, sans compagne,
Bergère, évite le danger ,
Ta pudeur risque en ce moment :
Car des ffeax du soir brûlant.
L'amoureux Daphnis souvent
T'attend ■
Ln fantôme, dans la campagne,
Est moins à craindre qu'un amant.
\ entendez-vous pas la clochette
De l'ermitage de Volnay ?
Le vent (bis) la fait aller seulette
Dans ce vieux cloître abandonné.
Parole* d'un anonyme.
La nitiMcnie se trouve, à Paris, chez M. Brullé,
éditeur, lfi, passage des Panoramas.
LE PAUVRE NÈGRE.
Ravi naguère aux côtes de Guinée,
On pauvre nègre, accablé de ses maux,
Disait un jour sa triste destinée,
Et de soupirs accompagnait ces mots:
Huai je donc fait au Dieu de la nature,
Pour qu'il m'impose esclavage et douleur?
Ne suis-je pas aussi sa créature?
Est-ce forfait que ma noire couleur?
Comme le blanc dont la rigueur m'oppresse
Ne fus-je pas formé pour le bonheur?
J'aimais Nelzjf ; seule elle eut ma tendresse,
I h regard faisait battre mon cœur.
Heureux époux ! j'allais devenir père,
o cher enfanl ! gage de notre amour,
Existes-tu pour consoler la mère :
As-tu péri Bans connaître le jour?
peux jours entiers, jetant sa nourriture,
II haleta sous un ciel embrasé,
L.i du malin jusqu'à la niiii obscure
pe sa Bueur le sol fui an-
Mais au retour de la troisième aurore.
Le fouet en main le maître reparu! :
Lève-toi... .Non. je puis dormir encore.
Je reste libre, elsur l'heure il mourut.
Parole* d'un anouyim-
La musique se trouve, à Paris, chez M. Bftilli
éditeur, 16, passage des Panoramas.
L'ANGELUS DU SOIR.
1843.
Quand tout bruit meurt dans la plaine
Où l'ombre des monts se traîne;
Ouand de loin sonne aux hameaux
La clochette des troupeaux ;
A cette heure des prières,
Couché le long des bruyères,
Que j'aime entendre, sans voir,
Pleurer l'angélus du soir.
Le laboureur qui s'arrête
Alors découvre sa tète.
Et le pâtre au fond des bois
Fait le signe de la croix ;
La servante de la ville
Remplit son vase d'argile,
Ecoutant, près du lavoir,
Pleurer l'angélus du soir.
Pourquoi, pauvre àme exilée
Loin de ma chère vallée,
Ne vais-je plus tous les jours
Parle sentier, mes amours;
Lorsque dans le ci(d sans voile
Monic la première étoile,
oh! pourquoi ae puis-je plus
Plenrer avec l'angélus*
Ga«t*ve i.ciuoiittv
La musique , de 1111e Loisa Paget se trouve ■ ■■•.••.
M Il' ugel, éditeur, me Vivienne, 2 bis.
l'uri<. — Imprimerie de Pillei rue les Grunds-Augua
L'AMOUR SENTINELLE
1780.
Air; La comédie est un miroir.
Cent petits amours folâtraient
Dans un des bosquets de Cythère,
El l'un après l'autre couraient
Sous les yeux de Vénus leur mère",
Voila que soudain réunis
Et que prenant tous leur volée,
Sur le visage de Zélis,
Bientôt la troupe est rassemblée.
Les uns se nichent dans les yeux,
D'autres au front trouvent leur place ;
De ceux-ci plus audacieux
Le groupe à ses cheveux s'enlace :
t'e tableau que d'autres couleurs
Pourraient mettre au rang des merveilles,
Présentait la reine des fleurs
Couverte d'un essaim d'abeilles.
Un de ces dieux, charmant lutin,
Posé sur les lèvres mi-closes,
Des lèvres glissa dans le sein
Atin d'y mieux sucer les roses :
Le fripon était si bien là,
Qu'oubliant de jouer de l'aile,
Pour garder cette place-la
Sar.s cesse il y fait sentinelle.
Le chevalier de Cubiëres.
La musique, de Chardiny, se trouve notée au
S* ~M de la Clé du Caveau.
MON ROCHER DE SAINT-MALO
1835.
A tout je préfère,
Le toit de ma mère,
Mon rocher de Saint-Malo
Que l'on voit sur l'eau !
De loin, sur l'eau!
Monsieur Dugnay m'a dit. Pierre,
Veux-tu venir avec moi?
Tu seras homme de guerre,
Montant la flotte du roi ;
Va, laisse-là ton hameau
Pour mon grand vaisseau si beau !
Non, non, je préfère, etc.
Après combats et naufrage,
De simple mousse du roi,
Tu deviens à l'abordage
Grand amiral comme moi !
El tu verras les climats
Où vogue mon beau trois-niàts.
Non, non, je préfère
A toute la terre, etc.
Au lieu de vieillir sans gloire
Comme un obscur paysan,
On meurt un jour de victoire,
Pour tombe on a l'Océan,
Et du brave le requin
Prends le corps pour son butin.
Non, non^Je préfère
Qu'ici l'on m'enterre,
Au rocher de Saint-Mali)
Que l'on voit sur l'eau,
De loin, sur l'eau.
Gustave Lemoinc.
La musique, dp Mlle Loïsa Puget, se trouve chez
Mi Meissonnier (ils, éditeur, 18, rue Dauphine.
MATHLLDE
Que Mathilde est jolie,
Je la vis quelques jours,
Et pour elle j'oublie
Mes premières amours.
Sur un coursier rebelle
Je la vis s'élancer.
A cheval qu'elle est belle
Si belle, si belle,
Qu'on devient îi.tidèle
En la voyant passer.
T. 11. - 20.
180
CHANSONS POPOI.A1KKS.
Au bal je l'ai revue.
Le front paré de fleurs,
Et sa grâce ingénue
Attire tous les cœurs ;
Là, comme une gazelle,
Je la vis s'élancer,
Au bal, dieu, qu'elle est belle,
Si belle, si belle,
Qu'on devient infidèle
En la voyant valser.
A l'autel de Marie
Je la vis à genoux,
Et du Dieu qu'elle prie
Je me sentis jaloux.
Sur la pierre, auprès d'elle.
Je vins m'humilier.
A genoux qu'elle est belle,
Si belle, si belle,
Qu'on devient infidèle
En la voyant prier.
Mais ce n'est rien encore :
Les suaves accents
De la voix que j'adore
Ont enivré mes sens.
Sa veix brille, étincelle,
On ne peut résister;
Dieu, que sa voix est belle,
Si belle, si belle,
Qu'on devient infidèle
Eu L'entendant chanter.
Mme F. mile de Glmrdln.
La musique, de Théodore Labarre, se trouve
chez M. Brandus et Cie, éditeurs, 103, rue Richelieu.
i ■ 1 1 ♦ I ■
LA FUITE.
1838.
Vogue, vogue, ma pirogue,
L'air est frais, lei ûoti sont doux, /
De cet bords, fi ma pirogue, i
Pour toujours éloigne-nous. '
Tout se môle et s'efface
Sous le noir de la nuit.
Près ou loin dans l'espace,
On n'entend pour tout bruit
Que la douce parole
Qui répond à ma voix,
Que l'oiseau qui s'envole
Et regagne le bois.
Vogue, etc.
Oh ! veux-tu que la joie
Habile dans mon cœur ?
Veux-tu que je ne croie
Désormais qu'au bonheur?
Dans mes vertes savanes.
Eh bien! fuis -ivec moi.
Et viens dans mes cabanes
Faire un palais de roi '
Vogue, elc.
Déjà de notre fuite
On s'aperçoit là-bas,
Vois ! à notre poursuite
Ils dirigent leurs pas.
Mais vers une autre terre,
Objet de tous mes vœux,
La brise salutaire
Nous emporte loin d'eux.
Vogue, vogue, ma pirogue,
L'air est frais , les Ilots sont doux, / .
De ces bords, ô ma pirogue,
Pour toujours éloigne-nous. \
1''.. de Cou la y.
La musique, du comte d!Adheniar,setrom.É chez
M. Ileugel, éditeur, 2 bis, rue Yivieinie.
LES PIRATES.
Dana la galère capitane ( ,/>Jv
Nous étions quatre-vingts rameurs )
Nous emmenions <• n esclavage
Cent chrétiens |ièebeurs il«' corail .
(6m.)
ROMANCES .
13!
Nous recrutions pour le sérail.
Dans tous les mouliers du rivage;
En nier, les hardis écùmeurs,
Nous allions de Fez à Catane.
Dans la galère, etc.
On signale un couvent à terre:
Nous jetons l'ancre près du bord ;
A nos yeux s'offre tout d'abord
Une fille du monastère ;
Près des flots, sourde à leurs rumeurs,
Elle dormait sous un platane.
Dans la galère, etc.
La belle fille, ii faut vous taire,
II faut nous suivre, il fait bon vent.
Ce n'est que changer de couvent :
Le harem vaut le monastère.
Sa Haule^se aime les primeurs,
Nous vous ferons mahométane.
Dans la galère, etc.
Elle veut fuir vers sa chapelle.
Osez-vous bien, fils de Satan?
Nous osons, dit le capitan !
Elle pleure, supplie, appelle,
Malgré ses plaintes, ses clameurs,
On l'emporta dans la tartane.
Dans la galère, etc.
Plus belle encor dans sa tristesse,
Ses yeux étaient deux talismans:
Elle valait mille tomans ;
On la vendit à Sa Hautesse.
Elle eut beau dire : Je me meurs !
De nonne elle devint sultane.
Dans la galère capitane \
Nous étions quatre-vingts rameurs, y % ''
Victor Hugo
La musique, de M. Galby, se trouve, à Paris,
chez L. Vieillot, éditeur , rue Notre-Dame-de-Naza-
reth, 32.
BEAU PAYS.
Beau pays, aux souvenirs,
Tes jeux du soir, les chants d'amour,
De moi n'ont plus que soupirs,
Pour moi n'ont duré qu'un seul jour.
Loin de ta rive fortunée,
Je n'entends plus le soir
Le son du cor dans la vallée,
Les refrains du manoir.
Beau pays, etc.
'Ibis.
J'aimais à voir, dans la prairie,
Blanche fille à l'œil noir,
Folâtrer sur l'herbe fleurie, ( ., .
Sans regrets, sans espoir, ( ' *■''
Beau pays, etc.
Je vois encor la croix de pierre
Où venait, chaque soir,
La pauvre enfant pleurer sa mère,
Et lui dire... au revoir! ..
(bis.)
Beau pays, aux souvenirs,
Tes jeux du soir, tes chants d'amour,
De moi n'ont plus que soupirs,
Pour moi n'ont duré qu'un seul jour.
Aristide de La tour.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
ihez M. Leduc, éditeur, rue Vivienne, 18.
FLEUR DES BOIS.
Petite fleur des bois.
Toujours, toujours cachée,
Longtemps je t'ai cherchée
Dans les prés, dans les bois,
Pour te dire une fois
Ce mot, ce mot suprême :
0 je t'aime, je t'aime,
' [ter ■
Petite fleur des bois.
132
CHANSONS POPULAIRES.
Ta naïve beauté
N'offre rien de frivole,
De ta blanche corolle
Tombe la volupté,
Coupe chaste et divine,
On nia lèvre s'incline,
Sans trouver ces douleurs
Qui font verser des pleurs.
Petite, etc.
Tout forme nos liens
Dans un rayon de flamme.
Je te verse en mon âme,
Tes plaisirs sont les miens.
J'aime l'oiseau qui chante.
L'ombre rafraîchissante,
La mouche aux ailes d'or
Reprenant son essor.
Petite, etc.
Celle qui sait charmer
Porte un nom qu'on adore.
Le lien elle l'honore,
Comment ne pas t'aimer,
Te chercher dans l'absence,
T'apporter ma souffrance,
Te dire : sois à moi,
Et m'enivrer de toi.
Petite fleur des buis.
Toujours, toujours cachée,
Longtemps je t'ai cherchée
Dans les prés, dans les bois.
Pour I*' dire mie foifi
Ce mot, ce mol suprême :
O je t'aime, je l'aime,
Petite tleur des bois.
i.inilc Unratoau.
La musique, de P. M art r\\r i M \.
Grus, éditeur. 81, boolevart B MM Nouvelle.
WALSE.
Ah ! que l'amour aurait pour moi de charmes'
Quoi! j'ai quinze ans et pas eneor d'amant.
fJentil housard, viens essuyer mes larmes :
Mon cœur promet de t'aimer tendrement.
Ainsi chantait une jeune fillette ;
Bile croyait désirer le bonheur:
Mieux eût valu cent fois pour la pauvrette
Qu'amour jamais n'eût paru dans son cœur!
Housard la vit, l'adora, sut lui plaire,
Brûlant amour les embrasa tous deux :
Jamais ce dieu ne forma sur la terre
Cœurs plus ardents ni plus aimables nœuds.
Housard goûta le bonheur de la vie,
Mais ce bonheur ne dura qu'un seul jour :
Puis fut forcé de quitter son amie,
Honneur parlait, dut lui céder l'amour.
Dans les combats housard perdit la vie,
Bien jeune encor, c'était mourir, hélas!
Mais tout un jour dans les bras de sa mie,
Il fut heureux, ah ! ne le plaignez pas
Parole» «l'un anonyme.
Air hongrois, noté au N.K'76 delaCléduCaveau
BONNE ESPÉRANCE.
1834.
Adieu, mon Bis, adieu ;
Bonne espérance, bonne espérance,
Ta mèreet moi pour loi,
Pour notre France,
Nous [triions Dieu,
Bonni espérance,
Adieu,
Bonne espérance.
ROMANCES.
133
Quand je partis pour les cômbals
J'avais Ion âge,
•l'avais ton courage,
Ton courage et ton bras.
Je quittais un vieux père.
Comme toi je quittais
Des amis que j'aimais,
Je quittais une mère.
Adieu, etc.
Parmi les noms chers au pays.
Bientôt, peut-être,
Nous verrous paraître
Le nom de notre fils.
Que l'ardeur qui l'entraîne
T'accompagne au combat ;
Tu nous quittes soldat,
Reviens-nous capitaine.
Adieu, etc.
Si tu savais comme au retour
Le cœur tressaille !
Un jour de bataille
N'est pas un plus beau jour.
Alors sur ton passage
Chacun se pressera,
Ce jour-là ce sera
Jour de fête au village.
Adieu, mon fils, adieu;
Bonne espérance, bonne espérance,
Ta mère et moi pour toi,
Pour notre France,
Nous prîrons Dieu,
Bonne espérance,
Adieu,
Bonne espérance. .
l-'rédéric Kern».
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
Ch:z M. Grus , éditeur, boul. Bonne-Nouvelle, 31.
ELE-ONOR.E.
Air : Permets-moi d'attendre le jour.
Hier, je t'adorais encore,
J'avais an bandeau sur les yeux ;
Mais, trop perfide Eléonore^
Aujourd'hui je le connais mieux :
Contre un désir que tu fis naître,
Mes efforts seraient superflus.
Je te regrette encor peut-être,
Et pourtant je ne t'aime plus.
Dans Son sourire que de charmes,
Dans ton maintien rien d'apprêté;
Le plus sage le rend les armes
Et soupire la volupté.
Je voudrais que mon autre amante
Unît tes traits à ses vertus ;
Car je te trouve encor charmante,
Et pourtant je ne t'aime plus.
Peut-être qu'un autre à ma place
Sera bientôt choisi par toi ,
Séduit par ton esprit, ta grâce,
Il sera trompé comme moi :
Malgré cela j'envie encore
Des liens par l'erreur tissus ;
Je suis jaloux d'Eléonore,
Et pourtant je ne l'aime plus.
bans quelqu'aimable solitude,
Si je te retrouvais un jour,
Je pourrais bien, par habitude,
Te parler de mon vieil amour.
Tu pourrais, rallumant encore
Des désirs dans mes sens émus,
Me rendre mon Eléonore,
Et pourtant je ne t'aime plus.
Paroles d'uu anonyme.
134 CHANSONS POPULAIRES.
LE MOYEN D'ETRE HEUREUX. ' LE CHATEAU D'ELVIRE.
Bcoute, écoule, écoule, écoule.
Quand on est bien amoureux.
Ecoule, écoule, écoute, émule
Un sec ,1 pour être heureux.
Jamais entre nous
De transports jaloux,
De soupçons fâcheux,
De coupables vœux,
Ecoute, écoute, écoute, écoute,
C'est le moyen d'être heureux.
Quand de l'amour la douce sympathie
Vient, pour toujours, enflammer noire cœur.
C'esl l'amitié, charmante Sidonie,
Qui nous conduit au chemin du bonheur.
Ecoute, écoute, etc.
Combien d'époux, ennuyés de la vie,
Ne savent pas en embellir le cours ;
Ornons de fleurs la chaîne qui nous lie
El tous les jours seront encor trop couils.
Ecoule, écoute, etc.
Partageons toul le plaisir et la peine.
Le bien, le mal, tout doit être commun ;
En quelqu'endroit que le destin nous mène, !
Que nos deux cœurs jamais n'en fassent qu'un.
Ecoute, écoute, écoute, écoute,
Quand on est bien amoureux,
Ecoute, écoute, écoute, écoute
Un secret pour être heureux.
Jamais entre nous
De transports jaloux,
!)•' soupçons fâcheux,
De coupahles vœux,
Ecoute, écoule. èeoutQ, écoule.
i . • -t le mo\en d'être heureux.
Ourry.
I,a musique de Mme Gail. te trouve notée au
N. 1813 de la Ci- du Caveau.
Sous les murs du château d'Elvirc
Jeune troubadour, de ses pleur-.
Moui liait les cordes de sa lyre,
Et chaulait ainsi ses douleurs:
Elvire un jour, que la présence
Relevait l'éclat d'un tournois,
Je perdis mon indifférence,
J'aimai pour la première fois.
Depuis ce jour, tendre et fidèle,
A le voir je bornais mes yœux.
Hélas ! aujourd'hui, trop cruelle,
Tu fuis mes regards amoureux.
Pourquoi cette rigueur extrême ?
N'ai-je pas respecté tes lois ?
Si ma bouche osa dire j'aime,
Elle ne l'osa qu'une fois.
Elvire, lorsque de ma vie
S'éteindra le pâle flambeau,
Viens dissiper ta rêverie
Où l'on placera mon tombeau.
Assise auprès de ma poussière,
Tu diras à l'écho des bois :
L'amant qui dort sous celte pierre,
Vécut pour n'aimer qu'une fois.
Parole* d'un anonyme.
LA JEUNE FILLE A LA DANSE
Vite, Marie, â ma toilette,
Dans une heure je \ais danser,
Dépêche-toi, car je regrette
Cette heure qu'il faut y passer.
Ecoulons, écoutons.
Tra, la, la, la, la, la. la, la,
Ecoutons, écoutons,
C'esl la ritournelle,
ROMANCES.
i3S
Tra, la, la, la, la, la,
Une contredanse nouvelle,
Tra, la, la, la, la,
Quel plaisir que celui-là.
Soyons simple dans ma parure,
D'une tleur orne mes cheveux,
De cette élégante ceinture,
Avec grâce pose les nœuds,
Ecoutons, écoutons,
Tra, la, la, la, la, la, la, la,
Ecoutons, écoutons,
Déjà l'on commence
Tra, la, la, la, la, la,
Tu conçois mon impatience.
Tra. la, la, la. la,
Quel plaisir que celui-là.
Marie, enfin, me voici prèle,
Suis-je bien, parle sans détour,
Pour aller au sein de la fête.
L'espoir de briller à mon tour.
Ecoutuns, écoulons,
Tra, la, la, la, la, la, la, la,
Ecoutons, écoutons,
Malgré moi je danse,
Tra, la, la, la, la, la,
Danser, voltiger en cadence,
Tra, la, la, la, la,
Quel plaisir que celui-Ht.
Aiuédee de Ueaujilau.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
chez M. Meissonniernls, éditeur, rueDauphine, 13.
LA CROIX D'OR.
1835.
Je la donne pour gage,
Pour gage de ma foi,
A l'amant dont i' courage
Sera digne de moi.
Mais je veux une épreuve...
Cett' croix est à celui
Qui me donn'ra la preuve
Qu'il m'aime plus que lui.
C'est une loterie
Qui doit combler vos vœux ;
Ma main, mon cœur, ma vie
Sont au plus amoureux...
Allons, allons, il faut tenter le sort;
Allons, allons, qui veut de ma croix d'or?
Pour être militaire
Guillaume doit partir :
Qu'un d' vous remplac' mon frère,
A lui ce souvenir!
Fuis qu'il vienn' me le rendre,
Avant deux ans d'ici,
Je promets de l'attendre
Pour être mon mari.
C'est une loterie, etc.
Cette croix m'est bien chère:
Par son charme si duux
Elle a sauvé mon frère
Et me donne un époux ;
Et cependant j'ignore
Si contré tout danger
Son influence encore
Pourra me protéger.
Par un' faveur nouvelle,
Près de vous en ce moment,
Ah! me servira-t-e!le
Ce soir de talisman !
Allons, allons, décidez de mon sort ;
Allons, allons, qui veut de ma croix d'or?
De Itougeuiout et Uupeuly.
I.a musique, d'A. Pilati, se trouve notée au
S 2231 de la Clé du Caveau.
LE SAULE DU MALHEUREUX.
Air du Saule dans Othello.
Charmant vallon, le plus doux des d -
Où souvent seul j'ai cherché la nature,
136
CHANSONS POPULAIRE*
J'entends déjà ton ruisseau qui murmure;
Je vois enfin les saules toujours verts.
Chantez le saule et sa douce verdure.
Oui, les voila ces ramiers amoureux,
Ces monts, ces bois, ces prés, cette onde pure !
Ah! devrais-tu, riche et simple nature,
T'olïiïr si belle a l'œil du malheureux?
Chaulez le saule et sa douce verdure.
Songe si doux qui m'as Dallé longtemps,
Crédule espoir, n'es-lu qu'une imposture?
Hélas! ce champ me donne avec usure
Ce que ses fleurs m'ont promis au printemps.
Chaulez le saule et sa douce verdure.
L'abeille au moins ne blesse en son courroux
Que l'ennemi qui brave sa piqûre.
Cruels humains, auleurs de mon injure,
Je vous aimais, et je moins par vos coups.
Chantez le saule et sa douce verdure;
Me voilà donc, saule cher au malheur,
Sous tes rameaux, nourrissant ma blessure!
Ah! dis au \eiit, dis à l'eau qui murmure,
lin s'cnlinaut d'emporter ma douleur.
Chantez le saule cl sa douce verdure.
Puisse bientôt, ce sont mes derniers vœux,
Quelque pasteur, voyant ma sépulture,
Dire en passant : on trompa sa droiture;
il lui sensible el mourut malheureux.
Chaulez le saule et sa douce verdure.
IHiels.
LA PITIÉ N'EST PAS DE L'AMOUR.
Lorsque, dans une tour obscure,
Ce jeune homme est dans la douleur,
Hou cœur, guidé par la nature,
Doi; conipatii à son malheur
Si j'en tenus sa plainte touchante,
Je deviens triste tout le jour.
Maman, ne sois pas mécontente,
La pitié n'est pas de l'amour.
Quand à la fenêtre discrète
J'écoule ses plaintifs accents,
D'intérêt ma bouche est muette,
Je crois toujours que je l'entends.
Je resterais là quand il chante,
Toute la nuit et tout le jour.
Maman, ne sois pas mécontente,
La pitié n'est pas de l'amour.
Un jour sa romance était tendre,
Elle enchanta tous mes esprits.
Je ne cherchais point à l'entendre,
Et sans le vouloir je l'appris.
Depuis ce temps-là je la chante,
Je la répète nuit et jour.
Maman, ne sois pas mécontente
La pitié n'est pas de l'amour.
Alexaudre limai.
La musique, de Della-Maria, se trouve note au
N. 372 de la Clé du Caveau.
IL FAUT QUITTER CE QUE J'ADORE.
11 faut quitter ce que j'adore,
Adieu, plaisir, adieu, bonheur I
Aujourd'hui je vous goûte encore,
Demain vous fuirez de mo cœur.
Séparons-nous, ma douce .unie,
Reçois mes adieux en ce jour,
Mais conservons toute la vie
Le souvenir de noire amour.
Ne me montre pas tes alarmes,
■oute pas à mon malheur.
l'uiis. — Imprimerie ne i'ii.lfi tus aine, rue ne» brauut-AHg'iklinn, .->.
Ne m'affaiblis pas partes larmes;
J'ai bien assez de ma douleur.
S'il faut que notre cœur oublie
La peine qu'il sent en re jour.
Qu'il garde au moins toute la vie
Le souvenir de notre amour.
Un jour, sur un lointain rivage,
Sans espérance et sans repos,
Je n'aurai plus que ton image
Pour me consoler de mes maux.
Alors, loin de ma douce amie,
Je répéterai chaque jour :
Je lui garde toute ma vie
Le souvenir de notre amour.
HofTman.
La musique, de Solié, se trouve notre au N. 229 de la
il. du ( aveau.
FAUT L'OUBLIER.
181C.
Faut l'oublier, disait Colette,
L'infidèle a trahi sa foi;
11 jurait de n'aimer que moi,
Et me préfère une coquette.
Adieu, vains et cruels serments,
Qui m'assuriez de sa constance;
Adieu, d'amour heureux moments,
Adieu, tant douce souvenance :
Faut l'oublier, faut l'oublier.
Faut l'oublier, (lisait encore
La bergercile en soupirant.
Pour le redire plus souvent,
Colelte devançai! l'aurore.
Hélas! a chaque instant dix jour
Le dit, mais tout bas la pauvrette
Et la nuit, à l'heure d'amour,
En s'endorinant elle répète :
Faut l'oublier, faut l'oublier.
(bis.)
{bis.)
Faut l'oublier, mais comment faire?
Tout me parle ici de Colin.
Sous cet arbre, chaque matin,
L'ingrat me nommait sa bergère.
C'est ici qu'un jour l'inconstant
D'un ruban para ma houlette;
C'est là ([lie mon parjure amant. . .
Mais que fais -lu, pauvre Colette?
Faut l'oublier, faut l'oublier.
(bis.)
<:0
A. \audet
La musique, de Romagnési, se trouve notre au \. 1744
de la Clé du Caveau.
ROMANCE D'UNE FOLLE.
Je suis encor dans mon printemps,
Abandonnée et sans défense!
Au plus habile des tyrans
On me confia dès l'enfance!
Vous qui protégez les amours,
Venez, venez à mon secours! (quater.)
Dans la contrainte et le dépit
Serai-je toujours encliainée?
Je ne sais quoi tout bas me dit
Que pour le plaisir je suis née;
Vous r { il i protégez les amours,
Venez, venez à mon secours !
Quelle voix enivre mon cœur!
Ah! pour moi quel heureux présage!
Trouverai-je enfin le bonheur,
Après un si dur esclavage!
Vous qui protégez les amours,
Venez, venez à mon secours!
BonillT.
La musique, de M*hul, se trouve notée au N. 275 de la
Clé du Caveau.
T. f!.— -21.
138
CHANSONS POPUI.AIRFS
LE TOMBEAU D'ALFRED
Ai R '. Sous les murs du château a" Elvire
La nuit régnait sur la nature,
Elvire attendait le repos,
Lorsqu'une douce vois murmure,
Près d'elle, en gémissant, ces mois .
« Par tes rigueurs quand il succombe,
« Le ménestrel bénit tes coups.
« Trois jours encore, et dans sa tombe,
« Alfred te donne rendez-vous. »
Il dit : l'approche de l'aurore
Fait fuir le fantôme plaintif;
Elvire crut entendre encore
De sa voix le son fugitif.
A sa frayeur elle succombe,
D'amour elle craint le courroux :
Troisjours, dit-elle, et dans sa tombe,
Alfred m'a donné rendez-vous.
Bientôt une fièvre violente
Dans son sein porte le trépas,
Une vision effrayante
Vers le tombeau guide ses pas,
Mais sa démarche chancelante...
Du beffroi résonnent les coups:
Minuit sonne, et l'indifférente
N'est plus... Elle est au rendez-vous.
Parole* cl'uu anonyme
BOCAGE QUE L'AURORE,
Bocage que l'aurore
Embellit de ses pleurs,
(i.izuii naissant que Flore
Pare de mille fleurs:
Oiseaux, tendre zépbyre,
Qui charmez mes loisirs,
Voudrez-vous bien ine dire
D'où naissent mes soupirs ?
Toi qui d'une onde pure
Baignes ces bords charmants,
Ruisseau, ton doux murmure
Ne calme plus mes sens;
Hélas ! j'aime sans doute,
Oui, j'aime, je le sens ;
C'est l'amour qui me coûte
Les pleurs que je répands.
Asile solitaire,
Je viendrai chaque jour
Te chanter ma bergère,
Mes désirs, mon amour;
Mais si d'une voix tendre,
Je ne te dis son nom.
C'est de peur de l'apprendre
Aux bergers du vallon.
Paroles d'un anonyme.
Musique, de Ch. Plantade, notée au N. £9 de la
Clé du Caveau.
LE PETIT PASTOUR
Gentille pastourelle,
Accourez, il est jour;
Celui qui vous appelle
Est le petit pastour;
La cloche du village
Par son drelin, dindin,
Du petit ermitage
Est le réveille-matin.
Gentille pastourelle, etc.
Le pastour se lamente
Quand il ne peut TOUS voir,
Mais le malin il chaule
Quand il en a l'espoir.
\ enez à l'ermitage
De ce petit pastour,
Faire un pèlerinage
lui laveur de l'amour.
Gentille pastourelle, etc.
ROMANCES.
130
Venez des dons de Flore
Aspirer les odeurs :
C'est pour vous que l'aurore
Fait naître ici les fleurs ;
Ecoutez le ramage
Du rossignol joyeux :
Il dit en son langage,
L'amour seul rend heureux.
Gentille pastourelle.
Accourez, il est jour ;
Celui qui vous appelle
Est le petit pastour.
Paroles d'un anonyme.
La musique, de .Lelu,se trouve chez M. Cotelle,
éditeur, 137, rue Saint-Houoré.
UNE NUIT A MADRID.
Castillane, avançons sans bruit,
Patience, silence,
A l'amour offrons cette nuit :
Point de guerre aujourd'hui.
De Madrid, nobles citadins,
Profitons d'un instant de trêve,
Minuit sonne, et des Bernardins
Dépassons vite lesjardins,
Sous ces balustres d'or
Que la sérénade s'achève.
Moquons-nous, puisqu'il dort,
De notre vieux corrégidor.
Tra la la la la la.
Castillans, etc.
Qui de vous connaît Marchitta?
C'est l'objet à qui je m'adresse,
Sa rigueur longtemps m'arrêta
Et son cœur combien me coûta.
Jugez de mes travaux,
J'ai fait, pour plaire à ma maîtresse,
Eventrcr dix chevaux
Dans une course de taureaux.
Tra la la la.
Castillans, etc.
Quand je marche en vrai Catalan,
De vos pas seriez-vous avares?
Réprimez cet air grave et lent,
L'Espagnol doit être galant.
Marchitta loge ici,
Amis, accordez vos guitares ,
Sanl-Yago, dieu merci,
Sous ses fenêtres nous voici.
Tra la la la.
Calalans, etc.
Mais vers nous qui peut s'avancer ?
Des Français! oh ! mésaventure!...
Courons vile! il faut nous presser,
Leur patrouille, hélas ! va passer.
Pour ces damnés... plus tard...
Fouillant dans nos larges ceintures
La vierge del Pinard
Saura guider notre poignard.
Tra la la la.
Castillans, avançons sans bruit,
Patience, silence,
A l'amour offrons celte nuit :
Point de guerre aujourd'hui.
I auront.
LE RACCOMMODEMENT,
Je t'aimais d'une ardeur sincère,
Tu répondais à mes désirs:
Qui peut donc troubler nos plaisirs?
Nous l'ignorons, une chimère.
Lorsque deux cœurs l'un pour l'autre sont fails,
Amour, amour, ne les brouille jamais. (615.)
Quel était l'aveugle délire
Qui vint alors nous animer?
140
CHANSONS POPULAIRES.
Nous n'avions point rossé d'aimer,
Et nous cessions de nous le dire.
Lorsque deux cœurs, etc.
L'amour, pour des ardeurs nouvelles,
Ne m'a point fait trahir ma foi ;
Ce n'est qu'en revenant à loi
Que j'ai profité de ses ail-s.
Lorsque deux cœurs, etc.
Désormais je serai Qdèle,
Dieu de Cvlhère, à mes serments;
Mais me rendras-tu les moments
Que j'ai passés loin de ma belle?
Lorsque deux cœurs l'un pour l'autre sonl faits,
Amour, amour, ne les brouille jamais, (bù.)
Paroles d'un nnonvmc.
La musique, de Gatayes, se trouve notée au
N. 1139 de la Clé du Caveau.
LA PUPILLE.
On me dit gentille
Et sous la mantille
Mon œil noir qui brille
l'ait battre le cœur ;
Mais, Vierge Marie,
Ah ! combien je m'ennuie
De [tasser ma vie
Près d'un vieux tuteur.
Dès le matin, dan- son humeur jalouse,
Vers ma ebambretté il arrive à grands pas.
Il \fii Bavoir si la jeune AndaJouse
I ;>'. seule encor, et ne le trompe pas,
El ne le trompe pas.
On médit gentille, etc,
Pendanl le joui' il foui parfois subira
Les beaux discours d un savant bachelier, I
Les doux propos d'une duègne en délire,
lit les sermons d'un vilain cordelier,
D'un vilain cordelier.
On me dit gentille, etc.
Le soir enfin, placés sous ma fenêtre,
Mes deux argus, dans leur zèle jaloux,
boulent des veux à qui vient de paraître,
El font sauver même jusqu'aux hiboux,
.Même jusqu'aux hiboux !
L'on me dit gentille,
El sous la mantille,
Mon œil noir qui brille
Fait battre le cœur ;
M is. Vierge Marie.
Ah ! combien je m'ennuie
De passer ma vie
Près d'un vieux tu'.eur.
I . Crevel tic 4'harli'uiaguc.
La musique, de C. Labarre, se trouve notée an
N. 2109 de la C!é du Caveau.
ROMANCE DE ROSALIE.
Ma peine a devancé l'aurore,
Ma peine me suit chaque jour ;
Le soir je la retrouve encore.
Constante comme mon amour.
Admirez la \ igné enlacée
Autour de l'arbre le pins beau;
Plaigne/ la \ igné délaissée
Après la chute de l'ormeau.
(6i«.)
{bis.)
Il tant à la rose un ombrage
Contre les ailleurs du midi :
Omtre les fureurs de l'orage
Il lui faut encore un appui :
,'e suis la rose sans ombrage
i lontre les ailleurs du midi :
( lontre les fureurs de l'orage
Il ne me reste aucun appui.
(6l'f.
-vAtS^VÇ^r-;»;/'
. .:.v
ROMANCES,
141
J'étais aussi belle que tendre,
Alors que j'avais d'heureux jours !
On venait me voir et m'entendre,
Lorsque je chantais me; amours I
Je suis moins belle et toujours tendre
Depuis que j'ai de cruels jours;
On fuit, on ne vient plus entendre [bis.)
Le triste chaut de nies amours.- {bis.)
Autrefois on vantait mes charmes;
J'avais le souris du bonheur :
Mrs yeux ne versaient point de larmes,
L'amour seul remplissait mon cœur:
Le peu qui me reste de charmes
Est dévoré par la douleur ;
Mes yeux sont éteints dans les larmes, [bis.)
Je n'ai conservé que mon cœur. [bis.)
Paroles u"uu anonyme.
La musique, de Boïeldieu , se trouve notée au
N. 493 de la Clé du Caveau.
L'AVEUGLE.
J'entends le bruit de ta robe flottante,
0 ma Lisa, je reconnais tes pas,
Tu fais frémir la feuille languissante,
En la pressant sous les pieds délicats.
Le souffle pur exhalé par la bouche
M'est apporté par la brise du soir;
Oui, le voilà donc, ma main le touche !
Et cependant je ne puis pas te voir.
La sombre nuit m'entoure de ses voiles,
El sur mes yeux se repose à jamais ;
Sa voûte, hélas! si brillante d'étoiles,
Permet du moins d'entrevoir les attraits,
Mais une nuit immobile, éternelle.
De ce bonheur m'a défendu l'espoir,
La connais-tu, celte peine cruelle ?
Jamais, Lisa, je ne pourrai te voir!
Le rossignol l'a sans doute aperçue,
Et ses concerts en ont plus de douceur.
0 ma Lisa, s'il ne t'avait point vue.
Soft chant si i ur irait-il à mon cœur?
Mais le ruisseau dont le tendre murmure
Auprès de toi sait si bien m'émouvoir,
Il te voit!... moi seul dans la nature,
Moi seul, hélas! je ne puis pas te voir.
Elle te voit, la matinale aurore,
Oui de ses pleurs rafraîchit Ion bouquet.
Le doux printemps, Lisa, te voit encore,
Car son haleine a fleuri ce bouquet.
Chacun, hélas! peut garder ton image,
Ce bien si doux n'est pas en mon pouvoir,
L'indifférent lui-même le partage,
Et moi, je t'aime et je ne puis te voir!
l>aroleM d'an anonyme.
CE QUE J'ÉPROUVE EN VOUS VOYANT.
Ce que j'éprouve en vous voyant,
Comment pourrais-je vous l'apprendre?
En vain je cherche à le comprendre,
Est-ce un bonheur,est-ce un lourment?(6«5.
Sans être triste, je soupire,
Je ne vous parle qu'en tremblant... (bis.)
lit n'oserais jamais vous dire
Ce que j'éprouve en vous voyant, (ter.)
Lorsque je crois m'apercevoir
Que vers moi vous portez la vue,
Bientôt mon âme est tout émue,
El je rougis sans le vouloir. (bis.)
Hélas ! si je veux me contraindre,
Mou trouble augmente, en se cachant, (bis.'
Et, malgré moi, je ne puis feindre
Ce que j'éprouve en vous voyant. (1er.)
Si l'on se place auprès de vous ,
Je crains qu'on ne cherche à vous plaire ,
Vous parle-t-on avec mystère,
Mon cœur souffre et douent jaloux, (bis.)
142
CHANSONS POPULAIRES.
' m. i i ,11 mii ,i n \ |e,
l'.n tin charnu trop séduisant, (&if.
El |e n'éprouvai de dm vie,
< e 'j !<■ | ('-prouve nu von . wi\;inl. trr.)
I II m lu II
MllM|UC dt If
LA MONTAGNARDE,
o loi, ma compagne fidèle,
Dont le cœur discret
Garde le sei rot,
Bal lu que ma mère loin d'elle
\ lenl m'avei lir
(..m il fallait partir?
Toi qui la connais,
Dii lui que |e l'aime,
Parle pour toi-même,
iii lui le regrel ,
Surloul cache-lui
D'où \ ienl mon ennui.
in lui que loin de mei compagnes,
il n'es! pour mon cœur
NI paix m bonheur
Di lui qu'en quittant nus montagnes
Je dois lanl souffrir
Que l'en puis mourir.
Di- lui toi qui connai i ma Irii '•
Qui dans mon malheur
Ile liens lieu de sœur ,
Dis-lui, «lis-lui que Is rii bi
San elle el an loi
plus i len pour moi ,
lui qu'en partant
Je laii e une mère,
1 1 croix de npèr6|
Toi que i aime tant,
Surtout, sic.
DI lui, dis-lui que ce voj
ivui i,i rendre un jour
Bien in te a son tour ;
in lui qu'elle ange a mon lige,
Que pour un dépari
Quinze an i c'eei Irop tard,
Dis-lui, si tu veux,
Que de maris
Parfois au village,
Nous parlons tous deux.
Surloul cache lui
D'où vient mon ennui .
Dis-lui que loin de mes eomp i
il n'est pour mon cesur
.Ni paix, m bonheur.
Dis-lui qu'en quittant nos montagnes
Je dois lanl souffrir
Que j'en puis mourir<
fr'r<«l<rlc llfrnt.
I.fi ni h '.i- |in- , f ! .- I lut* lir 1 1 'iiv o
ebw M. Orot, éditeur, 81, boulevtrt Boom: K*u
vellc.
LA PETITE MENDIANTE.
C'est la petite mendiante
Qui vous demande un peu de pain ,
Donnes s la paw re innocente
Donnez, donnez car elle ;• faim.
\c rejetez pas ma prière !
Votre cœur vous dira pourquoi
\ oiic cceuf vous dira pourquoi
J'ai sis ani je n'ai plui de mère,
j'ai faim ! ayez pitié de mol I
Ayez pitié de moi I '"
% allez pas croire que i Ignore
Que dam ce monde il faut lïl lr
Mais je m i petite encore
Ah } ne me lai cz p i moût li '
KOMANCFS.
14»
Donnez à la pauvre pelile,
Et pour vous comme elle prîra !
Et pour vous comme elle prîra !
Elle a faim, donnez, donnez vile ;
Donnez, quelqu'un voua le rendra,
Quelqu'un voua le rendra, [bis.
Si ma plainte vous importune
Eh ! bien je vais rire el chanter :
De l'aspecl de mon infortune
Je ne «lois pas vous attrister ;
Quand je pleure l'on me rejette,
Chacun me dit : éloigne-toil
Chacun me dit : éloigne-toi !
Ecoulez donc ma chansonnette
Je chante, ayez pitié de moi !
Ayez pitié de moi ! (bis.)
Tra la la la la, Ira la la la la,
Ecoutez ma chansonnette !
Tra l;i la la la, Ira la la la la,
Je chante, ayez pitié de moi I
itmii iin dv Perfhca,
Musique de Roinagnési.
L'ANGE DU CIEL.
Que cherches-tu sur celle terre étrange,
Esprit du ciel perdu dans nos chemins,
Ne crains-tu pas de blesser tes pieds d'ange
Aux durs cailloux de nos sentiers humains9
Ne crains-tu pas qu'un parfum ne dévoile
Ton origine à ceux qui le verront,
Et que le vent qui soulève ton voile,
Ne lasse luire une étoile à ton front ?
Lorsque ma voix te dit tout haut : je l'aime,
Et que tes yeux me le disent tout bas,
Sais-tu pourquoi je tombe à l'instant même
A les genoux plutôt que dans les bras ?
C'est qu'ici -bas un bonheur sans mélange
N est pas du monde ou je vis soucieux,
El que j'ai peur que Dieu ne dise : un ange
Manque, il me semble, aux phalanges des deux,
A cette voix alors obéissante,
D'entre mes bras mon ange glisserait,
Et ma faiblesse a te suivre impuissante,
Du regard seul sur tes pas volerait ;
Car pour mouler aux voûtes éternelles,
Quand dans ce monde on est las de souffrir,
La mort vient seul»; alors m'offrir ses ailes,
Et pour te suivre il me faudrait mourir.
Attribuée à Alriiiuilrc IMiiiium.
II E LOI SE.
Iléloïse, pardonne à l'erreur,
Tu lais le tourment de ma vie ;
Peux-tu douter de mon malheur,
Dévoré par la jalousie ?
Iléloïse, quel est ton pouvoir,
lui \ain l'on voudrait s'en défendre,
Il ne faudrait jamais te voir,
Il ne faudrait jamais l'entendre.
Quand mes yeux ne te voient pas,
Je soutire encore de jalousie,
Je voudrais suivre les pas
Au hameau comme à la prairie;
Ton chien fidèle cl ton troupeau
A mes yeux portent de l'ombrage,
Je suis jaloux du clair ruisseau
Qui réfléchit ta douce image.
Je suis jaloux de tes soupirs,
Du jour, hélas' qui l environne;
Je le suis encor du zéphyr,
Des (leurs qui forment la couronne
Toute la nuil et tout le jour.
CHANSONS POPL'I. VIRES
Je sens une douleur extrême ;
L'on doit pardonner à l'amour
D'être jaloux de ce qu'on aime.
Paroles «l'un anonyme.
KRADOUDJA.
Kradoudja, ma maîtresse,
Que j'aime tes yeux,
Quand de tes cils s'abaisse.
L'ombrage amoureux.
0 fdle enebanteresse,
Que j'aime la souplesse
Et l'éclat de la tresse
De tes noirs cheveux.
Tra la la, Ira la la la.
•
Le ruisseau qui murmure
Sur le gazon frais,
L'éclatante dorure
De nos champs épais;
La plus belle nature
N'a pas dans sa parure
lue grâce plus pure
Que tes jolis traits.
Tra la la, tra la la la.
Ton ârne est transparente,
Ton cœur esl sans fiel,
Ta douceur s'alimente
D'un ruisseau de miel.
l'ombre qui serpente,
Et sur l'onde riante
Va [tins calme et brillante
Que l'azur du cieL
Tra la la, lia la la la.
Lorsque la .nain l'ivoire
Prend l'opium fumant.
Alors tu me fais croire
Au ciel musulman.
Kt je perds la mémoire
De cette ombre illusoire,
Que l'on appelle gloire,
El qu'emporte le vent.
Tra la la, tra la la la.
Minrles I*.
L'HUMBLE TOIT DE MON PERE.
On vante les palais, les temples, les trophées
Que la belle Italie élève jusqu'aux cieux,
lit qu'on prendrait plutôt pour l'ouvrage des fées,
Tant leur grandeur magique éblouit tous les yeux;
Moi pourtant je préfère, à ce brillant séjour,
L'humble toit de mon père oùj'ai connu l'amour.
L'on vante les jardins de l'heureuse Idumée,
Où le soleil répand ses plus riches couleurs,
Où d'éternels printemps a la terre embaumée
.Ne refusent jamais ni des fruits ni des ileurs.
Moi pourtant, etc.
Non ce n'est pas à moi qu'ils pourront faireenvie,
Ces jardins, ces palais dont l'œil esl enchanté :
Dans Les climats du nord où j'ai reçu la vie,
On Lrouve autant d'amour et plus de liberté.
Ci si pourquoi je préfère à ce brillant séjour
L'humbletoitdemon père oùj'ai connu l'amour.
['nulles (l'un n: nli>nn
La musique, Je Théodore I.abarre, se trouve
notée au N. 2118 de la Clé du Caveau.
l'ans — imprimerie ne l'itui niiaitrir, rue m-* uruir.îa-AHgukiini, 0.
LE MATELOT DE BORDEAUX.
C'est dans la ville de Bordeaux
Qu'est arrivé trois beaux vaisseaux ;
Les matelots qui sont dedans,
Ma foi, ce sont de bons enfants.
Il y a un' dame dans Bordeaux
Qu'est éprise d'un matelot :
« Ma servante, allez-moi queri
Le matelot le plus joli.
— Beau matelot, mon bel ami,
Madame vous envoi' queri ;
Montez là-baut; c'est au premier;
Collation vous y ferez. »
La collation a duré
Trois jours, trois nuits, sans décesser;
Mais au bout de trois jours passés
Le matelot s'est ennuyé.
Le matelot s'est ennuyé,
Par la fenêtre a regardé .
« Madam', donnez-moi mon congé:
Il fait beau temps, j' veux m en aller.
— Beau matelot, si tu t'en vas,
Bien mal de moi tu parleras.
Tiens, voilà cent écus comptés,
Sera pour boire à ma santé. »
Le matelot, en s'en allant,
Fit rencontre du président :
« Beau président, beau président,
J'ai les écus : je suis content.
— Beau matelot, mon bel ami,
Bépète-moi ce que t'as dit.
— Monsieur, je dis qu'il fait beau temps
Pour aller sur la mer voguant. »
Le matelot, dans son vaisseau,
S' mit à chanter des airs nouveaux;
« Vivent les dames de Bordeaux
Qui aiment bien les matelots ! »
Paroles d'un anonyme.
Le souvenir de cette chanson a été conservé par
un paillasse du boulevart du Temple, nommé Rous-
49
«1
il. — 22.
Ufi
CHANSONS POPULAIRES.
seau, qui faisait la parade devant la porte du spec-
tacle de la danseuse de corde Malaxa, vi-rs 1800,
avant le célèbre Bobèche. C'est une de ces chansons
de matelots que l'on chante sur les ports de nier, et
qni ne manquent ni de gaité ni d'originalité
LA PETITE JEANNETON.
Air : Cest la petite Thérèse.
Jeanneton prit sa faucille,
Pour aller couper du jonc ;
Hais auprès d'une charmille
Elle s'endormit au long.
Las ! pourquoi s'endormit-elle,
La petite Jeanneton?
Mais auprès d'une charmille
Elle s'endormit au long;
Par hasard, par là passèrent
Trois chevaliers de renom.
Las! pourquoi, etc.
Par hasard, par là passèrent
Trois chevaliers de renom;
Le premier, un peu timide.
Admira son pied mignon.
La* ! pourquoi, etc.
Le premier, un peu timide,
Admira son pied mignon ;
Le second, un peu moins sage,
L'embrassa sous le menton.
Lasl pourquoi,
Le second, an peu moins sage,
i us le menton ;
\i m ce que lit le troisième
pas dit dans la chanson.
Lai ! pourquoi, etc.
Mai.- ce que lit le troisième
pas du d m> la chanson .
Si vous le saviez, mesdames,
Vous iriez couper du jonc.
Las ! pourquoi s'endoiinit-elle,
La petite Jeanneton?
Paroles «l'un anonyme.
Air ancien, noté au N. 2ô7 de la Clé du Caveau.
LE PROCES DE LA REINE D'ANGLETERRE.
Air de lavarole.
Depuis le jour ousque Cadet,
En contant à ma parsonnière,
Me lit une queue sus Y toupet,
L' sommeil avait fui d' ma paupière.
Désolé d'être du régiment
Qui porte l'uniforme jaune,
Je m' lamentais à tout moment,
Quand j'iusdans l' journal, heureusement,
Qu'jons un compagnon {bis) sur le trône.
Air • Cocu, cocu, mon père.
Ce glorieux confrère,
C'est le roi d'Angleterre.
Tout Y monde est convaincu
Qu'un courrier l'a fait cocu
Y a mieux, c'est qu'on ajoute
Qu' lui qui n' veut pas qu'on doute
De ce grand évén'ment,
A dit à son parlement
Cocu I cocul l'espère
Que le roi d'Angleterre
Verra punir L'affront
Que l'on a fait a son Iront.
Ai R des Pendus.
A ces mots, chaque pair, stupéfait,
Dit soudain : Goddem ! quel forfait.
Que celle qui l'a commis tremble I
L' roi cocul Qui se r'ssemble s'assemble.
Assemblons-nous donc à l'effet
h saroir comment qu' la rein' l'a lait .
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
147
Air : Au clair de la lune.
Quand la reine arrive
Et qu'elle apprend c'ei,
EU' dit faut qu' j'écrive
A m'sieur mon mari ;
Je m' donn'rai d' la peine,
Mais n'y a pas d' bon Dieu,
J' s'rai catin z'ou reine,
11 n'y a pas d' milieu.
Air : Silence ! silence !
V bâtiment est à peine à l'ancre
Qu' la princesse écrit d' la bonne encre
Un' lettr' de plus quatr' d'pages, ma foi,
Ousquell' commence par dir' au roi :
AiR : N'y a qu'à Paris.
V jour de nos noces, tout 1' monde sait ça,
Vous étiez ivre de tendresse,
Mais, hélas! depuis ce jour-là,
J'ai vu, souvenir qui me blesse,
Que vous deveniez, ômon roi !
Chaque jour plus soûl, plus soûl de moi.
Air : Voire fortune est faite.
Un prince qui règne en Angleterre
Doit-il écouter les cancans,
Obtiendrez-vous d' mon adultère,
Des témoignages convaincants ?
Qui vous dira,
Vous prouvera
Que dans tel lieu j'ai fait ci, j'ai fait ça?
Au nom d' tous deux,
Ouvrez les yeux
Sur ce procès ignoble et scandaleux ;
Il ne produira rien en somme.
Ne teniez pas ce ridicule essai ;
Je suis honnête femme, aussi vrai
Que vous êtes un grand homme.
Air : L'amour ainsi qu' la nature.
L' roi répond : C'est des bêtises,
Faut qu'on connaisse vos sottises,
fi]t que le fameux sac vert
Devant tout 1' monde soit ouvert.
A la guerre c'est trop sans doute
Que l'on m'ait battu souvent,
Je n' prétends pas qu'on ajoute
Que suis cocu z'et content.
Air; Jeunes filles et ieunes garçons.
Le jour où 1' parlement s'ouvrit,
Dans la cité quelle cohue. (6/5.)
Mais 1' plus amusant c'est qu'on hue
L' vainqueur d' Mont-Saint, à c' qu'y dit.
La salle est si peu large
Qu'on s' fourre dans tous les coins.
Les femmes voudraient au moins
Entrevoir les témoins
A décharge.
Ajr :A la façon de Barbari.
On fait silence, et dans l'instant,
Sans qu' la reine soit honteuse,
On lit des choses qui fraient pourtant
Croire qu' c'est une bambocheuse.
S'il est certain qu'en tout pays
Tromper des maris
Fut toujours permis,
Celui-ci ne 1' fui pas à d'mi,
Biribi,
De la façon de Bergami,
Mon ami.
Air du vaudeville, de la Partie Carée.
Ce Bergami s' trouvait près d' la voiture,
Lorsqu'à Milan la princesse voyageait.
Elle l'examine, et, voyant sa carrure,
C garçon, dit-elle, peut remplir mon objet.
Que je le mette ou devant ou derrière,
Il est solide, et je voudrais enfin
Courir la poste une nuit tout entière
Qui n' resterait pas ench'min.
Ai r : Celui qui plie à soixante ans bagage.
On pense bien que le pauvre diable
Qui d' la fortune avait été le jouet,
148
CHANSONS POPULAIRES.
Quand il se vil dans ce poste honorable
Fit joliment claquer son fouet.
Avec la reine, dans son orgueil extrême.
Il prend d'abord certaine liberté ;
Bientôt après, ô crime détesté !
Le polisson ne respect' pas même
Le sanctuaire d' la légitimité.
Air de calpigi.
C'est du moins c' que dis'nt les ministres.
Qu'on voit avec leurs faces sinistres
Interroger chaque témoin,
Qu'ils ont fait venir d'assez loin.
Mais sitôt qu'on les interpelle,
D' ces témoins la mémoire chancelle.
L' seul point qu'aucun n'ait oublié
C'est qu'il doit être bien payé.
Air de la soirée orayeusc.
C qui fit naîtr' le premier cancan
C'est lorsque l'on vit la donzelle
D'un laquais faire un chambellan,
Comm' si c'était une chose nouvelle.
D' Bergami les ordres brillants
De tous ces débats sont la cause,
Comm' si les croix et les rubans
Prouvaient aujourd'hui quelque chose.
Air de la Cataeoua.
On poursuit l'interrogatoire
Des témoins qui bien gravement
Découvrent à tout Y monde l'histoire
De la reine et de son amant.
N' craignez pas que 1' parlement rie.
Par les lords,
Les nobles mylords,
Des cuisiniers,
Des pal'freniers,
Dos postillons,
Sont pressés de questions,
Ceux surtout qui viennent d'Italie
On les retourne de toutes façons.
A:r : Macommère, quand je danse.
L'un d'eux prétend qu'à la danse
N'y a pas d' Turc qu'ell' ne lasserait,
Et que pour la contredanse
L' courrier était bien son fait.
D'après c' témoin il paraîtrait
Qu'avec une reine quand on danse
Faut être ferme du jarret.
Air : Nous nous marierons dimanche.
C'est d' la farce, goddam !
Dit monsieur Brougham,
Qu'est 1' défenseur d' l'innocence,
Quand la reine dans'rait,
Ça prouv'-t-il qu'elle ait
Commis la grosse indécence ;
D'un tel cancan
Une reine se scan-
Dalise ;
Personne n'y a
Vu faire la
Sottise.
Sûre de son fait,
Elle a du toupet,
Et c'est ce qui vous défrise.
Air: Mes chers amis, pourriez- vous m' enseigner t
Malgré le sac vert,
On n'a rien découvert.
Dans quel embarras 1' roi s' trouve !
Que Bergami
Sur le dos ait dormi ;
Encore une fois, qu'est-ce que ça prouve ?
Ce n'est là que des rébus
Qu'on a pour du quibus.
Si ks témoins n'ont vu que les vétilles,
Laissant des débats superflus,
L' procureur-général n'a plus
Qu'à prendre son sac et quilles.
Air : Contenions-nous d'une simple bouteille.
De c' procès-là je n' puis m'empècher d rire.
Soyons cocus puisque c'est notre lot.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
141
Je me souviens d'avoir entendu dire
Qu'en pareil cas le bruit est pour le sot.
Comm'roturier sansdoute je n'suisqu'une bète
Et le grand roi pense probablement.
Quand il aura des cornes à la tète,
Que sa couronn' tiendra plus solid'ment.
Paroles d'un anonyme.
MA VOISINE ET MON VOISIN.
Air . Ah ! si madame mevoyail !
y suis comm' un crin, d' voir ces badauds
Qui s' laiss'nt mus'ler par leur femelle,
Et mêm' qui tiendraient la chandelle
Pour s' fair' tondre la lain' su' 1' dos.
C'est pour nous qu la culotte est faite !
Et j' dis, quand je vois un godard
Qu'on plume comme une mauviette,
Ah! faut-il qu'un homm' soit canard! !...
Près de moi loge un paroissien
Qui n'a pas seul'ment deux liards d'âme;
Au lieu de rondiner sa femme,
Comm' ça s' fait quand on s'aime bien ■
Chez eux, lorsque le bec s'escrime,
Et qu' madam' prend son ton criard,
Monsieur cane comme un' victime.
Ah ! faut-il qu'un homm' soit canard 1 !...
Dans les bons ménag's de Paris,
Le mâle promèn' sa fauvette,
Et le lundi, de la guinguette, ,
L'un portant l'autre, on revient gris.
Chez mon voisin, c'est le contraire,
Quand la femm' sirote à l'écart,
Au baquet 1' mari s' désaltère.
Ah! faut-il qu'un homm' soit canard ! !...
Par besoin, prend-elle un amant,
Pour punir un mari godiche,
C'est en arrièr' qu'un' femm' qui triche
Lui fait le poil adroitement.
Par un merlan de la banlieue
Mon cher voisin est fait cornard ;
A sa barbe on lui fait la queue.
Ah ! faut-il qu'un homm' soit canard! !.
Pour se récréer les matins
Au lieu d' vaquer à son ménage.
Ma voisine élèv' dans un' cage
Un' couvé' de merl's et de s'rins.
Le soir, près d' chaque innocent' bète,
La femme ronfle et fait du lard,
L'époux jou' de la serinette.
Ah! faut-il qu'un homm' soit canard! !..
Louis Festeau.
UN ENFANT TERRIBLE,
1844.
Air : Ah! f suis l'y pochard.
Voisine j' suis désolée
D' mon coquin d' garçon.
Chaqu' jour j' lui donne un' volée,
C'est un vrai démon.
Tant que j' peux sur sa carcasse,
J' tapp' sans fair' semblant ;
Derrière i' m' fait la grimace :
Quel cochon d'enfant !
Mon Dieu, quel esprit fantasque,
C'est un franc lutin :
Il appell' sa tant' vieux masque,
Son pèr' grand pantin ;
I' dit que j' suis un' harpie.
Et puis, l'insolent,
Trait' sa grand' sœur de toupie .
Quel cochon d'enfant!
Tous les matins, quand je m' lève,
J'ai 1' cœur sens sus d'ssous;
J' l'envoi' chercher contr' la Grève
Un poisson d' quat' sous ;
150
CHANSON? POPULAIRES.
I* rest' trois quarts d'heure en route,
Et puis, en r'montant,
I' m' lich' la moitié d' ma goutte
Quel cochon d'enfant 1
Depuis trois moisj'ai l'estime
D'un sapeur-pompier,
Qui m' donn' quequ' leçons d'escrime
En particulier.
Tiens, v'ià pour ach'ter un' pomme,
Dis-je, en 1' renvoyant;
I' cont' ça 1' soir à mon homme :
Quel cochon d'enfant !
Vous connaissez la p'tit' fille
A la mèr' Ghibout,
Tout chacun la trouv' gentille,
Moi, j" l'estim' comm' tout ;
11 a beau r'cevoir des danses,
Quand i' la surprend,
11 lui dit des indécences :
Quel cochon d'enfant!
L' dimanche, à la P'tit'-Villette.
Après la chaleur,
J'allons chez mon oncl' Tinette,
Qu' estmaîtr' vidangeur;
Pour avoir un noyau d' cerise,
En nous en r' tournant,
f s' roui' dans la marchandise
Quel cochon d'enfant I
Enfin, dans tout's ses manières,
Je n' vois qu' des défauts :
I' suc' les rinçur's des verres,
1' ronjr' tous les os,
11 est tapageur, colère,
Ivrogne et (feignant,
C'est ben tout 1' portrait d' son père
Quel cochon d'enfant!
Charle* C.ilmuiir. .
LE GENOU DE M.4R1NETTE.
1845.
Air de ma Brunelte (Etienne Arnaud).
Le regard de Marin elle,
Charmante fillette,
Belle et pas coquette,
Le regard de Marinette
Me fait de bonheur
Bondir le cœur !
Nul ne peut voir son air timide
Sans être pris, sans l'admirer,
Dans son œil vif pur et limpide
On aimerait à se mirer...
La fille au seigneur du village.
Dont j'entends vanter la beauté,
A-t-elle un aussi doux visage,
Autant d'entrain et de gaîté... {bis.)
La gaîté de Marinette,
Charmante fillette,
Belle et p;is coquette,
La gaîté de Marinette,
Me fait de bonheur
Bondir le cœur !
La fleur qui vient dans la prairie,
Et que j'effeuille en mon espoir,
Est bien moins blanche et moins jo'
Que Marinette à l'œil si noir!
Plus folle que notre hirondelle,
Au temps joyeux de la moisson,
Nulle autre ne danse comme elle,
Ne sait de plus douce chanson, [bù.
La chanson de Marinette,
Charmante fillette,
Belle et pas ci Minette,
La chanson de Marinette
Rie fait de bonheur
Bondir le cœur!
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
151
Un soir tout près de la rivière
Elle vint rire et folâtrer;
Lorsqu'en jouant son jeune frère
Au bord de l'eau la fit tomber....
J'étais alors penché sur l'onde,
Je regardais je ne sais où...
Lorsque je vis sa jambe ronde
Et son joli petit... genou. {bis.)
Le... genou de Marinette,
Charmante fillette,
Belle et pas coquette,
Le... genou de Marinette,
Me fait de bonheur
Bondir le cœur !
A. L.
LE MITRON.
Air du troisième Mari (Bérangerl.
Joyeux mitron, soir et matin,
Gaîmentje me mets à l'ouvrage,
C'est surtout près d'un œil mutin
Que je sens doubler mon courage;
Sur ma levure, en vrai luron,
Je pose la main d'un tendron.
Hein !*hein !
Au pétrin,
Jean Bastide
Est presqu'un Alcide.
Hein ! hein I
Au pétrin
Jean Bastide est toujours en train.
Suis-je près d'un objet charmant,
Combustible comme la braise ;
Pour l'allumer chouettement
Mon cœur est comme une fournaise,
Mais, si la belle veut grogner,
Je me mets vite à besogner.
Hein ! hein ! etc.
Chez monsieur Chapon, rue aux Ours,
J'enfourne souvent à la hâte
Sa femme vient presque toujours
Pour mettre la main à la pâte.
Quand l'époux sort nous commençons.
Dieu de Dieu! que nous pétrissons I
Hein ! hein ! etc.
Par moi Chapon voit s'arrondir
Et sa fortune et sa famille.
Avec transport il voit bondir
Ses quatre garçons et sa fille,
Et chacun dit dans le quartier .
Quel trésor qu'un bon ouvrier !
Hein! hein! etc.
Souvent, au milieu de la nuit,
La margoulette enfarinée,
La grosse servante, sans bruit,
Vient réclamer une fournée,
En main je saisis... mon fourgon
Hein ! hein ! etc.
Autour de moi, je vois tourner
Rose, Marton, Claire et Lisette,
Qui tour-à-tour viennent lorgner
Mes bras velus et ma jaquette,
Et chacune en particulier,
Vient me tendre son tablier.
Hein! hein! etc.
Enfin, tout m'arrange et me plaît,
Et jeune et vieille, et brune et blonde,
Sans me fatiguer le jarret,
Je suis debout pour tout le monde,
Des filles de treize cantons
J'emplirais tous les pannetons.
Hein! hein!
Au pétrin
Jean Bastide
Est presqu'un Alcide.
Hein I hein !
Au pétrin
Jean Bastide est toujours en train.
Louis Festeau,
La musique, de l'auteur des paroles, ae trouve
notée au N. 3 de la Clé du Caveau.
15*
CHANSONS POPULAIRES.
LES VENDANGES.
Dans la vigne à Claudine
Les vendangeurs y vont :
On choisit à la raine
Ceux qui vendangeront.
Aux vendangeurs qui brillent
On y donne le pas ;
Les autres y grappillent,
Mais n'y vendangent pas.
Sur la fin de l'automne,
Vint un joli vieillard :
« Si la vendange est bonne.
J'en veux avoir ma part. »
Cette prudente fille
Lui répondit tout bas :
« Vieux vendangeur, grappille,
Mais ne vendange pas. »
Aux vignes de Cythère,
I armi les raisins doux.
Est mainte grappe amère,
N'en cueillez pas pour vous.
Ce choix, pour une fille,
Est un grand embarras:
La plus sage grappille,
Mais ne vendange pas.
Du fretin y»
Lamusique, deCampra, se trouve notée auN.HG
de la Clé du Caveau.
uni: fête al sérail.
1845.
Air : Le bon vin cl ta franche gaxtè.
Mec enfanta dans ce riant bercail,
Notre mailic
Aujourd'hui va paraître :
Parez-voui de rubis, de corail,
Esclaves, noua avons grande fête au aérai]
Que mille lustres étincellent,
Que le thé, le moka ruissellent,
Que des myriades de fleurs
Etalent leurs vives couleurs;
A nous les beaux fruits de Libye,
A nous les parfums d'Arabie,
Et de vos luths harmonieux
Que les sons enchanteurs s'élèvent jusqu'aux cieux.
Mes enfants, etc.
Que chacune se montre aimable,
Notre grand seigneur est bon diable,
11 veut qu'une douce gaîlé
Tempère ici la volupté ;
Il aime vos allures vives,
Vos danses tant soit peu lascives;
Mesdames, vous joutez, ce soir,
A qui possédera le précieux mouchoir.
Mes enfants, etc.
Montrez-lui vos tailles divines,
Vos jolis pieds, vosjambes fines,
Vos bras, vos mains et cœtera,
Le reste, il le devinera ;
Si du sultan le cœur se blase,
De vos seins écartez la gaze,
Pour rajeunir ses soixante ans,
Sa Hautesse a besoin de quelques stimulants.
Mes enfants, etc.
Surtout devant sa Seigneurie
Ne parlez pas trop, je vous prie.
Bien que je n'ose pas vraiment
Vous en priver absolument;
Le Prophète fit sans obstacles
De grands, de merveilleux miracles ;
Le seul qui le vit reculer
Fut celui d'empêcher les femmes de parler.
Mes enfants, etc.
Qu'elle soit rouge, blonde ou brune,
Parmi vous, il n'en choisit qu'une;
On n'OSl pas 'le 1er... mais, parbleu,
lue BUT trois cents, c'est trop peu.
Malgré ma démarche caduque,
Je voudrais pouvoir, foi d'eunuque
l'an*. — 'iiijniii eue ne rnin m> nié, rue uei i»ntiiiib>jiHgii6nni, d.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
153
Réparer cet affront cruel.
Mais il me manque, hélas! un meuble essentiel.
Mes enfants, etc.
Par Mahomet, que l'on s'amuse ;
Ici, je n'entends pas d'excuse ;
Je ne veux que fronts réjouis
Et visages épanouis.
J'ose espérer, mesdemoiselles,
Qu'à mes volontés paternelles
Chacune de vous souscrira,
Ou je fais empaler celle qui s'ennuîra.
Mes enfants, dans ce riant bercail,
Votre maître
Aujourd'hui va paraître;
Parez- vous de rubis, de corail,
Esclaves, nom avons grande fêle au sérail.
Charles Coliuance
PRINCIPES DE MORALE.
Ma bonne enfant, t'es dans un âge tendre
Ousque le cœur z'oscurcit la raison ;
Des faux plaisirs il faudra te défendre
De t'inculquer leur satané poison.
Je vas guider ta jeunesse éphémère
Et les écarts de ta simplicité.
C'est pas le tout dans ta noble carrière,
Il faut avoir de l'émabilité.
Ce gueux d'amour est un n'hâbleur infâme;
Si tu glissais dans ses emportements!
Tu deviendrais, ô trop sensible femme I
La manivelle à ces gueusards d'amants.
SiCupidon s'agrippait à ta cotte,
Regimbe-toi; mais, d'un autre côté,
En rembarrant ce tyran sans culotte,
Il faut avoir de l'émabilité.
L'honneur, vois-tu, c'est un miroir à glace
Qui se ternit sous la respiration ;
Dans l'industrie où la chance nous place,
On doit chercher la considération.
Suis d'un chacun le désir légitime;
Qu'aucun humain ne soit pas rebuté.
De ton public veux-tu conquir l'estime,
Il faut avoir de l'émabilité.
En promenant ta craintive existence,
Tourne la croupe avec un air galant ;
Sur le pavé z'en sifflant la romance,
Pudiquement z'accoste le chaland.
Prends un quartier qui te popularise,
Roule les yeux avec hilarité;
En sourissant lâche quelque bêtise;
Il faut avoir de l'émabilité.
Mon pauvrechou, tous les sentiers sont rudes,
Et l'être en vie a des z'hauts et des bas.
Mets à l'abri des noirs vessitudes,
Le saint frusquin gagné par tes appas.
Tu peux un jour avoir des viagères,
Et comme moi voir la société;
Mais pour sortir promptement des affaires,
Il faut avoir de l'émabilité.
Louis Festeau.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
notée au N. 18 de la Clé du Caveau.
ASMODÉE.
Air de Moustache.
On : Quadrille du Domino Noir
Si j'étais le diable Asmodée,
Mon regard indiscret
Découvrirait
Des choses, dont la seule idée
Amuserait Paris,
Et dont je ris.
Là, je verrais briller les feux
De cet astre aimable et mielleux,
82
n. - 23.
154
CHANSONS POPULAIRES.
Qui luit sur les époux, tant qu'ilssont amoureux.
Ici, contraste sans égal,
Je verrais un mari banal,
Prisant du Portugal
Sur l'autel conjugal.
Je surprendrais, sur sa couchette.
Le rêve si fleuri
De la houri,
Qu'on nomme, en général, griselte.
Qui tous les soirs s'endort
Sur des monts d'or.
Je verrais des auteurs fameux,
Pillant des manuscrits poudreux,
Dont ils sontinventeurs, mais qui ne sont pas d'eux.
Je verrais des marchands de vin,
Nous fabriquant le jus divin
De Champagne ou du Rhin
Sans un grain de raisin.
Dans la garde nationale,
Je prendrais mille traits,
Mille portraits,
Faits pour corriger le scandale
Des gardes négligents,
Récalcitrants.
Je leur dirais : mes bons amis,
Pour quelques tours de garde omis,
Vous ignorez comment le ciel vous a punis ;
Mais moi, j ai vu le châtiment,
Chez vous, dans votre appartement,
Quand vous étiez enclos
Hôtel des Haricots I
Enfin, si j'étais Asmodée,
Mon regard indiscret
Découvrirait
Ce que fait ma femme adorée,
Et peut-être, surpris,
Je rirais gris.
Itoftlcr.
Ce rondeau est extrait de la pièce : La Mnnxnrr/r
du Crime, en vente chez M. Tresse, éditeur de la
Franc. Dramatique, galerie de Chartres. 2 et 3,
Prix i 60 cent
DEVINEZ,
Air : Le ma gUlrul irréprochable.
Dans vos yeux, mon grand Nicodême
J'ai lu vos desseins: vos déslM,
Vous ne dites pas : je. vous aime,
Mais vous poussez de gros soupirs,
Il faut, à votre ardeur muette,
Des aveux?... ah! vous chagrinez
La pudeur d'une fille honnête.
Devinez, monsieur, devinez.
Vous boudez? quels maux vousaffligent ?
Embrassez-moi... faisons la paix...
Vos regards malins se dirigent
Vers l'ombre de nos bois épais ;
Allons-y., mais on dit (sans rire),
Qu'au taillis où vous m'entraînez,
11 est certain gibier qu'on tire...
Devinez, monsieur, devinez.
A vos côtés, je suis assise,
Votre silence m'esl suspect...
Vous mitonnez quelque sottise,
M'allez-vous manquer de respect?
Tout près, causons et soyez sage...
Des biens que Dieu vous a donnés,
Ne savez- vous pas faire usage?...
Devinez, monsieur, devinez.
Bien ! vous vous comportez en drille,
Qui connaît à fond le métier,
Et vous cherchez, sous la charmille,
L'entrée étroite d'un soutier ;
Vous semblez être dans le doute,
Et près du fossé vous glanez,
N'apercevez-vous pas la route?...
Devinez, monsieur, devinez.
Sortez de votre incertitude,
Prenez un parti décisif...
Peste ! c'ist un travail bien rude
De dompter un cheval rétif;
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
155
Il court... il court... rien ne le touche,
Je vais crier... ou bien prenez
Un mo^en pour clore ma bouche ;
Devinez, monsieur, devinez.
Mais, il s'arrête !... l'hypocrite
Veut borner là son compliment,
Non, s'il vous plaît, il faut de suite
Passer au second argument;
Allons donc! faudra-t-il vous dire,
Quand près de moi vous lambinez,
Ce que sur la mousse on désire,
Devinez, monsieur, devinez.
louis Festcau.
POS' TA CHIQUE, ET FAIS L' MORT.
Air : Le cordon, s'il vous plaît.
Oui, j'en conviens, c'est dans la rue
Que j'aime au vol attraper un refrain ;
La vérité s'y montre nue,
On y voit la gaîté sans frein. (bis.)
Hier encor, sur mon passage,
Un ivrogne faisait tapage,
Un plaisant lui cria bien fort :
Pos' ta chique, et fais V mort ! I ,
Pos' ta chique [bis), et fais F mort! i ^ ts'
Je ris toujours quand un vieux drille
Entre en ménage avec jeune tendron ;
Si sa femme est jeune et gentille, ,
Il cherche à faire le luron :
Arrière, ce n'est plus ta place;
Chez toi, barbon, tout est de glace,
El l'âge a brisé ton ressort :
Pos' ta chique, etc.
Une dame ayant cachemire
S'arrête et cause avec un élégant:
Je m'approche, et bientôt j'admire
Ses jolis yeux, son air décent,
Lorsque d'une voix de rogomme
Je l'entends dire au beau jeune homme :
— Rien qu' trois francs. . . voyez le bel effort !
Pos' ta chique, etc.
Dans nos trois jours, jours de justice,
Où la clémence a si souvent marqué,
Un faubourien terrasse un Suisse,
Qui par bonheur l'avait manqué :
Ah ! tu n'en descendras pas d'autres,
Lui dit-il, car voici les nôtres. .
Mais, tu pâlis... je plains ton sort !...
Pos' ta chique, etc.
Dans nos campagnes alarmées
Des rois ligués si la horde rentrait,
Miracle des quatorze armées,
C'est alors qu'on te reverrait !
La Marseillaise et son tonnerre,
En ébranlant encor la terre,
Redirait à l'enfant du Nord :
Pos' ta chique, etc.
Pour empêcher qu'on nous opprime,
Gardons-nous bien, Français, d'abandonner
Cette salutaire maxime :
Le roi règne sans gouverner.
Si le nôtre un jour s'en écarte,
Qu'il aille interroger la charte,
Elle lui répondra d'abord :
Pos' ta chique, et fais 1' mort!
Pos' ta chique (bis), et fais 1' mort!
Jules Leroy.
LA MUSETTE,
1846.
Air : Rentrez dans votre demeure, ele, iSqldîtt 4e la Loire
Au diable la froide étiquette,
Kn avant les joyeux ébats,
Le plaisir est à la Musette,
Au rendez-vous des Auvergnats^
156
CHANSONS POPULAIRES.
C'est le séjour où la folie
Assemble son joyeux parti.
Les murs y sont tachés de lie
Et les bancs de jus de rôti.
Au diable, etc.
La gaîté semble plus piquante,
Car à peine reconnaît-on
De Momus la face riante
Sous la poussière du charbon.
Au diable, etc.
Tout le monde demande à boire
Garçon, servez du vin partout,
Car la moitié de l'auditoire
Cuit à la vapeur du ragoût.
Au diable, etc.
Bourgeoise, une forte salade,
Nous n'avons pas ce qu'il nous faut,
Car à nous deux, mon camarade,
Nous n'avons mangé qu'un gigot.
Au diable, etc.
Gorgés de vin et de pitance,
Le cœur tant soit peu guilleret,
Nous pouvons commencer la danse,
L'orchestre est sur son tabouret.
Au diable, etc.
Musard, l'artiste que tu loues
S'épuise le tempérament,
Quand le nôtre se fait desjoues
Grosses connue son instrument.
Au diable, etc.
Remarquez bien le gros Jérôme,
Sautillant d'un air fanfaron,
1,-1 le cancan du Puy-de-Dôme,
la polka de l'Aveyron.
Au diable, etc.
Du jardin Fanchettfl est rentrée
Rouge et rajustant son mouch' »*
Allons, encore une bourrée,
C'est la septième de ce soir!
Au diable, etc.
Au fond, la servante Javotte
Vend, pour avoir des escarpins,
La peau du chat de la gib'lotte
Au marchand de peaux de lapins.
Au diable, etc.
Quand sa recette est assurée,
Le gargotier, drôle de corps,
Termine gaiment la soirée
En jetant son monde dehors.
Au diable la froide étiquette,
En avant les joyeux ébats,
Le plaisir est à la Musette,
Au rendez-vous des Auvergnats.
Charles Colmaiice.
Y A QUE'QU' CHOS' LA-D'SSOUS !.
Air : Du d'puis qu' j'ons /ait connaissance.
Toi que j'ai connu robuste,
Et ferme et dipos,
Tu ne fais l'amour qu'en buste,
Et l'arme au repos;
Tu ne buvais que du rude,
Il te faut du doux...
Comme on change d'habitude]
Y a que'qu' chos' là-d'ssous 1 . ..
Autrefois, libre et joyeuse,
Rosine chantait ;
Et maintenant, soucieuse,
La belle se tait.
Lui reprocher son silence
La met en courroux...
La \érilé seule offense.
Y a que'qu' chos' là-d'ssous!...
Pans. — imprimerie ue pillet nisuiub, rue ues uruiius-AHgusnos, a.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
157
Lecteur des feuilles publiques,
Mon voisin Binet
Sent les plus fines tactiques
De maint cabinet ;
S'il reste à se satisfaire,
Avec ses trois sous,
Plus longtemps sur son derrière,
Y a que'qu' chos' là-d'ssous !...
Je suis ta petite Laure,
Ma petite sœuri
Viens, que je t'embrasse encore! ! !
Maman! quel bon heur!
Vous croyez qu'elle est venue
Hier sous les choux...
Sous les choux l'avez vous vue?..
Y aque'qu' chos' là-d'ssous!...
Tu n'as point de jalousie,
Tu ne m'aimes pas,
Disait avec frénésie
Colette à Colas
Or, depuis leur mariage,
Colas est jaloux,
Contre lui Colette enrage.
Y a que'qu' chos' là-d'ssous !...
_ Ah ! monsieur de Roquelaure.
Sous votre chapeau
Que tenez-vous donc encore?...
Un petit oiseau !
A-t-il un joli plumage?
Ouvrez les genoux...
Vous riez, oui, je le gage,
Y a que'qu' chos' là-d'ssous!...
Qu'importe que l'on renomme
La loi du plus fort?
Sachez rester honnête homme
Jusqu'à la mort ;
Afin que, sans cafardise,
Priant Dieu pour vous,
Tout le monde en pleurant dise :
Y a que'qu chos' là-d'ssous!...
Emile Vnrin.
LE CURÉ TRÉCY.
Aïr : On dit que •'« suis sans malice
On vient de terminer l'angoisse
Des dévotes de la paroisse,
Et leur esprit est rassuré
Depuis qu'on leur a procuré
Monsieur Trécy pour leur curé.
Si ces dames vont à la messe,
Et même souvent à confesse,
Sans avoir le moindre souci,
C'est grâce à leur curé Trécy.
Ce saint homme est assezbon diable,
Fort tolérant, très charitable;
Il aime tant tous les chrétiens
Qu'il regarde comme les siens
Les enfants de ses paroissiens.
Les jeunes et les vieilles vierges
Bien souvent brûlent de beaux cierges,
Pour que le ciel longtemps ainsi
Conserve leur curé Trécy.
Il cherche dans chaque ménage
A faire cesser le tapage,
Et c'est grâce à lui qu'un époux,
Fût -il dur, brutal et jaloux,
Devient bon, confiant et doux.
Bonnes épouses, tendres mères,
Au ciel adressez vos prières,
Et peut-être qu'un jour aussi
Vous aurez un curé Trécy.
Sans de trop longues pénitences
Il accorde des indulgences,
Ce saint homme est avec le ciel
Beaucoup mieux que l'abbé Châlel
N'est avec le Père éternel.
Puisque d'un diable, chose étrange,
Ce bon pasteur peut faire un ange,
A toutes les dames ici
Je souhaite un curé Trécy.
Victor li..*
85
— 24.
158
CHANSONS POPULAIRES.
LE PÈRE ETIENNE.
Air de Pierre et Pierrette.
Allons, mes enfants, jamais d' chagrin,
Imitez 1' père Etienne,
Morguenne !
Que l'amour prépare un gai refrain,
Et qu' Bacchus soit le boute-en-train.
Quand je chante un brin la gaudriole
En buvant, 1' voisin rit comme un fou,
La voisin' qui sent qu' ça l'affriole,
Tendrement me serre le genou.
Allons, etc.
Le prodigu' mang' vit' son héritage,
D' son trésor l'avare fait son dieu,
Mais à Lis' qu'a mill' gràc's en partage
J' dis : T'nons-nous dans un juste milieu.
Allons, etc.
Maint seigneur, quoiqu'en riche équipage,
Est souvent gai comme un bénitier,
Et sa femme, avec un joli page,
En riant lui fait un héritier.
Allons, etc.
L' bon curé de not' petit village
Nous disait : Vous êtes mes soutiens ,
Et morbleu, profitant du bel âge,
Faites-moi des petits paroissiens.
Allons, etc.
A Suzon, pour prouver sa tendresse,
L' sirnx G-ercour buvait comme un perdu,
Quoiqu' courbé le bonhomme se redresse,
Crac, le v 1 1 sur le fruit défendu.
Allons, etc.
J'.iiin. dit Ros', quand on m'mèneàCythtTC,
Qu'on b promèn' pendant plusieurs instants.
i "ii i sort ça n' m'amuse guère,
Et j' voudrais qu'ça n fûtpaspourlonglemps.
Allons, etc
L' jour des noe's Paul dit : le diable m'emporte
Chez ma femm', quoi! je n' puis pénétrer.
Dam', dit-elle, y a pourtant un' porte;
Mais sois ferme et tu vas y entrer.
Allons, etc.
Oubliant tous les maux de la terre,
Je chant'rais jusqu'à demain malin:
Etquéqu' belle voyantquejen' puis me taire
Dirait : Mais c'est un branle san tin.
Allons, etc.
Quand j quitt'rai les lieux où j' respire,
Chez Pluion l'amour guidra mes pas,
Et d' la rein' du ténélveux empire
J'espère bien voir les stcrels appas.
Allons, mes enfants, jamais d' chagrin,
Imitez I' père Etienne,
Morguenne !
Que l'amour prépare un j,rai refi "'n,
Et qu' liacchus soit le boute -en-train.
Vida.
LA PETITE FRILEUSE.
Ain. de Laujon.
A quoi sert d'avoir du mérite,
De la tournure et des appas?
Au villag quand on est petite,
Les garçons ne vous r'gardent pas.
En grandissant, aux dons de la nature,
Il faut joindre un peu de parure:
Or, à quinze ans,
Pour me donner plus d'agréments,
J'avais un p'lit manchon
Mignon,
J'avais un p'lit manchon.
En hiver, la bis' n'est pas chaude ,
Un jour, dans un sentier étroit,
Je rencontrai le lils à Claude,
il était quasi raH1 de froid.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES
159
— Fanchon, qui m' dit, je n'ai pas ma capote.
Réchauffez-moi, car je grelotte.
— Non, non, Thomas,
Je suis frileus', ne m' louchez pas ;
Je n' prêt' pas mon manchon,
Mignon,
Je n' prêt' pas mon manchon.
Thomas est un monsieur sans gêne,
Malgré mon r'fus. il va son train;
Dans mon ourson couleur d'ébène
Sans façon i! glisse la main.
<Ah ! qu'est-c'que j'sens ? il faut qu' la giboulée,
« Nigaud, vous ait donné l'onglée,
« Que fait's-vousdonc?
« Ah ! mon Dieu, c'est comme un glaçon ,
« Olez ça d' mon manchon
« Mignon,
« Otez ça d' mon manchon ! »
Quand il voit pourquoi je le bourre,
La colèr' s'empare de Thomas;
Il r'tir' sa main, mais il y fourre
Je n' sais quoi de gros comm' le bras.
De mon ourson ça gale la fourrure,
Ça même élargit l'ouverture.
Ah ! quell' douleur!
Quel malheur pour un' fill' d'honneur!.,
J'ai perdu mon manchon
Mignon,
J'ai perdu mon manchon !
Oui, je n' pourrai plus faire usage
D'un meuble si neuf et si beau.
Ah! quelle perte ! ah ! quel dommage !
C'était le plus p'tit du hameau .
Le v'ià maintenant aussi large et difforme
Que celui d' la vieill' Delorme.
Un prix m'est dû.
J' vais 1' fair' voir à mon prétendu.
Vous paîrezmon manchon
Mignon,
Vouspaîrez mon manchon.
Ne pari' pas de ça, me dit ma mère,
Dans mon arnioir' j'ai déposé
La p'tit' fiol' qu'un ami d' ton père
Me donna quand je l'épousai.
Pour les manchonsc'est comme un antidote.
EU' prend le mien, puis ell' le frotte...
Ça fit si bien,
Si bien, si bien, qu'en moins de rien,
EU' m'a r'fait un manchon
Mignon,
EU' m'a r'fait un manchon.
Feu Lauzoa et Henri Simon.
L'ENFANT DE CHŒUR.
Air : Est-ce quej' sais ça.
De ta petite chapelle
L'Amour m'a fait desservant,
Et mon service m'appelle
Près de toi le plus souvent.
Si, dans ma tendre jeunesse,
J'ai servi Notre Seigneur,
Je puis bien de ma maîtresse
Être aussi l'enfant de chœur.
Pour contenter mon ivresse,
Il faut que dans ton réduit
Je ne serve que la messe...
Que la messe de minuit.
C'est là l'heure favorite
Où l'Amour, sans carillon,
Pour te donner l'eau bénite,
Saisira mon goupillon.
S'il faut entonner l'épître,
J'étendrai mon livre saint
Sur cet élégant pupitre
Que forme ton joli sein.
Quelle source de délice,
Quand, guidé par le désir,
J'épuiserai le calice,
Le calice du plaisir.
160
CHANSONS POPULAIRES.
Ecoute, charmante vierge,
Les vœux d'un tendre mortel,
Qui l'offre son petit cierge
Tous les jours à ton autel.
S'il a prouvé qu'il t'adore
Par plus d'un coup d'encensoir.
Fais qu'il te le prouve encore
Sur Ion petit reposoir.
4 iislntir Ménétrier.
LE PETIT FRERE.
Air De la Boulangère.
Qu'un jour de noce a d'agrément,
Bon Dieu! quel jour prospère
Pour le papa, pour la maman,
La tente, la grand'mère :
Mais qui paraît le plus content?
Ah! c'est le petit frère,
Vraiment ,
Ah! c'est le petit frère.
Chez la mariée, au matin,
Une prudente mère
Lui doit du plus heureux destin
Confier le mystère.
La mariée, en soupirant,
Attend le petit frère,
Vraiment,
Attend le petit frère.
Souvent à ses jeunes parents
La future bien chère
Leur donne de jolis présents
Qui savent toujours plaire-
Ses plus beaux dons assurément
Sont pour le petit frère,
Vraiment,
Sont pour le petit frère.
A l'église on s'en va gaîment,
C'est là la grande affaire ;
On prononce le oui charmant.
Flambeau d'hymen éclaire.
Qui tient le poèleen ce moment"?
Ah ! c'est le petit frère,
Vraiment,
Ah I c'est le petit frère.
Sans doute au service divin
11 est bien nécessaire.
Mais dans une noce au festin .
Le jour, la nuit entière,
Le premier garçon constamment,
C est bien le petit frère ,
Vraiment,
C'est bien le petit frère.
Comme l'on n'a pas toujours faim,
On devient téméraire ;
On convoite un vol clandestin,
Certaine jarretière.
Qui fera ce vol sourdement?
Ah ! c'est le petit frère,
Vraiment ,
Ah! c'est le petit frère.
Le petit frère est bon à voir,
Soumis, même en colère,
Lorsqu'il a rempli son devoir
Et bien fait son affaire,
La bonne sœur plus tendrement
Chérit le petit frère,
Vraiment,
Chérit le petit frère.
Quand l'amour va fermer les yeux
Pour un charmant m \ stère,
Je suis fâché d'être si \ieux,
Car enfin de Glycére
Je voudrais bien en ce moment
Etre le petit frère,
Vraiment,
Etre le petit frère.
Dim i a-, •Itmillllil.
Pari». — Imprimerie de Pillei fils atoé, ruedci Grands-Augoslins, 5.
*n>
CONFESSION D'UN PETIT OISEAU
Air de l'Avenir oc d'Aristippe.
« Gentil moineau, réponds à ta maîtresse:
« Je veux savoir petits et gros péchés.
« Entre mes doigts vous êtes à confesse,
vi Mettez au jour tous vos crimes cachés.
« Cédez, monsieur, cédez à mon caprice,
« De vos méfaits donnez le hulletin ;
a Vraiment, je crois que, sous votreair novice,
ce Petit Fifi, t'es un grand libertin ! »
— Tu le veux donc? ô ma jolie Horlense!
Nu. j'oserai m'offrir à tes regards.
Tu connaîtras de ma courte existence
Les doux penchants, les amoureux écarts,
l'uur captiver ma mémoire disiraite,
Accorde-moi, sur ta peau de satin,
Pour oreiller ta main douce et blanchette.
« Petit Fifi, t'es un grand libertin! »
J'étais à peine au sortir de la coque,
En moi déjà germait la volupté.
Un peu plus tard, rejetant ma défroque,
Mon pouls battait avec rapidité.
Sur le gazon rêvant aux amourettes,
Furtivement, dans mon naïf instinct,
Je frétillais près des jeunes fauvettes.
« Petit Fiti, t'es un grand libertin! »
Bientôt après, paré d'un noir plumage,
Sûr de ma force et de ma puberté,
Près de femelle au séduisant ramage
Je redressais la crête avec fierté.
Victime un jour d'une fatale ruse,
En pourchassant un jeune et frais lutin.
Je fus happé par une vieille buse.
« Petit Fifi, t'es un grand libertin! o
Brisant mes nœuds et prenant ma volée,
J'allai gaiment chercher fortune ailleurs.
A mes regards s'otfrit sous la feuillée
Gente serine aux pâlottes couleurs.
84
Je la poursuis... La pauvrette traquée
Fuit vainement un péril trop certain;
Je lui donnai la première becquée.
« Petit Fifi, t'es un grand libertin! »
Pour mon malheur, je tombai sous la patte
D'une chouette à plume et huppe d'or,
Qui roucoulait d'une voix délicate :
Baisez, petit, baisez, baisez encor.
En becquetant le long de la semaine,
La nuit, le jour, le soir et le matin,
J'avais perdu toute figure humaine.
« Petit Fifi, t'es un grand libertin ! »
Dame Vénus, dans son humeur traîtresse,
Voulant punir mon inconstante ardeur,
Me fit poser avec jeune maîtresse
Sur une épine en cherchant une fleur.
Hélas! pleurant ma conduite imprudente,
Caché, honteux, vivant de chicotin,
Six mois entiers mon aile fut pendante...
« Petit Fifi, t'es un grand libertin ! »
Enfin mon cœur renonce aux oiselettes
Qui font la poule en voulant se percher,
j'adore en toi ces gentilles fossettes
Où Cupidon est venu se nicher.
Ne me crois pas un oiseau de passage;
Maîtresse, ici j'accomplis mon destin;
Je jure encor de mourir clans ta cage.
« Petit Fifi, t'es un grand libertin ! »
Louis Festcait.
La musique se trouve chez L. Vieillot, éditeur,
32, rue Notre-Dame de Nazareth.
ÉPITHALAME.
Air : Où allez-vous, monsieur l'abbé1*
Vous l'emportez sur vos rivaux;
Pour former des liens si beaux,
Vous sûtes à Climène...
— Eh bien?
T. II. — 23.
16*
CHANSONS PO Pt) LA IRE S.
Insinuer sans peine...
Vous m'entendez bien.
Insinuer 1... ce joli mot
Que l'amour qui n'est pas un sot
Fait toujours bien comprendre...
— Eh bien ?
Quand il tâche de prendre...
Vous m'entendez bien.
Tâche de prendre, ainsi que vous,
Les attributs d'un tendre époux :
Dans peu de jours, peut-être...
— Eh bien ?
Vous aurez l'honneur d'être...
Vous m'entendez bien.
L'honneur d'être le Mcnélas
D'une Hélène aux friands appas.
En mari débonnaire...
— Eh bien?
Vous porterez, j'espère...
Vous m'entendez bien.
Vous porterez au fond du cœur
Flamme constante et vive ardeur
Pour l'épouse si chère...
— Eh bien?
Qui saura bien vous faire...
Vous m'entendez bien.
Vous faire entrer au paradis
Que l'hymen réserve aux maris
Le jour du mariage...
— Eh bien?
Vous n'aurez pas, je gage...
Vous m'entendez bien.
Vous n'aurez pas l'air compassé
D'un amant timide et glacé;
Mais à votre maîtresse...
— Eh bien?
Vous montrerez sans cesse...
Vous m'entendez bien.
Vous montrerez jusqu'où s'étend
L'ampleur de votre sentiment,
Mais plus raide qu'un terme...
— Eh bien ?
Sachez vous montrer ferme...
Vous m'entendez bien.
Soyez ferme, ne pliez plus,
Conservez toujours le dessus,
Evitez la paresse...
— Kh bien ?
Et surtout la mollesse,
Vous m'entendez bien.
Douter.
Kf -
LE SÉRIEUX.
Air . Philis demande son portrait.
Un jour un père capucin,
A barbe vénérable,
Etait assis dans un festin
Au milieu d'une table;
La gaîté, compagne des vins,
En fit tant et tant dire,
Qu'il tenait sa barbe à deux mains
Pour s'empêcher de rire.
Un jeune et timide tendron
Qui le regardait faire,
Voulant en savoir la raison
La demande à sa mère,
Qui lui répondit de son mieux
Sur semblable matière,
Que, pour prendre son sérieux,
C'est l'usage ordinaire.
Deux jours après, la jeune enfant,
Etant dans une fête
Où l'on eu disait tout autant,
Crut qu'il était honnête,
N'ayant pas de barbe au menton,
Ainsi que le bon père,
De prendre celle de son... front
Pour se tirer d'affaire.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
163
On fut surpris du mouvement,
Qui n'est pas ordinaire.
Que faites -vous aonc, mon enfant ?
Lui demanda sa mère.
Rougissant et baissant les yeux,
Elle se mit à dire :
Maman, je prends mon sérieux
Pour m'empêcher de rire.
Paroles d'un anonyme.
LA CUIRASS1ERE.
Air : Trahit l'incognito.
Z'imite-moi, ma petite Simone,
Prends un amant dans les bons luméros,
Jette la pomme aux enfants de Bélone,
Z'il est si doux d'être aimé d'un rihèros !
Crains le pompier, z'il boit, z'il est colère;
Crains le dragon, z'il est trop cavalier;
Veux-tu qu'on susse aimer, battre z'etplaire î
Prends-moi z'uu cuir, prends-moi z'un cuirassier!
Pour l'uniforme, elle est bien séduisante,
En la traçant, l'amour s'a surpassé.
Pour d'autres yeux que ceux de son amante
Le cuirassier z'a le cœur cuirassé.
De I honestê rien ne peut le distraire,
Il sait z'unir le thym au doux laurier !
Veux-tu z'un corps civil et mélitaire?
Prends-moi z'un cuir,prends-moiz'un cuirassier
Chez Dénoillier, j'étais t'a la Courtill'e,
Un cuirassier z'entreprit mes progrès ,
Au bout d'un mois, de file zen aiguille,
J'étais t'alors forte sur le fiançais.
J'épèle et signe avec ma patarafe,
Je parle bien, z'ou ne peut le nilier.
Veux-tu savoir ta langue et ïoslographe?
Pren.ls-moiz'uncuir,prends moi z'un cuirassier
Dans un bosquet, z'ou bien qu'on soit z a tabe,
Il n'a jamais effraillié la pudeur ;
Et la beauté z'est bien plus respectabe
Lorsqu'on lavoitz'au bras d'un fier vainqueur.
Sure ton choix ne crains pas qu'on te visque,
Pour l'ennemi s'il a z'un cœur d'acier,
II s'attendrit z'avecque le beau setque.
Prends-moi z'un cuir,prends-moi z'un cuirassier.
Je crois te voirz'avec ta connaissance,
Z'au Grand-Salon, z'ou bien chez Bobinot ;
Là, tu prendras du bon ton, de l'aisance,
En iefraillan! z'aux genses comme il faut;
Car l'amitié, l'amour z'etla follie,
De tes jours vont z égailler le sentier.
Quelle avenir touchante z'et jollie!
Prends-moi z'un cuir,prend-moiz'un cuirassiers.
Louis Festeau.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve à
Taris, chez L. Vieillot, éditeur, 32, rueNotre-Darne-
de-Nazareth.
LES DÉPARTEMENTS
Air : Quand V Amour naquit à Cylhère.
Vous voulez, charmante Azélie,
Parcourir maint déparlement;
Croyez-moi, quand on est jolie,
Voyager seule est imprudent.
Nymphe agaçante, à tresse blonde,
Au doux sourire, à l'œil fripon,
Quand elle veut courir le monde,
Doit s'assurer d'un compagnon.
Je m'offre pour être le vôtre;
Ne suis-je pas de vos amis ?
Autant que ce soit moi qu'un autre
Qui vous fasse voir du pays :
Livrez-moi donc cette main blanche,
Et commençons à parcourir
Le département de la Manche ;
Tout chemin conduit au plaisir.
Ce sol que j'admire en silence,
Est d'un augure intéressant :
m
CHANSONS POPULAIRES.
Heureux qui par degrés s'avance
Aux confins du département!
La Hanche, malgré l'apparence,
Elle géographe savant.
Est bien plus près que l'on ne pense
Du département du Mont-Blanc.
Mont-Blanc, heureux qui le découvre!
Ton sol aux voyageurs friands.
Malgré la neige qui le couvre,
Offre des fraises en tout temps ;
Et cette neige éblouissante,
Du feu méconnaissant les lois,
Loin de craindre une main brûlante,
Semble se durcir sous les doigts.
Ah ! dieux 1 que mon âme est ravie !
Restons ici quelques instants!
C'est le séjour de la féerie,
C'est le lieu des enchantements.
Car moi qui n'ai jamais l'œil trouble,
Qui bois du vin modérément,
Eh bien ! moi, j'ai toujours vu double
Dans ce joli département.
Il faut partir quoi qu'il en coûte,
Voyager est notre dessein ;
Un lourde main change la route,
El déjà je louche au Bas-Rhin.
J'aime ces coteaux, ces campagnes,
Mais en vain j'y cherche un gazon,
Quittons la croupe des montagnes
Il ne croît que dan* Le vallon.
Imitons les sages pilotes,
Et, le gouvernail à la main,
Dirigeons-nous le long descôtes,
L'amour indique ce chemin .
11 nous transporte auprès de l'Aisne;
De là, par an effort léger,
Dans la Creuse, où l'on peut sans peine
Perdre Je goût de voyager.
Parole» ii'un anonyme.
LE GARÇON COMME ON N'EN VOIT GUERE.
Air : 11 est toujours le même.
Toujours, toujours, il est toujours le même;
Jamais Robin
Ne connut le chagrin ;
Le temps noir ou serein,
Les jours gras, le carême,
Le matin ou le soir ;
Dites blanc, dites noir,
Toujours, toujours, il est toujours le m''-:
Il a pour lui cet air mâle qu'on aime,
L'œil en arrêt,
Ferme sur le jarret,
Plus souple qu'un fleuret,
Des reins à la Daleine,
Frisé, haut en couleur,
Et pour sa belle humeur,
Toujours, toujours, etc.
Surmon tambour, brodantmieux quemoi-mêrue,
Veux-je un fleuron,
Jamais il ne dit non ;
En plus d'une façon
Il sait faire son thème;
S'il badine au feston,
Quand il travaille au fond,
Toujours, toujours, etc.
11 n'est ici femme, fille qui n'aime
Mon beau garçon,
Beau, c'est-à-dire bon,
La dame du canton,
En connaisseuse, l'aime;
Mon cœur n'esl pas jaloux,
Car en rentrant chez nous
Toujours, toujours, elc.
Pour en juger il faudrait être à même ;
on n'a rien vu
Quand on ne l'a pas vu;
Les fillea de Jésus,
Du pajs d Angoulême,
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
ir-
ont plus d'un an vécu
Avec mon superflu.
Toujours, toujours, etc.
Pour l'éprouver j'ai plus d'un stratagème,
Je vois souvent
Qu'il vient le nez au vent;
J'affecte en lui parlant
Une froideur extrême;
Je change de propos,
Je lui tourne le dos.
Toujours, toujours, etc.
Robin, dansons le branle que tant j'aime ;
Sans le presser
Robin vient le danser.
Robin, j'en veux danser
Un second, un troisième;
Je veux recommencer.
Je ne veux plus cesser.
Toujours, toujours, etc.
Commenl,toujours,ditun grand monsieur blême;
On le croira,
Mais quand on le verra :
Les filles d'opéra
Résoudront le problème.
Messieurs, je n'en sais rien :
Ce que je sais fort bien,
Toujours, toujours, etc.
Hier au soir, viens, dit-il. que je t'aime,
Robin, hélas!
Cela ne se peut pas
J'ai certain embarras...
— Parbleu, le beau système !
Porte ton compliment
Au nouveau parlement.
Toujours, toujours, etc.
Enfin un jour.voyons, dis-je en moi-même,
Par mon labeur
Si j'en serai vainqueur,
J'en arrachai le beur,
Le lait avec la crème,
Je lui tordis le bec,
Je le croyais à sec.
Toujours, toujours, etc.
Sur moi Robin obtient le rang suprême,
C'est par mon choix
Qu'il m'a donné des lois ;
C'est la leçon des rois,
Leur sceptre ou diadème
Souvent brise en leur main,
Mais celui de Robin
Toujours, toujours, il est toujours le même.
Beaumarchais.
La musique . d'Albanèse, se trouve notée au
N. 562 delà Clé du Caveau.
LA ROSE ET L'EPINE.
AiR<£e Philoclèle.
Rienfait des dieux, ineffable présent,
L'homme, ici-bas, est, pour nous, une rose,
Lorsqu'au matin, tout fraîchement éclose,
Elle répand son parfum séduisant;
Comme la fleur, il a son étamine,
Dont le contact peut devenir malsain ;
C'est le serpent qu'on réchauffe en son... sein,
Cueillez la rose et laissez là l'épine.
Ecoutez bien, mon jugement est sûr;
II est le fruii de mes sages études ,
Eh bien 1 j'ai vu qu en amour les préludes
Donnent toujours le bonheur le plus pur.
Souffrez sans crainte une tendre rapine
Qui dans vos sens apporte un doux émoi ,
Jusqu'à l'hymen cependant, croyez-moi,
Cueillez la rose et laissez là l'épine.
Lorsqu'un ami jure des feux constants,
Son seul regard, qui doucement caresse,
Fait naître en nous une suave ivresse ;
C'est le rayon d'un beau ciel de printemps.
iec
CHANSONS POPULAIRES.
Si ce regard vous trouble et vous fascine,
Il faut, craignant de trop ardents transports.
Fermer l'abîme ou défendre ses bords.
Cueillez la rose et laissez là l'épine.
Je le conçois, il serait inhumain,
Lorsqu'à genoux un homme vous supplie.
De s'effrayer quand, parfois, il s'oublie,
De se fâcher quand s'égare sa main.
Du sentiment si l'essence divine
Ne suffit plus à ses brûlants ébats.
Cédez un peu, mais ne succombez pas ,
Cueillez la rose et laissez là l'épine.
N'imitez pas mon triste égarement,
J'aimais Adolphe; et, sur son cœur pressée,
Par ses baisers la poitrine oppressée ,
J'oubliai tout en ce fatal moment.
Plus de fraîcheur, de ma taille si fine,
J'ai vu bientôt s'élargir le contour;
C'est un malheur que je dois mettre au jour
Cueillez la rose et laissez là l'épine.
C. B
J'AIME LES AMOURS.
J'aime les amours
Qui, toujours
Vifs et légers et lutins et malins,
Volent aux jeunes cœurs
Des faveurs,
Sans employer les fadeurs
Ni les pleurs.
Je ris de ces grands sentiments.
De ces amants complaisants et tremblants,
Qui, vous regardant tendrement,
Pouss'nt à loisir des soupirs à mourir.
J'aime, etc.
Vite il faut saisir le plaisir,
Il faut oser dérober un baiser ;
Mais se fâche-t-on tout de bon,
En badinant à l'instant on le rompt.
J'aime, etc.
Il faut excuser les amants.
S'ils sont volages et parfois inconstants;
Car après beaucoup de détours.
Chacun revient à ses premiers amours.
J'aime les amours
Qui toujours.
Vifs et légers et lutins et malins,
Vol'nt aux jeunes cœurs
Des faveurs,
Sans employer les fadeurs
Ni les pleurs.
Paroles d'an anonyme.
La musique, de Vial, se trouve notée au N. 437
de la Clé du Caveau.
LE BIJOU DE FAMILLE.
Air : L'Ermite du hameau voisin.
Sans richesse, sans bien, sans or,
A peine aux portes de la vie,
Rose possédait un trésor
A mille amants faisant envie. (fei*.
Qu'il soit pauvre, avare ou brutal.
Un père au moins donne à sa fille,
Pour en jouir, soit bien, soit mal,
Un petit bijou de famille. bis.
Ce petit bijou tant prôné
Était le simple coquillage
Auquel les savants ont donné
Le joli nom do pucelage.
Rose avec grand soin le cachait,
Et donnait un soufflet au drille
Dont la main par trop s'approchait
Du petit bijou de famille.
Sur ses écus osant compter,
Unjour un vieux naturaliste
Espérant sur eux l'emporter,
Des amants vint grossir la liste.
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CHANSONS BADINES ETGR1VOISES
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Mais Rose lui dit sans émoi :
Pauvre homme qui portez béquille,
Que leriez-vous, dites-le-moi,
D'un petit bijou de famille ?
Mais par malheur, un certain soir,
De Jean, pour entendre la flûte,
Sur le gazon voulant s'asseoir,
La pauvre enfant fit une chute.
Dans son œil d'amour enflammé
D'où vient celte larme qui brille?
La pauvrette a tout abîmé
Son petit bijou de famille.
Quoi I tu vas pleurer pour si peu?
Dit alors l'amant à sa belle ;
Rassure-toi, ma chère, on peut
Racheter celte bagatelle.
Mais le gaillard a si mal fait
Ce qu'il nommait une vétille,
Qu'hélas ! il cassa tout-à-fait
Le petit bijou de famille.
Avec quelques mots de latin,
Si Jean désire qu'on les dise,
Un curé, le fait est certain, *
Pourra réparer la sottise.
Mais en vain, pour le demander,
Après Jean court la pauvre fille ;
Jean ne veut pas raccommoder
Le petit bijou de famille.
Ah ! dit Rose, depuis ce jour,
A chacune de ses compagnes,
Vois mon sort, et crains que l'amour
Te surprenne dans nos montagnes.
Ferme l'oreille à ses chansons,
Et surtout, fillette gentille,
Ne prête jamais aux garçons
Ton petit bijou de famille.
Emile Debreaux.
La musique, de Romagnési, se trouve chez L.
Vieillot, 32, rue Notre-Dame-de-Nazareth
LA MANIÈRE FAIT TOUT.
Air : Tout consiste dans lamanière.
Amants qui marchez sur les traces
Des agréables de la cour,
Ayez de l'esprit et des grâces ;
Il en faut, pour faire l'amour.
Tout consiste dans la manière
Et dans le goût,
Et c'est la façon de le faire
Qui fait tout.
Pour faire un bouquet à Lucrèce,
Suffit-il de cueillir des fleurs?
Il faut encore avoir l'adresse
D'en bien assortir les couleurs.
Tout consiste, etc.
L'amant risque tout, et tout passe,
Lorsque l'on sait prendre un bon tour
S'il est insolent avec grâce,
On fera grâce à son amour.
Tout consiste, etc.
De deux jours l'un, à ma bergère,
Je fais deux bons petits couplets,
Et ma bergère les préfère
A douze qui seraient mal faits.
Tout consiste dans la manière
Et dans le goût,
Et c'est la façon de le faire
Qui fait tout.
Collé.
Air ancien, noté au N. 567 de la Clé du Careau.
LA NEIGE.
1823.
Lorsque l'hiver enchaîne les flots,
Jeunes beautés, avec audace,
168
CHANSONS POPULAIRES.
Accourez à ces plaisirs nouveaux :
L'amour peut guider vos traîneaux,
Nul danger ne vous menace.
Mais il est au printemps,
Des dangers bien plus grands :
Près de vous, quand avec grâce
Un danseur vient soudain
Vous présenter sa main.
Ma Suzon,
Ma Lison,
Pour danser,
Pour valser,
Ne va pas te presser.
Il est plus dangereux de glisser
Sur le gazon que sur la glace.
Il est trop dangereux de glisser :
Fillettes, craignez de danser.
Quand, sur la glace, en traîneau brillant
Gaîment on passe et l'on repasse,
Si parfois arrive un accident,
On se relève promptement :
Sans danger l'on se ramasse.
Mais sur l'herbe, en dansant,
Ah! c'est bien diilérenl I
Du faux pas qui la menace
Une fillette, hélas!
Ne se relève pas.
Ma Suzon, etc.
Sans te troubler, laisse, vieux mari,
Ta femme courir sur la glace :
L'Amour n'est là qu'un enfant transi,
Ailleurs il est plus dégourdi :
C'est au bois qu'il vous menace.
Qu'un tendron imprudent
Fasse une chute en dansant,
Pour l'époux quelle disgrâce !
Car c'est lui toul-à-coiip
Qui rçoit le conlre-coSip.
Ma Suzon.
lia Lison,
Pour danser,
Pour valser,
Ne rai pas le preas r.
Il i m plni dangereux de glisser
Sur le gazon que sur la ^ lace.
Il est trop dangereux de glisser :
Fillettes, craignez de danser.
Scribe et Germain Delavlgne.
La musique, d'Auber, se trouve notée au N. 1920
de la Clé du Caveau.
LA GRISETTE.
Al r : Ça pass' comm' un' lellre à la poste.
Je m'éveille; où suis-je couché?
Ce n'est pas mon lit ordinaire ;
Mais, pour en paraître fâché,
J'ai l'âme par trop débonnaire :
Je suis près d'un minois joli...
Mais je te reconnais, brunetle,
Hier, pour échauffer ma musette,
Sans façon tu m'offris ton lit.
Dieu ! que c'est gentil la grisetle !
Jusqu'à mon cœur sentant jaillir
De Champagne une forte dose,
Je t ai dit : Je voudrais cueillir
Une des feuilles de ta rose.
J'en ai cueilli trois, ma Ninon ;
Maintenant que la chose est faite,
Faisons connaissance complète :
Je ne sais pas même ton nom.
Dieu! que c'est gentil lagrisette!
Ton nom, c'est Lucrèce, dis-tu?
Et tu travailles dans les modes:
Je m'en dont ais. car la vertu
Est parmi voas des plus commodes.
A la chaleur de nos amours,
Me voilà sûr. ma bergere'lc,
De la fidélité parfaite...
Ça pourra bien aller huit jours.
Dieul que c'est gentil la grisetle.
Vainement, d'un ton séducteur,
De plaisirs tu te dis avide
Paris. — i pnniene ne i'illet Bit MB), rue ues orauui-ADgusuDB, D.
Moi, je suis gueux comme un auleur :
Le coin de ton mouchoir est vide;
Mais comme il serait peu galant
Que la noce, dis-tu, poulette,
Finît sans un coup de fourchette,
Tu veux mettre ton châle en plan.
Dieu! que c'est gentil la gnsette!
Toi, qui possèdes plus d'appas
Que vingt marquises à panache,
A tes amants lu ne vends pas
Les trésors que ton fichu cache.
Avec de les sœurs j'ai vécu,
Je sais le prix de la couchette ;
J'en serai quitte pour l'emplette
D'un anneau d'un petit écu.
Dieu! que c'est gentil la grisette!
Si tant d'amour dure... bientôt
Nous aurons changé, je parie,
Et la pelisse et mon manteau
Eu cachets du bal d'idalie;
Puis enfin nous regagnerons,
Toi, ton magasin de toilette,
Moi, mon entresolde poète,
Quand nous aurons croqué nos fonds.
Dieu ! que c'est gentil la grisette !
C'est égal ; dans ton œil vainqueur
La volupté brille et respire ;
Tes petites lèvres en cœur
Font naître incendie et délire.
Près d'une belle sans désir,
Parfois la nature est muette,
Tandis qu'avec toi, ma brunette,
On meurt et remeurt de plaisir.
Dieu ! que c'est gentil la grisette !
Emile Debreaux.
HERCULE.
Am : Toto, Carabo.
Hercule, dit l'histoire,
N'eût, grâce a ses travaux,
Nuls rivaux;
Il sut chanter et boire,
Fréquentait les festins,
Les catins.
Comme il s'en donnait!
Comme il en prenait!
Ah ! quand il s'y trouvait!
C'est étonnant {bis) la force qu'il avait!
Grâces à sa structure,
Les méchants, les fripons,
Les larrons,
Plus que la préfecture,
Craignaient son bras, pour eux
Trop nerveux.
Comme, etc.
Les traiteurs de la Grèce,
Dont il visitait les
Cabinets,
Disent que sa tendresse
Eut pour trône souvent
Un vieux banc.
Comme, etc.
D'amour les étincelles
Ayant su l'émouvoir,
11 fit voir
A cinquante pucelles
Ce qu'il avait de cœur,
De vigueur.
Comme, etc.
Chez une souveraine,
Mon sot s'encanailla
Et fila
Et près de cette reine
Fit pour mouiller sou lin
Le câlin.
Comme, etc.
Mais comme pour la fille
11 quittait sans façon
La maison,
Sa femme avec un drille
Un beau soir s'arrangea,
Se vengea.
Comme, etc.
— '2(\
170
CHANSONS POPULAIRES.
Cupidon à la dame
Fit avec son flambeau
Un bobo ;
Puis elle, en bonne femme,
Le transmit au mari,
Peu chéri.
Comme, etc.
Le dieu, rongé sans cesse
Par cet affreux mal-là,
Se brûla.
Les dames de la Grèce
Disent encor de lui
Aujourd'hui :
Comme il s'en donnait!
Comme il en prenait!
Ah! quand il s'y trouvait!
C'est étonnant 'bis) la force qu'il avait.
V. Dauphlu.
Air ancien, noté au N. 5 1 de la Clé du Caveau
LA CHANSON DE LISETTE,
Lise chantait dans la prairie,
En faisant paître sou troupeau ;
Biaise à sa voix bientôt marie
Les accents de son chalumeau.
Le fripon suivit la coquette;
11 la suivit jusqu'au hameau,
Eu essayant, sur sa musette,
La chanson {bis} que chantait Lisette.
Lu s'en retournant au village.
Elle lui jeta son bouquet;
11 lui refusa, mais je gage,
Pour le remettre à son corset.
11 le rendit à la coquette,
L'attacha d'un air sati-l.nl.
Bt répéta sur sa musette
La chanson M»] que chantait Lisette.
Le soir on danM SUT llmbette,
Plaise et moi nour dansions Ions deux
Mais il me quitta pour Lisette
Qui vint se mêler à nos jeux.
Il s'en fut avec la coquette,
Le plaisir brillait dans ses yeux:
En eût-il eu si sa musette
N'eût jamais [bis) fait chanter Lisette.
MouveJ,
La musique , de Dézéde, se trouve notée au
N. 365 de la Clé du Caveau.
FAUT FINIR PAR LA.
AIR : Colinette au boiu'enalla.
C'est un' fier' chos' que c't amour-là ;
Les jeun's, les vieux, tout 1' monde aim' ça,
Tra la déri déra, tra la déri déra.
L'aut' jour, Colinett' s'en moqua,
Mais bientôt l'amour l'attaqua,
Tra la déri déra, tra la déri déra.
Son petit cœur souffre déjà,
Elle ne sait d'où vient cela,
Son trouble l'inquiète.
Tra déri déra, la la la la la la la la la la déri déra
Faut finir par là,
Colinette,
Faut finir par là.
Pendant qu'ell' réfléchit, voilà
Qu'un beau monsieur passant pas là,
Tra la déri déra, tra la déri déra
D'un air poli la salua ;
Et puis après lui demanda...
Tra la déri déra, tra la déri déra.
Que lui demanda-t-il déjà ?
Vous devinez c' que c'était qu' ça,
Le cœur de la fillette,
Tra déri déra , etc.
Faut finir par là,
Colinette,
Faut finir par là.
En entendant parler comm' ça,
Colinette se courrouça ;
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
171
Tra la déri, déra, tra la déri déra.
Mais bientôt l'amour se montra;
Tout bas à l'oreille lui parla,
Tra la déri déra, tra la déri déra.
« Pourquoi fair' des façons comm' ça,
Tandis que ton cœur brûle déjà?
Ah ! rends-toi, bergerette.
Tra déri déra, etc.
Faut unir par là,
Colinette,
Faut finir par là.
Le moyen d' résister à ça ?
Le beau cavalier l'embrassa ,
Tra la déri déra, tra la déri déra.
De l'aimer toujours il jura...
La bergerette soupira...
Tra la déri déra, tra la déri déra.
Au temple d'amour on alla;
En souriant, le Dieu scella
Cette union parfaite,
Tra déri dé ra, lala la la la la la la la la déri déra.
Faut finir par là,
Colinette,
Faut finir par là.
A. B.
Lamusique. du Cousin Jacques.se trouve notée au
N, 100 de la Clé du Caveau.
BADINEZ, MAIS RESTEZ-EN LA.
AlR du Passe parlout,ou ma Lisa.
Monsieur l'auteur, me dit hier ma muse,
Dans vos écrits vous ne ménagez rien ,
Votre conduite est vraiment sans excuse,
Et vos couplets sont ceux d'un franc vaurien.
Si vous osez étendre encor vos ailes,
Songez-y bien, j'y mettrai le holà.
Je ne veux pas qu'on alarme les belles,
Badinez {bis), mais restez-en là.
En l'ait d'amour, il est certaines choses
Qu'en tête-à-tête on dit tout bêtement:
On y peut même, en chiffonnant les roses,
De vingt façons peindre le sentiment.
Il est permis, sans causer de scandale,
De faire alors tout ce que l'on voudra ,
Mais en public, il faut de la morale,
Badinez {bis), mais restez-en là.
Je sais fort bien que dans la chansonnette
On peut glisser un caustique couplet;
On peut, je crois, au sein d'une goguette,
Aux grands du jour lancer un malin trait.
J'applaudis même aux flonflons qu'on décocl
Contre un ministre ou contre Loyola;
Et cependant de crainte d'anicroche,
Badinez {bis), mais restez-en là.
Mylord London,tout bouffi d'arrogance,
De son pays nous vante les hauts faits,
Goddem, dit-il, en fait de la vaillance,
Je voyé rien de semblable aux Anglais.
Très bien, mylord, mais daignez en rabattre ,
A vos exploits, ventrebleu, halte là !
Je suis Français, et vous n'êtes pas quatre.
Badinez {bis), mais restez-en là.
Dans un bouchon, auprès d'une fillette,
C'était ainsi que ma voix s'exprimait,
Quand tout-à-coup la Parque qui me guette
Vint me crier : Garçon, fais ton paquet!
Jarnicoton, au diable la bavarde !
Je chiffonnais déjà par-ci, par-là.
Ah ! par pitié, madame la camarde,
Badinez {bis), mais restez-en là.
Emile Debreaux.
es— es -
LES PRÉMICES DE JAVOTTE.
àlR du gros Thomas.
Tant que je vivrai,
De la jeune et fraîche Javotte
17Î
CHANSONS POPULAIRES.
Je me souviendrai :
Son enseigne était fa Galiote;
Pour vendre mieux son un,
Par un regard dhin,
Elle enivrait chaque pratique
Qui venait garnir sa boutique.
Ah ! comme on tirait
Chez elle un \\n clairet !
Autant de buveurs,
Autant d'amants pour la marchande ;
Mais de ses faveurs,
Aucun n'avait eu la plus grande;
On pouvait bien oser
Lui prendre un doux baiser,
Et même redoubler la dose,
En lui prenant quelqu'aulre chose...
Ah ! comme, etc.
Quand j'eus remarqué
Que Javotte, par aventure,
Avait reluqué
Mon pied, ma taille et ma figure,
Je me dis : Sa vertu
C'est autant de... vaincu.
Vous allez voir, par mon histoire,
Ce qu'un jour je fis après boire.
Ahl comme, etc.
Or, un certain soir,
Et Javotte n'était pas brave,
11 faisait bien noir,
Pour descendre alors à la cave.
Tous seuls dans la maison,
Lui dis-je avec raison,
Je puis vous servir à merveille,
Pour mettre une pièce en bouteille.
Ah ! comme, etc.
Entrés au caveau,
Je presse sa taille élancée,
Et vert le tonneau
Tout doucement je l'ai poussée,
Mon ejeur va soupirant,
Ma main va s'égarant;
Sur le tonneau je la renverse ;
J'étais prêt à tout mettre en perce.
Ah ! comme, etc.
Vin nouveau, vin vieux.
Ne jaillit pas sans qu'on y touche.
Du jus précieux
L'eau déjà me vient à la bouche;
Mon foret est placé,
Je pousse, j'ai percé...
Ma Javotte a perdu la boule ;
Moi, je sens que la liqueur coule'
Ah 1 comme, etc.
Eugène de Prailrl
I.a mvsique , de Frop'ac, se trouve notée au
N, 83 de 'a Clé du Caveau.
LE JEUNE PAGE,
Un jeune et joli page
Vit, non loin du château,
Fille au gentil corsage,
Qui menait son troupeau
L'agneau sous la coudrette,
En bêlant bondissait,
En tenant sa houlette,
Pastourelle chantait .
Tra, la, la, la.
Écoute-moi, la belle,
Paie moi don de Ion cœnr
Toujours serai fidèle
El ferai ton bonheur,
Couronne ma tendresse,
L'hymen nous unira ■
Fuyant avec \îtesse.
La belle lui chanta :
Tra, la, la, la.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
171
Bien lot sur la fougère
Elle se laissa choir.
Et près de la bergère
Le page vint s'asseoir,
Là, dit-elle, beau page,
Quand il se releva,
Parlons de mariage :
Le traître lui chanta :
Tra, la, la, la.
Durant l'année enlière,
On ne la rencontra;
Bientôt dans sa chaumière
Un soir elle rentra;
Enfin dans le village
On vit un bel enfant,
Qui ressemblait au page,
Et s'en allait chantant :
Tra, la, la, la.
Paroles d'an anonyme.
PERRETTE.
Perrette était meunière,
Un berger l'adorait ;
Mais Perrette était fière,
Et d'amour se moquait.
Accourant de Cythère,
Elle dit à Lubin ;
« Va, ton bonheur est certain
Si j'arrive au moulin.»
Cupidon se déguise;
Il met un chapeau blanc;
Cache un fer, qu'il aiguise.
Sous un sac de froment ;
Puis cachant sa malice
Sous l'air le plus bénin,
Le voilà sur le chemin.
Grâce à son artifice.
Ubis)
Le voilà sur le chemin
Qui conduit au moulin.
Perrette avec l'aurore
A peine se levait,
Quand le Dieu qu'elle abhorre,
A sa porte frappait :
« Ma mie, aidez-moi vite
A décharger mon grain. »
A la voix du Dieu malin.
Déjà son cœur palpite ;
A la voix du Dieu malin,
Son cœur faille moulin.
Seule et sans défiance,
Perrette court ouvrir •
Mais de son imprudence
L'amour va la pum'r.
De la pauvre petite
Plaindrez-vous le destin ?
Car depuis ce matin,
Plus fort son cœur palpite;
Car depuis ce beau malin,
Moins fort bat le moulin.
Paroles d'un anonyme.
LES SOUTIENS DE LA FOI
Atr : Les Fillettes au village (d'Hyp. de La Marre .
Vos maris, en Palestine,
Sont les soutiens de la foi :
Pour leur croyance divine
Les belles n'ont plus d'effroi.
Et sultane et pèlerine,
Ils soumettront tout, je croi... [bis.)
Vos maris, en Palestine,
Sont les soutiens de la foi.
Du grand soudan de Syrie
Ils ont pris tout le sérail....
Voulant par une œuvre pie
Le convertir en détail.
174
CHANSONS POPULAIRES.
Ils y restent, j'imagine.
Par zèle pour notre loi... (&*'*•
Vos maris en Palestine,
Sont les soutiens de la foi.
Kcrlbe et Polrwon
Lamusique.de de La Marre, su trouve notée ai'
N. 1538 de la Clé du Caveau.
LA PARESSE.
Air de la Casquette.
Fille jolie est tout pour moi,
Je le dis sans façon, mesdames,
Heureux près d'agaçant minoi,
Je solde mon tribut aux femmes.
J'aime à chanter la liberté.
L'amitié, le vin, la tendresse,
Je suis dans mon jour de gaîté,
Je vais vous chanter la paresse.
La paresse.
Si pendant la nuit un larron.
Quand parfois je suis en voyage,
M'arrête, et d'un coup de bâton
M'estropie et me dévisage,
Tout bas je pleure mon destin,
El dis. maudissant son adresse :
S il eût dormi jusqu'au matin,
Je rendrais grâce à sa paresse,
Sa paresse.
I n mien ami, \rai Bas-Normand,
Vint se fixer dans cette ville,
U prit femme au minois charmant
Peut-on être plus imbécile?
On rit de lui, l'on fit très bien ;
Car la belle, dans son ivresse.
Autre part formant doux lien,
Le réduisit a la paresse,
A la paresse.
JeOMi btNtés, on l'ail la cour.
On dit : J'aime, et l'on est volage.
.'e ris quand les doigts de l'Amour
Ajustent un joli corsage.
Ma Lisette fait beaucoup mieux ;
Elle est si simple, ma maîtresse :
Le seul charme de ses beaux yeu*
M'inspire une douce paresse.
Douce paresse.
Quelques mortels que j'ai connus
Dans un triste et pauvre délire
Se croyaient enfants de Phébus .
Et leur manie était d'écrire.
Combien il en est sous les cieux
Qu'agite une pareille ivresse!
Pauvres gens! qu'ils feraient bien mieux
De s'en tenir â la paresse ,
A la paresse.
Pour nous, amis , qui d'Apollon
Conjurons parfois les malices,
Songeons que le sacré vallon
Est entouré de précipices.
Répétons ce joyeux refrain :
Sur les bords riants du Permesse.
S'agit-il d'aller prendre un bain?
Donnons son compte à la paresse,
A la paresse.
Emile Debreaux.
L'IGNORANTE.
Ai H : Ce mouchoir, belle Rtn/montle.
Dans la paix et l'innocence,
Lison gardait à vingt ans
Celte parfaite ignorance
Que n'ont plus tous nos enfants.
Elle vit trois lois Léandre
Trois fois elle soupira :
Maman voulut la reprendre...
—Eh! mamère,est-c' que j'sais ça? (6is.
Son amant lui fit remettre
Un tendre et joli billet :
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
«75
Lison lut, relut la lettre,
Y répondit en secret.
Maman, toujours inflexible,
La surprit et s'emporta :
Ah ! ma fille, c'est horrible !
— Eh ! ma mère, est-c' que j' sais ça? {bis.)
Un beau soir Léandre arrive;
Lise était seule au logis ;
La pauvrette en vain s'esquive ,
Se souvenant des avis...
11 l'attrape et puis l'embrasse...
Maman tout-à-coup rentra :
Oh ! ma fille, qu'elle audace !
— Moi, ma mère, est-c' que j'sais ça ? (bis.)
Pour une autre fois Léandre
Lui propose un rendez-vous;
L'honneur défend de s'y rendre :
Mais l'accepter est si doux ! ...
Il la trouve si novice
Que le dépit s'en mêla :
Ah ! ma Lison, quel supplice !
— Mais, Léandre, est-c' que j' sais ça? (bis.)
le Cousin Jacques.
La musique, de l'auteur des paroles , se trouve
au N. 113 de la Clé du Caveau.
LES AMOURS DE CHAUVIN.
La femme étant mon élément,
Mon cher Jean- Jean, tu peux m'en croire,
Pour te former sur 1* sentiment,
Z'écout' tant soit peu mon histoire.
Tout le bonheur que j'ai goûté
Pourrait te paraître incroyable *
Il est vrai qu'en société,
J'ai toujours été très aimable.
Sexe charmant, sexe charmant ,
Par toi ma vie fut embellie ;
Sexe charmant, sexe charmant,
Que tu m'as causé d'agrément.
A mon arrivée z'à Paris,
J' descends chez un' particulière,
La femme d'un de mes amis ;
EU' me donna dans la visière.
Son mari fortement jaloux,
La soupçonnant d'être infidèle,
M' cassa la jambe au-d'sus du g'nou ,
Qu'j'en boite encor pour l'amour d'elle
Mais c'est égal, sexe charmant, etc.
Me promenant sur le boulevart,
Je fis rencontre d'une belle ,
Qui m'invita d'un doux regard,
Z'à venir jaser avec elle.
Dans cette conversation ,
J' pris tant d'amour, cher camarade,
Que, sans exagération,
Pendant trois mois j'en fus malade.
Mais c'est égal, sexe charmant, etc.
A mon retour dans le pays,
Je fus aimé d'une jeunesse
Qui, grâces aux jeux et aux ris,
Correspondit à ma tendresse;
Son père était un vieux rageur
Qui me jeta par la fenêtre ,
Comm' j'ai toujours eu du bonheur,
Je n' suis tombé que sur la tête.
Mais c'est égal, sexe charmant, etc.
Fatigué de tant de plaisirs ,
Je fixai mon humeur volage,
Et l'hymen combla mes désirs
Parle doux nœud du mariage.
Nous n'étions pas souvent d'accord;
J'en ris encor, lorsque j'y pense :
Mon épouse frappait trop fort :
Les coupsd' femme sont sans conséquence
Mais c'est égal, sexe charmant, etc.
A présent que j' suis veuf et vieux,
Je n* dois plus penser qu'au solide :
Comme soldat, comme amoureux,
Je puis m' vanter d'être invalide ;
Je suis criblé des souvenirs
De l'amour et de la victoire.
176
CHANSONS POPULAIRES.
Quand le temps change, mes plaisirs
Se repeignent dans ma mémoire.
Sexe charmant, sexe charmant,
Par toi ma vie fut embellie;
Sexe charmant, sexe charmant,
Que tu m'as causé d'agrément.
l'Ul'olCM «i un UUOIiyiUC
JAVOTTE.
Air : Allez-vous-en, gens de la noce.
Sur la place du Chat-qui pète,
Est un traiteur de bon aloi,
Et c'est là qu'à six sous par tète
J' dis1 tous les jours comme un p'titroi.
C'est pour un' belle que je trotte
Du malin au soir dans ce lieu:
Ah I jarnidieu,
Ah I ventrehleu,
JYv a pas d' princess' qui la dégote,
La Javotle
Du Cadran bleu.
Ceux qui \eulnt connaître une grâce,
l'euv'nl l'aller voir! diinanch' malin.
Quand elle a délaché la crasse
Qui tout' las'main' lui couvre 1' teint :
Elle est charmante avec une cotte,
Mais quand ell' met Y caraco bleu,
Ah ! jarnidieu, eic.
La soupe aux choux est moins brûlante
Que 1' feu qui s'allume à sa voix ;
Les haricots qu'ell' \ous présente
Sont moins blancs que ses jolis doigts.
Bile est doue' comme une carotte,
1 ri m' comme un roc, droit' connue un pieu;
Ali ! jarnidieu , etc.
Le soir, quand 00 joue à cach'cache,
C'est ell' qui fait V plus d carillon ;
H faui voir i omme elle en détache
Quand ell' ooui vend soucorbiDoo .
D'un tour de main ell' ravigote
Le plus p'tit, le plus maigre jeu;
Ah ! jarnidieu, etc.
Pour c' qu'est au sujet du théâtre,
Sun talent n' fait pas 1' moindre pli ;
J' dis qu'elle n'a pas l'air d'un emplâtre,
Quand ell' pinc' madame ïékéli.
EU' ne porterait pas la hotte,
Si la cour voyait son coup d' feu.
Ali! jarnidieu, etc.
Je m' souviens encore de la s'maine
Où, perdant ma pauvre raison,
Dans un potage à la julienne
De l'amour j'avalai 1' poison.
J'eus huit jours un œil en compote
A la suite d' mon lendre aveu,
Ah I jarnidieu, etc.
Un jour, malgré ses r'gards sévères,
L'ayant pris' par les sentiments,
Pour une andouille et trois p'tits verres
J' devins 1' plus heureux des amants.
J' la vis quand ell' fut en ribolte,
Se pâmer comm' un' carpe au bleu,
Ah ! jarnidieu , ele.
Elle n'est pas musicienne ,
Mais elle est foll' du flageolet,
Et veut que chaqu' jour de la s'maine,
Je fredonne au moins un couplet.
Elle aime à danser la gavotte
En sablant le coup du milieu.
Ah ! jarnidieu,
Ah! veutrebleu,
N'y a pas d' princess' qui la dégote,
La Javotte
Du Cadran hleu.
i.milr Debreuux.
La musique, de K.uneuu, se trouve Dotée au N.30
de ta Clé du Cavuuiî.
Pari». — liii]iriiiieriu de Pillit fils alué, rue des Grands-Au^ustins, J.
LA NATURE.
Jeune fille, jeune garçon,
Que le même couvert assemble, [bis.)
Seront bientôt d'accord ensemble;
N'en demandez pas la raison.
Une leçon bien sûre
Tous deux les instruira;
Et, cette leçon-là,
Qui la leur donnera?
La nature. (bis.)
Vous voudriez vous opposer
Aux pièges qu'ils savent vous tendre ; (bis.)
Pour les empêcher de s'entendre,
En vain vous voudriez ruser;
Leur adresse plus sûre
Vous déconcertera;
Et, cette adresse-là,
Qui la leur donnera?
La nature. (bis.)
Planterre.
La musique, de Gaveaux, se trouve notée au
N. 289 de la Clé da Caveau.
LE PETIT BIEN DE LISE,
Air : Philis demande son portrait.
Du plus beau des petits endroits
Lise est propriétaire :
Son petit bien est à la fois,
Forêt, Ile et parterre.
On y voit buissons et gazons ,
Bois et mille autres choses,
Même dans ces jolis buissons,
On voit fleurir des roses.
Sur les roses de ce réduit
Phœbus est sans puissance.
Mais l'astre argenté de la nuit
Préside à leur naissance.
86
Lise sait l'instant non trompeur
Qu'elles seront écloses,
Et reçoit toute sa fraîcheur
De l'éclat de ces roses.
Elles ne tiennent rien de l'art.
Mais tout de la nature ;
Elles brillent loin du regard,
Et naissent sans culture.
Lise, dont l'esprit est prudent,
Et qui n'est point pressée,
Attend pour arroser le champ
Que la fleur soit passée.
C'est ainsi que Lise entretient
Cette île fortunée,
Où le temps des roses revient
Douze fois dans l'année :
Mais n'en déplaise cependant
A leur source divine,
Ces roses-là pour un amant
Ne sont pas sans épine.
Conserve ce bien précieux.
Ce charmant héritage.
Lise, ce sont les petits lieux
Qu'on aime davantage.
Dès longtemps, je te l'ai prédit,
Tel est l'ordre des choses,
Si ton domaine s'arrondit,
Hélas! adieu les roses!
Sallemer.
LE TALISMAN D'AMOUR.
Air du nouveau et de l'ancien régime.
Un jour, au jardin de Cythère,
L'amour, ce petit chenapan,
Ne parvint-il pas à se faire
D'un brin de liège un talisman !
t. il — 27
178
CHANSONS POPULAIRES.
Depuis cette heureuse malice,
A quoi doit-il son beau renom ?
C'est à la vertu protectrice
De son joli petit bouchon.
Avec Lise, ce petit drôle,
Badinant dans le fond d'un bois,
Jouait si joliment son rôle,
Qu'il mit la pauvrette aux abois.
Si de Lise il fit le caprice,
S'il eut enfin son chaperon,
C'est par la vertu protectrice
De son joli petit bouchon.
Vous que femme aimable et jolie
Entretient dans un doux émoi,
Pour conserver votre ambroisie,
Heureux époux, imitez-moi.
Malgré son air simple et novice,
Méfiez-vous de Cupidon,
Et de la vertu prolectrice
De son joli petit bouchon.
Quoique partout il soit volage,
Partout on admire ses traits ;
A la ville comme a»» village,
Sous le chaume comme au palais ;
Enfin, grâce à son artifice,
Toute belle, auprès du fripon ,
Cède à la vertu protectrice
De son joli petit bouchon.
Auditeurs, si dans votre attente
Je vous ai trompés fortement,
Excusez ma muse innocente
De s'être égarée un moment ;
Et vous qui faites mes délices,
Si l'on critique ma chanson,
Soyez au moins les protectrices,
De mon pauvre petit bouchon.
Perchelet.
ENFANT CHÉRI DES DAMES.
Enfant chéri des dames,
Je suis en tout pays
Fort bien avec les femmes,
Mal avec les maris.
(ter.)
Pour charmer l'ennui de l'absence
A vingt beautés je fais la cour.
Laissant aux sots l'ennuyeuse constance,
Je les adore tour-à-tour.
Pourquoi me piquer de constance
Quand je vois de nouveaux appas.
Un nouveau goût s'éveille,
J'entends à mon oreille
Le dieu d amour me répéter tout bas :
Enfant chéri des dames,
Sois dans tous les pays
Fort bien avec les femmes,
Mal avec les maris. (ttr )
Mais le ciel me seconde,
Et veux faire, je crois,
L'ami de tout le monde
D'un homme tel que moi.
Me voici dans la France ;
Tout ira pour le mieux,
Car on aime l'aisance
Dans ce climat heureux.
Non, il n'est pas de climat plus heureux.
Car les amants des dames,
Dans ce charmant pays,
Sont bien avec les femmes.
Bien avec les maris. (ter.)
Picard.
La musique de Gaveaux, se trouve notée au
N.770 de la Clé du Caveau.
COUPLETS DE PALMA.
Petits chagrins de temps en temps
Rendent les plaisirs plus piquants.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
179
Souvent pour un sujet frivole
Notre pauvre cœur se désole.
Hélas! on pleure, on est désespéré,
Et puis on rit d'avoir pleuré.
Fille sage qui, par erreur,
Trahit le secret de son cœur,
Voudrait cacher dans un abîme
Cet aveu qui lui semble un crime.
Hélas ! on pleure , on est désespéré ,
Et puis on rit d'avoir pleuré.
Léa voit fuir tous ses amants ;
Sa sœur reste veuve à seize ans.
Toutes deux , lasses de la vie ,
Veulent mourir de compagnie.
Hélas ! on pleure , on est désespéré ,
Et puis on rit d'avoir pleuré.
i eiuontey.
La musique, de Plantade, se trouve notée au
N. 453 de la Clé du Caveau.
DE QUOI VOUS PLAIGNEZ-VOUS'
1820.
Air : Le bien vient en dormant.
Le bon Dieu, qui de nous se mêle
Une fois tous les dix-huit mois,
Hier, en ouvrant la prunelle,
Nous dit, ayant craché trois fois :
« Pourquoi de vos tristes cervelles,
« Au lieu des accents les plus doux,
« Sort-il des plaintes éternelles,
« Morbleu! de quoi vous plaignez-vous?
« Pourquoi ces regrc's par douzaine :
« Faut-il contre mui s'insurger?
« Vous gagnez quasi par semaine
« De quoi boire et de quoi manger;
« Vos femmes sont presque fidèles;
« Vos bambins sont de vrais bijoux ;
« Vos filles sont presque... d'moiselles,
« Morbleu! de quoi vous plaignez-vous?
« Vous que le mot impasse ou passe
« Attire au lemple de Plutus,
« Et dont les râteaux avec grâce
« Font déménager les écus,
« En sortant de la table verte
« Vous faites la nique aux filous :
« Vous pouvez dormir porte ouverte,
« Morbleu! de quoi vous plaignez-vous?
« Vous pouvez avoir des maîtresses,
« Depuis deux sous jusqu'à six francs;
« Je le sais, parfois leurs caresses
« Vous causent des regrets cuisants.
« D'un docteur alors la main leste
« Parfois vous rogne quelques....;
« Mais du moment qu'il vous en restJ,
« Morbleu ! de quoi vous plaignez vL us?
« Vous pouvez, sans craindre la guerre,
« Dormir en paix dans vos foyers,
« Bellone est dans l'autre hémisphère
« Et Mars a caché ses lauriers ;
« Au lieu de ces chants d'allégresse,
« Dont tous les rois étaient jaloux,
« Vous pouvez entendre la messe ;
« Morbleu! de quoi vous plaignez-vous?
« Et vous, souverains de la terre,
« Pourquoi ce murmure indiscret,
« Lorsque j'ai fermé la paupière
« Du mortel qui vous effrayait?
« Au tombeau sa foudre s'apaise,
« Vous pouvez, brisant vos licous,
« Tailler et rogner à votre aise,
« Morbleu ! de quoi vous plaignez-vous ? »
Ici Dieu ferma la paupière,
La casquette un peu de travers,
Satan sauta de sa tanière ,
A cheval sur cet univers ;
Tandis que ce uoir matamore
Mettait tout sens dessus dessous,
180
CHANSONS POPULAIRES.
En rêvant. Dieu chantait encore :
« Morbleu! de quoi vous plaignez-vous?»
Emile Débreaux.
LE REMPAILLEUR.
En revenant de Yersaille,
Un rempailleur rencontra
Un' fille de belle taille :
Lui dit : « Mettez vot' chais' là.
On vous la rempaille, paille, paille,
On vous la rempaillera. »
La chaise étant rempaillée,
Lui dit : « Asseyez-vous là. »
Mais la fill', qu'était rusée,
Répond : « Monsieur, ça m' l'us'ra.
— En vérité? petite mère. Eh bien... )
On vous la rempaille, paille, paille,
On vous la rempaillera. »
Jeunes fill's, prenez vos aises
Quand l'occasion s' trouvera,
N' craignez pas d'user vos chaises;
Y aura toujours quéqu'un là...
