CHRONIQUE
DE
GUILLAUME DE NANGIS
ET DE SES GONTINUATEURS
TOME I
A PARIS
DE L'1MPRIMERIE DE CRAPELET
RUE DE VAUGIRARD, N" 9
M. DCCC. XLIM
CHRONIQUE LATINE
DE
GUILLAUME DE NANGIS
DE 1113 A 1300
LES CONTINUATIONS DE CETTE CHRONIQUE
DE 1300 A 1368
NOUVELLE EDITION
REVUE SUK LES MANUSCRITS, ANNOTEE ET PUBLIEE
POUR LA SOCIETE DE L'H1ST0IRE DE FRANCE
PAR H. GERAUD
A.NCIE^ ELEVE DE LECOLE ROYALE DES CIIARTES
TOME PREMIER
A PARIS
CHEZ JULES RENOUARD ET C'
LIBRAIRES DE LA SOCIET^ DE l'h1ST0IRE DE FRANCE
RUE BE TOURNON , N" t>
M. DCCG. XLIII
^n.
.'»&*-A'^V^i
EXTRAIT DU REGLEMENT.
Art. 14. Le Consell designe les ouvrages a publier, el choisil
les personnes les plus capables d'en preparer et d'en suivre la
publication.
II nommc, pour chaque ouvrage a publier, un Commissairc
responsable, charge d'en surveiller rexecution.
Le nom de TEdileur sera place a la tete de chaque volume.
Aucun volume ne pourra paraitre sous le nom de la Societe sans
rautorisalion du Conseil , et s'il n'est accompagne d'une declara-
tion du Commissaire responsable , portant que le travail lui a paru
merlter d'etre publie.
Le Commissaire responsable soussigne declare qiie Vedition .
preparee par M. H. Geraud, de la Chronique latine de
GUILLAUME DE NaNGIS ET DE SES CONTINUATEURS, DE li 1 3
A 1316, Jui a pani digne d'€ire publiee par /a Societe de
lHistoire de France.
Fail a Paris , le Sjani^ier 1843.
Signe P. PARIS.
Certi/ie ,
Le Secrolaire de la Sociele de rHistoire de France,
J. DESNOYERS.
INTRODUCTION.
La chronique latine de Guillaume de Nangis et les con-
tinuations de cette chronique ont ete imprimees pour la
premiere fois dans le Spicilege (i) de dom Luc d'Achery,
benedictin de la congregation de Saint-Maur 5 pour la
deuxieme fois dans la seconde edition, en 3 vol. in-folio,
de ce meme Spicilege (a), due aux soins de L.-Fr.-Joseph
de La Barre. Le vingtieme volume du Recueil des histo-
riens de France, recemment publie par MM. Daunou et
Naudet, renferme seulement la chronique de Nangis, et une
partie des conlinuations qui sarrete a Tan 1828. D'Achery
avait reuni dans une preface quelques vagues renseigne-
ments tant sur la vie que sur les ouvrages de Guillaume de
Nangis et de ses continuateurs. Plustard, le meme sujet
fournit a La Curne de Sainte-Palaye la maliere de deux
Memoires speciaux, qui furent inseres dans le recueil des
Memoires de TAcademie des Inscriptions (3). Une notice
inedite sur Guiliaume de Nangis et ses ouvrages, compo-
see par le benedictin dom Germain Poirier, et nos recher-
ches personnelles nous ont mis a meme de rectifier sur
quelques points, de completer sur quelques autres les tra-
vaux de nos illustres devanciers : ce sera Tobjet de la pre-
miere partie de cette preface. Dans la seconde partie on
exposera les ressources dont on a pu disposer pour cette edi-
tion nouvelle , et le pian quon a suivi afin de la mettre en
etat de paraitre sans trop de desavantage a cote des an-
ciennes editions.
(i) T. Xf, p. 4o5.
.(2)T.ni, p. 1.
(5) T. VTII, p. 56o; t. XIII, p. 5-20.
I. a
INTRODUCTION.
PREMIERE PARTIE.
Guillaume de Nangis.
