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Full text of "Chronique latine de Guillaume de Nangis de 1113 à 1300 : avec les continuations de cette chronique de 1300 à 1368"

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CHRONIQUE 

DE 

GUILLAUME  DE  NANGIS 

ET  DE  SES  GONTINUATEURS 

TOME   I 


A  PARIS 

DE  L'1MPRIMERIE  DE  CRAPELET 

RUE    DE    VAUGIRARD,    N"    9 
M.    DCCC.    XLIM 


CHRONIQUE  LATINE 

DE 

GUILLAUME  DE  NANGIS 

DE   1113  A  1300 


LES  CONTINUATIONS  DE  CETTE  CHRONIQUE 

DE  1300  A  1368 
NOUVELLE  EDITION 

REVUE   SUK   LES    MANUSCRITS,   ANNOTEE    ET   PUBLIEE 

POUR  LA  SOCIETE  DE   L'H1ST0IRE   DE  FRANCE 
PAR  H.  GERAUD 

A.NCIE^    ELEVE    DE   LECOLE    ROYALE   DES   CIIARTES 


TOME  PREMIER 


A  PARIS 

CHEZ  JULES  RENOUARD  ET  C' 

LIBRAIRES   DE    LA   SOCIET^    DE    l'h1ST0IRE    DE    FRANCE 

RUE   BE    TOURNON  ,    N"    t> 


M.  DCCG.  XLIII 


^n. 


.'»&*-A'^V^i 


EXTRAIT    DU    REGLEMENT. 

Art.  14.  Le  Consell  designe  les  ouvrages  a  publier,  el  choisil 
les  personnes  les  plus  capables  d'en  preparer  et  d'en  suivre  la 
publication. 

II  nommc,  pour  chaque  ouvrage  a  publier,  un  Commissairc 
responsable,  charge  d'en  surveiller  rexecution. 

Le  nom  de  TEdileur  sera  place  a  la  tete  de  chaque  volume. 

Aucun  volume  ne  pourra  paraitre  sous  le  nom  de  la  Societe  sans 
rautorisalion  du  Conseil ,  et  s'il  n'est  accompagne  d'une  declara- 
tion  du  Commissaire  responsable ,  portant  que  le  travail  lui  a  paru 
merlter  d'etre  publie. 


Le  Commissaire  responsable  soussigne  declare  qiie  Vedition . 
preparee  par  M.  H.  Geraud,  de  la  Chronique  latine  de 

GUILLAUME  DE  NaNGIS  ET  DE  SES  CONTINUATEURS,   DE    li  1  3 

A  1316,   Jui  a  pani  digne  d'€ire  publiee  par  /a  Societe  de 
lHistoire  de  France. 

Fail  a  Paris ,  le  Sjani^ier  1843. 

Signe  P.  PARIS. 

Certi/ie , 
Le  Secrolaire  de  la  Sociele  de  rHistoire  de  France, 
J.  DESNOYERS. 


INTRODUCTION. 


La  chronique  latine  de  Guillaume  de  Nangis  et  les  con- 
tinuations  de  cette  chronique  ont  ete  imprimees  pour  la 
premiere  fois  dans  le  Spicilege  (i)  de  dom  Luc  d'Achery, 
benedictin  de  la  congregation  de  Saint-Maur  5  pour  la 
deuxieme  fois  dans  la  seconde  edition,  en  3  vol.  in-folio, 
de  ce  meme  Spicilege  (a),  due  aux  soins  de  L.-Fr.-Joseph 
de  La  Barre.  Le  vingtieme  volume  du  Recueil  des  histo- 
riens  de  France,  recemment  publie  par  MM.  Daunou  et 
Naudet,  renferme  seulement  la  chronique  de  Nangis,  et  une 
partie  des  conlinuations  qui  sarrete  a  Tan  1828.  D'Achery 
avait  reuni  dans  une  preface  quelques  vagues  renseigne- 
ments  tant  sur  la  vie  que  sur  les  ouvrages  de  Guillaume  de 
Nangis  et  de  ses  continuateurs.  Plustard,  le  meme  sujet 
fournit  a  La  Curne  de  Sainte-Palaye  la  maliere  de  deux 
Memoires  speciaux,  qui  furent  inseres  dans  le  recueil  des 
Memoires  de  TAcademie  des  Inscriptions  (3).  Une  notice 
inedite  sur  Guiliaume  de  Nangis  et  ses  ouvrages,  compo- 
see  par  le  benedictin  dom  Germain  Poirier,  et  nos  recher- 
ches  personnelles  nous  ont  mis  a  meme  de  rectifier  sur 
quelques  points,  de  completer  sur  quelques  autres  les  tra- 
vaux  de  nos  illustres  devanciers  :  ce  sera  Tobjet  de  la  pre- 
miere  partie  de  cette  preface.  Dans  la  seconde  partie  on 
exposera  les  ressources  dont  on  a  pu  disposer  pour  cette  edi- 
tion  nouvelle ,  et  le  pian  quon  a  suivi  afin  de  la  mettre  en 
etat  de  paraitre  sans  trop  de  desavantage  a  cote  des  an- 
ciennes  editions. 


(i)  T.  Xf,  p.  4o5. 
.(2)T.ni,  p.  1. 

(5)  T.  VTII,  p.  56o;  t.  XIII,  p.  5-20. 
I.  a 


INTRODUCTION. 
PREMIERE   PARTIE. 


Guillaume  de  Nangis. 

Parnii  les  ecrivains  du  treizieme  et  du  quatorzieme  sie- 
cle,  aucun  n'a  fait  mention  de  Guillaume  de  Nangis;  c'est 
donc  dans  les  ouvrages  de  ce  chroniqueur  qu'il  faut  cher- 
cher  les  eiements  de  sa  biographie.  Par  malheur,  ces  ele- 
meuls  se  reduisent  a  bien  peu  de  chose.  Guillaume  ne 
nous  apprend  bien  positivement  que  ses  noms  et  sa  profes- 
sion  de  moine  5  nous  ignorons  completement  et  sa  famille 
et  repoque  de  sa  naissance.  On  le  suppose  originaire  de 
Nangis  ,  petite  ville  du  departement  de  Seine-et-Marne; 
mais  c'est  une  simple  conjecture  quautorise  seulement  le 
surnom  de  Nangiaco.  11  avait  embrasse  la  vie  religieuse 
dans  Tordre  de  Saint-Benoit,  et  faisait  sa  residence  a  Tab- 
baye  de  Saint-Denys.  Dom  Poirier  qui,  vers  la  fin  du  der- 
nier  siecle,  fut  pendant  quelque  temps  archiviste  de  cette 
abbaye,  y  trouva,  dans  un  compte  du  treizieme  siecle,  le 
nom  de  Guillaume  de  Nangis  avec  le  titre  de  garde  des 
chartes  et  la  mention  dune  gratification  annuelle  de  cent 
sous.  La  date  de  ce  compte  prouve  que  Guiilaume  de  Nan- 
gis  remplit  ces  fonctions  au  moins  depuis  lan  1289  jus- 
qu'a  lan  1299  (i)-  On  a  conjecture  que  notre  historien 
avait  cesse  de  vivre  peu  apres  l'an  i3oo,  parce  que  sa  chro- 
nique  s'arrete  a  cetle  annee  dans  les  editions  et  dans  la  plu- 
part  des  manuscrits,  Une  presomption  nouvelle  en  faveur 
de  cetle  conjecture  semble  ressorlir  de  cette  particuhirite 
que  le  nom  de  Guillaume  de  Nangis  figure  jusqu'en  1299 
seulement  dans  !es  anciens  comples  de  rabbaye  de  Saint- 


(i)  Lc  Meinoiio  tle  D.  Poirier,  hi  par  lui  a  l'Academie  des  Inscrip- 
lions,  lo  7  jaiivicr  1791  ,  est  JDtitule  :  Nnuvcniix  Eclaircisscinents  siir 
lcs  (>ii\'rna;cs  ilc  Gnilhdtmc  dc  Nnnsi,is  ct  clc  scs  continunicurs.  II  est 
conserve  manusci-it  ii  la  Bibliotheque  royale.  Ms.  de  Poirier,  carton  9, 
Memoires  et  Uapports. 


INTRODUCTION.  ilj 

Denys.  D.  Poirier,  ii  est  vrai,  ne  raisonnait  pas  aiusi:  il  in- 
clinait  au  contraire  a  prolonger  jusqu'a  Tan  i3o3  la  vie  de 
Guillaume  de  Nangis,  et  voici  sur  quel  fondement  :  On 
connait  aujourdhui  trois  manuscrits,  et  il  en  a  exisle  un 
plus  grandnombre  (i),  danslesquels  ia  chronique  de  Guil- 
laume  de  Nangis,  au  lieu  de  finir  a  Tan  i3oo,  se  prolonge 
sans  interruption  jusqu'a  lannee  i3o3.  La  continuation 
vient  ensuite,  qui  reprend  les  evenements  a  partir  de  i3oi. 
A  qui  faut-il  attribuer  ce  premier  recitdes  faits  arrives  pen- 
dant  les  annees  i3oi,  i3o2  et  une  partie  de  1  an  i3o3.^  Ce 
n'est  pas,  a  coup  siir,  au  premier  continuateur,  dont  l'ou- 
vrage  commence  par  la  narration  de  ces  memes  faits  con- 
cue  en  des  termes  differents.  Est-ce  a  Guiilaume  de  Nangis 
lui-meme  ?  Cette  opinion  semble  s'etre  deja  produite  et 
avoir  trouve  des  contradicteurs  pendant  le  quatorzieme  sie- 
cle.  L'un  des  plus  anciens  manuscrits  que  nous  possedions 
de  la  chronique  de  Nangis  (2)  s'arrete  a  l'an  i3oo,  et  se 
termine  par  cette  note  remarquable  :  Nuc  usque  protendit 
chrofiica  fratris  Guillelmi  de  Nangiaco  et  non  ultra.  D'un 
autre  cot^,  le  premier  continuateur,  contemporain  de  Guil- 
laume  de  Nangis ,  qui  a  dii  vivre  avec  ce  dernier  et  bien 
connaitre  son  ouvrage,  affirme  (3)  que  cet  ouvrage  ne  de- 
passait  pas  Tan  1 3oo :  Clironographice  seriem  a  'venerahili 
fratre  coenohii  nostri  commonacho  Guillelmo  de  Nangiaco 
ah  initio  mundi  usque  huc,  hoc  est  usque  ad annum  Dombii 

millesimuni    trecentesimum    inchisiue dis^estam ,  efc 

Enfin  ce  fragment  historique  que  Ton  trouve,  dans  trois  ma- 
nuscrits,  a  la  fin  de  notre  chronique,  forme  une  disparate 
frappante  avec  le  reste  de  louvrage.  Ce  n'est  plus  un  recit 
froid,  sec,  decolore,  monotone,  comme  dans  le  chroniaueur 

(1)  D.  Poirier  cite  notamment  les  deux  Mss.  de  Saint-Germain.  Le 

Ms.  10298-6,  dont  nous  avons  fait  usage  pour  cette  edition,  presente 

!a  nieme  particularite ;  elle  se  trouvait  encore  dans  un  Ms.  du  P.  Petau, 

d'apres  lequel  le  Ms.  10298-6  a  ete  complete.  Voy.  t.  I,  p.  5^5,  not.  i . 

-  (2)  Bibliothcque  du  Roi,  n°  4917- 

(3)  Yoy.  dans  ce  vol.,  a  la  p.  027. 


iv  INTRODUCTION. 

prlncipal  et  dans  ses  premiers  continuateurs.  Une  melhode 
plus  logique,  une  exposition  plus  animee,  un  style  plus  pur 
et  plus  vif  revelent  au  premier  coup  d'ceil  une  main  plus 
habile  (i). 

11  est  donc  a  peu  pres  demontre  que  Guillaume  de  Nangis 
a  cesse  d'ecrire  a  partir  de  Tan  i3oo,  et  ron  peut  conjectu- 
rer  qu'il  n'a  pas  vecu  bien  longtemps  apres  cette  epoque. 

((  L'histoire  de  ses  ouvrages,  dit  Sainte-Palaye,  n'est  pas 
<(  aussi  sterile  que  celle  de  sa  vie.  »  Guillaume  de  Nangis  a 
laisse  en  effet  des  travaux  importants  :  Une  histoire  de  saint 
Louis  et  une  histoire  de  Philippe  le  Hardi ,  en  latin ;  une 
chronique  latine  qui  s'elend  depuis  le  commencement  du 
mondejusqu'a  Tan  i3oo,  et  une  petite  chronique  des  rois 
deFrance  en  langue  francaise.  On  lui  attribue  aussi  une 
traduction  francaise  de  saVie  de  saint  Louis  et  une  autre  de 
sa  Chronique  universelle. 

La  Vie  de  saint  Louis  n'est  pas  a  proprement  parler  une 
ceuvre  originale.  L'auteur  declare  avoir  travaille  d'apres 
plusieurs  historiens,  dont  les  principaux  sont  Geoffroi  de 
Beaulieu,  coniesseur  de  Louis  IX,  et  Gilon  de  Reims,  moine 
de  Saint-Denys.  L'ouvrage  de  Geoffroi  de  Beaulieu ,  que 
nous  possedons  encore  (2),  n'est  a  proprement  parler  qu'une 
viedesaint;  les  evenements  politiques  du  regne  de  saint 
Louis  n'y  ont  pas  trouve  place.  Cest  donc  probablement 
dans  Gilon  de  Reims  que  Guillaume  de  Nangis  a  pris  le 
recit  des  guerres  de  Louis  IX,  et  les  renseignements  qui 
concernent  radministralion  de  ce  prince.  Or,  Gilon  de 
Reims,  qui  etait  mort  au  moment  ou  Guillaume  de  Nangis 
prenait  la  plume  (3),  avait  ele  sans  aucun  doute  le  contera- 
porain  et  peut-etre  le  temoin  oculaire  des  faits  qu'il  racon- 

(i)  Voy.  principalement  la  seance  des  Etats-Generaux  de  i3o2,  et 
la  l)ataille  de  Courtrai,  p.  5i4  et  3i8.  Nous  avons  cru  devoir  publier 
cc  fiagnient,  quoi({u'il  fasse  un  double  eniploi  avec  les  trois  preniieres 
auntics  de  la  conliuuation.  11  (ilait  restti  intidit  jusqu'a  ce  jour. 

(2)  Voy,  Jiec.  dcs  Ilist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  5  etsuiv. 

(3)  Preface  de  la  Vie  de  sainl  Louis,  Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  5io. 


INTRODUCTION.  v 

tait.  Si  Guiliaume  de  Nan^is  a  suivi  cet  ecrivain  avec 
Texactitude  qu'il  a  mise  a  copier  GeofFroi  deBeaulieu,  il  ne 
faut  plus  regretter  la  biographie,  aujourd'hui  perdue,  que 
Gilon  de  Reims  avait  composee.  La  vie  de  saint  Louis,  par 
Guillaume  de  Nangis ,  ofFre  les  memes  garanties  et  doit 
avoir  la  meme  autorlte. 

La  Vie  de  Philippe  lU  merite  peut-etre  encore  plus  de 
confiance.  Ici  Tauteur  n'avait  pas  besoin  de  guide  ni  de  te- 
moignages-,  il  ecrivait  ce  qui  se  passait  de  son  temps,  au- 
tour  de  lui,  et,  pour  ainsi  dire,  sous  ses  yeux. 

Ces  deux  Vies  furent  composees  en  meme  temps;  la  pre- 
face  qui  precede  la  vie  de  saint  Louis  est  commune  a  Tune 
et  a  i'autre.  A  la  fin  de  cette  preface,  Tauteur  adresse  les 
deux  ouvrages  a  Philippe  le  Bel,  «  afin,  dit-il ,  qu'a  la  vue 
«  de  ces  grands  modeies  de  piete  et  de  reiigion,  ce  monar- 
«  que  s'efForce  d'y  conformer  sa  conduite,  et  qu'il  se  re- 
«  jouisse  dans  le  Seigneur  qui  lui  avait  accorde  une  si 
«  illustre  et  si  sainte  origine  (i).  «  Ces  pieuses  recomman- 
dations  semblent  s'adresser  a  un  prince  dont  le  regne  com- 
mence.  On  peut  au  moins  affirmer  que  Philippe  le  Bel  a 
recu  Thommage  de  notre  historien  avant  1297,  annee  de  la 
canonisation  de  saint  Louis^  car  Guillaume  de  Nangis, 
malgre  Tadmiralion  qu'il  professe  pour  les  vertus  de  son  he- 
ros,  ne  lui  donnejamais  danssonhistoire  repithete  desaiJit. 

La  Vie  de  saint  Louis  et  celle  de  Philippe  le  Hardi  ont 
ete  imprimees  en  iSgG,  dans  la  collection  de  Pithou-,  en 
1649,  ^^"^  ^*^  ^^  volume  du  recueil  de  Duchesne  ;  en  iS^o, 
dans  le  tome  XX  du  Recueil  des  Historiens  de  France. 

Nous  avons  deja  fait  connaitre  ,  en  commencant,  les  di- 
verses  editions  de  la  Chronique  universelle  qui  ont  ete  fai- 
tes  jusqu'a  ce  jour.  Comme  beaucoup  d'autres  chroniques 
du  meme  temps,  elle  commence  a  la  creation  ;  mais  1  auteur 
declare  lui-meme  (2)  que,  jusqu'a  Tan  1 1 13  ,  il  n'a  ete  que 

{\)Hist.  dc  Fr.,  t.  XX  ,  p.  5i  i .  iMem.  de  VJcad.  des Inscr.,  t.  YIII, 
p.  563. 

(2)  Preface,  et  an  1 1 15,  p.  i  ,  5. 


vj  INTRODUCTION. 

le  copiste  d'Eusebe ,  de  saint  Jerome  et  de  Sigebert  de 
Gemblours.  Aussi  les  precedents  editeurs  n'ont-ils  imprime 
que  la  partle  de  la  chronique  qui  s'etend  depuis  iii3  jus- 
qu'a  i3oo.  On  auralt  cependant  tort  de  s'en  rapporter 
aveuglement  a  rhumble  aveu  de  Guillaume  de  Nangis  : 
D.  Poirler,  qui  a  prlnclpalement  etudie  la  parliede  lachro- 
nique  anterleure  a  1 1 13,  assure  qu'elle  est  bien  loin  d'etre 
toujours  conforme  a  celle  de  Sigebert.  On  trouve  dans 
celle-ci  grand  nombre  de  lacunes  qui  n'existent  pas  dans  la 
premiere;  quelquefois  meme,  par  exemple  dans  la  questlon 
desinvestitures,  les  deux  chronlqueurs  professent  une  opi- 
nion  diametralement  opposee  (i).  Du  reste ,  en  defendant 
Guillaume  de  Nangis  contre  Texces  de  sa  propre  modestle, 
on  ne  peul  nier  que  son  ouvrage  ne  soit ,  pour  les  temps 
anciens ,  une  pure  compilation.  L'auteur  convient  meme 
dans  sa  preface  qu'a  parllr  de  Tan  in3,  il  a  copie  encore 
divers  historiens ,  et  c'est  seulement  pour  repoque  ou  il  a 
vecu  qu'il  a  la  pretentlon  d'etre  un  auteur  orlginal ;  pre- 
tention  bien  fondee  sans  doute,  puisque  sa  chronique  est  a 
peu  pres  le  seul  ouvrage  a  consulter  pour  les  seize  premieres 
annees  de  Phillppe  le  Bel.  La  Chronique  de  Saint-Denys 
n'est,  durant  ces  seize  annees,  quune  traduction  de  no- 
tre  chronique  latine,  Messieurs  les  editeurs  du  vingtieme 
volume  des  Hlstorlens  de  France  ont  conjecture  (2)  que 
GuIUaume  de  Nangis  avait  ete  un  des  redacteurs  des 
Grandes  Chroniques,  et  qu'il  y  avait  pu  Iraduire  en  lan- 
gue  vulgaire  ce  qu'il  avalt  d'abord  compose  en  latin  (3). 
En  efFet,  la  traduction  francaise  de  la  vie  de  Philippe  III , 
inseree  dans  ce  meme  volume  du  recueil  des  Historiens  de 
France,  ne  diflere  pas  du  texte  des  Grandes  Chroniques^ 
mais  ce  n'est  peut-etre  pas  une  raison  suffisante  pour  Tattri- 

(l)  D.  PoiRlER,  p.    10. 

(•2)  Preface,  p.  52. 

(5)  Cclte  idee  n'cst  pas  nouvello.  Selon  Tabbe  Lebcuf  et  Sainlc- 
Palaye,  (luillaumc  dc  Nangis  aiuait  aussi  ccril,  en  1U74,  la  preiniere 
parlic  (ics  Chroii.  dc  Sdint-Dcnys. 


INTRODUCTION.  vij 

buer  a  Guillaume  de  Nangis.  D.  Poirier  avait  deja  remar- 
que  quon  lui  faisait  gratuitement  honneur  de  la  vie  fran- 
caise  de  saint  Louis.  Cct  ouvrage  ,  inconnu  a  Sainte-Palaye, 
fut  publie  pour  la  premiere  fois,  en  1771,  a  la  suite  de  l'e- 
dition  de  Joinvilie,  sous  le  titre  d^ Annales  du  regne  de 
saint  Louis.  Les  editeurs  de  Joinville  donnerent  ces  An- 
nales  comme  TcBuvre  de  Guillaume  de'Nangis,  pour  avoir 
mal  saisi,  dit  Poirier  (i),  le  sens  dun  passage  de  Pasquier, 
ou  il  estquestion,  non  de  la  Vie  de  saint  Louis,  mais  d'un 
tableau  genealogique  des  rois  de  France  compose  aussi, 
dabord  en  lalin  ,  ensuite  en  francais,  par  Guillaume  de 
Nangis;  nous  reviendrons  lout  a  llieure  sur  cet  opuscule. 
Les  memes  editeurs  alleguaient  encore  cette  circonslance 
que,  dans  la  traduction  francaise  pas  plus  que  dans  le  texte 
latin,  Louis  IX  n'estqualifie  de  saint;  mais  toutce  qu'on  en 
peut  conclure ,  cest  que  le  traducteur  s'etait  impose  une 
fidelite  scrupuleuse,  ou  plutot  que  la  traduction  a  ete  com- 
posee,  comme  le  texte  latin,  anterieurement  a  1297.  Rien, 
toutefois,  dans  cette  traduction,  n'autorise  a  la  ranger 
parmi  les  ouvrages  de  Guillaume  de  Nangis. 

Est-on  mieux  fonde  a  lui  attribuer  une  traduction  fran- 
caise  de  sa  Chronique  universelle  ?  Un  puissant  argumcnt  se 
presente  d'abord  pour  rafnrmative.  D.  Luc  d'Achery  dit, 
dans  sa  preface  ,  que-Guillaume  de  Nangis  ,  pour  la  com- 
modile  de  ceux  qui  ne  savaient  pas  le  latin  et  qui  allaient 
souvent  a  Fabbaye  de  Saint-Denys,  traduisit  sa  chroinque 
en  francais,  afin  de  leur  donner  le  moyen  de  connaitre  les 
actions  des  rois  dont  ils  allaient  visiter  les  tombeaux.  Or,  le 
savant  benedictin  ajoute  que  Du  Cange  lui  a  communique 
un  exemplaire  de  la  chronique  francaise  (2).  II  existe,  en 
effel,  un  grand  nombre  de  manuscrits  qui  s'annoncent 
comme  renfermant  la  traduction  francaise,  par  Guillaume 
de  Nangis,  dun  ouvrage  latin  du  meme  auteur.   Voici  les 


.(r)  Memoire  cite,  p,  4  et  5. 
(2)  Spicil.,  edit.  in-4°,  t.  Xt,  prefacc,  p.  11 


viij  INTRODUCTION. 

teimes  de  la  preface  qu'on  lit  au  commencement  de  pres- 
que  tous  ces  manuscrits  (i) :  «  Pour  ce  que  mouit  de  gent 
et  meismement  li  haut  homme  et  noble  qui  souvent  vien- 
nent  en  ri(jlise  monsegnour  saint  Dyonise  de  France ,  ou 
partie  de  vallans  roys  de  France  gisent  en  sepouture ,  de- 
sirent  cognoistre  et  savoer  la  nessance  et  la  descendue  de 
lour  tres  haute  generation  ,  et  les  mervellous  faiz  qui  sunt 
racunte  et  publie  par  maintes  terres,  des  devanz  diz  roys  de 
France,  je  frere  Guillaume  dit  de  Nangis,  moine  de  la  de- 
vant  dite  iglise  de  sainct  Dyonise,  hai  translate  de  latin  en 
francois,  a  la  requeste  des  bonnes  gens,  ce  que  je  avoie  au- 
trefois  fait  en  latin  selonc  la  fourme  d'un  arbre  de  la  gene- 
ration  des  diz  roys,  pour  ce  que  cil  qui  latin  ne  entendent 
puissent  savoir  et  connoistre  dont  si  noble  gent  et  si  beneu- 
reuse  lignie  descendi  et  vint.  »  La  Bibliotheque  royale  pos- 
sede  quinze  manuscrits  dont  le  premier  feuillet  est  rempli 
par  la  preface  qu'on  vient  de  lire ;  mais  aucun  d'eux  ne  con- 
tient  une  traduction  francaise  de  la  chronique  universelle 
que  nous  publions.  Un  caractere  qui  leur  est  commun  a 
tous,  c'est  quils  ne  renferment  d'autres  faits  que  ceux  qui 
concernent  ihistoire  de  France,  au  lieu  que  la  chronique 
dont  nous  donnons  une  quatrieme  edition  est  une  histoire 
universelle,  Lordre  chronologique,  dans  la  version  fran- 
caise ,  n'est  pas  aussi  rigoureusement  observe  que  dans  la 
chronique  latine,  et  Ton  y  remarque  de  temps  en  temps, 
surtout  dans  le  douzieme  et  le  treizieme  siecles,  plusieurs 
annees  completement  omises  dans  le  recit  des  evenements.  La 
plupartdecesmanuscritsfrancais,  telsquelesnumerosp^aa, 
'^''Ih  ^"Mis,  83i2,  8298.'suppi.  fp.^  63226.  Sorboune 
1260;  St-Victor,  4^5  St-Germ.,  966  et  i53i,  s'etendent, 
sans  interruption,  iusqu'en  i38o,  ou  meme  jusqu'en  i385. 
La  partie  de  rhistoire  anterieure  a  lan  i3oi  est  un  resume 
dhistoire  de  Francc ,  dans  lequel  on  peut  reconnaxtre  de 
temps  en  temps  la  traduction  de  fragments  empruntes  a  la 

(1)  Nous  transciivons  ce  proloouc  d'apies  le  Ms.  latiti  5696. 


INTRODUCTION.  ix 

chronique  latine  de  Guillaume  de  Nangis.  Le  reste  est  une 
copie,  amplifiee  en  quelqucs  endroits  (i),  des  Grandes  Chro- 
niques  de  France.  Les  Mss.  Suppl.  fr.  ii3  et  Saint-Germ. 
964  ressemblent  a  ceux  dont  nous  venons  de  parler  pour 
les  temps  anterieurs  a  i3oi :  au  Heu  de  devenir  ensuite  une 
copie  des  Grandes  Chroniques,  ils  continuent  a  presenter 
seulement  la  substance  des  faits ,  et  a  meriter  leur  titre  de 
Chronique  abregee  de  la  geste  francoise.  II  nous  reste  a 
rendre  compte  des  Mss.  lat.  n°  SGpS,  6^63  et  Saint-Victor 
287;  ce  dernier  est  designe  dans  le  catalogue  comme  ren- 
fermant  la  chronique  francaise  de  Guillaume  de  Nangis, 
quoiqu'on  n'y  lise  pas  le  prologue  de  cet  auteur.  La  chro- 
nique  renfermee  dans  ces  trois  manuscrits  ne  ressemble  a 
rien  dece  quiprecede.  Ce  n'est  aproprement  parler  qu'une 
lisle  des  rois  de  France;  seulement  a  cote  du  nom  de  cha- 
cun  deux,  on  a  consigne  en  peu  de  mots  son  mariage,  le 
nombre  et  le  nom  de  ses  enfants,  le  commencement ,  h^s 
evenements  principaux  et  la  fin  de  son  regne. 

Maintenant  la  chronique  francaise  communiquee  par 
Du  Cange  aD.  Luc  d'Achery  etait-elle  difFerente  de  celles 
que  nous  venons  de  faireconnaitre.?  Nousne  le  pensons  pas. 
Gilles  Bry  deLa  Clergerie,  dans  son  Histoire  duPerche['i)^ 
a  rapporte  textuellement  trois  passages  assez  longs  de  la 
pretendue  chronique  francaise  de  Guillaume  de  Nangis. 
Mais  il  est  impossible  de  les  considerer  comme  une  traduc- 
tion  despassages  correspondants  de  notre  chronique  latine. 
En  revanche  on  les  retrouve  presque  textuellement  dans  la 
premiere  classe  des  Mss.  que  nous  citions  tout  a  Iheure,  et 
particulierement  dans  les  n°'  9622  et  83i2.  D'Achery  aussi 
aparfois  citeenmarge  la  pretenduetraduction  ,pourecIaircir 
quelques  passages  du  texte  latin ,  mais  dans  ces  rares  et  courts 
extraits,  il  s'agit  toujours  de  faits  relatifs  a  rhistoire  de 


(1)  Ainsi  tous  ces  Mss.  dontient,  a  Tan  i549,  ^^^  statuts,  des  prieres 
ea  vers  et  autres  particularites  relatives  aux  Flageliants ,  qui  ne  se 
trouvent  pas  dans  les  Grandes  Chroniques. 

(^jParis,  1620,  in-^",  p.  218,  24',  248. 


X  INTRODUCTION. 

France.  Si  le  savant  editeur  avait  eu  plus  souvent  besoin 
(ie  recourir  a  la  version  francaise,  il  se  serait  apercu,  sans 
aucun  doute ,  que  son  manuscrit  renfermait  seulement  u?i 
abjvge  en  francais  de  lachronique  latine  qu'ii  publiait  pour 
la  premiere  fois.  Alors  il  aurait  un  peu  mieux  examine  le 
prologue  de  cet  abrege  ,  et  ne  se  serait  pas  mepris ,  comme 
il  Ta  fait,  sur  les  veritables  intentions  du  chroniqueur. 
Guillaume  de  Nangis,  en  effet,  ne  dit  pas  qu'il  ait  traduit 
sa  chronique  latine ;  il  dit  quil  a  mis  en  francais  ce  quil 
nvait  autrefois  compose  en  latin  dans  la  forme  d'un  arhre 
gcnealogique.  Or ,  rien  ne  ressemble  moins  a  un  arbre  ge- 
nealogique  des  rois  de  France ,  que  la  chronique  univer- 
selle  ecrite  en  lalin  par  riiistorien  de  saintLouis.  Les  autres 
details  donnes  par  Guillaume  de  Nangis  dans  sa  preface 
francaise  s'appliqueraient  parfaitement  a  une  espece  de 
livret,  destine  a  faire  connaitre  aux  visileurs  de  rabbaye 
royale  de  Saint-Denys  la  naissance  ,  la  genealogie ,  les 
principales  actions  des  rois  ensevelis  dans  leglise  abbatiale. 
Tei  est  precisement  le  caractere  des  trois  derniers  manuscrits 
que  nous  avons  examines.  Encore  le  Ms.  de  Saint-Victor  et 
le  n°  5696  contiennent-ils  des  additions  considerables  (i). 
Mais  la  chronique  francaise  de  Guillaume  de  Nangis  se 
trouve  certainement,  telle  qu'elle  a  du  etre  composee  par 
Tauteur,  dans  le  n"  6^63,  ainsi  que  Tont  reconnu  ,  apres 
D.  Poirier,  MM.  les  editeurs  du  20^  volume  des  Historiens 
de  France,  qui  Tont  publiee  pour  la  premiere  fois.  Nous 
avons  deja  fait  connaxtre  la  maniere  dont  cette  chronique 
est  redigee  ;  ajoutons  quelle  s'arrete  avec  lan  i3oo  comme 
la  chronique  universelle  ,  et  que  c'est  bien  la  limite  qu'a  dii 
lui  assigner  Tauteur ,  puisqu'elle  setermine  par  le  vaoiamen, 
equivalent  des  molsymi^  ou  explicit. 

Quant  a  Foriginal  latin  de  cette  chronique ,  tous  ceux 


(i)  Cc  Ms.  aurait  mcmc  subi,  au  dirc  dc  La  Porte  du  Theil,  des 
cliaugcmcnts  ct  dcs  intci|)olation3.  Not.  et  cxtr.  dcs  Mss.,  t.  II ,  p.  •icp 
et  suiv. 


INTRODUCTION.  xj 

qui  eii  ont  parl6  jusqu'ici ,   ront  consideie  comme  perdu. 
On  pourrait  peut-etre  le  reconnaitre,  a  la  fin  d'un  manuscrit 
provenant  de  lancienne  Sorbonne  ct  conserve  a  la Biblio- 
theque   royale  sous  le  n°  1260,   dans  un  petit  cahier  de 
papier  d'une  ecriture  moderne ,  intitule  :  Excerptae  chro- 
mcis  Gulielmi  de  Nangiaco ,  descripta  ex  veteri  manu- 
scripto  codice  qui  asserwatur  in  bibliotheca  collegiide  Na- 
x^arra  Pansiensis.  Cest  bien  une  chronique  latine  les  rois 
de  France  en  forme  darbre  genealogique ,  et,   close  re- 
marquable,  elle  finit  comme  la  chronique  francaise  duMs. 
fi^jid^  ^  a  Tan  i3oo  sous  le  regne  de  Philippe  le  Bel.  Elle 
ne  debute  pas  ,ilest  vrai,  par  le  prologue  qu'onlitiucom- 
mencement  de  la  version  francaise ,  et  ne  donne  sur  aucun 
roides  renseignementsaussidetaillesquecettememeversion. 
Mais  d'abord  le  prologue ,  redige  expres  pour  la  tnductioii 
francaise  et  destine  a  en  faire  connaitre  le  but  et  ri.tilite,  ne 
devait  pas  evidemment  trouver  place  a  la  tete  du  texte  latin 
original.  De  plus ,  un  auteur ,  quand  il  se  traduit  lui-meme  , 
se  donne  bien  plus  de  liberte  que  s'il  traduisait  Touvrage 
d'un  autre  ,  et  rien  n'empeche  de  croire  que  la  chronique 
francaise  duMs.  6763  ,  quoiqu'un  peu  plus  etendue  que  le 
texte  latin  conserve  dans  le  Ms.    de  la  Sorbonne,  ne  fiit , 
dansla  pensee  deTauteur ,  unetraduction  libre  de  ce  texte. 
Enfin  cette  breve  chronique  latine  ,    ne  commencant  qu'a 
Valentinien  ,  est  certainement  tronquee^  s'il  en  etait  au- 
trement,  on  aurait  droit  de  s'etonner  que  le  chroniqueur 
nous  eiit  fait  grace  de  l'origine  troyenne  de  nos  rois  et  de  1a 
nation ,   assez   amplement  developpee    dans  la   chronique 
francaise. 

Nous  savons  maintenant  d'une  maniere  a  peu  pres  cer- 
taine  ,  quels  sont  les  ouvrages  qui  appartiennent  reellement 
a  Guillaume  de  Nangis  5  essayons  de  decouvrir  les  qualiles 
qui  les  recommandent ,  et  d'arriver  par  la ,  s'il  est  possihle , 
a  connaitre  un  peu  le  caractere  de  Tauteur.  Guillaume  de 
Nangis  declarc,  dans  sa  preface  de  la  Vie  de  saint  Louis, 
qu  il  etaitfortpeu  verse  dans  les  lettres  ^ilcherche  a  justifier 


xij  INTRODUCTION. 

encore  la  simplicile  de  son  style  ,  en  posant  en  principeque 
riiistoire  ne  saurait  jamais  etre  assez  claire  ni  assez  intelli- 
gible.  Sainte-Palaye  lui  reproche  d^avoir  bientot  oublie 
cette  naxime.  Suivant  le  docte  academicien,  les  recits  de 
Guillaume  de  Nangis  sont  souvent  trop  peu  etendus, 
quelquefois  confus,  embrouilies ,  presque  inintelligibles. 
Ces  rejroches,  justes  peut-etre  pour  la  vie  de  saint  Louis 
et  celh  de  Philippe  le  Hardi ,  nes'appliquent  pasegalement 
a  la  g^ande  chronique  latine.  Ici  la  clarte  se  trouve  tou- 
jours  jointe  a  la  simplicite  du  style ,  et  si,  pour  les  temps 
qui  l'oit  precede,  lauteur  se  montre  ordinairement  sobre 
de  delails ,  il  les  prodigue  lorsquil  ecrit  riiistoire  de  soa 
epoque,  II  raconte  sans  juger,  et  sabstient  de  la  louange, 
meme  cans  les  occasions  ou  elle  paraltrait  le  plus  legitime. 
Son  avirsion  pour  la  flalterie  ,  que  D.  Poirier  avait  re- 
marquee,  se  revele  bien  clairement  dans  sa  dedicace  a  Phi- 
lippe  le  3el  des  Vies  de  Louis  IX  et  de  Philippe  III.  II  se  con- 
tente  doffrir  au  prince  regnant  un  modele  de  conduite, 
sans  meme  se  permettre  les  eloges  que  les  circonstances 
semblaient  auloriser.  Ici,  comme  dans  tous  ses  ouvrages, 
quand  il  loue ,  il  ne  loue  que  les  morts.  Pour  bien  apprecier 
toute  la  dignite  d'une  pareille  reserve,  il  suffit  de  comparer 
la  reserve  de  Guillaume  de  Nangis  aux  sempiternels  pane- 
gyriques  de  Rigord  et  de  Guillaume  le  Breton. 

II  est  aise  de  reconnaitre  dans  les  ouvrages  de  Guillaume 
de  Nangis  Tesprit  de  Tepoque  ou  Tauteur  a  vecu.  On  y 
chercherait  vainement  une  idee  generale  autre  que  cclle  de 
la  soumission  due  aux  puissances  civiles  et  ecclesiastiques. 
Les  plus  grandes  fautes  des  rois  de  France  y  sont  rapportees 
sans  commenlaire ,  comme  si  les  rois  ne  pouvaient  avoir 
tort.  Lauteur  s'affranchit  a  peine  de  cette  reserve  lorsque 
les  interets  de  reglise  sont  en  jeu.  A  ses  yeux ,  par  exeraple , 
la  dime  saladine  ct  les  maux  qui  en  resulterent  pour  le  clerge 
furentles  causes  qui ,  rallumant  la  guerre  entrcHenriPlan- 
tagenet  et  Philippe  Auguste  ,  retarderent  le  depart  de  la 
troisiemecroisadc.  Mais,  tout  cn  attribuantauroidcFrance 


INTRODUCTION.  xiij 

et  a  ses  barons  Tid^e  et  retablissement  de  la  dime,  il  a 
soin  de  rejeter  sur  les  collecteurs  Todieux  des  mesures 
violentes  dont  elle  lut  l'occasion  (i).  Moins  reserve  quand  il 
parle  de  princes  etrangers,  il  prend,  contre  Henri  Plan- 
tagenet ,  la  defense  de  saint  Thomas ,  archeveque  de  Can- 
torbery  (2).  D'un  autre  cote,  sa  passion  pour  la  delivrance 
des  saints  lieux  et  sa  haine  pour  les  Sarrasins  ne  Taveu- 
glent  pas  sur  les  belles  qualites  de  Saladin ,  et  les  eloges 
qu'il  donne,  comme  malgre  lui,  au  suhan  enncmi  de  Dieu  (3) 
sont  un  siir  garant  de  limpartialite  du  chroniqueur. 

La  modestie  dont  Guiliaume  de  Nangis  a  faitpreuve  dans 
la  preface  de  sa  Vie  de  saintLouis,  se  montre  dune  maniere 
differente,  mais  non  moins  palpable,  dans  la  chronique.  II 
convient ,  et  nous  avons  deja  releve  cet  aveu,  que  metne 
pour  les  temps  posterieurs  a  Tan  i  ii3  ,  il  a  souvent  rep3te 
ce  que  d'autres  avaient  dit  avant  lui  5  mais  ii  ne  cherche  pas 
a  capter  la  confiance  de  ses  lecteurs,  en  faisant  valoir  les 
autorites  qu'il  a  suivies.  Nous  ne  nous  croyons  pas  obhges 
a  la  meme  reserve ,  et  nous  allons  montrer  que  Guillaume  de 
Nangis  ne  s'en  rapportait  ordinairement  qu'a  des  temoi- 
gnages  contemporains.  Les  evenements  du  regne  de  Phi- 
lippe  Auguste  sont  racontes  dans  sa  chronique,  d'apres 
Thistoire  composee  par  Rigord ,  dont  les  expressions  memes 
sont  quelquefois  copiees.  A  cette  observation  generale , 
nous  en  ajouterons  deux  particulieres  ,  concernant,  la  pre- 
miere  un  fait  d'une  haute  importance  historique ,  laseconde 
des  phenomenes  naturels  ou  surnaturels  que  les  chroni- 
queurs  du  moyen  age  enregistraient  avec  une  exactitude 
scrupuleuse.  Aux  annees  121 8  et  1219,  Guillaume  de  Nan- 
gis  raconte  le  siege  et  la  prise  de  Damiette  par  les  chretiens 
sous  le  commandement  de  Jean  de  Brienne.  II  s'est  servi , 
pour  ce  recit ,  d'une  lettre  ecrite  sur  les  lieux  memes ,  par 


(i)  Ann.  1 188,  p.  gi. 

(-2)9.  59,  62,63. 

(5)  Ann.  1187,  p.  85,  86. 


xlv  INTRODUCTION. 

Ollvier ,  ecolatrc  de  Cologne ,  temoin  oculaire  du  siege ,  ou 
bien  de  la  relation  de  Jacques  de  Yitri  qui  est  elle-meme 
calquee  sur  la  lettre  d'01ivier  (i).  A  Tannee  in8,  notre 
chroniqueur  rapporte  des  faits  qui  se  sont  passes  plus  pres  des 
lieux  qu'il  habitait,  mais  aussi  a  une  epoque  bien  plus  an- 
cienne.  Ce  sont  des  tremblements  de  terre,  le  debordement 
dc  la  Meuse  ,  lesorages  efFroyables  quifondirent  sur  la  ville 
de  Liege ,  etc.  Ici  encore  la  relation  de  Guillaume  de  Nangis 
s^appuie  sur  Tautorite  d'un  temoin  oculaire.  II  a  retrace  les 
desastres  de  la  ville  de  Liege  d'apres  une  chronique  con- 
temporaine,  en  vers  latins  rimes,  dont  il  dut  etre  envoye  des 
copies  aux  principales  eglises  de  lEurope,  et  dont  notre 
confrere  M.  J.  Quicherat  a  trouve  un  exemplaire,  provenant 
de  Saint-Vaast,  dans  la  bibliotheque  de  la  ville  d'Arras.  Les 
dcLx  relations  sont  a  peu  pres  identiques  jusque  dans  les 
plus  minutieux  details.  II  y  a  meme  quelques  faits  accessoi- 
res  pour  lesquels  Guillaume  de  Nangis  a  simplement  copie 
le  versificateur  anonyme.  On  litpar  exemple  aux  pages  8  et 
9  de  ce  volume  les  phrases  suivantes  :  Pulsantibus  vespeiis 
sabbato ,  qucedam  mulier ,  dum  caput  lauat  puero ,  manus 

rubent  sanguine  Jluido Monstrum  quoddam  Namurci 

natum  est ,  cui  par  nunquam  vel  raro  visum  est ,  videlicet 
biceps  infantulus.  Hictam  sexu  duplex  quamccsteris ,  sim- 
plex  erat  compage  corporis.  Voici  maintenant  le  recit  ver- 
sifie  du  chroniqueur  de  Liege  5  on  verra  que  Guillaume  de 
Nangis  s'est  borne  a  ajouter  un  mot  indispensable  dans  la 
premiere  phrase ,  et  a  supprimer  dans  la  seconde  un  vers 
inutile,  mais  que  Tauteur  original  avait  dii  accorder  aux 
exigences  de  la  rime. 

Pulsantibus  vcsperis  sabbalo , 
Qucedam  caput  dum  lavat  puero 
Manus  rubeiit  sanguinejluido 


Monstrum  quoddam  Namurci  nalum  esi 


(i)  Voy.,  dans  ce  vol.,  les  notes  des  p.  160  et  i65. 


INTRODUCTION.  xv 

Cui  par  nunquam  vel  raro  visum  esi ; 
Videlicet  biccps  infantulus , 
(  Quihoc  vidit  testatur  populus) 
Qui  tam  sexu  duplex  quam  cceteris , 
Simplex  erat  compage  corporis. 

Pour  la  derniere  moitie  du  treizieme  siecle ,  Guillaume 
de  Nangis  peut  etre  considere  comme  un  historien  con- 
temporain.  Mais  quoiqu'il  ait  ete  ou  temoin  oculaire  des 
evenements  ,  ou  au  moins  avantageusement  place  pour  les 
bien  connaitre ,  il  ne  se  met  jamais  en  scene,  pas  raeme 
pour  prononcer  le  mot  vidi  qui  se  rencontre  si  souvent  sous 
la  plume  de  ses  continuateurs.  II  fallait  pourtant  que  le 
nora  de  Guillaurae  de  Nangis  fiit  une  autorite  bien  respec- 
table  vers  la  fin  du  quatorzieme  siecle ,  puisqu'on  a  mis  sous 
son  patronage  plusieurs  histoires  en  francais  dont  Tune  au 
moins  semblait  se  recommander  assez  par  elle-merae,  car 
elle  n'etait,  a  peu  de  chose  pres,  quune  copie  des  Grandes 
Chroniques  de  France.  II  fallait  que  merae  a  Tepoque  ou  il 
a  vecu ,  on  professat  pour  Guillaume  de  Nangis  une  estirae 
bien  profonde  ,  puisque  ces  Grandes  Chroniques ,  redaction 
presque  officielle  de  Thistoire  nationale  ,  ne  sont  guere , 
pour  les  trente  dernieres  annees  du  treizierae  siecle ,  qu'une 
traduction  de  la  vie  de  Philippe  III  et  de  notre  chronique 
latine  (i).  Enfin,  il  semble  qu'on  ait  attache  a  la  chronique 
latine  de  Guillaurae  de  Nangis  presque  autant  d'iraportance 
qu'aux  Grandes  Chroniques  de  France,  et  qu'on  ait  eu  Tidee 
de  donner  aussi  a  cet  ouvrage ,  au  raoyen  de  continuations 


fi)  Pour  le  regne  de  Philippe  le  Hardi  (1270-1285),  les  Grand. 
Chron.  sont  une  seclie  traduction  de  Guillaunie  de  Nangis,  dans  la- 
quelle  on  a  toujours,  ou  presqu«  toujours,  fait  disparaitre  les  reflexions 
morales  de  1'original ,  et  les  figures  qui ,  dans  le  latin ,  servent  a  orner 
et  a  relever  le  style.  Pour  les  16  premieres  annees  de  Philippe  le  Bel 
(i285-i3oo),  les  Grand.  Chron.  dc  France  sont  une  traduction  littc- 
rale  de  notre  chronique  latine,  traduction  ou  l'on  a  intercale  quelques 
faits  peu  importants,  tels  que  la  lettre  de  defi  d'Adolphe  de  Nassau 
au  roi  -Philippe  le  Bel,  la  reponse  de  ce  dernier  :  Cela  est  par  trop 
allemand,  riiistoire  du  juif  de  la  rue  des  Billettes,  etc. 


xvj  INTRODUCTION. 

successives  ,  une  espece  de  perpetuit^.  Les  continuateurs 
qui ,  apres  Guillaume  de  Nangis,  ont  pousse  le  recit  des 
evenements  jusqu'a  Tan  i34o,appartenaient  tous  arabbaye 
de  Saint-Denys.  L'on  peut  presumer  qu'ils  travaillerent  en 
vertu  d'une  mission  officielle,  dans  la  vue  dassurer  a  Tab- 
baye  la  possession  d'un  corps  d'annales  authentiques  ecrites 
en  langue  iatine,  digne  pendant  de  celte  precieuse  chro- 
nlque  francaise  dont  rautorite  subsisteencore  ,  quoiqu'avec 
certaines  reserves  que  la  critique  du  quatorzieme  siecle 
aurait  peut-etre  mal  accueillies. 

II. 

Premiers  continuateurs  de  Guillaume  de  Nangis,  depuis  1301  jusqu'a  1340. 

D'Achery  attribuait  a  un  seul  ecrivain  la  continuation 
de  la  chronique  de  Guillaume  de  Nangis  depuis  Tan  i3oi 
jusqu'a  Tan  iS^o^  cette  erreur  a  ete  deja  relevee  par  La 
Curne  de  Sainte-Palaye.  On  lit  en  efFet ,  dans  la  continua- 
tion,  a  Tannee  1 3 1 7  .Et  quoniam  illi  qui  aktea sctipsemnt 
a  decinio  quarto  anno  et  circiter,  de  Bavaro,  qui  se  7'egeni 
Romanorum  dicit ,  nihil  scripserunt ;  idcirco  ab  ejus  elec- 
tione  sumens  exordium ,  licet  aliquaktulcm  tactum 
FUERiT  suPERius  ,  liic  annotare  curavi  cum  factis  prceceden- 
tibus ,  etc.  (i).  Si  Ton  descend  en  efFet  a  Fan  t3i4,  on  y 
trouvera  (2)  Telection  de  Louis  de  Baviere  a  Francfort,  et 
son  couronnement  a  Aix-la-Chapelle.  Ensuite,  il  n'est  plus 
question  de  ce  prince  jusqu'a  Tannee  i3iy.  L'ecrivain  qui 
reprend  la  chronique  a  cette  annee ,  est  donc  difFerent  de 
ceux,  iLLi,  qui  Tont  ecrite  pendant  les  annees  i^i^?  i3i5  et 
i3i6  ou  meme  auparavant,  et  ceux-ci  a  leurtoursont  au- 
tres  que  le  premier  continuateur. 

Dans  le  prologue  de  la  premiere  continuation  ,  on  trouve 
quelques  details  sur  celui  qui  en  fut  lauteur.  II  etaitmoine 
de  Saint-Denys,  puisqu'il  appelle  Guillaume  de  Nangis  com- 

(0Voy.t.n,p.6. 

(2)T.  I,p.  4". 


INTRODUCTION.  xvij 

monachus  noster.  Son  amour  pour  ia  v^rite  se  revele  clai- 
rement  dans  ia  priere  qu'ii  adiesse  a  ses  freres  ,  de  corriger 
les  endroitsde  sesecrits  ou  ils  trouveraientqueiqueserreurs. 
Enfin  on  peut  croire  quil  prit  ia  plume  dans  un  age  avance , 
car  il  seml^ie  prevoir  sa  fin  prociiaine,  et  supplie  ses  com- 
pagnons ,  moines  de  Saint-Denys ,  de  conlinuer  son  oeuvre 
apres  lui.  Nous  ne  pourrions  dire  jusqu'ou  s'etend  son 
travaii ;  mais  peut-etre  avait-ii  deja  fait  piace  a  un  autre 
avant  i'annee  i3io,  car  ies  eioges  prodigues  a  Louis  Hutin 
a  l'occasion  de  son  expedition  contre  iesrebeiies  Lvonnais, 
peuvent  faire  penser  que  l'iiistoire  de  cette  annee  a  ete  com- 
posee  sous  ie  regne  de  ce  prince ,  c'est-a-dire  posterieurement 
a  i3i4. 

L'auteur  qui  redigeait  ia  ciironique  en  i3i5,  etait  aussi 
moinede  Saint-Denys^  il  y  fut  temoin  cette  annee  des  nom- 
breuses  processions  qui  s'y  firent  pendant  tout  ie  mois  de 
juiilet,  pour  obtenir  de  Dieu  la  cessation  de  ia  piuie  et  du 
froid  (i).  Enfin  ,  la  ciironique  etait  encore  ^crite  en  1828 
par  un  moine  de  Saint-Denys ,  qui  raconte  ia  bataiile  de 
Cassei,  d'apres  la  reiation  officielle  envoyee  a  son  abbe  par 
le  roi  Piiiiippe  de  Vaiois  (2).  Les  reflexions  que  le  clironi- 
queur  ajoute  a  ia  fin  de  son  recit,  prouvent  quiiavait  aussi 
consuite ,  sur  ia  journee  de  Cassel ,  des  hommes  qui  avaient 
assiste  a  cette  sanglante  afFaire.  Pius  ioin  (3)  il  deciare  avoir  vu 
lui-meme  ies  builes  des  hospitaliers  du  Haut-Pas,  bulies  dont 
Talteration  attira  sur  ces  religieux  la  coiere  du  sou verain  pon- 
tife.  Enfin  ieclironiqueurquiecrivaiten  iS^Seten  iS^yetait 
le  meme  qui  avait  repris  ia  continuation  a  iannee  iSiy  5  car 
Temploi  frequent  de  ia  preposition  unde comme  liaison  du  re~ 
cit,  qu'on  remarque  dans  ie  texte  de  la  chronique  depuis  1 3 1 7 
jusqu'a  i34o,  ne  permet  guere  d'attribuer  la  redaction  de 
ces  vingt-quatre  annees  a  deux  piumes  difFerentes.  Or,  nous 


(i)T.  I,p.  422. 
(2)T.II,p.99. 
(5)  Ib.,  p.  T18,  119. 
I. 


xviij  INTRODUCTION. 

trouvonscetecrivain  dans  le  Poitou  en  iSai  ,  temoin  ocu- 
laire  desmalefices  au  moyen  desquels  les  lepreux  essayaient 
d'empoisonner  les  puits  et  les  fontaines  (i).  On  remarquera 
dans  son  reclt  quelques  velleltes  de  critique  et  d'indepen- 
dance  qui  contrastent  avec  riiumble  timidite  de  Guillaume 
de  Nangis.  II  accuse  Charles  le  Bel  de  precipitation  dans  la 
part  qu'il  prit  aux  poursuites  dirigees,  par  Tinquisiteur 
Maurice,  contre  le  seigneur  de  Parlhenai  (2).  Plus  loin  il 
s'eleve  en  termes  energiques  contre  les  dimes  levees  sur  les 
eglises  de  France,  par  le  pape  d'abord  avec  le  consente- 
ment  du  roi,  ensuite  parle  roilui-meme  avec  rautorisation 
du  pape  :  «  La  pauvre  eglise,  s'ecrie-t-il ,  lorsqu'un  la  tond, 
«  Tautre  recorche(3). )) 

Ce  trait  est  reproduit  dans  les  Grandes  Chroniques  qui, 
du  reste ,  depuis  i3oi  jusqu'en  i34o,  traduisent  les  conti- 
nuateurs  de  Nangis,  en  y  ajoutant  toutefois ,  comme  Tare- 
marque  Sainte-Palaye ,  beaucoup  de  choses  etrangeres.  A 
partir  de  i34o,  cette  conformite  entre  les  deux  ouvrages 
cesse  completement.  Desormais  les  interets  et  les  passions 
s'emparent  de  Thistoire  eten  changent  la  physionomie.  Les 
Grandes  Chroniques ,  entre  les  mains  du  chancelier  Pierre 
d'Orgemont  (4),  vont  devenir  Pexpression  directe  de  la 
pensee  royale ,  tandis  que  sous  la  plume  d'un  nouveau  con- 
tinuateur,  interprete  audacieux  des  ressentiments  popu- 
laires,  la  chronique  latine  de  Guillaume  de  Nangis  se  ter- 
mine  par  un  violent  pamphlet  contre  la  noblesse  et  meme 
contre  le  pouvoir  royal. 


(1)  T.  II,   p.  02. 

(2)  Ib.,  p.  5o. 

(3)  Ib.,  p.  77. 

(4)  Voir  dans  la  Bibl.  de  1'Ecole  des  Chartes ,  t.  II ,  le  memoire  de 
M.  L.  Lacabane,  sur  les  auteurs  des  Grand.  Chron.  de  France,  dites 
<ie  Saint-Denys. 


INTRODUCTION.  xix 

III. 

Dernier  continuateur  de  Nangis. 

La  porlion  de  notre  chroniqne  latine  qui  s'eten<i  depuis 
i34o  jusqu'en  i368,  se  trouve,  dans  les  deux  manuscrits 
qui  nous  en  restent,  transcrite  a  la  suite  des  continua- 
tions  redigees  par  les  moines  de  Saint-Denys,  et  reprend  le 
recit  des  faits  precisement  au  point  oia  ces  moines  Tont 
laisse.  Cest,  sans  aucun  doute ,  a  ces  deux  circonstances 
que  Tauteur  de  cette  derniere  partie  de  la  chronique  publiee 
par  nous,  a  dii  sa  quahfication  de  continuateur  de  Nangis. 
II  a  ete  si  souvent  cite  sous  ce  titre  que  nous  avons  dii  le  lui 
conserver.  Remarquons  toutefois  que  nulle  part  il  ne  se 
donne  comme  le  continuateur  de  personne,  etque  peut-etre 
il  n'avait  meme  pas  lu  les  chroniques  auxquelies  on  a  depuis 
cousu  la  sienne.  En  efFet,  tout  ce  quil  a  ecrit  a  la  date  de 
i34o  et  de  i34i  ,  n'estqu'une  repetition  abregee  des  recits 
qui  precedent.  De  plus,  il  semble  donner  comme  un  fait 
recent,  en  i34o,  l'usurpation  de  la  dignite  imperiaie  par 
Louis  de  Baviere  (i)  ,  qui  prenait  pourtant  le  titre  d'empe- 
reur  depuis  i3i4 ,  et  dont  les  demeles  avec  la  cour  romaine 
a  propos  de  Tempire  reviennent  si  souvent  sous  la  plume  du 
second  continuateur  de  Nangis  (2).  Enfin  il  a  ecrit  dans  un 
esprit  diametralement  oppose  a  celui  qui  animait  en  ge- 
neral  les  chroniqueurs  du  moyen  age,  et  en  particulier 
Guiliaume  de  Nangis  et  ses  premiers  continuateurs,  Cette 
espece  de  revolte  contre  la  methode  et  les  idees  universelle- 
ment  adoptees  alors,  surtout  parmi  les  ecrivains  ecclesias- 
tiques,  donne  a  notrechroniqueuruncaractered'originalite 
si  tranche,  qu'on  doit  eprouver  naturellement  le  desir  de 
connaitre  son  nom  ,  son  pays,  sa  profession  et  sa  vie. 

Suivant  La  Curne  de  Sainte-Palaye ,   le  dernier  conti- 

(i)T.II,p.  184. 

(2)  Nous  entendoiis  par  la  celui  qui  a  continue  la  chronique  de  i3i7 
a  i54o..D'Achery  et  Sainte-Palaye,  au  contraire,  appliquaient  cette 
denomination  au  chroniqueur  qui  a  ecrit  de  i34o  a  i568. 


XX  INTRODUCTION. 

iiuateur  de  Guillaume  ile  Nangis  n'est  autre  qu'un  certain 
7 eligieux  carme  nomme  Jean  de  \  enette  ,  auteur  d'un  poeme 
francais  inedit  qui  contient  riiistoire  des  trois  Maries.  L'i- 
dentite  de  ces  deux  ecrivains  se  deduit,  il  est  vrai,  d'argu- 
ments  assez  plausibles^  mais  ces  arguments,  Sainte-Palaye 
ne  put  meme  avoir  Tidee  de  les  produire.  En  effet,  par 
une  distraction  etrange,  lorsqu'il  ecrivit  en  i^SS  sa  nolice 
de  Thistoire  des  trois  Maries  par  Jean  de  Yenette ,  il  crut  se 
souvenir  que  ce  meme  Jean  de  \  enette  s'etait  aussi  nomme, 
dans  la  derniere  continuation  de  Nangis,  comme  auteur  de 
celte  continuation.  Laissons  parler  le  savant  critique  (i)  : 
((   Le   memoire  que  je  vais  avoir  riionneur  de  vous  lire  , 
«   messieurs,  est  un  supplement  a  celui  que  j'ai  dejadonne 
<(  concernant  Guillaume  de  Nangis  et  ses  continuateurs  (2). 
«    Ce  qiie  je  dis  alors  de  lauteur  de  la  seconde  continuation 
«   se  reduisait  presque  a  son  nom  ,  a  sa  patrie  et  a  quelques 
«  dates  ,  etc.  »  Si  en  efFet,  dans  son  premiermemoire,  Sainte- 
Palaye  eut  prouve  que  le  dernier  continuateur  de  Nangis 
se  nommait  Jean   de  \  enette  ,  lidentite  de  ce  chroniqueur 
et  du  poete  historien  des  trois  Maries  eut  ete  completement 
etablie.  Mais  il  n'en  est  point  ainsi.  Sainte-Palaye  en  17  35 
crut  avoir  dit,  dans  son  premier  memoire,  compose  cinq 
annecs  auparavant,  ce  qu'en  realite  il  n'y  avait  ni  dit  ni  pu 
dire.  En  lisant  avec  la  plus  grande  attention   la  derniere 
continuation  de  Nangis,  il  y  avait  recueilli  sur  Tecrivain 
qui  en  fut  Tauteur  une  foule  de  renseignements  curieux. 
Mais  a  rinteressante  biographie  qn'il  en  avait  composee  ,  il 
manquait  peut-etre  un  seul  point  essentiel ,  le  kom  meme 
du   personnage.  Nous  allons  donc ,  reprenant  la  derniere 
contlnuation  de  Nangis  et  rhistolre  en  vers  des  trois  Maries , 
raisonner  d'apres  cesdeux  documents  ,  comme  laurait  pro- 
bablement  fait  Sainte-Palaye  lui-meme,  si,  dans  uti  moment 

(i)  Mein.  de  l Acad.  des  Inscr.,  t.  XIII ,  p.  52o. 

(2)  Ce  dernier  niemoire  est  celni  qne  nous  avons  cite  jnsqu'ici.  II 
avait  ete  ecrit  cinq  ans  auparavant  et  insere  dans  le  t.  YIII  des  M(i- 
moires  de  l'Academie. 


INTRODUCTION.  xxj 

dinattention,  il  n'eut  suppose  connu  ce  quil  s'agissait  d'^- 
tablir. 

Le  dernier  continuateur  de  Nangis ,  loin  d'avoir  inscrit 
son  nom  au  frontispice  de  sa  chronique  latine ,  nous  semble  y 
avoir  clairement  exprime  ie  desir  de  rester  inconnu  :  c'est 
du  moins  ce  quori  peut  conclure  des  mots  ego  frater 
quidam  par  lesquels  il  se  designe  iui-meme  (i).  Cette  qua- 
lification  de  frater  ne  laisse  aucun  doute  sur  sa  profession ; 
il  menait  certainement  la  vie  religieuse;  mais  a  quel  ordre 
etait-il  attache?  Sainte-Palaye,  dans  son  premier  memoire, 
en  avait  fait  un  benedictin  ;  cependant  deux  ou  trois  passages 
de  la  derniere  continualion  de  Nangis,  qu'il  avaitcites,  de- 
vaient  le  conduire  a  une  opinion  differente.  Le  premier  est 
le  recit  de  la  conteslation  surveiuie,  l'an  i35i,  entre  le 
clerge  seculier  et  les  moines  mendiants.  Le  chroniqueur 
montre  en  faveur  de  ces  derniers  une  partialite  si  chaleu- 
reuse  5  il  declame  contre  leurs  adversaires  avec  tant  de  vio- 
lence  (2) ,  quon  doit  lui  attribuer  naturellement  un  interet 
personnel  dans  la  querelle.  Le  second  passage  prouve  en 
efFet  qu'il  appartenait  a  l'un  des  quatre  ordres  mendiants. 
Cest  le  recit  des  ravages  exerces  en  j36o  aux  environs  de 
Paris  par  Edouard  III  roi  d'Angleterre  (3).  Le  chroniqueur 
raconte  que  lesliabitants  des  campagnes,hommes  ,  femmes 
et  enfants,  se  refugiaient  tous  dans  Paris  ,  et  ilajoute  :  «  Le 
«  saint  jour  de  Paques  ,  faiva  dans  le  monastere  desfreres 
«  du  mout  Carniel  a  Paris,  le  peuple  et  les  pretres  de  dix 
«  paroisses  de  ia  campagne,  celebrant  ie  saint  sacrifice ,  et 
«  faisant  leurs  paques  dans  diverses  chapelles  et  dans  d'au~ 
«  tresendroits  de  la  maison.  »  II  est  presque  impossible  de 
supposer  qu'un  religieux  eiit  celebre  ailleuis  que  dans  son 
couvent ,  ou  dans  un  couvent  de  son  ordre,  une  fete  aussi 
solennelle  que  celle  de  Paques  \  et  par  consequent  tout  porte 


(i)T.  ll,p.  ,79. 

(2)  Ilr ,  p.  -2^3-225. 

(^)  Ib.,  p.  5o5. 


xxJj  INTRODUCTION. 

a  croire  qne  le  dernler  continuateur  de  Nangis  appartenait 
a  Fordre  des  Carmes  (i),  dont  la  maison,  a  Paris,  elait  alors 
pres  de  la  place  Maubert. 

D'un  autre  cote ,  lui-meme  nous  apprend  positivement  le 
lieu  ou  il  avait  pris  naissance.  En  iSSp,  une  troupe  de 
paysans  ,  commandee  par  une  espece  de  valet  de  ferme,  de- 
fendirent  vigoureusement  contre  les  Anglais ,  lapetite  ville 
deLongueil,  situee  dans  le  diocese  de  Beauvais,  sur  les 
bords  de  i'Oise,  non  loin  de  Compiegne  et  de  Verberie.  Un 
des  motifs  qui  engagentle  deuxieme  continuateur  de  Nangis 
a  raconter  ce  fait  avec  quelques  details,  c'est,  dit-ii,  qu'il 
s'etait  passe  dans  le  voisinage  de  l'endroit  ou  lui-meme  etait 
ne;  et  cet  endroit,  commeil  le  dit  pius  bas  (2),  etait  le  vil- 
lage  de  Venette  pres  de  Compiegne  (3). 

Voila  donc  le  dernier  continuateur  de  Nangis ,  qui  ecri- 
vaitencoreen  i368,  originaire  de  Venette,  et  vouea  la  profes- 
sion  religieusedansrordredes  Carmes.  D'un  autrecotenous 
trouvons  une  histoire  des  trois  Maries  ,  ecrite  en  vers  fran- 
cais,  vers  lan  i35y  (4),  par  Jean  de  Kenette,frhre  ou  lier- 
mite  du  mont  de  Carme  ,  c'est-a-dire  reiigieux  de  l'ordre 
des  Carmes.  Cet  historien  des  trois  Maries,  comme  Guil- 
laume  le  Breton  ,  Guillaume  de  Nangis,  Godefroi  de  Paris , 
Thomas  de  Walsingham  et  tant  d'autres  ecrivains  du  trei- 
zieme  et  du  quatorzieme  siecle ,  a  sans  doute  tire  son  surnom 
du  lieu  de  sa  naissance.  Mais  alors  on  se  demande  sil  est 
moralement  possible  qu'au  quatorzieme  siecle  ,  a  cette  epo- 
que  desastreuse  ou  les  populations  desertaient  les  campagnes, 
ou  Fon  n'y  trouvait  pas  un  maitre  pour  apprendre   a  lire 


(i)  Sous la  date  de  l'an  i356,  le  chroniqueur  rapporte  une  prophe- 
tie  de  Jean  de  la  Roquetaillade,  qui  predit  ii  Tunivers  un  dehige  de 
maux.  II  fait  dire  au  prophete  :  Salvabuntur  qui  fu^erint  de  medio 
malorumad  Montem  Cnrmeli,  quia  vindicta,  etc.  T.  II,  p.  236. 

(2)  Ib.,  p.  293. 

(5)  Ce  village  est  dans  le  canton  ct  rarrondissement  dc  Compiegne, 
departement  de  l'Oise. 

(4)  Mem.  dc  VAcad.  dcs  Inscr.,  t.  XIII,  p.  5-?.. 


IINTRODUCTION.  xxii] 

aux  enfants  (i),  un  petit  village  comme  Venette,  dont  la 
population  s'eleve  a  peine  de  nos  jours  au  nombre  de  huit 
cents  ames,  ait  prodult  en  meme  temps  deux  hommes  qui 
aient  embrasse  la  meme  regle  religieuse ,  cultive  les  lettres 
avec  succes,  et  transmis  leurs  ouvrages  a  la  posterite.  N'est- 
il  pas  plus  conforme  auxTCgles  d'une  sage  critique,  d'attri- 
buer  a  un  seul  et  meme  auteur  la  derniere  continuation 
de  Nangis  et  Thistoire  en  vers  des  trois  Maries,  ecrites 
Tune  et  Tautre,  au  milieu  du  xiv^  siecle,  par  un  reUgieux 
carme,  originaire  du  village  de  Venette  ? 

Si  l'histoire  des  trois  Maries  etait  une  oeuvre  originale , 
ceUii  qui  Ta  composee  aurait  trouve  sans  doute  plus  d'une 
occasion  d'exposer,  sur  divers sujets,  ses  opinions  et  ses  idees; 
et  comme  ,  de  tous  les  chroniqueurs  du  qualorzieme  siecle  , 
aucun  ne  s'est  aussi  souvent  mis  en  scene  que  le  dernier 
continuateur  de  Nangis ,  une  comparaison  attentive  des  deux 
ouvrages  aurait  pu  fournir  plusieurs  preuves  de  l'identite 
de  leurs  auteurs.  Malheureusement  Jean  de  Venette,  dans 
son  histoire  des  trois  Maries,  etait  seulement,  ii  le  declare 
lui-meme,  le  traducteur  d'un  auleur  plus  ancien,  quiavait 
ecrit  la  meme  histoireen  langue  latine  (2).  Toutefois,  quel- 
que  fidele  que  soit  la  version  francaise,  le  traducteur  n'a 
pu  s'interdire  absolument  toute  espece  d'additions,  II  en 
est  deux  entre  autres  qui  le  concernent  personnellement,  et 
qui  pourraient ,  dit  Sainte-Palaye,  donner  une  idee  peu 
avantageuse  de  sa  devotion  ,  et  surtout  de  sa  sobriete.  Jean 
de  Venette  s'exprime  ainsi,  au  sujet  du  vin  des  noces  de 
Cana  (3) : 

Pleusta  Dieu,  pour  raoy  esbatre, 
Qu'eu  tenisse  trois  los  ou  quatre, 
Voire  unc  isdrie  toute  plaine ! 
Si  en  buvroie  k  t^rant  alaine. 


(i)T.  II,  ann.  i348,  p.  216. 

(2)  Mem,  delAcad.  des  Inscv.,  t.  XIII,  p.  522. 

(3)  Ib.,  p.  521. 


xxiv  IJNTRODUCTION. 

Ailleurs  on  lit  les  cinq  vers  suivants  : 

Moult  aise  sui  quant  audio 
Le  prestre  dire  Inprincipio ; 
Car  la  messe  si  est  finee. 
Li  prestres  a  fait  sa  journee, 
Qai  veult  boire  si  puet  aler. 

Dans  un  autre  endroit,  il  rappelie  avec  complaisance  les 
excelients  repas  qu'il  avait  faits  a  la  table  de  Pierre  de 
Nantes ,  eveque  de  Saint-Paul  de  Leon. 

Nous  ne  pretendons  pas  nous  faire  unearme  de  ces  cita- 
tions  pour  attaquer  la  moralite  d'un  moine  mort  depuis  pres 
de  cinq  siecles.  II  nous  suffit  d'avoir  constate  que  Jean  de 
Venette  etait  sensible ,  plus  que  de  raison  peut-etre,  aux 
plaisirs  de  la  bonne  chere  ,  et  que  la  saveur  du  bon  vin  avait 
surtout  pour  lui  un  invincible  attrait.  Si  maintenant  nous 
retrouvons  la  meme  prediiection  bien  caracterisee  dans  le 
dernier  continuateur  de  Nangis,  n'en  serons-nous  pas  en 
droit  de  conclure,  avec  encore  plus  de  raison ,  que  cet  ecrivain 
et  le  poete  Jean  de  Venetle  ne  sont  qu'une  seule  et  meme  per- 
sonne?  Or  ,  le  dernier  conlinuateur  de  Nan^is  montre  a 
plusieurs  reprises  le  tendre  interet,  la  vive  sollicilude  qu'il 
eprouve  pourles  vigneset  pourle  vin.  Peint-illesravages  du 
rigoureux  hiver  de  Tan  i363?  il  n'oubHe  pas  de  noter(i) 
qu'en  beaucoup  d'endroils,  les  vignes  furent  gelees  jusque 
dans  leurs  racines.  Trois  ans  auparavant  les  fruits  avaient  ete 
en  Franced'une  extremerarete;  le  chroniqueurparlevague- 
ment  de la  disette  du ble,  des  cerises  et despommes \  quant  au 
vln ,  il  a  soin  de  nous  apprendre  (2)  qu'une  queue  de  vin 
passable,  cauda  vini  competentis,  se  vendait  a  Paris  plus^e 
aaflorins.En  i362,  le  roideFranceetson  conseilimposerent 
ce  quon  appelait  alors  une  mallole,  sur  toutes  les  denrees 
et  sur  toutes  les  marchandises ;  notre  historien  enonce  d'a- 
bord  le  fait  d'une  maniere  generale  (3);  mais  il  ne  resiste 

(i)  T.  II,  p.  353,  354. 
(2) /6.,  p.  517. 
\3)/i.,  p.  522. 


INTRODUCTION.  xxv 

pas  au  besoin  de  seplaindre  en  particulier  destaxes  enormes 
qui  pesercnt  sur  le  vin  de  Bourgogne  et  sur  le  vin  de  France. 
Voyez  avec  quelle  verve  il  rend  compte  (i)  du  rencherisse- 
ment  des  denrees,  produit  par  rafFaiblissement  de  la  mon- 
naie  en  1 35^  :  «  Le  setier  de  froment,  qu'on  avait  auparavant 
«  donne  pour  douze  sous ,  se  vendait  alors  plus  de  trente 
«  livres  parisis ,  et  les bons  compagnons  ne  pouvaient  obtenir 
«  un  quartaut de  bon  vin  pour  se desalterer ,  s'ils  ne  payaient 
«  pour  cela  vingt-quatre  livres.  »  Ailleurs  (2)  c'est  Tinon- 
dation  des  vignes  qui  porte  la  tristesse  dans  Tame  des  bons 
buveurs ,  tiislitiam  honis  potaloribus  intiilerunt.  Enfin  son 
amour  pour  le  vin  se  montre  plus  clairement  encore  dans 
ce  curieux  passage ,  ou  il  deplore  les  ravages  exerces  par  les 
Anglais  dans  son  paysnatal  (3):  «  Lesvignes,  dit-il,  source 
«  de  cette  liqueur  excellente  et  tant  desiree,  qui  porte  la  joie 
«  dans  le  coeur  de  rhomme,  quce  amoenissimum  illum  de~ 
«  sideratum  liquorem  nnnistrant ,  qui  loetijicare  solet  cor 
«  hominis  ,  les  vignes  ne  furent  point  cette  annee  feconddes 
«  par  les  travaux  des  hommes.  »  Jean  de  \'enette  ,  tout  bon 
buveur  qu'il  piit  etre ,  n'aurait  certainement  pas  mieux  dit ; 
ou  plutot  Jean  de  Venette  et  le  dernier  continuateur  de 
Nangis  ne  sont  qu'un  seul  et  meme  personnage,  aimant  a 
boire,  et  confessant  naivement  celte  faiblesse,  tantot  en  vers 
francais,  tantot  en  prose  latine. 

Jean  de  Venette  dit  Fillons ,  car  le  manuscrit  de  Thistoire 
des  trois  Maries  lui  donne  aussi  ce  surnom,  raconte  lui- 
meme  (4)  qu'etant  age  de  sept  ou  huit  ans,  il  vit,  Tan  i3i5, 
le  commencement  d'une  rude  famine  qui  pesa  deux  ans 
et  demi  sur  la  France^  il  etait  donc  ne  en  iSoy  ou  en  i3o8. 
II  etait,  en  i346,  enferme  dans  les  murs  deParis,  pen- 
dant  que  les  Anglais  incendiaienl  Saint-Germain-en-Laye, 
Rueil,  Nanterre  et  la  tour  de  Montjoie  (5).  Deux  ans  apres, 

(OT.  II,p.  299. 

(2)  Ib  ,  p.  562. 

(3)  7b.,  p.  294. 
(4)/^».,  p.  180. 
(5)  Ib.,  p.  ig8. 


xxvj  INTRODUCTION. 

au  mois  d'aout ,  il  observait  a  Paris ,  avec  beaucoup  d'au- 
tres  religieux  de  son  couvent ,  un  meteore  luniineux , 
qui  annoncait,  selon  lui,  la  fameuse  peste  noire  de  i348. 
Cest  peut-etre  vers  ce  temps,  que  Jean  de  Venelte  fit, 
en  Auvergne  et  en  Provence ,  les  voyages  dont  il  parle 
dans  son  histoire  des  trois  Maries  (i).  Nous  le  retrouvons 
a  Paris  Tan  i356  seuiement.  Les  travaux  de  la  nouvelie 
enceinte  de  la  ville ,  commences  cette  annee ,  se  poursui- 
virent ,  dit-il  (2) ,  sous  ses  yeux  Tannee  suivante  et  encore 
dans  la  suite  ,  anno  sequenti  et  deinceps.  II  assista  Tan  135^ 
a  rassemblee  dans  laquelle  Elienne  Marcel  et  ses  partisans 
prirent  le  chaperon  mi-parti  bleu  et  rouge,  et  comploterent 
le  meurtre  de  quelques  officiers  du  Dauphin  (3).  II  parle  en 
temoin  oculaire  des  precautionsprises,  en  i358,  pour  ne  pas 
troubler  les  sentinelles  qui  veillaient  sur  les  murs  de  Paris, 
dans  la  crainte  des  surprises  de  Tennemi.  «  Cette  annee, 
«  dit-il  (4) ,  il  fut  interdit  a  Paris  dans  toutes  les  eglises  et 
«  dans  tous  les  colleges ,  de  sonner  les  cloches  depuis  la  fin 
«  des  vepres  jusqu'aulendemain  augrandjour....Toutefois 
«  on  continua  de  sonner  chaque  soir  le  couvre-feu  a  Notre- 
«  Dame.  Alors  les  chanoines,  apres  complies ,  chantaient 
«  promptement  les  matines  ,  qu'auparavant  ils  avaient  cou- 
«  tume  de  reciter  plus  devotement  au  milieu  de  lanuit, 
«  apresavoirfait  solennellement  sonner  les  cloches.  »  Notre 
chroniqueur  apprenait  aParis,  en  135^,  les  clauses  du 
honleux  traite  conclu  entre  les  Bourguignons  et  le  roi  d'An- 
gleterre  (5).  Cest  encore  a  Paris,  quun  homme  echappe 
comme  par  miracle  a  rincendie  de  reglise  d'Arpajon  ,  011 
douze  cents  personnes  avaient  cru  trouver,  en  i36"o,  un 
refuge  assure  contre  les  bandes  anglaises ,  fit  connaitre  a 
Jean  de  Venette  les  causes  de  cet  horrible  desastre  (6).  En 

(i)  Mem.  de  VAcad.  des  Inscr.,  t.  XIII,  p.  52 1. 
(2)  T.  II,  p.  246. 
(5)  Ib.,  p.  248. 

(4)  I^-,  P-  279. 

(5)  Ita  narrabatur  Parisius  ubi  erarn  quando  hos  apiccs  describc- 
bani.  T    II,  p.  297. 

(6)  Ib.,  p.  3o6. 


INTRODUCTION.  xxvij 

i364,  ce  meme  Jean  de  Venette  entendit  (i)  la  nuit  une 
troupe  de  brigands,  qui  essayaient,  pendant  que  tout  le 
monde  etait  endormi ,  de  forcer  et  de  piller  une  maison  du 
faubourg  Saint-Germain.  Enfin ,  en  i365,  pendant  que  les 
princes  de  TEurope  ou  leurs  ambassadeurs  etaient  reunis  a 
Avignon  ,  ou  le  pape  Urbain  V  essayait  de  les  decider  a  une 
nouvelle  croisade ,  Jean  de  Venette  entendait  dire  (2)  a  Pa- 
ris  que  Tempereur  Charles  IV  avait  oJQfert ,  pour  cette  sainte 
entreprlse ,  lesdimes  et  la  moitie  des  revenus  de  son  royaume 
de  Boheme. 

Cependant  Jean  de  Venelte  n'etait  pas  tellement  fixe 
dans  son  couvent  de  la  place  Maubert,  quil  nen  sortit 
souvent  pour  faire  des  voyages ,  soit  dans  les  environs  de 
Paris,  soit  dans  des  contrees  plus  lointaines.  II  declare  avoir 
vu  plusieurs  fois  la  tour  de  RoIIeboise  (3) ,  que  les  habitants 
du  pays  detruisirent,  en  i365,  avec  le  consentement  du 
roi,  afin  qu'elle  ne  devint  plus,  comme  elle  Tavait  ete  par 
le  passe,  une  placed'armes  pour  les  ennemis.  Nous  voyons 
dansson  histoiredestroisMaries  (4)qu'il  faisaitdefrequents 
voyages  en  Champagne,  surtout  a  Chalons,  a  Troyes  et  a 
Reims.  Cest  dans  cette  derniere  ville ,  qu'il  vit  et  observa 
la  comete  de  1 368 ,  sur  laqueile  il  a  longuement  discouru  (5). 
La,  s'arrete  la  derniere  continuation  de  Guillaume  de  Nan- 
gis.  Elle  se  termine  par  celte  phrase  remarquable  ;  «  Verum 
nos  de  evetitibus  et  tribulationibus  quce  in  diwei^sis  regni 
Francice  partibus ,  tempore  apparitionis  predictce  stellcB 
cometce ,  quce  sic  isLo  tempore  paschali  et  jam  antea 
per  pauca  tempora  et  deinceps ,  evenerunt ,  sicut  vidi  et 


(i)  Una  nocte  audivi  quod....  aitentanmt  prcedones ,  etc.  JXous 
traduisons  le  mot  audii'i  conime  l'a  tradLiit  Sainte-Palaye,  qiioiqu'on 
put  peut-etre  le  rendre  par  j'ai  cntendu  dire.  Dans  tous  les  cas,  le  sa- 
vant  academicien  s'est  trompe  en  rapportant  ce  fait  a  l'an  i346. 

(2)  Ut  dicebatur  Parisius  dum  ista  scriberentur.  T.  II,  p.  36o. 

(3)T.  II,  p.  358. 

{^) Me'm.  de  1'Acad.  des  Inscr.,  t.  XIII,  p.  Sai. 

(5)T.  II,  p.  378. 


xxviij  IISTRODUCTION. 

veraciter  aiidwi,  hic  cojisequenter  conscribere  ad  futuro- 
nwi  memoriam  dignum  duxi.  »  Puisque  Tauteur  avait 
vu  et  entendu  raconter  les  faits  que  presageait  rapparition 
de  la  comete  ,  il  est  certain  qu'ilavecu  plus  oumoinslong- 
temps  apres  Tan  i368.  Ce  n'est  pourtant  pas  une  raison 
suffisante  pour  croire  qu'ilavait  redige  le  recit  de  ces  faits, 
et  que  s'il  nous  manque  aujourd'hui ,  c'est  uniquement 
parce  que  lesmanuscrits  que  nous  possedons  ne  sont  pas  com- 
plets(i).  II  peut  se  faire  que  la  mort  ait  prevenu  le  dessein 
qu'avait  Jean  de  Venette  de  pousser  sa  chronique  au  dela 
de  i368.En  efFet  cet  historien  n'ecrivait  point,  comme  l'adit 
Sainte-Palaye,  au  fur  et  a  mesure  des  evenements.  Plusieurs 
passages  de  la  chronique  latine  prouventque  la  pUis  grande 
partie  de  cette  chronique  a  ete  redigee  apres  raccomplisse- 
ment  des  faits  qui  y  sont  consignes.  Silen  etait  autrement, 
il  n'aurait  probablement  pas  mele  au  recit  des  evenements 
arrivesdepuis  i34o  jusqu'a  i343,  desfaitsposterieurs  a  cette 
derniere  date,  tels  que  le  combat  des  Trente  en  i35i  ,  la 
bataille  de  Mauron  en  i352 ,  et  la  redemption  de  Charles  de 
Blois  en  i353.  Mais  Jean  de  Venette  previent  lui-meme 
qu'une  partie  de  sachronique  n'a  ete  redigeequ'aprescoup. 
Voici  la  traduction  litterale  d'un  curieux  passage  (2)  qu'on 
lit  a  la  fin  de  Tannee  i345  :  «  Ce  qui  a  ete  dit  jusqu'ici ,  n'est 
«  que  le  commencement  des  faits  surprenants  et  des  maux 
a  qui  arriverent  ensuite  dans  diverses  parties  du  monde , 
«  et  particulierement  en  France.  J'en  rapporterai  la  plus 
«  grande  partie,  ainsi  que  je les  ai  vus  oii  entejida  raconter, 
«  laissant  a  ceux  qui  en  voudront  ecrire  rhistoire  ,  le  soin 
«  d'en  faireun  recit  plus  detaille  et  plus  complet.  Je  ne  veux 
«  en  effet  que  toucher  en  gros  les  evenements  qui  sulvent, 
«  et  je  me  propose  de  fixer  avec  plus  de  cerlitude  la  chro- 
«  nologie  de  ceux  qui  se  sont  passes  sous  mes  yeux.  »  Ainsi 
donc,  a  partir  de  i346,  Tauteur  a  ete  temoin  oculaire  de 

(i)  Celait  ropinioii  de  Sainle-Palaye.  Mdm.  de  l' Acad.  de.s  Inscr  , 
t.  VIII,  p.  57'.i 

(2)  T.  II,  p.  19.3,  196. 


IJNIRODUCTION.  xxix 

plusieurs  dvenemcnts;  nous  avons  vuen  efFelqu'iletait  cette 
annee  meme  a  Paiis  (i)  ,  etqu'il  s'y  trouvaitencoreen  i348. 
II  en  est  d'autres  qu'il  a  seulement  entendu  raconter,  et  que 
par  consequent  il  se  propose  de  loucher  en  gros,  tangere 
ingrosso.  Ceci  confirmerait  ce  que  nous  avons  conjecture 
plus  haut  (2)  que  les  voyages  du  chroniqueur  en  Provence 
et  en  Auvergne  avaient  peut-etre  eu  lieu  de  i349  ^  i356. 
A  Tan  i356,  commence  unnouveau  periode  pendant  lequel 
Jean  de  Venette,  etabli  a  Paris,  au  centre  des  evenements, 
peut  les  juger  par  lui-meme  et  en  fixer  la  chronologle  avec 
une  pius  grande  certitude.  Aussi  est-ce  posterieurement  a 
cette  annee ,  qu'il  a  dii  commencer  a  ecrire  sa  chronique. 
Nous  le  voyons  en  effet  raconter  (3),  a  l'annee  x347,  ^^ 
mariage  de  Philippe  de  Rouvre,  duc  de  Bourgogne  ,  avec 
la  fille  unique  de  Louis  de  Marle  ,  comte  de  Flandre  ,  qui 
eut  lieu  seulement  le  premier  juillet  135];.  Plus  loin  il  nous 
apprend  lui-meme  quil  ecrivait  au  mois  de  mars  iSSp 
(v.  s.  ),  et  ce  fut  prohablement  a  cette  date  quil  redigea 
toute  la  partie  de  la  chronique  qui  concerne  les  temps  ante- 
rieurs.  Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  comparer  le  recit 
des  evenements  survenus  pendant  les  annees  i358et  i359, 
si  developpe ,  si  riche  en  details  de  toutgenre ,  avec  la  seche 
et  breve  narration  qu'on  lit  aux  annees  i343,  i344  6t 
meme  de  i35o  a  i355.  Depuis  ,  la  redaction  fut  encore  in- 
terrompue  ,  et  reprise  apres  les  evenements.  La  maniere 
dont  le  chroniqueur  rapporte  Texecution  de  Pierre  de  Sac- 
quainville  (4),  qui  eut  lieu  en  i364,  prouve  bien  que  ce 
n'etait  plus  un  fait  recent  lorsque  Jean  de  Venette  ecrivait.  De 
meme,  en  parlant,  sous  la  date  de  i363,  du  doyen  Elienne, 
devenu  eveque  de  Paris,  il  ajoute  (5)  que  cet  Etienne  fut 
ensuite  eleve  au  cardinalat  par  le  pape  Urbain  V,  Tan  i368. 


(i)  Ci-dessus,  p.  xxv. 

(2)  Ci-dessus,  p.  xxvj. 

(3)  T.  II,  p.  210,  et  ib.,  not.  i.  Voy.  aussi  p.  297. 

(4>/^,p.  543,  344. 

(5)  Ib.,  p.  326,  327. 


XXX  INTRODUCTION. 

On  peut  (lonc  diviser  la  derniere  continuation  de  Nangis 
en  deux  parties ,  dont  Tune  aurait  ete  ecrite  au  commen- 
cement  de  i36o  ,  et  Taulre  peu  apres  Tan  i368.  Mais  quoi- 
qu'elle  ne  soit  pas,  ainsi  que  Sainte-Paiaye  Tavait  avance,  un 
espece  de  journal  ecrit  jour  par  jour,  elle  n'en  est  pas 
moins  digne  de  confiance.  Cest  loeuvre  dun  contempo- 
rain  ,d'un  homme  qui  a  vu  la  plupart  des  faitsqu'ilraconte , 
qui  tient  les  autres  de  personnes  dignes  de  foi.  Nous  crain- 
drions  de  lasser  la  patience  de  nos  lecteurs,  si  nous  rappor- 
tions  tous  les  passages  ou  il  raconte  devisu,  ou  bien  sur  la 
foi  de  temoins  oculaires;  mais  nous  ne  pouvons  nous  dis- 
penser  de  donner  queiques  preuves  de  sa  bonne  foi  et  de 
son  amour  pour  la  verite.  II  peint,  a  lannee  i358  ,  les  re- 
presailles  terribles  exercees  par  les  nobles  contre  ies  Jacques 
du  Beauvaisis,  le  meurtre  des  paysans,  Tincendie  des  vil- 
lages,  etc.  Les  flammes,  ajoute-t-il,ont  detruit  Verberie  ,  la 
Croix  Saint-Ouen ,  et  beaucoup  dautres  villages  que  je  ne 
mentionne  pas,  parceque  jenelesai  pas  vus  (i).  II  ne  parle 
pasdes  negociationsqui  eurent  lieu  ,  en  i364 ,  entre  Charles 
de  Blois  et  Jean  de  Montfort,  «  parceque,  dit-il ,  je  pour- 
«  rais  m'ecarter  de  la  verite ,  ce  que  je  ne  voudrais  pas 
«  faire  (2).  »  \ient  ensuite  le  recitde  la  bataille  d'Auray,  ou 
Ton  remarquera  cette  phrase  significative  :  «  quant  a  ceux 
«  qui  prjrent  la  fuite  ,  je  n'ai  pas  a  men  occuper  ici ,  carje 
«  manque  a  ce  sujet  de  renseignements  certains  (3).  »  Jean 
de  Venette  montre  la  merae  reserve  a  loccasion  des  eve- 
nements  survenus  en  Bretagne  et  ailleurs  Tan  i363;  «  Je 
«  laisse ,  dit-il ,  le  soin  de  les  raconter  a  ceux  qui  en  sont 
«  mieux  inform^s  que  moi-meme  (4).  »  Et  il  ajoute  aussitot 

(i)  Et  midldi  alicB  villce  campeslres ,  quas  non  vidi  ncc  hic  noto. 
T. II,  p.  265. 

(2)  (^uia  errare  posscm  dcscriptione  vcridica;  quod  non  vellem. 
T.  II,  p.  35i. 

(3)  Defu^itivis  hic  mc  introm.it tere  non  est  cura,  quia  de  lalibus 
non  sum  informatus  plenarie.  Ib.,  p.  552. 

(4)  Ab  aliis  conscribenda  dcrelinquo ,  qui  de  his  plenius  sciuni  ve- 
rilatem.  Ib.,  p.  534 


s 


INTRODUCTION.  xxxj 

cette  phrase  singuliere  et  presque  intraduisible  :  sed  ad  ea 
quce  anno  sequejiti  acciderunt ,  licet  non  ad  omnia  ,  reci- 
tanda,  meverbis  rudibus  applicabo  ruditer,  cum  sim  rudis. 
L'aveu  naif  que  fait  ici  Jean  de  Venette  est  pleinement  jus- 
tifie  par  rincorrection  et  la  rudesse  de  son  style  ,  par  les 
constructions  vicieuses  qui  lui  sont  familieres,  et  les  inter- 
minables  periodes  ou  Tesprit  le  plus  attentif  perd  souvent 
ridee  principale  au  milieu  dune  foule  dincidences.  Aussi , 
D.  Luc  d'Achery,  en  le  comparant  a  Guiliaume  de  Nangis 
et  aux  premiers  continuateurs ,  declare-t-il  que  Jean  de 
Venette  est  de  tous  le  plus  barbare  (i),  Mais  en  revanche, 
combien  sa  maniere  de  comprendre  et  d'ecrire  Thistoire  est 
superieure  a  celle  de  ses  predecesseurs !  Jusqu'a  lui  This- 
toire  n'est  pour  ainsi  dire  qu'un  proces-verbal.  Les  faits  y 
sont  racontes  dans  toute  leur  simplicite ,  sans  autre  liaison 
que  Tordre  chronologique.  Point  de  critique ,  point  de 
commentaires ;  au  lecteur  de  demeler  les  efFets  et  les  causes  , 
de  jugerleshommes,leschoses  ,  les  institutions  :  riiistorien 
semble  mettre  toute  son  ambition  a  se  derober  aux  regards , 
a  se  faire  completement  oublier.  Jean  de  Venette  suit  une 
methode  bien  difFerente.  Sa  plume  independante  et  hardie 
retrace  non-seulement  les  faits  quil  a  vus  ou  qu'on  lui  a 
rapportes,  mais  encore  Fimpression  qu'il  en  a  recue.  II 
discute ,  censure,  approuve  avec  une  egale  franchise,  les 
actes  du  pouvoir ,  les  exces  des  nobles  ,  les  resistances  po- 
pulaires.  Engage  de  coeur  et  d'action  peut-etre  dans  les 
luttes  intestines ,  qui,  de  son  temps  ,  ont  ensanglante  la 
France,  il  porte  dans  le  recit  des  faits  toute  Tindependance 
de  ses  idees,  toute  la  chaleur  de  ses  convictions.  La  passion 
lui  tient  lieu  de  talent  et  de  style;  et  pour  la  premiere  fois, 
sous  la  grossiere  enveloppe  de  la  latinite  du  moyen  age, 
rhistoire  s'anime  ,  se  colore ,  revet  enfin  une  allure  drama- 
tique  jusqu'alors  inconnue. 

Cest  surtout  en  saqualite  d'historien  de  parti,  que  Jean 

(i)  'Spicil.,  i"  edition,  t.  XI,  Preface,  p.  lo. 


xxxij  INTRODUCTION. 

de  Venette  s'ofFre  a  nous  comme  un  curieux  sujet  d'etude.  II 
appartenait  probablement  par  sa  naissance ,  et  tres-certaine- 
ment  par  ses  affections,  a  la  classe  la  plus  nombreuse  de  la 
societe,  a  celie  du  petit  peuple.  II  accepte  comme  un  defi  le 
sobriquetde  JacquesBonhomme,  appliqueparla  noblesse  ala 
population  des  campagnes  (i),  et  Jacques  Bonhomme  devient 
aussitot  robjet  de  toule  sa  sollicitude-,  il  n'a  de  larmes  que 
pour  lesmiseresdupeuple  (2),  d'eIoges  quepour  ses  vertus, 
de  chants  que  pour  ses  Iriomphes.  Apres  avoir  rapporte  le 
traite  de  paix  conclu  en  i^og  entre  le  regent  et  le  roi  de 
Navarre ,  Jean  de  Venette  poursuit  en  ces  termes  (3)  :  «  Me- 
«  contents  de  cette  paix ,  les  Anglais  s'efforcerent  de  faire 
«  encore  pkis  de  mal  a  la  France-,  mais  leurs  desseins  ne 
«  reussirentpastoujoursaussiheureusementquilsrauraient 
«  desire;  car,  avec  la  permission  du  Seigneur ,  ils  eurent 
«  le  dessous  dans  plusieurs  coriibats  particuliers.  Jen  veux 
«  rapporter  un  ici,  tel  que  je  Tai  appris  par  des  temoins 
«  dignes  de  foi ,  et  je  le  fais  d'autant  plus  volontiers ,  que 
«  Taffaire  s'est  passee  pres de  l'endroit  ou  je  suis  ne,  et qu'elle 
«  a  ete  rondement  espedieepar  JacquesBonhomme,  etfuit 
«  negotium  per  insticos ,  seu  Jacque  Bonhomrne,  strenue 
«  expedituni.  »  Tel  est  le  debut  d'un  episode  eminem- 
ment  dramatique,  011  Jean  de  Venette  a  consacre  tout  le 
feu  de  son  imagination ,  toute  la  verve  de  sa  barbare  elo- 
quence ,  a  immortaliser  rinvincible  courage,  la  hache  vic- 
torieuse  et  la  mort  heroique  du  paysan  Guillaume  FAIouette 
et  de  son  valet  Grandferre  (4)-  Essayons  donc  de  nous  rendre 
un  compte  exact  et  precis  des  idees  politiques  de  Jean  de 
Venelte  5  nous  apprendrons  par  la  quelle  etait,  au  qua- 
torzieme  siecle,  la  direclion  des  esprits  dans  la  classe  nom- 
breuse  dont  il  est  a  la  fois  le  defenseur  et  le  representant. 


(i)T.  II,  p.  238,  288. 

{1)  Ib.,  p.  262,  280,  2g3,  294,  elpassim. 

(3)  Jb.,  p.  287,  288. 

(4)  Voy.  Vllist.  de  Fr.  de  M.  Michelet,  t.  III,  p-  4'9  et  suiv. 


INTRODUCTION.  xxxiij 

Sainte-Palaye ,  et  d'apres  lui  Secousse  (i)  ont  considere  le 
dernier  continuateur  de  Nangis  comme  un  partisan  du 
roi  de  Navarre.  D'un  autre  cote,  les  violentes  declama- 
tions  de  ce  chroniqueur  contre  le  regent  et  la  noblesse  ,  ses 
plaidoyers  chaleureux  en  faveur  du  peuple  et  des  paysans , 
lui  ont  donne  de  nos  jours  la  reputation  d'un  democrate. 
Ces  deux  jugements  sonttrop  absolus. 

Charles  le  Mauvais ,  roi  de  Navarre ,  aspirait  au  trone  de 
France;  il  etait,  au  vu  et  au  su  de  tout  le  monde ,  rennemi 
personnel  du  roi  Jean  ,  et  rallie  secret  de  TAngleterre. 
Voyons  quelles  etaient  les  dispositions  de  notre  chroniqueur 
envers  le  roi  Jean  ,  envers  les  Anglais ,  envers  le  roi  de  Na- 
varre  lui-meme.  A  rentendre  (2),  le  roi  Jean  combaltit  a 
Poitiers  avec  une  telle  intrepidite,  que  si  son  exemple  eiit 
ete  suivi  par  les  chevaliers  et  par  les  nobles,  Tarmee  fran- 
caise  aurait  remporte  une  glorieuse  victoire.  En  i358, 
lorsque  le  prevot  de  Paris  et  les  bourgeois  sentirent  qu'ils 
avaient  encouru  la  colere  du  regent  et  de  ses  officiers,  ils 
confierent  au  roi  de  Navarre  la  defense  de  la  ville  contre 
tous  leurs  ennemis ,  excepte ,  dit  le  chroniqueur  (3j , 
conlre  le  roi  Jean  qui  etait  prisonnier  en  Anglelerre.  Deux 
ans  apres,  les  Parisiens ,  dit  Jean  de  Venette  quipartageait 
leurs  sentiments ,  soupiraient  avec  ardeur  apres  le  retour  du 
roi  qu'ils  jugeaient  seul  capable  de  reprimer  les  exces  de  Ui 
noblesse  ,  d'exlerminer  les  hrigands ,  et  de  retablir  la  siirete 
des  communications  (4). 

Est-il  necessaire  de  prouver  la  haine  que  portait  aux  An- 
glais  le  dernier  continuateur  de  Nangis ?  II  faudrait  pour  cela 
reproduire  ici  sa  chronique  tout  entiere.  La  haine  y  respire 
a  chaque  Hgne ,  et  cette  passion  a  deux  objets;  les  nobles 
francais  d'abord ,  ensuite  les  troupesanglaises.  Jean  deVe- 


(i)  Hist.  de  Charlcs  le  Mam\,  t.  I,  p.  47. 
(2)  T.  II,  }5.  240. 
(5)  Ib.,  p.  259. 

(4)  Ib.,  p.  5i4,  5i5. 
I. 


xxxiv  IJNTRODUCTION. 

nette  ne  put  toujours  ignorer  la  connivence  des  rois  de  Na- 
varre  et  d'Anglelerre,  et  ce  n'est  peut-etre  pas  sansdessein 
que  dans  le  discours  qu'il  fait  tenir  a  Charles  leMauvais, 
quand  ce  prince  va  trouver  le  regent,  en  iSSp,  pour  con- 
ciure  une  paix  definitive ,  il  a  place  ce  serment  remarqua- 
ble :  «  Je  veux  desormais  etre  un  bon  Francais ,  votre  ami 
«  fidele  ,  et  votre  aide  intime  ,  votre  defenseur  contre  les 
(c  Anglais  et  contre  tous  vos  ennemis(i). »  On  sait  comment 
le  roi  de  Navarre  tenait  ces  belles  promesses.  Aussi  Jean  de 
Venette  qui  avalt  commence  par  lui  etre  favorabie,  changea- 
t-il  bientot  de  sentiments  a  son  egard. 

Si,  apres  le  meurtre  du  connetable  Charles  d'Espagne , 
en  i354,  Charles  le  Mauvais  rentra  promptement  dans  les 
bonnes  graces  du  roi  Jean  ,  c'est ,  dit  notre  chroniqueur  (2) , 
parcequ'i7  etait  alors  aimable  pour  tous ,  et  cheri  de  tous. 
Mais  il  ne  Tetait  donc  plus  au  moment  ou  Jean  de  Venette 
ecrivait.  Cet  historien  s'exprime  a  peu  pres  de  la  meme 
maniere  au  sujet  dEtienne  Marcel,  a  la  date  de  iSS^:  le 
prevot  des  marchands ,  dit-il  (3) ,  alors  plein  de  sollicitude 
pour  les  interets  publics ,  etc.  Ces  deux  phrases  sont  a  nos 
yeux  une  preuve  nouvelle  que  toute  la  premiere  partie  de  la 
chronique  de  Jean  de  Venette  a  ete  ecrite  posterieurement 
a  Tan  1 358 ,  epoque  ou  la  trahison  de  Marcel  et  du  roi  de  Na- 
varre  devint  evidente  a  tous  les  yeux.  Cette  trahisou  ,  notre 
chroniqueur  necherchepas  aiadissimuler.  II  attribue  au  roi 
deNavarre  le  ravagedesenvirons  deParisen  i358,  rincendie 
de  Saint-Lazare,  de  Saint-Laurent,  des  greniers  du  Lendit 
et  de  Saint-CIoud.  Bientot  il  recherche  quel  etait  le  secret 
espoir  qui  gouvernait  la  conduite  de  ce  prince  turbulent  et 
sansfoi,  et  celle  de  ses  partisans.  Le  roi  de  Navarre,  dit- 
il  (4),  aspirait  de  toutes  ses  forces  a  la  couronnede  France , 


(i)T.  II,p.  a86. 
(2)  Ib.,  p.  229. 
(5)  Ib.,  p.  247. 
(4)  Ib.,  p.  269. 


INTRODUCTION.  xxxv 

ad  hoc  totis  viribus  anhelahat  ,•  et  ce  fut  pour  se  soustraire 
a  la  vengeancfe  du  regent,  morlellement  irrile  du  meurtre 
de  Robert  de  Clermont  et  du  marechal  de  Champagne, 
qu'Etienne  Marcel  et  ses  adherents  favoriserent  les  projets 
ambitieux  de  Charles  le  Mauvais,  en  essayant  d'ouvrir  a  ce 
prince  les  portes  de  Parls.  On  connait  Tissue  de  cette  ten- 
lative  (i).  Jean  de  Venette  peint  naivement  Tallegresse  que 
repandit  dans  Paris  la  nouvellede  la  mortde  Marcel.  Ceux 
qui  le  matin  prenaient  les  armes  contre  le  regent,  le  soir  se 
montrent  tous  prets  a  le  recevoir  comme  ieur  seigneur  et 
maitre.Les  ruesretentissentdacclamationsen  son  honneur, 
et  cliacun  se  hate  de  cacher les  chaperons  bleus  et  rouges  dont 
tout  a  rheure  on  faisait  parade.  Le  lendemain  on  procede 
avec  rigueur  contre  les  partisans  du  prevot,  et  Tun  d'eux 
s'ecrie  en  marchant  au  supplice:  «  Helas!  6  roide  Navarre, 
«  pliita  Dieu  que  je  ne  teusse  jamais  ni  vu  ni  entendu !  « 

On  le  voit ,  si  Jean  de  \enette  avait  jamaisete  le  partisan 
de  Charles  le  Mauvais,  il  etait  bien  revenu  de  ses  premieres 
affections.  Aussi  ne  peut-il  dissimuler  la  joie  que  iui  cause 
la  defaite  du  caplal  de  Buch  et  de  Tarmee  navarraise  a  Co- 
cherel ,  en  i364  (a). 

Cest  peut-etre  avec  un  peu  plus  de  fondement  qu'on  at- 
tribue  au  dernier  conlinuateur  de  Nangis  des  idees  et  des 
sentiments  democratiques  •,  mais  il  nefaut  pas  semeprendre 
sur  la  portee  de  ces  sentiments  et  de  ces  idees.  Les  Fran- 
cais,au  quatorzieme  siecle,  elaient  bien  moins  exigeants 
qu'ilsne  ie  sont  aujourdliui.  Ainsi  Jean  de  Venette  qui  at- 
tachait  aux  Etats  generaux  une  bien  haute  importance , 
puisqu'ii  considere  (3)  ia  dissoiution  des  Etats  de  i356 
comme  ia  cause  de  tous  les  desordreset  de  lous  lesmalheurs 
qui  arriverent  cette  annee,  Jean  de  Venette  ne  soupconnait 
meme  pas  que  le  peupie  piit  jamais  rien  pretendre  dans  ia 

(i)  Voy.,  dans  la  Bihl.  de  lEcole  des  Chnrtes,  t.  I,  le  curieux  Me- 
moire  de  M.  Lacabane  Sur  la  mort  dEticnne  Marccl. 

(2)  T-  n,  p.  545. 

(5)  Ib..  p.  244  et  suiv. 


15XXV3  INIRODUCTION. 

souverainete.  Ses  cleclamations  perpetuelles  conlre  le  re'gent 
et  la  noblesse  ont  pu  faire  croire  qu'il  en  voulait  au  prin- 
cipe  meme  du  pouvoir*,  mais  en  examinant  avec  attenlion 
les  motifs  de  sesemporlements,  on  se  convaincra  aisement 
du  contraire.  Apres  la  bataille  de  Poitiers,  dit  le  chroni- 
queur  (i),  le  fils  aiiie  du  roi,  Charlesduc  deNormandie  fut 
recu  avec  honneurparlesParisiens,  quela  prisedu  roi  avait 
consternes.  Tout  le  peupleesperaitque  le  duc  Charles  ferait 
ses  efForts  pour  procurer  le  retour  de  son  pere ,  d'ou  de- 
pendait  Ic  salut  du  pays.  Les  trois  Etats  se  reunirent  donc  et 
offrirentau  duc  de  lui  fournirtrente  mille  hommesd'armeS;, 
entretenus  aux  frais  des  villes  du  royaume ,  s'il  voulait  passer 
en  Angleterre,  et  en  ramener  le  roi  Jean.  Le  regent  ac- 
corda  peu  d'attention  a  ces  offres,  hoc  lotum  Jieglexit,  et 
aussilot  il  partit  pour  aller  a  grands  frais  a  Metz ,  visiter  son 
oncle  Charles  roi  de  Boheme  et  empereur  des  Romains. 
Au  relour  du  regent,  les  trois  Etats  se  reunirent  encore  a 
Paris  5  raais  ils  ne  tarderent  pas  a  se  dissoudre ,  parce  que  les 
nobles  refuserent  de  prendre  part  a  une  contribution  que 
s'etaient  imposeele  clerge  et  la  bourgeoisie.  Alors  les  affaires 
prirent  une  tournure  deplorable ,  les  brigands  se  repan- 
direntdans  tout  le  pays;lesnobles  commencerent  amontrer 
leur  haine  et  leur  mepris  pour  les  autres  classes.  S'inquie- 
tant  peu  des  interets  du  roi  et  des  sujets ,  ils  se  mirent  a 
opprimer  et  a  depouiller  les  habitanls  des  campagnes;  au 
lieu  de  lesdefendre  contre  rennemi,  ils  leur  faisaient  le  plus 
de  mal  possible ,  et  s'emparaient  violemment  de  leurs  biens. 
Du  leste,  il  elait  clair  a  tous  les  yeux  que  le  regent  se  met- 
tait  peu  en  peine  de  tous  ces  exces. 

II  serait  inulile  de  repeter  ici  toutes  les  violentes  de- 
clamations  de  Jean  de  Venette  contre  la  noblesse;  le  fond 
en  est  loujours  le  meme.  II  accuse  les  nobles  de  depenser 
au  jeu  ,  a  lapnrure,  largent  des  tailles  etdes  impots  qui  leur 
cst  distribue  pour  defendre  le  royaume  (2).  II  les  compare, 

(i)  T.  II,  p.  •i.l^'!  et  suiv. 

(i)  Ib.,  p.  204,  2o5,  2^7  et  passim. 


liNTRODUCTION.  xxxvij 

eux  qui  etaieiit  obliges  par  etat  a  proteger  le  pays,  qui  pa- 
triam  defensare  tene.hajitur,  il  les  compare  aux  Anglais, 
les  eiinemis  naturels  de  la  France  •,  et  la  comparaison  n'est 
pas  a  lavantage  de  la  noblesse  francaise-,  car  celle-cifavo- 
risait  sous  main  les  brigands  qui  desolaient  les  campagnes, 
tandis  que  les  garnisons  anglaises  faisaient  prompte  et  rude 
justice  de  ceux  qui  tombaiententre  leurs  m^^ains  (i).  Cest  la 
le  grief  capital  de  notre  historien  contre  les  nobles  de  son 
epoque^ilsetaientdevenus,  selonbji,  lespluscruelsennemis 
de  ceux  qui  devaient  compter  sur  leur  protection,  Dans  ce 
renversement  complet  desrelations  ^ociales  se  verifiait,  dit- 
il  (2) ,  la  fable  du  chien  et  du  loup.  II  y  avait  en  efFet  autre- 
fois  un  chien  tres-fort,  dans  lequel  son  maitre  avait  pleine 
confiance,  esperant  quil  defendrait  vigoureusement  ses 
brebis  contre  les  attaques  du  loup-,  et  ce  fut  ce  qui  arriva 
plusieurs  fois.  Enfin,  avec  le  temps,  le  loup  devint  Fami 
intime  du  chien  qui  lui  dit  alors  dattaquer  sans  crainte  et 
d'enlever  les  brebis,  ajoutant  que  lui  chien  ferait  semblant 
de  le  poursuivre  aveczele,  comme  pour  reprendre  la  brebis 
et  la  rendre  a  son  maitre.  Mais  lorsquils  furentrun  et  lau- 
tre  pres  du  bois  et  loin  des  yeux  du  berger ,  ils  devorerent 
ensemble  la  brebis  lout  entiere.  Cette  manoeuvre  se  re- 
nouvela  souvent;  et  toujours  le  chien  recevait  les  eloges  du 
maitre,  qui  etait  persuade  qu'en  courant  apres  le  loup,  le 
fidele  animal  avait  fait  son  possible  pour  sauver  la  brebis. 
Ce  fut  ainsi  que  ce  chien  maudit  sut  deguiser  sa  malice-,  et 
il  fit  si  bien  a  la  fin  ,  quaide  par  son  compagnon  ,  il  devora 
frauduleusement  et  mechammenl  toutes  les  brebis  de  son 
maitrfe. 

Cet  apologue  suffit  pour  mettre  dans  tout  son  jour  la  ve- 
ritablepensee  de  Jean  de  Venette.  II  ne  revait  pour  le  peuple, 
objet  de  ses  predilections ,  aucune  autorile ,  aucun  droit, 
aucune  prerogative.  Les  corvees  ,  les  tailles,  les  impositions 

(i)  T.II,  p.  3i3. 
{2)  Ib.,  p.  328,  329. 


xxxviij  IKTRODUCTION. 

etaient  a  ses  yeux  autant  crobligations  sacrees  ,  auxquelles 
il  fallait  sesoumettre  sans  murmure.  Mais  racquittement  de 
ces  obligations  donnait  droit  au  peuple  de  travailler  avec 
securite ,  et  de  jouir  en  paix  des  fruits  de  son  travail.  Et 
c'est  pour  navoir  pas  entretenu  la  securite  dans  les  cam- 
pagnes ,  pour  navoir  pas  protege  les  populations  contre 
rinvasion  etrangere,  pour  avoir  pille  les  petits  au  lieu  de 
les  secourir ,  que  les  nobles ,  defenseurs-nes  du  pays  aux 
yeux  de  Jean  de  Venette  ,  ont  encouru  toute  son  indigna- 
tion.  Cest  pour  n^avoir  pas  reprime  les  abus  de  sa  noblesse, 
que  le  regent  lui  a  paru  digne  detre  severement  blame, 
malgre  l'autorite  presque  royale  dont  il  etait  revetu. 

Des  pretentions  aussi  modestes,  aussi  conformesaux  lois 

et  aux  usages  du  temps,  ne  pourraient  valoir  a  Jean  de  \  e- 

nette  le  titre  d'ecrivain  democrate.  Les  idees  qu'il  professe 

sont  celles  qui  donnerent  naissance  a  la  Jacquerie  •,  or  la 

Jacquerie  ne   fut  pas  une  revolution  politique ,   mais  une 

vengeance.  Toutefois  Jean  de  Yenette  n'ose  Tapprouver.  II 

appelle  Tinsurrection  des  paysans  du  Beauvaisis  une  sotte 

affaire,  fatuum    negotium;  un  exces  monstrueux,  mons- 

truosum  negotiam.  Malgreson  aversion  pour  la  noblesse,  et 

quoiqu'il  avoue  que  Finsurrection  des  Jacques  etait  au  fond 

legilime  ,  il  ieur  refuse  positivement  le  droit  de  se  faire 

justice  par  eux-memes,  et  aurait  voulu  que  la  punition  des 

iiobles  prevaricateurs  emanat  de  Dieu  meme  ou  de  rauto- 

rite  royale.  De  plus  ,  il  ne  peut  voir  sans  douleur  les  depor- 

tementsdespaysans  revoltes  ,  les  dames  noblesviolees.leurs 

ejifants  massacres,  les  chdteaux  pilles  et  devasles  (i)JCette 

critique  inaltendue  dun  mouvement  populaire  si  coifforme 

aux  opinions  de  Jean  de  \enette,  a  son  origine  dans  une 

remarquable  moderalion  d'esprit  dont  les  ecrits  de  cet  his- 

lorien  fourniraient  plus  dune  preuve :  nousen  rapporterons 

une  seule.  La  haine  que  Jean  de  \enetle  avait  concue  pour 

tous  les  nobles  en  general,  s'etendait  aux  anciens  officiers 


i)  Vov.  t.  ir,  p.  a65,  264. 


INTRODUCTION.  xxxlx 

du  roi  Jean  devenus  les  conseillers  du  regenl  duc  de  Nor- 
mandie.  Cependant  lorsqu'il  entend  le  prevot  Etienne  Marcel, 
quil  croyait  pourtant  plein  de  soUicitude  pour  le  bien  du 
pays,  projeterle  meurtredequelques-unsd'entrecesconseil- 
lers  ,  il  s'ecrie  aussitot  (i)  :  Pliita  Dieuqu'un  telprojet  n'eut 
jamais  ete  mis  a  execution  !  II  fait  Teloge  des  trois  victimes 
de  lavengeance  populaire,  vengeance  qu'il  appelle  un  crime, 
nefas ,  flagiliuin ,  et  dont  la  punition  lui  semble  un  juste 
decret  de  la  Providence.  Mais  comment  concilier  cette  mo- 
deration  avec  la  baine  violente  que  Jean  de  Venetle  montre 
a  tout  instant  contre  le  corps  entier  dela  noblesse?  Nous  ne 
voyons  a   ce  probleme  quune  solution  probable.  Jean  de 
Venette  fortement  altacbe  au   parti  populaire  ,  devait  de- 
tester  de  toutes  ses  forces  une  aristocratie  ambilieuse  ,  avide 
et  oppressive;  il  eioxi  Jacque  au  fond  du   coeur ,  et  sa  joie 
aurait   eclate   sans  contrainte  s'il   eut  vu   les  ennemis  du 
peuple  aneantis  par  un  fleau  surnaturel,  ou  ecrases  legiti- 
mement  par  une  puissance  bumaine.  Mais  son  caractere  re- 
ligieux ,   mais    les  principes   de   soumission,   d'bumanite, 
dordre  et  de  justice  qu'il  avait  du  puiser  dans  Teducation 
monastique  ,  ne  lui  permettaient  pas  d'approuver  une  insnr- 
rection  illegale  et  des  violences  criminelles ,  que  rien  ne 
pouvait  excuser.  Telle  est  a  notre  avis  la  cause  reelle  des 
contradictions  de  Jean  de  Yenette.  II  y  avait  en  lui  deux 
hommes  parfaitement  distincts  ,  le  proletaire  et  le  moine ; 
Tun  qui  fletrissait  energiquement  la  cupide  et  tyrannique 
oppression  de  la  noblesse,  Tautre  qui  condamnait  en   ge- 
missant  les  sanglantes  represailles  des  populalions  rurales. 
Qu'on  Taccuse,  si  Ton  veut,  de  n'avoir  pas  eu  lecourage  de 
ses  convictions;  nous  serons  envers  luimoins  severe.  L'exa- 
men  auquel  nous  venons  de  nous  livrer ,  nous  suggere  au 
contraire  une  derniere  remarque  tout  a  Tavantage  de  notre 
cbroniqueurj  c'est  qu'en  sacrifiant  a  Tamour  de  Tordre  et 
de  Tequite  la  passion  qui  le  domine  ,  il  prouve  quil  j)ouvait 

(i')T.II,  p.  247,  248. 


xl  TNTRODUCTION. 

faire  sans  efFort  le  meme  sacrifice  a  Tamour  de  la  verite. 
Cette  consideration  doit  ajouter  encore  ,  s'il  est  possible ,  a 
rimportance  et  a  Tautorite  de  son  temoignage. 


DEUXIEME   PARTIE.    - 

Des  editions  et  des  manuscrits  de  la  Chronique  de  Guillaume  de  Nangis. 

Le  lexte  de  Guiliaume  de  Nangis  n'etant  pas,  dans  cette 
quatrieme  edition  ,  parfaitement  conforme  aux  textes  prece- 
demment  publies,  il  importe  non-seulement  d'expliquer, 
mais  encore  de  justifier,  sil  est  possible ,  cette  difference. 
Pour  atleindrc  ce  but,  nous  serons  obligesd'examineravec 
quL'lques  details  les  oditions  precedentes,  de  faire  connaitre 
les  documents  nouveaux  dont  cbaque  editeur  a  fait  usage, 
et  les  ressources  dont  nous  avons  pu  disposer  nous-merae. 

MM.  les  editeurs  du  vingtieme  volume  des  Hisloricns  de 
France  ont  pense  que  d'Acbery,  croyantfaire  la  premiere 
edition  de  Guillaume  de  Nangis,  d'apres  le  manuscrit  de 
Saint-Germain  des  Pres,  ne  s'etait  en  realite  servique  d'une 
copie  fautive  de  ce  manuscrit  (i).  Cependant  on  lit  dans  la 
preface  du  onzieme  volume  du  Spicilege  :  u  Depuis  dix-huit 
«  ans(2),  la  plupart  des  ('rudits  et  des  amateurs  de  notre 
«  histoire,  m'ont  souvent  engage  a  publier  enfin  la  chro^- 
«  nique  de  Guillaume  de  Nangis  et  ses  continuations,  qui  ne 
«  se  trouvent  nulle  part  ailleurs  que  dans  la  bibliotheque 
«  de  Saint-Germain  des  Pres.  Mais  j'ai  toujours  Ae  de- 
«  tourne  de  ce  dessein  par  lc  penible  travail  quexigeait  la 
«  correction  des  fautes  et  des  erreurs  dont  fourmille  le  ma- 
«  nuscrit.  Cbarles  Bultcau  secrelaire  du  roi ,  aussi  zele  pour 
«  riiistoire  qu'babile  dans  cette  science  ,  ajoint,  pour  me 
«  persuader,  reloquence  de  scs  bons  ofFices  a  celle  de  ses 
«   discours.  II   m'a   decide  a  inserer  dans  le  Spicilege  les 

(i)  Ilist.  dc  Fr.,  t.  XX  ,  pieface,  p  54-56. 
{■i)  Si)icil.,  i"'  edition,  t.  XT,  preface ,  p.  i5. 


INTRODUCTION.  xlj 

«  continuations  de  Nangis;  et  pour  m'cncourager  a  entre- 
«  prendre  cette  tache,  il  les  a  fait  transcrire  a  ses  frais 
«  malgre  leur  loiigueur,  et  m'a  liberalement  cede  sa  copie 
«  dont  j'ai  fait  usage  pour  celte  edition.  »  Est-ce  ia  cette 
copie  fautive  dont  parlent  MM.  les  editeurs  du  vingtieme 
volume  des  Historiens  de  France?  Elle  manque  en  effet 
d'esactitude  en  quelquesendroits;  car  la  premiere  edition  , 
faite  dapres  cette  copie ,  n'est  pas  toujours  conforme  a  Tan- 
cien  Ms.  de  Saint-Germain ,  conseive  aujourd'hui  a  la  Bi- 
bhotheque  royale  sousle  n°  435.  Mais  ce  n'est  pas  un  molif 
suifisant  pour  penser  que  ce  Ms.  soit  reste  inconnu  a  D. 
Luc  d'Achery.  Lui-meme en  fait  la description et  rhistoire(i) 
et  se  plaint,  comme  on  Ta  vu,  des  incorrections  dont  il  est 
rempli.  Qui  mieux  que  lui  dailleurs  aurait  pu  le  connaitre.^ 
Le  Ms.  n"  435,  grand  in-f°  sur  papier ,  donne  par  Philippe 
de  Lautier ,  directeur  general  des  finances,  a  Jacques  du 
Rreuil,  benedictin  de  la  congregation  de  Saint-Maur  de- 
cede  en  16 14,  etait  rcste  depuis  cette  epoque  dans  la  bi- 
bliotheque  de  Saint-Germain  des  Pres.  Vers  Tan  i64o?  la^ 
direction  de  cette  bibhotheque  fut  precisement  confiee  a 
D.  Luc  d'Achery ,  qui  rangea  les  livres  en  tres-bon  ordre, 
en  drcssa  des  cataLogues  exacts ,  et  augmenla  la  collec- 
tion  de  plusieurs  excellents  ouvrages  (2).  Le  Ms.  de  Nangis 
avait  donc  passe  sous  les  yeux  de  d'Achery  treize  ans  environ 
avant  rirapression  du  premiervolume  du  Spicilege,  et  plus 
de  trente  ans  avant  qu'il  se  decidat  a  mettreau  jour  la  chro- 
nique  de  Guillaume  de  Nangis  (3).  On  ne  disconviendra  pas 
lion  plus  sans  doute  que  la  bibliotheque  de  Saint-Germain 
des  Pres  ne  fiit  parfaitement  connue  a  D.  Mabillon ,  qui  a 
aide  d'Achery  dans  l'edition  des  sept  derniers  volumes  du 
Spicilege.  Mais  peut-on  admettre  que  ces  deux  judicieux 

(i)  SpiciL,  t.  XI,  preface,  p.  11. 

(2)  Hist.  litteraire  de  la  Congr.  de  Saint-Maur,  p.  104. 

(3)  Le  premier  voliime  du  Spici/ege  fut  imprime  en  i655 ,  et  le  on- 
zieme,  qui  renferme  Guillaume  de  Nangis  et  ses  continuateurs,  en 
1672 


xlij  INTRODUCTION. 

editeurs  ,  ces  deux  gloires  de  la  congr^gation  de  Saint-Maur , 
aient  imprime  une  copie  fautive  d'un  Ms.  de  Saint-Germaiu  , 
sans  connaitre  ,  sans  conaulter  le  Ms.  original  qu'ils  avaient 
constamment  a  leur  disposition  ,  et  qu'eux  seuls  avaient  pu 
communiquer  a  lauteur  de  la  copie? 

La  premiere  edition  de  Guillaume  de  Nangis  et  de  ses 
conlinuateurs  a  donc  ete  faite  d'aj)resle  manuscritde  Saint- 
Germain ,  et  d'apres  ce  manuscrit  seul.  Sainte-Palaye  s'est 
trompe  en  disant  (i)  que,  pour  le  dernier  continuateur, 
d'Achery  avait  confere  plusieurs  manuscrits  differents;  le 
savant  benedictin  declare  lui-meme  n'avoir  eu  qu'un  seul 
manuscrit,  et  la  description  qu'il  en  fait  s'applique  fort 
bien  au  volume  de  la  Bibliolheque  royale  cole  S.  Ger- 
main  4^5.  II  est  d'unemauvaise  ecriture,  qui  date  du  quin- 
zieme  siecle.  Les  nombreuses  erreurs  du  copiste  ontsou- 
vent  exerce  la  sagacite  du  premier  edileur,  qui  tantot  a 
retabli  les  mots  ou  les  passages  defigures  sans  en  prevenir 
le  lecteur,  et  tantot  a  propose  ses  corrections  ala  marge  du 
texte.  On  doit  dire  que  la  plupart  de  ces  corrections  sont 
justifiees  par  les  manuscrits  plus  anciens  et  plus  corrects 
qui  ont  ete  decouverts  depuis.  D'Achery  a  imprime,  dans 
le  treizieme  volume  du  Spicilege,  quelques  variantes  recueil- 
liespar  Jacques  de  Launoy  dans  un  manuscrit  deGuillaume 
deNangis,appartenantalorsarabbayedeCiteauxetconserve 
aujourdhui  dans  la  bibliotheque  deDijon.  Ce  volume  etait 
moins  ancien  peut-etre  que  celui  qui  a  servi  pour  Tedition 
originale,  puisquil  avait  ete  ecrit  par  ordre  de  Jean  de 
Circey  ou  de  Cirey,  quarante-deuxieme  abbede  Citeaux  (a), 
c'est-a-dire  entre  les  annees  1476  et  i5oi. 

La  deuxieme  edition  de  la  chronique  de  Guillaume  de 
Nangis ,  faite  par  L.-Fr.-J.  de  La  Barre ,  n'est,  a  peu  de 
chose  pres ,  qu'une  reimpression  de  la  premiere.  De  la 
Barre  n'a  connu  aucun  nouveau  manuscrit^  il  est  meme 


(i)  M&tn.  clelAcad.  des  Inscr.,  t.  Vltl,  }).  569. 
{•}.)  Spicil ,  in-fol.,  t.  III,  ])reface. 


TNTRODUCTION.  xlUj 

douteux  qu'ilait  eu  souverit  recoursa  celuidont  le  premier 
editeur  avaitfait  usage.  On  lui  a  fait  honneur(i)  de  certaines 
ameliorations  qu'il  aurait  introduites  dans  le  texte  de  Nan- 
gis ,  d'apres  un  ancien  manuscrit  ou  se  lisait  V Histoire  des 
consu/s  d'Angers.  Mais  en  parcourant  avec  un  peu  d'atten- 
tion  la  preface  de  de  La  Barre  (2),  011  sont  imprimees  toutes 
les  variantes  tirees  du  manuscrit  en  question,  on  s'apercoit 
bien  vite  qu'elles  ne  concernent  aucunement  la  chronique 
de  Guillaume  de  Nangis,  ni  les  continuations  de  cette  chro- 
nique,  mais  bien  un  autre  ouvrage  entierement  different; 
savoir  :  THistoire  des  comtes  d'Angers  ,  Gesta  consulum 
andegavensiuin ,  imprimee  aux  pages  234  et  suivantes  du 
troisieme  volume  du  Spicilege,  immediatement  apres  la 
chronique  de  Guillaume  de  Nangis  et  celle  de  Nicolas 
Trivet  (3).  Les  ameliorations  introduites  par  de  La  Barre 
dans  la  deuxieme  edition  de  Nangis  se  bornent  donc  a  l'in- 
tercalation  de  quelques  rares  passages  empruntes  au  ma- 
nuscrit  de  Citeaux.  Du  resle ,  il  a  supprime  toutes  les  cor- 
rections  marginales  de  dAchery ,  et ,  loin  d'ameliorer  le 
texte  ,  il  y  a  introduit  un  grand  nombre  de  fautes  dim- 
pression  ,  qui  le  deparent  et  qui  en  alterent  parfois  le  veri- 
table  sens. 

La  troisieme  edition  ,  due  aux  soins  de  MM.  Daunou  et 
Naudet,  ne  s'etend ,  comme  nous  lavons  dit ,  que  jus- 
qu'a  Tan  i328,  le  reste  des  continuations  ayant  ele  re- 
serve  pour  le  volume  de  la  collection  qui  ouvrira  la 
serie  consacree  a  Thistoire  des  Valois.  Cette  edition  est 
beaucoup  plus  exacte  que  celle  de  de  La  Barre.  Les  cor- 
rections  proposees  par  dAchery  ont  ete  presque  toutes 
reproduites  dans  les  notes;  et  Ton  regrelte  que  MM.  les 
editeurs  n'y  aient  pas  joint  plus  souvent  leurs  propres  cor- 

(i)  Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  pref.,  p.  54-56 ;  et  texte,  p.  543,  544- 

(2)  Spicil.,  2^  edition,  t.  III,  preface. 

(5)  La  premiere  de  ces  variantes  se  rapporte  a  une  phrase  qui  est  a 
la  page254  du  volume,  et  le  dernier  continuateur  de  Nangis  fmit  a  la 
page  140. 


xliv  IIVTRODUCTION. 

rections.  Le  texte  de  Guillaume  de  Nangis  a  elecollationne 
pareux  sur  deux  manuscrils  en  velin,  ecrits  durant  le  qua- 
torzieme  siecle,  et  dont  personne  jusqu'a  ce  jour  n'avait 
encore  fait  usage.  Ils  sont  conserves  a  la  Bibliotheque 
royale  parmi  lesmanuscrits  latins  sous  les  n"^  4917614918. 
Ces  manuscrits  ont  fourni  un  assez  grand  nombre  de  va- 
riantes^  mais  toutes,  ou  presques  toutes,  ont  ele  releguees 
dans  les  notes,  et  cette  troisieme  edition  se  trouve  ainsi  a 
peu  pres  calquee  sur  la  premiere  ,  meme  pour  les  passages 
ou  le  texte  des  nouveaux  manuscrits  semblait  preferable  a 
celui  du  manuscrit  435. 

Nous  avons  cru  devoir  suivre  une  methode  differente. 
Persuade  que ,  si  d'Achery  avait  eu  a  sa  disposition  les 
beaux  et  anciens  manuscrits  sur  velin  que  possede  aujour- 
d'hui  la  Bibliotheque  royale,  c'est  d'apres  ces  manuscrits, 
et  non  d'apres  le  n"  4^5  ,  qu'il  aurait  etabli  le  texte  de  sa 
premiere  edition,  nous  avons  regarde  cetle  premiere  edi- 
tion  comme  non  avenue  ,  nous  reservant  toutefois  d'y 
recourir  pour  tous  les  passages  obscurs  que  le  docte  bene- 
dictin  a  si  heureusement  eclaircis.  Apres  avoir  collationne 
les  manuscrits  4917  et  49 '^)  signales  dans  le  vingtieme  vo- 
lume  des  Historiens  de  France,  nous  en  avons  examine  trois 
autres  que  personne  n'avait  encore  employes.  Le  premier 
porte  le  n°  ^C)ig-^  c'est  un  in-^"  sur  velin  ,  d'une  ecriture 
au  moins  aussi  ancienne  que  celle  des  manuscrits  49^7  ^t 
4918.  Le  deuxieme  cote  4920  est  moinsancien  ,  mais  d'une 
execution  pjus  soignee.  Le  velin  en  est  d'une  finesse  et 
d'une  blancheur  remarquables ,  et  les  premieres  lettres  des 
alinea  sont  ornees  et  dorecs.  L'ecriture  date  du  commen- 
cement  du  quinzieme  siecle.  Mais  un  des  proprietaires  du 
manuscrit  a  eu  la  patience  de  raturer  et  de  refaire  tous  les 
passages  ou  lincorrecte  latinite  de  Guillaume  de  Nangis 
lui  a  semble  par  trop  intolerable.  Toutefois,  il  a  ete  fa- 
cile  de  collationner  les  parties  qui  nont  pas  ete  raturees  et 
meme  celles  qui  ne  Tont  pas  ete  assez  profondcmcnt  pour 
que  le  texto  ])rimitif  soit  devenu  tout  afalt  illisible. 


INTFxODUCTIOiN.  xlv 

Tous  les  manuscrits  dont  on  vient  de  parler  compren- 
nent  la  chronique  de  Guillaume  de  Nangis  depuis  le  com- 
mencement  du  monde  jusqu'a  l'annee  i3oo  inclusivement. 
Dans  celui  qui  nous  reste  a  decrire  ,  la  chronique  em- 
brasse  les  annees  i3oi,  i3o2,  une  parlie  de  lan  i3o3, 
mais  elle  ne  commence  qu'a  lan  1 1 13,  c'est-a-dire  au  mo- 
ment  oii  Guillaume  de  Nangis  deciare  qu'il  cesse  de  copier 
Sigebert  de  Gemblours  (i).  Ce  volume,  dont  la  premiere 
moitie  est  remplie  par  un  fragment  de  chronique  fran- 
caise,  est  range  a  la  Bibliotheque  royale  parmi  les  manus- 
crits  francais  et  porte  le  n°  "^^"^^s  ^^y  Cest  un  petit  in-^" 
sur  parchemin  a  deux  colonnes ,  dune  beile  ecriture,  qui 
date  du  commencement  du  quatorzieme  siecle.  Le  texte  des 
autres  manuscrits  est,  sauf  un  cerlain  nombre  devariantes, 
parfaitement  conforme  a  celui  du  Ms.  435,  dapres  lequel  a 
ete  faite  la  premiere  edilion.  Le  Ms.  10298-6  sen  ecarte 
considerablement.  Non-seulement  la  redaction  en  est  diffe- 
rente,  mais  ilfournit  quelques  faits  et  plusieurs  dates  qu'on 
chercherait  vainement  dans  les  autres  manuscrits.  Cest  ce- 
pendant  celui  qu'on  a  cru  devoir  suivre  dans  cette  edition 
nouvelle,  parce  que ,  selon  toutes  les  apparences ,  il  con- 
lient  la  chronique  de  Guillaume  de  Nangis  telle  que  cet 

(i)  II  est  certain  que  le  copiste  n'a  conimence  le  Ms.  qu'a  Tan  1 1 15, 
et  qu'il  a  laisse  de  cote  toute  la  partie  de  la  Chronique  qui  concerne 
les  tenips  anterieurs  En  effet,  cette  partie  du  voliinie  est  partageeen 
quaterniones  ou  caliiers  de  quatre  feuilles  et  de  huit  feuillets.  Coninie 
ces  cahiers  n'etaient  pas  encore  cousas  ensemble  lorsqu'ils  out  etc 
couverts  d'ecriture,  le  copiste  avait  eu  soin  de  tracer,  au  bas  de  la 
derniere  page  de  chaque  cahier,  le  premier  mot  et  le  numero  d'ordre 
du  cahier  suivant.  Toutes  ces  reclames  ont  ete  endommagees  a  la  re- 
liure,  mais  la  septieme  et  la  huitieme  sont  parfaitement  lisibles,  et 
les  feuillets  qui  precedeut  le  septieme  cahier  sont  au  nombre  de  48. 
Preuve  certaine  que  le  copiste  a  commence  sa  copie  a  I'an  iii5,  et 
que  ce  texle  latiu  n'est  pas  un  fragment  d'uu  Ms.  plus  coasiderable. 
On  voit  par  la  que  d'Achery  n'a  pas  ete  le  premier  a  n'attacher  de  rim- 
portance  a  la  Chronique  dc  Guillaume  de  Nan^is  qa'a  partir  de  1 1 15. 

(2)  Cest  la  la  veritable  cote.  Mais  ayant  a  citer  souvent  ce  inanuscrit, 
il  nous  a  senible  plus  commode  de  donner  a  la  cote  la  forme  sui- 
vante  :  10208-6 


xlvj  INTRODUCTION. 

ecrivain  Tavait  redigee ,  et  degagee  des  remaniements  plus 
ou  moins  importants  qu'elle  a  subis  dans  les  autres  manus- 
crits.  Voici  les  motifs  de  notre  conviction  : 

Dabord  le  Ms.  10298  6  est ,  sans  contredit,  le  plus  an- 
cien  parmi  tous  les  manuscrits  connus  de  notre  chronique. 
Le  caractere  de  Tecriture  remonte  aux  premieres  annees 
du  quatorzieme  siecle.  Peut-etre  meme  levolume  est-il  con- 
temporain  du  clironiqueur,  ou  renferme-t-il  une  copie  de 
son  manuscrit  original.  Dun  autre  cote  ,  ce  manuscrit, 
ainsi  qu'on  vient  de  le  dire,  differe  de  lous  les  autres  ma- 
nuscrits  connus.  Or,  parmi  toutes  ces  copies ,  celle  qui , 
pour  le  periode  compris  entre  rannee  1226  etrannee  1285, 
presente  les  points  de  ressemblance  les  plus  nombreux  avec 
la  Vie  de  saint  Louis  et  celle  de  Philippe  le  Hardi,  ecriles 
bien  cerlainement  par  Guillaume  de  Nangis,  doit  etre  con- 
sideree  comme  la  plus  authentique,  la  plus  conforme  au 
texte  primilif  arrete  par  lauteur.  Telle  est  precisement  le 
caractere  du  Ms.  10298-6.  La  qualification  de  saint,  que  les 
autres  manusciits  donnent  a  Louis  IX  des  le  commence- 
ment  de  son  histoire,  n'y  est  jointe  au  nom  de  ce  prince  que 
posterieurement  a  Tan  1297,  epoque  des  informations  qui 
precederent  sa  canonisation.  La  naissance  de  JeanTristan, 
que  la  reine  Marguerite  de  Provence  mit  au  monde  a  Da- 
miette(i),  est  omise  dans  le  seul  Ms.  10298-6  ;elle  Test 
aussi  dans  la  Vie  de  saint  Louis.  II  en  est  de  meme  de  ren- 
voi  fait  en  i252,  par  Guillaume,  abbe  de  Saint-Denys,  a 
saint  Louis,  qui  etait  en  Palestine,  dun  vaisseau  charge  de 
draps,  de  fromages  et  de  volailles  (2).  Lhistoire  des  Pas- 
toureaux,  en  la^i?  esl  redigee  a  peu  pres  de  la  meme  ma- 
niere  dans  la  Vie  de  saint  Louis  et  dansleMs.  10298-6.  Le 
recit  du  meme  fait,  dans  tous  les  autres  manuscrits,  est  infi- 
niment  plus  detaille  et  concu  en  des  termes  entierement 

(i)  T.  I,  p.  206. 

(2)  Ib.,  p.  209.  Ce  fait,  cjui  nianque  dans  la  \'iq  latiuede  saint  Louis, 
est  consigne  dans  la  version  francaise  du  menie  otivrage.  Nouvelle 
preuve  peut-etre  que  cette  version  n'a  pas  cte  faite  par  Guillaunie  de 
Nangis. 


INTRODUCTION.  xlvij 

differeDts  (i).  Enfin  toutes  les  additions,  toutes  les  lacunes 
qu'on  remarque  dans  le  Ms.  10298-6,  en  le  comparant  aux 
autres  manuscrits  de  la  chronique  de  Guillaume  de  Nangis, 
se  retrouvent  dans  la  \ie  de  saint  Louis  et  dans  celle  de 
Philippe  III  du  meme  auteur.  Sans  entrer  ici  dans  tous  les 
details  de  cette  remarquahle  conformite  ,  qu'il  nous  suffise 
de  renvover  le  lecleur  aux  notes  de  la  presente  edition  (2). 
Des  consideralions  qui  precedent,  il  resuite  clairement 
que  le  texte  de  Guillaume  de  Nangis  a  ele  remanie  par  les 
copistes.  En  veut-on  encore  d'autres  preuves?  en  voici 
quelques-unes  qui  nous  semblent  concluantes.  A  lannee 
1299,  la  date  est  remarquable,  le  chroniqueur  raconte  que 
Ferri,  eveque  d'Orleans ,  ayant  ete  tue ,  Bertaud  de  Saint- 
Denys,  archidiacre  de  Reims,  lui  succeda  (3).  La  s'arrete 
le  Ms.  10298-6;  les  autres  ajoutent:  qiii  (Bertaudus)  sn 
TEMPORis  opinatissimus  inter  theoiogos  kefulgebat.  Est-ce 
ainsi  que  se  serait  exprime  un  contemporain  ?  A  lan  i3oo, 
le  Ms.  10298-6  porte :  Theobaldus  Belvacensis  episcopus 
ohiit.  On  lit,  apres  ces  mots,  dans  les  editions  precedentes: 
Cui  successit  Simon  noviomensis  episco pus  et  apud  Novio- 
mum  Petrus,  post  quem  ylndrceas .  Or,  Andre  Lemoine  ou 
de  Creci ,  frere  du  cardinal  Lemoine  ,  ne  fut  promu  au 
siege  episcopal  deNoyon  quen  i3()4  (4)^  c'est-a-dire  quatre 
ans  apres  Fepoque  ou  Guillaume  de  Nangisa  cesse  d'ecrire. 
Apres  avoir  rapporte  la  prise  de  Damiette  par  les  chreliens 
en  i2i9(v.  s.),  Guillaumede  Nanglspasseimmediatementau 
siege  et  a  la  prise  de  Tanis,  et  voici  la  phrase  qui  lui  sert  de 
transition  (5)  :  Non  minori  miraculo.,  imo  majori  donavit 
Dominus   Christianis  Tanis^   civitatem  Egypti.  Ceux  qui 


(i)  Voy.  p.  208,  et  a  la  fin  du  vol.,  p.  435,  436. 

(2)  Voy.  dans  ce  vol.,  p.  i63,  not.  2;  p.  191,  n.  4;  P-  '99 1  ^-  'j 
p.  201 ,  n.  I ;  p.  20J,  a.  4;  P-  212,  n.  i  ;  p.  2:5,  n.  5;  p.  282,  n.  2  ; 
p.  207,  n.  2;  p.  202,  n.  5j  p.  260,  n.  4;  P-  3o8,  n.  5;  p.  5io,  n.  2. 

(3)  P.  5og. 

(4)  Gall.  Christ..  t.  VIII,  col. 

(5)  P.  i63. 


xlvHj  INTRODUCTION. 

onl  remanie  la  chronique  de  Guillaume  de  Nangis  ont 
transporte  le  recit  de  laprise  de  Tanis  a  Tannee  1220,  im- 
mediatement  apres  un  alinea  ou  rauteur  raconle  les  pertes 
d'Amauri  de  Montfort  et  la  soumission  de  presque  tous  ses 
chateaux  aux  heretiques  (i),  en  sorte  que  cette  transition 
pompeuse,  non  niinori  ntiraculo  inio  ntajoji,  elc,  forme  en 
cet  endroit  un  veritable  contre-sens.  Enfin  il  est  impos- 
sible  de  ne  pas  voir  une  maladroile  addition  dans  les  in- 
juresprodiguees  a  Saladin,  a  ladate  de  1 1^2.  L'auteur  qui  a 
ecrit  ces  lignes  acerbes  naurait  certainement  pas  avoue  les 
eloges  que  Guillaume  de  Nangis  donne  quelques  pagesplus 
loin  (2)  au  digne  adversaire  de  Phiiippe  Auguste  et  de 
Richard  Coeur  de  Lion.  Et  ce  n'est  pas  seulement  sur  les 
faits  et  sur  les  dates  que  portent  les  remaniements  j  le  style 
lui-meme  a  subi  des  modifications  nombreuses,  sans  ne- 
cessite,  sans  aucun  profit  pour  Telegance  et  la  clarte  de  la 
redaction. 

On  etait  donc  a  peu  pres  certain  ,  en  imprimant  d'apres 
le  Ms.  10298-6,  de  donner  au  public  la  redaction  authen- 
lique,  originale  de  la  chronique  de  Nangis.  Malheureuse- 
ment ,  II  faut  bien  Tavouer  ,  ce  manuscrit  se  recommande 
plus  par  la  beaule  de  son  execution  que  par  la  correction 
et  Texactitude  du  texte.  C'est  roeuvre  d'un  copiste  inattentif 
et  negligent  qui  a  defigure  bien  des  mots  et  coramis  bien 
des  omissions.  Ce  fait  une  fois  parfaitement  constate ,  il 
devient  fort  difficile,  chaque  fois  queleMs.  10298-6  dif- 
fere  de  tous  les  autres,  de  deviner  quel  est  celui  qui  exprime 
reellement  la  pensee  du  chroniqueur.  Danscette  perplexite, 
nous  avons  voulu  laisser  au  lecteur  le  soin  de  decider  lui- 
meme,  et  voici  la  marche  que  nous  avons  suivie.  II  nous  a 
paru  superflu,  pour  uii  ouvrage  ecrit  dans  le  latin  barbare 
du  moyen  age,  de  noter  lesvariantes  qui  ne  concernentque 

(i)  Voy.  tGutes  les  edit.  prccedentes,  a  l'an  irio. 
(■?.)  Voy.,  dans  co  volunie,  p.  63,  64,  et  p.  85,  86. 


LNTRODUCTION.  xlix 

le  style.  Nous  n'avons  donc  tenu  compte  que  des  additions 
et  des  variantes  de  redaction  qui  sonl  de  nature  a  changer, 
meme  legerement ,  le  caractere  d'un  fait ,  et,  autant  que 
possible,  nous  les  avons  introduites  dans  le  texte  ,  en  ayant 
soin  de  les  distinguer.  Tous  les  passages  renfermes  entre 
crochets  sont  empruntes  aux  editions  precedentes  ,  en  sorte 
que,  si  on  lit  ce  premier  volume  en  omettant  tout  ce  qui 
est  entre  crochets,  on  aura  le  texte  pur  du  Ms.  10298-6, 
qui  a  ete  suivi  de  preference  a  tout  autre  (i).  Quant  aux 
variantes  et  aux  additions  qui  n'auraient  pu  entrer  dans  le 
texte  sans  lui  faire  subir  des  modifications  quaucun  ma- 
nuscrit  n'aurait  autorisees  ,  elles  ont  ete  renvoyees  dans  les 
notes  au  bas  des  pages.  En  procedant  de  cette  maniere, 
nous  ofFrons  a  la  fois  au  pubiic  la  chronique  de  Guillaumo 
de  Nangis ,  telle  qu'a  notre  avis  elle  a  dii  etre  redigee  par 
rauteur,  plus  toutes  les  addilions  et  les  modifications  im- 
portantes  qu'elle  a  subies  avec  le  temps,  sans  que  le  lecteur 
le  moins  attentif  puisse  jamais  confondre  le  texte  primitif 
avec  le  texte  remanie. 

Quant  aux  continuations  de  la  Chronique  ,  la  disette  des 
manuscrits  aurail  rendu  notre  tache  plus  facile ,  si  ie  texte 
de  ceux  que  nous  possedons  avait  ele  moins  defigure  par 
des  fautes  et  des  incorrections  de  tout  genre.  Ces  manus- 
crits  sont  au  nombre  de  trois.  Le  premier  est  lc  manuscrit 
de  Saint-Germain,  n"  435, qui  avait  deja  servi  pour  lesdeux 
premieres  editions.  MM.  les  editeurs  du  vingtieme  volume 
des  Historieiis  de  France  ont  fait  connaitre  les  deux  autres 
qui  n'avaient  pas  encore  ete  consultes.  Lun  d'eux  se  com- 
pose  de  deux  volumes  in-4°  sur  papier,  d'une  mauvaise  ecri- 
ture  du  quinzieme  siecle.  Ces  deux  volumes  paraissent  avoir 

(i)  Cette  indicatiou  ne  se  rapporte  qu'a  la  Chronique  de  Guillawne. 
de  Nangis  proprement  ditc.  Dans  le  texte  des  continuateurs,  les  cro- 
chets  renferraent,  soit  des  additions  destinees  a  completer  le  sens, 
soit  des  corrections  substituees  a  une  mauvaise  lecon  des  Mss.,  la- 
quelle,  dans  ce  cas,  est  toujours  conservee  ou  signalee  dans  les  notcs 
au  bas  de  la  page. 

I.  d 


1  INTRODUCTION. 

appartenu  au  president  Seguier,  ensuite  au  duc  de  Coislin, 
qui,  en  ijSa,  fit  don  de  toute  sa  bibliotheque  a  Saint-Ger- 
main-des-Pres.  Ils  sont  deposes  aujourdhui  a  la  Bibliothe- 
que  royale,  dans  le  fonds  Saint-Germain,  et  portent  les 
^"^998,  999.  Ils  renferment  la  chronique  entiere  de  Guil- 
laume  de  Nangis,  le  commencement  de  continuation  ine- 
dite,  qui  s'arrete  a  i3ol^.  et  les  continuations  deja  impri- 
mees  depuis  i3oi  jusqu'a  i368.  Le  texte  en  est  conforme 
a  celui  du  Ms.  435  ,  sauf  quelques  variantcs  et  de  nom- 
breuses  corrections  dues  a  la  susceptibilite  du  copiste,  dont 
les  oreilles  ne  pouvaient  s^habituer  au  latin  barbare  du 
treizieme  et  du  quatorzieme  siecle.  Ainsi  il  a  ecrit  presque 
partout  carcer,  ergastulum,  au  Heu  de  prisio;  bellum,  prce- 
lium  au  lieu  de  guerra,  etc.  Cette  circonstance  nous  fait 
presumer  que  le  manuscrit  date  de  la  renaissance  des  let- 
tres,  c'est-a-direde  la  derniere  moitie  du  quinzieme  siecle. 
Le  troisieme  manuscrit,  quoique  moins  ancien,  a  cepen- 
dant  une  certaine  importance  5  il  est  conserve  a  la  Bibho- 
theque  royale,  sous  le  n°  4921  A,  et  ne  contient  que  les 
continuations  de  Nangis.  Les  neuf  premiers  feuillets  sont 
d'une  ecriture  qui  ressemble  singulierement  a  celle  d'An- 
dre  Duchesne.  La  main  qui  a  copie  le  reste  du  manuscrit  a 
aussi  ecrit  une  foule  de  pieces  renfermees  dans  les  porte- 
feuilles  de  Baluze  ;  et ,  comme  ces  memes  portefeuilles  con- 
tiennent  aussi  beaucoup  de  copies  faites  par  Duchesne,  on 
peut  conjecturer  que  le  Ms.  4921  A  avait  ete  fait  pour  l'il- 
lustre  editeur  des  Capitulaires.  On  reconnait  au  moins  la 
main  de  Baluze  dans  la  note  qui  se  lit  a  la  premiere  page, 
et  qui  porte  que  le  manuscrit  a  ete  copie  d'apres  un  autre 
manuscrit  appartenant  a  la  bibUotheque  de  Turgot  (i). 
Des  corrections  de  la  meme  main  se  montrent  dans  la  phis 
grande  partie  du  manuscril.  Les  unes  ont  pour  objet  de  re- 


(j)  Le  Ms.  4921  A  appartient  au  fonds  de  Baluze  et  non  au  fonds  de 
Turgot,  ainsi  qu'on  l'a  imprime  dans  le  XX"  vol.  des  Hist.  de  Fr., 
preface,  p.  54  et  583,  not.  i. 


INTRODUCTION.  Ij 

tablir  des  moLj  ou  des  passages  alteres  •,  nous  les  avons  pres- 
que  toujours  adoptees.  Les  aulres  portent  sur  de  petits 
details  de  ponctuation  et  d^orthographe ,  et  montrent  clai- 
rement  que  le  manuscrit  avait  ete  d'abord  destine  a  Tim- 
pression.  \oiia  les  trois  seules  copies  qui  nous  restent  au- 
jourd'hui  des  continuations  de  Guillaume  de  Nangis.  Celle 
qui  a  servi  d'original  au  Ms.  4921  A  est  maintenant  in- 
connue.  II  en  est  de  meme  de  quelques  fragments  qui  ont 
ete  publies  par  Godefroy  dans  le  Ceremonial  francais ,  et 
qui  nous  ont  fourni  quelques  bonnes  variantes.  Quant  aux 
extraits  de  ISangis  rapportes  par  Dupuy  dans  son  His- 
toire  du  difFerend  entre  Boniface  VIII  et  Philippe  le 
Bel  (i),  ils  sont  empruntes  a  la  continuation  inachevee  qui 
embrasse  les  annees  i3or,  i3o2,  i3o3,  mais  conformes  au 
Ms.  435,  un  peu  difFerent  en  cet  endroit  de  celui  que  nous 
avons  adopte. 

Aucun  motif,  comme  on  voit,  ne  pouvait  faire  preferer, 
pour  le  texte  des  continuateurs  de  Nangis,  les  INIs.  999  et 
499.1  A  au  Ms.  4d^  1  d'apres  lequel  ont  ete  faites  les  deux 
premieres  editions.  Nous  n'avons  eu  consequemment,  dans 
cette  partie  de  la  presente  edition,  qu'a  suivre  pas  a  pas 
d'Achery  et  de  La  Barre.  Aurons-nous  ete  plus  heureux 
que  nos  predecesseurs  dans  la  correction  des  fautes  et  la 
solution  des  difficultes  que  presente  en  plus  d'un  endroit 
le  texte  des  continuateurs  de  Nangis.?  nos  lecteurs  en  ju- 
geront.  A  defaut  de  manuscrits,  nous  avons  pris  pour  gui- 
des  Bernard  Guidonis,  Jean  de  Saint-Victor,  et  d'autres 
documents  contemporains,  qu'on  trouvera  toujours  cites 
exactement  dans  les  notes.  Aucun  ne  nous  a  servi  plus  fre- 
quemraent  ni  plus  utiiement  que  la  Chronique  de  Saint- 
Denys.  Ces  annales  francaises  sont ,  on  la  deja  dit,  une 
traduction  de  nos  chroniques  latines  durant  les  soixante- 
dix  annees  ecoulees  depuis  lan  1270  jusqu'a  Tan  i34oj 
elles  ont  donc,  pour  un  editeur  de  Guillaume  de  Nangis  et 

(i)  P.  188. 


lij  INTRODUCTION. 

de  ses  premiers  continuateuis  ,  rimportanc^  et  rautorite 
d\in  manuscrit  contemporain.  On  n'a  pas  K^site  a  inserer 
dans  le  texte  toutes  les  corrections  puisees  a  une  aussi  bonne 
source.  Neanmoins,  pour  que  le  lecteur  soit  toujours  a 
meme  de  prononcer  sur  la  justesse  ou  Topportunite  de  ces 
remaniements ,  les  lecons  qu'on  a  jugees  vicieuses  ont  toutes 
ete  conservees  dans  les  notes.  Uneplus  grande  reserve  nous 
etait  imposee  pour  le  texte  du  dernier  continuateur  dont 
la  chronique  n'a  pas  ete  traduile  en  francais.  Ici  on  sest 
contente  d'exposer  en  note  les  corrections  ou  additions  qui 
ont  semble  necessaires  ;  et,  quant  aux  faits  obscurement  ou 
incompletement  rapportes ,  on  a  essaye  de  les  eclaircir  a 
Taide  des  chroniques  de  Froissart  et  d'autres  documents 
historiques  de  cette  epoque. 


Nota.  Dans  le  tableau  qui  suit,  on  a  reproduit  les 
faits  tels  qu'ils  sont  donnes  dans  la  Chronique,  sans 
explications  ni  commentaires;  mais  on  a  eu  soin  d'in- 
diquer  en  marge  les  pages  du  volume,  pour  la  com- 
modite  des  lecteurs  qui  voudraient  consulter  les  notes 
de  la  presente  edition. 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE 

DES  FAITS  CONTENUS  DANS  CE  VOLUME. 


1113.  —  Saint  Bernard ,  age  de  vingt-deux  ans,  entre  a  Ci-    P.  •$. 
leaux  avec  plus  de  trenle  compaguons.  Dans  peu  de  temps  rabbaye 

de  Cileaux  ,  jusqu'alors  pauvre  et  sterile,  engendre  plusieurs  autres 
grandcs  abbayes,  telles  que  la  Ferle ,  Pontigni ,  Clairvaux,  Mori- 
mond  et  Prulli. 

1114.  —  Grandes  neiges   le  23  avril   dans  le  Brabant,  aux 
environs  de  Tournai.   Pluie  de  sang  au  mols  de  juin  a  Ravenne    P.  4. 
et  a  Parme  ,  en  Italie.  Tremblement  de  terre  le   13  novembre  a 
Antioche ,  qui  engloutit  des  tours,  dcs  maisons  et  leurs  habitants. 

—  Expedilion  de  Baudouin  ,  roi  de  Jerusalem  ,  et  de  Roger,  comle 
d'Anlioche  ,  contre  les  Turcs.  Baudouin  s'avance  avec  ses  Iroupes 
pour  reconnaitre  rennemi.  11  tonibe  dans  une  embuscade  ou  il 
perd  quinze  cents  hommes,  et  ne  se  sauve  que  par  la  fuite.  Les 
Turcs  massacrent  les  moines  du  mont  Thabor,  pillent  le  couvent  et 
le  delruisent.  —  Conciles  de  Beauvais  ,  de  Reims  et  de  Chalons 
presides  par  le  legat  Conon.  —  Louis  le  Gros  assiege  le  chateau  de 
Gournai-sur-Marne  ,  defendu  par  Hugue  de  Creci ,  seigneur  de 
Pomponne.  Gui  le  Roux  ,  de  Rochefort ,  vient  au  secours  de  Hu-  P.  5. 
gue  son  fils  ,  ainsi  que  le  comte  de  Champagne  Thibaut  II  (i). 
Mais  le  rol  les  force  de  fuir,  recolt  le  chateau  a  discretion  et  le 
confic  aux  freres  Garlande.  — Mort  d'Yves,  eveque  de  Chartres , 
auquel  succede  GeofFroi. 

1115.  —  Revolte  des  barons  et  des  chevaliers  contre  Louis  le  P.  (i. 
Gros.  Ce  monarque  est  serre  de  si  pres  qu'il  peut  a  pelne  sortir  de 
Paris.  Enfin  il  soumet  Thlbaud ,  comle  de  Blois  ,  et  Hugue,  sei- 
gneur  du  Puiset  en  Beauce,  dont  H  delrult  le  chateau  de  fond  en 
comble.  11  depouille  de  leurs  bieus  Eudes  ,  comte  de  Corbeil , 
Hugue  de  Creci,  Gui  ,  comtc  do  Rochefort,  Thomas  de  Marle  le 
tyran  ,  et  Haimon,  seigneur  de  Bouibon.  II  a  plusieurs  guerres 
avec  le  roi  d'Angleterre  et  remporte  sur  lui  de  frequents  avantages. 

—  Mort  de  Lambert ,  eveque  d'Arras;  etat  de  r£glise  d'Arras  de- 
puis  saint  Wast.  —  Fondalion  de  Clairvaux.  Bernard,  premier 
abbe.  Ancien  nom  de  Clairvaux  et  son  origine.  Vie  des  moines.        Pc  7. 

(t)  Ccsl  par  erreur  que ,  dans  la  nole  2  de  la  page  5 ,  ce  seigneur  est  noninie 
Thjbaul  l\;  il  elait  le  deuxieme  de  son  noni. 


liv  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

1116.  —  Dans  le  monastere  de  Deols,  un  enfant  apparait  pen- 
daiit  la  messe  a  la  place  de  l'hostie.  —  Predications  de  Norbert, 
fonuateur  de  Tordre  de  Premontre. 

1117.  —  Mort  d'Anselme  ,  celebre  professeur  de  la  ville  de 
Laon ,  auteur  de  plusieurs  ouvrages ,  entre  autres  d'une  glose  sur 
les  psaumes.  —  Mort  de  Tempereur  grec  Alexis  P"^,  auquel  suc- 
cede  Jean  ,  son  fils. 

1118.  —  Mort  de  Baudouin  I",  roi  de  Jerusalem ,  auquel 
sucoede  son  cousin  Baudouin  du  Bourg  ,  comte  d'£desse.  — 
Tremblement  de  terre  au  mois  de  janvier,  qui   detruit  en  parlie 

p.  8.  plusleurs  villes.  Debordement  de  la  Meuse ,  pres  de  Tabbaye  de 
Susteren.  Tremblement  de  terre  a  Liege ,  le  3  mai ;  la  foudre  tombe 
pendant  vepres  dans  Teglise  cathedrale,  et  y  cause  quelques  rava- 
gps,  Le  7  juin  ,  une  inondation  delruit  une  partie  de  la  ville , 
cntraine  une  grande  quantite  deprovisions  et  faitperir  huit  hommes 
el  une  femme  avec  ses  deux  enfants.  Le  samedi  suivant,  une  femme 
en  lavant  la  tele  de  son  fils  voit  ses  mains  teintes  de  sang. 
Le  1*''  juillet ,  vers  mldi,  une  trombe  eclate  sur  la  ville ,  perce  le 
toit  de  la  cathedrale  et  la  remplit  d'eau.  Au  meme  instant  la  foudre 

p.  9.  tombe  dans  la  meme  eglise  et  j  tue  trois  clercs.  — 11  nait  a  Namur 
un  enfant  a  deux  tetes.  —  Le  20  decembre,  des  armees  de  feu  se 
moutrcnt  dans  le  ciel,  du  nord  a  Test,  pendant  une  partie  de  la  nuit. 
—  Mort  du  pape  Pascal.  Election  de  Jean,  chancelier  de  TEglise 
romaine,  lequel  prend  le  nom  de  Gelase.  L'empereur  Henri  fait 
elire  de  son  cote  un  espagnol  nomme  Burdin.  Gelase  a  lecours  a 
la  proteclion  du  roi  de  France  et  convoque  un  concile  a  Reims.  — 
Fondation  de  l'abbaye  de  Prulli. 

P.  10.  1119.  —  Mort  du  pape  Gelase  a  Cluni.  Gui ,  archeveque  de 
Yienne,  frere  d'Etienne,  comte  de  Bourgogne ,  est  elu  et  sacre 
pape  a  Cluni ;  il  prend  le  nom  de  Calixte  II.  Coucile  de  Reims. 
Excommunication  lancee  contre  les  simoniaques  et  contre  ceux 
qui  exigenl  de  rargent  pour  radministration  des  sacrements. 
Inlcrdiction  du  concubinage  aux  pretres  ,  aux  diacres  et  aux  sous- 
diacres.  Tentatives  de  reconciliation  avec  les  deputes  de  Tem- 
pereur.  Elies  n'amenent  aucun  resultat.  Le  pape  excommunie 
rempereur  et  ses  partisans.  —  Baudouin  ,  comte  de  F"landie , 
neveu  du  pape  Calixte  ,  meurt  d'une  blessure  a  !a  tele  en  essayant 
de  rclal>lir  dans  ses  blcns  Guillaumc  ,  fils  de  Robert  ,  duc  de 
Nornxandie,  fait  prisonnler  par  Henri  roi  d'Anglcterrc.  Baudouin 
a  pour  successeur  son  coiisin  Charles  ,  fils  de  Canut  roi  de  Dane- 

P.  11.  marck.  Guillaume ,  fils  de  Robert  ,  duc  de  Normandie  ,  epouse 
la  soeur  de  la  rclne  de  France  et  succede  au  comte  de  Flandre 
[en  1127]. 

1120.  —  Fondaiion    de   Tordre   de   Premontre,    par  Norberl. 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Iv 

Commeiicements  de  rordre  du  Temple  sous  lc  grand»maitre  Hugue, 

—  Incendie  de  reglise  de  Vezelai ,  le  21  juiUet.  — Guillaume  et 
Richard ,  fds  du  rol  d'Angleterre ,  la  fille  et  la  niece  de  ce  roi  et 
plusieurs  nobles  anglais ,  lous  sodomites  ou  regardes  comme  tels  , 
sont  engloutis  par  les  flols  en  passant  de  Norraandie  enAngleterre  , 

sans  qu'll  fit  le  moindre  vent  ni  que  la  mer  fut  agitee.  —  Le  pape  P-  12. 
Calixte  se  rend  a  Rome  ou  il  est  recu  avec  honneur  par  le  senat  et 
par  le  peuple.  Les  Romains  attaquent  et  prennent  a  Sutri  Tanti- 
pape  Burdin.  Ils  le  promenent  dans  la  ville  couvert  de  peaux  de 
chcvre  sanglantes,  et,  par  ordre  de  Calixte  ,  remmenent  prison- 
nier  dans  les  montagnes  de  la  Campauic.  On  le  peint ,  dans  la 
chambre  du  Palais  ,  foule  sous  les  pieds  du  pape. 

1121.  —  Mariage  d'Henri ,  roi  d'Anglelerre,  avec  Alix,  fille 
du  duc  de  Louvain.  — Fondation  de  Tabbaye  de  Loroux,  par 
Foulque,  comte  d'Anjou  et  Kremberge  sa  femme. 

1122.  —  L'egllse  d'Auxerre  est  gouvernee  par  Hugue,  abbe 
de  Saint-Germain  d'Auxerre ,  neveu  de   salnt  Hugue  ,    abbe  de 
Cluni.  —  Suger,  moine  de  Saint-Denys,  n'etant  encore  que  diacre,   P.  13. 
est  envoje  par  Louis  le  Gros  a  la  cour  romaine  pour  les  affaires  du 
royaume.  Ason  retour,  il  est  elu  abbe  a  la  place  d'Adam  qui  venait 

de  mourir,  ordonne  pretre  en  presenee  du  roi,  et  sacre  par  Tarche- 
veque  de  Bourges. 

1123.  —  Coucile  de  plus  de  trois  cents  eveques  tenu  a  Rome 
par  le  pape  Calixte.  On  j  annule  le  privilege  des  inveslitures  que 
rempereur  Henri  avait  extorque  du  papc  Pascal.  —  Suger  introduit 
la  reformedans  rabbaye  de  Saint-Denys.  —  Mort  de  Daimbert, 
archeveque  de  Sens  ,  auquel  succede  Henri ,  surnomrae  le  sanglier. 

—  Dans  une  collision  enlre  les  clercs  et  les  bourgeois ,  reglise  de  P.  14. 
Saint-Martin  de  Tours  est  incendiee  ainsi  que  le  chateau. 

1124.  —  Mort  du  pape  Calixte.  II  a  pour  suceesseur  Lam- . 
bert ,  eveque  d'Ostie  ,  qui  prend  le  nom  d'Honorius  II.  —  Prise 
de  Monlreuil-Bellai ,  par  Foulque,  comte  d'Anjou.  —  Baudouin  , 
rol  de  Jerusalem  ,  est  pris  par  les  Sarrasins  et  relache  moyennant 
rancon  apres  une  longue  captivite.  —  L'empereur  Henri,  plein 
de  resseniiment  contre  Louis  le  Gros  a  cause  de  ranatheme  lance 
conlre  lui  au  concile  de  Reims,  se  dispose  a  envahir  la  France  et 
a  detruire  la  ville  de  Reims.  Louis  raarche  au-devant  de  rarraee 
imperiale  qui  se  retire  aussitot.  L'entremise  et  les  prieres  du  clerge 
sufEsent  a  peine  pour  empecher  le  roi  de  France  d'aller  devaster 
les  terres  de  rempire. 

1125.  — Hlver  rlgoureux.  Des  feraraes  et  des  enfants  pauvrcs  P.  16. 
meureut  de  froid.  Les  poissons  perlssent  sous  la  glace  des  etangs 
assez  epaisse  pour  supporler  des  charges  conslderables.  Eu  Brabanl^ 


Ivj  TABLEAU  CIIRONOLOGIQUE. 

la  };lace  force  les  anguilles  a  quitter  les  etangs  pour  se  caclier  dans 
les  pres  ou  li'  froid  les  fait  perir.  Mortalite<parmi  les  animaux. 
^''arlalions  dans  la  femperahire  jusqu^au  milieu  de  mars.  Les  arbres 
ne  flpurissent  qu'en  mai.  Les  prairies  verdissent  a  peine.  Les  plules 
continuelles  etouffent  les  molssons.  Le  feu  sacre  fait  perir  beaucoup 
de  personnes.  ■ —  Prise  de  Tyr  par  les  Chretiens.  —  Grande  famine 
en  France. 

1126.  —  En  Espagne,  une  malheureuse  engendre  un  monstre 
a  dcux  corps,  moilie  homnie  etmoifle  chien.  Dans  une  ville  de  Bra- 

P.  1C.  bant,  une  autre  femme  met  au  monde  qnatre  garcons  a  la  fois.  — 
L'enipereur  Henri  quitte  i'empire  et  dlsparait  completement  de  h» 
scene  du  monde;  conjectures  sur  sa  destlnee.  Sa  mort.  Son  corps 
est  transporte  a  Spire.  L'imperatrice  Mathilde ,  etant  sans  enfants, 
retourne  aupres  du  roi  d'Angleterre  son  pere.  —  Eloge  de  Hugue 
de  Sainl-Victor,  auteur  d'un  ouvrage  en  deux  volumes  sur  les 
sacrements.  —  Apres  la  mort  ou  la  disparition  d'Henri ,  les  elec- 

P.  17.    teurs  separtagent  entre  Conrad  son  neveu  et  Lolhaire  duc  de  Saxe. 

1 127.  —  Combats  en  Syrie  entre  les  Chretiens  et  les  Sarrasins. 
Double  victoire  des  premlers.  — Norbert ,  fondateur  et  premler 
abbe  de  Premontre,  est  elu  archeveque  de  Magdebourg.  —  Assas- 
sinat  de  Charles  le  Bon  ,  comte  de  Flandre  ,  dans  l'eglise  de  Saint- 
Donatieri  a  Bruges.  Louls  le  Gros  tlre  une  vengeanceeclatante  des 

P.  18.  meurtriers.  Charles  a  ponr  successeur  Guillaume  ,  fils  de  Robert , 
duc  de  Normandie  ,  qne  son  oncle  Henrl  ,  rol  d'Angleterre,  avalt 
desherite  apres  avolr  emprisonne  son  pere.  Henri ,  roi  d'An- 
gleterre,  falt  revoller  contre  son  neveu  Guillaurae  les  nobles  de 
Flandre  en  faveur  de  Thlerrl,  cousln  de  Charles  le  Bon.  Guillaume 
etant  mort  au  bout  de  deux  ans ,  Thierrl  d'Alsace  lui  succede  au 
comte  de  Flandre.  — Mort  de  Gilbert ,  archeveque  de  Tours.  II 
est  remplace  par  Hildebrand  ou  Hlldebert,  eveque  du  Mans , 
celebre  par  ses  qualites  litteraires. 

1128.  —  Les  malades  du  fcu  sacre  accourent  en  grand  nombre 
a  Notre-Dame  de  Soissous ,  ou  ils  sont  guerls  par  rintercession  de 
la  Ire.^-sainte  Yierge.  —  Les  religleuscs  de  Saint-Jean  de  Laon  sont 

P.  19.  expnlsecs  el  remplacces  par  des  moines  dont  le  premier  abbe  est 
Dreux  ,  homme  clociuent  ct  religieux  ,  cree  dans  la  suite  cardinal 
evcfjiie  d'Ostie,  ]»ar  Innocenl  11.  —  Foulque  laisse  a  Gcoffrol  son 
fils,  !e  comte  d'Aiijou  ;  part  poiir  la  Syrlc,  el  epoiise  Mellssende,  fille 
de  Baudouin  ,  rol  de  Jerusalem.  —  Expedition  de  Louis  le  Gros 
conire  Thomas  de  Marle  ,  seigneur  de  Couci.  Ce  dernier  est  prls 
par  Raoul ,  comle  de  Vermandols,  qul  le  remet  mortellement 
blcsse  entre  les  niains  du  roi.  Thomas  meurt  peu  de  tcmps  apres 
sans  avoir  requ  les  sacrcments. 

i  129.  —  Norberl  remplace  lcs  chanoines  fcculiors  de  Mngde- 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ivij 

bourg  par  des  freres  dc  rordre  de  Premonlre.  — Philippe,  premier  p.  20. 
ne  de  LouIsleGros,  est  couronne  a  Rcims  le  jour  de  Paques,  en 
presence  de  son  pere  ct  d'Henri  ,  roi  d'Angleterre.  —  Thlerri 
d'Alsace  dlspute  la  Flandre  au  conitc  Gulllaume.  Combat  dans 
lequel  Guillaume  est  blesse  mortellement.  11  mcurt  et  Thierri  lui 
succede.  —  Expulslon  dcs  religleuses  d'ArgenleuIl  a  cause  de  leur 
mauvaise  conduile.  Suger  fait  rendre  cc  lieu  aux  moines  de  Saint- 
Penys  qui  ravaient  d'abord  occupe.  Fondalion  d'Ourcamp  et  de 
Vauluisant ,  abbayes  de  Tordre  de  Citcaux.  — Mariage  de  rimpe- 
ratrice  Mathllde,  fille  du  roi  d'Anglelerre,  avec  Geoffroi  comte 
d'Anjon  ,  d'ou  sortlreut  Henri  ,  depuls  roi  d'Angleterre  ,  Guillaume 
Longue-Epee,  et  Geoffroi  Plantegeneste  qui  devlnt  comte  de 
Bretagne  par  son  mariage  avec  la  fille  du  duc  Conau. 

1130.  —  Mort  du  pape  Honorius.  Election  de  deux  papes  :  le   P.  21. 
cardlnal  Gregoire  qui  prend  le  nom  d'Innoceiit  II,  et  Pierre  de 
Leon  qul  se  fait  noramer  Anaclet.  Pierre  de  Leon  ,  par  la  puissance 

de  sa  famille,  se  maintient  h  Rome  ;  Innocent  vlent  en  France. 
Conclle  d'lilampes.  Saint  Bernard  declde  rassemblee  .t  reconnaitre 
Innocent  ,  que  Louis  le  Gros  recoit  ensulte  a  Orleans  avechonneur. 
Le  pape  conduit  a  Charlres  par  Geoffrol,  evcque  c!e  celte  vllle  , 
j  trouve  le  rol  d'Anglelerre  qul  lui  fait  aussi  un  honorable  accueil. 
Ensuite,  en  visitant  les  cglises  de  France ,  il  passe  en  Lorraine. 
A  Llege,  1'empereur  Lothaire  le  recoit  environne  d'une  foule  de 
prelats  et  de  nobles  allemands  ,  et  le  conduit  a  pied  ,  en  tenant  la 
bride  de  son  cheval ,  jusqu^a  la  calhedrale  ou  il  ralde  humblcment 
a  descendre  Le  pape  retournc  ensuitc  en  France  et  celcbre  la  fele 
de  Paques  aSalnt-Denys.  —  Fondation  d'uu  couvent  a  Eeaumont ,  P.  22. 
au-dessus  de  Mortemer,  par  Robert  de  Candos. 

1131.  —  Le  jeune  Phllippe,  fils  de  LouisleGros  ,  recemment 
sacre  roi ,  tombe  avec  son  cheval  dans  une  rue  de  Paris  et  sc  brise 
la  lele.  11  est  enseveli  a  Sainl-Denys.  Celte  mort  avait  ele  prcdlte 
au  rol  par  saint  Bernard,  indlgnc  de  la  durete  avec  laquellc  Louis 
avaittralle  plusieurs  cvcqiies  du  royaume,  lesquels  lui  demandaient 
grace  pour  quelques  prelats  que  dans  sa  colcre  11  avait  chasscs  de 
leurs  slcges.  —  ConcUe  a  Reims  prcsldc  par  Innoceut  II.  Le  pape  P.  23. 
y  sacre  Louis,  autre  fils  de  Louls  le  Gros,  a  la  place  du  jeune 
prlnce  defunt.  — L'egllse  de  Sainl-Medard  de  Soissons  est  con- 
sacrcc  par  le  pape.  —  Mort  de  Baudouln  du  Bourg ,  rol  dc 
Jerusalem  ;  son  gcndre  Foulque  ,  comte  d'AnjOu  ,  lul  succcde. 

1132.  —  Mort  de  saint  Hugue ,  cvcque  dc  Grenoble  ,  dont  la 
vie  a  cle  ecrite  par  Gigvie,  prleur  de  la  Charlreuse.  Etat  florissaiit 

de  la  religion  et  des  ordres  religieux.  Elogedes  Chartreux.  Progrcs  P.  2-i. 
des  Templiers  el  des  Hospitaliers.  Llbcralites   des  prelats  et  dcs 
selgneurs  envers  ies  religleux    —  Incendie  qui  delruit  reglise  de 


Iviij  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

Notre-Daraedans  reveche  de  Noyon  et  presque  toute  la  ville  ;  jusle 
punltion  du  mauvais  accueil  qu'on  j  avait  fait  au  souverain  pontife 
Innocent. — Fondation  des  abbayes  de  Longpont ,  de  Ridal  et  de 
Vaucelles ,  filles  de  Clairvaux. 

1133.  —  Expedltion  de  Lolhaire  en  Italie.  II  installe  Innocenl 
au  palais  de  Latran  et  le  pape  sacre  Lothaire  empereur. 

P.  25.  1134.  —  Mort  de  l'archeveque  Norbert,  fondaleur  de  Tordre 
de  Premontre.  Mort  d'HIldebert  ou  Hlldebrand,  archeveque  de 
Tours,  auquel  succede  Hugue.  —  Fondation  de  Tabbaye  d'AsnIeres 
au  dlocese  d'Angers. 

1135.^ — Fondation  de  Tabbaye  du  Pre.  —  Henri ,  roi  d'An- 
gleterre ,  meurt  en  Normandie  et  est  enseveli  a  Readlng  en  Angle- 
terre.  fitlenne  ,  comte  de  Boulogne  ,  neveu  d'Henri ,  fils  d'Etienne , 
comle  de  Elois ,  frcre  de  Thlbaud ,  comte  de  Champagne,  est 
couronneroi  d'Angleterre  avec  le  secours  de  son  frere  revcque  de 
Wlnchester.  L'imperatrice  Malhllde  et  le  corate  d^Anjou  son  raari 
s'elevent  contre  Etlenne.  Mathilde,  avec  le  secours  de  Louis  le 
P.  2G.  Gros,  s'empare  du  duche  de  Normandie,  et  empeche ,  en  Angle- 
terre  ,  le  rol  Etienne  d'efendre  sa  domlnation. 

1136.  —  Le  28  octobre ,  un  vent  violent  renverse  plusieurs 
tours.  La  mer  d'Angleterre  deborde  et  submerge  une  partie  de  la 
Flandre.  —  Mort  de  Jean  Comnene,  empereur  de  Constantinople  , 
auquel  succede  Manuel  son  fils.  —  Mort  de  Gulllaume  ,  comte  de 
Poltiers  et  duc  d'AquItaine.  II  est  enseveli  a  Saint-Jacques  ou  il 
etait  en  pelerinage.  II  laisse  deux  filles,  l^leonore  et  Petronille;  la 

P.  27.  premiere,  suivant  le  desir  exprlme  par  son  pere  mourant,  devait 
epouser  Louis  le  Jeune  roi  de  Francc. 

1137.  —  Secheresse  extraordlnalre  depuis  mars  jusqu'en 
septembre;  les  puits ,  les  fontaines  et  plusieurs  rlvleres  tarlssent. 
—  Louis  le  Gros  apprenant  la  mort  du  duc  Gulilaume,  envole  son 
jeune  fils  Louls,  deja  couronne  et  sacre  rol ,  en  Aquitalne  ,  pour 
jepouserEIeonore,  fillc  du  feu  duc.  Le  mariage  se  fait  a  Bordeaux. 
II  en  naquit  dans  la  sulle ,  Marle,  comtesse  deChampagne,  et 
Allx  femme  de  Tbibaud  ,  comte  de  Blois.  Mort  de  Louis  le  Gros 
le  V'  aout.  II  est  enseveli  a  Sainl-Denys.  Son  fils,  Louis  le 
Jeune ,  lui  succede.  —  Fondation  de  rabbye  de  Mortemer  ou 
Walleran  ,    abbe    d'Ourcamp,    envoie    des  molnes.  —  Deuxleme 

P.  2<S.  expeditlon  de  Lolhaire  en  Italle.  II  soumet  ritalie  et  rApouille, 
et  ineurt.  Conrad  lui  succede. 

1138.  —  Mort  du  pape  schismatique ,  Plerre  de  Leon.  Inno- 
cent  degrade  tous  ceux  que  I'anti-pape  avait  Introdulls  dans  les 
ordres.  —  Eloge  de  Thlbaud,  comle  de  Chanipagne.  Maisons 
religicuses  fondees    par  lul.    Enfants  issus  de  son   mariage  avec 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  lix 

Mathilde  ,  noble  allemande.  — Giiillaume  ,  comte  de  Nevers  ,  se 
fait  chartreux.  —  Eloge  de  saint  Bernard  ,  abbe  de  Clairvaux  ,  et  P.  29. 
de  .saint  Malachie  ,   Irlandais,  qui   ressuscite  un  mort.  —  Eloge 
de  Gilbert  de  la  Poree ,  auteur  d'unc  glose  sur  les  psaumes  et  sur 
les  epitres  de  saint  Paul. 

1139.  — Mort  de  Jean  des  Temps  ,  qui  avait  vecu  trois  cent 
soixante  et  un  ans  depuis  Charleraagne  dont  il  avait  ete  ecuyer.  — 
Un  homme  sorti  de  Soleure  en  Suisse  ,  se  fait  passer  en  AUemagne 
pour  Tempereur  Henri.  Apres  avoir  cause  bien  des  troubles  ,  il  est 
reconnu  pour  un  imposteur  et  oblige  de  se  faire  moine  a  Ciuni.         p.  30. 

1140.  —  Mort  de  maitre  Hugue  de  Saint-Victor,  chanoine  de 
Paris.  Construction  d'une  maison  de  Chartreux  a  l'cndroit  nomme 
Monldieu.  Fondalion  de  rabbaye  de  Froidmont.  Henri  ,  frere  du 
roi  de  France  ,  se  fait  moine  a  Clairvaux  el  devient  eveque  de 
Beanvais.  Autres  freres  du  roi  de  France.  —  Fondation  dei'abbaye 
de  Trois-Fontaines  par  le  pape  Innocent.  Des  moines  de  Clairvaux 
vout  la  peupler  sous  la  conduite  de  Bernard  ,  ancien  vidame  de 
1'eglise  de  Pise  ,  depuis  pape  sous  le  nom  d'Eugene  III.  —  Hommes 
illustres  que  renfermait  a  cette  epoque  reglise  de  France.  Eloge  p.  31. 
particuHer  de  saint   Bernard .  abbe   de    Clairvaux.  • —  Eloge  de 

M^  Richard  de  Saint-Victor ,  chanoine  regulier,  et  d'Hugue  de 
Feuillet ,  moine  de  Corbie ,  auteur  d'un  ouvrage  intitule  :  de 
Clauslro  animce  et  cnrporis.  —  Concile  de  Sens  convoque  contre  p.  32. 
Abelard  a  la  diligence  de  saint  Bernard.  Appel  d'Abelard  au  saint- 
siege.  II  meurt  a  Chalons  pendant  qu'il  est  en  chemin  pour  aller  a 
la  cour  romaine.  Fondation  du  Paraclet.  II  j  met  pour  abbesse  une 
religieuse  qui  avait  ete  sa  fenm»e.  savante  en  latln  eten  hebreu  ,  et 
qui  avait  ete  du  nombre  des  religieuses  chassees  d'Argenteuil  a 
rinstigation  de  Suger.  Elle  fait  porter  le  corps  d'Abelard  au  Para-  P.  33. 
clet,  et  lui  fait  faire  un  tombeau  avec  une  epitaphe.  Mort  de 
l'abbesse  du  Paraclet ;  suivant  ses  dernieres  volontes  elle  est  en- 
sevelie  aupres  d'Abelard  ,  dont  le  cadavre  ouvre  les  bras  pour 
la  recevoir. 

1141.  —  Roger  de  Sicile  s'etant  empare  de  la  Calabre  et  de 
rApouille,  est  excommunie  a  cause  des  investitures  usurpees  par  lui. 
II  guerroie  contre  le  pape  qu'il  fait  prisonnicr.  Mais  la  paix  etant 
faite  entre  eux  il  se  fait  couronner  roi  de  Sicile;  ensuile  il  fait  la 
conquete  de  presque  toutc  TAfrique.  —  Etienne ,  roi  d'Angle-  p  34. 
terre ,  est  pris  par  rimperalrice  Mathilde  ;  mais   il  ne  tarde  pas 

a  s'echapper  et  continue  a  defendre  contre  elle  ses  droits  a  la 
couronne.  —  Dissensions  entre  Innocent  II  et  Louis  le  Jeune  roi 
de  France.  Pierre  ,  nomme  par  le  pape  sans  le  conscntement  du 
roi ,  archeveque  de  Bourges  a  la  place  du  dcfunt  archeveque  Aubri , 
est  repousse  par  le  roi  et  ne  peut  enfrer  dans  la  ville.  11  est  recu 


Ix  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

par  le  comte  de  Chainpagne.  Colere  du  roi.  11  souleve  tous  ses 
barons  contre  le  comte  de  Cbampagne  et  lui  declare  la  guerre. 

P  35  114-2. ' —  Divorce  de  Raoul ,  comte  de  Vermandois,  qui  epouse 
Petronille  ,  sceur  de  la  reine  de  France  Eleonore.  Sur  les  instances 
de  Thibaud  ,  comte  de  Champagne  ,  Raoul  est  excommunie  par  le 
legat  Yves.  Les  eveques  qui  avaient  fait  le  divorce  sont  suspendus. 

—  L'empereur  de  Constantinople  assiege  Antioche  ,  fait  la  paix 
avec  le  prince  et  enlre  dans  la  ville.  11  prend  un  grand  nombre 
d'autres  places.  Etant  a  la  chasse  il  se  blesse  lui-meme  avec  une 
fleche  empoisonnee  et  meurt ;  son  fds  Manuel  lui  succede. 

1143.  —  Vent  violent  qui  renverse  les  maisons  et  deracine  les 
arbres.  —  Prise  de  Vitri  par  Louis  le  Jeuue.  Treize  cents  per- 
sonnes  de  tout  sexe  et  de  tout  age  sont  brulees  avec  reglise  qui  les 
renfermait,  Douleur  du  roi ;  a  cette  occasion  il  entreprend  le  pele- 
rinage  de  Jerusalem.  11  donne  Vitri  a  Eudes  de  Champagne  que 
le  comle  Thibaud,  son  oncle ,  avait  depouille  de  son  patrimoine. 
p  3(5  — Mort  d'Innocent  II  auquel  succede  Celestin  II.  Le  nouveau 
pape  retablit  la  paix  entre  le  saint-siege  et  le  roi  de  France.  — 
Mort  de  Foulque  ,  roi  de  Jenisalem  ,  qui  se  rompt  le  col  en  tom- 
bant  de  cheval  a  la  chasse.  Cet  accident  arrlve  par  miracle  le  jour 
de  la  Saint-Martin  d'ete  ,  car  Foulque  n'etant  que  comte  d'Anjou, 
n'avalt  cesse  de  vexer  Teglise  deSaint-Martln  deTours.  Baudouin, 
troisieme  fils  de  Foulque  ,  lul  succede  sous  la  tutelle  de  sa  mere 
Melisende. 

1144. —  Mort  de  Ccleslln  II;  Luce  II  lui  succede.  — ■  Saint 
Bernard  retabllt  la  paix  entre  le  roi   et  le  comte  de  Champagne. 

—  L'imperatrice  Malhilde   ravage  TAngleterre  et   moleste  le  roi 
P.  37.   Etienne.  — •  Predlcalions    et  supplice    d'Arnaud    de   Bresse.   Son 

portrait  d'apres  saint  Bernard, 

1145.  —  Prise  d'Edesse  par  les  Turcs;  profanation  des  saluts 
lieux,  meurtre  de  reveque  et  massacre  des  habltants.  —  Lucell 
assiege  les  senateurs  romains  dans  le  Capitole;  mals  II  ne  tarde 
pas  ix  mourlr.  Eugene  III  lui  succcde.  Blographie  abrcgee  du 
nouvcau  pape.  Lcs  Ronuiins   s'insurgent  conlre  lul  ct  le  forcent  a 

P.  3S.  se  retlrer  en  France.  Miracles  de  saint  Bernard.  11  dedle  au  pape 
son  livre  de  Considerationc.  —  Crande  famlne  en  France.  — 
Miracles  de  saint  Bernard  en  Allemngne.  Immense  concours  de 
peuple  qul  se  presse  autour  de  lul  a  Splre. 

1146.  —  Louls  le  Jeune  se  crolse  a  A^^ezelai  avec  les  grands 
barons  de  son  royaume  et  une  mullitiule  Innombrable.  —  L'egll.se 
de  Tournai  esl  separee  de  celle  de  Noyon.  Anselme  ,  abbc  do 
Saint-Vincent  de  Laon  ,  est  nomme  evequc  deTournai  par  le  papo 

P.  39.   Eugene  111.  —  Eloge  de  sainte  Hildcgarde ,  vicrge  allcmandc. 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixj 

1147.  —  L'empereur  Conrad  et  les  priiices  d'Allemagne  pren- 
nent  la  croix  cles  mains  de  saint  Bernard.  La  flotte  des  croises  , 
coraposec  de  deux  cents  vaisseaux  ,  part  des  cotes  d'Angleterre  le 
12  avril.  Elle  assiege  et  prend  Lisbonne.Treize  mille  Chreliens  y  font 
perir  deux  cenl  mille  cinq  cents  Sarrasins.  Les  croises  dedient  une  P.  40. 
egllse  et  nomment  un  eveque  a  Lisbonne.  Les  corps  des  Chretiens 
morts  rendent  la  parole  a  trois  muels.  —  L'empereur  Conrad  passe 

le  Bosphore ;  son  armee  souifre  de  la  faim ;  il  est  oblige  de  fuir 
devant  les  Turcs  qui  lui  font  essujer  des  pertes  considerables. 
Depart  de  Louis  le  Jeune  et  de  la  reine  Eleonore.  Apres  avoir 
traverse  le  Bosphore  ils  rencontrent  l'empereur  Conrad  presque 
seul ,  la  famine  ayant  fait  deserter  ses  soldats.  L'empereur  reste 
quelque  temps  avec  les  Francais.  Ensuite  il  va  passer  l'hiver  a 
Constanlinople  d'ou  Tempereur  greclefalt  transporter  a  Jerusalem.  P-  41. 
—  Suger,  abbe  de  Saint-Denys,  est  charge  du  gouvernement  du 
royaume  de  France. 

1148.  —  Conclle  de  Reims  preslde  par  le  pape  Eugene  IIL 
Erreur  de  Gilbert  de  la  Poree,  eveque  de  Poitiers.  Sa  dispute  de  P-  42. 
deux  jours  avec  saint  Bernard.  Symbole  de  foi  redige  et  slgne  au 
concile.  Condamnation  et  soumission  de  Gilbert  de  la  Poree.  —  Le 
pape  celebrant  la  messe  apres  le  conclle  ,  un  enfant  apparait  sur 
l'autel  en  place  de  l'hostie.  Ce  prodlge  est  considere  comme  un 
presage  de  grands  malheurs  qui  ne  tardent  pas  a  s'accomplir.  En 

effet ,  1'empereur  Conrad  ne  s'echappe  qu'a  grand'peine  de  l'Orient 
apres  y  avoir  perdu  ses  troupes.  Le  roi  de  France  Loiiis  et  son  P.  4-3. 
armee ,  en  butte  a  la  mauvaise  fol  des  Grecs  ,  aux  attaques  des 
Turcs  et  a  la  famine,  en  viennent  a  uianger  des  anes  et  des  chc- 
vaux.  Autres  presages  sinistres  dans  le  temple  de  Jerusalem.  Ravages 
exerces  par  les  loups.  —  Alphonse  ,  comte  de  salnt  Gilles,  a  pelne 
debarque  en  Palestine,  meurt  a  Cesaree  ,  empoisonne  a  ce  qu'on 
croit  par  la  reine  de  Jerusalem.  Son  fils  et  sa  fiUe  se  refugient  au- 
pres  du  corate  de  Trlpoli ;  mais  a  1'instigation  de  la  meme  relne 
ils  sont  livres  aux  Turcs. 

1 149.  —  Retour  du  pape  Eugene  III  en  Italie  et  sa  lutte  eontre 

les  Romains.  — Arrivee  du  roi  de  France  a  Antloche  oii  il  est  P-  44. 
honorablement  recu  par  le  prlnce  Raymond,  oncle  de  la  reine 
Eleonore.  Celle-ci  temoigne  le  desir  de  rester  a  Antloche  pour  com- 
plaire  a  son  oncle  qui ,  en  retenant  le  roi  de  France  ,  esperalt 
trlompher  des  Turcs  avec  plus  de  facilite.  Le  rol  de  France  s'obsti- 
nant  a  partlr  et  a  emmener  la  relne,  Eleonore  declare  que  leur 
mariage  est  illicile  a  cause  de  leur  parente  au  quatrieme  degre, 
et  qu'ils  ne  peuvent  habiter  ensemble  plus  longtemps.  Le  roi  promet 
de  sc  separer  d'elle  si  tel  est  Favls  de  son  conscil,  mals  il  la  force 
a  partir  avec  lul  pour  Jerusalem.  Do  la  Louis  le  Jeune  ,   rcuni  a 


Ixi]  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

rempereur  Conrad  ,  va  mettre  le  siege  devant  Damas.  Le 
sieffe  est  levc  au  bout  de  trois  jours  ,  au  moment  ou  la  ville 
P.  45.  allait  etre  prise ,  et  cela  par  les  intrigues  des  princes  de  Palestine. 
La  meme  cause  arrete  le  dessein  du  roi  Louis  et  de  l'empereur  qui 
s'elaient  reunis  a  Jaffa  pour  aller  assieger  Ascalon.  L'empereur 
retourne  a  Constantinople.  Louis  le  Jeune  reste  une  annee  a  Jeru- 
salem.  —  Dcscente  en  Afrique ,  prise  d'Africa  par  Roger,  roi  de 
Sicile.  —  Reforme  de  sainte  Genevieve.  —  Expedition  des  empe- 
reurs  Conrad  et  Manuel  contre  le  roi  de  Sicile.  Leur  armee  est 
detruite  par  la  famine  et  lcs  saisons.  Conrad  retourne  dans  sa  patrie. 
—  Mort  de  saint  Malacbie,  eveque  d'Irlande. 

P.  46.  1 150.  —  Louis  VII  s'etant  embarque  pour  retourner  en  France, 
est  pris  par  une  flotte  grecque  et  delivre  par  Georges  ,  commandant 
de  la  flotte  sicilienne ,  qui  venait  de  ravager  les  faubourgs  de 
Constantinople.  Le  roi  de  Sicile  conduit  Louls  a  Rome  ou  il  est 
solennellement  recu  par  le  pape  Eugene  III.  Louis  VII  retourne 
en  France.  —  Raymond  ,  prince  d'Antioche  ,  est  pris  et  tue  par  les 
Turcs  qul  s'emparent  de  toutes  ses  villes  a  rexception  d'Antioche 
qui  reste  en  bulte  a  leurs  attaques.  Baudouin ,  rol  de  Jerusalem  , 
marche  contre  eux ,  les  defait,  prend  une  de  leurs  forteresses 
voisines   de   Damas  ,    et  rend  les  habitants  de  Damas  tributalres 

P.  47.  pour  trols  ans.  Gaza  reconstrulte  par  les  Templiers  qui  s'eu  ser- 
vent  pour  inquleter  les  Ascalonltes.  —  Engelbaud  succede  a  Eudes 
dans  rarcheveche  de  Tours. 