(Et ce quelqu'un là, mes petites chattes, c'est
mei,j
Qui vous les rempaille, paille, paille,
Qui vous les rempaillera.
Du Hrr«an et Brasier.
C'EST L'AMOUR.
1821.
Auk de In contredantr dr In Fie voleuse.
C'est l'amour, l'amour, l'amour,
Qui fait le monde
A la ronde,
Et chaque jour, à son tour.
Le monde fait l'amour.
Qui rend la femme plus docile,
Et qui sait doubler ses attraits?
Qui rend le plaisir plus facile?
Qui fait excuser ses excès?
Qui sait rendre sensibles
Les grands dans leurs palais?
Qui sait rendre accessibles
Jusques aux sous-préfets ?
C'est l'amour, l'amour, l'amour, etc.
Qui donne de l'âme aux poètes,
Et de la joie à nos lurons ?
Qui donne de l'esprit aux bêtes
Et du courage aux plus poltrons?
Qui donne des carrosses
Aux tendrons de Paris ?
Et qui donne des bosses
A beaucoup de maris?
C'est l'amour, l'amour, l'amour, etc
Que fait une nouvelle artiste
Qui veut s'assurer des amis?
Que fait une jeune modiste
Pour se mettre en vogue à Paris ?
Que font dans les coulisses
Les banquiers, les docteurs?
Et que font les actrices
Avec certains auteurs?
C'est l'amour, l'amour, l'amour, etc.
Sur les rochers les plus sauvages,
Dans les palais, dans les vallons,
Dans l'eau, dans l'air, dans les bocagei.
Sous le chaume, dans les salons,
Que font toutes les belles,
Les amants, les époux ?
Que font les tourterelles
Et même les coucous?
C'est l'amour, l'amour.
Qui fait le monde
A la ronde,
amour.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
1S1
Et chaque jour, à son tour,
Le monde fait l'amour.
Dartois et Francis d'Ail ard<-
La musique, de Constantin, se trouve notée au
X. 1824 de la Clé du Caveau.
DIEU! SI MON AMANT ME BATTAIT.
1834.
Air : Ah ! si madame me voyait.
Quoi, ton commis, Àlexina,
Lundi dernier, à la chaumière,
Te donna sa botte au derrière
Quand ce décoré te lorgna,
El qu'un instant il badina.
Ma chère, c'est une infamie!
Qu'un homme est bas dans ce qu'il fait!
A quoi sert donc d'être jolie?
Dieu ! si mon amant me battait!
Entre nous, l'homme est un gueusard,
Bien bête qui s'en acoquine.
Tu sais la blonde Alexandrine,
Eh bien! son polisson d'Oscar
La quitte, et lui laisse un moutard.
Pauvre sexe, hélas ! tu la gobes !
Et l'on te tyranniserait,
Et l'on massacrerait les robes!
Dieu ! si mon amant me battait!
Alexina, si mon amant
Me caressait avec sa botte,
S'il me fichait une calotte,
Je dirais zut an sentiment,
Et me vengerais prqmptement.
Tu vois bien ces ciseaux, ma chère,
Eh bien! flan ! flan !... à son gilet
Je ferais une boutonnière...
Dieu ! si mon amant me battait!
Le dimanche après, au Wauxhall,
La belliqueuse demoiselle
Ayant joué delà prunelle
Avec un clerc trop immoral,
Son amant fit du bacchanal.
Puis d'une cravache indiscrète
Il fit sauter rubans, bonnets..
Plus ne répéta la pauvrette •
Dieu! si mon amant me battait!
Justin Cabassol.
La musique, de Romagnési, si trouve, à Taris,
chez L. "Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-
Nazareth.
LE BOUDOIR D'ASPASIE.
1782.
Asn : En jupon court, en blanc corset.
Tout est charmant chez Aspasie;
L'art y prodigue son savoir :
Mais ce que j'aime à la folie,
C'est son sopha, c'est son boudoir
Un jour, dans l'ombre du mystère,
L'amour près d'elle vint s'asseoir;
Il croyait être avec sa mère,
Sur son sopha, dans son boudoir.
Je veux l'aimer toute ma vie;
Heureux quelque fois de pouvoir
Le dire à la belle Aspasie,
Sur son sopha, dans son boudoir.
Vous qui contre mon Aspasie,
Tachez en vain de m'émouvoir,
Que peut votre philosophie
Contre un sopha, dans un boudoir !
Vous aimeriez mon Aspasie,
Si, comme moi, vous pouviez voir,
Combien la friponne est jolie,
Sur son sopha, dans son boudoir.
182
CHANSONS POPULAIRES.
Elle est coquette, elle est volage ;
Mais je ne veux pas le savoir :
Quelle est la femme qui soit sage,
Sur sonsopha, dans son boudoir?
Marquis de Goudon.
La musique, de Campra, se trouve notée au
N. 547 de la Clé du Caveau.
LE DIMANCHE DES L1LAS.
1835.
Air : Contentons-nous d'une simple bouteille.
Lisa, crois-moi, ne quitt' pas la chaumière
Pour te prom'ner dans les champs, dans les bois;
J'y fus pincée une fois : c'est la première,
Mais, j' t'en réponds, c'est la dernière fois.
A moins d'avoir un mylord, un satrape
Pour son amant, on n' trouv' qu'ennui, tracas ;
Aussi, Lisa, plus souvent qu'on m' rattrape
A Romainvill', le dimanche des lilas.
{bis.
J'avais promis à mon petit Guguste
D' récompenser son délicat amour.
Quand je promets, je tiens ; dame ! c'est juste :
Nous vlà partis sans trompetl' ni tambour.
D' la rue Mouffetard, ça fait une fière étape ;
En arrivant, nous étions déjà las :
Aussi, Lisa, plus souvent, etc.
Loin de la foule, dans un sombre bocage,
Sur le gazon nous allons nous r'poser :
Moi, je regard' à l'envers le feuillage,
Lui, l'herbe tendre, histoir' d' nous amuser.
Auprès de nous, un méchant roquet jappe ;
Vile, je m' lève, et l'on rit aux éclats.
Aussi, Lisa, plus souvent, etc.
Mon maladroit se laiss' voler sa hnurse,
En me fai-ant lircr des macarons.
J'avais dix sous pour unique ressource ,
Avec cela, dit-il, nous dînerons..
] Au restaurant, j' croyais avoir la nappe,
Et j'ai dîné, sous le pouc', d'un cervelas.
Aussi, Lisa, plus souvent, etc.
De mon Gugust' la malice n'est pas grande :
Il est bonn'lier ; ça s' comprend aisément.
Pour une branch' de lilas que j' lui demande
Et qu'il me donn', dieu ! quel désagrément 1
Un gros butor m'agonit et le frappe :
Je fuis, 1' croyant à l'heure de son trépas.
Aussi, Lisa, plus souvent, etc.
Je filais donc, joliment tracassée;
Mon air piteux touche un municipal ;
Avec son bras il m'offre un' fricassée :
Ça m'arrive bien, j'allais me trouver mal.
A l'H-d'Amour, le sournois veut.. . J' m'échappe.
Mais son ép'ron déchir' mon falbalas.
Aussi, Lisa, plus souvent, etc.
C n'est pas assez d'une averse qui m'enrhume,
Il faut qu' j'avale un autr' bouillon chez nous.
Ma mèr' regarde l'horloge et mon costume,
Avec des yeux qui n' sont pas des plus doux.
Après une gamme, ell' m'allonge une tape
Qui me fait voir trenle-six chandelles, hélas
Aussi, Lisa, plussouventqu'on m' rattrape l . .
A HomainviU, le dimanche des lilas. |*
T. YlurtlBiion.
La musique , de Mouret, se trouve notée an
N. 105 fie la Clé du Caveau.
LA PREVOYANCE.
1838.
Air de la Neige \E. Débreaux.'
Assez longtemps, en joyeux sans-souci,
J'ai fait sauter ma vaisselle de poche .
Je suis garçon ; mais demain, Dieu merc,
l'épouse Lise, et Lise est sans reproche.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
183
Que parmi vous, messieurs, plus d'un vaurien
Jette sur moi la maligne épigramme ;
Pour s'amuser, qu'il mange tout son bien ;
Moi, maintenant, qui n'ai presque plus rien ;
Je le conserve pour ma femme.
Deux ou trois fois, pour plaire à la beauté,
Si j'ai laissé mes meuble* au pillage,
Un seul objet ne m'a jamais quitté,
Un seul, et c'est un gentil coquillage.
Jeunes tendrons au minois chiffonné,
Vous dont l'amour ne pèse pas un gramme .
Hier encor je vous 1 aurais donné;
Mais, aujourdhui. bien qu'il soit écorné,
Je le conserve pour ma femme.
Dans nos salons comme au quartier latin,
Grâce au progrès qui tous nous émancipe ,
Le bon ton veut que le sexe lutin
Fume aujourd'hui son cigare ou sa pipe.
0 mes amis! que je serais flatté
Si ma moitié singeait la grande dame!
Aussi quelqu'un, l'autre jour, m'a prêté
Un brûle... bouche assez bien culotté,
Je le conserve pour ma femme.
Ma vieille tante, en mourant, m'a laissé
Un sansonnet pour unique héritage;
Un savetier m'en offrait, l'an passé,
Trois francs dix sousetme laissait la cage.
Vendre un oiseau qu'on m'apporta du Fecq,
Pour le priver du peu d'air qu'il réclame,
Oh ! non, jamais ! j'aurais le cœur trop sec ;
Il dit si bien : «Veux-tu taire ton bec ! »
Je le conserve pour ma femme.
J'avais jadis un caniche à poil ras,
Et vous savez si l'espèce en est rare ,
Nous nous aimions : mais un matin, hélas !
Mon chien se noie au milieu d'une mare .
Les souvenirs parfois savent toucher :
D m'en reste un de mon pauvre Pyrame ;
C'est un gourdin, que j'ai soin de cacher,
Qui l'empêcha bien souvent de broncher,
Je le r '-«erve»pour ma femme.
En visitant mon trousseau, lundi soir,
J'ai retrouvé, sous une vieille veste.
Un drap de lit, qu'un jour de désespoir
Je préparais dans un dessein funeste.
Son aspect seul peut, je crois, attendrir
Tel qui rirait au dénoûment d'un drame:
Il était là, tout prêt à me servir ,
Non pour coucher, mais pour m'eusevelir
Je le conserve pour ma femme.
Eugène Berthler.
UN HEUREUX MÉNAGE,
Air : Aménité, gatté, fraternité (Chànu.j
Ma femme aussi
Va porter, Dieu merci,
Une toilette
Un peu complète ;
C'est le bon ton,
El vive le jupon
Qui fait remuer le menton.
La détresse était au complet,
Nous barbotlions dans l'indigence ;
Mon épouse fit connaissance
D'un monsieur bête, riche et laid.
Ma femme aussi, etc.
Depuis ce temps, notre maison
A pris une bonne tournure ;
Bijoux, vêtements, nourriture ,
Chez nous tout arrive à foison.
Ma femme aussi, etc.
Nous étions accrochés partout
Dans le quartier, quelle misère !
Nous devions à toute la terre ;
Elle a payé tout ça d'un coup.
Ma femme aussi, etc.
Notre protecteur, en tout cas,
N'attend jamais qu'on lui rappelle
184
CHANSONS POPULA1KES.
Que ma femme aime la dentelle,
Et moi le pâté de foie gras.
Ma femme aussi, etc.
Il m'enverra, le mois prochain,
Tant il aime à rendre service,
A Longjumeau, voir en nourrice,
Notre enfant dont il est parrain.
Ma femme aussi, etc.
Or, maintenant tout me sourit,
Je ne suis plus dans la débine ;
Car je commande à la cuisine,
Et ne couche plus au grand lit.
Ma femme aussi, etc.
Depuis qu'un soir, chez un traiteur,
Tête-à-tête on l'a rencontrée,
On la prétend déshonorée;
Où diable a-t-on niché l'honneur I
Ma femme aussi, etc.
Pourquoi m'en fâcher, au surplus,
Leur liaison m'est profitable ;
Car, depuis qu'il la trouve aimable,
Je pèse dix kilos de plus.
Ma femme aussi, etc.
Tout le monde était convaincu,
Le jour de notre mariage,
Que ma moitié, modeste et sage,
Venait d'épouser un... heureux.
Ma femme aussi
Va porter, Dieu merci,
Une toilette
Un peu complète ;
C'est le bon ton,
Et vive le jupon
Qui fait remuer le menton.
lliarle» « nlmaurr.
La musique se trouve, à Paris, chez L. Vieillot,
•diteur,3'J, rue Notre-Dnme-de-Nazareth.
LÉDA.
1846.
Aik : Ah! le bel oiseau, maman
Ah I le bel oiseau, vraiment,
Qui sut faire...
Tout pur plaire ;
Ah ! le bel oiseau, vraiment,
Qui de Léda fut l'amant.
Jupiter se dit un jour :
En dieu j'ai fait mes conquêtes;
Je prétends faire l'amour
A présent comme les bêtes...
Ah ! le bel oiseau, etc.
11 avait bien ses raisons;
Car Léda, des plus subtiles,
Redoutant tout des garçons,
N'aimait que les volatiles.
Ah I le bel oiseau, etc.
Dans les eaux de l'Eurotas
Il aperçut la coquette,
Baignant ses charmants appas
Et nageant comme une ablette.
Ah ! le bel oiseau, etc.
Méprisant trop le canard,
Dont l'allure n'est pas digne,
Aussitôt notre gaillard
Se métamorphose en cygne.
Ah ! le bel oiseau, etc.
Il approche en frétillant
Près de la belle princesse.
Oh ! dit-elle en le voyant,
Que de grâce, de souplesse I
Ah ! le bel oiseau, etc.
A l'instant de ses deux bras
Notre baigneuse le pu
Ce jeu ne lui déplaît pas;
A son tour il la caresse.
Ah 1 le bel oiseau, etc.
Paris. — Ii
iprimeric de Pillit fils utné, rue des Grands-Augustins, 5.
C'était très-bien; mais voilà
Que bientôt Léda soupire.
— Beau cygne, que fais-tu là?
Que mon époux va-t-il dire!
Ah! le bel oiseau, etc.
Ce que faisait notre oiseau
Pourra paraître un peu louche ;
Les poissons, au fond de l'eau,
N'en ouvrirent pas la bouche.
Ah! le bel oiseau, etc.
L'époux point ne se fâcha
Du résultat du colloque;
Puis notre belle accoucha
De deux beaux œufs à la coque.
Ah ! le bel oiseau, etc.
Craignez un pareil destin,
Maris à l'humeur bénigne ;
Quand vos femmes vont au bain,
Pour vous c'est un mauvais signe.
Ah ! le bel oiseau, vraiment,
Qui sut faire...
Tout pour plaire;
Ah ! le bel oiseau, vraiment,
Qui de Léda fut l'amant.
Justin Cabassol.
Air ancien, noté au N. 13 de la Clé du Caveau.
MA GRISETTE.
1839.
Air du Barbier de Séville (Rossioi).
Viens, ma Lisette,
Viens, ma grisette...
Le plaisir chez moi te conduit;
Quand sur ma couche,
L'amour nous couche.
Le bonheur règne en mon réduit. (ter)
87
Lorsqu'en tes bras, vers Cylhèreje cingle,
En débarquant au pays des heureux,
De ton fichu je fais sauter l'épingle,
Sans qua»ta main m'ose fermer les yeux !
Viens, ma Lisette, etc.
Dans nos transports, si j'éprouve un déboire,
La coupe en main, pour bannifinon émoi,
Comme un ami tu me verses à boire,
Et d'amitié tu trinques avec moi!
Viens, ma Lisette, etc.
Nous savourons la liqueur généreuse,
Et plus ses feux raniment mon désir,
Plus je m'enivre à la coupe amoureuse
Qu'en souriant ta bouche vient m'offrir!...
Viens, ma Lisette, etc.
Sur ton sein blanc, la nuit, ma main folâtre,
L'aurore vient, que je l'y trouve encor;
Alors, pour rien, je palpe encor l'albâtre
Qu'à mes rivaux tu vends au poids de l'or.
Viens, ma Lisette, etc.
Amant heureux, peu m'importe les chaînes
Qu'un autre amant se forge auprès de toi,
Quand tu me dis que le suc de tes veines,
Dans tes amours ne jaillit que pour moi !
Viens, ma Lisette,
Viens, ma grisette,
Le plaisir chez moi le conduit,
Quand sur ma couche
L'amour nous couche,
Le bonheur règne en mon réduit. (1er)
Perchelet.
La musique, de Rossini, se trouve à Paris, chez
L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame de Naza-
reth.
—PSBPa— —
LE POCIIARD.
Air ; Si j'étais V bon Dieu
Tiens, je n' vois plus la barrière,
Ousquesont l's amis?...
1S6
CHANSONS POPULAIRES.
Je n'vois plus du tout d' lumière,
J' suis-t'y dans Paris?
J' suis trempé sans parapluie,
Comm' un pauvr' canard ;
J'ai bu d la bien bonne eau-de-vie.
Ab! j' suis-t'y pochard. (Ws.)
Les amis n' sont pas en peine
Si j' vais au cass'-cou,
Si j'ai mangé ma quinzaine,
Si j' rentre sans 1' sou.
.1" m' suis fait, par cesbélitres,
Fumer comme un r'nard ;
J' n'ai pourtant bu qu' dix-huit litres.
Ab ! j' suis-l'y pochard.
L'autre jour, à la Courtille,
Au vin à six sous,
A propos d'un' petit' fille,
J'ai zévu des coups.
J'en ai-t'y r'çu un terrible
Dans mon pauvr' pétard ,
On n' m'appell' plus l'invincible.
Ah! j' suis-t'y pochard.
Mais qu'est-ce que j' sens qui m' brouille?
C'est V tabac et 1' vin,
Je crois qu' c'est ça qui m' farfouille
Dans les intestine.
Mais qu'est-ce que j' sens là qui flotte?
Diable! il est trop tard...
Faudra laver ma culotte.
Ah!j'suis-t'y pochard.
Enfin, j'avais fait l'emplette,
Pour mes pauvr's enfants,
D'un' pi<V detrent' sous d' galette,
Vont-ils être contents
J' tài ma poch', puisqu'enfin j' rentre.
Faut-il ètr' gueulard!
J m' la suis fourrée dans 1' ventre.
Ah! j' suis-t'y pochard.
Allons, n' faut pas que je m' blouse,
Bon, v'ià la mais a :
Mais que qu'va <!ir' mon épouse?
liai-' la d'ssoua r savon/
C'est étortnant, quel silence!
Quand j'rentre si tard...
Tiens... j'suis dans les lieux d'aisance.
Ah ! j' suis-t'y pochard.
Pour vaincre la réprimande,
Allons, sus V moment...
Ma femm' qu'est un peu gourmande,
N' faisons pas Y faignant...
Moi qu'est toujours si sensible,
Mais queu chien d'hasard !
Aujourd'hui c'est impossible.
Ah 1 suis-t'y pochard.
Neveux père.
MORT D'UNE PUCE.
1827.
Air des Comédiens.
il a péri, l'insecte téméraire
Qui de ton sang buvait le doux carmin ,
11 n'a pas su, redoutant ta colère,
Se dérober à ta charmante main.
Il sautillait, et, dans sa fuite agile,
Déjà trois fois il trompait ton espoir,
Quand tu rendis sa retraite inutile
En l'accablant de ton léger mouchoir.
Fallait-il donc, comblant son infortune,
Sur sa faiblesse accomplir ton dessein?..
Qu'il était vif! eh ! que sa robe brune
Rehaussait bien la blancheur de ton sein!
Il a péri, l'insecte téméraire
Qui de ton sang buvait le doux carmin.
11 n'a pas su, redoutant ta colère,
Se dérober à ta charmante main.
Lorsque la nuit, d'un voile impénétrable,
Venait cacher tes pudiques appas,
Le libertin, d'une patte coupable,
Furtivement u «lissait dans les draps.
CHANSONS BADINES ET G R I VOISES.
is-
Pour ce méfait, fallait-il le détruire ?
k ce propos tu dis, en rougissant:
« Vouliez-vous donc que ce petit vampire
« Jusques au jour s'enivrât de mon sang"?
Il a péri, l'insecte téméraire
Qui, de ton sang, buvait le doux carmin ;
Il n'a pas su, redoutant ta colère,
Se dérobera ta charmante main.
Cet animal, si j'en crois Pythagore,
Sans doute, hélas ! fut jadis un amant
Qui, ple;n d'émoi, croyait presser encore
L'aimab.vi objet de son emportement!
Mais qu'ai-je dit?... C'est un rival peut-être
Dans ta pudeur il a dû l'outrager
Ah! si jamais s'offrait un nouveau traître,
0 ma Clara, sache encor me venger.
Il a péri, l'insecte téméraire,
Qui de ton sang buvait le doux carmin ;
Il n'a pas su, redoutant ta colère,
Se dérober à ta charmante main.
Justin < abassol.
La musique, de Millet, se trouve notée auN. 1916
de la Clé du Caveau,
■ i n ■ i ,~ i r\ ~ u m i ii
PRIERE D'UN BON CHRÉTIEN.
1804.
Air . Contentons-nous d'une simple bouteille.
Un bon chrétien doit au ciel sa prière
Pour tous les biens qu'il reçoit ici-bas ;
Mes chers amis, c'est l'instant de le faire ;
N'oublions point à la fin d'un repas.
De prier Dieu pour ceux qui n'en ont guère
De prier Dieu pour ceux qui n'en ont pas
fel ,,
Ybts-
A nos héros, cbers amis, de la guerre
Abandonnons les assauts, les combats :
Nos armes sont la fourchette et le verre,
Pour attaqur la bouteille et les plats,
En priant Dieu, etc.
Vous que j'ai vus, jadis, dans la misère,
Mangeant sans nappe et vous couchant sans drap:.
Tout éblouis d'un éclat éphémère,
Envers le ciel vous vous montrez ingrats,
Sans prier Dieu, etc.
Lorsque parfois le sot ou le vulgaire
Vient m'ennuyer de son galimalliias,
Tout courroucé, je m'écrie e* colère :
Les beaux esprits qu'on rencontre ici-bas
Devraient prier, etc.
Quand, vers le ciel , élevant leur voix claire.
J'entends chanter de malheureux castras,
En bon humain, moi, je plains leur misère.
Ces pauvres gens!répétai-je tout bas:
Devraient prier pourceuxquin'enontguèrS, j
_, . . . , \\bis.
Devraient prier pour ceux qui non on pas. )
Alphonse Jlartaitivillc.
UNE COURSE EN OMNIBUS.
1846.
Air de l'Amour romantique (ChAN'Ui.
Pour une course pressée
De mon cabas embarrassée,
Je m' trouv' tout just' assez d' quibus
Et j' grimp' en omnibus;
Mais qu'est-c' donc qui s oppose,
A c' que j' puisse y entrer plus d'un pied,
Est-ce que j'aurais quequ'chose
De pris dansl' marche-pied.
Mon Dieu qu'é malheur,
Arrêtez, conducteur;
Pas d'esclandre ,
Ici je veux descendre;
Mais d' vot' intérieur,
Grand merci, j'sors d'en prendre,
Paroi' d'honneur, c'est une horreur !
188
CHANSONS HOPULA!KK>.
Pour compagnons d' citadine,
J' vois un étudiant en méd'cine.
Une nourrice, un grand cuirassier,
Une bonne, un tapissier,
Un peintre, un juif, un prêtre,
Un' douairière et son perroquet,
Un caniche, un p'tit-maître;
Allez... partez... complet.
Mon Dieu, etc.
N'y a plus d' place sur la banquette,
On m'dit d'jn'asseoir sur la sellette.
Sans nul égard pour mon ampleur,
Ma taille cl ma rondeur.
D'un nieubl' que j' tiens d' famille
Sur c" tabouret ça fait pitié,
Je n' peux, foi d'honnêt' fille,
Déposer qu' la moitié.
Mon Diou, etc.
A la plus petite secousse,
Pan 1 via ma voisine qui me r'pousse,
A chaqu' pas aux moindres cahots
J'ai mon voisin su' 1' dos,
Le carabin s'occupe
A m' fair' des frictions dans les reins.
Et 1' soldat prend ma jupe
Pour s'essu)cr les mains.
Mon Dieu, etc.
En rajustant sa cravate,
Le p'Iil-maUr' me dit : ma p'tite chatte.
Voulez-vous, au grand Hamponeau,
Accepter un morceau.
Sonl-ils galants ces hommes
Vouloir m'emm'ner au cabaret,
Dans 1' quartier où nous sommes
N'y a donc pas d' cabinet.
Mon Dieu, etc.
Le curé fil' à la Sorbonne,
L' troupier descend à la colonne.
La nourrice entre aux orphelins,
L' tapissier aux Gob'lins,
Vers la Bours' le juif trotte,
L' docteur reste au quartier latin,
Moi, quanci j' vois la galiote,
.1' dis en lorgnant Y voisin:
Mon Dieu qu'é malheur,
Arrêtez, conducteur,
Pas d'esclandre,
Ici je veux descendre;
Mais d' vot' intérieur,
Grand merci, j' sors d'en prendre,
Paroi' d'honneur, c'est une horreur 1
Otarie* Colmaucc.
LES COQUILLES D'HUITRES.
Air . Dieu ! que c'est gentil la grisolle !
Une fillette connaissant
Mon penchant pour la gourmandise,
Conçut le projet innocent
De me vendre sa marchandise.
« Fais, me dit-elle, un doux effort,
« Viens avec moi, fleur des bons drilles (bis
« D'une huître qui te plaira fori
« Je te ferai voir les coquilles. »
Arrivés dans certain endroit,
La belle, toujours franche et bonne,
Me désigne du bout du doigl
La place de l'huître mignonne.
Soudain je me dis : Qu'est cela?
Quelle quantité de broutilles :
L'huître, a coup sûr, doit être là.
Mais je n'en vois pas les coquilles.
Le temps nous change quelquefois,
Me répond la maligne Alice;
Mon cher, celte place, autrefois;
Autant que ma main était lisse,
J'y vis pousser, en grandissant,
Une mousse des plus gentilles ;
Puis la mousse en épaississant
l'init par cacher les coquilles.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
189
Sous les taillis qui les couvraient
La recherche fut prompte à faire,
Par malheur, elles se trouvaient
Closes d'hermétique manière.
Mais pour un amateur adroit
Ce ne sont là que des vétilles ;
Rien que la chaleur de mon doigt
Fit entrebâiller les coquilles.
Sans y réfléchir j'enfonçai
Ce pauvre doigt jusqu'à la garde;
Aussi comme je fus pincé I
De l'être ainsi que Dieu vous garde.
Et ce doigt, grâce au cotillon,
Quoique droit encore sur ses quilles.
Portera toujours le sillon
Du mal que m'ont fait les coquilles.
Malgré le mal qu'il ressentit,
Messieurs, l'auteur ici publie
Que rien n'excite l'appétit
Comme une huître fraîche et jolie.
Mais une huître ayant quelquefois
Aux gourmands fait porter béquilles.
Ayons soin de garnir nos doigts
Pour les fourrer dans les coquilles.
Emile Debrcaux.
ADIEU, FANCHON.
C'est fini, Fanchon, plus d'affaire. '
Crois-tu donc que j' suis t'un jobard ?
Dimanche, avec 1' filsd' la fruitière,
T'as cancanné z'à mon égard ;
T'as dit quej' n'avais plus d' chemise,
Et qu' je m' livrais à la boisson ;
Je n'veux pas d'un' femm' qui m' détruise.
Adieu, Fanchon.
Va-t'en z'avec 1' fils d' ta fruitière,
Filer z'un nouveau sentiment.
Rengorge- toi, fais bien la fière.
T'as là z'un amant conséquent.
I l' boira la dernière nippe;
Moi, pour m' mettre à ton unisson,
J'étais sur Y point d' quitter la pipe.
Adieu, Fanchon.
Rappell's-toi bien qu' dans mon délire
J' t'aurais donné îïnfinité:
J' t'avais promis un d'mi-cach'mire,
Et d' l'amour pour l'éternité ;
J'aurais pas voulu t' conter d' gosse,
C'était-y là z'un horizon !
Eh ben ! c't' horizon-là t' fait brosse,
Adieu, Fanchon.
En dépit d'un' paçeill' tendresse,
Tu m' bats un six pour un rival,
T'as donc sucé 1' lait d'un' tigresse
Dans quéqu' paroiss' du Sénégal ?
Mais, au surplus, r'tiens bien 1* quantième
Ousque tu m' fis c'tte trahison,
Tu n' m'en r'coul'ras pas un' deuxième.
Adieu, Fanchon.
T'as p't-êtr' cru que j' frais la folie
D'empoisonner tout un av'nir;
T'as p't-êtr' cru qu'je m' défrais d' la\ie:
Oui, plus souvent que j' vas m' périr !
Moi ! m' calciner Y cœur et la tète
Pour un' femm' qu' a pas null' raison;
Dieu de Dieu, qu'il faudrait êtr' bête I
Adieu, Fanchon.
MORALE.
0 perfide coquetterie,
Que tes effets sont désastreux !
Tant pus que l'on se croit jolie,
Tant pus qu'on mène un amoureux:
Dans ses filets on s'entortille,
Quand on tir' trop tort sur l'ham'çon,
La ligne s'eass', bonsoir l'anguille.
Adieu, Fanchon.
Edouard \eveus.
190
CHANSONS POPULAIRES.
LA BONBONNIERE
Al R du Portrait de la vie.
Lorsque je mois la plume en main
Pour un couplet de chansonnette,
Ce n'est jamais qu'avec dessein.
De bâtir une historiette.
Ce que je veux vous raconter
Est une méchante aventure ;
Mes cliers amis, faut l'écouter,
Vous en rirez, je vous le jure.
Aglaé compte ses quinze ans,
Et de Vénus porte les charmes,
Aussi, voit-on tous les amants
A ses pieds déposer les armes.
Elle possède un seul défaut,
Oui ne l'est pas à sa manière,
Ce sont des bonbons qu'il lui faut,
Puis elle ouvre sa bonbonnière.
Mais s'il vient un gros financier,
Voulant lui parler d'amourette,
Elle le prend pour son caissier,
Tout en regardant sa pochette.
Alors, sans plus de réflexion,
Afin de terminer l'affaire,
Dans l'espoir d'avoir du bonbon,
Elle prête sa bonbonnière.
Mais s'il survient de ces chalands,
Comme on en voit dans cette ville,
Beaucoup d'amour et pas d'argent,
Alors, la chose est difficile.
Elle dit : vos discours sont bons,
Mais ils ne font pas mon affaire.
Si vous n'avez pas de bonbons,
Vous n'aurez pas ma bonbonnière
Pardonnez-moi, sexe charmant,
D'avoir chanté la bonbonnière,
Ce sujet me parut plaisant,
Puisqu'il me servit de matière.
Je suis un homme sans façon.
Qui fait des vœux bien téméraires,
Je vous fournirai du bonbon,
Procurez-moi vos bonbonnières.
Cogvn.
LA JEUNE PORTIERE.
Aus . Alerte ! alerte /ou : Bataille! bataille!
Je suis une jeune portière.
Assez fraîche et peu cancanière.
Je possède quelques appas.
Dans ma loge, du haut en bas,
L'amour prend ses ébats!
Je tire... je tire...
Avec délire,
Grâce, abandon ;
Je tire .. je tire...
Le cordon !
Le groom de notre agent de change
Me pince et m'appelle son ange ■
Il est bien fluet, le coquin,
Mais qu'il est vif et libertin ■
Je cède à ce lutin 1
Je lire... etc.
L'intendant de monsieur Saint-Bricc
Me fait souvent l'œil en coulisse.
Ce vieux grigoux n'est pas tentant,
Mais, pour lui, je fais tout pourtant,
Car il a du comptant !
Je lire... etc.
Le valet de chambre Narcisse
Souvent dans ma loge se glisse,
Pour sa vigueur il est cité;
Je veux, par curiosité,
Voir s'il est trop vanté.
Je tire... etc.
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES'
191
Le cuisinier du pair de France,
Sur mon cœur, fonde une espérance
Il est bien gras, il est bien laid !
Qu'importe ! il m'offre maint poulet.
La volaille me plaît !
Je tire... etc.
Le petit laveur de vaisselle,
En tremblant dit que je suis belle ;
Quand il peint mal sa passion,
Je fais, avec intention,
Son éducation.
Je tire, etc.
Le chasseur de notre duchesse
Devant moi passe et se redresse,
Le gaillard est fait à ravir.
Dût la noble dame en patir,
Contentons mon désir !
Je tire... etc.
A deux battants ouvrant ma porte,
Au cocher, je prête main-forte;
Quand je le vois prêt à broncher,
Je dis pour le faire marcher :
Allons, fouette, cocher I
Je tire... etc.
L'homme qui frotte la duchesse,
Dit qu'on peut briller sans richesse.
Quittant cette dame d'honneur,
Il met, cet habile frolteur,
La portière en couleur.
Je tire... etc.
La portière est, dit-on, maussade ,
Dans le quartier elle bavarde;
Je me suis fait une autre loi,
Je remplis bien mieux mon emploi;
Tout à mon devoir, moi,
Je tire... je tire...
Avec délire,
Grâce, abandon;
Je tire... je tire...
Le cordon !
Justin Cabassol.
BABET ET COLIN.
S'en retournant au village,
Babet trouva Colin
Près du moulin,
Qui revenait de l'ouvrage
Et passait son chemin.
Elle ramasse une motte,
Pour jeter en passant
A ce galant ;
Mais elle fut bien sotte
Quand Colin la lui... rend.
S'en retournant au village, etc.
Babet se mit en colère.
Et dit : monsieur Colin,
Ça n'est pas bien ;
Je n'ai qu'à vous laisser faire,
Otez donc votre main.
S'en retournant au village, etc.
Colin ne l'écouta guère,
Et fut toujours son train,
Comme un lutin,
Babet finit par se taire,
Et Babet fit fort bien.
S'en retournant au village, etc.
Celte chanson doit, sans doute,
Être au jeune tendron
Une leçon ;
On ne doit pas, sur la route,
Attaquer un garçon.
S'en retournant au village,
Babet trouva Colin
Près du moulin,
Qui revenait de l'ouvrage
Et passait son chemin.
Paroles d'un anonyme.
193
CHANSONS POPHLAIRES.
A CE SOIR.
A ce soir, à ce soir, à ce soir,
Annette. gentille brunette,
Eu tapinois, en tapinois,
J'irai le voir ;
Annette, c'est à ce soir.
Lorsque le soleil dans sa course
Sera près d'atteindre son but,
Tu me verras, ma mie si douce,
A tes charmes payer tribut.
Rien à vive flamme
Ne résistera ;
Ne ferons qu'une âme
Qu'amour charmera.
A ce soir, etc.
— Mais du village c'est la fête :
D'être rosière j'ai l'espoir,
Et si tu viens dans ma chamhrette,
Les voisins pourront te voir.
— Quoi pour une couronne
Tu refuserais
Les plaisirs, ma mignonne,
Qu'amour nous promet '?
A ce soir, etc.
— Cher Lubiu, je n'ai qu'une chaise,
— Elle servira pour nous deux.
— Mais tu seras mal à ton aise.
— Près de toi je suis au mieux.
Mais si ton lit est mince ,
Ce qui s'aperçoit,
Je me croirai un prince
Si tu m'y reçois.
A ce soir, etc.
— Si je ne cède à ta prière,
Mon cher Lubin, ne m'en veux pas :
C'est que souvent, m'a dit ma mère,
L'amour heureux sitôt s'en \a.
— Ah! ne crois pas ma chère
A ce dicton menteur ;
Crois plutôt que ta mère
A' 'isede ton cœur.
A ce soir, à ce soir, à ce soir ,
Annette, gentille brunette,
En tapinois, en tapinois,
J'irai te voir;
Annette, c'est à ce soir.
Flriuln.
La musique est de l'auteur des paroles.
LA BONNE AVENTURE.
Jeunes filles qui portez
Blonde chevelure,
L'amour vient de tous côtés
Rendre hommage à vos beautés,
La bonne aventure, ô gué !
La bonne aventure l
Longue souffrance, en aimant,
Est chose bien dure.
Mais lorsqu'un heureux amant
Plaît au premier compliment,
La bonne aventure, ô gué !
La bonne aventure!
Voir sans obstacle un ami,
Bagatelle pure !
Mais pour un amant chéri
Tromper tuteur ou mari.
La bonne aventure, ô gué!
La bonne aventure.
Si l'amour d'un trait malin
Vous a fait blessure,
Prenez-moi pour médecin
Quelque joyeux boule-en-train.
La bonne aventure, ô gué!
La bonne aventure!
Suivons un penchant flatteur,
Sans peur du murmure.
Est-il plus grande douceur
Que celle que donne au Ci nu-
La bonne aventure, ô gué!
La bonne aventure l
Diuiroiirt.
Air ancien, noté au N. 302 de la Clé du C
Paris. — Imprimerie de Pillet fils utné, rue des Grands-Auguslins, lï.
(bis.)
LES DISTANCES.
1800.
Lise épouse 1' beau Germance ;
L' jeune époux a d' la naissance,
La belle Lis' n'en a pas,
Mais elle a beaucoup d'appas :
En vain l'orgueil en murmure,
L' mari se moque d' tout ça,
L'amour ainsi qu' la nature
N' connaît pas cps distanc's-là.
Jupin, grand épouseux d' belles,
S' mariait a des mortelles :
Pour contracter c' bel hymen,
Ell's n'avaient pas d' parchemin.
A sa gentille future,
C dieu n' demandait pas tout ça.
L'amour, etc.
Quand Vénus sortit de l'onde,
Elle vint tout' nue au monde;
Elle n'était pas d' qualité,
Mais elle avait d' la beauté:
Chacun voyant sa figure,
S' dit noblesse n' vaut pas ça,
L'amour, ainsi qu' la nature
N' connaît pas ces distanc's-là.
Bouilly.
La musique, de Doche, se trouve notée au X. 300
de la Clé da Caveau.
LES PAGES FRANÇAIS.
Mon jeune page un jour m'invite
A nous promener loin du port;
Je cède sans crainte, et de suite
L'esquif s'éloigne du bord.
Accepter à mon âge,
Était imprudent, mais
Qui pourrait refuser un page
Un page français.
88
Mais à peine sur l'onde amère.
Bien loin du rivage étions-nous
Que le page trop téméraire.
Hélas! tombe à mes genoux.
On est faible à mon âge,
Je combats pourtant; mais
Peut-on longtemps combattre un page,
Un page français.
Soudain un corsaire barbare
Uui rôdait sans cesse par ià,
iS'ous voit, vole, nous sépare,
Et vient me vendre au pacha.
Tout console à mon âge,
Tout plaît encore, mais
Qui pourrait oublier un page,
Un page français.
Théaulon et .4. Dartois.
La musique, de Doche, se trouve notée au N. 1130
delà Clé du Caveau.
LE SOUPER DE MANON.
1849.
Biaise, dit la fillette,
Je viens souper chez vous...
— Souper dans ma cliambrette!
Mais comment ferons-nous?...
Car je n'ai qu'une assiette...
— C'est assez, dit Manon.
Biaise prétend que non!
Biaise, mon ami Biaise,
On est très-bien ici;
Mettez-vous à. votre aise,
Asseyons-nous ainsi...
— Mais je n'ai qu'une chaise !
— C'est assez, dit Manon.
Biaise prétend que non !
Une chaise, une assiette,
Cela suffit vraiment,
T. ii. — 29.
19«
CHANSONS POPULAIRES.
Partageons la serviette
Et soupons... — Mais comment?...
Je n'ai qu'une fourchette!... ^
— C'est assez, dit Manon.
Biaise prétend que non !
Biaise, qu'allez-vous faire?
— Je ne fais rien du tout.
— Voulez-vous bien vous taire!...
Biaise, buvons un coup..
— Mais je n'ai qu'un seul verre!...
— C'est assez, dit .Manon.
Biaise prétend que non !
Vous froissez ma toilette,
Biaise, délacez-moi...
Tirez ma collerette...
Et coucbons-nous... — Sur quoi?...
Je n'ai qu'une couchette...
— C'est assez, dit Manon,
biaise prétend que non !
Mais quoi!... Biaise lui-môme,
Le matin, à mi-voix
Disait : « Manon, je t'aime ! »
Pour la troisième fois...
Non, pour la qualrième!...
— C'est assez, dit Manon.
Biaise prétend que non!
tumuu' ftadaud.
Cette chanson est extraite des chansons de Gus-
tave Nadaud, nouvelle édition, un beau volume
in-18. Prix ; 2 fr. 50 ent. , chez L. Vieillot, 32, rue
Notre-Dame-de-Nazareth.
La musique, de l'auteur les paroles, se trouve
chez L, Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-
ISazareth.
ENCORE UN D'ENFONCÉ
A lu Du dieu da bonnet cent.
Eire enfonce Boni doux mots en usage
Pour deagner qu'on n'a pas réussi-
Et j'ai choisi ce populaire adage
Pour le refrain des couplets que voici.
Dans la chanson dont je vous fais l'annonce,
Vous trouverez plus d'un vers mal tracé;
Eh bien ! amis, chantez, si je m'enfonce,
Encore un d'enfoncé ! {bis.)
De s'enrichir croyant l'heure venue,
Le mois dernier, un marchand, mon voisin,
Ouvre à grands frais, au coin de notre rue,
De nouveautés un pompeux magasin;
Mais tant de luxe éloigne la pratique,
VA de briller notre homme si pressé,
Depuis hier a fermé sa boutique.
Encore un d'enfoncé!
Dans maint théâtre on prend une habitude
Assez plaisante, il faut en convenir :
D'avance on vante un ouvrage à l'étude ,
C'est un chef-d'œuvre, il devra réussir.
L'épreuve arrive et le chef-d'œuvre tombe ,
Puis le public, que la pièce a lassé.
Dit e^ riant de l'auteur qui succombe,
Encore un d'enfoncé !
Il fallait voir dans leurs beaux jours de gloire
Nos vieux soldats gaîment marcher au feu ■
Avec ces preux, vrais fils de la victoire,
Prussiens, Anglais, vous n'aviez pas beau jeu!
Et, chaque fois qu'un ennemi farouche
Tombait, par eux mortellement blessé.
Us s'écriaient, déchirant la cartouche :
Encore un d'enfoncé !
Dans une noce où la gaîté s'épanche,
Qu'avec plaisir j'attends le lendemain 1
Du marié, l'allure vive et franche,
Trahit le secret de l'hymen;
Doux souvenir fait soupirer encore
La jeune épouse, et mon œil exercé
Lit sur son front que la pudeur colore .
Encore un d'enfoncé 1 {bis.)
Jules l.eroy.
La musique, de Doche.se trouve notée au N. 833
de la Clé du Caveau.
MMMÉHM
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
!9ï
COLIN ET COLINETTE.
Colin et Colinelte,
Dedans un jardinet,
Assis dessus l'herbette
Faisaient un beau bouquet,
Avec quelqu'autre chose
Que je ne dirai pas.
Quoi donc? quoi donc ?
Mais je n'ose, mais je n'ose,
Ne m'en tendez-vous pas?
Colin, plus chaud que braise,
La jette sur le jonc,
Et là, tout à son aise,
U lui prend le menton
Avec quelqu'autre chose, etc.
Mais ce berger peu sage,
Enflammé, plein d'ardeur,
Lui fit voir qu'à son âge
On a toujours du cœur,
Avec quelqu'autre chose, etc.
Lassé du jeu, Lisette,
Dans les bras de Colin,
S'endormit sur l'herbette
Le lenant par la main ,
Avec quelqu'autre chose,
Que je ne dirai pas.
Quoi donc? quoi donc?
Mais je n'ose, mais je n'ose,
Ne m'entendez-vous pas?
Paroles d'un anonyme.
L'OCCASION MANQUÉE.
Ah! maman, que je l'échappe belle!
Colin, ce matin, s'était glissé dans ma ruelle.
Ah! maman, que je 1 échappe belle !
Qu'on a bien raison
De se méfier d'un garçon !
Il s'approche de moi sans rien dire :
Le fripon soudain
Me prend la main!
Je la retire,
Il sourit; je le grnnde, il soupire;
Mais en soupirant,
Dieu ! qu'il avait l'air séduisant!
Ah ! etc.
Il poursuit; je m'étonne, il m'embrasse*
Un prudent effort
De son transport
Me débarrasse;
Mais voyant redoubler son audace.
J'avais bien regret
De n'avoir pas mis de corset,
Ah 1 etc.
Malgré moi mon sein frappe sa vue :
Je le couvre en vain;
11 va plus loin;
J'en suis émue.
Les deux mains quand on est presque nue
Ne suffisent pas
Pour voiler ce qu'un a d'appas.
Ah! etc.
En tremblant je recule, il s'avance.
Le traître à l'instant,
D un air content,
Sur moi s élance:
Son ardeur forçait ma résistance :
Mais le suborneur
S enfuit voyant venir ma sœur
Ah! maman, que je l'échappe belle !
Colin, ce matin, s'était glissé dans ma ruelle.
Ah 1 maman , que je l'échappe belle !
Qu'on a bien raison
De se méfier d'un garçon!
Varié.
Air anglais, noté au N. lô de la Clé du Caveau
— ooeogaooo—
196
CHANSONS POPULAIRES.
ARRETONS-NOUS LA.
Air de Mnnon Giroux.
Muse, allons vite, à l'ouvrage.
L' sujel m' paraît bon,
Franchissons avec courage
Le double vallon !
Mais... chez Momus eu ivresse
Puisque nous voilà,
Avant d'aller au Permesse.
Arrêtons-nous là.
Rose qu'on dit peu farouche.
Aurait mille appas,
Si ses oreill's et sa bouche
Ne se touchaient pas.
On lui ditencor queuqu'chose
D'plus grand que cela,
Mais, par charité pour Rose,
Arrêtons-nous là.
Thémire, à quinze ans novice,
N' savait pas dir' trois,
Quand Lubin avec malice
L'attira dans l'bois.
Depuis c' temps avec Thémire
Quand au bois il va,
Rar'ment elle oublie d' lui dire .
Arrêtons-nous là.
Quand nous voguons vers Cythère,
Afin dêtre heureux.
N' mettons jamais pied à terre
Dans un ch'min douteux;
Si nous touchons l- cœur d'un' belle
Qu'amour maltraita.
Craint' d'êtr' maltraité par elle,
Arrêtons-nous là.
Si nous trouvons jeune fille
Qu'attire 1' plaisir.
Et dont l'œil malin pétille
D'amour el <1 désir,
Saisissons d'une main leste
Les appas qu'elle a;
Et, pour bien juger du reste,
Arrêtons-nous là.
Six couplets pour un' bluette,
Muse, c'est c' qu'il faut,
Aussi bien d' noir' chansonnette
Je n' vois qu' trop 1' défaut.
Si la critique, qui veille,
Jusqu'ici n' parla,
Craignons d' blesser son oreille,
Arrêtons- no us là.
Perrhelet.
Air ancien, noté au N. 034 de la Clé du Caveau.
SUZETTE.
Ai r du vaudeville de Sans tambour ni tompette
Suzette, qui d'esprit pétille,
Me parut si gentille,
Qu'en mon cœur son minois laissa
Certain désir qui se devine,
Et puis une flamme divine
Dans mes sens soudain se glissa...
Voilà pourquoi toujours je guette
La petite Suzette.
Elle plaît à tout le village,
Mais elle est fille sage :
Pourtant assez souvent, dit-on,
Avec Lucas elle badine.
Cela quelquefois me chagrine,
Car Lucas est joli garçon.
Voilà pourquoi toujours je guette
La petite Suzette.
D'un bijou qui vient de <a mère,
Klle est dépositaire,
Chacun cherche à l'en dessaisir,
Le plus galant j perd sa peine.
Ah ! .le peur qu on ne le lui prenne ,
Mon cœur voudrait le lui ravir ;
\ oilà pourquoi toujours je guette
La petite Suzette.
CHANSONS BADINE? ET GRIVOISES
v:>-
Avec elle un jour, à Cythère,
Je mettais pied à terre.
L'Amour alors vint à passer,
II effraya la jouvencelle,
En s'esquivant de ma nacelle,
Elle me promit un baiser.
Voilà pourquoi toujours je guette
Le petite Suzette.
Un soir, qu'elle dormait seulette,
J'entrai dans sa chambrette.
D'amour j'invoquai le pouvoir;
Bientôt mon âme fut ravie.
De revoir l'espiègle endormie
J'ai conservé le doux espoir...
Voilà pourquoi toujours je guette
La petite Suzette.
Perrhelet
MONSIEUR DELORME.
Air : Je n'ai pas l'honneur de vous connaître.
« Allons, criait un voyageur,
« Mon cher hôte, apportez la carte,
« Il est bientôt jour, et d'honneur,
« Par le coche il faut que je parle. »
L'hôte se lève .. au même instant
Un jeune preux en uniforme,
Près de sa femme se glissant,
Devient son zélé remplaçant.
Qu'il est bon là monsieur Delorme! (bis.)
Le bonhomme, le compte fait,
Relourne auprès de sa compagne,
Et de son monde satisfait,
Il pense à se mettre en campagne.
« Comment, dit la dame, deux fois...
« Avant tout il faut que je dorme.
« — Ma bonne, vous rêvez, je crois,
« Ou je suis... frustré dans mes droits. »
Qu'il est bon là monsieur Delorme I
Une nuit, d'un air triomphant,
La bouche pleine de pistaches,
A terme fixe un bel enfant
Vint au monde avec des moustaches.
Du plaisir repoussant l'attrait,
L'époux à son sort se conforme.
« Mon fils, dit-il, est mon portrait;
« Il me ressemble trait pour trait. »
Qu'il est bon là monsieur Delorme!
On cite dans tout le pays
Ce trait qui fait honneur aux dames.
Mais depuis ce temps les maris,
Au lit, ne quittent plus leurs femmes.
Quant à l'hôtelier, dont le goût
Est d'être père pour la forme,
Il dit à qui le pousse à bout,
Qu'il a des confrères partout.
Qu'il est bon là monsieur Delorme!
Paroles d'un anonyme
LE SÉJOUR DES DAMNES.
Air : falmons que l'on chante gaimenU
Hier au séjour des damnés,
Gens, ma foi, fort aimables,
Je vis de très bons diables,
Et dont les airs sont des plus gais.
Satan le père,
Franc et sévère,
Vidait gaîment son assiette et son verre,
Et les damnés et les démons
Vidaient ensemble leurs flacons
Au bruit des cris, des ris et des chansons.
Quel aimable délire
Dans l'infernal empire!
Non, ventrebleul
Jamais on n'a vu pire.
La Pompadour et Mazarin,
Avec Jeanne-la-Folle,
Jouaient à pigeon-voie,
En compagnie avec Mandrin;
Puis Robespierre,
Robert-Macaire,
198
CHANSONS POPULAIRES.
Carambolaient Catin la vivandière.
Cartouche, Henri IV et Calvin,
Tous les trois chantaient au lutrin
Vivent les filles et vive le bon vin.
Quel, etc.
Assis à côté de Ninon,
Jean Bail faisait l'aimable;
Judas faisait l'affable,
A côlé du mauvais larron.
Platon, Socrate
ICI Mithridate
Se disputaient la belle Cléopâlre;
Et puis je vis un peu plus loin
Marinn Delorme dans un coin
Faisant la gueuse avec un vieux Bédouin.
Quel, etc.
Mahomet, qui se trouvait gris,
Dansait la carmagnole.
Et Fieschi se désole
De ne pas trouver un ami ;
Quelques sœurs grises,
Tant soit peu grises,
Aux diablotins racontaient des bêtises,
Et les actrices et les acteurs,
El les chantet.es et les chanteurs
Chantaient, dansaient, tous couronnés de fleur
Quel, etc.
Rien n'est plus gai qu'un démon gris :
Quelle aimable tendresse,
Quelle joyeuse ivresse
Ont cea messieurs du noir taudis!
Quelle cuisine !
Comme on y dîne !
Tout esl en l'air, loul jusqu'à Proserpine.
Au son iln piston, du tamtam,
Lucifer dansait le cancan.
Quelle cohuel ah. grands Dieux, quel boucan
Quel, etc.
Jeanne d'Arc faisait lesyniv doux
A l'immortel Voltaire;
La belle Ferronnière
Tenait Panard sur ses genoux;
Marie-Thérèse
Dansait l'anglaise,
Et les Chouans chantaient la Marseillaise.
Trestaillon dit : il se fait tard,
Entonnons le Chant du départ!
«e vis alors que tous étaient pochards.
Quel aimable délire
Dans linfernal empire 1
Non, ventrebleu!
Jamais on n'a vu pire.
Paroles d'un anonyme.
La musique, de Dalayrac, se irouve notée an
N 255 de la Clé du Caveau.
J' VOUS D'MANDE UN PEU SI L' BON DIEU
S' MÊLE DE ÇA.
1829.
Ans : Ah I qu'il est doux de/aire des heureux.
Cherchait en vain à faire une romance,
El croyant rendre son nom immortel;
Certain rimeur, en accès de démence,
Recommandait sa verve à l'éternel. (6m.)
Fais, disait-il, que ma muse fée >nde
Tous mes couplets, quatrains, et caMera,
Afin qu un jour on me vante à la ronde.
J'vosud'mandeunpeu si l'bon Dieu s'mèle deçà. 6'*.
Dans ses amours Suzette, très précoce,
Sut à profit mettre tousses instants-
Aussi deux mois après l'jour de sa noce,
Fut-elle en proie à des maux bien misants.
lui implorant le Christ et ses apôtres,
Dans sa douleur, Suzette s'écria :
Mon doux Jésus, n' m'en envoyez pas d'autre.
J'VOUS d'mande un peu si le bon Dieu s'mélede ça
Pour posséder une nouvelle Vierge,
Blinval un jour fut à Saint Nicolas,
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
199
1 croyait, en faisant brûler un cierge.
De son épouse avancer le trépas ,
Mais sa moitié, bien lojn de rendre l'âme,
Se portait mieux, etBlinval trépassa.
Que l'on soit bien ou mal avec sa femme,
J'vous d'mandeun peu si le bon Dieu s' mêle ée ça.
Quand de Thalie un fils, hélas ! succombe,
Si de l'honneur il a suivi les lois,
Doit-on avant qu'il soit mis dans la tombe
Lui refuser le plus sacré des droits ?
Quoi! le prélat, guidé par la sottise,
A nos acteurs refuse un libéra.
Qu'on ait vécu du théâtre ou d' l'église,
J' vous d'mande un peu si le bon Dieu s' mêle de ça.
J.-% «ulllemé.
LA FORÊT NOIRE.
Notre meunier chargé d'argent
S'en allait au village ;
V'Ià qu' tout-à-coup, v'ià qu'il entend
Un grand bruit dans Y feuillage,
Ouf!
Notre meunier {bis) n' manque pas d' cœur,
On dit pourtant qu'il eut grand peur.
Amis, si vous voulez, si vous voulez m'en croire,
N'allez pas {bis) dans la forêt noire.
L'autre jour la jeune Isabeau
Se promenant seulette,
Elle revint sans son anneau
Et sans sa collerette ;
Hein!
Notre Isabeau (bis) n' manque pas d' cœur,
Mais que faire contre un voleur;
Belle, si vous voulez, si vous voulez m'en croire,
N'allez pas {bis) dans la forêt noire.
Hier soir dans un chemin creux,
Tout seul je m'achemine,
J'entends comme un cri douloureux
D' qu'euq'zun qu'on assassine,
Ouf!
Je vois paraître l'ombre d' feu notre pasteur,
Je m'écrie d'une voix à faire peur :
Ami, si tu fais bien et si tu veux m'en croire,
Ne r' viens pas {bis) dans la forêt noire.
Marsolller.
La musique , de Dalayrac, se trouve notée au
N. 403 de la Clé du Caveau.
LE CÉLIBATAIRE.
Asu : Dis-moi, l'ami, dis-moi, t'en souviens-lu t
Tu veux me fuir, Rosine, et je t'adore!..
Je te croyais un cœur plus généreux...
Tu veux me fuir... eh bien ! fuis... mais encore
Daigne en tes bras recevoir mes adieux....
Tu te trahis ! une flamme divine
Vient par tesyeux d'amour sécher les pleurs ;
Reste avec moi, sémillante Rosine,
La volupté nous offre un lit de fleurs I
Ah ! si j'en crois ton céleste sourire,
Ton cœur, ému, souscrit à mon dessein;
De ton corset permets que je retire
Ce voile épais qui. cache ton blanc sein;
Tromper lanour est une perfidie,
Dans l'âge d'or il charme nos erreurs:
Reste en mes bras, ô maîtresse jolie !
La volupté nous offre un lit de fleurs!
A mes désirs enfin rien ne s'oppose,
Sous ces rosiers hâtons-nous d'être heureux!
Que sur le mien ton cœur aimant repose
Enivre-moi de ton souffle amoureux !
Moment divin ! de l'ardeur qui nous presse
Les mêmes feux embrasent nos deux cœurs !
Reste en mes bras, délirante maîtresse !
La volupté nous offre un lit de fleurs !
200
CHANSONS POPULAIRES.
Ah! de l'amour bénissons la puissance!
Ht puisse-t-il longtemps nous abuser.
Si près de nous s'endort la jouissance,
Réveillons-la par le bruit d'un baiser !
De Cytbérée où pour toi je respire,
Il faut aimer pour gagner les faveurs.
Rrste avec moi, Rosine, en cet empire
La volupté nous garde un lit de fleurs.
Perchelet.
REGRETS D'UN ÉPOUX A SON ÉPOUSE.
En passant près d'un cimetière ,
Au lieu paisible du hameau ,
Je vis sur une simple pierre
Une croix noire avec ces mots :
« Ci-gît la plus aimable femme
« Qui fut fidèle à son mari. »
Je m'écriai du fond de l'âme :
Il faut me marier aussi.
Auprès de la tombe isolée
Un jeune homme était à genoux ;
A sa figure désolée,
D'abord je reconnus l'époux.
Ciel! disait-il , dans sa prière,
Devais-tu donc prochainement
Oter cet exemple à la terre !
11 s'en trouve si rarement !
M 'approchant de lui , de ses larmes
Je lui demande le sujet.
— Autant de vertus que de charmes,
Voilà qui cause mon regret.
Si je voulais des femmes belles,
Je n'aurais qu'à le désirer;
Pour en trouver une fidèle,
Jugez combien je dois chercher.
M. •? cher» amis . la chose est sûre,
jr vous le dis sans vanité ,
Femme , aussi fine créature ,
Le plus fin s'y trouve trompé.
Mais, dit-il, la mienne fut sage ,
Et fut fidèle à son serment ;
Car le jour de son mariage
Elle mourut subitement.
Paroles d'un anonyme.
LE LOUP BLANC.
Air • Notre meunier chargé d'argent.
Dans f bois voisin, un loup glouton,
La terreur des familles,
Sans faire aucun mal au mouton,
Croque toutes les filles :
Non, non jamais [bis) il n'exista
De loup pareil à celui-là :
Fuyez loin de cebois, fuyez, jeune fillette,
Le loup blanc {bis) est là qui vous guette.
Dans ce bois la jeune Alison
Prenait le frais seulette,
Le loup s'élance d'un buisson,
Et sur elle se jette :
La pauvre enfant {bis) n'en mourut pas,
Mais combien souffrit-elle, hélas!
Fuyez loin de ce bois, fuyez, jeune fillette
Le loup blanc {bis) est là qui vous guette.
La tante, la vieille Margot,
Apprenant l'aventure,
Courut dans le bois aussitôt
Pour venger cette injure
Le loup bientôt fut sur ses pas ;
Mais le loup ne la croqua pas.
Fuyez loin de ce bois, fuyez, jeune fillette,
Le loup blanc {bis) est là qui vous guette.
l'uroleM d'un anonyme.
La musique, de Dalayra.-, est DOléc au N 40d«
la Clé du Carcan.
Puns. — Imprimerie de PlU.l1 fils utrii5, rue des Grands-Augustins, t).
LES ÉTUDIANTS
La vie a des attraits
Pour qui la rend joyeuse,
Faut-il dans les regrets
La passer soucieuse?
Jamais! jamais! jamais !
Le plaisir est français.
Eh ! pioupe, pioupe, pioupe, )
La la la la la, la la la.
) i fois.
L'amour est un enfant,
L'étude est une femme;
Diligents étudiants,
Chacun d'eux vous réclame
Souvent, souvent, souvent,
Ils vous rendront savants.
Eh ! pioupe, etc.
Quand l'hiver, sur nos jours,
Viendra semer la neige,
Puissions-nous pour retour
Et pour dernier cortège,
Toujours, avoir, toujours,
Bacchus et les amours.
Eh ! pioupe, etc.
Messieurs les étudiants,
Montez à la chaumière,
Pour y danser l'cancan
Et la Kobert-Macaire,
Toujours, toujours, toujours,
Triomphez des amours.
Eh ! pioupe, etc.
Il faut le ménager,
Puisque c'est un confrère,
•Sachons le protéger
Puisqu'il ne sait pas faire
L'amour, l'amour, l'amour,
La nuit comme le jour.
Eh ! pioupe, etc.
Des mets que mon cerveau,
Enfante en son délire,
89
Des vins de mon caveau,
Amis ! puissiez-vous dire :
Bravo, bravo, bravo !
Retournons chez Friteau.
Eh! pioupe, pioupe, pioupe,
La la la la la, la la la.
Paroles d'an anonyme.
Air ancien noté au NT, 1019 de la Clé du Caveau .
ARIETTE DE LA PARESSE
C'est un péché que la paresse :
Pour le bien de l'humaine espèce,
Mes amis, travaillons sans cesse,
C'est pour ça que Dieu nous créa.
Paresseux dont abonde
La machine ronde.
Que serait le monde
Où vous reposez,
Si le premier père
Fut resté sur terre
Les deux bras croisés?
Eve employa le geste,
La voix et le reste,
Pour rendre plus leste
L'époux indolent,
Et toute sa vie
Sa bouche jolie
Lui disait souvent :
C'est, etc.
Le Turc et le Brahmane,
Et la courtisane,
La grande sultane
Sur son canapé,
Travaillent à la ronde,
Et dans ce bas monde
Tout est occupé.
On travaille en Syrie,
T. h.— 30
îOi
CHANSONS PCPULAIRES.
Dans laPoméranie,
Dans la Sibérie,
Au mont Saint-Golhard ;
On travaille en Chine,
Dans la Palestine,
A Madagascar ; car
C'est, etc.
L'or, les bijoux, les terres
Ne sont que chimères,
Le travail, mes trères,
Vaut seul un trésor :
Témoin ma Jeannette,
Qui, jadis simplette,
Roule en un char d'or;
Mais, dimanche et fête,
Travaillait Jeannette,
Même la pauvrette
Travaillait la nuit,
Cardans sa jeunesse.
D'un air de tendresse,
Sa maman lui dit :
C'est, etc.
Lise à quinze ans s'ennuie,
Lise se confie
A sa bonne amie ;
Car, nous a-t-on dit,
I) Y'tre un peu savante,
\ nisine obligeante
Bientôt nous instruit ;
Si le chagrin vous mine,
Travaillez, cousine,
Répond la voisine ;
Lors un peu, je crois,
Travaillez, ma chère,
Alors qu'OD sait l'aire
Œuvre de ses doigts.
C'est un péché que la paresse :
Pour le bien de l'humaine espèce,
Mes amis, travaillons gans cesse,
I pour ça que Dieu nous créa.
l'ini.l. s d'un uiioiijnic.
LE PRIX DU MOMENT.
1782.
Air: Tout est dit.
Tant qu'un jeune galant désire,
A la beauté qui le ravit
Il a mille choses à dire,
Son discours jamais ne finit :
Mais, dès qu'il a signé certaine clause,
Des jolis mots la source se tarit;
Sa bouche estclose,
Tout est dit.
Quand votre fille devient grande,
Mère, ne la quittez jamais;
C'est un soin que je recommande
Contre mes propres intérêts.
Craignez qu'amour près d'elle ne s'arrête,
Jamais ce Dieu n'est long dans son récit :
Tournez la tête,
Tout est dit.
Filles qui craignez le dommage
Que les amants peuvent causer,
Résistez au premier langage
Dont ils veulent vous amuser.
Si vous lardez, votre péril redouble ;
De son flambeau l'amour vous éblouit :
Quand l'œil est trouble,
Tout est dit.
Panard.
La musique se trouve chez L. Viellot, éditeur,
32, rue Notre-Dame-de-Nazareth.
MMOMM
COUPLETS DE MARIANNE,
Su/on sortait de son villtgS ;
Ou In trouvait quelques appas
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
203
EU' n'avait pas d' biens en partage.
Mais un bon cœur et de bons bras.
Travaillez donc,
Mam'sell' Suzon,
Travaillez donc, jeune et pauvre fillette.
"Croyez-inoi donc,
Songez-y donc ;
Travaillez donc, jeune et pauvre Suzon.
Ecoutez c'te voix qui répète
Que l'argent ne donn' pas 1' bonheur,
Et qu lorsqu'on a la paix du cœur,
Notre fortune est faite.
Bientôt un amant se présente :
Il était jeune et riche encor ;
Le fripon, d'un' voix séduisante,
Offre son cœur et beaucoup d'or...
Méfiez-vous donc
D'un pareil don,
Méfiez-vous donc, jeune et pauvre fillette,
Croyez-moi donc,
Travaillez donc,
Travadlez donc, jeune et pauvre Suzon.
Écoutez, etc.
11 n' parlait point de mariage :
II fallut le laisser partir;
S'il est pénible d'être sage,
11 l'est bien plus de se r'pentir.
Continuez donc,
Profitez donc,
Continuez donc, jeune et pauvre fillette,
Croyez-moi donc,
Travaillez donc,
Travaillez donc, jeune et pauvre Suzon.
Écoutez c'te voix qui répète,
Que l'argent ne donn' pas 1' bonheur,
Et lorsqu'on a la paix du cœur,
Notre fortune «st faite .
MursolHer.
La musique, deDalayrac. se trouve notée au N. 5-0
d. la Clé du Caveau.
LE PÉCHÉ DE PARESSE,
1780.
\\k:A confesse m'ensuis allé au curé de Pomponne .
Tant que l'homme désirera
Plaisirs, honneurs, richesse,
Pour les avoir il emploîra
Courage, esprit, adresse;
Tout le relèvera
Larira,
Du péché de paresse.
Une indolente qui n'aura
Rien vu qui l'intéresse,
Quand son moment d'aimer viendra.
Le Dieu de la tendresse
Vous la relèvera, etc.
Un jeune époux qui ne dira
Qu'un mot de politesse,
Un amant plus joli viendra,
Qui parlera sans cesse,
Et vous le relèvera, etc.
Une veuve qui comblera
D'un amant la tendresse,
Et qui se tranquillisera
Dans ces moments d'ivresse,
On la relèvera
Larira,
Du péché de paresse.
Collé.
Air ancien, noté au N. 745 delaCléduCaveau
LES STATUES ANIMÉES
A R : De tous les capucins du inonde.
Qu'auprès d'un jeune homme on étale
Quelque trait de bonne morale,
201
CHANSONS POPULAIRES.
Maxime ou quatrain de Pybrac,
Il s'endort, l'oreille est fermée :
De fillettes parlez-lui... tac !
Voilà la statue animée.
Quand quelque plaideur communique
Ses papiers à gens de pratique,
Si rien n'accompagne le sac,
On s'endort l'oreille est fermée;
Mais joignez-y de l'argent... tac !
Voilà, etc.
Auprès d'une femme galante,
Servez-vous de phrase élégante ;
Parlez-lui Voiture ou Balzac,
Elle dort, l'oreille est fermée ;
Prenez le ton du caissier... tacl
Voilà, etc.
Quand pour quelque ancienne dépense
On vient faire la révérence
Au chevalier de Crédillac;
Il s'endort, l'oreille est fermée;
Mais parlez-lui d'un dîner... tac!
Voilà, etc.
Qu'on propose à la jeune Ismène
Un mari dont la soixantaine
Commence à faire un almanach ;
Elle dort, l'oreille est fermée;
Si c'est un jeune égrillard .. tac !
Voilà, etc.
L'an passé la jeune Amarante
Fut très longtemps pâle et mourante ;
Des médecins tout le micmac
N'opéra que de la fumée :
Vient un jeune colonel... tacl
Voilà, etc.
Use a douze ans était pécore;
Aucun soupir n'avait encore
Pressé son petit estomac :
Tircis vient, elle en est charmée ;
I»an^ le moment l'amour fit... tac!
Voilà la statue animée.
Parole» d'un anonyme.
AH ! SI MADAME LE SAVAIT.
1829.
Air : Ah ! si madame me voyait BoMAr.NÉsi.l
Ah ! si madame me voyait I
Disait une jeune servante,
Qui, pour paraître plus fringante,
De sa maîtresse, un jour, mettait
Le bas soyeux qui la chaussait;
Elle ajoutait, avec finesse :
Pourquoi cacher un pied bien fait?
J'ai la jambe d'une duchesse :
Ahl si madame me voyait !
Monsieur m'emploie assidûment :
Lorsque sa moitié se promène ;
Il me dit : je veux, Madeleine,
Que tu viennes, en ce moment,
Préparer mon appartement I
J'arrange avec soin son ménage ;
A peine le lit est-il fait,
Qu'il défait avec moi l'ouvrage :
Ah 1 si madame me voyait !
J'ai toujours estimé Jasmin,
Car pour le bon motif il m'aime;
Aussi, je prends un soin extrême
De sa santé pour que l'hymen
Nous réunisse un beau matin.
Combien de fois il me visite ;
11 visite aussi mon buffet;
Pour lui j'écréme la marmite :
Ah ! si madame me voyait !
Ma maîtresse aime son cousin,
M, lis d'un amour ti*s respectable,
< liiez nous il est indispensable :
Monsieur vient, lui serre la main.
l.i madame Lui serre!... Enfin,
Dans le boudoir parfumé d'ambre.
Avant de Be rendre en secret,
Il m'embrasse dans l'antichambre
Ah ! si madame me voyait!
AUPSE^OTEJS ©ELLE:
G. DE GONET.E
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
Î05
CONCLUSION.
Madame vit un jour, dit-on,
Qu'il lui manquait des bas de soie;
Elle vit son époux en joie
Avec notre vive Marton;
Et Jasmin prenant un bouillon.
Elle vit, pour combler sa peine,
Son ingrat cousin qui chantait,
Dans la chambre de Madeleine :
« Ah ! si madame me voyait ! »
Justin Cnbnssol.
La musique, de Romagnesi, se trouve notée au
N. 1847 de la Clé du Caveau.
RIEN N'ÉTAIT SI JOLI QU'ADELE.
1789.
Air breton.
Rien n'était si joli qu'Adèle,
Qui, grâce à Lucas,
Arrivait à grands pas
A l'âge où l'amour dit tout bas :
Amusez-vous,
Belle aux yeux doux,
Amusez-vous,
Trémoussez-vous,
Amusez-vous, belle;
Amusez-vous,
Ne craignez rien,
Trémoussez-vous bien.
Un jour Lucas surprit Adèle
Au fond d'un p'tit bois,
Où 1' drôle en tapinois
Lui chanta pour la premier' fois:
Amusez-vous, etc.
Ce r'frain amusa tant Adèle
Qu'avant de s'quitter.
Sans pouvoir s'arrêter,
Elle et Lucas n' fir'nt que chanter :
Amusez-vous, etc.
Mais un jour que sur l'herb' nouvelle
Adèl' chantait ça,
Un gros loup la croqua...
Fillettes, d'après c'te l'çon-là,
Méfiez-vous
D' ce r'frain si doux :
Amusez-vous,
Trémoussez -vous,
Amusez-vous, belle;
Amusez-vous,
Ne craignez rien,
Trémoussez-vous bien.
Désanglers.
La musique, de faujon, refaite par Désaugiers,
se trouve notée auN. 513 de la Clé du Caveau.
LA VENDANGEUSE.
Air: V là c' que c'est qu' d'aller aubois.
Ma mère aux vignes m'envoyit ,
Je ne sais comment ça se fil;
En parlant elle m'avait dit :
Travaille, ma fille,
Vendange, grapille,
Malgré moi Biaise m'amusit...
Je n' sais pas comment ça se fit.
Malgré moi Biaise m'amusit ,
Je ne sais comment ça se fit.
Si poliment il m'abordit !
Travaille, ma fille
Vendange, grappille ;
Que pour lui mon cœur s'attendrit,
Je n' sais pas comment ça se fit.
Que pour lui mon cœur s'attendrit,
Je ne sais comment ça se fit.
Il prit ma main et la baisit •
Travaille, ma fille
20 ;
CHANSONS POPULAIHKS.
Vendange, grappille,
-Mais ma vertu le repoussi'
Je n' sais pas commenl ça se fit.
Mais ma verlu le repoussit ;
Je ne sais comment ça se fit,
En le repoussant il glissit.
Travaille, ma fille,
Vendange, grappille,
Puis en tombant il m'entraînit...
Je n'sais pas comment ça se fit.
Puis en tombant il m'entraînit...
Je ne sais comment ça se fit.
Que ni moi ni lui ne s' blessit :
Travaille, bon drille,
Vendange, grappille,
Stapendant le coup m'étourdit...
Je n' sais pas comment ça se fit.
Stapendant le coup m'étourdit:
Je ne sais comment ça se fit :
Un irait de bon vin me remit :
Travaille, bon drille,
Vendange, grapille,
Et tout-à-coup ça m'endormit,
Je n' sais pas comment ça se fit.
El lout-à-coup ça m'endormit;
Je ne sais comment ça se fit ;
De mon sommeil il profitil,
Travaille, bon drille
Vendange, grappillé,
Pour tous les deui il vendangit....
Je n' sais pas comment ça se fit
Pour tous les deux, il vendangit.
Je ne sais comment ça se fit.
Si bien de sa serpe il agit,
Travaille, bon drille,
Vendange, grappille,
mon panier plein m trouvit :
)e a' sais pas commeni ca se lit.
Uernvtal
NICOLAS.
Ai H du curé de Pomponne.
Chez Nicolas, moi, je nie plais,
Malgré son air sévère...
Après boire au nez des valets
Si l'on jette son verre,
Si l'on s'escrime avec les plats.
11 gronde et veut qu'on parte :
Ne vous emportez pas,
Nicolas ;
Mettez ça sur la carte.
Ce mot apaise en un moment
Notre hôte qui s'effraie ;
Sous ce bon prince on a vraiment
Les libertés qu'on paie.
Attable-t-on certains appas,
Il gronde, etc.
Priant de ne pas l'oublier,
Quand la gentille Rose
Voit chacun dans son tablier
Lui glisser quelque chose,
Met-on la main un peu plu^ bas,
Il gronde, etc.
Si quelque vent, fort à propos
Éteignant la chandelle,
Fait trébucher parmi les pots
Son épouse fidèle,
Si de la nappe on fait des draps,
11 gronde, etc.
Le Pouvoir est de ses amis:
Dans un coin de la salle
Il a vingl fois mis et remis
Certain buste un peu sale :
Quand '•' pIMre. vole en éclats.
H gronde, elc.
Nicolas, digne petit-fil*
De madame Grégoire,
CHANSONS BADINES ET GRIVOISES.
207
Ton vin m'inspirait quand je fis
Ces couplets à ta gloire.
Ton vin est bon, mes vers sont plats,
Mais il faut que je parte,
Je te les offre, hélas !
Nicolas,
Pour acquitter la carte.
Bégésippe Moreau.
Cette chanson, qui fut écrite par l'auteur sur la
carte d'un restaurateur, est l'une des plus originales
compositions d'un grand poète mort misérablement
dans un lit d'hôpital, à l'âge de vingt-huit ans.Certes
le talent d'Hégésippe Moreau ne peut être apprécié
convenablement par cet essai, dans un genre qui ne
lui était pas familier; il était bien plus poète que
chansonnier, et bien que par la suite il ait fait quel-
ques autres chansons, il est plus que probable qu'il
serait tout-à-fait ignoré,s'il s'en était tenu à ce genre
qui demande plus de gaîté et d'entrain que de véri-
table poésie.
Comme presque tous les hommes de génie, Hégé-
sippe Moreau n'a été connu que longtemps après sa
mort. Enfant naturel, né à Paris, le9 avril 1810, au
n° 9 de la rue Sainte-Placide, il fut élevé à Provins,
où son père était professeur au collège. Devenu or-
phelin dès ses premières années, Moreau fut placé,
par les soins d'une dame F***, au petit-séminaire
d'Avon, près de Fontainebleau, où il fut élevé gratui-
tement.C'est dans cette maison qu'il fit ses premiers
essais en poésie. Il avait alors douze ans. A quinze
ans, cette même dame F*** le plaça comme apprenti
dans une imprimerie, à Provins, et plus tard l'en-
voya à Paris, où il exerça successivement comme
compositeur d'imprimerie et comme maître d'éiudes;
mais, emporté par son esprit rêveur, il ne put se
plier que très difficilement aux exigences de ces deux
professions; aussi mena-t-il une vie abreuvée de dé-
goûts; seul, repoussé de tout le monde, il se traîna
malade jusqu'à l'hôpital de la Charité, où il ex-
pirait deuxmois après, le 20 décembre 1838.
Air ancien, noté au N. 745 de la Clé du Caveau
LA PORTE ET LE COEUR
Air . Lisette, ma Lisette.
Lise, ouviv-moi bien vfte,
Réponds à mon ardeur,
Tout à l'amour t'invite
Ouvre moi vite
Ta porte et ton cœur.
A travers la serrure ,
Friponne, je te voi;
Ouvre, je t'en conjure,
Lubin est tout à toi.
Trop souvent au bocage
Tu déçus mon projet;
De ton joli corsage
Romps enfin le lacet.
Lise, ouvre-moi, etc.
Sous les traits que décore
Ta pudique fraîcheur,
Lise, je vois encore
De ton sein la blancheur;
Ces charmes que j'admire,
Si je n'y puis toucher
Pour calmer mon martyre,
Laisse-les-moi cacher.
Lise, ouvre-moi, etc.
Fixant ta gorge nue,
Mes yeux, avec douceur,
Ont découvert l'issue
Qui conduit au bonheur,
Cède à ma flamme extrême ,
Ta sensibilité
Te conduira, toi-même,
A la félicité.
Lise, ouvre-moi, etc.
Tout brille en ta personne .
Que tes bras sont jolis,
Que ta taille est mignonne!
Que tes pieds sont petits 1
Belle, en m'offrant l'image
De la Divinité,
Laisse-moi rendre hommage
A ta virginité. ■
Lise, ouvre-moi, etc.
Quoi! ton âme inflexible
Se rit de mes désirs .
208
CHANSONS P.OPULAIKES.
Serait-elle insensible
A mes tendres soupirs?
Hélas! si par mon zèle
Je ne puis t'attendrir.
Entre tes bras, cruelle,
Permets-moi de mourir.
Lise, ouvre-moi bien vite,
Réponds à mon ardeur,
Tout à l'amour t'invite.
Ouvre-moi vite
Ta porte et ton cœur
I*ervliclet.
LA COURTIERE.
1822.
Asu : La seule promenade qu'a du prix.
L' commerce est vraiment V seul moyen
De s' (aire un sort quand on n'a rien ;
Aussi des pauvres tilles sans bien,
C'est lui qu'est la r'source et 1* soutien.
D' jour en jour j'avançais en âge,
Il n' se présentait pas d' mari ;
Mes meilleurs nip's étaient en gage,
J' dis faut pourtant prendre un parti;
J' lâch' tout d' suit' l'état d' couturière,
J' prends un log'mentdans l'beau quartier.
Puis dès 1' mêm' soir je in' mets courtière!
Via r qui s'appelle un bon métier!
L' commerce, etc.
J' trouve d'abord plus d'une anicroche:
L' commenc'ment est toujours comm' ça;
Mai- -ans m' décourager j' racroche
Tout <•' qui s présente par-ci par-la
Comme r courtage n'allait guère,
Pour d avoir rien a me r'procher,
Quand il n' me » nail qu'un' p'tite affaire,
j' tâchais tout d même de l'emmancher !
L' commerce! etc.
Ensuite une autre chos m embarrasse
Fallait trouver un protecteur.
Car pour travailler sur la place,
Faut avuir un bon endosseur.
Un jour, jugez si j' fus contente!
Un monsieur r'lira galamment
Tout c' qu'était en plan chez ma tante,
Puis, s' paya par tempérament.
L' commerce, etc.
D' craintes pourtant mes joies sont mêlées;
Heureus' tant qu' la hausse se maintient,
Quoiqu' nos affair's soient bien réglées,
Adieu 1' courtage quand la baisse vient.
Dans c' cas-là faut fair' plus d'avances;
A force d' soins, d' pein's et d'efforts,
On peut trouver d'assez bonn's chances,
Mais il faut avoir les reins forts!
L' commerce, etc.
Aujourd'hui môme un' grande affaire
M' gène encor, quoique j' sois en fond;
Un' fill' qui nouvell'ment opère
N' peut pas r'cevoir d'effet trop long.
Pour s' ménager un' ressource,
N' faut pas trop s' mettre à découvert ;
Gnia qu' pour les affaires de bourse
Qu' mon crédit est toujours ouvert.
L' commerce, etc.
Mais enfin v'ià que j' suis connue,
Aussi j' ne r'çois que d' bons billets;
Pour s' faire payer les miens à vue,
Gnia pas besoin d' faire de protêts,
Dieu merci, tout va comme un ange:
Aux gros commerçants j' fais la loi :
Pas un banquier, un agent d' change,
Un négociant qui u' tir' sur moi !
L' commerce est vraiment 1 seul moyen
De s' faire un sort quand un n'a rien;
Aussi des pauvres Biles sans bien,
C'est lui qu'est la r'source et V soutien
Ylurcilluc.
Paris. — Imprimerie de Puxn fils utné, rue des Grands-Augustins, V,.
/V////.V//..
y
■IË ÊMÂfô' m là/
iap Dclamamfi.RGitleXTœiirPéni
LE CHAR DE LA VIE.
1823.
Air nouveau de Fourcy.
Oc : Air du vaudeville des Gardes-Marines.
En chantant, joyeux troubadours,
Pour que jamais il ne dévie,
Attelons au char de la vie
Et les plaisirs et les amours.
N'envions pas ces chars pompeux
Que Plutus lance sur l'arène ;
C'est l'ambition qui les traîne,
Les soucis voltigent près d'eux :
Couvert de fleurs et de feuillage,
Le nôtre roule doucement,
Et le bonheur en souriant
Dirige l'équipage. {Us.)
En chantant, eic.
Arrête, gentil conducteur,
J'aperçois jeune pèlerine ,
Ah! d'une rose purpurine
Son gai minoista la fraîcheur !
Fais-la monter... Dieu! sa main tremble!
Des pleurs mouillent ses yeux si douxl
Timide enfant, rassurez-vous,
Et... voyageons ensemble.
En chantant, etc.
•
Mais auprès du fils de Vénus
S'est placé le dieu de la treille :
Ses mains d'une grappe vermeille
Nous expriment le divin jus!
Autour de nous quel cercle aimable I
Le char n'est-il pas arrêté ?
Non... c'est charmant, en vérité !
Nous voyageons à table.
En chantant, etc.
L'amour, insensible à nos vœux,
S'éloigne de notre cortège
T. iL— 31
ftlfl
CHANSONS POPULAIRES.
Sitôt que la première neige
Vient s'attacher h nos cheveux...
Au pampre vert qui les décore
Le plaisir môle ses fleurons ...
Bacchus nous ranime... espérons!
Notre cliar roule encore !
Enchantant, etc.
L'airain vibre sous le marteau I...
Du char, hélas! il faut descendre!...
Amitié, porte notre cendre
Au pied d'un fertile coteau.
Reposés sous l'herbe légère,
Parmi îes fleurs nous renaîtrons;
Heureux destin, nous parerons
Le sein d'une bergère !
En chantant, joyeux troubadours,
Pour que jamais il ne dévie,
Attelons au char de la vie
Et les plaisirs et les amours.
A. Jacquemart.
La musique, de Fourcy, se tr .uve, à Paris, chez
L. Vieillot, éditeur, 32, rue Kotre-Dame-de-Na-
zareth.
LES C.UKUX.
Les gueux, les gueux
Sont des gens heureux ;
Ils s'aiment entre eux.
Vivent les gueux !
Des gueux chantons la louange,
Une de f:i)(;iix hommes de bien!
Il faut qu'enfin l'esprit venge
L'honnéle homme qui n'a rien.
Les gueux, etc.
Oui, le bonheur est facile
Au sein de la pauvreté ;
J en atteste l'Évangile,
tleste ma galle
i • .'lieux, etc.
Au Parnasse la misère
Longtemps a régné, dit-on ;
Quel bien possédait Homère?
Une besace, un bâton.
Les gueux, etc.
Vous qu'afflige la détresse,
Croyez que plus d'un héros
Dans le soulier qui le blesse
Peut regretter ses sabots.
Les gueux, etc.
Du foste qui vous étonne
L'exil punit plus d'un grand ,
Diogène, dans sa tonne.
Brave en paix un conquérant.
Les gueux, etc.
D'un palais l'éclat vous frappe,
Mais l'ennui vient y gémir.
On peut bien manger sans nappe ,
Sur la paille on peut dormir.
Les gueux, etc.
Quel dieu se plaît et s'agite
Sur ce grabat qu'il fleurit?
C'est l'Amour qui rend visite
A la pauvreté qui rit.
Les gueux, etc.
L'amitié que l'on regrette
N'a point quitté nosclimals :
Elle Irinqueà la guinguette
Assise entre deux soldats.
Les gueux, les gueux
Sont des gens heureux;
Ils s'aiment entre eux.
Vivent les gueux !
Déranger.
11 ne faut pas toujours prendre à la lettre la j>r«
tendue philosophie des poètes et des chanaonniera,
Les gueux sont heureux à leur manière; et si l'on
est bien dansun grenier à vingt ans, on y est bien mal
à soixante.
Les illusions de la jeunesse embellissent tout,
mais son Imprévoyance prépare à la vieillesse do
trist. s jours.
Ki l'on peut manger sans nappe qunnO on n'en a
OFIANSONS EPICURIENNES.
«Il
l'as, et dormir sur la paille <)uand on manque d'un
non lit, cela ne prouve pas qu'une table bien servie
soit désagréable, et qu'on dorme mal sur un bon
matelas
Il est singulier que des gens d'esprit «ipolîiéosent
le cynisme, et que, parce qu'Homère a demandé
l'aumône, qu'il était aveugle, que Cervantes a été
en prison, queCamoëns est mort à l'hôpital, on croie
qu'il soit nécessaire, pour être heureux et pour être
poète, de leur ressembler par les disgrâces du sort,
de mendier et de se crever les yeux.
Horacen'en faisaitpas deplusmauvais versquand
il avait bu du falerne à Tibur, et Voltaire n'en était
pas plus malheureux parce qu'il ^vait soixante mille
livres de rente.
Ces sortes de déclamations sont peut-être une
consolation pour ceux qui n'ont rien; mais il vau-
drait mieux leur apprendre à avoir quelque chose.
Si Diogène savait se passer des biens, Aristippe
savait en user; sa philosophie n'était pas la plus
mauvaise.
On a dit que Béranger, auteur dt; cette chanson,
avait un peu de ressemblance avec J.-J. Rousseau
par son goût pour les paradoxes et la misanthropie.
La première partie de cette proposition est seule
vraie. Béranger aime le paradoxe ; mais le paradoxe
en chansons comme il sait les faire, est chose déli-
cieuse et charmante. Béranger n'est point misan-
thrope ; il est vrai qu'il n'a voulu être ni académi-
cien,ni représentant du peuple ; mais il n'a pas cessé
de chanter malgré ses soixante-dix ans.
Nous devons à l'obligeance de M. Pérottin, édi-
teur de Béranger, l'autorisation de publier cette
chanson ; nous profitons de cette circonstance pour
rappeler au public ia magnifique édition des oeuvres
de notre illustre chansonnier, que cet éditeur vient
de publier dans le même format que les Chansons
nationales. '
LE PIQUE-ASSIETTE.
1838.
Aik : Patali, palala.
Franc luron.
Toujours rond,
Bon garçon,
Sans laçon,
J'ai sans cesse
Egayé ma jeunesse,
De débats
D'ici bas,
Du fracas
Dos combats
Je me ris dans un bon repas.
Grâce à nombre d'amis
Chez qui je suis admis,
Par mon petit moyen
Je ne manque de rien.
Se faisant
Complaisant,
Amusant,
Caressant,
Nouvelliste,
Et surtout moraliste,
Sans argent,
L'intrigant,
Tel que moi,
Peut, ma foi,
Vivre bien, en suivant ma loi.
Sur mes goûts, du bon ton.
Me question ne-t-on,
J'approuve toujours, mais
Je ne solde jamais.
Ce métal,
Sans égal,
Mais fatal,
Fait tant mal
A l'espèce
Qui toujours le caresse,
Qu'ayant fui
Son appui,
Aujourd'hui,
Chez autrui,
Je sais bien me passer de lui.
Tel qu'un petit savant
Qui se vante souvent,
Avec maint amateur
Je dîne comme auteur
Grâce enfin
Au destin,
Quand j'ai faim,
J'ai soudain
Mon assiette,
Ainsi que ma serviette,
21*
CHANSONS POPULAIRES.
A l'abri
Du souci,
Jusqu'ici,
Dieu merci,
J'ai passé lous mes jours ainsi.
Pcrcliclct.
LATTAIGNANT.
1850.
Air : Aux sons des glouglous.
<• 11 connaît à fonds
« Tous les sujets profonds
« Qu'il chante. nfTiRON.
Chantons Lntlaiqnanl (*)
Qui. dédaignant
Église cl cure.
Servit Épicure.
Et s'arrosa de fronlignan.
Cet abbé joyeux.
Ambitieux
Ainsi qu"un moine,
Dn jour débusqua
Le plus riche canonicat,
Sûr de son affût
A Reims il fut
Nommé chanoine :
Il n'a point haï
Depuis le jambon et l'aï.
Chantons, etc.
Trouvant peu touchant
Le lourd plain-chant
El les cantiques,
Franc épicurien
Il laissait 1<- chant grégorien ;
( • i .
Kr/,eteal mota* ieflneiteq
mail il lui jlus chansonnier (jue si s deux coi .
Sans être au lutrin
Sa voix d'airain
lui vers bachiques
Exaltait Momus
En de profanes oremus.
Chantons, ele,
Paré d'un rabat.
Il exhiba
Dans les nielles
De roses sermons
Pour combattre les noirs démons.
Par tnnl de savoir
Il fallait voir
Toutes les belles
Se laisser toucher...
Par qui savait si bien prêcher.
Chantons, etc.
Grâce au célibat,
Il prohiba
Le mariage;
De la chasteté
Son cœur ne fut pas entêté.
Et, sans sacrement,
Gaillardement
Dans son bel âge,
Ses feux dérobés
Créèrent de petits abbés.
Chantons, etc.
A table il plaisait,
Improvisait
Chansons jolies;
La chère et le vin
Ne l'inspiraient jamais en vain,
Nul ne s'étonnait
S'il ne donnait
Des homélies ;
Dieu L'avait doté
D'un autre genre de galle.
Chantons, etC-
A quatre-vingts ans
Il partit sans
i érémonie;
En homme poli
Il dit, dans un couplet joli :
CHANSONS ÉPICURIENNES.
213
« Je ne puis surseoir,
« Or donc : Bonsoir
« La compagiiie !... (*). »
El chez les élus
Ce fut un bon vivant de plus.
Chantons Lattaignant
Qui, dédaignant
Église et cure,
Servit Épicure,
Et s'arrosa de frontignan.
Justin Cnbassol.
(*) Chacun connaît sa spirituelle chanson des
Adieux ait Monde \ .1777), à laquelle l'iis, son élève,
répondit avec non moins d'esprit.
ALLONS SOUPER CHEZ PLUTON.
1807.
AIR du vaudeville final du Dîner île Madelon,
Malgré le censeur morose,
Amis, dans un doux loisir,
Entre la grappe et la rose,
Sachons goûter le plaisir.
Profilons du Temps qui passe,
Car la Mort viendra, dit-on,
Un beau jour nous dire en face :
Allons souper chez Plulon.
Voyez-vous aux Thermopyles,
Voyez-vous Léonidas,
A cent colonnes mobiles
Opposer trois cents soldats?
Devant sa troupe il s'écrie,
Avec le plus noble ton :
« Mourons tous pour la patrie,
« Allons souper chez Pluton. »
De ce courage héroïque,
Nos illustres grenadiers,
Dans les champs de la Relgique,
Se montraient les héritiers.
Le Français, sans rien entendre,
Bravant l'orgueilleux Breton,
MEURT PLUTOT QUE DE SE RENDUE,
Et va souper chez Pluton.
Imitons ces camarades
Dont le nom est respecté ;
Buvons, buvons cent rasades
A leur immortalité.
Eût-on du plaisir à boire,
Sur la terre se plût-on,
Si l'on ternit notre gloire,
Allons souper citez Pluton.
C'est un banquet que la vie;
L'homme, dans ses plus beaux jours,
Déjeune avec la Folie
Et dine avec les Amours;
Au dessert un Esculape,
Suivi de dame Clothon,
Dit en enlevant la nappe ■
Allons souper chez Pluton.
taeiuiir Xlénestrlcr.
La musique, de Porro, se trouve notée au N. 1-17?
de la Clé du Caveau.
L'EPICURIENNE.
1834.
Franche faubourienne,
Livrons tous nos jours,
En épicurienne,
Aux jeux, aux amours ;
Vivons dans l'ivresse,
Nargue le bon ton,
Moquons-nous sans cesse
Du qu'en dira-t-on.
Courons à la guinguette
Car le bonheur est là,
ïra la la la la la, \fiis.)
Mettons-nous eu goguette,
Chacun son goût, voilà.
21 1
CHANSONS POP ri. AIRES
J'aime Ion allure.
Séjour enchanteur ;
Chez loi la parure
N'est pas de rigueur.
Joyeuse et jolie,
.Mainte Frélillon,
Comme la folie.
N'a qu'un cotillon.
Courons à la guinguette, etc.
En amour frivoles.
Tout notre agrément,
Changeons, tendres folles,
Tous les jours d'amant ;
Souvent infidèles,
Partageons nos feux
En mille étincelles
Pour mille amoureux.
Cornons à la guinguette, etc.
Suivant nos caprices.
Filles de Momus,
Goûtons les délices
Que donne Cornus ;
En sortant de table
On s'entend bien mieux ;
La femme est aimable
Et l'homme est joyeux.
Courons à la guinguette, etc.
Un auteur lyrique,
Vaurien sans façon.
Chanta du bachique
El du polisson ;
Par son gai délire
Chacun excité
V<'iit chanter pour rire •
Vive la L.raîté;
Courons à la guinguette, etc.
L'orchestre résonne
l'n air vif, piquant,
Lort "H B'abandonne
Au badin cancan.
Cette danse exprime
Nos galant déflii - :
C'esl la pantomime
Des plus doux plaisirs.
Courons à la guinguette, etc.
Que les soins d'un drille.
L'amoureux caquet
Entraîne une fille
Au fond d'un bosqu>'\
Si la contredanse
Est encore en train,
L'amour se cadence
Au son du crincrin.
Courons à la guinguette, etc.
Quand le plaisir lasse
Il est déjà tard,
Alors on s'cmhrasse,
Et gaîment l'on part ,
Là me radieuse
Et le cœur content,
La troupe joyeuse
Descend en chantant :
Courons à la guinguette,
Car le bonheur est là,
Tra la la la la la,
Mettons-nous en goguette.
Chacun son goût, voilà.
bis.)
Clianu.
La musique, de l'auteur des paroles, so trouve
<hezL. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-
Nazaretli.
LE MARIN.
Sur l'Océan, j'aime à passer ma \ie;
De nos cités, moi je fuis la rumeur,
liai matelot, la mer est ma patrie;
C'est là qu'on trouve le bonheur.
Sur terre, hélas ! la vie est importune ,
Oui, je n'y vois que chagrin et tourment
Ainsi que sur mon bâtiment,
Gloire, grandeurs et titres et fortune.
Autant en emporte le vent.
CHANSONS ÉPICURIENNES
215
Dans mes amours j'imite l'hirondelle,
J'aime très vite, et cela pour raison.
A mon objet je puis être fidèle,
Mais seulement pour la saison.
De lui garder à jamais ma tendresse,
A mon départ, je lui fais le serment ;
Mais bientôt sur mon bâtiment,
Serments d'amour et serments de maîtresse,
Autant en emporte le vent. (bis.)
Quand ballotté par les flots et l'orage.
Notre navire est près de couler bas,
Nous prions Dieu d'apaiser le tapage,
Et de nous sauver du trépas.
Nous lui jurons d'observer l'abstinence,
De nous priver de tabac du Levant;
Et quand vogue le bâtiment,
Serments de fous, serments de tempérance,
Autant en emporte le vent. (bis.)
Un jour, amis, puisqu'il faut que je meure,
Ah ! que du moins ce soit sur mon vaisseau !
Promettez-moi qu'après madernière heure,
La mer deviendra mon tombeau.
Ne cherchez pas de menteuse épilaphe ;
Qu'un gros requin soit mon seul monument.
Un regret sur le bâtiment,
Mais pas de pleurs, pas de deuil, d'épitaphe,
Autant en emporte le vent. (pis.)
Paroles d'un anonyme.
CHANT DES ÉPICURIENS.
Air : Ow, ce bas monde est une comédie.
Puisqu'en suivant les leçons d'Epicure,
De vivre heureux on trouve les moyens,
Du vrai bonheur prenons la roule sûre,
Vivons toujours en francs épicuriens.
Mais si Bacchus pourtant ne nous seconde,
Notre espérance est loin de s'affermir;
Sur cette terre en malheureux féconde,
Nous sommes tous condamnés à gémir!
Ainsi qu'on voit la feuille abandonnée
Dans les vallons se perdre tous les jours,
L'homme ici-bas, dans sa course bornée,
Erre sans cesse et végète toujours.
Tel qu'un roseau que le moindre vent plie,
Parle destin il se voit tourmenter;
A peine est-il dans le port de la vie
Qu'un flot l'abat, s'il ne sait résister. '
Si le hasard pourtant le favorise,
Soudain il sort de son obscurité ;
Et des douceurs dont son âme est éprise,
Son cœur alors jouit en liberté.
Mais ce bonheur, que peu de temps il goûte,
Bientôt n'est plus que dans l'illusion,
Et son espoir de vivre heureux, sans doute,
Va se briser contre l'ambition.
Comme la fleur que le printemps fait naître,
Et que l'hiver trop tôt vient dépouiller,
Perdant l'éclat qui relevait son être,
Il tombe, hélas ! au moment de brillerl
Ainsi du sort maudissant ies caprices,
L'lïornme ombrageux est toujours mécontent,
Vit dan3 le monde ignorant ses délices,
Et malheureux, il retourne au néant,
Mes bons amis, jouir est le plus sage :
Avec Momus charmons notre loisir,
Sur le chemin qui mène au noir rivage,
Pour nous guider n'ayons que le plaisir.
Puisqu'en suivant les leçons d'Epicure,
De vivre heureux on trouve les moyens,
Du vrai bonheur prenons la route sûre,
Vivons toujours en francs épicuriens.
Pcrchslet.
La musique, de Miller, se trouve notée au
N. 1916 de la Clé du Caveau.
216
CHANSONS POPULAIRRS
Là PHILOSOPHIE DU MARIN, l
1810.
âlR Suzon sortait de son village {Marianne).
Chacun a sa philosophie;
Un marin a la sienne aussi.
Sur ma frégate je défie
Et les chagrins et le souci.
Pour les dompter,
Les éviter,
Toujours j'embarque avec moi la folie.
Dans mon hamac,
Sur le tillac,
Je me distrais en fumant mon tabac;
Mais quand ma pipe est allumée.
Je me dis : Que sont les grandeurs,
Les biens, l'amour et les honneurs?
Ma foi, de la fumée.
Comme un autre, dans ma jeunesse,
J'ai vécu sur le continent,
Et je me dis avec tristesse :
La terre est un sot élément.
Plus d'un faquin,
Jadis Pasquin,
N'y parait grand que par mainte bassesse,
Quand de son char,
l ii peu plus lard,
Sur nous il jette un coup d'œil goguenard.
Mais quand pour moi la mer est douce,
Je ris, je chante sur le pont.
Là je ne crains pas qu'un fripon
Eu [lassant m'éclabousse.
Traversant la merde la vie,
Tâchons d'arriver à bon port;
Soyons sans haine et sans envie,
Toujours contents de notre sort.
De la gai lé,
De la santé,
D'ctre immortels n'ayons point la manie;
Car bien souvent,
Le plus savant
Voit ses écrits emportes par 1" vent,
N'usons donc point en vain notre encre
L'onde coule, el l'homme s'en va,
Et, corhleu I dans cette mer-là,
L'on ne jette pas l'ancre.
Pierrot de Naint-Scverlii
La musique, de Dalayrac, se trouve notëc au
N. 550 de la Clé du Caveau.
MA CASQUETTE.
Air du vaudeville de la Petite Sœur.
Toi qui parmi mes vêtements
Occupes un rang honorable, [bis.)
Toi qui sauvas de temps en temps
D'un échec mon front vénérable ;
Voulant qu'aux deux, après ma mort,
Phébus te transforme en comète,
Tandis qu'il en est temps encor,
Je vais te chanter, ma casquette, [bis.
Si j'entendais certains railleurs
S'écrier : Dieu! quel mot ignoble!
Ne pouvait-il trouver ailleurs
Quelque sujet un peu plus noble?
Je répondrais à ces farauds :
N'attaquez donc pas ma toilette,
Vous devez encor vos chapeaux
Et moi j'ai payé ma casquette.
Qu'elle a de gloire et de vertu !
Ah! si dans les champs de bataille
Sa faible étoffe n'a pas pu
Me garantir de ta mitraille ,
De bien d'autres choses, ma foi,
Elle a su préserver ma tète :
Mes .unis, pour savoir de quoi,
.Mettez le nez sur ma casquette.
Mais c'est assrz la badiner ;
A sa fierté rendons hommage;
Disons qu'elle aime à B'incliner
Devant l'honneur et le courage.
Quoiqu'ornée indifféremmen1
( )n d ■ ro n de \ i iletle.
Paris. -- Imprimerie de Pii.ii t fils aîné, rue des Grands-Augustins,
CHANSONS EPICURIENNES
217
„amais, à chaque coup de vent,
On n'a vu tourner ma casquette.
Jamais l'or qui couvre les grands,
Jamais les lazzis d'un paillasse,
Les équipages, les rubans,
Ne la firent bougur de place ;
Mais vient-il s'offrir à mes yeux
Cheveux blancs ou jeune fillette,
Sur mon front jamais devant eux
Je n'ai pu garder ma casquette.
S'il me fallait choisir un jour
Entre l'opprobre et la misère,
Ma casquette, mon vieil amour,
Tu me seras bien nécessaire I
D'être fier je n'ai pas sujet,
Puisqu'Homère, ce grand poète,
Jadis a tendu son bonnet,
Je puis bien tendre ma casquette.
Emile Debreanx.
DANS NOTRE COEUR CHERCHONS LA VÉRITÉ.
Air duManteau de la pauvreté (Morisset.)
Du vrai bonheur pour trouver la science,
On croit qu'il faut compulser maints écrits;
Le meilleur guide est notre conscience;
Elle sait tout sans avoir rien appris.
Supérieure aux sages qu'on renomme,
Don précieux d'un Dieu plein de bonté,
L'interroger devrait suffire à l'homme :
Dans notre cœur cherchons la vérité.
Oh! non, le cœur n'égare pas la tète';
Par lui, Jésus brûlait du sacré feu :
L'humanité, dont il fut l'interprète,
Mort sur la croix, l'adore comme Dieu!
Bien qu'étranger aux dogmes de Socrate,
Il découvrit que la fraternité
Du mal sur terre effaçait le stigmate :
Dans notre cœur cherchons la vérité.
Tant de rhéteurs, professeurs de morale,
Ont composé chacun leur rudiment!
Comment voir clair dans cet obscur dédale?
L'esprit n'a point les yeux du sentiment.
Abandonnant de vaines controverses,
Tous enflammés d'espoir, de charité,
Ne formons plus mille sectes diverses:
Dans notre cœur cherchons la vérité.
Ce noble élan, ce pur instinct de l'âme,
Qui parle en nous si bien de l'avenir,
C'est un prophète inspiré, qui proclame
La loi du ciel dont il a souvenir...
Pour nous il souffre, et veut devancer l'heure
Où nous vivrons dans la félicité.
N'étouffons pas la voix intérieure :
Dans notre cœur cherchons la vérité.
Peuples ! fondez le règne du Bien-Être :
C'était le seul qu'il eût fallu choisir.
Lors vous verriez tous les maux disparaître
Et le travail deviendrait un plaisir.
Vautour cruel, quoi! l'affreuse misère
Plane toujours sur la société !
Ne peut-on pas établir une autre ère ?...
Dans notre cœur cherchons la vérité.
Le rossignol ne doit qu'à la nature
Son chant vainqueur, doux et mélodieux;
L'art au bouvreuil donne en vain la mesure,
Le pauvre oiseau ne chante guère mieux.
Les sols lettrés sont d'autant plus stériles
Qu'ils ont acquis plus defécoudilé;
Nous, ouvriers, poètes mal habiles,
Dans notre cœur cherchons la vérité.
Emile Variu.
La musique, de Merisset, se trouve, à Paris, chez
L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-Naza-
reth.
LA VIE EST UN VOYAGE
1801.
La vie est un voyage,
Tâchons de l'embellir.
91
T. m.
32
213
CHANSONS POPULAIRES.
Jelons sur ce passage
Les roses du plaisir. {ter.)
Dans l'âge heureux de la jeunesse,
L'amour nous flatte, il nous caresse,
11 nous présenle !e bonheur,
Puis il s'envole : on voit l'erreur.
Hélas ! que faite?
Tâcher de plaire. {bis.)
Du bien présent savoir jouir,
Sans trop songer à l'avenir. {1er.)
A la ville, au village,
On n'est content de rien :
Pensons comme le sage
Qui dit que tout est bien. {ter.)
Le bonheur n'est qu'imaginaire,
Chacun sourit à sa chimère ;
Chantons, célébrons tour-à-lour
Bacchus, le plaisir et l'amour.
Que sous la treille
Le plaisir veille. {bis.)
Tenant le flambeau de l'amour,
Bacchus sera le dieu du jour. {1er.)
Les dieux à leur image
Formèrent la beauté ;
Sur leur plus bel ouvrage
L'amour fut consulté. (ter.)
Le jour, la nuit, fût-elle obscure,
Sur la pourpre, sur la verdure,
Suivons l'amour et lagaité,
Aux autels de la volupté.
Ah! quel délire!
Pour qui respire : (bis.)
L'encens par l'amour présenté,
Des dieux c'est la félicité ! (ter.)
.Mord.
La réputation de M j,:art faisait désirer depuis
longtemps que ses chefs-d'asuvre fussent natiunali-
France. On avait déjà parodié, en 1793, 2e
Nozze di Figaro, on fit choix, en lbOl, de U i
inchuitlce, qui jouissait en Allemagne d'une grande
réputation, et que M. Morel, le grand faiseur de
a, ajusta sous le titre des Mystères d'hit.
Malgré la faiblesse du poème, la pièce eut un grand
■uect-s, d,râce à l'admirable inusiijue di. Mozart On
répéta partout l'air la Vie est un voyage, ctaanl
Vicieusement par Laïs. Le motif de cet air ne parut
cependant pas nouveau, et en effet il avait été em-
ployé dans un joli opéra-comique, les Vititandiius.
Voici à ce sujet uneanecdote peu connue : Gavcaux,
qui jouait dans cette pièce le rôle de Belfort, n'était
pas content de l'air que lui avait fait Devienne
sur le rondeau Enfant chéri des dames: « Fais-en
un autre, » lui dit Devienne. En effet, Gavcaux ap-
porta le lendemain l'air cl. armant qui eut le plus
grand succès, et qu'il avait sans façon imité de celui
de Mozart, qm n'était pas connu en France ; il n'a-
vait fait qu'en changer le mouvement.
Depuis la représentation des Mystères d'Isis, on
a donné en France d'autres opéras de Mozart; le
Don Juan M représenté en 1805 à l'Académie impé-
riale de musique, et le Nozxe di Figaro à l'Opéra-
Buffa en 1807.
Mozart ne fut pas témoin du succès que sa mu-
sique obtint sur les théâtres de France ; il mourut à
Vienne en 1792, âgé seulement de trente-six ans.
Monique de Mozart, arrangée par Lachnith, notée
au N. 3 de 'a Clé du Caveau.
NOTRE DERNIER JOUR PEUT-ÊTRE.
AIR : Pour un soldai qui n'en a pas l'usage
(vaudeville de Michel et Christine).
Dans celle vie, hélas! trop fugi ive,
Qui nous assure un lendemain?.
Sous la couronne du convive
Souvent la mort glisse la main.
Eh! savons-nous si dans ce lieu champêtre
Le lierre au front nous pourrons revenir?
C'est noire dernier jour peut-être,
Qu'il soit tout entier au plaisir!
De ce beau fruit à la couleur vermeille
J'admire l'éclat passager;
Mais préparez votre corbeille,
Un ver s'apprête à le ronger :
Ainsi la vie <"-i prompte à disparaître.
Quand QOU8 voulons la laisser trop mûrir;
C'est DOtre dernier jour peut-être,
Qu'il soit tout entier au plaisir!
Resplendissant comme un vaste incendie,
Le beau soleil de ce matin,
CHANSONS EPICURIENNES,
21!)
Sous les saules de la prairie,
Par degrés s'efface et s'éteint :
Il meurt aussi pour ne jamais renaître,
Le frêle arbuste oublié du zéphir.
C'est notre dernier jour peut-être,
Qu'il soit tout entier au plaisir!
Le verre en main, descendons dans la cave
Où dès longtemps amoncelés,
Dorment le sauterne et le grave
Près du Champagne aux flots perlés!
Enivrons-nous sans chercher à connaître
De vains secrets cachés dans l'avenir.
C'est notre dernier jour peut-être,
Qu'il soit tout entier au plaisir !
Du peu d'instants que le sort nous dérobe,
Ne jouissons pas à demi;
Savons-nous même si ce globe
Sur son axe est bien affermi ?
Mais en voyant l'aurore reparaître,
Chaque matin chantons, pour mieux jouir :
C'est notre dernier jour peut-être,
Qu'il soit tout entier au plaisir!
Joseph Servlères.
MAXIMES ÉPICURIENNES.
1830.
Air : Tendres échos errants dans ces vallons.
Faisons asseoir au banquet de nos jours
Et la folie et les riants amours.
Petit acteur d'un drame merveil'eux,'
Toi qu'on remarque à peine dans la pièce,
A ton début, prends un rôle joyeux,
Parmi les fous la folie est sagesse.
Faisons asseoir, etc.
Mortel, r:mplis ton saint apostolat,
Laisse à vau-l'eau couler ton existence.
Tes doigts enfants ont souscrit un mandai
Dont tu n'as pas indiqué l'échéance.
Faisons asseoir, etc.
Amis, le temps vole, fauche et détruit,
A jouir vite, hélas! il nous oblige ;
Puis, le bonheur est un céleste fruit,
Qui pousse et meurt sur une frêle tige.
Faisons asseoir, etc.
Pour enrichir des vieux jours incertains,
L'industriel sans cesse amasse et compte ;
Dans ses calculs, tout-à-coup les deslins
Par un zéro viennent fermer son compte.
Faisons asseoir, etc.
Sur le vélin, jeune et timide amant,
Pourquoi jurer d'être à jamais fidèle ?
A peine écrit, ton amoureux serment
Est par l'amour effacé d'un coup d'aile.
Faisons asseoir, etc.
Pauvre Harpagon, pour des parents ingra's,
Tu vis de peu, tu sèches d'abstinence ;
Tes successeurs, comme un essaim de rats.
Gaspilleront ton grenier d'abondance.
Faisons asseoir, etc.
Cerclés d'amis, dépensons nos deniers,
Sans mesurer les plaisirs à la dose.
Lorsqu'on n'a rien, au moins les héritiers,
A notre mort, pleurent pour quelque chose.
Faisons asseoir, etc.
Au jour le jour prenant le bien, le mal,
Le gai Viveur, sans soins ni fantaisie,
Voit sans regret se briser le cristal
Dont il a bu l'absinthe et l'ambroisie.
Faisons asseoir, etc.
Qu'est ce au total que la vie ici-ba ?...
C'est un billet que le hasard nous tire ;
C'est un sentier où s'effacent nos pas;
C'est un feuillet que le destin déchire! M...
Faisons asseoir au banquet de nos jours
Et la folie et les riants amours.
Louis Festeau.
La musique . de Gilles , se trouve notée au
N. 1797 rie la Clé du C iveau.
tio
CHANSONS POPOLA1RES.
LE BUVEUR PHILOSOPHE.
1835.
Air du gourmand (de Favart),
Joyeux amis, puisque l'ivresse
Esl la compagne du bonheur,
Avec celte aimable maîtresse,
Réveillons notre bonne humeur.
Tout au plaisir qui nous caresse,
Rions du caustique censeur ;
Laissons tous nos esprits-moroses
Prendre des ronces pour des roses !
Buveurs,
De ma philosophie,
Pour goûter les douceurs,
Du chemin de la vie
Ne cueillons que les fleurs ;
Des ports de l'univers,
Jusque dans les enfers,
De pampres verts
Ornons nos hivers.
Loin de nous ces prêcheurs insignes
Qui ne s'abreuvent que de fiel!...
Jamais aigris et toujours dignes
Des présents de l'Etre éternel !
Du Dieu qui protège nos vignes,
Protégeons le culte immortel!
Des bons vivants peuplons le temple;
Nous n'y prêchons que par l'exemple!
Buveurs, etc.
Embrasés du feu du génie,
Que nous donne un jus précieux,
Quand sur le sein déjeune amie
Noua portons nos transports joyeux.
Tâchons que de sa main jolie,
Le plaisir nous ferme les yeux,
Et que Phébus ne nous réveille
Que pour nous guider sous la treille!..-
buveurs, etc.
Sous l'égide de la folie,
Charmons d'avance l'avenir
De chaque instant qui nous rallie
l> misons le souvenir ;
Afin qu'au gré de notre envie
Nous accompagne le plaisir;
Enlacés de myrte et de lierre,
Attachons-nous à sa bannière !...
Buveurs, etc.
Sur ce beau fleuve où tout chancelle
Naviguons avec fermeté.
Enivrés des biens qu'il recèle,
Du temps bravons l'égalité.
Tranquilles dans notre nacelle^
Gagnons doucement le Lélhé...
De Momus ayons pour pilote
Le tambourin et la marotte...
Buveurs,
De ma philosophie
Pour goûter les douceurs,
Du chemin de la vie
Ne cueillons que les fleurs,
Des ports de l'univers,
Jusque dans les enfers,
De pampres verts
Ornons nos hivers.
Fei-chclet.
La musique se trouve chez L. "Vieillot, éditeur,
32, rue Notre-Dame-de-Nazareth.
LA MOUSSE.
Air : Vite en route (du Juif,.
Ils sont passés, les jours d'ennui
Loin de nous les frimas ont fui ;
A nos yeux le printemps a lui.
Mais la terre nue
Fatigue la Yue;
Pour la recouvrir
El la refleurir,
Pousse, pousse,
Gentille mousse;
Viens servir
De trône au plaisir.
Paris. — Imprimerie de Piu.l1 fils aîué, rue des Crands-Augustins, li.
CHANSONS ÉPICURIENNES.
231
Le remords endurcit parfois
Le duvet que foulent les rois.
Quand de Lise les jolis doigts,
Aux pieds d'une treille,
Pour que j'y sommeille,
De fleurs et d'épis
Couvrent ton tapis.
Pousse, pousse, etc.
Fille qui glisse en un palais,
Pour toujours trouve les regrets;
Celle qui tombe en tes guérets,
Sans doute elle pleure;
Mais, au bout d'une heure,
La timide enfant
Sourit en pleurant.
Pousse, pousse, etc.
Du sang qui pourpra tes atours
Quand les flots ont fui pour toujours,
Souffre au moins que, grâce aux amour.
Fleur que l'on effeuille,
Rose que l'on cueille,
Sur tes sillons d'or
En répande encor.
Pousse, pousse, etc.
Vois pâlir le plus riche écrin,
Lorsqu'à l'aube d'un jour serein,
Suspendue au plus faible brin,
Chaque gouttelette
Mille fois reflète
Du ciel le plus pur
Le pourpre et l'azur.
Pousse, pousse, etc.
Ne crains plus le pesant essor
Des farouches enfants du Nord,
Jamais, sans y trouver la mort,
Jamais sur nos terres
D'autres que nos frères
Ne t'effleureront,
Ne te flétriront.
Pousse, pousse, etc.
Comme la terre est le cercueil
Qui doit engloulir notre orgueil.
Son aspect attriste mon œL.
Viens, fille de Flore,
Viens cacher encore,
Sous ton gai manteau.
Ce vaste tombeau.
Pousse, pnusse,
Gentille mousse;
Viens servir
De trône au plaisir.
Emile Debrcaiix.
PORTONS GAIMENTNOTRE FARDEAU
A'R de la treille de sincérité.
Dans cette vie
Où tout varie,
Où chaque pas mène au tombeau,
Portons gaiment notre fardeau. (bis )
Ainsi, contemplant sa chaumière,
Au lieu d'accuser le destin,
Lucas égayait sa misère
Avec ce consolant refrain ; (bis.
Et lorsqu'à la fin de l'ouvrage,
Le soir ramenait le repos,
Lucas regagnait son village,
Chantait en portant ses fagots :
Dans cette vie, etc.
A Lucas Louise était chère ,
Louise l'aime, on les unit.
De la gentille ménagère
Bientôt la taille s'arrondit;
Son petit jupon d'écarlate
Chaque jour va raccourcissant.
Mais, fière d'un poids qui la flatte
Louise dit en souriant :
Dans cette vie, etc.
Un des fils qui faisait sa gloire
Courut défendre son pays;
Mais, hélus! parfois la vicire
A maltraité ses favoris I
9-2
T. u. — 33.
CHANSONS POPULAIRES.
Du sort éprouvant le? injures,
En route notre jeune héros,
De lauriers couvrant ses blessures,
Fredonnait le sac sur le dos :
Dans cette vie, etc.
Pauvre qui guettes l'espérance
Et qui n'obtiens que la pitié.
Martyr d'une noble vaillance.
Qui n'a pu mourir qu'à moitié,
Vieillard que la tombe muette,
Malgré tes vœux, repousse encor,
Bergère qui tient la houlette,
Roi qui portez un sceptre d'or,
Dans cette vie, etc.
Souvenons-nous que sur la terre
Chacun a son lot de douleur :
Tout n'est pas peine à la chaumière,
Au château tout n'est pas bonheur;
La crainte assiège la richesse,
Le pouvoir redoute un écueil,
L'amour a ses nuits de tristesse,
Et la gloire a ses jours de deuil.
Dans cette vie
Où tout varie,
Où cliuque pas mène au tombeau.
Portons gaîment notre fardeau.
U. de Kougemont.
La musique, de Désaugiers, se trouve notée au
N.1113 de la Clé du Caveau.
LA MELOMANIE.
1782.
Sans chanter peut-on vivre un jour?
Le chant ranime la vieillesse ;
11 est pour la jeunesse,
Le pèn du plaisir et le fils de l'amour.
A douce et gentille fillette,
Le berger va chaulant son amoureux désir.
Et c'est au son de sa musette,
Aux couplets de sa chansonnette,
Que la bergerette
Se laisse attendrir.
Les guerriers chantent leur victoire;
Les amants chantent leur ardeur ;
C'est la trompette de la gloire,
C'est le signal du bonheur.
Sans chanter peut-on rire et boire :
On chante le verre à la main ;
Si le bon vin inspire la tendresse,
La chansonnette amène l'allégresse,
De la joie ou passe à l'ivresse,
Et la voisine embrasse son voisin.
Paroles d'un anonyme.
La musique, de Champein, se trouve notée au
N. 1167 de la Clé du Caveau.
HYMNE AU SOLEIL.
1844.
Air : Sans craindre les vents ni l'orage.
De ta lumière vive et pure,
Dieu visible, éclaire mes sens!
Brillant époux de la nature,
Soleil, reçois mes vœux et mon encens I
Par toi, tout s'anime en ce monde,
Aslre éclatant de l'univers,
Et ton feu créateur féconde
La terre, les cieux et les mers.
De ta lumière, etc.
Globe lumineux, ta présence
Du méchant trouble le repos;
Le crime guette ton absence
Pour exécuter ses complots.
De ta lumière, etc.
Du temps lu braves les outrages,
Et, sans jamais t'en ressentir,
CHANSONS EPICURIENNES.
m
Dans le torrent profond des âges,
Tu vois les âges s engloutir.
De ta lumière, etc.
L'éclat de la magnificence
Frappe les yeux de tout mortel.
Dieu du jour, la reconnaissance
T'éleva le premier autel.
De ta lumière, etc.
Une théologie occulte
Tronqua la primitive loi;
Mais, tout en altérant ton culte,
L'homme n'eut d'autre Dieu que toi.
De 4a lumière, etc.
Dans l'Egypte, à Rome, en Phocide,
Tu fus, tour-à-tour, Osiris,
Jupiter, Adonis, Alcide,
Jéhovah, Pan et Sérapis.
De ta lumière, etc.
L'homme-Dieu reçoit nos hommages,
Mais son culte émane du tien ;
Le culte solaire des Mages
Sert de type au culte chrétien.
De ta lumière, etc.
Dieu des buveurs, à la guinguette,
De Bacchustu reçois le nom.
Au Parnasse, dieu du poète,
Pour nous, tu deviens Apollon.
De ta lumière, etc.
Dieu des bons vers, ton art aimable,
Aux yeux du sot, n'est qu'un travers.
Tel est le renard de la fable
Qui trouve les raisins trop verts.
De ta lumière, etc.
Du cerveau momusien qu'il frappe
Le bon vin fait jaillir l'esprit !
La terre fait germer la grappe,
Mais c'est ton feu qui la mûrit.
De ta lumière vive et pure,
Dieu visible, éclaire mes sens !
Brillant époux de la nature,
Soleil, reçois mes vœux et mon encens !
Auguste Saint-tàllle».
REVES DORÉS
d'un pauvre diarle.
Air : Amis,jamat$ le chagrin ne m'approche.
Pour aplanir la route de la vie,
Que de soucis, de peines, d'embarras ;
Moi, je la trouve ardue et défleurie,
Et, poursuivant la fortune à grands pas,
Je cours sans trêve et je ne l'atteins pas.
Un créancier qu'un recors accompagne,
Me fait de jour quitter mon logement,
J'y rentre tard et m'endors promptement...
Je ne dois rien quand le sommeil me gagne.
Ce bonheur-là ne me vient qu'en dormant.
Dans le sommeil que je trouve de charmes,
Si, par instant, les pavots trop pesants
D'un cauchemar me causent les alarmes:
Combien de fois, légers et bienfaisants,
D'un doux mensonge ils enivrent mes sens.
Songes dorés!... Des femmes jeunes, belles,
Que mon amour supplia vainement,
Qui souriaient aux vœux d'un riche amant.
Ont dans mes bras cessé d'être cruelles.
Mais ce bonheur ne me vint qu'en dormant.
Quand un beau rêve au sein de l'opulence,
Moi, qui toujours ai le gousset percé,
Vient me jeter, oh ! ma joie est immense!...
Chez l'indigent, mon argent bien placé
Chasse la faim dont il est menacé.
De mes amis je devine la gêne,
De mon trésor j'use alors largement;
Faisant leur part, j'en jouis doublement,
C'est pour mon cœur une excellente aubaine.
Mais es bonheur ne me vient qu'eu dormant.
Enfant trouvé, je n'eus point de famille...
Je n'ai jamais réuni près de mo.
CHANSONS POPULAIRES.
Cesèlres chers, femme, garçon et fille,
El du deslin la rigoureuse loi
Ne permet pas que j'engage ma foi.
Las! je n'ai rien !... et je vis sol taire;
Mais quelquefois, dans mon isolement.
D'un nœud sacré je sens l'enivrement...
Un songe heureux me rend époux et père ' ..
Un tel bonheur ne me vient qu'en donnant.
Pauvre pécheur, j'ai fourni ma carrière,
J'arrive au but, au moment solennel.
J'ai trop souvent vidé la coupe amère,
Dont les bords seuls étaient enduits de miel.
Pour craindre encor les châtiments du ciel.
En es]>érant l'éternelle existence,
Implorant Dieu jusqu'au dernier moment,
Chrétien, j'irai sous le froid monument
Du Tout-Puissant attendre la clémence.
Bonheur d'élu ne viendra qu'en dormant.
I* -.1 » linrriii.
_<i musique, de Darondeau, se trouve notée au
N. 1<U4 de la Clé du Caveau.
LES SONGES.
1820.
Air du Carnaval de Bèranger.
Des feux du jour la chaleur dévorante
Devant la nuit a fui de toutes parts,
Et, de ses fils guidant la troupe errante,
Le vieux Riorphée envahit nos remparts.
A mon aspect, dit il, que la souffrance
Dépi Be enfin son sceptre rigoureux :
Songes Légers, enfants de! Espérance,
Couviez île Heurs le lit du malheureux.
Cherchez ce? toits, si voisins des orages,
Où le talent, pauvre ou persécuté,
l-.ii souptt m1 esquisse les oui rages.
Orgueil futur de la postérité.
Que, par vos soins, il rêve que la France
Couronne enfin ses efforts généreux :
Songes légers, enfants de l'Espérance,
Couvrez de fleurs le lit du malheureux !
Puis visitez l'ombrage tutélaire
Où quelques Grecs, des auteurs abrités,
En s'endormant. frémissent de colère
Au souvenir des fers qu'ils ont portés.
Ah! donnez leur la tant douce assurance
Quêtons les rois vont se croiser pour eux :
Songes légers, enfants de l'Espérance,
Couvrez de fleurs le lit du malheureux t
Planez ensuite sur les sombres repaires
Où le génie, un instant égaré,
Voil remplacer le berceau de ses pères
Par le cachot aux forfaits consacré:
Que, grâce à vous, du jour de délivrance,
Au sein des nuits, sonne le timbre heureux ■
Songes légers, enfants de l'Espérance,
Couvrez de fleurs le lit du malheureux!
Volez ensuite en cette humble chaumière
Où le sergent, que chanta Bèranger,
Pense aux beaux jours où sa couche première
Fut des drapeaux conquis sur l'étranger.
Ah! qu'à ses yeux l'onde de la Durance
Reflète, au moins, l'étoile de nos preux:
Songes légers, enfants de l'Espérance,
Couvrez de fleurs le lit du malheureux 1
Volez enfin sur ce lit de misère
Que tant de gloire un jour environna;
Là, sans trembler, un nouveau Bélisaire
Va rendre h Dieu ce que Dieu lui donna,
lui vain des rois la sombre intolérance
Creusa sa tombe en des climats atl'reux :
Songes légers, enfants de l'Espérance,
Couvrez de fleurs le lit du malheureux I
Emile llebrraui.
La musique , fie A. Meiaaonnier aîné, se trouve
notée au N. 1983 de la Clé
Paris.— imprimerie de Pau.i BU atnô, rue de» Grands-Augustin», '6.
LES TROUBADOURS MODERNES.
1804.
Sous les drapeaux des ris et des amours,
Qu'on rétablisse un corps de troubadours,
Et d'entrer dans ses rangs sur-le-champ je m'honore :
Ce qui fut bon jadis, aujourd'hui l'est encore,
Et le sera toujours.
Si nuls, revers ne troublent nos amours,
Par monts, par vaux, fortunés troubadours,
Nous dirons en riant sur notre luth sonore :
Comme on aima jadis, et comme on aime encore,
On aimera toujours.
Mais s'il advient échec à nos amours,
Nous chanterons, malheureux troubadours :
Adieu, Lise, Cloris, Bélinde et Léonore!
Puisqu'on trompa jadis, et puisqu'on trompe encore,
On trompera toujours.
A.-P.-A. de Piis.
La musique, de l'auteur fies paroles, se trouve à Paris, chez
L, Vieillot, éditeur, 32, rue Nutre-Daine-de-Xazareth.
LA LUMIERE.
Air : Je veux une femme qui m'aime (le Cousin Jacques).
La vertu seule est la lumière
Qui s'accorde avec la raison;
Qu'importe que l'esprit s'éclaire,
Si le cœur est sensible et bon?
C'est l'éclat de la bienfaisance
Qui doit toujours frapper nos yeux;
Le plus aveugle de la France
Est clairvoyant, s'il est heureux! (bis.)
Il n'est aucun pays du monde
Où l'esprit fasse le bonheur;
On brille dans la nuit profonde,
Si l'on garde la paix du cœur.
93
Dieu, plaçant l'homme sur la terre,
Lui donnant un cœur vertueux,
Ne lui dit pas : Je vous éclaire!
Mais il lui dit : Soyez heureux! (bis,)
Louis Abel R< Il roy de Reigny,
dit le Cousin Jacques.
La musique, de Caveaux, se trouve, à Paris, chez L. Vieil-
lot, éditeur, 3.', rue Xotre-l>aine-de-.\azareUi.
FAITES-MOI VIVRE ENCOR LONGTEMPS.
Am du vaudeville des Maris ont tort.
De l'heureux présent je dispose;
Mais dans mon obscur avenir,
Les soucis étouffent la rose :
Ah! grand Dieu, faites-moi mourir!
J'aperçois l'aimable Niuette,
Riche de ses quinze printemps;
Elle écoute ma chansonnette.
Faites-moi vivre encor longtemps.
Ma voix, jadis sonore et pleine,
Aujourd'hui commence à faiblir;
L'indulgence m'écoute à peine :
Ah! grand Dieu, faites-moi mourir!
Mai^demain ma jeune famille
Redira mes sons tremblotants;
Pour entendre chanter ma fille,
Faites-moi vivre encor longtemps.
Pour disperser ma chevelure,
Regardez le temps accourir;
C'est en vain que je le conjure :
Ah! grand Dieu, faites-moi mourir!
La rose, le myrte et le lierre
Couvrent le ravage des ans.
Je puis en semer ma carrière,
Faites-moi vivre encor longtemps.
Je vois les vices et l'intrigue
Au sein des bureaux parvenir;
Les rangs se donnent à la brigue :
Ah! grand Dieu, faites-moi mourir!
T. n. — m
«?6
CHANSONS POPULAIRES
Quoi 1 mourir! et ma tendre mère
Réclame mes moindres instants,
Le reste n'est qu'une chimère ;
Faites-moi vivre encor longtemps.
F. Dauphin.
LE TONNERRE.
Air du vaudeville de Préville el Taconnet.
Un jour l'Eternel en courroux
Avait juré de nous réduire en poudre,
Mais Jésus, qui veillait sur nous,
Osa dire à son père, en arrêtant sa foudre :
Les mortels veulent vous braver,
C'est mériter votre juste colère ;
Mais je suis mort pour les sauver :
Laissez reposer le tonnerre! (bis.)
Ces paroles, qu'on doit bénir,
Nous ont jadis épargné maint orage ;
Prêtres, veuillez les retenir ;
Ce qui vaut mieux encor, daignez en faire usage.
Voulez-vous que le genre humain
Vousmonlrcentin unfrontbieo moins sévère?
Ne prêchez plus le glaive en main...
Laissez reposer le tonnerre !
Du monde, orgueilleux souverains,
Faudra-t-il donc sans cesse vous le dire ?
Dieu mit la foudre dans vos mains
Pour venger vos sujets el non pour le§ détruire.
Les mortels sont las de souffrir;
Pour gouverner à présent sur la terre,
Mieux vaut pardonner que punir .
Laissez reposer le tonnerre!
Et vous, Dieu que nous adorons,
Vous le Bavez, hélas ! dans cette i ie,
A chaque pat DOUA rencontrons,
Au lieu de vrais amis, la discorde et l'enrio.
Pour endormir noire douleur,
Un peu de vin nous est si nécessaire!
Ah ! lorsque la vigne est en fleur,
Laissez reposer le tonnerre! •
Du Français, lâches détracteurs,
Rappelez-vous'que sur la terre et l'onde
Nous étions les foudres vengeurs
Qu'un nouveau Jupiter balançait sur le monde.
Ce feu, par ordre du Destin,
A dérobé sa trop vive lumière;
Il dort; mais il n'est pas éteint :
Laissez reposer le tonnerre !
Cmilc Uebraux.
La musique, de Daroudeau, se trouve notée au
N.Î6U de laClé du Caveau.
PHILOSOPHIE D'UN SEXAGÉNAIRE.
A soixante ans on ne doit pas remettre
L'instant heureux qui promet un plaisir;
Plus lard le sorl voudrait-il nous permettre
De le rejoindre et de le ressaisir? [bis.)
Sur l'avenir je ne compte plus guère :
Le présent seul à mon âge est certain, (bis.',
Mon plus beau jour est celui qui m'éclaire,
Car lesvieillards n'ontpas de lendemain. (bis.)
Si le destin veut proléger ma vie,
Je me résigne à ses sages décrets ;
Mais mourir vieux n'est pas ce que j'envie :
L'âge BOUVent amène des regrets, (bis.)
Chacun son tour est la règle du sage;
Contentons-nous d'égayer nos instants, (bis.
Celui qui plie à soixante ans bagage,
S'il vécut bien, vécut assez longtemps, (bis.
néNauitlerN
La musique, de Tourterelle, se trouve notée au
N. 1129 de la Clé du Caveau,
CHANSONS ÉPICURIENNES.
227
LA PHILOSOPHIE DE ROGER-BONTEMPS.
Air : Sans chagrin pour l'avenir (Robin des Bois'.
En voyant le temps s'assombrir,
Plus noir encor voir l'avenir,
Mes amis, c'est folie !
L'âme calme, et l'esprit fort,
Affronter les coups du sort,
C'est ma philosophie ! (bis.)
Aimer qui ne nous aime pas,
S'affliger des torts des ingrats,
Mes amis, c'est folie !
Dupés, obligeons toujours,
Cherchons amours pour amours,
C'est ma philosophie !
Pour un mot, lancé sans dessein,
S'escrimer comme un spadassin,
Mes amis, c'est folie !
D'un tort sachons convenir,
Ou pardonnons sans rougir,
C'est ma philosophie !
Croire aux oracles d'un devin,
Qui prédit un fâcheux destin.
Mes amis, c'est folie !
En consultant deux beaux yeux,
Prévoir ses moments heureux,
C'est ma philosophie !
Vers quelques boudoirs somptueux,
De son cœur élever les vœux,
Mes amis, c'est folie !
D'un plusmodesie réduit,
Moins souvent le bonheur fuit,
C'est ma philosophie !
Faire grand bruit du grave affront,
Qui, sans le marquer, charge un front,
Mes amis, c'est folie !
Chut !... Des gens disent tout bas:
« On en vit... On n'en meurt pas, »
C'est ma philosophie !
S'adresser un propos choquant.
Se brouiller en politiquant,
Mes amis, c'est folie !
La paix, entre honnêtes gens,
Qu'ils soient rouges, bleus ou blancs.
C'est ma philosophie!
Vouloir surprendre les secrets
D'adroits diplomates discrets,
Mes amis, c'est folie!
Flairer un maître d'hôtel,
Qui sache ceux de Vatel,
C'est ma philosophie!
Chercher si dans l'immensité,
Notre globe est bien supporté,
Mes amis, c'est folie !
A table, en joyeux gourmand,
Être assis solidement,
C'est ma philosophie!
Vouloir sans cesse approfondir,
Ce que nul ne peut définir,
Mes amis, c'est folie !
Bien savoir quels sont les vins
Les plus francs et les plus fins,
C'est ma philosophie !
Prendre place aux brillants repas,
Où l'on pose, où l'on ne rit pas,
Mes amis, c'est folie !
Moi, j'aime un petit couvert,
De gais flonflons au dessert,
C'est ma philosophie ! (bis.)
P. J. Charrln.
La musique, de Weber, se trouve notée auN. 1982
de la Clé du Caveau.
LE BONHEUR.
Air Un vieux solda/, naguère à la revue.
Pour s'enrichir des biens d'un autre monde.
Qu'un envieux vole au-delà des mers,
228
CHANSONS POPULAIRES.
Je n'irai pas, de la machine ronde,
Pour un peu d'or, traverser les déserls ;
Sous le beau ciel où j'embellis ma vie,
D'un bien certain tout m'offre la douceur;
En respirant l'air pur de ma patrie,
Pans le chercher, je trouve le bonheur.
Las des travers dont ce monde fourmille,
Des maux passés j'éteins le souvenir;
Tranquille au sein de mon humble famille,
De mes enfants je charme l'avenir.
Le cœur content de ma douce puissance,
Dans le chemin que nous trace l'honneur,
En dirigeant les pas de l'innocence,
Sans le chercher, je trouve le bonheur.
Malgré l'hymen et son doux ministère,
Amant heureux, j'honore la beauté.
Le plaisir vrai que je goûte à Cylhère,
Vient ajouter à ma félicité.
Par les effets qu'un dieu malin me dresse,
Quand d'un ten/iron je provoque l'ardeur,
En exhalant un soupir de tendresse,
Sans le chercher, je trouve le bonheur.
Sujet constant de l'aimable folie,
Partout son charme accompagne mes pas;
Toujours près d'elle, avec elle j'oublie
Que chaque instant me conduit au trépas.
Soumis au dieu dont le jus délectable
Saitm'animer par sa vive chaleur,
Quand j'ai trouvé gais amis, bonne table,
Sans le chercher, je trouve le bonheur.
Perchelet.
A GENOUX DEVANT LE SOLEIL
1824.
Air de madame Fnvart.
Qu'on dise que je suis impie,
C'est un blâme que je crains peu,
Moi qui porte à l'idolâtrie
L amour que réclame mon Dieu.
C'est mon Dieu qui régit la terre,
Visible à tous, à nul pareil,
Pour qu'on le voie, il nous éclaire.
A genoux dev.mt le soleil I {bis.)
C'est lui qui ranime la plage ,
Où, gais voyageurs, nous passons,
Qui provoque et chasse l'orage,
Pour faire fleurir nos moissons.
C'est mon Dieu qui dote la treille,
Chaque automne, d'un grain vermeil.
Joyeux amis de la bouteille,
A genoux devant le soleil!
Lorsque l'hiver et son cortège,
L'ennui, les frimas, les autans,
Remportent leur deuil et la neige,
Mon Dieu, ramène le printemps,
A l'arbre, il rend sa chevelure,
Aux amours il donne l'éveil :
Amants, qui cherchez la verdure,
A genoux devant le soleil I
Mon Dieu n'a pas de sanctuaire
Où l'on marchande ses faveurs;
Les rois n'ont pas, à la lumière,'
Plus de part que les laboureurs.
Du monde il confond les richesses
Sur chaque sol, dès son réveil,
Gratis il répand ses largesses.
A genoux devant le soleil !
Ce disque saint qui vivifie
L'être chélif et souffreteux,
C'est l'esprit que je déifie,
Lui qui se révèle est mon Dieu.
Puis, les hommes quittant le monde,
C'est par lui, durant leur sommeil,
Que croissent les fleurs sur leur tombe.
A genoux devant le soleil.
Alexis DalèM.
La musique, d'Auguste Pilati, se trouve, à Taris,
chez L.Vieillot, éditeur, rue Notrc-Damc-dc-Naza-
retli, 32.
CHANSONS EPICURIENNES.
229
TOUT CHEMIN MÈNE A RQME.
Air de Marianne
Chacun, sous la céleste voûte,
Aux erreurs payant un tribut,
Par une différente route,
Veut arriver au même but:
Quand Pierre brigue,
Postule, intrigue,
Pour se hisser jusques à la grandeur,
Dans la richesse
• Et la molesse,
Paul croit trouver le souverain bonheur.
Moi, sans vouloir m'en guérir, comme
J'y puis arriver tôt ou tard,
Pas à pas je marche, au hasard ;
Tout chemin mène à Rome I (ter.)
Ne vous raillez pas d'un système
Que l'expérience a prescrit.
Il explique ce vieux problême :
Bienheureux les pauvres d'esprit.
Or, plus d'études,
D'inquiétudes ;
D'un vain mérite à quoi bon se pourvoir,
Quand l'impudence,
Et l'ignorance
Passent avant le modeste savoir?
Combien d'heureux sots qu'on renomme.
Marchant par d'ignobles sentiers,
Au but arrivent les premiers ;
Tout chemin mène à Rome I
De l'antique reine du monde,
Nos guerriers prenaient le chemin.
Mais dans leur course vagabonde
Ils ne virent pas un Romain.
Un ambassade
Assez maussade
Pour les fléchir leur fit de beaux sermons ;
Voyez, dit-elle,
La route est telle
Qu'il vous faudra franchir fleuves et monts
« Messieurs, répondit un grand homme,
« Qui ne fut pas toujours gascon,
« Tout fleuve est notre Rubicon,
« Tout chemin mène à Rome ! »
S'il n'est plus aux champs de Bellonne
De lauriers sanglants à cueillir,
France ! n'est-il d'autre couronne
Dont tu puisse t'enorgueillir?
Terre chérie,
0 ! ma patrie !
Ne tiens-tu pas le sceptre des beaux arts ?
De ta jeunesse,
L'ardente ivresse
S'est éclairée au berceau des Césars.
Clio, de tes fils qu'elle nomme,
Immortalisant les travaux,
Semble dire aux peuples rivaux.
Tout chemin mène à Rome !
Mais, par ses clameurs, sa furie,
L'erreur signale son réveil ;
En vain la vérité lui crie :
Retire-toi de mon soleil!
Partout d'Ignace,
La sombre audace
A révélé le monstre renaissant ;
Le pouvoir plie,
Tremble et supplie;
A la remorque il se traîne impuissant.
Chaquejour l'œuvre se consomme,
L'ultramontisme suit son cours.
Pour lui, malgré ses vains détours,
Tout chemin mène à Rome I
Nous renaîtrons à la lumière,
J'en di l'espoir consolateur.
Déjà l'opinion plus fière,
Frappe un cynisme corrupteur.
Certain ministre,
Agent sinistre,
Frêle instrument d'allière faction,
Corromp, divise,
Démoralise,
Sème la haine et la dissension.
De discorde odieuse pomme,
2?o
CHANSONS POPULAIRES.
Français, ce pouvoir éhonté,
Peut conduire à la liberté :
Tout chemin mène à Rome !
Fortune, ô toi qu'on déifie,
Qu'on maudit et cherche toujours,
Sans un grain de philsophie
Tu ne peux donner d'heureux jours.
Pendant la vie
Chacun envie
Tes vains hochets, ton brillant appareil :
Mais pour le sage.
Qu'est ce passage ?
Un songe court pendant un long sommeil!
On s'endort de ce dernier somme
Au sein des ris, au son des pleurs
Semé d'épines ou des fleurs,
Tout chemin mène à Rome!
tlarcillac.
La musique, de Dalayrac, se trouve notée au
N. 550 de la Clédu Caveau.
■^■1 # II»
L'IMMORTALITÉ.
Air de Dorillas.
Immortels, du dieu de la lyre
Ecoutez la douce leçon !
Si l'on ny peut chanter et rire,
Les cieux ne sont qu'une prison 1
Ah ! croyez-moi, joyeuse ivresse
Vaut mieux que triste majesté!..
