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Full text of "Chansons populaires de l'Alsace"

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LES 

LITTÉRATURES POPULAIRES 



TOME XVIII 



LES 



LITTÉRATURES 



POPULAIRES 



DB 



TOUTES LES NATIONS 



TRADITIONS, LÉGENDES 
CONTES, CHANSONS, PROVERBES, DEVINETTES 
SUPERSTITIONS 

TOME xvm 






PARIS 
MAISONNEUVE ET O, ÉDITEURS 

25, QUAI VOLTAIRE, 25 
I883 



Tous droits réservés 



CHANSONS POPULAIRES 



» 



DE L ALSACE 



TOME II 



CHANSONS POPULAIRES 

DE L'ALSACE 



J. B. WECKERLIN 



PARIS 

MAISONNEUVE ET C", ÉDITEURS 
»S, quai t 



Toia droiu rèsenls 




**1 



■\ 












TROISIÈME PARTIE 



BERCEUSES, CHANSONS ET RONDES ENFANTINES. 



TROISIÈME PARTIE 



BERCEUSES, CHANSONS ET RONDES ENFANTINES. 




N ne trouvera ici qu'un bien petit nombre 
de chansons d'enfants, si on le compare 
à celui qui existe réellement, ou même à la 
collection publiée par M. Auguste Stôber. Il est une 
raison cependant qui nous engage à limiter ces 
pièces, c'est qu'une grande quantité d'entre elles se 
fredonnent sur le même air, et que nous n'avons 
pas voulu faire un double emploi aussi fréquent. 
On l'a répété sur tous les tons : les vieilles 
légendes, les vieux usages, les anciens dictons, 
les bonnes chansons du temps passé, tout cela est 
entraîné comme dans un tourbillon, pour faire 
place à du nouveau, ce qui caractérise le plus 
l'époque où nous vivons. 



CHANSONS POPULAIRES 



Mais puisque nous en sommes aux chansons 
d'enfants, est-ce que les nourrices donneraient 
aussi dans le scepticisme?... et oublieraient-elles 
les vieilles, vieilles chansons, bêtes à manger du 
foin, c'est vrai, mais que les enfants aiment bien 
mieux qu'une bribe des Niebelungen ou de Par- 
civaî. 

Du train où vont les choses, qui nous dit que 
dans un certain nombre d'années on ne chantera 
pas aux enfants de l'Alsace les œuvres de Kôrner 
et à ceux de France les vers héroïques de M. De- 
roulède, afin de former dès leur bas-âge des 
citoyens, aimant... un peu la patrie, et beaucoup 
la bataille. L'enfant aura beau être maussade et 
pleurnicher à l'audition de choses si poétiques, si 
relevées et si incompréhensibles pour lui, il sera 
obligé de les entendre, parce que la civilisation 
ayant marché, on ne contera plus aux enfants de 
ces vieilles histoires de nains, de géants, de fan- 
tômes, de génies bienfaisants, d'anges tutélaires, 
et qu'on finira sans doute par leur désapprendre 
aussi de prier Dieu. 

Si nous nous sommes détruit, à cœur joie, 
ce séduisant monde des illusions et des rêves, 
pour ne vivre que dans la réalité, laissons au 



moins aux enfants leurs vieux contes et leurs 
vieilles histoires impossibles : ne leur enlevons 
point cette jouissance du merveilleux, qui frappe 
si lort leur jeune et naïve imagination. Ils auront 
bien assez à se débattre plus tard avec les réalités 
de la vie I 



^M=!f&eMieMfêfC=^^^ 



SCHLOF, BIÂWELE, SCHLOF 



Ijl I I l I' J I I I 



Schlof, schlof, Bîâ - we - le scblof, 



\ j' J. J Ç.ff 



E 



■ IJ m ■ 



* 



Uf de Mat - te wài 



de d'Schof, 



Hîn - term Hfls die Làm - me - le, 



lif l I I i il i i I 



Schlof dû 



gol - dig's An - ge - le, 



i f i i i' { ^m 



Scblof, 



schlof, Bil - wi - le schlof. 



Schlof, Kîndele schlof ! 
Din Vadder hîât die Schof, 
Dià Mûeder schîddelt s'Bàumele, 
Do fallt erab a Dràûmele, 
Schlof, Kîndele schlof. 



tàfo&&fo&&&&&&&^ 



DORS, PETIT GARÇON, DORS 

Il est peu de mères alsaciennes qui n'aient chanté cela à 
leur nourrisson. Cest une des berceuses les plus répandues, non 
seulement en Alsace, mais aussi de l'autre côté du Rhin. 
G. Scherer, AlU und neue Kinàerlitàer (1853), donne également 
cette berceuse à peu de différence près; l'air n'est pas sans 
charme, c'est le même que le Bibbtkian\, page 100, où il repa- 
raît comme air à danser. 

Dors, dors, petit garçon, dors, 
Les moutons paissent dans la prairie, 
Les agneaux derrière la maison. 
Dors, mon petit ange doré, 
Dors, dors, petit garçon, dors. 

Dors, petit enfant, dors I 
Ton père garde les moutons, 
Ta mère secoue les arbres, 
Il en tombe un petit songe, 
Dors, petit enfant, dors. 



8 CHANSONS POPULAIRES 

Schlof, Kindele schlof, 

Am Himmel gehn die Schof, 

Die Stàrnle sîn die Lammele, 

Der Mon. der îsch das Schâferle, 

i 

Schlof, Kîndele schlof. »■ 

H 

Schlof, Kîndele schlof, 

Un briâl nît wiâ nà Schof, I 

Suscht kummt des Schâfers Hîndele { 

Un bisst mi beeses Kîndele, 

Schlof, Kindele schlof. 

Schlof, Kindele schlof, 
Gang fart, un hiât die Schof, 
Gang fart, dû schwarzes Hîndele, 
Un week mer nît mi Kîndele, 
Schlof, Kîndele schlof. 



M§§ 



DE L' ALSACE 



Dors, petit enfant, dors I 
Au Ciel se promènent les moutons, 
Les étoiles sont les agneaux, 
La lune est le petit berger, 
Dors, petit enfant, dors. 

Dors, petit enfant, dors 1 
Et ne crie pas comme un mouton, 
Sans cela viendra le chien du berger 
Qui mordra mon petit enfant méchant, 
Dors, petit enfant, dors. 

Dors, petit enfant, dors 1 

— Va-t-en, et garde les moutons, 

Va-t-en, petit chien noir, 

Et n'éveille pas mon enfant, — 

Dors, petit enfant, dors. 



il 



10 



CHANSONS POPULAIRES 



II 



SCHLOF, KXNDELE SCHLOF 




Schlof, Kîn - de - le, scUof ! 



Din 




>i j n > il )i j 



Vad - der htit die Schof, 



Din 




schlof, du gol - dig's An - ge - le, 



l<f ■»■ J J J IJ^J -1 



Schlof, Kln - de - le schloi! 



*$m 



DE t' ALSACE II 



II 



DORS, PETIT ENFANT, DORS 

Dors , petit enfant, dors 1 
Ton père garde les moutons, 
Ta mère garde les agneaux, 
Dors mon ange doré, 
Dors, petit enfant, dors. 

Le texte est, à peu de chose près, le même que celui de la. 
"berceuse précédente ; l'air est tout autre, et c'est à ce titre que 
•nous le donnons; il ne manque pas d'ailleurs d'une certaine 



mm 



12 



CHANSONS POPULAIRES 



III 



AIE BUBBÂIE, SCHLOF 



|J> f r f r ' ^^ 



Ai - e Bub - bai - e, Schlof 



1 ^ J 1 t J f' 1 



lia 



wer as dû, 

i f r ' t '■ » » M 

Wenn d'mer's nît glaû - we -wît, 



gm 



Schaû mer nur ZÛ3. 




DE L'ALSACE IJ 



III 



AIE BUBBA1E, DORS 

Aïe Bubbaïe, j'aime mieux dormir que toi, 
Si tu ne veux pas me croire, 
Tu n'as qu'à me regarder faire. 

Le refrain de berceuses Aie Bubbàic est assez spécial au Bas- 
Rhin et même a Strasbourg, où il est fréquemment employé. 
On trouve aussi dans le Wunàtrhorn : Eia popeia wtu rasselt im 
Stroh, chanson qui court également en Alsace. 




14 



CHANSONS POPULAIRES 



IV 



AIE BUBBÂIE 




gËÉ 



Ai - e Bub bai - e, Die 



y y v. 



F , lf 1 I g G M 



Bà'b - ble sin gilet, Wenn rcer brav 



\ 4' J. j mj f ni, i 



Bud - der un Zuck - er drin dûet; 



Ij" i i t II i 'I' ' il 



Zuck - cr un Bud - der, un Man - dâ - 15 



IJ i h i | li 




Kern, Diss es - se die klei - ne 



\ { f > M| x i 




Bub - b?i - e gern. Ai - e Bub- 




guet, 



wera 



- mer brav Bud - der un 

! j 1 J > '' 




m 



Zuck 



drin thùet. 



DE l/ ALSACE iS 



IV 



AIE BUBBA1E 



« Aïe Bubbaïe, la bouillie est bonne 

Quand on y met beaucoup de sucre et de beurre ; 

Du beurre, du sucre et des amandes, 

Alors les petits enfants les aiment beaucoup. 

Aie Bubbaïe, la bouillie est bonne 

Quand on y met beaucoup de sucre et de beurre. » 



M. Auguste Stôber en donne une autre d'Oberbrunn : « Ah 
bubbaïe, en été vient la fête de mai; tandis que les autres filles 
▼ont danser, je suis obligée de rester prés du berceau ; le 
berceau fait knick knack, dors gros petit poupon. (JDicksacK) 
gros sac. » 

Nous n'avons pu trouver l'air de cette berceuse. 




i6 



CHANSONS POPULAIRES 



NINA 



i f » i i i i i 



Ni - na, s'fah - ret à Bi - re - le 



l$> K ME F F J >l 



He 



d'rKhin na, Hat â se sche - ni 

» i i m 



se 



len 



*» 



Iji in i 'M 'Ml 



Un à so sche - ni Knep - fe - le - dra, 



iif i i 1 * MJirM 



un 



- ser Biâ - wtt niûàss oi ait so ha. 



Nina, s'fahret â Birele d'r Rhin na, 
Hat â so scheni Schtrîmpfelen a, 
Un â so scheni Bândele dra, 
Unser Biâwlâ mûâss oi àis so ha. 



DE L' ALSACE 17 



V 



NINA 



L'air de cette chanson a été recueilli à Guebwiller ; on peut 
voir d'autres strophes dans le VdksbùchUin d'Auguste Stôber, 
édition de 1859. 



Nina, un petit paysan descend le Rhin, 

Il a de si jolis pantalons, 

Et de si jolis boutons après, 

Notre petit garçon en aura de semblables. 



Nina, un petit paysan descend le Rhin, 

Il a de si jolis bas, 

Et de si jolis rubans après, 

Notre petit garçon en aura de pareils. 



i8 



CHANSONS POPULAIRES 



Nina, s'fahret a Bircle dr' Rhin na, 
Hat â so scheni Schiâlelen a, 
Un â so scheni Schnâllale dra, 
Unser Biâwlâ mùàs oi àis so ha. 

Nina, s'fahret â Birele dr' Rhin na, 
Hat â so schenes Kàppâlen a, 
Un à so scheni Zettele dra, 
Unser Biàwele mùàs oi âjs so ha. 



VI 



NINA BUBBÀIE 



i ^ «r J - 




Ni - na, Bub - bai - à schlof, 



i f j n ii i 




Uf de Mat -te wâi - de d'Schof, 




Scblof 



dû gol - digs Àng - à - là. 



DE L* ALSACE 19 



Nina, un petit paysan descend le Rhin, 

Il a de si jolis souliers, 

Et de si jolies boucles après, 

Notre petit garçon en aura de semblables. 

Nina, un petit paysan descend le Rhin, 

Il a un si joli bonnet, 

Et de si jolis glands après, 

Notre petit garçon en aura un pareil. 



VI 



NINA, DORS 



Nina, dors enfantelet, 
Dans le pré paissent les moutons, 
Dans la prairie les agneaux. 

Dors, mon ange doré. 



20 



CHANSONS POPULAIRES 



vn 



HOPP MARIANELE 




Hopp Ma - ria - ne-le, Kumni, mer wel - le 




dan • ze; Nimm e Stîck - e - le 



\f i i ). U =3 




Krs un Brod, S teck' s în di - ne 



\4* J» J ■> ir 



E 



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Ran - ze. 



Ùs - sera Ran - ze 



im 



g r ir g 




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4 



in dà Sack, Gim'r à bri - sel 



* 



i 



Schnupf — — Dit - - wack ; 

4* r p û 1 e if p r 



Us - sem Ran - ze în dâ Sack, 



ij" I i U 1 11 ï ' I 



Gim'r & Bri - sel Schnupf Dû - wack. 



DE L'ALSACE 21 



VII 



SAUTE MARIETTE 

On ne s'attend pas sans doute à des chefs-d'œuvre de poésie, 
en lisant ces refrains d'enfants, chantés par. les nourrices ou les 
enfants eux-mêmes ; la rime y est à peu près, du moins une 
espèce d'assonance, mais la raison manque souvent : ce sont ces 
chansons-là que les enfants préfèrent, surtout quand on y parle 
d'un animal quelconque. Ici l'animal fait défaut, ce n'est autre 
chose que l'air français Marie, trempe ion pain. 

t 

« Saute Mariette, saute Mariette ; viens, nous 
allons danser ; prends un petit morceau de fro- 
mage et du pain, mets-les dans ton ventre. Du 
ventre dans le sac, donne-moi une prise de tabac. » 

Ce refrain, quoiqu'il soit dépourvu de charme à la lecture, 
est cependant répété dans la chanson. 



c**r> 



22 CHANSONS POPULAIRES 



vin 

ALTI GROSS MÛETTER 




U fit t C M 



g 



Al - ti Gross - Muet - ter, was 



F P ■ g 



ko chen er z'Nacht? 



4>, r - p r pi 



Krût un Schpâck Un 

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i $* r . g J *» ■ 

Hi.ï - - uer Drâck. 




DE L'ALSACE 2} 



VIII 



VIEILLB GRAND' MÈRE 

« Vieille grand'mère, qu'est-ce que vous prépa- 
rez pour le souper ? Des choux et du lard, et du 
caca de poules. » 

Les nourrices ne sortent pas généralement d'une souche de 
marquis, de pairs de France ou de sénateurs, mais de la classe 
du peuple campagnard la plus déshéritée par la fortune; rien 
d'étonnant alors que parmi les chansons d'enfants il y ait tant 
de choses ineptes et même shocking, comme par exemple la 
vieille lure que nous venons de donner, et qui a fait rire aux 
larmes des milliers de bambins et de bambines de l'Alsace : on 
aurait beau remplacer cette platitude par la Marseillaise, l'effet 
serait totalement manqué, et au lieu de rire l'enfant se mettrait 
probablement à pleurer. 




24 



CHANSONS POPULAIRES 



IX 



FIROWE 



i j» » r J Jif r J' '' i 



tir - o - we, D'Glock isch dro - we, 



w 



fc F ^ F R I F t J ' J ' 



D'klei - ni Kin - der as - se z'o - we, 



i^ r p p rr J 



S'Brod liegt 1m Kasch - ta, 



i^ F c F c T J "> 



D'al - te Litt mUn fesch - ta, 



Ç$ÊE 



r p p ir J ii' 



D'rWi liegt im ' Kll - 1er, 




Al - les sche - ner Musch-gà dàl - 1er. 



■9r 



DE L'ALSACE 25 



IX 



c'est la fin du travail 



c< C'est la fin du travail, la cloche est en haut, 
les petits enfants goûtent, le pain est dans Far- 
moire, les vieilles gens sont obligés de jeûner; 
le vin est à la cave, rien que du beau muscat. » 



On retrouvera cette forme mélodique (à partir de la troisième 
mesure) dans plusieurs des chansons qui vont suivre, comme 
celles des Ggognes, la Chanson de la pluie et d'autres encore. 
Il est assex curieux qu'une suite de notes aussi simple (do ré do 
ri <U la) reparaisse aussi souvent ; cela prouve une fois de plus 
que les tournures mélodiques les moins compliquées et les plus 
naïves ont seules le pouvoir de charmer l'enfance. 



# 



v 



26 



CHANSONS POPULAIRES 



DREI LADRIGA STRÎXPF 




Drei la - dri - gà Strimpf, Drei 



Strimpf, Un 



la - dn ga Mnmpt, Un 

li f ' " 'II ' I I 

drei un drei gàn fûn - fa ; 



un drei gàn fûn - fa ; 




Wer 



das Liâd nlt sîn - ge ka, 




Der fangt wîe - drnm vor - ne a, 



I tf' 1 ' ii r p M^ ^ 



Wer das Liâd nlt sîn - ge ka, 



\<$A J J J ) |J JKl 



Der fangt wie - drum vor - ne a. 
Version de M. Stôber : 

Ich hab' lederne Strûmpf, 
Zwei und drei sind funf, 
Wenn ich einen verlier 
Bleiben mir noch vier. 



DE L'ALSACE 27 



TROIS BAS DE CUIR 

« Trois bas de cuir, trois et trois font cinq; 
celui qui ne sait pas dire la chanson n'a qu'à 
retourner au commencement. » 

J'avais recueilli cette chanson comme une amusette d'enfant, 
mais la chose est bien plus grave; on n'a qu'à lire la page 282 
Dû Sagtn des Elsasses dé M. Auguste Stôber, et l'on verra que 
ce n'est rien moins qu'une chanson de sorcières. Les deux der- 
niers vers sont différents et prouvent que dans la seconde 
version l'auteur était plus ferré en arithmétique : 

« J'ai trois bas de cuir, deux et trois font cinq ; 
si j'en perds un, il m'en restera encore quatre. » 



28 



CHANSONS POPULAIRES 



XI 



MARIANNELE 



!<$' ? fi 






Ma - rian 



ne - le, 



Zù - 



v 



fc 



g-* P C P I P P P "p I 



san - ne - le, Stand uf un schlag à' 



Liâcht, 



S'trà - belt ebV îm 




Hie -se - le, I main as tsch S Diab. 



Nâi, wàger nit (bis), 
Es tsch io gar ke Diab ; 
S' tsch io nur der Hanseîe 
Wo s'Gredle hàimefiàkrt. 



«$r 



DE l'àLSACE 29 



XI 



MARIANNE 



Marianne, Suzanne, lève-toi et fais de la lu- 
mière, f entends remuer quelqu'un dans la maison, 
je crois que c'est un voleur. 



« Ce n'est pas du tout un voleur, c'est seule- 
ment le petit Jean qui ramène Marguerite chez 
elle. » 

On trouvera ce même sujet, plus développé, dans la chan- 
son XVIII e . C'est toujours Jeannot qui ramène Marguerite, sa 
fiancée; mais là il y a la suite, c'est-à-dire le mariage des deux 
amoureux. 



«$r 



30 



CHANSONS POPULAIRES 



XII 



i 



DR HANS HAT HOSEN A 



i! j i \ >..i mm 



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D'rHans hat Ho - sen a, Un 



J J 1 J M J ^^ 



i 



dià sin bumm, S'Gred - la hat a 



ym\i } u sa 



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Hiat - la uf, Un das îsch rund ; 



Das îsch 



J' J 



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nit, s'wurd 



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an - ders kum - me, D'rHans hat 



J- J J JU jg^F 5 ! 



Ho - sen a, un dià sîn bumm. 



*fe 



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DE L' ALSACE ?I 



XII 



JBAN A DBS PANTALONS 



« Jean a des pantalons, et ceux-ci sont boutnm, 
Marguerite porte un chapeau qui est rond ; ce 
n'est rien, cela changera : Jean a des pantalons, 
et ceux-ci sont boutnm. 



Gette onomatopée boutnm veut dire que les pantalons de 
Jeannot sont du dernier goût, à moins qu'on ne préfère lui 
donner la signification déchirés, ce qui expliquerait alors la 
phrase : Ce n'est rien, cela changera. » 



9% 



3 2 



CHANSONS POPULAIRES 



XIII 



STORK, STORK, SCHNIWEL, SCHNAWEL 




Stork, Stork, schni - wel, schna ■ wel, 



4> F P F H F g J Jl 



Will di leh - râ z'âs - se tra - gâ, 



i 



i 



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F CEE 



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na 



mor - gà friài, 



itf » F F F F 1 f 



Wenn der Ha - wer bliait, 



* 



£ 



F g P ff 



Wenn der ■ Mîl - 1er pfift, 




Wenn der Beck în d'Ho-se schisst. 




DE L* ALSACE 33 



XIII 



CIGOGNE AU LONG BEC 

L'ibis était un oiseau sacré chez les Égyptiens, la cigogne 
a son tour était consacrée à Junon. Ce n'est cependant pas pour 
cela qu'on protège ce bipède en Alsace, mais bien parce que la 
cigogne mange les crapauds, les lézards, les reptiles et autres 
sales petites bêtes des marais. 

« Cigogne, cigogne au long bec, je vais l'ap- 
prendre à porter à manger, demain matin de bonne 
heure, quand l'avoine fleurit, quand le meunier 
siffle, quand le boulanger fait caca dans son pan- 
talon. » 

Encore une chanson grasse, qui fait le bonheur des enfants, 
et qui est fort répandue ; elle se chante partout où il y a des 
cigognes. 




34 



CHANSONS POPULAIRES 



XIV 



STORK, STORK HÀINI 



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Ê 



3£=£=| 



Stork, Stork hâi - - ni, Mit 



i f f i, r (, ië ê^h 



di - nâ lan - gâ Bâi - ni, Mît 



îtf* f r r g jr ' 



di - na lan - gâ Gni', 




^^1 



S'geht à Kip -fia Ha - wer dri. 




DE L'ALSACE 5$ 



XIV 



CIGOGNE AUX LONGUES PATTES 

« Cigogne, cigogne, avec tes longues pattes, 
avec tes longs genoux, on pourrait y mettre un 
quarteron d'avoine. » 

On sait que la cigogne a une préférence pour l'Alsace, on 
elle habite volontiers. Ces échassiers viennent an printemps et 
s'en vont dés que l'automne approche, comme les hirondelles. 
On a remarqué aussi que les cigognes disparaissent des rayons 
où lesjgrenouilles, les crapauds, les serpents deviennent plus 
rares, a la suite de défrichements ou de dessèchements des 
terres humides ;*on a beau leur préparer un nid superbe au 
haut d'un clocher, les cigognes ne reviennent plus. En Alsace 
il est défendu de leur donner la chasse, de quelque façon que 
ce soit. 




?6 



CHANSONS POPULAIRES 



XV 



KÀTRINELE 



if» g If) Ç P i 



Kâ - tri - ne - là, Kl- 



i f r , j JiJ * =gas 



tri - ne - la, Kimm dû der Zim - mer- 



4 [ J '!■ U p p M 



mann, 



Er baût dir ein schen 




Hie - se - le, Un e Gà'r-te -le dran. 



+ 

# 



DE l'alsace 37 



XV 



CATHERINE 

« Catherine, Catherine, prends le charpentier, 
il te bâtira une jolie petite maison avec un petit 
jardin y attenant. » 

Dans toutes ces chansons d'enfants il y a une grande sobriété 
quant au nombre des couplets; c'est là une des raisons de 
leur popularité dans le monde des enfants, dont la mémoire ne 
pourrait se charger d'une histoire par trop longue. La chanson 
qu'on vient de lire a été recueillie à Soultzmatt, et l'on m'a 
affirmé qu'il n'y avait que ce seul et unique couplet. Soultzmatt 
n'est sans doute pas son lieu d'origine, du moins il n'y habite 
pas un seul charpentier. 






3« 



CHANSONS POPULAIRES 



XVI 



RÂGÀ, RÂGÂ TROPFÂ 




Râ - ga, Râ - gà Trop - fe, 



\$> f p p c ir r ' 



d'Bttà* - we mùàss ma klop - fe, 



4' g p g p me g p^ 1 



d'Miid-ll kum-men îs Him - mel»-bett, 




d'Bùi - wa kum - men îd Grodda - seck. 




» 



DE L ALSACE 39 



XVI 



TOMBEZ, GOUTTES DE PLUIB 



« Tombez, tombez, gouttes de pluie, il faut 
fouetter les garçons; les filles on les met dans le lit 
céleste, les garçons on les met dans des sacs rem- 
plis de crapauds. » 



Bien entendu que les garçons disent cette chanson retournée ; 
leur galanterie à l'âge de six ou sept ans leur permet bien cela. 
J'ai assisté et pris part à de véritables combats avec cette chan- 
son; d'un côté une troupe de petites fillettes, de l'autre autant 
de jeunes gars, c'était à qui crierait le plus fort : on s'animait 
comme dans un vrai concours. Le côté qui braillait avec le pins 
de vigueur remportait la victoire; c'étaient généralement sinon 
toujours les garçons, et alors les petites fillettes se sauvaient. 




40 



CHANSONS POPULAIRES 



XVII 



DER LUNZI KUMMT 



1^ I P lli- J g M 



Der Lun - zi kummt, Der 



i^P 



=é 



i 



¥ 



Lun - - zi kummt, Er 



i^ F fi F 6 i r r — 



wurd di leh - râ bob - la : 



i^ F p f g i r J i 



d'Àrb - sa niûâss mer klop - fa, 



\' P ç p f g i r J i 



d'Nus - si mûiss mer kra • chi. 



DE L* ALSACE 41 



XVII 



LE LUNH VIENT 



« Le luttai vient, le lunqi vient, il t'apprendra 
à tapoter, il faut battre les pois, il faut casser les 
noix. » 



Ceci est une chanson de jeu : tous les gamins vont à cloche- 
pied; celui qui est le luttai et qui chante U chanson tient à la 
main son mouchoir roulé avec un fort nceud au bout ; il tâche 
de toucher avec cette arme l'un des autres gamins, qui est alors 
le Jutifi & son tour. On sortait souvent de ce jeu charmant et 
délicat avec les yeux pochés. 



II 



42 



CHANSONS POPULAIRES 



XVIII 



Z NACHT WENN DER MOKD SCHYNT 



hji i r 'm — n 



Z'Nacht wonn der Moud schynt, 

Rap - pelt's uf dix Bruck - e, 



i l r m p i p p r i 



Fiàhrt der Han-sel s'G-e - del heira, 



ij" ' > il 




F 



Mit dem krum - me Ruck - e. 



tm 



^m 




pm 



Pfift der Knâcht, tantzt die Magd, 



\j* J p M P ir -r i 



Al - H E - sa - là tram - me, 




Al - li Mys wo Wà - de -le hân 




J p g e C IJ J I 



Der - fe zur Hocb - zttt kum-me. 



DE L* ALSACE 4J 



XVIII 



LA NUIT QUAND LA LUNE LUIT 

« La nuit quand la lune luit, on entend une 
rumeur sur le pont, c'est Jeannot qui reconduit Mar- 
guérite avec son dos de travers. Le valet siffle, la 
servante danse, tous les ânons jouent du tambour, 
toutes les souris qui ont des queues peuvent venir 
au mariage. » 



La reconduite est une grande habitude alsacienne, plus d'un 
mariage en est résulté. Ici la verve populaire donne à cette 
pauvre Marguerite une taille contrefaite, ce qui ne décourage 
nullement son amoureux, qui l'épouse quand même. 




44 



CHANSONS POPULAIRES 



XIX 



MÂIÂKÂFER frico 



« 




^m 



^m 



Il y y 1 1 y r ■ 



Mai - â • ki - fer, fri- 



fri - co, Di Hi - se - le 




brennt, Di Slp - pe - le kocht; 



r ne • p ^ 



D'Ju - de kum 



me mit 



^ 



m 



m 




SchpU - - se, Si w.ïn di - ni 




c T 'r ^ 



Jun - ' ge vers - chiâs - - sa. 



S 



DE L' ALSACE 4$ 



XIX 



HANNETON, FRICO 



« Hanneton, frico, frico (ou vole, vole) ta 
maison est en feu, ta soupe est à cuire ; les juifs 
viennent avec des piques pour bombarder tes 
petits. » 



r , 

■/y 



Cette chanson se répète indéfiniment par les gamins ; il y a 
un temps où j'ai fait comme eus, sans jamais m'apercevoir 
qu'avec des piques on ne pouvait pas tuer les petits par des 
coups de feu : heureuse naïveté de l'enfance 1 

L'onomatopée frico signifie sans aucun doute Flieg hocb (vole 
h.int). 



% 



4 6 



CHANSONS POPULAIRES 



XX 



RITTE, RITTE RESSLÂ 



1^ l P P P.l^r^ 



f 



^ 



Rit - te, rit - te Ress - là, 



I 




^ 



Dz'Ba - sel îsch £ Schless - la, 




r g. Mg g r i 



* 



Dz'Rom Isch à Glock - e - hus, 



i^ b p p r i c! g p r i 



S*lttâ - ge drei Jum - fe - re drus; 



i^ > > \ i i ii 



Ai - ni spînnt Si - - de, 



1^ J J J 1 -1 J I 



D'an - der bind d'Wi - de, 



ty > J> | u J J i 



D'drît - te schnid't Ha • wer - straû : 



\$v p p i g ^ JiJ jjua 



B'hiât di' Gott, mi lia - wi lia - wi Fraù. 



DE i/ ALSACE 47 



XX 



AU GALOP 

Au galop vont les petits chevaux, 

A Rome il y a un campanille, 

Trois jeunes filles y regardent par la fenêtre, 

L'une file de la soie, 

L'autre rassemble l'osier, 
La troisième coupe de la paille d'avoine. 
Que Dieu vous garde, ma bonne femme ! 

Cela se chante encore sur cet éternel do ri do ri. Quoi qu'il 
en soit et de l'air et de la chanson, c'est avec ce refrain que les 
papas font faire les petits chevaux à leurs enfants, en les ba- 
lançant sur leurs genoux. 

Mon ami, l'abbé Braun (1), voit dans ces trois demoiselles, 
trois nornes, et rattache cette chanson à des souvenirs de mytho- 
logie germanique ; je ne crois pas son origine aussi ancienne 
que cela, et j'adopte encore moins la traduction du dernier vers 
par : Que Dieu te garde et la bonne dame ! 

(1) Légendes du Florival, par l'abbé Ch. Braun, 1866, p. 19,. 




QUATRIÈME PARTIE 



MŒURS, USAGES ET COUTUMES. 



QUATRIÈME PARTIE 



MŒURS, USAGES ET COUTUMES. 




crire rhistoire des mœurs et coutumes 
d'un pays aussi ancien que l'Alsace de- 
manderait tout un volume : nous ne 
formons pas ce projet. Il sera sans doute réalisé 
un jour par quelqu'enfant de l'Alsace, suffisam- 
ment versé dans les vieilles chroniques, pour 
marcher sur les traces des Schœpflin et des Gran- 
didier. 

Les Celtes, les Romains, les Germains ont 
laissé des traces de leur présence en Alsace. Bien 
des enceintes sacrées du druidisme sont encore 
désignées par des noms significatifs, sans parler 
de nombreuses coutumes païennes que le chris- 



$2 CHANSONS POPULAIRES 

--- — 

tianisme a plutôt transformées qu'extirpées com- 
plètement. De ce nombre sont les fêtes des solstices, 
du carnaval et quelques autres. 

Saint Éloi disait déjà à ses ouailles « que nul, 
à la fête de saint Jean ou à certaines solennités 
des saints, ne célèbre les solstices par des danses» 
des caroles et des chants diaboliques. » Ces sages 
recommandations ont été bien des fois renou- 
velées depuis saint Éloi, sans atteindre complète- 
ment leur but. 

Je crois cependant que les sorciers et les sor- 
cières sont devenus rares en Alsace ; on n'y croit 
plus. Au xvi* siècle, et même au xviie, on trouve 
de nombreuses condamnations de ces visionnaires 
dépravés, que leurs hallucinations menaient au 
bûcher. Charles Gérard (i) parle de leurs festins; 
il en énumère les différents services, etc. Cette 
nomenclature dégoûtante n'est pas faite pour 
mettre les gens en appétit. 

Nous inscrivons ici quelques coutumes alsa- 
ciennes, tant anciennes que modernes, ayant un 
certain rapport avec la chanson populaire, notre 
objet principal. 

' (i) V Alsace d table, p. 203. 



de l'alsace 53 



LE PREMIER JANVIER 

La Chronique des Dominicains de Coîmar, tra- 
duite par Ch. Gérard et J. Liblin, renferme, à 
Tannée 1303, les lignes suivantes : « A la Grcon- 
dsion (1 er janvier), les paysans de Wintzenheim, 
qui avaient fait un roi et treize grands officiers, 
parmi lesquels un dapifer, porteur de fruits, for- 
cèrent ce roi et ses officiers à traverser en che- 
mise, et sous le pont, l'eau qui est proche du 
moulin, voulant s'assurer s'il méritait la dignité 
royale. Tous, à l'exception d'un seul, traver- 
sèrent gaîment (sous) le pont en compagnie du 
roi. Un autre résigna volontairement sa dignité à 
cause de la bassesse de l'office. Les jeunes gens se 
moquèrent de lui et se mirent à le pleurer avec 
de grands gémissements, comme un parent, son- 
nèrent les cloches des trépassés et annoncèrent 
qu'il était mort. Le lendemain ils portèrent à l'é- 
glise une bière où se trouvait un balai de bouleau 
en guise de mort ; ils y firent les cérémonies fu- 
nèbres, transportèrent la bière vers l'eau et l'y 
précipitèrent. » 

« Les pauvres de divers villages se donnèrent 
également plusieurs divertissements. Les uns firent 



54 CHANSONS POPULAIRES 

un pape et des cardinaux, d'autres produisirent 
en public, dans la rue et les places, des empereurs 
et des rois avec leurs officiers, etc. (i). » 

On voit que la Fête de l'Ane, très répandue en 
France au moyen âge, n'était pas ignorée en 
Alsace, où on la célébrait sans doute encore plus 
crûment que partout ailleurs. Les traducteurs de 
la Chronique ajoutent que Colmar avait sa fête du 
Teufels Konig(dn diable-roi), abolie dès le xv e siècle. 
Tous les sorciers et sorcières du pays y paraissaient 
sans doute à la suite de Satan . 