1151.  — *  Nouvelle  predication  de  la  croisade  ;  le  succes  en 
est  empeche  par  les  moines  de  Citeaux.  —  Barthelemi,  eveque  de 
Laon  ,  se  fait  moine  a  Jolgnl  la  trente-huitieme  annee  de  son  pon- 
tificat.  —  Mort  de  Thibaud ,  comte  de  Champagne ;  11  est  enterre 

P.  48.  h.  Lagni.  — Mort  de  Geoffrol,  comte  d'Anjou;  son  fils  Henri 
lui  succede. 

1152.  —  Divorce  de  Louis  VII  et  d'Eleonore  d'AquItaIne  dont 
l'unIon  avalt  produit  deux  filles ,  Marle,  depuis  femme  d'Henri, 
comte  de  Troyes  ,  et  Alix  qul  epousa  Thibaud ,  comte  de  Blois. 
Mariage  d'Henri  Plantagenet  avec  Eleonore  d'AquitaIne.  II  en  sort 
Henri ,  Richard  et  Jean ,  successlvement  rois  d'Angleterre ;  Geof- 
froi ,  comte  de  Bretagne,  et  quatre  Glles  dont  Tune  epousa  le  roi 

p.  49.  de  Ca.stille  et  ful  mere  de  Blanche ,  niere  de  saint  Louis  ;  Tautre 
fut  mariee  a  Alexis ,  empereur  de  Constantlnople  ;  la  troisleme, 
mariee  au  duc  de  Saxe ,  mit  au  monde  rempereur  Othon,  et  la 
dernlere  fut  femme  du  conite  de  Toulouse ,  et  lui  donna  Raymond 
qui  fut  le  beau-pcre  d'A!phonse  ,  comte  de  Poitiers ,  frere  de  salnt 
Louls.  —  Inlelligences  de  la  relne  de  Jerusalem  avec  les  infideles. 
Son  fils  Baudouin  s'empare  du  royaume  a  Texception  de  Naplouse 
qu'il  lui  abandonne.  —  Les  Moabites  s'emparent  de  la  Maurltanie 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  IxJij 

et  du  royaume  de  Bougie  apres  en  avoir  lue  les  rois;  ils  menacent 
d'envahir  la  Sicile  ,  rApouille  et  Rome.  —  Reconcilialion  du  pape 
Eugene  III  avec  les  Romains;  il  demeure  a  Rome  pendant  une 
annee.  —  Mort  de  Raoul ,  comle  de  Verraandois;  son  comte ,  par  P.  50. 
la  faveur  de  Louis  VII ,  passe  a  Philippe  ,  comte  de  Flandre.  — 
Mort  de  rempereur  Conrad  ;  election  de  son  neveu  Frcderic  Bar- 
berousse.  Mort  de  Hugue  ,  eveque  d'Auxerre  ,  de  Josselin ,  eveque 
de  Soissons  et  de  Suger,  abbe  de  Saint-Denys. 

1153.  — Mortdu  pape  Eugene  III ;  Anastase  lui  succede.  Mort 
et  scpulture  de  saint  Bernard.  —  Invasion  de  la  Normandie  ,  prise  P.  51. 
de  Vernon  par  Louis  VII.  Etieune,  roi  d'Angleterre ,  attaque  par 
Henri ,  duc  de  Normandie  et  d'Aqnitaine  ,  comte  d'Anjou  et  de 
Poltiers.  Decourage  par  la  mort  de  son  fils  Eustache,  il  traite  avec 
rimperatrice  Malhilde  et  avec  son  fils  Hcnri ,  et  adopte  ce  dernier 
en  lui  abandonnant  le  gouvernement  de  rAngleterre.  —  Prised'As- 
calon  par  Baudouin,  roi  de  Jerusalem.  —  £loge  de  Pierre  Lombart, 
d'Eudes  de  Soissons,  d^Yves  de  Chartres.  Ouvrages  de  Pierre  P.  52. 
Lombart. 

1154. — Mort  de  Roger,  roi  de  Sicile;  son  fils  Guillaume  I" 
lui  succede.  —  Mort  d'Etienne,  roi  d'Anglelerre.  Henri,  duc  de 
Normandie ,  est  couronne  k  sa  place.  II  ajoute  a  ses  immenses  pos- 
sessions  une  partie  de  l'Irlande.  —  Morl  du  pape  Anastase.  Elec- 
tion  d'Adrien  ,  Anglais  de  nation.  Adrien  donne  la  couronne  im- 
periale  a  Frederic ,  roi  des  Roraains ,  malgre  ropnosition  de  ces 
derniers.  —  Mariage  de  Louis  VII  et  de  Constance ,  infante  de  P.  63. 
Castille.  Sacre  de  la  reine  a  Orleans  ,  par  Hugue ,  archeveque  de 
Sens.  Controverse  a  ce  sujet  entre  rarcheveque  de  Sens  et  Samson  , 
archeveque  de  Reims.  —  Louis  VII  eut  de  Constance  une  fiUe  P.  54. 
nommee  Marguerite,  qui  fut  tour  a  tour  femme  d'Henri  au  Court 
Mantel,  et  de  Bela ,  roi  de  Hongrie. 

1155.  —  Trcmblement  de  terre  enBourgogne  la  nuitdulSjan-    • 
vier.  —  Prise  de  Thanis  ,  ville  d'£gypte,  par  Guillaume,  roi  de 
Sicile.    Le  meme  prince,  surpris  au  relour  par  la  flotte  grecque, 
la  defait  et  s'empare  de  cent  quarante  vaisseaux. 

1 156.  —  Guillaume  ,  roi  de  Sicile  ,  extermine  des  Moabites  qui 
s'etaient  empares  de  Pouzzoles  en  Italie  —  Assassinat  du  sultan 
d'Egypte.  —  L'assassin  fuyant  avec  les  tresors  est  pris  par  les  P.  55. 
Templiers  en  meme  temps  que  son  fils.  —  Succes  de  l'empereur 
Frederlc  en  Italie.  — Exemption  en  faveur  de  l'eglise  de  Sens  des 
droits  dus  au  roi  pendant  la  vacance  du  siege. 

1157.  ' — '  L'empereur  Frederic  prend  en  Ilalie  beaucoup  de 
villes  et  de  chateaux.  II  assiege  Milan  qui  Tarrete  pendant  sept 
annees.  —  Mort  d'Engelbaud  ,  archeveque  de  Tours ,  auquel  suc- 


Ixiv  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

c^de  un  brelon  nomme  Josse.  —  Marguerite ,  fille  de  Louis  VII 
et  de  Constance ,  est  promise  en  mariage  au  fils  aine  du  rol 
d'Angleterre. 

P.  66.  1158. — Visions  de  sainte  Elizabeth  ,  religieuse  saxonne. — 
Eloge  de  Thihaud  ,  d'ancien  moine  de  1'abbaye  du  Bec  ,  en  Nor- 
mandie ,  devenu  archeveque  de  Cantorberi.  Cest  lui  qui  faJt 
nommer  chancelier  du  rol  d'Angleterre  ,  Thomas  Becket,  alors 
archidiacre  de  Cantorberi.  —  Signe  de  la  croix  dans  la  lune. 
Apparition  de  trois  soleils, 

1 159.  — Mort  du  pape  Adrien.  Electlon  de  deux  papes ,  savoir  : 
du  chancelier  RoUand  qul  prend  le  nom  d'Alexandre  ,  et  d'Octavien 
qui  se  fait  appeler  Victor.  Ce  dernler  est  reconnu  par  rempereur. 
La  France  et  l'Anglelerre  embrassent  le  parti  d'Alexandre  III. 

P.  .07.  1160.  —  Eclipse  de  lune.  Mort  de  la  relne  Constance.  Mariage 
de  Louis  VII  avec  Adele,  fille  de  Thibaud  ,  comte  de  Champagne. 
Sacre  de  la  nouv^elle  relne  par  Hugue,  archeveque  de  Sens.  — 
Commencement  des  miracles  de  Notre-Dame  de  Rocamadour. 

1161.  —  Mort  de  Guillaume  III  ,  conite  de  Nevers.  Son  fils  et 
successeur  Guillaume  IV  estattaque  par  les  comtes  de  Joigni  et  de 
Sancerre,  mais  Temporte  sur  eux.  —  Henri ,  roi  d'Angleterre  et 
duc  d'Aquitaine ,  marche  contre  la  vllle  de  Toulouse  ou  11  voulait 
assieger  le  comte  Raymond  V  ;  mais  apprenant  que  Louis  VII  est 
dans  la  ville,  il  n'ose  assleger  son  seigneur  el  se  retlre. 
P.  58.  1162.  —  Amaurl  succede  a  Baudouin  son  frere ,  rol  de  Jeru- 
salem  ,  mort  sans  posterlte.  —  Grande  famine  dans  la  France 
entlere.  —  Milan  se  rend  a  rempereur  Frederlc  qul  delruit  les 
murs  et  les  tours.  Relnaud ,  archeveque  de  Cologne ,  falt  transporfer 
dans  sa  ville  archiepiscopale  les  corps  des  trois  mages  qui ,  portes 
d'abord  a  Constantinople,  avaient  ete  dans  la  suite  transferes  a 
Milan.  —  Le  papeAlexandre  se  refugie  en  France.  — SaintThomas 
est  consacre  archeveque  de  Cantorberl. 

1163.  —  Alexandre  III  preside  un  concile  a  Tours.  II  scjourne 
ensuite  a  Sens  pendant  une  annee  et  demie.  —  Exil  de  saint 
Thomas  de  Cantorbcri.  II  vient  a  Sens  exposer  au  pape  les  causes 
P.  59.  de  son  exil.  Le  pape  le  felicite  d'avoir  defendu  rEglise  contre  les 
attaques  d'un  tyran  ;  condamne  les  taxes  exlgees  par  Henri  II  , 
excommunle  ceux  qui  les  paient  et  ceux  qui  les  recoivent.  Saint 
Thomas  se  retire  a  Pontignl  ou  11  sejourne  deux  annees.  Ensuite  II 
s'etablll  dans  l'abbaye  de  Salnle-Colombc  de  Seus  aux  frai.s  du  roi 
de  France.  —  Alexandre  III  consacre  l'autel  de  Sainl-Pierre  et 
Saint-Paul  dans  reglise  de  Saint-Etienne  a  Sens  ,  et  dcdie  Teglise 
de  Sainte-Colombe. — Vicloire  de  GuillaumelV,  comle  de  Nevers, 
sur  llltienne  ,  comte  de  Sancerre. 


TARLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixv 

1 164-  —  Persecutioiis  (l'Henii  roId'Angleleneconlie  les  parenls 
ile  Thomas  ,  archevcque  de  Cantorberi.  II  les  depouille  de  tous 
leur.sbiens  et  les  chassedu  royaume,  apreslcur  avoir  fait  jnrer  d'aller 
a  Pontigni ,  altrister  le  saint  archeveque  par  le  spectacle  de  leur 
misere. 

1 165-  —  Alexandre  III  retourne  a  Rome  ou  il  est  honorablement   ^-  60. 
recu.  —  Naissance  de  Philippe  Auguste.  Vision  deLonis  VII  avant 

Lt  naissance  de  son  fils.  —  Guichard  ,  abbe  de  Pontigni  ,  est  elu 
archevcque  de  Lyon. 

1166-  —  Ravages  exerces  par  les  loups  dans  le  Rouergue.  — 
Henri,  frere  du  roi  de  France,  d'abord  moine  de  Clairvaux,  ensuite 
eveqne  de  Beauvais  ,  devient  archeveque  de  Reims. 

1167.  — '  Siege  de  Ronie  par  rempereur  Frederic.  La  peste  fait  ^  '•*■ 
perlr  rarmee  aliemande.  —  Mort  de  rimperatrice  Mathllde  ,  mere 

du  roi  d'Anglelerre.  Mort  de  Guillaume  I'^''  roi  de  Slcile  ,  auquel 
succede  son  fils  Guillaume  II.  —  Mort  d'Aniauri ,  d'abord  abbe  de 
Chaalls,  ensuite  eveque  de  Senlis. 

1168.  —  Peste  a  Jerusalem.  Guillaume  comte  de  Nevers  y  suc- 
combe.  Son  frere  Gui  lui  snccede.  — Quehjues  seigncLirs  siciliens, 
en  haine  du  chancelicr  de  Siclle  qui  clait  francais  ,  fniU  niettre  a 
mort  lousles  Francals  qui  etalent  uans  rApouille  ct  la  Calabre.  Ils 
sont  eux-memes  punls  de  morl  par  ordre  du  roi. 

1169.  —  Catane  est  renversee  parun  trembleinenl  de  lerre  qui   P-  62. 
fait  perlrreveque  ,son  clerge  ,  rabbedeMilet  avecquaraale  moines 

et  pres  de  quinze  cenls  habitants.  —  Henri  rol  d'Anglelerre  ,  en 
haine  de  saint  Thomas  archevcque  de  Caulorberl ,  qul  etait  a  Sens , 
et  malgre  ses  protestalions  ,  falt  sacrer  son  fils  aine  Hcnrl  par 
Roger  eveque  d'Yorck.  —  A  Hugue,  archeveque  de  Sens ,  succede 
Guillaume  (aux  blanches  malns)  fils  de  Thibaud  comtc  de  Cham- 
pagne  ,  frere  d'Adele  relne  de  Fraiice.  II  est  sacre  a  Sens  par  Mau- 
rice  de  Sulli,  eveque  de  Paris. 

1170.  —  Tremblement  de  lerre  en  Orlent.  Destruction  d'une 
grande  partie  de  la  ville  d'Antioche.  — Henri  roi  d'AngleleiTe  ,  a 
riustigation    du  pape  et  du  rol  de  France ,  rappelle  salnt  Thomas 

en  Augleterre,  mals  11  evlte  de  recevolr  de  lul  le  baiscr  de  paix.    P.  03. 

1171.  —  AinaurI,roI  de  Jerusalem,  envahlt  rFgypte,  et  soumet 
au  tribut  Molan  ,  prince  paien,  —  Meurtre  dc  saint  Thomas,  arche- 
veque  de  Cantorberi. 

1172.  —  Saladin  ,brigand  deDamas  ,  fait  chevalicr  par  Honfioi 

de  Thoron  ,  tue  cn  trahlson   Molan  rol  d'Egypte  (i)  ets'emparede   P.  61. 

(i)  Ce  Molan  n'est  probablement  pas  different  de  Adhed,  le  dernier  des 
califes  fatiniites. 


Ixvj  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

soii  royantnc.  —  Canonlsation  de  saint  Thomas  de  Cantorheri.  ■ — 
Guerre  cntre  Henrl  roi  trAngietcrre  ,  !a  reine  sa  femme,  et  leurs 
trois  fils  Hcnri ,  Richard  et  Geoffroi. 

1173.  — Apparilion  <l'arniee.s  de  feu  dans  les  airs.  ' —  Les  fils 
d'Henri  rol  crAngleterre  continuentla  guerre  contre  leur  pere ;  avec 
le  secours  du  roi  de  France  et  de  ses  barons  ,  ils  ravagent  la  Nor- 

P.  05.  mandie.  —  Mort  de  Josse,  archevecjue  de  Tours ;  il  laisse  ;i  pelne 
de  quoi  fournir  a  ses  funerailles.  H  a  pour  successeur  Barlhelemi , 
homme  d'une  illuslre  famille  et  d'une  grande  eloquence.  Celul-ci 
soumel  eufin  ,  aprcs  une  longue  lutte,  revcque  de  Dol  depuis  long- 
temps  rebelle  a  rautorite  mctropolitaine.  —  Eloge  et  ouvrages  de 
Pierre  Comestor. 

1174.  —  Mort  d'Amauri ,  roi  de  Jerusalem  ;  Baudouin  IV  son 
fils  lul  succcde.  — Mort  de  Noureddin  ,  sultan  de  Damas  ;  Sa- 
ladin  epouse  sa  veuve,  chasse  scs  heritiers  et  s'empare  de  sesEtats. 
Ce  mcme  prince  se  rend  maitre  d'Edesse ,  de  Djezireh  ,  et  recule 

P.  6C.  jnsqu'a  Tlnde  les  limilcs  de  son  emplre.  = —  Accord  entre  le  roi 
d'Angleterre  et  ses  enfants ,  en  presence  du  roi  de  France.  — ^  Inon- 
dallons  exlraordinaires.  Horriblc  famine.  Ces  fleaux  sont,  au  dire 
de  beaucoup  de  geus,  des  avant-coureurs  de  1'Antechrist. 

1175.  —  Mort  d^Henri  ,  archeveque  de  Reims  ,  frere  de 
Louis  Vll.  II  est  remplace  par  Guillaume  ,  archeveque  de  Sens , 
frere  de  la  reine  Adele.  Gul  est  elu  archcveque  deSens.  — Traite 
d'union  entre  les  moincs  de  Salnt-Marlin-des-Champs  de  Paris  ,  et 
les  chanoines  de  Salnt-Marlin  de  Tours. 

1176.  —  Grandc  famine  en  France,  Poursecourir  lespauvres, 
on   engage   les  ornemcnts   d'eglise  ,   on  depouille  les  chasscs  des 

P.  Cn.  saints.  Charite  de  Tordre  de  Citeaux.  —  Eloge  de  Maurice  de 
Sulli ,  eveque  dc  Paris 

1177.  —  Eclipsc  de  soleil.  — Saint  Anseauraeeveque  dc  Bellei. 
Miracle  arrive   h   son  tombeau.  —  Construction   d'un  pont  sur  le' 
Rhone  a  Avignon. 

1 178.  —  Frederic  Barberousseabjure  le  schisme  qui  avait  dure 
P.  C8.   seize  ans  et  fait  la  palx  avec  le  pape  Alexandre.  —  Jerusalem  cst 

altaquee  par  une  innombrable  armec  de  Sarrasins,  qul  sont  vaincus 
et  niis  en  fuile  par  les  Chretiens  bien  inferieurs  cn  nombre. 

1179.  —  Concile  de  Latran  preslde  par  le  pape  Alexandre.  — 
Les  luics  s'emparcnt  d'un  chateau  Ires-fort ,  que  les  TempHers, 
avec  l'aidc  du  roi  de  Jerusalem  ,  avaient  construit  au  lieu  appele 
Gue  de  Jacob.  —  Mariage  d'Agnes  ,  fille  de  Louls  VII  ,  avec  le  fils 
dc  rempcreur  de  Constantinople.  —  Philij)pe(Augusle) ,  fils  du  roi 
dcFrance,  est  sacre  a  Relnis  du  vivant  de  son   pcre.  Louis  VII 

P.  C!),    londjc  cn  paralvsle.  — ■  Mort  ct  epitaphc  dc  Plerre  Comestor. 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixvij 

1 180.  —  Mariao^e  du  jeuiie  roi  Pliilippe  de  Fraiice  avec  Isabelle 
de  Tlainaut,  qui  lui  apporte  la  ville  d'Arra.s  et  toute  la  terre  qui 
avait  apparleiiu  au  comle  de  Hainaut  sou  pere  sur  les  bords  de  la 
Lis.  Sacre  de  la  jcunc  reiuc.  Mccontenlement  de  la  reinc  mere 
Adele  et  d."  ses  iVcres.  Une  giierre   s'eieve  eutre  cux  et  Philippe , 

mais  elle  n'est  pas  de  longue  durce.  ■ — ^Mort  de  Louis  VII.  II  est  en-  ^-  10. 
terre  a  Tabbaye  de  Barbeaux.  Eloge  de  ce  prlnce. —  Mort  dc  Manuel 
empereur  de  Constantinople.Son  fils  Manucnulsuccede.  —  Guerre 
entre  rempereur  Frederic  et  le  duc  de  Saxe.  —  Mort  de  Guerin 
archeveque  de  Bourges,  et  de  Jean  eveque  de  Chartres  qui  avait 
ecrit  la  passion  de  saint  Thonias  de  Cantorberi  dont  11  etalldisciple. 
• —  Picle  et  visions  mlraculeuses  d'une  jeune  malade  de  Cudot ,  dans  P.  7 1 . 
le  terrlloire  de  Sens. 

1181.  —  Henri  comte  de  Champagne,  en  revenant  de  Jeru-  P  12. 
salem  ,  esl  pris  par  les  Daces  et  dellvre  par  ies  Grecs;  II  meurt  en 
arrivant  en  Champagne.  —  Le  jeune  Baudouin,  rol  de  Jerusalem  , 
tombe  malade  de  la  Icpre.  —  Transforniation  miraculeuse  de  la 
sainte  hostie  a  Orleans  ,  en  Bonrgogne  ,  h  Bralne  ,  a  Vendome  eta 
Arras.  Henrl  cveque  d'Albane  est  envoye  par  le  pape  Alexandre 
dans  la  Gascogne  pour  y  dctruire  l'heresie.  Le  legat  procede  contre 

les  hereliques  par  la  predicalion  et  parles  armes.  —  Traite  de  paix  P.  73. 
entrerempereur  Frcderlc  et  le  duc  dc  Saxe.  Ce  dernler  ne  devant  , 
d'apres  le  traite  ,  ravoir  son  duche  <]u'apres  sept  ans  d'exil  ,  se 
retire  auprcs  de  son  beau-pcre  !e  iol  d'Angletcrre,  avcc  sa  femme  et 
ses  enfants.  —  Mort  d'Alexandre  III.  Eleclion  de  Luce  III,  ■ — 
Ligue  de  Philippe  comle  de  Flaudre,  dii  duc  de  Bourgogne,  de 
Guillaume  archeveque  de  Pieims  ,  de  'J  hibaud  conite  de  Blois, 
d'Etienue  comte  de  Sancerre,  contre  le  rol  de  France.  Phillppe 
Auguste,  prend  des  Brabancons  a  sa  solde  ,  et  ravage  les  terres  du 
coiute  deSancerre. 

1182-  —  Frederic  Barberousse  leve  dcs  troupes  pour  alder  les 
selgneurs  de  France  revoltes  conlre  lcur  roi ;  uiais  le  roi  d'Angle-  ' 
terre  se  range  avec  ses  enfauls  du  parll  de  Philippe  Auguste,  et  P-  74- 
meuagp  un  traite  de  palx  enlre  ce  dernier  et  scs  barons.  —  A  Cons- 
tantinople,  Andronic  s'arrogeanl  violemmeut  la  tutelle  du  jeune 
empereur  ,  souleve  le  peuple  conlre  les  Latins  ct  les  Francs  qui  sont 
presque  tous  massacres.  Ala  faveur  du  tumulte,  Andronlc  s'empare 
du  palais,  dont  le  portique  est  incendie  avec  beaucoup  (i'autres  edl- 
fioes.  -^  Eloge  el  vlsion  de  Pierre  le  Borgne ,  abbe  de  Clairvaux. 

1183.  — ■  Andronic  fait  noyer  le  jeune  empereur  de   Constanti-   P.  7o. 
nople  et  usurpe  le  pouvoir.  —  Mortet  sepulturedujeune  rol  d'An- 
gleterre  Henri  (au  Court  Manlel).  —  Les  Romains  sc  soulevent 
conlre  le  pape  Luce  III ,  le  chassent  de  la  ville  et  accablent  d'ou- 
trages'ses  partisans.    Le  pape  se  retire  u  Verouo  pour  y  attendrc 


Ixviij  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

(Ips  secours  de  rempereur.  —  Saladin  envahit  les  environs  de  Je— 
rusnlein  ,  tue  et  fait  prisouniers  bcaucoup  de  Cbretiens.  Bientot 
ayant  eprouve  despcrles,  il  se  retireapres  avoir  conclu  une  treve. 
—  Phillppe  Aiiguste  chasse  les  Juifs  des  synagogues  de  son  rojaume 
et  en  couverlit  la  plupart  cn  egiises.  II  fail  environner  de  murs  le 
bols  de  Vincennes.  II  fait  batir  des  balles  ,  et  cree  un  marche  a 
Parls  sur  Li  pbice  des  Champeaux.  —  Plus  de  sept  mille  Cottereaux 

P.  1C>.   sont  massacres  dans  le  Berri  par  une  association  de  gens  du  pays. 

Barbarie  deces  brlgandscontre  les  ecclesiasliques.  Details  deleur 

sacrilege  rapacite  dans  les  egbses.  Heretiques  de  Flandre;  un  grand 

nonibre  d'entre  euxsont  brules  par  ordre  du  comteet  de  Guillaume 

P.  77.    archevequc  de  Reims. 

1184.  —  Guerre  entre  Phib'ppe  Auguste  et  Philippe  comle  de 
Flaudre,  au  sujct  ihi  Vermandois.  Par  un  traite,  le  comte  renonce 
au  \  erinandols ,  a  rexceplion  des  cbateaux  de  Peronne  et  de  Saint- 
Quentin  uont  on  lui  biisse  la  jouissance  durant  sa  vie.  —  Heraclius, 
palriarche  de  Jerusalem  ,  et  le  prieur  des  Hospitallers  d'outre-mer 
vienneut  en  France  demander  du  secourspour  laTerre-Sainte  contre 

P.  78.  les  Sarrasins.  Le  roi,  a  leur  priere ,  expedie  a  scs  frais  eu  Palestine 
de  valeureux  cbevaliers  ,  avec  uiie  innombrable  multitude  de  fan- 
lasslns.  — ■  Phlllppe  Auguste  fait  paver  en  plerres  dures  les  rues 
de  Paris. 

1185.  —  Baudouin  IV,  roi  de  Jcrusalem  ,  meiirt  apres  avoir 
institue  pour  son  herltlcr  Baudouin  V,  fils  de  Sybille  sa  soeur ,  sou.s 
la  tutelle  de  Raimond  comle  de  Tripoll.  —  Gucrre  partcrre  et  par 
mcr  enlre  GuIHaume  roi  dc  Sicile  ,  et  Andronic  empereur  de  Cons- 
tantinople.  Guilbiume  s'empare  de  Sah)nique  et  de  plusieurs  autres 

P.  79.  villes.  —  Tremblcment  de  terre  a  Uzes.  EcHpses  de  hine.  — 
Cruautes  d'Androuic,  empercurde  Constantlnople,  contreles  nobles 
de  son  empire.  II  s'attire  la  haine  de  lous  ses  sujets.  Isaac  TAnge , 
de  \a  race  imperiale,  se  fait  couronner  empereur  par  le  patriarche 
de  Conslanlinople.  11  attaque  Andronlc  et  la  fait  horrlblemenl 
mutder.  —  Mort  du  pape  Luce  III.  Electlon  d'Urbain  III. 

1 186.  — Mort  et  sepulture  de  GeofFroi  comle  de  Bretagne  ,  fils 
P.  80.   d'Henri    Plantagenet.  —  Philippe  Auguste  force  le  duc  de  Bour- 

gogne  a  lever  lc  siege  de  Veigi.  — Mariage  d'Henri  ,  fils  de  rem- 
pcreur  Frederic ,  avec  Conslance  soeur  de  GuiHaume  roi  de  Sicile. 
Henri  rccoil  de  son  pere  le  titre  de  roi  des  Romains.  —  Mort  du 
jeune  Baudouln  ,  roi  de  Jcnisaleni.  Gui  de  Lusignan  ,  mari  dc  Sy- 
bille,  mere  de  Baudouin  ,  succede  a  ce  dernier.  De  \i\ ,  de  graves 
tlissensions  cntre  le  nouveau  rol  ct  le  cointede  Tripoli  qulavaiteu 
la  lulelle  dc  Baudouln.  —  Mariage  de  Margucrite,  soeur  de  Pliilippe 
Augusle  ct  vcuve  d'Henri  au  Courl  Mantd,  avec  Rela  roi  de  Hon- 
P.  81.    grie.  —  Reinaud,  priuce  d'Anlioche  ,  rompt  la  Ireve  conclue  entre 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Lxix 

les  Chretiens  et  les  Turcs ,  en  attaquant ,  tlepouiUant  el  faisant 
prisonniere  une  rlche  et  nomhreuse  troupe  de  Turcs  (jui  ,  sur  la  foi 
de  la  treve,  passait  sur  les  terres  des  Chretieus  pour  sc  rendre  de 
Damas  enEgypte.  —  L'ahhe  Joachim  se  rend  a  Verone  aupres  du 
pape  Urbain  III  ,  pour  soumeltre  divers  ouvrages  a  la  censure  du 
souverain  pontife.  Interpretations  de  Tahhe  Joachim  sur  queh]ues 
points  des  Ecritures  ,  dont  rintelligence  lui  avail  ele  miraculeu-  p.  82. 
sement  revelec. 

1187.  —  Defaite  des  Cliretiens  par  lesTurcsdans  la  Palesline. 
Mort  de  Roger  des  Moulins,  maitre  des  Hospitahers.  Un  grand 
noinhre  de  Templiers  sout  tucsou  prls.  ■ — Dissensions  entre  les  rois 
de  France  et  d'Aiigleterre.  Richard  Coeur  de  Lion  ,  a  1'insllgation 
du  rol  son  pere,  refuseue  rendrehomniageaPhillppe  Auguste  pour  P.  83. 
le  conite  de  Poitlers.  Phiilppe  Auguste  reclame  valnemeut  Gisors  et 
les  aulres  chateaux  du  Vcxin  normand,quI  avalentete  dounes  en 
dot  aMarguerite,  lors  de  son  marlage  avec  Henrlau  Court  Mantel, 
et  qul  devaient  revenlr  au  roi  de  France  a  defaut  d'enf;mts  de  ce 
mariage.  Phlllppe  entre  en  Aquitalue  a  la  lete  d'une  armee  ,  s'em- 
pare  d'Issoudun  et  de  plusieurs  autres  places  ,  el  ravage  le  pays 
jusque  sous  les  murs  de  Chateauroux  ou  elait  le  roi  d'Anglelerre. 
Tralte  de  paix  entre  les  deux  rois.  —  Saladln  altaque  la  Galllee  et 
forme  le  siege  de  Tiheriade.  ■ —  Gul  roi  de  Jerusalera ,  les  Teni- 
pllers,  les  Llospitaliers ,  les  eveques,  les  seigneurs  et  le  peuple, 
niarchent  ensemhle  a  1'ennemi.  Le  sultan  ahandonue  le  siege,  el 
se  retire  a  qualrc  milles  de  la  ville.  Batallle  deliheriade.  Situalion  P.  84. 
desavantageuse  des  Chretiens.  Conseil  fatal  du  comte  de  Tripoli, 
Defalte  de  rarmee  chretienne.  Fulte  du  comte  de  Tripoll.  Prise  du 
roi  Gul  de  Lusignan.  Perte  de  la  vrale  croix.  Massacre  des  Hos- 
pitallers  el  des  Templlers.  —  Causes  du  desastre  dc  Tiheriade.  P.  85. 
Renaud  de  Chatillon  ,  tuteur  du  prince  d'AntIoche,  est  decapitede 
la  maln  meme  de  Saladln.  — Le  sultan  parlage  le  hutln,  en  fait 
porter  a  Damas  la  meilleure  parlie  ,  et  rend  graces  a  Dleu  de  sa 
victolre,  Prise  de  Plolemais  par  les  Turcs.  Clemence  <hi  vainqueur. 
—  ConraddeMontferrat  ,  apresavoirdeharrasse  ,  a  Constantinople  ,  P.  86. 
Isaac  l'Ange  son  heau-frere  d'un  de  ses  competileurs  a  rempire  ,  se 
rend  a  Jcrusalem,  Apprenant  que  Saint-Jean-d'Acre  est  au  por.voir 
des  Turcs  ,  II  debarque  a  Tyr ,  el  entreprend  de  defendre  cefte 
ville.  Le  comte  de  Tripoli  qui  s'y  etait  refugie  apres  la  hataille  de 
Tiberiade  ,  devenu  rohjet  des  soupcons  de  tous  ,  est  ohlige  d'en 
sortir  ,  el  se  retlrea  Trlpoli.  Saladln  !e  somme  de  faire  ratifier  par 
ses  sujets  le  traite  qu'il  a  fait  avec  lui.  Les  hahitants  deTripoli  re-  P.  87. 
fusent  d'abord  lc  seraient.  Le  comte  meurt  de  mort  subite.  Eu  1e 
depouIUant ,  on  s'apercoit  qu'il  s'elait  fait  circoncire.  Le  comle  de 
Tripoll  p.Tsse  au  fils  du  prince  d'AntIoche.  — Exploits  de  Conrad 
de   Montferrat  a  Tyr.  —  Nalssance  dc  Louis,  fils  de  Philippe  Au-  P.  88. 


Ixx  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

o„sie.  —  Saladiii,  maitre  de  Saint-Jean-d'Acre ,  s'enipare  de  Berytc 
et  de  Sidon  ,  niais  il  est  repousse  devant  Tyr.  II  prend  Ascalon 
par  coniposilion  ,  et  rend  la  liberte  au  roi  Guiet  a  quinze  de  ses 
prlncipaux  prisonniers.  Eclipse  de  soleiL  Les  Turcomans  attaquent 
Laodicce,  pillent  et  ravagenl  les  environs  d'Antioclie;  mais  ils  sont 
defiiils  dans  lcur  retraile  par  les  habilants  de  cette  ville.  —  Siege 

P.  89.  de  Jerusalem  par  Saladin.  Prise  de  la  ville.  Conditions  imposees 
par  le  vainqueur.  Les  Turcs  brisent  les  cloches  et  changent  les 
e^lises  en  ecuries.  Les  Syriens  rachetcnt  reglise  du  Sepulcre.  Sa- 
hidin  faitlaver  le  temple  avec  de  Teau  de  rose.  Liberalite  du  sultan. 

P.  90.  Sort  de  la  population  de  la  ville  sainte.  —  Douleur  que  cause  en 
Occident  la  prise  de  Jerusalem.  Le  pape  Urbain  III  en  meurt  de 
chagrin.  Ekction  et  mort  preniaturee  du  pape  Gregoire  VIII.  Cle- 
inctit  III  lui  succede.  —  Tralle  de  paix  entre  )'empereur  grec  et 
le  roi  de  Sicile. 

1 188.  —  Gui  ,  roi  de  Jerusalem  ,  remis  en  llberle  par  Saladin, 
debarque  a  Tyr ;  mals,  reponssc  par  le  marquls  Conrad,  il  sejourne 
P.  91.  peudanl  un  an  ,  tanlot  a  Autloche,  tanlot  a  Trlpoll ,  attendant  les 
secoiirs  d'Occident.  —  Philippe  Auguste  et  Henrl  Planlagenet  se 
croisent  a  rinstigation  de  l'archeveque  de  Tyr.  Leurs  barons  et  une 
foule  innombrable  de  lenrs  sujets  imltent  leur  exemple.  L'empe- 
reur  Frederic  prend  aussi  la  crolx.  Dans  tout  l'cmpire,  dans  toul 
runivers,on  se  voue  au  saint  pelerinage.  —  Etablissement  de  la 
dime  saladlne.  Inconvenlents  qul  en  resultent  pour  lesegllses.  01)- 
stacles  a  la  sainle  enlreprlse.  Dissentlnients  entre  les  princes.  Richard 

''  'J2.  Coeur  de  Lion  revellle  les  anclennes  querelles  de  son  pere  et  de 
Philippe  Auguste.  Le  roi  de  France  envahit  rAuvergne  et  soumet 
le  pays.  Le  rol  d'Angleterre  entre  en  Normandie,  brule  la  ville 
de  Dreux  et  tous  les  villages  sltues  entre  Dreux  et  Gisors.  Phillppe 
se  met  a  sa  poursuite  ,  s'empare  en  passant  de  Vendome  ,  et  chasse 
du  chateau  de  Troulc  roi  d'Angleterre  et  son  fils.  Treve  entre  les 
deux  pavlies.  ■ —  Les  Templiers,les  Hospilallers  et  beaucoup  d'au- 
tres  guerriers  couragcux  s'em])arquent  pour  aller  au  secours  de  la 
'1  erre-Sainte.  Le  roi  de  Slcile  eqiiipe  une  flotte  pour  assurer  le  pas- 
sage  des  pelcrins  et  lesdefendre  dcs  pirates.  —  Secheresse  inouie. 

P.  93.  Incendies  a  Tours  ,  Chartres  ,  Beauvals  ,  Auxerre  ,  Troie.':  et  Pro- 
vins.  — Saladiii  fortlfie  les  places  Jont  il  s'est  empare.  Ilattaque 
de  nouveau  la  vllle  de  Tyr.  Tantot ,  pour  decidc-r  Coiiiad  a  reiidre 
la.ville,  Saladin  offre  de  rendre  la  liberle  au  marquis  de  Mont- 
ferrat,  qu'il  avait  pris  a  la  bataille  de  Tiberiade  ,  lanlck  il  menace 
de  lui  oter  la  vie.  Conrad  reste  Innexible.  Le  sultan  ,  ajjres  a\oir 
eprouve  bicn  des  pertes  ,  est  contraint  de  levorle  siege. 

1189.  ' —  Les  archeveques  do  Ravenne  et  de  Pise  debarquenl  a 
Tyr  avec  une  arniee  d'Ilalieus.  —  Depart  de  remperiur  Fredcric 


TABLEAU  CHllONOLOGIQUE.  Lxxj 

et  de  sou  fils  le  duc  de  Souabe  pour  la  Terre-Sainte.  lls  passent  cn  p.  94. 
Hongrie,  traversent  le  Danube  et  se  dirigent  vers  la  Thrace  par  la 
Bulgarle.  L'en)pereur  grec  leur  refusant  le  passage  ,  ils  entrent  en 
Grecc  ,  s'emparent  d'uiie  parlie  du  pays  ,  et  y  seiourneut  quelquc 
teraps.  Les  Frisons  el  les  Daces  cnvoient  cinquanle  valsseaux  en 
Tcrre-Sainfe.  Hs  sont  suivis  par  Irente-sept  vaisseaux  flaraands,  qui, 
passant  en  Espagne  ,  assiegent  Silves,  vlUe  sarrasine  des  Algarvos  , 
la  prennent  apres  quaranle  jours  de  siege  ,  en  massacrent  tous 
les  hiibitants,  et  s'elant  partage  le  butln  ,  laissent  la  villeau  roi  de 
PortugaL  Beaucoup  de  guerrlers  renommes  partent  aussl  de  la 
France  et  de  \;i  Champagnc  pour  rOrient.  —  La  guerre  conllnue 
entre  lesroisde  France  et  d'AngIeterre.  Prise  deTours  parPhilippe 
Auguste  et  lcs  Manccaux.  Paix  enlre  les  deux  rois.  Henri  Planta- 
genet  meurt  du  chagrin  quc  bii  oausent  ses  defaltes  et  La  rebelllon 
de  son  fils  Rlchard.  H  est  enseveli  a  Fontevrault.  Son  eloge.  Sacre  p.  95. 
de  Richard  Coeur  de  Lion  a  Londres.  —  Karac  ,  apres  deux  ans 
de  siei;e,  se  rend  a  Saladin  ,  qul  ,  en  retour,  donne  la  liberle  a  Hon- 
froi  deThoron  et  a  Girard  grand-maitrc  des  Templicrs.  Echange  du 
marquis  de  Montferrat  avec  un  prisonnier  sarrasin.  —  Siege  d'Acre 
par  Gui  roi  de  Jerusalem.  L'armee  assiegeante  est  elle-meme  blo-  P.  9G. 
quee  par  les  Turcs.  La  dyssenterle  se  met  parml  les  Chretiens. 
MorldeSybillereine  de  Jerusalem  ,  et  de  ses  quatre  fils.  Leroyaume 
passe  a  Isabelle  ,  femmed^Honfroi  de  Thoron.  Ellequltte  son  mari  , 
et  donnc  sa  main  au  marquls  Conrad,  qui  devient  par  la  rol  de 
Jerusalem.  —  Guillaunie  roi  de  Slclle  meurt  sans  laisser  d'heri- 
tiers.  Henri ,  fils  de  rempereur  Frederlc  ,  pretend  au  royaume  de 
Slclie  par  drolt  de  parente  ,  et  en  vertu  d'une  promesse  qui  lui 
aurah  cte  faile.  Les  seigneurs  siciliens  elisent  Tancrede  pour  leur 
roi.  Iroubles  et  guerres  occasionnes  par cette  eleelion.  -  Morl  de  p.  97. 
la  reine  Elisabeth  (ou  Isabelle)  femnie  de  Philippe  Auguste. 

1 190.  — Depart  pour  la  Terre-Sainle  des  rois  de  France  el  d'An- 
gleterre  ,  des  seigneurs  ,  des  eveques  el  des  chevaliers  du  rovaume 
de  France.  Plusieurs  vaisseaux  sont  repousses  sur  lc  bord  par  la 
tempete ,  quelques  auties  sont  submerges.  Philippc  Auguste  et 
Richard  passent  rhlver  a  Messine  en  Slcile;  predlclions  de  l'abbe  P.  98. 
calabrais  Joachim.  —  Accord  de  rempereur  Frederic  ct  d'Isaac 
FAnge,  empereur  grec.  Frederic  passe  le  Bosphore  eltraverse  rAsie, 
ou  il  souffre  beaucoup  de  la  diselte  et  des  altaquesdc  rennemi.  H 
ravage  les  environs  d'Iconium.  II  tombe  dans  une  embuscade  oii 
11  defait  une  armee  innombrable  de  Turcs.  Sa  mort ,  soii  eloge. 
Relour  de  l'armee  allemande  a  Antioche.  La  mortalile  la  reduit  a  P.  99 
un  petit  nombre  de  soldats.  Le  duc  de  Souabe  ensevclit  a  Tyr  le 
corps  de  rempereur  son  pere ,  et  va  mourir  lul-nu*me  au  siege 
d'Acre.    Phillppe    comtc   de   Flandre,  Thibaud  comte  de   Blois  , 


Ixxij  TARLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

Etienne  comte  de  Sancerre  ,  et  une  foule  d'autres  seigneurs  perissent 
aussi  devant  Acre. 

1191.  — Mort  du  pape  Clement.  Election  et  consecration  du 
diacre  Jacynlhe  qui  prend  le  nom  de  Celestin.  Le  nouveau  pape 
donne  la  couronne  imperiale  a  Henri,  fils  de  Tempereur  Frederic. 

—  Richard  refuse  ,  malgre  la  sommation  de  Philippe  Auguste  , 
de  partir  avec  lui  pour  la  Terre-Sainte  au  mols  de  mars.  II  refuse 
meme  d'epoustT  la  soeur  du  roi  de  France  alnsl  qu'Il  l'avalt  jure. 
Pliilippe  part  seiil,  arrive  devant  Acre  et  se  voit  recu  par  les  assie- 

P.  100.  geants  com-iie  un  ange  sauveur.  Pendant  ce  temps  ,  Richard  fait  la 
conqucte  de  Tile  de  Chjpre.  Phillppe  attend  Richard  pour  pousser 
le  siege  d'Acre,  alnsi  qu'ils  en  etaient  convenus.  Richard  arrive  , 
et  de  nombreuses  dissenslons  eclatent  entre  les  deux  rols  au  sujet 
dcs  operations  du  siege.  Phllippe  n'en  continue  pas  molns  a  battre 
Its  murailles  de  la  ville  dont  les  habitants  se  rendent  enfin  a  lul  le 
l.^juillet  apres  deux  ans  de  siege.  Des  Turcs  qu'on  trouve  dans  la 
ville  ,  les  uns  se  rachetent ,  les  autres  sont  redults  en  esclavage ; 
d'autres  enfin  .^^ont  massacres.  Terreur  que  repand  la  prise  d'Acre. 
Les  enneml.s  abandonnent,  apres  les  avoir  detrults  ,  Ascalon  et  plu- 

P.  JOl.  sieurs  autres  chateaux.  —  L'empereur  Henrl  assiege  Naples,  mals 
la  maladle  le  force  arentreren  Allemagne.  —  Extraction  delatete 
du  bienheureuxniartyrDenys,  ;i  i'abbayedeSaint-Denysen  France. 
Hlstolre  de  cette  sainte  relique.  —  Dissensions  entre  les  rois  de 
France  et  d'Angleterre.  Phllippe  Auguste  lalsse  son  armee  au  duc 
de  Bourgogne  et  retourne  en  France.  Richard  reste  en  Palestine, 
delivre  les  Chretiens  renfermes  dans  Jaffa  ,  et  se  signale  par  divers 
autres  exploits. 

P.  102.  1192.  —  Treve  de  trois  ans  entre  Saladin  et  nos  soldats ,  a 
condlllon  que  ceux-ci  demollront  de  nouveau  Ascalon  quMls  avaient 
fait  reconstrijire.  Assassinat  du  marquls  Conrad.  Mort  du  duc  de 
Bourgogne.  Mariage  d'Hcnri  comte  de  Champagne  avcc  la  veuve 
de  Conrad.  \  ente  de  rile  de  Chypie  par  Richard  Cocur  de  Lion  a 
Gui  de  Lusjgnan  ,  ancien  rol  de  Jerusalem. 

P.  103.       1 193.  —  Captivitede  Richard,  roi  d'Angleterre,  en  AUemagne. 

—  Mort  de  Saladln  ,  sultan  du  Caire  et  de  Damas.  Contestations 
eutre  scs  enfants.  —  Philippe  Augusle  prend  lc  chateau  de  Gi.sors  , 
brijle,  detruit  ou  forliiie  pour  son  comple  bon  nombre  d'aulres 
chaleaux  en  Normandie.  Mariage  de  Philippe  Augusle  et  d'Inge- 
bvrrge,  soeur  du  roi  dc  Danemarck.  Subite  averslon  de  Phllippe 
pour  sa  nouvclle  ejiouse.  —  Mort  de  Gui,  archeveipie  de  Sens  ,  au- 
quel  succede  Mlchel,  doven  de  reglise  de  Paris. 

1194-  —  Dclivrancc  et  relour  du  rol   Richard  ;  il  reprend   le 
P.  104.  chateau  <le  Loches  ct  plusieurs  autrcs  dont  lc  roi  dc  France  3'etait 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixxiij 

empare,  II  chasse  les  chnnolnes  de  Saint-Martin  de  Toiirs  ,  et 
s'empare  de  lenrs  biens.  —  Mort  de  Tancrede,  roi  de  Sicile  et  de 
son  fils  Roger.  Conqnete  de  rApouille  el  de  la  Sicile  par  remperenr 
Henri.  —  Prise  de  Verneuil ;  incendie  d'Evreux  par  Phillppe 
Auguste. 

1195.  —  L'empereur  Henri  lalsse  k  Palerme  sa  femme  et  son 
fils  Frederic,  H  quitte  la  Siolle ,  emmenant  avec  lul  la  veuve  et  le 
fils  de  'Jancrede  ,  et  emportant  les  tresors  des rois  de  Slclle.  —  In- 
vaslon  de  TEspagne  et  defaite  du  roi  de  Castille  par  nne  innom- 
brable  armee  de  Sarrasins.  —  Yiolenle  famine  en  France  durantP.  105. 
quatre  annees.  —  Philippe  Auguste  renverse  de  fond  en  comble  le 
chaleau   du  Vaudreuil.  II  donne  sa  soeur  Allx  en  marlage  aii  comte 

de  Ponthieu.  J.es  rois  de  Franceet  d'Angleterre  ,  a  la  tete  de  leurs 
armees  ,  se  rencontrenl  dans  le  Berrl ,  pres  d'Issondun.  Au  moment 
ou  les  deux  armees  s'attendent  a  en  venir  aux  malns,  Richard  va 
trouver  Philippe  et  lul  falt  hommage  pour  le  duche  de  Normandle 
et  les  eomtes  d^Anjou  et  de  Poitlers,  Pai.K  entre  les  deux  rols.  — 
Commencement  des  predlcaiions  de  Foulques  de  NeuUli. 

1196.  —  Inondatlons  subltes  pendant  lemols  demars.  —  Grand 
niouvement  en  Allemagne  pour  la  delivance  de  la  Terre-Sainle.  L'ar-  P.  lOG. 
cheveque  de  Majence,  le  duc  de  Saxe  et  plusleurs  eveques  et  sei- 
gneurs  prennent  la  croix.  L'empereur  Henrl  fournit  des  vaisseaux 

el  des  vivres.  — Dlvorce  entre  Phlllppe  Anguste  et  la  relne  Inge- 
burge.  —  Rlchard  rol  d'Ans,leterre,  au  mc-prls  de  ses  serments, 
prend  et  detrult  entierement  le  chateau  de  Vierzon  en  Berri.  Phl- 
lippe  Auguste  assiege  Aumale,  Pendant  ce  temps  ,  Rlchard  se  fait 
livrer  a  prix  d'argent  le  chateau  de  Nonancourf,  Phlllppe  presse  le 
siege  d'Aumale ,  s'empare  enfin  de  ce  chateau,  et  le  detrult  de  fond 
en  comble.  Ensuite  il  assiege  Nonancourt ,  le  prend ,  ct  le  confie 
a  la  garde  de  Robert,  comte  de  Dreux.  — Morl  de  Manrice,  cvcque  P.  107. 
de  Paris,  auquel  succede  Endes  deSullI.  Eloge  dereveque  Maurice. 
Abbayes  fondees  par  lul.  Sa  professlon  de  fol. 

1 197.  —  Rupture  de  la  treve  par  les  croises  allemands  qul  as- 
siegent  et  prennent   Beryte.   Les  Turcs   irriles  envahissent  Jafia, 
massacrent  les  habifants  ,  etrasent  le  chateau.  —  Mariage  de  Phl- 
lippe   Auguste   avec  Marie  (oii   Agnes)  de  Meranle.  —  Baudouin  P.  108. 
comfe  de  Flandre  et  Rcinaud  comte  de  Boulogne  s'allicnf  avec  le 

roi  d'Angleterre  contre  Phlllppe  Auguste.  —  Morl  de  la  reine  de 
Hongrle,  sceur  du  roi  de  France.  —  Morf  d'Henri  comle  de  Cham-  P.  109. 
pagne,  qui  etait  roi  de  Jerusalem  du  chef  de  sa  femme  Isabelle.  La 
mere  d'Henri ,  nommce  Marie,  qvil  gouvernait  le  cointe  de  Cham- 
pagne  ,  meurf  de  chagrln  en  apprenant  la  niort  de  son  fils  et  celle 
de  sa  sceur  la  relne  de  Hongrie.  Thibaiid  ,  frere  d'Henri,  devient 
comte  de  Champagne.  Marlage  d'Amauri  de  Lusignan  roi  de  Chypre 
avec  la  reine  Isabelle ,  veuve  d'Henri  de  Champagne.  Tous  deux 


Ixxlv  TABLEAU  CHKONOLOGIQUE. 

recoivent  a  Aore  la  couronne  dc  Jerusaleni.  —  Mort  de  Pierre  lc 
Cliantre  a  Longpont.  —  Le  pape  Cclestin  jette  Tinterdit  sur  la 
France  a  cause  du  divorce  du  roi.  Mort  de  Celestin  auquel  succede 
Innocent  JIL  Travaux  de  ce  dernier  pape.  —  L'empereur  Henri 
meurt  a  Messine  en  Sicilc,  laissant  sa  femme  et  son  jeune  fils  Fre- 
P.  110.  dericaux  malns  d'Iunocent  III ,  mais  apres  avolr  confie  la  regence 
de  rempire  a  Philippe  duc  de  Souabe  son  frere.  Les  AUemands  qui 
l'avaient  suivl  regagnent  leur  pays. 

1198.  —  Dlssenslons  entre  les  prlnces  allemands.  Les  uns  veu- 
lent  pour  empereur  Philippe,  frere  du  defunt  empereur  Henri,  les 
autres ,  Othon  ,  frcre  du  duc  de  Saxe  et  neveu  du  roi  d'Angleterre. 
Philippe  se  rend  maitre  de  laplus  grande  partie  deremplre.  Othon 
ne  cesse  de  raltaquer  avec  le  secours  du  rol  Richard.  —  Fondatlon 
de  rabbaje   de   Saint-Antoine   par  Foulque   de   Neuilli.  —  Yln 

P.  tll.  change  en  sang  pendant  la  mes.se  Ji  Rosoi  esi  Brie.  Resurrectlou 
d'un  soldat  dans  le  Vermandois.  Rosee  de  miel.  Tempete  effroyable 
dans  le  diocese  de  Paris.  La  grele  delruit  les  bois  ,  les  vignes  etles 
molssons  depuis  Trernblai  jusqu'a  Chelles.  —  Philippe  Auguste 
rappelle  les  Juifs  el  persecute  les  eglises.  Rlcbard  envahlt  le  Yexln 
normand  ,  ravage  les  environs  de  Glsors,  bride  Courcelles  et  plu- 
sleurs  autres  vlllages  et  se  rellre  avec  un  butin  considerable. 

1199.  —  Mort  de  Richardroi  d'Angleterre  ,  auquel  succede  son 
frere  Jean  sans  Terre.  Rlchard  est  enterre  a  Fontevrault.  —  Phi- 

P.  112.  llppe  Auguste  prend  Evreux ,  Avrilll  ,  Acquigni  et  ravage  toule  la 
Normandie  jusqu'au  Mans.  Le  jeune  Arthur  comte  de  Bretagrie  et 
neveu  du  rol  d'Angleterre  s'empare  du  comte  d'Anjou  et  vient  au 
Mans  fiiire  honimage  a  Phllippe  Auguste.  La  reine  Elconore  fait 
aussl  hommage  au  roi  de  France  pour  le  duche>d'AquitaInc  et  le 
comte  de  Poltiers.  Treve  entre  les  rois  de  France  et  d'Angleterre. 
—  Mort  d'Henri,  archeveque  de  Bourges  ;  II  est  remplace  par  Guil- 
laume,  abbe  de  Chaalls.  Mort  de  Mlchel  archeveque  de  Sens,  auqucl 
succede  Plerre  de  Corbcil ,  ancien  didascale  du  pape  Innocent  et 
eveque  de  Cambrai.  —  Philippe  sevit  contre  les  cveques  qui  gar- 
denl  rinterdit  jete  sur  le  royaume  ;  11  lcs  chasse  de  ses  terres  avec 
leurs   chanoines  el  leurs  clercs.  Ingeburge   est   enfermee  dans  le 

P.  113.  chateau  d'Etampes.  Le  rol  exlge  le  tlers  des  biens  des  vassaux  de  ses 
chevaliers,  et  leve  violemment  sur  ses  bourgeois  des  tailles  enormes. 

1200.  —  Traitc  de  paix  entre  le  rol  de  France  et  le  roi  d'An- 
gleterre.  Mariage  de  Louis ,  fils  aine  de  Phillppe  Auguste  ,  avec 
Blanchc  de  Castillc,  niece  du  roi  d'Angleterre.  En  considcration 
de  ce  mariage,  Jean  sans  Terre  donne  au  jeune  Louls  toutes  les 
vlUes  et  chateaux  qu'avait  pris  Philippe  Auguste  ,  et  meme  toutela 
terre  que  lui  Jean  posscdalt  en  deca  de  la  mer  au  cas  qu'il  mourut 

P.  11  i.  sans  heritiers.  —  Cursath,  empercur  de  Constantinople,  est  detronc 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixxv 

par  son  frert'  Alexis,  qui  lui  fall  arracher  lesyenx  cl  rcnfernie  dans 
une  prison.  L'usurpalenr  donne  rordre  de  faire  subir  le  menie  Irai- 
lenicnt  au  fi!s  de  Cursath,  nonime  Alexis.  Celui-c5  se  refugie  aupres 
del'eni|)ereur  Philippe  ,  son  beau-frere. 

1201. ' — Ootavien  evccfne  d'Ostie,  et  Jean  eveque  de  Velletri  , 
legats  du  pape  en  France,  obtiennent  une  reconciliation  telle  quelle 
entre  Philippe  Augusle  et  Ingeburge.  Levec  de  Tinterdit.  Concile 
de  Soissons.  Phillppe  Auguste  quille  la  ville  un  niatln  sans  prevenir 
persoune  ,  et  eninicne  avec  lui  la  reine  Ingeburge.  Dissolution  du  P  115. 
concile.  Marie  de  Meranie  mcurlde  chagrin  a  Poissi.  Innocentlll 
legitime  les  denx  enfanls  qu'elle  avait  eus  de  Philippe  Auguste. 
—  Thibaud  comte  de  Troies  meurt  laissant  deux  enfants  de  sa 
fenime  soeur  du  roi  de  Navari-e.  — Dedicace  de  Tegllsc  de  Mirebeau 
en  Poilou.  —  Gauthier  comte  de  Bricnne,  ayant  epouse  fa  fillede 
Tancrcde  roi  dc  Slcile,  va  reclamer  a  Rome  du  pape  Innocent  les 
drolts  hereditalres  de  sa  femme.  Avec  le  secours  du  souverain  pon-  P.  HC. 
tife  ,  il  soumet  une  partie  de  la  Campanie  ,  et  remporte  plusieurs 
victoires  sur  lc  tyran   Ihlbaud  qui  occupait  le  pays. 

1202.  —  La  guerre  se  rallume  enlre  les  rois  de  France  etd'An- 
glcterre.  Phllippe  Auguste  detruit  le  fort  de  Boutavant ,  inccndie  P.  117. 
Argiieil ,  Mortemer  et  Gouruai ,  prend  Conches  ,  les  Andelis  et  lc 
Aaudreull.  Enfin  ,  il  s'empare  de  Chateau  Gaillard  apres  un  slege 
de  six  mois.  ■ —  Mort  de  Foulque  de  Neuilli.  Depart  pour  la  Terre- 
Sainle  d'une  foule  de  pclerins  qui  s'elaient  croises  .'i  la  volx  de 
Foulque.  Leurs  vaisseaux  ballottes  pendant  touirele  dans  le  delroit 
dc  Gibraltar  ne  peuvcnt  depasser  le  port  de  Marseille.  Louis  comte 
de  Blois,  Baudouin  conile  de  Flandre,  et  plusieurs  autres  nobles  et 
prelats  qui  avaient  pris  la  croix  ,  arrivent  a  Venise  apres  blen  des 
dangers.  Des  contcstations  survenues  enlre  les  Venitiens  et  les 
croises  empechent  ces  derniers  d'execuler  leur  pelerlnage.  — Trem- 
blemenl  de  terre  en  Qrient.  Desastres  causes  par  cet  evenement  a  P.  118. 
Acre  ,  a  Tyr,  a  Arka  ,  a  Tripoli.  Tortose,  oii  saint  Pierre  con- 
struisit,  dit-on,  la  premiere  egllse  en  rhonneur  de  la  sainte  Vierge, 
n'eprouveaucundomniagc.  Stcrilite,  mortalile,  Mort  de  Guiliaunie 
archeveque  dc  Reiras  et  de  son  ncveu  Rotrou  evequc  de  Chalons. 
—  Arthur  comte  de  Bretagne,  fait  chcvaller  par  Philippe  Augusle 
et  envoye  par  lui  pour  soumettre  rAquitaine  ,  tombe  entre  les  mains 
de  Jean  roi  d'Augleterre  ,  qui  ,  dit-on  ,  lc  fait  perir  secrctcment. 
Cilc  plusieurs  fois  ,  a  ralson  de  ce  fait,  devant  le  roi  de  France,  le 
roi  Jean  refuse  dc  comparailre  ;  il  est  neannioius  condamne  parP.  119. 
les  pairs,  et  ses  biens  sont  confisques.  Constance  ,  comtesse  de 
Bretagne  ,  epouse  Gui  de  Thouars  qui  meurt  de  la  lcpre  quelque 
temps  apres,  laissant  de  cc  mariage  une  fille,  laquelle  devint  fenime 
de  Pierre  Mauclerc,  fils  de  Robert  conite  de  Dreux  ,  cl  lui  apporla 
le  comle  de  Bretagne.  —  EmI"ration  des  Tartares. 


Ixxvj  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

1203.  —  Pliilippe  Augusie  rentre  en  Normandle  ;  il  prend  Fa- 
laise,  Domfront,  Caen  et  toul  le  pays  jasqu^an  Mont-Saint-MicheL 
Les  Normands  se  soumettent  et  lui  livrent  Coutanecs  ,  Eayeux  , 
Lisieux,  Avr mches.  Roucn  ,  Arqiics  et  Verueuilrestent  a  rAnglais. 

P.  120.  —  Siege,  prise  et  incendie  de  Zara  par  les  Vcnitiens  et  nos  croises. 
Alexis ,  fils  de  Cursath  ,  imph)re  ie  secours  des  croises.  II  promct 
de  payer  leurs  dettes ,  de  soumettre  Teglise  d'Orient  au  souverain 
pontite  et  de  secourlr  la  Terre-Sainte.  Ces  conditions  sont  acceptees 
etjurees.  Les  croises  et  les  Venitiens  vont  a  ConsJantlnople.  Ils 
preunent  la  tour  des  Galates,  ronipent  les  chaines  du  port,  se  re- 
pandent  dans  les  environs  de  la  ville  ,  et  forcent  les  Grecs  qui  les 
rencontrent  des'y  refugier.  L'usurpateur  se  presente  a  la  tete  d'une 
armee  Innoml)rable  ;  mais  tout  a  coup  la  terreur  le  gagne  ;  il  se  retire 

P.  121.  sans  comJbattre  a  Constantinople,  d'ou  il  s'echappe  au  milieu  de  la 
nuit.  Les  Grecs  l'ayant  appris ,  se  reunissent  pour  elire  le  fils  de 
Cursath.  Les  porles  de  la  ville  sont  ouvertes  aux  Francs.  Cursath 
est  tire  de  sa  prlson  ,  et  son  fds  solennellement  couronne.  Alexis 
satisfait  a  ses  engagcments  pecunlaires  et  renouvelle  ses  serments 
pour  la  reunlon  des  deux  eglises. 

1204.  —  Chaleurs  et  secheresse  depuis  la  fin  de  janvler  jusqu'au 
mois  de  mal.  —  Philippe  Augusle  soumet  Rouen ,  Verneull  et 
Arques ,  et  se   trouve  ainsl   maitre  de  toule  la  Normandie.  Dans 

P.  122.  pcu  de  tenips  le  Poitou  se  soumet  aussl  au  roi.  —  Les  Francs,  a  la 
priere  de  rempereur  Alexls,  sorlent  de  Constantinople  et  campent 
devant  la  vllle.  Alexls  tente,  niais  sans  succes ,  d'incendler  leur 
flotte  ;  il  devient  odieux  aux  Grecs  qui  se  donnent  un  autre  em- 
pereur.  Alexis  Implore  le  secours  des  Frjyics  ,  et  leur  refuse  ensuite 
les  garanties  qu'Il  leuravait  promlses.  Trahison  de  Murzuphle-  il  se 
fait  proclamer  empereur.  Alexls  et  son  competlteur  (Nicolas  Ca- 
nabe)  sont  Incarceres.   Mort  de  Cursalh.  Alexls  est  elrangle  par 

P.  123.  ordre  de  Murzuphle.  Prise  de  Constantinople  par  les  Francs.  Mur- 
zuphle  est  massacre  ,  et  Raudouin,  comte  de  Flandre  ,  devlcnt  em- 
pereurde  Constanlinople.  —  Pierre,  roi  d'Aragon,  olfresonroyaame 
a  rEgllse,  et  cn  dcvient  trlbulalre.  —  Guerre  entre  lc  comte  de 
Trlpoli  et  le  roi  d'Arnu'n!e  pour  la  princlpaute  d'Antioche. 

1205.  —  Le  rol  des  Bulgares  s'allle  avec  les  Grecs  et  avec  les 
P.  124.  Turcs  contre  les  Francs  valnqueurs  de  Constantinople.  Slcge  d'An- 

drinople  par  rempereur  Baudouln.  Louls,  comte  deBlois,  tombe 
dans  une  embuscade.  Defaite  des  Francs.  Prise  derempereur.  Les 
debris  de  rarmee  se  rcfuglent  a  Constanlinople.  —  Mort  de  Gau- 
thicr  de  Brienne.  —  Prise  dc  Loches  el  de  Chlnon  par  Phillppe 
Auguste.  La  Tourainc  ct  rAnjou  cchappent  ainsl  a  la  domlnation 
anglaise. 

1206.  —  Mort  de  la  reinc  mere  Adclc.  EUe  €St  entcrree  aupres 
P  125.  de  son  pere  a  Ponllgni.  —  Jean  sans  Tcrre  debarque  a  la  Rochcllc 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Lxxvlj 

avec  une  nombreuse  armee.  Philippe  Augu.ste  marche  au-devanl 
de  lui.  Jean  ayanl  epuise  ses  finances,  s'eti  retourne  sans  avoir 
rien  fait.  L'empereur  Philippe  assiege  dans  Cologne  son  competiteur 
Othon  ,  le  met  en  fiilte  ct  s'empare  de  hi  ville.  —  Election  a  Tem- 
pire  de  Consiantlnoplc  crHenri  frere  de  Raudouin.  Un  chanolne 
d'Orleans  noinme  Galon  ,  donne  a  l'eglise  d'Amiens  la  face  de  saint 
Jcan-Bapti.->te ,  qu'il  avail  apporlee  de  Constanlinople.  —  Orages 
et  inondatlons  au  mois  de  decemhre.  La  Seine  emporle  Irols  arches  P.  12G. 
du  Petlt-Pont  a  Paris.  —  Mort  de  Barlheleml  archeveque  de 
Tours.  Geoffrol  de  Lande,  eveque  de  Parls ,  lui  succede  et  meurl 
enipoisonne  peu  de  temps  apres. 

1207.  —  Prlse  de  Satalie  par  les  Turcs.  —  Phllippe  Auguste 
entre  en  Aquitaine  ,  ravage  les  tcrres  du  vicomtedeThouars,  s'em- 
pare  de  Parthenal,  renverse  plusienrs  forleresses  voisines,  et  eu 
lorllfie   quelques   autres  qu'il  confie  a  la  garde  de  son    marechal 

et  de  Guillaume  des  Roches.  —  Progres  de  rheresie  des  Albigeois  ,  P.  127. 
pi"incipalement  dans  les  terres  du  comle  de  Toulouse  et  de  ses 
voislns.    Doctrlnes   pernicieuses    de    ces   herellques.    Mission    de 
Tabbe  de  Citeaux  et  de  treize  autres  abbes  de  son  ordre.  Didace  ,  P.  128. 
eveque  d'Osma  ,  en  Espagne,  les  alde  de  son  zele  et  de  sa  bourse. 
Mauvais  succes  de  la  mission.  —  Mort   d'Hubert  archeveque  de 
Cantorberl.  Rainier,  sous-prieur  de  Cantorberi ,  est  clu  a  sa  place. 
Jean  sans  Terre ,  ne  pouvant  falre  prevaloir  un  aulre  candidat  de 
son  choix  ,  disperse  le  chapitre  et  s'empare  des  revcnus  eccleslas- 
tlques.  11  est  excommunie,  ct  son  royaume  mis  en  inlerdit  par  le  p.  129. 
pape,qul  nomme  directementausiege  de  CanlorberlEtienne,  prelre 
cardinal  du  tltre  de  saint  Chrysogone. 

1208.  —  Excommunication  du  comte  de  Toulouse.  Assassinat 
du  legal  Pierre  de  Castelnau.  11  est  enterre  a  Saint-Gilles.  —  L'eni- 
pereur  Philippe  est  assassine.  L'imperatrlce  sa   femme  ,  fille  de 
Cursath,  meurt  de  chagrln.  Othon  ,  tils  du  duc  de  Saxe  ,  neveu  du  P.  130. 
roi  d'Angleterre ,  cst  elu  empereur  par  rinfluence  d'Innoccnt  Hl. 

—  Le  legat  Galon  exhorte  Philippe  Augiiste  et  ses  barons  a  mar- 
cher  en  arraes  contre  les  hcreliques  albigeois  ,  et  leur  promet  <lcs 
indulgences.  ^ — Guillaume  des  Roches  defait  le  vicomle  de  Thouars 
et  Savari  de  Mauleon  ;  il  envoie  au  roi  plus  de  quaranle  che-P.  131. 
valiers  pris  dans  ractlon.  —  Morl  d'Eudes  Qveque  de  Paris ,  auquel 
succede  Pierre,  tresorier  de  reglise  de  Tours.  Mort  de  Guillanme 
archev^que  de  Bourges^  et  de  Geoffroi  de  Lande  eveque  de  Paris. 
Jean  de  la  Faye,  doyen  de  reglise  de  Tours  ,  dcvient  eveque  de 
Paris. 

1209.  —  Prise  du  chateau  de  Graplic  en  Bretagne,  par  Philippe 
Auguste.  —  Jean  de  Brienne,  elu  roi  de  Jerusalem  ,  epouse  la  fiUe 

de  Conradjheritlere  deceroyaunie.il  cstsacre  ii  Tyravec  safemme,  P.  132. 


ixxviij  TABLEAU  CHROINOLOGIQUE. 

et  Amauri ,  roi  de  Chjpre  ,  rcnonce  des  lors  au  titre  de  roi  de  Je- 
riisalem.  L'emperrur  Othon  est  couronne  a  Rome,  malgre  Toppo- 
sition   du   roi  de  France  ,  des  Romains  et  des  barons  de  Tempire. 

P.  133.  Jl  jure  d'etre  fidele  a  TEglise ,  de  respecter  les  droits  du  pape,  et 
de  ne  jamais  attaquer  la  Sicile ,  mais  le  raeme  jour  il  viole  ses  ser- 
ments  ,  el  se  fait  dTnnocent  III  un  ennemi.  —  Crolsade  generale 
conlre  les  Albigeois.  Les  croises  se  reunissent  a  Lyon  et  marchent 
vers  la  Provence.  Le  comte  de  Toulouse,  absous  par  le  pape,  se  joint 
a  eux.  Prise  de  Beziers  par  les  croises.  Massacre  de  la  populalion. 
Siegede  Carcassonne  detendue  par  Roger  vicomte  de  Beziers.  Red- 

1'.  134.  dition  de  la  ville.  Roger  estrctenu  prisonnier  parles  croises.  Simon 
de  Montfort  est  nomme  souverain  des  pays  conquis.  La  plus  grande 
partie  des  croises  quittent  le  pays.  Excescommis  par  les  Albigeois. 
Massacre  de  Tabbe  d'Eaunes  et  du  Uioineson  compagnon.  Trahison 
de  Gerard  de  Pepicux  contre  les  defenseurs  du  cliiiteau  de  Puiser- 

1*.  135  guier.  Horrible  traitement  qu'Il  leur  fait  subir.  Le  comte  de  Foix 
quitte  le  parti  des  croises  pour  embrasser  celui  des  heretiques. 

1210.  —  Nouvelle  croisade  contre  les  Albigeois.  Prise  de  Mi- 
nerbe  par  les  croises.  Cent  quatrc-vingts  hcretiques  de  cette  ville 
aiment  mieux  etre  brules  vifs  que  d'abjurer  leurs  urreurs.  hiege  de 
Termes.  Un  arbaletrier  est  miraculeusement  preserve  d'un  coup 

P.  13G.  quj  devait  lui  oter  la  vie.  Les  assieges  sortent  du  chateau  pendant 
la  nuit.  lls  sont  surpris  et  massacres.  —  Dix  heretiques  sont  livres 

P.  137.  aux  flammesa  Paris.Doctrinede  ces  sectaires. — ^Henri,  cmpereur  de 
Constantinople,  etablit  sa  domination  dans  rempire.  —  L'empereur 
Olhon  prend  Radicofani  ,  Montefiascone  et  autres  places  apparte- 
nant  a  TEglise.  II  entre  dans  TApouille,  attaque  la  terre  de  Frederic 
roi  de  Sicile,  prendplusieurs  villes  etchateaux  ,  arrele  et  depouille 
les  voyageurs  qui  se  rendent  a  Rome.  Excommunie  pour  tous  ces 
faits  ,  il  se  voit  abandonne  du  landgrave  de  Thuringe,  des  arche- 
veques  de  Mayenceet  de  Treves  ,  du  duc  d'Aulriche,  du  roi  deBo- 
heme  et  de  plusieurs  autres   personnages  tant   seculiers  qu'cccle- 

P.  138.  siastiques. —  OuvragescomposesparHelinand,  moinede  Froidmont. 

1211.  —  Frederic  roi  de  Sicile,  elu  roi  des  Romalns,  est  cou- 
ronne  a  Mayence.  Dans  une  entrevae  qu'il  a  a  Vaucouleurs  avec 
Louis  ,  fils  aine  de  Phllippe  Auguste,  ils  confirment  les  anciens 
traites  d'alliance  existants  entre  la  France  et  rAIlemagne.  —  Phi- 
lippe  Auguste  fait   ceindre  de  muraillcs  ia   parlie  meridionale  de 

P.  139.  Paris.  —  Invasion  dc  TEspagne  parles  Sarrasins  ,  ayant  a  leur  tete 
Ip  roi  deMaroc.  Combat  de  ce  prince  conlre  Alphonse  rol  de  Cas- 
lille  ,  soutenu  par  les  rols  d'Aragon  et  de  Navarre.  Yicloire  des 
Chretiens  a  Las  Navas  de  Tolosa.  La  lance  et  Fetendard  de  Mom- 
moliu  sont  envoyes  a  Rome ,  et  conserves  dans  reglise  de  Sainl- 
Pierre  en  souvenir  de  cctte  journ^e.  —  Nouvelle  croisade  contre 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixxix 

les  Albigeois.  Siege  de  Lavaur  par  les  crotses.  Un  parti  de  croisps 
est  massacre  pres  de  Montjoire  j  une  lumiere  miraculeiise  enveloppe 
les  cadavres  que  le  clerge  s'empresse  dinhunier.  Prise  de  Lavaur. 
Siege  et  capilnlation  de  Pennes  en  Agenois.  Solxante  et  dixcheva-P.  140. 
liers  heretiquessont  pendus  ,lesautres  brules.  Giraudela  chatelaine, 
en  expiation  de  ses  horribles  incestes ,  cst  precipitee  dans  un  puits 
qu'on  remplil  ensuitc  de  piorres.  —  Resurrection  d'une  femme  de 
Limoges.  —  Incontinence  et  conversion  miraculeusc  d'un  pretre 
espagnol.  —  Mariage  de  Ferrand,  fi!s  du  roi  de  Portugal,  avec  1*.  141. 
Jeannc,  comtessc  de  Flandre  ,  fdlc  de  Baudouiu  qui  avait  ete  em- 
pereur  de  Constantinopie. 

1212.  —  Reinaud  ,  comte  deDammartin  et  de  Boulogne,  s'aUie 
a  l'empereur  Othon  et  a  Jean  sans  Terre.  Philippc  Auguste  le  de- 
pouille  anssitot  des  comtcs  lic  Boulogne,  deMorlain  ,  de  Danmiar-P.  142. 
tin  et  d'Anmale  et  dc  leurs  ucpendances.  Reinaud  sfrefugie  aupres 
du  comte  de  Bar  son  cousin.  —  Raimond  ,  comte  de  Toulouse,  re- 
connu  faviteur  des  heretiques  albigeois  ,  est  abandonne  a  !a  ven- 
geance  des  croises.  —  Incendie  de  la  cathedrale  de  INevers.  —  As- 
semblce  de  prelats  et  de  barons  a  Soissons.  Le  duc  d<!  Brabant  y 
cpouse  Marie  ,  fille  de  Philippe  Auguste  et  veuve  de  Philippe  comte 
de  INamur.  On  j  decide  de  faire  une  descenle  en  Anglelerre  ,  pour 
remettre  sur  leurs  sieges  les  eveqiies  exiles  de  ce  royaume ,  y  reta- 
blir  le  culte  divin  ,  et  depouiller  entierement  !e  roi  Jean  ,  assassin 
d'Arthur  de  Bretagne.  Le  seul  comte  de  Flandre  Ferrand  ,  alllc  au 
roi  d'Anglelerre  par  rinlermediaire  du  comte  de  Boulogne,  refuse 
son  coucours  au  roi.  —  Pbilippe  Auguste  chasse  les  mimes  de  sa 
cour. 

ISl^S.  —  Phllippe  reprend  son  epouse  Tngeburge,  apres  une  •*•  143- 
separation  de  seize  annees.  —  II  se  rend  a  Boulogne  avec  rarmee 
destinee  a  operer  la  descente  en  Angleterre.  11  se  transporte  a 
Gravelines  ou  il  avait  donnc  rendez-vous  au  comte  de  Flandre 
Ferrand,  Celui-cl  ayant  manqueason  engagement,  Philippe  cntre 
cn  Flandre  ,  prend  Cassel ,  Ypres  ,  Bruges  ct  s'avance  jusqu'a 
Gand  qu'il  assiege.  La  flotte  le  suit ,  et  s'arrete  a  Dam.  Relnaud  , 
comte  de  Boulogne ,  envoye  par  le  roi  d'Angleterre ,  assiege  le  port 
et  la  yille,  et  s'empare  d'une  parlie  de  la  tlotte.  Phllippe  Auguste 
accourt  a  Dam  ,  et  met  en  fuite  les  assiegeants.  Illivreaux  tlamm^s  P.  144. 
les  debris  de  sa  flotte  ,  !a  ville  et  la  reglon  voisine  ,  et  retourne  en 
France,  apres  avoir  recu  dcs  otages  de  Gand ,  Ypres  ,  Bruges , 
Lille  et  Douai.  —  Craintes  de  Jean  sansTerre.  II  rappelie  Elienne, 
archeveque  deCantorberi,  qu'il  avait  exile.  II  soumct  son  royaume 
a  la  suzeralnete  du  pape,  ct  se  reconnait  tributaire  du  saint-slege. 
—  Bataille  dc  Murct.  Inslgnc  victolre  de  Slmonde  Montfort.  Morl  P.  145. 
du  roi  d'Aragon.  —  Jean  sans  Terre  dcbarquc  a  la  Rochelle  avec 


Ixxx  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

une  armee.  Le  prince  Louis  marche  contre  lui ,  tandis  que  le  roi 
Philippe  se  dispose  a  porler  la  guerre  en  Flandre.  —  Geoffroi, 
eve({ue  de  Senlis ,  se  relire  dans  rabbaye  de  Chaalis ;  il  est  rem- 
place  par  frere  Garin  ,  hospitalier  de  Sainl-Jean  de  Jerusalem ,  et 
conseiller  intime  de  Phllippe  Auguste.  Geoffroi,  eveque  de  Meaux, 
se  letire  de  son  cote  a  Salnt-Victor  de  Paris ;  Guillaume,  chanlre 
de  Paris,  le  remplace  sur  son  siege. 

1214.  —  Prlse  de  la  ville  d'Angers  par  Jean  sans  Terre.  Les 
troupes  anglaisesfont  prisonnier  Robert ,  fils  aine  de  Robert  comte 

P.  146.  de  Dreux,  qui  venaitau  secours  du  prlnce  Louls.  Siege  de  la  Roche 
au  Molne,  par  le  roi  d'Angleterre,  qui  s'enfuit  en  Aqultaine,  h  la 
nouvellede  l'arrivee  de  Louls.  Celul-ci  reprend  Angers,  et  en  re- 
leve  les  murailles.  —  Philippe  Auguste  ravage  la  Flandre  jusqu^a 

P.  147.  Lllle.  Bataille  de  Bouvines.  Dangers  et  victoire  du  roi  de  France. 
Prise  des  comtes  de  Flandre  ,  de  Boulogne  ,  de  Salisburl  et  de  deux 

P.  148.  comles  allemands.  Entree  solennelle  du  rol  a  Paris.  —  Les  Poi- 
tevins  demandent  la  paix.  Philippe  Auguste  marche  contre  eux.  II 

P-  149.  se  reconcilie  avec  le  vlcomte  de  Thouars  ,  et  accorde  une  treve  de 
cinq  ans  au  roi  d'Angleterre. 

1215.  —  Mort  de  rempereur  Othon.  Frederic  II  ,  roi  de  Siclle  , 
se  fait  de  nouveau  couronner  roi  des  Romains  a  Aix-la-Chapelle  , 

P.  150.  et  prend  la  croix.  —  Revolte  des  selgneurs ,  des  pajsans  et  des  villes 
d'Anglet.erre.  Les  insurges  appellent  Louis  fils  du  roi  deFrance, 
en  lui  promettant  la  couronne.  Naufrage  de  plusieurs  seigneurs  de 
la    Flandre  et   du  Brabant  qul  allaient  au  sccours   de   Jean  sans 

P  151.  Terre.  —  Conclle  general  de  Latran.  Condamnation  de  Ral- 
mond  VI  comte  de  Toulouse  ,  et  de  son  fils  declares  heretiques. 
Reprobation  du  Traice  de  la  Trirdte ,  ouvrage  de  l'abbe  Joachim 
contre  Pierre  Lombard.  Les  doctrlnes  d'Amauri  de  Chartres  sont 
declarees  heretiques  et  condamnees.  —  Innocent  III  envoie  a  Tab- 

P.  162.  baje  de  Salnt-Denys  en  France  ,  le  corps  de  Denjs,  eveque  de 
Corinthe ,  et  accorde  a  ceux  qul  rironl  visiter  quarante  jours  d'in- 
dulgence. 

1216.  —  Slmon  de  Monfort  vlent  en  France  demandcr  du 
secours  contre  les  Aragonals,  et  en  ramene  cent  vingt  chevaliers. 
—  Galon  ,  cardlnal  legat ,  munl  d'une  sentence  d'excommunIcatIon 
contre  tous  les  adversaires  durol  d'Angleterre  ,  cherche  vainement 

P.  163.  a  detourner  Louis  VIII  de  son  expeditioii.  II  se  rend  en  Angleterre 
pour  tacher  de  refabllr  la  f  oncorde  enlre  le  roi  Jean  etses  barons. 
Le  prince  Louls  traverse  la  Manche  a  son  lour ,  et  recoit  rhommage 
des  seigneurs  qui  l'avalent  appele.  Le  legat  lance  conlre  eux  l'a- 
natheme  ,  el  jetle  rinterdit  sur  leurs  blens.  —  Mort  de  Henri  em- 
pereur  de   Constantinople ;  eleclion  de  Plerre  de  Courtenai  corate 

P.  164.  d'Auxerre.  Celul-ci  se  rend  a  Rome  avcc  Yole  comtesse  de  Namur, 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixxxj 

son  epouse.  —  Mort  dTnnocent  III ;  Honore  III  lui  succ^de.  — 
Mort  de  Jean  sans  Terre  ;  son  fils  Henri ,  ugc  de  dix  ans  ,  est  cou- 
ronne  par  le  legat.  Licenciement  de  rarmee  francaise  ;  Louis  VIII 
retourne  en  France  pour  en  lever  une  plus  considerable. 

1217.  —  Nouvelle  descente  de  Louis  VIII  en  Angleterre. 
Plusieurs  seigneurs  anglais  abandonnent  son  parti.  Siege  de  Dou- 
vres  par  Louis  VIII.  Meurtre  de  Thomas  comte  du  Perche  a  Lin- 
coln.  Louisbrule  ses  machines  etse  renda  Londresavec  sestroupes. 

La  defeclion  des  Anglais  et  les  menees  du  legat  le  forcent  a  traiterP.  155. 
et  a  retourner  en  France.  —  Sacre  du  comte  d'Auxcrre  et  de  sa 
femme  dans  Teglise  de  Saint-Laurent  hors  des  murs  a  Rome.  L'im- 
peratrice  s'embarque  pour  Constanlinople.  L'empereur,  avec  cent 
soixanle  chevaliers  ,  va  par  terre  jusqu^a  Brindes.  11  passe  en  Grece 
avec  le  cardinal  Jean  Colonne,  et  met  le  siege  devant  DuraZZG 
qu'il  avait  promis  de  rendre  aux  Venitiens.  Force  de  lever  le  siege  P.  156. 
apres  de  grandes  pertes ,  il  prend  le  chemin  de  Constantinople  , 
mais  !1  est  fait  prlsonnier  dans  les  defiles  de  la  route^  par  le  duc 
de  Durazzo  qui  lui  avait  promis  un  sauf-conduit.  —  Detresse  de 
Simon  de  Montfort ;  la  coratesse  de  Montfort  vient  en  France  re- 
clamer  des  secours.  —  Ravages  causes  par  le  vent. 

1218.  —  Mort  de  Siraon  de  Montfort  au  siege  de  Toulouse  • 
son  fils  Araauri  lui  succede.  —  Canonisation  de  saint  Guillaume 
archeveque  de  Bourges.  Mort  de  son  successeur  Geraud  ,  qui  est  P.  157. 
remplace  par  Simon,  chantre  de  Bourges.  —  Mort  de  Hugue  duc  de 
Bourgogne.  —  Promotion  de  Guillaume  abbedePontigni  areveche 

de  Chartres.  —  La  gelee  ravage  les  vignes.  —  Hervce  comte  de 
Nevers  ,  Gauthier,  chambellan  du  roi  deFrauce,  et  une  foule  d'au- 
tres  croises  arrivent  devant  Damiette ,  que  tenaient  assiegee  Jean  , 
roi  de  Jerusalem,  et  le  duc  d'Autriche.  Maladies  parrai  les  assie- P.  158. 
geants.  Terreur  panique  des  Sarrasins  ;  les  croises  passent  le  Nil  et 
bloquent  la  ville.    —  Reglement  de   Philippe  Augusle  concernant  P.  159. 
les  creances  des  juifs  sur  les  ehretiens.  —  Destruction  des  murs    . 
de  Jerusalem  par  Conradin.  Les  Sarrasins  n'osent  detruire  le  saint 
sepulcre.  Temolgnages  de  leur  respect  pour  les  saints  Evanglles.   p.  leo. 

1219.  —  Expedition  du  prlnce  Louis  contre  les  heretiques  Al- 
bigeois  et  Toulousalns.  Siege  et  prise  de  Marmande.  Siege  de  Tou-  P.  IGI. 
louse.  Retour  de  Louis.  Succes  des  Toulousains. — Bataille  devant 
Damielle,   funesle  aux  Chretiens.  Noms  des  prisonniers.  Dangers 

du  roi  de  Jcrusalem.  Prisemiraculeuse  de  Damielte.  Fuite  du  sultan.  P.  162. 
Miserable  etat  de  la  ville.  Partage  du  butin.  Damiette  est  reunie  au  P.  163. 
royaume  de  Jerusalem.  Conversion  de  la   mosquee   en  une  eglise 
dediee  a  la  sainte  Vierge.   Fortifications ,  position   et  ancien  nom 
de  Damiette.  —  Details  de  la  prise  de  Tanis  par  rarmee  chre- 
tienne. 

/ 


Ixxxij  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

P.  lCt.  1220.  —  Frederic  II  est  sacre  einpeieur  parlepape.  Meurlrc 
de  Roberl  de  Meun  eveque  du  Puy  ;  vengeaaces  du  peuple  du 
Puy  contre  les  meurtriers.  —  Mort  d'Yolande  imperalrice  de  Con- 
stanliuople.  Pierre  de  Courtenai  son  niari  etant  encore  en  prison , 
un  des  fds  de  ce  dernier  (nomnie  Robert)  est  couronne  empereur. 

P.  lCb.  —  Chasse  de  saint  Thomasde  Cantorberi.  — Mort  dePierre  eveque 
de  Paris  ,  auquel  Honorius  III  donne  pour  successeur  Guiliaume 
eveque  d'Auxerre.  —  Meurtre  de  Gui  de  Montfort  par  le  couite 
de  Saint-Gilles.  Echecs  et  retraite  d'Amauri  de  Montfort.  —  Pre- 

P.  166.  tentions  du  legat  Pelage  dans  l'armee  chretienne  de  Damielte, 
Differends  entre  le  legat  et  le  roi  de  Jerusalem.  Le  roi  se  retire  en 
Sjrie. 

1221.  —  Invasion  et  soumission  de  la  Georgie  et  de  l'Armenie 
pav  les  Tartares.  —  Le  roi  de  Jerusalem,  sur  lesinstances  dulegat, 
retourne  a  Damiette.  Le  roi ,  le  legat  et  la  plus  grande  partie  de 
P.  167.  l'armee  partent  pour  le  vieux  Caire.  Arrives  a  moitie  chemin  ,  ils 
s'eraparent  d'un  pont  de  bateaux  construit  sur  le  Nil  par  les  Sar- 
rasins  et  campent  sur  lerivage  du  fleuVe.  Le  sultan  coupelescom- 
munications  entre  Damiette  et  Tarmee  chretienne.  Disette  et  inon- 
dation  dans  le  camp  des  Chreliens.  Treve  de  huit  ans  avec  les 
Sarrasins ;  on  leur  rend  la  ville  de  Damiette  en  echange  des  pri- 
sonniers  chretiens  et  de  la  vraie  croix ,  que  Saladin  avait  enlevee 
a  Jerusalem.  —  Morl  de  Manasses  ,  cveque  d'Orleans  ,  auquel  suc- 
cede  Philippe ,  neveu  de  saint  Guillaume  archeveque  de  Bourges. 

P.  168.  1222.  —  Hervee  ,  comte  de  Nevers  ,  meurt  empoisonne ,  lais- 
sant  une  fiUeunique  qui  epousc  Gui  comte  de  Saint-Paul.  —  Mort 
de  Pierre  de  Corbeil ,  archeveque  de  Sens  ,  auquel  succede  mailre 
Gautier  Cornut.  Mort  de  Guillaume  cveque  de  Paris  ,  qui  avait 
etabli  a  Auxerre  des  religieuses  de  Tordre  de  Citeaux,  tirees  de  Tab- 
baye  de  Saint-Antoine  pres  Paris. 

1223.  —  Voyage  de  Jean  ,   roi  de   Jerusalem  ,  en  Italie.   II  y 
P.  169.  marie   sa    fille  iniique  a  rcmpereur  Frederic ,  lui   abandonnant  le 

royaume  de  Jerusalem  qui  lui  revenait  duchef  de  sa  niere. —  Fre- 
deric  falt  couronner  roi  d'Allemagne  son  fils  Henri ,  qu'il  avait  eu 
de  la  socur  du  roi  d'Aragon  et  qui  n'avait  que  dix  ans.  —  Comete 

P.  170.  de  mauvais  presage.  —  Mort  et  funerailles  de  Philippe  Augusle. 
Clauses  de  son  testament.  Revelation  miraculeuse  de  la  mortdu  x'oi 
au  pape  Honorlus. — Sacre  de  Louis  VIII  et  de  Blanche  safemme. 
—  Pclerlnage  de  Jeau  roi  de  Jerusalem  a  Saint-Jacques.  Son  ma- 

P.  171.  riage  avec  Berengere  de  Castille.  —  Amauri  de  Montfort  aban- 
donne  Carcassonne  el  les  autres  places  fortes  du  midi  et  se  relire  en 
France. 

1224.  —  Revocalion  des  iiukilgences  attachoes  aux  croisades 
contre  les  Albigrcois.  L'orthodoxIe  de  Raimond  comte  de  Toulouse 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixxxiij 

ost  reconnue  par  une  lettre  du  pape ,  lue  a  Paris  dans  une  assem- 

blee  de  prelats  et  de  selgneurs.  —  Louis  VIII  assiege  Savari  de  P.  112. 

Maulton  dans  le  chateau  de  Niort.  Savarl  rend  la  place.  Salnt- 

Jean  d'Angeli  ouvre  ses  porles  au  jeune  roi.  Slege  de  la  Rochelle 

defendue  par  Savari.  Louis  VIII  se  rcnd  maitre  de  la  ville.  Savari 

se  retire  en  Angleterre.  Soumission  du  Llmousln  ,  du  Perlgord  ,  et 

de  la  plupartdes  selgneurs  d'Aquitaine.  Le  rol  retourne  en  France. 

—  Conclle  de  Montpellier  pour  la    reconcillation  a  rEglise  de 
Ralmond  comte  de  Toulouse  et  des  Albigeois.  —  Relour  en  France  '^  1^3. 
de  Savari  de  Mauleon ,  qul  se  soumet  au  rol  et  hii  fait  hommage. 

1225.  —  Apparition  en  Flandre  d'un  imposteur  qui  se  fait 
passer  pour  rempereur  Baudouin  ,  miraculeusement  debvre  de  la 
prison  des  Grecs.  II  gagne  des  partisans.  Louls  VIII  rinterroge  a 
Peronne,  et  lui  ordonne  de  sorllr  du  royaume  avant  trois  jours.  P  H'!. 
De  retour  a  Valenciennes ,  le  faux  empereur  se  voit  abandonne  de 
tous.  II  se  sauve  en  Bourgogne  sous  le  deguisement  d'un  marchand  ; 

pris  par  un  chevaber,  il  est  bvre  a  la  comtesse  de  Flandre,  qui  le 
fait  pendre.  ■ — •  Le  cardlnal  legat  Romain  de  Salnt-Ange  menage 
une  treve  entre  le  roi  de  France  et  le  vicomte  de  Thouars.  Par- 
lement  eonvoque  a  Parls  ;  le  vicomte  y  vient  faire  hommage  au  roi, 

—  Nouvelle  croisade  contre  les  Alblgeois. 

1226.  — Depart  de  Louis  VIII  et  des  croises.   Siege  et  prise  P.  i1^^- 
d'Avignon.  Les  croises  y  elabbssent  pour  evcque  un  moine  de  Cluni. 

—  Blessure  et  mort  de  Gul  comte  de  Saint-Paul.  Thibaud  comte 
de  Champagne  retourne  dans  ses  Etats  sans  la  permisslon  du  roi 
ni  du  legat.  Le  roi  fait  demanteler  Avignon  ,  et  s'avance  ensulte 
de  conqueteen  conquete  jusqu'a  qualre  Ileues  de  Toulouse.  II  confie 
le  gouvernemenl  du  pays  a  Imbert  de  Beaujeu  et  retourne  en 
France.  Mort  de  Guillaume  archeveque  de  Reims  et  du  comte  de 
Namur.  Maladie  et  mort  du  rol  .-i  Montpensier  en  Auvergne.  Son  P.  HG. 
corps  est  apporte  et  enseveli  a  Salnt-Denys.  Louis  IX  est  sacre 

roi  dans  sa  quatorzierae  annee.  Rancon  et  mise  en  liberte  de  Fer-    . 
rand  conite  de  Flandre.  Mort  d'Honorius  Illauquel  succede  Gre- 
goire  IX. 

1227.  —  Jean  ,  ranclen  roi  de  Jerusalem ,  avec  Berengere  sa 
femme  ,  va  s'etablir  a  Bologne.   Le   pape  lul   confie  la  garde  des  P,  177. 
filats  romains.  ■ —  La  ville  et  le  comte  de  Toulouse  se  rendent  aux 
eveques  et  aux  chevallers  envoyes  dans  rAlbigeoIs  par  Louis  IX. 

—  Llgue  contre  le  roi  des  comtes  de  la  MarcWe,  de  Cbam- 
pagne  et  de  Bretagne.  Louis  marche  contre  eux  avec  une  armee 
formldable.  Le  comte  de  Champagne  se  detache  de  la  llgue.  Le  roi 
cite  partrois  fols  a  son  parlement  les  deux  aulres  comtcs  rebelles, 
qui  font  enfin  leur  soumlsslon  a  Vcndome. 

1228.  —  Invasion    en    Champagne   d'un   certain  nombre    de 


Ixxxiv  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

P.  178,  seigneurs  niecontents  de  la  defeclion  du  comte  Thiband.  Les  confe- 
deres  assie^ent  Bar-sur-Seine ,  et  refusent  d'obeir  au  roi  qui  leur 
ordonnait  de  se  disperser.  Louls  marche  contre  eux  et  les  chasse 
de  la  province.  —  Le  pape  presse  rempereur  Frederic  de  partir 
pour  la  croisade  ,  a  laquelle  il  s'etait  depuis  longtemps  oblige. 
L'empereur  fixe  le  jour  de  son  depart  pour  la  Terre-Sainte.  Le 
pape  rindique  a  tous  les  croises  et  les  exhorte  a  se  trouver  le 
meme  jour  a  Brindes ,  prets  a  s'embarquer.   En   attendant  Fre- 

P.  179.  deric  soumet  quelques  rebelles  en  Sicile ,  et  reunissant  tous  les 
Sarrasins  qui  habitaient  en  divcrs  endroits  de  cette  ile  ,  il  les  elablit 
a  Lucera  dans  le  royaume  de  Naples.  —  Nouvelle  revoUe  de  Pierre 
Mauclerc,  comte  de  Bretagne  ,  au  secours  duquel  vient  Henri  III  , 
roi  d'Angleterre ,  avec  une  armee.  Louis  IX  met  le  siege  devant 
Bellcme  ,  place  dont  le  roi  son  pere  avait  confie  la  garde  au  comte 
de  Brelagne  et  que  celui-ci  refusait  de  rendre.  Les  habitants  de 
Belleme  se  soumettent.  Le  roi  d'AngIelerre  s'en  retourne  avec  la 
honle  d'une  tentative  inutile,  et  Louis  IX  revient  a  Paris.  —  Dansle 
meme  temps  ,  Jean  des  Vignes  soumet  au  rol  de  Frauce  la  Haie 
Pesnel,  en  Normandie. — •  Mort  de  rimperatrlce  Marie,  fille  de 
rancien  roi  de  Jerusalem.  Son  fils  Conrad  herite  des  droits 
maternels  a  ce  royaume. 

P.  180.  1229.  —  Nouveaux  mouvements  de  Pierre  comte  de  Bre- 
tagne.  Nouvelle  expedition  de  Louis  IX.  Le  rol  s^enipare  d'Ouaon 
et  de  Champtoceaux.  Paix  de  quatre  annees.  —  Conquete  de  Ma- 
jorque ,  d^Yvica  et  de  Valence  ,  par  D.  Jayme  I*'',  roi  d'Aragon. 
—  Saintete  d'Elisabeth  ,  fille  du  roi  de  Hongrie ,  epouse  du  land- 
grave  de  Thuringe,  et  d'AntoIne  [de  Padoue],  de  rordre  des  freres 
Mineurs.  —  Embarquement  des  croises  a  Brindes.  Pendant  que 
l'armee  croisee  s'eIoigne  a  pleines  voiles,  rempereur  Frederic  re- 

P.  ISl.tourne  furtivement  a  terre.  II  est  publiquement  excommunie  par 
Gregoire  IX.  —  Debarquemeut  des  croises  a  Sainl-Jean-d'Acre. 
Mort  de  Coradin  ,  sultan  de  Damas.  Treve  avec  les  Chretiens. 

1230.  —  Fondation  par  Louls  IX  de  Fabbaye  de  Royaumont. 
' — Relations  et  liaisons  suspectes  entre  rempereur  Frederic  et  le 
sultan  d'Egypte.  —  Querelle  entre  les  bourgeois  et  les  ecoliers  de 
Paris.  Quelques  ecollers  ayant  efe  tues  ,  tous  les  autres  qulttent  la 

P.  182.  ville.  Salnt  Louis  rappelle  les  fugltifs  a  qui  les  bourgeois  font  satis- 
P.  183.  faction.  Origine  et  signification  de  la  fleur  de  lys. 

1231.  —  I/empereur  Frederic  part  pour  laTerre-Sainte  a  l'insu 
du  pape,  et  sans  faire  revoquer  ranatheme  qui  pesait  sur  lul.  II 
prend  Tile  dc  Chypre  ct  envoie  son  senechal  s'informer  des  inten- 
tions  du  sultan  d'Egypte.  —  Reforme  de  Saint-Denys  sous  Tabbe 
Eudes  Clement. 

1232.  —  Mort  deSimon  ,  archeveque  deBourges  ,  auquel  suc- 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixxxv 

cedc  Philippe  ,  eveque  d'Orleans,  —  Le  seneclial  de  rempercur 
Frederic  nuil  beaucoup  aux  chrctiens  a  Saint-Jean-d'Acre.  II  sort  P.  184. 
plusieurs  fois  et  en  secret  de  la  ville,  et  s'etant  concerte  avec  le 
sultan  d'figjpte  et  les  Sarrasins,  il  engage  son  niaitre  a  venir  a 
Saint-Jean-d'Acre.  Frederic  se  rend  dans  cette  ville,  el  signifiant 
son  arrivee  au  pape  Gregoire ,  il  reclanie  son  absolution.  Le  pape 
refuse  a  cause  du  pernicieux  traite  conclu  entre  Fempereur  et  les 
Sarrasins ;  il  defend  meme  aux  Templiers  et  aux  Hospitaliers  de 
prendre  parti  pour  Frederic  ou  de  lui  donner  du  secours.  Frederic 
se  fait  couronner  a  Jerusalem ,  confie  le  templc  a  la  garde  des  Sar- 
rasins  ,  conclut  avec  le  sultan  une  Ireve  dc  dix  annees,  el  relourne 
dans  rApouille,  ou  il  s'cmpare  violemment  des  biens  de  rEglise, 
des  Templlers  et  des  Hospitaliers.  —  Un  des  saints  clous  qui  ayait 
servi  au  crucifiement  du  Sauveur,  et  qne  Charles  le  Chauve  avait 
donne  a  rabbaye  de  Saint-Denys  ,  se  perd  pendant  qn'on  Texpose 
a  la  veneration  des  fideles.  II  est  bientot  miraculeusement  retrouve.  P-  ^85. 

1233.  —  Troubles  inlerieurs  dans  la  ville  de  Beauvais.  Inter- 
vention  de  saint  Louis.  Mllon  ,  eveque  et  comte  de  Beauvais  ,  met 
ie  diocese  en  interdit  et  part  pour  Rome ;  mais  11  meurt  dans  le 
voyage.  Breve  et  calamiteuse  administration  de  son  successeur 
Geoffroi.  Robert,  successeur  de  ce  dernier,  se  reconcllie  avec  le  roi 
et  leve  l'interdit.  —  Mort  de  Philippe  comte  de  Boulogne  ,  fils  de 
Philippe  Auguste.  —  Croisade  prechee  par  les  Dominicains  et  les 
Franciscains.  La  pape  consent  a  differer  de  quatre  ou  cinq  ans  le 
depart  des  crolses. 

IS^i. ' — Mort  du  roi  deNavarre,  auquel  succcde  son  neveuP-186. 
Thibaud,  comte  de  Champagne.  —  Mariage  de  Louis  IX  avec 
Marguerite  de  Provence.  Couronnement  de  la  reine  a  Sens.  —  De- 
sastres  et  mort  de  Robert  ,  empereur  de  Consfantlnople.  Election 
a  rempire  de  Jean  de  Brienne,  anclen  rol  de  Jerusalem  ;  mariage 
de  Marle  sa  fille  avec  Baudouin ,  frere  et  herltler  du  defunt 
empereur.  Couronnement  de  Baudouin  et  de  rimperafrice  Marie. —  ^-  ^°'- 
Mort  de  Garnier,  eveque  de  Chartres,  auquel  succedc  Aubri  Cornut. 

1235.  —  Grande  famlne  en  France  et  surtout  en  Aquitalne. 
Les  hommes  se  nourrissent  d'herbe  commeles  animaux.  Prlx  exor- 
bitant  du  ble  en  Poitou.  Feu  ardent. —  Jean  de  Brienne  envoie  en 
France  son  gendre  Baudouln  pour  qu'il  recouvre  le  marquisat  de 
Namur  et  la  chatellenie  de  Courtenai.  II  y  envoleaussi  ses  trois  fils 
qu'il  met  sous  la  protection  de  saint  Louis  et  de  la  reine  Blanche. 

1236.  —  Des  envoyes  du  Vieux  de  la  Montagne  viennent  a 
Paris  pour  assasslner  Louis  IX.  Mais  le  prlnce  ismaelien  ,  rcvt;nu 
a  de  meilleurs  sentlments^  s'empresse  d'envoyer  de  nouveaux  mes- 
sagers  pour  prevenir  le  roi  de  France.  Louis  s'entoure  de  garties. 
Par  le-moyen  des  seconds  envoyes,  11  decouvre  les  j)remieri,  les 


Ixxxvj  TABLEAU  GHRONOLOGIQUE. 

charge  tous  tle  presents  et  les  renvoie  h  leur  maitre.  D^tails  sur  le 

P.  189.  Vicux  de  la  Montagne. 

1237.  —  Depart  (l'une  armee  decrois^s  francais  sousles  ordres 
de  Thlbaud ,  roi  de  Navarre  et  comte  de  Champagne.  Elle  arrive 
en  Terre-Sainle.  Heureuses  excursions  de  Pierre  comte  de  Bre- 
tagne.  Amauri  de  Montfort ,  Henri  comte  de  Bar  et  d'autres 
chevaliers  veulent  Timiter  ;  ils  sont  pris  et  mis  amort  pour  la  plu- 
part  par  les  habitants  de  Gaza. 

P.  190.  1238.  —  Saint  Louis  confere  la  chevalerie  a  son  frere  Robert , 
qu'il  venait  de  marier  avec  Mathilde  de  Brabant ,  et  lui  donne  le 
comte  d'Artois  avec  ses  appartenances.  —  L'empereur  Frederlc 
demande  a  s'aboucher  avec  Louis  IX  a  Vaucouleurs  •  mais  appre- 
nant  que  le  roi  doit  venir  au  rendez-vous  avec  une  armee  pour 
escorte,  il  degage  sa  parole.  II  est  soup^onne  d'avoir  trame  contre 
Louis  quelques  mauvais  desseins. 

P.  191.  1239.  —  Louis  IX  fait  venir  de  Constantinople  la  sainte  cou- 
ronne  d'epines.  Le  roi  et  ses  freres  ,  pieds  nus,  recoivent  la  sainte 
relique  a  Vincennes  ,  Taccompagnent  d'abord  jusqu'a  Notre-Dame , 
et  ensuile  dans  la  magnifique  chapelle  que  Louis  venait  de  faire 
construire  dans  son  palais.  Louis  IX  degage  aussi  des  mains  des 
Veniliens  et  faitporter  a  Paris,  dans  la  Sainte  Chapelle,  une  grande 
partie  de  la  vraie  croix ;  la  lance  qui  perca  le  cote  du  Sauveur,  et 
Veponge  avec  laquelle  on  Tabreuva  de  vinaigre  ;  objets  sacres  que 
l'empereur  grec  avait  iivres  a  la  ville  de  Venise  pour  surete  d'un 

P.  192.  emprunt  qu'elle  lui  avait  accorde.  —  DifFerends  entre  Blanche  de 
Castille  et  Simon  de  Montfort.  Celui-ci  sc  relire  en  Angleterre  ou 
il  devient  comte  dc  Leicester  par  son  mariage  avec  la  soeur  du  roi 
Henri.  —  Depart  pour  la  Terre-Sainte  de  Richard  ,  comte  de 
Cornouaillcs  ,  frere  d'Henri,  roi  d'Angleterre.  II  menage  une  treve 
cntre  les  Chretiens  et  les  Sarrasins ,  et  obtient  de  ceux-cl  la  dell- 
vrance  des  prlsonniers.  —  Amaurl  de  Montforl,  delivre  de  sa 
prison  ,  retourne  en  Europe.  II  meurt  a  Rome  et  est  Inhume  dans 
la  basilique  de  Saint-Pierre.  Jean ,  son  fils  ,  lul  succede  au  comte 
de  Montfort. 

1240.  — Sevlces  derempereur  Frederic  contre  rEgliseromaine. 
II  met  en  prison  Jacques,  eveque  de  Preneste ,  que  le  papc  avait 
cbarge  d'aller  demander  du  secours  en  France  ,  et  le  cardinal 
Olhoii  ,  a  son  retour  d'x\ngleterre  ou  il  avalt  ete  depuis  longtemps 
envoje.  Convocafion  d'ini  concile  a  Rome.  L'empereur  fait  arrcter 
P.  193.  les  eve^quos  qui  s'y  rendent  de  tousles  pays.  Mort  de  Gregolre  IX  ; 
elcction  de  Ccleslin  III,  qui  meurt  au  bout  de  dix-sept  jours.  Le 
Si\Int-sicge  reste  vacant  pendant  vingl-deux  mois.  —  Tempelc 
vlo^ente  et  grele  miraculeuse  a  Creinone.  —  Saint  Louis  reclame 
la  libcrte  de?    prelals  drteniis  par  rempeienr.  Reponse  evasive  de- 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixxxvij 

Frederic.  Noble  replique  de  Louis  IX.  Les  eveques  soiit  uiis   en  p.  194. 
liberte. 

1241.  —  Louis  IX  confere  la  chevalerie  a  son  frere  Alphonse. 
II  le  marie  a  Jeanne,  fille  du  comte  de  Toulouse,  et  lui  donne  I'Au- 
vcrgne ,  le  Poltou  et  rAlbigeois.  Hugue ,  comle  de  la  Marche , 
malgre  Tordre  du  rol ,  refuse  de  faire  hommage  au  comte  de 
Poitlers. 

1242.  —  Louis  IX  envabit  avec  une  armee  les  terres  du  comte 
de  la  Marche.  II  prend  Montreuil-Bonnln,  le  chateau  de  Beruges, 
Vouvant  et  Fontenai-Ie-Comte  ,  places  tres-fortes  appartenant  a 
Geoffroi  de  Lusignau  ,  partlsan  du  comte  rebellc  ,  et  occupe  tout  le 
pajs  jusqu'a  Saintes.  Bataille  de  Saintes.  Louls  IX  defait  complc- 
tement  et  le  comte  de  la  Marche  et  Henri ,  roi  d'AngIelerre ,  qui  P-  19^. 
etait  venu ,  avec  une  armee  ,  a  son  secours.  Henrl  III  passe  la 
Garonne  et  se  retire  a  Blaye.  Reddition  de  Salntes  a  Louis  IX. 
Soumlsslon  d'Hugue,  comte  de  la  Marche.  Treve  dc  cinq  ans 
accordee  aux  Anglais.   Soumlssion  definitlve  des  barous  au  jeune 

rol.  —  Invasion  des  Tartares  [Mongols]  en  Turquie.  IIs  ravagentP.  19G 
Erzeroum  ,^  soumettent  Iconium  el  Favastre.  Un  de  leurs  princes , 
nomme  Balho ,  ravage   la  Pologne  et  la  Hongrle  ,    la  Russie,  la 
Crlniee ,  et  s'etend  iusqu'aux  frontleres  de  la  Gernianie.  Maniere 
dont  IIs  conquirent  la  Hongrie. 

1243.  —  filecllon  du  pape  Innocent  IV.    —  JSalssance  de 
Louls  ,  premler   fils  de   Louls   IX.  — Mort   de  Gautier  Cornut , 
archeveque  de  Sens  ,  auquel   succede  son  frere  Gilles  Cornut.  —  P.  197. 
Eudes  Clement,  abbe  deSaint-Denys,  est  promu  a  rarcheveche  de 
Rouen  ;  Tabbe  de  Clunl  a  Teveche  de  Langres  ;  Juhel  ,  archcveque 

de  Tours ,  a  Tarcheveche  de  Relms.  Mort  d'AubrI  Cornut ,  eveque 
de  Chartres  ,  auquel  succede  Henri  de  Gressai ,  archidlacre  de 
Blols. 

1244.  —  Innocent  IV  vlent,  pour  convoquerun  concile,  a  Lyon.    - 
■ —  Maladle  de  Louis  ,  rol  de  France.  II  j)rend  la  crolx  et  rccouvre 
lasante.  —  Les  Karismlens,  appeles  etsoldes  parle  sultan  d'Egyple, 
envahissent  laPalestlne  ,  battent  les  Chreticns  devant  Gaza,  s'em- P.  198. 
parent  de  la  vllle  sainte  et  la  remplissent  de  carnage. 

1245.  —  Nalssance  de  Philippe,  fils  du  roi  de  France  Louis. 
—  Concile  de  Lyon  preside  par  Innocent  IV.  Anatheme  lance  con- 
Ire  rempereur  Frederic.  Ses  sujels  sont  degages  du  serment  de 
fidelile.  — Le  pontlfe  nomme  le  cardinal  Eudes  de  Chateauroux,  p.  (99. 
eveque  de  Tusculum  ,  son  legal  en  France  ,  et  le  charge  d'exhorler 

les  prelats ,  les  barons  et  le  peupie  a  prendre  la  croix  et  a  parlir 
avec  le  roi.  —  Demeles  dcbatlus  dans  le  concile  cnlre  les  cures  et 
les  religieux  de  Citeaux  ,  au  sujet  dcs  dimes  sur  les  terrcs  recem- 


Ixxxvilj  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

ment  mises  en  culture.  —  Le  landgrave  de  Thuringe  est  elu  roi 
des  Romains  parordre  d'InnocentTV.  Le  meme  pontife  fait  precher 
sur  les  frontieres  du  Hainaut  et  de  la  Flandre  ,  une  croisade  contre 
Henri ,  fils  de  rempereur  Frederic  ,  qui  s^etTorcait  de  soutenir  les 
P.  200.  droits  de  son  pere.  —  Louis  IX  visite  le  pape  a  Lyon.  A  son  retour 
il  marie  son  frere  Charles  avec  [Bealrix],  fille  du  comte  de  Pro- 
vence,  sceur  de  la  reine  Marguerite. 

1246.  — Les  Turcs  et  les  Armeniens  deviennent  trlbutalres  des 
Mongols.  —  Saint  Louis  confere  la  chevalerie  a  son  frere  Charles 
etlui  donne  le  comle  d'Anjou. — Lepape,  reste  en  France ,  envoie 
un  legat  en  Italie  pour  y  combattre  rempereur  Frederic  avec  les 
armes  spirituelles  et  materielles. 

P.  20).  1247.  —  Triple  miracle  arrive  a  Konieh  devant  une  croix.  — 
Canonisation  et  elevation  de  saint  Edmond  ,  archeveque  de  Can- 
torberi.  —  Mort  du  landgrave  deThuringe  ,  elu  roi  des  Romains  ; 
Guillaume,  comte  de  HoIIande ,  lui  succede, 

1248.  ' — 'SaintLouis,  parlant  pour  la  Terre-Sainte ,  Iraversela 
Bourgogne  et  va  de  nouveau  visiter  le  pape  a  Lyon.  Ensuile  il 

P.  202.  descend  le  Rhone  et  s'empare  de  la  Roche  de  Glun  ,  dont  le  selgneur 
exercait  des  piratcrles  sur  les  gens  qui  montaicnt  ou  descendaient 
le  fleuve.  II  demanlele  la  place  et  la  rend  au  seigneur  sur  caution ; 
ensuite  il  va  s'embarquer  a  Aigues-Mortes.  —  La  comtesse  d'Artois, 
qui  etait  grosse,  retourne  en  France  pour  attendre  le  depart  du 
cornte  de  Poltiers ,  reste ,  avec  la  reine  Blanche ,  pour  la  garde  du 
royaurae.  —  Louis  passe  Thiver  en  Chypre.  Le  roi  de  cette  ile  et 
ses  nobles  se  croisent  a  l'exemple  des  Francais.  —  Le  sultan 
d'Egypte ,  qui  se  disposait  a  marcher  contre  les  Chreliens  du  cote 
de  Damas,    change  de  projet  en  apprenant  Tarrivee    du   rol  de 

P.  203.  France  en  Chypre.  —  Robert ,  eveque  de  Beauvais  ,  Jean  ,  comte 
de  Montfort ,  et  plusleurs  autres  seigneurs  meurent  en  Chypre. 

1249.  —  Saint  Louis  arrive  devant  Damiette  avec  une  armee 
immense.  Lcs  croises  se  jettent  a  la  mer  et  mettent  en  fuite  les 
Sarrasins  qui  gardaient  le  rlvage.  La  flotte  chretiennc  occuperem- 
bouchure  du  NIl  el  rarmee  campc  snr  les  bords  du  fleuve.  Terreur 
panique  dans  la  ville  de  Damiette ;  les  habitants  rabandonfient 
apres  avoir  essaye   d'y  mettre  le  feu.  Les  croises  entrent  dans  la 

P.  204.  ville,  maitrisent  rincendle  et  occupent  Damietle  au  nom  du  rol  de 
France.  Entree  solennelle  du  roi  ,  du  legat  et  des  princes  croises. 
Messe  d'action  de  graces  dans  une  mosquee  rendue,  pour  la  deuxieme 
fois ,  au  culte  de  la  sainte  Vierge.  L'armee  passe  Tcte  a  Damiette 
attendant  la  decroissance  du  Nil.  —  Arrivee  d'Alphonse  ,  comte  de 
Poitlers ,  et  de  la  comte.sse  d'Artois.  —  Louis  IX  marche  contre 

P.  !iQ5.  les  Sarrasins  vers  la  Massoure.  Nombreux  combats  entre  les  Sar- 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  Ixxxix 

rasins  cl  les  Chretiens.  Imprudcnce  et  mort  de  Robert ,  comte 
d'Artois. 

1250.  —  Malheurs  de  Tarmee  chretienne.  Mortalite  parmi  les 
hommes  et  les  chevaux.  Grande  faraine  ,  les  relations  entre  Damiette 
et  Tarmee  etant  interceptees.  Les  croises  se  metlent  en  marche  pour 
retourner  a  DarTiiette.  lls  sont  assaillis  par  une  armee  innombrable 

de  Sarrasins.  Prise  de  Louis  IX,  de  ses  deux  Ireres  Alphonse,  p.  206. 
comte  de  Poitiers ,  et  Charles  ,  comte  d'Anjou ,  et  de  leur  suite. 
Ceux  qul  font  retralte  par  le  fleuve  sont  egalement  pris  ou  tues. 
—  Naissance  de  Jean  ,  fils  de  Louis  IX,  et  surnomme  Tristan  a 
cause  de  la  douleur  causee  par  les  derniers  evenements  a  la  reine 
Marguerite.  —  Henri,  fils  de  I'empereur  Frederic  ,  et  que  celul-cl 
avait  fait  couronner  roi  des  Roraains  ,  denonce  comme  rebelle  , 
meurt  en  prison  par  ordre  de  son  pere.  Siege  de  Parme  par  Fre- 
deric.  Defait  par  les  assieges  et  par  le  legat  d'Inuocent  IV,  Tem- 
pereur  passe  dans  rApouille ,  ensuile  en  Slcile  ,  oii  il  meurt  de 
maladie.  Conrad,  fils  de  Frederic ,  ctablit  son  autorite  dans 
rApouille  et  dans  la  Sicile.  Depart  d'Innocent  IV  pour  i'Italie  ;  II  P.  207. 
sejourne  a  Assise.  —  Meurtre  du  sultan  dont  Louis  IX  etait  prl- 
sonnier.  Le  roi ,  ses  freres  et  les  autres  prlsonnlers  chretiens  re- 
couvrent  leur  liberte ,  moyennant  une  rancon  et  l'abandon  de 
Damiette.  Louis  IX  envoie  ses  deux  freres ,  Alphonse  et  Charlcs , 
cn  France,  pour  consoler  la  reine  leur  mere.  Lul-meme  il  passe 
a  SaInt-Jean-d'Acre  qu'il  environne  de  murailles  et  de  tours.  II 
fortifie  egalement  Jafia  ,  Saide  et  quelques  autres  places.  II  sejoume 
envlron  cinq  ans  en  Palestine,  y  delivre  des  prlsonniers  chretiens 
et  j  falt  une  foule  d'autres  bonnes  oeuvres. 

1251.  —  Soulevement   des  Pastoureaux  ;     leurs    pretentions  ,  P.  208. 
leurs  deportements.  Mort  de  leur  chef. 

1252.  —  Abel ,  roi  de  Danemarck  a  la  place  de  son  frere  Henrl 
qu'il  a  fait  noyer  pour  lui  succeder,  perit  bientot  lui-menie  dans  P.  209. 
une  guerre  contre  les  Frisons.  —  Institution   et  slgnification  du 
chapeau  rouge  pour  les  cardinaux.  —  Alphonse ,  comte  de  Poitlers, 

et  Charles  ,  corate  d^Anjou,  rentrent  en  France  de  retour  de  !a 
Terre-Sainte.  — Troubles  que  suscite  parrai  les  clercs  et  les  religieux 
de  Paris  1'apparition  duVnre  de Mundi periculis,  compose  par  Guil- 
laume  de  Saint-Amour.  —  L'abbe  de  Saint-Denys  envoie  au  rol  de 
France,  en  Palestlne,  un  vaisseau  charge  de  draps  ,  de  fromages 
et  de  volallles. 

1253.  —  Naples  est  attaque  par  Manfred,  prince  de  Tarente,  P.  210. 
fils  du  defunt  empereur  Frcderic  et  d'une  concubine.  Conrad ,  fils 
legltime  du  meme  empereur,  assiege  la  vllle  a  son  tour,  la  prend  , 

en  detruit  les  murs  et  les  maisons  prlncipales  ,  et  traite  de  la  meme 
raaniere  Capoue  et  Aquino,  II  raeurt  ensuite  lalssant  un  fils  unique 


xc  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

nomme  Conradin.  —  Moit  de  la  reine  Blanche.  EUe  est  ensevelie 
a  Maubuisson  ,  pres  de  Pontoise  ,  abbaye  de  Fordre  de  Citeaux 
qu'eUe  avait  fondee.  Louis  IX  etant  toujours  absent,  et  ses  deux  fils 
Louls  et  Phllippe  cncore  en  bas  age ,  les  conites  de  Poltiers  et 
d'Anjou  prirent  ia  dlrectlon  des  affalres.  —  Innocent  IV,  apprenant 
la  mort  de  Conrad  ,  entre  dans  le  royaume  de  Slcile  et  arrive  jusqu'a 
P.  21 1.  Naples.  —  Melech  Elmehem  devient  sultan  d'£gjpte.  — Manfred  , 
prince  de  Tarente ,  usurpe  le  royaume  de  Sicile. 

1254. — Prlse  de  Bagdad  par  les  Tartares ,  sous  Li  conduile 
de  Honlagon.  Le  valnqueur  laisse  mourir  de  faim  le  dernler 
callfe.  Innocent  IV  meurt  a  Naples  en  se  disposant  a  la  guerre 
conlre  Manfred ,  prlnce  de  Tarente  ,  et  detenteur  de  la  Slcile  ; 
Alexandre  IV  est  elu  pape.  Retour  de  Louls  IX  en  Europe.  — 
Conradin  ,  fils  de  Conrad  ,  se  refugle  secretement  aupres  du  duc  de 

I'.  212.  Baviere,  son  oncle  materneL  —  Jean  d'Avesnes  veut  enlever  le 
Hainaut  a  Marguerlte ,  comtesse  de  Flandre  ,  sa  mere.  Celle-ci 
appelle  a  son  secours  Charles  d'Anjou  et  lul  cede  le  comte.  Charles 
fait  occuper  militairenient  Valenciennes  malgre  les  bourgeols  de  la 
ville.  II  entre  dans  le  Hainaut  et  assiege  Mons.  Jc.m  d'Avesnes  se 
presente  devant  Valenciennes  avec  GuIUaume  de  Hollande,  rol 
des  Romains  ,  el  beaucoup  d'autres  selgneurs  de  Brabant  et  d'AlIe- 

P.  213.  magne.  Les  Francais  font  contre  eux  une  sortie ,  mals  sont  repousses 
dans  hi  ville,  ou  eutre  avec  eux  un  chef  ennemi  nomme  Stradiot. 
Charles  d^Anjou  envole  Louis  ,  comte  de  Vendome ,  au  secours  de 
Valenciennes.  Le  roi  des  Romalns,  manquant  de  vivres,  va  offrir 
la  bataille  a  Charles  d'Anjou.  Elle  est  empechee  par  des  selgneurs 
francais  parents  de  Jean  d'Avesnes.  Treve.  Charles  d'Anjou  rcnlre 

P.  214.  en  France.  La  paix  est  retablle  par  Louis  IX. 

1255.  — Guilhiume,  roi  des  Romalns,  est  tue  par  les  Frlsons. 
Les  volx  des  clecteurs  se  partagent  entre  le  rol  d'Espagne  et 
Rlchard,  comtedeCornouailies  ,  frere  du  roi  d'Angleterre.  Richard 
se  fait  couronner  a  Aix-la-Chapelle.  —  Les  habitants  de  Turln  , 
h  rinstigation  de  ceux  d'Asti,  emprisonnent  leur  seigncurThomas , 
comte  de  Savole.  Les  uns  et  les  autres  sont  excommunies  par  le 
pape ,  qni  engage  aussl  saint  Louis  ii  se  salslr  des  blens  des  Lom- 
bards   dans  son   royaume.  Sicge  de  Turln  ])ar  les  freres  du  comte 

P.  2l5.  prisonnier.  — Le  comte  de  Flandre  et  son  frere  ,  fils  de  Marguerite 
de  Flandre  et  de  Guillaume  de  Dampierre,  sont  pris  avec  d'autres 
selgneurs  par  Florcnt  ,  comle  de  Hollaude  ,  qui  favorlsait  Jeaa  et 
Baudouin  d'Avesnes ,  fils  de  la  meme  comtesse  Marguerlle  et  de 
Bouchard  d'Avesnes.  Margnerile  ,  cn  haine  de  Baudouln  et  de  Jean  , 

JV  2IG.  donne  a  Charles  (iAnjou  Valenclcuncs  et  le  Hainaut.  —  Branca- 
leon  de  Boiogne,  senaleur  de  Ronie  ,  esl  assicge  dans  le  Ca|)itole, 
a  l'insligation  des  cardinaux  et  des  nobies  de  la  ville,  oblige  de  se 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  xcj 

rondre  au  peuple  el  emprisoniie.  Livr^  aux  nobles ,  il  cst  enfcrme 
dans  une  place  forte  et  nialtraite  ;  niais  il  conscrve  la  vie  parce 
que  les  habltants  de  Bologne  avaient  des  otages  des  Romains.  — 
Les  troubles  susciles  par  le  livre  de  Guillaume  de  Saint-Amour  se 
renouvellent.  Saint  Louis  soumet  la  question  a  la  declsion  du  salnt- 
slege.  Le  pape  fait  briiler  le  livre  en  sa  presence  dans  lacathedrale  P.  217. 
d'Anagni  ,  non  pas  qu'il  fut  entache  d'heresic ,  mais  parce  qu'il 
seniblalt  etre  desline  a  produire  du  scandale. 

1256.  — Le  comte  de  Flandre  ,  son  frere,  et  les  autres  prlson- 
iiiers  de  Florent ,  comte  de  Hollande ,  sont  delivres  par  le  secours 
de  Charles,  comte  d'Anjou.  On  arrete  le  mariage  de  Florent  avec 
la  soeur  du  comte  de  Flandre.  Charles  d'Anjou  ,  a  la  priere  du  roi 
son  frere,  abandonne,  moyeunant  une  forte  somme  d'argent ,  la 
vllle  de  Valenciennes  et  le  comle  de  Halnaut.  Tralte  cntre  les  fils 
de  \a  comtesse  de  Flandre  pour  le  parlage  de  sa  future  successlon. 

—  Tremblement  de  terre  a  Rome  et  a  Anagni. 

1257.  — Charles ,   comte  d^Anjou  ,  soumet  les  Marseillais  r^- 
voltes.  —  Brancaleon    de   Bologne,    e!u   de    nouveau  senateur  a  P.  2i8. 
Rome,  fait  detrulre  les  tours  de  la  ville ,  excepte  celle  du  comle 
Neapoleon  ,  et  cmprlsonner  plusieurs  nobles  favorables  a  l'Eglise. 

—  Le  sultan  d'Egypte ,  Mclech  Ehmchem  ,  est  etrangle  dans  le 
bain  ,  par  sa  femme ,  apres  cinq  ans  de  regnc.  Son  fils  Melcch 
Elmensor  lul  succede ;  mais  au  bout  d'une  annce  II  est  depossede 
par  ramlral  Koutou?- qui  devientsultan  a  son  tour.  • — Mort  d  Hentl, 
archeveque  de  Sens. 

1258. — Henrl  dc  Luxembourg,  avcc  Tappul  de  la  ville  de 
Namur,  asslege  la  citadelle  de  cette  vllie ,  restee  fidele  a  l'impe- P.  219. 
ratrice  dc  Constantinoplc  Mari?.  La  comtesse  dc  Flandrc  ,  le  comtc 
d'Eu,  et  deux  autres  frercs  dcl'imperatrice  marchent  au  sccours  de 
la  placc,  mais  sans  succcs.  — Mort  dc  GuiUaume  de  Bussiis,  cveque 
d'Orleans,  et  de  Guillaume  RoUand,  eveque  du  Mans.  —  Inooda- 
tions  au  mols  deseptembre.  Mauvaise  quallte  des  vlns. 

1259. ' — Fondation  d'un  couvent  de  soeurs  Mlueures,  prcs  de 
Salnt-Cloud ,  sur  le  bord  de  li  Selne,  par  Isabclle,  sauir  de  saint 
Louls.  —  Maufred  ,  prlnce  ds  Tarente  ,  repand  la  fausse  nouvelle 
de  la  mort  de  Conradin  ,  et  st  fait  couronner  rol  de  Slclie,  au  me- 
prls  des  drolts  de  rfigllsc  a  q  il  ce  royaume  appartenail  cn  fief ;  II  P.  220. 
est  publlquemcnt  excommunie  par  le  pape  Alexandre.  — Voyagc 
en  France  d'HenrI  III  ,  roi  d'Auglelcrrc.  Trailc  de  paix  entrc  ce 
prlnce  et  Louls  IX.  Henrl  III  abandonne  scs  droits  sur  la  Nor- 
maudle,  rAnjou  ,  le  Maine,  la  Touraine  et  le  Pollou.  Louls  IX, 
oulre  une  grandc  somme  d'argent,  asslgne  a  Henri  et  a  ses  snc- 
cesseurs  des  possesslons  conslderablcs  en  Llmousin  ,  en  Perigord  , 
en  Sainfongo  et   en   Agenois  .   a  condition  que  le  roi  d'Anglcterre 


xcij  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

llendralt  ces  possessions  ,  ainsi  que  Bordeaux  ,  Bayonne  etloute  la 
Gascogne  ,  en  fief  des  rois  de  France  ,  et  qu'il  figurerait  au  nonibre 
des  grands  barons  de  France ,  en  qualite  de  pair  et  de  duc  d'A- 
P.  221.  quitalne.  —  Hommage  solonnel  d'HenrIIIIa  saint  Louis.  ■ — Louis  , 
fils  aine  de  Louis  IX,  nieurt  et  est  enseveli  a  Royaumont,  en 
presence  du  rol  d'Angleterre. 

1260.  ' — Differends  entre  les  rois  de  Hongrie  et  de  Boheme. 
Bataille  sanglante  sur  la  fronliere  des  deux  royaumes.  Perte  con- 
siderable  des  Hongrois.  Paix  entreles  deux  princes.  —  Saint  Louis 

P.  222.  rassemble  a  Paris  ,  durant  le  temps  pascal,  les  prelats,  les  barons 
et  les  chevaliers  du  royaume.  II  communique  a  rassemblee  des 
lettres  du  pape,  qui  annoncent  les  vlclolres  des  Mongols  dans  la 
Terre-Sainte.  On  decide  que  les  prieres  publiques  et  les  processions 
seront  multipllees  ;  et  l'on  fait  des  reglements  contre  les  blasphe- 
mateurs  ,  contre  le  jeu  et  le  luxe  des  bablts  et  de  la  table.  —  Les 
Florentlns  envoient  une  armeecontre  Sienne  ,  qui  avait  reconnu  le 
pouvoir  de  Manfred.  Ils  sont  battus  par  lecomte  Jordan  ,  capitaine 
de  Sienne  ,  au  nom  du  prince  de  Tarente.  Florence  est  prise  ,  de- 
truite  en  partie  ,  et  soumise  aux  Siennois  et  a  Manfred.  —  Mort  de 
Phillppe  archeveque  de  Bourges  ,  dont  la  saintete  eclate  par  des 
miracles  ;  11  est  remplace  par  Jean  de  Sollli ,  chanoine  et  doyen  de 
Bourges. 

1261.  —  Mort  du  pape  Alexand^e  auquel  succede  Urbain  IV. 
P.  223.  Breve  biographle  du  nouveau  pontife.  —  Les  Grecs  ,  aldes  par  les 

Genois,  chassent  de  Constantinople  Baudouln  et  lcsFrancais,  et  se 
donnent  pour  empereurl'un  d'eutreeux  nomme  Paleologue.  —  Un 
pelerin  de  la  sainte  Vierge  est  assassine  dans  le  dlocese  de  Lyon  ; 
le  couteau  du  mcurtrier,  quoiqne  fr»tte  et  lave  ,  ne  cesse  d'etresa!}- 
glant  iusqu'au  moment  ou  le  pelerii  est  enterre  etrassassin  pendu. 
—  Baudouln,  ex-empereur  de  Consttntinople,  seretire  en  France. 

1262.  —  Mariage  d'Isabelle ,  fille  du  roi  d'Aragon ,  avec  Phi- 
lippe,  fils  aine  de  Louls  IX.  En  faveur  de  cette  unlon ,  le  rol  d'A- 
ragon  abandonne  a  la  Francetons  sas  drolts  dans  les  cltes  de  Car- 
cassonne ,  de  Beziers  et  de  Mllhau.  Le  roi  de  France  en  relour 
renonce  ,  en  faveur  de  FAragon  ,  a  ses  pretenlions  sur  le  comte  de 

P.  224.  Besalu,  le  RoussIUon  ,  Ampurias,  Earcelonne  ct  la  Catalogne.  — 
Les  Marseillais  ,  soutcnus  par  Bonlfrce  ,  seigneur  de  Castellane,  se 
revoltent  contre  le  comte  d'Anjou,  et  massacrent  la  garnison  qu'il 
avait  mlse  dans  leur  ville.  Le  comte  leve  une  armee  en  France,  s'em- 
pare  d'abord  du  chateau  de  Bonifaca,  et  assiege  ensuite  Marseille 
qu'Il  reduit  par  la  famine.  II  fait  decapiter  publiquement  les  chefs 
de  la  rcvolte,  s'approprie  les  biens  de  Boniface  ,  et  le  chasse  de  la 
Provence. 

1263.  —  Guerrc  entre  le  roi  d'Anglelerre  ,  le  rol  des  Romains 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  xciij 

et  une  partie  des  seigneurs  anglais  (l'unepart,  Simon  de  Montfort 
comte  de  Leicester,  le  comte  de  Glocester  et  les  bourgeois  deLon- 
dres  d'autre  part,  au  sujet  de  rinol)servalion  des  slatuts  d'Oxford.  P.  225. 
Batailles  de  Lewes  ,  dans  laquelle  le  roi  Henri  III ,  Edouard  son 
fils ,  le  roi  des  Romains  et  son  fils  Hcnri  sont  faits  prisonniers. 

—  Charles,  comte  d^Anjou  et  de  Provence,  est  elu  a  Rome  se- 
nateur  a  vie.  —  Louis  IX  se  rend  a  Boulogne,  avec  Gui,  cardinal 
eveque  de  Sabine ,   pour  tacher  de  metlre  un  terme  aux  troubles 
d'Augleterre.    II    s'abouche  avec    Simon   de  Montfort ,  mais  sans  P.  226. 
aucun  resultat. 

1264.  —  Le  pape  Urbain  offre  a  Charles ,  comte  d'Anjou ,  le 
royaume  de  Sicile ,  les  duches  d'Apouille  et  de  Calabre,  avec  la 
principaule  de  Capoue,  pour  les  posseder  jusqu'a  la  quatrieme  ge- 
neration  ,  a  condition  qu'ilen  expulsera  l'usurpateur  Manfied.  Le 
comle  d'Anjoa  accepte  et  prend  les  arraes.  Alliances  de  Manfred 
avec  plusieurs  villes  d'Italie.  II  confie  a  un  de  ses  lieutenants  , 
nomme  Pelavicini ,  la  garde  de  ces  villes.  —  Mort  d'Urbain  IV  P.  227. 
aiiquel  succede  Clement  IV.  Details  de  la  vie  dunouveau  pontife. 

—  Thomas  d'Aquin ,  Bonavenliire ,  Gueroud  d'Abbeville ,  Robert 
de  Sorbonne,  fondateur  du  coUege  de  Sorbonne. 

1265.  —  Charles ,  comte  d'Anjou  et  de  Provence,  s'embarque 

a  Marseille  et  arrive  a  Rome  a  travers  mille  dangers.   II  j  est  deP.  228. 
nouveau  elu  senateur  a  vie  ,  et  ensuite  couronne  roi  de  Sicile.  — 
fidouard,  fils  d'Henri  III ,  roi  d'Angletcrre  ,  s'echappe  des  mains 
deSimon  de  Monlforl,  comte  de  Leicesler,  et  leve  unearmee  contre 
lui.  Bataille  [  d'£vesham  ].  Mort  de  Simon  et  de  son  fils  Henri.  Un  P.  229. 
autre   de  ses   fils ,   nomme  Gui ,  est   blesse   et  pris.    Delivrance 
d'Henri  III  et  des  autres  prisonniers  du  comte  deLeicester.  Defaile 
des  habitants  de  Londres.  Cruautes  du  prince  Edouard.  Le  c6rps 
du  comte  Simon  est  enseveli  par  les  raoines  d'Evesham.  Des  mira- 
cles  s'operent  au  tombeau  du  comte.  —  Croisade  preehee  en  France 
contre  Manfred.  Depart  pour  Tltalie  de  Robert ,  fils  du  comte  de 
Flandre ,    de    Bouchard ,    comte   de    Vendome,    et   de    l'eveque 
d'Auxerre.  Ils  traversent  la  Lombardie  malgre  le  marquis  Pela-  P.  230. 
vicini ,  delruisent  Cremone  et  Brescia  ct  arrivent   aupres  du  rol 
Charles ,  a  Rome. 

1266.  —  Apparition  d'une  comete  en  France.  —  Une  multitude 
de  Sarrasins  ,  sortie  de  l'Afrique ,  va  se  reunir  aux  Sarrasins  d'Es- 
pagne.  Ils  sont  defaits  par  les  Chretiens  espagnols.  —  Le  roi  Charles 
sort  de  Rome  et  entre  sur  les  terres  de  ses  ennerais.  II  s'empare 
de  plusieurs  places ,  et,  passant  le  pont  de  Ceperano ,  qui  ouvre 
Tacces  de  TApouille  et  de  la  terre  de  Labour,  il  arrive  iusqu';\  San- 
Germano,  place  forte  oii  Manfred  avait  mis  la  phis  grande  partle 
de  son  armee.  Eouchard,  comte  de  Vendome  ,  monte  le  premier  aP.  231 


xciv  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

Tassaut ,  et  les  Franqais  se  rendent  maltrcs  de  la  forferesse.  Charles 
poursuit  les  fuyards  jusqu'a  Benevent  ou  ils  allaient  se  rallier  au- 
pres  de  Manfred.  Bataille  de  Benevent.  Manfred  y  est  tue  et  ses 
principaux  officiers  sont  faits  prisonniers.  La  femme  ,  les  enfants 
et  la  soeur  de  Manfred  sont  remis  enlre  les  mains  du  roi  Charles. 
Benevent  et  Lucera  se  rendent  aux  Francais.  —  Arrivee  aupres  du 
rol  Charles  d'un  certain  nombre  de  bons  chevaliers ,  conduits  par 
Henri  de  Castille ,  frere  du  roi  d'Espagne.  —  Charles  les  recoit 
P.  232.  honorablement  et  cede  a  Henri ,  leur  chef ,  la  dignite  de  senateur 
de  la  ville  de  Rome. 

1267.  —  Prise  et  devastation  d'Antioche  parBondodar,  sultan 
d'Egjpte  et  de  Damas.  —  Louis  IXconfere  la  chevalerie  a  Philippe, 
son  fils  aine,  et  a  son  neveu  Robert ,  comte  d'Artois  ;  ensuite  il  les 
P.  233  conduit  en  pelerinage  a  I'abbaye  de  Saint-Denys.  —  Louis  IX  et 
Mathieu  ,  abbe  de  Saint-Denys  ,  elevent  des  tombeaux  aux  rois  qui 
elaient  cnsevelis  dans  Teglise  abbatiale,  et  les  disposent  dans  un 
ordre  regulier. 

1268. — Naissance  de  Philippe  ,  fils  aine  du  prince  Philippe 
de  France.  Mort  de  Clement  IV.  Les  cardinaux,  reunis  a  Viterbe, 
laissent  ecouler  deux  ans  et  neuf  mois  sans  parvenir  a  s'entendre 
sur  le  choix  d'un  nouveau  pontife.  Ils  sont  enfermes  au  conclave 
par  le  peuple  de  Viterbe.  —  La  mort  de  Manfred  reveille  Tambi- 
tlon  du  jeune  Conradin  ,  refugie  a  la  cour  de  Baviere.  Suivi 
d'une  armee  d'AIIemands  et  d'ltaliens,   il  vient  a  Rome  ou  on  le 

P.  234.  recoit  avec  les  honneurs  dus  a  la  dignile  Imperlale.  II  se  ligue  avec 
Henrl  de  Castlllc  contre  Charles,  rol  de  Sicile.  Celui-ci ,  occupe 
au  siege  de  Lucera ,  dont  les  habitants  ravaient  offense  apres  s'etre 
rendus  a  lul ,  rabandonne  aussitot  et  marche  contre  ses  ennemls.  II 
les  rencontre  et  leur  livre  bataille  pres  de  la  ville  d'AIbI  en  Campa- 
nle.  Les  Provencaux  du  rol  Charles  sont  enfonces  par  Henrl  de 
Castille.  Le  roi  Charles  defalt  d'abord  Conradin  ,  ensulte  Henri  de 
Castille,  qui  revenait  de  poursuivre  les  fuyards.  Henrl  se  refugie  au 
Mont-Cassln,  dontrabbe  le  livreau  vainqueur.  Conradinetquelques 
hauls  personnages  de  la  famlUe  de  Manfred  sont  prls,  juges  et 
decapltes.  L'Apouille ,  la  Calabre  et  la  Sicilc  se  soumettent  au  roi 

P.  235.  Charles.  —  Mort  de  Richard,  roi  des  Romains.  L'eIection  de  son 
successeur  est  dlfferee  pendant  quatre  annees. 

1269.  —  Mariage  deBlauche,  fille  de  LouisIX,  avec  Ferdinand, 
fils  aine  du  rol  de  Caslille,  a  condltion  que  le  royaume  appar- 
liendrait  au  premier  enfant  ne  de  ce  mariage.  —  Depart  de 
Louis  IX  pour  sa  deuxieme  croisade.  II  cst  accompagne  de  ses  trois 
fils  ;  Jean  ,  comte  deNevcrs  ;  Pierre  ,  comte  d'AIen^on  ;  et  Philippe, 
son  aiuc;  de  son  neveu  Robert,  comle  d'Artois;  de  Thibaud,  roi  de 
Navarre  et  comle  de  Champagne.  Mathieu  ,   abbe  de  Salnt-Denys  , 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  xcv 

ct  Simon    dc    Clermont,  seigneur   de  Nesle,  restent  charg^s  du 
gouvernement.   Les   croises    debarquent   sur  la  cole  d'Afrique  et  p.  23C. 
s'em|)arent  de  Carthage. 

1270.  —  Morlalile    dans  Tarmee   chretienne.    Mort   de   Jean  , 
comte  de  Nevers  ,  du  legat,   et  enfin  du  rol  de  France  lui-m^me. 
Delails  sur  les  derniers  momenls  de  Louis  IX.  Son  fils  Philippe  P.  2-37. 
recoit  le  serment  de  fidelite  et  rhommage  des  barons  et  des  che- 
valiers  presents  a  Texpedition.  —  Arrivee  devantTunis  de  Charles  , 
roi    de   Sicile.    Pusillanimite    des    Sarrasins.   Moyens    qu'ils   em- 
ployaient  pour  incommoder  rarmee  chretienne.  Prcparatifs  pour  P.  2.38. 
le  siege  de  Tunis.  Les  Sarrasins  demandent  a  trailer.  Condilions 
dutraite.  I/armee  chretienne  se  decide  a  retourner  en  France  par 
la  Sicile   et  rilalic.  Tempete  horrible  devant  Trapani  en  Sicile.  P.  239. 
Mort  du  roi  et  de  la  reine  de  Navarre,  de  la  reine   de  France 
Isabelle    d'Aragon ,    d'Alphonse,    comte    de    Poitiers ,    et    de    sa 
femme  et  de  bcaucoup  d'autres  chevaliers  et  barous.  —  Le  prince 
Edouard  d'Angleterre  continue  son  pelerinage  apres  le  traite  de 
Tunis,  et  vd  debarquer  a  Saint-Jean-d'Acre. 

1271. — Inhumation  a  Saint-Denys  du  roi  Louis  IX,  de  la 
reine  Isabelle  et  du  comte  de  Nevers.  Miracles  operes  sur  lc  tom- 
beau  de  Louis  IX.  —  Mort  de  Jean  de  Courlenai ,  archeveque  de  P.  240 
Reims  ;  il  est  remplace  par  Pierre  Barbez  ,  archidlacre  de  Dunois , 
dans  Teglise  de  Charlres. — Sacre  du  roi  Philippe  III  a  Reims. 
-^  Un  Ismaelien  frappe  le  prince  Edouard  d'Angleterre  d'un 
poignard  empoisonne.  Le  prince  fait  mourir  rassassin.  II  apprend  P.  24i. 
la  mort  d'Henri  III ,  son  pere,  et  retourne  en  Anglelerre  ou  il  se 
fait  couronuer.  —  Inhumation  a  Provins  de  Thibaud ,  roi  de 
Navarre,  et  comte  de  Champagne.  Henri ,  frere  de  Thibaud ,  lui 
succede.  II  epouse  la  soeur  de  Robert ,  comte  d'Artois ,  qui  lui  donne 
une  fiUe  nommee  Jeanne  ,  depuis  reine  de  France.  —  Le  roi  Phi- 
lippe  III  etaut  a  Viterbe  ,  a  son  retour  de  Tunis  ,  Henrl  ,  fils  de 
Richard,  y  vient  pour  sefalre  inveslir  des  Etats  de  son  pere.  II  est 
assassine  dans  une  eglise  par  Gui  de  Montfort,  qui  vengea  ainsl  la  P.  242. 
mort  du  conite  de  Lelcester  son  pere.  Gui  se  relire  aussitot  chez 
son  beau-pere,  Roux,  comte  de  Toscanc.  Indignation  du  rol  de 
France  et  du  souverain  pontife.  Gui  est  enferme  dans  une  forteresse. 

1272.  — Election  de  Gregoirc  X.  —  Invasion  armee  de  Roger  P.  243. 
Bernard ,  comte  de  Foix,  daiis  une  place  appartenant  au  rol  de 
France.  Siege  de  Foix  par  Philippe  III.  Soumisslon  du  comtc.  Le 
roi  remprisonne  pour  une  annee  ;  il  met  garnison  dans  le  chateau 
de  Foix  et  dans  les  autres  places  du  comle.  —  Gaston  de  Bearn  , 
beau-pere  du  comte  de  Folx,  accuse  d'avoIr  exclfe  son  gendre  a  la 
revolte  ,  vient  se  dlsculper  devant  le  roi.  P  244. 

1273;  —  Mariage  de   Pierre,  comte  d'Alcncon  ,  frere  du  roi, 


xcvj  TAELEAU  CHRONOLOGIQUE. 

avec  Jeanne,  fiUe  de  Jean  ,  comte  de  Blois,  —  Rodolphe,  comte 
d'Alsace,  elu  et  couronne  rol  d'Allemagne.  ■ — ■  Mort  de  Jean  de 
Soilli,  archeveque  de  Bourges.  Geoffroi  de  Pontchevron  ,  doyen 
de  Paris  ,  clu  a  la  place  de  Tarcheveque  defunt ,  meurt  a  son  tour 
avant  d'avoir  ete  confirme  et  consacre.  II  est  remplace  par  Slmon 
de  Beaulieu  ,  archidiacre  de  Chartres.  —  Mariage  de  Phllippe,  fils 
de  rex-empereur  de  Constantinople  Baudouin  ,  avec  la  fiUe  de 
Charles  I",  rol  de  Siclle ,  d'ou  nait  Catherlne  qui  devait  devenir 
comtesse  de  Valols. 

1274.  —  Concile  de  Lyon  preside  par  le  pape  Gregolre  X.  On 
P.  245.  y  recolt  des  envoyes  dcs  Grecs  et  des  Tartares.  Les  premiers  pro- 

mettent  de  revenir  a  l'unite  catholique,  et  confessent  que  l'Esprit 
saint  proccde  du  Pere  et  du  Fils.  Dissolution  de  plusieurs  ordres 
mendianls.  On  Interdll  la  tonsure  et  Ton  enleve  les  prlvlleges  de 
clergie  aux  dercs  deux  iois  maries.  Composltion  du  concile.  — 
Marlage  du  rol  Phillppe  avec  Marie  de  Brabant.  • —  Mort  de  Pierre 
de  Charoi ,  archeveque  de  Sens ,  auquel  succede  Gile  Cornut , 
prechantre  de  reglise  de  Sens.  —  Mort  d'HenrI  ,  rol  de  Navarre 
et  comte  de  Champagne.  Sa  veuve  se  refugle  ,  avec  sa  fiUe  unique  , 
aupres  du  roi  de  France.  Le  rol  Phillppe  leur  fait  un  accueil  favo- 
P.  246.  rable  et  envoie  en  Navarre  Eustache  de  Beaumaixhals  pour  con- 
server  ce  pays  sous  la  maln  du  roi. 

1275.  —  Sacre  de  la  reiue  Marie,  par  Pierre ,  archeveque  de 
Reims.  Reclamation  a  ce  sujet  de  Gile  ,  archeveque  de  Sens  ,  dans 
la  proviuce  duquel  le  sacre  avait  eu  lieu.  —  Reformes  tentees  en 
Navarre  par  Eustache  de  Beaumarchals.  Les  seigneurs  navarrj^is 
s'insurgent  contre  lul  et  l'assiegenf  dans  la  citadelle  de  Pampe- 
lune.  Robert ,  comte  d'ArtoIs ,  envoye  au  secours  d'Eustache  ,  le 

P.  247.  delivre  par  la  prise  de  Pampelune  et  punlt  les  chefs  de  la  sedition. 

—  Amaurl  de  Montforl ,  clerc,  fils  du  comte  de  Lelcester,  niene 
par  mer  sa  soeur  unlque  a  Leolin  ,  prince  des  Gallols.  Ils  sont  prls 
et  emprlsonnes  tous  deux  par  ordre  d'Edouard,  rol  d'Angleterre. 

—  Mort  du  pape  Gregoire  X  ;  election  d'Innocent  V. 

1276.  ' —  Mort  de  Ferdinand ,  fils  aine  du  roi  de  Castille ,  epoux 
de  Blauche ,  fille  de  salnt  Louis.  Le  roi  de  Castille  Alphonse  X, 
au  mepris  des  traites  ,  exclut  ses  deux  petits-fils  de  la  succession 
au  trone  ,  les  relient  aupres  de  lul  et  renvole  leur  mere  en  France. 
— 'Mort  et  Inhumatlon   de  Louis,   fils  aine  de   Philippe,  rol  de 

P.  248.  France.  ■ —  l'ne  ambassade  tartare  vlentofi^rir  l'appui  de  cette  nation 
au  roi  de  France,  s'Il  allalt  guerroyer  contreles  Sarrasins  deSyrie. 
Composilion  de  Tambassade.  EUe  passe  en  Angleterre  apres  avolr 
celebre  la  fcte  de  Paques  a  Salnt-Denys.  —  Leolln  ,  prince  des 
Gallois  ,  furieux  dc  renlevement  de  sa  fiancee  ,  declare  la  guerre 
au  roi  d'Angleterre.  II  se  relranche  el  se  fortifie  dans  les  montagne« 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  xcvij 

de  Snowdun ,  sur  les  frontieres  des  deux  Etats.  Edouard  rasslege 
pendant  l'hiver,  roblige  a  se  rendre,  el,  Tayant  force  a  signer  un 
traile  qui ,  apres  la  mort  de  Leolin  ,  enlevait  a  ses  heritiers  la  prin- 
cipautedeGalles  ,  il  lui  rend  sa  terre  et  sa  fiancee,  et  fait  celebrer 
le  mariage  en  sa  presence.  Amauri ,  en  sa  qualite  de  clerc ,  est  livre 
a  la  juridiction  ecclesiaslique  qui  le  garde  longtemps  en  prison.  P.  249. 

—  Mort  du  pape  Innocent  V.  Adrien  V,  elu  a  sa  place ,  ne  survit 
qu'un  mois  etneufjoursa  son  eleclion.  II  estremplace  par  .Tean  XX. 

1277.  —  Le  pape  Jean  est  ecrase  par  la  chute  d'une  chambre 
qu'il  faisait  construire  a  Viterbe.  II  meurt  au  bout  de  six  jours  et 
est  inhume  dans  reglise  de  Saint-Laurent.  —  Debordement  du 
Tibre  a  Rome.  —  SuppHce  du  chambellan  Pierre  de  la  Brosse. 
Effets  de  cette  execution  dans  les  esprits.  P-  250. 

1278.  — Marie  de  Jerusalem  ,  fille  du  princc  d'Antioche  ,  eede 
ses  droits  sur  le  royaume  de  Jerusalem  a  Charles  ,  roi  de  Sicile  , 
nioyennant  une  rente  de  quatre  mille  llvres  tournois  a  prendre  tous 
les  ans  surles  revenus  de  rAnjou.  —  hleclion  du  pape  NicolasIII. 

—  Le  nouveau  pape  enleve  a  Charles  ,  roi  de  Sicile,  le  gouverne- 
ment  de  la  Toscane.  II  fait  des  reglements  pour  relection  des 
eveques  et  du  senateur  de  Rome.  II  se  fait  nommer  senateur  a  vie 
et  fait  gerer  cette  charge  par  ses  parents.  —  Jean  d'Orleans  , 
chancelier,  et  nomme  par  le  pape  eveque  de  Paris  ,  renonce  a 
toule  dignite  et  se  fait  dominicain. 

1279.' — Bibars,  sultan  d'Egypte,  entre  en  Syrie  et  HvreP.  251. 
balaille  auxTartares.  II  est  defait,  blesse ,  et  se  retire  a  Damas  ou 
il  nieurt  peu  de  temps  apres.  Son  fils  lui  succede.  Ses  emirs  se 
revoltent  contre  lui  et  l'assiegent  dans  le  chateau  du  Caire  ou  il  est 
reduit  aux  dernieres  extremites.  — Le  pape  envoie  un  cardinal  au 
roi  de  Sicile  pour  le  pressentir  sur  la  perte  qu'il  avait  faite  du 
vicariat  de  Toscane.  Soumission  du  roi.  Jugement  qu'en  porle  le 
souverain  pontlfe. 

1280.  —  Le  renvoi   de   Blanche    exclte  contre   Alphonse  de  P.  252. 
Casldle  rindignation  du  roi  de  France.  II  rassemble  une  armee 
formidable  a  Bayonne ;  mais  ropposilion  du  pape  l'empeche  d'en- 

trer  en  Espagne.  —  Mort  de  Nicolas  III.  Vacance  du  saint-siege. 

—  Debordement  de  la  Seine  a  Paris.  —  Armement  maritime  de  P.  253, 
Pierre  III ,  roi  d'Aragon  ,   contre  Charles,  rol  de  Sicile.  Des  am- 
bassadeurs  envoyes  par  lui  a  la  cour  de  Rome  donnent  a  entendre 

que  ccs  preparatifs   sont   diriges  contre   les  Sarrasins    d'Afrique. 

—  Troubles  suscites  dans  Rome  par  les  Hannibaldi  et  les  Orsini.    P.  254. 

1281 .  —  Election  du  pape  Martin  IV.  —  Le  nouveau  pontife  , 
elu  senateur  a  vie ,  cede  cette  place  au  roi  Charles  ,  et  confie  a  des 
efficiers  du  meme  prince  le  gouvernement  du  patrimoine  de  Saint- 

1.  £• 


xcviij  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

Pierre.  II  les  fait  marcher  ensuite  contre  Guido  de  Montefeltro  , 
qiii  s'ctait  empare  des  terres  de  TEglise.  — Insurrection  des  habi- 

P.  255.  tanls  d'Orvielte  contre  les  Francals  ;  elle  est  comprlmee.  —  Poisson 
monstre  peche  a  Orvielte.  —  Insurrectlon  des  habilants  de  Palerme 
et  de  Messine.  Vepres  siclliennes.  —  Nouvelle  revolte  de  Leolln, 
prince  des  Gallois ,  et  de  David  son  frere ,  contre  le  roi  d'AngIe- 
terrc.  Celui-ci  envahlt  le  pays  de  Galles ,  s'en  empare ,  et  fait 
decapiter  les  deux  princes  rebelles.  —  Le  roi  de  Sicile  envoie  son 
fils  Charles,  prince  de  Salerne,  deraander  du  secours  en  France, 

P.  256.  et  met  le  siege  devant  Messine.  Les  assieges  appellent  en  Sicile 
Pierre  d'Aragon.  A  I'InstIgalion  de  ce  dernier,  Tile  tout  entiere 
se  revolte ,  et  Picrre  est  couronne  roi.  Pierre  Inlime  a  Charles 
Tordre  de  lever  le  slege  de  Messlne  et  de  sortir  de  la  SicIIe.  Charles, 
mal  conseille,  se  retire  en  Calabre  dans  la  plaine  de  San-Martino. 

—  Dissensions  dans  TUniversite  de  Parls  entre  les  ecoliers  picards 
ct  anglais. 

1282.  —  Jean  d'Eppe  et  les  soldats  du  pape  Martin  marchent 

P.  257.  contre  Guido  de  Montefellro.  Ils  s'emparent  du  faubourg  de  Forli. 

Le  lendemain  il  s'engage  entre  les  deux  partis,  devant  la  ville,  un 

combat  meurtrler,  mais  sans  resultat,  que  la  nult  vient  Interrompre. 

—  Enquete  sur  la  vie  et  les  miracles  de  salnt  Louls.  —  Guerres  du 
sultan  avec  les  Tartares.  Alternative  de  revers  et  de  succes  pour 
les  deux  partis.  —  Excommunication  du  rol  Plerre  d'Aragon  a 
cause  de  1'usurpatlon  de  la  Siclle.  Ses  sujets  sont  degages  du  ser- 
ment  de  fidelite.  Son  royaume  d'Aragon  et  ses  autrcs  possessions 

P.  258.  sont  conferes  par  le  pape  au  prlnce  Charles,  fils  du  roi  de  France 
Philippe.  —  Le  prince  de  Salerne  retourne  en  Italie  avec  Pierre 
comte  d'AIencon  ,  frere  du  roi  de  France ,  Robert  comte  d'Artois  , 
le  comte  de  Boulogne ,  Jean  comte  de  Dammartln  ,  Ofhelin  comte 
de  Bourgogne ,  et  beaucoup  d'autres  chevaliers.  —  Combat  singu- 
lier  propose  par  Pierrc  d'Aragon  au  roi  Charles.  II  est  fixe  dans  les 
plaines  des  environs  de  Bordeaux  pour  le  P'  juin  de  Tannee  sui- 
vante. 

P.  259.  1283.  —  Gul  de  Montfort,  dellvre  de  prlson  par  Martln  IV, 
est  envoje  par  le  pape  au  secours  de  ses  troupes  dans  la  Romagne. 
Gui  rend  a  rEgilse  les  tcrres  et  les  villes  qu'avait  prlses  Guido  de 
Montefeltro.  II  ravage  les  cnvlrons  d'UrbIno,  la  seule  vllle  qu'il  res- 
lat  a  soumettre.  ■ —  Charles,  loi  de  Sicile,  se  rend  a  Bordeaux  pour 
le  combat  dont  il  etalt  convenu  avec  Plerre,  roi  d'Aragon.  Celui-ci, 
pendant  la  nuit  qui  precede  le  jour  fixe ,  vlent  declarer  au  sene— 
chal  de  Bordeaux  qu'il  ne  peut  lenir  sa  parole,  a  cause  de  la  proxi- 
milc  du  roi  de  France  et  dc  son  armee.  Le  roi  Charles  rcvient  en 
France  avec  le  rol  PhiUppe  son  ncveu.  —  Jean  Nugnez  envahit 

1'.  200.  rAragon  pour  le  roi  de  France  et  s'enipare  de  plusieurs  places.  — 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  xcix 

A  la  nouvelle  de  la  mort  de  son  beau-pere,  Gui  de  Montfort,  avcc 
la  pcrraission  du  pape ,  abandonne  le  siege  d'Uibino  et  passe  en 
Toscane,  ou  il  defend  la  succession  de  sa  femme  contre  Tinvasion 
des  comtes  de  Fiora  et  d'Anguillara.  —  Charles  ,  roi  de  Sicile , 
quitte  la  France  pour  retourner  dans  rApouiile.  A  cette  nouvelle , 
les  Siciliens  se  presentent  devant  Naplcs  avec  vingt-sept  vaisseaux 
et  provoquent  les  Francais.  Le  prince  de  Salerne  acceple  la  bataille,  P.  2C1 . 
est  vaincu ,  fait  prisonnier  et  conduit  a  Messine.  Le  roi  Charles 
arrive  quatre  jours  apres  et  punit  severement  les  JNapolitains,  qui 
s'etaient  revoltes.  II  reunit  son  armee  et  s'avance  vers  Eeggio,  dans 
rintention  de  passer  le  detroit  et  d'assieger  Messine.  Oblige  de 
renoncer  a  ce  projet,  il  met  sa  flotte  en  siirete  dans  le  port  de 
Brindes. 

1284.  — '  Mort  du  comte  de  Joigni  devant  Urbino.  —  Philippe,  P.  2G2. 
fils  aine  du  roi  de  France ,  est  fait  chevalier  et  epouse  Jeanne,  fille 

de  fen  Henri  comle  de  Champagne  et  roi  de  Navarre.  —  Ravages 
causes  en  France  par  le  vent.  —  Mort  de  Charles  ,  roi  de  Sicile. 
Douleur  du  pape  Martin.  II  remet  au  corate  d'Artois  une  forte 
somme  d^argent  pour  les  besoins  des  enfants  du  prince  de  Salerne  , 
dont  il  lui  confie  la  tutelle  en  meme  teraps  que  la  regence  de  la 
Sicile. Expedition  du  rol  Philippe  le  Hardi  en  Aragon. 

1285,  —  Maladie  et  mort  du  pape  Martin  IV.  II  s'opere  des  P.  2G3. 
miracles  a  son  tombean.  Election  du  pape  Honorius  IV.  —  Pierre 

roi  d'Aragon  se  transporte  dans  son  rojaume  pour  le  defendre 
contre  Tinvasion  francaise.  Se  defiant  aussi  de  la  fidelite  des  habi- 
tants  de  Messine,  il  fait  transporter  en  Aragon  le  prince  de  Salerne. 
—  Honorius  prodigue  des  secours  et  des  encouragements  tantaP.  2G4. 
Robert  d'Artois ,  dans  TApouille ,  qu'aux  autres  corps  de  troupes 
expedies  en  divers  lleux  par  le  pape  Martin.  —  Philippe  le  Hardi 
envahit  le  Roussillon ,  franchit  les  Pyrenees  et  s'empare  de  tout  le 
pays  jusqu'a  Gironne,  qu'il  asslege.  —  H  envole  chercher  a  sa 
flotte  des  vivres  pour  l'armee.  Plerre ,  roi  d'Aragon  ,  se  met  en  em-  P-  2G6. 
buscade  pour  enlever  le  convoi.  Raoul  deNeslc,  connetable  de 
France,  et  le  marechal  Jean  d'Harcourt,  marchent  contre  les  Ara- 
gonais  embusques.  Le  combat  s'engage  et  les  Aragonais  sont  hat- 
tus  ,  malgre  la  superiorlte  de  leur  nombre.  Pierre ,  qul ,  pour  n'etre 
pas  reconnu,  avait  combattu  avec  d'autres  armes  que  les  siennes , 
est  force  de  fuir  apres  avolr  recu  une  blessure  mortcUe.  Les 
Aragonais  cachent  aussi  longleraps  que  possible  la  mort  de  leur 
roi.  Prlse  de  Gironne  apres  trois  mois  de  siege.  Maladle  du  roi 
de  France.  II  laisse  dans  Gironne  une  faible  £;arnIson,  Hcencie 
une  parlle  de  ses  vaisseaux  et  se  dirige  vers  C.nrcassonne.  Les 
Espagnols  prennent  a  lenr  solde  les  vaisseaux  licencies  et  s'en 
•servent  pour  s'emparer  des  autres.  Ils  chassent  de  Gironne  la  gar-  P.  2GG. 


c  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

iiison  franraJse,  qiii ,  eii  .s'eii  retournant,  esl  pillee  dans  lcs  mon- 
(agnes.  —  Phillppe  le  Hardi  mcurt  a  Perplgnan.  Son  fils  Philippe 
le  Bel  lul  succede.  Les  entrailles  du  roi  Philippe  sont  enterrees  a 
Narbonne  ;  son  corps  est  transporte  a  rabbayedeSaint-Denys.  Dis- 
sensions ,  au  sujet  de  rinhumation  ,  entre  les  moines  de  Sainl- 
Denys  et  les  Dorainicains  de  Paris,  qui  rcclamaient  le  coeur  du  feu 
roi ,  promis  par  le  nouveau  monarque.  Representations  du  legat , 
P.  2G7.  des  prelats  et  des  seigneurs.  La  volontc  de  Philippe  le  Bel  est  exe- 
cutee.  —  Enfants  de  Pliillppe  IIL  —  Sacre  de  Philippe  le  Bel  et 
de  la  reine  Jeanne  de  Navarre. 

1\  268.  1286.  —  Alphonse  succede  a  son  pcre  Plerre  au  royaume 
J'Aragon.  Jacques  ,  frere  d'Alphonse ,  et  Conslance  sa  mere ,  s'em- 
parent  de  la  Sicile,  ou  Jacques  se  fait  couronner  rol.  —  Le  pape 
Honorius  renouvelle ,  contre  les  deux  princes  el  contre  leur  mere, 
la  sentence  prononcee  contre  leur  pere  par  le  pape  Martin.  ^ 
Edouard ,  roi  d'Angleterre ,  fait  hommage  au  roi  de  France  pour  le 
(bichc  d'Aquitaine  et  ses  autres  posses^ions  en  France.  II  convoque 
a  Bordeaux  un  parlement,  ou  11  recoit  des  ambassadeurs  d'Aragon, 
de  Sicile  et  de  CaslIUe.  Soupcons  eveiiles  par  cette  circonstance.  II 

P.  209.  piocure  la  delivrance  du  prlnce  de  Salerne.  —  Mort  de  Matthieu , 
abbe  de  Saint-Denys  et  conseiller  du  roi  de  France.  TravauX  ma- 
tcriels  et  spirituels  de  cet  abbe.  Renaud  GiPrarl  lui  succede.  — 
Mort  du  pape  Honorius;  election  de  Nlcolas  IV. 

1287.  —  A  Saint-Jean-d'Acre ,  le  roi  de  Chypre  se  fait  cou- 
ronner  rol  de  Jcrusalem  au  prejudice  du  roi  de  Sicile,  avec  le 

P.  270.  concours  des  Templicrs  et  des  Hospitaliers.  Sequestre  des  biens 
appartenant  a  ces  religieux  dans  rApouille  et  le  royaume  de  Sicile. 
—  Hostilites  entre  Alphonse  rol  d'Aragon  et  son  oncle  le  roi  de 
Majorque,  qui  tenait  le  parli  de  rEgiise. — Les  Grecs ,  separes 
dc  runite  de  rfigiise,  se  donnent  un  pape  et  des  cardinaux,  — 
Le  comte  Robert  d'Artois,  rcgent  de  Sicile,  envoie  Gui  de  Mont- 
fort  a  Venise  et  dans  la  Toscane ,  pour  reunir  des  vaisseaux  conlre 
lcs  Siciliens.  —  Dcputalion  des  Aragonais  et  des  Siciliens  au  pape. 

p  271  Allcgations  des  Aragonais.  Reponses  du  pape.  Les  Siciliens  cher- 
chenl  a  excuser  le  massacre  dcs  Francais  el  la  dcmarche  de  Con- 

P  272  slance  d'Aragon  et  de  son  fds ;  ils  demandent  que  le  prlnce  Jacques 
soit  couronnc  roi  de  Sicile.  Le  pape  lcs  renvoie  sans  lcur  repondre. 

1288.  —  tJnc  flolte  clant  prcparce  a  Naples  pour  une  desccnte 
en  Sicile,  Regnaud  d'Avella  passe  lc  dctroit  par  ordre  de  Robert 
d'Ariois,  et  s'empare  de  Catane.  Ensulte  il  envoie  a  Naples  ses 
vaisseaux  vides  pour  qu'on  les  lui  renvole  remplis  de  soldats.  En 

P  273.  aitcndant,  ce  chevalicr  csl  assicge  dans  Calane  par  les  Slciliens,  et 
oblige  (!e  se  rendre,  la  vic  et  les  bagues  saiives.  Gui  de  Monlforl, 
le  comlc  dc  Brlennc,  Phib|)pc  fils  du  comte  de  Flandre,   ct  plu- 


TABLEAU  CHROJNOLOGIQUE.  cj 

sieurs  autreschevaliers  francais,  qui  allaienl  au  secours  de  Regnaud 
tl'Avel]a,  sont  defaits  dans  un  conibat  naval  par  l'ainiral  sicilien 
Roger  de  Loria.  Ils  se  raclielent  tous,  a  rexccptlon  de  Gui  de 
Montfort ,  qui  perit  en  prison  par  suite  des  intrigues  du  roi  d'An- 
gleterre.  —  Guerre  enlre  le  duc  de  Brabant  et  le  comte  de  Luxeni- 
bourg  pour  la  possession  du  Limbourg.  Ils  en  viennent  aux  mains 
pres  de  Liege.  Vicloire  du  duc  de  Brabant.  Mort  du  comte  dc 
Luxembourg  et  de  scs  trois  fils.  L'archeveque  de  Cologne  est  fait 
pi"isonnier.  ■ —  Le  prince  de  Salerne  sort  de  prison  a  condilion  P.  274 
qu'il  reconciliera  l'Aragon  avec  Rome,  et  que  s'il  n'a  pas  atleinl  ce 
but  au  bout  de  trois  ans ,  il  se  reconstituera  prisonnler.  II  donne 
pour  olages  ses  trois  fils  et  quarante  de  ses  noblcs.  —  Prise  de 
Tripoli  par  le  sultan  d'Egypte. 

1289.  —  Les  citoyens,  les  Templlers  et  les  Hospitaliers  de 
Saint-Jean-d'Acre  coocluent  une  treve  avec  le  sultan  d'Egypte. 
Elle  est  vlolemment  rompue  par  quinze  cents  mercenalres  envoyes 
par  le  pape  Nicolas  IV,  lesquels  massacrent  un  grand  nonibre  de 
Sarraslns.  —  Charles  prlnce  de  Salerne,  arrlve  a  Rome,  y  est  cou-  P.  273. 
ronne  roi  de  Sicile  par  le  pape,  et  degage  de  son  serment  cnvers  le 

rol  d'Aragon.  —  Jacques ,  usurpateur  de  la  Siclle  ,  entre  dans  la 
Calabre  et  asslege  Gaete.  .Le  rol  Charles  vient  au  secours  de  la 
ville  et  la  dellvre.  Treve  eutre  les  deux  princes  conclue  par  l'en- 
tremise  d'un  agent  du  roi  d'Angleterre.  —  Le  sultan  d'Egypte 
menace  Saint-Jean-d'Acre  d'une  exterminatlon  sendjlable  a  cellc 
de  Tripoli ,  si  on  ne  lui  livre  point  ceux  qui ,  au  meprls  de  la 
treve ,  ont  massacre  les  Sarrasins.  —  Naissance  de  Louis ,  fils  ahie 
du  rol  de  France  Phllippe  et  de  la  reine  Jeanne. 

1290.  —  Le  sultan  d'Egypte  marche  vers  saInt-Jean-d'Acre  P.  276. 
avec  une  armee  innombrable.  Arrete  par  ime  grave  maladie,  a 
moitie  chemin  du  vieux  Caire  a  SaInt-Jean-d'Acre ,  II  envoie  contre 
cette  ville  sept  emirs ,  ayant  chacun  sous  ses  ordres  quatrc  mille 
cavallers  et  vlngt  mllle  fantassius.  Ces  troupes  attaquent  la  ville 
pendant  un  mols,  mais  sans  succes.  Le  sultan  fait  reconnaitre  son 

fils  par  tous  les  emlrs  de  son  armee  et  meurt.  —  Le  nouveau  sul- 
tan ,  apres  avoir  rendu  les  honneurs  funebres  a  son  pcre  ,  marche 
contre  Saint-Jean-d'Acre  avec  toute  l'armee  et  campe  a  un  mlUe 
de  la  ville.  Attaques  incessantcs  pendant  dix  journees  consccutlves. 
Les  assieges  embarqucnt  et  envoient  en  Chypre  leur  argent,  leurs 
marchandises  ,  leurs  reliques  et  toutes  les  personncs  hors  d'etat  de  P.  277. 
combattre.  Dlssensious  daus  la  ville.  Ses  defenseurs  l'abandonnenl, 
a  rexceptlon  de  douze  mille  environ  ,  dont  clnq  cents  cavallers.  — 
Assaut  donne  a  la  ville  le  15  mai.  L'obscurit6  de  la  nuit  empeche 
les  enilemis  d'y  entrcr.  Defection  du  roi  de  Chypre  el  de  tous  lcs 
sicns.  Nouvel  assaut,  Les  Sarrasins  coniblenl  lc  fossc  ,  perccnt  lc 


cij  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

mur,  entrent  dans  la  ville ,  et  repoussent  vivemenl  les  Chretlens 
jusqu'au  coeur  de  la  cite;  mais  ils  en  sont  cxpulses  le  soli'  et  le 
lendemain  encore  par  le  marechal  et  le  maitre  des  Hospitaliers. 
P.  278.  Lc  troisieme  jour,  les  Sarrasins  entrent  par  la  porte  Saint-Antoine, 
defont  completement  les  Templlers  et  les  Hospitallers ,  et  se  ren- 
dent  maitres  de  la  ville,  qu'Ils  ruinent  de  fond  en  comble.  Le 
patrlarche  et  le  maitre  des  Hospitallers ,  blesse  morlellement , 
essaient  de  se  sauver,  avec  beaucoup  d'autres ,  sur  une  frele  em- 
barcatlon ,  et  perissent  en  mer.  —  Mariage  de  Charles  comle  de 
Valois,  frere  du  roi  de  France,  avec  une  des  filles  de  Charles  II, 
roi  de  Slclle. 

1291.  —  Les  habitants   de  Valenclennes  se  revoltent  contre 
leur  selgneur,  Jean  comte  de  Halnaut.  IIs  chassent  de  la  vlUe  la 

1\  279.  garnlson  que  le  comte  y  avalt  mise,  et  y  appellent  Guillaume ,  fils 
du  comtc  de  Flandre.  —  Mort  de  Rodolphe  rol  des  Romains.  Cou- 
ronnement  d'Adolphe  de  Nassau.  — •  Lettres  du  pape  Nlcolas  aux 
eveques  de  France,  pour  avoir  leur  avis  sur  ce  qu'Il  y  avait  a  faire 
pour  secourlr  la  Terre-Sainte.  Des  synodes  provinciaux  deliberent 
sur  la  questlon.  On  repond  au  pape  qu'avant  de  songer  a  une  croi- 
sade ,  II  faut  retabllr  la  palx  entre  les  prlnces  chretiens.  —  Recon- 
clliatlon  de  Jean  duc  de  Brabant  avec  le  fils  du  comte  de  Liixem- 

P.  280.  bourg,  auquel  il  fait  epouser  sa  fiUe.  —  Mort  de  Jeanne  comtesse 
de  Blois.  Partage  de  sa  succession  entre  ses  couslns,  savoir  :  Hugue 
comte  de  Saint-Paul ,  ses  freres  Gui  et  Jacques,  et  Gaucher  de  Cha- 
tillon.  Huguelaissele  comte  deSaint-Paul  aGuI  son  frere,  etdevient 
comte  de  Blols.  —  Mort  du  pape  Nlcolas  IV.  Vacance  du  saint-slege. 

1292.  —  Armements  d'£douard  rol    d'Angleterre ,  destlnes  , 
disait-il,  au  secours  de  la  Terre-Sainte.   II  s'en   serl  contre  les 

P.  281.  Normands  et  autres  sujets  du  rol  de  France.  II  en  tue  un  grand 
nombre ,  falt  une  multltude  de  prlsonnlers,  detruit  leurs  vaisseaux 
ou  les  emmene  en  Angleterre  avec  tout  ce  qu'I!s  contiennent.  Les 
sujets  gascons  du  rol  d'Angleterre  attaquent  meme  La  Rochelle  et 
donnent  plusieurs  assauts  li  cette  ville.  Le  roi  de  France  somme 
Edouard  et  ses  lieutenants  en  Gascogne  de  llvrer  a  sa  justlce  un 
certaln  nombrc  de  ceux  qui  ont  prls  part  a  ces  expeditions.  — 
Atlentats  de  Jean  comte  dc  Halnaut  contre  les  egllscs  et  contre  les 
sujels  du  roi  de  France.  Charles  de  Valois,  par  ordre  du  roi  son 
frere ,  assemble  une  armee  a  Saint-Qucnlin  et  marche  contre  le 
comte  de  Ilalnaul.  Celul-cl ,  cpouvantc ,  va,  sans  armes ,  trouver 
le  comte  de  Valols ,  qul  remmene  a  Parls,  ou  II  fait  satlsfactlon 

P.  282.  au  roi.  —  Le  peuple  de  Rouen  se  souleve  conlrc  rEchiquIer  a  cause 
d'unc  imposilion  nommee  la  maltdle.  Les  mutins  envahi.ssent  la 
maison  du  coliecteur,  pillent  la  calsse  el  assiegent  les  conseillers 
de  1'EohiquIer  dans  le  chateau  de  Rouen.  Le  maire  et  les  bonrgeois 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  cilj 

inettenl  fin  a  la  sedition  ,  font  emprisonner  et  pendre  les  coupables. 

—  Le  roi  de  France  fait  saisir  la  Gascogne  par  le  counetable  Raoul 
de  Nesle ,  et  cite  lc  roi  d'Angleterre  a  son  parlement.  —  Mort  de 
Gilles  Cornut  archeveque  de  Sens ,  auquel  succede  Etienne  doyeu 
du  chapitre. 

1293.  —  Le  comtc  d'Armagnac  accuse  de  trabison  Roger- 
Bernard  comte  de  Foix.  Duel  de  ces  deux  seigneurs  a  Glsors  en 
presence  du  roi  de  France  et  de  ses  barons.  A  la  priere  du  comle  P.  283 
d'Artois  ,  le  roi  prend  sur  lui  la  decision  du  differend.  —  Defaut  du 
roi  d'Angleterre  aux  nombreuses  et  solennelles  citations  qu'il  avait 
recues,  pour  venir  rendre  compte  fi  la  cour  du  roi  de  France  de 
la  conduite  de  ses  sujets  gascons.  Edouard  declare  merae  aban- 
donner  tout  ce  qu'il  tenail  en  fief  de  la  France  ,  esperant  bien 
reconquerir  le  tout  par  les  armes  et  s'aifranchir  ainsi  de  l'hommage. 

—  La  ville  de  Noyon  est  detruite  par  un  incendie  a  l'exception 
des  abbayes  de  Saint-Eloi  et  de  Saint-Barlhelemi.  —  Mort  de  Guil- 
laume  eveque  d'Auxerre  ,  auquel  succede  Pierre  eveque  d'Orleans , 
remplace  sur  son  siege  par  Ferri,  fils  du  duc  de  Lorraine.  —  Henrl 
de  Castille,  delivre  de  la  prison  des  Siciliens,  se  retire  aupres  du  rol 
Sanche  son  neveu. 

129i. ' —  Jean  duc  de  Brabant  est  tue  dans  un  tournoi  a  Bar  en  P.  28  4. 
Lorraine. — Frere  Pierre  de    Moron,    d'Isernia   dans  rApouille  , 
fondateur  d'un  ordre  religleux  dit  de  salnt  Benoit,  dans  les  mon- 
tagnes ,  et  qui  vivait  en  ermite  a  Sulmona  dans  rAbruzze ,  est  elu 
pape  a  Perouse  le  5  juillet  et  prend  le  nom  de  Celestin  V.  Ses 
qualites.  Delalls  de  son  election.  l\  augmenle  de  douze  le  nombre  P.  286. 
des  cardinaux.  II  remet  en  vigueur  la  decretale  relative  a  relecliou 
du  souverain  pontlfe.  Demission  et  retraite  de  Celeslin.  Electlon  de 
Boniface  VIII.  Celui-ci  empeche  son  predecesseur  de  retourner  a 
son  ermitage  et  le  fait  garder  avec  honneur.  —  Au  mois  de  septem- 
bre  le  roi  d'Angleterre  s'embarque  et  passe  trois  jours  a  exercer  et  . 
faire  manoeuvrer  sa  tlotte.  Comptant  sur  son  eloignement  les  Gallois  P.  28G. 
se  revoltent  contre  lui.  —  Edouard  se  dirlge  avec  ses  valsseaux  vers 
La  Rochelle.  II  ravage  et  incendie  Tile  de  Re.  Se  dirigeant  ensuite 
vers  Bordeaux  ,  les  Anglais  prennent  le  chateau  de  Blaye  et  trois 
ou  quatre  autres  villes  sur  la  cote.  Enfin  ils  debarquent  a  Bayonne 
dont  ils  s'emparei.t  par  trahison.  Mais  la  citadelle  tient  bon  contre 
l'ennemi.  — Les  troupes  envoyees  dc  France  dans  la  Gascognc  ont 
peu   de  succes.  —  Le  comte  d'Acerra ,  en  Apouille  ,   charge  par 
Charles  II ,  roi  de  Sicile ,  du  gouvernement  de  son  comte  de  Pro- 
vence ,  est  convaincu  de  sodomie  et  de  trahison ,  empale  et  bruleP.  287. 
vif ,  apres  avoir  confesse  qu'il  avait  autrefols  porte  Charles  I*"'  a 
lever  le.siegc  de  Messine,  que  traitreusemcnt  il  s'ctait  laisse  prendre 
avec  le  prince  Charles  II  ,  et  qu'Il  avait  dctourne  de  lcur  dcsseiji 


clv  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

les  Sicillens,  disposes  a  proclamer  roi  le  prince  prisonnier  et  Ji  chas-»- 
ser  les  Aragonais. — Gui  comle  de  Flandre,  allie  au  roi  d'An- 
gleterre  et  qui  voulait  lui  faire  epouser  sa  fiUe ,  est  pris  avec  elle  et 
conduit  a  Paris.  Gui  est  relaclie  bientot  apres;  sa  fille  reste  a  Paris 
pour  etre  elevee  avec  les  enfants  du  roi.  —  Frere  Raoul  de  Gran- 
ville  en  Norniandie ,  de  Tordre  des  Precheurs,  nomme  patriarche 
de  Jerusalem  par  le  pape  Celestin  V,  est  depose  par  Boniface  VIII. 
—  Adolphe  de  Nassau  roi  des  Romains,  allie  au  roi  d'Angleterre  , 
P.  288.  fait  defier  le  rol  deFrance.  Mais  ,  prive  des  secours  qu'il  attendait , 
il  ne  peut  venir  a  hout  de  ses  desselns.  —  Charles  comte  de  Valois, 
envoye  en  Gascogne  par  le  roi  de  France  son  frere  avec  une  armee 
nombreuse,  met  le  siege  devant  Rions  sur  Garonne.  Le  connetable 
Raoul  de  Nesle  sort  de  Bordeaux  pour  aller  au  secours  du  comte 
de  Valois.  Il  assiege  en  passant  Podensac  que  defendaient  des 
Anglais  et  des  Gascons. 

1295. — Les  Anglais  de  la  garnison  de  Podensac  capitulent 
apres  huit  jours  de  siege.  Pour  conserver  leur  vie  ils  livrent  la  ville 
et  les  Gascons  qui  la  defendaient  avec  eux.  Le  connetable  conduit 
ces  Gasconsdevant  Rions  et  les  fait  pendre  au  nombre  de  soixante, 

P.  289.  a  la  vue  des  assieges.  Indignation  des  habitants  de  Rions  contre 
les  Anglais  dont  ils  devinent  la  trahison  a  Podensac.  Jean  de  Bre- 
lagne,  neveu  du  roi  d'Angleterre,  Jean  de  Saint-Jean  et  plusieurs 
aulres  Anglais  ,  la  nuit  venue,  s'enfulent  de  Rions  par  mer.  Plu- 
sieurs  sont  massacres  par  les  habitants  au  moment  ou  ils  s'embar- 
quent.  Assaut  el  prise  de  Rions.  —  Arrivee  en  France  de  deux 
cardinaux  envoyes  par  Boniface  VIII ,  pour  retabllr  la  paix  entre 
les  deux  rois.  —  Charles  de  Valois  assiege  Saint-Sever,  et  le  prend 
apres  de  longs  efforls.  Mais  apres  le  depart  du  prince,  les  habltants 
de  la  ville  renoncent  a  la  fidelite  qu'ils  lui  avaient  juree.  —  Mort 

P.  290.  de  Sanche  roi  de  Caslille.  II  lalsse  deux  enfants  d'une  nonne,  sa 
cousine  ,  qu'il  avait  epousee.  Henri  de  Castille  prend  la  tutelle  de 
ces  deux  cnfants,  en  haine  de  ses  deux  autrcs  neveux  Alphonse  et 
Ferdinand,  petit-fils  de  saint  Louis.  —  Frere  Gille,  de  Tordre  des 
ermites  de  saint  Augustin  ,  remplace  sur  le  siege  archlepiscopal  de 

P.  291 .  Bourges  Simon  de  Beaulieu  devenu  eveque  de  Preneste.  ■ — Des- 
cente  des  amiraux  Matthleu  de  Montmorcnci  et  Jean  d'Harcourt 
sur  la  cote  d'Angleterre  a  Douvres.  Quelques  soldats  francais  en- 
trent  dans  la  ville  et  y  mettcnt  le  feu.  Ils  auraient  pu  conquerir 
l'Angleterre,  si  les  deux  amiraux  n'eussent  abandonne  lc  port,  lais- 
sanl  livrcs  aux  dangers  et  a  la  niort  ccux  qui  ctaient  sorlis  des  vais- 
seaux  pour  altaquer  la  ville.  —  Raoul  de  Granville  est  rctabli  dans 
la  dignite  de  patriarche  de  Jerusalem. — AUiance  de  Florent  comte 
de  Hollande  ,  avec  le  roi  de  France.' — Mort  de  Marguerite  de 
Provence,  vcuve  de  saint  Louis  ,  fondatrice  dcs  cordelieres  dc  saint 

P.  292.  Marccl.  —  Mort  d'Alphonsc  roi  d'Arag()n.  Jacques  d'Aragon  aban- 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  cv 

flonne  la  Sicile  a  Frederlc  son  frdre ,  et  conrt  en  Aragon  se  fairc 
couronner  rol.  II  se  reconcllie  avec  le  roi  de  Sicile.  Charles  II 
epouse  unc  de  ses  filles  ,  et  dellvre  les  otages  que  son  frere 
Alphonse  en  avalt  recus. 

1296. —  Mort  de  Celestln  V. — Les£cossaIs,  allies  a  la  France, 
envahissent  et  ravagent  rAngleterre.  Jean  ,  leur  rol ,  pris  par  tra- 
hison ,  est  livre  au  roi  d'Angleterre.  —  Destitution  des  deux  car- 
dinaux  Plerre  et  Jacques  Colonne. —  Alphonseet  Ferdlnand,  petits-  P.  293. 
fils  de  saint  Louis  et  d'Alphonse  roi  de  Castille ,  apprenant  la  morf 
de  ce  dernler,  qulttent  la  France  et  se  rendent  en  Espagne.  Avec 
le  secours  du  roi  d'Aragon  et  du  fils  de  Jean  jNugnez,  ils  s'empa- 
rent  du  rojaume  de  Leon  et  d'une  partie  de  la  Castille.  La  resi- 
stance  d'HenrI  ,  tuleur  des  enfanls  de  Sanche  et  leur  oncle  com- 
mun,  paralyse  leurs  efforts.  Ferdinand  laisse  son  frere  en  Espagne 
et  va  demander  du  secours  en  France  et  ;«  Rome.  —  Impot  duP.  294. 
centieme  d'abord  ,  du  cinquantieme  ensuite  sur  les  biens  de  tous 
les  Francais,  tant  clercs  que  laiques.  Le  pape  menace  d'un  anatheme 
terrible  les  rols  et  les  seigneurs  qui  soumettralent  desormals  le 
clerge  a  leurs  exactions.  ■ — Louis,  fils  de  Charles  roi  de  Siclle  et 
moine  cordelier,  est  nomme  eveque  de  Toulouse.  Le  pape  reunit 
a  cet  eveche  celui  de  Pamiers  qu'il  en  avait  d'abord  separe.  — 
Edmond,  frere  du  roi  d'Angleterre,  arrlve  en  Gascogne  avec  une 
flotte  nombreuse.  Robert  d'ArtoIs  niarche  contre  le  prince  anglais, 
qui  ,  sur  ces  entrefaites ,  tombe  malade ,  et  meurt.  Jean  de  Saint-  P.  295. 
Jean  ,  Jean  de  Brelagne  et  le  comte  de  Lincoln  ,  courent  le  pays 
avec  mille  cavaliers  et  une  raullitude  de  fantassins,  afin  d'appro- 
vislonner  Bayonne.  Robert  d'ArtoIs  les  attaque  avec  cinq  cenls 
cavaliers  seulement,  les  defalt  apres  un  combat  oplniatre  ,  et  leur 
tue  beaucoup  de  monde.  II  fait  aussi  plusieurs  prlsonniers ,  entrc 
autres  Jean  de  Saint-Jean  ,  et  reste  completement  maitre  du  pays.  P.  29G. 
—  Assassinat  de  Florent  comte  de  Hollande  et  de  son  fils.  Jean 
comte  de  Hainaut  herite  du  comte.  —  Gui  comte  de  Flandre,  allie 
au  roi  d'Angleterre  ,  envoie  une  deputation  au  roi  de  France  pour 
declarer  qu'il  n'entend  rien  tenlr  en  ficf  de  ce  monarque.  Inonda- 
tion  de  la  Selne  a  Paris.  Les  deux  ponts  de  pierre  sont  emportes 
avec  les  maisons  et  les  moullns  qui  les  couvraient.  P.  297. 

1297.  —  Alphonse  et  Ferdlnand  de  la  Cerda  ,  aides  de  leur 
oncle  Jean ,  font  de  grands  progres  en  Espagne.  Jean  ayant  ete 
fait  prisonnler,  Alphonse,  pour  Iiii  rendre  la  liberte  ,  renonce  a  ses 
conquetes.  Ingratltude  de  Jean.  II  livre  a  renneml  le  royaume  de 
Leon  qu'il  tenait  de  son  neveu.  Alphonse  refuse  de  se  retlrcr  ea 
France  ;  il  se  fait  ouvrir  Ics  portes  d'un  chateau  d'ou  il  falt  des 
courses  contre  ses  enncmls.  Henri  comte  de  Bar,  gendre  du  roi  p.  298. 
d'Angleterre  ,  envahit  la  Champagne  qui  appartcnait  a  la  reiiie  dc 


cvj  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

France  Jeanne  ,  brule  une  ville  ,  et  fait  perir  beaucoup  tle  monde. 
Gaucher  de  Chatillon  avec  une  arniee  entre ,  par  ordre  du  roi  de 
France  ,  sur  les  terres  du  comte  de  Bar ,  et  les  ravage.  —  Les 
cardlnaux  Jacques  et  Pierre  Colonne ,  bravant  le  pape  Boniface  , 

P.  299.  s'enferment ,  avec  Jean  leur  neveu  ,  dans  la  ville  de  Nepi.  Le  pape 
les  frappe  d'anathenie,  preche  contre  eux  une  croisade,  ct  leve 
une  armee  nombreuse.  —  Philippe  roi  de  France  leve  des  troupes 
conti'e  le  comte  de  Flandre.  II  confere  la  chevalerie  a  Louis  son 
frere,  comte  d'Evrcux,  a  son  cousin  Louis,  fils  de  Robert  comte  de 
Clermont ,  et  a  cent  vingt  autres.  II  entre  en  Flandre  ,  ravage  le 
pays  et  assiege  Lille  ,  ou  etait  enferme  Robert ,  fils  aine  du  comte. 
Prise  et  incendle  de  rabbaje  de  Marquette  par  Tarmee  francaise. 
—  Ravage  de  toute  la  contree  aux  environs  de  Lille  dans  un  rayon 
de  qualre  iieues.  Avanlage  remporte  au  bord  de  la  Ljs  sur  un  parli 

P.  300.  d'ennemis  ,  par  Gui  comte  de  Saint-Paul ,  le  connelable  Raoul  de 
Nesle  el  Gui  son  frere  ,  marechal  de  Tarmee  francalse.  —  Canoni- 
satlon  de  salnt  Louls.  —  Robert  comte  d'Arlois  ,  avec  son  fils  Phi- 
bppe  et  plusleurs  aulres  nobles  chevaliers ,  entre  dans  Li  Flandre , 

P.  301.  et  devaste  le  pays  jusqu'a  Furnes.  Bataille  de  Furnes  ou  le  comte 
prend  ou  tue  aux  Flamands  six  cents  cavaliers  et  seize  millc  fan- 
tasslns.  Prise  de  Furnes.  Occupaiion  de  toute  la  vallce  de  CasseL 
Noms  de  quelques-uns  des  princlpaux  prisonniers  faits  par  le  comle 
Robert. — Capitulalion  de  Lille.  Robert,  fils  du  comte  de  Flandre, 
et  les  chevallers  qul  etaient  avec  bii  dans  la  ville  ,  se  refugient  a 
Bruges  aupres  du  comte  et  du  rol  Edouard  d'Angleterre  qui  A'cnait 
d'y  arriver  aussi ,  soit  qu'il  eut  ete  attlre  par  Fannonce  de  succes 
imaginaires,  soit,  ce  qui  est  plus  probable ,  qu'il  vint  uniquement 

P.  302.  pour  donner  au  comte  de  Flandre  secours  et  conseils.  —  Le  rol 
de  France  met  garnlson  dans  Lille ,  prend  Courtrai ,  et  se  dispose 
a  atlaquer  Bruges.  Le  roi  d'Angleterre  et  le  comte  de  Flandre  vont 
s'enfermer  a  Gand.  Bruges  abandonne  ,  ouvre  ses  portes  aux  Fran- 
cais.  Le  roi  de  France  s'y  repose  quelque  temps  et  marche  ensuite 
vers  Gand.  II  recoit  en  chemin,  a  Ingelmunster,  des  envoyes  du 
roi  d'Angleterre  qui  proposent  une  treve.  EUe  est  conclue  pour 
deux  ans  par  rintermediaire  du  rol  de  Siclle.  —  Caplfulation  de 
la  vUle  de  Nepl  en  Ilalie.  Jacques  et  Piorre  Colonne  s'enfuienl  a 
Colonne  ou  ils  sont  encore  assleges.  —  Phillppe  le  Bel  a  son  re- 

P.  303.  tour  de  Flandre  rassemble  a  Parls  les  prelals  et  les  barons  de  son 
royaume.  II  leur  communlque  une  buUe  par  laquelle  lc  pape  Boni- 
face  accordail  au  roi  Phllippe  et  a  son  premier  herilier  la  dime 
des  egliscs  du  royaume,  loules  les  fois  que,  dans  leur  conscience,  ils 
croiraient  necessaire  ou  utile  de  la  lever  pour  le  bien  del'Etat;  de 
plus,  afin  de  subvenir  aux  frais  de  la  gucrre,  une  annee  des  revenus 
des  prebendes,  prevotes  ,  archldiacones  et  doyennes  ecclesiasliques 
qui  vaqtieraicnl  dans  le  royaunie  pendant  la  guerre ;  les  revenus 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  cvij 

des  archevcches ,  eveches  et  abbayes  ,  etant  toutefois  exceptes  de 
cette  concession. — Nouvelles  constitutions  faites  par  ordre  du 
pape  Boniface  pourle  bien  de  TEglise  catholique.  EUessont  reunics 
aux  anclennes  decretales  dont  elles  forment  le  sixleme  livre. 

1298.  — Deliberation  en  conslstoire  relative   a  la  permisslon  P- 304. 
d'ouir  les  confessions  accordee  par  le  pape  Martln  IV  aux  freres 
Precheurs  et  Mlneurs.  Discours  du  pape  a  ce  sujet.  —  Mort  de 
Simon  eveque  de  Chartres ,  auquel  succede  Jean  de  Garlande  sous- 
doyen  du  chapitre  de  Chartres.  —   Adolphe  roi  des  Romains  est 

tue  dans  un  combat  contre  Albert  duc  d'Autriche ,  lequel  est  cou~ 
ronne  rol  a  son  tour.  —  Prise  de  Colonne  et  de  Zagaruolo  par 
Tarmee  du  pape.  Jacques  et  Pierre  Colonne  s'enfulent  a  Palcs- 
trina  ,  d'ou  Ils  font  leur  soumission.  —  Traile  de  palx  entre  lesP.  305. 
rois  de  France  el  d'Angleterre.  —  Mort  de  Louls  evcque  de  Tou- 
louse.  Nouvelle  dlvislon  du  diocese  en  deux  sieges,  dont  un  a  Tou- 
louse  et  Tautre  a  Pamlers.  —  filevation  du  corps  de  saint  Louis. 

—  Le  fils  de  Jean  Nugnez  ,  parlisan  des  pelils-fils  de  salnt  Louis  ,  P-  30G. 
Alphonse  et  Ferdlnand  de  la  Cerda ,  est  blesse,  pris  et  obllge,  pour 
recouvrer  sa  llberte,  de  renoncer  au  parti  des  deux  jeunes  prlnces. 

—  Mort  de  Phillppe  ,  fils  de  Robert  comle  d'ArtoIs.  Enfanls  issus  de 
son  mariage  avec  Blanche  de  Bretasne.  —  Tremblement  de  terre  a 
Rieti  ou  etait  la  cour  romalne.  Apparltion  d'une  comete.  Marlage 
de  Robert  comte  d'Artois ,  avec  une  fille  de  Jean  comte  de  Hal- 
naut. 