S .us le nectar, sans la tendresse,
Que serait l'immortalité?
J'ai vu le maître du tonnerre,
Déposant son sceptre éternel,
Trop heureux d'être, sur la (erre,
Le rival d'un simple mortel !
El si .lupin, dans son ivresse,
Eût trouvé rebelle beauté,
Il eût, contre an mot de tendresse,
Change son in mortalité,
Jadis, par un ordre suprême.
Du* ciel je me vis exilé,
Mais sur la terre on boit, on aime.
Et je fus bientôt consolé :
Doux nectar et douce maîtresse
Enivraient mon cœur enchanté :
Grâce au vin, grâce à la tendresse,
J'oubliai l'immortalité.
Paroles «l'un anonyme
— —»»:-+■ —
LE BONHEUR PRÉSENT
Je ris tout bas de votre Mahomet,
Que le prophète ici me le pardonne:
Mais au plaisir que sa loi vous promet,
Moi je préfère un baiser qu'on me donne.
Moi, je préfère un baiser qu'on me donne
Aux vrais croyants, dans son livre divin,
Après leur mort, il promet l'ambroisie :
Ah! sans attendre un bonheur incertain,
Transportons-nous d'abord en l'autre vie.
Transportons-nousd'abord en l'autre vie.
Ah! si j'étais maître de ce séjour,
Du vrai bonheur prenant la route sûre,
Je bannirais Mahomet de ma cour,
Pour y fixer à jamais Épicure.
Pour y fixer à jamais Epicure.
De iMiérirourt.
LE SOLDAT ET LE BERGER.
LE SOLDAT.
Vois-tu celle, troupe guerrière
Déployer ses nombreux drapeau '
CHANSONS ÉPICURIENNES
431
Berger, laisse là ta chaumière,
Et ta houletle et tes troupeaux ;
Parmi les fils de la Victoire,
Viens briller d'un plus noble éclat ;
Laisse le repos pour la gloire ■
Fais-toi soldat, fais-toi soldat.
LE BERGER.
Soldat, vois-tu ces eaux dociles
Suivre la pente du coteau ?
C'est l'image des jours tranquilles,
Qui s'écoulent dans le hameau.
Tes lauriers, arrosés de larmes,
N'offrent qu'un bonheur passager,
Le nôtre est pur, quitte tes armes,
Fais-toi berger, fais-toi berger.
LE SOLDAT.
Qui, moi, déserter la carrière
Que Mars offre à ses favoris,
M'ensevelir dans la poussière,
Couvert d'opprobre et de mépris I
Lorsqu'à mon bras le ciel confie
L'intérêt sacré de l'État,
Mon sang est tout à ma patrie :
Je suis soldat, je suis soldat.
LE BERGER.
Des vrais amis l'heureux modèle,
En tous lieux mon chien suit mes pas,
Guidés par ce gardien fidèle,
Mes troupeaux ne désertent pas.
Ma cabane échappe au tonnerre,
Qui met les trônes en danger ;
Des rois que me fait la' colère ?
Je suis berger, je suis berger.
LE SOLDAT.
Aux fiers accents de la trompette,
Tressaille mon cœur généreux.
LE BERGER.
Aux doux accords de la musette,
Palpite mon cœur amoureux.
LE SOLDAT.
Adieu berger, l'honneur m'appelle,
J'entends le signal du combat.
LE BERGER.
Voici venir ma pastourelle,
Adieu soldat, adieu soldat.
Paroles d'un anonyme»
La musique, de Romagnési. se trouve, à Paris,
chez L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-
Nazareth.
PEUT-ON SAVOIR 01) DIEU NOUS CONDUIRA?
Faibles mortels, jetés sur cette terre,
Sans trop savoir ni pourquoi ni comment,
N'essayons pas d'éclaircir ce mystère,
Rions de tout, et voyageons gaîment;
Portons sans cesse une main peu timide
Sur chaque fleur que la route offrira,
Plus loin peut-être est un chemin aride :
Peut-on savoir où Dieu nous conduira? (bis.)
Où t'en vas-tu ? dit-on au bon Esope.
« Je n'en sais rien, » répond-il savamment.
Le guet-à-pied, qui soudain l'enveloppe,
Droit en prison le mène lestement.
« Vous voyez bien, dit-il alors, mon maître,
« J'avais raison, chacun vous le dira :
.« J'allais aux champs, et j'arrive à Bicètre.
« Peut-on savoir où Dieu nous conduira?
Ah ! si jamais je débénais ministre,
Dit un Gascon, je repousserais l'or.
Il y parvient... il enfle son registre;
Et le voilà qui prend et prend encor.
Sur nos discours, de peur qu'on nous moleste,
Ne disons rien ; advienne que pourra.
Le cœur est droit, mais la main est si leste !
Peut-on savoir où Dieu nous conduira?
De nos héros exploitant l'héritage,
Un conquérant, l'effroi des potentats,
Î32
CHANSONS POPULAIRES
Voulut un jour que le Tibre et le Tage
Vinssent couler au sein de ses Étals.
Déjà sa voix retentit clans la plaine
D'où le zéphir au czar la redira,
Mais du Kremlin il tombe à Sainte-Hélène:
Peut-on savoir où Dieu nous conduira?
Gros matadors de la sainte alliance,
Qui ballottez les peuples et les rois,
De vos congrès n'excluez pas la France,
Daignez avoir des égards pour ses druits.
Quoique la paix ait pour nous bien descharmes,
Peut-être un jour cette paix finira,
Et si jamais nous reprenons les armes!
Peut-on savoir où Dieu nous conduira?
Les détracteurs de l'Église romaine,
Qui, môme entre eux, sont rarement d'accord,
Citent en vain l'abîme où l'on nous mène;
Moi, franchement, je n'en vois point encor,
Mais à l'aspect de l'ultramontanisme,
Ainsi que moi tout Français s'écrira :
S'il prête, hélas! l'oreille au fanatisme,
Peut-on savoir où Dieu nous conduira?
Dans une église une ci-devant vierge,
Sans badiner allant droit à son but,
De chaque main offrait un jour un cierge
A saint Michel et l'autre à Belzébut;
Bien fou, dit-elle, est celui qui se flatte
Qu'en Paradis tout fin droit il ira,
Au diable même il faut graisser la patte,
Peut-on savoir où Dieu nous conduira?
Emile Ucbreaui.
LE SAUVAGE.
En abordant sur cette aride plage,
Européens, qu'espérez-vous de moi?
Quoi ! vous pensez énerver mon courage,
En me berçant de l'amitié d'un roi?
Pour vous livrer les champsqui m'ont vu naître
J'irais braver l'iiuuicnsitr- des mers!
Je ne sais pas ramper devant un maître,
Gardez vos dieux, vos plaisirs et vos fers.
De vos palais que prouve la structure ?'
De vos cités que prouve la splendeur?
Qu'un fol orgueil se charge de dorure,
En dérobant la substance au malheur.
L'humanité brille sous nos platanes,
L'égalité défriche nos déserte,
La liberté protège nos cabanes,
Gardez vos dieux, vos plaisirs et vos fers.
De votre dieu vous vantez la puissance,
Et cependant l'avez-vous vu? jamais...
Le mien est là... son auréole immense
Ainsi que moi vous comble de bienfaits.
Rien ne saurait maîtriser sa carrière,
Son œil de feu commande à l'univers,
Je lui dois tout : fleurs et fruits et lumière
Gardez vos dieux, vos plaisirs et vos fers.
Européens, retournez vers vos maîtres,
N'espérez plus attenter à nos droits.
Songez surtout qu'en nos abris champêtres
La liberté veille dans nos carquois.
Oh ! si jamais vous rêviez des conquêtes,
Nos bras nerveux, étrangers aux revers,
Sous îles rochers écraseraient vos têtes,
Gardez vos dieux, vos plaisirs et vos fers.
LouIn Voitelaln.
LE VIVEUR.
Air : Voilà la manière de vivre cent aia
Vous, esprits malades,
Que le spleen poursuit;
Songes creux, maussades,
Que le repos fuit;
Sinistres penseurs,
Je connais votre maladie,
Quittez \03 docteurs,
Et \i\ez un peu de ma vie.
Paris — Imprimerie de Pillet fils aîné, rue des Grands-AuKiislins, ti.
CHANSONS EPICURIENNES.
».33
Moi. je chante, j'aime,
Buveur, gai conteur,
Gastronome même,
Je suis un viveur !
A fille jolie,
Faisant les doux yeux,
Maintes fois j'oublie
Que j'ai d'autres nœuds.
D'un feu passager,
Je jure, quand s'éteint l'ivresse,
De ne plus changer,
D'adorer... comme une maîtresse
Ma femme qui m'aime,
Me garde son cœur !
Et bientôt!... quand même!
Je suis un viveur I
Fou ! qui s'étudie
A compter les ans ;
• Je sais de ma vie
Faire un long printemps.
Mais, viens-je à penser
Que je marche vers la vieillesse,
C'est pour mieux passer
Les jours dorés que Dieu me laisse ,
Insouciant, j'aime
Devoir le bonheur
Au caprice même.
Je suis un viveur !
En gourmet habile
Traiter ses amis,
Et souvent en ville
Voir son couvert mis;
Discourir gaîment,
Chanter en sablant le Champagne;
Parfois trébuchant,
Rejoindre au logis sa compagne :
Ravi de soi-même,
Et brûlant d'ardeur,
Lui prouver qu'on l'aime,
Voilà le viveur!
Porteur d'une rente
Inscrite au trésor,
Quand je m'y présente,
Je la touche en or.
L'or!... dès que j'en ai,
Circule, c'est sa desiinée ;
Sans calcul donné,
Je rn'endeite... El vois chaaui» a^-'ée
Qu'à tort je le sème
En dissipateur.
Mais, foin de Barème!
Je suis un viveur!
Point, ou peu de vices,
Mais tous les défauts ;
Aimer les actrices,
Le jeu, les chevaux;
Ne pas s'abstenir
D'une confortable existence,
Savoir en jouir
Et ne jamais faire abstinence;
Le gousset creux même,
Faire adroit flâneur,
Gras dans le carême,
Voilà le viveur!
S'arranger de sorte
Qu'à ses créanciers,
On ferme sa porte,
Ainsi qu'aux huissiers;
N'avoir de valets
Que son portier qui doit connaître
Si le besoin est
De conduire ou porter son maître,
Dans un cas extrême,
Crainte de malheur,
Jusqu'en son :it même.
Voilà le viveur 1
P -J. Charria.
OUI, C'EN EST FAIT, JE ME MARIE
Oui, c'en est fait, je me marie,
Je veux vivre comme un Calon,
il. — ào
234
CHANSONS POPULAIRES.
(bis.
S'il est un temps pour la folie,
Il en est un pour la raison.
Par le mariage,
Une fille sage
Peut, dans mon menace,
M offrir le bonheur.
Bientôt celte belle,
El clouée et fidèle,
Sait fixer près il elle
Mes pas et mon cœur.
Oui, c'en est fait, etc.
Chez moi tout prospère.
Cette épouse chère
Ne remlra le père
D'aimables enfants!
Ma main les caresse :
Bientôt leur jeunesse
Donne à ma vieillesse
Les plus doux matants,
Oui, donneà ma vieillesse
Les plus doux instants.
Oui, c'en est faii, je me marie,
Je \eux vivre comme un Calon.
S'il est un temps pour la folie,
Il en est un pour la raison.
Alexuiidrc Duvnl.
La musique, de Delta-Mafia, se trouve notée an
N. 768 de la Clé du Caveau.
L'HEUREUX JOUR.
Air des Triolets,
Le joli jour de Saint-Michel
lui un des beaux jours de ma vie!
nue soit à jamais solennel
Le joli jou«- ''.«• Sainl-.Miiliel !
A genoux jevant son autel,
Depuis douze jours je m'écrie :
Le joli jour de Saint-Michel
Fut un (lm plus beaux de ma vie!
Ce jour, il me tomba du ciel
Douze pintes de Malvoisie :
Un si rare et joli casuel,
Ce jour-là, me tomba du ciel.
-Mon palais trouvait bien cruel
De ne savourer que du brie :
Ce jour il me tomba du ciel
Douze pintes de Malvoisie.
l'il'OII.
LE CHAMP DE BATAILLE.
Air nouveau du Vieillard de Béranger.
Non loin des lieux où deux peuples en armes,
En un combat ont joué 1 univers,
D'un doux loisir goûtant enlin les charmes,
Le preux sourit aux maux qu'il asuuffeats.
Enfin, dit-il, ô mon Dieu ! Lu fais taire
L'airain vengeur dont tu nous foudroyas :
Sang des héros, fertilise la terre !
Roses, cachez la irace des combats!
Jetez les yeux sur ces belles contrées,
Riches d'épis, de raisins et de fleurs,
Et dites-moi si Dieu les a créées
Pour y verser et du sang et des pleurs.
Non, la beauté, sa seule mandataire,
Les résenait à de plus doux ébats :
Sang des héros, etc.
Au gré des vents agitant leurs panaches,
Les petits-fils des Coudé, des Nemours,
Ont trop longtemps par leurs vieille!: moustaches
Effarouché les jeux et les amours.
Mars, laisse-nous par le dieu de Cythère
Rendre le> lils que tu nous dérobas :
Sang des héros, etc.
Mille hameaux onl disparu du monde;
Cent mille corps, par le 1er déchirés,
Aux bords lointains ont empoisonné Tond''
Et nous, quels fruits en avons-nous tirés?
CHANSONS EPICURIENNES.
235
Au poirls de l'or mon pays tributaire
Dul ex (lier la force de son bras.
Sang des héros, etc.
Mais à mes pieds un vieil aigle étincelle
Presque rongé par la rouille et les ans;
Ce vieux débris d'une gloire immortelle
Éveilla en moi des souvenirs cuisants.
Tu prétendis détrôner le tonnerre ;
Mars fut jaloux, et bientôt tu tombas :
Sang des héros, etc.
N'est-ce pas là qu'un bataillon de braves,
De notre gloire, hélas! dernier rempart,
Pour échapper à d'ignobles entraves,
Jusqu'à la mort fit face au léopard?
Et des Français vendus è l'Angleterre
Ont sans rougir désiré leur trépas ?
Sang des héros, etc.
Quand sur ces prés, sur ces fleurs gentillettes
Nos jeunes gens un jour folâtreront,
Aux doux refrains, aux danses des fillettes
De nus guerriers les ombres souriront;
Et s'ils voyaient parfois plus doux mystère,
Ainsi que nous ils rediront t >ut bas :
Sang des héros, fertilise la terre I
Roses, cachez la trace des combats !
Emile Debreaux.
ÉPIGURE.
1816.
Air : Son, jamais jamais, jamais,
je ne quitterai ma chaumière
De tous les biens qu'ici-bas
Nous départ la bonne nature,
Jouissez avec mesure,
Mes amis, n'en abusez pas.
A l'ombre des vastes platanes,
Présent du vieil Académus,
[bis.
Épicure, loin des profanes,
Charmait ses disciples émus.
« Enfants, disait le sage,
« Croyez à ma leçon ;
'< Dos roses du bel âge
« Prolongez la saison. »
De tous les biens, etc.
Quand de Chypre ou de malvoisie
La liqueur coule en un festin,
Des dieux saturés d'ambroisie
Vousn'enviez point le destin.
Mais si par la sagesse
Les coups ne sont réglés,
D'une funeste ivresse
Vos sens seront troublés.
De tous les biens, etc.
Partout des filles de la Grèce
On vante l'esprit, la beauté:
Leur chant exprime la tendresse,
Leur danse peint la volupté.
Chez Thaïs, chez Aglaure,
Supplantez vos rivaux ;
Mais songez qu'Épidaure
Est voisin de Paphos.
De tous les biens, etc.
Si dans vos palais de la ville
Cent esclaves veillent pour vous;
Des beaux-arts si le luxe utile
S'empresse à flatter tous vos goûts ;
Du char qui vous promène,
Secourez en chemin
Le pauvre qui se traîne,
Un bâton à la main.
De tous les biens, etc.
Du sol de la féconde Attique
Vos pères ont banni les rois;
Enfants, aimez la république,
Qui seule protège vos droits.
Mais craignez le délire
D'orateurs factieux,
Qui vous rendraient l'empire
Détruit par vos aïeux.
De tous les biens, etc.
Î36
CHANSONS POPULAIRES.
En suivant ce code facile,
Mes cheveux ont blanchi bien lard,
El près de mon dernier asile
Le temps rit encore au \ieillard.
A quoi bon du Ténare
Les tourments infinis,
Le prodigue et l'avare
Seront assez punis.
De tous les biens qu'ici-bas
Nous départ la bonne nature,
Jouissez avec mesure,
Mes amis, n'en abusez pas. {bis.)
Joseph Scrvléres.
ET NOUS VERRONS APRES.
1829.
Air : Au présent seul je consacre ma vie.
Je Yeux, amis, dire une chansonnette.
Mois quel refrain choisir pour mes couplets?
Parbleu ! qu'il soit de vin ou d'amourette,
Chantons toujours, .. et nousverronsaprès. {bis.)
Que le flacon trouve en nous plus d'un brave,
Et, par valeur, montrons-nous fins gourmets!
Mais qu'on nous verse aï, pomard ou grave,
Buvons toujours... et nous verrons après!
Quel mets exquis nous ott're cette table !...
Mais les docteurs défendent tous excès.
Envoyez-moi la médecine au diable !
Mangeons toujours... et nous verrons après I
Tout cœur bien né doit aimer à s'instruire;
Hais, direz-vous, grâce à certains projets,
Avant un an nous ne pourrons plus li.e...
Lisons toujours... et nous verron3 après I
Que la galle loua in doos inspirai
• us au loin politique et procès,
Car le dessert, amis, semble nous dire :
Rions toujours... et nous verrons après!
Est-ce Plaion ou serait-ce Épicure
Qui dans l'amour fait trouver plus d'attraits?
Quelle méthode est plus douce et plus sûre?
Aimons toujours... et nous verrons après I
Si ma chanson parfois vous fit sourire,
La gaîté seul; en a fourni les traits.
Sans examen, amis, puissiez-vous dire :
Applaudissons!... et nous verrons après! (615.
Édnioud liaconde.
LA NEIGE.
Quoi ! tu m'as dit d'un ton glacé d'elîroi,
Suivant des yeux ma plume chancelante,
La neige, hélas! c'est un sujet bien froid,
Pour un auteur dont la verve est brûlante,
Souviens-loi donc, loin de te désoler,
Que des hivers affrontant le cortège,
On a beau frissonner, trembler,
Lorsque l'amour veut s'en mêler
On peut s'échauffer sur la neige.
Tu sais si bien éveiller le désir,
0 mon amie, ô séduisante Adinel
Que tout mon corps frissonne de plaisir
Lorsque ta main me frôle à la sourdine;
Et quand alors j'ai commis doux larcin,
Torrent de feu me dévore et m'assiège;
Le froid ine semblerait plus sain,
El voilà pourquoi de ton sein
Je voudrais caresser la neige.
Lesjeunes gens portent des fruits trop verts
Tout est chez eux ou faiblesse ou manie,
Quand des che\eux blanchis par les hivers
Cachent souvent ia flamme du génie.
Si Béranger, l'exemple est peu suspect,
Au sein de nous venait chercher un siège,
Ptril — Imprimerie Je I'illit fils atné, rue des Grands-Aususlins, 5.
CHANSONS EPICURIENNES.
231
Le cœur saisi d'un saint respect,
On s'écrirait à son aspect .
Que de feu caché sous la neige!
Lorsque jadis l'orage eut dispersé
Nos dqux épis et nos roses chéries,
Vingt potentals. de leur souffle glacé,
Deux ans de suite ont flétri nos prairies.
Si Ton fuula les fleurs que tant j'aimais,
J'entends redire à Dieu qui nous protège :
Du Nord les enfanis désormais, .
De leurs manteaux chez vous jamais,
Ne viendront secouer la neige.
« Mon cher, disait un fils des vieux Germains
A l'un des preux qu'a respectés la Loire,
Convenez-en, les rivaux des Romains
Sont trop enclins à parier de leur gloire.
— Oui, répondit le moderne Bayard :
Le fait est vrai; mais, vous observerai-je.
D'orgueil on peut avoir sa part
Quand on a du mont Saint-Bernard
Aux pieds foulé la vieille neige! »
Quand je la vois envahir mes carreaux.
Jetant les yeux sur noire vieille histoire,
Je me rappelle un temps où nos héros
La sillonnaient des pas de la victoire ;
L'aigle français, prompt à tout surmonter.
Foulait aux pieds tout complot sacrilège;
L'univers n'a pu le dompter,
Il a fallu pour l'arrêter
Les vents et la glace et la neige !
Emile nebreaux.
JUSQU'A DEMAIN.
1832.
Air .Jean, Jean, la pipe est agréable.
Dans un salon où l'étiquette
N'est point mise au rang des travers,
Mondor, rêvant qu'il est poète,
Nous assassine de ses vers. [bis.)
Sa Minerve, que rien n'arrête,
Part, sans calculer le chemin;
Aussi chacun bâille et répète :
C'est de l'ennui jusqu'à demain.
Quelquefois, seul dans ma chambrette,
Agité d'un transport bien doux,
Mon œil impatient s'arrête
Sur le moment du rendez-vous. [bis.)
On ne vient point ; tout me chagrine:
Chut!... j'entenrls un pas incertain..
J'ouvre, et dis en voyant Rosine:
C'est du bonheur jusqu'à demain !
Je ne connais de l'opulence,
Ni le faste, ni la grandeur ;
Pourtant dans ma modeste aisance,
J'ai l'obole pour le malheur. [bis.)
Quand le travail clôt ma paupière,
Je m'endors avec un refrain;
Un refrain, voilà ma prière...
C'est du repos jusqu'à demain I
Rions, chantons à perdre haleine,
De tous les biens sachons jouir ;
Le sage a dit qu'un jour de peine
Passait comme un jour de plaisir.
Au sein de ce délire aimable,
Répétons tous le verre en main :
Bons amis, bons vins, bonne table !
C'est du plaisir jusqu'à demain !
Edouard Donvé.
[bis.
SUIVONS LES TRACES DU PLAISIL
Ai r des Amis d' Anacréon.
En échange de leur trépas,
Dieu, promit, nous dit l'Ecriture,
Une vie éternelle et pure
A ceux qui soutirent ici-bas.
Quoi qu'en dise un maître aussi sage,
Du présent goûtons l'esclavage,
9ô
36
Î38
CHANSONS POPULAIRES.
Ne songeons qu'à nous divertir.
Pour bien vivre, il faut bien jouir.
Unis jusques au noir rivage,
Suivons les traces du plaisir.
Le bonheur, que cherchent en vain
Des fous qui prêchent la sagesse,
Si j'en crois noire douce ivresse,
Ne se irouve que dans le vin.
Ici donc, pour lui rendre hommage,
De Bacchus encensons limage,
Enivrés de son élixir.
Pour bien vivre, etc.
Fuyons ces tristes courtisans,
Que toujours tourmente l'envie ,
Laisse ns-les eonsumer leur vie,
Enchaînés aux pieds des tyrans.
Point de soucis, point d'esclavage !
D'Anacréon tel fut l'adage :
C'est celui qu'il nous faut choisir.
Pour bien vivre, etc.
Un bon drille avec la gaîté
Peut-il envier l'opulence?
Les douceurs de sa jouissance
Lui fonl chérir la pauvreté.
Des grandeurs le frêle apanage,
Leur sot orgueil, leur vain langage,
Ne sauraient que vous engourdir.
Pour bien vivre, etc.
Puisqu'entin dans cet univers,
Tout mortel duil subir sa peine,
Des dieux sans redouter la haine,
Descendons gaîmenlaux enfers.
Du cagot méprisant l'outrage,
Pour charmer le cours du voyage,
Bo chaulant tâchons de partir.
Pour bien vivre ir f ut bien jouir,
Amis, jusques au noir rivage
Suivons les traces du plaisir.
l'vrrkelel.
IL EST UN DIEU.
Faible mortel, quels sont ces vains caprices?
Crains leur appât, fixe l'éternité.
Crois-tu toucher la coupe des délices,
Et l'épuiser avec impunité?
Vois quelle main, de la voûte azurée,
De pourpre et dora nuancé le bleu;
Reconnais-tu celte main adorée?
Il est un Dieu! [bis.)
Sur nos foyers lorsqu'à grondé l'orage,
De vos forfaits l'univers a frémi.
Je vous ai vus dans un jour de carnage
Porterie 1er sur le sein d'un ami.
Vos passions ont épuisé les crimes;
Mais quand la mort en éteindra le feu,
Vous tomberez aux pieds de vos victimes.
Il est un Dieu!
Fiers descendants de Sophocle et d'Achille,
Vous que jadis ont enviés les rois,
De ses congrès l'Lurope vous exile,
El le croissant a renversé la croix.
De vous rayer des peuples de la terre
Les fds d'Omar ont l'ait l'horrible vœu;
Mais trop de sang émousse un cimeterre.
Il est un Dieu !
Des rois du Nord secondant l'insolence,
Vous que pour fils la victoire adopta,
N'avez-vous pas un jour mis en balance
Et vos serments et l'or qu'on vous compta?
Ce vil mélail a fait tomber vos armes !
De notre amour il vous a tenu lieu ;
Mais il faudra plus tard payer nos larmes.
11 est un Dieu!
Vous que le sort dota du rang suprême,
Combien de fois votre implacable orgueil,
Pour envahir un triple diadème,
De l'univers lit un vaste cercueil !
Des nations vous confondiez la cendre;
Ah! respectez les jours de chaque preux :
Un roi rfpond du sang qu'il tait répandre,
l\ est un Dieu!
CHANSONS EPICURIENNES
*&9
Toi que l'amour a mise en ma puissance,
Si je pouvais cesser de t' adorer,
Si dans tes bras j'oubliais ta présence,
C'est que j'aurais cessé de respirer.
Déjà le temps a moissonné mon être;
A tes baisers il me faut dire adieu ;
Mais le destin me les rendra peut-être.
11 est un Dieu '
Kmile Débreaiix.
LA TRIBUNE DES FLONFLONS.
1820.
Air : Halle-là.
J'aime à voir à la tribune
Les pairs et les députés.
Dans l'une et l'autre fortune
Défendre nos libertés.
J'admire leur éloquence;
Maisje dis : Nous possédons
Une autre tribune en France,
Et c'est celle des cbansons :
Francs lurons,
Défendons
La tribune des flonflons.
La chanson indépendante
Dans nos festins fait la loi ;
Tour-à-tour le Français chante
Son Dieu, sa dame et son roi.
Opprimé, loin que sa bile
Se répande en noirs poisons,
Dans un malin vaudeville
Elle s exhale en chansons;
Francs lurons, etc.
iJn grand monarque à Versailles
Faisait gnver autrefois
Sur le bronze des batailles :
Dernière raison des rois!
Roi, voire raison s'explique
Par la bouche des canons ;
Laissez-nous notre musique
Et nos refrains de chansons.
Francs lurons, etc.
Si l'on veut vous faire taire,
Il faudra représenter
A messieurs du ministère
Que tout Français doit chanter.
Gallus contât , dit l'histoire.
Dans César nous apprenons
Que nos aïeux à la gloire
Marchaient au bruit des chansons.
Francs lurons, etc.
En France, il faut bien qu'on mette
Tôt ou tard la poule au pot ;
Jusques là qu'on nous permette
D'entendre le chant du co *.
C'est un privilège antique ;
De père en fils nous vivons
Dans un état monarchique,
Tempéré par des chansons.
Francs lurons,
Défendons
La tribune des flonflons.
Le chevalier Coupé de Ht-Douut.
)*)Pour coq.
A MEDOR.
Air: T'en souviens-tu ?
Heureux Médor, si j'ai bonne mémoire,
Je t'ai connu jadis maigre et hideux;
Chien san< pâtée, et poète sans gloire,
Dans le ruisseau nous barbottions tous deux.
Lorsqu'à mes chants si peu d'échos s'émeuvent
Lorsque du ciel mon pain tombe à regret,
A tes abois Dieu sourit , les os pleuvent :
Chien parvenu , donne-moi ton secret.
Aux chiens lépreux, oui, le malheur m'égale •
Battu des vents, par la foule outragé,
«40
CHANSONS POPULAIRES.
Si je caresse on a peur de la gale;
Si j'égratigne on m'appelle enragé.
Pour qu'au bonlieurje pmsse enfin renaître.
Dieu sait pourtant qu'un peu d'or suffirait;
Bien peu... celui de Ion collier, peut-être;
Chien parvenu, donne-moi ton secret.
J'eus comme toi mes longs jours de paresse ,
in lit moelleux et de friands morceaux ,
J'ai frissonné sons plus d'une caresse,
D'abois moqueurs j'ai talonné les sols.
Puis, dans la foule où l'on pousse, où l'on beugle
J'ai vu s'enfuir Plutus qui s'égarait :
Pour devenir le chien de cet aveugle,
Chien parvenu, donne-moi ton secret.
Aux dominos sais-tu comment l'on triche?
Nouveau Paris arbitre de beauté ,
As-tu donné la pomme à la plus riche ,
Fait le gentil , fait le mort , ou sauté?
Ton sort est beau: moi, chien d'hon neur bizarre
Pour égayer le riche à son banquet,
Je ne sais rien... rien que flatter Lazarre :
Chien parvenu donne-moi Ion secret.
Tombé , dit-on , dans un pays de fées ,
Dont ta laideur mit le peuple en émoi ,
On essuya tes pattes réchauffées,
De blanches mainste bercèrent; maismoi!...
Chien trop crotté pour que la beauté m'aime,
Si j'entrais là, le pied me b ilalrail ,
Hué de tous, et mordu par toi-même :
Chien parvenu , donne-moi ton secret.
Ilcséalppe iloirnu.
BONSOIR, LA COMPAGNIE.
1777.
J'aurai bientôt quatre-vingts ans,
Je crois qu'à cel Age il est temps
D'abandonner la vie ;
Je la quitterai sans regret,
Gaîmcnt je b'rai mon paquet,
Bonsoir, la comnagnie.
Quand de chez nous je sortirai,
Je ne sais pas trop où j'irai,
Mais en Dieu je me fie;
11 ne peut que me mener bien,
Aussi je n'appréhende rien.
Bonsoir, la compagnie.
J'ai goûté de tous les plaisirs,
J'en ai gardé les souvenirs,
A présent je m'en nuie ;
Mais quand on n'est plus propre à rien.
L'on se relire et l'on fait bien,
Bonsoir, la compagnie.
Dieu fil tout sans nous consulter.
Rien ne saurait lui résister :
Ma carrière est remplie;
A force de devenir vieux,
Peut-on se flatter d'être heureux?
Bonsoir, la compagnie.
Nul mortel n'est ressuscité
Pour nous dire la vérité
Des biens de l'autre vie;
Une profonde obscurité
Fait le sort de l'humanité,
Bonsoir, la compagnie.
Rien ne périt entièrement,
Et la mort n'est qu'un changement.
Dit la philosophie ;
Que ce système est consolant,
Je chante en adoptant ce plan :
Bonsoir, la compagnie.
Lorsque l'on prétend tout savoir,
Depuis le matin jusqu'au soir
On lit, on étudie ;
Mais, par ma loi, le plus savant
N'est comme moi qu'un ignorant.
Bonsoir, la compagnie.
I.nttuignant.
La musique, de Philiior, se trouve notée au
N. 2T>1 de la Clé du Caveau.
Paris. — Imprimerie de P. LUI fil » itilé, rue Jes Grandi- l'.gnstins, .">
L'ÉPICURIEN.
Au: De tous les capucins du monde.
Je ne suis né ni roi ni prince ;
Je n'ai ni ville ni province,
Ni presque rien de ce qu'ils ont;
Mais je suis plus content peut-être;
Car, en n'étant pas ce qu'ils sont,
Je suis tout ce qu'ils veulent être.
En vain, sans ma philosophie,
L'homme, durant toute sa vie,
Biens sur biens accumulera;
Il faul, quoi qu'on en veuille dire,
Ne désirer que ce qu'on a,
Pour avoir tout ce qu'on désire.
Non, je ne veux pas de contrainte,
Ni pour Philis ni pour ma pinte;
Je ne veux vivre que pour moi.
Je suis élève d'Epicure;
Mon tempérament fait ma loi;
Je n'obéis qu'à la nature.
Saurin.
La musique, de Mouret, se trouve notée au N.' 137 de la
Clé du Caveau.
LE PLAISIR.
Air: Allons souper chez Pluton.
Si la fortune sur terre
De nous s'éloigne toujours,
Par un joyeux caractère,
Chers amis, charmons nos jours.
Engourdis par l'insomnie,
Laissons les grands s'endormir,
Savourons gaîment la vie ;
Sous l'étendard du plaisir.
Loin du critique morose,
Cueillons encore une fleur;
9G
Le plaisir est une rose
Que nous offre le bonheur;
Pour en mériter l'hommage,
Puisqu'il suffit de jouir,
Cherchons-en toujours l'image
Dans les douceurs du plaisir.
Paul, dans son petit ménage,
Quoiqu'uni par l'amitié,
En dépit du mariage,
Gronde souvent sa moitié;
Mais souvent, d'une caresse
Goûtant le charmant loisir,
Il retrouve son ivresse
Entre les bras du plaisir.
Colin, Colette, au bocage
S'esquivent chaque matin...
Protégés parle feuillage,
L'amour bénit leur destin.
Sur le sein de la lutine,
Qu'enflamme un brûlant désir,
Colin, sans craindre l'épine,
Cueille la fleur du plaisir.
Hélas! la vie est fragile;
L'homme s'éteint en naissant;
Le temps, ce vieillard agile,
Nous frappe en nous caressant.
Afin de fleurir la plage
Qu'il nous reste à parcourir,
Pour compagnon de voyage
Ayons toujours le plaisir.
Perchelet.
BOUTEILLES ET FLONFLONS.
183o.
Air: 0 liberté, liberté, liberté!
Aimables fous,
Au bruit doux
t. n. — 37.
H\
CHANSONS POPULAIRES.
Des glouglous
De nos vieilles
Bouteilles,
A l'unisson,
Que leson
D'un flonflon
Fasse un gai carillon.
Pour fêter ce jour,
En ce séjour
Digne d'envie,
Chantons en chorus
Un orémus
Cher à Momus.
Aimables tendrons,
Joyeux lurons,
11 nous convie
A rire entre nous,
Et des époux,
Et des jaloux.
Levez donc les yeux,
Voyez les cieux
Brillants d étoiles;
Que chaque désir,
Chaque loisir,
Soit au plaisir. .
Servant nos projets,
La nuit, exprès,
Etend ses voiles;
Bacclius nous séduit,
L'amour sourit,
Bonheur nous luit 1
Aimables fous, etc.
Laissons donc les sots
Braver les Ilots
De ce Pactole,
Qui dans son essor
Pare son bord
D'un sable d'or :
Destin hasardeux
Bientôt loin d'eux
Le temps s'envole,
lit toujours l'erreur
Livre leur cœur
A la douleur.
Moins ambitieux,
Nos bons aïeux,
Sur leur passage,
Trouvaient la gaîté,
L'intimité,
La liberté.
Ils nous ont laissé
Le temps passé
Pour héritage ;
Pour en profiter,
Les imiter,
Il faut chanter:
Aimables fous, etc.
Cessez vos combats,
Braves soldats,
Fils de Bellone,
Que la douce paix
Retrouve accès
Chez les Français.
Des fleurs, des moissons
Nous vous tressons
Une couronne.
Pour le monde entier,
Oui, l'olivier
Vaut le laurier.
Toujours inquiet
L'amour fuyait
Au choc des armes ;
Le bruit du clairon,
Cède au doux son
De la chanson.
11 revient enfin,
L'enfant malin,
Sécher nos larmes ;
Puisqu'ainsi les dieux
Comblent nos vœux,
Soyons heureux.
Aimables fous, etc.
Au flot du moment
Livrons gaîment
Notri' nacelle ;
L'horizon lointain
Cache un destin
Trop incertain.
CHANSONS EPICURIENNES.
■243
Il jaillit toujours
De nos beaux jours
Quelque étincelle.
C'est un souvenir
Pour embellir
Notre avenir.
Si nous vieillissons,
Rajeunissons
Noire bannière;
L'amitié viendra
Lui sourira,
La bénira.
Puisqu'Anacréon
Parait son front
D'un jeune lierre,
Vieillards, bons vivants,
Cachons au temps
Nos cheveux blancs.
Aimables fous,
Au bruit doux
Des glouglous
De nos vieilles
Bouteilles,
A l'unisson
Que le son
D'un flonflon
Fasse un gai carillon.
C.-H.-T. Morisset.
CHANSON DE TABLE.
1850.
Air : Je loge au quatrième étage.
Puisque l'amitié nous rassemble
A ce simple et joyeux festin,
Buvons, amis, trinquons ensemble,
Et savourons le jus divin. (bis.)
A vivre heureux tout nous convie,
Quand nous possédons la gaîté ;
Noyons les chagrins de la vie j
Dans le vin et la volupté. \ '
Une maîtresse un peu coquette
Pour nous a toujours plus d attraits,
Bien fou celui qui s'inquiète
Si l'inconstance vient après. (bis.)
Il faut de la philosophie,
Même auprès de fière beauté.
Noyons, etc.
Pour vivre heureux en ce bas-monde,
Loin de nous chassons les soucis ;
En tourments la vie est féconde,
Le bonheur c'est de vrais amis. (bis.
Etre aimé de femme jolie,
N'est-ce pas la félicité?
Noyons, etc.
Sachez que l'esprit, en ce monde,
Souvent loge dans un grenier ;
En sots riches Paris abonde ;
Mais l'or est un maître altier. (bis.)
Les pleurs nourrissent le génie,
Honneur à sa noble fierté 1
Noyons, etc.
Que faut-il à l'homme sur terre ?
Peu doit suffire à ses besoins,
Pourvu qu'il ait le nécessaire,
Pour vivre à quoi bon tant de soins
Le sage voit tout sans envie,
Sa devise est la liberté I
Voilà les vrais biens de la vie,
Les amis et la volupté.
F. Flamant.
? (bis.
(bis.)
La musique, de Boufïet, se trouve notée au N 264
de la Clé du Caveau.
PANIERS ET CORBEILLES.
1843.
Air : Allez cueillir des bluels dans les blés.
Ou du vaudeville du Château perdu.
Le sombre hiver a passé comme un rêve ;
Le verre en main, allons, Roger-Bontemps,
Quand tout renaît, quand tout est plein de sève,
24i
CHANSONS POPULAIRES.
Par nos chansons, saluons le printemps !
Les papillons, les oiseaux, les abeilles,
Vont butiner les trésors printaniers;
Aujourd'hui Flore embellit nos corbeilles,
Demain, Pomone emplira nos panier
les,) ... .
[ (ois.)
PS. ) '
Faut-il tant d'or, de soie et de dentelles,
Pour illustrer le trésor de l'amour/?
Rose se pare avec des fleurs nouvelles,
Et la nature est sa dame d'atour.
Quels yeux brillants ! quelle bouche vermeille !
Prône en tous lieux, opulent chevalier,
Ta grande dame et sa grande corbeille;
J'aime mieux Rose et son petit panier.
Au bon vieux temps, objet de nos satires,
Nos grands papas trouvaient chez nos mamans
Plus de candeur et moins de cachemires,
Plus de vertus et moins de diamans.
L'amour de l'or seul occupe nos veilles,
De la plus belle on compte les deniers :
0 mes amis ! le siècle des corbeilles
Fait regretter le siècle des paniers.
A Louison, fille des mieux nourries.
Un Cordon bleu, d'un accent maternel,
Disait : « Enfant, bientôt tu te maries;
« Un chef connu va t' conduire à l'autel ;
«J'veuxqu'cejour-làjtoull'quarlier s'émerveille,
« Qu' lu fass's l'effet d' la fille... d'un épicier!...
« Ma Louison, pour remplir ta corbeille,
« J' fais joliment danser l'ans' du panier. »
Toi, dont la table est si bien décorée
Dans ton hôtel, ô moderne Crésus,
En dévorant ta brioche dorée,
Rappelle-toi les sept pains de Jésus.
Que la pitié dans ton cœur se réveille!
En imitant ce roi des aumôniers,
Du pain bénit, de ta riche corbeille,
Tu lieux remplir mille pauvres paniers.
De feu Mondor, dans la triste vallée,
Le monument semble braver le ciel :
Il crut pouvoir, sous un lourd mausolée,
Cacher sa vie aux jeux de l'Eternel.
Quand la trompette en sursaut nous réveille,
Peur comparaître au jugement dernier,
Il faut montrer le fond de sa corbeille,
Il faut montrer le fond de son panier.
En vérité, la Fortune nous triche!
Nul n'est content de son petit bonheur :
J'entends se plaindre et le pauvre et le riche ;
L'un cherche un fruit, l'autre cherche une fleur
Pour effacer des misères pareilles,
Change tes lois, ô destin routinier!
Jette des fleurs dans toutes les corbeilles,
Comble de fruits le plus petit panier.
A. Jacquemart.
La musique, deBérat, se trouve notée auN. 1644
de la Clé du Caveau.
LA MARMITE.
1823.
Air: Ma marmotte a mal au pied.
A tort on flétrit votre nom,
Chantres à circonstance,
Qui ne visez, avec raison,
Qu'à vous garnir la panse ;
Contre vos chansons, qu'il blâma,
Si l'homme droit s'irrite,
Moquez vous d' ça
Ces chansons-là
Font bouillir la marmite!
Filles qu'hymen lente parfois,
Prenez un invalide;
Pour l'hymen, des jambes de bois
Sont un soutien solide.
Une coquette, l'on dira,
Dédaigne leur mérite
Moquez-vous d' ça,
Ces jambes-là
Font bouillir la marmite.
Empiffrez-vous, maigres époux
Dont on preue la femme ,
CHANSONS EPICURIENNES.
245
Pour bien engraisser, gardez-vous
De maîtriser sa flamme I
Des feux dont elle brûlera
Que votre corps profite 1
Moquez-vous d' ça,
Tous ces feux-là
Font bouillir le marmite.
Des écrits qu'on braille au saint lieu,
Si Dieu se formalise,
Bien souvent, sous mon pot au feu,
Moi je les utilise :
Heureux enfants de Loyola,
Qu'en vain l'on discrédite,
Moquez-vous d' ça,
Ces écrits-là
Font bouillir la marmite.
Tribuns ventrus, parfois nigauds,
Qu'un beau dindon inspire,
En nous débitant vos fagots
Narguez notre satire ;
Villèle qui vous les souffla,
A dîner vous invite...
Moquez- vous d' ça,
Ces fagots-là
Font bouillir la marmite.
Mangez, mangez, riches bedauds
Que le rabat domine,
Que vos brillants bâtons royaux
Ne brillent qu'en cuisine I
Si tant de fois on les tacha
De sang et d'eau bénite,
Moquez-vous d' ça,
Ces bâtons-là
Font bouillir la marmite.
Perchelet.
Air ancien, noté au N. 313 de la Clé du Caveau.
LES CTGARRES.
1844.
Vumons, fumons, amis, fumons, fumons!
Que l'on prépare
Son cigarre !
Fumons, fumons, fumons, fumons, fumons!
De tout nous nous consolerons.
Sous l'ancien régime on prisait;
Mais c'est rococo... c'est empire!...
tL'odeur du tabac me déplaît ;
Moi, je ne connais rien de pire...
Fumons, etc.
Ici-bas, que demandons-nous
Dans nos plaisirs économiques?
Des cigarres à quatre sous
Et des allumettes chimiques '...
Fumons, etc.
A notre exemple, l'on peut voir
Et la duchesse et la lorette.
Dans ie salon, dans le boudoir,
Fumer gaîment la cigarrette...
Fumons, etc.
Ce n'est plus un genre commun ;
Cela sent l'aristocratie ;
Pour avoir en nous le parfum
De la meilleure compagnie...
Fumons, etc.
Sur les flots, gais navigateurs,
Quand notre barque se hasarde,
Ou bien, grenadiers amateurs,
Les jours où nous sommes de garde.,.
Fumons, etc.
Quand on nous fait perdre un pari.
Quand nous manquons un mariage,
Surtout en fait de bon parti,
Quand nous manquons un héritage. .
Fumons, etc.
Et, seul, lorsqu'en vain l'on attend,
Devant la pendule muette.
Qu'une main qui nous promit tant...
Fasse vibrer notre sonnette...
Fumons, etc.
Pour rêver la nuit et le jour,
Dans de beaux châteaux en Espagne,
'46
CHANSONS POPULAIRES.
Gloire, crédit, fortune, amour...
Bief! pour remplacer le Champagne!-..
Fumons, etc.
L'été, fumons sous le ciel bleu;
En bon air passons nos journées;
L'hiver, ensuite, au coin du feu,
Faisons comme nos cheminées...
Fumons, etc.
La Régie a de l'agrément,
Dans ses débits la foule abonde,
El jamais le gouvernement
N'a fail fumer autant de monde...
Fumons, fumons, amis, fumons, fumons I
Que l'on prépare
Son cigarre 1
Fumons, fumons, fumons, fumons, fumons!.
De tout nous nous consolerons.
F. de Courcy.
La musique, de L. Clapisson, se trouve, à Paris,
chez M. Quantin, éditeur, boul. Montmartre, 18.
PHILOSOPHIE PRATIQUE.
1847.
Air: Je commence à m' apercevoir,
fivdcs Troubadours (Bérangeri.
Je ne suis qu'un pauvre ouvrier,
Mais la gaîlé m'inspire ;
Du sort, j'ose le dire,
Les coups ne me font point plier.
J'aime la vie,
Quoiqu'asservie.
Les biens d'autrui ne me font point envie !
Joyeux, j'attends la liberté,
De la mort, seule égalité;
Heureux de vivre, heureux par ma gaîtél
Fhilosophc, je chante;
Du sort qui me tourmente,
Oui. je me ris comme de l'an quarante I
.le déleste l'ambition;
J'abhorre la rapine;
L'amour, c'est ma doctrine;
Le bien, c'est ma religion ,
Par caractère,
Vrai prolétaire,
Sans or, sans nom, je suis bien sur la terre.
Plus utile qu'un beau parleur,
Je sais agir : tout travailleur
Doit porter haut et la tête et le cœur!
Philosophe, etc.
Esprit entier, me dira-t-on,
Quelle erreur est la tienne I
Que le malheur survienne
Alors tu changeras de ton.
Cbange toi-même
Ta face blême,
Cœur de mouton, mon courage est extrême
Le malheur I... nous nous connaissons ;
C'est le parrain de mes garçons.
Lui-même aussi m'inspire mes chansons.
Philosophe, etc.
De grands penseurs ont fait surgir
De belles théories,
Dont les phrases fleuries
Nous dorent un bel avenir!
Je veux y croire...
Versez à boire;
Rires et pleurs, voilà toute l'histoire.
Depuis cinq mille ans nous souffrons !
Chaque siècle dit : Nous verrons...
Et que voit-il ? La sueur sur nos fronts
Philosophe, etc.
Aide-toi, le ciel t'aidera;
Fort de ta conscience,
Marche ! l'idée avance;
Sois juste : advienne que pourrai
Lutte, courage I
Prends, homme sage,
Plaisirs, douleurs, que le hasard partage.
Sous un ciel pur ou nébuleux,
Tu dois avoir le cœur joyeux ;
Le vrai bonheur, c'est de se croire heureux I
Philosophe, etc.
CHANSONS ÉPICURIENNES.
24;
Ce monde, et si large et si long,
N'est qu'un grain dans l'espace!
L'homme qui s'y prélasse,
Aux yeux de Dieu, mais qu'esl-il donc?
Un éphémère,
Dans la poussière,
Que, par un trou, fait danser la lumière!
Croyez-en d'augustes édits ;
Rustres, prélats, grands, érudits,
Sont tous égaux, infiniment petits !
Philosophe, je chante;
Du sort qui me tourmente,
Oui, je me ris comme de l'an quarante!
Claude Genoux.
La musique, de Dalayrac, est notée au N. 253 de
la Clé du Caveau.
JEUNESSE ET PLAISIR.
1843.
Air des Trois Marteaux.
Ou du Vaurien (E. Petit).
Vive, vive le plaisir,
Richesse
De la jeunesse !
Sur les ailes du désir,
Luttons contre la vieillesse'
Opposons aux noirs chagrins
Nos gais refrains ;
Et dans le champ des amours
Semons toujours!
'■(bis.)
Allons, phalanges brillantes,
Les chemins nous sont ouverts ;
Et nos fanfares bruyantes
Retentissent dans les airs !
Au sein d'une ondoyante foule
Dont les cris s'élèvent en chœur,
Notre char bondit et roule
Sur la route du bonheur.
Vive, vive, etc.
Oui, le plaisir nous convie
A ses somptueux repas ;
Et les serpents de l'envie
N'embarrassent point nos pas.
A nous l'ivresse sans mélange,
A nous son flambeau radieux !
L'ivresse doit être un ange
Puisqu'elle nous vient des cieux !
Vive, vive, etc.
A nous gentilles maîtresses 1
Car notre magique ardeur
Fait tomber sous nos caresses
Les armes de la pudeur.
Quand le zéphir amoureux glisse
Sur ses pétales veloutés,
La rose ouvre son calice
Au charme des voluptés.
Vive, vive, etc.
Seigneur Plutus a beau faire,
Car, sans être gorgés d'or,
Nous enrichissons la sphère
Où la gaîté règne encor.
De la tristesse à face blême
Pourrions-nous craindre les affronts,
Quand le poids d'un diadème
Ne fait point plisser nos fronts ?
Vive, vive, etc.
Prôneur à longues oreilles,
Place à notre char joyeux!
Quoi ! lu fais monts et merveilles
D'un monde mystérieux ?
Toi qui hois le nectar sans lie,
Peux-tu mêler sans trahison
Aux grelots de la folie
Les accents de la raison ?
Vive, vive, etc.
France aux puissantes mamelles,
Tu souris à nos efforts
Lorsque, groupés autour d'elles,
Nous épuisons leurs trésors.
Heureux, nous gouvernons les mondes,
Pour nous les épines sont fleurs,
Quand de les vignes fécondes
2*8
CHANSONS POPULAIRES.
Nous avons séché les pleurs !
Vive, vive, etc.
Jusqu'en ta couche dorée,
Riche, la peur le poursuit ;
Et ta paupière altérée
Cherche le sommeil qui fuit;
Mais le vaurien d'humeur joyeuse
N'a, lorsqu'il songe à sommeiller,
Que la gaîté pour berceuse
Et l'amour pour oreiller I
Vive, vive, etc.
Pour des fous la vie est belle I
Mais si le temps est compté,
De bluets et d'immortelle
Parons la félicité.
Quand ce vautour, l'âge qui presse,
S'abattra sur nous sans pitié,
Nous puiserons la sagesse
Dans le sein de l'amitié.
Vive, vive le plaisir,
Richesse
De la jeunesse I
Sur les ailes du désir
Luttons contre la vieillesse!
Opposons aux noirs chagrins
Nos gais refrains,
Et dans le champ des amours
Semons toujours !
J.-F. llailly
(bis.)
La. musique, d'Hippolyte Monpou , se trouve
chez M. Meiasonnier fils, éditeur, rue Dauphine, 1 .
LE NOUVEAU DEMOCRITE.
1849.
Air Eh tgcU, gai, gai, mon cjficier.
Gai, gai, gai, gai, rions toujours,
La vie
C'est la folie;
Gai, gai, gai, les instants sont courts,
Profitons des beaux joui-.
En voyant ce bas-monde
Pour des riens s'agiter,
Ma tristesse est profonde,
Je n'ose plus chanter.
Gai, gai, etc.
De notre politique.
Si tout va de travers,
C'est que chacun se pique
De régir l'univers.
Gai, gai, etc.
Dans ce siècle fertile
En tant de beaux esprits.
L'auteur le plus habile
De l'or seul est épris.
Gai, gai, etc.
De nos hommes en place
Combien de fois j'ai ri;
Du sage la besace
Renferme plus d'esprit.
Gai, gai, etc.
Vous qui d'une coquette
Subissez la rigueur,
Prenez une Lisette,
Vous aurez le bonheur.
Gai, gai, etc.
Moi qui rien ne désire
Que vivre en passager,
De tout si j'aime à rire,
J'imite Béranger.
Gai, gai, etc.
L'amour et la folie
Occupent mes instants,
Et sans soins, sans envie,
Je vois couler le temps.
Gai, gai, etc.
Des sots je ris sans cesse,
Et d'eux prenant pitié,
Je trouve la sagesse
Auprès de l'amitié.
Gai, gai, etc.
Paris — Imprimerie de Pillet fils utné, rue des Grands-Augustins, .'>
V- \LtMk
Partisan d'Epirure,
De l'aimable gaîté,
Je chante la nature,
Le vin et la beauté.
Gai, gai, gai, gai, fions toujours,
La vie,
C'est la folie;
Gai, gai, gai, les instants sont courts,
Profitons des beaux jours.
F. Flamant.
Air ancien, noté auN. 107 de la Dé du Caveau.
L'AUTOMNE.
1847.
Ain : Depuis longtemps j aimais Adèle."
Déjà l'automne maladive
Pu temps précipite le cours,
Chassant la saison fugitive
De la jeunesse et des amours,
J'ai vu mourir les fleurs nouvelles,
Jaunir l'ombrage du bois vert;
J'ai vu s'enfuir les hirondelles :
Printemps, adieu; salut, hiver.
Plus de romanesques voyages
Où le hasard guide nos pas;
Plus dejoyeux pèlerinages
Que Lisette n'avoùrait pas!
Mais près du foyer sédentaire,
Réglant nos droits et nos devoirs,
Nous allons réformer la terre :
Longs jours, adieu; salut, longs soirs.
Des souvenirs de la jeunesse
Nous avons une ample moisson;
Chacun de nous à sa maîtresse
Dit adieu dans une chanson.
Mais le temps, qui flétrit les roses,
Des fruits amène la saison;
Laissons les mots : pensons aux choses,
Plaisirs, adieu; salut, raison.
97
L'âge survient; l'acre nous chasse;
Après nous not lils vous venir;
Sans regret de tout ce qui passe,
Portons nos yeux vers l'avenir.
Et si quelque image chérie
Parfois revient nous émouvoir,
Ne pensons plus qu'à la patrie!...
Regrets, adieu; salut, espoir.
Gustave Xaduiul.
Cette chanson est extraite de la nouvelle édition du recueil
de chansons de Gustave Nadaud, augmentée de quarante
chansons nouvelles et inédites. Joli volume, grand in-18. Prix :
•2 fr. 50 c, chez L. Vieillot, 32, rue Notre-Dame-de-Nazareth.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve à Paris, chez
Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-uame-de-Nazureth.
VIEUX VIN ET JEUNES AMOURS.
1841.
Air d'une contredanse.
Du vin vieux, des jeunes amours,
Leur présence
Endort la souffrance;
Le vin vieux, les jeunes amours
Font oublier les mauvais jours.
Foin du censeur! et sans retour
Oublions sa vaine jactance,
Puisqu'au banquet de l'existence
Le plaisir offre tour à tour :
Du vin vieux, etc.
De plus d'une déception
Préservons nos âmes craintives;
Sachons toujours, joyeux convives,
Borner là notre ambition:
Du vin vieux, etc.
En dépit de l'esprit mutin
Qui veut envahir son domaine,
?50
CHANSONS POPULAIRES.
Dieu permet à l'espèce humaine
De retrouver chaque matin
Du vin vieux, etc.
Sur terre bornant notre essor,
Près de lui si Dieu nous rappelle,
C'est qu'en sa demeure éternelle,
Pour nous, amis, il est encor
Du vin vieux, etc.
Avec effort l'humanité
Du mal cherche à combler l'abîme ;
Pour aider à l'œuvre sublime,
Demandons à la Volupté
Du vin vieux, etc.
Pour ne pas jouir qu'à moitié,
Puissé-je, au gré de mon envie,
Trouver jusqu'au soir de ma vie,
Unis à la douce amitié,
Du vin vieux, des jeunes amours I
Leur présence
Endort la souffrance ;
Le vin vieux, les jeunes amours
Font oublier les mauvais jours.
Charles Morlssei.
UN HEUREUX CARACTERE.
Air: Çan' s' peut pas.
Franc luron et joyeux convive,
Sans souci, tant soit peu farceur,
Magaîlé communicative
Met tout Le monde en belle humeur.
Qu'on parle cotillon, musique,
Sciences, mœurs, art théâtral,
Bourse, choléra, politique,
Ça m'est égal. (6m.)
} (bit.
De l'amitié, que je partage
Le pot au feu, le petit vin,
L'ordinaire enfin d'un ménage,
Ou que je m'asseieau festin
Qu'un des noms fameux en cuisine
Rend exquis et phénoménal :
Qu'importe ! pourvu que je dîne,
Ça m'est égal !
Qu'une femme aimable et jolie
M'accorde quelques privautés '
Heureux ! je l'aime à la folie ,
Vois-je des infidélités ?...
Je déplore peu la disgrâce
D'être oublié pour un rival ;
Je remplace qui me remplace,
Ça m'est égal !
De bons amis, au mariage,
Ne cessent de me convier ;
D'un autre côté l'on m'engage
A ne me jamais marier.
Au parfait bonheur on oppose,
Certain déboire conjugal.
Mais bah ! c'est, dit-on, peu de chose,
Ça m'est égal!
Je vois arriver la vieillesse,
Je \*>is s'argenter mes cheveux ;
Et sens encor de la jeunesse
Les goûts, les désirs et les feux.
Qu'on traite cela de démence,
Si je lance un trait jovial,
Et si je fais plus qu'on ne pense,
Ça m'est égal! bis.)
l'.-J lharrin.
i (bis.)
La musique.de Ducray-Duminil, se trouTe no-
tée au N. 692 de la Clé du Caveau.
LES CLOCHES.
Par ma fenêtre s est enfui:
L'illusion et pour jamais!
Doux rêves, adieu : je m'ennuie
Au son des cloches que j'aimais.
I) Interpréter leur babillage,
Poète, à seize ans j'eus le don.
CHANSONS EPICURIENNES
251
Pour fêter le saint du village,
Les cloches disaient : Allons donc,
Arrivez donc I [1er.)
Mais je suis peu dévot, et même
11 me souvient d avoir osé
Faire un gai repas en carême,
Repas d'amis, bien arrosé.
Homnns de Dieu, point de reproches :
11 excuse un jour d'abandon ;
Puis... c'était la faute des cloches,
Qui nous répétaient : Allons donc ;
Grisez-vous donc ! {ter.)
Quand je donnai mon cœur à celle
Qui n'en veut plus, et l'a toujours,
Le tocsin même et la crécelle
Parlaient aux vents de nos amours.
A l'ombre des bois, sur la mousse,
Rêvant mieux que sur l'édredon,
Nous entendions, de leur voix douce,
Les cloches nous dire : Allons donc,
Allons donc! (ter.)
Puis j'arrivai, jeune et plein d'âme,
Dans la grand'ville en pèlerin ;
Le Te Deum de Notre-Dame
Alors berçait un souverain ;
Mais à fêter sa bienvenue
Quand on fatiguait le bourdon,
J'espérais, moi ; car, dans la nue,
L'airain grommelait : Allons donc,
Armez- vous donc! (ter N
Pour moi, tes cloches, pauvre Pran e,
N'ont plus un langage aussi clair;
D'amour, de gloire et d'espérance,
Pour moi, rien ne parle dans l'air.
Je n'entends, comme tout le monde,
Qu'un éternel drelin dindon.
Que la république vous fonde!
Cloches bavardes, allons donc ■
Taisez-vous donc I (ter.)
Hégéslppe M or ou ii
JOUISSONS DE LA VIE
1836.
Air : A Papa Momus.
Ou . Moquons-nous d' ça, ces jambes-là
Amis, pour charmer tous ses jours.
Il faut, dit un adage,
Du vin invoquant le secours,
S'égayer d'âge en âge.
Malgré nos mentors,
Palpons les trésors
Du dieu qui nous convie!
Puisque du trépas
On ne revient pas,
Jouissons de la vie.
Nargue du censeur, du grimaud,
Qui jamais ne fredonnent:
Nargue du bigot, du cagot,
Qui toujours nous sermonnent!
Soyons francs lurons,
Au diable envoyons
Toute race engourdie.
Puisque, etc.
Qu'importe, une fois chez les morlt.
Que Pluton nous réclame!
Et quand nous n'aurons plus de coros
Qu'il consume notre âme !
Joyeux et d'accord
Jusqu'au sombre bord
Que Momus nous rallie !
Puisque, etc.
Que toujours contents, notre voix
En tous lieux retentisse!
Qu'un pâle buveur, peu grivois.
A notre aspect rougisse !
Que nos gais concerts,
En frappnut les airs,
Animent lu f lie !
Puisque, etc.
Î52
CHANSONS POPULAIRES.
Avant de fouler le duvet
Que nous dresse la parque,
De cabaret en cabaret
Conduisons noire barque...
De ce monde enfin,
Sur des flots devin,
Faisons notre sortie!
Puisque du trépas
On ne revient pas,
Jouissons de la vie.
Perchelet.
Air ancien, noté au N. 313 de la Clé du Caveau.
L'HEUREUX PHILOSOPHE.
1721.
Air : Nous autres, bons villageois.
Je n'ai pour toute maison
Qu'une pauvre et simple chaumière,
Que dans le pays gascon
On nommerait gentilhommière.
Là, loin du bruit et du fracas,
Sans chagrin et sans embarras,
Dans une heureuse obscurité,
Je jouis de la liberté.
J'ai dans le môme canton
Un ; vigne pour héritage :
Je prends soin de la façon,
Les dieux bénissent mon ouvrage.
De ce bien j'use de mon mieux,
Je ne garde point de vin vieux:
La fin de mon dernier tonneau
M annonce toujours le nouveau.
Que la fortune à son gré
lin impose à ceui qu'elle joue;
Assis au dei nie* degré,
Je rois de loin tourner sa roue.
La déesse, d'un vain éclat,
Souvent revêlll m pied- lat:
je ii- de toutes nés ■ i .<■
Et je renonce surs.
Trop penser est un abus:
Qui veut prévoir est misérable;
Le passé ne revient plus;
L'avenir est impénétrable,
Le présent seul est le vrai bien
Songeons à l'employer si bien,
Que du plaisir qui va passant
Un autre renaisse à l'instant.
i"<
llaz':i"..ï«i
LES BELLES.
1809.
\i u Tétais bon chasseur autrefois.
Fils d'Fpicure, il est certain
Qu'à notre titre peu fidèles,
Nous avons trop chanté le vin,
lit pas assez chanté 1. s belles.
Franc buveur, galant troubadour,
11 me faut bouteille et maîtresse:
Fêler Bacchus, fêter l'Amour,
C'est toujours être dans l'ivresse.
Hommes trop fiers de vos talents,
Toutes les belles que l'on cite
Vous surpassent en agréments
Et vous égalent en mérite ;
L'illustre amante de Phann,
Cédant à son triple délire,
Unissait comme Awacréon
Le myrte, le lierre et la lyre.
Chère au dieu du sacré vallon,
Notre gentille Deshouliàre
Parut à la cour $ Apollon
Sons l'humble habit d'une beiv
Ct, par un prodige nouveau,
Gardant toujours la foi puomise,
lille unit l'esprit de Sapbo
\ la constance i'Artiiémt <
Le dieu du goût a désigné
Pour sa favorite lidèle
w.)
[FOI
■
CHANSONS ÉPICURIENNES,
253
Cette piquante Sévigné,
Sans rivaux comme sans modèle;
D'un style aimable et familier
Quand elle écrivit maint volume,
Momus lui tenait l'encrier,
Et les Grâces taillaient sa plume.
Sinon jusques à son déclin,
Des sots méprisant l'apostrophe,
Sous les dehors d'un libertin
Cachait l'âme d'un philosophe.
Toujours infidèle aux amants,
En amitié jamais frivole,
Elle manquait à ses serments,
Mais elle tenait sa parole.
Du feu dont Pétrarque a brûlé,
Laure fut l'heureuse origine ;
On assure qu'à Champmélé
Nous devons les vers de Racine;
Et la Grèce, qu'à surpasser
En vain la France s'étudie,
A vu Socrate s'élancer
Du galant boudoir d'Aspasie.
Les belles, Clio nous l'a dit,
Ont su par un double avantage
Offrir des modèles d'esprit
Et des exemples de courage.
Voyez-vous Sombreuil se nourrir
Au sein d'une ii lie chérie?...
Un amant y voudrait mourir ;
Un père y retrouve la vie.
Objets charmants, vos seuls regards
Electrisent par leur magie
Les vaillants favoris de Mars
Et les amants de Polymnie.
Oui, les auteurs et les guerriers,
Dont les amours plaident la cause,
Moissonneraient moins de lauriers
Si vous n'y mêliez pas la rose.
meceau.
La musique, de Doche , se trouve notée au
S. 791 de la Clé du Caveau.
JE YEUX FINIR COMME J'AI COMMENCE.
Ai r : Déjà la nuiL de ses voiles épais.
Puisque je prends avec vous mes ébats,
C'est à présent un refrain que j'implore,
Mais la raison enfin me dit tout bas :
A soixante ans dois-tu chanter encore;
Par des chansons ma mère m'a bercé,
Je veux finir comme j'ai commencé.
{bis.)
Je me souviens, enfant, quand je pleurais.
Je fus bercé dans les bras d'uné^femme,
Lorsqu'il faudra m'endormir pour jamais,
Je veux encor que sa main me réclame,
Et sur son sein posant mon front glacé,
Je veux finir comme j'ai commencé.
' Sans imiter les Bernis, les Ghaulieu,
Je bois^un coup quand je me mets à table,
Je bois encor pour le coup du milieu,
Mais au dessert ma soif est redoutable;
Le bouchon part... le Champagne a moussé,
Je veux finir comme j'ai commencé.
On pourrait bien se venger des méchants,
On sait pourtant si l'espèce en abonde !
Moi, plus heureux, par de modestes chants,
J'ai su braver les peines de ce monde ;
Jamais le fiel dans mon sang n'a passé,
Je veux finir comme j'ai commencé.
Un avfinir, une espérance, un Dieu,
Ont embelli les jours de ma jeunesse.
Quand à ce monde il faudra dire : adieu,
Sans que jamais aucun espoir me blesse,
Ah! vers le ciel mon œil sera fixé,
Je veux finir comme j'ai commencé.
M. Brazicr.
La musique, de Gilles , se trouve notée auN. 17'.)7
le la Clé du Caveau.
»5*
CHANSONS POPULAIRES.
LE CHOIX DES SCIENCES
Air du vaudeville de Figaro.
Ne poursuivons plus la gloire ;
Elle vend cher ses faveurs ;
Tâchons d'oublier l'histoire :
C'est un lissu de malheurs.
Mais appliquons-nous à boire
Ce vin qu'aimaient nos aïeux.
Qu'il est bon quand il est vieux I {bis.)
J'ai quitté l'astronomie,
Je m'égarais dans les cieux;
Je renonce à la chimie,
Ce goût devient trop coûteux.
Mais pour la gastronomie
Je veux suivre mon penchant.
Qu'il est doux d'être gourmand ! [bis.)
Jeune, je lisais sans cesse;
Mes cheveux en sont tout gris
Les sept sages de la Grèce
Ne m'ont pourtant rien appris.
Je travaille la paresse :
C'est un aimable péché.
Ah! comme on est bien couché ! (6m.)
J'étais fort en médecine,
Je m'en tirais à plaisir ;
Mais tout ce qu'elle imagine
Ne fait qu'aider à mourir.
Je préfère la cuisine :
C est un art réparateur.
Quel grand homme qu'un traiteur! {bis.)
Ces travaux sont un peu rudes,
Mais sur le déclin du jour,
Pour égayer mes études,
Je laisse approcher l'amour.
Malgré les caquets des prudes,
L'amour est un joli jeu :
Jouons- le toujours un peul (bis.)
iirillaf Navarin
LA TAVERNE.
Que j'aime en tout temps la taverne F
Que librement je m'y gouverne !
Elle n'a rien d'égal à soi ;
J'y vois tout ce que je demande :
Et les torchons y sont pour moi
De fine toile de Hollande.
Pendant que le chaud nous outrage,
On ne trouve point de bocage,
Agréable et frais comme elle est ;
Et quand la froidure m'y mène,
Un malheureux fagot m'y plaît
Plus que tout le bois de Vincenne.
J'y trouve à souhait toutes choses;
Les chardons m'y semblent des roses,
Et les tripes des ortolans ;
L'on n'y combat jamais qu'au verre
Les cabarets et les brelans
Sont les paradis de la terre.
C'est Bacchus que nous devons suivre,
Le nectar dont il nous enivre
A quelque chose de divin,
Et quiconque a celte louange
D'être homme sans boire du vin,
S'il en buvait, serait uu ange.
Le vin me rit, je le caresse ;
C'est lui qui bannit ma tristesse,
Et réveille tous mes esprits:
Nous nous aimons de même force.
Je le prends, après j'en suis pris ;
Je le porte, et puis il m'emporte.
Quand j'ai mis quarte dessus pinte,
Je suis gai, l'oreille me tinte,
Je recule au lieu d'avancer :
Avec le premier je me frotte,
Et je fais, sans savoir danser,
De beaux entrechats dans la crotte.
Pour moi, jusqu'à ce que je meure
Je veux que le vin blanc demeure.
CHANSONS ÉPICURIENNES.
255
Avec le clairet dans mon corps,
Pourvu que la paix les assemble :
Car je les jetterai dehors,
S'ils ne s'accordent bien ensemble.
Motlu.
Motin est le premier, dIt-on: qui fit, en France,
des chansons à boire ; elle est du vrai bon temps de*
l'ivrognerie, et ne manque pas de verve.
Brillât Savarin.
LA VIE.
A MATNARD.
Pourquoi se donner tant de peine?
Buvons plutôt à perdre haleine
De ce nectar délicieux,
Qui. pour l'excellence, précède
Celui même que Ganymède
Verse dans la coupe des dieux.
C'est lui qui fait que les années
Nous durent moins que les journées.
C'est lui qui nous fait rajeunir,
Et qui bannit de nos pensées
Le regret des choses passées
Et la crainte de l'avenir.
Buvons, Maynard, à pleine tasse,
L'âge insensiblement se passe,
Et nous mène à nos derniers jours;
L'on a beau faire des prières,
Les ans, non plus que les rivières,
Jamais ne rebroussent leur cours.
Le printemps, vêtu de verdure,
Chassera bientôt la froidure. '
La mer a son flux et reflux;
Mais, depuis que notre jeunesse
Quitte la place à la vieillesse,
Le temps ne la ramène plus.
Les lois de la mort sont fatales
Aussi bien aux maisons royales
Qu'aux taudis couverts de roseaux ;
Tous nos jours sont sujets aux Parques ;
Ceux des bergers et des monarques
Sont coupés des mêmes ciseaux.
Leurs rigueurs, par qui tout s'efface,
Ravissent, en bien peu d'espace,
Ce qu'on a de mieux établi,
Et bientôt nous mèneront boire,
Au-delà de la rive noire
Dans les eaux du fleuve d'oubli.
Racan
LE BON TEMPS PERDU.
1827.
AlB : Contentons-nous d'une simple bouteille.
Du jour que Dieu pour peupler ce bas monde,
D'un mot créa le chef de nos aïeux,
Tout nous promit, sur la terre et sur l'onde,
Les plaisirs purs qu'on goûte dans les cieux.
Rien n'était mal ; fillette, sans alarmes,
De son corps blanc, ferme, souple et dodu,
A découvert laissait voir tous les'charmes...
Ah! le bon temps que nous avons perdu!
Pour le guérir d'un fort grand mal de côtes,
Adam reçut un adjoint féminin,
Et ce fut là le principe des fautes
Qu'à chaque instant commet le genre humain
Eve le flatte et présente une pomme ;
Dans ce beau fruit le gourmand a mordu :
De son bonheur soudain fut déchu l'homme.
Ah! le bon temps que nous avons perdu!
Or, qu'advinl-il? notre chélive engeance
Vit tout à faux et fit tout de travers ;
Tous les fléaux, comme d'intelligence,
Vinrent planer sur ce triste univers.
Sous les travaux, courbé dans la déiresse,
L'homme languit, gémissant éperdu...
Il était né pour la douce paresse...
Ahl le bon temps que nous avons perdu!
Je le sens trop, ô paresse chérie !
C'est dans tes bras qu'est la félicité :
256
CHANSONS POPULAIRES.
Heureux celui dont la molle incurie
Pour toul travail n'a que la volupté!
Aimer beaucoup, bien boire et ne rien faire,
Etait mon lot... ce lot m'est défendu...
Parle péché de notre premier père,
Ah! le bon temps que nous avons perdu !
Quand de mes ans bientôt finit l'automne.
A mon printemps ie me plais à s«mger;
D'amour souvent désirant la couronne,
Je fus un sot à l'heure du berger.
Plus d'un minois friand et peu sauvage
Me fit beau jeu, ne fut pas entendu...
Je n'en vois plus m'offrant même avantage...
Ah ! le bon temps que nous avons perdu !
A mon refrain s'unit toute la terre:
Du jour présent on méconnaît les fleurs ,
Des jours passés qui ne leur plaisaient guère.
Tous les mortels sont de grands louangeurs.
Vous qu'Epicure, amis, prit soin d'instruire,
Sachez lui rendre un hommage assidu,
Et vous n'aurez jamais sujet de dire :
Ah! le bon temps que nous avons perdu!
J IK:-aiil( li<>>
La musique, de Mouret, se trouve notée au N. 105
delà Clé du Caveau.
LE CARNAVAL PERPÉTUEL
1823.
Air : Ah ! voilà la vie.
Chacun à sa guise,
Déguise
Sa mise;
Chacun à sa guise,
Se déguise
Ici-bas.
Trompant à la ronde,
Je le vois, hélas !
L'homme, en ce bas monde
Prend l'air qu'il n'a pas.
Chacun, i
Qu'un vieux parent meure,
Ne voyez-vous pas
L'héritier qui pleure
Comptant ses ducats?
Chacun, etc.
L'ami qui vous loue,
Avec grand fracas,
Souvent dans la boue
Vous traîne tout bas.
Chacun, etc.
La timide Hortense
Qui feint l'embarras,
Sous l'air d'innocence
Nous cache un faux pas.
Chacun, etc.
Maint poltron qui tremble,
Craignant le trépas,
En paroles, semble
Etre un fier-à-bras.
Chacun, etc.
Couchant à la dure
Dans un galetas,
Lise a pour parure
Plumes, vitchouras.
Chacun, etc.
Le temps chez Olympe
Fait quelques dégâts ;
Mais l'art, sous sa guimpe,
Lui rend ses appas.
Chacun, etc.
El l'eau de la Seine
Qui, dans mille cas,
De bon vin, sans ^rène,
Prend le nom tout bas...
Chacun à sa guise,
Déguise
Sa mise ;
Chacun à sa guise,
Se déguise
Ici-bas.
notifier-.
Air ancien, noté au N. 24 dclaCléduCaveau.
M«0«»
Paris - Imprimen <!o l'n.i.r.T fi's uirn'-, r m 'les C.rands-AuRustins, ro.
CROIS-MOI, PLANTE DE LA VIGNE.
Que fais-tu de tes richesses,
Sot favori de Plutus ?
T'occuperas-tu sans cesse
D'augmenter tes revenus?
A quoi sert cette opulence
Dont tu me parais si vain ?
Triste au sein de l'abondance,
Veux-tu voir fuir le chagrin?
Crois-moi, plante de la vigne,
Tu cueilleras du raisin,
Et tu boiras du bon vin.
Cette tige salutaire,
Pour l'homme est un don des cieux;
Elle attire sur la terre
Tous les favoris des dieux.
Le pauvre, en vidant bouteille,
Voit disparaître soudain
Les fatigues de la veille,
Les soucis du lendemain.
Crois-moi, etc.
Vois ce buveur qui s'arrête :
Il admire, il est heureux,
Il entend, tourne la tête,
Écoute des chants joyeux;
Entrant dans une guinguette,
On lui met un verre en main;
9S
En buvant sa chopinette,
Il chante ce doux refrain.
Crois- moi, etc.
Si la fortune volage
Sur. moi versait ses bienfaits,
Je ferais un digne usage
Du bien qu'elle m'aurait fait :
Point de luxe, d'équipage,
Point de château ni de train ;
Tranquille en mon ermitage,
Bienfaiteur du genre humain,
Je planterais de la vigne.
Je cueillerais du raisin,
Et je boirais du bon vin.
Paroles d'un anonyme
RONDE DE TABLE
Air : Pour étourdir le chagrin.
Mais, mettez-vous donc en train,
Il faut rire
Avec délire,
Et noyer dans le bon vin
Les soucis et le chagrin.
Celui qui ne rit jamais
Est un triste personnage,
39
958
CHANSONS POPULAIRES.
J'aime mieux, en bon français,
Voir son dos que son visage.
Mais, mettez-vous, etc.
Demain nous pouvons périr,
Corbleu, qu'y voulez-vous faire?
Oh! du moins, s'il faut mourir,
Mourons près de notre verre.
Mais, mettez-vous, etc.
Laissons tous nos inventeurs
S'exposer par leurs sciences;
Avec de bonnes liqueurs
Faisons nos expériences.
Mais, mettez-vous, etc.
Quand on m'offre sans façon
De boire une tasse pleine,
Je ris, si le vin est bon,
Je fuis, si c'est du surêne.
Mais, mettez-vous, etc.
Les femmes en tout pays
Fuient les buveurs, sans doute;
Mais il leur faut, mes amis,
Toujours la petite goutte.
Mais, mettez-vous, etc.
Chacun a son goût, dit-on,
Eh ! vraiment, j'aime à le croire;
Bacchus aime la chanson,
Et l'amour aime l'histoire.
Mais, mettez-vous, etc.
Vous approuvez, mes amis,
Les couplets que je vous donne;
Mais ils vont rester sans prix
Si l'on ne les assaisonne.
Mais, mettez-vous donc en train,
11 faut rire
Avec délire,
Et noyer dans le bon vin
Les soucis et le chagrin.
A. Dlda.
I.a inii.si.jui- , de J.-J. Rousseau, se trouve notée
au N. 1072 de la Clé du Caveau.
•GQObo*
POURQUOI BOIRE DE L'EAU?
AIR: Eh I pourquoi, quoi, quoi
Fuyons le triste breuvage
Dont les poissons font usage ;
Des dieux ce fatal fléau
N'est que pour les niguedouilles.
Eh! pourquoi donc boire de l'eau?}.. .
Sommes-nous des grenouilles? )
Aimable jus de l'automne,
Je renais quand je t'entonne ;
Tu réjouis mon cerveau :
Grands Dieux ! que tu me chatouilles t
Eh I pourquoi donc, etc.
Heureux qui chante ta gloire!
Plus heureux qui te sait boire!
Un plaisir toujours nouveau
Charme les cœurs que tu mouilles.
Eh ! pourquoi donc, etc.
Le bon vin nous ravigote ;
Mais pour toi, pauvre hydropote,
Toujours plus noir qu'un corbeau ,
Dans les ombres tu t'embrouilles.
Eh ! pourquoi donc, etc.
Bacchus nous rend la voix belle,
Mais pour toi, liqueur cruelle,
Eût-on le son le plus beau,
Tu le gâtes, tu l'enrouilles.
Eh ! pourquoi donc, etc.
C'est la bachique ambroisie
Qui nous donne la saillie:
Fade boisson du crapaud,
C'est toi qui nous en dépouilles
Eh I pourquoi donc, etc.
Breuvage ignoble et funeste,
La vérité te déteste;
Jamais son divin flambeau
N éclaire ceux que tu souilles.
Eh ! pourquoi donc, etc.
CHANSONS BACHIQUES.
25S
Dieu des mers, ton vaste empire
N'a point d'attraits que j'admire ;
J'aime mieux un noir caveau
Que le trône où tu patrouilles.
Eh ! pourquoi donc, etc.
Si le vin ne m'accompagne
Lorsque je vais en campagne,
J'estime peu, clair ruisseau,
Les beaux lieux où tu gazouilles.
Eh I pourquoi donc, etc.
L'eau n'est bonne sur la terre
Que pour les fleurs d'un parterre,
Pour le chou, pour le poireau,
Les melons et les citrouilles.
Eh ! pourquoi donc, etc.
Fâcheux prôneur de tisane,
Médecin, tu n'es qu'un âne ;
Tu mérites bien, bourreau,
Qu'ici l'on te chante pouilles.
Eh ! pourquoi donc boire de l'eau ?
Sommes-nous des grenouilles?
Panard.
\[bis.
LE DOIGT DE VIN.
1822.
Aj r : A genoux devant le soleil.
Ou de madame Favart (A. Pilati).
Chacun nous dit que sur la terre
Le mal est plus grand que le bien '
Grâce à mon joyeux caractère,
De ce discours je ne crois rien.
Car des maux le plus effroyable
Viendrait nous attaquer en vain,
Puisqu'on peut l'envoyer au diable
En l'arrosant d'un doigt de vin.
L'homme à vingt ans bat la campagne ;
L" amour fait palpiter son cœur.
A trente il bâtit en Espagne
Les châteaux brillants du bonheur
A soixante aussi raisonnable,
Il est parfois bourru, chagrin ;
' Mais à tout âge, il est aimable
S'il aime à boire un doigt de vin.
Aussitôt que la mort augure
Qu'elle peut chez nous pénétrer,
C'est par le trou de la serrure
Qu'elle regarde avant d'entrer.
Boit-on de la tisane fade,
Elle ouvre et nous frappe soudain ,
Mais elle épargne le malade
Qui boit encore un doigt de vin.
F. Dauphin.
La musique, d'A. Pilati, se trouve, à Paris , chez
L. "Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-Na-
zareth.
OLIVIER BASSEL1N.
1843.
Air du vaudeville de La Partie, carrée.
Vers le milieu du siècle quatorzième,
Naquit, à Vire, un ouvrier foulon,
Auquel le vin et le cidre lui-même
Ont inspiré plus d'un joyeux flonflon :
Ce bon vivant, père du vaudeville,
Foulant le drap bien moins que le raisin,
Dès le matin courait d'un pas agile
Au cabaret voisin. (bis.)
Du beau, du grand, admirateur sincère,
Il ne pouvait «ontempler sans orgueil
Son gros nez rouge, imposant, rubifere(*).
Qui de sa bouche embellissait le seuil...
« Ah ! (disait-il) la gorge d'un coq-d'Iude
« Est moins brillante et moins belle, à mon sens!>.
Et pour son nez sa muse au haut du*Pinde
Cherchait un pur encens! (Ins.)
* Qiii porte des rubis. Expression dans le style de
Basselin. [Note de l'auteur.)
260
CHANSONS POPULAIRES.
Mais les Anglais, que le ciel les confonde!
De tous côtés assiègent les remparts :
Pour résister, Vire a irop peu de inonde,
Que faire, hélas! contre tant de soudards?
« Çà ! refoulons toute mélancolie !
«Sauvons, d'abord, nos tonneaux compromis...
« Puis, vidons-les, ne laissons que la lie
« A ces gueux d'ennemis ! » (bis.)
On lui disait : le vin nuit à la vue;
Vous avez tort... corrigez-vous, mon cher!
Lui, répondait : — Quand j'aurais la berlue!
Le beau malheur de n'y pas voir si clair!...
Eh quoi! ducorpslesyeuxsont-ilsles maîtres?
De tous mes maux, voilà la guérison!
J'aime bien mieux perdre les deux fenêtres
Que toute la maison. (bis.)
D'un buveur d'eau qui? moi? j'aurais lamine,
Blafarde, sombre! et l'air d'un déterré?...
N'espérez point que je m'y détermine :
L'homme au cœur pur a le teint coloré.
On me fait là jaser comme une pie,
Au diable soit votre boisson sans goût!...
Vous m'altérez et je crains la pépie. .
Laissez-moi boire un coup. (bis.)
Divin Bacchus! l'apôtre de ta gloire,
Notre poète, Olivier Basselin,
Savait chanter tes bienfaits .. et les boire!...
Comme ses vers son verre en était plein.
Pour embellir chaque jour de la vie,
Fier d'enfanter plus d'un gai nourrisson.
Tu prodiguas à la France ravie
La vigne et la chanson I (bis.)
i: ml le Tarin.
La musique, de Doche, se trouve notée au N. 833
de la Clé du Caveau.
CHANSON A BACCHUS SUR LE TEMPS.
An; Dans le cœur d'une cruelle.
Oui, puissant Dieu de la vigne.
Le temps frappe le buveur,
El bientôt il est indigne
De déguster ta liqueur;
Mon cœur se trouble,
Prends pitié de mes vieux ans,
Tâche de doubler le temps,
Tu m'as si souvent fait voir double.
Au passé lorsque je pense,
Je crois voir fuir le bonheur ;
Le temps, par sa vigilance,
J'en conviens, me fait grand'peur;
Mais à ma mie
Lorsque je parle d'amour,
Qu'elle m'en parle à son tour,
Ah! que le temps me fait envie.
/•
Quand j'occupe ma pensée
Des tourments de l'avenir,
Mon âme en est oppressée,
Et le temps me fait souffrir ;
.Mais lorsqu'à table,
Animé par le bon vin,
Je chante le verre en main,
Ah! que le temps me semble aimable.
Antoine lililu
La musique, de Dalayrac, se trouve notée au
N. 117 de la Clé du Caveau.
DIALOGUE DU VIN ET DE L'EAU.
LE VIN.
Hélas 1 que tu es folle,
Disait le vin à l'eau:
Toujours tu cours, tu voles
Toul le long d'un ruisseau;
El comme une Ame errante,
Toujours tu suis la pente:
Du moins imite-moi;
Car l'homme, sans mélanges,
Me donne des louanf
.Mille fois plus qu'à toi.
CHANSONS BACH1QUKS.
L EAU.
Mais l'eau, avec sagesse,
Sitôt répond au vin .
Tu parles avec hardiesse
Dis-moi, pelit mutin :
Apprends que je suis belle,
Ancienne et nouvelle ;
Je fais la propreté '
Toi, tu terrasses l'homme,
Pis que le jus de pomme,
Et le rends hébété.
Je terrasse et j'entête
Les hommes imprudents
Qui veulent faire tète
A moi qui suis puissant.
Tu n'es qu'une cruelle,
Quoique tu semblés belle,
Même aux yeux de plusieurs,
S'ils vont à grande haleine,
Pour boire à ta fontaine,
Tu affaiblis les cœurs.
l'eau.
J'arrose les campagnes,
Les plantes, les jardins,
Les plaines, les taon tagnes,
Fais moudre les moulins ,
Je réjouis le monde,
Le juste, aussi l'immonde,
Par mes attraits charmants ,
Toi, toujours variable,
Tu es insupportable,
Sujet au changement.
LE VIN.
Au royaume d'Espagne
Je suis en grand renom:
En Bourgogne, en Champagix
L'on rés ère mon nom ;
En Bohême, en Italie,
En Savoie, en Hongrie
A la table des grands,
io, fais tout leur délice,
En me trouvant propice
Ils se trouvent contents.
Moi, je rends la sagesse :
Peut-on rien de plus beau ?
Je sers pour le commerce,
Portant de gros vaisseaux.
Toi, tu n'es pas de même,
Jouant ton stratagème,
Tu mets l'homme aux abois .
Tous les jours, sans relâche,
Je relave les taches
Qui sont faites par toi.
LE VIN.
L'on voit, avec tristesse,
Tes inondations ;
Tu donnes la détresse
Souvent aux vignerons:
C'est contre la justice,
Tu portes préjudice
A tous mes compagnons,
Et pire qu'une armée,
Dedans plusieurs contrées
Tu les détruis à fond.
LEAU.
L'homme, avec grande instance
Offre pour moi des vœux,
Demandant ma présence
Au monarque des deux.
Je suis supérieure,
Et non inférieure,
Par mon flux et reflux;
Bien loin de me confondre,
Tu pourrais te morfondre :
Ainsi ne parle plus.
262
CHANSONS POPULAIRES.
LE VIN.
Noé planta la vigne
Qui porle le raisin ;
Celte invention digne
A fait croître le vin.
Servant au sacrifice,
Je suis le plus propice,
Avec distinction;
Dans tout le grand mystère,
Premier l'on me révère,
Dans celte occasion.
l'eau.
Avant même le monde
L'Eternel me créa;
Ma demeure profonde
Que lui-même forma.
Noé, que tu renomme,
Par toi fît un long somme;
Absurde, et imprudent;
Un de ses fils s en moque ,
Lorsque tu le provoque
A montrer son néant.
LE VIN.
Souviens-toi que la noce
Qui fut faite à Cana,
Était comme un divorce,
Lorsque le vin manqua ;
Alors la compagnie
A la table s'ennuie.
Voyant manquer le vin,
Celui qui fut sans tache
Te changea sans relâche,
Par son pouvoir divin.
l'eau.
Oui, d'abord les convives,
Qui étaient là présents,
Ont vu ce qui arrive
De son bras tout-puissant.
Par ce miracle pense
Que j'étais en présence
De ce nouvel effet ;
J'étais donc la première
Dans les urnes entière,
Quand par moi tu fus fait
LE VIN.
Tu rends les cœurs de glace
Moi, je rends amoureux ;
Un homme qui trépasse,
Par moi rouvre les yeux ,
Et toi, que rien ne touche,
Qu'on te mette en sa bouche,
Trouve-t-il mon odeur ?
Ta fadeur fait qu'il cède ;
kdieu donc ton remède,
Ton infâme liqueur.
l'eau.
Par toi Loth à ses filles
Devint incestueux :
Dans nombre de familles
Tu fais des malheureux.
Malgré ta bonne mine,
Tu causes leur ruine;
En démon familier,
Faisant tout par outrance,
Toute la jouissance
Ne tend qu'à désoler.
Parole* d'un anonyme.
L'AMOUR ET LE VIN.
Air : Eteignons les lumière*.
L'âge a su borner nos désirs
Au vin vieux qui pétille;
Mais il est de plus doux plaisirs
Pour une jeune fille ;
on cœur lui dit [tour refrain:
L'amour vaut mieux que le vin.
CHANSONS BACHIQUES.
963
Ehl le cœur a la danse 1
Un rigodon,
Zig, zag, dondon,
Le plaisir en cadence
Vaut mieux que la raison.
A se passer de deux beaux yeux
Un buveur met sa gloire ;
Mais je défie un amoureux
De se passer de boire ;
Cela prouve qu'à son tour
Le vin vaut mieux que l'amour.
Eh ! le cœur, etc.
L'amant jaloux de son tendron
L'enferme ou le surveille ;
Le buveur, toujours sans façon,
Vous prête sa bouteille.
J'en reviens à mon refrain,
L'amour vaut mieux que le vin.
Eh ! le cœur, etc.
Aimer et boire sont vraiment
Deux choses nécessaires ;
Mais il faut suivre prudemment
L'exemple de nos pères.
Il faut prendre tour-à-tour
Peu de vin et peu d'amour.
Eh ! le cœur à la danse !
Un rigodon,
Zig, zag. dondon,
Le plaisir eu cadence
Vaut mieux que la raison.
Forgeot.
\A musique , de Grétry, se trouve notée au N. 7] 1
delà Clé du Caveau.
LES VENDANGES.
Vive la saison de l'automne,
On bol:, on chante à loisir ;
Le vin dans la cuve bouillonne,
Semblable est né le plaisir.
Vainement l'hiver nous menace.
Nous chantons ce charmant refrain •
Jamais de glace ' (bù.)
Dans le bon vin.
Filles gentilles comme des anges
Viennent de tous les environs,
C'est pour fair', pendant les vendanges,
Du bon vin et des vignerons.
Ce sont les filles de Surêne,
De Nanterre, Auteuil et Passy,
De Puteaux, Clichy-la-Garenne,
De la Sablonnière et d'Issy ;
On voit ces belles vendangeuses
Éveiller Bacchus et l'Amour,
Plus matineuses (bis.)
Que le jour,
Mais avec elles on s'arrange
Dans le pays aux environs,
C'est pour fair', pendant les vendanges,
Du bon vin et désignerons.
A Vincennes, à Romainville,
A Charonne, aux Prés-Saint-Gervais,
A la Courtille, à Belleville,
Tous les environs ici près ;
Les filles marquent l'abondance,
Leurs jolis paniers d'osier fin
Sont jusqu'à l'anse (bis.)
Souvent pleins ;
Leurs mamans sans prendre le change
Accusent ces maudits garçons
D'avoir fait, pendant les vendanges,
Du bon vin et des vignerons.
L'Amour en vendange se môle
Pour plaire au bonhomme Bacchus ;
Et les vendangeurs pêle-mêle,
La nuit sur la paille étendus,
Tandis que le jus de la treille
Endort ses compagnes du jour,
Qui les éveille ? (bis.)
C'est l'Amour.
264
CHANSONS POPULAIRES.
Ils vont fourrager dans la grange
Où dorment de jeunes tendrons,
C'est pour fair', pendant les vendanges,
Du bon vin et des vignerons.
La vendange, pour la jeunesse,
Est le rendez-vous des plaisirs ;
Kilt- égaie eneor la vieillesse,
Par d'agréables souvenirs;
On voit la vieille qui grappille,
Disant, admirant ses enfants:
J'étais gentille (bis.)
Dans mon temps !
Mais a présent, comme tout change ,
Jeunes tiLes et jeunes garçons,
C'est à vous à faire en vendange
Du bon vin et des vignerons.
l'uroleat d'un anonyme.
La musique, du cousin Jacques, se trouve notée
au N. 330 Je la Clé du Caveau.
LA BOUTEILLE.
1830.
Air: Lorsque le Champagne (Désaugiers).
Vive la bouteille 1
Ce son argentin,
Tin, tin,
Est pour mon oreille
Un concert divin.
Qui voudra, réforme •
Plus d'un code énorme,
Plaisant pour la forme,
Au raisonneur profond ;
Le code bachique,
Est le code unique
Qu'un buveur se pique
De bien connaître ;t fond.
Vive la bouteille! etc.
Laissons l'antiquaire
Explorer la terre,
Pour un bloc de pierre
Ou quelques vieux tronçons;
Près d'un cercle aimable,
Nous, restons à table :
On y trouve et sable
Toujours de vieux flacons.
Vive la bouteille ! etc
Nous devons le croire.
Amis, la victoire
Enivre de gloire
Le soldat belliqueux ;
Mais, soyons sincères,
11 sort de nos verres
Des vapeurs légères
Qui nous enivrent mieux.
Vive la bouteille ! etc.
Sur la mer profonde
Quand l'orage gronde,
Le marin dans l'onde
Termine son destin ;
Fermons cette voie •
Enfants de la joie,
S'il faut qu'on se noie,
C'est dans des Ilots de vin 1
Vive la bouteille ! etc.
Lorsque la froidure
Vient à la nature
Uavir sa parure
Et sa variété.
La liqueur vermeille
Pétille et réveille
L'amour qui sommeille
Aux pieds de la beauté '
Vive la bouteille ! etc.
Puisque ce breuvage,
Délices du sage,
Convient à tOUt Age,
lit bannit le chagrin,
Vei -"lis à la ronde,
El que dans ce inonde
l>aris — Imprimerie <\p Pillit fils atné, rue <i<>s Grànde-AupietiM, .',.
CHANSONS BACHIQUES.
265
Un écho réponde
A mon joyeux refrain
Vive la bouteille !
Ce son argentin,
Tin, tin,
Est pour mon oreille
Un concert divin.
A. Bétourné.
La musique , de Doctae , se trouve notée au
N. 508 de la Clé du Caveau
O MON DIEU, PROTÈGE NOS VIGNES!
1829.
Air : Vive le roi ! vive la France I
Un doux soleil promet ses feux
Aux bourgeons qui viennent d'éclore;
Sans regret, buvons nos vins vieux ,
La grappe doit brunir encore.
Amis, d'une telle faveur
Envers le ciel montrons-nous dignes,
Et répétons avec ferveur :
O mon Dieu, protège nos vignes !
Tu nous créas pour les amours;
Hélas! les amours infidèles,
A l'approche de nos vieux jours,
S'envoleront à tire d'ailes ;
Mais sur nos fronts, s'ils sont joyeux,
De l'âge verront-ils les signes?
Pour nous rajeunir à leurs yeux,
O mon Dieu, protège nos vignes !
Si quelque jour le vin manquai} 1
Oh ! je frémis à celte idée!
Quoi! vainement, dans un banquet,
On tendrait sa coupe vidée?
Mais non, la soif, chez les mortels,
De pitié les rendrait indignes :
Ils boiraient le vin des autels...
O mon Dieu, protège nos vignes!
Dans un temps fertile en malheurs.
Le plaisir a besoin d'excuse,
Si nos cyprès semblent des fleurs,
C'est que l'ivresse nous abuse :
Eh bien ! d'une flatteuse erreur
Acceptons les bienfaits insignes!
L'oubli des maux, c'est le bonheur..
O mon Dieul protège nos vignes!
Mais un beau jour bientôt luira,
Où le plaisir sera sans feinte,
Où la gaîté recueillera
Les fruits qu'avait semés la crainte
Qu'à pleine coupe il soit fêté
Le jour que déjà tu désignes;
Nous boirons à la liberté!...
O mon Dieu, protège nos vignes !
Salgat .
La musique, de Pcrsuis, se trouve notée au
N. 1742 delà Clé du Caveau.
MA PHILOSOPHIE.
Air : Nous sommes précepteurs d'amour.
A quoi bon former tant de vœux
Pour les biens, les honneurs, la gloire ?
Veut-on vivre toujours heureux?
Il faut toujours aimer et boire.
Avec le charmant dieu du vin
Règne une éternelle allégresse;
Le pouvoir de ce jus divin
L'inspire même à la vieillesse.
Plaignons celui qui n'est qu'amant,
Et choisissons Bacchus pour maître;
On peut être heureux en aimant,
En buvant on est sûr de l'être.
Duc de Aivernois.
La musique, de Le Gat| se trouve notée au N. 410
de la Clé du Caveau.
il)
!€'.
CHANSONS POPULAIRES.
TOUJOURS A BACCHUS ON BOIRA.
AIR : Jupiter, ),rcte-mni tajoudrt.
Non, Bacchus, ta divine gloire
Jamais, jamais, ne périra;
Plus on boit, plus on voudrait boire;
Toujours à Bacchus on boira
De son doux jus qui nous enivre.
La couleur toujours charmera.
Sans boire, hélas! qui pourrait vivre?
Toujours à Bacchus on boira.
le plaisir ici nous rassemble,
Et dans peu nous rassemblera.
Mes amis, chantons tous ensemble :
Toujours à Bacchus on boira.
Un beau jour, sur l'autre rivage.
Mes amis, nous nous reverrons :
Le verre en main, sur cette plage,
A Bacchus encor nous boirons.
Fessln.
La musique , d'Albanèse , se trouve notée au
N. 296 de la Clé du Caveau.
A TABLE ON SE FAIT DES AMIS.
1846.
Air : Amis, voici la riante semaine.
Un beau repas, où l'amphitryon donne
Chère excellente et \ins délicieux,
Fait oublier, dès que son heure sonne,
Ce que la vie ;i pour nous d'enttuyeux.
On voudrait bien parfois changer la place
Des noms qu'on voit, à côté du sien mis,
Mais, an\ \<>isins i-ùt-on fait la grimace,
Un lotie arrive et l'on devient amis, (bis./
i-.ii Boulevanl d'acerbes polémiques,
Très divisés et forts en arguments,
Nos gens lettrés, nos hommes politiques,
Se font souvent de mauvais compliments.
Bien qu'à lutter ces nobles preux s'obstinent.
Hors de leur lente entre eux plus d'ennemis.
Et l'on peut voirensemble quand ils dînent,
Qu'ils ne sauraient être meilleurs amis.
Enfant gâté de l'aveugle fortune,
Un homme nul, mais des plus imposés,
Bève aux honneurs, aux succès de tribune,
Les électeurs sont par lui courtisés.
Quand il a fait visites et courbettes,
Pour s'assurer quelques votes promis,
Il donne bals, dîners, soupers et fêtes ;
Et, s'il échoue, il s'est fait des amis.
Dans les salons, où la froide étiquette
De l'eujoûment prononce l'interdit,
Aux yeux de tous on s'honore, on se fête
Et l'un de l'autre en secret on médit.
Se revoit-on dans la salle où l'on mange,
Où sans entrave un fou rire est admis.
Le bon ton perd, mais le cœur gagne au change:
Plus on est gai, plus on compte d'amis.
Le cœur bouillant de colère et de haine,
Blessés d'un mot, d'une femme jaloux,
Deux hommes vont ensanglanter l'arène
Où les amène un dernier rendez vous.
Si des témoins la voix conciliante
Pallie un tort et réclame un sursis.
Au restaurant, toute affaire cessante,
Le ventre à table on redevient amis.
A la beauté dont la tlamme indécise
Donne un espoir qu'ensuite elle détruit
Qui vous résiste atin qu'on la courtise,
Ht vous échappe alors qu'un la poursuit ;
En ménageant un souper tète à tête,
Adroitement de son cœur insoumis,
En préparant, en pressant la conquête,
On SOTl de table amis... et plus qu'amis.
Un candidat au trône académique
Bal de nos jours dans un triste embarras,
On n'en \eut pas, là, s il est romantique ;
S'il est classique, ici, l'on n'en veut pas.
CHANSONS BACHIQUES.
S6*!
L'un des deux camps le honnit, le rejette,
Seul pourra t-iLvaincre ses ennemis?...
Il les provoque... et le coup de fourchette
S'engage à table et lui fait des amis.
En prévoyant que des boules sinistres
Feront crouler leur puissance aux abois,
L'art culinaire offre à tous nos ministres
Un sûr moyen de conquérir des voix.
Pour les mutins le conseil improvise
Un grand dîner où leurs couverts sont mis,
11 les caresse, il les flatte, il les grise,
Le soir, à table, il s*en fait des amis.
A tout banquet on prend place en silence;
L'estomac vide on mange... on parle peu ;
Les premiers plats attaqués, on commence,
Tout bas. à mettre l'un et l'autre en jeu.
Vient l'entremets, on s'anime, on babille,
Fuis au dessert .. ma foi ! tout est permis...
Adieu raison, lorsque l'aï pétille,
Chaque convive est un de nos amis.
P.-J. t hurrin.
La musique , de A. Meissonnier aîné, se trouve
notée au N. 1932 de la Clé du Caveau.
A GENOUX DEVANT LES POCHARDS.
1842.
Air de madame Favarl.
Il faut toujours chercher à plaire
Aux gens qui nous veulent du bien.
En goguette on voit le contraire,
Pourvoyeurs, écoutez-moi bien :
Loin de murmurer quand l'ivresse
Rend quelques biberons criards,
Vous devriez être sans cesse
A genoux devant les pochards !
Les vrais amis de la bouteille
Sont chéris de l'être divin ;
voyez quand Noé, sous la treille,
A plat ventre buvait son vin
De .".es formes à demi-nues
S'approchait-il quelques moutards,
Dieu leur criait du haut des nues :
A genoux devant les pochards !
Quand le vin lui trouble la tète.
Au sortir d'un joyeux gala,
L'ivrogne à chaque pas répète .
Je suis honnête homme. ..et voilà
Dans ce siècle, la conscience
Se montre sous tant de brouillards,
Qu'on va bientôt se mettre, en France,
A genoux devant les pochards !
•
Comment nommez-vous cette idole ?
Chut ! c'est saint Dyonisius.
Que dites-vous ? mais à l'école
Ainsi nous appelions Bacchus.
Quoi ! Bacchus couronné de lierre.
Porterait de saints étendards !
Allons, dévot, fais ta prière :
A genoux devant les pochards !
J'ai pour voisin certain compère
Qui, seulement lorsqu'il est gris,
S'acquitte envers sa ménagère
Du devoir sacré des maris.
Si tous agissaient de la sorte,
Plus d'une femme aux doux regards
Se mettrait, le Diable m'emporte !
A genoux devant les pochards !
Eugène Berthler.
Lamusique, deA. Pilati, se trouve, à Paris, chez
L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-Naza-
reth.
MON COMBAT AVEC MA BOUTEILLE.
AiR : Puisqu'on ne peut espérer rien.
Apprenez que depuis trois jours
Je me bats contre ma bouteille ;
208
CHANSONS POPULAIRES.
Elle me provoque toujours
Et son audace est sans pareille;
J'ai pour soldats de vrais chagrins,
Mais elle seule les disperse,
Quoique lorsqu'on en vient aux mains,
Pourtant toujoursje la renverse.
Tous mes chagrins, tristes soldats,
Loin de mon cœur ont pris la fuite.
Bravement tout seul je me bats
Et je me ris de leur conduite ;
La bouteille semble viser
Vers cette ouverture si large,
Et je ne puis la repousser
Que lorsqu'elle n'a plus de charge.
De ces soldats voici les noms :
Plaisir, Gaîté, Ris et Folie ;
Ce ne sont pas là des poltrons
Qui craignent de perdre la vie;
Ils ne se battent qu'en chantant,
Mais voyez quelle est leur audace :
Us m'ont cerné comme un enfant,
Et dans mon cœur ils font leur place.
Battons-nous donc comme un démon.
Les coquins me forcent à rire,
Vous verrez qu'ils auront raison,
Je suis faible et n'ose rien dire ;
Oui, je sens que je suis rendu
Malgré mon courage et mon zèle.
Comme je me suis tant battu,
Je sens qu'à la fin je chancelle.
A. I»ida
CHANTONS BACCHUS ET COMUS,
Air du Mont Sainl-Jean Kmilc Debreaux].
Buveurs, répondez à ma lyre,
Chantons la gloire de Bacchus,
Et célébrons ce beau délire
Qu'on trou\c au banquet de Cornus ;
Que ces noms, signal d'allégresse.
Éveillent les Faunes des bois;
Dans celte coupe enchanteresse
Nous pouvons ranimer nos voix,
Ranimer nos voix.
Chantons Bacchus, dont le puissant génie
Est vainqueur des chagrins qui tourmentent la vie:
Chantons Bacchus, chantons Cornus, [bis.
Je ris des lauriers de la gloire.
Je crains les roses du plaisir ;
Les fleurs ne donnent point à boire,
Et les épines font souffrir.
Mais de la treille qui m'inspire,
J'aime les pampres verdoyants;
Souvent j'en couronne ma lyre,
J'en tire des sons plus louchants.
Des sons plus touchants.
Chantons Bacchus, elc.
Ton œil coquet, belle Sylvie,
Me dit en vain : Chante l'amour ,
J'ai quitté ma triste élégie,
Et la harpe du troubadour !
Tandis que sa voix amoureuse
A la nuit chante son ardeur.
Assis à celte table heureuse,
Moi je trouve ici le bonheur, •
Ici le bonheur.
Chantons Bacchus, etc.
Amis, je finis ma carrière,
Buvons et chantons lour-à-tour :
Ici je suis roi de la terre,
Ici je règne jusqu'au jour.
Si demain la mort implacable
Vient briser mon sceptre divin,
En buveur, que je meure àtable,
Sans crainte, et Le verre à la main,
Et le verre à la main.
Chantons Bacchus, dont le puissant génie
Est vainqueur des chagrins qui tourmentent la vie
Chantons Bacchus, chantons Cornus. [Ois.
i*iii <>!<— d'un anonyme.
Paris - Imprimerie de Pillet fds atné, rue des Grands-Auj-ustins, 5.
CHANSON BACHIQUE.
Aip : Célébrons, Célébrons.
Si le vin [bis. i
Coulait dans la Seine,
Combien on verrait
D'ivrognes fuir le cabaret;
Chacun d'eux.. [bis. I
Pour chasser sa peine,
Boira;t à longs traits
De ce doux jus à peu de frais.
Des sources de la Bourgogne
Huiiieclons-noiis, nies amis;
# C'est la plus belle besogne,
La meilleure, à mon avis.
Comme nous disaient nos pères :
N'ayez jamais de chagrin,
Si vides sont vos verres,
Emplissez-les de vin.
Si le vm, etc.
Combien on verrait se pendre
De maîtres cabaretiers,
Et combien on venait vendre
De beaux fonds de 'onneliers;
Avec de vieilles futailles,
On se ferait des baleuux,
Pour faire des ripailles
En voguant sur les eaux.
Si le vin, etc.
Hélas! que Dieu nous exempte
D'un aussi fatal malheur;
On en verrait plus de trente
Noyés dans relie liqueur.
Ah ! quelle douleur profonde
Causerait ce changement;
Bientôt la fin du monde
Viendrait assurément.
Si le vin, etc.
Il n'est pas fort nécessaire,
Pour le bien du genre humain,
Que noire grande rivière
Au lieu d'eau coule du vin;
ion
Remplissons bien nos verres
De ce que nous possédons,
Et sans êlre trop sévères,
Ensemble répétons :
Si le vin
Coulait dans la Seine,
Combien on verrait
D'ivrognes fuir le cabaret;
Chacun d'eux,
Pour chasser sa peine,
Boirait à longs traits
De ce doux jus à peu de frais.
(bis. )
{bis).
Paroles d'un anonyme.
Air ancien, noté au N* 1265 de la Clé du Caveau.
L'HISTORIEN DÉSAPPOINTÉ.
Air : Des frelons bravant la piqiire.
Je voulais écrire l'histoire,
Lorsque la Muse des chansons
Vint renverser mon écritoire ;
Soudain je m'écriai : C-antons!
Chantons, le front taché de lie,
Jeunes et vieux, sages et fous, '
En chantant puisque l'on oublie,
Chantons au doux bruit (bis) des glouglous [bis)
Que trouve-t-on dans les annales
De ce monde déjà si vieux?
Combien d'horribles saturnales
Pour un banquet vraiment joyeux.
Chantons, le Iront, etc.
Partout je vois la tyrannie
Museler les faibles mortels ;
Talent, vertu, beauté, génie,
Répondez, où sont vos autels?
Chantons, le front, etc,
D'un brigand souillé de carnage
Le nom jusqu'à nous a volé,
il.
»7fl
CHANSONS POPULAIRES.
El nous ignorons, d'âge en âge,
Qui sema la vigne ou le blé I
Chantons, le front, etc
Eh ! que nous font les vieilles ligues
Entre le sceptre et l'encensoir?
Le monde, après tant de fatigues,
Ne devrait-il donc pas s'asseoir?
Chantons, le front, etc.
Qu'importe qu'un nouveau Tacite,
Fasse pâlir nos héritiers?
Du portrait d'un làclie hypocrite
Nos Séjan riraient les premiers.
Chantons, le front, etc.
La Vérité, vierge inflexible,
Des rois menace en vain l'orgueil ;
Clio, ton miroir si terrible
Ne darde que sur un cercueil.
Chantons, le front, etc.
Croyez-moi, bornons notre histoire
Aux buveurs d'un joyeux renom,
\ Ivent, dans nos chansons à boire,
Tibulle, Horace, Anacréon ! *
Chantons, le front taché de lie,
Jeunes et vieux, sages et fous,
En chantant puisque l'on oublie,
Chanloiisaudoux bruit (6is) des glouglous, (bis.)
Joseph .••crvièrcd.
La musique, de Fosquel, se trouve notée au
N 1Ô0 de la Clé du Caveau.
CHANTONS, BUVONS
Air : Eh ! gai, gril, gai, mon officier.
Chantons, buvons, ce n'est qu'ici
Que la vie
Est jolie :
Chantons, buvons, de n'est qu'ici
Qu'on nargue le Ri uci.
Une onde fugitive,
voii;'i noire destin ;
Mais le ciel sur la rive
Fait croître le raisin.
Chantons, buvons, etc.
Peine, ennui, jalousie,
Assiègent nos foyers;
Mais ici l'on oublie
Jusqu'à ses créanciers.
Chantons, buvons, etc.
Laissons un dieu volage
Amuser des enfants :
On n'aime qu'au jeune âge,
On boit dans tous les temps.
Chantons, buvons, etc.
Combien d'heures chagrines
Suivent les doux ébats !
La rose a des épines,
Le pampre n'en a pas.
Chantons, buvons, etc.
Belles qu'amour condamne
A de tendre langueurs,
Imitez Ariane :
Bacchus sécha ses pleurs.
Chantons, buvons, etc.
Garde, fils de Latone,
Tes neuf sœurs, ton ruisseau ,
J'ai pour muse Erigone,
Pour Parnasse un carreau.
Chantons, buvons, ce n'est qu'ici
Que la. vie ,
Est jolie :
Chantons, buvons, ce n'est qu'ici
Qu'on nargue le souci.
!.. iMiilipoii ia nadolulne.
C'EST G A.
18Î9.
Air -. Ton ton ion laine, Ion ton.
Met unis, il faut que je chante
A-t-ou du Champagne '! En voila.
CHANSONS BACHIQUES.
271
C'est ça, c'est ça, mes amis, c'est ça.
Voyons! sa mousse pétillante ,
-Me charme et m'inspire déjà :
C'est ça, mes amis, c'e~t ça.
On poursuit le bonheur sans cesse;
Mais Bacchus nous dit : Le voilà :
C'est ça, c'est ça, mes amis, c'est ça.
Rang, dignité, crédit, richesse,
Dans ma bouteille, tout est là :
C'est ça, mes amis, c'est ça.
Gare' pan! pan ! le bouchon vole:
Vite, buvons, le vin s'en va :
C'est ça, c'est ça, mes amis, c'est ça.
Déplaisir nous tenons école;
Argumentons sur ce fait-ià:
C'est ça, mes amis, c'est ça.
Je crois qu'amour, ce petit drôle,
Sommeillait dans ce flacon-là :
C'est ça, c'est ça, mes amis, c'est ça.
Je l'ai gobé, sur ma parole ;
Dans mon cœur je le sens déjà :
C'est ça, mes amis, c'est ça.
Fripon, tu désertes Cythère!
Eh bien ! on t'y reconduira:
C'est ça, c'est ça, mes amis, c'est ça.
Je veux ce soir à ma bergère
Remettre ce polisson-là;
C'est ça, mes amis, c'est ça.
Le chevalier Coupé de St-Donat.
Air ancieu, noté au N. 1112 de la Clé du Caveau.
BACCHUS EST LE DIEU DU PLAISIR.
182-2.
Air . Rèveill<m.s, réveillons. e>c.
De Bacchus,
De Cornus
Chantons les merveilles ,
Mais que nos refrains
Soient toujours gais, toujours malins ,
Renversons,
Caressons
Filles et bouleilles ;
Car, pour bien jouir,
Bacchus est le dieu du plaisir.
Lorsqu'assis à cette table,
Je goûte le vrai bonheur,
Buvant le jus délectable,
Je savoure sa douceur ;
Si l'on vante le Parnasse,
Je réponds avec dédain :
J'aime mieux une place
Chez un marchand de vin. (bis.)
De Bacchus, etc.
Chers amis, sur cette terre,
L'amour, petit dieu malin ,
Ne sera pas si sévère,
Si vous lui versez du vin ;
Voyez le dieu de la treille
Se montrer partout vainqueur ,
Vidons une bouteille,
Nous séduirons un cœur. (bis.)
De Bacchus, etc.
0 vous! grands rois de la terre.
Cherchez en vain le bonheur,
Il existe au fond du verre,
Quand la paix est dans le cœur ;
Si vous nous donnez des chaînes,
Vous les portez désormais.
Car les soucis, les peines,
Ne vous quittent jamais.
De Bacchus, etc.
Suivant la marche ordinaire,
Il faut, dans chaque chanson
Parler d'Alecton, Mégère,
Delà barque ou de Caron;
Pour moi, voilà mon système
Lorsque je vous quitterai.
Je veux dire de même,
Sans savoir où j'irai .
273
CHANSONS POPULAIRES.
De Bacchus,
De Cornus
Chantons les merveilles,
Mais que nos refrains
Soient toujours gais, toujours malins:
Renversons,
Caressons
Fïlli s et bouteilles ,
Car, pour bien jouir,
Bacchus est le dieu du plaisir,
I'jiuI Dewlnt
Air ancien, noté au N. 12tT> de la Clé du Caveau
HYMNE BACHIQUE.
1821.
Air : Gloire au père du raisin.
De la valeur admirons le trophée!
Et, conservant ce noble souvenir,
Aux temps heureux d'Epicure et d'Orphée,
Tout duucement, lâchons de revenir.
Laissons en paix la muse de l'histoire,
Mais entonnons des hymnes à la gloire
Du Dieu du vin, du Dieu des vers;
0 mélodie I ô doux charme de boire !
Enivrez encor l'univers!
Aux conquérants ne servons plus d'exemple :
Sachons jouir de plus paisibles jours ;
El de Janus si nous fermons le temple,
Amis, ouvrons notre porte aux amours.
Laissons en paix, etc.
Avec Bacchus la gaîlé nous inspire,
Kn nous versant un nectar généreux ;
D'Anacréon en empruntant la lyre,
On s'entretient, on chante avec les dieux '
Laissons en paix, elc
Que les pipeaux remplacent la trompette;
N'envions plus un Irop sanglant renom:
Et i|ue Bellone enfin reste muette,
En écoutant les enfanta d'Apollon!
.,aisson> en paix la muse de I histoire,
Mais entonnons dos hymnes à la gloire
Du Dieu du vin, du Dieu des vers,
O mélodie! ô doux charme de boire .
Enivrez encor l'univers!
Charles Champion.
LES QUATRE REFRAINS DE GREGOIRE
Air : Au son du fijn <•/ du tambour.
A l'âge où le nom d'une femni"
Double les battements du cœur,
Où notre sang bout et s'enflamme,
A l'aspect d'un minois vainqueur,
Cédant au besoin de son âme,
Grégoire adopta pour refrain .
Beaucoup d'amour, un peu de vin. (ter.)
Dix ans après, bien moins novice
S'indignanl au mot de repos,
De Vénus et de sa milice,
Ayant bien servi les drapeaux.
Pour réparer maint sacrifice,
Grégoire prit pour son refrain :
« Beaucoup d'amour, beaucoup de oin. »
Quinze ans après, plus raisonnable.
Ayant appris à ménager,
Et voyant que rien n'est durable.
Grégoire dit : « Il faut changer ' »
Et, nuit et jour, au lit, à table,
Il chantait, changeant de refrain .
« Très peu d'amour, beaucoup de oin. ->
Enfin, après vingt ans encore,
Et marchant d'échec en échec
Très éloigné de son aurore,
Grégoire se voit mis à sec ,
El dans la soif qui le dévore,
11 prend pour son dernier refrain :
Jamais damour, toujours du vin.
Gentil.
Air ancien, noté au N. 746 de la Clé du Cuveau.
CHANSONS RACHIQUES.
973
RONDE BACHIQUE.
1820.
Air : Amis, trinquons, etc.
Fêtons Bacchus,
Que son doux jus
En goguette
Nous nielle!
Chantons sans bruit
Dans ce réduit
Où Momus nous conduit ! [ter.)
La politique a dispersé,
Du bon Momus la joyeuse famille;
Dans Pans les chants ont cessé;
On chante encore à la Courtille.
Fêlons Bacchus, etc.
Chantres du vin et des amours,
Couplets grivois, proscrits du vaudeville,
Gaudrioles, gais troubadours,
C'est ici votre Champ-d'Asile.
Fêtons Bacchus, etc.
Redoutant jusqu'à son voisin,
Se méfiant d'un accès de franchise,
A la cour on trempe son vin ;
Avec nous sans crainte, on se grise.
Fêlons Bacchus, etc.
Et l'ail, chanté par un cagot,
Dans un gigot saignant nous flatte.
Fêtons Bacchus, etc.
A l'homme à jeun, trop pointilleux,
Comme elles sont, les choses vont paraître.
Qu'il boive! aussitôt, à ses yeux,
Tout paraît comme il devrait être.
Fêlons Bacchus, etc.
Or, pour bien agir, il convient,
En attendant le mieux dont on nous berce,
De prendre le temps comme il vient.
Et le vin tel qu'on nous le verse.
Fêtons Bacchus,
Que son doux jus
En goguette
Nous mette !
Chantons sans bruit,
Dans ce réduit
Où Momus nous conduit ! ter.)
Auguste Saint-Gilles.
La musique, d'Edouard Donvé, se trouve, à Paris,
chezL.Vieillot, éditeur, rue Notre-Dame-de-Naza-
reth, 32.
BACCHUS EST ENCORE EN VIE.
La Sottise, dans les couleurs,
Trouve un sujet de discorde et de guerre
Ici, tour-à-lour, nos buveurs
Les font refléter dans leur verre. '
Fêlons Bacchus, etc.
Du lis, qui jette un doux éclat,
\.'aï, pour nous, a la teinte discrète .
Le clos-iougeot prend l'incarnat
Et le goût de la violette.
Fêtons Bacchus, etc.
D'un laurier qui sentie fagot,
Dans un salmis nous prisons l'aromate,
Bacchus est encore en vie,
Chers amis, consolez-vous ;
Notre dernière folie
Est encore loin de nous !
Trop souvent j'entends dire :
« Fou qui compte sur l'avenir...
Ah! laissez- moi sourire!
La vigne doit toujours fleurir.
Bacchus est, etc.
Bientôt le temps, sans doute,
D«i rides couvrira nos fronts...
"•/4
CH \NSONS POPULAIRES.
.Mais je vois sur la route
Des fruits de tuules les saisons!
Bacchus est, etc.
Sur nous le plaisir veille !
Si ce soir, nous pressant la main,
Nous tombons sous la treille,
Il nous éveillera demain !
Bacchus est, etc.
Noire barque, à notre âge,
Ne peut dévier de son cours;
J'en appelle à l'adage :
Quiconque a bu boira toujours!
Bacchus est, etc.
Voici ce qu'il me semble
Du destin que nous font les dieux
Nous vieillirons ensemble,
Mais nous ne serons jamais vieux.
Bacchus est, etc.
Moins vite, joyeux drilles,
Pour aller chez le roi cornu,
S'il nous faut dos béquilles,
Nous en prendrons de boistortu!
Bacchus est encore en \ie,
Chers amis consolez-vous;
Notre dernière folie
Est encore loin de nous!
Perchelet
maoH&t**'
L'EXCELLENCE DU VIN
1826.
Ain. AU I qu'il est bnn, qu'il est divin !
Amis, au plus puissant des dieux
Adressons constamment nos vœux,
Bl de Bacchus, pour être heureux,
Savourons le jus précieux '
Adam, à défaut de raisin.
Mangeait des pommes dans Edeu ;
On lui reproche, avec chagrin,
D'avoir damné le genre humain.
Moi, je bénis le premier homme,
Car, s'il n'eût pas croqué la pomme,
Nous n'aurions pas connu le vin.
Amis. elc.
Que, par la tempête battu,
Le sage essaie à l'impromptu
Et la puissance et la vertu
Du fruit du joli bois tortu.
11 verra que, par art magique,
Bientôt ce fluide électrique
Relève un courage abattu.
Amis, etc.
Augurant mal du genre humain,
Le regardant avec dédain,
Diogène, lanterne en main,
Cherchait un homme un beau matin.
Tout autrement je me gouverne ;
Une bouteille et ma lanterne,
Je cherche l'homme dans le vin.
Amis, etc.
Qu'au fond d'un puits, un buveur d eau
Cherche, Démocrite nouveau,
La vérité, ce don si beau,
Et si rare même au hameau,
C'est une erreur de Démocrite;
Car, moi, pour la trouver au gîte,
Je la cherche au fond d'un tonneau.
Amis, elc.
Au nom de ce bon roi Henri,
Si tout buveur est attendri,
C'est qu en naissant, prince aguerri,
De Bacchus il fut favori.
Pour en faire un vaillant compère,
Dans sa coupe d'or, son grand-père
Lui fit sucer ce jus chéri.
Amis, etc.
Le vin nous rend sains el gaillards,
H nous fait braver les hasarda
CHANSONS BACHIQUES.
275
On lui doit les progrès des arts:
Il enflamme l'enfant de Mars ;
Il soutient notre faible enfance;
Il ranime notre existence,
Et devient le lait des vieillards.
Amis, au plus puissant des dieux
Adressons constamment nos vœux,
El de Bacchus, pour être heureux,
Savourons le jus précieux !
Valcour.
IN VINO VERITAS.
1836.
Air du vaudeville de Quinze ans d'absence.
Depuis que le monde est monde.
Un proverbe connu dit :
Sur celle machine ronde
Le mensonge est en crédit;
Celte rage sans pareille
A son remède ici-bas,
Dans le fond dune bouteille :
In vino veritas.
Démasquer un hypocrite
N'est pas facile, vraiment ;
Mais qu'à dîner on l'invite,
Il se perd s'il est gourmand.
On le connaît à merveille
Avant la fin du repas,
Grâce au fond de la bouteille :
In vino veritas.
Se marier, c'est folie,
Car on serait trop heureux.
En prenant femme jolie,
De voir combler tous ses vœux.
Mesdames, un mot éveille
Les soupçons sur un faux pas...
Prenez garde à la bouteille:
In vino veritas.
Malin el soir, à l'église,
Contre ce neclar si bon,
Curé, qui parfois se grise,
Fait un superbe sermon ;
Avec fille jeune ou vieille
Il chante chez lui tout bas,
En vidant une bouteille :
In vino veritas.
Si ma chanson peut vous plaire,
Mes amis, qu'un rouge bord
A ma santé, pour salaire,
Soit bu d'un commun accord.
Si, flattant peu votre oreille,
Elle ne vous plaisait pas,
Vile, éloignez la bouteille :
In vino veritas.
Théodore Marttgnon.
A BOIRE, A BOIRE, A BOIRE!
Air connu.
Chaqu' chanson qui prend sa fin,
EU' mérite, ell* mérite,
Chaqu' chanson qui prend sa fin,
EU' mérite un verr' de vin.
A boire, à boire, à boire,
Nous quitterons-nous sans boire;
Les bons enfants ne sont pas si fous
Que de se quitter sans boire un coup.
Un coup, c'est trop peu, mon vieux.
Encore un. frère Grégoire.
Quand les bœufs vont deux à deux.
Le labourage en va mieux.
A boire, etc.
Deux coups sont bientôt finis ;
Verse en cor, frère Grégoire,
A la sanlé des amis
A table ici réunis.
A boire, etc.
Trois coups, ce n'est pas assez,
Allons donc, frère Grégoire,
i:«
CHANSONS POPUl.AIUES.
En l'hoiineur de ces beautés
Dont nos cœurs sont enchantés.
A boire, etc.
Quatre coups! morguenne, holà!
Non vraiment, frère Grégoire,
A notre hôte que voilà.
Buvons encor celui-là.
A boire, etc.
Cinq coups, 1' compte n'est pas fait,
Encore un, frère Grégoire ;
Notre hôte se fâcherait
Si sa cave n'y passait.
A boire, etc.
Mais la m'sureest au complet;
Merci bien, frère Grégoire ;
Laissons reposer 1' cornet
El fermez le robinet.
A boire, à boire, à boire,
Nous quitterons-nous sans boire;
Les bons enfants ne sont pas si fous
Que de se quitter sans boire un coup.
l'urolcs d'un auonyiiie.
L'HEUREUSE l 1 J\ .
1759.
Folâ'rons, rions sans cesse;
Que le vin et la tendresse
Remplissent tous nus moments;
De myrte parons nos tôles,
Et ne composons nos fêles
Que de buveurs et d'amants.
Quand je bois, lame ravie,
Je ne porte point envie
Aux trésors du plus grand roi;
Souvent j'ai \ u BOUJ la treille
Que i m : bouteille
Liaient encor trop pour moi.
S'il faut qu'à la sombre rive,
Tôt ou tard, chacun arrive,
Vivons exempts de chagrin;
Et que la parque inhumaine
Au lomheau ne nous entraîne
Qu'ivres d amour et de vin.
liUujon.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouv»
notée au N. 1213 de la Clé du Caveau.
LE BONHEUR DE L'HOMME.
1824.
A1K : Mon père était pot, etc.
Avec un coup de chambertin,
Moi, je soutiens en somme,
Qu'on peut sans grec et sans latiu
Faire un bonheur à l'homme:
Donnons-lui du vin ;
Que le verre en main
Il chasse l'humeur noire.
Silène en buvant,
Sans être savant,
S'illustra dans 1 histoire.
Si Kousseau, cet auteur divin,
Aimait Ermenonville,
C'est qu'il y huvait du bon vin,
Bien moins cher qu'à la ville.
Loin des sols, du bruit,
Là, dans son réduit,
Pi es de sa ménagère,
Ce sage trouvait
Que l'esprit venait
Quand il vidait son verre.
i Ouupblu.
La m • . ISIuijc, est nuiee au N. W3 delà
Clé du C
wcflcaOttiM
• imprimerie ')<■ Piuit fils aîné, me des Grands- Aagastios, 5.
LE CARILLON BACHIQUE.
1823.
Air : Mon Système est d'aimer le bon vin.
Tic, tic et toc, digue, di, din, don,
Qu'à la ronde
Chacun me seconde
Et réponde
A ce gai carillon :
Tic, tic et toc, digue, di, din, don.
Vive, amis, ce nectar salutaire!
Le bonheur e-t au fond d'un tonneau.
Conservons l'empire de la lerre,
L'Océan ne sied qu'aux buveurs d'eau.
Tic, tic et toc, etc.
L'amateur d'un clavier diaphane
Qui tira des accords ravissants,
Par ce jus remplaçant l'eau profane,
Eu eût fait le roi des instruments,
Tic, tic et toc, etc.
L'ennemi menace la patrie;.
Affrontons sa rage avec dédain.
A défaut d'airain, d'artillerie,
Levons- nous en masse à ce tocsin :
Tic, tic et toc, etc.
Ariane aimait le beau Thésée;
Le perfide un beau soir la auitta; ,
Mais bientôt cette amante abusée
\it Bacchus, avec lui répéta :
Tic, tic et toc, etc.
De recors une avide cohorte
^ ainement m'assiège au nom du roi ;
Je promet^ de leur ouvrir ma porte
Aussitôt qu'ils «liront avec moi :
Tic, tic et toc, etc.
Le guerrier aime le bruit des armes,
Le gourmand tressaille au bruit des plats,
Le tic, tac, pour l'amour a des charmes,
Tic, tic, toc est pour moi plein d'appas,
101
Tic, tic et toc, digue, di, din, don,
Qu'à la ronde
Chacun me seconde
1 1 réponde
A ce gai carillon :
Tic, tic et toc, digue, di, din, don.
J. Polhe.
La musique, de Durci, se trouve notée au n° 1 165 de
la Clé du Caveau.
LA SAGE RÉSOLUTION.
1809.
Amis, je ne veux plus chanter
Racrhus ni son bruyant délire;
Trop souvent il brise ma lyre,
Quand je la lui donne à monter.
Suivant un nlus sage système,
Si je bois jamais sans raison,
Je veux qu'à vos yeux ce vin même (bù
Me serve à l'instant de poison! [bis.
Qu'on me verse un dernier verre;
Un verre de plus n'est rien,
Et la raison le tolère
Quand il doit produire un bien.
Comme il faut être juste en tout,
J'avoue, avec l'ami Grégoire,
Qu'il est des cas où l'on doit boire,
Et le sage alors s'y résout...
Lorsque l'on a soif... (je suppose)
L'estomac plein, le gosier sec,
Encor faut-il pour qu'on l'arrose
Se passer du vin par le bec...
Qu'on me verse, etc.
Des cas où le vin peut servir
Faisons ici la liste exacte,
Et sans regret signons le pacte
Auquel il faut nous asservir...
Des jours de deuil il faut bien croire
Que le vin fait des jours sereins...
T. II. — i2.
!7*
CHANSONS POPt'1.41 RF.S.
Quand on est irisie on peut donc boire:
RI) ! qui n'a pas quelques chagrins!
Qu'on nous verse, etc.
Du sage, trésor précieux,
La vérité, qui nous échappe,
Sans le jus divin de la grappe
Ne frapperait jamais nos yeux ;
Ceux même qu'amitié rassemble
L'un par l'autre encor sont flattés...
Mes chers amis, buvons ensemble
Pour nous dire nos viriles.
Qu'on nous verse, etc.
Dans son désespoir indiscret
L'amant trahi, dont l'âme est fière.
S'en irait droit à la rivière
S'il n'allait droit au cabaret...
Comme moi par trente inûdèles
Si vous vîtes briser vos nœuds...
Pour charmer nos peines... mortelles,
Buvons encore un verre ou deux.
Qu'on nous verse , etc.
Souvent un timide amoureux
N'ose parler à sa Glicère :
11 boil... le voilà téméraire;
Il parle, il presse; il est heurenx :
Ainsi du vin la douce ivresse
Conduit à celle du bonheur.,.
Ce soir auprès de ma maîtresse,
Ma foi, je veux m'en faire honneur.
Qu'on me verse , etc.
La gaîté, ce rare trésor,
Avec lâge nous abandonne,
El si Bacchus seul la redonne ,
C'îst qu'il nous rend enfants encor.
Le buveur d'eau ne sait pas rire;
Moi... quand j'ai bu je ris de rien.
Ne rougissons plus du délire,
Puisque le délire est un bien.
Épuisons jusqu'à livresse
Les flacons et les refrains;
La véritable sa.
N'es! que l'oubli des chagrins.
th. Ile 1 on. Iiuui|i«.
LE VIN.
182S.
Air : Cent l'amour, fie.
C'est le vin, le vin, le vin,
Que boil le monde
A la ronde ;
C'est avec ce jus divin
Qu'on brave le destin.
Amis, qui chasse la trisiesse ;
Pour les plaisirs, les ris. les jeux.
Qui sait décider ma maîtresse
A couronner mes tendres feux?
Qui mène à la Courlille,
Ou chez mère Badis,
Le dimanche en famille
La moitié de Paris?
C'est le vin, etc.
Qui fait que notre belle France
L'emporte sur tous les pays?
Et pourquoi donc celle affluence
De ces étrangers à Paris?
Qui rend déraisonnable
L'Anglais si peu léger,
Au poinl que sous la table
Il roule après dîner?
C'est le vin, etc.
A l'homme sot, à l'imbécille,
Qui souvent donne de l'esprit ?
Qui parfois nous fait voir un mille
Dans un nombre bien plus petit1*
Qui fail «pie je pardonne ■
Aux torts de mon prochain ?
El qui rend ma personne
L'amie du genre humain?
C'est le vin, elc.
Qui donne encor des jouissances
Au vieillard sous le poids des ans.
Et d heureuses réminiscences
Des doux plaisirs <lr sou printemps?
CHANSONS BACHIOTKS.
279
Que chanta sur ma lyre
L'aimable Anacréon?
Aujourd'hui qui m'inspire
Cette faible chanson?
C'est le vin, le vin, le vin,
Que boit le monde
A la ronde ;
C'est avec ce jus divin
Qu'on brave le destin.
Paroles d'un anonyme.
LA SANTE.
L809.
Air : En revenant de Bâle en Suiw.
C'est à la santé qu'il faut boire .
Car rien n'égale la santé :
La santé vaut mieux que la gloire ,
De la santé naît la gaîté :
Que chacuu réponde
Au toast porté,
El buive à la ronde
A la santé.
Nous savons tous que dans la table
La santé fut en grand crédit ;
Si Bacchus la chômait à table,
Vénus la célébrait au lit.
Que chacun réponde, etc.
La table au lit est préférable,
Si j'en crois mes regards charmes.
Puisque je vois tout double à table,
Et qu au lit mes yeux sont fermés.
Que chacun réponde, etc.
C'est à table que l'on rattrape
Les forces que l'on perd au lit :
Bacchus est mou seul Esculape :
Mais, pour suivre ce qu'il prescrit,
Que chacun réponde, etc.
S'il est vrai qu'on perd la mémoire
En buvant quelques coups de plus ;
Et tût qu'on recommence à boire,
Pour oublier ceux déjà bus.
Que chacun réponde
Au toast porté,
Et boive à la ronde
A la santé.
Mari In Crée*.
Air ancien, noté au X. 180 de la Ole du Carean.
LE PROVERBE RETOURNE.
1823.
AIR : Au soin que je prends de ma gloire.
Naïades, vous glacez ma veine ;
Je bâille auprès d'un clair ruisseau ,
El je dis chaque jour : « Fontaine,
Je ne boirai pas de ton eau !... »
Bacchus, ton nectar me réveille,
Il m'inspire un joyeux refrain ;
Et je ne dis jamais : « Bouteille,
Je ne boirai pas de ton vin I »
Si je puise un couplet bachique
Dans le généreux Chambertin,
Je trouve une rime erotique
Dans le Champagne libertin.
Je songe, à part moi, que l'abeille,
De mille fleurs fait son butin,
Et je ne dis jamais : « Bouteille,
Je ne boirai pas de ton vin ! »
Dès qu'un bon villageois me prie
D'arroser un large paie,
D'un vin de Surêne ou de Brie
Que lui-même il a récolté;
Fùt-il vendangé de la veille,
Je sais qu'il bannit le chagrin
Et je ne dis jamais : «Bouteille,
1 no boirai pas de ion "in! »
580
CHANSONS POPULAIRES.
Lorsqu'un jour les trois sœurs perfides
M'enverront trinquer chez Pluton,
De Tantale el des Oanaïdes
Je foirai le triste canton ;
Mais si je vois, sous une treille,
Panard muni d un flacon plein,
De grand cœur je dirai : « Bouteille,
Je veux boire encor de Ion vin ! »
Armand Goufle.
La musique , d:Al. Piccini , se trouve notée au
N . 774 de la Clé du Caveau.
LE VIN.
1820.
Air : En revenant de Bâle en Suisse.
Du char pompeux de la victoire
Qu'un héros compose son train,
Gomme lui je chéris la gloire;
Mais je préfère le bon vin.
Que chacun répète
Mon joyeux refrain:
Pour mettre en goguette,
Vive le bon vin !
Pour être un ami vrai, sincère,
De l'honneur pour chérir les lois,
Pourêtre bon époux, bon père,
Il faut s'enhrer quelquefois!
Que chacun répète, etc.
A jeun je suis toujours timide;
La crainte se peint dans mes yeux;
Mais quand j'ai bu, plus intrépide,
Je ne crains pas môme les dieux.
Que chacun répète, etc.
Si Brennus quitta sa patrie
Pour faire la guerre aux Romains,
C est qu il avait de l'Italie
Plus d'une fou goûté les vins,
i lue chacun i épète. » te
Qu'un pilote vante à la ronde
Le Havre, Dunkerque, Nankin,
Je crois que tous les ports du monde
Ne valent pas le Port au vin.
Que chacun répète, etc.
Tous les buveurs à rouge trogne
De l'Eternel sont les amis,
Puisque Noé, ce digne ivrogne,
Est un élu du paradis.
Que chacun répète, etc.
De l'univers souverain juge.
Si tu détruis le genre humain,
Fais que ce soit par un déluge.
Mais par un déluge de vin.
Que chacun répète
Mon joyeux refrain :
Pour mettre en goguette,
Vive le bon vin!
F. Dauphin.
Air ancien, noté au N. 180 de la Clé du Caveau.
LE BUVEUR DETERMINE.
1823.
Aik Tonton, tonUtine, tuninn
Peut on ne pas aimer à boire;
Ksi il donc un plaisir plue grand?
Glou,glou, glou, glou, ce bruit est charmant!
Je borne là toute ma gloire;
De bon vin, morbleu! je suis fou;
Je bois, je bois « omme un trou.
J'aurais défié feu Grégoire
Bacclms ne me ferait pas peur,
"m le gros Silène en belle humeur.
Chers .unis, vous pouvez m'eu croire
Car de bon vin, oui, je suis fou ;
ii bois, je bois comme un Irou.
CHANSONS BACHIQUES.
281
Qu'on ne me parle pas d'eau claire ;
Le penser seul m'en fait frémir,
Au lieu que j'éprouve un doux plaisir
Quand devin on remplit mon verre,
Car, sur mon honneur, j'en suis fou;
Je bois, je bois comme un trou.
Pour moi l'amour n'a plus de charmes,
Depuis longtemps je l'ai changé,
El Baccbus m'en a dédommagé;
Je ne connais plus que les larmes
De ce bon vin dont je suis fou;
Je bois, je bois comme un trou.
Je m'en vante, rien ne m'étonne,
La bouteille est tout mon bonheur;
Elle me donne force et vigueur,
Et j'avalerais une tonne :
Car de bon vin, oui, je suis fou ■
Je bois, je bois comme un trou.
Allons! rivaux, je vous défie,
Le pampre orne déjà mon front,
Et plutôt que d'avoir un affront,
J'aimerais mieux perdre la vie :
Car de vin, morbleu ! je suis fou ;
Je bois, je bois comme un trou.
W. D. L.
Air ancien, noté au N. 1112 de la Clé du Caveau.
SAINT MARTIN.
1809.
Air : Frère Pierre à la cuisine.
Ou du vaudeville de Jean Monnet.
A bien des gens, dans ce monde,
Saint Martin sert de patron ;
Et, sans compter à la ronde
Martin Sec, Martin Fréron,
Chez Cottin,
Chez Frontin,
Chez Rosine et chez Roxane,
On voit souvent plus d'un âne
Que l"on appelle Martin. [tir.
Se laissant un jour surprendre
Par Satan, qu'il n'aimait point,
Mon saint lui permit de prendre
La moitié d'un beau pourpoint:
Du butin
Le lutin
Couvrit son corps effroyable;
Mon tailleur, voilà le Diable
Qui m'habille en saint Martin.
Maxime, tyran sévère,
Fut désarmé dans son camp
Dès que Martin prit un verre,
Et vint le voir en trinquant.
Ce tin- tin
Argentin
Vaut la plus belle maxime,
S'il renaissait un Maxime,
Je serais son saint Martin.
Puisque saint Martin sut boire,
A sa gloire il faut trinquer:
Trinquons, trinquons à sa gloire!
Le vin ne peut nous manquer.
Le Destin,
Bien certain
Qu'on chanterait ses louanges,
Daigna placer les vendanges
Tout près de la Saint-Martin.
Qu'on prépare à la cuisine
Les plats, la broche et le four!
Que le voisin, la voisine
Se rassemblent tour-à-tour !
.Et qu'enfin
Un festin,
Mouillé de vins délectables,
Brille sur toutes les tables
En l'honneur de saint Martin.
Faisons danser les volailles!
Faisons sauter les bouchons !
Tremblez, dindons! tremblez cailles,
Saumons, canards et cochons!
282
CHANSONS POPULAIRES.
Que lapin,
Tuib >lin,
Faisan, brochet, carpe et lièvre
Tremblent delà même fièvre
A l'aspect de saint Martin!
Ramenant l'usage antique,
Faisons, en joyeux lurons,
Retentir de ce cantique
Paru et ses environs.
De Pantin,
Dammartin,
De Vaugirard et du Houle
Q'avec les buveurs il roule...
Jusqu'au faubourg Saint -Martin !
Armand Goutté.
Lamiibique, de Laujon, se trouve notée au N. iyt>
de la Clé du Caveau.
LISETTE ET LE V I IV
1831.
A i h : Ce ni'juch ir, bi lie Raj/moiloU
Malgré le censeur austèiv.
Ici-bas point de bonheur
Sans les plaisirs de Cvthère,
Sans la grappe du buveur.
Heureux avec la fillette.
Heureux avec le raisin,
Ai-je tort d'aimer Lisette ?
Ai-je tort d'aimer le vin?
Feu d'amour brûle mon ouïe,
ht Bacchus vient le calmer;
Le vin assoupit ma tlamme.
Lise vient la rallumer:
Que l'un songe à la retraite,
L'autre reprend le terrain
Ai-je tort d'aimer Lisette Y
Ai-je tort d'aimer le ?in ?