LE PFIFFERTAG 

En Alsace, de même que de l'autre côté du 
Rhin, les confréries de métiers étaient florissantes 
dès le moyen-âge. Celle des joueurs d'instruments 
(Die Bruderschaft der Pfeifer) peut être comptée 



(i) Beaucoup d'auteurs ont parlé 4e la tolérance par trop 
grande du clergé, au moyen-âge, pour ces fêtes scandaleuses 
dans les églises. On peut mentionner ici la figure grotesque 
sculptée au bas de l'orgue de la cathédrale de Strasbourg, le 
Rohraffe (le singe de l'orgue). Le jour de la Pentecôte, un mau- 
vais plaisant, caché dans cette figurine, criait au peuple toutes 
sortes d'insanités et de balivernes à grog sel, hurlait des chan- 
sons plus que grivoises et divertissait ainsi la populace durant 
le service divin. 



DE L' ALSACE 55 



parmi les plus anciennes. Si nous traduisions 
Pfeifer par joueur de fifre qui serait le mot à mot, 
nous serions fort loin de la vérité, car cette con- 
frérie comprenait aussi bien les timbaliers, les 
tambours, les joueurs de trompette, de violon, de 
cornet à bouquin foinken) que les joueurs de 
flûte. Pfeifer était un terme générique, pas très 
noble, car pfeifen veut dire siffler. 

Les instruments que nous venons d'énumérer 
composaient à peu près l'orchestre officiel des 
petites villes et des petites cours au moyen âge, 
en Alsace et dans une partie de l'Allemagne ; or, 
c'était le grand nombre (i). Les timbaliers et les 
joueurs de trompette, qui étaient alors les instru- 
mentistes tenant le haut du pavé, parce qu'on les 
employait dans les tournois, dans les combats, ne 
tardèrent pas à dédaigner leurs confrères et for- 
mèrent une association spéciale en Allemagne (2). 



(1) On peut voir dans le Layenspitgel (formulaire des lois 
pour les laïques), publié à Strasbonrg, en 1532, chez Knoblouch 
le jeune, une gravure sur bois représentant le régent de la ville 
(statt regeni) entouré d'un joueur de flûte, d'un cornetiste et 
d'un tambour. 

(2) D'après J. H. H. Friese, Abhandlung vont sogmannten 
Pftifergericht, etc., Francfort, 1752, aucune société en Allemagne 
ne pouvait faire, anciennement, un acte public sans avoir ses 
joueurs de trompette et de fifre (Lettre-préface, p. 3). 



56 CHANSONS POPULAIRES 

Mais, à l'origine, les prétentions de ces musiciens 
ambulants (fabrende îùte) ne pouvaient enfanter 
de zizanies, ils étaient trop faibles pour se diviser ; 
c'était l'équivalent de ce qu'on avait en France 
sous le nom de la Confrérie des Ménétriers, « jouant 
des instruments tant hauts que bas. » 

La juridiction de la confrérie des musiciens 
s'étendait en Alsace depuis Bâle jusqu'à Haguenau, 
et, quoiqu'elle ait atteint son plus beau lustre 
sous la protection des seigneurs de Ribeaupierre 
(Rappolstein), il paraît qu'elle prit naissance dans 
la vallée de Willer ou aux environs de Sélestadt. 

La protection des seigneurs de Ribeaupierre fut 
si efficace, et les membres de cette confrérie de- 
vinrent si nombreux que, dès la fin du xv e siècle, 
il fallut établir trois circonscriptions différentes. 

Quand la famille des Ribeaupierre s'éteignit, 
en 1673, ce fut celle de Deux-Ponts qui devint la 
protectrice de cette société. A partir de 1800, et 
même avant, la confrérie s'était dissoute. Lob- 
stein (1) mentionne le dernier roi des musiciens 
d'Alsace, François-Laurent Chappuy, mort à 
Strasbourg en 1838. 

(1) Lobstein, Btiiràge \ur Gtschicbtc der Musik itn Eh*s<, 
Strasbourg, 1840. 



DE l' ALSACE $J 



Les statuts de cette confrérie ressemblaient sin- 
gulièrement à ceux d'autres métiers : pour jouer 
dans une ville il fallait deux années d'apprentis- 
sage; pour un village une année suffisait. On 
payait son entrée dans la société, et aussi sa sortie. 
Il y avait un roi (Pfeifer Kônig) élu par le seigneur 
suzerain, quatre maîtres et un porte-bannière. 
Tous les ans on se réunissait le 8 septembre, jour 
de la Nativité, à Ribeauvillé : cela s'appelait le 
Pfiffertag (le jour des musiciens). La présence des 
membres était obligatoire, et c'est dans cette 
réunion générale que se jugeaient les infractions 
aux statuts. 

Le titre de confrère donnait le droit exclusif de 
musiquer pour de l'argent dans la circonscription 
où l'on s'était fait recevoir (i). 

Tous les membres devaient payer annuellement 
au Pfifferhônig un poulet et un setier d'avoine ; 
plus tard cette contribution se paya en argent. 

On a tout lieu de croire que cette association 
existait déjà au xrv* siècle et même antérieure- 
ment ; toujours est-il que, dès le commencement 



(i) D'après l'article 19 des statuts, un confrère ne pouvait 
jouer à une noce juive à moins d'un florin d'or, environ 12 fr.; 
cet argent revenait au Pfifferkônig. 

n S 



58 CHANSONS POPULAIRES 



du xv e siècle, on en a des preuves écrites. Une 
lettre de l'empereur Frédéric III constate et con- 
firme ses droits en 1481. 

Le point de réunion était à l'auberge du Soleil, 
à Ribeauvillé. Le matin du grand jour, les con- 
frères, roi en tête, et jouant chacun de son instru- 
ment (quel charivari cela devait faire I), se ren- 
daient deux à deux à la chapelle de Dusenbach, 
à une demi-lieue de la ville (1). Après la messe 
on allait au château rendre hommage au seigneur, 
qu'on régalait d'une musique à l'avenant des dis- 
cours, des santés (car on leur donnait à boire) et 
enfin des cris de joie qui brodaient sur le tout. 
Le festin rassemblait les membres à l'auberge du 
Soleil, et selon les années on festoyait pendant 
trois jours, d'autres fois la semaine y passait. 

En 1687, Louis XIV confirma le seigneur de 
Deux-Ponts dans son protectorat supérieur et 
mirifique de la confrérie des joueurs d'instruments 
en Alsace. Cette société avait encore sept cent 
cinquante et un confrères, en 1745, pour les 
trois districts. 



(1) Cette chapelle renfermait une image de la Vierge, rap- 
portée de la prise de Constantinople par l'on des seigneurs de 
Ribeaupierre, qui avait tait partie de la croisade de xaoï. 



DE L' ALSACE $9 



Ribeauviilé continue à célébrer son grand jour 
des musiciens (le Pfiffertag), converti en simple 
fête ou foire plus ou moins dansante (Kiîwe), 
mais comme on aime la musique en Alsace, il y 
a généralement ce jour-là une messe en musique, 
et souvent aussi d'autres réjouissances musicales. 

Dans un petit volume in-12, ayant pour titre : 
Galimathias poétique, etc., par M. Messageot, ca- 
poral au régiment de Touraine, 1770, on lit à la 
page 17 une pièce de vers : « A Monsieur Jacquot, 
roi des musiciens des deux Alsaces (sic). » C'est 
probablement la dernière fois qu'on aura chanté 
la gloire de cette royauté éphémère (1). 

LE CRIEUR DE NUIT 

Parmi les anciennes coutumes de l'Alsace il faut 
citer le crieur de nuit (Nachtwàchter), qui, à chaque 
tour du cadran, parcourait la ville avec sa halle- 



(1) Sur le Pfiffertag on peut consulter : Scheid, De jure in 
musicos singulari JUppolsteinensi, etc., Argentor. 1719; Radius, 
De dignitate eomitutn Eappolstein. Argent. 174; ; Forkel, All- 
gemetne Gescbichte der Musik, vol. III, p. 751; Ordonnances du 
Conseil souverain d'Alsace, 1685 ; B. Bernhardt, Notice sur la 
Confrérie des joueurs d'instruments d'Alsace, 1856-1857; E. Barre, 
Ûber die Bruderscbaft der Pfemfer itn Elsass, 1873. 



60 CHANSONS POPULAIRES 

barde et sa lanterne, sonnant de son cornet et 
annonçant l'heure. Il y ajoutait généralement une 
strophe chantée, une petite prière, une louange 
au Seigneur. 

On était fait à cette coutume, car aujourd'hui 
le veilleur de nuit réveillerait les dormeurs en leur 
souhaitant le bonsoir, et s* attirerait mille malé- 
dictions. U y avait néanmoins du bon à cela, sur- 
tout à l'époque où la police était dans son en- 
fance et n'existait même pas dans bien des en- 
droits. Ce brave homme, toute la nuit sur pied, 
pouvait conjurer certains dangers, comme les in- 
cendies, et avertir immédiatement la population. 
Le veilleur de nuit ne pouvait s'endormir, comme 
il est arrivé si souvent à des corps de garde de 
petites villes, car une seule heure oubliée le tra- 
hissait. Les voleurs et tous les malfaiteurs en gé- 
néral devaient être gênés et souvent empêchés 
dans leurs opérations nocturnes par ce brave 
crieur de nuit (i). 

Le guetteur au haut de la cathédrale de Stras- 



(i) Voir an article sur le crieur de nuit dans le Hausbuch des 
iatholischen Volksfrtunds, par Charles Braun, 1862, p. 30. 
D'après V Ordonnance de Strasbourg, 1628, une fois le couvre-feu 
sonné, on ne devait plus traverser la me qu'avec une lumière. 



DE L' ALSACE 6l 



bourg remplissait à peu près de semblables fonc- 
tions ; cet homme devait sonner lui-même les 
quarts d'heure ; un seul oublié eût été un sujet 
d'accusation. Nous ignorons si cette coutume 
existe encore. 

LE CARNAVAL 

Dans YAhatia de 185 1, M. Auguste Stôber parle 
du lundi gras , où les femmes avaient seules le droit 
d'aller boire dans les auberges ; si un homme s'y 
trouvait ou s'y présentait, elles s'emparaient de 
son chapeau ou de son bonnet, qu'il ne pouvait 
se faire rendre qu'en payant quelques bouteilles 
de vin. Cette coutume, qui rappelle les fêtes 
antiques de la Botta Dea, est mentionnée par 
Moscherosch : 

Spitiç Schu und Knôpflein dran 

Die Frttw ist meister und nicht dtr Mon. 

Souliers pointus avec des nœuds, 

La femme est maîtresse et non le mari. 

Nous avons assisté en Alsace, il y a trente ou 
quarante ans, à plus d'une joyeuse cavalcade 
masquée, au temps du carnaval ; cet usage a 
complètement disparu depuis. 



\ 



62 CHANSONS POPULAIRES 



LES REPAS 

Ce serait un double emploi que de traiter cette 
question in extenso, après le livre intéressant de 
Ch. Gérard, V Alsace à table, auquel nous ren- 
voyons nos lecteurs, après avoir toutefois extrait 
les lignes suivantes : « Au nombre des coutumes 
louables, et qui ne peuvent donner que de la 
gaîté et de l'agrément aux repas, il faut placer 
celle dont les Anglais ne se sont jamais avisés, de 
faire de la musique dans les salles de festin. Tous 
nos grands banquets alsaciens en avaient invaria- 
blement. 

« Le magistrat de Strasbourg avait son corps 
de musique à lui (Stadtpfeifer) ; il ne mangeait 
jamais officiellement sans se faire en même temps 
régaler de quelques symphonies, et s'il se rendait 
à quelque festin où il était convié, sa musique 
raccompagnait. Un des plus curieux emplois 
qu'on ait fait de la musique est celui que nos 
chroniques signalent au banquet d'intronisation 
de l'évêque Guillaume de Hohenstein, en 1507. 
Chaque service était apporté en cérémonie et 
huit trompettes l'accompagnaient depuis la cui- 



DE l'alsace 6j 



sine jusqu'aux tables, au bruit de leurs plus écla- 
tantes fanfares (i). » 

LES MARIAGES 

Dans une ordonnance de police, Strasbourg 
1628, on défend de convier plus de vingt per- 
sonnes, en dehors de la parenté, aux repas de 
noces. Le dîner ne devait être que de quatre plats, 
avec une seule espèce de pâtisserie. 

Le marié doit se trouver présent à onze heures 
pour le dîner, les trois jours de la noce, afin 
qu'on ne reste pas à table jusqu'à la nuit (2). 
(Quels estomacs !) 

Si on danse, les demoiselles doivent avoir la 
tête couverte d'un bonnet ou d'un chapeau, à 
moins qu'elles n'aient des couronnes. La danse 



(1) A Mulhouse on supprima les joueurs de trompette au 
haut de la tour, en 1634, comme une dépense superflue. 

(2) J'ignore si on pratiquait, dans l'ancienne Alsace, une 
coutume saxonne, révélée par un sermon de Jean Fraeder (Ur- 
?el 1562). On y lit que les nouveaux mariés venaient le di- 
manche à l'église, au milieu du prêche de l'après-midi , accom- 
pagnés de leur suite de demoiselles et de garçons d'honneur, de 
timbales, de fifres et de trompettes, pour se faire voir dans tous 
leurs atours, et troublaient ainsi le prédicateur et les fidèles. 



64 CHANSONS POPULAIRES 

doit cesser à sept heures en été et à six heures en 
hiver. Les musiciens sont limités à quatre (Stras- 
bourg), à Mulhouse on en permettait six. 

Il paraît que le troisième jour on distribuait 
aux noces des rubans de soie et des couronnes, 
car cette même ordonnance de 1628 en défend la 
profusion. En Alsace, il n'est resté de ce luxe que la 
coutume d'aller détacher la jarretière de la mariée, 
durant le dîner de noce. Cette besogne est confiée 
à l'un des garçons d'honneur, qui se glisse sous la 
table sans être vu, et qui, à son retour, découpe le 
ruban en petits bouts qui se distribuent aux con- 
vives. Quelquefois la mariée prudente tient le 
ruban dans sa main et empêche l'indiscret garçon 
d'honneur de le cueillir sur place (1). 

Si on autorisait une certaine gaîté aux mariages 
anciennement, on était, par exemple, extrême- 
ment sévère pour ce qu'on appelle aujourd'hui 
donner un coup de canif dans le contrat. Ce crime, 



(1) Pour bien connaître les coutumes de Strasbourg, relati- 
vement aux fiançailles et aux mariages, il faut lire le cha- 
pitre LVIII du Parlement nouveau ou Centurie, etc., de Daniel 
Martin. Strasbourg 1660. Ainsi, pendant qu'on est a tabte, le 
guet et les deux trompetteurs de la tour de la cathédrale 
viennent honnêtement demander pour avoir soroé de la trom- 
pette. Les détails sur les cadeaux à la mariée sont fort curieux» 



DE L' ALSACE 6$ 



d'après le Layen spiegd de 1532, entraînait la 
mort du coupable par Pépée ; la femme infidèle 
était murée (comme les vestales romaines). Le 
séducteur d'une nonne devait aussi périr par 
l'épée. 



REPAS MORTUAIRES 

Les chœurs aux enterrements, à Strasbourg 
1628, se composaient chacun de six écoliers de 
Saint-Guillaume. On n'accordait pas plus de deux 
choeurs, c'est-à-dire douze écoliers, qui se payaient 
six florins ; un simple chœur, trois florins. 

Ch. Gérard dit à la page 261 de Y Alsace à 
table : « Les festins funéraires se sont conservés 
dans nos campagnes, et jusqu'à présent il n'y a 
nulle apparence qu'on songe à les extirper des 
habitudes nationales. Une fois que les vins capi- 
teux de l'Alsace ont excité les convives, la gaité 
va souvent jusqu'à l'excès. » 

J'ai assisté à l'un de ces repas, dans ma plus 
tendre jeunesse, à la mort d'un grand-oncle, et 
j'avoue que le plus poignant souvenir m'en est 
resté ; il y avait près de soixante-dix convives. 



66 CHANSONS POPULAIRES 



DIVERSES ORDONNANCES 

Il est extrêmement intéressant d'étudier les an- 
ciennes coutumes par les Ordonnances et les Règle- 
ments du temps. Le volume de 1628, déjà plusieurs 
fois cité, parle des anciens costumes d'hommes et 
de femmes, avec de grands détails sur chaque 
degré de la société; il y avait alors six degrés 
depuis le pauvre jusqu'au noble ou grand sei- 
gneur. On y recommande aux femmes de ne pas 
porter les robes trop courtes et de ne pas se dé- 
colleter plus qu'il ne faut, ni de porter des bas 
avec des couleurs trop voyantes. Un bizarre ar- 
ticle 17 se trouve dans les Règlements de Strasbourg 
(1688) : « Défendons d'attacher à la queue des 
chiens ou des chats de la mèche ou dos copeaux 
allumés ; d'attacher de l'amadou allumé aux hiron- 
delles, ou de commettre de pareilles pétulances. » 

Quoique la corporation des musiciens (voyez 
Pfiffertag) existât encore en 1728, les membres ne 
jouissaient que d'une médiocre estime, car une 
ordonnance de Mulhouse, de cette époque, défend 
aux musiciens ambulants d'entrer dans les lieux 
de réunion des corporations ou des auberges. 



DE L' ALSACE 67 



FÊTES DU PRINTEMPS ET DE L'ÉTÉ 

En Alsace, comme dans la plupart des pays, 
les usages particuliers au mois de mai sont si 
nombreux qu'ils exigeraient à eux seuls tout un 
volume, pour être décrits avec soin et quelqu'éten- 
due ; nous renvoyons de nouveau à YAÎsatia de 
1851, où l'on trouvera une dissertation fort inté- 
ressante de Louis Schneegans sur les coutumes de 
là Saint-Jean. 

L'enterrement de l'hiver par le printemps, dont 
nous avons parlé ailleurs (i), se pratiquait égale- 
ment en Alsace ; M. Stôber en fait mention à 
Wolxheim, dans le Bas-Rhin, avec quelques 
rimes qui nous semblent assez modernes. 

Le célèbre prédicateur Geiler s'est élevé contre 
ces usages rappelant le paganisme, dans l'un de 
ses sermons. 

Dans le temps les jeunes gens plantaient, la 
veille du I er mai, devant la fenêtre de leur bien- 
aimée, un grand sapin ébranché jusqu'à la cime, 
cette dernière ornée de rubans : j'en ai vu planter 
plus d'un dans ma jeunesse. 

(1) Fêtes et chansons populaires du printemps et de l'été, etc.» 
Paris, 1874, p. 4. 



68 CHANSONS POPULAIRES 

Cet usage s'est perdu pour bien des raisons : 
la principale, c'est qu'on allait dérober ces sapins 
dans les bois communaux /Ou particuliers, et que 
l'autorité a fini par trouver cela abusif. 

On plantait aussi de ces sapins à l'occasion 
d'un nouveau maire ou d'un adjoint ; d'autres fois 
devant la maison d'un bourgeois considéré, du 

maître éPécole, etc., la veille de leur fête. 

« 

LA KILB 

Kiïb vient de Kilchweih, Kirchweih, consécration 
de l'église ; dans le Bas-Rhin, Messtig ou Mtsstag 
signifie jour de la foire. Chaque* ville et même la 
plupart des villages de l'Alsace avaient leur fête 
annuelle, où l'on festinait et où l'on dansait. J'ai 
encore vu ces fêtes dans tout leur éclat durant ma 
jeunesse : c'était une occasion de recevoir ses 
parents et ses amis ; on venait quelquefois de fort 
loin, et il n'y avait pas de chemins de fer. On 
était en fête pendant huit jours durant. Sur l'une 
des places de l'endroit on construisait un immense 
plancher en bois de sapin ; tout autour étaient des 
boutiques de toutes sortes de choses, des théâtres, 
des saltimbanques et autres merveilles merveil- 



DE L' ALSACE 69 



leuses. La fête s'adjugeait par la municipalité au 
plus offrant. 

Quant aux danses nationales, c'était alors exclu- 
sivement la valse. Depuis l'apparition de la polka, 
celle-ci a pris rang parmi les danses alsaciennes, 
en excluant peu à peu le Hopser ou Huppler, espèce 
de sauteuse où les danseurs se tenaient à bras le 
corps. 

Il paraît qu'anciennement il y avait une danse 
où Ton chantait, qu'on appelait le blaue Storcke, 
la cigogne bleue, d'un mouvement lent comme le 
menuet. 

J'ai vu danser le Habnetan^ ou Bibdetan^ ou 
encore Hatnmeîtan^ c'est-à-dire la danse du coq 
ou celle du mouton ; mais ce n'étaiant pas là des 
danses particulières : cette appellation provenait 
de ce qu'à la fin de la fête et en guise de notre 
cotillon actuel en Fiance, on organisait une espèce 
de loterie dansante, où le seul et unique lot 
gagnant était un. coq ou un mouton. On suspen- 
dait en l'air, au milieu de la place de danse, une 
bougie allumée, entourée d'une ficelle à la moitié 
de sa longueur; à cette ficelle était suspendue un 
petit poids, comme une balle de plomb, etc. La 
bougie, arrivant à se consumer jusqu'à la ficelle, 



70 CHANSONS POPULAIRES 

celle-ci éteignait la bougie, et l'heureux couple 
qui recevait la balle de plomb sur la tête*, en pas- 
sant justement sous la bougie, devenait le pro- 
priétaire du coq ou du mouton. 

DICTONS DIVERS 

Le lundi y en Alsace comme un peu partout, 
sert aux gais compagnons à prolonger le di- 
manche ; cela s'appelle bîaù machen (faire bleu). 
L'étymologie de Pabbé Grandidier, vol. V, p. 65 
(supplément), ne nous paraît pas la vraie origine 
de cette expression : « Bîaue Montag c'est le lundi 
de la Quinquagésime ; on l'appelait le lundi bleu 
parce qu'on avait coutume en ce jour, dans l'Al- 
lemagne, de commencer à porter à l'autel des 
ornements violets. » 

Il y a trois jours néfastes pour la superstition 
populaire alsacienne, ce sont le I er avril, nais- 
sance dé Judas ; le I er août, jour où le diable a 
été banni du ciel; le I er décembre, où furent dé- 
truites les villes de Sodome et de Gomorrhe : il 
faut donc éviter de naître un de ces jours-là, 

Hanstrapp est un épouvantail dont on menace 
les petits enfants. On fait remonter l' origine de 



» 



DE L ALSACE 71 



ce mot à Jean de Dratt, un féroce chevalier du 
XV e siècle, qui avait son château (Bàrbélstein) aux 
frontières nord de l'Alsace, et dont la cruauté est 
restée populaire. 

Le Doggele est la personnification du cauchemar, 
c'est un gros chat noir qui vient s'asseoir sur 
votre poitrine, tandis que vous dormez, et vous 
comprime la respiration. Dans mon enfance, mes 
compagnons de jeu et moi, nous étions persuadés 
que le doggele était la petite statuette qu'on voit 
au pied de la grande tour de l'église romane de 
Guebwiller ; aussi lui avons-nous lancé plus d'une 
pierre. 

D'Mùetter Gottes bacht Kiàchle (la sainte Vierge 
fait des beignets), cela se dit quand le ciel est 
rouge au couchant, c'est aussi un signe de beau 
temps pour le lendemain. 




^^^^ f^^r^ *^^^ *^^^ ^^^^ ^^J^ ^^^^ ^^^^ ^^^^ ^^^" 



i 



DER WÂCHTERRUF 



Moderato. 




Lo - set was i euch will sa - ge ! 
rail. 



\jp l )"*f i» tN J^jl 



D'Glocke het Zeh-ni g'schU - ge! Jetz 




be - tet und jetz gôbnt in'* Bett, Und 




wer e rûeih-ig G'wis-se het, Schk>£ 




sanft und wohlllm Him-mel wacht E 



I f MU H li=Ëp 



hei - ter Aug die gan-xi Nacht ; Schlof 



*^^^ ^^^^ *^^^ ^^^^ ^v^ ^^^^ ^^^^ ^O^ ^^^^ *^^* 

c*sfo «•*•* *•*•> *•*•* ^•y» 5 «•y** e»ysr> <*y»> «»*•* «y»» 

MF ^F^F ^F MF ^F^r mF vS? 



i 



LE CRIEUR DE NUIT 

Seb. Baur (i) cite quelques anciennes strophes du crieur de 
nuit, sans doute celles qui se chantaient en Suisse. Prohle (2) 
donne ce chant beaucoup plus complet. Le poète Hebel s'est 
inspiré de cette vieille tradition pour composer Tune de ses plus 
belles chansons allémaniques, connues et devenues populaires 
en Alsace pour la plupart. C'est donc 'la version de Hebfl que 
nous donnons. 



Écoutez ce que je vais vous dire : 

La cloche a sonné dix heures. 

Priez maintenant et allez au lit, 

Et que celui qui a la conscience tranquille, 

Dorme doucement, 

Au ciel un œil ouvert veille toute la nuit. 



(1) Baur, DtHkwàrdigktiien ausder Metischen Vôlher ttnd Littera- 
tut GescbicbU, vol. IX, p. 316. 

(2) Prôhle, Wdtlicbe und geùtlkhe VolkslUder, etc., p. 219. 

n 6 



74 



CHANSONS POPULAIRES 




sanft und wohl! îm Him-mcl wacht E 



||f 1 î 1 !» P î | I I I 



hei - ter Aug die gan - a Nacht! 

Loset, was i euch will sage : 
D'Glocke het Oelfi g'schlage. 
Und wer no an der Arbet schwitzt, 
Und wer no bi der Charte sizt, 
Dem bieti jetz zuem letztemol, ) 

S'îsch hochi Zit — und schlofet wohl. ) 



(bis). 



Loset was i euch will sage : 

D'Glocke het Zwôlfi g'schlage; 

Und wo no in der Mitternacht 

E Gmûeth in Schmerz und Chummer wacht, 

Se geb der Gott e rùeihige Stund, J f 

Und mach di wieder froh und gsund. ) 

Loset was i euch will sage : 

D'Glocke het Eis g'schlage. 

Und wo mit Satans Gheiss und Roth 

E Dieb uf dunkle Pfade goht, 

— I wills nit hoffen, aber g'schieht's — 

Gang heim, der himmlisch Richter sieht's. 



(bis). 



DE h' ALSACE 75 



Qu'il dorme doucement, 

Au ciel un œil ouvert veille toute la nuit. 



Écoutez ce que je vais vous dire : 

La cloche a sonné onze heures. 

Celui qui travaille encore à la sueur de son front, 

Et celui qui tient encore les cartes en main, 

Je les avertis une dernière fois, ) .. . v 

Il est grandement temps — et dormez bien. ) 

Écoutez ce que je vais vous dire : 

La cloche a sonné minuit. 

Qu'à celui dont le cœur veille encore, 

Oppressé par la douleur et le chagrin, 

Dieu donne une heure tranquille, \ /h\ 

Et lui rende le bonheur et la santé. ï 

Écoutez ce que je vais vous dire : 

La cloche a sonné une heure. 

Peut-être que d'après le conseil de Satan, 

Un voleur se glisse dans la nuit sombre, 

Jespère que non — mais si cela arrive : ) ~. . 

« Rentre chez toi, le juge céleste le voit. » ) 



7^ CHANSONS POPULAIRES 

Loset was i euch will sage : 
D'Glocke het zwei g'schlage. 
Und wem scho wieder, ebs no tagt, 
Die schweri Sorg am Herzen nagt, 
Du arme Tropf, di Schlof isch hi l 
Gott sorgt : es wàr nit nôthig gsi. 



o>ù). 



Loset was i euch will sage : 

D'glocke het dru g'schlage I 

Die Morgestund am Himmel schwebt, 

Und wer im Friede der Tag erlebt, 

Dank Gott, und fasse frohe Mueth, . 

! (bis). 
Und gang an's Gschâft, und hait di guet! 



*$* 



DE L J ALSACE 77 



Écoutez ce que je vais vous dire : 
La cloche a sonné deux heures. 
Et si déjà, avant que le jour paraisse, 
La dure peine ronge ton cœur, 
Pauvre sot, va, ton sommeil est fini ! 
Dieu veille, c'était inutile. 



Écoutez ce que je vais vous dire : 
La cloche a sonné trois heures. 
L'heure du matin flotte au ciel, 
Que celui qui revoit le jour en paix, 
Rende grâce à Dieu et prenne courage, 
Vas au travail, et tiens-toi bien. 



*$* 



(bis). 



(bis). 



7« 



CHANSONS POPULAIRES 



II 



VEILE, ROSE 



hjr' * U ç r I r, ■ P r. c t 



Vei - le, Ko - se, Bliâ - ma - lein, Mer 



\é* r p p ^^ 



sîn - gen um die Kiâ - châ - lein, 



i jf 1 i > > r f \t^m 




Vei - le, Ro - se, Blia - me - lein, Mer 
sîn - gen um die Kiâ - che - lein. Die 



ij' > i' j n L i â=fËi 



Kiàch - le sîn ge - ba - che, Mer 



i »j ' j j 



ÊÇ3 



hee - re d'Pfan-ne kra - che, 



$' F ' P J U tf JH 



D'Kiâch - le russ ! D'Kiach-le russ ! 



iif* ' ' > ( t ir^a 



Glîck un Heil în's Her - re Httss. 



de l'alsace 79 



II 



LA CHANSON DBS BEIGNETS 

D'après M. Auguste Stôber (i), cette chanson se rattache au 
mardi gras, où les jeunes garçons, après aifpir allumé un grand feu, 
comme à la Saint-Jean, et exercé leurs gamineries tout autour, 
se répandent dans les villes ou les villages, en demandant des 
beignets. Ils ajoutent : 

Dank i Gott, thr lidwe Lit, 
Làw wobl unn %ime nitt. 

« Dieu vous le rende, braves gens -, portez-vous bien et ex eu • 
s^z-nous. s 

Quand on ne leur donne rien, ils crient : 

Es stàckt t Gawle in étirer Wand, 

Err hdmmer nigs gàh, dus isch e Schand. 

« Une fourchette est plantée dans votre mur, vous ne m'avez 
rien donné, c'est une honte. » 

Cette chanson a naturellement des variantes selon la localité, 
M. Stôber en donne plusieurs dans l'article cité. 

Des violettes, des roses! ) _ . . 

Nous chantons pour les beignets. ) 

Les beignets sont frits, 

Nous entendons pétiller le poêlon : 

Des beignets ! des beignets ! 

Bonheur et bénédiction dans votre maison. 

(i) Alsatia, i8$i, p. njet suiv. 



80 CHANSONS POPULAIRES 

Veile, Rose, Bliâmàlein, | 

Mer singen um die Kiâchàlein. \ 
Der Herr der hat à scheeni Tochter, 
Sie hat d'Hoor scheen g'flochte : 
D'Kiàchle rùss, d'Kiâchle rûss' 1 
Glîck un Heil în's Herrehûss. 

Veile, Rose, Bliâmàlein, 
Mer singen um die Kiâchàlein. 
Mer heere d'Schlîssel klinge, 
D'Fraù wurd die Kiâchle brînge 
D'Kiàchle rùss* ! d'Kiâchle rûss* ! 
Glîck un Heil îns Herrehûss. 



(bis). 



(bis). 



\ 




DE L' ALSACE 8l 



Des violettes, des roses! ) ,. . % 

_ T , | uns). 

Nous chantons pour les beignets. ; 

Le seigneur a une belle fille, 

Elle a les cheveux bien tressés : 

Des beignets! des beignets! 

Bonheur et bénédiction dans votre maison. 

Des violettes, des roses! ) ,. . x 

\ (bis). 
Nous chantons pour les beignets. ) 

Nous entendons résonner les clés, 

La dame va apporter les beignets : 

Des beignets ! des beignets ! 

Bonheur et bénédiction dans la maison. 




"\V 



82 



CHANSONS POPULAIRES 



III 



GÛGÙK IM V HÂFELE 



Allfgrttto 



\&>'i * F F 'F' t , J l 



Gû - gûk im Hâ - fe - le, 



b fi ' ' . i I 



Kei mer's nîtt um, Gii - gûk îm 




j y i J » i 



Hâ - fe - le, Kei mer's nîtt 



um. 



Ijfl 1 F Cî P I U-J j, 1 



Schlk nîtt der - nâ 



we, 



yj!" p g p i f; p ç > 

Schla nitt der - ni - we, Un 



nitt der - ni - we, Un 



schla 



uf die Truram . 



DE L' ALSACE 83 



III 



LE COUCOU 

An commencement de ce chapitre, nous avons parle avec 
quelque détail des réunions de la confrérie des musiciens de 
l'Alsace à Ribeauvillé (Pfiftrtag). Il ne nous reste rien de ce 
qu'on exécutait dans ces grands jours-la, et nous ne pouvons- 
formaler une opinion sur cette musique de ménétriers ou de 
chanteurs ambulants, dont les productions n'ont probablement 
jamais été écrites. Nous sommes porté à croire que ce n'est pas 
une grande perte pour l'art, mais l'histoire de la chanson popu- 
laire, en eût sûrement fait son profit. 

On prétend que cette chanson du Coucou, recueillie à Ribeau- 
villé, est un vieux reste de ces réunions; cela ne nous édifie 
pas considérablement, pas plus que la version de Guebwiller, que. 

nous donnons a la suite. 

» 



Version de Ribeauvillé 

Coucou dans le pot, ) „ . . 

Ne me le renverse pas, » 
Ne tape pas à côté, 
Mais tape sur le tambour. 



8 4 



CHANSONS POPULAIRES 



UI Us 



SÛRKRÛT IM HÂFELE 



Version de Guebwiller 



\ j l } J )!*>) )l 



Sûr - kriit îm Hâ - fe - le, 




£ 



i i h i J i 



Rinds — flàisch am Gâ - we - le, 



\ j J ■> i 1 i , » > , " i 



Un schîck - mer s'Bâ - we - le, 



\$ J J 1 ■ } lj *■ ■ 



Kei — mer's nitt um. 




DE l'alsace 8 s 



ffl bis 



DE LA CHOUCROUTE 



Version de GtubwilUr 



(bis). 