1299.  —  Prise  de  Catane  par  Robert  duc  de  Calabre ,  fils  de  P-  307. 
Charles  II,  roi  de  SlcUe.  Phllippe  prince  de  Tarente  ,  voulant  aller 
rejoindre  ie  duc  Robert  son  frere,  est  pris  par  les  Siciliens.  —  Ma- 
rlage  d'£douardroi  d'Angleterre  avec  Marguerile  soeur  de  Philippe 

le  Bel.  —  Converslon  au  chrlstianlsme  du  grand  khan  des  Tartares 
Casan  par  rintermedlalre  de  sa  femme ,  fillc  du  roi  d'Armenie.  II 
reunlt  contre  les  Sarrasins  une  armee  nombreuse  dont  le  roi  d'Ar- 
menle  est  nomme  marechal.  Combats  pres  d'Alep  et  d'Emese.  Des- 
truction  presque  complete  des  Sarrasins  a  Damas.  Les  Tartarcs  P.  308. 
s'emparent  d'Alep ,  d'Emese ,  de  Damas  ,  de  Jerusalem  et  de  tout 
le  royaume.  —  Les  Colonne  abandonncnt  l'ltalle.  —  Entrevue 
d'A!bert  roi  des  Romains  et  du  roi  de  France  a  Yaucouleurs.  Les 
limites  du  royaume  de  France  sont  portees  de  la  Meuse  au  Rhln. 
Treve  d'un  an  accordee  au  prince  de  Bar.  Explration  de  la 
treve  avec  les  Flamands.  Charles  comte  de  Valois  entre  en  Flandrc 
avec  une  armee  ,  prend  Douai  et  Bethune  ,  et  se  retlre  a  Brugcs.  P.  309. 
Entre  cette  ville  et  Dam  il  livre  bataille  a  Robert  fils  du  comte  de 
Flandre.  Defaite  des  Flamands  qui  se  refuglcnt  a  Gand.  —  Ferri 
archeveque  d'Orleans  meurt  victime  de  la  vengeance  d'un  chcva- 
lier  dont  II  avait  violc  !a  fille.  II  est  remplace  par  maitre  Berlaud 
de  Saint-Denvs^  archidiacre  de  Reims. 


cviij  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

1300. — Prise  de  Dam  par  le  comle  de  Valois.  Le  couite  d« 
Flandre  livre  Gand  ,  Ypres  ,  loule  sa  terre ,  et  avec  ses  deux  fils 
Robert  et  Guillaume  ,  il  se  rend  li  Charles  de  Valois.  Les  trois 
princes  flamands  emmenes  a  Paris  demandent  pardon  auroi ,  mais 
P.  310.  jj'gj,  sQ„j  pj,5  nioins  enfermes  dans  differentes  prisons.  —  Institn- 
tion  du  jubile  seculaire  par  Bonlface  VIII.  —  Mariage  de  Blanche 
soeur  du  roi  de  France,  avec  Raoul  duc  d'Autriche,  Tds  d'Albert  roi 
des  Romains.  —  Roger  de  Loria ,  devenu  amiral  du  roi  de  Sicile 
Charles  II  ,  combat  les  Sicillens  ,  leur  tue  quatre  cents  hommes  , 
et  leur  prend  vingl-deux  valsseaux.  —  Mort  de  Thibaud  eveque 
de  Boauvais.  —  Charlcs  comte  de  Valois  ,  devenu  venf  de  la  fillc 
du  roi  de  Slcile ,  epouse  Catherlne ,  petite-fille  de  rex-empereur 
•  Baudouln  ,  et  heritiere  de  rempire  grec.  —  Destruction  des  Sarra- 
sins  de  Luceria  dans  l'ApouilIe  ,  par  Charles  II ,  roi  de  Slcile. 

1301.  —  Mariage  de  Louis  comte  d'Evreux  ,  avec  Margue- 
rite,  petite-fiUe  de  Robert  comte  d'Artois.  Marie ,  soeur  de  Mar- 
guerite ,  epouse  Gaston ,  fils  aine  de  Roger-Bernard  comte  de 
Foix.  —  Charles  de  Valois ,  avec  un  grand  noml)re  de  seigneuis 
francais,  se  rend  a  Rome  dans  rintenlion  de  recevoir  ou  de  con- 
querlr  remplre  de  Constantlnople.  Accueilli  avec  honneur  par  ie 
pape  et  les  cardinaux,  11  est  nomme  vicaire  et  defenseur  du  patri- 
moine  de  Saint-Pierre  ,  et  consacre  une  annee  a  conibattre  les 
ennemis  de  rEglise.  —  Voyage  de  Phlllppe  le  Bel  en  Flandre.  II 
recoit  lcs  hommages  des  seigneurs  ,  et  nomme  gouverneur  du  pays 
Jacques  de  Salnt-Paul,  frere  du  comte  Gui  de  Saint-Paul.  — Sou- 
inission  d'Henri  comte  de  Bar.  II  offre  d'aller,  avec  dcux  cent* 
hommes  d'armes  ,  aider  Charles  de  Valois  a  conquerir  le  royaume 
de  Constantinople,  ou  bien  en  Terre-Salnte  pendant  deux  ans,  ou 
jusqu'a  tel  autre  terme  que  le  rol  de  France  voudrait  lui  prescrlre. 
Soumlssion  du  selgneur  de  P^auqiiemont ,  Allemand  qui  avalt  aide 
Gui  comle  de  Flandre  dans  sa  revolle  conlre  le  roi  de  France.  — 
Apparillon  d'une  comete.  —  Expedltion  d'Edouard  roi  d'Angle- 
■  terre  contre  les  l^AOSsals.  —  Eclipse  de  lune.  —  Cltation  a  la  cour 
du  rol  et  incarceralion  de  1'eveque  de  Pamlers  ,  accuse  de  me- 
chants  propos  conlre  le  rol.  Le  pape  Bonlface  envole  au  rol  de 
France  rarchidiacre  de  Narbonne,  avec  sommation  de  remeltre  en 
ses  mains  1'eveque  prisonnier.  Le  pape  signifie  aussi  au  roi  que  sa 
personne  et  son  royaume  sont  soumis  a  1'EgIise  romaine  pour  le 
spliituel  et  le  leni])orel ;  que  le  rol  n'a  que  la  garde  des  prebendes 
vacanles ,  ct  qu'II  en  doit  reserver  les  revenus  pour  le  titulaire 
fulur.  II  revoiiue  les  concessions  faitcs  au  rol  pour  le  falt  des  guer- 
*■  res  ,  et  lui  inlerdlt  la  collalion  des  benefices  ecclesiasliques.  Cita- 
tion  aux  prclats  ,  aux  docteurs  en  theologie,  en  drolt  caiion  et  eu 
droit  civil ,  aux  abbes  de  Cluni,  de  Citeaux  el  de  Prcmonlre ,  aux 
abbes  de  Sainl-Dcnys  ct  de  Marinouticrs,  de  coniparailre  en  per- 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  cix 

sonne  a  Ronie.  Le  roi  dc  France  delivre  l'eveque  de  Pamiers  et  lui 
ordonne,  ainsl  qu'au  nonce  du  pape,  de  sortir  aussllot  du  rojaunie. 
—  Assemblee  des  Etats-generaux  dans  l'eglise  de  Nolre-Dame  U 
Paris.  Les  injonctions  du  pape  y  .sont  lues  par  ordre  du  roi.  De-P  315. 
claration  du  clerge  ct  des  selgneurs  au  snjet  des  benefices  et  des 
fiels.  Discours  du  rol.  Reponse  de  Robert  d'ArtoIs  au  nom  des 
barons.  Edit  royal  qui  defend  l'exportation  en  Italie  de  Tor,  de 
largent  et  des  marcbandises,  sous  peine  de  confiscation,  d'amendes 
et  de  peines  corporelles.  Le  comte  de  Chiilons  est  prepose  a  laP.  316. 
ii^arde  des  passages  par  lesquels  on  peut  aller  de  France  cn  Italie. 

1302.  —  Marguerlte  ,  veuve  de  Charles  I^^,  rol  de  Slcile,  fonde 
a  Tonnerre  en  Bourgogne  un  bospice  pour  les  pauvres.  —  Prlse 
de  Termes  en  Slcile  par  Charles  comte  de  Yalois.  —  Revolte  san- 
glante  excitee  ii  Bruges  par  les  maltotes  qu'j  leve  Jacques  de  Saint- 
Paul,  contre  les  Intentions  du  rol  et  les  coulumes  du  pajs.  Philippe 
le  Bel  euvole  ,  pour  retabllr  la  paix  ,  mille  hommes  qul  sont  recus  P.  317. 
a  Bruges,  et  s'j  mettent  sous  les  ordres  de  Jacques  de  Salnt-Paul. 
Menaces  imprudentes  proferees  par  ce  dernler.  Elles  portent  au 
comble  rexasperatlon  du  peuple  qui  massacre  les  mille  soldats 
envojes  par  le  roi.  Jacques  de  Saint-Paul  echappe  au  carnage  par 
la  fuite.  Les  habltants  de  Dam  chassent  du  port  la  garnison  fran- 
caise.  Brujres  et  d'autrcs  vUles  de  Flandre  se  soumettent  a  Gul  de 
Namur  et  a  Jean  son  frere,  fils  du  comte  prisonnler  du  roi.  Les  P.  318. 
deux  princes  reunlsseut  une  armee  allemande  et  encouragent  les 
Flamands  a  la  reslstance.  Robert  d'Artois,  par  ordre  du  rol  de 
France ,  entre  en  Flandre  avec  une  arraee  nombreuse,  et  campe 
pres  de  Courtrai.  Details  de  la  bataille  de  Courtrai.  Presomption 
des  chevaliers  de  1'armee  francaise.  Courage  oplniatre  des  Fla- 
mands.  Le  comte  Robert  fait  des  prodlges  de  valeur,  mais  il  estP.  319. 
abandonne  par  la  plupart  des  slens ,  et  tombe  perce  de  coups  dans 
la  melee.  Les  Flaraauds  plllent  le  carap  des  valncus ,  depouillent 
leurs  cadavres  et  se  retirent  dans  les  murs  de  Bruges.  Les  corps 
des  Francais  restent  tout  nus  sur  le  champ  de  batailie,  abandonnes 
aux  olseaux  de  prole  ,  aux  chiens  et  aux  betes  fei'oces.  Noras  des  P.  .330. 
principaux  morts.  Le  corps  de  Robert  d'Arlois ,  perce  de  trente 
blessures,  est  recueilll  par  le  pere  gardien  des  freres  Mlneurs  d'Ar- 
ras  ,  qui  rensevelit  daus  un  monastere  de  femmes,  pres  de  Cour- 
trai.  Gui  de  Naraur,  par  force  ou  par  ruse  ,  s'empare  de  LUle,  de  P-  321. 
Doual,  d'Ypres  et  de  Gand,  et  envoie  ses  troupes  faire  le  degat 
jusqu'aux  portes  d'Arras.  Elles  sont  vlgoureusement  repoussees 
par  les  soldats  de  Teveque  d'Arras ,  pcndant  qu'elles  plUent  Fab- 
baye  du  mont  Saint-Eloi.  —  Les  archeveques  ,  les  eveques  et  les 
abbes  de  France  deputent  trols  dentre  eux  au  pape ,  pour  lui  ex- 
poser  les  motifs  qui  les  empechent  de  se  rendre  a  Ronie.  Le  rol 
envoie  lui-meme  Pierre ,    evcque   d'Auxerre ,  prler  le  souverain 


cx  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

pontife  d'ajourner  la  reunion  qu'il  avait  convoquee  a  Rome. —  Le 
roi  de  France  reunit  a  Arras  contre  les  Flamands  une  armee  de 

P.  322.  cent  quarante  mille  liommes.  II  reste  ,  durant  tout  le  mois  de  sep- 
iembre  ,  en  face  de  rennemi  sans  rien  entreprendre,  et  retourne 
honteusement  en  France  apres  avoir  congedie  ses  troupes.  II  inves- 
tit  du  comte  d'Artois  Olhon  conite  de  Bourgogne,  niari  de  Matliilde, 
fille  unique  du  defunt  comte  Robert ,  et  sous  la  rescrve  des  droits 
des  enfants  de  feu  Philippe,  frere  aine  de  ladite  Mathilde.  II  laisse 
a  la  garde  de  la  frontiere  des  sergents  et  des  chevaliers  qui  rem- 

P.  323.  portent  sur  les  insurges  divers  avantages.  —  Charles  comte  de  Va- 
lois  fail  des  courses  et  du  buliu  en  Sicile ,  mals  sans  trouver  d'en- 
nemls  a  combattre.  Frederic  demande  enfin  la  paix.  Traite  de  paix 
conclu  entre  ce  prince  et  le  comte  de  Yalois.  La  Siclle  doit  rester 
a  Frederic  pendant  toute  sa  vie.  II  abandonne  au  roi  Charles  toutes 
ses  possesslons  en  Apouille  et  en  Calabre.  Les  prisonniers  doivent 
etre  delivres  des  deux  parts.  Un  projet  de  mariage  est  arrete  enti'e 

P.  324.  Frederic  et  Eleonore,  fille  du  roi  Charles.  Le  comte  de  Valois  et 
Robert  duc  de  Calabre  s'engagent  a  faire  leurs  efforts  pour  falre 
donner  a  Frederic ,  avec  le  consentement  du  pape ,  le  royaume 
de  Sardalgne,  celui  de  Chypre  ou  un  autre  royaume  equlvalcnt ;  s'ils 
n'y  reussissent  point ,  Charles  roi  de  Sicile,  apres  la  mort  de  Fre- 
deric  ,  palera  cent  mille  onces  d'or  pour  acheter  des  revenus  aux 
fils  de  ce  prince  ,  et  par  ce  moyen  la  Sicile  reviendra  tout  en- 
tiere  au  rol  Charles.  Frederic  et  les  Siciliens  jurent  robservation 
de  ces  conditions,  et  sont  absous  par  le  chapelain  du  comte  de 
Valojs  de  ranatheme  qui  pesait  sur  eux.  Charles  comte  de  Valois 
se  rend  a  Rome.  II  communique  le  traite  au  pape,  qui  refuse  , 
dit-on,  de  1'approuver.  —  Les  Bordelais  chassent  la  garnison  fran- 

P.  325.  caise  de  leur  ville,  et  se  declarent  independants.  Motifs  de  cette 
conduite.  —  La  reunion  des  prelats  francais  n'ayant  pu  avoir  lieu 
a  Rome  ,  le  pape  envoie  a  Paris  un  legat  qui  y  reunit  un  concile , 
et  s'etant  secretement  assure  des  dlsposilions  des  eveques  ,  les  fait 
connaitre  au  souveraln  pontlfe.  —  Mort  d'Olhelin  comte  de  Bour- 

P.  320.  gogne  et  d'Artois.  — PIus  de  dix  mille  Flamands  sont  tues  a  Saint- 
Omer  par  Jacques  de  Bayonne ,  chevalier  qui  commandait  en  ce 
pays  rarmee  francalse.  Lcs  Flamands,  alors  occupes  a  devaster  les 
possesslons  du  comle  de  Halnaut ,  concluent  une  treve  avec  lui , 
et  s'en  vont  defendre  leur  propre  territoire. 

1303.  —  Des  envoyes  du  khan  des  Tartares  viennent  offrir 
leurs  secoursau  roi  de  France  pour  la  protection  de  la  Terre-Sainte, 
et  offrent  de  se  faire  chretiens.  —  Deux  cents  cavaliers  et  trois 
cenls  fantassins  flamands  sont  pris  ou  tues  a  Lille  par  les  gens  de 
Tournai  et  Foucaut  de  Melle  ,  marechal  du  roi  de  France.  — Des- 
Iructlon  de  Douai  par  les  habitants  d'Arras. 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  cxj 

PREMIERE  CONTINUATION  DE  LA  CHRONIQUE  DE  GUILLAUME 

DE  NANGIS. 

1301.  —  Preambule.  —  Blanche,  fille  dc  saint  Louis  ,  s'en-P.  327. 
fernie  a  Paris  dans  une  letraite  voisine  de  Saint-Marcel ,  et  Mar- p.  328. 
guerite  ,  veuve   de  Charles   II,  roi  dc  Sicile ,  dans  un  hopilal  de 
pauvres ,  fonde  par  elle  a  Tonnerre  en  Bourgogne.  —  Mariage  de 
Louis  comte  d'Evreux,  frere  du  roi  de  France,  avec  Marguerlte, 
petite-fiUe  de  Robert  comte  d'Artois.  — •  Charles  ,  comte  de  Valois  , 

se  rend  a  Rome  dans  ruitention  d'aller  ensuile  ,  avec  1'agrement 
du  pape  ,  couquerir  rempire  de  Conslantinople  qui  lui  appartenait 
du  chef  de  sa  femme.  Nomme  vicaire  el  defenseur  de  Tfiglise ,  il 
dompte  les  rebelles  en  Toscane. — Philippe  le  Bel  visite  la  Flandre, 
y  recoit  le  serment  de  fideilte  des  seignenrs,  et  j  lalsse  pour  gou- 
verneur  Jacques  de  Saint-Paul. — Soumisslon  d'Henri  comte  de  P.  329. 
Bar  au  rol  de  France.  —  Apparition  d'une  comele. — Expedition 
infructueuse  d'Edouard,  roi  d'Angieterre,  en  ficosse.  —  Le  sultan 
d'figypte  s'empare  de  Jerusalem  et  de  la  Syrie,  apres  en  avoir  ex- 
pulse  les  Tarlares ,  les  Armeniens  et  les  Chretiens.  —  ficlipse  de 
lune.  —  Legitlmation  par  le  pape  Boniface  des  enfants  de  Sanche 
de  Castille.  Ferdinand  Taine  s'empare  du  royaume.  Alphonse  et 
Ferdinand  ,  fils  de  Blanche  et  petits-fils  de  saint  Louls,  s'opposent 
de  toules  leurs  forces  a  cette  usurpation.  — Le  premler  eveque  de 
Pamlers,  emprlsonne  pour  des  propos  factieux  ,  est  dellvre  a  la 
priere  du  pape,  et  recoit  Tordre  de  sortlr  du  royaume.  —  Le  roi  P.  330. 
Philippe  interdlt  rexporlatlon  de  Tor,  de  Targent  et  des  marchau- 
dises  ,  et  fait  garder  avec  soln  les  frontleres  de  ses  Etats. 

1302.  —  Le  chateau  de  Terminl  en  Siclle  se  rend  a  Charles  de 
Valois. — Dissensions  sanglantes  j\  Bruges  ,  a  cause  des  Impots. 
Le  roi  envole  mille  hommes  d'armes  pour  apalser  la  sedltlon,  Im- 
prudentes  menaces  dc  Jacques  de  Saint-Paul.  Les  Francais  sont  - 
massacres  durant  la  nuit ,  et  le  gouverneur  ne  peut  qu'a  peine  se 
sauver  par  la  fuite.  Les  habitants  de  Bruges  se  donnent  pour  chefP.  331. 
Gui  de  Namur,  fils  du  comte  de  Flandre,  s'emparenl  d'un  port  du 
voisinage,  et  appellent  des  secours  de  tous  coles.  Roberi,  comte  d'Ar- 

tois  ,  entre  en  Flandre  avec  une  armee ,  et  campe  entre  Bruges  et 
Courtrai.  Bataille  de  Courtrai.  Presomptlon  Inconslderee  des  nobles 
derarmee  royale.  Triomphe  des  Flamands.  Mort  glorieuse  du  comte 
Robert  d'Artois  et  de  plusieurs  autres  chevaliers.  Deroule  complete  P.  332. 
dc  Tarmee  royale.  Inhumalion  du  corps  de  Robert  d'ArtoIs.  Gul 
de  Namvir  s'empare  dc  Lille,  d'Ypres,  de  Gand  et  des  autrcs  villes 
de  la  Flandre.  Philippe  le  Bel  entre  en  Flandre  avec  une  uom- 
breuse  armee,  y  reste  dans  riuactlou  durant  tout  le  mois  de  sep- 
tembre,  et  retourne  en  France   apres  avoir  licencie  ses  troupcs.  P.  333. 


cxij  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

Les  Flamands,  encourages  par  celte  retraite  ,  font  des  invasions 
en  Artois,  mais  ils  sont  repousses  avec  des  pertes  frequentes  par 
les  troupes  que  le  roi  y  avait  envojees.  —  Traite  de  paix  entre 
Charles  de  Yalois  et  Frederic  d'Aragon.  (Voir  les  conditions  du 
P.  334.  Iraite  ci-dessus,  p.  cx  ).  Charles  de  Valois  va  raconter  a  Rome  la 
negociation  qu'il  vient  de  terminer  avec  les  Slciliens,  el  retourne 
en  Fiance.  — Mort  d'Olhelin,  comte  deBourgogne,  et  comte  d'Ar- 
lois  du  clief  de  Malhilde  sa  femme  ,  fille  du  defunt  comte  Robert. 

—  Les  Bordelais  chassent  la  garnison  francaise  de  leur  ville  ;  mo- 
tifs  de  cette  insurrection.  —  Quinze  mille  Flamands  sont  massa- 
cres  a  Saint-Omer  par  les  Iroupes  francaises.  Les  autres  troupes 

P.  335.  flamandes  ,  qul  ravageaint  les  terres  du  comte  de  Hainaut,  et  qui 
venaient  de  prendre  Bouchain ,  concluent  une  treve  avec  les  Hai- 
nuyers. 

1303.  —  Ambassade  tartare  (ci-dessus,  p.  cx).  — Foucaut  de 
Melle,  raarechal  de  France,  prend  ou  tue  pres  de  Lille  deux  cents 
cavaliers  et  trols  cents  fantassins  flamands.  —  La  restitution  de  la 
Gascogne  a  Edouard ,  roi  d'Angleterre ,  retablit  la  paix  entre  ce 
prince  et  le  roi  de  France.  —  Accusatlons  portees  a  Paris  au  seln 

P.  336.  des  etats  contre  Boniface  VIIL  Appel  du  roi  au  concile  general. 
Lecture  solennelle  de  cet  appel ,  que  Guillaume  de  Nogaret  cst 
charge  d'aller  notifier  au  souverain  pontife.  —  Edouard  ,  roi  d'An- 

P.  337.  gleterre,  soumet  une  partie  de  Tlicosse.  —  Retour  de  rApouille,  de 
Philippe  ,  fils  du  comte  de  Flandre.  Son  arrivee  ranime  lcs  e.spe- 
rances  des  Flamands.  Apres  une  tentative  infructucuse  contre  Saint- 
Omer,  ils  assiegent  et  briilent  Therouenne.  —  Philippe  le  Bel 
assemble  une  armee  a  Peronne  contre  les  Flamands;  mais  ii  rinstl- 
gation  du  comte  de  Savoie,  une  treve  fut  conclue  avec  eux,  et  le 

P.  338.  roi  s'en  retourna  de  nouveau  sans  avoir  rien  fait.  —  Le  pape  re- 
fuse  de  convoquer  un  concile.  Violences  dont  il  est  1'obiet  a  Agnani. 
On  le  mene  prisonnler  a  Rome,  ou  il  meurt  de  chagrln  autant 
que  de  maladle.  Benoit  XI  lui  succede.  —  Philippe  lc  Bel  herite 
de  Hugue  de  la  Marche,  comte  d'Angouleme.  —  Voyage  du  roi 
dans  TAquitalne  ,  l'AlbigeoIs  et  le  Toulousain.  —  Iniquite  de  cer- 

P.  339.  taius  domlnlcains  charges  des  fonctions  d'inqulsiteurs  dans  la'  pro- 
vlnce.  Le  senechal  Jean  de  Plcquigni  delivre,  malgre  les  inqui- 
sileurs ,  des  prisonnlers  qu'il  trouve  innocents.  Excommunie  pu- 
Jdiqucment  pour  ce  fait  a  Paris  et  ailleurs ,  il  en  appelle  au  pape , 
et  meurt  a  Peronne  en  poursuivant  son  appel.  —  Mort  de  la  fiUe 
du  comte  de  Flandre  qu'on  elevalt  a  Parls  avec  les  enfanls  du  rol, 

—  Gul  comle  de  Flandre  etGuillaume,  son  fils ,  rendus  pour  un 
P.  340.  lemps  a  ia  libertc  ,  essayent  en  vain  de  pacifier  lcurs   sujets  ,  et 

retournent  dans  leurs  prlsons.  — Gulllaume  ,  fils  de  Jean  ,  comtc 
de  Hainaut  et  Gui,  eveque  d'Utrecht ,  son  oncle ,  cherchent  a  re- 
pousscr  lc3  Flamands  qui  envahissaient  la  Zelande.  Ils  sont  defaits, 


TABLEAU  CIIRONOLOGIQUE.  cxiij 

1'eveqiie  est  tue ,  et  son  neveu  se  sauve  ilans  nne  fortercsse.  — 
Mort  de  Regnaud,  abbe  de  Saint-Denys  ;  le  prleur  Gilles  lui  succede. 

1304.  —  Succes  de  Guillaume  de  Hainaut  contre  lesFlamands. 

—  Machinalions  d'une  fausse  beguine  en  faveur  des  Flamands  et 
conlre  Charles,   frere  du  roi  de  France.  Mise  a   la  torture  ,   elleP.  3il. 
avoue  ses  crimes  ,  est  jetee  en  prison  ,  mais  delivree  blentot  apres. 

—  Demission  de  Jean  de  Pontoise ,  abbe  de  Citeaux ,  auquel  suc- 
cede  Henri,  abbe  de  Joui.  —  Des  religieuses  de  Tordre  de  saint 
Dominiqne  sont  etablies  a  Poissi ,  dans  im  couvent  recemment 
construit  par  le  roi ,  en  rhonneur  de  saint  Louis.  —  Dissensions 
entre  l'Universite  et  le  prevot  de  Paris  qui  avait  fait  pendre  un  eco- 

lier.  Suspenslon  des  cours.  Le  prevot  indemnise  rUnlversite,  et  P.  342. 
va  chercher  en  cour  de  Rome  rabsolution  de  son  crime.  —  Morl 
de  Simon  ,  eveque  de  Paris ,  auquel  succede  Guillaume  d'Aurillac, 
medecin  du  roi.  —  Lecture  solennelle,  a  Paris  ,  d'une  bulle  par 
laquelle  Benoit  XI  absout  de  rexcommunication  ad  caulelam ,  le 
roi,  la  reine,  leurs  enfants ,  les  seigneurs  et  tout  le  royaume  ,  ac- 
corde  au  rol ,  pour  les  frais  de  la  guerre  ,  les  dimes  ecclesiastiques 
pendant  deux  ans  et  les  annatcs  pendant  trols  ans ,  et  rend  au 
chancelier  de  Paris  le  droit  de  licencier  des  maitres  en  decrel  et 
en  theologie  ,  droit  que  le  pape  Eoniface  s'etait ,  dlsait-on  ,  reservc. 
Mort  de  Benolt  XI ;  vacance  du  saint-siege  pendant  une  annee.  —  P.  343. 
Troisieme  expedition  de  Phllippe  le  Bel  contre  les  Flamands.  II 
campe  a  Mons  en  Pevele.  Demarches  reclproques  pour  la  paix. 
Attaque  Imprevue  des  Flamands.  Energie  du  roi.  Hugue  de  BovIUe  P  344. 
son  secrelaire ,  et  deux  freres  de  la  famille  des  Genclen  de  Paris  , 
sont  tues  sous  ses  yeux.  Les  Flamands  sont  completement  defaits.  P.  345. 
Noms  des  morts  des  deux  cotes.  Le  rol  soumet  tout  le  pays  situe 
en  deca  de  la  Lys,  et  retourne  en  France  couvert  de  gloire.  II 
fait,  en  actlon  de  graces  de  sa  victoire,  de  grandes  bberalites  aux 
eglises  de  Paris  et  de  Salnt-Denys.  —  Gui ,  fils  du  comte  de  Flan- 
dre  ,  est  pris  sur  mer  par  les  troupes  du  rol  que  commandait  Gull- 
laume  de  Hainaut.  Les  Flamands  sont  chasses  de  la  Zelande.  — p.  346. 
Les  restes  du  comte  Robert  d'Artois  sont  transporles  en  France 
et  Inhumes  a  Maubulsson.  —  Le  parlement  de  la  Noel  s'occupe  a 
Paris  de  la  paix  avcc  la  Flandre.  Le  comle  de  Flaudre  meurt  en 
captlvite  ;  son  corps ,  avec  rautorisatlon  du  roi ,  est  transporte  a 
Tabbaye  de  Marquette  dans  le  tombeau  de  sa  famille.  —  Blanche, 
soeur  du  roi  de  France  et  duchesse  d'AulrIche ,  meurt  empoison- 
nee  ,  dit-on  ,  ainsi  que  son  fils  unique.  ■ —  Grande  cherte  a  Parls. 
Etabllssement  d'un  maximum.  La  cherte  ne  fait  qu'augmenter. 
Ylsites  domiclliaires.  Ceux  qui  ont  du  blc  sont  obllges  de  le  vendre 
a  juste  prlx.  La  cherte  dlmlnue  peu  a  peu  ,  et  finit  par  dlsparaitre  p.  347. 
entlerement.  ■ —  Mort  de  Jeanne  ,  relne  de  France  et  de  Navarre  , 
comtesse  de  Champagne  et  de  Brlc.  Elle  est  enterree  aux  Corde- 

I.  h 


cxiv  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

IJers.  —  Jean  de  Paris  ,  dominicain  et  docteur  en  theologie  ,  s'ef- 
force  de  repandrc  iine  nouvelle  explicalion  relativement  au  sacre- 
P.  348.  ment  de  rEucharislie.  Sa  doctrine  est  condamnee  par  les  eveques  , 
qui  lui  interdisent  renseignement  et  la  predicalion.  II  appelle  de 
la  sentence  au  saint-siege,  et  meurt  avant  la  fin  de  raflfaire. 

1305.  ' — '  Philippe  le  Bel  apaise  le  differend  survenu  entre  le 
duc  de  Brabant  et  le  comte  de  Luxembourg  au  sujet  de  la  terre  de 
Louvain.  • — Bertrand  de  Goth  ,  archevequede  Bordeaux  ,  est  elu 

P.  349.  pape  sous  le  nom  de  Clement  V.  —  Paix  entre  le  roi  de  France  et 
les  Flamands.  —  Dissensions  entre  Teveque  ct  la  commune  de 
Beauvais.  L'eveque  s'allie  avec  des  seigneurs ,  prend  quelques 
bourgeols  et  brule  le  faubourg.  Le  rol  evoque  raffalre  et  reconcilie 
les  deux  partles  apres  avolr  puni  leurs  exces.  —  Grande  secheresse 
en  France.  —  Marlage  de  Louls  ,  fils  aine  du  rol  de  France  ,  avec 
Marguerite,  fiUe  ainee  du  duc  de  Bourgogne.  — Couronnement  de 

P.  350.  Clement  V  a  Lyon.  Un  mur  qui  s'ecroule  sous  le  polds  de  la  mul— 
titude  qu'Il  portait,  ecrase  le  duc  de  Bretagne ,  blesse  Charles  de 
Valois ,  frere  du  rol,  et  brlse  la  mitre  du  pape.  Clement  V  permet 
au  roi  dc  France  de  faire  transporter  de  Salnt-Denys  a  la  Sainte- 
Chapelle  de  Paris  ,  la  tete  et  une  colede  saint  Louis.  Ilretablit  dans 
leurs  honneurs,  a  la  priere  du  roi ,  les  cardinaux  Pierre  et  Jacques 

P.  351.  Colonne.  II  accorde  au  roi ,  pour  les  frais  de  la  guerre  de  Flandre , 
les  dimes  eccleslastiques  et  les  annates  pendant  trois  ans,  pourvoit 
de  benefices  ses  chapelains  et  ceux  de  ses  freres ,  et  rengage  a  re- 
former  sa  monnale.  II  cree  dlx-hult  cardlnaux  nouveaux  et  en  envoie 
deux  a  Rome  pour  conserver  la  dignlte  scnatoriale.  II  dcpose  les 

P.  352.  eveques  d'Arras  et  de  Poltlers,  donne  le  patriarcat  de  Jerusalem 
a  l'eveque  de  Durhani ,  et  pourvoit  h  ravenlr  des  pauvres  clercs. 

—  Phlllppe  le  Bel  qullte  Lyon  et  retourne  en  France.  —  Clement  V 
se  rend  de  Lyon  a  Bordeaux ,  et,  dans  son  voyage,  depouIUe  les 

P.  353.  egllses  seculieres  et  monastiques.  L'archeveque  de  Bourges  entre 
autres  est  redult  a  la  plus  extreme  pauvrele.  Robert ,  duc  de  Bour- 
gogne  ,  meurt  et  est  enterre  a  Citeaux. 

1306.  —  Edouard,  fils  du  roi  d'Angleterre,  marche  contre  les 
Ecossais  que  commandait  Robert  Bruce.  II  est  battu  et  mis  en  fuile. 

—  Phlllppe  le  Bel  transporte  a  Paris  unc  partle  des  rcliques  de 
P.  35i.salnt  Louis  qu'il  dcpose  a  Notre-Dame  et  a  la  Salnte-Chapelle.  II 

ordonne  qu'on  celcbrera  tous  les  ans  la  fete  de  cette  translation  qul 
eut  lleu  le  17  mai.  —  Secheressc  pendant  le  prlntemps  et  rete.  — 
Mort  dc  Pierrc  de  Mornai ,  eveque  d'Auxerre ,  auquel  succede  Plerre 
de  Belle  Perche. — Edit  qul  rctablit  la  forte  monnaie. — Le  roi 
accucllle  favorablemcnt  les  plalntes  dcs  archevequcs  de  Relms  ,  de 
Sens ,  de  Rouen  et  de  Tours  contre  les  vexalions  du  pape,  de 
P.  355.  certains  cardinaux  et  dc  leurs  cnvoycs.  —  Expulsion  complete  des 
Juifs  du  royaumc  dc  France,  avec  dcfense  expresse  d'y  rentrer 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  cxv 

avanl  un  terme  fixe  sous  pelne  de  mort. —  Inondalions.  Gelee. 
Desastres  occaslonnes  par  le  degel.  —  Sedition  a  Paris  a  cause  du 
changement  de  la  monnaie.  Le  petit  peuple  ,  dont  on  exlgeait  les 
loyers  en  forle  monnaie,  ce  qui  en  triplait  le  montant,  se  porte  au 
Temple  ou  etait  le  roi ,  s'empare  de  toutes  les  issues  et  essaie  d'af- 
famer  le  monarque.  Les  insurges  pillent  de  fond  en  comble  une 
raaison  d'Etienne  Barbette,  riche  bourgeols  de  Paris,  qu'IIs  accu-  p.  .356. 
saient  d'avoIr  provoque  Tedit.  Suppbce  d'un  grand  nombre  de 
seditieux.  Les  plus  coupables  sont  pendus  a  des  glbets  dresses 
expres  aux  principales  portes  de  Paris. —  Marlage  de  Phillppe, 
second  fils  du  roi  de  France,  avec  Jeanne,  fille  ainee  de  feuEudes  ,  P.  357. 
comte  de  Bourgogne.  —  Le  pape  Clement  et  les  cardinaux  se  ren- 
dent  a  Poitlers  et  y  sejournent  slx  mols.  —  Emprlsonnement  de 
l'heretiqne  Dulclnlus;  extermlnation  dc  ses  disciples.  Exposltion  P.  358. 
de  sa  doctrlne,  semblable  a  celle  qu'avait  soutenue  Amaurl  un  slecle 
auparavant.  —  Mort  d'fidouard  1",  rol  d'Angleterre ,  auquel  suc- 
cede  son  fils  Edouard  II ,  ne  de  la  comtesse  de  Ponthleu.  Enfants 
d'Edouard  I^''  et  de  Marguerlte  de  France. 

1307.  — Entrevue  du  rol  de  France  et  du  pape  a  Poltlers.  Ils 
deliberent  sur  plusieurs  affaires  importantes,  particulierement  sur  P.  359. 
rarrestatlon  des  Templiers.  Le  pape  clte  devant  lui,  a  Polllers  ,  les 
maitres  des  ordres  de  rHospIlal  et  du  Temple.  Comparutlon  du 
grand-maitre  du  Temple.  Celui  des  Hospitallers ,  retenu  devant 
Rhodes  par  les  Sarraslns,  s'excuse  par  une  ambassade  et  se  rend 
ensulte  a  Poitiers  apres  s'etre  empare  de  l'ile.  —  Mort  de  Bernard 
de  Saint-Denys ,  cveque  d'Orleans  ;  Raoul ,  dojen  d'Orleans  ,  lui 
succede. — Louis,  roi  de  Navarre,  fils  aine  du  roi  de  France,  visite 
son  rojaume,  reprlme  les  tentatives  d'usurpation  de  son  lieutenant 
Fortun  ,  retabllt  la  tranquillite  dans  le  pays  et  se  fait  couronner  roi  P.  3G0. 
a  Pampelune.  —  Moit  de  Pierre  de  BellePerche,  eveque  d'Auxerre, 
auquel  succede  Pierre  des  Gres  ,  chantre  de  Paris  et  chanceller  du 
rol  de  Navarre.  —  Mort  et  sepulture  de  Catherine  ,  heriticre  de 
l'empire  de  Constantinople,  seconde  femme  deCharles,  frere  du 
rol.  —  Arrestation  du  grand-maitre  des  Templiers  a  Paris  et  de 
tous  les  chevallers  du  Temple  dans  tout  le  royaume.  Crlmes  dont  p.  3(li. 
on  les  accuse.  Le  rol  faitlire  publiquement  racle  d'accusatIon  dans 
la  cour  du  palais.  Aveux  formels  du  grand-maitre  avec  quelques  P.  3G2. 
reserves  personnelles.  11  ecrit  a  ses  freres  pour  les  exhorter  a  falrc 
aussi  des  aveux.  Plusleurs  avouent  spontanement ,  d'autres  ne 
cedent  qu'a  la  torture  ,  a  la  menace  des  tourments  ,  aux  promesses  , 
a  la  prison  ,  a  la  faim.  Beaucoup  d'entre  eux  nlent  obstinement  ce 
qul  leur  est  impute.  Plusieurs  retraclent  leurs  premiers  aveux  et 
quelques-uns  perlssent  dans  les  suppllces.  Le  grand-maitre  est 
emprlsonne  a  Corbeil ,  les  autres  Templiers  a  Paris  et  ailleurs  , 
jusqu'a  ce  que  le  rol  se  soit  concerte  avec  le  pape  pour  la  procedure.  P.  3G3. 
Les  biens  du  Temple  sont  tous  mls  sous  la  main  du  roi.  —  Empri- 


cxvj  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

sonnement  d'un  juif  converli  et  relaps.  Propos  qu'il  tlent  dans  sa 
prison.  II  est  abandonne  au  bras  seculier.  — Penitencc  imposee  a 
P.  36i.  un  autre  juif  converti  qui  avait  cmis  publiqueraent  le  regret  d'avoir 
recu  le  baoteme.  —  MarIaged'£douard  II ,  roi  d'Angletcrre  ,  avee 
Isa^hclle  de  France.  —  Mariage  d'Edouard,  fds  du  comte  de  Sa- 
voie ,  avec  la  fdle  du  duc  de  Bourgogne.  ■ —  Mariage  de  Charles, 
troisieme  fils  du  roi  de  France,  avec  la  seconde  fille  du  duc  de 
Bourgogne.  —  Mort  de  Marguerite ,  veuve  de  Charles  l",  roi  de 
P.  3G5.  Sicile.  —  Mariage  de  Jean  de  Namur,  fils  du  comtc  de  Flandre, 
avec  la  fille  de  Robert  comte  de  Clerraont. 

|3()3^  —  Voyage  de  Philippe  le  Bel  a  Poltiers  ou  le  pape  etait 
encore.  Les  etats-generaux  sont  convoques  a  Tours  pour  le  temps 
pascal.  Le  pape  et  le  rol  conviennent  que  les  Templiers  seront 
desormais   delenus  en  prison  au  nom  de  rEglise  ,    qiie  le  roi  ne 
statuera  pas  sur  leur  sort  sans  la  cooperation  du  salnt-siege  ,  et  que 
rlen  ne  sera  decide  ,  touchant  les  biens  de  Tordre  ,  avant  le  prochain 
P.  36G.  concile  general.  —  Clcment  V  fixe  a  deux  ans  le  concile  qui  devra 
se  reunir  a  Vienne  et  s'occuper  des  secours  a  porler  a  1a  Terre- 
Sainte,  de  la  reforme  de  rEglise  et  du  ingement  des  Templlers.  II 
ordonne  aux  eve(jues  de  France  et  aux  Inquisiteurs  d'informer  sur 
P.  367.  les  crlmes  Imputes  aux  Templiers.  —  Dcs  Imposleurs  flamands  font 
courlr  le  bruit  que  Geoffroi  de  Brabant,  Jean  son  fils ,  le  seigneur 
de  Vlerzon  et  pluslcurs  autres  chevalicrs,  qul  avaient  peria  Courlrai 
avec  Robert  d'Artois,  n'etalent  pas  morts  ainsi  qu'on  le  croyait.  On 
les  prend  eux-memes,  malgre  leurs  dencgations,  pour  les  seigneurs 
dont  11  parlent,   et  quelqucs-uns  d'enlre  eux  epousent  de  nobles 
dames  qul  ne  tardent  pas  h  s'en  repentlr.  —  Mariages  de  Charles 
de  Valois  avec  \i\  fille  de  Gul  ,  comle  de  saint  Paul ;  —  de  Robert , 
P.  368.  fils  de  Philippe  d'Artois,  avec  Blanche  de  Bourgogne  ;  —  de  Gui , 
fils  du  comle  de  Blois  ,  avcc  une  tres-jeune  fille  de  Charlcs  de  Valois. 
P.  369.  Violente  tempetc  a  Paris  ct  dans  les  envlrons.  —  Le  pape  quitte 
Poiliers   et   se  rellre  dans  son    pays. — Detentlon    de  Gulchard , 
cvcque  de  Troyes,  accuse  par  de  faux  temoins  d'avoir  procure  la 
mort  tle  Jeanne,   relne  de  France  et  de  Navarre.  —  Discussion  et 
combat  entre  Erard  de  salnt  Veran  ,  Oudart  de  Montaigu,  bour- 
P.  370.  guignon  ,   et  leurs  amis.  Victolrc  d'Erard.  II  est  emprlsonne  par 
ordre  du  roi  de  France.  —  Mort  d'Albert ,  roi  des  Romalns ,  auqucl 
P.  371.  succede  Henri  de  Luxembourg. — Mort  de  la  fille  de  Robcrt  de 
Ciermont  qin  avait  cpouse  Jean  de  Namur.  Cclui-cl  se  remarie  avec 
la  fille  de  Bianche  de  Bretagne.  —  Indulgences  accordees  a  ceux 
qul,  pendanl  cinq  annees,  passeraient  en  Terre-Sainte  ou  alderalent 
ies  pcierins  de  leur  ai-gent.   Les  troncs  places  expres  dans  Notre- 
Dame  de  Paris  ct  aiileurs  se  rempllssent.  —  Penitcnce  imposee  a 
Elienne  de  Verberic  pour  des  propos  heretiques. 
P.  372.       1309. ' — Victoire  des  Aragonals  sur  les  Sarrasins  de  Grenadc. 
Henri ,  elu  roi  des  Romains ,  envoio  des  ambassadeurs  a  Avlgnou 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  cxvij 

pour  deraander  la  benediction  du  pape  et  la  couronne  impcriale. 
Acquiescement  du  pape  qui  donne  reudez-vous  au  nouvel  elu  dans 
la  basilique  des  Apotres  a  Rome.  —  Clement  V  fixe  un  jour  oii  il  P.  373. 
entendra  les  accusateurs  du  defunt  pape  Boniface  VIII.  Une  cifa-P.  374. 
tion  particulitre  est  donnee  a  Guillaume  de  Nogaret.  Celui-ci  com- 
parait  au  jour  fixe ,  renouvelle  l'appel   fait  contre  Boniface  et  les 
accusations  porlees  contre  lui,  demande  qu'il  soit  declarc  heretique, 
€t  que  ses  os  soicnt  exhuraes  et  livres  aux  flammes.  Quelques  car- 
dinaux  prennent    la   defense   de  Boniface  et  recriminent  contre 
Guillaume  de  Nogaret.  L'affaire  reste  en  suspens.  —  Yent  violent  P.  375. 
qui  renverse  plusieurs  edifices  ,  endommage  le  toit  de  Saint-Maclou 
de  Pontolse,  et  ebranle  les  contre-forts  de  Teglise  de  Saint-Denys. 
Descrlption  d'une  eclipse  totale  de  soleil.  —  La  faveur  accordee  a  P.  376. 
Pierre  de  Gaveston  souleve  les  barons  anglals  contre  leur  roi. — 
Les  Hospltaliers  reprennent  l'ile  de  Rhodes  sur  les  Sarrasins. 

1310.  —  Le  concile  general  est  renvoye  a  un  an. — Concile  P.  377. 
provincial  tenu  a  Paris  sous  la  presidence  de  Philippe  ,  archeveque 
de  Sens.  Jugeraent  des  Templiers  ;  sentences  dlverses  prononcees  P.  378. 
contre  eux.  Cinquante-neuf  Templiers  sont  brules  vifs  pres  de 
Paris  ,  dans  les  champs  volsins  de  rahbaye  de  Saint-Antoine,  Tous  , 
a  rexceptlon  d'un  seul  ,  proteslent  de  leur  innocence.  L'etonne- 
ment  et  la  stupeur  s'emparent  du  peuple.  Concile  de  la  province  de 
Reims  tenu  a  Senlis;  condamnation  et  execullon  de  neuf  chevaliers 
duTemple.' — Mariage  de  Louls  de  Clermont  avec  la  soeurdu  comte 
de  Hainaut,  et  de  Jean  de  Clermont  avec  la  comtesse  de  Soissons. 
—  Clement  V  falt  detruire  comme  fausse  ,  en  plein  consistoire  ,  une  P.  379. 
bulle  que  presentaient  les  partisans  de  Boniface  VIII ,  par  laquelle 
rinnocence  de  ce  pape  etait  reconnue  et  les  procedures  de  ses 
ennemis  annulees.  —  Marguerlte  Poirette,  duHainaut,  publie  un 
livre  rempli  d'erreurs.  Excommuniee  par  rinqulsileur,  elle  refuse 
de  parailre  devant  iui  et  persisle  plus  d'un  an  dans  rexcommunl- 
catlon.  Elle  est  exposee  en  Greve  ,  abandonnee  au  bras  seculier  et 
brulee  vive.  Slgnes  de  penitence  qu'elle  donne  au  dernler  moraent.  P.  380. 
Executlon  a  raorl  d'un  julf  relaps.  Condaranation  a  une  prison 
perpctuelle  de  Guiart  de  Cressonsacq  qui  se  disalt  un  ange  envoye 
de  Dieu. ' — ■  Revolte  dcs  Lyonnais.  Le  roi  envoie  contre  eux  une 
arraee  sous  la  conduite  de  son  fils  le  rol  de  Navarre,  Eloge  de  ce  P.  381, 
jeune  prince.  Souraisslon  des  rebelles,  Pardon  accorde  a  rarche- 
veque  Plerre  de  Savoie  ,  chef  de  rinsurrcction.  —  On  deterre  et  Ton 
brule  les  os  d'un  ancleu  tresorier  du  Temple  de  Paris,  mort  et  ensc- 
veli  depuls  longtemps.  —  Henrl  VII  entre  en  Italle  avec  une  arraee 
nombreuse ,  s'empare  d'Asti ,  cntre  a  Milan  oii  il  re<^oit  la  couronne 
de  fer  des  mains  de  revcque ,  et  defait  par  les  armes  ceux  qul  kii  P,  382. 
sontopposes.  — Bernard,  archeveque  de  Rouen  ,  et  Gilles,  archc- 
veque  de  Narbonne,  erhangent  Umrs  sieges  roelropolitains. — 
Apres  de  longues  proceduros ,  Cleraent  V  reconnait  el  prochime  lc 


cxvlij  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

rol  de  France  Innocent  des  exces  commis  contre  Bonlface  VIII,  ct 

P.  383.  declare  que  ceux  qul  ont  poursulvl  raffalre  d'appel  etaient  animes 

d'unzelesIncerepourla  folcatholique.  II  les  absout  en  consequence, 

leve   l'analbeme   lance    contre  eux ,    ordonne  que    les  sentences 

P.  384.  d'excommunicatIon  seront  detrultes  ,  rayees  des  reglstres ,  etc.  Sont 

exceptes   de  cette  mesure   GuUlaume  de  Nogaret,    Reglnald  de 

Suplno ,   et  dix  autres  habltants  d'Anagni  qul  avalent  prls  part  a 

rarreslatlon  du  pape  ct  u  la  dllopldatlon  de  son  tresor.  Enfin  ,  sur 

les  Instantes  pricres  du  rol ,  Gulllaume  de  Nogaret  est  absous  a 

conditlon  qu'Il  partira  pour  la  Terre-Salnte  a  la  premlere  croisade 

generale ,    et  qu'Il  y  restera  sa  vie  entlere ,  a  moins  qu'il  ne  soit 

rappele  par  le  pape.  On  lui  inflige  en  attendant  quelques  autres 

P.  385.  pelerlnages. 

1311.  ' —  Les  guelfes  de  Cremone  se  retlrent  a  Brescla  avec 
leurs  femmes  ,  leurs  enfants  et  leurs  biens.  Les  gibelins  vont  au- 
devant  d'Henri ,  lul  presentent  les  clefs  de  la  ville  et  le  recoivent 
dans  Cremone.  L'empereur  detrult  les  malsons  fortifiees  des  fugitifs , 
demolit  les  portes  et  les  murs  de  la  vllle  ,  avec  les  debris  comble  le 
fosse,  et  ayant  exige  des  habltants  une  forle  rancon,  va  mettre  le 
sicge  devant  Brescia  qul  le  retient  depuls  rAscension  jusqu'a  la 

P.  386.  Natlvite  de  la  sainte  Vlerge.  Prlse  de  Thibaut  Brizath,  capltaine 
de  la  vllle.  Celul-cl  denonce  a  rempereur  des  conjuratlons  faites 
contre  sa  personne ,  dans  lesquelles  11  Implique  les  prlnclpaux 
citoyens  de  Mllan.  II  perlt  dans  les  suppHces.  Prlse  et  destruction 
de  Brescia.  Mort  de  Galeran,  frere  de  l'empereur.  Soumlssion 
complete  de  la  Lombardie.  Trois  cardinaux  envoyes  par  le  pape 

P.  387.  vlennent  en  Italie  pour  couronner  Henri.  L'empereur  se  rend  a 
Tortone  et  a  Genes.  L'imperatrice  meurt  dans  cette  derniere  vlUe. 
- — Renouvellement  de  rinsurrection  en  Flandre.  Le  comte  de 
Flandre  est  clte  devant  le  rol.  Son  fils  Louis ,  seul  instigateur  du 
desordre ,  est  emprlsonne  a  Moret  et  ensuite  a  Paris.  II  s'echappe 
et  s'enfuit.  Un  arret  du  Parlement  le  depoullle  de  ses  blens.  — 
Innovatlons  dans  la  monnaie.  Mecontentement  et  plaintes  qu'elle 

P.  388.  souleve  meme  de  la  part  des  grands.  —  Bulle  de  Ciement  V  pour 
1'Instilution  d'une  unlversite  a  Orleans.  Le  roi  refuse  son  consen- 
lement.  Les  ecoliers  qulltent  la  ville.  Retablissement  de  rordre. . — 
Ouverture  du  concile  general  a  Vlenne.  Premlere  session.  Discours 

P.  389.  du  pape  ;  objets  du  concile.  Deiiberations  sur  ces  objets.  Arrlvee  du 
rol  de  France. 

P.  390.  1312. — ■  Deuxieme  session  du  concile  gencral  en  presence  du 
roi  de  France.  Suppresslon  de  l'ordre  du  Temple.  Anatheme  contre 

P.  391.  ceux  qul  en  feraient  desormais  professlon  ou  qui  en  porteraient 
rhabit.  On  se  reserve  de  statuer  sur  le  sort  des  membres  de  Fordre 
ct  de  leurs  biens.  — Discours  du  pape  sur  la  croisade.  Lecture  d'un 
dlploine  royal  par  lequel  Phllippe  scngage  a  se  croiscr  dans  unan 

P.  392.  avcc  ses  enfanls ,  scs  freres  et  ses  barons^  a  partir  dans  six  annees 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE.  cxix 

et  a  se  faire  remplacer  cn  cas  d'empechement  par  son  fils  aine.  On 
accorde  au  roi ,  pour  six  ans ,  les  dimes  ecclesiastiques.  • —  Les  biens 
du  Templc  sont  adjuges  aux  Hospitaliers.  On  sursoit  encore  a 
statuer  sur  le  sort  des  TempHers.  —  Quant  a  la  reforme  interleure 
de  l'Eglise,  oa  s'en  rapporte  aujugement  du  pape.  —  L'empereur 
Henri  VII  passe  paisiblement  par  Pise,  Piombino,  Viterbe  etP,  393. 
d'autres  villes.  Ilarrive  devant  Rome,  defait  les  Orsini  etlestroupes 
du  frere  de  Robert ,  roi  de  Sicile  ,  entre  dans  la  ville  par  la  porte  de 
Sainte-Marie-du-Peuple,  etestrecua  Saint-Jean-de-Latran  par  toute 
la  population.  Nouvcaux  combats  avec  ses  ennemis.  II  est  enfin 
couronne  par  le  cardinal  legat ,  eveque  d'Ostie.  ■ —  Expedition  de 
l'empereur  dans  Tltalie.  II  est  recu  dans  Todi ,  dans  Arezzo ,  et 
ravage  les  environs  de  Perouse.  II  s'empare  de  plusieurs  chateaux  P.  394. 
dans  le  voisinage  de  Florence,  assiege  cette  ville,  la  presse  vivement 
et  soumet  presque  tout  le  duche.  II  retourne  a  Pise  et  cite  publi- 
quement  Robert ,  roi  de  Sicile ,  a  comparaitre  devant  lui  dans  trois 
mois  a  Arezzo.  —  Prise  ,  detention  et  meurtre  de  Pierre  de  Gaves-  P-  395. 
ton ,  favorl  du  rol  d'Angleterre.  Colere  du  roi ;  il  se  reconcilie 
pourtant  avec  ses  barons.  —  Nalssance  d'Edouard ,  fils  du  roi 
d'Angleterre.  — Mort  de  Simon  ,  eveque  de  Beauvais  ;  II  est  rem- 
place  par  Jean  de  Marigni ,  frere  d'Enguerrand  et  chantre  de 
reglise  de  Paris. 

1313.  —  Louis ,   roi  de  Navarre,  comte  de  Champagne  et  de 
Brie  ,  ses  freres  Philippe  et  Charles  ,  tous  trois  fils  du  roi  de  France ;  P.  39G. 
Hugue  ,  duc  de  Bourgogne ;  Gul ,  comle  de  Blois  et  plusieurs  autres 
seigneurs  sont  faits  chevaliers  en   presence  du  roi  et  de  la  reine 
d'Angleterre.  —  Phillppe  le  Bel  ,  ses  trols  fils ,  Je  rol  et  les  barons 
anglais  prennent  la  crolx.  ■ —  Mariage  du  prince  de  Tarente  avec 
l'herltiere  de  rempire  de  Constantlnople.  —  Paix  avec  les  Flamands.  P.  397- 
Ils  paient  au  roi  une  forte  sorame  d'argent ,  s'engagent  a  demolir 
leurs  places  fortes ,  a  commencer  par  Bruges  et  Gand,  et  donnent 
pour  otages  Robert,  fils  du  comte  de  Flandre ,  Courtrai  et  tous  les 
chateaux  voisins.  —  Henri  VII ,  par  une  sentence  publique,  de- 
pouille  de  ses  Etats  Robert  rol  de   Sicile.  Le  pape  annule  cette 
sentence  parce  que  la  citation  n'avalt  pas  ete  regullere.  Henri  leve  P.  398» 
une  armee  contre  Robert  et  traverse,  en  le  ravageant ,  le  territolre 
de  Sienne  jusqu'a  Isola.   II    meurt  de  la   fievre  ou  de  poison   a 
Buon-Convenlo.  Son  corps  est  transporte  a  Plse  et  Inhume  dans  la 
cathedrale.  —  Phlllppe  le  Bel  ramene  la  monnaie  parisis  et  la  mon- 
nale  tournois  a  Tetat  ou  elles   etalent  du   temps  de  saint  Louis.  P.  399. 
Murmures  dans  le  peuple.  —  Dedicace  dereglise  des  Ecouls  fondee 
par  Enguerran  de  Marigni.  —  Le  cardin;d  Nlcolas  defend,    sous 
pelne  d'excommunication ,  Tusage  daiis  les  trlbunaux  et  dans  les  P.  400» 
ecoles  de  certaines  constitutions  nouvelles   qu'on  pretendait  etre 
emanees  du  pape  apres  le  concile  general.  Intei'dIctIon  des  lour- 


cxx  TABLEAU  CTIRONOLOGIQUE. 

nois;  excommunicalion  ipso  facto  conlre  ceux  qul  permettront 
ces  jeux  et  ceux  qui  y  prendront  part.  Cependant  le  pape ,  a  la 
requele  des  jeunes  seigneurs  nouveaux  chevaliers ,  permet  un 
tournoi  de  trois  jours ,  avant  le  careme,  et  pour  cette  fois  seule- 
ment. — Justification  de  Guichard ,  cveque  de  Troyes,  qu'on 
accusait    d'avoir    empoisonne  la   reine  Jeanne.  • —  Dissensions   et 

P.  401.  combat  entre  Teveque  de  Metz  et  le  duc  de  Lorraine.  L'eveque  est 
vaincu  a  Flevi.  Prlse  du  comte  de  Bar  et  du  comte  de  Salm  son 
fils.  —  Mort  de  Gui ,  eveque  de  Soissons ,  et  de  Jean  ,  eveque  de 
Chalons  ,  auxquels   succedent  Girard   de  Malemont  et  Pierre   de 

P.  402.  LathlUi ,  chancelier  du  rol.  Gui ,  evcque  deSenlis,  meurtet  est  rem- 
place  par....  —  Le  grand-maitre  du  Temple,  le  visileur  des  maisons 
de  France  et  les  maitres  des  provinces  d'Aquitaine  et  de  Normandie 
sont  traduits  a  Paris ,  devant  une  commission  composee  de  Irois 
cardlnaux  legats,  de  l'archeveque  de  Sens  et  d'un  grand  nombre  dc 
prehits  el  de  jurisconsultes.  Les  accuses  avouent  les  crimes  qu'on 
leur  impute  et  perslstent  oplnlatrement  dans  cet  aveu.  Ils  sont 
publiquement  condamnes  a  une  prison  etrolte  et  perpetuelle.  Le 
grand-maitre  et  le  maitre  de  Normandie  se  retractent  alors  et  s'em- 
portent  coutre  le  cardinal  qui  venalt  de  parler,  et  contre  l'arehe- 

P.  403.  veque  de  Seiis.  La  commission  remet  les  quatre  coupables  a  la  garde 
du  prevot  de  Parls ,  se  reservant  de  deliberer  de  nouveau  le  len- 
demalu  sur  leur  sort.  Mais  le  rol  ayant  pris  Tavls  de  son  conseil  et 
sans  appeler  de  clercs,  les  fait  bruler  vifs  tous  deux,  le  soir  du  meme 
jour,  dans  une  ile  de  la  Seine.  Les  deux  autres  sont  enfermes  pour 

P.  404.  subir  leur  sentence. 

1314.  —  Adullerede  la  jeune  reine  de  Navarre  Marguerlte  avec 
Philip|)e  d'AunaI,  et  de  Blanche,  femme  de  Charles  de  France  , 
avcc   Gauthier  d'Aunai.   Les  deux  princesses  sont  rcpudiees  par 

P.  405.  leurs  marls  et  enfermees  pour  le  reste  de  leurs  jours.  Les  deux 
chevaliers  confessentleur  crlmlnelle  liaison,  quiavaitdure  trols  ans. 
Comme  ils  etaient  de  la  maison  nieme  des  princes ,  leur  crlme  est 
juge  Infiniment  plus  grave  ,  et  ils  sont  soumis  a  un  supplice  atroce. 
Ou  peud  aupres  d'eux  un  porller  qui  ctalt  leur  compllce.  Beaucoup 
de  personnes  nobles  et  rolurieres  ,  hommeset  femmes  ,  soupconnees 
aussi  de  con)pHcIle  ,  sont  poursulvies  ,  torturees ,  les  unes  noyees, 
les  autres  tuees  en  secret ,  la  plupartcependant  renvoyees  absoutes. 

P.  400.  Jeanne  ,  comtesse  de  Poiliers  ,  soupconnee  d'avoir  partage  le  crlme 
de  ses  belles-soeurs ,  cst  enfermee  au  chateau  de  Dourdnn  pendant 
qu'on  iriforme  sur  sa  conduite.  Au  bout  d'un  an  ,  un  arrct  solennel 
du  Parlcment  la  dcclare  innocenle,  et  elle  rentre  dans  lcs  bonnes 
graces  de  son  marl.  —  Mort  du  pape  Clement  V;  rcunion  des 
P.  407.  cardlnaux  a  Carpenlras;  leurs  dlssensions.  Incendie  du  palais  oii 
ils  se  rassemblcnt.  Disputcs  au  sujet  du  lleu  ou  il  convenait  de 
fairc  rclcction.  Unc  partie  des  cardiuuux  sc  rend  a  Orauge  ,  Tautre 


TABLEA.U  CHRONOLOGIQUE.  cxxj 

a  Avignon.  —  Combal  sanglant  entre  fidouard  II  et  Robert  Bruce.  P.  408. 
Defaite  des  Anglals.  Fuite  honteuse  du  roi  d'An^leterre.  Yaleiir  P.  409. 
des  Ecossais.   Mort  du  comte  de  Glocestre.  Les  Ecossais  font  un 
bulin  immense.  Ils  laissent  la  liberte  a  Isabelle ,  reine  d'Angleterre  ,  P.  410. 
en  consideration  de  son  frere  le  roi  de  France.  —  Les  Flamands 
chassent  le  ballll  de  Courlrai  et  se  revoltent  de  nouveau.  La  sen- 
tence  d'excommunication  est  puWIee  contre  eux  u  Parls ,  a  Tournal , 
a  Saint-Omer,  a  Noyon ,   a   Arras ,  a  Douai ,  par  rarcheveque  de 
Reims   et  Tabbe  de   Saint-Denys.   Appel  des  Flamands  au  saint- 
siege.  Phlllppe  le  Bel  envole  ses  troupes  dans  diverses  dircctions , 
savoir :    Louis ,    rol  deNavarre,    a  Doual ;   Phillppe,    comte   de 
Poitlers,  a  Saint-Omer;  Charles  ,  trolsleme  ills  du  roi ,  et  Charles  , 
comte  de  Valols,  a  Lille.  jNegocialious  ouvertes  par  les  comtes  de  P.  411. 
saint  Paul  et  d'Evreux  ,  et  par  Enguerran  de  Marigni.  Les  Flamands 
prometlent  d'envoyer  vers  lc  roi  pour  conclure  ,  pourvu  qu'on  leur 
rende  le  prince  Robert  et  les  autres  otages.  Leurreepar  cette  valne 
promesse ,   Farmee  francaise  se  retlre  sans  avoir  rien  fait.  ■ —  Les 
electeurs  de  rempire  se  reuuissent  a  Francfort.  Les  voix  se  parta- 
gcnt   enlre  Louis  duc   de   Baviere,   et  Frederic  duc   d'Autriche. 
Louis  se  falt  couronner  a  Alx-la-Chapelle.   Frederlc  est  couronne 
a  Bonn  par  l'archevcque  de   Cologne.  —  Impol  sur  la  vente  desP.  412. 
denrees  a  roccasion  de  la  guerre  de  Flandre.  Associatlons  formees 
en  Champagne  et  en  Picardle  pour  rcpousser  cette  nouvelle  charge. 
L'imp6t  est  aboli.  — Ftrange  maladie  du  roi  Phihppe  le  Bel.  II  se  P.  413. 
fait  porter  a  Fontainebleau  ,  lleu  de  sa  nalssance.  II  investlt  son 
trolsieme  fils ,  Charles ,  du  comte  de  la  Marche  ,  abolit  la  mallote  , 
et  dicte  son  testament.  Apres  avoir  donne  d'excellcnts  avis  a  son 
fils  aine  qul   dolt  lui  succeder,   11  recoit  les  sacrements   et  rend 
Vcsprit  le  29  novembre.  Son  corps  est  porte  et  enseveli  a  Salnt-P.  414. 
Denys,  en  presence  de  vingt-clnq  prelats,  et  son  coeur  esttransporte  P.  415. 
au  prleure  de  Poissi ,  oinsi  qu'Il  Tavait  ordonne.  — Louls,  roi  de 
France  et  de  JNavarre  ,  ote  la  chancellerle  a  Feveque  de  Chalons  et 
en  Investit  Elienne  de  Mornal  ,    chambellan  de  son  oncle  Charles. 
llenvoie,  versNoel,  Hugue  de  Boville  son  chambellan-secretalre  en 
Sicile ,  au-devant  de  Clemence  de  Hongrie,  qui  venait  epouser  le 
roi   de  France.   D'autres   ambassadeurs   sont  envoyes   a   la   cour 
romalne  pour  hater  releclion  du  souverain  ponlife. 

1315.  —  Enguerran  de  Marlgnl,  qul  avalt  joui  d'un  immense 
credlt  sous  le  prccedent  rcgne  ,  est  accusc  auprcs  du  nouveau  roi  P.  41G. 
par  Charles  comte  de  Valois.  Cette  accusation  trouve  faveur  dans 
le  peuple,  qui  imputait  a  Marlgnl  les  varlations  de  la  monnale  et  les 
extorsions  du  dernler  regne.  Enguerran  est  salsi  au  Temple  ;  ou 
arrete  aussi  et  l'on  soumet  a  la  questlon  la  plupart  des  employes 
qu'il  avait  preposes  a  la  recette  et  a  la  garde  du  trcsor  royal. 
Engucrran  ,  malgre  ses  instantes  prieres  et  la  bienveiUance  du  roi , 


cxxij  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

ne  peut  obtenir  audience  pour  se  defendre.  Pendant  qu'on  songe 

P.  417.  a  renvover  en  exil ,  on  dccouvre  qu'un  cerlain  Jacques  de  TOr, 
sa  femnie  et  son  serviteur,  a  rinstigalion  de  la  feinme  et  dc  la  soeur 
d'Enguerran  ,  font  des  sortileges  pour  sa  delivrance,  et  au  prejudice 
du  roi  et  de  Charles  de  Valois.  Jacques  se  pend  en  prison  ;  sa  femme 
est  brulce  vive.  On  arrete  la  femme  et  la  socur  d'Enguerran  et  Ton 

P.  418.  pend  enfin  Enguerran  lul-meme^  quoiqu'il  n'eul  rien  avoue  et  sans 
avoir  voulu  renlendre ,  malgre  la  promesse  qu'on  lui  en  avait 
donnee. — Emprisonnement  de  Plerre  de  Lathilll,  eveque  de 
Chalons,  soupconne  d'avoir  procure  la  mort  de  son  predecesseur 
et  du  feu  rol  Philippe  IV.  Raoul  de  Presles,  avocat  au  Parlement, 
Impliquedans  hi  meme  accusation,  est  enfernie  aSainte-Genevieve, 
souinls  a  la  tortiire  et  enfinrelache,  mais  avcc  une  perte  immense  dans 
ses  bieus.  — ■  Mort  de  Marguerite ,  reine  de  Navarre,  que  sa  con— 
duite  avait  fait  enfermer  a  Chateau-Gaillard  ;  elle  estensevelie  chez 

P.  419.  les  Cordclieres  de  Vernon.  Nouveaux  bruits  Infamants  sur  la  con- 
duite  de  Blanche  de  Bourgogne  restee  prisonnlere.  —  Mort  d'Hu- 
guenin ,  duc  de  Bourgogne ,  qui  est  remplace  par  son  frere.  — 
Revolte  excitee  par  les  vexatlons  des  officlers  de  la  cour  eplscopale 
de  Sens.  Les  revoltes  se  cholsissent  parml  eux  un  rol ,  un  pape  et 
des  cardinaux  ,  s'absolvent  eux-memes  de  rexcommunication  lancee 

P.  420.  contre  eux ,  et  s'adminlstrent  les  sacrements  ou  se  les  font  admi- 
nlstrer  par  des  pretres  en  les  nienacant  de  mort.  A  la  requete  des 
eveques  ,  le  roi  les  falt  prendre  et  punir.  —  Louis  X  accueille  avec 
blenveillance  Louis  comte  de  Nevers  et  de  Rethel  et  Jean  de 
Namur;  il  rend  au  premler  ses  deux  comtes ,  dont  il  etait  depuis 
longtemps  prlve ,  ce  qui  donne  lieu  a  des  murmures  et  a  des 
moqueries.  —  Des  ambassadeurs  viennent  de  la  part  de  Robert, 
comte  de  Flandre ,  et  rexcusent  sur  la  faiblesse  de  sa  sante  et  la 

P.  421.  necessile  de  repousser  les  Invasions  dont  la  Flandre  etalt  robjet,  de 
n'etre  pas  venu  traiter  de  la  paix  ainsl  qu'il  Tavait  jure.  On  fixe  un 
nouveau  terme,  apres  lequel  le  comte  et  les  Flamands  sont  declares 
contumaces  et  rebelles.  Le  comte  de  Nevei-s  ,  son  fils  et  Robert  de 
Namur  restent  en  France  aupres  du  rol.  —  Trois  femmes  qul 
avaienl  prepare  les  poisons  dont  etait  mort  revdque  de  Chalons , 
sont  briilees  dans  une  ile  de  la  Seine.  —  Marlage  de  Jean  ,  fiis  du 
comte  de  Flandre  ,  avec  la  fille  du  comte  de  saint  Paul.  — Grandes 

P.  422.  pluies  depuls  le  milleu  d'avril  jusqu'a  ia  fin  de  inillet.  Froid  rlgou- 
reux.  Mauvals  etat  dcs  moissons  et  des  vignes.  Processions  a 
Saint-Denys  et  dans  les  dioceses  de  Chartres ,  de  Rouen  ,  elc.  — 
Le  24  juillet,  Louls  X  prend  1'oriflamme,  qu'il  confie  a  Henri  de 
Herquerl,  et  se  prepare  ;i  marcher  en  Flandre.  II  epouse,  le  3  aoiit , 

P.  423.  Clemcnce  de  Ilongrle  et  se  fait  couronner  avec  elle.  Le  rol  arrlve 
a  Lllle  et  s'avancant  ensulte  dans  le  pays  ,  II  refait  un  pont  que  lcs 
ennemis  avaient  rompu  sur  la  Lys.  Une  plule  excessive  produitdes 


TABLEAU  CIIRONOLOGIQUE.  cxxiij 

inondatlons  qui  empechcnt  rarmee  de  recevoir  des  vivres.  L'armee 
francaise  brule  donc  ses  tcntes  et  s'en  retourne.  Les  Flamands  ,  de 
rautre  cote  de  la  Lys ,  s'attendant  a  une  attaque  ,  metlent  aussi  le 
feu  a  leur  camp  et  s'enfuient.  Louis  X  assure  a  la  reine  Clemence  P.  424. 
un  rcvenu  de  20  mille  livres.  —  Rarete  et  mauvaise  qualite  du  vin 
dans  tout  le  royaume.  —  Concile  de  Senlis  pour  Texamen  de  raffaire 
de  reveque  de  Chalons.  Celui-ci  demande  d'abord  a  etre  reintegre 
dans  ses  biens,  ce  qui  a  lieu.  Prorogation  du  concile.  —  Le  pape 
Jeau  XXII  divise  en  six  eveches  ce^ui  de  Toulouse  et  fait  de  cette 
ville  une  metropole.  —  Division  cn  trois  de  reveche  de  Poitiers , 
savoir:  Poitiers ,  Maillezais  et  Lucon.  Lcs  abbes  de  Maillezais  etP.  425, 
de  Lucon  deviennent  titulaires  des  nouveaux  eveches.  — Conjura- 
tion  d'un  cerlain  nombre  de  seigneurs  de  Vermandois  et  de  Cham- 
pagne  contre  la  comtesse  Mathilde.  Ils  arrachent  du  chateau  de 
Hesdin  un  chcvalier  qu'elle  y  retenait  prisonnier.  Les  conjures 
comparaissent  a  Compiegne  devant  le  roi,  et  lul  font  satisfaction. 
—  Charles  ,  comte  de  Valois  ,  et  plusieurs  autres  seigneurs  font 
frapper,  a  leur  retour  de  Flandre,  une  monnaie  qui,  pendant  quel- 
que  tenips,  a  cours  a  Paris.  Le  roi  en  interdit  la  circulation.  — P  42G. 
Une  comele  annonce  la  mort  du  roi. 

1316.  —  Grande  cherte  a  Paris  et  dans  le  royaume.  Louis  X 
meurt  le  5  juillet  a  Vincer.nes,  laissant  la  rcine  Clemence  enceinte, 
et  de  son  preraier  mariage  une  fdle  noramee  Jeanne.  Le  corps  du  P.  427. 
roi  defunt  est  inhurae  a  Saint-Denys.  —  Philippe ,  comte  de 
Poitiers  ,  qui  etait  a  Lyon  pour  hater  relectlon  d'un  pape ,  fait 
enfermerles  cardlnaux  ,  leurdonneun  gardlen  etretourne  prompte- 
ment  a  Paris.  Un  parlement  est  rassemble  et  decide  que  si  la  relne 
met  aii  monde  un  enfant  male  ,  il  restera  jusqu'a  dix-huit  ans  sous 
la  tutelle  du  comle  de  Poitiers.  • — Louis,  corate  de  Clermont , 
Jean  ,  comte  de  Soissons ,  son  frere,  prcnnent  la  croix.  Le  comte 
de  Poitlers,  qui  etait  crolse  aussi ,  fait  solcnnellement  annoncer  le 
depart  pour  la  Pentecote  suivante.  —  Mortalite.  Beaucoup  deP.  428. 
pauvres  meurent  de  faim.  —  Election  du  pape  Jean  XXII ,  apres 
une  vacance  de  plus  de  deux  annces.  Charles  ,  comte  de  la  Marche, 
frere  du  regent,  et  leur  oncle  Louis  ,  comte  d'Evreux  ,  assistent  au 
sacre  du  nouveau  pontife.  —  Tremblement  de  terre  a  Pontoise  et 
II  Saint-Denys.  — Jean  XXII  accorde  les  annates  pour  quatre  ans 
au  regenl  de  France.  —  Ecllpse  de  lune.  —  Mort  de  Jean  ,  comte  P.  429. 
de  Soissons.  —  Robert ,  fils  de  Phlllppe  d'Artois ,  veut  s'emparer 
de  rArtoIs  au  prejudice  de  Mathilde  sa  tante  ,  comtesse  de  Beau- 
mont  le  Roger,  II  se  revolte  contre  le  connetable  de  France. 
Gauthier  prend  par  les  armes  Arras  et  Saint-Omer,  et,  cite  devant 
le  Parlement  de  Paris ,  refuse  de  s'y  rendre.  Le  comte  de  Poiticrs 
prend  les'  armes  et  marche  jusqu'a  Amiens.  La  ,  on  nomme  des 
negoclateurs  pour  la  palx  et  Ton  dccide  quc  si  Ics  ncgociations  P.  43(7. 


cxxiv  TABLEAU  CHRONOLOGIQUE. 

n'abouli*ssaieut  a  anciin  arrangement ,  Taffaire  serait  jugee  par  les 
pairs  du  royauine.  En  attendant ,  le  comte  d'Artois  est  niis  en 
sequestre ,  et  les  comtes  de  Valois  et  d'Evreux  sont  designes  pour 
en  percevoir  les  revenus.  Robert  se  rend  en  prison  a  Paris,  ou  il  est 
detenu  d'abord  au  Chalelet ,  cnsuile  a  Saint-Germain-des-Pres. 
Phih'ppe  licencie  ses  troupes  et  retourne  a  Paris.  —  Le  15  novembre 
la  reine  Clemence  met  au  monde  un  garcon  qui  recoit  au  bapteme 
P.  431.  le  nom  de  Jean  ,  et  meurt  le  19  dudit  mois  de  novembre.  On  ren- 
(erre  a  Saint-Denys"  aux  pieds  de  son  pere.  Philippe  ,  comle  de 
Poitiers,  et  Jeanne  sa  femme  ,  recoivent  a  Reims  ronction  royale. 

—  Le  comte  de  la  Marche,  qui  avait  accompagne  son  frere  a  Reims, 
P.  432.  se   retire  avant  la  ceremonie.  Le   duc   de  Bourgogne  refuse  d'y 

assister.  La  vieille  duchesse  de  Bourgogne  fait  signifier  aux  pairs 
qu'ils  aient  a  differer  la  cereraonie  jusqu'a  ce  qu'il  ait  ete  statue 
sur  les  droits  de  Jcanne,  fille  issue  du  premier  mariage  de  Louis  X. 
Ces  clrconstances  font  presumer  que  le  nouveau  roi  ne  possedait 
pas  les  sympathies  de  tous  ses  grands  vassaux.  On  procede  nean- 
moins  a  la  ceremouie  du  sacre,  les  portes  de  la  ville  etant  fermees 
et  bien  gardees.  Aprcs  quelques  discussions  pour  la  preseanceentre 
les  eveques  de  Langres  et  de  Beauvais ,  celui-ci  obtient  le  pas  sur 
son  rival.  Mathilde ,  comtesse  d'Artois ,  soutient  comme  pair  du 
royaume,  la  couronne  royale  avec  les  autres  pairs.  —  A  Phillppe 
deMarignl,  frere  d'Enguerran,  succede,  dans  rarchevcclie  deSens, 

P.  433.  Guillairme ,  fils  du  vicomte  de  Melun. — L'eveque  de  Llmoges 
remplace  aussi  Gilles ,  archeveque  de  Bourges.  —  Guichard  ,  eveque 
de  Troyes  ,  etant  mort,  on  elil  a  sa  place  Jean  ,  chantre  d'Orleans  , 
qui  expire  a  son  tour  le  jour  de  sa  consecration.  —  Robert  d'ArtoIs 
sort  de  prison ,  transige  avec  sa  tante  la  comtesse  d'Arlois  ,  et 
renonce  a  son  droit  sur  le  comte  a  conditlon  que  le  roi  prendrait 
sur  lui  de  dcclder  raffaire.  II  epouse  la  fille  du  comte  de  Valois. 

P.  434.  —  Mort  de  Conrad  ,  abbe  de  Citeaux,  auquel  succcde  Gautier.  — 
Pierre  d'Arrablei ,  cardinal ,  recoit  le  serment  des  selgneurs  ,  des 
prelats  el  des  bourgcols,  et  la  promesse  de  rUniversile  de  Paris , 
d'obeir  a  Phillppe  le  Long  comme  au  roi  legitime,  et  apres  lui  h 
Louls  son  fils  et  sou  heritier.  On  declare  que  la  femme  ne  succede 

P.  435.  pas  a  la  couronne  de  France.  — Tremblement  de  terre  cn  Poitou. 

—  Mort  et  Inhumatlon  de  Louls ,  tout  jeune  fils  de  Philippe  le 
Long.   Long  et  rude  hlver  depuis  la  Sainl-Andre  jusqu'a  Paques, 

Recit  du  soulevement  dcs   Pastoureaux  en  1251,  tire  des  an- 
ciennes  edilions  de  Guillaume  de  Nangis. 


GUILLELMI  DE  NANOrACO 

PROLOGUS. 


CuM  infinita  sint  temporum  gesta,  gestorumque  di- 
gestores  quaraplurirai ,  nec  possint  ab  omnibus  vel 
haberi  \el  legi,  non  inutiliter  duxi  ex  infinitis  pauca 
colligere  et  in  unura  coarctare  compendium  quae  legen- 
tibus  oblectamentum  pariant  et  profectum.  Hierony- 
mus,  doctor  Ecclesie  insignis  et  fere  omnium  conscius 
Scriplurarum ,  talem  dicit  et  tantum  librum  Parali- 
pomenon,  ut  asserat  illum  seipsum  irridere  qui  sine 
eo  divinarum  scientiam  sibi  vindicat  Scripturarum; 
rationemque  assertionis  suae  subjungit,  quod  in  aliis 
iibris  praelermissas  tangit  historias  ex  quarum  intel- 
ligentia  solvuntur  innumerabiles  Evangelii  quaestio- 
nes.  Ergo,  historiis  incognitis,  merito  seipsum  dicitur 
irridere  quisquis  divinae  paginae  vel  prudentiae  mun- 
danae  sibi  peritiam  vindicat  obtinere.  Nam,  ut  ait  qui- 
dam  ethnicus,  vita  aliena  nobis  magistra  est  et  qui 
ignotus  (sic)  est  praeteritorum  quasi  caecus  in  futuro- 
rum  prorurapit  eventus.  Valet  enim  notitia  historiarum 
sive  chronicarum  ad  statuendas  vel  evacuandas  prae- 
scriptiones,  et  privilegia  roboranda  vel  infirmanda, 
nihilque  post  gratiam  et  legem  Dei,  viventes  rectius  et 
validius  instruit,  quam  si  gesta  cognoverint  decesso- 
rum.  Nempe  describitur  hic  qualiter  raundus  fluxerit, 
vel  florens  provectibus  \el  pressuris  fuerit  attritus; 
qualiter  sunt  res  rautatae,  trauslata  regna  regiiorum- 
que  glwia  ad  nihilum  devoluta ;  quomodo  denique, 
postadventum  Christi,  cliristianitas  creverit,  corruerit 
I.  1 


2  PROLOGUS. 

impietas,  pietas  triumphaverit.  Liquet  sane  quod  ex 
talibus  taliumque  conspectu  et  despectus  prjesentium 
et  respectus  oritur  futurorum.  Tunc  enim,  ut  ait 
Beda,  Scripluris  utiliter  animum  intendimus,  cum 
non  solura  in  eis  virtutes  ac  praemia  justorum,  verum 
etiam  vitia  vindictamque  reproborum  ad  incitamenta 
nobis  bene  agendi  proponimus. 

Seriem  igitur  ordinationis  ab  Eusebio  Caesariensi , 
Hieronymo  et  Sigiberto  Gemblensi  rhonacho  factam 
ego  secutus,  nonnulla  aliorum  doctorum  et  historio- 
graphorum  dicta  intermiscens,  ab  initio  mundi  usque 
ad  tempus  meum  textum  narrationis  mcce  perduxi. 
Eusebius  quidem,  a  nativitate  Abrahae  incipiens,  usque 
ad  vincennalia  Constantini  raagni  imperatoris  romani 
regnorum  seriem  regumque  digessit.  Cujus  opuscu- 
lum  Hieronymus  de  graeco  in  latinum  transferens  et 
nonnulla  intermiscens,  usque  ad  mortem  Valentis  im- 
peratoris  continuando  pertraxit.  Abhinc  Sigibertus, 
studio  multae  leclionis  edoctus,  usque  ad  annum  Do- 
mini  millesimura  centesimum  duodecimum  cautissima 
ordinatione  contexuit.  Caetera  aulem  ego  frater  Guil- 
lelmus,  sancti  Dionysii  in  Francia  monachus,  subjun- 
gens  quae  ab  aliis  quidem  digesta  erant,  sed  non  eodem 
modo  ordinata,  coraposui  et  alia  raei  temporis  compi- 
lavi.  Praeterea  rogo  ne  quis  Iiec  legens,  arguat  me  de 
praesumptione  quod  tantum  opus  incepi,  vel  improbet 
ista  donec  prius  inspexerit  diligenter  unde  sint  et  quo- 
modo  derivata.  Sic  enim  perpendere  poterit  quod  non 
mea  indiscretione  sunt  acta ,  sed  de  alienis  opusculis 
sincere  transfusa. 


CHROMCON 

GUILLELMl    DE    NANGIAGO. 


MCXIII. 

SiGiBERTUs,  Gemblensis  inoiiaohus,  teinporum  ct 
regiiorum  descriptor  praecipuus  ,  morieus  fiiiem  chro- 
nicae  suse  fecit.  Abhinc  subsequutus  est  eum  frater 
Guillermus  de  Nangis  monachus  sancti  Dionysii  in 
Francia. 

Eodem  anno  sanctus  Bernardus,  cum  sociis  triginta 
et  amplius,  sub  abbate  Stephano  ,  Cistercium  est  in- 
gressus,  aniio  aetatis  suae  vicesimo  secundo ;  ubi  quantae 
devotionis  et  religionis,  quantique  fervoris  exstiterit, 
vix  exprimi  lingua  potest.  Siquidem  ab  ipso  ingressu 
suo  tanta  districtione  corpus  affligere  studuit,  quod 
tota  deinceps  vita  sua  infirmitate  multiplici  labora- 
vit;  factumque  est  ut  post  breve  tempus  Cisterciensis 
abbatia,  quae  rebus  et  geiite  pauper  et  sterilis  fuerat,. 
plures  jam  abbatias  nobilissimas  parturiret  (i).  Prima 
fuit  Firmitas;  secundaPontiniacus;  tertia  Clarevallis,- 
quarta  Morimundus ;  quinta  Pruliacus. 

MCXIV. 

In  pago  Brabatensi,  circa  Tornacum,  nix  tanta  ceci- 
dit  nono  kalendas  maii  (2),  ut  etiam  [pondere  suo]  syl- 


(i)  Ge  qui  suit  n'est  donne  que  par  le  Ms.  10298-6. 
(2)  Le  9.3  avril. 


4  CHRONICON 

vas  fregerit.  Apud  Ravennam  et  Parmam,  civitates  Ita- 
liae,  in  agris  et  intra  moenia  sangiiis  pluit  juniomense. 
Idibus  etiam  iiovembris  (r)  in  suburbio  Antiochiae 
terra  noclu  dehiscens  turres  multas  et  adjacentes  mul- 
tas  domos  cum  habitatoribus  absorbuit. 

Balduinus,  rex  Jerusalem,  cum  Rogero  comite  An- 
tiochiae^a),  contra  Turcos  vadit;  sedRogero  cum  exer- 
citu  suo  juxta  quemdam  tluvium  residente ,  rex  cum 
suis  processit  (5),  ut  adventum  Turcorum  exploraret. 
Turci  vero,  inontem  quemdam  occupantes,  insidias 
per  quatuor  loca  collocaverunt,  singulis  insidiis  qua- 
tuor  millibus  equitum  deputatis,  a  quibus  ex  inspe- 
rato  rex  Balduinus  undique  interseptus,  mille  quin- 
genlis  suorum  interfectis,  miserabili  fuga  est  libera- 
tus.  Turci  coenobium  in  monte  Tabor  situm  funditus 
everlunt,  monachos  interficiunt,  et  omnia  ibi  diri- 
piunt. 

Eo  quoque  tempore  a  Conone  apostolicae  sedis  le- 
gato  tria  concilia  celebrata  sunt  in  Galliis,  primum 
Remis,  secundum  Belvaci ,  tertium  Catalaunis  (4). 

Ludovicus  rex  Franciae  (5)  obsidet  castrum  Gornaii 


(i)  Le  i5  novembre. 

(2)  Baudouin  I",  freie  de  Godefroi  de  Bouillon,  lui  succeda  l'an 
iioo,  et  regna  jusqu'en  1118.  —  Roger,  fils  de  Richard,  senechal  de 
l'Apouille,  et  gendre  de  Hugues  I",  comte  de  llethel,  gouvernait, 
en  iii4,  la  priacipaute  d'Antioche,  comme  tuteur  du  priuce  Boe- 
mond  II. 

(3)  Telle  est  la  lecon  de  notre  Ms.  et  du  n°  4918.  Les  autres  Mss.  et 
les  edit.  portent  prcvcessit. 

(4)  Concile  de  Heauvais,  le  6  decembre  iii4;  concile  de  Reims,  le 
28  mars  iii5  (1114  v.  s.);  concile  de  Chalons-sur-3Iarne,  le  12  juil- 
let  1 1 15.  Dans  ces  trois  conciles  on  excommunia  l'empereur  Henri  V. 

(5)  Louis  VI,  dit  le  Gros.  II  regna  depuis  1108  jusqu'a  lO^. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  5 

supra  Malronam  (i),  contra  Hugonem  de  Pumponna, 
dominum  Creciaci,  qui  rapinis  intentus  mercatorum 
[naves  per  fluvium  transeuntes  exspoliabat]  ,  et  apud 
Gornaium  spolia  deducebat.  Venit  autem  ad  auxiliura 
dicti  Hugonis  Guido  Rubeus,  dominus  de  Rupe-Forti, 
pater  ipsius  Hugonis,  et  comes  Campaniae  Theobal- 
dus  (2);  sed  rege  viriliter  decertante,  eos  ad  fugam 
compulit,  et  castrum  in  deditionem  accepit  atque 
Garlandensibus  (3)  coramisit. 

Ivo  Carnotensis  episcopus,  qui  librum  illum  com- 
pilavit  quem  Decreta  Ivonis  nominaiit,  obiit;  cui  suc- 
cessit  Gaufridus,  vir  vitae  venerabibs  (4). 

(i)  MaUniam,  4917,  49'8,  49i9- 

(2)  Thibaut  IV,  dit  le  Grand ,  comte  de  Blois ,  de  Chartres  et  de 
Brie  en  1 T02  ,  de  Chanipagne  ea  1 125 ,  luort  le  8  janvier  i  t52. 

(5)  Les  freres  Garlande  etaientalois  aii  nonibre  de  quatre,  en  sup- 
posant  que  Gilbert,  Taine,  fiit  mort  en  Orient,  oii  il  s'etait  distingue 
dans  la  premiere  croisade.  Cetaient  Anseau,  senechal,  a  qui  Louis-le- 
Gros  donna  la  seigneurie  de  Gournai-sur-3Iarne;  Guillaume,  qui  rem- 
placa  son  frere  dans  les  fonctlons  de  senechal  en  11 18;  Gilbert-le- 
Jeune,  seigneur  de  Garlande  et  de  Livri,  bouteiller  de  France  en  1126; 
enfin  Etienne,  eveque  de  Beauvais,  archidiacre  de  Paris  et  chanceher 
de  France  des  1108,  et  qui  remplit  aussi  a  son  tour  la  charge  de  se- 
nechal  apres  la  mort  de  son  frere  Guillaume.  Akselm.,  t.  V,  p.  i ,. 
5i  et  suiv.  Les  evenements  racontes  ici  par  notre  chroniqueur  sont 
exphques  dans  la  vie  de  Louis-le-Gros,  par  Suger.  Hi.st.  de  Fr.,  t.  XII, 
p.  22. 

(4)  Les  temoignages  ne  s'accordent  point  sur  l'epoque  de  la  niort 
d'Ives  de  Chartres.  Les  auteurs  de  VHisioire  litleraire  ont  adopte 
Topinion  de  JMabillon,  qui  la  rapporte  a  l'an  1116  (t.  X,  p.  ii3). 
Mais  GeofFroi  de  Leves,  son  successeur,  etait  certainement  eveque  de 
Chartres  au  commencement  de  cette  annee  ;  d'un  autre  cote  il  exisle 
une  charte  dlves,  datee  de  iii5.  II  faut  donc  s'en  rapporter  aux  ne- 
crologes  de  la  cathedrale  de  Chartres  et  de  Saint-Jean-en-Yallee,  qui 
fixent  la  mort  du  saint  prelat  au  10  des  kalendes  de  janvier  inS, 
c'est-a-dire  au  25  decemhre  1 1 15.  Gall.  Chrisf.,  t.  YIII,  col.  i  i5i  et 
suiv. 


6  CHRONICOiS 

MCXV. 

Circa  ideni  tempus,  Ludovicus  lex  Franciae  fuit  a 
vicinis  baronibus  suis  et  inilitibus  sic  arctatus  ,  quod 
ab  nrbe  Parisiiis  vix  secure  egredi  posset.  Tandem 
Dei  virlute  et  auxilio  beatorum  martyrum  Dionysii, 
Rustici  et  Eleutherii,  quod  semper  invocabat,  contra 
hostes  aniraatus,  Hugonem  de  Puisaco  in  Belsia ,  et 
comitem  Blesensem  Theobaldum  potentissime  subje- 
cit,  et  castriim  Puisaci  finiditus  evertit.  Odonem  Yero, 
comitem  CorboHensem ,  et  Hugonem  de  Creciaco, 
Guidonem  de  Rupe-Forti  comitem,  et  Thomara  de 
Marha  tyrannum  sibi  adversantes  perpetuo  exhere- 
davit,-  Hairaonem  etiam ,  dominum  Borbonis,  sup- 
peditans  munitiones  ejus;  et  omnium  praedictorum 
oppida  ad  suam  jurisdictionem  revocavit.  Cum  rege 
autem  Anglorum  Henrico  (i)  variis  et  diversis  tera- 
poribus  pugnans,  eum  saepe  mirabili  bello  perdo- 
muit. 

Lambertus  bonae  memoriae  Attrebatensis  episcopus 
obiit.  A  tempore  vero  sancti  Vedasti  usque  ad  istum, 
Attrebatensis  ecclesia,  proprio  viduata  praesule,  Came- 
racensi  episcopo  erat  subjecta. 

Coenobium  Clarevallis  fundatur  sub  primo  abbate 
sancto  Bernardo.  Clarevalbs  autem  iion  longe  est  a 
tUivio  Alba,-  quae  anti(juitus  fuit  spekmca  latronum, 
et  vallis  absintialis  dicebatur  propter  amaritudinem 
incidentium  in  latrones.  Eodem  tempore  monachi  ibi 
commjarantes  saepius  pulmentum  ex  foliis  fagi  sibi  con- 
ficiebant.  Panis  simibs  eral  illi  piophetico  ex  hordeo, 

(i)  Ilenri  I ,  dit  Beau-Clerc  et  le  Lion ,  lioisieme  fils  de  Guillaume- 
lc-Conqucrant,  sacrc  cn  aout  i  loo,  morf  Ir  i*"'  dcccmhrr  1 155. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  7 

milio  et  vicia,  et  raagis  terreus  quam  furfureus  vide- 
batur. 

Fundatur  etiam  coenobium  Pontigniaceiise. 

MCXVL 

Dum  quidam  sacerdos  missam  celebraret  in  Dolensi 
coenobio  ,  puer  in  loco  hostiae  super  altare  apparuit. 

Hoc  tempore  Norbertus,  Praemonstratensis  funda- 
tor  ordinis,  In  Lotharingia  natus ,  divitiis,  genere  et 
facundia  clarus,  succensus  divinofervore  et  presbyter 
ordinatus,  paupertatisChristi  tunica  induitur,  etnudus 
Christum  sequens,  verbumque  prcedicationis  ubique 
nudis  pedibus  spargens,  multos  ab  eirore  convertit. 

MCXVIL 

Anselmus  (i  >,  Laudunicae  ciTitalis  magister  nomi- 
natissimus,  litterarum  scienlia  clarus  obiit;  qui ,  inter 
caetera  opera  sua  ,  in  psalterio  glosas  marginales  et 
interlineares  ordinavit. 

Obiit  etiam  imperator  Graecorum  Alexius,  cui  suc- 
cessit  Johannes,  filius  ejus  (2). 
MCXVIIL 

Rex  Jerusalem  Balduinus  primus  moritur;  cui  suc- 
cessit  Balduinus  de  Burgo  (3)  ejus  consanguineus  , 
cornes  de  Roasa  civitale,  quae  olim  dicta  fuit  Edissa. 

Mense  januario ,  in  aliquibus  locis  terrae  motus  ac- 
cidit,  aJibi  cleraentior,  alibi  validior ;  adeo  ut  quarura- 
dam  urbium  partes  cum  ecclesiis  (4)  subruisse  dicatur. 

(i)  INotre  Ms.  seul  donnc  Anscliiiu.s.  Pour  la  vie  et  ies  ouvrages 
«FAnselme,  voy.  VHist.  litler.  de  la  Fr..  t.  X,  p.  170. 

(2)  Jcan  Comnene  succeda  a  son  pere  ,  Alexis  I""^,  le  i  5  aoiit  1 1 18. 

(5)  Baudouin  II,  du  Bourg,  fils  de  llugues  I",  comte  de  Ilelhcl , 
couronne  le  jour  de  Paques  dc  Tan  1 1 18,  mourut  lc  ii  aout  i  i5i. 

(4)  Cum  cccl.  mauquent  dans  lcs  edi!.  ct  dans  les  Mss. 


8  CHRONICON 

Mosa  etiam  fluviiis,  juxta  abbatiam  quae  dicitur  Sus- 
tula  (i),  quasi  pendens  in  aere,  fundum  suum  visus 
est  deseruisse.  Eodem  quoque  anno  Leodium  civitas 
muJtis  plagis  attrita  est.  Mense  enim  maio,  quinto 
nonas  ejusdem  (2)  ,  dum  in  majori  ecclesia  vesperas 
celebrant,  subito  tonitruus  cum  terrae  motu  omnes 
ad  terram  stravit  et  fulmen,  a  laeva  templi  ingressum, 
cortinis  altaris  exustis,  huc  illuc  desiliit.  Deinde  tur- 
rim  ingrediens,  multas  trabium  partes  discidit.  Sub- 
sequutus  est  foetor  intolerabilis,  adeo  ut  multo  aroma- 
tum  odore  vix  potuerit  expelli.  Item,  junio  mense, 
septimo  idus  ipsius  (5),  circa  horam  nonam,  nubes 
pluviae  subito  rapta  a  monte  qui  dicitur  Roberti ,  sub- 
jectam  sibi  partem  civitatis  penitus  oppressam  pessum- 
dedit,  adeo  ut  multas  domos  dirueret  et  iramensam 
annonam  perderet ;  mulierem  etiam ,  duos  infantes 
altrinsecus  in  brachiis  amplexatos  necaret ,  et  alios 
octo  homines  in  diversis  locis  opprimeret.  Pulsantibus 
vesperis  sabbato,  qusedam  mulier  dum  caput  lavat 
puero,  manus  rubent  sanguine  fluido(4).  In  kalendis 
etiam  julii,  circa  horam  sextam,  turbo  nimis  vehe- 
mens  et  obscurus  civitatem  operuit,  et  nubes  ex 
abrupto  scissa  ita  omne  tectum  ecclesiae  majoris  devi- 
cit,  ut  imbribus  pateret,  et  totum  pavimentum  per- 
funderet.  lllico  fulmen,  a  parte  aquilonis  ingrediens, 
quemdam  clericum,  retro  altare  sanctorum  Cosmae  et 


( i)  D'Achery  a  imprime  en  marge  Sustera ;  edit.  des  Hist.  de  France 
Sussera,  peut-etre  Susteren,  au  diocese  de  Liege. 

(2)  Le  3  mai. 

(3)  Le  7  juin. 

(4)  La  fm  do  cet  alinea  manque  dans  les  edit.  et  dans  les  Mss.  49' 7" 
4920.  » 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  9 

Damlani  in  pulpito  legentem,  alterum  ante  crucifixum 
orantem,  tercium  de  scriptorio  ecclesiae  proximo  egre- 
dientem,  in  ipso  ecclesise  ingressu  extinxit. 

Monstrum  quoddam  Namurci  natum  est,  cui  par 
iiumquara  vel  raro  visum  est,  videlicet  biceps  in- 
fantulus.  Hic  tam  sexu  duplex  quam  caeteris  (t)  ,  sim- 
plex  erat  compage  corporis. 

Tercio  decimo  kalendas  januarii  (2),  prima  hora 
noctis,  igneae  acies  a  septentrione  in  orientem  in  coelo 
apparuerunt ;  deinde  per  totum  coelum  sparsse ,  plu- 
rima  noctis  parte  videntibus  miraculo  et  stupori  fue- 
runt. 

Paschalis  papa  moritur ;  cui  succedit  Johannes , 
Romanae  ecclesiae  cancellarius  ,  et  appellatur  Gela- 
sius  (3).  At  imperator  Henricus,  quia  electioni  non 
interfuerat,  Hispanum  quemdam,  nomine  Burdinum, 
ei  superordinavit,  Gelasius  autem  papa  ,  cum  a  sancta 
sede  imperatoris  et  Romanorum  tyrannide  arceretur, 
ad  tutelam  et  protectionem  Ludovici  regis  Franciae  et 
Gallicanae  ecclesiae  compassionem  ,  sicut  antiquitus 
consueverunt  antecessores  sui  Romani  pontifices,  con- 
fugit,  indicto  Remis  concilio. 

[Hoc  tempore  fundata  est  abbatia  Pruliaci  a  Theo- 
baldo,  comite  Campaniae,  et  Adela,  matre  sua ,  filia 


(i)  Les  edit.  et  les  Mss.  49'7»  18  et  19  donnent  cceteri. 

(2)  Le  20  decembre. 

(3)  Edit.  et  Mss.  4917-20.  Paschali  papa  defuiicto,  Gelasius  secun- 
dus ,  romancB  ecclesice  centesimus  sexagesimus  secundus  papa  prce- 
sidet.  II  nous  suffira  d'avertir  une  fois  pour  toutes  que  telle  est  la 
formule  constamment  cmployee  dans  les  Mss.  4917-20  et  dans  les 
editions  precedentes,  pour  annoncer  la  mort  d'un  pape  et  l'election  4g 
son  successeur. 


10  CHRONICON 

Guillermi  Nollii,  quae  nupsit  Stephano,   eomiti  Car- 

notensi.]  (i) 

MCXIX. 

Gelasius  papa  Cluniaci  moritur  et  ibidem  sepelitur; 
cui  successit  Guido,  Viennensis  archiepiscopus,  Ste- 
phani  comitis  Burgundiae  germanus,  et  Chmiaci  bene- 
dicitur  (2)  atque  Calixtus  [secundus]  \ocatur.  Hic 
concilium  a  praedecessore  suo  Remis  indictum  cele- 
bravit,  ubi  excommunicati  sunt  simoniaci  et  pro  se- 
pultura,  chrismate  vel  baptismo  pretium  exigentes; 
ibique  uxorum  et  concubinarum  contubernia  presby- 
teris,  diaconis ,  subdiaconis  sunt  penitus  interdicta. 
Dum  autera  pro  reconciliatione  imperatoris  et  eccle- 
sise  ibidem  cum  legatis  imperatoris  tractaret  nec  pro- 
fecisset,  CaHxtus  papa  ipsum  iraperatorem  cum  suis 
fautoribus  excomraunicavit. 

Tiinc  Balduinus,  comes  Flandriee,  Cabxti  papae  de 
sorore  Clementia  (5)  nepos  ,  volens  Guillermum, 
filium  Roberti  ducis  Normannise,  a  Henrico  rege  An- 
gliaecaptivatum,  in  heredilatem  patris  inslituere,  post 
occupatam  magnam  Normanniae  partem  ,  in  capite 
vulneratus  [a  militibus  Angliae  regis],  occubuit;  cui 


(i)  Cct  alinea  n'est  donne  qne  par  le  JMs.  de  Citeaux. 

(2)  Les  inots  ct  Cl  b.  manquent  dans  les  Mss.  49>8  et  4919  et  dans 
lcs  edit. 

(3)  Clementia  manque  dans  les  Mss.  et  dans  les  edit.  Le  Ms  49^9 
porte  ex  uxorc  ncpos ,  ce  qui  est  une  faute,  il  faudrait  ex  malre. 
Clemence,  fdle  de  Guillaume-le-Grand,  comtc  dc  Bourgogne  ,  et  soeur 
du  papc  Calixtc,  cut  de  son  prcraier  mari ,  Robert  II,  comte  dc 
Flandre,  mort  cn  1 1 1 1 ,  trois  fils,  dont  deux,  Guillaume  et  Philijipc, 
inoururent  en  bas-agc  avant  lcur  perc.  Lc  troisieme,  Bandouin-a-la- 
Hache,  ou  Hapkin,  prit  le  comte  dc  Flandre  enu  1 1 1 . 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  11 

consobrinus  ejus  Karolus,  Canuti  (i ;  regis  Danorum 
filius,  in  comitatu  successit.  Guillermus  vero ,  filius 
Roberti  ducis  Normanniae,  duxit  in  uxorem  sororem 
uxoris  Ludovici  regis  Franciee,  concessa  ei  Flandria 
post  obitum  Karoli  comitis  (2). 

MCXX. 

Ordo  Praemonstratensis  incoepit ;  cujus  loci  et  ordi- 
nis  fundator  extitit  vir  Dei  Norbertus.  Eodem  etiam 
tempore  sumpsit  exordium  ordo  militipe  templi  sub 
Hugone  (3),  magistro  eorum. 

Apud  Vizeliacum,  in  vigilia  beatse  Mariee  Magda- 
lente  (4),  incertum  quo  Dei  judicio,  innumeral^les 
promiscui  sexus  et  eetatis  alque  ordinis,  in  ipso  noctis 
et  diei  crepusculo,  ecclesia  subito  conflagrante,  com- 
busti  sunt. 

[Guillermus  et  Richardus,  filii  Henrici  regis  An- 
glorum,  et  filia  ipsius  regis  et  neptis,  necnon  multi 
proceres  et  nobiles  Angliae,  volentes  de  Normannia 
transire,  in  mari  submersi  sunt,  cum  mare  esset  tran- 
quillissimum  et  ventis  careret.  Qui  omnes  fere  sodo- 
mitica  labe  dicebantur  et  erant  irretiti ,  et  omnes  fere 
sepultura  caruerunt.]  (5) 

(i)  Mss.  49'7?  4918  Cunuti ;  4919  Comiti ;  4920  Cuniti- 
{1)  Guillaumc  Cliton ,  fils  de  Kobert  Courteheuse,  duc  de  Nor- 
niandie,  epousa,  lan  1 1-27,  Jeanne,  filie  dc  Rainier,  marquis  de  Mont- 
ferrat,  soeur  d'Adelaide,  femmedeLoiiis-Ie-Gros,  et,  par  rentremise 
de  ce  monarque,  fut  elu  comte  de  Flandre  apres  la  mort  de  Charles- 
le-Bon,  arrivec  !e  2  marsde  la  memeannec.  Voy.  ci-dessousal'an  i  i'i']- 
(5)  Hugue  de  Payens,  de  la  maison  dcs  comtes  de  Cliampagnc.  11 
mourut  en  1 156. 

(4)  Le  21  juillet. 

(5)  Telte  cst  la  lecon  des  edit.  confirmcc  par  les  Mss  49'7-2o.  Aous 
1  avons  preferee  a  cellc  du  Ms.  10298-6,  qui  est  beaucoup  plus  abrc- 


12  CHRONICON 

Papa  vero  Callxtus,  post  concilium  Reraense,  Ro- 
mam  proficiscens ,  ab  omni  senatu  et  populo  gloriose 
suscipitur.  Nec  multam  fecerat  in  secle  morara,  cum 
Romani,  ejus  tam  nobilitati  quam  liberalitati  faventes, 
Burdinum  schismaticumetantipapam,apudSuccam(j) 
sedentem,  et  ad  limina  Apostolorum  transeuntes  cle- 
ricos  genuflectere  compellentem,  expugnatum  tenue- 
runt.  Quem  crudis  et  sanguinolentis  peilibus  caprinis 
amictum  per  medium  civitatis  conducentes ,  impe- 
rante  domino  papa  Calixto,  perpetuo  carcere  in  mon- 
tanis  Campaniae  captivatum  damnaverunt,  et  ad  tantae 
ultionis  memoriae  conservationem,  in  camera  palatii 
sub  pedibus  domini  Papae  conculcatum  depinxerunt. 

MCXXI. 

[Henricus  rex  Angliae  duxit  Aelidem  filiam  ducis 
Lovaniae  uxorem,  propter  pulchritudinem  suam,  erat 
enim  pulchra  valde.] 

Eodem  anno  fundatur  abbatia  Oratorli  in  episco- 
patu  Andegavensi,  a  Fulcone  comite  Andegavensi  (2) 
et  Eremburge  ejus  uxore. 

MCXXII. 

Hoc  tempore  Autissiodorensem  regebat  ecclesiam 
dominus  Hugo,  sancti  Gerraani  Autissiodorensis  pius 


gee;  la  voici  :  Guillcrmus ,  Henrici  regis  Anglorum  filius ,  votens 
transire  in  Angliam,  cum  multis  nohilibus  in  mari  submersus  est. 

(i)  Edit.,  Surrentum ;  Mss.  49^7  et  49^0,  Surdam;  4918,  4919»  Sur- 
tam ;  la  Chron.  de  Saint-Denis,  Sutre ;  Bernard  Guidonis,  Sutrium. 

(2)  Foulque  V,  dit  le  Jeune  ,  conite  d'Anjou  en  i  log,  roi  de  Jeru- 
salem  en  ii5i,  mort  le  i5  novembrc  1 144-  Ce  fut  au  retour  d'un 
preuiier  voyage  a  la  Terre-Sainte  qu'il  fonda,  le  4  seplembre  1121, 
rabbaye  dc  Notre-Dame  de  Loroux  dans  lc  dioccse  (VAngers. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  13 

abbas,  sancti  Hugoiiis  Ciuniacensis  nepos,  vir  virtu- 
tum  suarum  insignis  et  perpctuo  venerandus. 

Sugerius  sancti  Dionysii  monachus ,  Scriplurarum 
scientia  clarus,  solummodo  ad  diaconatus  ordinem 
promotus ,  mittitur  a  rege  Franciae  Ludovico,  pro 
regni  negotiis,  ad  curiam  Romanam.  Qui  dum  esset 
in  regressu,  abbate  suo  Adam  deluncto,  eligitur  in 
abbatem,  et,  prsesenterege,  dum  rediisset,  primo  pres- 
byter  ordinatus,  a  Bituricensi  archiepiscopo  in  eccle- 
sia  sancti  Dionysii  est  benedictus. 

MCXXIH. 

Romae,  sub  Calixto  papa,  celebratum  est  concilium 
trecentorum  aut  amplius  episcoporum;  in  quo  pax 
inter  regnum  et  sacerdotium,  de  querela  investitura- 
rum  episcopalium,  reformatur,  et  ibi  cassatur  privile- 
gium  quod  Henricus  imperator  extorserat  a  domino 
Paschali  papa  de  investituris,  ac  perenni  anathemate 
in  irritum  reducitur. 

In  ecclesia  sancti  Dionysii,  Parisiensis  diocesis,  re- 
formatur  religio  per  industriam  et  bonum  propositum 
Sugerii,  ejusdem  loci  abbatis.  Nam,  per  negligentiam 
abbatum  et  quorumdam  illius  ecclesiae  monachorum, 
regularis  institutio  ita  ab  eodem  loco  abjecta  erat,  quod 
vix  speciem  vel  habitum  (i)  religionis  praetendebant 
monachi. 

Damberto  (2)  Senonensi  archiepiscopo  defuncto, 
successit  Henricus  cognomento  Aper. 


(i)  Ce  mots  vel  habitum  ne  sont  donnes  que  par  le  Ms.  10298-6. 
(2)  Telle  est  rorthographe  de  ce  nom  dans  tous  ies  Mss.,  les  edit. 
T^ortexit  Dainberto ;  le  Gall.  Christ.  1'ecrit  Daimbertus. 


14  CHKONICON 

CombusLta  est  ecclesia  beati  Martinl  [Turoneiisis}  et 
castrurn  per  guerram  clericorum  et  biirgensium. 

MCXXIV. 

Obiit  Calixtus  papa,  cui  successit  Lamberlus  Ostien- 
sis  episcopus  (i),  et  Honorius  [secundus]  vocatur. 

Fulco  comes  Andegavis  Monsteriolum  castrum  su- 
per  Girardum  Berloi  (2)  obsessum  capit. 

Balduinus  rex  Jerosolimorum  Sarracenis  prseventus 
capitur;  sed ,  post  diutinam  captivitatem,  data  pecu- 
nia  relaxatur. 

Henricus  imperator,  collecto  longo  animi  rancore 
contra  regem  Franciee  Liidovicum,  eo  quod  in  regno 
ejus  Remis  in  concilio  domini  Calixti  papae  anathe- 
mate  innodatus  fuent,  congregata  exercitus  multitu- 
dine  [ingenti],  Franciam  invadere  disposuit,  proponens 
ense  Remensem  destruere  civitatem.  Sed  Ludovico 
Francorum  rege  in  occursum  ejus,  cum  copioso  exer- 
citu,  veniente,  timens  [imperator]  Francorum  auda- 
ciam  ct  probitatem  tam  cito  [ad  propria]  remeavit. 
Quo  Franci  comperto,  sola  archiepiscoporum  et  epi- 
scoporum  ac  religiosorum  prece  virorum,  a  terrae  im- 
peratoris  devastatione  vix  se  continere  valuerunt  (5). 

MCXXV. 

Hiems  gelu  solito  acerbior,  et  aggestu  nivis  ssepius 
decidentis   nimis   horrida   et   importuna   fuit.    Multi 


(i)  LesmotsZ.  O.  e.  inanquentdans  les  edit.  et  dans  lcs  Mss  4917-20. 

(2)  Telle  est  la  lccon  des  Mss.  491^»  49'9;  Ms.  49'7»  Berhoi;  4920, 
^erio/;  edit.,  Bevlay. 

(5)  Lcs  edit.  et  ies  autres  Mss.  portent  (lw>  Fraiicariun  re.x  com- 
jjertn.  . .  va/iiit. 


GUTLLELMI  DE  NANGIACO.  15 

enlm  pauperum  infantes  et  mulieres  nimietate  frigoris 
defecerunt.  In  multis  vivariis  pisces  absorpti  sub  gla- 
cie  perierunt;  glacies  enim  adeo  spissa  erat  et  valida, 
ut  vehicula  onusta  super  eam  ducerentur,  et  quasi 
super  solum  equitaretur.  In  Brabanto  anguillae  innu- 
merabiles,  propter  glaciem  a  suis  paludibus  exeuntes, 
quod  dictu  mirum  est ,  in  fenilibus  fugientes  latue- 
runt;  sed  ibi  prae  nimielate  frigoris  deficientes  com- 
putruerunt.  Mortalitas  quoque  animalium  maxima 
fuit.  Hierai  successit  intemperies  aeris  nunc  nive  , 
nunc  pluvia,  nunc  gelu  allernatim  satis  noxia  usque 
ad  medium  martii;  postea  vix  tandem  arbores  florue- 
runt  maio  mense,  vix  etiam  terra  hcrbarum  et  gra- 
minum  reviguit  virore.  Imber  vero  postmodum  sin- 
gulis  raensibus  assidue  deciduus ,  sata  agrorum  pene 
absorpsit;  nam  siligo  etavenae  provectus  sui  fructum 
satis  sunt  ementitee.  Multi  quoque  sacro  igne  adu- 
runtur. 

Tyrus  a  Christianis  terra  et  mari  obsessa  capitur,  et 
Christi  iraperio  subjugatur. 

Fames  quoque  magna  regnum  Franciae  devastavit. 

MCXXVI. 
In  Hispania  ignobilis  muliercula  monstrum  bisge- 
mini  corporis  est  enixa  ,  aversis  vultibus  et  corporibus 
sibi  cohjerens.  Ante  quidem  effigies  hominis  integro 
corporis  membrorumque  ordine  distincta;  retro  vero 
facies  canis,  similiter  corporis  et  membrorum  pro- 
prietate  integra.  In  Brabanto,  villa  Nerisca  (i),  alia 
mulier  enixa  est  quatuor  masculos  unopartu. 


(i)D'Acli.  etLa  B.,  Norirca;  Hist.  de  Fr.  etMss.  4917,  49>8,  49^9^ 
Noriscn;  4920,  Morisca. 


16  CHRONICON 

Henricus  imperator  poeiiitentia  ductus ,  reliqult 
imperium  et  ab  hominum  noticia  sublalus,  nec  postea 
visus  est  vel  cognitus.  Tamen  quidam  dixerunt  quod 
apud  Andegavis,  in  hospitali  pauperum  visus,  et  per 
confessionem  ab  uxore  sua  cognitus,  raortuus  et  se- 
pultus  est.  Alibi  vero  legitur  quod  Pentecostem  cele- 
braturus  veniens  apud  Ultrajectum,  morbo  dracun- 
culi,  qui  sibi  erat  nativus,  periit  (i).  Cujus  corpus , 
ejectis  intestinis,  sale  respersum,  Spirae  delatum  est. 
Imperatore  itaque  perdito,  Mathildis  imperatrix,  uxor 
ejus,  carens  liberis,  ad  Henricum  patrem  suum,  regem 
Angliae,  est  reversa. 

Florebat  tunc  temporis  Hugo  sancti  Victoris  Pari- 
siensis  canonicus,  religione  et  scientia  clarus,  et  in 
septem  liberalium  artium  peritia  nulli  sui  temporis 
secundus.  Qui,  inter  multa  quee  utiliter  scripsit,  etiam 
librum  de  sacramentis  valde  necessarium,  duobus  vo- 
luminibus  comprehensum,  edidit  (2). 

Defuncto  sive  amisso,  ut  superius  dlctum  est,  Hen- 
rico  imperatore  et  principibus  quibusdam  de  Suavia 
et  Alemannia,  Corrardum  (5),  nepotem  Henrici  im- 


(i)  Henri  V  mourut  a  Utrecht  le  23  niai  de  Tan  ii25,  laissant 
veuve  sans  enfants  rimperatrice  Mathilde,  fiile  de  Henri  I*',  roi  d'An- 
gleterre. 

(2)  Sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Ilugues  de  S.  Viclor,  voy.  YHist. 
litter.  de  la  Fr.,  t.  XII,  p.  i. 

(5)  Ce  niot  est  toujours  ecrit  dans  les  edit.  et  dans  les  autres  Mss., 
tantot  Conradum ,  tantot  Conrardum.  Conrad,  duc  de  Franconie  et 
de  la  Francc  rhenane,  ne  regna  tju'aprcs  Lolhaire ,  duc  de  Saxe,  ehi 
le  5o  aoiit  1 125,  et  mort  en  decemhre  i  iS^.  —  La  date  de  i'election  de 
Lothaire  nous  a  decide  a  laisser  cet  alinea  a  l'annee  1 126  comme  dans 
les  editions  precedentes,  quoique,  dans  le  Ms.  10298-6,  il  soit  place 
au  comniencement  de  Tan  1127. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  17 

peratoris,  in  regnum  sublimare  voleiitibus,  alii  Liutlie- 
rium  Saxoniae  ducem,  virum  consilii  et  bellicosum, 
in  regera  provehunt. 

MCXXVII. 

In  Syria,  exercitus  Christianorum  bis  congressus 
est  Sarracenis,  In  prirao  praelio  de  paganis  ceciderunt 
duo  raillia  quingenti,  de  Christianis  solnmmodo  quin- 
decim.  In  secundo  autem  non  incruentam  victoriam 
habuerunt  Christiani  ;  sed  quamvis  plurima  eorum 
[pars  perierit,  tamen,  auxillo  Dei  revigorati  ,  absque 
iiumero  hostes]  contriverunt  et  vicerunt. 

Norbertus,  Praemonstratensis  fundator  et  primus 
abbas,  in  archiepiscopum  Parthenopolitanae  civitatis, 
id  est  Magedeburch  (i),  eligitur. 

Karolus  comes  Flandriae,  regis  Danorum  filius,  qui 
jure  consanguinitatis  successerat  Balduino  Jerosoli- 
mitani  Roberti  fdio,  dum  apudBrugas,  diebus  Qua- 
dragesimae  ,  in  ecclesia  sancti  Donatiani  martyris  mis- 
sam  audiret,  a  Buchardo,  Brugensis  ecclesiae  pr.nppo- 
sito  (2),  sub  proditione  occiditur.  Quod  scelus  a 
Ludovico  rege  Franciae  citius  et  viriliter  vindicatur, 


(i)  Dans  les  deux  preniieres  edit.,  Madegcburch. 

(2)  Dans  les  Mss.  4917-20  et  dans  les  edit.  precedentes,  on  lit  :  a 
Buchardo  nepotc  Buchardi  Brugensis  ecclcsice  prcepositi.  Les  deux 
iecons  peuvent  egalenient  etre  admises.  Bouchard ,  neveu  du  prevot 
de  Bruges,  avait  contre  Cliarles-le-Bon  des  niotifs  particuliers  de  haine 
et  de  vengeance.  Ce  fut  en  effet  Tun  des  chefs  des  conjures,  et,  au 
rapportde  Suger  (Yie  de  Louis-le-Gros,  Hist.  de  Fr.,  t.  XII,  p.  54.}, 
celui  qui  d'un  coup  d'epee  abattitla  tete  du  conite.  Maisle  prevotlui- 
menie  fut  lame  de  la  conjuration,  seulement  le  nom  de  ce  prevot  est 
defigure  dans  tous  les  Mss.  de  notre  Chronique;  il  se  nomniait  Ber- 
tulphe.  Galbert,  Yie  deCharles-le-Bon,  dans  les  Bolland.,  mars,  1. 1, 
p.  179  et  suiv.,  ch.  2,  5  et  4- 

I.  2 


18  CHRONICON 

[nam  diversis  cruciatibus  omnes  proditores  Karoli 
occisores  permulctavit].  Cui  in  comitatuFlandriae  suc- 
cessit,  electione  principum  (i)  et  auxilio  regis  Fran- 
corum  Ludovici ,  Guillermus ,  filius  Roberti  ducis 
Normannise,  quem  patruus  suus  Henricus  rex  An- 
gliae,  palre  ejus  incarcerato,  exheredaverat  (2).  Qui 
Henricus  rex  AiJgliae,  adversus  dictum  Guillermum 
[nepotem  suum]  principes  Flandriae  suscitans,  fecit 
per  ipsos  Theodericum,  consobrinum  Karoli  de  Alsa- 
tia ,  contra  eum  accersiri  :  quo  (5)  Guillermo  post 
bienniummortuo,  Theodericum  ad  principatum  Flan- 
driae  provehunt  (4). 

Obiit  Gilebertus  Turonensis  archiepiscopus,  cui 
successitHildebrannus  (5),  prius  Cenomanensis  episco- 
pus,  in  versificandi  et  dictandi  scientia  clarus,  de  quo 
quidam  ait  : 

Inclytus  et  prosa,  versuque  per  omnia  primus , 
Hildebrannus  olet  prorsus  ubique  (6)  rosam. 

MCXXVIII. 

Multi  in  regno  Franciae  [sacro]  igne  accensi  sunt, 
qui,  convenientes  Suessionis  in  ecclesia  beatae  Dei  ge- 
nitricis  Mariae,  sanati  fuerunt  meritis  et  precibus  ipsius 
sacratissimae  virginis. 

Lauduni,  in  ecclesia  sancti  Johannis,  consilio  regis 
Franciae   Ludovici   et   principum ,    monialibus    quae 

( I }  Les  mots  eleclione principum  ne  sont  donnes  que  par  le  Ms.  1 0^98-6. 

(2)  Voy.  ci-dessus,  p.  10,  11,  et  not. 

(3)  La  fin  de  cet  alinea  ne  se  trouve  aussi  que  dans  notre  Ms. 

(4)  Thierri   d'Alsace  demeuia   paisible  possesseur  du   comte  de 
Flandre,  par  la  mort  dc  Guillaume  Cliton,  survenue  le  27  juillet  1 128. 

(5)  Vulgo  Hildcbcrlus.  (Note  de  d'Achery.j 
((3)  Ms.  49'yi  ulif/iie. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  i<) 

infames  erant  ejeclis,  in  loco  ipsarum  monachi  sub- 
stituti  sunt;  ubi  Drogo,  religione  et  facundia  vene- 
rabilis,  a  Bartholomaeo  [Laudunensi]  episcopo  primus 
abbas  ordinatur,  qui  postmodum  a  papa  Iiniocentio 
secundo  Romae  Ostiensis  episcopus  cardinaJis  conse- 
cratur. 

Fulco  comes  Andegavis,  relinquens  comitatum  An- 
degavensem  Gaufrido  filio  suo  ct  in  Syriam  proficis- 
cens,  accepit  in  uxorem  Milisandem  primogenitam 
filiam  Balduini  regis  Jerusalem. 

Ludovicus  rex  Francorum  contra  Thomam  de 
Marla  (i)  dominum  Couciaci  (2)  movet  exercitum. 
Cui  occurrens  in  auxilium  Radulphus  conies  Viro- 
raandorum,  et  conilictum  habens  cum  dicto  Thoma, 
ipsum  sauciumad  mortem  Ludovico  regi  reddidit;  qui 
post  paululum,  divinae  expers  Eucharisliae,  spiritum. 
nequiter  exhalavit.  [Hic  enim  ecclesias  illius  patriae 
graviter  infestaverat,  et  mercatores  transeuntes  bonis 
suis  spoliabat.]  (5) 

MCXXIX. 

Norbertus  archiepiscopus,  apud  Magedeburch  in 
ecclesia  sanctae  Mariae,  remotis  canonicis  saecularibus, 
fratres  Praemonstratensis  ordinis  coUocavit. 

Philippus  primogenilus  Ludovici  regis  Francorum 


(i)  Telleest  la  lecon  adoptee  par  tousles  cditeurs.  Les  Mss.  10298-6 
614917  portent  de  Mar<^a:  4918,  4919,  ^g^^o,  de  Marna. 

(2)  Les  autres  Mss.  et  les  edit.,  Cociaci- 

(3)  Mss.  4919  et  4920,  bonis  suis  et  mercibus  spoliaverat.  Pour  la 
vie  de  Thomas  de  Marle,  voir  Suger,  Yie  de  Lbuis-le-Gros,  Hist.  dc 
Fr.,  t.  XII,  p.  56;  VHistoirc  dc  la  niaison  de  Coucy,  par  A.  Duchesnk; 
VHistoire  des  comtes  d'Jmiens,  par  Du  Cange,  liv.  iv,  cb,  i  ct  1. 


20  CHRONICON 

filius  Reniis  in  regem  ungilur  die  Paschae,   patre  [et 

rege  Angliae  Henrico]  prsesentibus  (i). 

[Theodericus  de  Alsatia  in  Flandrias  adveniens ,  et 
suasu  regis  Angliae  Henrici  quosdam  Flandrensium 
secum  habens,  Flandrins  contra  Guillermum  comitem 
calumniavit;  cui  Guillermus  comes  aciebus  dispositis 
occurrens  et  viriliter  decertans,  dum  pene  adnihilatis 
hostibus  castrum  in  quo  latebant  reddi  deberet,  ipse 
Guillermus  comes  inclytus  saucialus  in  manu  a  praelio 
recedens  satis  cito  mortuus  est,  cui  successit  idem 
Theodericus]  (2). 

Moniales  quaedam  infames  de  ecclesia  beatae  Mariae 
de  Argentolio  expelluntur,  et  ecclesia  ,  quae  prius 
fuerat  ecclesise  beati  Dionysii ,  ad  jus  et  projirietatem 
dicti  sancti  Dionysii  per  iudustriam  Sugerii  abbatis 
revocatur,  et  substituuntur  ibidem  monachi  de  ecclesia 
beati  Dionysii.  Ecclesia  Ursicampi  juxta  Noviomum 
et  abbatia  Vallis-lucentis  fundantur. 

Mathildis  imperatrix,  filia  regis  Angli.-e  Henrici,  data 
est  uxor  Gaufrido  (5)  comiti  Andegavensi ,  de  qua 
genuit  Henricum  qui  postea  fuit  rex  Angliae,  et 
Guillermum  Longam  spatam,  atque  Gaufridum  Plan- 
tegeneste,  qui  filiam  Conani  comitis  JBritanniae  cum 
comitatu  accepit  uxorem. 


(i)  Ce  jeune  prince  etait  ne  le  29  aout  11 16,  il  mourut  a  Tage  de 
quinze  ans,  le  3o  octobre  ii5i.  "Voy.  plus  bas  p.  22 

(2)  Ces  evenements,  dans  le  Ms.  10298-6,  sont  racontes  en  deux 
raots  aTannee  1127.  Voy.  ci-dessus  p.  18. 

(5)  Ce  nom,  qui  manque  dans  les  deux  premieres  edit.,  est  aussi 
donne  par  le  Ms.  4917-  GeofTroi  V,  Plantagenct,  fils  de  Foulques-le- 
Jeune,  avait  epouse  Matbilde,  le  22  mai  1 127.  Voir  la  preface  du  t.  XIII 
des  Jlist.  clc  Fr  c\  la  BihUnth.  dc  1'Ecole  dcs  Chartes,  tom.  I,  p.  544- 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  21 

MCXXX. 

Honorio  papa  mortuo,  Gregorius  cardinalis  et  Pe- 
trus  Leonis  ad  papatum  eliguntur  ;  Gregorius  "vero 
Innocentii  secundi  et  Petrus  Anacleti  nomiiie  alteran- 
tur  [et  gravi  schismate  Romana  ecclesia  conturbatur]; 
sed  Petro,  ob  parentelae  suae  fortitudinera,  apud  Sanc- 
tum-Petrum  commorante,  Innocentius  Roma  egres- 
sus  Gallias  venit.  Convocato  interim  apud  Stampas , 
per  regem  Franciae  Ludovicum  et  ecclesiam  Gallica- 
nam  concilio,  sanctus  Bernardus  [Clarevallis  abbas] 
Innocentium  suscipi  persuasit,  quem  postmodum  Au- 
relianis  lionorifice  suscepit  rex  Franciee  Ludovicus. 
Inde  Carnotum  deductus  est  a  Gaufrido  Carnotensi 
episcopo,  magnarum  virtutum  viro,  ubi  occurrit  ei 
Henricus  rex  Anglorum  [cum  honore].  Visitando  ita- 
que  Gallicauam  ecclesiam ,  sicul  res  exigebat,  ad  par- 
tes  se  transtulit  Lotharingorum.  Cui,  apud  Leodium, 
Liutherius  imperator,  cum  magna  archiepiscoporum  , 
episcoporum  et  optimatum  regni  Theutonici  [comi- 
tiva]  occurrens,  et  huraillime  se  ipsum  stratorem  (i) 
ofFerens,  pedes  per  medium  sanctae  processionis,  una 
manu  virgam  ad  defendendum ,  alia  frenura  albi  equi 
accipiens,  tamquam  dominum  ad  episcopalera  eccle- 
siam  sic  perduxit.  Descendente  vero  tota  statione  eura 
suppodiando  deportans ,  celsitudinem  paternitatis  ejus 
notis  et  ignotis  clarificavit.  Exindeque  in  Franciam 
[papa]  rediens,  apud  .sanctum  Dionysium  diem  Pas- 
chae  celebravit. 

Coenobium  apud  Bellum  Montem  fundatur  sub  ab- 

(i)  Les  Mss.  4917»  49'8  et  4919  «lonnent  slaturum  ou  stralurum . 
qui  n'ont  pas  de  sens. 


2-2  CHRONICON 

bate  piimo  Alexandro  per  Roliertum  de  Candos  (i), 
supia  Mortuum  Mare. 

MCXXXI. 
Philippus  puer,  regis  Francise  Ludovici  filius,  nuper 
in  regem  Francorum  unctus,  dum  in  civitate  Pari- 
sius  equo  vehitur,  porcus  equi  pedibus  se  forte  submit- 
tens,  equum  super  ipsum  praecipitem  dedit  [capite 
ejus  ad  pavimentum  illiso] ,  et  de  ejus  subita  et  mise- 
randa  morte  Francis  luctum  induxit.  Corpus  vero  ejus 
in  ecclesia  beati  Dionysii  est  sepultum.  Infensus  enim 
erat  circa  idem  tempus  [sicut  invenitur  in  vita  sancti 
Bernardi  Clarevallis]  (2) ,  rex  Franciae  Ludovicus 
[pater  ejus]  quibusdam  episcopis  regni  sui ,  suisque 
eos  civilatibus  et  sedibus  exturbarat.  Pro  quorum  pace 
reformanda  sanctus  Bernardus  plures  epistolas  (3) 
regi  mittens  nihil  profecit.  Accidit  autem  [postea]  ut 
praesente  sancto  viro  Bernardo  episcopi  multi,  regis 
indignationem  flectere  cupientes,  tota  humibtate  pro- 
strati  .solotenus  ejus  tenerent  vestigia  et  nec  sic  gratiam 
obtinerenl.  Qua  ex  re  vir  Dei  Bernardus,  animosa  reli- 
giositate  permotus,  altera  die  regem  durius  increpans 
quod  sprevisset  Domini  sacerdotes,  libereeidemdenun- 
tiavit  quod  eadem  nocte  sibi  fuerat  revelatum  ;  «  Haec, 

(t)  Telle  est  aussi  la  lecon  des  Mss,  4917»  49'8,  49'9;  Mss.  4920, 
de  Cando ;  edit.,  de  Candes.  Les  trois  mots  supra  Mortuum  Mare 
manquent  dans  les  Mss.  49'7-2o,  Voy.  plus  bas  a  1'annee  i  07. 

(q)  Voy.  Bolland.,  aout,  t.  IV,  p.  So^. 

(3)  Tous  les  autres  Mss.  et  les  edit.  portent  cpiscopos ,  lecon  vicieuse. 
( )n  lit  dans  la  Vic  de  saini  Bernard,  par  Geoflroi ,  abbe  de  Clairvaux  : 
Injensus  aliquando  rex  Francorum  senior  Ludovicus  quibusdam  sui 
regni  episcopis ,  suis  eos  sedibus  et  civitatibus  cxturbavit.  Unde 
ctiam  hic  vir  reverendus  [Bernardus]  phircs  scripsit  epistolns ,  pro 
Lorumpace  laborans  ,  ( lc  ,  liolland.,  I.  c. 


GTJILLELMI  DE  NANGIACO.  23 

«  inqult,  olistinatio  priraogeniti  tui  Philippi  raorte 
«  mulctabitur  »  ;  quod  ita  accidit  sicut  patet  superius. 

Synodus  magna  Remis  celebralur  a  papa  Innocentio 
secundo,  in  qua  multisad  honorem  Dei  dispositis,  do- 
minus  Innocentius  Ludovicum  (i)  [alterum  Ludovici 
regis  Francorum  filium],  pro  Philippo  fiatre,  quem 
de  equo  ejectum  porcus  occiderat,  vivente  adhuc  patre 
coronavit  in  regem. 

Ecclesia  sancti  Medardi,  Suessionis,  ab  Innocentio 
papa  consecratur. 

Balduinus  de  Burgo,  rex  Jerusalem  obiit,  cui  suc- 
cessit  Fulco  [comes  Andegavis]  gener  ejus  (2). 

MCXXXII. 
Obiit  vir  sanctus  Hugo,  Gratianopolitanus  episco- 
pus ,  cujus  religiosam  admodum  vitam  conscripsit 
Gigo  (5)  prior  Cartusiae.  Eratque  circa  [haec]  tempora 
pulchraacdecora  faciesEcclesiae,  diversorum  ordinum 
ac  professionum  circumdata  varietate  ,  dum  hinc  Clu- 
niacenses  et  Cistercienses  monachi,  inde  Praemon- 
stralenses  [et  regulares  Canonici,  ac  etiam  diversi  ha- 
bitus  et  professionis]  moniales  et  mulieres  Deo  devotae 
in  continentia  et  paupertate  sub  obedientiae  jugo  regu- 
lariter  viventes,  fervore  religionis  se  invicem  provo- 
carent,  et  nova  certatim  in  diversis  locis  monasteria 
fundarent.  Cum  his  etiam  monachi  Cartusienses  et  ipsi 
paulatim  [per  Gallias  maxime]  pullulabant.  Qui,  prae 
caeteris  continentes,  pesti  avaritiae,  qua  plurimos  sub 
religionis  habitu  laborare  videmus ,  terminos  posue- 


(i)  Depuis  roi  sous  le  nom  de  Louis  YII,  dit  le  Jeune. 

(2)  Voy.  ci-dessus,  p.  12,  not.  2  et  p.  19,  annee  11 28. 

(3)  Edit.,  Guigo ;  tous  les  Mss.,  Gigo. 


•24  CHRONICON 

runt,  dum  certuin  numerum  possessionum  et  anima- 
lium,  quem  eis  praetergredi  nuHo  modo  liceat,  stalue- 
runt,  et  ipsi  singulas  singuli  cellulas  habentes,  raro, 
nisi  vel  ob  Dei  cultum  vel  ob  mutuum  in  caritate  sola- 
tium,  simul  convenientes,  perfectius  mori  mundo,  et 
caeteris  tanto  dibgentius,  quanto  secretius  vivere  Deo 
elegerunt.  Ad  hnpc  etiam  milites  Templi  Jerosolimi- 
tani,  fratres  quoque  de  Hospitali  sub  religioso  habitu 
continenter  viventes,  ubique  se  multiplicando  diffun- 
debant  in  religiositate.  Sed  et  praesules  ecclesiarum  ac 
principes  saeculi  promptissime  annuebant  religiosis, 
sponte  offerentes  terras,  prata,  nemora  et  caetera  quae 
in  monasteriis  aedificandis  erant  necessaria. 

Ecclesia  sanctae  Mariae  in  episcopio ,  totaque  pene 
civitas  Noviomensium  incendio  conflagravit,  justo,  ut 
fertur,  infortunio  ( i),  quia  summum  ponlificem  Inno- 
centium  multi  de  civitate  inhonorifice  susceperunt. 

Clarevallis  duo  coenobia  uno  die  [Paschae]  (2)  pro- 
duxit,  scilicet  Longipontem  et  Rievallem  et  post  pau- 
cos  dies  Vaucellas  (3). 

MCXXXIII. 
Liutherius  imperator  expeditionem  in  Italiam  pa- 
rat,  et  cum  archiepiscopis,  episcopis  ac  aliis  praelatis 
Innocentium  papam  Romam  deducens  contraPetrum 
Leonis,  qui  ecclesiam  sancti  Petri  munierat,  eum  La- 
terani  in  sede  papali  [honorifice]  collocat;  ibique  In- 
nocentius  papa  eumdem  Liutherium  imperatorem 
consecrat. 


(i)  Dans  les  cdit.  rt  les  Mss.,  49i7-"^o,  jiislo Dei  judicio. 

(2)  Le  niot  Pnschce  ne  s(-  trouvc  dans  aucim  iVIs. 

(5)  Tous  les  Mss.  donnent  cettc  lecon ,  les  edit.  Nancellas- 


GUILLELMI  DE  NaNGIACO.  25 

MCXXXIV. 

Norbertus  archiepiscopus,  [ordinis]  Praemonstra- 
tensis  fundator,  obiit.  Hildebertus  (i)  etiam  Turo- 
nensis  archiepiscopus  diem  clausit  extremum ,  cui 
successit  Hugo  (2). 

Abbatia  de   Asineriis   (3)   fundatur  in  episcopatu 

Andegavensi. 

MCXXXV. 

Monasterium  de  Prato  fundatum  est. 

Rex  Angliae  Henricus  [in  Normannia]  obiitet  apud 
Redingas  (4)  [in  Anglia]  sepultus  est.  Post  cujus  obi- 
tum ,  Stephanus  comes  Bononiae ,  ex  sorore  nepos 
[ejus]  (5),  filius  Stephani  comitis  Blesensis ,  frater 
Theobaldi  comitis  Campaniee,  in  Angliam  veniens, 
episcopo  Guincestriee  (6)  fratre  suo  eum  adjuvante , 
ad  regnum  Anglise  coronatur.  Cui  Mathildis  impera- 
trix,  fdia  Henrici  regis  Angliae  [defuncti,  cum  viro 
suo  Gaufrido  (7)  comite  Andegavensi]  occurrens,  non 
sinebat  eum  in  pace  regnare  (8).  Nec  multo  post  ipsa 
imperatrix,  auxilio  Ludovici,  regis  Francorum,  du- 
catum   Normanniae   occupavit,   cum   fautoribus  suis 

(i)  Edit  et  Mss.  49'7-2o,  Hildebranniis.  Voy.  ci-dessus,  p.  18, 
not.  5. 

(2)  Ces  trois  derniers  mots  ne  sont  donnes  que  par  notre  Ms. 
(5)  Ms.  4918,  Asineriis;  les  autres  Mss.  et  les  edit.,  Asinariis. 

(4)  Edit.  et  Mss.,  Radingas. 

(5)  Etienne,  comte  de  Mortainetde  Boulogne,  etait  fiis  d'Etienne, 
comte  de  Blois,  etd'Adele,  fille  de  Guillaume-le-Conquerant. 

(6)  Mss.  49'9i  Wicestrice :  les  autres  Mss.  et  les  edit.,  JVincestrice. 
(7)Cenom,  omis  par  d'Achery,  est  donne  par  les  quatre  Mss.  4917*20. 
(8)  Dans  les  autres  Mss.  et  dans  les  edit.  on  lit  apres  regnnrc  .-  sed 

cum  fnutoribus  suis  partes  suas   in   Ang/iam  mirifice  defendebnt. 
Quant  a  la  fin  de  cet  alinca,  il  y  est  place  a  Tannec  i  i4o. 


26  CHROJNIGON 

mirifice  in  Anglia  defendens  partes  suas,  ne  Stephanus 
rex  dominiuin  dilataret. 

MCXXXYI. 

Ventus  nimius  quinto  kalendas  novembris  (i)  fuit 
qui  turres  multas  diruit.  Mare  quoque  [Anglicanum] 
terminos  suos  egressum  partem  Flandriae  cum  habita- 
toribus  submersit. 

Imperator  Constantinopolis  Johannes  moritur  (2), 
cui  successit  Manuel  filius  ejus. 

(3)  Eodem  anno  Guillermus  comes  Pictavensis  et 
dux  Aquitaniae,  ad  sanctum  Jacobum  peregre  profi- 
ciscens,  in  die  Parasceve  moritur  et  ante  altare  sancti 
Jacobi  sepelitur,  relinquens  duas  filias  Alienordem  et 
Petronillam.  Qui,  moriturus,  proceres  suos  quos  se- 
cum  habebat  contestatur  ut  filia  sua  major  Alienordis 


(1)  Le  28  octobre. 

(n)  La  mort  de  Jeaa  Comnene  et  l'avenement  de  Manuel,  son  tils, 
arriverent  l'an  ii45. 

(5)  Notre  Ms.  place  la  mort  de  Guillaume  d'Aquitaine  en  Tan- 
nee  iiSy,  et  le  niariage  d'Eleonore,  sa  fille,  avec  Louis  le  Jeune,  en 
Tannee  ii38.  Nous  avons  cru  devoir  conserver  l'ordre  de  la  premiere 
edition,  parce  qu'il  est  conforme  d'abord  a  tous  les  autres  Mss.,  ensuite 
a  Tordre  chronologique  des  evenements.  La  mort  de  Guillaume,  quoi- 
que  arrivee  en  i  iSy,  doit  etre  placee  en  1 136,  suivant  l'ancienne  ma- 
niere  de  compter  les  annees,  puisqu'eile  tombe  avant  Paques  de 
Tan  iiSy.  Quaut  au  mariage  de  Louis  VJI  et  d'EIeoaore  d'Aquitaine, 
il  a  reellement  eu  lieu  en  i  i^y.  Nous  avons  aussi  laisse  a  rannee  1107 
la  mort  de  i'empereur  Lothaire  que  notre  Ms.  rapporte  au  commen- 
cement  de  Tan  11 58.  Nous  devons  toutefois  faire  observer  que  cette 
dernierc  date  pourrail  s'appu}'er  sur  quelques  autorites.  Bernard  Gui- 
donis  dit  en  parlant  dc  rempereur  Lothairc  :  Coepit  auicrn  anno  Do- 
mi/uyicxK\ii,  sccunduni  chronicam  Vincentii  ct  Martini,  imperavitque 
annis  xi;....  in  quibusdam  vcro  chronicis  dicitur  (innis  xn.  Bibl.  du 
Roi,  Ms.  n"  497^)  f"  i55. 


GUILLELMI  DE  NANGL\CO.  27 

Ludovico  juiilori  Francorum   regi ,  cum   Aquilaniae 
ducatu,  uxor  traderetur. 

Mcxxxvn. 

Siccitas  inaudita  fuit  a  martio  usque  ad  septem- 
brem,  ita  quod  fontes,  putei  et  etiam  multi  fluvii  sic- 
carentur. 

Ludovicus  rex  Franci;ie,  audita  morte  Guillermi  du- 
cis  Aquitaniae,  misit  Ludovicum  fdium  suum,  jam  in 
regem  coronatum,  sicut  superius  dictum  est,  in  Aqui- 
taniam  ad  desponsandam  Alienordem,  filiam  praedicti 
ducis.  Quam,  cumducatu  Aquilaniae  accipiens  in  uxo- 
rem,  apud  Burdegalasdesponsavit;  dequapostea  genuit 
Mariam  comitissam  Campaniae,  et  Aaliz  (i)  uxorem 
Theobaldi  comitis  Blesensis.  Infra  igitur  mensem  post 
nuptias  Ludovici  junioris,  obiit  pater  ejus  Ludovicus 
rex  cognominatus  Grossus  (2)  kalendis  Augusti,  et  in 
ecclesia  beati  Dionysii  Parisicnsis  dioecesis  sepelitur; 
cui  successit  Ludovicus,  filius  ejus,  agnominatus  Ju- 
iiior. 

Abbatia  Mortui  Maris,  in  foresta  de  Lions  funda- 
tur,  quam  Walerannus  abbas  Ursicampi  in  filiam  sus- 
cipiens,  monachos  suos  illuc  transmisit  (5). 

Liutherius  imperator  secundam  expeditionem  fa- 

(t)  Ms.  4919,  Aelipdem,  les  autres  Mss.  et  les  edit.,  Aelidem. 

(2}  Les  deux  mots  cognom.  Grossus  ne  se  trouvent  que  dans  le 
Ms.  10298-6. 

(5)  On  a  vu  plus  haut  (ann.  i  i5o)  qu'une  abbaye  avait  ete  fondee  en 
un  lieu  de  Normandie,  nomme  Beauraont ,  par  Robert  de  Candos.  Ce 
Robert  etait  chatelain  de  Gisors.  Apres  sa  mort,  son  fils,  au  lieu  de  con- 
iinueraprotegerlesnioines  de  Beaumont,  lesforca,  par  de  nombreuses 
vexalious,  a  chercher  une  autre  retraite.  Ils  allerent  donc ,  en  ii54, 
batir  da-ns  un  endroit  de  la  foret  de  Lions,  couvcrt  de  marais  et  nomrae 
pour  cela  Morteraer,  unc  nouvelle  abbaye  qu'ils  placercnt,  Irois  ans 


28  CHRONICON 

ciens  In  Italiam,  dum  rediret  in  patriam  suam  subacta 
Italia  et  Apulia ,  raoritur;  cui  successit  Corardus , 
Henrici  imperatoris  de  sorore  nepos  (i). 

MCXXXVIII. 

Petrus  Leonis  qui  per  schisma  papatum  invaserat 
per  octo  annos,  judicio  Dei  percussus  interiit.  Tunc 
Innocentius  papa  ordinatos  ab  eo  degradavit,  et  ne 
ultra  promoverentur  ad  ordines  judicio  decrevit. 

Florebat  hoc  tempore  Theobaidus  comes  Campa- 
nise,  pater  orphanorum,  judex  viduarum,  ceecorum 
oculus,  pes  claudorura,  in  pauperibus  sustentandis 
singulariter  munificus ,  in  extruendis  monasteriis  et 
erga  religiosos  quosque  largitate  incomparabilis.  Hic 
abbatiam  sancti  Florentii  Salmuriensis  et  abbatiam 
Eleemosinee  Cisterciensis  ('2)  ac  multas  alias  construxit. 
Genuit  autem  ex  Mathilde  uxoresua,  nobili  genereTeu- 
thonicorum  progenita  (3),  Henricum  comitem  Campa- 
ni8e,etTheobaldumcomitemBlesensem,  acStephanum 
coraitem  Sacri-Ceesaris,  Guillermum  primo  Carnoten- 
sem  electum,  deinde  Senonensem  archiepiscopum  , 
post  Remensem,-  item  Adelam  reginam  Francorum  (4)> 

apres,  sous  l'autorite  de  l'abbaye  d'Orcainp,  de  rordre  de  Citeaux, 
au  diocese  de  Noyon.  Gall.  Chrisi.,  t.  XI,  p.  007  et  3o8.  —  Le  nom  de 
Waleran,  premier  abbe  d'Oi-camp,  n'est  donne  quc  par  le  Ms.  10298-6. 

(i)  Voy.  ci-dessus,  p.  16,  not.  0. 

(2)  II  y  a  ici  une  erreur  que  je  ne  puis  m'expliquer.  L'abbaye  de 
l'Aum6ne,  dite  le  petit  Citeaux,  peut  avoir  ete  fondee  par  le  comte 
Thibaut;  son  origine  remonte  a  1'annee  1121  environ.  Mais  l'abbaye 
de,  Saint-Florent,  fondee  vers  le  milieu  du  vii''  siecle  dans  le  cliateau  de 
Saumur,  avait  deja  ete  rebatie  pros  de  la  ville  vors  le  coinmencement 
du  xi'\ 

(5)  Matbilde,  comtesse  de  Champagne,  etait  fdk'  (i'Engilbcrl  II, 
duc  de  Carinthie  ct  marquis  de  Frioul. 

(4)  Troisirmc  fcmmc  do  Louis-lc-Jeunc 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  29 

comilissam  de  Pertico,  et  comitissam  Barri,  ac  uxorem 
ducis  Burgundiae. 

Florebat  et  Guillermus  Niverneiisis  comes  insip^nis, 
cujus  devotio  mira  enituit,  dum  de  potenti  principe 
saeculi  factus  est  in  Cartusiahumilis  pauper  Christi  (i). 

Florebat  et  sanctus  Bernardus  abbas  Clarevallis,  et 
sanclus  Malachias  in  Hybernia,  qui  mortuum  susci- 
tavit. 

Florebat  etiam  magister  Gillebertus  cognomento 
Porree  (2),  tam  liberalium  artium  quam  divinarum 
Scripturarum  doctor  eximius,  et  fere  incomparabilis 
eruditus.  Hic,  post  magistrum  Anselmum,  super  psal- 
terium  et  super  epistolas  Pauli  ex  dictis  sanctorum 
Patrum  compactam  edidlt  glossaluram. 

MCXXXIX. 

Obiit  Joannes  de  Temporibus,  qui  vixerat  annls 
trecentis  sexaginta  uno  a  tempore  KaroH  Magni ,  cujus 
armiger  fuerat. 

His  temporibus  quidam  pseudo-imperator  in  par- 
tibus  Alemanniae  surrexit ,  qui  per  aliquot  annos 
apud  Solodorum  in  reclusione  vivens,  egressus  inde, 
imperatorem  Henricum  perditum  se  esse  mentiendo 
dixit.  Et  cum  multos  sediicendo  sibi  allexisset,  in  tan- 
tum  ut  pro  eo  etiam  graves  pugnae  et  homicidia  fierent, 
aliis  eum  recipientibus,  aliis  seductorem  palam  profi- 


(i)  Guillaume  II,  cointe  d'Auxerre,  de  Nevers  et  de  Tonnerre,  se 
fit  chartreux  i'an  1 1 47- 

(2)  Yoy.,  sur  Gilbert  de  la  Poree,  Vllist.  litter.  de  la  Fr.,  t.  XII, 
p.  466.  Deux  volumes  presque  entiers  de  ce  precieux  recueil  sont  con- 
sacres  a  saint  Bernard ,  le  premier  est  Toeuvre  des  benedictins ,  i'autre 
celle  de  M.  Daunou. 


30  CHROINICON 

tentibus ,  tandem  declarata  ejus  falsitate ,  Cluniaci  in 

monachum  attonsus  est. 

MCXL. 

Obiit  magister  Hugo  sancti  Victoris  Parlsiensis  ca- 
nonicus  Ti^egularis].  Habitaculum  servorum  Dei  Cartu- 
siensium  in  loco  qui  dlcitur  ad  Montem  Dei ,  con- 
struitur.  Coenobium  sanctae  Mariae  Frigidimontis  [in 
episcopatuBelvacensi,  Cisterciensis  ordlnis],  fundatum 
est  (i).  Eodem  temporeHenricus,  germanus  frater  Lu- 
dovici  regls  Franciae,  apudClarevallem  raonachus  efFec- 
tus  est,  qui  non  multo  post  ad  episcopatum  Belvacen- 
sem  est  assumptus  [fueruntque  praeter  istum  Henri- 
cum  alii  fratres  regis  Franciee,  Robertus  Drocarum 
comes,  et  Petrus  dominusde  Cortenayo]. 

Innocentius  papa  fundavlt  apud  Aquas-Saivlas  (2) 
monasterium  sancti  Anastasii  martyris,  et  constructis 
ibidem  coenobialibus  mansionibus,  petilt  a  Clarevalle 
conventum  [monachorum]  etabbatem.  Mittitur  autem 
illuc  cum  conventu  Bernardus  Pisanae  ecclesioe  (3)  olim 
vicedominus,  qui  postmodum  fuitpapa  Eugenius. 

Florebat  hoc  tempore  Gallicana  ecclesia  per  viros 
religione  ac  sapientia  illustres,  Milonem  Morinensem 


(i)  Les  auteurs  du  Gall.  Christ.  lapportent  a  l'an  1 154,  la  fondation 
du  monastere  de  Froidiiiont  par  tles  moines  d'Ourcamp,  d'apres  ces 
deux  anciens  vers  : 

Aiinus  millenus  centenus  terdccimusque 

Quartns  eral  quando  Mons  Frigidus  exit  ah  Ursn. 

Toutefois  Manasscs,  premier  abbede  Froidniont,  ne  parait  pasdans 
les  chartes  avantTan  1142.  Gall.  Christ.,  t.  IX,  p.  83o, 

(2)  Ce  monastere ,  situe  a  trois  miiies  de  Rome ,  est  aussi  appele 
Abbatia  Trium  fonlium,  en  languo  vulgaire  ,  Le.  Trc  fontane. 

(5)  Edit.  et  Mss.  491 /-'-iO-,  cii'itatis. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  31 

episcopum,  humilitatis  virtute  preecipuum ;  Alvisum 
Attrebatensem  [pontificem],  liberalitate  atque  consilio 
et  facundia  clarum;  Godefridum  Lingonensem;  Hu- 
gonem  Autissiodorensem ;  Goslenum  Suessionensem 
[Gaufridum  Carnotensem  episcopos];  Albericum  Bi- 
turicensem  archiepiscopum  scientia  litterarum  atque 
consilii  prudentia  clarissimum  (j);  Sugerium  abbatem 
sancti  Dionysii  [in  Francia],  virum  eruditissimum. 
Inter  hos  etiam  et  alios  multos  tunc  claros  scientia  vi- 
ros,  Bernardus  abbas  Clarevallensis  vir  opinatissimae 
rebgionis  eminentissime  clarebat.  Qui  multorum  mi- 
raculorum  patrator,  et  verbi  Dei  ferventissimus  prae- 
dicator,  atque  plurimorum  monasteriorum  fundator, 
animarum  Deo  lucra  maxima  exhibebat;  adeo  ut  ma- 
gistri  scholarum  cum  magno  clericorum  comi  [atu  etiam 
de  longinquis  regionibus  ad  ejus  optabile  magisterium 
confluentes,  centenario  vel  etiam  ampliori  novitiorum 
numero  domum  probationis  implerent ,  et  uno  die 
quadraginta  monachi  fierent. 

Florebat  etiam  magister  Richardus  sancti  Victoris 
Parisiensis  canonicus  [regularis]  (2),  qui  in  bbris  et 
tractatibus  variis  multa  Ecclesiae  sanctae  utilia  descrip- 
sit.  [Claruit  praeterea  his  temporibus  Hugo  de  Folieto 
sancti  Petri  Corbiensis  monachus  (3) ,  qui  librum  de 
claustro  animae   et  corporis  composuit.   Alii  dicunt 


(i)  Presque  tous  ces  personnages  ont  une  notice  dans  les  tonies  XII 
et  XIII  de  VHist.  litter.  Quant  a  Suger,  independamment  de  l'article 
que  lui  ont  consacre  les  benedictins  dans  le  tome  XII  de  ce  recueil, 
on  peut  voir  sa  vie ,  ecrite  par  Guillaume ,  moine  de  Saint-Denis ,  dans 
ies  Hist.  de  Fr.,  t.  XII,  p.   102. 

(2}  Yqv.  VHist.  litter.  de  la  Fr.,  t.  XIII,  p.  472  et  suiv. 

(5)  Ibid,  p.  492. 


32  CHRONICON 

istum  Hugonem  iii  pago  Ambiacensi  fuisse  canonicum 

regularem]  (i). 

Eodem  tempore,  Senonis,  praesente  Ludovico  rege 
Francorum,  fit  [per  industriam  sancti  Bernardi  Clare- 
vallis  abbatis]  episcoporum  et  abbatum  religiosorum 
conventus  contra  Pelrum  Abaelardum ,  qui  scandali- 
zabat  Ecclesiara  prophana  quadam  novitate  verborum 
et  sensuum.  Et  hic  ab  eis  (2)  [de  articulis  fidei]  inter- 
pellatus,  cum  esset  de  justitia  responsurus,  veritus 
eos,  ad  sedis  apostolicae  audientiam  appellavit.  Et  sic 
evadens,  non  multo  post,  dum  esset  in  itinere  [Ro- 
manee  ecclesise]  (3),  Cabilone  apiid  sanctum  Marcellum 
obiit  (4).  Construxerat  enim  coenobium  in  episcopatu 
Trecensi,juxta  Nogentum  super  Secanam,  in  quodam 
pratoubilegere(5)  solitus  fuerat,  quodParaclitumno- 
minavit.  In  quo  sanctimoniales  plurimas  congregavit, 
et  quamdam  religiosam  ieminam,  quondam  uxorem 
suam ,  litteris  latinis  et  hebraicis  eruditam  [quae  mo- 
nacha  apud  Argentolium  effecta  fuerat ,  sed  inde ,  cum 
aliis  pluribus,  per  industriam  Sugerii  abbalis  sancti 


(i)  Cest  ici  que  les  Mss.  et  les  editions  placent  la  mention  des 
guerres  de  riniperatrice  Matliilde,  contre  Etienne,  roi  d'Angletcrre 
(voy.  ci-dessus,  p.  25,  not.  8),  et  cette  mention  termine  l'annee  ii^o, 
les  details  relatifs  a  Abelard  etant  rejetes  a  Tannee  i  i^i  ,  quoique  le 
concile  de  Sens,  dans  lequel  Abelard  a  ete  condamne,  ait  ete  reelle- 
ment  tenu  le  2  juin  11 40. 

(■2)  Voici  la  lecon  des  edit.  precedentes  et  des  Mss.  ^giy-^^o  ;  Pclrus 
AbcKlardus ,  rnagisier  in  dialeciica  iiisignis  ct  celeberrimus ,  primo 
uxoraius,  deindc  S.  Dionjsii  in  Francia  monachus,  posi  inBritnnnia, 

unde  natus  Jiierat ,  abbas  constituius , Senonis,  coram  cpiscopis , 

abbaiibus....  convocatur,  ei  hic  ab  eis ,  etc. 

(5)  Mss.  49175  4918,  4918,  Rom.  curice. 

(4)  Abelard  mourut  le  21  avril  1142. 

(5)  Tous  les  Mss    porlent  legere ;  toutes  ics  cditions  degere. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  33 

Dlonysii  in  Francia,  postmodum  ejecta,]  eisabbatissam 
praefecit.  Quae  vere  ipsius  amira,  magnam  ei  post 
mortem  in  assiduis  precibus  Hdem  servavit.  Corpus- 
que  ejus  de  loco  ubi  obierat  transtulit  ad  preedictum 
coenobium  Paracliti ;  in  cujus  t?imulo  hoc  epitaphium 
est  insertum  : 

Est  satis  in  titulo  :  Petnis  hic  jacet  Abaelardus 
Cui  soH  patuit  scibile  quiclquid  erat. 

(i)  Haec  namque,  sicut  dicitur,  in  aegritudine  ul- 
tima  posita ,  praecepitut  mortua  infra  mariti  tumulum 
poneretur .  Et  sic  eadem  defuncta  ad  tumulum  apertum 
deportata,  maritus  ejus,  qui  multis  diebus  ante  eam 
defunctus  fuerat,  elevatis  brachiis,  illam  recepit,  et 
ita  eam  amplexatus,  brachia  sua  strinxit. 

MCXLI. 
Rogerus  de  Sicilia  (i)  post  occupatum  Calabriae  et 
Apuliae  principatum,  [propter  investituras  ecclesia- 
rum  quas  sibi  usurpabat  excommunicatus],  Innocen- 
tium  papam  bello  cepit;  sed  facta  [postmodum]  cum 
eo  qualicumque  pace,  ut  ab  eo  in  regem  Siciliae  coro- 
naretur  obtinuit.  Sic  primus  de  Normannorum  genere 
regis  nomen  usurpavit  et  postea  pene  totam  Africam 
acquisivit. 

(i)  Ce  qui  suit  ne  se  trouve  que  dans  le  Ms.  10298-6. 

(2)  Les  editions  precedentes  qualifient  ce  Roger  de  Jlls  de  Robert 
Guiscard ;  c'est  une  erreur  qui  ne  se  trouve  point  dans  notre  Ms.  Roger, 
premier  roi  de  Sicile,  etant  fils  de  Roger  douzieme  enfant  do  Tancrede 
de  Hauteville ,  se  trouvait,  non  le  fils,  mais  le  neveu  de  Robert  Guis- 
card.  Du  Cange,  FainHl.  normand.,  Ystoire  de  liNormant,  pubbee  par 
M.  ChampoUion-Figeac  pour  la  Societe  de  l'Hist.  de  Fr.,  p.  555,  555 
et  558.  —  De  plus  ce  prince  fut  couronue  roi  de  Sicile  en  i  i5o,  et  uon 
en  ii4i-  Ibid,  p.  SSg. 

I.  5 


34  CHRONICOIN 

[Stephanus  rex  Aiiglorum  a  Mathikle  imperatrice, 
(ilia  regis  Henrici,  capitur,  sed  parum  post  de  ejus  pri- 
sione  evadens ,  contra  eam  regnum  suum  strenue  de- 
fendit]. 

(i)  Tunc  orta  dissensione  inter  papam  Innocentium 
et  regem  Franciae  Ludovicum ,  ecclesia  Gallicana  tur- 
batur.  Nam  defuncto  Bituricensi  archiepiscopo  Albe- 
rico,  missus  est  Petius  a  papa  ejusdem  ecclesise  pastor 
consecratus.  Sed  a  rege  [judovico  repudiatur  nec  in 
urbe  recipitm-,  eo  quod  sine  assensu  ejus  fuerat  ordi- 
natus.  Ipse  vero  Ludovicus  rex  concesserat  ecclesise 
Bituricensi  liberlatem  ebgendi  in  episcopum  quem 
vellent,  excepto  dicto  Petro,  publiceque  juraverat 
quod,  se  vivente,  non  erat  futurus  archiepiscopus.  Qui 
iamen  electus,  Romam  profectus  est  et  consecratus  a 
domino  papa  Innocentio,  dicente  regem  puerum  in- 
struendum  et  cohibendum  ne  talibus  assuescat  :  et  ad- 
jecit  veram  non  esse  [electionis]  libertatem  ubi  quis 
excipitur  a  principe,  nisi  forte  docuerifc  coram  eccle- 
siastico  judice  illum  non  esse  ebgendum;  tunc  enim 
auditur  ut  alius.  Rex  vero,  sicut  superius  dictum  est, 
exclusit  archiepiscopum  redeuntem;  sed  eum  comes 
Carapanise  Theobaldus  recepit  in  terra  sua,  et  ei  omnes 
ecclesiee  obediebant.  Indignatus  ob  hoc  rex  Franciae 
concitavit  omnes  [fere]  proceres  suos ,  ut  una  cum  eo 
comiti  Theobaldo  guerram  inferrent. 


(i)  Cet  alinca  est  reiivoye  a  rannee  1142  dans  les  Mss.  4917-20  el 
dahs  les  precedentes  editions.  Mais  la  mort  de  1'archeveque  Alberic  et 
l'election  de  son  successeur,  Pierre  de  la  Cliatre,  etant  arrivees  en  1 14' 
{Gnll.  Clirisi.,  t.  II,  col.  5o.  Artdeverif.  lcs  dat.,  Chronol.  des  comt. 
de  Champ.,  t.  II,  iii-fol.,  p.  617),  nons  n'avions  ici  aucun  motif  de 
changer  Tordre  du  Ms.  '0998-6 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  35 

MCXLII. 

Radulphus  Viromandensis  comes  uxorem  suam  di- 
misit,  et  Petronillam  sororem  reginae  Franciae  A!ie- 
nordis  duxit;  propler  quod,  ad  instantiam  coraitis 
Campaniae  Tlieobaldi,  Ivo  sedis  Roraanae  legatus  [in 
Francia]  Radulphum  comitem  excommunicavit,  et 
episcopos  qui  dlvortium  illud  fecerant  suspendit. 

Imperator  Constantinopolitanus  (i)  aliquandiu  An- 
tiochia  obsessa,  pacem  cum  principe  fecit  et  urhcm 
intravit.  Deinde  multis  praesidiis  captis  dura  venationi 
insisteret,  et  arcura  vehementius  tenderet,  toxlcata 
[sagitta]  a  semetipso  vuhieratus  In  sinistra  manuobiit; 
cul  Manuel  fillus  ejus  In  imperlo  successlt. 

MCXLin. 

Mense  januario ,  ventus  Inauditus  fuit,  qul  eccleslas 
et  domos  subvertlt  et  terrae  annosas  arbores  coaequavlt. 

Ludovicus  rex  Franciae ,  contra  Theobaklum  co- 
mltem  Campanlee  exercitum  ducens,  Vltriacura  cas- 
trum  ceplt,  ubl  succensa  ecclesla ,  in  ea  mille  et  tre- 
centae  personnae  dlversl  sexus  et  aetatls  igne  combustae 
sunt.  Super  quo  ex  mlserlcordia  motus  plorasse  dl- 
citur,  et  hac  de  causa  postmodum  peregrinatlonem 
Jerosolymis  aggressus  a  quibusdam  aestimatur  (2).  Rex 
vero  dedit  Vitriacum  Odoni  Campaniensi,  nepoti  co- 
mltis  Theobaldi,  qui  patrimoniura  suum  el  abstulerat. 


(i)  Tous  les  Mss.,  a  rexceptioa  du  n"  10298-6  qui  ne  le  nommc 
point,  appellent  cet  empereui'  Manuel.  Cest  une  erreur  qui  a  ete  re- 
levee  par  d'Achery ;  il  s'agit  ici  de  Jean  Coninene.  Voy.  ci-dessns, 
p.  26,  not.  2. 

(2)  Edit.  et  Mss.  491  ^-'^o  posimodum,  ut  dicunt  aliqui,  peregr.  /.  ag- 
gressus  est. 


3G  CHROJNICON 

Obiit  Innocentius  papa,  cui  successit  Caelestinus  [se- 
cundus],  qui  statim  pacem  cum  rege  Francorum  Lu- 
dovico  reformavit  (r). 

In  festo  beati  Martini  aestivalis  (2),  dum  Fulco  rex 

Jerosolymitanus  venatum  iret  et  leporem  sequeretur, 

cquo    cespitante  ruens  mortuus  est  per  miraculum 

rupto  collo.  Ipse  enim,  [ut  tradunt  aliqui],  antequam 

esset  rex  Jerusalem ,  quamdiu  comitatum  Andegaven- 

sem  tenuit,  ecclesiam  beati  Martini  [Turonensis]  in 

quantum  potuit  infestavit.  Quo  ita  mortuo,  Balduinus 

lercius  (5),  (ilius  ejus,  cum  matre  [Milisande  regina] 

regnavit. 

MCXLIV. 

Obiit  Cselestinus  papa  cui  successit  Lucius  [secun- 
dus] . 

Mediante  abbate  Clarevallis  Bernardo,  pax  inter 
Ludovicum  regem  Franciae  et  comitem  Campaniae 
[Theobaldum]  reformatur. 

Mathildis  (4)  imperatrix ,  fdia  regis  Angliae  Henrici, 
Angliam  devastat  et  Steplianum  regem  Angliae  permo- 
lestat. 

Tunc  quidam  Arnaldus  noraine  [de  Brixia  (5)]  prae- 
dicabal  Roraae,  superfluitates  et  divitias  clericorura  re- 
prehendens.  Cujus  dicta,  [propter  arctam  vitam  quam 
ducebat],  plurimi  sequebantur  [decepti  ab  illo].  Sed  a 


(i)  Cette  paix,  qui  mit  Pierre  de  la  Chatre  en  paisible  possession 
de  son  siege,  fut  principalenient  l'ceuvre  de  saint  Bernard. 

(2)  Le  4  juillet  II 44- 

(3)  Le  niot  tcrtiusne  se  trouve  que  dans  notre  Ms. 

(4)  Cet  alinea  nianque  aussi  dans   tous  les  Mss.  exepte  dans  le 
n"  10298-6. 

(5)  Mss.  4918,  .^919,  </i-  lirissin. 


GUILLELMI  DE  JNANGIACO.  37 

quibusdam  captus  suspenditur  et  crematur.  [Erat  enim, 
ut  ait  beatus  Bernardus  in  epistolis,  homo  non  man- 
ducans  neque  bibens,  sed  cum  diabolo  esuriens  et  si- 
tiens  sanguinem  animarum,  cujus  conversatio  (i)  mel 
et  doctrina  venemim ,  cui  caput  colombae,  cauda  scor- 
piornis  erat,  quem  Brixia  evomuit,  Roma  exhorruil, 
Francia  repulit,  Germania  abominala  est.] 

MCXLV. 

Edissa  [quae  et  Roasa]  Mesopotamise  civitas,  in  qua 
erant  apostolorum  Thomse  et  Thadaei  corpora  et  qua3 
sordibus  idolatriae  nunquam  polluta  fuerat  ex  quo 
primitus  ad  christianismum  conversa  est,  a  Turcis 
obsessa,  capitur.  Ubi,  episcopo  urbis  decollato  et 
sanctis  locis  prophanatis,  multa  millia  hominum  tru- 
cidantur,  multa  servituti  adjiciuntur  (2). 

Lucius  papa  senatores  Romanorum  contra  Ecclesiam 
erectos  in  Capitolio  obsidet,  sed  non  multo  post  obiit; 
cui  successit  Eugenius  hujus  nominis  tertius.  Hic 
[primoPisan8eecclesiaevicedominus,post]inClarevalle 
fuit  monachus  beatique  Bernardi  discipulus,  et  post- 
modum  abbas  sancti  Anastasii  martyris  apud  Aquas- 
Salvias  (5)  creatus,  vir  tam  honore  quam  eeterna  me- 
moria  dignus,  contra  quem  Romani  Jordanem  patri- 
cium  et  senatorem  erigentes,  ipsumaburbedeturbant. 
Ipse  ergo,  seditione  orta  in  populo,  pulverem  pedum 
in  litigantes  excussit  et  reliclis  eis  in  Franciam  venit; 

(i)  Les  deux  premieres  editions  portent  consilio ;  cette  mauvaise  lecon 
est  corrigeepar  les  Mss.  dela  Biblioth.  du  Roi  qued'Achery  n'a  point 
connus. 

(2)  Cet  eveneraent  arriva  la  nuit  de  Noel  1 1 44- 

(5)  Ms.  4918,  Aquas  Sihias ;  4919,  Aqiias  Sativns ;  49^^*'  Aqiias 
Silvas.  Voy.  plushaut,  p.  5o,  not.  2. 


38  CHRONICOIS 

iii  cujus  comitatu  multa  signa  fecit  sanctus  Bernardus. 
Ad  hunc  papam  scripsit  idem  vir  sanctus  Bernardus 
librura  multae  subtilitatis  et  utilitatis,  cujus  titulus  est 
de  Consideratione. 

[Eodem  tempoie] in  Francia fames magna invalescit. 

Sanctus  Bernardus  in  Alemannia  multas  virtutes 
facit,  ubi  apud  urbem  Spirantium  (i)  tantus  erat  con- 
cursus  [populi  ad  ipsum  propter  virtutes  quas  faciebat 
in  segrotis],  quod  Corrardus  rex,  ne  populus  eum  com- 
primeret,  deposita  chlamyde  eum  in  proprias  ulnas 
suscipiens,  de  basilica  asportaret. 

MCXLVI. 

Rex  Franciae  Ludovicus  captae  urbis  Mesopotamiae 
[Roasse]  zelo  accensus,  vel  ut  alii  putant  Vitriacensis 
incendii  conscientia  compunctus,  apud  Vizeliacum  (2) 
tempore  Paschali  affixo  sibi  crucis  signo,  cum  regni 
principibus  (5)  et  multitudine  innumerabili,  trans- 
marinam  peregrinationem  proponit  aggredi. 

Ecclesia  Tornacensis,  quae  per  annos  circiter  sex- 
centos  a  tempore  beati  Medardi  sub  episcopo  Novio- 
mensi  sine  proprio  fuerat  sacerdote,  proprium  coepit 
habere  espiscopum,  Anselmo  abbate  sancti  Vincentii 
Laudunensis  ab  Eugenio  papa  consecrato,  et  eidem 
urbi  in  episcopum  destinato. 

In  Aiemannise  partibus  queedam  virgo  admirabilis 
provectae  aetatis  erat,  cui  tantam  divina  virtus  gratiam 

(i)  Edit.,  Spirenensium;  Mss.  4917-20,  Spiretensium.  D'Achery  a 
iiiipritne  en  niarge  Spirensium. 

(2)  Tous  les  autres  Mss.  et  les  edit.  dounent  Veziliacum  et  Vcsiliacum. 

(3)  Voir  les  noms  des  evrques  et  des  seigneurs  qui  assisterent  a  l'as- 
seniblee  de  Yezelai  dans  la  V^ie  de  l.ouis  VII  Hist.  de  Fr.,  t.  XII, 
p.  126. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  39 

coiitulerat,  iil  cum  laica  et  illiterata  esset,  mirabililer 
tamen  rapta  frequenter  in  summis  (i)disceret,  non  so- 
lum  quod  verbis  (2)  effunderet,  sed  etiam  scribendo 
latine  dictaret,  ac  dictando  catholicae  doctrinae  libros 
conficeret  :  haec  fuit,  ut  aiunt ,  sancla  Hildegardis, 
quae  multa  fertur  prsedixisse  de  futuris  (3). 
MCXLVIl. 
Corrardo  imperatore  in  purificatione  beatee  Mariae 
apud  Franquenofort  (4)  constituto,  abbas  Clarevallis 
sanctus  Bernardus  tam  regi  quam  fere  cunctis  principi- 
bus  [x\lemanniae]  crucis  [transmarinae]  affigit  signum, 
et  socii   peregrinationis  multiplicantur  super  nume- 
rum.  Postea  vero  navallsDei  exercitus  ex  Anglia,  Flan- 
drla  atque   Lotharingla   collectus ,  pridle  idus  apri- 
lis  (5),  de  Tremundo  portu  Angliae  cura  ducentis  fere 
navlbus  profectus,  quarto  kalendas  julii  in  vlgilia  apos- 
tolorum  Petri   et  Pauli  (6)  Ulixisbonam  [civitatem 
Hispanlae]  appllcuit,  et  eam,  post  quatuor  mensium 
obsidionem,  Dei  virtute  et  sua  industria  capiunt.  Et 
cum  Christiani  essent  tantum  tredeclm  millia,  tamen 

(i)  Edit.,  iii  somnis ;  Mss.  49'75  4918,  4919»  insummis. 

(2)  Tres-bonne  correction  due  exclusivement  an  Ms.  10298-6;  les 
aulres  portent  coninie  les  editions ,  verius. 

(3)  II  s'agit  probablement  ici  de  sainte  Hildegarde,  abbesse  du 
Mont-Saint-Robert,  dontles  revclations  furent  approuvees  par  le  pape 
Eugenelll,  dans  un  grand  concile  tenn  a  Treves  Tan  11 47-  Mais, 
quoi  qu'eu  dise  notre  cbroniqueur,  elio  ne  devait  pas  etre  fort  avanctie 
en  age  en  1 146,  puisqu'elle  ne  mourut  que  ie  17  septembre  1 180.  Voy. 
les  BoUand. ,  au  17  septembre. 

(4)  Edit.  et  Mss.  ^gx^^-l^gio,  Franconnfuv .  La  Purificalion  cst  lc 
2  fevrier 

(5)  Le  12  avril. 

(6)  Le  28  juin. 


40  CHROJNICON 

de  Sarracenis  ducenta  mlllia  et  quingentos  occiderunt. 
Etsic  cum  hymnis  ct  canticis  urbem  ingressi,  ecclesiam 
dedicaverunt,  et  ibi  episcopum  et  clericos  ordinave- 
runt.  Ad  corpora  vero  christianorum  occisorum  tres 
muti  loquendi  usum  receperunt. 

Corrardus  autem  imperator,  mense  maio  cum 
innumerabili  multitudine  peregrinationem  aggres- 
sus  (i),  Iransito  prospere  Bosphoro,  dum  ad  expu- 
gnandum  [Iconium  inconsulte  diverteret,  consumptis 
terrse  graminibus]  et  victu  deficiente,  suis  homlnibus 
fame  afflictis  inefficax  rediit;  sed  prosequentibus  illum 
Turcis,  multa  millia  suorum  amisit.  Ludovicus  rex 
Franciae,  terlio  kalendasjunii,  scillcet  feria  quarta  post 
Pentecosten  (^2),  cum  uxore  sua  Alienorde  regina  iter 
transmarinum  aggreditur,  et  cum  infinltis  et  expeditis 
suorum  millibus  [per  terram]  in  Hungariam  profectus, 
transito  Bosphoro,  in  occursu  Corrardi  imperatoris 
excipitur.  Qui  [imperator],  multis  suorum  ob  inopiam 
repatriantibus  paucisque  eum  comitantibus,  a  Francis 
benigne  suscipitur  et  cum  eisaliquandiu  est  profectus, 
sed  propter  instantem  hiemen  et  suorum  recreatio- 
nem  apud  Constantinopolim  est  reversus.  Qui,  hieme 
transacta,  auxilio  Graecorum  imperatoris,  navibus 
ejus  apud  Jerosolymam  est  evectus. 


(1)  Edit.  et  Mss  /igi^j-io  pere^rinnruin  iter  transninjinum. 

{•2)  Odon  de  Deuil  fixe  aussi  le  depart  du  roi  au  quatrienie  jour, 
c'est-a-dirc  au  mercredi  de  la  seniaine  de  la  Pentecote.  Mais  ce  jour, 
en  1147,  etait  le  lo  juin,  et  non  le  3o  mai.  11  faudrait  lire  quarto  idiis 
junii  au  lieu  de  lertia  kalendas  junii  que  donnent  les  editions  prece- 
dentes  et  tous  les  Mss  ,  sans  en  excepter  le  n°  10298-6.  Od.  de  Deuil, 
dans  la  coli.  dc  M.  Guizol ,  p.  289. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  41 

Eodem  tempore  administratlo  totius  regni  Franciae 
commissa  est  Sugerio  abbati  sancti  Dionysii. 

MCXLVin. 
Remis  concilium  a  papa  Eugenio  celebratur,  in  quo 
conciliopublice  confutavit  beatus  Bernardus  abbas  Cia- 
revalbs  magistrum  Gilbertum  cognomento  Porretam, 
disputando  cum  eo  singulariter,  tamquamsui  temporis 
singularis  athleta.  Hic  Gilbertus  erat  Pictavorum  epi- 
scopus  (i),  in  sacris  litteris  plurimum  exercitatus, 
sed  sublimiora  se  scrutatus  ad  insipientiam  sibi.  Si- 
quidem  de  sanct^e  Trinitatls  unitate  et  divinltatls  slm- 
plicltate  non  simpllciter  sentlens  nec  fideliter  scri- 
bens,  disclpulls  suls  panes  proponebat  abscondltos  ,  et 
furtivas  proplnabat  aquas.  Nec  faclle  quld  saperet, 
imo  quantum  deslperet  personis  authenticis  fatebatur ; 
timebat  enim  quod  apud  Senonas  Petrum  Abaelardum 
ei  dixisse  ferunt : 

«  Nunc  tua  res  agitur  paries  cum  proxiraus  ardet.  » 

Novlsslme  tamen  cumjamfidellumsuperhocinvalesce- 
ret  scandalum  cresceretque  murmur,  vocatus  ad  judl- 
cium  est,  et  llbrum  tradere  jussus  in  quo  blasphemias 
evomuerat,  graves  quldem,  sed  verborura  quodam  In- 
volucro  clrcumseptas.  Sanctus  ergo  Bernardus  prlmo 
quidem  totum  quod  Ille  verborum  cavlllatlonlbus  oc- 
cultare  nitebacur  subtllibus  interrogationlbus  ellclens, 
tam  suis  ratiociniis  quam  sanctorum  testimonlis  bi- 
duana  dlsputatione  redargult.  Considerans  autem  ex 
eis  nonnullosqui  prsesldebant  jam  quidem  animadver- 
tentes  blasphemiam  In  doctrlna,  adhuc  tamen  aver- 


(i)  Voy.  ci-dcssus,  p.  29. 


42  CHRONICON 

tentes  injuiiam  a  persona,  accensus  est  zelo,  et  do- 
mesticamsibi  Gallicanam  convocat  ecclesiamseorsum. 
Communi  denique  consilio  a  patribus  (i)  decem  pro- 
vinciarum,  aliisautem  episcopis  et  abbatibus  plurimis, 
dictante  viro  Dei,  novis  dogmatibus  opponitur  sym- 
bolum  novum  (2),  cui  etiam  subscribuntur  nomina 
singulorum;  ut  eorum  videlicet  omnium,  sicut  re- 
prehensibilis,  [sic  irreprehensibiHs]  zeius  ceeteris  inno- 
tescat.  Ita  demum  apostolico  judicio  et  auctoritate 
universalis  Ecclesise  error  ille  damnatur.  Episcopus 
Gillebertus  an  eidem  damnationi  consentiat  inter- 
rogatur.  Consentiens  et  publice  refutans  quae  prius 
scripserat  et  affirmaverat,  indulgentiam  ipsc  consequi- 
tur;  maxime  quod  ab  initio  pactus  fuisset,  ea  lege  se 
eamdem  disputationem  ingredi,  ut  promitteret  sine 
uUa  se  obstinatione  pro  Ecclesiae  sanctae  arbitrio  cor- 
recturum  libere  opinionem  suam. 

Accidit  autem  post  concilium ,  quum  dominus  papa 
missam  in  majori  ecclesia  celebraret  et  ei,  pro  more  ro- 
mano,  calix  afferretur  a  comministris,  quod  sanguis 
Domini ,  nescio  qua  ministrorum  negligentia  ,  effusus 
est  super  tapetum  ante  altare.  Quse  res  sapientiores 
plurimum  perterruit,  obtinente  indubitata  opinione 
quod  hujus  modi  res  in  nulla  contigit  ecclesia,  cui  non 
immineat  undecumque  grave  perlculum;  et  quia  hoc 
[in  apostolica  sede  contigerat,  universalis  Ecclesi^e 
periculum]  timebatur.  Certe  nec  fefellit  opinio.  Nam 
Corrardus  imperator   eodem    anno,    [sicut    superius 

(i)  Ms.  u"  4917»  partibus. 

(i)  Ccst  pcut-etre,  dit  dc  la  Barre,  Ic  symbole  qui  existait  jadis  a 
1'abbayc  de  Long-Pont ,  et  qui  avait  pour  titrc  :  Confessio  fideifacta 
aBcrnardo  in  cuncilio  Remensi  corain  Eu^enio  papa. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  43 

dictum  est],  deletis  exercitibus  suis  a  Sarracenis  (i) 
in  Oriente  vix  evasit.  Rex  etiam  Franciae  Ludovicus  et 
exercitusGallicanus,  per  deserta  Syriee  in  Terram  Sanc- 
tam  properantes,  dolo  et  astu  Grsecorum  ac  crebro 
assultu  Turcorum  detrimenta  maximapassi  sunt,  fame 
nimia  cruciati,  ita  ut  quidam  equorum  et  asinorum 
carnibus  vescerentur.  Dicunt  etiam  Jerosolymis  in 
templo  Domini  sive  in  monte  Oliveti  fulminasse,  et 
ejus  infortunii  praesagium  fuisse.  Lupi  etiam  in  multis 
locis  et  villis  homines  devorabant. 

Hildefonsus  comes  sancti  jEgidii  cum  navali  exer- 
citu  Palestinse  applicuit,  et  cum  magnum  quid  facturus 
speraretur,  reginae  Jerosolymorum  (2),  ut  aiunt,  dolo 
male  potionatus,  apud  Caesaream  Palaestinse  moritur. 
Tunc  fiJius  ejus  adolescens  sibi  timens,  quoddam  cas- 
trum  comitis  Tripolitani ,  avunculi  sui,  ingrediturj 
sed  dolo  ejusdem  reginae  cum  sorore  a  Turcis  capti- 
vatur  (5). 

MCXLIX. 

Eugenius  papa  de  partibus  Galliarum  in  Italiam  re- 
vertitur  et  cum  Romanis  vario  eventu  confligit,  sed 
parum  proficit. 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  a  Turcis. 

(2)  Cette  reine  etait  3Ielisende,  veuve  de  Foulques  d'Anjou,  qui 
gouvernait  alors  le  royaurae  de  Jerusalem  sous  le  nom  de  Baudouin , 
son  fils,  age  de  seize  ans.  Voy.  ci-dessus,  p.  56. 

(3)  Le  fils  et  la  fiUe  d'Alphonse  Jourdain,  comte  de  Saint-Gilles  et 
de  Toulouse,  dont  il  est  ici  question,  etaient  des  cnfants  naturels. 
Raymond  I",  comte  de  Tripoli,  qui  etait,  non  leur  oncle,  mais  leur 
neveu  a  la  mode  de  Bretagne ,  au  lieu  de  les  proteger,  lcs  livra  aux 
Turcs.  Le  fils,  nomme  Bertrand,  fut  delivre  dans  la  suite,  et  sa  soeur 
devint  femrpe de Noureddin,  sultan d'Alep.  Vaissete,  Abregede  IHist. 
de  Lan^ucdoc .  t.  III,  p.  5o  ct  55. 


44  CHRONICON 

Rex  Franciae  Ludovicus,  fractis  per  deserta  Syriae 
viribus,  Antiochiam  venit,  ibique  a  principe  Remundo, 
fralre  bonae  memoriae  Guillermi  ducis  Aquitanise ,  pa- 
tris  Alienordis  reginae,  honorifice  susceptus  est.  Sed 
dum  ibidem  moraretur  ad  naufragii  exercitus  reliquias 
consolandas,  fovendas  et  reparandas,  Alienordis  regina, 
fraude  patrui  sui  principis  Antiochiae  decepta,  voluit 
ibidem  remanere ;  [sperabatenimprinceps  in  mora  re- 
gis  Franciae  de  Turcis  sibi  proximis  (i)  victoriam  ob- 
tinere].  Cumque  rex  pararet  eam  exinde  revellere,  ipsa 
parentelce  mentionem  faciens  dixit  illicitum  esse  ut 
diutius  commanerent ,  quia  inter  eos  cognatio  in 
quarto  gradu  vertebatur.  Unde  rex  plurimum  turba- 
tus,  quamvis  eam  affectu  fere  immoderato  diligeret, 
acquievisset  eam  dimittere  si  consiliarii  sui  et  Franco- 
rum  proceres  permisissent  (2).  Abstracta  ergo  coacta 
est  cum  rege  [viro  suoj  (5)  Jerusalem  proficisci;  sed  vi- 
cissim  in  corde  utriusque,  licet  dissimularent  quantuni 
poterant,  remansit  injuria.  Imperator  Alemanniee 
Corrardus  et  rex  Francise  Ludovicus  Jerusalem  asso- 
ciati,  consilio  baronum  suorum  profecti  sunt  expu- 
gnare  Damascum.  Obsessa  igitur  per  triduum  Damasco 
a  Francis,  Germanis  et  Jerosolymitanis ,  captisque 
jam  muris  anterioribus  qui  hortos  ambiebant ,  cum  in 
brevi  civilas  capienda  putaretur  [et  esset],  dolo,  ut 
aiunt,  principum  Paloestinorum,  obsidio  removetur; 
[moleste  enim  tulerant  quod  eam,  post  captionem,  re- 

(i)  Telle  est  la  lecon  que  donnent  les  Mss.  4917-20,  au  lieu  de  ibi 
propinquis ,  qu'on  lit  dans  les  deux  premieres  editions. 

(2)  Edit.  ct  Mss.  4917-20,  paruisscnt. 

(5)  Ces  deux  mots  manquentdans  les  Mss.  4917  ^t  4918,  aussi  bien 
qne  dans  le  n"  10298-6. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  45 

p^es  concesserant  Theodorico  comiti  Flandriarum]. 
Facta  itaque  discessione,  rexFrancorum  et  Imperator, 
iterum  condicto  die  ad  obsidendam  Ascalonem,  cum 
suis  Joppe  conveniunt.  Sed  Jerosolymitisminirae  juxta 
condictum  occurentibus ,  imperator  Corrardus  Con- 
stantinopolim  navibus  evehitur.  Ptex  Franciae  Ludo- 
vicus,  suis  baronibus  repatriantibus,  cum  paucis  Jero- 
solymis  per  annum  moratur. 

Tunc  Rogerus  rex  Sicilife  navali  exercitu  Africam 
invadit,  captaque  urbe  quae  Africa  dicitur  pluribusque 
castris,  archiepiscopum  Africae,  qui  sub  servitute  Ro- 
mam  venerat  consecrandus ,  ad  sedem  suam  remittit 
liberum. 

Mutata  est  ecclesia  sanctse  Genovefee  Parisius,  de 
statu  canonicorum  regularium  (i). 

Corrardus  [Romanorum]  et  Manuel  [Graecorum] 
imperatores  convenientes  in  Grsecia  (2)  expeditionem 
parant  contra  Rogerum  de  Sicilia  regem.  Sed  exercitu 
[eorum]  fame  et  aeris  intemperie  afflicto ,  Corrardus 
repatriat. 

Sanctus  Malachias  episcopus  Hyberniae  [a  Roma  re- 
diens]  in  Clarevalle  defunctus  est  [et  sepultus;  cujus 
vitam  scripsit  sanctus  Bernardus]. 


(i)  Cet  alinea  rnanque  dans  les  edit  et  dans  les  Mss.  4917-20,  mais 
la  phrase  est  inexacte  ou  incomplete.  II  faut  lire  :  Mutata  est....  in 
statum,  ou  bien  :  De  statu  canonicorum  secularium  in  statum  cano- 
nicorum  regularium.  Ce  fut  en  efFet  en  1 1^9  (v.  s.)  que  les  chanoines 
seculiers  furent  remplaces,  a  Sainte-Genevieve,  par  des  chanoines 
reguliers  de  Saint-Victor.  Voy.  mon  Paris  sous  Philippe-le- Bel, 
p.  4^2. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  in  unum,  au  lieu  de  iu  Grcecia. 


46  CHRONICON 

MCL. 

Ludovicus  rex  Francise  a  Palaestina  navigans  ut  in 
patriam  rediret,  Graecorum  naves,  qui  eidem  insidias 
paraverant,  incurrit.  Cumque  ab  eis  imperatori  Ma- 
nuel  Curfolium  obsidenti  praesentandus  deducitur, 
Georgius  dux  navium  regis  Siciliae  [eos]  aggreditur. 
Siquidem,  vastatis  et  spoliatis  Graecorum  provinciis, 
usque  ad  ipsam  urbem  regiam  Constantinopolim  acce- 
dens,  sagittas  igneas  in  palatium  imperatoris  jecerat 
et,  incensis  suburbanis,  de  fructu  hortorum  regis 
violenter  tulerat;  unde  rediens,  navibus  Grsecorum 
obviat quae  regem  Ludovicum  ceperant.  Quas  invadens, 
regem  eripit  et  eum  cum  honore,  laetus  de  triumpho 
et  victoria ,  in  Siciliam  duxit.  Nam  ut  ita  fieret  procu- 
raverat  Sicukis  rex ,  timens  insidias  Danaum  et  desi- 
derans  opportunitatem  exhibendi  devotionem  quam 
habebat  regi  et  regno  Francorum  :  qui  [ab  eo  usque 
Romam  honorifice  deductus  et  a  papa  Eugenio  magni- 
fice  et  gratanter  susceptus],  exinde,  auctore  Domino, 
prospere  migravit  in  Franciam. 

Remundus  princeps  Antiochiae  kaiendis  augusti 
contra  Turcos  egressus,  multis  suorum  captis  et  oc- 
cisis,  Turcorum  insidiis  est  occisusj  cujus  caput  Turci 
circumferentes,  fere  omnes  urbes  et  castra  principis 
receperunt  praeter  Antiochiam.  Quam  cura  nimis  in- 
festarent,  Balduinus  rex  Jerosolymitanus  contra  eos 
egreditur in  Syriam ;  eisquc  pertuibatis,  quamdam  mu- 
nitionem  eorum  circa  Damascum  capitet  Damascenos 
in  triennium  ( i )  tributarios  facit.  Milites  templi  Gazam 

fi)  IVAcherv  avait  cl'al)ord  imprinie  in  cKtermivi. :  dans  la  secondc 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  47 

Palsestiiiae  urbem  reaedilicantes ,  Ascalonitas  gravitei 

infestabant. 

Hugone  archiepiscopo  Turonensi  mortuo,  Enge- 

baudus  successit. 

MCLI. 

Habitis  per  Franciam  conventibus,  connivente  papa 
Eugenio ,  ut  abbas  Clarevallis  sanctus  Bernardus  Jero- 
solymam  ad  alios  provocandos  raitteretur,  grandis 
iterum  sermo  de  profectione  transraarina  celebratur; 
sed  per  Cistercienses  raonachos  totum  cassatur. 

Bartholoraaeus  Laudunensis  episcopus ,  tricesimo 
octavo  anno  sui  episcopatus,  contempto  mundi  sce- 
mate,  Fusniaci  (i)  induitur  habitu  monachali. 

Theobaldus  comes  Campanise  obiit  et  Llviaco  (2) 
sepelitur,  de  quo  quidam  ait  : 

Te  bonitas  totuni  dedit  oranibus,  optime  consul, 
Tunc  raodo  faraa  manens  boc  operatur  idem. 

Monsteriolum  castrum  capitur  super  Girardum 
Belloi  a  Gaufrido  comite  Andegavensi.  Nec  raulto  post 
idem  comes  obiit,  et  Cenomanis  in  ecclesia  sancti 
Juliani  sepelitur,  cui  successit  [in  comitatu  Andega- 

edition,  on  mit  in  annum,  d'apres  le  Ms.  de  Citeaux,  iecon  qu'ont 
suivie  les  derniers  editeurs.  Les  Mss.  49'9  et  4920  portent  simplcment 
Damascenos  irihutarios  facit.  Dans  le  n°  4918,  on  lit  in  ennium,  et 
dans  le  n°  4917,  '«  mennium. 

(i)  Les  edit.  et  les  Mss.  4917-20  portent  Fusciaci;  c'est  une  mau- 
vaise  lecon.  II  s'agit  ici  de  Foigni,  monastere  de  Tordre  de  Citeaux, 
fonde  au  diocese  de  Laon  par  ce  meme  eveque  Barthelemy,  qui  s'y  re- 
tiraTan  ti5i.  {Gall.  Christ.,  t.  IX,  coL  53i  et  628.) 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Livriaco.  Cette  lecon  ne  vaut  pas  mieux 
que  celle  de  notre  Ms.  Thibaud  fut  enterre,  suivant  Mabillon  et  Ic 
pere  Pagi,  a  Lagni-sur-iMarne.  Vo) .  Art  de  verif.  les  dates ,  in-fol., 
t.  II,p.  6t8. 


48  CHRONICON 

veiisi]   Henricus  filius  ejus  qui  postea  fuit  rex  An- 

gliae(i). 

MCLII 

Ludovicus  rex  Franciae  zelotypiae  spiritu  inflamma- 
tus,  cum  Alienorde  uxore  sua  in  Aquitaniam  vadit, 
munitiones  removet  et  gentes  suas  inde  reduxit.  Et 
dum  regrederetur,  apud  Baugenciacum  castrum  jurata 
consanguinitate  uxorem  suam  repudiat,  [de  qua  duas 
filias  habebat,  Mariam  quam  Henricus  comes  Trecensis 
postea  habuit  uxorem,  et  Aelidem  quam  Theobaldus 
comes  Biesensis  postea  duxit.  Facto  itaque  divortio 
inter  regem  Franciee  et  Alienordem  conjugem  suam  , 
dum  in  terra  navitatis  sua^regrederelur],  Henricusdux 
Normannige  [et  comes  Andegavis  ei  occurens]  eam 
duxit  in  uxorem;  pro  quo  inter  ipsum  et  Ludovicum 
regem  magna  discordia  insurrexit.  Genuit  autem  postea 
idem  Henricus  dux  Normanniae  ex  praedicta  Alienorde 
regina  Henricum  juvenem  regem  Angliae,  Richardum 
regem  Angliae,  Gaufridum  comitem  Britanniae,  Johan- 
nem  regem  Angliae  (2);  item  quatuor  filias,  quarum 
una  data  est  uxor  regi  Castellae,  unde  orta  estpostmo- 


(1)  Tous  les  autres  Mss.  portent :  Henricus ,  filius  cjus  ex  Matliilde 
imperatrice ,  Jilia  regis  Ilenrici,  queni  prius  rcx  Francice  Ludovicus 
ducatu  Normannice  sihi  jure  debito  investierat  contra  Stephanum 
Anglice  regem.  Pendanl  que  Mathilde  faisait  la  guerre  en  Angieteri-e, 
au  roi  Etienne,  Geofiroy,  comte  d'Anjou,  son  niari,  s'etait  erapare  de 
la  Normandie,  qu'il  conserva  jusqu'a  sa  raort.  Son  CIs  Henri  Planta- 
genet  lui  succeda  dans  le  duche  de  Normandie  ct  dans  lcs  comtes 
d'Anjou  et  du  ]\Iaine. 

(2)  Les  precedentes  cdit.  portent,  conformement  aux  Mss.  4917-20  : 
Genuit  autem  postmodum  idem  Henricus....  Henricum,  Richardum  et 
Johannem,  poslca  reges  Anglioi ,  atque  Gnufridum  comitem  Britan- 
nice ;  itrm  quatuor  fdias ,  etc. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  40 

dum  Blancha  regliia  Franclae  [mater  sancti  Ludovici 
regis] ,  altera  vero  Constantinopolitano  iraperatori 
nomine  Alexi  (i),  tertia  quoque  Saxoniae  duci,  unde 
natus  est  Otho  qui  postea  imperator  fuit,  quarta  vero 
Tholosano  comiti,  unde  natus  est  Remundus,  cujus 
tiliam  postmodum  accepit  Alphonsus  comes  Pictaven- 
sis ,  frater  regis  Francise  apud  Carthaginem  defuncti. 

Regina  Jerosolymorum  ad  inimicos  Dei  (2)  familia- 
rius  se  habente,  Balduinus  rex  filius  ejus  contra  eam 
insurgit ,  et  obsessis  captisque  munitionibus  ejus,  in 
Urbem  Sanctam  intrare  ab  ipsa  secundo  prohibetur; 
sed  postea  violenter  ingressus  eamque  in  arce  obsidens, 
facta  pace,  Neapolim  ei  dimisit  et  reliquam  regni  par- 
tem  sibi  retinuit. 

Tunc  Massamuti  (5),  quos  quidam  Moabitas  dicunt, 
post  usurpatum  Mauritaniae  (4)  regnum ,  regemque 
patibulo  affixum,  etiam  regem  Bulgiae  occidentes,  re- 
gnum  ejus  invadunt,  ipsamque  Siciliam ,  Appuliam, 
Romam  quoque  se  invadere  minantur. 