»i ma bouteille m échappe
Lisette me r^-iera
Et si Lisette m'attrape,
Mon vin me consolera.
Si Bacchus trouble ma tète.
L'amour me tendra la main :
Ai-je tort d'aimer Lisette?
Ai-je tort d'aimer le vin ?
Sur le fleuve delà vie,
Je ne guide mon bateau
Que vers le dieu dldalie,
Ou vers le dieu du tonneau;
Chez l'un vois-je une tempête.
Le ciel chez l'autre est serein :
Ai-je tort d'aimer Lisette?
Ai-je tort d'aimer le vin ?
Combes jeune
La musique.de Ducray-Dnminil, se trouve no-
tée au N. 74 de la Clé du Caveau.
LE POUVOIR D'ERIGONE.
1823.
Air: Chante, chante, troubadour, chunlf.
A l'âge où l'amour nous tourment''
Et nous rend parfois ennuyeux,
Bien souvent ma muse innocente
Traita des sujets, des sujets langoureux
Mais à présent que je grisonne.
Du bon vin je suis amoureux .
Verse, verse, mon Erigone, ,
Verse, verse, je tuf* joyeux. i
bis.
Si, pour de race hantes affaires
Dont le plan a mal réussi,
Par des créanciers mercenaires
Je mhs mon logis, mon logis assailli ;
Si d'un tel sort m nu sang bouillonne,
S il me rend crâne et coléreux.
Verse, verse, mon Érigone, |
Verse, verse, et je suis joyeux. j
Quand je vois briller l'opul*
Dane un char galanl el pompeui
bù
CHANSONS BACHIQUES,
«S
Si je pense à niun indigence,
Je deviens morose, morose et qninteux
Du noir souci qui m'environne
Si je veux affranchir mes yeux,
Verse, verse, mon Érigone,
Verse, verse, et je suis joyeux.
j [bis
Vieux soldat du Dieu de Cythère.
Parfois sourd à son aiguillon,
Aux désirs de ma ménagère,
Souvent malgré moi, m >lgré moi, j'ai dit non.
Pour qu'à ses lois je m'abandonne.
Et réponde à ses chastes feux,
Verse, verse, mon Érigone, 1 .,.g ,
Verse, verse, et je suis joyeux. I
Quand à notre aimable assemblée
On admet un nouveau venu,
Si sa contenance troublée
indique un timide, un timide ingénu,
Embarrassé de sa personne.
S il est froid et silencieux,
Verse, verse, mon Érigone,
Verse, verse, il sera joyeux.
| (6,
Derrière une épaisse charmille,
Hors de tout regard vigilant,
Deux champions, pour une vétille,
Metlentbretle au vent,brette'au vent à l'instant
La noble ardeur qui les talonne
Va rendre leurs coups dangereux...
Verse, verse, mon Érigone,
Verse, verse, ils seront joyeux.
{bit
Piron, Collé, Panard sur terre,
Où leur esprit a profité,
Trouvaient sans cesse dans leur verre
De quoi ranimer, ranimer la gaîlé.
N'axant pas la verve aussi bonne, '
Je répète, faute de mieux :
Verse, verse, mon Erigone, >
Verse, verse, et rends-nous joyeux.)
T. Thibault.
[bit
La musique, de A. Romagnési, se trouve chez
M. Aulagnier, éditeur, 4, rue du faubourg Mont-
martre.
LE VIN ET MA MAITRESSE
1823.
Air : Vive le vin et le plaisir.
Qui frappe ainsi? qui me réveille?
Mes amis, suspendez vos coups ;
Rose est là? demain sous la trr-ille
J'irai boire et rire avec vous.
Au doux sommeil son âme cède :
Au plaisir le repos succède :
Qu'au repos succède l'Amour,
Demain Bacchus aura son tour.
A ma porte, eh bien ! quel vacarme
D'où viennent ces joyeux éclats?
Vous trinquez... que ce bruit me charme
Je veux partager vos ébats.
Mais Rose, amis, est si jolie...
Différez votre aimable orgie.
Jusqu'à demain tout à l'Amour ,
Demain Bacchus aura son tour.
Quoi! sans redouter ma colère,
Vous avez brisé mes verrous?
Hardiment vous m'offrez un verre;
Je sens s'affaiblir mon courroux.
.Mais non , fuyez, troupe indiscrète,
Bacchus rirait de ma défaite;
Qu'elle appariienne au dieu d'amour ,
Demain Bacchus aura son tour.
Pourquoi m'entraîner loin de Rose?.
De moi vous allez disposer;
Ah I qu'au moins ma bouche dépose
Sur sa bouche un dernier baiser.
Mais un songe la rend plus belle 1
Elle soupire... elle m'appelle!
Laissez-moi rassurer 1 Amour;
Demain Bacchus aura son tour.
Vains discours ! le jus de la treille
Coule en mon verre à flots pressés.
Eh bien ! coulez, liqueur vermeille ,
Amis, eh bien! versez, versez.
9ÎU
(Il WSONS POPULAIRES.
.Mais loin de moi, liqueur traîtresse :
Le plaisir échappe à l'ivresse.
Ah ! ménageons-le pour l'Amour;
Demain Bacchus aura son tour.
J'ai bu... quel charme m'environne?
De Bacchus, aimables élus,
A vous enfin je m'abandonne...
Mais grand Dieu ! Rose ne dort plus .
Le charme à fui, l'Amour m'éclaire
A mes pieds il brise mon verre.
Adieu donc ; s il plaît à l'Amour,
Demain Bacchus aura son tour.
Kdouard Itevenas.
LE BUVEUR INTREPIDE.
1828.
Air du vaudeville de la Partie carrée.
Dès que Pbœbus vient éclairer le monde,
Que sur la terre il prodigue ses feux,
Lorsqu'il s'éloigne, et que la nuit profonde
Répand partout sou voile ténébreux,
Je bois alors, je bois à perdre haleine
De ce nectar que l'on appelle vin ;
Disparaissez, chagrins, tristesse et peine
Devant ce jus divin.
Quand le retour de Flore et de Pomone
Sur nos coteaux ramène le zéphyr,
Le verre en main, appuyé sur ma tonne
A chaque instant je me livre au plaisir.
Que l'aquilon, les frimas, la tempête,
Sur notre sol fondent av< c courroux,
Lorsque je bois, qu ils menacent ma tête,
Je brave tous leurs coups.
Lorsqu'Atropos, d'une voix triste e| grêle.
Viendra me «lue : Allons, il foui partir !
Je saisirai ma coupe Bi fidèle,
i-,t mes adieux se «liront sans gémir.
Sur un tonneau je ferai mon voyage;
J'enivrerai l'insensible Caron,
Et verserai le vin de l'Ermitage
Chez le sombre Pluton.
Par mes chansons, par ma vive allégresse,
J'amuserai le dieu du noir séjour :
Je charmerai la plaintive déesse
En amenant la gaîté dans sa cour-,
De Danaiis je oalmerai la race,
Qu'à verser l'eau condamna le Destin,
Et j'obtiendrai, s'il faut qu'elle se lasse,
Qu'elle verse du vin
Cessez vos pleurs, dissipez vos alarmes
Amis, pourquoi gémir sur mon trépas?
Lemomenl vient, au temps je rends les armes,
Et pour toujours, je fuis loin d'ici- bas.
Après ma mort qu'une sotte epitaphe
Ne vienne pas décorer mon tombeau ;
Inscrivez-y cette seule épigraphe ;
« Ci-gît qui craignit l'eau. »
Gubrlt'l Vinav
La musique, de Docile, se trouve notée au
N. 833 de la Clé du Caveua.
L'AMOUR ET LE CHAMPAGNE.
1821.
Aik : Le luilt galant qui chanta 1rs amours.
Fuyaul la foule et les cercles nombreux,
Toujours en paix, je suis toujours heureu.
Oùl'on est tant de monde en chorus on B'ennuii
J'aime mieux posséder, pour toute eompagnii
Fille au gentil minois
Et flacon champenois.
J'habiterais léa plus sombres déserts
J'irais au boul de ce vaste univers
I' ii II — Imprimerie de Pillet fils atné, rue des Grands-Au^ustins, ÎJ.
CHANSONS BACHIQUES.
485
Et je ferais gaîment ce long pèlerinage,
Si j'étais sûr d'avoir, au terme du voyage,
Fille au gentil minois
Et flacon champenois.
Pour adoucir les rigueurs de l'état.
Je l'avoûrai, si j'eusse été soldat,
J'aurais plus d'une fois évité la mitraille,
En fêtant sans danger, loin du champ de bataille.
Fille au gentil minois
Et flacon champenois.
Maint plébéien jusqu'au trône est monté :
Le croirait-on, cet espoir m'a flatté ;
Mais à régner un jour, si quelquefois j'aspire ,
C'est qu'un roi peut avoir, sitôt qu'il le désire,
Fille au gentil minois
Et flacon champenois.
Loin d'Esculape et de la Faculté,
Mes bons amis, l'on trouve la santé,
Nos docteurs sont instruits, mais craignons leur science,
Et, contre tous nos maux, prenons pour ordonance
Fille au gentil minois
Et flacon champenois.
S'ils revenaient ces siècles bienheureux
Où les mortels se choisissaient leurs dieux,
Moi, sans diviniser des êtres fantastiques,
Sagement je prendrais pour mes dieux domestiques
Fille au gentil minois
Et flacon champenois.
Sans délaisser Bacchus ni les Amours,
Je vois, l'oeil sec, s'envoler mes beaux jours.
Le dieu qui nous forma, c'est ma philosophie.
Nous donnera là-haut, pour charmer l'autre vie,
Fille au gentil minois '
Et flacon champenois.
Combes jeune.
La musique, de Gérard de Propiac, se trouve
notée au N. 1035 de la Clé du Caveau.
LE CABARET.
1809.
AIR : Frire Pierre a la cuisine.
Ou vaudeville de Jean Monnet.
J'aime le vin et la raine
D'un moderne Ramponneau;
Mais je plains celui qui dîne
Chez quelque Midas nouveau :
Leur caquet
Au banquet
Tient Momus en léthargie ■
Pour une joyeuse orgie
Parlez-moi du cabaret ! (ter.'
Collé, Piron en délire,
Quand Phébus les éclairait,
Couraient accorder leur lyre
En sablant du vin clairet.
Qui dirait,
Qui croirait
Qu'on vit sept fois la semaine
Ces gais soutiens de la scène
Chanceler au cabaret !
Dans son étonnante verve
Le menuisier de Nevers
Unit Bacchus et Minerve
Sous un dais de pampres verts
Il buvait,
Il chantait,
Et courut, ivre de gloire,
Dans le temple de Mémoire,
En sortant du cabaret.
Les Muses, qui d'un bon drille
Aiment le ton décidé,
Avaient fait de la Courtille
Le Parnasse de Vadé.
Taconnet,
Qu'on connaît,
Dans la bachique assemblée
Y fut proclamé d'emblée
' 'Apollon du cabaret.
1112
13.
«86
CHANSONS POPULAIRES.
Avec orgueil on calcule
Les bienfails du dieu du vin.
Les fameux exploits d'Hercule
Sont dus au nectar divin.
Quel effet
Le vin fait!
Le buveur, amant des belles,
N'est jamais plus épris d'elles
Qu'en sortant du cabaret.
On boit sur la rive maure,
(ibez le Turc et le Chinois:
De vin vieux on se restaure
Jusque chez les Iroquois*
Bien replet,
On se plaît
A boire en tous lieux du monde:
Et eette machine ronde
N'est qu'un vaste cabaret.
C'est vainement que la Parque
Croit rabaisser notre ton;
Portons du vin dans la barque
Qui nous conduit chez Pluton :
Sans regret
Du trajet,
Grisons le dieu de l'Averne,
Et faisons de sa ca\erne
Notre dernier cabaret.
OToreau.
La musique, de Laujon, se trouve notée au N. 198
de la Clé du Caveau. •
LES VENDANGES DE LA FOLIE.
1747.
Chantons le dieu de la vendange,
Que boue si - loie l'amant se range,
Puisque le plus Bouvenl \ '•nus
Doit ses conquêtes à Bacchus.
On rend la » ie aimable,
En passant tour-à-tour
Des |. i.i,-ii de la table
Aux plaisirs de l'amour.
Un peu de vin rend plus jolie ,
Le vin donne de la saillie ,
Le vin fait dire de bons mots
El tenir de galants propos.
On rend la vie, etc.
Le vin rend l'amant intrépide,
11 rend l'amante moins timide;
A l'un il fait tout hasarder,
A l'autre il fait tout accorder.
On rend la vie, etc.
Entre deux ou quatre convives,
Le vin rend les scènes plus vives,
Un petit souper libertin
Vaut cent fois mieux qu'un grand festin.
On rend la vie, etc.
Le vin dans le sommeil vous plonge,
Ce sommeil vous fait naître un songe
Qui vous revient pendant le jour,
Et qui fait naître enfin L'amour.
On rend la vie aimable,
En passant Lour-à-tour
Des plaisirs de la table
Aux plaisirs de l'amour.
Collé.
La musique, de Gillier, se trouve notée au N. 92
de la Clé du Caveau.
LES VENDANGES DE GYTIIÈHE.
1774.
Am ; Dans la vigne à Claudine.
Dans l'île de Cythère
N énUB a son pressoir,
Que , d'une main légère.
Les Amours font mouvoir.
On 3 puise sans cesse
Ce nectar précieui
Que verse la jeunesse
A la table des Dieux.
CHANSONS BACHIQUES.
287
Cuve où l'on est à l'aise
Plaît le mieux à Bacchus ;
Ce goût, ne lui déplaise ,
Irait mal à Vénus.
Le plus petit espace
Renferme mille appas;
Le vin tient de la place,
Le plaisir n'en tient pas.
Tout rempli d'allégresse,
Comme on voit le glaneur
Grappiller ce que laisse
Le fer du vendangeur,
Armé d'une faucille ,
Dans Cythère, à son tour,
Le pauvre hymen grappille
Les restes de l'Amour.
Ennemi du mystère,
, Bacchus aune un séjour
Que le soleil éclaire,
Et vendange le jour.
Vénus aime le sombre
Du plus secret réduit;
Elle se plaît à l'ombre ,
Et vendange la nuit.
Dorât.
La musique, de Campra, se trouve notée au
N. 116 de la Clé du Caveau.
LES VIGNES.
1821.
Air : Aussitôt que la lumière.
Si nous voulons èlre dignes
Des biens émanés des d'eux,
Plantons, replantons des vignes,
Soignons ce don précieux.
Partout , qu'à toutes les heures
Croissent des pampres nouveaux ;
Qu'ils forment dans nos demeures
De voluptueux rideaux.
Bénissons la main féconde
Qui nous fit ce beau présent
Amis, selon moi, le monde
Doit dater de cet instant.
Le premier, de son ouvrage
Noé voulut profiter;
Ses fils en prirent ombrage :
Ils auraient dû l'imiter.
Votre face rubiconde
Brille-t-elle de gaîté ?
C'est qu'aux vignes, non dans l'onde,
Vous puisez votre santé.
Leur doux jus en harmonie
Met les esprits, les humeurs;
Il enflamme le génie,
Et rapproche les bons cœurs.
Dans ses vignes de Sabine ,
Dédaignant la pourpre et l'or,
Avec sa lyre divine
Prenant un sublime essor.
Horace à Varus conseille,
Pour goûter un plaisir pur.
D'élever treille sur treille
Dans son fertile Tibur.
« Veut-on , dit-il , de la vie
« Chasser les soucis rongeurs?
« Les recherches de l'Asie
« Sont des remèdes trompeurs ;
« La vigne a ce privilège...
« Les dieux veulent qu'ici-bas,
« Les ennuis soient le cortège
« De celui qui ne boit pas. »
Non, jamais un méchant homme
Ne fut en pointe de vin ;
Tont bon humain qu'on renomme
Rejette l'eau d'un festin.
Voyez ce brave : à plein verre
Il ranime son-ardeur,
Et bientôt on lui voit faire
Des prodiges de valeur.
La vendangeuse légère
Veut-elle emplir son panier?
288
CHANSONS POPULAIRES.
Pour l'aider ai cette affaire ,
L'Amour lui sert d'ouvrier.
Il place, en riant sous cape.
Son dard parmi le raisin ,
Et fait jaillir de la grappe
Le plaisir avec le vin.
Qu'on décerne une statue
A chaque heureux fondateur
De ces coteaux dont la vue
Fait le charme du buveur.
Les moines à large panse
Étaient des êtres divins,
Puisque, par leurs soins, la France
Vit naître ses meilleurs vins.
Or donc, les cieux à la vigne
Attachant tant de bienfaits,
Prenons son nom pour consigne
Alignons-nous, buvons frais.
Is'ous pouvons au noir rivage
Sauter en un tour de main :
Lestons- nous pour le voyage ;
N'attendons pas à demain,
J. Onsaulchoy.
Air ancien, noté au N. 50 de la Clé du Caveau.
PASSONS-NOUS LA BOUTEILLE.
1821.
AIR ■ Amis dépouillons nos pommiers.
Amis, pour narguer le chagrin,
Invoquant la folie,
A table, entonnons gai refrain,
Près de femme jolie;
Puisqu ici Baechus,
Puisqu'ici Cornus,
Nous promettent merveille :
Ah! He main en main ,
Jusques a demain,
Passons-nous la bouteille !
Quand je veux être un jour heureux,
Moi, je le passe à boire;
C'est avec desvins généreux
Qu'on purge sa mémoire :
Buvons donc du fin,
Mes amis, afin
Que le chagrin sommeille;
Et de main en main,
Jusques à demain.
Passons-nous la bouteille!
Qui n'a jamais été trahi,
Par maîtresse jolie?
Qui n'a pas pleuré d un ami
La lâche perfidie?
Mais, du souvenir
Afin de bannir
Infortune pareille,
Ah! de main en main,
Jusques à demain,
Passons-nous la bouteille 1
Des politiques, croyez-moi,
Evitons le délire;
Quand on a dit : Vive le roil
Qua-t-on de plus à dire?
Aux cris inhumains
De nos Jacobins,
Pour mieux fermer l'oreille,
Ah ! de main en main,
Jusques à demain,
Passons-nous la bouteille!
J'irai bientôt au sombre bord
Faire aussi ma visite ;
Je sens qu'au banquet de la mort
Déjà Pluton m'invite.
Je veux, cependant,
Boire en attendant
Qu'Atropos se réveille.
Ah I de main en main,
Jusques à demain,
Passons-nous la bouteille.
«. Meunrt de Hochera» e
La musique , de Doche , se trouve notée au
N. 36 de la Clé du Caveau.
Pari». — Imprimerie <lc I'ii.let fils aîne, rue des Grand* Auyuslins, .>.
LI KIEIF^^D^ ®mi ËMASiÈi
LE NOUVEAU TIC ET TOC
1800.
Air : Et zig, et zig, et zig, et zog.
Et tic, et lie et tic, et toc,
Et tic et tic, et toc;
Trinquons et faisons en bloc I ,. .
Tinter pinte et verre et broc.j ' ls''
Dans la lice académique
Ton vaudeville comique
M'a fait choir du premier choc :
Mais par une botte oblique
Souffre, ami, que je réplique;
Tiens-toi ferme comme un roc.
Et tic, et tic et tic, et tue, etc.
Toi, maître Adam, je t'évoque
Des lieux où la Mort te bloque
Par son lugubre mastic :
Cesse un trop long soliloque ;
Et, reprenant ta défroque,
Chante avec nous en public :
Et toc, et toc et tic, et toc, etc.
Je donnerais sans colloque
Et montre et chaîne et breloque
Pour voir comme un basilic,
Pour nager ainsi qu'un phoque,
Et pour (quand on me provoque)
Lever ce que lève un cric :
Et toc, et toc et tic, et toc etc.
Mettrai-] e avec Bolinbrooke,
Avec Pascal, avec Loke
Mon esprit à l'alambic?...
Plutôt que le loup me croque...
Ou mourir comme Archiloque,
Ou m'abreuver d'arsenic !
Et toc, et toc et tic, et toc, etc.
Cet écrivain ascétique,
Qui fait par sa mine étique
103
Voir qu'il pend ses dents au crue.
Vaut-il l'écrivain lyrique,
Au teint rouge comme brique.
Qui dit, pompant du Médoc,
Et tic, et tic et toc, et toc, etc.
Si Pégase m'interloque
Par une allure équivoque,
A l'aspect du double pic,
Loin de lâcher d'un ton rauque
Quelque dia hue trop baroque,
Je dis, pour calmer son tic :
Et toc, et toc et tic, et toc, etc.
Autrefois près de Monique,
D'Agnès et de Véronique
De baisers j'étais escroc;
Réduit au panégyrique
Des beaux yeux de ma barrique,
Je dis dès le chant du coq :
Et tic, et tic et toc, et toc, etc.
Si l'engeance monastique
Au fond d'un cloître gothique
Supportait l'ennui du froc,
C'est que d'un ton pathétique,
Après maint dévot cantique,
Le chœur entonnait ad hoc :
Et tic, et tic et toc, et toc, etc.
Est-il besoin qu'on se pique
De passer sous le tropique
Comme Anson, Thoyras et Cook ?
En Europe, en Amérique,
En Asie et dans l'Afrique
On chante al hac et ab hoc :
Et tic, et tic et toc et toc, etc,
Dans un joyeux pique-nique
Doit-on se faire la nique
Pour Pékin, Malte ou Maroc ?
Un peu moins de politique,
Un peu plus de sel attique ;
Croyez-moi, Marc, Luc, et Roch :
Et lie, et tic, et toc, et toc, etc.
t. u. — [f.
290
CHANSONS POPULAIRES.
Crains, dit Hippocrate en toque,
Que le vin ne te suffoque,
Et sèvre-t'en rie à rie.
Puissant Bacchus, je l'invoque;
Fais que cent ans je nie moque
Des docteurs à pronostic :
Et toc, et toc et tic, et toc, etc.
L'eau vous donne la colique ;
L'eau vous rend mélancolique ;
L'eau vous rend froid comme un bloc
Le vin aide au suc crastrique ;
Le vin par son calorique
Vous fait vivre autant qu'Hénok :
Et tic, et tic et toc, et toc, etc.
J'ai sur une bague antique,
Très belle et très authentique,
Un Triptolème et son soc :
Mais contre un Noé rustique,
Mettant la vigne en pratique,
Ma foi, j'en ferai le troc :
Et tic, et tic et toc, et toc, etc.
Quand des foires c'est l'époque,
Tout en Suisse est réciproque ;
Gaîté. breuvage et trafic...
La vide aux champ- <e convoque,
Et le refrain univoque
Est de Glarus à Zurich :
Et tue, et toc et tic, et toc, etc.
Toujours mon fer harmonique
A la voûte maçonnique
Concourt de taille et d'estoc ;
Mais quand le maii '<•/ l'indique,
Comme au banquet je m'applique
A marquer le triple choc!
Et tic, et tic et toc, et toc, etc.
Nègre à jeun, sut domestique,
Nègre àjeun, lourd, apathique,
Y paa plus bouger qu'un roc :
Mais, dans i\ resse h chique,
Danser calandar <'i chique
Si tatia mouiller manioc :
Kl ti«.\ et tic et toc, el toc, etc.
A propos de rime en oque,
Prions tous Dieu qu'il révoque
Les décrets de Copernic ;
Car je vois le ciel en loque
Si chaque planète choque
Phœbus, des astres syndic. .
Et tic. et tic et toc, et toc, etc.
A propos de rime en ique,
Faut-il en st.vle cinique
S'immoler pour hic, hœc, hoc?
Point d'épigramme caustique ;
Le temple de la Critique
N'est point celui de Molock .
Et tic, et tic et toc, et toc, etc.
A tout auteur ventriloque
Le matin dans ma bicoque
J'offre un plat qu'on nomme aspic;
Puis des œufs frais à la coque ;
Puis maint et maint soliloque;
Puis du vieux paf de Dantzick...
Et toc, et toc et tic, et toc,
Et tic et tic, et toc ;
Trinquons et faisons en hloc
Tinter pinte et verre et broc.
} {bis-)
De vu*.
La musique, de Grétry, se trouvi notée au N. 185
de la Clé du Caveau.
A BOIRE! A BOIRE!
1821.
Air du Comte Ory.
A boire! à boire !
Buvons jusi|i;';i demain ;
Qu'en dit Grégoire?
Répétons, du genre bumain,
A boire! à boire!
Le doux, l'i'l.i nrl refrain.
CHANSONS BACHIQUES.
291
A boire! à boire !
Entonne le vainqueur,
Quand la victoire
A couronné son ardeur;
A boire! à boire !
Le vin nourrit la valeur.
A boire ! à boire!
Chanle l'auteur fécond,
Lorsque la gloire
De laurier pare son front ;
A boire ! à boire !
Bacchus chérit Apollon.
A boire ! à boire !
Voilà votre oraison
Jaculatoire,
Désaugiers, Gouffé, Piron
A boire! à boire !
Bon vin fait bonne chanson.
A boire ! à boire!
Que ce cri soit toujours
Toute l'histoire
Des amants, des troubadours
A boire! à boire!
Il faut du vin aux amours.
A boire ! à boire!
On éloigne, à ce prix,
De sa mémoire
Les ingrats, les faux amis,
A boire ! à boire !
Le vin chasse les ennuis
A boire ! à boire !
Disait le bon Henri :
Point d'humeur noire.
C'est mon refrain favori :
A boire ! à boire !
Tout bon vivant est chéri.
A boire I à boire!
Dit l'enfant caressant
Vase d'ivoire;
Et du vieillard finissant,
A boire ! à boire!
C'est en cor le dernier chant.
Méiiard de nïocheeave,
Air ancien, noté au N. 341 de la Clé du Caveau.
LE LAIT DES VIEILLARDS.
'.821.
Air . Ces postillons sont d'un emaladresse.
Divin Bacchus ! si ta liqueur vermeille
Aux bons vieillards offre un lait bienfaisant,
Si l'âge fuit dès qu'on tient la bouteille,
De rajeunir le moyen est plaisant.
En s'enivrant de ses glouglous propices,
Je vois pourquoi tant d'égrillards
Quittent gaîment le lait de leurs nourrices
Pour le lait des vieillards.
C'est de ce lait que le bon Henri quatre
Fut régalé sitôt qu'il vit le jour:
Il y puisa son ardeur pour combattre,
L'art de chanter, l'art d'aimer tour-à-tour ;
Eût-il séduit mainte beauté novice,
Eût-il dit tant de mots gaillards,
S'il n'eût quitté le lait de sa nourrice
Pour le lait des vieillards?
Avec plaisir j'ai, pendant mon enfance,
Sucé le lait par Vénus présenté ;
Dans mon printemps, c'est par reconnaissance
Que j'aime encore le sein de la beauté.
Mais sous mon toit déjà l'hiver se glisse :
Qui peut dissiper ses brouillards?
Ah ! ce n'est plus le lait de ma nourrice,
C'est le lait des vieillards.
Armand Goulfé.
La musique, de Doche, se trouve notée auN 819
de la Clé du Caveau.
292
CHANSONS POPULAIRFS,
GLOIKE AUX DIEUX! VIVE LE VIN!
1823.
Air du vaudeville des habitants des Lan&t ■•>
Quel bruit frappe mon oiville?
Quel éclat brille à mes yeux?
Ah! c"est du dieu de la treille
Le triomphe glorieux!
Sur nos coteaux, dans nos plaines
Bacchus étendit sa main,
Kt partout des grappes pleines
Sont l'espoir du genre humain.
Si le vin est divin.
Gloire aux dieux ! vive le vin !
Déjà la Seine et la Loire
De ce jus roulent les flots ;
Momus se fait une gloire
D'en arroser ses grelots ;
Kt tandis que la folie
Suit les pas de son voisin,
La franche gaîté s'allie
Avec le dieu du raisin.
Si le vin est divin,
Gloire aux dieux ! vive le vin!
Grâce à la liqueur chérie,
Je vois nos galants buveurs
De leur bergère attendrie
Obtenir mille faveurs.
H est constant qu'une belle
Dont BuCCbus presse la main,
Rarement l'ait la rebelle
Et se plaint d'un doux larcin.
Si le vin esl divin,
Gloire aux dieux ! vive le vin !
Mes vertus d'une Anligone
m parfois je suis charmé,
je leur préfère Érigone
De qui Bacchus esl aimé.
Avec lui voyez la belle
Sous le liei re el le jasmin
Le dieu boit <t côté d'elle
A deux boutons de carmin.
Si le vin est divin.
Gloire aux dieux! vive le vin-!
Couronné par la victoire,
Bacchus est vraiment français,
Car la muse de l'histoire
Nous raconte ses succès.
Près d'un tendron, pour s'ébattre,
11 fut là, soir et matin ■
Comme nous il sut combattre,
Boire el chanter en lutin .
Si le vin est divin,
Gloire aux dieux ! vive le vin !
Bannissant l'humeur chagrine,
Oublions quelques revers ;
Que la liqueur purpurine
Rende nos lauriers plus verts,
Éprouvant la double ivresse
Qui met l'homme en si bon train,
Des braves pleins d'allégresse
Vaincre encore est le refrain.
Si le vin esl divin,
Chantons la gloire et le vin !
l'irrre l'olaii
La musique, de Tourtert'lle, se trouve notée au
N. H32 de laCléduCav au.
LA MER ROl'GE.
Quand la mer Rouge apparut
A la troupe noire ,
Le peuple égyptien crut
Qu'il n'avait qu'à boire ;
Mais Moïse \ il Boudai n
Que ce n'était pas du vin.
Il la pas, p i8, pas,
Il la sa, sa, sa,
Il la pas. il |,i sa,
Il la passa toute
Ï5ans en boire ''nulle.
CHANSONS BACHIQUES.
293
Alexandre, dont le nom
A rempli la terre,
N aimait pas un bataillon
Autant qu'un hou verre.
Si Mars parmi les guerriers
S'est acquis tant de lauriers,
Que pouvons, vous, vous,
Que devons, vons, vons.
Que devons que pouvons,
Que devons-nous croire?
Sinon qu'il faut boire !
Puroles ti'uu anonyme.
Air ancien, noté au N. 355 de la Clé du Caveau.
LE POETE ÉPICURIEN.
Ai R : Ah ! que de chagrins dayis la vie.
D'Anacréon touchant la lyre,
Amis, pour embellir nos jours,
Fêtons, dans un joyeux délire,
Les Muses, le vin , les amours.
Et vous , des jeux, des ris, aimable troupe
Ah! charmez de trop courts instants !
Que votre main , en remplissant ma coupe,
Vide gaîmenl celle du temps.
D'Épicure la loi divine
Défend la peine et le chagrin ;
Pour monter la double colline ,
Des vignes je prends le chemin.
Si le Parnasse est un vaste parterre,
Il faut l'arroser à loisir;
Mais que le vin seul féconde la terre,
Où les lauriers doivent fleurir!
Voyez, dans la iiqueur vermeille.
Prisant la douce volupté,
Tous ces buveurs sous une treille,
Rêver à l'immortalité.
Eh bien ! Bacchus, tous ces faibles atomes,
Grâce à son prisme merveilleux,
Avant de boire ils n'étaient que des hommes,
Dès qu'ils ont >>u, ce sont des dieux.
Un moment, pour fixer les belles,
Amis, de ce jus plein d'appas
De Cupidon mouillons les ailes;
Prudi mment ne les coupons pas.
De cet avis quelque vieux sage gronde ;
Pour nous guérir de son poison ,
Vite , buvons , car boire est dans ce me
L'antidote de la raison.
Paroles «l'un anonyme.
La musique , de Doche \ ère, se trouve notée ar
N. 20 de la Clé du Caveau.
LA BOUTEILLE.
1821.
Air de la parole.
D'un sujet qui n'est pas nouveau
Je régale mon auditoire ;
Je l'ai puisé dans mon caveau,
On devine qu'il fera boire :
Pour dissiper le noir chagrin,
Flore, il vaut mieux que ta corbeille.
Mes amis, s'il vous met en train,
Vous répéterez mon refrain,
Car je vais chanter (bis) la bouteille.
A l'ambition , à l'orgueil ,
Je n'adresse point mon hommage;
Je connais le funeste écueil
Que l'on trouve sur leur passage :
Ma déesse est la volupté,
Et je préfère, sous la treille,
Au sceptre de la royauté,
Pour aiguillonner la beauté,
Tenir dans ma main (bis) labouteii .
Jadis aux lois de Cupidon
Mes désirs n'étaient point rebelles :
Le lutin m'avait fait un don
Qui me faisait chérir des belles.
Dans mon cœur s'éteignent ses feux,
294
CHANSONS POPULAIRES.
Les ans me font baisser l'oreille.
Au temps qui blanchit mes cheveux
En vain j'adresserai mes vœux.
J'ai pour seul recours (bis) la bouteille.
Quand je la vois pleine de vin,
De plaisir mon âme est ravie!
Je crois que ce nectar divin
Peut encore allonger la vie :
Des verres quand j'entends le choc,
Dans mon cœur l'amour se réveille ■
Si je vidais un petit broc,
Le chapon redeviendrait coq;
Mais vidons d'abord [bis) la bouteille.
Pour séduire Erigone, un jour,
Empruntant la métamorphose,
Bacchus fit le plus joli tour;
Mais Ovide en lait quelque chose.
De ce fait, moi. je suis certain :
11 est constant que sou* la treille,
Lorsque Bacchus se fit raisin,
El qu'il voulul devenir vin ,
Erigone était bis) la bouteille.
Oh ! que la bouteille a d'attraits !
Oh ! que la bouteille a de charmes !
Admirant chacun de ses traits ,
A son venire je rends les armes.
C'est là qu'est le dépôt sacré,
Plus doux que le miel de l'abeille :
Brisons ce goulot vénéré ;
Que chaque instant soit consacré
A bien célébrer (bis) la bouteille.
Pierre Colau.
MAXIMES DE SILENE
Ai i< : Chantes, rlnnsez, amusez-vous.
Malgré les maux et les tourmenta
Que dan> 1,1 vieillesse on éprouve,
Elle a de cei lains agrémente,
Et i i comme je le prouve :
De vieux amis et du vin vieux
Sont les plus doux présents des cieux.
Mon printemps est bien loin de moi,
Et déjà mon été s'envole ;
En faut-il pleurer? Non , ma foi ;
Par ce refrain je me console :
De vieux amis , etc.
Contre le temps prompt à passer
C'est mal à propos que l'on boude;
Quand la tête vient à baisser,
Pour boire on hausse mieux le coude.
De vieux amis, etc.
Mes chers amis, jusqu'au moment
Où nos yeux ne verront plus goutte,
Verre en main voyons-nous souvent,
Et buvons la petite goutte.
De vieux amis. etc.
Que des dieux l'auguste pouvoir,
Jusqu'à la fin de ma carrière,
Me conserve un œil pour vous voir,
Une main pour porter mon verre.
De vieux amis et du vin vieux
Sont les plus doux présents des cieux
l'auurct.
La musique , de Biaise et Philidor, se trouve
notée au N. 1268 de la Clé du Caveau.
LA PAIX.
1823.
Mars dorl sur le Bein de Vénus
Pendant ce repos Balulaire,
Buvons, .ni bonheur de la terre,
Le nectar versé par Bacchus.
Dissipant un brouillard épais,
Ouvrant le milieu de l'année,
De ii uits la tôle ironnée,
L'automne seconde la paix ;
CHANSONS BACHIQUES.
295
Dans sa flottante draperie
Voltigent les jeux, la chanson,
Et sa touchante voix nous crie :
Mortels, écoutez ma leçon.
Mars dort, etc.
A table courons nous ranger,
Laissons à la voix de l'histoire
Le soin de chanter notre gloire ;
Fredonnons un couplet léger :
Fi d'une orgueilleuse chimère !
Que le citoyen, le guerrier,
Embrassent leur fille et leur mère .
Le bonheur vaut bien le laurier.
Mars dort, etc.
Du repos goûtant les bienfaits,
Buvant, à sa jeune famille,
Près d'un vieux sarment qui pétille.
Le preux raconte ses hauts faits.
Oubliant le destin funeste
Qui tint son courage enchaîné,
Bientôt sur le pied qui lui reste
Il fait danser son premier-né.
Mars dort, etc.
Au sein de nos brillants remparts,
Minerve, enfin tu te reposes ;
Bellone en pleurant voit les roses
Sur le front des enfants de Mars ;
Ses bouches d'airain sont muettes,
Et du rossignol dans nos bois
On n'interrompt les chansonnettes
Que par le doux son du hautbois.
Mars dort, etc.
Profitons des derniers beaux jours,
Dit un vainqueur des pyramides,
Qui, de désirs, les yeux humides,
Poursuit l'objet de ses amours :
Pallas, dont l'ardeur périlleuse
A son char longtemps l'attacha,
_ui montre la palme orgueilleuse,
Qu'amour sous des myrtes cacha.
Mars dort, etc.
Aimant la paix et ses douceurs.
Ainsi chantait dans son délire,
En s'accompagnant de la lyre,
Un jeune élève des neuf Sœurs :
La bergère, naïve et sage,
L'écoutait, l'amour dans les yeux,
Et les échos du voisinage
Portaient ce refrain jusqu'aux cieux .
Mars dort sur le sein de Vénus ;
Pendant ce repos salutaire,
Buvons, au bonheur de la terre.
Le nectar versé par Bacchus.
I''. Kaiiphiii.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve chez
L. Vieillot, éditeur, 32, rue Xotre-Dame-de-Naza-
reth.
LES AMOURS BACHIQUES.
Air • Vive l'enter, ou noua irons !
Accourez, joyeux biberons,
Bons drilles,
J'ai deux filles;
Il faut, pour plaire à ces tendrons,
Les aborder en francs lurons,
Ronds.
Elles n'ont pas
Ces appas,
Grand moteur des faux pas;
La nature en est cause.
Vous n'aurez donc
Sur le front
Jamais aucun affront .
C'est déjà quelque chose.
Accourez, etc.
Un beau matin,
De mon vin
Deux jeunes bouie-en-lrain
Versent à leurs déesses ;
On boit d'abord.
C'est mon fort,
CHANSONS POPULAIRES.
Les*couples sont d'accord,
L'amour l'ait des prouesses.
Accourez, etc.
Nos amoureux
Sont heureux;
Mais l'amour à ses jeux,
Qui ne veut point d'entraves,
Les dégrafait
C'est parfait !
Dis-je, elles sont au fait,
Descendons à la cave.
Accourez, etc.
Ces égrillards
Vrais paillards,
Par leurs discours gaillards,
Enchantaient mes oreilles ;
Mon vin coulait,
S'avalait,
Et l'hiver s'écoulait,
Ainsi que mes bouteilles.
Accourez, etc.
Sans se lasser
Déverser,
Toujours prêts à percer
Et vider mes feuillettes,
Bien plus adroits
Mes grivois,
Par de nouveaux exploits,
Ont empli mes fillettes.
Accourez, etc.
Jurez-le-moi
Sur la foi,
Chacun devant la loi
Conduira sa compagne
Par des serments
De Normands,
Les futures mamans
Débouchent le Champagne.
Accourt / etc.
M ii sistez point
Sur ce point,
Voyez leur embonpoint
Et regardez vos verres,
Qu'il faut, amis,
Quoique gris,
Quand on les a remplis
Les vider en trouvères.
Accourez, etc.
Le plus malin
Dit enfin :
Si c'était du bon vin
On ferait la folie ;
Mais je suis sûr
Qu'il est sur :
Il n'est ni clair ni pur ;
Nous n'aimons pas la lie.
Accourez, etc.
Consommateurs
De liqueurs,
Décampez, séducteurs,
Vos amours sont indignes ;
C'est pour les miens,
Car j'y tiens,
Et non pour des vauriens
Que j ai planté mes vignes.
Accourez, etc.
Je suis volé,
Désolé,
Us m'ont ensorcelé ,
Pour l'honneur je proteste.
Je suis confus
Du refus,
Honte, filles et fûts,
Voila ce qu'il me reste 1
Accourez, joyeui biberons,
Bons drilles
J ai deux filles;
11 faut, pour plaire à ces tendrons,
Les aborder en lianes lurons,
Ronds.
Louve i, doyen de la Faculté.
Paris ~ Imprimerie de I'illf.t fils aîné, rue des Grands-Aufçuslins, B.
(*IOOEMCH
TONTON, TONTAINE
1770.
Mes amis, partons pour la chasse :
Du cor j'entends le joyeux son.
Tonton, tonton,
Tontaine, tonton.
Jamais ce plaisir ne nous lasse,
11 est bon en toute saison.
Tonton,
Tontaine, tonton.
A sa manière chacun chasse,
Et le jeune homme et le barbon.
Toulon, tonton,
Tontaine, tonton.
Mais le vieux chasse la bécasse,
lit le jeune un gibier mignon.
Tonton,
Tontaine, tonton.
Pour suivre le chevreuil qui passe
11 parcourt Jes bois, le vallon.
Tonton, tonton,
Tontaine, tonton.
Et jamais, en suivant sa trace,
11 ne trouve le chemin long.
Tonton,
Tontaine, tonton.
A l'affût le chasseur se place,
Guellant le lièvre ou 1 oisillon.
Tonton, tonton,
Tontaine, tonton.
Mais si jeune fillette passe,
11 la prend : pour lui tout est bon.
Tonton,
Tontaine, tonton.
Le vrai chasseur est plein d'audace ;
11 est gai, joyeux et luron.
Tonton, tonton,
Tontaiae, tonton.
101
t. u. — 43.
298
CHANSONS POPULAIRES.
Mais, quelque fanfare qu'il fasse,
Le chasseur n'est pas fanfaron.
Tonton,
Tontaine, tonton.
Quand un bois de cerf l'embarrasse,
Chez sa voisine, sans façon,
Tonton, tonton,
Tontaine. tonton.
Bien discrètement il le place
Sur la tète d'un compagnon.
Tonton,
Tontaine, tonton.
Quand on a terminé la chasse,
Le chasseur se rend au grand rond.
Tonton, tonton,
Tontaine, tonton,
Et chacun boit à pleine tasse
Au grand saint Hubert, son patron.
Tonton,
Tontaine, tonton.
Harion du IHeman.
Il y a beaucoup de chansons de chasse avec ce
refrain, mais la plupart sunt un peu libres et ne
peuvent guère se chanter q le dans les bois ou à
huis dus. Celle-ci, quoique iort gaie, est de bonne
compagnie; eile fut laite en 1770 pour le château
de La Brosse, qui appartenait au duc de Montmo-
rency L au.eur est M. Marion du Mcrsan, un de ces
poètes aimables du XVill siècle, qui taisait des
vers pour son plaisir, comme .es CuaulieJ et les
Lattaignant, et qui brillait dans la société choisie
de celte époque. Il était ne à Peilhac , près de
Ploermel, e:i Bretagne, eu i ~ la, etil est mort a Pa-
na en Ib'-il, a^e de bJ ans.
La musique be trouve uolee au N.1112 de la Clé
du Caveau.
LA CHASSE.
Chacun de nous a sa folie ;
Moi, lu chasse est ma passion,
Tonton, tonton,
Tontaine, tonton.
C'est un plaisir que je varie
Suivant le lie^i, l'occasion.
Tonton,
Tontaine, tonton.
Tantôt les perdrix dans la plaine
Tombent sous mes coups à foison.
Tonton, tonton,
Tontaine, tonton.
Tantôt la trompe au bois m'entraîne
Tout gibier me plaît s'il est bon.
Tonton,
Tontaine, tonton.
Dans les vignes du vieux Silène
La chasse est de toute saison.
Tonton, tonton,
Tontaine, tonton.
Et le plaisir passe la peine,
Car on y laisse sa raison.
Tonton,
Tontaine, tonton.
Quelquefois je vais au Parnasse ,
Mais, hélas! depuis qu'Apollon,
Tonton, tonton,
Tontaine, tonton,
N'a plus le Goût pour garde-chasse,
Sou domaine est à l'abandon.
Tonton,
Tontaine, tonton.
Sur les terres de la fortune,
Le chasser n'est plus aussi bon.
Tonton, tonton,
Tontaine, tonton.
La chasse au vol e.4 trop commune
Depuis dix ans dans le canton.
Tonton,
Tontaine, tonton.
J'aime à braconner à Cythère ;
Mais du cor j'adoucis le son.
Tonton, tonton,
Tontaine, tonton.
CHANSONNETTES.
299
Les Grâces ne se prennent guère
Dans les filets du fanfaron.
Tonton,
Tontaine, tonton.
Philippou la Madeleine.
Cette chanson, sur le même air quelaprécédente,
est de Philippon La Madeleine, l'un des convives
des Dîners du Vaudeville, et l'un des spirituels au-
teurs de ce théâtre, qu'on appelait dans ce temps-là
la Boîte à l'esprit-
Le genre a bien dégénéré depuis. Les drames lar-
moyants et la grosse bouffonnerie ont remplacé les
couplets fins et délicats.
Philippon La Madeleine, qui est mort en 1818,
âgé de 84 ans, avait conservé jusqu'à ses derniers
moments 1 a grâce et la vivacité de la jeunesse, et tout
le charme de l'urbanité française.
La musique se trouve notée au N. 111*2 de la Clé
du Caveau.
LE LION-D'OR.
Air : Heureux habitants des beaux vallons, etc.
Ce n'est qu'au Lion-d'Or
Que le plaisir charme la vie,
Sans bruit, sans effort,
On y brave les coups du sort.
Sitôt que l'archet vient exhaler son harmonie.
A trois sous 1' cachet,
On peut fair' danser son objet.
Au premier signal
Du bal
Et de la contredanse.
On saute, et d'un bond,
Crac, on prend sa place au grand rond ;
On s' pose adroit' ment,
Vis-à-vis d'une connaissance ;
Puis, artistement,
On balance avec sentiment.
Avec volupté
Si vot' beauté
Danse et s'élance,
Si par la chaleur
Son visag' a pris d' la couleur,
D'un litre ou d'un broc pour lui plaire fail's la dépense,
Et ce n'est qu'un prêt
Dont l'amour vous paie l'intérêt.
Afin d'obtenir,
Si douc'ment vous lui «lit's : Bobonne,
Laisse-toi fléchir !
Impossibl' de n' pas réussir ,
L'amour, les quinquets, le vin, la pou , ière, le trombonne.
Tout vient l'attendrir
Et l'éblouir
Et l'étourdir.
Le verre à la main,
Comme sur le champ de bataille,
Attaquez soudain,
Serrez-lui tendrement la main...
En valsant
Gaîment,
Pressez-lui doucement la taille,
La main sur son cœur,
Tâchez de d'viner vot' bonheur.
Dans e' moment si doux
Saisissant un mot, une œillade,
Loin des r'gards jaloux,
Tâchez de tomber à ses g'noux ;
Si, là, sans courroux,
Elle accept' du veau, d' la salade,
Vous êt's son époux,
Et ça vous coût* trois livr's dix sous.
R'gagnant votr' logis,
De cet avis
Qu'il vous souvienne,
Si certain pochard
De votr' beauté voulait sa part ;
Ayant prudemment
Dans un lieu sûr mis votre reine,
Pour calmer ses feux
A coups d poings pochez-lui les yeux
Ce n'est qu'au Lion-d Or
Que le plaisir charme la vie,
Sans bruit, sans effort,
On y brave les coups du sort.
300
CHANSONS POPULAIRES.
Sitôt que l'archel vient exhaler son harmonie,
A trois son* I' cachet,
On peut fair' danser son objet.
Cogniatfi frèrea el Jaime.
Ce rondeau est extrait cie la Tirelire, vaudeville
en un act'\ >n vente chez M. Marchant, éditeur,
12, boulevart Saint-Martin. Prix : 50 o
Les neuf derniers vers de ce rondeau ne sont pas
il.- MM. Cogniard frères et Jaime, mais bien d'un
chanteur des rues, qui a cherché à rendre le ta-
bleau plus complet pour le chanter sans la pièce.
La musique, de Ch. Plantade, se trouve notée au
N. 1920 de la Clé du Cavt ai .
LA FÊTE DU VILLAGE.
1845.
C'est aujourd'hui la fête du village;
Préparez-vous, filles au blanc corsage :
Venez danser, car sous le vert feuillage
Chaque garçon s'est donné rendez-vous.
Amusez-vous, faites les fous ;
Car c'est pour vous les plaisirs du jeune âge
Annette et puis Lubin
S'aimant à la folie,
Vont lier de la ^ ie
Leur avenir demain :
Aujourd'hui qu'on apprête
Cornemuse et musette,
El que chacun répète
Au son du tambourin :
C'est aujourd'hui, etc.
Pour signaler ce jour
Offrons à la madone
De fleurs une couronne :
Pour encens . notre amour.
Sainte i ierge Marie,
encor, je t'en ;
Le hameau, la prairie .
D'un bien tendre retour.
i aujourd'hui, etc.
Au cabaret voisin,
Le curé du village,
Homme modeste et sage,
Trinque avec Mathurin ;
Près de lui sa servante,
Que le diable tourmente ,
Pendant qu'on rit, qu'on chante
Boit comme un sacristain.
C'est aujourd'hui, etc.
On donne le signal ,
Et la fête commence :
Puis chacun entre en danse
D'un air tout jovial.
Sitôt que midi sonne,
Au loin l'archel résonne :
Soudain chaque personne
Court vers l'endroit, du bal.
C'est aujourd'hui, etc.
Les papas, les mamans,
Sans hâtons ni béquilles,
Prennent part aux quadrilles,
Comnï s'ils avaient vingt ans ;
Les danseurs, les danseuses,
Les valseurs, les valseuses,
Aux poses curieuses ,
Passent d heureux instants.
C'est aujourd'hui, etc.
Soudain en tapinois,
ande Jacqueline
S'échappe à la sourdine
\mv le gros François :
El Bans le ministère
Du bedeau, du vicaire,
Vont fouler la bruyère
Au coin du petil bois.
C'est aujourd'hui, etc.
Pour terminer gatmenl .
La fête prinlannière,
Il faut d'une rosière
i m beau couronnement ;
On la veul jeune el belle,
I ïa che, el surtout... t'ulèlo;
CHANSONNETTES.
301
Pas une demoiselle
N'a cautionnement.
C'est aujourd'hui la fête du village ;
Préparez-vous, filles au blanc corsage '
Venez danser, car sous le vert feuillage
Chaque garçon s'est 'donné rendez-vous.
Amusez-vous, faites les fous,
Car c'est pour vous les plaisirs du jeune agi
Gioliua.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
chez L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-
Nazareth.
LETTRE DE Mlle FÉLICITÉ, COUTURIER!-;
A M. ISIDORE, COMMIS MARCHAND DE SOIERIE.
Amant chéri, mon Isidore,
Permets que ta Félicité
Ecrive à celui qu'elle adore
Pour s'informer de sa santé.
Ah! comme au bal de l'Ermitage,
Dimanch'. tu paraissais troublé !
Va, c' n'est qu' par pur enfantillage
Qu'avec Adolphe j'ai parlé.
Ce jeune homme est plein d'imprudence
Jamais il ne me séduira;
Je sais, par son inconséquence,
Comme il compromet Fœdora.
Qu'un' demoiselle est malheureuse
Quand ell' pari' avec des jeun's gens,
Qui pour peu qu'elle soit jaseuse,
Dis'nt partout qu'elle a des amants.
A propos, le cousin d'Eugène,
Qui vient d'abandonner Fan ni,
Hier soir est venu sans gène
M'offrit- des billets d' Franconi.
J'avais encore d'un corsage
A terminer tous les œillets,
Mais j'ai laissé là mon ouvrage,
Et j'ai profité des billets.
J'ai bien d'viné, cher Isidore,
Pourquoi l' farceur v'nail m'engager,
Mais comm' nous étions nous deux Flore,
11 n'y avait aucun danger. .
La pantomime était jolie,
Nous avons eu beaucoup d' plaisir,
Mais la poudre et la caval'rie
Font un bruit à vous étourdir.
Flore en avait la têt' fendue
Au point d' manquer de s' trouver mal.
Si bien qu' chez elle elle est r'venue
Avec une fièvre de cheval.
Excuse-moi mon orthographe,
Car l'encrier était à sec,
Et j'ai pris d' l'eau dans la carafe,
Pour me faire un peu d'encre avec.
De tristesse, à tout moment j' pleure,
Quej voudrais être à samedi soir!
Ne manqu' pas d' venir de bonne heure,
Tu sais que 1' mien est de te voir.
On dit qu'au bal de la Chaumière
Le public sera très choisi.
Laiss'-moi deux mots chez la portière,
Si tu n' peux pas sortir sam'di.
Je vais terminer ma rob' blanche,
Et je puis dir' sans vanité,
Quej' serai joliment mis' dimanche,
Toi, soign' ta mise de ton côté,
Signé, signé, Félicité.
Paroles il'uu anonyme*
La musique, de C. Plantade, se trouve, à Paris,
chez M. Brullé, éditeur, 16,passage des Panoramas.
LES COMPAGNONS DE VOYAGE.
L'hymen est un lien charmant
Lorsque 1 on s'aime avec ivresse,
Et ce n'est que dans la jeunesse
Qu'on peut s'aimer bien tendrement, [bis.)
C'est un gentil pèlerinage
Que l'on entreprend de moitié;
Peines, plaisirs, tout se partage. (bis..
L'amour, l'estime et l'amitié V
Sont les compagnons du voyage, v *'
302
CHANSONS POPULAIRES.
Si par malheur, chez les époux
On voit naître l'indifférence,
Si la triste et froide inconstance
Succède à leurs transports si doux, [bis.)
Plus n'est genlil pèlerinage
Qu'on faisait gaiment de moitié,
.Mais si l'amour devient volage,
Qu'au moins l'estime et l'amitié
Restent compagnons du voyage.
(bis.
{bis
{bis )
(bis.
(bis.)
Quand j'ai vu naître mes enfants.
M'immoler devint nécessaire.
Je connais les devoirs d'un père,
Il doit tenir tous ses serments!
Dans mon triste pèlerinage,
Qui fui entrepris de moitié,
Je bénis encor mon partage,
Si leur bonheur, leur amitié
Sont mes compagnons de voyage.
Marsolller.
La musique, de Nicolo, se trouve notée au
N. 361 de la Clé du Caveau.
ON EST SI MÉCHANT AD VILLAGE.
1824.
Je n'ai pas encore quinze ans,
Lucas en compte seize à peine ;
Et nos troupeaux en même temps
Paissent tous les jours dans la plaine.
Des garçons c'e t le plus prudent,
Des tilles je suis la plus sage ;
Mais, sur nous l'on jase pourtant
On est si méchant au village I
Lucas danse-t-il avec moi,
On dit que c'est par préférence :
On me demande aussi pourquoi
Je suis si triste en son absence.
Souvent, la nuit, je ne dors pas:
Si l'on Bavait ça, je le gage,
On dirait que j aime Lucas;
On esisi méchai.l au village!
[bû
Un jour contre un loup furieux
Lucas avait pris ma défense;
Aux champs nous étions seuls tous deux.
Un baiser fut sa récompense.
Mais le malheur qui nous poursuit
L'apprit à tout le voisinage :
Pour un seul baiser tant de bruit!
Ah! qu'on est méchant au village!
Les jeunes garçons d'aujourd'hui
Me causent tant de défiance,
Qu'au bois je ne vais qu'avec lui,
Mais on blâme encor ma prudence.
Si ma mère enfin me croyait...
De peur qu'on en pari' davantage,
Avec Lucas me marierait.
On est si méchant au village!
A. 1%'audet.
La musique, de Romagnesi , se trouve notée au
N. 1988 de la Clé du Caveau
LE JARDINIER FLEURISTE.
Venez, venez dans mon parterre,
Vous qui voulez cueillir des fleurs;
J'en ai de toutes les couleurs,
Et qui sont dignes de vous plaire;
Elles étalent à vos yeux
Leur élégante simétrie,
Venez, venez; pour être heureux
Il faut de fleurs (quater) semer la vie.
A tous les goûts, avec adresse,
Je sais assortir mes bouquets ;
Pour les galans j'ai des muguets,
Et des myrtes pour la tendresse ;
Pour les jaloux j'ai des soucis
Des pavots pour l'indifférence,
L'immortelle pour les amis ;
Pour les époux la patience.
CHANSONNETTES.
303
J'offrirai le pâle narcisse
A beaucoup de nos jeunes gens ;
Le tourne-sol aux courtisans ;
Le bouton-d'or à l'avarice ;
La pensée a qui parle peu.
Au babillard une clochette,
Et d'après le commun aveu,
De l'ellébore à tout poète.
A l'ombre d'un bois tutélaire,
Pour les amis du bon Rousseau,
Je protège le vert rameau
De la pervenche solitaire ;
Pour la beauté j'aurai toujours
Beaucoup de roses purpurines,
Et pour l'objet de mes amours,
J'eti conserve une sans épines.
Paroles d'un anonyme.
LE LION ET LE RAT.
1845.
AIR : Cest la mère Michel qu'a perdu son chat.
Ou air Fichons-nous de ça, Ira la la.
Obliger tout le monde est fort bon, croyez-moi,
On peut avoir besoin de plus petit que soi.
A plus d'un égoïste, atteint de cécité,
Par un exempt', je veux prouver c'te vérité,
Sur l'air du tra la la la, (bis .)
Sur l'air du Ira déri, déra, tra la la.
Un peu plus, un peu moins, nous somm's tous étourneaux,
Hormis le grand Chicard jouant aux domin os ;
Un jour, à 1 étourdie, un rat sorlit du sol,
Dans les pattes d'un lion en fredonnant en sol.
Sur l'air du tra, etc.
A moins d'être Carter, qui n'eût alors tremblé?
Le pantalon du rat de peur était mouillé,
Et le pauvre animal, d'épouvante transi,
Ne chantait plus en sol, mais soupirait en si,
Sur l'air du tra, etc.
Le roi des animaux, en digne potentat,
Se montra généreux, et dit au petit rat
«Tu pratiques la gamme, et j'aime fort cela ,
«Je pourrais te croquer, hé bien! restons en la,
« Sur l'air du tra, etc. »
Or, à la liberté l'avorton fut rendu :
Mais,nousdit-on,jamais un bienfait n'est perdu.
Pourtant le carnassier aurait pu spéculer
Sur un petit rongeur?... bien qu'il sût roucouler
Sur l'air du tra, etc.
Il advint que ce lion, au sortir des forêts,
S'embarlificota dans de perfides rets ;
Pour rompre les cordeaux, vainement il agit,
En Lablache des bois, vainement il rugit,
Sur l'air du tra, etc.
Notre rat mélomane aussitôt accourut,
Et son ami le lion, par ses dents, secourut.
Témoignage nouveau, facile à constater,
Qu'il est bon desavoir grignoter et chanter,
Sur l'air du tra, etc.
MORALITÉ.
Pour apprendr l'obligeance, allez à l'Opéra :
Là, s'entr'aidant Vun l'autre, on peut voir lion et rai.
Le rat est, de bijoux, couvert par la fashion;
Puis, après le spectacle, il rend service au lion
Sur l'air du tra la la la (bis.)
Sur l'air du tra déri, déra, tra la la.
Edmond Gaeonde.
J'AI PERDU MON GOUTIAU.
Air : J'ai cassé mon sabot.
En r'venant du château,
R'conduisant mon troupeau,
Jer'gardais (bis) l'un batiau
Qui s'en allait sur l'eau. .
Tu sais ben c'tit coutiau
Qu' papa m'a fait cadeau.
J'ai perdu mon coutiaii. (ter.)
Ah I c'est à la maison
Qu' va y avoir du bouillon.
304
CHANSONS POPULAIRES.
Mais queiiqu' maman va dire ;
Papa, c'est encore pire,
Lui qui m'avait d'Klbeuf,
En r'venant par batiau,
Rapporté c'til coutiau,
Qu'était tout-a-fait neuf.
En r venant, etc.
Faut que j' cherché un moyen
De repêcher mon bien.
Ah! j' Baise' que j' m'en vais faire:
J'ai mon parrain qu'est notaire,
L' plus savant du bameau.
Je lui dirai : mon parrain.
Vous qui êtes écrivain,
Faites-moi z'un écrileau.
En r'venant, etc.
Afin qu" tout ebacun sacbe
Que c' n'est pas un eustache,
Y a z'un poteau sur la route;
Enfin j' vas dessus, coût' que coûte,
Planter mon écriteau,
Et par ce moyen-là,
Le passant qui pass'ra
Pourra lire d'en haut ■
En r'venant du château,
R'conduisant mon troupeau;
J'ai perdu (6m) mon coutiau,
J' suis François l'Ëlourniau;
11 y a z'un son pour cadran ;
Rendez-moi mon coutiau.
Itraxier et Gabriel.
La musique, de E. Bérrat , se trouve notée au
N, 19G1 aela Clé du Cav< au.
NON JE NE VALSE PAS.
Non je né false pas
El je voua retnerci
Puisqu'on vent qu>- j'oublie
Ce plaisir plein d'appas,
Ma tante observe tous mes pas;
La valse lui déplaît, j< santé,
J'obéis à ma tante.
Non, monsieur, je ne valse pas.
Quel ennui, quel chagrin ;
11 faut quand on m'invite,
Refuser au plus vile ,
Moi qui valse si bien.
Cette danse et vive et joyeuse,
Que l'on nous défend à seize ans,
Je le vois par mainte valseuse,
on la permet aux graml'mamans [bis.)
Non je ne valse pas. etc.
Voyez donc cette femme énorme,
lui traînant mon petit cousin :
11 faut la mettre à la réforme,
Ils vont tomber, c'est bien certain, bù.)
Non je ne valse pas, etc.
Plus loin la grotesque tournure!
Je crois qu'en province on est mieux ,
Que du moins elle aille en mesuré';
Car à Paris c'est scandaleux, (bis.)
Non je ue valse pas, etc.
D'un notaire, voici l'épouse,
Bien que ses yeux soient de travers,
Elle ilanse et valse pour douze,
Grâce au dévoûmènt <h' ses clercs, (bis.)
Non je ne valse pas
Et je vous remercie;
Puisqu'on veut que j'oublie,
Ce plaisir plein d'appas.
Ma tante observe tous mes pasj
La valse lui déplaît, je suis obéissante,
J'obéis a ma taule.
Non monsieur, je ne valse pas.
Quel ennui, quel chagrin,
Il faul quand on m'invite,
Refuser au plus vite ;
Moi qui valse si bien !
tmédéc «le Heauplan.
La musique, de l'auteur des parolei
chai M. J.MeJ (sonniei (Us, éditeur, 1 1* , r. Daupldne
Paris — Imprimerie de I'illet fils atné, modes Grands-Au^ustins, S.
J' SIS AMOUREUX
1846.
Mam'zell', que je sis heureux,
De vous j' sis amoureux !
Ah ! oui, vraiment, j' sis ben heureux,
Pisque d' vous j'sis amoureux :
Ah ! vraiment, j' sis ben heureux,
Pisque d' vous j' sis amoureux ! {bis.)
Quand j* vous ai vu' z-à la prom'nade,
Ma têt' tourna comm' mon moulin;
Pendant huit jours j'en fus malade,
Et mon pauvr' cœur fut dans 1' pétrin !
Vous étiez si drôlètte
Dans vos biaux affiquets,
QuJ j'en pleurais com' un' bête
Sitôt que j' vous voyais.
Mam'zell', etc.
Mam'zell', je voudrais, pour vous plaire,
Etr' voltigeur ou guernadier,
Et si jamais j' pars pour la guerre,
Je saurai bien ni' couvrir d' laurier.
A la premier' boulette
De la poudre en courroux,
J' prendrai eeli' d'escampette
Pour ètr' plus tût près d' vous.
Mam'zell', etc.
Vus lèvr's sontroug's comm' des groseilles,
Et vus jours connu' des pomm's d'api;
J'adore aussi vos belles oreilles,
Vos p'tits yeux m' font perdr' l'appétit.
Ma figur peut n' pas plaire
Mais du moins 1' cœur est bon !
A l'écorce on n' jug' guère
De la valeur du m'ion.
Mam'zell', etc.
Pour dot aujourd'hui, moi, j' vous offre
Mon an', mon cœur et cent louis d'or :
■1 ai mis tout ç i dans un petit coffre,
El trois pourciaux qu' j'y joins encor.
105
Mais je vous vois sourire,
Vous m' tendez vot' p'tit' main,
Oh ! j' vous promets d' vous dire
Longtemps après l'hymen :
Mam'zell', que j' sis heureux,
De vous j' sis amoureux!
Ah! oui, vraiment, j' sis ben heureux;
Pisque d' vous j' sis amoureux ;
Ah ! vraiment, j' sis ben heureux,
Pisque d' vous j' sis amoureux!
Marc-Constantin.
I.a musique, de Marquerie, se trouve, à Paris, chez M. Heu-
?el, éditeur, rue Vivienne, 2 bis.
LES PETITS CHANTEURS DES RUES
1827.
Point de chagrin,
C'est mon refrain,
On nous bat quand nous sommes tristes.
Vous qui protégez les artistes,
Ecoutez les accents joyeux
Des pauvres petits malheureux. (bis)
Encouragez notre délire,
Nous sauterons comme des fous;
Dans notre état nous faisons rire,
Pour que l'on ait pitié de nous.
Point de chagrin, etc.
Tout seuls parfois, baissant la tête.
Nous nous mettons à sangloter,
Mais devant nous dès qu'on s'arrête,
Nous recommençons à chanter...
Point de chagrin, etc.
Ma sœur va danser pour vous plaire,
Moi j'imite Paganini,
Nous avons perdu notre père,
Et maman est bien loin d'ici.
Point de chagrin, etc.
t. ii. — 4G.
sor.
CHANSONS
Si nous ne faisons pas merveilles,
Messieurs, excusez nos défauts ;
Venlrc affamé n'a pas d'oreilles,
C'est pourquoi je j >ue un peu faux
Point de chagrin, etc.
Pour tâcher à notre demeure
De rapporter un sol ou deux,
Nous allons chanter tout à l'heure
Que les gueux sont des gens heureux.
Point de chagrin
C'est mon refrain,
On nous bat quand nous sommes tristes,
Vous qui protégez les artistes
Ecoutez les accents joyeux
Des pauvres petits malheureux. {bis.)
F. »c t'ourcy.
La musique, de Plantade, se trouve, à Paris,
chez M. Brullé, éditeur, 10, passage des Panoramas.
LA DEMANDE EN MARIAGE.
1842.
demse, avec volubilité.
Vous me demandez en mariage :
Je suis bien sensible à votre hommage,
Monsieur Nicolas,
Mais, je ne vous le cache pas,
Je suis dans un grand embarras ;
Car c'est pour longtemps <iu'on se marie;
11 faut donc un peu de sympathie ;
Je crains, entre nous,
Que lorsque nous serons époux,
Nous n'ayons pas les mêmes goûts :
Ah ! je suis bonne ménagère !
Mais j'ai la télé un peu légère;
l'aime à changer, à toute heure, en tous temps,
Et de bonnets et de rubans;
POPULAIRES.
ï J'aime aller à toutes les fêtes,
J'aime avoir de belles toilettes,
Et, pour me plaire, il faudrait tous les jours
Nouveaux plaisirs, nouveaux atours?
Nicolas, très tranquillement .
Vous en aurez tant que vous voudrez,
Même davantage ;
Si ça vous plaît,
Si ça vous plaît,
Mon Dieu! ça me plaira;
C n'est pas ça qui nous empêch'ra
D'être heureux en ménage !
[bis.)
DENISE.
Écoutez, ce n'est pas tout encore ■
J'ai plus d'un défaut que l'on ignore;
Je veux, sans mentir,
Aujourd'hui vous en avertir.
Pour n'avoir aucun repentir.
Au fond, j'ai le meilleur caractère;
Seulement, je me mets en colère;
Mais... en vérité,
C'est plus fort que ma volonté,
Et nécessaire à ma sanlé!
Je n'ai pas l'humeur difficile ;
Mais... j'aime que l'on soit docile,
Et qu'on approuve, en ne grondant jaunis,
Ce que je dis, ce que je fais.
Je cède en tout, sans qu'on me prie ;
Mais... sitôt qu'on me contrarie,
J'ai la main prompte et... si je le donnais...
J'en serais bien fâchée après!...
Nicolas, très tranquillement.
Vous me battrez tant que vous voudrez,
Même davantage;
Si ça vous va,
Si ça vous va,
Mon Dieu! ça me plaira;
C n'esl pas ça qui nous empêch'ra
D'être heureux eu ménage!
[bis.)
CHANSONNETTES.
307
DENISE.
Monsieur Nicolas, je vous honore;
Mais Iiélas! ce n'est pas tout encore:
C'était mon secret;
Mais puis-je en avoir sans regret
Pour un prétendu si parfait?
Autrefois, un garçon du village
Me recherchait pour le mariage,
Lorsque, par malheur,
Sous les drapeaux de la valeur,
Il partit avec l'empereur.
(Avec embarras.)
S'il faut ici ne vous rien taire,
Il avait le don de me plaire;
En le quittant, bien longtemps je pleurai,
Et lui Ois. : ie vous attendrai!...
Qu'est -il devenu? je l'ignore;
Mais je crois que j'y pense encore. .
Et je ne puis, malgré moi, je le sens,
Penser à d'autres de longtemps !
Nicolas, après une pause et un gros soupir.
Vous m'aimerez quand vous le pourrez...
Et pas davantage!
Et jusques-là,
Aimant pour deux, mon cœur vous attendra
C n'est pas ça qui nous empêch'ra
D'être heureux en ménage !
denise, très émue.
{bis.)
\h ! c'en est trop ! je vous rends les armes ;
iiiije suis touchée... et jusqu'aux larmes!..
Se montrer si doux!...
Jamais je ne vis, entre nous,
Un si galant homme que vousl
De tant de bonté je suis confuse...
J'étais une ingrate!... et je m'accuse!..
Je ne puis vraiment
Vous dire, ici, quel sentiment
Mon cœur éprouve en ce moment.
Est-ce de la reconnaissance?
Est-ce de l'amour qui commence !
Je n'en sais rien, mais bien sûr, pour époux,
Je n'en veux plus d'autie que vous !
Et pour vous en donner un gage,
Je n'y puis tenir davantage.
Il faut ici, dans l'instant, me laisser
De tout mon cœur vous embrasser!
Nicolas, tranquillement.
Embrassez-moi tant qu'il vous plaira,
Même davantage!
Si ça vous va,
Ce qui vous va,
Mam'zell', toujours m'ira;
C n'est pas ça qui nous empêch'ra
D'être heureux en ménage !
Gustave Lentoine
\(bis.)
La musique, de Mlle Loïsa Puget, se trouve chez
M. J. Meissonnier, éditeur, rue Dauphine, 22.
UN HOMME SENSIBLE.
1843.
Air : El voila comme toul s'arrange.
Être sensible c'est fort bien,
Mais l'excès en tout est nuisible ,
Avec un cœur comme le mien,
Le bonheur devient impossible.
Je plains l'écolier dissipé;
Pour l'avenir triste présage ;
Je plains l'honnête homme dupé,
Mais les ingrats qui l'ont trompé,
Je les plains, hélas! davantage.
■(bis.)
Je plains le marchand éperdu
En voyant tomber son commerce;
Je plains le caniche perdu
Surpris par la neige ou l'averse ;
Les élus de la nation
Qu'on injurie et qu'on outrage,
Excitent ma compassion.
Mais les bourgeois en faction,
Je les plains, hélas! davantage.
30S
CHANSONS POPULAIRES.
Je compatis a la douleur
Dos cires souffrants et débiles.
Ainsi qu'à celle du censeur,
Qui lit par jour vingt vaudevilles.
Soovenl je soupe aux embarras
De l'indigent dans son ménage,
Avec cinq enfants sur les bras.
Mais les riches qui n'en ont pas,
Je les plains, hélas I davantage.
Au mot de choléra morbus,
Pour tous mes amis je frissonne ,
Je plains les chevaux d'omnibus,
Lorsque le mot complet! résonne.
Je plains l'auteur au désespoir
D'entendre siffler son ouvrage.
Je plains l'amoureux sans espoir.
Mais vous qui m'écoutez ce soir,
Je vous plains, hélas! davantage.
Eugène Wésauglers.
La musique, de Paul Ilenrion, se trouve, à Paris,
chez M. Colombier, éditeur, 6, rue Vivienne
C'EST DES BÈTIS'S D'AIMER COMM' CA.
J'entends dire que, sur la terre ,
11 faut aimer pour être heureux ,
Faut croir' que je n' m'y connais guère.
Car c' bonheur-là m' rend malheureux;
Depuis que la fille à Simonne
Auprès de mon moulin passa, (bis.)
Je n'ai plus d' cœur à la besogne ;
C'est des bétis's d'aimer comm' ça, (bis.)
D'aimer comm' ç.à.
J'étais le plus gros du village
Avant qu' j'aie Y malheur d'êtro heureux,
.1 |> isaia plus d' trois cents livres j' gage ,
Qu'à présent je n'en pès' pas deui -
Ben loin qu' mon embonpoint ne r' rien ne,
J>- roii q' bientôt partant de ça
J' pes'rai plus rien du tout, morguienne 1
C'est des bêtia b d'aimer comm' ça.
L'amour c'est de la diablerie ;
Depuis qu' j'en ai j' pens' plus à rien ;
J'ons oublié dans l'écurie
L'âness' qui me servait si bien!
Pendant trois grands jours sans pitance,
La pauvre bête trépassa ! ! !
J'ons causé la mort d' l'innocence;
C'est des bètis's d'aimer comm' ça.
Avant que Suzon ne m'enflamme,
Mon moulin faisait tout mon bien;
Son tic tac réjouissait mon âme,
El j'y chantais drès le matin.
\ 'là qu'aujourd'hui son bruit m'osline ,
Dans mon cœur son tic lac passa ;
Mais celui-là n' fait pas d' farine;
C'est des bètis's d'aimer comm' ça.
On me l'offre ben en ménage,
Mais je voulais vivre garçon :
Je pensais que c'était plus sage,
Et je crois que j'avais raison.
Aux grands maux faut un grand remède ,
Le proverbe ainsi le pensa.
J'vas l'épouser pour qu' l'amour cède.
C'est des bètis's d'aimer comm' ça.
Polak.
La musique, d'Edmond L'huillier, se 'trouve, à
Paris, chez Joly, éditeur, 9, rue de Seiue-Saint-
Germain
LE CLERC DE NOTAIRE Ali CLAIR DE LUNE.
1810.
Air : L'aslrc du nuiti la Sentinelle).
L'astre des nuits, de son disque argenté,
Lançait des feux sur la Seine et la Marne,
Un jeune clerc, rêvant à s;: -beauté,
Chantait ainsi la tôle à sa lucarne :
Pigeon, vole, vole à ma voix,
Auprès de Vénus endormie,
Dis que je veille sous les toits (bis.)
Pour l'amour et pour mon amie,
Pour mon amie.
CHANSONNETTE?.
309
Dans les plaisirs les uns passent les nuits,
D'autres en paix se livrent à Morphée;
Mais cet amant, pour charmer ses ennuis,
Chantait ainsi, comme un second Orphée :
Pigeon, vole, etc.
du jour ramène les travaux ;
Demain il faut, suivant notre coutume,
Me signaler par des actes nouveaux ;
Mais si je meurs à côté de ma plume,
Pigeon, vole comme un zéphir,
Va, dans le sein de ma patrie,
Dire que mon dernier spupir (bis.)
Fut pour l'étude et mon amie.
Casimir Méncstrier.
La musique, de Choron, se trouve notée au
N. 2 US de la Clé du Caveau.
GIGISTE OU LE VRAI MOUTARD DE PARIS.
1834.
Connaissez- vous l's amis
Le moutard fie Paris?
Connaissez-vous, l's amis,
Le moutard de Paris ?
Le moutard le moutard,
Le moutard, de Paris?
Ep! touptouptouplouptouptouplouptouptoup.
Ehldougdougdougdougdougdougdougdougdoug.
Voyez c' mossieu qui fait sa tête,
Avec son air sournois et bête ;
Demandez donc à ce faquin
S'il est de Prague ou de Pékin.
S'il a des bott's j'ai des savates,
J' mépris' son ling'j' port' pas d' cravates,
Mais j'avou' mon pays,
J' suis moutard de Paris.
Mais j'avou' mon pays,
J' suis moutard de Paris.
J' suis moutard, etc.
On m' voit jouer à la pigoche ;
On m' voit coller une taloche ;
Et su 1' boulevart tous les matins
Je dame Y pion aux plus malins.
A la Gaîlé, au dernier acque,
Je crie à mort : demandez Y flaque.
Vlà les droits réunis
Du moutard de Paris.
Vlà les droits réunis
Du moutard de Paris.
Du moutard, etc.
Quand mon esprit est en bamboche,
A tous les cornichons j' m'accroche ;
De l'épicier j' crève les carreaux
Et j'y dis : Combien tes pruneaux?
Et si la fureur le transporte
L' soir je pose... un' corde à sa porte..,
Vlà 1' pass'-temps, mes amis,
Du moutard de Paris.
Vlà 1' pass'-temps, mes amis,
Du moutard de Paris.
Du moutard, etc.
Quand un vieux roi dans son délire
Osa des lois braver l'empire,
Au cri de liberté qui part,
Surgit notre vieil étendard.
Un moutard, échappé de l'école,
Ressuscitait Y beau nom d'Ârcole.
Ah ! qu'ils étaient beaux l's amis,
Les moutards de Paris.
Qu'ils étaient beaux, l's amis,
Les moutards de Paris.
Les gamins, les enfants,
Les moutards de Paris.
En avant, marchons
Contre leurs canons,
A. travers le fer, le feu des bataillons,
Volons à la victoire!
Eh! toup toup toup toup toup toup toup toup toup.
Ehîdougdougdougdougdougdougdougdougdong.
Kdouard Uonve.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
chez L, Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-
Nazareth.
RIO
CHANSONS POPULAIRES.
LES GRENOFIILGS Qll DEMANDENT IN ROI.
1845.
Air : Aussitôt que la lumière.
Un certain jour les grenouilles,
Après mille coi, coi, coi,
Se prosternent, s'agenouillent,
Priant pour avoir un roi.
Faut-il qu'un peuple soit, bête,
Quand il peut se passer d' ça,
D'aller se rompre la tète,
Pour dépenser plus qu'il n'ai
Le dieu Jupin est bon diable;
Il lui vint donc au cerveau
D'envoyer au préalable
A ce peuple un soliveau.
Le roi fit du bruit dans l'onde;
Le peuple s'en agita,
Puis, comm' d'autres en ce monde.
Le bon prince en resta là.
Le peuple, bon camarade,
Bientôt l'aborde en chemin,
El plus lard il se hasarde
Jusqu'à lui donner la main.
Le roi ne dit rien encore,
Car ce brav' n'était pas fier,
Et faisait voir des l'aurore
A sa majesté 1' grand air.
Aussitôt h la irihune
Sautent tous les députés,
En discours pleins d'amertume
II- traitent la royauté :
Jupiter, c'est donc pour rire,
Ce roi, par irons envoyé,
Ni l'ait rien, ne sait rien dire.
Faudra- t-il donc le payer?
Jupiter ni dans sa barbe
l h voyant tout cet éclat,
Puis va dans le corps-de-garde
Choisir un grand potentat;
Lancé dans le marécage
Il y l'ait un tel gâchis.
Qu'il met les uns en potage
El les autres en salmis.
MORALE.
On connaît ce qu'on possède,
On n' sait pas ce qu'on aura;
Pour guérir on prend un r'mède.
Le remède vous tuera ;
On est mécontent d' sa femme,
On la chang' ; cell' qui viendra,
Vous fera damner votre ârne
Et l'autre s'en réjouira.
Pluchonncaa de Rochfor ei Ht Mait.
BONJOUR ET BONSOIR,
1846.
Vivre au jour le jour,
C'est ma méthode,
Elle est commode,
Vivre au jour le jour,
Pour les plaisirs et pour l'amour,
Toujours bon gaillard,
Bavard égrillard,
Quelquefois pochard,
Toujours bon gaillard,
Bavar I, égrillard.
Voilà, voilà Gaspard.
Le ciel m'a fait cadeau
D'un' solide caboche,
Kl, pour voir loiit en heaii,
De noyaui dans ma poche;
Aussi, l' cii'iir plein d'espoir,
J' dis du malin au soir,
Bon jour a la bamboche;
El au chagrin bonsoir.
Vivre" au jour, etc.
CHANSONNETTES.
311
. aime la gaîté, le bruit...
J'aime femme jolie...
J'aim' le sommeil, la nuit,
Et le jour la flânerie...'
Un petit goulot noir
Me fait plaisir à voir :
Bonjour, liqueur chérie,
Mais quant à l'eau, bonsoir.
Vivre au jour, etc.
Je suis toujours content
Quoiqu'on dise et qu'on fasse ;
Citoyen, bon enfant,
J' n'ai ni grade, ni place.
Quand la garde à son d'voir
Se rend... j'aime à la voir;
J' dis bonjour quand elle passe,
Mais la monter... bonsoir.
Vivre au jour, etc.
Mais, dans quelque vingt ans,
J'aurai la gross' bedaine,
Les cheveux grisonnants,
De moutards, un' douzaine ;
C n'est qu'en rêvant le soir
Que je pourrai revoir
Quelqu'amoureuse fredaine;
Mais au réveil, bonsoir.
Vivre au jour le jour,
C'est ma méthode,
Elle est commode,
Vivre au jour le jour,
Pour les plaisirs et pour l'amour ;
Toujours bon gaillard,
Bavard, égrillard,
Quelquefois pochard,
Toujours bon gaillard,
Bavard, égrillard,
Voilà, voilà Gaspard.
Corniou et Chabot.
La musique , de Couder, se trouve, à Paris,
chez M. Pâté, éditeur, 14, passage du Grand-Cerf.
MAMZ'ELLE MARIE.
1829.
Pour vous aimer, mam'zell' Marie,
Je I' sens ben là z'i n' faut qu'un cœur
Plein de votre image chérie,
Qui n' rêv' toujours qu'à votr' bonheur;
Qui rêve et prie !
Vous vous moquez de mon amour,
Et tous les soirs à la veillée
J' voyons pus souvent qu'à mon tour,
Par vous ma constance raillée .
Ah ! j' nons par l'air si déluré,
Que 1' voisin Pierre,
Qu'à su vous plaire,
Je n' somm'spas biau, c'est encor vrai. (M*.)
Pour vous aimer, etc,
Si Jean-Pierre a z'un bon magot,
S'il dans ben aux fèt's du village,
S'il chante ben , s'il n'est pas sot,
Y n'a pas plus qu' moi du courage!...
Ah ! j' tournons mal un compliment,
N' sachant plus qu' dire
Alors j' soupire ..
Et j' vous fais rire joliment. (bis.)
Pour vous aimer, etc.
Vous n' m'aim'rez point, avez-vous dit ;
De mon rival vous s'rez la femme.
Par vous, méchante, être maudit...
Ah! t'nezmam'zellevous m' navrez l'âme,
D'amour, dit's-vous, on ne meurt pas !
Nous êt's cruelle
Autant que belle,
Seigneur- mon Dieu vous perdre, hélas ! (bis.)
Pour vous aimer, etc.
Des pleurs?... qui vous fait tant chagrin?
Pierr' va partir pour la milice...
Vous l' pleurez lui, vous l'aimez ben,
Faut donc que mon sort s'accomplisse...
J'allons l' tirer de c' mauvais pas ■
Afin, d' vous plaire
J' pars pour Jean-Pierre ,
Vous l'avez dit: op u'en meurt pasl... (bis.)
312
CHANSONS POPULAIRES.
Pour vous aimer, mam'zelle Marie,
Je l' sentais là, z'i n' faut qu'un cœur
Plein de votre image chérie ;
Qui n' rôv' toujours qu'à votr bonheur,
Qui rêve et prie!
Uoudiu.
La musique, de Darcier, se trouve à Paris, chez
M. Heugel rue Yivienne, 2 bis.
LES AMANTS DE TOURS.
Ce n'est point une histoire ,
Il est de constantes amours
Au milieu de la Loire
Tout près de Tours.
En sortant de la ville,
Comme un bouquet de fleurs,
On aperçoit une île,
Aux brillantes couleurs.
C'est là qu'unis ensemble
El vivant en commun,
Le même goût rassemble
Deux cœurs n'en faisant qu'un.
Ce n'est point, etc.
Sous leurs toits de bruyère
Un rien les rend heureux ;
Voir couler la rivière
Est un bonheur pour eux.
D'innocence infinie
Chacun d'eux est doué,
C'est Paul et Virginie
Ou Daphis et Chloé.
Ce n'est point, etc.
A pas lents sur la plage
On les voit s on aller,
Se tenant un langage
Qu'eus seuls peuvent parler.
Cei amants de Touraine,
Avant même hasard,
Même l'UMir, même peine,
' sont deus canards.
Ce n'est point une histoire,
Il est de constantes amours
Au milieu de la Loire
Tuut près de Tours.
Emile Uurutcau.
La musique, de Charles Plantade, se trouve, à
Paris, chez M. E. Muyaud, éditeur, 7, boulevart
des Italiens.
r»'W,)».»i.
JE PRENDS TOUT DANS MES FILETS.
1827.
Les pêcheurs de toutes nos rades
Devant moi baissent pavillon.
De mon talent, chers camarades,
Vous voyez un échantillon :
Saumons, turbots, fines anguilles,
Tour-à-tour tombent dans mes rets;
Et même jusqu'aux jeunes tilles...
Moi je prends tout dans mes lilels.
Ces messieurs se vantent sans cesse ;
Mais quelquefois les orgueilleux
Ont la preuve que pour l'adresse
Nous pouvons lutter avec eux.
Ils sont bien fins, à les entendre ;
Mais, quelques petits airs coquets,
Un doux sourire, un regard tendre...
Les voilà pris dans nos filets.
Ah ! malgré l'exemple des hommes,
Point de ruses, point de détours.
Ici-bas, tous tant que nous sommes,
Nous devons triuut aux amours.
Acquittons franchement la dette :
Livrée à de cruels regrets,
11 vient un jour où la coquette
Se prend dans ses propres lilels.
.lloreuu et l.ufortelle.
Extrait de Masaniello ou le Pêcheur napolitain,
opéra historique en 4 actes, en vente chez M. Tresse,
,r. 2 et 3, galerie de Chartres, Palais-Natio-
nal. Prix: 60 cent.
Parti — Imprimerie de Piutl fils atné, rue des Grands-AuRiisiins, .f>.
LA PEINE ET LE PLAISIR.
Pourquoi faut-il ici bas que la peine
Soit si souvent compagne du plaisir ?
C'est qu'il n'est pas de vrai plaisir sans peine,
Il est pourtant des peines sans plaisir :
Celui qui n'a jamais connu lu peine,
Jamais uou plus u'a connu le plaisir. (bis.)
Plaisir d'amour souvent se change en peine,
Peine d'amour parfois est un plaisir;
Sensible cœur sent vivement sa peine,
Mais il sait bien savourer le plaisir.
Plus le plaisir nous a coûté de peine,
Plus nous trouvons d'attraits dans le plaisir.
Dès le berceau l'homme éprouve la peine,
Dès son enfance il goûte le plaisir.
Adolescent, l'amour cause sa peine,
L'amour aussi lui donne le plaisir.
Sur ses vieux ans s'il éprouve la peine,
11 trouve encordes instants de plaisir.
Femmes combien vous nous donnez de peine,
Combien aussi vous donnez de plaisir !
On n'a jamais de regret à la peine,
Lorsqu'on lui fait succéder le iilaisir.
Sexe adoré, pour alléger la peine,
Fais qu'à longs traits nous goûtions le plaisir.
Paroles d'an anonjmei
Air ancien, noté au N". 408 de la Clé du Caveau.
DIS-MOI POURQUOI?
1818.
Depuis longtemps, gentille Annette,
Tu ne viens plus sous la coudrette
Danser au sou du chalumeau.
Lorsque tu quilles le hameau,
10<i
Fuyant les plaisirs de ton âge,
Tu vas rêver dans le bocage :
Dis-moi j
Pourquoi. liais.)
Dansez, dansez, jeunes compagnes,
Dansez la ronde des montagnes;
Un jour {bis) vous saurez coïnme'moi,
Un jour (bis) vous saurez pourquoi.
Lorsque tu viens dans le bocage
Si tristement chercher l'ombrage,
En même temps au fond du bois;
Lubin se glisse en tapinois.
Souvent le hasard vous rassemble,
Et l'on vous voit rêver ensemble.
Dis-moi, etc.
A ta relraile tant chérie
Tu vas toujours par la prairie;
Et d'une fleur, chaque matin,
Nous te voyons parer ton sein.
Le soir, hélas ! a la veillée,
La pauvre fleur est effeuillée :
Dis-moi i .
Pourquoi ? \\'ns->
Dansez, dansez, jeunes compagnes,
Dansez la ronde des montagnes,
Un jour(ôfî) vous -:iurez connue moi,
Lu jour (bis) vous saurez pourquoi.
Théanlon.
Le Petit-Chaperon rouge, opéra-comique en 3 actes.en v. n
chez M. Tresse éditeur, 2et 3, galerie de Chartres, palai -
Royal. Prix : 60 centin
Musique, de Boïeldieu, notée au \ >. 1761 de la Clédul
LE GAMIN DE PARIS.
1837.
Y a pas d' farc' qui m' soit inconnue;
J' mont' des couleurs à mes parents;
J'agace les chiens dans la rue
El j'éclabousse les passants.
T. n. — 4"
114
CHANSONS POPULAIRES.
Je frappe à toutes les port s cochères,
Et quand j'ai fini des portiers,
Aux marchands j'éteins leux lumières,
Ou j' cass' les vilr's aux épiciers.
Quand on a déjeuné susl' pouce,
Qu'on a bu son verr' de coco,
On s'en vient jouer à la falliousse
Aux alentours du Chàteau-d'Eau,
Et puis 1' soir dès qu'on bat la r'traile,
Aux pas nous suivons les tambours,
En avant, marche à la galette,
Boul'vart Saint-D'nis diezCoup'-Toujours.
Ma cheminée est sur les places,
Je m' chauffe économiquement
En brûlant les vieilles paillasses
Qu'on jette après l' déménag'ment.
Et si j' veux m' prom'ner en berline,
Moi qui n' suis pas chargé d' quibus,
J' grimp' derrière une citadine,
Six sous moins cher qui; l'omnibus.
Moi, j' n' hais pas la comédie,
Au Gratis j'allais même autr' fois,
Mais aux Français, Phèdre, Athalie,
Tout ça c'est bon à voir un' fois.
Les Funambules, v'ià c' que je r'marque;
Je prends mon billet au bureau,
El puis je r'vends ma contremarque
Après la pièce de Débureau.
Avec d' l'ognon, j' fais des trompettes,
J' suis un musicien renforcé;
Je m' fabriqu' des cascarinettes
Avec des morceaux d' pot cassé.
J'imil' le coq pus beau qu' nature,
D' la Normandie j' sais un couplet,
Et mieux qu' ça je siffle en mesure
Tous les airs de monsieur Chollet.
Comme aujourd hui le peupl' s'éclaire.
J' fais mes étud'fl lOUB les malins,
Connu, connu, l'écol' primaire,
Enfonce les ignorantins.
Dans l'orlhograph' et dans la prose,
A preuv' que j'ai su me former,
Sur les murs j'écris plus d'un' chose
nu' la politess' défend d' nommer.
S'il pleut, à la correctionnelle
J' m'en vas voir juger les filous ;
S'il fait chaud, au pont d' la Tournelle
J' vas nager aux bains à quai' sous.
L'hiver avec les camarades,
Nous patinons dans les grands froids,
Et nous arrangeons des glissades
Pour faire étaler les bourgeois.
Au carnaval on trotte à pattes
Après les masqu's el les badauds,
A la chianht, puis à coups d' lattes
On leux y fait des rats sus 1' dos.
Quand c'est fête aux Champs-Elysées,
Dans mon quartier j' tir' des pétards,
J' m'amuse à lancer des fusées,
A travers les jamb's des jobards.
S'il y a du mond' qui réclame
Alors on leux y chante en chœur :
Ah! c'te tète... bonjour, madame!
Tiens! ah ! c'te queue, bonjour, monsieur
Pour les litis l'année entière,
Pus qu' ça d' plaisir et d'agrément,
Tant qu'on n' cass' pas de réverbère,
On n'offens' pas 1' gouvernement.
En quatre mots v'ià mon histoire :
J' flân', je chant', je me bats, j' ris,
Et je m' fais honneur et gloire
D'êlre un vrai gamin de Paris,
Etje me fais honneur et gloire
D'être un vrai gamin de Paris.
Rrrrrrrrrrrrrrrrr ha hais !
F. de Courcy.
La musique, de Ch. Plantade, se trouve chez
M. Ed. Mayaud, éditeur, 7, boulevart des Italiens.
LETTRE ÉCRITE D'ALGER
ParDumanet, caporal de voltigeurs, à sa future, M"e
phie lloiubosse, burtkuse de souliers, présenlemenl
à Paris.
1830.
Vous d'vez t'êt' ben inquiète tout d' même,
Que vous n' vissiez pas d' l'ttre d' rnoi
CHANSONNETTES
315
Quoique ça Dumanet vous aime
Ni plus ni moins qu' si c'était soi.
Oui, bell' Sophi', soilliez tranquille,
Rien n'a v'nu rafroidir mon cœur,
De d'puis que je suis dans un' ville
Ous qu'y a cinquant' degrés d' chaleur.
J' voulais m' servir du télégraphe
Pour vous signaler mon ardeur,
Mais n'en savant pas l'orthographe,
J'emploie z'un bateau z'à vapeur.
C'est un' espèce de chaudière ronde.
Voyez-vous, qu'a pas d' cuisinier;
Ça marche tranquillement sur l'onde
Et ça fum' comm' un vré troupier.
Mais p't'être que vous s rez ben aise
D'apprend' que bravant le danger,
En Afric la valeur française
À trelliomphé dedans Alger.
Premièrement, sachez , ma chère,
Qu'au moment de nous embarquer,
J'ai t'évu des tranchées d' misère
Que l'cœur a manqué d' m'en craquer.
J'allais prend' mon congé d'avance
Et m'absorber dans les marsouins,
Quand l'on toucha terre en présence
Des Moricauds, qu'on nomm' Bédouins.
C'est un las d' pouss '-cailloux du centre,
Qu'a rien d' français dedans l'aspect :
Ils ont la houch' noir' comm' de l'encre,
Et pas d' chemis', sous vot' respect.
Rapid's comm' 1' tremblement d' terre,
Ils filaient d'vant nos régiments,
Les ch' veaux d' not' caval'rie légère
Voulaient tous prend' le More aux dents.
C calembourgil vous fait sourire,
Mais le Français, en vérité,
Ne peut se soustraire à l'empire
D'avoir de l'émabilité.
Nous vlà campés en sentinelle.
J'en fais d'abord deux heurs de nuit ;
Mais c'est là, cré coquin ! ma belle,
Qu'il m'a fallu du cœur pour huit!
Maginez-vous trente-six sonates,
De cris et de gémissements,
De particuliers à quat' pattes
Qu'étaient gros comm' des éléphants.
Des tyg's, des lions, un tas d' vermine
Qui s' promèn'nt dans ces pays-là.
Bref, on dit qu' j'avais un' pauv' mine
Quand not' caporal me r'ieva.
Crevant d' soif, je fus près d'un' source
Ous quej' bus l' l'eau, mais, gredind' sort!
Le matin, en r'prenant not' course.
Nous y trouvîmes un chameau mort.
J' m'ai cru poisonné : mill' tempêtes!
Que m' dit I' sergent tout confondu !
Tu vois que c't' eau-là tue les bêtes,
Aussi, Dumanet, t'es perdu !
L'halein' me manque, j' devins pâle,
Mais j'oublie bientôt le danger,
Lorsque j'entends la générale,
Et qu' nous somm's entrés dans Alger.
Couronné de gloire, je m'élance
Dans un palais, queu coup a'essai 1
Ous que j' crus bien par ma vaillance
D'avoir pris la sultane au Dey.
Elle avait un' tournure sauvage
Avec un couvre-pied d' linon.
Comme ail' m'a griffé le visage ;
Ils dis'nt que c' n'était qu'un' guenon.
C'est possible, j' sais ben qu'en France,
Les femm's et les guenons c'est deux,
Mais ici n'y a pas d' différence,
A moins d'avoir de fameux yeux.
Adieu, j' gardais pour la bonn' bouche
D' vous annoncer qu' mon général
M'a vu brûler plus d'une cartouche,
Et qu'il vient de m' faire caporal ;
Mais malgré cet honneur suprême
Et la chaleur qui nous grill' tous,
Ça n'empêche pas que j'ai tout d' même
Un fameux coup d' soleil pour vous.
Je désire que la présente
Que j'écris d' la main d' not' tambour,
Vous trouv' fidèle et bien portante
En réciproqu' de mon amour.
Afric, cinq juillet.
Signé : Dumanet,
Paulin.
La musique, de Ch. Plantade,5e trouve, à Paril,
chez M. Brullé, éditeur, 16, passage des Panoramas.
;m<;
CHANSON? POPULAIRES.
SI CA T'A R RIVE ENCORE,
Je ne veux pas vous regarder ;
Monsieur, cessez voire prière ;
Quoi I vous osez me demander
Ce qui peut causer ma colère!
De rubans vous avez paré
La houlette d'îsaure ;
Ah! Colin, je me fâcherai... I ... .
Si ça t arrive encore... »
L'autre soir, sous ce bois épais.
Tout occupé de la coquette,
Vous lui répétiez les couplets
Que vous avez faits pour ma fêle.
Ou ne chante un tendre refrain
Qu'à celle qu'on adore;
Colin, je mourrai de chagrin,
Si ça t'arrive encore. (bis.)
Moi! je pourrais vous pardonner!
Allez ! vous n'avez plus d'amante !
Ah! c'est assez me chagriner;
Je pleure... mais je suis contente.
Tous vus serments sont superflus.
Retournez près d'îsaure.
Pour moi je ne vous aime plus...
Si ça t'arrive encore. (bix.)
J. Minmrd.
Musique de Romagnesi.
LE ROYAL TAMBOUR.
1847.
Je suis royal tambour,
J'aime ma Pomponnette,
DonJ la main si caquette,
Me mène à la baguette,
A la baguette,
Comme ou fait au royal séjour.
Aussi ma Pomponnette,
Ma Pomponnette est ma Pompadour.
Ma Pompon nette, c'est ma Pompadou
Oui, c'est la Pompadour
Du royal tambour.
Frais carmin sur la bouche,
Poudre dans les cheveux,
Sur la joue une mouche
Moins noire que ses yeux ,
Une taille qui penche,
Légère et sans effort,
Une main douce et blanche,
Petite et frappant fort.
Ahl
Je suis royal, etc.
Œil qui vous assassine,
Sans remords, sans pitié.
Un pied qui certe en Chine.
Serait un petit pied ;
Un vrai cœur de tigres se,
Qui. ne plaisantant pas,
Par excès de tendresse,
Me met toujours au pas.
Ah!
Je suis royal, etc.
Pour toi, viennent lui dire
Les galants de la cour.
Nous souffrons le martyre
Et nous mourons d'amour.
Des galants la cruelle
N'entend pas les discours ;
Mais i, tambour fidèle,
Elle m'entend toujours.
Ah!
Je suis royal tambour,
J'aime ma Pomponnette,
Dont la main si coquette
Me mène à la baguette,
A la baguette,
Comme on fait au royal séjour.
Aussi ma Pomponnette,
CHANSONNETTES.
317
Ma Pomponnelte est ma Pompadour,
Ma Pomponnette c'est ma Pompadour \
Oui, c'est la Pompadour
Du royal tambour.
E. Barateau.
La musique, de Etienne Arnaud, se trouve chez
M. Heugel, éditeur, rue Vivienne, 2 bis.
LES AMOURS DE MICHEL ET CHRISTINE.
1845.
Michel à Christine
Vint faire sa cour,
Ah! ah ! ah! quelle cour!
C'était, j'imagine,
De Noël le jour;
Ah ! ah ! ah ! quel beau jour î
Mais Christine la mijaurée
Le regarda du haut en bas,
Et, pendant toute la soirée,
Michel n'osa plus faire un pas!
Les yeux en l'air, le chapeau bas,
Michel n'osa plus faire un pas !
Ah ! ah! ah! les drôles d'amours!
J'en rirai longtemps, j'en rirai toujours !
Ah ! ah ! ah ! les drôles d'amours !
Ah ! ah ! ah ! ah ! j'en rirai toujours !
Vers la Mi-Carême,
Michel ose un jour.
Ah! ah ! ah! le bon tour!
A celle qu'il aime ,
Conter son amour,
Ah ! ah! ah! sans détour!
En vain pour fléchir l'inhumaine.
11 soupira, pleura, pria...
La cruelle rit de sa peine,
Et tellement le rebuta,
Que dans le lac il se jeta!...
Par bonheur on le repêcha!...
Ah! ah! etc.
Un bain à la glace,
Ça calme l'amour,
Ah ! ah ! ah ! sans retour.
Ma foi, je me lasse,
Dit Michel un jour;
Tra la, la, la, la, la, la, plus d'amour !
Mais à mesure que sa mine
Sous les roses refleurissait,
Chaque jour, la pauvre Christine,
Par contre-coup, dépérissait...
Et toujours Michel fleurissait !...
Et Christine dépérissait!...
Ah I ah ! etc.
Christine, soupire,
Gémit nuit et jour,
Ah! ahl ah! c'est son tour!
Mais son mal empire,
Michel dit un jour :
Ah! ah! ah ! quel amour!
Je ne puis pas, en conscience,
Sous mes yeux la laisser périr ;
C'est bien assez de pénitence!
11 faut aller la secourir !
Et maintenant, époux heureux,
Us sont encore plus amoureux.
Ah ! ah ! ah ! les drôles d'amours!
J'en rirai longtemps, j'en rirai toujours !
Ah! ah! ah! les drôles d'amours!
Ah! ah! ah! ah! j'en rirai toujours!
Câustave I.emolue.
La musique, de Mlle Loïsa Puget.se trouve chea
M. Heugel, éditeur, 2 bis. rue Vivienne.
LA FEMME A JEAN BEAUVA1S.
1837.
Vlà nos papiers qu' arrivent du pays,
Y a-t-il longtemps qui nous les font attendre!
Depuis trois mois qu' tous les matins j'écris,
j croisqu'ilsfesiontsemblaritd'pasnousentendre
A mon onc', à ma tante, à mon cousin Perrin,
Au curé z'à l'adjoint, ainsi qu'à mon parrain,
318
CHANSONS POPULAIRES.
J'ons écrit, j'ons écrit, fallait leux affranchir !
J'ons payé tant de ports qu'c'est à n*en pas finir!
Enfin i' n' manque plus rien.
De r'culer n'y a pus moyen ;
y m'en vas épouser Jean Beauvais.
Mais l'bonDieu saitq'c'est pas lui que j'voulais,
L'bon Dieu sait ben q' c'est pas lui que j'voulais,
Mafin'non.mafin'non,c'estpasluiquej'voulais.
J' parierais ben qui n' s'ra jamais jaloux ;
Pour la douceur on dirait d'une fille.
I n'est pas grand, mais y en a ben au-d'ssous,
Et sans V flatter sa figure est gentille;
Il est blond, tout frisé, tout guilleret, tout rond;
lia des grands yeux bleus, p'tit' bouche et pied mignon
Pour son nez, par exemple, on n' peut pas trouver mieux,
On en voit rarement de plus avantageux...
Enfin i m'ainf tant, je croi,
Qui s' mettrait dans l' feu pour moi!
J' vas toujours prendre Jean Beauvais;
Mais I' bon Dieu sait, etc.
Mon Dieu, j' sais ben qui n'est pas dépenseur,
Qu'il a de l'ordre et de l'économie,
Qu'il n' boit jamais, qu'il est bon travailleur,
Qu' dans son état i gagne ben sa vie.
Je sais bien qu' Jean Beauvais s'est fait un bon lopin,
Sans compter qu'au pays Jean Beauvaisa du bien,
Queson onc' le meunier promet d' l'avantager.
Certain'ment que tout ça c'est fait pour engager;
I' m' fait des las de cadeaux,
C'en est chaqu' jour des nouveaux!
J' voudrais ben aimer Jean Beauvais,
Mais 1' bon Dieu sait, etc.
Y en a-t-on fait ded'ssus moi d'ces caquets?
I' n'en croit rien, tant il est estimable !
J'y ai dit rcnt fois que jamaisje n'I'aim'rais.
I' m' (lit à ça : mon Dieu qu' t'es-t-adorablc !
Pourquoi doncqu'yades gens qui sontloindervaloir,
Qui pour se hireaimern'onivraimenl qu'à vouloir?
Il a loul '"qui hudrail pour faire mon bonheur,
U atout... presque tout., car i n'a pas mon cœur
A l'aimer j' vas [n'appliquer ..
Mai- -i I pied allait m' manquer...
J'aurai pas trompé Jean Beauvais,
J'y ai assez dit qu' c'est pas lui que j' voulais,
J*y ai pas caché qu' c'est pas lui que j' voulais.
Ma fin'non,ma fin'non.c'estpaslui quej'voulais
, Amédéc de Ueauplan
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
Chez M. Heugel, éditeur, 2 bit , rue Viviennc.
LA TROMPETTE A PISTON
1832.
Air : Quand les oiseaux du voisinage (Titi le talocheuri.
Où vas-tu donc, ma Fanchonnette?
Et que fais-tu sur ces remparts?
Voudrais-tu courir en cachette,
Pour danser au bal des houzards?
— Es-tu drôT, mon pauvre Biaise !
Je crois qu' tu perds la raison.
— Oh ! que non ! oh que non !
Je suis jaloux, ne t'en déplaise,
Et j'éprouve un certain malaise...
Quand des houzards d' la garnison,
J'entends la trompette à piston, (bis.)
— Comment, comment, mon ami Biaise,
La jalousie est dans ton cœur ?
Penses-tu qu'un autre me plaise?
Ne suis-je pas fille d'honneur?
— Oui, mais une fille honnête
Trompe un honnête garçon !
— Oh ! que non ! oh ! que non !
Car loin d' vouloir faire une conquête,
J'ai toujours un grand mal de tète,
Quand des houzards d' la garnison
J'entends la trompette à piston, (bis.)
— Est-il bien vrai, ma Fanchonnette,
Que lu n'aim'rais pas un houzard ?
— Je n' peux pas souffrir leur trompette,
Quand je l'entends, c'est par hasard.
— Moi qui croyais que leur présence
Te plaisait, ma p'tilc Fanchon.
CHANSONNETTES.
319
— Oh ! que non ! oh ! que non !
J' n'ai pour eux que d' l'indifférence :
(l'est pour toi qu'est mon innocence!
Et des houzards d' la garnison
J* n'aim' pas la trompette à piston, {bis.)
— C'est uni, drès d'main je t'épouse ;
D'vant 1' mair' tu r'cevras mes serments,
Si lu m' préfèr's z'avec ma blouse,
A ces p'tils houzards si fringants.
— Je crains, si j' suis la ménagère,
De rester seule à la maison.
— Oh ! que non ! oh! que non!
J' te jur' que j' veux tout au contraire,
Le soir et 1' malin pour te plaire,
Te jouer des airs de mirliton
En guis' de trompette à piston, (bis.)
Charles.
La musique, de A. Marquerie, se trouve , à Paris,
chez. M. Heuge!, éditeur, 2 bis, rue Yivienne.
LE PERE LAMOURETTE.
Etes-vous à marier,
Jeune garçon, jeune fillette?
Etes-vous à marier ?
Voilà le vieux ménétrier!
Allons, jeune fillette !
Pour la noce est-on prête ?
Allons, jeune fillette !
11 faut vous marier!
Voilà le vieux ménétrier !
Vous avez vingt ans, c'est l'âge ,
Où l'on doit entrer en ménage,
Peur s'aimer l'hiver, il faut, enfants,
Commencer au printemps ;
Alors le cœur joyeux,
On travaille, on moissonne,
Et quand l'année est bonne,
Pour chanter l'on est deux,
Gai! gai ! gai ! gai ! gai ! toou !
Etes-v.ous, etc.
Je fus jeune aussi,
Comme vous j'aimais ma Louise si belle :
Je ne voyais qu'elle,
Et lorsqu'au bal on disait : la voici !
Mon archet s'arrêtait ;
Adieu la contredanse;
Je perdais la cadence,
Et mon cœur seul chantait :
Gai! gai ! gai! gai! gai! toou!
Etes-vous, etc.
Mais un jour, hélas!
Je crus mourir; on mariait Louise,
J'étais dans l'église,
Le cœur brisé, mais je priais tout bas.
Et puis au bal après
Je jouais une ronde.
Où chantait tout le monde.
Et moi seul je pleurais!...
Oui, je pleurais et je chantais !
Etes-vous, elc.
Mais de mes amours
Que le récit n'attriste pas votre âge.
Moi seul j'eus l'orage,
Et vous, enfants, vous aurez les beaux jours
Venez donc deux à deux
Danser sous le grand chêne,
Et j'oublierai ma peine
En vous voyant heureux.
Gai ! gai ! gai ! gai ! gai ! toou !
Etes-vous à marier,
Jeune garçon, jeune fillette?
Etes-vous à marier?
Voilà le vieux ménétrier!
Allons, jeune filleUe !
Pour la noce est-on prête?
Allons, jeune fillette!
Il faut vous marier !
Voilà le vieux ménétrier!
Gustave Leniolne.
La musique, de Mlle Loïsa Puget, se trouve, à
Paris, chez M.Hugel, éditeur, 2, bis, rue Vivienne,
3Î0 CHANSONS POPULAIRES
J'AI PERDU MA FEMME.
1850.
J'ai perdu ma femme,
J'en perdrai l'esprit;
Le diable ait son âme
Kt Dieu soit béni.
Je m'en vais de la bonne dame
Vous tracer un léger croquis.
Ce que j'en dirai vient de l'âme;
Je lui dois un De prufundis.
J'ai perdu, etc.
Par amitié je l'avais prise ;
Un mois je l'aimai comme un fou.
Toujours!... telle était ma devise;
Un mois après j'en étais soûl.
J ai perdu, etc.
Gaie, alerte et des plus gentilles,
Elle était franche et sans façons.
Sa mort a fait rire les filles
Et mis en deuil trente garçons.
J'ai perdu, etc.
Gomme elle était d'humeur accorle,
Dans son boudoir, maint freluquet,
Si je sortais par une porte,
Par l'autre aussitôt se risquait.
J'ai perdu, etc.
Quand je sortais, d'un air tout drôle
Les voisines me regardaient,
Chacun, je crois, avait son rôle.
Quand je rentrais les chiens jappaient.
J'ai perdu, etc.
Un fat, un jour, me fit les cornes...
A ce point je fus outragé I
Ma colère n'eut plus de bornes,
Et je jurai d'être vengé.
J ai perdu, etc.
Tiré du fond de la cuisine,
L'n manche à balai, sans pitié,
Fit connaissance avec l'échiné
De ma tendre et chaste moitié.
J'ai perdu, etc.
Enfin, grâces à cette voie,
En enfer son corps est allé.
Deux heures j'ai pleuré... de joie.
Et brûlé le manche à balai.
J'ai perdu ma femme,
J'en perdrai l'esprit;
Le diable ait son âme
Et Dieu soit béni.
Edouard NeTeu.
LE DÉPART DU (JRENADIEH.
1823.
Guernadier, que tu m'affliges
En m'apprenant ton départ.
Va dire à ton capitaine
Qu'il te laisse en nos cantons.
Que je serai bien aise,
Contente, ravie,
De t'y voir en garnison.
Ma Fanchon, sois-en bien sûre,
Je ne l'oublierai jamais;
C'est ton amant qui le I jure,
Et crois bien qu'il n'aura pas
Le cœur assez coupable,
Perfide , barbare ,
D'oublier tous tes attraits.
Guernadier, puisque tu quittes
Ta Fanchon, ta bonne amie,
Tiens, voilà quatre chemises,
Cinq mouchoirs, un pair' de bas :
Sois-moi toujours fidèle,
Constant, sincère,
Je ne t'oublierai jamais.
IIuiim i h.iij et Brasier.
Paris — Imprimerie de Pulet fds atné ,ruedes Grands-Aujçustins, S.
QUELQUES USAGES D'UN PATS.
[1834.
C'est dans l'Alsace ou dans la Flandre,
Du moins on me l'a raconté,
Que tout amoureux est plus tendre.
Et plus tendre aussi la beauté. (bis.)
Là, chaque fille, aimable et douce,
Par bon cœur jamais ne repousse
Le vœu d'un garçon bien épris. . .
C'est un usage du pays. (ter.)
Puis lorsqu'arrive le dimanche
Et que le jour vient à baisser.
Coquette on met sa robe blanche,
Et l'on court au bal pour danser, (bis.)
Au bal par hasard on rencontre
Quelqu'un qui tout joyeux se montre
Paré de ses plus beaux habits...
C'est un usage du pays. (ter.)
Mais au lieu de danser on cause,
On cause d'amour et d'hymen;
La jeune fille devient rose
Sitôt qu'on lui presse la main.
Ravi, l'amant ne peut se taire,
Et le fou parle du notaire
Qu'il appelle de tous ses cris..
C'est un usage du pays.
(bis.)
(ter.)
(bis.)
Bientôt on se rend à l'église,
L'amoureux est tout réjoui,
Car c'est l'instant où sa promise
Baisse les yeux et répond oui!...
Au bout d'un mois de mariage,
La paix déserte le ménage,
Et puis l'on fait comme à Paris...
C'est un usage du pays. (ter.)
Eniile Baraleau.
r,h? ïïm?.i<?lie- de Lh- Plantade, se trouve à Paris,
ltan EJmona Mayaud, éditeur, 7, boulevard des
107
TU N'EN AURAS PAS L'ÉTRENNE.
1838.
Ai» : Ni vu ni connu j't'embrouUle .
Rimant de travers,
Chez le dieu des vers
Je croyais marquer ma place.
Apprends, me dit-il,
Qu'un esprit subtil
Peut seul gravir le Parnasse
Vois-tu l'écueil
Où trop d'orgueil
Vous mène :
Dans ce fossé
On est placé
Sans peine;
Ne crains pas l'affront
De tomber au fond,
Tu n'en auras pas l'étrenne.
Ne sois pas si fier,
Tu sauras, mon cher,
Répondis-je avec noblesse,
Que les lycéens,
Mes joyeux soutiens,
Sont aussi de ton espèce.
On m'entendra
La lice est ma
Marraine,
Et ma chanson
Sera de sou
Domaine.
J'allais te l'offrir,
Mais pour te punir,
Tu n'en auras pas l'étrenne»
J'ai ri de bon cœur
D'un garçon d'honneur
A la figure éveillée.
Au premier signal
On ouvre le bal
Sans trouver la mariée.
Notre égrillard
D'un air gaillard
L'amène;
T. ii. — 48
322
CHANSONS POPULAIRES.
L'époux prétend
Danser et prend
Sa reine.
Va! dit le malin
Au mari bénin,
Tu n'en aurgs pas l'étrenne.
A Londres on pendit
Un fameux bandit,
Mais à peine à la potence,
La corde se rompt
Et le drôle est prompt
A profiter de la chance.
Pour vol de prix
Il est repris
A Vienne.
Près du gibet
Certain valet
L'amène :
Va, dit-il, mon vieux,
Pends-moi, si tu veux,
Tu n'en auras pas l'étrenne.
Je sais d'un devin
Qu'en dix-neuf cent vingt,
Grâce au droit héréditaire,
D'un prince Cliiptou,
Pauvre peuple indou,
Tu deviendras tributaire.
Dans tes refrains
Si tu dépeins
Ta gène,
On t'enverra
Raisonner à
Cayenne.
Ce n'est pas pour toi
Qu'on a fait la loi,
Tu n'en auras pas l'étrenne.
Mme Klikii Fleury.
La musique , de Mourit, se troute notto au
N. 409 d« la Clé du Caveau.
LE GRENADIER
Air : Vous dont le seul désir.
A l'aspect de ma croix
Bien souvent j'entends dire :
Pour célébrer des rois
Sans doute il prit la lyre;
Près d'un trône doré
11 a rampé sans cesse,
Ou bien d'un sol titré
Débauché la maîtresse.
Mill bomb'! halte-là!
J' m'appell' La Vaillance,
J' suis grenadier d' France,
Et je n' sors pas d' là.
Dès mon âge enfantin
Ma place lut certaine,
D'un régiment d'étain
Je me fis capitaine ,■
Voulait-on m'infliger
Une peine légère,
Je criais, sans bouger,
Grimpé sur ma bergère :
Mill' bomb'! etc.
Pour fuir l'emportement
D'un magister ganache,
Je pris secrètement
Le sabre et le panache ;
Puis je dis au pédant,
Quand sa main meurtrière
D'un nouvel accident
Menaça mon derrière :
Mill' bomb' I etc.
Si de nos fiers drapeaux,
L'Europe tributaire
Proclama nos héros
Les vainqueurs de la terre,
C'est que sans nul émoi
Et prompt à la riposte,
Tout Français comme moi
Chantait, ferme à son poste :
Mill' bomb' ! etc.
CHANSONNETTES,
323
Un jour au fond d'un bois,
M'abritanl d'un orage,
Jeune li lie aux abois
M'apparut sous l'ombrage;
D'une main je croisai
Le pas de la rebelle,
Et de l'autre j'osai..
J'osai dire à la belle :
Mill' bomb'I etc.
Un brigadier survint,
Qui me cria bien vite,
Espérant, mais en vain,
Tâter de la petite .
— Hors de là, grenadier,
C'est la femme que j'aime !.
— Hors de là, brigadier !...
Fût-elle au diable même :
Mill' bonib' ! etc.
Un de ces vils mortels
Que flétrira l'histoire,
Voyant de nos autels
Déserter la victoire,
Me dit un jour : —Ami...
La gloire m'importune,
Passons à l'ennemi...
Volons à la fortune...
Mill' bomb'! etc
Avant qu'un sot vainqueur
Rendit nos bras esclaves,
J'ai décoré mon cœur
De l'étoile des braves,
Et quand d'un ton léger,
De nous osant médire,
On vante l'étranger,
On m entend toujours dire :
Mill' bomb'I halle-là!
J' m appell' La Vaillance,
J' suis grenadier d' France,
Et je n' sors pas d' là.
Emile Debrcaui.
LES AMOURS DU SERGENT VA-D'RGS-COEIJR.
1826.
Air : Eh ! ma mère, est-ce que j' sais ça.
Ou : El voilà ce que rapporle le métier de ■paladin.
Vrai gibier d'amour, Colette
Par moi fut prise au collet ;
Autant qu' j'aimais la follette,
L'amour pour moi 1 affolait.
Sergent, comm' mon épauletle
Près du papa m'épaulait,
Chaqu soir j' buvais sa piquette,
Et f sais son cent de piquet.
Un jour, auprès d' ma bruneUe
S' faufile un monsieur Brunel,
En le tuant net comm' torchetu»,
J' lui fis voir comm' on s' torchait
Et tout' fois que la poulette
R'çut billet doux et poulet,
Qui rengaina la fleurette,
Dégaina vit' le fleuret.
Seuls faisions-nous la causette,
Que de joie ça nous causait!
Intéressante couchette,
Mon œil en joue te couchait.
Sur les lèvres d' ma Colette,
Qui d' ses deux bras m'accolait,
J' vous imprimais en cachette
D'amour le brûlant cachet.
Si, près de c'tte chère minette,
Le désir point n' me minait,
C'est qu' sans cadeau ni sonnette,
L'heure du berger sonnait.
Sur charmante gorgerette
D' plaisir qui ne s' gorgerait !
Quand fill' vous lâch' la gourmette
Quel bonheur pour un gourmet !
Seule, au son de la musette,
Ma danse alors l'amusait ;
Bientôt dame et bergerette,
C fut à qui m'hébergerait ;
324
CHANSONS POPULAIRES.
Et courant de fête e." fête,
Bref, j'en ai ae ian 'nnt fait.
Que à" danser fam que j'arrête,
Que j'arrête faut' de jarret.
F. Vniibertrand.
La musique, du Cousin Jacques, se trouve notée
au N 113 de la Clé du Caveau.
Bientôt, marchande à la toilette,
Faisant du commerce... à son tour,
Elle vient en aide à l'amour :
De cette affreuse compagvonne
Quelques poils ornent le menton,
Et sur son nez qui se trognone,
Se prélasse plus d'un bouton 1
Laide Sylvie, etc.
METAMORPHOSES D'UN JNEZ.
1850.
AIR: De la Treille de sincérité.
Jeune Sylvie,
En cette vie
Tout n'a qu'un temps, et prouve bien
Que l'on ne doit compter sur rien ! (bis )
Sylvie a dix-huit ans à peine,
Elle possède deux beaux yeux ;
De sa chevelure d'ébène
Les anneaux brillants et soyeux
Encadrent son front gracieux;
Elle est chaste comme Diane,
Sait plaire par son air mutin,
Et son nez à la Roxelane
Est aussi blanc que le satin.
Jeune Sylvie, etc.
L'amour en lorette la change;
Ce dieu, provoquant son ardeur,
A su faire un diable d'un ange,
Et dans une fausse splendeur,
Vient lui ravir toute pudeur.
Une aulre passion la gagne,
Dans de petits soupers choisis,
En sablant bourgogne et Champagne,
Son nez s'enrichit de rubis.
Folle Sylvie, etc.
Les cheveux gris, la face sèche,
Et portière dans le Marais,
Sylvie est quinteuse, revêche,
Et dans la maison à peu près
De chacun sait tous les secrets.
Lorsque, jasant, comme une pie,
Elle parle ab hoc et ab hac,
On voit perler une roupie
A son nez farci de tabac!
Vieille Sylvie, etc.
Le bien du monde est périssable,
Et dans la bible il est écrit
Que l'homme bâtit sur le sable.
Beauté, jeunesse, gloire, esprit,
Tout se fane et tout dépéril !
Le château se change en ruine,
Le jeune époux en vieux... mari,
La vierge pure en Messaline,
La fraîche rose en gratte... nez. .
Pauvre Sylvie,
En celte vie
Ton exemple nous prouve bien
Que l'on ne doit compter sur rien ! [bis.
Louis l'rotiit et Justin 1 UllANNUl
I. a musique, de Désaugiers, se trouve notée au
N'. 11 13 de la Clé du Caveau.
LE CONSCRIT.
Cet âge d'or qu'elle regrette,
Loin d'elle s'enfuit chaque jour,
J'avais à peine dix-huit ans,
Qu'exempt de chagrin et d'affaire,
CHANSONNETTES.
335
Gaîment je consacrais mon temps
A boire, a dormir, à rien faire.
Un beau jour survint une loi
Qui m'envoie au bout de la terre
Batailler pour je ne sais quoi:
Avez-vous jamais vu la guerre?
La souveraine du Brabant
Prétendait avec hardiesse
Avoir le pied plus élégant
Que le pied de notre princesse:
Pour soutenir des droits si beaux,
On rangea, grâce au ministère,
Cent mille hommes sous les drapeaux
Avez-vous jamais vu la guerre ?
J'avais le regard louche et faux,
J'avais les jambes non pareilles
On ferma l'œil sur mes défauts,
On me promit monts et merveilles
De moi, que rendait tout blafard
Le bruit du canon, du tonnerre,
On prétendit faire un César :
Avez-vous jamais vu la guerre ?
Amis, l'agréable métier
Que le noble métier des armes!
Le diable au fond d'un bénitier,
Trouverait, je crois, plus de charmes.
Doux navels, tendres haricots,
Bon pain noir, excellente eau claire.
Voilà le festin des héros:
Avez-vous jamais vu la guerre?
La gloire n'avait pas pour moi
Entr'ouvertses voiles de rose ;
Et j'étais peu jaloux, ma loi,
Des honneurs de l'apothéose.
Pour calmer mes sens effrayés,
Sans rire on m'offrit pour salaire
Cinq sous par jour, jamais payés :
Avez-vous jamais vu la guerre?
Aux champs de la destruction
Je trouve besogne nouvelle;
Me plante-t-on de faction ?
Ou bien j'y brûle ou hien j'y gèle.
Je fais prendre un convoi d'argent,
Et pour prix de mon ministère
Mon caporal est fait sergent :
Avez-vous jamais vu la guerre?
Cette injustice me frappa,
Je pris la poudre d'escampette ,
Par malheur on me rattrapa.
Mon affaire fut bientôt faite;
Ma tête était mal en renom,
Et, pour la rendre moins légère,
On voulut y loger du plomb :
Avez-vous jamais vu la guerre?
Par bonheur on se culbuta
En l'honneur de nos souveraines;
Mais j'ignore qui remporta
Du noble pied de ces deux reines.
Voici les résultats connus :
C'est que nous, juges de l'affaire,
Nous revînmes les pieds tout nus:
Avez-vous jamais vu la guerre?
Amis, ne me soupçonnez pas,
Malgré cette plaisanterie,
D'avoir jamais craint le trépas,
En combattant pour la patrie:
Mais lorsque j'entends répéter
Qu'au bonheur la paix est contraire,
Je suis toujours prêt à chanter:
Avez-vous jamais vu la guerre ?
Emile Dehreaux.
La musique se trouve notée au N. 263 de la Cle
du Caveau.
UN COEUR SENSIBLE ET DES PRINCI PES
1834.
Beau voltigeur, éloigne-toi I
Eloigne-toi, je t'en supplie !
Je pourrais faire une folie
Si tu restais auprès de moi.
(bis.
326
CHANSONS POPULAIRES.
Bien qu'il choque les participes, y
Que ton langage est caressant ! {bis.)
Ah ! quel bagage embarrassant! I '
Qu'uncœursensibleetdes principes ! \xJ ''
Qu'un cœur sensible et des principes,
Et desprincipesl
Non, voltigeur, n'espère pas
Remporter sitôt la victoire ,
Car l'honneur seul, tu peux m'en croire,
A pour moi d'éternels appas. (/•«.)
Cependant déjà tu dissipes
Mes terreurs par ton noble accent, (bù.)
Ahl quel bagage, etc.
Grand Dieu ! n'en ai-je pas trop dit ?
Instruit par un aveu si tendre,
Que ne vas-tu pas entreprendre
Pour t'assurer de ton crédit? (bis.)
Mais, voltigeur, tu t'émancipes,
Cruel, tu deviens plus pressant ! [bis.) i
Ah! quel bagage embarrassant "|
Qu'uncœursensibleetdes principes! j'
Qu'un cœur sensible et des principes,
Et des principes!
l'Irlc Gattlngner.
La musique, d'Amédée de Beauplan, se trouve
chez MM. HeugeletCie, rue Vivienne, 2bis.
UIGOLETTE OU UNE VERTU.
Mais, pour être heureuse.
Ce que j'ai me suffit.
On m'appell', etc.
J' suis jeune, étourdie,
On vante mes appas;
Et j' jouis d' la vie
Sans faire un faux pas.
On m'appell', etc.
J' n' suis pas bégueule,
Chez moi, sans façons,
M'ennuyant toute seule,
Je r'çois des garçons.
On m'appelle, etc.
J' compte par douzaines,
Les adorateurs,
Qui perdent leurs peines
A m' dir' des douceurs.
On m'appell', etc.
On m' paie un bouquet d' roses,
L' spectacl', des babas,
Du punch et null' choses
Qui n' se r'fusent pas.
On m'appell', eic.
A la médisance
J' m'expose et 1' sais bien,
Mais, ma conscience
Ne me r'proche rien.
On m'appell', etc.
1849.
Air: Virent les fillette».
On m'appfir Rigolette,
Kt j' rends grâce à Dieu,
D'être une grisette
Comme on en voit peu.
Quoiqu' laborieuse,
Mon gain est petit;
Du travail d' la s'maine,
Pour me délasser,
L' dimanche on m' promène,
Et l'on m' fait danser.
On m'appell', etc.
Chez les traiteurs j' dîne
Dans d' p'tils cabinets;
C qu'on désir' j' 1* devine...
Et n' l'accord' jamais.
On m'appell', etc.
CHANSONNETTES.
327
Bonn' fille, j' tolère
C qu' permet l'amitié ;
D'vient-on téméraire,
On m' trouv' sans pitié.
On m'appell', etc.
Qu'à ma porte on m' ramène,
La nuit ou le soir;
On m'embrass' pour la peine,
Et j' dis... au revoir.
On m'appell', etc.
J' puis être épouse et mère,
Je n' veux pas qu'une erreur
D' ma couronne d' rosière,
Fan' même une fleur ! ! !
On m'appell' Rigolette,
Et j' rends grâce à Dieu
D'être une grisette,
Gomme on en voit peu.
P -J. C bu ri in
La musique, d'Albanèse, se trouve notée au
N. 624 de la Clé du Caveau.
LE FOURNIMENT
OU LE COMPAGNON DU GRENADIER.
Sais-tu pourquoi que je t'estime,
Dis-moi donc, mon cher fourniment?
C'est qu' tu fus toujours mon intime
Depuis que j' suis au régiment.
Pour monter d'main nous deux la garde,
J' vas té blanchir, lé nettoyer ;
J' veux qu'on admire à la parade
Le compagnon du grenadier.
Tu dois, ma petite, être fière
D'avoir l'honneur de renfermer
Les cheveux d' la particulière,
Et les cartouch's du grenadier.
}(«
Noble soutien dé ma vaillance,
Joli fusil ! si clair ! si beau !
Que pour lé service dé la France,
Tu s'rais dans 1' cas d' partir dans l'eau
Au tripoli, fils de la gloire t
Tu dois l'éclat de ton acier,
Comme je lé dois la victoire,
Vieux compagnon du grenadier.
1{W
Sabre d'honneur, sabre de guerre,
Tu s'ras toujours lé défenseur,
De celle qu'elle a su me plaire
Et qu'elle gouverne mon cœur.
Gare à celui-là qui t'offense 1
Il doit dé toi se méfier...
Car tu coup'sles en n'misdela France
Comm' les rivaux du grenadier.
\{bis.)
Mon havresac, mon tendre frère,
Que d' fois sur mon dos j' t'ai porté ;
Dans la Russie, dans la Bavière,
Avec moi partout t'as trotté.
Tu contiens les bas, la chemise,
Lé pantalon d' drap d'officier,
Et les mouchoirs que la payse,
Fit présent à son grenadier.
Paroles d'un anonyme.
j (bis.)
}(«*•)
La musique , de C. Plantade , se trouve chez
A. Brullé, passage des Panoramas, 16.
LE HOUSSARD DE LA GARDE.
C'est par toi, charmante giberne,
Que d'abord je vas commencer;
Par toi qu'on n'a jamais vu' terne,
Et qu' l'on peut toujours s'y mirer.
Toi qui connais les houssards delà garde,
Connais tu pas l' trombonn' du régiment?
Que! air aimable quand il vous regarde,
Eh bien ! ma chère, il était mon amant.
J»B
CHANSONS POPULAIRES.
\u Luxembourg je fis sa connaissance,
Qu'il était beau dessous son fourniment!
Quel air vainqueur! Quelle noble prestance
En embouchant son aimable instrument.
Toi connais, etc.
Le premier jour qu'il me vit en personne,
J' crus qu'il allait tomber en pâmoison:
11 soupirait plus fort que sa trombonne;
Moi, de pitié, j'en avais le frisson.
Toi qui connais, etc.
Tu peux m'en croire, ô ma chère Julie,
C'était vraiment un amour de garçon ;
Pour l'obliger j'aurais donné ma vie,
J'aurais vendu jusqu'au dernier jupon.
Toi qui connais, etc.
Il est parti, j'attends de ses nouvelles
De Lille en Flandre ous qu'il tient garnison ;
Ah! que du moins il me reste fidèle,
Ou j' suis dans l' cas de m' détruire au charbon .
Toi qui connais les houssards de la garde,.
Connais-tu pas f trombonn' du régiment?
Quel air aimable quand il vous regarde,
Eh bien! ma chère, il était mon amant.
Paroles d'un anonyme.
I. a musique , d'Al. Piccini, se trouve notée au
H. 1395 de la Clé du Caveau.
LES VÉRITÉS GASCONNES.
1816.
Air de la Treille de Sincérité.
Plus d'un Gascon erre,
Exagère,
Ment
Constamment ;
Hais, eadédis!
(>n peut eroiré ce que je dis.
Je suis d'une illustré noblesse ;
Tout en moi lé l'ait pressentir:
Neveu d'un duc, d'une duchesse,
Leurs biens doivent m'apparténir .
Un intrus vient mé les ravir.
Ma plainte en justice est formée,
Je veux plaider titrés en mains ;
Mais une souris affamée
A dévoré mes parchemins.
Plus d'un Gascon, etc.
Ce révers né m'afflige guères,
Car je possédé beaucoup d'or;
A chacun dé vous, chers 'on frères,
J'offrirais un pélit Irésoi
Que je serais trop riche encor.
Lé croirez-vous ? j'ai la manie
Dé toujours sortir sans argent ;
Bien certain qu'une bourse amie
S'ouvrira dans un cas urgent.
Plus d'un Gascon, etc.
Ma gardé-robé bien garnie
Est celle d'un homme dé cour ;
bijoux, dentelles, broderie,
Chez moi se trouvent tour-à-tour;
J'en puis changer vingt fois par jour
Courant 1rs bouchons, la grisette.
Incognito, j'aime à jouir;
Et si je fais peu de toilette,
C'est que l'éclat nuit au plaisir.
Plus d'un Gascon, etc.
En fait d'armes, mieux qu'un Saint-George,
Je manie épée, espadon :
Voulez-vous vous couper la gorge?
Pour un oui, comme pour un non,
Moi, je mé bals connue un démon;
Si j'avais eu laine inoins belle
Dieux! que d'imprudents sérient morts!
Mais avec eux, quand j'eus querelle,
Noblement... j'oubliai leurs torts.
Plus d'un Gascon, etc.
J'éclipse en grâce, en flfsufani
Terpsichore et ses favoris
Paris — Imprimerie de I'illet fils aîné ,rue des Grands-AuRustius, 3.
CHANSONNETTES.
329
Et je fais pâ!ir, quand je danse,
Les plus grands talents dé Paris,
Paul, Duport, Gardel et Vestris,
Vous lé prouver dans la minute
Né m'aurait point embarrassé,
Si je n'avais, par une chute,
Eu le genou droit fracassé.
Plus d'un Gascon, etc.
On a vu dé l'Académie
Les membres les plus érudits
Céder la palme à mon génie,
En lisant les doctes écrits
Qu'un plat écrivassier m'a pris ;
Leurs litres!... j'en fais un mystère,
Le sot, qui leur doit un renom,
Parvint au fauteuil littéraire
En l'es publiant sous son nom.
Plus d'un Gascon, etc.
Dans mes amours, du fils d'Alcmène
Je surpassé l'heureuse ardeur ;
Plus je m'agite dans l'arène,
Plus je sens croître ma vigueur :
Dé cent tendrons je fus vainqueur.
J'invoquerais leur témoignage ;
Mais, hélas I comment l'obtenir ?
Chacun d'eux, à la fleur dé l'âge,
Est mort... d'un excès de plaisir.
Plus d'un Gascon, etc.
En bon Français, dé ma pairie
Je fus lé zélé défenseur;
Mille fois j'exposai ma vie,
Et j'eus, pour prix dé ma valeur,
Croix dé Saint-Louis, croix d'Honneur.
Qu'importe! on voit mes boutonnières
Veuves de ces riens élégants;
Pour moi, pour les factionnaires,
Les saluts seraient fatigants.
Plus d'un Gascon, etc.
J'eus toujours pour la chansonnette
Un talent vraiment précieux,
Et, sans cessé, j'ai dans la tète
Des couplets malins, gracieux,
•
ICS
Et les refrains les plus heureux.
Jugez de mon rare mérite;
Favart, qu'on n'a pas surpassé,
Et Panard, que partout on cite,
Ont écrit. . ce que j'ai pensé.
Plus d'un Gascon erre,
Exagère,
Ment
Constamment;
Mais, cadédis,
On peut croire ce que je dis.
P.-J. Cbarrln.
La musique, de Désaugiers, se trouve notée au
N. 1113 de la Clé du Caveau.
AU HASARD DE LA FOURCHETTE.
1849.
Air : La queue emporte la télé.
11 est un traiteur ambigu
Chez qui 1 étiquette est un mythe...
Savants, l'on trouve l'inconnu
Sous le bouillon, dans sa marmite...
Chacun vient piquer pour un sou,
A tour de rôle, à l'aveuglette,
Navets, chien, porc, bœuf, mouton, cliot
Au hasard de la fourchette. (quaier.)
Vous buvez de tous les tonneaux,
Vous courtisez toutes les filles
Tirez votre poudre aux moineaux...
Conduisez-vous en joyeux drilles !
Mais les regrets ont bien leur tour..
On se mord les doigts en cachette...
Aussi pourquoi faire l'amour
Au hasard de la fourchette?...
Le mariage est un grand sac;
Fouillez-y, mettez-vous à l'œuvre!
On espère une anguille... et crac!
On en relire une couleuvre...
tous a. — >:!.
330
CHANSONS POPULAIRES.
Il faut des époux assortis,
Dit une vieille chansonnelle
Le plus souvent ils sont lotis
Au hasard de la fourchette.
La propriété, cest le vol!...
Crie un célèbre économiste :
Quand ou la voit le fruit du doL,
Ça fait devenir proudhoniste !
De parlageux onde rêveurs
L'aveugle fortune nous traite,
lit répand toujours ses faveurs
Au hasard de la fourchette.
Gloire au suffrage universel!
Il sait cl que Dieu nous destine.
Plus tard s'éclaircira le ciel...
Bene, citoyen Lamartine 1
En attendant cet heureux temps,
Le sort en est jeté, poète !
On nomme les représentants
Au hasard de la fourchette.
Collé, Piron, Laujon, Panard,
Qui nous rendra la verte allure,
L'air badin, le ton égrillard
De vos /Ion, (Ion... flou turelure?
Comme ces aimables garçons
Savaient broder une bluettel...
Nous faisons un las de chansons
Au hasard de la fourchette.
Kmile Varia.
La musique, de Louis Festeau, se trouve, à Paris,
chez L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dams-de-
Nazaretba
LE PATRIOTE MECONTENT
1831.
Air : Nos amours ont duré toute une semaine.
C'esl lonl d' même embêtant !
J' marron n' quand j'j pense,
D' voir tant de ch'napans
S' faire valoir à nos dépens;
.Nous avons eu Y mal, eux la récompense;
Pour la nation
Fait'sdonc une révolution !
Ui premier signal, on m' vit dans la rue
Courir au danger, l'âme résolue.
J'ai seul embroché, comme des aloyaux,
rnsuiss',deuxgendarm'set trois gard's royaux
i)u fruit pourquoi donc nc-m'hùsse-t-on qu' les noyaux 1
C'est tout d' même embêtant, etc.
(Jued'gensmaintenant font lescrân's, les braves,
Oui pendant V combat s' cachaient dans leurs caves
Pour récompenser d' prétendus hauts-faits,
On les noiiim' minist', on les fait préfets.
Fncor ces messieurs n' sont-ils pas satisfaits.
C'est tout d' même embêiant, etc.
Fallait voir alors comm' sur nos théâtres,
De la liberté s' montrant idolâtres,
Ils nous accablaient dans lescommenc'ments,
D'élog's, de saluts, d'applaudissements;
Aujourd'hui c'n'estplusqued' petits compliments.
C'est tout d' même embêtant, etc.
Quoiqu" toujours au feu,j' n'ai pasd'entamure;
Fst-ce ma faute à moi si j' n'ai pasd' blessure?
Aussi j' n'obtiens rien : quell' vexation!
lït ma femm' m' dit, à et' occasion :
Si t'étais ocis. j'aurais la pension.
C'est tout d' même embêtant, etc.
De leurs favoris pour êtr' sur la liste,
Paul être avocat ou ben journaliste.
Moi qui, par malheur, n' suis qu'un ouvrier
Moi qui m' suis battu sans me fair' prier,
N' veut-on pas m'ôter la liberté d' crier :
C'esl tout d' même embêtant, etc.
A Pliilipp' premier, nol' nouveau monarque,
V'ià trois foisqu j'écris, et je le remarque,
Ils n' lui lonl répondr' que ce qu'ils veul ni bien.
Car son noble cœur d vrail entendr' i<- mien.
J voudrais lui parler, j' lui dirais:Nomd'un chien'
CHANSONNETTES.
331
C'est tout d' même embêtant !
J' marronne quand j'y pense,
D' voir tant de ch'napans,
Se fair' valoir à nos dépens.
Nous avons eu 1' mal, eux la récompense ;
Pour la nation
Fait's donc une révolution !
Jules Leroy.
L'air anglais, retouché par Doche (Ils, se trouve
noté au N. 2173 de la Clé du Caveau.
LEÇON D'UNE MÈRE A SA FILLE.
Ar du Menuet d'Exaudct.
Cet étang
Cjui s'étend
Dans la plaine,
Répète au sein de ses eaux
Ces verdoyants ormeaux
Où le pampre s'enchaîne :
Un ciel pur,
Un azur
Sans nuages
Vivement s'y réfléchit;
Le tableau s'enrichit
D'images.
Mais tandis que l'on admire
Celte onde où le ciel se mire,
Un zéphir
Vient ternir
La surface
De la glace ;
D'un souffle il confond les traits,
Détruit tous les effets;
L'éclat de tant d'objets
S'efface.
Un désir,
Un soupir,
0 ma fille!
l'eut ainsi troubler un cœur
Où se peint la candeur,
Où la s; gesse bril e.
Le îepos
Sur les eaux
Peut renaître;
Mais il se perd sans retou-
Dans un cœur (.ont l'Amo-ir
Est maître.
l 'avart.
La musique, d'Exaui'et, se trouve n 3tée au N. 752
delà Clé du Caveau.
LE BRASSEUR DE PRESTON.
Pour aller veng3r la patrie,
Tout à l'heure, tant bien que mal,
Comme un hon me à l'an e aguerrie
Le sergent me hisse à cheval,
Et sans atlendr.! le signal,
Je vois s'élancei l'animal.
Grand Diei ! qu il fracas infe. nal !
Par un mouvement maclina!,
Je veux fuir ave ; le cheval;
Mais par son élaa martial,
Si j'ai su gagner la bataille,
Vois-tu, c'est grâce à mon cheval.
Oui, si j'ai hravé la mitraille,
C'est que j'étais sur mon cheva'.
Mon coursier, d'une ardeur guerrière,
Me conduit, <) dest,n fatal!
Malgré mes \œux et ma prière,
Au beau milieu du bacchanal,
Et pour moi ! ans ciaindre aucun mal,
Se conduisant comir e un t rutal,
Partout on voyait men che 'al
Aux ennemis donner un b; J,
Qu'ils ont dû iiouver sans (gai.
Mon éloge n'es' pfcs banal,
Je n'aurais pas eu la viUohe,
Si j'avais été sans chevai.
232
CHANSONS POPULAIRES.
Si je me suis couvert de gloire,
C'est que j'avais un bon cheval.
J'ai sauvé l'honneur de mon frère
Sans coup de feu ni. le bancal.
Mais je reviens brasser ma bière
Et chanter d'un air jovial :
De mon lrère on m'a cru l'égal
En me plaçant sur mon cheval.
Je l'avoue en homme loyal,
Un des soldais du coqis royal
Mer','» d'être marécha',
Mieux que moi d'être i-apoi al.
S'il est unejustice humaine,
0 mon cheval, noble animal,
Puisqu'on me nomme «-apitaine,
On doit te nommer généial.
Parole* d'ui: anonyme.
La musique, d'Adolphe Adan , se trouve chez
M. Rich.mlt, éditeur, bonlevart Poissonnière, 14.
LE CONSCRIT DE CORBEIL.