De la choucroute dans le pot, 
Du boeuf au bout de la fourchette, 
Envoie-moi Babette, 
Et ne la renverse pas. 



Cette féconde version, qui a l'air de railler la précédente, eat 
composée avec quelques bribes du premier air. Si nous pensons 
juste, cela confirmerait l'antériorité de la version de Ribeau- 
villé, qui a pour elle le mérite d'être plus complète. 




86 CHANSONS POPULAIRES 



IV 



S*MESSTI LIED 



C<m motO KOCHERSBEKG 



i rf' l r i i r * > i 



Dank a mohl Bry - del, Der 



'f ' r ■ f ■ & 



Mair hçt mer gsait 



^hh^ t , , M HUMi l 



Dass mer dâ Mes - tt bal hau ; Er 



If I II I Mil 



weiss es wohl, s'macht im Herr 

i f i i i i ' i 

Pfar - rer kenn Freud, Au 




" î I I' 1 11 | | 



mnimt 



er sich nit viel drum 



DE L* ALSACE 87 



IV 

ECOUTfi DONC WUGITTE 

M. A. Stôber a publié en 1857 un in-12 de 66 p., Der 
Kochersberg, sur ce petit coin caractéristique de l'Alsace, qu'on 
trouve à quelques lieues de Strasbourg, dans la direction de 
Saverne. C'est un pays de belle culture, où l'on élève aussi de 
beaux chevaux. 

Jusqu'en 1870 les vieilles mœurs patriarcales et même le 
costume s'y sont maintenus intacts. 

Dana les longues veillées de l'automne et de l'hiver, les 
chansons des fileuses et des teilleuses de chanvre s'égrenaient à 
l'envi, et pouvaient remplir tout un volume du collectionneur, 
(qui ne s'est pas encore trouvé). 

A l'époque de la moisson a lieu le Messti, ou Mutdi, Messtag, 
jour de fête où Ton danse, appelé Kilb dans le Haut-Rhin. 
C'est à cette fête du Kochersberg que se rapporte la chanson 
suivante : 

CONVERSATION ENTRE DEUX JEUNES PILLES 

— Écoute donc, Brigitte, ce que monsieur le 

[maire m'a dit, 
C'est que nous aurons bientôt la fête; 
Il sait bien que cela ne fait pas plaisir à monsieur 
Mais cela lui est bien égal. [le curé, 



88 CHANSONS POPULAIRES 



i rf* ' JT 




an. Wenn er am Sonn - ti au 

jâm — mer — li schilt, 




Weiss er zum Vor - us das 



'/' > ' » a 



s'Schàl — ta nix giK» 

S'isch jo fir d'Ar - me was 

l >3'' f. PC S 

s'tan zâ in — dr&it, 




P P g ' * ^ 



So hân' jo d'Ri - che on 



d'Ar - me - n - â Frâid. 



%3^f 



DE L'ALSACE 89 



Si le dimanche il (le curé) gronde 

Pitoyablement, 
Il sait d'avance que les reproches 
Ne font pas grand effet ; 
D'ailleurs le bénéfice de la danse 

Est pour les pauvres. 
De cette façon il y a du plaisir 
Pour les riches et pour les pauvres. 



4Ç* 



11 



90 CHANSONS POPULAIRES 

Jetzt wurd am Sonnti der Messti verstàit, 
Wie's as vor Zitte îsch gschàhn ; 
Meint den der Pfarrer mer thûàt's îm ze laid, 
S'îsch jp schon vor îhm so gewàn. 
Awer, wie wurd's uns am Sonnti nît gehn, 
Wâm mer vor îhm în der Kinderlehr stehn; 
Schîlt er un lârm er so lang as er wîll, 
Lûeit me uf s Biâchel, bliebt miseli stîlL 

Jetz, min liâbs Brydel, die Klàider gerîscht, 
Wu mer am Messti anthûàt; 
Wàisch no wià ordli, wiâ wunderli s'îsch, 
D'Knawà hân Striss uf m Huât, 
D'Màide hân g'faltelti Fîrrdi, wià Schnee, 
Pfussligi Ermel, dià brûse-n-în d'Heeh ; 
S'ordlischt îsch wem ma gûât drebbeld und 
Dass âim der Tànzer à Làbkûâche brîngt. [sprtngt, 

Brydel, dû Mordhàx, hesch oi lichti Schûâh? 

Mini sîn lang scho gerîscht, 

Oi à Paar schneewissi Strîmpfle derzùâ, 

Wià's hîe der Mode jetz îsch. 

— Wem-me bim danze gemitzelt do steht, 

Wsm-me râcht frîndli un luschti ûssîeht, 

Hett ma gli Dânzer, so viel ass mer wîU, 

Un ma steht sàltà â Vîertelstund stîll. 



DE l' ALSACE 91 



On va adjuger la fête dimanche, 
Ainsi que cela se pratiquait anciennement. 
Est-ce que le curé croit donc que c*est pour le 
On agissait ainsi avant lui. [blesser? 

Mais que nous adviendra-t-il dimanche, 
Quant nous serons devant lui au catéchisme? 
Qu'il gronde et crie tant qu'il voudra, [ris. 

On regarde son livre, silencieuse comme une sou- 

Maintenant, chère Brigitte, prépare les habits 
Qu'on met le jour de la fête. 
Te rappelles-tu comme c'est gracieux, admirable? 
Les garçons ont des bouquets sur le chapeau, 
Les jeunes filles ont des tabliers froncés, blancs 

[comme neige, 
Des manches à gigot, qui s'élèvent en l'air ; 
Le plus joli c'est quand on piétine et qu'on saute, 
Afin que le danseur vous apporte un pain d'épice. 

Brigitte, mon enchanteresse, as-tu des souliers 
Les miens «ont prêts depuis longtemps, [légers? 
Avec une paire de bas, blancs comme neige, 
Comme c'est /ici ia mode maintenant. 
Quand on se présente à la danse bien nippée, 
Avec un air aimable et joyeux, 
On a tout de suite autant de danseurs qu'on veut, 
Et l'on reste rarement un quart d'heure tranquille. 



92 CHANSONS POPULAIRES 

In unserm Wîrthshùs îsch's danze nît schwàr, 
Wàmme wàiss wie me sîch schwânkt; 
Wan în der Mîttle der Pfoste nît wàr, 
Un mer îm danze dran dânkt : 
S'Schulze Madlenel, dâ hesch's jo no kânnt, 
Isch mît der Naas an de Pfoste gerànnt ; 
S'hett mer â Stoss gânn, do bîn i gerîtscht, 
Sunscht hàtt i zàllmol dâ Guller erwîtscht. 

Brydel, saï niàme, was i der ha gsâit, 

Wenn di â Mâidel où froût ; 

S' wàr îm ganze Dorf gli ûsgebràit 

Was i der jetz ha vertroùt. 

D'Màide sîn ttschti, de kànnsch si no nît, 

Jedes wott's nàttscht sîn, un dàt's is zewett, 

D'Krâmer Mei, d'Kiâfer Lies un's Bordel'sLehn, 

Dàte-n-am Messti gli vorne dran stehn. 

Sùâch der jetz, Brydel, â Dânzer ou ûs, 

Wil mer noch ûswâhle kan, 

Saû'm à Werdel, versprîch'em â Strùss, 

Sunscht rànnt er wîder dervon. 

I ha der nàttschte, s'danzt kâiner wie âr, 

Einer tarizt stirT, un der ander tanzt schwàr, 

Miner schwinkt s'Mâidle so weidli erum, 

Dozûâ sîn d'andrâ zûâ plomb un zûà dumm. 



DE L' ALSACE 93 



Dans notre auberge la danse n'est pas difficile, 

Quand on sait comment il faut se balancer, 

Surtout si au milieu il n'y avait pas le poteau, 

Et si on y pensait en dansant; 

Madelaine, la fille du maire, tu Tas encore connue, 

S'est cogné le nez au poteau, 

Elle m'a donné une secousse et alors j'ai glissé, 

Sans cela j'aurais attrapé, cette fois-là, le chapon. 

Brigitte, ne dis à personne ce que je t'ai confié, 
Même si une fille te le demande ; 
Cela se répandrait de suite dans tout le village. 
Les filles sont malignes, tu ne les connais pas en- 

[core, 
Chacune voudrait être la plus belle, et nous met- 

[trait au défi, 
Marie Pépicière, Louise la tonnelière et Madelon 
Se mettraient tout de suite devant, le jour de la 

[fête. 

Choisis, maintenant, Brigitte, un danseur, 

Tandis qu'on peut encore choisir; 

Dis-lui une douce parole, promets-lui un bouquet, 

Sans cela il se sauvera. 

J'ai le plus beau, aucun ne danse comme lui, 

L'un danse avec raideur, l'autre danse lourdement, 

Le mien tourne sa danseuse lestement, 

Pour cela les autres sont trop lourds et trop bêtes. 



94 CHANSONS POPULAIRES 

Het ma am Owe gedânzelt genôà, 

Setzt ma si où an de Dîsch, 

Do îsst ma Brod und drînkt âins derzûa, 

Vilmol oï Tarde un Fîsch, 

Jeder Knab fiàhrt oï si Mâidle scheen hàim, 

Was eins zum andre sait halte si g'haim,. 

Glich druf kummt d'Mùsik, un macht Serenad, 

S'Meide macht s'Ladel zùà, fràit si schiâr z'todt. 



# 



DE L 1 ALSACE 9$ 



Quand on a assez dansoté le soir, 
On se met à table, 

On mange du pain et Ton boit d'autant ; 
Souvent aussi il y a de la tarte et du poisson, 
Chaque garçon ramène galamment sa danseuse, 
Ce qu'ils se disent est un secret. 
peu de temps après vient la musique pour donner 

[une sérénade, 
La fillette ferme le volet et se réjouit à mourir. 



A la page 93, la jeune fille qui raconte parle du chapon 
qu'elle a manqué d'enlever; cela indique une de ces danses 
«tant il a été question page 189. 

On ne cannait pas Fauteur du MeuH lied, et c'est dom- 
mage : cette pièce est faite par un homme de talent, marchant 
sur les traces d'Arnold. 



4- 



96 



CHANSONS POPULAIRES 



SALVAl GLORÂI 



RIBEAUVILLÉ 



1^ i r j it J ^ 



Sal ■ vài, glo - rai, Glkk in's Hûs, 




- glîck drus, Sankt Jo - ban - nés 



i^ r i ^ i r g pi 



stie - re, sankt Mar - tï, sankt 



itf* r J> j i p p t m 



Mar - ta, Mer ken - ne nîmro lang 




war - ta, sankt Ol - wâ - ra, sankt 




- wâ - ra, Das Schit - tel kummt vo 



de l'alsace 97 



SALVAÏ, GLORAÏ 

Voici une honnête incantation, avec des noms de saints et 
de saintes, qui se chantait encore ces dernières années à Ribeau- 
villé, autour dn feu de la Saint-Jean, le soir dn 23 juin. 

Salvàï, Gloiàï, 
Bonheur dans la maison. 
Que le malheur reste dehors, 

Saint Jean, 
Sainte Marthe, sainte Marthe, 
Nous ne pouvons plus attendre longtemps, 

Sainte Olvaire (i), 
La bûche vient d'en haut; 



(1) Je ne connais pas cette sainte. 



9» 



CHANSONS POPULAIRES 



\4' . f H s p ir p g » 



o • w2 he - ra, sankt Tho - ma, sankt 



i^ r J Jig g g' P » 



Tho - ma, Das Schit - tel wîrd bol 



\ 4\ r J M r - J i 



kum - ma, sankt Vit, sankt 



^m 



1 [i 1 [i - p E f 



Vit, Das Schit - tel isch ttfanm 



i ^> r *■ J 1 1 r w i 



witt, 



sankt Bios, 



sankt 




Blàs, â al - ta stum - pe Bis. 




DE L'ALSACE 99 



Saint Thomas, saint Thomas, 
La bûche va bientôt venir ; 
Saint Vit, saint Vit, 
La bûche n'est plus loin ; 
Saint Bkise, saint Biaise, 
Vieux manche à balai. 



Ainsi que nous l'avons déjà remarqué, cette chanson est 
peut-être un reste de quel qu'incantation païenne, christianisée 
depuis avec des noms de saints et de saintes. On a d'autant 
plus de droit de le supposer qu'elle s'applique à une ftte com- 
plètement payenne, celle de la célébration du solstice d'été, 
convertie en Fête de la Saint-Jean. 




100 



CHANSONS POPULAIRES 



VI 



BIBBELETANZ 




Kumm, kumm, Bib - be - le - bi. 



\ $» l J p H lC Jl J 1 



wîll d'r à Ham - fe - le z'frâs - sa ga, 



I f I ' I' I' j l> J' i I 



Ha di' hît no nia - ne g'a, 



If r f |) jgppi 



Kumm, kumm, Bi - be - le • bi. 






DE L' ALSACE 10 1 



VI 



DANSE DU COQ 



Viens, viens, petite poulette, 
Je veux te donner une poignée de mangeaille, 
Je ne t'ai pas encore vue aujourd'hui, 

Viens, viens, petite poulette. 



Et c'était ce chef-d'œuvre de musique et de poésie qu'on 
jouait pendant une heure et plus aux danseurs, qui, il est vrai, 
ne s'en apercevaient guère. 

Voyez au commencement de ce chapitre (Kilb) quelques 
lignes sur cette danse du Coq ou du Mouton , ou de la Poule, 
car c'était toujours le même air. 

Nous avons donné, page 6, une berceuse sur cet air de 
danse, mais nous croyons que la facture originale est celle-ci. 



^ 



102 



CHANSONS POPULAIRES 



VII 



DÛ EINFÂLTIG B1RSGHTLE 




ein - fàl - tig Birscht - le, Was 



4 * P PU.U B f f I 



bîlsch dû dir ein, bilsch' dû dir 



\j ' J ■ I J g P I J J» I 



ein? bilsch* du dir ein! Dû 




hasch nur à Paar Hees - le, Un 



ij 1 i i i il 



^ 



dii sin' nît dein, Un 




di2 rtn* nlt dein. — — 



DE L' ALSACE 10$ 



VII 



SOT PETIT HOMME 

Sot petit jeune homme, 

A quoi penses-tu ? 

A quoi penses-tu ? 

A quoi penses-tu? 

Tu n'as qu'une paire de pantalons, 

Et encore ils ne sont pas à toi. 

Et encore ils ne sont pas à toi. 

Des pièces satiriques de jeunes filles sur des garçons préten- 
tieux se retrouvent assez souvent en Alsace, et nous pourrions 
en donner plus d'un spécimen ; il est vrai que les garçons le leur 
rendent bien à l'occasion, mais ces dernières pièces sont par 
trop rudes pour que nous puissions les reproduire. 



104 CHANSONS POPULAIRES 

Dû hasch nur à Paar blaûi, 
Un dià sin' versetzt, 
Un diâ sîn* versetzt, 
Un diâ sîn* versetzt, 
Dû einfaltig Bîrschtle, 
Was denkst dû den jetzt? 
Was denkst dû den jetzt? 

Un dû wttt noch geh' danze, 
S'îsch dlr gwîss nit wohl, 
S'îsch dîr gwîss nît wohl, 
S'îsch dîr gwîss nît wohl, 
Dini Hose hân Franze, 
Un d'Schûà sîn' nît g'solt. 
Un d'Schûà sîn' nît g'solt. 



*$ 



» 



DE L ALSACE IO? 



Tu n'en as qu'une paire, les bleus, 

Et ils sont en gage, 

Et ils sont en gage, 

Et ils sont en gage. 

Sot petit jeune homme, 

A quoi penses-tu donc? 

A quoi penses tu donc? 

Et tu veux aller danser? 

Sans doute que tu es malade, 

Sans doute que tu es malade, 

Sans doute que tu es malade, 

Ton pantalon a des franges 

Et tes souliers ne sont pas ressemelés, 

Et tes souliers ne sont pas ressemelés. 



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ii 8 



io6 



CHANSONS POPULAIRES 



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ES KOMMT EIN SCHLEIFER 



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I I I I 



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Es kommt ein frem - der 



Ep 



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Schlei - fer in's Land, Er 



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lJ tf HjJ I 



schleift die Mes « ser s'ist ein 




Schand! Fe - le - te - ri, un 




w 



' 'I lu I 



Met - ser s'ist ein Schand. 




Fi - di fi - di ri la la, 



DE L* ALSACE IO7 



VIII 



LA CHANSON DU REPASSEUR 

La mélodie et les paroles sont aussi communes les unes que 
les autres; il est vrai que le sujet ne commande pas une 
grande distinction. 

Malgré les inepties signalées, cette chanson réjouit presque 
toujours l'assemblée lorsqu'on la chante avec l'accompagnement 
obligé, c'est-à-dire un couteau appuyé sur le bord d'une table, 
pour imiter la roue du repasseur. 

TJn repasseur étranger vient dans le pays, 
Il repasse les couteaux, c'est une honte, 

Feleteri, etc. 
Il repasse les couteaux, c'est une honte, 

Fidi, etc. 



108 CHANSONS POPULAIRES 



\£' r P c if ; 




ri - o lft là, Schleift du 



\4 K V r iq i 1,1 I 



Mes - ser und die Scheer. 

Den jungfrau'n schleif ich sie umesonst, 
Mit meiner schônen Schleiferskunst, 

Feleteri, etc. 
Mit meiner schônen Schleiferskunst, 

Fidi, etc. 
Schleif das Messer und die Scheer. 

ich hab im Sinn nach Mûnchen zu fahr'n, 
Mit meinem schônen Schleiferskar'n, 

Feleteri, etc. 
Mit meinem schônen Schleiferskar'n, 

Fidi, etc. 
Schleif das Messer und die Scheer. 



Zu Mûnchen sind auch grosse Herrn, 
Un mir was zu verdienen geb'n, 
Feleteri, etc, 



DE L' ALSACE IO9 



Il repasse le couteau et les ciseaux. 



Aux demoiselles je les repasse pour rien, 
Avec ma belle science de repasseur, 

Feleteri, etc. 
Avec ma belle science de repasseur, 

Fïdi, etc. 
Je repasse le couteau et les ciseaux. 

J'ai dans l'idée d'aller à Munich, 
Avec ma belle brouette de repasseur, 

Feleteri, etc. 
Avec ma belle brouette de repasseur, 

Fidi, etc. 
Je repasse le couteau et les ciseaux. 



A Munich il y a aussi des grands seigneurs , 
Qui me feront gagner quelque chose, 
Feleteri, etc. 



HO CHANSONS POPULAIRES 



Un mir was zu verdienen geb'n, 

Fidi, etc. 
Schleif das Messer utjd die Scheer. 

Nun einstens das steht mir sehr wohl an, 
I kan das Hoffman's Liis'le han, 

Feleteri, etc. 
I kan das Hoffman's Liis'le han, 

Fidi, etc. 
Schleif das Messer und die Scheer. 

Zu Haus hab ich ein gar faules Weib, 
Drum hab ich auch kein Hemd am Leib r 

Feleteri, etc. 
Drum hab ich auch kein Hemd am Leib, 

Fidi, etc. 
Schleif das Messer und die Scheer. 

Si kocht sehr selten die Suppe warm, 

Das G'miess ist gschmeltzt das Gott erbarm, 

Feleteri, etc. 
Das G'miess ist gschmeltzt das Gott erbarm, 

Fidi, etc. 
Schleif das Messer und die Scheer. 



DE L'ALSACE III 



Qui me feront gagner quelque chose, 

Fidi, etc. 
Je repasse le couteau et les ciseaux. 

C'est pour vous dire, et cela me va, 
Je puis avoir Lisette Hoffmann, 

Feleteri, etc. 
Je puis avoir Lisette Hoffmann, 

Fidi, etc. 
Je repasse le couteau et les ciseaux. 

A la maison j'ai une femme paresseuse, 
Voilà pourquoi je n'ai pas de chemise sur le 

Feleteri, etc. [corps, 

Voilà pourquoi je n'ai pas de chemise, 

Fidi, etc. 
Je repasse le couteau et les ciseaux. 

Elle fait rarement du potage chaud, 
Les légumes sont graissés à faire pitié, 

Feleteri, etc. 
Les légumes sont graissés à faire pitié, 

Fidi, etc. 
Je repasse le couteau et les ciseaux. 



112 CHANSONS POPULAIRES 

Wo ich nur geh' und wo ich nur steh, 
So beisen mich die Leis und Fleh, 

Feleteri, etc. 
So beisen mich die Leis und Fleh, 

Fidi, etc. 
Schlsif das Messer und die Scheer. 

Ach ! Scheerenschleifer, schleif mir nur zu, 
Den schene Mâdchen gibt's genu, 

Feleteri, 

Un feletera. 
Den scheni Mâdchen gibt's genu, 

Fidi ràlàla, 

Rio lâlâ. 
Schleif das Messer und die Scheer. 




DE L' ALSACE II 3 



Partout où je vais, où je me tiens, 
Les petites bêtes me mordent, 

Feleteri, etc. 
Les petites bêtes me mordent, 

Fidi, etc. 
Je repasse le couteau et les ciseaux. 

Ah! repasseur, repasse toujours, 
Car il ne manque pas de belles filles, 

Feleteri 

Un feletera. 
Car il ne manque pas de belles filles, 

Fidi râlâlâ 

Rio lâlâ. 
Je repasse le couteau et les ciseaux. 



* 




H4 



CHANSONS POPULAIRES 



IX 



O DÛ LIÂWER AUGUSTIN 



l .f H ' I t ) lu ) t I 

O dû lia - wer Au - gus - tin. 




j j, i > i M 



S'Gald îsch din, Du bîscht min, 



4* en i 



i^P^ 




O dii lia - wer Au - gûs - tin, 



tf J' J J, 11=13=1 



Dû bîsch io min. 



ij 1 ' > j j i > )■ n 



Du bîsch* min, s'Geld îsch din, 



If I j j I' i il 



S'Geld îsch din, Dû bisch min, 




O dû lia - wer Afl - gûs - tin, 

4 % j j ) i ) ■■ ■ 

Dû bîsch io min. 



DE L' ALSACE 115 



IX 



O MON CHER AUGUSTIN 

O mon cher Augustin, 

L'argent est à toi, 

Tu es à moi ; 
O mon cher Augustin, 

Tu es à moi, 

Tu es à moi, 

L'argent est à toi, 

L'argent est à toi, 

Tu es à moi ; 
O mon cher Augustin, 

Tu es à moi. 

Certes, le poète n'a pas mis son imagination a une rude 
épreuve, pour produire cette pièce remarquable ; malgré cela elle 
est très chantée en Alsace, qui d'ailleurs n'est pas sa patrie. Un 
journal allemand annonçait dernièrement qu'a Vienne on se propose 
d'ériger un monument au chanteur populaire, frère Augustin, 
qui florissait dans cette capitale vers 1678. On lui doit : « Ey du 
litber Augustin, qui a déjà bercé plusieurs générations. » 



SIX 



Il6 CHANSONS POPULAIRES 



SCHWÂFELHELZLÀ 
REFRAIN 



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* J r r ^ 



Schw2 - fel - helz - là, 



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} } J } | J 




Schwâ - fel - helz - la, Schwà -' fel - helz - 12 



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mûis ma ha, Dass mil al - 12 



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I î î I | T | I j I 



Au - ge - blîck 2 Fier - le ma - châ 

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Wenn dia Fraû bi 



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finsch - trer Nacht Eb - b2 vo sim 



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J J J u i) a 



Schlof er - wacht, Will sie Liicht on 



DE L' ALSACE II 7 



DES ALLUMETTES 

La chanson des allumettes, recueillie à Mulhouse, y est ar- 
rivée, sans doute, après avoir remonté l'autre côté du Rhin, et 
même un coin du nord de la Suisse. Elle n'est pas d'origine 
alsacienne. 



Des allumettes, des allumettes, 
H en faut, 
Afin qu'à tout instant 
On puisse faire du feu. 

Si la femme, dans la nuit sombre, 

S'éveille par hasard, 

Et veut trouver chandelle ou lampe, 



n8 



CHANSONS POPULAIRES 




> f J'MJ li iÉlEi 

Lam - pâ fin - dâ, Um diâ - sâl - wï 




> fih\i' t m=m 



a zâ zîn- dâ, Muàss sie Schwà - fel 



ha. La, la, la, la, — — — — 



l l f t ! ( U l J J ^^ 



i f i 1 > > n 1 1 *■ i 



Unser Hans, der arma Tropf, 
Stosst sîch fascht à Loch îm Kopf ; 
Um nit wîder azârenna 
Wîll âr jetz â Liâchtlà breunà, 
Un muàss Schwâfel ha, 
La la la. 

Refrain : 

Schwàfelhekla, etc. 



~~ + * 



> 



DE L ALSACE 1 19 



Pour les allumer, 
Il lui faut des allumettes ; 
La la la. 

Refrain. 

Des allumettes, des allumettes, etc. 



Notre Jean, le pauvre hère, 
S'est presque fait un trou dans la tête ; 
Afin de ne pas se cogner de nouveau, 
H veut allumer une chandelle, 
Et il lui faut une allumette, 
La la la. 

Rtfrain. 

Des allumettes, des allumettes, etc. 



120 CHANSONS POPULAIRES 

Wenn das Kiàli bi der Nacht 
Etwa sterker mûmû macht, 
Muâss das Kàttel glich ufstehâ, 
Um dem Kiàli nozâ-sà, 
Un muâss Schwâfel ha, 
La la la. 

Schwâfelhelzlâ, etc. 

Wenn der Fuks der Wînter spirt, 
Un der Owà lenger wîrd, 
Wîll der Handelsmann nît schlofa, 
Un der Kînstler noch was chafFà, 
Muâss ma Schwâfel ha ; 
La la la. 

Schwâfelhelzlâ, etc. 

Mini Schwâfel sîn gâwîss 
Besser-as diâ în Paris, 
In ganz Brisgaù un în Badâ, 
Un in jedem Krâmerladâ 
Muâss ma Schwâfel ha ; 
La la la. 

Schwâfelhelzlâ, etc. 



DE L' ALSACE 121 



Si la vache, dans la nuit, 
Beugle un peu plus fort, 
Catherine doit se lever tout de suite, 
Pour voir ce qu'elle a, 
Et pour cela il faut une allumette, 
La la la. 

Des allumettes, des allumettes, etc. 

Quand le renard sent venir Phiver, 
Et que les soirées s'allongent; 
Quand le commerçant n'a pas sommeil, 
Et que l'artiste veut encore travailler, 
11 faut une allumette; 
La la la. 

Des allumettes, des allumettes, etc. 

* 

Mes allumettes, à coup sûr, 
Sont meilleures que celles dé Pari?; - 
Dans tout le Brisgau et à Bade, 
Et dans chaque épicerie 
Il faut des allumettes ; 
La la la. 

Des allumettes, des allumettes, etc. 

il 



122 CHANSONS POPULAIRES 

Wiwer sînn nur nît so stolz, 
Kaufla vo mim Schwâwelholz; 
Wenn er wànn a Sîpplà kochà 
Miân er doch gwîss Fier a machâ, 
On miân Schwâfel ha ; 

La la la la, 

La la la la, 

Refrain : 

Schwâfelhelzlâ, 

Schwàfelhelzlâ, 

Schwâfelhelzlâ, 

Schwâfelhelzlâ 

Mûâs ma ha, 
Dass ma alla Aûgâblîck 
À Fierlâ machâ ka. 




DF L' ALSACE I2J 



Femmes, ne soyez pas si fières, 
Achetez de mes allumettes ; 
Si vous voulez faire une petite soupe, 
Il vous faut certainement des allumettes ; 

La la la la, 

La la la la, 

Refrain. 

Des allumettes, 

Des allumettes, 

Des allumettes 

Il en faut, 
Afin qu'à tout instant 
On puisse faire du feu. 




124 



CHANSONS POPULAIRES 



XI 



ES, ES, ES UND ES 



i ^'ii J j \ ) fP F p 



E», es, es and es, es 



I rf' I' > J J-U_t-i 



II 



ist ein har - ter Schluss, 



J il' n j, j i 



Weil, weil, weil und weil, weil 




± 



J' J^ J i' 




ich aus Strass- burg muss. So 




aus dem Sinn, Und wan-de - re nach 

* — j> 7 J J i 




Kol-mar hin, lch will me in Gluck pro- 



\ ç t » r i J i n ' » 



bie - ren, Mars - chie 



ren. 



DE 1* ALSACE 12$ 



XI 



c'est une dure résolution 

Cette chanson a été souvent publiée par fragments, c'est 
anssi de cette façon qu'elle est chantée généralement, c'est-à- 
dire incomplète : nous donnons un texte qui ne laisse rien à 
désirer sous ce rapport. Presque tous les Chansonniers allemands 
renferment cette pièce. 



(bis). 



C'est, c'est, c'est, oui c'est 
Une dure résolution, 
Car, car, car, oui car 
Il faut que je quitte Strasbourg. 
Je bannis donc Strasbourg de ma pensée, 
Et je marche vers Colmar : 
Je veux essayer mon bonheur, 
Et marcher. 



*$fr 



126 CHANSONS POPULAIRES 



Der, der, der und der J _ . . 

Der Abschied fallt mir schwer ; j 
Ach, ach, ach und ach ! 
Das schmerzet mich so sehr; 
Doch fallt mir dieser Trost noch ein : 
Ich kann nicht stets in Strasburg sein, 
Ich will mein Gluck probieren, 
Marschieren. 

Er, er, er und er, | 

Herr Meister leb'er wohl ; j 
Ich sag's ihm g'rad frei in's Gesicht, 
Sein' Arbeit die gefallt mir nicht : 
Ich will mein Gluck probieren, 
Marschieren. 

Sie, sie, sie und sie, ) „ ■ , 

Frau Meistrin leb sie wohl; ) 
Ich sag's ihr g'rad frei ins Gesicht, 
Ihr Speck und Kraut, das schmeckt mir nicht : 
Ich will mein Gluck probieren, 
Marschieren. 



Ihr, ihr, ihr und ihr, . - . . 

Ihr Brûder lebet wohl; ' f 



DE L'ALSACE 127 



Ah, ah, ah ! hélas 1 ) n» \ 

L'adieu me parait dur ; ) 
Ah, ah, ah! hélas 1 
Cela me peine beaucoup; 
Une consolation me vient à l'idée, 
C'est que je ne puis pas toujours rester à Stras- 
Je veux essayer mon bonheur, [bourg : 

Et marcher. 



(bis). 



Vous, vous, vous, oui vous, 
Mon maître, portez-vous bien; 
Je vous dis franchement en face, 
Votre travail ne me plaît pas : 
Je veux essayer mon bonheur, 
Et marcher. 



Vous, vous, vous aussi, 
Ma maîtresse (1), portez-vous bien; 
Je vous le dis franchement en face, 
Votre lard et vos choux ne me ragoûtent pas 
Je veux essayer mon bonheur, 
Et marcher. 



(bis). 



Vous, vous, vous, vous tous, 
Camarades, portez-vous bien ; 

(1) Dans le sens femme du maître. 



(bis). 



128 CHANSONS POPULAIRES 

Hab ich euch was zu Leid gethan, 
So bitt' ich um Verzeihung an : 
Ich will mein Gluck probieren, 
Marschieren. 



Ihr, ihr, ihr und ihr, 
Ihr Jungfrau'n lebet wohl ; 
Ich wûnsche euch zu guter letzt 
Ein' andern der mein' Stell* ersetzt, 
So werden eure Wunden 
Verbunden. 

Und, und, und, und und, 
Wer'n sie verbunden sein; 
Bei, bei, bei und bei, 
Bei euch, ihr Jungfrâulein, 
So môgt ihr leben allezeit, 
In lauter Lust und Frôhlichkeit ; 
Dann bringet euch mein Scheiden 
Kein Leiden. 

De, de, de, ade, 
Frau Wirthin leb* sie wohl, 
Weil, weil, weil und weil; 
Ich jetzt aus Strasburg soll l 



(bis). 



DE L* ALSACE 129 



Si je vous ai fait quelqu'offense, 
Je vous en demande pardon : 
Je veux essayer mon bonheur, 
Et marcher. 



Vous, vous, vous et vous, 
Jeunes filles, portez^vous bien ; 
Je vous souhaite en dernier lieu 
Un autre qui prenne ma place, 
De cette façon vos blessures 
Seront guéries. 

Et, et, et, enfin, 
Quand elles seront guéries, 
Chez vous, chez vous, 
Mes jeunes fillettes, 
Puissiez-vous vivre toujours 
En plaisir et contentement, 
Alors mon adieu vous laissera 
Sans chagrin. 



Donc, donc, donc, adieu, 

Madame l'aubergiste, portez-vous bien, 

Car, car maintenant 

Il faut que je quitte Strasbourg ! 



(bis). 



130 CHANSONS POPULAIRES 

-*- ■ ■ I ■! I _ - ■ -1 

Wir haben uns viel Freud gemacht, 
Sowohl bei Tag als wie bei Nacht, 
Jetzt geh' ich ganz alleine, 
Und weine. 

Aus, aus, aus und aus, 
Zum Strasburg'r Thor hjnaus; 
Gott, Gott, Gott ja Gott 
Beschùtze jedes Hausl 
Ob ich soll froh und glûcklich sein» 
Das weiss der liebe Gott allein, 
Ich will raein junges Leben 
Ergeben. 

Das, das, das und das, 
Das Schiff hat seinen Lauf, 
Der, der, der und der, 
Der Fâhrmann steht schon d'rauf, 
Ich fuhle einen Sturmwind weh'n, 
Als wolTt das SchifF zu Grunde gehn, 
Das bringet mein , Gedanken 
Zum wancken. 



» 



DE L ALSACE 1)1 



Nous avons eu bien du plaisir, 
Le jour comme la nuit, 
Maintenant je m'en vais seul, 
Et je pleure. 

Allons, allons, allons, 

Sortons de la porte de Strasbourg ; 

Dieu, Dieu, Dieu 

Protège chaque maison ! 

Si je dois être heureux, 

Le bon Dieu seul le sait, 

Je veux profiter 

De ma jeune vie. 

Le, le, le, oui le, 
Le navire a sa course à faire ; 
Le, le, le, oui le, 
Le pilote est déjà dessus; 
Je sens venir un vent de tempête, 
Comme si le bateau devait s'abîmer, 
Cela porte ma pensée 
A hésiter. 