Eugenius  papa  cum  Romanis  pace  facla  urbem  in- 
greditur,  ibique  cum  eis  anno  uno  primitus  commo- 
ratur, 

Radulphus  comes  Viromandensis  obiit,  et  ejus  comi- 


(1)  Ici,  dit  de  La  Barre  apres  d'Achery,  Nangis  a  ete  mal  servi  par 
sa  memoirc,  car  il  ecrit  plus  bas  que  la  femme  d'AIexis  fut,  non  la  fille 
d^Henri  roi  d'Angleterre,  mais  la  fdle  de  Louis  VII  roi  de  France. 
—  Les  auteurs  de  VAH  dc  verif.  les  dates  ne  donnent  a  Henri  11  que 
trois  fdles. 

(a)  Fidci  dans  les  edit.  et  dans  les  Mss.  4917-20. 

(5)  Mss.  4917.  4918,  49195  Mcssaniuti :  4920,  Messamicti. 

(4)  Edit.,  Moritanice ;  Mss.  49i7"20,  Maritanice.  II  s'agit  des  an- 
ciennes  Maurilanies,  representees  aujourd'hui  par  le  Maroc  et  les  re- 
gences  d'Alger  et  d'Oran. 

4 


50  CHRONICON 

tatus  ad  Philippum  Flandieiisem  comitem,  ope  regis 
Franconim  Ludovici,  devolutus  [est]. 

Corrardus  imperator  obiit,  qui ,  cum  quindecim 
annis  regnaverit  (i ),  benedictionem  tamen  imperialera 
non  habuit.  Cui  Fredericus,  dux  Saxoniae,  nepos  ejus, 
per  electionem  successit  (2).  Obierunt  etiam  viri  reli- 
gione  et  scientia  clari,  Hugo  Autissiodorensis  et  Josle- 
nus  Suessionensis  episcopi ,  atque  Sugerius  abbas 
sancti  Dionysii. 

MCLIII. 

Obiit  Eugeiiius  papa,  sancti  Bernardi  discipulus  (5); 
cui  successit  Anastasius,  natione  Romanus.  Venerandae 
quoque  memoriae  abbas  Clarevallis  Bernardus,  post 
claros  actus  et  multarum  animarum  lucra  ,  post  [cen- 
lum  et  sexaginta  (4)  de  monachis  suis]  fundata  mo- 
nasteria  et  plurima  miraculorum  signa  exhibita ,  beato 
fine  quievlt.  Ex  cujus  discipulis  cum  plures  ad  episco- 
patum,  archiepiscopatum  vel  etiam  papatum  promoti 
fuerint,  ipse  tamen  nunquam  episcopus  sive  archie- 
piscopus  esse  voluit,  llcet  electus  atque  invitatus  mul- 
toties  et  multis  in  locis.  Sepultus  est  anle  altare  bea- 
tissimae  virginis  Mariae  (5)  ,  ipsoque  in    tumulo  ejus 

(i)  Les  cinq  mots  qui  cum  q.  a.  r.  ne  sont  donnes  que  par  le 
Ms.  10298-6. 

(2)  Frederic  I",  dit  Barberousse,  fils  de  Frederic  duc  de  Souabe 
et  de  Juditb,  fille  d'Henri  le  Noir  duc  de  Bavicre,  fut  elu  enipereur 
en  ii52,  le  4  mars,  et  couroune  le  9  du  meme  mois.  Ces  epoques 
sout  constatees  par  des  chartes  [Art  de.  verif.  les  datex).  II  mourut  le 
10  juin  1190. 

(5)  Les  mots  sanct.  Bern.  disc.  nc  se  trouvent  que  dans  notre  Ms. 

(4)  Le  Ms.  10298-6  porte  seulement  multa....  monasteria. 

(5)  Les  mots  Sepultus  cst  a.  a.  b.  v.  M.  manquent  dans  les  edit. 
precedentes  et  dans  les  Mss.  4917-20;  ainsi  que  les  mots  eod.  annos. 
rn.  a.  Jerosol.,  qui  se  trouvtnt  ua  peu  plus  bas. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  51 

pectori  superposila  est  capsula  reliquias  conliiieiis 
beali  Thadaei  apostoli,  quas,  eodem  anno  sibi  missas  a 
Jerosolymis,  jussit  corpori  suo  supponi,  eo  utique  fidei 
et  devotionis  intuitu ,  ut  eidem  apostolo  in  die  com- 
munis  resurrectionis  adhaereat. 

Ludovicus  rex  Franciae  Normanniam  aggressus, 
Vernonem  castrum  obsidet  et  capit,  [Henrico  duce  in 
Anglia  existente].  Henricus  dux  Normannice  [et  Aqui- 
taniae]  comesque  [Pictaviee  et]  Andegavise,  dum  contra 
regem  Angliae  Stephanum  fortiter  dimicaret,  idem 
Stephanus  rex  labore  debilitatus  et  senio,  nec  non  et 
defuncto  filio  suo  Eustachio  (i),  spe  heredis  desolatus, 
hujusmodi  pacem  cum  Mathilde  imperatrice  etHenrico 
filio  suo  fecit  :  scilicet  quod  Henrico  post  eum  re- 
gnum  Angliae  in  pace  remaneret,  et  Henricus  eum  in 
patrem  et  ipse  Henricum  in  filium  adoptaret;  et  ita 
Stephanus  in  regni  solio  in  pace  resedit,  et  Henricus 
vices  regis  agens,  in  statum  pristinum  totam  Angliam 
reformavit. 

Rex  Jerosolymorum  Balduinus ,  regni  integritate 
potilus,  Ascalonem  Palaestinse  caput  post  longam  ob- 
sidionem ,  non  sine  gravi  damno  et  multa  suorum 
profligatione,  tandem  cepit. 

Florebant  tunc  temporis  in  Francia  doctores  in- 
signes,  Pelrus  Lombardus,  Odo  Suessionensis,  Ivo 
Carnotensis  (2).  Quorum  Petrus  volumen  edidit  Sen- 


(i)  Ce  jeune  prince  avait  epouse  Constance,  soeur  de  Louis  \  II  roi 
de  France. 

(2)  Les  edit.  precedentes  portent  Odo  Siiessionensis  et  Yvo  Carno- 
tensis  episcopi,  comme  s'il  pouvait  encore  etre  question ,  en  11 55, 
d'un  eveque  de  Chartres  mort  en  iii5  (voy.  ci-dessus,  p.  5,  not.  4)- 
II  s'agit  ici  d'iin  certain  Yves  de  Chartres,  docteur,  disciple  de  Gil- 


52  CHROiMCOiN 

tcntiaruftn\usituor  distiiictuni  libris,  ex  diversis  saiicto- 
rum  et  doctorum  dictis  utiliter  compilatum.  Hic  etiam 
glossaturam  super  psalterium  et  epistolas  Pauli,  ab 
Anselmo  Laudunensi  per  glosulas  interlineares  margi- 
nalesque  distinctam,  et  post  a  Gileberto  [Porree]  con- 
tinuative  productam,  lalius  apertiusque  explicuit. 

MCLIV. 

Obiit  Rogerusrex  Siciliae,  princeps  utilis  et  actibus 
clarus,  post  insignes  de  Sarracenis  victorias  eorum- 
que  terras  occupatas,  nec  inferiorem  se  filiuni  Guil- 
lermum  (i),  regni  ac  victoriarum  successorem,  reli- 
quit. 

Mortuo  Stephano  rege  Anglifie,  Henricus  dux  Nor- 
manniae  in  regnl  solio  sublimatur;  hic  Henricus 
Angliam,  Normanniam,  Cenomanniam,  Andegaviam, 
Turoniam,  Pictaviam  et  Aquitaniam  viriliter  regens, 
volens  alas  suae  potestatis  per  universas  extendere  re- 
giones,  maximam  partem  Hiberniae  acquisivit  (2). 

Obiit  Anastasius  papa,  cui  snccessit  Adrianus  [na- 
tione  Anglicus],  qui  slatim  Fredericum  [regem  Roma- 
norum]   ad  imperium   coronavit;   cujus  coronationi 


bert  de  ia  Poree,  que  celiii-ci  avait  cite  pour  sa  defense,  en  ii48, 
au  concile  deSens  (voy.  Hist.  litter.  de  la  Fi:,  t.  X,  ]).  n5).  Ajoutons 
qu'en  ii53,  c'etait  Ansculfe ,  fds  de  Nivelon  seigneur  de  Pierrefons 
ct  d'Havise  de  Montmorency,  qui  occupait  le  siege  episcopal  de  Sois- 
sons,  et  qu'aucun  des  eveques  de  cette  ville  n'a  porto  le  nom  de  Odou 
ou  Eudes.  Gnll.  Christ.,  t.  IX,  p.  56o.  Quant  a  Pierre  Lombard  , 
eveque  de  Paris,  surnomme  le  Maitre  des  sentences,  voyez  VHist. 
liiter.  de  la  Fr.,  t.  XH,  p.  585. 

(i)  Guillaumel",  dit  le  Mauvais,  de  ii54  a  1166. 

(2)  Edit.  et  M.ss.  4917-20,  Mortuo  S.  r.  A.  H.  d.  N.  et  Aquitania;, 
cnmesquc  Andc^avia;  cl  Pictavia;  iii  re^iii  s.  .v..  hic  fiosfmnduin 
mnximam  pnrteiii  Hil>criii(cacquisi\ut. 


GUILLELMI  DE  iNAlNGlACO.  53 

cum  Roraaiii  resislereiit,  poteiiter  a  Thentoiiicis  sunl 
repulsi. 

Ludovicus  rex  Fraiiciae  Coiistantiam  filiam  impe- 
ratoris  Hispaniae  (i),  feminam  morura  honestate 
praecipuam,  apud  Aurelianis  duxit  in  uxorem ;  cjuae 
ab  HugoueSenonensi  archiepiscopo  ibidemunctaestin 
reginam.  Quod  Sanson  Remensis  archiepiscopus  aegre 
tulit,  dicens  regis  Franciae  et  reginae  unctionem  ad  se, 
ubicumque  consecrati  fuerint,  pertinere.  Contra  quem 
Ivo  (2)  Carnotensis  episcopus,  decretorum  et  legum 


(i)  Coastance  etait  fiUe  d'Aiphonse-Raimond  VIII,  roi  de  Castille. 
On  lit  dans  les  preuves  de  l'Histoire  de  saint  Denys ,  par  Felibien , 
p.  109,  une  charte  de  ce  monarque,  oii  il  prend  le  titre  de  imperalov 
totius  Hispanice.  Cf.  Mabii.i..,   De  re  diplom  ,  p.  4^2. 

(2)  Ici  d'Achery  avait  simplement  remarque  que  Yves ,  eveque  de 
Chartres,  etait  mort  depuis  longtemps.  De  La  Barre  a  supjirime  cetle 
observation  et  Ta  remplacee  par  un  renvoi  a  la  Chronologie  du  moine 
d'Auxerre,  et  a  l'epitre  i8g  d'Yves  de  Chartres.  Robert,  moine 
d'Auxerre,  a  Tannee  ii54  [Hist.  de  Fr.,  t.  XII,  p.  '2q5) ,  raconte  le 
sacre  de  la  reine  Constance ,  a  peu  pres  dans  les  memes  termes  que 
uotre  chroniqueur.  Seulement  c'est  lui  qui ,  de  son  chef ,  cite  l'auto- 
rite  de  Teveque  de  Chartres,  sans  que  rien,  dans  son  recil,  puisse 
induire  a  croire  que  saint  Yves  eut  ecrit,  en  1 154,  contre  rarcheveque 
Sanson,  comme  cela  semblerait  resulter  du  lexte  de  Kangis.  Si  main- 
tenant  on  lit  la  189*  lettre  d'Yves  de  Chartres  {Hist.  de  Fr.,  t.  XY, 
p.  1 44  et  suiv.  j,  on  y  trouve  un  manifeste  ecrit  quarante-six  ans  aupara- 
vant  dans  une  circonstance  semblable,  contre  Tarcheveque  de  Reims 
Raoul  et  son  clerge,  qui  se  plaignaient,  en  1108,  que  Louis  le  Gros 
eut  ete  sacre  par  rarcheveque  de  Sens.  Apres  quelques  arguments 
applicables  seulement  au  sacre  de  Louis  M,  saint  Yves  en  developpe 
quelques  autres,  qu'ou  pouvait  invoquer  dans  tous  les  temps,  savoir 
qu'aucune  loi  ne  deferait  a  l'archeveque  de  Reinis,  preferablement  ;i 
tout  autre,  le  droit  de  sacrer  les  rois;  qu'il  y  avait  plusieurs  exemplcs 
de  rois  de  France  sacres  ailleurs  qii'a  Reims,  et  par  d'autres  prelats  que 
par  rarcheveque  dc  cettc  ville.  -  L'autorite  d'Yves  de  Chartres  est 
encnre  invoqn('e  plus  biis  (  annec  iv.^S)  dans  iinc  circnusiance  ana- 
los-uc. 


54  CHRONICON 

peiitissimus  ,  tam  rationibus  quam  exemplis  ad- 
struxit,  non  ad  eum  solummodo  unctionem  regalem 
pertinere,  cum  ipse  scripto  vel  exemplo  probare  ne- 
queat  se  vel  aliquem  antecessorum  suorum  aliquem 
regem  Franciae  vel  reginam  extra  provinciam  Belgicam 
consecrasse,  nec  de  jure  communi  possit  in  alterius 
metropoli  vel  dioecesi  sibi  jus  proprium  vindicare. 

De  ista  autem  [Constantia]  regina  genuit  Ludo- 
vicus  rex  filiam  nomine  Margaretam,  Henrici  juvenis 
regis  Angliae  uxorera,  quam,  eo  mortuo,  Bele  rex  Hun- 
gariae  desponsavit. 

MCLV. 

In  partibus  Burgundise,  quinto  decirao  kalendas  fe- 
bruarii  (i),  ter  in  una  nocte  fuit  terree  motus,  a  quo 
multa  ?edificia  sunt  subveisa. 

Guillermus  rex  Siciliae  in  jEgyptum  exercitum  du- 
cens,  urbem  Taneos  (2)  spoliat  etdevastat;  sed  inde 
revertens,  dolum  imperatoris  Graecorum  offendit  , 
et  cum  essent  Siculi  pauciores ,  tamen  centum  qua- 
draginta  naves  Graecorum  capiunt,    spoliant  et   de- 

vincunt. 

MCLVI. 

Guillermus  rex  Siciliae  Massamutos  (3)  qui  in  Italia 
Puteolum  castrum  spoliaverant  capit  et  exterminat. 

Regem  Babyloniorum  quidam  dc  suis  principibus 
interfecit,  et  inde  cum  infinitis  thesauris  fugiens,  a 


(i)  Le  18  janvier. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Thaneos. 

(5)  D'Acliei"v,  in  Assautas;  le  Ms.  de  Citeaux,  inassamitas ;  c'est 
sans  doute  le  inot  Massamilas ,  qui  a  ete  mal  lu,  et  que  donne  aussi 
le  Ms.  4920.  Les  Mss.  4917»  49^^  portent  Massamutas ;  le  Ms.  4919» 
Massnminins.  Vnv.  ri-dessus  anncc  \\5'i. 


GUILLELMI  DK  NAWGIACO.  55 

miiitibus  Templi  occiditm-,  captotjue  ejus  filio  cum 
copia  ihesaurorum  (i). 

Fredericus  imperator  transalpinando  in  Italiamfor- 
titer  agit  et  adversantium  sihi  castra  dejicit. 

Ludovicus  rex  Franci.np  ecclesiam  Senonensem  a  pra- 
vis  exactionibus,  quibus  in  morte  archiepiscopi  solebat 
fatigari  de  consuetudine,  exemptavit. 

MCLVIL 

Imperator  Fredericus  cum  infinito  exercitu  urbes 
et  castella  Italiae  expugnans,  multa  in  deditionem  re- 
cipit.  Mediolanum  vero  urbem  obsidens,  circa  eam 
fere  per  septennium  commoratur. 

Engebaudo  Turonensi  archiepiscopo  mortuo  suc- 
cessit  Joscius  Brito. 

Margareta,  filia  Ludovici  regis  Franciae  ex  Constan- 
tia,  datur  filio  Henrici  regis  (2)  Angliae  in  uxorem,  et 
pax  inter  eos  reformatur. 

MCLVIIL 
In  partibus  Saxoniae  qusedam  sanctinionialis  Eliza- 
beth  (5)  mirabiles  visiones  de  conceptione,  nativitate 
et  assumptione  beatae  Dei  genitricis  et  virginis  Mariae 
vidit;  vidit  etiam  de  gloria  undecim  millium  vir- 
ginum. 

(i)  La  mort  du  visir  El-Abbas  et  de  son  fils,  assassins  du  calife 
Dhafer  Bamrillah,  arriva  peut-etre  en  1 156;  mais  le  meurtre  du  calife 
avait  eu  lieu  en  avril  1 155- 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  spondetur  Henrico  Jilio  primogenito.  Le 
mariage  dont  il  est  ici  question  ne  pouvait  exister  qu'en  projet, 
Tan  1 157,  car  Henri  au  court  3IanteI  et  Marguerife  de  France  etaient 
encore  au  berceau. 

(5)  Saintc  Elisahelh ,  ahbesse  de  Schoiiauge  ,  au  diocese  de  Treves  ; 
elle  mourul  le  18  juiu  1 165.  Bom.and.,  juin,  l.  III,  p-  604  et  suiv. 


56  CHRONICON 

Florebat  hoc  tempore  Theobaldus  Cantuariensis  ar- 
chiepiscopus  de  Beccensi  monasterio  [in  Normannia] 
assumptus,  vir  per  omnia  laudabilis  et  magnificus , 
tam  in  saecularibus  quam  ecclesiasticis  negotiis  expe- 
rientissimus.  Per  ipsum  [sanctus]  Thomas  [postea 
martyr],  archidiaconus  Cantuariensis,  factus  est  regis 
Angliae  Henrici  cancellarius. 

Signum  crucis  apparuit  in  Luna.  Nonis  septem- 
bris  (i),  tres  soles  visi  sunt  in  parte  occidentali,  sed 
duobus  paulatim  deficientibus,  sol  diei,  qui  medius 
erat,  remansit  usque  ad  occasum. 

MCLIX. 

Adrianus  papa  obiit,  eoque  mortuo  facta  in  Eccle- 
sia  Romana  magna  turbatio.  Cardinales  enim  ad 
invicem  divisi  duos  elegerunt  sibi  pontifices,  Rollan- 
dum  scilicet  cancellariiim  (2) ,  qui  Alexander  papa 
dictus  est,  et  Octavianum  (3);  gravi  scismate  Ec- 
clesiam  dirumpentes;  unde  proceres  regionum  tur- 
bati  sunt,  quidam  uni  quidam  alteri  adhaerentes. 
Imperator  siquidem  Romanus  cum  suis  episcopis  Oc- 
taviano,  qui  a  sibi  faventibus  papa  Victor  acclamatus 
est,  cessit  (4).  Rex  vero  Francias  Ludovicus,  et  rex 
Angllse  Henricus  cum  suis  [praelatis]  ,  Alexandrum  iu 
patrem  et  dominum  susceperunt. 


(i)  Le  5  septembre. 

(2)  Les  trois  mots  RoU.  sc.  canc.  manquent  dans  lcs  edit.  et  dans 
les  Mss.  4917-^0. 

(5)  Mss.  49'7?  49'8,  49^0,  Othovianum ;  49'9)  Otho?iiiinum. 

(4)  Seize  mots,  depuis  /m/:;era/fl7' jusqu'a  cessit,  sont  omis  dans  les 
cdit.  et  dans  les  Mss  ^vt\%-J.o.  Dans  le  n"  49'7  ''  manque  senlemenl  lo 
nom  do  Victor. 


GUiLLELMl  DE  NAINGIACO.  57 

MCLX. 

Eclipsis  lunae  fit  et  moritur  Constantia  regina,  filia 
imperatoris  Hispaniae  (i),  femina  vitae  laudabilis  et 
moribus  perornata .  Rex  vero  Ludovicus  aliam  (2)  duxit 
uxorem ,  Adelam  scilicet  filiam  comitis  Campaniae 
Theobaldi,  quem  defunctum  superius  diximus.  Hanc 
Hugo  Senonensis  archiepiscopus  in  reginam  Franciae 
Parisius  consecravit ,  praesentibus  tribus  [ecclesire 
Romanae]  cardinalibus. 

Circa  idem  tempus  miracula  beatae  Mariae  de  Rupe 
Amatoris  incoeperunt. 

MCLXL 

Obiit  Guillelmus  comes  Nivernensis,  cui  Guiller- 
mus  filius  ejus  succedens,  a  comite  Joviniaci  et  comite 
Sacri-Caesaris  (5)  multas  infestationes  sustinuit;  sed 
tandem  praevaluit. 

Henricus  rex  Angliae,  dux  Aquitaniae  [et  Norman- 
niae],  venit  contra  [Tholosanum  comitem  apud]  Tho- 
losam;  sed  rex  Franciae  Ludovicus  [urbem]  intraverat 
ad  defendendam  eam;  unde  rex  Henricus,  veritus  ob- 
sidere  dominum  suum,  recessit(4)- 

(i)  Dans  les  edit.  et  les  Mss.  4917-20  les  mots  fdia  imp.  Hisp.  .sont 
remplaces  par  regina  Francice.  Les  six  niots  qui  suivent  Ae^m^femiiia 
jusqu'a  perornata  ne  sont  donnes  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(2)  Edit.  etMss.  4917-20,  tertiam. 

(3)  En  1161  le  comte  de  Joigni  etait  Renaud,  quatrieme  du  nom  ; 
celui  de  Sancerre,  Etienne  I'',  troisieme  fils  de  Thibaut-le-Grand 
comte  de  Blois  et  deChampagne. 

(4)  Cet  evenement  eut  lieu  au  mois  d'aout  iiSg.  D.  Vaissetk,  Abr. 
de  IHist.  de  Languedoc,  t.  III,  p.  g4  et  suiv.  Le  comte  de  Toulousr 
etait  Raymond  V,  devenu,  en  1 154,  beau-frere  de  Louis  Vll ,  par  soii 
mariage  avec  Constance,  veuve  d'Eustachc  comte  de  Boulogne  ct  fils 
d'Eticnne  roi  d'Angl€terre.  Voy.  ci-drssus,  p    5i,  nol.  i. 


68  CHRONICOIS 

MCLXII. 

Baldulno  rege  Jerosolyraorum  sine  herede  defuncto, 
Almaricus,  frater  ejus,  eidem  in  regno  successit. 

Fames  ingens  fuit  per  totnm  regnum  Franciae. 

Tunc  Mediolanenses  [fere]  per  septennium  [a  Fre- 
derico  Romanorum  imperatore]  obsessi,  cum  victua- 
liumpenuria  laborarentet  aliasltaliaeurbesarebellione 
defecisse  conspicerent,  imperatori  se  dederunt;  qui  ci- 
vitatis  muros  destruens,  et  turres  dejiciens,  totam  ur- 
bem  dispersit  in  vicos,  Quo  facto,  Rainaldus  (i)  Colo- 
niensis  archiepiscopus  corpora  trium  Magorum,  ([ui 
dominum  in  Bethleem  adoraverunt,  olim  Constanti- 
nopoli  translata  et  inde  apud  Mediolanum  transvecta, 
a  Mediolano  Coloniam  transportavit. 

Alexander  papa  in  Galliam  venit  et  a  Franciae  et 
Anglige  regibus  est  susceptus. 

Sanctus  Thomas  Cantuariae  archiepiscopus  conse- 
cratur. 

MCLXIII. 

Alexander  papa  Turonis  in  Pentecoste^a)  concilium 
celebravit,  et  post  in  festo  sancti  Hieronymi  (5) 
Senonis  veniens  ,  per  annum  et  dimidium  ibidem 
mansit. 

Sanctus  Thomas  Cantuariensis  archiepiscopus,  exsul 
ab  Anglia,  aufugit  in  Franciam;  qui  veniens  Senonis 
ad  papam  Alexandrum,  ostendit  ei  consuetudines 
regis  Angliae  propter  quas  exsulabat  :  quas  cum  do- 
mino  Papae  et  cardinalibus  rationabiliter  exposuisset. 


(i)  Edit.  et  Mss. ,  Bcginaldns. 

(2)  Le  ig  niai,  joar  dc  I  octave  de  la  Pentecole. 

(5)  Le  5o  septenibre. 


GUILLELMI  DJ£  NANGIACO.  59 

admiratus  domlnus  Papa  ejus  sapientiam  el  eum  iio- 
norablliter  susclpiens,  gratias  ei  agere  coepit  quod 
Ecclesiam  Dei  tam  periculosis  temporibus  contra 
tyrannorum  insultus  tueri  suscepisset.  Tunc  consue- 
tudines  illas  dominus  Papa  perpetuo  condemna\it,  et 
observatores  atque  exactores  earum  aeterno  anathe- 
mati  subdidit.  Sanctus  autera  Thomas,  consilio  do- 
mini  Papae  apud  Pontiniacum  [coenobium]  se  confe- 
rens  ,  Ibldem  [fere]  per  blennium  stetit.  Deinde 
Senonis  in  coenobio  sanctse  Columbae  commorans, 
expensis  regls  Franciae  Ludovici  sustentatus  est. 

Alexander  papa  Senonls,  in  ecclesla  sancti  Stephani, 
altaresanctorum  apostolorum  Petri  etPauli  consecra- 
vit,  et  ecclesiam  (i)  sanctae  Columbae  dedicavit. 

Guillermus  [comes]  Nivernensis  comltem  Stepha- 
num  Sacri-Caesarisjuxta  Marchlam  (2)  in  bellodeviclt, 
et  de  suls  multos  occidit  et  cepit. 

MCLXIV. 
Rex  Angliae  Henricus  cognoscens  in  quanto  honore 
sanctus  Thomas  Cantuariensis  archiepiscopus  a  domino 
papa  Alexandro  esset  susceptus,  et  quod  in  Pontiniaco 
locura  sibi  mansionis  elegisset;  cum  jam  in  ipsum 
desaevire  non  posset,  in  suos  inaudito  crudelilatis 
genere  debacchatus  est,  Praecepit  namque  ut,  ubi- 
cumqueallquis  de  cognatione  ejus  vir  aut  mulier  inve- 
niri  potuisset,  exheredatus  et  spoliatus  bonis  propriis, 
a  suo  regno  pelleretur,  exacto  prius  ab  eo  sacramento, 
quod  Pontlniacum,  contristandi  gratla  archiepisco- 
pum,  proficlsceretur  et  se  ei  praesentaret, 

(1)  Edit.  et  Mss.,  monasterium . 

(2)  Ces  (Ipux  mols  tie  sont  donnes  que  par  notie  Ms 


60  CHRONICO^ 

MCLXV. 

Alexander  papa  Romam  revei  titur  et  ciim  maguo 
honore  suscipitm^  a  Romanis. 

Philippus  Ludovici  regis  Franciae  filins,  mense  au- 
gusto  in  octavis  beatse  Mariae  nascitur  nocte  (i)  do- 
minica.  Dequo  etiara,  antequam  natus  esset,  talera  in 
somnis  pater  ejus  (2)  rex  Ludovicus  vidit  visionem; 
videlicet  quod  ipse  Pliilippus  filius  suus  aureum  cali- 
cem  in  manu  sua  plenum  humano  sanguine  tenebat, 
dequopropinabat  omnibus  suis  principibus,  et  omnes 
in  eo  bibebant  :  unde  quid  talis  hujusraodi  visio  por- 
tenderit  sequentia  ejus  facta  declararunt. 

Guichardus  secundus  (3)  abbas  Pontiniaci  in  Lug- 
dunensen  arcliiepiscopura  est  assumptus. 

MCLXVI. 

In  Ruthenensi  pago  qusedam  tempestas  gravi  fla- 
gello  castigavit  populum  Dei ;  nam  lupi  feroces  [a 
silvis  egressi]  ab  uberibus  matrum  parvulos  rapiebant 
et  diris  morsibus  devor.ibant, 

Henricus  Belvacensis   episcopus ,    frater    Ludovici 

regisFranciae,  quera  supra  raonachum  fuisseClareval- 

lisdiximus,  translatus  in  archiepiscopatum  Remensera 

fuit. 

MCLXVII. 

Fredericus  imperator  odio  Alexandii  papae  Romani 

(i)  Les  edit.  et  les  Mss.  4917-20,  in  oct.  nssiimptinnis  b.  M.  die  do- 
minica.  Rigord  ct  Guiliaunie-le-Breton  fixent  ia  naissance  de  Pliilippe- 
Augosle  au  11  des  calendes  de  septemlire,  jour  de  la  fete  de  saint 
Timothee  et  de  sainl  Symphorien.  Cest  le  T?.  aout  qui,  Tan  iit>.5, 
tomhait  en  effetun  dimanche. 

{•i)  Edit.  et  Mss.  4917?  49'9)  i^^  7'"^  pnler  ejus  tnlem,  etcj  49'^> 
Dc  quo  ctinm  patcr  ejus  tnlem,  etc. 

(3)  Kdit.  ct  Mss.  49i7-''o,  (iuicfinidus  ahhas ,  rtc. 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  61 

obslciet(i),  sed  Dei  judiciopene  omiiis  illlus  exercitus 
peste  perit,  et  sic  moestus  (2)  cum  paucis  ad  propria 
remeavit. 

Mathildis  imperatrix,  mater  regis  Angliae  Henrici, 
moritur. 

Obiit  Guillermus  rex  Sicilise,  cui  Guillermus  filius 
ejns  (3)  successit. 

Almaricus,  prius  abbas  Karoli-loci ,  deinde  Silva- 
nectensis  episcopus,  obiit. 

MCLXVIII. 

Talis  pestis  fuit  in  Jerosoiymis,  quod  fere  omnes 
peregrini  mortui  sunt  ;  ibique  Guillermus  comes  Ni- 
vernensis  sine  herede  defunctus  est ;  [cui  successit 
Guido  frater  ejus]. 

Erat  tunc  in  Siciiia  quidam  francigena  regis  Siciliae 
[Guillermi]  cancellarius  (4),  quem  quidam  potentes 
Siculi  odientes,  in  odium  ipsius  iitleras  per  Appuliam 
[et  Caiabriam]  direxerunt  ut  quotquot  Franci  inveni- 
rentur,  capitaiiter  punirentur;  quod  et  factum  est  : 
sed  rex  Siciiise  lioc  agiioscens,  auctores  iiiius  seditionis 
pari  sententia  condemiiavit. 

MCLXIX. 
In  Siciiia  urbs  Cathania  (5)  terrae  motu  subvertitur. 


(i)  Telle  est  la  lecon  de  tous  les  Mss.  Les  deux  premieres  edit. 
portent  odio  Al.  papce  romanijlagrabat. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  victus. 

(5)  Guillaume  II,  dit  le  Bon,  qui  eut  pour  precepteur  Pierre  de 
Blois,  et  regna  de  1 166  ii  i  i8g. 

(4)  Etienne  du  Perche,  chancelier  de  Sicile  et  archeveque  de  Pa- 
lerme.  II  fut  obUge,  pour  sauver  sa  vie,  d'abandonner  la  Sicile  en  1 169. 
II  s'embarqua  pour  la  Syric,  oii  il  mourut  peu  de  temps  apres. 

(.5)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Cathina. 


62  CHRONICON 

Ibi  episcopus,  clerus  et  abbas  de  Mileto  cum  qua- 
draginta  raonachis,  et  fere  quindecim  millia  hominum 
perierunt. 

Henricus  rex  Angliae  majorem  filium  suum  Henri- 
cum,  generum  Ludovici  reglsFranciae,  in  odium  sancti 
Thomae  archiepiscopi  Cantuariensis,  fecit  consecrari  in 
regem  a  Rogero  Eboracensi  episcopo,  quod  ad  solum 
Cantuariensem  archicpiscopum  pertinebat,  et  hoc 
contradicente  archiepiscopo  qui  apud  Senonas(i)in 
Galliam  exsulabat. 

Obiit  Hugo  Senonensis  archiepiscopiis,  cui  successit 
Guilleimus  Theobaldi  comitis  Campaniae  [defunctij 
filius  et  frater  reginae  Franciae  Adelae,  qui  erat  Carno- 
tensis  electus,  sed  nondum  episcopus  consecratus. 
Hunc  Senonls  consecravit  venerabilis  Mauricius  Pari- 
siorum  episcopus  (2). 

MCLXX. 

In  transmarinis  partibus  fuit  horribilis  terrpR  mo- 
tus  quarto  kalendas  julii  (3),  ubi  urbibus  subversis  et 
oppidis,  Christiani  et  pagani  innumerabiliter  perie- 
runt.  Ruit  etiam  magna  pars  Antiochiae  (/j),  et  civitas 
Jerusalem  Iremuit,  sed  Deo  miserante  non  periit. 

Henricus  Angliae  rex  sanctum  Thomam  Cantuarien- 
sem  archiepiscopum ,  obtentu  domini  papae  Alexan- 
dri  et  regls  Francise  Ludovici ,  ab  exsilio  revocat  :  sed 
dum  pacem  cum  eo  esset  facturus ,  sicut  promiserat , 

(i)  Les  mots  ap.  Senon.  ne  sont  donnes  queparleMs.  10298-6. 
(.2)  Maurice  de  Sully,  ainsi  nomme  du  lieu  de  sa  naissance.  Ce  fut 
lui  qui  entreprit  la  construction  de  l'e}^lise  de  Notre-Dame. 

(3)  Le  28  juin. 

(4)  Guillaurae  de  Tyr  dit  qu'Antioche  fut  completeraent  detruite, 
ainsi  quc  toute  la  population  qui  l'habitai».  Boncars,  1.  xx,  p.  gSS. 


GUILLELMI  DE  KANGIACO  6S 

missam  cantari  fecit  pro  defunctis,  sciens  quod  ad 
illam  non  daretur  pax  ,  quam  ab  archiepiscopo  sumere 
nolebat. 

MCLXXL 

[Almaricus  rex  Jerosolymorum  jEgyptura  expu- 
gnans,  Molanum  regem  gentilem  tributarium  sibi 
efTecit.] 

Sanctus  Thomas  Canluariae  archiepiscopus,  tricesima 
die  postquam  in  Angliam  applicuit,  quarto  kalendas 
januarii  (i),  occisus  est  ab  impiis  ministris  Henrici 
regis  Angliae  in  ccclesia  metropoli  Cantuariae,  non 
longe  ab  altare,  hora  vespertina,  glorioso  martyrio 
factus  Deo  gratissimum  sacrificium  vespertinum.  De 
quo  quidam  ait  : 

Annus  millenus  centenus  septuagenus  (2) 

Primus  erat ,  martyr  dum  cadit  ense  Thomas. 

Cujus  meritum  apudDeum  tam  causa  justissima,  quam 
innumera  contestantur  miracula. 

MCLXXIL 

[Salahadinus  primilus  quidem  leno  gentilis  apud 
Damascum,  post  ab  Enfrido  de  Turone  illustri  Pa- 
laestiuee  principe  christiano  miles  factus  (3),  cum  apud. 


(1)  Le  29  decembre  1170. 

(2)  Ces  deux  vers  ne  se  trouvent  que  dans  le  Ms.  10298-6. 

(3)  II  est  inutile  de  faire  remarquer  ce  qu'ont  d'inexact  et  de  fabu- 
leux  ces  renseignements ,  concernant  le  kurde  Saladin.  Cet  alinea 
manqueau  surplus  dans  le  Ms.  10298-6;  et  cette  circonstance  jointe  a 
Teloge  de  Saladin,  que  nous  trouverons  a  l'annee  1187,  ^*-  ^"^  ^^*' 
donne  par  tous  les  Mss.  sans  exception,  nous  semble  une  preuve 
evidente  qu'une  main  etrangere  a  remanie  ici  le  texte  de  Nangis.  Les 
evenements  auxquels  le  chroniqueur  fait  allusioa  sont  racontes  dans 
le  septieme  livre  de  VHist.  des  croisades  ,  par  Michaud. 


64  CHRONICON 

jEgyptum  militaret,  Molanum  regem  jEgypti  prodi- 
tiose  perimens  totius  jEgypti  obtinuit  principatum. 
Unde  si  rerum  pretia  judicio  non  opinione  metimur , 
quantalibet  terrenae  felicitatis  potentia  vilis  est  aesti- 
manda,  quam  pessimi  et  indigni  saepius  nanciscun- 
tur!  Nam.  leno  ille  cujus  vita  in  prostibulis,  militia  in 
tabernis,  studium  in  aleis  et  aliis,  subito  sublimatus 
sedet  cum  principibus,  imo  major  principibus,  soHum 
glorise  ^gypti  tenens,  toti  fere  Orienti  postea  impe- 
ravit.] 

Sanctus  Thomas  Cantuariensis  archiepiscopus  cano- 
nizatur  a  papa  Alexandro  in  capite  Jejunii  (i). 

Orta  est  guerra  inter  Hem^icum  regem  Angliae  et 
uxorem  ejus  ac  tres  filios  eorum  majores  Henricum 
juvenem  regem  ,  Richardum  et  Gaufridum. 

MCLXXIII. 

Tertio  idus  februarii  (2)  apparuerunt  de  nocte 
igneae  acies  in  septentrionali  plaga  [coeli],  et  lux  tanta 
emicuit ,  quod  nummus  cujus  monetse  esset  posset 
agnosci. 

Filii  regis  Angliae  [Henrici]  patrem  suum  infestan- 
tes,  auxilio  Ludovici  regis  Franciae  et  procerum  ejus, 
Normanniam  graviter  vastaverunt;  et  ibi  multi  mortui 
sunt  (5). 

Obiit  Joscius  Turonensis  archiepiscopus  in  tanta 
paupertate,  quod  de  rebus  suis  vix  potuit  inveniri  de 


(i)  Les  mots  in  cap.  jejun.,  et,  dans  la  phrase  suivaute,  les  niots  : 
et  uxnvem  cjus,....  eorum  mnjnres,..  .  juvenem  regem  ne  sont  donnes 
que  par  notre  Ms. 

(2)  Le  II  fevrier. 

(3)  Ces  cinq  derniers  niots  manqucnt  dans  les  edit.  ct  dans  les 
Mss.  ^gi^j-xr,. 


GUILLELMI  DE  NAINGLICO.  G5 

quo  posset  mortuus  sepellri;  cui  successit  Bartholo- 
maeus,  i^enere  clarus,  sermone  facundus.  Hic  episco- 
pum  Dolensem,  qui  per  longa  tempor^  rebellis  fuerat 
ecclesiae  Turonensi,  post  longa  certamina  aucloritate 
apostolica  suae  subclidit  ditioni.  Florebat  tunc  temporis 
Petrus  Comestor  magistrorum  Parisius  primas,  verbi 
facundissimus,  et  in  divinis  Scripturis  excellenter  in- 
structus;  qui  utriusque  Testamenti  historias  uno  com- 
pingens  volumine,  opus  edidit  satis  utile ,  satis  gra- 
tum,  ex  diversis  historiis  compilatum,  quod  ffisioriam 
scholasticam  nominant. 

MCLXXIV. 

Obiit  Almaricus  rex  Jerosolymorum ,  cui  successit 
Balduinus,  filius  ejus. 

Noradinus  rex  Turcorum  [qui  regnabat  in  Da- 
masco]  obiit,  [(i)  cujus  uxorem  Salahadinus  occupator 
jEgypti  sibi  matrimonio  copulans,  cum  ipsa  regni  re- 
gimen,  fugatis  heredibus,  occupavit  (2);  deinde  terra 
Roasiae  et  Gesirae  occupata ,  circumjacentia  regiia , 
usque  ad  intima  citerioris  Indiae,  nunc  dolis  nunc 
armis  expugnans,  de  sceptris  pluribus  monarchiaai 
efficit,  Babyloniae  et  Damasci  sibi  vindicans  princi- 
patum.  Haec  fortunae  ludentis  potentia  has  rerum  vi- 

(i)  Au  lieu  de  tous  les  details  qui  suiveat,  on  lit  simplement  dans  le 
Ms.  10298-6  :  Cui  Salahadinus  succedit.  Hic,  rege  JEgjpti perempto, 
regnum  Mgjpti  et  Sjrice  sub  sua  redegit  potcstate.  En  revanche  ce  Ms. 
donne  seul  l'alinea  suivant,  commencant  par  les  mots  Mense  septembri. 

(2)  Ce  Nouieddiu  est  le  sultan  d'Alep  et  de  Damas  qui  avait  pris  pour 
femme  la  fiUe  naturelle  d'AlphoQse  Jourdain  corate  de  Toulouse. 
Serait-ce  celte  merae  princesse  que  Saiadin  aurait  epousee  apres  la  mort 
delNoureddin?  Quoi  qu'il  en  soit,  il  parait  qu'elle  pratiqua  toujours  en 
secretlla  religion  chretienue,  et  qu'elle  mourut  en  1182.  Nicol.  Tri- 
VET,  Spicil.,  t.  IIT,  p.  164. 

I.  5 


OG  ClJRONICOiN 

clssitudiiies  voliiil,  ([iiae  tle  paupero  divilcin,  dr  liumili 
sul)limein,  de  servo  suscitat  iloniinantt  in.J 

Mense  septembri,  inter  Menricum  regcm  Angliae  ct 
liliosejus,  apud  Montem  Laudiacuin,  juxla  civitatcm 
Turonensem,  fuit  pax  reformata,  Ludovico  Franco- 
rum  rege  pra^sente. 

(  i)Mcnse  novembri  fuit  a(piarnm  inundatio  inau- 
dila  quee  villas  submersit,  sata  absorbuit;  unde  ct 
sequenti  temporc  vehementissima  famcs  inlioiruil. 
Quamobrem  multi  dicebant  natum  esse  Antichristum, 
cujus  praenuntia  pernicies  tanta  foret. 

MCLXXV. 

Henricus  archicpiscopus  Remcnsis,  frater  Ludovicl 
regis  Franciae,  obiit;  cui  succcssit  Guillermus  Seno- 
nensis  archiepiscopus,  frat^n^  Adcl?c  reginae  Franciae, 
et  huic  in  Senonensi  ecclesia  Guido. 

(2)  Fit  fratcrnitas  inter  monachos  sancti  Martini 
de  Campis  Parisius  et  inter  canonicos  sancli  Martini 
Turoncnsis. 

MCLXXVl. 

Maxima  fames  fuit  in  Gallia;  pro  qua ,  ad  sustenta- 
tionem  paupcrum,  eix'lesiarum  invadiata  sunt  orna- 
menta  et  sanctorum  fcretra  dcfrustala;  et  tunc 
maximc  apparuit  Cisterciensis  ordinis  munificentia  in 
pauperlbus  sustentandis. 

Florcbat  [hoc  tcmporc]  Mauricius  Parisiensis  epi- 
scopus,  qui,  ob  industriam  ct  lilteraturam,  dc  infimo 


(i)  Cot  alinea,  dans  les  odit.  ct  dans  les  Mss.  4917-^0,  est  renvoye 
aii  comnicncement  de  l'anne«'  suivante. 

{1)  Au  lieu  de  cct  alinea,  on  lit  dans  lcs  cdit.  et  dans  les  iVl.ss.  /fgij-M) 
l'(i.c  intcr  regr/n  jln^licp  Ilciiricum  cl /ilios  siios  rcfvinuilu  est. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  67 

slatu  raagnae  paupertatis  ad  pontificalis  dignitatis 
apicem  est  evectus;  nam  cum  esset  pauper  et  men- 
dicus  (i),  eleemosinam  postulatam  noluit  accipere  hoc 
pacto  ut  nunquam  esset  episcopus. 

MCLXXVII. 

Eclipsis  solis  facta  est  hora  sexta,  idibus  septem- 
hris  (2). 

Florebat  Anselmus  Belicensis  (5)episcopus,  ad  cujus 
tumulum  [post  mortem  ejus]  lampades  accensae  sunt 
divinitus,  excepta  una  cui  ministrabat  usurarius 
quidam  pabulum  olel ;  et  illa  non  potuit  accendi. 

Venit  apud  urbem  Avjnionum  adolescens  quidam 
nomine  Benedictus,  dicens  se  a  Domino  missum  ut 
j)ontem  super  fluvium  Rhodanum  construeret.  Qui 
derisus,  cum  sumptus  non  haberet,  fuit,  et  quia  prae 
magnitudine  tluminis  nullus  credebat  hoc  facturum; 
sed  facturi  a  Deo  nutu  divino  sunt  commoti,  ut  illius 
opus  citius  explerent. 

MCLXXYIII. 

Fredericus  imperator  abjurat  schisma  quod  per 
sexdecim  annos  duraverat,  et  publice  satisfacit,  et  cum 
Alexandro  papa  |.acem  coraponit,  sicque  depulso 
schismate  unitas   reformatur   Ecclesiae.    Cum   autem 


fi)  D'Ach.  el  de  La  B.,  modicus ;  Hist.  de  Fr.  et  3Iss.  49^7;  4918, 
mendicus.  Cette  circoastance  singuliere  est  rapportee  dans  les  memes 
termes  par  d'autres  auteurs  du  temps.  Gall.  Christ..  t  VII,  col.  70. 

(2)  Le  i5  septembre  1178. 

(5)  Les  Mss.  49»9  et  4920  portent  episcopus  Belvacensis ,  cjuoique 
Teveque  de  Beauvais,  a  lepoque  indiquee  par  le  chroniqueur,  fiit 
PhiHppe  de  Dreux,  elu  en  11 70,  apres  la  mort  de  Barthelemi  qui 
avait  siege  depuis  1 162.  II  s'agit  ici  de  saiot  Anseaume  ou  Anlheaume, 
eveqife  de  Belley,  mort  en  1178. 


68  CHRONICON 

legatur  Romaiiam  eccleslam  multis  schismatibus  fuisse 
fliscissam,  isto  tamen  nullum  aut  vehementius  incan- 
duit,  aut  diutius  perseveiavit. 

Innumerabilis  multitudo  Paganorum  (i)  Jeroso- 
lymam  venit ;  sed  a  Christianis,  qui  impares  erant  nu- 
mero,  viribus  et  apparatu,  devicta  recessit. 

MCLXXIX. 
Alexander  papa  Lateranense  concilium  Romae  post 
medium    Quadragesimae   celebravit ,  ubi  ex    diversis 
partibus  terrarum  factus  est  innumerabilis  convenlus 
tam  episcoporum  quam  abbatum. 

In  transmarinis  partibus  milites  Terapli,  ope  regis 
[Jerusalem]  et  principum  coadunati,  in  loco  qui  dici- 
tur  Vadum  Jacob  castrum  fortissimum  munierunt; 
quod  cum  aliquandlu  tenuissent,  Turci  Templarios 
seditione  capiunt,  castrum  expugnant,  et  ad  terram 
dejiciuut. 

Agnes  (ilia  Ludovici  regis  Francorum  Constantino- 
polim  ducitur,  et  imperatoris  Manuelis  filio  (2)  des- 
ponsatur. 

In  festo  Omnium  Sanctorum  Philippus,  Ludovici 
regis  Francise  filius,  Remis  a  Guillermo  Remensi  ar- 
chiepiscopo,  avunculo  suo,  in  regem  Franciae  conse- 
cratur,  anno  aetatis  suae  quinto  decimo,  praesente  Hen- 
rico  juniorerege  Anglorum  qui  sororem  ejus  duxerat, 
adhuc  vivente  patre  ejus  Ludovico  rege ,  qui  morbo 
paralysis  labornbat. 

ObiitPetrus  Comestor,  doctor  famosissimus,  paupe- 
ribus  et  ecclesiis  cunctas  dividens  facultates;  cujus  se- 

(i)  Edit.  et  Mss.,  Turcorum. 
(•2)  Alexis  II  Coinnriic. 


GUILLliLMI  DK  NANGIACO.  69 

piilturae  hoc  epitaphium  (i)  iii  ecclesia  saiicli  Vicioris 
Parisius  est  iusertum  (2). 

Petrus  eram  quem  petra  tegit ,  dictusque  Comeslor, 
Nunc  comedor;  vivus  docui,  uec  ccsso  docere 
Mortuus,  ul  dicat  qui  me  videt  incineratum  : 
Quod  sumus,  iste  fuit,  erimus  quandoque  quod  liic  esl. 

MCLXXX. 
Philippus  juvenis  rex  Franciae  duxit  in  uxorem  Isa- 
bellam  filiam  Balduini  corailis  Hannoniee,  neptem 
comitis  Flandriae  Philippi  de  sorore  (5),  et  cum  ea 
recepit  Attrebatum,  cum  omui  terra  quse  fuerat 
comitis  circa  fluvium  qui  dicitur  Lis.  Eam  autem 
unxit  Guido  Senonensis  archiepiscopus  apud  sanc- 
tum  Dionysium  in  reginam,  [datis  prius  btteris, 
({uod  nullum  jus  propter  hoc  reclamabat  iii  ecclesia 
beati  Dionysii,  quae  excepta  est  ab  ejus  et  episcopi 
Parisiensis  jurisdictione]  (4);  quod  matri  ejusdem 
Philippi  et  fratribus  ejus  valde  displicuit,  et  ob  hoc 
castra  su£e  dotis  mater  contra  fdium  munire  prae- 
sumpsit.  Quo  comperto,  a  filio  expulsa,  ad  fratres 
suos  confugit,  et  propter  hoc  eorumdem  fratrum  con- 
tra  regem  discordia  incandescit  (5).  Sed  non  multo 


(i)  Le  Ms.  io'2g8-6  porte  epjchenium. 

(2)  Cette  epitaphe  cst  )'oeuvre  de  Pierre  le  Mangeur  lui-meme. 
Hist.  litte'r.,  t.  XIY,  p.  11  et  suiv. 

(3)  Baudouin  V  dit  le  Courageux,  comte  de  Hainaut,  avait  epouse 
en  avril  1169  Margueritc  ,  soeur  de  Philippe  d'AIsace  comte  do 
Flandre. 

(4)  Ce  qui  suit,  jusqu'a  la  fin  de  Tuhnea,  n'est  donne  que  par  le 
Ms.  10298-6 

(5)  Les  freres  de  hi  reine  Adele  etaient  Henri  1",  dit  ie  Liheial  , 
roinle*de  Champagne  et  de  Brie;  Tliihaut-le-Bon  ,  comte  de  Chartres 
ct  de  Blois;  Etienne ,  comt»^  dc  Sancerre  en  Berri;  et  Guillaumc  aux 


70  CHRONICON 

post,  de  peritorum  cousilio  (r),  et  illa  reducitur  et 

pax  inter  regem  et  proceres  reformatur. 

Ludovicus  rex  Franciae  morbo  paralysis  et  senio 
fatigatus  obiit,  anno  regni  sui  quadragesimo  tertio  (2), 
et  in  monasterio  [Cisterciensis  ordinis]  a  se  con- 
structo,  quod  Sanctus-Portus  dicitur,  gallice  Bar- 
heel,  [versus  Meledunum  castrum  super  Secanam ,] 
honorifice  tumulatur  :  cui  successit  Philippus  filius 
ejus.  Fuit  enim  honestate  laudabilis ,  simplex  et 
benevolus  ii}  subditos;  et  quia  pacis  amator  erat, 
guerras,  etsi  aliquas,  tamen  raras  aut  intulit  aut  per» 
tulit,  suumque  regnum  tranquille  et  strenue  guber- 
navit  :  et  ideo  sub  ipso  multae  novae  villae  conditae 
sunt,  et  veteres  ampliatae,  multa  excisa  nemora,  ordi- 
nesque  diversarum  religionum  in  diversis  locis  multi- 
pHciter  propagati. 

Obiit  Manuel  imperator  Constantinopolitanus  ,  cui 
successit  Manuel  (3)  filius  ejus  adhuc  juvenculus,  qui 
filiam  Ludovici  regis  Franciae  duxerat  in  uxorem. 

Inter  Fredericum  [Romanorura]  imperatorem  et 
dncem  Saxoniae  fit  concertatio  dura;  multi  enim  capti 
et  peremti  sunt,  multaeque  villae  et  ecclesiae  succensae 
sunt  et  destructae. 

Archiepiscopus  Biluricensis  Guerinus,  et  Joanncs 
CariJotensis    episcopus    obeunt;    viri    tani    sapientia 


Blanches-Maius,  alors  archeveque  de  Reims;  mais  ce  fut  uu  peu  phis 
tard  c[uc  les  tiois  derniers  se  miirent  en  hostilite  avec  PhiUppe-Au- 
yuste.  Yoy.  ci-dessous  annee  1181,  p.  70. 

(i)  Cest  ainsi  que  nous  croyons  devoir  corriger  la  lecon  diffiniln 
cnncilio  donnee  par  notre  Ms.,  mais  qui  ne  forme  aucun  sens. 

{•j.)  Cetle  «late  manque  dans  les  edit.  et  dans  lcs  Mss.  ?{()i7-2o. 

(3)  11  faut  lire  Alcxis, 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  71 

tjuam  aiiimi  strenuitale  famosi;  quorum  Joliauues 
saiicti  Thomae  Caiituarieiisis,  cujus  sociiis  extitit,  pas- 
sioiiem  descripsit. 

(i)  lu  Senonico  territorio,  in  \i!la  quae  clicilur 
Cudo,  erat  tunc  temporis  quaedam  puella  genere  in- 
fima,  officio  bubulca,  quae  gravi  admodum  et  diutino 
prius  est  castigata  ilagello,  adeo  ut,  propler  influentem 
de  toto  corpore  saniem ,  suis  quoque  tieret  in  borro- 
lem.  Sed  quia  contemplibilia  mundi  el  infima  elegit, 
Deus,  post  patientiae  probamenta,  humilitatem  ejus 
respexit,  et  eam  in  camino  tribulalionum  bene  excoc- 
tam  digniorem  effecit,  corpus  ejus  redintegrans,  spi- 
ritualique  alimento  sustenlans.  Ita  veio  sui  impo- 
lens  erat,  ut  nonnisi  ab  altero  moveri  posset,  jacens 
continue  resupina;  piaeter  caput  et  dexteram,  mem- 
bris  caeteris  sui  \igore  officii  destitutis.  Cumque 
nullum  cibum  posset  trajicere,  ad  trajiciendum  tamen 
Viaticum  n;ituralem  meatum  habebat  libere  praepara- 
lum.  In  corpore  quippe  erat  exilis  et  marcida,  intes- 
tinis  pro  longa  inedia  introrsus  vacuatis ;  sed  facie 
corpulenta  et  venusLa  ac  si  deliciatum  copia  perfrue- 
letur.  Frequenttr  autem  in  excelsis  rapiebatur  el, 
angelo  ducefieta,  loca  poenarum  et  gaudia  bonorum 
percurrebat.  Adse  postea  rediens,  quid  et  cui  proferret 
caute  librabat,  magistrante  nimirum  interius  Spiritu 
et  docente  cjuid  silere  deberet,  quid  proferre.  Cum 
autem  in  festivitatibus  Domini  vel  matris  ejus,  sicut 
dicitur,  raperetur  et  post  unum  diem  vel  plures  regre- 
deretur  ad  se,  dicebat  c|uod  videbatur  ei  de  amplissima 
regione  luminis  in   tenebras   rejici ,    mundumque  vi- 

(i)  Lalinca  qui  suil  ne  sc  Uouvc  quc  dans  lc  Ms.  io2g8-t». 


72  CHROiNICON 

disse  111  modum  pilae  rotundum,  solem  (erra  majorem, 
terram  velut  iii  medio  omiiium  pendulam,  aquisun- 
dique  circumcinctam,  rerumque  rationes  et  causas 
abditas  sapienter  proferebat,  et  plerumque  absentia, 
plerumque  futura  in  spiritu  praevidebat. 

MCLXXXI. 

Henricus  comes  Campaniae  a  Jerosolymis  per  Asiam 
rediens,  a  Dacis  (r)  capitur,  sed  per  imperatorem  Grae- 
ciae  liberatur;  veium  ubi  terram  suam  attingit,  ho- 
miiies  suos  quos  ex  reditu  suo  leetificaverat,  de  suo 
obitu  mox  contristat. 

Balduinus  rex  Jerusalem,  aetatejuvenis,  leprce  con- 
tagio  deformatur. 

Apud  Aurelianis  (2),  quadam  dominica  dum  missam 
quidam  presbyter  celebraret,  et  duas  hostias,  unam 
sumendam  et  alteram  [pro  infirmis]  reponendam  (5), 
super  altare  posuisset,  cum  diceret  Pater  noster, 
hostia  quam  tenebat  sanguine  maiians,  manus  ejus 
et  corporalia  purpuravit;  et  ita  in  formam  carnis  li- 
vidse  rex  [Franciae]  et  populus  qui  ibi  aderant  illam 
hostiam  aspexerunt.  In  Burgundia  vero,  apudBrenam 
oppidum,  et  apiid  Vindocinum  atque  apud  Attre- 
batum  urbem,  similia  evenerunt;  nec  immerito,  nam 
teste  Scriptura  :  Nihil  in  terra  fit  sine  causa.  Nempe 
Henricus,  Albanensis  episcopus,  ab  Alexaiidro  papa 
mittltur  in  Gasconiam  ad  delendam  haereticorum  per- 
lidiam,   altaris   sacramentum  non    ciedenlium;    qui 


(i)  Tous  les  autres  Mss.  et  les  edit.,  Turcis. 

(2)  1^'indication  du  lieu  inanquait  dans  la  preniiero  edit. 

(5)  Tous  les  autres  Mss.,  recondcndnm. 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  73 

praedicationis  verbo,  uecnon  militum  peditumque  in- 
finito  exercitu,  haereticos  expugnavit. 

Inter  Fredericum ,  imperatorem  Alemanniae ,  et 
ducem  Saxoniae  pax  reformatur  tali  pacto,  quod  du- 
catum  Saxonise  dux  non  reciperet,  nisi  prius  septen- 
nio  exsulasset,  et  ob  hoc  ipse  dux  et  uxor  sua,  cum 
filiis  suis  Guillermo  et  Othone  postea  imperatore,  ad 
Henricum  regem  Angliae,  cujus  filia  dicta  uxor  ducis 
erat  (i),  in  Franciam  venerunt,  ibique  [et  aiibi]  cum 
rege  longo  tempore  permanserunt. 

Alexander  papa  obiit,  cui  successit  Lucius  terlius 
[natione  Tuscus], 

Philippus  comes  Flandrise,  dux  Burgundiae  (:>.),  Guil- 
lermus  Remensis  archiepiscopus,  Theobaldus  comes 
Blesensis,  Stephanus  comes  Sacri-Caesaris,  confoede- 
rati  simul  conspirant  in  regem  Franciae  Philippum , 
totam  Franciam  perturbantes.  Porro  rex  videns  se  plu- 
rima  parte  suorum  destitui,  Brabantiones  in  auxilium 
evocat,  cum  quibus  terram  Stephani  comitis  devas- 
tavit. 

MCLXXXH. 

Fredericus  imperalor  volens  adversariis  regis  Fran- 
ciae  Philippi  ferre  auxilium  ,  per  totum  imperium 
submonuit  (3)  exercitus  suos.  Sed  Henrico  rege  An- 
gliae,  cum  filiis  suis,  regem  Franciae  adjuvante,  et  eo 


(i)  Henri-le-Lion ,  duc  de  Saxe ,  de  Baviere  et  de  Brunswick,  avait 
epouse  en  secondes  noces,  Tan  1168,  Mathilde,  fille  de  Henri  Plan- 
tagenet,  roi  d'Angleterre. 

(2)  Hugues  in,  duc  de  Bourgogne,  de  qui  Joinville  adit  :  «  Le  duc 
de  Bourgoingnc  fu  moult  bon  chevalier ;  nies  il  fu  onques  tenu  pour 
sage  ne  a  Dieu  ne  au  sieclo.  »  Hist.  de  Fr..  t.  XX ,  p.  274  ;  iL 

(3)  Edil  et  >Iss.  4917-20,  submovit. 


74  CHRONICON 

mediante,  pax  inter  regem  et  baroiies  praedictos  re- 
formatur. 

[ApudConslantinopolim]  Andronicus,  de  imperiali 
prosapia  natus,  sub  specie  tuloris  Manuelis  (i)  juven- 
culi  imperatoris  Graeciae  in  imperium  se  violenter 
ingerens,  suggessit  Graecis  eos  exterminandos,  nisi 
Latini  [et  Franci]  a  Grsecia  tolleientur.  Nam  Manuel 
imperator  pater  istius  Manuelis  ,  quamdiu  vixerat, 
Latinos  [et  Francos]  dilexerat,  ita  quod  per  eos  so- 
Jiimmodo  expeditiones  agebat,  et  primis  eos  palatii 
lionoribus  decorabat.  Latinam  etiam  conjugem  duxe- 
rat  (2),  et  susceptum  ex  ea  filium  Latinse  (3)  conjugi, 
scilicet  [defuncti]  Ludovici  regis  Francorum  filiae, 
copularat.  Quo  Graeci  animati,  irruunt  in  Latinos  [et 
FrancosJ  et  quotquot  inveniunt  trucidant  aut  ex  urbe 
Constantinopoli  proturbant.  Andronicus  palatium 
occupat;  porticus  (4)  incenditur  ibique  opes  innu- 
merae  et  aedificia  concremantur. 

Florebat  [hoc  tempore]  Petrus  Monoculiis  abbas 
Clarevallis,  cui  sanctus  Bernardus  et  Malachias  appn- 
rentes,  dixerunt  quod  Girardus  abbas,  praedecessor 
ipsius,  quem  frater  quidam,  propter  correptionera 
regularem  in  eo  factam,  occiderat,  ut  martyr  cum 
Christo  regnabat. 


(i)  Ici  eucore  il  fautlire  Alexis,  de  nienie  qne  ci-dessous  et  a  Tan- 
nee  suivante.  Note  de  d^Achery. 

{1)  La  deuxieuie  fenime  de  Manucl  (^onuiene,  niere  d'Alexis ,  fiil 
Vlarie,  fdic  de  lAaimond  prince  d'Antioclie. 

(5)  l'ldit.  et  Mss.  ^g.-^-no ,  francisca/n  etjranciscn:. 

(4)  (;«>tle  lecon  conforme  a  celle  des  aulrcs  Mss.  rne  semble  prefe- 
ralile  aii  mot  poitus.  r|uc  donne  le  Ms.  10-298-6.  Daas  le  Ms.  49'9  lt's 
niots  nc(  i/pnt .  pni  /.  inirnil.  i,  o.  i,  c.  cediflcia  sont  omis. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  75 

MCLXXXIIl. 

Apud  Constantiiiopollm,  Andronicus  donainum 
suum  Manuelem  juvenem  imperatorem  submergi  in 
raari  fecit  et  imperium  usurpavit. 

Henricus  junior  rex  Angliae  in  Lemovicino  terri- 
torio,  apud  castrum  quod  dicitur  Martellum  (i)  obiit, 
et  apud  Rothomagum  [in  ecclesia  majori]  sepelitur. 

Inter  Lucium  papam  et  Romanos  orta  dissensione, 
idem  papa  proturbatur  ab  urbe,  a  Romanis  impeti- 
tur,  multisque  lacessitur  injuriis.  Nam  multis  qui 
erant  ex  parte  Papge  eruerunt  oculos  et  imposuerunt 
mitras  et  remisere  mitratos,  recepto  ab  eis  juramento 
quod  Papse  prsesentarent  se  taliter  videndos.  Quo  viso 
Papa  tot  conflictus  ferre  non  a  alens ,  Veronae  se  con- 
tulit,  sperans  sibi  auxilium  ab  imperatore  Frederico 
perferendum . 

Salahadinus  rex  Turcorum  partes  Jerosolymorum 
aggreditur  [,  multos  Christianorum  occidit  et  capti- 
vavit];  sed  non  longe  post  [inde]  repulsus ,  [acceptis 
induciis  ad  propria  remeavit]. 

Philippus  rex  Francorum  synagogas  Judseorum  per 
regnum  suum  destruere  fecit,  et  in  plerisque  ecclesias 
construi  procurnvit.  Nemus  Vlcenarura  juxta  Pari- 
sius  muro  ciauslt,  et  Parlsius,  in  platea  quam  Cnmpellos 
nomlnant,  hallas  fabricari  (2)  et  mercatum  fierl  insti- 
tuit. 

In  provincia  Blturlcensi  septem  millla  Cotarello- 
rum  ,  et  eo  ampllus^  interfecti  sunt  ab  illlus  terrae  In- 

(1)  Edit.,  Mnrcellum:  Ms.  de  Citeaux  et  Mss.  4917,  49i^>  Mnriel- 
lurn.  Henri,  suinorame  au  Court-Mantol,  nioiu-ut  au  chateaii  de  Mai icf 
en  Quercv,  le  1 1  juin  1 183. 

(2)  l.cs  autres  Mss.  portent  cnnstrui. 


76  CHRONICON 

colis  In  unum  contra  Dei  inimicos  confoederatis.  Isti 
enim,  terram  regis  Franciee  vastando,  praedas  [inde] 
ducebant,  homines  captos  secum  vilissime  trahebant, 
etcum  uxoribus  captorum,  pro  nefas!  ipsis  videntibus, 
dormiebant.  Et  quod  deterius  est,  ecclesias  Deo  con- 
secratas  incendebant,  sacerdotes  et  viros  religiosos 
captos  secum  ducentes,  et  iii  ipsis  tormentls  irrlsorie 
cantores  eos  vocantes,  subsannabantdicentes :  Cantate 
nohis ,  cantores,  cantate  (i);  et  confestim  eis  alapas 
dabant,  vel  cum  grossis  virgis  eos  ceedebant.  Quidara 
itaque  sic  flagellati  beatas  animas  Domino  reddiderunt; 
alii  longa  carceris  custodia  semiraortui ,  data  pro  re- 
demptione  pecunia,  ad  propria  redierunt.  lidem  etiam 
Cotarelli,  quod  cum  gemitibus  et  suspiriis  pronuntian- 
dumest,  damnabilius  operando  eccleslas  spoliantes, 
corpus  Doraini  de  vasls  aurels  vel  argenteis,  in  qui- 
bus  pro  intirmorum  necessitate  reservabatur,  extra- 
hentes,  et  in  terrara  viliter  projiclentes ,  pedibus 
conculcabant.  De  corporalibus  vcro  concubinae  eorum 
pepla  capltibus  suis  componebanl;  calices  quoque  se- 
cum  irreverenter  portantes,  et  Lipidibus  confringen- 
tes ,  distrahebant. 

[Eodera  tempore]  multi  hseretici  combusti  sunt  iu 
Flandrlaa  Guillermo  Reraenslum  archieplscopo  apos- 
toliccTc  sedis  legato,  et  a  Phlllppo  Flandrensium  comite. 
Qul  dicebant  omnia  aeterna  a  Deo  creata,  corpus  au- 
tem  hominis  et  omnla  transiloria  a  Luciabelo  creata; 

(i)  En  1196,  Mercadier,  clief  de  routiers  au  service  de  Richard  roi 
d'Anf^Ieterrc,  ayant  fait  prisonniers  Pliilippe  do  Dreux,  eveque  dc 
Beauvais,  et  son  archidiacre,  les  conduisit  au  prince  anglais,  cn  liii 
disant :  Ccpi  et  dn  tibi ,  o  Rex ,  cantorem  et  responsorem  ;  reponc  cos  rl 
conser\>a  si  scis.  IVlArTii    PAni.s,  arinnn.  119(1. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  77 

baptismum  pai  vulorum  et  Eucharistiam  reprobabant, 
sacerdoles  missas  ex  avaritia  et  cupiditate  oblationum 
oelebrare  dicebant. 

MCLXXXIV. 

Orta  est  dissensio  inter  Philippum  Francorum  re- 
gem  et  Philippum  Flandrensium  comitem  pro  terra 
quEe  Viromandia  dicitur  (i).  Hanc  enim  preelatus  co- 
mes  longo  tempore,  Ludovico  rege  vivente  [patre 
istius  Philippi  regis,  post  decessum  Rodulphi  comitis 
Viromandorum]  cum  pace  et  quiete ,  licet  injuste , 
possederat  (2),  et  adhuc  pertinaciler  retinere  volebat. 
Ob  hoc  rcx  Philippus  exercltum  versus  urbem  Am- 
bianis  collegit;  cujus  multitudinem  et  robur  comes 
cum  populo  suo  videns  ac  timens,  regi  Viromandiam 
totam  restituit.  Castrum  tamen  sancti  Quintini  atque 
Peronam  tantum  ad  vitam  suam  sibi  dimilti  petiit  et 
obtinuit. 

Heraclius  patriarcha  Jerosolymitanus ,  cum  priore 
Hospitalis  transmarino,  venit  ad  regem  Franciae  Phi- 
lippum  pro  succursu  Terrae  Sanctae.  Intraverant  enim 
Sarraceni  Christianorum  terras  el  multos  ex  eis  inter- 
fecerant  multosque  captivos  secum  duxerant;  plures 
etiam  ex  fratribus  Hospitalis  et  Templi  militibus  occi- 

(ij  Mss.  4917-20,  pro  terra  et  comitatu  Viromandensi. 

{1)  Raoul  III,  comte  de  Vermandois  et  d'Amiens,  etant  moit  sans 
posterite  vers  l'an  ii65,  ces  deux  comtes  passerent  legitimement  a  sa 
sceur  ainee,  Isabelle,  femme  de  Philippe  d'Alsace  comte  de  Flandre. 
Isabelle  mourut  elle-meme  sans  donner  d'enfants  a  son  mari ,  et 
rAniienois  avec  le  Vermandois  durent  revenir  a  sa  soeur  Eleonore, 
pour  lors  mariee  au  conite  de  Beaumont.  Philippe- Auguste,  dans 
1'espoir  d'afFaiblir  un  de  ses  vassaux  les  plus  redoutables,  ne  man- 
qua  pas  de  fomenter  et  d'appuyer  les  pretentions  de  cettc  derniere. 
Du  Cange,  Hifit.  de.^i  comtes  d' Amiens ,  p.  5i5.  5i5,  5a6  et  suiv. 


78  CHRONICOW 

derant  (i).  Rex  vero,  eorum  cognita  causa,  muitum 
eos  honoravit,  et  quia  heredem  tunc  non  habebat , 
consilio  praelatorum  et  principum,  in  Terrae  Sanctae 
subsidium  transmisit  strenuosmilites  cum  multitudine 
peditum  armatorum,  de  propriis  redditibus  eis  suffi- 
cientes  ministrans  sumptus. 

Philippus  rex  Franciae  omnes  vicos  urbis  Parisius 
praecepit  duris  ac  fortibus  lapidibus  sterni,  ad  hoc 
quidam  nitens  ut  nomen  antiquum  auferret  civitati; 
nam  Lutetia  olim  a  quibusdam,  propter  luti  foetorem, 
iiominata  fuit.  Quam  quondam  Trojani  de  Sicambria, 
qui  illam  fundaverant  [octingentis  et  nonaginta  quin- 
que  annis  ante  incarnalionem  Domini]  ,  i.  Paride 
Alexandro,  filio  Priami  regis  Trojae,  Parisius  [et  se 
Parisios]  vocaverunt. 

MCLXXXV. 

Obiit  Baiduinus  (2)  rex  Jerosolymorum ,  Balduino 
nepote  ejus  ex  Sybilla  sorore  (3)  adhuc  puerulo  [sub 
custodia  Remundi  comitis  Tripolitani]  prius  in  re- 
gem  substituto. 

Guiilermus  rex  Sicilise  Andronicum  usurpatorem 
imperii  Constantinopolitani  navali  exercitu  aggre- 
ditur  et  terrestri,  Saionicam  urbem  et  alias  multas 
obtinens  et  devastans. 


(1)  Cc  qui  precede  depujs  intravcrant  enim  manque  dans  les  edit. 
et  dans  les  Mss.  4917  20. 
•  (2)  Le  Ms.  10298-6  porte  Jjiidovicus  -.  c'est  une  erreur  de  copiste. 

(5)  Sybille  avait  eu  cet  enfant  de  Guillaurae  de  Moutferrat,  fds  de 
Guillaume  III ,  dit  le  Vieux,  marquis  dc  Montferrat.  Apres  la  mort 
de  sou  preniier  mari ,  arrivee  en  1 1 77,  Sybille  s'etait  remariee 
l'an  1 180  avec  Gui,  petit-fils  de  Hugues-le-Brun,  sire  de  Lusignan. 


GUILLELMI  DE  NAIsGIACO.  79 

Media  Quadiagesima  factiis  est  terrae  niotus  in  Go- 
ifiia  (i)  in  civitalequaeUceticuradicitur,  et  insequenti 
mense  aprilis,  nonis  ejusdem  mensis  (2),  iuit  eclipsis 
lunae  particularis  in  vigilia  dominicae  passionis. 

Andronicus  usurpator  imperii  Constantinopolitani, 
midtos  Graecorum  perimit  et  maxime  nobiles,  ideoque 
perosus  et  suspectus  ab  omnibus  habitus  est.  Quo 
facto  quidam  de  imperiali  semine  procreatus,  nomine 
Cursat,  [quemalii  Isaacium  (5)  dicunt,]  venitConstan- 
tinopolim  civium  animos  sibi  concilians,  et  a  patriar- 
cha  ut  [in  imperatorem]  coroiiaretur  obtinens;  qui 
statim  Andronicum  cum  suis  aggreditur,  eum  faciens 
per  pedum  manuumque  juncturas  truncari ,  et  per 
urbem  supra  camelum  trahi,  et  post  ei  oculos  erui  lin- 
guamque  prsecidi. 

Lucius  papa  Veronae  moritur;  cui  Urbanus,  hujus 
nominis  tertiris  [,  natione  Mediolanensis],  successit. 

MCLXXXVL 

Obiit  Parisius  Gaufridus  comes  Britanniae,  tertius 
filius  Henrici  regis  Anglorum,  et  in  [majori]  ecclesia 
beatae  Mariae  virginis,  ante  altare(4),  annuente  rege 
Philippo,  sepultus  est  honorifice. 


(i)  Tous  les  Mss.,  a  rexception  du  n°  10298-6,  portent  Grcecia, 
lecon  que  le  mot  Uccticum ,  Uzes ,  aurait  pu  rendre  suspecte  aux  pre- 
cedents  editeurs.  Voy.  au  surplus  Rigord,  Hist  de  Fr.,  t.  XVII, 
p.  19. 

(2)  Le  5  avril  1 1 86. 

(5)  Mss.  4917»  4918,  49*20,  Ysaquium ;  4919»  Ysaquinum.  G'esl 
Isaac  l'Ange.  II  descendait  d'Alexis  Coninene  par  les  fpnimes;  An- 
dronic,  au  contraire,  devait  le  jour  a  un  fils  d'Alexis  1^^ 

(4)  Ces  deux  motsa/;/.  ali.  ne  sont  que  dans  le  Ms    10298-6. 


80  CHRONICON 

Phllippus  rex  Fraticiae  liberat  castrum  Vergiaci  (i) 
[in  Burgundia],  a  duce  Burguiidiae  longa  obsidione 
conclusum. 

Henricus,  Frederici  imperatoris  filius,  in  regnum 
Italiae  (2)  a  patre  praeficitur ,  ducens  in  uxorem  so- 
rorem  Guillermi  regis  Siciliee  nomineConstantiam  (5); 
inter  quem  et  Urbanum  papam  gravis  simultas  in- 
canduit. 

Balduinus  rex  Jerosolymorum  adhuc  puerulus  obiit, 
cui  Guido  Leponensis(4)  comes,  qui  Sybillam  matrem 
ejus  habebat  in  conjugem,  in  regno  successit;  quod 
comiti  Tripolitano,  qui  tutor  regis  pueruli  fuerat 
constitutus,  valde  displicuit,  et  ob  hoc  tam  regi  quam 
suis  coepit  multimode  adversari. 

Soror  Philippi  regisFranciae  (5),  prius  uxor  Henrici 
juniorisregis  Angliae  [defuncti],  inHungariamducitur 
[Belae]  regi  Hungariae  desponsanda. 

[Reginaldus  princeps  Antiochiae  foedus  induciale, 
quoil  Christiani  cum  Turcis  et  rege  Turcorum  hinc 
inde  sanxerant  observandum,  dirupit.  Nam  cum  plu- 

(i)  Cest  ainsi  que  le  mot  est  ecrit  dans  tous  les  Mss.  D'Achery  et 
La  Barre  ont  imprime  Bergiaci. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  in  regem  Romanorum. 

(3)  Constance,  femme  du  roi  des  Roniains  Henri,  depuis  empereur 
sous  le  nom  d'Henri  VI,  etait  soeur  de  Guillaume  I"  roi  de  Sicile, 
mort  en  1166,  et  par  consequent  tante  de  Guillaume  II,  qui  regnait 
en  1186.  Suivant  X Art  cle  verifier  les  dates ,  Henri  aurait  ete  elu  roi 
des  Romains  par  la  diete  de  Bamberg,  dans  les  premiers  jours  de 
juin  1 169,  et  couronne  a  Aix-la-Chapelie,  le  8  du  meme  mois. 

(4)  ]Ve  faudrait-il  pas  lire  Joppensis?  Gui  de  Lusignan,  par  son 
mariage  avec  Sybille,  etait  devenu  comte  dAscalon  et  de  Jaffa.  An- 
SELM.,  t.  III ,  p.  7y. 

(5)  Marguerite. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  81 

rimus  et  opulentus  Turcorum  coinitatus  a  Damasco 
in  jEgyptum  transiret,  et  praeter  limites  terrae  Chris- 
tianorum  ob  induciarum  fiduciam  itinerari  non  for- 
midarent,  in  eos  subito  princeps  praedictus  irruit,  et 
ipsos  cum  universis  sarcinis  minus  decenter  caplivos 
abduxit.] 

Venit  ex  Calabriee  partibus  ad  Urbanum  papam 
Veronse  commorantem  quidam  abbas  nomine  Joa- 
chim,  qui  divinitus  intelligentiae  donum  acceperat, 
adeo  (i)  ut  facunde  et  discrete  enodaret  difTicultates 
quaslibet  Scripturarum.  Dicebat  enim  quod  ei  igno- 
ranti  litteras  attulerat  angelus  Domini  librum  dicens  : 
Vicle,  lege  et  mtellige  ;  et  itadivinitus  fuerat  instruc- 
tus.  Dicebat  etiam  Apocalypsis  mysteria  hactenus  la- 
tuisse,  sed  nunc  per  eum  in  spiritu  prophetiae  clares- 
cere,  sicut  ex  opusculo  quod  scripsit  legentibus 
liquet.  Dicebat  insuper  quod  sicut  Veteris  Testamenti 
scripturae  tempus  quinque  aetatum  saeculi  ab  Adam 
usque  ad  Christum  decursarum  continent ,  sic  bber 
Apocalypsis  aetatis  sextae  a  Christo  inchoatae  cursum 
exponit,  ipsam  aetatem  sextam  in  sex  aetatulas  disper- 
titam,  easque  singulas  singulis  hujus  libri  periodis 
satis  congrue  designatas.  Dicebat  quoque  haec  re- 
velata  fuisse  in  fineaetatulae  quinlae,  atque  in  proximo 
succedere  sextam,  in  qua  tribulationes  varias  multi- 

(i)  LeMs.  49'7  donne  seul  clairement  adeo  ut ,  dans  tous  les  autres 
Mss.  on  peut  lire,  comnie  Tont  fait  les  precedents  editeurs,  a  Deo  ut , 
mais  le  mot  divinitus ,  qui  precede ,  doit  corrij^er  cette  mauvaise  lecon . 
—  Le  Joachim  dont  il  est  ici  question,  apres  avoir  ete  successivement 
nioine,  prieur  et  abbe  dans  le  monastere  de  Corazzo,  avait  fonde  en 
ii85  1'abbayedeFlore.  II  la  dirigeajusqu'en  1202,  epoque  de  sa  mort. 
Voy.  pour  sa  vie  les  Bolland..  mai ,  t.  VII ,  p.  89  et  suiv. ;  pour  ses  ou- 
vrages,  FABRicius^f^»/.  lati?i.  medice acinfimcE  cetalis ,'\n-i°,X.  ll,p.  4i. 

I.  6 


82  CHROINICON 

plicesque  pressuras  perhibet  emersuras,  sicut  iii  aper- 
tione  sigilli,  et  in  sexti  libri  periodo,  ubi  de  ruina 
Babylonis  agitur,  patenter  ostenditur.  Id  vero  in  li- 
bello  ejus  prae  caeteris  notabile  ac  suspectum  habe- 
lur,  quod  mundi  diffinit  (i)  terminum,  et  infra  duas 
generationes,  quae  juxta  ipsum  qualibet  genera- 
tione  (2)  annos  faciunt  sexaginta  ,  nrbitr.tlur  implen- 
dura.  [Fertur  itaque  multa  scripsisse,  librosque  suos 
Papaecorrigendos  obtuHsse,  nam  in  quibusdam  errasse 
dicitur]. 

MCLXXXVII. 

In  finibus  Jerusalem,  kalendis  maii,  Christiani  cum 
Turcis  sunt  congressi  :  primo  \  ictores  et  postea  victi 
fuerunt.  Ibi  Rogerus  [de  Molendinis],  magister  Hospi- 
talis,  vir  clarissimus  occubuit,  mullis  Templariis  et 
aliis  tam  captis  quam  occisis  (3). 

Facta  est  dissensio  inter  regem  Franciae  Phiiippum 
et  regem  Angiise  Henricum.  Fhllippus  enim  rex  pe- 
tebat  a  Richardo   regis    Angliae  fiiio,   coraite  Picla- 


(t)  Ms.  4917»  discernit. 

(2}  Les  deux  niots  qiial.  gen.  sont  oniis  dans  les  cdit.  et  dans  les 
Mss.  4917-20. 

(5)  Dans  les  editions  precedentes  ce  fait  est  raconte  avec  plus  de  de- 
tails,  il  y  manque  neanmoins  la  date  du  mois  el  l'indication  du  premier 
snccesdes  chretiens.  Voici  le  texte  imprime  :  Salahadinus  BnhylnnicE 
snldaniis  injuria  suis  facta  a  principe  Antinchcnn  permntus ,  Pnlces- 
tinam  vinlenter  aggreditur,  admiralium  Edissce  cum  septem  miUibus 
Turcnrum,  (jui  Terram  Sncram  depnpularentur ,  prcemittens.  Hic 
autem  cum  in  partes  Tiberiadis  processiiset,  casu  sibi  obvios  ma- 
gistruni  militice  Templi  Girardum  cle  Bidcfnrdia ,  et  magistrum 
Ilnspitalis  Rogerum  de  Mnlendinis ,  illum  quidcmfugatum,  Rogerum 
vern  intcrfectum ,  innpino  marte  confecit ,  multis  Templariis  tam 
cnptis  quam  nccisis.  Bernard-le-Tresorier  rapporte  sans  fondement 
ros  faits  au  1"  mai  1  »90. 


GUILLELMI  DE  NANGL\CO.  83 

vensi  facto,  pro  eodem  comitatu  homagium  sibi  iieri ; 
quod  ille  a  patrc  instructus  de  die  in  diem  facere  dissi- 
mulabat.  Pelebat  etiara  a  rege  Angliae  Gisortium  ct 
alia  castra  [Wulcassini  Normanni],  quae  traditafuerant 
a  [patre  suo]  rege  Franciae  Ludovico  pro  dote  filiac 
su£e(i)  Margaretae ,  quando  eam  Henricus  defunctus 
filius  major  regis  Angliae  desponsavit;  quae  ad  regem 
Francise  redire  debebant,  si  Henricus  sine  herede 
decederet.  Quod  quia  facere  nolebant  (2),  Philippus 
rex  Franciae,  collecto  exercitu,  Aquitaniae  fines  in- 
gressus,  castrum  Isoldunum  et  plures  munitiones  regis 
Angliae  cepit,  et  usque  ad  Caslrum  Radulphi,  in  quo 
erat  rex  Angliae,  terram  depopulavit;  sed  Dei  inter- 
veniente  clementia ,  cum  expectaretur  utrimque  con- 
flictus,  pax  subito  raediantibus  bonis  et  rebgiosis  ho- 
rainibus  reformatur. 

Salahadinus  [suorum  victoria  exhilaratus ,  animum 
totiusregni  Jerusalem  occupandi  succensumad  majora 
inlendit].  Galilaeam  aggreditur,  Tiberiadem  obsidet; 
obsidionis  fama  circumvolat  (5).  Quo  audito ,  Guido 
rex  Jerusalem,  Templarii ,  Hospitalarii ,  episcopi, 
proceres,  populusque  in  unum  conveniunt,  hostibus 
occurrunt.  Hostes  obsidionem  deserunt,  et  ad  fontes 
milliariis  quatuor  circa  Tiberiadem  castra  ponunt. 
Quinto  igitur  nonas  julii  (4)  progrediuntur  in  bellum 

(1)  Les  edit,  et  les  Mss.  4917-20  portent  sororis  suce.  Sucb,  dans  cette 
lecon,  se  rapporte  a  Philippe-Auguste. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  quod  quiafacere  nolebat  rex  An^lice. 
(5)  Les  mots  ohs,  fama  circumvolat   ne  sont   donnes   que   par  !<■ 

Ms.  10298-6. 

(4)  Le  5  juillet.  On  lit  dans  le  Ms.  49^9  ^"'  igitur  nonas  Julii.  Le 
Ms.  que  nous  suivons  d'ordinaire  porte  ici  septimo  igitur  nonaf  junii . 
ce  qui  est  une  date  impossible. 


84  CHRONICON 

acernraeque  concertant;  sed  nox  praelium  dlrimit. 
Ea  die  nostri  ^essere  fortius,  nisi  quod  aquam  praeoc- 
cupatam  ab  hostibus  perdiderunt;  diurno  proinde 
conflictu  ,  aestu  sitique  confecti  laborabant,  eo  quod 
aquam  non  liaberent.  Mane  liostes  se  praeparant  et  in 
nostros,  jam  non  adbellaproeparatos,  coeperunt  irrum- 
pere.  Quod  videntes  principes  et  primi  cxercitus,  re- 
gem  adeunt  festlnanter,  et  quld  facto  opus  sit  delibe- 
rant  in  communi.  Rex  quemdam  de  immeroequltum, 
Johannem  nomine  (i),  qui  cum  Turcls  milltaverat, 
consulit  quid  in  Instanti  negotio  sit  agendum;  qul 
consuluit  ut  totis  vlribus  irrumpatur  in  cuneum  ubl 
Salahadlni  vexillum  altius  eminebat.  PJacet  consilium 
universls,  excepto  comite  Tripolltanodecujus  consilio 
montana  occupaverunt;  et  Ita,  consilio  utlli  dissipalo, 
nostrl  aestu  ac  splendore  solls  «ravantur  et  telorum 
imbribus  opprlmuntur  etobruuntur.  ComesTripolIta- 
nus  arraa  dejecit ,  et  ad  castrum  quod  Saphetum  dlcltur 
se  contullt.  Interim  nostrorura  strages  miserabillter 
fit;  epIscopusAcconensIs,  lethalltervuhieratus,  crucem 
Doralni  quara  ferebat  tradidit  alteri ,  et  Ille  regl.  Bello 
itaque  veheraenter  perurgente,  Guido  rex  capltur  et 
sancta  crux  Domini  a  Turcisasportatur.  [Hancalteram 
post  Cosdroem  regem  Persarum  crux  sancta,  propter 
scelera  nostra,  contumeliam  pertulit,  et  qu<Te  nos  a  vc- 
terl  captivitatis  jugo  absolvlt,  propter  nos  captlva 
ducllur,  et  prophanls  gentilium  (2)  manlbus  contrec- 
tatur]  :  sed  et  quolquot  HospitalarlietTemplarll  inve- 
nluntur,  protlnus  decollantur. 


(i)  Ce  nom  ne  se  trouve  que  dans  le  Ms.  10298-6. 
(2)  Ms.  4917,  ^cticinm;  /»918,  ^QiQ»  gentium. 


GUILLELMI  DE  NAINGIACO.  85 

Porro  Guido  rex  et  magister  Templi  in  raonumen- 
tum  victoriae  reservantur.  Sic  exigentibus  meritis  suis 
in  manus  gentium  nostri  sunt  traditi  ac  a  genti- 
bus  (t)  subjugati.  Nimis  enim  in  luxus  varios  et  clerus 
et  populus  effluxerant ,  totaque  terra  illa  facinoribus 
et  flagitiis  sordescebat;  sed  et  qui  religionis  habitum 
praeferebant  ,  regularis  moderantiae  turpiter  fines 
excesserant;  rarus  in  monasterio,  rarus  in  saeculo, 
quem  non  vel  nvaritise,  vel  luxuriae  morbus  inficeret. 
Princeps  autem  Reginaldus,  qui  post  Remundum  An- 
tiochiae  primatum  obtinuerat  ct  (2)  Sarracenos  semper 
oppresserat,  ab  ipso  Salahadino  manu  propria  decol- 
latur. 

SaLahadinus  igitur,  habito  celebri  trophaeo  (3)  de 
nostris ,  ad  pontem  Tiberiadis  redit ,  ibique  manubias 
dlvidi  et  in  Damascum  meliora  deferri  praecepit  : 
[postea  erectis  ad  coelum  oculis,  de  adeptione  victoriae 
gratias  Deo  reddidit;  sic  enim  facere  in  omnibus  quae 
accidebant  consuevit,  et  inter  caetera  hoc  saepius  dixisse 
fertur,  quod  non  sua  polentia,  sed  iniquitas  nostra 
hanc  illi  victoriam  contulit.]  Dehinc  Accon,  quae  et 
Ptolomais,  obsidet,  et  post  biduum  in  deditionem  re- 
cepit.  Manere  ibi  volentibus  non  fuit  hostilis  oppressio, 
et  recedere  volentibus  data  est  vitae  conductio.  Id  sane 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  a  Turcis. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-^0 1  Princeps  autem  j4ntiochia;  Reginaldus 
(jui  Sarracenos  semper,  etc.  Renaud  de  Chatillon,  deuxieme  raari  dc 
Constance,  veuve  de  Raimond  prince  d'Antioche,  gouverna  d'abord 
la  principaute  d'Antiochp  aii  nom  de  Bohemond  III,  filsdeConstauce 
et  de  Raimond 

(3)  Edit.  et  Mss.  ^917-^0,  trinmpho. 


86  CHRONICON 

Salahadliil  liberalltatem  (i)  commendat,  quodnuUum 
gravari  sustinuit  qui  vellet  ei  se  subdere,  et  degere 
sub  tributo;  erat  enim  suorum  tenax  dictorum,  sui- 
que  custos  integer  juramenti,  et  tam  liberalis,  ut  vix 
negaret  quidquam  alicui.  Tota  quippe  regio  exterrita 
tremebat,  viris  privata  fortioribus  et  suis  tutoribus 
destituta. 

Inter  haec  Corrardus  marchio,  filius  marchionis  de 
Monte  ferrato,  a  Constantinopoli  veniebat  Jerusalem; 
ubi,quia  sororem  imperatoris  Cursath habebatin  conju- 
gem,  cum  quodam  nobili  Graeco  (2),  qui  Cursath  vole- 
bat  deponere  et  se  in  Constantitonopolim  inlrudere, 
pugnaverat,  eumque  occiderat.  Et  inde,  sicut  dicitur, 
rediens,  comperto  quod  Accon  teneretur  a  Turcis, 
Tyrum  applicuit  [et  eamdem  urbem  defensurus  susce- 
pit  :  cujus  adventus  preesentibus  et  venturis  Christi- 
colis  processit  ad  commodura ,  et  ipsi  ad  laudem  et 
gloriam].  Tunc  comes  Tripolitanus  qui  ilhic  [post  bel- 
lum  Tiberiadis]  venerat  (3) ,  videns  potentiam  mar- 
chionis,  omnibus  suspectus  et  omnes  suspectos  habens, 
Tripolim  fugit;  cui  statim  Salahadinus  mandavit  ut 
pacta  quae  sibi  juraverat  jurari  faceret  a  suis,  Comes 
civibus  convocatis  jurare  illos  imperat,  dicens  ceden- 
dum  esse  temporl  nec  posse  Salahadino  resisti ;  respon- 


(i)  Les  Mss.  donnent,  par  erreur,  libertatem.  Voy.  ci  dessus,  p.  63, 
note  5. 

(2)  Tlieodore  Branas.  Ce  fut  pour  s'assurer  un  appui  contre  ce  re- 
doutable  adversaire,  que  Cursat  on  Isaac  l'Ange  fit  epouser  sa  soeur 
Theodora  a  Conrad ,  fils  de  Guillaunie-le-Vieux  marquis  de  Mont- 
ferrat. 

(5)  Edit.  cl  Mss.  4917-20,  confu^crnl. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  87 

deiil  cives  se  jurare  neraini  (i) ,  nisi  prius  formam  au- 
diant  juramenti,  et  super  hoc  inducias  usque  mane 
petentes  accipiunt.  Ea  nocle  coraitem  illum  ultio  di- 
vina  percussil;  nam  in  stratu  suo  eura  mane  mortuum 
repererunt  (2).  Res  dissimulari  non  potuit,  nam  cor- 
pore  defuncti  nudato,  quianupercircumcisionisstigma 
susceperat  apparuit  :  unde  palam  fuit  quod  se  Salaha- 
dino  coufoederans  sectam  sarracenicam  ceperat  obser- 
vandam.  Post  quem  Tripolis  urbis  dominium  filius 
principis  Antiochise  (3)  de  jure  obtinuit  parentelae. 

Corrardus  raarchio  apud  Tyrum  fortiter  agit,  terra 
et  mari  saepe  de  hostibus  triumphans  (4). 

Ludovicus,  Philippi  regis  Francorum  filius  [primo- 
genitus],  nascitur  in  vigilia  assumptionis  bealae  Marise 
virginis. 


(i)  Minime  dans  les  edit.  et  les  Mss.  4917-20. 

(2)  Les  huit  mots  qui  precedent,  depuis  nam  in   strat.  s.,  ne  sont 
donnes  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(5)  Raimond  III,  fils  de  Bohemond  III  pr'.nce  d'Antioche.  Dom 
Vaissete  {Hist.  de  Languedoc ,  t.  II,  note  56)  a  essaye  de  justi- 
fier  Raimond  II,  comte  de  Tripoli,  des  imputations  odieuscs  que 
fournissent  contre  lui  et  notre  chroniqueur,  et  quelques  autres  au- 
teurs  anciens.  11  ne  nous  semble  pas  avoir  ete  tres-heureux  dans 
Tusage  qu'il  a  fait  de  la  continuation  de  Guillaume  de  Tyr,  qui  n'Gst 
autre  chose  que  riiistoire  de  Bernard  le  Trcsorier.  Loin  de  justifier 
la  conduite  du  comte  de  Tripoli  a  la  bataille  de  Tiberiade,  Bernard 
semble  l'accuser  de  trahison.  Quant  a  la  mort  du  comte,  le  meme  au- 
teur  ne  dit  poiut  qu'il  perit  en  duel ,  ainsi  que  1'a  ecrit  rillustre  his- 
torien  du  Languedoc  pour  avoir  mal  compris  le  texte;  mais  qu'il 
mourut  dc  chagrin  apres  avoir  vu  ses  terres  envahies  par  Saladin. 
"  Quant  le  cuens  de  Triple  sot  que  Saladin  estoit  entre  en  sa  terre.... 
si  s'en  ala  a  Triple;  mes  puis  qu'il  y  fu  venu  ne  vesqui  guaires, 
ains  fu  niort  de  duel ,  si  comme  Ten  dit.  »  Bern.  le  Tke^^  ,  edi».  de 
M.  Guizot.,  p.  84,  8(i  et  94. 

(4)  Cel  alinea  n'est  donnc  quc  par  Ir  Ms  10298-6 


88  CHRONICON 

[Salahadinus  post  Accon  sibi  redditam  Berytum  et 
Sydonem  occupans,  cum  Tyrum  eadem  facilitate  spe- 
raret  sibi  vindicare,  a  marchiso  turpiter  repulsus 
abscessit.  Exinde  Ascalonem  urbem  perveniens,  eam 
post  diversos  assultus,  quarta  die  septerabris  obtinuit, 
tali  pacto  ut  civeshberi  hinc  abirent,  et  rex  Guido,  cum 
quindecimdeelectioribuscaptivis,  reddereturj.lpsaque 
die(i)  [qua  praescripto  pacto  urbs  tradita  fuit]  fit 
eclipsis  solis  particularis  ,  in  octavo  gradu  Virginis  ,  et 
duravit  duabus  horis,  apparueruntque  stellae  per  diem 
ut   nocte. 

Turcomanni  per  hosdies  Laodiciam  urbem  impetunt 
et  cum  principe  Antiochiae  congressi,  multos  de  suis 
occidunt.  Deinde  Antiochiam  et  circumjacentem  re- 
gionem  proOigant  caedibus  et  incendiis  ac  rapinis, 
terramque  illam  copiosam  et  optimam  quae  Mons  Ne- 
rei  (a)  dicitur  rapinis  et  incendio  sunt  depasti.  Sed 
cum  inde  redirent,  ab  Antiochenis  s-.m  t  devictl  et  fugati. 
Salahadinus  Ascalone  munita  cum  Turcis  suis  Je- 
rusalem  properat  et  eam  obsidet  a  parte  Occidentis, 
oppugnans  eam  decem  diebus  continuis;  sed  civibus 
fortiter  resistentibus,  cum  nec  sic  Turci  proficerent,  a 
parteAquilonisUrbem  Sanctam  petrariis,mnngunnel- 
lis  et  infinitis  assultibussuntaggressi(3).Considerantes 


(i)  Au  lieu  de  tout  ce  qui  precede,  le  Ms.  10298-6  porte  seulenient  : 
Ascalon  a  Turcis  capitur  quarta  die  septembris  ,  ipsaque  die,  etc.  Ici 
vient  1'anuonce  pure  et  simple  de  reclipse,  remplacee  dans  tous  les 
autres  Mss.,  et  dans  les  editions  precedentes  par  cette  phrase  pom- 
peuse  :  Sol,  quasi  compaticns ,  beneficium  hicis  defectu  eclipseo  urbi 
rt  orbi  siibtraxit. ; 

(1)  Edit.  et  Mss.  4gi7-'io,  Mons  Verra. 

(5)  Tous  les  autrcs  Mss.  ctles  edit.  pnrtcnt  siinplcment  Urbcm  Sanc- 
tam  iterum  <;unt  ag^rcssi. 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  89 

vero  obsessi  obsessorlbus  non  posse  resisti ,  in  com- 
mune  deliberant  civitatem  reddere,  salvis  sibi  vita  et 
raobilibus;  sed  Salahadinus,  quia  contra  suam  volun- 
tatem  diu  se  tenuerant,  petiit  pro  redemptione  eorum 
ab  his  qui  decem  (i ;  annos  et  supra  excesserant  decem 
bizancios,  et  a  mulieribus  acaHisquinquebizantios[et 
ab  infantibus  unum]  similiter  sibi  reddi.  Quod  ut  ab 
utraque  parte  concessum  est,  secundo  octobris  die,  qui 
erat  ab  obsidione  tricesimus  tercius,  scilicet  feria  sexta, 
Urbs  Sancta,  quod  dici  dolorest!  Salahadino  redditur. 
Qui  statim  campanas  ecclesiarum  confringi  fecit  et 
Turci  equos  et  jumeuta  in  ecclesiisstabulaverunt.  Su- 
riani  veroecclesiamSepuIcriauri  pretioredemerunt,ne 
sordibusgentiumsubjaceret.  TemplumautemDomini, 
quod  juxta  ritus  suos  Turci  consueverant  antiquitus 
venerari,  fecit  Salahadinus  intus  et  extra  aqua  rosacia 
ablui,  antequam  vellet  illud  ingredi.  Multa  vero  millia 
pauperum,  quia  pretium  non  habebant  a  praetaxato 
pretio  absolvit  (2),  et  infirmis  jussit  de  fisco  proprio 
per  aliquantum  tempus  necessaria  ministrari.  Patriar- 
cha  Heraclius,  clerusque  universusac  (3)  turba  cujus- 

(i)  Telle  est  la  lecoa  unanimement  donnee  par  tous  les  Mss.  Les 
precedents  editeurs  ont  imprime  qui  quindecim.  Voici  la  convention 
telle  que  la  reproduit  Bernard  le  Tresorier  :  «  Lors  atira  [Saladin]  que 
li  hons  donroit  x  liv.  et  la  fame  v,  et  li  enfes  i.  »  Edit.  de  M.  Guizot, 
p.  120. 

(2)  On  executa  avant  toutun  des  articlcs  de  la  convention  qui  por- 
tait  que  3o  000  besans  seraient  payes  pour  la  rancon  de  7  000  pauvies ; 
et  que  pour  former  cet  effectif  de  7  000  pauvres ,  on  compterait  deux 
femmes  pour  un  homme,  et  pour  un  homme  aussi  dix  enfans  qui 
d'aage  ne  scroient ,  c'est-a-dire  sans  doute  au-dessous  de  dix  ans.  Id., 
p.  122. 

(3)  On  lit  dans  lcs  edit.  et  dans  les  Mss,  4917-20  Sane  reginn  Sy  - 
bil/a,  cum  Hcraclio  palrinrcha ,  Tcmplariis  et  Ho^pitalariif ,  etc. 


00  CHRONICON 

libet  setatis  et  sexus  de  Jerusalem  recesserunt,  alii 
Antiochiam  profecti ,  alii  Alexandriam  et  in  Siciliara 
navigantes.  Suriani  vero,  Georgiani,  Jacobitae,  Graeci, 
Armenii,  in  Jerusalem  remanserunt,  sub  Turcorum 
dominio  constituti  (i).  Capta  est  ergo  Jerusalem  [ci- 
vitas  sancta]  post  annos  octoginta  octo  ex  quo  a  Turcis 
eruta  fuit,  et  tantumdem  fere  temporis  possessa  a 
nostris  quantum  prius  a  Turcis. 

Transmarinae  calamitatis  historia  ubi  per  Occiden- 
tem  insonuit,  gravi  moeroris  aculeo  corda  omnium 
sauciavit.  Urbanus  papa ,  cum  tam  flebilem  rem  (2) 
audisset,  nimisindoluit,  et  ex  dolore  languescens,  non 
multum  post  obiit ,  et  in  urbe  Ferraria  sepelitur;  cui 
successit  Gregorius  octavus  [natione  Beneventanus]. 
Sed  cum  post  duos  menses  Pisam  venisset ,  et  inter  Pi- 
sanos  et  Januenses  discordantes  concordiam  refor- 
masset,  ac  ad  subvenlionem  Jerusalem  totis  viribus 
inhiasset,  proh  dolor!  instante  Natale  Domini  rebus 
humanis  eximitur,  et  apud  eamdem  urbem  honorifice 
sepelitur;  cui  Clemens  tercius  [natione  Romanus] 
successit. 

Imperator  Constantinopolis  et  rex  Siciiiae  redu- 
cuntur  ad  pacem. 

MCLXXXVIII. 

[Guido  rex  Jerosolymorum ,  de  prisione  Salahadini 
liberatus,  Tyrum  applicuit ;  sed  eidem  Corrardus  mar- 
chio  introitum  denegavit  :  quod  rex  prudenter  dissi- 
mulans,  nunc  apud  Antiochiam,  nunc  apud  Tripolim 
commoratur  per  annum,  et  transmarinos  Christicolas 


(i)  Edit.  el  Mss.  4917-'-?",  nddicti  '!ei\'iluli. 
{1)  Edit.  el  Mss.  49i7-'-^0)  iumnrcm 


GUILLELMI  DE  NaJNGIACO.  91 

in  Teiree  Sanclae  subveutionem  venturos  expectatj. 
Philippus  rex  Franciae  et  Henricusrex  Angliae,  dum  pro 
sedando  inter  se  dissidio  ad  coUoquium  inter  Triam  et 
Gisortium  conveniunt,  Tyrensi  archiepiscopo,  [qui  in 
Franciam  pro  subsidio  Terrae  Sanctae  advenerat],  eos 
adhortante,  signo  se  crucis  insigniunt.  Quorum  exem- 
plo  barones  et  milites  permoti ,  turbaque  conditionis 
cujuslibet  Infinita,  signum  crucis  dominicae  assumpse- 
runt.  Fredericus  quoque  imperator  per  idem  tempus 
eodem  peregrinationis  voto  se  alligat,  et  per  totum 
imperium,  necnon  et  per  universum  orbem,  eadem 
vota  et  studia  effervescunt. 

Consilio  Philippi  regis  Franciae  et  procerum  regni 
ejus  agitur,  ut  ad  auxilium  peregrinorum  [in  Terram 
Sanctam  profecturorum]  res  et  mobilia  universorum 
decimentur  (i);  quod  quidem  in  grandem  perniciem 
est  conversum,  quia  plures  ex  his  qui  decimationes 
exigebant  violentius  ecclesias  aggravabant ,  ex  quo 
peccato  creditur  accidisse  quod  iter  propositum 
transmarinum  impediretur.  Satan  enim  laetis  cruce 
signatorum  principum  primordiis  invidens,  inter 
principes  discordias  seminavit  ut  adimpleretur  quod 
dictum  est  per  prophetam  :  u  Effusa  est  contentio  (2) 
«  super  principes,  et  errare  fecit  eos  in  invio  et  non 
«  in  via.  »  Nam  inter  Philippum  regem  Franciae  et 


(1)  La  dime  saladine  fut  etablie  dans  une  grande  asseuiblee  de  pre- 
lats  et  de  seigneurs,  tenue  a  Paris  au  niois  de  mars  de  Tan  1188.  On 
y  fit  aussi  un  decret  pour  empecher  que  les  croises  pussent  etre  in- 
quietes  a  raison  de  leurs  dettes  durant  le  cours  de  leur  pieuse  expedi- 
tion.  Voy.  le  texte  des  deux  decrets  dans  Rigorh,  Hist.  dc  Fr.. 
\ .  XVll,  p.  25  et  suiv. 

{1)  La  Yulgate  portc  cnntcmpti(}.  Psalm    cvi,  40. 


92  CHRONICON 

Henricum  regem  Angliae  per  Richardum  regis  An- 
gliae  filium  recrudescit  dissidium  quod  putabatur  so- 
pitum.  Philippus  enim  rex  Francise  ,  coliecta  multilu- 
dine  armatorum  ,  terram  Arverniae  polenter  intravit, 
et  quidquid  erat  juris  regis  Angliae  sibi  sujugavit.  Quo 
viso  rex  Angliae,  nimis  iratus ,  reduxit  exercitum  suum 
per  marchiam  Normanniae  versus  Gisortium.  Trans- 
eundo  vero  per  dictam  marchiam,  castrum  Drocarum  in 
transitu  suo  incendit,  et  multas  villas  campestres  usque 
ad  Gisortium  destruxit.  Quo  audito  (i),  insecutus  est 
eum  rex  Franciae  usque  ad  castrum  quod  dicitur  Trou, 
de  quo  regem  Angliae  cum  Richardo  filio  suo  (2)  tur- 
piter  ejecit,  capiens  in  transitu  suo  Vindocinum. 
Tandem  superveniente  hieme,  datis  induciis  ab  utra- 
({ue  parte  a  bello  quieverunt. 

Templarii,  Hospitalarii,  viriquefortes  quamplurimi 
transfretant,  ut  oppressis  [Terrae  Sanctae]  succurrant. 
Guillermusquoque  rexSiciliae,  per  ducem  classissuae, 
iter  marinum.  liberum  reddebat  et  a  piratis  tutum, 
tam  subventionibus  navium  quamrerum  quarumlibet 
copia,  Christianis  transmare  satis  munifice  succurrens. 

Siccitas  fuit  inaudita,  adeo  ut  in  multis  locis  fluvii , 
fontes  et  putei  siccarentur.  Plurimae  ignium  clades  per 
Gallias  acciderunt ;  nam  Turonis,  Carnotum  ,  Belva- 
cus,   Autissiodorum ,  Trecas  [civitates]  et  Pruvinum 


(i)  Cette  phrase  et  les  deux  precedentes  n'en  font  qu'une  dans  les 
edit.  et  dans  les  Mss.  491  ^-'^o,  ou  on  lit  reduxit  exevc.  suumper  march. 
Normann.  versus  Gisort.,  ubi  multas  villas  dc.xtru.rit  et  incendit  • 
quo  audilo,  etc. 

(2)  Les  mots  cum  liich.  /il.  s.  nc  se  trouvent  que  dans  lc  Ms.  loaQS-d 
La  prcsencc  de  Ricliard  ati  chateau  dc  Trou  cst  aussi  constatcc  par 
Ri}^ord  ,  ih.,  p.  •?.']. 


GUILLELMI  DE  NAJNGIACO.  93 

[castelluin]  ac  quamplures  aliae  villae  iiiiserabililer  in- 
cenduntur. 

Salahadinus  urbes  et  oppida  quae  Cbristianis  abstu- 
lerat  muris  reparat  et  roborat  raunimenlis.  Tyrum 
iterum  inipugnat  [terra  et  mari ,  nihilque  intentatum 
relinquens,  patrem  marchisi,  quem  in  bello  Tiberiadis 
ceperat,  sub  hac  fiducia  preesentat  captivum,  ut  filius 
necessiludinis  affectu  permotus  patris  concambio  civi- 
tatem  contradat.  Nunc  ergo  reddendum  ofFert,  nunc 
perdendum  minatur,  variosque  tentat  accessus,  sed  in 
omnibus  fallitur;  nam  marchio  flecti  nescius,  ofFe- 
rentem  irridet,  minantem  contemnit,  et  quoties  pro- 
vocandae  campassionis  intuitu  illi  pater  in  vinculis 
videndus  ostenditur,  confestim  ballistam  corripit, 
obliquos  in  patrem  ictus  designans,  manum  quidem 
aberrare  volens,  sed  similis  percussuro.  Missis  etiam 
Soldani  qui  patris  interitum  minitantur,  id  se  votis 
omnibus  expetere  asserit,  ut  et  maleficus  ille  post  tot 
flagitia  bonos  tandem  inveniat  exitus,  et  ipse  patrera 
habere  martyrera  mereatur.  Hac  Salahadinus  obti- 
nendee  urbis  delusus  fiducia,  quod  arte  non  valebat, 
armis  experitur];  sed  cum  dampno  suorum  saepe  vic- 
tus  et  confusus  abscedit. 

MCLXXXIX. 

Ravennensis  et  Pisanus  archipraesules,  cum  multo 
Italorum  agmine  Iransfretantes  et  Tyrum  appulsi , 
Tyrensibus  fiuntnon  modicum  adjumentum. 

Frcdericus  imperator  Alemanniae  cum  duce  Suaviae 
filio  suo  iter  peregrinationis  [transmarinae]  arripiens 
in  festo  sancti  Georgii  (i),  cum  multitudine  infinita 

(i)  Le  25  avril. 


94  CHRONICON 

Huiigariam  iiigreditur,  et  a  rege  Hungariee  hoiioritice 
suscipitur.  Dehinc  Iransito  Danubio  per  Bulgariam 
tendit  in  Thraciam ;  sed  cum  ei  imperator  Grsecorum 
transitum  denegaret,  vias  obstrueret,  divertit  in 
Gneciam ,  et  Graeciae  paitem  occupans,  per  ali- 
quantulum  temporis  inibi  demoratur.  De  Frisia  et 
Dacia  qiiinquaginta  naves  pariter  foederatae  eamdem 
peregrinationem  arripiunt.  De  Flandriis  quoque  tri- 
ginta  septemrates  alios  secutae  sunt,  et  dum  per  His- 
panias  transeunt,  Sarracenorumurbem  nomineSilviam 
obsident ,  et  post  quadraginta  dies  captam  diripiunt , 
nulli  aetati  vel  sexui  parcentes,  sed  omnes  pariter  tru- 
cidantes.  Postea  opes  inventas  inter  se  aequaliter  di- 
videntes,  urbem  tenendam  regi  Portugalensi  relique- 
runt(i),  multa  alia  Sarracenorumoppidadevastantes. 
De  Francia  autem  et  de  Campania  iter  illud  subeunt 
viri  fortes  et  iUustres,  militiae  titulo  gloriosi. 

Interim  inter  regem  Franciae  et  regem  Anglise  fer- 
vescente  discidio,  plurima  fit  castrorum  urbiumque 
direptio.  Turonis  urbs  capitur  a  rege  Franciae  et  Ce- 
nomannis.  Post  hsec  inter  reges  pax  redditur,  et  paulo 
post  Henricus  rex  AngUae  defungitur,  nimio,  ut  di- 
cebatur,  dolore  absorbtus  quia  videret  se  a  rege 
Franciae  victum  et  a  Richardo ,  fiUo  suo,  qui  ad  regem 
Franciae  fugerat,  derelictum.  Sepultus  est  autem  in 
coenobio  virginum  (2)  qui  Fons  Ebraudi  dicitur,  mul- 


(i)  Le  reste  de  l'aliaea  n'est  donne  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(2)  Les  precedents  editeurs  ont  imprime  in  ccenobio  monachorum , 
lecon  donnee  par  les  Mss.  4917»  49^8,  4919-  D'Achery  a  rais  en  marge  la 
correction,  monacharum ;  elle  est  justifiee  par  le  Ms.  4920.  II  est  vrai 
qu'ily  avait  aussi  a  Foutcvrault  une  comniunaute  d'hommes  ;  mais  les 
deux  comnuinautes  otaient  sous  rautorile  dc  rabbesse,  et  de  plus  Ic 


GUILLELMI  DE  NAJSGIACO.  O.") 

lis  ab  eo  redditibus  et  muneribus  amplialuin.  Vir  pru- 
dentia  gestisque  famosus,  laetis  florens  successibus 
perpetuaque  dignus  memoria ,  nisi  quod  sanctum 
Thomam  fuerit  adversatus.  Cui  successit  Richardus, 
filius  ejus,  (i)  et  apud  Londoniam  in  regem  Anglise 
coronatur. 

[Erachium  qiioddam  castrum  duobus  annis  a  Tur- 
cis  obsessum  Salahadino  redditur,  et  propter  hoc  En- 
fridus  (2)  de  Torone  qui  in  vinculis  tenebatur,  libe- 
ratur  :  pari  fato  magister  Templi  Girardus  absolvitur, 
et  pater  marchisii  cum  concambio  cujusdam  captivi 
gentilium  liber  abscedit.]  Guidorex  Jerosolymitanus, 
cum  multa  (5)  millia  peregrinorum  apud  Tyrum  [et 
Tripolim]  applicuissent ,  eos  Accon  urbem  petere 
et  obsidere  fecit ;  quibus  Salahadinus  occurrit  ut  ob- 
sessis  succurrat  et  impetat  obsessores.  Cumque  nostri 


torabeau  d'Henri  11  fut  place  dans  la  partie  de  l'eglise  reservee  aux 
religieuses.  Expilly,  Dict.  des  Gaules  et  de  la  Fr. 

(i)  Les  septmots  qui  suivent  manquent  dansles  edit.  precedentes  et 
dans  les  Mss.  4917-20.  —  Le  couronnement  de  Richard  Coeur  de  Lion 
eut  lieu,  snivant  Nicolas  Trivet,  un  dimanche,  le  troisieme  jour  apres 
la  fete  de  saint  Gilles,  c'est-a-dire  le  5  septembre.  Spicil.,  t.  III, 
p.  167. 

(2)  De  La  Barre  a  imprime  Eufridicus  de  Turone.  La  premieie  et 
la  derniere  edition  donnent,  avec  tous  les  Mss.,  Eujridus  de  Turonc. 
Le  Ms.  10298-6  porte  plus  bas  Enfredo  de  Torone,  forme  qui  se  rap- 
proche  davantage  du  veritable  nom  du  personnage.  II  se  nommait  Hon- 
froi  de  Thoron  et  etait  connetable  du  royaume  de  Jerusalem. 

(3)  Cette  phrase  commence  ainsi  dans  le  Ms.  10298-6  :  Guido  rex 
Jerosolymitanus  de  carcere  Salahadini  liberatus  Tyrum  applicuit;  sed 
eidem  Corrardus  marchio  introitum  denegavit.  Quod  re.r  prudcnter 
dissimulans ,  cum  multa  millia,  etc.  Ces  details  uous  ont  paru  mieux 
places  au  commencement  de  Tannee  1188,  ou  nous  les  avons  impri- 
mes  entre  crochets,  conformement  aux  edit.  precedentes  et  aux 
Mss.  4917-20. 


96  CHRONICON 

hostium  assultus  assiduos  ferre  uon  posseut,  valla  et 
aggeres  in  gyro  castroruinfacientes,  tutiores  pugnam 
acerrimam  cum  hostibus  conserunt  (i);  et  sic  in  ob- 
sidione  [longo  tempore]  commorantes ,  multi  morbo 
dysenteriae  perierunt,  siquidem  a  facie  et  a  tergo 
hostilis  imminebat  obsidio,  et  aeris  intemperies  tanta 
fuit  ac  inundatio  pluviarum ,  ut  pro  nimia  humecta- 
tione  cibaria  corrupta  deperirent  :  unde  miranda  ac 
perpetuo  memoranda  virorum  illorum  constantia , 
quae  tot  malis  obsita  non  defecit,  sed  permansit  in- 
fracta.  In  hac  obsidione  defuncta  fuit  Sybilla  regina 
Jerusalem,  uxor  Guidonis  regis,  cum  quatuor  filiis 
quos  de  ipso  habebat.  Post  quam  hereditas  regni  Je- 
rusalem  ad  sororem  ejus  Isabeliam  uxorem  Enfredi  de 
Torone  devenit,  sed  ab  Enfredo  separata,  quia  eam 
ante  nubiles  annos  et  contra  voluntatem  suam  duxe- 
rat  (2),  marchioni  Corrardo  uxor  datur,  et  sic  Cor- 
rardus  marchio  regni  Jerusalem  obtinuit  principa- 
tum. 

Gillermus  Siciliae  rex  moritur,  cujus  mors  multis 
intulit  detriraentum;  qui  cum  non  haberet  heredem, 
Henricus  Frederici  imperatoris  filius  dicebat  se  debere 
fieri  succesorem ,  et  pacto  promissionis  et  jure  pro- 
pinquitatis  quia  sororem  regis  [Guillermi  (5)]  duxerat 
in  uxorem.  At  Siciliae  proceres,  inito  consilio  Tan- 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  pcrtulerunt. 

(2)  Bernard  le  Tresorier  (p.  172)  raconte  que  sur  les  sollicitations  de 
Philippe  de  Dreux,  eveque  de  Beauvais,  Honfroi  consentit  a  vendre 
sa  fenime  au  marquis  de  Montferrat.  «  L'evesque  ala  a  Honfroi, 
et  fist  tant  vers  lui  qu'il  clania  quite  sa  fame  au  marchis  por  de- 
niers  donans.  » 

(5)  La  soeur  de  Guillaume  I",  la  lante  de  Guillaume  H.  Voy.  ci- 
dessus,  p.  80,  not.  5. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  97 

credum,  virum  illustrem,  in  regem  substituunt  (i). 

Grandis  igitur  fit    utrimque   turbatio,  concutiuntur 

provinciae  et  imprimis  Campania  et  Appulia  profli- 

gantur. 

ObiitElizabetli  regina,  uxor  Philippi  regis  Francise, 

et    in    [majori]    ecclesia    beatae    Mariae    Parisius   est 

sepulta. 

MCXC. 

Philippus  rex  Franciae  et  Richardus  rex  Angliae, 
Odo  (2)  dux  Burgundise,  Philippus  comes  Flandriae, 
Henricus  comesCarapaniae,  Theobaldus  comes  Blesen- 
sis,  Stephanus  comes  Sacri-Cgesaris,  episcopique  quam- 
plurimi  et  fere  regni  Franciae  proceres  universi,  et 
qui  alicujus  nominis  in  militia  habebantur  (3)  ,  signo 
crucis  dominicse  insignili,  cum  infinito  agmine  et  in- 
credibili  apparatu  iter  arripiunt,  diversos  adeunt 
portus  navesque  conscendunt.  Mare  solito  tunc  pro- 
cellosius  tumescebat,  in  tantum  quod  navium  quae- 
dam  vi  ventorum  ad  littora  sunt  repulsae,  et  aliae 
sunt  submersae  (4).  Philippus  et  Richardus  reges 
Messanamurbem  Siciliae  vix  appulsi ,  nec  valentes  [ul- 
terius]  progredi,  inibi  [insimul]  hiemarunt.  Tunc 
venit  ad  eos  abbas  Joachim ,  de  suo  evocatus  monas- 


(i)  Tancrede  etait  fils  illegitime  de  Roger,  duc  de  rApouille,  et 
petit-fils  de  Roger  II  dit  le  Jeune  roi  de  Sicile,  mort  en  iiS^- 

(2)  Lisez  ZTwgo  ici  etplus  bas  p.  102,  an  1192;  c'estleducHugues  III, 
dont  nous  avons  parle  pius  haut,  p.  yS,  not.  2.  U  mourut  en  1 195. 

(5)  Edit.  et  Mss,  4917-20,  etfere  re^ni  Francice  barones  et  milites 
universi,  signo  crucis ,  etc. 

(4)  Au  lieu  de  ce  qui  precede  on  lit  dans  les  edit.  et  dans  lcs  autres 
Mss.,  iter  Iransrnarinum  arripiunt  .  navesque  ascendentes  diversis 
portibu9  marina  (Mss.  49i7>  49i8,  maxima)  tempestate  repulsi ,  di- 
versis  littoribus  applicuerunt. 

I-  7 


98  CHRONICON 

terio  in  Calabria  constitiito.  Qui  ab  eis  de  futuris  scis- 

citatus,   respondit  quod  mare  transituri  essent,  sed 

nihil  vel  parum  proficerent,  necdumque  adesse  tem- 

pora  quibus  liberanda  foret  Jerusalem  et  regio  trans- 

marina. 

Fredericus  imperator  cura  Cursath  imperatoreGrae- 
corum  qualicumque  pace  composita,  et  Bosphoro 
transito  perambulans  Asiam ,  multa  suorum  damna 
patitur,  tam  per  assultus  hostium,  quam  per  penu- 
riam  victualium.  Timebat  enim  per  aequora  trans- 
raeare,  quoniam,  sicut  dicitur,  in  historiis  suis  quae 
Fredericae  nuncupantur  quo  fatatum  erat  ei  in  aqua 
mori.  Ipse  vero  soldanum  Iconii,  qui  forum  venalium 
quem  proraiserat  sibi  deturbabat,  usque  Iconium 
persecutus ,  cicumjacentia  loca  Iconii  succendit. 
Deinde  cum  ad  quasdam  locorum  venisset  angustias, 
reperit  Turcorum  multitudinera  infinitam ;  cum 
quibus(i)  congrediens,  eos  viriliter  debellavit.  Habito 
itaque  de  hostibus  insigni  triumpho,  dum  quemdam 
fluvium  transiret ,  heu!  tantus  princeps  deraergitur , 
sufFocatur,  et  moritur.  Vir  quidem  magnanimus, 
strenuus,  largus,  facundus,  prudens  gestisque  clarus, 
ac  sibi  rebellium  fortis  edomitor  ;  et  adeo  imperium 
dilatavit,  ut  post  Karolum  Magnum  parem  gestorum 
magnificentia  vix  habuerit  ;  [cui  successit  Henricus 
filius  ejus,  qui  ad  custodiam  imperii  relictus  fuerat. 
Frederico  imperatore]  itaque  sic  mortuo,  exercitus 
ejus  venit  Antiochiam,  ubi  dum  fessa  reficiunt  cor- 
pora,  et  in  epuHs  se  distendunt,  tot  et  tanti  ex  eis 
eegrotant  vel  obeunt,   quod   de    tanto  exercitu   vix 

(i)  Ces  deux  luots  manqueiit  dans  les  deux  premieres  editions. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  99 

pauca  militia  remaneret.  Filius  imperatoris ,  scilicet 
dux  Suaviae ,  corpus  patris  usque  Tyrum  detulit ;  quo 
ibidem  sepulto,  cum  ad  Acconis  obsidionem  venisset, 
paulo  post  oblit  (i). 

Obeunt  Philippus  comes  Flandrise ,  Theobaldus 
comes  Blesensis,  et  Stephanus  comes  Sacri-Caesaris , 
procerumque  ac  nobilium  turma  quamplurima,  ibi 
[apud  Acconem]  de  diversis  mundi  partibus  aggregata. 

MCXCI. 

Clemens  papa  moritur ,  cui  Jacinthus,  diaconus 
cardinalis,  vir  grandsevus  ac  generosus  substituitur, 
et  Coelestinus  papa  vocatur  (2).  Qui  in  ipso  die  Paschee 
consecrationem  pontificalem  accepit ,  et  in  crastino, 
Henricum  Fi^ederici  imperatoris  filium  ad  imperium 
coronavit. 

Rex  Franciae  Philippus ,  [qui ,  anno  praecedenti , 
cum  rege  Anglise  Richardo  in  Sicilia  hiemarevat,  eum] 
quasi  hominem  suum  commonuit  ut ,  sicut  sibi 
juraverat,  mare  cum  eo,  in  passagio  marcii  (5),  trans- 
iret;  quod  id  non  solum  facere,  sed  etiam  sororem 
regis  Philippi,  quam  de  juramento  tenebatur  in  uxo- 
rem  ducere,  recusavit,  et  usque  ad  mensem  augus- 
tum  passagium  distulit.  Philippus  igitur  mare  in- 
trans  ,  recto  itinere  Accon  applicuit,  et  ab  his  qui 
longo  tempore  sedebant  in  obsidione  quasi  angelus 

(i)  Frederic  duc  de  Souabe  ne  mourut  qu'en  1191,  le  2ojanvier. 
II  en  faut  dire  autant  des  personnages  designes  dans  Talinea  suivant 
qui  tous  perirent  devant  Acre. 

(2)  Edit.  et  Mss.,  Clemente  papa  mortuo  Bomance  ecclesice  centesimus 
septuagesimus  nonus  Ccelestinus  tertius,  natione  Romanus,  prcesidet. 

(3)  Les  mots  in  passagio  martii  manquent  dans  les  edit.  et  dans  les 
Mss.  4917-20. 


100  CHRONICON 

Domlni  cuin  gaudio  et  honore  suscipitur.  Richardus 
vero  rex  Auglise  ,  cum  ratibus  et  galeis  suis  post  regem 
Franciap  [de  Sicilia]  movens,  venit  in  Cjprum,  ibique 
inveniens  quemdam  pseudo-imperatorem  insulae  do- 
minantem  ,  ipsum  cepit,  sibique  insulam  subjugavit 
et  gente  sua  raunivit.  Interim  Philipus  rex  Franciae 
ad  expugnandam  Acconem  regem  Angliae  expectabat; 
condixerant  enim  quod  non  nisi  pariter  expugnarent. 
Igitur  cum  venisset,  primo  fossata  implere  conten- 
dunt ;  sed  cum  a  rege  Franciae  rex  Angliae  saepius  dis- 
sentiret,  et ,  sicut  dicebatur,  perurgendis  assultibus 
dissimulanter  ageret,  Philippus  rex  Franciae  tantum 
vehementiusinsistebat,petrariasf"aciensadhiberiquam- 
plurimas(]).  Quibus  nocteet  die  incessanter  jactanti- 
bus,  pars  murorum  confringitur,  turrisquoque  mira- 
bilis  firmitatis,  fossoribus  cuniculos  subter  agentibus, 
conquassatur.  Tunc  hostes  vehementer  arctati  (2),  cum 
nullam  sibi  viderent  adesse  potentiam  resistendi ,  re- 
gis  Franciae  coUoquium  expetunt,  urbem ,  se  et  sua 
pariter  dedunt.  Accon  igitnr  tcrtio  idus  julii  (5)  a 
nostris  recipitur,  post  decursum  fere  biennium  ex 
quo  coeperat  obsideri.  Porro  Turci  intra  urbem  re- 
perti,  cum  pacta  quee  cum  rege  Franciae  inierant 
tenere  non  possent,  alii  evasere  redempti ,  alii  ad  ser- 
vienduracompedibus  sunt  detenti,  alii  gladiotrucidati. 
Audita  ergo  captione  Acconis  ,  timor  irruit  super 
hostes,  et  Ascalonem  atque  alia  castella  quae  nostris 
abstuierant  diruunt,  vacuaque  dimittunt. 

(i)  £dit.  et  Mss.  4917-20,  Rex  Francice ,  pctrarias  adhibens  quam- 
plurimas ,  suos  fecit  arbemfortitcr  assilire. 
(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  atlriti. 
(5)  Le  i5  juillet 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  101 

Henricus  imperator  Alemaiinlae  Neapolim  obsidet, 
sed  ibi  aegrolans  [sede  rellcta]  Alemanniam  redit. 

In  ecclesia  sanctl  Dlonysii  extractum  est  caput  pre- 
tiosi  martyris  Dionysii  (i)  de  capsa  ubi  cum  corpore 
quiescebat,  ad  removendum  errorem  Parisiensium  (2) 
qui  dicebant  sehabere  caput  praedlcti  martyris;  [posi- 
tumque  fult  illud  caput  sanctlssimum  In  vase  decenti 
argenteo  ut  palam  delnceps  ad  osculandum  gentlbus 
monstraretur  :  quod  postmodum  venerabilis  Mat- 
thaeus,  abbas  illius  monasterli,  in  allo  vase  aureo 
pretioso,  lapldibus  et  mlrabili  opere  decorato,  a  se 
constructo,  transferri  feclt,  per  manus  venerandi  in 
Christo  patrls  domlni  Simonls  sanctae  Cecillse  tunc 
presbyteri  cardlnalis,  qui  postea  papa  Martinus  quar- 
tus  appellatus  est,  praesente  rege  Franciae  Phillppo  , 
fdlo  regls  sanctissiml  Francise  Ludovici ,  slcut  ad  dic- 
tum  coenobium  accedentes  vident  moderno  tempore 
universi.] 

Philippus  rex  Franciae,  apparatu  suo  sub  manu  du- 
cis  Burgundiae  commendato,  et  orta  discordia  Inter 
eum  et  regem  Angllae  Rlchardum,  redit  a  partlbus 
transmarinis.  Rex  vero  Angllae  Rlchardus  ibi  re- 
manens,  eos  qui  Joppe  jam  inclusl  (5)  et  quasl  capti 
erant  suo  auxllio  liberavlt,  et  multa  alia  bona  ,  quae 
enarrare  longum  est,  Ibl  fecit. 

MCXCII. 
Nostrl  (4)  qul  [post  dlscessum  regis  Franclae]  trans 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Dionysii areopagitce  martyris. 
(9.)  Ib.  canonicoriim  parisiensium. 

(3)  Toutes  les  edit.  portent  in  opere.  jam  inculsi,  tous  les  jMss.  in 
lope.  Voy.  les  details  de  la  piisc  de  JaHa  par  Richard,  dans  Bernard 
LK  TR£S.,  p.  igo. 

(4)  Edit.  etMss.  4917-^0,  ////. 


102  CHRONICON 

mare  remanserant,  parum  aut  nihil  proficiunt,  ac 
demum  inter  eos  et  Salabadinum  induciae  usque  in 
triennium  statuuntur;  sic  tamen  quod  Ascalonem , 
quam  nostri  cum  magno  labore  et  expensis  construxe- 
rant,  rursus  diruerent  (i),  et  ita  in  vastitatem  civitas 
nobilis  est  redacta.  Corrardus  marchio  dum  in  urbe 
sua  Tyro  per  plateam  ingreditur  (2),  a  duobus  sicariis 
c^uos  harsacidas  (3)  vocant,  cum  cultellis  occiditur; 
quorum  unus  illico  occiditur,  alius  captus  vivus 
incenditur.  Odo  dux  Burgundiae  multique  nobiles 
[trans  mare]  obeunt,  pauci  repatriant.  Henricus  comes 
Campaniee  uxorem  marchionis  Corrardi  ab  harsacidis 
interfecti  accipit  [in  conjugem]  (4),  et  in  Tyro  ad 
principandum  eligitur.  Richardus  rex  Angliae  vendidit 
insulam  Cypri,  quam  acquisierat,  Guidoni  [quondam] 
regi  Jerusalem  [qui  rex  fuit  ibidem  constitutus  (5)]. 

MCXCIII. 
Richardus  rex  Angliee,  de  transmarinis    partibus 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  dimitterent. 

(2)  Ib.,  per  quemdam  vicum  incederet. 

(3)  Cest  un  des  noms  donnes  par  les  auteurs  du  xm*  siecle  a  la  secte 
des  Ismaeliens  de  Syrie,  qai  sont  plus  ordinairement  appeles  Assas- 
sins  ou  Hassassins.  La  veritable  forme  de  ce  dernier  nom  est  Haschis- 
chin,  derivee  de  haschisch  ou  haschischa,  substance  enivrante  dont  les 
Ismaeliens  faisaient  un  frequent  usage.  Silv.  de  Sacy,  dans  les  Me'm. 
de  rinstit,  classe  d'Hist.  et  de  Litter.  anc,  t.  IV,  p.  45  et  suiv. 

(4)  Ce  mariago  fut  fait,  sous  les  auspices  du  roi  d'Angleterre,  six 
jours  apres  l'assassinat  du  marquis ,  ce  qui  donna  lieu  de  soupconner 
que  Richard  n'etait  point  etranger  a  cet  assassinat.  Richard  etait 
l'oncle  d'Henri  II,  comte  de  Champagne,  attendu  que  Henri  le  Libe- 
ral,  pere  de  ce  dernier,  avait  eu  pour  feninie  i^Iarie,  fille  de  la  reine 
Eleonore  etde  Louis  MI,  ct  par  conscquent  soeur  uterine  de  Richard. 
Voy.  Bern.  lk  Tres.,  p.  202,  204. 

(5)  Lc  Ms.  10296-8  porte  qui  dc  pnsionc  Snlnhadini  cvasernt ,  cir- 
constance  qui  a  deja  etc  consignec  plus  haut. 


GUILLELMI  DE  NAINGL4C0.  103 

post  multa  naufragia  rediens,  dum  per  Austriam  iii 
patriam  suam  latenter  transire  deliberat,  a  duce  Aus- 
triae  capitur  et  imperatori  Alemanniae  Henrico  tradi- 
tur ;  a  quo  per  annum  in  custodia  detentus,  [tandem] 
multa  pecunia  redimitur. 

Salahadinus  [soldanus  Babylonise  et  Damasci]  mo- 
ritur;  qui  moriens  jussit  ut  signifer  ejus,  sudarium 
suum  super  lanceam  portans,  [per  Damascum]  clama- 
ret  :  ((  Rex  totius  Orientis  de  omnibus  suis  nihil  am- 
plius  secum  portat.  »  Post  quem  regno  filiis  ejus  com- 
partito  ,  inter  eosdem  et  Saphadinum  Salahadini  fra- 
trem  ,  de  regno  diutius  concertatum  est. 

Philippusrex  Franciae  Normanniam  ingreditur,  Gi- 
sortium  castrum  capit,  aliaque  quamplurima  castra, 
vel  vi  veldeditione  pervasa,  aut  incendit,  aut  diruit, 
aut  retinuitetfirmiter  communivit.  [Eodemanno  ipse] 
Philippus  rex  Franciae  Ysemburgem  regis  Danorum  so- 
rorem  apud  Ambianis  urbem  duxit  in  uxorem,  quae  a 
Guillermo  Remensi  archiepiscopo  ibidem  inuncta  fuit 
in  reginam;  sed  miro  Dei  judicio,  ubi  eam  accepit  sic 
exosam  habuit,  quod  statim  eam  relinquere  cuperet  et 
de  divortio  cogitaret. 

Guido  Senonensis  archiepiscopus  obiit,  cui  Michael 
Parisiensis  ecclesiae  decanus  successit. 

MCXCIV. 
Richardus  rex  Anglise  infinita  exactione  redemptus 
patriam  suam  regreditur.  Qui  statim  castrum  Locha- 
rum  (i)  obsidens,  quod   Guido  de  Vallegrinosa  ex 


(i)  Le  iiom  ilu  chiteau  a  ete  omis  dans  tous  les  Mss.,  a  rexception 
du  n°  io9g8-6,  et  ne  se  trouve  par  consequent  dans  aucunc  des  editions 
precedcntcs. 


104  CHRONICON 

parte  legls  Fraiiciae  tenebat,  noii  multum  post  expu- 
gnat;  et  slc  fecit  de  multis  aiiis  castris  in  terra  sua  n 
regeFranciae  sic  detentis.  Veniensautem  Turonis,  ca- 
nonicos  sancti  Martini  de  ecclesia  ejecit,  et  res  eorum 
violenter  abstulit. 

Tancredus  rex  Siciliae  et  Rogerus  iSIiusejus  jam  in 
regem  promotus  (i)  regni  simul  ac  vitae  exitura  sor- 
tiuntur.  Quo  Henricus  Alemanniae  imperator  audito, 
Appuliam  et  Siciliam  terra  marique  aggi  editur,  suscep- 
tusque  a  principibus ,  totam  terram  suae  subjugat 
ditioni. 

Philippus  rex  Franciae,  Normanniam  iMtrans,  Ver- 
nolium  castrum  obsidet  et  expugnat,  Ebroasque  (2) 
urbem  incendit  et  subruit. 

MCXCV. 

Henricus  imperator  Alemanniae  de  Sicilia  rediens, 
uxorem  et  filium  Tancredi  regis  (5)  et  primates  regni, 
quicontraseconspiraverant,secum  adducit,  etconjuge 
sua  cum  filio  suo  [Frederico]  apud  Panormum  dere- 
licta  ,  thesauros  regum  Siciliae  secum  asportavit. 

Ab  Oriente  transfretat  in  Hispaniam  Sarracenorum 
exercitus  infinitus,  regemque  Caslellae  in  bello  devin- 
cit  et  partem  Hispaniae  rapinis  ac  caedibus  occupat  et 
profligat(4). 

(i)  Tous  les  Mss.  donnent  promotus ;  ies  deux  premieres  edit.  pe- 
luncfus. 
(a)  Edit  et  Ms.  49^0,  Ebroicas ,  4917-ig,  Ehrocns. 

(3)  Guillaume  III,  fils  puine  de  Tancrede  etde  Sybille  de  Medaria, 
avait  ete  reconnn  roi  apros  la  mort  de  son  perc,  par  une  partie  de  la 
Sicile. 

(4)  11  s'agit  sans  rloute  ici  de  la  redoutable  invasion  qiic  fil  a  cetle 
cpoque,  cn  Espagnc  ,  lc  roi  dc  iMaroc  Tacouli-Aben-Jousef. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  105 

Vehemens  fames  Gallias  atterebat ,  quae  per  quatuor 
annos  continuos  ita  confecit  populos,  ut  qui  antea 
divitiis  floruerant  publice  mendicarent. 

PhilippusrexFrancise  Vallem-Ruolii,  quam  munitam 
tenebat,  funditus  evertit,  et  post  paucos  dies  sororem 
suam,  quam  Richardus  rex  Angliae  tenuerat  (i),  co- 
miti  de  Pontivo  in  uxorem  dedit.  Cum  autem  [postea] 
rex  Franciae  exercitum  in  pago  Bituricensi  juxta  Isol- 
dunum  collegisset,  et  rex  Angliae  cum  exercitu  suo 
in  oppositam  partem  staret,  ac  uterque  exercitus  ad 
pugnandum  armis  accinctus  esset,  [cooperanteDomino, 
contra  omnium  opinionem  ita  factum  est]  quod  rex  An- 
glise,  depositis  armis,  cumpaucis  ad  regem  Francorum 
veniret,  et  ibi  coram  omnibus  pro  ducatu  Normanniae 
et  comitatu  Pictavensium  et  Andegavensium  eidem 
homaglum  faceret;  et  sic  de  pace  servanda  deinceps 
uterque  rex  ibidem  praeslitit  juramentum  (2). 

Fulco  quidam  Parisiensis  presbyter  coepit  in  Gallia 

praedicare,  multosque  ad  usurarum  restitutionem  ad- 

ducere. 

MCXCVL 

In  martio  subita  et  nimia  aquarum  et  fluminum 
inundatio  facta,  pluribus  in  locis  viUas  destruxit  et  in 
eis  habitantes  extinxit;  pontes  etiam  Secan;p,  fluminis 
Galliae,  phues  confregit. 

Per  totum  imperium  Alemanniae  ingens  fit  com- 

(i)  Alix ,  qui  fiancee,  des  l'an  1 167 ,  au  prince  Richard,  etait  restee 
a  la  cour  d'Angleterre  sous  la  garde  de  Henri  IL  L'obstination  avec 
laquelle  le  vieux  roi  eloigna  toujours  la  conclusion  du  mariage  ^'xVlix 
a  fait  naitre  d'odieux  soupcons  sur  la  nature  de  ses  sentinients  envers 
cette  princesse. 

(2)  Yoy.  le  traite  dans  Rigord,  Hi<!l.  <lc  Fr.,  t.  XVll,  p   45- 


106  CHROJNICON 

motio  ad  liberationem  regioiiis  traiismarinae ,  arcliie- 
piscopo  Maguntiee  et  duce  Saxoniae  necnon  pluribus 
episcopis  et  principibus  voto  se  sanctae  crucis  obli- 
gantibus.  Imperator  quoque  Henricus  per  Appuliae  et 
Siciliae  littora  tam  in  navibus  quam  in  victualibus 
[copiosum]  exhibet  apparatum. 

Factum  est  divortium  inter  regem  Franciae  Philip- 
pum  etuxoremsuam  [Ysemburgem],  regis  Danorum 
Canuti  sororem,  consanguinitate  probata  inter  illam 
et  aliam  quam  rex  ante  duxerat. 

Richardus  rex  Angliae,  postposito  juramento  quod 
regi  Franciae  fecerat,  castrum  Virsonis  (i)  in  Bituri- 
censi  pago  dolo  cepit  et  funditus  evertit.  Ob  hoc,  rex 
Franciae  Philippus ,  collecto  exercitu,  Albam  Mallam 
obsedit;  ubi  dum  moram  faceret ,  rex  Angliae  castel- 
lum  Nonencort  (2),  data  pecunia  militibus  ipsum 
custodientibus  ,  recepit.  Sed  rex  Franciae  minime  re- 
linquenspraedictum  castrum,  tantum  illud  erectis  pe- 
trariis  et  aliis  ingeniis  impugnavit,  donec  fracta  turre 
et  muris,  interiores  bellatores  ad  deditionem  coegit. 
Cumque  castrum  solotenus  destruxisset ,  Nonencort 
obsidens,  in  brevi  cepit  et  comiti  Drocarum  Ro- 
berto  (3)  custodiendum  tradidit. 


(i)  Edit.,  Virzionis ;  Mss.  4917-20,  Virsionis. 

(2)  D'Ach.,  de  La  Barre  et  Mss.  4919»  4920,  Norencourt.  Le 
Ms.  49 '7  donnc  ici  Novercourt  et  plus  bas  Norencort.  Dans  le 
Ms.  4918  il  y  a  deux  fois  Norencourt ;  mais  le  premier  a  ete  corrige 
en  Nonencourt ,  correction  adoptee  par  les  derniers  editcurs.  Le 
Ms.  10298-6  porte  Novcncort,  que  nous  prenons  ia  liberte  de  corriger 
en  Nonencort.  Nonancourt  est  dans  le  departement  de  l'Eure,  arron- 
dissement  d'Evreux. 

(3)  Robert  II  comte  dr  Dreux  etait  petit-fils  de  Louis-le-Gros ,  ci 
par  consequent  cousin-gormain  do  Philippo-Auguslc. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  107 

Mauricius  Parisiensis  episcopus  obiit ,  cui  successit 
Odo  Solliacensis.  Hic  venerandae  memoriae  Mauricius 
episcopus,  inter  innumera  bona  quae  fecit,  quatuor 
abbatias  fundavit  et  de  propriis  sumptibus  dotavit, 
scilicet  Herivallem  (i),Hermerias,  Hesderam  et  Gif .  Et 
quia  de  resurrectione  corporum,  quam  ipse  firmis- 
sime  credebat,  multi  in  tempore  suo  dubitabant, 
moriensscribi  fecit  in  rotulo  (2)  :  «Credo  quod  redemp- 
«  tor  meus  vivit ,  et  in  novissimo  die  de  terra  surrec- 
((  turussum,  et  rursum  circumdabor  pellemea,  et  in 
((  carne  mea  videbo  Deum  salvatorem  meum  (3).  » 
Hunc  igitur,  in  extremis  agens,  super  pectus  suum 
praecepit  exlensum  (4)  poni,  ut  ab  omiiibus  ad  ejus 
sepulturam  convenientibus  posset  legi;  [cujus  exem- 
plum  secuti  sunt  omnes  fere  sacerdotes  postmodum 
raorientes.] 

Mcxcvn. 

Theutonici  qui  mare  transierant,  dum  omnia  tur- 
bulenter  actitant,  inducias  quas  nostri  cum  Turcis 
inierant  abrumpunt,  urbemque  Berinthum  (5)  oppu- 
gnant  et  capiunt;  quo  Turci  permoti,  Joppe  civitatem 
pervadunt,  obtruncant  omnes,  munitionem  diruunt 
soloque  coaequant. 

Philippus  rex  Franoiae  duxit  in  uxorem  Mariam  , 


(i)  Les  deux  premieres  edit.  portent  Herniallem. 

(2)  3Iss.  4917-19,  in  cedula. 

(3)  Job,  XIX,  i5. 

(4)  I-e  Ms.  10298-6  porte  ostensum,  c'est  une  erreur  quc  je  rectific 
conformenient  a  tous  les  autres  Mss. 

(5)  Les  deux  premieres  edit.,  Berytum.  Bernard  ie  Ti-esorier  n'iin- 
pute  point  aux  Allemands  la  rupture  dc  la  treve;  elle  etail,  snivanl 
hu,  rompuc  de  droit  par  la  mort  de  Saladin.  P.  220. 


108  CHRONICOJN 

filiam  ducis  Meraniae  et  Boemiae  (i)  marchionisque 
Histrise;  de  qua  postea  genuit  Philippum  comitem 
Boloniae  ,  et  uxorem  ducis  de  Lovanio. 

Balduinus  comes  Flandrensis,  qui  anno  praecedenti 
Philippo  regi  Franciae  homagium  apud  Compendium 
fecerat ,  ab  ejus  fidelitate  manifeste  recedens ,  Richardo 
regi  Angliae  confoederatus  est  (9.);  ipsum  etiam  regem 
Franciae  [dorainum  suum]  et  terram  ejusgraviter  per- 
secutus  est  :  similiter  et  Reginakius  ,  filius  comitis 
Domni-Martini,  cui  ex  maxima  dilectione  comitissam 
Boloniae  cura  comitatu  suo  dederat  rex  in  uxorem. 

Regina  Hungariae,  soror  regis  Franciae  [Philippi]  , 
mortuomaritosuo,  apud  Accon  [ultra  mare]  transiit, 
ibique  paulo  post  obiit. 

In  eadem  quoque  urbe  et  eisdem  diebus  Henricus 
comes  Campaniae,  qui  uxore  marchionisaccepta,  ibi- 
dem  [super  regnum  Jerusalera]  principabatur,  dum 


(i)D'Ach. etde La Barre, Bremios.  Tousles Mss.portent^oemiflp.Du 
reste  on  ne  s'accorde  ni  sur  les  titres  de  ce  prince,  ni  sur  son  nom ,  ni 
sur  le  nom  de  celie  de  ses  filles  qu'epousa  Philippe-Auguste.  Presque 
tous  les  historiens  appellent  cette  derniere  Marie ;  mais  elle  est  noni- 
mee  Agnes  dans  des  chartes  contemporaines.  Voy.  entre  autres.  Hist. 
deFr.,  t.  XIX,  p.  407,  not.  a.  Les  auteurs  de  VArt  de  ve'rif.  les  dates 
rappellent  Agnes  et  la  font  fille  de  Berthold  V,  duc  de  Meranie,  de 
Dalmatie,  marquis  dTstrie  et  comte  d'Andechs. 

(2)  Voir  le  traite  passe  entre  eux  dans  Rigord,  Hist.  de  Fr., 
t.  XVII,  p.  4^  et  suiv.  Ce  Baudouin,  le  huitieme  des  comtes  de 
Flandrc  de  ce  nom,  etait  Baudouin  V,  dit  le  Courageux,  comte  de 
Hainaut.  II  s'empara  de  la  Flandre  en  vertu  des  droits  hereditaires  de 
Marguerite  sa  femme,  fille  de  Thierry  d'Alsace,  et  soeur  de  Philippe 
d'Alsace  comte  de  Flandre  mort  en  1191.  Aprcs  quelques  difficultes 
suscitees  par  les  droits  pretendus  d'lsabelle,  sa  premiere  femmc, 
Philippc-Auguste  lecut  I'hommago  do  Baudoin  VIII,  non  a  Com- 
piegne,  mais  dans  la  ville  d'Airas,  I'an  i  icp.  Voy.  GiLBsr.T  de  Mons  , 
HistdeFr.,  t.  XVIII,  p.  4ii. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  109 

In  superiore  palatii  sui  coenaculo  cuidam  fenestrae  ver- 
tendo  se  applicat,  miserabili  praecipitio  collisus  expi- 
rat;  cujus  mater,  Maria  nomine,  quae  coraitatura 
Campaniae  viriliter  regebat,  cum  de  morte  filii  sui  et 
sororis  suae  reginae  Hungariae  nuntium  accepisset,  ni- 
mis  indohiit,  nec  multo  post  obiit;  cui  Theobaldus 
filius  ejus,  frater  dicti  Henrici  (i),  in  comitatu  Cam- 
paniae  successit.  Duae  autem  filiae  Henrici  comitis,  quas 
de  uxore  marchionis  genuerat,  cum  matre  (2)  apud 
Accon  remanserunt,  et  una  alia  quam  de  marchione 
Corrardo  habuerat  ante  istas.  Aimericus  tamen  rex 
Cypri,  frater  Guidonis  regis  Jerusalem  antedicti ,  Isa- 
bellera  matrem  ipsarura  accepit  in  uxorem  ad  quam 
regni  Jerusalem  hereditas  pertinebat,  et  tunc  prirao 
cum  viro  sua  in  Accon  in  reginam  coronata  fuit  Isa- 
bellis. 

Petrus,  cantor  Parisiensis,  vita  et  scientia  clarus(5), 
apud  coenobiura  quod  Longus  Pons  dicitur  obiit. 

Francia  supposita  est  interdicto  a  Coelestino  papa 
propter  divortium  reginae  Franciae.  Nec  multo  post 
idem  papa  obiit,  cui  Innocentius  [tertius]  successit. 
Hic  fecit  hospitale  sancti  Spiritus,  et  sancti  Sixti  ec- 
clesiam  renovavit.  Librura  etiam  de  Miseria  homi- 
nis  (4)  et  decretales  infinitas  composuit. 

Henricus  imperator  Alemanniae  in  Sicilia  commo- 
rans,  apud  Messanam  obiit,  Fredcrico  filio  suo  admo- 
dum  parvulo  et  uxore  sua   in  manu  Innocentii  papae 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  defuncti  Henrici. 
(2)  Les  mots  cum  niatre  ne  sont  donnes  que  parle  Ms.  10298-6. 
(5)  Voy.  son  article  dans  VHist.  litle'r.,  t.  XV,  p.  283. 
(4)  Edit.  et  Mss.  49' 7>  4918  et  4920,  deMiseria  conditionis  Iiumance . 
La  phrase  entiere  depiiis  Librum  est  omise  daiis  le  Ms.  49'0- 


110  CHROiMCON 

derelictis;  sed  Philippo  fratri  suo  [duce  Suaviae]  pro 
dicto  puero  regendum  imperium  dereliquit.  Tunc 
Theutonici  qui  transfretaverant,  cum  grandia  se  fac- 
luros  sperarent,  audita  morte  imperatoris  repatriant. 

MCXCVIII. 

Inter  principes  Alemanniae  fit  acerba  dissensio , 
aliis  Philippum  defuncti  imperatoris  Henrici  fra- 
trem,  aliis  Othonem  ducis  Saxoniae  fratrem  (i),  Ri- 
chardi  regis  Anglise  ex  sorore  nepotem  sublimare 
Yolentibus,  et  ita  regnum  istud ,  diu  quietum ,  varie 
pertubatur.  Fhilippus  tamen  dux  Suaviae,  frater  Hen- 
rici  imperatoris,  maximam  imperii  partem  obtinuit : 
contra  quem  Otho  praedictus,  ducis  Saxoniae  frater  , 
auxiliante  sibi  rege  Angliae  [stans],  diversis  eum  as- 
sultibus  impugnavit. 

Quaedam  mulieres  ad  praedicationera  Fulconis  Pari- 
siensis  presbyteri  conjugium  respuentes ,  et  soli  Deo 
servire  cupientes,  in  abbatia  sancti  Antonii  Parisius 
collocatae  sunt,  quae,  causa  illarum ,  eo  temporefun- 
data  fuit. 

Apud  Rosetum  in  Bria ,  in  sacrificio  altaris  vinum 
visibiliter  mutatum  est  in  sanguinem  et  panis  in  car- 
nem.  In  Vermandense  territorio,  quidam  miles  qui 
mortuus  fuerat  revixit,  mullaque  futura  multis  prae- 
dixit,  et  postea  sine  cibo  et  potu  longo  tempore  vixit. 
In  Gallia,  circa  festum  sancti  Johannis  Baptistae  (2), 

(i)  Les  fidit.  et  les  Mss.  49i7-'^o  portentjilium.  Othon  etait  fils  de 
Malhilde  d'Ani,'leterre  et  de  Henri  le  Lion  qui  fut  depouiile,  en  1 180, 
des  duches  de  Saxe  et  de  Baviere,  et  qui  mourut  en  i  igS.  Un  de  ses 
fils,  Henri  le  Jeune,  fiit  corate  palatiu  du  Rhin,  et  conserva  le  titre 
de  duc  de  Saxe,  ce  qui  suffit  pour  justifier  la  lecon  de  notre  Ms. 

(2)  Vers  le  24  juin. 


GUILLELMI  DE  IsAJNGlACO.  111 

ros  iii  nocte  de  coelo  cadens  mellitus ,  spicas  segetum 
ita  infecit,  ut  multi  eas  in  ore  ponentes  saporem 
mellis  aperte  sentirent.  Mense  autem  julio  orta  est 
tempestas  valida  [in  episcopatu  Parisiensi]  ,  tantaeque 
magnitudinis  lapides  grandinis  de  coelo  ceciderunt, 
quoda  Tramblaco  (i)  [villa  sancti  Dionysii]  usque  ad 
monasterium  [virginum  quod]  Chale  (2)  [dicitur],  et 
circa  loca  adjacentia,  segetes,  vineas ,  et  nemora  pe- 
nitus  destruxerunt. 

Philippus  rex  Franciae  ,  contra  omnium  opinionem 
et  suum  edictum ,  Judaeos  quos  ejecerat  Parisius  re- 
duxit ,  et  ecclesias  Dei  graviter  persecutus  est.  Nec 
multo  post  poena  secuta  est ;  rex  enim  Angliee  Ri- 
chardus,  cum  infinita  multitudine  armatorum  Vulcas- 
siuum  (5)  ingressus,  omnia  circa  Gisortium  vastavit : 
Corcellas  et  plures  villas  campestres  incendens,  prae- 
das  earum  adduxit,  et  cum  triumpho  hac  vice  re- 
cessit. 

MCXCIX. 

Richardus  rex  Angliae,  dum  castrum  quoddam  vice- 
comitis  Lemoviceusis  oppugnat,  quarrello  balistae 
oculo  percutilur  et  eodem  ictu  satis  cito  post  mori- 
lur  ;  cui  frater  ejus  Johannes,  qui  Sine  Terra  diceba- 
tur,  in  regno  successit.  Sepultus  tamen  fuit  Richardus 
rex  apud  Fontem  Ebraudi. 

Porro  rex  Franciae  [post  mortem  regis  Angliae  Ri- 
chardi]  statu  rerum  in  melius  mutato  (4),  Ebroicam 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Trembleio- 

(2)  D'Ach.  et  de  la  B.,  Cala;  Hist.  de  Fr.  et  Mss.  4917-20,  Eala. 
(5)  Le  Vexin  normand  dont  la  capitale  etait  Gisors. 
(4)  Le9  mots  staiu  rerum  in   m.   m.   ne  sont  donnes  que  par   le 
Ms.  io2q8-6. 


112  CHRONICON 

urbem  [cum  circumposltis  munitionibus,  scilicet 
Apriliacum  et  Acquigniacum]  cepit  [et  genta  sua  mu- 
nivit]  totamque  Normanniam  usque  Cenomannis  vas- 
tavit.  Arturus  autem  adhuc  puer ,  comes  Britanniae, 
nepos  regis  Angliae,  cum  manu  valida  veniens,  Ande- 
gaviae  comitatum  cepit,  et  apudCenomannos  regiFran- 
corum  occurrens  homagium  fecit.  Alienordis  regina 
quondam  Angliae  (i)  apud  Turonis  fecit  similiter  regi 
Phillppo  homagium  pro  comitatu  Pictavensium  [et 
tlucatu  Aquitaniae],  qui  eam  contingebant  jure  here- 
ditario.  Treugae  datae  sunt  sub  juramento  (2)  inter 
regem  Franciae  et  regem  Angliae. 

Henricus  Bituricensis  archiepiscopus  obiit,  cui  suc- 
cessit  Guillermus  [abbas]  Karoli-Loci.  Circa  idem 
tempus  obiit  similiter  Michael  Senonensis  archiepi- 
scopus,  cui  successit  Petrus  de  Corbolio,  quondam 
Innocentii  papae  didascalus  (5),  per  cujus  manum  et 
auctoritatem  primo  Cameracensem  episcopatum,  se- 
cundo  Senonensem  meruit  oblinere. 

Generale  interdictum  in  toto  regno  Franciae,  prop- 
ter  divortium  regis  et  reginae ,  observatur;  propter 
quodrex  iratus  ,  omnes  episcopos  sui  regni  qui  inter- 
dicto  faciendo  consenserant  a  propriis  sedibus  protur- 
bavit ,  canonicos  eorum  vel  clericos  de  terra  sua  eji- 
ciens.  Ad  cumulum  etiam  totius  mali ,  Ingemburgem 
uxoremsuam  legitimam,  sanctam  mulierem,  omnium- 
que  suorum  solatio  destitutam  (4),  apud  Stampas  in 

(i)  Edit.  et  Mss,  4917-20,  Alien.  res,ina  mater  rcgis  Anglice. 
(2)  Les  deux  mots  suh  jur.  manqiient  dans  les  edit.   et  dans  les 
Mss.  4917-20. 

(5)  La  reste  de  l'alinea  n'est  donne  que  dans  le  Ms.  10298-6. 

(4)  Les  niots  sanctam  mulierem  omniumquc  suor.  sol.  dest.  ne  sont 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  113 

castro  suo  reclusit.  [Allud  etiam  addirlit  quod  totam 
Franciam  turbavlt ;  nam  tei  tiam  partem  bonorum  om- 
jjium  homiuibus  militum  suorum  violenter  abstulit, 
et  a  burgensibus  suis  tallias  et  infinitas  exactiones 
extorsit.] 

MCC. 

In  Ascensione  Domini  pax  reformata  est  inter  re- 
gem  Franciae  Philippum  et  Johannem  regera  Angliae, 
inter  Vernonem  et  insulam  Andeliaci  (i).  In  sequenti 
vero  feria  secunda  (2),  Ludovicus  regis  Francorum 
primogenitus  Blancham ,  Hildefonsi  regis  Castellae 
filiam  et  regis  Angliae  (3)  neptem,  duxit  in  uxorem  : 
pro  quo  matrimonlo  Johannes  rex  Angllse  omnes 
munitiones,  mbes  et  castra,  ac  totam  terram  quam 
rex  Francorum  [Philippus]  ceperat  super  regem  An- 
glorum,  praefato  Ludovlco  et  ejus  heredibus  quittavit, 
totamque  terram  cismarlnam,  post  decessum  suum 
sl  ipsum  slne  herede  mori  contlngeret,  eidem  con- 
cesslt. 

Cursath    imperator  Graecorum  quemdam  fratrem 

donnes  qne  par  le  Ms.  10298-6.  II  est  a  remarquer  que  presque  tous 
les  historiens  contemporains,  meme  ceux  qui  avaient  le  plus  a  coeur 
de  plaire  a  Pliilippe-Auguste  en  lui  prodiguant  la  flatterie,  ont  fait  les 
plus  grands  eloges  de  la  reinelngeburge.  Voy.  Hist.  de  Fr.,  t.  XVII, 
p.  58,  5i,  88. 

(i)  Cette  indication  de  lieu  manque  egalement  dans  tous  les  Mss., 
excepte  dans  le  n°  10298-6.  Rigord  donne  le  texte  du  traite,  et  Ton  voit 
parie  titrequ'ilfutconcluaGueuleton(voy.ci-dessous,  p.  116,  not.  4)- 
Le  jour  de  l'Ascension  tomba,  l'an  1200,  au  t8  mai.  Voy.  Hist.  de  Fr., 
t.  XVII,  p.  5i. 

(2)  Le  lundi  22  mai. 

(3)  La  reine  Blanche,  femme  de  Louis  VIII  et  mere  de  saint  Louis, 
etait  fille  d'Alfonse  III  roi  de  Castille,  et  d'Eleonore  fille  d'Henri  II 
et  soeur  de  Richard  et  de  Jean  sans  Terre,  rois  d'Angleterre. 

I.  b 


1 


114  CHRONICOW 

suum  noinine  Alexuun  in  tantum  apud  Giaeciam  ex- 
tulit,  ut  uon  minoris  potentiae  esse  crederetur  quam 
ipse  imperator,  excepto  coronae  privilegio  et  solo 
nomine  dignatis.  Qui  hac  permotus  superbia  et  ho- 
nore(i),  potentioribus  per  munera  sibi  conciliatis , 
fratricida  nequissimus  insurgit  in  fratrem  et  dominum 
suum ,  ipsumque  de  imperio  dejectum  excaecat,  ac 
perpetuo  carceri  mancipat(2). Post  haecnomen  impera- 
foris  ignominiose  usurpans,  filium  Cursath,  Alexium 
nomine ,  excaecari  praecepit.  Quo  Alexius  cognlto, 
fugit  ad  Philippum  imperatorem  Alemanniae  qui  so- 
lorem  suam  habebat  in  uxorem. 

MCCI. 
Octavianus  Hostiensis  et  Johannes  Velletrensis  epi- 
scopi  legati  in  Franciam  veniunt;  per  quorum  admo- 
nitionera,  rex  Franciae  uxorem  suam  Ingemburgem 
in  qualemcumque  gratiam  recepit  et  superinductam(5) 
a  se  separavit.  Hi  igitur  Franciam  postea  absolventes, 
Suessionis  concilium  convocaverunt,  ubi,  praesente 
rege  et  totius  regni  episcopis  ac  principibus,  tracta- 
tum  fuit  per  quindecim  dies  de  matrimonio  Ingem- 
burgis  reginae  confirmando,  vei  separando.  Posl  mul- 
tas  vero  variasdisputationes  jurisperitorum,  rex  longa 
mora  taedio  affectus,  relictis  ibi  cardinalibus  et  epi- 
scopis,  cum  Ingemburgeuxore  sna  summo  mane,  ipsis 
insalutalis,  recessit,  mandans  illis  per  nuntios  suos 
quod  uxorem  suam  secum  ducebat  [sicut  suam,  nec 
separari  ab  ea  volebat]  :  quo  audito,  stupefaclis  om- 

(i)  Edit.  et  Mss.  Qui  hoc  intumescens  hon  irc ,  potcntiorihus ,  ctc. 

(2)  Ces  faits  se  passcreat  Tan  iigS. 

(3)  Cc  mot  dcsignc  Agues  dc  Mcrauie. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  115 

iilbus,  solutum  est  coiicilium.  Regiiia  vero  Maria 
quam  Philippus  rex  Franciae  superiiiduxerat,  auditis 
divortii  sui  rumoribus,  dolore  anxia  apud  Pessi  (i) 
morilur  :  cujus  infantes,  quos  duos  rej^i  pepererat,  In- 
nocentius  papa  tertius  postmodum  legitimos,  ad  pre- 
ces  regis  Franciae,  esse  mandavit,  ei  litteris  suis  con- 
firmavit. 

Theobaldus  comes  Trecensis  moriens  gravem  plu- 
ribus  ingerit  luctum  (2),  tum  propter  indolem  quam 
praeferebat  egregiam,  tum  quia  cruce  signatus  Jeroso- 
lymitano  itineri  sperabatur  profuturus.  Hic  regis 
Navarrae  sororem  (3)  nuper  acceperat  in  uxorem,  quee 
geminam  ex  eo  susceptara  peperit  sobolem,  vivente 
marito  unam  filiam ,  jam  defuncto  unicum  filium,  quia 
praegnans  remanseiat. 

[Ecclesia  de  Mirabello  in  Pictavia  dedicata  est,  et 
ibi  canonici  constituti.] 

Galterus  Brenensis  comes  (4)  Romam  venit,  hac  de 
causa  :  uxor  Tancredi  quondam  regis  Siciliae,  ab  impe- 
ratoreAIemanniae  HenricoSiciliamobtinentecaptivata 
cum  liberis  diuque  detenta,  tandem  casu  cum  filiabus 
evadens,  ad  praefatum  comitem  sese  contulerat,  eique 
filiam  suam  desponsaverat;  quocirca  idem  comes,  sociis 
quos  potuit  secum  aggregatis,  ut  sponsae  suae  heredi- 
taria  jura  requireret  Romam  profectus,  ab  Innocentio 
papa  solemniter  est  receptus;  cujus  auxilio  pniemu- 


(i)  Edit.  et  Mss.  4919?  Poissiacwn  ;  49^7?  49^8  et  4920,  Possiacum. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  gravem  suis  luctum  et  multis  ingerit. 

(3)  Blanche  de  Navarre,  fille  de  Sanche  le  Sage  et  sceur  de  Sanche 
le  Fort.  Le  fils  posthume  qu'elle  eut  (^e  Thibaut  III  jjorta  le  nieme 
nom  que  son  pere,  et  fut  surnorarae  le  Grand. 

(4)  Gautier  de  Brienne,  frere  de  Jean  de  Briennc  roi  de  Jerusalem. 


116  CHKOWICON 

nitus,  paite  sibi  Campaniae  tradita,  ciim  Tibodo  ty- 
raiino  [qui  terram  illam  occupaverat]  congreditur, 
ipsumque  cum  suo  exercitu  fugat,  prosequitur  et  ex- 
pugnat.  Secunda  deinde  congressione  ante  Baro- 
lum  (i)  insigne  Appuliae  oppidum  ejusdera  tyranni 
exercitus  usque  ad  internecionem  concidit,  ipso  cum 
paucis  profugo,  et  in  quadam  munitione  reciuso. 
Hac  igitur  comes  [Brenensis]  potitus  victoria,  in  su- 
blirae  evehitur,  atque  in  brevi  leetis  successibus  ma- 
ximara  regionis  partera  Tibodi  ereptam  tyrannidi  suae 
subjugat  ditioni. 

MCCII. 

Cum  inter  Philippura  i  egera  Franciae  et  Johannem 
regem  Angliae  res  esse  quietae  crederentur,  subito 
quibusdam  de  causis  dirupta  pax  deficit,  et  vetus 
illud  discidium  recrudescit.  Philippus  naraque  (2) 
rex  Franciae ,  paratis  expeditionibus,  Normanniam 
aggreditur  [5)  et  raunitiones  quasdara  capiens  fun- 
ditus  diruit,  quasdara  detinet  et  coraraunit.  [Muni- 
tionera  quara  Boutavant  (4)  vocant  funditus  evertit, 


(i)  D'Ach.  efc  de  La  15.,  Cnrolum;  Ms.  4917?  Karoluin;  4918,  49'9» 
et  la  derniere  edit.,  Barolum. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Alienordc  regina  Anglia;  dcfuncta,  cum 
rex  Francice  Philippus  submonuisscl  Johannem  regem  Anglice,fdium 
ejus,  ut  Parisius  veniret,  sibi  homagium  facturus  pro  ducatu  Aquita- 
nice ,  et  comitatu  Pictavensium  et  Andegavice  qui  sibi  post  matris 
obitum  obvenerant ,  et  ipse  ad  diem  praftxum  mininie  veniret,  nec 
responsalcm  suffcientem  mitleret,  rex  Francice  paratis ,  ctc. 

(5)  Edit.  et  Mss.,  ingreditur. 

(4)  Boutavant  etait  un  petit  fortin  que  le  roi  Richard  avait  fait  elever 
sur  le  bord  de  la  Seine  a  quatre  milles  de  Chateau-Gaillard  entre 
Vernon  et  ies  Andelys.  II  devait  etrc,  conime  son  nom  l'indique,  le 
point  de  depart  des  incursions  que  Richard  meditait  sur  le  terri- 
loire  francais.  Pour  s'oppt)ser  ii  ces  incursions  Philippc-Anguste  eleva 


GLILLELxMl  DE  NArsGlACO.  117 

deiiKle  ArquelluDi  ,  Mortemer  et]  Gorncacum  (i) 
castrum,  situ,  locis,  stagnisque  ingentibus  munitis- 
simum,  facta  prius  diruptione  stagnorum,  occupat 
et  incendit.  Conchas,  insulam  Andeliaci  et  Vallem 
RuoUii  cepit.  Post  haec  castrum  fortissimum  Gail- 
lardum  super  Secanam  in  excelsa  rupe  sedificntum 
obsidet,  quod  landem  obsidione  sex  mensium  impu- 
gnatum  capit;  et  sic  Normanniam  pervagans,  praedis 
et  incendiis  circumquaque  depopulatur  universa. 

Fulco  ille  celeberrimus  presbyter,  qui  per  diversas 
provincias  praedicando  populos  [multos  ad  succursum 
Terrae  Sanctae]  concitarat,  moritur.  Innumera  popu- 
lorummilliapraedictiFulconis  instantia  concitati,  Jero- 
solymitanum  iter  arripiunt;  quorum  rates  toto  sestivo 
terapore  ventorum  intemperie  per  fretum  quoci  His- 
panias  Africamque  disterminat  circumjectae,  quam- 
plures  post  longos  maris  circuitus  Massiliensi  portui 
appulerunt,  progredi  ulterius  non  valeiites.  Ltidovicus 
[vero]  comes  Blesensis ,  et  Balduinus  comes  Flandriae, 
ac  multi  de  regno  Franciae  proceres  et  praelati  qui 
cruce  signati  fuerant,  post  multa  maris  pericula  Ve- 
iietiam  pervenerunt;  sed  dum  ibidem  transituros  se 
putant,  quaedam  inter  ipsos  et  Venetos  causae  emer- 
gunt  ('2),  quibus  transitus  impeditur  :  ob  hoc  pere- 
grini  multas  patiuntur  molestias,  aliique  redeunt,  alii 

sur  la  frontiere,  eu  face  de  Boutavant,  un  autre  fort  qu'il  noninia 
Gueuleton.  Cest  dans  cetle  derniere  forleresse ,  suivantle  teraoignage 
de  Rigord,  que  la  paix  avait  ete  signee  entre  les  deux  princes  en  1200. 

(i)  Edit.,  Gomacum ;  Ms.  4^17,  ^rgueUum ,  Montaner  et  Gorna- 
cum,  49' 8,  4919  et  4920,  Ar^uellum ,  Montamcr  ct  Gornacum.  Les 
mots  situ,  locis,  stagnisr/ue  ing.  mun.,f.  p.  d.  stagn.  ne  sont  donnes 
que  par  le  Ms.  10298-6. 

{1)  Yoy.  A^^n.i.EHARiionN,  edit.  de  M.  V.  Paris,  p.  iS  cl  suiv. 


118  CHRONICON 

obeunt  (i),  alii  dum  morantur  sua  fere  prorsus  expen- 

dunt. 

Die  maii  tricesimo  fit  terrae  motus  in  transmarinis 
partibus  tribus  diebus  ante  Ascensionem  Domini,  et 
vox  terribilis  audita  est.  Magna  pars  urbis  Acconensis 
cum  palatio  regis  corruit,  et  populus  multus  periit. 
Tyrus  penc  omnino  subvertitur.  Archas ,  oppidum 
munitissimum,  ad  solum  usque  diruitur.  Tripolis 
maxima  pars  ruit,  et  plebs  plurima  suiFocatur.  Antlia- 
rados  (2)  autem  illffisa  servatur  ,  in  qua  beatus  Petrus 
apostolus  primam  basilicam  Dei  genitricls  construxisse 
dicitur.  Dehinc  sequitur  terrae  sterilitas  hominumque 
mortalitas.  Guillermus  Remensis  archiepiscopus,  dum 
Laudunum  venisset,  morbo  subitaneo  praeventus  op- 
primitur,  et  obstruso  linguae  officio,  moritur  intesta- 
tus.  Nec  multo  post  nepos  ejus  Rotrocus  Catalaunen- 
sis  episcopus  decedit  simili  modo. 

Johannes  rex  Angliae  Arturum ,  Britannise  comitem, 
filium  raajoris  fratris  sui  Gaufridi  [defuncti] ,  quem 
Philippus  rex  Franciaemiserat  ad  debellandum  Aqui- 
taniam  ,  et  eumdem  novum  militem  fecerat ,  [dum 
minus  caute  ageret]  apud  Mirabellum  [cum  pluribus] 
cepit,  ceterisque  cum  ipso  caplis  per  obsides  liberatis, 
Arturum ,  ut  fertur,  latenter  peremit;  super  quo  a 
baronibus  apud  regem  Franciae  (f-) ,  cujus  vassallus 
erat,   accusatus,    cura  coraparere  nollet  post  multas 


(i)  Cctte  lecon  dii  Ms.  10298-6  cst  conlorme  aux  Mss.  4917»  49'8  cl 
4919;  les  edit.  portent  abeunt 

(•2)  D'Ach.  et  de  La  B.,  Aiitnradis  .  Ilist.  dc  Fr.  ct  Mss.  4917?  49''^ 
ct  49'^o,  AncJiarados. 

(3)  Edit.  cl  Mss.  4917-20,  n.  f>nrn/ii/>u\  Francin^ ,  nptid  rcpcni  Fra/i 
I  nriini. 


GUILLELMI  I)E  JNAINGIACO.  119 

citationes ,  per  judicium  pariuin  exheiedalus  est. 
Arluro  itaque,  sicut  dicitur  inlerfecto  et  Alienorde 
sorore  ejus  exsilio  in  Aiigliam  relegata,  Constantia  , 
mater  eorum,  comitissa  Britannire ,  Guidonem  de 
Thoarcio  maritum  accepit;  sed  postea  squalore  leprae 
moriens ,  ex  ea  filiam  genuit  quae  data  est  [postmo- 
dum]  uxor  Petro  [Mauclerc]  filio  Roberti  comitis  Dro- 
carum  (i),  cum  comitatu  Britanniee. 

Tartari  [ab  Oriente  surgentes],  post  occisionem 
David  domini  sui  Indiae  regis,  tunc  primo  exierunt 
in  populorum  destriictionem. 

MCCin. 

Philippus  rex  Franciae  iterum  Normainiiam  repe- 
tens,  Phalesiam  castrum  fortissiraum  et  Domnofrontem 
ac  Cadomum  cepit,  totamque  terram  circumpositam 
usque  ad  Montem  sancti  Michaelis  suae  dominationi 
subjecit.  Denique  Normanni  petentes  ab  eo  veniam , 
omnes  urbes  quas  custodiebant  ei  tradiderunt,  scilicet 
Constantiam,  Bajocas,  Lexovium,  Abrincas  cum  cas- 
tris  et  suburbanis;  nam  quia  Ebroicas  (2)  jam  ceperat, 
nihil  de  tota  Noniiannia  remanebat  praeter  Rothoma- 
gum,  Archas  et  Vernolium. 


(i)  Je  supprinie  ici  les  mots  patvui  Philippi  regis  Francice  qui  sont 
dans  les  precetleutes  edit.,  mais  que  ue  doune  pas  le  Ms.  10298-6.  Ro- 
bert  II  comte  de  Dreux,  pere  de  Pierre  Mauclerc,  n'etait  pas  roncle, 
patruus ,  mais  le  cousin-germain,  patruelis,  de  Philippe-Auguste. 

(2)  Les  edit.  precedentes  portent  quia  Ebrocas  et  Cadumwn  .  niais 
on  vicnt  de  voir  quelques  lignes  plus  haiit  que  Caen  etait  une  con- 
quete  toute  nouvcUe.  Rigord  qui  parait  avoir  ete,  pour  cette  epoque, 
lc  principal  guidc  de  notrechroniqueur,  nommcSeezau  heu  de  Cacn, 
nain    Sngiiim   rl    Ebrnirum   jam   ceperal.    Hisi.    dr   Fr. .    t.   X\II, 

r  '>7- '- 


120  PROLOGUS. 

Peregrini  iiostri,  post  multas  impeditiones  quas  in 
Venetia  tulerant,  initis  quibusdam  pactis  cum  Venetis, 
Jadarara  (i)  regis  Hungariae  urbem  maritimam  Ve- 
netis  inimlcam  expetunt,  obsident,  capiunt  et  incen- 
dunt.  Alexius,  filius  Cursath  imperatoris  Graeciae , 
audito  quod  Franci  cum  Venetis  apud  Jadaram  essent, 
mandavit  eis  per  nuntios  quod  si  ei  succurrere  vel- 
lent,  eos  a  debitis  triginta  millium  marcharum  erga 
[Venetos  liberaret,  pretiaque  navium  solveret,  necnon 
et  orientalem]  ecclesiam  Papae  subjiceret,  ac  Terrae 
Sanctae  mirabiliter  subveniret.  Franci  apud  Jadaram 
urbem  exislentes,  mandant  venire  ad  se  Alexium  im- 
peratoris  Graeciae  filium;  quo  vocato  et  adducto  (2),  ac 
super  sponsionibus  exsolvendis  datis  et  receptis  ab 
invicem  sacramentis,  simul  cumeo  et  Venetis  Constan- 
tinopolim  navigant  et  in  brevi  ibidera  applicant.  Per 
medios  igitur  fluctus  strictioris  maris,  quod  Bospho- 
rus  vel  brachium  sancti  Georgii  vocatur,  intrepide 
navigantes,  turritn  quae  Gaiatas  dicitur  expugnant,  et 
calenam  rumpunt  qua  fit  accessus  ad  portum.  Litto- 
ribus  vero  occupatis  terram  circumjacentem  vi  ca- 
piunt,  Graecis  fugientibus  et  se  intra  urbem  recipien- 
tibus.  Quod  videns  invasor  imperii,  cum  Francis  et 
Venetis  congredi  disposuit,  habens  secum  triginta 
millia  eqiiitum  et  pedites  innumerabiles.  Partibus  ita- 
que  vicinis  quantura  arcus  potest  jacere,  tyrannus 
divinitus  pavefactus  intra  urbem  se  retraxit,  fugiens 


(ij  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Jadeinm,  Zara,  sur  la  mer  Adriatique. 
Pour  le_,siege  et  la  prise  de  cette  vilie,  voy.  Villehardouiis,  p.  '^4  ^^ 
suiv 

{'i)  Edit  et  Mss.  4917-20,  Quod  Fianci  autlie/iics  ipsum  ab  se  ve- 
?iire  faciunt  ac  super  sponsionibus ,  elc. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  121 

cum  paucis  ea  iiocte;  quo  Grseci  comperto  in  palatio 
congregaiitur,  et  adolescentis  exsulis  solemnis  electio 
celebratur.  Mane  facto,  portas  aperientes,  inermes  in 
castris  Francorum  se  ingerunt,  suum  electum  inqui- 
rentes.  Quem  illico  recipientes ,  Cursath  [patrem 
ejus]  quondam  imperatorem  de  carcere  sublevant,  sta- 
timquefilium  ejus  Alexium  coronantes.  His  pcractis  , 
pretia  navium  et  debita  Venetoium  solvuntur,  ac 
Francis  et  Venetis  ducenta  millia  marcharum  confe- 
runtur;  et  dum  ibi  cum  Graecis  hiemarent,  pacta  de 
obedientia  Romanae  ecclesiae,  et  de  succursu  Terrse 
Sanctae  innovantur  atque  confirmantur  (i). 

MCCIV. 

A  fine  mensis  januarii  usque  ad  maium  fuit  siccitas 
continua  et  calor  aestivalis. 

Philippus  rex  Franciae  Rothomagum  obsidet ,  et 
in  tantum  coarctat  assultibus,  donec  cives  se  dede- 
runt  (2),  videntes  quod  nec  ipsi  se  defendere  poterant, 
[nec  succursum  a  rege  Angliae  obtinere.  Sed  et  duo 
castella,  Vernolium  et  Archas,  quae  hucusque  restite- 
rant],  regis  Franciae  tradita  sunt  ditioni.  l£»itur  rex 
lota  potitus  Normatinia  septem  episcopatibus  dis- 
tenta  (5),  in  corpus  regni  sui  redigit ,  post  trecentos 
nonaginta  duos  annos  (l\)  ex  quo  Karolus  rex  cogno- 
mento  Simplex  Rolloni  dano,  primo  de  Normannorum 
ducibus  baplizalo  dictoque   Roberto,  dederat  filiam 

(1)  \'Oy.    VlLLEHARDOUIN,    p.    22,    23,    28,   29,    3g-64. 

(2)  Le  traile  fut  fait,  sous  condition ,  le  i"juiu  i2o4;  le^^du  meme 
niois,  les  Rouennais,  n'etant  pas  secourus,  rendirent  lenr  villea  Plii- 
lippe-Auguste.  Voy.  Rigord,  Hisi.  de  Fr.,  t.  XYII,  p.  67  et  suiv. 

(3)  Les  six  eveches  dependant  de  la  metropole  de  Rouen  etaicnl 
Avranches,  Bayeux,  Coutances,  Evreux,  Lisieux  et  Seez. 

(4)  Lisez  2g5  au  lieu  de  3g2.  Le  bapteme  de  Rollon  eut  lieu  Tan  912. 


12-2  CHROJNICO^ 

suam  in  conjugem  cum  Normannia.  [Postea  vero]  lota 
fere  Aquitania  cum  urlDe  Pictavi  regi  Franciae  se  sub- 
dit,  atque  in  brevi  ita  ampliato  corpore  regni,  quo- 
cumque  rex  graditur,  felices  eum  successus  leetaque 
auspicia  prosequuntur. 

Alexius  Graecorum  imperator  Francos  et  Venetos 
secum  apud  Constantinopolim  hiemantes  rogat  ut 
egrediantur  ex  urbe  ob  discordias  Graecorum  evitan- 
das;  qui  continuo  acquiescentes  ex  adverso  urbis , 
interjacente  portu,  castra  sibi  constituerunt;  sed  im- 
perator  tam  patris  quam  Greecorum  suggestione  se- 
ductus,  animum  avertit  ab  eis,  et  classem  incendere 
parat  quae  ipsum  ad  coronam  adduxerat.  At  ejus  co- 
natus  Dei  gratia  ad  nihilum  deductus  est.  Graeci  [vero 
postea]  exosum  habentes  Alexium  imperatorem  suum 
sibi  creant  imperatorem  aliura;  cumque  Alexio  impe- 
ratori  nulla  spes  esset  nisi  in  Francis,  misit  ad  ipsos 
Morculphum  (i)  sibi  familiarem  [multa  eis  promit- 
tens],  qui  jurat  ex  parte  imperatoris  se  eis  traditurum 
quasi  pactionis  obsidem  palatium  Blakernam  dictum  , 
donec  fieret  plena  impletio  promissorum;  sed  <Jum 
accedit  ad  recipiendum  palatium  marchio  [de  Monte- 
ferrato]  Bonifacius,  ipsi  [et  Francis]  illuditur.  Inlerim 
Morculphus  revelat  Grsecis  secretum  de  reddendo  pa- 
latio,  et  in  odiura  Alexii  statim  tertius  attoUitur  irape- 
rator;  qui  raox  in  Alexium  imperatorem  dorainum 
suum  dormientem  manum  mittens,  eum  incarcerat  et 
similiter  Nicolaum,  alterura  imperatoremcreatum  (2). 


(i)  Ms  49^0,  Mordulphum ;  49'9>  tantot  Mngulfum  ,  taiilol  Moi- 
^ulfum. 

(y)  Edit.  rl  iMss.,  qul  tno.r  iii  yJle.rium  i.  d.  *.  insurgfns  euin  dor- 
mirnlcm  slrnnp.ulnrefcci/ ,  ct  Nicolnum  ,  n    i.  c.  occidil. 


GUILLELMl  DE  MANGIACO.  123 

Interira  dum  haec  agerentur,  Cursath  Alexii  impera- 
toris  paler  moritur.  Morculphus  apud  Constantiuo- 
polim  iraperator  creatus  ,  Alexiura  imperatorem 
dominum  suum,  quem  in  carcere  tenebat,  nocte  stran- 
gulat,  et  Francos  ac  Venetos  qui  ibidem  peregrinn- 
bantur  insequitur;  sed  Frarici  praevalentes  urbem 
capiunt,  Balduinum  comitem  Flandrensem,  [consilio 
ducis  Venetiarumaliorumqueprincipum,  cum  assensu 
cleri  et  populi],  imperatorem  constituunt,  ac  Morcul- 
phum  captum  necant  (i). 

Petrus  Arragonuai  rex  regnum  suum  obtulit  eccle- 
siae  Romanae,  ac  censuale  constituit. 

Tripolitanus  comes  et  rex  Armeniae  pro  principatu 
Antiocheno  contendentesdiu  inter  se  contligunt  (2). 

MCCV. 

Franci  et  Veneti  qui  Constantinopolim  ceperant  , 
dum  eis  hucusque  successisset  feliciter,  circa  feriatos 
dies  Paschae,  gravi  admodum  infortunio  sunt  afflicti. 
Rex  enim  Blacorum  et  Bulgarorum  (5)  cum  Cuma- 
nis  (4),  Graecis   et  Turcis   adversus   eos   pugnantes, 

(i)  Pour  tous  les  faits  rapportes  dans  cet  alinea  jusqu'a  1'election  de 
Baadouin,  voy.  Vii-lehardouin  ,  chap.  gi-iio.  Pour  la  mort  d'Alexis 
Ducas,  dit  Murzuphle,  precipite  du  haut  d'une  colonne  par  ordre  de 
Baudouin,  voy.  ib.,  chap.  lay. 

(2)  Bohemond  IV,  dit  le  Borgne ,  fils  puine  de  Bohemond  IIi 
prince  d'Antioche,  avait  usurpe  la  principaute  d'Antioche  et  le  comti 
de  Tripoli  au  prejudice  de  son  pupille  et  son  neveu  Raimond  Rupin 
Gelui-ci  trouva  un  zele  defenseur  dans  Leon  T''''  roi  d'Armenie,  son 
l^roche  parent. 

(3)  Joannice,  ou  Jean  I"  roi  des  Valaques  et  des  Bulgares,  appeh 
aussi  Calo-Jan  ou  le  Beau  Jean . 

(4)  Les  Curaains  etaicnt  une  trihu  des  Valaques.  Voy-  Vitr.Rii.\R 
nouiN,  chap    \\\-\\S  ft  Bernari)  le  TRK.snuiiiR ,  p   "^oK  pt  siiiv. 


124  CHRO^ICON 

Domino  permittente  vlcerunt,  majoiibus  iii  bello  pc- 
remptis.  Etenim  cum  de  communi  consilio  exercitu 
tripertito,  alii  ad  custodiam  urbis  captae  deputati  con- 
sisterent,  alii  cum  Henrico  fratre  imperatoris  Bal- 
duini  circumquaque  discurrerent,  urbes  et  oppida 
nondum  subacta  subigentes,  vel  jam  subacta  ne  re- 
bellarent  observantes  ,  imperator  Balduinus  cum 
majoribus  Andropolim  urbem  obsidebat ,  distantem 
a  Constantinopoli  spatio  quinque  dietarum.  In  hac 
ergo  obsidione  morantes,  quadam  die  ab  hostibus  la- 
cessiti,  LudovicusBlesensis  comes  aliique  nobiles  dum 
eos  inconsulte  aggressi  longius  persequuntur ,  perse- 
quent.es  circumcludit  universitas  (i)  hostium  de  cir- 
cumpositis  insidiis  exeuntium ,  factaque  miserabili 
strage  Francorum,  imperator  ipse  capitur,  nobilium- 
que  quamplurimi  perimuntui'.  Suo  igitur  capite  trun- 
cato,  exercitus  ab  obsidione  recedens,  Constantino- 
polimrediit. 

Galterus  Brenensis  coraes  ciim  partem  Appuliae  plu- 
rimam  occupasset,  et  laetis  hucusque  floruisset  aus- 
piciis,  a  Tibodo  circumventus  insidiis  capitur  vul- 
neratus,  nec  multo  post  moritur. 

Philippus  rexFranciae  Lochas  et  Chinonem  castella 
fortissima  obsidet  et  cxpugnat;  quo  facto  tota  Turo- 
nia  et  iVndegavia  a  regis  Angliae  dominio  liberatur. 

MCCVI. 
Adela ,  Philippi  regis  Franciae  mater,  Parisius  obiit 
et  in  Burgundia  (2)  apud  Poutiniacum  juxta  patrem 

(i)  Edit.  et  Mss.  49'7  20,  numerositns. 

{•1)  11  faudrait  ct  in  Campania ,  au  licu  dc  et  i/i  JJiirgnndia.  Dc  pliis. 
cc  qui  suit  senihlc  prouvn  que  Thibaud  le  Grand  avait  etc  lui-memc 
jnliiimc  a  Ponligni.  Vov.  p.  47  <"•  nole. 


GUILLELMl  DE  NAWGTACO.  125 

suum  Theobaldum  ({uondam  comitem  Campaniae  el 
niesis  sepclilur. 

Johannes  rex  Angliae  tratisfretat  in  Aquitaniam,  et 
innumeras  secum  copias  transvehit  od  Rochellam. 
Cui  Philippus  rex  Francias  occurreiis  cum  multo  ap- 
paratu,  cum  non  longe  ab  invicem  essent  duo  exer- 
citus,  tamen  mutuos  non  iniere  conflictus;  sed  ex- 
haustis  donariis  et  infecto  negotio,  Johannes  rex 
inefficax  redire  compulsus  est. 

Otho,  qui  contra  Philippum  imperatorem  de  ira- 
perio  diu  contenderat,  deficientibus  a  se  partibus,  sola 
sibi  favente  Colonia  ,  intra  Coloniam  consistebat.  Sed 
Philippus  Coloniam  obsidens ,  civibus  ad  pugnam 
egressis  eisque  potenter  expulsis  et  Othone  turpiter 
fugalo,  Colonia  recipitur  a  Philippo. 

Franci  [et  I.atini]  apud  Constantinopolim  cum  de 
Balduini  imperatoris  morte  vel  vita  nulla  fieret  certi- 
tudo,  Henricum  fratrem  ejus  juvenem  strenuissimum 
ad  culmen  imperii  provehunt  et  coronant.  Eodem 
tempore  Galo  quidam  canonicus  Ambianensis  (r),  de 
Constantinopoli  rediens  [In  patriam] ,  detulit  secum 
faciem  capitis  sancti  Johannis  Baptistae,  quam  Am- 
bianensi  ecclesiaededit. 

In  vigilia  sancti  Nicholai  (2),  contra  naturam  hie- 
mis  audita  sunt  tonitrua,  et  fulgura  raicuerunt  a 
quibus  in  raultis  locis  sedificia  sunt  incensa ;  subse- 
cuta  est  tanta  aquarum  inundatio,  quod  nerao  hujus 
setatis  erat  qui  diceret  se  vidisse  tantae  inundationis 
aliquando  illuviem  irrupisse.  Secana  vero  Parisius  tres 


(i)Edit.  et  Mss.  4917-20,  Galu  quiilnm  clericus,  a  Cnnstant.,  etc. 
{1)  Le  5  decernbre. 


126  CHRONICON 

archas  Parvi  poiitis  Fregil  et  quanipluresdomos  ibidem 

evertit,  raultaque  damna  in  multis  locis  intulit. 

Bartholomeeus  Turonensium  archiepiscopus  obiit , 
cui  Gaufridus  de  Landa ,  Parisiensis  episcopus  (i), 
successit.  Sed  statim  iniquorum  consilio  toxicatus  , 
iion  diu  in  illa  cathedra  sedit. 

MCCVII. 

Satellia ,  civitas  munitissima  et  ad  transfretandum 
in  Syriam  (2)  portus  aptus,  qui  Christianorum  licet 
Graecorum  hactenus  fuerat,  a  soldano  Iconii  obside- 
tur  et  cum  multo  Christianitatis  damno  capitur  ,  et 
aliis  suffixis  patibulo,  aliis  in  vincula  conjectis,  Tur- 
corum  dominio  subjugatur. 

Philippus  rex  Franciae  Aquitaniam  ingressus,  ter- 
ram  vicecomitis  Thoarcii ,  qui  a  fidelitate  ejus  reces- 
serat  et  regi  Angliae  adhaeserat ,  \astavit,  Partenacum 
cepit,  et  alias  quamplures  circumpositas  munitiones 
evertit.  Quasdam  vero  munitas  sub  custodia  mares- 
calli  sui  [et]  Guillermi  de  Rupibus  (3)  dereliquit. 


(i)  Lisez  Paris.  archidiaconus .  Ces  deux  niots  et  la  fin  de  1'alinea 
depuis  sedstatim  ne  sont  donnes  que  par  le  Ms.  T0298-6. 

[■1)  Les  edit.  portent  Siciliani,  lecon  contredite  par  tous  les  Mss.; 
il  s'agit  de  la  ville  de  Satalie  dans  TAsie  Mineure. 

(3)  Les  edit.  precedentes  et  les  Mss.  4917-20  portent  siib  cust.  se- 
ncscalli  sui  Guillelmi  de  Rupibus ,  lecon  inattaquable  puisque  Guil- 
laume  des  Roches  etait  pourvu  depuis  Tan  1204  de  la  senechaussee 
d'Anjou,  de  Touraine  et  du  Maine.  Mais  a  I'annee  1208  les  editions  et 
les  Mss.  s'accordent  avec  notre  Ms.  10298-6  pour  donner  a  Guillaunie 
des  Roches  le  titrede  marechal,  ce  qui  est  contraire  a  tous  les  docu- 
meuts  conteniporains.  Ce  titre  appartenait  en  1204  a  Henri  Clement, 
qui  le  transmit  a  son  fils  Jean  en  1214,  epoque  ou  il  mourut  peu  de 
jours  apres  avoir  appris  la  victoire  de  Bouvines.  Guill.  le  Breton, 
Hist.  de  Fr.,  t.  XYU  ,  p.  90,  94.  Nous  avons  donc  cru  pouvoir  ialer- 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  127 

Hugo  Autissiodorensis  episcopus  obiit,  cui  suc- 
cessitGuillermus,  qui  apudregem  Franciae  Philippum 
perpetuam  impetravit  regalium  ecclesise  sua?  liber- 
tatem. 

Per  idem  tempus  Bulgarorum  haeresis  execranda, 
errorum  omnium  fex  (i)  extrcma,  multis  serpebat 
in  locis  tanlo  nocentius  quanto  latentius.  Sed  inva- 
luerat  raaxime  in  terra  comitis  Tholosani  et  principum 
vicinorum;  ubi  dum  suum  publice  profiterentur  er- 
rorem,  primatum  et  judicium  Romanae  ecclesiae  sper- 
nunt  et  communionem  Christianorum  sub  ea  posito- 
rum  declinant,  dicentes  nullum  sub  ea  vel  in  ipsius 
fide  posse  salvari ,  omnesque  fidei  articulos  aut  negant 
aut  pervertunt;  omnem  omnino  religionem  et  cultum 
et  gradum  religionis,  pietatemque  ecclesiae  catholicae 
blasphemantes,  damnant  omne  genus  hominum  prae- 
ter  se  solos  suorumque  conventicula,  catholicorum 
ecclesiam  deridentes.  Quocirca  ,  de  consilio  domini 
papae  Innocentii ,  Cisterciensis  abbas  (2)  aliique  cir- 
citer  tredecim  ejus  ordinis  abbates  delegantur,  viri 
probablles  omnes,  sapientia  et  facundia  praeinstructi , 
parati  ad  satisfactionem  omni  poscenti  ralionem  (3) 


calei"  ici  la  conjonction  et,  ce  qui  rend  notre  texte  parfaitement  con- 
forme  a  celiii  de  Rigord  et  des  autres  historiens  de  Tepoque  d'apres 
lesquels  Henri  Clement  fut  associe  a  Guillaume  des  Roches  dans  la 
garde  des  villes  conqnises  sur  le  vicomte  de  Thouars.  Vol.  cit.  p.  61 
et  82. 

(i)  Tous  les  Mss.  donnentyex  extrema;  les  edit.,yere  extrema.  II 
s'agit  ici  de  l'heresie  des  Albigeois,  que  D.  Yaissete  fait  remonter 
jusqu'aux Priscilhanistes.  Abr.  cle  IHist.  de  Languedoc ,  t.  I,  p.  i56. 

(2)  Arnaud-Amauri. 

(5)  Tqus  les  Mss.  donnenl  rationem  au  lieu  de  reddendam ,  t(ui  est 
cepeadaat  reproduit  dans  les  Irois  editions  precedentes. 


128  CHKONICON 

de  fide,  et  pro  iide  etiara  animas  poiiere  non  verentes. 
Egressi  igitur  de  Cistercio  mense  maio,  per  Ararim 
labuntur  in  Rhodanum  modicis  expensis,  equitaturis 
nullis,  ut  per  omnia  viros  evangelicos  se  probarent  : 
ingressi  denique  quo  tendebant,  bini  vel  terni  ad  in- 
vicem  divisi  partes  illas  perambulant,  hostes  fidei 
sanae  doctrinee  spiculis  appetentes;  vix  tamen  in 
multis  millibus  paucos  inveniunt  rectae  fidei  profes- 
sores.  Alii  vero  quorum  erat  numerus  infinitus,  sic 
suo  pertinaciter  inheerebant  errori ,  ut  nullis  veridicis 
acquiescerent  documentis;  sed  tamquam  aspides  surdae 
obturescerent  aures  suas  ad  voces  incantantium  sa- 
pienter,  ne  mentes  eorura  demersas  (i)  tenebris  pe- 
netraret  auditio  veritatis.  Per  Ires  itaque  menses, 
urbibus,  villis  et  oppidis,  multo  labore  et  insidiis  ap- 
petiti,  paucos  revocant,  paucos  fideles  repertos  de 
fide  certius  instruunt  et  confirmant.  Adfuit  etiam 
cum  eis  venerabilis  Didacus  Oximenensis  civitatis 
Hispaniae  episcopus ,  qui  et  ipse  lucrandis  animabus 
invigilans,  de  redditibus  suis  ciborum  copiam  praedi- 
catoribus  verbi  Dei  laigiter  exponebat. 