Cotait un conscrit de Corbeil,
Il n'y avait pas son pareil.
A>ant d'être au régiment,
Au régiment, ent, ent, an régiment,
Avant d'être au régiment,
11 avait z'un atlachme.it.
S'en va dire à sa m tinan :
Je purs insensiblement.
Dits à ma tant' que son n'veu,
Que boii neveu, eu, eu, que son neveu,
Dit's à ma tant' que son n'veu
A, è, u le liméro deux.
Si Cl r.rlolt' vieil* med'mander,
Dit's- l'y que j' sr.is occupé ;
Qu'eif me gani' son cœur, sa foi,
Son cœur, sa foi, i, a, son cœur, sa foi,
Qu'ell' in i cœur, sa foi,
Si <;a se peut quelquefois.
Dites bien aux compagnons
Que le tîleur de coton
Qu'a filé bonnels et bas,
Bonnets et bas, à a bonnels et bas,
Qu'a filé bonnets et bas,
Devant l'ennemi n' iil'rapas.
Paroles» d'un anonyme
La musique, de Blanchard, se trouve, à Paris,
chez L. Vieillot, éditeur. 32, rue Notre-Dame-de-
Nazareth.
FANFAN LA TULIPE.
1819.
Air : La discipline est peu sage.
Comme 1' mari d' notre mère
Doit toujours s'app'ler papa,
Je vous dirai que mon père
Un certain jour me happa.
Puis me m'nant jusqu'au bas d' la rampe,
M'dit ces mots qui m' mir'ent tout sens d'ssus d'ssous:
« J' te dirai, ma foi,
« N'y a plus pour loi
« Rien chez nous ;
« Vlà cinq sous,
« El décampe!
« En avant,
« Fan fan
« La Tulipe,
« Oui, mil!' noms d'une pipe,
« En avant! »
Puisqu'il est d' l'ait qu'un jeune lioinuu-.
Quand il a cinq sous vaillant,
Peut aller d' Paris à H. nue,
Je partis en sautillant.
L' premier jour je trottais comme un ange,
Mais 1' lendemain
Je mourais quasi d' faim.
Un r'eructeur passa,
nui m' proposa...
Paris — Imprimerie Je Piuet fils utué,rue des Grands-Anjnutint, S
CHANSONNETTES.
333
Pas d'orgueil,
J' m'en bals l'œil,
Faut que j' mange.
En avant, etc.
Quand j'entendis la mitraille,
Comm' je r'grettais mes foyers !
Mais quand j" vis à la bataille
Marcher nos vieux grenadiers ;
Un instant, nous somm's toujours ensembb
Venfrebleu ! me dis-je alors tout bas,
Allons, mon enfant,
Mon p'tit Fanfan,
Vite au pas
Qu'on n' dise pas
Que tu tremb'e !
En avant, etc.
En vrai soldat de la garde,
Quand les feux avaient cessé,
Sans r'garder à la cocarde
J' tendais la main au blessé.
D'insulter des homm's vivant encore,
Quand j' voyais des lâch's se faire uu jeu;
Ah! mill' ventrebleu,
Quoi,
Devant moi,
J' souffrirais
Qu'un Français
S' déshonore!
En avant, etc.
Vingt ans soldat, vaill' que vaille,
Quoiqu'au d'voir toujours soumis,
Un' fois hors du champ de bataille,
i' n'ai jamais connu d'enn'mis.
Des vaincus la touchante prière
M' fit toujours
Volera leur secours. /
P't'-èt' c' que j' fiai pour eux,
Les malheureux
L' front un jour
A leur tour
Pour ma mère !
En avant, etc.
A plus d'un' gentill' friponne
Mainte fois j'ai fait la cour ;
Mais toujours à la dragonne.
C'est vraiment l' chemin 1' plus court
El j' disais quand un' fille un peu fière,
Sur l'honneur se mettait à dada •
N' tremblons pas pour ça,
Ces vertus-là
Tôt ou tard
Finiss'nt par
S' laisser faire,
En avant, etc.
Mon père, dans l'infortune,
M'app'la pour le protéger ;
Si j'avais eu d' la rancune,
Quel moment pour me venger !
Mais un franc, un loyal militaire,
D' ses parents doit toujours être l'appui ,
Si j' n'avais eu qu' lui
J's'rais aujourd'hui
Mort de faim,
Mais enfin
C'est mon père !
En avant, etc.
Maintenant je me repose
Sous le chaume hospitalier ;
Et j'y cultive la rose
Sans négliger le laurier.
D' mon armur' je détache la rouille,
Car si 1' temps ramenait les combats,
D' nos jeunes soldats
Guidant les pas :
J' m'écriais :
J' suis Français,
Qui touch' mouille.
En avant,
Fanfan
La tulipe,
Oui, mill' noms d'un' pipe,
En avant 1
Emile nébraux.
La musique se trouve notée auN. 1473 de la Clé
du Caveau.
«*S€^^I3M
108
TOME [I. — 50
334
CHANSONS POPULAIRES.
LA FEMME CONTRARIANTE.
1783.
Je n'aimais pas le tabac beaucoup ;
J'en prenais peu, et souvent pas du tout;
Mais mon mari me défend cela, (bis.)
Depuis ce moment-là,
Je le trouve piquant
Quand
J'en peux prendre à l'écart ;
Car
Un plaisir vaut son prix (bis.)
Pris
Kn dépit des maris !
Attribuée à Tadé et à Sedainc
Ce couplet, qui a dû son succès populaire à l'o-
péra du Diable à Quatre, dans lequel il a été inter-
calé par Sedaine, a toujours été attribué à ce der-
nier; nous croyons au contraire que ce couplet est
de Vadé, ainsi que le prouverait le Chansonnier
Français, format Cazin, tome 3, page 31, publiéà
Londres en 1783.
La musique , de Solié , se trouve notée au
N. 369 de la Clé du Caveau.
LE CHIEN DU RÉGIMENT.
1846.
Air : De ladragonne de Friedland Debreaux).
Orj : J' fil' tout V long des parapets.
Je chante un modeste caniche,
Célèbre par ses faits marquants;
Naguère il déserta sa niche,
Pour se distinguer dans les camps.
Qui, sans avoir l'âme alarmée,
Sur quatre pattes bravement,
Rli, r'ian,
Suivait partout la grande armée?
C'était le chien du régiment:
Ce héros de la gent canine,
En aimant le feu des combats,
Du feu plus doux de la cantine
Sagement ne se privait pas.
Sur sa propreté, sur son zèle,
Chacun comptait visiblement,
Rli, r'ian.
Qui nettoyait chaque gamelle?
C'était le chien du régiment!
Il flairait, parfois, d'une lieue
Le Russe comme l'Autrichien ;
De plaisir s'agitait sa queue,
Il semblait dire : tout va bienl...
Lorsque nos ennemis ingambes
Nous tournaient le dos lestement,
R'ii, r'ian,
Qui leur mordait le gras des jambes?
C était le chien du régiment!
En revenant de la mêlée,
Son bon cœur prenait le dessus;
Il savait (l'affaire bâclée)
Caresser vainqueurs et vaincus.
Il soignait, dans ces conjonctures,
Chaque blessé pareillement,
R'ii, r'ian,
Qui léchait toutes les blessures ?
C'était le chien du régiment I
Ses passions étaient légères,
Il traitait l'amour en hussard ;
Avec des chiennes étrangères,
Il fit, dit-on, plus d'un bâtard.
Près de la brune et de la blonde
11 frétillait également,
R'ii, r'ian.
Qui faisait le petit Joconde?
C'était le chien du régiment !
Quand les frimas et quand le nombre
Refoulèrent nos étendards,
Nos troupiers, prenant un air sombre.
Devenaient quinteux et grognards.
Pris d'une humeur toute pareille,
Ému de leur ressentiment,
R'ii, r'ian,
Qui grognait en baissant l'oreille?
(.'était le chieu du régiment I
^3-WK
■
CHANSONNETTES.
335
Ici-bas, hélas! tout succombe!
Par une balle il expira!
Un trou d'obus devint sa tombe,
Plus d'un grenadier le pleura.
Il n'eut point d'autre cénotaphe
Que ce glorieux monument,
Rli, r'ian;
On y mit pour toute épitaphe '.
Ci-gît le chien du régiment !
Justin Cabassol.
MONSIEUR PRUDENTIN
1817.
Air de 1? contredanse de la Légère.
La prudence, {bis.)
Est ma loi
Par excellence.
L'imprudence, {bis.)
En moi
Cause un juste effroi.
La sûreté, nous dit-on,
A pour mère la prudence;
Mon aïeul, dès mon enfance,
Me répétait ce dicton.
Quel vertige ici m'attire,
Vieux, sobre, faible cerveau,
Dois-je chanter? dois-je rire ?
Et boire mon vin sans eau?
La prudence, etc.
Du poète et du héros,
J'ai les deux protubérances ;
La guerre a certaines chances
Qui m'ont fait fuir nos drapeaux.
Voyant prospérer des buses,
J'ai dû négliger Phébus ;
Dans le commerce des muses
On se brouille avec Plutus.
La prudence, etc.
En examinant un jour
Les girouettes dociles,
Dont les mouvements faciles
Cèdent aux vents tour à tour,
Je me dis : Un homme sage
Doit, quels que soient ses penchant
D'opinions, de langage,
Varier selon le temps.
La prudence, etc.
Par des nœuds remplis d'appas,
Je veux embellir ma vie :
Déjà parée et fleurie,
Ma future attend mon bras.
Pour l'hymen tout se dispose ;
Mais... je le romps sans façon,
Voyant sortir d'une rose
Les cornes d'un limaçon.
La prudence, etc.
Pour éviter les malheurs,
Quittant ma montre et ma bourse,
Le soir je me mets en course,
Et n'ai pas peur des voleurs.
Au café je me délasse ;
Je vois tout, je cause peu;
J'accepte une demi-lasse;
Sans jouer... je suis au jeu,
La prudence, etc.
Quand parfois un insolent,
Ou me heurte, ou m'injurie,
Je feins d'entrer en furie
Pour qu'il s'éloigne à l'instant.
A me battre s'il me presse,
S'il me force à me venger,
Je lui laisse... mon adresse,
Mais ailleurs je vais loger.
La prudence, etc.
Mon cœur des feux de l'amour
Ressenties vives atteintes;
Mes désirs... certaines craintes
Me tourmentent tour à tour;
Bref... d'un sexe que j'adore
Fuyant les bras caressants,
*36
CHANSONS POPULAIRES.
Je suis lier d'avoir encore
Ce qu'il pert... avant vingt ans.
La prudence, etc.
De Voltaire et de Rousseau
Je possédais les ouvrages;
J'avais à lire leurs pages
Toujours un plaisir nouveau.
Par mindcment... d'archevêque *
Ce plaisir est condamné ;
Je vends ma bibliothèque,
De crainte d'être damné.
La prudence, etc.
Tout calculer, tout prévoir,
Voilà quelle est ma manie :
Je puis quitter cette vie
Dans un mois, demain, ce soir.
Vienne l'ange des ténèbres...
On m'élève un monumenl :
J'ai même, aux pompes funèbres,
Soldé mon enterrement.
La prudence, [bis.)
Est ma loi
Par excellence.
L'imprudence, (bis.)
En moi
Cause un juste effroi.
P.-J, (harrln.
* En 1817, Monseigneur l'archevêque de Paris pu-
blia uu Mandement contre les réimpressions des
œuvres de Voltaire et de J.-J. Rousseau.
La musique se trouve notée au N. 501 de la Clé
•lu Caveau.
LES DEUX CONSCRITS.
Air : Adieu ma bonne mère.
Queu douleur! faut que j'aille
Vivre loin du pays;
J'aimons pas la bataille,
i :,ir j'ons pas d'ennemis.
— A tont je me conforme,
J' partirai sans regrets:
Le tambour, 1 uniforme
Ont pour moi tant d'attraits :
Ran tan plan, (bis)
J'aim' ce r'frain du régiment,
Ran tan plan, ran pataplan.
Plan plan, rataplan.
— J'ons le cœur qui me serre
Quand j' vois battre un dindon ;
Pourrai-j' ben à la guerrei
Tuer des gens pour tout d' bon l
— Les enfants de la France
A l'ennemi vont gaîment,
Et pas un ne balance
Quand on crie : En avantl
Ran tan plan. (bis.)
Au feu l'on court en chantant,
Ran tan plan, ran pataplan.
— Après une bonne affaire
On r'vient clopin clopan.
— Mais à la boutonnière
Peut briller un ruban.
— On attrapp' quelqu' torgnoles ;
— Mais on devient sergent.
— L' canon vous carambole
— On meurt glorieus'ment.
Ran tan plan, (bis.)
On voit l'ennemi fuyant,
Et l'on redit... en mourant :
Ran pataplan.
— Adieu donc au village.
Priez pour les conscrits.
— Et nous, par nof courage
F'sons honneur au pays.
— On ne peut sans souffrance
De lui se détacher.
— Gardons tous l'espérance
De revoir son clocher
Ran tan plan, (bis)
Amis, la gloir' nous attend,
Ran tan plan, ran pataplan.
Coxniurd frères.
Lamusique.de Lhiiillin 'trouve chez L. Vieil-
lot, éditeur, 32, rur N'>trc-l>.<ine-'le-Nazaretli.
I
Paris. — Imprimerie d« I'illet fils aîné, rue des Grands- Augustins, :>.
ASMODKE.
Air de la Fée. (Béranger.)
Hier, à l'heure où l'étoile scintille,
J'étais plongé dans un sommeil profond;
Un petit diable, armé d'une béquille,
Dans mon grenier entra par le plafond.
Avant, dit-il, de rêver à la noce,
Ami, veux-tu choisir dans les houris
Que l'amour sème en ce vaste Paris?...
Partons, lui dis-je en sautant sur sa bosse.
B m Asmodée, allons, allons toujours,
cherchons ailleurs l'hymen et les amours.
Par la fenêtre, après un vol rapide,
Nous nous perchons sur un brillant palais
De là, je vois une imposante Araride
Menant au doigt ses femmes, ses valets;
D'adorateurs une petite armée
A grnoux flatte et son âme et ses sens;
Sous les lambris où l'orgueil vit d'encens
Le vrai bonheur s'évapore en fumée
Bon Asmodée, etc.
110
Un peu plus loin, sémillante et coquette,
Clara consulte un complaisant miroir;
Un art cruel préside à sa toilette,
Où tout se cache et se laisse entrevoir;
Devant la glace, enjouée, ingénue,
Elle s'assied, pleure et rit aux éclats :
C'est l'oiseleur apprêtant ses appâts :
Gare au moineau que retiendra la glue !... (*)
Bon Asmodée, etc.
Plus haut, que vois-je? un salon à l'antique;
Sur un divan repose une Clairon,
Qui, suspendant sa tirade tragique,
S'est endormie en maudissant Néron;
Sous le manteau de Phèdre ou de Lucrèce,
Qu'elle est superbe et qu'elle a de talents!
Hélas! hélas! pourquoi depuis vingt ans
Rend-elle heureux les Romains et la Grèce?
Bon Asmodée, etc.
A la lueur d'une pâle veilleuse
Zoé dévore un lourd in-uclavo;
(*) Boiste autorise ylue.
T. Il — 51
388
CHANSONS POPULAIRES.
Ses yeux sont vifs , sa pose est gracieuse ;
Chez elle s'ouvre... an sentiment nouveau.
Furtivement cette tendre vestale,
Dont le cœur cherche et poursuit un époux ,
Prend chez Ricard son style a hillet doux,
Et chez de Koch des leçons de morale.
Bon Asmodée, etc.
Là- bas, drapant son foulard, sa pelisse,
Marche une femme au regard inspiré;
Elle est en feu , comme la Pythonisse
Improvisant sur le trépied sacré :
C'est une Muse à la voix creuse et mâle;
Dans sa mansarde est l'immortel vallon;
En ) grimpant , l'amante d'Apollon
A déchiré sa rube virginale.
Bon Asmodée, etc.
Que vois-je encor ? c'est une jeune artiste
Aux doigts légers, aux modestes atours;
Son noir crayon , fidèle anatomiste,
D'un Sparlacus arrondit les contours;
Danschaque Irait, chaque ombre, chaque ligne,
Un aperçoit son goût pour les beaux-arts ;
Rien n'est omis, tout s'offre à nos regards,
Tout... jusqu aux plis de la feuille de vigne,
lion Asmodée, etc.
Là, qu'aperçois-je auprès d'une croisée!...
C'est une vierge aux mourantes couleurs
Veillant la nuit sur sa mère épuisée,
En lui rai liant son travail et ses pleurs ;
Ange aux yeux doux, que d'amour te réclame!
Pour captiver les époux, les amants,
Ton Iront n'est pas orné de diamants;
Mais Dieu versa des trésors dans ton âme...
Bon Asmodée, arrêtons pour toujours;
Je trouve ici l'hymen et les amours.
■.oui* I fiiiuii.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve
cl.., I., Vieillot, éditeur, 32, roc Nulre-Dame-iie-
fWareili.
VOiR COULEUR DE ROSE.
182t.
Air : De la cinquitvie édition
Le dégoût suit la vérité
Lorsqu'elle abandonne son voile;
De la voir dans sa nudité
Me préserve, hélas! mon étoffe!
Ici-bas la réalité
Souvent à bâiller nous dispose ;
Pour goûter la félicité
Il faut tout voir couleur de rose.
Lindor, qui court après l'esprit,
N'a ni bon sens, ni caractère;
Il ne sait jamais ce qu'il dit,
Et pourtant il ne peut se taire.
Qu'il soit l'objet d'un compliment,
Ou que de ses travers on glose,
Il prouve, par son air content,
Qu'il faut tout voir couleur de rose.
Flicûac est un vrai la Terreui
Quand avec lui l'on est honnête ;
Mais rien n'égale sa douceur,
Si l'on se montre homme de tête.
Que sur son front mainte rougeur
Contre sa bravoure dépose,
Usait, pour se croire du cœur,
Qu'il faut tout voir couleur de rose.
Quoique le rimeur Narcolin
Soit fustigé par la critique,
Son goût, dit-il, est superflu,
Pindarique, épique, angélique.
Sifflez-vous pour ne pas dormir.
Soudain il regarde la chose
Comme une façon d'applaudir...
Il faut tout voir couleur de rose.
Aux feux de vingt amants Lison
Fit son plaisir d'être pro,>icc :
Pour en finir, près de Damon
Elle prend des airs de novice.
CHANSONS EPICURIENNES.
339
Damon l'épouse radieux :
Sur lant de candeur bouche close !
Puisque Damon se croil aux cieux,
Il faut tout voir couleur de rose.
Quand le bon Grégoire, à longs traits,
A vidé plus d'une bouteille,
Son taudis lui semble un palais,
Sa grosse femme une merveille ;
Son grabat en mol édredon
A ses yeux se métamorphose...
Avec le vin, quand il est bon,
Il faut tout voir couleur de rose.
Par la fortuné ballotté,
Souvent j'ai vu de près la peine ;
Mais, amour, amitié, gaîlé,
Toujours ont allégé ma chaîne.
Si le souci veut m'assaillir,
D'un mot je le mets hors de cause:
Je dis, sans soin de l'avenir :
Il faut tout voir couleur de rose.
.1. Uusaulchoy.
la musique, de Doche, se trouve notée au
N 819 de la Clé dn Caveau.
LA TABLE ET L'AMOUR
1821.
Air : Adieu, je vous fuis, bois charmants.
Entre deux plaisirs, tour-à-tour,
Notre cœur indécis balance :
Est-ce à la table, est-ce à l'amour,,
Qu'on doit donner la préférence?
A l'un, si nous devons le jour,
A l'autre nous devons la vie;
Mais quand des amis sont autour,
Vive une table bien servie I
Si, près de celle qu'on chérit,
L'amour nous trouble, nous enivre,
La table où l'on boit, mange et rit,
Peut enivrer et faire vivre.
L'un s'enfuil quand nous vieillissons,
L'autre nous sert toute la vie :
Lorsqu'on chanle de gais fions, flo :s
Vive une table bien servie I
Si l'amour n'est beau qu'en un cœui
Enflammé d'une ardeur divine,
La table ne doit sa splendeur
Qu'aux feux brûlants de la cuisioe.
L'un a des temples en tous lieux.
L'autre partout est desservie ,
Mais, pour rendre un homme joyeux,
Vive une table bien servie !
Si la table, pour les gourmands.
Est parfois cruelle et perfide,
Le repentir et les tourments
Accompagnent le dieu de Gnide.
L'une engraisse et l'autre amaigrit;
Tous deux grossissent une amie ;
Mais, lorsqu'on a bon appétit,
Vive une table bien servie !
J'aime la table et le bon vin,
Près des amis de la folie ;
Mais j'adore le dieu malin
Auprès d'une femme jolie.
L'une offre des rôts, des ragoûts ;
L'autre, des minois que j'envie,
Lorsqu'ensemble nous sommes tous,
Vive une table bien servie !
.1. Bigot.
La musique, de Doche, se trouve notée au N.
de laClé du Caveau.
LE TONNEAU.
A.IR Le magistral irréprochable.
Toi seul éveilles mon génie,
Par toi je me sens inspiré ,
Caveau, nom cher à la Folie,
Deux fois à Momus consacré!
3in
CHANSONS POPUI.AIRFS.
Pour lyre prenant ma bouteille.
Je veux donc pour temple un caveau
Pont le parvis soit une treille,
Et dont l'autel soit un tonneau.
Parcourant la machine ronde,
Vous qui, le compas à la main,
Nous montrez, sur la mappemonde.
La demeure du genre humain ;
Comme dans un miroir fidèle,
Tracez plutôt, dans mon caveau,
Le sein arrondi de ma belle,
Près du contour de mon tonneau.
Tout est ressource pour le sage :
Amour, fais-moi passer tes traits I
Je prétends en faire un usage
Oui serre nos nœuds à jamais.
A Cypris, à Bacchus fidèle,
J'en veux, aidé de ton flambeau,
Percer le cœur de mon Adèle
Quand j'aurai percé mon tonneau.
J'aurais pilié du vieux Tantale
Si l'eau n'attirait tous ses vœux ;
Pluton, sans son onde infernale,
Serait pour moi le roi des dieux.
Par toi, faisant grâce à la Parque.
Lélhé, j'aurais foi dans ton eau,
Si, près de la fatale barque,
Je voyais voguer un tonneau.
■>c I»ré*o«t d'Irny.
La musique, àr Wicfat, se trouve notée au N. 76
de la Clé du Caveau.
MA PHILOSOPHIE.
1818.
A:>< Hain' le* Jemmet qui voudra.
Chacun court après le bonheur;
Il • i !•• leul noua le prouve ;
Il esl partout^; mais par malheur
Bien rarement l'homme le trouve, fiw
Plus il a, moins il est content ;
L'ambition le ronge.
Le désir d'être au premier rang
Le poursuit même en BOhgè.
Moi, loin de former de tel > vœux.
Je chéris ma philosophie :
Il ne me faut, pour être heureux,
Que bon vin et femme jolie, {ter )
Un vrai soldat met son bonheur
A servir son roi, sa patrie,
Et pour tous deux, au champ d'honneur
Sans nul effroi risque sa vie.
L'espoir de se faire un renom
Le mène à la victoire,
Et, pour mériter le cordon.
Il se couvre de gloire.
Mais moi, qui suis moins valeureux.
De m'illustrer je n'ai l'envie :
Il ne me faut, pour être heureux,
Que bon vin et femme jolie.
L'astrologue se réjouit,
Lorsqu'à l'aide d'un double verre
Il peut fixer en plein midi
L'astre brillant qui nous éclaire.
Il voit les lieux d'où Phaét"ii
Fit la terrible chute,
Et ne voit pas un puits profond
Dans lequel il culbute.
De l'imiter et lire aux deux
Je n'aurai jamais la folie ;
Il ne me faut, pour être heureux,
Que bon vin et femme jolie.
Certain lâche se croil heureux
El dil que sa fortune esl faite,
Si, d'un exilé malheureux,
Il peut indiquer la retraite.
Hélas, quelle esl donc son erreui '
Quni ! peul il méconnaître
Que l Etal paie un délateur,
Mais qu'il méprise un traître ?
A^'ir ainsi ! j aimerais mieux
Rester pauvre toute ma \ ie
CHANSONS EPICURIENNES
H\
Il ne iuc faut, pour être heureux,
Que bon vin et femme jolie.
Sous le nom de navigateur,
L'homme, que l'ambition guide,
Croyant atteindre le bonheur
Traverse la plaine liquide.
Avec sang-froid bravant le sort,
Les vents, la foudre et l'onde,
Quand près de lui plane la mort,
Il cherche un nouveau monde.
Moi je possède, grâce aux cieux,
Dans celui-ci ce que j'envie :
Il ne me faut, pour être heureux,
Que bon vin et femme jolie.
Le politique est satisfait,
Lorsque l'armée entre en campagne ;
Il forme proje' sur projet
Et fait cent châteaux en Espagne.
Une canne et sa carte en main,
Sur la poussière il trace
Des plans, des villes, que soudain
Le moindre vent efface.
Moi, sans être aussi belliqueux,
Plus gaîment je passe ma vie;
11 ne me faut, pour être heureux,
Que bon vin et femme jolie.
Un souverain se croit heureux
De posséder une couronne,
Parce que tout cède à ses vœux
Et que la pourpre l'environne.
Mais, esclave de vils flatteurs,
Rampants par habitude,
11 n'est pas, malgré ses grandeurs.
Exempt d'inquiétude.
Sous le chaume de mes aïeux
Je ne crains pas la perfidie :
Il ne me faut, pour êire heureux,
Que bon vin et femme jolie.
Amis, la source du bonheur
N'est pas toujours dans la richesse ;
Souvent, au sein de la splendeur,
On a vu régner la tristesse.
Mettons un frein a nos désirs,
Et passons notre vie
Entre l'amour et les plaisirs,
Bacchus et la Folie :
Je ne forme pas d'autres vœux,
Car, telle est ma philosophie,
Qu'il ne me faut, pour être heureux,
Que bon vin et femme jolie.
Pierre Touruein!.>t>.
La musique , de Doch.; [ ère, se trouve notée a' i
N. 204 de la Clé du Caveau.
PAUVRE ET JOYEUX.
1820.
Air : Elle a Ira/Uses serments et sa foi.
Content du lot que m'ont donné l-s dieux,
Point ne m'échappe une plainte importune:
Le riche pleure eimoi je suis joyeux,
Et je ferais des vœux pour la foriune,
Moi qui reçus de la divinité » ,. .
Peude richesse etbeaucoupdegaîlé. |
Dans son landeau, l'opulence a frémi
Au seul aspect d'un chemin de traverse !
Heureux à pied, sous le bras d'un arai,
Je ne crains pas que ma voiture verse,
Moi qui reçus de la divinité, etc.
Lorsque viendra fille au gentil maintien
Sous l'humble toit du pauvre et gai trouvère
Je lui dirai : partage tout mon bien,
Je n'ai, ma foi, qu'un cœur, qu'un lit, qu'un verre,
Moi qui reçus de la divinité, etc.
Pauvre richard, mets ton or en monceau ;
La soif de l'or jamais n'est assouvie :
Sans jamais être au bout de mon rouleau
Joyeusement je dépense ma vie,
Moi qui reçus de la divinité, etc.
Le verre en main, j'avale la douleur,
Sans consulter Esculape et son livre,
Bil
CHANSONS POPI'I.AIRFS.
Pe mon hon sang ot do ma belle humeur.
Je ne veux pas qu'un docteur me délivre,
Moi qui reçus de la divinité, etc.
Je dis à Dieu : Mon père, pardonnez
Les gais élans de ma philosophie !
Je dis aux rois : Soyez plus fortunés,
Mais plus joyeux... ohl je vous en défie,
Moi qui reçus de la divinité, etc.
Tel d'une tahleon s'éloigne gaiment.
Tel de la vie un luron se relire.
Amis, je veux, à mon dernier moment,
Vous saluer par un dernier sourire,
Moi qui reçus de la divinité
Peu de richesse et beaucoup de gaité.
A. Jacquemart.
La musique, de Gilles, se trouve notée au N. 1797
de la Clé du Caveau.
LE MEILLEUR REMÈDE.
AlB : Nous jouissons dans nos hameaux.
J'aime à le voir, cher médecin,
Goûter cette ambroisie ;
Je regarde comme un faquin
Quiconque la décrie.
Quoi qu'en dise la Faculté,
Bois en tout comme un autre;
Tu trouveras de la santé
Pour veiller sur la nôtre.
Guerrier, ton métier fait honneur;
Hais je n'en veux point être :
Le bruit du verre fait moins peur
Que celui du salpêtre;
Et, quand je décoitTe un flacon,
Le liège qui pelte
Me fait entendre un plus doux son
Que tambour et trompette.
Toi qui ras, pour me secourir,
Crier à l'audience,
Avocat, veux-tu voir fleurir
Ta bruyante éloquence?
Qu'avec le bon jus du tonneau
Ta voix se reconforte;
Pour étourdir tout le barreau
Tu l'auras assez forte.
Si lu veux qu'un joyeux transport
Dans ton àme renaisse,
Financier, mets ce rouge-bord
En dépôt dans ta caisse :
Tu pourras, après l'avoir bu,
Dire en toute assurance
Que de tes jours tu n'as reçu
Meilleur droit de présence.
De ce jus tu sais la vertu ;
Sa bonté t'est connue :
Philosophe, pourquoi veux-tu
Porter plus loin ta vue?
Son goût charmant nous satisfait:
Nous faut-il aulr3 chose ?
Quand je suis content de l'effet
Que m'importe la cause?
Vos yeux, mesdames, sur nos cœurs
Lancent des traits de flamme ;
Mais vous ôtez, par vos rigueurs,
Tout espoir à notre àme.
Permettez- nous de recourir
A ce divin breuvage :
Vous ne voulez pas nous guérir,
Souffrez qu'il nous soulage.
l'an il id
Air ancien, noté au N. 406 de la Clé du Cav- au.
LE VIN ET LA VÉRITÉ,
A,ir : De la pipe de (abat.
In vino veritas , mes frères ,
Nous dit un proverbe divin.
Dieu pour nous faire aimer nos verres,
Mit la vérité dans le vin.
CHANSONS ÉPICURIENNES.
343
J'obéis à sa loi suprême ;
Comme buveur je suis cité :
On croit que c'est le vin que j'aime.
Mes amis , c'est la vérité.
On croit que la philosophie
N'a jamais troublé mes loisirs,
Et qu'à bien jouir de la vie
J'ai toujours borné mes désirs :
On dit, quand je cours sous la treille,
("'est le plaisir, c'est la gaîté
Qu'il va chercher dans la bouteille...
Mes amis , c'est la vérité.
On croit aussi que la tendresse
Fait quelquefois battre mon cœur ;
On croit qu'une jeune maîtresse
Est nécessaire à mon bonheur;
Quand je trinque avec une belle ,
Chacun dit : « C'est la volupté ,
« C'est l'amourqu'il cherche auprès d'elle.»
Ah! messieurs, c'est la vérité.
Armand GoaiTé.
La musique, de Gaveaux, se trouve notée au
H. 108 de la Clé du Caveau.
LE BONHEUR DE LA TERRE.
AlK : Mon père ilail pot.
Sans boire , en vain nous prétendons
Plaire au dieu des vendanges :
Ce n'est qu'en usant de ses dons
Qu'on chante ses louanges.
Parmi tous les dieux,
Qui mérite mieux ,
Amis, qu'on le révère?
L'aimable Bacchus
Fait par son doux jus
Le bonheur de la terre.
De chaque immortel , je le sais,
La bonté libérale.
Tous les jours, par quelques bienfaits ,
Envers nous se signale ;
Mais quelque charmants
Que soient leurs présents
Nul au vin ne ressemble :
Aimable Bacchus,
Dans ton divin jus
Sont tous les biens ensemble!
Quand on veut perdre de ses maux
L'importune mémoire ,
Ce ne sont pas les tristes eaux
Du Léthé qu'il faut boire;
Car, loin de guérir,
L'eau ne fait qu'aigrir
Le mal qui nous obsède :
L'aimable Bacchus,
Dans son divin jus ,
Offre un plus sûr remède.
Le soldat, dont celte liqueur
Échauffe le courage ,
Cherche à signaler sa valeur
En volant au carnage.
Aussi nos guerriers
De tous leurs lauriers
Lui rapportent la gloire.
Aimable Bacchus,
A ton divin jus,
Ils doivent la victoire.
Ariane avait fait serment
De n'aimer de la vie ;
Lorsque par son perfide amant
Sa flamme fut trahie.
D'amour tous les traits
Ne purent jamais
Vaincra son cœur rebelle :
Tu parais , Bacchus I
Et ton divin jus
Te soumet cette belle.
Voyez Anacréon assis
À l'ombre d'une treille ,
Chanter, parmi les jeux , les ris,
Glycère et sa bouteille.
av,
CHANSONS POPULAIRES.
L'hiver de ses ans
A les agréments
Dont brille la jeunesse ;
Pour qui boit, Baechus,
De ton divin jus,
Il n'est point de vieillesse.
Désirez-vous que vos chansons
Méritent que la gloire
S'empresse de graver vos noms
Au temple de mémoire ?
Pour les composer,
N'allez pas puiser
Dans la docte fontaine :
L'aimable Bacclius,
Avec son doux jus ,
Fait plus que l'hypocrène.
Aux plaisirs que l'on goûte aux cieux
Ne portons point envie;
N'avons-nnns pas, comme les dieu" .
Aussi notre ambroisie?
Oui , cette liqueur
Procure un bonheur
Que jamais rien n'altère .
* Aimable Baechus,
Avec ton doux jus,
Le ciel est sur la terre.
L'abbé Fatiu.
La musique , de Biaise , se trouve notée au
N. 133 delaClédu Caveau.
L'ÊPICURISME.
ISU.
Ain Trop de pétulance gâte tout..
Ilire , manger, dormir et boire,
Chanter et rimer sur un rien,
Aimer toujours . voilà la gloire
Du véritable épicurien.
Qui se prive dil-il, s'abuse.
Suivons, mais réglons nos désirs;
Il faut qu'on s'amuse,
S'amuse , s'amuse,
Et le bonheur est dans les plaisirs.
Grapin, chez un fils d'Épicure,
Arrive, au moment du banquet,
Pour lui parler de procédure ;
.Mais le sage répond tout ml :
Je n'aime pas qu'on me dérange
Quand le repas vient de sonner,
11 faut que je mange,
Mange, mange,
l'.t voici l'heure de mon dinar.
Purgon était venu la veille
Lui commander expressément
De renoncer à la bouteille,
Ou de faire son testament.
Non, non, docteur; quoique je doive
Mon trépas à ce jus divin,
11 faut que je boive,
Boive, boive,
Car point d'existence sans le vin.
Platon, tant soit peu misanthrope,
Veut qu'en amour l'homme exalté,
Sans s'occuper de L'enveloppe ,
De l'âme adore la beauté.
Moi, je crois meilleur mon système.
Quand une belle me sourit ,
Il faut que je l'ai ne ,
L'aime, l'aime,
De cœur, de sens, de corps et d'esprit.
Si, prodiguant, dans une fêle,
Café , liqueurs, \ins précieux,
i Cornus, en m'échaull'anl la lôte,
Chasse le sommeil de mes yeux.
Lors je prends, n'importe la forme,
Un journal, un nouveau roman.
Il faut que je dorme,
Donne, dorme,
Avec eux je dormirais un un.
Sans pain, et couché sur la dure,
Lorsque gémit l'homme de bien ,
Paris — Imprimerie de ''ilLft fils utn£ .nir îles f.rands-AujitiStins, .';
CHANSONS ÉPICURIENNES.
345
Le digne élève d'Épicure
Court l'obliger et ne dit rien.
N'eût-il , dans sa bourse mignonne,
Tout au plus qu'un louis ou deux,
11 faut qu'il le donne,
Donne, donne.
Plus léger, il rit et danse mieux.
Mangeur et rimeur détestable,
Souvent j'éprouve du dépit
De prendre place à cette table
Sans talent et sans appétit ;
Mais votre gaité, qui m'enchante,
Dissipant bientôt mes chagrins,
Il faut que je chante,
Chante . chante,
Apprenez-moi vos joyeux refrains.
Charles Sartrouvtlle.
La musique , de Philidor , se trouve notée au
N. 864 de la Clé du Caveau.
COMME ON FAIT SON LIT ON SE COUCHE.
1809.
AIR de la cinquième édition.
Dans de beaux lits quand bien des gens
Ne peuvent fermer la paupière ,
Sur leurs grabats que d'indigents
:*omineillent la nuit tout entière :
Il est plus d'un homme à Paris
Qu'un pareil contraste effarouche :
Pour moi je n'en suis pas surpris ;
Comme on fait son lit on se couche.
Dumont, près de se marier,
Disait à sa jeune future :
« Pourquoi des plis à l'oreiller ,
« Des plumes sur la couverture?
« Tenez, tout cela me déplaît ,
« Et quand vous ornerez ma couche ,
u Tâchez que le lit soit mieux fait;
« Comme on fait son lit on se couche. >;
lit
Paul hérita de bons aïeux,
Qui d'amasser avaient coutume ;
Tant que Paul fut sage comme eux
Comme eux il coucha sur la plume;
Mais bientôt , le jeu l'entraînant,
Avec maint joueur il s'abouche :
Sur la paille il dort maintenant ;
Comme on fait son lit on se couche.
Laa de sommeiller sur le foin ,
Certain bas-Normand en cachette
Dérobe au tapissier du coin
Deux matelas, une couchette :
On l'arrête; il est entendu ;
Et l'affaire étant un peu louche,
On le condamne , il est pendu :
Comme on fait son lit on se couche.
Prompt à donner dans le panneau,
Ces jours derniers, le buveur Pierre,
En sortant de chez Ramponneau,
Tombe étendu sur une pierre :
Quoique le lit ne fût pas sain,
Pierre y dormit comme une souche,
Et s'écria le lendemain :
« Comme on fait son lit on se couche. »
Bravant la chance des combats,
Lorsque leur chef les accompagne ;
Voyez tous nos jeunes soldats
En chantant faire une campagne ;
Ils brûlent , en braves guerriers ,
Jusqu'à leur dernière cartouche ;
Puis ils dorment sur des lauriers :
Comme on fait son lit on se couche.
N. Brazier.
La musique, de Doche, se trouve notée au N. 812
delà Clé du Caveau.
QUE CHACUN EN FASSE AUTANT.
1809.
Air du vaudeville du Mameluck.
Qu'on me blâme ou qu'on me fronde (
Mon sort est digne d'un roi ;
TOME u. — 52.
346
CHANSONS POPULAIRES.
Il n'est de bonheur au monde
Que pour les gens tels que moi :
Oui, ma vie est exemplaire;
Pour être toujours content,
Je la passe à ne rien faire ; [bis.
Que chacun en fasse autan l.
Je chante, je ris , je danse ;
Je bois, je mange ou je dors;
Mon lit , ma table et ma panse
Sont mes uniques trésors.
Je verrai finir ma vie
Sans avoir un sou comptant ;
Pour ne pas craindre l'envie,
Que chacun en fasse autant.
Je ne fais pas antichambre
Chez les critiques du jour,
Chez les sols parfumés d'ambre,
Ni chez les grands de la cour :
Pour rendre le fat moins leste,
Le censeur moins important,
Le parvenu plus modeste ,
Que chacun en fasse autant.
On dit que l'humeur légère
De nus tendrons de Paris
Guérit du désir de plaire,
lit fait damner les maris :
Poursa\oir s'il est des dames
Dignes d'un amour constant,
J'en conte à toutes les femmes;
Que chacun en fasse autant.
Trente créanciers barbares
M'assiègent matin et soir;
Sur quatre oncles très avares
Je fonde tout mon espoir :
Voyant ma douleur profonde,
L'autre jour le mieux portant
S'embarqua pour 1 autre monde :
Que chacun en fasse autant.
Les procès et les batailles
Sont la perte des Étals;
Amis, ce n'est qu'aux futailles
Qu'il faut livrer des combats :
Je ne bats qu'à coups de verre;
Je ne plaide qu'en chantant :
Pour le bonheur de la terre
Que chacun en fasse autant.
Dans plus d'une compagnie,
J'entends plus d'une chanson
Sans esprit el sans folie,
El sans rime et sans raison ;
Quoique ennuyé de l'antienne ,
J'applaudis on l'écoutant :
Quand on chantera la mienne
Que chacun en fasse autant.
Frauda d'Allante.
La musique, de Doche, se trouve notée auN. 872
de la Clé du Caveau.
LE PARADIS ÉPICURIEN.
1811.
AIR : J'ai vu p arlivt dans mes voyages.
Lorsque du banquet de la vie
Gaîment nous serons tous sortis.,
Quelle religion amie
Nous ouvrira son paradis?
J'interroge leur caractère,
Et. peu satisfait, je crains bien
Que le sorl n'ait placé sur terre
Le paradis épicurien.
Chez Ossian , on se fait gloire
De haïr après le trépas ;
Dans un crâne on vous offre à boire;
Ce vase ne nous plairait pas :
L'Elysée où revit la haine .
.Mais où l'amour n'entre pour rien ,
Ne peul être, on le voit sans peine ,
Le paradis épicurien.
Du Salomon de l'Arabie
J'aime assez les mille houris ;
CHANSONS ÉPICURIENNES.
347
Mais ce législateur oublie
Que sur terre on eut des amis :
Dans ces lieux que le Turc honore ,
L'amour es! tout, l'amitié rien...
Mahomet n'a pas fait encore
Le paradis épicurien.
On chante, dit-on , chez saint Pierre,
Mais sur des airs fort peu grivois ;
Puis, l'éternité toute entière
Doit finir par lasser la voix.
Les yeux fixés sur chaque sainte ,
On voit tout, on ne touche à rien...
Ah I cherchons, loin de cette enceinte,
Le paradis épicurien.
Dans le paradis de la fable
Tous les plaisirs sont bien venus;
Les grâces y servent à table
Oresie assis près de Vénus :
Mais Chapelle, Piron , Horace,
N'habitent pas ce lieu païen,
Et ce n'est pas loin d'eu y qu'on place
Le paradis épicurien.
Sur terre, du moins, je puis lire
Ces gais auteurs, mon désespoir;
Vénus parfois vient me sourire,
Et Bacchus m'ouvre son pressoir •;
L'Amitié dans ses bras me serre :
Oh ! mes amis , je le vois bien ,
On ne peut trouver que sur terre
Le paradis épicurien.
II. de Itougemoiit.
La musique, de Ch. IMantade, se trouve notée au
N. 243 de la Clé du Caveau.
DIVERTISSONS-NOUS.
1812.
Air. Uncordeiier d'une riche encolure.
Je suis chagrin... je vois avec tristesse
Les choses sans cesse
Sens dessus dessous ;
Mais divertissons-nous.
Pourquoi faut-il que tout soit dans le monde,
Sur terre et sur l'onde,
Sens dessus dessous!...
Mais divertissons-nous.
Chez les huissiers, procureurs ou notaires,
Je vois les affaires
Sens dessus dessous ;
Mais divertissons-nous.
Je vois partout, affrontant le scandale ,
Mœurs, bon sens, morale,
Sens dessus dessous;
Mais dmrtissons-nous.
Faut-il qu'un sot devienne un personnage
Tout est, j'en enrage,
Sens dessus dessous;
Mais diverlissons-nous.
C'est qu'il a mis , pour mieux filer sa trame,
Une grande dame
Sens dessus dessous ,
Mais divertissons-nous.
Valsain , pour plaire à sa chaste compagne,
Vous met sa campagne
Sens dessus dessous ;
Mais divertissons- nous.
A son retour, il vole chez madame ,
Et trouva sa femme
Sens dessus dessous;
Mais divertissons-nous.
Chacun le sait, tout est, sans épigramme,
Dans un mélodrame ,
Sens dessus dessous;
Mais divertissons- nous.
En ce moment , Thalie et Melpomène,
Sont bien sur la scène,
Sens dessus dessous;
Mais divertissons-nous.
A déjeuner qu'un garçon vous engage ,
Voyez son ménage
8*8
CHANSONS POPULAIRES.
Sens dessus dessous ;
Mais divertissons-nous.
Voyez aussi chez un moderne Apelles ,
Les dieux et les belles
Sens dessus dessous ;
Mais divertissons-nous.
Que l'intrigant aux richesses parvienne,
11 met tout sans [iciiie
Sens dessus dessous ;
Mais divertissons-nous.
L'ambitieux qui vous heurte et culbute,
Peut faire une chute
Sens dessus dessous ;
Mais divertissons-nous.
Lindor paraît... Lise qui le redoute,
Soudain se sent toute
Sens dessus dessous;
Mais divertissons-nous;
La vieille Arganl vomirait . au lieu de Lise.
Que Lindor 1 ' * ■ û t mise
Sens dessus dessous...
Mais divertissons-nous.
Vive Bacchusl qu à Don droit chacun fête,
Qui vous met la tête
Sens dessus dessous I
Mais divertissons-nous.
Amour! Bacchusl par vous on voit sang cesse
Jeune»!- el i ieilli
Sens des as ;
Mais divertissons-nous.
Chantons, buvons; Délaissons rien aux treille-
Mettons les bouteill -
Sens dessus dessous ;
divertissons-nous :
Car dans cenl ans, tout ce qui vit sur terre
Scia loi sérèi ■
Sens dessus dessou
Mai- diVI nous.
Durrny-Kkiiiiiiiill.
Air ancien, noM U N. 'XI3 de la Clé du Caveau.
DAGOBERÏ.
1842.
Air : Conlenlons^nous d'une simple bouteille.
De par la mode on peut tout se permettre;
Cette déesse est maîtresse chez nous.
Grâce à ses lois, nous finirons par mettre
Le haut en bas et le dessus dessous.
Pour déguiser son auguste personne,
Tout paraît bon dans ce monde pervers I
EtDagobert, le peuple le chansonne,
Pour avoir mis sa culotte à l'envers!
Ne dites pas qu'une mise décente
Est de rigueur dans nos bals de Paris :
De la Courtille autrefois la descente,
A nos regards, offrait des gens mieux mis.
Dans un galop chacun se déboutonne,
Du grand Chicard on se donne les airs!..
EtDagobert, le peuple le chansonne,
Pour avoir mis sa culotte à I envers.
Notre théâtre a de tristes allures!...
Pour débiter et la prose et les vers
On a recours à de minces doublures,
Dont le costume a, je crois, deux envers.
Mais le public chez nous, se passionne
Pour les acteurs et les mots mal couverts;
Et Dagobert, le peuple le chansonne,
Pour avoir mis sa culotte à l'envers.
De la beauté l'Anglais est tributaire;
Ne voulant pas d'un roi mal culotté,
Les citoyens de la vieille Angleterre
D'un cotillon drapent la royauté.
Pour le trident sa main est trop mignonne
Une quenouille est le sceptre des mers!...
Et Dagobert, le peuple le chansonne.
Pour avoir DUS Sa culotte à l'envers.
Pour les enfants chéris de la Victoire
Toujours le peuple élève un Panthéon.
Le remps ne peul chasser de sa mémoire
Les Alexandre et les Napoléon.
Paris — Imprimerie de IMllkt fils ut ne" .rue des Grands-Augustins, 5
CHANSONS ÉPICURIENNES.
349
Sans le Destin ces amants de Bellone
Auraient, je crois, retourné l'univers,
Et Dagobert, le peuple le chansonne,
Pour avoir rais sa culotte à l'envers.
Combien de fois, nos illustres paillasses,
Kn exploitant nos changements subits.
Pour conserver leurs titres et leurs places
Ont, sans pudeur, retourné leurs habits.
Vous saluez l'étoile qui rayonne
Sur ces habits tantôt bleus, tantôt verts!...
El Dagobert, le peuple le chansonne,
Pour avoir mis sa culotte à l'envers.
Je ne sais pas si mes notes sont fausses,
Car je n'ai point la clé des cabinets ;
Maison prétend que plus d'un haut de chausses
Se raccommode avec des fonds secrets.
Le bon bourgeois souffre qu'on le rançonne
Pour restaurer le pantalon d'un tiers....
Et Dagobert, le peuple le chansonne,
Pour avoir mis sa culotte à l'envers.
Nous avons vu de zélés patriotes
Représentant in naturalibus,
Dans le Forum, paraître sans-culottes,
Pourréformer le luxe et ses abus.
Sous ton drapeau, Liberté polissonne,
De leur médaille ils montrent le revers!...
Et Dagobert, le peuple le chansonne,
Pour avoir mis sa culotte à l'envers
Dieu sait, hélas! en ce sièc!e profane,
Ce qu'à l'envers un beau jour nous mettrons!
Le frac, l'habit, la toge, la soutane,
Tout est taillé sur de mauvais patrons.
Casque, bonnet, chapeau, mitre, couronne,
Tout est mesquin, tout est mis de travers!...
Et Dagobert, le peuple le chansonne,
Pour avoir rais sa culotte à l'envers.
A. Jacquemart.
La musique, de Mouret, se trouve notée au
N. 105 de la Clé du Caveau.
112
REFLEXIONS ÉPICURIENNES.
1811.
Air du vaudeville du Mélèagre Champenois.
L'esprit joyeux, l'âme toujours pure ,
Lorsque l'on fête et Vénus et Bacchus ,
On peut se croire un fils d'Épicure,
Et se passer des biens de Lucullus.
Fi du censeur tourmenté par l'envie !
Tel qu'un cynique au fond de son tonneau ,
A tout blâmer il consume sa vie ;
Il parle d'or et ne boit que de l'eau.
L'esprit joyeux, etc.
L'heureux du jour, dans un bel équipage,
Aux grands dîners ventre à terre est conduit :
A pied du moins on a plus d'avantage,
Car en chemin on trouve l'appétit.
L'esprit joyeux , etc.
Chaulieu fut riche , et de plus bon convive ;
Mais au bonheur il n'eut pas tous les droits :
Le bon prieur (quoiqu'un docteur écrive)
Avec son or ne dînait pas deux fois.
L'esprit joyeux, etc.
L'illustre auteur de la Métromanie ,
Qui n'avait rien , qui même ne fut rien,
A sa gaîté bien plus qu'à son génie
Doit son brevet d'aimable épicurien.
L'esprit joyeux , etc.
Le bon Panard, dont nous cherchons la trace,
Pour Épicure abandonna Cujas ;
Il s'écriait, à l'exemple d Horace :
Bonum vinum et mediocritas.
L'esprit joyeux, etc.
D'autres encor, qui n'étaient pas plus tristes,
Ont bien vécu sans payer à grands frais,
Pour cuisiniers de célèbres artistes ;
Ils dînaient bien, et buvaient toujours frais.
L'esprit joyeux, etc.
TOMB II. — 53
350
CHANSONS POPULAIRES.
A leurs leçons, amis, soyons fidèles ;
En vains regrets ne perdons point nos jours,
Et, s'il se peut , surpassons nos modèles ;
Aimons, rions, buvons, chantons toujours :
L'esprit joyeux , l'âme toujours pure,
Lorsque l'on fùte et Vénus et Bacchus,
On peut se croire un fils d'Épicure,
Et se passer des biens de Lucullus.
Antignac.
La musique, de Doche, se trouve notée au N. 1469
de la Clé du Caveau.
MA PROFESSION DE FOI.
1811.
Air : Oui, ie suis soldai, moi.
Oui , je suis gourmand , moi ,
Et je m'en fais gloire;
Du tçmps le plus doux emploi,
C'est de manger, de boire.
Quand Bacchus vient l'animer,
Ma Muse, peu bégueule,
Préfère à l'art de rimer
Le grand art de la gueule.
Oui, je suis gourmand, moi, etc.
Plein de verve et d'appétit,
lJiron, convive aimable,
Me surpassait en esprit,
Je le surpa-se à table.
Oui, je suis gourmand, moi, etc.
Quatre somptueux repas
Remplissent ma journée,
Et pour moi le mardi-gras
Dure toute l'ami' e
Oui, je suis gourmand, moi, etc.
Le sort devait ordonner
Que dans Hume je vinsse,
Quand Lucullus à dîner
Mangeait une province.
Oui, je suis gourmand, moi, etc.
L'auleur qui cherche un succès
S'agite, s'inquiète ;
Mais l'heureux gourmand jamais
Ne sort de son assiette.
Oui, je suis gourmand, moi, etc.
Que je plains l'aveuglement
De ce convive blême
Qui converse sobrement
El qui mange de même!
Oui, je suis gourmand, moi, etc.
Gais bavards et francs gourmets,
Montrons-nous moins novices;
De bons mots et de bons mets
Parons tous les services.
Oui, je suis gourmand, moi, etc.
Par mille et mille arguments
Je prouverais à table
Que le corps des vrais gourmands
Est le seul respectable.
Oui , je suis gourmand, moi, etc.
De la terre jusqu'aux cieux,
Et de l'homme à l'insecte ,
Ne voit-on pas on tous lieux
Des gens de notre secle ?
Oui, je suis gourmand, moi, etc.
A dîner en tapinois
Souvent belle se prête;
Et l'amour prend en sournois
Cornus pour interprète.
Oui , je suis gourmand , moi, etc.
Celle dont Antoinr un jour
Satisfit les demandes (1),
Peut bien, je crois, passer pour
La pcrlf des gourmands.
Oui, je suis gourmand, moi, etc.
(*) Cléopàtre.
CHANSONS EPICURIENNES
3S1
Jamais aux méchants discours
Un gourmand ne s'adonne.
Et celui qui mord toujours
Ne déchire personne.
Oui , je suis gourmand, moi, etc.
Par un règlement nouveau
De cette confrérie ,
Que tout ennemi de l'eau
Eu arrivant s'écrie :
Oui, je suis gourmand, moi,
Et je m'en fais gloire ;
Du temps le plus doux emploi,
C'est de manger, de boire.
Moreau.
La musique , d'Albanèse , se trouve notée au
N. 119 delà Clé du Caveau.
L'HOMMAGE AU GENRE HUMAIN.
Air de la Boulangère.
Mes amis, je vais vous chanter
Une ronde de table ,
En cherchant à vous inspirer
Un plaisir délectable;
Pour rendre hommage au genre humain,
Fuyons l'impitoyable
Chagrin,
Fuyons l'impitoyable.
Ne croyez pas que pour souffrir
Nous soyons sur la terre ;
Appliquons-nous à bien jouir,
Aux maux faisons la guerre ; ,
Pour rendre hommage au genre humain
Prenons tous notre verre
A la main,
Prenons tous notre verre.
Que des bons mots fins et choisis
Viennent frapper l'oreille ;
Par de bons refrains, mes amis,
Que chacun se réveille;
Pour rendre hommage au genre humain,
Couchons une bouteille
Soudain,
Couchons une bouteille.
Nous devons tous aimer l'amour,
C'est assez ma morale ;
Mais le dieu Bacchus, à son tour,
Prétend qu'on le signale;
Pour rendre hommage au genre humain,
Qu'ici chacun avale
Son vin,
Qu'ici chacun avale.
Essuyez-vous tous le menton,
Si l'amour vous lutine,
Il faut céder à sa raison,
Je crois qu'on me devine ;
Pour rendre hommage au genre humain
Embrassons la vrisine,
Voisin,
Embrassons la voisine.
Je crois qu'il faut boire et manger
Pour jouir de la vie,
Qu'il faut aimer, qu'il faut chanter
Et suivre la folie ;
Pour rendre hommage au genre humain,
C'est ma philosophie,
Mon train,
C'est ma philosophie.
A. Dida.
La musique, de Mondonville, se trouve notée
au N. 303 delaClé duCaveau.
L'HOMME ÉGAL AUX DIEUX PAR LE PLAISIR.
Air : Aussitôt que la lumière.
L'austère philosophie,
En contraignant nos désirs,
Prétend que dans cette vie
Il n'est point de vrais plaisirs.
Je renonce à ce système;
Dieux, n'en soyez point jaloux;
852
CHANSONS POPULAIRES.
Dans les bras de ce que j'aime ,
Suis-je moins heureux que voue?
Eh quoi ! m'avez-vous fait naître
Avec des sens superflus?
Pour avoir le plaisir d'être,
Faut-il que je ne sois plus?
Je renonce à ce système ;
Dieux, nen soyez point jaloux;
Dans les bras de ce que j'aime
Suis-je moins heureux que vous ?
D'un bonheur imaginaire
Je ne repais point mon cœur,
Lorsque le présent peut faire
Mon unique et vrai bonheur.
Voilà quel est mon s\stème ;
Dieux, devenez-en jaloux !
Dans les bras de ce que j'aime
Je suis plus heureux que vous.
Attribuée à Philippe, duc d'Orléans, régent
Air ancien, noie au N. W de la Clé du Caveau.
APRES MOI LE DELUGE.
•1818.
Air de Marianne.
Qu'un soldat courre à la bataille
Pour combattre sous sou guidon,
Moi, je ne cours qu'à ma futaille,
Armé d'un broc ou d'un bidon.
Plein de valeur,
lui vrai buveur,
Mon caveau seul devient mon cbampd honneur
« Mais, quoique ardent ,
« Reste prudent,
Médit Bacchus, mon premier commandant.
Fier comme un coq ou comme Un juge,
Assù près du plus gros tonneau ,
Je bois sec, et toujours sans eau.
Après moi le déluge.
Heureux dans mon modeste gile,
Je n'ai qu'un lit et qu'un buffet ,
Et jamais je ne rends visite,
Qu'au magasin de Corcelet.
Au cher Cornus ,
A l'angelus ,
Tous les matins je chante un orémus.
Dieu des gourmands ,
Malgré le temps ,
Ab! par pitié conserve-moi les dents!
Qu'un mets soit bon je me l'adjuge ;
Cédant à la tentation ,
Je risque une indigestion.
Après moi le déluge.
Je chasse la mélancolie,
Et vois combler tous mes désirs,
Quand l'étendard de la folie
Sert de jalon à mes plaisirs.
Le dieu d'amour
Sait à son tour
Charmer ma vie , et la nuit et le jour.
Frais et dispos ,
A tous propos
J'aime à jouir sans prendre de repos.
Je veux avant que l'on me gruge,
En mangeant mon dernier écu ,
Mourir comme j'aurai vécu,
Après moi le déluge.
Un jour la camarde mégère
Me dira dans son vieux caquet :
« La vie est courte et passagère ,
« 11 en est temps, fais ton paquet . »
Zeste à Carou ,
En franc luron,
J'irai gaîment offrir mon rouge front.
11 me dira :
« Place-toi la,
« Viens avec moi . Minos te jugera. »
Dé,à sans faire de grabuge,
De mon arrêl je soi- content ;
Je rôtirai mais en chantant :
Après moi le déluge.
i ii^inc lieront-.
La musique, de Dalayrac, se troure notée
N. 650 de la Clé du Caveau.
Paris. — Imprimerie dn Piuet filsttné, rue des Grands- Augustins, 5.
LE SAINT CARNAVAL
1809.
Au : -Won pin était pot.
D'un patron pour nous on faii choix
Le jour qu'on nous baptise;
Mais à notre âg3 on peut, je crois,
Le choisir à sa guise :
Que tout bon luron
Prenne le patron
Que nia voix préconise :
C'est saint Carnaval!...
Qu'un cri général
Ici le canonise.
Pour obtenir quelque faveur
Auprès de tous les autres,
Il faut sans cesse, avec ferveur,
Croquer des patenôtres :
J'avais, entre nous,
Trop mal aux genoux
Quand je chmtais leur gloire :
Pour saint Carnaval
Si je me fais mal,
Ce n'est qu'à la mâchoire.
Dans les grandes afflictions
Pour le rendre prospère,
Je lui fais des libations
De charup;igne ou madère :
Le plus noir chagrin
Diparaît soudain;
El qmmd on l'intercédé,
A saint Carnaval
11 n'est point de mal,
Point d'ennui qui ne cède.
Il n'a point, comme saint Bernard,
Et froc et scapulaire;
Ses enfants prennent au hasard
L'habit qui sait leur plaire ;
Mais il est toujours
Propice aux amours,
113
A leurs 'loux exercices :
C'esi à table, au bal,
Que saint Carnaval
Eprouve ses novices.
Quant aux miracles, chacun sait
Comment il fait les choses;
Jamais un autre saint n'a fait
Plus de métamorphoses :
Il donne aux vieillards
Des airs égrillards;
Il rend fous les plus sages ;
Et saint Carnaval
Confond d'un signal
Tous les rangs, tous les âges.
De tante ou d'oncle encor très-sains
Convoitant les espèces,
Un neveu pauvre à tous les saints
Faisait dire des messes;
Au nitre à son tour
Il s'adresse un jour,
Et, doublant son attente,
Ce bon Carnaval,
Dans un seul régal,
Rafle l'oncle et la tante.
On bâille, on dort aux tristes chants
Que psalmodie un prêtre ;
L'on rit et l'on danse aux accents
Que Carnaval fait naître :
Quel hymne jamais
Valut vos couplets,
Ou seulement les nôtres?
Bientôt sans rival,
Oui, saint Carnaval
Fera damner les autres.
Lorsqu'arrive ce triste jour
Où ce grand saint expire,
C'est alors qu'on voit tout l'amour
Qu'à chacun il inspire
Tout le lendemain
On trouve en chemin
Des faces de carême,
El de Carnaval
Un deuil général
Marque l'heure suprême.
T. ii. — SI
35*
CHANSONS POPULAIRES.
Plus d'un disciple cependant,
Dans l'excès do son zèle,
Malgré le carème-prenant
Lui demeure fidèle :
Pour nous, mes amis,
A sa loi soumis,
Puisqu'elle nous amuse,
Chômons Carnaval
Jusqu'au jour fala!
Où viendra la camuse.
Ch. de Longchamp*.
La musique , de Biaise , se trouve notée
N. 633 delaClé du Caveau.
MA PHILOSOPHIE.
Am de Calpîgi.
Mes amis, ma philosophie
Consiste à blâmer dans la vie
Tout excès qui nuit au plaisir.
Afin d'en pouvoir mieux jouir, {bis.)
Je veux d'abord qu'on rende hommage
A l'nomme raisonnable et sage;
Mais pour être sage, vraiment,
11 faut l'être modérément. (bis.)
Quand je vois une aimable fille
Dont le cœur bat, dont l'œil pétille,
Et qui semble, par ses 3 mpirs,
Nous inviter aux doux plaisirs, (bis.)
Je n'entends pas que cette belle
Trouve en nous humeur trop cruelle;
Mais ne lui donnons qu'un moment:
11 faut aimer modérément. (bis.)
Je croîs que le diable me pousse
Quand je vois pétiller la mousse
De ce Champagne, dont les dieux
Voudraient s'enivrer dans les cieux. (615.)
Mais, le plus triste de l histoire,
C'est qu'on s'extermine à trop boire ;
Pour boire longtemps el souvent,
11 fan' boire modérément. bis.)
J'aime assez ce métal jaunâtre
Dont tout le monde est idolâtre,
Et qui fait bien plus d'orgueilleux
Qu'il n'a jamais fait des heureux, (bis.)
A la fortune si l'on vise,
Qu'un droit chemin nous y conduise,
L'ar, pour dormir tranquillement,
Il faut gagner modérément. (6w*)
J'aime avec passion, sans doute,
Chanter afin que l'on m'écoute ;
J'ai, j'en conviens de bien bon cœur.
Mon grain d'amour- propre d'auteur. Wl
Mais je sais que l'on peut déplaire
Quand on ne sait jamais se taire.
Pour amuser, même en chantant,
Il faut chanter modérément, (bis.)
Vr. I.iénard.
La musique, de Salieri, est notée au N. 2S0 de la
Clé du Caveau.
LE RÉVEIL DU CHANSONNIEF
1823.
AlR : Mes amis, trinquons, trinquons.
Mes amis, chantons, chantons, chantons
L'humanité nous donne
Des sujets qu'on chansonne;
Mais après buvons, limons buvons,
Par de joyeux fions fions
Égayons nos chansons.
Dans le siècle où nous sommes,
Tant que seront les hommes
plus coquets que tendrons,
C'est 1111 sujet: limons.
Mes amis, etc.
Tant qu on verra des trames
Kl de noirs mélodrames
CHANSONS EPICURIENNES.
355
Illustrer la Gaîté,
Jamais d'oisiveté.
Mes amis, etc.
Tant que mainte Lucrèce,
Bien rigide en sagesse,
Dira que pour toujours
Elle fuit les amours,
Mes amis, etc.
Tant qu'un tuteur avare
Mettra son or en barre,
Et qu'un dissipateur
Trompera le tuteur,
amis, etc.
Tant qu'on verra les belles
Se dire bien fidèles
A leurs tendres maris
Complaisants et soumis,
Mes amis, etc.
Quand nous irons en terre
(Ce que chacun doit faire) ,
Ceux qui nous conduiront
Tous en chœur chanteront :
Mes amis, chantons, chantons, chantons;
L'humanité dous donne
Des sujets qu'on chansonne;
Mais après buvons, buvons, buvons;
Par de joyeux fions fions
Égayons nos chansons.
J. Bigot.
CHACUN A SON TOUR.
Aik : Au clair de la lune.
Selon ma coutume,
Mon cher Apollon,
En prenant ma plume
J'invoque ton nom.
Ah ! permets de grâce,
Que sans nul détour
On aille au Parnasse
Chacun à son tour.
Lorsque Philomèle
Chante au mois de mai,
Tout se renouvelle
Et prend un air gai.
L'amant, la fillette,
Conduits par l'Amour,
Vont fouler l'herbelte
Chacun à son tour.
Le cœur de nos belles
Se donne à l'encan,
Et l'or est pour elles
Le seul talisman .
L'Amour, dans la ville,
N'a point de séjour,
On lui donne asile
Chacun à son tour.
Un soir, chez Ismène,
On me conduisit,
Et celle Syrène
En entrant me dit :
« Partout on me vante,
« Faites-moi la cour...
« Chez moi l'on contente
« Chacun à son tour. »
Craignons Esculape
Et ses serviteurs,
La mort ne nous happe
Qu'en leurs bras trompeurs.
Si dans sa colère
Dieu les mit au jour,
C'est pour mettre en terre
Chacun à son tour.
Rien n'est plus aimable
Qu'un épicurien,
Des lois de la table
11 est le soutien.
Souper plein d'ivresse,
Fille faite au tour,
S5«
CHANSONS POPULAIRES.
Lui plaisent sans cesse
Chacun a son tour.
Nargue de l'envie,
Goûtant le plaisir
Passons noire vie
A boire et jouir.
Le temps fait sa ronde
La nuit et le jour ;
On sort de ce monde
Chacun à son tour.
Casimir Ménestrler.
La musique, de Lulli, se trouve notée au N. 1820
de laCle du Caveau.
LE ROI ET L'ÉPICURIEN!
1821.
Air du Cabaret.
0 rois qui, gouvernant la terre,
Croyez goûter le vrai bonheur,
Abandonnez cette chimère,
Laissez cette trop douce erreur.
D'or vous portez de lourdes chaînes;
Ma maîtresse, suivant mes goûts,
Avec des fleurs tresse les miennes :
Ah ! je suis plus heureux que vous I
Dans votre main je vois sans cesse
Briller votre sceptre imposant;
Mais bientôt votre règne cesse
Si son joug devient trop pesant.
Mon thyrse, moins brdlanl Bans doute,
Me procure un plaisir plus doux,
Personne au moins ne le redoute :
Ah ! je suis plus heureux que vous!
Sur votre tiMe une couronne
Doit vous sembler un lourd fardeau
A celui qui vous environne
S>n eclal peut paraître beau.
Une simple branche de lierre
Cerne mon front d'un nœud si doux.
Ma couronne au moins est légère :
Ah ! je suis plus heureux que vous!
Un trône éclatant de parure,
C'est là que tendent tous vos vœux.
Un banc couvert par la nature
Me semble un siège plus moelleux ;
Près d'une nouvelle Érigone,
Entre quelques aimables fous,
A mon aise je déraisonne :
Ah! je suis plus heureux que vous!
A tahle quand la soif vous presse,
Loin de goûter les vrais plaisirs,
Un valet, qui fort peu s'empresse,
Contente à peine vos désirs.
Si je ne bois que du suresne.
Ma maîtresse, sur mes genoux,
M'en verse au moins à tasse pleine :
Ah ! je suis plus heureux que vous!
Alexandre.
La musique, d'Ermel,se trouve notée au N. 733
de la C'é du Caveau.
LE RIEUR ÉTERNEL.
1823.
Air î Turlurelle.
Rire de tout est fort bon ;
Le monde, me dira-t-on,
N'est pas très gai ; mais que dire ;.
Il faut rire [bis.
Rire et toujours rire!
Garçon, être planté là
Par le tendron qu'on aima.
Ce n'est pas gai, etc.
Pour avoir un héritier
Finir pai se marier,
Ce n esl pas gai, eti
CHANSONS EPIGURIENNFS.
357
Quand noire femme chez nous
Crie et se mol eu courroux,
Ce n'est pas gai, etc.
Ou bien, quand ces dames font
A notre front quelqu'affront,
Ce n'est pas gai, etc.
On a plus d'un créancier
Qu'il faut finir par payer,
Ce n'est pas gai, etc.
L'opéra, ses longs ballets,
La comédie aux Français,
Ce n'est pas gai, etc.
Parcourt-on le Moniteur?
\a-t-on chez le percepteur?
Ce n'est pas gai, etc.
Voir des sols, des patelins,
Des huissiers, des médecins,
Ce n'est pas gai, etc.
Enfin avoir tôt ou tard
Pour carrosse un corbillard,
Ce n'est pas gai, mais que dire?...
Il faut rire, (bis.
Rire et toujours rire !
Sinioiiniii.
Pour nous former d'heureuses destinées,
Des vains honneurs évitons le fardeau;
Loin du tumulte abritons nos années,
Et de la Parque oublions le ciseau.
Si notre globe, où règne la Folie,
Est plus fertile en épines qu'en Qeurs ;
Dans nos tonneaux s'il est un peu de lie,
Si de nos feux les objets sont trompeurs,
C'est peu de chose, auprès de ces entraves,
De ces dégoûts où nous voyons languir.
Ambition, tes superbes esclaves,
Quand nous chantons les hymnes du Plaisir
Depuis longtemps la bizarre fortune
De bas en haut promène les grandeurs :
Monter, descendre est l'histoire commune;
Sots et méchants lour-à-tour sont acteurs.
Ils ont de l'or, et pour eux tout abonde;
L'or fait briller les plus hideux objets ;
Mais le bonheur, sur aucun point du monde,
Parmi ses dons ne figura jamais.
Par les périls on arrive à la gloire ;
De son phosphore on est tout ébloui.
Que gagne-t-on, pour vivre dans l'histoire
Mainte blessure, et la goutte et l'ennui.
En consacrant aux neuf sœurs votre vie,
D'un long travail quel prix attendez-vous?...
Vous gémirez, victime de l'envie;
A votre tour vous deviendrez jaloux.
Air ancien, note au N. o~>> de 1 a Clédu Caveau.
LA MORALE MOMUSIENNE.
1823.
Air du vaudeville de la Danse interrompue.
Qu'un vin mousseux pétille dans nos verres:
Qu il coule à flots des mains delà beauté I
\vec Bacchus et les Grâces légères,
Plus de soucis, tout sera volupté !
Si d'un parti vous prenez la livrée,
Aux passions vous devez obéir,
Bientôt votre âme, à leur fougue livrée,
Éprouvera le tourment de haïr.
Que nous importe ou César ou Pompée,
Si nos celliers sont garnis de bons vins!
Aucun des deux a-t-il tiré l'épée
Pour augmenter le produit des raisins?
Accumulez toutes les jouissances,
Vous languirez, énervé, dépravé.
Bornez vos vœux comme vos espérances,
Des plaisirs vrais le secret est trouvé.
Qu'on sache aimer sans en perdre la tête;
A la bonté que le cœur s'ouvre en paix ;
CHANSONS POPICAIRES.
Dans L'avenir alura rien n'inquiète,
Et «lu malheur on affronte les traits.
Jouets trente ans, sur des routes diverses,
De mille erreurs et de tous les excès,
Soyons enfin, après tant de traverses,
Chantres joyeux, bons amis, bons Français!
Lorsque I on prend cette règle de vie,
Pour l'Elysée on part aussi gaîment,
Que, vers sa table abondamment servie,
On voit marcher un somptueux gourmand
J. iHisniili-hOY.
La musique , de Labord. , se trouve notée au
N. 827 de la Clé du Caveau.
— mm ' %' '■' M lmm»
IL FAUT PARER SA PUT' CHAPELLE.
Air de la petite sceur-
Je possède un réduit discret,
Loin des méchants et de leurs ruses,
Où mon cœur s'épanche en secret
En donnant audience aux muses.
Sur n. «s panneaux, sur mes lambris,
Où nul orgueil ne se révèle,
J ai colle les portraits chéris
Des demi-dieux de mon pays.
11 faut parer sa p'lit chapelle.
De sa table Urbain a proscrit
Cidre, poiré, bière et piquette,
Mais tlans le cellier qu'il chérit
Chaque vin porte une étiquette.
En augmentant d'un crû nouveau
Sa riche et longue kyrielle,
Il dit, CD clouant l'écrileau :
Mon temple, à moi, c'est uu caveau.
11 faut parer sa p'tit' chapelle.
Rosine an fond de son boudoii
Emploie, à ce que l'on assure,
Et cosmétique 1 1 démêloir,
Eli Irisottanl SB Chevelure.
i ,,i oouvei les adorateurs
Sous les retlets de sa prunelle,
Pour pouvoir sans soins, sans lab sur»,
Lever la dîme sur les cœurs,
11 faut parer sa p'tit' chapelle.
Un prélat à certain curé
Disait : « Soignez le sanctuaire;
Les croix, les saints en bois doré
Font grand effet sur le vulgaire.
Pour produire un pieux effroi,
Pour gonfler la sainte escarcelle,
Séduisez les yeux, croyez-moi,
Le prestige entretient la foi;
Il faut parer sa p'tit' chapelle. »
Ce bon roi qui prisait les cors-
De-chasse et les canons d'église,
Disait, en livrant nos trésors,
Aux grands, ainsi qu'à la prêtrise :
Puisque l'on m'adore en haut lieu,
Récompensons un si beau zèle,
A mon tour ne puis-je, morbleu !
Faire saints ceux qui me font dieu.
11 faut parer sa p'tit' chapelle.
Un blâme de la veuve Amond
Et la toilette et la dépense ;
Mais sans rougir elle répond
Aux colporteurs de médisance : ■
« Aujourd'hui, je puis en chemin
Rencontrer un garçon fidèle
Oui m'offre son cœur et sa main .
Pour loger le cierge d'hymen,
11 faut parer sa p'tit' chapelle. »
Sitôt que vient à trépasser
Un gros tripoteur sur la rente,
Ses héritiers lui font dresser
Une riche chapelle ardente.
Le velours marquant les douleurs,
De larmes d'argent étincelle .
On met des flambeaux et des fleurs .
11 ne manque rien... que des pleurs
Il faut parer sa p'lit' chapelle.
I.OIli» Fcfttl'MII.
CHANSONS ÉPICURIENNES.
359
AMENDONS-NOUS, MES FRÈRES ! f ^ n'en trouvaient jamais de trop étroits...
Revenons, chers confrères,
Aux amours de nos pères !
Oui, revenons aux amours de nos pères :
1834.
Air: Comme faisaient nos pères.
« Nos pères valaient mieux que nous! »
A dit un moraliste.
D'un arrêt qui m'attriste
Je voudrais bien nous voir absous.
Jadis, courage
Valait mieux qu'héritage;
Grand personnage
Ne prêtait pas sur gage ;
Les amis étaient plus constants;
Les filles avaient moins d'amants ;
L'époux faisait lui-même ses enfants...
Revenons, chers confrères,
Aux vieux us de nos pères !
Oui, revenons aux vieux us de nos pères!
Nos pères ne chantaient jamais,
Dans une feinte ivresse,
Cupidon, sans maîtresse,
Et Racchus, sans boire à longs traits.
Fille vermeille !
Ronde et noire bouteille!
Sous une treille,
Près d'eux, faisaient merveille.
Aux dieux dont ils s'étaient imbus
Us n'offraient pas de froids tributs :
Us célébraient les vins qu'ils avaient bus..
Revenons, chers confrères,
Aux chansons de nos pères!
Oui, revenons aux chansons de nos pères!
Nos pères préféraient toujours
L'asile le moins vaste ;
Us mettaient peu de faste
Dans leurs goûts e! dans leurs amours.
Ardeur subite
Que le désir excite,
L'amour habite
Le plus modeste gîte!
Aussi, pour leurs galants exploits,
Us cherchaient les petits endroits :
Nos pères, fort mauvais soutiens
Des discordes civiles,
Ne souillaient point leurs villes
Du sang de leurs concitoyens.
Gais adversaires !
Dans toutes ces affaires,
A coups de verres
Us faisaient bonnes guerres.
Quand un fusil armait leurs mains,
Leurs cris notaient pas inhumains :
« Mort aux perdreaux, aux lièvres, aux lapins! »
Revenons, chers confrères,
Aux combats de nos pères!
Oui, revenons aux combats de nos pères!
Nos pères , vrais épicuriens ,
Ne s'inquiétaient guères.
De voir, sur leurs frontières ,
Des Espagnols ou des Prussiens :
Près d'une assiette,
Us défiaient la diète ;
Verre et fourchette ,
C'était là leur Gazette.
L'accord des rois semblait certain ,
Tant qu'ils voyaient dans un festin
Des vins d Espagne et des carpes du Rhin...
Revenons, chers confrères,
Aux journaux de nos pères!
Oui, revenons aux journaux de nos pères!
Nos pères dressaient leur menu
D'après un vieux système;
L'art de monsieur Carême
De leurs chefs n'était pas connu.
Viande bouillie
Suivait dinde rô lie î
Sans symétrie
Leur table était servie.
Nos couverts y ressemblent peu :
Nous mettons les plats en bon lieu ,
Et le dindon dans le juste milieu...
Revenons, chers confrères,
360
CHANSONS POPULAIRES.
Aux repas de nos pères!
Oui, revenons aux repas de nos pères!
Nos pères d'abréger leurs jours
Avaient fort peu d'envie;
Du fleuve de la vie
Ils descendaient gaîment le cours.
Nouveau Pétrarque,
Laujon, soudain . s'embarque ,
Et, dan- sa barque ,
Nargue cent ans la Parque ,
Disant : « A la Postérité ,
« Ravir un siècle de gaîté ,
« C'est escompter son immortalité!... »
Revenons , chers confrères,
Aux trépas de nos pères !
Oui, revenons aux trépas de nos pères.
Henri Siniou.
La musique, de Dalayrac, se trouve notée au
N. 25b de la Clé du Caveau.
TOUJOURS CONTENT
1821.
Air : Vint le vin de Ramponneau.
Toujours content,
Toujours chantant,
A table
Je suis stable :
De Bacchus comme de Cypris,
Le gaîté médit : Sois épris;
Ris.
L'homme est un animal
Qui du bien et du mal
Aime assez le mélau
Il est doux, furieux.
Timide, impérieux
qu'il suit de son lan
'l oujoure content, etc.
Malgré tous les travers
Que dans cet univers
Chaque jour on rencontre,
Le sage observateur
Ne laisse pas son cœur
Dans le pour et le contre.
Toujours content, etc.
Lise que j'adorais.
Qui semblait faite exprès
Pour embellir ma vie,
A trahi son serment ;
Mais au même moment
J'ai retrouvé Sylvie.
Toujours content, etc.
Qu'un petit rimailleur
Décoche un trait railleur
Aux fils de la victoire;
D'Apollon ce bâtard,
Selon moi, vient trop tard
Pour vivre dans l'histoire.
Toujours content, etc.
Qu'un bigot libertin,
Ivre chaque malin,
De poison nous abreuve :
On sait que ses écrits
Du plus sanglant mépris
Ne sont pas à l'épreuve.
Toujours content, etc.
De vanité rempli.
Se croyant un Sully,
Qu'un autre politique.
Moraliste en chansons.
Donne aux rois des leçons
Dans un style gothique :
Toujours content, etc.
Pour égayer mes joui-.
Je rirai donc toujours;
Et, nouveau Démocrite,
Si j'ai l'air d'un grondeur,
On dira : Ce frondeur
a du moine Bon mérite.
paris — Imprimerie iU Pllltl BU itné, rue des f.rands-Aui/ustins, ■'>.
CHANSONS EPICURIENNES.
361.
Toujours content,
Toujours chantant,
A table
Je suis stable:
De Bacchus comme de Cypris,
La gaît'' me dit : Sois épris ;
Ris.
Pierre Colau.
Air ancien, noté au N. 1101 de la Clé du Caveau.
LE DELIRE.
1834.
Air de Madame Favar,
Viens encor, nouvelle Érigone,
Verser le nectar que je boisl
Quoi !... déjà ton front se couronne
Du lierre que tressa mes doigts?...
Ah! quand ta bouche palpitante
D'un verre a pressé le contour,
Je veux, dans la coupe brûlante,
M'enivrer de vin et d'amour !
La pudeur sied bien à ton âge,
Elle unit sa rose à tes lis ;
Et si parfois, sur ton corsage,
D'un voile j'écarte les plis,
C'est quand la liqueur pétillante
A fait rejaillir sous la main
La perle humide et transparente
Qui vient se tarir sur ton sein !
Le soleil fournit sa carrière,
Et Bacchus double nos plaisirs.
Déjà la mourante paupière
Exprime d'amoureux désirs I
Le vin fume, et sa couche est prête
Du point du jour à son déclin
Joignons dans cette double fête
Les feux d'amour aux feux du vin !
A peine au matin de la vie,
Bientôt nous loucherons au soir :
Anaïs, le temps nous convie,
Au banquet courons nous asseoir;
Et, brisant ma coupe tarie,
Que la Parque nous voie enfin,
Ivres d'amour et d'ambroisie,
Assister au dernier festin.
Paul Dewlnt.
La musique, d'Auguste Pilati, se trouve, à Paris,
chez L. Vieillot, éditeur , rue Notre-Dame-de-Naza-
reth, 32.
L'AMBITIEUX CORRIGÉ.
1838.
Air C'est des bêtises d'aimer comme ça.
Enfin, tant mieux, je désespère
D'être heureux avant de mourir ;
Après le bonheur sur la terre
Je suis, ma foi, las de courir,
Je suis vraiment faligué de courir...
Peste ! les sots auront beau dire,
J'adopte ce précepte-ci : [bis.)
Avant d'être heureux il faut rire,
D'peur de mourir sans avoir ri, [bis.)
Oui.
Sans avoir ri.
Pauvre et content dans son échoppe,
Voyez ce joyeux savetier.
Comme la fièvre le galope
Sitôt qu'il se croit financier,
Dès qu'il se croit un riche financier!
Gaîment aussi comme il respire
Quand par bonheur il est trahi !
Avant d'êlre heureux, etc.
Juif enrichi par l'avarice,
J'ai vu, couché sur son butin,
Harpagon avec la jaunisse,
L'œil hagard, le poignard en main,
Les yeux hagards, un poignard à la main !
114
t. n. — oa
362
CHANSONS POPULAIRES.
Ce bonheur-là, morguenne! est pire
Que la pauvreté sans souci...
A^ant d'être heureux, etc.
Qui donc aspire à la couronne?
Des monarques, l'histoire dit:
Que les plus heureux sur le trône
Ne sont pas tous morts dans leur lit,
Ne sont pas tous morts heureux dans leur lit;
Mais, ventrebleu! pour un empire
Je ne voudrais pas être occil
Avant d'être heureux, etc.
Donc soumis à la loi sévère
Du destin qui pèse sur nous,
Au plaisir qui nous tend un verre,
En riant jetons nos gros sous,
Jetons, jetons en riant nos gros sous !
Du vin... hâtons notre délire!...
La mort peut nous surprendre ici.
Avant d'être heureux, etc.
Ah! puisqu'enfin il faut qu'on meure,
A quoi bon tasser nos deniers?
Quant à moi, qui point ne me leurre,
J'en ratisse à mes héritiers,
Moi j'en ratisse à tous mes héritiers.
Ils ont l'œil sur la tirelire ;
Mais elle est vide, Dieu merci!
Avant d'être heureux il laul rire,
D'peur de mourir sans avoir ri,
Oui,
Sans avoir ri.
Perchelet,
La musique, de Lhuilli r, se trouve, à Taris,
chez L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de
Nazareth.
LA VRAIE PHILOSOPHIE.
J'ai vu partout dans mes voyages
Des philosophes comme vous,
nui, pour avoir trop fait les sages
Etaient enfin devenus fous.
Jamais leur docte inquiétude
Ne leur permit un doux loisir :
Moi, je crois qu'un siècle d'étude
Vaut moins qu'un instant de plaisir.
C'est la divinité de Guide
Qui seule fait les vrais savants :
J'aime Sapho, Catulle, Ovide,
L'Amour inspira leurs accents.
Je hais Aristote, Lucrèce ;
Je m'endors en ouvrant Platon.
Des philosophes de la Grèce
Le plus sage est Anacréon.
Pourquoi donner la préférence
A l'esprit aux dépens du cœur;
Vous cherchez toujours la science.
Voua fuyez toujours le bonheur.
Je veux bien que 1 homme s'éclaire;
La femme doit avoir du goût.
Le grand art est celui de plaire :
Dès l'instant qu'on plaît on sait tout.
Delrleu.
La rausique.de Ch. Plantade, se trouve notée au
N. 243 de la Clé du Caveau.
AU ROI DE, LA FEVE.
Air : Mes chers amis, il est certain.
Le hasard, qui fit tant de rois,
Au rang suprême vous élève;
Et nous reconnaissons vos droits,
Quoiqu'ils vous viennent d'une fève.
Dans le cœur de tous vos sujets
Voulez-vous fonder votre empire?
Qu'on soit tenu , par vos décrets ,
De boire, d'aimer et de rire.
j (bis.
Formons d'abord votre maison :
Cornus sera chef de cuisine.
Qui prendrez-vous pour échausofl ?
Ce sera Bacchus, j'imagine.
CHANSONS ÉPICURIENNES
363
Que Momus soit votre aumônier
Pour ministres prenez les Grâces ,
Et que l'Amour, grand-écuyer,
Vole avec les Jeux sur vos traces.
Dans le cœur, etc.
Nous vois choisirons deux châteaux,
L'un à Pomard, l'autre en Champagne,
Et vous adopterez Paphos
Pour voire maison de campagne.
Là , pour votre couronnement,
Les plaisirs se rendront en foule ;
Et de muscat, le vin charmant,
Y servira de Sainte-Ampoule.
Dans le cœur, etc.
La justice est un saint devoir!
Mais point de prisons, de potences...
11 est des vins dont le pouvoir
Vaut hien mieux que nos ordonnances.
Voulez-vous à l'homme méchant
Infliger une horrible peine?
Ordonnez pour tout châtiment
Qu'il ne boive que du suresne.
Dans le cœur, etc.
Vous direz à tous les époux :
« Dans l'amour mettez votre gloire. »
Vous direz à tous les jaloux :
« Pans le vin perdez la mémoire. »
Pour guérir les ambitieux
Et ceux que tourmente l'envie ,
Vous n'emploîrez que des vins vieux ,
La chansonnette et la foiie.
Dans le cœur, etc.
Surtout, ne sovez jamais vain
Du rang que le destin vous donne
Tel règne aujourd'hui, qui demain
Perdra lout avec sa couronne.
Que voire peuple a vos vertus-
Doive une heureuse destinée ;
Pour surpasser même Titus,
Ne perdez pas une journée.
Dans le cœur de tous vos sujets
Voulez-vous fonder votre empire?
Qu'on soit tenu, par vos décrets,
De boire , d'aimer et de rire.
Félix.
LE FUMEUR.
Air : Put, put, put.
A cet emploi tranquille
M'occupant chaque jour,
Je vois que dans la \ille,
De même qu'à la cour,
La gloire si fort estimée,
Put, put, put,
N'est que fumée.
Vous dont le vain système
Est d'avoir un grand nom,
De votre erreur extrême
Je ris avec raison ;
Car toute votre renommée,
Put, put, put,
N'est que fumée.
L'amant d'une infidèle
Loin d'elle est furieux ;
Mais sitôt que la belle
Vient s'offrir à ses yeux,
Sa fureur si bien allumée.'
Put, put, put,
N'est que fumée.
Kn partant pour la guerre
Un rodomont fait peur ;
11 jette tout par terre :
Mais, hélas! sa valeur.
Sitôt qu'il aperçoit l'armée,
Put, put, nul,
N'est que fumée.
Pour fixer le mercure.
Vous qui dans un creuset
36^
CHANSONS POPULAIRES.
Mettez à l'aventure
Votre argent le plus net,
Qu'avez-vous au bout de l'année?
Put, put, put,
De la fumée.
Panard.
MES VIEUX SOUVENIRS
Air : O Mahomet.
Je me souviens qu'au sortir du collège,
Des fils du Pinde enviant l'heureux sort,
Je me croyais comme eux le privilège
D'être immortel du moins après ma mort.
Sur l'Hélicon les fruits de mon génie
M'auraient bientôt fait monter à grands pas:
Mais pour sauver des tourments à l'Envie,
Je me souviens que je n'y montai pas.
Je me souviens que j'aimais une belle,
Riche en jeunesse, en grâces, en attraits.
Fidèle aussi 'du moins le jurait-elle),
Et d'après elle aussi je le jurais.
Un jour pourtant ma flamme fut trahie,
Dans ma douleur j'invoquai le trépas...
Mais soit raison, soit amour de la vie,
Je me souviens que je n'en mourus pas.
Je me souviens que las d'être sans cesse
Le vain jouet de l'infidélité,
Mon cœur chercha longtemps une maîtresse,
Qui réunît et constance et beauté.
De tels phénix, rêves de ma jeunesse,
Peut-être bien qu'il en est ici-bas;
Mais soit hasard, malheur ou maladresse,
Je me souviens que je n'en trouvai pas.
Je me souviens que, devenu plus sage,
Et renonçant aux perfides amours,
Je crus trouver au sein du mariage
Ce vrai bonheur qui me rayai! toujours.
Je cherchai bien : enfin je ris Ciarice ;
Clarice avait quinze ans ci des appas :
Je me souviens que je la crus novice ;
Je me souviens qu'elle ne l'était pas.
Je me souviens que, jaloux par nature,
Un soir je dis à ma chaste moitié :
« Crains, si jamais ton cœur était parjure,
« De voir par moi ton crime publié. »
Deux jours après (je frémis quand j'y pense!)
Je trouvai Paul endormi dans ses bras.
J'allais parler, j'allais... mais, par prudence,
Je me souviens que je ne parlai pas.
Je me souviens qu'en proie à l'indigence.
Jadis Damon implora mon secours.
Il prit ma bourse ; et sa reconnaissance
Devait, dit-il, s'en souvenir toujours.
Je devins pauvre ; il acquit des richesses ;
Vers lui je vole... Il plaint mon embarras,
Pleure avec moi... Mais quant à sis prome
Je me souviens qu'il ne s'en souvint pas.
Je me souviens qu'un jour l'espèce humaine
S'offrit à moi sous les plus nobles traits.
Mais, je l'avoue, hélas! quoiqu'avec peine,
Je me souviens aussi que je rêVaifl !
Le lendemain je crus voir tous les hommes
Trompeurs, jaloux, égoïstes, ingrats,
Et, pa>- malheur pour le siècle où nous sommes
Je me souviens que je ne rêvais pas.
Amène.
Air ancien, noté au N. 224 de la Clé du Caveau.
RIONS TOUJOURS.
1834.
Air : Faut cl' la vertu, pas trop n'en faut.
Momus nous livre ses grelots, i .
Rions, que l'ennui reste aux sotsl | ^
J'ai ri, lorsque je vins au monde,
Dit-on ; je le crois, car depui-.
Paris — Imprimerie de Pii.lit fils utné , rue des Grunds-Auguslins, .'».
CHANSONS EPICURIENNES.
3G5
Quoique l'on en pense à la ronde,
Je veux toujours rire et je ris.
Momus, etc.
Rire nous convient à tout âge :
On rit enfant, on rit barbon ;
Démocrite, ce fameux sage,
Riait de tout avec raison.
Momus, etc.
On rit, quand la fortune altière
Devient prodigue de tout bien,
Quand elle redevient sévère,
Très souvent même on rit de rien.
Momus, etc.
On rit des grands airs d'importance
Que se donne un fat, un pied-plat ;
Il s'ennuie avec l'opulence,
Le pauvre rit sur son grabat.
Momus, etc.
Un trésor fait rire l'avare,
On rit de l'amour, de ses tours ;
Si l'époux trompé rit, c'est rare ;
De son malheur on rit toujours.
Momus, etc.
Trouvant bon vin et bonne chère
Dans un dîner, soudain on rit ;
De l'aï la mousse légère
Rend gai le plus morose esprit.
Momus, etc.
A vos banquets gaîté préside,
On y chante couplets joyeux ;
Chez les grands tristesse réside ;
biner sans rire est ennuyeux.
Momus, etc.
A notre prochaine séance,
Me dites-vous, nous verrons-nous ?
C'était ma plus douce espérance ;
Oui, oui, j'irai rire avec vous.
Momus, etc.
J'ai ri de vos folles antiennes ;
Si vous riez à mes dépens,
Lorsque je chanterai les miennes,
Ne riez pas du bout des dents.
Momus, etc.
Rire est notre importante affaire,
Avant, même après le trépas,
Amis, grâce à votre bréviaire,
Nous rirons en sautant le pas.
Momus, etc.
Nous formerons à notre école,
En riant, et saintes et saints ;
Nous rirons, si la gaudriole
Fait rire damnés et lutins.
Momus nous livre ses grelots,
Rions, que l'ennui resteaux sots!
Théodore IHartiguou
. \{hî
Lamu-ique, deDezède, se trouve notée au N. 194
de la Clé du Caveau.
LE NOUVEL ÉPIMÉNIDE.
Air : Vit-on jamcds -pareille extravagance ?
Après dîner, nouvel Epiménide ,
Je rêve un monde heureux et plein d'appas :
Un doux espoir et m'échauffe et me guide...
Si c'est un songe, ah! ne m'éveillez pas!
Je suis monarque, et dans mon vaste empire
On ne voit point comme en d'autres États
De bas flatteurs souiller l'air qu'on respire ;
Chacun est gris... in vino veritas!
Mais j'ai fait choix d'un nouveau ministère,
Tel que jamais on n'en vit un pareil ,
Aimant son prince, ennemi du mystère,
Faisant le bien sans bruit, sans appareil.
Un chansonnier, dont maint bon mot circule,
Est désigné pour mon garde-des-sceaux ;
Je lui remets l'arme du ridicule
Dont il flétrit les méchants et les sots.
IIS
56
:!fifi
CHANSONS POPULAIRES.
Un employé dont hier la consigne
Etait d'écrire, écrire, écrire encor,
Change de rôle : il signe, signe, signe...
Je l'établis ministre du trésor.
Ce gai buveur que jamais l'eau ne trouble
Pour la marine est un heureux sujet :
Après dîner parfois il y voit double...
Mais c'est à jeun qu'il fera son budget.
Ce gros vivant, je le nomme à la guerre
Qu'il aura soin de faire aux buveurs d'eau :
Si l'un de nous boit mal ou ne boit guère,
Des étrangers il aura le fardeau.
Sexe adoré de tous ces bons apôtres,
Mon peuple en vous chérit mes conseillers :
11 ne connaît de chaînes que les vôtres ;
Chaînes de fleurs... qui servent d'oreillers.
Enfin de peur que des esprits sinistres
N'osent troubler les élus de Cornus,
Pour président du conseil des ministres
J'ai pris celui des soupers de Momusl
Après dîner, nouvel Épiménide,
Je rêve un monde heureux et plein d'appas
Un doux espoir et m'échauffe et me guide., i
Si c'est un songe, ah! ne m éveillez pas!
Jacinthe I.eclèrc.
LA PHILOSOPHIE FORCÉE.
1834.
Al R du Dieu des bonnes gens.
Pauvres humains, lorsque dans la détresse
maudissons nuire destin fatal,
-umines fous, car c'est une faiblesse
Qui vainement Doua (ail beaucoup de mal.
Le bon exemple a guéri ma folie ;
Oui, je -m- Bage, el je di< à présent :
Il faut avoir de la philosophie
Quand on n'est pas content. pto.)
La, liberté, de conquête en conquête,
Marche à grands pas, dicte partout ses lois
Les souverains en vont perdre la tête,
Et quelques-uns déjà sont aux abois.
De ses sujets redoutant la furie,
Un petit prince a cédé sagement.
Il faut avoir de la philosophie
Quand on n'est pas content. (Us.)
J'aime le vin; je n'en fais pas mystère :
Quand il est bon, sans me faire prier,
Je sais emplir, je sais vider mon verre,
Trop, quelquefois, je ne puis le nier.
Je bois aussi du suresne et du brie,
Si mon gosier devient trop exigeant.
11 faut avoir de la philosophie
Quand on n'est pas content. (bis.)
Jean Pacot, plein d'une ardeur belliqueus
Croyait qu'un jour il serait général.
La chance, hélas! ne lui fut pas heureuse.
Et du service il sortit caporal.
Tout glorieux, cependant, il s'écrie :
« Des cayorals je suis le plus valliant.. >
Il faut avoir de la philosophie
Quand on n'est pas content. (bis.)
Avec l'amour cherchant bonne fortune
Je découvris deux séduisants objets,
Gentille blonde et sémillante brune :
Me voilà pris dans leurs doubles filets.
Il faut choisir : je prends la plus jolie,
Avec regret laissant l'autre pourtant.
Il faut avoir de la philosophie
Quand on n'est pas content, (bis.)
Un cadédis, impudent passé maître,
De ses méfaits enfin récompensé,
Fut d'un premier jeté par la fenêtre;
On releva le faquin tout froissé.
« l)é m'en aller, dit-il, j'abais enbie,
« Et lé chemin m'était indifférent. »
Il faut avoir de la philosophie
Quand on n'est pas content. (bis.]
Mepromenani dans la forêt voisine,
Je chantonnais, gai de cœdf et d'esprit
CHANSONS EPICURIENNES.
367
Lorsqu'un monsieur de fort mauvaise mine,
En me montrant un gros hâton, me dit :
« Pas de façons, c'est la bourse ou la vie! »
Je lui donnai ma bourse poliment.
11 faut avoir de la philosophie
Quand on n'est pas content. {bis.)
Un pauvre diable, au bas d'une potence,
Parlait ainsi : « Je ne crains pas la mort;
« Personne n'a contre elle de licence,
« Et tôt ou tard on doit subir son sort.
« Mourir soldat, de faim, de maladie,
« Ou bien pendu, n'est pas très important. »
Il faut avoir de la philosophie
Quand on n'est pas content. (bis.)
Théodore Martlgnon.
La musique, de Doche, se trouve notée au N. 833
de la Clé du Caveau.
RONDE PHILOSOPHIQUE
1826.
Air : Vive la saison de l'automne.
Du passé perdons la mémoire ,
Comptons peu sur notre avenir;
Le présent , si l'on veut m'en croire,
Est le temps dont il faut jouir.
Qu'on vienne nous vanter sans cesse
Les jours où vivaient nos aïeux !
Leur gaîté, leur aimable ivresse,
Nous rendront-elles plus heureux?
Du passé, etc.
Amants d'une gloire éphémère
Que promet la postérité ,
Le bonheur qu'on goûte sur terre
Vaut bien votre immortalité.
Du passé, etc.
0 vous qu'une belle aime encore I
Du plaisir prenez le chemin :
Aujourd'hui si l'on vous adore,
On peut vous oublier demain.
Du passé , etc.
Sur l'hymen, fou qui se repose ,
Puisqu'enfin il nous faut vieillir,
Sous nos pas , s'il naît une rose,
En passant sachons la cueillir.
Du passé, etc.
De l'hiver, dont le froid nous glace ,
Perdons le triste souvenir ;
Puisque le printemps le remplace,
Oublions qu'il doit revenir.
Du passé, etc.
Dans les cieux on promet aux hommes
Un bonheur que nous ignorons ;
Ici nous savons où nous sommes ;
Mais savons-nous où nous irons.
Du passé perdons la mémoire,
Comptons peu sur notre avenir ;
Le présent, si l'on veut m'en croire ,
Est le temps dont il faut jouir.
Paul IMwiut.
LES DÉBRIS.
AIR du vaudeville des Scythes et des Amazones
Je ne suis pas un misanthrope austère,
Vous le savez, mais, hélas I par malheifr
Ce globe étroit n'est qu'un triste parterre
Où chaque instant voit tomber une fleur.
Comme un zéphyr le bel âge s'envole,
Mais, entourés de rameaux défleuris,
Loin d'exhaler une plainte frivole,
De nos beaux jours recueillons les débris.
Combien de fois, téméraires pilotes,
Notre vaisseau s'engloutit à Paphos I
Quand la beauté nous traitait en ilotes,
Que de longs jours, que de nuits sans pavots'
368
CHANSONS POPULAIRE*.
Ne livrons plus à de nouveaux orages
De noïre esquif les fragiles abris ;
La barque s'use à force «Je naufrages,
Non loin du bord recueillons ses débris.
Que Lucullus. voluptueux avare,
De vins choisis s'enivre chaque soir,
Lorsqu'à sa porte on chasse le Lazare,
Qui pour tout bien sollicite un pain noir.
Moins opulent on est plus secôurable ;
N'envions pas de superbes lambris :
Buvons gaîment; mais en quittant la table.
Pour l'indigent recueillons les débris.
Rousseau, Franklin, Washington et Voltaire
Sont descendus au rivage des morts ;
Près de ces dieux, bienfaiteurs de la terre,
Le grand Bytou module ses accords.
Ne léguons pas seulement à l'histoire
Tant de hauts faits cl de savants écrits;
Leur cendre illustre appartient à la gloire :
Avec respect recueillons ses débris.
Mais qu'ont produit ces généreux exemples?
L'âge présent est stérile en vertus.
Patrie, honneur, ont déserté nos temples
Pour s'abaisser aux autels de Plutus.
Pourtant, au sein de la plus vile écume,
Brillent des cœurs que l'on n'a pa- flétris ;
Ah! pour qu'un jour le flambeau se rallume
Du leu sacré recueillons les débris.
Paroles d'an anonyme.
MES AMIS, NE NOUS PLAIGNONS PAS.
1822.
Air du vaudeville de la Somnambule.
Le pessimiste, en sa misantrophie.
B-pand sur tout sa bilieuse aigreur ;
Ce monde esi loin d'être mon utopie ,
Mais tel qu'il est je le vois sans humeur.
Que peut d'ailleurs une critique vaine?
Ah! crovez-moi, lorsqu'on trouve ici-bas
Un peu de bien parmi beaucoup de peine ,
Mes amis, ne nous plaignons pas. {bis.)
L'hypocrisie, engeance cafardine,
Insatiable en sa cupidité ,
Du pauvre peuple exploite à la sourdine
Et l'ignorance et la crédulité.
A son aspect toute lumière expire ,
La barbarie accompagne ses pas...
Mais si Momus échappe à son empire,
Mes amis, ne nous plaignons pas
(bis.)
« Nos jours, dit-on , sont anti-poétiques;
« Le positif est notre déité;
« Nous délaissons les Muses erotiques
« Pour la sévère et triste vérité. »
Si des flonflons la veine est appauvrie ,
N'avez-vous pas , ô rimailleurs ingrats !
La liberté, l'amour de la patrie ?
Mes amis, ne nous plaignons pas. (bis.)
Dans ses transports, la jeune?re imprudente
Tarit souvent la coupe des pLisirs.
Ménagez mieux une verve abondante ,
Réser\ez-vous du moins quelques désirs.
Ab ! si l'objet de nos vives tendresses,
Sans nous livrer ses pudiques appas ,
Daigne accorder d'innocentes caresses,
Mes amis , ne nous plaignons pas. (bis.)
Mais quand vos sens seront glacés par l'Age,
Si les ennuis viennent vous consumer,
Ne comptez plus sur un sexe volage ,
Qui, sans amour, ne sut jamais aimer.
Du monde alors s'éclipsent les merveilles;
Et s'il nous reste, aux portes du trépas,
Un vieil ami , quelques vieilles bouteilles ,
Mes amis , ne nous plaignons pas. (bis.)
Harelllae.
La musique, de Doche, se trouve notée au N. 800
de la Clé du Caveau.
Pans. — Imprimerie dePiu.ii lli itné, nie des Grands-Augustins, •">.
LE BAPTEME.
Air : Le choix que fait tout le village.
Je méditais une ode, ou pis peut-être,
Quand tout à coup grand bruit dans le quartier
« A l'enlre-sol un garçon vient de naître;
« Notre portière accouche d'un portier!... »
Ornant de fleurs ses langes un peu sales,
Je l'ai vu beau, beau comme un fils de roi,
Pleurer au bruit des cloches baptismales :
Dors, mon enfant, rien n'a sonné pour toi.
A ton baptême un curé bon apôtre,
Quelques voisins, quelques brocs de vin vieux,
Cela suffit : te voilà comme un autre
Cohéritier du royaume des deux.
Convive ailleurs d'un plus friand baptême,
Si quelque saint, gras martyr de la foi,
Bénit tout haut, puis murmure : Anathème!
Dors, mon enfant, dors, ce n'est pas sur toi.
Tu n'as point vu la robe et la finance
Crier bravo lorsque tu vagissais;
Tu n'as point eu, comme un enfant de France,
A digérer maint discours peu français.
Pour premiers bruits le monde à ton oreille
N'a point jeté des paroles sans foi.
Près d'un berceau si la trahison veille,
Dors, mon enfant, dors, ce n'est pas chez toi.
Dors, fils du pauvre; on dit qu'il est une heure
Lente à passer sur les fronts criminels;
Le fils du riche, alors, s'éveille et pleure
Au bruit que font les remords paternels.
Lorsque minuit descend plaintifs des dômes,
En secouant leur linceul et l'effroi,
On dit qu'au Louvre il revient des fantômes :
Dors, mon enfant, Dieu seul entre chez toi.
A l'hôpital, sur le champ de bataille,
Chair à scalpel, chair à canon, partout
Tu souffriras, et lorsque sur la paille
Tu dormiras, la faim crîra : Debout!
116
Tu seras peuple, enfin ; mais bon courage !
Souffrir, gémir, c'est la commune loi.
Sur un palais j'entends gronder l'orage :
Dors, mon enfant, il glissera sur toi.
Hégésippe Moreau.
La musique, de Doche, se trouve notée au N°904 de la
Clé du Caveau.
LE RUISSEAU OU L'IMAGE DE LA VIE
Voyez dans ce champêtre asile
Serpenter ce jeune ruisseau :
Entre la fleur et le roseau,
Il poursuit sa course tranquille;
Bientôt par cent détours divers,
Egaré loin de sa patrie,
Il va traverser les déserts :
Voilà l'image de la vie.
Tantôt, sous un ciel sans nuage,
Paisible et pur comme un beau jour,
Des champs et des bois d'allentour
Son sein réfléchira l'image :
Tantôt l'aiguillon irrité
Viendra sur sa rive fleurie
Rider son cristal argenté :
Voilà l'image de la vie.
Plus loin, son onde ambitieuse,
Fuyant des rivages obscurs,
D'Athènes va baigner les murs;
Elle en sort livide et fangeuse :
Dans une heureuse obscurité
Tant qu'elle fut ensevelie,
Rien n'altérait sa pureté :
Voilà l'image de la vie,
Enrichi du tribut limpide
Que lui portent mille ruisseaux,
Il devient fleuve, et de ses eaux
Il étend la marche rapide :
i. u. — 57
370
CHANSONS POPULAIRES.
Son cours étonne l'univers ;
Ampihiiriie lui porte envie;
11 disparaît au sein des mers :
Voilà l'image de la vie.
De Moustlcr.
L'HIVER.
1822.
Ai u du vaudeville des deux Philiberls.
Mes amis, quittons la campagne,
Voici l'hiver et les glaçons ;
Entendez-vous dans la montagne
Mugir les fougueux aquilons :
Disons bonsoir à cette treille,
Muet témoin de tous nos jeux,
Mais emportons notre bouteille,
Nos verres, nos couplets joyeux.
Adieu, cave où le vieux madère
Repose auprès du fin bordeaux ;
Adieu, campagne ; adieu, parterre,
Bosquets fleuris et clairs ruisseaux ;
Adieu, chêne dont le feuillage
Protégeait nos danses, nos chants
Contre Phœbus, contre l'orage,
Au revoir jusqu'au vert printemps.
Adieu, bergères séduisantes
Qui livrez vos cœurs a l'amour,
Et dont les tournures charmantes
Causaient nos tourments nuit et jour.
Pour aller encor à Cvlhère,
L'hiver est un bien mauvais temps :
Vous nous attendrez, je l'espère,
Pour vous y conduire au printemps.
Regagnons la ville au plus vite;
Pai de li 11' dam le chemin ;
Dans le temple "" Momus habite
All"ii- entonnei un refrain.
Ne pensons plus à la campagne,
Au noir hiver, aux froids autans ;
El près d'un tonneau de Champagne
Attendons gaîment le printemps.
f»nltriel Tinay.
LES LOIS DE LA TABLE.
Air : Je suis une vigne nouvelle.
Point de gêne dans un repas;
Table fût-elle au mieux garnie ,
Il faut, pour m'offrir îles appas ,
Que la contrainte en soit bannie.
Toutes les maisons où j'en roi
Sont des lieux que j'évite :
Amis, je veux être chez moi
Partout où l'on m invite.
Quand on est sur le point d'honneur,
Quel désagrément on éprouve I
Poin' de haut bout; c'est une erreur :
11 faut s'asseoir comme on se trouve,
Surtout qu'un espace assez grand
En liberté nous laisse :
Même auprès d'un objet charmant
Cornus défend la presse.
Fuyons un convive pressant
Dont les soins importuns nous choquent,
Et qui nous lue en nous versant
Des rasades qui nous suffoquent :
Je veux que chacun sur ce fait
Soit libre rve,
Qu'il soit son maître el son valet,
Qu'à son goût il se serve.
Tout ce qui ne plaît qu'aux regards
A l'utilité je l'immole;
D'un buffet chargé de cent marcs
La montre me paraît frivole :
le ii^ tout lias lorsque je vois
L'éléganl édifice
D'un surtout qui, pendant six moi..
Rentre entier dans l'office.
\
CHANSONS EPICURIENNES
371
Des mets joliment arrangés
Le compartiment méthodique ,
Malgré les communs préjugés,
Me paraît sujet à critique :
A quoi cet optique est-il bon'
Dites-moi , je vous prie,
Sert-on pour les yeux, et doit-on
Manger par symétrie ?
Se piquer d'être grand buveur
Est un abus que je déplore :
Fuyons ce titre peu flatteur ;
C'est un honneur qui déshonore.
Quand on boit trop on s'assoupit ,
Et l'on tombe en délire :
Buvons pour avoir de l'esprit,
Et non pour le détruire.
Cassen les verres et les pots,
C'est ingratitude et folie :
Quelquefois il est à propos
De boire aux attraits de Sylvie.
Mais ne soyons point assez sots ,
Dans nos bouillants caprices,
Pour détruire et mettre en morceaux
Ce qui fait nos délices.
Qu'aucun de nous pour son talent
Ne se fasse jamais attendre;
Que sa voix ou son instrument
Parte dès qu'on voudra l'entendre ,
Mais qu'il cesse avant d'ennuyer :
0 l'insupportable homme
Qui par son art croit égayer
Des amis qu'il assomme I
Des rois les importants secrets
Doivent pour nous être un mystère ;
Il faut, pour fuir de vains regrets ,
Tout voir, tout entendre , et se taire :
Respectons dans nos entretiens
Ce que les dieux ordonnent;
Goûtons et méritons les biens
Que leurs bontés nous donnent.
Quand on devrait me censurer,
Je tiens, amis, pour véritable
Que la raison doit mesurer
Les plaisirs mêmes de la table ;
Je veux , quand le fruit est servi ,
Que chacun se réveille ;
Mais il faut quelque ordre , et voici
Celui que je conseille :
Dans les chansons point d'àboyeurs,
Dans les transports point de tumulte,
Dans les récits point de longueurs,
Dans la critique point d'insulte ;
Vivacité sans jurement,
Liberté sans licence,
Dispute sans emportement ,
Bons mots sans méiisance.
Panard.
L'ÉPICURIEN MALADE,
1838.
Air de Madame Grégoire.
Ou : C'est le ijras Thomas.
De l'eau ! plus de vin !
Suivez un régime sévère ,
Dit mon médecin ,
Ou bien commandez votre bière!
Vous l'avez entendu,
Amis , je suis perdu.
L'ordonnance de l'Esculape
Plus encor que le mal me frappe.
Ah! plaignez mon soit
Mes amis , je suis mort.
Jadis j'étais fier,
D'avoir un appétit énorme :
On m'invite hier,
A déjeuner, mais pour la forme,
J'accepte, c'est pitié;
0 trop douce amitié,
Pourquoi ta voix consolatrice
Augmente-t-elle mon supplice.
Ah! plaignez mon sort,
Mes amis, je suis mort.
171
CHANSONS POPULAIRES.
Avec vous j'ai ri
Des fous, des sols qui font carême :
Hélas! aujourd'hui ,
Je jeûne et j'ai la face blême.
Vos visages joyeux
Me rendenl tout honteux;
Vous ne pensez qu'à boire et rire,
De la fièvre j'ai le délire.
Ah! plaignez mon sort_
Mrs amis, je suis mort.
Vénus, Cupidon.
Mis à l'index par l'ordonnance,
Sont dans l'abandon .
Ma muse est réduite au silence.
Pauvre épicurien,
Quel destin est ie mien
A mes yeux un trésor s'étaie.
Je meurs souffrant comme Tantale!
Ah! plaignez mon sort,
Mes amis , je suis mort.
0 fatalité !
En vain , vous me dites courage !
Le coup est porté ,
Je touche an terme du voyage.
De tous côtés je voi
Triste chose pour moi :
Suivant ou quittant le régime,
Des Parques je deviens victime !
Ah! plaignez mon sort,
Mes amis, je suis mort.
Théodore Mnrtignon
La musique, de Prouiac , se trouve notée au
N. 83 de la Clé du Caveau.
L'HEUREUSE MEDIOCRITE.
1826.
Air : l.n trai ■■ de linéarité.
Que l'on prône
L'éclat du trône ;
Charmé de mon Borl ici-bas,
Les grandeurs n>' me tentenl pas.
Dans leurs somptueuses demeures,
Les rois sont-ils toujours heureux?
J'y vois l'ennui compter les heures
Qui marchent lentement pour eux : [bis.)
N'ayant point l'humeur vaine ettière,
J'aime mieux mon humble séjour :
On chante, on rit dans ma chaumière.
Et souvent on bâille à la cour.
Que l'on prône, etc.
Ce n'est qu'au milieu de sa garde
Qu'un roi se montre à ses sujets ;
Un suisse avec sa hallebarde
Veille à la porte du palais.
Je me promène sans escorte.
N'ayant jamais eu d'ennemis,
Et n'ai pour défendre ma porte,
Qu'un chien qui connaît mes amis.
Que l'on prône, etc.
Fiers de leurs insignes bassesses,
A la cour de vils courtisans.
Du prince admirant les faiblesses,
Prodiguent leur funeste encens :
Eh bien ! quant à moi je préfère
Aux sols discours de ces flatteurs,
Un ami vrai, parfois sévère,
Qui sait me montrer mes erreurs.
Que l'on prône, etc.
Fuyant les plaisirs de Cylhère,
Plus d'un roi, qui veut sommeiller.
Trouve, dans son lit solitaire.
Peine et soucis sous l'oreiller :
La nuit, auprès de ma maîtresse,
Les instants me semblent ai courts,
Que je voudrais dans mon ivresse
A mes nuits ajouter mes jours.
Que l'on prône, etc.
I ii mi qui ne rêve (pie gloire
Brave les hasarda des combats,
Et pour vivre un jour dans l'histoire
Conduit ses sujets au trépas .
Que je bénis ma destinée !
Loin d'imiter les conquérants,
CHANSONS EPICURIENNES.
373
Loin de détruire, chaque année.
Je voi* augmenter rues enfants.
Que 1 on prône, etc.
Qu'un prince malheureux succombe,
Soudain oubliant ses faveurs,
Mille ingrats regardent sa tombe
Sans l'arroser de quelques pleurs :
Je vous connais, et sans prétendre
A ne jamais être oublié,
Sur mon tombeau je puis attendre
Une larme de l'amitié.
Que l'on prône
L'éclat du trône ;
Charmé de mon sort ici-bas,
Les grandeurs ne me tentent pas.
P. Lcdoux.
La musique; de Désaugicrs, se trouve notée au
N. 1113 de la Clé du Caveau.
FRERES, IL FAUT VIVRE.
Air du vaudeville de la Vallée de Barcelonnette,
Peste soit de lus révoltant
De ces moines atrabilaires
Qui vont sans cesse en répétant :
11 faut mourir, mes frères;
D'un docteur plus sage qu'eux tous
Nous avons la morale à suivre,
Et nous prenons pour refrain, nous :
Mes frères, il faut vivre.
De faim au maigre et froid repas
De nos avortons littéraires.
D'ennui surtout à leurs vers plats,
Il faut mourir, mes frères :
Mais quand à vos joyeux banquets,
De vin, de plaisir on s'enivre,
Mais lorsqu'on entend vos couplets,
Mes frères, il faut vivre.
Si nous songeons à l'avenir,
La tête pleine de chimères,
Avec la frayeur de mourir,
Il faut mourir, mes frères ;
Que de prévoyance et d'ennui
L'insouciance nous délivre ;
Mourons demain, mais aujourd'hui.
Mes frères, il faut vivre.
Les aimons-nous trop constamment.
Quand nos maîtresses sont légères,
De désespoir et de tourment
Il faut mourir, mes frères ;
Bien loin de nous en affliger,
Nous avons leur exemple à suivre,
Et pour tous les jours en changer,
Mes frères, il faut vivre.
Pour agrandir leur queue, on dit
Que les comètes passagères
Nous avaleront une nuit ;
Il faut mourir, mes IVères :
J'ai, ma foi, grand'peur de leurs dents
Mais j'ai lu dans un fort gros livre
Que, pour trembler encor longtemps,
Mes frères, il faut vivre.
Des vrais amis de la chanson
Combien les regrets sont sincères!
Plus de Panard, plus de Laujon !
11 faut mourir, mes frères ;
Ah! malgré le chagrin nouveau
Auquel cette perte nous livre,
Puisqu'il nous reste le Caveau,
Mes frères, il faut vivre.
Malgré l'amour, malgré le vin.
Malgré les talents, les prières,
Même malgré le médecin,
Il faut mourir, mes frères ;
Si de l'impitoyable sort
Aucun secret ne nous délivre,
En attendant gaîment la mort,
Mes frères, il faut vivre.
Paroles d'un anonyme.
La musique, de Wicht, se trouve notée au N.838
de la Clé du Caveau.
3'4
CHANSONS POPULAIRES.
LES VERTUS D'UN BON VIVANT. '
Am Vlàc' que c'est que d'aller nu bois.
Bien vivre fui dans tous les temps
La devise des bons enfants.
Voyez-vous un joyeux compère
Buvant à plein verre,
Fêtant sa bergère?
Vous pouvez dire hardiment :
Y là c'que c'est qu'un bon vivant.
Etre fidèle en ses amours
Tient trop de nos vieux troubadours ;
Changer, c'est jouir de la vie :
Le malin Julie,
Le soir Emilie :
Le lendemain en faire autant,
Vlà les amours d'un bon vivant.
Chez lui de quelque trahison
Qu'un mari forme le soupçon,
Et qu'au lieu de faire tapage
Il dissipe en sage
Un léger nuage,
Chante et se console en buvant,
Vlà l'ménage d'un bon vivant.
Heureux qui sait avec gaîté
Braver la triste adversité!
Le chagrin jamais ne l'attère ;
Et le sort contraire
En un sort prospère
Change pour lui le plus souvent :
Vlà 1 destin d'un bon vivant.
De tout cœur servir ses amis,
Partager en tout leurs soucis,
Obliger .-ans se faire attendre,
Ne jamais prétendre
Que ce qu'on peut rendre ;
Taire un bienfait, petit ou grand,
Vlà c'que fait un bon vivant.
Quand je suis à table avec von-,
Mes chers amis, je suis jaloux
De faire autant que vous merveille;
Et de ma bouteille
La liqueur vermeille
Bientôt m'échauffe le. tympan :
Vlàcomra' boit un bon vivant.
Thierry Petit.
La musique, de Dauvergne,
N. 627 delaCléduCaveau.
se trouve notée au
TUONS LE TEMPS.
Air : Aussitôt que In lumière.
Contemplons le temps qui passe
Et regardons après lui :
Il ne laisse sur sa trace
Que le néant et l'oubli.
A détruire il s'évertue :
Profitons bien des moments :
En attendant qu'il nous tue ,
Mes amis, tuons le Temps.
Il frappa le grand Molière ,
Et La Fontaine et Scarron ,
La gentille Déshoulière,
Vadc , Panard et Piron.
Ce vieillard cruel moissonne
Les plus illustres talents ;
Il ne ménage personne,
Ne ménageons pas le Temps.
11 faut que sa mort soit douce ,
Préservons-le de l'ennui,
Que l'Amour gaîmeiil é mousse
Toutes ses flèches sur lui.
Que Baccbus couvre de lie
Son fronl ridé par les ans ;
Dans les bras de la Folie
Faisons expirer le Temps.
Dans sa course meurtrière
S'il lève sa faulx sur nous,
v faisons point de prière
Pour échapper à ses coups.
Abandonnons-lui sa proie;
Mais en redoublant nos chants
CHANSONS ÉPICURIENNES,
375
Éternisons notre joie,
Et nous survivrons au Temps.
Francis Dallarde.
Air ancien, noté au N. 50 de la Clé du Caveau.
LE GATEAU DES ROIS.
Air du Petit matelot.
Puisque mon destin et le vôtre
Vous a fait sujets et moi roi,
Je puis gaîment, tout comme un autre.
Exercer ce petit emploi.
Ne croyez pas que je m'élève
Au-delà d'un juste niveau :
Les sujets du roi de la fève
Auront toujours part au gâteau.
Je veux pour couronne une treille,
Pour palais un vaste caveau,
Pour sceptre une vieille bouteille,
Et pour trône un large tonneau.
Je n'aurai que trois seigneuries,
Pomard, Arbois et Pacaret,
Et je prendrai pour armoiries
Une enseigne de cabaret.
Héritier des rois de Cocagne,
Et, comme eux, bravant le danger,
Je saurai me mettre en campagne...
Sitôt qu'il faudra vendanger.
Les francs lurons, d'humeur gaillarde,
Seront mes premiers défenseurs,
Et je ne veux avoir pour garde
Qu'un bataillon de bons buveurs. ,
Je suis fort doux par caractère,
Ne craignez rien de votre roi :
Des princes le plus débonnaire
N'est pas meilleur enfant que moi.
Pour ne pas trouver de rebelles,
Je serai souple comme un gant,
Parfois, pourtant, auprès des belles,
J'ai le projet d'être un tyran.
Si le bon vin est doux à boire,
L'amour en double la douceur,
Je serai par goût et par gloire,
Tantôt amant, tantôt buveur.
Du bachique enfant de Latone
Je suivrai l'exemple enchanteur;
Versé par la main d'Érigone,
L'excellent vin paraît meilleur.
Amis, le grand art de la vie
Est de bien employer son temps.
Pour qu'aucun de vous ne s'ennuie,
Je dois régler tous vos instants.
Je veux donc, monarque équitable,
Que, mettant les jours à profit,
Vous vous rendiez du lit à table,
Four aller de la table au lit.
Si vous n'avez rien à redire
A ce code émané du roi,
Que dans votre bachique empire
Dès ce moment il fasse loi.
Jurez sur le jus de la grappe
De vous y soumettre gaîment,
Et de peur qu'il ne vous écliappe,
Avalez tous votre serment.
f.-i'.a. Léger.
La musique, de Gaveatix, se trouve notée au
N. 108 de la Clé du Caveau.
IL FAUT RIRE.
Air : Rions, chantons, aimons, buvons.
Mes amis , vive la gaîté 1
Nargue de la sagesse austère 1
La gaîté donne la santé ,
Elle adoucit le caractère.
Sur les nœuds que l'on voit serrer,
Sur les méchants vers qu'on admire
Un censeur dit qu'il faut pleurer,
Et moi , je soutiens qu'il faut rire.
L'Amour, ce petit dieu malin .
Se glisse dans plus d'un ménage ;
:?7S
CHANSONS POPULAIRES.
Avec son petit air câlin
Le fripon fait bien du ravage.
Trop prompt à se désespérer,
Quand de sa femme il est martyre ,
Un mari dit qu'il faut pleurer.
Et moi , je soutiens qu'il faut rire.
Parmi les drames éclatants
Qu'il faudra que le goût expie,
On se rappellera longtemps
Repentir et misanthropie.
Voyant un benêt endurer
Certaine chose sans rien dire,
Tout Paris dit qu'il faut pleurer,
Et moi , je soutiens qu'il faut rire.
Amis, pour embellir nos jours,
Pour les rendre dignes d'envie,
Rions de tuut , rions toujours ,
Le rire est l'àme de la vie.
Si des pleurs pouvaient différer
Notre voyage au sombre empire ,
Je vous dirais : 11 faut pleurer ;
Mais n'y pouvant rien, il faut rire.
Brazlcr.
La musique, de Doche, se trouve notée au N. 514
de la Clé du Caveau.
LA RICHESSE DE CELUI QUI N'A RIEN.
Air du vaudeville de Fanchon.
Amis, je le confesse,
Depuis longtemps ma caisse
N'a besoin de gardien :
Mais, narguant la tristesse,
J'ai pour devise : Tout est bien ;
Et voilà la richesse » ,. . ,
. . . , . > (ois.)
lie celui qui n a rien. |
Au pauvre, sort funeste!
Aucun ami ne re.-te ;
Ce sort n'est pas le mien...
Heureux dans mon esp
Moi , j'i n ai, sans compter mon cliien :
Et voilà la richesse
De celui qui n'a rien.
Le chambertin , le grave,
Ne sont plus dans ma cave :
C'est un malheur... Eh bien!
L'amitié, qui me presse,
A fable nie verse du sien ;
Et voilà la richesse
De celui qui n'a rien.
Par mon avoir futile
Je suis encore utile,
Je fais un peu de bien ;
Ma gaîté point ne cesse,
L'espoir est toujours mon soutien ;
Et voilà la richesse
De celui qui n'a rien.
En voyant ma détresse,
Ma fidèle maîtresse
A rompu son lien :
Pour punir la traîtresse
La voisine m'offre un moyen;
Et voilà la richesse
De celui qui n'a rien.
Plus d'un huissier apporte
Maints papiers à ma porte,
En humble citoyen ;
Tant, hélas! il s'empresse
Que j'en ai je ne sais combien;
Et voilà la richesse
De celui qui n'a rien.
Sans remords , sans envie ,
Je quitterai la vie
I Ji franc épicurien ,
Si sur ma tombe on laisse :
« Ci-gît qui tut homme de bien : »
Car voilà la richesse
De celui qui n'eut rien.
p.-c
La musique de, Joseph Pain, se trouve notée ta
S. 792 de la Clé du Cavvau.
Pari*. — Imprimerie île I'illst fils aîné, me des Cranda-Augattioi, •».
VIVE HENRI IV.
Vive Henri Quatre !
Vive ce roi vaillant!
Ce diable à quatre
A le triple talent
De boire et de battre,
Et d'être un vert galant.
Chantons l'antienne
Qu'on chant'ra dans mille ans
Que Dieu maintienne
En paix ses descendants,
Jusqu'à ce qu'on prenne
La lune avec les dents.
J'aimons les filles ,
Et j'aimonsle bon vin.
De nos bons drilles
Voilà tout le refrain.
Oui, j'aimons les filles ,
Et j'aimons le bon vin.
Moins de soudrilles
Eussent troublé le sein
De nos familles ,
Si Fligueux plus humain
Eût aimé les filles,
Eût aimé le bon vin.
Collé.
Cette chanson fut composée par Collé pour sa
comédie de la Partie de chasse de Henri IV. Le pre-
mier couplet est plus ancien et date, à ce qu'on croit,
du temps de ce prince.
Le second couplet fut ajouté lorsque Louis XVI
permit de représenter à Paris cette pièce, que sous
Louis XV on n'avait jouée qu'en province.
L'air est celui des Tricolels, que l'on appelait
aussi le Pas de Henri IV, parce qu'il se plaisait à
le danser.
Cet air fut proscritpendant la révolution ; la res-
tauration le remit en faveur, et il remplaça la Car-
magnole et Ça ira.
t. ii. — 58
CHANSONS POPULAIRES.
En France toutes les époques ont été signalées
T f des chansons.
La musique , de Ducauroy père, se trouve notée
au N. 622 de la Clé du Caveau.
LE BAL CHAMPÊTRE.
1830.
Livrons-nous à la danse,
Profitons des instants;
Déjà l'hiver s'avance
Pour chasser le printemps.
Il reviendra, ma chère,
Garde-toi d'en douter,
Les hommes ont beau faire,
On ne peut l'éviter. (la chaîne des dames.)
Livrons-nous, etc.
On croit en mariage
N'avoir que d'heureux jours.
Par malheur, en ménage,
Les époux sont toujours.. (dos à dos.)
Livrons-nous, etc.
L'hymen est une chaîne
Qui pèse bien Bouvent ;
Mais (pie l'amour survienne,
Alors on fait souvent... (la chaîne à trois.)
Livrons-nous, etc.
Le sexe est peu fidèle,
Excepté les maris,
I'. : Bonne, d'une belle,
Ne se croit à Paris... (le cavalier seul.)
Livrons-nous, etc.
Voyez la prude Elvire,
A sa vertu l'on croit :
Offrez un cachemire,
Bl soudain on la voit... (balancez.)
Lhrrons-nous, etc.
Sur le champ de bataille,
Vieux soldat et conscri.
Courent à la mitraille
Dès que l'honneur leur dit
Livrons-nous, etc.
(en avant.
Gloire à notre patrie,
Au commerce français;
Les arts et l'industrie
Ont brisé pour jamais...
Livrons-nous, etc.
(la chaîne anglaise.)
Comblant notre espérance,
Philippe règne sur nous.
Plus de partis en France,
Mes amis, formons tous... (le grand rond.)
Livrons-nous, etc.
Si dans ce bal champêtre,
Pour détruire notre espoir
La critique veut paraître,
Priez-la d' fair' ce soir... (la promenade.)
Livrons-nous à la danse,
Profitons des instants;
Déjà l'hiver s'avance
Pourchasser le printemps.
Mcriht* et Ikupln.
La musique, d'Adolphe Adam.se trouve chez L.
Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-.'f.izaroth.
LE TOURLOUROIJ.
Qui, dans un régiment,
A le plus d'agrément,
Et sans avoir un BOU
S'amuse comme un fou?
C'esl If lourlourou, (ter.)
C'est le tourloutoutou, (Iris.)
C'est le lourlourou.
Qui Bail d'un jeun' objet
Triompher en secret,
Sans lui donner un srm,
Ni il' meubles en acaVM f
C'est le lourlourou, etc.
; («».}
(M*.)
(bit.)
CHANSONNETTES.
379
Qui, voyageant enfin
En guêtre en escarpin,
S'en revient du Pérou
Sans avoir un bambou ?
(bis.
C'est le toJSrlourou, (ter.) }
C'est le kfurlou toutou, (bis.) c (bis.)
C'est le toorlourou.
■*aroles d'un anonyme.
La musique , d'Adolphe Porte, se trouve notée
au N. 2183 de la Clé du Caveau.
LA MAISON DU CHIFFONNIER.
1845.
Air : Du Cabaret des trois Lurons (Colmance).
Je garde un souvenir intime
Des lieux que ma mère occupa
Avec son époux légitime,
Que j'ai toujours nommé papa.
Aujourd'hui, guidé par ma muse,
En ces lieux chéris je me rends :
Suivez-moi, si ça vous amuse,
Dans la maison de mes parents.
(bis.)
Notre chambre au septième étage
Revenait à trois francs par mois,
Compris l'impôt et l'éclairage,
Eclairage omis bien des fois.
Aussi, pour punir la portière,
Au lieu d'allonger les trois francs,
On rossait le propriétaire
Dans la maison de mes parents.
Nous dormions sans fermer la porte,
Attendu que mes chers auteurs
Se gouvernaient de telle sorte
Qu'ils ne craignaient pas les voleurs.
Ceux-ci, malgré leur tas d'astuces,
N'auraient trouvé, hormis les gens,
Qu'un chien, des chiffons et des puces
Dans la maison de mes parents.
Nous n'avions, dans notre tenue,
Pas les moindres cummodités ;
11 fallait aller dans la rue
Porter ses inutilités.
Au risque d'abîmer l'immeuble,
Il arrivait, dans des moments,
Qu'on jetait cela sous un meuble
Dans la maison de mes parents.
Chauds partisans de la bombance.
Lorsque nous avions du quibus,
Nous nous bourrions un peu la panse,
En rendant hommage à Bacchus.
Après ce repas confortable.
Les père et mère et les enfants,
Tous allaient ronfler sous la table
Dans la maison de mes parents.
Jamais un seul mouchoir de poche,
Chez nous, dit-on, n'était entré,
Si ce n'est pas un faux reproche,
Il est au moins exagéré.
On en prenait un le dimanche,
Après ça, le reste du temps,
Chacun se mouchait sur sa manche
Dans la maison de mes parents.
Mon père, d'humeur fort galante,
Faussait le serment conjugal,
Et ma mère, tout indulgente,
N'y voyait pas le moindre mal.
Ceci doit vous sembler baroque,
Mais apprenez, petits et grands,
Que la chose était réciproque
Dans la maison de mes parents.
Aujourd'hui, père de famille,
J'élève mes dix-sept moutards ;
Je les emmène à la Courtille,
Et nous rentrons un peu pochards.
Je reçois de ma ménagère
Quelques giffles que je lui rends; (bis.)
Nous faisons ce que j'ai vu faire j
Dans la maison de mes parents. j ^ ts'*
Moinaux.
La musique, de Morisset , se trouve, à Paris,
chez L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-
Nazareth.
380
CHAN90N8 POPULAIRES.
LE DÉPART DU CONSCRIT.
1829.
Adieu, ma bonne mère,
Je pars, le tambour bal,
Puisque j'suis militaire,
Faut que j' fass' mon état.
Ne crains rien, à la guerre,
J'aurai ben soin de moi,
Et le ciel, je l'espère,
Me gardera pour loi.
Ran plan plan,
Ran plan plan,
Rata plan plan, plan plan plan,
Ran plan plan,
Ran plan plan,
Plan plan, rata plan!
Adieu, mon pauvre Pierre,
Prends garde à queuqu' malheur;
Adieu, ma bonne Claire,
Garde-moi bien ton cœur.
En r'venant d' la milice,
J' t'épous' rai dans huit ans,
Etj' frai faire l'exercice
A tous nos p'tits enfants.
Ran plan plan, etc.
M'sieur 1' curé, j' viens vous faire
En partant mes adieux ;
Si quelque militaire
V'nait vous dire en ces lieux,
Qu'il a vu mourir Pierre
Pour la France et son roi,
Ne 1' dits pas à ma mère
Et priez Dieu pour moi.
Ran plan plan, etc.
L' sac sur 1' dos vers la plaine,
Amis, dirigeons-nous,
Je sais qu' ça fait d' la peine,
Mais il faut 01er doux.
Dans ces instants d'alarme,
Pour chasser le chagrin,
Renfonçons une larme
Et chantons le refrain :
Ran plan plan, etc.
Le cœur gros, l'œil humide,
L'habitant du hameau
Les voit d'un pas rapide
Descendre le coteau.
Rientôt sur l'autre rive
Ils se perdent enfin.
Et l'oreille attentive
Peut seule entendre au loin :
Ran plan plan,
Ran plan plan,
Rata plan plan, plan plan plan,
Ran plan plan,
Ran plan plan,
Plan plan, rata plan 1
Jalme.
La musique, de Lhuillier, se trouve chez M. l'a-
cini, éditeur, 59, rue Neuve-Saint-Augustin.
LE GRAND GIROUX,
Ah ! qu'il est biau V grand Giroux,
Et surtout quand il est d' garde,
Avec le schako, la cocarde,
Sa cote bleue et ses ch'veux roux.
Faut 1' voir avec ses sabiaux,
Son nez r'troussé z'en serpette,
Sa queue tournée en trompette,
Et ses habits nationaux.
Ah ! qu'il est biau, etc.
Parguenn' I morguenn'l jarnigoi!
Faut 1' voir friser sa moustache,
C'est blond comme des poils de vache,
Et long comme je n' sais quoi
Ah! qu'il est biau, etc.
Giroux, 1' plus fort gas de Tendrait,
Bal si terribl'dans 1' vacarme,
CHANSONNETTES.
381
Quand >' li vois manier son arme.
J' craignons qu'il m'enfile tout drait.
Ah! qu'il est biau, etc.
Aux p'tit's lot'ries du hamiau
Il gagne tout par douzaine ;
Il n' tire pas un coup, morguenne,
Sans rapporter son morciau.
Ah ! qu'il est biau, etc.
Pour se faire un p'tit avoir,
Ce gars travaille sans cesse,
L' dimanch' y sert la grand'messe,
Mène les ans à l'abreuvoir.
Ah! qu'il est biau, etc.
Pour s' marier avec Catiau,
C gars sur tout économise ;
Y n' mangerions pas une c'rise,
Sans avaler son noyau.
Ah ! qu'il est biau, etc.
De gard' au poste d' Neuilly,
En train d' fumer sa bouffarde;
Vlà qu'un troupier d' la vieill' garde
S'arrête, et tout drait lui dit :
Ah ! qu'il est biau, etc.
Quand il est d' gard' au Grand-Ch'min,
Faut 1' voir comme il s' révolutionne;
Pour un moucheron qui bourdonne
Ils feriont sonner l' tocsin.
Ah ! qu'il est biau 1' grand Giroux,
Faut le voir quand il est d' garde,
Avec le schako, la cocarde,
Sa cote bleue et ses ch'veux roux.
Legros.
LES CONSCRITS MONTAGNARDS.
AlR de la Fiancée de Lammermoor.
Partant avec courage,
Deux conscrits montagnards,
Jetaient vers le village
De douloureux regards.
Beau pays que voilà,
Leur amour était là !
Ah!
Il n'est pas de royaume,
Pas de séjour,
Qui vaille un toit de chaume
Où l'on reçut le jour.
Au milieu de la ville,
Et du luxe et de l'or,
Songeant à leur asile
Ils répétaient encor :
Grand' ville que voilà.
Le bonheur n'est pas là !
Ah!
Il n'est pas de royaume, etc.
Mais quittant leur bannière,
Un jour, libres, joyeux,
Revoyant leur chaumière,
Ils s'écriaient tous deux :
Beau pays que voilà,
Tout notre amour est là!
Ah!
Il n'est pas de royaume,
Pas de séjour,
Qui vaille un toit de chaume
Où l'on reçut le jour.
Cogniard frères
(bis.)
bis.)
L'ÉCOLE CHRÉTIENNE.
Air ■ C'est la faute de Voltaire.
Messieurs, le frère est parti,
J' suis censeur en son absence,
Chacun d' vous est averti
Qu'il faut faire du silence.
J' marque d'abord le p'tit Potet;
Et toi, monsieur Pannotet,
Si tu n' veux pas t' taire,
T'es sûr que j' vas 1' dire au frère, [bis.)
382
CHANSONS PO PU LAI R F. S.
r Qù'equ' tu dis, méchant censeur?
Esl ce moi qui fais du tapage?
C'est ce galopin d' Brasseur,
Qui vient d'effacer ma page;
N' fais pas d'ailleurs le capon,
Ou «ans ça gare au tampon !
— Pannotet, \eu\-tu t' taire !
Ou bien j' m'en vas 1' dire au frère.
— Beau censeur on s' fich' de toi,
Et décidément j' m'insurge-,
L' premier qui n' dit pas comme moi
Ici faudra que je 1' purge :
Ils ont beau fair' les malins.
Tous tes frères sont des câlins !
— Pannotet, veux-tu t' taire !
Ou bien j' m'en vas 1' dire au frère.
— Pour prouver que d' ton benêt
J' n'ai plus un' peur ridicule,
J' vas brûler son martinet,
Et puis casser sa férule ;
Tes corbeaux sont trop cruels ,
Demain je passe aux mutuels!...
— Pannotet, veux-tuf taire!
Ou bien j' m'en vas 1' dire au frère.
— Quand ton Polignac manqua
De nous faire à tous la nique,
Tu d' sais donc pas qu' c'est moi qu'a
Proclamé la république ?
Même à preuve, que j'ai dans 1' temps
D'mandé la tète des tyrans
— Pannotet, veux-tu t' taire!
Ou bien j' m'en vas V dire au frère.
— J' voudrais rosser les Prussiens,
Et mettre les Russes en compote;
J' voudrais s'eourir les Belgiens,
Car j' suis un chaud patriote.
J'ai donné même à mes Irais
Quat' sous pour les Polonais
— Pannotet, veux-tu t' taire !
Ou bienj m'en vas I dire au frère.
— Ton frèrel tiens I c'eel un cafard!
Vas lui re'lir' ea bien vite,
Auprès de lui fais le mouchard,
T'auras la emi\ de mérite.
Mais je l'entends... sacré nom !...
Je m'en sauve à la maison
— Tu n'as pas voulu t' taire !
T'es sûr que j' vas 1' dire au frère. (û*<
Jules Leroy.
LES CHIFFONNIERS DE PARIS.
reluit! |
a nuit. )'
1847.
Lèv'-toi, chiffonnier, v'ià lai un' qui reluit!
Fais de la nuit l' jour, et du jourl
Holà! holà! chiffonnier de Paris,
En avant, les amis !
Holà! holà! chiffonnier de Paris,
De Paris.
Philosoph's que nous sommes ,
Dans nos trous retiré- ,
De c' qu'on appell' les hommes
Nous vivons séparés.
Par la pluie ou la g'iée,
Dans les quatr' coins d' Paris
Nous prenons not' volée
Avec les chauv's-souris !...
Lèv'-toi, etc.
Vrais coureurs d'aventures ,
Nous narguons le sommeil,
A l'abri des voitures
Et des coups de soleil.
Sur 1' trottoir on s' pavane,
En portant son falot...
Le crochet sert de canne
Et la hotte de pal'tot.
Lèv'-toi, etc.
A nos lampes solaires
Paris doit sa clarté,
Lorsque les réverbères
Sur la lune ont compté.
CHANSONNETTES.
383
Nos lantern's vont répandre
Partout leurs doux reflets...
De loin, on peut nous prendre
Pour des p'tits feux follets.
Lèv'-toi, etc.
Vrai gardien de la ville,
L' chiffonnier crie : au feu !
C'est lui qui donne asile
Au Terre-Neuv' sans aveu ;
Amateur de gib'lotte ,
Sensibl' pour son prochain ,
Il met 1' chat dans sa hotte
Et 1' pochard dans son ch'min.
Lèv'-toi, etc.
Quand 1' chiffonnier s' marie ,
Ça s' passe , ordinair'ment,
Vis-à-vis de la mairie
De son arrondiss'ment.
On s' donne un' première bosse,
En buvant d' la liqueur...
Puis on va faire la noce
Chez madam' Mal-au-Cœur!
Lèv'-toi, etc.