Parnii les ecrivains du treizieme et du quatorzieme sie-
cle, aucun n'a fait mention de Guillaume de Nangis; c'est
donc dans les ouvrages de ce chroniqueur qu'il faut cher-
cher les eiements de sa biographie. Par malheur, ces ele-
meuls se reduisent a bien peu de chose. Guillaume ne
nous apprend bien positivement que ses noms et sa profes-
sion de moine 5 nous ignorons completement et sa famille
et repoque de sa naissance. On le suppose originaire de
Nangis , petite ville du departement de Seine-et-Marne;
mais c'est une simple conjecture quautorise seulement le
surnom de Nangiaco. 11 avait embrasse la vie religieuse
dans Tordre de Saint-Benoit, et faisait sa residence a Tab-
baye de Saint-Denys. Dom Poirier qui, vers la fin du der-
nier siecle, fut pendant quelque temps archiviste de cette
abbaye, y trouva, dans un compte du treizieme siecle, le
nom de Guillaume de Nangis avec le titre de garde des
chartes et la mention dune gratification annuelle de cent
sous. La date de ce compte prouve que Guiilaume de Nan-
gis remplit ces fonctions au moins depuis lan 1289 jus-
qu'a lan 1299 (i)- On a conjecture que notre historien
avait cesse de vivre peu apres l'an i3oo, parce que sa chro-
nique s'arrete a cetle annee dans les editions et dans la plu-
part des manuscrits, Une presomption nouvelle en faveur
de cetle conjecture semble ressorlir de cette particuhirite
que le nom de Guillaume de Nangis figure jusqu'en 1299
seulement dans !es anciens comples de rabbaye de Saint-
(i) Lc Meinoiio tle D. Poirier, hi par lui a l'Academie des Inscrip-
lions, lo 7 jaiivicr 1791 , est JDtitule : Nnuvcniix Eclaircisscinents siir
lcs (>ii\'rna;cs ilc Gnilhdtmc dc Nnnsi,is ct clc scs continunicurs. II est
conserve manusci-it ii la Bibliotheque royale. Ms. de Poirier, carton 9,
Memoires et Uapports.
INTRODUCTION. ilj
Denys. D. Poirier, ii est vrai, ne raisonnait pas aiusi: il in-
clinait au contraire a prolonger jusqu'a Tan i3o3 la vie de
Guillaume de Nangis, et voici sur quel fondement : On
connait aujourdhui trois manuscrits, et il en a exisle un
plus grandnombre (i), danslesquels ia chronique de Guil-
laume de Nangis, au lieu de finir a Tan i3oo, se prolonge
sans interruption jusqu'a lannee i3o3. La continuation
vient ensuite, qui reprend les evenements a partir de i3oi.
A qui faut-il attribuer ce premier recitdes faits arrives pen-
dant les annees i3oi, i3o2 et une partie de 1 an i3o3.^ Ce
n'est pas, a coup siir, au premier continuateur, dont l'ou-
vrage commence par la narration de ces memes faits con-
cue en des termes differents. Est-ce a Guiilaume de Nangis
lui-meme ? Cette opinion semble s'etre deja produite et
avoir trouve des contradicteurs pendant le quatorzieme sie-
cle. L'un des plus anciens manuscrits que nous possedions
de la chronique de Nangis (2) s'arrete a l'an i3oo, et se
termine par cette note remarquable : Nuc usque protendit
chrofiica fratris Guillelmi de Nangiaco et non ultra. D'un
autre cot^, le premier continuateur, contemporain de Guil-
laume de Nangis , qui a dii vivre avec ce dernier et bien
connaitre son ouvrage, affirme (3) que cet ouvrage ne de-
passait pas Tan 1 3oo : Clironographice seriem a 'venerahili
fratre coenohii nostri commonacho Guillelmo de Nangiaco
ah initio mundi usque huc, hoc est usque ad annum Dombii
millesimuni trecentesimum inchisiue dis^estam , efc
Enfin ce fragment historique que Ton trouve, dans trois ma-
nuscrits, a la fin de notre chronique, forme une disparate
frappante avec le reste de louvrage. Ce n'est plus un recit
froid, sec, decolore, monotone, comme dans le chroniaueur
(1) D. Poirier cite notamment les deux Mss. de Saint-Germain. Le
Ms. 10298-6, dont nous avons fait usage pour cette edition, presente
!a nieme particularite ; elle se trouvait encore dans un Ms. du P. Petau,
d'apres lequel le Ms. 10298-6 a ete complete. Voy. t. I, p. 5^5, not. i .
- (2) Bibliothcque du Roi, n° 4917-
(3) Yoy. dans ce vol., a la p. 027.
iv INTRODUCTION.
prlncipal et dans ses premiers continuateurs. Une melhode
plus logique, une exposition plus animee, un style plus pur
et plus vif revelent au premier coup d'ceil une main plus
habile (i).
11 est donc a peu pres demontre que Guillaume de Nangis
a cesse d'ecrire a partir de Tan i3oo, et ron peut conjectu-
rer qu'il n'a pas vecu bien longtemps apres cette epoque.
(( L'histoire de ses ouvrages, dit Sainte-Palaye, n'est pas
<( aussi sterile que celle de sa vie. » Guillaume de Nangis a
laisse en effet des travaux importants : Une histoire de saint
Louis et une histoire de Philippe le Hardi , en latin ; une
chronique latine qui s'elend depuis le commencement du
mondejusqu'a Tan i3oo, et une petite chronique des rois
deFrance en langue francaise. On lui attribue aussi une
traduction francaise de saVie de saint Louis et une autre de
sa Chronique universelle.