Vfc 



I32 CHANSONS POPULAIRES 



XII 

CHANSONS PATOISES DE LEVONCOURT 
(CANTON DB fbrbttb) (i) 

Les tras feys di pays (bis) 
S'en revint es bos di roi, 
Liron fé, lire lai lai, dridai, 
O lai lire lai lai, dredire, 
O fé lire, lai lai dridai. 

S'en revint es bos di roi (bis) ; 
Lai pus jeune les madèchait. 
Liron, etc. 

Lai pus jeune les madèchait (bis), 
Lo fé di roi les écoutait. 
Liron, etc. 

Lo fé di roi les écoutait (bis) : 
Laiquelle ast de vos tras, 
Liron, etc. 

(i) Publiées dans YAlsatia de 1853, par Christophorus. 



DE L' ALSACE I33 



XII 

CHANSONS PATOISBS DE LEVONCOUKT 
(CAXTON DB PBEBTTB) 

Les trois filles du pays (bis) 
S'en revont au bois du roi, 
Liron, etc. 

S'en revont au bois du roi (bis); 
La plus jeune les maudissait. 
Liron, etc. 

La plus jeune les maudissait (bis), 
Le fils du roi les écoutait. 
Liron, etc. 

Le fils du roi les écoutait (bis) : 
« Laquelle est-ce de vous trois, 
Liron, etc. 



134 CHANSONS POPULAIRES 

Laiquelle ast de vos tras (bis) 
Que médit les bos di roi ? 
Liron, etc. 

Que médit les bos di roi (bis) ? 
Ce n'est ni moi, ni moi, ni moi. 
Liron, etc. 

Ce n'ast ni moi, ni moi, ni moi (bis), 
Ç'ast mai souer que lai voilà. 
Liron, etc. 

Ç'ast mai souer que lai voilà (bis), 
Prendez-lai et laichiez-moi. 
Liron, etc. 




DE L' ALSACE 13} 



« Laquelle est-ce de vous trois (bis) 
Qui maudit les bois du roi? 
Liron, etc. 

« Qui maudit les bois du roi (bis)} 
— Ce n'est ni moi, ni moi, ni moi. 
Liron, etc. 

Ce n'est ni moi, ni moi, ni moi (bis), 
C'est ma sœur que voilà. 
Liron, etc. 

C'est ma sœur que voilà (bis), 
Prenez-la et laissez-moi. 
Liron, etc. 




I36 CHANSONS POPULAIRES 



XIII 
CHANSON VOTERIE 

(ronde) 

Nos y étions tras feyes, 
Tot's les tras d'un temps. 
Mon père nos aichète 
Chez q'qu'un un gouénet biau ; 

Y ai laichié mes gants 
Chu ces raiviers corant. 

Mon père nos aichète 
Chez q'qu'un un gouénet biau, 
Derrier était trop cô, 
Devaint l'an vai trainnint. 

Y ai laichié, etc. 

Derrier était trop cô, 
Devaint Tan vai trainnint; 
Pris mon effochatte, 
Quilo rongo tant... 

Y ai laichié, etc. 



DE L'ALSACE I37 



XIII 

CHANSON VOTERIB 
(roudb) 

Nous étions trois filles, 
Toutes les trois du même âge ; 
Mon père nous achète 
Chez quelqu'un une robe blanche; 
J'y ai laissé mes gants, 
Courant sur ces ravières. 

Mon père nous achète 

Chez quelqu'un une robe blanche ; 

Derrière elle était trop courte, 

Devant elle traînait. 

J'y ai laissé, etc. 

Derrière elle était trop courte, 
Devant elle traînait ; 
Je pris mes ciseaux, 
Je la rognai tant... 
J'y ai laissé, etc. 

n 10 



I38 CHANSONS POPULAIRES 



Pris mon effochatte, 
Qui lo rongo tant ; 
De la ronguratte 

Y en ai fait des gants. 

Y ai laichié, etc. 



De la ronguratte 

Y en ai fait des gants, 
An mon i|mi Pierre 

Y en ai fait présent. 

Y ai laichié, etc. 

An mon aimi Pierre 

Y en ai fait présent : 
Teni, teni, Pierre, 
Teni, cachiez ces gants. 

Y ai laichié, etc. 



Teni, teni, Pierre, 
Teni, cachiez ces gants, 
Et ne les pottaites 
Que tras fois d'un an. 
Y ai laichié, etc. 



DE L'ALSACE 139^ 



Je pris mes ciseaux, 
Je la rognai tant ; 
De la rognure 
J'ai fait des gants. 
J'y ai laissé, etc. 

De la rognure 
J'ai fait des gants, 
A mon ami Pierre 
J'en ai fait présent. 
J'y ai laissé, etc. 

A mon ami Pierre 

J'en ai fait présent : 

Tenez, tenez, Pierre, 

Tenez, Pierre, cachez ces gants. 

J'y ai laissé, etc. 

Tenez, tenez, Pierre, 
Tenez, cachez ces gants, 
Et ne les portez 
Que trois fois Tan. 
J'y ai laissé, etc. 



140 CHANSONS POPULAIRES 

Et ne les pottaites 
Que tras fois d'un an, 
Eune fois es Paiques 
Et l'atre en lai Saint-Jean. 

Y ai laichié, etc. 

Eune fois es Paiques 
Et Pâtre en lai Saint-Jean, 
L'atre en lai Madelaine, 
Ç'ast afin pus loin. 

Y ai laichié, etc. 



tf& 



DE L' ALSACE 14 1 



Et ne les portez 

Que trois fois Tan, 

Une fois à Pâques 

Et l'autre à la Saint-Jean. 

J'y ai laissé, etc. 

Une fois à Pâques 
Et l'autre à la Saint-Jean, 
L'autre à la Madeleine, 
C'est-à-dire plus tard. 
J y ai laissé, etc. 

Cette dernière chanson est évidemment une vague ressouve- 
nance de Gaudinette, chanson que j'ai publiée avec l'air dans le 
premier volume des Bulletins de la Société des Compositeurs, 
page 223 , d'après le rare volume de Chardavoine, Recueil des 
plus belles et excellentes chansons en forme de voix de ville, etc., 
Paris, 1575. 



Hfr 



142 



CHANSONS POPULAIRES 



XIV 



ES REITEN DREI SCHNEIDER 



i f ii j i j ii j i mm 



Es rei - ten drei Schnei - der wohl 



1^' J- ) J J n Ç l r ifjll 



û - ber den Rhein, A - de! Bei 



1^' J, Jt J' J' J J I 



ei - - ner 



Frau Wirth - in da 



l ^' J, J J fin i f 1-. £j l 



kehr - ten sie ein, Jû - bel Frau 



4" r s c c p p t 



Wirth - - in hat sie es gut 



lÉH 



g c r 



m 



Bier o - der Wein, So 



DE L' ALSACE 14} 



XIV 



TROIS TAILLEURS 



Les chansons sur les tailleurs sont très répandues en Al- 
sace, surtout a Strasbourg, où celle-ci a été recueillie. C'est 
une imitation de la chanson allemande, Es reiten drei Reittr \uwi 
Tbore hiuaus, qu'on peut lire dans la plupart des chansonniers 
allemands. 



Trois tailleurs chevauchent de l'autre côté du 
Adieu! [Rhin, 

Ils entrèrent chez une maîtresse d'auberge, 
Juhél 

Madame, avez-vous de la bonne bière ou du vin ? 



144 



CHANSONS POPULAIRES 






y p g p ff g » 



bringt 



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*=£ 



sie's uns lus - ri - gen 




|| 



Schnei 



dern her - ein, So 



J J 1 J J JjJ. ^ 



bringt 



^ 



^^ 



sie's uns lus - ti - gen Schnei-dera, 



lus - tr - gen Schnei - dern her - ein. 



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1 



DE L' ALSACE 14$ 



Alors, apportez-les-nous, joyeux tailleurs, 
Alors, apportez-les-nous, joyeux tailleurs. 
Joyeux tailleurs. 



Il est très probable que ce n'est là qu'une première strophe, 
et qu'il y en a d'autres, que nous n'avons pu nous procurer. 



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146 



CHANSONS POPULAIRES 



XV 



DER SCHOLEM 




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p r g 1 



Der Scho - - lem hat S. 



%§m 



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J J JU j o ^ 



gros - si Fraû, Diâ hat â Bart wie 



\ 4 * J 1 J 1 i^m 



ei - ni Wild - saù : Ach ! 



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de, ach ! wei - e, Ach ! 



\4 j ^ J> ) j* > ' 



Scho - lem ma - hei - e, Ach! 



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- si. 



naii - si, Der 



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Si 



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wel, der Sa - wel, Der 

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1 



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Schmaii - len îsch taûdt. 



DE L' ALSACE 147 



XV 



CHANSON CONTRE LES JUIFS 

Les juifs sont nombreux en Alsace, quoiqu'on les en ait 
bannis à différentes époques, et qu'on les ait poursuivis d'une 
façon sanglante, surtout au xvir» siècle ; ce sont les entremet- 
teurs ordinaires pour les ventes et les achats de biens, d'im- 
meubles, de valeurs en liquidation, etc. 

La satire alsacienne, souvent grossière, s'est exercée contre 
eux dans bien des chansons, où l'on introduit généralement des 
expressions juives, qui rendent ces pièces intraduisibles, comme 
l'est précisément celle-ci : 



Le Schoïem a une grande femme, 
Elle a une barbe comme une laie, 

Ah, ah, ahl etc. 

Le Schmaùhn est mort ! 



148 



CHANSONS POPULAIRES 



Der Jegof mît sine schmutzige Seck, 
Der metzget nit as Gâise un Beck. 
Ach! wînde, ach weie, 
Ach I Scholem, maheie ! 
Ach! grausi, nausi, 
Der Siwel, der Sawel, 
Der Schmaûlen îsch taûdt. 



XVI 

HETSCH S'KÎWELB G'RIWE 



Iffi I i 1 ) il ) ) t\ 



Hetsch s'Kî - we - le wis - ser 



g'ri - we, Hetsch s'Tech-ter - le der-fe 



\ 4A } i * m i 1 1 



blie - we, Schrey num - me nit so 




sehr, S'bad't al -les nît mehr, Jung 



IJ" i ii i II i i II li I 

Wei - we - le mùâsch dû sein. 



DE L' ALSACE 149 



Jegof, avec ses poches graisseuses, 
Ne tue que des chèvres et des boucs, 

Ah, ah, ah 1 etc. 

Le Schmaùlen est mort. 

L'air de cette chanson est un viens thème qui se joue gé- 
néralement aux noces juives ; il est très connu. 
Noté à Soultzmatt. 



XVI 



QUAND ON COIFFE LA FIANCÉE JUIVE 

Le fragment suivant, recueilli comme authentique, également 
à Soultzmatt, se chante quand on coiffe et qu'on habille la 
fiancée juive; il doit y avoyr encore d'autres versiculets. 

w 

Si tu avais mieux récuré le petit seau, 
Tu aurais continué à rester fille ; 

Ne crie pas tant, 

Cela ne sert à rien, 
Il faut que tu deviennes jeune femme. 




Il 
â 



CINQUIÈME PARTIE 



CHANSONS D'AMOUR. — CHANSONS POÉTIQUES. 



.«# 




CINQUIÈME PARTIE 




CHANSONS D'AMOUR. — CHANSONS POÉTIQUES 

u'on ne se figure pas que l'Alsace manque 
de chansons d'amour : nous n'en donnons 
qu'une minime partie: Ce ne sont pas 
généralement des rêveries ou des amours poétiques 
ni platoniques, il faut en convenir ; les chansons 
d'amour du peuple, quand elles n'empruntent pas 
à la naïveté leur principal attrait, vont le chercher 
dans l'amour un peu matériel. 

En Alsace, les filles se marient assez tard ; il 
n'est pas rare de voir arriver le jour des noces 
après une cour assidue qui aura duré six, sept et 
même dix ans, surtout dans les classes inférieures, 
où l'homme et la femme cherchent d'abord à 
acquérir un peu de bien avant de commencer la 

u il 



154 CHANSONS POPULAIRES 



vie de famille. On conçoit sans peine que, durant 
cette cour prolongée et persévérante, plus d'une 
chanson tendre a dû éclore dans le cœur des 
amoureux. 

Quant aux chansons poétiques, ce serait sans 
doute téméraire d'avancer que le nombre en est 
très grand, en dehors de ce qui a été composé 
par les vrais poètes, et ceux-là n'ont jamais manqué 
à l'Alsace. 

Dans la chanson populaire, surtout celle en 
dialecte, les sujets de poésie pure n'abondent pas, 
l'activité du peuple étant employée au travail 
journalier : les sujets poétiques, les rêveries, les 
contemplations ne sont pas de son ressort habi- 
tuel. Le peuple produit plus volontiers des lé- 
gendes, des chansons sur des événements qu'il a 
tus ou qui se sont passés de son temps, enfin et 
surtout des chansons satiriques, auxquelles l'esprit 
alsacien, tant soit peu gouailleur, est fortement 
enclin. 

Un grand nombre de chansons d'amour, origi- 
naires de l'Allemagne ou de la Suisse, sont deve- 
nues populaires en Alsace, comme : Her\, mein 
Her%, warum so traurig? (Mon cœur, pourquoi 
tant de tristesse ?) ; Schwar^braunes MàgdUin steb 



DE L'ALSACE I55 



ou) und lass uns min (Brune fillette, lève-toi et 
laisse-nous entrer) ; Traute Heimath meiner Lichen 
(Chère patrie de mes amours) ; Annchen von 
Tharau (Anne de Tharau) ; Guter Mond du gehst so 
stiîle (Belle lune, tu marches si paisiblement), etc. 

Ces chants, ainsi que tant d'autres que nous 
pourrions citer, se trouvent dans tous les recueils 
allemands; nous avons pensé que l'Alsace était 
assez riche pour n'emprunter aux autres pays que 
le moins possible. 

Un instant nous avons eu la tentation d'ajouter 
à ce chapitre quelques pièces à deux voix, les 
chanteurs alsaciens trouvent aisément cette espèce 
d'accompagnement, qui correspond aux notes na- 
turelles du cor; mais nous sommes un peu mé- 
fiant pour les chants populaires à deux voix : il 
est rare que la main d'un artiste, ou du moins 
d'un musicien, n'y ait touché. 




TTtTTÏtttH'TT^TTTTTTTTTTTT 



DER TODT VON BASEL 



ÉÉ 



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J J J > I 



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Als ich ein jung Ge- 



I f M' J Jl^ç ^ 



sel - len war, Nahra ich ein stein-alt 



1^ J 1 j I J J J f I 



Weib; Als ich ein jung Ge- 



lj?> J J J il J p F J l 



sel - len war, Nahm ich ein stein - ait 



4' J ^ |J', p P p I 



Weib. Ich hat sie kanm drei 



i^ r r |f r ir g ci 



Ta - ge, Ti - ta Ta - ge, Da 



i f > > i' > ig^£ 



^ 



bats' mich schon ge - teu - et, Da 



hat»' mich schon ge - reat. 



yyyyy yyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy 

TTTTTTTTTTTrTTTTTTTTTTTTTTT 



quand j'étais compagnon 

La danse des morts, qui existait autrefois au couvent des 
dominicains de B&le, a été reproduite, dés 1649, par Math. 
Mérian, et a eu diverses éditions depuis, ce qui n'a pas peu 
contribué à sa popularité. Toute l'Alsace connaît d'ouï-dire les 
danses macabres de Baie ; il n'est donc pas étonnant que la 
chanson populaire s'en soit emparé, et d'une manière assez 
humoristique, pour une matière aussi sérieuse. Notre version, 
écrite d'après une diction orale, ne diffère guère de celle de 
Kretschmer. 



Quand j'étais un jeune compagnon, ) 

Je pris une femme vieille comme les pierres ; j ' '' 

Je l'eus à peine trois jours, 

Tri, tra, trois jours, 
Que je m'en suis repenti (bis). 



(bis). 



(bis). 



I58 CHANSONS POPULAIRES 

Da gieng ich auf den Kirchhof hin, 
Und bat den lieben Todt : 
Ach ! lieber Todt von Basel. 

Bi, Ba, Basel, 
Hohl'nur meine Alte fort (bis), 

Als ich wieder nach Hause kam, 
Mein Alte war schon todt ; 
Ich spannt' die Ross an Wagen, 

Wi, wa, Wagen, 
Und fuhr mein' Alte fort (bis). 

Und als ich auf den Kirchhof kam, 
Das Grab war schon gemacht : 
Ihr Tràger, tragt fein sachte, 

Si, sa, sachte, 
Das d'Alte nicht erwacht (bis). 



Scharrt zu, scharrt zu, scharrt immer zu 
Das alte bôse Weib ; * * *' 

Sie hat ihr Lebestage, 
Ti, ta Tage, 
Geplagt mein jungen Leib (bis). 



(bis). 



DE L'ALSACE 159 



Je m'en allai au cimetière, . 

Et j'invoquai la mort : il/* 

Hélas ! bonne mort de Bâle, 

Bi, Ba, Bâle, 
Cherche donc ma vieille (bis). 



Quand je rentrai chez moi, ) . 

I i (bts) . 

Ma vieille était déjà morte ; ) 

J'attelai les chevaux à la voiture, 

Vi, va, voiture, 

Et j'emmenai ma vieille (bis). 



(bis). 



Et quand je vins au cimetière, 

La tombe était déjà creusée : 

Vous, les porteurs, marchez doucement, 

Di, da, doucement, 
Pour que la vieille ne se réveille pas (bis). 



Comblez, comblez, comblez la fosse ) 
De la vieille méchante femme ; / 

Tous les jours de sa vie 

Vi, va, vie, 
Elle a tourmenté mon jeune corps (bis). 



l6o CHANSONS POPULAIRES 

Als ich wieder nach Hause kam, \ , 
Ail' Winkel warn' zu weit ; ) 

Ich warte kaum drei Tage, 

Ti, ta, Tage, 
Und nahm ein junges Weib (bis). 

Das junge Weibel das ich nahm, ) . 
Das schlug mich aile Tag' ; ) 

Ach ! lieber Todt von Basel, 

Bi, Ba, Basel, 
Hâtt' ich mein' Alte noch (bis) l 




DE L* ALSACE l6l 



Quand je rentrai chez moi, 
Tous les coins me paraissaient trop grands ; 
J'attends à peine trois jours, 
} Ji, ja, jours, 

Et je pris une jeune femme (bis). 



(bis). 



La jeune femmelette que je pris 
Me rossait tous les jours ; 
Hélas 1 ma bonne mort de Bâle, 

Bi, Ba, Bâle, 
Que n'ai-je encore ma vieille (bis) ! 




(bis). 



ï6i 



CHANSONS POPULAIRES 



II 



ES TRUG DAS MÂDELEIN 



if i ji i i n ( i 



Es trug das schwarz - braun 



mm 



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de • lein 



Ein 



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Be - cher ro - then Wein, Zvl 



i f J J f?|Hi ^ 




Strass - burg auf der Stras - sen, Be- 

1 " 'ULx 



i=§^ 



ge - gnet ihr ail - da 



Ein 



iif" f r r Lfn^f 



wun - der • vol - 1er Knab, - Er 



thut sie wohl um - fas - sen. 



DE L' ALSACE l6$ 



II 



LA FILLETTE AUX CHEVEUX NOIRS 

Cette chanson strasbourgeoise qui date de loin, à ce que nous 
croyons, n'est plus très connue dans cette ville; mais elle est 
assez curieuse pour mériter d'être conservée. 



La fillette aux cheveux noirs 
Portait une coupe de vin rouge, 
A Strasbourg par la rue. 
Elle rencontre un superbe garçon, 
Qui l'embrasse fort bien. 



164 CHANSONS POPULAIRES 

Lass ab, lass ab, ey lasse ab, 
Mein wunderschôner Knab, 
Mein Mûtterlein thut schelten, 
Verschûtte ich den Wein, 
Den rothen kûhlen Wein, 
Der Wein thut sehr viel gelten. 

Bald hat das schwarzbraun Mâdelein 
Verloren ihr PantofFelein, 
Sie kann's nicht wieder finden ; 
Sie suchet hin, sie suchet her, 
Verliere nicht den andern mehr, 
Noch unter dieser Linde. 

Denn zwischen Berg und tiefem Thaï, 

In's grùne eb'ne Thaï, 

Da fliesst ein fischreich Wasser, 

Wer sein Feinslieb nicht will, 

Wer sein Feinslieb nicht will 

Die mûssen sich fahren lassen. 



1 



DE L' ALSACE 165 



« Laisse-moi, ahl laisse-moi, 
Mon très beau garçon, 
Ma mère me gronderait 
Si je renversais le vin, 
Le beau vin rouge et frais, 
Ce vin vaut très cher. » 

Bientôt la fillette aux cheveux noirs 
Perdit sa petite pantoufle ; 
Elle ne peut plus la retrouver, 
Elle cherche de ci, de là; 
Ne perds pas l'autre aussi 
Sous ce tilleul. 

Entre les montagnes et la vallée, 
Dans la vallée bien verdoyante, 
Là coule une eau remplie de poissons ; 
Ceux qui ne veulent pas de leur belle (bis) 
Ceux-là n'ont qu'à se quitter. 

Cette chanson parait incomplète ; de tonte façon elle a ' été 
écrite d'après des dictions qui me paraissent fautives, et ren- 
ferment des lacunes. 



& 



i66 



CHANSONS POPULAIRES 



III 



GANG MER N1T 1WER MI M ATT A LÀ 



) (f' ? i)D f. lp P M 



Gang mer nit 1 - 'wer mi 



1 4' t ' P M[ t pi 



Mât 



ta - là, Gang mer oi 



x-JH- 



C P P T ^'C-'^ 



nit dur mi Gras, Gang mer nit 




£ 



J f "J | J> , $ =m 



zo mi - nem Schâtz -à - là, 



\ 4" y hlJ J J'I Uli 



O - der i pri - gel di ab. 

Mâidel, wo hasch du di Kàmmerle, 
Màidel, wo hasch du di Bett? 
— « Hinter der Stege isch's Kàmmerle, 
Hinter der Thûre isch's Bett. 



DE L* ALSACE 167 



m 



NE TRAVERSE PAS MON PRÉ 

L'origine suisse de cette pièce me parait certaine, d'après 
le texte, qui a pu, il est vrai, subir quelques changements, en 
passant par l'organe des chanteurs alsaciens. Quant à l'air, son 
rythme de trois mesures ne manque pas d'une certaine origi- 
nalité. 



Ne traverse pas mon petit pré, 
Ne traverse pas mon herbe, 
Ne va pas chez ma belle, . 
Sinon je te rosserai. 



Fillette, où est ta chambrette, 
Fillette, où est ton lit ? 
— Derrière l'escalier est la chambrette, 
Derrière la porte est le lit. 



1 



l68 CHANSONS POPULAIRES 

Màidel, was het dir der Krieger sait, 
Wenn er îsch kumme zu dîr ? 
— Hatt mir gsàit : « Wenn i kei bravere find', 
Dann will er bliwe bi mîr. » 

Màidel, was hesch em zur Antwort gâ, 
Wo du diâ Rede hesch g'heert ? 
— Han em gsâit : « Scher di so wit as de kasch, 
Du bisch ke bravere werth. » 



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i 



DÉ L' ALSACE 169 



Fillette, que t'a dit le soldat, 

Quand il a été chez toi ? 

— Il m'a dit : « Si je n'en trouve pas de plus 

Je resterai avec toi. » [avenante, 

Fillette, que lui as-tu répondu, 

Quand tu as entendu ce discours ? 

— Je lui ai dit : « File aussi loin que tu pourras, 

Tu n'en mérites pas une plus avenante. » 



<m 



11 12 



170 



CHANSONS POPULAIRES 



IV 



IN LAUTERBACH 



ijtVi , nc'» ci p=pÉ 



In Lau - ter - bach haw' ich min 




^ 



Strûm - pfel ver - lo - re, Und 




oh - ne Strumpf geh ich nit 



tfv r i r , » 1 c ■ g m 



heim, 



Drnm geh' ich nun 



rffi* 5 ? 



J |J J > I 



Ê 



wie - der nach Lau - ter - bach 



i <fv , i , n'' ' ci 



zu, Und kauf mir 



em 



fftes 



1 



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Strumpf an min Bein. 



DE i/ALSACE 171 



IV 



A LAUTERBACH 

Comme il y a trois Lauterbach, l'un en Hesse, l'autre en 
Bohème et le troisième dans le Wurtemberg, on a rembarras 
du choix ; cette chanson, importée en Alsace, y est devenue 
très populaire ; il y a quarante ans ou plus, je l'entendais chanter 
dans les foires du Haut-Rhin, et depuis elle s'est maintenue 
constamment dans ce pays ; seulement on n'y connaît générale- 
ment que la première strophe. 



A Lauterbach j'ai perdu mon bas, 
Je ne rentrerai pas chez moi sans bas ; 
Je retourne donc à Lauterbach, 
Et m'achète un bas à ma mesure. 



172 CHANSONS POPULAIRES 

In Lauterbach haw' ich min Schuhe vertanzt. 
Und ohne Schuh' geh' ich nit heim ; 
Da steig' ich dem Schuster zum Fenster hinein, 
Und hol' ein Paar andre heraus. 

In Lauterbach haw' ich min Herzel verloren, 
Ohn Herzel da geh ich nit heim, 
Drum geh ich erst wieder nach Lauterbach nein , 
Und hol mir ein Herz wieder ein. 

Bin aile mein Lebtag nie trauri gewesen, 
Un bin a zum trauern zu jung ; 
Hab* immer die junge redit gerne geseh'n, 
Und grosse und kleine genung. 



ty 



DE L* ALSACE I73 



A Lauterbach j'ai perdu mes souliers en dansant, 
Et sans souliers je ne rentrerai pas chez moi ; 
J'entre par la fenêtre du cordonnier, 
Et m'en choisis une autre paire. 

A Lauterbach j'ai perdu mon cœur, 
Je ne veux pas rentrer sans cœur ; 
Je retourne donc à Lauterbach, 
Pour me chercher un autre cœur. 

De toute ma vie je n'ai jamais été triste, 
Je suis trop jeune pour cela ; 
J'ai toujours aimé à voir les jeunes, 
De même que les grands et les petits. 



ty 



174 CHANSONS POPULAIRES 



VÔGELEIN IM TANNEWÀLD 



1:^ »! )- i i fi I P S F I 



Vô - ge - lein im Tan - ne - wald 



\ $> P f plJ n l )J i' *l 



pfei - fet so hell, Vô - ge - lein îm 



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Tan - ne - wald pfei - fet 



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hell, Pfei - fet den Wald 



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aus und ein, Wo wird mein 



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Schilt - ze - le sein? Vô - ge - lein im 



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Tan - ne - wald pfei - fet so hell. 



DE l' ALSACE I7S 



PETIT OISEAU 



Voici une chanson qui paraît avoir fait son tour du monde. 
Kretschmer la note en Souabe ; nous l'avons recueillie à Mul- 
house, où elle est assez connue. Son origine allemande ne se 
conteste pas. 



Petit oiseau de la forêt de sapins, ) 

Qui siffles si bien, j ' '' 

Qui siffles à travers le bois, 

Où peut être ma bien-aimée ? 

Petit oiseau de la forêt de sapins, 

Tu siffles si bien. 



I76 CHANSONS POPULAIRES 

Vôeelein am kùhlen Bach ) . . v 
Pfeifet so suss ! i 

Pfeifet den Bach auf und ab, 

Bis i mein Schàtzele hab, 

Vôgelein am kûhlen Bach 
Pfeifet so sûss. 




DE L ALSACE 



177 



1 

(bis). 



Petit oiseau du frais ruisseau, 

Tu siffles si doucement 1 

Siffle tout le long du ruisseau, 

Jusqu'à ce que je trouve ma bien-aimée ; 

Petit oiseau du frais ruisseau, 

Tu siffles si doucement. 




i 7 8 



CHANSONS POPULAIRES 



VI 



ES DUNKELT IN DEM WÀLDE 



\ j >" ' ■ * J I ) j f J l 



Es dun - kelt in dem 




Wal - de, Lass uns nach Hau - se 



\4 ^ J n g I P. p g g M 



gehn, Wir wol - len das Korn ab- 



« 



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schnei 



den, 



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I 



Wenn 



i ji ^ j ; n î j f i 



wir den Som - mer sehn. 

Ich hôr* ein Hirschlein rauschen, 
Wohl rauschen durch den Wald ; 
Ich hôr* ein Feinslieb klagen, 
Es hâtt die Ehr* verloren. 



» 



DE L ALSACE 179 



VI 



IL COMMENCE A FAIRE NOIR 

D'après Kretschmer, cette pièce vient de l'Alsace; elle y 
est fort peu connue, voila la vérité : comme elle mentionne 
Strasbourg, nous la conserverons jusqu'à nouvelles informations. 



Il commence à faire noir dans le bois, 
Retournons à la maison ; 
Nous couperons le blé 
Quand nous verrons l'été. 



J'entends remuer un petit cerf 
Qui traverse le bois ; 
J'entends les plaintes d'une belle 
Qui regrette son honneur. 



l8o CHANSONS POPULAIRES 

Hast du dein' Ehr' verloren, 
Hab' ich die meine noch ; 
So geh'n wir miteinander, 
Und tragen die Krânzelein. 

Ein Krânzelein von Rosen, 
Ein Krânzelein von Klee ; 
Zu Strassburg auf def Brucken, 
Da liegt ein tiefer Schnee. 

Wenn ail' der Schnee thut schmelzen, 
So lauft das Wasser in See, 
Darauf bin ich gesessen, 
Und gefahren bis hieher. 



•>p- 



DE L' ALSACE l8l 



Si tu as perdu ton honneur, 
Moi j'ai encore le mien ; 
Eh bien 1 marchons ensemble, 
Et portons les couronnes. 

Une couronne de roses, 
Une couronne de trèfle, 
A Strasbourg sur le pont 
Dya une neige profonde. 

Quand toute la neige fond, 
L'eau coule dans la mer ; 
Je m'y suis assise, 
Et j'ai navigué jusqu'ici. 



^ 



I&2 



CHANSONS POPULAIRES 



VII 



ICH UND MEIN HANS 



l/¥ » » I H I£3=E 



Ich und mein al - 1er - liebsch-ter 



\$f r ., t > j. i ) J^ 



Hans. Wîr sîn zwei schô - ne Leu- 



ij" i i l i 



^ 




te, Wir kûs-sen uns, wir druck-en 



uns, Dies war mein grôss • te Frai- 



i f'" J>f(lr c ft ^ 



de. Sagt ihr Leu - te, was fang ich 



li j!" I ' rU l T [ ^sa 



an, Dass ich der Hans be - kom - men 



DE l' ALSACE 183 



VII 



MOI ET MON JEAN 

Ce tableau fort tendre de deux amoureux est assez développé 
comme chanson, c'est même une des plus longues du recueil, 
comme air; elle m'a été chantée par un ouvrier de fabrique 
à Guebwiller, avec une telle emphase et une telle exagération 
du côté sentimental, que j'ai eu bien de la peine à m'empècher 
de rire, ce qui aurait évidemment déconcerté mon chanteur. 



Moi, et mon Jean adoré, 

Nous sommes un beau couple, 

Nous nous embrassons, nous nous étreignons, 

C'était mon plus grand plaisir. 

Dites-moi, mes bonnes gens, 

Que vais-je faire 

Pour avoir mon Jean pour mari? 



184 CHANSONS POPULAIRES 



gËi 



> i I 1 



kann, Und sagt ihr 



\$v .,,,, j } \ \^ m 



Leu - te was feng ich an, Dass ich der 



Hans - be - komm zum Mann. 

Am Sonntag an der Kirche Thùr 

Da steht er im Parade, 

Mit schwarzen Hosen, weissen Strùmpf, 

Er hat so schône Wade ! 

Sagt ihr Leute, etc. 

Am Montag wenn'r an d'Arbeit geht, 
Da klopft er an das Lâdchen, 
Er kûsset mich, er drùcket mich : 
« Gut'n Morgen, liebes Gretchen, » 
Sagt ihr Leute, etc. 

Dies îst das Lied von meinem Hans, 

Es hat mir wohl gefallen ; 

Er îst der schônst im ganze Thaï, 

Das wîssen's, sagens' aile. 

Sagt ihr Leute, etc. 



DE L ALSACE 



18S 



Que vais-je faire 

Pour avoir mon Jean pour mari ? 



Le dimanche, mis comme pour une revue, 
Il se tient près de la porte de l'église, 
Pantalon noir, bas blancs, 
Il a de si beaux molets ! 
Dites-moi, etc. 

Le lundi, quand il se rend à son ouvrage, 

Il frappe à mon volet, 

Il m'embrasse, il me presse : 

« Bonjour, chère Marguerite. » 

Dites-moi, etc. 

Voilà la chanson de mon Jean, 
Elle m'a plu beaucoup ; 
Lui est le plus beau de la vallée, 
Tout le monde le sait, le dit. 
Dites-moi, etc. 



n 



13 



l86 CHANSONS POPULAIRES 



VIII 

MÛESS I JBTZ 



iju J )U i p g p g 1 



Muess i jetz, mûess i jetz zu mim 



^ P M g *■ I P g g J J t 



Stàd-te - le naus, Stâd-te - le naus, Un 



\$ J J J' [S U i J )1 



du mein Schatz bleibst hier; Wenn i 



l<f» b J J P p g g 1 



kumm, Wenn i kumm, Wenn i 



4 V F P (? J v ^ 



wî - de - rum kumm, 



1 ^ g F p J J ■ J 



Wl - de - nim kumm, Kehr i 



i f J > > J jg 




ein 



mein Schatz bei dir. 



DE L'ALSACE 187 



vin 

LE DEPART 

L. Erck, dans DeutscJkr LUderhôrt, a publié cette chanson, du 
moins la première strophe ; les autres sont complètement diffé- 
rentes. Cette première strophe elle-même a de notables dévia- 
tions, comparée avec la version alsacienne, qui a des répétitions 
de vers, absentes dans l'autre. On remarque aussi quelques 
différences dans l'air ; bref, c'est une autre tradition. Quelle est 
la plus ancienne des deux ? Je l'ignore. 