En ch'mise presque blanche ,
L'ouvrage terminé,
Le lend'main du dimanche,
A l'Hann'ton couronné ,
On va par ribambelles ,
Déposant les mann'quins,
Boir' des polichinelles,
Manger des arlequins!...
Un' fois par semain', pour toi l' soleil luit !
Visaujourlejour... elcouch'-toic'tenuit.
Bonsoir, bonsoir, chiffonnier de Paris,
Bonne nuit , les amis !
Bonsoir, bonsoir, chiffonnier de Paris,
De Paris !
F. de Coarcy.
La musique, de Paul Henrion, se trouve, à Paris,
chez M. Colombier, éditeur, 6, rue Vivienne.
{bis.)
LES CONTES.
Orphelin, sous un ciel avare ,
Radcliffe m'a donné son lait;
Puis, de la reine de Navarre ,
Je devins amant et varlet.
Schérazade est ma favorite ,
Et la nuit, rimeur ennuyé,
Sur ma petite
Couche d'ermite ,
Quand je m'agite,
Si par pitié
La sultane entrait chez moi, vite
Elle en obtiendrait la moitié.
Je préfère un conte en novembre
Aux doux murmures du printemps.
Bons amis , qui peuplez ma chambre ,
Parlez donc, j'écoute et j'attends.
Tombant des tréteaux de la foire ,
Ou glissant du sopha des cours,
Que votre histoire
Soit blanche ou noire ,
Chante la gloire
Ou les amours ;
Vieil enfant, je promets d'y croire :
Contez, amis, contez toujours.
En tremblant , voilà qu'un beau page
A sa dame écrit ses douleurs ;
Il écrit, et sur chaque page
Répand moins de vers que de fleurs.
Pauvre Arthur! son teint frais se plombe;
Mais en roucoulant sous les tours,
Tendre colombe ,
Quand il succombe ,
Un baiser tombe
Sur ses yeux lourds ;
Ce baiser l'enlève à la tombe...
— Contez, amis, contez toujours.
Pèlerin , dans l'hôtellerie,
Vois : de sang les draps sont tachés ;
Aux trous de la tapisserie
Vois les yeux des brigands cachés.
384
CHANSONS POPULAIRES.
Hélas! suffoqué par la crainte,
Contre eux il sanglote : au secours !
Mais minuit tinte !...
De leur atteinte .
0 vierge sainte,
Sauvez ses jours !
— Rallumons notre lampe éteinte ,
Mes amis , et contez toujours.
Qui babille en cet oratoire ?
Ce sont les nymphes d'un couvent ,
Long chapelet aux grains d'ivoire
Que dévide un moine fervent :
Le jour en chaire il moralise;
Mais, sans bruit, au déclin des jours,
Hors de l'église
Il catéchise
Quelque Héloïse
En jupons courts...
— Un instant, que j'embrasse Élise.
Mes amis, et contez toujours.
Ou bien, histoires plus charmantes,
Epanchons nos cœurs, et parlons
De nos sœurs et de nos amantes;
Parions de cheveux noirs ou blonds.
Doux secrets que le monde ignore,
Allez , partez : les murs sont sourds.
En vain l'aurore
Qui vient d'éclore
Brille et veut clore
Nos longs discours :
Jusqu'à la nuit contons encore,
Jusqu'à demain contons toujours.
■If'gésippe Moreau.
LE GENTILHOMME D'A PRÉSENT.
1846.
Si vous suivez la mode,
Le s[x»rt , la (asliion ;
leurs, voici le code
D'un homme du bon ton.
Sur un siège un peu maigre
Se hisser, se percher.
Avoir un petit nègre
Dont on est le cocher.
Oui, voilà, voilà comme
On devient séduisant.
Voilà le gentilhomme ,
Le gentilhomme d'à présent !
Tailler dans sa paillasse ,
Comme nos charlatans,
Un pantalon cocasse,
Puis un habit sans pans.
Posséder la tournure
D'un matelot à bord,
Des bateaux pour chaussure ,
Un chapeau sans rebord.
Oui, voilà, etc.
Posséder pour la chasse
Un cheval très vanté ,
Une vue assez basse,
C'est encor bien porté ;
Respirer à la gêne ,
El prendre son lorgnon
Pour voir la Madeleine
Ou bien le Panthéon I
Oui, voilà, etc.
Aller vider sa bourse
Aux eaux, cliez Tortoni;
Se montrer à la course
De la Croix-de-Berny.
Siéger, comme à la chambre,
Dans ce club si fameux,
Et pour en être un membre ,
S'en faire briser deux I
Oui, voilà, voilà comme
On devient séduisant,
Voilà le gentilhomme,
Le gentilhomme d'à présent.
i i-iiiM'i- Tourte.
La musique, de A. Marquerie, se trouve, chez
M. Brullé, éditeur, 16, passage des Panoramas, à
Paris.
Paris. — Imprimerie dePlttlt fila ntné, rue des Grands-Aiigustins. {J.
LE PRINTEMPS.
1844.
Am de l'Artisan chansonnier.
Fillettes, jeunes garçons,
Aux chansons
Que Ton danse
En cadence -,
Fêtez encor et toujours
Les beaux jours,
La saison de's amours !
Du printemps célébrons les louanges.
Assez tôt il nous fait ses adieux.
Que le bal, à l'étroit dans les granges,
Sous l'ormeau se montre plus joyeux !
Fillettes, etc.
Ecoutez, ô musique enivrante !
Le concert gracieux des oiseaux
Se marie à votre voix charmante,
Au murmure agréable des eaux.
Fillettes, etc.
Au tapis de mensonger augure
Où le jeu règne avec ses fureurs,
Préférons ce tapis de verdure
Où l'amour accorde ses faveurs.
Fillettes, etc.
Ornement de ce beau paysage,
Admirez, que de nouvelles fleurs ! '
Comme aussi sur votre gai visage,
Ont brillé de plus vives couleurs !
Fillettes, etc.
Des bluets, voilà votre couronne :
Baisers pris sont d'innocents exploits;
In essaim d'amours vous environne;
Vous régnez plus heureux que les rois !
Fillettes, etc.
Gens du monde, à la fin des orgies,
Vous attend le plus triste réveil...
118
Croyez-moi, tout l'éclat des bougies
Ne vaut pas l'éclat d'un beau soleil,
Fillettes, etc.
Pastoureaux et gentilles bergères,
Les mamans, le vieillard raisonneur,
Jouissant de nos danses légères,
Du passé retrouvent le bonheur.
Fillettes, etc.
Chaste et pur, se riant de l'orage,
Le plaisir est un guide enchanteur
Qui nous mène au terme du voyage.
Paix au front et douce joie au cœur !
Fillettes, jeunes garçons,
Aux chansons
Que l'on danse
Eu cadence;
Fêtez encor et toujours
Les beaux jours,
La saison des amours !
Emile Varin.
LE MILLIONNAIRE.
1845.
Beaux jours de mes revers,
Epoque fortunée,
Où dans ma destinée
Tout allait de travers...
Souvent je vous regrette
Et voudrais, de bon cœur,
Vous troquer en cachette
Contre tout mon bonheur !...
Un destin bien acerbe
Eprouvait mes efforts î...
Mais j'étais jeune alors,
J'étais jeune et superbe...
J'étais bien plus heureux
Quand j'étais malheureux !
(«*.)
Parfois sans feu, l'hiver,
Je gardais en revanche
t. h. — 59.
386
CHANSONS POPULAIRES.
Une gaîté bien franche,
Un appélit d'enfer!
Au besoin, sur la paille
Dormant bien, sans façons,
J'étais, sans sou ni maille,
Riclie d'illusions...
Tout ce que je redoute,
Alors m'était permis :
Bref j'avais des amis
Et n'avais pas la goutte...
J'étais bien plus heureux )
Quand j'étais malheureux! )
Mon hôtel est payé,
Il faut queje m'y plaise...
J'ai pour bâiller à l'aise
Dix pièces de plain-piél
Sur le logis moins ferme,
Jadis, j'en fais l'aveu,
J'allais fuyant le terme
A la grâce de Dieul...
Mais sous sa sauvegarde
L'amitié me prenait;
La griselte m'offrait
Un coin dans sa mansarde...
J'étais bien plus heureux
Quand j'étais malheureux!
(bis.
1 {bis
Vingt laquais à l'envi
Me mettent en déroute...
Je sais ce qu'il en coûte
Pour être mal servi.
De braver leur caprice
Autrefois j'avais l'art;
Jamais dans mon service
Rien n'était en retard ;
Point d'erreurs sur mes notes...
Chaque matin, gratis,
Je battais mes habits
Et je cirais mes bottes I...
J'étais bien plus heureux )
Quand j'étais malheureux! j
Je crains pour mes valeurs
Dei chana s trop hardies ;
Je crains les incendies
La Uourse... les voleurs l.„
Jadis de ces faiblesses
J'aurais bien ri tout bas ;
L'embarras des richesses
Ne m'embarrassait pas...
Sans fracas, sans mécomptes,
Se réglait mon budget...
Un huissier se chargeait
D'apurer tous mes comptes...
J'étais bien plus heureux ) .
Quand j'étais malheureux! j* ''
De ses lenteurs l'amour
Veut m'épargner la peine,
Pour moi plus d'inhumaine,
Et l'on me fait la cour...
A vingt ans, quel martyre I
Comme je soupirais!...
Six mois dans mon délire,
Jour et nuit je pleurais!...
Mais, après tant d'alarmes,
Un cœur qui les calmait,
Un cœur qui se donnait
Avait bien plus de charmes !..
J'étais bien plus heureux
Quand j'étais amoureux!
[bis.)
Je me trouve encor bien ;
Mais enfin je puis croire
Qu'on m'aime... pour mémoire,
Que je n'y suis pour rien ;
Je puis penser qu'on aime
Mes bals, mon bijoutier,
Mon équipage... et même
Jusqu'à mon cuisinier!
Félicité suprême
D'un être pauvre, obscur!...
Dans le temps j'étais sûr
Qu'on m'aimait pour moi-même...
J'étais bien plus heureux \ . .
Quand j'étais malheureux! j *
Oui, c'était le hou temps,
Ce temps... qui nous échappe...
où. faute d'Escolape,
Noua restions bien portants...
( »ù h' bonheur, avare,
Laissait place aux désirs...
CHANSONNETTES.
JBi
Où le plaisir, si rare,
Centuplait nos plaisirs!...
Déshérité sur terre
De toute autre faveur,
Du moins, dans mon malheur,
J'étais... célibataire !...
J'étais bien plus heureux )
Quand j'étais malheureux ! )
Frédéric de Coiircy,
{bis.)
La musique, de L. Clapisson, se trouve, à Paris,
chez M. Meissonnier fils, éditeur, 18, rue Dau-
phin e
Le bouton avant que d'éclore ,
Souvent hélas! paraît languir,
Il attend les pleurs de l'aurore ,
Et les caresses du zéphir.
Filles, bouton, sont mêmes choses.
Nymphes gentilles, le moyen
De transformer vos lits en roses,
C'est de prendre les eaux d'Enghien.
D. T. l*ois*ou.
La musique, de A. Eomagnési, se trouve, à Paris,
chezL. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-
Nazareth.
LES EAUX D'ENGHIEN.
1828.
Vous qui de la puissante Hygie
Réclamez partout les bienfaits,
D'Enghien la campagne jolie
Vous charmera par mille attraits.
Dans ces beaux lieux l'âme est ravie,
Là, près d'un nouveau Galien ,
Voulez-vous doubler votre vie, I
Allez prendre les eaux d'Enghien ! T *S''
Femme d'humeur mélancolique ,
Aux grands yeux bleus mouillés de pleurs ,
D'Enghien le site romantique
Vous offre un lac, des bois, des fleurs.
Et vous femme, vive et légère,
Qui souffrez d'un fâcheux lien,
Si le plaisir peut vous distraire,
Allez prendre les eaux d'Enghien.
Enfants de Mars dont les blessures
Nous rappellent tant de hauts faits,
Auteurs dont les pâles figures
Attestent le bruit des sifflets,
Maris d'épouses infidèles,
Pour vous consoler de l'hymen ,
Victimes des beautés cruelles,
Allez prendre les eaux d'Enghien.
CA N' MANGE PAS D' PAIN.
1836.
Air : Ça n' se peut pas.
Chacun sait que la sag' Minerve
D' Jupiter sortit du cerveau ,
Moi j'ai beau tourmenter ma verve,
Elle ne m' produit rien d' sag' ni d' beau.
Rien enfin dans 1' bon numéro.
D' mauvais couplets j'enrage d'êtr' père,
Mais j' dis, r'preuant la plume en main :
Ces enfants-là ça n' coûte qu'à faire ,
Ça n' mange pas d' pain. ( quater.)
Va, crois-moi, laisse là l'aiguille,
Disait Adèle à Lise . un jour,
T'as seize ans, t'es fraîche et gentille,
Prête un peu l'oreille à l'amour,
De vieux rentiers te front la cour ;
Car, quoiqu' tu sois ben laborieuse ,
Tu dois juger à ton p'tit gain
Que d' nos jours un' fill' vertueuse,
Ça n' mange pas d' pain. (qualer.)
Un soir, dans une compagnie ,
Un gros boulanger se trouvait ,
On raisonnait géographie,
Des sauvages quelqu'un traçait
Le tableau , les mœurs, le portrait :
Ces peuples-là c'est rien qui vaille ,
398
CHANSONS POPULAIRES.
Qu'il est beau d'être postillon !
Voyez quel tourbillon
De bruit et de poussière,
Son passage, ou plutôt son vol,
En effleurant le sol ,
Laisse dans la carrière.
En avant, etc.
Être postillon , c'est , ma foi !
Avoir la terre à soi
Qu'on a franchie et vue;
Enfin, c'est être un souverain
Qui passe, à fond de train .
L'univers on revue.
En avant, en avant.
Galopez , cavales
Rivales !
En avant, en avant ,
Que vos pieds devancent le vent !
Charles Fonry.
Cette chanson est exlrnite du dernier volume de
Chbrles Poney, : La Chanson de chaque Métier, joli
volume in-18. Prix : 2 fr. Chez L. Vieillot, éditeur,
32, rue Notre-Dama-de-Nazareth.
La musique, de Luigi Bordèse. se trouve chez
M. Schoncn berger, éditeur, 28, boulevart Poisson-
nière, à Paris.
LE VOYAGE A PARIS.
1829.
Ai r du vaudeville de la Petite Sceur.
Pour instruire son jeune fi!* ,
Un père quittait sa province; (bis.)
Il le conduisait à Paris ,
Pour v voir la cour et le prince, (bis.)
" Mon fils, lui disait-il souvent,
Bette prodenee :
« A toui propos^ .'i tout retient,
a Mon fils, faites la révérence. » (bis.)
Ils découvraient ce mont fameux
Où vint expirer notre gloire :
o Là jadis, de tout jeunes preux
« Avaient compté sur la victoire.
« Leur sang coula, c'était pour nous;
« Et s'ils n'ont pu sauver la France,
« De leur défaite ils sont absous :
« Mon fils, faites la révérence. »
Vous contemplez ce monument,
Les arts en ont taillé la pierre
Pour immortaliser l'amant
Des Maintenon, des La Vallière:
De souvenirs, c'est un dépôt
Dont sourit et gémit la France...
Pourquoi Louis fut-il dévot ?
Faites toujours la révérence.
Saluez , saluez encor
Ce bronze que l'Europe envie,
Qui vers les cieux prend son essor,
Chargé des lauriers du génie.
En soulageant son chapiteau
Du fardeau d'une gloire immense,
On y plaça le blanc drapeau :
Mon fils, faites la révérence.
Courons au palais de nos rois ,
Le tambour bat , le clairon sonne ,
Vous y verrez tout à la fois ,
Fils de Thémis, fils de Bellone.
Ne cherchez point si les talents
V brillent moins que la naissance ;
A nos seigneurs les courtisans ,
Mon fils, faites la révérence.
Saluez donc ce maréchal ,
Saluez donc celte marquise ,
Et puis encor ce général ,
Et puis encor ces gens d'église.
Hé e aux valets de ce séjour
Mollirez beaucoup de déférence;
Enfin vous êtes à la four,
Mou Gis , laites la révérence.
Docile aux leçons du papa ,
Le jouvenceau se mit en nage ;
CHANSONNETTES.
899
Pas un seul homme n'échappa
Au très humble salut d'usage.
11 fit un rapide chemin !
Frolté d'altesse et d'excellence,
C'était à lui le lendemain
Que Ton faisait la révérence.
Salgat.
Cette chanson fut longtemps attribuée à notre
célèbre chansonnier. Il ne fallait que juger les négli-
gences qui s'y trouvent et dont M. Béranger n'a ja-
mais donné l'exemple, pour ne pas tomber dans une
semblable erreur.
Si l'on veut une preuve plus convaincante, qu'on
lise la lettre que je reçus le 4 août 1830.
• Noie de l'auteur.)
Non, monsieur, la jolie chanson, Mon fils, faites
la révérence, n'est pas demoi, et je vous remercie de
m'en avoir fait connaître l'auteur. Mon recueil au •
rait dû prouver au public qu'elle ne m'appartenait
pas, puisqu'elle n'y est pas insérée, bien qu'il y en
ait plusieurs qui avaient plus à craindre messieurs
delà justice.
Je suis fier, monsieur, qu'on m'ait attribué cette
charmante production; mais je vous prie de croire
quo j'ignorais adsolument l'espèce de tort que vous
ont fait mes contrefacteurs, qui, en m'enrichissant
du bien des autres, pensaient plus à faire leurs af-
faires que les miennes.
Recevez l'assurance, etc.
BÉRANCER.
La musique, deCatel, se trouve notée auN. Ii89
de la Cié du Caveau.
LE SOLITAIRE.
Qui traverse à la nage
Nos rapides torrents ,
Qui , sur un roc sauvage ,
Va défier les vents?
A l'ours dans sa tanière
Qui donne le trépas,
De la biche légère,
Qui devance les pas ? chut 1
C'est le solitaire, il sait tout,
Il voit tout, il fait tout,
Est partout. (bis.
Qui jette un sortilège
Sur nos pauvres troupeaux'
Qui glace sous la neige
Nos moissons , nos coteaux ?
Qui féconde la terre?
Qui fait fleurir nos bois ?
Qui rend le siècle plus prospère
A tous les villageois ? chut 1
C'est le solitaire, etc.
Qui sèche sur la branche
Nos fruits prêts à mûrir ?
Et sous une avalanche
Qui vient nous engloutir?
Qui console une mère
En retirant des flots
Cet enfant téméraire,
Disparu sous les eaux? chut!
C'est le solitaire, il sait tout,
Il voit tout, il tait tout ,
Est partout. (his.)
Panard.
La musique , de Caraffa. se trouve notée au
N. 1915 de la Clé du Caveau.
LE DÉPART POUR SAINT-MALO.
Bon voyage,
Cher Dumollet,
A Sainl-Malo débarquez sans naufrage.
Bon voyage,
Cher Dumollet ,
Et revenez si le pays vous plaît.
Peut-être un jour une femme charmante
Vous rendra père aussi vite qu'époux;
Tâchez c'te fois qu' personn' ne vous démente,
Quand vous direz que l'enfant est à vous.
Bon voyage , etc.
Si vous venez revoir la capitale,
Métiez-vous des voleurs , des amis ,
39P
CHANSONS POPULAIRES.
Faire de bonnes actions,
Voilà les plaisirs du village.
l'a rôle* tî'uii anonyme.
La musique, de A. Romagnési. se trouve notée
au N. 1758 de la Clé du Caveau.
TAMBOUR BATTANT.
1758.
Je veux , au bout d'une campagne ,
Me voir déjà joli garçon ;
Des héros que l'on accompagne
On saisit l'air, on prend le Ion :
Des ennemis, ainsi qu' des belles
On est vainqueur en 1' s'imilanl.
Et rli, et r'ian ,
On prend d'assaut les citadelles ,
Relan lamplan, tambour battant.
Braves garçons que l'honneur mène,
Prenez parti dans Orléans ;
Not' coronel , grand capitaine,
Est le patron des bons vivants:
Dam' il fallait le voir en plaine
Où le danger était 1' plus grand.
El r'ii , et r'ian ,
Lui seul en vaut une douzaine ,
Relan tamplan , tambour ballant.
Nos officiers dans la bataille
Son! pèle -mêle avec nous tous :
Il n'en est point qui ne nous vaille ,
Et les premiers ils sont aux coups.
In général , fût-il un prince,
Des grenadiers se met au rang
Bt rli . el r'ian ,
Fond sur l's ennemie et vous les rince ,
Relan tamplan , tambour battant.
Vaillant et lier sans arrogance ,
Et respecter ses ennemis;
Brutal pour qui fait résistance ,
Honnête à ceux qui sont soumis ;
Servir le roi , servir les dames :
Voilà l'esprit du régimenl
Et rli , et r'ian ,
Nos grenadiers sont bonnes lames,
Et vont toujours tambour battant.
Viens vite prendre la cocarde ;
Du régiment quand tu seras ,
Avec respect j' veux qu'on te r'garde :
Le prince est I' chef, et j' sons les bras.
Par le courage on se ressemble :
J'ons même cœur et sentiment.
Et r'ii , et r'ian ,
Droit à l'honneur j'allons ensemble ,
Relan tamplan , tambour battant.
La jeune Agnès devint ma femme;
J'étais le maître à la maison.
Auboutd'un mois, changeant de gamme,
Elle fut pire qu'un dragon.
Pauvres époux , voyez ma peine :
Si je m'échappe un seul instant ,
Et rli , et r'ian ,
Relan tamplan elle me mène
Relan tamplan , tambour battant.
Quand un mari fait bon ménage ,
Que de sa femme il est l'amant ,
Frauder ses droits est un outrage
Que l'on excuse rarement.
S'il va courir la prétantaine ,
Ne peut-on pas en faire autant?
Bt rli , el r'ian ,
Relan tamplan on voua le mène,
Relan tamplan , tambour battant.
l'aiarl,
La musique, de Biaise, se trouve notée au
N. 515 de la Cle du Caveau.
CHANSONNETTES 391
AMIS, LA MATINÉE EST BELLE LES MÉDISANTS.
1828.
Amis, la matinée est belle :
Sur le rivage assemblez-vous;
Montez gaîment votre nacelle,
Et des vents, bravez le courroux.
Conduis ta barque avec prudence,
Pêcheur, parle bas ;
Jette tes filets en silence,
Pêcheur, parle bas,
Le roi des mers ne t'échappera pas !
(bis.)
L'heure viendra, sachons l'attendre ;
Plus tard nous saurons la saisir.
Le courage fait entreprendre,
Mais l'adresse fait réussir.
Conduis ta barque, etc.
Pêcheur, sur la mer orageuse
Brave la mort et le destin ;
Pour une action périlleuse,
Vogue sans peur en vrai marin.
Conduis ta barque, etc.
Ne redoute pas la baleine ;
Le temps est calme : il faut partir.
Si la conquête est incertaine,
Brave, ne crains pas de mourir.
Conduis ta harque avec prudence,
Pêcheur, parle bas ;
Jette tes filets en silence,
Pêcheur, parle has,
Le roi des mers ne t'échappera pas ! (bis.
Scribe.
Le9 deux premiers couplets seulement sont de
M. Scribe, et tirés de l'opéra de la Muette de Portici,
en vente chez M. Tresse, éditeur, 2 et 3, galerie de
Chartres, Palais-Royal. Prix : 1 franc.
La musique , d'Auber , se trouve notée au
N. 2032 de la Clé du Caveau.
**smmmm-i*
Le perruquier du quartier
Médit du cabaretier,
Qui médit du fruitier,
Que médit du charpentier,
Qui médit du papetier,
Qui médit du ferblantier,
Qui médit du bottier,
Qui médit du cafetier.
La vieille mercière
Dit que le libraire,
Fut jadis à Châlons
Marchand d'habits vieux galons.
Et notre portière
Dit que la laitière
Vend son lait bien plus cher
Au vieil huissier qu'à son clerc.
Le chapelier dit tout bas
Que du cordonnier Thomas,
A Marbœuf, la moitié
Trouva chaussure à son pied ;
Et la femme du cordonnier,
Dit tout haut qu'au chapelier
Un sous-chef de-bureau
Donne un fort vilain chapeau.
J'entends dire à la lingère :
Que notre propriétaire,
Refuse à sa ménagère
Châles, robes et souliers.
J'entends dire à l'herboriste
Que la femme du dentiste
Mange volontiers à deux râteliers.
Bref, de notre quartier,
Cancaner est le métier;
Chefs, commis, fabricants,
Ne vivent que de cancans ;
On cancane en déjeunant,
On recancane en dînant,
C'est cancan sur cancan,
Qui finiront Dieu sait quand I
Dcstiuiilers.
392
CHANSONS POPULAIRES.
L'ÉDUCATION DE FIFI.
1834.
Mon fils, tu crois que j'suis ton père?
Eh ben! pas du tout, c'est pas ça;
Car un boulet fit son affaire,
Et comme un brave il trépassa,
Oui, comme un brave il trépassa.
Mais avant à" fermer la paupière,
Y m' dit : Prends soin démon enfant.
Je te nomm' sa famille entière.
C'est dit. c'est fait (bis) dans un instant ;
D' sa charge, tu d'vins la mienne ;
Dans mon sac j' te campai, morveux.
Mais, Fiû, pour qu'il t'en souvienne,
Tétais ben trop jeune, mon vieux, [bis.)
Comme un p" lit prince j' te restaure,
La pomme déterre à discrétion ;
Ce n'est rien, je fais plus encore :
Je fais ton éducation. (bis.)
T'as quinze ans, et tu prends la prise.
Et lu fumes très proprement ;
T'es très soigné dessus ta mise,
Et tu bois (bis) agriablement
Deux bouteilles, et j' veux qu' t'espères,
Mon p'lit Fifi, faire encor mieux,
Et le r'passer tes six p'tils verres ;
Mais t' es encor trop jeune, mon vieux, (bis.)
En trois temps tu fais l'exercice ;
Mais c' qui t' vexe, et je V conçois bien,
C'est qu' tu n'as pas un' cicatrice.
Une balle, un coup d' sabre, un rien, (bis)
Pourquoi se désoler d'avance,
C'est bête, j' te 1' dis sans détour,
Tu n' dois pas perdre patience ;
l'aris n' fut pas fait (bis) dans un jour ;
Y n' faut qu'un combat, qu'une affaire,
El crac, un bras, qui sait, p'tèt' deux...
d' la ebance, la chose est claire ;
T'es encor si jeune, mon vieux. (bis.)
Enfin, grâce à la Providence,
l.' - préjugea s' melteni de côté ;
On n' tient plus compte d' la naissance,
Le siècle est pour l'égalité. (bis.)
Si Ion étoile s' trouve heureuse,
Qui sait jusqu'où tu peux aller ;
La fortune est un' capricieuse ;
Dans V monde y s' peut qu' tiras briller.
J' te vois d'jà dans ton sort prospère.
Le possesseur d'un cordon bleu...
En épousant un' cuisinière,
Ça peut v'nir, t'es jeune, mon vieux (fris.)
Quant à moi, j'ai fini ma tâche,
L' temps d' mon service est accompli ;
Adieu, le lion de ma moustache,
Je sens ben que je m' démolfe..'.
Dans les champs d' l'honneur eld' la gloire.
A ton tour de l'acclimater.
Si je n' peux plus voir de victoire,
Toi, tu viendras (bis) m' les raconter;
El me montrant ta boutonnière,
Tes chevrons, tu m' diras : Morbleu!...
T'as tenu parole à mon père,
C'est à toi que j' dois ça, mon vieux, (bis.)
Tli. Polak.
La musique, de E. Voisel, se trouve, à Paris, chez
M. Brullé, éditeur, 16, passage des Panoramas.
L'AMOUREUX TRANSI.
1825.
Me voilà seul au rendez-vous
Que lu m'as donné sur la brune.
Le zéphir, au clair de la lune,
En janvier n'est pas des plus doux. (61*.,
Ah ! ne crois pas que je recule,
Dans mon àme où l'amour s'accroît, (bis.)
0 mon Ursule , i
Pour toi je brûle , j (bis.)
Mais j'ai bien froid, bisj) |
Pour gage assuré de ta foi,
En ce moment hélas! que n'ai-je
Taris. — hnprimci ie de Pillii flli atné, rue des Grands- Aogasiini, .r>.
CHANSONNETTES.
393
Ta main rivale de la neige
Qui tombe à gros flocons sur moi., {bis.)
Sur mon dos elle s'accumule ,
Et pourtant plus que l'on ne croit (bis.)
0 mon Ursule, etc.
Tandis que chantant mon amour,
le te pince un air de guitare,
Hélas ! de son souffle barbare
L'aquilon me pince à son tour, (bis.)
En moi pourtant un feu circule ,
Du cœur au bout de chaque doigt, (bis.)
0 mon Ursule, etc.
A ta fenêtre on voit d'ici
Du foyer la flamme qui brille;
J'entends le fagot qui pétille,
Et moi j'ai le corps tout transi, (bis.)
Quand ma bouche à peine articule,
Quand , sans pitié, ton œil me voit, (bis.) j
0 mon Ursule , l
Pour toi je brûle, ({bis.)
Mais j'ai bien froid, (bis.) i
Gentil.
La musique, de Ch. Plantade, se trouve chez
M. Cotelle, éditeur, 137, rueSaint-Honoré.
TITI CANDIDAT.
1848.
AIR ■ Viv' le roi gui n' veut point d' moi.
liston, j' veux-t-êlre député,
J' suis noté, )., . .
... ,; ois.
J suis porte ) v '
Au Club des pratiques !
Et si j' suis pas accepté,
Ou r'jelé,
J' suis monté, (bis.)
D la Cité
J' cass' tout's les boutiques 1
J' vot' pour toi ,
Vot' pour moi,
Dam', tu vois ma profession de foi I
J' vot' pour toi,
Vot' pour moi,
J' décrétions la loi 1
J' suis paresseux d' mon état,
Mais j'ai pas mal d'éloquence ,
J' veux m' poser comm' candidat
Pour êtr' député d' la France.
Avec vingt-cinq francs par jour,
Gugus', tu m' croiras sans peine,
Même en chauffant un peu 1' four,
On peut s' fair' un' bonn' semaine.
Fiston, j' veux , etc.
J' suis 1' général des moutards,
Au club c'est moi qui domine;
C'est moi qui tir' les pétards ,
Et qui d'mand' qu'on irlumine.
Par civisme j'ai planté ,
Dans nos grands jours populaires,
L'arbre de la liberté
A cinq cent mille exemplaires.
Fiston, j' veux, etc.
Gugus', vois-tu, mon Fiston,
J' connais si bien mon affaire,
Qu' si j'ai la députation,
Nous n'aurons plus rien à faire.
J' vot'rai la gouappe en détail.
Pour le bien d' la chos' publique;
J'aurais trop peur que 1' travail
Fatigu'rait la République.
Fiston, j' veux, etc.
C'est si bon de s' démarier,
J' suis pour la loi du divorce ;
Fifin' a beau s' récrier,
Je n' veux plus l'aimer par force.
Toujours, c'est un trop long bail ,
Au diable un' si lourde chaîne ,
J' vot' pour avoir un sérail
Qui se renouvell' chaqu' semaine.
Fiston , j' veux, etc.
En Franc' faut d' la nouveauté,
Tout n'a qu'un règne éphémère :
119
60
394
CHaÏSSONS POPULAIRES.
Vin^rt siècles de royauté ,
Ça n' pouvait plus faire I "affaire.
Mettons pour les nouveaux v'nus ,
Tous les vieux d' la vieill' à l'ombre;
Les nouveaux noms s'ront élus ,
P'tèt' ben qu' Tili s'ra du nombre.
Fiston, j' veux, etc.
Tout citoyen qu'a du cœur,
Cabeliste ou Louis-Blanquiste ,
Va s' fair' un avenir meilleur,
Par la ebos' d'être communiste.
Par ce syslèm' , v< is-tu bien ,
L' propre à rien voit tout en rose ,
On prétend qu' c'est 1' seul moyen
Qu' les paresseux fas^'nt quelqu' chose.
Fiston, j' veux, ete.
La peste soit des recors,
C'est un' engeanc diabolique;
Ht puis la contraint' par corps ,
Çagèn'rait la République.
Tant pis pour les créanciers ,
Les endettés s'ront d' la fêle :
A la barbe des huissiers
J' veux qu'on démoliss' la Dette!
Fiston, j' veux, etc.
A bas les vieux députés ,
A bas les vieux fonctionnaires,
C'est tous des vrais encroûtés
Qui comprennent pas les affaires.
Mais viv'nt les homm's du moment :
Or, d'après c' fait qu'est notoire,
ï vot' pour que 1' gouvernement
Reste toujours Provisoire ! ! !
Fiston, j' veux-t-être député
J' suis noté,
J' suis porté
Au Club des pratiques 1
Et si j' suis pas accepté.
nu r'jeté ,
.1' bdù monté,
1) la Cité
s' loui's les boutiques !
{bis.
ibis.)
i' vot' pour toi ,
Vot' pour moi ,
Dam', tu vois ma profession de foi.
J' vot' pour toi,
Vot' pour moi .
J' décret' rons la loi !
Adolphe Porte.
La musique , de Paul Hcnrion , se trouve notée
au N. 2350 de la Clé du Caveau, et se trouve chez
M. Colombier, éditeur, 6, rue ^ ivienne
LE PETIT MEUNIER DE CHATEAULIN.
847.
J'ai cent écus d'argent blanc,
Autant en or qui brille;
J'ai cent écus d'argent blanc,
Mais pas le cœur content.
Oh! non, non, non franchement,
A cause d'une jeune tille,
Oh! non, non, non franchement,
Non, je n'ai pas le cœur content.
Un vieux berger de Cliàleaulin
M'a dit : Ne te contie
Pas plus au vent de ton moulin
Qu'à fillette jolie!
De ton moulin bien souvent
L'aile tourne au gré du vent ;
Mais des jeunes filles,
Et les plus gentilles,
Au vent des amours
Le cœur tourne, tourne toujours,
Tourne, tourne, tourne, tourne, loin n •
Tourne tous les jours !
[Soupirant.) J'ai cent écus, etc.
Le vieux berger parla pour rien ;
Car je croyais aux femmes;
Mais aujourd'hui, je le vois bien,
Il connaissait leurs trames.
Après m'avoir dit : «Crois-moi,
Je ne veux aimer que toi, »
CHANSONNETTES.
tlcse à sa fenêtre
Ne veut plus paraître ;
J'y viens chaque soir
Et je soupire sans la voir !
Je soupire [ter) sans la voir !
\Soupirant très fort.) J'ai cent écus, etc.
Mais qu'ai-je appris? Rose en secret
Pleurait avec son père ;
Pour un peu d'or qui leur manquait,
On vendait leur chaumière 1
Mais moi, qui suis un malin,
Je me suis levé matin,
Bien vite en cachette,
J'ai payé la dette,
Et Rose, le soir,
M'a dit : « Je t'aime !... bon espoir !
Oui, je t'aime ! oui, je t'airr.e !
Oui, je t'aime! bon espoir ! »
{Très joyeux.) Je n'ai plus un son vaillant,
Je n'ai plus d'or qui brille!
Je n'ai plus un sou vaillan t !
Mais j'ai le cœur content !
Oui, je suis riche à présent,
J'ai l'amour d'une jeune tille!
Oui, je suis riche à présent ;
Car j'ai 1' cœur gai, j'ai 1' cœur content !
liustave Lt moine.
La musique, de Mlle Loïsa Puget, se trouve, à
Paris, chez M. Hugcl, éditeur, 2 bis, rue Vivieune.
LE JEUNE SOLDAT.
Air : L'hymen est un lien charmant.
J'entends le signal du départ,
Adieu, Français, adieu, mes frère-,
Adieu, je vole à nos front.
Me ranger sous mon étendard, [bis.)
Le nom français est mon partage,
Ce titre, gravé dans mon cœur,
Enflamme déjà mon jeune âge :
Pourrait-on manquer de courage
Quand un ,i la gloire »'t l'honneur
Pour ses compagnons de voyage ?
Dans les plaines <!•: Marengo,
Que je serais fier de me battre !
J'aimerais encore à combattre
Aux nobles champs de VVaterlo,
Des preux dormant sur le feuillage,
Le sang qui pourpre chaque fleur,
L'ombre qui perce le nuau'e,
Tout embrase sous cet ombrage,
Quand on a la gloire, etc.
Que n'ai-je, ô Kléber! ô Deôaix!
Marché sur vos pas intrépides !
Que n'ai-je, sur les pyramides,
Vu flotter le drapeau français!
Mais sans les pleurer davantage,
On doit, imitant leur ardeur,
Des hauts-fait- qui sont leur partage
Augmenter encor l'héritage,
Quand on a la gloire, etc.
Si, malgré nos brillants succès,
Le fiel jaloux de notre gloire
Voulut de l'astre de victoire
Quoique temps priver les Français,
Son disque, obscurci d'un nuage,
Va reparaître avec splendeur.
Oui. l'on doit voir après i'orar.re
Briller l'étoile du courage,
Quand on a la gloire, etc.
Près de moi, qui suis un enfant,
Je vois ces vieux vainqueurs du monde,
Qui, de l'antique mappemonde,
Ont fait le tour en triomphant.
Sur leur front sillonné par l'âge
On lit ce cri de la valeur :
Malgré les vents, malgré l'orage,
On peut encor narguer Çartha. -,
Quand on a la gloire et l'honn sur
Pour ses compagnons de voy ag ■
Emile Dehreaux.
La musique, de Nicoio, se trouve notée au
N.361 delà Clé du Caveau.
396
CHANSONS POPULAIRES.
MON PAYS AVANT TOUT.
Qu'on soit né sur les bords du Tage,
Qu'on soit de Vienne ou de Paris,
Mortels, répétons cet adage :
Il faut être de son pays.
L'homme chérit le lieu de sa naissance ;
Moi, mes amis, je cherche en vain partout.
Je ne vois rien de si beau que la France :
Je suis Français, mon pays avant tout.
Que l'on me vante llbérie,
L'Amérique et ses habitants,
Qu'on me dise que l'Italie
Jouit d'un éternel printemps.
Tous ces pays sont fort bons à connaître ;
Mais, moi, je veux, par raison et par goût,
Vivre et mourir aux lieux qui m'ont vu naître:
Je suis Français, mon pays avant tout.
Que, chez nous, des modes anglaises
Un fat se montre curieux,
Ce que firent des mains françaises
A bien plus de prix à mes yeux.
Gardez, messieurs, vos perkales, vos frises,
Paris me vend mes bas et mon surtout,
Louviers, mes draps, et Rouen, mes chemises;
Je suis Français, mon pays avant tout.
Que dédaignant les vins de France,
Mondor serve, un jour de gala,
Alicante, porto, constance,
Tokay, madère et malaga,
Fi de ces vins de Hongrie ou d'Espagne,
Du vin amer qu'on baptise partout :
A moi, bourgogne, et bordeaux etchampagne,
Je suis Français, mon pays avant tout.
Que par une étrange manie,
Il Boit 'I insensés détracteurs
Qui, nous refusant le génie,
Des étrangers vantent les auteurs.
En Italie, ainsi qu'en Angleterre,
rivains sont tous de fort bon goût;
Mais je préfère el Racine el Voltaire ;
le sua Français, mon pays avant tout.
Pour la beauté bien moins sévère.
Aisément je change d'avis,
Et, j'en conviens, je voudrais plaire
Aux belles de tous les pays ;
Maisj'aimeun jourles Russes, lesAnglaises
Passé ce temps, nia constance est à bout :
Et tour-à-tour j'adore les Françaises,
Je suis Français, mon pays avant tout.
Qu'un poète, vendant sa lyre,
Chante les Russes, les Anglais,
Animé d'un noble délire,
Je ne chante que les Français.
Que n'ai-je, hélas! pour célébrer leur gloire,
Les dons heureux du génie et du goût,
Je graverais au temple de mémoire :
Je suis Français, mon pays avant tout.
Paroles d'un anonyme.
TITI LE TALOCHEUR
Air : Je suis loin de Paris.
Je suis ton cavalier ,
Adorable brocheuse:
Vois ma flamme amoureuse,
J' sens là comme un brasier.
Calme ce feu brûlant
Qui cause mon tourment,
Car, vois-tu , c't'inceudie
Doit durer tout' ma vie.
Phrosine, à toi mon cœur;
Que n'en ai-je un' douzaine 1
Titi-le-Talocheur
Te r'conuaît pour sa reine.
On vante tour-à-tour
Les belles d'Italie ,
D'Espagne et de Turquie,
Mais j' l'avoue sans détour •
Sur le globe il n'est pas
[)' plus séduisants appas
Que ceux de mou amie.
Foi d lit, j' le pane.
Phrosine , etc.
l'aris. — Imprimer!* de PiLLtT lits ttné, rue des Grauds-Au^usiii^, :».
CHANSOiSNiiîï ES.
rr
II me semble déjà
M'voir dans mon p lit ménage ,
Et r' venant de l'ouvrage
M'entendre app'lerpapa.
Pour en fair' des flambards
Je veux que mes moutards
Soient à chaque barrière
Redoutés comm' leur père.
Phrosine, etc.
Quels ravissants destins!
i' voudrais qu'à la minute
On te cherchât dispute
Quand ils seraient dix gamins.
ruis monamouren leur cassant les rein*
Respect à l'Andalouse
Qui devient mon épuu.-e.
Phrosine, à toi mon cœur;
Que n'en ai-je un' douzaine!
Titi-le-Talocheur
Te r'connait pour sa reine.
Cogniard frères et Jaînie.
Lt premier et le dernier couplet seulement sont
de MM. Cogniard frères et Jaime, et sont extraits
■ le la Tirelire, vaudeville en un acte, en vente chez
M. Marchar.t, éditeur, 12, boulevart Saint-Martin.
Trix : 50 c.
La musique, de Frédéric Bérat, se trouve, àParis,
chez M. Schonenberger, éditeur, 23, boulevart Pois-
sonnière
LA CHANSON DU POSTILLON.
1847.
Aih : Au galop, au galop, rien n'égale un. garçon d' salle
En avant, en avant,
Galopez , cavales
Rivales !
En avant , en avant ,
Que vos pieds devancent le vent!
<;iie, clac, clic, clac1 voyez dans 1 air
Passer, comme l'éclair,
m
Mon fouet flexible et mince.
Gare à vous, gare les badauds :
Sous l'acier des sabots ,
Déjà le pavé grince.
En avant, etc.
Me voici sur le grand chemin ,
Les rênes à la main ,
Et bercé sur mon siège ;
Où , dès qu'en partant, je m'assieds.
Je chante et foule aux pieds
Le souci qui m'assiège.
En avant, etc.
Je me sens frappé de stupeur,
Quand j'entends la vapeur,
Qui dévore l'espace,
Crier : A bas le postillon !
Qu'il baisse pavillon
Devant qui le dépasse.
En avant, etc.
Bah ! que jamais de vains regrets
N'entravent le progrès,
Pour un métier qu'ii tue,
La vapeur, au rapide essor,
Chez nous ne marche encor
Qu'au pas de la tortue.
En avant , etc.
Longtemps on verra les chevaux
Traîner, par monts et vaux ,
Sur les roules pavées,
Les millionnaires ennuyés,
Les artistes choyés,
Les filles enlevées 1
En avant, etc.
Si la locomotive, un jour,
Doit briser sans retour
Nos bras et notre gloire,
D'avance, il faut nous en venger :
Qui voudra voyager
Triplera le pour-boire.
En avant, etc.
T. ». — «1
398
CHANSONS POPULAIRES.
Qu'il est beau d'être postillon !
Voyez quel tourbillon
De bruit et de poussière,
Son passage, ou plutôt son vol,
En effleurant le sol ,
Laisse dans la carrière.
En avant, etc.
Être postillon , c'est , ma foi !
Avoir la terre à soi
Qu'on a franchie et vue ;
Knfin, c'est être un souverain
Qui passe, à fond de train .
L'univers en revue.
En avant, en avant.
Galopez , cavales
Rivales !
En avant, en avant,
Que vos pieds devancent le vent !
Charles Poney.
Cette chanson est extraite du dernier volume de
Charles Poney, : La Chanson dr chaque Métier, joli
volume in-18. Prix : 2 fr. Chez !.. Vieillot, éditeur,
32, rue Notre-Dame-de-Nazareth
La musique, de Luigi Bordèse, se trouve chez
M. Schonenberger, éditeur, 28, boulevart Poisson-
nière, à Paris.
LE VOYAGE A PARIS.
1829.
Air du vaudeville de la Petite Saur.
Pour instruire son jeune fils,
Un père quittait sa province; (bis.)
11 le conduisait à Paris ,
Pour y voir la cour et le prince, (bis.)
« M<>n fils, lui disait-il souvent ,
« Ayez toujours cette prudence :
« A tout propos, à tout venant,
« Mon fils, faites la révérence. » (bis.)
Ils découvraient ce mont fameux
Où vint expire:' notre gloire :
« La jadis, de tout jeunes preux
« Avaient compté sur la victoire.
« Leur sang coula, c'était pour nous;
« Et s'ils n'ont pu sauver la France,
« De leur défaite ils sont absous :
« Mon fils, faites la révérence. »
Vous contemplez ce monument,
Les arts en ont taillé la pierre
Pour immortaliser l'amant
Des Maintenon, des La Vallière;
De souvenirs, c'est un dépôt
Dont sourit et gémit la France...
Pourquoi Louis fut-il dévot ?
Faites toujours la révérence.
Saluez , saluez encor
Ce bronze que l'Europe envie,
Qui vers les cieux prend son essor,
Chargé des lauriers du génie.
En soulageant son chapiteau
Du fardeau d'une gloire immense,
On y plaça le blanc drapeau :
Mon fils, faites la révérence.
Courons au palais de nos rois ,
Le tambour bat , le clairon sonne ,
Vous y verrez tout à la fois ,
Fils de Thémis, fils de Bellone.
Ne cherchez point si les talents
Y brillent moins que la naissance ;
A nos seigneurs les courtisans ,
Mon fils, faites la révérence.
Saluez donc ce maréchal ,
Saluez donc celte marqu ise ,
Et puis encor ce général ,
El puis encor ces gens d'église.
Môme aux valets de ce séjour
Montrez beaucoup de déférence;
Enfin vous êtes à la cour,
Mon fils, laites la révérence.
Docile aux leçons du papa ,
Le jouvenceau se mit en nage ;
CHANSONNETTES.
39y
Pas un seul homme n'échappa
Au très humble salut d'usage.
11 fit un rapide chemin !
Frotté d'altesse et d'excellence,
Celait à lui le lendemain
Que l'on faisait la révérence.
Salgat.
Cette chanson fut longtemps attribuée à notre
célèbre chansonnier. Il ne fallait que juger les négli-
gences qui s'y trouvent et dont M. Béranger n'a ja-
mais donné l'exemple, pour ne pas tomber dans une
semblable erreur.
Si l'on veut une preuve plus convaincante, qu'on
lise la lettre que je reçus le 4 août 1830.
[Note de l'auteur.)
Non, monsieur, la jolie chanson, Mon fils, faites
la révérence, n'est pas de moi, et je vous remercie de
m'en avoir fait connaître l'auteur. Mon recueil au •
rait dû prouver au public qu'elle ne m'appartenait
pas, puisqu'elle n'y est pas insérée, bien qu'il y en
ait plusieurs qui avaient plus à craindre messieurs
de la justice.
Je suis fier, monsieur, qu'on m'ait attribué cette
charmante production; mais je vous prie de croire
quo j'ignorais adsolument l'espèce de tort que vous
ont fait mes contrefacteurs, qui, en m'enrichissant
du bien des autres, pensaient plus à faire leurs af-
faires que les miennes.
Recevez l'assurance, etc.
BÉRANCER.
La musique, deCatel, se trouve notée auN. 1S89
de la Clé du Caveau.
LE SOLITAIRE.
Qui traverse à la nage
Nos rapides torrents ,
Qui , sur un roc sauvage ,
Va défier les vents?
A l'ours dans sa tanière
Qui donne le trépas,
De la biche légère,
Qui devance les pas ? chut !
C'est le solitaire, il sait tout,
Il voit tout, il fait tout,
Est partout. {bis.)
Qui jette un sortilège
Sur nos pauvres troupeaux ?
Qui glace sous la neige
Nos moissons, nos coteaux?
Qui féconde la terre?
Qui fait fleurir nos bois?
Qui rend le siècle plus prospère
A tous les villageois ? chut 1
C'est le solitaire, etc.
Qui sèche sur la branche
Nos fruits prêts à mûrir?
Et sous une avalanche
Qui vient nous engloutir?
Qui console une mère
En retirant des flots
Cet enfant téméraire,
Disparu sous les eaux? chut!
C'est le solitaire, il sait tout,
Il voit tout, il tait tout ,
Est partout. {bis.)
Panard.
La musique, de Caraffa. se trouve notée au
N. 1915 de la Clé du Caveau.
LE DÉPART POUR SAINT-MALO.
Bon voyage,
Cher Dumollet,
A Sainl-Malo débarquez sans naufrage.
Bon voyage,
Cher Dumollet ,
Et revenez si le pays vous plaît.
Peut-être un jour une femme charmante
Vous rendra père aussi vite qu'époux;
Tâchez c'te fois qu' personn' ne vous démente,
Quand vous direz que l'enfant est à vous.
Bon voyage , etc.
Si vous venez revoir la capitale ,
Méfiez-vous des voleurs , des amis ,
;on
CHANSONS POPULAIRES.
Des billets doux , des coups , de la cabale ,
Des pistolets et des torticolis.
Bon voyage , etc.
Allez au diable! et vous et votre ville.
Où j'ai souffert mille et mille tourments.
Il \uus serait cependant bien facile,
De m'y tixer, messieurs, encor longtemps.
Pour \niis plaire je suis tout prêt
A rétablir ici mon domicile.
Faites connaître à Dumollet
S il doit rester ou faire son paquet.
né»augiers.
Air ancien, noté au N. 866 de I a Clé du Caveau.
LE SIGNAL AVAIT RETKNTI.
Le signal avait retenti ,
Au loin murmurait la tempête,
Et déjà d'un pas affermi
Nous marchions droit à l'ennemi.
Le doux son des clairons,
Qu'au loin 1 écho si bruyamment répète,
Et le bruit des canons
Ont enflammé d'abord nos bataillons.
Nous avançons rapidement
Croisant ainsi la baïonnette ,
Et sans hésiter un moment
Nous culbutons un régiment;
Le feu, le plomb, le fer,
Autour de nous tout siffle, vole et tombe;
Mais l'honneur nous est cher
Et le laurier à nos yeux est offert.
Dé, à frappé par maint éclat,
Maint héros descend dans la tombe,
Bn disant : mourir pour l'État,
C'est le devoir d'un bon soldat.
Le destin en courroux
Veut nou6 chasser du champ de la vietofM
Mais redoublai., nos coups.
La gloire bat en retraite avec nous
Près de l'ennemi triomphant
Tout-à-coup, pourripz-vous le foire'
J'aperçois de loin cet enfant
Qu'un seul dragon blessé défend.
J'accours vers ce héros
Et près de lui tandis qu'ainsi je *ire.
Ce bambin en deux sauts
Adroitement s'élance sur mon dos.
Je l'emporte au pas redoublé,
Malgré le feu je l'entends rire,
Et sa main qui n'a pas tremblé
Joue avec mon bonnet criblé.
Pour sauver ce trésor,
Au fond d'un bois hardiment je me jette ,
Reprenant leur essor,
Les éclaireurs me harcellent encor.
Tout seul et toujours poursuivi
Dans cette superbe retraite ,
Pour mettre l'enfant à l'abri
Je faisais face à l'ennemi.
11 m'ajustait : pan... pan.
Le plomb sifflait , mais je levais la tète ;
Je ripostais : pan... pan...
Et je chargeais mon arme en reculant.
Enfin tout fier de ce fardeau
J'échappe au sort le plus funeste,
Aussi content , je vous l'atteste ,
Que si j'avais pris un drapeau.
De ce petit amour,
On ne saurait en nier l'évidence,
Je suis | ère à mon tour,
Car il me doit et l'honneur el le jour.
Pour moi c'est un plaisir bien doux ;
Mais cet enfant, mon espérance,
Il me vient de la Providence :
J'aimerais mieux qu'il vînt de ious.
Araxo.
Pins. — Tjp. de I'iiirt fils aine, rat et» CranHs-Au gMllM, \
LES AMOURS D'ÉTÉ.
Air de Saint-Onge.
Avec les jeux dans le village,
Quand le printemps fut de retour,
Je méprisai le tendre hommage
De tous les bergers d'alentour.
Mais l'été me rend moins sauvage,
Et je me demande à mon tour
Ce qui m'enflamme davantage,
De la saison ou de l'amour.
Tandis que je me mets en nage,
En travaillant dans ce séjour,
Mon cœur vole à l'autre rivage,
Chez Guillot, qui me fait la cour.
Mais ce qui m'ôte le courage,
C'est que, sur le déclin du jour,
Je vois la fin de mon ouvrage,
Sans voir la fin de mon amour.
A porter dans un seul voyage,
Que mon panier me semble lourd!.,
bu moins, s'il passait un nuage,
Le trajet semblerait plus court.
Sous ces arbres du voisinage
Evitons la chaleur du jour :
Mais, hélas ! il n'est pas d'ombrage
Qui mette à l'abri de l'amour.
Piis et Itarré.
I.a musique, de M"» ••*, de Bordeaux, se trouve
notée au N.53de la Clé du Caveau. <
SAINT DENIS.
1809.
Ara du Ballet des Pierrots.
Chantons, chantons à pleine gorge,
Chantons le vaillant saint Denis,
Qui fit jadis trembler saint George
Et tous les Anglais réunis :
121
Toujours calme dans la tempête,
Denis, frappé du dernier coup,
Ne perdit pas môme la tête...
Quand elle fut loin de son cou.
{bis.)
Lorsqu'un païen, au cœur de glace,
De son pauvre chef l'eut privé,
Peut-être qu'un autre à sa place
Ne s'en serait pas relevé :
Mon héros ne fut pas si bête;
Il se redressa tout à coup,
Et, des deux mains portant sa tête,
Il prit ses jambes à son cou,
Après avoir franchi la plaine,
Denis, très-fatigué, dit-on,
S'arrêta... pour reprendre haleine
Dans le bourg qui porte son nom;
Et dans cette heureuse retraite,
Ce qui vous surprendra beaucoup,
C'est que pour embrasser sa tête
Il se sauta vingt fois au cou.
Altéré par son aventure,
Il but à force... et c'est de lui
Que nous vient la grande mesure
Si célèbre encore aujourd'hui.
« Pour moi, disait-il, quelle fête!
« Je puis, en buvant coup sur coup,
« Sans voir jamais tourner ma tête,
«t Me passer du vin par le cou. »
Armand Gonffé.
Air ancien, noté au N. 733 de la Clé du Caveau.
CADET BITEIJX AU SPECTACLE DES CHIENS.
1809.
Air : J'arrive à pied de province.
D'puis qu' sans r'garder aux dépenses,
L'ami Désaugier
M'a régalé d's expériences
D' monsieur z'Olivier,
Sur c'te rivière, où j' m'ennuie,
J' n'avons goût zà rien;
t. n. — 62
402
CHANSONS POPULAIRES,
Mais j'ons pour la comédie
Un' rage... de chien.
Moyennant vingt sous que j' compte
Pour entrer partout,
J' vas voir Peau d'an qu'est zun conte
A dormir debout :
J' lrou\' ça beau... mais v'Ià z'in crâne
Qui dit qu' ça n' vaut rien ;
J' vous l'empogne... et pour un âne
V'Ià zun' qu'rell' de chien.
Là zousque d's incomparables
F'saient des sauts fameux.
J'apprends qu' des chiens véritables
Font des sauts comme eux ;
Aussitôt v'Ià que j' délaie,
Et je m' press' si bien,
Qu' quand j'arrivai dans la salle,
Gn'avait pas un chien.
J* suis tun homm'pour qui V beau sexe
Eut toujours d's appas,
Et j' demand', parc' que ça m' vexe,
Pourquoi gn'en a pas :
C'est qu' par ordre on r'çoit les filles,
M' dit zun homm'de bien,
Tout d' mèm' que dans un jeu d' quilles
On vous r'çoit zun chien.
Du paillasse sur la corde
Quand 1' public a ri,
V'Ià L'orchestre qui s'accorde ;
Queu charivari !
En musiqu je n' crois point zètre
Grand rhétoricien ;
Maisj' jug' ça, sans m'y connaître,
D' la musiqu' de chien.
Il est bon que j' vous prévienne,
Nous dit 1' directeur,
Qu'il faut moi-mèm1 pour qu'il vienne
Que j' siffl' chaqu' acteur ;
c.'te mod'-là n'est pas nouvelle,
Et -n a des chrétiens
Qu'au grand théâtre nn appelle
c.ouim' j'appell' mes chii
L'jeun' premier, qu'a la queu' basse.
Pleure son objet;
Mais le v'Ià qui flair' la trace
D'ia bell' qu'il cherchait : g
Gn'a d's amoureux dans des pièces
Que j' connaissons bien,
Qui n'ont pas près d' leux maîtresses
Tant d'esprit que c' cbien.
J' vois arriver d'un air trisse
Un chien zen vieillard,
Et j' crois r'connaître un artisse
Qu' j'avons vu queuqu' part:
Est-c' ma bête? C'est-i' possibel
Le croiriez-vous bien ?
V'là-t-i' pas qu' dans 1' pèr' sensibe
Je r'connais mon chien !
Là d'ssus j'interromps Y pestacle,
J'étais comme un fou;
J' monte en scène, et sans obstacle
Mon cbien m' saute au cou :
G'te pauvr' bête, qui m'adore,
Me caress' si bien,
Qu'on aurait cru voir encore
Saint Hoch et son cbien.
Vous qu'èt's amis d' la justice,
Voyez ça zune fois,
D' peur que 1' directeur n' finisse
Par èlre aux abois :
Et mieux que le pus gros livre
Ça vous prouv'ra bien
Qu'à Paris on a pour vivre
Des r'ssources de chien.
M or eau.
La musique, de Joseph Vimeux, se trouve noti a
au N. 249de la Clé du Caveau.
LE CHIEN FIDELE.
Ai h : T'en souviens-tu .'
La nuit descend, le laboureur tranquille
Pour le hameau délaisse les guérets .
CHANSONNETTES.
403
Viens, mon ami , viens loin de celte \ille , J
Guider mes pas à l'ombre des forêts ;
Là , sur un lit , au monde inaccessible ,
D'un doux sommeil attendons les bienfaits;
Mais si tu veux
Mon pauvre chien, nemequilteji
c que je sois plus paisible, | /^
iien,neniequiltejamais. \
Lorsque le sort de fleurs parait ma tête ,
Tous les mortels me flattaient comme toi,
Et quand je fus en butte"à la tempête ,
Tu fus le seul qui restas avec moi.
De vifs motifs m'enflamment pour ton zèle,
De l'eau, du pain, voilà quels sont nos mets .
Plusje suis pauvre, et plus tum'es fidèle.
Mon pauvre chien, ne me quitte jamais.
Tu m'as suivi dans les champs de bataille ;
Depuis, hélas ! devenant mon soutien,
Malgré le feu, le bronze et la mitraille,
Tu me voyais, tu ne redoutais rien.
A l'amitié quand des frères parjures
Sous leurs chevaux me foulaient sans regrets,
Tu restais là pour lécher mes blessures.
Mon pauvre chien , ne me quitte jamais.
Si des grandeurs on te fait la peinture,
Rappelle-toi les maux que j'ai soufferts;
Songe surtout qu'une riche dorure
N'enlève pas la pesanteur des fers :
Un ravisseur, hélas I voilà peut-être
Ce qui t'attend dans un brillant palais.
Moi je suis plus ton ami que ton maître,
Mon pauvre chien, ne me quitte jamais.
Il faut aimer, telle est la loi suprême,
Sans quoi la vie , hélas ! n'est presque rien ;
Il faut aimer, mais il faut qu'on nous aime ,
Aux malheureux cela fait tant de bien !
J'éprouve encor- cette flamme mortelle,
Mais je suis pauvre, aveugle désormais,
Qui m'aimera si tu m'es infidèle?
Mon pauvre chien, ne me quitte jamais.
Paroles d'un anonyme.
La musique, de Doche, se trouve notée au N. 904
delà Clé du Caveau .
JEAN-JEAN ROMANTIQUE.
1833.
Tout' la journée au régiment,
Moi, je soutiens le romantique;
Et d' m'y connaître joliment,
Quoique Jean-Jean, un peu qu'on s' pique!
Quand que je n' suis pas de faction,
Dam j'iis dans la littérature ;
G'n'est pas qu' j'aiben d' l'ambition , I ^is^
Mais on peut un jour fair' figure. I
-Oh! ah! dis donc, Jean-Jean, quelle drôle de chose!
Oh! ah! que veux-tu dir' par tout cela ?
Dans un' vapeur de volupté,
Lorsque près de toi je me berne,
Ah ! quell' dure formalité
De s' transvaser à la caserne !
Va , que le classique tambour,
De son son lugubre et sonore ,
Porte d'angoiss's à mon amour , 1 „ .$ .
Quand il faut te quitter encore. )
-Oh! ah! je sais qu'c'est un' bien triste chose !
Oh ! ah ! il faut pourtant qu' tu passes par la
Quand je viens t'faire mes adieux,
A Dieu ne plais' que je t'embrasse î
Car embrasser c'est être heureux ,
Heureux ! ce mot est dans l'espace
L'espac' fixe mon jugement,
Mon jugement est dans le vague! !!
— Qu'est-c' que tu dis donc là, Jeau-Jean?
— N'entends-tu pas que je dis : vague!
-Oh ! ah I vraiment que de sublimes choses
Oh ! ah ! t'es t'heureux de savoir tout ça !
(bis.;
Ton teint, ton air, tes dents, tes traits,
Ton cœur, ton ton, ton doux langage,
Et tout ton tout a des attraits,
Qui tenteraient un cœur sauvage ;
Mollement assis à tes pieds ,
Mes bras enlacent ta ceinture
Manon, c'est un des contrepieds },, . .
De deux cœurs en déconfiture. j
-Oh! ah! qu'c'est doux d' s'entend1 dir' d'jolies choses!
Oh ! ah! vrai , je n'tai jamais vu comme ça.
404
CHANSONS °OPULA RK %
J'hais tous les homm's et les soldats,
J'hais 1' service qu'on nous fait faire,
J'hais les navets et tous les plats
Qu'on nous sert pour notre ordinaire.
Mais j'aim' Manon, j'aim' son minois,
Et l' jour de prêt qui me remplume,
J' m'aime, car maintenant je vois 1 . .
Quej'suis un fameux homm' de plume, j^ 1S''
— Oh! ah ! son savoir vraiment m'en impose ,
Oh! ah! qu'c'est heureux d'ètr' savant comm' ça
Edouard Ciraugcr.
La musique, de l'auteur des paroles, se trouve,
à Paris, chez M. Heugel, édit.,2 bis, rue Vi vienne.
PETIT A PETIT L'OISEAU FAIT SON NID
1844.
Air : C'est le gros Thomas.
« Enfants, vous riez
Du manège de l'hirondelle...
Pas de bruit! Voyez
Ce qu'elle rapporte (quel zèle !)
A chaque patte, au bec...
Elle va vient avec... »
Ce sont des brins de paille et d'herbe. —
Qui deviendront palais superbe I
Petit h petit,
L'oiseau fait son nid.
Fillette à douze ans
Est encor timide, novice :
Puis, appas charmants
Se montrent, lors vient la malice;
Quand la rose revêt
Doux et léger duvet,
En cachant le bout de ses ailes ,
L'amour sait plaire aux demoiselles...
Petit à petit
L'oiseau fait son nid.
N'avant pour moteur
Que son ardeur présomptueuse,
Certain jeune auteur
Suivait sa route tortueuse;
Après mur examen,
Il prend le bon chemin,
Et laisse bien loin en arrière
Ceux qui lui fermaient la carrière...
Petit à petit,
L'oiseau fait son nid.
Jadis ignorant ,
Le peuple était bête de somme ;
Mais devenu grand
Il s'aperçut qu'il était homme...
Aussi l'égalité
Est une vérité
Que, désormais, malgré le maître,
La loi ne peut plus méconnaître.
Petit à petit ,
L'oiseau fait son nid.
Avoir mal acquis,
C'est un fait, jamais ne profite :
Parchemins vieillis
Ne détrônent plus le mérite :
Vous voulez parvenir?
Eh bien ! sachez unir
Aux trésors de l'intelligence
Le travail et la conscience!
Petit à petit
L'oiseau fait son nid.
Le bonheur pour tous
N'est point une vaine chimère;
Berce, berce-nous ,
Chère espérance, notre mère !
Paris, ce beau séjour...
N'est pas l'œuvre d'un jour...
Ayez un peu de patience,
Confiez- vous à la science.
Petit à petit
L'oiseau fait son nid.
Des fleuves fameux
In ûlel d'eau simple est la source;
Noua naissons comme eux
pour une utile el noble courte!
CIIANSONNK i 1 ES.
40;
Tout, nécessairement ,
Veut un commencement :
Puisque Dieu , la cause des causes ,
Mit six jours à créer les choses...
Petit à petit
L'oiseau l'ait son nid.
Emile Tarin.
La musique, de Gillier, se trouve notée au
N. i>2 de la Clé du Caveau.
LE GAMIN DE PARIS.
1844.
Air : II était un p'lit homme.
L' matin à l'exercice
J' précèd', marchant au pas,
Les soldats.
Au r'tour, encor d' service,
Moi, j'escorte toujours
Les tambours ,
Qui n' battraient pas, 1' soir,
La r'traite sans me r'voir :
A c' métier j' m'aguerris.
J' suis un gamin {ter) d' Paris.
J' sais m' bûcher par principes,
J' suis bâtonist', jongleur,
.\mateur.
J' culott' très bien les pipes,
Et j' lamp' au cabaret
Le suret,
L trois-six égal'ment ;
i' chahutC joliment,
J' chant' comm' les colibris.
J' suis un gamin (ter) d' Paris.
J' nag' comme une limande,
J' gliss' comme un patineur,
J' suis farceur.
Toute esclaudr' m'aifriande
Et j'aim' du carnaval
L' baccbanal.
Les chie-en-lits, ma foi
Ont affaire à moi :
J' blague et j' les ahuris.
J'suis un gamin (ter) d' Paris.
L'hiver j' tripot' la neige,
Si j'ai l'onglée aux doigts ;
Mais quelqu'fois,
Mon étoile m' protège ;
Et d'un tas d' paill' jeté
De côté,
J' fais un immens' feu
Qui raviv', morbleu,
Mes membr's endoloris.
J' suis un gamin (ter) d' Paris.
Qu'une averse subite
Vienn' vexer les flâneurs,
Les prom'neurs,
J' m'empar' des fiacr'stout d' suite,
Pour chaqu' piéton cossu
J' suis 1' bien v'nu..
Et j' palp' les argents
Des brav's et bonn's gens,
Que l'orage a surpris.
i' suis un gamin (ter) d' Paris.
Partout d'un' main aisée,
J' trace au charbon un nom,
Propre ou non.
J' fais d' la rue un musée.
Qui n'est pas des meilleurs
Pour les mœurs ;
Et les murs choisis
Pour j'ter mes croquis,
Sont frais peints, frais crépis.
J' suis un gamin (ter) d' Pari-.
Aux théàtr's on m' remarqu*1.
Aux grands comme aux pelil>
J'entr' gratis ;
Chaqu' fois qu'un' contremarque
Qu' j'attrape et dont j' fais cas
N' se vend pas.
406
CHANSONS POIH'I AIRES.
Alors, tout héTment,
J' gobe un dénoûmenl :
C'est toujours autant ù" pris.
J' suis un gamin (ter) à" Paris.
Pour faire d' l'étalage
J' prends, quand j'ai du quibus.
L'omnibus ;
J' me carre en équipage,
Gastronome ambulant.
En m' prom'nant.
Moi. qu'ai toujours faim,
J' mange un sou de pain,
Et six blancs d' goujons frits.
J' suis un gamin (ter) d' Paris.
Dans mainte fête publique
Aux mâts d' Coeagn' j'ai pris.
Bien des prix.
Du roi, d' la République,
N'import' quoi... j'ai porté
La santé.
Et d' nuit, au hasard,
En lançant V pétard,
J'ai fait pousser d' beaux cris.
J' suis un gamin (ter) d' Paris.
En plein vent, la roulette
M'entretient de bonbons,
D' macarons.
Au tir de l'arbalette,
Sapristi! faut me voir
Piquer 1' noir :
Fort à tous lesjeux,
J' couvre les enjeux,
Et j' gagne mes paris.
J' suis un gamin (ter) d' Paris.
J'ai longtemps joué zau\ billes,
Je m' fais homme à présent
Kt d'viens galant.
J' joue avec les jeunes filles,
J'ai r'çu d' fameus's li
D' bons garçons,
Bambocheura. noeenre,
Et d' ces professeurs
J'enseigne c' que j'appris.
J' suis un gamin [ter] d' Paris.
Qu'une émeute s' prépare,
J' vois s'enfermer chez eux
Les peureux.
Lorsque vient la bagarre
J' suis toujours au milieu
Sacrebleu !
Pourquoi? j' n'en sais rien.
J' cogne en faubourien.
Si j' suis pincé... j' m'en... ris.
J' suis un gamin (ter) d' Pari?.
P.-J. C'harrin
Air ancien, noté au N. 561 de la Clé du Caveau.
LES PONTS DE PARIS.
1809.
Air : J'arrive à jied de province
Quand chaque jour notre ville
S'embellit partout ,
Il serait trop difficile
De parler de tout.
Froid censeur, si lu condamnes
Mes ponts en projet .
C'est pour moi le pont Aux-Anes
Qu'un pareil sujet.
Un matin je me promène ,
Rimant bien ou mal;
Je suis le cours de la Seine
Devant l'Arsenal :
Un pont me frappe , et je gage
Qu'il en vaut bien dix;
Car on consacre au courage
Le pont d'Austerlitz.
Le pont Marie à ma belle
Offre des appa- .
Et le pont de la Tniirnelle
Plaît aux magistrats.
CHANSONNETTES.
407
Pont de la Cité réclame
Pour ses agréments;
D'autres ponts à Notre-Dame
Mènent les mamans.
Quand souvent l'Amour dérange
L'Hymen dans ses goûts ,
Renvoyons au pont Au-Change
Les maris jaloux.
Le pont d'un saint respectable
Craignant les saisons:
Mais saint .Michel donne au diable
Ses vieilles maisons.
De passagers à la file
Tout plein comme un œuf,
Vrai rendez-vous de la ville.
Voyez le pont Neuf :
Neuf n'es! pas trop l'épithète
De ses deux moitiés ;
Mais comme lui je souhaite
Que vous vous portiez'
A ses côtés sur la Seine
Est son substitut :
C'est le pont des Arts qui mène
Droit à l'Institut.
Le pont Royal brille encore
Par son long sillon.
Et sur lui préside Flore
Dans son pavillon.
Salut, jardin, parc immense,
Palais révéré ,
Du bienfaiteur de la France
Asile sacré !
D'avoir chassé la discorde
Il a le renom :
Or. le pont de la Concorde
Doit garder ce nom.
Près d'un temple qu'on honore
Un pont sort d<> eaux ,
Qui doit rappeler encore
Les faits du héros.
Dans tout Paris pour sa gloire
Clio burina ;
Austerlitz peint son histoire
Jusqu'au pont d'Iéna.
De ponts en ponts mon voyage
Est fait, Dieu merci!
Mais, amis, ce faible ouvrage
A-t-il réussi?
Si vous me jugez poète
Digne des Lapons,
Envoyez ma chansonnette
Par-delà les ponts...
Dacray-Ouminil.
La musique, de Joseph Vimeux, se trouve notée
au N. 249 de la Clé du Caveau.
PLUS ON MONTE ET PLUS ON DESCEND.
1847.
Air du Cabaret des trois Lurons.
Il est prouvé par la science,
Bien qu'on ait pu le cou
Qu'un bon tiers de notre existence
Se passe à descendre et monter.
A cette maxime profonde
J'oppose un dilemme puissant, (bis.)
C'est que bien souvent en ce monde |
Plus on monte et plus on descend, i ljiS''
Les maisons de la capitale
En sont un exemple fécond,
Au premier, l'opulent s'installe,
L'employé demeure au second.
Au-dessus l'ouvrier hasarde
Son ménage simple et décent.
Le pauvre habite la mansarde,
Plus on monte et plus on descend.
Faut-il enlever un village,
Ou prendre une ville d'assaut,
408
CHANSONS POPULAIRES.
Un chef s'écrie : Enfants, courage,
Moulez, la victoire est là-haut.
Le rempart d'une citadelle
Pour lui peut être intéressant,
Mais je soutiens qu'à son échelle,
Plus on monte et plus on descend.
Je fus galant dans ma jeunesse,
Mis traits maigris en sont témoins,
A chaque nouvelle maîtresse.
Je pesais deux livres de moins :
Si la tendresse et la folie
M'ont laissé presque agonisant,
C'est que près de femme jolie
Plus on monte et plus on descend.
A mes tableaux, messieurs, il manque
Un mât de Cocagne fameux,
Son sommet de billets de banque
Lui vaut des amateurs nombreux ;
La corruption les excite,
Puis du haut du chemin glissant,
Le déshonneur les précipite.
Plus on monte et plus on descend.
Notre existence, assez bouffonne,
Est une montagne à gravir,
On se bouscule, on se cramponne,
Au but on bout de parvenir.
Vainement la raison nous crie :
Qu'espérez-vous en vous pressant
Sur la colline de la vie,
Plus on monte et plus on descend.
Charles Coliuaucc.
La musique, de Morisset, se trouve, à Paris, chez
L. "Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-Dame-de-Naza-
*elh.
LE SABRE,
1838.
Mat qu'une heureuse irève
Ramenait sous le loîl natal,
Disait en suspendant son glaive
Sous le portrait de son vieux général :
« Us ne sont plus ces temps où la victoire,
Par ton secours, vint illustrer mon bras ;
Puisque la paix met un terme à ta gloire.
Repose-loi, mais ne le rouille pas.» {bis>
« Un jour, près de l'humble chaumière,
Où j'atteignis quinze printemps,
Voyant flotter notre bannière,
Les feux de Mars embrasèrent mes sens
Fier des héros dont s'honore la France,
J'avais juré de marcher sur leurs pas ;
Puisque le sort trahit mon espérance,
Repose-toi, mais ne te rouille pas. »
« Dans ces déserts où gît la cendre
Des preux qu'ont suivis nos regrets,
Aux Tartares tu sus apprendre
Ce que pesait le ^abre d'un Français.
Tu végétas sur les bords de la Loire,
Mais puisqu'enfin les vents et les frimas
Ont respecté ton éclat et ma gloire
Repose-loi, mais ne le rouille pas. »
« Tu fis assez pour la patrie,
Tu sus émousser dans ma main
Et le poignard de l'Ibérie,
Et le stylet du perfide Romain ; .
Tu sus braver le glaive d'Angleterre,
Tu sus encore, en de lointains climats,
Du Musulman briser le cimeterre;
Repose-loi, mais ne te rouille pas. »
« Mon nom fut exempt d'infamie ;
Je t'employai pour défendre nus droits,
Au sein d'une ligue ennemie,
Tu n'as jamais servi l'orgueil des rois.
Du temps jaloux lu peux braver l'injure,
Exempt de crime, exempt d'assassinats,
De sang français ta laine est encor pure,
Repose-toi, mais ne te rouille pas. »
l.milr lIclH-riim.
. — Imprimerie de Pillrt fils atné, me des Crandt-Aogasllns, • >.
UNE FÊTE PUBLIQUE.
1825.
Air de Paris à cinq heures du matin.
Ou : Contredanse de la rosière.
Le tambour rappelle ;
La crotte rebelle
S'enfuit sous la pelle;
L'aube à peine a lui,
Que le commissaire
Prend Sun air sévère
Et sort en colère...
C'est fête aujourd'hui !
Par lui toisée,
Chaque croisée
Est pavoisée...
Heureux citadins!
Les fleurs se tressent,
Les ais se dressent;
b-s fous s'empressent
D'emplir les gradins.
Plus loin l'on assure
La frêle structure
D'un temple en verdure,
Ou, sous les an-eaux
I)u lierre qui rampe,
Sans malice, ou campe
L'Honneur en détrempe,
La Gloire en or faux.
In lord, pour être
A la fenêtre,
Par un vieux reître
Est fait d'amitié ;
Lorsque Perrette,
De sa chambrette,
A Julien prête
Gratis la moitié.
Au bronze qui tonne,
Le bruit monotone
Des cloches qu'on sonne
Répond en écho;
121
Et, dans l'intermède,
Des marchands d'eau tiède
La voix se succède :
« Voilà le coco ! »
L'ennui s'abrège,
Et le cortège,
Qu'au loin protège
Un brillant rempart,
Au pas s'avance;
Un peuple immence
Roule, s'élance,
Court de toute part.
On grimpe, on s'entasse;
Enfin le roi passe.
Salue avec grâce;
Au joyeux Henri
On croit rendre hommage;
Mais l'œil (quel dommage')
Près de son image
Cherche en vain Sully .'
La foule accrue
Par chaque rue
Déjà reflue
Et reprend l'essor :
Le malin preste
Quitte sa veste,
Et d'un pas leste
Va tenter le sort.
Au mât de Cocagne,
L'un fait Charlemagne...
Et du prix qu'il gagne,
Bientôt mis en plan,
Mon nigaud augmente
L'appât dont le tente
L'escroc sans patente
D'un creps ambulant.
Sur la rivière
Une carrière
Peu meurtrière
S'ouvre au plus adroit:
t. h. — UJ
• lu
CHANSONS POPULAIRES.
Vingt preux s'allongent,
Tombent, s'épongent,
Plongent, replongent;
Un seul reste droit.
Ailleurs brille un Gille,
Qui, disciple agile
D'un siècle fertile
En sauteurs fameux,
Croit être de force,
Attrape une entorse...
Mais en vain s'efforce
De sauter comme eux.
On va se battre
Près d'un théâtre
Où d'Henri Quatre
Je vois l'amitié,
Les mots sublimes
Qu'en panlumimes
Trois anonymes
Ont mis sans pitié !...
Bon Dieu ! quel vacarme !
Que vois-je? un gendarme
Du bout de son arme
Lance un saucisson :
Le gamin se foule,
L'ivrogne se roule,
El du vin qui coule
Remplit uu tesson.
Hideuse lice
Où la police,
Leurrant le vice
D'un impur régal,
Vrai trouble -fêtes,
Semble à des bêtes
Jeter les miettes
Du banquet royal I...
Partout on allume,
Le lampion fume,
Le gaz se consume;
Mais au premier rang,
En gros caracti re,
Le /'le sincère
Du fonctionnaire
Brille en transparent.
Là, maint Jocrisse
Pour l'artifice
Déjà se hisse ;
Ici, du Marais
Un indigène,
Tout hors d'haleine,
Pousse et se gêne
Pour voir de plus près.
Atteint d'une bombe.
Son chapeau qui tombe
Vainement succombe;
Plus content qu'un Dieu,
Notre pauvre sire,
Grillé, se retire,
Fier de pouvoir dire
Qu'il a vu le feu.
L'un dans la presse
Perd sa Lucrèce,
Qu'un galant presse
D'accepter sa main ;
Mais, sous l'ombrage,
Le mari sage,
Qui sait l'usage,
Poursuit son chemin.
Au sein de la foule
Qui par flots s'écoule,
Doucement se coule
Un gros de filoux...
Riche, qu'on accroche,
Veille sur ta poche !
Tendron, qu'on approche,
Défends tes bijoux I
Foui' fâcheuse !
Trois fois heureuse
La curieuse
Qui du hnurvari
Vile B6 suive,
El, saii t sauve,
Rej i l'alcôve
QÙ dorl son mari'
CHANSONNETTES.
411
A chaque instant l'ombre
Redescend plus sombre;
En courses sans nombre
Un jour s'est usé :
Au bruit qui l'achève.
Le sommeil fait trêve,
Et le badaud rêve
Qu'il s'est amusé.
■lit ci ni lu> I-eclère.
Air d'une contredanse notée au N. 1335 de la Clé
du Caveau.
ROULE TA BOSSE.
1816.
Air : Son voyage, cher Dumollel.
Roui' ta bosse ,
Petit luron,
Et ris toujours à pied comme en carrosse;
Roui' ta bosse ,
Petit luron ,
Sois toujoursgai, toujours franc, toujours rond.
Petit bossu, retiens bien c' que ton père
Chantait souvent, en t' berçant dans ses bras :
« Veux-tu, mon fils, avoir un sort prospère,
« Veux-tu d'venir bien portant et bien gras?
« Roui ta bosse, etc. »
Te plaindr' du sort serait une folie ,
Ta boss' n'est pas un si triste cadeau ;
Pourquoi t' fâcher? dans celte courte vie
Chacun de nous n'a-t-il pas son fardeau?
Roui' ta bosse, etc.
En fait d'esprit, qu' n'as-tu celui d'Ésope,
Qu'on admirait à la ville, à la cour!
T'en revendrais, sous ta difforme env'loppe
A plus d'un nain qui s' croit 1' géant du jour.
Roui' ta bosse, etc.
Pour être heureux, jamais dans ta carrière
Ne prêt' l'oreille aux cancans des badauds,
Ne dis point d' mal des autres par derrière,
Tes quolibets te r'tomb'raient sur le dos.
Roui' ta bosse, etc.
De tes amis soulage la détresse ,
A les servir en tout temps sois dispos,
Si tu parviens au faîte d' la richesse,
D'vant les petits ne fais pas le gros dos.
Roui' ta bosse, etc.
N' te mari' point, tu n' s'rais pas à la noce,
Pour toi l'hymen serait un lien fatal ,
Tu sentirais chaque jour une bosse
Qui s'élèv'rait sur ton front conjugal.
Roui' ta bosse, etc.
Si tu t'mari's, prends pour épous' fidèle
Un' jeun' bossue au minois agaçant ,
Vous frez ensemble un p'tit polichinelle
Qui, comme toi, chantera z'en naissant :
Roui' ta bosse, etc.
Rencontres-tu z'une jeune bergère
A l'œil fripon, au nez toujours au vent;
Pour la toucher, dis : « J' suis bossu derrière,
«Maisjvousl' voyez, je suis droit par devant.»
Roui' ta bosse, etc.
Quand tu vas voir queuq' farce de Molière,
Tu t'amus's mieux qu'un banquier ben cossu,
Et j'entends direauxlog's comme au parterre:
« J'ai ri, ce soir, j'ai ri comme un bossu. »
Roui' ta bosse, etc.
T'es un luron qui n' boude point à table,
Tu mang's de tout, sans jamais hésiter,
Lorsqu'on te sert un repas délectable,
Tu f fais au ventre un' boss' qui peut compter.
Roui' ta bosse , etc.
S'il s'allumait une nouvelle guerre,
Sois d' ton pays l'appui le plus fervent,
Qu' jamais l'enn'mi n' t'envisage par derrière.
Un bonFrançaiss' montr' toujours par devant.
Roui' ta bosse,
Petit luron ,
i\±
CHANSONS POPLLA.fcfcS.
El ris toujours à pied comme en carrosse;
Roui' ta bosse,
Fetit luron ,
Sois toujours gai, toujours franc, toujours rond.
Casimir Ménestrler.
La musique, de Désaugiers, se trouve notée au
N. SC6 de la Clé du Caveau.
CE QU'ON VOIT BEAUCOUP
ET CE QU'ON NE VOIT GUÈRE.
Air : Cest ce qu'on ne voit guère.
Chez les savants l'insuffisance,
Chez les chantres l'intempérance,
L'avidité chez les traitants,
C'est ce que l'on voit en tout temps :
Le scrupule chez les notaires,
Le courage chez les auteurs ,
La mémoire chez les seigneurs,
C'est ce qu'on ne voit guères.
Qu'une ville que l'on veut prendre
Soit encor longtemps à se rendre
Lorsqu'on est maître des faubourgs,
C'est ce que l'on voit tous les jours :
Mais que, dans l'île de Cythère,
Un fort soit longtemps défendu
Quand le moindre poste est rendu,
C'est ce qu'on ne voit guère.
Ce qu'un homme franc a dans l'âme,
Ce qu'un jeune amant sent de flamme,
Ce qu'un prodigue a de comptant:
C'est ce que l'on voit dans l'instant :
Ce qu'un politique veut faire ,
Ce qu'un sournois a dans l'humeur,
Ce qu'une femme a dans le cœur,
C'est ce qu'on ne voit guère.
Du savoir chez les ignorantes,
De l'esprit chez les innocentes,
Chez les Agnès de petits tours,
C'est ce que l'on voit tous les jours :
Du secret chez les mousquetaires ,
De la pudeur chez un abbé,
Chez les pages de la bonté ,
C'est ce qu'on ne voit guères.
Les regrets avec la vieillesse ,
Les erreurs avec la jeunesse,
La folie avec les amours ,
C'est ce que l'on voit tous les jours :
L'enjoûment avec les affaires,
Les grâces avec le savoir,
Le plaisir avec le devoir,
C'est ce qu'on ne voit guères.
De bons nez chez les parasites ,
Des yeux doux chez les hypocrites ,
Des bras longs chez les gens de cour,
C'est ce que l'on voit chaque jour :
Des doigts courts chez les commissaires,
Des mains gourdes chez les sergents,
Chez les clercs de mauvaises dents,
C'est ce qu'on ne voit guères.
Qu'un objet qui danse ou qui chante
Fasse une figure brillante
Moyennant un certain secours,
C'est ce que l'on voit tous les jours :
Mais qu'en ce métier l'on prospère,
Sans vendre fort cher à quelqu'un
Quelque chose de très commun ,
C'est ce qu'on ne voit guère.
Des forgeurs de pièce nouvelle ,
Des gens qui s'usent la cervelle
Pour trouver quelques traits pointus,
C'est ce que l'on voil tant et plus :
Au Français de nouveaux Molières,
A l'Opéra du vrai Lulli ,
De l'Almanzineen ce lieu-ci,
C'est ce qu'on ne voit guères.
l'auaril.
■ ■ rjoçi l jrw i ■ ii
CHANSONNETTES.
U3
TIREZ LA BOBINETTE, L\ CHEVILLETTE CHERRA.
1823.
AIR : Amis, le cceur d'unpire ne se trompe jamais, etc.
Vous, qu'un refrain bachique
Ne sut jamais toucher,
De notre toit lyrique
Gardez-vous d'approcher!
Mais vous, qu'à la goguette
L'amitié conduira,
Tirez la bobinette ,
La che villette cherra.
] {bis.)
Vous que suit l'opulence,
Vous que l'orgueil conduit,
Je vous préviens d'avance
D'éviter mon réduit.
Vous , à qui l'étiquette
Comm? à moi déplaira,
Tirez la bobinette , etc.
Amants , qui voulez plaire
Sans payer de tributs,
Ne frappez pas chez Claire,
Vous seriez mal reçus.
Pour vous , dont la cassette
Au besoin s'ouvrira,
Tirez la bobinette, etc.
Vous , qui des Excellences
Censurez les budgets ,
Dans l'antre des finances
Vous n'entrerez jamais.
Vous, que mainte courbette
Vers ce lieu poussera,
Tirez la bobinette , etc.
Faux ami qui , naguère,
Loin de me secourir,
Riais de ma misère ,
Je ne dois plus t'ouvrir;
Toi, dont l'aide secrète
A mes besoins para,
Tire la bobinette, etc.
Pensant à l'aventure
Du Petit-Chaperon,
Fillette, crains l'allure
Du malin Cupidon ,
Évite-le, pauvrette,
Ou ton cœur lui dira :
Tire la bobinette, etc.
Pasteur, dont l'œil sévère
N'inspire que l'effroi,
A mon heure dernière,
Ne frappez pas chez moi;
Mais vous, qu'à ma chambretle
Fénelon conduira,
Tirez la bobinette,
La chevillette cherra.
(bis.
Louis Voitelalu.
CHAUVIN DEVENU CAPORAL ET TÉMÉRAIRE.
1836.
Air : Y à coup d' pied, y à coup d' poing.
Chauvin, t'as un air ben mutin :
Qu'ell' mouch' t'a piqué ce matin''
Réponds verbal'ment et sans feinte.
Esl-c' que tes galons d' caporal
Te troublent déjà 1' cérébral?
— Sapeur, halte-là!
Assez causé comm' ça :
Ne m'échauffez pas la coloquinte!
Sapeur, voilà t'assez longtemps
Que l'on s'amuse à mes dépens ,
Sans jamais querelle ni plainte ;
Mais j' si's au bout de mon rouleau...
— Ça s' peut, tant va la cruche à l'eau.
— Sapeur, halte-là !
Assez causé comm' ça :
Ne m'échauffez pas la coloquinte !
— Veux-tu payer la goutte? — Non :
Quand je vous offrais un canon ,
Vous m' faisiez toujours payer pinte.
— Un conscrit, Chauvin , tu 1' sais bien ,
Doit politesse à son ancien...
— Sapeur, halte-là!
414
CHANSONS POPULAIRES.
Assez causé comme ça :
Ne m'échauffez pas la coloquinte!
Cré coquin! j' voudrais l'nir Y cadet
Qui tir' mon physique en portrait
Et 1' malin qui m' met en complainte!
— S' fach'-t-on d'un portrait, d'un' chanson.
Quand on est hàti d' la façon?
— Sapeur, halte-là !
Assez causé coram' ça ;
Ne m'échauffez pas la coloquinte!
— Le sentiment est donc exclus,
Mon vieux, que je ne te vois plus
C'tejeuness' qu'avait l'air d'un' sainte?
— Saint'! j' m'en méfiais pas assez...
— Chauvin, t'es dans les enfoncés!
— Sapeur, halle-là,
Assez causé comm' ça :
Ne m'échauffez pas la coloquinte!
Je l'dis un' fois et pour toujours .
Les ceux qui voudront m' fair' des tours,
De leur sang ma lam' sera teinte.
— Crois-tu qu' ton coup'chou leur f ra peur
Plus que la baguette? — Sapeur !
Sapeur, halte-là,
Assez causé comme ça :
Ne m'échauffez pas la coloquinte!...
Théodore Harlignon.
La musique, de Biaise, se trouve notée au
N. 549 de laClé du Caveau.
L'HOMME DES CHAMPS A PARIS.
AIR • L'amour est un dieu volage.
Gaulard , villageois honnête,
Comme on l'était au vieux temps,
Un beau jour quitte les champs.
Peut-on. 'Iii-il . à trente ans,
Sans passer pour une bête ,
Ne pas avoir visité
La plus petite cité I...
Que mon terrain reste en friche ;
Courons bien vite à Paris ;
Sans peine on y devient riche.
— Qu'il est bien de son pays!
Comment ferai-je fortune ?
Se dit Gaulard en chemin :
11 faut y penser enfin.
Jarni , sans être bien fin ,
Je vois cent routes pour une :
Je sais un peu de latin .
Car je chantais au lutrin-
Je serai sage, économe,
Et pour trouver des amis
Il suffit d'être honnête homme.
— Qu'il est bien de son pays!
Dans la grande ville il entre
Par le faubourg Saint-Marceau.
Je croyais Paris plus beau.
Mangeons , dit-il, un morceau :
La route creuse le ventre.
Mais vos œufs ne sont pas frais ,
Et votre vin est mauvais :
Je crois qu'on en rit sous cape...
Fi donc ! jamais à Paris
Traiteur ou marchand n'attrape.
— Qu'il est bien de son pays.
— Voyez comme le temps passe
Allons de notre préfet
Vite porter ce paquet ;
Pour moi je sais qu'en secret
Il sollicite une place :
Quand d'antres en ont l'espoir,
Moi je suis sûr de l'avoir.
A t- »rt cela les irrite;
En place pour Être mis
Il ne faut que du mérite.
— Qu'il est bien de son pays!
— Au billard ici l'on joue;
Allons , mon ami Gaulard ,
Apprends le jeu de billard.
On t'trille'mon gaillard ,
Qui paie '-n faisant la moue;
11 fait un, deux, trois paria,
CHANSONNETTES.
4!o
Et perd autant de louis
— Ce sont des escrocs peut-être..
Non ; ces messieurs si bien mis
N'ont pas l'air de se connaître.
— Qu'il est bien de son pays!
Au diable la carambole.
Allons au Palais-Royal...
Cette dame n'est pas mal;
Elle me fait un signal...
Tiens, comme elle me cajole!
Mathurine avait raison;
Je suis un joli garçon :
Mais elle aimait ma richesse :
Au lieu que dans ce Paris
C'est pour rien qu'on me caresse.
— Qu'il est bien de son pays!
— De spectacles, idolâtre ,
Choisissons le plus vanté...
Théâtre de la Gaité! .
Portons-nous de ce côté :
On doit voir à ce théâtre
Et les plus plaisants auteurs
Et les plus drôles d'acteurs.
Mais que de monde il attire!
Que de gens de mon avis !
Je crains d'y mourir de rire.
— Qu'il est bien de son pays!
Gaulard toute la semaine
Éprouva môme destin ,
Et, pour comble de chagrin,
Il lui faut un médecin.
— Oh! je ne suis pas en peine ;
Ici point de charlatans,
De ces docteurs trop savants
Qui chez nous ont l'infamie,
Pour gagner quelques louis,
D'allonger la maladie.
— Qu'il est bien de son pays!
Du brillant séjour des villes
Détrompé, mais un peu tard,
Que fait le pauvre Gaulard?
Il retourne sans retard
A ses pénates tranquilles :
Quel plaisir vient le toucher
Lorsqu'il revoit son clocher!
A maints villageois malades
Du désir de voir Paris
Il chante : Chers camarades ,
Vous reviendrez au pays.
J.-4. Jaequelin.
La musique, de Doche, se trouve notée au N. 3L"
de la Clé du Caveau.
PASSEZ VOTRE CHEMIN,
ET DOINNEZ-VOUS LA PEINE D 'ENTRER.
Air : Tenez, moi, je suis un bon homme.
Vous qui d'un ton très philosophe
Calomniez le genre humain,
On vous doit bien cette apostrophe :
Passez, passez votre chemin.
Vous qui savez chanter et rire,
Et boire sans désemparer,
Deux fois ne vous faites pas dire :
Donnez vous la peine d'entrer, \bis.j
Usuriers qui , d'un air avide,
Chez moi venez tendre la main ,
Je n'y suis pas, ma bourse est vide,
Passez, passez votre chemin.
Amis vrais et pleins de tendresse,
Vous qui venez me rassurer
Avec de buns billets de caisse,
Donnez-vous la peine d'entrer.
Laïs à qui rien ne résiste ,
Qui m'éveillez de grand matin ,
Ma chère, que Dieu vous assiste 1
Passez, passez votre chemin!
Jeune novice au regard tendre,
Qui craignez tant de vous montrer,
Vous ne devez jamais attendre,
Donnez-vous la peine d'entrer. .
Auteurs qui , bravant l'épigrarame
Et les règles d'un art divin,
Vous présentez avec un drame,
Passez, passez votre chemin.
à*,u
CHANS0N9 POPULAIRES.
Vous qui , nouveaux dans la carrière ,
Aux Fiançais voulez pénétrer,
N'eussiez-vous fait que du Molière !
Donnez-vous la peine d'entrer.
Tristes frondeurs, froids parasites,
Ennuyés d'un joyeux refrain,
Momus regrette vos visites,
Passez, passez votre chemin.
Vous que les talents et les grâces
En tous les lieux font désirer,
L'amitié vous offre des places;
Donnez-vous la peine d'entrer.
Tristes boissons qu'à ses malades
Ordonne un grave médecin,
Tisanes , juleps , limonades ,
Passez , passez votre chemin.
Baume divin , liqueur si pure
Que Dieu fit pour nous restaurer,
Au nom de Bacchus , d'Épicure,
Donnez-vous la peine d'entrer.
AuUgnac.
La musique, de Mtrhfl, se trouve notée au
N. 567 de la Clé du Caveau.
LE SÉDUISANT JE NE SAIS QUOI.
Un soir je rêvais qu'à lythère,
Le dieu du goût donnait un thé ,
Il voulait fêter l'art de plaire
Qu'il chérit plus que la beauté.
Il dit : ceux qui voudront des places
Montreront pour entrer chez moi
De l'esprit, du ;-r"ùt ou des grâces,
Le séduisant je ne sais quoi. {ter.
N'osant pénétrer dans le temple,
A la porte je cherche un coin :
En amateur là je contemple
Toutes les nj mphes avec soja ;
Minois charmants, tailles <li\ inrs ,
Que d'aimables choses je rois ,
Des pieds mignons, des jambesfinM,
ni inspirent le quoi.
Tandis qu'à la porte on dispute,
Musique bruyante on entend :
Elle arrive, pousse , culbute ,
Le dieu du goût dit : « Un instant!
« Une trop savante harmonie
« Ne convient pas ici, je crois;
« Laissez passer la mélodie
« Et son charmant je ne sais quoi
Je vis monter au péristyle
Boufflers , Ovide , Anacréon
Delille et son ami Virgile,
Bernis, Chaulieu, Panard, Piron;
Le Bon-Goûl, les voyant paraître ,
Leur dit : « Amis, entrez chez moi ,
« Vos vers charmants ont fait connaître
« De l'esprit et je ne sais quoi. »
En ce moment entre une file
D'acteurs que Molière conduit.
Le dieu du goût voyant Préville,
En lui serrant la main lui dit :
« Imitateur inimitable,
« Quel plaisir j'ai quand je vous voisl
« Vous avez du talent aimable
« Trouvé le vrai je ne sais quoi. »
Vestris bondissant en cadence ,
Presque aussi léger que le vent ,
Arrive, tourne, étonne, danse ,
Le Goût lui dit : « Danseur charmant ,
« Ce ne sont pas des pirouettes
« Qui donnent droit d'entrer chez moi
« Ce sont vos grâces si parfaites,
« Cet aimable je ne sais quoi. »
Entre l'Amour et la Folie
l'aperçois un objet charmant,
Je reconnais nu m Aspa-ic :
Le Plaisir m'éveille à l'instant;
Que n'a-t-il duré ce mensonge?
J'éprouvais un si doux émoi,
Que j'aurais \u peut-être en songe
De la belle..* je ne sais quoi.
l'ai oies il un anonyme
>»tti
Paris. — Imprimerie dePlUSf Al* liné, nie <lesGrands-Augusiins,îj<
DESCRIPTION DE L'OPÉRA.
air : Réveillez-vous, belle endormie.
J'ai vu Mars descendre en cadence,
J'ai vu des vols prompts et subtils ;
J'ai vu la justice en balance
Et qui ne tenait qu'à deux fils.
J'ai vu le soleil et la lune
Qui faisaient des discours en l'air;
J'ai vu le terrible Neptune
Sortir tout frisé de la mer.
J'ai vu l'aimable Cylliérée,
Aux doux regards, au teint fleuri,
Dans une machine entourée
D'amours natifs de Chauibéri.
J'ai vu le maître du tonnerre
Attentif au coup de sifflet,
Pour lancer ses feux sur la terre,
Attendre l'ordre d'un valet.
J'ai vu du ténébreux empire
Accourir, avec un pétard,
Cinquante lutins pour détruire
Un palais de papier brouillard.
J'ai vu des dragons fort traitables
Montrer les dents sans offenser ;
J'ai vu des poignards admirables
Tuer les gens sans les blesser.
J'ai vu l'amant d'une bergère,
Lorsqu'elle dormait dans un bois,
Prescrire aux oiseaux de se taire
Et lui chanter à pleine voix.
J'ai vu la vertu dans un temple,
Avec deux couches de carmin
Et son vertugadin très-ample,
Moraliser le genre humain.
J'ai vu des guerriers en alarmes,
Les bras croisés et le corps droit,
Crier cent fois : Courons aux armes !
Et ne point sortir de l'endroit.
123
J'ai vu trotter d'un air ingambe
De grands démons à cheveux bruns :
J'ai vu des morts friser la jambe,
Comme s'ils n'étaient pas défunts.
J'ai vu, ce qu'on ne pourra croire,
Des tritons, animaux marins,
Pour danser, troquer leur nageoire
Contre une paire d'escarpins.
Dans des chaconnes et gavottes
J'ai vu des fleuves sautillants;
J'ai vu sauter deux matelottes,
Trois jeux, six plaisirs et deux vents.
Dans le char de monsieur son père
J'ai vu Phaéton tout tremblant,
Mettre en cendre la terre entière
Avec des rayons de fer-blanc.
J'ai vu Roland, dans sa colère,
Employer l'effort de son bras
Pour pouvoir arracher de terre
Des arbres qui n'y tenaient pas.
J'ai vu, par un destin bizarre,
Les héros de ces pays-là
Se désespérer en bécarre
Et rendre lame en la-mi-la.
J'ai vu plus d'un fier militaire
Se croire digne du laurier,
Pour avoir étendu par terre
Des monstres de toile et d'osier,
J'ai vu Mercure, en ses quatre ailes
Ne trouvant pas de sûreté,
Prendre encore de bonnes ficelles
Pour voiturer sa déité.
J'ai vu souvent une furie
Qui s'humanisait volont ers;
J'ai vu des faiseurs de magie
Qui n'étaient pas de grands sorciers.
t. ii. — 64
*18
CHANSONS POPULAIRES.
J'ai vu des ombres très palpables
Se trémousser au bord du Styx ;
J'ai vu l'enfer et tous les diables
A quinze pieds du paradis.
J'ai vu Diane en exercice
Courir le cerf avec ardeur;
J'ai vu derrière la coulisse
Le gibier courir le chasseur.
Panard.
JEAN-LE-MARSOUIN.
1846.
Air : Suzon sortait de son village.
D'un village du Finistère
Un bon pêcheur de moi prit soin!
Ne me connaissant pas de père,
Il me nomma Jean-le-MarsouiQ.
— Garçon, en route,
File l'écoute,
Me dit un jour ce bon papa Kersoô.
Me voilà mousse I
Au large pousse,
Sur l'Océan bondis , ô mon vaisseau !
J'avais dix ans, du caractère,
De ne point pleurer j'eus l'orgueil!
File ton nœud , je m'en bats l'œil,
Eh! vogue la galère! (ter.)
Bruni par les feux du tropique,
A bord du trois-mâts le Vautour,
J'ai vu l'Asie et l'Amérique,
Du monde entier j'ai fait le tour.
Quand je fus homme,
De tout rogomme
Je m'enivrai dans vingt climats diversl
De la Finlande
Et de l'Irlande
Plus tard j'ai vu les longs et froids hivers !
Mille sabords! quoi, la misère
Est plus grande ici que chez nous !
Vers la France, au soleil plus doux,
Bfa ! vogue la galère! {ter.)
Quartier-maître du Démosthènes ,
Un brick fringant , nn vrai bijou !
J'étais à Beyrouth, Smyrne, Athènes,
Amoureux comme un sapajou.
O Circassiennes,
O Géorgiennes,
Jean-le-Marsouin eût fait un beau hacha,
Pour une œillade
Du camarade,
C'est bien certain, vous l'eussiez fait pacha!
Enfin, à Syra j'ai su plaire,
Avec Mirza j'étais au mieux!
J'allumais ma pipe à ses yeux
Eh! vogue la galère' [ter.)
J'étais, en l'an quatre-vingt-treize,
Second maître à bord du Vengeur.
Ce vaisseau, d'une escadre anglaise,
Soutint l'attaque avec vigueur.
Français, vous rendre!
Plutôt nous pendre!
Feu, canunniers, feu tribord et bâbord.
Effort futile ,
Bage inutile,
Cinq centsboulelsviennent cribler mon bord!
Quoi! vingt contre un! peuple insulaire!
Le Vengeur coule en liberté.
Va le cap sur l'éternité! ! !
Eh! vogue la galère! {ter.)
Du Vengeur, ainsi que la gloire,
Le Marsouin devait surnager.
Qui de ce fait conta l'histoire?
Moi! j'avais soif de le venger.
J'ai fait la course,
Non pour ma bourse,
Mais pour l'honneur du pavillon français l
Cest avec rage,
Qu'à l'abordage ,
Poignard aux dents, je hachais les Anglais.
J'étais joyeux dans ma colère;
Mon brick aussi dansait sur l'eau!
La voile au vent pour Saiul-Malo!
Eh ! vogue ia galère! {ter.)
Promenant dans les mers de l'Inde
Mon pavillon victorieux ,
CHANSONNETTES.
419
Dans le sang anglais, à Mélinde,
Je me suis baigné furieux !
Tempêtes, brises,
Combats et prises,
Du loup de mer tels étaient les amours !
Mais j'atteins l'âge
Du grand voyage,
Jean-le -Marsouin s'embarque pour toujours.
Adieu donc, ô France, ô ma mère !
Adieu, patrie... Ah! vent debout!
Mon câble file... il est au bout!
Eh ! vogue la galère ! (ter.)
Claude Genoux.
La musique, de Dalayrac, se trouve notée au
N. 550 de la Clé du Caveau.
LE MARCHAND DE CHANSONS.
Air Comme un oiseau.
Vous qui voulez des chansonnettes,
Venez, venez en faire emplettes,
Fill's et garçons.
Fermez la bouche, ouvrez l's oreilles.
Et vous entendrez des merveilles :
Chansons, chansons !
Un philosophe d'importance
Va changer les mœurs de la France
Par ses leçons ;
On verra sa morale utile
Réformer la cour et la ville :
Chansons, chansons !
Des apprentis de la finance
Il corrige l'impertinence
Et les façons ;
Les petits commis de province
Ne prendront plus des airs de prince :
Chansons, chansons !
On verra les époux fidèles
S'aimer comme des tourterelles
A l'unisson :
Le monde se fera scrupule
De les tourner en ridicule :
Chansons, chansons!
Des officiers dans leur absence
Auront toujours même constance
Pour leurs tendrons :
En revenant près de leurs belles,
Us les retrouveront fidèles :
Chansons, chansons !
Favart.
AH! QUELLE DIFFÉRENCE.
Air : Ah ! quelle différence.
Tout l'Orient
Est un vaste couvent :
Un Musulman voit à ses volontés
Obéir cent beautés.
C'est, ma foi, tout autre chose en France:
Une femme sous ses lois
A vingt amants à la fois.
Ah! quelle différence!
Un Portugais
Est toujours aux aguets,
Et jour et nuit, de son diable battu,
II craint d'être trompé.
On n'est point si difficile en France;
Un mari, sans craindre rien,
Est trompé tout aussi bien.
Ah ! quelle différence !
Par tout pays,
On voit de sots maris,
Fesses-Malhieux, ou bourrus, ou jaloux ;
On les respecte tous.
Ah! quelle différence
420
CHANSONS POPULAIRES.
Un Allemand
Est quelquefois pesant ;
Le sombre Anglais, dans ses tristes amours,
Veut raisonner toujours.
On est bien plus raisonnable en France ;
Chacun sait se réjouir,
Chacun vit pour le plaisir.
Ah ! quelle différence!
Dans l'univers,
On fait de mauvais vers;
Chacun jouit du droit de rimailler,
Et de nous ennuyer.
On y met bon remède en France ;
On inventa des sifflets,
Dont Dieu nous garde à jamais.
Ah! quelle différence!
Voltaire.
LA DERNIERE MARQUISE,
Mes enfants, tout dégénère ,
Croyez-en votre grand'mère.
De mon temps ,
Oui , vraiment,
Tout était mieux qu'à présent.
Feu le marquis , votre grand-père,
Dont la mémoire m'est bien chère,
Me fit la cour pendant trois ans ,
Avant d'avouer ses sentiments
brûlants !
Pourtant il avait tout, esprit, beauté, richesse,
Et bienplus possédait vingt quartiersde noblesse,
Et la noblesse, enfants,
Passait, en ce temps-là,
Beaucoup avant L'argent ;
Vous ne croyez pas ça.
Aujourd'hui vos parents
Bâclent un mariage
Comme, en notre vieux temps,
On bâclait un fermage.
Qu'on soit noble ou vilain, qu'importe l'écusson,
Les pièces de cent sous, voilà le seul blason ;
On vous cote à la Bourse, et tous ces prétendus,
Si chauds et si brûlants, brûlent pour vos écus!
Mes enfants, tout, etc.
Quoique folle et papillonnante,
Je paraissais fort imposante,
Avec ma toilette de cour,
Ma robe à grands paniers, ma taille faite au tour!
J'avais l'art de poser une mouche assassine,
Qui donnait à mesyeux une expression mutine;
Sur mes cheveux poudrés, un pouf au sentiment
Couronnait galamment ce noble ajustement.
Nous ne nous coiffions pasà lagrecque,à l'anglaise,
Nos modes et nos cœurs étaient à la française.
Peu de gens, aujourd'hui, pourraient en dire autant.
Nous mettions, j'en conviens etdu rouge el du hlanc; '
Mais c'était en plein jour, hardiment, franchement
Vous en mettez aussi, mais c'est en vous cachant.
Mes enfants, tout, etc.
Des jeunes gens l'outrecuidance
Va parfois jusqu'à l'insolence,
Et par crainte de s'enrhumer,
Le chapeau sur la tête, ils osent vous parler.
Les hommes autrefois étaient bien plus honnêtes,
Devant femme ou vieillard ils découvraient leurs têtes
Celait bienrococo, bien perruque, et pourtant,
Nos roués valaient bien vos lions d'à présent.
Us aimaient leur pays, leur Dieu, leur roi, leur dame,
Sentiments qu'aujourd'hui l'on refoule en son âme;
Ils prisaient, j'en conviens ; maisils ne fumaient pas.
Rien qu'à l'odeur du musc, on eût suivi leurs pas.
Ils dansaient la gavotte, autre danse, autre temps;
De vos jours, la gavotte a fait place au cancan !
Mes enfants, tout, etc.
Mais vous riez de mes paroles;
Les grand'môres sont toujours folles,
Et vous dites : ces vieilles gens
Font toujours des serinons pour vanter leur vieux temps.
Il ne faut pas, enfants, rire de la vieillesse ;
Si je VI ainsi, ce n'est que par tendresse;
Dans peu de temps, hélas! je ne serai plus là,
Mon souvenir, du moins, parfois vous guidera.
Dans le monde, aujourd'hui.contre vous touteonspin
Belles, riches, chacun vous vante et vous admire;
CHANSONNETTES.
421
Restez simples toujours, désarmez les jaloux,
Soyez belles sans bruit, soyez bonnes pour tous,
Donnezsans regarder, et puissiez-vous, un jour,
A vos petits enfants redire à votre tour :
Mes enfants, tout dégénère,
Croyez-en votre grand'mère ;
De mon temps,
Oui, vraiment,
Tout était mieux qu'à présent.
Edmond Lhullller.
La musique, de l'auteur des paroles, se troure,
à Paris, chez M. Colombier, éditeur, 6, rue Vi-
LE JOUR DE L'AN
1817.
Air de la Vendange.
Ou de la Contredanse de la Rosière-
Janvier recommence,
Une foule immense
Dans Paris s'élance
Et. court par torrents;
Tour-à-tour on presse,
On flatte, on caresse
Épouse et maîtresse,
Amis et parents.
Chez sa voisine,
A la sourdine
On s'achemine,
On entre et l'on sort;
Plus d'un ménage
Est au pillage,
A chaque étage
On voit rouler l'or .
Grands dieux ! quel supplice !
Sortant de l'office,
Le bedeau, le suisse
Grimpent l'escalier:
Et d'humeur accorte
Sonnant à ma porte,
Le facteur m'apporte
Le calendrier.
Ma ménagère,
La boulangère
Et ma portière
Accourent soudain ;
Maint parasite
Me rend visite,
Mais de mon gîte
Je m'esquive enfin.
Dans toute la ville
Les fiacres par mille
Courent à la file
Et dans tous les sens ;
Tandis qu'on se pousse
Et qu'on s'éclabousse,
Le fripon détrousse
Les pauvres passants.
Comme sans peine
Ce jour amène
Et met en scène
De nouveaux Normands!
Que d'accolades,
Que d'embrassades,
De discours fades
Et de faux serments!
L'intrigant voyage,
Et, fier comme un page,
Vole en équipage
Chez l'homme de bien;
Le docteur qui sue,
Trotte et s'évertue,
A tous ceux qu'il tue
Dit : « Portez-vous bien. »
Chez Dorimène,
Et chez Climène
Mondor promène
Ses pas et ses voeux,
Et d'un air tendre
Sans plus attendre,
Lise à Clytandre
Dit : « Soyez heureux ! »
422
CHAN50NS POPULAIRES.
0 jour favorable !
Ce fils si coupable
D'un père implacable
Émeut la pitié;
Des loris qu'il retrace
Il demande grâce,
On pleure, on s'embrasse,
Tout est oublié.
Jaloux de plaire
A sa Glycère,
D'un ministère
Le commis galant,
Quoiqu'on séquestre
Tout son semestre,
Mange un trimestre
Dans le jour de l'an.
Pour sa sœur cadette,
Suzon fait emplette
D'une maisonnette
Qui coûte six francs ;
Paul, la main armée,
Et l'âme charmée,
Fait de son armée
Défiler les rangs.
Le jeune Emile
D'un pied agile
Fait danser Gille
Avec Arlequin ;
Charle et Pancrace
Font avec grâce
Sauter l'aillasse
Sur un palanquin.
La foule m'entraîne,
El tout hors d'haleine
J'arrive avec peine
Au Palais-Royal,
Où plus d'une Annule,
D'un coup d'œil perfide
Agace et déride
Le provincial.
Comblant l'attente
De ma grand'lante
Qu'un bonbon tente
Chez Berthcllemol;
Je me rembarque.
Et je remarque
Au Grand-Monarque
Le roi d'Yvetot.
De ce pauvre sire
Que L'hymen inspire,
Tout le monde admire
Les soins empressés ;
Évitant le blâme,
Pour prouver sa flamme,
Il offre à sa femme
Des marrons glacés.
La vieille Ursule,
Bien ridicule,
Prend sans scrupule
Un amour badin ;
Et la fillette,
Vive et follette,
Gaîment se jette
Sur un diablotin.
Les chalands pullulent,
Les marchands calculent,
Les bonbons circulent,
Et le fat titré
Vante les devises,
Les tendres sottises,
Les rimes exquises
D'un auteur sucré.
Mais Je temps coule,
On rentre en foule,
La nuit déroule
Son noir étendard ;
Chez le bon drille
La gaîté brille,
L'aï pétille
Et la chanson part.
La mousse légère
Couronne le verre,
On trinque, on resserre
Les plus anciens nœuds ;
CHANSONNETTES.
423
Et la compagnie
Quitte la partie,
La panse remplie
Et le gousset creux.
Casimir Ménestricr et I.éopold.
MONSIEUR RAMPANT,
1826.
Air : Par l'auteur des paroles.
Ou : Moi, je flâne.
Moi, je rampe, {bis.)
Auprès des grands je me campe ;
Moi, je rampe : {bis.)
Pour séjour
J'ai pris la cour.
Je suis loin de ressembler
A ces savants que l'on cite,
Qui pensent que leur mérite
Pour eux seuls doit postuler :
Sans imiter leur démarche
Qu'on s'efforce d'entraver,
Je choisis une autre marche,
Dans l'espoir de m'élever.
Moi, je rampe, etc.
Je regarde en me levant
De l'idole que l'on fête
Où tourne la girouette,
Pour louvoyer sous le vent.
Prenant un masque hypocrite,
Je cours à l'Assomption;
Là, j'offre de l'eau bénite
Aux gens de condition.
Moi, je rampe, etc.
Audacieux et fluet,
J'ai l'œil vif, le pied agile ;
Partout mon oreille habile
Est à l'affût d'un secret.
Des ministres bénévoles
Serviteur obéissant,
J'ai risqué trente pistoles
Sur la rente à trois pour cent.
Moi, je rampe, etc.
Au seigneur brusque et hautain
Bien bas je fais la courbette.
Je présente une gimblette
A son fils lourd et mutin ;
De saluts je suis peu chiche,
Portiers, valets ont leur part •
Même je cours à la niche
Flatter Brisquet et César.
Moi. je rampe, etc.
En prose je gronde fort
Chaque préfet qui culbute :
Car, selon moi, dans sa chute,
Le plus faible a toujours tort.
De celui qui prend sa place,
Vantant les talents réels,
De force, en vers je le place
Au-dessus des immortels.
Moi, je rampe, etc.
Conséquent dans mes projets,
Tour-à-tour je fus naguère
Citadin pendant la guerre
Et guerrier pendant la paix.
Quand les fils de la Victoire
Reviennent dans nos remparts.
Je grappille de la gloire
En m'accrochant à leurs chars.
Moi, je rampe, etc.
Tout cuirassé de placets,
Je suis les grands à la piste,
De mes qualités la liste
Est toujours dans mes goussets;
J'accompagne à chaque fête
Les pas de mon souverain ;
Chasse-t-il la grosse bête?
On me voit sur son chemin.
Moi, je rampe, etc.
De certains magots plaisants
Je prends l'air et la souplesse,
Pour savoir avec adresse
Courtiser les courtisans.
Je parviendrai si je perce
424
CHANSONS POPULAIRES.
Jusqu'aux premiers échelons :
Depuis dix ans je m'exerce
A grimper à reculons.
Moi, je rampe, {bis.)
Auprès des grands je me campe;
Moi, je rampe : [bis.)
Pour séjour
J'ai pris la cour.
Louis I «•' leau
L'INVALIDE FRANÇAIS.
1814.
Air : Tai vu le Parnasse des dames.
Pour être utile à ma pairie
Je redeviens gaillard, dispos;
Partons, partons; l'honneur me crie
Que je goûte un honteux repos.
Incomplet, mais encor solide,
Et troupier des plus aguerris,
On me verra, vieil invalide,,
Vaincre ou mourir pour mon pays.
Têt3 chauve, moustache grise ,
Ne plaident point en ma faveur;
Mais au tendron que je courtise
Je prouve souvent ma valeur.
A mon tonneau, nouveau Grégoire,
Je livre à chaque heure un combat.
Oui sert sa belle et qui sait boire ,
Doit faire encore un bon soldat.
Il ne me reste qu'une jambe;
Je n'ai qu'un bras, je n'ai qu'un œil ;
Plus fier que si j'étais ingambe,
Mes blessures font mou orgueil.
Sabre en main, marchant à mon poste,
Je me damne, et c'est bien permis :
Je boite... il faut courir !a poste
Pour atteindre nos ennemis.
Lorsque , dans les champs de la gloire,
lies forcenés i Iront sur moi ,
A mon aspect, ils pourront croire
Qu'aisément on me fait la loi ;
Je les forcerai d'en rabattre ,
Ces guerriers qu'on dit si fameux :
Avec deux bras j'en rossais quatre,
Avec un bras j'en battrai deux.
Dans la plus sanglante bataille ,
Quels grands dangers puis-je courir?
J'ai deux membres que la mitraille
Rompra sans me faire souffrir ;
Aussi perdrai-je sans murmures
Mon faux bras, ma jambe de bois,
Car j'ai su prendre mes mesures
Pour en changer plus d'une fois.
P.-J. Churrlu.
LA BERGÈRE DÉLAISSÉE
A peine eus-je atteint l'âge
Où fille peut aimer,
Qu'un berger du village
Tenta de m'enflammer.
Ah ! gardez-vous, bergerettes I
Bergerettes , gardez-vous d'aimer (
Ah! gardez-vous, bergerettes!
Gardez-vous, gardez-vous d'aimer.
Il avait l'air si sage,
Comment le rebuter ;
A son gentil langage
Je ne pus résister.
Ah ! gardez-vous , etc.
Toujours sur mon passage
Je le vis s'arrêter;
Je ne suis pas sauvage ,
Et voulus l'écouler.
Ah I gardez-vous , etc.
Je pris pour badinage
Un innocent baiser;
Mais, las! il fut volage,
Quand il |'Ut tout oser.
Ah! gardez-vous, etc.
l'uroleM d'un anonyme.
Paris. — Imprimerie del'atETfds atnc\ rue des (Irantls-Augaslins,^.
Àétâêt
VIVE LE VIN.
Vive le vin,
Vive ce jus divin!
Je veux jusqu'à la fin
Qu'il égayé nia vie.
Petit ou grand
Un homme est toujours franc,
Loyal et bon vivant
S'il boit sec et souvent.
A mon amie,
Jeune et jolie,
Moi je consacre et l'amour et le vin,
Joyeuse vie,
Point a'insomnie,
Aimons tous deux, buvons jusqu'à demain.
Mon Adèle,
Toute belle,
Boit gaîment de ce jus divin;
Avec elle,
Moi près d'elle,
Nous chantons ce joyeux refrain :
Vive le vin! etc.
Qu'épris de ses att;aus,
D'autres chanteut Glycère;
Je ris de leurs couplets,
Je n'aimerai jamais.
134
[bis.
Au comble de mes souhaits
Quand je remplis mon verre,
Je savoure à longs traits
Tous les plaisirs parfaits.
Vive le vin ! etc.
Quelle folie!
Quelle manie,
De préférer l'amour à ce bon vin ;
Triste insomnie,
Tourment, folie,
Voilà le lot d'un amoureux destin.
Haute gloire
Et victoire
A Bacchus, père du raisin!
Cent bouteilles
Des plus vieilles
A celui qui fil ce refrain :
Vive le vin, etc.
Versant donc à longs traits,
Quand je remplis mon verre !
Nargue des freluquets!
Je dis : N'aimez jamais.
Et près d'elle buvant,
Je vois, vidant mon verre,
L'amour en badinant,
Lever son voile blanc.
Vive le vin !
Vive ce jus divin !
— 6b
MG
CHANSONS POPULAIRES.
Je veux jusqu'à la fin
Qu'il égaie ma vie.
Petil ou grand,
Un homme est toujours franc,
Loyal et bon vivant,
S'il boit sec et souvent. (bis.)
Parole- «l'un anonyme.
POINTE DE VIN.
1823.
A i r z Si vcncs m'a imez.
Pointe de vin console l'indigence.
Quand les abus du pouvoir souverain,
Dans un cachot, font gémir l'innocence,
Que lui faut-il, pour narguer le destin,
Pour oublier ses maux et sa souffrance?
Pointe de vin.
Pointe de vin d'amour accroît le zèle.
De trop de feux, quand l'enfant-dieu malin.
Toute la nuit, brûla pour une belle,
Que lui faut-il, pour donner, le matin,
A son flambeau, clarté vive et nouvelle?
Pointe de vin.
Pointe de vin apprivoise et désarme
L'altière humeur de plus d'un spadassin.
Pour un seul mot, la prude prend l'alarme;
Qu'employons-nous pour la mener bon train.
Quand sa vertu, contre nous, se gendarme?
Pointe de vin.
Peinte de vin, princes, doit vous apprendre
Quand un ministre au mensonge est enclin .
Il tenterait, en vain, de s'en défendre,
La vérité, de sa bouche, soudain.
• chapper, si vous lui (ailes prendre
Pointe de vin.
Pointe de vin, amis de la guinguette,
Vous a valu plus d'un joli refrain.
De vous payer tribut de chansonnette
On formerait vainement le dessein,
Si l'on n'avait, pour acquitter sa dette,
Pointe de vin.
A. St-Clllcs.
La musique, de Meurgcr, se trouve notée m
N. 17ôl de la Clédu Caveau.
PLEURONS, AMIS, LES RAISINS SONT GELÉS.
1823
Ain : Amis, 'lu vin, de Li gloire et des belles.
Coteau charmant où la grappe dorée,
A chaque automne, égayait le buveur,
Champ de bataille où triompha Borée,
Sois aujourd'hui l'objet de ma louleur.
Oui, c'en est fait, une affreuse disette
Va dessécher nos palais désolés ;
Plus de glouglous, pas même de piquette...
Pleurons, amis, les raisins sont gelés, [bis.)
Un champ de vigne est l'arène amoureuse
Où les tendrons sont aisément soumis :
Les ceps grandis et la feuille ombrai
Auraient tenu ce qu'ils avaient promis ;
Sous leur abri, deux à deux on s'arrange;
Mais les Amours déjà sont envolés,
Le veut du nord supprime une vendange.
Pleurons, amis, les raisins sont gelés.
Lorsque la treille avait rempli mon verre,
Je le portais aux lèvres d'Alison ;
Au premier coup j'apaisais sa colère,
Le second coup ravissait sa raison :
Pour ses refus elle demandai! j-Tàoc,
Lt m'enlaçai I dans ses bras potelés ;
Mais sa vertu reprendra son audace:
Pleurons, amis, les raisins sont gelés.
CHANSONS BACHIQUES.
497
Le temps est gros : peut-être la tempête f
Menace encor nos paisibles foyers.
Déj ;i nos preux ont relevé la tête,
Et nos enfants se joindront aux guerriers.
Mais, dans les camps, Catin versait à boire ;
Les mieux servis étaient les plus zélés.
Las! qui pourra compter sur la victoire?
Pleurons, amis, les raisins sont gelés.
Les partisans des troubles populaires,
Las de crier, et de crier en vain,
Peut-être, un jour, déposant leurs tonnerres,
Kn bons mortels, auraient goûté du vin.
On aurait vu, dans un banquet comique,
Choquer du verre, à grands coups redoublés,
Les prétendants avec la République !
Pleurons, amis, les raisins sont gelés.
Mais qu'ai-je dit? et ce corps de réserve,
Par le bon goût lentement amassé,
Ce doux nectar que le buveur conserve,
Et sur lequel dix soleils ont passé !
Guerre aux flacons ménagés par nos pères -,
Guerre aux fagots qui les ont recelés,
Ainsi le deuil se change en jours prospères :
Consolons-nous, les raisins sont gelés.
Salgat.
MES CHERS AMIS, J'AI LE VIN BIEN MAUVAIS.
Air : Contenions-nous d'une simple bouteille.
Joyeux enfants, que Momus gouverne,
Fuyez du vin les attraits séducteurs :
Le vin, nous dit l'Anacréon moderne,
Est un agent des plus provocateurs.
Lorsqu'aux festins Bacchus remplit ma coupe
Des flots pressés d'un nectar pur et frais,
Des Ris, des Jeux mon œil croit voir la troupe ;
Mes chers amis, j'ai le vin bien mauvais.
Après un coup, deux au plus de madère,
En tapinois déloge ma raison ;
Un coup encore, amis, le charme opèie,
Et je me crois sous un autre horizon :
Un ciel brûlant, qu'éclaira la Victoire,
Offre à mes yeux des bataillons français ;
Je vois du sang, des revers, de la gloire ;
Mes chers amis, j'ai le vin bien mauvais.
Le vin du Rhin m'offre aussi quelques charmes ;
Mais un flacon, un seul me met à bas :
Au fond du verre, inondé de mes larmes,
Je vois écrit : Ambition... combats.
Je vois, malgré l'effort de la vaillance,
De noirs frimas obscurcir des succès ;
Je vois le Scythe aux frontières de France ;
Mes chers amis, j'ai le vin bien mauvais.
Du vin de Nuits je redoute 1 ivresse ;
Il me causa souvent plus d'une erreur :
Lorsque j'en bois, oubliant ma faiblesse,
A la beauté je commande en vainqueur...
Je ris alors des prouesses d'Hercule,
A ma moitié je promets des hauts faits ,
Devant mon rêve, éveillé... je recule;
Mes chers amis, j'ai le vin bien mauvais.
Quand le bordeaux circulant à la ronde
Est mainte fois venu me retrouver.
Notre pays me semble un autre monde ;
Un noir démon cherche à me le prouver :
Il me fait voir, entretenant mon rêve,
Tous nos Sullys augmentant leurs budgets;
Dame Thémis laissant rouiller son glaive ;
Mes chers amis, j'ai le vin bien mauvais
Vient le dessert... le Champagne pétille;
D'un bon repas c'est le digne bouquet :
Dans tous les yeux alors le plaisir brille;
Le gai Momus prend sa place au banquet.
C'est au dessert, qu'entraîné par ma verve,
Bon gré mal gré, je rimai ces couplets ;
A jeun j'ai dû maudire ma Minerve :
Mes chers amis, j ai le vin bien mauvais.
Alphonse Salin.
CHANSONS POPULAIRES.
LE VIN NOUVEAU.
1810.
Air : Du lendemain.
Amis, la cuve bouillonne ;
De nos verres armons- nous ;
Des dons offerts par l'automne,
Allons goûter le plus doux :
De la vie ornons le rêve ; \
Rien ne porte à mon cerveau f Bis
Plus de gaîté qui' la sève l en chœur.
Du vin nouveau. )
Ce Chaulieu de qui les traces
Guident mes pas chancelants,
Par quel art avec les Grâces
Joua-t-il jusqu'à cent ans?
En riant s'il fit la route,
C'est qu'il meublait son caveau
De tocane ou mère-goutte
Du vin nouveau.
Arbois, ta liqueur nouvelle
Plut au meilleur des Henris :
Vive dieu ! que Gabrielle
En connut bien tout le prix.!
Ta mousse égaie une fête
Rien plus que le vieux bordeau,
El redonne au tête-à-lôle
Dn feu nouveau.
Vieux nectar, vieille ambroisie
Sont pour Minerve et Junon ;
D'un vin nouveau la saillie
Pourrait troubler leur raison :
.Mais du nectar qu'à Cythère
Fo de un «lieu portant bandeau,
Celui que Vénus préfère,
C est le nouveau.
De deux vins sur le Parnasse
Pbébua emplit ses tonneaux ,
L'un, vieux, dont buvaient Hoi
Et Racine et Dcspréaux :
L'autre a la saveur plus forte •,
Mais quoiqu'il pique on sent l'eau :
C'est là que le vieux remporte
Sur le nouveau.
«Ii. <lc lu tluclclui
CHANSONNETTE DE TABLE
<n\ : Quand les bœu/s vont deux à deux.
Et lie, et toc, et tic, et toc,
El toc, et tic, et toc,
Que ce joyeux carillon
Se répèle à l'unisson.
|(6m.)
Chez les amis de la panse
C'est ainsi qu'on doit, je pense,
Terminer un bon repas.
Grâce aux mains qui les provoquent,
Que tous nos verres se choquent...
.Mais ne les imitons pas.
Et tic, et toc, etc.
Quand la table nous rassemble,
Son charme confond ensemble
L'âge, le rang et l'espril ;
Et, grâces à sa licence,
Chez Cornus toute distance
Se mesure... à l'appel il.
Et tic, et toc, etc.
Tant que la table est garnie,
Gardons-nous de la manie
De parler à tous moments I
Point d'esprit, poinl de harangua :
Songeons qu'un seul coup de langue
Fait perdre... vingt coups de dents.
Et tic, et toc, clc.
Fi de ceux donl la bedaine
A table souvent nous gêne
Par snn embonpoint f&cheuxl
Pour les avoir il arrive
CHANSONS BACH [QUES.
429
Qu'on n'invite qu'un convive...
Au lieu d'en inviter deux.
Et tic, el toc, etc.
On peint cuinine chose étrange
Ce vieux miracle qui change
En vin les eaux de Gana :
Sans trop prôner leur science,
Nos marchands de vin en France
Font de ces miracles-là.
Et lie, et toc, etc.
Certain fleuve, dit l'histoire,
Jadis ôlait la mémoire,
Le premier de tous les biens :
Que n'est-il encore au monde!...
J'enivrerai de son onde
Vos créanciers... et les miens.
Et tic, et toc, etc.
Mais j'aime mieux la puissance
De ce vin dont l'influence
Vient échauffer mes esprits ;
Si par lui mon œil se trouble,
J'ai le plaisir de voir double
Le nombre de mes amis.
Et tic, et toc, et tic, et toc,
Et toc, et tic, et toc,
Que ce joyeux carillon I
Se répète à l'unisson. | {bis.)
u. de Kougemunt.
LE DELIRE D'ERIGONE.
1815.
Puissant Bacchus , pour jamais je te livre
Et ma raison, et mes sens, et mon cœur;
De voluptés dans tes bras je suis ivre
En savourant ta vermeille liqueur !
Ainsi s'exprimait Érigone
Quand de l'Inde le Dieu charmant
Faisait sentir à la friponne
Ce que peut un céleste amant.
A ses désirs de peur qu'elle n'échappe,
Bacchus a pris la forme d'un raisin;
Avec délice elle mord à la grappe ,
Et dans l'extase elle chante soudain :
Puissant Bacchus , etc.
Du pur nectar de la vendange
Dès qu'elle éprouve la chaleur,
Le séduisant vainqueur du Gange
Paraît dans toute sa splendeur.
Qu'il a d'attraits! quel air noble, intrépide!
Il soumettrait l'univers enchanté !
C'est la vigueur, c'est l'audace d'Alcide ,
C'est d'Adonis la grâce et la beauté.
Puissant Bacchus, etc.
« Ah ! dit-elle , de l'allégresse
S'avance le maître divin !
La foule autour de lui se presse
Et de fleurs sème son chemin !
Docile au joug, le tigre le caresse ,
Et de l'agneau lui montre la douceur...
Lorsqu'à l'aimer un dieu si beau no is presse,
De résister on n'a pas la rigueur.
Puissant Bacchus , etc.
« Comme il use de son empire !
Comme il est vif et pétulant 1
Avec Daphné, dieu de la lyre,
On te vit moins entreprenant.
Pour amuser les neuf chastes pucelles,
Tu les réduis à de tristes concerts...
Bacchus fait boire et lutine les belles,
Et ses leçons valent mieux que des vers.
Puissant Bacchus , etc.
« De la fontaine Aganippide
Qu'on vante les dons merveilleux!
Je trouve son onde insipide
Et ceux qu'elle abreuve ennuyeux.
Le fruit ambré qui ranime et réveille
Grands et petits, vieillards et jouvenceaux >
*30
CHANSONS POPULAIRES.
Pour nous charmer brille ^ur une Ireille
Et ne vient point sous de frêles roseaux.
Puissant Bacchus, etc.
« En multipliant les rasades,
Quel délire me fait la loi î
J'ose défier les Ménades
D'être aussi brûlantes que moi.
Sur le gazon l'amour tous deux nous groupe;
Mon jeune amant devient plus radieux ;
Soudain il porte à mes lèvres sa coupe ,
Et le plaisir me place dans les cieux.
Puissant Bacchus etc.
« Mais plus je bois, plus je l'adore;
Plus je l'adore et plus je bois ;
La soif de jouir me dévore,
Trouble tous mes sens à la fois...
Sans te lasser, ô Bacchus I recommence...
Verse du vin, sur ton sein presse-moi...
Si tes transports vont jusqu'à la démence,
Tu me vcnas toujours digne de toi.
Puissant Bacchus, pou; jamais je te livre
Et ma raison, et mes sens, et mon cœur;
De voluptés dans tes bras je suis ivre
En savourant ta vermeille liqueur I »
.1. Uusaulcboy.
Musique de Lélu.
BUVONS.
Ai» : Tonton, tontotine, tonton.
Le plaisir ici nous ramène;
Muiiiiis (ail sauter les bouchons,
Buvons, buvons, morguenne, buvons;
Tant que notre joyeux Silène
Nous fournira de vienx Bacons,
Buvoo '■une, bavons.
Comme ob n'a point, à la fontaine,
Pllisé le \in que nous sablons,
Buvons, buvons, morguenne, buvon ; ;
En attendant que dans la plaine
I 'e tu fasse éclore les bourgeons,
Buvons, morguenne, buvons.
Au lieu d'aller voir sur la bc
Des acteurs qui ne sont pas bons ,
Buvons, buvons, morguenne, b tvons;
Au lieu d'applaudir chez Ismène
Des vers froids comme des glaçons ,
Buvons , morguenne , buvons.
Afin de digérer sans peine
Jambons, chapons, dindons, marrons,
Buvons, buvons, morguenne, buvons;
Et pour donner à notre Hélène
D'amour de nombreuses leçons,
Buvons, morguenne, buvons.
Faut-il s'élancer dans l'arène
Pour combattre, moi je réponds :
Buvons, buvons, morguenne, buvons;
Nous ne devons au noir domaine
Jamais descendre que bien ronds ,
Buvons, morguenne, buvons.
Afin de trouver par centaine
De bons refrains, de gais fions fions.
Buvons, buvons, morguenne, buvons.
Le Champagne vaut l'hippocrène,
El pour chanter sur tous les tons,
Buvons, morguenne , buvons.
Pour bannir les chagrins, la peine,
Que trop souvent nous ressentons,
Buvons, buvons, morguenne, buvons;
C'est le Léthé, qu'à tasse pleine,
Avec transport nous savourons,
Buvons, morguenne, buvons.
Quand le Temps, d'une voix hautaine,
Noua dira que nous vieillissons,
Buvons, buvons, morguenne, buvons;
Car de Jouvence la fontaine
Ici coule à dots rubiconds,
Buvons, morguenne , buvons.
CHANSONS BACHIQUES.
431
Avant que la Parque ne vienne,
Même avec elle, en francs lurons,
Buvons, buvons, morguenne, buvons;
Grisons-nous, grisons la vilaine ,
Pour l'enterrer sous les bouclions.
Buvons- morguenne , buvons.
Relie aîné.
LA BOUTEILLE.
Air : Frappons, frappons a grands coups (des deux Avares .
Chantons, chantons tous en chœur
La bouteille
Qui me réveille;
Chantons, chantons tous en chœur
La bouteille
Chère à mon cœur.
Qu'un loi émule d'Alexandre,
Pour devenir plus puissant ,
Béduise les villes en cendre,
El fasse, hélas! couler le sang!
Moi, que le doux plaisir conseille,
Et qu'il ne prêche pas en vain,
J'aime mieux voir couler le vin
Qui s'échappe de ma bouteille.
Chantons, etc.
Se faisant un jeu des batailles,
Quand vingt rois ligués contre un roi
Viennent menacer nos murailles,
Et dans nos cœurs semer l'effroi ,
Au bruit du canon qui m'éveille,
Je voudrais voir ces conquérants, ,
Pour mieux vider leurs différends
Vider ensemble une bouteille.
Chantons, etc.
Afin d'arrondir son empire,
Plus d'un roi, sans ambition,
Au congrès, tous les jours conspire
La perte d'une nation :
Pour moi, je vivrais à merveille,
Si des dieux j'obtenais bientôt
Pour empire le clos Vougeot ,
Et pour mon sceptre une bouteille.
Chantons, etc.
C'est une couronne d'épines
Que la couronne de nos rois;
D'amour les roses purpurines
Sur mon cœur ont bien plus de droits.
Épris d'une beauté vermeille ,
Si je m'endors sur ses genoux.
Je me réveille aux doux glouglous...
Aux doux glouglous de ma bouteille.
Chantons , etc.
Quand un ami, quand une belle
Trompent mon cœur ou mon espoir,
Ou lorsqu'une fièvre cruelle
Exerce sur moi son pouvoir,
Je cours gaîment sous une treille.
Et là, narguant le médecin,
De mes maux le remède sain
Je le trouve dans ma bouteille.
Chantons, etc.
Si la mort qui frappe à la porte
De la cabane et des palais ,
Mes amis, un beau jour m'apporte
L'ordre de vous fuir à jamais,
A la barbe de cette vieille,
Fils de Momus et du Caveau,
De vin arrosez mon tombeau
Et sur lui cassez ma bouteille.
Chantons, chantons tous en chœur
La bouteille
Qui me réveille;
Chantons, chantons tous en chœur
La bouteille
Chère à mon cœur.
Casimir .tléncsf rïr-r.
•tssitgs
m CHANSONS POPULAIRES.
LE BON REMÈDE. ' î BUVONS, CHANTONS.
Air nouveau i
M, B...,oo l'Amour est un dieu volage
(Haine aux femmes).
Chacun se plaint, sur la terre.
Des maux qui sont répartis ;
Les femmes, de leurs maris,
Les hommes, de leurs amis,
Les pauvres, de la misère.
Que répondre à tout cela?
Eh ! mes amis, le voilà :
Que l'on vide une bouteille
De Champagne ou de bordeaux ;
Ce remède fait merveille,
Il guérit de tous les maux
j {bis.)
Quand une amante volage.
Qui par goût aime à changer,
Vient un jour à déloger.
Au lieu de t'en affliger,
Jeune amant, moi, je t'engage,
Tour éloigner le chagrin,
I l'user de ce vieux refrain :
Que l'on vide, etc.
Plus d'un époux fait tapage,
(Sans raison assurément)
De voir, sans son agrément,
Et sa tomme et son argent
Disparaître du ménage.
Ah ! d;un ce cas, mes avis
Mériteni O'être suivis :
Que l'on vide, etc.
Toi qui, jeté dans la vie,
La parcours ,\> ec douleur !
Qui, toujours Uiste et rêveur,
N'as vu que mds sans saveur I
A ce banquet qui i:ous lie
Quitte ce front somioux,
lit chante en louant Us dieux :
II faut boire une bouteille
De Champagne ou de bordeaux ;
mède fait merveiHe,
Il guérit de loua lea maux.
l'Oi-tiuit- (>. rit* «M-*. < rmniii.
1785
Ara : Monseigneur, vous ne voyez riy.i.
Quel plaisir d'être en ces lieux,
De boire et de chanter ensemble 1
Vive, vive le vin vieux,
Et l'amitié qui nous rassemble 1
Que chacun, le verre à la main,
Bannisse d'ici le chagrin!
Chantons, chantons tous,
Chantons le Dieu de la treille;
Chantons, chantons tous,
Buvons et faisons les fous.
Le bonheur tant recherché
De la froide philosophie,
Dans le bon vin s'est caché
Entre les bras de la folie;
Le vin apaise nos douleurs,
Charme l'esprit, unit les cœurs.
Chantons, etc.
Vénus aux plus tendres cœurs
Cause toujours quelques alarmes,
Et ses plus douces faveurs
Font bien souvent couler nos larmes ;
Mais Bacchus est plus généreux,
Sans trouble il nous rend heureux.
Chantons, etc.
Amis, puissions-nous longtemps
Braver les Parques inhumaines!
Toujours gais, toujours contents.
Boire à longs traits l'oubli des peines;
Et même aux portes du tombeau,
Répéter ensemble en rondeau :
Chantons, chantons tons,
Chantons le Dieu de la treille;
Chantons, chantons tous,
Buvons et faisons les fous.
François.
- I erie île PatBt fils atné, rue des Grarids-Auga»tins,5.
CHANSONS BACHIQUES.
433
LE POUVOIR DU VIN.
1810.
Air : Ahl le bel oiseau, vraiment.
Ou t Pour étourdix le chagrin de la Danse interrompue.
Aies amis, buvons, buvons ;
Le vin m'enchante,
Et je chante :
C'est au vin que nous devons
Les plaisirs que nous avons.
Tous ces faiseurs de pamphlets
Ont beau se casser la tète,
Eh, morbleu ! tous leurs feuillets
Valent-ils une feuillette?
Mes amis, etc.
Quoique le latin soit beau,
Plus d'un moderne Grégoire
N'entend pas le mot bil>o,
Mais il entend le mot boire.
Mes amis, etc.
Un Crésus compte à loisir
L'or dont son âme est avide ;
Les flacons me font plaisir :
Sans les compter je les vide.
Mes amis, etc.
Au savant qui lit aux cieux
Un long tube est nécessaire :
Pour sabler du vin mousseux
On n'a besoin que d'un verre.
Mes amis, etc.
Le dimanche aux Porcherons
Que de tonnes sont entrées
Dans le cou des bons lurons,
Sans payer les droits d'entrées.
Mes amis, etc.
Salomon, qu'on chante en chœurs
S'égayait avec îes ûames ;
Pour attaquer trois cents cœurs
Il a grisé trois cents femmes.
Mes amis, etc.