[In  Anglia]  defuncto  Huberto  Cantuariae  civitatis 
archiepiscopo,  cum  eligeretur  raagistei'  Rainerius  sub- 
prlor  (2)  Cantuariae  a  communi,  rex  Johannes  An- 
glige,  alium  in  sede  ponere  volens  nec  praevalens,  adeo 
Iratus  fuit  ut  Cantuariensem  conventum  intruderet  (3) 
et  eorum  ecclesiasticos  redditus  confiscaret.  Propter 
quod    dorainus    Papa    Stephanum    sancti    Grisogoni 


(i)  Et  non  deversas  comnie  dans  les  deux  premieres  edilions. 

(2)  Les  Mss.  49>7»  4918  donnent  aussi  subprior ;  4919.  49^0,  sup- 
prior;  edit.,  superior. 

(3)  Telleestla  leoon  de  tous  les  Mss.  Les  anc.  edit.  portent  expellcret. 


GUILLELMI  DE  ISANGIACO.  129 

presbyterum  cardinalem  archiepiscopum  consecrat,  et 
regem  excoramunicans  propter  monacliorum  elimi- 
nationem  [et  bonorum  suorum  confiscationem],  An- 
gliam  supposuit  interdicto. 

MCCVIII. 

Petrus  de  Castro-Novo  monachus ,  missus  a  do- 
mino  Papa  in  terram  Albigensium  legatus,  comi- 
tem  Tholosanura  excommunicat,  et  comes  eum  apud 
villam  Sancti  -  jEgidii  satisfactionem  de  commissis 
pollicens  convocat,  nec  tamen  vult  satisfacere  ,  sed 
mortem  ei  publice  comrainatur.  Itaque  legato  rece- 
denti  duo  servientes  comitis  se  adjungunt ,  et  in 
eodem  hospitio  pariter  hospitati  sunt.  Mane  facto 
Petrus,  missa  celebrata,  inde  recessit.  Sed  dum  ad 
flumen  Rhodanum  pervenisset,  unus  e  duobus  ser- 
vientibus  comitis  ipsum  lancea  feritposterius  (i )  inter 
costas.  Qui  percussorem  respiciens,  verbum  istud 
saepius  iteravit :  «  Deus  tibi  dimittat,  et  ego  dimitto.  » 
Post  modicum  tamen  vitam  finiens  in  ecclesia  Sancti- 
j^gidii  honorifice  tumulatur. 

Phillppus  imperator,  cum  jam,  rerum  turbinibus 
in  parte  (2)  sopitis ,  quieto  potiretur  imperio ,  a 
quodam  comite  Palatino  landegrava  Thuringiae  duce 
perimitur,  ob  hoc,  ut  aiunt,  odii  rancore  concepto, 
quia  Philippus  filiam  suam  ei  subtraxerat,  quam  spo- 
ponderat  se  dalurum  (5);  quo  facto  uxorejus,  filin 

(i)  Le  mot  posterius  ne  se  trouve  que  dans  le  Ms.  10298-6.  Parmi 
les  historiens  de  la  guerre  des  Albigeois  le  poete  dont  31.  Fauriel  a 
publie  la  curieuse  chanson  est  le  seul  qui  mentionne  cette  particula- 
rite  du  meurtredu  legat.  Voy.  Croisade  contre  les  Albig.,  v.  85. 

(2)  Tous  les  autres  ]Mss.  et  les  edit.  portent  in  pace. 

(3)  L'assassin  de  Philippe  de  Souahe  fut,  suivant  lcs  auteurs  de  VAri 

I-  9 


130  CHROJNICON 

Cursath  [quoudam]  imperaloris  Graecorum,  uimio  af- 
fecla  clolore,  paulo  post  moritur,  ct  Otlio,  filius  ducis 
Saxoniae,  nepos  Johannis  regis  Angliee  (i),  per  indus- 
hiam  et  auctorilatem  Innocentii  papae,  iraperii  digni- 
tatem  adeptus  est. 

Innocentius  papa  misit  in  Franciam  Galonem 
sanctae  Marise  in  Porticu  (2)  diaconum  cardinalem,  ju- 
risperitum,  bonis  moribus  ornatum  et  ecclesiarum 
visitatorem  diligentissimum,  mandans  et  prascipiens 
Philippo  regi  Franciee  et  cunctis  regni  sui  principibus 
ut,  cum  exercitu  magno,  tanquam  viri  catholici  ter- 
ram  Tholosanam  et  Albigensium  atque  Narbonensium 
cum  aliis  adjacentibus  invaderent,  etomnes  haereticos 
qui  eas  occupaverant  extirparent.  Et  si  forte  in  via  vel 
in  bello  contra  eos  [facto]  morerentur,  ab  ipso  Papa 
de  omnibus  peccatis  a  die  nativitatis  suae  contractis 
de  quibus  confessi  essent  absolvebantur. 

Guillermus  de  Rupibus  marescallus  Franciae  (5) , 
sub  cujus  custodia  Philippus  rex  quasdam  munitio- 
nes ,  ut  supra  dictum  est ,  reliquerat  in  Pictavia, 
collectis  fere  ducentis  militibus  (4),  vicecomitem 
Thoarlii  et  Savaricum  de  Maio-Leone,  qui  cum  manu 

de  verif.  les  dates ,  non  Hernaan  I.  alors  landgrave  de  Thuringe, 
mais  Othon,  petit-fils  d'Othon  IV  conile  de  Scheyren  et  de  Wittels- 
bach,  et  neveu  d'Othon-Ie-Grand  duc  de  Baviere. 

(i)  Voy.  plus  haut,  p.  1 10 ,  not.  1 . 

(2)  Les  deux  premieres  editions  portent  S.  Maria;  in  Portit;  les 
Mss.  4917-20,  comme  notre  Ms  ,  S.  Mnrice  in  Porticu,  lecon  adoptee 
par  les  derniers  editeurs. 

(5)  Voy.  RiGORD  et  Guill.  le  Breton,  Ilist.  de  Fr.,  t.  XVII,  p.  61 
et  82,  et  ci-dessus,  p.  126,  not.  5.  Ici  encore  il  fandrait  intercaler  la 
disjonctive  ct;  mais  cette  addition  nous  forcerait  i\  changer  ie  noinhro 
des  verbes  qni  suivent. 

(4)  Ms.  49 '7)  ducentis  niilihus. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  131 

valida  jussu  regls  Aiigliae  terram  regis  Franciae  intra- 
verant,  praedasque  inde  ducebant ,  ex  improviso 
superveniens  devicit ,  et  quadraginta  milites  et  eo 
amplius  capiens,  regi  Franciae  domino  suo  Parisius 
transmisit. 

Odo  Parisiensis  episcopus  obiit ,  cui  successit  Pe- 
trus  thesaurarius  Turonensis.  Guillermus  quoque 
Bituricensis  archiepiscopus,  parans  iter  contra  Albi- 
genses,  in  Christo  dormivit.  Gaufridusetinm  deLanda 
[Turonensis]  archiepiscopus  [toxicatus]  moritur;  cui 
successit  Johannes  de  Faya,  decanus  ecclesiae  Turo- 
nensis. 

MCCIX. 

Philippus  rex  Franciae  vi  et  armis  cepit  quoddam 
castrum,  cui  nomen  Graplic(i),  firmatum  in  septen- 
trionali  latere  minoris  Britannise,  de  quo  facilis  tran- 
situs  patebat  in  Angbam ,  quod  Britanni  armis,  homi- 
nibus  ac  victualibus  et  machinis  munierant  (2),  in  quo 
etiam  Anglicos  inimicos  regni  Franciae  recipiebant, 
et  circumjacentem  provinciam  [multum]  daranifica- 
bant. 

Quidam  miles  de  Gallia  fortis  et  strenuus,  Johan- 
nes  de  Bregna  nomine  {"5),  a  partibus  transmarinis. 
electus  in  regem  Jerusalem,  cum  multo  transfretat  ap- 

(i)  D'Acli.  et  de  La  B.,  Grapit ;  Hist.  de  Fv.  et  Mss.  4917-20, 
Grapil.  Ce  cliateau,  qui  venait  d'etre  bati  par  les  Anglais  ou  leurs 
allies  snr  la  cote  de  Bretagne,  ne  dut  pas  avoir  une  plus  longue  duree 
que  ceux  de  Boutavant  et  de  Gueuleton,  en  Normandie,  dont  nous 
avons  parle  plus  haut.  Voy.  Guill  le  Breton,  Hist.  de  Fr.,  t.  XVII, 
p.  82. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  hominibus  et  victualibus  munierant. 

(5)  Jean  de  Brienne,  fils  d'Erard  II,  coxnte  de  Brienne  en  Chani- 
pagne.' Voy.  Anselm.,  t.  VI,  p.  129. 


132  CHROiNlCON 

pnratu,  el  in  vigilia  Exaltalionis  saiicla?  ciueis  Accon 
urbem  applicat,  ducens  in  crastino  in  uxorem  filiam 
Corrardi  quondam  marchionis,  cui  regnum  heredita- 
rie  debebatur  (i).  Porro  in  dominica  post  festum 
sancti  Michaelis,  cum  favore  principum  et  populi 
[Terrae  Sanctse],  apud  Tyrum  solemnlter  coronatur 
[cum  uxore  Johannes  de  Bregna  praedictus  in  regem 
Jerusalem],  et  Aimericus  rexCypri,  quimatrem  puellee 
habebat  in  uxorem  et  diu  sua  prolectione  tutoria 
regnaverat  (>),  tilulum  regni  Jerusalem  tunc  deponit. 
Otho  imperalor  intrans  Italiam  a  plerisque  ur- 
bibus  veneranter  excipilur,  et  favente  sibi  domino 
Papa ,  contra  voluntatem  Philippi  regis  Francorum 
et  contradicentibus  pro  maxima  parte  Romanis,  ac 
magnatibus  imperii  dissentientibus ,  eo  quod  pater 
Olhonis  [quondam]  dux  Saxonia?  de  crimine  laesae 
majestatis  ab  imperatore  Frederico  convictus  et 
condemnatus  judicio  baronum  atque  a  ducatu  Saxo- 
niae  fuerat  in  perpetuum  dejeptus,  Romae,  die  do- 
minica  circa  festum  sancti  Michaelis ,  imperialem 
benedictionem    sortitur.    In    ipsa    vero  ejus   corona- 


(i)  Edit.  el  Mss.  4917-^05  filiam  prijiio^enitam  Isabcllis  regince  ex 
Conrado  quondam  marchione ;  paulo  enim  ante  dejunctafuerat  Isa- 
bcllis  regina,  dimissis  tribus  /iliabus,  et  huic  tamquam  primo^cnitce 
regni  hereditas  dcbebatur.  Cette  princesse  se  nomrnait  Marie. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  rex  Cjpri  qui  rationc  uxoris  suce  Isa- 
bellis  regina;  defuncta;  diu  regnaverat,  etc.  Amauri  de  Lusignan  avait 
epoiise  la  reine  Isabelle  apres  Honfroi  de  Toron,  Conrad  de  Mont- 
feiraLet  Henri  de  Cliainpafi,ne.  II  avait  remplace,  Tan  ii^^i  sonfrere 
Gui  de  Lusignaii  sur  le  trone  de  Chypre,  et  Tan  1 197,  Henri  de  Cham- 
pagne  sur  celui  de  Jerusalem.  Mais  il  etait  inort  le  1"  avril  i2o5,  a 
Saint-Jean-d'Acre,  cinq  ans  avant  l'arrivee  de  Jean  de  Brienne  en  Pa- 
lesline.  Le  couronnement  de  cchii-ci  eut  hcn  le  4  octobre. 


GUILLELMI  DE  NANGL\CO.  1.13 

tloue  (i)  Papa  jusjiirandum  exigit  ab  eo  snper  fldell- 
tate  Roman£e  ecclesiae,  acjure  ipsius  conservando,  et 
super  regno  SicilisB  nullatenus  impugnando.  Qnae  sta- 
tim  ipsa  die  \iolat  et  dirumpit;  propter  quod  inter 
ipsum  et  papam  Innocentium  gravis  simultas  protinus 
incandescit. 

De  cunctis  Galliarum  partibus  :  Francia,  Flandria, 
Normannia  et  Aquitanin,  Andegavia,  Burgundia  tam 
episcopi  quam  coniites  et  barones,  mililum  quo- 
que  et  vulgi  numerus  infinitus  (2)  contra  Albigenses 
haereticos  crucesignati  mensejunio  apud  Lugdunum 
conveniunt,  et  inde  procedentes  versus  Provinciam  , 
accensis  animis  advcrsus  homines  pestilentes  et  fidei 
refugas  Albigenses  se  praeparant  pugnaturi;  qnibus 
adjungitur  comes  Tholosanus  [quem]  dominus  Papa 
per  legatum  absolveiat,  satisfactione  prius  exhibita de 
commissis.  Imprimis  Biterrim  urbcm  obsident  et  ex- 
pugnant  (5);nulli  sexui  parcitur  \el  setati ,  sed  omnes 
a  minirao  usque  ad  maximum  pariter  trucidantur, 
ita  quod  septemdecim  millla  hominum  ferro  et  in- 
cendio  perierunt.  Carcassonam  deinde  pei  leiidentes, 
ad  quam  [urbem]  multi  de  regione  circumjacenti  con- 
fugerant,  eam  prolinus  obsident.  Sed  Rogerus  de  Bi- 
terris  qui  intus  erat,  vir  perfidus,  per  cujus  maxime 
nequitiam  pestilens  error  increverat,  videns  catholi- 


(i)  Edit.  et  Mss.  49i7-'^o,  benedictione.  Le  couronnement  de  ce 
prince  eut  lieu  le  27  septembre  ou  le  4  octobre,  c'est  entre  ces  deux 
dimanches  que  toniba  la  Saint-lMicbel,  fete  qu'on  celt-bre  parlout  le 
29  septembre. 

(2)  Edit.  etMss.,  De  cunclis  Galliariun  partibus,  tain  {■i>i.scopi  t/uam 
milites  et  barones  ac  vul^i  numerus  infinitus ,  etc. 

f5)  La  ville  de  Bczicrs  fut  detruitc  lc  22  juillet  1209 


134  CHRONICON 

corum  fortitudinein  et  audaciam,  et  quod  suis  non 
esset  potentia  resistendi,  pactum  facit  cum  nostris  ut 
liceat  suis  recedere  quo  voluerint  sine  rebus;  illisque 
recedentibus,  Rogerus  solus  sub  arcta  custodia  deti- 
netur.  Nostri  urbe  potita,  Simonem  de  Monteforti 
virum  armis  strenuum  toti  praeficiunt  regioni ,  et  quid- 
quid  in  urbe  repertum  est  et  pars  exercitus  sub  ejus 
dominio  deputatur.  His  itaque  gestis,  caeteri  ad  pro- 
pria  regrediuntur.  Porro  videntes  Albigenses  reces- 
sisse  principes ,  raulta  mala  nostris  irrogant ;  nam 
discurrentes  clanculumper  castella  etmunitiones,  tam 
milites  quam  clientes  ad  castroriim  (i)  custodiam  de- 
relictos  capiunt,  alios  occidentes,  quamplures  aurium 
etnariumcum  labro  superiori  et  aliorum  membrorum 
detruncatione  deformant.  Abbatem  quemdam  Cister- 
ciensis  ordinis  in  via  directum,  cum  converso  suo  (2) 
occidunt,  et  monachum  unum  vulnerantes,  quem 
mortuum  aestimabant ,  in  via  derelinquunt.  Gerardus 
igitur  de  Papione,  illius  patriae  vir  nimium  potens,  ad 
quoddam  oppidum  cum  multitudine  armatorum  per- 
veniens  [quod  de  parte  catholica  se  tenebat],  cum  sex 
milites,  unum  capellanum  et  quinquaginta  servientes 
qui  intus  erant  non  posset  ad  libitum  obtinere,  ju- 
ramentis  se  obligat,  si  se  redderent,  secure  eos  con- 
duceret  usque  Carcassonam;  (jui  reddentes  se,  cum  ad 
mcnsam  propriam  Gerardi  pervenissent  iiihilque  mali 
haesitassent,  statim  spoliantur  ct  in  carcere  retrudun- 
tur.  Postea  eductis  militibus  et  capellano,  ac  aliis  ibi- 

(i)  Edit.  et  Mss.  ^g^j--2o,  oppidornm. 

(2)  Ib.,  ciim  suis.  U  s'a«it  ici  de  l'alil)e  d'Eaunes  au  diocese  de  Tou- 
louse.  Voy-  Pif.rre  de  Vaux  Ckrnai,  Hisi.  rle  Fr  .  t  XIX.  p.  ay  et 
suiv. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  135 

deiii  derelictis,  igiiem  (i)  et  paleas  lignaque  quamplu- 

rima  Gerardus  supponere  fecil,  ministris  suis  desuper 

clamantibus  et  bealae  Marise  exprobrantibus  in  hunc 

modum  :  «  Ha ,  meretrix  sancta  Maria !  »  Qui  tamen 

arctati  incendio,  non  adusti ,  triduo  permanserunt. 

Porro  mibtes  diversis  cruciatibus  afficientes  ut  Chris- 

tum    dominum    fidemque     catholicam    abnegarent  , 

tandem  eos  in  fide  perseverantes  propriis  pollicibus 

exoculant,  am^es,  nares,  labiumque  superius  ampu- 

tantes;  quorum  unus  in  poenis  gloriosus  martyr  oc- 

cubuit,  alii  supervixerunt.  Comes  Fuxi  (2)  rupto  foe- 

dere  quod  cum  nostris  inierat,  unico  filio  suo  obside 

dereficto,   redit  ad  vomitum,  haereticam  pravitatem 

catholicae  fidei  praeferens,  et  nostros  poslea  multipli- 

citer  inquietans. 

MCCX. 

Interim  procerum  et  episcoporum  totius  Galliae  fit 
celebris  motio  super  Albigenses.  Accedentes  igitur 
adunato  exercitu  prope  Minerbiam  [urbem],  eam  ob- 
sident  et  capiunt,  daturque  optio,  ut  qui  voluerit 
haeresim  abjurare  liber  discedat  :  sed  circiter  centum 
octoginta  ibidem  inventi  sunt,  qui  potius  comburi 
quam  haeresim  abnegare  elegerunt.  Deinde  Terme  cas- 
trum  fortissimum  obsidetur,  ubi  peregrinum  ramnlia 
ferentemad  imjdenda  fossata  quidam  balistarius  super 
signum  crucis  quod  gerebat  in  humero  quarrello  fe- 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  ediict.  militibus  et  presbjtero  ciim  aliis 
ignem,  etc.  —  Ces  faits  se  passerent  dans  les  chateaux  de  Puisserguier 
et  de  Minerve ;  mais  Guillaume  de  Nangis  et  Pierre  de  Yaux  Cernai  ou- 
blient  de  mentionner  les  sujets  de  plainte  qu'avait  Gerard  de  Pepieux 
rontre  les  croises.  V  ov.  THist.  en  vers  de  la  Croisade,  v.  g^o  et  suiv. 

{■2)  Raimond  Rogcr,  fds  de  Rogei"-i5!M-nard  I  et  perc  do  Rogcr-Rer 
nard  II  surnomme  lc  Giand. 


136  CHROxNlCON 

riit,  sed  qiiarrellum  tamquam  si  super  lapidem  ceci- 
disset  resiliit.  Accurrunt  undiqueetmiranturuniversi, 
cum  vivum  reperiunt  quem  mortuum  aestimabant; 
[de  ictu  nempe]  ipse  corruerat,  sed  in  eo  nullam  in- 
venerunt  vestis  diruptionem  aut  corporis  laesionem. 
Obsessi  vero  longa  obsidione  [tandem]  fatigati  dum 
noctu  fugiunt,  ab  excubiis  iiostrorum  inlercepti , 
quotquot  reperiuntur  gladils  obtruncantur. 

Parisius  de  haeresi  quatuordecim  homines,  quorum 
etiam  aliqui  sacerdotes  erant,  convincuntur,  ex 
quibus  decera  incendio  traduntur,  et  quatuor  reclu- 
duntur.  Inter  caetera  vero  quee  Imprudenter  docebant, 
asserere  conabantur  (i)  quod  Patris  potestas  duravit 
quamdiu  viguit  lex  mosaica,  et  quia  scriptum  est  : 
«  Novis  supervenlentibus  vetera  projicietis»,  postquam 
Christus  veuit,  absoluta  sunt  omnia  Veteris  Testamenti 
sacramenta,  et  viguit  nova  lex  usque  ad  illud  tempus, 
videlicet  quo  praedicabant  lalia.  Illo  ergo  tempore  di- 
cebant  Novi  Testamenti  sacramenta  finem  habere,  et 
Spiritus  Sancti  tempus  incoepisse;  ideoque  confessio- 
nem,  baptismum,  eucharistiam,  et  alia  sacramenta, 
sine  quibus  non  est  salus,  locum  de  caetero  non  ha- 
bere,  sed  unumquemque  per  gratlam  Sancti  Spiritus 
tantum,  interius,  slne  aliquo  exteriori  actu,  inspira- 
tam,  salvari  posse.  Charitatis  quoque  virtutem  sic  am- 
pliabant,  ut  id  quod  alias  peccatum  esset,  si  fieret  in 
charitate  jam  non  essc  peccatum  dicerent,  unde  et 
stupra  et  adulteria  caeterasque  corporis  voluptates  in 
charitatis  nomine  committebant;  mullerlbus  cum 
(juibus  peccabant ,  et  simplicibus  quos  decipiebaiit  Im- 

(i)  Dans  lcs  deux  premieit  s  edit.,  asscniac  quod. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  137 

punitatein  peccati  promittentes;  Deum  scilicet  tan- 
tummodo  bonum,  et  non  justum  praedicantes. 

Henricus  Constantinopolis  imperator  congregato 
exercituGreeciam  pervagatur,  resistentes  subjicit,  sub- 
jecta  pacificat,  et  ditionis  suee  terminos  circumquaque 
dilatat. 

Otho  imperator  Alemanniae,  sicut  dudum  mente 
conceperat,  castra  et  munitiones  occupat  quse  juris 
erant  Romanae  ecclesiae,  Racofonum  (i),  Montem 
Flasconis  ac  pene  totam  Romaniolam.  Inde  transiens 
in  Appuliam,  oppugnavit  terram  Frederici  [regis  Si- 
ciliae]  filii  imperatoris  Henrici,  cepitque  multas  urbes 
atque  castella  per  terram  Appullae  (2)  quae  erant  in 
feodo  Romanae  ecclesiae.  Missis  ergo  hinc  inde  nuntiis, 
cum  imperator  ea  quae  occupaverat  resignare  nulla- 
tenus  vellet,  quin  etiam  a  suis  quos  in  castris  posue- 
rat  spoliari  Romipetas  faceret,  Papa,  communicato 
cardinalium  concilio,  in  eum  excommunicationis  sen- 
tentiam  promulgavit.  Deinde  cum  nec  sic  resipiscerc 
vellet,  sed  magis  ecclesiae  res  occuparet  ac  Romipeta- 
rum  iler  impediret,  omnes  subditos  ejus  a  fidelitate 
ipsius  absolvit,  prohibens  sub  anathematis  intermina- 
tione,  ne  quis  eum  imperatoiem  haberet  aut  nomi- 
naret.  Sicque  recesserunt  ab  eo  landegravius  [dux] 
Thuringiae  etarchiepiscopi  Maguntinus  et  Treverensis, 
dux  Austriae,  rex  Bohemiae  et  multi  alii,  tam  ecclesias- 
ticae  personae  quam  saeculares. 

His  temporibus  elarebat  in  territorio  Belvacensi 
Helinandus  Frigidi-Montis  monachus ,  qui  chronicam 


(i)  Edit.'  nt  Mss.  ig\y--20,  Racefoiiuin. 

(2)  Les  mots  /^er  icrr.  Ap.  nc  sont  donMes  qiic  par  le  iVls    10298-6. 


138  CHRONICON 

ab  initio  mundi  usquead  tempus  suum  diligenter  com- 
posuit,  [et  librum  De  regifnine  principum  et  alium 
qui  Planctus  monachi  lapsi  dicitur  compilavit]. 

MCCXI. 

Othone  igitur,  ut  superius  dictum  est,  auctoritate 
Innocentii  papae  reprobato  et  imperii  collati  potestate 
privato,  barones  Alemanniae,  Philippi  regis  Franco- 
rum  consilio  mediante,  Fredericum  [regem  Siciliae], 
Henrici  quondam  imperatoris  ex  Constantia  [sorore 
Guillermi  olim  regis]  Siciliae  filium,  [in  regem  Roma- 
norum]  elegerunt,  rogantesPapam  ut  ejus  confirmaret 
electionem.  Qui  de  Sicilia  vocatus  venit  Romam  et  a 
Romanis  honorifice  susceptus  fuit,  indeque  discedens, 
Alpibus  transactis,  venit  Alemanniam ;  ubi  ab  omnibus 
fere  gratanter  susceptus,  apud  Maguntiam  coronam 
regni  Theutonici  est  adeptus.  Cumque  postmodum 
venisset  apud  Vallem-Coloris,  quod  est  castrum  [Lotha- 
ringiae]  supra  Mosam  fluvium,  Philippus  rex  Franciae 
misit  illuc  Ludovicum  filium  suum,  ut  mutuam  hinc 
inde  confoederationem  inirent,  sicut  fuerat  inter  eo- 
rum  praedecessores  [antiquitus  constituta]. 

Philippus  rex  Franciae  totumParisius,  a  Parvoponte 
usque  ad  portam  sanctae  Genovefae,  murorum  circuitu 
circumcinxit  '  i). 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Pnvisius  urbcin  ampliavit ,  a  Paivo  poiite 
usquc  ultra  (Ms.  49'-JO,  ad)  abhatiam  rcs^ularium  caiionicorum  sanctce 
Genovcfce  hortos  et  campns  a  dextris  et  a  sinistris  muris  Jortissimis 
prcecingens.  II  ne  s'agit  ici  que  de  la  partie  meridionale  de  l'enceinte 
de  Paris,  qui  fut  en  efFet  terminee  cn  121 1.  Quant  ii  l'enceinte  sep- 
tentrionale,  qui  s'etcndait  dcpuis  lc  qiiai  Saint-Paul  jusqu'au  Louvrr, 
cllc  avail  clc  failc  vcrs  Fan  1192.  Voy.  nion  Paris  sous  Philippe-li  ~ 
Jirl ,  p.  5jo. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  130 

Rex  quidam  SaiTacenorum  nomine  M  ummilinus  ( i ), 
collecto  exercitu  paganorum  infinito,  fines  Hispaniae 
ingressus,  contra  regem  Castellae  Alphunsum  (a)  et 
contra  Christianos  in  superbia  loquens  intulit  eis  bel- 
lum.  Qui  pugnantes  contra  eum  et  habentes  in  auxi- 
lium  reges  illustres,  scilicet  Arragonum  et  Navarrae, 
in  fide  et  nomine  Christi  vicerunt  eos  cum  adjutorio 
Dei  et  quorumdam  militum  Francorum.  In  illo  autem 
praelio  non  ceciderunt  de  Christianis  nisi  triginta  ho- 
mines,  et  de  Sarracenis  vero  centum  millia  et  am- 
plius  (3)  sunt  prostrata.  In  cujus  signum  victorise  rex 
Arragonum  misit  Romam  vexillum  et  lanceam  Mum- 
railini ,  quae  usque  adhuc  in  ecclesia  beati  Petri ,  in  si- 
gnum  hujus  victoriae,  sunt  reservata. 

Iterum  Francorum  fit  grandis  profectio  adversus 
haereticos  Albigenses;  qui  coadunati  in  unum  Laval- 
lum  castrum  obsident,  et  hostes  fidei  fortiter  impetunt 
et  coarctant.  Sed  interim  dum  in  hac  obsidione  mo- 
rantur,  eorum  quaedam  caterva  permaxima  juxta  cas 
trum  quod  Mons  Gaudil  dicitur  incaute  transiens,  ab 
hostibus  fidei  intercapitur  et  detruncatur.  Ad  quorum 
meritum  declarandum  lux  coelestis  emicuit,  et  globum 
igneum  super  corpora  prostratorum  coebtus  descen- 
dere  multi  vident.  Episcopi  et  abbates  illic  conveniunt 
et,  coemeterio  dedicato,  sepeliunt  corpora  mortuorum . 

(i)  D'Ach.  et  de  La  B.,  Miramolinus ;  Mss.  4917-20,  Mummilinus . 
Mehemed-EI-Nasir,  fils  et  successeur  de  lacoub  roi  de  Maroc. 

(2)  Le  nom  n'est  donne  que  par  notre  Ms.  Alphonse,  surnonune  1<- 
Noble  ou  ie  Bon,  roi  de  Castille  de  ii58  a  121 4,  iUustra,  par  la  cv- 
lebre  victoire  dont  il  est  ici  question,  les  niontagnes  nommees  las 
Navas  de  Tolosa. 

(3)  Les  mots  ct  amplius  et ,  a  la  fm  de  l'alinea  ,  les  mots  in  signitni 
hujus  victorite  nc  sc  trouvent  egalement  que  dans  lc  Ms.  loagS-Ci. 


140  CHRONICON 

Post  capitiu-  Lavallum  et  Pennes  en  Ati^enois ,  cas- 
trum  inexpugnabile,  obsidetur;  sed  illi  de  castro,  im- 
petum  nostrorum  fene  non  valentes ,  ad  voluntatem 
eorum  se  dedunt(i).  Milites  [vero]  septuaginta  qua- 
tuor  in  castro  reperti,  nolentes  errorem  relinquere, 
suspendio  perimuntur.  Deinde  rogus  exstruitur,  et 
cunctis  aliis  dalur  optio,  aut  ab  errore  resipiscere  aut 
incendio  deperire.  Qui  cohortantes  se  mutuo  rogum 
intrant,  et  malunt  comburi  quam  deserere  pravam 
sectam.  Domina  castri  Girauda,  quae  de  fratre  et  filio 
se  concepisse  dicit,  in  puteum  projicitur,  etacervus 
lapidum  super  eam  protinus  cumulatur. 

Apud  Lemovicas  matrona  quaedam  nobilis  moritur, 
et  sudario  involuta  servatur;  sed  dum  parantur  exe- 
quiae,  subito  resurgens  de  morte  dicit  beatam  Mariam 
Magdalenam  sibi  labia  contigisse,  et  statimsespiritum 
resumsisse.  In  festo  ejusdem  [Magdalenae]  Vizeliacum 
venit  cum  sudario  et  multis  testibus  suae  mortis. 

In  Hispania  quidam  presbyter,  nocte  Nativitatis  do- 
minicae  cam  quadam  muliere  concumbens,  cum  pri- 
raam  missam,  nec  contritus  nec  confessus,  celebrare(2) 
praesumpsisset ,  et,  peracto  sacramento,  orationem 
dominicam  decantasset,  subito  coliimba  ciim  impetu 
advolans ,  rostro  misso  in  calice,  totum  absorbuit,  et 
hostiam  de  raanibus  sacerdotis  arripiens  evolavit;  et 
sicut  presbytero  in  prima  missa  contigit ,  contigit  in 
secunda.  Tunc  timens  et  ad  cor  rediens  ,  contritus  et 
confessus  et  accepta  poenltentia,  missam  lertiam  in- 
choavit.   Post  orationem   vero  dominicam ,   columba 

(i)  Edit.  et  Mss.  49i7-*.io,  cl  Pcncs  in  Ai^ciifnsi  cnstr.  i/ie.rp.  post 
■ohsessuin  in  dcditinncm  vcnit. 
^j)  Ib..  cantnre. 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  141 

redieus,  rostro  mlsso,  sicut  prius,  in  calice,  quidquid 
inde  hauserat  evomuit,  et  evolans  duas  hostias  ad  pe- 
dem  calicis  collocavit. 

Ferrandus  ex  Hispania ,  filius  regis  Portugalen- 
sis([),  accepit  uxorem  Johannam  Flandriae  comitis- 
sam,  filiam  comitis  Balduini,  qui  fuit,  sicut  diximus, 
Constantinopolitanus  imperator;  hoc  apud  regem 
Franciae  regina  Portugalensis  ,  Ferrandi  matertera , 
quae  fuerat  quondam  uxor  Philippi  comitis  Flan- 
driae  (2),  fallaciter  procuravit. 

MCCXIL 

Reginaklus  de  Domno-Martino,  comes  Boloniae  su- 
pra  Mare  (5),  cum,  propter  ecclesias  quas  deprimebat 
et  viduas  et  orphanos  quos  depauperabat,  esset  excom- 
municatus,  tandem  (juaerens  sibi  similes,  ad  excom- 
municatos  se  transtulit.  Nam  confoederalus  est  Othoni 
imperatori  ac  Johanni  Anglorum  regi  (4)?  propter 
quod  Philippus  rex  Francise  eidem  comitatus  Bolonia?, 
Moretonii,  Domni-Martini  et  Abbee-Mallee ,  quos  tam 
dono  regis  quam  potentia  dictus  [Reginaldus]  comes 


(1)  Ferrand  ou  Ferdiaand  etait  le  deuxieme  fils  de  Sanche  l", 
moote  sur  le  trone  de  Portugal  en  11 85,  et  mort  l'an  121 1  ou  12 12. 
Par  son  mariage  avec  la  fiUe  de  Baudouin,  Ferrand  devint  comte  de 
Flandre. 

(2)  Guillaume  de  Kangis  desigue  ici  Mathilde  ou  Therese,  soeur  du 
roi  Sanche  l^'  et  tante  de  Ferrand ,  d'abord  ferame  de  PhiUppe  d'Alsace 
comte  deFlandre,  puis  dEudes  III  duc  de  Bourgogne. 

(5)  Renaud  comte  de  Damraartin  etait  devenu  comte  de  Boulogne 
par  son  mariage  avec  Ida,  fiUe  de  Matthieu  d'Alsace,  heritiere  de  ce 
comte.  Voy.  piushaut,  annee  1197,  p.  108. 

(4)  Voy.  dans  Goill.  le  Breton,  l'acte  de  riiommage  fait  par  Rei- 
naud  a  Jean-sans-Terre,  Hist.  de  Fr.,  t.  XVII,  p.  87. 


1 42  CHRONICON 

possederat,  [abiMpuil  (r)],  et  omnes  illis  [comitatibus] 
appenclentias  occupavit;  et  sic  comes  [Reginaldus]  a 
loto  regno  Franciae  repulsus,  ad  comitem  Barri  cogna- 
tum  suum  accessit  et  apud  eum  mansit  (a). 

[Eodem  tempore]  cognitum  est  quod  Raimundus 
comes  Tholosanus  foveret  haereticos  Albigenses,  et  ideo 
a  nostris  cunctis  ad  diripiendum  est  expositus,  et  tan- 
quamrefuga  fidei  ac  pubbcus  hostisEcclesiaejudicatus. 

Nivernis  cathedralis  ecclesia  conflagratur. 

Philippus  rex  Franciae,  praelatis  et  baronibus  regni 
sui  Suessionis  convocatis,  dedit  ibidem  Mariam  filiam 
suam,  reUctam  Philippi  comitis  Namurcii ,  duci  Bra- 
bantiae  in  uxorem.  Fuit  etiam  ibidem  de  transfretando 
in  Angliam,  consentientibus  baronibus,  ordinatum. 
Causa  vero  quae  regem  movebat  haec  erat  :  ut  episco- 
pos  Angliae  in  regno  Franciae  exsulantes  ecclesiis  suis 
restitueret,  ibique  divinum  ofJicium,  quod  jam  per 
septennium  in  Anglia  tota  cessaverat,  renovari  faceret, 
et  ut  regem  ipsum  Johannera  ,  qui  nepotem  suum  Ar- 
turimi  comitem  Britanniae  occiderat,  qui  etiam  plu- 
rimos  parvulos  obsides  suspenderat  et  innumera  fla- 
gitia  perpetraverat,  vel  poenae  condignae  subjiceret, 
vel  a  regno  prorsus  expellens,  secundum  interpre- 
tationem  agnominis  sui ,  sine  terra  efiiceret.  Soius 
Ferrandus  comes  Flandriae  regi  Philippo  suum  ne- 
gavit  auxilium,  quia  Johanni  regi  Angliae,  mediante 
Reginaldo  comite  Boloniensi,  confoederatus  erat. 

Philippus  rex  Franciae  miraos  a  curia  sua  fugat,  dans 
exemplum  aliis  principibus. 


(i)  Ce  mot  manque  dans  les  Mss.  4917-20 

(a)  II  en  est  de  meme  des  quatre  mots  et  ap.  e.  manait. 


GUILLELMl  DE  JNANGIACO.  \4'A 

MCCXIII. 

Philippus  rex  Franciae  Ingeburgem  uxorem  suam, 
a  qua  jam  per  annos  sexdecim  et  amplius  dissenserat,  et 
apud  Stampas  in  turre  (i)  custodiri  feceral,  in  gratiam 
recepit ,  ex  quo  Francorum  populus  plurimum  exul- 
tavit. 

Navigio  Philippi  regis  Franciae  ad  eundum  in  An- 
gliam  parato ,  venit  ipse  rex  cum  [magno]  exercitu  Bo- 
loniam,  et  ibi  per  dies  aliquos  naves  hominesque  suos 
hinc  et  inde  venientes  exspectans,  transivit  usque 
Gravaringas  villam  in  finibus  Flandriae  sitam,  ad  quam 
tota  classis  ejus  secuta  est  eum.  Ibi  ex  condicto  Fer- 
randiis  [comes  Flandrensis]  exspectatus  nec  venit ,  nec 
in  aliquo  satisfecit,  licet  ad  ejus  petitionem  ille  dies 
ad  satisfactionem  eidem  assignatus  a  rege  fuisset. 
Propter  quod  rex,  dimisso  proposito  transfretandi  in 
Angliam  ,  terram  Flandriae  invasit,  Cassellum  cepit  et 
Ypram,  et  totam  terram  usque  Brugias,  Facta  etiam 
voluntate  suadeBrugiis,  profectus  est  Gandavum  (2), 
relictis  paucis  militibus  et  satellitibus  ad  custodiam 
navium  quee  secutee  eum  fucrant  per  mare  usque  ad 
por tum  prope  Brugias,  nom ine  Dam .  [Proposi tum  enim 
regis  erat,  acquisito  Gandavo,  in  AngUam  transfre- 
tare,-  sed  dum  esset  in  obsidioneGMudavi],  Reginaldus 
comes  Bolonise  ,  qui  pro  delictis  suis  a  fncieregis  Fran- 
corum  fugiens  tunc  cum  rege  Anglise  morabatur,  et 
quidam  alii  missi  latenter  [per  aequora]  ex  parte  regis 
Angliae,  magnam  partem  navium  regis  Franciae  occu- 
paverunt,  et  portum  [Dam]  ac  villam  celeriter  obse- 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  incastro. 

(2)  Le  Ms.  10298-6  porte  parerrenr  Dau^anum. 


144  CHRONICON 

clerunt.  Quo  rex  cognilo,  obsidione  Gandavi  dimissa, 
ad  Dam  reversus  obsidionem  sohit,  et  illos  fugere 
compulit,  multis  tamen  eorum  occisis,  submersis  (i) 
atque  captis,  sed  maxima  parte  navium  suarum  perdita. 
Residuas  autem  naves  victualibus  et  rebus  aliis  evacuari 
praecipiens,  immisso  igne,  ipsas  et  villam  ac  totam  in 
circuilu  regionem  incendio  consumsit;  et  receptis 
obsidibus  de  Gandavo,  Ypra,  Brugis,  Insula  et  Duaco, 
in  Franciam  remeavit. 

Joannes  rex  Anglise,  cognoscens  se  exosum  multis, 
vidensque  quod  esset  in  periculo  lionor  suus,  timuit 
timore  magno  :  et  volens  placare  plures  quos  laeserat, 
primo  placavit  Papam  muneribus,  subjectos  suos  raan- 
suetudine,  praelatos  et  archiepiscopum  Cantuarien- 
sem  Stephanum  quem  exsulaverat  indulgentia  rever- 
tendi.  Absolutionem  vero  a  Papa  obtinens,  tradidit 
eidem  in  feodum  regnum  suum,  mille  marchas  in  re- 
cognitionem  singulis  annis  soluturus,  septingentas 
scilicet  ex  Anglia  et  trecentas  ex  Ilibernla. 

Simon  de  Montefortl ,  qui  contra  Albigenses  haere- 
tlcosapud  Carcassonamrellctus  fuerat,  incastroquod 
Murellum  dlcitur,  non  longe  a  Tholosa,  a  comiteTho- 
losano  Raimundo,  qui  hoereticos  fovebat,  et  rege  Arra- 
gonum,  qui  in  auxiliumejus  convenerat,  atque  a  co- 
mite  Fuxi  obsessus,  mlrabile  praellura  perpetravlt. 
Nnm  cum  non  habcret  nlsi  ducentos  et  sexaginta  mi- 
lites  et  quingentos  satellltes,  equites  et  peregrinos, 
pedites  vero  septlngentos  inermes,  audlta  mlssa  (2)  et 

(i)  Edit.,  multis  tdincn  suorum  occisis,  subvcrsis,  etc.  Les  Mss.  ^Qi^» 
4918,  4920  donnent  aussi  submersis. 

(■2)  Edit.  et  Mss.  ^(^i'j--io,  audita  missa  (Jp  Spiritu  Sancto  et  ejus  in- 
vocata,  etc. 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  145 

Siincti  Splritus  invocata  gratia,  de  castio  exeuntes, 
cum  eis  puguaverunt  et  inaudito  fere  rairaculo  ()), 
septemdecim  millia  hostium  et  regem  Arragonum  oc- 
ciderunt;  porro  de  numeroSimonis  nonnisi  octo  illo 
die  ceciderunt.  Hic  Simon  cum  esset  in  bellisstrenuis- 
simus  et  multum  occupatus,  tamen  quotidie  missam 
et  omnes  horas  canonicas  audiebat. 

Johannes  rex  Angliae  Rochellam  applicuit  cum  mul- 
titudine  armatorum.  Contra  quem  Philippus  rex 
Franciae  misit  filium  suum  Ludovicum  (2);  ipse  vero, 
collectis  virihus,  ire  in  Fiandriam  contra  Ferrandum 
disponebat. 

Gaufridus  Silvanectensis  episcopus  ,  renuntians 
episcopatui,  apud  abbatiam  Karoli-Loci  se  transtulit; 
cui  successit  frater  Garinus,  Hospitalis  Jerosolymitani 
professus,  Philippi  regis  Franciae  specialis  consiliarius. 
Similiter  Gaufridus  Meldensis  episcopus  episcopatui 
renuntiavit,  et  in  monasterio  sancti  Victoris  Parisius 
divinae  contemplalioni  se  arctius  mancipavit;  cuisuc- 
cessit  Guillermus  cantor  Parisiensis. 
MCCXIV. 

Johannes  rex  Angliae ,  comiti  Marchiae  (3)  et  caeteris 
proceribus  Aquitaniae  reconciliatus,  urbem  Andega- 
vim  cepit;  raittensque  cursores  cum  turba  railitum 
ultra  Ligerim,  juxta  Nannetum  ceperunt  Robertum, 
comitis  Drocarum  (4)  primogenitum,  qui  in  auxilium 
Ludovici  Philippi   regis  Franciae  primogeniti  conve- 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  etvirtute  divinafreti. 
[1)  Depuis  roi  sous  le  nom  de  Louis  VIIL 

(5)  Hugue  de  Lusignan ,  dixierae  du  nom ,  comte  de  la  Marche  et 
d'Angouleme. 

(4)  Les  Mss.  4917-20  porteut  comiiis  Drocarum  Roberti. 
I.  10 


146  CHRONICON 

iierat.  Qul  tanlis  successibus  eiatus,  praesumens  resi- 
iluum  terrae  [amissae]  recuperare,  castrum  quod  Ru- 
pes-Monachi  dicitur,  transito  Ligeri,  obsedit.  Quo 
audito,  Ludovicus  regis  Francorura  filius,  qui  apud 
Kinonam  (i)  in  Turonia  morabatur,  obsessos  succur- 
rere  properavit.  Cumque  per  unam  jam  tantum  dietam 
a  loco  distaret  [Francorum]  exercitus,  Joliannes  rex 
Angliae,  sibi  timens,  relictis  papilionibus  ac  belli 
utensilibus,  et  ad  urbem  Andegavim  Ligerim  transiens, 
revertitur  in  Aquitaniam,  sicut  Esaii  vagus  et  profugus 
omnia  derelinquens.  Ludovicus  autem  urbem  Ande- 
gavim  recuperans,  muros  ejus,  quos  Johannes  repa- 
raverat,  destruxit. 

Pliilippus  rex  Franciae,  eodem  tempore  quo  filius 
ejus  Ludovicus  contra  regem  Anglise  in  Pictavia  decer- 
tabat ,  in  terram  comitis  Flandriarum  Ferrandi  hosti- 
liter  intraverat,  et  usque  ad  Insulam  omnia  vastaverat. 
In  reditu  vero  ejus  ab  Insula,  Otho  imperator  depo- 
situs,  nepos  regis  Angliae,  qui  apud  Valentinianas  (2) 
in  auxilium  Ferrandi  comitis  Flandriarum  advenerat, 
cum  non  distaret  a  rege  nisi  per  quinque  milliaria, 
de  Morclania  juxta  Tornacum  movit  exercitum 
prope  pontem  Bovinarum ,  ut  m  retrogaidam  regis 
Franciee  insultum  faceret  inconsulte.  Cumque  rex 
[Franclae]  Othonem  venientem  cum  exercitu  cogno- 
visset,  jussit  acies  suas  stare.  Visoque  quod  hostes, 
quasi  (3)  divino  territi,  non  venirent,  jussit  iterum 
acies  praeparare ;  et  cum  jam  fere  medietas  sui  exercitus 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-19,  Quinonem. 

(•2)  Telle  estaussi  la  lecon  des  Mss.  4917,  4918  et  4919-  On  litdans 
les  edit.  precedentes,  Valentinnas ,  et  Valencianas  dans  le  Ms.  ti,<^io. 
(5)  Kdit.  et  Mss.  4917-19.  casn  divitio. 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  1<I7 

pontem  Bovinarnm  translssct,  et  ipse  rex  prope  pon- 
tem ,  proborum  milltum  vallatiis  multitudlne,  post 
suum  exercitum  jam  venisset,  hostes  prolinus,  quasi 
stupore  quodam  et  horrore  percussi,  diverterunt  a 
latere  exercitus  versus  Septentrionem,  solem  qui  die 
illo  ferventius  incaluerat  pvpe  oculis  tunc  habentes. 
Quod  rex  Francorum  videns,  tubis  iiisonuif ,  assump- 
tisque  armis  suas  acles  [quae  praecesserant]  revocavit, 
et  eas de  tuenda  corona  Francise  legni  diligenter  com- 
monens,  protinus  in  hostessecommersit.  Ouid  plura? 
Der  spatium  unius  diei  invicem  pugnaverunt.  Tandem 
rex  Francorum,  licet  diu  fortiterque  pugnaverit,  et 
ad  terram  prostratus  diuque  jacuerit,  tamen,  equo 
recuperato  et  Dei  fretus  auxilio,  hostesundique  supe- 
ravit.  Otho  autem  imperator,  dux  Lovaniae,  comes  de 
Lambourc  (i),  Hugo  de  Boves  et  multi  aHi  victi  (2) 
terga  vertentes,  fugae  praesidio  se  salvarunt,  signa  im- 
perialia  relinquentes.  Comes  vero  Flandriarum  Fer- 
randus,  Reginaldus  comes  Boloniae,  et  Guillermus 
comes  Salisberiensis  et  frater  cjus,  duoque  comites 
Alemanniae  (5),  et  multi  magni  nominis  tam  barones 
qnam  alil  capiuntur;  multi  tamen  ex  parte  Othonis, 


(i)  Edit.,  de  Limburgo ;  Mss.  4917-20,  cfe  Lamburgo.  Le 
comte  de  Litribourg  se  nommait  Henri.  Quant  au  comte  de  Louvain, 
il  appartenait  alors  aux  ducs  de  Lothier  et  de  Brabant.  Un  des  fils 
d'Henri  le  Guerroyeur  duc  de  Lotbier  de  1190  a  i255,  nomme  Go- 
defroi ,  porta  le  titre  de  sire  de  Louvain. 

(2)  l.e  raot  victi manque  dans  les  edit.  et  dans  les  Mss.  49^7  20. 

(3)  Ces  deux  comtes  sont  nommes  par  Guillaume  le  Breton  Othon 
de  Teklenbourg  et  Conrad  de  Dortmund.  Ilist.  de  Fr.,  t.  XYII,  p.98. 
Le  meme  auteur  donne  p.  loi  et  102  uue  liste  des  prisonniers  qui 
fui-ent  faits  a  la  bataiile  de  Bouvines  et  qui  furent  enfermes,  soit  au 
grand  et  au  petit  Chalelet,  soit  a  Compiegne. 


148  CHROJNICON 

paucl  vero  de  parte  regis  Franciae  perierunt.  Et,  sicut 
illl  qui  capti  fuerant  aiebant,  numerus  Othonis  mi- 
litum  mille  quingentorum  ,  et  aliorum  bene  armato- 
rum  centum  quinquaginta  millia ,  prseter  vulgus;  et 
infra  diem  tertium  liabiturl  erant  quingentos  milites 
et  pedites  infinitos.  Sed  misericors  Deus  in  rege 
Franciae  et  suis  Moysi  canticum  adimplevit;  nara  per- 
sequebatui-  unus  mille  et  duo  fugabant  decem  mil- 
lia  (i).  Rex  autem  Franciae ,  peracto  negotio  captisque 
hostibus,  per  castella  sua  illos  mittens  sub  arcta  custo- 
dia  ,  Ferrandum  comitem  Flandriae  secum  ducens,  Pa- 
risius  est  reversus;  ubi  a  clero  et  populo  cum  gaudio 
lacrymabili  et  inauditis  laudibus  est  exceptus.  De  hoc 
siquidem  bello  quidam  verslficus  sic  ait  (2)  : 

Annosbis  septem  Domini  cum  mille  tlucentis 
Junge,  die  quinta  julii  finem  facientis  (3), 
Frangunt  Francigenne  Flandrensis  cornua  gentis, 
Mullis  principibus  tecum  ,  Ferrande  ,  retentis. 
Tu  quoque  viclus,  Olho ,  quid  possit  Francia  sentis  , 
A  facie  Regls  fugiens  tua  terga  sequentis. 

Plclavenses,  audita  faraa  victorlae  regis  Francorum 
Phllippl,  multum  perterriti,  raissis  legationibus  elabo- 
raverunt  roij^I  Philippo  rcconciliari.  Rex  autem,  eorum 
perfidiam  multotlens  expertus,  non  acqulevlt,  sed 
collecto  cxercitu,  in  Pictavlam,  ubi  proprie  (4)  ciat 
Johannes  rex  Angliae,  accessit.  Quod  agnoscens  vice- 
comes  [Thoarcii]  tantum  fecitper  comltem  Brltannlae, 

[i)  Deuteron.  xxxii,  5o. 

(•2)  Les  vers  suivants  ne  se  trouvent  que  dans  le  Ms.  10298-G. 

(3)  C'est-a-dire  le  cinquicme  jour  avant  la  fin  de  juillet,  le  27  dc  ce 
mois. 

(4)  Edit.  et  Mss.  49 '7>  49i8,  prope. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  H9 

cujiis  11X01"  ejusdem  vlcecomitls  iieplis  erat,  quod  in 
amicitiam  regis  Franciae  receptus  est.  Sed  et  ipse  rex 
Anglorum  Johannes,  cum  septemet  decemmilliaribus 
ab  iilo  distaret,  et  nec  haberet  quo  fugeret  nec  ut  in 
apertum  pugnaret  procedere  auderet,  misso  coniite 
Cestriae  Renulpho  cum  Roberto  legatodomini  Papae  et 
aliis,  de  induciissive  trebis  (i)  Iractari  coeplt.  Cul  rex 
Philippus  qulnquennes  inducias  ex  solita  benignltate 
concesslt  et  Parisius  remeavit  (2). 

MCCXV. 

Propter  victoriam  Othoni  Imperatori  apud  Bovinas 
a  Domino  denegatam,  in  tantum  detecerunt  ab  ejus 
auxillo  viri  multl ,  quod  fortunae  cedens  et  ab  Infortu- 
nlo  non  dlscedens,  In  patrimonio  suo,  scillcet  In 
Saxonla,  deglt,  imperio  denudatus  necnon  et  socio- 
rum  suorum  solatio  desolatus.  Qul  tandem  morbo 
dysenteriae  laborans,  convocatis  episcopis  alioque 
clero  cum  lacrymis  absolutionem  petilt,  petitamque 
acclplens  non  dlu  postea  vixit  (5). 

Fredericus  rex  Slclliae,  qui  jussu  Innocentii  papae 
apud  Maguntiam  In  regem  Alemannl.T  coronatus  fue- 
ral ,  audito  quod  Otho  a  partibus  Flandrlarum  sine 
vlctoria  In  patriam  suam  remeasset,  a  partibus  Suavlae 
ubl  tunc  morabatur  movlt  exercltum,  et  Aquisgranl 
pervenlens ,  obsedit  villam  et  expugnavit,  ibique  oc- 


(i)  Les  mots  et  aliis  et  sive  Irebis  mauquent  dans  les  edit.  et  dans 
les  Mss.  4917-20. 

(2)  Voirletraite  dansGuiLL.  le  Breton,  Hist.  de  Fr.,  t.XVII,  p.  io3. 

(5)  Othon  IV  mourutle  19  mai  1218.  11  eut  pour  successeur  Fre- 
deric  II,  surnomme  Roger,  fds  d'Henri  VI  et  de  Constance  de  Sicile. 
Frederic,  ne  le  26  deccmbre  1194,  vecut  jusquau  i5  decembre  ijl5o. 
Vov.  plus  haut,  p.  109  et  suiv. 


150  CHRONICON 

tavo  kalendas  augusti  (ij  in  regem  iteriim  Aleman- 
niae  sublimatur.  Mox  ,  ne  de  honore  percepto  Deo  in- 
gratus  existeret,  signum  crucis  dominicse  assumpsit , 
in  Terrae  Sanctae  subsidium  cum  aliis  profecturus. 

Quidam  proceres  regni  Angliae  contra  regem  suum 
Johannem  insurrexerunt,  propter  quasdam  consuetu- 
dines  quas  observare  nolebat  sicat  jSrmaverat  jura- 
mento  (2).  Favit  vero  magnatibus  plebs  pedestris , 
manus  scilicet  rusticana  et  plurimae  civitates.  Qui 
timentes  tamen  ne  possent  ei  usque  in  finem  resistere, 
Ludovicum  regis  Francorum  primogenitum  de  fe- 
rendo  sibi  auxilio  per  internuntiosconvenerunt,  pro- 
mittentes  eidem,  expulso  rege  suo,  totius  Angliae 
monarchiam;  qui  acceptis  obsidibus  ab  eisdem,  mili- 
tum  eis  multltudinem  destinavit  (5). 

Mense  septembri  passi  naufragium  et  submersi  sunt 
raulti  viri  nobiles,  tam  Brabantii  quam  Flandrenses, 
volentes  transire  in  Angliam  in  auxilium  regis  qui 
profusa  stipendia  venientibus  in  suum  auxilium  pro- 
mittebat.  Laetati  igitur  sunt  regis  adversarii  super 
interitu  submersorum  et  ad  rebellandum  (4)  vehe- 
mentius  animati ,  asserentes  quod  esset  manifeste  in 
omnibus  manus  Domini  contra  regem. 

Mense  novembri ,  Innocentius  papa  tertius  generale 
concilium  quod  Lateranensedicitur  Romae  celebravit; 
in  quo  fuerunt  eplscopl  quadringenti   et  duodecim , 

(i)  Le  25  juillet. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-^07  quas  ohscrvari  prceccperat ,  sed  nolebnt 
eas ,  sicut  juravevat ,  observare. 

(5)  Guillaunie  le  Bieton  dit  que  Louis  agit  ainsi  contre  le  sentinient 
dn  roi  son  pere.  Hisl.  de  Fr.,  t.  XVII,  p.  109,  a. 

(4)  Edit.  otMss.  4917-20,  iiiper  quo  la^inli  (al  brafi)  re^is  ad\'C'- 
sarii,  ad  rcbcllandurn ,  etc. 


GUlLLELMi  DE  NANGIACO.  151 

iiiter  quos  patiiaichse  duo  afTuerunt,  scilicet  Cou- 
staiitiiiopolitanus  et  Jerosolymitaiius.  Antiocheiius 
vero,gravi  morbo  detentus ,  venire  nonpotuit,  [sed 
raisit  pro  se  episcopum  Antaradensem  (i)  .Alexandri- 
nus  etiam  sub  Sarracenorum  dominio  constitutus 
fecitquod  potuit,]  mittens  pro  sediaconum  germanum 
suum  (2).  Primates  autem  metropolitae  septuaginta 
unum,  abbatesque  et  priores  conventualesultraoctin- 
gentos;  legatorum  vero  imperatoris  Alemanniae,  im- 
peratoris  Constanlinopolitani,  regis  Franciae,  regis 
Jerusalem,  regis  Angliae,  regis  Cypri ,  regis  Hispa- 
niae  aliorumque  regum  et  principum  ingens  adfuit 
multitudo.  Ibique  sancta  synodus  multa  utilia  consti- 
tuit,  multaque  constituta  a  retroactis  temporibus  con- 
flrraavit.  Raimundus  autem  comes  Tholosanuset  filius 
ejus  Raimundus  tamquam  haeretici  condemnantur, 
multique  alii  heeretici  et  fautores  eorum  gladio  ana- 
thematis  feriuntur.  Libellus  vero  vel  tractatus  deTri- 
nitate,  quem  abbas  Joachimcontra  magistrum  Petrum 
Lombardum  edidit,  reprobatur;  et  perversum  Amo- 
rici  dogma  tamquam  impium  et  haereticum  condem- 
natur. 

[Eodem  tempore]  cum  quidam  faterentur  Diony- 
sium  Areopagitam  fuisse  [Dionysium  Corinthiorum 
episcopum  et]  in  Gr,Tcia  mortuum  (3)  et  sepultum , 
aliumque  Dionysium  extitisse  qui  fidem  Christi  Fran- 
corum  populis  (4)  praedicavit;  alii  vero  assererent  il- 
lum,   post  mortem  beatorum  apostolorum   Petri    et 

(i)  Tous  les  Mss.  porlent  Andadensem. 

(2)  Le  Ms.  49*20  porte  Gcrmanum  diaconumsuurn. 

(3)  Edit.  et  Mss.,  pnssum  martyrium 

(4)  Edit.  et  Mss.,  ajjud  Parisius  in  Gallia. 


152  CHRONICON 

Paull ,  venisse  Romam  et  a  sancto  Clemente  papa  [Pe- 
Iri  apostoli  successoie]  in  Galliam  destinatum,  Inno- 
centlus  papa  tertius ,  neutri  volens  preejudlcare  sen- 
tentiae,  sed  cupiens  ecclesiam  beati  Dlonysii  in  Francia 
honorare,  corpus  sancti  Dionysli  Corlnthiorum  epis- 
copi  [et  confessoris],  quod  quldam  cardinalis  legatus 
e  Graecla  apud  Romam  (i)  detulerat,  apud  praedlctam 
sancti  Dionysil  eccleslam  In  Franciam  [per  monachos 
illius  monasterii  missos  ad  concilium]  destinavit,  et 
ad  has  sanctas  reliqulas  venerandas  omnibus  venien- 
tlbus,  vere  poenltentlbns  et  confessls ,  quadraginta 
dles  de  injunctis  sibi  poenitentils  relaxavlt. 

MCCXVI. 

Simon  de  Monteforti ,  qui  apud  Carcassonam  contra 
Albigeiises  heereticos  a  Francis  rellctus  fuerat,  venit 
in  Franciam  contra  Arragones  auxlllum  petiturus,  a 
quibus,  propter  necem  Petri  regls  Arragonum,  assul- 
tus  asslduos  sustinebat.  Qui  infra  paucos  dles  centum 
viginti  milites  colllgens,  de  Francia  reversus  celeriter 
secum  duxit. 

Galo  sancti  Martini  presbyter  cardinalls,  legatus  in 
Franciam  a  Papa  missus,  diligenter  raonult  Ludovi- 
cum  primogenltumregis  Franciae  ut  a  proposito  trans- 
eundl  in  Angllam  contra  regem  Angllae  desisteret; 
patremque  suum  Phillppum  regem  ut  fillo  transltum 
dissuaderet  monens  consimillter ,  denuntlavit  ei  sen- 
tentiam  excommunlcationls  quae  a  Papa  lata  fuerat  in 


(i)  De  La  Barre  et  Mi\I.  les  editeurs  des  Historiens  de  France  ont 
conserve  la  lecoa  vicieuse  de  la  premiere  edition  legatus  iii  Greciani 
Homa?  dctulera/ ,  sans  roprodnir»!  la  correction  de  d'Acliery  t:  Grwcia 
Rnmain ,  quc  ronfirnic  si  bicnle  tcxlc  du  Ms.  io.^c)8-(J. 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  153 

omnes  legi  Aiigliae  adversantes.  Ciimque  nihil  profi- 
ceret,  navigavit  in  Angllam,  compositurus  pacem,  si 
posset,  inter  regem  et  proceres  Anglicanos.  [Sed 
interim]  Ludovicus  regis  Franciae  primogenitus,  na- 
vigio  prseparato  (i),  transiit  in  Angliam  et  ab  liis  qui 
eura  advocaverant  jucunde  et  reverenter  est  susceptus, 
homagia  recipiens  eorumdem.  Sed  Galo  cardinalis  , 
pugnans  pro  rege  Angliae  [spirituali]  gladio  sancti  Pe- 
tri,  terras  eorum  qui  Ludovico  adhaeserant  interdicto 
supposuit,  et  personas  eorum  vinculo  anathematis 
innodavit. 

Tertio  idus  junii  Henricus  Constantinopolis  impe- 
rator  apud  Thessalonicam  obiit,  anno  imperii  sui  duo- 
decimo  (2).  Post  cujus  decessum  Petrum  de  Courte- 
naio  Autissiodorensem  comitem,  [Philippi  regis 
Franciae  consanguineum  et  Henrici]  defuncti  impe- 
ratorls  sororium  (3),  in  imperatorem  [Graecorum 
Franci  etLatini]  (4)  communiterelegerunt,  et  ad  eum 
quaerendum  in  Franciam  solemnes  nuntios  destinave- 
runt.    [Quibus    susceptis    electioni    assentiens,    cum 


(i)  Voir  dans  VHistoire  des  ducs  de  Normandie  et  des  rois  d' An- 
gleterre,  lecemment  publiee  pour  la  Societe  de  1'Histoire  de  France, 
par  M.  Fr.  Michel ,  une  liste  des  chevaliers  qui  accompagnerent 
Louis  VIII,  p.  i65  et  suiv. 

(2)  Le  commencement  du  regne  d'Henri  est  compte  ici  du  mois 
d'avril  i2o5,  epoque  ou  apres  la  prise  de  Baudouin  I",  a  la  bataille 
d'Andrinople,  Henri  fut  eiu  regent  de  l'empire.  Les  edit.  precedentes 
et  les  Mss.  4917-20  portent  anno  decimo,  en  comptant  les  annees  du 
regne  d'Henri  a  partir  de  son  couronnement  qui  eut  lieu  le  20  aoiit 
1206.  —  Le  5  des  ides  de  juin  est  le  onzieme  jour  de  ce  mois. 

(3)  Pierre  de  Courtenai  comte  d'Auxerre,  petit-fils  de  Louis-le- 
Gros,  eut  pour  seconde  femme  Yolande  de  Hainaut ,  soeur  des  empe- 
reurs  Baudouin  et  Henri. 

(4)  Mss.  49'7-20,  in  imperatorem  Grteci ,  Franci  rt  Lat.,  etc. 


154  CHRONICOIN 

uxore  Yole,  comitlssa  Namurcii,  venitRomam,  duo- 
bus  filiis  quosde  ipsa  habebat  Namurcio  derelictis.] 

Innocentius  papa  decessit,  cui  successit  Honorius 
tertius  [natione  Romanus],  prius  Johannis  et  Paub 
presbyter  cardinalis  (i). 

Eodem  etiam  tempore  mortuus  est  Johannes  rex 
Angliae ,  cui  successit  Henricus  fiUus  ejus,  puer  decen- 
nis,  et  a  Galone  legato  Romanae  curiae  ad  regnum  An- 
gbae  coronatur.  Quo  facto  Ludovicus  regls  Franco- 
rum  prlmogenitus  de  Anglis  confidens,  obsldes  [quos 
ab  eis  receperat]  bberavlt,  et  dlmisso  exercltu,  [ut 
alium  majorem  congregaret]  in  Franciam  reversus 
est. 

MCCXVII. 

Ludovicus  filius  regis  Franclee ,  congregata  post 
Pascha  (2)  equestri  pedestrique  multitudine,  in  An- 
gliam  remeavlt ,  aegre  ferens  et  indigne  quod  quidam 
ex  nobllloribus  Angliae  in  absentia  sua  eum,  spretis 
juramentis,  rellquerant  et  in  partem  transierant  novi 
regis.  Qul  dum  Devoram  (3)  obsedisset,  Thoraas 
comes  Pertici,  qul  In  auxilium  ejus  convenerat,  apud 
Linconiam,  Angllae  civitatem,  dolo  Anglorum  est 
occisus.  Quo  audlto  Ludovicus ,  perclpiens  prodilio- 
nem  et  Infidelltatem  Anglorum ,  incensis  machinis 
suis,  seetsuos  Londoniam  transtulit.  Etpostea,  vldens 
dolos  baronum  Angllae  ac  persecutionem  totlus  regnl 


(i)  Ce  titre  n'est  donne  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(2)  Suivant  l'auteur  de  VHistoire  des  ducs  de  Normandie  et  des  rois 
dAngleterre,  p.  188  et  suiv.,  Louis  s'embarqua  le  samedi  saint,  qui 
lomba  cette  annee-la  le  25  mars. 

f5)  Telle  est  la  lecon  dc  tous  les  Mss.,  Ics  deux  premieres  cdil. 
portent  Doveinm. 


GUILLELMI  DE  NA^GIACO.  155 

et  impedimenta  portimm  propler  se  ipsum ,  sed  et  in- 
tentionem  Galonis,  sedis  apostolicae  legati ,  qiii  totis 
nisibus  procurabat  impedimentura  ipsius  atque  suo- 
rum,  timens  quod  si  Londonia  exiret  cum  Anglis  pu- 
gnaturus,  clauderentur  sibi  portae  revertenti,  facta 
compositione  (i),  rediit  in  Franciam;  qui  utique  mi- 
rabilem  victoriam  habuisset  si  debitam  fidelitatem 
invenisset. 

Honorius  papa  consecravit  Petrum  comitem  Autis- 
siodorensem  et  Yolem  uxorem  ejus,  [comitissam  Na- 
murcii] ,  sororem  Henrici  imperatoris  Constantino- 
politani,  sicut  superius  dictum  est,  defuncti ,  ad 
Constantinopolitanum  imperium,  Romaej  in  ecclesia 
sancti  Laurentii  extra  muros,  [nejus  in  Romano  im- 
perio  habere  viderentur].  Qui,  nono  die  suae  conse- 
crationis ,  ab  urbe  cum  uxore  recedens ,  duxit  secum 
circiter  (2)  centum  sexaginta  milites  et  servientes 
plurimos  ad  pugnam  armis  et  animis  praeparatos.  Cui 
Johannes  de  Columna ,  presbyter  cardinalis,  legatus 
in  Romania  et  Venetia,  apud  Brundusium  occurrit, 
seque  ei  ad  transeundum  in  Graeciam  sociavit.  Statim- 
que  mari  transito,  urbem  Dyrrachium  obsidet  impe- 
ralor.  Promiserat  enim  Venetis,  et  inde  litteras  confe- 
cerat ,  quod  diclam  urbem ,  quam  sibl  olim  violentia 
ducis  ablatam  dicebant,  eisdem  protinus  resignaret, 
si  sibi  a  Domino  capiendi  eam  copia  praestaretur.  Im- 


(i)  Le  traite  fait  eutre  le  priace  Louis  et  le  jeune  Henri  III  est 
datedu  20  septembre.  On  ea  peut  voir  le  texte  exlrait  du  Carlulairc 
de  Saint-Gilles  de  Pont-Audenier  dans  d'AcHERY,  Spicil.,  in-fol.,  t.  III, 
p.  586,  et  dans  Rvmer,  t.  I,  p.  221. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  recedens  eam ,  quin  pree^nans  ernt .  prr 
innre  Constniitiiinpolim  trnii-iinisit  ct  cuin ccntum .  etc. 


156  CHRONICON 

peratrice  tanien  cum  filiabus  suis  apud  Constantino- 
polim  transmissa ,  cum  dies  multos  inutiliter  in  obsi- 
dione  consumsisset ,  imperator,  non  sine  suorum 
maximo  detrimento,  obsidionem  deserere  compulsus 
est;  dumque  iret  apud  Constantinopolim  et  fuisset 
inler  montes  nemorosos  et  fluvios,  ubi  erat  via  diffici- 
lis  ad  transeundum ,  proditionaliter  a  Tiieodoro  duce 
Dyrrachii ,  qui  securum  eidem  conductum  promiserat, 
capitur  cum  suo  comitatu. 

Uxor  iilustris  Simonis  de  Monteforti  venit  in  Fran- 
ciam,  contra  Albigenses  haereticos  auxilium  petitura; 
ita  enimarctaverant  virum  suum  comes  Tholosanus  et 
Arragones,  quod,  perditis  quibusdam  castellis,  vix 
spem  haberet  de  rebquis  retinendis,  nisi  succursus 
sibi  celeriter  praestaretur. 

Isto  anno   fit  ventus   vehementissimus  ,  qui  mul- 

tas   ecclesias   domosque    evertit,  et    evulsit    arbores 

infinitas. 

MCCXVIII. 

Simon  comes  de  Monteforti  [a  Francia  succursu  re- 
cepto]  dum  Tholosara  obsedisset,  ictu  petrariae  per- 
cussus  moritur,  in  crastino  sancti  Johannis  Bap- 
tistae  (i).  Vir  utique  eleganti  forma,  fide  et  armis 
strenuus  et  perpeti  laude  dignus;  cui  successit  in  co- 
mitatu  suo  et  terra  Albigensium  Guido  (2)  filius  ejus. 

Sanctus  Guillermus  Bituricensis  archiepiscopus 
canonizatur  a  papa  Honorio ,  ejusque  successor  Ge- 


(i)  Cette  date  n'est  donnee  que  par  le  Ms.  10298-6,  elle  repond  au 
u5  juin. 

(2)  Lisez  Amalricus ;  le  non»  de  Gui  s'applique  soit  au  frcre  de  Si- 
mon  de  Montforl ,  soit  au  deuxicme  fils  dc  ce  deruier.  Mais  le  fils  ainc 
<]r.  Sinion  clail  Aniauri  <lc  Monlforl  ,  qui  lui  succeda. 


GUILLELMI  DE  NAINGIACO.  157 

rauclus  (i)  moritur ;  cul  successlt  Simon  cantor  Bi- 
turicensis,  nepos  Henrici  quondam  ejusdem  ecclesiee 
archipraesulis 

Hugo  (a)  dux  Burgundiae  morilur  et  apud  Cister- 
cium  sepelitur. 

Galterus  (5)  abbas  Pontiniaci  fit  episcopus  Car- 
notensis. 

Mense  octobri,  vineae  et  arbores  ita  gelu  non  mo- 
dico  sunt  exustae,  quod  exustionem  ejusmodi  se  nemo 
"vidisse  assereret  "vel  audisse. 

Herveus  (4)  Nivernensis  comes,  et  Galterus  ca- 
merarius  regis  Franciae,  ac  muiti  tam  barones  quam 
episcopi  milites  et  plebani  cruce  signati ,  transito 
mari,  circa  festum  apostolorum  Simonls  et  Judae  ap- 
pbcant  Damietam  ;  ubi  Johannes  rex  Jerusalem  et  dux 
Austriae  ad  hanc  singulariter  oppugnandam  cum  va- 
lido  exercitu,  mensemaio,  accesserant,  caeteris  paga- 
norum  (5)  urbibus  praeterraissis :  dicebant  enim,  quod 
si  dicta  civitas  capi  posset,  quodde  facilipoteratTerra 
Sancta  a  gentilibus  emundari.  Deo  autem  favente,  res 
eo  usque  devenerat,  quod  nostri  cum  labore  nimio  el 
strage  multorum  expugnaverant  quamdam  turrim  in 
alveolo  [fluminis]  Nili  sitam,  et  ad  sui  praesidium 
sufficienter  necessariis  praemunitam.  Porroquia  multi 
de  populo  [Chiistiano]  perierunt,   clerici    processio- 


(i)  D'Ach,  Girandus ;  de  La  B.,  Girardus ;  Hist.  de  Fr.,  Giraudus. 

(2)  Lisez  Odo.  Eudes  III  duc  de  Bourgogne  succeda  a  Hugues  III,  et 
fut  remplace  par  Hugues  lY. 

(3)  Mss.  4917-20  etlfist.  de  Fr.,  Guillermus. 

C4)  Tous  les  Mss.  portent  Herveus;  les  deux  premieres  edit.,  Hen- 
ricus. 

(5)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Sarracenorum. 


158  CHRONICON 

iilbus  factis,  in  pane  et  aqua  quatriduanum  jejunium 
omnibus  indixerunt.  Nam  in  vigilia  sancti  Andreae 
apostoli  (i)  intumuerunt  fluctus  maris,  crescentes  et 
excursus  facientes  usque  ad  castra  fidelium ,  et  ex  alia 
parte  incautos  inundans  [Nili]  fluvius  occupavit ,  unde 
navium  et  victuab'um  damna  non  modica  pertule- 
runt.  Duravit  autem  haec  tempestas  assidua  per  tres 
dies.  Invasit  praeterea  dolor  repentinus  quorumdam 
pedes  et  crura  ,  et  caro  corrupta  gingivas  in  dentes 
obduxit ,  potentiam  auferens  masticandi ;  quorum 
plurimi  dolore  morientes,  et  reliqui  usque  ad  tempus 
vernale  durantes ,  caloris  tamen  beneficio  incolumes 
evaserunt.  Sane  in  festo  beatae  Agathae  virginis  (2), 
pater  misericordiarum  et  Deus  totius  consolationis 
suis  In  obsidione  Damieta^  positis  conferre  dlgnatus 
est  victoriam  gloriosam.  Nam,  cum  quidam  Christia- 
norum  fluvium  [Nili]  transissent  causa  undique  obsi- 
dendi  civitatem,  soldanus  Babyloniee  (3)  et  sui,  qui 
cum  multo  exercitu  super  ripam  fluvii  tentoria  sua 
fixerant,  divino  terrore  perterriti,  ante  lucis  auro- 
ram  in  fugam  versi  sunt  sua  tentoria  relinquentes; 
quod  nostri  perpendentes  statim  fluvium  transeunt, 
occiipantes  castra  fugientium,  ubi  spolia  reperiunt  in- 
finila,  et  sic  In  crastino  per  gyrum  a  nostris  obsessa 
fuit  Damleta. 


(i)  Le  29  novembre. 

(2)  Le  5  fevrier. 

(3)  Cest  le  frere  de  Saladin  dont  il  a  deja  ete  question  sous  le  nom 
de  Saphadinus.  11  se  noramait  Malek-el-Adel  Seiffedin-Aboubecr,  et 
mourut  quelques  jours  apres  la  defaite  dont  il  est  ici  question  le 
T)\  aout.  Pour  les  details  de  ce  siege  de  Daniiette,  voy.  Beiin.  i.e  Trk.s., 
p.  56o  et  suiv. 


GUILLELMI  DE  INANGiACO.  159 

Pliillppus  rex  Franciae  fecit  constitutionem  gene- 
ralem  per  regnum  suum  de  Judseis  suis,  ut  nullus  in 
vadiura  recipiat  ecclesiae  ornamentum.  Item  ut  Ju- 
dseus  non  tradat  mutuo  pecuniam  religioso  sine  con- 
sensu  abbatis  sui  et  capituli.  Item  ut  nullus  Christia- 
norum  vendere  compellatur  hereditatem  aut  redditus 
suos  propter  debita  Judaeorum ;  imo  duae  partes  he- 
reditatis  seu  reddituum  debitoris  et  plegii  assignentur 
Judaeo,  ac  deinceps  non  currat  debitum,  et  ut  debi- 
tum  non  currat  ultra  annum  a  mutuo  facto.  Item  ut 
libra  non  lucretur  nisi  duos  nummos  in  qualibet  sep- 
timana ,  et  ut  propter  hoc  non  capiatur  corpus  debi- 
toris. 

Jerusalem  quae  inexpugnabiliter  munila  videbatur, 
destructa  est  a  Coradino  (i)  filio  Saphadini  :  muri 
enim  cum  turribus  in  acervos  lapidum  redacti  sunt, 
praeter  templum  Domini  et  turrim  David.  De  sepul- 
chro  autem  Domini  destruendo  consilium  habuerunt 
Sarraceni,  et  hoc  per  litteras  civibus  Damietae  ad 
eorum  solatium  significaverunt;  sed  huic  temeritati 
nemo  manus  [apponere  praesumsit]  propter  reveren- 
tiam  sancti  loci.  Sicut  enim  in  Alchorano  libro  legis 
eorum  scriptum  habent,  ipsum  Christum  Dominura 
nostrum  credunt  de  Maria  virgine  conceptum  et  na- 
tum  ,  ac  sine  peccato  vixisse,  prophetam  et  plus  quam 
prophetam  protestantes,  caecos  illuminasse,  leprosos 
curasse,  mortuos  suscitasse  et  ad  coelos  asseverant  fir- 
miter  ascendisse.  Unde  in  tempore  treugarum  sapien- 
tes  ipsorum  Jerosolymam  ascendentes,  codices  Evau- 


(i)  Malek-el-Moadliam  Scharfeddin  ,  deuxieme  fils  de  SeitFeddin  et 
snltan  de  Damas. 


160  CHRONICON 

geliorum  sibi  exhiberi  postulabant,  et  osculabantur 
eA  venerabantur,  propter  munditiam  saiictae  legis 
quara  Christus  docuit,  et  maxime  propter  evange- 
lium  (i)  Lucse,  scilicet  :  Missus  est  Gahriel  quod 
litterati  inter  ipsos  saepius  repetunt  et  retraclant  (2). 
Lex  autem  illorumquara,  Diabolo  dictantc  ministe- 
rio  Sergii  monachi  et  apostatse  et  haeretici,  Machome- 
tus  Sarracenis  dedit,  scripta  est  arabice,  et  a  gladio 
incipit,  et  per  gladium  tenetur,  et  in  gladio  termina- 

tur  (5). 

MCCXIX. 

Ludovicus,  filius  regis  Francise  Philippi,  post  mor- 
tem  Simonis  de  Monteforti  apud  Tholosam  ictu  pe- 
trariae  defuncti,  cum  copioso  exercitu  cruce  signato- 
rum  de  cunctis  Galliae  partibus  iter  raovet  adversus 
heereticos  [Albigenses  et]  Tholosanos.  Prirauraquecas- 
trum  quod  Mirmanda  (/|)  dicitur  ab  haereticis  munitum 
et  obsidet  et  expugnat.  Quo  facto,  Tholosam  adit  et 
obsidet  diuque  virillter  impugnat.  Sed ,  sicut  dicitur, 


(i)  Le  Ms.  10298-6  porte  evangelia  comme  les  deux  premieres  edit.; 
Mss.  4917-20,  evangelium.  V.  Lucce ,  i,  26. 

(2)  Le  reste  de  l'alinea  n'est  donne  qiie  par  le  Ms.  10298-6.  L'alinea 
tout  entier  est  copie  d'une  lettre,  par  iaquelle  Olivier,  ecolatre  de 
Cologne  et  temoin  oculaire  du  siege  de  Damiette,  fait  connaitre  a  son 
archeveque  Engelbert  la  prise  de  cette  ville  par  les  chretiens.  Yoy.  le 
recueil  de  Bongars,  p.  1188.  La  lettre  d'01ivier  a  ete  aussi  copiee  en 
partie  par  Jacques  de  Vitri.  Ib.,  p.  iiSj. 

(5)  A  Tepoque  ou  ecrivaient  Olivier  de  Cologne  et  Jacques  de  Vitri 
il  y  avait  a  peu  pres  un  siecle  que  TAlcoran  etait  connu  en  Europe  par 
la  traduction  latine  qu'en  avait  fait  faire  et  publier  Pierre  le  Vene- 
rable,  abbe  de  Cluni. 

(4)  Le  Ms.  10298-6  porte  Miranda,  c'est  une  mauvaise  lecon.  II 
s'agit  ici  de  la  ville  de  Marmande  (Lot-et-Garonne).  Voy.  Guill.  de 
Puy-Laup.ens,  dans  le  Rec.  des  Hist  dr  Fr..  t.  XIX,  p.  2i4)  a. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  161 

pioditioiie  aliquorum  nobilium  partis  suae  interve- 
niente,  redire  inefHcax  est  compulsus.  Post  cujus  redi- 
tum,  nostri  qui  remanserant  a  Tholosanis  haereticis, 
solito  audacioribus  factis  ,  multas  molestias  patiuntur, 
nonnulla  (i)  castra  dimittentes  quae,  proditione  quo- 
rumdam,  hseretici  in  suam  redigunt  potestalem. 

Nostri  in  obsidione  Damietae  positi ,  per  ingeniorum 
erectionem  et  lapidnm  fulminationem ,  necnon  per 
terram  et  aquam  frequentes  assultus  facientes,  tota 
aestate  captioni  civitatis  operam  impendebant  :  sed 
Sarraceni  eos  bellis  ordinatis  fortiter  impugnantes, 
a  proposito  ipsorum ,  quod  aliquando  videbatur  proxi- 
mum  effectui,  revocabant.  In  festo  vero  decollationis 
sancti  Johannis  Baptistee  (2)  contra  Soldanum  ad 
pugnandum  superbe  et  inordinate  exeuntes,  cum  in 
fortitudine  sua  non  in  Domino  confiderent,  cadunt 
et  pereunt  multi,  non  tamen  sine  damno  militiae  pa- 
ganorum.  Capti  fuerunt  de  nostris  viri  nobiles  Milo 
de  Nantolio  electus  Balvacensis,  vicecomes  de  Sancta- 
Suzanna  ,  Galterus  regis  Franciae  camerarius,  et  qui- 
dam  alii  Francigenae  potentes,  tilulo  militiae  gloriosi. 
Illo  die  Johannes  rex  Jerusalem  viriliter  se  habens , 
igne  graeco  fere  combustus  fuit;  sed  pius  et  miseri- 
cors  Deus  suum  militem  conservavit,  et  aliorum 
nostrorum  superbiam  sic  oppressit.  Circa  vero  festum 
Omnium  Sanctorum,  cum  quidam  de  nostris  ad  quam- 
dam  portam  civitatis  missi  fuissent  de  nocte  ut  status 
inclusorum  aliquid  explorarent ,  cum  intus  neminem 
vigilem  percepissent,  scalis  appositis    muros   ascen- 


(1)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  nonnuHi. 
(a)  te  29  aout. 

I.  1  I 


JG2  CHKONlCOiN 

dunt,  porlas  aperiunl,  paucos  resistentes  capiunt  ct 
occidunt.  Sic  igitur  nonis  novembris  (i)  capta  est  [a 
nostris]  Damieta,  absque  deditione  vel  defensione  aut 
violenta  depreedatione,  in  oculis  regis  Babylonis,  qui 
divino  terrore  territus  non  est  ausus  more  solito 
Christi  milites  aggredi ,  ut  soli  Deo  victoria  adscri- 
batur.  Cum  vero  nostri  timerent  intrare  civitatem 
propter  circumstantem  exercitum  Sarracenorum  ne 
castra  eorum  invaderent,  divino  nutu  ttuvius  Nilus  su- 
bitoadeo  inundavit,  quod  inaccessibilia  castra  redderet 
ipsorum;  ostendens  manifeste  quod  pro  Cliristicolis 
contra  insensalos  ipsa  elementa  se  opponerent  et  pug- 
narent.  Quod  percipiens  Soldanus,  castra  sua  combu- 
rens,  fugiit  timidus  et  confusus ;  nostri  vero  ingredien- 
tes  civitatem,  invenerunt  plateas  stratas  cadaveribus 
mortuorum,  pestilentia  et  fame  deficientium.  Dominus 
enim  cvaginaverat  gladium  suum  super  eos  ,  et  in 
tantum  interfecerat  manus  ejus,  quoda  tempore  obsi- 
dionis  urbis  infra  vigenti  menses  perierunt  in  civitate 
septuaginta  millia  paganorum,  exceptis  tribus  milli- 
bus  qui  vivi  sunt  reperti,  inter  quos  vix  centum  sani 
remanserant  qui  possent  defendere  civitatem  (2).  In- 
venta  autem  sunt  in  civitate  victualia  multa,  aurum  , 
argentum,  panni  serici ,  lapides  pretiosi,  vestes  pre- 
tiosce  et  aliae  diviticC  infinitae.  De  quibus  omnibus  et 
de  civitate  similiLer  facta  est  divisio,  et  datum  est  uni- 
cuique  secundum  quod  eum  decebat,  justa  providen- 
tiam  discretorum  ad  hoc  de  communi  consilio  elec- 
torum;   dominium  vero  civitatis  datum  est  Johanni 

(i)  Lc  5  novembre. 

(2)  Les  mots  intcr  qunsvix  centum,  etc.  et,  dans  la  plirase  suivante, 
les  dcux  niols  vcstcs  prctiosn:  ue  sonl  donnes  qne  par  le  Ms.   10298-6. 


GUILLELMI  DE  NAINGIACO.  163 

regi  Jerusalem  nd  augmentationem  regni  Jerosoly- 
morum  in  perpetuum  possidendum.  Purgata  denique 
civitate,  legatus  [apostolicee  sedis  Pelagius],  cum  clero 
et  populo,  accensis  candelis  et  luminaribus,  cura 
hymnis  et  canticis,  in  die  Purificationis  beatae  Ma- 
ri3e(i)  processionaliter  ingressus  est  civitatem.  Fece- 
rat  enim  in  maliumeria,  [quam  prius  purgari  fecerat], 
Damietae  maximam  praeparari  basilicam ,  quam  in 
honore  beatae  Mariae  semper  virginis  consecravit;  et 
sedera  episcopalem  in  ea  instituens,  ibidem  missarum 
solemnia  cura  lacrymis  et  magna  devotione  populi  ce- 
lebravit.  Civitas  haec,  proeter  naturalem  situm  loci 
quo  muniebatur,  triplici  cincta  erat  muro,  turribus 
lateritiis  multis  et  magnis  fortissime  firmata ;  clavis  et 
antemurale  totius  iEgyptise  regionis  olim  Heliopoleos 
dicta. 

Non  minori  miraculo,  imo  majori  (2)  donavit  Do- 
minus  Christianis  [apud  Damietam  congregatis]  Ta- 
nis  civitatem  jEgypti ,  sicut  fecerat  Damietam.  Nam 
nostri,  habito  diligenti  consilio,  miserunt  in  festo 
sancti  Clementis  (3)  exploratores  per  [Nilura]  flu- 
viura  in  navibus  usque  Taneos,  ut  de  casalibus  prope 
tollerent  sibi  victualia,  et  statura  praedicti  loci  dili- 
genter  explorarent.  Qui  prope  urbem  accedentes , 
cura  nullos  in  ejus  turribus  et  rauris  defensores  vide- 


(i)  Le  2  fevrier  1220. 

(2)  Ce  debut  est  le  meme  qu'emploie  Jacques  de  Vitri  en  racontant 
la  prise  de  Tanis,  qu'il  place  aussi  au  mois  de  novembre  i2ig.  Voy. 
BoNGARS,  p.  1145.  Ceux  qui  ont  remanie  la  cbronique  de  Guillaumc 
de  Nangis  ont  transporte  tout  cet  alinea  a  ia  fin  de  l'annee  1220.  Voy. 
lapreface. 

(5)  La  fete  dc  saint  Clement  est  le  25  novembre. 


164  CHROISICON 

reiit,  ipsam  civitatcm  irrumpentes  eam  vacuom  in- 
veneiunt.  Habltatores  aiitem  illius,  audila  captione 
Damietce,  nimio  terrore  percussi  fugeranl,  putanles 
totum  Christianorum  exercitum  advenire;  et  sic  po- 
suit  Dominus  illo  tempore  in  ^gypto  signa  sua. 

MCCXX. 

Fredericus  imperator  Alemanniae  [et  Siciliae  rex] 
ab  Honorio  papa  ad  imperii  dignitatem  imperiali  dia- 
demate  coronatur. 

Robertus  de  Meduno  Aniciensis  episcopus  a  quo- 
dam  milite  occiditur ,  quem  excommunicaverat  pro 
injuriis  Ecclesiae  irrogatis.  Quod  populus  Aniciensis 
grave  fereiis,  in  parentes  ipsius  militis  graviter  insur- 
rexit;  nam  et  castella  et  domos  eorum  funditus  ever- 
tit,  arboreset  vineas  extirpavit  (i),  ac  ipsos  perpetuo 
exsilio  condemnavit. 

Yoles  imperatrix  Constantinopolis  [relicto  Balduino 
admodum  parvulo]  obiit.  Qua  defuncta,  cum  Petrus 
imperator,  maritus  suus,  adhuc  in  carcere  teneretur, 
Franci  et  Latini  qui  in  Graecia  morabantur  (2),  habito 
diligenti  maturoque  consilio,  legatos  in  Franciam 
transmiserunt,  qui  unum  de  fdiis  Petri  imperatoris, 
Henricum  nomine(5),  cum  assensu  regis  Franciae  in 

(i)  Les  mots  nvb.  e.t  vin.  ext.  sont  unc  addilion  foninie  par  le 
Ms.  io'2g8-6. 

(2)  Au  lieu  de  ce  qui  suit  on  lit  dans  les  precedentes  edit.  ct  dans 
les  Mss.  l^iQin-io,  pcr  solemnes  nuntios  filiiun  cjus  comitem  Namurcii 
nd  imperandum  Grceciiv  cofivocaverunt ;  qni  lionorem  sibi  debitum  et 
oblatum  rcspuens,  Ilenricum  frntrem  suum,  juniorem  se,  eisdem  in 
Grceciam  destinavit ,  quem  g,rntanter  suscipientcs  imperiali,  etc. 

(5)  Notre  Ms.,  comme  tous  les  autres,  donne  Henricum  nominc. 
llenri,  quatrieme  fds  de  Pierre  de  ("onrtenai ,  siicceda  a  son  frere 
IMiilipne  ,  qui  avait  refuse  le  trone  de  (^onstanlinonle  pour  s'cn  tenir 


GLIILLELMI  DE  NAISGL^CO.  165 

Graeciain  perduxerunt,  et  eum  Constauliuopoli  im- 
periali  diademate  sublimarunt. 

Mensejulio,  corpus  beatl  Thomse  martyris  a  Ste- 
phano  Cantuariensi  archiepiscopo  in  theca  aurea  lapi- 
dibus  pretiosis  ornata  et  opere  mirabili  caelata  dili- 
gentissime  collocatur. 

Pelrus  Parisiensis  episcopus  apud  Damietam  obiit; 
post  cujus  mortem  cum  canonici  Parisienses  in  elec- 
tione  discordassent,  Guillermus  Autissiodorensis  epl- 
scopus,  jussu  Honorii  papae,  ad  Parisiensem  cathedram 
transmii^ravit. 

Guldo  fillus  defuncti  Simonis  de  Monteforti ,  qui 
patri  successerat  in  terra  Alblgensluni  (i),  a  comite 
Sancti-.Egidli  ignominlose  occldltur;  cujus  mors  om- 
nes  cathollcos  in  partibus  illis  commorantes  inconso- 
lablllter  contristavit.  Quo  audlto  Almaricus  frater 
ejus  tactus  dolore  cordls  intrlnsecus,  promislt  se  ab 
obsidione  cujusdam  castrl ,  quod  frater  ejus  obsederat, 
non  recessurum,  donec  Illud  vi  vel  deditlone  in  suam 
redigeret  potestatem.  Sed  postea  suorum  auxllio  desti- 
tutus,  ab  illo  castro  Infecto  negotlo  remeavit.  Quo 

a  son  marquisat  de  Namur.  Ce  fut  Robert,  ne  apres  Philippe  et  avant 
Henri,  qui  fut  envoye  a  Constantinople ;  il  y  recut  la  couronne  impe- 
riale  le  aS  mars  1221. 

(i)  Ceci  est  une  erreur  que  nous  avons  deja.  relevee ;  c'etait  Amauri, 
fils  aine  de  Simon  de  Montfort,  qui  avait  succede  a  son  pere.  Gui  de 
Montfort,  deuxieme  fiis  de  Simon,  etait  simplement  comte  de  Bigorre. 
Guillaume  de  Kangis  cede  sans  doute  aux  prejuges  de  son  epoque,  en 
disant  que  ce  jeune  seigneur  fut  tue  en  trahisou  par  le  comte  de  Saint- 
Gilles.  Onht  dansr.ff<.y<.  gen.  de  Languedoc  que  Giii  deMontfortassie- 
geant  Castelnaudari  fut  d'abord  blesse  mortellement  et  ensuite  fait  pri- 
sonnier  dans  une  sortie  des  assieges ,  qu'il  mourut  cntrc  leurs  mains 
et  que  Raiuiond  YII  cnvova  son  corps  avcc  de  grands  honneurs  i 
Amauride  Montforl. 


166  CHRONICON 

recedente,  in  tantum  euni  tristia  auspicia  prosequuii- 
tur,  quod  fere  omnia  castra  quae  prius  tenuerat  haere- 
ticorum  dominio  subderentur. 

Apud  Damietam,  inter  Johannem  regem  Jerusa- 
lem  et  legatum  romanae  ecclesiae  Pelagium  orta  est 
dissensio ,  eo  quod  legatus  universi  exercitus  domi- 
nium  usurpabat,  ad  hoc,  ut  dicebatur,  laborans  quod 
per  eum  factum  esse  totum  Damietae  negolium  (i) 
videretur  ;  et  ob  hoc  Johannes  rex,  a  Damieta  disce- 
dens,  in  Syriam  est  profectus. 

MCCXXI. 

Tartari  Georgiam  et  Armeniam  majorem  intrantes 
eas  vastaverunt,  et  suo  dominio  subjecerunt.  Pela- 
gius ,  sedis  apostolicae  legatus,  videns  populum  Dei 
innumerabilem  apud  Damietam  nihil  diu  proficere, 
christiani  nominis  fines  cupiens  dihTtare  (2),  depreca- 
tus  est  per  suas  litteras  Johannem  regem  Jerusalem 
ut  compatiendo  christianitati  apud  Damietam  quam 
citius  posset  repedaret.  Cujus  precibus  rex  libenti 
animo  acquiescens,  protinus  remeavit,  et  de  voUmtate 
ac  consilio  legati ,  ipse  rex  et  legatus  cum  magna  mul- 
titudine  partis  exercitus,  in  festo  apostolorum  Petri 
et  Pauli  (3),  accincti  armisbellicis,  et  victualia  secum 
usque  ad  duos  menses  deferentes ,  exeunt  de  Damieta  , 
per  terram  et  aquam  versus  Babylonem  profecturi. 
Qui  cum  venissent  ad  quemdam  locum  distantem  a 


(i.)  Edit.  et  ftlss.  4917-20,  iit  qiiidquidjiebat  velfnctum  jamfucmt 
per  ifjsum  ejfici  videretur. 

('?.)  Edit.,  pro/icere  propter  Johannis  regis  absentiam.  Lcs  luols 
Christ.  nominis ,  eic,  ne  sont  donncs  quc  par  le  Ms,  10298-6. 

(3)  Le  29jnia. 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  167 

Babylone  per  vigenti  quatuor  stadia  et  totidem  a  Da- 
mieta,  ubi  Nilus  fluvius  tripertitus  tria  ingentia  tlu- 
mina  de  se  facit,  quemdam  pontem  navium,  quera  Sar- 
raceni  fabricaverant ,  occupaverunt,  et  in  planitie 
littoris  tentoria  sua  posuerunt.  Quorum  Soldanus  vi- 
dens  multitudinem  et  audacige  sentiens  magnitudinem, 
habito  consilio,  cura  eis  noluit  dimicare,  sed  statim 
suis  praecepit  viarum  aditus  custodiri  ct  muniri,  ne 
de  Damieta  ad  eos  possent  vel  succursus  gentium  vel 
victualia  pervenire;  sperans  arte  execrabili  sine  suo- 
rum  laesione  populum  Domini  deperire.  Quod  pec- 
catis  nostris  exigentibus  ita  factum  est ;  nam  nostris 
victualia  defecerunt,  et  Nilus  more  solito  totam  ter- 
ram  in  qua  erat  christianus  exercitus  occupavit.  Sic 
ergo  populus  Domini  inedia  ( i)  vires  perdens  et  usque 
ad  genua  in  coeno  aquarum  palustriura  residens,  coac- 
tus  est  reddere  Damietam;  ea  conditione  quod  pars 
ligni  crucis  Dorainicse,  quam  [Salahadinus]  soidanus 
[Babyloniae  et  Damasci]  de  Jerosolymis  asportaverat , 
redderetur  Christianis,  et  treuga  firmata  usque  ad 
oclo  annos,  salvo  conductu  dato  usque  Accon,  Sar- 
raceni  captivos  christianos  uni  versos  peni  tus  liberaient. 
Et  sic  Damieta  cum  multis  laboribus  et  sumptu  capta, 
ac  per  annum  et  araplius  a  nostris  possessa,  in  festo 
Nativitatis  beatae  Mariae  virginis  (2)  reddita  est  Sarra- 
cenis. 

Manasses  Aurelianensis  episcopus  obiit,  cui  suc- 
cessit  Philippus  sancti  Guillermi  Bituricensis  archi- 
episcopi  nepos. 

(i)  Lecon  conforme  aux  Mss.  4917-19;  Ifis  prccedentes  edit.  porlenl. 
mcilias  vires ,  co  qui  ne  formc  aucun  scns. 
(■2)  Le  8  septembre. 


168  CHRONICOW 

MCCXXII. 

Herveus(i)  Niverneusis  comes,  qui  ante  captionem 
Damietae  de  partibus  transmarinis  redierat,  veneno 
occidilur;  qui  prim.o  apud  castrum  sancti  Aniani 
[in  Bituria]  tumulatus,  et  postea  apud  Pontiniacum 
Cisterciensis  oidinis  [coenobium]  ,  reliquit  unicam 
filiam  suam,  quae  data  est  uxor  Guidoni  comiti  Sancti 
Paull  (2). 

Mfiglster  Petius  de  Corbolio,  Senonensis  archiepi- 
scopus,  die  synodis  suse  (5)  morltur,  et  in  ecclesia 
Senonensl  preesente  synodo  sepelitur;  cui  successit 
magister  Galterus  Cornutus.  Obiit  etlam  Guillermus 
Parislensis  episcopus,  qul  ab  ecclesia  (4)  sancti  An- 
tonil  Parlsiensis  partem  conventus  sanctimonialium 
Cisterciensium  apud  Autissiodorum,  in  loco  qui  Cella 
dicitur,  collocavlt. 

MCCXXIII. 

Johannes  rex  Jerusalem  ex  amlssione  Damletae  et 
debllitate  suorura  ultra  modum  dolens  efFecIus,  a 
partlbus  transmarlnis  transfretat  in  Itallam,  auxilium 
a  Papa  petlturus.  Ibique  a  papa  Honorio  et  Frederico 
jmperatore  honorifice   receptus ,  dedit  [eidem]   Im- 

(i)  D'Ach.,  de  La  B.  et  Ms,  4920,  Henricus ,  Hist.  de  Fr.  et 
Ms.  4917-19,  Herveus. 

{'i)  Gui,  fils  de  Gauthier  ou  Gaucher  de  Chatillon  conite  de  Saint- 
Paul,  qui  joua  un  role  si  actif  dans  les  guerres  de  Phihppc-Auguste. 
Anselm.,  t.  YI,  p.  95  etsuiv.  En  \iil>  Honorius  III  ordonna  une  en- 
quete  sur  la  validite  du  niariage  de  Gui  de  Chatillon  avec  Agnes,  fdle 
d'Hervee  comte  de  Nevers.  Voy.  Hist.  de  Fr.,  t.  XIX,  p.  ^oS. 

'5)  Lc  5  juin  la^s.  Les  cveques  avaient  coutunic  de  rassembler  deux 
fois  par  an,  au  inilieu  du  mois  de  mai  ot  le  i"  novembre,  les  pretres 
dc  leur  diocese,  pour  i)unir  les  fautes  commises  contie  ia  disciplinc. 
Ces  assemblecs  se  nomniaiint  synodcs. 

f4)  Edit.  ct  Mss.  4917-20,  abbatia 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  169 

peratori  Frederico  unicam  filiam  suam  in  uxorem , 
[coram  Papa],  cum  toto  regno  Jerosolymitano,  quod 
ex  parte  matris  (i)  fdiam  contingebat;  [de  qua  post- 
modum  suscepit  filium  imperator  nomine  Conradi- 
num].  Et  sic  de  regno  Jerusalem  hic  annotare  super- 
sedeo,  quia  quamvis  plures  postea,  jure  successionis 
[autalio  modo],  titulumregni  ipsiusretinuerint,  nullus 
tamen  illud  possedit  (2)  nec  in  regem  coronatus  est , 
nisi  rex  Cypri  qui  in  Accon ,  in  contemptum  regis 
Siciliee  Karoli,  qui  jus  regni  illius  emerat  ab  haerede 
legitimo,  sefecit,  ut  dicitur,  coronari. 

Henricus  Frederici  imperatoris  filius  ex  sorore  re- 
gis  Aragoniae  (3),  puer  decennis,  ex  mandato  patris 
ad  regnum  Alemanniae  coronatur. 

[Initio  mensis  julii] ,  ante  noctis  crepusculum  octo 
diebus  cometes  apparuit  per  totum  regnum  Francise, 
regnidenuntiansdetrimentum.  Nam  cumPhilippusrex 
diuturno  temporequartanis  febribus  premeretur,  proh 
dolor!  apud  Meduntem,  pridie  idus  julii  (4),  rebus 
bene  dispositis ,  spiritum  exhalavit ,  et  in  crastino ,  a 
Corrardo  Portuensi  episcopo  cardinali ,  qui ,  auctori- 
tate  apostolica ,  in  terra  Albigensium  legatus  adve- 
nerat ,  necnon  a  viginti  quatuor  aliis  tam  episcopis 


(i)  Les  mots  ex  parte  matris  manquent  dans  les  precedentes  edit.  ct 
dans  les  Mss.  4917-20.  L'empereur  Frederic  II  epousa  Yolande,  fiUe 
de  Jean  de  Brienne  et  de  sa  premiere  femme  Marie ,  qui  etait  fiUe  de 
Conrad  de  Montferrat  et  d'Isabelle.  Yoy.  plus  haut,  p.  i32,  not.  i. 

(2)  Edit.  ct  Mss.  4917-20,  quia  qitamvis  pl.  post.  jus  regni —  per 
titulum  obtin.  iiuUus  tamen  in  co  regnassc  usquc  ad  nostra  tenipora 
visus  est.  Le  reste  de  Talinea  n'est  donne  que  par  lo  Ms    loagS-G. 

(5)  Constance  d'Aragon ,  premiere  femme  de  Frcderir  11;  cllc  ctail 
raorte  des  le  25juin  1212. 

(4)  Le  i4  juillct. 


170  CHROJNICON 

quam  archiepiscopis  qui  pro  negotiis  divino  nutu 
illuc  advenerant,  in  abbatia  sancti  Dionysii  inFrancia, 
ante  majus  altare  (i),  honorifice  sepelitur,  Johanne 
de  Bregna  rege  Jerusalem ,  qui  paulo  ante  in  Fran- 
ciam  advenerat,  preesente,  et  super  mortis  ejus  infor- 
tunio,  cum  innumera  raultitudine  militum,  clerico- 
rum  et  vulgarium,  condolente.  Mirabile  enim  fecit 
testaraentum  :  nam  Johanni  regi  Jerusalem  sexa- 
ginta  millia  librarum  Parisiensiura,  et  totidem  militiae 
Templij  ac  totidem  Hospitali  delegavit  in  auxilium 
Terrae  Sanctae;  abbatiae  autem  sancti  Dionysii  duo- 
decim  millia  libras,  et  aliis  ecclesiis  Gallicanis  dona 
innumera  erogavit  (2).  Eodem  die  et  eadem  hora  pon- 
tifex  Romanus  Honorius,  cum  esset  in  quadam  urbe 
Carapanise  [Italorura],  exequiarura  officiura  pro  dicto 
rege ,  revelatione  sibi  divinitus  ostensaper  sanctitatera 
cujusdara  militis,  cura  cardinalibus  celebravit. 

Rege  igitur  Philippo,  sicut  diximus ,  tumulato, 
Ludovicus  ejus  primogenitus,  octavo  idus  augusti  (5), 
in  Remensi  ecclesia  a  Guillermo  Remensi  archiepi- 
scopo,  cum  Blancha  uxore  sua,  ad  regnum  Franciae 
coronatur,  anno  eetatis  suae  vicesirao  sexto. 

Prima  dominica  sequentis  Quadragesimae  (4) , 
Johannes  rex  Jerusalera ,  baculum  peregrinationis 
accipiens ,  ad  sanctura  Jacobum  [in  Galicia]  est  pro- 

(i)  Ces  trois  mots  ne  se  trouvent  que  dans  le  Ms.  10298-6.  Cest 
aussi  le  seul  qui  fournisse  les  documents  qui  suivent  relativement  aux 
dispositions  testamentaires  de  Philippe-Auguste. 

(2)  On  peut  voir  le  texte  du  testamcnt  de  Philippe-Auguste  dans 
le  Rec.  dcs  Hist.  de  Fr.,  t.  XVII,  p.  1 14-  L'original  de  ce  testament 
est  conservc  aux  Archives  du  royaumc  a  Paris. 

(3)  Le  6  aout. 

(4)  Le  5  mars  1224. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  171 

fectus;  qui  inde  revertens  per  regem  Hispaniae  (i), 
accepit  in  uxorem  domlnam  Berengariam  (2) ,  neptem 
dominae  Blanchae  reginee  Franciae. 

Almaricus  comes  Montisfortis,  de  partibus  Albi- 
gensium,  propter  inopiam  victualium,  inFranciam, 
rediens,  Carcassonam  urbemfortissimametalia  castra, 
quae  cum  labore  maximo  super  Albigenses  hsereticos 
fuerant  acquisita,  reliquit. 

MCCXXIV. 

Tertio  nonas  maii  (5) ,  Ludovicus  rex  Franciae  et 
Corrardus  episcopus  cardinalis,  legatus  in  terra  Albi- 
gensium  (4),  apud  Parisius  generale  concilium  con- 
vocarunt;  in  quo  per  cardinalem  Honorius  papa  indul- 
gentiam  quse  in  Lateranensi  concilio  contra  Albigenses 
haereticos  fuerat  instituta ,  auctoritate  propria  revo- 
cavit,  et  Remundum  comitem  Tholosanum  fide  ca- 
tholicum  approbavit. 

In  crastino  sancti  Johannis  Baplistae  (5) ,  Ludovicus 
rex  Franciae  Turonis  congregavit  exercitum;  indeque 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  per  regem  CastellcB ,  sororem  ejus,  etc. 
(2}  Fille  d'AIphonse  IX  roi  de  Leoa  et  de  Berangere  de  Castille , 
soeur  de  saint  Ferdinand. 

(3)  Le  5  mai.  —  L'auteur  de  la  Fie  de  Louis  VIII  {Uist.  de  Fr., 
t.  XVII,  p.  3o3)  assigne  ia  meme  date  a  cette  assemblee,  qu'il  nomme 
wnparlement,  et  qui  n'est  pas  en  efFet  comptee  dans  la  liste  des  con- 
ciies.  Conrad,  qui  avait  quitte  la  France  au  mois  d'octobre  i223,  y 
repassa  l'annee  suivante  en  se  rendant  a  la  cour  de  Frederic  II,  et  reniit 
a  Louis  YIII  les  lettres  du  Pape,  auxquelles  le  roi  de  France  repondit 
dans  Tassemblee  dont  il  est  ici  queslion.  D.  Vaissete,  Abr.  de  l'Hist. 
de  Lang.,  t.  III,  p.  55 1. 

(4)  Dans  les  Mss.  4917-20  et  dans  les  precedentes  edit.  on  lit  siinple- 
ment  Corrardus  cardinalis  apostolicce  sedis ;  lcs  niots  leg.  i/i  t.  Alb. 
ont  evidemment  clr  omis  par  les  copistes. 

(5)  Le'25  juin 


172  CHRONICON 

rediens,  Niordum  castrum  [in  Pictavia]  adiit  et  ob- 
sedit.  Savaricus  vero  de  Malo  Leone  [miles]  ,  qui  intus 
erat  ad  defendendum  castrum,  videns  regis  fortitu- 
dinem,  castrum  reddit  ut  liceat  sibi  recedere  salvis  suis. 
Quo  ita  reddito,  rex  inde  progreditur  ad  Sanctum 
JohannemAngeliacum;  ubi  oppidani  sibi  timentesregi 
occurrunt  pacifice,  fidelitatemque  ei  facientes  eum 
honoritice  susceperunt. 

Rex  inde  tendens  ad  Rochellam  obsidet  eam;  ma- 
chinae  eriguntur  et  per  novem  dies  muros  destruunt 
iiicessanter.  Sed  Savaricus  de  Malo  Leone  intus  cum 
trecentis  fere  miiitibus,  burgenses  villae  et  servientes 
quam  plurimi  se  virililer  defendunt  et  regem  et  suos 
impugnant  multociens.  Demum  considerantibus  illls 
qui  intus  erant  se  non  habituros  ab  aliqua  parte  suc- 
cursum ,  reddunt  villam  regi ,  facientes  [ei  omnes] 
fidelitatem,  praeter  Savaricum,  qui  cum  Anglicis  per 
mare  recessit  (i).  Tunc  Lemovicenses  et  Petragori- 
censes  et  omnes  Aquitaniae  principes,  exceptis  Gasco- 
nibus  qui  ultra  Garonnam  iluvium  erant,  fidelitatem 
regi  promiserunt;  et  slc  in  Franciam  est  reversus. 

Infra  oclabas  Assumptionis  beatse  Mariae  (2),  apud 
Montem  Pessulanum,  auctoritate  apostolicaconclllum 
celebratur.  Nam  Honorlus  papa  Narbonensi  archi- 
episcopo  dederat  In  mandatis  (3)  quod  ibi  modum 
pacis  quam  Remundus  comes  Tiiolosanus  et  alli  Albi- 
genses  sanctae  raatri  Eccleslae  olFerebaMt  audiret,  et 
quod  inde  faceret  remandaret,  Qui  convocatls  totius 

(i)  Voy.  sur  le  siege  et  sur  la  prise  dc  I.a  Rochelle ,  Nicol.  de  Bray, 
Hisl.  dc  Fr.,  t.  XVTI,  p.  3-?4  et  suiv. 
(2)  Le  21  aout. 
(5)  Voy.  la  lettrc  «VHonorius  linl.  dc  Fr  ,  t.  XIX,  p.  yoS. 


GUILLELMI  DE  NANGL^VCO.  173 

provinciae  [illius]  episcopis  et  abbatibus  atque  clericis 
universis,  a  comite  Tholosano  aliisque  baronibus  jura- 
menta  recepit  ( i ) ,  quod  terram  securam  et  obedientem 
Romana?  ecclesiae  redderent,  et  clericis  redditus  res- 
taurarent,  ac  de  haereticis  confessis  vel  convictis  justi- 
tiam  facerent  indilatam,  et  pro  posse  suo  per  uni- 
versam  provinciarapravitatem  h,'f?reticam  extirparent. 
Savaricus  de  Malo  Leone,  qui  cum  Anglis  de  Ro- 
chella  transfretaverat  (2) ,  percipiens  quod  ipsum  la- 
tenter  capere  vellent  de  eo  diffidentes,  [salubri  accepto 
concilio]  ,  reversus  iii  Franciam  regi  Ludovico  se  sub- 
misit  et  ei  homagium  suum  fecit. 

MCCXXV. 

Tempore  Paschali,  quidam  homo  (5)  venit  in  Flan- 
driam  sub  habitu  peregrino,  qui  se  dicebat  esse  Bal- 
duinum,  quondam  imperatorem  Constantinopolita- 
num,  et  de  Graecorum  carcere  quasi  per  miraculum 
liberatum.  Quem  videntes  quaraplurimi  de  Flandria 
nobiles,  favent  ei  propter  aliqua  intersigna  quse  eis  di- 
cebat,  et  dicla  multa  atque  gesta  coraitis  Balduini.  Sed 
comilissa  Flandrise  [Johanna]  ,  videns  quod  [per  eum] 
amitteret  comitatum ,  regera  Franciae  adiit  [Ludovi- 
cum] ,  ipsum  deprecans  ut  suum  sibi  quem  amittebat 
restitueret  coraitatura.  Quo  audito,  rex  illum  apud 
Peronam  convocavit,  et  quis  eum  railitem  novura  fe- 
cerat,  aut  ubi  patri  suo  regi  Philippo  homagiura  fe- 


(i )  Le  serment  est  textuellement  rapporte  dans  la  P'ie  de  Louis  VIII, 
ib.,  t.  XVII,  p.  006. 

(2)  Edit.  et  Mss.,  qui  cum  AjigUcis  in  Angliam  transfr. 

(5)  II  se  nommait  Berlrand  de  Reims.  Voy.  .Te\n  d'Iprks,  Clir  S, 
Bertini .  dans  lc  Thes.  ancccL,  t.  111,  col.  ''o5. 


174  CHRONICON 

cerat  requisivit.  Sed  super  hoc  petens  inducias,  cuni 
respondere  nollet,  de  regno  Francise  infra  triduum 
jussus  est  egredi.  Ipse  vero  apud  Valentianas  rediens  a 
suis  deseritur,  et  tandem  sub  specie  mercatoris  per 
Burgundiam  fugiens,  a  quodain  milite  captus,  comi- 
tissae  [Flandriae]  redditur;  quem  sui  diversis  poenis 
afficientes  ad  ultimum  patihulo  suspenderunt. 

In  festo  apostolorum  Petri  et  Pauli  (i),  Romanus 
Sancti  Angeli  diaconus  cardinalis,  legationis  officio 
fungens  in  Francia,  per  Turonensem  urbem  transiens, 
usque  Qninonem  regi  Franciae  occurrit;  ubi  rex  cum 
Hemerico  vicecomite  Thoarcii  treugas  usque  ad  festum 
beatae  Mariae  Magdalense  prolongavit;  statimque  re- 
vertens  in  Franciam  cum  legato,Parisiusparlamentum 
convocavit  (2).  Ad  quod  veniens  vicecomes  Thoarcii 
coram  legato  et  multis  baronibus  homagium  suumregi 
fecit,  [et  quidquid  erga  ipsum  deliquerat  emendavitj. 
Circa  Purificationem  beatae  Mariae  (5),  Ludovicus  rex 
Francorum  et  magnates  quamplurimi,  archiepiscopi 
et  episcopi ,  [et  multi  alii  de  regno  Franciae]  Parisius 
adunati ,  contra  Albigenses  haereticos  crucis  signum 
per  manum  Romani  cardinalis  assumpserunt. 


(i)  Leagjuin. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Ciim  rex  Francia;  Ludovicus  npud  Qui- 
nonem  exercitum  congregasset,  vicecomitem  Thoarcii  debellaturus , 
advenit  ibidem  ad  ipsum  Romanus...,  Ob  cujus  amorem....  rex  vice- 

comiti  treugas  usque.. . .  concessit  et ad  parlamentum  proceres  suos 

convocavit.  Le  passage  du  legat  dans  la  ville  de  Tours  n'est  indique 
que  par  le  Ms.  10298-6.  —  Le  traite  de  d'Aimeri  vicomte  de  Thouars 
avec  Louis  VIII  est  rapporte  dans  la  vie  de  ce  prince,  Hist.  de  Fr., 
t.  XVII,  p.  004. 

(5)  Le  2  fdvrier  1226;  cctte  meme  date  est  donnee  par  l'auteur  de  la 
Vie  dr.Louis  FIII ,  Ilist.  dc  Fr.,  t.  XVH,  p.  309. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  175 

MCCXXVI. 

Ludovlcus  rex  Franciae  et  omnes  cruce  signati  circa 
Ascensionem  Domini  (i)  iter  arripientes  contra  Albi- 
genses  heereticos,  apud  Avignionem  urbem  in  vigilia 
sancti  Barnabae  apostoli  (2)  pervenerunt.  Erat  aulem 
illa  civitas  a  septennio  excommunicationi  subjecta 
propter  haereticam  pravitatem.  Quam  rex  et  barones 
statim  obsidentes,  multa  ibidem  passi  sunt;  sed  tan- 
dem  usque  ad  festum  Assumptionis  beatae  Mariae  (3) 
eam  viriliter  impugnantes,  illam  sibl  subjugarunt  et 
ibidem  quemdam  monachum  Cluniacensem  in  epi- 
scopum  fecerunt  per  legatum  consecrari  (4).  Decessit 
ibidem  [in  castris]  Guido  comes  Sancti  Pauli,  lapide 
[petrarise]  percussus;  et  comes  Campaniae  [Theobal- 
dus]  rediit  ad  propria  sine  licentia  regis  et  leggti.  Rex 
ergo,  [muris  civitatis  destructis  et  centum  domibus 
turralibus  quee  intus  erant  ad  solum  coaequatis],  inde 
amoto  exercitu,  progreditur  per  provinciam,  et  red- 
duntur  ei  pacifice  civitates  et  castra  ac  omnes  for- 
teritiae  usque  ad  leucas  quatuor  a  Tholosa.  Rex  vero 
postea  revertens  in  Franciam,  Imbertum  de  Bello- 
Joco  [militem]  toti  illi  praeficit  regioni.  Rege  igitur 
repatriante  moriuntur  archiepiscopus  Remensis  Guil- 
lermus,  et  comes  Namurcii,  [regis  Franciae  consan- 
guineus]  fraterque  Henrici   Constantinopolitani   im- 


(i)  Vers  le  28  niai. 

(2)  Le  10  juia.  — Pour  le  siege  d'AvigQon  voy.  le  poeme  de  Nicol. 
DK  Bray,  Hist.  deFr.,  t.  XVII,  p.  555  et  suiv. 

(5)  Au  i5  aoiit. 

(4)  Edit.  et  Mss.  49'7"^o,  episcopum  statuerunt.  11  n'y  est  pa.*; 
question  dn  sacre  de  reveque  par  les  niains  du  legat. 


176  CHRONICON 

peratoris.  Rex  etiam  Ludovicus  (i)  apud  Montpaiicier 
in  Arvernia  existens,  [lecto  decidens],  in  oclavis  Om- 
nium  Sanctorum  est  defunctus,  et  in  ecclesia  sancti 
Dionysii  in  Francia  [juxta  patrem]  honorifice  tumu- 
latus;  cui  successit  Ludovicus,  filius  ejus  primogeni- 
tus ,  qui ,  per  industriam  et  sapientiam  venerabilis 
matris  ejus  Blanchae  reginae,  infra  mensem  post  patris 
obitum,  scilicet  prima  dominica  AdventusDomini(2), 
Remis,  per  manum  episcopi  Suessionis,  vacante  sede 
Remensi ,  coronatus  fuit,  aRtatis  suae  anno  quarto 
decimo  non  completo. 

Ferrandus,  comes  Fiandriae ,  qui  per  duodecim 
annos  Parisius  in  carcere  regis  Franciae  detentus  fue- 
rat,  multa  redemptus  pecunia  liberatur. 

Honorius  papa  moritur  quinto  decimo  kalendas 
aprilis  (3),  cui  successit  Gregorius  nonus. 

MCCXXVII. 
Johannes ,  rex  [quondam]  Jerusalem ,  recedens  de 
Francia  cum  uxore  sua  domina  Berengaria,  venit  in 

(ij  Ici  l'auteur  du  Ms.  4919  a  cru  devoir  interrompre  la  narration, 
pour  commencer  avec  une  certaine  solennite  l'liistoire  de  saint  Louis. 
Voici  le  texte  de  ce  Ms.  :  Incipit  chronica  cle  ieinpore  regis  Francice 
Ludovici.  Eodem  anno,  rege  Francice  Ludovico  apud  MoiUpotier  in 
Auvcrnia  mense  novemhri  defuncto ,  et  in  ecclesia  sancti  Dionysii  in 
Francia  honorijice  iumulato ,  sanctce  indolis  ejus  Jilius  Ludovicus 
successit  in  regno ;  qui  ciiam  matris  suce....  indusiria  pariler  ac  pru- 
dentia  providente ,  etc. 

(i)  Le  29  novembre. 

(5)  Le  18  mars  1227  (n.  st.).  Cette  date  ne  se  trouve  que  dans  le 
Ms.  10298-6.  Elle  differe  beaucoup  dc  la  date  donnee  par  Bernard 
Guidonis  qui  annonce  ainsi  la  mort  d'Honorius  :  Anno  Domini mccwvi, 
1111°  Kl.  martii  Honorius  papatcrtius  moritur.  Bibl.  roy.,  Ms.lat.497t), 
fol.  90  v".  Les  auteurs  de  VArt  de  verif.  les  dates  ont  suivi  la  date 
donnee  par  notre  Ms. 


I 


GUILLELMI  DE  NANGTACO.  177 

Lombartllam  et  moratus  est  per  allquantum  lempus 
apud  Bononiam.  Quocl  audiens  papa  Gregorius  eidem 
totamterram  Romanaeecclesise  tradidlt  conservandam. 

Ludovicus  rex  Franciae,  consilio  matris  suae  do- 
minae  Blancliae  reginae,  episcopos  et  milites  piurimos 
misit  in  terra  Albigensium.  Qui  venientes  ad  partes 
Tiiolosanas,  Tlioiosam  urbem  et  totum  comitatum  in 
deditionem  receperunt. 

Hugo  comes  Marcliiae,  TIieol>aIdus  comes  Campa- 
niae,  necnon  Petrus  comes  Britanniae,  conspirantes 
contra  dominum  suum  regem  Franciae  Ludovicum , 
foedus  ad  invicem  inierunt.  Quo  rex  cognito  contra 
iilos,  de  consilio  matris  suae,  exercitum  incredibilis 
multitudinis  coiiigens,  usque  ad  cliarreriam  de  Cur- 
tio  (i)  properavit.  Quod  videns  ac  timens  sibi  comes 
Campaniae ,  a  proposito  maiigno  resipuit,  et  regi 
Franciae  adliaerens,  a  comitum  Marchiae  et  Britanniae 
consortio  ceieriter  resiiivit.  Quem  rex  benigne  susci- 
piens,  aiios  duos  comites  regaii  edicto  semel  et  bis  ad 
suum  colloquium  convocatos,  sed  venire  contem- 
nentes,  ne  aiiquid  contra  jura  videretur  agere,  tertio 
suo  pariamento  mandavit  interesse.  Tunc  iiii  stuitam 
sui  superbiam  et  regis  clementiam  perpendentes,  apud 
Vindocinum  regi  occurrentes,  ei  quidquid  forisfece- 
rant  emendaverunt. 

MCCXXVIII. 

Quidam  barones  Franciae  dolentes  quod  comes  Cam- 
paniae,  contra  comitum  Marciiiae  et  Britanniae  voluu- 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  usquc  ad  quavreriam  de  Curcejo. 
MM.  les  editeurs  des  Hist.  de  Fr.  ont  conjecturc  qu'il  s'agissait  ici  de 
Curcay,  arrondissenient  de  Loudun  (Vienne). 

I.  12 


178  CHIVONICON 

tatem  ac  ffx^this  quod  cuiii  ipsis  iiiierat,  regi  Frauciie 
Lndovico  adli8esisset,et  eorum  nefanda  consilia  denu- 
dasset,  infinitumexercitumcol!igentes,terramcomitis 
Campaniae  per  deversus  Alemanniam  hostiliter  intra- 
verunt,  villas  et  castelha  atque  municipia  igne  confla- 
grantes.  Quod  agnoscens  comes  Campaniae,  dum  Bar- 
rum  super  Secanam  obsedissent,  ad  regem  Franciae 
Ludovicum  dominum  suum  tempestive  misit,  rogans 
ut  seipsum  et  terram  suatn  contra  eos  defendere 
dignaretur.  Rex  igitur,  comiti  corapatiens,  mandavit 
praedictis  baronibus,  per  suas  patentes  littoras,  quate- 
nus  obsidionem  desererent  et  ne  nltra  aliqno  modo 
comitem  Campaniae  prsesumerent  infestare  (i).  Sed 
ilii  regis  mandata  dum  contemnerent,  rex,  collecta 
multitudine  armatorura,  adversuseos  celeriter  prope- 
ravit;  cujus  adventum  barcnes  agnoscentes,  et  ipsum 
minime  expectantes  (2),  a  scde  quantocius  recesserunt, 
et  ita  rex  homiaem  suum  ab  ilHs  defendens  Parisius 
rcmeavit. 

Gregorins  papa  monuit  Fredericum  imperatorem 
Romanum,  qui  a  longo  tempore  crucesignatus  fue- 
rat,  qualinus  votum  suum  adimplendo  in  Terram  Sanc- 
tam  transfretaret.  Quod  ille  se  facerepromittens,  diem 
ccrtum  qno  id  faceret  Papae  [et  curiae]  slgnificavit. 
Unde  Papa  omnibus  crucesignatis  diem  iilum  signifi- 
cans,  mandavlt  cis  quod  parati  apud  Brundusium, 
ubi  imperator  ex  condicto  mare  debebat  intrare,  ce- 
leriter  convenirent.  [fntcrim  autciii  imperator  adver- 


(1)  f^es  Mss.  4917-'-'!*"'  et  les  cdil.  precerlentes  ne  font  aucune  mcntion 
'lu  incssage  du  conile  de  Clianipaqnc  a  saint  Louis,  ni  dcs  lettres 
palentes  du  nionarque. 

(■i)  Les  niots  cf  ip.s-.  ini/i.  cxjk  ne  sont  donncs  que  j^ar  le  Ms.  io^jqS-G. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  179 

santes  sibi  quosdam  in  regno  Siciliae  perdomans ,  ct 
Sarracenos  per  diversa  loca  regni  Slcilise  habitantes 
in  unum  locum  Appuliae  congregans,  civitatem  unam 
ex  ipsis  quae  Luceria  (i)  Sarracenorum  appellatur 
sibi  tributariam  effecit.j 

Petrus  Britanniae  comes,  fretus  auxilio  et  consilio 
[quorumdam]  baronum  Francia?,  adversusregem  Fran- 
ciae  Ludovicum  insurgens,  fecit  Henricum  regem  An- 
gliae  cum  maxima  multitudine  Anglicorum  transfre- 
tare.  Quod  audiens  Ludovicus  rex,  coUectaraultitudine 
armatorum,  usque  ad  Belesmum  castrum,  quod  coraes 
Britanniee  in  custodia  a  rege  Ludovico  defuncto  accepe- 
rat,  sed  reddere  nolebat,  properavit  et  ol^sedit.  Cumque 
ictibus  tormentorum  ita  concussura  esset  ut  in  aliqua 
parte  sui  ruinam  minaretur,  obsessi  pavitantes  se  regi 
Franciae  reddiderunt;  et  tunc  rex  Angliae,  sibi  timens, 
cum  pudore  et  ignominia  in  Angliam  remeavit,  et 
rex  Franciae  Farisius  se  retraxit. 

Eo  tempore  quo  Ludovicus  (2)  rex  Francias  Beles- 
mura  castrura  expugnavit ,  Johannes  de  Vineis  mlles 
strenuissimus,  colligens  exercitum  in  Normannia,  et 
ducens  Haie  dictae  Paenel ,  eara  infra  paucos  dies 
regi  Franciae  potenter  subjugavit. 

Obiit  uxor  Frederici  imperatoris ,  fdia  Johannis 
[quondam]  regis  Jerusalem,  relicto  unico  filio  suo 
Corrardo  nomine  [dicti  regni  Jerusalera  herede]  (3). 


(i)  Mss.  ^giy?  4918  et  49^0,  Luteria;  les  deux  preniieres  editions 
portent  Nuceria. 

{0.)  Le  Ms.  10298-6  est  le  seul  qui ,  durant  toute  la  vie  de  Louis  IX, 
ne  donne  point  a  ce  prince  le  titre  de  saint. 

(5)  On  lit  encore  dans  lesMss.  4917-20  et  dans  les  edit.  precedentes 
la  phrase  s.uivante  :  Defuncta  Johanna  cnmitissa  Flandritx ,  comitatus 


180  CHRONICON 

MCCXXIX. 

Comes  Britannlae  [Petrus],  clolens  quod  Belesmum 
castrum  perdiderat,  adjecit  iterura  regis  Franciae  Ludo- 
vici  terram  infestare.  Quod  rex  aegre  ferens,  iterum 
exercitu  congregato,  contra  eum  usque  ad  castrum 
Adon  (i)  festinavit,  quod  et  obsidens  expugnavit. 
[Deinde  ad  aliud,  quod  Chantoceaux  (2)  nominatur, 
se  transferens,  ipsum  per  deditionem]  accepit.  Et  sic, 
Petro  Britanniae  comite  humiliato,  tranquilla  pace 
per  quatuor  annos  et  eo  amplius  Ludovicus  Fran- 
ciae  rex  regnum  gubernavit. 

Rex  Arragonum  (5)  cepit  [super  Sarracenos]  insu- 
lam  Majoricarum  etNiceenEe,  atque  Valentiam  civita- 
tem,  ubi  Vincentius  martyrisatusfuit,  et  indeexpulsis 
Sarracenis,  Christiano  nomini  dedicavit. 

Sancta  Elizabeth,  filia  regis  Hungariae,  conjux  lan- 
degravii  Thuringiae  ducis,  et  beatus  Antonius  de  or- 
dine  fratrum  Minorum  [sanctitate]  claruerunt. 

Multitudo  magna  peregrinorum  crucesignatorum, 
de  mandato  domini  papse  [Gregorii]  apud  Brundu- 
siura  congregata,  ut  cum  Frederico  imperatore  Romano 
in  Terram  Sanctara  transfretarent,  dum  mare  cum  im- 
peralore  intrant ,  imperator  furtive  ab  eis  per  galeas 
recedens,  Brundusium  estreversus.  Ipsi  vero  peregrini, 

FlandricB  el  Hanonice  sorori  suce  Marg^aretcv ,  iixori  Buchardi  dornini 
de  Avcnis ,  obveneruni.  Mais  cette  phraseest  cvideniment  une  mala- 
droite  interpolation.  Jeanne,  loin  d'etre  morte  cn  1228,  survccut  au 
comte  Ferrand  son  mari,  qui  fmit  ses  jours  en  i'i33.  Quatre  anuees 
apres ,  la  comtesse  Jeauue  se  rcmaria  avcc  Thomas  de  Savoic  et  vecut 
encorc  jusqu'a  la  fin  de  r>-44- 

(1)  Tous  l(\s  Mss.  portcnt  yldoii  ,  loutcs  les  edit.,  Adou. 

[1)  Mss.  49'77  49' 8  et  ^Q'^»»  Chastiauciaus;  4919)  Chaciauciaus. 

(5)  D.  Jayme  ou  Jaorjues  I",  dit  lc  Couqucrant. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  181 

prospeio  vento  navigantes,  apnd  Accon  appiicuerunt. 
Quo  audito  Romanus  pontifex  Gregorius  nonus  im- 
peralorem  excomraunicavit,  et  per  totam  Christiani- 
tatem  denuntiari  excommunicatum  praecepit.  Eo 
tempore  quo  pcregrini  apud  Accon  applicuerunt, 
Corradinus  (i)  soldanus  Damasci  defunctus  fiiit, 
relictis  duobiis  filiis  sub  tutore  ;  et  tunc  trebse  Chris- 
tianitati  datse  fuerunt. 

MCCXXX. 

Ludovicus  rex  Franciae  fundavit  abbatiara  Regalis 
Montis  [ordinis  Cisterciensis]  ,  in  episcopatu  Belva- 
censi ,  prope  Bellum  Montem  super  Isaram  (■?,). 

Fredericiis  imperator  Romnnus  raisit  nuntios  ad 
soldanum  Babyloniae,  et  contraxit  cum  eo,  ut  dici- 
tur  (5),  amicitias  Christiaiiitali  suspectas. 

Parisius  inter  scholares  et  burgenses  magna  dis- 
sensio  est  exorta ;  nam  burgenses  quosdam  de  clericis 
occiderant,  et  ideo  clerici  Parisius  recedentes,  pei' 
diversas  raundi  provincias  dispersi  sunt.  Videns  autem 
Ludovicus  rex  quod  studium  litterarum  et  philoso- 

(i)  Melek-al-Moadham-Scharferdin,  deuxieme  fils  de  Seiifeddin 
frere  de  Saladin.  11  etait  mort  des  l'au  liay. 

(•2)  Dans  sa  Fie  de  saint  Louis ,  Guillaiime  de  Nangis  dit  que  le  lieu 
dont  il  s'agit  ici  portait  d'abord  le  nom  de  Cuimont,  ct  que  l'abbayc 
prit  le  noni  de  Royaumont  a  cause  de  son  fondateur. 

(3)  Ces  deux  mots,  qui  laisseraient  planer  un  certain  doute  sur  le  fait 
raconte  par  le  chroniqueur,  ne  se  trouvent  que  dans  le  Ms.  10298-6; 
ils  seraient  mieux  places  apres  amicitias,  car  le  fait  du  traite  est  cer- 
tain ;  mais  on  pouvait  l'apprecier  diversement.  Melek-el-Karael, 
sultan  d'Egypte,  abandonna  aux  chretiens  Bethleem ,  Nazareth ,  Sidon 
et  Jerusalem,  ii  lexception  du  Templc.  Cette  clause  et  l'excommuni- 
cation  qui  pesait  sur  Frederic  empecherent  les  Templieis  et  les  Ilospi- 
taliers  de  prendrc  part  au  traitc,  «  car  ccle  pes  lint  l'en  a  fause  et  a  mau- 
'(  vaise.  »  Bers.  le  Tres.,  p.  ^'ii. 


182  CHRONICON 

phiae,  per  qiiod  ihesauriis  scienlise  qui  cuuctis  aliis 
praeeminet  et  prsevalet  acquiritur,  recessisset  Parisius, 
(quod  primo  venerat  ab  Athenis  Romam,  et  a  Roma 
cum  militiae  titulo  (i),  secjuendo  Dionysium  Areopa- 
gitam  (2),  in  GalIiam)graviterdoIere  coepit.  Metuens- 
que  rex  piissimus  ne  tantus  et  talis  thesaurus  a  regno 
suo  elongaretur,  eo  quod  dwiiicc  salatis  sapientia  et 
scientia  (5),  et  ne  ipsi  aliquando  a  Domino  diceretur  : 
Quiarepulisti scientiam ,  repellam  te  (4);  supradictos 
clericos  raandans  Parisius  redire,  redeuntes  clemen- 
tissime  recepit,  et  ab  ipsis  burgensibus  quidquid  antea 
clericis  forisfeceranl  fecit  ipsis  celeriter  emendari. 
[Enimvero  si  lam  pretiosissimus  thesaurus  sapientiae 
salutaris  a  regno  Franciee  tolleretur,  maneret  utique 
liliatum  signum  regum  Franciae  mirabiliter  deforma- 
tum.  Nam  ex  quo  Deus  et  Dominus  noster  Jesus- 
Christus  fide,  sapientia  et  militia  specialius  quam 
caetera  regna  voluit  regnum  Francise  illustrare,  con- 
sueverunl  reges  ipsi  Franciae  in  suis  armis  et  vexillis 
florem  lilii  depictum  trino  folio  comportare,  quasi  di- 
cerent  toti  mundo  :  fides,  sapientia  etmilitiae  probitas 
abundantius  quam  regnis  cseteris  sunt  regno  nostro 
Dei  providentia  et  gratia  servientes.  Duo  enim  paria 
folia  sapientiam  et  militiam  significant,  quae  fidem  tri- 
num  folium  significantem  ,  ct  altius  in  medio  duorum 
positam ,   custodiunt   et    defendunt;    nam  fides  gu- 

(i)  Edit.  et  Mss.  ^Qiy-^^o,  cwn  milit.  titul.  per  Caroliim  magnum , 
sequeiido,  etc.  Cet  anachronisnif  ne  se  trouve  point  daos  le  texte  ori- 
ginal. 

(2)  Qui  ibidem  primus  apud  Parisius ,  cum  esset  Grcecus ,  Jidem 
calholicam  seminavit.  Addition  founiic  par  les  memes  Mss. 

(3)  Isaice ,  xxxiii,  6. 

(4)  Oscce,  IV,  6. 


GUILLELMI  1)E  MANGIACO.  183 

beruatur  et  regitur  sapientia ,  atque  militia  deiensatur. 
Quamdiu  enim  praedicta  tria  fuerintin  regno  Franci^e 
pacifice,  fortiter  et  ordinatim  sibi  invicem  cohaerentia, 
stabit  regnuni.;  si  autem  de  codem  separata  fuerint 
vel  avulsa,  omne  regnum  in  seipsum  divisum  desola- 
bitur  atque  cadet.] 

MCCXXXI. 

Nunciis  Frederici  Romani  imperatoris  de  transma- 
rinis  partibus  a  soldano  Babylonise  reversis,  ipse  im- 
perator  qui  erat  excommunicatus,  parvipendens  do- 
mini  Papae  excommunicationem  sive  absolutionem  (i) 
et  Papainsclo,  iter  Jerosolymitanum  arripuit.  Qui  per 
mare  navigans,  cum  applicuisset  in  Cypro,  terram 
cepit  et  illuc  moratus  est  donec  senescallus  ejus,  quem 
tunc  cum  magna  multitudine  armatorum  misit  in 
Accon,  voluntatem  soldani  Babyloniae  sibi  nuntiaret. 

Consibo  regis  Franciee  Ludovici  et  religiosorum  vi- 
rorum ,  ecclesia  sancti  Dionysii  in  Francia  renovatur 
sub  abbate  Odone  Clemenlis;  quod  antea  monachi 
facere  non  audebant,  propter  dedicationis  mysterium 
quod  eadem  ecclesia  noscitma  Domino  suscepisse. 

MCCXXXII. 

Mense  augusti  (2)  obiit  Simon  Bituricensis  archi- 
episcopus,  cui  successit  Phiiippus  AureHanensis  prius 
episcopus. 

Senescallus  Frederici  imperatoris  in  Accon  missus, 
multa  damna  peregrinis  inlubt  Christianis  ,  et  multo- 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-195  -^'«6  absolutiune  et  P,  i.  —  Fredcric 
s'etait  deja  rembarque  en  1228  et  avait  debart|uu  au  port  d'Acrc  au 
.Miois  de  sejjtembrc  dc  cclte  annee. 

(•i)*Dalc  nmisc  danslcs  Mss  4917-v.o  ct  dans  lcs  prccedcntcs  cdit. 


184  CHRONICON 

tles  latenter  exiens  de  Accon,  consilium  habuit  cum 
soldano  Babyloniae  et  Sarracenis.  Quorum  voluntate 
comperta  ,  mandavit  dominum  sum  imperatorem  Fre- 
dericum.  Qui  statim  de  Cypro  appulsus  in  Accon,  si- 
gnificavit  domino  papae  Gregorio  quod  ipsc  erat  in 
Terra  Sancta  ultra  mare,  petens  excommunicationis 
sibi  vinculum  relaxari.  Sed  Papa  sciens  ipsum  detesta- 
bili  amicitia  conjunctum  fuisse  Sarracenis,  et  compo- 
sitionemChristianitatidamnosam  iniisse  cum  Soldano, 
non  acquievit;  imo  Hospitalariis  et  Templarils  ne 
eidem  adhaererent,  aut  sibl  consilium  vel  auxilium 
ferrent  dedit  dislricte  In  mandatls.  Quod  agnoscens 
imperator,  prius  tamen,  ut  fertur,  in  Jerusalem  co- 
ronatus  (i),  et  ad  custodiam  templi  Domini  Sarracenis 
dimissis  ,  ac  cum  Soldano  usque  ad  decem  annos 
Christlanltati  trebis  imploratis,  reversus  est  cum  in- 
dignatlone  magna  In  Appuliam;  ubi  terram  domini 
Papae  et  terras  acredditus  Templi  et  Hospitalls,  quae 
erant  per  totum  imperium  suum,  lyrannice  invasit ,  et 
Papee  atque  cardinalibus  et  toti  clero  damna  quara- 
plurlma  irrogavit. 

Ciavus  sanctlssimus  Domlni,  unus  de  illis  ex  qulbus 
corpus  Dominlcum  cruci  afiixura  dicitur  extitisse,  qui 
a  tempore  Karoll  Calvi,  regis  Fraociee  et  imperatoris 
Romani,  in  ecclesia  sancti  Dionysli  in  Francia  dono 
ipsius  permanebat,  cecidit  de  vase  suo  dum  daretur 
gcntibus  ad  osculandum,  et  sic  perditus  fuit  inter 
multitudlnem  osculantium  tertio  kalendas  martii  (2)  : 


(1)  L'empercur  se  courotiiia  lui-meme  dans  Teglise  du   Saint-S«i- 
pulcie  a  la  mi-careme  de  l'an  1229.  Jkr.N.  le  Tres.,  p  ^"ii. 
(a)  Le  ayfcvricr  i255  (n.  st.). 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  185 

Sed  prima  dle  aprilis  sequentis ,  multis  prodentibus 
miraculis,  inventus,  ad  praedictam  ecclesiam,  cum 
gaudio  et  magna  exullatione,  in  die  sancto  Parasce- 
ves  (i)  est  allatus. 

MCCXXXIII. 

Apud  Belvacum  facta  est  dissensio  inter  burgenses, 
minoribus  insurgentibus  contra  majores ,  unde  plu- 
res  ex  majoribus  occisi  sunt,  plurimi  vero  de  mi- 
noribuscapti  etper  diversa  regni  Franciee  loca  carceri 
mancipati  sunt.  Et  quia  Ludovicus  rex,  tanquam  su- 
perior,  manum  ultricem  apposuerat,  Milo,  ejusdem 
civitatis  episcopus  [et  comes]  ,  episcopatum  suppo- 
suit  interdicto.  Sed  dum  Romam  pro  liac  re  contra 
regem  (2)  proficisceretur,  in  itinere  obiit.  Cujus  suc- 
cessor  Gaufridus  eidem  causse  insistens  ,  dies  paucos  et 
afflictione  plenos  in  episcopatu  peregit.  Cui  succedens 
Robertus,  pacera  cum  rege  composuit,  et  sic  ab  inter- 
dicto  dioecesim  absolvit . 

Philippus  (3)  comes  Boloniae,  filius  Philippi  regis 
Franciee,  obiit,  et  sepultus  est  in  ecclesia  sancti  Dio- 
nysii  in  Francia. 

Fratres  Prsedicatores  etMinores,  jussu  domini  Papa^ 
per  Franciani  pi^aedicantes ,  plures  barones  et  milites 
ac  plebanos,  clericos  et  laicos  cruce  signantes,  in 
Terrae  Sanctae  subsidium  transraittere  paraverunt.  Sed 
tamen,  annuente  Gregorio  papa,  per  annos  quatuor 
aut  quinque  passagium  distulerunt. 


(i)  Le  vendredi  saint  i"  avril  i255  (n.  st.). 

(■2)  Les  mots  contra  vc^em  ne  sont  qne  dans  le  Ms.  10298-6. 

(5)  Philippe  Hurepel,  fils  de  Philippe-Auguste  et  d'Agnes  ou  i\Ia- 
rie  de  Meranie.  Les  hisloriens  ne  s'accordent  pas  sur  les  causcs  des» 
mort ;  mais  ils  la  placent  gcneralemcnt  a  raunce  ri54. 


180  CHRONICON 

MCCXXXIV. 

Theobaltlus  comes  Campaniae,  defuncto  rege  Na- 
varrae  ejus  avunculo  (i),  rex  Navarrae  efficltur.  Lu- 
dovicus  rex  Franciae  accepit  uxorem  Margaretam , 
filiam  comitis  Proyinciee  (2),  quee  coronata  fuit  Se- 
nonis,  per  manum  Galteri  Senonensis  archiepiscopi , 
circa  dominicam  Ascensionem  (5). 

Apud  Constantinopolim  (4)  defuncto  Roberto 
imperatore,  cum  Balduinus,  puer  parvulus,  filius 
Pctri  imperatoris  ex  Yole  imperatrice  [in  tanto  re- 
rum  discrimine]  gubernare  imperium  non  sufficeret, 
milites  francigenee  et  latini,  consilio  et  assensu  domini 
Papae ,  Johannem  de  Bregna,  regem  Jerusalem  (5), 
imperatorem  ad  vitam  consecrari  procuraverunt; 
dantes  Martam  (6)  filiam  ejus  in  uxorem  Balduino 
legitimo  ten  ae  heredi.  [Qui ,  apud  Constantinopolim 
cum  honore susceptus ,  inimicos  imperii  quantumpo- 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Defuncto  rege  Navarrorum ,  Theobaldus 
com.  C,  cjus  nepos  ex  sorore. 

(2)  Le  comte  de  Provence  etait  Raimoiid-Beranger  IV.  II  avait 
epouse  Beatrix,  fille  de  Tliomas  comte  de  Savoie,  au  niois  de  de- 
cembre  1220.  Marguerite  sa  fiUe  ainec  n'avait  pas  encore  quatorzc 
ans  qnand  elle  devint  reine  France. 

(5)  Le  28  mai. 

(4)  Voici  comment  commence  cet  alinea  dans  les  precedentes 
edit.  :  Cum  Roberlus  Graicoruni  imperator  totum  id  amisisset  quod 
pntruus  suus  Hetiricus  imp.  quondam  acquisierat,  prceter  uvbern 
Constantinopolim ,  ct  circumjacentcm  urbi proi>inciam,  multis  a  suis 
nfflictus  injuriis  inndcm  dcfunctus  est  absquc  prole.  Et  quia  Bnldui- 
nusfrater  cjus  quindecim  annis  cxislcnf  non  valebat, etc.  lci  encore, 
comme  plus  haut,  p.  i65,  reFnporcur  Robert  est  nomme  Ifenri  (hms 
notre  Ms.  ct  dans  tous  lcs  autres. 

(5)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Johnnnciu  quondam  regem  Jer. 

(6)  Edit.,  Mnrinm ;  Mss.  49171  Mnlnm  .  4918,  4920,  Mnrcnni;  ^QXQ, 
Mnrtnin. 


GUILLELMI  DE  NAr^GIACO.  187 

tuitdebellavit,  et  Baldiiinum  geneium  suum  fideliter 
conservans,  fecit  eum  ad  imperii  dignitatem  sub  se 
cum  uxore  ad  ultimum  coronari.] 

Obiit  Garnerus  ( i )  Carnotensis  episcopus  et  sepultus 
estapud  Prulliacum;  cui  successit  Albericus  Cornuti. 

MCCXXXV. 

Facta  est  fames  valde  magna  in  Francia  ,  maxime  in 
Aquitania,  ita  ut  homines  herbas  campestres  sicut 
animalia  comederent.  Valebat  enim  sextarius  bladi 
centum  solidos  in  Pictavia;  ibidem  vero  multi  fame 
perierunt  et  sacro  igne  accendebantur. 

Johannes  de  Bregna,  quondam  rex  Jerosolymitanus, 
Constantinopolis  imperator  creatus,  misit  Balduinum 
generum  suum  (2)  in  Franciam  auxilium  petiturum , 
et  ut  comitatum  [sive  niarchionatum]Namurcii  [atque 
castellaniam  Curtineti],  quEe  sibi  obvenire  debebat  ex 
decessu  comitis  Namurcii  fratris  sui  defuncti,  recipe- 
ret,  ope  et  consilio  [sui  consanguinei]  regis  Franciae 
Ludovici.  [Misit  etiam  cum  eodem  tres  filios  suos, 
Alphonsum,  Joannem,  et  Ludovicum  setatis  parvulos, 

(i)  Cet  alinea  manque  dans  les  premiere  etlroisieme  edit.  de  Nangis 
ainsi  que  dans  les  Mss.  4917-20  et  10298-6. 

(2)  Ce  fait,  dans  les  editions  precedenles,  est  raconte  avec  plus  dc 
details,  mais  rapporte  a  rannee  i244-  Voici  letexte  imprime  :  Vnsta- 
chio  et  Azano  duohus  majoribus  Grceci(V  baronibus ,  qui  discordes 
fuerant,  adinvicem  reconciliatis,  adversus  Johannem  Constant.  imper. 
crevit  potentia  inimicorum ;  propter  quod  iniperator  ipse  Johannes , 
habito  cuni  suis  consilio ,  Bnlduinum  ^enerum  suum ,  etc.  Laliguede 
Yatace  empereur  de  Nicee  avec  Asan  II  roi  desBulgares,  et  le  preniier 
voyage  du  jeune  Baudouin  en  France  eurent  lieu  en  1206.  Jean  do 
Brienne  mourut  1'annee  suivante.  Nous  avons  donc  cru  devoir  con- 
server  rordreetabli  dans  le  Ms.  10298-6,  rn  completant,  suivanr  uotrc 
melhode,  le  texte  de  cc  Ms.  au  moyen  des  additions  quc  lcs  aulros 
lecons  nous  nnt  fournics. 


188  CHRONICON 

1  egem  Franciae  deprecans  Ludovlcum ,  et  piam  ejus 
matrem  Blancham  reginam,  cujus  erant  pronepotes, 
ut  eos  in  clientes  habere  et  recipere  dignarentur;  quos 
sanctus  rex  Ludovicus  honorifice  postmodum  et  gra- 
tanter  suscipiens  care  dilexit,  et  eos  plurimum  exal- 
tavit.] 

MCCXXXVI. 

Vetulus  de  Montanis  rex  Harsacidarum  (i)  misit 
in  Franciam  nuntios  Haisacidas,  praecipiens  ut  occi- 
derent  regem  Franciae  Ludovicum.  Sed  dum  abirent, 
Deus  cor  ejus  immutavit,  eique  cogitationes  pacis  et 
non  occisionis  immisit.  Unde  post  primos  quantocius 
alios  nuntios  misit,  mandans  regi  Ludovico  ut  se  a 
prirais  custodiret;  propter  quod  rex  ex  tunc  corpus 
suum  diligentius  fecit  custodiri  per  homines  clavas 
cupreas  assidue  portantes  (2).  Primos  iterum  nuntios 
alii  sollicite  quaesierunt,  et  inventos  ad  regem  Ludo- 
vicum  adduxerunt.  Quibus  visis  rex  gaudens  utrosque 
muneribus  honoravit,  et  regi  ipsorum,  in  signum 
pacis  et  amicitise,  xenia  et  dona  quampluriraa  pretiosa 
delegavit.  [Habitabat  autem  iste  rex  pessimus  et  ma- 
livokis  in  confinio  Antiochiae  et  Damasci,  in  caslris 
munitissimis  super  montes.  Hic  multnm  eratreveritus 
a  Christianis  et  Sarracenis  principibus  propinquis  et 
remotis,  propter  hoc  quod  multotiens  eos  per  nuntios 
suos  indilFerenter  occidere  faciebat.  Nam  quosdam 
pueros  de  terra  sua  praecipiebat  in  pahitiis  educari,  et 
ibi  addiscebant  omnia  idiomata,  et  docebantur  domi- 


(i)  Voy.  jilus  haiit,  p.  102,  not.  5. 

(2)  Les  mols  per  ho/ni/ics,  ctc.  nianqucnt  clans  lcs  edit,  precedcntcs 
vA  dans  lcs  Mss.  ^iji-^-^o. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  189 

luim  siiiim  super  omiiia  tiincie,  eiqiie  usque  ad  mor- 
tem  obedire,  ut  sic  possent  ad  paradisi  gaudia  perve- 
nire.  Quisquis  in  olaedientia  moriebatur,  a  gentilius 
terrae  Harsacidarum  pro  angelo  colebatur;  et  sic  regi 
suo  obedienles  multos  saepe  principes  occidebant^  de 
morte  sua  minime  metuentes.] 

MCCXXXVII. 

[Multi]  barones  [et  alii  de  regno]  Franciee,  qui  per 
praedicationem  fratrum  Prsedicatorum  et  Minorum 
crucesignati  fuerant,  iter  Jerosolymitanum  arripiunt, 
habentes  Theobaldum  regem  Navarrae  comitemCam- 
paniae  principemexercitus.  Cumqueessentultra  mare, 
Petrus  comes  Britanniae,  comnumi  neglecto  consilio, 
ivit  ad  depraedandam  quamdam  terram.  Quod  cum 
sibi  prospere  cessisset,  Amalricus  comes  Montisfortis, 
Henricus  comes  de  Barro  et  alii  famosi  milites,  invidia 
moti ,  sine  communi  consilio  simile  peragere  tenta- 
verunt.  Cumque  per  totam  noctem  equitassent,  et 
maue  in  locis  sabulosis  prope  Gazam  devenissent,  ab 
illis  de  Gaza ,  qui  adventum  eorum  per  exploratores 
prassenserant,  cum  essent  nimio  labore  itineris  fati- 
gati ,  capti  et  interfecti  fere  omnes  fuerunt.  Ibidem 
comes  de  Barro  mortuus,  vel  captus,  nusquam  postea 
repertus  est  (i). 

MCCXXXVIIL 

Ludovicus  rex  Franciae  dominum  Robertum  fra- 


(i)  Matbieu  Paris,  racoiitant  que  Henri  III,  roi  d'Angleterre , 
donna  le  conite  de  Leycestre  a  Simou  de  Montfort,  frere  puine 
d'Amauri,  le  2  fevrier  laSg,  ajoute  qu'il  fit  d'abord  venir  Amauri  et 
le  fit  renoncer  a  toute  pretention  sur  ce  comte;  Amauri  ne  partil  ea 
efTetpourla  Terre-Sainto  qii'au  mois  d'aoul  de  Tan  ia5g. 


190  CHRONTCON 

trem  suiim  majorem  iiatn  post  ipsum  (r)  apud  Com- 
pendium  fecit  novum  militem;  quem  paulo  ante  filiae 
ducis  Brabantiae ,  Mathildi  nomine,  legitimo  fecerat 
matrimonio  copulari ;  et  tunc  eidem  fratri  suo  civi- 
tatem  x\ttrebatensem  cum  tota  terra  Artesiensi  (2) 
jure  hereditario  concessit  in  perpetuum  possidendam. 

Fredericus  Romanus  imperator  mandavit  Ludovico 
regi  Franciae  ut  usque  ad  Vallem  Coloris  veniret 
cum  ipso  colloquium  habiturus.  Sed  audiens  postea 
quod  rex  Francise  duo  millia  miiitum  bellatorum  (3), 
cum  innumerabilipeditum  et  servientiummultitudine, 
in  siio  vellet  ducere  comitatu ,  mandavit  iterum  regi 
quod  nec  ad  praefixam  diem,  nec  ad  locum  quemno- 
minaverat  adveniret.  Sperabat  enim  regem  secum 
paucos  ducere  milites;  quod  et  toto  animo  affectabat, 
eo  quod,  ut  a  pluribus  dicebatur,  quemadmodum 
malitiosus  et  seductor,  aliquid  in  regnum  et  regem 
Francise  machinari  satagebat. 

Johannes  Constantinopolis  imperator  moritur,  post 
quem  Balduinus  imperat  (4). 

MCCXXXIX. 

Ludovicus  rex  Franciae  fecit  sibi  coronam  spineam 
sacratissimam,  qua  Christus  filius  Dei  voluit  in  pas- 
sione  sua  pro  nostris  enormitatibus  coronari,  de  Con- 


(i)  Les  deux  mots  post  ipswn,  indispensables  pour  le  sens,  manquent 
dans  les  precedentes  edit.  etdans  les  Mss.  4917-20. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-195  comitatum  Attreb .  cum  pertinejitiis. 

(5)  Edit.  et  3Iss.,  militum  armatorum. 

(4)  Les  auteurs  de  YArt  de  verif.  les  dates  placent  la  niort  de  Jeaii 
de  Brienno  au  9.5  mars  lio^.  Les  precedcntes  editions de Guillaurae  de 
Nangis  et  les  Mss.  consultes  jusqu'ici  nc  mentionnent  cet  evenement 
qu'a  l'annee  1246. 


GUILLELMI  DE  NANGL4C0.  191 

stanlinopolitanls  partibus  Parisius  asportari,  et  a  110- 
more  \icenarum  rmilliario  ab  iirbe  distante],  quinta 
feria  post  Assumpt  ionem  beatissimae  virginis  Mariae  ( i ), 
ipsam  rex  et  fratres  sui,  cum  maximo  cleri  piebisque 
Iripudio ,  nudis  pedibus  incedeiites ,  primo  usque  ad 
[majorem]  ecclesiam  sacratisslmae  raatris  Domini  Pari- 
sius  (2) ,  et  inde  ad  capellam  quam  dominus  rex  in  sua 
domo  Parisius  mirabili  et  sumptuoso  operc  coustrul 
fecerat  (5) ,  cum  hymnis  et  canticis  dulcisonis  depor- 
tarunl.  Non  multo  posfc,  audiens  idem  rex  devotissi- 
mus  quod  Johannes  de  Bregna,  Constantinopobtanus 
imperator,  [multum  a  suis  depressus  adversariis,  de- 
ficiente  pecunia] ,  quandam  summara  pecuniae  [a  Ve- 
netis]  mutuo  sumpserat,  et  posuerat  loco  pii^noris 
vexilla  Dominlcae  passionls,  scilicet  maxiraam  partem 
sanctag  Crucis,  et  ferrum  lanceae  qua  latus  Dominlcum 
perforatum  fuit,  et  sponglam  cum  qua  aceto  potatus 
est  (4);  lantas  reliquias  suis  redemptas  opibus  fecit 
consimili  devotioneParisius  in  dlcta  capella  deportnri, 
et  honorifice  in  cassa  aurea  (5)  cotiocari. 

Simon  de   Montefortl,    [miles   quidam  de   Gallla 


(i)  Jeudi  apres  rAssomption,  c'est-a-dire  le  18  aoiit. 

(2)  Notre-Danie. 

(5)  La  Sainte-Chapelle. 

(4)  On  lit  dans  les  autres  3Iss.  et  dans  les  edit.  precedentes,  pet- 
missu  et  doiio  ipsiiis  imperatoris  et  cjus  gencri  Balduini ,  ce  qui  im- 
pliquerait  rexistence  a  cette  epoque  de  Jean  de  Brienne.  I\Iais  ces  mots 
sont  une  interpolation  evidente.  Dans  la  P^ic  de  saint  Louis ,  ecrite  en 
latin  par  Guillaume  de  JNangis,  il  n'est  question  du  consentenient  ni 
de  Jean  de  Brienne  ni  de  son  gendre.  Dans  la  traduction  francaise  dti 
meme  ouvrage  ii  n'est  parle  que  de  1'empereur  Baudouin. 

(5)  Les  mots  in  cassa  aurca  (dans  une  cliasse  d'or)  manquent  daus 
les  edit.   et  dans  les  Mss.  4917-20. 


192  CHRONICON 

strenuissimus] ,  filius  Simonls  comitis  Montisfortis 
apuclTliolosam  ictu  lapidispetrarioe  defuncti,[infensus 
reginae  Franciae  matri  regis  piissimi  Ludovici]  ,  trans- 
fretavit  in  Angliam.  Quem  rex  Henricus  honorabiliter 
recipienSjdedit  ei  inconjugem  [sororem  suam]  unicam 
cum  comitatu  Leycestriae. 

Richardus  comes  [Cornubiae] ,  frater  regis  Anglise 
Henrici,  cum  magno  exercitu  in  subsidium  Terrae 
Sanctae  superveniens,  multum  invenit  turbatumFran- 
corum  exercitum.  Qui  Terrae  Sanctae  valde  compa- 
tiens,  fecit  communes  treugas  inter  Sarracenos  et 
Christianos  iniri  (i),  et  captivos  quos  tenebant  procu- 
ravit  fideliter  liberari. 

Amalricus  comes  Monlisfortis ,  de  carcere  Sarra- 
cenorum  liberatus ,  in  reditu  suo  dum  Romam  venis- 
set,  ibidem  defunctus  est,  et  in  basilica  sancli  Pelri 
venerabiliter  sepelitur;  cui  in  comitatu  suo  successit 
Johannes  jSlius  ejus. 

MCCXL. 

Fredericus  imperator  Romanus,  contra  Romanam 
ecclesiam  acrius  solito  insurgens,  Romipetis  insidia- 
tur;  propter  quod  Jacobus  Praeiiestinus  episcopus,  a 
domino  Papa  causa  subsidii  latenter  in  Franciam  mis- 
sus,  dum  reverteretur  peracto  negotio,  ab  imperatore 
capitur.  Sed  et  dominus  Otho  cardinalis  jam  pridem 
a  domino  Papa  in  Angliam  missus,  eodem  tempore 
rediens,  ab  imperatore  detinetur.  Etdum  Papa  propter 
hoc  apud  Romam  concilium  episcoporum  vocare  niti- 
tur,  multi  de  regno  Franciae  et  aliis  terris  iter  aggressi 
simililer  capiuntur.  Praelatis  itaque  captis  et  incarcc- 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  pnctis  inili.s  confinnari. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  193 

ratis,  multis  tribulationibus  undique  pressus  (i)  'viam 
universee  carnis  ingressus  est  papa  Gregorius,  cui  suc- 
cessit  Coelestinus  quartus  (2);  sed  solvens  debitum  hii- 
manae  conditionis,  ecclesiam  Dei  sanctam  ultra  decem 
et  septem  dies  non  valuit  regere,  idcirco  quod  morte 
prohibitus  est  permanere.  Post  cujus  obitum  sedes  Ro- 
mana,  orbata  suo  antistite,  per  viginti  et  duos  menses 
vacavit. 

Apud  Cremonam  facta  est  tempestas  maxima,  ceci- 
ditque  lapis  grandinis  in  monasterio  sancti  Gabrielis, 
in  quo  eratcrux  et  imago  Salvatoris  expressa;  desuper 
litteris  aureis  scriptum  :  Jesus  Nazarenus  rex  Jud^o- 
RUM.  Qui  lapis,  dum  de  aqua  in  aquam  liquefieret, 
raonachi  illius  ecclesiae  de  illa  aqua  inunxerunt  oculos 
cujusdam  fratris  caecutientis  commonachi  ipsorum , 
et  statim  clare  vidit. 

Ludovicus  rex  Franciae,  videns  ecclesiam  Dei  omni 
humanoauxilio  destitutam,  compatiensquepraelatis  re- 
gni,  diversis  Frederici  imperatoris  Romani  carceribus 
mancipatis,  mandavit  eidem  imperatori  supplicando 
quatinus  prselatos  regni  sui  liberaret.  Sed  primo  non 
acquiescens,  [mandavit  regi  quod  non  miraretur si  Cee- 
sar  in  angusto  eos  tenebat  qui  ad  Caesaris  angustias  trahe- 
bantur  (3).  Quod  audiens] ,  mandavit  ei  rex  rursum 
quod  non  traheret  locum  a  potentia ,  quia  regnum 
Franciae  non  erat  adeo  debibtatuni  ut  se  permitleret 
ejus  calcaribus  perurgeri.  Cujus  mandatum  imperator 

(1)  Edit.  etMss.  4917-20,  multis  trib.  iind,  pressis,  viam,  etc. 

(2)  Les  Mss.  et  les  edit.  portent  Ccelest.  tertius  -,  mais  c'est  une  faute 
evidente.  On  a  vu  pp.  gg  et  log  1'avenement  et  la  mort  de  Celestin  III. 

(3)  Telle  est  la  lecon  que  donnent  tous  les  Mss.  Les  edit.  portent 
tenebant(ir. 

1.  i5 


194  CHRONICON 

intelli^ens,   omnes,   licet   invitiis,  llberavit,    re^em 
Frnnciae  offendere  pertimescens. 

MCCXLI. 
Ludovlcus  rex  Franclee  Alphonsum  fratrem  suuni 
apud  Salmurum  feclt  novummllilem  ,  et  eldem,  quem 
paucls  diebus  ante  transactis  filiae  comltls  Tholosae 
Johannee  lege  marltali  fecerat  solemnlter  sociarl,  con- 
cesslt  terram  Alvernlae,  Pictavlae  et  terras  Alblgenslum 
perpetuo  possldendas.  Praeceplt  autem  ibidem  rex  Hu- 
gonl  Marchiee  comltl,  ut  homagium  pro  terra  suaquam 
habebat  In  Plctavia,  slcut  debebat,  faceret  fratrl  suo 
comlti  Pictavensl;  quod  Ille  vento  superblee  inflatus 
renult  se  facturum.  Unde  rex  iratus  veheraenter,  quia 
paratus  non  erat  ad  eum  debellandum  ,  cum  indlgna- 
ilone  maxima  Parlslus  remeavit. 

MCCXLII. 
Ludovlcus  rex  Franclae,  non  immemor  superblae  et 
exosae  preesumptlonls  Hugonis  coraltis  Marchiae,  cudi 
raagna  multltudlnearmatorum  terram  illius  introlvlt, 
et  prlmo  castrum  qiiod  Mosteriolum  in  Gastlnadlcitur, 
et  turrim  Biriiglse  (i)  cum  duobus  castellls  Gaufrldl  de 
Llsegnio  (2)  [Vovento  (5)  et  Fontenalo  fortisslmis], 
qul  In  auxillum  comitis  Marchlae  erat,  cepit  ac  dirui 
quaedam  feclt.  Deinde  (4)  Xanctonas  adlens,  [ibidem 

(1)  Le  Ms.  4919  porte  Burgics  ;  les  Mss.  4917?  49'8  et  4920,  Biru- 
g/^,  les  iid\\ . ,  B irgia' ;  Yie  de  saint  Louis,  Berugia' ,  en  francais 
Beruge. 

(9.)  Edit.,  de  Lisigneio ;  Mss.  4917?  ^''  Liscgiuo ;  4918,  4920,  dc 
Liscgnio;  Yie  de  saiut  Louis,  de  Li.vengnio,  en  Irancais,  dcLiscYgnj. 

(5)  Toulcs  les  (;dit.  portent  Nnvento,  mais  c'est  Fovento  qn'il  faut 
lirc  conime  dans  la  Fic  dc  sainl  Louis. 

(4)  Edil.  ct  Mss.    4917-20,  deinde occupnns  ornnin  usque  ad 


GUILLELMI  DE  NANGL\CO.  105 

cum  Henrico  Anglicorum  rege  et  Hugone  comiteMar- 
chiae  praedicto,  qui  ipsum  regem  Henricum —  cum 
magna  multitudine  Anglicorum  fecerat  transfretare, 
conflictum  habuit  ante  urbem,  et  eos  fortiter  debel- 
lans,  multis  captis  et  retentis],  regemHenricum,  cura 
Richardo  fratre  suo  (i),  exinde  turpiter  fugere  com- 
pulit,  et  comitem  Marchiee,  cum  uxore  sua  quae  erat 
mater  regis  Angliae  et  filiis,  ac  totum  Marchiae  co- 
mitatum  in  deditionem  accepit.  [Rex  autem  Angliae , 
Garumnam  transiens,  apud  Blaviam  se  recepit,  et 
civesXanctonenses  in  crastino  fugam  regis  ct  comitis 
perpendentes ,  urbem  regi  Franciae  reddiderunt.  Ad 
quem  locum  supplex  veniens  cum  uxore  et  filiis  comes 
Marchiae,  quidquid  deliquerat  in  regem  Franciae  emen- 
davit,  et  quod  rex  super  ipsum  ceperat  quittavit  co- 
miti  Pictavensi ,  et  eidem  tam  ipse  quam  alii  ejusdem 
comitis  adjutores  se  facturos  homagium  juraverunt; 
et  rex  Angliae  multum  timens,  missis  regi  Franciae 
nuntiis,  vix  quinquennes  inducias  potuit  impetrare  : 
etita  deinceps  dispositionedivina  sic  factum  est,  quod 
barones  Francia?  contra  regemsuum  christum  Dominl 
nihil  facere  attentarent,  videnles  manifestissime  cum 
illo  Dominicam  manum  esse.] 

Tartari  vastata  Georgia,  India  (2),  Armenia  majori, 

Xanctonas .  On  peut  voii'  les  details  des  places  conquises  par  Louis  IX 
dans  la  Vie  de  ce  prince.  Hist.  de  Fr.,  t   XX,  p.  536  et  suiv. 

(i)  Les  mots  cwn  Rich.fr.  s.  ne  sont  donnes  que  par  le  Ms.  10298-6. 
La  presence  de  Richard  comte  de  Cornouailles  a  la  bataille  de  Tail- 
lebourg,  est  constatee  par  Guillaume  de  JXangis  lui-meme,  dans  la 
Fie  de  saint  Louis ,  1.  c,  par  Mathieu  Paris  et  JVicoIas  Trivet,  an- 
nee  1242. 

(2)  «  Vraisemblablemeut  notre  chroniqueur  aura  ete  trompe  par  la 
consonance  des  mots  India  et  Sindia,  ce  qui  etait  arrive  avant  lui  a 


196  CHRONICON 

omnes  siraul  congregall,  Aisaroin  primam  Turquice 
civilatem  vastaverunt,  et  usque  ad  Fenestre(i)  et  lco- 
nium  regiam  civitatem  sibi  Turcos  et  Turquiam  sub- 
jecerunt.  Per  unum  etiam  de  principibus  suis  nomine 
Batho  (2)  vastaverunt  Poloniam  et  Hungariam,  ac 
juxta  mare  Ponticum  ,  Russiam  et  Gazariam  cum  aliis 
triginta  regnis,  et  usque  ad  fines  Germaniae  pervene- 
runt.  Cum  vero  inHungariam  transiretimerent,  daemo- 
nibus  immolantes  taleaccepere  responsum  :  Ite  securi 
quia  spiritus  discordise  et  incredulitatis  vos  preece- 
dent,  qnibus  turbati  Hungari  vobis  non  praevalebunt. 
Sicque  factum  cst :  ante  enim  introitum  ipsorum  ,  rex, 
principes,  clerus  et  populus  invicem  dissidebant,  et 
ideo  noluerunt  [ad  praelium]  se  parare;  unde  pavore 
concussi,  hinc  inde  Tugientes,  multa  millia  occisa  sunt. 

MCCXLIII. 

Post  biennem  sedis  Romanae  vncationem,  electus 
est  in  papam  cardinalis  Senebaldus  (3)  natione  Ja- 
imensis,et,  mutato  nomine,  vocatus  eist  Innocentius 
hujus  nominis  papa  quartns. 

Ludovicus  primogenitus  filiorum  regis  Franciae 
Ludovici  nascitur  (4).  Obiit  Galterus  (5)  Cornuti  Se- 

d'aiitres  auteurs.  On  peut  voir  en  cffet  par  la  teneur  du  recit,  que 
loin  de  s'etre  avances  a  rOrient  jusfju'a  Tlnde,  les  Tartaresdirigeaient 
lcur  maixlie  a  TOccident.  II  s'agit  ici  a  notre  avis  des  Siiidici  ou  Siii- 
doncs  (ville  moderne  Sundgik)  au  bord  du  Palus  Meotide,  car  il  ne 
peut  etre  question  de  Sinda  enPisidie.  »  Hist.  de  Fr.,  t.  XX  ,  p.  55o, 
not.  I. 

(i)  Edit.,  Fnustre ;  Mss.  4917-20,  Fm-estre -,  Yie  de  saint  Louis, 
Fnvastre  ou  Savnstre,  texte  fr.  Fancstrc. 

(2)  Batou ,  neveu  de  Gengis-Kan.  Hist.  dc  Fr.,  t.  XX,  p.  542. 

(5)  Ces  deux  mots  ne  sont  donnes  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(4)  Le  24  fevricr.   Vie  de  saint  Loids ,  Jfisf.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  342. 

(5)  WotreMs.  porte  par  erreur  Gnillcbnus. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  197 

iioneiisls  archiepiscopus,  cui  siiccessit  iEgidius  Cor- 
iiuti ,  ipsius  frater. 

Odo  Clementis,  abbas  sancti  Dionysii  in  Francia , 
factus  est  archiepiscopus  Rothomagensis;  abbasque 
Chigniacifactusestepiscopus  Lingonensis.  Juhellus(i) 
quoque,  prius  Turonensis  archiepiscopus,  Remensis 
archiepiscopus  creatus  est.  Obiit  Albericus  Cornuti 
Carnotensis  episcopus,  cui  sucessit  Henricus  de  Gres- 
seio,  archidiaconus  Blesensis. 

MCCXLIV. 

Innocentius  papa,  circa  festum  sancti  Andreae  apos- 
toli  (2),  venit  apud  Lugdunum  Galliae  urbem ,  ut  ibi 
concilium  convocaret. 

Ludovicus  rex  Franciee,  circa  festum  sanclae  Lucice 
virginis  (3),  apud  Pontisaram  existens,  graviter  eegro- 
tavit,  et  sic  in  illa  infirmitate  anima  ejus  abrepta  est 
a  corporis  sensibus,  quod  a  multis  eestimaretur  esse 
mortuus.  Ut  autem  ab  illa  extasi  ad  seipsum  rediit, 
crucem  protinus  traiismarinam  instanter  petiit  et  acce- 
pit;  cujus  in  brevi  postea  sanitas  subsecuta,  Fran- 
corum  corda  multiplici  laetitia  adimplevit. 

Quidam  infideles  qui  Grossoini  (4)   vocabantur,  a 

(i)  Cest  le  vrai  nom  de  cet  archeveque  et  c'est  ainsi  qu'il  est  aussi 
ecril  dans  les  Mss.  4917?  49^8  et  4920.  Le  Ms  49^9  donne  JubeUu.s ;  et 
les  edit.,  Yvellus. 

(2)  Yers  le  5o  novenibre.  Cette  date  n'est  fournie  que  par  lc 
Ms.  10298-6. 

(3)  Yers  le  i5  decembre. 

(4)  Cette  orthographe  est  conforme  a  celle  du  Ms.  4918.  Le  Ms.  49' 7 
porte  Grossomi;  le  Ms.  49^0,  Grossonii ;  les  edit.,  Chorasiiii ;  c'est 
Charisminion  Kharismini  qu'il  faut  lire.  Les  Kharismiens  etaient  une 
penplade  des  bords  de  la  mer  Caspienne,  chassee  de  son  pays  par  ies 
Mongols.  Voy.  le  continualcur  de  Bkrn.  le  Tres.,  p.  5'i&^. 


198  CHRONICON 

soldano  Babyloni.e  doraino  Jigypti  invitati  atque 
conducti ,  in  regnura  Jerosolymitanum  venientes  et 
Christianos  debellantes,  ante  Gazam  maximam  eorum 
multitudinem,  Domino  permittente,  prostraverunt; 
in  quo  bello  non  solum  Templi  militia ,  verum  etiam 
Hospilalis  potentumque  et  nobiliura  Terrae  Sanctae 
cecidit  non  modica  multitudo.  Deinde  Jerusalem  in- 
vadentes,  sepulcrumDomini  gloriosumdestruxerunt , 
et  intra  atque  extra  sanctam  civitatem  Christianos 
quamplurimos  occiderunt. 

MCCXLV. 

In  festo  aposlolorum  Philippi  et  Jacobi,  prima  die 
maii  (i),  natus  fuit  Philippus  Ludovici  regis  Franciae 
filius. 

Innocentius  papa  circa  festum  apostolorura  Petri  et 
Pauli  (2)  apud  Lugdunum  concilium  celebravit,  in 
quo,  diligenti  deliberatione  prsehabita  cum  praelatis 
ibidem  congregatis  super  nefandis  Frederici  impera- 
toris  Romani  excessibus,  ipsum  omni  dignitate  indi- 
gnura  denuntiavit,  et  sententlando  privavit,  oranes- 
que  qui  eidem  Frederico  juramento  fidelitatis  aut 
confoederationis  erant  adstricti ,  a  juramento  hujus- 
modi  absolvit,  et  illis  ad  quos  in  eodem  imperio  regis 


(i)  La  veille,  suivant  le  meme  auteur  dans  sa  J^ie  de  saiiit  Louis , 
Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  546,  d.  11  faut  probablement  conclure  de  cette 
espece  de  contradiction  que  Philippe  le  Hardi  naquit  dans  la  nuit 
du  3o  avril  au  i"  mai  1245. 

(2)  Vers  le  29  juin.  L'excommunicatioa  de  Frederic  fut  prononcee 
dans  )a  troisierae  et  derniere  session  du  concile,  le  lundi  avant  la  fete 
de  sainte  Madeleine,  c'est-a-dire  le  iTJuillet.  Voir  la  Fie  de  saint 
Lnuis ,  oul'on  trouvera  aussi  longucmcnt  detaillcs  les  motifs  de  Tana- 
tlume  lance  contrc  rempcreur.  Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  046  sq. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  199 

vel  imperatorisRomaiiorumspeclabat  electio,  cligendi 
liberam  annuit  potestatem. 

Post  conciliiim  Lugdunense,  mensc  augusti  (i), 
destinavit  papa  Innocentius  magistrum  Odonem  dc 
Castro  Radulphi ,  episcopum  Tusculanum,  sedis  apo- 
stolicee  legatum  in  Franciam ,  ut  de  regno  Franciae 
praelatos  etbarones  [atque  populum]  exhortatione  sua 
ad  crucis  signum  recipiendum  animaret,  et  ad  trans- 
fretandum  cum  rege  Franciae  Ludovico ,  qui  cruce- 
signatus  erat  ad  succursum  Terrae  Sanctae,  eorum 
animos  prsepararet. 

[In  isto  concilio  conquesti  sunt  curati  de  Cister- 
ciensibus ,  eo  quod  totum  acquirerent ,  ut  dicebant,  et 
inde  decimas  non  solvebant,  propter  privilegia  quae 
habebant  :  ideoque  statutum  fuit,  ut  de  terris  usque 
ad  preesens  concilium  acquisitis  immunes  a  decimis 
existerent,  et  de  acquirendis  in  posterumdeciraas  sol- 
vere  tenerentur  :  exceptis  novalibusjam  acquisilis,  et 
in  posterum  acquirendis,  de  quibus  decimas  non  per- 
solvent.]  (2) 

Landegravius  dux  Thuringiae,  auctoritateet  assensu 
Innocentii  papae,  rex  Alemanniae  elegitur  (3),  et  prae- 
dicatur  crux  hominibus  circa  fines  Hanoniae  et  Flan- 
driae,  auctoritate  praedicti  papae,  ut  irent  in  auxilium 
landegravii  contra  [Henricum],  filium  Frederici  impe- 
ratoris  [depositi,  qui  vices  patris  per  Alemanniam  de- 
fendere  nitebatur.] 

(i)  Cette  date  manqiie  dans  les  edit.  precedentes  et  dans  les 
i\Iss.  4917-20.  Voir  la  Fie  de  saint  Louis ,  ib.,  p.  552. 

(i)  Cet  alinea  n'a  paru  que  dans  l'edition  de  La  Barre ;  c'est  une  ad- 
dition  fournie  par  le  Ms.  de  Citeaux  qui  est  acluellement  aDijon. 

(5)Etlit.  et  Mss.  4917-20,  elcclinncjirincipum  Alcmnnniie. . . .  effcilur. 


200  CHRONICON 

Ludovicus  rex  Franciae  Iniiocentium  papam  apud 
Lugdunum  visitavit,  et  in  reditu  suo  filiam  comitis 
Provincise,  sororem  uxoris  suse  Margai^etae  reginse 
juniorem  (i),  fratri  suo  Karolo  desponsare  fecit. 

MCCXLVI. 

Turci  et  Armenii  fecerunt  confoederationem  cum 
Tartaris,  spondentes  eisdem  magnam  summampecu- 
niae  cum  ingenti  copia  pannorum  sericorum  annuatim 
reddere  pro  tributo. 

In  die  sancto  Pentecostes  (2),  Ludovlcus  rex  Fran- 
ciae  Karolum  fratrem  suum  apud  Meledunum  super 
Sequanam  (5)  novum  fecit  militem,  et  eidem  comi- 
tatum  Andegaviae  largitus  est  (4). 

Innocentius  papa,  [adhuc  in  regno  Franciae  com- 
morans] ,  misit  in  Italiam  quemdam  cardinalem  lega- 
tum,  ut  contra  Fredericum  imperatorem  depositum 
spiritualiter  et  temporaliter  dimicaret. 

MCCXLVII. 
Apudlconium  Turquiae  civitatem,  cum  quidamjo- 
culator  luderet  cum  quodam  urso  in  loco  communi , 
ursus,  levato  crure,  super  crucem  quae  ibi  prope  ipsum 
sculpta  erat  [in  quodam  pariete]  minxlt,  sed  statim 
videntibus  omnibus  ibidem  expiravit.  Cumque  chris- 
tlani  qui  ibidem  morabantur,  super  id  quod  acciderat 
Deum  benedicerent  atque  laudarent,  quidam  sarrace- 

(i)  Beatrix.  Le  mot  juniorefn  n'est  donne  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(2)  Le  27  mai. 

(5)  Les  mots  apud  Melcdununi  supcr  Sccanam  ne  sc  trouvent 
aussi  que  dans  le  Ms.  10298-6. 

(4)  Dans  ia  P^ie  de  saint  Louis ,  nolre  chroniqueur  raconte  que  ce 
prince  fit  don  a  son  frere  des  comtcs  d'Anjou  et  du  Mainc.  Ifist.  de 
Vr.,  t.  XX,  p.  354,  c. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  201 

nus  indignatus  est  valde ,  quod  ibi  super  miraculo  facto 
Christum  attollebant.  Ideo  ibidem  accedens  cum  im- 
petu,  tanquam  in  contemptum  ipsius  crucis  et  Chris- 
tianorum  ,  crucem  percussitcum  manu  (i).  Sed  statim 
brachium  ejus  cum  tota  manu  qua  illam  percusserat  to- 
taliter  exaruit.  Iterumque  sarracenus  alius  prope  ibi 
ebrietati  vacans  in  taberna ,  dum  audiret  illam  admira- 
tionem  et  [super  eo]  Christianorum  laudem,  continuo 
quasi  amens  et  ista  vilipendens,  a  potatione  surrexit, 
atque  in  contemptum  Christianitatis  super  crucem 
mingere  volens,  morte  subitanea  percussus  interiit. 

Sanctus  Ethmundus  Cantuariensis  archiepiscopus  , 
cujus  sacri  corporis  gleba  in  Pontiniacensi  monasterio 
requieverat,  de  terra  estelevatus,  et  auctoritate  aposto- 
lica  prius  canonizatus,  catalogo  sanctorum  est  depu- 
tatus. 

Landegravius  rex  Alemanniae  moritur  cui  successit 
[Wilquinus  qui  et]  Guillermus  comes  Hollandiae. 

MCCXLVIII. 
Ludovicus  rexFranciee  inler  Pentecostem  et  festum 
sancti  Johannis  (2)  iter  transmarinum  arripiens  et 
transiensper  Burgundiam,  apud  Lugdunum  secundo 
visitavit  papam  Innocentium  et  fratres  (3)  ibidem 
commorantes.  Deinde  veniens,  [secundum  Rhoda- 
num],  ad  Rocham  quae  dicilur  Donglui  (4),  quia  do- 


(i)  Edit.  ct  Mss.  4917-20,  de  pitgno  ,  Vie  de  saint  Louis,  cuni  mnnu. 

(2)  Saint  Louis  quittaParis  le  vendredi  12  juin.  V^oy.  sa  f^ie ,  Hist. 
de  Fr.,  t.  XX,  p.  356. 

(3)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  et  cardinales . 

(4)  Edit.  et  Ms.  49^7  7  nd  Rochnmdu  Gli;  4918-20,  ad  Rocham  du 
Glui.Cest  probablement  le  lieu  nonime  Roclie  dc  Glun,  arrondissc- 
ment  de' Valence  ( Drome). 


202  CHRONICON 

minus  illius  castri  a  traiiseuntibus  per  Rhodanum 
exactiones  illicitas  extorquebat ,  et  eos  bonisomnibus 
indebite  spoliabat,  illam  obsidens,  satis  cito  in  dedi- 
tionem  accepit  et  in  parte  destruxit.  Postea  cautio- 
ne(i)  accepta  a  domino  illius  loci  quod  de  caetero  ab 
injuriiset  exactionibus  illicitis  abstineret,  illam  eidem 
restituit,  et  ad  portum  Aquarum  Mortuarum  perve- 
niens,  die  martis  in  crastino  sancti  Bartholomaei  apo- 
stoli  (2)  ,  navem  cum  suis  intravit. 

Comitissa  Attrebatensis,  filia  ducis  Brebantise  (3) , 
cum  esset  prsefjnans ,  de  portu  Aquarum  Mortuarum 
in  Franciam  rediit,  ibique  usque  ad  transitum  comitis 
Pictavensis  Alphonsi ,  qui  cum  regina  Blancha  matre 
sua  ad  regni  Francise  custodiam  relictus  fuerat,  ex- 
pectavit. 

Ludovicus  rex  Francise,  in  Cypro  terram  capiens, 
de  consilio  baronum  suorum  ibidem  hiemavit.  Rex  Cy- 
pri  et  fere  omnes  illius  terrae  nobiles ,  exemplo  Fran- 
corum  animati ,  crucis  signaculum  assumpserunt. 

Soldanus  Babyloniae,  qui  versus  partes  Damasci  in 
terram  Chrislianorum  venire  paraverat,  auditis  de 
regis  Franciae  adventu  [in  Cypro]  rumoribus,  iter 
propositum  revocavit.  Erant  quoque  inimicitiae  inter 
praedictum  soldanum  et  illum  qui  fuit  soldanus  Da- 
masci  ac  Halapines  (4)- 

(i)  Les  edit.  portent  pactioiie,  contrairement  a  tous  les  Mss. 

(2)  Le  mardi  sSaout.  Ce  fut  k  pareil  jourque,  vingt-deux  ansapres, 
saint  Louis  expira  devant  Tunis. 

(5)  Au  lieu  des  trois  mots  qui  precodcnt  on  lit  dans  ics  edit.  et  dans 
lcs  Mss.  49i7-'-^o,  uxovjratris  sui  Rohcrti.  Les  mots  de  portu  Aq. 
Morl.  ne  se  trouvent  que  dans  le  Ms.  10298-6. 

(4)  Edit.  et  Mss.  4917,  4918,  49^0,  Halapinos ,  4919,  Alapiinos ;  les 
lialiitants  d'Alep. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  203 

Obierunt  de  peregrinis  regni  Franciae  in  Cypro  Ro- 
bertus  episcopus  Belvacensis ,  Joannes  comes  Montis- 
fortis,  comes  Vindocinensis,  Guilleimus  de  Melloto 
et  Guillermus  de  Barris  probi  milites,  dominus  Her- 
chembaudus  de  Borbonio,  comes  Drocarum  et  alil 
quamplures  milites  usque  ad  ducentos  quadraginta. 

MCCXLIX. 
Ludovicus  rex  Franciae  de  Cypro  ubi  hiemaA^erat, 
cum  peregrinorum  multltudine  infinita,  circa  Ascen- 
sionem  Domini  (i)  recedens,  apud  Damietam  [primam 
jEgypti  civitatem]  applicuit.  Sed  cum  vasella  nostro- 
rum  usque  ad  terram  siccam  attingere  non  possent 
propter  maris  planiciem,  Franci,  relictis  vasellis  suis, 
contra  Sarracenos,  qui  littus  observantes  nitebantur  eis 
defendere  terram,  saliendo,  in  mare  cum  armis  suis  us- 
que  ad  genua  se  miserunt,  viriliterque  in  Sarracenos 
impetum  facientes,  terram,  hostibus  repulsis  et  plu- 
ribus  interfectis,  occupaverunt.  Deinde  vero  galeae 
ipsorumos  fluvii  Nili  occupantes,  fugientibus  Sarrace- 
norum  galeis  littus  ac  portum  accipientes,  ipsa  die 
qua  venerant  in  littore  sua  tentoria  posuerunt.  Quod 
percipientes  de  Damieta  Sarraceni,  mox  subito  divina 
virtute  perterriti,  illa  nocte  populus,  et  die  crastino 
magnates  de  urbe  exeuntes  in  fugam  conversi  sunt, 
prius  igne  posito  circumquaque.  Quo  statim  a  nostris 
percepto,  commoto  exercitu  simul  concurrentes,  civi- 
tatem  intraverunt  et  in  ea ,  amoto  igne,  regis  Franciae 

(i)  Saint  Louis  s'embarqua  le  jour  de  rAscension  i5  mai ,  il  ne  put 
faire  voile  que  le  mercredi  suivant  ig.  Les  vents  contraires  retarderent 
la  marche  de  !a  flotte ,  qui  n'arriva  en  vue  de  la  cote  d'Egyptc  quc  lc 
4  juin  suivant.  Fie  de  sainl  Louis ,  Hist.  dc  Fr.,  t.  XX,  p.  Syo,  l>.. 
Gr.  chrnii.  dc  France,  cd.  dc  M.  P.  Paris,  t.  iv,  p.  5o8. 


204  CHRONICON 

qarnisionem  posuerunt.  Deinde,  mundata  civitate, 
Ludovicus  rex  Franciae ,  rex  Cypri  et  barones  totius 
exercitus  Christianorum,  legatus  et  patriarcha  Jeroso- 
Jymitanus,  cnm  clero  universo,  nudis  pedibus  eam 
processionaliter  intraverunt ,  mahomeriam  reconcilia- 
veruntquaedudum,  inalteraejusdemurbiscaptione(i), 
beatae  Mariae  semper  virgini  fueratecclesia  consecrata; 
[deinde  redditis  inibi  de  impensis  beneficiis  gratiarum 
actionibus  Deoaltissirao,  celebrata  fuitmissa  solemni- 
ter  in  honorebeatae  Mariae  genitricis  Domini  alegato.] 
Sic  ergo  divinitus  capta  Damieta  octava  die  post  Tri- 
nitatem  (2),  rex  Franciae  et  totus  exercitus  christianus 
ibidem  tota  aestate  usque  ad  decrescentiam  Nili  fluminis 
perstiterunt ,  timentes  ne  in  ejus  crescentia  damnum 
incurrerent,  sicut  alias  tempore  Johannis  regis  Je- 
rusalem  Christianis  legitur  advenisse. 

Alphonsus  comes  Pictavensis,  frater  Ludovici  regis 
Franciae  ,  qui  ad  regni  custodiam ,  cum  matre  sua  do- 
mina  Blanclia  regina,  relictus  fuerat,  eidem  dominae 
matri  suae  dimissa  regni  custodia,  cum  uxore  fratris 
sui  Roberti  Attrebatensis  comitis  iter  transmarinum 
arripuit,  et  diedominica  ante  festum  (5)  apostoloriim 
Simonis  et  Judae  apud  Damietam  applicuit. 

Ludovicus  rex  Franciae,  Damieta  victualibus  et  gente 
munita ,  vicesima  die  novembris  de  urbe  cum  exercitu 
recedens,  processit  adversiis  Sarracenos  qui  apud  Mas- 
soram  iu  magnumexercitum  fuerant  congregali.  Cum 
igitur  [ibidem]  tota  hieme  nostri  cum  Sarracenis  beiie 


(i)  En  i-iig.  Voy.  ci-dcssus,  p.  i65. 
(i)  Lc  dinianclic  6  juin. 
(5)  Lc  dimanclic  24  octobre. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  205 

et  \iriliter  decertassent ,  quaraplurimos  ex  ipsis  occl- 
dentes  et  eisdem  damna  non  modlca  inferentes,  tan- 
dem  ,  dum  una  die  inconsulte  et  inordinate  conlra  eos 
processissent,  Sarraceni,  resumptis  viribus,  nostros 
undique  circumvallantes ,  non  modicam  stragem  ex 
ipsis  fecerunt.  Ibi  namque  Robertus  comes  Attrebati , 
frater  Ludovici  regis  Franciae,  alios  praeveniens,  ut 
vidit  villara  [Massorse]  apertam,  se  infra  eam  impe- 
tuose  et  minus  caute  quam  decebat  ingerens,  inter 
manus  hostium  incidens  (i)  ,  temporaliter  est  amissus. 

MCCL. 

Rege  Franciae  cum  exercitu  christiano  apud  Mas- 
soram  Sarracenos  expugnante  (2),  nostris,  occulto  Dei 
judicio ,  omnia  snccesserunt  in  contrariura.  Nam  peste 
diversarum  aegritudinum  et  etiam  mortalitatis  gene- 
ralis  tam  in  hominibus  quam  in  equis  ita  afllicti  sunt, 
ut  in  exercitu  eorum  vix  aliqui  essent  qui  mortuos 
suos  vel  aegrotantes  ad  mortem  non  plangerent.  Unde 
pro  magna  parte  diminutus  fuit  christianus  exercitus 
atque  consumptus.  Tantus  etiam  erat  defectus  victua- 
lium,  quod  quamplures  inedia  deficiebant  et  fame ; 
non  enlm  ad  exercitum  vasella  navalia  de  Damieta 
transire  poterant,  propter  Sarracenorum  galeas  quae  in 
flumine  fuerant  collocatae.  His  igitur  incommodis 
nostros  arctatos  ,  inevitabilis  necessitas  illos  induxit  a 
loco  recedere ,  et  ad  partes  Damietae  redire,  si  Dorainus 
providisset.  At  vero  dum  quinta  die  aprilis  essent  in 

(i)  Edit.  et  Mss.  49 '7-20 ,  se  infra.  eam  imp.  ingerens  cum  Sarva- 
cenis  fugientibus ,  ct  minuscauteq.  cleceb.,  inter  manus,  etc. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Sancio  reg.  Fr.  Ludovico  Sarrac.  ap. 
Massor.  expugnanie  nostris ,  etc. 


206  CHRONICON 

itinere  revertendi,  Sarraceni  istud  percipientes  mox 
cum  infinita  multitudine  armatorum  eos  viriliter  sunt 
aggressi.  Accidit  quoque  permissione  divina,  peccatis 
fortasse  aliquorum  exigentibus,  ut  rex  Francias  Ludo- 
vicus,  cum  duobus  fratrlbus  Alphonso  Pictavensi  et 
Karolo  Andegavensi  comitibus,  ac  caeteris  qui  cum  eis 
redibant,  in  manus  Sarracenorum  inciderent;  et  capti 
sunt.  Itaque  per  terram  nemo  penitus  evasit  praeter 
pauci,  legatus  et  quidam  alii ,  qui  paulo  ante  recesse- 
rant  ab  exercitu  christiano;  major  etiam  parsquae  re- 
vertebatur  per  fluvium,  similiter  fuit  capta  vel  inter- 
fecta. 

[Eodem  tempore  regina  Franciae  Margareta  enixa 
est  puerum  Johannem  nomine  apud  Damietam;  quem 
Tristan  cognominari  fecit,  propter  tristitiam  quam 
de  captione  viri  sui  et  fratrum  ejus  habuit,  atque  de 
infortunio  populi  christiani.] 

Fredericus  [Fiomanorum  imperator  depositus]  Hen- 
ricum  fdium  suum  priraogenitura,  quem  [pridem]  re- 
gem  Alemanniae  coronari  fecerat,  accusatum  sibi  de  re- 
bellione  captum  in  Appuliam  ducens,  squalore  carceris 
suffocavit;  et  post,  cum  inter  civitates  Lombardiae  Par- 
mam,  tanquam  sibi  magis  exosam,  forli  raanu  obsi- 
deret,  a  legato  domini  Papae  et  a  Parraensibus  devictus, 
araissis  thesauris  et  aliis  rebus  suis,  in  Appuliam  re- 
diit(i),  urbi  gravi  infirmitate  correptus  diera  clausit 

[i)  Les  trois  Mss.  49171  4918  et  4920  povteni.  in  j4puliam  recUit ,  et 
post  in  Siciliam  transiens ;  lecon  adoptee  par  les  derniers  editeurs. 
D'Achery  a  iniprime,  d'apres  le  Ms.  de  Saint-Germain  n°  4^5,  et  post 
in  Apuliam  transiens ,  et  cette  repetition  oiseuse,  due  a  l'inattention 
d'un  copiste,  a  ete  reproduitedans  la  deuxi^me  edition  du  Spicilege.  Ce 
futen  effet  dans  rApouille,  a  Fiorenzuola,  qiie  mourut  Frederic  II  le 
i5  decembre  \i5o. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  207 

extremum.  Post  cujus  mortem  Corrardus  ejusdem  filius 
ex  filia  Johannis  de  Bregna  quondam  regis  Jerusalem, 
coepit  in  regno  Siciliae  et  Appulia  fortiter  dominari. 
Innocentius  papa,  audita  morte  Frederici  imperatoris 
depositi ,  de  Lugduno  Galliae  recedens ,  profectus  est 
in  Italiam  apud  Assisiam,  et  ibidem  longo  tempore 
moratus  est. 