Il faut maintenant que je sorte de notre petite ville, 
Et toi, mon amour, tu restes ici ; 
Quand je reviendrai, 
J'entrerai chez toi, mon amour. 



l88 CHANSONS POPULAIRES 



i ,f t. J J H). f=p=p 



Kann i glei nît al - le - weil, nit 



1^ fi s i Q \f 1 ■■ 



ail - weil bei dir sein, 



i f i' >)ni p pif 



Han i doch, so han i doch mein 



if i M 1 il l r^r-^^M 



gan - ze Freid an dir; Wenn 



I ft J > p p p M 



kumm, Wenn i , kumm, Wenn i 

l<fr F P g -J ^ ' 



wî de - rum kumm, 



i ft r P f J ^ 



wî - de - rum kumm, Kehr ich 



i .f J > t i n 




eiu mein Schatz bie dir. 



DE L'ALSACE 189 



Quoique je ne puisse 

Pas toujours, 

Pas toujours, 
Être auprès de toi, 
J'ai cependant, 
J'ai cependant, 
Toute ma joie en toi. 
Quand je reviendrai, 
Quand je reviendrai, 
J'entrerai chez toi, 
Ma bien-aimée. 



IÇO CHANSONS POPULAIRES 

Wie du weischt, wie du weischt das ich wandere 
Wandere muss, [muss, 

So ist jets d'Lieb vorbei ; 

Sind auch draus, sind auch draus dere Medele viel, 
Lieber Schatz i bleib dir treu ; 
Denk du nît, o denk du nît wenn i ein andârâ sîeh, 
Denk du nît o denk du nît so sei die Lieb vorbei : 
Sind auch draus, sind auch draus dere Medele viel, 
Lieber Schatz i bleib dir treu. 

Ùbers Jahr, ûbers Jahr, wenn màr Treibele schneid, 

Treibele schneid, 
Steir îch mich wied'rum ein, 
Bin i dan, bin i dan auch dein Schàtzele no 

Schàtzele no, 
Dan so soll die Hochzeit sein. 
Ùbers Jahr ist d'Zeit vorbei, 
Da g'hôr ich dein, du mein ; 
Ûbers Jahr, ist d'Zeit vorbei, | /i • \ 
Da g'hôr ich dein, du mein : ) 
Ûbers Jahr, ùbers Jahr wenn mâr Treibele schneid, 
Stell ich hier mich wiedrum ein. 



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DE L' ALSACE 191 



Comme tu sais, comme tu sais 

Que je suis obligé de faire mon tour à l'étranger, 

C'en est fini avec l'amour. 

Quoiqu'il y ait à l'étranger beaucoup de fillettes, 

Cher amour je te resterai fidèle ; 

Ne crois pas que si j'en vois une autre, 

C'en soit fini avec notre amour, 

Quoiqu'il y ait à l'étranger beaucoup de fillettes, 

Cher amour, je te resterai fidèle. 



Dans un an, quand on coupera les raisins, 

Quand on coupera les raisins, 

Je me présenterai de nouveau; 

Si alors je suis toujours ton bien-aimé, 

Ton bien-aimé, 
Nous ferons la noce. 
Dans un an, le temps étant passé, ] 
Alors je serai à toi, et toi à moi. ) 
Dans un an, quand on coupera les raisins, 
Je serai de nouveau de retour. 



H*- 



192 



CHANSONS POPULAIRES 



IX 



DU UEGST MIR IM HERZEN 



l|f ' I ' I ' I r I r I 

Du, du liegst mir . im 



if 1 1 1 1 1 1 1 1 i' r 1 



Her - zen, Du, du liegst mir im 



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Sinn; Du, du mach'st mir viel 



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gut icb dir bin : Du, du, 



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weisst nicbt wie 



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gut ich dir 



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bin. 



DE L'ALSACE 193 



IX 



TOI, TU ES DANS MON CŒUR 

Tons les recueils allemands ne renferment pas cette chanson, 
qui pourtant est bien originaire de l'Allemagne, mais devenue 
très populaire en Alsace. Elle n'est ni dans Erck ni dans Bôhme; 
Finck la donne p. 34 du Trésor musical des Allemands. (Musika- 
lischer Hausschat\ der Deutschen.) 



Toi, toi, tu es dans mon cœur, 

Toi, toi, tu es dans ma pensée, 

Toi, toi, tu me fais beaucoup de chagrins, 

Tu ne sais pas combien je suis à toi, 

Toi, toi, tu ne sais pas combien je suis à toi. 



194 CHANSONS POPULAIRES 

So, so wie ich dich liebe, 

So, so lieb auch du mich ; 

Die, die zârtlichsten Triebe 

Fûhle ich einzig fur dich ; 

Ja, ja, ja, ja, fuhle ich einzig fur dich. 

Doch, doch darf ich dir trauen, 

Dir, dir mit leichtem Sinn ? 

Du, du darfet auf mich bauen, 

Weist ja wie gut ich dir bin. 

Ja, ja, ja, ja, weist ja wie gut ich dir bin. 

Und, und wenn in der Ferne 

Dir, dir mein Bild erscheint, 

Dann, dann wûnsch't ich auch gerne 

Dass uns die Liebe vereint ; 

Ja, ja, ja, ja, dass uns die Liebe vereint. 



# 



DE L* ALSACE 195 



Telle, telle que je t'aime, 

Tel, tel aime-moi, 

Les, les plus tendres émotions 

Je ne les sens que pour toi ; 

Oui, oui, oui, oui, je ne les sens que pour toi. 

Mais, mais, puis-je me fier à toi, 

— To v i, toi, à l'esprit léger? 

Toi, toi, tu peux te confier à moi, 

Tu sais combien je t'aime ; 

Oui, oui, oui, oui, tu sais combien je t'aime. 

Et, et si dans le lointain 

Mon image t'apparaît, 

Alors je souhaiterais volontiers aussi 

Que l'amour nous rassemblât ; 

Oui, oui, que l'amour nous rassemblât. 



5 5|r 



I96 CHANSONS POPULAIRES 



X 



GESTERN ABEND 



IjJÎm: J> J|J J -J J | 



Ges-tern A - bend spSt îsch's ein 



4' r cj- r LJ » 



Jahr ge - wes'n, Als 



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ich mcin Schatz ver - lies; — Zu 



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ih rem Fens - ter 



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schaut sie naus, Und mit 



1^ r Q r p M 

mei - ner Lie - we îsch 

i f r û J ^^ 

al - les avis, Darf ich 



DE l' ALSACE 197 



HIER SOIR 

Chanson du Haut-Rhin, mais avec des prétentions à la langue 
allemande. Comme ces chanteurs et ces poètes de la nature sont 
toujours altérés, il est bien rare que la bouteille de vin ou le 
verre de bière ne fassent leur apparition dans ce qui sort de 
cette officine. Cet ornement du discours est une partie tellement 
essentielle dans les compositions de ces troubadours populaires, 
qu'elle absorbe souvent le sujet principal. 



Hier soir, tard, il y eut un an 
Que je quittai ma bien-aimée, 
Elle regarde par sa fenêtre, 
Et tout est fini avec mon amour, 



I98 CHANSONS PQPULAIKES 



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auch ntcht mehr' nein zu 



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ihr, zu ihr, Darf ich 

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auch nicht mehr nein — — zu 



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ihr! 

Ach, schôn Schâtzichen mach mir auf so bald, 

Draus'n geht der Wind so kalt 

Dass sich aile Baume biegen,... 

Und keiner soll mein Schâtzichen kriegen, 

Schâtzichen mach mir auf so bald, so bald, 

Drausen geht ja jder Wind so kalt. 

Und gerad als ich vor das Wirthshaus kam, 

Da soll ich kehren ein, 

Da lauft mir die Frau Wirthin nach : 

Nun was soll ich, soll ich denn schenken ein ? 

Schenket ihr gut's Bier oder Brandewein, 

Kann ich geh'n mit dem Schàtzel heim. 



DE L'ALSACE !<}<> 



Je ne puis plus entrer chez elle, 

Chez elle, 
Je ne puis plus entrer chez elle. 



Ah ! belle bien-aimée, hâte-toi de m'ouvrir, 
Il souffle un vent froid dehors, 
Au point que les arbres ployent... 
Aucun ne doit posséder ma bien-aimée : 
Ma belle, ouvre-moi de suite, de suite, 
Il souffle un vent si froid dehors. 

Et quand j'arrivai devant l'auberge, 

On me dit d'entrer, 

Madame l'aubergiste me court après : 

« Eh bien ! que faut-il vous verser ? » 

— Versez de la bonne bière ou de l'eau-de-vie r 

Si je puis ramener ma belle. 



200 CHANSONS POPULAIRES 

Ietz muss ich aus dem Stàdtichen gehn, 

Verlassen meine Schôn, 

Das thut vom Herzen weh, ja weh, 

Und behût dich Gott, liewer Schatz, adie, 

Und ich wott* ich wàr reich und hatt viel Geld, 

So thàt midi' liewen aile Welt. 




DE L* ALSACE 201 



Maintenant il faut que je quitte la ville, 

Que j'abandonne ma belle, 

Cela fait bien mal au cœur, au cœur, 

Et que Dieu te garde, ma bien-aimée, adieu, 

Je voudrais être riche et avoir beaucoup d'argent, 

Le monde entier m'aimerait alors. 




n 14 



202 



CHANSONS POPULAIRES 



XI 



HERZIGS MARIANEL 



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Her - zigs Ma - ria - nel, Wo 



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gehst du demi hin? Her - zigs Ma- 



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ria - nel, Wo 'gehst du denn hin? 



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Ich geh' nach Strass - burg naus, 



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Wo die Ka - no • nie - rer sind, 



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No nâ ni 



la — de - ri dé - 



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DE L' ALSACE 20$ 



XI 



CHARMANTE MARIANNE 

Les canonnière étant généralement des hommes solides, vigôu - 
reusement constitués, ils ont de tout temps fait des ravages consi- 
dérables dans les cœurs des bonnes ou des servantes de Stras - 
bourg ; les pontonniers tout au plus pouvaient leur disputer la 
victoire, mais il y avait du tirage. 

Si cette chanson n'a pas été faite à Strasbourg même, c'est 
qu'elle est venue au monde dans l'un de ses faubourgs. 



Charmante Marianne, où vas- tu donc ? 

Charmante Marianne, où vas-tu donc? 
— Je m'en vais à Strasbourg, 
Où il y a des canonniers, 
No, na, ni, la déri, déri. 



204 CHANSONS POPULAIRES 

Herzig's Marianel, was mach'st du denn dort (bis) ? 

— Ich geh' mir suchen ein Mann, 
Der mich nàhren kann. 

No, na, ni, la deri, deri. 

Herzig's Marianel, du findest kein Mann (bis). 

— Ja, wenn ich find kein Mann, 
Fang ich zu weinen an, 

No, na, ni, la deri, deri. 

Herzig's Marianel, das Lied ist gemacht (bis)- 

— Ist's gemacht, sey's gemacht, 
Lieb hat kein Narr erdacht. 
No, na, ni, la deri, deri. 






^^naavmaaaamHW^HHHWHBHP 



DE L' ALSACE 205 



Charmante Marianne, que feras-tu là (bis) ? 

— Je vais chercher un mari, 
Qui puisse me nourrir : 
No, na, ni, la déri, déri. 

Charmante Marianne,, tu ne trouveras pas de mari. 
t— Ah ! si je ne trouve pas de mari, [(bis). 
Je me mettrai à pleurer, 
Na, no, ni, la déri, déri. 

Charmante Marianne, la chanson est faite (bis). 

— Si elle est faite, qu'elle reste faite, 
L'amour n'a pas été inventé par un fou. 
No, na, ni, la déri, déri. 






206 



CHANSONS POPULAIRES 



XII 



WENN ICH NOCH LEDIG WÂR 



\ A* un i pp^ 



ÉHi 



Wenn ich noch le - dig wïr, 



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Gàb ich mein Fin - ger her, 

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Fin - ger von mei - ner Hand, 



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Das ist be 



kannt. 



Tri o - lo, tri - o lo, 

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tri - o lo, tri - o - lo, 



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lo, tri 



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lo, 



Dm ist be 



kannt. 



DE L'ALSACE 207 



XII 



si j'étais encore garçon 

Cette lure est connue dans toute 1* Alsace, et chantée surtout 
par les ouvriers de fabrique. Les femmes ont dû répondre à ce 
couplet satirique des hommes, et j'ai comme un vague souvenir 
de cette réponse ; mais ce n'est pas assez net dans ma mémoire 
pour le reproduire. 

Si j'étais encore garçon 
Je donnerais un doigt, 
Un doigt de ma main, 
Tout le monde sait cela. 
Triolo, triolo, 
Triolo, triolo, 
Triolo, triolo, 
Tout le monde sait cela. 




208 



CHANSONS POPULAIRES 



xni 



ANNE MARIAKELE 




An - ne Ma - ria - ne - le hSiss' i, 



\ £ J , ) ) S 



m 



Scheen bîn i, dass wâiss i. 



\§ J J J J J 11- J, 1 



Ro - thi Schiâ - là - là trag' i, 



I j! I H t i'\\. ).l 



Hun - dert Tha - 1er ver - mag* i; 




i 



Hun - dert Tha • 1er îsch no - ni ga - nui, 

1 n [j J 1 1 » m m 



Noch e achee - ner Knab dàr - zûe. 



DE L' ALSACE 209 



xni 



ANNE MARIE 

La strophe que voici a cela de bizarre, qu'elle est déclamée sur 
la même note jusqu'à l'éclat de la fin ; cette note haute qui vient 
tout à coup terminer une chanson monotone, fait le bonheur 
des enfants ; aussi cette strophe aurait-elle pu être rangée sans 
inconvénient avec les chansons de nourrices. 



Anne Marie est mon nom, 

Je suis belle, je sais cela, 

Je porte des petits souliers rouges, 

Je possède cent écus ; 

Cent écus ce n'est pas assez, 

U faut avec cela un beau garçon. 



210 



CHANSONS POPULAIRES 



XIV 



HOLD UND SrrTSAMKEIT 



i ^ 1 y j. j n n \f : * i 



Hold und Sitt • sam - keit 




Lieb und Zârt - lich - keit 



\4'*at \Q i i ^^ 



Hat mein Màd - chen nur nur, 



Ij' J\ \ 




Hat mein Mad «r chen nnr. 



Ein so schôn's Gesicht 
Hat kein Mad chen nicht 
Auf der ganzen Flur, Flur, 
Auf der ganzen Flur. 



DE L' ALSACE 211 



XIV 



GRACE ET MODESTIE 

Les incorrections de cette chanson indiquent assez qu'elle est 
le produit de la muse populaire, mais elle ne manque pas d'une 
certaine tournure poétique. Le mot stoht de la dernière stro phe 
semble lui donner le Sundgau comme origine, si même elle ne 
vient pas de la Suisse, ce que je ne crois pas. 



Grâce et modestie, 
Amour et tendresse, 
Ma belle seule les possède, 
Ma belle seule les possède. 



Un si beau visage, 

Aucune fillette ne Ta en partage 

Dans les campagnes, 

Dans les campagnes. 



212 CHANSONS POPULAIRES 

Bei der Gartenthùr 

Hat mein Màdchen mir 

Sanft die Hand, die Hand, Hand, 

Sanft die Hand gedruckt. 

Ietz geh* ich so géra 

Bei dem Abendstern 

Auf der Flur nach Haus, Haus, 

Auf der Flur nach Haus. 

Seht das Abendroth 
Das am Himmel stoht, 
Màdchen, gute Nacht, Nacht, 
Màdchen, gute Nacht. 




DE L' ALSACE 21$ 



Près de la porte du jardin, 
Ma toute belle 
M'a pressé la main, 
M'a pressé la main. 

Maintenant je rentre volontiers, 
Quand paraît l'étoile du soir, 
En passant par les campagnes, 
En passant par les campagnes. 

Voyez le soleil couchant 
Qui rougit le ciel, 
Bonsoir, ma belle, bonsoir, 
Bonsoir, ma belle, bonsoir. 




214 



CHANSONS POPULAIRES 



XV 



WOHER SO FRÛEIH 



i l* i i J 1 1 J j ^m 



Wo - her so frvieih, wo 




a - ne scho, Herr. Mor - ge - stern e- 



liA j i j J | J i i jji 



nan - der - no, In die - ser glitz - ri - ge 



\ 4 vK G 'i J 



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mels - tracht, In 




^ 




ffip=N» 



di - ner gul-di - ge Loc - ke Pracht, Mit 



j ) i 1 1 



di - nen An-ge klar und blau, Und 




su - fer g'wasch - en im Mor-ge Thau? 



DE L' ALSACE 21$ 



XV 



d'où viens-tu? 

Cette charmante poésie allémanique de Hebel Der MorgentUrn 
(l'étoile du matin) est fort connue et chantée dans le Haut-Rhin, 
surtout dans le Sundgan. Pour abréger, nous avons passé quelques 
strophes, celles où l'étoile du matin court après une autre petite 
étoile, sa bien-aimée, mais qu'elle ne peut jamais atteindre. 



D'où viens-tu, où, vas-tu déjà, 

Seigneur étoile du matin (i), 

Dans ta brillante et céleste parure, 

Avec tes longues tresses en or, 

Avec tes yeux clairs et bleus, 

Lavés avec soin dans la rosée du matin ? 



(i) Étoile est masculin en allemand. 



2l6 CHANSONS POPULAIRES 

Hesch gmeint de seisch alleinig do ? 
Nei weger nei, mer meihe scho ! 
Mer meihe scho ne halbi Stund ; 
Frùeih ufstoh isch de Gliedere gsund, 
Es macht e frische frohe Mueth, 
Und d'Suppe schmeckt eim no so guet. 

Und d' Vôgli sin au scho do, 

Sie stimmen ihri Pfifli scho, 

Und uffem Baum und hinterm Hag 

Seit eis em andre guete Tag : 

Und's Turtel-Tûbli ruukt und lacht, 

Und's Betzit-Glôckli isch au verwacht. 

Der Storch probiert si Schnabel scho : 
« De chasch's perfekt, wie Gester no. » 
Und d'Chemi rauchen au alsgmach ; 
Hôrsch's Mûhli-Rad am Erle-Bach, 
Und wie im dunkle Bueche-Wald 
Mit schwere Streiche d'Holz-Ax fallt ? 

Was wandelt dort im Morge Strahl 
Mit Tuech und Korb dur's Matte Thaï ? 
S'sind d'Meidli jung und flink und froh, 



DE L* ALSACE 21 J 



Croyais-tu être seul ici ? ** 

Non, vraiment non, nous fauchons déjà ! 

Nous fauchons depuis une demi-heure ; 

Se lever tôt fait du bien aux membres, 

Cela vous met d'une humeur fraîche et bonne, 

Et la soupe n'en paraît que meilleure. 

Et les oiseaux sont aussi déjà là, 

Ils sont à accorder leurs petites flûtes, 

Sur l'arbre et derrière la haie 

L'un à l'autre se disent bonjour. 

La tourterelle roucoule et rit, 

Et la cloche de l'Angélus s'éveille aussi. 

La dgogne essaie déjà son bec : 

« Tu sais ton affaire à la perfection, comme hier. » 

Et les cheminées fument aussi peu à peu, 

Entends-tu la roue du moulin près des aulnes, 

Et comme dans le sombre bois de hêtre 

La hache tombe à coups allourdis. 

Qui passe là-bas dans le rayon matinal, 
Avec du linge et des paniers par les prés ? 
Ce sont les fillettes, jeunes, lestes et gaies ; 

il 15 



21 8 CHANSONS POPULAIRES 

^1^ ^^— ^W » ■■■■■! - » 

Sie bringe weger d'Suppe scho, 
Und's Anne Meili, vornen a, 
Es lacht mi scho vo witcm*a. 

Wem ich der Sunn ihr Bùebli wâr, 
Und's Anne Meili chàm ungfahr 
Im Morgeroth, ihm giengi no, 
I mùesst vom Himmel abe cho ; 
Un wenn au d'Muetter balge wott, 
I chônnt's nit lo, verzeih mer's Gott. 




DE L' ALSACE 210, 



Elles apportent, ma foi, déjà la soupe, 
Et Anne Marie, tout devant, 
Me sourit déjà de loih. 

Si j'étais le' fils du soleil, 
Et si Anne Marie venait par hasard 
A Paube, je la suivrais, 
Dussè-je descendre du ciel, 
Et si môme ma mère voulait gronder, 
Je ne pourrais pas m'en empêcher, Dieu me le 

[pardonne. 




220 



CHANSONS POPULAIRES 



XVI 



WENN ICH GLEICH 



m 



wm 



^ 



Wenn «ch gleich kein 



i j' ' n i i j t="=i 



Schatz nicht liab', "Will schon ei - nen 



hj' i i n i ~rn 



fin - den, Geh' das Gâss - leiu 



lij 1 I U I 1 1 M I ! 



auf und ab, Geh' das Gâss - leiu 
auf und ab, Bis an die Lin-deu. 



Als ich an die Linde kam, 

Sass mein Schatz darneben : 

« Grùss dich Gott, herzliebster Schatz, 

Wo bist du gewesen? 



DE L'ALSACE 221 



XVI 



SANS BON AMI 



La morale, qu'il ne faut pas courir deux lièvres à la fois, est 
vieille comme le monde; elle trouve surtout son application 
quand il s'agit d'amour. 



Quoique je n^aie pas de bon ami, 
J'en trouverai bien un. 
Je monte et je descends la rue, 
Je monte et je descends la rue. 
Jusqu'au tilleul. 



Quand je vins au tilleul, 
Mon bon ami était auprès : 
« Bonjour, moa bien-aimé, 
Où as-tu été ? » 



222 CHANSONS POPULAIRES 

— Schatz, wcich gewesen bin 
Darf ich dir wohl sagen, 
War in fremde Lande hin, 
Hab gar viel erfahren. 

Sah am Ende von der Welt 
Wie die Bretter passten, 
Noch die alten Mondehell, 

Aile in dein- JCàsten. 

« 

Sie sah'n wie zerbrochne SchùsSeln aus, 
Sonne kam gegangen ; 
Als ich daran nur gerùhrti 
Brannt's wie. glùh'nde Zangen. 

Hàtt' ich einen Schritt gethan, 
Hâtt' ich nichts mehr funden ; 
Sage nun, mein Liebchen an, 
Wie du dich befunden ? — 

« Ich befand mich in dem Thaï, 
Sassen da zwei Hasen, 
Frassen ab das grûne Grass, 
Bis zum dùrren Rasen. 



DE L' ALSACE 2*2*J 



« Ma chère, où j'ai été, 

Je puis bien te le dire ; 

J'ai été en pays étranger, 

Où j'ai appris beaucoup de choses. 

% 
\ " * 

J'ai'vu, au* bout du monde, 
Comment les planches se joignaient, 
Ainsi cfue les ,vieux" clairs de lune, 
Renfermés dans une armoire. . - 

Ils ressemblent "à des écuelies cassées; 

Le soleil arriva, 

Je ne fis qus le" toucher, 

Cela me brûla comme des tenailles rougies. 

Si j'avais seulement fait un pas, 
Je n'aurais plus rien trouvé ; 
Dis-moi maintenant, ma belle, 
Comment t'es-tu trouvée ? » 

« Je me trouvai dans la vallée, 
Deux lièvres étaient assis là, 
Qui broutaient l'herbe verte 
Jusqu'à la racine flétrie. 



224 CHANSONS POPULAIRES 

.— — . — ■ ^- — — M , ! |, ■■■■■■■■■■ ■■ ,-■■-...■ 

In der kalten Wintemacht 
Liesest du mich sitzen, 
Meine schwarzbraune Àugelein 
Mussten Wasser schwitzen. 

Darum reis' in Sommernacht 
Nur zu alter Welt Ende, 
Wer sich gar zu lustig tnacht 
Nimmt ein schlechtes Ende. 




DE L'ALSACE 225 



Dans la froide nuit d'hiver, 
Tu m'as plantée là, 
Mes yeux bruns-noirs 
Transpiraient des larmes. 

Tu peux, donc aller par les nuits d'été 
Jusqu'au bout du monde : 
Celui qui s'adonne trop au plaisir 
Fera une mauvaise fin. 




226 



CHANSONS POPULAIRES 



XVII 



c'a les boubes de tchiévremont 



If U . M' I J i=£=Ég 



C'a les bon - bes(i) de Tchiè-vre- 




fc 



P P g P ^ 



mont, C'a les bou - bes de — 



lij i " "H =r=*=N 



Chiè - vre - mont Que sont pàit- 



lif J J J J . i p Ç g g I 



chis (2) pou* les na 



tions, que sont paît- 



s 



^ 



chis pou' — les na - tions, 



4 



l II II » f M 



te 



W=ï 



■*-«■ 



S'en sont al - lés de - dans la 

ift J ■ J 1 i * 1 r r ' 



guer 



re, 



Sans dire 



DE L'ALSACE 



227 



hj! î > 1 ^ 1 1 1 



dieu - z - à 



leurs 



mal- 



\é h j j j * 1 p c d p 1 



très - sa : Qpe le Ha - tan (3) tuai les 




*= 



p p M J 




pe pe pe, Que le Ma -tan tuai les 



\ê*it t c p c pKJJ'J I 



Pe - quî-gnots(4): Vi - vent les 



a lo la 



# p p p 1 J j 1 j < 1 



la» Vi - vent les Ad - jou - los($). 

Chèvremont est un village à peu de distance de Belfort ; 
comme il est eu rapports fréquents avec les endroits où l'on 
parle alsacien, il n'est pas étonnant que le langage en retienn e 
quelque chose. Je n'ai pu recueillir que cette seule strophe ; il 
doit y en avoir d'autres. 

(1) Boubes, buben, garçons. — (2) Paitchis, partis. — (3) Ma- 
tan, Satan. — (4) Pequignots, bourguignons. — ($) Adjoulos, 
habitants d' A joie. 



<qp 



228 



CHANSONS POPULAIRES 



XVIII 



LES GALANTS DE CHÈVREMONT 



\ £' i j |j ) I J ipip 



Ço H ga - lànts de Tchiè - vre- 




mont, Ço li ga - lants de 



4' , n » j i f i wmm 



Tchiè - vre - mont, Que s'en re - vont de- 






r r \Q r \ u p g i 



dans la guer - re, Sans dire a- 



l£^F# 



à 




1 



dieu à leu ma! - - très - se. 



DE L' ALSACE 229 



Quand y fut loin de son pays, 
Le plus djeune s'en repentit ; 
F s'en revint dret chez sa tante, 
Là où sa belle il y fréquente. 

— Na ! din bondjou ma tante Ali, 
Ma mie n'a-t-elle point-z-ici ? 

— Aile est là-hâ, dedans sa tchambre, 
Où qu'aile pleure et qu'aile s'y lamente. 

Son vert galant montit en haut. 

La belle tirit son rideau : 

«r Retiri-vô, é vos en prie, 

De vos mon cœur n'a plus d'envie. » 

Ma mie, fâtes-moi-z-un bouquet, 
Ma mie, fàtes-moi-z-un bouquet, 
Qui soit logé de rubans djânes, 
Ya fait l'amour, c'est pour un âtre. 

Belle, filtes-moi-z-un moutçhu (t) 
Belle, fâtes-moi-z-un moutchu, 
Fâtes-lou long, fâtes-lou large, 
C'a pour essuyer mon visage. 

(1) Mouchoir. 



23O CHANSONS POPULAIRES 



Nous avons en présence Jeux versions de cette chanson ; le 
texte ne diffère guère que dans la prononciation ou dans le 
patois. La seconde version commence ainsi : 

Ça les galants de Tchièvremont 
Quei s'en revont dedans lai dtfre, 
Ça les galants de Tchièvremont 
Quet s'en revont dedans lai dière, 
Sans dite aidtte d leues maîtresses. 
Sans dire aidue d Unes maîtresses. 

Quant à l'air, ces dernières paroles sont ornées de celai de 
Cadet Rousselle, et c'est même pour cela que nous avons choisi 
la version avec l'air du crû. 




DE L* ALSACE 



231 



XIX 



M Y PROMENANT 



IfJI i l " I J " î I ' ' \ .1 ji 1 



M'y pro-me - nant tout au - tour du mou- 



ifl j n n j i jj^ 



lin, j'a-per-çois la meu - nié - re, Qui 



1 ^ nJQ j' n J i 



cul - ti - vait dans son jar- 



\ l y î ) H I' l i# 



E 



din la ro- se prin - ta - nié - re : Ne 




pour - rait - on , pas, la belle, en pas- 



\ 4 n J, J' J P^ 



sant, Ne pour - rait - on 



pas s'ar - rê - ter un ins - tant? 



2$2 CHANSONS POPULAIRES 

— Oh! non, monsieur, retirez-vous d'ici, 
Ne venez pas m'surprendre, 
Car les amants sont si trompeurs 
Qu'ils ne cherchent qu'à prendre ; 
Oh ! non, monsieur, retirez-vous d'ici, 
Ne venez pas me troubler mon esprit. 

Ce n'est évidemment qu'une entrée en matière, et la conver- 
-tation avec la meunière a dû se prolonger en plusieurs strophes, 
qui malheureusement ne nous sont point parvenues. Même 
observation pour les deux chansons qui suivent. 




DE L ALSACE 



233 



XX 

oh! da, bonjour 



liji 1 j l M l I il 

Oh! da, bon - jour Fran - çoi - se, 



i f J jHtM*^ ^ 



M'y r'voi-ci de re - tour; M'y r'voi- 



lr j r - r r 1 "Mr pan 



ci, ma bru -net -te, au - près de toi... 



I f f I, j M J J 1 J' J' I 



D'une a - mi - quié sin - ce - re, 




1 ) J H» l ^ r 




em - bras - se - moi. — « Em-bras-se 



\lït t, J J'ir ^M 



ta mai - très -se mon cher a- 



p 



^ 



mant; 



Il y'a long- 



I Ji l l 1 1 1 ' 1 1 1 1 I 



temps qu'elT pleu-re, en t*at - ten - dant. » 

n 16 



234 CHANSONS POPULAIRES DE L ALSACE 



XXI 



LA-BAS SUR LA MONTAGNE 



l ïjjj" F ■ j 1 J ■ J g - g 



Là - bas 

-Ce» 



sur la mon- 



10' t ' r f , c >U =£ÊÉa 



ta - gne J'ay - z-en-ten - du pleu-rer! 



4' j i * j >. m 




pa - gne, Je m'en i - rai la con - so- 




ler; Ah! c'est la voix de ma com- 



if ' i i i M 



P* 



gne, Je m'en î- 

■9- 



\& i i ' t i t i ^ 



rai 



la con - so - 1er. 



«88* 



SIXIÈME PARTIE 



CHANSONS DE CONSCRITS, DE SOLDATS, 
DE COMPAGNONS. 



SIXIÈME PARTIE 



CHANSONS DE CONSCRITS, DE SOLDATS, 
DE COMPAGNONS. 




es rixes, les combats, les batailles ont si 
souvent ensanglanté l'Alsace, depuis les 
temps anciens jusqu'à nos jours, qu'il 
n'est pas étonnant d'y trouver un esprit batailleur, 
assez commun chez la jeunesse. Qu'on joigne à 
cela un grain de mauvaise tête, un tant soit peu 
d'emportement, et l'on s'expliquera pourquoi un 
si grand nombre d'alsaciens s'engageaient dans 
l'armée française. 

Une bisbille avec les parents : on se faisait 
soldat ; un dépit amoureux ou quelqu'autre con- 



238 CHANSONS POPULAIRES 

trariété, on se faisait soldat sauf à s'en re- 
pentir parfois. 

Les conscrits n'étaient pas tous dans une dispo- 
sition d'esprit semblable ; mais par amour-propre, 
et pour faire comme leurs amis, déjà partis pour 
le régiment, ils affichaient volontiers une allure 
guerrière. U faut excepter, cela va de soi, quelques 
natures moins belliqueuses et plus tendres, que le 
chagrin de quitter leur bien- aimée envahissait au 
moment du départ. De là ces chansons avec une 
pointe de tristesse; mais disons-le bien vite,, 
c'était l'exception. 

La quinzaine précédant le départ se passait dans 
les brasseries ou dans les cabarets ; on circulait 
dans les rues, bras-dessus, bras-dessous, avec un 
tambour et un drapeau en tête; les chansons 
accompagnaient la marche et remontaient le cou- 
rage des moins vaillants. 

On ambitionnait surtout d'être dans un régi- 
ment de cavalerie : chasseurs, hussards, dragons 
ou cuirassiers, c'était là le rêve des ambitieux. 

Les Strasbourgeois avaient eu de tout temps 
un faible pour l'artillerie, et l'histoire nous apprend 
que la ville de Strasbourg possédait d'excellents 
artilleurs. 



DE L ALSACE 



A partir du XIX e siècle, cet amour du canon a 
pourtant été partagé par le désir de se faire pon- 
tonnier. Comme ces derniers régiments manœu- 
vraient plus spécialement à Strasbourg ou sur le 
Rhin, on peut croire que l'idée de revenir dans 
leur pays natal, même de ne pas le quitter, exerçait 
une certaine influence sur ce chois ou ce désir des 
enfants du Bas-Rhin. 




I 



ALS WIR AUS WOLXHEIM 

Als wir aus Wolxheim hinaus gehen, 
Schauen wir uns noch einmal um : 
Gute Nacht, mein Vater und Mutter, 
Wer weiss wenn ich wieder komm ! 

Als wir zu Strassburg hinein gehen, 
Schauen wir uns noch einmal um : 
Gute Nacht, meine Schwester und Brùder, 
Wer weiss wenn ich wieder komm ! 

Als wir zu Strassburg hinein gehen, 
Schauen wir uns noch einmal um : 
Gute Nacht, mein tausigst schôn Schàtzelein, 
Wer weiss wenn ich wieder komm ! 

Als wir zu Strassburg hinein kommen, 
Beim Kronen Wirth kehren wir ein, 
Wir essen und trinken zusammen, 
'S mag keiner mehr lustig sein. 