Ce roi qu'on vante beaucoup,
David, pour se mettre en marche,
Avait bu son petit coup
Quand il dansa devant l'arche.
Mes amis, etc.
Job mourut sur un fumier,
Et c'est un trépas sans gloire ;
S'il fut mort dans un cellier,
On chanterait sa mémoire.
Mes amis, etc.
On dit que Tobie enfin
En priant perdit la vue ;
N'est-ce pas plutôt le vin
Qui lui donnait la berlue?
Mes amis, etc.
Saint Jean, dans l'eau du Jourdain.
Baptisait les hérétiques ;
Si c'eût été dans le vin,
Qu'il eût fait de catholiques!
Mes amis, etc.
Pour les vierges, entre nous,
N'allons pas brûler un cierge ;
Buvons onze mille coups,
C'est un coup pour chaque vierge.
Mes amis. etc.
On boit pour faire un fagot :
On boit pour faire une pièce ;
On boit pour dire un bon mot ;
On boit pour dire la messe.
Mes amis, etc.
Mes amis, buvons, buvons ;
Le vin m'enchante,
Et je chante :
C'est au vin que nous devons
Les plaisirs que nous avons.
Brasier.
125
434
CHANSONS POPULAIRES.
LE VRAI MANGEUR
Air . Aussitôt que la lumière.
Aussitôt que la lumière
Vient éclairer mon chevet,
Je commence ma carrière
Par visiter mon buffet.
A chaque mets que je touche
Je me crois l'égal des dieux,
Et ceux qu'épargne ma bouche
Sont dévorés par mes yeux.
Boire est un plaisir trop fade
Pour l'ami de la gaîlé :
On boit quand on est malade,
On mange en bonne santé.
Quand mon délire m'entraîne,
Je me peins la Volupté
Assise, la bouche pleine,
Sur les débris d'un pâté.
A quatre heures lorsque j'entre
Chez le traiteur du quartier.
Je veux toujours que mon ventre
Se présente le premier.
Un jour les mets qu'on m'apporte
Sauront si bien l'arrondir,
Qu'à moins d'élargir la porte
Je ne pourrai plus sortir.
Un cuisinier, quand je dîne,
Me semble un être d i \ in,
Qui du fond de sa cuisine
Gouverne le genre humain.
Qu'ici-bas on le contemple
Comme un ministre du ciel,
Car sa cuisine est un temple
Dont les fourneaux sont l'autel.
Mais sans plus de commentaires,
Amis, ne savons-nous pas
Que les noces de nos pères
Finirent par un rep
Qu'on vit une nuit profonde
bientôt les envelopper,
Et que nous vînmes au monde
A la suite d'un souper ?
Je veux que la mort me frappe
Au milieu d'un grand repas;
Qu'on m'enterre sous la nappe
Entre quatre larges plats ;
Et que sur ma tombe on mette
Cette courte inscription :
« Ci-gît le premier poète
« Mort d'une indigestion. »
Désaugiers.
CHANSON BACHIQUE.
air : Un chanoine de l'Auxerrois.
On dit que le grave Apollon,
Pour inspirer un nourrisson,
Se fait tirer l'oreille :
Moi, quand je tiens le verre en main,
Je le vois accourir soudain
Auprès de ma bouteille,
S'enivrer de ce jus charmant,
Eh! bon, bon, bon,
Que le vin est bon 1
A ma soif j'en veux boire.
Lorsque, pour punir l'univers,
L'eau se précipita des airs,
Les vagues écumantes
Noyèrent l'homme dans leur sein,
Ah! s'il eût nagé dans le vin,
Ses lèvres expirantes
Auraient formé ce doux accent :
Mourons, mais mourons en chantant :
Eh! bon, bon, bon, etc.
Patriarches d'avant Noé,
Vous avez trop tôt habité
Une terre ignorante.
Si vous aviez plus tôt connu
Ce joli petit bois loilu
Dont lejus nous enchante.
CHANSONS BACHIQUES.
435
Vous auriez, dans un doux transport.
Dit, en bénissant votre sort :
Eh! bon, bon, bon,
Que le vin est bon !
A ma soif j'en veux boire.
L'abbé Patin.
CH4NSON BACHIQUE.
Air : Doux soleil d'Italie (de Fourcy). \
Toi, qui donnes l'ivresse,
Toi, par qui nous aimons,
Liqueur enchanteresse,
Inspire nos chansons.
Oui, tu me plais, père de la Folie,
Lorsque, brillant, tu sors du noir flacon ;
Heureux par toi, ma langue se délie,
Et mon esprit a franchi l'Hélicon;
Mon œil qu'éteint la vapeur enivrante,
D'un autre monde a rêvé le bonheur :
Et plein d'émoi, dans mon humeur charmante,
Je viens chanter ces vers en ton honneur :
Toi, qui donnes l'ivresse, etc.
Bien souvent l'or qu'on jette aux pieds des belles
Ne peut trouver le chemin de leur cœur,
Quand, plus habile à dompter les rebelles,
Le vin paraît, et bientôt est vainqueur.
Oui, dans mon sein, j'en garde l'assurance,
Tu le rendrais, trop coquette Alison,
Si je voyais, pour tromper ta jactance,
Le jus divin maître de ta raison.
Toi, qui donnes l'ivresse, etc.
Lorsque le dieu qu'on encense à Cythère,
D'un autre culte, inquiet et jaloux,
Pour se venger, de mon toit solitaire
Éloigne, hélas! un objet cher et doux,
Bacchus accourt, et son nectar me plonge
Dans un sommeil qui n'est pas sans appas,
En ramenant sur les ailes d'un songe
Celle que j'aime, émue, entre mes bras.
Toi, qui donnes l'ivresse, etc.
Sur son vaisseau, contemplez cet avare !
Son cœur glacé n'a plus qu'un seul désir;
Et sur les mers quand, joyeux, il s'égare,
C'est qu'en espoir il pourra s'enrichir.
Mais le rubis qui flatte son envie,
Dans ses reflets a-t-il l'éclat du vin ?
Et ces parfums, trésors de la Libye,
Ont-ils l'odeur de son bouquet divin ?
Toi. qui donnes l'ivresse, etc.
Dans nos foyers où l'union expire,
Où tout s'agite aux cris des factions,
Le chansonnier, secondant ce délire,
Fait un appel aux noires passions.
Pour assurer le repos de la France,
A" ses enfants, ma lyre, tour-à-tour,
Module un hymne au dieu de l'espérance,
Quand elle chante et le vin et l'amour.
Toi, qui donnes l'ivresse, etc.
Si les humains, par un nouveau déluge,
Étaient encor menacés de périr,
J'irais, priant le redoutable juge,
Pour les sauver, en victime m'offrir.
Je lui dirais : « Dieu bon, Dieu juste et sage,
« Je m'offre ici pour subir leur destin ;
« Mais rends-moi doux ce fortuné naufrage,
« En me noyant dans des torrents de vin. »
Toi, qui donnes l'ivresse,
Toi, par qui nous aimons,
Liqueur enchanteresse
Inspire mes chansons.
Fortuné G. de St-Gerniuln.
>QQQli '
CHANSON A BOIRE.
Air du Temps.
Que j'aime en tout temps la taverne
Que librement je m'y gouverne 1
436
CHANSONS POPULAIRES.
Elle n'a rien d'égal à soi :
J'y vois tout ce que je demande,
Et les torchons y sont pour moi
De fine toile de Hollande.
Durant que le chaud nous outrage
On ne trouve point de bocage
Agréable et frais comme elle est;
Et quand la froidure m'y mène,
Un malheureux fagot m'y plaît
Plus que tout le bois de Vincenne.
J'y trouve à souhait toutes choses,
Les chardons m'y semblent des roses,
Les cervelas des ortolans ;
L'on n'y combat jamais qu'au verre :
Les cabarets et les brelans
Sont le paradis delà terre.
C'est Bacchus que nous devons suivre :
Le nectar dont il nous enivre
A je ne sais quoi de divin,
Et quiconque a cette louange
D'être homme sans boire du vin,
S'il en buvait serait un ange.
Le vin me rit, je le caresse ;
C'est lui qui bannit ma tristesse,
Il réveille tous mes esprits ;
Nous nous aimons de même sorte;
Je le prends, après je suis pris;
Je le porte et puis il me porte.
Pour moi, jusqu'à ce que je meure,
Je veux que le vin blanc demeure
Avec le clairet dans mon corps,
Pourvu que la paix les assemble ;
Car je les jetterai dehors,
S'ils ne s'accordent bien ensemble.
De l'Entoile (l'historien.)
LE CONVOI D'UN BUVKUH.
1834.
Ain : Que chacun de nous , se livre.
Quand l'heure sera venue
Où j'aurai fermé les yeux,
Chansonniers, qu'on distribue
Mes vins nouveaux, mes vins vieux;
Je vous lègue mes futailles,
Je n'ai qu'elles pour tout bien,
Sablez-les aux funérailles
De votre joyeux doyen.
Je veux que mon sanctuaire
Soit au cabaret voisin,
Et que mon drap mortuaire
Soit la nappe d'un festin.
Celui qui rougit vos trognes
Doit présider en ce lieu,
Vous le savez, gais ivrognes,
Bacchus fut toujours mon dieu.
Que chacun de vous accoure,
Par le devoir entraîné,
Que chacun de vous m'entoure,
Qu'un refrain soit entonné ;
Quelque chose de magique
Naîtra de vos doux accords,
Car on dit qu'un cri bachique,
Peut seul réveiller les morts.
Ne suivez pas la coutume
Qui flatte en vain notre orgueil;
Pour tout cierge qu'on allume
Des punchs autour du cercueil ;
Quand cette flamme animée
Eblouira les passants,
De vos pipes la fumée
Viendra remplacer l'encens.
Pour égayer le cortège,
Et ceux qui suivront mon char,
Lise aura le privilège
De verser un doux nectar ;
CHANSONS BACHIQUES.
437
De son vin et de ses charmes
Que, jouissant tour-à-tour,
Si l'on répaud quelques larmes,
Ce soit d'ivresse et d'amour.
Qu'une couronne de lierre
Signale au loin mon tombeau,
Et qu'on lise sur ma pierre :
Il fut ennemi de l'eau.
Ah ! pour qu'en paix je sommeille,
Sans qu'on puisse m oublier,
Entourez-moi d'une treille,
Chacun y viendra prier.
I.ouvet
DÉPIT D'AMOUR.
1826.
Air nouveau.
Du vin, du vin, du vin toujours !
Jamais, jamais, jamais d'amours I
Je suis à table et reste là.
J'ai vu l'Amour et la fourbe Amélie ;
J'ai vu Bacchus et l'aimable Folie ;
Ma devise aussi la voilà :
Du vin, du vin, etc.
l'étais grondeur, j'étais jaloux ;
Plus de maîtresse et plus de jalousie ;
J'ai, pour bannir semblable frénésie,
Changé les soupirs en glouglous.
Du vin, du vin, etc.
Mais boire seul serait pitié ;
Amis, pour moi vous étiez tout sur terre ;
Fermer sa porte à l'enfant de Cythère,
C'est la rouvrir à l'Amitié...
Du vin, du vin, etc.
Perdre l'esprit est des affronts
Le plus léger que Vénus nous apprête ;
Le vin aussi nous fait perdre la tète,
Mais il respecte au moins nos fronts.
Du vin, du vin, etc.
Parfois l'arbre de volupté
Recèle un ver dans le fruit qu'il rapporte ;
A mes amis les santés que je porte
Ne sauraient nuire à ma santé.
Du vin, du vin, etc.
Sage enfin qui vous éconduit,
Filles d'Adam, fourbes enchanteresses,
Portez ailleurs vos perfides caresses!
C'est Bacchus seul qui me séduit.
Du vin, du vin, du vin toujours !
Jamais, jamais, jamais d'amours!
F. Vaubertrand
Musique d'Edouard Dou vél
LE BUVEUR MÉTROMANE.
1826.
Air : Je loge au quatrième étage.
Chacun sous la vaste coupole
Naît avec son petit travers :
Moi , j'en ai deux, je m'en console :
J'aime le vin et fais des vers.
D'Apollon la douce magie
Change mon lit de paille en fleurs;
Et dans les flots du vin j'oublie
Que j'ai versé des flots de pleurs.
Anacréon jadis sut boire;
Piron naguère aima le vin;
L'un, l'autre , au temple de mémoire.
Alla porter son nom divin.
Je débute dans leur carrière,
Et déjà je lutte avec eux :
Pour les vers je suis en arrière;
Mais je bois presque autant qu'eux deux,
438
CHANSONS POPULAIRES.
Je bois; mais au moins je le t:agne :
A mes censeurs je ne dois rien ;
La paix de l'âme m'accompagne;
Je ne dépense que le mien.
Médisant . je suis sans alarmes,
Contre moi lance ton venin ;
Je n'ai point fait couler de larmes...
Si ce n'est des larmes de vin.
Si le vin était l'hippocrène,
Mon nom serait déjà fameux ;
Mais, pauvre auteur à la douzaine,
Que laisserai-je à nos neveux?
Ah! mon Dieu, rien I Foin de la gloire,
Si je savais que chez Pluton
On chantât des couplets à boire
En sablant le vin du patron.
Teste d'Ouet.
DES KOSES ET DU VIN
1825.
AIR du Carnaval de, Béranger.
Je n'aimais plus... d'amour l'inquiétude
Fuyait au loin sur les ailes du Temps;
Un luth en main, charmant ma solitude,
Je célébrais le retour du printemps;
Du sein des fleurs, parles zéphyrs écloses,
Déjà l'abeille explorait son butin ,
El je voyais renaître avec les roses
Le pampre vert qui nous promet du vin.
J'empli< ma coupe et chante à l'espérance
Que, dans noscœurs, font naître les beaux jours ;
Je chante aussi la froide indifférence
Que je ressens pour toi , dieu des amours.
oui désormais aux lois que tu m'imposes,
Mon cour flétri veut se soustraire enfin ,
Etj'aime mieux, me couronnant de roses,
Chanter le dieu qui nous donne du vin.
' J'allais chanter les jeux de mon enfance,
Temps fortuné, qui pour toujours a fui ,
Lorsqu'à mes yeux une nymphe s'avance:
D'un bel enfant elle fait son appui :
En lui voyant les paupières mi-closes,
i L'air de langueur présageant son déclin ,
Je me disais , pour ranimer les roses,
On vit Bacchus les arroser de vin.
Le bel enfant, tenant une églantine ,
Me dit d'un ton qui peignait la douleur :
« De cette rose une cruelle épine
« A déchiré le beau sein de ma sœur...
« Reçois la fleur, que ta main en dispose ;
« Humecte-la des larmes du raisin :
«Son sein, baigné par les feuilles de rose,
« Sera calmé par les vertus du vin.
« J'ai vu, dit-il, dans les bosquets de Gnide,
« Ainsi ma mère apaiser sa douleur... »
J'approche alors de la nymphe timide,
Le cœur ému, déplorant, son malheur...
Avec la fleur ma main tremblante arrose
Un doux contour invitant au larcin;.
Ma bouche aspire au destin de la rose,
Et de la coupe où retombe le vin.
Mon cœur, flétri par ces transports rapides,
Ne songeait plus à parer mille traits ..
Mon œil errait, et mes lèvres avides
Allaient porter leurs feux sur tant d'attraits.
Pour les calmer, c'est en vain que j'oppose
la froide coupe et le nectar di\in ;
Soudain ma bouche y rencontre la rose,
Kl mon ardeur s'augmente par le vin.
L'enfant médit, voyant mon trouble extrême :
« J'ai su trouver le chemin de ton cœur;
« Hien ne résiste à mon pouvoir suprême,
«Reconnais-moi... l'Amour est ton vainqueur!
«Sur l'avenir jamais ne le repose,
a Suivanl mes lois, dit-il d'un air malin,
x Avec Nais lu peux , cueillant la rose ,
«Chanter le dieu qui nous donne du vin.
% Iphonac €1.
CHANSONS BACHIQUES.
439
LE DÉSESPOIR D'UN BUVEUR.
1822.
Air : Chantons Bacchus.
Ou : O mont Saint-Jean Emile Debreaux).
Sur les coteaux de la Bourgogne
D'où les dieux tiraient le nectar,
Un vieux buveur à rouge trogne
Cherchait le beaune et le pomar.
Assis près d'une tonne vide ,
Dont l'aspect causait son chagrin,
Le cœur gros , l'œil de pleurs humide ,
Sa voix murmura ce retrain :
Gais chansonniers, amants de la bouteille,
Vous qui chantiez Bacchus et le jus de la treille,
Pleurez le deuil de ces coteaux;
Point de raisin pour remplir nos tonneaux!
Temps fortuné de la comète,
Si cher aux enfants de Bacchus,
Ton vin ranimait le poète,
Et le tendre amant de Vénus ;
Déjà , dans sa force première,
11 valait nos vins les plus vieux;
Le buveur pouvait à plein verre
Sabler son jus délicieux.
Gais chansonniers, etc.
Adieu, doux charme de l'ivresse,
Toi , qui faisais naître au festin
Les bons mots, la franche allégresse,
Adieu , je vois tarir le vin.
Fiers ennemis de la fontaine,
Fameux buveurs, résignez-vous;
Ne versez plus à coupe pleine,
Il nous faut boire à petits coups.
Gais chansonniers, etc.
Pour les buveurs jadis l'automne
Était la reine des saisons ;
Maintenant le dieu de la tonne ,
Hélas 1 nous refuse ses dons;
Autour de son char, la folie
Ne presse plus les vendangeurs ;
On n'entend plus dans la prairie,
L'écho retenlir de leurs chœurs.
Gais chansonniers, amants de la bouteille
>
Vous qui chantiez Bacchus et le jus de la treille,
Pleurez le deuil de ces coteaux;
Point de raisin pour remplir nos tonneaux 1
Casimir Josatelln.
ii «3C»oen n
MORALE MOMUS1ENNE.
1816.
Air : du Méléagre champenois.
Pour nous former des destins propices,
Des vains honneurs évitons le fardeau;
D'être ignorés faisons nos délices,
Et , toujours gais , ne buvons jamais d'eau.
Avec de l'or, ici-bas , tout abonde ,
L'or vous soumet les prudes, les tendron»;
Par son pouvoir on est maître du monde;
Mais le bonheur est-il un de ses dons?
Pour nous former, etc.
Par les périls on arrive à la gloire ,
De son phosphore on est tout ébloui.
Que gagne-t-on pour vivre dans l'histoire?
Mainte blessure, et la goutte et l'ennui.
Pour nous former, etc.
En consacrant aux neuf sœurs votre vie,
D'un long travail quel prix attendez-vous?
Vous gémirez, victime de l'envie ;
A votre tour vous deviendrez jaloux.
Pour nous former, etc.
Qu'un journaliste agite sa férule,
Chacun répète : Oh comme il est méchant !
Qu'il traite bien un modeste opuscule,
On ne voit plus en lui qu'un ignorant.
Pour nous former, etc.
440
CHANSONS POPULAIRES.
Si d'un parli vous prenez la livrée,
Aux passions il vous faut obéir,
Dès lors votre âme, aux noirs soucis livrée ,
Est condamnée au tourment de haïr.
Pour nous former, etc.
Que vous importe ou César ou Pompée ,
Si vos celliers sont garnis de bons vins'
Aucun des deux a-t-il tiré l'épée
Pour ajouter aux vignes des raisins?
Pour nous former , etc.
Accumulez toutes les jouissances,
Vous languirez d3 déguùls abreuvé :
Bornez vos vœux comme vos espérances,
Des vrais plaisirs le secret est trouvé.
Pour nous former, etc.
Qu'on sache aimer sans en perdre la tète,
Que l'on soil bon , que le cœur soit en paix,
Dans l'avenir alors rien n'inquiète,
Et du malbeur on supporte les traits.
Pour nous former, etc.
En pratiquant notre philosophie,
De cette vie on sort aussi gaîment
Que d'une table abondamment servie ,
On voit sortir un bienheureux gourmand.
Pour nous former des destins propices ,
Des vains honneurs évitons le fardeau;
D'être ignorés faisons nos délices,
Et , toujours gais, ne buvons jamais d'eau.
J. Ousuulcboy.
FAUT L'OUBLIER
Faut l'oublier, disait Grégoire,
En regardant un litre plein;
Désormais je veux fuir le vin,
Je renonce au plaisir d'en boire.
adieu, trop perfide liqueur,
J*ai vu ia couleur vermeille;
Je ne te bois qu'avec horreur,
Voilà ma dernière bouteille,
Faut l'oublier. [bis.)
Faut l'oublier, mais comment faire ?
Las! tout va me le rappeler.
Eh quoi 1 pour me désaltérer,
Boirai-je de l'eau, de la bière?
Ce doux parfum, cette chaleur
Sera toujours en ma mémoire ;
Le vin seul peut plaire à mon cœur.
Mais que fais-tu, pauvre Grégoire ?
Faut l'oublier. (bis.)
Faut l'oublier, dit-il encore,
Puis il appelle le garçon ;
Apporte encore un seul flacon,
C'est le dernier, car je l'abhorre.
Enfin, de dernier en dernier,
Grégoire se trouve en goguette ;
Sous la table il va se coucher.
Et ià, renardant, il répète :
Faut l'oublier. (bis.)
l'arole» d'un anonyme.
LES ENFANTS DE LA FOLIE.
1819.
Air : Verse encor, encor, etc.
Sans Bacchus ,
Vénus,
Cornus ,
Moinus,
Nous serions perdus ,
Enfants de la folie ;
mus Bacchus,
Vénus,
C'HIIUS,
Momus,
Tout n'est, dans cette vie,
Que sottise et quabus.
Pans. _ Imprimerie JePiu.ii iiis aîné, nie det Grud*-Augaatini,S,
CHANSONS BACHIQUES.
441
A Bacchus, jamais,
N'associons Neptune!
Buvons à longs traits,
Notre vin pur et frais !
Puis, sans trouble, après,
A la blonde, à la brune.
Offrons, tour-à-tour,
Mêmes preuves d'amour !
Sans Bacchus, etc.
Quand Dieu , sans pitié ,
Pour le vol d'une pomme.
Eut disgracié
Adam et sa moitié ,
« Sois moins effrayé ! »
Dit Eve au premier homme,
« J'emporte, pour toi,
« Le pommier avec moi. »
Sans Bacchus, etc.
Que maint courtisan
A la faveur parvienne,
Et soit d'un ruban
Glorieux comme un paon;
Disons-lui : « Crois-m'en ,
« Mon cher, qu'il le souvienne
« Que tu n'en seras
«Ni plus grand, ni plus gras! »
Sans Bacchus, etc.
Lorsque Marcellus,
Ce député bonace,
Prône les abus
Dont nous ne voulons plus,
Qu'on lui dise : « Intrus,
« Tu n'es pas à ta place ;
« Change de métier,
« Et fais-toi marguillier ! »
Sans Bacchus, etc.
Cagots patelins,
Vous , qui voulez nous rendre
Dîmes, capucins,
Tous vos efforts sont vains I
Brûlez vos bouquins;
Chez nous, venez apprendre
La seule oraison
Que dicte la raison !
Sans Bacchus, etc.
Pères de la foi,
Vos maximes étranges
Sont de bas aloi ;
Tenez-vous loin de moil
Une sage loi
Dissipa vos phalanges ;
Fils de Loyola,
Vous êtes encor là!
Sans Bacchus, etc.
Vantez , sans pudeur,
0 cafards, ô caillettes,
Et le Moniteur,
Et le Conservateur \
Redoublez d'ardeur,
Constantes girouettes;
Agitez, sans fin,
Le drapeau de Martain !...
Sans Bacchus, etc.
Quand des fiers Gaulois
L'élite triomphante
Défendait nos droits,
Nos foyers et nos lois ,
Ces guerriers courtois,
Rassemblés sous la tente,
Le soir, de grand cœur,
Entonnaient tous en chœur :
Sans Bacchus, etc.
Que je suis flatté
D'avoir servi la France,
Quand sa fermeté
Fonda la liberté!
Du Germain dompté,
Plus d'une heureuse chance
Me mit sous la main ,
Et la femme et le vin.
Sans Bacchus, etc.
Comme vous , je ris
Et j'aime la guinguette;
126
442
CHANSONS POPULAIRES.
Gaîment, j'applaudis
A vos couplets jolis.
Agréez, amis,
De cette chansonnette
L'hommage mesquin,
En faveur du refrain :
Sans Bacchus,
Vénus,
Cornus ,
Momus ,
Nous serions perdus ,
Enfants de la folie;
Sans Bacchus,
Vénus.
Cornus,
Momus ,
Tout n'est , dans cette vie,
Que sottise et qu'ahus.
Auguste wt-Ulllr».
LE PLAISIR DANS UN PETIT LIEU.
1822.
A h '• Quand je vois les gens, ici-bat.
Je fuis les grands appartements,
Où le plaisii- est à la gêne,
Et les petits \ erres charmants
Qu'on vide Bac 3 reprendre haleine.
Je préfère, j en àis l'aveu,
la beauté qui m'est chère,
Le plaisir dans un nelil lieu,
Et le bon vin dans un grand verre.
(6w.)
Froids censeurs, docteurs mécontents,
(jii, vous plaignant de tonte chose,
Otenez les ailes au ten ps
Et les épines à la rose :
Tout est bien, rendez grâce à D'eu,
Qui nous fait trouver sur la terre
Le plaisir dans un petit lieu, )
Et le bon vin dans un grand verre. )( ,4-'
Si l'hiver arrive à grands pas
Nous montrer sa triste figure,
Que sa vue ajoute aux appas
D'une volupté douce et pure :
Alors que, devant un bon feu,
On trouve, en faisant bonne chère,
Du plaisir dans un petit lieu, ) ,. .
Et du bon vin dans un grand verre- i
Des richesses ou des honneurs
Bannissons l'envie importune;
Restons paisibles spectateurs
Des caprices de la fortune ;
Sachons être contents de peu.
Si nous avons pour nous distraire
Du plaisir dans un petit lieu,
Et du bon vin dans un grand verre.
(6m.
Les Parques tiennent le fuseau
De mon existence ignorée ;
Je ne sais si mon écheveau
Doit être de longue durée ;
Mais son terme m'importe peu
Si j'ai, durant ma vie entière,
Du plaisir dans un petit lieu,
Et du bon vin dans un grand verre. J
Amis, dans un petit endroit.
J'aime à vous rece oir sans faste;
Mais si mon local est étroit,
En revanche ma coupe est vaste.
Aussi, plus fortuné qu'un dieu,
Ai-je, grâce à ce jour prospère,
Du plaisir dans un petit lieu,. (
Et du bon vin dans un grand verre. \
T. Iluyct.
M.)
(6m
CHANSON BACHIQUE
Ai" : I l'ivre un bon i
Du Pinde, aimables uoun issons,
\ ous travaillez pour la mémoire :
CHANSONS BACHIQUES.
U3
Du dieu par qui nous la perdons,
Moi, je veux célébrer sa gloire.
N'en déplace au dieu d'Hélicon,
De son eau je ne veux point boire ;
N'en déplaise au dieu d'Hélicon,
L'hippocrène est dans mon flacon. '
Pour plaire, un enfant d'Apollon,
Doit, accorder raison et rime ;
On plaît sans rime et sans raison
Quand avec Bacchus on s'escrime.
N'en déplaise an dieu d'Hélicon,
De son eau je ne veux point boire ;
N'en déplaise au dieu d'Hélicon,
L'hippocrène est dans mon flacon.
Des Titans en rébellion,
Quand tous les dieux craignaient la rage,
Bacchus but et devint lion :
Bacchus seul montra du courage.
N'en déplaise au dieu des guerriers,
Pour se bien battre il faut bien boire ;
N'en déplaise au dieu des guerriers,
Le vin fait croître les lauriers.
De l'Inde le fier conquérant
D'un flacon armait ses phalanges:
Et l'on eût dit en le voyant :
De l'Inde il a fait les vendanges.
N'en déplaise au dieu des guerriers,
Pour se bien battre il faut bien boire ;
N'en déplaise au dieu des guerriers,
Le vin fait croître les lauriers.
Brillante étoile du matin,
L'Amour éclaire notre aurore ;
Le soir, avec un peu de vin,
Son flambeau se rallume encore. ,
N'en déplaise au dieu des amours,
11 n'est qu'un temps pour son ivresse ;
N'en déplaise au dieu des amours,
On n'aime point, on boit toujours.
. Victime d'un volage amant,
Ariar~, qui se désole.
Croit gémir éternellement :
Bacchus paraît et la console,
N'en déplaise au dieu des amours,
Il n'est qu'un temps pour son ivresse,
N'en déplaise au dieu des amours,
On n'aime point, on boit toujours.
Je ris de ces sols parvenus
Qui pour leurs chevaux, leur maîtresse,
Prodiguent tous leurs revenus;
Mon flacon, voilà ma richesse.
N'en déplaise aux fils de Plutus,
On n'est riche que pour mieux boire;
N'en déplaise aux fils de Plutus,
Pour boire l'on a des écus.
Cet Harpagon, riche indigent,
Toujours s'inquiète et se trouble ;
Moi, quand je compte mon argent.
Plus heureux que lui j'y vois double
N'en déplaise aux fils de Plutus,
On n'est riche que pour mieux boire;
N'en déplaise aux fils de Plutus,
Pour boire l'on a des écus.
Un axiome accrédité
Place (est-il une erreur pareille!)
Au fond d'un puits la vérité ;
Elle est au fond de la bouteille.
N'en déplaise même aux savants,
On sait tout lorsque l'on sait boire ;
N'en déplaise même aux savants,
Boire est le premier des talents.
Le vin inspire les bons mots :
Souvent Bacchus, dans son délire,
A donné de l'esprit aux sots,
Et lui seul a monté ma lyre.
N'en déplaise même aux savants,
On sait tout lorsque l'on sait boire ;
N'eu déplaise même aux savants,
Boire est le premier des talents.
l.iioe de C.ai.nivul.
4 il
CIIAN SONS POPULAIRES.
FOIN DFS PARTIS! M- S"NGF.0NS Ql \\ TR1NQIEII [ Bif n franchement embrassent les vilains,
El qu'avec eux. de leurs riches vignobles
Ils partagent les vins.
An du vaudeville de In Partie Cnrrée,
Assez longtemps l'austère politique
Nous étourdit de ses tristes débats :
Tout occupés de la chose publique,
Nous dispuions, et nous ne buvons pas ;
Au dieu du thyrse à présent infidèles,
Pour ses plaisirs nous montrons du dédain :
Cherchons, amis, l'oubli de nos querelles
Pans les flots d'un bon vin.
Que les partis se tourmentent, s'agitent,
Mes chers amis, laissons-les se choquer :
A guerroyer quand leurs fureurs s'excitent,
Plus sages qu'eux, ne songeons qu'à trinquer.
Rions, chantons, et, si l'on nous demande
De quel parti nous suivons le destin,
Nous répondrons : De la loyeuse bande
Qui chérit le bon vin.
Fêtons gaîment le doux jus de la vigne,
Sans rechercher de trompeuses faveurs:
Du nom d'ultra s'il faut qu'on nous désigne.
Que l'on ajoute : Ils sont ultra-buveurs.
Les traits heureux que l'aï nous suggère
De bouche en bouche iront voler demain :
Mes bons amis, j'aime qu'on exagère
Quand il s'agit de vin.
Qu'en s'échappant la mousse pétillante
De la gaîté nous donne le signal ;
Et qu'en versant cette liqueur brillante,
Chacun de nous se montre libéral I
A notre gloire, à notre indépendance,
Avec transport buvons jusqu'au matin !
Buvons surtout au bonheur de la France,
Si fertile en bon vin.
Entre Français détruisons tout divorce,
Et d'un vin frais arrosons l'olivier :
D'un peuple heureux l'union fait la force,
Et la concorde en est le bouclier.
Formons le vœu que désormais les nobles
Ah! croyez-moi. celle liqueur chérie
Fut, en tout temps, l'âme de nos succès!
Aimer le vin, c'est aimer la patrie ;
Un bon buveur est toujours bon Français.
Pour bien combattre, il faut apprendre aboire.
El tout soldai, qui d'un laurier lointain
Flatte son cœur amoureux de la gloire,
Doit honorer le vin.
AugiiNte Moufle.
LES MOINES.
Nous sommes des moines
De Saint-Bernardin,
Qui se couchent tard
El se lèvent matin,
Pour aller à matines
Vider leur flacon.
Et bon, bon, bon,
Et v'ià qu'est bon,
Et bon, bon, bon,
Ah ! voilà la vie,
La vi ■ suivie,
Ah! voilà la vie que les moines font.
A notre déjeuner
Du bon chocolat
Et du bon café
Que Ion nomme moka,
La fine andouillelte,
La tranche de jambon,
Et bon, bon, bon, etc.
A notre dîner,
Un bon chapon gras
Qui trempe la soupe
Comme au mardi-gras.
:fiansons bachiques.
(45
Lapins de garenne
Senlant la venaison.
Kl bon, bon, bon, etc.
A notre goûter,
Des petits oiseaux
Que l'on nomme cailles,
Bécasses et perdreaux,
La tarte sucrée,
Les marrons de Lyon.
Et bon, bon, bon,
Et v'ià qu'est bon,
Et bon, bon, bon,
Ah! voilà la vie,
La vie suivie,
Ah ! voilà la vie que les moines font.
Paroles d'un anonyme,
VERSEZ RASADE.
1815.
Air : Encore une victoire.
Vive un banquet où, de cent pots
Rangés en palissade,
Le vin, jaillissant à grands flots,
Fait jaillir les bons mots.
Puisqu'il enfante la gaîté,
Puisqu'il est bon à la santé,
Amis, versez rasade.
Laissons dans leur trisle grandeur
Ces parvenus maussades.
Acheter au prix du bonheur
Le crédit et l'honneur.
Nous, plus obscurs, mais plus joyeux.
Moins courtisés, bien plus heureux,
Vidons force rasades.
Que vois-je! ô ciel! la vieille Iris
Me lance des œillades !
De son séculaire souris
Je vois quel est le prix.
Dieu du vin, viens à mon secours;
Pour (n'étourdir sur ses amours,
Verse-moi cent rasades,
Mille rasades.
Mais si la jeune Zétulbé
Bat enfin la chamade,
Si par un bais.r dérobé
Je l'amène à jubé;
Amis, éloignez le pomard ;
L'amour d'un tout autre nectar
Va lui verser rasade.
Bacchus, dieu propice à l'amour,
Et dieu cher aux Ménades,
Poètes, amants tour-à-tour
T'invoquent chaque jour.
Si le bon vin fait les bons vers,
S il fait voir la feuille à l'envers,
Amis, versez rasades.
Quand il faudra du vieux Pluton
Augmenter la peuplade,
Amis, au bord du Phlégeton
Ne changeons pas de ton.
Montons eaîment le noir coursier,
Et pour le coup de l'élrier,
Buvons encor rasade.
F. P. A. Léser.
LES RAISINS MURIRONT.
1825.
Air du vaudeville de M. Guilbmmc.
Ou Du Dieu des lionnes qev .
D'un fr-iid printemps dix arides semaines
Laissaient douter d'un heureux avenir;
Mais le soleil qui brille sur nos plaines
Vient ranimer un espoir prêt à fuir.
Ah ! pour bénir la divine sagesse,
De pampres verts qu'on se pare le front,
Et que les cœurs s'ouvrent à l'allégresse,
Les raisins mûriront. [bù.)
446
CHANSONS POP l ILA1 Kl". S.
Jeunes beautés que l'Amour vit rebelles,
N'espérez plu.-, vous soustraire à ses lois :
Dans nos bosquets, actives sentinelles,
Tousses suivants méditent mille exploits.
Quand vous irez pour y chercher l'ombrage.
Dans leurs Blets les plus lins vous prendront :
Et pour réduire alors la plus sauvage,
Les r lisins mûriront.
« La Croix triomphe et de lauriers se pare, a
Disait un Grec, de Scyros habitant;
« Il est tombé, le Musulman barbare.
« De sang chrétien encor tout dégouttant !
« Du sien, enfin, cette terre est fumante!
« De tant de morts nos ceps s'engraisseront ;
« El pour fêter la Grèce renaissante,
« Les raisins mûriront. »
Non loin des bords qu'arrose la Garonne
L'œil radieux, voyez ce Bordelais
Sourire aux fruits que protège Pomone.
Et pour ses rois exprimer ses souhaits :
« Il est debout l'arbie qu'on crut abattre,
« Des<s rameaux nus fils s'ombrageront ;
« Et pour trinquer aux enfants d'Henri Quatre,
« Les raisins mûriront. »
Vous qui rêviez, pour notre belle France,
La liberté sou: l'égide des lois,
Gardez eneor un rayon d'espérance,
Ce l'eau soleil doit éclairer ncsrois.
Mais s'il trompait une aussi noble attente,
De sa chaleur nos champs se sentiront ;
Et pour calmer votre âme impatiente,
Les raisins mûriront.
Vil courtisan, à la langue perfide,
Ton règne expir\ il B'évanouira;
Si dans le vin la vérité réside,
Auprès des roi.< liientôl on la verra.
Ces vils traitants, que chaque jour on prône,
De leur grandeur près d'elle tomberont;
Pour lui Irayer t n chemin jusqu'au trône,
Les raisii s mûriront.
Saluf Dl donc cet astre lutélaire,
.Nous qui briguons les faveurs de Phéboi ;
Ne craignons point le jour qui nous éclain
i A sa clarté frondons tous les abus.
S Le ciel nous rit, la terre nous écoute,
I Momus a dit : les dieux vous soutiendront;
; Et, pour charmer la longueur de la route,
Les raisins mûriront.
Fortuné G. de St-Germnlii.
L'UNIVERS EST A MOI
1814.
\m du vaudeville des Amazonti.
A tous les trésors je, préfère
Mon humble médiocrité :
Pour être heureux il faut sur terre
De la gaîté , de la santé :
Marchant sur les pas de Silène ,
Je suis plus fortuné qu'un roi;
Pourvu que ma coupe soit pleine,
Tout l'univers, mes amis , est à moi !
Pourvu que ma coupe soit pleine ,
Mes chers amis, l'univers est à moi!
L'univers , l'univers est à moi !
Je possède une tendre amie
Qui , par ses talents, ses discours,
Malgré la fortune ennemie ,
De mon destin charme le cours ;
Contre mon sein quand je la presse ,
Je suis fier d'être sous sa loi!
Et , si j'obtiens une caresse,
Tout l'univers, mes amis, est à moi !
Et, si j'obtiens une caresse,
Tout l'univers, mes amis, est à moi I
L'univers, l'univers esta moi!
Dignes disciples de Barthole,
Ah! combien vous faites d'efforts
Pour faire arriver le Pactole
Dans vos immenses coffres-forts;
Mon sort me paraît préférable :
je n'ai rien , mais je ris , je boi,
CHANSONS BACHIQUES.
447
Et, ma foi , quand je suis à table ,
Tout l'univers , mes amis , est à moi t
Et , ma foi , quand je suis à table ,
Tout l'univers, mes amis, est à moi!
L'univers, l'univers est à moi!
Dans ces repas où l'on étale
Des mets glacés, des vins nouveaux,
Je ressemble, hélas! à Tantale
Mourant de soif au sein des eaux;
Mais , quand l'amitié m'accompagne
A ces dîners où sans émoi
On fait sauter jeune fille et Champagne,
Tout l'univers, mes amis, est à moi!
On fait sauter jeune fille et Champagne,
Tout l'univers, mes amis, est à moi !
L'univers, l'univers est à moi!
Pour sauver un ami d'enfance,
Dût- il être des plus ingrats,
Je vole embrasser sa défense,
Offrir ma bourse, offrir mon bras:
Tiens, lui-dis, point de partage,
Prends mon peu d'or, il est à toi;
Si ton bonheur est mon ouvrage,
Tout l'univers, l'univers est à moi!
Si ton bonheur est mon ouvrage.
Tout l'univers, l'univers est à moi!
L'univers, l'univers est à moi!
Je ne vise point à la gloire;
Elle offre à mes yeux trop d'écueil ;
A vivre dans votre mémoire
Je mets seulement mon orgueil ;
De braver la critique austère
Je me fis toujours une loi;
Mais si ma chanson peut vous plaire ,
Tout l'univers , mes amis , est à moi ! '
Mais, si ma chanson peut vous plaire,
Tout l'univers, mes amis, est à moi!
L'univers, l'univers est à moi!
i*. I.edoiix.
BUVONS, CHANTONS,
ET MOQUONS-NOUS DU BESTE
1814.
Air d'Arlequin Crunllo.
N'ayons jamais l'ambition
De vivre dans l'histoire;
Bornons notre prétention
A bien chanter et boire.
Sans la chanson point de galle ;
Bon vin entretient la santé.
Hippocrate l'atteste ;
Buvons donc pour vivre longtemps ;
Chantons pour charmer nos instants ;
Buvons,
Chantons,
Et moquons-nous du reste!
Rappelez-vous le sort affreux
De l'immortel Homère ;
Le Tasse et Milton, malheureux,
Ont fini leur carrière ;
Mais vous savez qu'Anacréon,
En buvant et chantant, dit-on.
Eut un destin céleste !
Mes amis, marchons sur ses pas,
Et répétons dans nos repas :
Buvons, etc.
Gardons-nous d'imiter Mo. Jor,
De sa fortune esclave ;
On dit qu'il possède un mont d'or
Enfoui dans sa cave ;
11 veille auprès de son trésor,
Et le malheureux craint encor
Quelque accident funeste ;
Amis, n'amassons pas de bien :
Lorsqu'on est pauvre, on ne craint rien
Buvons, etc.
Sans craindre certains accidents,
Prenons femme charmante
Qui possède, avec ses seize ans,
Cent mille éeus de rente ;
.'.4 3
CHANSONS POPULAIRES.
Contenions nos moindres désirs :
Contre dos goûts et nos plaisirs
Qu'importe que l'on peste '
Ayons bonne table cl bon lit,
Et surtout un bon appétit.
Buvons, etc.
Nargue de ces froids amoureux
Uni. ballant la campagne,
Nous chantent des vers langoureux
lui sablant le Champagne!
Dussions-nous être critiqués,
Rions de ces auteurs musqués.
Plus à fuir que la peste ;
Mais, avec ces joyeux lurons,
Amis du verre et des tendrons,
Buvons, etc.
Lorsque l'impitoyable temps,
Bornant là notre histoire,
Nous avertira qu'il est temps
De passer l'onde noire,
Morbleu! sans faire de façon,
Dans la barque du vieux Caron.
Ah ! sautons d'un air leste,
Et forçons gaîment tous les morts
A répéter aux sombres bords,
Buvons,
Chantons,
Et moquons-nous du reste!
I». redoux.
CONSEILS A.IX ATRABILAIRES.
1822.
Ai» : B% revenant du village.
A l'ennui pour roui soustraire,
Esprits
Aigu-,
Contrits,
De li'.l pétris,
Rangez-vous sous la bann. •■
De Bacchus et des ris.
Jouir est l'unique affaire
Qui pour leurs favoris,
Ait quelque prix ;
Peines, chagrins et misère
De chez eux sont proscrits.
A l'ennui, etc.
Par l'humeur atrabilaire
Les teint les plus fleuris
Sont amigris;
Le plaisir orne au contraire
Tout, jusqu'aux cheveux gris.
A l'ennui, etc.
Si votre femme est légère,
Vous jetez les hauts cris,
Pauvres maris ;
Croyez-moi, prenez un verre,
Et vous serez guéris.
A l'ennui, etc.
Mahomet, que l'on révère,
A rempli ses écrits
D'amphigouris ;
Mais il était sûr de plaire
En créant ses hou ris.
A l'ennui, etc.
A ces gens d'humeur austère
Qu'on ne vois jamais gris,
Ventre saint-gris!
Mes amis, moi je préfère
Ces lurons bien nourris.
A l'ennui pour vous soustraire,
Esprits
Aigris
Contrits,
De fiel pétris,
Rangez-vous sous la bannière
De Bacchus et des ris.
Arniuiid aévllle.
Paris. — 1 > [i. île Piu.it fils atnê, rue îles Grandft-Aagustins, ■>•
PASSÉ ET AVENIR.
1836.
Air : Verse, verse le vin de France.
La vie, on nous le dit toujours,
N'est qu'un aventureux passage :
Sachons en embellir le cours;
Suivons, pour charmer le voyage,
L'avis du sage.
Laissons, laissons le passé fuir,
Effaçons ses traces anières ;
Conservant doux souvenir,
Qu'espérance, aux ailss légères,
Nous berce d'aimables chimères !
Noyons le passé dans nos verres,
Amis, buvons à l'avenir !
Sans cesse l'on forme des vœux;
On cherche amour, gloire, richesse:
La trahison atteint les preux;
On voit, quand paraît la détresse,
Fuir sa maîtresse.
S'il nous fallut beaucoup souffrir
D'illusions souvent trop chères,
Oublions, sans en gémir,
Et des liens, si peu sincères,
Et des promesses mensongères.
Noyons le passé dans nos verres.
Amis, buvons à l'avenir !
On voit succès dont on est fier,
Et bonheur que l'on croit durable,
Détruits par le sceptre de fer
Du destin, tyran implacable,
Inexorable :
Du présent, comme il vient s'offrir,
Acceptons les biens éphémères;
Espérant, pour mieux jouir,
Qu'à des jours sombres et sévères
Succéderont des jours prospères!
Noyons le passé dans nos verres,
Amis, buvons à l'avenir!!!
Théodore Martignon.
127
LE PARTI LE PLUS SAGE.
1815.
Air : dupas de trois des Trois Cousines,
on : Quand des ans la fleur printanière.
Amis, pour égayer la vie,
Buvons, chantons, aimons toujours ?
Et changeons, suivant notre envie,
De vins, de refrains et d'amours !
Nargue du sot qui vient nous dire :
« Le temps fuit et ne revient pas !
« Chétifs humains ! pourriez-vous rire
« Quand la mort s'avance à grands pas ? »
Amis, pour égayer la vie, etc.
Puisqu'il est vrai que, sur la terre,
Nous passons des instants bien courts,
Faut-il qu'une morale austère
Vienne encore abréger leur cours ?...
Amis, pour égayer la vie, etc.
A quoi nous servirait de vivre,
Si maître Young n'avait pas tort,
Lorsqu'il dit, dans son triste livre :
« L'on n'est heureux qu'après sa mort ? »
Amis, pour égayer la vie, etc.
Ne poursuivons point la Fortune !
La perfide, en entrant chez nous,
De nos amis... qu'elle importune,
Fait, hélas ! autant de jaloux !
Amis, pour égayer la vie, etc.
Des honneurs évitons la route !
Comment pourraient-ils nous tenter ï
Pour les obtenir il en coûte,
Il en coûte pour les quitter !...
Amis, pour égayer la vie, etc.
t. u. — 68
450
CHANSONS POPULAIRES.
Fuyons, surtout, fuyons la gloire !
Elle est fatale au genre humain!
D'ailleurs, le char de la Victoire
Verse trop souvent en chemin I
Amis, pour égayer la vie, etc.
Des dieux rendons-nous vraiment dignes
C'est pour nous tenir en gaîlé
Qu'ils font chez nous i'.eurir les vignes,
Et près des vignes... la beauté !
Amis , pour égayer la vie,
Buvons, chantons, aimons toujours.
Et changeons, suivant notre envie ,
De vins, de refrains et d'amours 1
Armand Gouffé.
JE SUIS ROND.
1814.
Ai» : Verse encnr.
Ou : Mes amis, trinquons.
Je suis rond, bien rond, bien rond, tout rond,
J'arrondis en luron
Ma panse respectable,
Je suis rond, bien rond, bien rond, tout rond,
Et le dieu de la table
Est mon joyeux patron.
Brillant et vermeil,
En b' échappant de l'onde.
Lorsque le soleil
Dissipe mon sommeil ;
Bacchus me voit prompt
A briser une bonde,
Bt gai biberon,
Je dis comme l'iron :
Je suis rond, etc.
Quels riches présenta
c, mus. tu non- destinée '
Ils flattent nos sens,
Nos appétits naissants I
Au bruit du chaudron,
J'entonne pour matines,
Quand je vois de front
Trente mets environ :
Je suis rond, etc.
Plus gai que Scarron
Dont la burlesque veine
Narguait Cicéron
Et Virgile-Maron ;
L'heureux bûcheron
Qui vit exempt de peine,
Dit, loin du clairon
D'un poudreux escadron :
Je suis rond , etc.
Ne le voit-on pas?
Tout est rond dans ce monde ,
Les tonneaux, les plais,
Les plus jolis appas;
Puisque tout est rond
Sur la machine ronde,
Avec son tendron
Que chacun chante en rond :
Je suis rond , etc.
Si le destin rompt
De mes beaux jours la trame,
J'irai, leste et prompt,
Voguer sur l'Acbéron ;
Loin d'être poltron ,
Je veux , en tendant l'âme,
Dire au vieux Caron,
La main sur l'aviron :
Je suis rond, bien rond, bien rond, tout rond
J'arrondis eo luron
Ma panse respectable ;
Je suisrond, bien rond, bien rond , tout rond,
Et le dieu de la table
Kst mon joyeui patron.
< asiiiiir Mt'iicNtrler.
CHANSONS BACHIQUES.
451
LA PHILOSOPHIE D'UN MOMUS1EN.
1815.
Air : Vive le vin, vive l'amour.
Le vrai bonheur, mes chers amis,
Est de nous trouver réunis
Entre Bacchus et la Folie ;
Pour (jne chacun de nous oublie
Les nombreux caprices du sort.
Nous buvons sec, et dans un rouge-bord,
Nous noyons la mélancolie.
Quand chez Momus je me gaudis,
La gaîté m'ouvre un paradis
A ceiui d'en haut préférable.
Chaque saint fait la moue en diable
De ne pouvoir quitter les deux
Pour se mêler à nos transports joyeux,
Et pour trinquer à notre table.
L'amitié, le vin, la beauté,
Composent ma félicité :
L'amitié franche et tutélaire
Me soutient, me guide et m'éclaire;
Le bon vin réjouit mon cœur,
Et la beauté, par son charme enchanteur,
Sait me rendre habile à bien faire.
La fortune offre ses présents,
A les recevoir je consens ;
Mais veut-elle me les reprendre?
Je les rends sans me faire attendre.
Et n'en suis pas plus malheureux :
Avec l'amour, des amis, du vin vieux,
Aux vanités peut-on se vendre !
Lorsque j'ai bien aimé, bien bu,
Le soir je me dis : J'ai vécu!
Qu'importe qui' d'un triste orage
Les dieux alors m'offrent l'image!
Le passé ne dépend plus d'eux :
Du présent donc qui sait jouir le mieux.
Possède le secret du sage.
De leurs travaux audacieux
Qu'obtiennent les ambitieux?
Fussent-ils les maîtres du monde,
La Voudre sur leur tête gronde.
Quand mes instants coulent en paix ;
Du Styx un jour, malgré leurs vains projets,
Comme nous ils passeront l'onde.
Dieux du vin, des ris, des amours,
A vous seuls on doit de beaux jours;
Mais il faut qu'un fils d'Épicure,
Suivant vos lois avec mesure,
Sache modérer ses désirs...
Par ce régime on fixe les plaisirs,
Et l'on peut faire feu qui dure.
J. Dusaulcboy.
LES PLUS BEAUX JOURS DE LA VIE.
1816.
Air dupas de trois des Trois Cousines.
Ou: Quand des ans la fleur prinlanière.
Sans le vin et sans la folie,
Être au monde serait un mal;
Les plus beaux jours de notre vie,
Ce sont les jours du carnaval.
Au triste jargon des affaires
Ont succédé les mots plaisants,
Et Momus voit sous ses bannières
Se rallier les bons vivants.
Sans le vin, etc.
Dans les cités on se rassemble
Pour faire de joyeux repas,
Et gaîment on eutonne ensemble
Les cantiques du mardi-gras.
Sans le vin, etc.
De sa raison, de sa science,
On fait grâce à chaque invité ;
452
CHANSONS POPULAIRES.
Mais on exige, en récompense,
Qu'il ait un grand fonds de gaîté.
Sans le vin, etc.
On voit pétiller d'ordinaire,
Comme au temps de nos bons aïeux.
Vin de Champagne dans le verre,
Et le plaisir dans tous les yeux.
Sans le vin, etc.
L'homme souffrant consent à rire,
Excité par mille refrains,
Et bientôt partage un délire
Qui donne l'oubli des chagrins.
Sans le vin, etc.
Quand les bouteilles sur la table
Vont et reviennent tour-à-lour,
Dessous, où l'ombre est favorable,
Vont et viennent billets d amour.
Sans le vin, etc.
On arrange une mascarade,
Les jeunes veulent se masquer,
Et les vieux, en versant rasade,
Demandent souvent à trinquer.
Sans le vin, etc.
Enfin, s'organise la danse,
Où se fera plus d'un faux pas;
Mais dès qu'ils seront en cadence,
Les danseurs ne s'en plaindront pas.
Sans le vin, etc.
Les mamans que le sommeil presse
Du départ annoncent lïnslant,
Grands et petits sont dans l'ivresse,
En marche on se met en chantant :
Sans le vin et sans la folie,
Être au monde serait un mal ;
Les plus beaux juins de nuire vie,
Ce sont les jours du carnaval.
» -j.
Il ri ii ml
MA PHILOSOPHIE.
Bon vin, bon vin,
Quoique ton pouvoir soit divin,
Malgré toi, nos jours prendront fin,
Mais, pendant que le temps s'écoule,
Coule, vin, sans cesse coule :
Puisqu'on ne peut fixer nos jours,
Gardons-nous de fixer ton cours.
Bon sens, bon sens,
Te chercher parmi les savants,
C'est perdre son huile et son temps.
0 toi 1 qui pâlis sur ta lampe !
Lampe du vin, sans cesse lampe I
Jurisconsulte ou médecin,
Puise ton savoir dans ie vin.
Qu'entends-je ? hélas 1
J'ai laissé ma femme là-bas.
Quelqu'un vient, et je n'y suis pas :
Pour me cacher ce qui se passe,
Passe, bon vin, sans cesse passe!
Quand je suis ivre, je suis bien :
Mes yeux ouverts ne verront rien.
Que vois-je, ô dieux!
Quel fantôme vient à mes yeux
Mouiller ses doigts dans mon vin vieux?
C'est la Parque qui mes jours file;
File, bon vin, doucement file;
Tant que mon bon vin durera,
Pour moi la Parque filera.
Diifreinj.
MON AVIS.
1785.
Ai» : Du serin qui te /ait envie.
Les seuls dieux que j'aime et révère
Sonl les dieux d'amour et du vin.
CHANSONS BACHIQl'ES.
453
Je ne vis qu'avec n a bergère ,
Ou qu'en tenant le verre en main.
Qu'on cherche à briller dans l'histoire,
Pour moi je ne sais estimer
Que le héros qui sait bien boire,
Ou le héros qui sait aimer.
Au temple de la Renommée ,
En vain l'oii cherche un rang brillant ;
Ou quand on l'obtient , c'est fumée,
Autant en emporte le vent.
Une plus solide victoire
Est vraiment digne d'enflammer,
C'est celle de savoir mieux boire,
Ou bien celle de mieux aimer.
Sans Bacchus, l'amour peut nous plaire,
Bacchus peut plaire sans l'amour ;
Riais le sage, s'il veut bien faire,
Doit les mettre en jeu tour-à-tour.
Moi je fais consister ma gloire,
Quand le plaisir vient m'animer,
A savoir aimer pour mieux boire ,
A bien boire pour mieux aimer.
Si je suis aimé d'une belle,
Je bois afin de m'enflammer,
Et si j'adore une cruelle,
Je bois, mais c'est pour l'oublier.
Bacchus fait perdre la mémoire
Des maux que l'amour peut causer,
Et l'on peut aimer pour bien boire ,
Ou boire pour ne plus aimer.
Vingt fois on peut vider son verre,
Sans boire de bonne liqueur;
Et l'on possède sur la terre
Vingt femmes sans avoir un cœur.
Le plaisir marche avant la gloire,
Effleurons tout sans passion.
Buvons sans perdre la mémoire,
Aimons sans perdre la raison.
L'abbé de Volaeiioii,
LE TRIO DU VIN.
Ain: Eh ! glou, glou, glou, tin, lin, tin, ton, ion, zon.
Mes bons amis, si vous voulez m'en croire,
Aux intrigants laissons choyer Plutus,
Aux courtisans abandonnons Janus,
De Vénus oublions l'histoire.
Aux Nostradamus
Laissons Uranus,
Aux pédants, Phébus
Et son triste grimoire ;
Mais pour être heureux,
Au gré de nos vœux,
Pour vivre longtemps
Dispos et contents,
Chez nous désormais
Ne séparons jamais
Bacchus
De Cornus,
Et surtout de Momus.
Comme un faisceau l'union fait leur force,
Mais divisés ils perdent leur pouvoir ;
Et le bienfait qu'on croit en recevoi?
N'est plus qu'une trompeuse amorce.
Veut- on par le vin
Eluder la faim,
Avec lui soudain
La gaîté fait divorce.
Ah! pour être heureux, etc.
Tant qu'aux flatteurs il sut fermer l'oreille,
Jeannot tout court était un bon vivant;
Mais monsJeannot.lejour qu'il se crutgrand,
Oublia Jeannot de la veille.
Son humeur s'aigrit,
Bientôt il maigrit,
Adieu l'appétit,
La joie et la bouteille.
Ah ! pour être heureux , etc.
Dans un salon où l'ennui vous escorte,
Chacun, pendant un éternel repas,
Mange beaucoup, parle peu, ne ri l pas,
Tant le savoir-vivre l'emporte.
454
CHANSONS POPULAIRES.
Bref, en ce réduit
Tel qui s'introduit,
Doit laisser sans bruit
Le plaisir à la porte.
Ah! pour être heureux, etc.
Le pauvre Iphis, qu'un fol amour enivre,
Pour aliment se nourrit de langueurs ;
Pour tout nectar il s'abreuve de pleurs
Et pense qu'ainsi l'on peut vivre.
L'infidélité
De sa déité
D'un joug délesté
Par bonheur le délivre.
Ah ! pour être heureux, etc.
Pour ajouter à ses exploits célèbres,
Certain glouton, sans daigner boire un coup,
Avale un jour vingt crêpes coup sur coup,
Et son œil ne voit que ténèbres.
Pour lui l'aliment,
Mangé goulûment.
Se change à l'instant
lin des crêpes funèbres I
Ah ! pour être heureux, etc.
Dans une noce à jamais mémorable,
Le vin manquant suspendit le festin :
Tout languissait : mais eu un tour de main,
Par un miracle incontestable,
Un nomme divin
De l'eau fait du \in ;
lit chacun enfin
Semble renaître a table.
Ah ! pour être heureux, etc.
Mais a quoi bon vous citer maint exemple,
Quand par vos chant- leur nom est consacré ;
Mes chers amis, de ce trie sacré
Ce séjour n'esl-il pas le temple ''
Tempérants, joyeux,
Au sein iif nos jeux,
Que «lu haut des cietui
Suis cesse il doui c<>ntemple.
Ali ! pour ôlre heureux,
Au gré de dos vœux,
Pour vivre longtemps
Dispos ei content,
Chez nous désormais
Ne séparons jamais
Bacchus
De Cornus,
Et surtout de Momus.
i liaUllon.
C'EST LE BON VIN.
De tous les biens qu'ici-bas l'on nous vante,
Savez-vous bien celui'quinous enchante,
C'est le bon vin : (bis.)
C'est cette liqueur charmante,
C'est le bon vin qui nous enchante :
C'est, c'est, c'esl le bon vin.
C'est le bon vin qui nous met tous en train, [bis.)
Quand deux amis se sont mis eu ribotte,
Savez-vous bien ce qui les ravigotte?
C'est le bon vin :
C'est de ce jus de la treille.
C'est le bon vin qui les réveille,
C'est, c'est, c'est le bon vin, etc.
Quand deux amis se sont pris de querelle,
Savez-vous bien ce qui vous les rappelle?
C'esl le bon vin :
C'est cette liqueur si chérie,
C'est le vin qui les rapatrie,
C'esl, c'est, c'esl le bon \ in, etc.
Si votre Iris est un peu trop volage,
Savez-vous ce qui vous en dégage?
C'est le bon vin :
("est cet excellent breuvage^
C est le l>"ii vin qui nous en
ii'i'-t, ■• est, c'est le bon vin, etc.
in cordelier de bs voix hit parure,
Savez-vous bien ce qui la lui procure?
CHANSONS HACHIQUES.
455
C'est le bon vin :
C'est cette liqueur si pure
Et qui ranime la nature :
C'est, c'est' c'est le bon vin, etc.
Lorsqu'un prêtre s'en va dire sa messe,
Savez-vous bien là ce qui l'intéresse?
C'est le bon vin :
C'est la liqueur enchanteresse,
C'est le bon vin qui l'intéresse :
C'est, c'est, c'est le bon vin, etc.
(.es six couplets que je viens de vous dire,
Savez-vous bien ce qui me les inspire?
C'est le bon vin :
C'est ce divin élixir,
C'est le bon vin qui me les inspire :
C'est, c'est, c'est le bon vin. etc.
Si vous trouvez ma chanson un peu bonne,
Savez-vous bien ce qu'il faut qu'on me donne?
C'est du bon vin :
C'est ce divin jus d'automne,
Toujours le meilleur de la tonne :
C'est, c'est, c'est du bon vin,
C'est du bon vin qui nous met tous en train, (bis.)
Paroles d'un anonyme.
NARGUE DU CHAGRIN
Air des Trrmhlevrs.
Nargue des soins de la terre,
Et de la sagesse austère,
Qui nous dit d'un ton sévère :
Songez bien au lendemain!
Sans nul souci, sans mémoire,
Comme mon voisin Grégoire,
Je ne pense plus qu'à boire ;
J'ai toujours le verre en main.
Hn gouvernant bien ma barque.
Je veux que l'affreuse Parque
De la liste me démarque,
Et laisse là mon fuseau ;
Fuyant de la médecine
La dégoûtante cuisine,
Et la science assassine,
Je braverai le tombeau.
Pour conserver mon assiette,
Et pour la rendre parfaite.
De vin vieux de la comète
Je veux remplir mon caveau ;
Et faire, dans une orgie.
En bachique mélodie,
Chanter la palinodie
A plus d'un froid buveur d'eau.
Sur les ronces de la vie
Glissant avec la folie.
Et de la mélancolie
Fuyant le trait assassin,
J'allongerai ma carrière,
Sans craindre l'heure dernière,
Et sauterai la barrière
Sans regret et sans chagrin.
.%. de Champcour.
LE SALUT BACHIQUE.
1814.
Aie : Fille à qui l'on dit un secret.
Salut à mes nouveaux amis,
Salut aux enfants de la joie;
Libres de soins, exempts d'ennuis,
Que notre gaîté se déploie !
Versez du bon et versez plein ;
Dans notre bachique délire,
Des misères du genre, hu nain
A notre aise nous pouvons rire
456
CHANSONS POPULAIRES.
Oui. buvons, rions et chantons,
Reprenons la vieille méthode :
Que les gais, gais, que les fions, fions,
Par nous reviennent à la mode.
Auprès du moderne caveau
On peut se faire entendre encore :
Buvons, et de notre cerveau
Des couplets joyeux von! éclore.
Fuyons ces rimeurs du grand ton,
Qui, fiers d une envieuse lyre,
Sont tristes dans une chanson,
Et joyeux dans une satire.
Aux traits lancés par les méchants,
Les méchants seuls trouvent des charmes
D'Épicure les vrais enfants
N'ont jamais fait verser des larmes.
Ailleurs, dans un couplet malin,
Qu'on raille une muse importune;
Au sot titré, par le dédain,
Qu'on fasse expier sa fortune.
Nous, usons mieux de nos loisirs;
Mes amis, voulez-vous m'en croire,
Bornons nos goûts et nos plaisirs
A rire, aimer, chanter et boire.
Lafefeé.
LAISSEZ-MOI BOIRE EN LIBERTÉ
Ain : Prcsen ! présent !
Malins auteurs, comblez l'arène
• in l'immortalisa Boileau ;
Baignez-vous dans son hippocrène,
Hoi, je n'aime pas lu.
lez-moi boire en liberté,
Je siais brave
Au fond de ma i
célébrité!
ez-moi boire en liberté I
Fillettes, je vous rends les armes
Quand le plaisir me tend la main,
Je subis la loi de vos charmes,
Mais je fuis celle de l'hymen.
Laissez-moi, etc.
Fameux disciples d'FscuIape,
Ne craignez jamais pour mes jours;
Mieux que vous, le jus d'une grappe
En éternisera le cours.
Laissez-moi, etc.
Petits héros de l'Angleterre,
Nos bras ne son! point courbai tus;
Ne rallumez doue plus la guerre,
Nous vous avons assez battus.
Laissez-moi, etc.
Sous l'étendard du fanatisme,
Croyants, hâtez-vous de marcher;
Combattez, frappez l'athéisme,
Mais ne venez pas me chercher.
Laissez-moi, etc.
Grands rois, le poids de vos couronnes
N'estjamais venu m'accabler,
Cependant, ainsi que les trônes,
Souvent on m'a vu chanceler.
Laissez-moi, etc.
Fils de Stamboul, où l'ignorance
De Bacchus a fait un tyran,
Aux buveurs qui peuplent la France
Vous n'apprendrez pas le Coran.
Laissez-moi boire en liberté,
Je vous brave
Au fond de ma cave;
Chaque automne ajoute à l'été :
Laissez-moi boire en liberté t
Chai -le* Lrpuuc
— Typ. de Piubi fili Ci lugi Lins, '■>.
~ ^M^teg^fi*
LA VARS0V1ENNE.
1831.
I! s'est levé, voici le jour sanglant;
Qu'il soit pour nous le jour de délivrance.
Dans son essor voyez notre aigle blanc
Les yeux fixés sur l'arc-en-ciel de France.
Au soleil de juillet, dont l'éclat fut si beau,
Il a repris son vol, il fend les airs, il crie :
Pour ma noble patrie,
Liberté, ton soleil, ou la nuit du tombeau!
Polonais, à la baïonnette !
C'est le cri par nous adopté ;
Qu'en roulant le tambour répète :
A la baïonnette !
Vive la liberté !
Guerre ! ... A cheval, cosaques des déserts !
Sabrons, dit-il, la Pologne rebelle ;
Point de Balkans, ses champs nous sont ouver Is
C'est au galop qu'il faut passer sur elle.
Haltel n'avancez pasl ces Balkans sont nos corps,
La terre où nous marcbons ne porte que des braves
Rejette les esclaves,
Et de ses ennemis ne garde que les morts.
Polonais, à la baïonnette I etc.
Pour toi, Pologne, ils combattront, tes fils,
Plus fortunés qu'au temps où la victoire
Mêlait leur cendre aux sables de iMemphis,
Où le Kremlin s'écroula sous leur gloire.
Des Alpes au Thabor, de l'Ebre au Pont-Euxin,
Us sont tombés vingt ans sur la rive étrangère;
Cette fois, ô ma mère !
Ceuxqui mourront pour toidormirontsur ton sein
Polonais, à la baïonnetle 1 etc.
Viens, Kosciusko, que ton bras frappe au cœur.
Cet ennemi qui parle de clémence.
En avait-il quand son sabre vainqueur
Noyait Praga dans un massacre immense?
Tout son sang va payer le sang qu'il prodigua;
Cette terre en a soif, qu'elle en soit arrosée ;
Faisons sous sa rosée
Reverdir le laurier des martyrs de Praga 1
Polonais, à la baïonnette 1 etc.
h.
_58
458
CHANSONS POPULAIRES,
Allons, guerriers, un généreux effort!
Nous les vaincrons; nos femmes les défient
0 mon pays! montre au géant du Nord
Le saint anneau qu'elles te sacrifient.
Que par notiv victoire il soit ensanglanté;
Marche! et tais triompher .m milieu des bataille-
L'anneau des fiançailles
Qui t'unit pour toujours avec la liberté.
Polonais, à la baïonnette! etc.
A nous, Français! Les balles d'Iéna
Sur notre sein ont inscrit nos services:
A Marengo, le fer le sillonna;
De Champ-Aubert comptez les cicatrices.
Vaincre ou mourir ensemble autrefois fut si doux I
Nous étions sous Paris. Pour de vieux frères d'armes
N'aurez-vous que des larmes?
Frères, c'était du sang que nous versions pour vous!
Polonais, à la baïonnette! etc.
0 vous du moins dont le sang glorieux
S'est dans l'exil répandu comme l'onde,
Pour nous bénir, mânes victorieux,
Relevez-vous de tous les points du monde!
Qu'il soit vainqueur, ce peuple, ou martyr comme vous ,
Sous lesbras du géant, qu'en mourant il retarde,
Qu'il tombe à lavant-garde
Pour couvrir de son corps laliberté de tous!
Polonais, à la baïonnette! etc.
Sonnez, clairons! Polonais, à ton rang!
Suis sous le feu ton aigle qui s'élance.
La liberté bal la charge en courant,
El la victoire est au bout de la lance.
Victoire à l'éï indard que l'exil ombragea
Des lauriers d Austerlitz, 'I''- palmes d'iduméel
- ne bien-aimée,
Qui vivra Bera libre, el qui meurt l'est déjà !
Polonais, à la baïonnette !
le Cri par nous adopté ;
Qu'en roulant le tambour répète :
A la baïonnette !
\ i\'- la liberté !
< UMlmlr T>clnvlgn<>.
-• :■::.. .:...- «
CHANT PATRIOTIQUE DUNE MÈKE.J
1830.
Le tambour bal!... le tocsin frappe,
Et trouble l'air...
Du bronze en feu la foudre échappe
Avec l'éclair...
Par mille clameurs, la patrie
Maudit, poursuit la tyrannie.
0 lils (ii- nus amours !
Va remplacer ton père :
Vole! vole! au secours
De ta seconde mère.
D'un pin- saisis l'héritage!
Son bras vainqueur
A doté ton jeune courage
D'un fer vengeur.
Un parjure dans ta pairie
Prétend fonder la tyrannie.
() fils, etc.
Du frère (pie ta main caresse
Sauve les droits !
Il te répète avec tendresse :
« Kntends ma voix,
«Gustave, affranchis la patrie
« Du sceptre de la tyrannie. ».
U lils, etc.
Pars! et laisse couler mes larmes...
Mon fils... adieu!...
Mon cœur materne] en alarmes
Va prier Dieu.
Pense à moi... pi nse à la patrie
En combattanl la tyrannie.
0 fils de oos amoursl
Va remplacer ton père ;
\ oie ! vole ! au secours
De la seconde mère.
Louis leslcaii
La musique, de l'auteur des paroles, Be trouve,
n Paris, chez L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-
Dame-dé Nazareth.
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
459
LE PEUPLE A SES REPRÉSENTANTS.
1848.
LA FRANCE.
0 liberté, fille de mon angoisse,
Surgis enfin de mes flancs déchirés,
Marche en déesse et que ta beauté croisse
Sur les débris des trônes abhorrés ;
Va triomphante, ô jeune souveraine !
A mes élus demander des autels ;
Chacun pour toi descendia dans l'arène,
Et combattra pour les droits immortels.
A nos accents que votre voix réponde,
Vous qui venez vous asseoir au saint lieu.
Représentants, fondez un nouveau monde,
Sous les regards et du peuple et de Dieu.
UN TRAVAILLEUR.
Législateurs, vous êtes l'avant-garde
Des peuples-rois marchant vers l'avenir,
En avant donc, l'univers vous regarde
Et tout un siècle est prêt à vous bénir.
Sous nos drapeaux lisez l'ardente plainte
Des cœurs navrés, de tous les fronts pâlis,
Délibérez sans haine, mais sans crainte.
Justice à tous ! les temps sont accomplis !
A nos accents, etc.
UNE FILLE DU PEUPLE.
Droit au travail, à nous, vierges de France.
Droit au travail et droit à la pudeur !
Du noir abîme où s'endort la souffrance,
La faim, pour nous, creuse la profondeur..
Délivrez-nous de la pâle misère,
Ange de mort qui plane sur nosvjours.
Nous envions l'heureuse et chaste mère,
Qui, sans rougir, confesse ses amours.
A nos accents, etc.
UN ENFANT.
Des temps futurs nous serons les cohortes,
Apprenez-nous les droits républicains :
Faites revivre en nous les âmes fortes,
MontFOz-nous Brute écrasant les Tarquins !
Les cœurs vaillants sont, dit-on, des refuges
Où vient en paix fleurir la liberté...
Rappelez-vous que nous serons vos juges,
Et que l'enfant, c'est la postérité !
A nos accents que votre voix réponde,
Vous qui venez vous asseoir au saint lieu.
Représentants, fondez un nouveau monde
Sous les regards et du peuple et de Dieu!
.Marc F ournier.
I ;i musique, de PaulHenrion, se trouve, à Paris,
chez M. Colombier, éditeur, 6, rue Vi vienne.
LA RÉPUBLICAINE.
1848.
Que ce cri, germe qui féconde,
Chez les tyrans sème l'effroi,
Et s'envole à travers le monde ; 1
Le peuple est roi! le peuple est roi! )
{bis.)
Sublime enfant, sous ta grossière écorce,
Que de grandeur! combien tu pardonnas
A ce vieux roi, qu'a terrassé ta force
Sur le pavé sanglant d'assassinats !
Il l'a voulu ; près du flot qui le roule,
Il n'entendra que ce terrible adieu :
Qu'est-ce donc? rien, c'estun trône quicroule,
Laissez passer la juftice de Dieu.
Que ce cri, etc.
Peuple, ton rôle est plus beau qu'aucun autre,
Des opprimés seconde les efforts ;
Par l'univers marche, fervent apôtre !
A tes pareils porte le pain des forts!
Va, méprisant un royal anathème,
Va, rédempteur, qu'attend l'humanité,
L'Europe est là! tu lui dois le baptême;
Va sur son front verser la liberté!
Que ce cri, etc.
460
CHANSONS POPULAIRES.
De vos enfants, beaux héros en guenilles,
Soldats d'un jour, au grand cœur, aux piedsnus
Après la lutte, au foyer des familles,
Beaucoup, hélas! ne sont pas revenus!
En les pleurant, ah ! jalousons leur tombe.
Car dans le camp de la fraternité,
Obscur hier, chaque martyr qui tombe,
Pour son linceul à l'immortalité I
' (bis.)
Que ce cri, germe qui féconde,
Chez les tyrans sème l'effroi,
Et s'envole à travers le monde ;
Le peuple est roi 1 le peuple est roi ! )
Kugène Wœstlii
La musique, d'Amédée Arthus, se trouve, à
Paris, chez L. Vieillot, éditeur, 32, rue Notre-
Dame-de Nazareth.
LA PARISIENNE.
1830.
Peuple français, peuple de braves,
La liberté rouvre ses bras;
On nous disait : Soyez esclaves 1
Nous avons dit : Soyons soldatsl
Suudain Paris dans sa mémoire
A retrouvé son cri de gloire :
En avant, marchons
Contre leurs canons,
A travers le fer, le feu des bataillons,
Courons à la victoire! (bis.)
Serrez vos rangs ! qu'on se soutienne I
Marchons! chaque enfant de Paris
De sa cartouche citoyenne
Fait une offrande à Bon pays.
0 jours d'éternelle mémoire !
ii .i plus qu'un cri de gloire :
Bn a\ant, marchons, etc.
I.a mitraille en vain nous ilévore :
Elle ••niante des combattants.
Sous les boulels voyez éclore
Ces vieux généraux de vingt ans.
(» jours d'éternelle mémoire!
Paris n'a plus qu'un cri de gloire :
En avant, marchons, etc.
Pour briser leurs masses profondes,
Qui conduit nos drapeaux sanglants ?
C'est la liberté des deux mondes,
C'est Lafayette en cheveux blancs.
0 jours d'éternelle mémoire!
Paris n'a plus qu'un cri de gloire :
En avant, marchons, etc.
Les trois couleurs sont revenues,
El la colonne avec fierté
Fait briller à travers les nues,
L'arc-en-ciel de la liberté.
0 jours d'éternelle mémoire 1
Paris n'a plus qu'un cri de gloire :
En avant, marchons, etc.
Soldat du drapeau tricolore,
D'Orléans, toi qui l'as porté,
Ton sang se mêlerait encore
A celui qu'il nous a coûté.
Comme aux beaux jours de notre histoire.
Tu rediras ce cri de gloire :
En avant, marchons, etc.
Tambours, du convoi de nos frères
Roulez le funèbre signal.
El nous de lauriers populaires
Chargeons leur cercueil triomphal.
0 temple de deuil el de gloire!
Panthéon, recuis leur mémoire!
Portons-I's, marchons,
Découvrons nos fronts,
Soyez, immortels, vous lousque nous pleurons
Martyrs de la \ ictoirel bis.)
i UNliiiir Dcluvlgiic.
La musique populaire, connue avant 1830, est
attribuera Auber, et se trouve notée au N. 2082 de
lu Clé du Caveau.
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
461
LE CID
Prêt à partir pour la rive africaine ,
Le Cid, armé, tout brillant de valeur,
Sur la guitare, aux pieds de sa Chimène,
Chantait ces vers que lui dictait l'honneur.
Chimène a dit : « Va combattre le Maure;
« De ce combat surtout reviens vainqueur.
« Oui . je croirai que Rodrigue m'adore ,
« S'il fait céder son amour à l'honneur. »
Donnez, donnez et mon casque et ma lance;
Je prouverai que Rodrigue a du cœur :
Dans les combats signalant sa vaillance ,
Son cri sera pour sa dame et l'honneur.
Maure vanté par ta galanterie ,
De tes accents mon noble chant vainqueur
D'Espagne un jour deviendra la folie ,
Car il peindra l'amour avec l'honneur.
Dans les vallons de notre Andalousie,
Les vieux chrétiens chanteront ma valeur;
11 préféra, diront-ils. à la vie
Son Dieu , son roi, sa Chimène et l'honneur.
Chateaubriand.
La musique, de Dalvimare, se trouve notée au
N. 464 de la Clé du Caveau.
AH! SI MA DAME ME VOYAIT.
Ah ! si ma dame me voyait I
S'écriait le brave Fleurange,
Se trouvant en péril étrange ,
Sous un fort qu'il escaladait. (bis.)
Portant i'étendard de la France,
En héros il le défendait,
Disant a chaque coup de lance :
Ah! si ma dame me voyait ! (bis.)
On fêta le preux chevalier.
Dans maints tournois et cour plénière;
Plus d'une beauté printanière,
Là, d'amour s'envint le prier. (bis.)
Ému d'un regard, d'un sourire,
Quelquefois son cœur chancelait ;
Puis à regret il semblait dire :
Ah i si ma dame, etc.
Fut blessé le preux chevalier,
Défendant l'honneur de la France,
Et, par un coup mortel de lance,
Renversé de son destrier. (bis.)
Se croyant à sa dernière heure ,
En soupirant, il répétait :
Loin d'elle faut-il que je meure !
Ah 1 si ma dame, etc.
0 vous ! l'espoir de mon pays ,
Descendant de ces preux fidèles.
Ah! prenez toujours pour modèles
Leurs hauts faits et leurs nobles dits. (bis.
Fleurange, puisse ta devise
Rendre tout chevalier parfait!
Et, comme toi, que chacun dise :
Ah ! si ma dame me voyait ! (bis.)
Paroles d'un anonyme.
Musique de Romagnési.
LE TAMBOURIN DU VALLON.
Adieu , vieux amis de la gloire ,
Courageux et nobles guerriers;
Adieu, trop flatteuse victoire,
Je neveux plus de tes lauriers. (bis.
Au son bruyant de la trompette,
Au bruit terrible du canon ,
Je préfère tendre musette
Et le tambourin du vallon. (bis.]
Je vais habiter la chaumière
Où je passai de si beaux jours,
462
CHANSONS POPULAIRES.
Je vais consoler mon vieux père ,
Revoir l'objet de mes amours. [bis.)
Au son bruyant de la trompette, etc.
Salul ! beau pays de la France ,
Salut! séjour délicieux;
Témoins de ma plus tendre enfance,
Je vous revois : je suis heureux, [bis.)
Au son bruyant de la trompette,
Au bruit terrible du canon,
Je préfère tendre musette
Et le tambourin du vallon. [bis.)
Paroles d'un anonyme.
Musique de Bérat.
LES TROIS COULEURS.
1830.
Liberté sainte, après trente ans d'absence,
Reviens, reviens, leur trône est renversé ;
Ils ont voulu trop asservir la France,
Et dans leur main leur sceptre s'est brisé,
Tu reverras cette noble bannière
Qu'en cent climats portaient tes flls vainqueurs,
Ils ont enfin secoué la poussière J
Qui ternissait [bis) tes brillantes couleurs, j ' ÎA]
Au bon plaisir, à la grâce divine
Va Buccéder, pour la leçon des rois,
lu droit plus vrai, tirant son origine
Des droits du peuple et restreint par les lois.
La charte en main, la France libre et fière
Pour l'avenir peut essuyer ses pleurs,
Le drapeau blanc roule dans la pous
Qui ternissait [bis] nos brillante- couleurs.
Soldats, enfanta de la même patrie,
On \ain serment, un devoir mal compris,
\ oui lit défendre une race Qétrie
Qui men lia son sceptre aux ennemis;
i à nous, plus de sanglantes guerres,
pardonnons malgré tous nos malheurs,
r Oui, désormais, tous les Français sont frères,
Car la colonne (bis) a repris ses couleurs.
Et vous, Français, dignes fils de la gloire,
Qui maintenant dormez dans le cercueil,
Si nous chantons après votre victoire,
Ah! dans qos cœurs, nous portons votre deuil.
De ce trépas que votre ame soit fière,
Car dans le temple ouvert en votre honneur,
La liberté déploîra la bannière
Dont votre sang [bis] retrempa la couleur.
Ah! puissions-nous des pages de l'histoire
Par notre sang pour jamais effacer
L'époque affreuse où, fatigués de gloire,
L'on nous vendit deu\ fois à l'étranger.
Si vous osiez vers nous de vos hordes fatales,
Fiers potentats, diriger les fureurs,
Sur leurs clochers toutes vos capitales
Verraient bientôt [bis) nos brillantes couleurs.
Adolphe Ulanc.
LE REVEIL DU PEUPLE.
1848.
Ajr des Trois Couleurs et de Noslritdamus.
Trompé, trahi par des Mentors esclaves,
Le pauvre peuple endurait les mépris;
On l'entourait de fossés et d'entraves,
Pour comprimer ses efforts et ses cris.
Mais, demi-nu, le Goliath s'éveille,
Dressant le poing qu'on voulait mutiler.
Abritez-vous I potentats de la veille!.. .
Le géant s'arme (bis ) '.... un trône va trembler I
Enfantai... la rue est le champ des alarmes,
I a trêve expire el bannit le repos 1. .
; n tendez-vous le cri : réformel., aux armes !
Ce cri se change en mill i qs d'échos;
paris armé se cou\ re d'embuscades ,
Tout s'amoncell i en rempart crénelé ,
Puis, au sommel des baul - barricades,
al monte (6w).„ un trône esl ébranlé.
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
463
Le tube en feu répond à la mitraille ;
Pour la retraite il n'est plus de chemins!
Le plomb mortel, criblant chaque muraille,
Vole en grondant sur les débris humains I...
Le glaive esl roi... la foudre est souveraine,
Sous leur niveau tout front doit se courber;
Frémissez tous... sur la sanglante arène ,
Le géant frappe [bis)... un trône va tomber!.
La troupe cède!... Amis, criez : victoire !
Le peuple uni déchire ses liens.
Déjà Clio, du temple de mémoire,
Jette un laurier aux héros plébéiens.
Pour conjurer son destin qui s'achève ,
L'orgueil du maître en vain s'est abaissé...
11 est trop tard! plus de paix! plus de trêve!.
Le géant marche [bis).... un trône est renversé.
Jetez au vent tout insigne perfide.
Devant qui l'homme exhalait son encens;
Trône doré, meuble inutile et vide,
Sers d'holocauste aux mânes des absents!
Puis, sur le sol souillé par la Bastille,
Frères! traînez ce siège ensanglanté...
Voyez! voyez! sur la flamme qui brille!...
Le géant souffle (bis)... un trôneest emporté!.
Louis Festeau.
BÉLISAIRE.
Les éléments combattaient dans les airs,
L'univers semblait se dissoudre ;
Seul, un vieillard, en défiant la foudre,
Errait sans crainte au milieu des déserts,
A l'infortune survivant.
Il répétait, dans sa misère,
Ces tristes mots emportés par le vent :
Donne une obole à Bélisaire.
Est-ce bien moi qu'on nomma si longtemps
Des Romains l'orgueil et la gloire?
Est-ce bien moi le fils de la victoire ,
Qui suis esclave et jouet des autans?
Ma voix , qui créa des héros ,
Ma voix, qui fit trembler la terre,
Ne sait donc plus que redire aux échos :
Donne une obole à Bélisaire?
Rome, à moi seul tu dois ton noble rang,
Tu dois l'éclat qui t'environne ;
Chaque laurier qui pare ta couronne ,
Pour le cueillir, je l'ai teint de mon sang ;
Et quand mes yeux avec succès
Veillaient sur ta grandeur précaire,
Un prince ingrat les ferma pour jamais :
Donne une obole à Bélisaire.
Vois cet enfant, qu'aux jours de ma grandeur
J'entourai de mon opulence,
Sous les lambeaux de la triste indigence
Anéantir son antique splendeur ;
Sur son visage on croit revoir
Le portrait de sa tendre mère;
Chacun l'admire, et je ne puis le voir!
Donne une obole à Bélisaire.
Pour moi , des deux les superbes flambeaux
Sont couverts de voiles funèbres ;
Le jour en vain dissipe les ténèbres,
Je reste , hélas! plongé dans le chaos.
Quand le printemps de ses couleurs
Vient revêtir cet hémisphère ,
Je ne saisis que le parfum des fleurs :
Donne une obole à Bélisaire.
Sois moins jaloux, orgueilleux conquérant,
Des lauriers qui parent ta tète !
Vois tu les miens, brisés par la tempête,
Se disperser au caprice du vent?
Au destin tu dictes la loi ,
Mais crains sa faveur passagère.
Peut-être un jour tu diras avec moi :
Donne une obole à Bélisaire.
Tu m'as proscrit , tu m'as cbargé de fers :
Ah! je te pardonne mes larmes ;
Je fais des vœux pour que tes nobles armes
Par leurs succès me ferment l'univers.
.
446
CHANSONS POPULAIRES
Mais quand s'éteindra le flambeau
De mon orageuse carrière ,
De quelques fleurs décorant mon tombeau ,
I tonne une larme à Bélisaire.
Uiuiic l»e!ireaui
LE RETOUR DU TROUBADOUR.
Du beau ciel d'Occitanie ,
Le troubadour est en ces lieux,
Disputant le prix glorieux
Des combats et de l'barmouie.
Un m'a dit que, sur celte 'erre,
Fleurissaient pour le troubadour,
Des palmes aux cliamps de la guerre,
Des myrtes aux champs de l'amour, [bis.)
Le troubadour est sans science,
Le troubadour est sans valeur;
Plaire n'est point son espérance,
Pour trésor il n'a que son cœur.
Le troubadour d'un doux servage
N'a point encor serré des nœuds,
Age d'amour est bien son âge ;
Pour aimer il faut être deux. [bis.)
On m'a dit aussi que la gloire
Formait souvent ces nœuds chéris;
Il faut donc chercher la victoire ,
Puisque l'amour en est le prix.
Si deux beaux veux, dans sa carrière,
Encourageaient le troubadour,
Il pourrait franchir la barrière
Que la gloire oppose à l'amour, [bis.}
Puroli m d'un uijouyiue.
LE BORISTHÈNE.
Pi ■ - du Jourdain un jeune troubadour,
igeanl ta Bouffi
Las de combattre, ainsi chantait un jour,
Les yeux tournés vers l'heureuse Provence :
Pays charmant ! jardin d'amour!
Où doucement coulait ma vie,
Vous ai-je quitté sans retour?
Ne verrai-je plus mon amie ? [sexies.)
A la faveur des ombres de la nuit,
Le camp des preux fut surpris suis défense,
Le troubadour, en servage réduit.
Chantait encor, regrettant la Provence :
Pays charmant! jardin d'amour !
Où doucement coulait ma vie,
Vous ai-je quitté sans retour ?
Ne reverrai-je plus mon amie?
.Mais Godefroy, du Sarrazin vainqueur,
A délivré les nobles (ils de l'iauce ;
Le troubadour, fuyant ces lieux d'horreur,
Chaulait, volant vers sa chère Provence :
Pays charmant! jardin d'amour !
Où doucement coule ma vie.
Point ne vous quittai .sans retour,
Et je vais revoir mon amie.
Dans le désert se frayant un chemin,
Le troubadour imprudemment s'avance,
La faim, la soif, et l'Arabe inhumain,
Le font mourir bien loin de la Provence.
Pays charmant! jardin d'amour!
Où doucement coula sa vie;
Il vous a quitté sans retour,
Et n'a pas revu son amie.
Ainsi naguère, épuisés de travaux,
Aux bords glacés du fatal Boristhène,
D'autres Français affrontaient mille maux
Pour regagner les rives de la Seine :
Vain espoir! vains soupirs d'amour!
Pleins de gloire ils perdent la vie,
Pour eux tOUl péril sans retour,
Ils n'ont pas revu leur amie.
J. Mtruutz.
I,i musique, de l'auteur des paroles, se trouve
M N. 1890 de la Clé du Caveau.
MMBHBMMM
Pari». - I vp. de Piixbi Dla atné, roc dea (irands-Aupustins, S.
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
465
LES ADlf.UX DU VIEUX SOLDAT.
1831 .
Je n' verrai plus la France, ma pairie;
De mon trépas bientôt l'heur' va sonner.
La mort n'est rien; soldat, je la défie;
Mais les Français doivent me la donner.
Quand les boulets sifflaient à mon oreille,
A Waterloo que n'ai-je pu périr!
Le tambourbat,fautnousquitter,la vieille, "j ... ^
Faut nous quitter... adieu, je vais mourir. )
Tu reverras mon père aux Invalides,
Annonce- lui la perte de son fils.
Essui' les pleurs qui coul'ront sur ses rides;
Dis que j' fus tué par la main des ennemis.
Quand le coup d' feu frappera ton oreille,
D'un peu de terre tu viendras me couvrir!
Le tambourbat,fautnousquiller,la vieille, ) ,
Fautnousquiiter... adieu, je vaismourir. )
Ins.
Il se pourrait? quoi! ce n'est pas un songe?
D'un joug affreux nous serions délivrés?
Si c'est un rêve, ô Dieu! qu'il se prolonge;
Prends en pitié mes esprits égarés.
Mon vieux drapeau, c'est bien toi que j'embrasse!
Ah! maintenant j' puis descendre au cercueil!
Frappez, amis; mais que c'drapeau.par grâce \
Au vieux soldat soit donné pour linceul. \ \t)is-l
Th. et II. Cogniard frères.
La Cocarde tricolore, vaudeville en 3 actes de
MM. Cogniard frères, en vente chez M. Tresse ,
éditeur, 213, galerie de Chartres, Palais- Royal.
Prix : 60 c.
La musique est de M. Bûcher.
IMOGINE ET ALONZO.
11 le faut, disait un guerrier
A la belle et tendre Imogine,
Il le faut ; je suis chevalier,
Et je vais à la Palestine.
Tu me pleures en ce moment,
Que ces pleurs ont pour moi de charmes I
Mais il viendra quelque autre amant,
Et sa main essuira tes larmes.
— Moi! t'oublier, non, non jamais,
Cher Alonzo, répond la belle ;
Mort ou vivant je te promets
De te rester toujours fidèle.
Si j'étais parjure à ma foi,
Que le jour de mon mariage,
A table, assis auprès de moi,
Mes yeux puissent voir ton image.
Que le fantôme d' Alonzo
Atteste ses droits sur mon âme,
Qu'il m'entraîne dans le tombeau
En disant : Elle était ma femme.
Douze mois se sont écoulés ;
Un baron de haute origine,
Par mille présents étalés,
Demande ia main d'Imogine.
L'éclat du nom et des bijoux
Eblouit la belle et l'enchante :
Il est accepté pour époux :
La fête arrive, elle est brillante.
Joyeux festin va commencer,
En chantant l'épouse nouvelle :
Chaque ami vient de se placer...
Un étranger est auprès d'elle.
Son air, son maintien, son aspect,
Et surtout sa taille imposante,
Semblent imprimer le respect,
Et je ne sais quelle épouvante ;
Son casque le couvrait si bien,
Que chacun en vain l'examine :
Immobile, il ne disait rien;
Mais il regardait Imogine.
D'un ton qui marque la >ayeur,
A l'étranger elle s'adresse :
123
466
CHANSONS POPULAIRES.
Baissez votre casque, seigneur,
Et partagez notre allégresse.
L'étranger se rend à ses vœux.
0 ciel ! ô surprise effroyable 1
Son casque ouvert, à tous les yeux,
Présente un spectre épouvantable 1
Pâle et debout, l'affreux géant
Dit à la tremblante lin igine :
Reconnais-tu bien maintenant
Alonzo, mort en Palestine?
Ta bouche autrefois lui jura
Qu'aux amants tu serais rebelle,
Tu disais : Il me trouvera,
Mort ou vivant, toujours fidèle.
Si j'étais parjure à ma foi,
Que le jour de mon mariage,
A table, assis auprès de moi,
Mes yeux puissent voir ton image.
Vois le fantôme d Alonzo :
Rends-moi mes droits, je les réclame ;
Suis-moi, je l'entraîne au tombeau.
Chevaliers, elle était ma femme.
Il saisit, de ses bras hideux,
Son infidèle qui l'implore :
Ils avaient disparu tous deux,
Et ses cris s'entendaient encore.
Le baron, pleurant jours et nuits,
Ne Burvécut point à sa perle,
Du château nui n'osa depuis
Habiter l'enceinte déserte.
Imogine y vient tous les ans
Dans ses habits de fiancée,
Poussant toujours des cris perçants,
'I onjours par le Bpectre embrassée.
Amantssans foi cœurs inconstants,
Qui faites un jeu du p. i jure,
Vo^ez quels affreux châtiments
De l'amour ont vengé l'injure.
l'iirolt-N «l'un 11110117111c.
LA ROSE ET LA CRfH K.
Beaux jours de la chevalerie,
Siècle de gloire et de plaisir,
Dans quelle douce rêverie
Me jette votre souvenir !
Ohl combien je chéris cet âge
Où les enfanls des vieux Gaulois,
Ivres d'amour et de courage,
Unissaient la rose à la croix.
Alors Dieu, le prince et les dames,
Mots sacrés pour les preux Français,
Gravés dans le fond de leurs âmes,
Leur étaient garants du succès ;
Jamais, du ciel et de leurs belles,
Ils ne séparèrent leurs droits,
Toujours constants, toujours fidèles
A la rose comme à la croix.
Allaient-ils dans la Palestine
Chercher des lauriers incertains,
Et purger la tombe divine
De l'aspect des fiers Sarrasins ?
Leur zèle pour la sainte cause
S'enflammait encore à la voix
Qui mettait pour prix à la rose
L'honneur d'avoir servi la croix.
Désormais, rendus intrépides,
Par l'espoir de cet heureux prix,
Nos guerriers, sous leurs coups rapides,
Renversaient tous leurs ennemis.
Après mille combats insignes,
Ils revoyaient enfin leur toit,
En se disant : nous sommes dignes
Et de la rose et de la croix.
Frères, de nos anciens modèles
Suivons l'exemple révéré ;
Que Dieu, notre prince el 1rs belles
Soient l'objet d'un culte sacré '■
Au vice affreux faisons la guerre,
Réduisons l'impie aux aboie,
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
BAYARD,
*67
Et sachons enfin, pour salaire,
Mériter la rose et la croix.
Paroles d'un anonyme.
LA LIBERTÉ.
On dit qu'il est une mâle déesse
Qui grandit l'âme avant la puberté,
Que chaque peuple accueille avec ivresse,
Que chaque roi repousse avec fierté ;
C'est une femme à la noire prunelle,
Au maintien noble, aux robustes appas.
Oh ! Liberté, que tu dois être belle,
Faible mortel, je ne la verrai pas.
C'est une vierge exempte d'infamie,
Dont le cœur seul ne bat que pour nos droits;
Fille du peuple, elle est née l'ennemie
Des préjugés de nos gothiques lois,
Stigmatisant d'une empreinte éternelle
Le front moqueur d'insolents renégats.
Oh! Liberté, etc.
Du prisonnier c'est la flamme vivante,
C'est sou espoir, son dieu, son univers,
C'est son amie, c'est son unique amante
Qu'il déifie en regardant ses fers.
Il l'idolâtre, il l'implore, il l'appelle
Même au moment d'un glorieux trépas.
Oh ! Liberté, etc.
Quand chaque roi tremble pour sa couronne,
Elle de fleurs diamante son front,
Puis en riant quand la foudre résonne,
Du monde esclave elle venge l'affront;
L'Égalité ne marche qu'avec elle.
Et la Raison sert de guide à ses pas.
Oh ! Liberté, que tu dois être belle,
Faible mortel, je ne la verrai pas.
Victor Leray.
1817.
Le preux Bayard , dans la lice guerrière,
Blessé d'un trait, fut dans Bresse alité;
Fille bien née, aimable prisonnière,
Vint à son lit dès qu'il fut en santé.
Bouquet en main elle s'approche,
Elle rougit avec candeur;
Ah! crois-tu, chevalier sans peur,
Prendre sa rose sans reproche?
Quelle rançon peut vous être payée!
Nous n'avons rien, dit-elle au boa seigneur :
Par mes parents je vous suis envoyée,
llsn'ontquemoi: monseul bien est l'honneur.
Bayard s'émeut... sa main approche
Ses yeux alarment sa pudeur;
La belle n'était pas sans peur
Près du chevalier sans reproche.
Elle pleurait, craintive demoiselle;
Bayard vit moins ses pleurs que sa beauté;
Dans tous ses sens une flamme nouvelle
De ce vainqueur trouble la loyauté.
Us étaient seuls, elle était proche
Du preux qu'égarait son ardeur :
Et Bayard n'était pas sans peur
De ne plus être sans reproche.
Vaincre en amour est bien douce victoire,
Pour ce héros, prompt à tous les combats;
Mais il s'arrête et pensant à sa gloire,
Dit à regret : maître de tant d'appas ,
De ton hymen le jour s'approche;
Prends cette dot, garde ta fleur;
Va, fuis le chevalier sans peur,
Et sois épouse sans reproche.
II. I.emcrcicr.
La musique, de Blanchard, se trouve Dotée
au N. 1700 de la Clé du Caveau.
*e*
CHANSONS POPULAIRES.
LES VOLONTAIRES DE 1792.
Par de vils émigrés
La France fut trahie,
Par des rois conjurés,
Sa terre est envahie;
Aux armes! empochons
Leur course meurtrière,
Des esclaves sachons
Punir l'audace allière.
Soldats d'hier, marchons ,
Marchons à la frontière.
{bis.
Marchons, marchons, marchonsàla frontière
La patrie en danger
Réclame nos courages;
Oui, nous saurons vengei
Ses maux et nos outrages.
Citoyens, nous vaincrons,
Et la palme guerrière
Omhragera nos fronts;
Marchons à la frontière!
Soldats d'hier, etc.
Plus de lâche repos ,
Enfants de l'industrie,
Courons sous les drapeaux
Pour sauver la patrie.
Dieu qui vois nos efforts,
Entends notre prière;
Fais-nous grands, fais-nous forts.
Marchons à la frontière.
Soldats d'hier, etc.
Halte! notre Paris
S'offre encore à la vue,
Contemplez ses toits gris,
Là-has sous cette nue.
Nous allons lui servir
De rempart, de barrière,
Pour vaincre ou pour mourir!
Marchons à la frontière,
Soldats d'hier, etc.
{bis.)
Mais si nous succombons
Dans cette œuvre si sainte,
Amis, nous tomberons,
Et sans peur, et sans plainte.
Honneur a qui mourrai
Demain la France entière
Sur leurs corps s'écrira :
Marchons h la frontière.
Soldats d'hier, marchons,
Marchons à la frontière,
Marchons, marchons, marchons à la frontière !
Charles Gllle.
La musique, de Jean Conte , se trouve chez
M. Challiot, éditeur, 352, rue Saint-Honoré.
LE VAILLANT TROUBADOUR.
Brûlant d'amour et partant pour la guerfe,
On troubadour, ennemi du chagrin,
Dans son délire, à sa jeune bergère,
Fn la quittant répétait ce refrain :
Mon bras à ma patrie,
Mon cœur à mon amie,
Mourir gaîment pour la gloire et l'amour,
C'est le devoir d'un vaillant troubadour.
Dans le bivouac le troubadour fidèle,
Le casque au front, la guitare à la main,
Toujours pensif, et regrettant sa belle,
Allait partout en chantant ce refrain :
Mon bras , etc.
Dans les combats déployant son courage,
Des ennemis terminant le destin ,
Le troubadour, au milieu du carnage,
Faisait encore entendre ce refrain:
Mon bras, etc.
Ce brave, hélas! pour prix de sa vaillance,
Trouva bientôt le trépas en chemin,
Il expira sous le fer d'une lance,
Nommant sa belle et chantant son refrain :
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
4G9
Mon bras à ma patrie,
Mon cœur à mon amie ,
Mourir gaîment pour la gloire et l'amour,
C'est le devoir d'un vaillant troubadour.
Paroles d'un anonyme.
La musique , de Sauvan, se trouve notée au
N. 1359 de la Clé du Caveau.
LE CHEVALIER FRANÇAIS.
Air : Français, voici le jour.
Tu me revois, disait Roger
A la noble et tendre Isabelle ;
Pour toi j'ai bravé le danger,
Et je reviens toujours fidèle.
Un troubadour, un chevalier français
Chante sous l'oriflamme
Ce doux refrain, gage de ses hauts faits :
Son Dieu, son roi, sa dame.
A mille assauts, dans cent combats,
Bravant et la foudre et l'orage,
J'ai rabaissé des potentats,
La fierté, l'orgueilleux courage.
Gai troubadour et chevalier français,
Le cœur plein de ma flamme,
Au champ d'honneur sans cesse j'invoquais
Mon Dieu, mon roi, ma dame.
Aux attraits de mille beautés
J'ai résisté pour Isabelle ;
Mes yeux éblouis de clarté
Se fermaient pour ne plus voir qu'elle :
Donne à Roger, le chevalier français,
Tout l'amour qu'il réclame,
Et dans le sien réunis à jamais
Son Dieu, son roi, sa dame.
Phébus se plonge dans les mers,
De ses feux le couchant se dore,
Je dois parcourir l'univers
Quand viendra la seconde aurore.
Gai troubadour et chevalier français,
Je vais contre Abdérame,
Redire encore en conquérant la paix .
.Mon Dieu, mon roi, ma dame.
Un doux baiser, brûlant d'amour,
Annonce à Roger sa victoire ;
Sa belle lui donne à son tour
Le plus beau fleuron de sa gloire.
Le troubadour, en chevalier français,
S'écriait a\ec âme :
Heureux qui peut servir avec succès
Son Dieu, son roi, sa dame.
Emile Debreaux.
L'ERMITE ET LE PALADIN.
1825.
Holà! qui frappe ? — Un noble paladin
Qui, sur sa route, assailli par l'orage,
S'en va mourir de fatigue et de faim,
Si vous n'ouvrez votre ermitage.
Sous votre toit hospitalier
Lui refuserez-vous un gîte ?
— Vous serez mal chez un ermite, i ,. . .
i i. \{ois.)
Excusez-moi, preux chevalier. (
A ce foyer allumé par bonheur
De votre cœur ranimez la faiblesse ;
Vous avez faim, mais, hélas! monseigneur,
Que puis-je offrir à Votre Altesse?
Un pauvre père à son foyer
N'eut jamais ni pot, ni marmite;
On soupe mal chez un ermite,
Excusez-moi, preux chevalier.
(bit.
Un pain grossier est mon seul aliment,
Mais d'un grand saint c'était hier la fête ;
Pour la chômer, j'ai fait expressément
Cuire la moitié de ma quête.
Ah ! c'est bien peu pour un guerrier
De votre rang, de grand mérite'
Vous serez mal chez un ermite |
Excusez-moi, preux chevalier. {
«70
CHANSONS POPULAIRES.
An môme instant sur le noyer poli
L homme de Dieu pose un coq de bruyère.
Un pâté froid, à moitié démoli,
Puis une truite encore entière.
— Peste! dit le noble guerrier,
Quel festin pour un cénobite !
—Vous vous moquez d'un pauvre ermite, )
Excusez-moi, preux chevalier. j ^*s'^
—Non, par ma foi, tous ces mets sont exquis:
Je m'y connais, mais dîtes-moi, mon p( re,
Quand vous fêtez les saints du paradis,
Ne buvez-vous que de l'eau claire 1
— De posséder certain cellier
Qu'en ce jour je me félicite !
Mais, hélas ! c'est du vin d'ermite, /
Excusez-moi, preux chevalier. j ^ )
L'ermite appelle, et tenant un flacon
Soudain paraît la gentille Gertrudc.
— Et quoi! mon père, un pareil compagnon
Embellit votre solitude?
— Ah! je sens bien qu'un bachelier
Lui trouverait peu de mérite,
Riais c'est assez pour un ermite, i , .
Excusez-moi, preux chevalier. j { ')
Joseph Servlères.
NE M'OUBLIKZ PAS.
1812.
Vous me quittez pour voler à la gloire,
Mon triste cœur partout suivra vos pas;
Ailes, volez an t< mple de mémoire
Suivez 1 honneur, et ne m'oubliez pas.
lésin comme à l'amour fidèle,
Suivez la gloire, évites le trépas;
Dans 1rs combat* où l'honneur voua appelle
/ heureux mais ne m'oubliez pas.
Que faire, bêlas! dans mes peines cruelles I
Couvert de gloire, après d'aflretu combats;
Vous y verrez tant de beautés nouvelles.
Vous leur plairez , ah! no m'oubliez pas.
Toujours vainqueur, oui, vous plairez sans cesse,
Mars el l'Amour partout suivront vos pas.
De \os succès gardez 1 1 douce ivresse,
Soyez heureux, mais ne m'oubliez pas.
Comte de Néjçur.
La musiijue, de Mme Ilortense de Bcauliarnais,
se trouve notée au N. 93s de la CléduCaveau.
BELISAIRE.
Ain de Garât.
Un jeune enfant, un casque en main,
Allait quêtant pour l'indigence
D'un vieillard aveugle et sans pain,
Fameux dans Rome et dans Byzance ;
Il disait à chaque passant
Touché de sa noble misère :
Donnez une obole à l'enfant
Qui sert le pauvre Bélisaire.
Je tiens le casque du guerrier,
Effroi du Goth et du Vandale ;
11 fut, dit-on, sans bouclier
Contre l'imposture fatale.
Un tyran lit brûler ses yeux,
Qui veillaient sur toute la terre;
La nuit voile à jamais les cieux
Au triste et pauvre Bélisaire.
L'infortuné, pour qui ma voix
S'élève seule et vous supplie,
Apre.- son char traîna les rois
De l'Afrique et de l'Italie.
On sait que, même en triomphant,
Il n'eut point d'orgueil téméraire;
Quand je le nomme il me défend
DH dire le grand Bélisaire.
Privé du plaisir des regards^
Le héros, qui rêve sa gloire,
CHANSONS PATRIOTIQUES ET C H E VALER ESQUES.
V71
Du monde et de tous ses hasards,
Voit le spectacle en sa mémoire.
Son jeune guide apprend de lui
Que la fortune est mensongère,
Et s'étonne d'être l'appui
Que Dieu laisse au grand Bélisaire.
IVep. Lemercier.
LES ADIEUX D'OSCAR A MALVINA.
Air de Beauvarlelchar'penlier.
Le cor retentit dans les bois ,
Fingal appelle son armée :
Il faut retourner aux exploits ;
Il faut partir, ma bien-aimée.
Ne verse point des pleurs d'amour ;
Mais prends la harpe de la gloire :
Bientôt nous serons de retour,
Sur les ailes de la Victoire.
L'azur du ciel est dans tes yeux :
Ton souffle est celui du zéphyre;
Le premier rayon lumineux
Est moins doux que ton doux sourire ;
L'albâtre de ton sein charmant
Du cygne efface le plumage.
Je suis ton époux, ton amant...
Et te laisse dans le veuvage.
Quand du milieu des Ilots amers
Sortira le char de l'Aurore,
Viens t'asseoir sur le bord des mers,
Aimable fille d'Inistore ;
Et si l'étranger orgueilleux
Voit son audace confondue,
Que mon vaisseau victorieux
Le premier bondisse à ta vue !
Mais si le sort trompe mes vœux,
S'il faut que ma valeur succombe,
Auprès du torrent écumeux,
Souviens-toi d'élever ma tombe.
Que mon père chante ma mort !
Qu'Oscar soit nommé dans ses fêtes l
Et que mon ombre, sans effort,
S'envole au trône des tempêtes l
Baour de Lormian.
ARIETTE DE TOUTE LA GRÈCE.
Où vont tous ces peuples épars ?
Quel bruit a fait trembler la terre
Et retentit de toutes parts?
Amis, c'est le cri du dieu Mars,
Le cri précurseur de la guerre,
De la guerre et des hasards :
Mourir pour sa patrie , [bis.)
C'est le sort le plus beau, le plus digne d'envie!
Français, laisserions-nous flétrir
Les lauriers de notre patrie ?
Sous le joug faudrait-il fléchir?
Aurions-nous vaincu pour souffrir
Un tel excès d'ignominie ?
Ah ! plutôt mille fois périr !
Mourir , etc.
Ces hordes que nos bras vengeurs
Avaient tant de fois terrassées,
Ces esclaves seraient vainqueurs l
Peuple libre, à les oppresseurs
Verrais- tu la France livrée ?
Non, j'en jure par ta valeur!
Mourir, etc.
Français ralliés à ma voix
Sous les lois qui sont votre ouvrage ,
C'est là l'égide de vos droits.
L'ennemi, vaincu tant de fois,
Provoque encor votre courage ;
Volez à de nouveaux exploits !
Mourir, etc.
472
CHANSONS POPULAIRES.
Entendez ce soldat vainqueur
Mourant d'une p.obl<- blessure...
« Amis ! pourquoi votre douleur?
« Le Bang qui coule au champ d'honneur
« D'un vrai guerrier c'est la parure ,
« C'est le g ge de sa valeur 1
« Je meurs, etc. »
Et toi seconde nos efforts,
Liberté! liberté chériel
Dirige nos bouillants transports ;
Osons affronter mille morts
Pour nous soustraire à l'infamie.
Chantons dans de nouveaux accords :
Mourons, etc.
Oui, j'entrevois le jour heureux
Où l'égalité triomphante
Rappellera les ris , les jeux ;
Plus de combats, de maux affreux.
Dans la France libre et puissante
Retentira ce ci i jo\ eux :
Vivre pour sa patrie , [bis.)
C'est le sort le plus beau, Le plus digne d'envie!
l>arok-N d'iiu uiionyuie.
AVANT TOUT LA PATRIE.
L'amour dans le cœur d'un Français,
L'amour est le bonheur suprême;
Tous les instants sont pleins d'attraits
Auprès de la beauté qu'il aime ; [bit.)
Mais au premier son du tambour
Il sacrifie
A sa patrie
Son bien . sa vie et son amour. (Ins.)
| quitter de son devoir
l ii bon Français trouve des charmes,
l le ion amante au désespoir
Lui-même il sail tarir les larmes
Mais au premier n etc.
Tout homme sage avec regret
S'arme pour frapper et détruire;
Toujours actif et toujours prêt,
lies maux de la guerre il soupire;
Mais au premier son, etc.
Qui sait délivrer son pays
Est vu comme un dieu sur la terre;
A l'objet dont il est épris
Le Français est jaloux de plaire; [bis.)
Mais au premier son, etc.
J'aime qu'on désire la paix ;
Aux humains elle est nécessaire.
J'aime qu'au déclin d'un jour frais
L'on s'égaie sur la fougère ; [bis.)
Mais je veux qu'au son du tambour
On sacrifie
A sa patrie
Son bien, sa vie et son amour.
l'ai-olcs d'un aiioit>me.
L'HONNEUR DU NOM FRANÇAIS.
Air de la Mère Picard-
Sur un refrain qui plaira sans peine
Je vais ici chanter quelques couplets,
Et joignez tous vos voix à la mienne
Pour soutenir l'honneur du nom français.
D'une beauté de l'antique Ibérie
Le beau Valmorse déclara l'amant,
Et cependant chaque jour on lui crie :
Vingt Espagnols l'ont tenté' vainement.
Oui , je le sais, à l'amour rebelle ,
Jusqu ii présent elle évita ses traits ;
Moi je prétends me faire aimer d'elle,
Pour soutenir l'honneur du nom français!
Le sombre Anglais, aux bonis de la Tamise,
Du dieu Bacchus a méconnu les droits,
El de poj U r le malheureux si; grise
Modestement par semaine sept fois.
Puris. — Typ. de Piu.ii Bit atnô, rue dci Grandt-Augustii
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
473
Tandis qu'ici chacun do nos frères,
Toujours joyeux, sans reculer jamais,
Dans les combats , au tintin des verres,
Peut soutenir l'honneur du nom français!
Divin Corneille, ô Racine, ô Voltaire!
Qu'est devenu votre noble talent!
Pourquoi faut-il que sur cet hémisphère
Vos noms, hélas! n'aient brillé qu'un instant!
Vous n'êtes plus, on vous pleure encore,
Mais pour calmer de trop justes regrets,
Plus d'un auteur, que la France honore,
Peut soutenir l'honneur du nom français !
Pendant trente ans j'ai servi ma patrie,
Dit le Français couronné de lauriers,
Et maintenant je vais finir ma vie ,
Tranquille enfin au sein de mes foyers;
Mais souviens-loi, cruelle Bellone,
Qu'en gémissant sur tes nombreux excès ,
Nous serons là, si le canon tonne,
Pour soutenir l'honneur du nom français!
Pourquoi faut-il que la sage Minerve
A mon oreille ici vienne crier :
N'est- il pas temps de suspendre ta verve?
Ta faible voix pourrait nous ennuyer.
Je vais me taire. Ah ! puissiez-vous dire :
Mes chers amis, tolérons ses couplets ;
Point de rigueur, il a pris la lyre
Pour soutenir l'honneur du nom français!
Éniile Debreaux.
LE SOLEIL DE LA RÉPUBLIQUE.
Toi, dont la lumière éclatante
Dissipe les plus sombres nuits;
Toi, dont la chaleur bienfaisante
Fait naître les fleurs et les fruits ;
Dans la course périodique
Des points de la ligne écliptique,
Où des peuples tu fais l'espoir,
Soleil ! puisses-tu ne rien voir
D'aussi grand que la République!
Beautés plus fraîches que l'aurore,
Venez vous joindre à nos drapeaux;
Déployez votre voix sonore,
Entonnez des hymnes nouveaux;
Du fond de sa grotte rustique,
Faites dire à l'écho Belgique,
Dès l'aube du jour jusqu'au soir ;
Soleil! puisses-tu ne rien voir
D'aussi grand que la République!
De nos guerriers couverts de gloire
Chantons les exploits immortels;
Pour éterniser leur mémoire,
Partout élevons des autels ;
Qu'un obélisque magnifique,
Dressé dans la place publique,
A l'univers fasse savoir,
Soleil! que tu ne peux rien voir
D'aussi grand que la République!
Mères tendres, que votre exemple
Se propage dans l'univers ;
Que le nom d'époux, dans ce temple,
Soit consacré par nos concerts :
Qu'à vous imiter l'on s'applique,
Répétez d'un ton énergique,
En remplissant votre devoir :
Soleil ! puisses-tu ne rien voir
D'aussi grand que la République!
Que le repos soit le partage
Des vieillards courbés par les ans,
Et qu'ils se voient d'âge en âge
Renaître dans leurs descendants;
Que notre jeunesse pudique
S'élève à la vertu stoïque,
Et chante en comblant notre espoir :
Soleil! puisses-tu ne rien voir
D'aussi grand que la République I
Honorons les hommes célèbres,
Qui, par leurs sublimes écrits.
130
71
474
CHANSONS POPULAIRES.
Ont su dissiper les ténèbres
Où l'on retenait nos esprits ;
Que sur une urne métallique
On grave l'éloge historique
De leurs vertus, de leur savoir :
Soleil ! puisses-tu ne rien voir
D'aussi grand que la République!
Mortels, qui suivez en tumulte
Des fanatiques égarés,
Aux vertus rendez un vrai culte,
Les sentiers vous sont préparés;
Fuyez l'erreur théologique,
Qu'on entende, au lieu d'un cantique
Forgé pour mieux vous décevoir :
Soleil! puisses-tu ne rien voir
D'aussi grand que la République!
Ce temple, où l'horrible imposture
Versait à grands flots son poison,
Nous dicte une morale pure
Par la bouche de la raison :
L'homme, abhorrant le sens mystique,
Dans un long sommeil léthargique,
Ne craindra plus de se revoir :
Soleil! lu ne pourras rien voir
D'aussi grand que la République!
Montrons-nous toujours redoutables
Dans la plus grande adversité ;
Républicains inébranlables,
Combattons pour la liberté;
Armés pour la cause publique,
Apprenons au corps germanique
Que le peuple a seul tout pouvoir :
Soleil! puisses-lune rien voir
D'aussi grand que la République I
Sans relâche lançons la foudre
Sur les rois, d'orgueil euii
B8-l( b rentrer dans la poudre,
D'où Le destin les a tii
Dans cette ligue despo ique,
Forçons chaque tyran inique
A dire dans son désespoir :
h ae mu voir
and que la République!
Prêtres, brigands, parlementaires,
Malgré tous vos complots pervers,
Les peuples deviendront nos frères ;
Comme nous ils rompront leurs fers ;
Du pôle arctique à l'antarctique
On entendra ce chant civique,
Que l'homme libre doit savoir :
Soleil! puisses-tu ne rien voir
D'aussi grand que la République !
Liberté! douce bienfaisance!
Égalité! fraternité!
Formez une étroite alliance,
Par l'indivisibilité,
Sous l'unité démocratique,
Des vertus l'austère pratique
Aura sur nos cœurs tout pouvoir :
Soleil! tu ne pourras rien \ « > i r
D'aussi grand que la République)
Avec une mâle assurance,
A l'univers offrons nos lois;
Cimentons notre indépendance
En brisant le sceptre des rois ;
Pleins d'un amour patriotique,
Détruisons le joug lyrannique,
Et foulons aux pieds l'encensoir :
Soleil! puisses-tu ne rien voir
D'aussi grand que la République !
lloruinltei't,
La musique est de l'auteur des paroles.
HYMNE A LA LIBERTÉ,
1850.
Vierge divine, altière et pure,
Des peuples, immortelle sœur ;
Chaste Bile de la nature,
Salut a la mâle splendeur !
C'est par loi, c'est par la puissance
Que l'univers régénéré
Des irésors de l'indépendance
A c [uia le pacte Bacré !
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
475
Reine de tous lestemps, soleil de tous les mondes,
Symbole de grandeur, de force et de fierté,
Toi qui creusas pariout les empreintes fécondes,
Gloire à ton noble empire, ô sainte Liberté!
Jadis dans les champs de la gloire,
C'est loi, sublime et noble sœur,
Qui sur l'aile de la Victoire.
Guidas notre étendard vainqueur!
Si des despotes sanguinaires
Osaient s'avancer menaçants,
Ce que tu fis pour nos vieux pères,
Tu le ferais pour leurs enfants !...
Reine, etc.
Ton nom fait rougir les esclaves
Comme il fait pâlir les tyrans ;
C'est ton nom qui transforme en braves
Les hommes lâches et tremblants ;
A Ion nom, les fières couronnes
Se brisent aux pavés fangeux ;
Et les bases des plus vieux trônes
S'effondrent en éclats poudreux.
Reine, etc.
Liberté! que ton fier génie
Préside à nos rudes travaux ;
Qu'avec la paix et l'harmonie
S'engendrent des destins nouveaux!
Et que les peuples de la terre,
Bénissant ton règne éclatant,
Proclament l'unité prospère
Dans un sublime embrassement!
Reine de tousles temps, soleil de tous les mondes,
Symbole de grandeur, de force et de fierté,
Toi qui creusas parlout tes empreintes fécondes,
Gloire à ton noble empire, ô sainte Liberté !
Félix Motittet.
MARENGO.
Air : De nos soldats les palmes de la gloire.
Toi , dont le front trahit les cicatrices,
Bon voyageur, arrête ici tes pas.
Quel- âge as-tu? — J'ai trente ans cl scnice,
Et dès quinze ans je volais aux combats.
— Es-tu Français? — Je vais porter en Grèce
Le noble fer qu'ébrécha Waterloo.
— Sais-tu quel sol ton pied foule et caresse?
Incline-toi, c'est ici Marengo !
Te souviens-tu de ce mortel auguste
Qu'avec orgueil cite encor le Français?
Les fils du Nil l'appelaient Sultan-Juste ;
Nous l'honorions sous le nom de Desaix.
Ah! disait-il, au sein de la souffrance,
Le seul regret que me laisse Clotho ,
C'est d'en avoir trop peu fait pour la France.
Incline-toi, c'est ici Marengo 1
Reconnais-tu cette plage immortelle
D'où le tonnerre un jour s'est élancé ?
Combien de fois l'Europe trembla-t-elle
Devant l'orage en ces lieux amassé?
Pour s'étourdir, de ce champ de victoire
Des rois en vain ont bâillonné l'écho.
Dieu sur l'airain a gravé notre histoire.
Incline-toi, c'est ici Marengo!
N'est-ce pas là qu'un jour l'aigle superbe,
Foulant aux pieds le pacte de nos droits,
Leva son front longtemps caché sous l'herbe,
Et le ceignit du bandeau de nos rois.
Mais pour mourir sur les bords de la Loire,
Pourquoi quitter le rivage du Pô?
Ici du moins tout reflétait ta gloire.
Incline-toi , c'est ici Marengo !
Là! ce géant, cet Atlas de notre âge,
Qui de son nom fatigua l'univers,
Donnant l'essor à son jeune courage,
Du monde entier rivait déjà les fers ;
Plus tard, hélas! ce nouvel Alexandre,
Contre un pavois échangea son drapeau;
Mais l'Océan a dévoré sa cendre.
Incline-toi, c'est ici Marengo!
Incline-toi, jamais champ de bataille ,
Depuis mille ans, ne l'a mieux mérité :
Là nos soldats , criblés par la mitraille,
Tombaient au cri : Vive la liberté!
476
CHANSONS POPULAIRES.
D'un or vénal jamais leur main flétrie
N'a marchandé le prix de leur tombeau;
Ils sont tous morts, oui, morts pour la patrie!
Incline-toi, c'est ici Marengol
F.milc Dcbreaux.
LE BONNET DE LA LIBERTÉ.
1833.
Aih : Pour obtenir celle qu'il aime.
Peuples esclaves de la mode,
Et de la gloire, et du plaisir,
Pour nous n'est-il pas plus commode
D'avoir des bonnets à choisir, [bis.)
Couronnons-nous aux jours de fêtes
Des roses de la volupté :
Lesdieuxn'ontpasfaitpournos têtes
Le bonnet de la Liberté.
(bis.
Sachant bien qu'à certaine grille
En veste il ne passerait pas,
Le dimanche vers la Courlille,
L'ouvrier dirige ses pas. (bis.)
Tandis qu'il sable une piquette,
Dont les rois n'ont jamais goûté,
te plaisir change sa casquette
lin bonnet de la Liberté.
(bis.
Grâce aux saints d'un nouveau calibre
Oui vont réformer l'univers,
Voyez déjà la femme libre
Mettre son bonnet de travers, (bis.)
Leur religion fait merveille ;
Suivant ses dogmes la beauté
Porte sur le coin de l'oreille
Le bonnet de la Liberté.
\{bis.)
Ma Lisette à qui j'aime à plaire
A la tèle près du bonnet,
Aussi chaque jour je tolère
Nouveaux chapeaux, aouveau béret. (6m.)
Sur ce beau front que je décore,
Pour lire : amour, fidélité,
Je ne tolère pas encore \ .
Le bonnet de la Liberté j^ '
Liberté, la fière Bellone
Monte sur ton trône de fer ;
Nos fils au pied de la colonne
Ont jeté ton bonnet en l'air! (bis.)
Un prince prudent, économe,
Substitue en notre cité
Le petit chapeau du grand Homme I
Au bonnet de la Liberté. i
(bis
Dieu nous garde des bonnetades
De ce citoyen sans défaut,
Qui met pour plaire aux camarades
Un bonnet rouge s'il le faut ! (bis.)
Demain qu'une cour l'environne,
11 aura bientôt adapté
Les diamants de la couronne ) ,. . .
Au bonnet de la Liberté. j ''
0 vous qui pensiez sur le marbre
Voir aussitôt vos noms inscrits,
En juillet vous plantez un arbre,
D'autres en recueillent les fruits, (bis.)
Au destin sachez vous soum ttre,
Allons, captifs, de la gaîté !...
En prison on vous laisse mettre
Le bonnet de la Liberté.
J*
il.)
Vive la Liberté légère
Qui ne met qu'un chapeau de fleurs!
Loin de nous l'horriBle mé
Qui tend une coupe à nos pleurs ! (bis.)
Ici nous n'avons poinl «à craindre
Son chaperon ensanglanté :
Un vin rosé suffit pour teindic
Le bonnet de la Liberté.
[bit.
Jacqulu.
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
477
CHANT DU RETOUR.
Contemplez nos lauriers civiques ;
L'Italie a produit ces fertiles moissons;
Ceux-làcroissaient pournous au milieu des glaçons;
Voici ceux de Fleurus, ceux des plai nés belgiques.
Tous les fleuves sur pris nous ont vus triomphants;
Tous les jours nous furent prospères;
Que le front blanchi de nos pères
Soit couvertdes lauriers cueillis par nos enfants.
LE CHOEUR.
Tu fuslonglempsreffroi,soisramourde la terre
0 république des Français'
Quelechautdes plaisirs succède auxcrisdeguerre :
La victoire a conquis la paix.
LES VIEILLARDS.
Chers enfants, la tombe des braves
Réclame ces lauriers moissonnés par vos mains;
Vos frères,comme vous, ont vaincu les Germains,
Délivré les Toscans, les Belges, les Bataves.
Au séjour des héros, parvenus avant vous,
Ils y tiennent vos palmes prêtes :
Leurs mânes célèbrent nos fêtes ;
Unis à nos concerts , ils chantent avec nous :
Tu fus longtemps, etc.
LES BARDES.
Les Germains vaincus applaudissent.
Les bardes de la France ont élevé leur voix;
Leur lyre prophétique a chanté vos exploits,
Et de vos noms sacrés les siècles retentissent.
La victoire a plané sur vos fiers étendards;
Chargés de ses palmes allières,
Venez , loin des tentes guerrières,
Goûter un doux repos sous les palmes des arts.
Tu fus longtemps, etc.
LES JEUNES FILLES.
Guerriers, votre dot est la gloire.
LES GUERRIERS.
Unissons par l'hymen et nos mains et nos cœurs.
LES JEUNES FILLES.
Et l'hymen etl'amoursontlo prix des vainqueurs.
LES GUERRIERS.
Formonsd'autres guerriers; léguons-leur la victoire.
LES GUERRIERS ET LES JEUNES FILLES.
Qu'un jouràleursaccents, à leurs yeux enflammés,
On dise : Ils sont, enfants des braves.
Que sourds aux tyrans, aux esclaves,
Ils accueillent toujours la voix des opprimés.
Tu fus longtemps, etc.
UN GUERRIER, UN BARDE, UN VIEILLARD,
UNE JEUNE FILLE.
Grand Dieu, c'est ta main qui dispense
La gloire et la vertu , bienfaits dignes du ciel;
La victoire descend de ton trône éternel ;
Par toi la liberté vint luire sur la France.
N'éteins pas, Dieupuissant. ses rayons précieux ;
Que d'âge en âge la patrie
Soit libre, puissante et chérie;
Et que nos descendants bénissent leurs aïeux.
LE CHOEUR.
Tu fus longtemps l'effroi, sois l'amour de la t^rre,
0 république des Français !
Que le chant desplaisirssuccède auxcrisdeguerre:
La victoire a conquis la paix.
J. Cheuier.
LE DESTRIER.
Le soir, brunissant la clairière ,|
Les oiseaux rentraient dans les bois,
Et la cloche du monastère
Tintait pour la dernière fois.
478
CHANSONS POPULAIRES.
Au sein d'une forêt obscure,
Seul , égaré . loin <lu senlier,
Marchant, errant à L'aventure,
N'entendant plus dans la nature
Que les pas de mon destrier. (bis.)
Quand soudain s'ofTrii à ma vue
La jeune beauté du hameau ;
Quelle est, lui dis-je, l'avenue
Qui peut me conduire au château?
Suivez le long de la fougère,
A droite de ce coudrier;
Elle était belle , la bergère ,
Sa voix était douce et légère,
Et j'arrêtai mon destrier.
Et loi, pastourelle, à cetie heure,
Où vas-tu ? le ciel est si noir.. .
Reste avec moi : dans ta demeure
.lirai te conduire ce soir.
A mes côtés viens prendre place,
Sous la feuille du coudrier;
Et dans ses bras je me délasse ,
Entre ses beaux bras j'entrelace
Les rênes de mon destrier.
Non, non, car je suis fiancée :
Dans lmii jours on m'enchaînera.
Sa main dans la mienne placée
Tout doucement la retira.
Adieu, mon aimable bergère,
Adieu! mais encore un baiser.
J'ai quille ma eharmante belle
Tristement je m'éloignai d'elle.
Ralentissant mon destrier.
Au château, rendez- vous fidèle,
Je revins le huitième jour.
Portant à l'épouse nouvelle
I.a croix d'or, présent du retour.
— Où esi doue la belle bergère?
■ .1 l'ermite hospitalier.
— Pas bien loin , dit le solitaire;
Pas bien loin de vous... gong la terre
Que foule rotre destrier.
l*nroleH d'un nnoiM me.
SAINTE-HÉLÈNE.
Air : C'est Lconie.
J'ai dit au chef de nos vieux matelots :
Quel est ce roc embrassé par les flots9
TTn saint respect succède à l'insolence;
Je vois les fronts s'incliner en silence.
De ces rochers quel est donc le renom?
Quelle est cette, tombe sans nom?
A qui furent ces armes?
-Ron voyageur, verse des larmes
Ici mourut Napoléon.
j [bis
Vous qui vingt fois tombâtes à ses pies,
Levez enfin vos fronts humiliés!
De vos bandeaux secouez bien la poudre
Qu'avait sur eux fait rejaillir sa foudre
A force d'or, ebassé de l'horizon,
L'aigle est mort dans une prison
Serrant encor ses armes.
Bon voyageur, etc.
Ah! pouvait-il porter longtemps des fers,
Lui dont les pas ont usé l'univers?
J'ai vu tomber sa tête profanée,
Comme à Jésus d'épines couronnée.
Lui, qui vingt ans fil trembler Albion ,
Put-il voir dans l'inaction
Rouiller ses nobles armes.
Bon voyageur, etc.
Lui qui trouvait le monde trop petit,
Dans ef déserl le destin l'engloutit;
Mais il fui grand sur ces humbles muraille-
Corameà Madrid, au Kremlin, à Versailles.
Quoiqu'il habite au manoir de Plutoii,
L'univers brille encor, dit-on,
lui reflel de ses armes.
Bon voyageur, etc.
Voilà le pie d où perçant les brouillards,
i\ encor cherchaient nos étendards;
\ oila le roc où . nouveau Promélhée,
il vu ronger sa gloire épouvantée.
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
479
Il eût pourtant béni ce Phlégéton
S'il eût pu voir son rejeton
Jouer avec ses armes.
Bon voyageur, etc.
En écoutant ces accents de douleurs,
Je m'écriai, les yeux baignés de pleurs :
Fuyons, fuyons cette île meurtrière;
Mais avant tout j'écrivis sur la pierre:
« Ab ! fussiez-vous de Sparte ou d'Ilion ,
« Pourrez-vous, sans émotion ,
« Envisager ses armes.
« Bons voyageurs, versez des larmes: 1 ,, . ,
« Ici mourut Napoléon. » I
Emile Dcbreaux.
PHILOCTETE.
181'
Dans un désert entouré par les flots,
Abandonné sur une plage aride,
De cris aigus un compagnon d'Alcide
Fait retentir les rochers de Lemnos.
Naguère amant favori de Bellune ,
Mortel fameux par ses destins divers,
Qui mérita sa gloire et ses revers,
Honneur des Grecs, la Grèce l'abandonne!
0 Philoctèle ! ô héros malheureux !
Combien le sort éprouve ta constance !
Toi, qu'entouraiejitla grandeur, la puissance,
Te voilà seul en ces climats affreux.
Ah! du destin la colère assouvie
Doit mettre un terme à ton adversité;
Eh quoi! l'exil et la captivité,
Termineraient une si belle vie!
Tu reviendras , vaillant fils de Pœas,
Tu reviendras, et mon âme inspirée
Te voit déjà d'une flèche acérée
Frapper Paris et venger Ménélas.
Puisse à ce prix te suivre la victoire,
Nos vieux guerriers reconnaître ta voix,
La Grèce entière admirer tes exploits,
Et l'univers applaudir à ta gloire.
Itlureillac.
LE SUFFRAGE UNIVERSEL.
1850.
Air : Je préfère la Marseillaise.
Ou du Remouleur (Louis Festeau).
O sainte Révolution !
Ta resplendissante auréole
Brille sur chaque nation :
Dans l'immensité ton char vole!
Poursuis ton cours providentiel,
Ta mission apostolique !
Gloire au suffrage universel!
Vive la République ! ! !
Gloire au suffrage universel !
Vive !
Vive la République !! !
Tu déchires le voile épais
Qui nous dérobe l'abondance :
De toi naîtront les arts, la paix,
Le vrai bonheur, l'indépendance!
Du travail l'essor fraternel
Étend sa puissance magique...
Gloire au suffrage universel !
Vive la République! Il
Gloire, etc.
Le parasitisme usurier
Est la lèpre qui nous dévore;
La famille de l'ouvrier
Repaît ce nouveau Minotaure...
A chacun le droit immortel,
Droit social et politique !
Gloire au suffrage universel!
Vive la République ! ! !
Gloire, etc.
tSS
CHANSONS POPULAIRES.
On ne craindra plus dans Paris
Que le canon se fasse entendre:
Le suffrage, une fois compris,
Désormais saura nous défendre.
Le vote est un boulet réel
Qui sape le monde gothique !
Gloire au suffrage universel I
Vive la République ' ! !
Gloire, etc.
Peuples, Dieu vous a révélé
Les tristes fruits de la vengeance...
Le sang des martyrs a coulé
Pour cimenter l'intelligence 1
Partagez le pain et le sel,
Suivez le code évangélique.
Gloire au suffrage universel!
Vive la République! !!
Gloire au suffrage universel 1
Vive!
Vive la République !! !
I mile Va ri n.
VAINCRE OU MOURIR POUR LA PATRIE.
1821.
Aia de l'Etoile du courage.
Le canon tonne, tu l'entends,
C'est la voix de la France en larmes ;
Je la servis pendant Lrente ans,
A ton tour a prendre les armes ;
Je le transmets avec l'honneur
Ces mois que tout bon Français crie,
Quand le sort trahit sa valeur :
Vaincre ou mourir pour la patrie.
Comme ton père, sois soldât,
Méprise une sanglante glo
terrible dans le combat,
Sois humain après la victoire.
On ne doit se souiller jamais
Par le pillage ou l'incendie,
Lorsque l'on veut, en bon Français,
Vaincre ou mourir pour la patrie.
Au sein des palais embrasés,
Songe à la sœur, à ton amante ;
Qu'à ces noms, tes sens maîtrisés
Respectent la vierge tremblante.
Si tu franchissais ee rempart,
Dis-moi si ta bouche flétrie
Oserait dire avec Bayard :
Vaincre ou mourir pour la patrie.
Quand tu verras sous les drapeaux
Ces guerriers sans peur et sans tache,
Dont les vents septentrionaux
Ont blanchi la brune moustache ;
Admire de ces anciens preux
Les rides, la mâle énergie :
Sois lier de pouvoir avec eux
Vaincre ou mourir pour la patrie.
Pour le prouver que le soldat
Peut s'illustrer par son courage,
Au rang des premiers de l'État,
Vois briller les preux de notre âge ;
Rappelle-loi que ces héros,
En Egypte, en Prusse, en Russie,
Pour devise avaient pris ces mots :
Vaincre ou mourir pour la patrie.
Si, malgré vos exploits vainqueurs,
Un jour l'inconstante Bellone
Vous accablait de ses rigueurs,
Souviens-toi du mot de Cambronne ;
Donne une larme à ton drapeau,
Un soupir à la douée amie,
Kl répète jusqu'au tombeau :
Vaincre ou mourir pour la patrie.
Emile i><-li ren m.
Parifl. — Typ. de PlLUI lils atné, rue des Cramls-Au^ustins, r>.
ROLAND.
Le roi des preux, le fier Roland,
Français, au danger vous appelle;
Auprès de son glaive sanglant
Marche la Victoire fnèle.
Le paladin et les soldats,
Nobles enfants de la vaillance,
Chaînaient, en allant au combat :
« Vive le rui ! vive la Fr ance ! »
En vain les Maures valeureux
Opposaient leur triple barrière,
Roland s'est élancé sur eux,
Ils ont tous mordu la poussière.
« Sont-ils nombreux leurs escadrons?
S'écriait un jeune trompette.
Roland dit : « Nous les compterons
« Le lendemain de leur défaite. »
Et nous qui marchons sur ses pas,
Nous que la même ardeur anime,
Français, dans les jours de combats.
Suivons cet exemple sublime!
Que son feu brûle dans nos cœurs;
Que la victoire nous devance;
Et répétons ces mots vainqueurs :
« Vive le roi ! vive la France ! »
Houtlai t.
Musique deDalvimare.
LA REDINGOTE GRISE.
Air nouveau de M. lieinnass.
Ou : Voilà com' ça s' termine.
Quand vous savourez les plaisirs
A l'ombre d'une treille,
Je sais que nos vieux souvenirs
Sont chers à votre oreille.
131
Donc j'ai compté sur votre appui,
Je vous le dis avec franchise,
Car je vais chanter aujourd'hui,
La redingote grise.
Amis, pourquoi le déguiser?
Nous fîmes une école
En voulant naturaliser
Chez nous la carmagnole :
Mais notre engoùnent s'arrêta,
Et l'Europe nous fut soumise
Sitôt que la Franceadopta
La redingote grise.
Ce vêtement exempt d'orgueil,
Aux regards du vulgaire,
Ne présente au premier coup d'oeil
Rien d'extraordinaire.
Pourtant l'on vit assez souvent,
En des jours qu'en vain on méprise,
La pourpre s'incliner devant
La redingote grise.
Quand l'Europe sur ses coteaux
Voyait briller la foudre,
Diadèmes, sceptres, et manteaux,
Etaient réduits en poudre.
Et quand des plus riches atours
La splendeur était compromise,
Le boulet respectait toujours
La redingote grise.
Enfin, quoiqu'elle eût bien souffert
Du Nil jusqu'à la Luire,
Le feu, les frimas et le fer
Ont respecté sa gloire.
Contre elle on eut beau conspirer,
Tant que la France en fut éprise,
Rien ne put jamais altérer
La redingote grise.
Tant qu'elle sut mettre nos droits
Au-dessus des entraves.
Nous finies du manteau des rois
Des habits pour nos braves.
489
CHANSONS POPULAIRES.
Mais on arrêta notre essor
Lorsqu'aux enfants de la Tamise
On eul livré, pour un peu d'or,
La redingote grise.
Celui qui \ingl ans la porta.
Depuis les Pyramides,
A Sainte-Hélène l'apporta,
Ah Dieu! quels invalides!
Lui qui vit devant son flambeau
Pâlir les foudres de l'Église,
Ne quitta que pour le tombeau
La redingote grise.
Depuis des rois ont essayé
Ce vêtement sans faste ;
Mais leur espoir fut mal payé,
La coupe en est trop vaste [Ois.)
On a beau la rapetisser,
A Vienne on voit, quoi qu'on en dise,
L'enfant qui peut seul endosser
La redingote grise.
Éralle Debreaux.
LES MOUTONS.
Ai» du vaudeville de la Partie Carrée.
Ou du Dieu des bonnes gens (Béranger .
Dans un pays que chacun peut connaître,
Au temps jadis vivaient nombreux troupeaux ;
Mais les bergers voulaient, comme le maître,
Dlmer, tailler, tondre jusqu'aux agneaux.
Pour s affranchir de ce joug tributaire,
La gent qui Inde unjour se révolta.
Pauvres moulons, ohl vous avez beau faire,
Toujours on vous tondra.
Crande rumeur! on prit les chiens pour guide.
; gémir sous de nouveaux tyrans.
On vit bientôt cette race perfide
Déformer en des loups dévorants.
Jour de terreur! Leur rage sanguinaire
Sur ce beau sol trop longtemps s'exerça.
Pauvres moutons, ohl vous ave/, beau l'aire,
Toujours on vous Ion Ira.
Sire lion, d'un courage indomptable,
Vint à régner en ce temps désastreux.
Gloire, revers, splendeur trop peu durable,
Ont signalé son empire orageux.
Le léopard trembla dans son repaire;
Mais que d'agneaux ce triomphe coûta!
Pauvres moutons, oh I vous avez beau faire,
Toujours on vous tondra.
On vit bientôt mille hordes sauvages
Fondre du Nord sur ces bords désolés;
On s'adjugea de riches pâturages
Pour secourir des frères accablés.
Le reste échut au fermier solidaire,
Qui par traités en toisons s'acquitta.
Pauvres moutons, oh ! vous avez beau faire,
Toujours on vous tondra.
Robin mouton, favori du despote,
Eut après lui la bergerie à bail.
Flatteur adroit et fourbe patriote,
A l'étranger il vendait le bercail.
On paya bien son zèle mercenaire;
Il voulait paître et paître on l'envoya. .
Pauvres moutons, oh ! vous avez beau l'aire,
Toujours on vous tondra.
Ah! quand pourrai -je aux rives de la Seine
Voir nos moutons jouir d'un sort plus doux,
El pour eux seuls fertilisant la plaine.
Croître et bondir sans 1 1 crainte des loups!
En altendanl cet appui Lulélaire
Que chaque maître à son tour promettra,
Pauvres moulons, oh! vous avez beau faire,
Toujours on vous tondra.
florin
La millique, de I' •• trouve notée au
N. 333 de la ("lé du Caveau.
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
W3
GASTON DE FOIX.
vik de Lambert.
C'en est donc faitl au sein de la victoire
Ce héros a perdu le jour!
Immortelle comme sa gloire,
Fidèle, ainsi que. notre amour,
La douleur dont je suis saisie
Ne finira qu'avec ma vie.
0 mon héros, Gaston de Foix !
L'écho seul répond à ma voix.
Gaslon n'est plus! Je dois le suivre;
Vivre sans lui ce n'est plus vivre :
Oui, chaque jour c'est mourir mille fois !
Tous ces honneurs quel'on rend à ta cendre,
Les justes regrets d'un grand roi,
Les larmes que tu fais répandre,
La France en deuil, voilà pour moi
Le seul bonheur qu'en sa colère
Le ciel m'ait laissé sur la terre.