Soldanus  Babyloniae  [Melech  Helvahenni  (i),  ulti- 
mus  de  genere  Salahadini ,]  qui  regem  Franciae  Ludo- 
vicum  tenebat  captivatum ,  a  suis  interfectus  est;  et 
rex  Ludovicus,  pretio  dato,  reddita  Sarraceiiis  Da- 
raieta,  cum  fratribus  suis  et  caeteris  captis  christianis 
liberatus  esl.  Porro  post  liberationem  suam,  mittens 
duos  fratres  suos  in  Franciam  Karolum  et  Alphonsum 
[ad  consolandam  matrem  suam]  ,  ipse  rex  piissimus 
transfretavit  in  Accon ,  et  Caesaream  (2)  Joppen  et 
Sydonem  firmavit  muris ,  et  infortiavit  Accon ,  et 
captivos  multosredemit,  et ,  per  spatium  quatuor  an- 
norum  \el  quinque  (5)  in  Terra  Sancta  moratus , 
multa  bona  ibidem  operatus  est. 

MCCLI. 
In  regnoFranci8e(4)  facta  estcrucesignatio  pastorel- 

(i)C'est  Melek-el-Moadham-Turan-Schah,  appele  Turquemin  par 
les  historiens  francs. 

(2)  Dans  les  edit.  precedentes  et  dans  les  ftlss.  4917-20  le  nom  de 
Cesaree  est  omis ;  il  est  reraplace  par  les  mots  et  qucedam  castra  qu'on 
lit  apres  le  nom  de  Sidon. 

(5)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  quinque  annorum  vel  circiter. 

(4)  La  redaction  de  cechapitre  telle  que  nous  la  donnonsici  d'apres 
le  Mss.  10298-6  est  beaucoup  moins  developpee  que  dans  les 
Mss.  4917-20  et  dans  les  precedentes  edit.  Cest  neanmoins  la  redac- 
tion  originale ,  ainsi  qu'on  peut  s'en  convaincre  en  la  comparant  a  la 
uarration  du  meme  fait  inseree  parGuillaume  deNangis  dans  sa  Vic 


208  CIIROJNICON 

loruinetpuerorummiiltorura,quorumaliquifingebant 
visioues  angelorum  se  vidisse  et  rairacula  facere,  ac  ad 
ulciscendum  regem  Franciae  Ludovicum  a  Deo  esse 
raissos.  Inter  quos  erant  quidam  qui  se  magistros  vo- 
cabant  et  more  episcoporum  aquam  benedictam,  etiam 
in  ipsa  civitate  Parisiensi ,  fecerunt ,  matrimonia  con- 
junxerunt,  et  dissolvebant  ad  libitum.  In  religiosos  et 
clericos  et  laicos  multa  enormia  et  homicidia ,  cum  non 
esset  qui  eis  resisteret,  committentes ,  crucesignabant 
et  decrucesignabant  multos  ad  suam  voluntatem.  Dux 
vero  eorum  et  magister,  quem  vocabant  magistrum  de 
Hungaria ,  dum  per  Aurelianis  transiens  cum  magna 
pompa,  quosdam  clericos  occidisset,  et  plura  mala  com- 
mittens  Bituris  pervenisset,  Judaeorumque  libros  des- 
truens,  eos  bonis  indebite  spoliasset;  dum  de  Bituris 
recederet,  etesset  inter  [villam]  qu;e  Mortemer  dicitur 
ac  Villam  Novam  supra  Carum ,  a  Bituricensibus  in- 
secutus ,  interfectus  est.  Pluribus  vero  ex  aliis  in  di- 
versis  locis  propter  maleficia  sua  interfectis  atque  sus- 
pensis ,  omnes  dispersi  sunt  etevanuerunt  sicut  fumus. 

MCCLII. 
In  Dacia,  Henricus  rex  Dacorum  (i)  inclytus,  ab 
Abel  fratre  suo  juniori ,  ut  regnaret  pro  eo,  in  mari 
sulFocatur;  sed  parum  honoris  et  commodi  propter  hoc 

de  saint  Louis.  Les  deux  passages  sont  a  peu  pres  identiques.  On  trou- 
vera  a  la  fm  du  volume,  note  A,  la  version  des  Mss.  4917-20  adoptee 
par  les  precedents  editeurs. 

(i)  Dans  les  ecrivains  du  moyen  age  les  mots  Dacia,  Daci  sont  mis 
souvent  pour  Dania,  Dani,  Baudrand,  Geogr.  v.  Dacia.  Ici  par 
exemple  les  mots  Henricus  rex  Dacorum  designent  Eric  IV,  roi  de 
Daneraark,  dont  la  fin  tragique  est  imputee,  en  partie  du  moins,  » 
son  frereAbel,  qui  iui  succeda. 


GUILLELMI  DE  NANGL\CO.  209 

est  assecutus,  nam  sequeiitl  anno  regni  sui,  cumFri- 
sones  subjugare  voluisset ,  a  Frisonibus  est  inter- 
emptus. 

Innocentius  papa  constituit  ut  omnes  cardinales 
Romanse  curiee  portent  in  capite  capellum  rubeum 
dum  equitant,  ut  discernantur  et  cognoscantur  ab  aliis 
secum  equitantibus;  per  hoc  innuensquod  in  persecu- 
tione  fidei  et  justiciae,  Romana  ecclesia,  quae  caput 
omnium  aliarum  est,  prse  caeteris  caput  debet  oppo- 
nere,  si  necesse  fuerit,  cruentandum. 

[Alphonsus  et  Karolus,  sancti  Ludo\ici  regis  Fran- 
ciae  fratres ,  de  transmarinis  partibus  in  Franciam  re- 
dierunt.] 

Orta  est  turbatio  Parisius  inter  clericos  et  religiosos 
ibidem  studentes,  propter  quemdam  bbrum  quem 
magister  Guillermus  de  Sancto-Amore  canonicus 
Belvacensis  composuerat,  intitulatum  De  periculis 
inundi ;  scd  ipso  magistro  [propter  hoc]  ad  curiam 
Romanam  accedente,  discordia  per  dominum  papam 
Innocentium  pacificata  est. 

[Eodem  tempore  abbas  sancti  Dionysii  in  Francia 
Guiliermus  misit  per  duos  ejusdem  ioci  monachos 
sancto  regi  Francise  Ludovico  ,  in  transmarinis  parti- 
bus  commoranti,  navcm  pannis  varii  coloris  ad  vestien- 
dum  «Tptis,  caseis  et  volatilibus  oneratam.  Quos  rex 
sanctus  tanquam  patroni  sui  sancti  Dionysii  nuntios 
speciali  laetitia  suscipiens,  tanto  itinere  fatigatos  diu 
secum  retinuit,  oblatis  multis  muneribus,  si  reciperc 
voluissent.  Qui  cum  ejus  licentia  postmodum  rece- 
deutes  ab  eo,  sani  et  incolumes,  post  gravia  maris  pe- 
ricula,  ad  propria  remearunt.] 

I.     '  i4 


210  CHRONICON 

MCCLIII. 

Neapolis  civitas  [Appulise],  quae  per  biennium  passa 
fuerat  insultus  Manfrecli  principis  Tarentini  ,  filii 
Frederici  imperatoris  Romani  dampnati  ex  quadam 
concubina,  a  Corrardo,  fdio  dicti  Frederici  legitimo, 
obsidetur.  Qui  cum  eam  quinque  mensibus  obsedisset 
et  ipsam  per  jtactum  (i)  recepisset,omnes  muros  civi- 
tatis  et  meliores  domos  civlum  funditus  evertit;  et 
idem  postea  de  Capua  et  Aquino  fecit  similiter.  Qui 
cum  patris  vestigia  in  persecutione  Ecclesiae  sequere- 
tur,  justo  Dei  judicio  percussus  interiit,  relicto  unico 
filio  parvulo  nomine  Corradino. 

Regina  Franciae  Blancha  mater  regis  Ludovici  obiit, 
et  apud  Malam  Dumumjuxta  Pontisaram  (2),  in  ab- 
batia  monialium  [feminarum  ordinis  Cisterciensis] 
quam  ipsa,  assensu  fifii  sui  Ludovici  regis ,  fundave- 
rat,  sepelitur.  [Tunc  ergo,  quia  rex  sanctus  Ludovicus 
aberat,  fratres  ejus  Alphonsus  et  Karohis  comites,  re- 
gni  custodiam  habuerunt;  nondum  enim  Ludovicus  et 
Philippus,  filii  sanctiregis,  setalem  attigerant  ut  pos- 
sent  vel  scirent  ad  fortia  ponere  manus  suas]. 

Innocentius  papa,  audita  morte  Corrardi  filii  Fre- 
derici  imperatoris  Romani  deposili ,  regnum  Siciliae, 
de  consiiio  sapientum  et  procerum  regni ,  intravit,  et 
pervenit  Neapolira  in  Appulia. 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  quibusdam  pactis  cuni  civibus  initis. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  obiit  et  apud  Pontisaram.  Dans  sa  J^ie 
de  saint  Louis ,  Guillaurne  de  JNangis  dit  aussi  a  l'annee  i253,...  re- 
gina  Francice  Blancha....  apud  Malam  Dumum...  sepelitur.  Blanche 
fut  en  efFet  enleiree,  non  a  Pontoise,  mais  dans  l'abbaye  de  Mau- 
buisson  prts  de  Pontoise. 


GUILLELMI  DE  WANGIACO.  211 

Quitlem  Turcus  faclus  est  soldaiius  Babylonlae  et 

vocatus  Melec  El  Mehem  (i). 

Manfredus  princeps  Tarentinus  (2)  regnum  Siciliae 

usurpat. 

MCCLIV. 

Hulaon  princeps  Tartarorum  (3)  polentissimus  ce- 
pit  civitatem  Sarracenorum  Baldac,  quse  olim  dicta  fuit 
Susis,  ubi  erat  sedes  caliphae,  et  ipsura  calipham  fame 
mori  fecit.  Qui  dum  valde  esuriret,  fecit  ante  illum 
byzanteos  aureos,  quoniam  multum  nimis  aurum  di- 
lexerat,  ponere,  dicens  :  «  Comedehunc  cibum  quem 
u  tantum  dilexisti.  » 

Innocentiuspapa,  dum  praepararet  exercitum  contra 
Manfredum  principem  Tarentinum,  filium  Frederici 
imperatoris  Romaiii  ex  quadam  concubina ,  qui  re- 
guum  Siciliae  usurpaverat  sub  protectione  tutoria 
Corradini  nepotis  sui,  filii  Corrardi  nuper  defuncti  (4), 
apud  Neapolim  diem  clausit  extremura;  cui  successit 
Alexander  quartus  ,  natione  Campanus. 

Ludovicus  rex  Franciae  de  transmarinis  partibus 
in  Franciam  est  reversus. 

Corradinus  filius  Corrardi  ex  filia  ducis  Bajoriae  (5), 

(i)  Edit  ,  Melech Elvaham ;  Mss.  4917-20,  Melech~E Ivahan.  —  Az- 
zeddin-Moez-Ibegli ,  premier  souverain  de  la  dynastie  des  manieluks 
Baharites. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20  ,  ejus  {Conradi)  frater. 

(5)  Edit.,  Haalon;  Mss.  4917?  49i^>  49^0,  Hialon;  49i9)  Hyalon 
princeps  Tarantinorum.  La  prise  de  Bagdad  par  Houlagou,  clief  des 
Mongols,  et  l'exlinction  du  califat  par  la  mort  du  calife  Mostazem 
Billah  datent  seulement  de  19.58. 

(4)  Dans  les  precedentes  editions  on  lit  conformenient  aux 
Mss.  4917-20,  Innocentius papa  d.  p.  e.  c.  Manfr.  princ.  Tarentinum 
occupatorem  regni  Sicilice ,  apud  Neapolim,  etc. 

(5)  Conrad  IV  avait  cpouse  Ehsabeth,  fille  d'Othon  duc  de  Baviere. 


212  CEIRONICON 

metuens  tyrannidem  Manfrefll  palrui  sui,  latenter  fu- 
giit  iii  Bajoriam. 

[Joannes  filius  comitissae  Flandrensis  et  Hanoniae 
Margaretae  primogenitus  ex  Bucardo  domino  de  Ave- 
nis,  contra  matrem  insurgens  voluit  eidem  matri  suae 
vi  sua  praeripere,  qui  eani  jure  hereditario  contingebat, 
Hanoniae  comitatum.  Qnare  mater  indignata  Karo- 
lum  comitem  Andegavensem,  fratrem  sancti  regis 
Franci^e  Ludovici,  in  suum  adjutorium  invocavit,  et 
eidem  in  contemptum  filii  dictum  comitatum  tribuit 
et  concessit  (i).  Qui  accepto  taliter  comitissoe  dono, 
statira  apud  Valeiitianas,  castrum  fortissiraum,  caput 
totius  Hanoniae  comitatus,  garnisionem  magnam  mi- 
lltum  cum  Hugone  de  Bauceio  milite  strenuissimo 
destinavit,  qui  contra  voluntalem  villse  burgensium, 
qui  sibi  erant  contrarii ,  portnium  aditus  et  castri  mu- 
nilionem  saisierunt.  Postea  vero  Karolus,  collecto  de 
Francia  ingenti  exercitu,  qui  ad  quinquaginta  millia 
poterat  eestimari,  comitatum  Hanoniae  potenter  intra- 
vit,  et  multas  munitiones  et  villas  vi  vel  deditione  re- 
cipiens,  ad  castrum  quod  Mons  in  Hanonia  nominatur 
perveniens,  illud  obsedit.  Interlm  autem  Johaiines 
fdius  comitissae  non  qulescens,  Wiliquinum  de  Hol- 
landia  regem  Romanorum,  et  multos  nobilcs  de  Bra- 
banto  el  Alemannia  ex  parte  patrisdesuo  generepro- 
creatos,  ante  Valentianas  in  magna  multitudine  gentis 
etpolentia  congregavit.  Quos  Hugo  de  Bauceio  gentis 
Karoli  capitaneus,  Petrus  de  Blemu  et  quidam  alii  de 

(i)  11  est  essentiel  de  reni;irquer  que  ce  long  alinea  est  emprunte 
aux  editions  {Drecedenles  et  aux  Mss.  4917-^0.  Le  texte  du  Ms.  10298-6 
ue  precise  pas  aussi  bien  la  cause  de  la  donation  dont  il  sagit  ici. 
Voy.  plns  bas,  an  1155,  p.  2i5. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  21 3 

\llla  consplcientes,  ausii  temerario  de  castro  poiLis 
apertis  contra  eos  exlerimt,  cupientcs  animositatem 
Theutonum  experiri;  et  conflictu  inito  ante  fores, 
cum  viderent  sibi  periculum  immincre,  intra  villam 
sese  ciim  impetu  retraxcrunt.  Quos  persequeus  qui- 
dam  miles  sLrenuus  de  hostili  exercitu  nomine  Stra- 
diot,  castrum  cum  ilhs,  nescio  cujus  vexillum  alte  in- 
tonans,  est  ingressus;  sed  portis  lapsatis  interius  est 
retentus.  Hujusmodi  vero  Karolus  rumores  audiens, 
et  timens  Valentiani  castri  burgensium  prodilionem 
contra  suos,  mox  virum  in  armis  strenuum  Lu- 
dovicum  comitem  Vindocinensem,  cum  quibusdam 
aliis  illuc  in  gentis  suae  adjutorium  destinavit.  Qui 
cum  Valentianas  appropinquare  coepissent,  bannerias 
suas  deplicare  fecerunt,  ut  sui  de  villa  visis  armo- 
rum  signaculis  portas  aperirent,  et  hostilis  exercitus 
qui  ex  parte  alia  ultra  Scaldum  fluvium  residebat,  de 
ipsorum  adventu  forsitan  teneretur.  Videns  autem 
Wiliquinus  rex  quod  suo  exercitui  cibosdiu  ministrare 
non  posset,  versus  Karolum  cum  gente  sua,  qui  Mon- 
tem  obsederat,  seretraxlt;  et  quia  cibis  sibi  et  genti 
suaedeficientibus  atque  sumptibus,  aut  statim  pugnare 
aut  cito  recedere  oportebat,  diem  pugnse  Karolo  nun- 
tiavit.  llle  autem  quantum  in  se  erat  istud  desiderans, 
sed  aliquos  barones  de  Francia  secnm  habens,  ut  erat 
comes  Blesensis,  comes  sancti  Pauli  et  dominus  dc  Co- 
ciaco  de  Joannis  sanguine  procreatos  ,  qui  certamen 
fieri  minime  permittebant,  treugis  acceptis,  et  rebus 
in  tali  statu  remanenlibus,  Karolus  in  Franciam  se 
recepit.  Sed  eodem  tempore  de  transmarinis  paitibus 
reversus  in  Franciam  sanctus  rex  Ludovicus,  pacls  et 


214  CHRONICON 

concordlae  filiiis,  pacem  postmodum  composuit  iiilcr 
ipsos,] 

MCCLV. 

[Williquinus,  qui  et]  Guillermus,  rex  Alemanniae  a 
Frisonibus  est  interfectus.  Post  quem  electores  in  duo 
se  dividentes,  elegerunt  quidam  regem  Hispaniae,  alii 
Richardum  comitem  Cornubiee,  fratrem  Henrici  regis 
Angliae;  sed  landem  Richardus  apud  Aquisgranum 
[ope  suse  pecunise]  coronalur. 

Taurinenses,  de  consilio  Astensium,  ceperunt  do- 
minum  suum  Thomam  comitem  Sabaudiae  (i).  Quod 
ecclesia  Romana  graviter  ferens,  eo  quod  ex  dono 
Giiillermi  regis  Romanorum  et  Ecclesiee  ipsam  urbem 
Taurinensem  receperat,  ipsos  Taurinenses  et  Astenses 
excommunicavit,  ac  ipsos  (2)  et  eorum  bona  per  regem 
Franciee  Ludovicum  capi  in  toto  regno  Francise  pro- 
curavit.  Dicta  vero  civitas  Taurinensis  a  Bonefacio 
electo  Lugduni  (5)  eta  domino  Petro  de  Sabaudia  fra- 
tribus  dicti  Thomae  obsessa  fuit,  non  tamen  capta. 

Comes  Flandrensis  (4)  et  frater  suus,  quos  comi- 

(i)  Thoraas,  lils  de  Thomas  I"  comte  de  Savoie,  ne  gouverna  ce 
paysqu'en  quaUte  de  regent  du  jeune  conite  Boniface,  son  neveu.  Cest 
ce  meme  Thomas  qui  avait  ete  pendant  sept  ans  comte  de  Flandre, 
par  son  mariage  avec  Jeanne  fiUe  de  Baudouin  IX.  Supr.,  p.  i8o,  not. 

(2)  Les  mots  ac  ipsos  ne  sont  donnes  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(0)  Boniface,  l'un  des  fds  de  Thomas  comte  de  Savoie,  apres  avoir 
occupe  successivement  le  siege  episcopal  de  BeUey  et  cekii  de  Valence, 
succeda  Tan  i245  a  saint  Edmond  archeveqne  de  Cantorbery. 

(4)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Guidn.  —  Marguerite,  fiUe  puinee  de 
Baudouin  IX,  succeda  l'an  1244  a  sa  sceur  Jeanne  dans  les  comtes  de 
Flandre  et  de  Hainaut.  EUe  avaitepouse,  en  i2i5,  Bouchard  d'Avenes, 
archidiacre  de  Laon  etchanoine  de  Lille,  qui  la  rendit  mere  de  Jean 
(t  deBaudouin  d'Avenes.  Apres  la  dissolution  de  ce  premier  mariage, 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  215 

lissa  Flandrensis  Margareta  susceperat  a  dorr.ino  Guil- 
lernio  de  Dompna  Petra,  fratredomini  Herchambaudi 
de  Borbonio  (i) ,  et  dominus  Herardus  de  Valerlco  ac 
quamplures  alii  (2),  qui  incaute  transierant  in  Hollan- 
diam  ,  a  Florentio  comile  Hollandiae,  fratre  Guillermi 
regis  Romanorum  a  Frisonibus  interfecti ,  capti  fue- 
runt  (5).  Florentius  enim  juvabat  etreceptabat  Jolian- 
nem  et  Balduinum  de  Avenis,  filios  ejusdem  comitissce 
de  Buchardo  de  Avenis ,  fratre  comitis  de  Avenis,  qui 
diclam  comitissam  desponsaverat  cum  esset  subdia- 
conus,  ut  dicebatur,  cui  dicta  comitissa  juvenis  et 
puella  tradita  fuerat  custodienda.  Quod  agnoscens 
dicta  comitissa,  in  odium  fdiorum  suorum  Johannis  et 
Balduini  dedit  Karolo  Andegavensi  comiti,  fratri  Lu- 
dovici  regis  Franciae,  Valentinianas  cum  comitatu 
Hanoniae. 

Marguerite  se  remaria,  ran  1218,  a  Guillaume  de  Dampierre,  Cls  de 
Gui  II  de  Dampierre  et  de  Mathilde,  heritiere  de  Bourbon.  Elle  en 
eut  les  deux  enfants  dont  il  est  ici  question  Gui  et  Jean  de  Dampierre. 
Un  troisieme  fils  de  ce  deuxieme  lit  nomme  Guillaume  etait  mort 
en  i9.5i. 

(i)  Le  Ms.  10298-6  porte  Herchambaudi  de  Sorbonio ;  mais  c'est 
une  erreur  de  copiste.  Toy.  la  Fie  de  saint  Louis,  par  Guillaume  de 
JNangis,  Hist.  deFr.,  t.  XX,  p.  3go,  b. 

(2)  Parmi  ces  quamplures  alii  les  Mss.  4917-20  et  les  editions  pre- 
cedentes  indiquent  les  comtes  de  Giiines  et  de  Bar. 

(3)  Les  aulres  Mss.  et  les  edit.  ajoutent  Comes  auteni  de  Guinis  et 
Frisones ,  qui  illuc  lucri  caw^a  non  adjutorii  convenerant ,  Herarduni 
de  Valerico  et  Barrensem  comitem  rapuerunt ,  sed  eosdem  postea, 
accepta  magiia  pccunia,  reddiderunt  incolumes  suce  genti.  Les  details 
qni  suivent  dans  notre  texte  a  partir  des  mots  qui  dictam  comitissam 
desponsaverat  ne  sont  fournis  que  par  le  Ms.  10298-6.  lls  sont  con- 
formes  a  la  Chron.  de  S.  Denys ,  a  la  Vie  de  saint  Louis ,  et  semblent 
assigner  une  autre  cause  a  la  donation  de  Yalenciennes  et  du  comle  de 
Hainaut  deja  rapportee  un  peu  plus  baut  d'aj)res  les  precedentcs  cdi- 
tions.  V'oy.  ci-dessus,  an  1204,  p.  ii2. 


216  CHRONICON 

Branchaleoii  de  Bononia,  uibis  Romae  senator,  pacis 
et  justiciae  cultor  preRcipnus,  de  consilio  quorumdam 
cardinalium  et  nobilium  Romanorum ,  orta  dissen- 
sione,  obsessus  fait  in  Capitolio.  Qui  cum  se  dedisset, 
popuhis  posuit  eum  in  custodia  apud  Septem  Soles; 
sed  tandem  traditus  nobilibus,  in  quodam  castro  fuit 
incarceratus  et  male  tractatus;  et  nisi  habuisset  obsi- 
des  Romanorum  Bononiae,  Romani  euai  occidissent, 
eo  quod  in  exercitio  justitiag  et  in  refrenatione  rapi- 
iiarum  (j)  eisdem  non  pepercisset.  Bononienses  vero, 
licet  interdicti  a  domino  Papa  fuissent,  tamen  nisi 
civem  suum  rehaberent,  obsides  Romanorum  reddere 
noluerunt. 

Discordia  (2)  quae  fuerat  inter  fratres  Prsedicalores 
et  Minores  ac  alios  religiosos  Parisius  studentes  ex  una 
parte,  et  magistrum  Guillermum  de  Sancto-Amore  ex 
alia,  superlibrum  quem  De periculis  miindi  inlilula- 
tum  composuerat,  recidivavit.  Propter  quam  discor- 
diam  sedandam  et  pacificandam,  misit  rex  Franciae 
Ludovicus  ad  curiam  Romanam  duos  clericos,  ut  per 
dominum  papam  [Alexandrum]  debitum  finem  sor- 
tiretur.  Tandem  multis  hinc  indepropositis,  damnatus 

(i)  D'Ach.  et  de  La  B.,  in  rnpinarum  habitu;  Hist.  *le  Fr.  et 
Mss.  4917-20,  in  rap.  ambilu. —  Pour  Septeni  Soles,  voy.  l'In<lexgeogr. 
(2)  Cet  alinea,  dans  les  precedeutes  edit.  et  dansles  Mss.  49'7-20, 
est  rapporte  a  Tanuee  ii56 ,  et  la  buUe  qui  condamna  le  livre  de  Guil- 
launie  de  Saint-Amour  est  en  eftet  du  5  des  nones  d'octobre,  la  seconde 
annee  du  pontificat  d'Alexandre  IV,  c'est-a-dire  du  5  octobre  i256. 
Du  BouLAV,  Hist.  de  VUniv.,  t.  111,  p.  3io  sqq.  Mais  la  querelle  entre 
1'Universite  et  les  nioines  ayant  cn  eftet  reconimence  en  i-i55,  nous 
avons  cru  pouvoir  conserver  Tordre  du  Ms.  10298-6,  qui  est  proba- 
blement  rordre  etabli  par  Guillaume  dc  Nangis  lui-meme,  puisque 
dans  sa  Vic  de  sainl  Louis  les  mem.-^s  fairs  sonl  raconles  a  Tannee  \i55. 
\  (>v.  Hist.  de  Fr.,  t.  XX  ,  p.  3<)o. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  217 

est  et  combustus  coram  Papa,  apud  Anagniam  in  ec- 
clesia  cathedrali,  liber  a  praedicto  magistro  Guillermo 
editus,  non  propter  haeresim,  ut  quidam  dicunt,  quam 
contineret,  sed  quia  contra  preefatos  religiosos  vide- 
batur  seditionem  et  scandalum  excitare. 

MCCLVI. 

Comes  Flandriae  (i)  et  frater  suus,  [atque  omnes  de 
Flandria]  quos  Florentius  coraes  Hollandiae  in  prisione 
tenebat,  auxilio  Karoli  comitis  Andegavensis  liberati 
fuerunt.  Dictus  vero  Florentius  [ex  condicto]  soro- 
rem  dicti  comitis  Flandriee  debuit  ducere  in  uxorem 
et,  ad  preces  Ludovici  rcgis  Franci?e,  Karolus  frater 
ejus,  comes  Andegavis,  recepta  magna  pecunia,  qui- 
tavit  Valentinianas  et  comitatum  Hanoniae;  actumque 
fuit  inter  fratres  praedictos,  filios  comitissae  Flandria?, 
quod  post  mortem  comitissae,  comitatus  Hanoniae 
ad  fratres  de  Avenis  adveniret,  et  comitatus  Flandriae 
cum  aliis  terris  heredibus  domini  Guillermi  de  Dompna 
Petra  remanerent. 

Mense  septembri  fuit  terrae  motus  in  urbe  Roma  et 
apud  Anagniam  ita  mngnus ,  quod  Pvomae,  campana 
sancti  Silvestri  de  Capite  per  se  pulsaverit. 

MCCLVII. 
[Cum  Karolus  (2)  comes  Andegaviae  comitatum  Pro- 
vinciae,  qui  uxorem  ejus  jure  hereditario  contingebat, 
libere  suscepisset,  Marsilia  civitas  opulenta ,  quae  de 


(i)  Edit.  etMss.  4917-20,  Guidofilius cornitissce  Flandrice. 

(2)  Cet  alinea  est  fort  abrege  dans  lc  Ms.  10298-6.  On  y  lit  :  Karo- 
lus  comes  Ande^avice ,  fralcr  Ludovici  regis  Francice ,  Marsiliam  suo 
dominio  subjecil ;  texte  confornie  a  celui  de  la  Vie  de  S.  Louis ,  Jlisi. 
de  Fr.,  t,  XX,  p.  4 10. 


218  CHRONICON 

juresub  domlnio  comitum  Piovinciae  soletesse,  a  fide 
Karoli  descivit.  Propter  quod  Karolus,  adversus  Mar- 
silienses  insurgens  vlriliter ,  eorum  Insolentiam  in 
brevl  repressit  et,  Francorum  frelus  auxilio,  super- 
biam  castigavit.] 

Branchaleo  de  Bononia  iterum  electus  in  senato- 
rem  urbis  Romae,  cum  Romam  venisset,  turres  urbis 
dejiciens  prseter  turrim  comitls  Neapolionls,  plures 
nobiles  faventes  Ecclesiae  captlvavit. 

Soldanus  Babyloniae  Melec  El  Mehem,  de  genere 
Turcorum,  cum  regnasset  quinque  annis,  ab  uxore 
sua  in  bahieo  sufTocatus  est ;  cui  successit  filius 
ejus  Melec  Emensor  (i).  Qui  cum  regnasset  anno 
uno,  ab  uno  de  amiralhs  suis,  qui  vocabatur  Seffedls 
Cotos  (2),  ejectus  de  regno  est;  et  usurpans  amirallus 
regnum  ,  soldanus  factus  est ,  vocatusque  Melec  El 
Naec(3). 

Henricus  Senonensis  archiepiscopus  obiit  circa  fes- 
tum  sancti  Lucae  evangehstae  (41. 

MCCLVIII. 
Henricus  comes  de  Lucebourg  tenuit  obsessum  cas- 
trum  Namurciae,  villa  juvante  euradem,  imperatrice 
Constantinopolitana  solum  superius  fortalicium  obti  - 

(i)  Teile  est  la  lecon  fournie  par  tous  les  Mss  ,  les  edit.  porlent  Me- 
lech  Ememoi\  11  s'agit  de  JNoureddin-Ali ,  appele  aussi  Elmausor,  fils 
et  successeur  de  Azzeddin-Moi  z-Ibegli,  et  cjui  fut  supplante  en  laSg 
par  l'emir  Koutouz. 

{'>.)  Edit.  et  Mss.  491B,  ^O^^o,  Srfedus  Cotos ;  4917,  Sefedus  Cotus ; 
4919,  Sefedus  Cocos. 

(3)  Edit.  et  Ms.  49' 7 >  Melech  Elvach ;  4918,  Melech  Elvaech; 
4919,  Elenaech;  4920,  Elnaech.  Koutouz  se  fit  nommer  Melek-el- 
Motliaser-Seifieddin. 

(4)  Le  18  octobrc;  cetle  date  n'est  donnee  rjue  par  le  Ms.  io2y8-6. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  219 

nente  et  defendente,  non  tamen  ibldem  inclusa  (i). 
Ad  cujus  auxilium  comitissa  Flandriae  et  comes  Augi , 
ac  alii  [duo  ejusdem]  imperatricis  fratres  [Johannes 
et  Ludovicus]  ,  cum  multis  Francorum  militibus,  ve~ 
nientes,  parum  profecerunt ;  [unde  oportuit  illam 
recedere  usque  ad  tempus  magis  postea  oporlunum]. 

Guillermus  de  Bussiis  Aurelianensis,  et  Guillelraus 
Rollai]di  Cenomanensis  episcopi  obierunt. 

Tanta  fuit  inundatio  pluviarum  in  plerisque  locis 
raense  septembri,  quod  segetes  in  campis  et  grangiis 
germinaTerunl,  et  racemi  in  vineis  ad  debitam  matu- 
ritatem  non  potuerunt  pervenire;  fueruntque  postea 
vina  adeo  viridia,  ut  cum  remorsu  et  vultus  impatien- 
tia  biberentur. 

MCCLIX. 

[In  episcopatu  Parisiensi]  fundalum  est  coenobium 
sororum  iNIinorum  juxta  Sanclum-Clodoaldum  super 
Secanam,  a  religiosa  et  illustri  domina  Yzabelli,  sorore 
Ludovici  regis  Francorum ,  ipso  rege  eidem  monaste- 
rio  redditus  et  possessioues  congruas  assignanle.  [Quae 
Yzabellis  habitum  sororum  ibidem  suscipiens,  religiose 
vivendo  vitam  suam  fine  laudabili  terminavit.] 

Manfredus  princeps  Tarentinus ,  filius  quondam 
Frederici  imperatoris  Romani  dampnati ,  morte  Cor- 
radini  nepotis  sui  conficta,  fecit  se  in  regem  Siciliae 

(i)  Voici  comment  cet  evenement  est  raconte  daus  les  precedentes 
editions  :  Maria  Co?istan(inopolis  imperatrix ,  quce  propter  succursum 
viro  suo  ferendum  Balduino  imperatori  venerat  in  Franciam ,  dum 
castrum  Namursios ,  quod  Balduinum  virum  suum  jure  hereditario 
contingebai ,  occupasset ,  comes  de  Luceburgo  eam  injorialilio  exis- 
tentem....  obsedit.  Cette  lccon  est  conforme  aux  Mss.  4917-20,  sauf 
toutefois  le  nom  de  riraperatrice  qui  est  nommee  Marcha  dans  les 
Mss.  4917?  4919  et  ^^^o;  Maria  dans  le  IVIs.  49'8. 


220  CHRONICON 

coroiiarl  coiitra  manclatum  et  jus  ecclesiae  Romanae, 
[de  cujus  feodo  regnum  Siciliae  tenebatur].  Propter 
cjuod  et  alios  actus  ejus  nefarios,  atque  graves  olTensas 
quas  nimis  longum  esset  liic  enarrare,  clominus  papa 
Alexander  quartus  ipsum  excoramunicationis  vinculo 
innodatum  principatu  Tarentino  et  aliis  dignitatibus 
et  honoribus  quibuscumque,  tanqnam  rebellem  et 
hostem  ecclesiae  Romanae  suomimcjue  jurium  invaso- 
rem,  occupatorem  et  detentorem  sacrilegum,  socia- 
tumque  nefando  foedere  Sarracenis,  ac  eorum  compli- 
cem,  ductorem  et  protectorem  publicum  ,  auctoritate 
apostolica  privavit. 

Henricus  rex  Angliae,  cum  Rogero  comite  Gloces- 
triae(i)  etmultisregni  sui  militibus  et  praelatis  veniens 
in  Franciam  ,  cum  rege  Franciae  Ludovico  pacificatur. 
Quittavil  enim  regibus  Franciae ,  de  expressa  volun- 
tate  fratris  sui  Richardi  regis  Alemanniae,  et  consilio 
piincipum  ac  praelatorum  Angliae ,  cpiidquid  juris  re- 
quirebat  in  ducatu  Normanniae  et  comitatibus  Ande- 
gaviae,  Cenomanise,  Pictaviae,  Turoniae  ac  in  eorum 
feodis.  Rex  vero  Fraticiae  Ludovicus,  dans  eidem  in- 
gentem  summam  pecunise,  assignavit  sibi  et  suis  suc- 
cessoribus  magnam  terram  in  Lemovicensi,  Petrago- 
ricensi,  Xanctonensi  et  Agenensi  episcopatibus;  tali 
conditione  cjuod  illam  terram  et  Burdegnlam  atque 
Baionam  cum  tota  Gasconia  in  feodum  de  regibus 
Franciae  teneret ,  et  in  numero  baronum  Fj-anciae  ad- 
scriptus,  tancjuam  dux  Aquitaniae  esset  de  csetero  unus 
de  Franciae  paribus  appelatus.  De  quibus  tunc  rex 
Angliae  faciens  homagium  regi  Franciae,  coram  baro- 

(i)  Le  nom  de  co  comtc  n'est  donuc  que  dans  nolre  Ms. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  221 

iilbiis  et  prselatis  utriusque  regni,   cum  juramento , 
in  Angllam  reversus  est. 

Eodem  tempore  Ludovicus,  primogenitus  regis 
Franciae  Ludovici,  obiit  et  apud  Montem  Regalem  (i), 
[coenobium  Cisterciensis  ordinis,  praesente  rege  Angliae 
Henrico],  sepultus  est. 

MCCLX. 

Reges  Hungariae  et  Boemiae  pro  quibusdam  terris  ad 
invicem  discordantes,  congregato  ex  utraque  parte  in 
finibus  regnorum  suorura  innumerabili  exercitu  arma- 
torum,  praeliaverunt  acriter.  Sed  tandem  rege  Hun- 
gariae  vulnerato,  Hungari  terga  verterunt,  et  cum  fes- 
tinarent  effugere,  in  quodam  fluvio  profundissimo 
quem  transire  debuerant,  praeter  ilios  qui  occisi  sunt, 
circa  quatuordecim  millia  hominum  submersa  dicun- 
tur  (2).  Unde  rege  Boemiae  Hungariam  intrante,  rex 
Hungariae  [qul  evaserat]  paccm  quaesivlt,  terrasque 
quae  dlscordiae  causa  fuerant  restituit  et  in  futurum 
nmicltiamcum  regeBoemIae,mediantematrimonio(5), 
confirmavlt. 

Ludovicus  rex  Franciae  congregavit  Parisius,  Pas- 


(i)  MM.  les  editeurs  des  Hist.  de  Fr.  ont  conserve  cette  lecon  qui 
est  dans  les  deux  editions  precedentes.  Dans  les  Mss.  ^gi^-^o,  ce  nom 
latin,  par  la  transposition  des  deux  mots  qui  le  composent,  se  rap- 
proche  davantage  du  nom  francais.  Le  texte  de  la  Fie  de  sniiit  Louis 
porte  aussi  iji  abbatia  Regalis  Moiitis  (Royaumont). 

(2)  Edit.  et  Mss.  4giy-2o,  et  iri  quodam  jlw^no  per  quem  trans.  deb. 
prcet.  occisos ,  quatuordecim  millia  submersi  sunt. 

(5)  A  l'article  des  rois  de  Boheme,  les  auteurs  de  VArt  de  verif.  les 
dates  donnent  pour  deuxieme  femme  a  Premislas-Ottocare  II  Cune- 
gonde,  niece  de  BelalV,  roi  de  Ilongrie.  Et  a  Tarticle  de  ce  dernier, 
ils  lui  attrihuent  quatre  filles  dontTune,  nommee  Constance,  aurait 
epouse  Premislas  II,  roi  de  Boheme,  mort  en  ictSo. 


222  CHRONICON 

chali  tempore,  praelatos,  baroiies  et  principes(i)  re- 
gni  sui,  eo  qiiod  dominiis  Papa  sibi  scripsisset  Tartaros 
in  Iransmarinis  [Terrae  Sanctae  partibus]  irruisse,  Sar- 
racenos  vicisse,  Armeniam,  Antiocliiam,  Tripolim  et 
Damascum,  Halapiam  et  terras  alias  subjugasse,  et 
tam  Acconi  civitafci  quam  toti  Ciiristianitali  illis  in 
partibus  pericukim  imminere.  Unde  ordinatum  fuit 
ibidem  de  orationibus  multiplicandis,  processionibus 
faciendis,  et  blasphemiis  in  Deum  puniendis,  peccatis 
etsuperfluitatibus  cibariorum  acvestium  reprimendis; 
et  injunctum  est  quod  non  luderetur  aliis  ludis,  nisi 
quod  homines  exercerent  se  in  arcubus  et  balistis. 

Florentini  (2)  congregato  exercitu  ut  Senensem 
urbem  destruerent,  a  militibus  Manfredi  regni  Siciliae 
invasoris  et  comite  Jordano,  qui  civitatem  Manfredo 
tradilam  defendebat,  capti  et  devicti  sunt,  fuitque 
civitas  ipsorum  capta  et  quamplurimum  destructa  ac 
subdita  dominatui  Senensiura  et  Manfredi. 

Obiit  Phiiippus  Bituricensis  archiepiscopus^,  cujus 
sanctitatem  post  mortem  ipsius  Dominus  diversis  signis 
et  miraculis  declaravit.  Successit  autem  eidem  Johan- 
nes  de  Solliaco  (3)  canonicus  et  decanus  Bituricensis. 

MCCLXI. 
In  festo  sancti  Urbani  papae,  obiitapud  Viterbum  (4) 
Alexander  papa  quartus;  cui  successit  Urbnnus  qunr- 
tus ,    natione  Gallicus  ,   de  civitate  Trecensi ,   prius 

(i)  Edit.  et  Mss.  49 '7-^0?  harones ,  prcelatns  ct  milites. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4918-20,  Florentiiii  Italice ;  4917?  Florentini  Yta- 
liani. 

(5)  Ce  surnoni  qui  a  ete  eltace  dans  le  Ms.  49 '8,  est  ecrit  de  Soyl- 
liaco  dans  le  Ms.  4919;  <^^  Sussiaco  dans  les  Mss.  4;]'7  *"*  ^9"^^- 

(4)  l.cs  mots  ap.  Fitcrhum  ne  se  lisent  que  dans  le  Ms.  10298-6. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  223 

patriarcha  Jerosolymitanus.    [Hic ecclesiam  apud 

Trecas  mirandi  operis  in  domo  patris  sui  construi  fecit, 
et  ibi  canonicis  saecularibus  constitulis  magnos  reddi- 
tus  assignavit.] 

Graeci  quemdam  nomine  Periologum  imperatorem 
creant;  Francis  et  Latinis  ac  Balduino  imperatore 
de  Constantinopoli  expulsis,  dominium  imperii  Con- 
stantinopolitani  recuperaverunt ,  faventibus  eisdem 
Januensibus  in  odium  Venetorum. 

In  dioecesi  Lugdunensi,  quldam  cupiditate  tractus 
quemdam  peregrinum  beatae  Mariee  interfecit;  cujus 
interfectoris  cultellus ,  quamvis  frequenter  extersus, 
arena  confricatus  et  aqua  lotus  fuisset,  sanguinem  stil- 
lare  non  desinit,  quousque  peregrinus  invenitur,  sepe- 
litur  et  suspenditur  homicida. 

Baldiiinus  ab  imperio  expulsus  in  Franciam  exula- 
vit(i). 

MCCLXII. 

Isabellis  filia  regis  Arragonum  ,  apud  Claromontera 
in  Avernia  ,  Philippo  primogenito  regis  Franciae  Lu- 
dovici  desponsatur.  Propter  quod  matrimoniura  rex 
Arragonura,  in  signura  pacis  et  concordiae  quara  in- 
tendebat  habere  de  caetero  erga  regnum  Francorura, 
quittavit  in  perpetuura  regibus  Franciae  quidquid  in 
civitatibus  Carcassona ,  Biterri  et  Amiliano  possi- 
debat;  et  rex  Francise  vicissira  regibus  Arragonura 
dedit  quidquid  in  coraitalibus  de  Besaudo,  Arapuria, 
Rocilione,  Barcinona  et  Cathalonia  obtinebat. 

(i)  Le  cesar  Alexis  Strategopule  s'empara  de  Constantinople  pour 
l'empereur  3Iichel  Paleologue  dans  la  nuit  du  aSjuillet  1261.  L'empe- 
reur  Baudouin  se  sauva  dans  une  barque.  II  passa  d'abord  dans  Tile  de 
Negrepont,  ensuite  en  Italie,  ou  il  mourut  en  1275. 


224  CHRONICON 

Marsillenses ,  consilio  et  auxilio  Bonefacli,  dominl 
de  Castellaine  (i)  in  Provincia,  contra  Karolum  co- 
mitem  Andegavensem  et  Provinciae  dominum  suum 
rebellant,  et  gentes  suas  in  Marsilia  dimissas  occi- 
dunt.  Quod  intelligens  comes  Karolus ,  contractis 
undecumque  viribus,  eos  aggredilur  (2).  Quos  in  urbe 
sua  longa  obsidione  afflictos  et  ciborum  penuria  ma- 
ceratos  tandem  Ita  perdomuit,  ut  coacti  se  suae  redde- 
rent  voluntati.  Sed  ne  tanta  rebellionis  praesumptio 
remaneret  impunita,  omnes  seditionis  illius  principes 
in  communl  spectaculo  fecit,  secundum  rlgorem  jus- 
ticiae,  decollari.  Terram  etiam  Bouefacii  occupans, 
ipsum  a  finibus  Provinciee  proturbavit.  [In  quo  facto 
se  suis  terribilem  hostibus  reddidlt  et  fama  celeberri- 
mum  per  exteras  nationes.] 

MCCLXIII. 

Henricus  rex  Angliae ,  cum  quaedam  statuta  ad  uti- 
litatem  rei  publicae  per  regnum  suum  statuisset,  et 
ea  ipse  rex,  barones  et  prselati  totius  Angliae  juramento 
firmassent  observare,  minus  provide  tamen  postea  in 
nichilum  revocantes,  id  ipsum  Symonem  de  Monle- 
fortl  comltem  Leycestriae,  regls  sororlum ,  facere 
compuleruiit  (5).  Sed  ipse  juramenti  dignitalem  Invlo- 


(i)  Edit.,  domiiii cujusdam  castriforiissiiidquoddicunt  Castellena ; 
Mss.  4917»  49^8,  Casteleine ;  4919»  4920,  Castelenie. 

(2)  Dans  les  edit.  precedentes  et  les  Mss.  4917-20  on  lit  cnntractis 
undecumque  Francoruni  copiis,  prinin  castrum  Bonifacii  ag^ressus , 
illud  torinenlorum  ictibus  conquassntum  tnndrin  i/i  deditinnem  ac- 
cepit;  deinde  Marsilienses  longa,  etc. 

(3)  Ce  fait  est  un  pcu  plus  developpe  dans  les  Mss.  4917-20  etdans 
les  editions  precedentes  :  Henricus  rcx  Anglice ,  etc,  et  ea  ipse  rex 
et  milites,  barones  et  prcelati  totius  jinglice  juramento  et  ercnmmu- 


GUTLLELMI  I)E  NANGIACO.  225 

lablilter  observare  \olens,  inter  ipsos  dissensionis  et 
guerr8emateriamministravit;namrexAngliaeHenricus 
et  Richardus  frater  ejus  rex  Alemannice(i)  ac  maxima 
pars  baronum  Angliae  contra  dominum  Simonem  ob 
praedictam  causam  exercitum  collegerunt.  Ipse  vero 
Simon  cum  comite  Glocestriae,  qui  sibi  tunc  adhaere- 
bat,  et  clvibus  Londoniae  civitatis  occurrens  eisdem 
[cum  filiis]  ex  adverso  juxta  quamdam  abbatiam  quae 
vocatur  Lyaus,  et  eos  viriliter  aggrediens,  omnes  dissi- 
pavit,  et  regem  Henricum  ac  Eduardum  ejus  priraoge- 
nitum,  regem  Richardum  et  Henricum  ejus  filium 
cum  pluribus  aliis  ibidera  cepit,  [et  honore  quo  debuit 
in  tali  casu  fideliter  observavit]. 

Karolus  coraes  Andegavis  et  Provinciae,  frater  Lu- 
dovici  regis  Franciae,  eligitur  in  senatorem  Romanum 
ad  vitam. 

Ludovicus  rex  Franciae ,  affectu  piissimo  cupiens 
pacem  componere  inter  regem  Angliae  et  barones, 
venit  Boloniam  supra  Mare,  cum  Guidone  Sabinensi 
episcopo  cardinali,  quem  dominus  papa  Urbanus  lega- 
verat  in  Angliam  pro  dicta  discordia  sedanda  si  posset; 
sed  intrare  in  Angliam  minime  est  perraissus.  Rex  vero 
Ludovicus  per  nuntios  Simonera  de  Monteforti  apud 

nicatiom  interposita  per  prcelatos ,  firrnassent  firniiter  observare ,  id 
ipsum  Simonem  de  Montejorti ,  comitem  Leycestrioi ,  rcgis  Henrici 
sororium,  qui  eorum  levitatem  in  talibus  revocandis  agnoscebal ,  pa- 
vitantem  ne  postea  rcvocarent ,  facere  compulerunt;  ipso  etiam  ju- 
rante  quod  nunquampostea  revocaret.  Cum  autem  postmodum  minus 
provide  illa  in  nihilum  deduxissent ,  et  id  Simnnem  consimiliter  fa~ 
cere  monuissent;  ille  juramenti,  etc. 

(i)Dans  la  Fie  de  saint  Louis ,  Guillaume  de  IVangis  n'a  pas  fait 
ineDtion  de  rempereur  Richard. 

I.        -  i5 


226  CHRONICON 

Bolonlam  (i)  convocans,  [et  habens  cum  ipso  collo- 
qulura],  cum  ipsum  a  suo  proposito  inflexibilem  con- 
sideraret,  ad  propria  libere  ire  perraisit. 

MCCLXIV. 
Urbanus  papa  nequitiam  Manfredi  tyranni  termi- 
nare  desiderans,  obtulit,   per  Simonera  sanctae  Ce- 
ciliae  presbyterum  cardinalem,  Karolo  comiti  Ande- 
gavensi  et  Provinciae,  fratri  Ludovici  regis  Franciae, 
regnum  Siciliae,  ducatum  Appulise  et  Capure  principa- 
tum  (2),  usque  ad  quartum  haeredem  possidendum,  si 
contradictum  Manfredum  insurgeret,  et  sanctam  Ec- 
clesiam  ab  ejus  invasione  tyrannica  liberaret.  Quod 
donum  oblatum  Karolus  laetus  suscipiens ,  [tanquam 
filius  obedientise  mandatis  apostolicis  devote  obediens], 
mox  contra  dictum  tyrannum  arma  corripuit,  et  un- 
decumque  potuit  expeditionis  suee  materiam  preepa- 
ravit.  Manfredus,  tanquam  sibi  conscius,  metuens  ne 
de   Francige  fuiibus  egrederentur   aliqui    qui    ipsum 
discuterent  in  ruinam ,  majorem  partem   civitatum 
Italiee  donis  et  promissionibus  ac  alio  modo  confoede- 
rationis  sibi  astrinxit,  et  propter  hoc  ibidem  quemdam 
•vicarium  suura ,  raoribussibi  consirailera,  Poilevoisin 
dictum ,   cum   copiis  airaatorura  constituit,   quate- 
nus  urbes  sibi  confcederatas  ab  incursibus  hostium 
custodiret,  et  exploratores  de  quibus  metuebat,  ac 
omnes  nuntios  ad  sedera  Roraanae  ecclesiae  venientes, 


(i)  Les  mots  np.  Boloniam  ne  se  trouvent  que  dans  le  Ms.  10298-6. 
(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  diicatus:  JpiiUoi  et  Calabrice  cwu  Capiice 
principatu. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  227 

secundum  sul  norainis  interpretationem  (i),  exspo- 
liaret. 

Circa  festum  sancti  Remijrii  (2),  Urbanus  papa  obiit, 
cui  successit  Guido  Sabinensis  episcopus  cardinalis, 
Clemensque  hujus  nominis  quartus  est  vocalus.  Hic 
primo  uxorem  habens  etliberos,  postea  fuit  famosus 
advocatus  et  regis  Franciae  consiliarius.  Demum,  mor- 
tua  uxore,  propter  vitam  et  scientiam  ejus  laudabilem 
Podiensis  episcopus  effectus,  et  post  Narbonensis  ar- 
chiepiscopus,  ac  demum  Sabinensis  episcopus  cardi- 
nalis  creatus,  missus  a  papa  Urbano  in  Angliam  legatus 
fuit;  de  quo  itinere  revertens  in  papam  electus  est  (3). 
Qui  postea  jejuniis,  vigiliis  et  oralionibus  intentus, 
multas  tribulationes,  quas  suo  tempore  Ecclesia  susti- 
nebat,  Deus  suis  meritis  creditur  extinxisse. 

Florebant  hoc  tempore  Parisius  insignes  theologi, 
Thomas  de  Aquino,  frater  ordinis  Praedicatorum ,  et 
fraler  Bonavenlura,  ordinis  Minorum,  [atque,  de 
saecularibus  clericis,  magister  Guerodus  de  Abbatis 
Villa,  et  magister  Robertus  de  Sorbona,  qui  scho- 
lares  Parisius  primus  constituit  Sorbonenses]  (4). 

MCCLXV. 

Karolus  comes  Provinciae  et  Andegavis,  tempore 
Paschali ,  ex  iosperato  movens  de  portu  Marsiliee  ci- 

(i)  L'auteur  joue  sur  la  signiGcation  du  nom  de  ce  chef  de  partisans, 
Poilc-voisin  ou  Pille-voisin,  ea  italien  Pelavicino. 

(2)  Le  2  octobre.  —  Les  mots  Guido  Sabin.  ep.  card.  ne  se  lisent 
que  dans  le  Ms.  10298-6. 

(5)  Tout  ce  qui  precede  depuis  missus  a  papa  Urb.  nianque  dans 
les  precedentes  edit.  et  dans  les  Mss.  4917-20.  Voir  la  Vie  de  saint 
Louis. 

(4)  Tous  les  Mss.  portent  de  Serbona  et  Serbonenses. 


228  CHRONICON 

\itatis  siiae  (i),  per  maris  pericula  et  hostium  suorum 
insidlas  (2),  cum  paucis  Romae  uavigio  est  transvectus. 
Quod  videntes  Romani  et  etiam  omnes  qui  sul  mira- 
bilis  transitus  modum  audierunt,  mirabantur  dicen- 
tes  :  «  Quis  putas  iste  erit,  quem  nec  maris  pericula 
((  nec  hostium  terrent  insidise?  Etenim  manus  Domini 
(f  erit  cum  illo.  »  Tunc  vero  a  papa  Clemente  et  a  toto 
Romano  populo  cum  honore  et  magno  desiderio  su- 
sceptus,  primo  urbis  Romae  senatoriam  obtinuit  (5), 
et  in  brevi  unctione  sacra  linitus  a  summo  pontiflce, 
populo  acclamante  f^wal  Re.r  !  f  wat  Rex  !  ad  titu- 
lum  regni  Siciliae  usque  ad  quartum  hseredem  (4)  est 
regali  diademate  coronatus. 

Eduardusprimogenitus  regis  Angliae  Henrici,  dolo, 
[ut  dicebatur],  comitis  Glocestriae  de  prisione  Simo- 
nis  de  Montelbrti  comitis  Leycestriae  [per  cursum  equi 
velocissirai]  evadens,  congregato  exercitu  magno 
valde,  contra  dictum  Simonem  [et  ejus  complices]  in- 

(i)  Civit.  su(B,  omis  dans  les  edit.  et  dans  les  Mss,  4917-20. 

(2)  '(  Mainfroys  qui  ja  savoit  et  bien  avoit  6i  nouvelles  par  ses  cour- 
riers  que  li  cuens  Charles  devoit  venir,  avoit  fait  aparelier  ses  galies 
arniees  en  la  mer  pour  prendre  le  conte  se  il  peut;  car  moult  doutoit 
[craignait]  que  il  ne  lui  toussit  [enlevat]  terre.  »  Vie  de  saint  Louis, 
Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  421. 

(3)  Les  edit.  porte  obtin.  ad  vitam.  Ces  deux  derniers  mots  qu'on 
cherche  vainement  dans  les  Mss.  4917-20  sont  efiaces  dans  le  Ms.  de 
Saint-Cermain  4^5 ,  ou  ils  avaient  sans  doute  ete  mis  par  une  erreur 
de  copiste.  II  ne  s'agitpas  ici  de  !a  nomination  de  Charles  qui  a  ete  an- 
noncee  pkis  haut,  mais  de  rinvestitiue  qu'on  lui  donne  de  la  charge 
de  s(inateur  :  «  II  fu  saisi  et  vestus  de  la  senaterie  de  Roume,  dont  il 
avoit  est(i  esleus,  si  comme  nous  avons  dit  par  devant.  »  V^ie  de  saint 
Louis ,  ib. 

(4)  Les  mots  usque  ad  quart.  hcered.  ne  se  lisent  que  dans  le  Ms. 
10298-6.  lls  sont  aussi  inutiles  que  les  mots  advitani  que  nous  venons 
de  signalcr  dans  les  editions  pr(iccdcntcs. 


GUILLELMI  DE  WANGIACO.  229 

siirgit,  el  in  festo  sancti  Petri  ad  Vincula  (i)  confecit 
ejus  exercitum,  dicto  Simone  et  Henrico  ejus  filio 
cum  pluribus  aliis  interfectis.  Guido  vero,  [alter]  filius 
dicti  Simonis,  vulneratus  fuit  et  captus,  atque  rex  Hen- 
ricus  ,  quem  dictus  Siraon  quasi  captum  secum  duce- 
bat  (2),  liberatus.  Eduardus  aulem  de  Londonieusibus 
et  pluribus  aliis  triumphans,  nec  fidem  nec  spem  da- 
tam  pluribus  observavit;  sed  crudelitatibus  inserviens, 
quosdam  in  prisione  vitam  flnire  fecit,  et  alios  exhe- 
redans,  eorum  lerras  suis  fautoribus  pro  partedistri- 
buit.  Porro  corpus  dicti  Simonis  monachi  cujusdam 
abbatiae  quee  vocatur  Entesem  (3) ,  juxta  quam  prae- 
lium  commissum  est,  colligentes,  in  suam  ecclesiam 
sepeliendum  transtulerunt.  Ad  cujus  tumukim ,  ut 
affirmant  indigenae,  multi  languentium  sanitatis  gra- 
tiam  consecuti,  Christum  approbant  ejus  martyrium 
acceptasse. 

Prsedicala  cruce  in  regno  Franciee  contra  Manfre- 
dum ,  Robertus  fdius  [Guidonis]  comitis  Flandren- 
sis ,  gener  Karoli  regis  (4)  ,  Bochardus  comes  de 
Vindocino,  et  Guldo  Autissiodorensis  episcopus,  cum 
pluribus  aliis  cruce  signatis,  circa  festum  sancti  Re- 
migii  (5)  iter  arripiunt,  et  transeuntes  quidam  per 

(i)  Le  I"  aout. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  rex  Henr.  et  alii  qiii  ienebanlur  a  clicto 
Siinone  liberantur. 

(3)  Mss.  4917-20,  Evresem  ou  Euresem.  Vie  de  saint  Louis , 
Evecent  elEveschent.  Evesham 

(4)  La  f^ie  de  saint  Louis  en  francais  ajoute  en  parlant  de  Robert  : 
«  Et  pource  qu'il  estoit  encore  enfez ,  Giles  li  Bruas  connoitables  de 
France,  chevaliers  csprouves  d'ancienne  chevalerie,  conduisoit  soiv 
ost.  »  Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  421. 

(5)  Au  mbis  d'octobre. 


230  CHRONICON 

montes  Argentariae ,  alii  per  Provinciam ,  convene- 
runt  simul  apud  Albiam  civitatem  Ilaliae;  et  inde 
transitum  facientes  per  Lombardiam,  quum  marqui- 
sio  (i)  Poilevoisin,  cum  Cremona  et  pluribus  aliis 
sibi  adhaerentibus,  ad  proturbandum  eos  se  [toto  cona- 
mine]  praepararet,  ipsi  viriliter  accincti  ad  praelium, 
castra  Cremonae  et  Brixiae  sibi  contraria  destruxerunt, 
et  celeriter  usque  Romam  ad  regem  Kaiolum  perve- 
nerunt. 

MCCLXVI. 

In  regno  Franciae,  mense  augusti  [ante  diei  auro- 
ram],  cometes  horribilis  apparuit,  dirigens  radios 
suos  versus  Orientem. 

Quamplurima  multitudo  Sarracenorum  ex  Africa 
per  angustum  mare  (2)  transiens  in  Hispanias,  et  ad- 
juncta  Sarracenls  qui  inibi  morabantur,  magnam  pla- 
gam  in  Chrlstianos  exercuerunt.  Sed  adunati  Chris- 
tiani  de  dlversls  partibus  Hlspaniae,  Sarracenos,  licet 
cum  multo  suorum  sanguine,  devlcerunt. 

Francigenis  bellatoribus  in  auxilium  Karoli  regis 
Sicillae  apud  Romam  contra  Manfredum  adunatis , 
[ipse  rex]  Karolus,  mox  laetus  efFectus,  castra  sua  de 
Roma  movens  in  terram  inimicorum  suorum  ingredi- 
tur.  Qui  omnes  munitiones  ante  se  capiens,  per  pon- 
tem  de  Ceperarlo  (5) ,  ubi  erat  ingressus  ad  terram 
Laborls  et  AppuIIae,  usque  ad  Sanctum-Germanum 
Aculearum  (4),  ubl ,  propter  castelll  fortltudinem, 
erat    pars   major  Manfredi   exercitus ,   pervenerunt. 

(i)  II  faut  lire  marquisius  ou  marchio. 

{1)  Le  detroit  dc  Gibraltar. 

(3)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  de  Cepcruito. 

(/()  Le  Ms.  4919  donne  aussi  Aculearum ;  les  denx  dernieres  edit.  et 


GUILLELMI  DE  KANGIACO.  231 

Quod  statim  invadentes,  Bochardo  Vindocinense  co- 
mite,  milite  strenuissimo ,  prae  aliis  insultum  ad  dic- 
tum  castrum  cum  suis  faciente,  ex  insperato  ceperunt, 
et  inimicos  exinde  fugere  compulerunt.  Sic  igltur  su- 
bita  et  inopinata  castri  deditione  peracta,  Karolusrex 
vires  recolligens,  et  exercitu  aliquantulum  reparato, 
hostes  suos  usque  Beneventum,  ubi  confugerant  ad 
Manfredum  dominum  suum  ,  insequitur.  Cum  quibus, 
quadam  die  Veneris  mensis  februarii ,  conflictum  ha- 
bens  in  planitie  ante  Beneventum,  ipsorum  confecit 
exercitum,  Manfredo  cum  pluribus  in  dicto  conflictu 
interfecto,  et  majoribus  illius  exercitus  captis  et  re- 
tentis.  Sed  et  parum  post,  uxor  Manfredi  cum  liberis 
et  sorore  reddita  estKarolo  regi,  ac  etiam  civitas  Lu- 
theriae  (i)  Sarracenorum  venit  ad  deditionem. 

Henrlcus  frater  regis  Hispaniae,  vir  in  rebus  bellicis 
potens  et  nimium  callidus,  sed  sceleratissimus  et  in 
cultu  fidei  catholicae  non  dibgens  prosecutor,  of- 
fenso  (2)  fratre  suo  rege  Castellae,  dum  dlu  latuisset 
apud  regem  Tunarum,  audito  quod  Karolus  Manfre- 
dum  vicissetet  dominaretur  in  Appulia,  venit  ad  ipsum 
cum  multls  probls  et  electis  militibus  de  Hlspania  qui 
ipsum  secutl  fuerant.  Quem  rex  Karolus  gratulanter  (3) 
suscipiens ,  eo  quod  de  sanguine  ejus  esset  et  in  re  mi- 

les  autres  Mss.,  Aculearium ;  Yie  fr.  de  saint  Louis,  Saint-Germain 
VA^uillier. 

(i)  Lutherice  ou  Leuthcrice ,  telle  est  l'orthographe  de  tous  les  Mss. 

(2)  Le  Ms.  10298-6  porte  Alphonso  fratre  suo ,  etc;  niais  le  sens 
exig^e  le  participe  offenso,  que  donnent  tous  les  autres  Mss.  On  pour- 
rait  au  surphis  hre  offenso  fratre  suo  Alphonso.  La  quahfication  de 
regc  Castellce  ,  qui  manque  dans  les  edit.  et  dans  la  plupart  des  Mss. 
prouve  suiEsamment  qn'il  s'agit  ici  du  fils  de  saint  Ferdinand. 

(3)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  gratanter. 


232  CHRONICON 

litari  potens  et  strenuus,  multum  honoravit.  Et  quia 
intentus  erat  regimini  et  custodiae  terrae  illius  quam 
de  novo  acquisierat,  si  fieri  posset,  in  pace  confir- 
mandae,  dictum  Henricum  amplius  honorare  volens,  ei 
urbis  Romae  senatoriam  Joco  sui  rcgendam  commisit : 
ex  quo  facto  damnum  et  gravamen  non  modicum 
postea  reportavit. 

MCCLXVII. 

Soldanus  Babyloniae  [et  Damasci]  Bondodar  (i), 
Armenia  vastata  ,  Antiochiam  cepit,  et  tam  viris  quam 
mulieribus  occisis  et  captis,  ipsam  in  solitudinem  re- 
degit. 

Ludovicus  rex  Franciae,  in  festo  Pentecostes,  fecit 
Philippura  primogenitum  suum  et  Robertum  comi- 
tem  Attrebatensem ,  nepotem  suum,  novos  milites, 
cum  pluribus  aliis  apud  Parisius  (2).  Ubi  lanta  fuit 
laetitiae  solemnitas  ,  quod  populus  civitatis  Parisius 
ab  omni  opere  vacans,  solummodo  laetitiae  et  exulta- 
tioni  intentus,  per  octo  dies  et  amplius,  civitate  per 
totum  cortinis  pannorum  varii  coloris  et  ornamentis 
pretiosis  mirabiliter  palliata,  solemnitatem  protende- 
rent. 

[Apud  Sanctum-Dionysium  (3)  in  Francia  facta  est 
regum  Francorum  in  monasterio  illo  per  diversa 
loca  quiescentium,  per  sanclum  regem  Franciae  Lu- 

(i)  Bibars,  surnomme  par  les  Occidentaux  Bondochar  ou  Bondodar. 

(2)  Dans  les  edit.  et  les  Mss.  4917-19,  le  reste  de  cetalinea  estrem- 
place  par  le  membi-e  de  ])iirase  suivant  :  ct  cosdem  in  craslino  apud 
sanctum  j4rcopagitam  Dionysium  regum  Francice  patronum  et  totius 
Gallicance  regionis  npostolum  in  peregrinaiionem  ducere  dignum 
duxit.  Notre  texte  est  conforme  a  celui  de  la  Yie  de  saint  Louis. 

(5)  Sans  revoquer  en  doulc  rautbcnticilc  de  ce  fait,  qui  est  consignc 


GUILLELMI  DE  NAINGIACO.  233 

dovicum  et  Mathaeum  abbatem  illius  raonasterii ,  si- 
raul  adjuncta  translatio;  et  qui  erant  tara  reges  quam 
reginae  de  genere  Magni  Karoli  descendentes  simul 
in  dextera  parte  monasterii  per  duos  pedes  et  dimidium 
super  terram  caelatis  imaginibus  elevati  positi  sunt, 
et  aiii  procedentes  de  genere  regis  Hugonis  Capucii 
in  sinistra.] 

MCCLXVIH. 

Philippus  primogeniti  Philippi  Ludovici  regisFran- 
ciae  filius  nascitur. 

Clemenspapa  moritur  et  sepultus  est  Viterbii  in  ec- 
clesia  sancti  Laurentii  (i);  [postquem  sedes  apostolica 
per  duos  annos  et  novem  menses  non  valuit ,  propter 
dissensionem  cardinalium,  pontificem  obtinere.  Unde 
permotus  populus  Viterbii,  ubi  tunc  curia  existe- 
bat,  donec  Papam  elegissent,  inclusos  tenuit  cardi- 
nales.] 

Corradinus  filius  Corrardi ,  filii  Frederici  quondam 
imperatorls  damnati  ex  filia  ducis  Bavoriae  (2),  suorum 
patrum  sequens  vestigla  et  parvipendens  domini  Papae 
excommunicationem ,  contra  Karolum  regem  Siciliae 
et  contra  ecclesiam  Romanara  insurgens,  adjunctissibi 
Theutonicis  quamplurirais,  Lorabardis,  Roraanis  et 


dans  toutesles  editions  precedentes,  nous  devons  faire  remarquer  qu'on 
le  chercherait  vainement  dans  la  Vie  de  saint  Louis  par  Guillaume  de 
Nangis,  et  meme  dans  les  Gr.  Chron. 

(i)Edit.  etMss.  4917-20,  Clemens papaobiit,  post  quemsedes,  etc. 

(2)  Les  edit.  et  les  Mss.  ne  parlent  qu'ici  de  la  fuite  de  Conradin  en 
Baviere  (voy.  plushaut,  annee  i254,  p.  211).  Quant  a  ce  qui  suit 
depuis  suorum  patrum  jusqu'a  eccl.  Jiomanam  insurgens,  c'est  rem- 
place  par  cette  phrase  :  Manfredi  necem  inielligens ,  in  spem  regni 
Sicilice  elevalus,  adjunctis  sibi ,  etc. 


234  CHRONICON 

Tuscis,  Romam  venit.  Ubi  cum  imperiali  more  so- 
lemniter  receptus  fuisset,  adjunctus  est  Henrico  fratri 
regis  Castellae,  qui  urbis  Romae  senatoriae  praefectu- 
rara  regebat  loco  Karoli  regis  Siciliae ,  et  exercitu 
congregato,  contra  regem  Karolum  dimicaturi  con- 
venerunt  in  campo  deLions,  prope  Albam  in  Campa- 
nia.  Karolus  rex  Siciliae,  audito  quod  Corradinus  et 
Henricus  ad  ipsum  expugnandum  praeparati  conveni- 
rent,  relicta  obsidione  Lutherise  civitatis  Sarraceno- 
rum  qui  eum  post  primam  ejus  deditionem  offende- 
rant,  occurrit  eisdem,  et  conserto  praelio,  fugientibus 
Provincialibus  et  aliis  exterae  nationis  ante  Henricum, 
Karolus,  cum  Francigenis  qui  secum  remanserant, 
Corradini  confecit  exercitum.  Dictus  vero  Henricus, 
dum  de  fuga  Provlncialium  rediret,  ac  regem  Karo- 
lum  inmanu  sua  jam  habere  speraret,  a  Karolo  et  suis 
devictus  est  alque  captus  (i).  Sed  quia  in  loco  quo- 
dam  religioso  captus  fuerat,  utaiunt,  et  ob  reveren- 
tiam  fralris  sui  regis  Castellae  (2),  ipsum  Karolus  vivura 
in  carcere  reservavit.  Corradinus  vero  et  alii  nobiles 
secum  capti,  fuerunt,  per  judicium  curiae  regis  Karoli, 
decollati  (3).  Quo  patrato,  post  paucos  dies  tota  Si- 
cllia,  Calabria  et  Appulia  dorainioregis  Karoli  se  sub- 
misit. 

(i)  £dit.  et  Mss.  4917-20,  dcvictus  in  prcelio  fu^a  elapsus  est ;  qui 
postea  ad  Montem  Cassinwn  deveniens  captusfuil,  etc. 

(2)  Ib.,  Quem,  quia  captus  in  sacro  locofuerat,  vel  ne  abbas  de  Monte 
Cassino,  ut  dicitur,  qui  ipsum  reddiderat,  irregularis  fieret,  aut  ob  re- 
verentiamfr.  s.  regis  Hispanice  ipsius  Karoliregis  consanguinei ,  etc. 

(5)  Ib.,  Conradinus  autem,  qui  latenter  evaserat,  repertus  post- 
modum,  et  quidam  aliiviri  potentes  de  genere  Manfredi ,  Karoliregis 
judicio  decollaniur. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  235 

Richardus  rex  Alemaiinise  moritur  (i);  post  quem 
regis  electio  vacavit  usque  ad  quatuor  annos. 

MCCLXIX. 

Blancha ,  filia  regis  Franciae  Ludovici ,  datur  a  patre 
uxor  Ferrando ,  primogenito  regis  Castellae  ,  eo 
pacto  (2)  quod  primogenitus  puerorum  de  ipsa  pro- 
creandorum,  nullius  fraternitalis  successione  praejudi- 
cium  inferente,  avo  vel  patre  ipsorum  defunctis,  re- 
gnum  Hispaniae  pacifice  possideret. 

Ludovicus  rex  Franciae ,  non  perterritus  praeteritis 
laboribus  et  expensis  quas  olim  fecerat  ultra  mare, 
iterato  cum  tribus  filiis  [Johanne  Nivernensi  et  Petro 
Alensonis  comitibus,  Philippoque  primogenito  atque 
nepote  suo  Roberto  comite  Altrebatense],  adjuncloque 
sibi  rege  Navarree  et  comite  Campaniae  Theobaldo ,  ac 
quamplurimis  prselatis,  baronibus  et  militibus  regni 
sui,  pro  recuperatione  Terrae  Sanctae  mense  martio 
iter  transmarinum  assumpsit;  relinquens  ad  regni 
Franciae  custodiam  abbatem  Sancti-Dionysii  Ma- 
thaeum,  et  dominum  Nigellae  Simonem  [Clarimontis], 
militem  sapientem  et  discretum.   Verum  ad  hoc  ut 


(i)  Nicolas  Trivet  rappcirte  la  mort  de  l'empereur  Richard  au 
2  avril  1272.  (  1271  d'apres  Vjirt  de  verif.  les  dates.) 

(2)  Ici  les  precedentes  edit.  et  les  Mss.  4917-20  ajoutent :  {eo  quod 
rex  sanctus  Francice  Ludovicus  debebat  in  regno  Hispanice  ratione 
matris  suoe ]us  habere  legitimum).  Ce  droit  d'heredite  ciit  ete  bien  peu 
de  chose,  puisque  Blanche  de  Castille  avait  trois  soeurs  dont  elle  n'etait 
meme  pas  Tainee.  Mais  saint  Louis  pouvait  faire  valoir  un  acte  d'Al- 
phonse  le  Noble,  son  aieul  maternel,  dont  les  seigneurs  castillans 
avaient  jadis  reclame  Texecntion.  Alphonse  avait  ordonne  que  si  son  fiLs 
unique  D.  Henri  decedait  sans  posterite,  (ce  qui  arriva  en  eflet  le  6  juin 
1217),  le  royaume  de  Castille  passerait  a  Louis,  fils  aine  dc  Blanche 
de  Castille  et  de  Louis  fils  de  Philippe-Auguste. 


236  CHRONICON 

Terra  Sancta  facilius  recuperaretur,  incidltregi  et  suis 
consiliura  ut  regnum  Tunicii,  quod  in  medio  con- 
sistens  non  parum  dabat  transfretantibus  impedimen- 
tum,  primitus  Christianorum  subiceretur  potestati. 
Quod ,  cum  illuc  ciim  magna  difficultate  et  maximo 
maris  periculo  transfretassent,  statim  portum  et  Car- 
tliaginem ,  quoe  est  prope  Tunicium  redacta  in  parvum 
oppidum  (i),  potenti  virtute  ceperunt. 

MCCLXX. 
Mense  augusto ,  apud  Carthaginem  circa  maris  con- 
finia  gravis  infirmitas  in  exercitu  Christianorum  vi- 
guit,  etnimis  invalescens,  primoquidemregisFranciae 
filium  Johannem  comitem  Nivernensem,  post  lega- 
tumdomini  Papae  Albanensem  episcopum  cardinalem, 
et  demum,  in  crastino  sancti  Bartholomaei  apostoli  (2), 
Ludovicum  regem  Franciae  christianissimum,  cum 
plurimis  baronibus ,  comitibus  et  aliis  simplicibus  ,  de 
medio  sustulit.  Sed  quam  feliciter  credens  rex  termi- 
naverit  non  puto  omittendum.  Nam  in  infirmitate 
sua  laudare  nomen  Domini  non  cessans,  sanctorum  sibi 
devotorum,  et  maximebeati  Dionysii  patroni  sui,  sicut 
eniti  loquendo  poterat,  suffragia  postulabat.  Unde  in 

(i)  Saint  Lonis  ne  songeait  point  a  Carthage.  Quelques  mariniers 
lui  viurent  offrir  de  la  prendre  et  de  la  lui  livrer.  Le  roi  leur  donna 
cinq  cents  arbaletriers  a  pied  et  a  cheval,  puis  quatre  bataillons  de 
niercenaires  et  se  contenta  de  tenir  la  plaine  pour  empecher  les  Sar- 
rasins  d'aller  secourir  le  chateau;  c'est  ainsi  que  Tappelle  uotre  chro- 
niqueur.  «  Endementres,  coutinue-t-il,  li  marinier  monterent  sur  les 
murs  a  lor  eschieles  et  pristrent  le  chastel,  et  ne  perdirent  que  i.  des 
iors  qui  fu  occis,  et  puis  fichierent  leurs  banieres  au  dessus  des  murs. )) 
Voila  ce  que  couta  au  xiii'  siecle  la  prise  de  Carthage,  Uitt.  dc  Fr., 
t.  XX,  p.  45'i,  455. 

(i)  Le  25  aout. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  237 

extremislaborans,  audlerunt  qui  astabant  illum  pluries 
replicantem  cnm  quodam  suavi  susurro  finem  oratio- 
nisilliusquaedebeatoDionysiocanltur,  scllicet  :  u  Tri- 
((  bue  nobis ,  Domine ,  pro  tuo  amore  prospera  mundi 
((  despicere  et  nulla  adversa  ejus  forraidare.  »  Et  orans 
pro  populo  quemsecum  adduxerat,  dicebat  :  ((  Esto, 
((  Domine,  plebls  tuae  sanctificator  et  custos.  »  Suspi- 
ciensque  in  coelum  aiebat :  (c  Introibo  In  domum  tuam, 
({  adorabo  ad  templum  sanclum  tuum  et  confitebor 
((  nomlnituo,  Domine.  »  Et  hoc  dicto,  obdormivit  in 
Domlno;  cui  successit  Philippus  ejus  primogenitus(i). 
Cura  autem  de  morle  pli  regls  Ludovicl  Chrlstiano- 
rum  exercitus  turbarelur  et  Sarracenorum  Isetaretur, 
Karolusrex  SlcIIIae,  bellator  egregius,  pro  quo  adhuc 
vlvens  frater  suus  rex  Franciae  miserat ,  navigio  cum 
magna  milllia  advenlt;  de  cujus  adventu  Christlanls 
gaudium,Sarracenisque  tristitiaaccrevit.  Etcum  multo 
pluresvlderentur  Sarraceni  quam  Christiani,  nullate- 
nus  tamen  audebant  bello  generali  cum  Christianis  con- 
gredi;  sed  per  quasdam  astutias  multa  els  incommoda 
inferebant.  De  quibus  unuui  fult  (2)  :  Est  enim  regio 
illa  mullum  sabulosa  et  tempore  slccitatis  pulverosa. 
Unde  Sarracenl  statueruntsuper  unum  montem  Chris- 
tianis  vicinum  plurima  mlllla  hominum,  ut,  cura 
ventus  flaret  adpartem  Chrlstianorum,  sabulummo- 
ventes,  pulveremsuscltarent;  quae  pulvis  multam  mo- 


(i)  Etlit.  et  Mss.  4917-20,  cui  Philippo  ejiis  filio  in  ca^tris  subtus 
Carthagineni  succedenti ,  omnes  bnrones  et  niilites  qui prtE^entcs  tunc 
aclerant  cle  regno  Francioe ,  ficlelitateni  ct  homa^iuni  jura\>erunt. 

(2)Ce  fait  n'est  rapporte  par  aucun  autre  Ms.  que  par  le  3Is.  lougS-ti. 
II  se  trouve  aussi  dans  la  Vie  de  Philippc  III  par  Guillaunie  de 
Naogis.-^/^^  de  Fr.,  t.  XX,  p.  468. 


238  CHRONICON 

lestiam  intullt  Christianis.  Sed  tandem  piilvere  per 
pluviam  sedato,  Christiani,  paratis  machinis  et  Yariis 
adpugnandum  instrumentis,  Tunicium  per  mare  (i), 
per  terram  et  per  aquam  oppugnare  intendebant. 
Quod  videntes  Sarraceni,  limore  compulsi,  pacta  cum 
Christianis  inierunt,  inter  quse  haec  dicuntur  fuisse 
praecipua,  scilicet  :  Ut  omnes  Christiani  in  regno  Tu- 
nicii  captivi  liberarentur;  et  quod  monasteriis  ad  ho- 
norem  Christi  in  omnibus  civitatibus  regni  iliius  con- 
structis,fides  cln^isliana  per  Preedicatores  et  Minores  et 
aliosquoscumque  (2)  libere  preedicaretur ;  et  volenles 
baptizari  libere  baptizarentur;  acsolutis  expensis  quas 
ibi  reges  fecerant  [et  barones]  ,  rex  Tunicii  regi  Sici- 
liae  tributarius  efficeretur  (5).  Pactis  igitur  et  condi- 
tionibus,  sicut  dictum  est,  utrimque  roboratis,  rex 
Franciae  et  optimates  christiani  exercitus,  videntes 
exercitum  morbi  contagio  diminutum,  decreverunt, 
prius  facto  juramento  de  reditu  in  repromissionis  ter- 
ram  ad  gentem  Sarracenicam  expugnandam,  per  re- 
gnum  Siciliee  et  Italiae  redire  in  Franciam,  et  postca, 
viribus  reparatis  et  rege  Franciae  coronato,  induere 
fortitudinemad  expugnandas  gentes  et  fidei  inimicos. 
Dum  christianus  exercitus  de  Tunicio  ad  propria  re- 

(1)  Les  deux  mots  per  mare  mancjuent  dans  les  Mss.  et  dans  les 
edit.  4917-20.  Ils  ne  font  pas  un  double  emploi  avec  per  aqiiam ;  par 
ces  deux  derniers  mots  il  faut  entendre  le  lac  qui  est  au  sud-ouest  de 
Tunis. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20  ,  pcr  quoscumquc  prcedicatores  cathoUcos. 

(3)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  tributum  solituni  regi  Sicilice  lestauraret. 
Guillaume  de  Nangis  ne  donne  ici  qu'une  petite  partie  des  clauses  du 
traite.  II  a  ete  un  peu  plus  explicite,  mais  sans  etre  complet,  dans  la 
Fie  de  Philippc  le  Ilardi ,  Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  478-  II  est  main- 
tenant  inutile  de  renvoyer,  pour  cet  objet,  aux  lettresplus  etendues  de 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  239 

mearet,  miilti  maris  tempestate  agitati  in  portu  Trap- 
pariim  (i),  villae  Siciliae,  pereunt,  et  quamplures 
peclestri  itinere  moriuntur,  scilicet  :  rex  Nayarrae 
Theobaldus  et  uxor  ejus  [filia  sancti  Ludovici] ,  re- 
gina  Franciae  Isabellis  de  Arragonia,  Alphonsus  comes 
Pictavias  et  Tolosse  ac  uxor  ejus ,  et  multi  ahi  [magni 
nominis  mihtes  et  barones.] 

Eduardus,  Henrici  regis  Anglorum  primogenitus, 
qui  ad  obsidionem  Tunarum  tardius  ahis  venerat, 
post  factam  dictam  compositionem  cum  Sarracenis, 
Bolens  adhuc  ad  propria  remeare,  cum  quibusdam 
Francigenis  mililibus  peregrinationis  votum  quod 
inceperat  volens,  si  posset,  perficere,  ad  partes  Syrise 
inAccon,  [ut  Christianitati  succurreret],  transfretavit. 

MCCLXXL 
Philippus  rex  Franciae  de  Tunicio  reversus  in  Fran- 
ciam,  fecit  ossa  patris  sui  Ludovici  regis,  [uxoris  suae 
et  fratris  comitis  Nivernensis],  cum  ingenti  solemni- 
tate  et  honore,  die  Veneris  anle  Pentecostem,  in  ec- 
clesia  beati  Dionysii  juxta  Parisius,  [ubi  sepulturam 
elegerant],  sepeliri.  Ad  cujus  [regis]  tumulum  vene- 
randum ,  mox  multi  de  diversis  et  variis  languoribus 
aegrotantes,  per  sancti  regis  merita  sanitatis  beneficio 
restituti  [fuerunt]. 


Pierre  de  Conde,  Spicil.,  in-fol.,  t.  III,  p.  667,  puisque  le  texte  arabe 
et  la  traduction  francaise  du  traite  oat  ete  publies  par  M.  de  Sacy, 
d'apres  l'original  depose  aux  Arcbives  du  Royaume.  Mem.  de  lAcad. 
des  Inscr.,  t.  IX,  p.  465-472.  Dans  son  memoire,  Fillustre  academi- 
cien  discute  aussi  les  diverses  relations  qui  ont  ete  faites  de  Texpedi- 
tion  et  du  traite  de  Tunis ,  tant  par  nos  chroniqueurs  et  nos  historiens 
que  par  les  ecrivains  orientaux.  Un  extrait  de  ce  curieux  travail  a  ete 
insere  dans  le  Journal  asiatique ,  t.  YII,  p.  i58  et  suiv. 
(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Traparuni. 


240  CHRONTCON 

Johannes  de  Curtiniaco  Remensis  archiepiscopns 
obiit;  cui  successit  magister  Petrus  dictus  Barbez,  ar- 
chidiaconus  Dunensis  in  ecclesia  Carnotensi. 

Philippus  rex  Franciae,  mense  augusti,  in  crastino 
festi  decollationis  sancti  Johannis  Baptistae  (i),  Remis 
coronatur,  per  manum  episcopi  Suessionis,  vacante 
sede  Remensi. 

Quidam  harsacida  missus  in  Accon  ad  Eduardum, 
regls  Henrici  Anglise  primogenitum,  qui  ibidem,  post 
recessum  peregrinorum  deTunicio,  advenerat ,  dum 
loqueretur  cum  eo  [quasi  nuntius]  in  thalami  secre- 
tario,  ipsum  toxicato  cultello  transfodiens,  lethaiiter 
vulneravit;  ita  taraen  quod  in  veneni  difTusione  inte- 
riora  corporis  occupante  majuspericulum  immineret, 
quam  in  sola  vuhierum  cicatrice.  Quem  Eduardus 
mox ,  non  perterritus  sed  quasi  furibundus,  arripiens , 
in  ipso  suam  injuriam  [morte  crudelissima]  vindica- 
vit  (2).  Et  in  brevi  postea  convalescens,  audito  quod 

(i)  C'est-a-dire  le 5o  aoiit.  Tous  les  autres  Mss.  portent  infesto  As- 
sumptionis  le  i5  aout;  mais  dans  le  Ms.  4918  ces  mots  sout  en  sur- 
charge,  il  y  avait  auparavant  in  crastinofesti  decollationis  s.  Joh.  B., 
comme  dans  le  Ms.  10298-6.  Ce  dernier  est  le  seul  aussi  qui  attribue  le 
sacre  a  1'eveque  de  Soissons  a  cause  de  la  vacance  du  siege  archiepisco- 
pal  de  Reims.  Nous  devons  dire  toutefois  que  dans  sa  Fie  de  Philippe 
le  Hardi,  Guillaume  de  Nangis  lixe  le  sacre  de  ce  prince  au  i5  aout. 
Corn.  Zanfliet  rapporte  la  meme  ceremonie  au  5i  du  meme  mois. 
Voy.  Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  488,  et  VAmpl.  collect.,  t.  V,  p.  1 12,  1 15. 

(2)  Guillaurae  de  Nangis  semble  dire  ici  que  le  meurtrier  perit  a 
1'instant  du  meurtre,  et  de  la  main  merae  de  sa  viclime.  Dans  la  Vie 
de  Philippe  III,  ecrite  en  lalin,  il  laconte  1'aventure  du  prince 
Edouard,  sans  dire  un  mot  du  sort  deTassassin.  Yoici  mainteuaat  ce 
que  renf-rme  a  ce  sujet  la  traduction  francaise  de  cet  ouvrage  :  «  Sa 
gent  [d'Edouard]  qui  entour  luy  estoient  pristrent  le  Hasassis  et  li 
tolirent  le  coutel  et  le  batirent  et  le  trainnerent  parmi  les  cheveux 
contremont  le  planchier  en  la  sale....  Si  fu  acorde  qu'il  seroit 
traine  et  puis  pendu,  elc.  »  Uist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  485. 


GUILLELMI  DE  NANGL^CO.  241 

pater  suus  Henricus  rex  Angliae  decesserat,  parato 
iiavigio  de  Accon  discedens  et  per  Franciam  transitum 
faciens,  ad  regnura  Angliae  suscipiendum  in  Angliam 
transfretavit  (i). 

Theobaldus  rex  Navarrse  et  comes  Campaniae,  qui 
in  reditu  de  Tunicio  decesserat  in  Siciliam,  apud 
Pruvinum  [in  Bria]  sepelitur  cum  uxore  sua,  filia 
quondam  regis  Franciae  Ludovici ,  in  domo  fratrum 
Minorum  (2);  cui  successit  Henricus  frater  ejus.  Hic 
Henricus  duxit  in  uxorem  sororem  comitis  Attreba- 
tensis,  nepotis  Ludovici  regis  Franciae  apud  Carthagi- 
nem  defuncti,  dequa  genuit  Johannam  posteaFranciae 
regiuam  (3j. 

Philippo  rege  Franciae  in  reditu  suo  de  Tunicio 
apud  Viterbiura  existente,  et  cardinales  qui  ibidem  ad 
ebgendum  Papam  inclusi  tenebantur  visitante,  venit 
ad  curiam  Henricus  dictus  de  Alemannia,  filius  Ri- 
chardi  regis  Alemanniae  defuncti ,  propter  regnum 
quod  pater  suus  possederat,  si  posset,  oblinendum. 
Quod  agnoscens  Guido  de  Monteforti,  filius  Simonis 

(0  Edit.  et  Mss.  4917-20,  paratn  navigio  discessit  de  Accon,  et 
applicans  in  regno  Francice  per  ipsum  Irajisvectas  in  Angliam,  in 
regem  pacijice  coronatur. 

(2)  Le  Ms.  10298-6  porte  in  donio  sororum  Minorum  et  ces  mots  ne 
se  trouvent  dans  aucun  autre  Ms.  Mais  les  deux  textes  de  la  Vie 
de  Philippe  III  donnent  in  fralrum  Minorum  ecclesia,  ou  nioustier 
des  freres  Meneurs ,  et  l'on  sait  d'ailleuis  que  le  tombeau  de  Tlii- 
baud  V  comte  de  Champagne,  et  celui  d'Isa!jc41e,  fiile  ainee  de  saint 
Louis  et  fenime  de  Thibaut,  etaient  dans  reglise  des  Cordeliers  de 
Provins. 

(5)  Henri  le  Gros,  fiis  de  Thibaud  V,  avait  epouse  en  1269  Blanche, 
fille  de  Robert  d'Artois  frere  de  saint  Louis.  De  ce  mariage  naquit 
Jeanne  qui ,  par  son  mariagc  avec  Philippe-le-Bel ,  porta  la  Cham- 
pague  et  laiNavarre  dans  la  raaisou  de  France. 

I.  16 


242  CHRONICON 

de  Monleforti  iii  bello  Anglicano  perempti  (i),eum- 
dem  Henricum  insidiis  circumventura  in  quadam  ec- 
clesia  sancti  Laurentii  de  medio  suorum  evellere  pu- 
tans,  nec  valens,  primo  ibidem  eum  ictu  cultelll 
transfodit,  et  postea,  tractum  extra  fores  ecclesiae,  licet 
junctis  manibus  ut  sibi  parceret  exorantem,  ictu  cul- 
telli  ter  vel  quater  iterato  per  latera  feriens,  penitus 
interfecit.  Statimque  comitatu  septus  equitantium, 
quem  sibi  prius  paraverat,  ab  urbe  recessit,  et  ad  co- 
mitem  Rufum  Tusciae,  cujus  fillam  desponsaverat,  se 
transtuIit.^Et  quoniam  rege  Franciae  praesente  in  urbe 
hoc  scelus  perpetraverat,  ejus  offensam  et  Indignatlo- 
iiem  incurrlt,  et  eccleslae  Romanae  judicium;  cujus  vin- 
dictae  propter  hoc  ipsum  oportuit  postmodum  subja- 
cere  :  nam  In  poenam  tantl  sceleris,  decrevit  Ecclesia 
ut  in  castello  fortlssimo,  donec  ad  tempus  mlsereretur 
sibi,  sub  arcLa  custodia  teneretur. 
MCCLXXII. 

Post  biennem  et  novem  raenses  sedis  apostollcae  va- 
cationem,  in  festo  beati  Egldii  (2),  electus  est  Tlieo- 
baldusde  Placentla  archldlaconusLeodlensis,  cum  es- 
set  absens  in  transmarinis  partibus  apud  Accon,  et 
quarto  idus  februarii  (3)  consecratus,  Gregorius  deci- 
mus  est  vocatus. 

Phlllppus  rex  Franciae,  colleclo  exercitu  copioso , 

(i)  Edit.  et  Mss.  49^7' 18,  a filio  regis  Anglice  Eduardo  in  prfelio 
perempti,  qui  filiam  Kufi  comitis  Tuscio!  jiixta  partcs  illas  desponsa- 
verat. 

(•2)  Le  \"  decembre  1271.  Les  deux  mots  dc  Placcntia  iudiquent  la 
patrie  du  nouveau  pape;  son  nom  etait  Tebaldo  Visconti.  Son  elec- 
tion  avait  eu  lieu  le  1"  septenibre,  suivant  les  auteurs  de  \ Art  de 
verif.  les  dates. 

(3)  10  fevrier  vi']i.  Lo  27  janvier,  d'apres  les  meiues. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  243 

versus  partes  Tholosae ,  contra  Remundum  Bernardi 
comitem  Fuxi,  qui  terram  regni  Franciae  hostiliter  in- 
traverat,  castra  movit.  Quem  cum  obsedisset  in  Fuxi- 
nense  castelio  (i),  videns  ipse  comes  regis  fortitudi- 
nem  et  Francorum  audaciam,  metuensque  sihi  quain- 
plurimum ,  accessit  ad  regem  humiliter,  veniam  postii- 
lans  de  commissis.  Sed  rex  statim,  consilio  suorum, 
ipsum  vinculis  ligatum  ad  Bellam-Quercum  misit,  et 
ibi  eumdem  in  prisione  fecit  per  anni  spatium  custodiri ; 
castrumque  Fuxinense  et  alia  castella  comitis  fortissima 
muniens  rex  gente  sua,  ea  in  raanu  sua  ad  opus  regni 
sui  retinuit.  Sed  postmodum  regi  pacificatus,  terram 
recepit  et  ab  ipso  miles  novus  effectus  est  (2). 

Gasco  [quidam  nobilis]  de  Biardo  (3) ,  [vir  praepo- 
tens  in  illis partibus],  cujus  filiam  comes  Fuxi  habebat  in 
uxorem,  audiens  quod  regis  Franciae  indignationem  et 
iram  incurrisset,  eo  quod  diceretur  per  ejus  consilium 
Fuxi  comitem  rebellasse,  venit  ad  regem  trepidus,  et 
genu  tlexo  junctisque  manibus  ipsum  suppliciter  exo- 
ravit  ne  hujus  facinoris,  sine  causa  sibi  impositi,  su- 
spectus  haberetur;  promittens  se  purgaturum  scuto  et 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Remundus  Bernardi  comes  Fuxinensis 
in  quodam  oppido  regis  Francice  vi  armorum  irruptionem  faciens , 
quemdam  sibi  adversarium  persequendo,  plures  gentes  sui  adversarii 
et  multos  de  regis  Jamilia  qui  ejus  adversarium  tuebantur,  in  ipso 
oppido  interfecit;  propter  quod  rex  Francice  Philippus....  castrum 
ejus  Fuxinense  aggressus  est,  et  dum  viam  quce  equis  et  hominibus 
arcta  erat,  celtibus  rupes  discindendo  faceret  dilatari,  comes  timens 
regis  fortitudinem,  etc.  —  Le  comte  dc  Foix  etait,  l'an  1272,  non 
Raimond,  mais  Roger-Bernard  III'"*  du  nom. 

(2)  Les  deux  faits  exprinies  par  cette  derniiTe  phrase  sont  rapportes 
al'annee  12^5  dans  ies  edit.  etdans  les  Mss.  4917-20. 

(3)  Gaston  VII  vicomte  de  Bearn,  beau-pere  tle  Iloger-Bernard  lll 
comtc  de  Fbix. 


244  CHRONICON 

laiicea,  vel  eo  modo  quo  Palatinorurn  sententla  judica- 
ret.  Qui  in  tali  statu  diu  orans  regem,  vix  tandem  obli- 
nuitut,  suspicione  sopita,  rex  sibi  veniam  indulgeret. 

MCCLXXIII. 

Petrus  comes  Alausonis,  frater  Pliilippi  regis  Fran- 
ciae,  duxit  in  uxorera  Joliannam  liliam  Johannis  co- 
mitis  Blesensis  (i). 

Radulfus  Rufus  comes  de  Alsatio  (2)  electus  et  co- 
ronatus  fuit  in  regem  Alemannise. 

Johannes  de  SoIIiaco  archiepiscopus  Bituricensis 
obiit;  post  quera  electus  fuit  maglster  Gaufridus  de 
Ponte  Ghevron,  decanus  Parisiensis  (3);  sed  nec  con- 
firmatus  nec  consecratus  obiit.  Cui  successit  Simon  de 
Bello  Loco  [in  Bria]  Carnotensis  archidiaconus. 

Phiiippus  ,  filius  imperatoris  Balduini  de  Constanti- 
nopolitano  imperio  expulsi ,  duxit  in  uxorem  filiam 
primi  Karoli  regis  Sicilioe,  de  qua  genuit  Katherinam 
uxorem  postea  comitis  de  \aIesio  (4)- 

MCCLXXIV. 
Apud  Lugdunum  Galliae  urbem,  solemne  celebra- 
tum  est  concilium  a  pnpa  Gregorio  decimo,  in  quo 
mulla  utilia  Ecclesiag  statuuntur,  scilicet  de  subsidio 
Terrse  Sancta?,  de  electione  summi  pontificis  et  statu 
Ecclesiae  universalis.  In  hocautem  concilio  Graecorum 


(i)  Jeanne  de  Chatillon ,  fille  de  Jean  de  Chatillon  comte  de  Hlois 
et  de  Charlres. 

(2)  I^dit.  et  Mss.  Rndulfus  de.  Alsacio  oii  ylssacio  comes  Eufus.  — 
Rodolphe  comte  de  Habsbourg  et  landgravc  d'Alsace. 

(5)  Cest  nne  erreur.  Yoy.  Gall.  Clirist.,  t.  II,  col.  71  et  suiv. 

(4)  Le  mariage  de  Philippe  de  Courtenai  est  rapporte,  dans  les 
edit.  et  dans  les  Mss.  49 '7-20,  a  l'annee  1279.  II  parait  cependant  que 
Philippo  etait  mort  a  la  fin  de  ^i']^. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  245 

ac  Tartarorum  solemnes  iiuntii  interfuerunt;  et  tunc 
Graecl ,  ad  unitatem  Ecclesiae  redire  promittentes,  in 
signumhujusrei  SpiritumSanctum  a  PatreetFiliocon- 
fessi  sunt  procedere ,  symbolum  in  concilio  solemniter 
decantantes.  In  eodem  concilio  plures  Ordines  mendi- 
cantes  sunt  quassati,  Sed  et  bigami  ({ui  tonsuram  cle- 
ricalem  tunc  temporis  deferebant,  de  caetero  ferre 
prohibitisuntet  uli  privilegio  clericali.  Numerus  vero 
prselatorum  qui  ibi  fuerunt  sunt  quingenti  episcopi , 
sexaginla  abbates,  et  alii  praelati  circa  millc. 

Philippus  rexFranciae,  die  martis  infra  octabas  As- 
sumptlonis  bealee  Mariae  (i),  apud  Vicenas,  duxit  in 
uxorera  Mariam  sororem  ducis  Brabantionum  (2). 

Petrus  de  Charni  (5)  Senonensis  archiepiscopus 
obiit,  cui  successit  magister  Gilo  Cornuti,  praecentor 
ecclesise  Senonensis. 

Henricus  rex  Navarrae  et  coraes  Carapaniae  decesslt 
in  regno  Navarrae  [apud  Parapilonem],  relinquens  uni- 
cara  filiam  suam  nomine  Johannam  (4)  totius  terrae 
suae  heredem.  Quam  mater  sua  uxor  regis  Henrici , 
statira  post  mortem  viri  sui,  adhuc  in  cunis  jacentera 
celeriter  in  Franciam  asportavit,  metuens  ne  contra  se 
ipsam  et  filiam  Navarrorura  infidelitas  aliquid  raolire- 
tur.  Rex  vero  Franciae  Philippus,  blande  suscipiens 

(1)  Le  21  aout.  —  Les  deux  niots  suivants  ap.  Vicen.  ne  sont  don- 
nes  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(2)  Fille  de  Henri  III  dit  le  Debonnaire,  mort  en  1261,  et  sceur 
de  Jean  I  dit  le  Yictorieux,  qui  gouvernaiL  alors  le  Brabant. 

(5)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  de  Charniaco 

(4)  Le  nom  de  cette  princesse  manque  dans  tous  les  Mss.  exceple 
dans  le  I\Iss.  10298-6.  II  cn  est  de  meme  des  motifs  qui  decideieut  la 
mere  de  Jeanne  de  JNavarre  a  la  conduire  en  France,  mclucns  ne  conira 
se  ipsam.  etc 


246  CHRONICON 

eara,  fecit  illam  cum  pueris  suis  apud  Pai  isius  educari, 
terramque  ejus  iii  sua  ponens  custodia,  misit  celeriter 
quemdam  de  regno  Franciae,  [Eustachium  de  Bello 
Marescasio]  probum  militem ,  in  Navarram ,  qui  tan- 
quara  [custos]  et  totius  terrae  Navarrorum  gubernator 
regnum  in  manu  regia  conservaret. 

MCCLXXV. 

In  festo  sancti  Johannis  Baptistae ,  Maria  regina 
Franciee  coronata  et  inuiicla  fuit  Parisius,  in  capella 
regis  (i),  per  manum  Pelri  Remensis  archiepiscopi. 
Super  quo  conquestus  Gilo  Senoiiensis  archiepiscopus, 
hoc  in  preejudicium  ecclesiae  suae  fieri  asseruit,  quia, 
sicut  legitur  in  quadara  epistola  Ivonis  Carnotensis 
episcopi  (2),  ad  archiepiscopum  sedis  Belgicae,  quae  est 
Remis,  non  pertinet  extra  provinclam  suam  inunctio 
regum  vel  reginarum.  Ex  parte  vero  regis  sic  allega- 
tum  fuit,  quod  non  erat  unde  posset  conqueri  Seno- 
nensis  archiepiscopus,  quia  capella  [domus]  regis  Pari- 
sius  erat  exempta,  et  ideo  ratione  loci  inunctio  non 
spectabat  ad  ipsum. 

Dominus  Eustachius  de  Bello  Marescasio  miles, 
quem  rex  Franciae  Philippus  miserat  in  Navarram  ad 
regnum  in  manu  sua  conservandum,  dum  vellet  ali- 
quas  constitutiones  Navarrorum  injustas  in  melius 
commutare  ,  orta  contentione  inter  ipsos ,  a  majoribus 
patriae  apud  Pampilonem  in  castello  urbis  obsessus 
fuit.  Ad  quem  liberandum  comes  Atlrebati  Robertus 
cx  parte  regis  Franciae  cum  coploso  exercitu  missus, 
Pampilonem  in  brevi  expugnans,  (iomlnum   Eusta- 

(1)  Ces  Irois  mots  nc  s>'  lisent  quc  dans  le  Ms.  10298-6. 
(•2)  Vo}-.  plns  hanl,  p.  55,  not.  2. 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  247 

chium  et  gentes  suas  exinde  Jiberavit,  ac  principes  se- 
ditionis  illius  puniens,  res  patriae  in  raelius  commu- 
tavit. 

Dum  Almaricus  clericus,  filius  Simonis  de  Monte- 
forli  in  bello  Anglicano  perempti,  unicam  sororem 
suam  per  mare  duceret  ad  Lovelinum  principem  Ga- 
lensium,  ut  eam  haberet  in  uxorem,  rex  Angliae 
Eduardus,  hoccognito,  ipsum  et  illam  capi  fecit,  et 
eos  diu  in  prisione  jussit  sub  arcla  custodia  mancipari. 

Gregorius  papa  decimus  obiit;  cui  successit  Inno- 
centius  quintus,  frater  Petrus  de  Tarentia  in  Burgun- 
dia  (i)  ordinis  Praedicatorum  ante  dictus. 

MCCLXXVI. 

Mortuo  Ferrando  primogenito  [Alphonsi]  regis 
Hispaniae ,  qui  Blancham  filiam  regis  Franciae  Ludovici 
habebat  uxorem ,  rex  Hispaniae  pater  ipsius ,  erga  duos 
pueros  quos  de  dicta  Blancha  reliquerat  inique  agens, 
contra  pactum  suum  quod  cum  rege  Fianciae  fece- 
rat  (2)  a  successione  regni  sui  Hispaniae  eos  totaliter 
prlvavit,  dictam  Blancham  sine  dote  et  slne  liberis  in 
Franclam  remlttendo  (5). 

Ludovlcus  primogenltus  Philippi  regis  Franclae 
obilt,  et  In  ecclesla  sancti  Dionysii  in  Francia  sepe- 
litur, 

Venerunt  ad  regemFranciae  Phlllppum  nuntii  Tar- 
tarorura  ab  extrerals  finlbus  Orlentls,  dicentes  eidem 

(i)  Edit.,  Petrus  de  Tarentasi ;  Ms.  49'7)  ^^  Carencia ;  4c,i8,  4919» 
de  Tarentia.  Les  mots  in  Bur^undia  ne  sont  que  dans  le  3Is.  10298-6. 

(2)  Voy.  plus  hant,  an  1269,  p.  255. 

(5)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  et  matrem  ipsorum  sine  dote  et  honore , 
retentis  ejus  pueris ,  adjratrem  suum  regem  Francioi  Philippum  qui 
ipsam  mandaverat ,  (juasi  invitus  permisii  in  Franciam  remeare. 


248  CHIIONICON 

quod  sl  in  partes  Syrise,  quia  cruce  signatus,  contra 
Sarracenos  transfretare  proponeret,  domiiiiis  ipsorum 
consilium  gentis  suae  et  juvamen  totaliler  et  fideliter 
promittebat.  Si  vero  veri  nuntii  aut  exploratores  fue- 
runt,  Deus  novit ;  non  enim  erant  Tartari  natione 
nec  moribus ,  sed  de  secta  Georgianorum  christiani , 
quse  natio  Tartaris  est  totaJiter  obediens  et  subjecta. 
Ipsi  autem  in  ecclesia  beati  Dionysii  in  Francia  hono- 
rifice  suscepti  (i)  ,  ibidem  solemnitatem  Paschae  pere- 
gerunt,  et  postea,  ut  dicebatur,  causa  consimili  (2)  ad 
regem  Angliae  transierunt. 

Lovelinus  princeps  Galensium,  audito  quod  rex 
Angliae  Eduardus  cepisset  et  teneret  in  carcere  puel- 
lam  quae  sibi  matrimonio  copulandam  adducebatur, 
ab  ejus  dominio  resiiiens,  contra  eum  fortiter  rebel- 
lavit,  et  quemdam  montem  longum  et  arduum ,  qui 
erat  in  terrae  suse  confinio ,  nomine  Sonaudone  (3) 
fortiter  munivit.  Sed  rex  ipsum  hiemali  tempore  obsi- 
dens,  cum  multos  de  suis  amisisset  propter  paludes  et 
viarum  angustias,  tandem  ab  incoepto  non  desistens, 
eum  ad  dcditionem  venire  coegit.  Pactum  igitur  fa- 
ciens  cum  ipso  quod  principatus  Galensium  post  suum 
decessum  ad  heredes  suos  non  veniret ,  teriam  et 
uxorem  Lovelino  reddidit,  et  eam  in  sua  praesentia 
fecit  eidem  maritali  foedere  copulari.  Almaricum  vero, 
quia  clericus  erat,  praelatis  Anglias  reddens,  non  suo 


(i)  Edit.  etJVIss.  ^gi^^-^io,  arege  niissi. 

(2)  Ce  dernier  memljre  de  phrase  depiiis  et  postea  uianque  dans  le 
Ms.  4920. 

(5)  Edit.  ct  Mss.  4918-20,  Scnaudone;  Ms.  4917»  Sei<andone ;  Vie 
de  riiilipp<;  IIT,  Senandonc  et  Sevandone. 


GLULLELMI  DE  ISA^GIACO.  249 

sed  praelatorum  nomine  postea  per  longum  tempus  sub 
arcta  custodia  reservavit. 

Papa  Innocentius  quintus  moritur,  cui  successit 
Adrianus  quinlus  nalione  Januensis  :  sed  cum  sedis- 
set  mense  uno  et  diebnsnoTem,  defunctus  est;  cui 
successit  Johannes  vicesimus,  natione  Hispanus. 

MCCLXXVH. 

Johannes  papa,  cum  sibi  vilse  spatium  in  annos 
plurimos  extendi  crederet,  et  hoc  etiam  coram  multis 
assereret,  subito  cum  camera  nova  quam  pro  se  Vi- 
terbii  circa  palatium  construi  fecerat ,  solus  corruit, 
et  interligna  et  lapides  collisus,  sexto  die  post  casum  , 
sacramentis  omnibus  ecclesiasticis  perceptis,  expiravit, 
et  ibidem  in  ecclesia  sancti  Laurentii  sepultus  est  (i). 

Tyberis  flumen  Romanum,  in  tantum  suos  trans- 
cendit  alveos,  quod  supra  altare  beatae  Mariae  Ro- 
tundae  per  quatuor  pedes  et  amplius  excreverit. 

Quidam  cambellanus  regis  Franci.iR,  Petrus  de  Bru- 
cia  dictus,  qui  apud  dominum  suum  etregni  principes 
magnus  et  honoratus  valde  diu  fuerat,  invidia  quo- 
rumdam  contra  se  excitala  (2),  Parisius  latronum  com- 


(i)  Cest  ici  qu'est  rapportee  dans  les  edit.  et  dans  les  Mss.  4917-20 
l'election  de  Nicolas  III,  successeur  de  Jean  XX  ou  niieux  XXI. 

(2)  Cette  cause  de  la  niort  de  Pierre  de  La  Brosse,  invidia  </iiorum- 
dam,  etc,  n'est  donnee  que  dans  le  Ms.  10298-6.  EUe  n'est  pas  aussi 
formellement  indiquee  dans  la  Fie  de  Philippe  III ,  ou  Guillaume  de 
Nangis  se  contente  de  faire  des  reflexions  sur  le  danger  qu'il  y  a  pour 
un  parvenu  a  vouloir  se  faire  l'egal  des  grands  seigneurs.  Mais  dans  le 
meme  ouvrage  il  accuse  Pierre  de  La  Brosse  d'avoir  tente  de  brouiller 
le  roi  avec  la  reine,  en  imputant  a  cette  derniere  la  mort  de  Louis, 
fils  aine  du  premier  lit  dc  Philippe  III ,  et  le  projet  d'empoisonner 
les  autres.enfants  du  meme  lit  pour  assurer  la  couronne  aux  enfants 
qu'elle-meme(  sperait  donner  au  roi  de  Francc.  ITasardcr  ime  parcille 


250  CHRONICON 

raunl  patlbulo  est  suspensus.  Cujus  causa  morlis  apud 
vulgus  incognlla,  magnam  cunctis  qui  audierunt  ad- 
mirationem  (i)  ministravit. 

MCCLXXVIII 

Domicella  Maria  dicta  de  Jerusalem ,  filia  principis 
Antiochiae  (2)  [in  Franciam  exulans],  donavit  jus  re- 
gni  Jerusalem,  quod  sibi  competebat,  cum  omnibus 
pertinentiis  suis  Karolo  regi  Siciliae,  eo  tenore  quod 
quamdiu  ipsa  viveret,  ipse  eidem  redderet  quatuor 
millia  librarum  turonensium,  accipienda  annualim 
super  proventus  reddituum  comitatus  sui  Andegaviee. 

Defuncto  sicut  superius  dictum  est  Johanne  papa, 
dominus  Johannes  Gaitanus  (5)  cardinalis,  natione 
Romanus,  deparentela  Ursinorum,  in  papam  eligitur, 
et  Nicholaus  hujus  nominis  tertius  nuncupatur. 

Nicholaus  papa  regem  Sicilise  Karolum  a  vicaria 
Tusciae  removet,  et  constitutiones  faciens  tam  de  elec- 
tionibus  praelatorum  quam  de  electione  senatoris  urbis 
Romae ,  se  in  senatorem  ad  vitam  suam  fieri  procurans, 
fecit  senatoriam  per  suos  parentes  per  duos  annos 

i-egi. 

Magister  Johannes  de  Aurelianis,  cancellarius  Pari- 
siensis,  per  Nicholaum  papam  ad  episcopatum  Pari- 
siensem  promotus,  totum  dimittit  et  saecuio  valefaciens 
ordinem  fratrum  Preedicatorum  subintravit. 


imputation  sans  etre  assure  de  la  pouvoir  prouver  c'etait  s'exposer  a 
une  niort  certaine.  Ilist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  5o2,  5ii,  5i2. 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  admiratioiiis  et  munnuratioiiis  materiam. 

(2)  Marie,  fiUe  de  Bohemond  IV  prince  d'Antioche,  etait  petite- 
fille,  par  sa  mere,  d'Amauri  de  Lusignan  et  dTsabelle  reine  de  Je- 
rusalem. 

(5)  Cc  nom  ne  se  lit  que  dans  le  Ms.  10298-6. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  251 

MCCLXXIX. 
Bondodar  soldanus  Bal^yloniae,  qui  Antiochenam 
urbem  destruxerat  et  Christianitati  in  partibus  illis 
multa  mala  fecerat,  exercitum  innumerabilem  con- 
gregans,  in  Turquia  contra  Tartaros  conflictum  ha- 
buit,  sed  maxima  parte  sui  exercitus  a  Tartaris  caesa, 
ipse  lethaliter  saucius  redire  compellitur  in  Damas- 
cum.  Nec  multo  post  moriens ,  successit  eidem  filius 
ejus;  sed  non  diu  pacifice  dominiofunctus  est.  Plures 
enim  majores  admiraliorum  in  eum  conspirantes,  ip- 
sum  in  castello  fortissimo  quod  Yocatur  le  Crac  juxta 
Babylonem  cum  suis  obsederunt;  unde  inter  eos 
tanta  paulatim  puUulavit  discordia,  quod  se  ubique 
communiter  occidebant. 

Nicholaus  papa  misit  ad  Karolum  regem  Siciliae 
unum  cardinalem,  ut  ejus  super  amissione  vicariae 
Tuscise  continentiam,  patientiam  et  obedientiam  Ro- 
manae  ecclesiae  experiretur.  Sed  hunc  cum  per  omnia 
et  in  omnibus  magis  bonum  et  humilem  atque  discre- 
tum  quam  credebal  invenisset  (i),  dixisse  fertur  : 
«  fidelitatem  habet  a  domo  Franciae,  perspicuitatem 
H  ingenii  a  regno  Hispaniae,  discretionem  verborum  a 
((  frequentatione  Romanae  curi.ne.  Alios  autem  potui- 
«  mus  superare,  istum  vero  non  poterimus  (2).  » 

MCCLXXX. 
Philippusrex  Franciae  indignanter  ferens  quod  rex 
[Alphonsus]  Hispaniae  sororem  suam  [Blancham]  sine 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Audito  quod  Karolus  ejus  nuntium  cum 
honorc  et  reverentia  suscepisset  et  eidem  pacijice  et  modeste  respon- 
disset. 

(2)  Edit.  et  IMss.  49'7-20,  possemus,...  nn/i  valebimus. 


262  CHRONICON 

hoiiore  et  sine  liberis  suis,  post  mortera  viri  sui,  in 
Franciam  transmisisset,  apud  Baionam,  Hispaniam 
debeliaturus,  innumerabilem  congregavit  exercitum. 
Sed  dum  hoc  facere  nititur,  mandato  et  hortatu  Ni- 
cholai  papae  praepeditus,  redire  inefficax  compulsus 
est  (i). 

Nicholaus  papa  in  Suriano  castro  prope  Viter- 
bium  (2)  moritur,  et  vacavit  sedes  quinque  mensibus 
et  diebus  viginti. 

Circa  Epiphaniam,  Secana  flumen  Gallise  sic  suos 
transcendit  alveos,  quod  Parisius  duos  pontes  et  abis 
locis  quamplures  fregerit  (3),  atque  ita  circumquaque 
intluit,  ut  civitas  Parisiensis  nequiret  a  parle  Sancti- 
Dionysii  absque  navigio  ingredi ,  et  ex  alia  parte  infra 
urbem  prope  crucera  Hemundi  veniebant  vasella  na- 
valia  (4). 

(1)  En  1276,  Pliilippe  avait  deja  marche  une  premiere  fois  contre  le 
roi  de  Castille;  il  s'etait  avance  jusqu'a  Sauveterre  dans  le  Bearn , 
mais  le  manque  de  vivres  Tavait  force  de  retrograder.  Dans  sa  seconde 
expedition  il  s'arj'eta  ii  Mont-de-Marsan.  Alphonse  etaita  Bayonne,  et 
les  deux  rois  etaient  sur  le  point  d'envoyer  a  Dax  des  plenipotentiaires 
pour  traiter  de  la  paix,  lorsque  les  delegues  du  Pape  arriverent  et  com- 
manderent  aux  deux  monarques  de  s'accorder  sous  peine  d'exconirou- 
nication.  Cette  intervention  rompit  les  negociations  commencees  et 
Philippe  se  retira  a  Toulouse.  Ilist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  5o4,  5i4. 

(2)  Cette  indication  de  lieu  n'est  donnee  que  par  le  Ms.  10298-6, 
(5)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  quod  duas  arcas  majores  Magni  pontis 

et  unam  consimiliter  Parvi  pontisfregerit.  Le  texte  de  la  Viedc  Phi- 
tippe  le  Hardi  est  confornie  en  cet  endroit  a  cehii  de  notre  Ms.  Le 
texte  francais  du  meme  ouvrage,  qui  ne  diffcre  pas  de  la  Chron.  de 
Saint-Denis,  porte  :  «  Rompi  la  maistre  arche  de  Grant  pont  et  quassa 
et  froissa  des  autres  jusques  a  vi  et  rompi  de  Petit  pont  la  greigneur 
partie,  etc.  »  Ilist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  5i4,  5i5. 

(4)  Le  dernier  membic  de  la  phrase,  depuis  et  ex  alia  pnrte ,  n'est 
donne  que  par  le  Ms.  10298-6.  La  Croix  Hemon  etait  dans  la  ruc 
Saint-Yiclor. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  253 

Petrus  rex  Anagonum  parans  naviglum  contra  Kn- 
rolum  regem  Siciilae,  [Siculorum  monitu  et  uxoris 
quae  filia  Manfredi  fuerat  regni  Siciliee  invasoris],  ne 
perciperetur  quod  male  conceperal,  misit  ad  curiam 
Romanam  solemnes  nuntios ,  fingendo  significans 
quod,  cum  sumptuoso  et  sollicito  apparatu,  ad  Dei 
ecclesiae  servitium  et  exaltationem  catholicse  fidei , 
versus  Africam  super  Barbaros  potentise  suae  brachium 
dirigebat. 

Hanibaldenses  [de  alto  sanguine  Romanorura  pro- 
creati]  ,  quam  cito  mortem  Nicholai  sciverunt ,  convo- 
cata  parte  sua  Capitolii  et  rotharium  (i)  urbis  Romae 
existentium  sub  custodia  vicariorum  quos  idem  papa. 
constituerat,  par  dominiura,  invitis  Ursinis,  In  urbe 
habuerunt,  ita  quod  ex  pacto   inter   eos  hablto  pro 


(i)  Les  edit.  precedentes  et  la  J^ie  cle  Philippe  III  portent  et  cer- 
cocharium.  Les  Mss.  4917-20,  etrothario,  rochario  on  rotario....  exis- 
tentibus.  Les  derniers  editeurs  de  la  Vie  de  Phillppe  III ,  dans  le  Rec. 
des  hist.  de  Fr.,  ont  rapporte  un  passage  d'un  auti-e  chroniqueur  pu- 
blie  par  Muratori ,  relatif  a  cet  evenenient ;  il  est  ainsi  concu  :  Coiivo- 
cata  parte  sua  Capitolii,  et  totarum  urbium  existentium  sub  custodia 
vicariorum ,  quos  idem  Nicolaus  constiti.ierat,  partem  dominii,  invitis 
Ursinis,  habuerunt.  S'aidant  de  ce  passage,  les  savanls  editeurs  ont 
propose  de  rectifier  ainsi  celui  de  Guillaume  de  Nangis  :  Convocata 
parte  sua,  Capitolii  et  ceterarum  partium  urbis....  par  dominium ; 
c'est-a-dire,  comme  ils  ront  explique  dans  une  note  francaise,  que  les 
Annibaldi  ayant  rassemble  leurs  partisans  s'etaient  empares  du  Capi- 
tole  et  des  autres  quartiers  de  Rome.  On  pourrait  interpreter  au- 
trement  la  lecon  publiee  par  Muratori ,  et  lire  dans  notre  texte.,  au 
moyen  d'une  simple  transposition  et  d'une  correction  toute  naturelle  : 
Convocata  parte  sua  Capilolii,  urbis  Ronue ,  et  cceterarum  existen- 
tium,  etc...  par  dominium ,  etc;  ayant  rassemble  les  partisans  qu'ils 
avaientdans  le  Capitole,  dans  la  ville  de  Rome  et  dans  les  autres  villes 
ou  le  pape  avait  etabli  des  vicaires,  ils  obtinrent,  malgre  les  Orsini , 
un  pouvoip  egal  au  leur. 


I 


254  CHRONICON 

parte  Hanibaldensium  imiis,  et  pro  parte  Ursinorum 
alius  in  Capitolio  senatoris  officium  gerentes  fuerunt 
constituti.  Sub  quorum  regimine  multa  homicidia 
plurimaeque  dissensiones  et  alia  mala  quampluriraa 
sunt  habita,  tani  in  urbe  quam  in  ejus  districlu,  et 
tamen  impunita.  ^ 

MCCLXXXI. 

Dominus  Simon  sanctae  Ceciliae  presbyter  cardi- 
nalis,  natione  Gallicus,  in  papam  eligitur,  et  apud 
Urbem  veterem  decimo  kalendas  aprilis  consecratus, 
Martinusquartus  appellatur  (i). 

Martinus  papa  in  senatorem  urbis  Romae  ad  vitam 
electus ,  ioco  sui  Karolum  regem  Siciliae  instituit  et 
de  domo  seu  familia  ipsius  sumpsit  milites  ad  regen- 
dum  patrlmonium  Romanae  ecclesiae.  Quos,  cum  sol- 
danariis  (2)  Fraucigenis  fere  octingentis,  misit  in  Ro- 
maniolam  contra  Guidonem  [comitem]  Montisfeltri , 
qui  terrara  ecelesiae  Romanae  occupatam  illis  in  par- 
tibusdetinebat. 

Apud  Urbem  veterem,  orta  fuit  raagna  dissensio  in- 
ter  gentes  Raroli  regis  Siciliae  et  Urbeveteranos  (3), 
ita  ut  mortem  ad  Gallicos  proclamarent;  et  hoc  totum 


(i)  Dans  les  edit.  et  dans  les  Mss.  4917-20  on  lit  a  l'annee  1280  : 
Defuncto  papa  Nicolan ,  pnst  quinque  menses  et  vis,inti  dies  Romance 
ccelesice  centesimus  noungesimus  tertius  Martinus  quartus  natinne 
Francus  prcesidet.  Le  couionnement  du  pape,  fait  le  20  mars  1281 , 
avant  Paques,  devait,  d'apres  la  maniere  de  compter  alors  en  usage, 
etre  rapporte  a  l'annee  1280. 

(2)  Edit.  et  Mss.  ^QiJ-^-o,  stipendiariis. —  Le  chcf  de  ces  merce- 
naires  fut  Jean  d'Eppc,  conseiller  du  roi  de  Sicile  et  recemment  cree 
comte  de  Romagne;  nous  le  retrouverons  tout  a  l'heure  sous  le  nom 
de  Johannes  de  Apia. 

(5)  Ib.,  et  cives ,  et  plus  bas,  et  civibus. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  255 

factum  est  per  Ramerium  urbis  capitaneum ,  qui  as- 
sensum  praebebat  Urbeveteranis.  Sed  Galli  ad  arma 
concurrentes ,  plurimos  de  ipsis  occiderunt ;  et  sic 
tunc,  necessitate  cogente,  preedicta  dissensio  sopita 
est. 

Mense  februario,  piscis  marinus  in  effigie  leonis 
captus,  apud  Urbem  veterem  ,  ubi  erat  Papa  et  curia, 
deportatus  est.  Sed  quia  in  sua  captione  planctus  horri- 
biles  emiserat,  hoc  multi  signum  aliquod  futurorum 
exinde  fieri  asserebant. 

In  regno  Siciliae  Panormitani  et  Messanenses ,  ad- 
versus  regem  Karolum  conspirantes,  succensa  rabie, 
Gallicos  omnes  qui  ibidem  morabantur,  tam  mares 
quam  feminas,  senes  etjuvenes,  in  regis  contemptum 
occiderunt.  Et,  ([uod  detestabiliusfuit,  latus  aperien- 
tes  mulierum  prsegnantium  quae  dicebantur  a  Gallicis 
concepisse,  partus  occidebant  antequam  nasceren- 
tur  (i). 

Lovelinus  princeps  Galensium,  iterato  contra  re- 
gem  Angliae  Eduardum  rebellavit,  faciens  per  fratrem 
suum ,  nomine  David ,  gentes  regis  quse  munitiones  et 
fortericias  terrae  Galensium  custodiebant  occidere. 
Quod  rex  aegreferens,  protinus  exercitu  congregato, 
terram  Galensiumacriter  impugnans,  suae  eam  ditioni 
subegit,  principis  Lovelini  etDavid  fratris  ejus  capiti- 
bus  praecisis. 

Karolus  rex  Siciliae,  audita  morte  suorum,  mittens 
in  Franciam  pro  succursu  fillum  suum  Karolum  prin- 
cipem  Salernae,  [ipse,  Faro  cum  pluribus  transito], 

(i)  Ce  massacre,  si  connu  sous  le  nom  de  f^epres  Siciliennes ,  eut 
lieu  le  lendcmain  do  Paques  i'an  i'i82. 


256  CHRONICON 

Messaiienses  acceleravit  obsidere.  Secl  ecce  dum  eos 
nititur  debellare,  Petrus  rex  Arragonige,  quem  Panor- 
mitani  et  Messanenses  in  suum  defensorem  et  domi- 
num  vocaverant,  et  per  cujus  consilium  rebellionem 
assumpserant,  regnum  Siciliae,  contra  domini  Papae 
inhibitionem,  vallatus  multitudine  equitum  et  pedi- 
tum  innumerabili  subintravit  (i).  Qui  statim  totam 
Siciliam  rebellare  faciens ,  fecit  se  in  contemptum  Ka- 
roli  et  Romanse  ecclesise  in  regem  Siciliae  coronari; 
mandans  Karolo  in  obsidione  Messanensium  occupalo, 
quod  de  regno  suo  exiret  celeriter,  non  prsesumens 
IVlessanenses  ulterius  impugnare.  Quo  rex  Karolus 
audito,  consilio  quorumdam  suorum  proditus,  [ut 
aiunt],  ad  planum  sancti  Martini  in  Calabria  se  re- 
traxit. 

Parisius  inter  clericos  Picardise  nationis  et  Anglicos 
ibidem  sludentes  tanta  fuit  discordia,  quod  studium 
ibi  deficere  crederetur.  Nam  Anglicani  clerici  domos 
ciericorura  Picardiae  confringentes,  et  nonnullos  oc- 
cidentes,  extra    Parisius   Picardos    fugere   compulc- 

runt  (2). 

MCCLXXXII. 

Pridie  kalendas  maii,  dominus  Johannes  de  Apia 
[miles]  etsoldanarii  domini  papae  Martini  contra  Gui- 
donem  de  Montefeltri  progredientes,  burgum  civi- 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Pcirusdc  Amgonia,  quiversiis  Africam 
lalitabat ,  a  Siculis  tanquam  eorum  clominus  et  defensor  prcecipuus 
cyocatus ,  Siciliam,  coiitr.  dom.  Pap.  inhib.  cum  manu  valida  suhin- 
travit. 

(.{)  La  version  francaise  de  la  Vie  de  Philippc  III  dit  au  coiitraire 
que,  dans  la  crainte  que  les  ecoliers  ne  s'entre-tuassent,  ou  les  eni- 
prisonna  au  chatelet  de  Paris.  Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  5ni. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  257 

tatisForilinii  (i)  capiunt,  et  per  hanc  diem  et  iioctem 
sequentem  ibidera  remanentes ,  die  crastina  prima 
maii,  congregatis  aciebus,  tres  turmas  ordinaverunt, 
eas  stabilientes  in  facie  civitatis.  Quos  e  contrario  ad- 
versarii  perspicientes,  diversimode  suos  emittunt  bella- 
lores,  ut  plus  astutia  quam  bello  possent  dominum 
Johannem  et  suos  conterere.  Concurrentibus  igitur 
insimul  aciebus,  fitacre  praelium  in  quo  cecidit  comes 
Thadeus,  nobilis  pugil  Ecclesi.T,  cum  quingentis  fere 
Gallis,  et  ex  adversa  parte  lamnobiies  quam  ignobiles 
mille  qulngenti  [etampliusj.  Tandem  nocte  superve- 
niente,  ad  suam  partem  superstites  se  traxerunt,  nullis 
tamen  victoria  attribula. 

Solemnis  inquisitio  facta  est  de  vita  et  miraculis  re- 
gis  Franciae  Ludovici. 

Soidanus  Bahyloniee  fugatus  a  Tartaris  per  octo 
dietas  [et  amplius],  perdidit  de  suis  fere  qulnquaginta 
millia;  sed  iterum  Soldanus,  viribus  resumplis,  Tar- 
taros  fugere  compulit,  et  ex  eis  triginta  millia  occi- 
dit(2). 

Martinus  papa  Petrum  regem  Arragoniae,  qui  con- 
tra  inhibitionem  Romanae  ecclesiae  se  fecerat  in  regem 
Sicilire  coronari ,  propter  quod  excommunicatus  erat, 
sententiando  privavit  a  regno  Arragoniae  et  omni  eo 
quodab  ecclesia  Romana  tenebat,  ejusque  vassallos  ab 
ipsius  fidelitale  absolvit,  et  regnum  Arragoniae  [cum 
suis  pertinentiis]  Karolo  comiti  de  Valesio,  filio  Phi- 

(i)  Cette  lecon  est  confornie  a  celle  des  i\!ss.  49'8,  49'9  et  4920. 
Le  Ms.  4917  et  les  edit.  Tporient  Forilivu. 

(2)  Edit.  et  BIss.  4917-19 >  dicitur  occidisse.  --  W  s'agit  sans  doute 
ici  de  la  victoiie  qne  Kelaoun-Melek-el-Mansour  remporla  sur  les 
Moagols,  prts  d'Eniese,  le  S  decenibre  liSo. 

I.  J7 


258  CHRONICOiN 

lippi   legis  Frauciee,  uepoti  scilicet  dicti  PeLii  (i)  cx 

sorore,  concessit. 

Karolus  priiiceps  Salernae,  fillus  Karoli  regis  Siclliae, 
qui  missus  fuerat  in  Franciam  pro  succursu,  rediit  in 
Appuliam  cum  magna  miiitum  comitiva ;  inter quos  co- 
mes  Alansonis  Petrus,  frater  regis  Franciae  Philippi , 
comes  Attrebati  Robertus  comes  Boloniae,  comes 
Domni-Martini  Johannes,  et  comes  Burgundiae  Othe- 
linus  Qi)  ,  cum  multis  aliis  nobilibus  advenerunt,  Ka- 
rolo  rege  reverso  de  obsidione  Messanensium  et  eo  in 
plano  sancti  Martini  in  Cnlabria  existente  (3).  Petrus 
de  Arragonia  preeagnoscens  succursum  de  Francia  regi 
Karolo  advenisse,  ut  potius  dolo  vel  artis  industria 
quam  aliquo  belli  genere  contra  Karolum  dimicaret, 
et  se  et  suos  interim  praepararet,  tale  belli  pactum  Ka- 
rolo  demandavit,  scilicet  ut  haberet  eorum  qullibet 
centum  quos  vellet  et  posset  milites  in  planis  Burde- 
galis,  centum  contra  centum  ad  pugnandum  ad  invicem 
prseparatos,  inter  quos  ipsi  duo  debebant  Petrus  et 
Karolus  computari ;  et  qui  victus  esset  infamis  per- 
petuo  et  privatus  honore  regioque  nomine  remaneret, 
uno  contentus  de  cetero  serviente  qui  cum  eo  solus 
incedeiet  ;  non  veniens  ad  praedictum  locum  die 
prima  junii  anni  subsequentis  sic  paratus,  similes  poe- 
nas  et  etiam  perjurium  incurrebat. 

(i)  Dom  Pedre  III,  fils  de  Jacques  le  Conqueraiit  roi  d'Aragon, 
etait  frere  germain  d'Isabelle,  premiere  femme  de  Philippe  le  Hardi, 
mere  de  Philippe  le  Bel,  et  de  Charles  de  Valois  dont  il  est  ici  ques- 
tion. 

(2)  Dans  la  Vic  de  Philippc  III,  Guillaume  de  Nangis  nomme  en- 
core  Mathieu  seigneur  de  Montmorenci.  Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  522. 

(5)  Ce  qui  precede  depuis  Karolo  rcge  manque  ici  dans  les  edit.  et 
les  Mss.  4917-20. 


GUILLELMI  DE  NANGL4C0.  259 

MCCLXXXIIL 

Dominus  Guido  de  Montcforti  [a  custodia  qua  diu 
detentus  fuerat  per  papam  Martinum  (i)  liberatus] , 
niittitur  ab  eodem  ponlifice  in  auxilium  suorum  in 
Romaniolam.  Quo  illuc  veniente,  Guido  de  Montefeltri 
statim  terras  et  civitates  occupatas  per  eum  ipsi  Gui- 
doni  de  Monteforti ,  nomine  ecclesise  Romanae,  resti- 
tuit,  jurans  pariturum  se  Ecclesiae  mandatis.  Sicque 
terra  Romaniolae  ad  mandatum  domini  Papae  pacifice 
revertens,  excepta  civitateUrbinatis,  Guido  de  Monte- 
forti  eam  hostiliter  aggreditur,  et  quidquid  extra  mu- 
ros  reperit  accipit  et  devastat. 

Karolus  Siciliae  rex  prima  die  junii  venit  Burdega- 
las ,  pugnaturus  contra  Petrum  Arragoniae  et  eodem 
modoquosibi  mandaverat  praeparatus;  sed  non  ausus 
venire  illuc  dictus  Petrus  ut  debebat.  Nocte  tamen 
diem  statutam  praecedenti ,  cum  duobus  sociis,  ut  tra- 
dunt  aliqui,  locutus  est  in  loco  privato  et  remoto  cum 
Burdegalis  senescallo,  praetendens  quod  servare  pac- 
tum  suum  ibidem,  propter  timorem  (2)  regis  Franciae 
[qui  ibidem  advenerat],  non  auderet.  Quo,  ut  dictum 
est,  non  comparente,  Karolus  [cum  rege  Franciae 
Philippo  nepote  suo]  in  Franciam  se  recepit ,  et 
ibidem  usque  ad  mensem  martium  subsequentem  mo- 
ratus  est. 

Quidam  miles  de  Hispania,  Johannes  Nunnius  (5) 


(i)  II  avait  ete  emprisonne  a  cause  du  meiutre  qu'il  avait  commis 
sur  la  persoane  de  Henri,  fils  de  Richard  comte  de  Cornouailles  et 
empereur.  Voy.  plus  haut,  p.  24'-J,  et  Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  5i\. 

(2)  Edit.  etMss.  49i7-*20,  proptevfortitudinem. 

(3)  Les  edit.  precedentes  portent /.  Minimus ;  les  Mss.  4917,  Min- 
nius ;   4919»  Nuntirus  ;  49^0,  Mimus ;  49'8,  iVimw/M* ;  Yie  de  Phi- 


260  CHRONICON 

iiomine,  regls  Francise  slipendlarlus,  perdeversus  Na- 
varram  regnum  Ariagonise  invasit,  et  plura  castra , 
Petro  rege  absente  et  auxilium  sibi  procurante  (i), 
illius  tcrrse  occupavit. 

Comes  Tusciae  Rubeus,  pater  uxorls  domlnl  Guido- 
nis  de  Alontefortl,  diem  clausitextremum.  Quo  audito 
idem  Guido,  de  licentla  domini  Papae  exercltum  ec- 
clesiee  Romanse  in  obsidlone  Urblnatis  rellnquens,  se 
transtulit  in  Tusciam,  ut  lerram  quae  uxorl  suae  ex 
raorte  comitis  et  puerls  ejus  provenlre  debebat  con- 
tra  comltem  Sanctae-FIoree  ,  qul  eam  Impetebat,  de~ 
fensaret.  Cum  autera  in  dlcta  terra  existeret,  comes 
AnguIIIarlse,  ipsum  nitensoffendere,  terram  ejus  hos- 
tiliter  sublntravit;  sed  ipse  Guido  contra  eura  vlrl- 
llter  pergredlens,  quosdam  de  suls  cepit  et  plurlmos 
interfeclt  (2). 

Karolus  rex  Siclllae  reversus  de  Francla ,  per 
mare(5)se  versus  Appuliam  transtulit.  Cujusadventum 
sclentes  Siculi,  cum  vlgintl  septem  galels  gentibusar- 
matis  et  munitis  venerunt  per  mare  prope  Neapolim, 
profcrentes  multos  clamores  et  convlcla  (4)  quibus 
possent  allquos  ante  KaroII  regis  adventum  offendere. 


lippele  Hardi,  Nunuius ;  Chron.  de  Saiat-Denys,  Jenn  Nougne.  Cest 
le  Nugnes  espagnol. 

(i)  Edit.  et  Mss.,  sibi  undecnmque  perquirenle- 

(2)  Edit.  et  HIss.  49'7i  ^QiSet^QiQ,  tcrrntn....  conlraconiites  Florce 
et  Ang^uitlnriLii ,{ 1^^)10  et  Arguillnrice)  qui  emn  inipetebnnt,  viriliter 
defensnvit ,  et  gentes  illorum  qunmplurimos  interfecit. 

(5)  Les  deux  mots  per  mare  ne  sont  donnes  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(4)  Telle  est  lecon  du  Ms.  49^9;  les  autres  portent  et  belli  judicio. 
Le  Ms.  10298-6  et  le  texte  latin  de  Ja  Fie  de  Philippe  III,  clamores  cl 
indicin.  La  correction  judicia  proposee  par  j\lM.  les  edileurs  du 
^Qme  volume  des  /list.  de  Fr.  ne  nie  parait  pas  heureuse. 


GLILLELMI  DE  NANGIACO.  261 

et  moverent  [fillum  ejus  el]  Ibldem  exlstc  iites  Galllcos 
ad  pugnandum.  Quos  audlens  prlnceps  Salernae,  regls 
Karoll  prlmogenltus,  qul  dlmlsso  Attrehalensl  comite 
[Roberto]  in  Calabrla  certls  de  causis  illuc  advenerat, 
motus  et  incltatus  clamorlbus  eorumdem ,  damnose 
sumens  audaclam ,  cum  suls  bellatorlbus  Intravit  ga- 
leas  et  Ipsos  fortlter  aggressus  est.  Sed  qula  navalls 
belll  gens  sua  Ignara  exlltlt,  et  potius  fraude  nauta- 
rum   deceptus ,   ut  dlcebatur,   cum   suis  devictus  et 
captus ,  Messanam  ductus  carcerl  manclpatur.  Quarta 
Igltur  dle  sequenti ,  venlente  [Karolo]    patre   [<^jus] 
Neapollm  (i),  Neapolitanos  ,  qul  jam  post  captlonem 
principis  [spirltum]  rebelllonls  assumpserant  et  gentes 
suas  Franclgenas  expulerant,  castlgavlt,  ct  eos,  com- 
minantibus  oculls  quasl  insclus  preemlssorum  (2),  a 
suls    permlslt    sequacibus    cruciarl.    Tandem    parato 
exercltu  ,  versus  Regiam  inCalabria,  ubi  comes  Attre- 
batensis  [nepos  suus]  erat,  se  transtullt,  Farum  Iran- 
slre  cuplens  ut  Messanam  obsideret.  Sed  quod  con- 
ceperat    nequlens    adlmplere ,    vasa    sua     in    portu 
Biundusil,  nc  per  flatus  hlemales  frangerenlur  aut  ab 
inlmicis  caperentur,  destlnavit. 


(i)  Cette  bataille  se  donna  le  5  juin  1284.  —  Le  roi  de  Sicile  faisant 
equiper  en  Provence  une  flotfe  considerable  pour  soumettre  ses  sujets 
rebelles,  avait  envoye  a  son  fils  des  messagers  charges  d'une  lettre  qui 
lui  interdisait  tout  combat  naval  avec  les  Siciliens.  Ces  lettrcs  furent 
interceptees  et  donnerent  l'idee  u  Roger  de  Loria,  amiral  sicilicn,  de 
prevenir  Tarrivee  de  Charles ,  et  de  faire  eprouver,  s'il  etait  possible , 
un  echec  a  son  fils.  Hist.  de  Fr.,  t.  XX,  p  626. 

(2)  Mss.  4917»  4919  et  4920,  conniventibiis —  promissoriun ;  4918, 
cnmminantibus ;  49^75  prcemissorum.  Ces  mols  depuis  comminanti- 
bus  ^wsrixx^-A .prcemissorum  manquent  dans  la  premierc  editiou 


26-2  CHRONICON 

MCCLXXXIV. 

Coraes  Joviniacl  [illustris  Francigena],  qui  in  obsi- 
dione  Urbinatis  remanscrat,  contra  instructionem 
domini  Guidonis  de  Monteforti  Urbinates  impruden- 
ter  invadens,  ibidera  extitit  interfectus. 

In  crastino  Assumptionisbeatae  Mariae  (i),  Philippus 
Philippi  regis  Franciae  priraogenitus,  dispensatione 
Romanse  ecclesiae,  Parisius  duxit  in  uxorem  Johannam 
consanguineam  suam  (2),  filiam  defuncti  Henrici  regis 
Navarrse  comitisque  Campanise  unicam. 

In  vigilia  beatae  Katerinae  virginis,  per  totam  noc- 
tem  (5)  tanta  fuit  ventorum  vehementia,  quod  multae 
domus  multaque  raonasteriorum  clocheria  et  multse 
fortes  et  magnae  arbores  per  regnum  Franciae  cecide- 
runt. 

Septiraa  die  mensis  januarii  (4)  Karolus  rex  Siciliee 
moritur.  Cujus  mortem  agnoscens  papa  Martinus,  lu- 
gubres  dies  cum  suis  cardinalibus ,  sicut  Iicuit(5), 
celebravit,  et  comiti  Attrebatensi  [Roberto]  ,  cui  tu- 
telam  regni  Siciliae  et  puerorum  capti  principis  Sa- 
lernae,  primogeniti  dicti  Karoli  regis  Siciliae  defuncti, 
coramittebat,  magnara  summara  pecuniae  ad  eorum 
subsidiura  destinavit. 

Philippus  rex  Franciae,  mense  martio,  [adversus 
Arragones  excommunicatos  a  Papa],  ad  regnum  Arra- 
goniae  occupandum  iter  arripuit. 

(i)  Le  i6aout. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Philippus....  iti  festo  Assumptionis — 
milcs  novus  efficitur,  et  in  crastino  Johannam  filiam  defuncti  regis 
Nnv-arrce  comitisque  Campanice  Henrici  apud  Parisius  desponsavit. 

(5)  Dans  la  nuit  du  24  au  i5  novembre. 

(4)  Le  7  janvier  i285. 

(5)  Sicut  decuit  mc  sembierait  preferable. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  263 

MCCLXXXV. 

Die  Annunclatlonis  beatae  Mariee  (i),  qui  fuitdies 
Resurrectionis  Dominicee ,  postquam  papa  Martinus 
missam  celebrasset  et  refectionem  solitam  cum  suis 
capellanls  sumpsisset ,  arripuit  eum  occulta  et  gravls 
infirmitas.  Ex  qua  llcet  se  graviter  patl  dlceret,  ejus 
physici  (2)  morbum  ignorantes  et  causas,  asseruerunt 
nullum  mortisindicium  in  eo  apparere.  Die  vero  mer- 
curli  proximo  subsequenti  (3),clrca  noctls  horam 
quasi  quintam,  debitum  explensconditionis  humanae, 
ad  Dominum,  ut  certls  oplnatur  indiciis,  transmlgra- 
vit  (4);  nam  diversarum  afflicti  passlonum  et  morbo- 
rum  ad  tumulum  ejus  venlentes,  multis  vldentlbus, 
sunt  sanatl.  Cui  successit  Honorius  quartus,  natione 
Romanus  de  domo  Sebellorum  (5). 

Petrus  rex  Arragonura ,  cognoscens  quod  rex  Fran- 
claeexercltum  sperarel  (6)  ad  regnum  xArragonlaeperva- 
dendum,  protinus  se  de  Slcilla  In  regnum  Arragonlae 
transtulit ,  verens  amittere  regni  jura.  Et  qula  SI- 
culi  de  Messana  prlnclpem  Salernae  Karolum  ad 
quoddam  castellum  transtulerant,  metuens  eorum  in- 
fidelltatem  ,  feclt  eum  in  Arragonia  transportari ,  et 
diligentisslme  custodlrl. 

(i)  LeaS  mars. 

(2)  Ses  medecins. 

(3)  Le  mercredi  28  mars. 

(4)  Tous  les  details  qui  precedent  raanquent  dans  les  editions  pre- 
cedentes  et  ne  sont  donnes  que  par  le  Ms.  10298-6,  confoi'me  en  cet 
endroit,  comme  partout,  au  texte  latin  de  la  Fie  cle  Philippe  III. 

(5)  Notre  Ms.  est  aussi  le  seul  qui  mentionne  ia  famille  des  Savelli 
a  laquelle  appartenait  Honorius  lY. 

(Q)  Sperare  a  ici  le  sens  d^altendre.  Ce  vcrbe  a  conserve  cette  signi- 
fication  dans  les  patois  meridionaux. 


264  CHRONICON 

Honorius  papa ,  statim  post  promotionem  suam , 
tam  comiti  Attrebatensi  in  Appiilia  quam  ceteris  sti- 
pendiariis  in  certis  locis  per  dominum  papam  Marti- 
numpraedecessorem  suum  ordinatis,  eos  confovendo, 
prrpstavit  stipendia,  et  animavit  ad  suscepta  negotia 
sollicite  prosequenda. 

Pliilippus  rex  Francioe,  circa  festum  beati  Johannis 
Baptistae,  regnum  Arragoniae,  qiiod  Karolo  filio  suo 
comiti  de Valesio  concessum  fuerat  ab  ecclesia  Romana, 
conlra  Petrumregem  Arragoniae  damnatum  per  mare 
et  terram  invasit.  Et  primo  terram  Rocilionis  aggre- 
diens,  [Januam  civitatem  sibi  contrariam  aggressus 
est ,  et  in  brevi  totam  destruens],  per  [locum  invium 
juxta]  passum  Eclusae,  qui,  in  ipsis  Pireneis  montibus 
positus,  fortior  illius  terrae  introitus  dicebatur,  invitis 
inimicis,  omnia  capiendo  usque  ad  Geronnam  (i)  re- 
giii  Arragoniae  urbcm  fortissimam  pervenit  et  obsedit. 
[Quod  videntcs  Arragonii  qui  in  summo  passus  Eciusae 
verticCt...  armati  steterant,  nec  per  aliunde  credebant 
regem  Francorum  ascendere,  admirantes  timuerunt 
valde,  et  timore  perterriti  ad  urbes  et  oppida  confu- 
gerunt.  Rex  autem  Francite  Geronnam  obsidens  et 
ibidem  assultusplures  faciens  cives  debilitavit;  sed  ipsi 
fortiter  repugnantes,  se  per  tresmenses  vel  circiter  te- 
nuerunt]. 

In  ipso  autem  obsidionis  termino,  die  Assumptionis 
beatae  MaricC ,  cum  misisset  rex  ad  portum  maris 
proximum  (2),  ubi  erant  suae  naves,  pro  victualibus 
exercitui  asportandis,  Petrum  regem  Arragoniae  non 

(1)  La  prcmiere  et  la  troisieme  edition  portent  Geromiam.  De  La 
Bai-re  a  imprime  Geronnam ,  lecon  jnstifiee  par  tous  Irs  Mss. 
(•2)  Kdit   ct  Mss.  4917-20,  nd  portum  /{nsarum. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  265 

latuit.  Qui  statim,  secum  assumplis  quingentis  equi- 
iibus  armatis  et  tribus  millibus  peditlbus,  iter  occu- 
pavit  ut  Francorura  posset  victualia  depraedari.  Quod 
agnoscentes  dominus  Radulphusde  Nigella  regis  Fran- 
ciae  constabularius  (i)  et  dominus  Johannes  de  Har- 
dicuria  raarescallus,  illico,  cum  centum  et  qulnqua- 
ginta    sex    armatls    equitlbus,    Arragonum    insidiis 
occurrerunt.  Quos  videntes  Arragonii,  quia  pauci  ad 
eorum  numerum  videbantur,  protinus  irruerunt  in 
ipsos;  sed  Franci  eos  virillter  suscipientes,  praevalue- 
runt  In  eosdem  :  nam,  quamvis  essent  in  dicto  con- 
flictu  fortiores  et  nobillores  totius  Arragoniae,  prout 
asserebatur,  fere  omnes  corruerunt.  Sed  etPetrus  rex 
Arragonum,  qui  recognoscentlam  armorum  suorum 
non  induerat  ne  posset  a  Gallicis  veraclter  apprehendi , 
lethaliter  vuhieratus,  fugcre  compulsus  est.  [Qui  in 
quadam  abbatla  se  reponens,  satis  citopostea,  Francis 
ignorantibus,  expiravit];  sed  mortem  ejus  quantum 
potuerunt  Arragonii  celaverunt.  Mense  vero  obsidio- 
nis  tertia  Geronna  a  Francis  capitur  et  munitur.  Post 
quam  rex  Franciee  stalim  versus  Carcassonam   (2), 
propter  infirmitatem   magnam  quani   incurrerat   [et 
propter  instantem  hiemem,]  rediens,  paucas  gentes  in 
Geronna  dimislt,  et  partem  navium  suarum  ,  nescio 
per  cujus  consillum ,  licentiavit  :   unde  damnum  et 
pudorem  maximum  reportavit;  nara  dictas  naves  quas 
Jicentiaverat  protinus  Arragonii  locantes  et  alias  inse- 
quentes  debellaverunt,   et  partem   carum  maximam 
lucrati  sunt.  SedetGeronnam,  cum  Judseis  et  Paganis 


( I ) E^it. et  Mss.  49 1 7-20, cum cnmilc  Marchice el  J.  de Ecudicnria, ctc. 
(•2)  //?.,  Narbnnam. 


266  CHRONICON 

(fuamplurlmls,  qui  ad  auxillum  eorum  convenerant, 
obsidentes,  pactione  habita  cum  Francis  qui  ibidem 
remanserant  ut  sani  cum  suis  hincrecederent,  recupe- 
raverunt(i).  Franci  etiam  redeundo  in  descensu  mon- 
tium  detrimentum  maximum  sunt  perpessi.  Nam 
Arragonii  in  quibusdammunitionibus  existentes,  cum 
viderentpaucos  Gallicos  ab  exercitu  elongatos  ,  in  illos 
irruebant  et  prout  poterant  depraedabantur,  statimad 
suas  fortericias  refugientes. 

PhilippusrexFranciaSj  de  obsidione  urbis  Geronnae 
infirmus  revertens  versus  Carcassonam,  apud  Perpi- 
niacum  defunctus  est  quinta  die  octobris;  cui  suc- 
cessit  Philippus,  ejusdem  priraogenitus  ex  Ysabelle  re- 
gina,  sorore  Petri  de  Arragonia  damriati,  octodemis. 
Porro  viscera  (2)  Philippi  regis  apud  Narbonam  [in 
raajori  ecclesia]  sepeliuntur,  et  corpus  (5)  ejus  [cum 
corde]  apud  Sanctum-Dionysiura  in  Francia  deiatum 
est.  Sed  antequam  ibidem  sepulturse  traderetur,  magna 
dissensio  inter  monachos  sancti  Dionysii  et  fratres 
Prsedicatores  Parisius  commorantes,  propter  cor  ip- 
slus  regis,  est  exorta.  Nam  Philippus  rex,  defuncti  Phi- 
lippi  regis  filius,  juvenis  et  novusrex,  ut  dictum  est, 
ad  petitionem  cujusdam  confessoris  sui  fratris  de  or- 
dine  Praedicatorum  ante  dicto,  concesserat  improvisus 
dictum  cor  patris  sui  praedictis  fratribus  Praedica  toribus 

(1}  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Arra^onii  naves  quce  in  portu  Rosaruni 
remanserant,  occisis  de  genie  Francorurn  quampluriniis ,  rapuerunt, 
et  satis  cito  postea  Geronnam  urbem  obsidentes ,  Francos  qui  ibidem 
ad  cuslodiam  relicti  fuerant,  ad  deditionem  coegerunt.  Le  reste  de 
1'alinea  n'est  donne  qne  par  le  Ms.  10298-6. 

{1)  VAit.  et  Mss.  4917-20,  rc.r  aulcm  Francioi apud  Pcrpiniacum 

dejunctus  e.st.  Cujus  caro  et  viscera,  etc. 

(3)  Ib.,  et  ossa. 


GUILLELMI  DE  NANCxIACO.  267 

ad  humandum  Parislus  in  fratrum  ecclesia  praedicto- 
rum.  Et  tunc  per  legatum  Romanee  curiae  in  Francia 
existente,  et  praelatos  etbarones  regni  Franciae  osten- 
sum  est  novo  regi  hoc  in  prsejudicium  fieri  ecclesiae  beati 
Dionysii  ante  dictae;  nam  pater  suus  totura  elegerat  cor- 
pus  suum  apud  Sanctum-Dionysium  sepeliri.  Et  de  hoc 
fuit  postmodum  determinatum  Parisius  in  scholis,  per 
plures  magistros  theologos,  quod  neque  rex  neque 
monachi  dare,  neque  fratres  praedicti  possent  praedic- 
tum  cor,  dispensatione  dumtaxat  summi  pontificis, 
detinere.  Auctoritate  tamen  regia  praevalente,  sepul- 
tum  est  Parisius  apud  Fralres  (i). 

Hic  Philippus  rex  defunctus  reliquit  quinque  pue- 
ros  :  Philippum  successorem  regni,  Karolumcomitem 
de  Valesio  ex  Ysabelli  prima  uxore,  atqueLudovicum 
comitem  Ebroicarum,  Margaretam  reginam  Angliae, 
et  Blancham  ducissam  Austriae  ex  Maria  [de  Brabanto] 
regina  uxore  secunda. 

Philippus  quartus  rex  Franciae,  cum  uxore  sua  do- 
mina  Johanna,  filia  quondam  Henrici  regis  Navarro- 
rum  comitisque  Campaniae  et  Briae  Palatini,  Remis, 
die  Epiphaniae  (2),  in  regem  Franciae  inunctus  et  co- 
ronatus  est. 

(i)  Voici  comment  ce  fait  est  raconte  dans  les  editions  precedentes : 
Volebant  etenim  dicti  fratres ,  monachis  invitis ,  illud  cor  ad  sepe- 
liendum  in  sua  Parisiensi  ecclesia  obtinere ,  eo  quod  Philippus  juvenis 
rex  et  regni  successor  ipsum  concesserat  cuidam  fratri  de  ordine  Ja- 
cobito ;  sed  tandem  rex  fratrum  instantia  pulsatus,  qui  se  reputabat 
dediccre  pudorosum,  contra  multorum  consilium  fecit  illud  P arisius 
sepeliri  infratrum  ecclesia  Prcedicatorum.  De  quo  determinatumfuit 
postmodum  per  p/ures  magistros  theologos ,  etc.  Les  mots  dispensa- 
tione  dumtaxat  sumiiii  pontificis ,  omis  dans  les  Mss.  49 '7  ^t  49^0  > 
ont  ete  effaces  dans  le  Ms.  4918. 

{•}.)  Le  6  janvier  1286. 


268  CHRONICON 

MCCLXXXVL    ' 

Petro  Arragoniae  rege,  slcut  superius  dictumest,  de- 
functo,  Alphonsus  ejus  primogenitus  in  regem  Arra- 
goniae,  et  Jacohus  aiter  fdius  cum  Constantia  matre 
ipsorum  in  regem  Sicilias,  contra  inhibitionem  et 
raandatum  Romanse  ecclesiae ,  coronantur. 

Circa  Pentecosten  (i),  Honorius  papa  quartus  sen- 
tentiara  quara  Martinus  papa  prsedecessor  suus  contra 
Petrum  Arragoniae  regem  defunclum  protulerat,  in 
filios  ipsius,  Alphonsum  tunc  regem  in  Arragonia  et 
Jacobum  ac  Constantiam  eorum  matrem  coronatos  in 
Sicilia  (2),  eadem  tirmitate  et  edicto  simili  confir- 
mavit. 

Eduardus  rex  Anglioe  venit  in  Franciam  cum  multo 
nobili  comilatu.  Qui  a  rege  Francige  cum  magno  ho- 
nore  susceptus,  fecit  eidem  Parisius  homagium  pro 
Gasconia  et  toto  ducatu  Aquitaniaequem  in  suo  domi- 
nio  possidebat  (3).  Deinde  ulterius  progrediens  in 
Gasconiam,  apud  Burdegalas,  in  Natale  Domini, 
grande  tenuit  parlamentum ,  in  quo  plures  imntios 
regni  Siciliae,  Arragonise,  Hispaniee  suscipiens,  suspec- 
tum  fuit  ne  aliquid  contra  [regnum  et]  regem  Franciae 
moliretur.  Tamen  ibidem,  ut  quidam  referunt,  deii- 
berationem  (4)  principis  Salernse  Karoli  consanguinei 
sui  germani  capli  a  Siculis,  [erga  regem  Arragoniae  Al- 
phonsumqui  eumdem  tenebat  in  carcere],  procuravit. 

(i)  Cette  date  n'est  donnee  que  par  le  BIs.  10298-6. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  iii  fiUos  ipsius  Alphonsum  et  Jacobiim 
atque  eorum  matrcm  Constantiam ,  etc. 

(5)  Edit.  etMss.  4917-20,  Eduardus  rex  JnglitB  in  Frnncinm  evo- 
catus ,  fecit  homaa^ium  regi  Fianciiv  pio  diicatu  Aquitania'  etcunctis 
a/iis  qu(B ,  ftc. 

(4)  l^a  delivrancc. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  269 

Mense  septembri ,  Mathaeus  abbas  Sancti-Dionysli  in 
Francia,  per  cujus  sapientiam  et  prudentiam  regnum 
Frar.ciae  magna  ex  parte  regebatur  ac  fuerat  per  lon- 
gum  tempus,  die  festo  sancti  Firmini  martyris,  diem 
clausit  extremum  (i).  Hic  utique  vir  in  omnibus  Lnuda- 
bilis  fuitet  multum  religiosus;  monasterium  namque 
illius  abbatiae,  longe  a  relroactis  temporibus  incoep- 
tum  et  miro  ac  sumptuoso  opere  constructum,  fere  a 
media  parte  usque  ad  ultimum  consummavit.  Abba- 
tiam  etiam  suam ,  quam  in  rebus  et  facultatibus  inopem 
et  quasi  consumptam  invenit,  novis  muris  et  altis 
cingens  ac  eedificiis  magnis  et  sumpluosis  reparans, 
ipsam  suis  temporibus  locupletem  reddidit,  etmultum 
in  redditibus  augmentavit.  Tantum  denique,  dum 
rexit  eumdem  locum,  ita  ibidem  religio  efTerbuit,  quod 
monachi  sui,  propter  religiositatem  suam  et  vitam 
honestam  quam  ducebant,  plures  in  diversis  regni 
Franciee  monasteriis  [abbates]  ponerentur  (a). 

Die  parasceves  (3)_,  Honorius  papa  obiit;  cui  succes- 
sit  Nicholaus  quarlus. 

MCCLXXXVII. 

Rex  Cypri  (4)  fecit  se  in  Accon  in  regem  Jerusalem, 

contra  jus  quod  in  eodem  regno  habebant  heredes 

Karoli  regis  Siciliae,  coronari.  Propter  quod  comes 

Attrebati  Robertus ,  tutor  heredum  principis  Salernae 


(i)  Le  23  septembre.  —  Edit.  etMss.  4917-20,  meiise  sepieinbri  de- 
funclus  estMathceus,  abb.  S.  Dion.  in  Fr.  regni  Francics  consiliarius 
principaiis,  qui  monasieriuni  suce  domus  a  retroactis  temporibus,  etc. 

(2)  Dans  le  JMs.  4918  on  lit  en  marge  par  renvoi  :  Successit  auteni 
ei  dominus  Reginaldus  Giffart  natus  de  Parisius. 

(5)  Le  vendredi  saint  (4  avril)  1287. 

(4)  Henri  IL 


270  CHRONICON 

Karoli  captl,  quia  in  hoc  Templarii  et  Hospilalarii 
consenserant,  terras  et  domos  eorum  per  Appuliam 
constitutas  fecit  in  manu  sua  saisiri  (i). 

Alphonsus  Arragoniae  rex  regnum  (2)  avunculi  sui 
regis  Majoricarum,  qui  se  de  parte  Ecclesiae  et  regis 
Franciae  tenebat,  occupavit. 

Graeci  ab  unitate  et  obedientia  Romanae  ecclesiaese 
separantes,  Papamet  cardinales  sibi  creaverunt. 

Comes  Attrebatensis  [Robertus]  apparatum  faciens 
ad  transfretandum  in  Siciliam,  misit  dominum  Gui- 
donem  de  Monteforti  apud  Venetias  et  per  totam  Tus- 
ciam,  ad  petendum  galeas  et  alia  necessaria  pro  Sicu- 
lis  expugnandis. 

Parum  ante  Natale  Domini  (5)  venerunt  nuntii 
ArragonifB  et  Siciliae  ad  curiam  Romanam  proponentes 
in  plano  consistorio,  coram  Papa  et  cardinalibus, 
multa  falsa  quae  apud  aliquos  magnum  favorem  inve- 
nerunt.  Primo  Arragonii  excusaverunt  dominum  suum 
[Alphonsum]  regera  ,  quod  [postpatris  obitum]  non 
miserat  nuntios  ad  curiam  [Romanam],  dicentes  quia 
non  poterant  transire  per  terram  regls  Franciae  prop- 
ter  guerram  inter  ipsos  habilam  (4).  Secundo  dice- 
bant  dominum  suum  innocentem,  quia  in  nullo  con- 
scium  facto  patris.  Tertio  quia,  diu  ante  mortem  patris 
sui,  habuerat  regni  possessionem  in  qua  remanserat; 


(1)  Edit.  et  3Iss.  4917-20,  Apud  Accon  urbein  Sjrice  rex  Cyprife- 
cit  se....  coronari;  et  quia  id  Templ.  et  Jralres  Hoxpitalis  perrnise- 
rant ,  res  eorum  et  bona  per  Appuliam  et  terram  regni  Sicilice  in  manu 
regia  capiuntur. 

(■2)  Ib.,  regni  terras  aliquas. 

(5)  Ib.,  Circa....  Nat.  D. 

(4)  Ib  ,  quod  tran.iire  non  potcrani  propter  guerras  ,  etc. 


GUILLELMI  DE  NAIsGlACO.  271 

c|uam  petebat  sibi  iii  pace  dimitti,  et  quod  Papa  nou 
permitteret  ipsum  super  hoc  ab  aliquo  molestari. 
Quarto  offerebat  se  ad  servitium  Ecclesiae,  quia,  sicut 
preedecessores  sui  fuerant  obedientes  ecclesiae  Romanae 
ct  devoti,  in  hoc  intendebat  eos  prsecipue  imitari.  De 
prirao  Papa  non  curavit.  Ad  secundum  sic  respondit  : 
«  Placeret  nobis  quod  esset  innocens,  sicut  dicitis,  sed 
«  contrarium  ostendit  in  hoc  quod  gentem  suam  [no- 
«  bis  et  regi  Siciliae  rebellanlem]  misit  et  non  cessat 
((  mittere  in  terram  nostram  Siciliae;  item  in  hoc  quod 
((  non  permittit  interdictum  nostrum  servari  in  terra 
{(  Arragoniae ;  item  in  hoc  quod  occupavit  regnum 
((  avunculi  sui  (i)  regis  Majoricarum,  qui  se  tenet  de 
((  parte  Ecclesiae;  item  in  hoc  quod  detinet  Karolum, 
((  principem  Salernae,  innocentem;  quem  quamdiu 
(c  tenuerit,  apud  nos  non  inveniet  gratiam  nec  favo- 
((  rem.  » 

Ad  tertium  Papa  sic  respondit  (2)  :  ((  Licet  dominus 
((  vester  regnum  Arragoniae  teneatetpossideat,  in  hoc 
((  tamen  dicimus  ipsum  jus  non  habere,  imo  fratrem 
{(  regis  Franciae  Karolum  comitem  de  Valesio,  cui  col- 
({  latum  est  per  Ecclesiam.  Verumtamen,  si  ipse  volue- 
«  rit  de  justicia  sua  contendere  coram  nobis,  parati 
((  sumus ,  [si  venerit] ,  audire  eum  et  dare  ei  justiciae 
((  compleraentum.  » 

Postmodum  venerunt  Siculi  (5)  proponenles  prirao 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  patriii  sui.  Cest  le  mot  propre  :  D.  Jayme 
roi  de  Majorque  etait  frere  du  pere  d'Alphonse. 

(2)  Ces  raots,  qui  conipletent  le  sens,  ne  sont  que  dans  le 
Ms.  10298-6. 

(5)  Edit.  et  Mss.  4717-20,  duo  frntres  Minores  uuntii  Siculorum. 


272  CHRO]NICON 

quam  diu  (i)  fueraiit  oppressi  a  Gallicis,  et,  cum  noii 
possentamplius  sustinere  ipsos,  cie  terra  sua  curialiter 
eos  ejicere  intendebant,  quando  quidam  maligni  subito 
irruerunt  in  eisdem,  quod  displicuit  bonis  viris.  Excu- 
sabant  etiam  Constantiam,  uxorem  Pelri  de  Arrago- 
nia  (2),  dicentes  eam  innocentem  quia  venerat  in  Si- 
ciliam  sicut  mulier  obediens  viro  suo;  petentes  ut 
Jacobum  filium  ejus,  quem  ipsi  in  regem  elegerant 
dominus  Papa  confirmaret.  Kijp.c  et  alia  frivola  multa 
proponentibus,  dominusPapa  respondit  eisdem  quod 
recederent  et  melius  et  sanius  concilium  procurarent. 

MCCLXXXVIII. 
[Multis  luidecumque  galeis],  circa  Ascensionem 
Domini,  [npud  Neapolim  ad  expugnandos  Siculoscon- 
gregalis],  quidam  miles  de  Appulia  inarmis  strenuus, 
Rer^inaldus  de  Avella  nominatus,  prsecepto  et  consilio 
Roberti ,  comitis  Atlrebalensis  et  legati  Romanee  cu- 
riae  dominiGirardi  deParma  (3)  presbyteri  cardinalis, 
cnm  pluribus  galeis  armis  et  gentibus  bene  munitis , 
transfretavitin  Siciliam  et  ibidem  Cathinensem  urbem 
invadens,  eam  satisleviter  vi  sua  expugnatam  in  dedi- 
tionem  accepit.  Ipse  autem  ibi  descendens  cum  gentc 
sua,  vasa  sua  navalia  vacua  redire  fecit  Neapolim,  in 
quibus  quamplures  alii  debcbant  ex  condicto,  sicut 
promiserant,  ad  ejusauxilium  concurrere  festinanter. 
Seddum  tardarent,  Siculi  et  Arragonii  dictum  militem 


(i)  Jb.,  qtio  modo  diu. 

(2)  Ib.,  Constantiam  matrcm  Jacobi  occupalovis  Sicilio!. 
(5;  Lcs  niots  ct  lcgati  R.  c.  d.  G.  dc  Parma  pr.  card.  manquent  dans 
les  editions  precedentes  et  dans  les  Mss.  4917-20. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  273 

et  gentem  suam  in  dicta  urbe  per  mare  et  per  terram 
obsiclentes  (i),  cum  diu  bene  et  viriliter  se  defendis- 
sent,  eos  tamen,  rebus  suis  et  vlta  salva,  civitatem  red- 
dere  compulerunt.  Tandem ,  dum  ad  eorum  subsidium 
dominus  Guido  de  Monteforti ,  comes  Tuscias  (2)  , 
comcs  de  Bregna,  dominus  Philippus  filius  comitis 
Flandrensis  [Guidonis]  et  plures  alii  de  regno  Franciee 
navigarent,  a  Siculis  [navali  praelio]  in  mari  [devicti  et 
a  Rogero  de  Daurea  (5)  eorum  amiralio]  capti  sunt  et 
[diversis]  carcerlbus  raancipati.  Sed  postea,  fere  om- 
nibus  pecunia  redemptis,  solus  Guido  de  Monteforti 
periit  in  carcere,  nec  potuit  deinceps  prece  vel  pretio, 
quamvis  multum  pro  eo  offerretur,  redimi,  dolo,  ut 
a  multis  suspicatur,  Eduardi  regis  Angliae  detentus. 

Johannes  dux  Brebanciae  et  comes  de  Luicebourc , 
versus  Leodium  magnum  exercitum  congregantes, 
adversus  se  invicem  pro  comitatu  de  Lamburgo  hosti- 
liter  pugnaverunt.  Sed  praelio  hinc  inde  acriter  com- 
misso,  comes  de  Luicebourc  cum  tribus  fratribus  (4) 
suis  fuit  ibidem  interfectus,  et  Coloniensis  archiepi- 
scopus,  acquampluresalii  qui  in  auxilium  comitiscon- 
venerant,  capti  fuerunt  similiter  et  detenti ,  duce  cura 
suis  victoriam  obtinenle. 


(1)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  et  interiin  dum  se  pnrant,  Siculi  dictutn 
rrdlitem  obsidentes,  etc. 

(2)  Deux  mots  omis  dans  les  Mss.  4917-20  et  dans  les  edit.  prece- 
dentes. 

(3)  Edit.  et  iMss.  4917-20,  de  Laurea.  Rugyieri  ou  Roger  de  Loria. 

(4)  Cette  lecon  est  conforme  a  celle  dii  Ms.  4919-  Les  autres  Mss.  et 
les  edit.  portentcMm  tribus  filiis,  ce  qui  est  une  niauvaise  lecon,  puis- 
que  aucun  des  trois  lils  d'Henri  lY  comte  de  Luxembourg  ue  perit 
a  la  bataille  de  Woeringen.  Mais  son  frere  legitime  Waleran,  sire  de 
Ligny,  et  deux  de  ses  freres  batardsy  partagerent  son  sort. 

I.  18 


274  CHROJNICON 

Karolus  princeps  [Salernae],  filius  Karoli  regis  Sici- 
liae  defuncti,  circa  Purificationem  beatae  Mariae  (i) 
de  carcere  regis  Arragoniae  et  Siculorum  liberatur ;  eo 
tamen  pacto  quod  magnam  pecuniae  summam  redde- 
ret,  et  pacem  Siculorum  et  Arragonensium,  pro  posse 
suo,  erga  Romanam  ecclesiam  et  regem  Franciae  pro- 
curaret  (2) ;  quod  si  procurare  iion  posset  infra 
triennium,  proutjurare  compulsus  est,  ad  carcerem 
reverteretur  :  et  donec  ista  complevisset,  tres  de  pue- 
ris  suis  obsides,  cum  quadraginta  aliis  de  nobilioribus 
Provinciae,  tradere  coactus  est. 

Tripolis  civitas  transmarina  a  soldano  Babyloniae 
capitur;  ubi  multa  millia  Christianorum  trucidantur 
et  captivantur. 

MCCLXXXIX. 

Post  destructionem  Tripolis  civitatis  transmarinae, 
Christiani ,  Hospitalis  et  Templi  militia  Acconis  civi- 
tatis  Irebas  cum  soldano  Babyloniae  et  Sarracenis  us- 
que  ad  duos  annos  inierunt  (3).  Sed  mille  quingenti 
soldanarii  latini,  a  papa  Nicholao  missi  in  subsidium 
TerraeSanctae,  vcnientes  in  Accon,  contra  voluntatem 
civium,  Templi  et  Hospitalis  militiae,  easdem  irrupe- 
runt,  exeuntes  armati  de  Accon  cum  vexillis  versus 
casalia  et  oppida  Sarracenorum,  et  trucidantes  passim 
sine  misericordia  quotquot  Sarracenos  utriusque  sexus 
repererunt,  qui  privilegio  securitatis  pacifice  omnino 
gaudere  se  credebant. 

(i)  Vers  le  2  fcvrier  1289. 

(2)  Le  iiiot  Siculorum,  repete  deux  fois  dans  cette  phrase,  est  deux 
fois  omis  dans  les  Mss.  4917-20  et  dans  les  edit. 

(3)  Cette  treve  est  rapportee  a  l'annee  precedente  et  attribuee  aux 
seuls  halntants  d'Acre  dans  les  edit.  et  dans  lesMss.  4917-20. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  275 

Karolus  princeps,  rex  Salernee,  de  cai  cere  liberatus, 
venit  Roraam  et  ibidem,  die  sancto  Pentecostes  (i),  a 
papa  Nicholao  quarto  in  regem  Siciliae  coronatur,  ab- 
solutus  totaliter  ajuramento  quod  feceratregi  Arrago- 
num  et  Siculis. 

Jacobus  filius  Petri  de  Arragonia  (2)  ,  qui  se  in 
regem  Siciliae  coronari ,  sicut  superius  dictum  est, 
fecerat,  cum  magno  exercitu  transiit  in  Calabriam, 
obsidens  Gaietam  civitatem.  Quod  audiens  Rarolus 
secundus  SiciUae  rex,  statim  adsubsidium  obsessee  ci- 
vitatis  properavit.  Dum  vero  uterque  exercitus  ad  prae- 
lium  se  pararet,  nuntius  regis  Angliae  Eduardi  super- 
veniens  quidam  miles,  trebas  hinc  inde,  de  prece  et 
mandato  sui  domini,  usque  ad  duos  annos  continuos 
impetravit;  monens  tamen  Karobim  regem  quod  pac- 
tum  quod  cum  rege  Arragonum  et  SicuHs  inierat  sat- 
ageret  adimplere  (3). 

Soldanus  Babyloniae,  audita  strage  suorum  versus 
Acconem,  mandavit  Acconensibus  quod,  nisi  destruc- 
tores  gentis  suae  sibi  redderent,  civitatem  ipsorum 
infra  anni  curriculum  obsideret,  et  captam  eam,  sicut 
Tripobm  nuper  fecerat,  adduceret  in  exterminium  et 
ruiuam. 

Ludovicus  primogenitus  fdius  Phibppi  regis  Fran- 
ciae  ex  Johanna  regina  quarto  nonas  octobris  nasci- 
tur  (4). 


(i)  Le2g  mai. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20 ,  Jacobus  occupator  Sicilice. 

(3)  Ce  qui  precede  depuis  monens  tamen  manque  dans  les  edit. 
dans  les  Mss.  4917-20. 

(4)  Le  4  ioctobre. 


276  CHRONICON 

MCCXC. 

Appiopinquante  termino  quo  soldanus  Babyloniae 
Acconem  impugnare  minatus  fuerat,  exiens  ipse  de 
Babylonia,  cum  infidelis  populi  multitudine  infinita, 
adversus  Acconem  properavit.  Sed  gravi  arreptus  in- 
firmitate,  medio  itinere  jam  peracto,  et  in  lectura 
mortis  decidens,  iJluc  septem  amiratos,  quemlibet 
liabentem  suo  sub  iraperio  quatuor  raillia  equitura  et 
viginti  millia  peditum  armatorumj  mittere  procuravit. 
Qui  Accon  appropinquantes,  et  a  medio  raartii  usque 
ad  medium  aprilis  civitatem  diversis  assullibus  vexan- 
tes,  nihil  tamen  dignum  raemoria  peregerunt.  Cura 
autem  Soldanus  postremura  diem  sibi  terribilem  prae- 
sensisset  imminere,  vocatis  amicis  suis  totius  exerci- 
tus  amiratis,  filium  suura  (i),  qui  praesens  aderat, 
fecit  loco  sui  principatus  soldanariae  gubernaculo  su- 
bliraari,  et  lioc  peracto  satis  cito  postea  expiravit. 

Igitur  novus  Soldanus,  sepulto  patre,  raovlt  illico 
versus  Acconem  [cum]  innumerabili  exercitu  gressus 
suos,  et  appropinquans  usque  ad  unura  milliare  ci- 
vitatem,  ibidem  praecepit  castra  figi.  Macliinis  ergo 
suis  et  aliis  instrumentis  prseparatis  et  contra  civita- 
tem  applicatis,  a  quarto  die  maii  per  decem  dies  con- 
tinuos  civitatera  Sarraceni  impugnantes,  et  infra  eam 
per  jactum  lapidis  manualis  grossos  lapides  jactantes, 
non  modicum  urbem  daranificaverunt,  civibus  habere 
requiera  minime  permittentes.  Quo  cives  timore  per- 
territi,  a  civitate  thesauros  omnes  cum  mercibus  et  sa- 
crosanctis  reliquiis,  senes  quoque  et  debiles,  mulieres 


(i)  Kalil-Ascrof,  fils  de  Kelaoun-Melek-el-Mansour. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  277 

speciosas  et  pueros  ac  cunctos  ad  pugnam  iiiutiles  in 
Cyprum  fecerunt  navigio  transportari.  Multi  etiam, 
perpendentes  quae  fiebant  discordiae  inter  cives  et 
urbis  capitaneos  (i),  cum  omnibus  rebus  suis,  tam 
equites  quam  pedites,  recesserunl;  et  ita  non  reman- 
serunt  in  Accon  nisi  duodecim  millia  vel  circiter, 
quorum  quingenti  erant  equites  et  reliqui  pedites 
strenui  bellatores. 

Quinta  decima  die  maii  tam  gravem  impetum  custo- 
diis  murorum  dederunt  Sarraceni,  quod,  fere  rege  (2) 
Cypri  cedente  custodia ,  nlsi  nox  obscurissima  inter- 
venisset,  et  aliquantulae  defensionis  aliunde  venientis 
affuisset  impetus ,  Sarraceui  civitatem  intrassent. 
Nocte  igitur  insecuta ,  rex  Cypri,  ministro  m.ilitiae 
Theutonicorum  suam  tradens  custodiam  tuendam,  ad 
ipsam  mane  reversurus  ut  dicebat ,  cum  omnibus 
suis  et  cum  fere  tribus  mlUibus  aliorum  per  mare 
turpiter  aufugit.  In  crastino  autem  Sarraceni  ad  con- 
grediendum  venientes ,  et  videntes  paucos  ad  pro- 
pugnacula  custodise  regis  Cypri  apparere  defensores, 
illuc  undique  concurrerunt,  fossatum  ex  illa  parte 
[llgnis  et  aliis]  implentes  et  murum  perforantes.  In- 
trantes  igitur  cum  magno  impetu  civitatem,  Christia- 
nos  fere  usque  ad  medium  urbis  viriliter  repulerunt. 
Sed  prius  hinc  inde  occisorum  maxima  strage  facta, 
per  marescallum  et  ministrum  Hospitalis,  ab  urbe  in 
vespere  illius  diei  sunt  repulsi,  etdie  subsequenti  si- 
mlliter.  Die  vero  tertia  (3)  Sarraceni  undique  ad  con- 

(i)  Les  trois  raots  et  urb.  cap.  manquent  dans  les  edit.  et  dans  les 
Mss.  4917-20. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  re^i.s. 

(3)  Le  18  mai. 


278  CHRONICON 

llictum  venieiites,  per  portam  sancti  Antonii  civita- 
tem  intraverunt,  et  cum  Templariis  et  Hospitalibus 
confligentes,  eos  totaliter  prostraverunt,  civitatem  ca- 
pientes,  et  eam  cum  muris,  lurribus,  domibus,  eccle- 
siis  et  omnibus  aliis  ejusdem  aedificiis  funditus  ever- 
tentes.  Patriarcha  et  minister  Hospitalis  sauciatus ,  a 
suis  in  dromundo  tracli  in  mari  cum  pluribus  perie- 
runt.  Sic  igitur,  peccatis  nostris  exigentibus,  Accon, 
solum  Christianitatis  asylum  illis  in  partibus,  ab  ini- 
micis  fidei  destructa  est,  quia  non  fuit  qui  ejus  suc- 
curreret  angustise  ex  omnibus  caris  ejus  (i). 

Karolus  secundus  rex  Siciliae  venit  in  Franciam,  et 
apud  castrum  Corbolii  super  Secanam,  in  festo  As- 
sumptionis  beatae  Mariae,  dedit  unara  de  filiabus  suis 
in  uxorem ,  per  dispensationem  Romanae  ecclesise , 
Karolo  comiti  de  Valesio,  fratri  regis  Franciae  Philippi; 
[ob  cujus  matrlmonium  contrahendum,  etetiam  regno- 
rum  (Arragoniae  et  Valentiae)  quitationem  a  Karolo 
comite  factam,  dederat  ipse  i^ex  Siciliae  eidem  Karolo 
Andegaviae  et  Cenomaniae  comitalus]. 

MCCXCI. 

Gens  castri  quod  Valencianis  dicitur,  siti  in  pago 

Flandriae  et  Hanoniae,  contra  dominum  suum  Johan- 

nem  (2)  comitem  Hanoniae,  qui  nimis  eos  opprime- 

bat,  rebellavit,  et  gentes  ejus  de  villa  ejiciens,  ac  diu 


(i)  Ces  derniers  mots  sont  un  emprunt  fait  a  Jeremie,  Lament., 
1,2,  ndn  est  qui  consoletur  eam,  ex  omnibus  charis  ejus.  Ce  trait 
disparait  dans  les  Mss.  4917-20  et  dans  les  edit.  precedentes,  ou,  au 
lieu  de  caris  ejus  on  lit  christianis- 

(2)  Le  comte  de  Hainaut  ctait  alors  cc  Jean  d'Avesnes,  fils  de  Bou- 
chard  d'Avesnes  et  dc  Marguerite  de  Flandre  dont  il  a  ete  questiou 
plusliaut ,  p   215,  217. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  279 

se  contra  illum  tenens,  mulla  damna  comiti  intulit, 
et  tanriem  Guillermum,  filium  comitis  Fiandrensis  ( i), 
in  suum  defensorem  et  dominum  advocavit. 

Radulphus  rex  Alemannlae  ol^iit,  cui  successit  Adul- 
phus  comes  de  Naaso,  miles  in  armis  strenuus,  ged 
non  multum  locuples. 

Nicholaus  papa ,  audita  deslructione  Acconis  civi- 
tatis  transmarinae,  per  litteras  suas  prselatos  Franciae 
consuluit  quod  ad  Terrae  Sanctee  recuperationem  et 
subsidium  magis  necessarium  esse  judicarent,  et  ut 
ad  hoc  (9.)  regem,  barones  et  principes  ac  se  ipsos 
et  minorem  populum  incitarent.  Qui  concilia  con- 
gregantes  episcoporum,  abbatum,  priorura  et  alio- 
rum  praelatorum,  quilibet  archiepiscopus  in  sua  dioe- 
cesi ,  habito  consilio  domini  Papse,  significaverunt 
quod  prius  oportebat  barones  et  principes  totius  Chris- 
tianitatis  adversus  se  invicem  commotos  sedare ,  et 
inaximeGraecos,  Siculos,  Arragones  ad  pacemtrahere; 
ac  sic  demum,  si  bonum  sibi  esset  (5),  crucem  aucto- 
ritate  sua  in  tolo  Christianitatis  imperio  prsedicare. 

Johannes  dux  Brabencise ,  cum  filio  comitis  de 
Luicebourc  (4),  cujus  patrem  in  bello  peremerat  (5), 


(i)  Guillaunie  etait  le  deuxieme  fils  de  Gui  de  Dampierre  comte  de 
Flandre,  et  de  Mathilde,  fdle  de  Robert  seigneur  de  Bethune  et  de 
Tenremonde. 

(2)  Le  Ms.  10298-6  porte  consuluit  quod  ad  Terrce  Sanctce magis 

necessariuni  magis  judicaret,  et  ut  ab  hoc ,  etc. 

(5)  Mss.  4917»  4918,  si  suminus  pontifex  annueret  ac  bonum  essc 
judicaret ;  edit.  et  Ms.  49^9;  <^"'  ^^^^  necessariurn  judicaret. 

(4)  Henri  V  avait  succede  a  son  pere  dans  le  duche  de  Luxembourg 
des  l'annee  1288.  Son  mariage  avec  Marguerite  de  Brabant  eut  heu 
en  1292. 

(5)  Pertineret  dans  le  Ms.  10298-6.  Cesl  une  errreur  de  copiste. 


280  CHRONICON 

reconciliatus,  dedit  eidem  [in  foedus  amicitiae]  unam 

de  filiabus  suis  in  uxorem. 

Johanna  Blesensis  comitissa  obiit  sine  herede.  Cujus 
hereditas  obvenit  Hugoni  comiti  Sancti-Pauli ,  et  ejus 
frati  ibus  Guidoni  ct  Jacobo,  fratribus  Roberti  comitis 
Attrebatensis  ex  matre  (i),  ac  Galchero  domino  de 
Creciaco  in  Bria  (2);  et  factus  est  Hugo  comes  Blesensis, 
et  Guido  comes  Sancti-Pauli. 

Obiit  etiam  Nicholaus  papa,  circa  Annuntiationem 
beatse  Mariae  (5);  post  quem  ecclesia  Romana  vacavit 
per  duos  annos  tres  menses  et  duos  dies  (4). 

MCCXCII. 

Rex  Angliae  Eduardus  ex  concepta  diu  ante  malicia, 
ut  dicebatur,  magnum  apparatum  faciens,  fingendo 
quod  in  Terram  Sanctam  proponeret  (5)  proficisci , 
per  homines  suos  de  Baiona  in  Gasconia  etquamplures 
alios  regni  sui ,  sumptis  sibi  navibus  et  armis  in  magna 
multitudine,  fecit  gentes  et  subditos  regis  Franci  e  de 
Normannia  et  locis  aliis  per  mare  et  terram  nequiter 


(i)  Matliilde  ou  Mahautde  Brabant,  veuve  de  Robert  comte  d'Artois 
tue  ala  Massoure,  duquel  elle  n'eut  qu'un  fils  du  meme  nom  que  son 
pere,  et  qui  lui  succeila  au  conite  d'Artois,  se  remaria  avec  Gui  III 
comte  de  Saint-Pol,  et  lui  donna  les  trois  fds  nomnies  ici  par  notre 
chroniqueur  :  Hugues ,  Gui  et  Jacques. 

(2)  Edit.  et  Mss.  ^gi-j-io ,  Johnnnn  comiiissa  Blesis  mortua,  cjus 
consanguinei  comes  sancti  Pauli  nominatus  Hus;o  etfvntres  ipsius , 
atrjue  Galtherius  Cnstcllionis  dominus  hereditatem  ad  invicem  par- 
tiuntur. 

(5)  Cette  date  aproximativc  est  fournie  par  le  seul  Ms.  10298-6 ;  Ni- 
colas  mourut  le  4  avril  1292. 

(4)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  per  duos  annos  et  amplius. 

(5)  Celte  lecon  est  conforme  a  celle  dcs  Mss.  ^gi^-iQ- Les  edil. 
prccedentes  porlont  properaret. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  281 

invadere;  innumeros  ex  ipsis  ci  udeliter  occidendo,  ca- 
piendoetdetinendo,  ac  quamplures  navesipsorum  fran- 
gendo,  et  earum  superstites  cum  bonis  etmercibus  in 
Angllam  transvehendo.  Invaserunt  etiam  presdicti  ho- 
mines  de  Baiona,  ex  praecepto  regis  Anglise,  proditio- 
naliter  villam  regis  Franciae  quee  Rocheila  nuncupatur, 
facientes  in  eam  assultus  quamplurimos ,  et  occidentes 
nonnullos,  ac  villse  damna  quam  plurima  inferentes. 
Quo  audito,  cum  rex  Franciae  Philippus  mandasset  regi 
Angliae  et  locum  ejus  tenentibus  in  Gasconia  quod  cer- 
tum  numerum  praediclorum  hominum  de  Baiona  apud 
Petragorum  in  prisione  sua  mitterent,  pro  faciendo  de 
eis  quod  ratio  suaderet  et  justitia  postularet,  mandato 
ejus  parere  contumaciter  et  contemptibiliter  est  ne- 
glectum. 

Karolus  comes  de  Valesio,  frater  regis  Franciae  Phi- 
llppi,  mlttitur  a  fratre  contra  comitem  de  Hanonia 
Johannem  qui ,  in  pago  Flandriarum  et  Hanoniae , 
nimls  multum  infestabat  ecclesias  in  regis  Franclae 
custodla  constitutas  (i),  et  de  hoc  quod  Ibidem  pos- 
sldebat  regl  Franclae  homaglum  facere  renuebat  (.2). 
Cum  autem  Karolus  apud  Sanctum-Qulntinum  in  Vi- 
romandia  praepararet  exercitum ,  Johannes  comes 
Hanoniae,  potestatem  regls  Franclae  pertlmescens,  ad 
Karolum  Inermis  et  devotus  properavit,  et  cum  ipso 
Parislus  ad  regem  venlens,  quldquld  erga  Ipsum  et 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  Cum  Johannes  comes  Ilanonice  juxla 
terrce  suce  conjinium  genies  et  subditos  regis  Francice  et  ecclc.uas  in 
ejus  constitutas  custodia  molestaret ,  etc. 

(2)  Ce  second  motif  de  guerre  n'est  enonce  ni  dans  les  editious  ui 
daus  les3fss.  4917-20. 


282  CHRONICON 

ecclesias  (i)  deliquerat  ad  regis  beneplacitum  emen- 
davit. 

Apud  Rothomagum  minor  populus,  propter  malam 
toltam  qua  nimis  gravius  solito  premebatur,  conlra 
magistros  scacarii  regis  Franciae  ministros  insurgentes, 
eos  in  urbis  castello  obsederunt,  et  domum  collecto- 
ris  illius  pecunise  infringentes,  [denarios]  per  civitatis 
plateas  effuderunt.  Sed  tandem  per  majorem  et  bur- 
genses  urbis  (2)  ad  mandatum  raagistrorum  sedati , 
quamplures  suspenduntur,  et  multi  diversis  regis  Fran- 
ciae  carceribus  mancipantur. 

Pliilippus  rex  Francise,  iratus  quod  gentes  regis 
Angliae  de  Gasconia  mandato  suo  minime  paruissent, 
fecit,  per  constabularium  suum  Radulphum  de  Nigella 
militem,  totam  Gasconiam,  tanquam  proprium  ipsius 
feodum  ,  in  manu  sua  saisiri ;  citare  faciens  regem 
Angliae  ad  suum  parlaraentum. 

Gilo  [Cornuti]  Senonensis  archiepiscopus  obiit, 
cui  successit  Stephanus,  decanus  ecclesiae  Senonensis. 

MCCXCIII. 

Circa  Pentecostem  comes  Fuxi  et  comes  de  Her- 

meigniaco  (5),  qui  Fuxi  comitem  de  proditione  appel- 

laverat ,    in  duello  apud  Gisortium ,   corara  rege  et 

baronibus    Franciae ,    conflixerunt.    Sed,    [ad  preces 

(i)  Edit.  et  Mss.,  ad\>ersus  eumetsiios  subditos. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917)  49'8,  ^gig,  per  majorem  ct  urhis  ditiores  ho- 
mines. 

(5)  Bernard  VI,  comte  d'Armagnac.  —  Ici  encore  leseditions  et  les 
Mss.  de  la  Chronique  de  Nangis  nomment  le  comte  de  Foix  Remuii- 
dus  Bernardi,  quoique  ce  fut  toujours  Roger-Bernard,  troisieme  du 
nom.  Voyez  ci-dessus,  p.  240,  not.  i .  Les  deux  comtes  se  disputaient 
la  succession  de  Gaston  VII,  vicomte  de  Bearn, 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  283 

comitis  Attrebati  Roberti]  ,  negotium  ipsorum  rex 
super  se  suscipiens,  et  eos  a  couflictu  retrahens,  neu- 
tri  fuit  victoria  attributa  (i). 

Rex  Angliae  Eduardus,  pluries  et  solemniter,  su- 
per  injuriis  et  facinoribus  [quae]  et  quas  gentes  suae 
de  Baiona  et  Anglia  (2)  hominibus  regis  Francise  de 
Normannia  et  aUbi  inlulerant,  ad  curiam  regis  Fran- 
ciae  [citatus],  venire  contemnit.  Sed  ut,  fallente  con- 
scientia ,  fraudulentiori  consiHo  iniquitatem  possit 
perficere  quam  concepit,  mandavit  regi  Franciae  quod 
sibi  quitabat  quidquid  ex  ejus  feodo  possidebat;  [pu- 
tans  illud  et  ampHus  vi  armorum  acquirere,  et  partum 
sine  homagio  cujuscumque  de  cetero  obtinere]. 

Mense  julio  Noviomum,  Gallice  civitas,  tota  igne 
conflagrata  est,  [praeter  sancti  Eligii  et  sancti  Bar- 
tholomsei  abbatias]. 

Guillermus  Autissiodorensis  episcopus  obiit ;  cui 
successit  Petrus  Aurelianensis  episcopus.  In  Aurelia- 
nensi  vero  ecclesia  positus  est  a  papa  Bonifacio  epi- 
scopus  Ferricus  (3),  filius  ducis  Lotharingiae ,  qui 
electus  in  discordia  fuerat  ad  Autissiodorensem  epi- 
scopatum. 

Henricus  de  Hispania ,  frater  regis  Castellae ,  quem 
captum  in  bello  Corradini  et  incarceratum  a  Karolo 
primo  regis  Siciliee  supra  retulimus,  de  prisione  eva- 
dens,  in  Hispaniam  reversus  est(4). 

(i)  Edit.  et  I\Iss.  4917-20,  lex  a  conflictu  quem  jam  inceperant 
retrahere  fecit  illos. 

(2)  Les  mots  de  Baiona  et  Angl.  ne  sont  donnes  que  ]iar  le 
Ms-  10298-6. 

(5)  Edit.  et  iMss.  4917-20,  et  eidem  Petro  in  Aurelianensi  ecclesin 
{successit^  Ferricus ,  fdius ,  etc. 

(4)  Ib.,  Henricus  dc  Hispania,  quem  re^es  Sicilice  vinculatum  per 


284  CHRONTCON 

MCCXCIV. 

Mense  raaio  (i),  ad  nuptias  filiae  regis  Anglia^ 
quam  Henricus  coraes  de  Barro  desponsaverat,  Johan- 
nes  dux  Brabentise  apud  Barrum  invitatus ,  fuit  ibidem 
in  hastiludio  a  quodam  milite  lethaliter  sauciatus.  Sed 
parum  supervivens,  perceptis  sacramentis  ecclesiasti- 
cis,  expiravit  (2). 

Quinta  die  mensis  julii  apud  Perusium  (5),  postec- 
clesiae  Romanae  duorum  annorum  trium  mensium  et 
duorum  dierura  vacationem,  frater  Petrus  de  Morone, 
Yserniensis  dioecesis  (4),  natione  Appullus,  monachus  et 
pater  cujusdam  tenuis  religionis  ab  eo  inslitutae,  quse 
appellatur  Sancli-Benedicti  in  Montibus,  apud  Sul- 
monem  Aprucii  arcem  (5)  heremiticam  vitam  ducens, 
vir  magnse  humilitatis,  sanctae  condltionis  et  famae 
celebris,  aetatis,  ut  putabatur,  annorumseptuaginta  et 
amplius ,  validus  taraen  et  compos ,  litteraturse  quidem 
modicae,  sed  discretionis  bonae  et  alicujus  experien- 
tiae,  ex  insperato,  cura  cardinales  super  clectione  papae 
viderentur  esse  in  sua  discordia  obstinati  et  confirmati, 


spadumviginti  sex  nnnorum  tenuerant ,  evadcns  de  carcerc ,  apud  ne- 
potcm  suum  Sancioncm  regem  Hispanice  se  recepit.  Voy.  plus  haut, 
p.  234. 

(i)  Date  omise  dans  les  ^dit.  pr^cedentes  et  dansles  Mss.  4917-20, 
ainsi  que  les  niots  (fuam  Henricus  c.  de  B.  dcsp. 

(2)  Edit.  et  Mss.  ^gi  j -"20,  J^uit  ibidem  in  hastiludio  a  quod.  milite 
interfectus. 

(3)  L'indication  du  jour  et  du  lieu  n'est  donnee  ni  dans  les  prece- 
dentes  edit.  ni  dans  les  Mss.  4917-20. 

(4)  Deux  mots  omis  dans  les  edit.  et  les  M.ss.  4917-20. 

(5)  /Z».,  apud  Sulmonem  Aprucii,  vitnm  arctam  heremiticam,  etc. 
Les^religieux  dejjSaint-Benokdcs-i\lontai,'nes  s'appeierent  depuis  Ce- 
lestins,  dn  nom  quc  prit  leur  fondatenr  en  montant  sur  le  siege  pon- 
tifical 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  285 

et  tunc  ad  tractandum  de  electione  non  convenissent, 
nec  alias  unquam  de  ipso  fratre  Petro  eligendo  meiitio- 
nem  uUam  habuissent,  quodam  cardinali  de  fama  et 
sanctitate  ipsius  in  communi  consistorio  incidenter 
aliqua  referente ,  divina,  prout  creditur,  inspiratione, 
unanimi  omnium  cardinalium  voto,  cum  multarum 
lacrymarum  effusione,  in  summum  pontiticem  est 
electus,  et  Coelestinus  hujus  nomiuis  quintus  appella- 
tus.  Hic  duodecim  cardinales  ,  supra  numerum  eorum 
qui  tunc  aderat,  fecit,  satis  laudabiles  et  valentes  per- 
sonas;  et  decretalem,  quam  de  elegendo  summo  pon- 
tifice  praedecessor  suus  Nicholaus  tertius  suspensam 
reliquerat,  confirmavit.  Circa  vero  Adventum  Domini, 
nescio  quo  spiritu  ductus,  depositis  in  plano  consisto- 
rio  mitra,  annulo  et  sandaliis  ac  omnibus  aliis  epi- 
scopalibus  ornamentis ,  omni  papali  officio  et  beneficio 
totaliter  resignavit.  Post  quem  ,  in  vigilia  Natalis  Do- 
mini,  dominus  Benedictus  presbyter  cardinalis  (i), 
natione  Campanus,  in  papam  est  electus,  et  Bonifa- 
cius  octavus  nominatus.  Hic  Coelestinum  praedecesso- 
rem  suum  ,  volentem  redire  ad  locum  unde  assumptus 
fuerat,  non  permisit,  sed  fecit  eum  sicut  decuit  ho- 
nestissime  custodiri  (2). 