I 



EN SORTANT DE WOLXHEIM 

M. Gustave Mûhl a publié dans YAlsatia (1851), les deux 
chansons de conscrits suivantes ; elles sont dans une teinte 
mélancolique toutes les deux. 

En sortant de Wolxheim, 

Nous nous retournons encore une fois : 

Bonsoir mon père et ma mère, 

Qui sait quand je reviendrai ! 

• En entrant à Strasbourg, 
Nous nous retournons encore une fois : 
Bonsoir ma sœur et mes frères, 
Qui sait quand je reviendrai ! 

En entrant à Strasbourg, 

Nous nous retournons encore une fois : 

Bonsoir, ma belle bien-aimée, 

Qui sait quand je reviendrai ! 

Une fois entrés à Strasbourg, [ronrte, 

Nous faisons halte chez Paubergiste de la Cou- 
Nous mangeons et buvons ensemble. 
Aucun n'a plus envie d'être gai. 



242 CHANSONS POPULAIRES 

Als wir zu Strassburg hinausgehen, 
Der Tambour der schlàgt schon die Trumm 
Gute Nacht mein Vater und Mutter, 
Wer weiss wenn ich wieder komm ! 



II 

DER KOMMANDANT 

Der Kommandant steht draussen, schaut seine 

[Leut an : 
Seid nur lustig, seid nur frôhlich, s'kommt keiner 

[davon. 

Was battet mich dem Kommandanf sein reden, 

[sein sagen, 
Mein Vater, meine Mutter haben mich auferzogen. 

Mein Vater, meine Mutter, die weinen so sehr, 
Drum fallt mir der Abschied, das Marschieren so 

[schwer." 

Meiner Schwester, meinem Bruder und der ganzen 

[Freundschaft 
Wùnsch ich allen gute Nacht, gute Nacht ! 



DE L'ALSACE 243 



En sortant de Strasbourg, 
On bat déjà le tambour : 
Bonsoir mon père et ma mère, 
Qui sait quand je reviendrai 1 



II 



LE GOMMANDANT 



Le commandant est dehors, il examine ses 
gens : Soyez gais, soyez heureux, aucun n'en re- 
viendra. 



Que me font les discours du commandant, mon 
père, ma mère m'ont élevé. 

Mon père, ma mère pleurent si fort, c'est 
pourquoi je trouve si durs l'adieu et la marche. 

A ma sœur, à mon frère et à toute la parenté, 
je souhaite une bonne nuit. 



244 



CHANSONS POPULAIRES 



III 



EIN SCHIFFLEIN SAH ICH FAHREN 



f£ 



t 



^m 



^m 



Ein Schiflf • lein sah ich 




fah - ren, Ka - pi - tain und Leu - te- 




nn - nen wa - ren ge- 




la - den Drei bra - ve Kompa - ni - en Sol- 



\9 r r g f ' r r r ^ 



^ 



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da - ten:Ka-pi - tain, Leut-nant, Fàhn-de- 

J J J ^^ 



rich, Ser - géant, Nimm das 



7 P g E P p g p I 



Ma - del, nimm das Mi • del, nimm das 



DE L' ALSACE 245. 



III 



JE VIS FLOTTER UN BATEAU 

C'est sur le thème de cette chanson, née en Westphalie otr 
en Poméranie, que Casimir Delavigne rima en 1830 ses paroles 
de la Parisienne. 

Il y a cependant encore des gens si entêtés, qu'ils continuent 
d'attribuer la musique de la Parisienne à Auber, qui n'y a jamais 
songé. 

G. Katsner dit (1) : « Je possède sur le sujet de cet emprunt 
des détails écrits de la main même de la personne qui en est 
l'auteur. » 

Mon savant ami aurait bien fait de donner ses renseignements- 
tout de suite, car, hélas! il ne les donnera plus. 



Je vis flotter un bateau, 
Capitaine et lieutenant, 
Là-dedans étaient chargées 
Trois braves compagnies de soldats : 
Capitaine, lieutenant, 
Porte-drapeau, sergent, 



(1) G. Kastner, Les Chants de formée française, 18$ $, p. $6.. 



246 



CHANSONS POPULAIRES 







g g g p 



Ma - del bei der Hand, Sol- 



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! t l \t >> M 



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ib- — ta 



ten, Ka • me • ra - den, Sol- 



; ■ p g " "P r l ^ga 



da .- ten, Ka - me - ra - den. 




DE L'ALSACE 247 



Prends la fillette par la main, 
Soldats et camarades, 
Soldats et camarades. 



1 

Cette chanson a été composée à ce qu'on présume en 1757, a 
l'occasion du siège de Harbourg, sur la rive gauche de l'Elbe. 

De temps en temps quelqu' Allemand ou quelque demi-savant 
-français, confondant cette provenance étrangère de la Parisienne 
avec la création de la Marseillaise, contestent à Rouget de 
Liste son oeuvre, la Marseillaise : cela fait pitié ! 




248 



CHANSONS POPULAIRES 



IV 



WAS WOLLEN DIE HAÛSAREN 



m 



j I J > > J i 



Was wol - len die Hau- 



if i nu jw n i 

sa - ren es - sen ? Ge- 



es - sen ? 



If i i i| i il| i i i 



bach - e - ne Fisch nnd Kreb — sen 



m 



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Ka - pi - tens Leu - te - nam, Va - le- 



SE 



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ri Ser - cfaand, Nimm das 



\ $ P * P P g I P E 6 g » 



Ma - del an der Hand, Un druck es 



mm 




f 




tap - fer an die Wand : Hau- 



i j 1 ' If i ' y liH 1 l r * I 

sa - ren, Ka - pi - ra - - len. 



DE L* ALSACE 249» 



IV 



LES HUSSARDS 



Comme paroles, le patron de cette chanson a été pris sur la 
précédente, mais l'air n'est pas le même ; les hussards ayant 
toujours été très populaires en Alsace, il est tout naturel que la 
chanson le soit aussi. 



Que veulent manger les hussards ? 

Des poissons frits et des écrevisses, 

Capitaine, lieutenant, 

Valeri (i) sergent, 

Prends la fillette par la main, 

Et presse-la vaillamment contre le mur, 

Hussards, caporaux. 



(1) Valtri équivaut à tra la la ; dans les recueils allemands, 
cette chanson a le mot Fdhnderich, porte-drapeau à la place de 
vaUri, et ils pourraient bien avoir raison. 



II X7 



2$0 CHANSONS POPULAIRES 

Was wollen die Hausaren trinken ? 
Vom besten Wein zu finden : 
Kapitens, Leutenam, etc. 

Wo sollen die Soldaten schlafen ? 
Bei ihrem Gewehr und Waffen : 
Kapitens, Leutenam, etc. 

Wo sollen die Soldaten tanzen ? 
In Strassburg auf der Schanzen : 
Kapitens, Leutenam, etc. 

Wie reiten die Soldaten in Himmel? 
Auf einem weissen Schimmel : 
Kapitens, Leutenam, etc. . 




DE L' ALSACE 25 1 



Que veulent boire les hussards ? 

Du meilleur vin qu'on puisse trouver : 

Capitaine, lieutenant, etc. 

Où doivent dormir les soldats ? 
Près de leurs armes et défenses : 
Capitaine, lieutenant, etc. 

Où doivent danser les soldats ? 
A Strasbourg sur les fortifications : 
Capitaine, lieutenant, etc. 

Comment les soldats vont-ils au ciel ? 
Assis sur un cheval blanc : 
Capitaine, lieutenant, etc. 




252 



CHANSONS POPULAIRES 



d'rekrOte sîn bravi soldats 




(| t | l> M» ^^^ 



D'Re - krii - te sîn bra - vi Sol- 




i j j i ' ' n é 



i^ j ■ 

Leut, 



da - te, D'Re - krii - te sîn bra - vi 

T Jl 



Sie 



mian 



l_fi I ii M l=fe^p^g 



Vat - ter nnd Mut - ter ver - las - sen, Es 



\fa j. yj q j 1 ij^j ii 



kann ja nît an - ders sein. 

Als wir auf Kolmar kumme, 
Bîm Kronewîrth kehre mîr ein, 
Dort wollen wir essen und trinken, 
Und wollen recht lustig sein. 



DE L' ALSACE 253 



LES RECRUES 



Le texte de cette chanson est évidemment calqué sur la chanson 
de conscrits donnée au commencement de ce chapitre : Ah wir 
ans Wolxhevtn hinausgehen. 



Les recrues sont de braves soldats, 
Les recrues sont de braves gens, 
Il sont obligés de quitter père et mère, 
Cela ne peut pas être autrement. 



En arrivant à Colmar, 

Nous entrons chez l'aubergiste de la Cou- 
Là. nous voulons manger et boire, [ronne, 
Et voulons être joyeux. 



254 CHANSONS POPULAIRES 

Als wir gegess'n und trunken haben, 
Der Kronewirth zahle wir aus : 
Adie, hertztausig schôn Schàtzel, 
Zum Thor marschieren wir aus. 

Als wir vor's Thor hinaus kamen, 
Der Tambur schlagt die Trumm : 
Lebt wohl, mein Vatter und Mutter, 
Lebt wohl bis i wiedrum kumm. 




DE L' ALSACE 255 



Après avoir mangé et bu, 

Nous payons l'aubergiste de la couronne : 

Adieu, ma belle bien-aimée ! 

Nous sortons par la porte de la ville. 

En arrivant hors la porte, 
Le tambour se met à battre : 
Portez-vous bien, père et mère, 
Portez-vous bien, en attendant mon retour. 




256 



CHANSONS POPULAIRES 



VI 



HE LOSET, ÎHR BÛÂWÂ 



JOBY 



Ijff H J» 1 J , J ^ 



He lo - set îhr Bùa - w5, 



j J' j j $ ijpfËgi 



wenn i mi nît bâ - triâg, 



lif ' j 1 li ^^ 

hee - ri nâ Trum - ma. Mer 



ij n J J 




^^ 



§ËI 



mi - an )etz al - li d'z'Kriâg. 



M J | J 




E 



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i| 



Mer winn is tap - fer weh - ri, Dià 




Kol 



be brav um keh - ri, Winn 



4 j- j - j • j j j » 



haû - e, wann sti 



chï, Wia 



!# J J J j ifj j 1 ■ 



wenn das Wat - ter 



scbliag. 



DE l' ALSACE 257 



VI 



ÉCOUTEZ MES GARS 

Il y a bien vingt-cinq ans que cette chanson a été envoyée à 
mon ami Dieterich de Zimmersheim par M. G. Gerber Keller, 
alors à Dornach, avec l'assurance qu'elle date de l'époque où 
Mulhouse envoyait un contingent à la confédération helvétique. 
Sans discuter cette affirmation, il est certain . que le style et 
l'expression ont été rajeunis. 



JACQUES 

Écoutez, mes gars, si je ne me trompe, 
J'entends un tambour, il faut aller maintenant 

[tous à la guerre. 
Nous nous défendrons avec courage, 
Nous manierons bravement la crosse, 
Nous sabrerons, nous piquerons, 
Comme si l'éclair tombait. 



258 CHANSONS POPULAIRES 

Doch glaûwà min Roth nur, as lit gar viel dara, 
Mer miân viel vertraûà zùà unsrâ Fiâhrer ha; 

Nur thûâ was sie bâfahlâ, 

Nît raûwâ unn nît stàhlà. 
Wer do nît ka folgâ, dâr isch kâi Btederma. 

SEPPI 

He i Joby, was hasch doch nît fîr a dummes 

[G'schrày, 
Dû mechtetsch gàrn kriâgà, un îch mecht liâwâr 

I kann nît heerâ schiàsâ, [hâi, 

Ka nît gsâ Blùât vârgiàsà, 
Das Làwâ îsch edel, dâr Todt îsch Naràdey. 

Eh 1 kumm doch, wànn hâim geh', as sîcht gar 

[fînschter dri : 
Wànn laùfa, wànn sprîngâ, sonscht wîrd is kalt 

I ka Schwartzbrod nît bissà, [dârbi. 

Wîll liâwâr vo unsàrm wissà, 
Ach 1 kumm doch dû Gaûgel, un loss das kriâgà s! . 

JOBT 

[g'mtss, 
Wasredsch dû , dû Lîmmàl! dû elânds Wiwer? 
Wîrd dîr denn das Schtârwâ fïrs Vaterlând so râss - 



DE L' ALSACE 259 



Pourtant, croyez-en mon conseil, il est important, 
II faut que nous ayons grande confiance dans nos 
Ne faire que ce qu'ils commandent, [chefs ; 

Sans voler, sans piller; 

Celui qui n'obéit pas en cela, n'est pas un hon- 
nête homme. 

JOSEPH 

Eh ! Jacques, quelle sotte criaillerie tu nous fais, 
Tu aimerais bien te battre, et moi j'aimerais mieux 
Je ne puis pas entendre tirer, [rentrer chez moi, 
Je ne puis pas voir couler le sang, 
La vie est noble, la mort est une folie. 

Eh ! viens donc, retournons, le temps parait bien 

[sombre : 
Nous allons courir, sauter, sans cela nous aurons 
Je ne puis pas mordre le pain noir, [froid . 

J'aime mieux notre pain blanc ; 
Eh ! viens donc, bêta, et laisse la guerre tranquille. 

JACQUES 

Qu'est-ce que tu rabâches, rustre à figure de fe- 

[melle, 

Est-ce que tu trouves si amer de mourir pour la 

[patrie? 



i6o 



CHANSONS POPULAIRES 



I mag mi Hand nît bschissà, 
Sunscht thât i di verrissâ, 
Dû Schandflàck dâr Mànner, dû Wisâstâiner Kâss ! 



VU 



O STRASSBURG 




O Strass - burg, O Strass - burg. Du 



i j> J J i J 1 1 -. } i 

wnn - der schô - ni Stadt, Da- 



rin - ne liegt be - gra - ben Ein 




man - ni - cher Sol - dat, — Da- 




rin - ne liegt be - gra - ben Ein 



if y J i 1 i 



man - ni - cher Sol • dat. 



DE L* ALSACE 26 1 



Je ne veux pas déshonorer ma main, 
Sans cela je te mettrais en morceaux, 
Honte des hommes, fromage de Wisestein'(i). 



VII 



O STRASBOURG 

U existe, dans les Recueils allemands, de très nombreuses va- 
riantes de cette chanson ; Kretschmer donne trois airs différen ts 
au commencement de son premier volume, et comme cette 
chanson est bien d'origine alsacienne, on voit que l' Allemagne 
lui emprunte aussi quelquefois. 



O Strasbourg, ô Strasbourg, 
Ville merveilleusement belle, 
Dans laquelle est enterré maint soldat, 
Dans laquelle est enterré maint soldat. 



(1) Je ne connais pas cet endroit, ni dans le Sundgau, ni en 
Suisse. 



262 CHANSONS POPULAIRES 



So mancher, so schôner, 
So tapferer Soldat, 
Der Vater und lieb Mutter 
Bôslich verlassen hat 



(bis). 



Verlassen, verlassen, 

Es kann nicht anders sein, 

Zu Strassburg, ja zu Strassburg, 

Soldaten mûssen sein. ' * '" 



Die Mutter, die Mutter, 
Die gieng vor's Hauptmann's Hauss : 
Ach 1 Hauptmann, lieber Hauptmann, 
Gebt mir mein Sohn heraus. 



(bis). 



Eu'r Sohn kann nicht geben 

Fur so und so viel Geld, 

Eur Sohn und der muss sterben 



\ 



Im weiten breiten Feld. ) ' 1S '' 



Im weiten, im breitem, 

Ail vorwàrts vor dem Feind ; 

Wenn gleich sein schwarzbraun Màdchen 

So bitter um ihn weint. ' ' ^* 



DE L' ALSACE 20$ 



(bis). 



Tant de beaux, 

Tant de braves soldats, 

Qui ont quitté ) 

tvI \ i (Pis). 

Père et mère. ) v ' 

Ils les ont quittés, 
Cela ne peut être autrement, 
A Strasbourg, oui à Strasbourg, 
Il faut des soldats. 

La mère s'en alla 

Devant la maison du commandant : 
Ah 1 commandant, cher commandant, 
Rendez-moi mon fils. 

Je ne puis vous donner votre fils, 
Même pour tant et tant d'argent, 
Votre fils va mourir 
Dans la plaine longue et large. 



(bis). 



(bis). 



Dans la plaine longue et large, 

Tout devant l'ennemi, 

Quoique sa belle aux cheveux noirs ) 

Le pleure si amèrement. j * ^' 



264 CHANSONS POPULAIRES 

Sie trauert, sie weinet, 

Sie klaget gar so sehr. 

Ade, mein herzliebst Schàtzchen, 

Wir sehn uns nimmermehr. 



(bis). 



Was lauft ihr, wass rennt ihr 

Nach fremden Dienst und Land ? 

Es hat's euch niemand g'heissen, ) 

Dient ihr dem Vaterland. j * ^ 




DE L* ALSACE 265 



Elle gémit, elle pleure, 

Elle se plaint amèrement. 

— Adieu, ma chère bien-aimée, ) 

Nous ne nous reverrons plus. J ' ' ' 

Pourquoi courez-vous si vivement 
Après le service et le pays étranger ? 
Personne ne vous a dit de le foire, ) 
Servez votre patrie. ) * '" 



Ce dernier couplet a dû être ajouté, mais quand ? Les Alsa- 
ciens n'ont jamais pris de service à l'étranger. 




II l8 



266 



CHANSONS POPULAIRES 



VIII 



O DU FRANKREICH 



\ft ? JJl j 




S 



Ê 




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O du Frank - :eich, ich muss scar- 




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schie 



ren. 



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O du 



14' Cr r - c ' ; 1 r f i 



^ 



Frank - reith, ich muss fort 

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Ei - ne zeit - lang muss ich 



4* Q r N 




schei-den, Ei - ne zeit - lang muss ich 



i rf' Q f J. J l 

mei - - den Mein ge- 



1 tf ' j f p r ' n 1 1 1 



lieb - tes Va - ter - land, Mein ge- 

Ci 1 1 1 1 h 1 



lieb - tes 



Va 



ter - land. 



DE L' ALSACE . 267 



vin 



O FRANCE I 

J'ai entendu chanter bien des chansons de conscrits en Alsace , 
mais je dois avouer qu'elles étaient en général beaucoup moins 
tendres que celles que nous publions ici. C'étaient plutôt des 
chants de victoire à tout pourfendre ; je regrette bien de n'avoir 
pas de spécimen de celles-là. 



O France, je dois marcher, ) 
O France, je dois partir ; J 

Pour quelque temps il faut te quitter, 
Pour quelque temps il faut te fuir, 
Ma patrie bien aimée, 
Ma patrie bien aimée. 



268 CHANSONS POPULAIRES 



Nun ade, herzgeliebter Vater, ) 
Nun ade, so lebet wohl ; j ^^* 

Wollt ihr mich noch einmal sehen, 
Steigt auf jene Berges Hôhen, 
Schaut herab in's tiefe Thaï, 
Seh't ihr mich zum letzten Mal. 



(bis). 



Nun ade, herzgeliebte Mutter, 

Nun ade, so lebet wohl ; 

Habt ihr mich in Schmerz geboren, 

Fur die Feinde auserkoren ; 

O du grausam's Herzenleid ! 0**)' 




DE L'ALSACE 269 



Allons, adieu, mon père chéri, 

Allons, adieu, portez-vous bien ; j '" 

Si vous voulez me voir encore, 

Montez au haut de la montagne, 

Regardez dans la vallée profonde, 

Et vous m'apercevrez pour une dernière fois^ 

Allons, adieu, ma mère chérie, ) 

Allons, adieu, portez-vous-bien; j * 
Dans la douleur, vous m'avez mis au monde, 
Je suis choisi pour aller contre l'ennemi ; 
O douleur qui me fend le cœur, (bis). 




SEPTIÈME PARTIE 



CHANSONS A BOIRE, 
CHANSONS SATIRIQUES, BOUFFONNES. 




SEPTIÈME PARTIE 



CHANSONS A BOIRE, 
CHANSONS SATIRIQUES, BOUFFONNES. 




['alsace est admirablement propice à la cul- 
ture de la vigne : climat tempéré, été 
ardent, automne chaud, coteaux abrités, 
rampes montagneuses exposées au soleil levant, 
sol fertile et varié, richement minéralisé, bras 
robustes et infatigables, elle a tous les éléments 
qui font prospérer le précieux arbuste à vin. Elle 
forme une notable partie de cette grande vallée 
du Rhin, que la nation allemande caractérise par 
cette allitération : Rheinïand, Weinland (pays du 
Rhin, pays du vin). Les vins d'Alsace sont pro- 



274 CHANSONS POPULAIRES 

prement des vins du Rhin ; seulement ils consti- 
tuent une famille d'un tempérament plus sec, 
plus chaud, plus vigoureux que les autres familles 
rhénanes répandues dans le landgraviat badois, 
dans le Palatinat et le Rheingau (i). » 

La naissance des vignobles d'Alsace, mentionnés 
dans les chartes du vn e siècle, est très probable- 
ment de beaucoup antérieure à cette date. Ce 
qu'il y a de certain, c'est que s'il pousse du bon 
vin dans ce pays, il y pousse aussi de vigoureux 
buveurs. 

De Thou, dans ses Mémoires (vers la fin du 
xvi* siècle), parle ainsi de Mulhouse : « Dans les 
cabarets tout est plein de buveurs ; là, des jeunes 
filles qui les servent, leur versent du vin dans des 
gobelets d'une grande bouteille à long col, sans 
en répandre une goutte ; elles les pressent de boire 
avec les plaisanteries les plus agréables, boivent 
avec eux et reviennent à toute heure faire h 
même chose. » 

A Rome naissante on défendait le vin aux 
femmes, d'après Pline et Plutarque ; on avait in- 
troduit l'usage d embrasser les femmes, quand 

(i) Cb. Gérard, L'ancienne Alsace i table, p. 266. 



DE L' ALSACE 27$ 



elles entraient dans une maison, pour s'assurer 
par leur haleine qu'elles n'avaient pas bu du vin. 

En Alsace, l'une des plus anciennes buveries 
était le Wagheller (i) de Colmar, fondé vers 
1450, et qui a subsisté plus de deux siècles. 

Jean de Manderscheidt Blanckenheim, évêque 
de Strasbourg, institua en 1586, au château de 
Haut-Baar, la Confrérie de la Corne. Pour être 
admis dans cette société de buveurs, il fallait vider 
d'un trait une corne formidable, contenant deux 
pots de vin. Une quantité de personnages illustres 
ou princiers furent membres de cette société, qui 
eut la gloire, en 1604, d'enivrer le maréchal de 
Bassompierre, Tun des plus intrépides buveurs de 
France (2). 

Il est un vieux dicton, connu de toute l'Al- 
sace : 

Zu Thann im Rangen, 
Zu Gebuteiler in der Wanncn, 
Zu Turckheitn im Brandy 
Wachst der beste Wein im Land. 



(1) Cave de la balance ; cette société de buveurs s'était établie 
non loin de la balance municipale. 

(2) Revue d'Alsace (185 s), p. 206. V07. aussi Mémoire pour 
servir d F histoire de l'ordre de la boisson, par Grandidier. 



276 CHANSONS POPULAIRES 

i ■■ ■ Il ■ W ■ ■ -■■—..-■■ ■ — ■ . ■■ ■■ - ■ . — M ■ » I ■ 

« A Thann dans le Rangen, à GuebwUler, dans 
la Wanne, à Tûrckheim dans le Brand, c'est là 
que pousse le meilleur vin du pays. » Mais pour 
être populaire, cette énumération est loin d'être 
complète; on n'a qu'à parcourir les dernières 
pages du livre de M. Gérard, déjà cité. 

D'après tout ce qu'on vient de lire, on s'ima- 
gine sans doute que l'Alsace est tapissée de chan- 
sons à boire. Mais on se trompe. La France est 
bien autrement riche en chansons de cette sorte, 
surtout entre 1650 et 1729, époque durant la- 
quelle on peut y compter par milliers les chan- 
sons à boire. 

Par contre, l'esprit satirique est fort développé 
en Alsace ; le peuple saisit tous les événements, 
si peu importants qu'ils soient, pour les chan- 
sonner. 

C'est dans les nombreuses fabriques du Haut- 
Rhin que la plupart des satires populaires ont vu 
le jour. J'ai connu de ces ouvriers improvisateurs 
ou poètes de la nature qui, tout en s'occupant de 
leur métier à tisser, mettaient en chanson quelque 
bonne farce ou quelqu'aventure scandaleuse qui 
venait de se passer en ville ou ailleurs (1). Au 

(1) Cette façon de poétiser tandis qu'Us accomplissent un 



DE L' ALSACE 277 



sortir de la fabrique, des groupes se formaient 
autour du chanteur, on l'excitait, on le harcelait 
presque et il finissait par chanter sa composition. 
Chacun des auditeurs en gardait quelque chose 
dans sa mémoire. Le soir, ces groupes se refor- 
maient dans les rues ou sur les places de la ville ' Y 
on reconstituait la chanson qu'on avait entendue r 
on la remettait sur pied, quelquefois avec des 
variantes fournies par l'un ou l'autre des loustigs 
du groupe : le lendemain cela se chantait dans 
tous les coins de la ville. 

Les chanteurs des foires exploitent le goût du 
peuple de la campagne pour le merveilleux, en 
lui chantant des événements tragiques, des assas- 
sinats, des empoisonnements (Mordthaten), avec 
orgue de barbarie, et jamais ce mot ne fut mieux, 
placé. 

travail manuel, est assez habituelle chez les poètes populaires. 
Quoique dans un ordre littéraire plus élevé, mon ami G. Man- 
gold, à Colmar, ne compose pas autrement ses poésies : c'est 
en pétrissant ses pâtisseries, si renommées dans la ville, qu'il a 
mis au monde la plupart de ses œuvres, dont une petite partie 
seulement a été publiée jusqu'ici. 



*$ 




I 



I BIN LUSTI 



ij l L |p li '.H i ' 



bin lus - ti, i muess 



i f u r i cj g ir r i 



sin - ge, Steit der Win œerr 




in de Kopf; 



Kei 



ner 




sei wenn d'GIâs - ser klin - ge 



i rf> q H i l r m m 



Mun - ke — dris - sel, finst - rer 



\ fr j * in o i J j j 

Tropf. E la Gum - ba- 



if j j iqj in ni 



nie soll là - we ! Vet - ter, 




I 



JE SUIS JOYEUX 

Daniel ou le Strashourgeois d F épreuve, est une Comédie-vaude- 
ville en dialecte alsacien, d'Ehrenfried Stôber (1823). Cette 
chanson s'y trouve; elle a pour timbre un air du Petit Matelot, 
opéra-comique de Pigault Lebrun, musique de Gaveaux. L'air ne 
manque pas de franchise et il a dû plaire dès son origine; 
aussi la Clé du Caveau Pa-t-elle recueilli sous deux titres : Contre 
les chagrins de la vie on crie et ab hoc et ah bac, et sous celui de La 
Pipe de tabac. 

Je suis joyeux, il faut que je chante, 
Le vin me monte à la tête ; 
Que nul ne soit au choc des verres 
Un hypocondre, un sot ténébreux, 
Et vive la compagnie 1 



»% 



28o 



CHANSONS POPULAIRES 



ifr J m 'J ■ ■ ■ » 



Baas' 



i gib 



mer d'Ehr ! 



i fr CJCT l r f ^ 



S'isch ebb's nett's um uns - 



ijJ b (jt \q Q i J r j 



Re - we, Druff trink 



i min 



ll f J- J| J r |g 



Gtt - sel leer, 



Druff trink 




i j» J m n n i i > i 

i min Glas - sel leer. 



min Glas - sel 
(Ces dou\e dernières mesures se répètent en choeur.) 

Helljesteiner, MuschkedeUer, 

Wolxemer un Kitterle, 

Richewihrer, Berker, Zeller, 

Lutter gueti Winele. 

Kummt der Herbst, git's doch manch Stândel, 

Wer pariert mit merr ? i wett ! 

Vivat 's Elsass, miser Lândel, 

Diss so gueti Winle het I 



(bis). 



DE L'ALSACE 28 1 



Cousin, cousine, je bois à votre santé ! 
Cest une jolie chose que nos vignes, 
Là-dessus je vide mon verre, 
Là-dessus je vide mon verre. 



Le choeur reprend : 

C'est une jolie chose que nos vignes; 
Là-dessus je vide mon verre, 
Là-dessus je vide mon verre. 



Heiligenstein, Muscats, 

Wolxhein et Kitterlé, 

Ribeauvillé, Bergheim, Zell, 

Rien que de bons crûs ! 

Vienne la Vendange, il y aura mainte sérénade, 

Qui parie avec moi ? je tiens ! 

Vive l'Alsace, notre pays, i 

Qui a de si bons vins ! j l * /• 



il 



19 



282 CHANSONS POPULAIRES 

Isch's Glas leer, se muess merr's fùlle, 
Der Herr Wirth hett jo noch meh', 
Ab mit Sorje-n-und mit Grille, 
Schwenke's Glâsel hoch in d'Heh I 
Trinke jetz uff gueti Zitte, 
Glùckhaft Johr und Friddlikeit : 
I bring's aile brave Litte, 
Wo sie wohne, wit und breit ! 

CHŒUR 

Jo s'gilt aile brave Litte, 
Wo si wohne, wit und breit. 




DE L' ALSACE 283 



Si le verre est vide, il faut le remplir, 

L'aubergiste en a d'autre, 

Foin des soucis et des chagrins, 

Levez le verre en Pair 1 

Buvez aux temps prospères, 

Une bonne année et contentement, 

Je porte la santé de tous les braves gens, 

Qu'ils soient près ou loin ! 

CHŒUR 

Oui, à la santé de tous les braves cœurs, 
Qu'ils soient près ou loin. 




284 



CHANSONS POPULAIRES 



II 



NUR LUSTIG ÎHR BRIADER 



i j 1 i j i j t t > t > i 



Nur lus - tig ihr BriS - der, der 



rt*~r~7~7 



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Wein îsch 



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Winsch îch mir nix as nur 



1^' J . J J J J J » 



taû - - send Dû - ka - te; Da 



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îch mîr schan - ke Der, 



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Wein 



in das Glass, Je- 



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mehr als ich trîn - ke, Je- 



DE L' ALSACE * 285 



II 



SOYONS JOYEUX 

Nous avons déjà mentionné la pénurie des chansons à boire 
alsaciennes ; peut-être sommes-nous dans l'erreur, ne les ayant 
pas cherchées au bon endroit, c'est-à-dire au cabaret. Même la 
chanson que nous donnons ici est plutôt une pièce philosophique 
qu'une vraie chanson de biberon. 



Soyons joyeux, mes compagnons, le vin est réussi ; 
Je ne me souhaite que mille ducats, 
Alors je verserais le vin dans mon verre ; 
Plus je bois, plus j'aime à boire. 



286 



CHANSONS POPULAIRES 



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- mehr 



schmeckt mir dass, Da 



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Glass, 



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mehr 



als ich 



trîn - ke, Je- 



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I 



mehr 



schmeckt mir dass. 



Ein mancher verzweifelt, sogar bei dem Schmaus, 
Weil er vor Schulden kein Ruh'hat im Haus ; 
Er setzt sich zum Weine, un trinkt was er kann, 
Und wer ihm was fordert, der kommt îwel an. 

Ach Weibchen, wass kann man beim Weine nicht 

[haben, 
Ich bin schon Gen'ral, kommedier schon îm Grawe, 
Ach Weibchen, was kann man bein Weine nicht 

[sehn, 
Der eine wird Leitnam, der andre Kaptàn. 



DE L'ALSACE 287 



Alors je verserais le vin dans mon verre, 
Plus je bois, plus j'aime à boire. 



Plus d'un se désespère, même au repas, 
Parce que ses dettes ne lui laissent point de repos ; 
Qu'il se mette au vin, et boive ce qu'il peut, 
Celui qui lui réclame alors quelque chose arrive 

[mal. 



Ah ! petite femme, que n'a-t-on pas en buvant ! 
Je suis déjà général, je commande dans le fossé (1), 
Ah ! petite femme, que ne voit-on pas en buvant, 
L'un se croit lieutenant, l'autre capitaine. 

(1) C'est-à-dire qu'il a roujé dans un fossé. 



288 CHANSONS POPULAIRES 

Und seh ich von Ferne ein Rebsteckel stehn, 
So muss ich vor Freude mein Hùtel abziehn, 
Dû edles Gewâchse, dû grossi Allmacht, 
Wie viel Traurige hasch dû luschtig gemacht. 

Gott Vatter vom Hîmmel mùss oft drîwer lâche, 
Was d'Menschà bîm Weine fîr Flaûse diàn raache r 
Er schaùt îhnà zùâ von dem Hîmmel herab, 
Und schîttelt sein Kôpfchen, und lachet darab. 

Und wenn ich gestorben, wer thûàt mîch be- 

[graben? 
Die letzte Freundschaft die muss auch noch was 

[haben, 
Begrab* mîch îm Keller unter's gross Weinfass, 
Ich lieg nît gern trucke, doch allzeit gern nass. 

Und oben am Fàsschen da kann man es lesen, 
Wass ich es vor Zeiten fur ein Kerl bin g'wesen, 
Bestàndig besoffen, zu Zeiten ein Narr, 
Doch ein ehrlicher Bursche, das letzt îsch wahr. 



\ 



DE L' ALSACE 289 



Quand j'aperçois de loin un pied de vigne, 
Dans ma joie, je lui tire mon chapeau, 
O noble plante, ô Toute Puissance ! 
Que de gens tristes tu as rendus joyeux. 

Dieu le père doit souvent rire 

Des bêtises que le vin fait faire aux hommes, 

Il les regarde du haut du ciel, 

Secoue la tête, et se met à en rire. 

Et quand je serai mort, qui m'enterrera? 
Qu'il y ait un souvenir pour le dernier ami, 
Enterrez-moi dans la cave, sous le grand tonneau, 
Je n'aime pas être couché à sec, mais bien plutôt 

[mouillé. 

Au haut du tonneau on pourra lire 
Quel compagnon je fus dans le temps, 
Toujours ivre, parfois toqué, 
Mais un honnête garçon, c'est la vérité. 