0 mon héros , Gaslon de Foix !
L'écho seul répond à ma voix.
Gaston n'est plus! etc.
Dans ce château, sous ces murs vénérables,
Près des tombeaux de mes aïeux,
0 souvenirs ineffaçables !
Gaston, je reçus tes adieux.
Hélas! ici ta main tremblante
Pressa la main de ton amante!
0 mon héros, Gaston de Foix!
L'écho seul répond à ma voix.
Gaslon n'est plus! etc.
Tu me disais : 0 ma chère Amélie,
Tu me verras à mon retour
Plus digne encor de mon amie;
A mon roi, l'honneur el l'amour,
A la gloire de la patrie
N'ai-je pas dévoue ma vie?
0 mon héros, Gaston de Foix!
L'écho seul répond à ma voix.
Gaston n'est plus! etc.
Amani chéri, les fastes de la gloire
Ht les annales des Français
Eterniseront la mémoire :
Ton nom ne périra jamais.
Tu vivras toujours pour la France,
Dont tu surpassas l'espérance.
O mon héros, Gaston de Foix!
L'écho seul répond à ma voix.
Gaston n'est plus! etc.
Mais pour l'amour, ô perte irréparable!
Gaston, j'avais reçu ta foi ;
Je dois seule être inconsolable :
Hélas! tu n'es mort que pour moi!
J'ai le droit d'inonder de larmes
Les lauriers acquis par les armes.
O mon héros. Gaston de Foix!
L'écho seul répond à ma voix.
Gaslon n'est plus, je dois le suivre;
Vivre sans lui, ce n'est plus vivre :
Oui, chaque jour, c'est mourir mille fois
Comtesse de Gculia.
LA TOMBE D'EUGÈNE.
1824.
Hier, dans le céleste empire,
Jupiter dit au père des neuf Sœurs :
Cher Apollon, brise la noble lyre,
Ou voile-la du crêpe des douleurs.
Loin de la France un demi-dieu succombe;
Toi qui jadis célébras ses hauts faits,
Ah ! sème encor, au nom des bons Français,
Des immortelles sur sa tombe.
Désertant jadis la bannière
Hue mainte fois illustra sa valeur,
Plus d'un soldat, dont la France était fine,
Contre de l'or échangea son honneur.
Mais le guerrier, sur qui ma foudre tombe,
N'a jamais su ni flatter ni trahir,
Aussi partout il obtient un soupir.
Et dans tous les cœurs une tombe.
4H
CHANSONS POPULAIRES.
Que ce beau nom : le prince Eugène,
Décore seul la tombe du héros;
Et je suis sur que jamais capitaine
Ne la verra sans prononcer ces mots •
Pour lui former une digne hécatombe,
Chaque Français jadis offrit son cœur'
Rendons hommage à la gloire, au malheur
Inclinons-nous devant sa tombe 1
Va, More, de ta douce haleine
Fertiliser le *"1 de son tombeau :
Que le laurier, le cyprès et le chêne.
Autour do lui se forment en berceau;
Que le lilas en guirlande y retombe,
Et quand les vents gronderont à l'enlour,
Doux souvenirs et de gloire et d'amour
Planeront encor sur sa tombe.
Et vous, légers enfants d'Eole,
Volez, zéphyrs, volez chez le Français,
Puisque de tout la gloire le console,
Par ces accents peignez-lui nos regrets.
De posséder le héros qui succombe.
Quoique de nous chacun doive être fier,
Sachant combien aux mortels il fut cher,
Les dieux ont pleuré sur sa tombe I
Autour de l'urne funéraire,
Quand vous aurez enlacé mainte fleur.
Suspendez-y l'étoile qui, naguère,
Trop peu d'insiantsa brillé sur son cœur;
Puis de Vénus la gentille colombe,
Quand le printemps aux mortels sourira,
En voltigeant, tous les matins ira
Semer des roses sur sa tombe!
l'arolen d'un anonyme
L'AUTEL DE LA PATRIE.
Eh quoi ! tu peux dormir encore I
N'entf nds-tu pas ces cris d'amour f
Éveille-toi, voici l'aurore,
Mon fils, voici ton plus beau jour.
C'est à l'autel de la patrie
Que tu vas marcher sur mes pas :
Cours à cette mère chérie
Qui l'appelle et t'ouvre ses bras.
Mon fils, vois-tu ce peuple immense?
Comme il accourt de toutes parts !
De ces guerriers chers à la France
Vois-tu flotter les étendards?
C'est à l'autel de la patrie
Que l'amour dirige leurs pas;
Tous vont à leur mère chérie
Se dévouer jusqu'au trépas.
Dans les regards brille une flamme
Qui plaît à mon cœur paternel;
Ouvre les yeux, fixe ton âme
Sur ce spectacle solennel.
C'est à l'autel de la patrie
Qu'il faut consacrer tes quinze ans;
Et c'est là que l'honneur le crie
D'apporter tes premiers serments.
Tu l'as fait , ce serment auguste,
Devant la Irance et devant moi;
Tu serviras, vaillant et juste,
Ton pays, nos droits et la loi.
C'est à l'autel de la patrie
Que tu viens de le prononcer ;
Plutôt cent fois perdre la vie
Que de jamais y renoncer.
Il est d'autres serments encore
Qu'exigent ton père et l'honneur
Un Dieu puissant que tout adore
Va bii'iitùt appeler ton cœur;
Mais sur l'autel de la patrie
A la beauté jure en ce jour
Que jamais sa vertu flétrie
Ne gémira de ton amour.
Si d'une belle, honnête et sage,
Tu sais un jour te faire aimer,
Le nœud sacré du mariage
Est le seul que tu dois former ;
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
485
Mais à l'autel de la patrie
Courez tous les deux vous unir;
Que jamais votre foi trahie
N'ordonne au ciel de vous punir.
Dans cette chaîne fortunée ,
Si tu deviens père à ton tour ,
Pour premier don, si rhyménée
Accorde un fils à ton amour,
Offre à l'autel de la patrie
Ce fruit heureux de ton lien :
Dans ton cœur c'est elle qui crie
Qu il est son fils comme le lien.
Tu vois ce fer d'un œil d'envie;
Jl doit un jour armer tes mains :
De lui souvent dépend la vie
Ou la mort des faibles humains.
C'est à l'autel de la patrie
Qu'il faut le suspendre aujourd'hui;
N'y touche pas qu'elle ne crie :
« Prends ce fer, j'ai besoin de lui. »
Quand le temps, qui marche en silence .
Par d'imperceptibles efforts
Aura miné mon existence
Et décomposé mes ressorts,
C'est sous l'autel de la patrie
Que tu creuseras mon tombeau :
Est-ce perdre en entier la vie
Que de rentrer dans son herceau?
Desforges.
BERTRAND AU TOMBEAU, DE NAPOLEON.
1821.
Avant de quitter le rivage
Où dort pour jamais un héros,
Bertrand , près du rocher sauvage,
A sa tombe adresse ces mots :
C'est donc là que le dieu du monde
A vu ses beaux jours se flétrir;
Sur un roc , au milieu de l'onde,
Le sort le condamne à mourir. {bis.)
Ah ! donnez-lui, compagnons de sa gloire,
Seulement une larme, un soupir par victoire,
Et plus que lui jamais Français | ,. .
N'aura coûté de pleurs et de regrets, i ^ tS''
Après avoir contraint la terre
A trembler vingt ans sous ses pas,
Ici le rival du tonnerre
Fut forcé d'enchaîner son bras.
Après avoir lancé la foudre,
J'ai vu l'oiseau de Jupiter,
Ici, presque réduit en poudre,
Courber un front longtemps si fier, [bis.
Ah ! donnez-lui, etc.
Celui qui du haut des colonnes
Forçait les rois à se cacher ,
Celui qui donnait des couronnes,
A pour tombe un creux de rocher;
Celui qui balançait Dieu même,
Hélas! le vainqueur des vainqueurs,
Tombé loin de son diadème,
N'a plus d'autels que dans les cœurs, (bis.'
Ah ! donnez-lui, etc.
Du monde on a vu les provinces
A ses pieds brûler leur encens ;
Il eut pour esclaves des princes,
Et des rois pour ses courtisans.
Partout où grondait son tonnerre
Les peuples venaient l'adorer;
Il est rentré dans la poussière,
El moi seul ose le pleurer. (bis.)
Ah! donnez-lui. etc.
Lorsque sonna sa dernière heure
Un nuage obscurcit mes yeux,
Et dans la céleste demeure
J'aperçus tous nos demi-dieux.
Tous ces preux, qu'en France on regrette ,
Tendaient les bras à ce héros,
Et la mort, planant sur sa tète,
Pleurait sur les coups de sa faulx. (bis )
Ah ! donnez-lui , etc.
486
CHANSONS POPULAIRES.
Moi, qui partageai son martyre,
A l'Europe qui l'acheta.
Couvert de son sang j'irai dire :
« Vous que sa gloire épouvanta ,
« Êies-vous contents de l'épreuve
« Qui l'a plongé dans le cercueil ,
« Et permettrez-vous que sa veuve,
'< Son fils et moi portions son deuil? » (fci's.
Ah ! donnez-lui, etc.
Ou grand homme que je regrette,
Refusant tout bienfait nouveau,
Je ne veux qu'une violette
Qui croisse au pied de son tombeau.
Avec moi j'emporte ses armes,
Nul monarque n'y touchera :
Encor couvertes de mes larmes
Un jour son fils les portera. (bis.)
Ah! donnez-lui, etc.
Adieu, dernier espoir des braves I
Le destin me dicte la loi
D'aller vivre au sein des esclaves
Qui jadis rampaient devant toi.
Mais quand finira ma carrière ,
Que l'on m'accorde dans ce lieu
Près de ta tombe un peu de terre :
C'est là mon seul et dernier vœu. [bis.)
Ah! donnez-lui, compagnons de sa gloire,
Seulement une larme, un soupir par victoire
Et plus que lui jamais Français ) ,
N'aura coûté de pleurs et de regrets. )
Emile Debrcaux.
ROLAND A RONCEVAUX.
Où courent ces peuples épars !
Quel bruit a lait tremblei la terre
Et retentit de toutes parts?
Amis, c'est le cri du dieu Mars,
Le cri précurseur de la guerre,
De la gloire et de ses hasards.
Mourons pour la patrie!
C'esl le sort le plus beau, le plus digne d'envie.
Voyez-vous ces drapeaux flottants
Couvrir les plaines, les montagnes.
Plus nombreux que la fleur des champ.-:'
Voyez-vous ces fiers mécréants
Se répandre dans nos campagnes
Pareils à des loups dévorants?
Mourons pour la patrie !
(Test le sort le plus beau, le plus digne d'envie.
Combien sont-ils? combien sont-ils?
Quel homme ennemi de sa gloire
Peut demander combien sont-ils?
Eh! demande où sont les périls,
C'est là qu'est aus>i la victoire.
Lâches soldats, combien sont-ils?...
Mourons pour la patrie!
C'est le sort le plus beau, le plus digne d'envie.
Suivez mon panache éclatant,
Français; ainsi que ma bannière,
Qu'il soit le point de rallîmenl;
Vous savez tous quel prix attend
Le brave qui dans la carrière
Marche sur les pas de Rdland.
Mourons pour la pairie I
C'est le sort le plus beau, le plus digne d'envie.
Fiers paladins, preux chevaliers,
El toi, surtout, mon frère d'armes,
Toi, Renaud, la Oeur des guerriers,
Voyons de nous qui les premiers,
Dans leurs rangs portant les alarmes,
Rompront ce mur de boucliers...
Mourons pour la patrie!
C'est le sort le plus beau, le plusdigne d'envie
Courage, enfants! ils Boni vaincus:
Leurs coups déjà se ralentissent,
Leurs bras demeurent suspendus...
Courage, ils ne résistent plus.
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHE VALERESQU ES.
487
Leurs bataillons se désunissent ;
Chefs et soldats sont éperdus...
Mourons pour la patrie I
C'est le sort le plus beau, le plus digne d'envie.
Quel est ce vaillant Sarrasin ,
Oui, seul, arrêtant notre armée,
Balance encore le destin?
C'est Altamor ! .. c'est lui qu'en vain
Je combattis dans l'Idumée.
Mon bonheur me l'amène enfin!...
Mourons pour la patrie!
C'est le sort le plus beau, le plus digne d'envie.
Entends-tu le bruit de mon cor?
Je te défie à toute outrance :
M'entends-tu, superbe Altamor?
Mon bras te donnera la mort;
Ou si je tombe sous ta lance,
Je m'écrirai , fier de mon sort :
Je meurs pour la patrie!
C'est le sort le plus beau , le plus digne d'envie.
Je suis vainqueur! je suis vainqueur 1
En voyant ma large blessure,
Amis, pourquoi cette douleur?
Le sang qui coule au champ d'honneur,
Du vrai guerrier c'est la parure;
C'est le garant de la valeur;
Je meurs pour la patrie!
C'est le sort le plus beau, le plus digne d'envie.
Gloiixt't «le l'islc.
C'est ce chant patriotique qui ainipiréàMM.Du-
maset M iquet le cliœur des Girondins que nous
avons insère dans notre première série.
La musique est de l'auteur des paroles.
ODE SUR LA MORT DE MIRABEAU.
Beaux arts qu'inventa le génie,
Unissez vos divins efforts;
Lugubre et touchante harmonie,
Fais-nous entendre tes accords;
Marbre, obéis à Praxitèle;
Toile , rends celte âme immortelle
Que les dieux semblaient inspirer;
Et toi , Muse patriotique,
Chante le funèbre cantique :
Un grand homme vient d'expirer!
Cité que chérit Ara phi tri te,
Il attend de toi des autels;
Sur tes bords sa gloire est écrite
En caractères immortels.
Par son éloquence puissante,
De notre liberté naissante
Je vois les ennemis vaincus :
Le despotisme en vain conspire,
Le peuple ressaisit l'empire
Aux accents d'un nouveau Gracchus.
Sur une scène encor plus belle,
Au nom du peuple et de la loi,
Je l'entends, plein du même zèle ,
Répondre à l'esclave d'un roi.
Je vois son courage indomptable
Dénoncer au trône équitable
Les crimes de ses favoris,
Lorsque des guerriers mercenaires,
Dans leurs exploits imaginaires.
Menaçaient les murs de Paris.
Silence, organes de l'envie ,
N'outragez plus notre soutien :
Songez que la France asservie
A vu Mirabeau citoyen.
De ses vertus républicaines,
Les fers, les cachots de Vincennes
N'ont point abattu la fierté :
C'est là que son mâle génie ,
Sous la main de la tyrannie,
De loin fondait la liberté.
Couvre-toi d'un voile funèbre,
Témoin de ces brillants succès ,
Tribune que rendit célèbre
Le Démosthène des Français.
La France , mère inconsolable,
Pour celte perte irréparable,
i88
CHANSONS POPULAIRES.
A pris ses vêtements de deuil.
Ah! puissent des honneurs si justes
Consoler ses mânes augustes
Dans le silence du cercueil!
Adoptez ces luguhres marques,
Français qui chérissez les lois;
On porte le deuil des monarques :
Un seul grand homme vaut cent rois.
Ce Franklin qui , dans l'Amérique,
Fit régner la raison publique,
Au monde était plus précieux
Que tous ces princes dont la gloire
Expire et s'éteint dans l'histoire
Dès qu'on leur a fermé les yeux.
En vulgaires humains féconde,
La nature, à tous les instants,
Sème en foule , au milieu du monde
Des esclaves et des tyrans;
Mais quand l'argile qu'elle anime
Enveloppe un esprit sublime
Et le cœur allier d'un héros ,
Son sein , qu'un tel effort accable,
N'enfante un prodige semblable
Qu'après un siècle de repos.
Jour d'épouvante! heure suprême!
Du peuple l'immortel appui
Expire au sein du peuple même,
En s'occupant encor de lui.
La douleur le trouve impassible ;
D'un front serein, d'un œil paisible
Il envisage son trépas,
Et son âme ferme et sublime
S'agrandit en voyant l'abîme
Qui vient île s'ouvrir sous ses pas.
Au fond de la nuit éternelle,
Parmi les ombres descendu,
Il voit la douleur BolenneUe
Des citoyens qui I ont perdu.
Pans et la patrie entière
Voui, dans sa demeure dernière,
Déposer le grand Mirabeau !
Ses re>ies, que h- peuple adore,
11 les voit triompher encore
Et des tyrans et du tombeau.
La France a-t-elle, avant notre âge,
Honoré ces mortels divins,
Dont l'esprit est un héritage
Recueilli par tous les humains?
Ils mouraient : leur cendre sacrée,
Par l'amitié seule entourée,
Marchait vers le funèbre lieu ;
Tandis qu'une pompe insolente
Accompagnait l'ombre sanglante
D'un Louvois ou d'un Richelieu.
Des grands hommes de la patrie
Nous venons les mânes un jour,
Famille imposante et chérie,
Habiter un commun 'jour.
Tel, au milieu des sept collines,
S'élevait sous des mains divines,
Ce temple superbe et vanté
Où, par la piété romaine,
Dans les murs de la cité reine
On vit l'Olympe transporté.
Ennemis de la tyrannie,
Visitez ces augustes lieux;
Vertus, raison, talents, génie,
Voilà vos patrons et vos dieux !
Souvent la nation nouvelle,
Offrant un hommage fidèle
A ces mânes idolâtrés,
Viendra, sur la chose publique,
Consulter la pal.ie antique
Au fond des monuments sacrés.
Toi que la France désolée
Appelle en vain dans ses regret?,
Mirabeau, de ton mausolée
J'ornerai du moins les cyprès :
Lorsque la fatale journée,
Par chaque printemps ramenée,
Renouvellera nos douleurs,
.le chanterai tes nobles veilles,
Et sur le marbre où tu sommeilles
Tu sentiras couler mes pleurs.
Chénler.
Paris. — I fp. 'Ip Pii.i.rt (ils iilné, rue dos Grands-Augustin*, fi.
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
489
MONTEBELLO.
Air : De Roland.
Pourquoi de ces tristes flambeaux
L'éclat pàlil-il nos murailles?
C'est pour le convoi d'un héros
Trappe de l'airain des batailles :
Monlebello, nouveau Roland,
A vu terminer sa carrière ;
Du moins ce ne fut qu'en mourant
Que son front toucha la poussière.
Donnez, donnez, soldats français,
Des pleurs à sa cendre chérie,
Et surtout n'ouDliez jamais
Qu'il est tombé (&.„; pour sa patrie, {bis.
Au fracas du bronze en éclats
L'univers semblait se dissoudre,
El sur le front des potentats
Nos soldats balançaient la foudre;
Quand, jaloux d'illustrer son bras,
Ce brave parut dans l'arène,
Kt Mars, dès ses premiers combats,
Plaça son nom près de Turenne.
Donnez, donnez, etc.
Toujours de la France occupé,
Immobile au sein des alarmes,
Celui-là jamais n'a rampé
Devant son ancien frères d'armes.
Nos enfants se rappelleront
Que devant le preux qu'on regrette,
Lorsque les rois courbaient leur front,
Lui seul osa lever la tête.
Donnez, donnez, etc.
Vous dont le cœur toujours altier
De Mars insulte les victimes,
Dans la tombe de ce dernier
Oserez-vous chercher des crimes ;
C'est en vain que vous tenteriez
De flétrir un jour sa mémoire,
Les traits que vous lui lanceriez
Se briseraient contre sa gloire.
Donnez, donnez, etc.
Ses enfants seront glorieux
De sa mort, de ses hauts faits d'armes,
Et déjà brille dans leurs yeux
Un sourire au milieu des larmes ;
Ils peuvent dire avec orgueil :
Si nous perdons notre espérance,
De notre père au moins le deuil
Est porté par toute la France.
Donnez, donnez, etc.
Adieu!... modèle des héros.
C'est le cri de l'Europe entière :
Adieu I... mais, hélas! à ces mots,
Des pleurs inondent ma paupière...
Eh! que dis-je..., et pourquoi gémir
Sur le preux qui meurt pour la Fiance :
Dès qu'il rend le dernier soupir
Son immortalité commence.
Donnez, donnez, soldats français,
Des pleurs à sa cendre chérie,
Et surtout n'oubliez jamais
Qu'il est tombé {bis) pour sa patrie, [bis.
Emile Deltreaiix.
La musique, de M Lui, se trouvenotee au N. 436
de la Clé du Caveau.
A ROUSSEAU.
1791.
Aie : Ce fut par la faute du sort.
Tandis que de la liberté
Paris célèbre la conquête,
D'un ami de l'humanité
Que ce jour soit aussi la fête !
Rousseau nous révéla nos droits :
C'est à sa profonde éloquence
Que l'on doit le trésor des lois
Dont ou vient d'enrichir la France.
Du feu pur de l'humanité
Animant toujours son langage,
122
n. - :.',
490
CHANSONS POPULAI RES.
Pour le peuple, persécuté,
Rousseau déploya son courage.
C'est pour lui qu'il se déclara ;
Et, sorti de son esclavage,
Au grand homme qui l'en tira
Ce peuple entier doit son hommage.
Que d'autres flattent les guerriers,
Nous révérons aussi leur gloire ;
Mais le sang qui teint leurs lauriers
Taclie trop souvent leur mémoire.
Rousseau, par de sanglants exploits,
N'a point affligé la nature :
11 fut l'apôtre de ses luis,
Et comme elle sa gloire est pure.
L'erreur dans de vieux préjugés
Avait plongé la France entière :
Rousseau nous en a dégagés
lui nous prodiguanl la lumière;
Mais, effrayé de ses leçons,
Le monstre de la tyrannie,
Dans les cachots que nous foulons,
Voulut engloutir son génie.
Ces cachots, tombés sous nos coups,
De leurs débris jonchent la terre :
Oh ! que ne peut-il avec nous
Les voir couchés dans la poussière 1
Ce lieu détruit, homme immortel,
Te rend un éclatant hommage,
Et ses ruines sont l'autel
Où nous révérons ton image.
E,efèvre.
Ces coujjlcts lurent chantés sur les débris de la
Bastille, devant le buste de J.-J. Rousseau, le 14
juillet 17'Jl.
COUPLETS DE L'ORIFLAMME.
Issu d'un noble chevalier,
Raoul en es lieux prit naissance ;
A peine il sortait de l'enfance
Qu'il soulevait le bouclier.
Et portait le glaive et la lance.
Pour voler aux champs de l'honneur
11 quitte sa mère chérie,
S'écriant : Je serai vainqueur,
Ou je mourrai pour ma patrie I
Mais tandis qu'au pays lointain
Raoul signale son courage,
Ivre de fureur et de rage,
Dans nos champs l'affreux Sarrasin
Sème la moit et le ravage.
Raoul arrive triomphant;
Sa voix terrible nous rallie ;
Chacun le suit en s'écriant :
Il faut mourir pour la patrie I
Il s'abandonne à sa fureur :
Dans ses mains le glaive étincelle;
Il repousse au loin l'infidèle ;
Mais un fer le frappe, ô douleur !
Le héros s'arrête et chancelle.
Couvert des ombres du trépas,
11 dit d'une voix attendrie :
Sur mon destin ne pleurez pas,
Amis, je meurs pour la patrie !
Baoui-'E.oritiitui et Etienne
La musique duMéhul, Paer, Kreutzer et Bcrton.
LE PRINCE EUGENE.
1819.
L'aurore à la moitié du monde
Lançait à peine un faible demi-jour
Quand ledieu Mars, en comuiençanlsa ronde,
Vint me crier : « Ne dors plus, troubadour;
« Toi qui jadis dans les bois, dans la plaine,
a Fia retentir un doux et noble chant,
« Reprends ta harpe et tresse sur-le-champ
Une couronne au prince Eugène.
« Il fut jadis un prince Eugène ,
« Votre ennemi, quoiqu'il naquit Français,
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
49*
« Ce fut, dit-on, un vaillant capitaine,
« Qui sur la France obtint plus d'un succès;
« On n'entend plusauxbordsde l'Hippocrène
« En son honneur chanter ce nom si heau.
« Et c'est encore un triomphe nouveau
« Que vous devez au prince Eugène.
« Enfant chéri de la victoire,
« Voilà le nom qu'on donne à Beauharnais;
« Ce nom-là seul suffirait à sa gloire,
« Ces titres-là ne périssent jamais;
« Quand, au sommet de saroclie hautaine.
« Le Capitole a vu nos étendards,
« Rome se crut au temps de ses Césars
« En revoyant le prince Eugène.
« Ce héros, toujours noble et calme,
« Devant la mort jamais ne s'inclina;
« Vous avez vu sa plus brillante palme
« Fleurir aux bords de la Bérésina ;
« Et mille fois la victoire incertaine
« Avec nos preux cessant d'être d'accord,
« Même en fuyant, laissa tomber enc tr
« Un laurier pour le prince Eugène.
« Las de guerre et de funérailles,
« Ce fils de Mars, dans sa paisible cour,
« Laissant rouiller le glaive des batailles,
« Ne cueille plus que des myrtes d'amour.
« Dans cet asile où le devoir I'< nchaîne,
« Il fait du bien à ses vieux grenadiers,
« Et chaque soir sur un lit de lauriers
« Vénus endort le prince Eugène.
« Grâce aux chanls de \os jeunes bardes,
«Tous vos guerriers sont inscrits danslescieux;
« Et cependant vos muses babillardes
«N'ont point chanté la fleur des demi-dieux.
« Pour le venger de l'oubli , de la haine ,
« Prends ce brevet de l'immortalité,
« 11 est signé par la postérité ,
« Et Mars le donne au prince Eugène. »
F.mile Debreaux.
LA BATAILLE DE FI EURUS.
C'est en vain (pie le nord enfante
Et \ omit d'affreux bataillons ;
Leur corps est promis aux sillons
De notre France triomphante.
Fleurus, tes champs couverts de morts
Attestent les heureux efforts
Delà valeur républicaine :
Tes champs, fameux par nos exploits,
Ont trahi l'espoir et la haine
De cent mille esclaves des rois.
Non, non, il n'est rien d'impossible
A qui prétend vaincre ou périr.
Ce cri : Vivre libre ou mourir!
Est le serment d'être invincible.
Pareils aux flots de ces ravines
Dont le bruit sème la terreur,
Us s'avançaient, et leur fureur
Méditait de vasles ruines.
Leurs vœux se disputaient nos biens;
Du meurtre de nos citoyens
Ils ensanglantaient leurs pensées.
Ils ont paru! mais ils ont fui
Comme ces feuilles dispersées
Qu'Éole souffle devant lui.
Non, non , etc.
Le Dieu que célèbrent nos fêtes,
L'Éternel, combattait pour nous;
L'Éternel dirigeait nos coups
Et frappait leurs coupables têtes.
0 Fleurus! ô vaste cercueil
Où des rois expire l'orgueil ,
Où périt l'insulaire avare :
C'est là qu'au fer de nos soldats
L'Anglais fourbe, lâche et barbare,
A payé ses assassinats !
Non, non, etc.
Soleil , témoin de la victoire ,
Applaudis nos brillants succès!
Sois fier d'éclairer des Français;
Répands tes feux et noire gloire!
49*
CHANSONS POPULAIRES.
Que sur leurs trônes chancelants,
Tous les rois, pâles et tremblants!
Craignent la même destinée!
Enfin les peuples ont leur tour,
El leur justice mutinée
Les venge d'un aveugle amour.
Non , non , etc.
Il n'est plus de lâches obstacles.
Vainqueurs sur la terre et les flots,
Tous les Français sont des héros.
Liberté! voilà les miracles!
L'ombre de nos seuls étendards
Fait tomber les tours, les remparts:
Le Brabant nous ouvre ses portes,
Et le souffle de nos guerriers
Précipite au loin ces cohortes
Qui menacèrent nos foyers.
Non , non , elc.
0 Renommée! à ces nouvelles,
A ces prodiges que tu vois,
Prête l'éclat de les cent voix,
Ranime tes rapides ailes!
Va, par un fidèle rapport,
Glacer les despotes du NordI
Conte au Danube, au Borislhène,
Que, vengeur de sa liberté,
Le Français de Sparte el d'Athène
Surpasse l'antique fierté!
Non, non . il n'est rien d'impossible
A qui prétend vaincre ou périr.
Ce cri : Vivre libre ou mourir!
Est le serment d'être invincible.
Lebrun.
Cet hymne fut chanté au conceitdu peuple,
le 16 messidor an n , â l'occasion de la victoire de
fc'leurui remportée le 26 juin 1794.
LE VENGEUR.
Air : Va, va, mon père ,je le jure.
Kst-il permis que l'on se taise
Quand le phénix de nos vaisseaux
A su, malgré la foudre anglaise,
Descendre libre sous les eaux?
Muses, d'un crêpe à tort couvertes,
D'un laurier neuf ceignez vos fronts,
Et nous immortaliserons
Jusqu'à la gloire de nos pertes.
Ensevelir plutôt sa vie
Que de trahir la liberté,
Tel fut le vœu de ma patrie,
Tel il vient d'êlre exécuté.
Au fond des annales romaines
N'allons point chercher les vertus :
On n'y trouve qu'un Decius,
Et nous en comptons par centaines.
Nos marins du sang des esclaves
Avaient déjà teint l'Océan ;
Chargés des, prises les plus graves,
Nos vaisseaux rentraient tous gaîment :
Un seul, pour suivre la colonne,
Le Vengeur, avait trop souffert;
11 se traîne, il est entrouvert...
L'escadre anglaise l'environne.
« Rendez-vous, maudits patriotes! »
Disent ces nombreux assassins.
« Nous rendre aux sbires des despotes,
Nous Français, nous républicains,
Non, non, jamais! on vous annonce
Que c'est à vous à reculer... »
L'ennemi veut encor parler ;
Nos canons coupent sa réponse.
D'une aussi belle résistance
Les chefs anglais sont furieux,
Et leurs marins, à la vengeance,
Sont longtemps provoqués par eux.
Mais la vérité leur échappe :
« Oui, disent-ils dans leur courroux,
Os Français sont de vrais cailloux,
Qui font feu pour peu qu'on les frappe. ».
La canonnade recommence :
Les Anglais sont d'abord battus;
Partout, de distance en distance,
On voit flotter leurs mais rompus.
•
Paris. — Typ. de Pillet fils aluc, nie des (irandb-Au^uslins, .">.
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CH E VA I.ERESQUES.
493
Mais, hélas ! la poudre à leur râpe
Fournit un aliment aisé;
Et le Vengeur a tout usé,
Hormis sa gloire et son courage.
Plus de boulets, plus de défe-sc
Contre la dent du léopard.
Après un moment de silence.
C'est le cri de l'honneur qui part :
Blessés, mourants, chacun s'élance. .
Tout [équipage est sur le pont
Entre le trépas et l'affront
Esl-il un Français qui balance ?
Au danger, quoiqu'on se résigne,
L'énergie est au fond des cœurs ,
Le pavillon brisé s'indigne,
El relève les trois couleurs :
Les jeux rouverts sur un tel signe,
Nos mourants bravent les vainqueurs,
Et, par des chants consolateurs,
Réalisent le chant du cygne.
Enfin à l'espoir on renonce;
Mais c'est toujours sans s'attrister :
Plus le navire, hélas ! s'enfonce,
Plus la valeur semble monter.
« Vive à jamais la république ! »
Disent nos frères sous les flots ;
Et l'onde en feu roule ces mots
Jusqu'au rivage britannique.
Mais nous avons lu dans la fable
Les merveilles du rameau d'or :
Cueilli par une main coupable,
H renaissait plus fier encor.
Prouvons à l'Anglais plein d'audace,
Que chez le Français plein d'honneur,
Sitôt qu'il périt un Vengeur,
Un autre à l'instant prend sa place.
Que vois-je, et quel vaisseau s'agite !
Impatient dans le chantier,
Il s'échappe, il se précipite,
D'un si beau nom digne héritier,
Anglais, vous voyez que nous sommes
Parés pour chaque événement
Si c'est un nouveau hâtimenl,
Ce sont toujours les mêmes hommes.
Un combat naval dans l'Océan, à cent lienesdes
côtes de France , entre la flotte française de vingt-
cinq vaisseaux , et la flotte anglaise de vingt-sept,
eut lieu le 1" juin 1794. L'action dura se, t heures.
Jean-Bon-Saint-André , commissaire de la Conven-
tion, ordonna la retraite, et fut cause du désastre de
la flotte française. Six de nos vaisseaux furentpris.
Le Vengeur, cerné par plusieurs bâtiments ennemis
qui le foudroyaient , est démâté, criblé de boulets:
l'équipage, près d'être englouti, est sollicite de se
rendre ; il refuse , et a| rès avoir cloué son pavillon,
et déc argé sa batterie déjà à (leur d'eau, il se laisse
couler aux cris de vive la Rcpubliquc,vive la liberlè!
Le rapport de ce combat fut fait à la Convention
le 9 juillet; elle rendit aussitôt un décret portant
qu'un modèle du vaisseau le Vengeur serait suspendu
à la voûte du Panthéon, et que les noms des braves
qui montaient ce vaisseau seraient inscrits sur une
colonre.
Une médaille fut frappée pour cet événement avec
la légende ! Le triomphe du Vengeur.
HYMNE
Descends, ô Liberté ! fille d • la nature
Le peuple a reconquis son pouvoir immortel.
Sur les pompeux débris de l'antique imposture
Ses mains relèvent ton autel.
Venez, vainqueursdes rois, l'Europe vous contemple;
Venez, sur les faux dieux ék-ndez vos succès :
Toi, sainte Liberté, viens habiter ce temple ;
Sois la déesse des Français.
Ton aspect réjouit le mont le plus sauvage,
Au milieu des rochers enfante les moissons :
Embelli par tes mains, le plus affreux rivage
Rit, environné de glaçons.
Tu doubles les plaisirs, les vertus, le génie :
L'homme est toujours vainqueur sous tes saints étendards
Avant de te connaître il ignore la vie,
Il est créé par tes regards.
133
T. h. -74
(94
CHANSONS POPULAIRES.
Au peuple souverain louslesrois fontlaguerrre:
Qu'aies pieds, ô déesse! ils tombent désormais ;
Bien lût sur le cercueil des tyrans de la terre
Les peuples vont jurer la paix.
Guerriers libérateurs, race puissante et brave,
Armés d'un glaive humain, sanctifiez 1 effroi :
Terrassé par vos coups, que le dernier esclave
Suive au tombeau le dernier roi I
Ibonier.
LE NOM DE FRÈRE.
Ai k de la Carmagnch:
Sur ma guitare assez longtemps
J'ai chanté les tendres amants :
Chantons la liberté,
La sainte égalité
Et le doux nom de frère ;
Soyons unis,
Mes amis.
Disparaissez, titres si vains
Qu'enfanta l'orgueil des humains:
Le seul que l'on chérit,
Le seul qui nous suffit
C'est le doux nom de frère;
Soyons unis,
Mes amis.
Que faut-il au républicain?
Une arme, du cœur et du pain :
L'arme pour l'étranger,
Du cœur pour le danger,
lu pain pour ses frères;
Soyons unis,
Mes amis.
!>. i roleurs nommé» conquérants
Quand je lis les exploits Banglants,
Tout mon cœur en frémi I
il s épanouit
S'il est question de frères :
Soyons unis,
Mes amis.
J'aime à voir les fils d'Abraham
S'avancer dans le Canaam :
Les Cobourg du pays
Furent bientôt soumis
Par ce peuple de frères :
Soyons unis,
Mes amis.
Il fut un cheval de renom,
Celui des quatre fils Aymon ;
Pourquoi l'antiquité
L'a-t-elle tant vanté !
C'est qu'il portait des frères;
Soyons unis,
Mes amis.
Dans le joli mois des beaux jours,
Quel signe préside aux amours?
Almanachs vieux, nouveaux,
Vous diront les Gémeaux,
C'est-à-dire des frè res :
Soyons unis,
Mes amis.
Deux frères, fils de Jupiter,
L'un pour l'autre allaient en enfer.
Envions tous le sort
De Pollux, de Castor,
Et mourons pour nos frères;
Soyons unis,
Mes amis.
Florlan.
LES CLOCHES.
Ai» : O Filii et Filùt.
En province comme à Paris,
Toutes les cloches ont leur prix ;
C'est bien ce que l'on posera,
Alléluia I alléluia ! alléluia I
CHANSONS PATRIOTIQUES ET CHEVALERESQUES.
495
Notre-Dame au plus tôl meltra
Son ut, son ré, son mi, son fa,
Bouillir avec si, sol et la;
Alléluia, etc.
Aujourd'hui, plutôt que demain,
Saint-Jean, Saint-Paul et Saint-Germain
Suivront ce bel exemple-là ;
Alléluia, etc.
Graves bourdons de Saint-Victor.
De résister vous auriez tort :
Georges d'Araboisey passera,
Alléluia, etc.
Et toi, dont le timbre ennemi
Sonna la Saint-Barthélemi,
Qu'avec plaisir on le fondra !
Alléluia, etc.
Nous n'entendrons plus, dieu merci.
Pour celui-là, pour celui-ci,
Tinter de tristes libéra.
Alléluia, etc.
Sans réveiller cnacun la nuit,
Un marguillier à petit bruit
Dans la tombe s'endormira ;
Alléluia, etc.
J'aimais quand un salut joyeux
Forçait un carillon pieux
De mêler aux airs d'opéra
L'alléluia, etc.
-Mais, pour le salut général,
On fait si bien, que ce métal
En sous marqués se changera :
Alléluia, etc.
Par trois fois trois si l'angelus
De bon malin ne sonne plus,
L'impie entre ses draps dira :
Alléluia, elc.
iMais aussi, sans clochette ad hoc.
Tout bon chrétien, au chant du coq,
Devant le ciel s'humilîra...
Alléluia, etc.
Et quant à l'office divin,
La crécelle, soir et matin,
En passant m'en avertira...
Alléluia, etc.
On sait que le dévot airain
Avait souvent un sot parrain
Duc, baron, comte, et cetera!
Et cetera ! et cetera ! et cetera !
Voilà des noms en quantité
Perdus pour l'immortalilé ;
Le t lient seul y parviendra :
Alléluia, elc.
Les carillonneurs consternés,
Les fondeurs de cluche élonnés,
Gagneront Rome ou Malaga :
Alléluia, etc.
Par un tocsin mal entendu,
Nul nuage n'étant fendu,
Le tonnerre en l'air restera...
Alléluia, etc.
Si le feu prend à ma maison,
Un tambour vaut bien un bourdon,
Et la générale battra...
Alléluia, etc.
Quand il va savoir, au surplus.
Qu'en ce monde on ne sonne plus,
Boileau chez les morts chantera :
Alléluia, etc.
Des réveill'-matin indiscrets
Et des sonnettes des mulets
Sans doute on nous délivrera.
Alléluia, elc.
(96
CHANSONS POPULAIRES.
Je n'en ai qu'une à mon manoir
Que mes créanciers font mouvoir.
0 ma patrie, emportez-la !
Alléluia! alléluia! alléluia !
PIIS.
HYMNE DE MORT-
Air : Veillons nu salut de l'empire.
Des vils oppresseurs de la France
J'ai dénoncé les attentats:
Ils sont vainqueurs, et leur vengeance
Ordonne aussitôt mon trépas.
Liberté! liberté! reçois donc mon dernier hommage;
Tyrans, frappez! l'homme libre envira mon destin
Plutôt la mort que l'esclavage I
C'est le vœu d'un républicain.
Si j'avais servi leur furie,
Ils m'auraient prodigué de l'or;
J'aimai mieux servir ma patrie,
J aimai mieux recevoir la mort.
Liberté! liberté! quelle âme à ton feu ne s'anime?
Tyrans, frappez! l'homme libre envira mon destin.
Plutôt le trépas que le crime!
C'est le vœu d'un républicain.
Que mon exemple vous inspire,
ÂmU! armez-vous pour vos lois :
Avec les rois Collot conspire;
Écrasa Collol et les rois.
Robespierre ! et vous tous, vous tous que le meurtre accorr-
[pigne;J
Tyrans, tremblez! vous devez expier vos forfaits.
Plutôt la mort que la Montagne
Est le cri des fiers Lyonnais.
Kt toi, qu'à regret je délaisse,
Amante si éhèffl à mon cœur,
Bannis toute indigne faible---,
Boil plui forte que la douleur!
Liberté I liberté! ranime et soutiens son coura,:.-!
Pour toi, pour moi, qu'elle porte le poids de ses jours:
Son sein peut-être enferme un gage,
L'unique fruit de nos amours!
Digne épouse! sois digne mère,
Prends ton élève en son berceau;
Redis-lui souvent que son père
Mourut du trépas le plus beau.
Liberté! liberté! qu'il t'offre son plus purhommago;
Tyrans! tremblez, redoutez un enfant généreux!
Plutôt la mort que l'esclavage
Sera le premier de ses vœux.
Que si d'un nouveau Robespierre
Ton pays éiait tourmenté.
Mon fils ne venge point ton père,
Mon fils, venge la liberté!
Liberté! libertélqu'un succès meilleur raccompagne
Tyrans! fuyez, emportez vos enf ntsodieuz!
Plutôt la mort que la Montagne
Sera le cri de nos neveux.
Oui, des bourreaux de 1 Abbaye
Les succès affreux seront courts:
Un monstre effrayait sa patrie,
Une fille a tranché ses jours.
Liberté! liberté! que ton bras sur eux se promène.
Tremblez, tyrans ! vos forfaits appellent nos vertus!
Marat est mort chargé de haine,
Corday vit auprès de Brulus.
Mais la foule se presse et crie ;
Peuple infortuné, je t'attends!
Adieu, malheureuse patrie;
Adieu, mes amis de vingt ans !
Liberté! liberté! pardonne à la foule abusée!
Mais, vous, tyrans, le Midi peut encor vous punir.
Moi, je m'en vais dans l'Elysée,
Avec Sydney m'entretenir.
j -h l.ouvet.
l.ouvet rie Couvray, si connu par son roman rie
Faublas , fat nommé député A la Convention en
septembre 1792.11 se prononça toujours contre l'am-
bition de Robespierre etla tyrannie de la Montagne,
11 fut proscrit avec les Girondins le 31 mai 1793, et
se déroba parla fuite A la hache révolutionnaire. Il
rentra A la Convention en mai 1795. 11 est mort eu
17 '7 Madame Roland fait de lui un grand éloge
dans ses Mémoires.
Paris. — Imprimerie de Pillet fili atné, rue de» Grandt-Augoatui», 5.
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
■*B*->MM>y\/\r\j VbrlAAAA/'uf>u| •».
pag-
Aboire! àboire! — Ménardde Rochecave. . . . 290
A boire! à boire 1 nous quitterons-nous sans boire.
—Anonyme 275
A ce soir. — Firminv 192
Adieu, FancLon. — Edouard Neveu 189
Adieu, Florence. — Scribe lû^
Adieux d'Oscar (les). — Baour de Lokmian. . . . 471
Adieux du vieux soldat |les|. — Cogniard frères. . . 465
A genoux devant le soleil. — Alexis Dalès. . . . 228
A genoux devant les pochards. — Eue Berthier. . 267
Ah ! mon beau château. — Anonyme 65
Ahl que l'amour aurait pour moi de charme. — Ano-
nyme 132
Ah I quelle différence. — "Voltaire. . .... 419
Ah ! si madame le savait ! — Justin Cabassol. . . 204
Ah! si ma dame me voyait. — Anonyme 461
Aigle d'). — Gustave Lemoine 113
A la Liberté. — Chénier 493
Allons danser sur la colline. — Bétourné 119
Allons, mettons-nous en train. — Désaugiers. ... 2
Allons souper chez Pluton. — Casimir MènesTrier. 213
Alouette et le pinson d'). — Anonyme 81
Amant discret d'i. — Gentil-Bernard 103
Amants de Tours (les). — Km. BarateaU 312
Ambitieux corrigé 1 i. — Perchelet. . .... 361
Amendons-nous. — Henri Simon 359
Amis, la matinée est belle. — Scribe 391
Amis , voulez-vous m'en croire. — Gab. Hauduc. . . 30
Amis, pour égayer la vie. — Armand Gouffè. . . . 449
Amour d'Annette pour Lubin |1'|. — Favart 125
Amour et le Champagne (l'i. — Combes jeune 2S4
Amour et le vin l'j. — Forgeot. . . .... 2< 2
Amour sentinelle 1'. — Le < hevalier de CubiÈRES. . 129
Amoureux transi il'). — Gentil 392
Amours bachiques (les). — LouvET 295
Amours de Michel etChristine (les). — Gust. Lemoine. 3 7
Amours de Chauvin les). — Anonyme 175
Amours d'été ilesi. — Pus et Barré 401
Amours du sergent (lesi. — F. Yaubertsand. . . . 323
Ane et la flûte (l'i. — Alex. Dalès 62
Ange déchu T). — Gust. Desfossés 110
Ange du ciel (1'). — Alex. Dumas 143
Angélus du soir 1'). — Gust. Lemoine 128
Après moi le déluge! — Eug. Decour 3S2
Arabe au tombeau de son coursier 1',. — Millevoye. LO
Arlequin dans sa boutique. — E. Neveu. ..... 96
Arrêtons-nous là. Perchelkt 196
Artiste en goguette l'i. — Desrais 33
Asmodée. — Rosier 153
Asmodee. — L. FesteaU 337
A table on se fait des amis. — P.-J. Charrin. . . . 266
Avaricieuseil'i — Dufrf.sny 103
Au hasard de la fourchette. — Em.Vauin 329
Au roi de la fève. — Félix 362
130
pas.
Au soleil— Auo. St-Gilles 222
Autel de la patrie (1'). —Desforges 484
Automne (F). — Gust. Nadaud 249
Avant tout la patrie. — Anonyme 472
Aveugle (1'). —Anonyme 141
Babet etColin. — Anonyme 191
Bacchanale — Ed. Neveu. ; 16
Bacchus est encore en vie. — Perchelet .... 273
Bacchus est le dieu du plaisir. — Paul Dewint. . . 271
Badinez, mais restez-en ià. — Em. Debreaux. . . . 171
Bal champêtre [le). — Scribe et Dupin 378
Baptême le). — Hégésippe Moreau 3C9
Barbe bleue (la). — Alexis Dalès 90
Bataille de Fleurus (la).— Lebrun. 491
Bayard. — L. Leme:;cier 467
Beau pays. — Aristide de Latour. ..... .131
Bélisaire. — Em. Debreaux 463
Bel saire. — XEp. Lemercier 470
Belles lesi. — Moreau 252
Berceuse la . — Edouard Neveu. . , 92
Bertrand au tombeau de Napoléon. — E. Debreaux. -Ko
Bien aimé ne revient jus (le). — Maksollier. ... 106
Bijou de famille (le). — É. Debreaux. ... ^ . 166
Biquet et le loup. — Anonyme. . . : 19
Bonne aventure (lai. — Dancourt 192
Bocage que l'aurore. — ANONYME. . 138
Bois joli |le). — C. Karr 51
Bonbonnière (la). — Cogez 190
Bon ermite (le). — Ed. Neveu 94
Bonheur (le). — Perchelet 227
Bonheur delà terre (le) — L'ab. Patin 345
Bonheur de l'homme lie). — F. Dauphin 276
Bonheur présent (ie). — De Pjxerciourt 230
Bonjour et bon soir. — Cormon et Chabot. . . . 310
Bonne aventure enfantine ila). — Anonyme.. ... 79
Bonnet de la liberté (le). — Jacquin 476
Bonne espérance. — Fréd. Bérat J32
Bon pasteur |le). — Camille 122
Bon remède (le). — Fortuné G. de St-Germain. . 432
Bonsoir, la compagnie. — Lattaignant 240
Bon temps perdu (le) — J. Dusaulcuoy 255
boudoir U'Aspasie (lei. — Marquis de Gondon. . . Isi
Bouteille da|. — Casimir MÉNESTRIER -131
Bouteille (la). — A. Bétourné 2.4
Boutille(la) —Pierre Coi.au 2^
Bouteilles et flanllons — C.-1L-T. MORISSET. . . . 2-il
Braconnier île . — P. Dli-ont. ........ 3-8
Brasseur de Preston (le). — Anonyme 331
Brigitte et Julien. — Scribe 1^5
Buveur détenu nu (le). — F.-D.-L 2Su
Buveur intrépide de) — Gabriel Yinay 284
Buveur met romane le). — Teste d'Ouet 437
Buveur philosophe (lel. — PERCHELET 220
Buvons, morguenne buvons — Bi;lle aine. . . . 430
TABLE DES M ATI EU ES.
Buvons, chantons. — François
Buvons et moquons-nous du reste. — P. Ledoux
Cabane du pêcheur |la). — Moreau et Lafortelle
Cabaret le*. — Ém. DebreAUX
Cabaret de;'. — MoreaU
Cabaret de la Pomme de pin (le!. —Justin CaBass
Cabaret des trois lurons. — Cil. Colmance. .
Cadet Buteux. — Moreau
Ça n' mang' pas d' pain. — Martin. . . .
Capitaine de corvette (le>. — E. de Lonlay.
Carillon bachique [le). — Désaugiers. . .
Carillon bachique (le). — J. Polhe. . .
Carnaval perpétuel (le). — Rontier. . . .
Castel (le). — Anonyme
Cécilia. — Anonyme
Célibataire (le . — Perchelet
Ce que j'éprouve en vous voyant. — Lambert.
Ce qu'on voit beaucoup. — Panard. . . .
C'est ça ! — Chevalier Coupé DE St-DonaT. .
C'est le bon vin. — Anonyme
C'est des bêtises d'aimer comme ça. — Polak.
C'est encore goûter le bonheur. — Blondel.
C'est la façon de le faire qui fait tout. — Collé.
C'est l'amour, l'amour.— Dartois et F. d'ALLAR
C'est le Champagne. — Dennery e: Clairyille.
C'est mon ami, rendez -le-moi. — FlorIan. . .
C'est un péché que la paresse. — anonyme.
Chacun à son tour. — Casimi r Ménestrier. .
Chagrin d'amour.— L. de Ronsière. . . .
Champagne île). —Gustave Nadaud. . . .
Champ de bataille. — Em. Debreaux. . . .
Chanson de Lisette (la). — Monvel
Chanson du postillon (la). — Ch. Poney. . .
Chant des anges de).— Hégésippe Moreau. .
Cliant du retour |le).— J.Chénier
Chantons, amis, jusqu'à demain. — Ant. DidA.
Chantons Bacchus et Cornus.— Anonyme. . .
Chantons, buvons. — L. Philipox de la Madela
Chant patriotique d'une mère.— L. Festeau. .
Char de la vie (le'. —A. Jacquemart
Chasse la'.. — L.Philiponde la Madelaine.
Chat , la belette et le petit lapin île.— Eue Clément
Château d'Elvire lej — Anonyme
Chauvin devenu caporal. — Théod. Matignon.
Chemin du Parnasse le,. — Louvet
Cliêie et le roseau le). — Marc Constantin. .
Chêne et le roseau lei. — Fortoul
Chevalier du roi 'le!. — Anonyme
Chevalier français. — Em. Debkeai x. . • .
Chien du régiment (le,. — Justin Cabassol.
Chien et le loup (le .— N. L
Chien Adèle le .— Anonyme
Chien parvenu(le).— Hégésippe Moreau. . .
Chiffonnier Ile).— F DE CoURCY
Choix des sciences de). — Brillât Savarin.
Cil le .— Chateaubriand
Cigale et la fourmi (lai.— J.-D. Moinaux. . .
Cigarresilts).— F. deOjurcy
Clerc de notaire le,. — CASIMIR Ménestrier. .
Cloches de Volnay la}.— Anonyme
Cloches (les). — Hégésippe MoreaU. . . .
Cloches les. — Pus
Colin et ^olinette. — Anonyme
Comme faisaient nos pères. — Marsollier. .
Comme on fait bon lit on se couche. — M. Bkazie
Confession d'un petit oiseau. — L. Festeau
Conscrit le . — Km. Di.ukeaUx
Conscrit deCorbel le). — Anonyme ....
Conscrits montagnards ilesl — Cognard frères.
pag.
432
447
104
3
285
28
8
401
337
115
36
277
256
113
72
199
141
412
270
454
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10
167
180
20
107
201
355
100
9
234
170
397
101
477
45
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23
57
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127
250
494
195
7
345
ici
321
332
381
Va
Conseils aux atrabilaires — Armand eville».
Conseils bachiques. — Antoine DlDi. • • •
Contes îles). — Hégésippe Mo > bau. » • • ■
Convoi d'un buveur le) — Louvet. . . • *
Coquetterie. — P.-J. Charrin
Coquilles d'huîtres les ' . — Em. DebreaUx". i
Corbeau vengé (lel. — J.-B. Quinzakd et A. Du
Coup de Picton (un). — Billioux
Courtière (la). — MarcillaC
Cousinage (le). — Anonyme •
Crois-moi, plante de la vigne. — Anonyme. .
Croix d'or ila). — DeRougemont et Dupeuty. .
Cuirassière (la). — L. Festeau . . .
CuréTrécy le). — Victor L. . . .
Dagobert. — A. Jacquemart. . . .
Dans notre cœur cherchons la v rite. — Km
De Bacchus la veine est glacée. — ImberT.
Débris (les). — Anonyme. .....
Délire (le). — Paul Dewint
Dé'Ire bachique. — Cas. DelA\ igné. . .
Délire d'Erigone (le). — J. Dusaulchoy.
Demande en mariage (la). — Gust. Lemoine. .
Demoiselle aubal(la|. — Amédée de Beauplàn
Départ du conscrit île . — Jaime
Départ du grenadier (lel. — Dumersan et Brazier
Départ pour Saint-Malo (le). — Désaugiers. .
Départements (les) . — Anonyme
Dépit d'amour. — F. Vaubertrand
De quoi vous plaignez-vous! — Em. Debreaux.
Dernière marquise (la). —Edmond Lhuillier. .
Descente d'épicuriens une). — Perchelet. . .
Description de l'Opéra. — Panard
Désespoir d'un buveur (le). — Cas. Josselin. •
Des roses et du vin. — Alphonse Cl
Destrier (le). — Anonyme
Deux conscrits (les). — Cogniard frères. . . .
De vieux amis et du vin vieux. — Panard. . .
Devinez. — L. Festeau
Dialogue du vin et de l'eau. — Anonyme. . . .
Dieu ! si mon amant me battait! — J. Cabassol.
Dimanche des lilas lel.-- A. Martignon. . .
Dis-moi pourquoi' — ThÉaulon
Distances (les). — Bouilly
Divertissons-nous.— Ducray-Duminil. . . .
Doigt de vin (le). — F. Dauphin
Dors , mon ange. — Aristide Latour. . . .
Du bon vin et des vignerons. — Anonyme. . .
Du passé perdons la mémoire. — Paul Dewint.
Du Pinde, aimables nourrissons. — Luce deLanci
Eaux d'iinghien (les1. — B.-T. Poisson. . . .
Ecole buissonnière (1'). — Anonyme
Ecole chrétienne |1'|. — Jules Leroy. . . .
Éducation de Fifi [1'). — Th. Polak
Eh! bon, bon, bon, que le vin est boni — L'abbé Pati
Éléonore. — Anonyme
Encore un d'enfoncé — Jules Leroy. . . .
Encore un nouveau Grégoire — Bi.ondel. . .
Enfant chéri des dames — Picard
Enfant de chœur il'). — Casimir Ménestrier.
Enfants de la folie (les). — Aug. St-Gilleb. . .
Enfants de Noé(les|. — Claude Genoux. . .
Knfant terrible iun). — Ch. Coi mance.. . . .
Enivrez encore l'univers. — Charles Champion.
]'.n avenant de la foire. — Anonyme ....
Epicure. — Joseph Servières
Épicurien l'i- — Baurin
Epicurien malade d'i. — Th. Martignon. . .
Epicurienne (l'|. — Chanu
Bpicariame (l'|. — Cha ils* Sartrouvh le.
pag.
448
48
483
436
123
188
64
5
208
92
257
135
163
157
348
211
20
367
361
14
429
306
124
380
320
399
1(3
437
179
429
29
417
439
438
477
336
294
154
260
181
182
313
193
347
259
126
263
3G7
442
387
83
381
392
434
133
194
26
178
159
410
38
149
272
53
235
241
371
213
344
TABLE DES MATIÈRES.
499
pag.
Epithalame sur le lac. — Mïry H8
Ermite et le paladin il'I. — Joseph Servières. . . 469
Erreur |l'i. — Marty • . H°
Et lorsqu'on a la paix du cœur. — Marsoli.ie:;. . . 202
Et nous verrons après. — Edmond Gaco.nde. . . . 236
Etoile du marin ll'i. — MÉky 123
Et tic et toc , et tic et toc. — B. DE Rougemont. . . 428
Étudiants îles . — Anonyme 201
Excellence du vin (1'). — Valcouk 274
Faisons asseoir au banquet de nos jours. — L. Fes-
teau 219
Faites-moi vivre encore longtemps. — F. Dauphin. . 225
Fanfan la Tulipe. — Em. Debreaux 332
Faut finir par là. — A.-B 170
Faut 1 oublier! — A. Naudet 137
Faut l'oublier. — Anonyme 440
Femme à Jean Beauvais |laj. — Amédée de Beau-
plan 317
Femme contrariante (la!. — VadÉ ou SedAINE. . . 334
Femmes et le vin les). — P.-J. Charrin 44
Fête au sérail (une). — Charles Colmance. . . . 152
Fête du village (la|. —Ciolina. 300
Fête publique une). — Jacinthe Leclère. . . . 409
Fêtons Bacchus. — Aug. St-Gilles 273
Feuille de chêne la). — Millevoye 101
Fiancée mourante (lai. — L. FesteAU 109
Fileuse la. — Anonyme 122
Fille du pêcheur la|. — E. B\ râteau 118
Filles à marier lesi. — Anonyme G6
Fleur des bois. — E. BaratEau 131
Fleurs de mai (les;. — Edouard Neveu 93
Foin des partis. — Aug. Moufle. . . ..... 444
Fond de la besace [le . — Anonyme 1
Forêt noire (lai. — Marsollier 199
Fourniment le). — Anonyme 327
Frères, il faut vivre. — Anonyme 373
Fuite (la . — E. de Lonlay 130
Fumeur (le). — Panard 363
Furet du bois joli le). — Anonyme. 67
Gamin de Paris (le). — Frédéric de Cûcjrcy. . . 313
Gamin de Paris (le). — P.-J. Charrin 405
Garçon comme on n'en voit guère (le . — Beaumar-
chais 164
3ardez-vous, bergerettes, ahl gardez-vous d'aimer.
— Anonyme 424
Gargantua lie petit). — Désaugiers 4
Gastibelza. — "V. Hugo 116
Gaston de Foix. — Comtesse de Genlis 483
Gâteau des rois le . — F.-P.-A. LÉGER 375
Genou de Marinette. — A.-L j 50
Gentil coquelicot. — Anonyme 74
Gentilhomme d'à présent (lei. — F. Tourte. . . . 3=4
Giroflée, g rofla. —Anonyme 60
Gloire aux dieux, vive le vin 1 — Pierre Colau. . 292
Gourmandise liai. — Pus 25
Grand Giroux (le). — Legro's 380
Grand verre et petite maîtresse. — Em. Debreaux. . 21
Grenadier (lei. — Em. Debreaux 322
Grenouille et le bœuf (la). — Ed. Neveu 84
Grenouille et le bœuf de;. — Dalès aîné. .... 89
Grenouilles qui demandent un roi lies'. — Pluchon-
neau de Rochefort et B. Mait 310
Grisette lai. — Em. Debreaux 168
Grisette étudiante ,1a . — Frédéric Soulié. . . . 388
Gueux les.— Béranger . . 210
Guguste ou le vrai moutard de Paris. — E. Donvé. . 309
Hél'ïse. —Anonyme 143
Her agère et les gens du roi 1"). — G. LemoIne. . . 127
Her nie. — F. Dauphin 169
pag.
Heureuse fin |1'). — Laujon. . ; 276
Heureux jour il'). — Piron 234
Heureux philosophe (1'). — Haguenier. 252
Heureuse médiocrité (IV — P. Ledoux. 372
Historien désappointé |1'|. — J. Servières. . . . 269
Hiver |1'|. —Gabriel Vinay 370
Hommage à Bacchus. — Ch. Pranard 17
Hommag: au genre humain. — A. D:d* 351
Homme des champs à Paris (l'|. — J.-A. Jacquelin. 414
Homme égal aux dieux. — Attribuée à Philippe, duc
d'Orléans, régent 351
Honneur du nom français (l'J. — Em. Debreaux. . . 472
Housard de la garde. — Anonyme 327
Humble toit de mon père. — Anonyme 144
Hymen est un lien charmant (l'i. — Marsollier. . 301
Hymne à la liberté. — Félix Mouttet Û74
Hymne de mort. — J.-B. Louvet 496
Igm rante l'i. — Cousin Jacques 174
Il est un Dieu. — Em. Debreaux 238
Il était un' bergère. — Anonyme 50
11 faut parer sa p'tite chapelle. — L. Feste.vu. . . . 353
Il faut quitter ce que j'adore — Hoffman 136
Il faut rire. — BraziEr . 375
Immortalité il'j. — Anonyme 230
lmogine et Alonzo. ■— Anonyme 465
Invalide français J'i. — P.-J. Charrin 424
In vino veritas. —Théodore Martignon 275
Ivresse. — Gustave Nadaud 14
Ivrogne (1'). — Henri Simon . 13
Jalousie. — P.-J. Charrin 117
Jardinier fleuriste le). — Anonyme 302
Javotte — Em. Debreaux 176
J'aime les amours. — Anonyme 166
J'aimerai qui m'aime — Anonyme 83
J'ai perdu ma femme. — Ed. Neveu 320
J'ai perdu mon coutiau. — Brazier et Gabriel. , . 303
Jean Jean romantique. — Ed. Granger 403
Jean-le-Marsouin. — Cl. Genoux 418
Jeanne la blonde. — Cas. et Germ. Delavigne. . . 104
Je fus heureux. — L. de Ronsière 102
Je prends tout dans mes filets. — Moreau et Lafor-
telle. 312
J' sis amoureux. — Marc Constantin 305
Je suis rond. — Cas. Ménestrier 450
Je t'aime à genoux. —Em. BaraTeau 119
Je veux finir comme j'ai commencé. — N. Brazier. 253
Je veux vous plaire. — Gust. Lemoine 106
J' vous d'mande un peu si 1' bon Dieu s' mêle de ça.
— J.-A. Guillemé 198
Jeune fille à la danse la . — Améd. de Beauplan. . 134
Jeune page (le,. — Anonyme.. 172
Jeune portière (la). — Justin Cabassol 19o
Jeune soldat (le). — Em. Debreaux 395
Jeunesse et plaisir. — J.-F. Bailly 247
Jouissons de la vie. — Perchelet 251
Jour de plaisir (un). — L. Festeau .22
Jour de l'an )le|. — Cas. Ménestrier et Léopold. . 421
Joyeux troubadours les . — Em. Debreaux. ... 35
Jusqu à demain. — Ed. Donvé 237
Kradoudja. — Charles P 144
Laissez-moi boire. — Ch. Lepage 45g
Lait des vieillards ile|. — Arm. Gouffé 291
Lapin et la sarcelle (le . — Alexis Dalès S5
Lattaignant. —Just. Cabassol 212
Laurier (le . — Anonyme e*
Leçons d'une mère à sa fille. — Favart. .... 331
Léda. — Just. Cabassol I84
Léona. — Moreau et Lafortelle 99
Lettre à Marie. — Fkéd Bérat 125
500
TABLE DES MATIERES.
Lettre de Mlle Félicité. — Anonyme. .
Lettre écrite d'Alger. — Paowh. . . .
liberté la). — VYCTOR LBRAY ....
Lion d'or (le). — Cogniard frères et Jaime
Lion et le rat île . — Ed. G\conde. . .
Lisette et le vin. — Combes jeune. . .
Lois de la table les». — Pana d. . . .
Loup blanc (le). — ANONYME
Loup et l'agneau del. — L. Fortocl.
Lumière |la|. — Cousin Jacques. . . .
Ma belle amie est morte. — TheûP. Gauthier
Ma casquette. — Em. Debreaux
Mme Tartine. — Anonyme
Mlle Marie. — Boudin
Ma grsette. — PerchelET. . . . „ . .
Maison du chiffonnier lia'. — Moinaux. . .
Ma philosophie. — Duc de Nivernois. . .
Ma philosophie. — P. Tournemine. . . .
Ma philosophie. — François Liénard. . .
Ma philosophie. — Dufresny
Ma profession de foi. — Moreau
Marchand de chansons le). — Favart . .
Marengo. — Em. Debreaux
Marguerite (la). — Anonyme
Marianne s'en allant au moulin. — Anonyme
Marin |le). — Anonyme
Marmite ila). — Perciielet
t de Bordeaux de). — Anonyme. . .
Mathildc. — Mme Em de Girakdin. . . .
Ma voisine et mon voisin. — L. FESTEAU. .
Médisants les). — Désalgieks
Meilleure philosophie ila . — Giraud. . . .
Meilleur remède de). — Panard
Mélomanie la'. — Anonyme
Mer Rouge la). — Anonyme
Mes amis , ne nous plaignons pas. — Marcill
Mes chers amis, j'ai le vin bien mauvais. — Alpho
Salin
Mes vieux souvenirs. — Arsène. . .
Mes volontés à table. — Ant. Dida. .
Métamorphoses d'un nez. — L. Protat et Justi
Cabassol
Millionnaire île!. — F. de Courcy. .
Mirabeau. — Ciiénier
Mitron le . — L. Festeau
Moines les . — Anonyme. ....
Mon avis. — L'abbé de Voisenon. . .
Mon combat avec ma bouteille. — A. Dida
Mon pays avant tout — Anonyme. .
Monsieur Dclorme. — Anonyme. . . .
Monsieur Prudentin. — l'.-J. Chakrin. .
•;ur Rampant. — L. Festeau. . .
Montagnarde la). — Fréd. Bérat. . .
Montébello. — Em. Debreaux
Mon village. — Ed. Neveu
Morale momusienne. — A. DusaULCHOY.
Morale inoirr. sienne la . — A. DusaULCHOY
Mort d'une puce. — Justin Cibassol.
Mourir pour la patrie. — Anonyme. . .
Mousse la). — Em. Debreaux. . . .
Mouton* . — Moiun
. — OURi>Y. . .
Musette (la). — Charles Colmance. . .
Myosotis (le). — Taxile Dei.out. . . .
. — A. Champcourt. .
. — l'I ANTEKIU..
Nec plus ultra de Grégoire (le). — Dssauoii
— Anonyme
— Scribe et Germain Delamcne.
pag.
301
314
467
299
303
282
370
200
75
225
118
216
52
311
185
379
340
: 51
452
350
419
47 5
73
53
214
244
145
129
149
391
31
342
222
292
368
364
42
321
3S5
11
444
452
267
396
197
335
423
lia
78
439
357
I I
471
120
134
i B
120
177
39
97
un
Neige |la. —Em. Debrevx
Ne m'oubliez pas. — Comte de Sécur. . .
Nicolas. — HÉcÉsipPE MoRtAu
Nom de frère de). — FLOKIAN. • • • . .
Non, je ne valse pas — Amédée pe Beauplan
Notre dernier jour peut-être. — Joôci h Servi
Nous n'irons plus au bois. — Anonyme .
Nouveau Démocrite de). — F. Flamant.
Nouveau tic et toc (le). — Pus
Nouvel Epiménide le). — Jacinthe Leclère.
Noyons les chagrins de la vie. — F. Flamant
Occasion manquée 1' . — Vadé
Oiseau bleu (1'). — Anonyme. ....
O jour plein de charmes. — E.Scribe. . .
Olivier Basselin. — Em. VarIN
O mon Dieu, protège nos vignes! — A. Salgat
On est si méchant au village 1 — Naudet
On rit, on babille — Radet
Orgie |1>). — L. Crevel deCiuri EMaGNE. .
Oriflamme (l'|. — Baour DeLorMIaN et Étien
Oscar. — Anonyme
Oui, c'en c>t lait, je me marie. — ALEX. Duval,
— Théaulon et Darto s.
Paix (la) — F. Dauphin
Palma couplets de;. — Lemontey. . . .
Pan pan bachique (le). — DÉSAUGIERS. . .
Paniers et corbeils. — A. JaCQUem \kt. . .
Paradis épicurien (le). — B. de Rougemont.
Paresse lia. — Em. Debreaux
Parisienne la| . — Cas. Delav.cn e. . . .
Parti le plus sage (lei. — Armand Gouffé .
Passé et avenir. — Théod. Martignon,
Passez votre chemin. — Antignac. . . .
Passons-nous la bouteille. — G. Ménard de Roc
cave. . .
Patriote mécontent (le). — Jules Leroy.
Pauvre et joyeux. — A Jacquemart. . .
Pauvre nègre lie). — Anonyme
Pauvre, pauvre que je suis. — Anonyme.
Péché de paresse (le). — Collé
Peine et le plaisir (lai. — Anonyme. . . .
Père Etienne (le). — Dida
Père Jérôme (le). — L. "Voitelain. . . .
Père Lamourette (le). — Gust. Lemoine. .
Perrette. — Anonyme
Perrette et le pot au lait. — Adolphe Porte
Petit à petit. —Em. Va rin
Petit bien de Lise le). — Sai.LemaRE. . . .
Petit chaperon rouge (le). — Ch. Delange. .
Petite bi rgère la . — Gust. Lemoine. . .
Petiti Meuse |la). — Laujon et Henri Simon
Jeanneton (la). — Anonyme. . . .
Petite mendiante (la. — Boucher et Perthes
Petit frère (le). — Ducray-Duminil. . .
Petit mari le . — Anonyme
Petit meunier de . — Gust. Lemoim;. .
Petit pastour (le. — Anonyme. . . .
Petit-Poucet le . — Ch. Delange. . .
Petits chanteurs des rues (I. . — 1 COURCY
Peu | le à ses r< ' — MARC FOURNIES
I , savoir où Dieu nous conduira?— Km.
UrEAUX
ptjf] tète — Makcillac
ipbie du marin la . — P. DE Si-Seyeiun.
h (la). — J. DusaULCHOY
itemps. — P.-.J. Charr
Tlii '.s i bie d'un sexagénaire. — D
. — l'iiÉou. Martignon,
, bit pratique. — Cl. Gcnou.y. . . .
De-
231
479
216
451
227
366
246
TABLE DES MATIÈRES.
501
P*g.
Pique-assiette (le). — Perchelet 211
Pirates (les). — Victor Hugo 130
Pitié n'est pas de l'amour (la). — Alex. Duval. . . l3(i
Plaideurs et l'huître (les). — Pluchonneau et Mail-
lard • . 87
Plaisir |le). — Perchelet 241
Plaisir dans un petit lieu lie). — T. Hoyet. . . • 442
Plaisirs du village (les). — Anonyme 389
Pleurons , amis , les raisins sont gelés. — SaLGaT. . 426
Plus beaux jours de la vie (les). — i.-J.-P. Bkiand. . 451
Plus on monte et plus on descend. — Ch.CoimaNCE. 407
Poète épicurien (le). — Anonyme 293
Pointe de vin. — A St-Gilles 426
Polichinelle. — Anonyme 82
Ponts de Paris (les). — Ducray-Duminil 406
Porte et le cœur (la). — Perchelet 207
Portons gaiment notre fardeau. — B. de Rougemont. 221
Portrait de Myrthé. — Jos. Servières 114
Pos' ta chique et fais le mort. — J. Leroy 155
Pour moi je ris tant que le tonneau coule. — Joseph
Servières 47
Pourquoi? — Anonyme. 121
Pourquoi boire de l'eau? — Panard 158
Pouvoir d'Érigone (le). — T. Thibault 2S2
Pouvoir du vin (le). — BrAziek 433
Prends garde, montagnarde. — Sckibe 108
Prenez pitié de moi. — Germ. et Casim. Delavigne. 1 4
Principes de morale. — L. Festeau 153
Prémisses de Javotte (les). — Eue. de Pkadel. . . 171
Prévoyance Ja). — Eue. Berthier 182
Prière d'un bon chrétien. — A. Martai.nville. . . 187
Prince Eugène (lel. — Em. Debreaux 490
Printemps (lel. — Em. Varin 385
Prix du moment (le). — Panard 202
Procès de la reine d'Angleterre. — Anony'ME. . . . 146
Promenons-nous dans les bois. — Anonyme.. ... 75
Proverbe retourné (le). — Arm. Gouffé 279
Puisque sans boue on ne peut vivre. — Désaugiers. 21
Pupille (la). — L. Crevel deCharlemagne. . . . 140
Quand Biron voulut danser. — Anonyme 77
Quatre refrains de Grégoire (les). — Gentil. . . . 27j
\ie chacun en fasse autant. — Franci- d'AllArde. 345
£ue de bi , que de baïonnettes. — Anonyme. ... 52
Que j'aime eu tout temps la taverne. — De l'Estoile. 435
Quelques usages d'un pays. — Em. Barateau. . . 421
Raccommodement (le). — Anonyme 139
Raisins mûriront (les).— Fortuné G. de St-Germain. 445
Ramponneau. — Just. Cabassol 40
Rat de ville et le rat des champs (le). — Anonyme . 95
Rat de ville et le rat des champs (le) — E .Neveu. . 89
Redingote grise (la).— Em. Debrfa"X 4SI
Réflexions épicuriennes. — Antignac 349
Regrets d'un amant. — Hoffman 104
Regrets d'un époux. — Anonyme 200
Rempailleur le). — Dumersan et Brazier. . . . 180
Renard et la cigogne (le). — P. Foktoul 77
Renard et le corbeau (le). — Anonyme 63
Beuardet les raisins (le). — Marc Constantin. . . 61
Républicaine liai — Eug. Wœstin. ... . 459
Retour de Pierre de). — Anonyme. 22d
Retour du tro ibadour (lel. — Anonyme 464
Rêve doré d'un pauvre diable. — P.-J. Cha >rin. . Ï23
Réveil du chansonnier (le). — J. Bigot 354
Réveil du peuple le). — L. Festeau 462
Richesse de celui qui n'a rien (la). — P. C 375
Rien n'était si joli qu'Adèle. — Désaugiers. . . . 205
Rieur éternel île). — Simonnin 356
Rigolet'e. — P.-J. Charrin 32g
Rions toujouis. — Théod. Martignon 364
Riquet-à-la-Houppe. — Ch. Delangf.
Rocher de Saint-Malo imon). — Gust. LkMoisE. .
Roi de la fève (lel.— Aug. Arnaud
Roi deSardaigne(le). —Anonyme
Roi et l'épicurien (lei. — AlexaNDkf ,
Roland. — Houdard .
Roland à Roncevaux. — Rouget de Li le. . . ,
Ronde du maçon. — Scribe et G Dklavign . . ,
Rosalie (romance de). — Anonyme ,
Rose (la). — Gentil-Bernard
Rose et la croix (la). — Anonyme
Rose et l'épine (la). — C. B
Rouet (le). — Paul Ciiazot
Roule ta bosse. — Cas. Ménestru k ,
Rousseau (à). — Lefèvre ,
Royal tambour (le). — E. Barateau
Ruisseau (le). — Demoustier. .
Sabre (le). —Em. Debreaux
Sage résolution (la). —C. -H. de Longchamp>. . ,
Saint Carnaval (le). —C. -H. de Longciiamps. . .
Saint Denis. — Ahmand Gouffé
Sainle-Hélène. — Em. Debkeaux
Saint Martin. — Armand Gouffé.
Salut bachique (le). — Labbé
Santé (la). — Martin Crecy
Saule du malheureux (le). — Ducis
Sauvage (le) — L. Voitelain
Séduisant je ne sais quoi (le). — Anonyme
Séjour des damnés (le). — Anonyme
Sérieux (le). — Anonyme
Si ça t'arrive encore. — J. Simard. . . . . . .
Signal avait retenti (le). —Arago
Silène. — Louvet
Si le vin coulait dans la Seine, — Anonyme. . . .
Sirène (la). — Scribe
Soldat et le berger (le). — Anonyme
Soleil de la République. — Morambert père. . . .
Solitaire (le). — Panard. .
Son que je préfère (le). — Désaugiers. . . . . .
Songes (les). — Em. Debreaux
ouper de Manon(le). — Gustave NaDaud. . . .
Statues animées (les). — Anonyme
Suffrage universel (le). — Em. Yarin
Suivons les traces du plaisir — Perchelet. . . .
Sur le pont d'Avignon. — Anonyme. ......
Suzette. — Perchelet
Tableet l'amour (la). — J. Bigot
Talisman d'amour (le). — Perchelet
Tambour battant. — Favart
Tambourin du vallon (le). — Anonyme
Tant que le vin ira son train. — Em. Debreaux. . .
Tant qu'on a du bon vin. — Marcillac
Tapez, tapez-moi là -d'ssus. — Ch. Colmance. . .
Taverne (la). — Motin
Temps (le). — Ant Dida
Tic toc tin tin. — Adolphe Porte
Tirez la bobinette. — L. Voitelain
Tirez la sonnette. — Perchelet
Titi candidat. — Adolphe Porte
Titi le talocheur. — Cogniard frères et Jaime. , .
Toi qui donnes l'ivresse. — Fortuné G. de Sr-CcR-
MA1N
Tombe d'Eugène (la). — Anonyme
Tombeau d'Alfred (le). — Anonyme
Tonneau (le). — Le Prévost d'Ira y. , . . . .
Tonnerre (le). — Em. Debreaux
Tonton, tontaine. — Mahion Dumersan
Toujours à Bacchus on boira. — Fessin.
Toujours content. — Pierre Colau. ..«..,
pa .
71
129
b2
82
356
481
480
115
140
102
4G6
165
124
411
489
316
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408
277
313
401
47S
28l
455
279
135
232
416
197
162
316
400
31
269
98
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399
12
224
193
203
479
237
80
196
339
177
390
4il
19
34
254
260
23
413
27
393
390
435
4S3
138
339
22S
297
266
360
502
TABLE DES MATIÈRES.
Tour, prends garde (la). — Anonyme. c&
Tourlourou (le). — Anonyme 378
Tourterelle (lai — Em.Varin H2
Tout chemin mène à Rome. — Marcillac 229
Treille de sincérité (la1. — DÉsaugiers 18
Tribune des flonflons ila». — Le chevalier Coupé Di
St-Germain iS
Trio du vin(le|. — ChatilLON 453
Trois cents s ldats. — Anonyme • • 94
Trois couleurs (les!. — Adolphe Blanc .... 462
Trompette à piston (la). — Charles 318
Troubadours modernes (les . — Pus . ■ 22j
Tu n'en auras pas l'étrenne. — Madame Elisa
Fleury . . 321
Tuons le temps. — Francis d'Ali.arde. ... - 374
Un cœur sensible et des principes. — Ulric Gut-
tinguer S25
Une course en omnibus. — Ch. Colmance 187
Une nuit à Madrid. —Laurent. . • 139
Un heureux caractère. — P.-J. Ch*rrIN 250
Un heureux ménage. — Ch. Colmance. ..... 1S3
Un homme sensible. — Kug. Desaugîers 307
Univers est à moi il')! — P. Ledoux 446
Vaillant troubadour (le). —Anonyme 468
Vaincre ou mourir pour la patrie. — Em. Debreaux. 480
Val béni lei — Gust. LemoinE 109
Varsovienne (la . — Cas. Delavign 457
Veille, le jour et le lendemain (laj. — Millevoye. . 117
Vendante la<. — Gust. Mathieu 37
Vandange (la). — Cas.Ménestrier 46
Vendanges de Cythère (les). — Dorât 286
Vendanges yles. — Dufresny 152
Vendanges de la folie (lesi. —Collé 286
Vendanges sont faites (le-). — Perchelet 42
Vendangeurs |'e chant des). - Perchelet 33
Vendangeuse (la). — Dernevai. 205
Venez , venez à mon secours. — Douilly. .... 137
pa .
6Vengeur (le). — Anonyme. . 492
Vérités gasconnes (lesl. — P.-J. Charrin 328
Verre le). — DÉsaugiers 4
Verse encore. — DÉsaugiers 9
Versez rasade. — F. -P. -A. Léger 445
Vertus d'un bon vivant îles). — Thierry Petit. . . 374
Vidons la coupe enchanteresse. — Perchelit. . . 36
V ,1a . — Racan 2Ô5
Vie est un voyage (la). — Morel 217
Vieille (lai. — Anonyme 54
Vignes (les). — J. Dusaulchoy 2h7
Villanelle. — Casimir et Germain Delavigse. . . 98
Vin (le). — Anonyme 278
Vin de bordeaux (le). — Ant. Dida 23
Vin et la vérité (le). — Armand Gouffé 342
Vin et ma maîtresse (le). — Ed Revenaz 283
Vin nouveau de). — Ch. de L\ Madeleine. . . . 428
Vin vieux et jeunes amours — Ch. Morisset. . . . 249
Vive Henri IV! — Collé 277
Vi>'e le bon vin ! — F. Dauphin 280
Vive le vin I — Anonyme 425
Viveur de). — Perchelet 17
.Viveur (le). — L. Voitelain 232
Viveur )le). — Perchelet 275
Vivons toujours en francs épicuriens.— Perchelet. 215
Vœu à la madone (un). — Gust. Lemoine 103
Voir couleur de rose. — J. Dusaulchoy 3-33
Volontaire |le|. — E. Beaumester 111
Volonta'res de 1792 (les). — Ch. Gilles 463
Vos maris en Palestine — Scribe et Poirson. . . 173
Vous m'entendez bien. — Domier 161
Voyage à Paris (le|. — SalGat 393
Vrai mangeur (lei. — Désaugie s. . .... 431
Vraie philosophie (la). — Delkieu 362
Y aiiuéqu' chose là-d'ssous. — Em. Varin. ... 156
Zélie. — Balzac. • J*°
FIN OL. LA TABLE.
PLACEMENT
DES GRAVURES DES CHANSONS
lom: DEUXIEME
pages.
Le Fond de la besace 1
Le Nouveau Grégoire 26
Rondes enfantines, en frontispice 49
il était une bergère 50
La Vieille 54
Girofle, girofla 60
Le Petit mari 67
Cécilia 72
Fille du roi, donnez-moi votre rose 94
L'Ermite 95
La Neige 97
La Pupille 1 40
pages
Le Matelot de Bordeaux \ 66
Amusez-vous, belles 205
Le Char de la vie 209
La Fin 253
Crois-moi, plante de la vigne 257
Le Refrain du chasseur 297
La Contrariante 334
Asmodée 337
Vive Henri IV 377
Vive le vin 425
C'est le bon viu 454
La Varsovienne 457
mnis. — rupRiHEnie de pillbt fus aine, rie i>fs grands -aogcstins, ">
TABLE
DES MATIÈRES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS.
Abrantès ( duc d'). Pa8«
Tradita , tome 1 256
Alexandre.
Roi et l'épicurien île), t. 2 356
Attarde (Francis d'j.
Que chacun en fasse autant, t. 2. , . .... 345
Tuons le temps, t. 2 374
Alphonse (Cl,).
Des roses et du vin , t. 2 438
Auoiitiiics.
A boire ! à boire 1 à boire ! t. 2 275
Ah! le bel oiseau, maman, t. 1 103
Ah! que l'amour aurait jour moi de charmes, t. 2 . 132
Ah ! que l'amour est agréable, t. 1 50
Ah ! si madame me voyait ! t. 2. . • 461
Alouette et le pinson 1') , t. 2. 81
Ame de quinze ans, t. 1 167
Amour la nuit et le jour (1'} , t. 1 337
Amours de Chauvin [V s) , t. 2 1~5
Au clair de la lune , t. 1 265
Avant tout la pairie, t. 2 472
Aveugle |1') , t. 2 141
Ah ! vous dirai-je, maman, t. 1 10
Babet et Colin , t. 2 191
Bayard,t.l 79
Beau château île) , t. 2 65
Bergère délaissée (la|, t. 2 424
Biquette et le loup, t. 2 179
Biron , t. 2. . . 7b
Bocage que l'aurore, t. 2 138
Bnne aventure enfantine (la), t. 2 79
B'issus desi , t. I . . 150
Brasseur de Preston [le] , t. 2 331
Biise du matin (la) , t. 1 22
Ça, t. 1 . . . 33i
Cadet-Rousselle, t. 1 149
Cantique de Saint-Hubert, 1. 1 ?.. . 159
Carmagnole (la) , t. 1 70
Castel (le), t. 2 .... 113
Cécilia, t. 2 .... ' 72
C'est le bon vin, t. 2 4 4
C'est un péché que la paresse, t. 2 201
Chantons Bacchus et Cornus, t. 2. 268
Château d'Elvire (le), t. 2 134
Chevalier du roi (le), t. 2 69
Chien fidèle (le), t. 2 402
Cloche de "Volnay (la), t. 2 127
Colin et Colinette, t. 2 195
Commençons la semaine, t.] 41
Comte Orry de), t. 1. . 122
Compère Guilleri, t. 1 . loi;
Conscrit de Corbeil (le), t. 2 332
pag.
Cousinage (le), tome 2 92
Crois-moi, p'ante de la vigne, t. 2. 257
Dans la riche Venise, t. 1 192
Débris (les), t. 2 367
Départ du conscrit (le), t. 1 155
Départements (les), t. 2 183
Destrier (le), t. 2 477
Dialogue du vin et de l'eau, t. 2 2B0
Du bon vin et des vignerons, t. 2 263
Ecole buissonnière |l'),t. 2 83
Eléonore, t. : 133
En revenant de la foire, t. 2 53
Et je serai sage demain, t. 1 102
Etudiants îles), t. 2 2-1
Faut finir par là, t. 2. • 170
Faut l'oublier, t. 1. .... 440
Fileuseda), t. 2 122
Filles à marier les , t. 2 86
Fond de la besace (le), t. 2 i
Fourniment le), t. 2 327
Frères , il faut vivre, t. 2 373
Furet du bois joli (le), t. 2 67
Geneviève de Brabant, t. 1 134
Genou de Marinette (le), t. 2 150
Gentil coquelicot, t. 2 74
Girofle , girofla, t. 2 60
Heloïse, t. 2 143
Henriette était fille, t. 1 131
Hous^ard de la garde île), t. 2 327
Humble toit de mon père T , t. 2 144
li est minuit , t. 1 . 14
11 était une bergère , t. 2 50
Immortalité (1' , t. 2 2;0
imogine etAlonzo. t. 2 4ti5
J'aime les amours , t. 2. 16o
J'aimerai qui m'aime , t. 2 b3
Jardinier fleuriste lie), t 2 302
Je n'ai qu'un sou, t. 1 157
Je t'aimerai, j'adorerai mes chaînes, t. 1 2u4
Jeune page de), t. 2 172
Juif-Errant (le), t. 1 129
Laurier lie), t. 2 64
Lendemain |lei , t. 1 . . 126
Lettre de mademoiselle Félicité, t 2 501
Loup blanc (lel, t. 2 2i 0
Mm Tartine jhstoiie merveilleuse dei, t 2. . . . 52
Maire d'Eu (e), t. 1 311
Malbrough , t. 1 11!
Marguerite (la), t. 2 73
Marianne s'en allant au moulin , t. 2 53
Marin (le), t. 2 214
Matelot de Bordeaux (lej , t. 2 145
Melomanie (la) , t. 2, 222
Mère Michel (la), t. 1 146
Mer Rouge (la), t. 2 29*
l?S
t. il. - 7G
SOf
TABLE DES MATIÈRES.
Mésange (lai , t. J 26
Mourement Deroétuel (le) , t. 1 59
Moine; » > i, ........... • 441
Mon pays avant tout , t. 2 396
Monsieur Delorme , t. 2 197
Mourir pour la patrie , t. 2 471
Neige (la| , t. 2 97
Nos amours ont duré toute une semaine , t. 1. . . 374
Nous n'irons plus au bois , t. 2 49
Oiseau bleu (!') , t. 2 120
Oscar, t. 2 121
Paix du ménage (la! , t. 1 341
Palisse (de lai , t. 1 142
Pauvre nègre (le! . t. 2. . 128
Pauvre, pauvre que je suis, t. 2 87
Peine et le plaisir (lai, t. 2 313
Perrette, t. 2 173
Petite Jeanneton lai, t. 2 140
Petit mari le) . t 2 67
Petit pastour (le) , t. 2. . 138
Plaisirs du village (les, . t. 2. '. 389
Poète épicurien (le . t. 2 293
Polichinelle, t 2 82
Portrait lel , t. 1 11
Portrait de la vie (le) , t. 1 214
Pourquoi, t. 2 121
Procès 'le la reine d'Angleterre, t. 2 . 146
Promenons-nous dans les bois, t. 2 75
Que de bi, que de baïonnettes, t. 2. 52
Raccommodement (lel , t. 2 139
Rat de ville et le rat des champs (le) , t. 2 95
ts d'un époux, t. 2 200
Renard et le corbeau (le) , t. 2 63
Retour de Pierre (le) , t. 2 12 i
Retour du troubadour, t. 2 464
Roi Dagobert (lel , t. 1 146
Roi deSardaigne (le) , t. 2. 82
Rosalie (romance de) , t. 2 140
Rose et la croix la , t. 2 466
Saint-Crépin, t. 1 158
Séduisant je ne sais quoi (le) , t. 2 416
Séjour des damnés (le) , t. 2 197
Sérieux de , t. 2 . . . . 162
Si le vin coulait dans la Seine, t. 2 169
Soldat et le berger (le) , t. 2 280
Statues animées (les , t. 2 203
Sur le pont d'Avignon, t. 2 8o
Taisez-vous, t. 1 120
Tambourin (le , t. 1 6
Tambourin du vallon le) , t. 2 461
Tombe d'Eugène (la) , t. 2 483
Tombeau d'Alfred (le) , t. 2 138
Tourlourou (!e . t 2 378
Tour, prends garde (la) , t. 2 65
oldats , t. 2 94
I d'airain (le) , t. 1 81
Vaillant troubadour (le), t. 1
le), t. 2 492
t. S M
t. 2 278
Vivre loin de ses amouis , t. 1. ::
Vive le vin ! t. 2. . !_,;,
Antlgnae.
Passez votre chemin, t. 2 4»
Réflexions épicurienne , t. 2 949
Aru«o (.:.).
.n , t. 1 84
pas-
Signal avait retenti île) , t. 2. 400
Arnaud (Auguste).
Roi de la fève (le), t. 2 i2
Arsène.
Mes vieux souvenirs, t. 2 364
% 11 lit 11
Dans la riche Venise, t. 1 192
AiimaNMip Œ.)*
Na] les, t. 1 167
Bailly J.-F).
Jeunesse et plaisir, t. 2 247
Balzac.
Zélie , t. 2. 120
Uaour «le l.ormlaii.
Adieux d'Oscar les), t. i 471
Baour de i.orniian et Etienne.
Oriflamme (l'I, t. 2 490
Barallc.
Un aveu, t. 1 248
Barateau ', Emile .
Air natal il',, t. 1 . . 189
Amants de Tours Iles) , t. 2 U2
Arrivée du régiment l'I, t. 1 187
B n curé ilei , t. 1 254
Calme lie), t. 1. . . . ■ 165
Chute des feuilles (la) , t. 1 171
De mon village on ne voit 1 V>> Par. s , t. 1 237
Éveille-toi, t. 1 270
Fille du pêcheur (la), t. 2 us
Fleur des bois, t. 2 131
Jardinière du roi (la', t
Jenny l'ouvrière , t. 1 105
Je suis lazzaronue , t. 1 256
Je t'aime à genoux , t, 2 119
Notre vaisseau va quitter, 1. 1 9
Quelques usages d'un pays . t. 2 321
Royal tambour (lel, t. 2 :ii6
Une chanson bretonne , t. 1. . . 168
Une fleur pour réponse, t. 1 9
11 revenez de l'année , t. 1 247
llarré, Itutlvl, Desfoiitalnes et Picard.
Ah ! que de chagrins dans la vie , t 1 go
Baiittsuy (De).
ne (la) , t. 1 2O6
Beaumarchais.
Garçon corn on n'en voit guère (le), t, 2. .... 164
Je suis natif de Tarare , 1. 1 t 209
Beat «ter Eugène).
Sonnette du diable (la) , t. 1 379
Volontaire |'e), t. 3 \\\
Beaiipluii ( A de ).
i he encor cett'- \ 1 43
la) , \. l j24
, .1 3
Femm à .dan Beau vais a . t. 2 317
Jiime fl |la , t. li 134
TABLE DES MATIERES.
50 :
Leçon de valse (lai , t. 1 - . . . 267
Moulin de ma tinte (lej , t. 1 3C0
Non , je ne valse pas, t. 2. 304
Pardon (le!, t. 1 183
Père Tnnque Fort de) , t. 1 43
Trompez îuoi , trompons-nous, t. 1 273
Belle (aîlie).
Buvons ! t. 2 430
Déranger.
Gueux (les) , t. 2. . . . 210
Presque toutes les chansons de Béranger ont été pop i-
laires. Nous donnons ici celle qui, à notre avis, a obtenu le
plus de popularité. 11 existe du reste une édition dus œu-
vres de l'illustre chansonnier dans le même format que les
chansons nationales. Ces deux ouvrages réunis forment une
bibliothèque complète des chansons françaises
Bérai (F.).
Batelière de seize ans (lai , t. 1 24y
Au diable les leçons, t. 1 296
Bonne espérance, t. 2.. ........ 132
Causeries du soir (les) , t. 1. . 232
Lettre à Marie , t. 2 125
Lisette de Béranger (la), t. 1 2T5
Ma Normandie , t. 1 24
Montagnarde (la) , t. 2 142
Valse dans la prairie ila), t. 1 250
Bernard Varville.
Romance de Marcelhn , t. 1 367
Bernbaeli II/.
Philosophie d'une grisette (la: , t 1 331
ut-mi* ( le cardinal de ).
Le connais-tu î t. 1 375
Berquin.
Amourettes (les) , t. 1 S
Pécheur pris dans ses filets (le), t, 1. . . . . . 3"5
Vivent les fillettes , mais pour un seul jour, t. 1. . . 8
Berthler (Eugène\
A genoux devant les pochrrds , t. 2 2^7
Prévoyance (la1, t. 2 182
Bétourné (A.).
Allons danser sur la colline, t. 2 119
Bouteille da', t. 2 264
Fête de la madone (la), t. 1 26
Fuite du contiebandier (la), t. 1 362
Jeune Albanaise (la), t. 1. . , 23
Jeune fille aux yeux noirs, t. 1 24
Pauvre négresse |la), t. 1 vj
Souvenirs du pays (les), t I. Il,,;
Bigot (G.).
Réveil du chansonnier (lel, t. 2 354
Table et l'amour \lai, t. 2 339
Billions.
Bluuquct (A.). pa-S
0 France ! une étemelle gloire, t. 1 90
Blonde I.
C'est encore goûter le bonheur, t. 2 . 10
Encore un nouveau Grégoire , t. 2 26
Rigoleurs àRomainville (les), t. 1 333
Blot (S.)
Vieille tante Marguerite, t. 1 103
Bom-lly et S'aiii.
Aux montagnes de la Savoie , t. 1 ls
Boitneval (le comte de;.
Jouissons du temps présent , t.! 35
Bouelicr de Perthes.
Petit blanc, t 1 30
Petite mendiante (la), t. 2 140
Boudin.
Mlle Marie , t 2 3n
Souffler'» (le chevalier de .
Amour est un enfant tiompeur (l'i, t. 1. . . . . . 35g
B lie Bourbonnaise (lai, t. 1 . . 154
Velléda, t 1 373
Bouilly.
Distances (les), t. 2 19 j
Rondeau d'une folie , t. 1 203
Un bienfait n'est jamais perdu , t. 1. 3CS
Venez, venez à mon secours , t. 2 137
Bouilly et J. Pain.
Romance de Fanchon la vi lieuse, t. 1 13
Bouilli > et iHoreau.
Premier pas (le), t 1 H2
Bouniol.
Retour en France, t. I 169
Brault,
Coup depicton (un), t. 2
ulunc (Adolphe).
Trois couleurs (les), t. 2
Aube riante annonçait le matin (1'), t. 1,
Sentinelle (lai, t. 1 .
Brazier (N.
Comme on fait son lit on se couche, t. 2 315
Curalie.t. 1 32
Il faut rire , t. 2 375
Je veux finir comme j'ai commencé, t. 2 253
Nos vingt ans , t 1 2 i2
Pouvoir du vin (lei, t. 2 433
Brazier et Gabriel,
J'ai perdu mou coutiau , t. 2 303
JSrevaitue (De .
Amourmarchand de plaisirs (l),t. 1 \\
Biiuud (A.-J.-P ).
Plus beaux jours de la vie (les) , t. 2 451
Brillât Savarin.
Choix des sciences (le) , t. 2 . . 254
S08
TABLE DES MATIERES.
Biisset. Pae-
Il reviendra demain matin, t. 1 375
Uiiguct (L.).
Ma cavale, t. 1 19
« abasMol (Justin).
Ahl si madame le savait ! t. 2 204
Cabaret de la Pomme de pin (le), t. "2 28
Chien du régiment Je , t. 2 331
Dieu! si mon amant me battait ! t. 2 l->3
Jeune purtièie il a , t. 2 190
Lattaignant, t. 2 212
Léda, t. 2 1*4
Lilas est en fleur (le| , t. 2 238
Mort d'une puce, t. 2 1S6
Hamponneau , t. 2 40
Savoir-faire le), t. 1 330
Versez du vin , t. 2 43
Camille.
Bon pasteur lie), t. 2 122
0...(B.)
Rose et l'épine (la), t. 2 165
Carpeutier (Marie).
Mère du conscrit la, t. 1 353
Catalan (dentiste).
Fualdès , t. 1 137
Cateliu (A.).
Cest toi, t. 1 174
« habaiidlèrc et Etienne (de la).
Point du jour ilel, t. 1 27
Chaïupcour (A. de)
Narcue du chagrin , t. 2 456
Champion .Charles).
Enivrez encor l'univers, t. 2 272
Chanu.
A tous les coups l'on gagne , t. 1 327
Chambre â Lison >la| , t. 1. . 3^0
Coquillage difficile à trouver (le), t. 1 312
I >'ii.jrr amant de Lise |lei, t 1 324
Epicurienne i i. t. 2 213
II faut souffrir pour le plaisir, t. 1 112
Javotte |je vis près du Palais-Royal), t. 1 312
« liiii-i m iP.-J.).
A table on se fait des amis , t. 2. . . 2C6
■erie, t. 2 123
• -.et le vin (les , t. 2 41
(Jarnin de Paris ilei, t. 2 405
Invalide français l'i , t. 2 184
Jalousie, t. 2 117
Ht Prudcntin, t. 2 33ô
Philosophie de Roger Bontemps (lai. t. 2 227
R*re doré d'un pauvre,diable, t. 2 233
Rigolette, t. 2 831
t'-,250, t 2 360
\entvs gasconne» (les, t. 2 3*8
Cbarlemagnc (A.). pag.
Grandes vérités (les), t. 1 19)
Charles.
Trompette à piston ila), t. 2 318
Chateaubriand (De).
Cid (le), t. 2 461
Combien j'ai douce souvenance, t. 1 1
Chatlllon.
Trio du vin (le) , t. 2 453
Clmzot (Paul de).
Rouet (le) , t. : 124
Chénlcr (M.-J.).
A la liberté (hymne) , t. 2 493
Chant du départ (le), t. 1 66
1 ha„t du 14 juillet île), 1. 1 94
Chant du retour, t. 2 477
Fuyant les villes consternées, t. 1 83
Mirabeau, t. 2 487
Choiay (M. de).
Écoutez, sexe aimable , t. 1 126
Ciolina.
Fête du \illage da), t. 2 300
Clairtillc et Alllon.
Petite Margot (la , t. 1 272
Clairville (aîné).
Gaité suit la pauvreté lia), t. 1 2j8
Clayc (N.-M. ; (d'Eure-et-Loir).
A boire , versez , amis, versez du vin, t. 1. . . . 60
Glouglous (lesi, t. ' 36
Clément (Eugène).
Chat, la belette et le petit lapin (le) , t. 2. .... 88
Cogez.
Bonbonnière (la), t. 2 190
Cogniard frères.
Adieux du vieux soldat lies), t. 2 405
Conscrits montagnards (lesl, t. 2 381
Deux conscrits |les| , t. 2 336
En avant marchons, marchons, t. 1 82
Fille d ■ l'air (la), t. 1 208
disettes de Paris (les), t 1. 350
Jacquot le ramoneur, t. 1 181
Cogulai d frères et Jal se.
Lion d'or (le) , t. 2 299
Titi le talucheur, t. 2 396
Cola u ; Pierre).
Bouteille (la), t. 2 293
.i ix <!icux , vive le vin! t. 2 292
Toujours content , t. 2 360
Collé.
C'est la façon de le faire qui fait tout, t. 2 167
l aisstz donc chacun comme il est , t. 1 323
TABLE DES MATIÈRES,
509
pas
Péché de paresse (le), t. 2 2°3
Vendanges de la folie (les* , t. 2 286
Vive Henri IV! t. 2 377
Colniauce (Charles).
Buvons, amis, ce n'est qu'avec le vin, t. 1 47
Cabaret des trois lurons de) , t. 2. 8
Enfant terrible (un), t. 2 149
Fête au sérail (une) , t. 2 152
Fille et garçon , t. 1 30G
Heureuse rencontre d') , t. 1 317
Ingénue d'|, t 2 323
Musette (la), t. 2. . . ,155
P'tit bleu lie), t. 1 52
Plus on monte et plus on descend , t. 2 407
Tapez , tapez-moi là-dessus , t. 2 6
Une course en omnibus , t. 2 187
Un heureux ménage, t. 2 183
Un homme en ribotte, t. 1 50
Colombier (A. du).
Scrutin des buveurs , t. 1 41
Combes (jeune).
Amour et le Champagne (l'I, t. 2 284
Lisette et le vin, t. 2 282
Cormoii et Cliubot.
Bon jour et bon soir, t. 2. 310
Coupé de Saiut-Douat (le chevalier).
C'est ça, t. 2 270
Tribune des flonflons liai , t. 2. ....... . 239
Coupigny.
Il est trop tard, t. 1 15
Courcy (F. de ).
Chiffonniers de Paris (les), t. 2 382
Cigarres (les), t. 2 245
Couvre-feu de), t. 1 2Ô9
Gamin de Paris (1), t. 2 313
Hochet (lel, t. 1 254
Millionnaire (lel, t. 2 335
Mon lit, mon pauvre lit, t. 1 207
Oui . je suis grisette , t. 1 ]04
Petits chanteurs des rues des , t. 2. ...... . 305
Surnuméraire (le), t. 1 220
Crécy (Martin).
Santé (la), t. 2 279
Crevel de Charlemague.
Bal champêtre le), t. 1 3g2
Beau ciel de ma patrie , t. 1 251
Calme reviendra (le), t. 2 262
Départ du village (le), t. 1 26H
Fsméralda, t. 1 2)3
Fête des madones lia), t. 1 3fi-,
Fiancée d'Appenzell da), t. 1 7
Heureux pêcheur (1'), t. ] 35.
Jeune fille de Sorrente (la), t. 1 252
Jeune exilé (le), t 1 364
Muletier du Vésuve (le), t. 1 292
Orgie (T), t. 2 13
Pêcheur napolitain île), t. 1 363
Promenade en gondole (la), t. 1 37S
Pu.ille da', t. 2 j40
p;'g.
Retour au châlet(l e ,-. 3C3
Reviens à moi, t. 1 25li
Tartane (la), t. 1 354
Un cœur de jeune fille, t. 1 361
Cuiiièrcs (le chevalier de).
Amour sentinelle (D, t. 2 1:9
Dnlcs (aîné).
Grenouille et le bœuf (la', t. 2 89
Pour rigoler montons, montons à la Barrière, t. 1. . 45
Dalès (Alexis).
A genoux devant le soleil , t. 2 223
Ane et la flûte (l'I, t. 2 e2
Barbe-bleue lai, t. 2 90
Bulle de savon lia), t. 1. . 225
Conseils à Lisette , t. 1 c30
Lapin et la sarcelle (lei, t. 2 S5
D'Allarde (Francis).
Tuons le temps, t. 2 374
Ualviniare.
Un gentil troubadour, t. 1 76
Dancourt,
Bonne aventure [la), t. 1. 192
ttartois et F. d'Allarde.
C'est l'amour, l'amour, t. 2 180
Dartols.
Marie, t 1. . . 271
Daupbiu (F.).
Bonheur de l'homme (le), t. 2 276
Bon Silène dei, t. 1 39
Ci st toujours ça, t. 1 345
Conseils à mon fils, t. 1 117
Doigt de vin (le), t. 2. . . 259
Faites-moi vivre encor longtemps , t. 2 '. 225
Fille complaisante da|, t. 1 346
Hercule, t. 2 1^9
Homme étonnant (l'I. t 1. . . . 337
Lucas , t. 1. 0-I.3
Mère Bontemps (la), t. 1. . . . 102
Ne m'en filez pas, t. 1 347
Paix (la), t. 2. 294
Sœur de charité (la), t. 1 303
Vive le bon vin, t. 2 280
Deblonue.
S'il fut jamais sur terre, t. 1. . . . .... 16
Dcbrcaux (Emile).
Badinez ; mais restez-en là , t. 2 ni
Bélisaire, t. 2 46J
Bertrand au tombeau de Napoléon , t. 2. . . . 485
Bijou de famille (le), t. 2 166
Cabaret (le), t. 2 3
Champ de bataille le), t. 2 234
Chevalier français île 1, t. 2 419
Colonne (lai , t. 1 72
Conscrit (le), I. 2 304
Coquilles d'huîtres îles), t. 2 188
De quoi vous plaignez-vous! t. 2 179
Dernière goutte lai, t. 1. . . , , 39
510
TABLE DES MATIERES.
pag.
Fanf.in la Tulipe, t. 2 332
Filles honnêtes les), t. î 319
Grand verre et | etite maîtresse t. 2 21
Grenadier le), t. 2 322
Grisette ilal, t. 2 168
Honneur du nom français (l'|, t. 2 , 472
11 est un Dieu , t. 2 238
Javotte.t. 2 '. . ' 176
Jeune soldat (le), t. 2 395
Joyeux troubadours îles), t. 2 35
Ma casquette . t. 2 216
Marcngo, t. 2 ... 475
Marronniers |lesi, t. 1 194
Mes vieux souvenirs , t. 1 33
Mes \oeux, t. 1 . 210
Mont Saint-Jean (le*, t. 1 74
Montébell ■ , t. 2 489
Mousse (la), t. 2 220
Moyen d'être heureux , t. 1 236
Neige la), t. 2 236
Paresse ilai. t. 2. 174
P'tit Mimile. t. 1 282
Peut-on savoir où Dieu nous conduira , t. 2 231
Prince Eugène (le, t. 2 490
Redingote grise la), t. : 481
Regardez , mais n'y touchez pas , t. 1 215
Rêvez le bonheur, t. 1 223
Rions jusqu'au trépas, t. 1 218
Sabre (le) , t. 2 408
Sainte-Hélène , t. 2 478
Songes tles!, t. 2 224
Tant que le vin ira son train , t. 2 19
Te souviens- tu, t. 1 109
Tonnerre (le) , t. 2 226
Vaincre ou mo irir | our la patrie, t. 2 480
Décour (Eugène).
Après moi le déluge! t. 2 352
Vrai momusien (le| , t. 1 37
Dejaure.
Romance de Montano et Stéphanie, t. 1 374
Delarour.
Maître d'équipage (lel, t. 62
Dclahaye.
Amour au village (1), t. 1 245
Uelange fCh.).
Histoire de Cendrillon , t. 1 301
Petit Chaperon-Rouge (le), t. 2. . 5g
Petit Pou et de', t. 2 60
Riquetà-la-Ho .,. ,,e, t. 2 71
Delnvlsrwc/Cncirnir).
Br ganine (la , U \ 25
I). tre badriqoe, t 2 14
t. 1 23
! u , t. 2. 4G0
.nne (la) . t. 2 407
n< iati(£u<' [i asimirel Germain).
France a l'horreur d t. ] Hj
• 2 J04
la mol , t. 2. . . 114
Villanellc, t. i . . . . yy
Delord (Taxile'.
Myosotis (le), t. 2.
Delrlea.
Quels accents, quels transports, partout la, etc., t. 1.
Vraie philosophie (la) , t. 2
Dciuallly.
Ne montez pas chez elles , t. 1. . .
Demouilier.
I Amour filial (P), t. 1
Ruisseau |le>, I. 2
Dciincry et Clalrville.
Antiquaire (1), t. 1. . .
Cest le Champagne , t, 2.
Denuery et Grnngcr.
Bohémiens de Paris (les), t 1.
Bonheur du ménage , t. 1. . .
12J
91
362
339
367
369
292
20
283
314
Derneval.
Vendangeuse (la, . t. 2 203
Désauglers.
Allons, mettons-nous en train, t. 2
Carillon bachique (le) , t 2
Départ pour Saint-Malo (le) , t. 2
Epicurien (1') , t. 1
Franc vaurien (lel, t. 1
Gargantua (le petit) , t 2 ,
Il faut boire et manger, t. 1
La seul' prom' a le |u'a du prix, t. 1
I.'autr' matin je m' disais comnV ça, t. 1. . .
Manière de vivre cent ans ,1a , t. 1
Ma philosophie [pour jama s l'an] , t 1. . .
Ma tactique, t, 1
Ma vie épicurienne, t. 1
Monsieur et madame Denis, t. 1
Médisants (les. , t. 2
Nec plus ultra de Grégoire (lel , t. 2
Palais-Royal [lel , t. 2 ....... .
Pan pan bachique (lel , t. 2
Philosophie d'un sexagénaire, t. 2
Pierre et Pierrette, t. 1
Pilier de café (le), 1. 1
Portrait de mam'selle Margot , t. 1
Puisque sans boire on ne peut vivre, t. 2. . .
Quand on est mort c'est | our longtemps , t. 1
.- nos pères les , t. 1
Rien n'était si joli qu'Adèle , t. 2
Sexagénaire (lel, t. 1
Son que je préfère (le), t. 2
Table (lai, t. I
Tableau de Paris à cinq heures du matin , t. I.
Tableau de Paris 1 cinq heures du Soir, t. 1. . .
Tableau du Jour de l'an, t. I
Treille de sincérité (la), t. 2
l'n homme sensible , t. 2
Via c' que c'est que 1' carnaval, t. 1. . . .
Verre (lel, t. 2
Verse encore , t. 2
Vrai n.an.eur le), t. 2
D<-h(tr<ir»-t aliiioi c Miih
Rêve du mousse (le|, t. 1
2
36
399
219
325
4
210
287
113
216
205
221
201
99
391
39
297
43
2. '6
118
126
21
228
224
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222
12
213
278
280
30'i
18
307
292
4
9
414
259
TABLE DES MATIERES.
511
Desforges. PaS
Autel de la patrie d'i, t. 2 484
Desrossés (Gustave).
Ange déchu (T), t. 2 *10
De* noyers (Charles) et tlbolse.
Que notre destin s'accomplisse, t. 1. . ■ . • • • °2
Desorgues.
Hymne i l'Être suprême, t. 1 69
Desrais (filleul de Vadé).
Artiste en goguette [V , t. 2 33
Dcsranieuux (A.).
Bague de ma mère lia), t. 1 242
Dewiut Paul).
Bacchus est le dieu du plaisir, t. 2 271
Délire (le), t. 2 361
Du passé perdons la mémoire, t. 2 367
Dida (Antoine).
Chantons, amis, jusqu'à demain , t. 2 45
Conseils bachiques, t. 2 ■ ii
Hommage au genre humain (l'i. t 2 351
Mes volontés à table, t. 2 42
Mon combat avec ma bouteille , t. 2 267
Père Etienne (le) , t 2 158
Temps (le), t. 2 260
Vin de Bordeaux (le), t. 2 28
Dollet (N.).
Un mot d'espoir, t. 1 258
Domier.
Vous m'entendez bien , t. 2 161
Douve (Edouard).
Guguste, ou le vrai moutard de Paris , t. 2. . . . 30J
Jusqu'à demain , t. 2 237
L' vin à 4 sous, t. 1 57
Richesse de celui qui n'a rien (la), t. 1 22)
Dorât.
Vendanges de Cythère les), t. 2 28C
Duc (S.).
Vrai bonheur le), t. 1 54
Duché (E.).
Je l'ai juré, ma mère , t. 1.
Malheur à toi, t. 1. . . .
265
250
Dueis.
Algardet Anissa, t. 1 371
Saule du malheureux (le) , t. 1 135
Ducray-Diiniiuii.
e
Divertissons-nous , t. 2 347
Marmotte en vie (la), t. 1 106
Petit Itère (le), t 2 160
Ponts de Paris (les , t. 2 406
Diifrcsiiy.
Avaricieuse (l')t t. 2.
103
pag-
Ma philosophie , t. 2 : . . . . 452
Vendanges (les), t. 2 152
Dufresnoy (Mme).
Femme d'un prisonnier (laj, t. 1 372
Dugas (E.)
Adieu , mes petits anges, t. 1 315
Séparation (la), t. 1 187
Dumanolr ( Philippe ).
Te souviens-tu, Mariet t. 1 . 9
Diiiuanoîr et Deunery.
Vive le fruit défendu, t. 1 53
Dumas (attribuée à Alexandre,.
Ange du ciel (1) , t. 2 143
Dumas (A.) et Maquet.
Mourir pour la patrie, t. 1 87
Par la voix du canon d'alarme, t. 1 . 87
Du ias (H.)
Captive du pirate lia) , t. 1 383
Duniersan.
Hospitalière (l'( , t, 1 13
Duniersaa et Hrazicr.
Affiches (les,, t. 1 215
l'épart du grenadier (le) , t 2 320
Rempailleur de) , t. 2 180
Retour du conscrit ,1e) , t. 1 155
Duputy.
C'est bien le plus joli courage, t. 1 110
Dupeuty el Cormon.
Canal Saint-Martin (le) , t. 1 235
Paris la nuit, t 1 287
Eiupont (Pierre).
Bœufs (les] , t. 1 299
Braconnier (le), t. 2 388
Cliant des ouvriers (le) , t. 1 88
Louis d'or (le, , t. 1 377
Ma vigne, t. 1 48
Musette neuve lai , t. 1 297
Duport (P.) et Deforges.
A nous la liberté, t. 1. . . 89
Duport (A.)
Je sais attacher des rubans, t. 1. . 27
Dusaulchoy (..!.).
Bon temps perdu (le) , t. 2 255
Délire d'Érigone (le) , t 2 . . 429
MoraÎJ momusienne (la) , t. 2 357
Morale momusienne, t. 2 . 429
Philosophie d'un momusien (la) , t. 2 451
Vignes (1 s) , t. 2 287
Voir couleur de rose, t. 2 • . 338
Duval ( Alexandre).
A peine au sortir de l'enfance, t. 1 20
Il faut des époux assortis, 1. 1 163
512
TAlîLE DES MATIERES.
Oui, c'en est fait, je me marie, t. 1 :33
Pitic n'est pas de l'amour (la: , t. 2 13r'
fiolanJ, t. 1 72
Romance de Joseph, t. 1 2u
Duvcniy.
Aveugle sans chagrin [V . '. 1 320
Entoile l'historien (de P).
Quej'aimeen tout temps lataverne, t. 2 435
Etienne.
Amour pour amour, t.l 162
Couplets de Joconde. t. 1. . . . 1' 1
J ;j î 1 ngtemps parcouru le monde, t. 1 116
Langage des yeux (le! , t. 1 3o7
Romance de Cendrillon, t. 1 I7
Romance de Jocoi.de, t. 1 163
l'aine d'F.glantiuc.
11 pleut , il pleut, bergère, t. ! 4
Favart.
Amour d'Annette pour Lubin (1'), t. 2 125
Courons de la blonde à la brune 121
d'une n.ère à sa fille . t. 2 331
Marchand de chansons (le), t 2 419
Tambour battant , t 2 3lJ0
Une caresse, t. 1 «04
Favièrcs.
Droit du seigneur (le), tl 270
Félix.
Au roi de la fève, t. 2 302
FeMln.
Toujours à Bacchus on boira, t. 2 266
Fcstcaii (Louis)
Abdication du roi René (1') , t. 1 200
Ah! que c'est drôle un amoureux, t. 1 314
■ •-■ , t. 2 831
, t. 1 l86
balayeurs des , t. 1 2h'J
Bonne |la|, t. 1 127
limette deFunchette (la), t. 1 31b
Chant patriotique d '• '-' 458
Confession d'un petit oiseau , t. 2 loi
la . l- 2 l63
Devinez , t. 1 lj '
ir au banquet de nos jours, t. 2. . . . 21'J
Fiancée mOUI • -' 109
Gentille gondolière , t. 1. . ■
;,ari;r sa p'tite chapelle , t. 3
• > «7
J.,ur d( '• -
, ne faut-il pas s'inslruirel t. 1 300
t. 2 149
. '• - ' '
.. ai Rampant, t. 2 .433
t. 1 il
1°8
4ta
■ • • t. 1
82fl
1 231
pas.
Un jour de fête à la barrière, 1. 1 276
Un philosophe, t. 1 332
Usons de tout, mais n'abusons de rien, t. 1 231
Vieillard Je), t. 1 49
"Vin et la beauté (la), t. 1 62
Firmin.
A ce soir ! t. 2 192
Gentille Annette, t. 1 10
Flamant (F.).
Nouveau Démocrite (le), t. 2 248
Noyons les chagrins delà vie, t. 2 213
Fleury (Mme Élisa).
Tu n'en auras pas l'etrenne, t. 2 321
Floriuu.
C'est mon ami, rendez-le-moi, t. 2 107
Clél .ence Isauie, t. 1 369
Nom de frère le), t.2 494
Pl.iisir d'amour, t. 1 6
Que j'aime à voir les hirondelles, t. 1 12
Forgeot.
Amour et le vin (!'), t. 2 262
Fortoul (L.).
Chêne et le roseau (h), t. 2 53
Loup et l'agneau (le), t, 2 76
Quand on est Basque et bon chrétien, t. 1 1"7
Ren rd et la cigogne >lel, t. 2 77
Fougas.
Hirondelle et le proscrit (l'J, t. 1 17
François.
Buvons, chantons, t. 2 432
Caconde (Edmond).
Et nous verrons après, t 2 230
Lion et le rat (le), t. 2 . 3i3
«faconde et Fliiehouneau.
Gloire à Bacchus, t. 1 56
«iallet.
Boulangère ,1a), t. 1 91
Meunière du moulin à vent (la), t. 1 93
(■arciu (G. '.
Monseigneur, donnez-moi mon compte, t. 1. ... 310
t.arlen.
Fille intéressée lai. t. 1 333
Gautier (Théophile.
e amie est morte , t. 2 111
u en lis [comtesse de)
Gaston de Poix, t. 2 483
1 — Typ. de I*ii-i lt Bit aine, rue des Granda-Aujuslins, .*>
TABLE DES
Genoux (Claude), ouvrier margeur. Pa§-
Enfants de Noé (les), t 2 38
Jean-le-Marsouin , t. 2. ^18
Philosophie pratique, t. 2 246
Geusoul (Justin).
Angélus (l'|, t. 1 353
Gentil.
Amoureux transi (1'), t 2 392
Quatre refrains de Grégoire (les), t. 2 272
Gentil-Bernard.
Amant discret (T), t. 2 108
Rose (la), t. 2. 102
Gérnud (S.-E.).
Ermite de Sainte-Avelle |1'(, t. 1 15
Gllie Charles).
Volontaires de 1792 (les), t. 2 468
Girardiu (Mme Emile de).
Mathilde t. 2. 129
Giraud.
Meilleure philosophie (la), t. 2 31
Gola (F.)
Adieu, Venise, t. 1 2ôl
Aime-moi bien , t. 1 254
Écuyer(l'), t. 1 3S0
Palais des papes (le), t. 1 371
Gond ou (marquis de\
Boudoir d'Aspasie (le), t. 2. . 181
Gonflé (A.).
Coup du milieu (le), t. 1. 111
Éloge de l'eau , t. 1 35
Fin du jour (laJi l- l 2S
Lait des vieillards (le), t. 2 291
Parti le plus sagellel, t. 2 449
Plus on est de fous plus on rit, t. 1 34
Proverbe retourné (le), t. 2 279
Saint-Denis, t. 2. . . 401
Saint-Martin, t. 2. . . f 281
Vin et la vérité (le), t. 2 ' 342
Gonfle (A.) et Villlers.
G aiment je m'accommode, t. 1 212
Leçon (la), t. 1 31
Gourdin (A.).
Povero, t. 1 382
Gozlan (L.).
Sous-lieutenant (le), t. 1 329
134
MATIERES.
513
Granger (Edouard). pag«
Jean-Jean romantique, t. 2 403
Grout (A).
Beau Nicolas (le), t. 1 303
Gouet (A.).
Oui, monseigneur, je suis jolie, t. 1 177
Guérin (A.).
Clochettes de monvilla-e (les!, t. 1. 35")
Guérin (H).
Enfants , n'y touchez pas , t. 1
Permette a trouvé vingt sous, t. 1
179
273
Guillemé (J.-AA
J' vousd'mandeun peu si 1' bonDieu s' mêl«; de ça, t. 2. 193
Guiou(P j.
Brune Thérèse (la) , t. 1 179
Guttiuger.
Bjnheurde se revoir (le), t. 1 22
Guttinguer (Ulric).
Un cœur sensible et des principes, t. 2 323
Guy.
Couplets d'Anacréon , t 1 219
nachin (E.).
Javotte (je commence à bien pénétrer), t. 1. . . . 327
Jeune malade et les hirondelles (la), t. 1 249
Ma Lison , ma Lisette , t. 1 98
Rideaux (les) , t 1 316
Rues d'Anjou (lesl, t. 1 312
Taudis (le), t. 1 224
Uacliiii (E.) et Cuanu.
Goût de Lison (le), t. 1 1C3
Ungucnier.
Heureux philosophe (1), t. 2
Uulévy (L.).
Jeune Indienne (la), t. 1
Mauilac (Gab.).
Amis , voulez-vous m'en croire, t. 2. . . .
Muyet (T.).
Plaisir dans un petit lieu de), t. 2
Henri IV.
252
26
30
. 442
Charmante Gabr'p'.e , t. 1.
Invocation L .amour, t. 1.
IlofîUlUllH.
uant du barde, t. L.
80
13
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516
TABLE DES MATIERES.
Marri llae. PaS- '
Au bruit de ses joyeux tintins, 1. 1 61
Courtière (la), t. 3 208
Cruel vieillard, retourne sur tes pas, t. 1 212
Gourmand (le), 1. 1 233
Mes amis, ne nous plaignons pas, t. 2 3K*
Mon ami Rémi, t. 1 313
Philoctète, t. 2 479
Tantqu'on a du bon vin, t. 2 34
Tout chemin mène :" Rome, t 2 2-9
Tribulations d'un curé de village, t. 1 295
Mcry.
Marion Dunicrsan.
Ton ton, ton taine, t. 2
297
Maraolller.
Bien-aimé ne revient pas (le), t. 2 106
Comme faisaient nos pères, t. 2. . 1
Couplets du traité nul, t. 1 369
Et lorsqu'on a la paix du cœur, t. 2 202
Forêt noire (la), t. 2 199
Hymen est un lien charmant il'), t. 2 301
N'ai je pas bien fait! t. 1 369
tinrtignon (Théodore).
Chauvin devenu caporal, t. 2. 413
Dimanche des lilas le), t. 2 182
Épicurien malade |1'), t. 2 371
In vino veritas, t 2 275
Passé et avenir, t. 2 449
Philosophie forcée (la), t. 2 366
Rions toujours, t. 2 364
Martin (E.).
Chant du prisonnier Hei, 1. 1 380
Ça n' mang' pas d' pain, t. 2 387
Tinrtinviiic (Alphonse).
Prière d'un bon chrétien, t. 2 187
Marty.
Erreur (V), t. 2. 110
Mathieu Gustave).
'hanson de Jean Raisin, t. 1 . 85
Vendange lia), t. 2 37
Mcleflvllle (M.).
Que la vague écumante, t. 2 61
Zampa, ou la fiancée de marbre, t, 1 35-1
Mcnard tic Itochecave.
?*1.
A boire! àbMre' t. 2. . . .
Passons-nous la bouteille, t. 2.
290
283
Ménentrler (Casimir).
Allons souper chez Pluton, t. 2 213
Bouteille .la , t. 2
Chacun à son tour, t. 2 355
Clerc di- notaire au clair de la lune (le), t. 2. .... 308
Enfant de ebani " ■ t. 2 169
Flâneur le), t 1 H8
Je suis rond, t. 2 450
Roule ta bo*se, t. 2 411
t. 2 46
Méwetitrlér C i*imir) et I^opold
Jour de l'an (le), t. 2 42i
Epithalamesur le lac, t. 2 118
Etoile du marin (D, t 2 123
Mcun (J.-B. de).
Fleuve du Tage, t. 1. . 7
Millevoye.
Amour vrai (H, t. 1 172
Arabe au tombeau de son coursier [\\ t. 2 100
Feuille du chêne (la), t. 2 LOI
Veille , le jour et le lendemain (la), t. 2 11/
Moineaux (J.-D.).
Cigale et la fourmi lia), t. 2 80
Maison du chiffonnier (lai, t. 2 379
Molard (Mme C.-L.).
Brune fille, ô toi que j'adore, t. 1 246
Montpellier (feu J.-AA
Philosophie épicurienne , t. 1 203
Monvel.
Chanson de Lisette (la), t. 2 170
Morainbert, père.
Soleil delà République (le), t. 2 473
Mo mu et Lafortelle.
Si d'un pêcheur napolitain, t. 1 383
Moreau (Hégésippe).
Baptême (le), t. 2 369
Belles 'lesl, t. 2 262
Cabaret le), t. 2 285
Cadet Buteux, t. 2 401
Chant des anges île), t. 2. 101
Chien parvenu, donne-moi ton secret, t. 2. . . . 239
Cloches (les), t. 2 250
Contes (les), t. 2 .383
Ma profession de foi, t. 2 350
Nicolas, t. 2. . . 206
Moreau et Lafortelle.
Cabanne du pêcheur (la), t. 2 104
Je prends tout dans mes filets , t. 2 312
Leona , t. 2 99
Morel.
Vie est un voyage (la), t. 2
Morln.
Moutons (les), t. 2.
MorlMsei (Ch.).
bouteilles et flonflons, t 2 241
( ,-t à votre tour, mes enfants , t. 1 227
Ciochette du cabaret (lai, t. I 64
\ m Mcux et jeunes amours, t. 2 249
Motln.
217
482
Taverne (la), t. 2
(Moufle Auguste).
Foin des partis , t. 2
264
TABI.K DES MATIÈRES.
<A1
Mouttct (Félix). P"*'
T\vm ne à la liberté, t. 2 474
Hymne aux paysans , t. 1 86
Mu-set (A. de).
Andalouse (l'),t. 1 26
W... (L.).
Chien et le loup île), t. 2 87
1%'adaud (Gustave1.
Aujourd'hui et demain, t. 1 235
Automne 11'), t 2 249
Champagne (le), t. 2 9
Ivresse! t. 2 14
Je ris, t. 1 237
Lorette de la veille (la), t. 1 307
Lorette du lendemain |li), t. 1 • . • • 308
Reines de Mabille îles), t. 1 347
Souper de Manon île), t 2 193
Naudet (A.).
Faut l'oublier! t. 2 137
On est si méchant au village ! t. 2 302
Panard.
p.ig.
Neufchateau (E. de).
Anaximandre, t. 1. . . .
O liberté! liberté sainte, t. 2.
240
95
Ce qu'on voit beaucoup , t. 2 412
Description de l'Opéra , t. 2 417
Deux mesures (les), t. 1 121
De vieux amis et du vin vieux , t. 2 294
Fumeur (le), t. 2 303
Lois de la table (les), t. 2 37 >
Meilleur remède (le), t. 2 242
Pourquoi boire de l'eau , t. 2. . . 258
Prix du moment (le), t. 2 202
Solitaire (le), t. 2 31»
Sous des lambris où l'or éclate , t. 1 195
Parny.
Tombeau d'Emma (le), U 1 363
patin (l'abbé).
Bonheur de la terre (le), t. 2 343
Eh ! bon, bon, bon, que le vin est bon 1 t. 2 . . • . 434
Paulin.
Lettre écrite d'Alger, t. 2
Perchelet.
Nettement.
Près d'un berceau, t. 1 248
Neveu (Edouard).
Adieu, Fanchon, t. 2 189
Arlequin et Polichinelle, t. 2 96
Bacchanale, t. 2 16
Berceuse (la), t. 2 92
Bon ermite (le, t. 2 94
Fleurs de mai (les), t. '2 93
Grenouille et le bœuf (la), t. 2 84
J'ai perdu ma femme, t. 2 320
Mon village, t. 2 . 78
Rat de ville et le rat des champs (le1, t. 2 89
KSveruols (le duc de).
Je ne veux pas me presser, t. 1 . 364
Ma philosophie, t. 2 265
Milita Mercier.
Dernier souper de garçon (le), t. 1 230
Orléans (attribuée à Philippe, régent, duc d*).
Homme égal aux dieux (1'), t. 2 351
Ourry.
Moyen d'être heureux (le), t. 2 134
p... (Charles).
Kradoudja, t. 2 144
P...(C).
Richesse de celui qui n'a rien ilai, t. 2. .... . 376
Paep (E. de).
Beau gondolier, pourquoi pleurer sans cesse 1 t. 1. . 2Ô2
314
Ambitieux corrigé (1'), t. 2 361
Arrêtons-nous là, t. 2 196
Bacchus est encore en vie , t. 2. 273
Bonheur (le), t. 2 227
Buveur philosophe Ile), t. 2 220
Célibataire (le), t. 2 199
Descente d'épicuriens (une), t, 2 29
Fille de vertu (la) , t. 1 321
Jouissons de la vie , t. 2 , 251
Ma grisette , t. 2 1S5
Marmite (la), t. 2 244
Petit Savoyard (le) , t. 1 108
Pique-assiette (le), t. 2 211
Plaisir (le) , t. 2 241
Porte et le cœur (la) , t. 2 207
Prisonnier et les oiseaux (le|, t. 1 381
Suivons les traces du plaisir, t, 2 237
Suzette , t. 2 196
Talisman d'amour (le), t. 2 177
Tirez la sonnette, t. 2 27
Vendanges sont faites (les), t. 2 42
Vendangeurs (le chant des), t. 2 33
Vidons la coupe enchanteresse , t. 2. ..... , 36
Vive la chanson , t. 1 209
Viveur (le), t. 2 17
Vivons toujours en francs épicuriens, t. 2 215
Peyi-ounet.
Hirondelle gentille , voltigeant , t. 1 10
Phtllppon de la Madeloiue (I,.).
Chantons , buvons , t. 2. 270
Chasse (la) , t. 2 2J8
Picard (G.-G.)
Enfant chéri des dames , t. 2 173
Je chante en joyeux troubadour, t. 1. ■.•,■,. , 45
Soir llel.t. 1 2?4
Pigault-lehrun.
Pipe de tabac (la', t. 1
Vin , les femmes et le tabac (le), t. J.
196
196
U S
TABLE DES
pag-
I»IM(A.-P.-A i.
Cloches îles), t. 1 494
Gourmandise |la , t. 2 25
Nouveau tic et toc (le), t. 2 289
Troubadours modernes les), l. 2 225
401
69
234
230
Pila et Barre.
Amours d'été (lest, t. 2.
mie* (F.).
Efflts du vin ,les), t. 1
Plrou.
Heureux jour (1), t. 2. .
Pixértcourt (de).
Bonheur prései.t (le), t. 2
Planard E de).
Barcarolle de Marie, t. 1 12
Batelier dit Lisette, t. 1 • 12
Cnanson du Pré-aux-Clercs , t. 1 31
Couplets de Marie, t. 1 164
Je [ ars demain , t 1 ... 20
Pré-aux-C'ercs |le|, t. 1 164
Planard (E. de) et Saint-Georges (H de .
Retour delà sœ r (le), t. 1. . . . * 378
Planterre.
Nature (lai, t. 2. ... , 177
Plouvier (E.).
Exil et retour, t. 1 262
Pluchouiii'iiii de Itocheiort et Malt (H.).
Grenouilles qui demandent un roi (les), t. 2. . . . 310
Pliirhonncau et Maillard.
Plaideurs et l'huître lea , t. 2 87
l'olMMon (B.-T.).
Eaux d'Engluen îles , t. 3 387
Polak (Th.).
Ccit des bètis'sd'aimcrcomm' ça, t. 2. .... . 303
lion de FM l'i, t. 2 392
Polhe JA
Carillon bachique (le), t 2 .... 277
Poney (Charles).
I Lan on du posullon (la , t. 2 397
Porrt de Mctan (A.).
Adieu, berna rtrege d« France , t, l 18s
Folle (lai, t 1. 21
Porte A ).
Chasseur de chamois île , L 1 314
Feuille* menée es), t. l ],-.,
Perrette et le pot eu lait , t. 2. gg
Ti<- l r, t n. Un t. 2 [ 33
TiU candidat, L 2 ! 393
MATIERES.
Pottlcr (E.) ouvrier.
Vote universel (le), t. 1 „ »0
Pradel (E. de).
Enfer (l'i, t. 1 351
'Notre-Dame-de-la-Carde, t. 1. . . , 258
Prémisses de Javotte (les) , t. 2. .' 1"1
Waterloo, t. 1 76
k rauard (Charles).
Hommage à Bacchus, t. 2 17
Protat ( Louis ) et Justin iauassol.
Métamorphoses d'un nez, t. 2 324
Quinzard (J.-K.) et Diuiun (A.).
Corbeau vengé (le), t. 2 64
Bacun,
Vie (la), t. 2 2i>6
■tadet.
On rit, on babille, t. 2 11
Tout pour deux, t 1 209
Reguard (Ch.).
Fleurs tt jeunes filles, t. 1 '90
Une Messaline, t. 1 31fl
Revennz (Edouard).
Vin et ma maîtresse (le), t. 2 283
Itlaul (L.).
Vieux manoir (le), t. 1 374
■tlbié et Martaiuville.
Romance du Pied de Mouton, t. 1 169
■ilnoiitté.
Souhaits (les) [Que ne suis-jc la fougère] 2
llochefoi't (A.;.
A boire, gloire à cet immortel refrain, t. 1 58
Itollund Bonchery.
Bois et les villageois (lesi, t. 2 237
nous 1ère (L. de .
Chagrin d'amour, t. 2 100
Je fus heureux avant de te connaître, t 2 109
llosiiu (P.).
J avais juré d'aimer Hosinc, t. 1 174
■t osier.
Asmodee, t. 2 1 03
llougemont B. de).
Baisers |les), 1. 1 :u9
Cocus (les), t. ! Ciio
Et tic, et toc, tt tic et toc, t 2. 1. ,
Paradis t| icuritn le), I. 3 34,
Portons galment notre fardeau, t. 2. .... 221
Rougi mont (B. de) et Dupent y.
Croix d'or (lai, t. 2 135
ÎAP.LR DF.S
Rouget de l!Bsli\ pag.
Marseillaise (la), t. 1 65
Roland à Ronce vaux, t. 2 4S6
Btouçscau (T.).
Est-il bien vrai que je v il e? t. . 1 92
O Liberté! oiir ie;i e.-t magnanime, t. 1 93
Routier.
Carnaval perpituel (le), t. 2 256
Roy (Ad. S.)
Salut de la France (le), t. 1 68
Royer (A.) et V:ïcz.
Favorite (la), t. 1 177
Lui-ie de I.ammerrnoor, t. 1 17.-I
Liu ie de Lïïmmermoor, t. I 25"
Saîm-.igztct.
Fil de la vierge (le), t. 1 188
Saint- EInie-Champs.
Ltger bateau (le), t. 1 169
Saint-Félix.
Hollandais (lt), t. 1 ',2
Saint-Georges (de).
Espérance [Y], t. 1 17
Saint-Germain (Forluné G. de).
B n remède (le), t. 2 • 430
Raisirs mûiiront (les), t. 2 4',5
Toi qui cOni.es l'ivresse, t. 2 435
Saint-Gilles (Auguste).
Au soleil (hymne), t. 2 222
Culotte et le cotillon (la), t. 1 339
Enfants de la folie (l s), t. 2 440
Fêtons Ba. chus. t. 2 27.1
Poir.te de vin, t. 2 'i26
Saint-Just.
Chantons l'amour et le plai'ir, t. 1 201
Saint- Laurent.
Plus beaux ye.ix de Castille (le ■), t. I "60
Sape-femme (la), t. 1 344
Saint-Pcravi (de).
Bonheur d'aimer, t. 1 "72
Saint-Srvcrîn (Pierre tic).
Philosophie du marin (la), t. 2 2IG
Salgat.
Cheveux blancs (les), t. | 239
O min Dieu, protège nos vignes! '.2 .6.'»
Pleurons, amis les raisins sont gelés, t. 2 42G
Santé vient ne la g.iité 'la), t. ! 211
Voyage à Paris (le), t. 2 ;<.)s
Salin (Alphonse).
Mes chers ami--, j'ai le vin bien mauvais! t. 2 127
Sa'îcmar.
Petit bien de Li«e (le), t. 1 177
Sa!m (la princesse Constance de).
Bouton de Rose (h), t. t 5
ï a'm (coniles-'C de).
Pr'e et t avai!' -, t. 1 368
MATIÈRES. Sly
Salvador. png
Bacchanale (la), t. \ 20G
SarlronviîJe (Charles).
Epicurisme (1'), t. 2 34.%
Saurin.
Epicurien (.') t. 2 2 VI
Sauvage.
Ronde de Newgate, t. 1 i.">6
Scribe.
Adieu, Florence, t. 2 105
Amis, la matinée est belle, t. 2 391
Bouquet du bal ( e), t. 1 28
Briaiite et Julien, t. 2 105
Couplets de la Juive, t. 1 163
Dame Blanche (la), t. I 243
Dominonoir (le) [Ah. ! quelle nuit], t.l 275
Guido et Ginévra, t. 1 241
Ojour plein de charme! t. 2 107
Part du diable (la), t. t 186
Prends garne, montagnarde, t. 2 108
Que de ma', de tourments, t. 1 2G6
Récit du caporal (le), t. | 304
Sirène (la), t. 2 98
Viens, gentille dame, '. 1 376
Scribe et .tDélcsvilSc.
Arrè'ons-nnus ici , r. 1 245
Da: s ce modes'eet simple asile, t. 1 171
Refrain du bivouac le), t. 1 5J
Scribe et Weîavigne (Geni'ain).
Neige (la), t. 2 |67
Ronde du Maçon, t. 2 115
Scribe et Dupin.
Bal champêtre (le), t. 2 378
Scribe et Poirson.
Vos maris ei Palestine, t. 2 1~3
SccJaïni".
J'.iirre mieux bore, t, 1 48
O R'chard! ô mon roi! t. | 75
Quand les bœufs vont deux à deux, t. 1 323
Tentation de saint Antoine, t. 1 123
Ségsir nie".
A voyager pn s"»nt sa vie, t. I lll
Chaumière (l"), t. 1 '.17
Ne m'oublie/. |l«, t. 2 170
Rions, chantons, airronc, bavons. 1 229
Sorv'eres i.lo-eplr.
Epcure, t. 2 2.15
Ermite et le pa a(iin 'I. '-2 469
H torien dé«rpp. inté [1 ) t. 2 269
Notre dernier jour, peut-être, t. 2 218
P il-- (la), ». I lïlf,
Bornait de Myrthé le), t. 2 III
Pour m'ij" ris, tant que le tonneau coule, t. 2 47
Séville (Armand'.
Conrcils aux atrab-la'CPS, t. 2 44g
ScTirin.
Fr;'" du village vo-sin 'la', ». I .',6
Philosophie (lu), t. 1 lfl[
520
TABLE DES
Simard (G.). pag.
Si ça t'arrive encore, t. 2 316
Simon (Henri).
Amend< n*-"ors mes frères t. 2 359
Ivrogne (i'). t. 2 13
Mes bons amis, ajournons à huitaine, t. 1 03
Simcnnin.
Rieur éternel (le), t. 2 356
Souîié (Frédéric).
Gri«ette étudiante (a), t. 2 3^8
Soulic (Frédéric) et Arnould.
Adieu, mon beau navire, t. 1 32
Fortune obseure, t. 1 366
Sonvestre (F..).
Jeune pâtre (le), t. \ 19°
Taeonet.
Fil'e du savetier (la), t. 1 • .... 101
TagliaCco (D.).
Nina la marin ère, t. 1 17'*
Terrasson.
Laurette, t. 1 lss
Teste d'Ouct.
Buveur métromane (le\ t. 2 437
Théaulon.
Dis-moi pourquoi ! t. 2
Noble éclat du diadème (le), t. 1
313
19
Théaulon et Bartois (A.).
Page* français (les), t. 2 193
Tfaibcault.
Pouvoir d'Érigée (le), t. 2 282
Thierry (E.).
Laveuses du rouvent (les), t. \ 29
Mère du chasseur (la), t. 1 359
Thierry Petit.
Vertus d'un bon vivant (les), t. 2 374
Toiirnemine (Pierre).
340
321
Tourte (F.).
File, file, Jeanne, t. \ 201
Gentilhomme d'à présent (le), t. 2 384
Travenct (marquise de).
Pauvre Jacques, t. 1 14
TresHan (comte de).
Philosophe amoureux (le), t. 1 239
Ma philosophie, t. ?. .
Thomas et Lisette, t. 1.
MATIÈ P.ES.
v
■••• pag.
Ecu de France (1 ). t. 1 \2%
Vadé.
Dans les gardes françaises, t. 1 ^3 ,
Occasion manquée (1'), t. 2 j <j5 '
Yadé et Sedaine (altribi
Femme c ntrariante (la), t. 2 33^
Valconr.
Excellence du vin (Y), t. 2 y|,j
Mère Ticard (la), t. \ , 3/,o
Varin (E.).
A genoux devant la beauté, t. 1 330
Au hasard de la fourchette t. 2 • 329
Chant du cygne, t. 1 226
Conversation (la), t. 1 ',(,
Dans notre cœur cherchons la vérité, t. 2 217
Olivier Bas-e'm, t. 2 2o!)
Petit à petit, t. 2 (04
Print mps (le), t. 2 385
Suffrage universel (le) t. 2
Tourterelle (la), t. 2 ||o
Y a quéqu' chose là dessous, t. 2 KSb'
Vanltcrtrand (F.).
Amours du sergent (les), t. 2. ... ' 323
Dépit d'amour, t. 2 4;)7
Vial et Favièrcs.
Couplets d'Aline, reine de Golconde, t. 1 212
Romance d'Aline, t. 1 241
Villemontez.
Veilée (la), t. 1 30
l'inay (Gabriel).
Buveu- intrépide (le), t. 2 284
Hiver (r), t. 2 370
Voiscnou (l'abbé de).
Mon avis, t. 2 452
Yoitclaîn (Louis).
P^re Jérôme (le), t. 2 10
Sauvaae (le), t. 2 232
Tirez la bobinette, t. 2. . 413
Viveur (le), t. 2 232
Volsiy l'Hôtelier.
Hirondelles (les) [Voltigez hirondelles], t. 1. . • • H
Voltaire.
Ah! quelle différence! t. 2 4l'
Gaillardise, t.l 33*
Wœstin (Eugène).
Républicaine (la), t. 2 1S9
FIN DE LA TABLE.
Paris. — Imprimerie de Pillet fils aine, rue des Grauds-Augustins, 5.