Circa  mensem  septembris ,  rex  Angliae  Eduardus , 
praeparato  navigio,  per  Ires  dies  mare  intravit,  monens 

(i)  Les  mots  in  vigilia  JV.  D.  d.  B.  p.  c.  manquent  dans  les 
edit.  precedentes  et  dans  les  Mss.  4917-20. 

(2)  Sed  honorifice  fecit  eum  diligenti  custodia  in  loco  tutissimo 
custodiri.  Les  details  que  renferme  cet  alinea  sont,  dans  les  edit. 
precedentes  et  dans  les  Mss.  4917-20,  morceles  endivers  fragnients, 
separes  par  le  recit  d'evenements  etrangers  ii  la  cour  romaine.  L'alinea 
suivant  relatif  aux  echecs  que  les  Gallois  firent  eprouver  au  roi  d'An- 
gleterre  ne  se  lit  que  dans  le  Ms.  lOi^S-b. 


286  CHRONICON 

et  instruens  gentes  suas.  Sed  interim  Galenses ,  a3sti- 

mantes  ipsum  cum  sua  classe  debere  proficisci,  rebel- 

lionis  spiritum  assumentes,  eidem  damna  quamplurima 

intulerunt. 

Classis  regis  de  Anglia  recedens,  et  versus  Rupellam 
in  Pictavia  raaris  semitas  perambulans,  insulam  du 
Re  dictam  depopulavit  et  arsit;  ac  inde  ulterius  versus 
Burdegalam  civitatem  Anglici  navigantes,  Blavise  cas- 
trum  et  tres  vel  quatuor  villas  (i)  supra  raare  exis- 
tentes  occupaverunt,  gentes  regis  Franciee  quae  erant 
earum  custodiae  deputatae  occldentes  et  turpiter  ex- 
pellentes.  Munilis  igitur  villis  quas  ceperant,  Baionee 
applicant  et  proditione  civiura  civitatem  in  deditionem 
accipiunt,  excepto  castello ,  quod  castellanus  et  qui- 
dam  Gallici  diu  contra  eos  defenderunt  et  fortiter  te- 
nuerunt  (2). 

Plures  de  regno  Franciae  soldenaril  missi  contra  An- 
glos  in  Gasconiam  parum  aut  nihll  proficiunt. 

Coraes  Acherarum  (5)  in  Appulla,  quem  Karolus 
secundus  rex  SlcIIIse  super  omnes  domlnum  et  magis- 
trum  in  terra  sua  Provinclse  (4)  constituerat ,  proba- 
tus  et  repertus  sodomita  pessimus  et  sui  domini  pro- 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  et  tres  villasvel  oppida. 

(2)  Ib.,  Cum  autem  apud  Buidcgalam  postmodum  applicassent , 
nec  ibi  proptcr  Radulphuni  de  JVigella  Francire  conestabularium  qui 
intus  erat  possent  aliquid  attentare ,  apud  Baionam  civitatem  stolum 
suum  celeriter  diverterunt ;  quamproditione  civium  in  deditionem  illico 
suscipientes ,  Francos  omnes  in  castelli  forteritia  diu  expugnatos 
tandem  postea  fugaverunt.  Le  court  alinea  qui  suit  n'est  donne  que 
par  le  Ms.  10298-6. 

(5)  Edit.,  Acerrarum ;  Mss.  49'7)  49'8,  Attcj-rarum  ;  ^g\g ,  Ac- 
cerrum.  Acerra,  dans  la  terre  de  Labour. 

(4)  Edit.  etMss.  4917-19,  quem  Karolus  rex  Sic.  custodeni  Provin- 
cice  comitatus  sui  consiituerat. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  287 

ditor,  mandato  regis  captus,  a  posterioribus  usque  ad 
os  veru  ferreo  ardenti  traiisfigitur,  et  postea  concre- 
raatur.  Fassus  est  autem  in  illa  poena  quomodoKaro- 
lum  regem  Sicilise,  patrem  Karoli  secundi  regis,  pro- 
ditionaliter  ab  obsidione  Messanensium  retraxerat,  et 
quomodo  post,  una  cum  filioejus  [Salernae]  principe, 
se  capi  permittens,  Siculos,  ipsum  captum  principem 
volentes  in  regem  coronare  et  Arragones  cupientes  de 
terra  sua  expellere,  disturbavit. 

Guido  comes  Flandriae  qui,  confoederatus  regi  An- 
gliae  (r),  volebat  eidem  regi  fdiam  suam  nuptui  tra- 
dere,  cum  eadem  Parisius  a  rege  Franciae  Philippo  in 
custodia  detinetur;  sed  ipse  parum  postrelaxatur,  tilia 
cum  regiis  pueris  [educanda]  remanente. 

Frater  Radulphus  de  Grandivilla  in  Normannia, 
ordinis  Praedicatorum,  qui,  mandato  Coelestini  papee, 
infra  Adventum  Domini  (2)  Parisius  in  patriarcham 
Jerusalem  consecratus  fuerat,  Romam  proficiscens , 
auctoritate  Bonifacii  papee  successoris  Coelestini  de- 
ponitur. 

Rex  Alcmanniae  Adulphus,  regi  Angliae  Eduardo 
pecunia  [contra  regem  Franciae]  confoederatus,  circa 
Epiphanlam  Domini  (3)  fecit  difiidare  (4)  ex  parte  sua 


(i)  Edit.  et  3Iss.  4917-20,  occulte  reg.  Angl.  contra  dominum  suum 
regem  Francice  confcederatus . 

(2)  Date  fournie  par  le  seul  Ms.  10298-6. 

(5)  Edit.  et  Mss.  4917-19,  postoctabas  Nativitatis  doininicce ;  cequi 
indique  egalement  les  premiers  jours  de  janvier  1295. 

(4)  Le  Ms.  10298-6  Aonmfecit  dare,  qui  n'a  auciin  sens;  tous  les 
autres  Mss.  portent  dijfidare.  M.  P.  Paris  a  publie  la  veritable  re- 
ponse  de  Philippe-le-Bel  a  la  leltre  de  defi.  EUe  est  du  niercredi  9 
mars  I2g5.  Chron.  dc  Saint-Denys ,  t.  V,  p.  iii. 


588  CHRONICON 

regem  Franciae  Philippum;  sed  deficientibus  sibi  auxi- 

liariis,  quod  conceperat  nequivit  perficere. 

Karolus  comes  de  Valesio,  frater  regis  Francise  Phi- 
lippi ,  cum  magno  exercitu  a  fratre  in  Gasconiam 
missus,  terram  inimicorum  fratris  sui  hostiliter  ingre- 
ditur  et  Riontium,  castrum  fortissimum  super  Giron- 
dam  situm(i),  [quod  Gasconum  proditione  Anglici 
detinebant] ,  obsidet  :  [ibi  enim  erant  Johannes  de 
sancto  Johanne,  et  Johannes  de  Britannia,  atque  ce- 
teri  regis  Angliae  Eduardi  egregii  bellatores.] 

Radulphus  dominus  de  Nigella  regis  Franciae  con- 
stabularius,  Karolo  comiti  de  Valesio  a  Burdegala  ad 
obsidionem  castri  Riontii  occurrens  in  auxilium,  in  via 
quamdam  munitionem,  Podenciacum  (2)  dictam,  ubi 
erant  Anglici  cum  Gasconis,  sabbato  ante  Dominicam 
in  Ramis  Palmarum  obsedit. 

MCCXCV. 
Apud  Podenciacum  per  octo  dies  pluribus  assultibus 
factis,  Anglici  qui  intus  erant  cum  Gasconis,  pactione 
facta  cum  Radulpho  regis  Franciae  constabulario,  ut 
salva  vita  hinc  abirent,  Gascones  et  fortericiam  [die  Re- 
surrectionis  Dominicae]  sibi  tradiderunt.  Quos  Gasco- 
nes  apud  Riontium  adductos  ad  Karolum,  fecitomnes, 
numero  sexaginta,  ante  fores  Riontii  suspendi,  feria 
quinta  post  Pascha  (5).  Quod  illi  de  Riontio  percipien- 

(i)  Edit.  etMss.  4917?  4918  et  4920,  Rioncium:  4919?  Riocium.  La 
position  de  ce  lieu  n'est  nientionnee  que  dans  le  Ms.  10298-6. 

(2)  Edit.,  Pondcnciacum;  Ms.  4917»  P otenliacum ;  4920,  Ponte- 
ciacum.  La  date  exprimee  a  la  fin  de  1'alinea  repond  au  26  mars 
1295. 

(5)  Le  jeudi  apres  Paques,  ou  le  7  avrii  1295. 


GUILLELTVII  DE  NANGIACO.  289 

tes,  cognilaqiie  proditione  Anglicorum  eis  facta  apud 
Podenclacum,  adversus  Anglos  qul  secum  intus  erant 
gravi  indignatione  sunt  perraoti.  Propter  quod  Johan- 
nes  de  Britannia,  nepos  regis  Angliae  (i)  ,  et  Johannes 
de  Sancto-Johanne  ac  quamplures  Anglorum  milites^ 
sibi  timentes,  nocte  venienteadnaves  properantes,  per 
mare  autfugerunt;  sed  ab  illis  de  villa  plures  illorum, 
dum  portum  peterent,  sunt  occisi.  Die  igitur  veneris 
subsequentis  in  mane,  Francorum  exercitus  intelligens 
esse  discordiam  intus  castrum,  facto  ad  villara  assultu, 
paucis  resistentibus,  eam  capiunl ,  quamplurimos  oc- 
cidentes;  et  nonnuUos  milites  ac  nobiles  capientes  (2), 
castrum  Riontii  regis  Francorum  subjiciunt  ditioni. 

Mense  maii  subsequente,  Simon  Praenestinus  epi- 
scopus  et  Berardus  Albanensis,  cardinales  Roraanae 
ecclesiae,  a  Bonifacio  papa  missi  pro  pace  inter  regem 
Franciae  et  regem  Angliae  facienda ,  in  Franciam  (3) 
venerunt. 

Karolus  frater  regis  Franciae,  comes  Yalesil,  Rion- 
tlo  castro  quod  ceperat  munito,  villam  sanctl  Severii 
obsldet;  quam  tota  fere  aestate  diversis  assultlbus  vexa- 
tam,  tandem  In  deditionem  accepit.  Sed  illo  postmo- 
dum  in Franclam  reverso,gens  vlllaellllus  infida  ,  re- 
bellionis  spiritum  resumens,  a  fidelitate  regis  Franciae 
resllivit. 

Sancio  rex  Hispaniae  (4)  moritur,  relinquens  duos 

(i)  Cette  qualiGcation  est  omise  dans  les  edit.  precedentes  et  dans 
les  Mss.  4917-19. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20 ,  et  captis  pariter  et  occisis  miiltis  Gasco  ■ 
nibus. 

(5)  Ib.,  Parisius  advenerunt. 

(4)  Ib.,  S.  rex  Castellce  defungitur. 

I.         '  19 


290  CHRONICON 

pueros  admotium  parvulos,  quos,  ut  dicebatur,  a 
quadam  monacha  consanguiiiea  sua  (i)  sibi  in  raatri- 
monium  juncta  genuerat.  Hos  vero  pueros  suscepit 
tuendos,  in  odium  gentis  Francorum  et  duorum  alio- 
rum  nepotum  suorum  Alphonsi  et  Ferrandi  de  filia 
sancti  Ludovici  regis  Franciae  Blancha  genilorum, 
Henricus  patruus  eorum  (2) ,  qui  nuper  evaserat  de 
carcere  regis  Siciliae  Karoli. 

Frater  Gilo  de  ordine  eremitarum  sancti  Augus- 
tini  (5),  vir  ingeniosus  et  summus  theologus,  fit  a 
papa  Bonifacio  Bitin-icensis  archiepiscopus,  post  Si- 
monem  de  Bello  loco  factum  episcopum  Praenestinum. 
Hic  frater  Gilo,  sive  iEgidius,  multa  Ecclesiae  utilia 
scripsit  (4). 


(i)  Notre  Ms.  porte  7?ion ac hi  ipar  une  erreur  de  copiste.  Dans  les 
edit.  precedentes  on  lit  sanctimoniaU femina ,  mais  les  mots  consaii- 
guinea  sua  ne  s'y  trouvent  point.  M.  Paulin  Paris,  surpris  de  cette 
qualification  de  nonnain,  donnee  a  la  reine  Marie  femme  de  Sanche 
le  Grand,  a  conjecture  que  le  surnom  de  cette  reine  [de  Molina)  avait 
pu  devenir  sous  la  plume  d'un  copiste  maladroit  sanclimoniali.  Ce  qui 
parait  certain  c'est  que  les  difficultes  survenues  toucliant  la  legitimite 
du  mariage  et  des  enfants  de  D.  Sanche  avec  Marie  de  Molina  n'eurent 
d'autre  causc  que  la  parente  des  deux  epoux. 

(2)  Les  Mss.  49^7»  49^0  portent  Henricus  rex  patruus ,  ce  qui  est 
une  faute  evidente  ;  les  edit.  et  les  Mss.  4918,  4919?  Henricus  ejus  pa- 
truus,  ce  qui  est  aussi  juste  que  pntruus  eorum.  Henri,  frere  d'Al- 
phonse  X  ,  etait  1'oncle  jiaternel  de  Sanche,  et  le  grand-oncle  des  ea- 
fants  de  ce  dernier,  aussi  bien  que  lc  grand-oncle  des  enfants  de 
Blanche  et  de  Fcrdinand  de  la  Cerda  ,  lequel  Ferdinand  etait  frere  de 
Sanche  et  fds  d'Alphonse  X. 

(3)  On  lit  simplement  dans  les  editions  precedentes,  F.  jEgidius 
ylugustini.  II  y  est  cependant  dit  plus  bas  qu'il  etait  de  I'ordre  de  saint 
Auguslin. 

(4)  Edit.  ct  Mss.  4917-20,  plurimos  libros  supe>-  seriem  sacrx  scrip- 
turce  et  phdnsoi)liice  compilavii. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  291 

Circa  festum  saiicti  Petri  ad  Vincula  (i),  Matheeus 
dominus  Monmoreiiciaci  et  Johannes  de  Hardicuria , 
classis  regis  Franciae  amiralii ,  cum  ad  portum  Angliae 
qui  Douvra  (2)  nominatur  applicuissent ,  quidam  de 
minoribus  eorum  exeuntes  de  navibus,  injecto  i^ne, 
villam  usque  ad  castellum  (3)  incenderunt.  Potuisset- 
que  tunc,  ut  dicebatur,  totus  exercitus  qui  erat  in  na- 
vibus  de  gente  Francorum  totam  de  facili  Angliam 
occupasse,  si  non  auctoritas  dictorum  amiralium  obsti- 
tisset;  nam  ipsi,  classe  a  portu  revocata,  illos  qui  exie- 
rant  periclilari  et  occidi  permiserunt  (/|). 

Radulphus  de  Grandivilla  iterum  a  papa  Bonifacio 
patriarcha  Jerusalem  constituitur. 

Florentius  comes  Hollendiae  Parisius  veniens,  con- 
tra  regem  [Anglise]  (5)  regi  Francorum  Philippo  con- 
foederatur. 

Margareta  regina  Franciae ,  uxor  quondam  sancti 
Ludovici  regis,  moritur,  et  in  ecclesia  sancti  Dionysii 
[in Fiancia, juxta regem  sanctissimum Ludovicum  con- 
jugem  suum,  honorifice]  sepelitur.  Haec  Parisius  apud 
sanctum  Marcellum ,  post  raortem  mariti  (6),  abba- 
tlam  sororum  Minorum  [in  qua  honestissimediu  vixit] 
construxit  (7). 


(i)  Yers  le  i"  aoiit,  date  omise  dans  les  edit.  et  dans  les  Mss. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  De\>ora. 

(3)  Ib.,  t/uidquid  crat  extra  muros. 

(4)  Ces  deux  dernieres  circonstances  ne  sont  consignees  que  dans  le 
Ms.  10298-6.  II  en  est  de  meme  des  deux  alinea  qui  suivent. 

(5)  Notre  Ms.  porte  contra  regem  Francice ,  ce  qui  est  une  erreur 
evidente. 

(6)  Cette  date  n'est  fournie  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(7)  On  ni'a  reproche  d"avoir,  dans  un  autre  ouvrage,  conteste  le 
fait  exprime  dans  cette  derniere  phrase.  Voy.  les  Grnndes  Chron., 


292  CHROI^ICOiN 

Mortiio  Alphonso  rcge  Arragoniim,   Jacobus  ejiis 

frater,  occupator  regni  Siciliee,  diraissa  Sicilia  veniens 

in  Arragoniam,  in  regem  coronatur,  fratre  suo  Siciliam 

post  eumFrederico  occupante.  Qui  rex  Jacobiis,  facta 

pace  cum  Karolo  regc  Siciliae ,   unam  de  filiabus  suis 

desponsavit,et  obsides  quos  Alphonsns  rex  frater  suus 

pro  Karolo,  sicut  superius  dictum  est  (i),  receperat, 

liberavit. 

MCCXCVf. 

Coelestinus  papa  depositus  obiit. 

Scoti  Angliam  incursantes,  plurima  dainiia  regi  An- 
gli;^  intulerunt ,  sub  fiducia  regis  Franciae  cui  confoe- 
derati  fuerant.  Sed  dura  a  vastatione  redeunt  Angliee  , 
venientes  ad  quoddam  castrum,  in  marchia  Scotiae  et 
Anglice  situm,  quod  eis  subditum  fuerat,  gens  villae 
qu£e  ,  Scotis  insciis ,  fidelitatem  regi  Angliaejuraverat, 
dum  Scoti  secure  arma  deposuissent,  Johannem  regem 
eorura  ccpitetregi  Anglicie  destinavit  (2). 

Petrus  et  Jacobus  de  Columna  Roraanae  ecclesiae  car- 
dinales,  qui,  viventepapa  Coelestino,  schisma  commo- 
verant,  dicentes  indebitam  ejus  depositionem  et  injus- 
tam  Bonifacii  papae  promotionem  extitisse,  cum  adhuc 

t.  V,  p.  I  i^i  "Ot.  2.  Je  suis  donc  oblige  de  faire  observer  que  le  texte 
de  JXangis,  tel  qu'il  est  donne  par  le  Ms.  10298-6,  ne  dit  pas  un  niot 
du  sejour  de  la  reine  3Iarguerite  dans  le  couvent  des  Cordelieres  de 
saiat  Marcel. 

(i)  Yoy.  plus  haut,  an  1288,  p.  274- 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  seddum  a  vastatione  redeuni ,  Johannes 
rex  eoriun ,  proditus  a  quibusdam,  capitiir  et  re^i  Anglice  destinatur. 
—  Ce  roi  d'Ccosse  est  Jean  Bailloi  ou  liailleul,  seigneur  de  Mons  en 
Yinieu.  Cree  roi  d'Ecosse  par  Edouard  I  roi  d'AugIeterrc,  il  avait 
faithoinmage  a  ce  prince  qui  fut  pour  lui  un  tyi-an  plutot  qu'un  pro- 
tecteur.  Eu  1298  Baillol,  prisonnier  d'Edouard,  obtint  la  permissioii 
de  repassc  eu  France,  ou  iltermina  ses  jours  dans  la  vie  privee. 


I 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  '293 

iion  cessarent  submurmurare  talia  et  proloqui,  a  car- 
dinalitatis  officio  per  papam  Bonifacium  amovcnlur, 
et  omnibus  eccleslasticis  beneficiis  prlvantur. 

Alphonsus  et  Ferrandus,  filii  Ferrandi  primogeniti 
Alphonsi  quondam  Hispaniae  (])  regis  ex  Blancha  filia 
regis  Franciee  sancti  Ludovici,  qui  [a  jure  regiae  digni- 
tatis  et  excellentiae  sibi  debito  per  Alphonsum  avum 
suum  totaliter  privnli  fuerant,  et  propter  hoc]  in 
Francia  exulabant  (2) ,  audita  morte  Sancionis  regis 
Hispanlee  patrui  ipsorum ,  festinato  itinere  a  Fran- 
cia  recedentes,  Hispanias  petunt,  et  auxilio  regis 
Arragonum  (3)  et  fibi  Johannis  Nunnii  (4) ,  illius 
terrae  magni  nominis  baronis ,  regnum  Legio- 
nense  cum  magna  parte  Hispanias  (f))  occupant.  Sed 
Henrico ,  tutore  puerorum  regis  Sancii  utrorumque 
avunculo  eis  viriliter  resistente,  conatus  eorum  mul- 
tum  debilitatur.  Interim,  dum  inter  se  vario  evenlu 
pugnant,  Ferrandus,  dimisso  fratre,  venit  in  Fran- 
ciam,  auxilium  a  rege  Francige  petiturus;  et  inde  ad 
Romanam  curiam  accedens,  parum  hinc  inde  commodi 
reportavit. 

Mala   tolta   primo  a   mercatoribus   [solummodo] , 


(i)  Edit.  et  Mss.  ^gij-no,  Castellce. 

(2)  Voy.  plus  haut,  an  1276,  p.  247- 

(3)  Les  edit.  precedentes  ajoutent  el  fratris  sui;  et  le  Ms.  de  Citeaux 
porte  eifratris  sui  Petri. 

(4)  Cest  ainsi  qu'il  faut  lire,  avec  les  Mss.  4917»  49^8  et  4920,  et 
lionMinimi,  erreur  que  presentent  les  Mss.  4919  et  Saint-Gerniain  435, 
et  que  d'Achery  a  signalee  tout  en  conservant  dans  le  texte  le  mot 
Minimi.  Yoy.  plus  haut,  p.  25g,  et  la  note  3. 

(5)  Les  mots  cum  mngna  parte  Hisp.  et  la  fin  de  l'aUnea  depuis  sed 
Henrico  tulore  manquent  ici  dans  les  edit.  et  dans  les  Mss.  4917-20. 
En  revanche  on  y  lit  les  lignes  suivantes  ;  «  Quod  (rcgnum  Lcgianense) 


294  CHRONICOIS" 

deinde  centesimus,  post  quinquagesimus  omnium 
bonorum  sive  rerum  uniuscujusque,  tam  a  clericis 
quam  a  laicis  per  regnum  Franciae,  [propter  guerram 
isto  tempore  discurrentem  inter  reges  Franciae  et  An- 
glise] ,  exactatur.  Ob  quam  causam  Bonifacius  papa 
decrevit  ut  si  reges ,  principes ,  et  barones  totius 
Christianitatis  deinceps  a  prselatis,  abbatibus et  clero, 
Papa  (i)  inconsulto,  tales  exactiones  acciperent,  aut  si 
prgelati,  abbates  et  clerus  sibi  darent,  excommunica- 
tionis  sententiam  incurrerent  ipso  facto;  a  qua  (2), 
nisi  in  mortis  articulo,  a  nemine  possent  absolvi  prae- 
ter  a  Romano  pontifice  vel  ipsius  mandato  speciali. 

Ludovicus  filius  Karoli  regis  Siciliae,  qui  ordinem 
fratrum  Minorum  ingressus  fuerat,  fit  a  papa  Bonifa- 
cio  Tholosanus  episcopus  et  episcopatum,  quem  prius 
ipse  Papa  in  duos  diviserat,  integrum  accepit. 

Robertus  comes  Attrebatensis  cum  magno  Franco- 
rum  exercitu  in  Gasconiam  proficiscitur,  contra 
Edmundum  fratrem  regis  Angliae,  sororium  suum  (3), 
qui  illuc  cum  ingenti  classe  Anglorum  advenerat;  sed 


Alphonsus  Jratrum  pri/jiogenitus  statim  cuidani  Johanni  patruo  suo 
in  ejus  auxilium  advcntato,  a  se  infcodum  tcnendum  contulit  et  per- 
misit,  per  quodjactum  gentis  suce  corda  mirahiliter  ad  se  traxit.  » 

(i)  Au  lieu  du  mot  papa ,  on  lit  ecclesia  Romana  dans  les  edit.  pre- 
cedentes  etdans  les  Mss.  4917-20. 

(2)  Le  Ms.  10298-6  porte  ad  quam  ce  qni  est  evidemment  une  er- 
reur  de  copiste.  —  II  s'agit  ici  de  la  fameuse  bulle  Clericis  laicos ,  dont 
on  peut  voir  le  texte  dansDupuy,  Ilist.  du  diffcrend  de  Boniface  Vlll 
etde  Philippc-le-Bel.  Paris,  i655,  in-4°,  Preuves,  p.  i4- 

(3)  Ces  deux  mots  sont  omis  dans  les  edit.  precedentes  et  dans  les 
Mss.  49i7'2o.  Edniond  d'7Vngletcrrc  avait  epouse  Blanche  soeiir  dc 
Rol)ertd'Artois,  vcuve  deHenri  T"  roi  de  Navarrc  et  comte  de  Cham- 
pagne. 


GUILLELMI  DE  NANGlACO.  295 

infirmltatem  incurrens  parum  post  morluus  est  (i). 
Cum  igitur,  circa  Purificationem  beatae  virginis  Ma- 
riae  (2),  Johannes  de  Sancto-Johanne,  Johannes  cle 
Britannia  ac  comes  Lincohiiensis,  qui  exercitui  praee- 
rant  Anglicorum  et  Gasconum,  fuissent  de  Baiona  et 
alibi,  ad  suam  garnisionem  victualium  conducendam, 
egressi ,  comes  Attrebali  miles  egregius,  qui  istud  au- 
dierat  (3) ,  cum  quingentis  tantum  equitibus  quos  tunc 
secum  et  non  ampfius  habebat,  adversuseos,  qul  mille 
equites  etpedites  in  magna  multitudine  (4)  fuerant  con- 
gregati,  audaciter  properavit;  et,  prae  aliissuorum,  su- 
per  eos  circa  solis  occasum  irruens,  tam  viriliter  cum 
suis  Francigenis  Gascones  et  Anglicos  debellavit , 
quousque,  licet  bis  ad  praelium  recollectos,  fugere 
compulit,  multis  tamen  eorum  occisis  et  quampluri- 
mis,  cum  JohannedeSancto-Johanne,  Gasconum  et  An- 
glorum  nobilibuscaptis  et  retentis  (5).  [Comes  aulem 
Lincolniae  et  Johannes  de  Britannia  fugati  de  praelio 
omnem  garnisionem  quam  ducebant  cum  bellico  appa- 
ratu  totaliler  amiserunt] ,  et  nisi  nox  praelium  diri- 
misset,  et  nemora  loco  cerlaminis  proxima,  in  quibus 


(i)  Edmond  et  noa  Robert. 

(2]  Cette  date  n'est  donnee  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(3)  Le  Ms.  ioag8-5  porte  par  erreur  comes  atirebati  mil.  cgr.  qui 
istud  ad  adierat. 

(4)  Les  edit.  precedentes  et  les  Mss.  4917-20  portent  sept  cents  c;>. 
valiers,   cinq  mille  fantassins,  et  n'indiquent  pas  le  nombre  des  sol- 
dats  de  Robert. 

(5)  Ib.,  ita  corum  confecit  exercitum ,  quod,  fugatis  Gasconibus  et 
Anglorum  majoribus ,  quinge?itos  in  mortem  prostcrneret ,  et  centuni 
velcirciter  retineret.  Ibi  enim  Johannes  de  Sancto-Johanne  et  juvenij 
GuiUermjis  de  Marimortun  capti  cum  ccteris  Anglorum  nobdibus 
caj'(ii'i in  Vranciam  transmittuntur,  Comes  aut.  Lincoln..  ctc. 


296  CHRONICON 

latuerinit,  offuisserit,  nullus  de  tanlamultitudine  eva- 
sisset.  Sic  vero  adversariis  regis  Franciae  devictis ,  et 
captivis  per  diversos  carceres  in  Franciam  missis,  nemo 
Anglorum  vel  Gasconum  ausiis  fuit  amplius  in  Gasco- 
nia  contra  dictum  comitem  Attrebatensem  vel  Fran- 
cigenas  ad  bellum  progredi  vel  exire. 

Eodem  anno  Florentius  comes  Hollendiae,  et  non 
multo  post  filius  ejus  unicus  proditionaliter  a  quodam 
milite  occidunturj  et  sic  HoIIendiam  et  Frisiam  co- 
mes  Hanonise  ratione  consanguinitatis  obtinuit  (i). 

Guido  comes  Fiandriarum,  suasu  filii  sui  Roberti , 
ut  creditur,  regi  Angliee  confoederatus  (a)  contra  do- 
minum  suum  Philippum  regem  Franciee,  mandavitei 
Parisius  per  duos  abbates  in  litteris  patentibus  nihil 
ab  eo  in  feodum  aut  aliter  se  tenere.  [Mense  decembri] 
in  vigilia  sancti  Thomae  apostoli  ita  Parisius  et  alibi  (3) 
Secanafluvius  excrevit,  quod  nulla  aetas  meminerit  aut 
legerit  ipsum  in  tantum  antea  excrevisse.  Nam  tofa 
civitate  aquis  accincta  et  repleta ,  nequibant  homines 
intrare  vel  egredi  de  urbe  absque  navigio,  vel  per  vi- 
cos  fere  omnes  progredi  sine  saffragio  batellorum; 
unde  mole  aquae  et  rapacitate  duo  pontes  lapidei,  cum 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  quoniin  necem  comes  Hanonice  Johannes 
vindicans ,  Frisiam  et  Hollandiam ,  etc.  Florent  V  conite  deHoUande 
fut  assassine,  le  28  juin  1296,  par  un  parti  dc  seigneurs  revoltes,  a 
la  tete  desquels  etait  Girard  de  Velsen  dont  Florent  avait  outrage  la 
femme.  Mais  Jean  1",  fils  unique  de  Florent,  niourut  de  nialadie 
le  10  novembre  1299.  La  Hollande  reconnut  alors  pour  comte  Jean 
«!'Avesnes  comte  de  Hainaut,  qui  Ja  gouvernait  deja  auparavant  en 
qualite  de  regent. 

(2)  Lcs  mols  res,i  Ans,l.  conf.  et  plus  bas  lcs  mots  pcr  duos  abha- 
tes  manquent  dans  lcs  edit.  (!t  dans  les  Mss.  4917-20. 

(3)  Les  deux  niots  cl  alibi  manquent  dans  les  edit.  ^-t  dans  les 
Mss.  4917-20.  —  La  Saint-Thomas  cst  le  21  decembre. 


GIJILLELMI  DE  NANGIACO.  297 

molendinis  et  domibus  super  et  subtus  aedificatis  (i), 
totaliter  corruerunt,  et  oportuit  fere  per  octo  dies  civi- 
bus  de  cibariis  per  naves  a  foris  allatis  succurisse. 

MCCXCVH. 
[Per   Hispanias   Alphonsus  et    Ferrandus   fortiter 
agentes,  nominis  et  adventus  sui  timorem  incutiunt 
universis;  ad  quos  tunc  adveniens  patruus  ipsorum 
dominus  Johannes,  vires  eorum  non  minimum  aug- 
raentavit;  nam  per  illum  in  deditionem  villas  et  castra 
plurima  receperunt  :  qui  dum   incaute  postea  super 
hostes  irrueret  et  caperetur,  Alphonsus  inclytus  ejus 
nepos  aliter  ipsum  rehabere  non  potuit,  nisi  universa 
quae  acquisierat  restauraret.  Unde  magna  sui  cordis  li- 
beralitate  tractus  totum  pro  ipso  reddidit,  majores 
eestimans  esse  divitias,  amicorum  quam  rerum  laben- 
tium  habere  copiam  opulentam.  Qui  de  tanto  beneficio 
statim  ingratitudinem  incurrens,  ad  hostes  secontulit, 
et  regnum  Legionense,  quod  dono  nepotis  acceperat, 
reddidit  inimicis.  Sic  igitur  amissis  omnibus,  Alphon- 
sus    magnanimitate  animi  adversa   superans,  regum 
Francise  genus  altissimum  unde  descenderat  ad  memo- 
riam  reducendo,    cum  non  haberet  ubi  diverteret, 
contra  suorum  opinionem  qui  consilium  sibi  dabant 
in  Franciam  vel  Arragoniam  revertendi ,  ad  campos  in 
tentoriis  ante  quoddam  oppidum  se  contulit,  malens 
pro  jure  et  justitia  jus  suum  requirendo  mori,  quam 
reverti  sine  gloria  et   honore.   Cujus  videns   indus- 
triam  ejusdem  castri  dominus,  ipsum  cum  gente  sua 

(i)  Edit.  et  Mss.  4917?  49^8,  4920,  cum  molend.  ct  dom.  sitper- 
cedificalis  atque  castc.Ueto  Pan>i  pontis. 


298  CHRONICON 

pletate  motus  in  oppldum  inlroduxit,  per  cujus  auxi- 
lium  Alphonsus  postea  damna  multa  suis  intulit  ini- 
micis.]  (i). 

Henricus  comes  de  Barro,  qui  filiam  regis  Angliae 
desponsaverat ,  cum  magna  multitudine  armatorum  in 
comitatum  Campaniae,  qui  reginam  Franciae  Johan- 
nam  jure  hereditario  competebat,  intravit  hostiliter, 
injectoque  igne  circumcirca  ,  villam  quamdam  arsit  et 
plures  in  ea  homines  occidit.  Ad  cujus  conatus  teme- 
rarios  reprimendos  missus  a  rege  Francise  Galche- 
rus  (2)  [de  Creciaco]  dominus  de  Castellione  cum 
exercitu  Campaniensium,  terram  comitis  de  Barro 
[ferro  et  ignibus]  depopulavit,  [et  sic  eum  ad  terrae  suae 
custodiam  revocavit]. 

Jacobus  et  Petrus  de  Columna  Roraanae  ecclesiae 
cardinalesdepositi,  populumcontrapapam  Bonifacium 
commovere  minime  cessantes  (5),  in  Nepesina  (4) 
[Tusciae]  civitate,  cum  Johaime  nepole  suo  (5)  milite 

(t)  Cestici  que  daus  les  precedentes  editions  se  trouve  rapporte  le 
voyage  de  Ferdinand  en  France  et  a  la  cour  romaine.  Voy.  plus  haut, 
an  1296,  p.  293. 

(2)  Edit.,  Galterus ;  Mss.  4917»  Oaltherius ;  ^gi^,  4919»  Galcherus. 

(5)  On  ne  trouve  pas  dans  les  edit.  ni  dans  les  Mss.  4917-20  les  mots 
populum  c.  p.  B.  c.  m.  c,  ni  plus  bas,  cum  Johannc  n.  s.  m.  s. 

(4)  Le  M.  10298-6  porte  ici  Nepesnia. 

(5)  Jean  de  Saint-Vit  etait  frere  de  Pierre  Colonne ,  et  tous  deux 
etaient  neveux  de  Jacques.  La  premieie  buUe  lancee  par  Boniface  VIII 
contre  les  Colonne  est  du  10  mai  129^.  Les  deux  cardinaux,  Jean  de 
Saint-Vit,  et  Eudes  Colonne  frere  de  ce  dernier,  y  sont  excommunies 
comme  schismatiques,  heretiques,  blasphemateurs,  rebellesetennemis 
du  Saint-Siege  et  de  la  patrie.  Une  aulre  IniUe  du  25  mai  fit  peser  les 
mtmes  condamnations  sur  Agapet,  Etienne,  Sciarra  Colonne,  freres 
du  cardinal  Pierre.  Dupuy,  Preuves .  p.  29,  Baili.et,  Addit.  aux 
Preuves ,  p.  4  <"*  suiv. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  299 

strenuissimo ,  sc  receperunt.  Sed  eos  papa  Bonifacius 
anathemateferiens  et  tanquam  schismaticos  damnans, 
crucesignari  populum  Romanum  et  Italicos  fecit,  atque 
contra  illos  exercitum  magnum  misit. 

Philippus  rex  Franciae  magno  exercitu  congregato 
comitem  Flandriae  Guidonem  debellaturus,  apud  Com- 
pendium ,  in  die  sancto  Pentecostes  (i) ,  fratrem  suum 
Ludovicum  comitem  Ebroicarum,  et  Ludovicum  con- 
sanguineum  suum  (2),  filium  Roberti  comitis  Clari- 
montis,  cum  centum  viginti  aliis  novos  mililes  fecit. 
Inde  in  Flandriam  profectus,  terram  comitis,  omnia 
devastando,  peragrans ,  Insulanum  castrum,  ubi  erat 
Robertus  Guidonis  primogenitus  cum  pluribus  mili- 
tibus  (5),  obsedit  in  vigilia  sancti  Johannis  Baptistae. 
Et  dum  ad  castri  expugnationem  machinae  et  alia  in- 
genia  praeparantur,  Francigenae  undique  concurren- 
tes,  abbatiam  monialium  quae  Margueta  (4)  dicitur, 
fugatis  monialibus,  destruunt  et  incendunt,  omniaque 
in  circuitu  Insulae  usque  ad  leugas  quatuor  diripiendo 
devastantes,  horrorem  cunctis  videnlibus  incutiunt 
et  stuporem. 

Guido  comes  sancti  Pauli,  et  Radulphus  de  Nigella 
Franciae  constabularius ,  atque  Guido  frater  ejus 
exercitus  Francorum  raarescallus,  cuni  aliqua  parte 
gentis  suae  ,  ad  quatuor  leugas  de  Insula  equitantes  su- 
per  fluvium  qui  Lius  nominatur,  ex  altera  parte  ripae 


(1)  Le  2  juin. 

(2)  Ces  deux  mots  manquent  dansles  edit.  etdansles  Mss.  49'7-2o. 

(3)  On  chercherait  vainement  ici  dans  les  edit.  et  dans  les 
Mss.  4917-20  ce  qui  precede  depuis  iibi  erat  Robertus ,  et  phis  bas  les 
raots  et  dum  ad  castri  expugn.  m.  e.  a.  i.  p.  F.  u.  c. 

(4)  Fdit.  etMss.  4918,  Margata ,  4917,  Magata;  4919»  Marguatn. 


300  CHRONICON 

fluvii,  juxta  villam  de  Comminis  (i),  inveneiunt 
quingentos  de  liostibus  regis  Franciae  in  tentoiiis  la- 
titantes;  quos ,  amne  transmeato,  invadentes,  plures 
capiunt  reliquosque  trucidant  (2). 

Tertio  idus  augusti  (5)  papa  Bonifacius,  apud  Ur- 
bem  veterem,  sanctum  Ludovicum,  regem  quondara 
Francise,  canonizavit. 

Philippo  rege  Franciae  ad  obsidionem  Insulae  com- 
raorante,  interim  nobilis  comes  Attrebati  Robertus 
de  Gasconia  reversus  (4)  [apud  sanctum  Audoraarum 
in  terram  propriam  se  recepit,  et]  vocato  ad  se  filio 
suo  Philippo  cum  aliis  nobilibus  Francorum ,  ex  aiia 
parte  quara  rex  intraverat  (5)  Flandrias  aggreditur, 
omnia  usque  ad  villam  quae  Furnes  norainatur  capiens 
etdevastans  (6).  Die  igitur  martis  post  Assumptionera 
beatae  Virginis  (7),  tota  fere  railitia  Flandrensiura  cum 


(i)  On  lit  simplenient  dans  les  edit.  precedentes  et  dans  les 
Mss.  4917-20 ,  .superjlmniim  villce  de  Comminis  :  on  n'v  trouve  pas  non 
plus  la  circonstance  du  passage  de  la  riviere. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  pluribus  occisis  ac  eorurn  retentis  iento- 
riis,  quamplures  stipendiarios  regni  Alemannioe  captivos  magni  nomi- 
i2is  milites  et  armigeros  secum  ad  regem  FrancicB  adduxerunt.  Ces 
motsne  se  lencontrent  ici  que  par  un  remanienient  du  texte  original; 
on  va  les  retrouver  plus  bas  d'apres  le  Ms.  10298-6. 

(5}Le  II  aout.  Cette  date  n'est  donuee  que  parleMs.  10298-6. 

(4)  Edit.  et  Mss.  49 '7-20,  relinquens  Gasconiam  regni  Francorum 
fideUbus  conservandam. 

(5)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  a  parte  illa,  c'est-a-dire  du  cole  deSaint- 
Omer. 

(6)  Ce  qui  precede  depuis  le  raot  omnia  et  la  date  suivante  ne  se 
trouvent  que  dans  le  Ms.  10298-6.  On  lit  dans  les  autres  3Iss.,  contra 
qucm  [Robertum  Attreb.']  Guido  comes  Flandrice  mittens  tam  equitum 
quampeditum  ingentem  multitudinem ,  (ilc.he  Ms.  4918  dont  les  der- 
niers  fouillets  ont  ete  arraches  finit  au  mot  cquitum. 

(7)  !,e  20  du  mois  d'aou( 


GUILLELMI  DE  JNANGIACO.  301 

magna  mnltitudine  peditiim  congregata,  adversus  co- 
mitem  Attrebatensem  et  suos  dimicans,  juxta  villam 
superius  nominatam  (i)  devicta  est  et  deleta  ;  ubi  sex-- 
centis  equitibus  et  sexdecim  millibus  peditum  tam 
captis  quam  occisis  a  comite  Attrebatensi ,  villa  de 
Furnes  capitur,  et  tota  vallis  de  Cassello  postea  occu- 
patur.  In  prsedicto  comitis  Attrebatensis  bello  captl 
fuerunt  Guillermus  de  Juliers,  et  Henricus  comes  Albi- 
montis ,  et  multi  alii  de  regno  Alemanniae  magni  no- 
minis  milltes  et  praeclari.  Qui  ad  laudem  et  gloriam 
[militise]  emeritee  Roberti  comitis  Attrebatensis  ,  dum 
[Parisius  in  quadrigis  etalibi]  per  diversos  regis  Fran- 
ciee  carceres  mitterentur,  scutum  ejus  sive  vexillum 
ante  facies  eorum  appositum  deferebant. 

Insulani  victoria  comitis  Attrebatensis  perterriti , 
videntesque  muros  suos  machinis  regis  Franciae  ssepius 
cassari  (2),  inito  pactone  bonis  et  vita  privarentur,  se 
et  villam  suam  regi  subjiciunt.  Robertus  vero  filius 
comitis  Flandrensis,  et  milites  qui  secum  intus  erant 
inde  fugientes,  ad  patrem  suum  apud  Brugias  existen- 
tem  velociter  pervenerunt.  Ibi  enim  rex  Anglise  Eduar- 
dus  cum  paucis  parumper  ante  advenerat ,  deceptus , 
ut  aiunt,  a  comite  Flandrensi ,  qui  sibi  pro  certo  man- 
daverat  Karolum  fratrem  regis  Franciae  et  comitem 
Attrebatensem  a  suis  captos  apud  Brugias  se  lenere ; 
vel,  ut  meliuscreditur,  ut  comiti  Flandrensi  consilium 
et  auxilium  in  sua  guerra  tribueret  opportunum. 

(i)  Furnes. 

(2)  Edit.  et  Mss.  4917,  4919  et  49^«)  Insulani....  cum  vidcrentmu- 
ros  suos,  etc,  nec  auderet  Robertus  comitis  Flandre/isis  primogenitus, 
qui  una  cum  eisdem  [al.  suis]  erat  in  oppido ,  ad  bellum  exire  contra 
Francigenas ,  etc. 


302  GHRONICON 

Rex  igitur  Fraiicorum  [de  adventu  regis  Angliae  au- 

ditis  rumoribus]  ,  Insula  sic  recepta  et  gente  sua  mu- 

nita,  versus  Courteriacum  oppidum  exercitum  suum 

movit;  quod  statim   in  deditionem  accipiens,  apud 

Brugias  ire  disposuit.  Sed  interim  rex  Angliae  et  comes 

Flandriarum  relicta  Bruga,  apud  Gandavum,  propter 

loci  fortitudinem,  se  recipiunt  tempestive.  Quod  Bru- 

genses  percipientes,  regi  Francias  et  ejus  exercitui  hu- 

mlles  et  devoti  mox  occurrunt,  et  eum  apud  Brugas 

introducentes,  ejus  ditioni  se  submittunt.  Et  cum  ibi- 

dem  per  aliquot  tempus  recreatus  fuisset  Francorum 

exercitus,  rex  Franciae  versus  Gandavum  iter  arri-         I 

piens,  apud  quamdam  villam  Inglemoustier  nomina-         1 

tam,  prope  Gandavum  sitam,  recepit  nuntios  regis 

Anglorum,  inducias  vel  trebas  ex  parte  sui  et  Flan- 

driarum  comitis  postulantes.  Et  per  plures  dies  mul- 

tis  tractalibus  ibidem  habitis  deeodem,   tandem  (i) 

propter  instantem  hiemem  siint  concessae ;  et  ob  amo- 

rem  regis  Siciliae,  qui  propter  hoc  in  Franciam  venie- 

bat,  usque  ad  duos  annos,  ut  creditur,  prolongatae^a). 

In  Italia  Nepesina  civitas,  abexercitupapae  Bonifacii 
diu  afflicta ,  venit  ad  deditionem ,  fugientibus  inde  Pe- 
tro  et  Jacobo  de  Columna  cum  suis  ad  oppidum  de 
Columna.  Sed  ibidem  iterum  obsessi  sunt. 

Philippus  rex  Francorum  a  Flandriis  reversus,  om- 
nes  praelatos  et  barones  regni  sui  Parisius,  octavo  die 


(i)  Edit.  et  Mss.  4917-20,  sed apud quamdam  villulam  regis  An^lice 
receptis  nuntiis  inducias  postulantis ,  piopter  instantem  hiemem ,  etc. 

(2)  Les  edit.  et  les  Mss.  4917  et  4920  ajoutent  cn  parlant  du  roi  de 
France ,  circa  festum  omnium  sanctorum  in  Franciam  remeavit.  Les 
deux  alinea  qui  suivent,  imprimes  dans  les  editions,  raanquent  dans 
les  Mss.  4917»  4919  et  4920. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  303 

ante  Natlvitatem  Doniini  (i)  ,  congregari  fecit;  osten- 
tlens  eis  quasdam  papales  litleras,  in  quibus  contineba- 
tur  quomodo  papa  Bonifaeius  sibi  et  primo  suo  suece- 
denti  heredi  concesserat  decimam  ecclesiarum  regni 
sui  accipiendam  quotiescumque  vellent,  si ,  judicante 
eorum  conscientia,  opus  esse  \el  necessarium  crede- 
rent  regno  suo;  et  etiam  quomodo  sibi ,  in  subsidium 
expensarum  guerrae  suae ,  concesserat  idem  Papa  om- 
nes  redditus,  proventus  et  obventiones  unius  anni 
praebendarum ,  prsepositurarum  ,  archidiaconatuum, 
decanatuum  [beneficiorum ,  ecclesiarum  et  aliarum 
quarumlibet  dignitatum]  ecclesiasticarum  ,  quae  in  re- 
gno  Franciae  durante  guerra  sua  vacare  contingeret ; 
archiepiscopatibus,  episcopatibus,  monasteriis  seu  ab- 
batiis  dumtaxat  exceptis. 

Eodem  anno ,  tertia  die  martii  (2)  ,  papa  Bonifacius, 
cpnstitutiones  quasdam  novas ,  quas  diligenti  cura , 
pro  statu  et  commodo  universalis  Ecclesiae  catholicae, 
a  peritis  in  jure  canonico  et  civili  compilari  et  ordi- 
narifecerat ,  in  plano  consistorio  coram  omnibus  tra- 
didit  adlegendum;  et  perlectae  saepius  cum  magna  di- 
ligentia,  atque  a  cardinalibus  approbatse,  decrevit  ut 
quinto  libro  Decretalium  adjungerentur  ac  deinceps 
liber  sextus  Decretalium  nominaretur. 

MCCXCVIII. 
Vicesima  prima  die  mensis  aprilis  (3),  in  privato 
consistorio,  disputato  a  Papa  et  cardinalibus  deindulto 


(i)  Cette  date  manqiTs  dans  les  editions  precedentes. 

(2)  Cette  date  n'est  fournie  que  par  le  Ms.  10298-6. 

(5)  On  chercherait  vainement  ailleurs  que  dans  le  Ms.  10298-6,  et 
cette  date  et  le  nom  du  pape  Martin  IV  et  la  decision  detaillec  de  Bo- 
niface  "VIII. 


304  CHRONICON 

Martini  papae  quarti  Preedicaloribus  et  Minoribus 
concesso  de  confessionibus  audiendis ,  Bonifacius  papa 
haec  verba  vel  consimilia  dixit  :  «  Declaravimus  et  de- 
((  claramus,  intelleximus  et  inlelligimus  quod  confes- 
((  sus  Praedicatoribus  et  Minoribus  illa  eadera  peccata 
((  liabet  confiteri  proprio  confessori  vel  sacerdoti ,  se- 
((  cundum  statuta  concilii  generabs;  et  sic  interpreta- 
((  tus  fuit  idem  papa  Martinus  praesentibus  pluribus 
((  cardiiialibus  » ;  subjiciens  quod  si  non  esset  sic  inter- 
pretatus,  ipse  idem  interpretabatur. 

Mortuo  Simone  Carnotensium  episcopo ,  magister 
Johannes  de  Gallendia,  subdecanus  ecclesiae  Carno- 
tensis,  fit  episcopus. 

Conserto  praelio  inter  Adulphumregem  Romanorum 
et  ducem  Austriae  Albertum,  rex  Adulphus  perimitur, 
et  dux  Albertus  in  regem  Romanorum  sublimatur. 

(i)  Exercitus  papae  Bonifacii  castrum  de  Cohimna 
et  post  Sagarollam  oppidum  capit,  fugientibus  inde 
Jacobo  et  Petro  de  Cohimna  apudPenestre  (2)  urbem, 
ubi  tandem  vexatione  recipientes  intellectum,  idibus 
octobris  (3)  Reate  ad  Papam  venerunt,  misericordiam 
et  non  judicium  postulantes;  et  tunc  benigiie  et  mise- 
ricorditer  ab  eo  sunt  recepti,  nec  tamen  ad  status  pris- 
tinos  restituti  (4). 

Pax  inter  regem  Franciae  Phihppum  et  regem  An- 


(i)  Cetalinea,  qui  se  trouve  dansles  precedentes  edit.,  manque  dans 
les  Mss.  49'7i  49^9  ^t  4920. 

(2)  Edit.,  Prcencstcm. 

(3)  Le  i5  octobre. 

(4)  Palestrine  fut  (?n  effet  rendue  aux  troupes  de  Boniface  VIII,  sur 
la  promesse  que  ce  dernier  avait  faite  aux  Colonne  de  leur  accorder 
leur  grace  s'ils  voulaient  comjiaraitre  devant  son  tribunal.  Maisils  con- 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  305 

gliae  Eduardum  quibusdam  pactis  et  conditionibus 
confirmatur  (i). 

Ludovlcus  episcopus  Tholosse  obiit;  post  quem  epi- 
scopatus,  utprius  (2),  per  papam  Bonifacium  in  duos 
divisus,  duosepiscopos  habuit,  unum  apud  Tholosam, 
alterum  apud  Apamiam. 

Sanctus  Ludovicus  (3)  quondam  rex  Franciae,  con- 
fessor  Domini  gloriosus,  praesentePhilippo  Francorum 
rege ,  baronibus  et  preelatis  totius  regni  Franciae 
apud  Sanctum-Dionysium  congregalis,  cum  magna 
exultatione  et  ingenti  laetitia  universorum,  in  cras- 
tino  festivitatis  beatl  Bartholomaei  (4)  aposloli,  de 
terra  elevatur,  revolutis  viglnti  octo  annis  ex  quo  in 
regno  Tunarum  subtus  Carthaginem  in  castris  obierat. 
Qui  quanti  meritl  confessor  Domini  gloriosus  ex- 
titerit  apud  Deum  [licet]  (5)  miracula  prlus  facta  de- 
monstraverint,  specialius  tamen  post  ejus  exaltationera 
in  diversis  mundi  partibus  ostensum  est,  quia  in  tan- 
tam  gratiam  curationum  excrevit,  ut  nullus  fidellter 
ab  eo  subsidium  sive  sanitatem  exposceret  quin  sine 
mora  perciperet. 

Gurent  des  craintes  sur  la  boune  foi  du  souverain  pontife  et  ne  vou- 
urent  point  se  livrer  k  lui  :  ce  fut  alors  que  quelques-uns  d'entre  cux  se 
retirerent  en  France,  ou  Pliilippe-le-Bel  les  recut  a  Ijras  ouverts.  Ilist. 
des  republ.  italieiine.s ,  t.  lY,  p.  i^i- 

(i)  Cet  alinea,  dans  les  edit.  precedentes  et  dans  ies  Mss.  4917;  49'9 
614920,  est  rapporte  ii  l'annee  1299. 

(2)  J'ajoulc  le  niot  ut  qui  m'a  senible  indispensable.  V  oy.  plus  haut^ 
an  1296,  p.  294. 

(5)  Voici  la  premiere  fois  que  dans  notre  flls.  le  titre  de  saint  est 
donne  a  Louis  IX.  Tous  les  autres  Mss.  le  lui  ont  attribue  jDresque  ail 
moment  de  sa  naissance. 

(4)  Le  25  aoiit. 

(5)  L'addition  de  ce  mot  me  parait  indispensable  pour  le  seus. 
I.  20 


306  CHRONICON 

Fillus  Joliannis  Niinuil,  milcs  quidam  dc  Hispania 
illustris,  qui  pro  Alplionso  etFcrrando,  filiis  Blancbfc 
liliae  sancti  Ludovici  regis  quondam  Franciae  gloriosl , 
regnum  Hlspanlse  sibi  jure  debitum  debellantibus , 
auxlllum  petiturus  in  Franciam  advenerat,  In  reditu 
suo  ab  adversarils  circumventus,  in  bello  vulneratus 
capltur,  et  tamdlu  carceri  manclpatur  quousque  sacra- 
mento  firmaverit  quod  nullum  delnceps  Alphonso  et 
Ferrando  fratribus  inferret  auxllium,  nec  de  parte 
eorum  araplius  se  teneret. 

Philippus  [unicus]  Attrebatensis  Roberti  comitis 
lillus  morltur,  et  Parlslus  apud  fratres  Praedlcatores  se- 
pelitur.  HIc  ex  uxore  sua,  nomlne  Blancha,  filia  Johan- 
nls  ducls  Britanniae  [duos]  filios  et  [duas]  filias  habuit, 
quarum  una  comitl  Ebroicarum  fratrl  Phllippi  regis 
Francise  nupslt;  altera  Gastoni  comiti  Fuxinensl  (]). 

In  feslo  sancti  Andreae  apostoli  (2),  apud  R.eatam 
[Itallae]  urbem  ubl  erat  tunc  Papa  et  curia,  fuit  tam 
ingens  et  tcrrlbllis  terrse  raotus,  quod  [murls  et  do- 
mibus  terrae  ruentibus] ,  rellcta  urbe  ,  omnes  ad  cam- 
pos  fugerunt ;  et  versus  finem  januarii  (5)  cometes  per 
plures  dles  in  sero  apparult. 

Robertus  comes  Attrebatl  [tertiam  uxorem  acci- 
piens],  fillam  Johannls  coraitls  Ilanonise  desponsat. 

MCCXCIX. 
Robertus  dux  Calabrlae,  filius  secundi  Karoll  regis 
Sicillae,  cum  ingenti  classe  Iransiens  In  Slcillam,  Ca- 


(i)  Ccs  deux  mariagcs  curent  lieu  lan  i5oi.  Ils  sont  eucorc  dc  nou- 
veau  nientionnes  a  cctte  date.  Yoy.  plus  bas,  p.  5ii. 
(2)  Le  5o  novcnibre. 
(5)L'an  lugg. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  307 

llilnensem  urbem  (i)  expngnat  ct  gente  sua  munit. 
Cujusfelicem  eventum  frater  suus  (.?.)  Philippus  prin- 
ceps  Tarentinus  audiens,  dum  inconsulte  fratrem 
sequeretur,  cum  omnibus  suis  a  Slculis  in  mari 
capllur. 

Eduardus  rex  Angliae  Margaritam,  sororem  regis 
Franciee  Phllippi ,  apud  Canturiam  (5)  Angllae  urbem 
desponsavit;  de  qua,  revoluto  anno,  filium  nomine 
Thomam  susceplt. 

Eodem  anno  Casahan  rex  Tartarorum  qul  dlcitur 
magnus  Canls  (4),  mlraculose,  utaiunt,  per  fdiam  re- 
gis  Armenlae  christlanam,  quam  ipse  desponsaverat , 
ad  fidem  Christi,  cum  magna  mullitudlnegentls  suae, 
conversus,  clrca  finem  mensls  seplembris  (5),  innu- 
merabilem  adversus  Sarracenos  exercitum  congrega- 
vlt;  liabens  secum  regem  Armenlae  chrlstianum  totius 
sui  exercitus  marescaUum.  Primo  igltur  apud  Hala- 
plam  cum  ipsls  confligens,  delnde  a  la  Chamele  (6), 
cum  multo  exercitus  sui  damno  vlctoriam  obtinult. 
rieparatis  vero  virlbus ,  Sarracenos  Tartari  persequen- 
tes  usque  Damascum,  ubi  soldanus  Bal^ylonlee  magnum 
collegerat  exercitum,  inito  praello,  tantam  stragem 
de  Sarracenls  fecerunt,  quod  centum  milila  et  amplius 
occisa  ceclderint,  soldanus ,  cum  quinque  solum  Iio- 

(i)Edit.  et  Mss.  4917»  49^9  ^*  ^'p-^i  (jucedam  castra. 

{1)  Charles  le  Boitcux,  prince  de  Salerne,  fils  de  Charles  roi  de 
Sicile  frere  de  saint  Louis,  cut  de  sa  femme  Marie,  fille  d'Etienne  V 
roi  deHongrie,  neuf  fds  et  cinq  fiUes.  Les  deu.\  fds  nommesdans  cct 
alinea  furent  les  dcux  aines. 

(3)  Edit.  ctMss.  49191  4920  1  Cantiiariam ;  4917,  Campiiiariaiii. 

(4)  Le  grand  Khan. 

(5)  Date  qui  est  donnee  par  le  seul  Ms.  10298-6. 

(6)  F.dit  ct  Mss.  4(/i7i  4919^1  ^g^^o,  ad  Camelam. 


308  CHRONICON 

rainibus(i),  npucl  Babyloiiem  fugerit  tempestive.  Et 
sic,  capta  Halapia,  la  Chamele  el  Damasco,  occisis  ct 
fugatis  Sarjacenis,  TarSari  post  Syriam  etregnum  Je- 
rosolyraitanum  cum  ipsa  Jerusalem,  sicut  dicitur,  oc- 
cupaverunt  (2),  [et  in  Pascha  subsecpienti ,  Christiani 
in  Jerusalem  divinum  servitium  cum  exultatione  et 
gaiulio  celebrarunt. 

Columnenses  (3)  misericordiam  papse  Bonifacii  ex- 
pectantes,  cum  nullam  sibi  adesse  prospicerent,  oc- 
culte  fugiunt,  et  quibus  locis  latuerint  usque  post  raor- 
tem  ipsius  Papae  incognitum  fuit  miiltis]. 

Circa  festum  sancti  Andrae  (4)  Alberlus  rex  Roma- 
norum  et  Philippus  rex  Franciae,  pro  pace  utriusque 
regni  et  foedere  confirmando,  apud  Vallera  Coloris 
convenerunt.  Ubi,  annuente  rege  Alberto,  praelatis  et 
baronibus  Allemanniae ,  concessum  fuisse  dicitur  quod 
regnum  Franciae  potestatis  su£e  terminos,  qui  solum 
usque ad Mosam fUnium  se  extendunt,  usque ad  fluenta 
Kheni  fluminis  dilataret;  et  etiam  Irebee  usque  ad  an- 
num  unum  comiti  de  Barro  a  rege  Franciae  sunt  con- 
cess.T. 

Terraino  treugaium  quae  erant  inter  regem  Fran- 
ciae  et  Flandriarumcomitem  transacto,  Karolus  comes 
tle  Valesio,  post  nativitatem  Domini  missus  in  Flan- 
drias  a  rege  fratre  suo  cum  magno  exercitu,  Duacum 

(i)  Edit.  ct  Mss.  4917-20,  cum  paiicis  hnminibus . 

(2)  Ib.,  et  sic  Sarraccnis  Dci  nutu  a  ?-egno  Syriee  atque  Jerusalem 
ejectis ,  dominio  illa  terra  subjacuit  Tartaroruni  et  in  Pascha,  etc. 

(3)  Cet  alinea ,  que  nous  empruntons  aux  precedeutes  edit.,  manquc 
dansles  Mss.  49^7»  49^9  et  4920  aussi  bien  que  dans  le  Ms.  10298-6. 
11  est  tire  du  .'Ms.  Saint-Germain  45.^- 

(4)  Yers  le  5o  novembre.  Les  precedentes  editions  portent  circa  ad- 
ventum  Dnmini .  ce  qui  revient  au  nieme. 


GUILLELMl  DE  NAINGIACO.  300 

et  Bethuniam  (i)  in  deditionem  accepit,  el  posl  apiul 
Brugias  se  recipiens,  inler  porlum  rnai'inum  qui  Dam 
nominatur  et  Brugias  (2),  cum  B.oberto  comitis  Flan- 
driarum  filio  bellum  acre  incurrlt,  ubi  hinc  inde  pbi- 
ribus  vuhieratis ,  Flandrenses  tandein,  cum  impetum 
Francorum  ulteriusferre  non  posseiit,  prselio  ceden- 
tes  seapudGandavum  ocius  receperunt. 

Ferricus  Aurelianensls  episcopus  a  quodam  miUte  , 
cujus  fiUam  virginem  corruperat,  ut  dicitur,  occisus 
est ;  cui  successit  magister  Bertaudus  (3)  de  Sancto- 
Dionysio,  Remensis  ecclesiae  archidiaconus,  [qui  sui 
temporis  opinatissimus  inter  theologos  refulgebat]. 

MCCC. 

Karolus  comes  de  Valesio,  frater  regis  Franciae, 
Dam,  famosum  Flandriee  portum,  impugnat  et  capit. 
Post  ciijus  captionem  [cum  Gandavumdisponeret  ob- 
sidere,  Guido]  comes  Flandriarum  sibi  metuens,  se, 
Gandavum  ,  Ypram  et  rehquum  terrse  suae,  cum  duo- 
bus  fiUis  Roberto  et  Guillermo,  quibusdam  conditio- 
nibus,  ut  aiunt,  interjectis,  Karolo  reddidit.  Et  sic, 
adducti  Parlslus  ad  regem  Franciae,  de  commissis  ve- 
niam  petlerunt;  sed  minlme  consequentes,  usque  ad 
tempus  miserendi  eorum  diversls  carceribus  retru- 
duntur. 


(i)  Edit.  et  Ms.  ^gi"],  Bethiiniam.  Les  deux  autres Mss.  portent.ffe- 
thiniam  et  Bitiniam,  lecon  vicieuse. 

(a)  Ih.,  apud  Bfugas  se  recipiens,  juxta  Dam  portum  maritinium 
cum  Boberto ,  etc. 

(3)  Rien  de  plus  incerlain  que  le  nom  de  ce  personnage.  Bertaud  dc 
Saint-Denys  devient  plus  bas,  sous  la  plume  de  notre  chrouiqueur, 
Bertrand  d'abord,  ensuite  Bernard  de  Saint-Denys ;  ct  les  autcurs  du 
Gall.  Chr.  Tont  desi"ne  sous  le  nom  dc  Berlholdus. 


310  CHRONICON 

Bonifaciiis  papa  inilultum  faciens,  dedit  omnibus 
vere  poenitentibus  et  confessis  accedentibus  causa  pe- 
regrinationisad  basilicas  beatorum  Petri  et  Pauli  apo~ 
stolorum  Romanse  urbis  per  totum  praesentem  annum, 
ac  deinceps  per  qucmlibet  annum  centesimum  in  per- 
petuum  secuturum,  plenam  indulgentiam  omnium 
peccatorum  suorum. 

Blancha,  soror  regis  Franciae  Philippi,  datur  uxor 
Radulphoduci  Austriae,  filio  regisRomanorum  Alberti. 

Rogerus  de  Oliva  (i),  classis  regis  Siciliae  Karoli 
amiralius,  in  mari  contra  Siculos  pugnans,  viginti 
duas  galeas  eorum  cepit  et  usquc  ad  numerum  qua- 
dringentorum  hominum  interfecit. 

Theobaldus  Belvacensis  episcopus ,  [nutritor  paupe- 
rum  praecipuusj,  obiit;  [cui  successit  Simon  Novio- 
mensis  episcopus,  et  apud  Noviomum  Petrus,  post 
quem  Andreas]  (2). 

Karolus  comes  de  Valesio,  frater  regis  Franciae,  de- 
functa  uxore  sua  filia  regis  Sicilise  Karoli,  secundam 
accepit  uxorem  Katherinam ,  filiam  Philippi,  lilii  Bal- 
duini  imperatoris  de  Constantinopolitano  imperio 
cjecli;  cui  jus  imperii  Graecorum  competebat. 

(i)  Voici  la  lecon  des  edit.  precedentes  :  Jlogerus  de  Laurea,  qui 
diu  pro  Siculis  adversus  regcm  Sicilioi  ct  gcntes  cjus  diniicaverat ,  ab- 
snlutus  iiunc  a  papa  et  amiralius  classis  \.seu  mullitudinis  naviwii]  re- 
gis  Sicilicejactus ,  viginti  galcas  Siculnrum  in  mari  expugnans ,  quin- 
gcntos  cx  ipsis  ct  amplius  intcrfccit.  Lcs  niols  qui  sont  entre  crochets 
sont  ajoutesd'apres  les  Mss.  4917»  49'9  et  l\^io.  Le  prince  que  notre 
clironiqucur  nomnic  ici  roi  de  Sicile  ne  I'ctait  que  de  nom.  Charles 
le  Boitcux  nc  ])ossedait  en  rcahte  qiic  lc  royaume  de  Naples  et  la  prin- 
cipautc  de  Salernc.  La  Sicilc  elait  gouvcrnee  par  Fredcric  II,  frcre  dc 
Jacqucs  roi  d'Aragon. 

(2)  Lcs  luots  post  qurm  Andr.  maiKjucnt  dans  les  Mss.  49' 7)  49'9 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  311 

In  Appulia  Sarraceni   Leutherise   (i)  clvilalis  qui 

[ibidein  a  tempore  imperatoris  Frederici  congregati] 

sub  tributo  multorum  regum  Sicilise  eamdem  urbem , 

legibus  suis  viventes,  diu  incoluerant,  a  Karolo  rege 

omnes  qui  christiani   eflici   noluerunt  raorti   traditi 

sunt.  [SoldanusBabyloniae  resumptis  viribus,  Tarlaros 

et  Christianos,  sive  Armenios^  a  regno  Jerusalem  et 

Syrise  devictos  expellit,  et  terram  suo  dominio  subju- 

gavit]. 

MCCCL 

Ludovicus,  frater  regis  Franciae  Philippi  comes 
Ebroicarum,  Margaretam  liliam  Philippi  fdii  Roberti 
comitis  Atlrebatensis  (2)accepit  uxorem.  Cujusetiam 
Margaretae  sororem  nomine  Mariam,  Gasto,  primo- 
genitus  Remundi  Bernardi  (5)  coraitis  Fuxinensis 
filius,  eodem  anno  desponsavit. 

Karolus  comes  de  Valesio ,  circa  Pentecostera  cum 
multis  nobilibus  de  Francia  egressus,  Romam  petiit, 
ut  exinde,  auctoritate  et  consilio  Bonifacii  papae,  ad 
recipiendum  vel  debellandum  Constantinopolitanum 
imperiura  ,  ut  dicebatur,  in  Graeciara  protlcisceretur. 
Qui  a  papa  et  cardinali])us  cum  ingenti  et  reverentia  et 
honore  receptus,  vicarius  et  defensor  patrimonii  sancti 
Petri  constituitur,  et  per  totum  illum  annum  ab  eo 
Romanae  adversantes  (4)  ecclesiae  debellantur. 

Philippus  rexFrancorura  Flandrias  quas  sibi  acqui- 
sierat  visitavit,  et  nobiliura  homagia,  atque  oppidano- 

(i)  Telle  est  la  leqoa  de  tous  les  Mss.,  les  cidit.  portent  Nuccricp. 

(2)  Saint-Germain,  n°*  4^5  etggg,  apud  Poiitisnram.  Danscesdeux 
I\Iss.  le  reste  de  l'alinea  depuis  cujus  etiam  manque.  Yoy.  plus  haut, 
p.  5o6,  note  i. 

(3)  Lisez  Ro^eri  Bernardi. 

(4)  Saint-Gerniain,  455,  in  Tuscin.  Voy.  lc  continuateur. 


312  CHRONICON 

rum  illius  provinciae  fidelitates  recipiens,  Jacobum  de 
8a:icto-Paulo  (i),  militem  egregium,  fratrem  Guido- 
iiis  comitis  Sancti-Pauli,  custodem  Flandriae  dereliquit. 
Henricus  comes  de  Barro,  qui  in  terram  reginae 
Franciae  hostiliter,  ut  dictum  est,  intraverat,  audito 
c[Uod  rex  Franciee  ad  suam  devastandam  exercitum 
transmittendum  disponeret,  ad  ipsum  humiliter  et 
devote  accessit,  petens  veniam  de  commissis;  et  regi 
obtulit,  pro  emenda,  quod ,  si  vellet,  cum  Karolo 
fratre  suo  iret  Constantinopolim  vel  alibi,  aut  in  Ter- 
ramSanctam,  cum  ducentis  hominibus  armatis,  per 
spatium  duorum  annorum ,  vel  usque  ad  terminum 
quo  ipsum  regis  benivolentia  revocaret.  Venit  etiam  (2) 
tunc  ad  regem  dominus  de  Falcomonte,  regni  Alle- 
manniae  magnus  homo,  qui  Guidonemcomitem  Flan- 
driarum  in  sua  guerra  comminaverat  in  regis  Fran- 
ciae  detrimentum,  et  emendavit  regi  quidquid  erga 
ipsum  deliquerat  ad  suara  voluntatem. 

Cometes  in  crepusculo  noctis,  circa  finem  mensis 
septembris,  pcr  plures  dies  apparuit  (5). 

Eduardus  rcx  Angliae  Scotos  impugnans,  multa  eis 
darana  intulit  (4). 


(i)  Saint-Gerniain,  455,  Guidonem  Saiicti-Pauli.  Cetle  lecon  es^ 
contredite  par  tous  les  docunients  contemporaips.  Voj.  le  coptiqua- 
teur. 

(u)  Le  reste  de  cet  alinca  nianque  dans  les  Mss.  de  Saint-Germain  45S 
et  999.  On  le  chercherait  vainement  aussi  dans  le  continuateur  de 
Nangis,  ainsi  quc  lc  recit  des  expiations  auxquelics  se  soumettait  le 
9omte  de  Bar. 

(5)  Saint-Germain,  4^5  et  999,  dirigcns  versus  Orientis  tramitcm^ 
cnudam  suam. 

(4)  Ib.,  Eduardus  rcx  Anglia^  contra  Scotos  in  Scoiiam  jyrofccius . 
])arum  aul  niliil  tolo  lonpoyc  (Citivo  cjjicicns ,  rcdiii  ins^lorius 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  313 

Eclipsis  lunae  horribilis  in  festo  sancti  Mauri  (i) 
media  nocte  totaliter  facta  est. 

Episcopus  Apamiensis  (2)  qui ,  ut  dicebatur,  de 
rege  Francorum  tm'pia  verba  et  contumeliae  plena 
multis  in  locis  disseminaverat ,  et  contra  ipsum  pluries 
magnates  conspirare  fecerat,  ad  curiam  ipsius  regis 
evocatus  (3),  in  custodia  detinetur.  Clrca  Purificatio- 
nem  beatae  virglnis  Marlae  (4),  Bonifacius  papa  misit 
in  Franciam  Narbonensis  ecclesiae  archidiaconum, 
mandans  regi  ut  sibi  Apamiensem  episcopum,  quem 
tenebat  sub  custodia  mancipatum,  redderet  indilate. 
Signlficavit  etiam  diclo  regi  Franciae ,  per  suas  paten- 
tes  litteras,  quod  volebat  eum  scire  se  et  regnum 
suum,  tam  in  spiritualibus  quamin  temporallbus,  su- 
besse  Romanorum  pontlficum  ditioni ,  et  ne  de  caetero 
ecclesiarum  vel  praebendarum  vacantium  in  regno  suo, 
quamvis  haberet  custodiam  earumdem,  ususfructus 
sibi  prsesumeret  detlnere,  sed  totum  successoribus  re- 
servaret.  Revocavit  insuper  omnes  indulgentlas  et 
gratias  a  se,  ratione  guerrarum,  regi  Francla3  pro 


(i)  Saint-Germain ,  435  et  999,  mense  januario.  —  La  fete  de  saint 
Maur  est  le  i5  janvier.  Cest  dans  la  nuit  du  i4  au  i5  janvier  i3oa 
cju'eut  lieu  l'eclipse  totale  de  lune  rapportee  par  le  chroniqueur. 

(2)  Bernard  de  Saisset,  abbe  de  Saint-Antonin  de  Paniiers,  de- 
vint  eveque  de  cette  ville  lorsque  l'abbaye  de  Saint-Antonin  fut  erigec 
ea  eveche  par  le  pape  Boniface  ,  en  1294. 

(5)  Ib.,  donec  se  piirgaverit  de  ohjectis ,  sub  nomine  JSarbonensis 
episcopi  de  voluntate  sua  in  custodia  dctinetur,  et  quamvis  contra  epi-. 
scopuni  regis  amici  graviter  moverentur,  rex  tamen  bcnevolus  non  est 
passus  ipsum  ab  aliquo  molestari ,  sciens  ct  intelligcns  magni  esse 
animi  injurias  in  summa  patientia  paii,  ncc  impune  lceso  piincipe  {^lo^. 
rdosius  quidqucun  esse. 

(4)  Fevrier  1002, 


314  CHRONICON 

subsidio  regni  siii  factas  ,  proliibendo  eidem  ne  colla- 
tionem  aliquam  praebendarum  aut  beneficiorum  eccle- 
siasticorum  sibi  praesumeret  usurpare;  quod  si  dein- 
ceps  faceret,  totum  decernebat  irritum  et  inane,  et 
aliter  sentientes  hsereticos  reputabat.  Citavit  denique 
praedictus  nuntius ,  ex  parte  Papae ,  per  btteras ,  omnes 
praelatos  regni  Franciae  et  oranes  magistros  in  theolo- 
gia,  jure  canonico  et  civiii,  cum  abbatibus  Chmia- 
censi ,  Cisterciensi,  Prcemonstratensi ,  abbate  Sancti- 
Dionysii  in  Francia ,  et  abbate  Majoris  monasterii 
Turonensis  (i) ,  Romse ,  kalendis  novembris  anni  sub- 
sequentis  (2)  ,  personabter  comparendos.  Nuntio  vero 
mandata  talia  prosequente,  rex  Francorum  Apamien- 
sem  episcopum  liberavit,  praecipiens  eidem  et  Papae 
nuntio  ut  egrederentur  de  regno  Franciae  festinanter. 
Qui,  accepto  conductu  a  rege,  terapestive  de  regno 
Franciae  exierunt. 

Rexautem  postea,  media  subsequenti  quadragesiraa, 
Parisius  convocans  ad  concilium  universos  regni  Fran- 
ciae  barones,  praelatos,  duces  et  comites,  abbates  et 
procuratores  capitulorum  suorum,  decanos  et  custo- 
des  ecclesiarum  collegiatarum ,  vicedominos,  castel- 
lanos,  majores  et  scabinos  communiarum  (5),  coram 


(i)  Saint-Germain,  4^5  et  999,  cum  qiiibusdnni  abhntibus, 
{•2.)  II  nc  faut  pas  oublier  que  l'annee,  pour  notre  chroniqueur,  com- 
mcncait  a  Paques.  La  mission  de  rarchidiacre  de  ISarbonne  etait  pour 
lui  dii  niois  defevrier  i5oi  et  non  i5o2. 

(5)  Au  lieu  de  toute  cette  enunieration  on  lit  dans  les  deux  Mss. 
Saint-Germain,  455  et  999,  omnes  baroncs  ac  milites  ntque  totius  re- 
a;/u  Franci(V  magistratus ,  cum  majoribus  prcelatis  ct  minoribus  uni- 
vcrsis. —  Cette  assemblcc  est  la  premiere  reunion  bien  coustatec  des 
l^tats-generaiix  cn  In-ance. 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  315 

omnlbiis  in  majori  ecclesia  beatce  Mariae  malris  Domini 
congregatis,  fecit   mandata  papalia  recitari  et,   lioc 
facto,  sciscitavit  ab  omnibus,  maxime  a  preelatis  et  per- 
sonis  ecclesiasticis,  a  quo  temporale  suum  advocabant, 
et  milites  feoda  sua ,  se  tenere.  Qui  omnes  unaniraiter, 
prius  tamen  habito  diligenti  consilio,  responderunt  di- 
centes  quod  ab  ipso  et  praedecessoribus  suis  Francorum 
regibus  tenebant  et  tenuerant  terras  suas  et  feoda,  et 
tenere  semper  fideliter  advocabant.  Ad  quae  fecit  majes- 
tas  regia  perorare  in  hunc  modum  :  «RegnumFrancia) 
«  quod,  Deo  propitio,  praedecessores  nostri  sua  indus- 
«  tria  et  virtute  gentis  suae,  expulsis  inde  Barbaris,  ac- 
«  quisierunt,  etpartum,  strenuegubernando,  anemine 
((  nisi  Deo  solo  usquenuncfortiter  tenuerunt,  nos  qui, 
((  Deo  volente,  eisdem  successimus,  pro  posse  nostro 
{(  consimiliter facere  praeoptantes,  parati  sumus  corpus, 
((  thesauros,  etomnia  exponere  quae  habemus,  utliber- 
(( tas  regni  inolita  conservetur;  et  huic  decreto  nostro 
((  adversantes ,  et  mandatis  Romani  pontificis  faventes, 
((  regni  inimicos  et  nostri  consimiliter  reputamus  (i).  » 
Quo  audito  barones  et  miiites,  salubri  accepto  consilio, 
per  os  viri  strenuisslmi  Roberti  Attrebatensis  comitis 
responderunt,  quodusquead  mortem  prompti  erant, 
pro  corona  regni  Francise,  contra  omnes  adversarios 
decertare.  Quibus  rex  gratias  agens,  soluto  concilio, 
edici  fecit  ne  aurum  vel  argentum,  aut  aliqua^  mer- 
candisiae  deregno  versusltaliam  veherentur;  (juodqui 
contra  faceret  totum  amitteret,  et  grandi  nihilomlnus 
emenda  vel  gravi  poena  corporis  puniretur.  Et  tunc 

(i)  Dans  les  memes  ]\!ss.  ce  discours  est  remplac(i  par  lcs  iiiots  sui- 
vants  :  Iiex  eisdcm  gvatias  rcddidit ,  ct  promisii  quod  corpiis  cl  omnia 
qiice  luihchni  cxpnncret  pro  Uhertaic  rc^ui  conscr<'(Uidn. 


316  CHRONICON 

feclt,  per  comitem  Cabilonensem,  omnes  aclilus  vel 
passiis  quibus  Italiam  tenditur  cuslodiri  (i). 

MCCCII. 

Apud  Thonodorum  in  Burgundia,  Margareta  re- 
gina  Siciliae  primi  Karoli  regis  Siciliae  uxor  secunda 
sanctitate  claret,  Deo  et  pauperibus  devote  serviens  in 
hospitali  pauperum  a  se  ibl  constructo  (2). 

Karolus  comes  de  Valeslo,  frater  regls  Franciae,  dle 
lunaeante  Ascenslonem  Domlnl,  apud  Termas  castrum 
Siclbae  fortlssimum  appbcultet,  In  crasllno,  assultus 
acerrlmos  ad  Ipsum  faclens,  Illud  In  dedltlonem  acce- 
plt  (5)  et  gente  sua  munlvlt.  Valebatenlm  hoc  castel- 
lum  Frederlco  occupatorl  Slclbae,  ut  alunt,  In  redditu 
qulnquaginta  mlllla  Ilbrarum. 

Apud  Brugas  oppldum  Flandrlarum,  propter  exac- 
liones  illlcltas  quas  nomlnant  toltam  (4),  qulbus  gens 
patriae  a  custode  Flandrlarum  Jacobo  Sancti-Paub 
ralHte,  contra  praeceptum  reglum  et  terrae  Illiuscon- 

(i)  Les  fllss.  Saint-Germain  435  el  ggg  renferment  ici  le  renseignC' 
ment  suivant  :  Legitimntis  filiis  Sancionis  regis  Hispanice  deffuncti 
per  Bonifacium  papnm ,  Ferrandus  primogeniius  ipsorum  regnum  pa- 
iernum  ohtinuit.  Sed  Alphonsus  et  Ferrnndus ,  sancti  regis  Francim 
Ludovici  nepotes  ex  fdia  \us  suum  fortitcr  vindicantes,  illum  regnare 
pacifice  aut  quiete  minime  permiserunt.  Cest  une  addilion  maladroite , 
car  Ferrand  IV,  fils  de  Sanche  le  Grand,  avait  succede  a  son  pere  des 
Tan  1295. 

(2)  Saint-Germain,  435  et  999,  Clarehant  in  Francia  scilicet  illus- 
fres  vidum  Blancha  sancti  rcgis  Francice  Ludovici  flia,  in  sancta 
conversatione  Dco  vacans ,  et  Margareta ,  etc.  Voir  le  continuateur  a 
l'an  i3oi. 

(3)  Ih.,  in  deditioncm  protinus  reccpit  dum  ad  illud  nssultus  facere 
prmpararet.  —  La  prise  du  chateau  de  Terines  eut  Heu  le  mardi 
UQmai. 

(4)  Ih.,  yimlatn  toltnm 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  317 

siieludinem  premebatur,  cum  nequiret,  propler  Ja- 
cobi  praedicti  genus  altissimum,  apud  regem  Franciae, 
saepius  clamore  deposito,  exaudiri ,  populo  minore  ad- 
Tersus  majorem  insurgente,  sanguis  multus  effunditur, 
et  plures,  tam  pauperum  quam  divitum,  occlduntur. 
Adquorum  motus  temerarios  moderate,  si  posset  fieri, 
reprimendos,  cum  rex  Franciae  Philippus  destinasset 
"viros  egregios  usque  ad  mille  (i),  cum  Jacobo  superius 
nominato,  armis  omnibus  pra^paratos,  fuissentque  a 
Brugensibus,  cum  magna  reverentia  ,  quiete  et  paci- 
fice  in  oppidum  introdiicti ,  dicentibus  se  per  omnia 
prasceptis  regiis  bbenti  animo  parituros,  nocte  diei 
quo  vcnerant,  dura  securi ,  depositis  armis,  quiesce- 
rent,  (2)  proditionaliter  sunt  perempti.  Intellexerant 
enim  Brugenses,  ut  dicitur,  sero  illo,  Jacobum  custo" 
dem  Flandriae  se  jactasse  quodforet,  in  crastino,  eo- 
rum quampUnes  patibulo suspensurus;  et  ideo,  pavore 
nimiodesperati ,  tam  enorme  facinus  committere  prse- 
sumpserunt.  Evasit  tamen  preedictus  Jacobus ,  malo- 
rum  incentor,  cum  paucis  occulte  fngiens  extra  villam. 
Sic  ergo  Brugensibus  rebellionis  spiritum  assumenti- 
bus ,  gens  portus  maris  proximi ,  qui  Dam  vocatur,  eis 
favens,  a  se  gentes  regis  Franciae  portus  custodiae  de- 
putatas  turpiter  ejecit.  Postmodum  ipsi  Brugenses  et 
quaedamalise  Flandriarum  villae  Guidonem  Namurcii 
et  Johannem  fratrem  ejus  (3),  fdios  Guidonls  comitis 
domini  ipsorum  carceri  regis  Franciee  mancipati, 
convocantes,  ipsos  in  defensores  et  dominos  suscepe- 

(i)  Saint-Gerraain,  455  et  999,  mille  et  anipUus. 
{1)  Ib.,  fere  omnes. 

(5)  Dans  les  Mss.  Saiut-Gciniaiu  4^5  et  999  il  n'est  poinl  fiuostioi!' 
de  Jean  dc  IVaniur,  niais  seulenient  ile  Gui  sou  frere. 


318  CHROIslCON 

runt.  Qui ,  magna  Teutonum  vallati  multitudine  sti- 
pencliariorum ,  adveriientes,  Brugenses  et  caeteros  ad 
resistendum  fortiter  animaverunt,  incitantes  eos  mo- 
dis  omnibus  queis  valebant.  Interim  dum  se  praeparant 
ad  tuendum,  auxiliarios  undecumque  perquirentes , 
illustris  comes  Attrebati  Robertus  [miles]  egregius, 
missus  a  rege  Franciae  cum  magno  militum  robusto- 
rum,  equitum  et  peditum  apparatu ,  venit  in  Flandrias 
et  versus  Corteriacum  (i)  oppidum  castra  metatus  est. 
Ultra  enim  transire  non  poterant  propter  pontem 
quem  Brugenses  fregerant  super  aquam  fluminis  prope 
Corteriacum  decurrentis.  Ubi  dum  reparationi  pontis 
gensFrancorum  intenderet,  Brugenses  soepius  aciebus 
dispositis  occurrentes,  et  opus  quantum  poterant  dis- 
turbantes,  [quotidiej  ad  bellum  Francigenas  provoca- 
bant. 

Ponte  igitur  postraodum  reparato,  dum  quadam  die 
raensis  julii  ex  condicto  ad  praeJium  venire  deberent, 
ipsi  Brugenses  mori ,  ut  dicitur,  pro  justitia  et  liber- 
tate  patriae  credentes,  prius  humiliter  peccata  sua  sunt 
confessi  et  devote  corpus  Dominicum  receperunt  (2). 
Milites  vero  Francigense  videntes  eos  pedestres,  cum 
paucis  equitibus,  contra  sevenientes,  ipsos  despectui 
Iiabuerunt,  utpote  textores  et  fuUones  virosque  arte 
mechanica  operantes.  Timentes  autem  ne  sui  pedites, 
qui  ante  cuneum  [praecedebant] ,  de  illis  victoriam  ob- 
tinerent,  ipsos  retrahere  fecerunt,  et  pompatice  ad 
malum  suum  super  eos ,  absque  belli  ordine,  irrue- 


(i)  Saint-Germain,  455  ct  999,  intcv  Brugas  ct  Corteriacum. 
{1)  Ib  ,  portantes  etiani  quasdam  secum  reliquias  sanctorum ,  cum 
i^ladiis  et  fustibus  dcprcsatim  disposili  vcncrunt  pedites  fcre  ointics. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  319 

ruiit.  Qiios  ipsi  cum  laiiceis  acutis  fortiter  impetcntcs, 
dejeccrunt  in  mortem  letaliter  quotquot  illo  impetu 
obviam  Iiabuerunt.  Quoriim  casum  Tidens  nobilis  co- 
mes  Attrebati,  qui  nunquam  fugere  consuevit,  cum 
sua  nobili  comitiva  in  hostcs,  tanquam  leo  rugiens,  sc 
immersit.  Sed  Brugcnsesdepresatim  (i)  dispositi,  non 
valuerunt  Iioc  iI!o  eorum  conamine  perforari.  Imo, 
timore  poslposito,  quasi  gens  furibunda,  lanceis  adun- 
catis  milites  de  equis  ruentes  more  bidentum  dum 
caderent,  prosternebant  mortuos  super  terram.  IIIus- 
tris  autem  comes  Atlrebati  vallatus  undique,  quamvis 
esset  saucius  plagismultis,  viriliter  decertabat,  malens 
in  mortem  occumbere  cum  viris  iliustribus ,  quam 
tam  vili  plebeculae  se  vivum  reddere  captivatum.  Quod 
videntes.  caeterae  phalanges  Francorum  exercitus,  tam 
pedestres  quam  equites,  cum  essent  in  equisfere  usque 
ad  duo  millia  loricali,  cum  comite  Sancti-Pauli ,  co- 
mite  Boloniae,  Ludovico  filio  Roberti  comitis  Clari- 
montis,  fugam  turpissimamassumpserunt,  permitten- 
tes  comitem  Attrebatcnsem  et  ceeteros  nobiles  et 
cgregios  bellatores  rusticanis  manibus  permultari. 
Quos  Brugenses  (a)  non  persequendo  fugaverunt ,  sed 
in  castris  eorum  irrumpentes  omnia  depraedati  sunt. 
Erat  enim  ibidem  maxima  armorum  copia  et  ingens 
ac  nobilissimus  bellicus  apparatus.  Dein  hinc  ad  occi- 
sorum  corpora  redeuntes,  omnibus  armis  eorum  dis- 
tractis ,  apud  Brugas  ocius  rediere.  Et  sic,  proh  dolor ! 
tam  altissimorum  virorum  cadaveribus  in  campi  pla- 

(i)  Depresatim,  a  rangs  pi-esses,  dcnsati. 

(2)  Saint-Germain,  4^5  etggg,  quorum  fus,am  antea  inspciatam 
videntcs  adversarii ,  animos  in  vircs  recollii^u/it .  ct  qui  pcnc  victi  fu- 
gcrc  volcbant  fu^icntium  castra  pctcntcs ,  elc. 


I 


320  CHRONICON 

nlcie  niidis  remanentibus,  cum  non  esset  qui  sepeli- 
ret,  bestiae  agri  carnes  eorum  et  canes  et  volatilia  co- 
mederunt;  quod  in  subsannationem  et  derisum  vertitur 
regi  et  genti  Francorum>  ac  omni  eorumdem  generi  (i) 
in  opprobrium  sempiternum.  Enimvero  jacebant  ibi- 
demprostrati  mortui  illustris  comes  Attrebati,  et  Go- 
defridus  nobilis  (2)  de  Brabanto ,  ac  ejusdem  filius  do- 
minus  Virsionis,  comes  Augi,  comes  Albemallse,  filius 
comitis  Johannis  de  Hanonia,  Piadulphus  dominus  de 
INigella  Franciae  constabularius,  et  Guido  de  Nigella 
frater  ejus  marescallus ,  Reginaldus  de  Tria  miles 
emeritus,  cambellanus  de  Tarquenvilla  egregius,  et 
Petrus  dictus  Flote  cancellarius  (5) ,  Jacobus  Sancti- 
Pauli,  Johannes  vicedominus  Cathalaunensis  et  aiii 
'  quamplures  milites  usque  ad  numerum  ducentorum 
militiae  titulo  gloriosi ,  absque  aliorum  magna  multi- 
tudine  occisorum.  Tamen  post  diem  tertium  ad  locum 
certaminis  accedens  gardianus  domus  fratrum  Mino- 
rum  Attrebati,  corpus  illustrissimi  Roberti  comitis 
Attrebatensis ,  vestibus  denudatum  et  triginta  vulne- 
ribus  perforatum  recollegit,  et  in  capella  cujusdam 
abbatiae  monialium  feminarum  minime  dedicata  ^ 
juxta  Corteriacum,  sicut  potuit  servitio  celebrato  tra- 
didit  sepulturse.  Hanc  vero  futurae  demolitionis  in- 
stantiam  cometes  illa ,  quae  in  fine  mensis  septembris 
praeteriti  per  Franciam  pluribus  diebus  et  noctis  cre- 
pusculo  apparuerat ,  et  eclipsis  lunae  januario  mensc 
facta,  ut  Iradunt  aliqui,  portendebant.  Hac  igitur  suo- 
rum  Guido  Namurcii  exhilaratus  victoria,   anlmum 

(i)Saint-Geui\iain,  455  et  999,  drfunctonini  gcneri. 
(2)  Ib.,  cjus  consan^uineus. 
(^)  Ib.,  Petru<!  Flote. 


GTJILLELMI  DE  NAISGIACO.  321 

totas  occupandi  Flandrias  ambitione  succensum  ad 
majora  intendit.  Nam  Insulanos  obsidens,  nunc  dolis 
nunc  armis,  tam  ipsos  quam  Duacos,  Yprenses  et 
Gandavos  ac  caeteras  Flandriarum  a  illas  ad  deditionem 
coegit  pariter  et  allexit  (i),  atque  praedas  colligere 
v^rsus  Attrebatumsuis  cursoribus  imperavit.  Qui  dum 
abbatiam  montis  sancli  Eligii  deprsedari  niterentur, 
a  gente  praesulis  civitatis  Attrebati  inde  turpiter  ex- 
pulsi ,  ad  suos  tuendos  terminos  sunt  reversi. 

Eodem  temporis  concursu  archiepiscopi ,  episcopi, 
necnon  et  quidam  Franciae  abbates  qui,  anno  praece- 
denti  proximo,  venire  ad  curiam  Romanam  fuerant 
citati,  illuc  ire  minime  consenserunt;  tum  praecipue 
propter  guerram  regis  Franciee  imminentem,  tum  quia 
extra  regiii  limites  aurum  \el  argentum  prohibiti  sunt 
portare.  Sed  ne  de  inobedientia  notarentur,  tres  pro 
se  destinaverunt  episcopos  causam  suae  remanentiae 
papae  Bonifacio  intimantes.  Et  etiam  eidem  papae  rex 
Franciae  Petrum  Autissiodorensem  episcopura  desti- 
navit,  supplicans  eidem  ut,  amore  sui,  supersederet 
negotio  pro  quo  ipsos  ad  se  venire  mandaverat  usque 
ad  tempus  magis  postmodum  opportunum. 

Philippus  rex  Franciae  post  quindenam  Assumptio- 
nis  beatae  Marise  virginis,  ex  omnibus  finibus  regni 
sui  tam  magno  apud  Attrebatum  contra  Flandrenses 
exercitu  congregato,  quod  usque  ad  quadragesies  cen- 
tum  millia  armatorum  (2)  poterat  yestimari ,  cum  pu- 

(i)  La  fin  de  cet  alinea  manque  dans  la  continuation,  ainsi  qiie 
l'alinea  suivant. 

(2)  Saint-Germain,  455  et  999,  ceiities  qitndra^esies  armatorum 
millia,  i^o  fois  mille;  c'est  ainsi  qu'il  faut  aussi  interpreter  la  lecon 
du  Ms.  10298-6  qui,  prise  a  la  lettre,  donuerait  une  armee  de  40  fois 
I.  .21 


322  CHRONICON 

taretur  de  facili  Flandrenses  et  Flandriam  deslriictu- 
rus,  inde  usque  ad  duas  leugas  soluramodo  cum  tanto 
exercitu  toto  raense  septembri  in  castris  residens, 
terapus  suum  in  nihilum  expendit.  Et  cum  hostes  sa- 
tis  prope  ante  oculos  castra  metatos  tanto  terapore 
habuisset ,  cura  eis  gentis  suae  conflictum  lieri  non 
permisit(i).  Seddemum  illonobili  licentiatoexercitu, 
qui  totum  mundum  subjicere  potuisset  si  rectore  stre- 
nuo  regeretur,  inefficax  et  inglorius  in  Franciam  re- 
meavit.  Quae  res  tunc,  proh  pudor  !  in  multoscachin- 
nos  plurimos  excitavit  et  regni  Francorum  maxirae 
inimicos  (2).  Investivit  tamen,  antequam  recederet, 
Othonem  comitem  Burgundiae,  ratione  uxoris  suae 
Mathildis,  filiae  unicae  Roberti  comitis  Attrebati  a  Bru- 
gensibus  occisi,  de  comitatu  Attrebatensi ,  salvo  jure 
quod  in  eo  requirebant  filii  Philippi  Attrebatensis , 
fratris  ejusdem  Mathildis  primogeniti  defuncti.  Et 
etiam  dimisit  rex  plurimos  servientes  et  milites  per 
diversa  loca  dispositos  cum  bellico  apparatu,  ad  obser- 

cent  niille  ou  de  4  niillions  d'liomnies.  Le  norabre  des  soldats  qui 
composaieul  l'arniee  de  Philippe  n'est  point  donne  par  le  continua- 
teur,  lequel  a,  de  plus,  singuliereuient  ecourte  tout  le  recit  corapris 
dans  cet  alinea. 

(i)  Saint-Germain,  4^5  et  999,  ncc  villas  hostium  passits  est  ali- 
quas  assalire. 

(2)  Ib.,  cujus  discidium  cn^noscentcs  adversarii,  statim  villas  sibi 
proximas  et  municipia  comitatus  Attrebati incenderunt.  Dixerunt  ta- 
men  aliqui  quod  astu  et  dolo  regis  AnglicB ,  quipnrtes  Flandrensium 
fovebat,  deceptus  rex  Francice  sic  recessit.  Nam  finxerat  anteavul- 
pes  illa  subdola  Anglicana  se  nimio  dolore  ccrdis  intrinsecus  injir- 
mari,  eo  quod,  sicut  intellexerat,  suus  consanguineus  rex  Francice  esset 
a  gente  sua  in  manus  hostium  traditurus  [leg.  tradendus\ ,  si  congres- 
suni  habere  contingerei  cum  eisdem.  Qiiod  dum  sufv  quasi  consilium 
enarrasset  conjugi,  illa,  credens  illud  esse  verissinium ,  fratri  regi 
Francioi  dcmandavit.  Ilex  tamc/i  antequam  recederet ,  etc. 


GUILLELMI  DE  NANGIaCO  323 

vandos  et  tuendos  pagos  et  exltus  Flandriarum.  Qui 
saepe  cum  Flandrenslbus  contlictu  habito,  eorumdem 
conamina  represserunt ,  et  in  vigilia  sancti  Nicholai 
hiemalis  (r),  Othoni  comiti  Attrebatensi  et  Burgun- 
diae,  ac  Johanni  Cabilonensi  comiti  adjuncti,  octin- 
gentos  et  amplius  de  Brugensibus  versus  Aeriam  in 
uno  praelio  occiderunt. 

Karolus  comesValesii,  Philippi  regisFranciaefrater, 
post  Termae  castri  Siciliae  deditionem,  super  hostes 
regis  Siciliae ,  tempore  aestatis,  aciebus  disposilis,  per 
terram  illam  deambulans,  oves  et  boves  genti  suae  ne- 
cessarios  satis  invenit;  sed  nemini  qui  sibi  ad  prae- 
lium  auderet  occurrereobviavit.  Tenebantenim  se  in 
urbibus  et  castellis  fortissimis,  nec  volebat  Fredericus 
occupator  Siciliae,  aut  non  audebat  contra  suum  con- 
sanguineum  ad  pugnam  procedere  vel  exire.  Tandem 
ad  colloquium  Karoli ,  datis  trebis,  adveniens,  ea  quae 
pacis  sunt  suppliciter  requisivit.  Karolus  aulem  qui 
jam  de  obitu  suorum  amicorum  a  Brugensibus  occiso- 
rum  rumores  audierat,  et  fere  suos  equos  omnes  ami- 
serat,  compassionem  habens  de  regno  et  rege  Franciae 
fratre  suo  patientibus,  de  suorum  concilio,  pacem 
cum  suo  consanguineo  Frederico  et  Siculis  in  modum 
qui  sequilur  ordinavit,  scilicet  :  utipseFredericus  toto 
tempore  vitae  suae  insulam  totam  Siciliae  quiete  et  pa- 
cifice,  absque  [i^egis]  nomine  obtineret,  et  quidquid 
in  Calabria  vel  Appulia  ipse  vel  fratres  sui  jamdudum 
acquisierant ,  totum  regi  Karolo  dimittebat,  captivis 
nihilominus,  qui  a  longo  tempore  vel  parvo  in  Sicilia 
vel  alibi  tenebantur,  absque  pretio  liberatis.  Debuit 

(i)  Le  5  decembre. 


324  CHRONICON 

autera  ex  condicto  ducere  Fredericus  Alienordem  liliara 
regis  Siciliae  (i)  in  uxorem;  et  pro  posse  suo  teneban- 
tur  Karolus  comes  Valesii  et  dux  Calabriae  Robertns, 
filius  regis  Siciliae,  laborare  fideliter  quod  rex  Arra- 
gorium  JacobusJLis  regni  Sardiniae,  autcomesde  Bre- 
gna  jus  regni  Cypriae  quae  ad  ipsos,  ut  dicitur,  perti- 
iiebant,  darent  vel  dimitterent  totaliter  Frederico,  si 
consensum  Romanus  pontifex  adhiberet;  et  si  tale 
quid  non  possent  facere,  tenerentur  eidem  Frederico, 
pro  posse  suo ,  aliud  regnum  acquirere  uni  de  duobus 
aequipollens.  Quod  si  minime  valerent,  Karolus  rex 
Siciliae  teneretur  centum  mille  uncias  auri  dare  post 
obitum  [Frederici]  ad  emendum  redditus  pro  pueris  a 
dicto  Frederico  de  filia  sua  procreatis ,  et  sic  tota  Si- 
cilia  ad  ipsum  postea  pacifice  deveniret.  De  pace  autem 
et  aliis  fideliter  conservandis  Fredericus  et  Siculi  (a), 
tactis  sanctis  evangeliis,  juraverunt,  et  ita  a  Karoli  co- 
mitiscapellano,  cuivicessuas  [Papajcommiserat,  absol- 
vuntur.  Karolus  vero  a  Sicilia  sic  recedens  venit  Ro- 
mam,  et  Papae  et  cardinalibus  quae  fecerat  enarrato, 
circa  Purificationem  beatae  Mariae  virginis  (3),  in  Fran- 
ciam  est  reversus.  Paci  autem  hujusmodi  dicebant  ali- 
qui  papam  Bonifacium  assensum  minime  praebuisse. 

Burdegalenses,  qui  usque  nunc  sub  regis  Franciae  po- 
testate  pacifice  et  quiete  se  tenuerant,  ineificacem  red- 
ditum  ejus  a  Flandria  audientes,  gentes  ipsius  a  Bur- 
degala  et  omnes  Fraucigenas   expellunt,   dominium 


(i)  Ce  titrc  designe  toujours  Charles  le  Boiteux  roi  de  Naples. 
(2)  Saint-Germain,  4^5  et  999,    Tam  proceres  Siculorum  quam 
Fredericus  ei  mn\ores  pnpuli. 
(5)  Fevricr  i5o5. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  325 

suae  (i)  iirbis  sibimetlpsls  totaliter  praesumpfione  te- 
meraria  usurpando;  timebant  etenim  ut  affirmabant 
plurimi,  ne,  si  pax  inter  regem  Franciae  etregem  An- 
gliae  efficeretur,  ipsidenuo  potestati  regis  Anglisesub- 
derentur,  et  ipse  postmodum  eisdem  faceret  sicut  jam- 
dudum  legitur  fecisse  Londoniae  civitati. 

Praelatis  (2)  regni  Franciee,  juxta  mandata  papalia 
anno  praecedenti  praeterito  sibi  facta,  novembribus  ka- 
lendis  Romae  non  comparentibus,  Papa  nihil  quodin- 
tendebatfacere  ordinavit.  Sed  quia  advenisse  commode, 
prout  ipsi  sibi  significaverant,  non  valebant,  eis  Ro- 
manuspontifexJohannemdictumMonachum,Roman3e 
ecclesiae  presbyterum  cardinalem,  inFranciamdestina- 
Tit.  Ouid  apud  Parisius,  circa  principium  quadragesi- 
malis  temporis  (5),  praelalorum  concilio  congregato  , 
habuit  secretum  consilium  cum  eisdem  ,  et  Papae  per 
suas  inclusas  litteras  quae  ab  ipsis  audierat  demandato, 
tamdiu  moratus  est  in  Francia,  quousque  super  his 
suum  sibi  Papa  beneplacitum  nuntiaret. 

Othelinus  (4)  comes  Burgundiae  et  Attrebati  obiit. 

Die  coenae  Dominicae  (5;,  apud  Sanctum-Audoma- 
rum  inFlandria,  decem  millia  Flandrensium  et  amplius 


(i)  Ici  s'arrete  le  Ms.  10298-6,  le  resle  a  ete  ecrit  dans  le  xvii'^  ou 
ie  xviii*  siecle  sur  la  garde  du  3Is.,  d'apres  un  autre  exemplaire  de 
Nangisque  1'auteur  du  complement  appelle  codex,D.  Petavii.  Ce  com- 
plement  est  conforme  aux  deux  Mss.  de  Saint-Germain. 

(2)  Cet  alinea  manque  dans  le  continuateur. 

(5)  En  mars  i5o5. 

(4)  Cet  Othelin  ou  Otlion,  comte  de  Bourgogne,  ne  laissa  qu'uu 
fils,  Robert,  qui  lui  succeda  et  mourut  sans  posterite  en  i5i5.  Le 
comte  de  Bourgogne  passa  alors  a  sa  soeur  Jeanne  qui  avait  epouse  en 
i3o6  Philippe  le  Long,  corate  de  Poitiers,  depuis  roi  de  Francc. 

(5)  Le  jeudi  saint  4  avril  i5o3. 


326         CHRONICON  GUILLELMI  DE  NANGIACO. 

a  Jacobo  de  Baiona  milite ,  qui  Francorum  exercitui 
ibidem  praeerat,  et  a  gente  regis  Franciae  occiduntur. 
Quod  caeteree  phalanges  Flandrensium  audientes ,  qui 
paulo  antea  terram  Johannis  comitis  Hanoniae  qiiam 
a  rege  Franciae  tenebat  in  feodum  devastabant,  et  cas- 
trum  ejus  fortissimum  Bouchin  dictum  ad  solum  pro- 
straverant,  Hanoniensibus  datis  trebis  ad  suos  tuendos 
terminos  reversi  sunt  (i). 

MCCCIII. 

In  ipsa  Paschae  hebdomada  venerunt  ad  regem  Fran- 
ciae  Tartarorum  nuntii,  dicentes  quod  si  rex  Franciae 
et  barones  populi  christiani  gentes  suas  in  Terrse 
Sanctae  subsidium  destinarent ,  dominus  illorum  rex 
Tartariae  Sarracenos  totis  viribus  expugnaret,  et  effi- 
cerentur  tam  ipse  quam  ejus  populus  libenti  animo 
christiani. 

Apud  Insulam  Flandriarum  oppidum,  diejovispost 
octabas  Resurrectionis  Dominicae  (2),  ducenti  equites 
et  trecenti  pedites  Flandrensium  tam  occisi  quam  capti 
sunt  a  Tornacensibus  et  Fulcaudo  de  Merula  (5)  ,  re- 
gis  Franciae  marescallo. 

Attrebitae  Duacos  usque  ad  internecionem  delent. 

FINIS  CHRONICI  GUILLELMI  DE  NANGIACO. 


(i)  Ici  s'arretent  les  Mss.  de  Saint-Germain,  455  et  ggg. 

(2)  Le  18  avriL 

(3)  Voy.  le  continuateur. 


CONTINUATIONIS 

CHRONICI  GUILLELMI  DE  NANGIACO 

PARS  PRIMA. 


CoMPENDiosE  satis  admulta  pei  utilem  chronographiae 
seriem,  a  venerabili  fratre  coenobii  nostri  commona- 
cho  Guillermo  de  Nangiaco  ab  initio  mundi  usque  huc, 
hoc  est  usque  ad  annum  Domini  millesimum  trecente- 
simum  inclusive,  studio  diligenti  styloque  eleganti  di- 
gestam,  ulterius,  quantum  ex  alto  mihi  coucessum 
fuerit  aut  permissum,  protrahere  cupiens  ,  regnorum 
subscriptionemetannorum  Christi  decursum,  proutin 
opere  suo  idem  intitulaverat  frater,  et  ego  ipse  ordine 
non  mutato  annotare  et  intitulare  curavi  (i).  Verum 
cumbreves  sint  hominis  dies,  eorumque  paucitas  ita 
finiatur  in  brevi,  ut  caduca,  mortalis  et  misera  vila 
nostra,  multis  replela  miseriis  et  respersa  tamquam 
vapor  parens  ad  modicum  non  subsistat,  sed  ut  fumus 
ocius  evanescens,  dum  interdum  adhuc  ordiri  videtur 
et  incipere,  a  Domino  velut  a  texente  subito  prsescin- 
datur  vel  repente  praescinditur  (2);  fratres  nostros 
preesentes  acposteros  in  visceribus  charitatis  efflagito, 
quatinus,  si  quid  scripsero  minus  caute  seu  etiam  vi- 

(i)  Le  continuateur  fait  allusion  a  une  indication  qu'on  trouve  dans 
presque  tous  les  Mss.  de  la  chronique  latine  de  Nangis.  Dans  le  haut 
de  chaque  page  on  lit  en  encre  rouge  l'annee  de  l'Incarnation  et  lc  nom 
des  princes  qui  gouvernaicnt  cette  annee  les  divers  Etalsde  rEiuope. 
On  n'y  voit  pas  les  noms  des  papes. 

(2)  Lecon  du  Ms.  de  Saint-Germain,  999,  au  lieu  de  prcviuniliii . 


328  CONTINUATIO  CHRONICI 

ciose,  carllative  corrigant :  sed  et  ubi  morte  praeven- 
tus,  aut  alio  impedimento  detentus  legitimo ,  com- 
pulsus  fuero  slylo  finem  imponere,  ea  si  placet  nostris 
adjiciant,  quae  digna  memoriae  pro  suis  temporibus  in 
futurum  evenire  continget.  Hoc  siquidem  fraternae 
societatis  emolumentura ,  hoc  mutuum  verae  dilectio- 
nis  solatium  ex  sententia  Salomonis  fore  didicimus  , 
utdum  unus  casui  proximare  visusfuerit,  ab  alio  ful- 
ciatur,  ac,  si  deciderit,  sublcvetur. 

MCCCI. 

Tunc  temporis  clarebant  in  Francia  illustres  et  ho- 
nestae  viduae,  Blancha  videlicet  sancti  quondam  regis 
Franciae  Ludovici  filia  ,  in  sancta  conversatione  apud 
Sanctum-Marcellumprope  Parisius  Deo  vacans,  et  Mar- 
gareta  Siciliae  regina  primi  Karoli  regis  Siciliae  uxor 
secunda,  apud  Thornodorum  Burgundiae  in  hospitali 
pauperum  ab  ea  instructo ,  pia  devotione  pauperibus 
obsequia  servitutis  et  humilitalis  impendens. 

Ludovicus  comes  Ebroicensis,  frater  regis  Franciae, 
Margaretam  filiam  Philippi  Roberti  comitis  Attreba- 
tensis  filii  desponsavit  (i). 

Karolus  comes  Valesii,  frater  regisFranci^,  Romam 
adiit  cum  nobili  comitiva  ,  disponens  postmodum ,  si 
Papa  consuleret,  Constantinopolitanum  impcrium, 
quod  hereditario  jure  suam  contingebat  uxorem  ,  ex- 
pugnare  :  qui  a  Papa  et  cardinalibus  honorifice  suscep- 
tus  ,  vicai-iusqueac  defensor  Ecclesiae  constitutus,  m«l- 
tos  eis  rebelles  in  Tuscia  debellavit. 

Philippus  rex  Franciae,  comitatu  FIandri;e  visitato, 
et  oppidanorum  fidelitalibus  nobiliumque  receptis  ho- 

(i)  Voy.  ci-dessus,  p.  3ii  et  3i6. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  329 

maglis ,  Jacobum  Sancti-Pauli  militem  totlus  custodem 
dereliquit  patrise. 

Comes  Barri  Henricus,  videns  quod  Francorum  rex 
Philippus  terram  suam  devastare  disponeret  vi  arrao- 
rum,  recessit  ad  eum  humiliter,  ac  demum  veniam  de 
commisso,  quam  a  rege  supplex  petierat,  reportavit. 

Mense  septembris  visa  est  cometa  circa  noctis  cre- 
pusculum ,  inflammationis  suae  radios  sive  caudara 
praecipue  versus  partes  Orientis  emittens. 

Eduardus  Angliae  rex  profectus  in  Scotiam ,  cum 
parum  aut  nihil  proficeret  contra  Scotos ,  ad  propria 
remeavit. 

Soldanus  BabylonicC  resumptis  viribus  Tartaros, 
Armenios  caeterosque  Christianos  a  Jerusalem  et  Syria 
expulit,  et  terram  suo  dominio  subjugavit. 

Mense  januario  luna  totaliter  in  aspectu  satis  horri- 
bilis  eclipsatur. 

Legitimatis  per  papam  Bonifacium  fibis  Sancionis 
Hispaniae  regis  defuncti,  paternum  regnum  Ferran- 
dus  eorum  primogenitus  occupavit;  sed  Alphonsus  et 
Ferrandus  frater,  sancti  Ludovici  ex  filia  Blancha  ne- 
potes,  jus  regni  sibi  vindicantes,  eis  totis  viribus  se 
opponunt  (i). 

Primus  Apamiensis  episcopus  in  curia  regis  Fran- 
ciae  super  contumelise  verbis ,  ut  aiunt,  prolatis 
contra  regiam  majestatem,  cum  aliquandiu  sub  no- 
raine  Narbonensis  archiepiscopi  fuisset  detentus,  tan- 
dem  de  mandato  regis  Papae  restituitur,  ac  de  regno  re- 
cedere  sub  debita  et  indicla  slbi  celeritate  jubetur  (2). 

(t)  Voy.  ci-dessus,  p.  3 16,  not.  i. 

(2)  Pom- l'affaire  de  l'eveque  dePamiers,  il  faut  lireles  curieux  de- 
tails  fournis  par  la  chronique  principale,  supr.,  p.  3i3  et  suiv. 


330  CONTINUATIO  CHRONICI 

Rex  Philippus,  ad  cautelam  regni  sui  majorern,  regio 

decrevit  edicto,  sub  certarum  impositione  poenarum, 

ne  aurum,  argentum  aut  quselibet  mercaturae  extra 

regnum  Franciae  veherentur,  ob  hoc  magna  diligentia 

introitus  omnes  et  exitus ,  caeterosque  regni  passus  fa- 

ciens  custodiri. 

MCCCII. 

Karolus  comes  Valesii  de  Tuscia  in  Siciliam  jussu 
Papae  profectus ,  Terme  castrum  Sicilise  ad  quod  assul- 
tumfacere  properabat,  circa  Ascensionem  Dominicam 
in  deditionem  recepit  (i), 

Apud  BrugasFlandriarum,  propter  exactiones  inde- 
bitas  oppressionesque  minus  justas  quibus  per  gentem 
regis  Franciae,  praecipue  per  Jacobum  Sancti-Pauli 
custodem  patriae  deputatum  de  quo  supra  meminimus, 
segravari  populus  sentiens,  ut  aiunt,  gravi  dissensione 
suborta,  insurgentlbus  primo  minoribus  in  majores, 
non  modicus  hinc  et  inde  sanguis  efFunditur.  Quod 
cum  regi  nuntiatum  fuisset,  et  statim  armatos  mille 
vel  circiter,  ad  reprimendam  moderate  si  posset  seditio- 
nem  hanc,  direxisset ;  ecce  statim  ad  aures  pervenit 
Brugensium,  quod  praedictus  se  jactaverat  custos  eo- 
rum  qujsmplures  esse  suspensuros  (2)  in  brevi  :  quo 
audito  protinus  efferati  furiose  cum  impetu  exilientes, 
ex  insperato  \idelicet  et  de  nocte,  dum  in  leclis  quies- 
cerent  armis  depositis,  quotquot  invenerunt  amaris- 
simae  morti  tradunt,  praefalo  milite  vix  per  occultae 
fugae  praesidium  evadente.  Interea  dum  Brugenses, 
apertae  rebellionis  spiritu  sic  assumpto,ac  cum  Gui- 

(1)  Yoy.  ci-dessus,  p.  5i6. 

(2)  li  faudrait  suspensurum  ou  suspendendos.  Tout  ce  recit  ost  pliis 
circonstancie  dans  la  premiprc  chronique,  ci-dessus,  p.  5 16  et  suiv. 


GUILLELMI  DE  Nx\NGIACO.  331 

done  Namurcll  Guidonis  comitis  Flandrensis  filio  nec- 
non  gente,  porfum  marinum  quemdam  applicant;  et 
aliis  multis  eis  illico  faventibus  eorumque  partem  fo- 
ventibus,  viriliter  tueri  se  praeparant,  auxiliarios  undi- 
que  perquirentes  :  ecce  Robertus  egregius  Attrebati 
comes ,  a  rege  missus  in  Flandrias  cum  valida  robusto- 
rum  militia  ac  pedestri  multitudine  copiosa,  conflic- 
turus  cum  ipsis  inter  Brugas  et  Corteriacum  castra 
fixit.  Porro,  dum  quadam  die  julii  mensis  ex  utriusque 
partis  condicto  forent  in  praelio  congressuri ,  Brugen- 
ses  robusto  animo  et  volenti  resistere,  prompti  pariter, 
adunati  et  densati ,  valde  dispositi  venerunt,  pedites 
fere  omnes.  Milites  vero  nostri  prsesumptuose  nimium 
in  suis  viribus  confidentes,  ipsosque  ut  homines  rusti- 
canos  habentes  despectui ,  mox  pedites  suos  ,  qui  belii 
cuneum  praecedebant ,  ex  ordine  retrahere  compeHen- 
tes,  ne  peditibus  ipsis  victoria  ,  quam  statim  obtinere 
putabant,  et  non  equitibus  videretur  adscribi,  in  eos 
pompatice  et  incaute  absque  belli  ordine  irruerunt. 
Quos  Brugenses  cum  lanceis  adjunctis  et  exquisiti  ge- 
neris,  quod  gothendar  (i)  vulgo  appellant,  viriliter 
impetentes,  in  mortem  dejiciuntquotquot  illo  impetu 
obviam  habuerunt.  Sed  et  Attrebati  comes  egregius 
illustrisque  pugnator  succurrere  suis  accelerans  ,  dum 
in  hostes  tamquam  leo  rugiens  immergit  viriliterque 
decertat,  triginta  vel  amplius  sauciatus  vulneribus,  ut 
postmodum  testati  sunt  oculi  qui  viderunt,  tandem, 
proh  dolor !  cum  sua  nobili  comitiva  ,  videlicet  Gode- 
frido  de  Brabanto  consanguineo  suo  ,  dominoque  Vir- 
sionis  ejusdem  Godefridi  filio,  comite  Augi,  comite 

(i)  Saint-Germain,  999,  gothdendni . 


332  CONTINUATIO  CHRONICI 

Albaemalae,  filio  comitis  Hanoniae,  Radulfo  domino 
Nigellee  Franciae  conestabulario,  Guidone  ejus  fratre 
Franciae  marescallo ,  cambellano  Tanqiierville,  regi- 
naldo  de  Tria  emerito  milite,  Petro  Flole,  Jacobo 
Sancti-Pauli ,  aliisque  qiiasi  ducentis  militibus  cum 
multis  armigeris  probitate  conspicuis ,  caeteris  aciebus 
exercitus  nostri  in  multo  majori  numero  tam  nobilium 
quam  ignobilium  turpissime  terga  vertentibus,  cursu- 
que  veloci  fugam  arripientibus  ,  gemebundam  totique 
regno ,  et,  quain  dolentes  referimus!  lamentabilem 
occumbitin  mortem.  Cujus  corpus  postmodum,  circa 
diem  tertium,  fratrum  Minorum  Attrebati  gardianus 
recolligens,  in  quadam  capella  moniolium  nondum  de- 
dicata,  prout  potuit  servitio  celebrato  ecclesiasticae 
tradidit  sepulturae.  Hujus  vero  futurae  demolitionis 
instantiam  cometa  septembri  praelerito  visa ,  eclipsis- 
que  lunae  januario  mense  facta  veraciter,  ut  tradunt 
aliqui ,  portendebant.  H;!C  igitur  Guido  Namurcii 
exhilaratus  victoria,  suorum  aniraos  totas  occupandi 
Flandrias  ambitione  succensos  extendere  nititur  ad 
majora.  Nam  postmodum  insidens  Insulanos,  nunc 
dolis  ,  nunc  armis  ,  tam  eos  quam  Yprenses  ac  Ganda- 
vos  caeterasque  Flandriae  villas  ad  deditionem  coegit 
pariter  et  allexit.  Philippus  rex  Franciae  post  quinde- 
iiam  Assumptionis  beatae  Mariae  virginis,  tanto  apud 
Attrebatum  exercitu  congregato,  ut  totam  Flandriam 
cum  suis  habitatoribus  deslruere  salis  de  facili  poluis- 
set ,  ad  duas  leucas  vel  circiter  castra  figens ,  maligno- 
rum  ,  ut  creditur,  consilio  circuraventus  ,  nec  hostes 
quos  de  prope  castra  raetatos  habebat ,  aut  villas  eo- 
rum  aliquas  assailliri  permisit;  sed  toto  septembri 
tempus  in  vacuum  ducens,  tandem  licentiato  exercitu 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  333 

lam  potenti,  ineflicax  et  inglorius  in  Franciam  remea- 
vit.  Quo  viso  statim  hostes  proximas  villas  et  munici- 
pia  comitatus  Attrebati  incenderunt;  sed  milites  cum 
servienlibus  et  armatis  illuc  a  rege  dimissis  cum  bel- 
lico  apparatu,  conatus  crebros  Flandrensium  decursus- 
que  in  terram  Attrebati  saepe  viriliter  coercentes ,  cum 
ipsis  habito  conflictu  in  vigilia  sancti  Nicolai ,  in  prae- 
liocirciter  octingentos  versus  Aeriam  occiderunt. 

Karolus  Valesii  comes  carorum  suorum  illustrium 
in  Flandria  occisorum  morte  ,  ut  dicitur,  jam  audita , 
perturbationi  regis  ac  regni  compatiens  ,  gentis  suae 
consilio  cuni  Frederico  et  Siculis  pacem  composuit  in 
hunc  modum  :  videlicet  quod  Fredericus  Alienordem, 
regis  Siciliae  filiam,  in  uxorem  duceret,  et  sic  insulam 
Siciliae  totam  toto  tempore  vitae  suae  pacifice  etquiete 
absque  regis  nomine  possideret.  Ipse  vero  Karolus  et 
dux  Calabri.ne  Robertus  Siciliae  regis  filius,  qui  prae- 
sens  tuncaderat,  iaborare  tenebantur  suis  pro  viribus 
erga  regem  Arragonum  et  comitem  de  Bregna ,  quod 
jura  Cypriae  et  Sardinise  regnorum ,  quee  ad  ipsos  per- 
tinere  dicebant,  quiete  dimitterent  Frederico ,  dum 
tamen  Papa  super  his  assentiret ,  et  Fredericus  ipse 
suraptibus  propriis  ea  conquirere  sibi  posset;  vel  ali- 
ter  de  regno  quod  alteri  de  praefatis  duobus  esset 
aequivalens,  provideret  eidem.  Quod  si  commode  non 
possent  effectui  mancipare,  Karolus  Siciliae  rex  tene- 
retur  dare  centies  mille  uncias  auri  post  ipslus  Frede- 
rici  decessum ,  ad  emendum  videlicet  possessiones  ac 
redditus  pro  pueris  ipsiusde  Alienorde  regis  filia  pro- 
creatis.  Quidquid  autem  Fredericus  vel  alias  frater 
ejus  Arragoniae  rex  in  Calabria  seu  Appulia  dudum 
acquisierant,  totum  ex  nunc  regi  Siciliae  dimittebant; 


334  COJSTINUATIO  CHRONICI 

dlmissis  nihilominus  ab  utraqiie  parte  injuriis,  ran- 
coribus  et  offensis;  captivis  qui  in  Sicilia  vel  alibi  cle- 
tinebantur  absque  prelio  liberatis.  Sic  itaque  pace 
composita,  et  tara  per  Fredericum  quam  per  proceres 
Siculorum  populique  majores  ad  sancta  Dei  evangelia 
corporaliter  tacta  praestito  juramento  ,  Aallata  firma- 
verunt.  Karolus  Valesii  comes  Siculos  absolvi  faciens 
per  capellanum  suum,  cui  Papa  vices  suas  in  hacparte 
commiserat,  Romam  redit,  ubi  Papge  et  cardinalibus 
quid  in  Sicilia  fecerat  enarrato,  eisdem  vale  faciens, 
circa  Purificationem  beatae  Virginis  in  Franciam  est 
reversus. 

Othelinus  Burgundiae  comes,  qui  etiam  de  dominio 
comitatus  Attrebati ,  ratione  Mathildis  conjugis  suae, 
filiae  Roberti  comitis  antea  defuncti,  nuper  a  rege  fue- 
rat  investitus,  salvo  tamen  jure  quod  filii  Philippi,  ejus- 
dem  Mathlldis  fratris  olim  defuncti,  in  dicto  comitatu 
habere  poterant  et  petebant,  diem  clauslt  extremum. 

Burdegalenses ,  qui  hucusque  sub  regls  Franciae 
fuerant  potestate,  InefTicacem  ejus  a  Flandrils  audien- 
tes  regressum,  tlmentes  etiara ,  iit  asserebant  quam- 
plurlmi,  ne,  si  Franciae  et  Angliae  reges  inter  se  paci- 
ficari  contingeret,  denuo  potestati  regls  Angliae 
subderentur,  ipseque  postmodum  eisdem  faceret  quod 
ipsum jamdudum  fecisse  civitati  Londonlae  recolebant; 
expulsls  a  Burdegala  Francls,  sibi  ipsis  dominlum 
clvitatls  usurpant. 

Dle  coenae  Domlnlcae,  apud  Sanctum-Audomarum 
in  Flandria,  quindecim  millia  Flandrensium  vel  circi- 
ter  a  gente   regis  Franciae  (i)  occlduntur;   quod  au- 

(i)  Le  premier  recit  porte  :  a  Jacobo  de  Bayonna  milile ,  qui 
exercitui  Francorum  prceerat.  Supr.,\).  326. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  335 

dientes  caeterae  Flaiidrensium  phalanges ,  quae  paulo 
antea  Johannis  Hanoniae  comitis  terram ,  quam  a 
rege  Franciae  tenebat  in  feodura,  devastabant,  ejusque 
castrum  fortissimum  quod  Bouchin  nominant  jam  ad 
terram  prostraverant ,  datis  trebis  Hanoniensibus, 
ad  suos  tuendos  terminos  revertuntur. 

MCCCIIL 

Parisius,  ipsa  hebdomada  PaschcC,  venerunt  ad  re- 
gem  Franciae  nuntii  Tartarorum ,  dicentes  quod  si  rex 
et  barones  gentes  suas  in  Terrae  Sanctae  subsidium 
destinarent ,  eorum  dominus  Tartarorum  rex  Sarra- 
cenos  totis  viribus  expugnaret,  et  tam  ipse  quam  po- 
pulus  suus  efficerentur  libenti  animo  christiani. 

Apud  Insulam  Flandriarum,  die  jovis  post  octabas 
Resurrectionis  Dominicae  (i),  ducenti  equites  et  tre- 
centi  pedites  Flandrensium  armati,  tam  occisi  quam 
capti  sunt  a  Tornacensibus  a  Fulcaudo  de  Mula  (2) 
regis  Franciae  marescallo. 

Philippus  rex  Franciae  Gasconiae  terram,  quam  diu 
lenuerat  occupatam,  Eduardo  regi  Angliae  restituit, 
sicque  inter  eos  pax  exstitit  reformata. 

Audiens  rex  Franciae  Philippus  a  pluribus  fide  di- 
gnis  sublimibusque  personis  papam  Bonifacium  detes- 
tandis  infectum  criminibus ,  diversisque  haeresibus 
irretilum;  quamvis  adhuc  de  facili  regis  obturaverat 
aures,  demum  tamen  in  publico  parlamento  Parisius, 
praelatis,  baronibus,  capitulis ,  conventibus,  col- 
legiis ,    communitatibus   et   universitatibus  villarum 

(i)  Le  jeudi  18  avi-il. 

(2)  Ou  plutot/fe  Merula.  Ci-dessus,  p.  SaS.  Fouquaut  du  Melle  sc- 
neschal  le  Roy  de  France.  Chion.  francaise  de  Nangis;  d'AcHERY.  Un 
Ms.  de  la  Chron.  de  Saint-Denis ,  n°  965o,  Fourquault  de  NccUe. 


336  CONTINUATIO  CHRONICI 

regni  sui,  necnoii  magistris  in  theologia  et  pro- 
fessoribus  juris  utriuscjue ,  aliisque  sapientibus  et 
gravibus  personis  diversarum  partium  ac  regnorum 
praesentibus,  importunis  deiiuntiatorum  clamoribus 
atque  frequenlibus  pulsatus  instantiis  ,  praecipue  Lu- 
dovici  Ebroicensis,  GuidonisSancti-Pauli  ac  Johannis 
Drocensis  comitum,  qui,  praestitis  ad  sancta  Dei 
evangelia  ab  eis  tacta  corporaliter  juramentis,  assere- 
bant  praedicta  se  credere  esse  Yera  et  ea  legilime  posse 
probari,  regemque  tamquam  praecipuum  christianae 
fidei  defensorem  instantissime  requirebant,  ut  pro 
deliberatione  super  praemissis  habenda  generale  con- 
vocari  concilium  procuraret  :  cum,  urgenfe  conscien- 
tia,  ulterius  dissimulare  non  posset,  ad  concilium  ge- 
nerale  per  sedem  apostolicam  promovendum,  quod  in 
isto  casu  summo  prseest  pontifici ,  deliberatione  super 
hoc  multa  tamen  maturitate  praehabita,  preelatis,  ba- 
ronibus  et  aliis  supradictis,  abbate  Cistertii  dumtaxat 
excepto,  sibi  adhaerentibus,  appellavit,  appellationes- 
que  suas  die  Nativitatis  beati  Johannis  Baptistae  (i)  in 
horto  regalis  palatii,  Parisius,  coram  omni  clero  et 
populo  palam  et  publice  legi  fecit ,  ac  postmodum 
papae  Bonifacio  per  Guillermum  de  Nogareto,  mili- 
tem  legumque  professorem,  regiis  patentibus  litteris 
intiraari;    petens   ab    eodem    convocationem   conci- 

lii  (2) protectioni  subponens. 

Eduardus  Angliae  rex  de  Scotis  sibi  adversantibus 
triumphans,  magnam  Scotiae  partem  suo  dominio 
subjugavit. 


(r)  Le24juin. 

{■?.}  Forte  deest  ef  hujus  concilii  se.  D'Achkry. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  337 

Phillppo  (i)  comitls  Flandrensis  filio  de  Appulia, 
ulii  cum  rege  Siciliae  diu  moram  contraxerat,  circa 
festum  sancti  Johannis,  cum  ingenti  stipendiariorum 
comitiva  in  Flandrias  appulso,  lastus  ideo  pariter  et 
elatus  Flandrensis  populus,  terram  regis  Franciae  coe- 
pit  acrius  incursare;  castrumque  Sancti-Audomari  ob- 
sidere  volenles,  cum  ibi  propter  loci  fortitudinem  non 
possent  proficere ,  versus  jMorinum  Franci  regis  civi- 
tatem  tendentes,  raense  julio  eam  obsederunt,  et  le- 
thali  tandem  incendio  conflagrarunt. 

Philippus  rex  Franciae,  circa  mensis  septembris  ini- 
tium  proponens  iteruni  in  Flandrenses  arma  corri- 
pere,  apud  Peronam  oppidum  Veromandense  et  ejus 
in  confinio,  expeditionem  ac  multos  valde  exercitus 
congregavit;  sed  ibidem,  ut  aiunt,  Sabaudise  comi- 
tis  (2)  maligno  consilio  circumventus,  usque  ad  fes- 
tum  subsequens  Pentecostes  treugls  hostibus  datis 
acceptisque  pariter  ab  elsdem,  secundo  inglorius  a 
Flandris  remeavit. 

Papa  Bonifacius,  appellatione  regis  Francise  prse- 
dicta  sibi  per  Guillermum  de  Nogareto  militem ,  ad 
hoc  dimitaxat  a  rege  praefato  directum ,  et  summa- 
tione  facta  generalisque  promotione  concilii  requi- 
sita ,  sed  ab  eo,  utdicitur,  denegata  penilus  et  expresse 
etiam  per  suas  litteras  valvisecclesiarum  adfixas;  tan- 
dem  in  domo  sua  quam  inhabitabat  Anagniee,  unde 
extrahebat  originem ,  a  quibusdara  urbis  civibus,  ip- 

(i)  Ce  Philippe  etait  le  cinqtiieme  fils  de  Gui  de  Dampierre  corate 
de  Flandie,  et  de  Mathilde,  fiUe  d'ua  seigneur  de  Bethune  et  de  Ten- 
remonde.  II  mourut  sans  posterite. 

(2)  Amedee  V,  dit  le  Grand,  il  etait  alors  auservice  de  Philippe  le 
Bel. 

I.  ^2 


338  CONTINUATIO  CHRONICI 

sius  militibus  aliisque ,  hac  causa  armata  multitudine 
per  praefatum  militem,  qui  hoc  totum  fieri,  ut  com- 
munis  asserebat  opinio,  procura\  erat ,  cum  commu- 
nitatlbus  opemqiie  sibi  ferentibus  violenter  cletentus 
et  captus  ,  ne  de  facto  in  praejudicium  regis  aut  rcgni 
appellationibus  supradictis  non  obstantibus  quidquam 
satageret  attentare,  Romam  usque  perducitur.  Verum 
tam  dolore  cordis  tactus  intrinsecus  quam  corporis 
aegritudine  detentus,  pauco  post  tempore  superve- 
niente,  diem  clausit  extremum.  Cui  Benedictus  unde- 
cimus,  fratrum  Praedicatorum  ordinis,  natione  Itali- 
cus,  papatui  successit. 

Defuncto  Hugone  de  Marchia,  comite  civitatis  An- 
golismae,  ad  regem  Franciee  Philippum  suus  devolvi- 
turcomitatus  (i). 

Philippus  rex  Franciae,  Aquitaniee,  Albigensium  et 
Tholosae  provincias  usque  Narbonensium  fines  toto 
tempore  hlemali  perlustrans,  benignitatis  suae  liberali 
munificentia  eorum  omnium  corda  lam  nobilium 
quam  ignobilium,  quorum  nonnulli ,  ut  ferebatur, 
malorum  ducti  consilio  jam  ab  ipso  volebant  deficere, 
mirabililer  extraxit  adse  et  in  sui  gratia  confirmavit. 

Circa   idem  tempus,   niraium  invalescente  querela 


(i)Hugue  XIII  de  Lusignan,  comte  d'Angouleme  et  de  la  Marclie, 
etant  morten  i3o5,  au  mois  de  novembre,  Gui,  son  frere,  s'enipara 
dcs  deux  comtes,  apres  avoir  bride  un  testament  par  lequel  Hugue 
cn  avait  dispose  en  faveur  d'un  autre.  Philippe  le  Bel  irrite  de  cette 
action  qui  lui  faisait  perdre  le  fruit  deplusieurs  dispositions  que  con- 
tenait  a  son  profit  le  testament  du  comte  Hugue,  indispose  d'ailieurs 
conU'e  Gui  de  Lusignan,  parce  qu'il  s'etait  joint  aux  Anglais  et  leur 
avait  livre  dcux  places,  s'enqiara  dcs  comtes  de  la  Marche  et  d'Angou- 
lcme  par  droit  de  confiscation,  et  s'en  assura  la  posscssion  definitive 
Tan  i3o8  ,  en  desinterossant  les  deux  soeurs  d'Hugue  XIII. 


GT  ILLRLMI  DE  NANGIACO.  339 

adversiis  quosdam  ordlnis  Praedicatorum  fratres  ab 
inquisitoribus  pravitatis  heerelicse  deputatos  Tholosa- 
nis  in  partibus,  super  eo  videlicel  quod  interdum,  ut 
dicebatur,  cupiditate  magis  quam  fidei  zeloducti ,  plu- 
res  tam  nohilium  quam  ignobilium  accusantes,  diver- 
sis  rnancipari  carceribus  faciebant ,  et  qui  dabant  eis 
pecunias  aut  munera  evadebant  impuniti;  factum  est 
ut  intendens  (f)  de  Picquegniaco,  miles  sapiens  et 
expertus,  et  in  fide  catholicus  ,  qui  ex  parte  regis,  ad 
cujus  aures  jam  querela  memorata  pervenerat ,  illis  in 
partibus  factus  fuerat  sencscallus,  et  legatione  tunc 
temporis  fungebatur,  super  his,  prout  fertur  infor- 
matione  prsehabita  diligenti,  quosdam  in  carceribus 
sic  detentos  innoxios  labis  haereticee  reperiens  et  in- 
sontes ,  invitis  ipsis  fratribus  de  carcere  liberaret. 
Curaque  postmodum  ab  inquisitoribus  praefatis  id  in- 
digne  ferentibus  pro  excommunicato  Parisius  palam 
et  publice  denuntiatus  fuisset,  sed  statim  ad  sedem 
apostolicam  appellasset;  tandem  in  appellationis  pro- 
secutione  decessit  apud  Perusium ,  ubi  tunc  curia 
residebat. 

Circa  Purificationem  beatae  Virginis,  filia  Guidonis 
Flandriae  comitis  (2),  quae  Parisius  honorifice  cum 
pueris  regis  in  costodia  tenebatur,  defuncta  est. 

Guido  comes  Flandrensis  et  Guillermus  ejusdem 
filius,  nd   pacificandum ,  si  possent,  populum  Flan- 


(i)  Intendens  ;  legendum  viccdominus.  Gall.,  «  le  vidanie  dePiqui- 
gni ,  chevalier,  sage,  loiai,  exspers,  gentil.  »  D'Aciiery.  Cest  Jean  de 
Pequigny,  vidarae  d'Amiens,  pere  de  celui  qni,  durant  la  prison  du 
roi  Jean,  delivra  le  roi  de  Navarre  enferme  aa  chateau  d'Arleux  en 
Canibi-esis. 

(2)  Philippe,  fille  de  Gui  dc  Danij.ieiTP  ct  d'lsabelle  dc  Luxembourg. 


3/iO  CONTINUATIO  CHROINICI 

driarum,  de  locis  ubi  delinebantur  ad  tempus  soluti , 
inefficaces  ad  suee  loca  custodiae  revertuntur. 

Guillermus  Joliannis  comitis  Hanoniae  filius ,  et 
Guido  Trajeclensis  episcopus  ejusdem  Guillermi  pa- 
truus  contra  Flandrenses ,  qui  magnam  partem  Gel- 
landise  (i)  occupaverant  progredientes ,  in  praelio  sunt 
devicti ,  capiturque  episcopus  ,  sed  Guillermus  in  quo- 
dam  oppido  se  salvavit. 

Vigilia  sancti  Gregorii  (2),  defuncto  bonae  raemo- 
riae  abbate  Sancti-Dionysii  Reginaldo,  jEgidius  magnus 
prior  claustralis  tunc  temporis  successit  eidem. 

MCCCIV. 

Guillermus  de  Hanonia  contra  Flandrenses  viribus 
reparatis  confligens ,  eos  in  terra  Gellandiae  pluries 
superavit,  et  ingentem  eorum  multitudinem  interfecit. 

Quaedam  pseudo-mulier  Metis,  ut  dicitur,  oriunda, 
sub  habitu  Beguinarum  sanctitatem  simulabat,  et  inter 
earum  catervas  in  Flandria  [morabatur]  (5);  quam  Pau- 
pertatem  sive  Pauperiem  appellabant.  Quae  etiam  si- 
mulatis  fictitiis  quibusdam  revelationibus  ac  mendo- 
sis ,  tam  regem  Franciae  quam  reginam  ac  proceres , 
maxime  cum  ipse  rex  Flandrenses,  cum  quibus  ipsa 
degebat  tunc  temporis,  expugnare  parabat,  suis  verbis 

(i)  La  Zelande,  provincc  situee  entre  la  Flandre  et  la  Hollande.  II 
paratt  qu'a  celte  epoque  deja,  cette  contree  faisait  partie  du  conite  de 
IloUande,  dont  Joan  d'Avesne,  comte  de  Hainaut,  avait  herite  en  i^^gg. 
Guillaume,  fils  de  Jeari  d'Avesne ,  dont  il  est  ici  question,  succeda  a 
son  pere  en  i3o4. 

(1)  Le  1 1  mars  i3o4. 

(5)  Cest  sur  la  foi  de  !a  Chron.  dc  Saint-Denjs  que  nous  remplis- 
sons  par  ce  niot  le  blanc  qui  est  dans  lesedit.  precedentes  :  «  laquielle 
estoit  en  habit  de  beguine,  et  fcignoit  estre  femme  de  saincte  vie,  et 
demouroit  rn'cc  lcs  begnincs.  »  Grandes  Cliron.,  t.  \,  j).  if)2. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  341 

fallacibus  deluslsse  dicebatur;  necnon  Karolum ,  fra- 
trem  regis,  in  regressu  suo  de  terra  Slciliae  ad  sugges- 
tionemFlandrensIum. ,  prout  fertur  ,  exstlnguere  mo- 
llta  fuerat  suls  maleficils  et  veneno  malltloso  nlmls 
per  quemdam  juvenculum  ibi  mlssum.  Tandem ,  de 
mandato  Ipsius  Karoll  capta ,  plantarumque  pedum 
adustlone  quaestlonata  pariter  et  afflicta,  maleficia 
recognovisse  dlcitur  mentlonata.  Cumque  postmo- 
dum  apud  Crespeyum ,  Karoli  castrum  ,  carceri  manci- 
pala  fulsset,  et  Illic  allquamdlu  slc  detenta,  demum 
tamen  ablre  permittltur  llberata. 

Johannes  de  Pontlsara,  abbas  ClstercII,  sui  loci  et 
ordlnis  regimen  sponte  cesslt ;  ob  hoc  videllcet ,  ut  dl- 
cebant,  quod  occaslone  sui,  eo  quod  appellationlbus 
contra  papam  Bonlfaclum  factls  Parislus  consentire 
nohierat,  per  regem  Franclae  vel  ejus  sateUItes,  imml- 
nere  sul  ordlnis  fratrlbus  quamplurimum  in  tempora- 
llbus  detrlmenlum  verislmillter  dubltabat,  nisi  slc 
cedere  decrevlsset.  CuIsuccessitHenrlcus  abbas  Jolacl. 

Domlnlca  dle  in  natlvltate  beali  Johannls  Bap- 
tlstae  (i),  posltae  sunt  sororesordinis  fratrum  Pifiedl- 
catorum  apud  Poisslacum  Carnotensls  dioecesls,  mo- 
nasterium  scilicet  a  Philippo  rege  Franclae  noviter 
constructum  In  honore  glorlosi  confessorls  quondam 
regisFrancIae  Ludovlcl. 

Orta  dlssenslone  Parisius  inter  Universitatem  regls- 
que  praeposltum  ,  pro  eo  quod  ipse  quemdara  clerlcum 
scholarem  praeclpitanter  capl  fecerat  et  suspendl,  diu 
cessatum  est  a  lectlonibus  a  quabbet  facultate,  quous- 


(i)  Les  Grandes  Chvaii.  portcnt  :  «  lc  dimenche  devant  la  nalivitc 
nionseigneur  sainct  Jeiian  Haptiste.  »  C'est-a-dire  ie  21  juin. 


342  CONTINUATIO  CHRONICI 

que  praepositus,  de  mandato  regis,  Universitati  salis- 
faceret,  ac  pro  suae  absolutionis  beneficio  obtinendo 
sedem  apostolicam  adiret  :  et  sic  tandem,  circa  festum 
Omnium  Sanctorum ,  fuit  facta  resumptio  lectio- 
num  (i). 

Obiit  Simon  Parisius  episcopus  ,  cui  successit  Guil- 
lermus  de  Aureliaco,  regis  Franciae  physicus,  vitae  lau- 
dabilis  et  in  medecina  multiplici  expertus. 

Vigilia  apostolorum  Petri  et  Pauli  (2),  Parisius  in 
ecclesia  cathedrali ,  preelatis  et  clero  praesentibus  ad 
hoc  speciabter  evocatis ,  lectae  sunt,  ex  parte  regis 
Franciee,  litterae  continentes  inter  aba,  quod  papa 
Benedictus,  quamvis  non  fuissefc  super  hoc  requisitus, 
ipsum  regem ,  reginam,  bberos  eorumdem,  proceres 
atque  regnum,  una  cum  suis  adhserentibus,  ab  omni- 
bus  excommunicationibiis  et  interdicti  sententiis,  si 
quae  vel  eorum  alterum  a  papa  Bonifacio  qualitercum- 
que  latae  fuissent,  absolvebat  penitus  ad  cautelam ; 
necnon  ecclesiarum  decimas  usque  biennium,  necnon 
annualia  usque  trienniumregi  Franciae  in  suae  guerrae 
subsidium  concedebat ;  auctoritatem  licentiandi  ma- 
gistros  in  decretis  ettheologia  ,  quam  sibi  dicebat  papa 
Bonifacius  reservasse,  more  solito  cancellario  Pari- 
siensi  restaurans.  Papa  Benedictus  apud  Perusium  no- 
nasjulii  (5)  defunctus  est;  cumque  cardinales,  elec- 
tionis  negotium  retardantes ,  juxta  conslitutionem 
Gregorii  fuissent  inclusi ,  sibi  lamen  exquisitis  frau- 
dibus  ministrari  victualia  procurantes,  fere  usque  an- 

(0  Voy.  aa  sujet  de  cet  evenement  la  note  de  M.  P.  Paris  Grnndes 
Chron-,  t.  V,  p.  i65. 
(2)Le28  juin. 
(3)  Le  7  juillet. 


I 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  34;t 

num  distulei  uiit  In  electionem  summi  ponlificis  coii- 
sentire. 

Philippus  rex  Frauciae,  circa  feslum  Magdnlenae  (i), 
post  Briigensiumrebelliouem  tertio  profeclus  in  Flan- 
drias,  cum  fratribus  suis  Karolo  et  Ludovico  aliisque 
proceribus  muitis,  necnon  exercitu  magiio  valde; 
tandem,  apud  Montem  qui  dicitur  in  Pabula  reperlis 
Flandrensibus  cum  suo  exercitu,  illic  tentoria  sua 
fixit.  Cum  itaque,  die  martis  post  Assumptionem 
beatae  Virginis  (2),  nostri  cum  hostibus  confliclum 
quantocius  habere  credentes,  de  mane  se  ipsos  ad  prae- 
lia  praeparassent;  postea  nihilominus,  videntes  quod 
in  prolocutione  pacis,  si  posset  fieri ,  componendee 
per  plures  saepius  hinc  inde  transmissos  prolixior  se 
hora  protraheret,  ad  refocillandum  paulisper  tam  suos 
quam  equorum  spiritus,  ut  dum  tempus  adesset  ad 
pugnam  recentiores  possent  effici  et  fortiores,  a  sta- 
tione  beili  paululum  desciverunt  (3);  quippe  qui  per 
fere  totum  diem  sic  occupalum  tam  armorum  in  va- 
cuum  pondere  pressi ,  quam  meridiano  solis  fervore 
mirabiliter  fatigati  fuerant  et  afflicti ,  necnon  pacem 
jam  factam  vel  statim  fieri  verisimiliter  sestimabant. 
Quod  perpendens,  ut  dicilur,  Flandrensis  exercitus, 
quasi  advesperascente  jain  die ,  de  suis  tentoriis  repente 

(i)  Vers  le  22  juillet. 

(2)  Le  mardi  18  aout. 

(5)  Quitterent  un  peu  leur  rang  de  bataille.  Nous  mettons  descivc- 
runt  au  lieu  dc  devincerent  que  donnent  les  Mss.,  et  de  devenirent 
qu'a  propose  d'Achery,  parce  que  ce  dernier  forme  un  contre-sens 
avec  ce  qui  precede,  que  dcvincerentne  donne  aucun  sens,  ct  qiio  Tun  et 
1'autre  mot  laissent  la  phrase  incomplete  :  «  Et  pour  cc  sc  dcpnrtirent 
cl  espandirent  ca  et  la  en  aucune  maniere,  non  cuidans  cn  cc  joui 
ph)s  avoir  bataillc.  »  Grandrs  Chron.,  t.  V,  p.  i65. 


344  CONTINUATIO  CHRONICI 

prosilieiis,  retrogressu  adeo  veloci  versus  aciem  regis, 
qui  etiam  tunc  erat  impertitos  (i),  ex  insperato  pro- 
greditur  ct  accurrit,  ut  a  suis  utcumque  vix  armari 
potuerat  competenter  ,2).  Verum,  actore  Deo  qui  in- 
clytam  regni  Franciae  coronam  hac  in  die  praecipue 
protegendam  (5)  susceperat  et  in  suo  capite  praeser- 
vandam,  lanta  constantise  virtus  in  domino  rege 
praevaluit,  ut  equum  potenter  ascendens  sic  impetum 
belli  sustinuerit,  quamvis  in  tanto  periculo  positus 
ut  Hiigonem  de  Bovilla  militem  suum  secretarium  (4), 
necnon  duos  Parisius  cives  Petrum  scilicet  et  Jacobum 
Jaciani  fratres  (5),  qui  pro  suae  fidelitatis  industria 
regi  semper  adstabant,  prae  oculis  suis  occisos  conspi- 
cere  posset.  Sed  tunc,  Deo  propitio,  suis  bellatoribus 
mox  ex  omni  parte  in  auxilium  ejus  cerlatim  accele- 
rantibus,  cessit  ei  victorise  gloriosus  trlumphus.  Illic 
autem  de  nostris  Guillermus  comes  Autissiodorensis, 
el  Ansellus  comes  dominus  Capreusiae,  vir  fidelis  ac 
strenuus,  probatae  militiae,  regis  vexlllifer  seu  defe- 
rens    auriflammam,    exstincti ,    ut   creditur,    calore 


(i)  Saint-Germain,  999,  impartitus ;  d'Achci-y  propose  imparatus. 

(2)  Cette  phrase  est  incomplete.  Les  derniers  mols  se  rapportent 
evideniment  au  roi  Philippe  le  Bel.  «  Et  fu  le  roy  si  pres  pris  que  a 
paines  pot-il  estre  arme  a  point.  »  Grand.  Chrnu.,  t.  V,  p.  i65. 

(3)  Edit.,  inclytam  regno  coronam....  protegere  eam;  c'est  evidem- 
ment  une  faute  dans  le  Ms.  de  Saint-Germain,  435. 

(4)  Lecon  des  Mss.  de  Citeaux  etde  Saint-Germain,  999.  Ms.  Saint- 
Germain  ,  435  et  edit.,  suum  sectarium. 

(5)  II  s'agit  ici ,  comme  Tavait  conjecture  d'Achery  dans  la  premiere 
edition,  de  deux  membres  de  la  maison  de  Gentien,  Tune  des  meil- 
leures  familles  de  la  bourgeoisie  parisienne,  et  dont  le  nom  a  ete  long- 
temps  donne  a  la  rue  des  Coquilles,  011  elle  avait  son  habitation.  Voyez 
les  Chron.  de  Saint-Denys ,  t.  V,  p.  i65,  166. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  345 

nimio  vel  etiam  pressura,  cum  multis  aliis  qui  in  pree- 
lio  occisi,  corruerunt;  sed  de  parte  Flandrensium 
multo  plures,  inter  quos  praecipue  Guillermus  de  Jul- 
lieriis,  comitis  Flandrensis  nepos  ex  filia,  totius  exer- 
citus  dux  et  capitaneus  principalis.  Hac  igitur  parta 
victoria,  cum  rex  ipse  postmodum  satis  celeriter  lo- 
tam  Fiandriae  terram  circa  Lilii  fluvium  positam  suo 
dominio  subjugasset ,  eis  qui  trans  Liiium  habitabant 
usque  ad  Pasclia,  propter  instantem  liiemem,  treugis 
datis,  tandem  in  Franciani  cum  laude  revertitur  et 
honore  (i).  Porro  ne  collati  sibi  coelitus  a  Deo  trium- 
phi  videretur  immemor  aut  ingratus,  ecclesiae  beatae 
Mariae  Parisius,  et  beati  Dionysii  in  Francia  regni 
Francife  specialis  patroni,  quorum  patrociniis  confi- 
tebalur  praecipue  se  protectum ,  necnon  victoriam 
memoratam  adeptam,  aliisque  quampluribus  ecclesiis 
regni  sui ,  ut  regalem  decuit  munificentiam ,  perpe- 
tuos  ac  certos  redditus  conferre  pariter  et  assigiiare 
curavit. 

Eodem  temporis  cursu  Guido  comitis  Flandrensis 
filius  (2) ,  per  gentem  regis  viarum  maris  et  portuum 
custodiae  deputatam  ac  Guillermi  comitis  Hanoniae 
filium,  bello  navali  capitur.  Insuper  Flandrenses  a 
terra  Gellandiae  quam  occupaverant,  expelluntur. 

Mense  decembri  ossa  Roberti,  quondam  Attreba- 


(i)  11  y  a  ici  quelques  differences  avec  les  Grandes  Chron.  II  n'est 
point  parle  dans  cet  ouvrage  de  la  mort  de  Guillaume  de  Chalons, 
conite  d'Auxerre  et  de  Tonnerre,  ui  de  celle  du  porte-drapeau  An- 
seau  de  Chevreuse.  Quant  a  Guillaume  de  JuUiers ,  1'auteur  des 
Grajides  Chron.,  ditqu'il  eut  la  tete  coupee  par  Jean  de  Daramartin. 

(2)  Gui  de  Richebourg  comte  de  Zelande,  deuxieme  fds  de  Giii  de 
Dampierre  comte  de  Flandre,  et  d'IsabeUe  de  Luxembourg. 


346  COJNTIJNUATIO  CHROJNICI 

tensis  comitis  apud  Corterlacum  occisi,  iii  Frauciarn 
delata ,  et  in  monasterio  sanctimoniallum  quod  vulgo 
dicitur  Maladumus  juxta  Pontlsaram  suntsepulta. 

In  parlamenlo  regis  Parisius,  post  Natale,  de  pace 
Flandrensium  fuit ,  ut  dicitur,  oidinatum  ,  sed  tamen 
non  penitus  consumptum. 

Mense  februario  decessit  Guido  comes  Flandrensis , 
in  Francia  captivatus  pariter  et  detentus  ;  cujus  corpus, 
permissione  regis,  in  Flandrlas  est  delatum,  et  Mar- 
guetae  una  cum  suis  antecessoribus  tumulatum. 

Ducissa  Austriae  Blancha  regis  Franciae  soror  ex 
patre  (i),  mense  martio,  una  cum  filio  suo  unlco 
quem  a  duce  viro  suo  susceperat ,  veneno  ,  ut  fereba- 
tur,  intoxicata,  diem  ciausit  extremum. 

Eodem  tempore  caristia ,  praecipue  Parisiuset  circa, 
in  tantum  invaluit ,  quod  frumenti  sextarinm  centum 
solldos  et  tandem  sex  libras  monetae  tnnc  temporis 
cuirentis  Parisius  vendebatur.  Porro  cum  regio  pro- 
clamatum  fuisset  publice  edicto  ne  ultra  quadraginta 
solidos  venderetur,  necdum  tamen  propter  hoc  cessa- 
vit  caristia  ,  sed  adeo  magis  invaluit,  ut  Parisius  pani- 
ficl,qui  panem  venalem  ad  sufficientiam  habere  non 
poterant ,  claudere  compellerentur  fenestras  et  ostia  , 
ne  els  a  pressura  communis  populi  per  violentiam  au- 
ferrentur.  Verumtamen  edlcto  praefato  postmodum 
revocato,  necnon  divitum  horreis  perscrutatis  ad  ven- 
dendum  justo  pretlo  compulsorum  ,  dicta  caristia  pau- 
latim  postea  secessit,  quae  tempore  longiori  cessavit, 


(i)Philippe  le  Bel  etait  nii  du  preniier  mariage  de  Philippe  le  Hardi 
avcc  Isabelle  d'Aragon  ;  Blanchc  du  second  mariagc  dn  mcmc  princc 
avec  Marie  dc  Brabant. 


$31 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  347 

quamvis  tanto  illa  major  fuerit  respectu  temporis(i) 
pr.npcedentis. 

Johanna  regina  Franciae  et  Navarrae,  Briae  et  Cam- 
paniae  comitissa ,  mense  aprili  apud  nemus  Vincenna- 
rum  decedit,  et  in  ecclesia  fratrum  Minorum  sepulta, 
quiescit  illuc;  quod  factum  monitis  tractatum  potius, 
aut  inducta  creditur,  quam  spiritu  suo  ducta. 

Frater  Johannes  de  Pnrisius,  ordinis  fratrum  Prse- 
dicatorum  ,  magister  in  theologia,  vir  admodum  litte- 
ratus  et  ingenio  clarus,  circa  veram  existentiam  cor- 
poris  Christi  in  sacramento  altaris  novum  ponendi 
modum  introducere  conatur ;  dicens  videlicet  non 
tantum  hoc  esse  possibile,  commutalione  substantise 
panis  in  corpus  Christi,  verbo  adesse  suppositi  (2) 
ipsius  mediante  corpore,  quod  est  pars  naturae  hu- 
manse;  verum  etiam  hoc  esse  possibile  per  assurap- 
tionem  substantiae  paiiis  vel  paneitatis  in  Christo.  Nec 
credebat  primum  raodum  ponendi,  quem  conimunis 
doctorum  opinio  tenet ,  esse  ita  necessario  tenendum 
seu  ab  ecclesia  determinatum ,  quin  etiam  secundus 
possit  teneri  tanquam  probabilis  (5),  et  fortassis,  ut 
dicebat,  magisrationabibs  et  congruus  veritati  sacra- 
menti ,  et  per  quem  raagis  salvatur  apparentia  circa 
species  sensibiles  remanentes;  caeteris  theologiae  doc- 

(i)  Les  Mss.,  patris.  Tempotis  est  une  correction  de  d'Achery  ainsi 
que  Brice  a  la  ligne  suivante  au  lieu  de  Bitannice,  que  portent  les  Mss. 

(2)  D'Achery  a  propose  de  lire  suppositum ,  ce  qui  ne  nie  semble  pas 
plus  clair. 

(5)  Les  Mss.  portent  ^90^«// que  d'Achery  corrige  en  popularis ,  nous 
preferons  probabilis ,  correction  du  Ms.  4921  A.  Magis  rationabilis 
est  a  la  fois  une  lecon  du  meme  Ms.  et  une  correction  du  premier 
editeurpour  ut  dicebat  magistcr,  rationabilis ,  que  portent  Ics  !Mss.  dc 
Saint-Germain,  455  et  999. 


348  CONTIJNUATIO  CHUOr^ICI 

toribus  contrarium  adstruentibus  primum   modum  , 

tanquam  ab  ecclesia   determinatum ,  praesertim  per 

decretalem  Papae  de  summa  Trinitate  et  fide  catholica 

Firmiter  credimus ,  necessario  tenendum ,  et  secun- 

dum  tamquam  veritati  fidei  et  etiam  sacramenli  disso- 

nummerito  reprobandum.  Examinata  itaque  opinione 

praedicta,  dum  ea  quae  dixerat  retractare  nollet,  sed 

magis  videretur  pertinaciter  sustinere  (i), —  a  Guil- 

lermo  Parisius  episcopo,  de  consilio  fralris  ^Egidii  Bi- 

turicensis  arcliiepiscopi  provecti  (2)  theologi,  ac  ma- 

gistri    Bertrandi    de    Sancto-Dionysio    praecellentis 

doctoris  et  Aurelianensis  episcopi ,  ac  Guillermi  Am- 

bianensis  episcopi  necnon  et  doctorum  in  jure  cano- 

nico,  pariter  et  dominoruni  ad  hoc  specialiter  voca- 

torum ,  perpetuum  super  hoc  silentium  dicto  fratri 

sub  poena  excommunicationis  impositum,  a  lectura- 

que  pariter  et  preedicatione  privatur.  Verum  cum  ob 

hocad  sedem  apostolicamappellasset,  auditoribus  sibi 

datis  in  curia,  sed  infecto  negotio  de  medio  sublatus 

est. 

MCCCV. 

Philippus  rex  Franciae  dissensionem  gravem  inter 
ducem  Brabantiae  (3)  et  comitem  Lucemburgi  (4)  pro 
terra  Lovaniensi  subortam,  circa  Ascensionem  Do- 
mini  pacificasse  dicitur  et  sedasse. 

Cum  cardinales  fere  per  annum  electionem  summi 
pontificis  distulissent,  tandem  vigilia  Pentecostes  (5) 

(1)  II  y  a  ici  un  blanc  dans  lcs  Mss.  quoiqn'iI  ne  senible  pas  exister 
de  lacune  dans  la  phrase. 

(2)  D'AcIi('ry  a  propose  pcrfecti, 
(5)  Jeaa  II,  dit  lo  Pacifique. 
(4)Henri  V. 

(5)  Le  5  juin. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  349 

Bertrandum  Burdegalis  archieplscopum  elegerunt,  qui 
et  Clemens  quintus  papa  ducentesiraus  primus  vocatus 
est. 

Pax  inter  regem  Franciae  et  Flandrenses. 

Apud  Belvacum,  Galliae  urbera,  dissensio  adeo  gra- 
vis  suboritur  inter  Slraonem  episcopum  et  popuUim 
civitatis,  ut  episcopus  urbera  tutus  ingredi  non  aude- 
ret;  propter  quod  plures  nobiles  et  potentes  ,  cura  et 
ipse  nobilis  generis  esset,  in  subsidium  suum  convo- 
cans  ,  nonnullos  cepit  e  civibus  ,  suburbiumque  civi- 
tatis    succendit.     Tandem     nihilominus    evocati    in 

pr?esentia  regis  utrique  controversiae  finem com- 

pelluntur  imponere,  quaravis  non  irapune  (i),  cura 
utrique  graviter  excessissent. 

iEstivo  terapore  fuit  in  Francia  siccitas  magna  valde. 

Ludovicus  primogenitus  regis  Francorum  ,  diejovls 
post  festum  sancti  Matthaei  apostoli  (2) ,  Margaretam 
primogenitam  ducis  Burgundiae  ,  sibi  consanguinitate 
propinquam,  cum  dispensatione  Papae  duxit  in  uxo- 
rem. 

Papa  Clemenle  dominlca  post  festura  sancti  Martlni 
hiemalis  (5) ,  apud  Lugdunura  in  ecclesia  regalis  op- 
pidi,  quod  dicitur  sancti  Justi ,  praesentibus  cardina- 
libus  et  praelatis  multlsque  principibus,  consecrato, 
dum  suara  ad  doraum  in  urbem  redlens  gestans ,  ut 


(i)  Nous  reproduisoas  la  phrase  avec  les  corrections  de  d'Achery; 
voici  comment  elle  est  concue  dans  les  deux  Mss.  :  Tandem  nihilomi- 
nus  evocat  in  prcesentia  regis  utriusque  controversicefincm  quamvis. . .. 
compellunlur  imponcre  non  impune ,  etc. 

(2)  Le  jeudi  20  septembre.  —  Marguerite,  fille  de  Robert  IL  duc 
de  Bourgogne,  etait,  par  sa  mere  Agnes,  petite-fiUe  de  saint  Louis. 

(3)  Le  14  ooverabre. 


350  CONTINUATIO  CHRONICI 

morisest,  suae  coronationls  Insignia  ,  perfrenura  equi 
cui  insidebat  a  rege  Francise,  qui  ob  hoc  pia  humili- 
tate  se  ipsum  pedestrem  posuerat  seu  constituerat , 
per  curiam  dumtaxat  oppidi  memorati  deductus  ma- 
ximo  cum  honore  fuisset;  illic  a  fratribiis  [regis]  (i) 
Karolo  et  Ludovico,  necnon  duce  Britannise  Johanne 
suscipitur  adhuc  usque  domum  modo  deducendus 
consimili.  Porro  cum  maxima  populi  multitudo  ad 
hoc  spectaculum  cucurrisset  congregatim  (a),  murus 
quidam  juxta  quem  ipsi  Papae  ejusque  comitivee  trans- 
itus  imminebat ,  ob  pressuram  consedentis  super 
eum  multitudinis  ad  terram  tam  subito  violenter  cor- 
ruit,  quod  exejusruina  praefatus  Britanniee  dux  fuerit, 
prout  in  brevi  subsequens  mors  probavit,  percussus, 
Karolusque  regis  frater  leesus  graviter,  necnon  Papa 
tam  in  confractione  papalis  mitrae  quam  alias  raulti- 
pliciter  deturbatus,  aliis  quampluribus  Isesis  graviter 
aut  peremptis.  Slcque  dies  ille,  qui  prima  facie  honoris 
exultationem  praetendebat  et  gaudium,  moeroris  con- 
fusionem  superinduxit  et  lamentum.  Papa  Clemens 
antequam  rex  Franciae  recedereta  Lugduno,  concessit 
ei  caput  sancti  Ludovici  avi  sui  cura  una  de  costis  ipsius 
in  capellam  suara  Parisius  a  monasterio  sancti  Dio- 
nysii  transportandum ;  ejusque  precibus  Petrum  et 
Jacobum  de  Columna  fratres,  qui  per  papam  Bonifa- 
cium  a  cardinalatu  dudum  degradali  fuerant,  ad  pristi- 
nam  restituit  dignitatem.  Insuper  in  recompensalio- 

.  (i)  Nous  ajoutons  ce  mot  qui  complete  le  sens.  TJn  peu  plus  bas  la 
construction  nous  a  semble  exiger  deducendus  dca.  lieu  de  deducendo , 
que  donnent  les  Mss. 

(2)  Lecon  du  Ms.  4921  A.  Les  autrcs  portent  ut  congregalim  :  edit. 
de d'Acheiy,  ut  congrcgata. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  351 

nem  expensarum  faclarum  in  Flanclriis,  decimas 
ecclesiarum  et  annualium  usque  ad  triennium  eidem 
concessit,  necnon  pro  suis  fratrumque  suorum  capel- 
lanis  et  clericis  de  praebendis  in  proximo  vacaturis 
fere  in  omnibus  ecclesiis  regni  sui  favorabiliter  pro- 
vidit;  necnon  ad  monetae  debilis  quam  fecerat  melio- 
rationem  et  in  statum  solitum  reditionem,  ut  fereba- 
tur,  induxit  (i).  Clemens  papa  Lugduni  super 
numerum  cardinalium ,  decem  et  octo  novos  consti- 
tuitcardinales.  Duos  etiam  cardinales  pro  se  transmisit 
Romam  ad  seryandam  senatoriam  dignitatem.  Duos 
episcopos  etiam,  sciiicet  (2)  Attrebatensem  et  Picta- 

(i)  Tous  les  Mss.  portent  et  instantem  solutum  reditioneni iji- 

dixit;  redition  de  d'Achery,  en  marge ,  instantem  solvendorum  red- 
ditionem....  induxit.  La  correctioa  que  nous  proposons  a  l'avantage 
d  etre  plus  pres  du  texte  3Is.,  elle  est  deplus  confirmee  par  la  Chron. 
de  Saint-Denys  ;  «  Et  le  roy  promist  que  la  monnoie  qui  estoit  foible 
il  la  metroit  cn  bon  estat  et  convenable ,  etc.  »  T.  V,  p.  170,  et  par  le 
recit  de  1'execution  de  cette  promesse  l'aa  1006  :  Rex  Philippus  mo- 
netam  debilem....  in  fortiorem  solitam  commutare  volens ,  etc.  Voy. 
plus  bas,  p.  554. 

(2)  Cest  ainsi  qu'cn  doit  lire  cette  phrase  ,  defiguree  dans  les  edit. 
precedentes  et  danstous  les  Mss.  qui  portentyZeri  au  lieu  de  ^c///ce/ et 
disposuit  au  lieu  de  deposuit;  en  sorte  qu'on  serable  faire  dire  au 
chroniqueur  que  Clemeut  V  fonda  en  i3o5  les  eveches  d'Arras  et  de 
Poitiers  :  Duo9  episcopos  etiam  fieri  Altrebatensem  et  Pictaviensem 
disposuit.  ha.  deposition  de  Gerard  Pigalolti,  eveque  d'Arras,  n'est 
point  rapportee  daus  le  GalL  Christ.,  quoiqu'e!le  soit  formcllement 
attestee  par  l'auteur  des  Grandes  Chron.  :  «  11  (Clement)  deposa 
1'evesque  d'Ai'ras,  et  si  deposa  l'evesque  de  Poitiers.  »  T.  V,  p.  lyo. 
Pigalotti,  creature  de  Boniface  VIII,  devaitetre  odieux  a  Philippe  le 
Bel,  et  en  Tecartant  de  son  siege ,  Clement  ceda  sans  doute  aux  iu- 
stances  de  ce  prince,  auquel,  en  ce  moment,  il  ne  pouvait  rien  rcfu- 
ser.  Mais  la  destitution  de  Gautier  de  Bruges,  eveque  de  Poitiers, 
fut,  de  la  part  du  Pape,  sinon  un  acte  de  vengeance  personnelle,  au 
moins  une  correction  disciplinaire  d'une  excessive  severite.  Pendant 
que ,  sous  le  nom  de  Bertrand  de  Gott ,  il  n'etait  encore  qu'archeveque 


352  CONTINUATIO  CHRONICI 

vlensem,  deposuit.  Episcopo  Diinelmensi  patriarcha- 
tum  (i)  Jerosolymitanum  concessit;  necnon  pauperi- 
bus  clericis  gratias  amplas  fecit,  providens  eis  de  bene- 
ficiis  secundum  exigentiam  et  merita  personarum. 

Rex  Philippus  post  natale  Domini  in  Francia  rever- 
titur  a  Lugduno. 

Papa  Clemens  circa  Purificationem  beatae  Virginis  a 
Lugduno  recedens ,  Burdegalis  per  IViatlsconem,  Di- 
vionem  (2),  Bituricas —  et  Lemovicas  iter  faciens, 
tam  religiosorum  f[uam  saecularium  ecclesias  et  mo- 
nasteria  tam  per  se  quam  per  suos  satellites  deprae- 
dando,  multa  et  gravia  intulit  eis  damna;  unde  et 
frater   ^Egidius   Bituricensis   archiepiscopus  (5)   per 


de  Bordeaux,  Clement  V  sMntitulait  priniat  d'Aquitaine,  qualification 
que  lui  dispntait  opiniatrement  Gilles  Colonne,  archeveque  de 
Bourges.  Celui-ci  parvint  a  mettre  dans  ses  interets  l'eveque  de  Poi- 
tiers.  Gautier  de  Bruges,  quoique  suftragant  de  Bordeaux,  osa  inti- 
mer  1'ordre  a  Bertrand ,  au  nom  de  1'arclieveque  de  Bourges ,  de  re- 
noncer  au  titre  de  priniat  d'Aquitaine ,  et  sur  le  refus  de  l'arclieveque 
de  Bordeaux,  Gautier  publia  contre  lui  unesentence  d'anatheme.  De- 
venu  pape ,  Bertrand  ou  plutot  Clement  V  deposa  aussitot  son  sufFra- 
gant  rebelle,  et  le  renvoya  au  cloitre  desFranciscains  d'ou  il  etait  sorti. 
La  honte  et  la  douleur  que  lui  causa  sa  disgrace  mit  bientot  Gautier 
aux  portes  du  tombeau.  II  fitrediger  un  appel  de  la  sentence  du  Pape, 
soit  au  jugement  de  Dieu  soit  au  concile  general,  il  ordonna  que  cet 
acte  d'appel  fut  enterre  avec  lui ,  et  mourut  en  le  serrant  dans  sa  main. 
Plus  tard  Clement  V,  curieux  de  lire  cette  piece ,  fit  ouvrir  a  cet  ef- 
fet  la  tombe  de  l'eveque  defunt.  Les  auteurs  du  Gall.  Christ.  ont  pu- 
blie  un  curieux  proces-verbal  de  ce  qui  se  passa  dans  cette  circon- 
stance.  Gnll.  Christ.,  t.  II,  col.  1187,  etlnsirum.,  col.  3^0. 

(i)  Correction  ded'Achery,  confirmee  parleMs.  4921  A.  Les  autres 
Mss.  Tpovtent  patriarcham. 

(2)  Les  deux  premieres  edit.  porlent  Brivatwn.  Mais  les  Mss  don- 
nent  tous  Diviiiatum,  mot  pour  lequel  nous  adoptons  la  correctionde 
MM.  les  editeurs  du  Rec.  des  Hist.  dc  Fr. 

(5)  Clement  V  avait  contre  1'archeveque  de  Bourges  un  ressentiment 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  353 

liujusmodi  depraedationes  ad  tantam  devenit  inopiam , 
quod  taraquam  unus  de  suis  simplicibus  canonicis  ad 
percipiendum  quotidianas  distributiones  pro  Vitse  ne- 
cessariis,  horas  ecclesiasticas  frequentare  coactus  sit. 
Robertus  Burgundiae  dux  bonae  meraoriae  decessit 
in  martio,  cujus  corpus  in  Burgundia  ,  ut  vivens  ordi- 
naverat,  est  delatum,  atque  Cistercii  monasterio  est 
turaulatum. 

MCCCVL 

Eduardus  regis  Angliae  Eduardi  filius,  conlra  Sco- 
tos,  qui  Robertura  du  Brus  sibi  praefecerant ,  cumar- 
mata  multitudine  profectus ,  devincitur,  multis  in 
praelio  de  suis  interfectis,  et  sub  fugae  praesidio  evasit 
illaesus. 

Feria  tertia  post  Ascensionera  Domini  (i),  Philippus 
rex  Franciae  caput  beati  Ludovici,  absque  tamen  mento 
et  raandibulis  inferioribus  ,  necnon  unam  de  costis 
ipslus,  Parisius,  cum  ingenti  cleri  plebisque  civitatis 
tripudio  transtulit;  dictaracostarainecclesiacathedrali 
beatae  Mariae  relinquens,  caputque  suum  gloriosum 
in  capella  regalis  Palatii,  quam  ipse  sanctissiraus  rei: 
sponte  construxerat  opere  valde  pretioso  (2),  decenter 
pariter  ac  devote  reponens.  Caeterum  ipsumdieraPa- 


particulier,  dont  on  peUt  voir  le  siijet  a  la  note  2  des  pages  55 1  et 
352. 

(i)  Dans  les  Grande.s  CJirnn.  .-  «  Le  mardi  devant  la  feste  delaPen- 
thecouste  w,  c'est-a-dire  le  17  niai. 

(2)  INous  adoptons,  apres  MM.  Daunou  et  Naudet,  la  lecon  du 
Ms.  4921  A.  Les  autres  portent,  en  pailant  de  la  Sainte-Chapelle , 
quani —  sponte  construxerat  opere  vase  precioso ,  etc.  D'Achery  avait 
imprime  :  sponte  construxerat  opere  in  vase  pretioso,  etc,  et  La  Barre, 

avec  plus  de  prohahiUte,  quam iumptuosn  construxerat  opere  ,  in 

vase  prctinso ,  etc, 

I,  25 


354  CONTINUATIO  CIIRONICI 

rislus  per  totam  suam  dioecesim  aiinuatim  iii  perpe- 
luum  instituit,  etde  csetero  firmavit  habere  solemnem. 

Intemperata  fuitsiccitas  in  vere  pariter  et  aestate. 

Dic  sanctae  Trinitatis  (i)  Petrus  de  Morneyo  epi- 
scopus  Autissiodorensis  defungitur,  cui  magister  Petrus 
de  Bella  Pertica  in  jure  nominatissimus  successit. 

Rex  Philippus  monetam  debilem  quam  fecerat,  quae 
jam  in  regno  per  undecim  annos  vel  circa  cursum 
suum  habuerat ,  in  fortiorem  solitam  subito  commu- 
tare  volens ,  prsesertim  cum  paulatim  adeo  debilitata 
fuisset,  ut  contra....  llorenus  parviis  Florentiae  tri- 
ginta  sex  sol.  Par.  hujuscemodi  currenlis  monetee  va- 
luerat;  circa  festum  sancti  Johannis  Baptistse  fecit  per 
regnum  edictum  palam  et  publice  (2)  proclamari ,  ut 
a  festo  beatae  Virginis  subsequenti,  omnes  reddituum 
cxceptiones  contractuumque  solutiones  pretio  fortis 
deinceps  fierent  quse  tempore  beati  Ludovici  currebat; 
proquomultidepopulofueruntmirabiliterperturbati. 

Eodem  concursu  temporis  vei  circa ,  ad  requestam  , 
ut  dicitur,  Remensis,  Senonensis ,  Rothomagensis , 
ac  Turonensis  archiepiscoporum ,  qui  sibi  suisque  suf- 
fraganeis  ac  eorum  populis  ac  subditis,  tam  per  Papam 
quam  per  cardlnales  aliquos  vel  illorum  sntellites  ac 
cursores  illata  senserant  multipliciter  et  adhuc  sen- 
tiebant  gravamina ,  rex  Franciee  Philippus  favorabili- 
ter  (3)  in  hac  parte  eis  se  exhibens,  et  si  non  in  toto, 
in  parte  tamen  eis  utiliter  subvenire  providit. 


(i)  Le  29  mai. 

(•2)  Lecon  dii  Ms.  49*2 1  A.  Les  aiitrcs  Mss.,  Palatil  et  publice. 
D'Aclicry  et  La  Barre,  cdictum  Palatiipublice,  etc. 

(3)  Lecon  (Ui  Ms.  dc  Saint-Germain,  4^5;  les  autres  donnent  bene- 
vnlus ,  d'Achery  a  iniprimc  cn  m7xi'z,e fovnrabilcm,  qni  vaudrait  mieux 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  355 

Mense  aiigusto  rex  Phllippus  omiies  Judaeos  de  re- 
gno  Franciae  penitus  et  omnlno  fecit  expelii,  certum 
regressionis  (i)  terminum  sub  poena  mortis  praefigens 
eisdem. 

Tempore  hiemali ,  facta  inundatione  nimia  fluvia- 
lium  aquarum,  antecpam  decrevissent  adeo  sunt  for- 
titer  congelatae,  quod  in  locis  pluribus  damna  multa 
postmodum  exinde  pervenerint.  Impetu  siquidemgla- 
cierum,  post  earum  dissolutionem  veloci  labentium 
cursu,  tam  domus  quam  pontes  molendlnaque  quam- 
plurima  corruerunt.  Tunc  etiam  Parlsius  in  portu 
Graviae  naves  multae  diversis  oneratae  mercaturis,  cum 
cunctis  in  eisdem  confractse  perierunt. 

Occasione  mutationis  monetse  debills  in  fortem, 
damnosa  sedltlo,  praeclpue  propter  locatlones  domo- 
rum,  Parisius  exorta  est.  Cum  enim  clves  Parisiuslo- 
care  domos ,  et  earum  locationis  pretium  in  forti  mo- 
neta,  juxta  regale  statutum,  recipere  nlterentur; 
(quod  tamen  communis  populismultitudinl  grave  nl- 
mium  propter  tilpllcationem  consuetipretll  vldebatur) 
tandem  allqui  ex  popularibus  ipsls  tam  contra  regem 
quam  contra  cives  conjuncti ,  pariterc[ue  cum  multis 
slbi  complicibus  adunatl ,  ad  domum  Templl  Parlsius , 
ubi  regem  esse  sciebant,  illlco  properantes,  cum  ad 
ipsum  accessum  habere  non  possent,  statlm  domus 
Templi  introitus  omnes  et  exitus  occuparunt  pro  vlri- 
bus,  ne  regl  victualia  deferrentur.  Porro  dum  postmo- 
dum  perpendlssent  Stephanum  dlctum  Barbettc, 
civem  Parisius  dlvitem  ac  potentem,  civitatls(|ue  vla- 

fi)  11  faut  sans  doule  lirc  eg^ressionisi 


356  CONTINUATIO  CHRONICI. 

rium  ( i),  ortlliiationis  liiijus  circa  domorum  locationes 
prsecipuum  csse  coiisiliarium  ac — ,  in  ipsum  crude- 
lius  eirerati,  primitus  domum  suam  ,  quam  extra  por- 
tas  habebat  civitatis  suburbio  juxta  sanclum  Marti- 
num  de  Campis,  multnm  locupletem  divitiis,  concordi 
vesania  deprsedari  festinant  (2).  Quo  comperto  rex, 
tam  suam  qnam  prsefati  civis  injuriam  impune  ulterius 
ferre  non  sustinens ,  quotquot  reperit  liujus  actores 
sceleris  aut  etiam  incenlores,  morti  protinus  adjudi- 
care  decrevit.  Plures  eliam  ex  ipsis  qui  in  facto  magis 
culpabiles  fuerant,  foris  portis  civitatis  ad  vicinas  eis 
arbores,  necnon  patibula  ad  hoc  de  novo  speciabter 
illic  facta ,  prsecipue  ad  majores  et  insigniores  introi- 
tus  suspendi  fecit  (5),  quatenus  eorum  poenae  alios 
deterrerent,  et  ab  hujuscemodi  rebellione  coercerent. 
Phillppus  regis  Francise  Philippi  filius  secundus  ge- 
nitus,  Johannam  primogenitam  Odonis,  quondam  Bur- 


(i)  Uue  iiote  de  irAchery  porte  qu'Etienne  Barbette  etait  maitre 
dcs  moiinaies  ,  opcrce  monetnrice  prcvfectum. 

(i)  «  Pliiseurs  gcns  de  Paris  alerent  rompre  les  portes  de  la  maison 
dudictEstienne,  a  force  de  charetes  aculees  et  autrement,  et  deffoncoit 
ren  les  tonniaus  ct  les  queues  tout  plains  de  vin  ,  et  getloit  l'en  en  la 
inie  aval  ses  monnoies  d'or  et  d'argent  et  sa  vaisselle  d'or  et  d'argent.  » 
Ancienne  chronique  de  1270  a  i555,  citce  par  M.  Paris.  Grnndes 
Cliron  ,  t.  V,  p.  174,  not. 

(5)  «  Vingt  huit  hommes,  aux  quatre  entrees  de  Paris,  c'est-a-sa- 
voir  :  ii  l'orme  pardevers  Sainct  Denis  faisant  entree,  furent  sept  pen- 
dus ;  et  sept  devei's  la  porte  sainct  Antoine  faisant  entree ;  et  six  i\  l'en- 
tree  devers  le  lloule,  vers  les  Quinze  vint  aveugles  faisant  entree ,  et 
huit  en  la  parlie  Nostre  Dame  des  Chanips  faisant  entree  furenl  pen- 
dus.  Les  quiex  un  pou  apres  ce,  des  crmes  i'emucs  et  ostes,  en  gihes 
nouviaux  faits  cn  chascune  partie  ct  enlree,  de  rechief  furent  tous 
pcndus  et  mors.  »  Grnnde.i  Chron.,  t.  V,  p.  lyS. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  357 

gundlae  comitls  ex  filla  Roberli  iVttrebatl  comitis  (i), 
apud  Corbolium  raeiise  januai io  duxit  in  uxorem. 

Meiise  martio  vel  circa  papa  Clemens  et  cardinales 
[Pictavum]  (i^  Iverunt ,  et  illic  circumcirca  circiter 
per  menses  sexdecim  resederunt. 

Pseudo-quidara  nomine  Dulcinius ,  sub  habitu  benl- 
gno  sanctitatem  fingens,  sed  revera  pessimus  heereti- 
cus  erat.  Frater  Dulcinius  haereticus  in  quodam  moiite 
Versalis(5),  ubi  tutum  sibi  reperisseputabatrefuglum, 
a  pontifice  civitatls  aliisque  fidelibus  captus  carceri 
mancipatur,  Papae  judlcio  punlendus,  illicque  de  suis 
compliclbus  ducenti  vel  clrciter  fuerunt  occisi.  IHius 
enim  haeresis  inter  caetera  hunc  continere  dlcebatur 
errorem;  quod  sicut  temporelegis  naturae  vel  Mosaicae 
regnabat  pater  per  potentiam  (4)  quae  ei  praeparatur, 
et  lilius  per  sapientlam  a  tempore  adventus  Christi 
usque  ad  adventum  Splrltus  sancti  die  Pentecostes; 
ita  ab  adventu  Splritus  sancti  usque  ad  finera  mundi 

(i)  Voy.  ci-dessus  ,  p.  022. 

(2)  Nous  remplissons  par  ce  mot  le  blanc  qui  se  trouvedansles  Mss. 
et  les  edit.  precedentes  :  «  Et  en  ce  meisme  an,  le  pape  Climent,  au 
inoys  de  mars  ou  environ,  s'en  ala  a  Poitiers  et  les  cardinals  avec 
lui ;  et  la  fu  la  court  par  Tespace  de  seize  moys  ou  environ.  »  Grandes 
Chron.,  l.  V,  p.  ijS. 

(3)  Cest  la  lecon  de  tous  les  Mss.  Les  deux  premiers  editeurs  ont 
imprime  Vercellis ,  qui  est  la  bonne  lecon. 

(4)  Les  Mss.  portent  regnabat  per  palrem  quce  eis  prcsparatur.  Ce 
texte ,  evidemment  altere ,  a  exerce  la  sagacite  de  tous  les  editeurs. 
Nousavons  adopte  la  correction  proposee  par  La  Barre,  patcrpcrpo- 
tentiam ;  mais  au  lieu  de  retrancber  comme  lui  les  mots  quee  cis  pra^- 
paratur,  nous  nous  sommes  contente  d'y  introduire  une  legere  modi- 
fication ,  de  maniere  a  rendre  le  passage  aussi  conforme  que  possible 
au  texte  des  Grajides  Chroti.,  t.  V,  p.  17^  :  «  Si  comme  le  pere  au 
temps  de  la  loy  de  nature  ou  de  Moyse  regnoit  par  puissance  qui  a  hiy 
cst  approprie,  etc.  » 


358  CONTINUATIO  CHRONICI 

regnat  ipse  Spirltus  sanctus,  qui  amor  est  per  clemen- 
tiam.  Itaque  prlma  lex  fuit  lex  religionis  et  justitiae , 
secunda  sapienliae,  tertia  quae  nunc  estamoris,  cle- 
mentiae  ,  charitatis;  ita  quod  quidquid  petatur  sub  no- 
mine  charitatis,  quidquid  sit  illud,  etiain  actusforni- 
cationis  venereee,  absque  peccato  potest  concedi  petenti, 
imo  nec  sine  peccato  potest  licite  denegari;  quod  pes- 
simam  sonat  in  haeresim  cuilibet  catholico  acI  fideli, 
Haec  eadem  fuerunt  habita  tempore  Philippi  anno  mil- 
lesimo  ducenlesimo(i)  duodecimo,  et  auctor  fuit  Al- 
maricus  de  Leva  juxta  Montem-Fortem ,  de  quo  lo- 
quitur  decretalis  Damnamus. 

Eduardus  Angliae  rex  aetate  provectus ,  astutus  pari- 
ter  et  cautus  prlnceps,  necnon  in  praeliis  fortunatus, 
anno  tricesimo  quinto  regni  sui  decessit;  cui  successit 
in  regno  Angliae  et  dominio  HiberniaeEduardus,  ejus 
filius  ex  comltlssaPontlvi  (2).  Slquldem  de  Margareta 
uxore  sua  superstite,  regls  Franciae  sorore,  tres  alios 
reliquerat  fillos  (5),  quorum  prlmogenitus,  Thoraas 
iiomlne,  Cornublas  tenult  comltatum. 

MCCCVII. 

Circa  Pentecostes ,  rex  Franclae  Philippus  locutu- 
rus  Papae  Pictavim  proficiscltur,  et  tunc  ab  eo  et  a 
cardinalibus,  ut  dlcebatur,  super  pliirlbus  et  arduis 
negotlls  dellberatum  fult  ac  etlam  ordlnatum,  prae- 


(i)  Gorrcction  indispensable,  malgre  l'autoiite  de  tous  les  Mss.  qui 
doanent  trecentesimo. 

('i)  Eleonore,  preniiere  femme  d'Edouard  I"  roi  d'Anglcterre,  etait 
lille  de  Ferdinand  III  roi  de  Caslillc,  ct  de  Jeanne  de  Ponthieu  ;  elle 
avait  succede  a  sa  mercdans  le  comlc  <le  foutliieu  dcs  I'an  1279, 

(5)  Cesl-a-dirc  dcux  lils  ct  unc  fillc 


i 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  359 

sertim  de  Tempiariorum  captione  (i),  prout  sequens 
rei  exitus  declarabit.  Tunc  siquidem  ipse  Papa  magis- 
tris  transmarinis  Hospitalis  et  Templi  mandavit  ex- 
presse  ut  Pictavis  coram  ipso,  infra  certum  tempus , 
omissis  omnibus,  personaliter  comparerent :  quod  ma- 
gister  Templi ,  nec  mora,  complevit;  sed  magister 
Hospitalis  (2)  in  itinere  apud  Rhodum  insulam ,  a  Sar- 
racenis  qui  eam  occupaverant  impeclitus  ad  prsefixum 
terminum  venire  non  valens,  se  ipsum  iegitime  per 
nuntios  excusavit,  ac  demum  post  (5)  menses  aliquos 
eadem  insula  cum  arraata  manu  recuperata  pariter  et 
obtenta,  ad  Papam  Pictavis  accedere  maturavit. 

Magister  Bernardus  de  Sancto-Dionysio,  magisler 
in  tiieologia  famosus,  Aurelianensis  episcopus,  deces- 
sit;  cui  successit  magister  Radulfus  ecciesise  praefatee 
decanus,  in  jureperitus. 

LudovicusNavarrae  rex  regisFrancineprimogenitus, 
cognito  quod  quidam  miles  nomine  Fortunus,  quem 
regni  sui  custodem  praefecerat  et  rectorem,  suura  re- 
gnura  iilius  calliditatis  astutia,  multos  sibi  consentaneos 
liabens  et  complices,  usurpare  captabat;  nobiiium  ac 
potentum  (4),  prsecipue  Boloniee  comilis,  et  Galtlieri . 

(i)  Mss.,  prcesert.  Templ.  captionem. 

(2)  Foulque  de  Villaret. 

(3)  Graiides  Chroii.,  «  Si  avint  assez  tost  apres  qvie  ladite  isle  de 
Rodes  fut  recouvree.  »  Tous  les  3Iss.  de  Nangis  et  toutes  les  edit. 
portent  per  menses  aliquos. 

(4)  Telle  est  ia  lecon  des  Mss.;  d^Achei-y  et  les  editeurs  qui  lui  ont 
succede  ont  imprime  cognilo  quod....  Fortunus....  regnum suum  illius 
calliditatis  astutia  usurpare  tentabat,  multos  sibi  consentaneos  habens 
et  complices  nobilium  ac  potentum,  prcBcipue  Bolonice  comitis ,  elc. 
Cette  malheureuse  correction  change  completeraent  le  sens;  des  auxi- 
liaires  du  roi  de  Navarre  Louis  Hutin  elle  fait  des  complices  du  rebelle 
Fortun.  Voy   les  Grandes  Chron  ,  t.  V,  p.  177,  178. 


360  CONTINUATIO  CHRONICI 

de  Castellione  Franciae  conestabularii ,  comitiva  va- 
lens;  in  (i)  mensejulio  proficiscitur  Navarram,  For- 
tunumque  prcedictum  cum  suis  complicibus  potenter 
subjiciens,  visitato  regno  pariter  etsedalo,  in  civitale 
Pampelonia  coronatur  in  regem. 

Petrus  de  Bella-Pertica  Autissiodorensis  episcopus 
decessit ,  ac  Petrus  de  Gressibus ,  cantor  Parisiensis  ac 
Navarrae  regis  cancellarius,  successiteidem. 

Dje  jovis  post  festum  beati  Dionysii  martyris  (2) 
Katherina  heres  Constantinopolitani  imperii,  Karoli 
fratris  regls  uxor  secunda ,  quae  praecedenti  die  lunse 
decesserat  in  villa  sancti  Audoeni,  apud  Praedicatores 
Parisienses,  praesentibus  rege  Franciae  et  proceribus  et 
praelatis,  necnon  magistro  Templi  transmarino ,  qui 
una  ejus  corpus  cum  aliis  ad  tumulum  deferebat,  ec- 
clesiasticae  traditur  sepulturae. 

Die  veneris  post  festum  beati  Dionysil,  terlio  idus 
octobris  (3),  omnes  Templarii  quotquot  in  regno 
Franciae  sunt  reperti,  quasi  sub  ejusdem  horae  mo- 
mento,  illucescente  videlicet  sole  vel  clrciter,  juxta 
decretum  reglum  et  praeceptum  subito  capiuntur,  ac 
diversls  carceribus  mancipantur;  inter  quos  etiam  in 
domo  Templi  Parisius  captus  est  et  detentus  generalis 
totius  ordinls  magister  transmarinus  (4).  Dudum  si- 
(luidem  ad  aures  regls  pervenerat  ex  testimoniis  plu- 

(i)  Lecon  du  Ms.  ggg.  Le  Ms.  455  et  les  etlit.,  comitiva  valensis  oii 
valentis ;  mense ,  etc. 

{1)  Le  12  octobre.  —  La  deuxieme  femme  dg  Charles  de  Valois  etait 
Cathierine  de  Courlenai,  fille  ct  hcritiere  de  Philippe  de  Courtenai, 
enipereur  titulaire  dc  Coustantinople.  Les  autcurs  de  VAil  de  vcrij , 
les  datcs  mettent  Li  mort  de  cette  princessc  au  2  janvier  i5o8. 

(3)  Le  iSoctobrc. 

f4)  Jacques  de  Molay 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  361 

rium  et  relatu,  quorum  quldam  ordinem  ipsum  ante 
professl  fuerant,  quod  tam  ordo  quam  ordinis  profes- 
sores  detestandis  criminibus  erant  irretiti  pariter  et 
infecti,  quae,  etiamsi  negarent,  legitime  posset  pro- 
bari  (i).  Primo  namque  (quod  dictu  nefas  est)  in  pro- 
fessione  sua,  quam,  ut  caute  facerent,  intempestse 
noctis  silentio  faciebant ,  ad  praeceptum  receptorum , 
necnon  receptorem  ipsum  (2)  (quod  nominandum 
quasi  turpissimum)  inferius  in  posterioribus  oscula- 
bantur  immunde.  Insuper  crucifixi  conspuebant  ima- 
ginem  ac  etiam  conculcabant ,  quod  caput  (5)  secrete 
cum  maxima  veneratione  tanquam  idolatrae  colebant. 
Quininio  sacerdotes  eorum,  quando  celebrare  debe- 
bant,  verba  consecrationis  minime  proferebant,  et 
licet  a  mulieribus  abstinere  noluerunt  (4) ,  concedeba- 
tur  tamen  eis  ad  invicem  modo  sodomitico  commis- 
ceri.  Et  haec  omnia  de  quibus  vehementer  habebantur 
suspecti,  fecit  rex  Franciae  dominica  sequenti,  in 
[aula]  (5)  regalis  palatii ,  coram  clero  et  populo  palam 
et  publice  proclamari.  Quoe,  etsi  prse  horrore  quem 
corttinent  et  fidelium  imprimunt  cordibus,  quasi  in- 

(i)  II  faudraitlire  quodposset  ou  quce  possent. 

(2)  Les  editeurs  precedents  ont  imprime  ad  prceceptum  prcecepio- 
rum  neciion  prceceptorem  ipsum.  Cette  lecon  est  contraire  a  tous  les 
Mss.  Jean  de  Saint-Victor,  dans  sa  P^ie  de  Clement  V,  dit  en  parlant 
des  Tenipliers,  receptorem  suum  in  tribus  locis  osculabaiitur.  Vita  pap. 
avenion.,  t.  I,  p.  9. 

(3)  Caput ,  une  tete.  Le  mot  idoli,  que  d'Achery  propose  d'ajouter, 
n'est  point  indispensable. 

(4)  LeGon  du  Ms.  435.  Mss.  ggg  et  49^1  A,  voluerunt.  D'Achery  a 
corrige  voverent,  et  cette  correction,  qui  me  semble  au  nioins  inulilc, 
a  ele  adoptee  parles  editeurs  qui  l'ont  suivi. 

(5)  II  y  a  ici  da»s  les  Mss.  un  blanc  que  nous  remplissons  par  le  mol 
aula. 


362  CONTINUATIO  CHRONICI 

credibllia  videantur,  ipse  tamen  raagister  totius  ordi- 
nis  prasfatus,  apud  Templum,  coram  magistris  Unl- 
versitatispraesentibusductus,  utdicebatur(i),  sequenti 
hebdomada  recognovit  expresse;  excepto  quod  dixit 
sodomiticum  vitium  se  minime  commisisse,  nec  in 
professione  sua  super  imaginem  crucifixi ,  sed  magis 
super  terram  a  latere  conspuisse.  Etiam  per  suas  pa- 
tentes  litteras  suis  fratribus  omnibus  intimasse  fertur, 
quod  dictam  confessionem  poenitentia  ductus  fecerat, 
et  eos  ad  faciendum  similiter  hortabatur.  Factumque 
est  quod  eorum  nonnulli  sponte  qusedam  praemisso- 
rum  vel  omnia ,  etiam  lacrymabiliter,  sunt  confessi, 
alii  quidem  ,  ut  videbatur,  poenitentia  ducti,  alii  au- 
tem  diversis  tormentis  quaestionati,  seu  comminationc 
vel  eoriim  aspectu  perterriti ,  alii  blandis  tracti  pro- 
missionibus  et  illecti ,  alii  arcta  carceris  inedia  cru- 
ciati  (2),  vel  coacti,  multipliciterque  compulsi.  Multi 
tamen  penitus  omnia  negaverunt,  et  plures  qui  con- 
fessi  primo  fuerant,  ad  negationem  postea  reversi 
sunt  (5),  in  ea  finaliter  persistentes,  quorum  non- 
nulli  inter  ipsa  supplicia  perierunt.  Rex  itaque  magis- 
trum  generalem  cipud  Corbolium,  caeteros  vero  Pa- 
risius  et  aliis  diversis  carceribus  mancipari  fecit ,  donec 
cum  sede  apostolica  et  prselatis  deliberationem  habe- 
ret,  qualiter  in  hac  parte  procedendum  esset  secundum 
Deum  et  justitiam,  tam  conlra  ordlnem  quam  perso- 


(i)  Mss.  ggg  et  4g2i  A ,  ut  dccchat. 