^ 



290 



CHANSONS POPULAIRES 



III 



SANKT PETERS LIED 



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Als d'Ju - de kom - me mit 



if i J' i > ) ) j 1 



Knit - tel und Ste - cke, Un 



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wot - te der Hei - land foh Er- 



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witscht extL der Pe - ter am 



Kit - - tel - fek - te, Die 



if 1 ' 1 j 1 1 1 i_i 1 1 

an - de - ri ren - ne dà - vo, Er 



DE L' ALSACE 29 1 



III 



CHANSON DE SAINT PIERRE 

Mettre en chanson humoristique ou burlesque le début de 1* 
Passion, c'est-à-dire le moment où Ton s'empare de Jésus-Christ 
au Jardin des Oliviers, est une idée assez saugrenue, pour ne 
pas dire plus. Je crois cependant que cette chanson a été faite 
et qu'elle se chante sans penser à mal ; j'ajouterai même qu'elle 
m'a été fournie par un curé du Sundgau, de mes bons amis, 
mort depuis ; c'était un brave cœur. 



Quand les juifs vinrent avec des gourdins et des 
Pour se saisir du Sauveur, [bâtons, 

Pierre en attrapa un par le pan de son habit, 
Les autres se sauvèrent à qui mieux mieux; 



292 CHANSONS POPULAIRES 



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witscht ein der Pe - ter am 



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Kit - tel - fek - te, Die 



||J' ' f 1 }J II ' 1 



an - de - ri ren - ne dà - vo. 



Der Peter zieht ûsse si Sàwel, 
Und het si' gar meisterli g'stellt, 
Haut hischt und hott, doch miserawel, 
Die beste Streich hân ihm g'fàhlt. 



j (bis). 



Der Herr ditet ihm mit dem Finger : 
« Nu', Peter, steck's Krutmàsser i ; 
Du kafelsch io wià nâ Schinder, 
Drum loss di' sable do si*. » 

Das thuet der Peter râcht gheie, 
Ke Wunder wenn's ihn o bisst ; 
Jetz thuet er erst râcht dri haue, 
Und lenget dà Jude uf d'Nîss. 



(bis). 



(bis). 



DE L' ALSACE 293 



Pierre en attrapa un par le pan de son habit, 
Les autres se sauvèrent à qui mieux mieux. 



Pierre tire son sabre, 

Et s'est comporté maîtrement, 

Il donne à droite, à gauche, mais misé- ] 

[rablemerit, [ (bis) 
Les meilleurs coups lui ont manqué. 



\ 



Le Seigneur lui fait signe du doigt : 
« Allons, Pierre, rengaine le coupe-chou ; 
Tu t'escrimes comme un bourreau, ) 
Laisse-donc ta sabrerie. » * ) 

Cela vexe beaucoup Pierre, 
Il n'est pas étonnant qu'il lui en démange ; 
C'est seulement maintenant qu'il taille dru, ) . 
Et tape sur les juifs à bras raccourcis. y 



294 CHANSONS POPULAIRES 



Der Malches der steht grad vorne, 

Dâm het er â Kàtzer versetzt, 

Un het em eis vo de Ohre J 

Gar sufer vom Grand â wâg pfetzt. J ' *"" 



Der Malches der fieng a z'schreie, 

Un z'briele wià nâ Kùâh ; 

« Dû Galgestrîk hasch mi gar g'haùe, 

Wer heilt mer der Schlàntz wider zûà ? » * * '' 



Do ditet der Herr mit dem Finger : 
« Peter, steck s'Krudmâsser i ; 
Dû haûsch io dri wià nâ Schinder, 
So loss doch di schâchte no si. » 



(bis). 



Der Herr thùet en wieder kùriere, 

Er het s'Bedùrfhiss au g'ha ; 

Do sprung der Peter zwîsche fiehre, ) 

Und fieng meisterli z'mûle a. ) 

« Sag, Meister, wer sot' denn nît gheie, 

Was bîsch den dû oi fîr ne Mann : 

Han'i ebbis owe awà g'haûe, 1 

So kummsch dû, un heilsch's wieder a. ; ' s '' 



DE L' ALSACE 29 S 



Malchus se trouvait justement devant, 
Il lui allonge un bon coup, 
Et lui détache très proprement 
Une des deux oreilles depuis la racine. 

Malchus se mit à crier, 

A beugler comme une vache ; 

« Gibier de potence, tu m'as coupé, 

Qui me guérira la balafre ? » 

Alors le Seigneur fait signe du doigt : 
« Pierre rengaine le coupe-chou, 
Tu t'escrimes comme un bourreau, 
Laisse-donc tes estocades. » 

Le Seigneur le guérit, 

Il en avait grand besoin. 

Pierre s'en formalisa, 

Et se mit à bouder furieusement. 



(bis). 



(bis). 



(Us). 



(bis). 



« Dis, maître, qui ne serait vexé, 

Quel homme bizarre tu es : 

Quand je suis arrivé à porter un bon coup, . 

Tu viens, et tu guéris la chose. » ' 



^ 



296 CHANSONS POPULAIRES 

« Ei Peter, seid Christus, du grober G'sell, 
Dû plaûdersch doch, s'îsch e Grùûs, 
Lûeg, wenn i ke Wunder me wîrke sell, 
So blos 'mer da Howel ûs. » 



](**)■ 



Drum tsch er si'm Meister no g'schlîche, 

Un wermt si' amme nà Fier ; 

Mer hat's ihm ersetzli igschtrîche, | 

Er biàst si' werme gar thier. j * '' 



Do stupft der Teifel â Màidle, 
Das hângt die Nase o dri ; 
Kûûm sîeht's der Peter, sàid's wàitli 
« Dâr îsch o bi der Bande gsi. » 



(bis). 



Jetz fieng's îm Peter a z'grûuse, 

S'Hàrz îsch em în d'Hose g'heit ; 

« Mi Seel, do schweert er dreimol use, 1 

Dû Drâckloch, du hesch es erhâit. » j ' '' 

Da fieng der Gûgel a z'krâie, 

Un het der Peter ùszehnt. 

Do thùet's der Peter a reie, ) . 

Un er het au gar meisterli pflànt. j 



DE L'ALSACE 297 



« Eh ! Pierre, dit le Christ, tu es un grossier com- 

Tu bavardes, que cela fait pitié, [pagnon, 

Tiens, si je ne devais plus faire de miracles, ) 

(bis). 



Vas te faire lanlaire. » 



C'est pourquoi il a suivi son maître à la dérobée, 

Et était à se chauffer au feu ; 

On le lui a fait sentir terriblement, ) 

II paya cher son réchauffement. j * '" 



Le diable pousse une servante, 

Qui vient y mettre son nez ; 

A peine a-t-elle regardé Pierre, qu'elle dit : 

« Celui-ci était aussi avec la bande. » 



(bis). 



Pierre eut le frisson, 



Son cœur lui est tombé dans la culotte, 
« Sur mon âme, jure-t-il trois fois : 
Sale femme, tu en as menti. » 



Alors le coq commença à chanter, 
Et rappela Pierre à lui-même. 
Pierre se mit à se repentir, 
Et à pleurnicher amèrement. 



(bis). 



(bis). 
n 20 



298 CHANSONS POPULAIRES 

Doch het em der Heiland verzoge, 
Un d'Schlîssel zum Himmelreich ge' ; 
So denkt er : « han i au g'ioge, 
So derf i mi doch wieder lo g'seh. » 

Jetz hietet er d'Himmels Porte, 
Losst d'Frumme ine zu'r Rùeh, 
Schliàsst d'Thûre mît schnîtzige Worte 
Vor der Nase der Gottlose zûe. 



(bis). 



(bU). 



Un kummt gar no einer der b'schisse thûet, 

A jùdischer Teùfels Tropf, 

So triebt ihm der Peter nà t'Schûeder 

[ins Blûet, J (bis). 
Und wàscht dem Pflegel dâ Kopf. 



i 



« Lûâg Maùschi, lùàg Schmùle, lùâgTeifelspitzbûâ, 
Dort unde îsch s'Helle Loch, 
Fahr awe, fahr awe în d'fierige Glûeth, i 
Un blos mîr fîr ewig în's Loch. » ) 



4fc 



DE L* ALSACE 299 



Pourtant le Sauveur lui a pardonné, 
Et lui a donné les clés du ciel, 
Il se dit : « Si j'ai menti, ) -. x 

Je puis encore me montrer. » ) 

Maintenant il garde la porte du ciel, 
Laisse entrer les justes pour leur repos, 
Et ferme la porte au nez des méchants , 
Avec des paroles piquantes. 



(bis). 



Et s'il en vient un qui trompait le monde, 
Un misérable juif du diable, 
Pierre lui fait frissonner le sang, ) _. 
Et lave la tête au malotru. j * '' 

« Regarde Maûschi, regarde Schmule, regarde sacri- 
Là-bas est le trou de l'enfer, [pant du diable, 

Descends, descends dans la fournaise,' ) 
Et souffle-moi dans le » ) 



4f* 



300 



CHANSONS POPULAIRES 



IV 



ES WOHNT EIN MÎT.TER 



WtU-Jl 



*==# 




Es wohnt eiu MU - 1er 



m 



\ y j > i i r ■ r n 



je - nem Thaï : Lauf Mil - 1er 



lauf, Nicht weit da - voi 




^3 




Ed - el - mann : Lauf, Mil - 1er, Lauf wie die 
Katz auf die Maus, Pots 




Him - mel an der Wand, Mil - 1er 



1/ I 




^m 



lauf, lauf, lauf, mein lie - wer Mil - 1er 




lauf, mein lie - wer Mil - 1er lauf. 



DE L* ALSACE 3OI 



IV 



UN MEUNIER 

Kretschmer, vol. II, p. i$6, donne cette chanson du meunier 
et de m fille, mais nos textes et nos airs sont complètement 
différents. Il mot donc admettre que le fond de cette histoire a 
été mis en chanson plusieurs fois; Kretschmer la fait venir 
des bords du Rhin ; c'est un peu vague. 

Notre version est bien alsacienne, et comme esprit et comme 
langage ; ce dernier dans toute sa rudesse. 



Un meunier habite cette vallée : 
Cours, meunier, cours. 

Pas loin de là un grand seigneur. . . 
Cours, meunier, cours 

Comme le chat sur la souris, 

Mille nom d'un bonhomme, 

Meunier, cours, cours, cours, 

Mon cher meunier, cours, 

Mon cher meunier, cours. 



v 



30a CHANSONS POPULAIRES 

Der Fdelmann hat einen Sohn : 

Lauf, Miller lauf, 
Er liebt des Mîllers Tochter schon : 

Lauf, Miller, etc. 

Der Edelmann hat einen Knecht : 

Lauf, Miller, lauf, 
Und was er thut ist ailes recht : 

Lauf, Miller, etc. 

Er steckt der Herr wohl in ein Sack : 

Lauf, Miller, lauf, 
Er treit'n in d'Mûhl als Hawersack : 

Lauf, Miller, etc. 

Er stellt den Sack wohl in ein Eck : 

Lauf, Miller, lauf, 
Nicht weit von's Mîller's Tochter's Bett. 
\ Lauf, Miller, etc. 

Un mîttle in der halwe Nacht : 

Lauf, Miller, lauf, 
Hat sich der Sack fein lustig g'macht : 

Lauf, Miller, etc. 



DE L' ALSACE 303 



Le seigneur a un fils : 
Cours, meunier, cours, 
Il aime la fille du meunier : 
Cours, meunier, etc. 

Le seigneur a un valet. 
Cours, meunier, cours, 
Et tout ce qu'il fait est approuvé : 
Cours, meunier, etc. 

Il fourre le seigneur dans un sac : 

Cours, meunier, cours, 
Il le porte au moulin comme un sac d'avoine 

Cours, meunier, etc. 

Il pose le sac dans un coin : 

Cours, meunier, cours, 
Non loin du lit de la fille du meunier : 

Cours, meunier, etc. 

Vers la minuit : 
Cours, meunier, cours, 
Le sac a fini par s'animer : 
Cours, meunier, etc. 



304 CHANSONS POPULAIRES 



« Ach ! Mutter, bringt geschwind ein Licht 

Lauf, Miller, lauf, 
In unsera Hùs îsch io ne Dieb. » 

Lauf, Miller, etc. 

« Ach ! Tochter, wàr'st du still gebli' : 

Lauf, Miller, lauf, 
Hêtsch dû den Edelmann kônn' krie\ » 

Lauf, Miller, etc. 

« Den Edelmann den mag ich nicht : 

Lauf, Miller, lauf, 
Im â scheenà Bûâ absag ich nicht : » 

Lauf, Miller, lauf 
Wie die Katz auf die Maus, 
Potz Himmel an der Wand, 
Miller lauf, lauf, lauf, 
Mein lieber Miller, lauf, 
Mein lieber Miller, lauf. 



#. 



DE L'ALSACE 305 



« Ah 1 ma mère, apportez de la lumière, » 

Cours, meunier, cours, 
« Il y a un voleur dans notre maison. » * 

Cours, meunier, etc. 

« Ah ! ma fille, si tu étais restée tranquille, 

Cours, meunier, cours, 
Tu aurais pu avoir le seigneur. 

Cours, meunier, etc. » 

« Je ne veux pas du seigneur, 

Cours, meunier, cours, 
Je ne rebute pas un beau garçon. » 

Cours, meunier, cours 
Comme le chat sur la souris, 
Mille nom d'un bonhomme, 
Meunier, cours, cours, cours, 
Mon cher meunier, cours, 
Mon cher meunier, cours. 



£ÊB< 



306 



CHANSONS POPULAIRES 



LEUTE HÔRET DIE GESCHICHTE 




Leu - te hô - ret die Ge- 



w " i J i J J i ^ 




schich - te Die sich hat zu -, ge- 



l é»' MJ i f I 




tra 



gen, Was ich euch dar- 



\ p j j | j J , p=pii 



mit be - rich - te, Darf ich 



ttj \ r r të 



euch wohl sa gen. 

I ,f " M H M I > > J J I 



Tra la da ra la la la la la 




la la la la tra la la la la 



ifr I fnHH^ I f f II 



la la la la la la la. 



DE L'ALSACE 3O7 



BRAVES GENS 

Cette histoire véritable s'est passée à Guebwiller vers 183$. 
Il y avait alors, parmi les gardiens de la ville, un boiteux qui 
s'appelait Esser ; c'est lui le héros de la chanson. Je crois même 
que la chanson a été composée par un ouvrier de fabrique, du 
nom de Deflandre, et je ne suis pas fiché de le nommer, car 
cette collection renferme plus d'une pièce écrite sous sa dictée. 



Braves gens, écoutez l'histoire 
Qui s'est passée ; 
Ce que je vais vous raconter, 
Je puis bien vous le dire. 
Tra la, la, etc. 



308 CHANSONS POPULAIRES 

Leute geht nicht vor's Oberthor, 
Es ist ja nicht zu trauen, 
Eine krumme Wacht steht davor, 
Thut euch die Ohren abhauen. 
Tra la, la, etc. 

S'hatte ein berauschter Mann 
Sich Abends spât vergessen, 
Er schreit von weitem : aufgethan ! 
Ich bin im Wirthshauss gsesseri. 
Tra la, la, etc. 

Als er an das Thor ankam, 
Da fieng er an zu schelten, 
D'r Wâchter hat nicht aufgethan, 
Er kann's ihm nicht vergelten. 
Tra la, la, etc. 

Auf einmal gieng der Rumpel an, 
Das Thor wird aufgeschlagen ; 
Da packte der berauschte Mann 
Der Wâchter fest am Kragen. 
Tra la, la, etc. 

« Wart' du alter Lumpehund, 
Es ist dir nicht zu trauen. » 



DE L'ALSACE 309 



Braves gens ne passez point par la porte-haute. 
Il n'est pas bon de s'y fier, 
Il y a là un gardien boiteux 
Qui vous coupe les oreilles. 
Tra la, la, etc. 

Un homme pris de vin 
S'était attardé le soir, 
Il crie de loin : ouvrez ! 
J'étais à l'auberge. 
Tra la, la, etc. 

Quand il vint à la porte, 
Il commença par des insultes ; 
Le gardien n'ouvrit point. 
Il ne peut lui pardonner cela. 
Tra la, la, etc. 

Alors commença la bagarre, 
La porte est enfoncée ; 
Puis l'ivrogne 
Saisit le gardien au collet. 
Tra la, la, etc. 

« Attends, vieux gueux, 
On ne peut se fier à toi. » 



)IO CHANSONS POPULAIRES 

Er zog sein Sawel aus der Scheid, 
Thut ihm ein Ohr abhauen. 
Tra la, la, etc. 

« Wart' du krummer Mîldàdiâ, 
Ich will es dir schon zeigen, 
I schlag' di dass du nîmm kasch geh', 
Ich will dîr's hauen verleiten. » 
Tra la, la, etc. 

Als der Mann nach Hause kam, 
Vor Schwachheit thut er sinken : 
« Frau, schau nur mein halb Ohr an, 
Ich will keîn Rausch mer trinken. » 
Tra la, la, etc. 



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» 



DE L ALSACE 3 II 



Il tira son sabre hors du fourreau, 
Lui coupe une oreille. 
Tra la, la, etc. 

« Attends, maudit boiteux, 

Je m'en vais t'arranger, 

Je te rosserai que tu ne pourras plus marcher, 

Je m'en vais te faire passer le goût de sabrer. » 

Tra la, la, etc. 

Quand l'homme arriva chez lui, 
Il se tenait à peine de faiblesse : 
« Femme, vois ma demie oreille, 
Je ne m'enivrerai plus. » 
Tra la, la, etc. 



tëk 



312 



CHANSONS POPULAIRES 



VI 



S 1SCH WOHR 



h f ' l "I 1 




Slsch wohr, slsch wohr, i wtll 




nim - ma - meh lia - ge : I ha 




Ê 



. J J 1 I 



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g*fii nà ge - bro 

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Och - se flià - ge, 



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we-zig SchSl - le, Die 



l^ 1 ' J . J J J. J J I 



Hun - de die lau - fe . mit 



^ J . B B f B I 



Pâit - - sche der - nach, Un 




J J U J il 



d'Bûû - re miàs - se bal - 12. 



DE L* ALSACE 3IJ 



VI 



coq-à-l'ane 



Le coq-à-l'àne suivant ne doit pas 6tr«. complet, car quand le 
peuple se met à faire de l'esprit, il ne s'en tient pas à deux 
couplets, surtout quand le sujet permet de continuer ces extra- 
vagances à l'infini. 



Vrai, là, vrai, je ne mentirai plus : 

J'ai vu voler un bœuf rôti, 

Avec soixante-quinze clochettes, 

Les chiens courent après avec des fouets, 

Et les paysans sont obligés d'aboyer. 



11 21 



3M 



CHANSONS POPULAIRES 



Das Millers Ross legt Stîeffel a, 

Un as will ziâge was es ka ; 

Die Lus spîtzt îhri Ohrâ : 

S'îsch în Summers Zitt nà Schnyder 

Uffem Kiàdrâk verfrorà. 



vn 



VOGEL FEKS 



i jh E c i r r Ci p ■'! 

Vo - gel Fikg un Vo - gel 



if J J J 1^ 



Faks, Und kein Finck ist kein 




Spatz, 



Und ein roth - hà - rigs 



\L i J JJ' I I H Ufrl 



Ma - del WU1 i nîtt fîr * mi Scjiatz. 



de l'alsace 3 i s 



Le cheval du meunier met des bottes, 
Et il veut tirer de toutes ses forces, 
Le pou dresse les oreilles : 
En temps d'été un tailleur a été gelé 
Sur une bouse de vache. 



VII 



OISEAU FIKS 



Il est hors de doute que cette chanson, originale et gaie dans 
ses expressions, perd infiniment par la traduction, qui ne peut 
être qu'un à peu près ; c'est malheurusement le même cas pour 
beaucoup d'autres. 



Oiseau fiks, oiseau jaks, 

Un pinson. n'est pas un moineau, 

Et je ne veux 'pas d'une fille à cheveux 

Pour ma bonne amie. [rouges 



3 16 CHANSONS POPULAIRES 

Dû Hundsfutt un dû Spîtzbùe, 
Un dû Spatzefanger, 
Dû bîsch Geschter z'Nacht 
Zûe mi'm Schàtzele gange. 

I bîn nîtt binem gsâsse, 
I bîn numme g'stande, 
I ha dâr's nîtt g'fràsse, 
S'îsch noch vor der Hand. 

Wenn dû mît dim Schâtzle 
So âûgelig wîtt si, 
So nîm â Babirle, 
Un wîckePs dori. 

Un kaûf m à roth Bànd'le, 
Un bînd as satt zûâ, 
So kummt dîr ke Fremder 
Schmarotzbûâ dârzûâ. 



^ 



DE L'ALSACE 317 



« Misérable coquin 
Et suborneur, 
Tu as été hier soir 
Chez ma bonne amie. » 

— Je n'étais pas assis près d'elle, 
Mais seulement debout : 
Je ne te l'ai pas avalée, 
Elle est encore disponible. 

Si tu veux être si regardant 
Avec ta bonne amie, 
Prends un papier 
Et enveloppe-la dedans. 

Achète-lui un ruban rouge, 
Et serre-le bien fort, 
De cette façon aucun garçon 
Ne marchera sur tes brisées. 



ty 



3 i8 



CHANSONS POPULAIRES 



VIII 



»»i 



S 1SCH NOCH N1T LANG 



S'isch noch nît lang das's 



ift 1 p p r ip c D.g i 



g ràg - net hat, g'râg - net hat, Die 




Bàiim - le trep - fle noch, 



i^ 1, r f. J e ij i p p i 



Bâûm - le trep - fle noch ; Un i 




han fi - mol â Schâtz â - la g'ha, i 

\ é* t i t inûi p 1 1 

wott i hett es noch, un i 




han à - mol a Schâtz -i - la g'ha, i 






g S P g 




wott 



hett es noch. 



DE L' ALSACE 319 



VIII 



il n'y a pas longtemps 

Dans le troisième volume du Wunderhorn, Arnim et Brentano 
donnent à la page 137 une chanson dont la première strophe est 
semblable au début de celle-ci ; la suite en diffère complètement. 
Notre air n'est pas le même que celui de Kretschmer. Malgré 
toutes ces différences comme paroles et comme air, il est pos- # 
sible toutefois que cette chanson soit venue en Alsace par la 
Suisse et qu'elle ait été transformée. 



Il n'y a pas longtemps* v 

Qu'il a plu, qu'il a plu, 

Les arbres dégouttent encore (bis), 

J'avais une belle amie, 

Je voudrais l'avoir encore. 

J'avais une belle amie, 

Je voudrais l'avoir encore. 



320 CHANSONS POPULAIRES 



O dû kleiner Wasserstelz, Wasserstelz, 
Und ach ! du kleines Vôgeli, 

Du kleines Vôgeli ! 
Wie lottelt dir das Wàdeli, 
Und hasch kein Kreuzer Geld. 
Wie lottelt dir das Wàdeli, 
Und hasch kein Kreuzer Geld. 

Ein Kreuzer Geld das hab' ich schon, 

Hab'ich schon, 
Der Beutel der ist voll (bis) I 
Jetz geh* ich in das Wirthshaus nein, 
Und saufe mich ganz voll. 
Jetz geh' ich in das Wirthshaus nein, 
Und saufe mich ganz voll. 



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DE L' ALSACE 3 21 



O petite bergeronette, bergeronette, 
Hélas! petit oiseau 1 

Petit oiseau 1 
Comme tu remues la queue, 
Et tu n'as pas un liard vaillant. 
Comme tu remues la queue, 
Et tu n'as pas un liard vaillant. 



Un liard vaillant je l'ai bien, 

Je l'ai bien, 
Ma bourse est pleine (bis). 
Maintenant j'entre à la taverne 
Pour m'enivrer complètement. 
Maintenant j'entre à la taverne 
Pour m'enivrer complètement. 



<m 



322 



CHANSONS POPULAIRES 



IX 



TRUZ N1T SO 



\é* M P Q 




Truz nît so, 



truz tut so, 



i^.'. j , ■ j g- m 




S'kummt e Zit bisch wi - drum froh ; 




Truz nît so, 



truz nît so, 



i| 



J J- J> IJ J J El 



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S'kummt e Zit bîsch wie - drum froh. 

Meine Frau und deinc Frau 
Sind zwei scheeni Weiber, 
Eine liebt ein Zimmermann, 
Die andere ein Schneider. 

Gieng einmal wohl ûber d'Brûck, 
Da hat mein Schatz ein andrer gliebt, 
Du bist mein Schatz, du bleibst mein Schatz, 
Und wenn dû scho en andra hast. 



DE l' ALSACE 323 



ÏX 



NE TE DÉPITES PAS 

Chanson très répandue en Alsace; elle n'est pas ancienne, 
mais j'ignore en quel lieu elle a vu le jour. On m'a dit que 
l'air était le thème d'une marche de mobiles; je n'ai pas vérifié 
cela non plus : en tout cas je la donne comme une vraie chanson 
populaire alsacienne. 

Ne te dépites pas ainsi, 
Le temps ramènera la gaîté. 
Ne te dépites pas ainsi, 
Le temps ramènera la gaîté. 

Ma femme et ta femme 
Sont deux belles femmes, 
L'une aime un charpentier, 
L'autre un tailleur. 

J'ai traversé une fois le pont, 

Ma belle en a aimé un autre; 

Tu es mon bien, tu resteras mon bien, 

Même si tu en as un autre. 



324 CHANSONS POPULAIRES 

Gieng einmal wohl in die Stadt, 
Wo es schône Mâdchen hat, 
I frag' die erst, i frag' die zweit, 
Die dritte gab mir kein Bescheid. 

Hab' einmal ein Schatz gehabt, 
I ha gemeint es liebet mich ; 
Hab nachg'fragt : s'hat zwôlf gehabt, 
Der dreizehnt also, der bin ich. 

Ich sagt' einmal, vereht ich dich, 
Bekommst ein schônes Schloss dafur, 
Ich klopf einmal, ich klopf zweimal, 
Bekomm ja nicht's dafur. 

Liâwer wîlli â Arme nârnâ, 
Wenn er scho ke Grosche het, 
Als der alte Graukopf nàmà, 
Der scho meine Ehre hat. 




DE L' ALSACE 325 



Un jour j'allai à la ville, 
Où il y a de belles filles, [conde, 

Je demande à la première, je demande à la se- 
La troisième ne m'a pas donné de réponse. 

J'ai eu une bonne amie, 

J'ai cru qu'elle m'aimait, 

Je me suis enquis : elle en avait douze, 

Ainsi le treizième c'est moi. 

Je lui dis un jour : si je t'épouse 
Tu auras un beau château ; 
Je frappe une fois, je frappe deux fois, 
Mais on ne me donne rien. 

Je préfère en prendre un plus pauvre, 
N'eût-il pas un gros sou vaillant, 
Que d'accepter la vieille tête grise 
Qui a déjà mon honneur. 




326 



CHANSONS POPULAIRES 



X 



WÀS ÎSCH DAS MAGERSTE? 



I<H , r, f \t mm 




Was isch das ma - ger - ste? 







> t\t } \< i. a 




ab - ge - stan - de - ne Ju - de Drâck 



i f \ > i J i i t r i 



Denn sie frSs -sa kai - nâ Spâck 



Dass îsch das ma - ger - ste. 



Dass isch das ma - an 




isch das ma - ger - ste. 

Was îsch das ergerste? 

Dass Isch das ergerste : 

Wenn guet Wetter îm Kolânder steht, 

Âim der Wind dur d'Hose geht : 

Dass îsch das ergerste (bis). 



DE l'àLSACE 327 



CHANSON GRASSE 

Si la langue alsacienne est nn peu rude, la pensée souvent ne 
Test pas moins, surtout dans cette chanson, plus qu'épicurienne. 
La majorité des habitants de Soultzmatt est juive, ou peu s'en 
faut; aussi l'autre moitié de la population ne trouve-t-elle une 
chanson amusante qu'autant qu'on y molleste les juifs. C'est là 
que j'ai recueilli cette pièce. 



Qu'est-ce qu'il y a de plus maigre ? 
Voici ce qu'il y a de plus maigre : 

Une vieille m d'israélite, 

Car ils ne mangent pas de lard. 
Voilà ce qu'il y a de plus maigre (bis). 



Qu'est-ce qu'il y a de plus vexant? 
Voici ce qu'il y a de plus vexant : 
Quand l'almanach indique du beau temps, 
Et que le vent vous souffle à travers la culotte 
Voilà ce qu'il y a de plus vexant (bis). 



328 



CHANSONS POPULAIRES 



Was tsch das allerbescht ? 

Dass îsch das allerbescht : 

E Beûtel voll Geld, un Schulde frei, 

Scheen wiss Bett, ein Màdchen d'rein 

Dass îsch das allerbescht (bis). 



XI 



GÛETB MORGE 




Gfle - te Mor-ge, bue - kli - ge Greet, Wie 




steht's 



mit uns - re Sach - e? Un 




wenn i an di' Bu - kel dink, So 

\ i\ J 1 . > J Ml IM 



mûeiss 



ail - wil lach - e. 



DE L* ALSACE 



329 



Qu'est-ce qu'il y a de meilleur ? 

Voici ce qu'il y a de meilleur : 

Une bourse remplie d'argent et pas de dettes, 

Un beau lit blanc, une fillette dedans : 

Voilà ce qu'il y a de meilleur (bis). 



XI 



BONJOUR, MARGUERITE 

La satire alsacienne s'est aiguisée plus d'une fois sur le 
compte des bossus et des bossues; M. Auguste Stôber nous 
a donné le Petit Bossu dans la première édition de ses Chansons 
alsaciennes, p. 70. Les paroles ne sont pas tout à fait sembla- 
bles, et notre air ne s'appliquerait pas bien sur celles données 
par M. Stôber; il est donc probable qu'il existe encore un 
autre air. 



Bonjour, Marguerite la bossue, 
Comment vont nos affaires ? 
Et quand je pense à ta bosse, 
Je ne puis m'empêcher de rire. 

n 22 



330 CHANSONS POPULAIRES 

Wenn i în das Kàmmerlâ kumm, 
Un will as sufer fagâ, 
So steht das buglig Mânnlâ do, 
Un blîtzt mer uf der Basa. 

Wenn i în das Kîrchâlâ kumm, 
Will mini Sîndâ biâsâ, 
So steht das buglig Mânnlâ do, 
Un kîtzlt mi an dâ Fiâsâ. 

Wenn i in das Kîchàlà kumm, 
Un will mi Sîpplâ kochâ, 
So steht das buglig Mânnlâ do, 
Un fangt mit mîr a z'bocha. 




» 



DE L ALSACE 331 



Quand je viens dans la chambre 
Pour la balayer avec soin, 
J'y trouve le petit bossu 
Qui saute sur mon balai* 

Quand je vais à l'église 

Pour faire amende de mes péchés, 

J'y trouve le petit bossu 

Qui me chatouille aux pieds. 



Quand je viens à la cuisine 
Pour cuire ma soupe, 
J'y trouve le petit bossu 
Qui se met à me gronder. 




332 



CHANSONS POPULAIRES 



XII 



SECHS BUCKEL 



1 ^ I P I P P P g P I 



Sechs Buck - el heut ha - 



we 



if J J> J> J _ J 1 



tanzt, 



Un der Vet - ter 



[ft J J> J J J JM 



^N 



Mî - chel mît dem Vet - ter 



f 



g g 1C 




Franz, D'rVet - ter Franz mît der Ma - a 



ift-J-:. J J J* J i 



Ursch, Un 



t^» J Ji ^^ 



der Ka - pi- 



E 



zi 



ner 



mit dem Hans- 




wurscht. 



^ 



s 




La la la la la la 



ift j fl | j > J iij q. i 



DE L' ALSACE 333 



XII 



SIX BOSSUS 

Voici encore un refrain très connu, mais dont le texte me 
parait bien incomplet, à moins toutefois que ce soit une im- 
provisation de quelque loustig qui s'en est tenu à ce seul cou- 
plet, ce qui pourrait bien être. La présence du capucin semble 
lui donner une date déjà éloignée, car il y a bien longtemps 
qu'on ne voit plus de capucins en Alsace. 



Six bossus ont dansé aujourd'hui, 
Compère Michel avec compère François, 
Compère Fronçois avec Marie Ursule, 
Et le capucin avec polichinelle. 
La la la, etc. 



^ 



334 



CHANSONS POPULAIRES 



XIII 



HANS ÎM SCHNÔCKELOCH 




Hans, Hans îm Schnô cke - loch hat 



ift J' J j j |J f ^ 



al - les was er will. 




Was er hat das will er nit, Un 




was er will das hat er nit 




r f lr p J -^ 



Hans, hans îm Schnô - cke - loch, hat 

ift * J ; j u r i 



al - les was er will. 



DE L' ALSACE 33$ 



XIII 



JEAN DU SCHNOCKELOCH 

Schnôckehch (le Nid aux Cousins) était le nom d'une auberge 
a peu de distance de Strasbourg ; c'était un lieu de promenade 
fréquenté dans le temps. M. Adolphe Stôber a développé cette 
chanson en y ajoutant six strophes dans le livre des contes 
alsaciens (1). 



Jean du Nid aux Cousins (2) 
A tout ce qu'il veut. 
Ce qu'il a il n'en veut pas, 
Ce qu'il veut il ne l'a pas : 
Jean du Nid aux Cousins 
A tout ce qu'il veut. 

(1) Elsâssiscbes Sagenbuch, 1842, p. 491. 

(2) Ou du Trou aux Cousins. 



? 



336 



CHANSONS POPULAIRES 



XIV 



DR JOCKELB 




j i j, j j ^m 



Der Maisch - ter schickt der 

iff > i j' f j i f =p=ggp 

Jock - e - le ûs-se, Soll geh Bie - râ 

if i i M i i i I 

schid - die, D'Bîe - râ wàn' ait 




i i ir i 



l 



fal - - lî, 



Jû 



he, 




D'r Jo - ke - le wîll nît hei - me geh. 



h/' j Ij i i i' I 



Der Maisch - ter schickt das 




Hind-lâ ûs - se, Soll der Jock - e - le 



DE L' ALSACE 337 



XIV 



LB MAITRE ET JACQUOT 

Il parait que la forme la plus ancienne de cette pièce bizarre, 
répandue dans divers pays, se trouve dans un chant de Pâques 
hébraïque ou chaldéen (Sepber Haggadah), publié à Venise 
dés 1609. M. Ampère en parle dans les Instructions relatives 
aux poésies populaires de la France, p. 19 : le Conjurât eur et le 
Loup ; « Dans ce singulier morceau, les divers éléments sont 
successivement évoqués comme dans les runes Scandinaves ou 
finnois : ils se refusent à l'action de l'homme et n'agissent 
que quand le diable parait. » M. Stôber donne une autre ver- 
sion, p. 129 (1); j'en possède une troisième avec un autre air. 