(2)  Texte  retabli  par  d'Achery.  II  y  a  dans  les  Mss seu  connni- 

natione  perterriii,  alii  blandis et  illccti ,  alii  ex  eoruni  nspectu , 

alii  arcta  carceris,  etc. 

(3)  Mss.,  Pluribus  confessi  primo  fuerant  ad  ne^ationem  primant 
pvoiterea-  La  corrcction  csl  duc  a  d'Acliery. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  363 

nas.  Etiam  eorum  boiia  ublque  salslri  fecit ,  et  iu  manu 
sua  teneri,  certis  ad  hoc  custodibus  ac  receptoribus 
deputatis. 

Quldam  de  judaismo  ad  fidem  conversus  Protus  no- 
mine,  coraminquisitorepravitatis  haeretlcae  recogno- 
vit,  quod,  instinctu  cujusdam  fratris  sul  nomine 
Mousseti  ad  judaismum  redierat,  ac  primo  in  aqua 
calida  balneatus,  et  demum  circumcisus  prout  in  tali- 
bus  a  Judscis  fieri  consuevit.  Postmodum  tamen  tractu 
temporis  examinatus  super  hoc,  acdemum  requisitus, 
dixit  per  omnia  se  mentitum,  et  solum  in  odium  fra- 
tris  suipraefati,  qui  allqua  sibi  solvere  deblta  nolebat, 
recognovisse  praemlssa  :  et  qula  vertebatur  in  dubium 
cui  consilio  standum  esset,  tandem  de  consilio  perl- 
torum,  assensu  Parisiensis  episcopi,  adjudlcatum  est 
confessioni  primae  standum  potius  quam  secundae  : 
ipsumque ,  tamquam  lapsum  a  fide ,  perpetua  poena 
carceris  puniendum;  quod  etfactum  est.  Verum  post- 
modum  cum  recognovisset  coram  inquisltore  prae- 
dicto ,  se  dixisse  in  carcere  quod  christlanus  non 
erat,  sed  judaeus,  Samoeque  vocatus,  quodque  Cliris- 
tiani  comedunt  Deum  suum,  cum  instantia  requi- 
rens  quod  si  mori  eum  contingeret,  fieret  de  eo  slcut 
de  jud?eo,  de  comrauni  peritorum  consllio  adjudicatus 
est  statim  absque  ulla  audientia  curiae  saeculari  Ira-^ 
dendus. 

Eodem  vel  circa  concursu  temporls,  quidam  alius 
ad  fidem  conversus,  Johannes  nomlne,  confessus  fult 
coram  inqulsitore  praedlcto ,  quod  palam  et  publicc 
coram  Casteleto  Parisius  dixerat  se  christianum  non 
esse,  sed  judaeum  noraine  Mutlotum ,  atque  de  peccalo 
quod  in  nqua  coramlseral  recipiendo  baptlsmum,  per 


364  CONTINUATIO  CHRONICI 

ignem  purgarl  se  velle  (i).  Postmodum  tamen  cum 
hoc  feclsse  graviter  poeniteret,  instanterque  requireret 
sibi  super  hoc  misericorditer  indulgeri ,  dicens  se  ex 
melancholia  et  levitate  capitis  in  talia  porupisse,  juxta 
peritorum  consilium  imposita  est  ei  poenitentia  salui- 
taris. 

Mense  januario ,  Eduardus  Anglias  rex  filiam  uni- 
cam  regis  Franciae  Philippi,  nomine  Isabellam,  anno- 
rum  duodecim  vel  circiter,  apud  Boloniam  supra  raare, 
dicto  rege  Franciae  una  cum  filiis  suis  ac  regni  proce- 
ribus  illic  praesentibus  ,  accepit  in  uxorem;  ac  majo- 
ribus  regni  in  Angliam  associata ,  in  reginam  cum  ho- 
nore  debito  coronatur. 

Filius  Sabaudiae  comitis  Eduardus,  sororem  reginee 
Navarrae  ,  scilicet  secundam  filiam  (2)  ducis  Burgun- 
diae,  duxit  in  uxorem. 

Karolus  regis  Franci.TG  tertius  filius ,  Blancham 
filiam  secundam  quondam  comitis  (5)  Burgundiae 
Othelini  in  uxorem  accepit. 

Illustris  et  femina  venerabilis  ac  honesta  vidua  Mar- 
gareta  Siciliae  regina,  relicta  primi  Karoli  regis  Sici- 
lia?  fratrisque  sancti  Ludovici,  ut  pie  creditur,  migra- 
vitad  Christum. 


(i)  Nous  conservons  cette  correction  de  dAchery,  au  lieu  de  vole- 
bat,  qui  cstdans  lous  les  Mss. 

{1)  D'apres  les  auteurs  de  VAvt  de  vdrif.  lcs  dateset  le  P.  Anselnie, 
Blanche,  femme  d'Edouard  comte  de  Savoie,  etait  l'ainee  des  fiUes 
de  Robert  II  duc  de  Bourgogne.  La  seconde  etait  Marguerite ,  reine 
de  Navarre  par  son  mariage  avec  Louis  Hutin. 

(5)  Les  Mss.  et  lcs  edit.  precedentes  portent  dacis,  mais  c'est  une 
faute.  Rlanche,  la  premiere  femme  de  Charlcs  comte  de  la  Marche, 
depuis  roi  de  France  sous  le  nom  de  Charles  lc  Bel ,  etait  fiUe 
cl'Olhon  IV,  comlc  et  nou  duc  de  Bourgogne. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  365 

Joliailnes  clc  Namurclo ,  fillus  Guldonis  Flandrensis 
comitis ,  accepit  in  conjugem  filiam  (i)  Roberti  comi- 
tis  Clarimontis. 

MCCCVin. 

Rex  Francise  Philippus  pro  facto  Templariorum 
praecipue  profecturus  Pictavis,  ubi  adhuc  Papa  cum 
curia  residebat ,  ob  hoc  quoque  phu  Imis  pene  de  omni 
civitate  sive  castellanla  regni  apud  urbem  Turonis 
Paschali  tempore  convocatis,  copiosam  tam  nobilium 
quam  ignobilium  secum  duxit  illic  turmam  (2).  Sane 
de  diversis  tractatibus  Inter  regem  et  Papam  praehabi- 
tls,  totius  ordlnls  generali  magistro  postmodum  ad 
PapoD  mandatum  adduclo,  cum  allquibus  quos  nobl- 
llores  statu  seu  prseemlnentia  fuisse  constiterat  inter 
ipsos;  ibi  tandem  deHberatum  fuitetsatis  concorditer 
ordinatum  ,  quod  rex  ipse  omnes  et  slngulos  dicti  or- 
dinis  professores,  ubicumque  essentmancipati,  carce- 
ribus  eximeret,  et  deinceps  nomlne  ecclesiae  et  raanu 
sedis  apostollcae  detiiieret,  ad  eorum  relaxationem  (3), 
expedltionem  seu  punitlonem  minime  processurus 
absque  ordlnatione  sedls  apostobcae  vel  mandato;  ac 
de  bonis  eorum  ,  quorum  dispensatio  seu  custodia  Ipsi 
regi  sub  debita  fidelitate  rellnquebatur,  usquead  con- 
clHum  generale  post  satls  celeriter  celebranduiii ,  pro 
modo  competenti  vitae  necessaria  mlnistraret  eisdem. 

(i)  Marguei'ite,  derniere  fille  de  Robert,  comte  de  Clermont  et 
sixieme  fils  de  saint  Louis. 

(2)  Ce  dernier  mot  ajoute  par  d'Achery. 

(5)  Cette  correction,  pour  relalionem,  qui  n'a  point  de  sens,  nous 
est  suggeree  par  les  Grandes  Chron.  .-  «  et  qu'il  ne  procederoil  aleur 
relaxation,  ne  a  leur  delivrance  ne  a  leur  punicion,  elc.  »  T.  Y, 
p.  179.  - 


366  CONTINUATIO  CHRONICI 

Papa  Clemens  cum  esset  Pictavis,  de  fratrum  con- 
silio,  pi  opter  subsidium  Terrae  Sanctae  ac  reformatio- 
nem   status  universalis    ecclesiae ,   necnon   praecipue 
propter  factum  quod  circa  ordinem  Templi  ejusque 
professores  emerserat,  quorum   etiam  sexaginta  vel 
circiter  supradicta  eisdem  imposita  crimina  fuisse  con- 
fessos,  tam  in  sua  quam  in  cardinalium  praesentia, 
papales  litterae  sub  bulla  continebant  prsecipue;  gene- 
rale  concilium  kalend.  octobris  usque  ad  biennium ,  a 
kaiendis  ejusdem  mensis  proxime  sequentibus  continue 
computando,  Viennse(i)  celebrandumdecrevit,  etubi- 
que  per  suas  patentes  litteras  intimare  [fecit]  archiepi- 
scopis  et  episcopis  :  insuper  et  episcopis  specialiter  in 
regno  Franciae  conslitutis,  inquisitoribusquepravitatis 
heereticae  dedit  in  mandatis;  quatinus  super  hoc  facto 
Templariorum  diligenter  intenderent,  et  juxta  quali- 
tatem  eorum  in  qantum  pei^sonas  eorum  tangere  po- 
terant,   fine  debito   (2)   terminare  juxta   peritorum 
consilium  raaturarent;  generali  tamen  magistro  ali- 
quorumque  eorum  majorum  de  ordine  illo,  quamvis 
numero  paucorum,  personis  usque  ad  tempus  et  ex 
certa  sententia  apostolicae  sedis  excommunicationi  seu 
correctioni  rcservatis. 

Circa  idem  tempus  venerunt  in  Franciam  quidam 
viri  de  Flandriis  sub  habitu  simplici,  [sed  imposto- 
res]  (5)  sicut  rei  exitus  comprobavit ,  ad  quorum  si- 

(1)  Grandes  Chron.  «  Le  concile....  a  Poitiers  fu  rappele.  »  Cest 
Une  distraction  dii  traducteur. 

(a)  MM.  Ics  cditeurs  du  tome  XX  du  Rcc.  dcs  Hist.  de  Fr.  ont  im- 
prime,  nous  ne  savons  troppourquoi,  sine  dehito,  et  proposeen  note 
sine  dilalo.  Lc  mot  sine  n'est  dans  aucun  Ms. 

(3)  Deux  niots  ajoutcs  par  d'Aclicrv  en  niarge  dc  la  prcmicre  edi-^ 
tion. 


I 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  367 

mulatam  astutiam  astutamque  simulationem  coiifestim 
iii  populo  frivola  quaedam  sed  communis  exiit  fama , 
quod  comes  Augi ,  dominus  Godefridus  de  Brabanto, 
Johannes  deBrabanto  filius  ejusdem,  dominus  Virsio- 
nis  aliique  quamplurimi ,  qui  dudum  cum  RoLerto 
Attrebati  comite  apud  Corteriacum  fuerant  inter- 
fecti  (i),  quasi  per  miraculum  evaserant  inde  vivi,  et 
propter  suae  liberationis  beneficium  voverant  Deo  et 
inter  se  conduxerant  ac  etiam  firmaverant,  sub  sim- 
plici  paupertatis  habitu  per  regnum  Franciae  mendi- 
care,  et  se  ipsos  apud  suos  usque  in  septennium  occul- 
tare.  Tunc  enim,  septennio  revoluto ,  certo  loco, 
scilicet  Bolonia  supra  mare,  simul  eodem  die  compa- 
rere  debebant,  ac  palam  detegere  quinara  essent,  Et 
factum  est  quod  ad  qusedam  levia  intersignia  in  prae- 
falis  Flandrensibus  visa,  nonnuHi  utriusque  sexus  in 
tantum  infatuati  et  quasi  fascinati  (2)  fuerint,  ut,  eos 
credentes  esse  prsefatos  dominos ,  cum  honore  suscipe- 
rent,  cum  tamen  ipsi,  qui  vix  et  raro  ex  certa  loque- 
bantur  raalitia,  se  non  assererent,  de  quibus  frivola 
fama  communiter  referebat.  Quaedam  etiam  matronae 
nobiles  nonnullos  ex  ipsis  ad  raaritales  amplexus  tara- 
quam  proprios  conjuges  susceperunt,  de  quo  postrao- 
dum  secuttc  sunt  aliis  in  derisum ,  et  prsecipue  do- 
mina — 

Comes  Valesii  Karolus  tertiam  accepit  uxorem  (i- 
liam  (3)  Guidonis  comitis  Sancti-Pauli. 

Robertus  Philippi  Attrebatensisfilius  exuxore  Blan- 

(i)  Yoy.  p.  520,  55i,  552. 

(2)  Correction  du  Ms.  4921  A,  adoptee  aussi  par  MiM.  Daunou  et 
Naudet.  Les  autres  Mss.  ct  ies  deux  prcmieres  cdiil. ^fcstinali. 
(5)  Mahaut ,  fille  de  Gui  IV  comte  dc  Saint-Paul. 


368  CONTINUATIO  CHRONICI 

cha,  tertiam  (iliarum  quondam  ducis  Burgundiae  acce- 
pit  uxorem  (i). 

Eodem  anno  Guidoquondam  comitis  Blesensis  pri- 
mogenitus ,  cum  filia  Karoli  Valesii  ex  conjuge  Kathe- 
rina  (2)  adhuc  tenerae  setatis  fertur  sponsalia  contra- 
xisse. 

Die  sabbati  post  Asceiisionem  Domini  (3),  circa 


(i)  Ni  les  genealogistes ,  ni  les  historiens  modernes  ne  parlent  de 
ce  mariage,  sur  lequel  les  chroniqueurs  contempoi-ains  ne  paraissent 
pas  eux-menies  hien  surs  de  leur  temoignage.  Les  edit.  precedentes, 
en  cela  conformes  aux  Mss.,  portent  Robertus  Philipp.  Attreb .  filius , 
uxorem  Blancham  alteram  filiarum  quondam  ducis  Burgondice  acce- 
pit  uxorem.  11  est  impossihle  que  le  meme  chroniqueur,  a  deux  pages 
de  distance,  fasse  marier  Blanche  de  Bourgogne,  qu'il  appelle  toujours 
la  seconde  Jiliam  secundam ,  alteram  filiam,  quoiqu^elle  fiit  l'ainee, 
avec  le  fils  du  comte  de  Savoie,  et  avec  Rohert  d'ArtoiS  (voy.  plus 
haut,  an  1007,  p.  364).  Cest  evidemment  le  copiste  qui  a  tronque 
cette  phrase ,  dans  laquelle  les  mots  uxorem  Blancham  devaient  desi- 
gner  la  mere  et  non  la  femme  de  Rohert,  comme  dans  ce  passage  du 
Memoriale  historiarum ,  Ms.  de  Jean  de  Saint-Victor,  qui  nous  a 
fourni  notre  correction  :  Robertus ,  filius  domini  Philippi  Attreba- 
tensis ,  genitus  ex  Blancha,  filia  Johannis  BritannicB  ducis,  duxit 
uxorem  tertiam  filiam  ducis  Burgundia^  jam  defuncti  (Bihl.  roy  , 
Ms.  n°  49*28).  Ici  le  personnage  dont  il  s'agit  est  clairement  designe  : 
c'est  Rohert  d'Artois,  arriere-petit-fils  du  frere  de  saint  Louis  ,  et  qui 
se  fit  depuis  une  triste  celehrite  par  son  scandaleux  proces  et  sa  re- 
volte  contre  la  France.  II  epousa  l'an  i5i8  Jeanne  de  Valois,  fille  de 
Charles  de  Valois  et  de  Catherine  de  Courtenai.  Mais  rien  ne  1'aurait 
empeche  en  i3o8,  epoque  ou  il  etait  deja  majeur,  de  projeter  un 
mariage  avec  la  troisierae  fiUe  du  duc  Rohert  de  Bourgogne.  Nous  di- 
sons  projeter,  car  le  mariage  n'eut  certainement  pas  lieu,  et  cette  troi- 
sieme  fille,  nommee  Jeanne,  epousa  cinq  ans  apres  Philippe  de  Valois 
qui  dcvint  plus  tard  roi  de  France. 

(2)  Gui  de  Chatillon,  comte  de  Blois ,  epousa  le  22  juillet  joog  Mar*' 
guerilc,  fille,  non  de  Catherine  de  Courtenay,  mais  de  Marguerite 
d'Anjou,  premiere  femme  de  Charles  de  Valois,  morte  le  5i  de- 
cembre  1299. 

(5)  Le  25  mai. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  369 

vesperas ,  iii  tlioecesl  Parislensi  proecipue ,  dIx  tam 
copiosa  et  damiiosa  iilmium  et  impetuosa  tam  ex  la- 
pidibus  grandibus  et  grossis  (i)  descendentibus ,  quam 
ex  ventorum  flatu,  vehementer cecidit  tempestas.  Tunc 
cum  granis  segetes  et  cum  botris  vineae  perierunt; 
pkn^es  arbores  radicitus  sunt  evulsae.  Campanlle  ec- 
clesiee  parrochialls  deCaprosIa  ex  impetu  venti  corruit 
ipso  die. 

^Estatls  fervore  transacto ,  Papa  et  cardinales  om- 
nes,  soluta  ad  tempus  curla,  ab  urbe  Plctavis,  ubi 
dlu  steterant,  recesserunt.  Papa  siquldem  ad  terram 
suae  iiativltatis  properans  (2),  cumpau.cls  cardlnallbus 
secum  relentis,  illlc  et  circa  postmodum  dicllurrese- 
disse,  llcentiatis  caeterls  et  ad  tempus  ad  Invicem  se- 
paratls. 

Guichardus  Trecensls  eplscopus  pro  suspecto  vehe- 
menter  habetur,  quod  mortem  Johannae  reglnae  quon- 
dam  Franciae  et  Navarrae  (5)  quibusdam  procurasset 
sortlleglis  aut  veneno  ;  propter  quod  audlta  etiam  su- 
per  hoc  quorumdam  deposltlone  testlum  ,  vldelicet 
falsorum  prout  sequenlla,  quamvls  longo  tempore , 
probaverunt ,  capltur,  diutlusque  sub  carceris  arcta 
custodia,  etlam  de  voluntate  summi  pontlficls,  prout 
ferebatur,  maxime  postquam  ad  ejus  nolltlam  testlum 
ipsorum  pervenit  deposltlo ,  detinetur. 

Inter  nobiles  ac  potentesjuvenes,  Erardum  scllicet 
de  sancto  Veranno,  et  Oudarduni  de  Monteacuto  ,  na- 
lIoneBurgundum,  ut  aiunt,  dissentionesuborta,  tan- 

(i)  Ms.  n°  999,  ex  lapidibus  gj-andis  grossis ;  peut-etre  faut-il  lire 
grandinis  grossis. 

(2)  (t  Cest  assavoir  a  Bourdiaux.  »  Grandcs  Chron.,  t.  V,  p.  181. 
(5)  Premiere  femme  de  Philippe  lc  Bel,  morte  lo  -i  avril  i5o5. 
I.  ll\ 


370  COISTINUATIO  CHRONICI 

dem  ex  utraque  parte  multis  nobillbus,  die  festi  beati 

Dionysii  (i),  in  comitatu  Niveinensi  congregatis  pro 

habendo  conflictu  juxta  mutuum  utriusque  condictum, 

videlicet  ex  parte  dicti    Erardi  comite  Sacri  Caesa- 

ris  (2),   Drocone   de  Mellento,    domino   Milone  de 

Noeriis  cum  aliis  multis  :  ex  parte  vero  praefati  Ou- 

dardi  delphino  Alverniae,  domino  Beraudo  de  Marco- 

lio,  filio  comitis  Boloniae  (3),  tribus  fratribus  qui  de 

Vienna  communiter  appellantur,  aliisque  quampluri- 

bus,  arcte  nimis  et  valde  celeriter  consummatus  est 

conflictus  inter  ipsos  (4).   Cessit  autem  Erardo  insi- 

gnis  victoria,  et  de  parte  Oudardi  dictus  Beraudus  de 

Marcolio  cum  quibusdam  aliis  fuit  captus ;  quare  se 

reddidit  comiti  Sacri  Caesaris,  utdicebant.  Postmodum 

tamen  rex  Franciae  dictum  Erardum  pluresque  alios 

capi  fecit  et  diversis  prisionibus  detineri. 

Albertus  Romanorum  rex  a  quodam  nepote  ex  so- 
rore,  ut  dicitur,  interfectus  decessit;  cui  Henricus 
comes  Luceraburgi,  milessiquidem  strenuus,  prudens 
ac  fidelis  successit  in  regno  (5). 


(i)  Le  9  octobre. 

(2)  Jean  II,  comte  de  Sancerre.  —  Le  nom  suivant  a  ete  corrige 
dans  le  Ms.  49^"  A  en  Drocone  de  Melloto;  les  Grandes  Chron.  ap- 
pellent  ce  seigneur  Dreue  de  Mello.  Yoy.  le  P.  Anselme,  t.  VI,  p.  62. 

(5)  Robert  IV,  dauphin  d'Auvergne  et  de  Ciermont.  —  Beraud  de 
Mercoeur,  son  beau-pere.  —  Robert  VII  dit  le  Grand,  conite  d'Au- 
vergne  et  de  Boulogne,  qui  succeda,  l'an  i3i4,  a  Robert  VI,  son  pere. 
—  Les  trois  freres  de  Vienne  etaient  peut-etre  les  trois  fils  d'Hum- 
bert  I",  dauphin  de  Viennois. 

(4)  Texte  retaljU  par  d'Achery.  Les  Mss.  donnent  cu?isu/nnialuni 
committitur  intcr  ipsos. 

(5)  Le  predecesseur  d'Henri  VII,  Albert  I<"  d'Autriche,  roi  des 
Pvomains  et  empereur  d'Occident,  fut  assassine  par  son  neveu  Jeaii 
d'Autriche  princc  de  Souabe  ,  le  i"  niai  i5o8. 


GUILLELMI  DK  iNxiiNGIACO.  ?571 

Clrca  Purlficatlonem  beatae  Vii-^inls,  filia  Robrrli 
comitis  Clari  Montis,  uxor  Joliaiinis  de  Natiiiircio, 
Parisius  defuncta  sepelitur.  Post  quam  ipse  Joliannes, 
quasi  anno  postmodum  revoluto,  filiam  dominae  Blan- 
chse  de  Britannia  (i)  desponsavit. 

Indulgentia  magna  valde  quae  a  Clemente  papa,  anno 
praecedenti  dum  esset  Pictavis,  transfretantibus  vel  (2) 
pecuniam  suam  iargientibus  in  subsidium  Terrae 
Sanctse  concessa  erat,  cujusexecutorem  vel  receptorem 
magistrum  Hospitalis  transmarinum  constituerat,  per 
rcgnum  Franciae  publicatur;  factumque  est  ut  in  ec- 
clesia  beatae  Marise  Parisius,  et  pene  in  omnibus  aliis 
regni  ecclesiis  statuerentur  gazophylacia  ad  pecuniam 
reponendam,  quae  illic  a  devotioiie  populi ,  duraute 
dumtaxat  illa  indulgentia,  videlicet  usque  ad  quin- 
quennium,  deferretur;  in  quibus  multi ,  in  exordio 
publicationis  prsecipue,  raulta  dicebantur  misisse. 

Stephanus  quidara  noraine  de  Verbia,  Suessionen- 
sis  dioecesis,  accusatus  coram  inquisitore  Iiaereticae 
pravitatis  super  quibusdam  blasphemiae  verbis ,  raa- 
ximecirca  corpus  Christi,  confessus  est  ea  se  dixisse, 
sed  tunc  non  erat  bene  corapos  raentis,  quia  nimis 
biberat  in  taberna,  nec  aliqua  quae  dixerat,  licet  male 
viderentur  sonare ,  tamen  ea  non  protulit  in  contume- 
liam  Creatoris  vel  contemptum,  sed  subreptitie,  et 
de  hoc  poenitebat  et  petebat  sibi  misericorditer  indul- 
geri;  quod  et  factum  est  de  consilio  peritorum,  in- 
juncta  tamen  prius  poenitentia  salutari. 

(t)  Marie  d'Artois,  fille  de  Philippe  d'Artois  scigneur  de  Conches, 
etdeBlanche  de  Bretagne;  soeur  du  fameux  Robertd'Artois.  Yoy.  ci- 
dessus,  p.  568,  not.  i. 

(1)  Moj;  ajoutc  par  d'Achery. 


372  CONTINUATIO  CHRONICI 

MCCCIX. 

Circa  feslum  Pentecostes  (i  \  filius  regis  Arragonum 
habito  conflictu  contra  regem  Granatae  Sarracenum, 
ingenti  Sarracenorum  caede  facta  gloriosam  victoriam 
reportavit, 

Mense  junio  Henricus  in  regem  Romanorum  nuper 
electus  concorditer....  solemnes  nuntios  et  arabassia- 
tores  cum  electionis  suae  decreto  misit  Avenioni,  ad 
petendam  benedictionem  et  consecrationem  imperii- 
que  (2)  corooam  de  manu  summi  pontificis ,  necnon 
ipsius  et  ecclesiae  Romanae  favorem  et  graliam  consue- 
tos.  Cujus  votis  et  postulationibus  plene  satisf[aciens, 
ejus  electionem]  (3),  ad  sustinendam  imperialis  celsi- 
tudinis  dignitatem  ,  de  consilio  facto  circa  finem  julii 
mensis,  solemniter  approbavit;  eidem  ,  ad  consecra- 
tionem  et  coronam  imperii  sumendam  in  basilica 
principum  apostolorum  de  Urbe,  [tempus  assi- 
gnans]  (4)  ad  festum  Purificationis  beatae  Marige  futu- 


(i)  Yers  le  18  mai 

(2)  Correction  de  d'Achery.  Les  Mss.  donnent  et  consecr.  impeni, 
quia  coronnm,  etc. 

(3)  Les  3Iss.  portent  :  Cujus  votis  et  postulationibus  plcne  suffi- 
cientem  et  humileni  ad  susiin.,  etc.  Les  precedents  editeurs  ont  im- 
prime  :  plene  satisfecit ,  et  electum  ad ,  etc.  Kous  conservons  le  sens 
de  cette  correction  de  d'Achery  ,  mais  en  l'exprimant  d'une  maniere 
qui  nous  senible  ressortir  plus  naturelleraeut  du  textealtere  des  Mss. 

(4)  D'Achery  a  cherche  a  completer  cette  phrase  qui  est  evidem- 
ment  tronquee  dans  les  Mss.  II  a  imj)rime  eidem  ad  consecrationem.... 

in  basilica de  arbe  concedens  :  et  Concilium  adfestum,  etc;  cette 

restitution ,  adoptee  par  tous  les  autres  editeurs,  ne  nous  s&mhle  pas 
heureuse.  Concedens  n'a  point  de  regime  dans  le  premier  membre  de 
phrase;  quant  a  celui  que  d'Achery  lui  a  donne  dans  le  second 
niembrc  concilium,  il  est  mal  choisi ,  car  les  chroniqueurs  contempo- 
rains  qui  onl  racontc  ce  fait  n'ont  parle  que  de  l'epoque  fixce  pour  le 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  373 

riim  iisquead  bieniiium,  computanclo  a  proximo  fcsto 
Purificationis  ejusdem ,  et  salvo  quod  eidem  summo 
pontifici  absque  inconstantiae  nota  ,  scilicet,  quando 
et  qualiter  et  quoties  expedire  sibi ,  pro  occasione 
concilii  generalis  [vel]  (i)  alias,  videretur,  prsefixum 
et  praedictum  terminum  prorogare  liceret. 

Papa  Clemens  palam  in  palatio  suo  Avenioni  inti- 
mationem  quamdam  appendi  fecit,  ut  aiunt,  in  qua 
continebatur  quod  generaliter  omnes  et  singuli,  qui 
in  facto  denuntiationis  ,  accusationis  seu  appellalionis 
contra  papam  Bonifacium  pro  vel  contra  vellent  pro- 
cedere  quoquomodo,  qualitercumque  prsemissorum  (^2) 
sufficienter  instructi,  infra  dominicam  qua  cantatur 
Ociili  (3),  si  sua  crederent  interesse,  se  Papae  con- 
spectui  praesenlarent;  alins  super  hoc  deinceps  nulla- 
tenus  admissa  (4),  quinimo  ex  tunc  eisdem  omni  de- 
negata   audientia,  perpetuum    in   hac   parte  imponi 


couronncruent  de  lenipereiir,  et  nullenient  d'un  terrae  pris  jiour  la 
convocation  d'un  concile.  Voici  a  ce  sujet  un  passage  de  la  Fic  de  Cle- 
ment  V,  par  Bernard  Guidonis.  Papa  vero  ejus  eleclionem  ndniisit  ct 
confirmavit  in  Avenione  mense  julii  subsequenti....  et  coronationem 
imperii  promisit ,  tempus  eidem  assignans  ut  afesto  Purijicatinnis  ad 
duos  annos  Romani  veniret  coronam  imperii  recepturus.  Baluze  ,  Vitce 
papar.  Avenion.,  1. 1,  col.  70.  Yov.  encore  le  meme  auteur,  ib.  p.  67, 
etles  Grnndcs  Chron.,  t.  Y,  p.  i83. 
(i)  11  y  a  ici  un  blanc  dans  les  Mss. 

(2)  LecoQ  du  Ms.  999.  Le  Ms.   435  porte  qualiter  de  prcemissa. 
D'Acherv  a  corrige  qualitercumque  de  prcemissis.  Cest  lui  aussi  qui 
a  imprime  plus  haut  omnes  et  singuli ,  au  lieu  de  in  omnibus  et  si/i 
gulis,  que  donnent  tous  les  Mss. 

(3)  C'est-a-dire  le  dimanche  ou  Tintroit  de  la  messe  commencc  par 
le  mot  oculi,  c'est  le  troisieme  dimanche  de  careme,  qui ,  cn  i5io, 
tomhait  au  11  mars. 

(4)  Dans  lcs  precedentcsedit.,  ndmitli.  C'eltc  corrcclion  de  d'Achcry 
ne  nous  scml)lc  pas  ncccssaire. 


374  CONTINUATIO  CHRONICI 

silentium  ipso  facto.  Interquos  specialiter  et  expresse 
G.  de  INogareto,  militem  de  quo  supra  (i) ,  dicebant 
ad  assignatam  diem  fuisse  "vocatum  personaliter  et  ci- 
tatum.  Qui  siquidem  ad  assignatam  diem,domini  G. 
de  Plaissiaco,  astuti  militis  et  discreti,  aliorumquc 
potenti  comitiva  vallatus  Avinioni  comparens,  tan\ 
appellationemcontra  papam  Bonifaciumfactam,  quam 
objecta  crimina  eidem  innovavit,  eaque  legitime  pro- 
bare  se  offerens,  cum  instantia  petiit  ipsius  ossa  tam- 
quam  haeretici  exhumari,  accenso  (2)  igne  debere  com- 
buri  :  parte  nihilorainus  adversa,  scilicet  quoruradam 
cardinalium  et  aliorum  quamplurium,  qui  causamBo- 
nifaciipapae  fovebant,  se  in  contrarium  viriliter  oppo- 
nente,  et  tam  circa  facti  substantiam  (3 )  quampraedicti 
Guillermi   personam  mulla  gravia  et  enormia  retor- 


( I )  Tous  les  Mss.,  de  quo  sibi  dicebant ;  d'Achery  a  supprime  le  mot 
sibi,  rnais  ajant  laisse  le  verbe  dicebant  daiis  une  phrase  incidentc, 
de  quo  dicebant  fuisse  citatum,  etc,  il  a  ete  oblige  de  completer  la 
phrase  par  Taddition  du  verbe  adscribunt.  Cette  addition  devient  inu- 
tile  par  le  changement  de  sibi  en  supra,  qu'autorise  d'ailleurs  le  texte 
des  Grandes  Chron. ;  «■  entre  lesquiels  Guiilaunie  de  Nogaret,  clie- 
valier  dei'ant  dit.  »  T.  V,  p.  i85. 

(a)  Telle  est  la  lecon  de  tous  les  Mss.  Lesedit.  portent  ac  etiam  igne. 

(3)  Cette  lecon  est  conforme  au  Ms.  435  ,  et  l'on  ne  sait  vrainient 
par  quelle  distraction  d'Achery  a  pu  faire,  du  mot  abrege  sbarn{sub~ 
sianiiam),  Sebastiani,  nom  qu'il  a  suppose  s'appliquer  a  I'un  des  ad- 
versaires  de  Boniface  VIII.  MM.  les  editeursdu  vingtieme  volume  des 
Hist.  de  Fr.  ont  declare  ce  passage  desespere,  locus ,  ut  multi  alii, 
dcspcratus.  (P.  600,  not.  1.)  Cependant  ils  avaient  les  eleraents  d'une 
restitution  satisfaisante  dans  fa  partie  de  la  Chron.  de  Saint-Dcnjs 
qu'ils  ont  eux-niemes  publiee  :  «  Mais  la  partie  adverse —  s'op})osa 
appertement  tant  environ  la  substance  dufait,  comme  contre  la  per- 
sonne  dudit  Guillaumc,  etc.  »  (P.  685  A  du  menie  volume.)  Ce  pas- 
sage  justifie  aussi  raddilion  indispensablc  dii  niot  Inm,  supplcc  par 
d'Achery  ct  qui  nKinquc  clans  lous  lcs  Mss 


GUILLELMI  DE  NA^GIACO.  375 

(|ueiile.  Sicque  negotium  ipsum  usque  ad  plenioreni 
super  hocdeliberationem  fuit  positum  in  suspenso. 

Tertio  kalendas  novembris  (i),  ab  occidente  hie- 
mali  vel  quasi ,  tam  vehemens,  per  unam  horara  et 
amplius,  irruit  ventus,  quod  ad  ejus  impetum  arbores 
quamplures  multaque  aedificia,  necnon  pinnaculum 
sancti  Macuti  de  Pontlsara  corruerint.  Arcus  etiam 
magni  lapidei  qui,  a  parte  orientali  ecclesiae  sancli 
Dionysii  in  Francia,  magna  ejus  subportant  stillici- 
dia  (2),  quamvis  ad  terram  non  corruerint,  teslanti- 
bus  tamen  eorum  oculis  qui  viderunt ,  vacillasse  (3) 
concussique  fuisse  dicebantur,  ut  mox  ad  terram  coi- 
ruere  putarentur.  Ullima  die  mensis  januarii  posl  mc- 
ridiem,  per  unam  horam  et  viginti  quatuor  minutas 
visa  est  eclipsis  solis  in  sui  medio  slta ,  scilicet  quod 
centrum  lunae  fuit  juxta  centrum  soiis,  et  tunc  fuit 
conjunctlo  solis  et  lunaejuxta  vicesimum  Aquarii  gra- 
dum.  Dmavit  autem  ista  ecllpsis  a  principlo  usque  in 
finem  per  duas  horas  naturales  et  ampilus,  qua  in  hora 
eclipsis  aer  crocei  vel  rubei  coloris  apparuit.  Hujus 
causam  assignabant  astronomi,  dicentesquod  in  punclo 
eclipsis  Jupller  dominium  Inter  tunc  croceo  fulgore 
vel  aureo  collocavlt  (4). 


(i)  Le  5o  octobre. 

(2)  Tous  ies  JMss.  portent  suborln  stillicidia.  D'Aclierv,  ])Oiir  rcs- 
pecter  ce  mot  qui  n'a  ici  aucun  sens,  a  ete  oblige  d'en  ajoulcr  trois 
autres,  que  ne  donne  aucun  Ms.  Arcus....  qui  a  parte  orientali  sunh 
ecclesice  s.  D.  in  Francia  ob  magna  ejusmoAi  suborta  stellicidia,  etc. 

(3)  Correction  de  d'Achery  pour  sibi  vallasse,  lecon  des  Mss. 

(4)  D'Acherv  a  corrige  colnravit.  ce  qui  ne  donne  pas  un  seus  a  ccUe 
phrasc.  Je  soupconne  que  ies  six  niols  qui  la  terminent  depuis  tunc 
ne  sont  qu'une  repelition  de ia  pluasc  precedcnte. —  «  Et  ia  cause  cstoil , 
disent  lcs  Graiidcs  Chron.,  sclonc  lcs  astronomiens,  car  Jupiter,  aii 


376  CONTINUATIO  CHRONICI 

Inter  Angllae  regem  (i)  et  ejus  barones,  occasione 
cujusdam  militls  nomine  Petri  de  Gavastone  natlone 
Vasconls,  dudum  [quidem  ut  dlcebatur]  (2)  de  regno 
Anglise  bannlti,  sed  jam  ad  tantam  regls  famlliarltatem 
assumpti ,  ut  comitatum  sibi  Linconiensem  possiden- 
dum  hereditate  conferret,  multasque  novitates,  ut  di- 
cebnnt,  ad  ejus  suggestionem  constltueret  contra  om- 
nium  voluntatem  et  patrise  consuetudlnem,  quae  In 
prcejudlcium  regni  et  eorum  statuta  conarentur  (3); 
orta  est  dissensio  gravis  adeo  etacerba ,  quod  proceres 
ipsi  contra  regem ,  tam  occasionepraeraissa  quam  sim- 
plicitate  sua  seu  fatultate,  conjunctl  (4),  ipsum  quem 
sic  habebant  exosum  non  solum  medlocriter  pertur- 
bassent,  quinimo,  ut  communls  asserebat  oplnio,  ab 
omni  mlnistratione  regni  privassent,  nisi  ob  gratiam 
regls  Franclse  ejusque  fillae  reglnae  AngUae,  quae  se 
ipsam  baronlbus  gratiosam  et  amabilem  exhibuerat, 
refrenati  fulssent. 

Fratres  Hospitalaril  cum  multltudine  populi  chrls- 
tlani  apud  Rhodum  insulam,  de  qua  per  (5)  Sarrace- 
nos  fuerant  fideles  expiilsi ,  transfretasse  dicuntur,  et 
ibi  laudabillter  se  gessisse. 


point  de  l'eclipse,  avoit  la  seigneurie  entre  les  cinq  planetes.  »  T.  Y, 
p.  186. 

(i)  Edouardll,  marie  Tannee  precedente  a  Isabellc  fille  de  Plii- 
lippe  le  Rel. 

(2)  Correction  de  d'Acliery.  Les  Mss.  donnent  sit/iciftem  dicebat. 

(5)  D'Acliery  a  conige  ainsi  :  quce  in  pircjudicinm  vci^in  el  contra 
stntuta  convcrterentur. 

(4)  Conjunctiow  conjurnti  contra  regem.  Le  mot  co/zt^/c// (convain- 
cns),  donne  par  lcs  Mss.  et  .idopte  par  tous  lescdileurs  ue  formc  pas 
un  sens  salisfaisant. 

(5)  I.es  Mss.  jiorlcnl  npud. 


GUILLELMI  DE  NANGL\CO.  377 

MCCCX. 

Clemens  papa  generaleconcilium,  quodad  instantes 
kalendas  octobris  indixerat,  ad  kalendas  mensis  ejus- 
dem  annorevoluto  subseculuras  prorogare  decrevit. 

Concilium  Senonensis  provinciae  propter  factum 
Templariorum  ab  undecima  dle  ad  vigesimam  sextam 
diera  octobris  (i),  Philippo  tunc  archiepiscopo  praesi- 
dente,  Parisius  celebratur.  Illic  sane  Templariorum  sin- 
gularium  factis  et  ea  tangenlibus  dibgenter  inspectis, 
pensatisque  eorum  demeritis,  necnon  qualitate  cir- 
cumstantiarum,  cum  multiplici  veritatepensenda  (2)  ut 
secundum  mensuram  delicti  esset  et  plagarum  modus^ 
juxta  consilium  tam  in  jure  divino  quam  canonico 
peritorum,  sacro  approbante  concilio  adjudicatum  est 
ac  etiam  diffinitum  quosdam  ex  ipsisab  ordine  simpli- 
citer  absolvi ,  quosdam  vero,  postperactam  eis  injunc- 
tam  poenitentiam,  liberos  et  illaesos  abire  permitti , 
alios  autem  sub  arcta  carceris  custodia  detineri,  alios- 
que  quamplures  inclusione  muri  perpetuo  circum- 
cingi ;  sed  eorum  nonnullos ,  tamquam  relapsos  in  hse- 
resim,  tradi  curiae  saeculari,  quod  tunc  permittunt 
canonicae  sanctionesj  eis  hujuscemodi  sicrelapsis,  qui 


(i)  Mss.,  xi^  die  xxvi^  diesecundo.  JXous croyons  pouvoir  corapleter 
ainsi  la  correction  de  d^Acheiy,  qui  a  imprime  ab  xi  die  ad  xxvi  diem 
secundo  Philippo,  etc.  Le  mot  sccundo  que  nous  remplacons  par  oc- 
tobris  n'a  aucun  sens,  Philippe  de  Marigni,  qui  siegeait  en  i5o8,  ayant 
ete  le  premier  archeveque  de  Sens  de  ce  uoni. 

(2)  Tout  ce  passage  a  ele  retouche  par  d'Achei7 ;  nous  avons  tache 
de nous  tenir  un peu  plus pres  des  textes  qu'il  ne  l'avait  fait.  Voici  la  lecon 
des  .Mss.  :  pensalis  eonimque  dcmerilis  qualilatc  necnon  circumstan- 
liarum  ctim  multiplici  i^eritatc  pensanda  et  (ou  pensandwn  ut)  secun- 
dum  mensuram .  etc. 


378  CONTINUATIO  CHRONICI 

tltiilo  (i)  clericalis  militiae  fueraiit  adscripti  vel  in  sa- 
cris  ordinibus  constituti ,  primitus  ab  episcopo  degra- 
datis ,  quod  et  factum  est.  Tunc  itaque  quinquaginta 
uovem  Templarii  foras  civitatem  Parisius,  in  campis 
vldelicet  ab  abbatia  monialium  quae  dicitur  sancti 
Antonii  non  longe  dlstantlbus,  Incendlo  fuerunt  ex- 
stinctl.  Qul  tamen  omnes,  nullo  excepto,  nil  omnlno 
fjnallter  de  Impositis  sibl  crlminlbus  cognoverunt  (2) , 
sed  constanter  et  perseveranter  in  abnegatlone  com- 
munl  perstiterunt ,  dicentes  semper  sine  causa  mortl 
se  traditos  et  Injuste  :  quod  quldem  muitl  de  populo 
non  absque  raulta  admlratione  stnporeque  veliemenli 
consplcere  nuUatenus  potuerunt. 

Circa  idem  tempus ,  apud  Silvanectum  provlnclae 
Remensls  concllium  convocatum,  et  IlIIc,  quasi  con- 
simlli  (3)  in  Senonensls  provlnclee  conclllo  celebrato 
Parlsius,  super  Templarlorum  facto  dellberatlone  prae- 
liabila,  novem  Templarli  concremantur. 

Ludovicus  Robertl  Clarimontls  fillus,  sororem  co- 
mltis  Hanonlae  (4)  desponsavit;  ejus  quoque  frater, 
Johannes  nomine,  comitissam  [Suesslonensem]  (5) 
accepit  in  uxorem. 

Clemens  papa  quamdam  buUam,  ut  dicltur,  a  cardi- 

(1)  Mss.,  canonicce  sanctioncs  eis  qui  dcvicti  liujusccniodi  sic  relap- 
sos  tilulo ,  etc. 

{•})  Ou  mieux  recognovcrunt.  Voir  les  Grandcs  Cliron.,  t.  \,  p.  187. 

(3)  Mss.,  concilium  canonicum  ct  illi  quasi  consilii  in,  etc;  texte 
ictabli  par  d'Acliery. 

(4)  Marie,  fiile  de  Jean  d'Avenes. 

(5)  Cc  noiii  cst  en  blanc  dans  les  Mss.  et  dans  lcs  edit.  precedenlcs; 
niais  d'autrcs  docunicnts  uous  apprcnnent  quc  Jcanne,  veuve  d'Hugucs 
de  Ncsie  conile  dc  Soissons,  sc  reniaria  a  Jcan  de  Clermout  baron  dc 
Charolais. 


m 


GLILLELMI  DE  NANCilACO.  370 

nall  Jacobo  Gajetani ,  aliis  quoque  quondam  papae  Bo- 
nifacii  partem  foventibus  praesentatam,  per  quam  ad- 
versam  ei  partem  impugnare  volebant;  prsesertim  cum 
in  ea  contineretur  expresse,  quodPapa,  de  consilio 
fratrum  unanimique  consensu,  appellationes  omnes 
et  processus  contra  papara  Conifacium  attentatos  ina- 
nes  et  irritos  decernens,  partemque  ejus  multipliciter 
commendans,  reputabat  ipsum  super  objectis  ei  cri- 
minibus  innoxium  et  insontem,  in  pleno  consistorio, 
ut  aiunt,  fecit  destrui  tamquam  falsam. 

Circa  festum  Pentecostes  accidit  Parisius  quod  quee- 
dam  pseudo-mulier  de  Hanonia ,  nomine  Margareta, 
dicta  Porrette  (i) ,  quemdam  librum  ediderat,  in  quo , 
omnium  theologorum  judicio  qui  ipsum  diligenler 
examinaverunt,  multi  continebantur  errores  et  haere- 
ses,  et  inter  cseteras,  quod  anima  annihilata  in  amore 
conditoris  sine  reprehensioneconscientiae  vel  remorsu 
potest  et  debet  naturte  quidquid  appetit  et  desiderat, 
[concedere]  (2),  quod  manifeste  sonat  in  haeresim. 
Dum  libellum  hunc  aut  in  eo  contentos  errores  abju- 
rare  nollet,  quinimo  latam  in  se  excommunicationis 
sententiam  ab  inquisitore  haereticse  pravitatis  (5)  , 
quia  coram  ipso  sufficienter  monita  comparere  nole- 
bat ,  per  annum  vel  amplius  pertinaci  sustinuisset 
animo,  in  sua  malitia  finaliter  indurata  ,  tandem  in 
communi  platea  Graviae ,  coram  clero  et  populo  ad  hoc 
specialiter  evocatis,  de  peritorum  consilio  exposita  est, 
ettradita  curiae  seeculari.  Quam  Parisiensis  preepositus 


(1)  Mss.  999  ct  4921  A,  Poirette. 

(2)  Ce  dcrnier  niot  a  ete  ajoiite  par  d'Acherv. 

(5)  D'Achery  avait  ajoule  ,  mais  sans  necessite  ,  le  mol  conicnincrcl. 


380  CONTINUATIO  CHRONICI 

in  sua  potesLate  statim  accipiens,  ibidem  in  crastino 
incendio  fecit  exstingui.  Multa  tamen  in  suoexitupoe- 
nitentiae  signa  ostendit  noJiilia  pariter  ac  devota,  per 
quae  multorum  viscera  ad  compatiendum  ei  pie  ac 
etiam  lacrymabiliter  fuisse  commota  testati  sunt  oculi 
qui  viderunt.  Eodem  die  quidam  de  judaismo  dudum 
ad  fidem  conversus,  dum  iterum  sicut  canis  ad  vomitiun 
reversus,  in  contemptum  beatse  Virginis  super  ejus 
imagines  conspuere  niteretur,  ibldem  incendio  con- 
crematur  temporali,  transiens  ad  sempiternum  (i). 
Tunc  etiampseudo-quidam,  Guiardus  nominede  Cres- 
sonessart,  qui  Angelum  Philadelphice  a  Deo  immediate 
missum  ad  confortandum  adhaerentes  Cliristo  se  nomi- 
nans,  dicebat  quod  nec  cingulum  pelliceum  quo  erat 
pr8ecinctus,nec  habitumquo  erat  indutus  ad  mandatum 
Papae  deponere  tenebatur,  imo  Papa  preecipiendo  pecca- 
ret,  tandem  incendii  [timore]  (2),  habitum  cingubim- 
que  deponens,  et  errorem  suum  finaliter  recognoscens, 
adjudicatus  est  perpetua  muri  inclusione  praecingi. 

Lugdunenses  rebelHonis  spiritu  assumpto  contra 
regera  Franciae  Phibppura,  castrum  regni  quod  dici- 
tur  sancti  Justi  violenter  diriplunt,  ingeotique  vallo 
circa  civitatem  seipsos  satagunt  reddere  fortiores.  Ad 
quorum  expugnationem  rex  Franciae  primogenitum 
suura  Navarrse  regem  cum  duobus  ejus  fratribus  et 
corum  avunculis,  una  cura  exercitu  copioso,  circa  fes- 
tum  sancti  Johannis  Baptistse  ,  destinare  decrevit.  Illic 
sane  inclyta  et  ielicia  juventutis  suee  primordia,  etsi 

(ij  Corrcction  de  d'Achery.  Les  Mss.,  tcmpovnlis  recipiens  scmpi- 
terniim.  Plus  haut  nous  avous  niis  dum  au  lieu  dc  cst,  revcrsits  au 
lieu  de  convcrsiis  (rapres  Ic  Ms.  4921  A. 

(9.)  Timorc  ,  ajoulc  par  d^Acher}'. 


i 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  381 

alias  in  talibus  inexperta,  [necdum]  (i)  cingiilo  mili- 
tia3  praecinctus,  adeo  laudabililer  exeicere  curavit  vel 
providit,  ut  suae  sagacitatis  et  probitatis  industria  cunc- 
lis  amabilem  et  gratiosum  se  exliibens,  suorum  mi- 
rabili  afFectu  junxerit  sibi  corda.  Dum  itaque  hostes  a 
nostris  assultum  sibi  imminere  considerarent,  illico 
timore  percussi ,  seipsos  et  urbem  regis  subjiciunt 
ditioni.  Sed  et  archiepiscopus  civitatis  PetrusdeSabau- 
dia  nobilitate  pollens ,  qui  eorum  capitaneus  principa- 
lis  et  totius  rebellionis  occasio  videbatur,  per  deditio- 
nem  a  comite  Sabaudiee  ad  regem  Philippum  in 
Francia  adductus  ,  veniam  de  commissis  petens,  tan- 
dem  ad  magnatum  obtinuit  interventum. 

Ossa  cujusdam  Templarii  dudum  defuncti ,  Johannis 
nomine  de  Thuro,  quondam  thesaurarii  TempliPari- 
sius,  exhumantur,  et  tamquam  haeretici  condem- 
nati  (2),  scilicet  in  processu  jam  facto  contra  Tem- 
plariorum  ordinem  et  cujus  pars  (3)  in  palam  revelata 
fuit,  comburuntur. 

Henricus  Romanorum  rex,  cumduce  Austriae,  Leo- 
diensi  episcopo  multisque  aliisprincipibus,  cum  exer- 
citu  copioso ,  per  comitatum  Sabaudife  Italiam  intrans, 
primo  apud  Astensem  urbem ,  et  deinde  apud  Medio- 
lanum,  vigilia  Nativitatis  dominicae,  cum  honore  sus- 
ceptus,  in  festo  epiphaniae  Domini  in  ecclesia  sancti 
Ambrosii  a  Mediolaiiensi  episcopo  corona  ferrea,  una 
cum  uxore  sua ,  multis  praelatis  praesentibus ,  honori- 
fice  coronatur.  Quo  peracto,  in  ipsa  civitate  cum  op- 

(i)  Correction  de  d'Achery,  au  lieu  de  necnon,  que  douaent  les 
Mss.  Louis  en  effet  ne  fut  fait  chevalier  qu'en  i3i5. 

(2)  Condemnati ,  correction  de  d'Achery.  Les  Mss.,  quodani  alias. 
(5)  Mss.,  etparx  in  palam  revclata  ou  revelatamfuit. 


382  CONTINUATIO  CHRONICI 

posita  slbi  parte  couflictum  habuit,  eosque  potenter 
et  celeriter  subjugavit,  ut  meritosuisadversariis  timo- 
rem  incuteret  et  tremorem. 

Hoc  eodem  anno  facla  est  mutatio  inter  archiepisco- 
pum  Narbonensem  et  Rothomagensem ;  nam  cum  Ro- 
thoraagensis  archiepiscopus,  Bernardus  nomine, 
nepos  Clementis  papae ,  propter  juventutis  suse  inso- 
lentiam  cum  Normannis  nobibbus  pacem  bonam  non 
haberet,  eo  translato  ad  archiepiscopatum  Narbonen- 
sern,  jEgidium  pro  tunc  Narbonensem,  praecipuum 
regis  consiliarium,  prudentem  in  aglbilibus  et  utro- 
que  jure  peritum,  ad  Rothomagensis  archiepiscopi 
transtulit  dignitatem. 

Variis  circa  factum  Bonifacii  papae  processibus  ha- 
bitis  hinc  et  inde,  papa  Clemens,  de  innocentia  regis 
Franciae  et  suorum  super  captione  et  assultu  papse  Bo- 
nifacii  apud  Anagniam  ,  necnon  rapina  vel  dispersione 
thesauri,  seu  aliis  quibuscumque  quae  in  conflictu  vel 
facto  hujus  caplionis  fuerant  attentata,  tam  per  con- 
fessionem  et  assertionem  Guillermi  de  Nogareto  mili- 
tis  cui  ista  imponebantur,  quam  alias  inquisitione  su- 
per  his  dibgenti  praehabita  sufticienter  instructus,  per 
suas  Htteras  patentes,  de  consilio  fratrum,  auctoritate 
apostolica  pronuntiavit,  declaravit  pariter  etdecrevit 
regem  ipsum  in  praemissis  omnibus  omnino  inculpa- 
bilem  fuisse,  et  [quod]  (i)  in  appellationis  negotio  vel 
processu  objectores,  denuntiatores  aut  assentores  prae- 
dictos  ad  denuntiationes,  objecliones  vel  assentiones 


(i)  Ce  qui  suit  faisant  aussi  partie  de  la  sentence  du  pajie  (voy. 
Uernard  GuiDONis,  Fit,  papnr.  t.  I,  col.  70),  Taddition  nous  a  parii 
iudispensable  pour  rciier  cntre  cux  les  dcux  mcnil)rcs  dc  phrase. 


GUILLELMT  DE  NANGIACO.  383 

contra  personam  ipsius  Bonifacii  papae  factas  praecon- 
cepta  nialignitas,aut  alia  mala  causa  non  impulit,  sed 
catliolicae  fidei  sincerus  aut  justus  zelus  induxit.  De- 
mum  etiam  cum  tam  illi  qui  statum  et  memoriam  Bo- 
nifacii  defendebant  ex  una  parte ,  quam  ipse  rex  pro 
seipso  et  regni  incolis  universis  ,  necnon  objectoribus 
et  denuntiatoribus  praedictis  ex  altera,  ad  summi  pon- 
tificis  attingere  (i),  quod  hujus  negotii  rigorosa  pro- 
secutio  plena  periculis  existebat,  per  (2)  excitatio- 
nem  Liudabilem  et  precum  instantiam  totum  negotium 
et  plenam  decisionem  liberae  ditioni  ac  ordinationi 
sedis  apostolicae  dimiserant ;  de  plenitudine  potestatis 
apostoHcae  regem  ipsum  omnesque  ei  adhaerentes  in 
hac  parte,  regnum  et  universos  ejusdem  incolas  ab 
omnibus  culpis,  ofFensis,  injuriis  aut  sententiis  qui- 
buscumque  latis  per  papam  Bonifacium,  ab  homine  vel 
a  jure  intliclis,  [in  eum]  (5)  sive  successorem  ejus,  in 
eos  auteorum  alterum,  publice  vel  occulte,  vel  [qua- 
cumque]  occasione  praemissorum  aut  alicujus  eorum 
imputari  seu  infligi  quomodolibet  possent  in  posterum 
vel  impingi ,  etiam  si  supponerentur  \el  dicerentur 
captio  praedicta  vel  aliqua  de  praemissis  facta  nomine 
dicti  regis  seu  adjutorum  vel  adhaerentium  praedicto- 
rum,  ad  cautelam  absolvit,  relaxavit  et  penitus  abo- 
levit,  et  de  registris  sententias,  interdicta,  et  omnia  et 
singula  praedictos  processus  tangentia ,  omnino  toUi 
mandavit  et  penitus  amoveri ;  districtius  inhibens, 
ue   quis   sententias,   excommunicationes,    interdicta 

(i)  D'Achery  proposait  de  lire  :  summiim  pontificem  atiingere  ausis. 
(2)  Mot  ajoute  par  d'Acber} . 

(5)  Deuxmots  ajoute  par  d'Achery,  qui  deux  lignes  plus  bas,  a  cor- 
vige  gufe  en-quacumque. 


384  CONTINUATIO  CHROJSICI 

vel  processus  prsedictos  in  scriptis  piiblicis  vel  priva- 
tis  penes  se  retinere  aut  quomodolibet  occultare  seu 
aliis  coraraunicare  praesumat,  sed  litteras,  schedulas, 
membranas  et  alias  quascumque  litteras  pubbcas 
[vel]  (i)  privatas  sententias  ,  et  processus  dumtaxat 
continentesprsedictaspenitus  destruantet  consumant: 
eos  qui ,  in  quatuor  menses  postquam  ad  eorum  noti- 
tiam  mandatum  pervenerit,  et  tempus  lapsum  fuerit 
ita  quod  prsedicta  facere  potuerunt,  non  paruerint 
competenter,  excommunicationis  sententians  (2),  a 
qua  non  possent  absolvi  nisi  in  raortis  articulo  per 
Romanum  pontificem.  Quamvis  autem  a  dicta  absolu- 
tione  suis  litteris  et  earum  effectu  Guillermum  de  No- 
gareto  preediclum,  ac  Reginaldum  de  Supino  mibtes, 
decemque  alios  vel  circiter  Anagniae  cives,  qui  cap- 
tioni ,  assultui  et  deprsedationi  thesauri  preedictis  in- 
terfuisse  specialiter  dicebantur,  nominatim  excluserit 
et  ex  certa  scientia,  intendens  ex  ipsis  per  aliam  viam 
condignae  promissionis  (5)  remedium  exhibere;  fina- 
liter  tamen  Guillermum  de  Nogareto  praedictum,  con- 
sideratione  regis  vel  contemplatione  pro  ipso  suppli- 
cantis ,  ab  omnibus  sententiis  ad  cautelam  absolvit , 
injungens  ei  poenitentiam  ad  cautelam,  videlicet  quod 
in  primo  Terrae  Sanct.ne  passagio  generali  cum  armis 
et  equis  ipse  in  propria  persona  in  Terra?  Sanctae  sub- 
sidium  transfretare  teneretur,  illic  perpetuo  moratu- 
rus,  nisi  a  Papa  vel  successoribus  ejus  subreviationem 
in  posterum  obtinere  etgratiam  mereretur;  injungens 

(1)  Fel,  ajoute  par  d'Achery., 

(2)  Nous  corrigeons  parueriint  cn  pnruerint  ,■  sentcntiam  en  scnten- 
iians. 

(5)  D'Acliery,  cn  niargc ,  cxpintinnis. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  385 

«?tiam  quocl  interini  certas  peiegriiiationes  quas  sibi 
imposuit  efficaciter  adimpleret;  et  sic  eum  omnium 
praemissorum  participem  esse  voluit  et  consortem, 
dummodo  has  poenitentias  devote  susciperet  et,  dum 
vitam  ageret  in  humanis,  cum  effectu  peragerel;  ioso 
mortuo ,  heres  ejus. 

MCCCXI. 

Henricus  Romanorum  rexper  Cremonensem  urbem 
Italiae    transitum    habens   pacificum,    quoniam    pars 
guelfa,  quae  major  et  potentior  erat  in  dominio  (i) 
civitatis  de  Cremona,  una  cum  uxoribus  et  parvulis, 
rebusque  suis  quas  secum  coramode deferre  potuerunt, 
ad  civitatem  Brixiae  guelfam,  quae  propter  piaerupta 
montium,  quae  civitati  supereminebant,  tulior  vide- 
batur,  unanimiter  propter  impcratoris  metum  confu- 
gerant,  relictis  palatiispaucisque  viris  guibelinis;  qui 
audientes  exercitum  imperatoris  soluui  per  duo  mil- 
liaria  distare  ab  urbe,  sumptis  clavibus  civitalis,  qua? 
pacis  sunt  ofFerentes,  ab  eo  pacifice  recepli ,  pacificum 
sibi  praebent  introitum  civitatis.  Satis  vero  post  In- 
gressum  civitatis,  omnes  fortes  doraos  et  turres  illo- 
rum  qui  ad  Brixiam  confugerant  funditus  destruxit, 
portasque  civitatis  egregias  una  cum  muris  corrui  fe- 
cit;  et  ex  his  amplissima  fossata  civitatis  impleri  fecit, 
ita  ut  muri  et  fossata  solo  coaequarent.  Deinde  accepta 
redemptione   multorum  milliura  florenorum  ab  his 
qui  in   civitate  superfuerant ,  ad  civitatem  Brixiae  se 
transtulit.  Quam  rebellem  sibi  Brixiae  civitatem  aj) 
Ascensione  Domini  usque  ad  Nativitatem  beatae  Vir- 

(i)  Corrcction  ded'Achery.  Les  Mss.  portent  in  dnmo. 
I.  25 


38G  CONTINUATIO  CHROJNICI 

ginls  (i)  potenter  obsedit.  Habito  itaque  coiiHictu,, 
capitaneum  civitatis,  dictum  Theobaldura   Brizath, 
vivum  capiunt;  qui  adductus  ad  imperatoris  praesen- 
tiam  ,  videns  se  mortis  periculum  efFugere  non  posse, 
multas  conspirationes  in  mortem  imperatoris  et  suo- 
rum  proditorie  factas  pubbce  confitetur,  raajores  de 
civitate  Mediolanensi  hujus  facti  complices  accusando. 
Quo  audito  imperator,  per  medium  exercitus  trahi , 
deinde  suspendi  quasi  per  duas  horas  fecit ,  ipsum  re- 
motum  de  patibuiodecollari,  ac  caput  in  lancea  afJixum 
fecit  in  erainentiori  loco  exercitus  demonstrari;  trun- 
cum   vero  corporis  in  quatuor  partes  frustatim  deci- 
sum  ,  fecit  per  qualuor  partes  exercitusdeportari ;  tam 
crudelem  mortis  ab  imperatore  sententiam  sustinens , 
ut  ejus  mortis  atrocitas  cseteris  pruditoribus  et  con- 
spiratoribus  esset  de  caeterospeculum  etexemplum,  ut 
sic  saltem  a  mabs  malorum  accjbitas  coerceat  quos 
ad  verum  operandum  benignitas  non  inclinat  :  eam- 
demque  civitatem  sibi  subjiciens,  cum  illis  de  civitate, 
muros  quorum  prfesidio  nitebantur  destruxit.  In  hac 
autem  obsidione  frater   ejus,   Walerannus  nomine, 
occubuit;  cujus  mors  cordi  principis  subinduxit  non 
immerito  moeroris  materiam  ac  doloris.  Hujus  etiam 
obsidionis  tempore,  omnes  civltates  partis  Itallae  qua? 
stricto  nomine  Lumbardla  nuncupatur,  et  fidelltatem 
et  subjectionem  tamquam  domlno  suo  debitam  obtu- 
lerunt.    Eodemque    temporis  cursu  tres  cardinales  a 
domlno  Papa  missl,  videlicet  Ostlensls  et  a!Ii  duo,  pro 
sua  coronatlone  venerunt,  sequcntes  eum  per  tolam 

(i)  Dppuis  U'  '20  nuii  jiisfiu'aii  8  st'i)tomhi'c. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO  387 

Italiam  deinceps  iisque  Romam.  Brixia  (i)  civitate 
subjecta,  Ilenricus  Romaiiorum.  rcx  per  Terclonam 
pacifice  Januam  est  profectus,  et  iliic  maximo  cum  ho- 
noresusceplus;  ubi  dum  aliquamdiu  moram  contraxit, 
uxor  ejus,  Piomanorum  regina ,  vlam  carnis  ingre- 
ditur  unlversae. 

Circa  Idem  tempus  in  populo  Flandrlarum  rebellio- 
nis  et  guerrae  commotio,  quae  aliquantlsper  sopita 
fuerat,  renovatur;  et  ob  lioc  vehementer  suspectus 
comes  Flandriarum  (2} ,  ad  sul  purgatlonem  a  rege 
Francorum  convocatur;  quo  comparente  [Nivernen- 
sis]  (5)  comes  ejus  fillus  Ludovlcus,  qui  totlns  hujus- 
cemodl  commotionis  et  sceierlsculpabilis  estrepertus, 
prlmo  apud  Moretum  ,  deinde  Parlsius  in  custodia  de- 
tinetur,  dequa  cito  post  fugltut  conscius  Iiujus  mali , 
vei  timens  slbi  Ipsi  (4)  :  propter  quod  postmodum,  de 
consiilo  procerum  regni,  de  comltatu  suo  non  Imme- 
rito  per  arrestum  in  pleno  palatio  (5)  sententiaiiter 
est  prlvatus. 

Phllippus  rex  Francise  simpllclum  ac  dupliclnm 
Burgensium  fieri  feclt  monetam  pro  simpiicil)us  du- 
pilclbus  Parlslus  denarils  concurrentem.  Haec  (6)  mo- 


(i)  Correction  de  cfAcherj,  justiGee  par  les  Giandes  Cliron.,  t.  ^  , 
p.  ig4.  Les  Mss.  portent  Victrin. 

(2)  Robert  III ,  dit  de  Bethune ,  fiis  de  Gui  de  Dampierre. 

(5)  Ce  niot  est  en  Llauc  daus  les  edit.  precedentes  et  dans  les  Mss. 
Yoy.  Chron.  de  Saint-Denys ,  t.  \,  p.  igo. 

(4)  Texle  retabh  par  d'Acheiy.  Les  Mss.  i\ot\aenX.fu^it  timens  ct 
conscius  hujus  mali  vel  sibi  ipsi. 

(5)  Peut-etre  in  pleno  parlamento.  Gr.  Chron.,  1.  c. 

(6)  i\Iss.,  concurrentem....  Hujus  moneta  rationc  indebiti  vnloris  et 
ponderis ,  tnmen  quia  ratione  novitatis  cl  cursus  capi  refutarctur  quasi 
ab  omnibus ,  etc. 


388  CONTINUATIO  CHRONICI 

neta  ratioiie  indebltl  valoris  et  ponderis ,  et  latione 
novitatis  cursus  capl  refutabatur,  quia  ab  omnibus  at- 
que  recte  sapientibus  redundare  non  minime  diceretur 
in  exactionem  indebitamreique  publicae  detrimentum; 
quod  etiam  nonnulli  nobiles  et  magnales  ,  quibus  su- 
per  hoc  displicebat ,  graviter  conquerendo  ore  tenus 
et  expresse  exposuerunt  eidem. 

Clemens  papa  concessit  et  misit  privilegium  clericis 
Aurelianensibus  sLudentibus  pro  constituenda  univer- 
sitate;  sub  hac  tamen  conditione  si  regi  pJaceret,  et 
super  hoc  liber  ejus  atque  spontaneus  intervenlret  as- 
sensus.  Rege  autem  non  assentiente,  clerici  sibi  invi- 
cem  juramentis  adstricti ,  a  civitate  recedunt  studium- 
que  dissolvunt.  Postmodum  tamen ,  anno  nondum 
revoluto,  tam  poenitentia  ducti ,  quam  per  regemali- 
quabter  sedati ,  iterum  ad  locum  pristinum  revertun- 
tur,  et  sic  studium  pauco  tempore  dissolutum  denuo 
reparatur. 

Concilium  generale  quod  papa  Clemens  fecerat  con- 
vocari ,  prima  die  mensis  octobris  apud  Viennam , 
urbem  Provinciae,  centum  quatuordecim  praelatorum 
cum  mitris,  absque  c.neteris  non  mitratis  et  absentium 
procuratoribus,  congregatur.  In  quo  duse  sessiones 
fuerunt,  Antiocheno  et  Alexandrino  patriarchis  in 
medio  sedentibus;  et  antequam  celebraretur,  injunxit 
Papa  praelatis  et  abis  qui  pro  concilio  venerant,  mis- 
sas  celebrari  et  triduo  jejunari.  In  prima  itaque  ses- 
sione ,  qutie  fuit  etiam  die  sabbati  in  octaJ)is  beati  Dio- 
nysii  (i)  in  ecclesia  cathedrali,  facta  invocatione 
Spiritus  Sancti  sicut  in  talibus  fieri  consuevit,  Papa, 

(i )  l,c  iGoclobre 


GUILLELMI  DE  iNAlSGIACO.  389 

assumplo  ihemate  isto  (i)  :  In  consilio  justorum  et 
congregatione  magna  opera  Domini,  exquisita  in 
omnes  voluntates  ejus;  preedicavit,  exponens  causam 
triplicera  convocationis  concilii  generalis  ,  scilicet 
propter  factum  Templariorum  enorme,  propter  subsi- 
dium  Terrae  Sanctse  et  reformalionem  status  universa- 
lis  (2)  ecclesiae;  et  hocfacto  ,  dataquebenedictione  su- 
per  populum  ,  unusquisque  ad  propria  remeavit. 
Postmodum  inter  dominum  Papam  deputatosque  ab 
eodem  (3)  Papa  circumspectos  phn^imum  et  discretos 
admodum  viros,  et  cardinales ,  praelatos,  procurato- 
res  et  alios  quorum  intererat,  post  conventus  multos 
variosque  tractntus,  multae  deliberaliones  habitae  vel 
factae  fuerunt  in  praemissis,  usque  tamen  adadventum 
regis  Franciae,  qui  habitorum  a  principio  contra  Tem- 
plariorum  ordinem  et  personas  processuum  specialiter 
promotor  et  zelator  praecipuus  in  favorem  fidei  dice- 
batur.  Et  erant  cuncta  ardua  quae  in  conciiio  tracta- 
bantur,  quasi  in  dubio  vel  suspenso  poni  seu  in  verbo 
fieri  videretur  (4) 

MCCCXII  (5). 

Die  lunae  post  Quasimodo  (6)  celebratur  Viennae 

(i)  Psal.,  cx,  1  ,  2. 

(2)  Correction  de  La  Barre.  Les  Mss.  portent  uiilis. 

(3j  Les  Mss.  donnent  a  Leone. 

(4)  Correction  du  Ms.  4921  A;  les  autres  portcnt  videbnntur; 
d'Achery,  iia  ut  quasi  in  duhio....  videbantur. 

(5)  JXous  supprimons  ici  un  alinea  qu'on  retrouvera  textucilciuent 
reproduit  a  sa  veritable  place,  au  commenccment  de  l'an  i5i5.  Ce 
double  emploi  cxiste  dans  tous  les  Mss.,  et  aucun  des  precedeuts  edi- 
teurs  de  cette  chronique  ne  semble  l'avoir  apercu,  puisque  dans  les 
trois  edit.  on  trouve  deux  fois  dans  les  memes  tcrmcs,  a  Tan  i5i2  ct 
a  Fan  i3i5,  la  promotion  des  fds  de  Philippe  le  Bel  a  la  dignite  de 
chevaliep,  sans  qu'aucunc  note  iudique  la  cause  de  cettc  repelilion. 

(6)  Le  3  avril. 


390  CONTIJNUATIO  CHRONICI 

iii  ecclesia  majori  sessio  secunda  concilii  geiieralis , 
rege  Fraiiciae  Pliilippo,  qui  circa  Quaclragesimam  (i) 
illic  cum  filiis  et  fratribus  suis,  multorum  peritorum 
Hobilium  ac  magnatum  deceiiti  pariter  ac  potenti  comi- 
liva  valiatus  advenerat,  una  cum  cardinalibus,  patriar- 
cliis,  prselalis  et  aliis  superius  nominatis  ex  ipso,  a 
dextris  sumrai  pontificis  prae  ca?teris  omnibus,  in  sede 
tamen  inferiori  aliquantulum,  sedente.  Illic  sane,  post 
aliqua  quae  in  talibus  fieri  sunt  consueta,  primo  Papa 
assumplo  themale  :  (^2)  Noiiresurgent  impii  in  judicioj 
neque  peccatores  in  concilio  Justorum;  et  per  modiim 
praedicationis  ad  Templarios  appellato,  ordine  Tem- 
pli  (3),  non  per  modum  diffitiitivse  sententiae,  cum 
ordo  ut  ordo  non  esset  adhuc  convictus  (4),  sed  per 
modum  provisionis  et  ordinationis  tantum,  lamen 
quia  modus  recipiendi,  quem  nec  ante  voluerant  de- 
tcgere,  fuerat  ab  antiquo  suspectus,  et  per  infinitos 
fralres  ordinis  et  raajores  fuerat  hoc  prolatum  ;  aucto- 
ritate  apostolica,  sacro  approbante  concilio,  delevit 
et  amovit,  et  tam  ipsius  nomen  quam  habitum  peni- 
tusannnllavit,  tum  quia  de  CcEtero  esset  inutilis  ordo 
cum  nullus  bonus  vellet  deinceps  ipsum  intrare; 
tura  (5)  propter  alia  mala  removenda  et  scandala  evi- 
landa.   Statimque  constitutionem    super  hoc  editam 

(i)  Cliron.  de  Saint-Denys ,  «  environ  la  mi-caresme.  » 

(2}  Psal.,  I,  5. 

(5)  II  faut  sans  doute  lire  ad  Templnrios  npplicalo  {ihemnle) ,  or~ 
dinem  Templi,  etc.  Ce  mot  ordinem  devient  alors  le  coinpleraeut  des 
vcibt^^s  delei'it  et  amovit,  qu'on  trouvera  plus  bas  et  qui ,  sans  celte 
corrcction  ,  n'ont  pas  de  regime. 

(4)  Nous  niaintenons  cette  correction ,  proposec  par  d'Achery,  et 
iuslifice  par  lcs  Grandes  Chron.  Les  i\Iss.  donnenl  conjunctus. 

[5)  Tum ,  corrcclion  de  d'Achery,  JesMss.,  lamen. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  391 

legl  fecit  in  omnes  qui  de  caetero  habitum  retinerent, 
\el  de  novo  sumerent,  seu  alium  ad  hujus  professio- 
nem  reciperent,  excommunicationis  sententiam  pro- 
ferens,  [quam]  tam  recipientes  quamrecepti  incurre- 
rent  ipso  facto  :  ordinationem  tamen  de  personis 
remanentibus  et  bonis  apostolicae  dispositioni  reser- 
vans,  super  hoc  antequam  solveretur  concilium  pro- 
visurus  (i)  attente. 

Caelerum  quoad  secundum  principale  concilii  ge- 
neralis  intentum,  scilicet  subsidium  Terrae  Sanctae, 
assumpto  themate  :  (2)  Desiderium  suumjustis  dabi- 
tur;  post  verba  amaritudinis  propinare  incipiens  verba 
dulcedinis,  exposuit  toti  conciHo  quabter  recuperatio 
Terr;e  Sanctae ,  quae  sibi  (3)  praecipue  et  generabter 
cuibbet  fideli  cathobco  summe  est  desideranda,  (et  ta- 
men  quia  est  diutius  in  dilatione  posita  et  nimium  re- 
tardata  justorum  desideria,  protenditur  sui  et  cujusii- 
bet  cathoHci  afflictiva)  nunc  erat  efiiectui  proxima  (4), 
praesertim  cum  rex  Franciae  Philippus,  praesens,  sibi 
per  suas  patentes  iitteras  (quae  statim  leclae  sunt  in 
pleno  concilio)  fideliter  promisisset  quod,  infra  an- 
num,cum  liberis,  fratribus  suis,  necnon  procerum 
regni  sui  et  aliorum  regnorum  raultitudine  copiosa, 
crucem  assumeret ,  et  ab  instantibus  martii  kalendis 
ad  sex  annos  iter  arriperet  ad  transfretandum  in  sub- 


(i)  Mss.,  proniissurus , 

(2)  Prov.,  X,  24. 

(3)  ]\ous  supprimons  ici  le  mot  fiai,  qui  ne  fait  rien  au  sens. 

(4)  Mss.,  justorum  desiderii per  lotius  sui  et  cujuslibet  cathnlici  nj- 
flictiva  (ou  affectiva)  num  erai  officium  proxiina.  La  correction  effcc- 
tui  j)0iir  nfficium  esl  empruntce  au  Ms.  49'^ •  A.  D'Achcrv  avail  im- 
prime  rjjici pro.xima. 


392  CONTINUATIO  CHRONICI 

sldlum  Terrag  Sanctae ;  quod  si  moi  te  vel  alias  esscf 
legitimo  irapedimento  excusandus  ,  primogenitus  suus 
ad  Iioc  exequendum  se  fideliter  obligavit;  sed  nihil  fe- 
cit.  Qua  de  causa  praelati  devota  affectione  decimas  ad 
sex  anuos  concesserunt  eidem;  quorum  videlicet  tam 
regis  devotionem  ,  quam  decimarum  obligationem 
summus  pontifex  et  sacrum  conciiium  approbaverunt : 
et  sic  fuit  illa  sessio  terminata. 

Priusquam  concilium  solveretur,  post  habitos  trac- 
latus  varios  de  bonis  Templariorum,  quibus  vel  ad 
quos  usus  essent  potius  applicanda,  quibusdam  con- 
sentientibus  quod  nova  religlo  ad  quam  applicarentur 
csset  fundanda ,  alilsalia  dlcentibus;  tandem  providit 
apostolica  sedes,  regibus  et  praelatis  assentientlbus  , 
eadem  In  favorem  Terrse  Sanctae  integrallter  adfratres 
Hospitalis  devolvi,  ut  ad  ejusdem  terree  recuperatio- 
nem  slve  subsidlum  possent  effici  fortlores  ex  ipsls  : 
sed  ut  apparuit  processu  temporls,  facti  suntdeterio- 
res.  De  personls  autem  remanentibus  nondum  fuit  ad 
finem. 

Porro  etsi  de  aliquibus  statum  vel  reformatlonem 
ecclesiee  universalis  tangentlbus,  quod  tertium  princl- 
pale  intentum,  allqua  prolocuta  fuerlnt,  et  eorum 
ordinatio,  seu  provisio,  seu  decisio  a  praelatls  et  aliis 
quorum  intererat,  priusquam  conciliura  solveretur, 
et  Instanter  et  plurles  a  Papa  peteretur,  de  qulbus 
<  liam  ipse  Papa  ,  ut  dlxerunt  allqul,  decrelales  quas- 
dam ,  praeterea  constltutiones  cdldit  et  statuta;  nun- 
quam  tamen  in  dicto  conclllo  fuerunt  publice  promul- 
gata,  sed  penltus  judlclo  apostolico  libere  fuerunt 
rcservala,  et  ad  plenum  dimissa. 

Henrlcus  Romanorum  rex  per  Pisas  ,  Plumbinium, 


I 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  393 

Vlterbium  atque  alias  civitates  Italise  mullas  in  pace 
pertransiens ,  circa  festum  Ascensionis  dominicae,  ob 
suscipienda  suae  coronationis  insignia,  Romam  ten- 
dens,  in  ipsiusurbis  introitu  cum  fratris  Roberti  Sici- 
liae  regis  et  Ursinorum  familia  prius  habito  vehementi 
conflictu,  per  portam  sanctee  Mariae  de  Populo  civi- 
tatem  ingreditur,  et  ad  sanctum  Johannem  in  Late- 
rano  a  toto  populo  recipitur  cum  honore.  Illic  sane, 
etsi  a  suis  preefatis  hostibus  conflictus  terribiles  pas- 
sus  (i)  fuerit  et  assultus ,  (ut  etiam  Leodiensis  episco- 
pus  et  Albanensis,  de  Vurs  Thurich  (2)  quiclam,  co- 
mes  de  Sabaudia  et  alii  plures  de  suis  ibi  corruerunt) 
demum  tamen  ad  festum  sanctorum  Petri  et  Pauli  (5) 
in  ecclesia  memorata  per  praefatos  cardinales,  domino 
Ostiensi  missam  celebrante,  aliisque  cardinalibus  ex 
utroque  latere  cum  episcopis,  abbatibus  aliisque  ad- 
stantibus  multis,  de  mandato  summi  pontificis  quod 
ibidem  coram  omni  populo  et  clero  fuit  lectum ,  cum 
ingenti  suorum  gaudio  et  adversariorum  tristitia,  im- 
periali  diademate  coronatur. 

Suscepta  itaque  corona  imperii,  famam  sui  norainis 
amplius  dilatare  cupiens  ut  Augustus ,  suo  rebelles  im- 
perio  civitates  Italiae  circuire,  et  sibi  cum  valida  et 
armata  manu  subjicere  potenter  accelerat  et  audacter. 
Egressus  siquidem  ab  urbe,  et  Tudertum  decima 
quinta  die  mensis  julii  cum  honore  susceptus,  ac 
exinde  tandem  Perusium;  cum  ipsum  nollent  recipere 


(i)  Mss.,  prncessus. 

(2)  D'Achery,  de  viris  Thrich.  Cetait  probablcment  un  seigneur  dc 
rarraee  du  comte  de  Savoie ,  Amedee  le  Graud ,  qui  etait  alors  ii  la 
suite  d'Heari  YII. 

(3)  I.c  29  juin. 


304  CONTINUATIO  CHRONICI 

Peruslni ,  villas  et  domos  quamplures  comitatus  eorum 
igni  vei  ferro  tradidit,  fructus  et  vineas  exstirpavit, 
et  castraaliqua  expugnavit.  Et  sic  venit  Areiium,  quasi 
per  milliare  centum  a  Perusii  civitate  distantem,  ubi 
vigesima  die  mensis  augusti  cum  gaudio  et  honore 
recipitur.  AcdeindeMontem-Garchiet  castrum  Sancti- 
Johannis  comitatus  Florentinorum  expugnans,  cas- 
trum  quod  Ancisa  dicitur  occupavit,  hablto  cum  eo- 
rum  potestate  conflictu  et  eorum  qulngenlis  armatis. 
Demum  mense  septembris  appuisus  Florentiam ,  et 
eam  obsidens  a  loco  sanctae  Crucis  usque  ad  hospitale 
sancti  Galli ,  totam  partem  ilhim  ad  Talpes  super  ISi- 
gellam  destruxit,  et  igne  succendit.  Pugnavlt  etlam 
una  vlce  contra  portam  sanctae  Candldae ,  et  hablto 
cum  vigore  triumpho,  cum,  Arno  transito,  per  vallem 
quae  dlcitur  Hemajuxta  sanclam  Margaretara  venisset, 
et  aliqui  ex  Lucanis  et  Senensibus  milites  gentem  suam 
invaderent,  ipsi  a  (i)  domino  de  Flandrla  suo  mares- 
callo  exercitus  usque  ad  portam  sancti  Petri  Gartulini 
fugati  fuerunt,  ubi  plures  de  praedlctls  hostibus  cor- 
ruerunt.  Caeterum  cum  In  Sancto-Casslano  tentorils 
fixis,  totumducatum  (2),  Livari  excepto,  et  postea  Po- 
dium  Bonigi  et  Casuli   receplsset,  gente  sua  terrara 

Illam  muniens  mense  martio revertltur  :  etlamque 

regem  SlcIIiae  Robertum,  quem  Ibi  hostem  senserat  et 
rebcllem,  in  platea  sanct£e  Katherlnae  publice  cltavit, 
quatijius  Aretium  coram  ipso,  sub  poena  coronae  et  re- 
gni,  Infra  tres  menses  compareret. 


(i)   Corrige    par    d'Acliery.    Lcs  l\lss.,   scnirm  siiain    i/ivaslnrerit 

i/ui  a  domino 

(2)  Id.  J.es  Mss.,  luciatiiin. 


I 

i 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  395 

Petrus  (i)  de  Gavastone,  natione  Gascus,  cui  rex 
Eduardus  Cornubiae  comitatum  contulerat,  sed  se  ip- 
sum ,  ut  supra  retullmus,  erga  barones  Anglipe  non 
mcdiocrlter  effecerat  exosum  (2),  tandem  a  comite  de 
Lancastre ,  aliis  multis  assentientibus  consiliumque, 
opem  etfavorem  praestantibus,  in  castro  Lond —  (5) 
repertus  detinetur  et  capitur,  moxque  a  quibusdam 
Gallantibus ,  quospraedicti  proceres  ad  ejus  occisionem 
credebanlur  excerta  industrla  misisse,  truncato  capite 
ignominlose  privatur.  Et  sic  quamvis  in  principio  su- 
per  hujus  factorex  Anglisenon  mediocriter  contrista- 
lus,  et  ad  iracundiam  multum  provocalus  fulsset,  tan- 
dem  tamen  interipsum  et  proceres  per  duos  cardinales, 
Albanensem  videlicet  Papae  camerarium  et  allum 
quemdam,  qui  ad  hoc  missl  fuerunt,  pax  et  concordia 
reformatur. 

Clrca  natale  Dominl  Eduardo  regi  Angliae  ex  con- 
jugelzabella  nascltur  fillus  nomine  Eduardus. 

Slmon  prius  Noviomensls,  sed  nunc  Beivacensisepi- 
scopus  viam  universae  carnis  ingreditur;  cui  Johannes 
de  Marigniaco  ,  frater  Engueranni ,  cantor  Parisiensis 
eccleslae,  In  eplscopatu  successit. 

MCCCXIII. 
Die  Pentecostes,  Philippus  rex  Franciae  Ludoviciim 
primogenitum   suum   Navarrae  regem  Campaniae   et 
Brlae  comitem,  ne<uion  duos  ejus  fratres  Phiiippum 

(i)  Correction  de  d'Achery.  Mss.  Porro. 

(2)  Id.  3Is.  435,  efferebat  et  exosum  ;  Mss.  999  et  4921  A,  nm  me- 
diocre  et  exosum. 

(5)  Londinciisi?  D'Acherj ,  qui  a  hi  in  castro  concilio ,  a  imprime 
en  niarge  Scarburgh.  Ce  fut  en  efict  dans  le  chateau  de  Scarhorough 
que  Gaveston  fut  assiege  et  fait  prisonnicr  par  le  comlc  dc  Pcmhrock. 


396  CONTINUATIO  CHRONICI 

et  Kaioliim,  una  cum  Hugone  duce  Burgundlae,  Gul- 
done  Blesensi ,  allisque  quampluribus  regni  nobilibus 
mllites  novos  fecit,  vel  accinxit  balteo  milltari  ( i ),  rege 
Angllae  Eduardo  et  Izabella  regina  regis  Franciae  filla 
prtTsentibus,  qui  ad  decorandum  militlae  eorum  nova 
primordia  illuc  advenerant  cum  Anglorum  noblll  co- 
mltlva  (2). 

Eodem  concursu  temporis,  die  mercurli  post  Pen- 
tecostes  (3),  Phlllppus  rex  Franciae,  una  cum  tribus 
filiissuis  praefatls  novis  mllilibusjam  efFectis,  necnon 
rex  Angllae  Eduardus  et  regni  Angllae  potentes,  de 
raanu  cardlnalls  Nlcolai,  ad  hoc  a  summo  pontifice 
destinati ,  crucem  pro  transfretando  In  Terrae  Sanctae 
subsldlum  assumserunt,  et  idlpsum  postmodum  non 
modlca  communls  populi  multltudo,  audltis  ad  hoc 
factls  praedlcafloulbus,  per  devotlonem  (4)  facere  ma- 
turavlt. 

Princeps  Tarentinus,  circa  festum  sanctae  Magda- 
lenes ,  fillam  coinitls  Valesil  ex  conjuge  Katherina ,  he- 
redem  Constantlnopolltani  imperil,  desponsavit;  ejus- 
dem  sororem  licet  juvenem  (5)  secnm  desponsandam 
Jfilio  suo  ducens. 


(i)  Ici  saiTetait  I'alinea  que  nous  avons  supprime  au conimencement 
de  Tan  i5i2.  Voy-  ci-dessus,  p.  BSg ,  not.  5. 

(2)  On  trouvera  sur  les  fetes  qui  furent  donnees  a  Paris  a  ['occasion 
de  cet  evenement  de  curieux  details  dans  les  Grandes  Chron.,  t.  Y, 
p.  igS,  dansla  Chron.  metr.  de  Godefroy  de  Paris,  publiee  par  M.  Bu- 
chon,  p.  180  et  suivantes,  et  dans  la  Fie  cle  Clcment  F,  par  Jean 
de  Saint-Victor.  Baluze,  Fitce  papai-um  Avcnionensium,  t.  1,  p.  20 
et2i, 

(5)  Le  6  juin. 
^(4)   Mss.,   auditis  ad  hoc  satis  primoribus  devotioneni ;  d'Achery 
proposait  de  lire  prmdicationibus  per  dcvot.  Nous  completons  la  cor- 
rection  en  ecrivanty/zc//.y  au  Heu  de  satis. 

(5)  Les  Mss.   portcnt  juvcnem  licet  juvenem.  II  n'csl  pas  doutcux 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  397 

Dle  martis  post  festum  sanctae  Magdalenes  ( i ) ,  apud 
Curteriacum,  convocatis  illic,  de  mandatoregis  Fran- 
ciae,  baronibus  et  praelatis,  inter  regem  et  Flandren- 
ses  fit  pacis  compositio  in  hunc  modum;  scilicet  : 
quod  Flandrenses  de  summa  pecunise  alias  ordinata 
regi  ad  plenum  satisfacerent ,  necnon  fortalitia  sua , 
infra  certum  tempus  eis  praefixum  ex  nunc,  a  Brugis 
et  Gandavo  incipientes  et  usque  ad  operis  consumma- 
tionem  perseveranles ,  propriis  sumptibus  et  expensis 
usquequaque,  ut  fieri  judicarent  a  rege  super  hoc  de- 
putati  qui  experti  forent  in  talibus,  facerent  demoliri; 
domino  Roberto  domini  comitis  Flandrensis  filio,  nec- 
non  totis  Cortriaci  castellis  (2)  cum  suis  pertinentiis  ob 
hocdatis  obsidibus  ad  cautelam  et  firmitatem  majorem. 
Henricus  Romanorum  imperator  Robertum  Siciliae 
regem ,  qui  statuto  slbi  tempore  praefixo  apud  Aretium 
coram  ipso  comparere  contempserat,  palam  et  publice 
regno  et  corona  pariler  privavil.  Quam  tamen  priva- 
tionem  papa  Clemens  in  suis  constitutionibus,  eo  quod 
citatio  facta  contra  dictum  Robertum  non  esset  debita 
et  rite  facta  ,  quia  non  erat  citatus  in  tuto  loco,  nul- 
lam  penitus  esse  dixit;  et,  si  aliqua,  totaliter  annul- 
lavit  propter  etiam  multas  (5)  alias  causas  quae  ibidem 


qu'il  ne  faille  lire  sororem,  ainsi  que  l'avait  propose  d'Achery.  —  Le 
mariage  de  Philippe  de  Sicile,  prince  de  Tarente,  avec  Catherine , 
fille  de  Charles  de  "Valois  et  de  Catherine  de  Courtenay,  eut  lieu  le 
5o  juillet  i3i3. 

(1)24  juillet. 

(2)  Les  Mss.  portent  tota  C.  castella. 

(5)  Dans  toutes  les  edit.  precedentes  apres  le  mot  adnullavit  com- 

kmence  une  nouvelle  phrase  :  Papa  etiam  multos ,  etc.  Pour  lui  don- 

ler  un  sens  d'Achery  avait  propose  le  complement  termi/iavit ,  adniis 

kpar  La  Barre.'En  rejetant  cette  addition,  MM.  les  editeurs  des  Ilist. 


398  CONTINUATIO  CHRONICl 

allegantur,  quas  liic  admlttere  non  est  praesentls  ope- 
ris.  Ordlnatoque  mense  julio  contra  eumexercitu,  per 
comltatum  Senenslura  sibi  rebellium  iter  faclens  usque 
ad  locum  qui  dicitur  Insiila,  raulta  eis  intulit  detrl- 
raenta.  Tandem  vero  applicans  Bauconventum,  post 
peractas  raultas  et  irisignes  victorias,  morbo  parlter  et 
febre  correptus,  vel ,  ut  dicebant  aliqui ,  Eucharistiam 
suraendo  (^)  de  raanu  sacerdotis  et  proprii  confessoris 
de  ordine  fratrura  Preedlcatorum  existentis ,  corrupti 
pecunia  per  regem  Robertum  vel,  ut  verius  creditur, 
per  Florentinos  sibi  adversarios,  veneno  potionatus, 
dlera  vltse  clauslt  extreraura.  Cujus  corpus  Pisas  est 
translatum  ,  et  in  ecclesia  cathedrali  honorifice  turau- 
latura. 

Philippus  rex  Franciae  circa  festum  beatae  \irginis 
raonetara  Burgensium ,  quamfieri  fecerat,  etper  bien- 
nium  ad  denarium  Parisiensem  (2)  cursum  suura  ha- 


de  Fr.  ont  iinprirue  une  phrase  sans  verbe  :  Papa  etiam  multas  alias 
causas,  quce  ibidem  allegantur,  quas  hic  admittere  tion  est  prcesenti 
operis.  Sans  rien  ajouter  ni  retrancher  nous  croyons  avoir  retabh  le 
veritable  sens  du  passage  eu  rendant  par  propter  et  non  par  papa 
l'abbreviation  ppa  des  Mss.  et  eu  modifiant  la  ponctuation.  Yoici  le 
passage  coriespondant  des  Grandes  Chron  ,  t.  V,  p.  200  :  «  et  se  au- 
cune  estoit,  du  tout  il  rannichiloit  pour  moult  de  causes,  lesquielles 
sonten  ses  constitucions  alleguees,  et  seroient  moultlongues  ii  mettre 
en  escript.  » 

(i)  11  fantentendre  que  l'empereur  recut  une  hostie  empoisonnee. 
11  mourut  le  24  aout  i3i3. 

(2)  Les  mots  dcnarium  parisicnsem,  omis  dans  toutes  les  edit.  quoi- 
qu'ils  soient  repetes  par  tous  les  Mss.,  nous  seniblent  d'autant  niieux 
places  ici  que  Philippe  le  Bel,  ainsi  qu'on  Ta  vu  plus  haut,  avait  en 
eflPet  donne  aux  simples  et  doubles  hourgeois  la  valeur  des  simples  et 
doubles  parisis.  Yoir  ci-dessus,  p.387,  388;  quant  aux  lignes  qui 
suiveiit,  ne  pouvant  en  retablir  le  sens  a  cause  dc  la  lacune,  nous  les 
reproduisons  d  apri-s  d'Acherv  en  avant  soin  de  donner  toutefois  le 


GUILLELMI  DE  NAISGIACO,  399 

buerat,  quod  alias  in  regno  Franciae  fuerat  inauditum, 
praesertim  cum  justi  pretii  et  ponderis  sequitate  caeteris 

paribus  solummodo  aequipoUeret vel  parvis  Turo- 

nensibus  in  valore,  ad  solitum  et  antiquum  parvorum 
bonorum  Parisiorum  cursum  volens  reducere ,  pari- 
ter  et  Turonensem  monetam  ejusdem  valoris  et  pon- 
deris  quo  fuerat  tempore  beati  Ludovici  fabricari  fecit; 
florenos  ad  agnum,  qui  in  quindena  pro  viginti  duo- 
bus  solidis  parvorum  Burgensium  comitis  ponebantur, 
usque  ad  aliam  super  hoc  ordinationem  pro  quindecim 
solidis  Turonensibus  dumtaxat  cursum  suum  habere 
decernens.  Fecit  insuper  edicto  regio  et  sub  poena 
amissionis  totalis  bonorumdistrictius  inhiberi  publice 
et  proclamari,  ne  quis  alia  moneta  quacumque  auri 
vel  argenti  allter,  vel  sub  alterius  aestimatione  pretii 
uteretur  publice  vel  occulte  :  quamquam  ex  hujus  mu- 
tationis  causa  subita  multum  exierit  murmur  in  po- 
pulo  in  brevi ,  quod  multa  damna  saltem  exinde  per- 
pessi  sunt  et  incommoda,  et  praecipue  mercatores,  qui 
ob  hoc  una  cum  aliis,  in  locis  pluribus  atque  (i)  spe- 
cialiler  prope  Parisius ,  insidiati  sunt  malitiose  nimium 
et  pro  tunc  per  servientes  super  hoc  deputatos. 

Eodem  concursu  temporis  ecclesia  beatae  Mariae  de 
Escoys,  quamEnguerannusdeMarignlaco  nuper  sedi- 
ficaverat,  et  in  ea  canonicos  instituerat,  dedicatur. 

Cardinalis  Nicolaus  sub  poena  excommunicatlonis  (2) 


texte  des  Mss.  Le  voici  :  prcesertim  justi  pretii  et  ponderis  cequitatem 
cceteris  partibus  solido  ou  solo  cequipolleiit.  Apres  la  lacune  nous  avons 
iraprime  ad  solitum  au  lieu  de  ad  solidum,  d'apres  le  Ms.  4921  A. 

(i)  Les  Mss.  et  les  precedentes  edit.  .  quce. 

(a)  Mss.,  canonis.  La  correction  de  d'Achery  cst  confirmee  par  la 
Chron.  de  Saint-Denys  .•  «  sus  paine  de  escommeniement.  » 


1 


400  CONTINUATIO  CHRONICI 

lateesentcntiaeauctoritateapostolica  districteinhibuit, 
ne  cjuis  constilutionibus  novis,  quas  aliqui  post  tem- 
pus  concilii  generalis  emanasse  de  curia,  et  eorum  co- 
piam  se  habere  dicebant ,  uti  praesumeret  in  judiciis 
aut  in  schobs,  cum  de  conscientia  summi  pontificis 
minime  processissent ,  et  alias  super  hoc  intenderet 
providere.  Generaliter  etiam ,  circa  festum  beati  Dio- 
nysii,  omnia  torneamenta  (i)  districte  prohibuit,  tam 
in  torneantes  quam  in  eisdem  faventes,  necnon  in 
principes  permittentes  sententiam  excommunicationis 
ipso  facto  proferens,  et  eorum  terras  interdicto  eccle- 
siastico  supponens.  Postmodum  tamen  dispensavit 
Papn ,  ad  requestam  puerorum  regis  ac  aliorum  nobi- 
lium  (2)  qui  novi  milites  efFecti  fuerant  cum  eisdem, 
ut  nonobstante  hujusmodi  inhibitione,  per  tres  dies 
antecaputinstantis  Quadragesimae ,  hacvice  dumtaxat, 
se  ipsos  in  ludis  hujusmodi  licite  exercerent. 

Guichardus  Trecensis  episcopus,  quem  super  pro- 
curatione  mortis  quondam  reginae  Johannaefuisse  sus- 
pectum  supra  retulimus,  per  confessionem  cujusdam 
Lombardi  cognomineNofle,  Parisius  ad  mortem  judi- 
cati  pro  suo  crimine  et  suspensi,  innoxius  est  repertus. 

Orta  dissensione  maxima,  quamvis  ex  occasioiiemi- 
nima  vel  modica,  et  quae  de  facili  sedari  potuisset  a 
principio,  inter  ducem  Lotharingiae  (3)  et  Metensem 

(i)  Tous  lestournois  oujeux  d'armes. 

(2)  Les  Mss.  et  les  deux  premicres  edit.,  pueroruin  nobilium  ac  alio- 
rum  nobiliiim ;  Hist.  de  Fr.,  puerorum  nobilium  ac  aUoriun  qui,  etc. 
Grandes  Cliron.,  «  a  la  requeste  des  fds  du  roy  et  de  pluseurs  autres 
nobles.  » 

(3)  Ferri  IV,  dit  le  Lutteur,  etait  duc  de  Lorraine  en  i5i3.  Mais  les 
auteurs  de  VArt  de  virif.  les  dates  altribuent  a  son  pere  Thibaul  II, 
ceUe  querclle  avec  l'eveque  de  Meaux  qu'ils  rappoitent  a  la  fin  de  i5og. 


I 


GUILLELMl  DE  NANGIACO.  401 

episcopum  (i),  tandem  iitriusque  partis  exercitibus 
congregatls  juxta  castrum  quod  Fleve  dicitur,  dle  jo- 
vis  ante  festum  saucti  Martini  hiemalis,  inter  eos  acre 
bellum  commlttltur,  et  episcopus  cum  suo  exercltu, 
licet  inmultitudine,  virtute  et  potentia  exercltumdu- 
cis  excederet ,  adversariorum  (2)  industria  et  prudenti 
astutia  superatur.  Episcopi  namque  exercituper  villas, 
planiclem  vel  districtum  contra  ducis  exercitum  pro- 
perante,  ducis  exercitus  ,  qul  jam  adversae  partls  capl- 
tlbusemlnebat,  montem  ascendens,  et  illico  de  equis 
descendens,  tanto  impetu  cum  calculls  et  lapldlbus, 
quorum  illic  ingensabundabat  copla^  allisque  vexilibus 
utensilibus  aptis  peditibus  (3)  tam  potenter  in  hostes 
irrruit,  quod  corum  quampluribus  quasi  ducentis  vel 
circiter  interfectls,  rellqul  fugere  sunt  compulsi,  et 
nonnullos  in  proximo  decurrens  fluvius  fugiendo  sub- 
mersit.  IlIIc  etlam  comes  Barri  (4) ,  Metensis  episcopl 
nepos,  comes  deSalmis  ejus  filius,  et  alll  nobiles,  qui 
partem  praefati  fovebant  episcopl ,  capiuntur;  qui  ta- 
raen  postmodum  multa  pecunia  sunt  rederapti ,  et  slc 
de  carcere  tandem  de  diuturna  duclscustodia  liberati. 
Mortuis  scilicet  Guidone  Suessionensi  et  [Johanne] 
Catalaunensi  episcopIs,GirardusdeMalomonteSuessio- 
nensis,  et  Petrus  de  Latilllaco  regls  cancellarlus  Cata- 
launensis  pontifices  efTicIuntur  (5)  et  a  Rothomagense 

(i)Renaud  de  Bar. 

(2I  Mss  ,  adversarios.  Corrige  par  d'Achery. 

(5)  Avec  d'autres  engins  porlalifs  propres  a  l'infanterie. 

(4)  Edouard  I^''. 

(5)  Les  edit.  precedcntes,  Catalaunetisis ,  a  pontijicibus  eta,e\.c. 
jVous  adoptons  la  correction  du  Ms.  49'^'  ^- 

I.  26 


402  CONTINUATIO  CHRONICI 

ai'chlepiscopo  prlma  domlnica  in  Adventu  in  ecclesla 
monialium  juxta  Pontlsaram  consecrantur. 

Guidone  Sllvanectensi  defuncto  In  episcopatu  suc- 
cessit.... 

Totius  quondam  ordinls  Templl  generalis  sive  trans- 
marinus  maglster  cum  aliis  tribus,  scllicet  visitatore 
eorum  in  Francia,  necnon  Aqultanlae  et  Normanniae 
maglstris,  de  qulbus  ordlnare  finallter  reservaverat 
sibi  Papa,  de  mandato  ipsius  per  domlnum  Albanen- 
sem  aliosqueduos  cardlnales  legatos,  Senonensi  archie- 
piscopo,  aliisque  qulbusdam  praelatls  necnon  in  jure 
dlvlno  etcanonlco  perltis  (i)  ob  hoc  speciallter  Parisius 
convocatls ,  et  eorum  coramunlcato  consllio ,  cum 
prsedlctl  quatuor,  nullo  excepto ,  crimlna  sibl  Impo- 
slta  palam  et  publice  confessl  fulssent,  et  in  hujusmodi 
confesslone  persisterent  finallterque  velle  perslstere 
viderentur,  de  prsefato  consllio  multa  cum  maturltate 
dlgesto,  In  platea  communl  parvlsll  Parisius  eccleslae, 
dle  lunae  post  festum  beati  Gregorii  (2),  adjudicati 
sunt  muro  et  carceri  perpetuo  retrudendl.  Sed  ecce 
dum  cardlnales  finem  negotlo  imposuisse  credldlssent, 
confestlm  et  ex  Insperato  duo  ex  ipsis,  videlicet  trans- 
marinus  magister  et  maglster  Normanniae,  contra  car- 
dinalem  qul  tunc  sermonem  fecerat  et  Senonensem 
archlepiscopum  se  pertinaclter  defendentes,  ad  abne- 
gationem  tam  confesslonis  quam  etiam  (5)  eorumom- 

(i)  Los  Mss.  et  les  edit.  precedentes  donnent  pnriler ;  le  sens  exige 
pcrilis ,  que  les  derniers  editeurs  de  notre  chronique  ont  propose  seu- 
lcmeiit  dans  une  note.  Plus  bas  nous  '\\n\i\''\mons  fuialiterque  au  lieu  de 
Jinaliter  quod,  lccon  vicieuse  des  Mss. 

(2)  Le  18  mars  i5i4 

(3)  Correction  du  Ms.  ^cfti  A.  Les  autres  Mss.  et  les  edit.  portent  : 
ml  nbncv^ation.  confessionis  tani  ctinni. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  403 

nluin  quae  confessi  sunt  revertuntur,  nec  reverentiae 
parcenles,  non  absque  multorum  admiratlone.  Et  dum 
a  cardinallbus  in  manu  praepositi  Parisiensis ,  qui 
praesens  tunc  aderat ,  ad  custodiendum  dumtaxat  tra- 
duntur,  quousque  die  sequenti  deliberationem  super 
his  haberent  pleniorem  ;  confestim  ut  ad  aures  regis, 
qui  tunc  erat  in  regali  palatio  ,  hoc  verbum  insonuit, 
communicato  cum  suis,  quamvis  proinde  clericis  non 
vocatis  (i),  prudenti  consilio,  circa  vespertinam  horam 
ipsius  diei  in  parva  quadam  insula  Secanae^  inter  hor- 
tum  regalem  et  ecclesiam  fratrum  Heremitarum  (2) 
posita,  ambos  pari  incendio  concremari  mandavit.  Qui 

(t)  Texte  retabli  par  d'Acher)^  Les  Mss.  portent  :  communicato 
quamvis  proinde  cum  suis  clericis. 

(2)  Les  jardins  du  roi  occupaient  l'endroit  ou  est  la  place  Dauphine 
et  une  partie  du  terre-plein  du  Pont-Neuf.  Le  marche  a  la  volaille  est 
eleve  sur  l'ejnplacement  du  monastere  des  freres  ermites  de  Tordre 
de  saint  Augustin.  L'ile  ou  fut  brule  Jacques  de  Molay  se  noramait 
l'ile  aux  Juifs.  Notre  chroniqueur  loue  la  fermete  et  la  resignation  du 
grand-maitre  et  de  ses  compagnons ;  mais  il  ne  rapporte  point  les 
dernieres  paroles  du  grand-maitre ,  qu'on  a  trop  legerement  revoquees 
endoute,  peut-etre  parce  qu'elles  ont  ete  im  peu  denaturees  par  les 
historiens  modernes.  Qu'on  nous  permette  de  reproduire  ici  le  curieux 
temoignage  d'un  chroniqueur  qui  avait  assiste  a  la  sanglante  execu 
tion  de  Tile  aux  Juifs  : 

Le  mestre,  qui  vi  le  feu  prest, 

S'est  depoillie  sans  nul  arrest ; 

Et,  AiNsi  coM  I.E  VI,  devise. 

Tout  nu  se  mist  en  sa  chemise 

Llement  et  a  bon  semblant. 

N'onques  de  rieus  n'ala  tremblant 

Combien  qu'en  le  tire  et  desacLe. 

Pris  Tont  por  lier  a  restache. 

Cil  liez  et  joiant  s'i  acorde; 

Les  mains  li  lient  d'une  corde 

Mes  ains  leur  dist  :  «  Seignors  ,  au  moius , 

•■  Lessez-mo!  joindre  un  po  mcs  maius 


404  CONTINUATIO  CHRONICI 

sic  paratum  incendium  prompto  animoet  volenli  sus- 
tinuisse  sunt  visi,  ut  prosuee  mortis  constantia  et  ab- 
nep-atione  finali  cunctis  videntibus  admirationem 
raultam  intulerint  ac  stuporem ;  duo  vero  reliqui  ad- 
judicato  sibi  carceri  sunt  reclusi. 

MCCCXIV. 
Margareta  Navarrae  reginajuvencula,  et  Blancha  re- 
gis  Navarrse  Karoli  fratris  junioris  uxor,  pro  adulterio 
ab  eis  lurpissime  frequentato  et  perpetrato  cum  Phi- 
lippo  et  Galterode  Alncto  fralribus  militibus,  a  prima 
videlicet  cum  Philippo  et  altera  cum  Galtero,  suis  exi- 
gentibus  culpis,  a  propriis  repudiatae  conjugibus, 
omni  non  immerito  honore  temporali  privatee,  de- 
putantur  carceribus  (i),  ut  ibi  sub  arcta  custodia, 
omni  humano  destitutae  solatio,  infeliciter  agerent 
vitara ,   et  miserabiliter  finirent.    Duo  vero  praefati 

"  Et  vers  Dieu  fere  m'oraisou. 


€<  .   .  mourir  me  convient  bremcnt 
<<  Diex  set  qu'a  tort  et  a  pecliie. 
«  5'era  'vendra  eii  bricf  lemps  meschie 
><  Sus  cels  qiii  nous  ilampnent  a  tort  ; 
«  Diex  en  'vengera  nostre  mort ,  etc  . 

Eu  ceste  giiise  fu  desfet 

Et  si  doucement  la  mort  prist, 

Que  cliascuus  merveillex  en  fist. 


GoDEF.  DE  Paris,  p.  2 K)  ct  suiv.  Si  dc  p.TreJls  recits  se  repandircnt 
parnii  lc  peuplc  (ct,  saus  nul  doule,  il  en  fut  ainsi),  ou  pcut  se  figu- 
rer  riiuprcssiou  quc  produisircnt  sur  les  esprits  la  mort  de  Clement  V, 
arrivce  un  mois  a  pcine  aprcs  le  supplice  de  Jacques  de  Molay,  et  1.^ 
mort  de  Philippc  IV  qui  lc  suivit  dans  la  meme  annee ,  a  six  mois  de 
distance. 

(i)  La  Chroii.  dc  5rt//;/-Z)e«j-.y  dit  qu'elles  furcnt  enfermeesan  Cba- 
teau-Gaillard  cu  iSormandie,  t.  Y,  p.  2o5. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  405 

milites   cum  iion  solum   iiequam  (i)    adulteri,    sed 
et   dominorum  suorum  conjugii  violatores   nequis- 
simi ,    qui    de    ipsis ,    tamquam    familiaribus     nimis 
domesticis,  prsecipuam   gerebant  fiduciam,   cumque 
de  eorum  vestibus   (2)  et  familia  reputarentur  vera 
scientia  ,  et  erant  pessimi  proditores,  necnon  mulier- 
culis  ipsis,  adhuc  setate  juvenculis ,  quas ,  prosexu  fra- 
gili ,  suis  lenociniis  et  blandimentis  illexerant,  raulto 
raagis  in  facto  culpabiles;  apudPontisaram,  die  vene- 
ris  post   Quasimodo  (5) ,   confessi   sunt  hoc   scelus 
quasi  per  triennium  frequentasse ,  pluribus  locis  et 
quandoque  (4)  temporibus  sacrosanclis.  Proque  tanti 
perpetratione  flagitii   ignominiosae  mortis  genus   et 
poenam  luentes,  in  communi  platea  Martrei ,  cunctis 
videnlibus,  vivi  excoriati ,  eisquc  virilibus  una  cum 
genitalibus  amputatis,  caesisque  capitibusad  commune 
patibulum  Iracti ,  cunctisque  omnino  corio  denudatls , 
per  spatulas  (5)  et  brachiorum  compagines  suspendun- 
tur.  Postmodum  juxta  eos  ostiarius,  quasi  qui  fautor 
et  conscius  praedicti  sceleris  merito  videbatur,  multi 
etiam  tamnobiliumquam  ignobilium  utriusque  sexus, 
qui  praefati  facinoris  consentientes  videbantur  aut  con- 
scii,   plerique  tormentis  quaestionati  fuerunt,  aliqui 
vero  in  aquis  vehementibus  submersi,  plurimi  vero 
occultis  mortibus  perierunt;  plerlque  innocentes  re- 


(i)  Lecon  des  Mss.  ggg  et  4g2i  A.  Les  edit.  portent  tnnquam. 

(2)  De  leurs  livrees.  INote  de  d'Achery. 

(3)  Le  ig  avril.  La  Chron.  de  Saint-Denys  rapportc  le  fait  au  ven- 
dredi  de  la  semaine  de  Paques,  12  avril. 

(4)  Les  edit.  portent  :  idque  pluribus  locis  et  temporibus  sacr.,  les 
Mss.,  quandoque  pluribus  locis  et  temporibus. 

(5)  Par  les  epaules.  Note  de  d'Achery. 


406  CONTINUATIO  CHRONICI 

perti  penitus  evaserunt,  inter  quos  praecipue  quidam 
frater    Prsedicator,  dictus  episcopus  sancti  Georgii , 

qui aut  sorlilegiis  qui  homines  provocabant  ad  illi- 

cita,  cooperator  et  conscius  meraorati  flagitii  diceba- 
tur,  quem  aliqui  dixerunt  Parisius  apud  fratres  Praedi- 
catores  carcere  fuisse  detentum ,  alii  vero  cardinalibus, 
cum  jam  vacaret  sedes  apostolica ,  destinatum ,  et  eo- 
rum  judicio  derelictum.  Porro  etsi  Johanna ,  dictae 
Blanchae  soror,  sponsa  Philippi  comitis  Pictavensis, 
vehementer  in  casu  habita  fuerit  in  principio  pro  sus- 
pecta ,  et  a  viro  suo  aliquamdiu  separata,  et  apud  Dur- 
danum  (i)  castrum  sub  carcerali  custodia  reservata, 
post  inqutestam  nihilominus  ob  hoc  factam,  a  prae- 
dicta  suspicione  purgata,  inculpabilis  et  omnino  in- 
noxia  in  parlamento  Parisius,  praesentibus  comile 
Valesii  et  comite  Ebroicensi  multisque  nobilibus  aliis, 
judicatur,  et  sic,  anno  minime  revoluto,  reconciliari 
promeruit  comiti  sponso  suo. 

Papa  Clemente  Paschali  tempore  juxta  Avinionem 
viam  universae  carnis  ingresso,  sedes  apostolica  vaca- 
vitdiutius,  dissidentibus  inter  se  cardinalibus  et  pro- 
terve  divisis,  maxime  tamen  post  palatii,  ubi  con- 
gregati  erant  propter  factum  papalis  electionis, 
incendium,  quod  apud  Carpentras,  ubi  pro  electione 
convenerant,  per  marquisium  vicecomitem  (2),  ne- 

(i)  Mss.gQQ  et  4y2i  A,  Dordonum.  Les  derniers  editeurs  ont  ini- 
prinie  Durdnctum. 

(2)  Correction  proposee  par  Baluzc ,  Vitcs  pnpar.  Avenion.,  t.  I, 
col,  687.  Les  Mss.  ct  les  edit.  precedentes  portent  marquisium  Vicena-, 
la  Chron.  de  Saint-Denjs  appelle  ce  personnage  le  marquis  de  An- 
tonne  ou  Amplonnc.  11  sc  nommait  Bcrtrand  dc  Got  et  etait  marquis 
d'Anconne  ct  vicomlc  de  Loniagnc  ct  d'Auvillars.  Voy.  les  chartes 
citees  par  Baluze,  dans  ses  notes  sur  la   vie  de  Cleracnt  V,  t.  I, 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  407 

potem  Clementis  papae  iiuper  defuncti,  in  favorem 
cardinalium  (i)  Vasconum,  qui  contra  alios  cardina- 
les,  Italicos  scilicet  et  Gallicos,  electionera  sibi  ipsi 
vendicare  volebant,  fuisse  dicitur  procuratum,  et  ex 
certa  sententia;  maxime  cum  cardinales  et  alii,  prae- 
cipue  mercatores,  multa  et  gravia  detrimenta  in  do- 
mibus  rebusque  caeteris  incurrissent.  De  loci  vero  ad 
electionem  congrui  acceptione  ,  Italicis  dicentibus 
quod  ad  civitatem  Romanam  esset  eundum,  aliis  alibi, 
reperti  sunt  non  minus  quam  si  principali  facto  elec- 
tionis  ageretur,  contrarii  et  discordes  (2).  Verum  ob 
hoc  quidamcardinaliumapud  Auriacam  civitatem,  alii 
vero  Avinionem  vel  alibi ,  prout  (3)  proprius  ducebat 
spiritus ,  usquequaque  quasi  perdices  territae  disper- 
guntur. 

col.  618,  6ig.  Nous  retrouverons  plus  bas,  a  Taa  iSao,  ce  nevea  du 
pape  Clement,  avec  son  titre  deraarquis  d'Anconne  un  peu  defigure. 
(i)  Les  Mss.  et  les  edit.  precedentes  ne  parlent  que  d'un  cardinal  de 
Gascogne,  in  favorem  cardinalis  Gasconum.  On  serait  erabarrasse  de 
dire  a  quel  personnage  devrait  s'appliquer  un  pareil  titre.  Pariui  les 
dix  ou  douze  cardinaux  qu'avait  crees  Cleraent  V  a  son  avenement  ii 
y  en  avait  quatre  de  sa  famille,  gascons  par  consequeut.  Voy.  Baluze, 
t.  I,  col.  24,  63,  64.  Aussi  la  Chron.  de  Saint-Dejijs  parle-t-elle 
de  plusieurs  cardinaux  gascons ,  t.  V,  p.  200.  Cest  meme  i  ces  cardi- 
naux  personnelleraent  que  Jean  de  Saint-Victor  semble  attribuer 
1'incendie  du  palais  de  Carpentras.  Baluze,  t.  I,  p.  ii5.  Du  reste  la 
correction  que  nous  avons  introduite  dans  le  texte  de  notre  clironi- 
queur  avait  ete  proposee  par  Baluze  qui  a  cite  ce  passage  dans  ses 
notes.  Ib.,  col.  687. 

(2)  D'Achery  a  ajoute ,  dans  cette  phrase ,  les  deux  mots  esset  eun- 
dum,  etretabli  les  deux  derniereslignes  ainsiconcues  dans  les  Mss.  : 
quam  principali  facto  sunt  contrarii  electionis  et  discordes. 

(3)  En  ajoutant  ce  mot  indispensable  prout ,  d'Achery  a  oublie  sans 
doute  de  faire  disparaitre  le  mot  quasi,  qui  ne  s'est  glisse  lii  que  par 
une  inadvertance,  et  qui  s'est  neannioins  conscrve  dans  toutes  les 
edit.  :  quasi  prout  proprius ,  c\.c. 


408  CONTINUATIO  CHRONICI 

Dolens  Angllae  rex  Eduardus  per  Scolos  cum  Ro- 
herto  de  Brus  eorum  capitaneo  princlpall  terram  suam 
sibi  tam  injuste  quam  yiolenter  seu  fraudulenter  erep- 
tam  (i)  fuisse,  ut  dicebat;  pro  ejusdem  recuperatione 
nititur  tolis  pro  viribus  regnum  suum  graviter  incur- 
sare.  Circa  festum  decollatlonis  (2)  sancti  Johannis 
collecto  suorum  exercitu  copioso,  indiscrete  pariter 
et  pompose  cum  eis  in  planis  congreditur  :  mox  de 
ipsis  cum  satis  pauclores  essent  in  numero,  pr.nesumens 
optabilem  habere  trlumphum.  Sed  confestim  aciebus 
Anglorum  valida  adversariorum  manu  potenter  con- 
tritis(5),  tandem  rex  ipse  Eduardus  divertens  a  prsello, 
vlx  cum  paucis  fugse  prsesldlo  se  salvavlt  :  quod  deln- 
ceps  Angllcis  omnibus  In  opprobrium  versum  est  sem- 
piternum.  llllc  sanea  minogi  Scoligenae  pede  tanti  fere 
tantl  poslti  omnes  (4) ,  eorum  memorato  duce  scilicet 


(1)  Correction  de  d'Achery.  LesMss.,  exceptam. 

(1)  Lisez  infesto  nativitatis  S.  Johannis.  La  decoUatiori  de  saiiit  Jean- 
Baptiste  est  celebree  le  29  aoiit;  or  la  bataille  de  Bannokburn  dont  il 
est  ici  question  eut  lieu  le  lundi  24  juin  i5i4.  Voy.  Thom.  de  Wal- 
siNGHAM,  Histor.  brevis,  p.  80,  Jean  Fordun,  Scotichronicum,  edit.  in-8°, 
t,  IV,  p.  1007. 

(5)  Correction  de  d'Achery.  I\Iss.,  compertis. 

(4)  Dans  cette  chronique  ou  il  y  a  tant  de  passages  corrompus ,  il 
en  est  peu  qui  le  soient  autant  que  celui-ci.  Conime  nialgre  nos  eirorls 
nous  n'avons  pu  deviner  ce  que  1'auteur  a  voulu  dire,  nous  n'osons 
inserer  nos  corrections  dans  le  textc.  Nous  lirions  cependant  volon- 
tiers  de  la  manicrc  suivante  :  Illic  sane  animosi  Scotigemv,  pcditan- 
ics  ct  in  ordinc  positi  omncs.  La  correction  pcditantcs  qui  exprime 
un  fait  rcmarquable  est  meme  a  peu  pres  certaine;  Thomas  de  Wal- 
singham  ditforracllement  que  Robert  combattit  a  pied  et  n'admitque 
de  rinfanterie  dans  son  armee,  parce  qua  la  bataille  de  Fenkyrke  la 
cavaleric  ecossaise  s'etait  cnfuie  ct  avait  abandonne  les  fantassins. 
TnoM.  DE  Walsingham  ,  p.  8o.  Voy.  FoBDUN,  t.  IV,  p.  1001.  Qnant  au 
niot  pcditantes ,  dc  pcditarc,  il  existc  dans  la  latinite  du  nioyeu  agc 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  409 

Roberto  du  Brus  quasi  corde  in  medio  mcmbrorum 
posito,  quamvis  ut  asserebant  nommlli,  cilicio  potius 
quam  arrais  protectl ,  a  Domino  ,  qui  dat  dignis  victo- 
riam ,  speciali  fiducia  praemuniti  ( i )  ,  ut  in  suos  omnes 
et  singulos  non  solum  probitatis  suae  constantia  flore- 
ret,  quin  etiam  humilitatis  obsequio  divinum  patro- 
cinium  provocaret,  pro  sua  et  patriae  libertate  se  ipsos 
audaci  constantia  morti  si  necesse  fieret  exponentes, 
adeo  verisimiliter  decertabant ,  non  solum  pariter,  et 
insignem  victoriam  reportaverunt  de  Anglicis,  Glo- 
cestre  comite  et  aliis  pluribus  interemptis,  pluribus- 
que  etiam  magnatibus  atque  nobilibus  vivis  captis,  qui 
se  populis  postea  multa pecunia  redemerunt; ....  tam  (2) 
ex  redemptione  captivorum  quam  ex  praeda  fugientium 
collecta  spolia  dividentes ,  locupletati  sunt  admodum 
et  ditati  plusquam   solito ,  per  omnia  fortiores   ef- 

(voy.  Du  Cange),  et  nous  troiiverons  nieme  dans  le  deuxieme  volume 
VaAverhe  pediianler.  Annee  i53o. 

(i)  Le  membre  de  phrase  qui  precede  depuis  quamvis  semble  se 
rapporter  aux  Ecossais,  tandis  que  le  suivant,  qui  en  depend  essen- 
liellement,  se  rapporte  evidemment  a  Robert  Bruce.  Ilfaudrait  donc 
ouvrir  avant  le  mot  quamvis  une  parenthese  qui  se  fermerait  apres 
provocaret ,  et,  dans  le  premier  membre  de  phrase,  corriger  protecti 
et  prcEmunili  en  protecto  et  prcemunito,  ou  peut-etre  mettre  protectus 
etpnemunitus  en  sous-entendant  esset.  On  litdans  la  Chron.  d'Ecosse . 
cui  {Eduardo)  rex  Robertus  cum  paucis  occurrens,  non  in  multitu- 
dine  populi  scd  in  Domino  spem  ponens.  Fordun,  t.  IV,  p.  1007. 

(2)  On  pourrait ,  a  ce  qu'il  nous  semble  ,  lire  ainsi  ce  passage  altere  : 
Adeo  viriliter  decertaverunt  etfortiter,  ut  non  solum  insignem  victo~ 
riam  reportaverunt  de  Anglicis,  Glocestre  comite  el  aliis  pluribus  inte- 
remptis ,  sed  etiam,  pluribus  magnatibus  atque  nobilibus  vivis  captis, 
qui  se  vinculis  postea  multa  pecunia  rcdemerunt ,  tam  cx  redemptione 
captivorum,  etc.  Le  texte  ainsi  retabli  serait ,  pour  la  tournure  ile  la 
})lirase,  conforme  aux  dernieres  lignes  de  Jean  Fordun  sur  cetle  im- 
portante  journee ,  t.  IV,  p  1008. 


/ilO  CONTINUATIO  CHRONICI 

fectl  (i).  Cteterum  quamvis,  hac  peracta  vlctoria,  re- 
giiiam  Angliae  Izabellam,  quam  in  castro  propinquo 
cepisse  vel  obsessam  ad  deditionem  corapulisse  de  fa- 
cili  potuissent ,  abire  tamen  libere  et  quiete  speciali 
metu  vel  amore  regis  Franciae ,  cujus  erat  filla,  per- 
raiserunt. 

Flandrenses  iterum  baillivo  regis  de  Corteriaco  per 
eos  expulso,  circa  festum  solemne  contra  regera  Fran- 
ciae  spiritum  rebellionis  assumunt.  Qua  de  causa  ex- 
communicationis  publicatur  sententia  in  omnes  pacis 
perturbatores,  dissensionis  conscios  et  rebelles,  primo 
Parisius  in  platea  Parvisii,  acderaum  apud  Tornacum, 
Sanctum-Audomarum,  Noviomum,  AttrebatesetDua- 
cum ,  videlicet  per  Remensera  archiepiscopura  et  ab- 
batem  sancti  Dlonysii  in  Francia ,  executores  super 
hoc  auctoritate  apostolica  deputatos;  quamvis  in  exe- 
cutione  sibi  comraissi  officii  nonnulla  itisidiarum 
pericula  sint  perpessi  :  ferebatur  tamen  Flandrenscs 
ab  eorura  sententla  ad  sedem  apostolicam  appellasse. 
Dum  itaque  Philippus  rex  Franciae  ad  eorum  expugna- 
tionera  varios  direxisset  exercitus  circumquaque , 
Ludovlcura  videlicet  primogenitura  suum  Navarrae 
regem  apud  Duacum,  Philippum  comitem  Pictaven- 
sem  apud  Sanctura-Audoraarum,  Karolum  tertium 
juniorem  filium  cum  Karolo  Valesii  comite  apud 
Tornacum ,  et  Ludovicum  Ebroicensem  comitcra 
npud  Insulara ,  cum  asslgnato  unicuique  certo  nu- 


(i)  A  l'appui  de  cette  derniere  assertion  on  peut  citer  le  curieux 
avcu  dc  Walsinghani ;  il  dit  (p.  82  cotee  par  erreur  84)  quc  depuis 
la  bataille  de  Bannokburn  la  vuc  dc  deux  ou  Irois  Ecossais  suftisait  pour 
nicltrc  cent  Anglais  cn  fuite 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  411 

mero  (i)  bellatorum  :  demum  tameii,  spe  pacls  ha- 
bendae,  et  sub  certis  conditionibus  per  comitem  sancti 
Pauli,  Ebroicensem  et  Enguerrannum  mediatores  et 
compositores  inter  partes  [tractatis]  (2)  ;  pro  qua  vi- 
delicet  confirmanda  comes  Flandriae  et  Flandrenses 
venire  ad  regera  Franciae  tenebantur  infra  tempus  eis- 
dem  preefixum ,  domino  Roberto  qui  pro  obside  tene- 
batur,  et  abis  obsidibus  primitus  Hberatis,  omnis  exer- 
citus  regis  Franciae  memoratus  inefficax,  etiam  et  hac 
vice  defraudatus  turpiter  et  illusus,  satis  celeriter  et 
nimis  (3)  de  facili  in  hostibus  fidem  accommodans,  ad 
propria  remeavit. 

Circa  idem  tempus,  dum  apud  Franquew^ort,  prop- 
ter  electionem  Romanorum  regis,  electores  pariter 
congregati  fuissent,  inter  se  invicem  discordantes , 
quibusdam  eorum  faventibus  (4)  de  jure  electioni  Lu- 
dovici  ducis  Bajoariae,  et  ab  aliis  duce  Austriae  Frede- 
rico  [electo]  (5),  dictus  Ludovicus  alteri  fortitudine 
consilii  foventiumque  armorum  potentia  pariter  ac 
virtute  praevalens,  adversa  parte  immutata,  Aquisgrani 
postmodum  in  regem  Romanorum  regali  diademate 
coronatur  circa  festum  Nalivitatis.  Dux  vero  Austriae 
posteaab  archiepiscopo  Coloniae,  qui  ejus  partem  fo- 
vebat,  non  tamen  Aquisgrani,  fuit  (6)  circa  festum 
Pentecostes  coronatus. 

(i)  Cori-ection  de  d'Achery.  Lcs  Mss.  portent  tevmino. 

(2)  D'Achery  proposait  de  pace  tvaclatur ;  ce  qui  l'obligeait  a  ajou- 
tei"  plus  bas  sicque  omnis  excrcitus ,  etc. 

(3)  Correctioa  de  d'Acheiy.  Les  Mss.,  minus. 

(4)  Mss.,  videntibus .  D'Achery  proposait  suffva^nntibus. 

(5)  Addition  de  d'Achery. 

(6)  Mss.,yMz/  postea  civca,  etc.  Peut-etre  faut-il  Yiic  Juii  Bo/ue. 
Voy.  a  Tan  iSry,  dans  lc  torae  IL 


41-2  COiMINUATIO  CHRONICI 

Extoisionis  indebitse,  exactionis  injustae  inventio 
nova,  insolita  in  regno  Franciae,  ab  urbe  Parisius  specia- 
liter,  ubique  dehinc  assumsit  exordium,  undequaque 
exactione  accepta  propter  expensas  in  guerra  contra 
Flandrenses,  ut  dicebatur,  factas;  ita  videlicet  quod 
ementes  et  vendentes,  quilibet  pro  rata  sua,  de  libra 
sex  denarios  Parisienses  vel  amplius  regi  solvere  coge- 
bantur  per  ipsius  consiliarios  satellites  et  ministros. 
Quam  nonnuUi  nobiles  et  ignobiles ,  necnon  Picardi 

cum   Campanicis  (i) per  juramentum  adinvicem 

confoederati  pro  sua  et  patrise  libertate,  ferre  nulla- 
tenus  sustinentes,  ob  Iioc  viriliter  se  opponunt;  et 
tandem  optatam  obtinent  libertatem,  extortione  de 
mandato  regis  non  solum  in  terris  eorum,  sed  ubique 
per  regnum  Franciae  penitus  et  omnino  cessante.  Et 
dixerunt  aliqui  quod  praedicta  exactio  de  conscientia 
regis  minime  processerat,  sed  per  ipsius  consiliarios 
et  iniquos  fuerat  introducta. 

Philippus  rex  Franciae,  diuturna  detentus  infirmi- 

( I )  Godefroy  de  Paris  donne  sur  cet  evenenient  de  norabreux  detaiis, 
qui  pourraient  seivir  a  remplir  la  lacune  que  presente  ici  le  texte  de 
notre  chioniqueur  (p.  246  et  suiv.)  : 

Les  barons  de  France  assemblerent, 
Kt  tous  ensemble  s'acorderent, 
Et  de  France  et  de  Picardie , 
Avecques  celz  de  Normendie  , 
Et  de  Rorgoiugne  et  de  Cbarapaingne, 
D'Aujou ,  de  Poitou,  de  Bretaiugne, 
Du  Cbartrain,  du  Perche,  du  Malune  ; 
Celi  d'Auvergne  et  celz  de  Gascoingne 
Et  de  tout  le  royaume  de  France ; 
Et  distrent  que  tele  soufrance 
Ne  porroient  plus  endurer,  etc. 

La  confederation,  comnie  oa  voit,  aurait  ete  generale;  niais  peut- 
clrc  faul-il  se  dtlicr  un  peu  de  riniagination  du  poele. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  413 

late,  ciijus  causa  meclicls  erat  incognita,  non  solum 
ipsls,  sed  et  allis  multls  multi  stuporls  materiam  et 
admlratlonis  inducit  (i);  praesertim  cum  infirmitatis 
aut  mortis  perlculum  nec  pulsus  ostenderet  nec  urina  : 
tandema  suls  apud  Fontem-Blaudl ,  unde  et  oriundus, 
se  deferri  praeceplt.  Illlc  sane  non  multos  post  dies , 
dlem  sui  obilus  Imminentem  considerans,  tam  dom.ul 
suae  quam  etiam  rei  domesticae  salubriter  et  intente 
disponens,  dominum  Karolum,  juniorem  filium  suum, 
quem  nondum  hereditaverat,  de  comltatu  Marchise  et 
terra  clrcumjacente  investivit.  Sed  et  desalute  anlmse 
suse  attentius  cogltans,  exactionem  maletolta^,  quae 
jam  ad  aures  ejus  insonuerat,  et  ei  multum  displice- 
bat,  cessare  fecit  penltus  etomnino.  Tandemque  tes- 
tamento  suo  multa  cum  maturitate  relecto,  et  sapien- 
ter  parlter  et  prudenter,  quam  fierl  comraode  potuit, 
ordlnato;  domino  Ludovico,  suo  primogenito,  jam 
Navarrae  regi ,  salubria  salutis  monita  sapienter  im- 
pendens ,  et  eidem  efticaciter  adlmplenda  et  sub  minl- 
tatione  divinse  pariter  etpaternae  maledictionls  impo- 
nens,  necnon  Ecclesiam  sanctam  catholicam,  sed  inter 
caeteras  beati  Dlonysil  regniFrancIae  pecullarls  patroni 
specialius  et  famillarius  recommendans  :  demum 
post....  multorum  et  cunctis  vldentibus  qui  aderant, 
admirabili  nimis  etferventi  anlmo  sacramentis  devote 


(i)  Villani  et  d'autres  auteurs  contemporains  disentquePhilippe  le 
Bel  perit  des  suites  d'uue  chute  de  cheval.  Godefroy  de  Paris  rapporte 
aussi  ce  fait  (p.  245);  mais  il  incHne  a  croire  que  la  vraie  cause  de  la 
mort  du  roi  fut  le  chagrin  que  lui  causerent  la  paix  peu  lionorahle 
qu'on  lui  avait  fait  conclure  avec  Ics  Flamands,  la  mort  de  Cle- 
ment  V,  la  honte  puhlique  de  ses  hrus,  enfin  les  dcsastres  dc  son 
gendrc  le  roi  d'Angleterre.  P.  240  et  suiv. 


414  CONTINUATIO  CHRONICI 

receptis  (i),  in  confesslone  verse  et  catholicae  fidei, 
anno  regni  sui  tricesimo,  die  veneris  vigilia  sancti  An- 
dreae  apostoli  (2),  feliciter  spiritum  reddidit  Creatori. 
Cujus  corpus^  ut  commodius  et  honestius  fieri  possef , 
ad  sepulcrum  patrum  suorum,  videlicet  ecclesiam 
beati  Dionysii,  deportatur,  et  ibidem  in  loco  quem 
vivens  signaverat,  in  secretis  honorifice,  ut  regalem 
decebat  majestatem,  die  lunae  sequenti ,  viginti 
quinque  praelatis  prsesentibus  (5),  scilicet  archiepi- 
scopo  uno,  videlicet  missam  celebrante,  decem  episco- 
pis,  decem  et  quatuor  abbatibus,  integraliter,  corde 
duntaxat   excepto,   ecclesiasticae  sepulturae  traditur. 


(i)  Corrections  de  La  Barre.  Les  Mss.  portent  admirabiliumnimis  et 
feiventi  valde ,  prcecipue  sacramentis  devote  receptis. 

[1)  Le  29  novembre.  La  surveille  de  saint  Andrieu  (28  novembre), 
sclon  Godefroy  de  Paris.  Le  roi,  dit  ce  cbroniqueur,  recita  d'abord  le 
Miserere,  puis  In  te  Domine  speravi ,  toujours  en  s'aflFaiblissant;  il 
rendit  le  dernier  soupir  en  prononcant  In  manus  tuas  Domine  com- 
mendo,  et  sans  pouvoir  ax-ticuler  spirilum  meum.  En  s'abstenant  ici 
de  tout  eloge ,  le  continuateur  de  Nangis  et  Tauteur  de  la  Chron.  de 
Saint-Denys  fontassez  connaitre  quelies  etaienta  Tegard  de  Pbilippe 
le  Bel  les  dispositions  de  l'esprit  public.  Godefroy  de  Paris,  nioins 
timide,  sefait  1'organe  du  mecontentement  populaire  (p.  262)  : 

Diex  ses  peclies  si  li  pardoint ! 
Car  po  en  a  qui  por  li  doint , 
Si  n'est  de  son  propre  lignage ; 
Car  eu  France  vint  grant  damage 
Au  tcmps  que  le  royaume  teuoit. 
Je  ne  sal  dont  ce  li  venoit , 
Mes  encore  assez  l'eu  se  plaint. 
Si  e»t  de  li ;  petit  le  plaiut. 

(5)  Mss.,  die  luna;  sequenti  xxv  prcelatis.  D'Achery  et  les  autres 
editeurs  apres  lui  ont  iniprime  die  lunce  scquenti  vigesimo  quinto, 
prcelatis,  etc,  faisant  rapporter  a  clic  le  uombre  qui  se  rapporte  a  prce- 
latis ,  en  sortc  que  d'apres  ce  texte  Philippe  Ic  Bel  aurait  cte  enterre 
sculemcnt  le  viugl-cinquicmc  lundi  qui  suivit  sa  mort. 


GUILLELMI  DE  KANGIACO.  415 

Corautem  ipsius,  quodPoissiacumecclesiaemonialium 
sancti  Dominici  tumulandum  reliquerat,  cum  eamdem 
ecclesiam  a  fundamentis  construxisset ,  ipso  die  post 
corporis  sepulturam  illic  in  crastino  defertur  tumu- 
landum  debito  cum  honore. 

Ludovicus  rex  Franciae  et  Navarrae  Catalaunensem 
episcopum  a  cancellaria  sua  destituit,  et  eidem  Ste- 
plianum  de  Marnei  (j)  in  jure  civili  expertum,  et  ejus- 
dem  Karoli  avunculi  sui  cambellanum  subrogavit. 
Misit  etiam  circa  natale  Domini  cambellanum  et  se- 
cretarium  suum  Hugonem  de  Bovilla  militem,  cum 
aliis  certis  nuntiis  ad  partes  Sicilise,  ad  adducendam 
Glementiam  regis  Hungariae  filiam,  sibi  matrimonio 
copulandam.  Missi  sunt  etiam  ambassiatores  vel  so- 
lemnes  nuntii  a  rege  Francise  apud  Romanam  curiam, 
scilicet  Girardus  Suessionensis  episcopus ,  comes  Bolo- 
niae ,  Petrus  de  Bleve  miles  in  jure  peritus,  pro  elec- 
tione  summi  pontificis  promovenda ;  qui  tamen  parum 
nut  nihil  profecerunt. 

MCCCXV. 

Enguerannus  de  Marigniaco  miles  admodum  gratio- 
sus,  cautus,  sapiens,  astutus,  auctoritatis  et  praee- 
minentiae  in  populo  plurimumhabuit,  regisque  Fran- 
cijfi  Philippi  imper  defuncti  praecipuus  inter  caeteros 
et  principalis  consiliarius;  qui  etiam  quasi  vel  plus- 
quam  alter  major-domus  effectus,  totius  regni  Fran- 
ciae  praesidebat  regimini;  per  quem  expediebantur 
ardua  omnia  disponenda,  et  ad  ejus  nutum  tamquam 

(i)  D'Ach.  et  La  B.,  de  Mavu^o  ,  Ms.  999,  de  Manieyo  ,  4921  A  , 
de  Mornejo. 


416  CONTINUATIO  CHRONICI 

praecellentis  obedlebant  omnes  et  singull ;  a  Kgirolo 
Valesil  comlte  ,  Ludovlcl  regls  avunculo,  allisque  qul- 
busdam  (quibus  in  iiac  parte  communis  arrldebat  po- 
puli  multitudo)  prseclpue  tam  occaslone  frequentls  et 
solltae  mutatlonis  monetae,  quam  etiam  extortionum 
quamplurlum,  quae  tempore  regls  Phllippi  defuncti 
els  Imposltee  fuerant,  suo  nequam  consillo,  ut  crede- 
bant,  coram  Ludovico  rege  super  varlls  detestandls- 
que  nlmium  criminlbus  notorle  (i)  palam  et  publlce 
accusatur  turplter,  et  ad  Ipslus  Karoll  suggestionem 
tam  ipse  Enguerannus  Parlslus  apud  Templum,  quam 
alli ,  quos  plures  pro  custodlendo  regls  thesauro,  vel 
allls  negotiis  regls  et  regni  praefecerat,  clerlcl  vldellcet 
ofllicIaHs,  laici  vero  Parisiensis  praeposlti,  quorum 
etiam  nonnulll  varlls  torraentis  addictl,  qusestlonatl 
slmlliter,  diversis  carcerlbus  manclpantur.  Et  llcet 
mlles  praedictus  ob  sul  purgationem  legitlmam  saepe 
et  saeplus  cum  multa  Instantla  audlentlam  postulasset, 
obtlnere  tamen  non  potult,  praedlctl  comitls  impedi- 
tus  potentia;  quamquam  rexjuvenls  llbenti  anlmoju- 
vare,  et  ipsl  benlgniter  in  hac  parte  favere,  saltem  in 
princlpio,  volulsset.  Dum  (2)  itaque  quasl  vla  media 
contra  eum  vellent  procedere,  et  ut  cum  eodem  mi- 
tlus  ageretur,  jam  quasi  adjudlcatus  dlceretur  in  Cy- 
prum  (5)  Insulam  usque  ad  regis  revocatlonem  exilio 


(ij  Texte  retabli  par  d'Acliery.  Les  Mss.  portent  coram  Ludovico 
siiper....  criminibus  coram  rege.  Les  accusations  contre  Enguerrand 
etaientau  nonibrede  quarante  etune  ,  on  lespeutvoir  dansla  Chron. 
dc  Saint-Denys ,  t.  V,  p.  2i3  et  suiv. 

(2)  Correclion  de  d'Acbery.  Les  Mss.,  Ductus. 

(3)  Cc  noni  tst  111  blanc  dans  les  Mss.;  c'est  d'Acbery  qui  a  rempU 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  417 

relegari  :  ecce  adaures  Karoll  memorati  repente  per- 
venit,quasdam  statuarias  imagines  per  Jacobumdictum 
de  Lor  (i),  et  ejus  uxorem  et  famulum,  ad  suggestio- 
nem  uxoris  et  sororis  dicti  Engueranni  vel  ipslus,  pro 
ipsius  liberatione  sortilegio  factas,  et  ad  maleficium 
tam  in  regis  quam  Karoli  vel  aliorum  peisonis  ne- 
quissime  procurandum.  Quo  comperto  dictus  Jacobus 
in  carcere  vinctus  (2),  ex  desperatione  laqueo  se  sus- 
pendit,  et  postmodum  uxor  ejus  incendio  concrema- 
tur.  Sed  et  uxor  et  sorores  (3)  Engueranni  carceribus 
mancipantur,  et  ipse  tandem  Enguerannus  coram  mi- 
litibus   judicatus  (4),    communi    latronum   patibulo 


lalacune.  Les  Grandes  Chron.  diseat  aussi  qu'Enguerrand  devait  etre 
relegue  en  Chypre,  niais  jusqu'a  ce  qu'il  plut  a  Charles  de  Valois  de 
consentir  a  son  rappel. 

(i)  Surnom  tire  sans  doute  de  la  profession  du  personnage.  Dans 
deux  Mss.  des  Grandes  Chron.  cites  parM.  Paris,  t.  V,  p.218,  note, 
on  lit  que  la  dame  de  Marigni  et  sa  soeur  «  firent  venir  a  eulx  une 
maudite  et  mauvaise  boiteuse  qui  fesoit  Vor,  et  un  mauvais  garcon 
qui  avait  uom  Paviot,  etc.  »  Cetaient  lafemmeet  le  valet  de  Jacques. 

(2)  Correctionde  d'Achery.  Mss.,  mittitur. 

(5)  La  Chron.  de  Saint-Denys  parle  seulement  de  la  dame  de  Chan- 
telou,  soeur  de  la  femme  d'Enguerrand. 

(4)  Ces  mots  pourraient  faire  croire  qu'Enguerrand  comparut  de- 
vant  ses  juges,  quoique  le  chroniqueur  dise  deux  fois  expressement  Ic 
contraire.  Mais  il  n'en  fut  rien;  car  ii  aurait  eu  trop  beau  jeu  s'il  lui 
eiit  ele  permis  de  se  defendre.  En  eftet ,  des  le  commencement  de 
I'an  i3i5,  les  comptes  de  son  administration  avaientete,  a  son  ins- 
tante  priere  et  par  ordre  du  roi,  examines  et  apures  par  une  com- 
mission  dont  le  comte  de  Valois  faisait  lui-meme  partie ,  et  sur  l'avis 
de  cette  coramission,  apres  en  avoir  delibere  en  conseil,  Louis  X 
avait  donne  a  Tancien  ministre  de  son  pere,  qu'il  regardait  encore 
comme  le  sienpropre,  une  pleine  etentieredecharge.  L'acte  solennel 
qui  en  fut  dresse  existe  en  original.  II  a  ete  publie  par  M.  Lacabane, 
dans  un  curieux  travail  sur  les  fils  de  Philippe  le  Bel ,  insere  dans  la 
Bibl.  de  1'Ecole  des  Chartes ,  t.  III,  i"  livr  ,  p.  i^- 

1.  27 


418  CONTINUATIO  CHRONICI 

Parisius  est  suspensus.  Qul  tamen  de  praedlctls  malefi- 
ciis  nihll  recognovlt,  nlsi  quod  exactlonum  ac  monetae 
mutationum  cura  aliis,  non  solus,  fuerat  In  causa. 
Nec  audientiam  super  purgatione  sua  habulsse  potue- 
rat,  quamvis  eam  instantius  requisisset,  et  sibi  in 
princlplopromlsssafuisset :  unde  et ipslus  mortls  causa, 
multis  non  omnino  cognlta,  multam  admirationls 
materiam  induxlt  et  stuporls. 

Petrus  de  Latilliaco,  Catalaunensls  eplscopus,  de 
morte  regis  Franclae  Phillppl  ac  sui  praedecessoris, 
quse  per  eum  dicebatur  fulsse  procurata  ,  suspectus, 
de  mandato  regls  ,  sub  nomlneRemensIsarchlepIscopi 
in  custodia  detinetur.  Radulfus  etiam  de  Penoarlls  (i), 
suspectus,   advocatus   In   parlamento  praeclpuus  vel 
quasi ,  pro  suspiclone  consimlll  detentus  ,  et  in  carcere 
apud  Sanctam-Genovefam  Parlsius  positus,  et  diversis 
quaestlonatus  suppliciis,  cum  nihil  omnlno  de  impo- 
sitis  sibi  criminibus  ex  ejus  ore  extorqueri  potuisset, 
quamvis  ob  hoc  gravia  parlter  et  varia  pertullsset  tor- 
menta,  tandem  llberablre  permlttltur,  plurlmis  taraen 
bonls  suis  moblllbus  et  immobillbus  diversis  collatis, 
aliisque  perdltls  et  distractis. 

Margareta  quondam  Navarrse  reglna  ,  quam,  sui  le- 
noclnii  exigente  Infamla,  carceri  manclpatam  supra 
raeminlmus,  unlversae  carnls  viam  Ingressa,  Vernone 
in  ecclesia  Fratrum  Minorum  ecclesiasticae  traditur 
sepullurae  (2).  Blancha  vero  In  carcere  remanens,  a 

(1)  Chron.  dc  Saint-Denjs ,  <•  Raoul  de  Praeles.  « 

.(2)  Les  historiens  modernes  s'accordenl  a  dire  que  Margueritc  fut 

^tranglee  par  ordre  de  son  mari.  Si  elle  niourut  de  mort  naturelle, 

comme  le  donnent  a  entendre  tous  les  docunicnts ,  il  faut  convenir 

que  cette  niort  vint  fort  a  propos  pour  tirer  Louis  X  d'un  grand 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  419 

serviente  quodam  ejus  custodiae  deputato  dicebatur 
impraegnata  fuisse,  quamquama  proprio  comite  dice- 
retur  "vel  ab  aliis  impraegnala. 

Huguelinus ,  frater  Margaretse  reginae ,  juvenis  Bur- 
gundiae  dux  (i),  cui  successit  frater  ejus,  de  praesenti 
vita  decessit. 

In  provincia  Senonensi,  confoederati  ad  invicem 
multi  de  populo,  ad  hoc,  prout  communiter  fereba- 
tur,  quasi  violenter  inducti  et  quadam  necessitate  com- 
pulsi ,  proplervexationes  quamplurimas  et  extortiones 
indebitas,  quas,  praecipue  in  curia  Senonensis  archi- 
episcopi,  per  insolentiam  et  proferviam  advocalorum 
et  procuratorum  ipsius  curiae,  nequiler  perpessi  fue- 
rant  et  de  die  in  diem  patiebantur  injuste  ;  regem ,  pa- 
pam  ac  etiam  cardinales  de  ipsorum  multitudine  laicali 
sibi  prseficiunt,  malum  pro  malis  reddere  statuentes, 
et  eorum  maliciis  obviare  pertinaci  malitia  cupientes. 
Sed  dum  ipsi  plus  aequo  imitationis  (2)  excedunt  limi- 
tes,  excommunicatione  ad  hujusmodi  clericorum  ins- 


embarras.  On  a  vu  plus  haut  qu'en  envoyant  Hugues  de  Boville  a 
Naples,  avec  niission  de  ramener  en  France  la  future  reine  Cle- 
mence  de  Hongrie,  Louisavait  expedie  en  meme  temps  des  ambassa- 
deurs  a  Avignon  pour  hater  l'election  d'un  souverain  pontife.  II  comp- 
tait  evidemment  sur  un  pape  qui  dissoudrait  son  premier  mariage 
avant  Tarrivee  de  sa  deuxieme  femme.  Mais  Louis  futtrompe  daus  ses 
calculs.  Au  printemps  de  l'an  i3i5  les  cardinaux  refusaient  encore  de 
se  reuuir,  et  Clemence  de  Hongrie  pouvait  arriver  en  France  d'un 
jour  a  l'autre.  La  mort  de  jMarguerite  de  Bourgogne  vint  fort  a  propos 
pour  tirer  Louis  de  ce  mauvais  pas;  Marguerite  mourut  le  jour  meme 
de  l'execution  de  Marigni ,  le  5o  avril  i3i5. 

(i)  Hugues  V,  duc  de  Bourgogne,  mourut  avant  d'avoir  atteint  sa 
majorite;  il  eut  pour  succcsscur  son  frerc  Eudes  IV. 

(2)  Mss.,  plus  insialionis.  3IM.  les  editeurs  des  Ilist.  dc  Fr.  ont 
propose  en  note  sed  duni  ipsi  imitntionis,  etc. 


420  CONTINUATIO  CHRONICI 

tantiam  aut  per  ipsos  se  absolutos  proninitiant, -vel 
absolutos  reputant,et  ildem  (i)  sacramenta  ecclesia- 
stica  subministrant,  aut  hsec  a  sacerdotibus  fieri  com- 
rainatione  mortis  violenter  et  terrore  procurant.  Tan- 
dem  ad  praelatorum  quorumdam ,  qui  ob  lioc  regem 
cum  instantia  adierunt,  supplicationem  et  requestam 
detenti ,  ne  facilitas  veniae  ad  delinquendum  prseberet 
aliis  incitamentum,  poenarum  inflictione  (2)  condigna 
pro  suorum  qualitate  excessuum  puniuntur. 

Circa  ascenslonem  Dominicam  (3)  Ludovicus  quon- 
dam  Nivernensis  et  de  Rethel  comes,  et  Johannes  de 
Namurcio  venientes,  infamiliaritatem  regis  et  gratiam 
revocantur,  praefatoque  comiti  dicti  duo  comitatus,  a 
quibus  dudum  privatus  sententialller  fuerat  (4),  resti- 
tuuntur  pacifice  et  quiete,  quod  plerisque  occasionem 
prsestitit  multi  murmurii  et  cachinni. 

Die  martis  post  Trinitatem  (5),  comparuerunt  co- 
ram  rege  abbas  quidam  Cisterciensis  ordinis,  et  alii 
procuratores  Roberti  comitis  Flandrensis,  dictum  co- 
mitem  excusantes,  quod  quamvis  personaliter  venire 
subraonitus  pro  pace  confirmanda,  quae  anno  praete- 
rito  fuerat  prolocuta ,  venire  taraen  non  poterat 
competenter^  tam  propter  corporis  debilitatem,  quam 


(i)  Mss.,  exconimunicationis  nd  hitjus  cicric.  i?ist.  nut  pro  se  ipsos 
(ibsol....  reputant  et  eisdeni. 

(2)  Nous  avons  adopte  les  corrcctions  proposees  par  dAchery.  Les 
Mss.  porlcnt  nliis  internii/iiuni,  pcenaruni  afflictione. 

(3)  Vcrs  le  1*"^  mai. 

(4)  Louis,  conite  de  IXevers  ct  de  Rclliel,  fils  aine  de  Robert  IIT 
comte  de  Flaudre,  s'elant  echappe  en  iSog  du  Chatelet  de  Paris,  ou 
il  avait  ete  enferme  pour  avoir  cxcite  les  Flamands  a  ia  revolte,  fiit 
condanine  par  contumace  a  perdie  lous  scs  bicns. 

(5)  Le  io  mai. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  421 

propter  incursum  hostium  \n  comitatu  Flandrensi, 
Quae  tamen  excusationes  repulatae  sunt  frivolae,  pro- 
rogatoque  die  et  submonitionis  termino  transacto, 
tandem  vigilia  apostolorum  Ifetri  et  Pauli  (i)  dictus 
comes  Flandrensisque  populus  adjudicatur  contumax 
et  rebellis,  compulsisque  redire  procuratoribus,  Lu- 
dovicus  tamen  comes  INivernensis,  et  filius  prsedicti 
comitis,  etdominus  Robertus  de  Namurcio  remansc- 
runt  in  Francia  cum  rege  Ludovico,  pace  FJandren- 
sium  sic  infacta. 

Sabbato  ante  festum  sancti  Johannis  (2)  tres  mu- 
lieres,  quae  potiones  confecerant,  quibus  defunctus 
Catalaunensis  episcopus  fuerat  (5) ,  combustae  fue- 
runt  in  quadam  insula  brevi,  quae  erat  in  fluvio  Se- 
canae,  ante  ecclesiam  fratrum  Heremitarum  sancti  Au- 
gustini. 

Johannes  filius  [Guillelmi]  (4)  Flandrensis,  domi- 
nica  in  octavas  Apostolorum  desponsavit  filiam  comi- 
tis  Sancti-Pauli. 

Hoc  anno,   medio  mensis  aprilis  usque  ad  finem 

(i)Le28juin. 

(2)  Le  21  juin. 

(3)  Mss.,  fueral  suspectus.  D'Achery  a  relegue  en  marge  le  mot 
suspectus ,  parce  qu'il  semble  inulile  pour  le  sens,  et  ce  retranche- 
ment  est  justifie  par  la  Chron.  de  Saint-Denys ,  ou  on  lit  :  «  trois 
femmes  qui  portoient  poisons ,  et  par  lesquelles  1'evesque  de  Chaa- 
lons,  devancier  de  Pierre  de  Latilly,  avoit  este  empoisonne,  furenl 
arses,  etc.  »  T.  V,  p.  222. 

(4)  II  y  a  ici  dansles  Mss.  un  blanc  que  d'Achery  proposait  de  rem- 
plir  par  le  mot  comitis ;  mais  ce  serait  une  erreur.  Jean  de  Flandre  cjui 
epousa,  l'an  i3i5,  Beatrix,  fiUe  de  Gui  IV  comte  de  Saint-Paul,  etait 
fils  de  Guillaume  de  Flandre  seigneur  de  Tenremonde  et  viconite 
de  Clvateaudun,  petit-fils  de  Gui  de  Dampierre  ct  frere  da  conitc 
Robertlll,  qui  gouvcrnait  la  Flandre  en  i3i5. 


1 


422  COJNTINUATIO  CHROJNICI 

mensls  julii  vel  circlter,  facta  est  Inundatio  pluviarum 
quasi  contlnua,  frigusque  sestivo  tempore  insolitum; 
propter  quod  nec  segetes,  nec  vineae  ad  maturitatem 
congruam  poterant  pervenire  :  et  ob  hoc,  maxime 
toto  mense  julio  vel  quasi ,  factae  sunt  processlones 
devolae  a  clero  etpopiilo.  Vldimus  namque  per  quln- 
decim  dies  contlnuos,  apud  eccleslam  sancti  martyris, 
maxlmam  utrlusque  sexus  multltudlnem  una  cum 
clero,non  tantum  de  prope,  imo  etiam  a  quinque 
leucis  et  amplius,  etiam  nudis  pedibus,  qulnlmo,  ex- 
ceptls  mulierlbus,  totis  nudis  corporibus  processio- 
nnllter  confluentem ,  Ibique  deferebantur  corpora 
Sanctorum  devote,  et  allae  relicpilae  venerandae.  Nec 
tantum  (i)  in  dloecesi ,  Imo  etiam  In  Carnotensl,  Ro- 
thomagensl ,  allls  quoque  regni  Franciae  partibus  con- 
similes  processiones  fiebant. 

Eodem  tempore,  julio  mense,  in  festo  beatae  Chri- 
stinae  (2)  Ludovicus  rex  Franciae,  accepto  vexillo  apud 
Sanctum-DIonysIum ,  quod  dicltur  auriflammn ,  et 
domino  Henrico  de  Herquerl  mlllti  tradlto,  proficis- 
cens  in  Flandriam  ultima  dle  mensls  ejusdem ,  reginam 
Clementiam  sibi  matrimonlo  copulavlt  domlnica  se- 
quenti,  In  festo  inventionls  sancti  Slephanl  prolo- 
marlyris  (5).  Ipsis  vero  parlter  coronatis  et  sacra  un- 


(i)  Correction  de  d'Achery.  Mss.,  necnon. 

(2)  Le24  juillet. 

(5)  Le  dimanche  5  aout.  —  Bcrnai-d  Guidonis  {Vie  de  Clement  F, 
dans  Paluzk  ,  t.  I,  p.  82)  met  le  mariage  de  Louis  et  de  Cleinence  au 
5i  juillet  et  leur  couronnement  au  3  aout.  Cest  cette  opinion  qu'ont 
suivie  les  auleurs  de  l'edition  in-8°  de  VArtdc  verif.  les  dates ,  quoi- 
qu'ils  aientcite  le  continuateur  de  Nangisqui  ne  donne  pas  la  date  du 
courouacment.  Mais  11  y  a  erreur  et  dans  le  recit  dc  ce  continuateur 
ot  dans  celui  de  Bcniiuxl  Guidonis  ;  car  un  ancicn  compte,  dont  nous 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  423 

ctione  consecratis ,  cum  ipse  rex  ad  castrum  Flandriae 
quod   Insula    dicitur  applicuisset,    movensque    inde 
exercitum,  apud  locum  qui  dicitur  Bondrus  (i)  fixis 
tentoriis  pontera  ibi  parari  fecisset;  (hostesenim  qui 
ultra  Lilium  similiter  tentorla  fixerant,  pontem  illi 
fregerant,  ut  ad  illos  cum  exercitu  suo  transire  non 
posset)  taiita  illic  inundatio  pluviarum  et  ita  continua 
secuta  est,  ut  usque  ad  poplites  tam  equi  quam  ho- 
mines  in  luto  et  coeno  multa  angaria  premerentnr. 
Sicque  tandem  rex  ipse ,  de  baronum  communi  consi- 
lio,  licet  non  absque  displicentia  etamaritudine  cordis, 
cum  nec  ad  ipsum  nec  [ad]  ejus  exercitum  victualia 
possent  deferri ;  tandem  compulsus  est  exercitum  II- 
centlare  infecto  negotio,  et  reverti.  Et  ne  hostes  de 
praeda  locupletes  fierent,  ignem  in  tentoriis  jussit  ap- 
poni,  Quod  videntesadversnrii,  eestimantes  nostrorura 
exercilum  in  eos  velle  irruere  per  pontem  paratum, 
mox  igne  similiter  in  tentorils  suis  apposlto  fugam 
inierunt  (2).  lllic  autem  ante  suum  recessum  rex  ipse, 
de  avunculorum  et  fratrum  baronumque  consillo,  re- 

devons  la  communication  a  M.  Lacabane,  fait  connaitre  que  Hugues 
de  Boville,  partile  12  decembre  i3i4  pour  aller  chercher  la  princesse 
Clemence,  n'avait  ete  de  retour  que  le  8  aout  i3i5.  li  faut  donc  s'en 
rapporter  a  la  Chron.  de  Saint-Denys  qui  met  le  couronnement  an 
dimanche  apres  Toctave  de  TAssomption,  c'est-a-dire  au  24  aout,  et 
le  mariage  au  mardi  precedent  ig  aout.  Ces  dates  ont  ete  adoptees  par 
le  P.  Anselme  et  par  les  Benedictins  qui  ont  publie  Pedition  in-foHo 
de  V Art  de  verif.  les  dates.  Dans  ce  dernier  ouvrage  cependant  le 
mariage  de  Louis  X  et  de  Clemence  est  fixe  au  i5  aout,  mais  c'est 
sans  doute  unefaute  d'impression.  Ge  raariage  eutlieu  au  chatcau  de 
Saint-Lie,  pres  de  Troyes. 

(i)  D'apres  les  Chron.  de  Saini-Denys,  il  faudrait  Corteriacuni , 
Courtrai . 

(2)  Cette  circonstance  n'est  pas  mcntiorinee  dans  les  Grandes  Chron. 


424  CONTINUATIO  CHRONICI 

ginam  Clementlam  dlcitm^  de  viginti  millibus  libris  in 
redditibus  dotasse ,  praecipue  apud  Lorriz,  Bogencia- 
cum,  Montargis,  Fontem-Blaudi  et  alibi,  et  de  hoc 
litteras  confecisse. 

Hoc  anno  fuit  vini  defectus  universalis  in  regno 
Franciae  alias  inauditus,  non  solum  in  quanlitate,  sed 
etiam  in  qualitate. 

Mense  octobri ,  facto  concllio  Silvanectensi ,  prae- 
sente  (i)  archiepiscopo  Remensi  ejusque  suffraganeis , 
et  aliis  quibusdam  praelatis;  propositisque  duobus  prae- 
dictis  casibus  contra  Catalaunensem  episcopum,  pe- 
tiit  idem  episcopus  ut  ante  omnia  ipse,  qui  tam  in  per- 
sona  quamin  bonis  spoliatus  erat,  restitueretur;  quod 
et  obtinuit,  ut  jus  erat.  Quo  concesso,  voluit  quod 
super  hoc  praelati  inquirerent,  et  sic  super  hoc  pro- 
rogatur  concilium  et  Parisius  assignatur, 

Circa  istud  tempus  (2)  papa  Johannes  divisit  episco- 
patum  Tholosanum  in  sex  episcopatus,  et  facta  est 
civitas  Tholosana  sedesmetropolitana. 

Episcopatus  Pictavensis  per  eumdem  in  tres  episco- 
patus,  scilicet  Pictavensem,  Maleacensem  et  Lucecia- 
nerisem  (3)  est  divisus;  erantautem  prius  duaeabbatiae 

(i)  Nous  lisons  prcescnte  et  non  prcesidente ,  malgre  1'accord  des 
Mss.,  parce  que  la  prcsidence  du  concile  ne  pouvait  appartenir  a  la  fois 

a  rarcheveque  et  a  ses  suffragants.  «  En  ce  meisme  an fut  fait  con- 

cile  a  Senlis  present  l'archevesque  de  Reims  et  les  evesques,  etc.  » 
Grandes  Chran.,  t.  V,  p.  'ii&. 

(2)  En  iSiy.  Voy.  Bern.  Guidonis  dans  Baluze,  Fitce  papar.  Ave- 
nion.,  t.  I ,  col.  i54.  Les  six  eveches  crees  par  Jean  XXII  furent  Mon- 
tauban,  Rieux,  Lombez,  Saint-Papoul ,  Lavaur  et  Mirepoix. 

(3)  Maillezais  et  Lucon.  JXote  de  d'Achery.  Ces  deux  alinea  ont 
cvidemraent  ete  deplaces  par  les  copistes,  puisque  c'est  scubment 
plus  bas,  a  la  page  4^8,  qu'on  trouveia  rdectioa  de  Jean  XXII,  en 
qualite  de  souvcraiu  pcntife. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  4->5 

subditae  episcopo  Pictavensi,  quae  nuiic  factae  sunt  ec- 
clesia?  cathedrales,  et  abbates  earumdem  suut  etiam 
episcopi. 

Quidam  milites  etalii  nobiles  Vermandenses  etCam- 
panenses  confoederati  invicem,  contra  comitissam 
Mathildem  (i),  quee  ipsos  indebite  volebat  opprimere, 
insurgunt;  quemdam  militem,  quem  in  carcere  deti- 
nebat,  de  castro  fortissimo  quod  dicitur  Hedinc  po- 
tenter  auferunt,  Johanna  Pictavensi  comitissa  dictae 
Mathildis  filia ,  et  postea  regina  Franciae  (2)  tunc  pne- 
sente,  et  ab  eis  permissa  liberae  fugae  praesidio  se  ip- 
sam  salvare.  Hac  vero  de  causa  quia  dicti  milites  con- 
spirasse  dicebantur  contra  regiam  majestatem ,  vocati 
sunt  a  rege  Ludovico  circa  festum  Omnium  Sanctorum 
apud  Compendium,  etibi  comparentes  emendaverunt 
regi,  utdicebatur. 

Karolus  Valesii  et  multi  alii  barones  regni  Fran- 
ciae  (5) ,  in  regressu  de  Flandriis  fecerunt  monetam 
novam  Parisius,  et  cucurrit.  Quae  etsi  pauco  tempore 
cursum  aliqualem  Parisius  et  circa  habuerit,  non  ta- 
men  diutius,  rege  eam  prohibente,  nisi  tantum  in  ter- 
ris  eorumdem  qui  hanc  monetam  fecerant  fabricari. 

Circa  festum  sancti  Thomae  (4)  ^''^^  f^''-  cometa  in 


(i)  Mathildeou  Mahaut,  femme  d'Othon  IV  duc  de  Bourgogne  et 
fiUe  de  Robert  II  conile  d'Artois,  auquel  elle  avait  succede  depuis 
I'an  i5o2. 

(2)  Jeanne,  fiUe  d'Othon  IV  et  de  Mahaut,  mariee  a  Philippe  le 
Long ,  d'abord  comte  de  Poitiers,  ensuite  roi  de  France.  Tous  les  Mss. 
portent  postea  regi/ia  jiiiglice ,  erreur  qu'aucun  editeur  n'avait  en- 
core  sigualee. 

(3)  Mss.,  Flajidrice, 

{^)-Chron.  de  Saint-Denys ,  «  au  moys  de  mais.  » 


426  CONTINUATIO  CHRONTCI 

coelo ,  quae  morteni  regis  praenostlcare  vldebatur,  ut 
patult  postmodum  Iii  effectu. 

MCCCXVI. 

Hoc  anno  prae  defectu  annonae ,  de  qua  tactum  est 
supra,  tanta  fult  carlstla  granl  (i)  In  regno  Franclae, 
quod  sextarium  bladl  Parlslus  et  clrca  qulnquaglnta 
solldos  Parlslenslum  fortlum,  ordei  vero  trlglnta,  et 
avense  octodeclm  vel  ampllus  vendebatur  :  et  slmillter 
accldit  in  allls  partlbus  regni  Franclae  suo  modo. 

Ludovicus  rex  Franclee  et  Navarrce,  febre  gravi  per 
allquot  dles  in  domo  regall  nemorls  Vlcenarum  cor- 
reptus  (2)  ,  qulnta  die  mensis  junll  diem  clauslt  extre- 
mum ,  reginam  Clementiam  de  quodam  puero  Imprae- 
gnatam  relinquens,  habensque  filiam  unicara  nomlne 
Johannam  de  Margareta  prlma  conjuge  defuncta.  Hu- 
jus  autem  corpus  primo  Parislus  in  ecclesla  beatae  Ma- 
riae  virginis  ipso  die  defertur,  die  vero  sequenti  ad  ec- 

(i)  Les  edit.,  tantafuit  caristia  ^ravis ;  Mss.  999  ct  l\^i\  A,  caristia 
granis. 

(2)  II  gagna  cette  maladie  pour  avoir  bu  outre  mcsare,  dans  une 
cave  tres-froide ,  apres  s'etre  considerablement  echauffe  au  jeu  de 
paume.  Jean  de  Saint-Yictor,  dans  Baluze,  t.  I,  col.  ii4,  ii5,  Go- 
DEFR.  DE  Pauis,  p.  ig^  ct  suivautes.  Les  precedents  editeurs  ont  tous 
imprimc,  conformcment  aux  Mss.,  quintadie  mensis  julii,  sans  memc 
faire  remarquer  que  cette  date  est  contredite  par  tous  les  documents 
contempoi-ains.  Louis  X  mourut  le  5  juin  et  noa  le  5  juillet ,  suivant 
Bern.  Guido.ms,  dansBaluze,  t.  I.  col.  84;  Jean  de  SAiNT-ViCTOK ,  ib., 
col.  ii5;  les  Grandes  Chron.,  t.  V,  p.  228;  Godefr.  de  Paris,  p.  2^5. 
Celui-ci  met  la  mort  du  roi  au  quart  jour  de  juing ,-  mais  cette  opinion 
ne  contredit  point  celle  des  autres  chroniqueurs,  car  il  resulte  de  docu- 
ments  contemporains  quc  Louis  X  mourut  dans  la  nuit  du  4  au  5  juin 
vers  minuit.  Clemcncc  de  Hongrie  elle-meme  dans  son  testament  place 
au  cinquieme  jour  de  juinla  mort  dc  son  mari.  Meni.  de  lAcad.  des 
Inscr.,  t.  X,  p.  577,  a  la  notc. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  427 

clesiam  beati  Dionysli  patrum  suorum  sepulcrum 
delatum,  proutregalem  magnificentiam  dccuit,  tcrtia 
die  post  obitum,  ecclesiasticee  traditur  sepulturae. 

Philippus  comes  Pictavensis ,  qui ,  pro  crcatione 
summi  pontificis  acceleranda,  Lugdunum  Avinione 
profectus  fuerat,  audita  morte  fratris  sui  regis  Franciee 
Ludovici ,  reverti  Parisius  maturavit  :  includi  tamen 
cardinales  faciens  priusquam  recederet  a  Lugduno,  co- 
mitem  de  Fores  ad  ipsorum  custodiam  relinquens.  Ve- 
nit  autem  idem  comes  Parisius  die  lunae  post  transla- 
tionem  beali  Benedicti  (i),  acceptisque  regiis  equis 
apud  Caceriam ,  die  quoque  sequenti  celebratis  obse- 
quiis  in  ejus  praesentia  apud  coenobium  sancti  Dionysii 
pro  fratre  suo  rege  Ludovico,  revertens  inde  Parisius 
parlamentum  fecit  congregari,  in  quo  sane  tamen,  de 
consilio  procerum  et  militum  regni ,  exstitit  ordina- 
tum ,  ut  usque  ad  decem  et  octo  annos ,  etiam  si  ex 
regina  Clementia  ,  quam  frater  ejus  gravidam  relique- 
rat,  puer  raasculus  nasceretur,  servaret  et  regeret  re- 
gnum  Franciae  et  etiam  Navarrae  :  unde  et  in  ejus  raa- 
gno  sigillo  sic  erat  conscriptum  :  Philippus  regis 
Francorumfilius ,  Francice  et  Navarrce  regens  regna., 

Circa  festum  Magdalenes,  Ludovicus  comes  Clari- 
moncis  et  Johannes  frater  ejus  comes  Suessionensis 
cum  multis  aliis  crucera  transmarinam  de  manu 
patriarchae  Jerosolymitani,  congregatis  praelatis  quam- 
plurirais  Parisius,  solemniter  assumserunt,  proclama- 
tumque  fuit  ex  parte  comitis  Pictavensis,  qui  jamdu- 
dum  patre  vivente  crucera  acceperat,  ut  qui  tuncvel 

(i)  IjC  12  juillet. 


428  CONTINUATIO  CHRONICI 

etinm  ante  acceperant  (i),  ad  transfretandiim  ciim  ip- 
sis  in  festo  Pentecostes  ab  eodem  festo  immediate  post 
annum  fiiturum  totis  se  viribus  praepararent. 

Hoc  anno  fuit  magna  mortalitas  hominum  et  maxime 
pauperum,  quoriim  raulti  famis  inedia  perierunt. 

Post  vacationem  apostolicae  sedis  per  biennium  et 
amplius,  tandem  cardlnales  inclusi  dominum  Jacobum 
cardinalem,  prius  vero  Avinionensem  episcopum  ,  vi- 
rum  siquidem  in  jure  peritum  et  vita  laudabilem,  na- 
tione  Caturcensem,  prima  die  mensis  augusti  feslo 
sancti  Petri  ad  Vincula  in  summum  pontificem  elege- 
runt  :  qui ,  mutato  nomine,  Johannes  XXII  papa  vo- 
catus,  ibidem,  ante  Nativitatem  beatee  Mariae  virgi- 
nis,  sua  suscepit  insignia,  Karolo  comite  Marchiae, 
fratre  Philippi  regentis  regna  Franciae  et  Navarrae, 
eorumque  avunculo  Ludovico  Ebroicensi  comite  fre- 
nura  equi  cui  insidebat  regentibus,  ejusque  festum  de- 
corantibus  ipso  dle. 

Dle  venerls  post  Nativitatem  beatse  Marlae  virgi- 
nis  (2),  factus  est  terrae  motus  apud  Pontisaram  et 
villam  sancti  DionysII  in  Francia,  quamvis  rarus  in  iis 
terrae  partibus ,  evenire  insolitus,  et  alias  inaudltus. 

Papa  Johannes  concessit  hoc  tempore  annualia  ad 
quatuor  annos  Phllippo  Pictavensi  comlti,  regentire- 
gna  Fratjclae  et  Navarrae. 

Eclipsis  lunae  facta  est  prlma  nocte  prlrai  diei  octo- 
bris  immedlate  sequentls. 


(i)  Le  Ms.  4921  A  porte  ici  ncceperant ,  et  pliis  bas  prceparavent ; 

lesautres,  acceperat pra^pararet. 

{■2)  \.c  10  septembre. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  429 

Johannes  comes  Suessionensls,  qui  niipcr  crucem 
transmarinam  assumserat,  diem  clausit  extremum. 

Robertus ,  nepos  Malhiidis  Attrebatensis  comitissae 
Bellimontis  Rogerii ,  occupare  volens  (i)  comitatum 
Attrebati,  quod  ad  ipsum  ratione  patris  sui  Philippi 
dudum  defuncti,  fratris  dictse  Mathildis  filii  vero  Ro- 
berti  (2)  pertinere  dicebat;  junctis  sibi  confoederatis 
de  quibus  supra  meminimus,  nonobstante  quod  Phi- 
lippus  regnum  Franciae  regens  negotium  ipsum  in 
raanu  superiori  posuerat  vel  in  quacumque  inhibi- 
tione,  in  Galtherura  conestabularium  (3)Franci8e,  qui 
illic  ad  ejus  motus  reprimendos  directus  fuerat,  poten- 
ter  insurgens,  civitatem  Attrebatum  castrumque 
.sancti  Audomari  vi  armorum  accepit,  mandatusque 
ad  parlamentumParisius  venirerespuit.  Quod  audiens 
comes  Phiiippus,  contra  ipsum  arma  corripiens ,  die 
sabbati  ante  festum  Omnium  Sanctorum  (4)  apud 
Sanctum-Dionysium  vexillum  accepit,  episcopo  sancti 
Melloti  (5)  missam  celebrante,  et  ipsum  benedicente, 
sanctis  tamen  martyribus  non  extractis  aut  super  al- 
tare  positis,  nec  ipso  vexillo,  ut  alias  fieri  solet,  eis- 
dem  contacto.  Cumque  venisset  Ambianis  civitatem 
cum  exercitu  copioso,  ante  omnem  congressum  hosti- 
lem  talis  compositio  fuit  facta ,  quod  certis  personis 
ad  tractandum  de  pace  inter  ipsum  (6)  et  comitissam 

(i)  Ce  niot,  ajoute  par  d'Achery,  manque  dans  les  Mss. 
(2)  Ces  mots,  qui  sont  dans  le  Ms.  4921  A,  ont  ete  ajoutes  par  ren- 
voi  a  la  marge  du  Ms.  999  et  d'une  autre  main. 
(5)  Les  Mss.  portent  inhabiiatione  a  Gathero  conest. 

(4)  Le  3o  octobre. 

(5)  L'eveque  de  Saint-]\Ialo.  DAchery  a  imprime  sancti  Maclo\'ii. 

(6)  Inter  ipsum,  c'est-a-dire  entre  llobert.  Ce  traite  fut  concUi  1«' 
G  uovembre. 


430  CONTINUATIO  CHRONICI 

praedlctam  deputatls,  nisl  possent  eos  pacificare,  de 
plano  judicarentur  per  pares  et  proceres  regni ,  pro- 
cessu  negotii  in  eodem  slatu  remanente  in  quo  erat 
tempore  quo  decessit  Robertus  Attrebatensis  comes, 
pater  dictse  Mathildis,  et  avus  ipsius  Roberti,  non- 
obstante  judicato  quocumque;  interim  vero  Karolus 
comes  Valesii ,  ejusque  frater  Ludovicus  comesEbroi- 
censis,  comitatu  in  manu  superiori  posito,  omnes  ejus 
redditus  et  proventus  reciperent;  ipse  vero  Robertus 
qui  confoederatos  et  eorum  factum  advocabat,  (hoc 
tamen  excepto,  quod  si  aliqui  contra  regiam  majesta- 
tem  alias  attentassent,  de  quo  purgare  se  ipsos  legi- 
time,  loco  et  tempore  offerebant)  Parisius  in  prisione 
se  redderet  :  quod  et  factum  est.  Et  sic  comes  Philip- 
pus,  licentiato  exercitu,  Parisius  est  reversus;  comes 
vero  Robertus  primo  in  castelleto  Parisius,  et  postea 
npud  Sanctum-Germanum  de  Pratis  in  prisione  deten- 
tus  est. 

Parisius  apud  Luparam  (i)  xvii  kalendas  decembris 
ex  regina  Clementia  quartana  laborante  natus  est  puer 
masculus,  regis  Ludovici  nuper  defiincti  primus  filius, 
nocte  videlicet  diedominlca  prsecedente,  qui  natus,  in 
Christoregeneratus  (2)  Johannesque  vocatus,  xiii  ka- 


(i)  Mss.,  Luxeram.  La  corieclion  de  d'Achery  Lupavani  est  con- 
finnee  par  Bernard  Guidonis  qui  dit  que  la  reine  Clemence  fit  ses 
couches  a  Paris.  Baluze  ,  t.  I,  col.  84-  Jeaa  I"  naquit  le  i5  novembre 
etmourut  le  ig.  Le  \5  novembre,  en  i5i6,  tombant  un  hindi,  les  mots 
iwctc  die  dominica  prascedente  signifient  dans  la  nuit  qiie  prcctdail 
le  jour  du  Seigneur,  dans  la  nuit  du  dimanche  au  hmdi. 

(2)  Telle  est  la  lecon  du  Ms.  492 1  A ,  et  d'une  autre  copie  dont  De- 
nys  Godefroy  a  imprime  un  fragmcnt  dans  son  Ce're'monial  frajicaiM , 
t.  I,  p.  145.  I^s  i\Iss.  455  et  999  portcnt  re^natus ,  mot  qu'on  hrait 
res,cneralus ,  au  moyeti  de  deux  signes  d'abreviation  places  sur  le  g  et 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  431 

lendas  mensis  prsedicti  ibidem  decessit,  die  scilicet  ve- 
iieris  immediate  scquenti.  Die  vero  sequenti  in  ecclesia 
beati  Dionysii  ad  pedes  patris  sui  defuncti,  Philippo 
Pictavensi  comitante  (t),  corpusque  parvuli  una  cura 
suis  (2)  avunculis  Karolo  et  Ludovicoad  tumulum  de- 
ferente,et  extunc  pro  rege  Franciae  et  Navarrae  non 
immerito  se  lenente,  traditus  est  ecclesiasticee  sepul- 
turae.  Philippus  regis  Ludovici  defuncti  fraler,  domi- 
nica  postfestum  Epiphaniae  (3),  una  cum  conjuge  sua 
Johanna  inunctus  est  Remis  in  regem,  avunculis  suls 
Karolo  et  Ludovico  proceribusque  regni  et  paribus, 
licet  non  omnibus,  ibidem  preesentibus. 

Quamvis  enim  frater  ipsius  Karolus  comes  Marchiee 
secum  Remis  usque  venisset,  ante  coronalionem  ta- 
men  summo  mane  ex  insperato  recessit.  Dux  etiam 
Burgundiae  venire  non  voluit,  imo  etiam  et  antiqua 


sur  Vn.  D'Acliery  a  iraprime  i-egnaturus ;  et  c'est  sur  ce  non-sens,  con- 
serve  dans  les  deux  editions  suivantes,  que  Sismondi  a  essaye  de  ba- 
tir  touteune  theoriepolitique.  Voy.  Hist.  des  Francais ,  t.  IX,  p.  344- 

(i)  Correction  de  d'Achery.  Les  Mss.,  comite  milite. 

(i)  Corrige  d'apres  le  fragment  publiepar  Godefroy  et  le  Ms.  4921  A. 
Les  edit.  precedentes,  unn  cum  filiis ,  avuncuUs,  etc. 

(3)  Le  9  janvier  iSij.  Bernard  Guidonis  donne  la  mume  date.  Ba- 
LUZK,  t.  I,  p.  i53.  D'apres  les  Chron.  de  Snint-Denys ,  Philippe,  une 
fois  couronne,  aurait  fait  son  entree  a  Paris  dans  la  nuit  du  6  janvier, 
t.  V,  p.  253,  ce  qui  reporterait  a  une  date  anterieure  la  ceremonie  du 
couronnement.  Enfin  Jean  de  Saint-Victor,  dans  Baluze,  1. 1",  col.  1 19, 
dit  que  PhiUppe  fut  sacre  et  couronne  a  Reims  le  jour  de  TEpiphanie, 
c'est-a-dire  le  G  janvier.  Le  pere  Ansehne  en  adoptant  celte  derniere 
date  cite  pourtant  en  marge  un  registre  de  la  chamhre  des  comptes 
d'apres  lequel  le  sacre  de  Phihppe  V  aurait  eu  heu  le  9  janvier,  jour 
indique  par  notre  chroniqueur.  Et  un  comple  des  depeuses  du  sacre, 
un  tableau  de  l'ilineraire  du  roi  a  cette  occasion ,  enfin  unc  lettre  dc 
Philippe,  docunients  que  M.  Lacabaae  a  bicn  voulu  nous  fairc  con- 
naitre  ,  prouvent  que  leg  janvier  i3i7  est  la  veritable  date. 


432  CONTINUATIO  CHRONICI 

tlucissa  Burgundiae  (i)  appellatione  ut  dicebatur  facta, 
intirnari  fecit  paribus  qui  coronationi  intererant,  et 
prsecipue  praelatis,  ne  in  ipsam  procederent,  donec 
iractatum  esset  de  jure  cpiod  Johanna,  juvencula  puella 
Ludovici  regis  defuncti  primogenita,  habebat  in  regno 
Franciae  et  Navarrae  :  cx  quibus  et  aliis  signis  et  factis 
nonnuUis,  multorum  concludebatur  judicio,  prsedic- 
tos  et  alios  nonnullos  regni  proceres  et  magnates  con- 
tra  regem  ipsum  saltem  in  occulto  simultatem  habere, 
cum  etiam  avunculus  ejus  Karolus  comes  Valesii  tunc 
csset  partem  (2)  eorum,  ut  dicebatur,  fovens.  Istis  ta- 
raen  non  obstantibus,  coronationis  festum  fuit  solem- 
niter  celebratum,  januis  civitatis  clausis,  et  armatis 
ad  earum  custodiam  deputatis.  Quamvis  autem  esset 
dissensio  inter  Belvacensem  episcopum  et  Lingonen- 
sem,  quis  eorum  in  ordine  sessionis  ratione  praeferri 
deberet  paritatis,  tamen  adjudicatum  exstitit  pro  epi- 
scopo  Belvacensi.  Mathildis  etiam  comitissa  Atlreba- 
tensis,  mater  reginae,  tamquam  par  regni  coronam 
regis  cum  caeteris  paribus  dicitur  sustentasse,  de  quo 
aliqui  indignati  fuerunt. 

DefunctoPhilippodeMarigniacofratreEngueranni, 
(le  quo  supra  meminimus,  archiepiscopo  Senonensi , 
suceessit  vir  nobilis  Guillermus  vicecomitis  Melduni 
iilius. 


(i)  Agnes,  fiUe  de  saint  Louis,  veuve  de  Robert  II  duc  de  Rour- 
gogne,  et  mere  d'Eudes  IV  alors  regnant.  Jeanne,  fille  du  preniier 
niariage  de  Louis  X,  etait  la  niece  de  Eudes  et  la  petite-fiUe  d'Agnes. 
Cette  derniere  mouruten  iDaj.  P.  Anselm.,  t.  I,  p.  87. 

(2)  Correction  duc  au  Ms.  4921  A  et  confirmee  par  le  fragment  de 
Godefroy.  Les  i\Iss.  portcnt  eticun  nvuncido  cjus  Karolo  coviite  Valesii 
Philippus  tiinc  rssrt  partrm  ,  etc. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  433 

Circa  etiam  idem  tempus,  defiincto  jEgidioBituriee 
archiepiscopo ,  successit  Lemovicensis  episcopus. 

Decesserunt  etiam  Guichardus  quondam  Trecensis 
episcopus,  et  Johannes  quondam  cantor  Aurelianensis, 
qui  in  episcopatu  Trecensi  successerat,  ipso  die  conse- 
crationis  suae. 

Kobertus  Attrebatensis  comitissse  nepos  ex  fratre, 
ex  prisione  relaxatus,  post  altercationes  aliquas  in  ju- 
dicio  et  extra,  ratione  juris  comitatus  praedicti,  tan- 
dem  compositione  amicabili  inter  ipsos  facta,  juri  co- 
mitatus  omnimode  renunciavit,  eo  pacto  yidelicet 
quodrex  in  hoc  facto  debite  provideret  (i).  Duxit  au- 
tem  Robertus  filiam  comitis  Valesii  in  uxorem. 


(i)  Laocelot  revoque  en  doute  l'exactitude  de  ce  recit  et  semble  ac- 
corder  plus  de  confiance  aux  Grandes  Chron.,  d'apres  lesquelles  l'em- 
prisonnement  de  Robert  d'Artois  n'aurait  eu  lieu  qu'apres  le  sacre  de 
Philippele  Long  (Mem.  de  lAcad.  deslnscr.,  t.  X,  p.58i,  582).  II  peut 
se  faire  que  Robert  ait  ete  emprisonne  apres  le  sacre  du  roi,  qui  eut 
lieu  le  9  janvier  i3i7,  et  cela  suflSrait  pour  etablir  l'exactitude  des 
Grandes  Chron.  Mais  il  n'en  est  pas  moins  certain  que  le  comte  de 
Beaumont  avait  ete  incarcere  une  premiere  fois  immediatement  apres 
le  traite  d'Amiens,  et  relache  ensuite  provisoii-ement  au  commence- 
ment  de  iSiy,  comme  le  dit  ici  notre  chroniqueur.  Cesfaits  sontprou- 
ves  par  une  charte  originale  deposee  a  la  Bibliotheque  du  Roi,  et  dont 
nous  devons  a  M.  Lacabane  la  connaissance  et  la  communication.  Elle 
est  du  dimanche  avant  l'Epiphanie  i5i6  (2  janvier  1017).  Robert  de- 
clare  devant  le  prevot  de  Paris,  Henri  Taperel,  qu'il  s'etait  i-endu 
a  Amiens  pour  calmer  le  mecontentement  qu'il  avait  cause  au  regent 
par  ses  expeditions  en  Artois ;  et  le  prevot  ajoute  :  a  Et  comme  pour 
les  choses  dessusdictes  il  eust  pleu  audit  nostre  seigneur  le  roy  de  lui 
(Robert)  envoier  a  Paris  en  prison,  finablement  comme  il  i  eust  ja  grant 
piece  demoure,  y  plut  a  nostre  sire  le  roy  a  lui ,  qui  de  ladicte  prison 
se  douloit  et  requeroit  estre  du  tout  delivre,  et  a  eslargir  icelle  prison 
juques  a  vint  lieues  en  tout  senz,  et  outre  juques  a  3Iontdidier  eta 
Bretoeil  en  Biauvoisins,  et  que  plus  pres  ne  puisse  ne  ne  doie  aprochier 
le  pais  d'Artois  ne  les  marches  pardcla;  mais  que  il  puisse  seurement 
I.  28 


434  CONTINUATIO  CHRONICI 

Circa  Purificationem  decessit  Corardus  abbas  Cister- 
ciensis,  cui  successit  Galtherus. 

Circa  Purificationem  beatae  Mariae  virginis  congre- 
gati  fuerunt  in  praesentia  Petri  deArrabloi,  dudum 
regis  Philippi  cancellarii ,  quem  Papa  de  novo  cardina- 
lem  effecerat ,  quamplures  proceres  et  regni  nobiles  ac 
magnates  una  cum  pierisque  praelatis  et  burgensibus 
Parisiensis  civitatis  (i);  qui  omnes  coronationem  regis 
Philippi  pariter  approbabant,  nec  non  ipsi  tamquam 
regi  pariter  obedire,  et  post  eum,  filio  ejus  Ludovico 
primogenito  tamquam  successori  et  heredi  legitimo, 
juramento  firmarunt,  magistris  Universitatis  civitatis 
ipsius  hoc  ipsum  unanimiter  approbantibus,  quamvis 
non  adliibito  juramento.  Tunc  etiam  declaratum  fuit 
quod  ad  coronam  regni  Franciee  mulier  non  succedit. 

Die  martis  ante  Cineres  (2)  factus  est  in  Pictavensi 
dicecesi  terrse  motus. 


aler  tant  loing  comme  y  lui  pleroit  envers  Normendie  ou  vers  Berry 
jusques  a  la  Chandeleur  prochain  venant,  en  tele  maniere  que  se  il 
n'avoit  loyal  essoine  de  son  cors  et  y  ne  plesoit  audit  nostre  sire  le  roy 
a  lui  faire  autre  grace  entre  ci  et  la,  ii  doit  rendre  son  cors  audit 
terme  ou  avant  a  Paris  en  prison  ou  point  et  en  Testat  ou  il  etoit  de- 
vant,  a  peine  de  prison  hrisiee.  Et  en  a  ohligie  quant  a  ce  et  par  son  ser- 
ment  lui  et  touz  ses  hiens  moehles  et  non  moehles.  En  seurquetout 
il  recongnut  en  droit  par  devant  nous  que  toutes  ces  choses  et  chas- 
cune  il  avoit  jurees  et  promises  par  sa  foi  en  la  main  de  noble  prince 
monseigneur  Looys  corate  d'Evreues,  en  non  dudit  nostre  seigneurle 
roy  a  tenir  et  acomplir  si  comme  par  dessus  cst  devisee.  »  La  charte 
fut  munie  des  sceaux  de  la  pi-ev6te  de  Paris,  du  comte  d'Evreux  et  de 
Jean  de  Brctagne,  sceaux  dont  il  ne  suhsiste  plus  que  des  fragments. 

(i)  Notre  chroniqueur  ne  fait  entrer  dans  cette  assemhlee  que  des 
hourgeois  de  Paris,  mais  ce  n'est  pas  ainsi  que  s'expriment  les  Grandes 
Chron.  «  En  cet  an —  furent  assemhles....  pluseurs  harons ,  nohles, 
prelas,  hourgois,  en  la  citedeParis.  »  T.  V,  p-  aSi. 

(2)  Le  i5  fevrier  ijiy. 


GUILLELMI  DE  NANGIACO.  435 

Ludovlcus  puerulus,  Philippi  regis  Franciae  pri- 
mogenltus,  die  veneris  post  Cineres  defungitur,  et 
apud  fratres  Minores  Parisius ,  juxta  aviam  suam 
Johannam  Franciae  et  Navarrae  reginam,  ecclesiaoticae 
traditur  sepulturse. 

Hoc  eodem  anno  fult  hyems  satis  aspera  continue  a 
festo  beati  Andreae  vel  circiter  usque  ad  Pascha  (i). 

(i)Du  3o  novembre  i5i6  au  5  avril  iBi^. 


NOTE  A.  —  Page  207,  note  4. 

MCCLI.  —  Mirabile  prodigium  et  novitas  inaudita  in  regno  Francige 
accidit.  Nam  quidam  latronum  principes  ad  seducendum  simplices 
et  disseminandum  crucem  in  populo,  falsis  adinventionibus  Cngebant 
se  visionem  angelorum  vidisse,  et  beatam  Mariam  virginem  apparuisse, 
et  praecepisse  ut  cruces  assumerent,  et  de  pastoribus  et  simplicioribus 
populi  quos  elegerat  Dominus ,  quasi  exercitum  congregarent  ad  sub- 
veniendum  Terrae  Sanctae,  et  regi  Franciae  iUis  in  partibus  succurren- 
dum;  et  bujusmodi  visionis  tenorem  in  baneriis,  quas  ante  se  deferri 
faciebant,  ceelatis  imaginibus  depingebant.  Qui  primo  per  Flandriani 
et  Picardiam  transeuntes,  per  villas  et  campos  deceptivis  exhortatio- 
nibus  pastores  et  simpbciores  populi,  quasi  ferrum  adaraas,  altrahe- 
bant.  Qui  cum  pervenissent  in  Franciam,  in  tanta  numerositate  jam 
creverant,  quod  sub  millenariis  et  centenariis  constituli  quasi  exercitus 
procedebant,  et  cum  per  campcstria  loca  pertransirent  juxta  caulas  ct 
greges  ovium,  pastores,  rebctis  gregibus  et  inconsultis  parentibus , 
nescio  quibus  debacchationibus  agitati,  se  cum  illis  in  facinus  invol- 
vebant;  et  cum  pastores  et  simpHces,  licet  non  secundum  scientiam, 
bona  intentione  hoc  facerent,  crant  tamen  inter  eos  latrones  et  bomi- 
cidae  quamplurimi  arcani  sceleris  conscii ,  quorum  consilio  magistro- 
rum  pbalanx  regebatur.  Qui  cum  per  villas  ct  civitatcs  transitum 
facerent,  erectis  in  altum  appasutis  et  securibus  aliisque  armorura 
utensilibus,  ita  terribiles  populo  se  reddebant,  quod  vix  aliquis  erat 
de  judiciaria  potestate  qui  non  in  aliquo  eisdem  contradicere  formida- 


436  CONTINUATIO  CHRONICI  GUILL.  DE  NANGIACO. 

ret;  ipsique  in  tantum  errorem  deciderant,  quod  desponsalia  facie- 
bant,  cruces  dabant  et  etiam  de  peccatis,  ut  dicitur,  facie  tenus  absol- 
vebant;  et  quod  deterius  erat,  ita  conimunem  populum  secum  in 
errorem  involverant,  quod  affirmabant  plurimi,  et  alii  credebant,  quod 
cibaria  et  vina  coram  eis  apposita  non  deficerent  propter  eorum 
comestionem ,  sed  potius  augmentum  i'ecipere  videbantur.  Cierus 
autem  cum  audivit  populum  in  tantuni  errorem  incidisse,  condoluit: 
et  quoniam  ejusmodi  errori  contradicere  voluit,  pastoribus  et  populis 
exosus  efficitur;  et  tam  iniquo  odio  hos  oderunt,  quod  plures  eorum 
in  canipis  repertos  occidentes,  martyres  ut  credimus  effecerunt.  Re- 
gina  vero  Blancha,  quae  sola  regnum  Francias  niira  sagacitate  tunc 
regebat,  forte  uon  suo  errore  eos  sic  incedere  tolerabat,  sed  quia  filio 
suo  sancto  regi  Ludovico  et  Terrae  Sanctae  per  eos  sperabat  adjutorium 
pervenire.  Cum  autem  transissent  urbem  Parisius,  putaverunt  se  ab 
omnibus  periculis  evasisse,  jactantes  se  quod  boni  essent  homines,  et 
hoc  per  rationem  arguebant;  quia  cumfuissent  Parisius,  ul)i  est  fons 
totius  sapientiae,  nunquam  fuerat  eis  in  aliquo  contradictum.  Tunc 
errores  suos  coeperunt  vehementer  augmentare,  et  ad  furta  et  rapinas 
studiosius  intendere.  Qui  cum  Aurelianis  pervenissent,  cum  clericis 
Universitatis  prselia  commiserunt,  plurimos  eorum  occidentes;  sedde 
illisplurimi  consimiliter  occisi  sunt.  Dux  autem  eorum,  quem  Magis- 
trum  de  Hungaria  nominabant,  dum  de  Aurelianis  Bituris  cum  eis 
pervenisset,  synagogas  Judaeorum  intrans,  libros  eorum  destruxit  et 
eos  bonis  omnibus  indebite  spoliavit.  Sed  dum  recessisset  ab  urbe  cum 
populo ,  Bituricenses  eos  cuni  armis  insequentes ,  Magistrum  cum  plu- 
ribus  occiderunt;  post  quorum  casum,  alii  in  diversis  locis  dispersi, 
propter  maleficia  sua  interfecti  vel  suspensi  fuerunt ;  ceteri  quasi  fumus 
evaDuerunt. 


FINIS    T03II    PKLIII. 


1 


BINDING  SECT.  JUN     4  1973 


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