Le maître envoie Jacquot, 

Secouer les poiriers, 

Les poires ne veulent pas tomber; 

Jouhél Jacquot ne veut pas rentrer. 

Le maître envoie le chien 

Pour mordre Jacquot ; 

(1) Elsàssisches VolksbùchJein, 2 m * édition. 



JJ» 



CHANSONS POPULAIRES 



\4* J j ij j. j f f i 



bis - se : D'r Jock-e - le will nît 



4* c c niiJf in 

Bîe - re schît-tle, d'Bîe-re wàn' nît 

m 







I' 1 I 1 



£kl - le, S'Hînd - là wîll nît 



4' » " EÉ=B=I 



Jock - e - le bis - se : Jû - he ! 



i f i ' » i 




dr* Jock - e - le wîll nît hei - me geh. 



Der Mâischter schîckt das Bàngele ùsse, 
Soll geh's s'Hîndlà schlagà : 
Bàngele wîll nît s'Hîndlà schlagà 
S'Hîndlà wîll nît, etc. 

Der Mâischter schîckt das Firle ûsse, 
Soll geh' s'Bângele brenne : 
S'Firle wîll nît s'Bângele brenne, 
Bàngele wîll nît, etc. 



DE l' ALSACE 339 



Jacquot ne veut pas secouer les poiriers, 
Les poires ne veulent pas tomber ; 
Le chien ne veut pas mordre Jacquot ; 

Jouhé! 
Jacquot ne veut pas rentrer. 



Le maître envoie le bâton 

Pour battre le chien : 

Le bâton ne veut pas battre le chien, 

Le chien ne veut pas, etc. 

Le maître envoie le feu 

Pour brûler le bâton : 

Le feu ne veut pas brûler le bâton, 

Le bâton ne veut pas battre , etc. 



340 CHANSONS POPULAIRES 

Der Màischter schîckt das Wàsserle ùsse, 
Soll geh' s'Firle lesche : 
S'Wasser wîll nît s'Firle lesche, 
S'Firle wîll nît, etc. 

Der Màischter schîckt das Kàlwâle ûsse, 
Soll geh' s'Wasser sûffe : 
Kàlwle wîll nît s'Wasser sùfFe, 
S'Wasser wîll nît, etc. 

Der Màischter schîckt der Metzger ûsse, 
Soll geh* s'Kàlwlâ metzge : 
Metzger wîll nît s'Kàlwlâ metzge, 
S'Kàlwlâ wîll nît, etc. 

Der Màischter schîckt der Hânker ûsse, 
Soll der Metzger hànke : 
Hânker wîll nît Metzger hànke, 
Metzger wîll nît s'Kàlwlâ metzge, 
S' Kàlwle will nît s'Wasser sùffe, 
S'Wasser wîll nît s'Firle lesche, 
S'Firle wîll nît s'Bàngele brenne, 
S'Bàngele wîll nît s'Hîndle schlagà, 
S'Hîndle wîll nît Jockele bisse, 



DE I.' ALSACE 341 



Le maître envoie l'eau 
Pour qu'elle éteigne le feu : 
L'eau ne veut pas éteindre le feu, 
Le feu ne veut pas, etc. 

Le maître envoie le veau 
Pour qu'il boive l'eau : 
Le veau ne veut pas boire l'eau, 
L'eau ne veut pas, etc. 

Le maître envoie le boucher 
Pour tuer le veau : 
Le boucher ne veut pas tuer le veau, 
Le veau ne veut pas, etc. 

Le maître envoie le bourreau 

Pour pendre le boucher : 

Le bourreau ne veut pas pendre le boucher, 

Le boucher ne veut pas tuer le veau, 

Le veau ne veut pas boire l'eau, 

L'eau ne veut pas éteindre le feu, 

Le feu ne veut pas brûler le bâton, 

Le bâton ne veut pas battre le chien, 

Le chien ne veut pas mordre Jacquot, 



«•■ <ik^ 



342 CHANSONS POPULAIRES 

Jockele wîll nît Bîrà schîttle, 

D'Bîrâ wân nît fallà, 

Jûhél dr'Jockele wîll nît heime geh. 

Der Mâischter schîckt der Teifel ûsse, 
Soll der Hànker hole : 
Teifel geht der Hànker hole, 
Hânker geht der Metzger hânkâ, 
Metzger geht das Kâlwla raetzge, 
Kàlwle geht das Wâsserle sûffe, 
S'Wasser geht das Firle lesche, 
S'Firle geht das Bàngele brenne, 
S'Bàngele geht das Hîndle schlagà, 
S'Hîndle geht der Jockele bisse, 
Dr'Jockele geht diâ Bîrà schîttle, 
D'Bîrà diân jetz fallà, 
Juhe4 dr Jockele wîll scho hâime geh'. 




DE L* ALSACE 34$ 



Jacquot ne veut pas secouer les poires, 
Les poires ne veulent pas tomber, 
Jouhé ! Jacquot ne veut pas rentrer. 

Le maître envoie le diable 

Pour emporter le bourreau : 

Le diable emporte le bourreau, 

Le bourreau pend le boucher, 

Le boucher tue le veau, 

Le veau boit l'eau, 

L'eau éteint le feu, 

Le feu brûle le bâton, 

Le bâton bat le chien, 

Le chien mord Jacquot, 

Jacquot secoue les poires, 

Les poires tombent : 

Jouhé I Jacquot veut bien rentrer maintenant. 




344 



CHANSONS POPULAIRES 



XV 



DRUNTEN Df UNTERLAND 



i f ? ft i i 



Drun - ten im Un - ter - land, 



|J ' L 1 il fi 1 1 



Da ist's hait fein ; 



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i i II i i 



Schle - en im O - ber - land, 



if 1 i d r \t~rr\ 



Trau - bcn im Un - ter - land, 



iji 1 jn r j i 1 1 rn 



Drun - ten im Un - ter - land 



lij i_i l m h l 



môcht ich wohl sein. 



DE I.' ALSACE 34$ 



XV 



LA-BAS 



Quoiqu'on rencontre cette chanson dons toute l'Alsace, je 
crois qu'elle vient du Tyrol ; sa mélodie franche et son rythme 
facile n'auront pas eu grand'peine à se graver dans toutes les 
mémoires, même les plus rebelles. 



Là-bas, dans le Bas-pays, 
Il fait bon, 

Des prunelles dans le Haut-pays, 
Des raisins dans le Bas-pays. 
Là-bas, dans le Bas-pays, 
Je voudrais bien être. 



n 23 



346 CHANSONS POPULAIRES 



Drunten im Unterland 

Da ist's hait gut ! 

Ist mir's da oben' mm 

Manchmal auch noch so dumm, 

Hab' ich doch allezeit 

Drunten gut's Blut. 

Kalt ist's im Oberland, 

Unten ist's warm ; 

Oben sind d'Leut so reich, 

D'Herzen sind gar nicht weich, 

Schau'n mich nicht freundlich an, 

Werden nicht warm. 

Aber da unten* rum 
Sind die Leut arm, 
Aber so froh und frei, 
Und in der Liebe treu, 
Drum sind im Unterland 
D'Herzen so warm. 



^ 



de l'alsace 347 



Là-bas, dans le Bas-pays, 

Il fait vraiment bon ; 

Si dans le Haut-pays 

Je me sens, je ne sais comment , 

Par contre, dans le Bas-pays, 

Je suis toujours de bonne humeur. 

Il fait froid dans le Haut-pays, 
En bas il fait chaud ; 
Là-haut les gens sont si riches 
Que les cœurs ne sont pas tendres, 
Ils ne me regardent pas avec amitié, 
Ne se réchauffent jamais. 

Par contre, en bas, 
Les gens sont pauvres, 
Mais si gais, si libres, 
Et fidèles en amitié, 
Aussi dans le Bas-pays 
Les coeurs sont si chauds ! 



^ 



34& CHANSONS POPULAIRES 



XVI 
DROBEN IM OBERLAND 

Drobea im Oberland, 
Da ist's hait nett, 
Welschkorn im Unterland, 
Trauben im Oberland, 
Gut ist der Wein daselbst, 
Wenn ich nur hâtt. 

Droben im Oberland, 

Da ist's hait fein ! 

Wenn ich dort nunter komm, 

Kehr ich gleich wieder um, 

Denn nur im Oberland 

Kann ich hait sein. 

Drunten sind d'Leut so stolz, 
Wissen nicht wie, 
Kônnen nicht freundlich sein 
Oder s'tràgt Nutzen ein, 
Meinen gar d'Gscheidheit hat 
Niemand als sie. 



DE i/ALSACE 



349 



XVI 



LA CONTRE PARTIE 



En haut, dans le Haut-pays, 

Il fait beau, 

Du maïs dans le Bas-pays, 

Des raisins dans le Haut-pays, 

Le vin y est bon, 

Si seulement j'en avais. 

En haut, dans le Haut-pays, 
Il fait bon, 

Quand je viens au Bas-pays, 
Je m'en retourne tout de suite, 
Car ce n'est qu'au Haut-pays 
Que je puis vivre. 

En bas les gens sont si fiers, 
Ne savent ni quoi, ni comme, 
Ne peuvent être aimables 
Que quand il y va de leur intérêt ; 
Ils croient même que l'intelligence 
Leur a été réservée à eux seuls. 



350 CHANSONS POPULAIRES 

Droben im Oberland 
Ist man auch froh ! 
Hat immer guten Muth. 
Und liebt mit heissem Blut ; 
Schôn ist das Oberland, 
Sagt wo ist's so ? 




DE L'ALSACE 3JI 



En haut, dans le Haut-pays, 

On est joyeux, 

Toujours de bonne humeur, 

Et Ton aime tendrement; 

Le Haut-pays est beau, 

Dites, où vous en connaissez un pareil? 




35 2 



CHANSONS POPULAIRES 



XVII 



JCK BIN EIN FRANZOSE 



1 ^1 i l }. J JJj. i i \ 



Ick bin ein Fran - zo - ze, Ma— 



ém 



g "i r g 1 1; p pi 



da - - fn«, Voll Muth wie der 



Lôw* und der Wein» Sans 



Ijl i i h 1 i I 



«Aa - - griit ist jet - zo meia 



ift I i \ l H fei£=IÉ3 



Na me, Mein Stolz sind die 



^ 



^ 



r-F lr '' ir nri 



hôl - zer - ne Bein, — — Mein 



Mp g l,< I' Il [\ l|. ' ■ 



Stolz sind die hôl - zer- ne Bein. 



DE L* ALSACE 353 



XVII 



JE SUIS UN FRANÇAIS 

Cette chanson met en scène un vieux de la vieille, qui mé- 
lange le français et l'allemand. L'auteur a soin de lui faire 
estropier les articles, mettant les masculins à la place des fé- 
minins, et vice versa. Les mots ich, dicb, etc., sont écrits ick, 
dick, etc., ce qui fait toujours pâmer de rire un auditoire al- 
sacien. 



Je suis un Français, mesdames, 
Plein de courage comme le lion et le vin, 
Sans-Chagrin est maintenant mon nom, 
Mon orgueil, ce sont mes jambes de bois, 
Mon orgueil, ce sont mes jambes de bois. 



3S6 CHANSONS POPULAIRES 



Glaubet ihr das Kûsse nit gebe 
Trompieret euk wahrlik die Schein, 
Zura kûssen, so wahr ick nock lebe, 
Gebraukt's nur die Maul, nit die Bein (bis). 

Luft, Wasser und pommes de terre, 
Mehr brauk's nit um frôhlick zu sein, 
Die place wo ick steh und der Ehre 
Es braven Soldaten zu sein (bis). 

Mit Freud kriegt mein Leben einst Pause, 
Wie gittig die Grabwurm wird sein, 
Sie will dann do reckt an mick schmausen^ 
Und findet die ôlzeme Bein (bis). 

Und sterb' ick, und wâr es auck heute, 
Marschier ick zur Himmelsport ein, 
Saint-Pierre commandirt dann die Leute : 
Mack place fur die ôlzerne Bein (bis). 




DE L' ALSACE 357 



Croyez- vous que je n'embrasse plus? 
Détrompez-vous de cette illusion, [vie, 

Pour embrasser, aussi vrai que je suis encore en 
On ne se sert que de la bouche et non des 

[jambes (bis). 

De l'air, de l'eau et des pommes de terre, 
Que faut-il de plus pour être joyeux? 
La place où je suis, et l'honneur 
D'avoir été un brave soldat (bis). 

Avec plaisir ma vie un jour aura sa pause ; 
Comme le ver de terre viendra goulûment 

Pour se régaler après moi 

Et ne trouvera que des jambes de bois (bis). 

Si je meurs, et même si c'était aujourd'hui ,, 
Je marcherai vers la porte du ciel, 
Saint Pierre commandera alors : 
Faites place à la jambe de bois (bis). 





BIBLIOGRAPHIE 



Nous donnons ici les titres d'un certain nombre d'ouvrages 
consultés pour notre travail; ce n'est qu'un résumé : étendre 
davantage cette liste, déjà passablement longue, nous semblait 
prétentieux, car à part le précieux manuscrit de Manesse, à la 
Bibliothèque nationale de Paris, nous n'avons eu recours qu'à 
notre bibliothèque personnelle. 



Arnim und Brentano. Des Knaben Wunderhorn, alte 
deutsche Lieder. (Le cor magique de l'enfant, an- 
ciennes chansons allemandes.) Heidelberg, Mohr et 
Zimmer. 1806- 1808, 3 vol. in-8°. 

Bôhmb (Franz M.). Altdeutscb.es Liederbuch. Volks- 
lieder der Deutschen nach Wort und Weise 
aus dem znten bis zum xvnten Jahr hundert. 
(Chansons allemandes du xn* au xvn° siècle.) 
Lefaig, Breitkopf und Hàrteî, 1877, in-8°. 



360 BIBLIOGRAPHIE 



Brant (D t Seb.). Das Narrenschiff Neue. Ausgabe von 
A. W. Strobel. (La nef des fous, avec des notes, 
publ. par Strobel.) Quedlinbourg et Leipzig, 
Basse, 1839, in-8 Q . 

Braun (l'abbé Ch.). Légendes du Florival. Guebwiller, 
Jung, 1866, in-8°. 

Chronique des Dominicains de Guebwiller, publiée 
sous les auspices du Conseil municipal de cette 
ville (avec une Introduction de M. Mossmaxm). 
Guebwiller, Brùckert, 1844, in-8°. 

Compendium cantionum ecclesiasticarum , continens 
Responsoria, Versus, Antiphonas, Hymnos, etc. 
Editum per M. Joànnem Holthusium Kempen- 
sem, Augustae Vindelicorum in ecclesia Gathe- 
drali Scholae Rectorem, etc. Augustae Vindelicorum 
excudebat Michaêl Manger, 1579, pet. in-8° de 
220 feuillets paginés au recto. 

Coussemaker (E. de). Histoire de l'Harmonie au 
au moyen-âge. Paris, V. Didron, 1852, in-4 . 

Edélestand du Méril. Poésies populaires latines an- 
térieures au xn # siècle. Paris, 1843, in-8°. 
— Poésies populaires du moyen-âge, Paris, 1847, 
in-8°. 

Enchiridion, oder eyn Handbûchlein, etc. Erfitrtb, 
1524, pet. in-8° (réédité par P. Wackernagel). 

Engelhardt (Ch. M.). Herrad von Landsperg, Aebtis- 
sin zu Hohenburg im Elsass, im zwôlften Jahr- 



BIBLIOGRAPHIE 36 1 



hundert und ihr Werk : hortus deliciarum. Stutt- 
gart, Cotta, 1818, in-8°, avec un atlas de douze 
planches in -fol. 

Frantz (Ci.). Geschichte der geistlichen Liedertexte 
vor der Reformation. (Histoire des textes de can- 
tiques avant la réformation.) Frantz, in Halberstadt, 
1853, in-12. 

Frantz (Klamer, Wilhelm). Sechs und neunzig alte 
und unbekannte Choralmelodieen. Quedlinburg, 
G. Basse, 1831, in-12. 

Grandedier (l'abbé). Histoire ecclésiastique, militaire, 
civile et littéraire de la province d'Alsace, t. I" (le 
seul publié). Strasbourg, à la Librairie académique, 
1787, in-4 . 

— Histoire de l'église et des évêques princes de 
Strasbourg. Strasbourg, P. Levrauît, 1776- 1778, 
2 vol. in-4 . 

— Œuvres historiques. Strasbourg, 1868, 6 vol. in- 8°. 
Grimm (Jac). Uber den altdeutschen Meistergesang. 

(Sur les anciens maîtres chanteurs.) Gdttingen, 
H. Dietericb, 1811, in-8°. 
Hagbn (F. H. von der). Gottfried's von Strassburg 
Werke. (Œuvres de Godefroi de Strasbourg, avec 
un glossaire.) Bresîau t J. Max, 1823, 2 vol. in-8°. 

— Minnesinger ; deutsche Liederdichter des xnten, 
xniten et xrvten Jahrhunderts, aus allen bekann- 
ten Handschriften und frûheren Drucken gesam- 

II 24 



362 BIBLIOGRAPHIE 



melt, etc. (Les Troubadours; poètes et chan- 
sonniers allemands des xn% xm° et xrv* siècles, 
d'après tous les manuscrits connus et toutes les 
éditions précédentes, etc.) Leipzig, J. A. Bartb f 
1838, 4 Parties en 3 vol. in-4 . 

Hartmann (A.). Volksschauspiele, In Bayera und 
Ôsterreich-Ungarn Gesammelt. (Théâtre populaire, 
recueilli en Bavière et en Autriche-Hongrie.) 
Leipzig, Breitkopfet Hôrtel, 1880, grand in-8° avec 
musique. 

Herzog (Bernhart). Chronicon alsatiae Edelsasser 
Cronick. Strasbourg, B. Jobin, 1592, petit in-fol. 
goth. 

Hoffmann von Fallersleben. Geschichte des deutschen 
Kirchenliedes bis auf Luthers Zeit. (Histoire du 
Cantique allemand jusqu'au temps de Luther.) 
3* édition, Hanovre, 1861, grand in-8°. 

Hommel (Friederich). Supplément zu P. Wackernagel 
Das deutsche Kirchenlied mit ihren Singweisen. 
Leipzig, Teubner, 1864, grand in-8°. 

Huppe (B.). Lieder und Sprûche der Minnesinger. — 
Ein Anhang enthâlt Taulers Lieder. (Chansons et 
sentences des Troubadours. — Un supplément 
renferme les cantiques de Tauler.) Munster, 1844, 
in-8°. 

Kônigshoven (J. von). Die Alteste teutsche sowohl 
allgemeine Elsassische und Strassburgische Chro- 



BIBLIOGRAPHIE 363 



nicke, Mit Anmerckungen von /. Schïlter. (La plus 
ancienne chronique allemande de l'Alsace et de 
Strasbourg, depuis le commencement du monde 
jusqu'à 1386, publiée pour la première fois, avec 
des notes historiques, par J. Schilter.) Strasbourg, 
1698, pet. in-4 . 

Kraff (£. G.). Krist, das âlteste von Otfrid im ixten 
Jahrhundert verfasste hochdeutsche Gedicht, etc 
(Christ, le plus ancien poème allemand composé 
au ix* siècle par Otfried, d'après les manuscrits de 
Vienne, Munich et Heidelberg.) Konigsberg, 
Borntrâger, 183 1, in-4 . 

Kretzschmer. Deutsche Volkslieder. (Chansons popu- 
laires allemandes.) Berlin, 1838, 2 vol. in-8°. 

Laguille. Histoire de la province d'Alsace jusqu'à 
Louis XV. Strasbourg, 1727, 2 vol. in -fol. 

Langbecker. Gesang-Blâtter aus dem sechzehnten 
Jahrhundert, etc. (Feuilles volantes du xvr* siècle.) 
Berlin, Sander, 1838, in-4 . 

Layenspiegel von rechtmàssigen ordnungen inn Burger- 
lichenn und Peinlichen Regimenten, etc. (Miroir 
laïque, Recueil d'ordonnances légales et pénales 
pour le gouvernement civil.) Newlicb getruckt 
anno i$$2 %u Strasbourg durcb Hans Knobloucb den 
Jungen, in-fol., 151 feuillets. 

Livrault (L.). Die heilige Ottilia und die Heiden- 



364 BIBLIOGRAPHIE 



mauer. (Sainte Odile et la muraille des païens.) Of- 

fenbourg, 1856. 
Lossius. Psalmodia, hoc est Cantica sacra veteris eccle- 

siae Selecta, etc. Noribergae, apud Gàbrielem Hayn, 

Job. Petrei generum, 1553, pet. in-fol. 
Luther (Martin). Geistliche Geseng und Psalmen. 

Warnung, Doct. Mar. Luth. 

Vil falscher Meyster jetz Lieder dichten, 
Sihe dich fur, und lern sie recht richten. 
Wo Got hin bauet sein Kirche und Wort 
Da wil der Teuffel sein mit Trug nnd Mord. 

(Chants religieux et Psaumes. — Avertissement 
du docteur Martin Luther : « Beaucoup de faux 
maîtres composent maintenant des chants, prends 
garde à toi et apprends à bien les juger. Là où 
Dieu bâtit son église et sa parole, le diable s'éta- 
blit avec tromperie et meurtre. ») Petit in- 12 carré 
de 107 feuillets paginés au recto, plus la table, avec 
les airs notés. Zu Nùrnberg, Truckes Petreius, 1 545 . 
Manessen (R.). Sammlung von Minnesingern, etc., 
aus dem schwaebischen Zeitpuncte, 190 Dichter 
enthaltend. (Collection d'œuvres des troubadours 
souabes, renfermant 190 poètes, par Ruedger "Ma- 
nessen, publiée d'après le manuscrit de la Biblio- 
thèque royale de France.) Zurich, C. Orell, 
1758-59, 2 Parties en 1 vol. in-4 c . 



BIBLIOGRAPHIE 365 



Meister (K. S.). Das Katholische Kirchenlied in 
Singweisen, etc. (Le cantique catholique avec les 
airs, etc.) i -r vol. (le seul publié). Fribourg, Her- 
der, 1862, in-8°. 

Pastorius (J. M.). Kurze Abhandlung von den Am- 
meistern der Stadt Strassburg. (Traité des ammeis- 
tres de la ville de Strasbourg.) Strasbourg, G. R. 
Stocbdorph, 1761. 

Piton (Fréd.). Strasbourg illustré ou Panorama pitto- 
resque, historique et statistique de Strasbourg et 
de ses environs. Strasbourg, chez V auteur, 1855, 
2 tomes en 1 vol. grand in-4 . 

Schilter (J.). Thésaurus antiquitatum teutonicarum 
ecclesiasticarum, civilium, litterariarum, etc. Ulm, 
Daniel Bartbolomaei, 1728, 3 vol. in-fol. 

Schmidt (Ch.). Histoire littéraire de l'Alsace à la fin 
du xv* et au commencement du xvi* siècle. Paris, 
Sando^ et Fischbacher, 1879, 2 vol. in-8°. 

Schcepflin. Alsatia illustrata. Colmar, 1751, 2 vol. 
in-fol. 

Spach\ Études sur quelques poètes alsaciens du moyen- 
âge. Strasbourg. Silber matin, 1882. 

Stôber (Auguste). Elsassische Neujahrsblâtter, 1843 *• 
à 1848, 6 vol. 

— Neujahrs-Stollen, 1850. 

— Alsatia, 1850 à 1867, I0 vo ^ 



366 BIBLIOGRAPHIE 



Stôber Elsàssisches Volksbùchlein, éditions de 1842 
et 1859. 

Strobel (A. W.). Vaterlândische Geschichte des El- 
sasses, etc. (Histoire patriotique de l'Alsace.) 
Strasbourg, Schmidt et Grucker, 1 841-1849, 6 vol. 

Uhland (L.). Alte hoch und niederdeutsche Volkslie- 
der. (Anciennes chansons populaires de l'Alle- 
magne.) Stuttgart, Cotta, 1844, 2 vol. in-8*. 

Vehe (Michael). Ein new Gesangbûchlein geistlicher 
Lieder, etc. (Nouveau recueil de cantiques, etc.) 
Leipzig, 1537, réédition faite en 1853 par Hoff- 
mann von Fallersleben, in-12. 

Wackernagel (Philippe). Bibliographie zur Geschichte 
des deutschen Kirchenliedes im xvi ten Jahrhun- 
dert. (Bibliographie pour l'histoire du Cantique 
allemand au xvr* siècle.) Francfort, 1855. 

Wackernagel (K. E. P.). Das deutsche Kîrchenlied. 
(Le Cantique allemand.) Stuttgart, 1841, pet. in-4*. 

Wagenseil (J. C). De civitate noribergensi commen- 
tatis, accedit de Germaniae Phonoscorum von der 
Meister Singer, etc. Altdorf, 1697, in- 5°. 

Weinhold (Karl). Weinacht-Spiele und Lieder aus 
Sûddeutschland. (Jeux de Noël et chansons de 
l'Allemagne du Sud.) Graez, 1853. 



BIBLIOGRAPHIE 367 



Wilken (£.). Geschichte der geistlichen Spiele in 
Deutschland. (Histoire des jeux religieux en Alle- 
magne.) Gàttingue, 1872. 

Winterer (l'abbé). Histoire de sainte Odile, ou l'Alsace 
chrétienne au vn* et au vm # siècle. Paris, Dou- 
niol, 1869. 





TABLE DES MATIÈRES 



(TOME II) 



TROISIÈME PARTIE 



BERCEUSES, CHANSONS ET RONDES ENFANTINES 



Pages. 

Introduction } 

( Schlof, Biâwele Schlof 6 

( Dors, petit garçon, dors 7 

i Schlof, Kindek Schlof 10 

f Dors, petit enfant, dors 1 1 

( Aie Bubbâie. schlof ia 

Kl. ] A . 

{ Aie Bubbaie, dors 13 

i Aie Bubbâie, die Bàbble 14 

IV. \ 

( Aïe Bubbaïe, la bouillie 1$ 

t Nina 16 

V ' | Nina 17 



370 



TABLE DES MATIÈRES 



VI. 
VIL 

vin. 

IX. 

X. 

XI. 

XII. 

XIII. 

XIV. 

XV. 

XVI. 

XVII. 

XVIII. 

XIX. 

XX. 



Nina BubbâU 

Mina, dors 

Hopp Mariattele 

Saute Mariette 

AIH grots Mietter 

Vieille grand'mère 

Firowe 

Cest la fin du travail , 

Drei lâdrigi Strimpf 

Trois bas de cuir 

Mariantuk 

Marianne , 

DV Hans hat Hase* a 

Jean a des pantalons 

Stork, Stork, scbniwd scbnmuel . . . 

Cigogne au long bec 

Siork, Stork, hâini 

Cigogne aux longues pattes . . . . 

KdtrimtU 

Catherine 

Ràgà Ràgà Tropfd 

Tombez gouttes de pluie 

Jhr Lunjj kummt 

Le Lunzi vient 

Z'Nacbt wcnn àer Mond schynt . . 

La nuit quand la lune luit 

Mâiâkdfer frico 

Hanneton vole 

RitU, rittt Rtssîâ , 

Au galop vont les petits chevaux 



18 

19 
20 
21 
22 

*3 
*4 

»S 
26 

*7 
28 

29 

30 
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3* 
33 
34 
35 
36 
37 
3« 
39 
40 
4i 
4* 
43 
44 
4> 
4* 
47 



TABLE DES MATIÈRES 37! 

QUATRIÈME PARTIE 

MŒURS, USAGES ET COUTUMES 

Introduction S r 

Le premier janvier $3 

Le Wffertag (La fête des musiciens) 54 

Le crienr de nuit S9 

Les repas 6% 

Les mariages ... 63 

Repas mortuaires 6$ 

Diverses ordonnances 66 

Fêtes du printemps et de l'été 67 

La Kilb 68 

Dictons divers 7° 

ÎDer Wâchterruf 7* 

Le crieur de nuit 73 

( Veile, Rose, BliâmàUin 78 

II 1 

( La chanson des beignets 79 

l G*£ûk im HâfeU ... 8a 

( Le coucou 83 

( Surkrtt îm HâfeU 84 

( De la choucroute 8$ 

I S'Messti Lied (Kocbcrsberg) 86 

( Écoute donc, Brigitte 87 

Saluai, Glorài 9* 

Salvaï, Gloraï 97 

ïbeletanx ïoo 

Danse du coq 101 



( Ai 
VI - | D, 



372 TABLE DES MATIÈRES 



Du einfàltig Birschteîe 102 

Sot petit homme 103 

Es kommt ein Schleifer ^ 106 

La chanson du repasseur 107 

dû liâwer Augustin 1 14 

O mon cher Augustin 1 1 $ 

Schwàfeïheljj 116 

Des allumettes 117 

Es y es, es und es 134 

C'est une dure résolution 12; 

XII. Les tras feys (chanson de Levoncourt) 132 

XIII. Chanson voyerie (Ronde) • 1 j6 

Es retien drei Schneider 142 

Les Trois tailleurs 143 

Der Schoîem 146 

Chanson contre les juifs 147 

Hetsch s*KîweIe g'riwe 148 

Quand on coiffe la fiancée juive 149 



VIL 
VIII. 

IX. 
X. 

XL 



xrv. 
xv. 
xvi. 



CINQUIÈME PARTIE 

CHANSONS D'AMOUR, CHANSONS POETIQUES 

Introduction iS3 

S Der Toit von Baset i$6 

Quand j'étais compagnon (La mort de Bile). 1(7 

Es trug dos Màdtlein 162 

La fillette aux cheveux noirs 163 



,i 



TABLE DES MATIÈRES 



373 



III. 

IV. 

V. 

VI. 

VII. 

VIII. 

IX. 

X. 

XI. 

XII. 

xm. 

XIV. 
XV. 

XVI. 

XVII. 
XVIII. 



Gang mer nît iwer mi Mâttâlà , 

Ne traverse pas mon pré 

In Lauierbach 

A Lauterbach 

FSgelein xm Tannewald 

Petit oiseau , 

Es dunkelt in dem Walde 

Il commence à faire noir 

Ich und mein Hans 

Moi et mon Jean 

Mùess i jd\ iu mim StàdtéU nous .... 

Le départ 

Du, du liegst mir im Herçen 

Toi, toi, tu es dans mon cœur 

Gestern Abend 

Hier soir 

Herjjgs Marianel 

Charmante Marianne 

Wenn ich noch ledig wdr 

Si j'étais encore garçon 

Anne Marianeh 

Anne Marie 

Hold und Sisttsamkeit 

Grâce et modestie 

Woher so frûeih (Htbel) 

D'où viens-tu (l'étoile du matin) . . . 
Weil ich gleich hein Schat\ nicht hab 

Sans bon ami 

C'a les boubes de Tchièvremont . . . 
Les galants de Chèvremont 



166 
167 
170 
171 
174 
'7S 
178 
179 
182 
185 
186 
187 
192 

*9Î 
196 

197 

202 

203 

206 

207 

208 

209 

210 

2ix 

214 

21$ 

220 

221 

226 

228 



374 



TABLE DES MATIÈRES 



XIX. M'y promenant tout Autour 231 

XX. Oh! da, bonjour 233 

XXI. Là-bas sur U montagne 234. 



SIXIÈME PARTIE 

CHANSONS DE CONSCRITS, DE SOLDATS, DE 
COMPAGNONS 



Introduction 237 

Aïs wir aus Wolxbeim binaus gebn 240 

En sortant de "Wolxheim 241 

Der Kommandant 242 

Le Commandant 243 

Ein Sehiffleiu sah ich fahren 244 

Je vis flotter un bateau 24; 

Was wolUn die Hausaren esse* 248 

Les Hussards 249 

If Bdtrutt sin bravi Soldait 252 

Les recrues sont de braves soldats 253 

Ht hstt ihr Bàdwd 256 

Écoutez mes gars 257 

O Strassburg 260 

O Strasbourg 261 

O du Frankreicb , 26e 

O France 267 



I. 



IL 



III. 



IV. 



V. 



VI. 



VII. 



VIII. 



TABLE DES MATIÈRES 



37S 



SEPTIÈME PARTIE 

CHANSONS A BOIRE, CHANSONS SATIRIQUES, 

BOUFFONNES 



Introduction 



273 



I. 



II. 



III. 



IV. 



VI. 



VII. 



VIII. 



IX. 



X. 



XI. 



I bin lusti (Ehrenfried Stôber) 278 

Je suis joyeux 279 

Nur lustig ihr Brader 284 « 

Soyons joyeux mes compagnons 28$ 

Sankt Petert Lied 290 

La chanson de saint Pierre 291 

Et xvohnt ein Miller 300 

Un meunier habite cette vallée 301 

Leute hSret dit Getchichte 306 

Braves gens, écoutez l'histoire 307 

S'îtch wchr, fitch wohr 312 

Coq à l'âne 313 

Fogelfikt, Vogel fait 314 

Oiseau fiks, oiseau faks 315 

&(sch noch nit long 

II n'y a pas longtemps 

Truz nit so. 

Ne te dépite pas ainsi -, 

Was isch dot magertte 

Chanson grasse 

Gùete Marge bucklige Greet 

Bonjour Marguerite la bossue 



318 

319 
322 

3*3 
326 

3*7 
328 

329 



TABLE DES MATIÈRES 



{ Subi Brnitl.. 

l Druntfl im .'..-... i , . 

( Li-lm d«DS lî Bu -ptyi 

( Dntm im .■-..».: . 

[ En bÉUi duu le Hiui p 

1 ici (■'•«* ■■•■■<. ... 



xAchevè d'imprimer le 29 Novembre 188} 

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