La Vie de saint Louis n'est pas a proprement parler une
ceuvre originale. L'auteur declare avoir travaille d'apres
plusieurs historiens, dont les principaux sont Geoffroi de
Beaulieu, coniesseur de Louis IX, et Gilon de Reims, moine
de Saint-Denys. L'ouvrage de Geoffroi de Beaulieu , que
nous possedons encore (2), n'est a proprement parler qu'une
viedesaint; les evenements politiques du regne de saint
Louis n'y ont pas trouve place. Cest donc probablement
dans Gilon de Reims que Guillaume de Nangis a pris le
recit des guerres de Louis IX, et les renseignements qui
concernent radministralion de ce prince. Or, Gilon de
Reims, qui etait mort au moment ou Guillaume de Nangis
prenait la plume (3), avait ele sans aucun doute le contera-
porain et peut-etre le temoin oculaire des faits qu'il racon-
(i) Voy. principalement la seance des Etats-Generaux de i3o2, et
la l)ataille de Courtrai, p. 5i4 et 3i8. Nous avons cru devoir publier
cc fiagnient, quoi({u'il fasse un double eniploi avec les trois preniieres
auntics de la conliuuation. 11 (ilait restti intidit jusqu'a ce jour.
(2) Voy, Jiec. dcs Ilist. de Fr., t. XX, p. 5 etsuiv.
(3) Preface de la Vie de sainl Louis, Hist. de Fr., t. XX, p. 5io.
INTRODUCTION. v
tait. Si Guiliaume de Nan^is a suivi cet ecrivain avec
Texactitude qu'il a mise a copier GeofFroi deBeaulieu, il ne
faut plus regretter la biographie, aujourd'hui perdue, que
Gilon de Reims avait composee. La vie de saint Louis, par
Guillaume de Nangis , ofFre les memes garanties et doit
avoir la meme autorlte.
La Vie de Philippe lU merite peut-etre encore plus de
confiance. Ici Tauteur n'avait pas besoin de guide ni de te-
moignages-, il ecrivait ce qui se passait de son temps, au-
tour de lui, et, pour ainsi dire, sous ses yeux.
Ces deux Vies furent composees en meme temps; la pre-
face qui precede la vie de saint Louis est commune a Tune
et a i'autre. A la fin de cette preface, Tauteur adresse les
deux ouvrages a Philippe le Bel, « afin, dit-il , qu'a la vue
« de ces grands modeies de piete et de reiigion, ce monar-
« que s'efForce d'y conformer sa conduite, et qu'il se re-
« jouisse dans le Seigneur qui lui avait accorde une si
« illustre et si sainte origine (i). « Ces pieuses recomman-
dations semblent s'adresser a un prince dont le regne com-
mence. On peut au moins affirmer que Philippe le Bel a
recu Thommage de notre historien avant 1297, annee de la
canonisation de saint Louis^ car Guillaume de Nangis,
malgre Tadmiralion qu'il professe pour les vertus de son he-
ros, ne lui donnejamais danssonhistoire repithete desaiJit.
La Vie de saint Louis et celle de Philippe le Hardi ont
ete imprimees en iSgG, dans la collection de Pithou-, en
1649, ^^"^ ^*^ ^^ volume du recueil de Duchesne ; en iS^o,
dans le tome XX du Recueil des Historiens de France.
Nous avons deja fait connaitre , en commencant, les di-
verses editions de la Chronique universelle qui ont ete fai-
tes jusqu'a ce jour. Comme beaucoup d'autres chroniques
du meme temps, elle commence a la creation ; mais 1 auteur
declare lui-meme (2) que, jusqu'a Tan 1 1 13 , il n'a ete que
{\)Hist. dc Fr., t. XX , p. 5i i . iMem. de VJcad. des Inscr., t. YIII,
p. 563.
(2) Preface, et an 1 1 15, p. i , 5.
vj INTRODUCTION.
le copiste d'Eusebe , de saint Jerome et de Sigebert de
Gemblours. Aussi les precedents editeurs n'ont-ils imprime
que la partle de la chronique qui s'etend depuis iii3 jus-
qu'a i3oo. On auralt cependant tort de s'en rapporter
aveuglement a rhumble aveu de Guillaume de Nangis :
D. Poirler, qui a prlnclpalement etudie la parliede lachro-
nique anterleure a 1 1 13, assure qu'elle est bien loin d'etre
toujours conforme a celle de Sigebert. On trouve dans
celle-ci grand nombre de lacunes qui n'existent pas dans la
premiere; quelquefois meme, par exemple dans la questlon
desinvestitures, les deux chronlqueurs professent une opi-
nion diametralement opposee (i). Du reste , en defendant
Guillaume de Nangis contre Texces de sa propre modestle,
on ne peul nier que son ouvrage ne soit , pour les temps
anciens , une pure compilation. L'auteur convient meme
dans sa preface qu'a parllr de Tan in3, il a copie encore
divers historiens , et c'est seulement pour repoque ou il a
vecu qu'il a la pretentlon d'etre un auteur orlginal ; pre-
tention bien fondee sans doute, puisque sa chronique est a
peu pres le seul ouvrage a consulter pour les seize premieres
annees de Phillppe le Bel. La Chronique de Saint-Denys
n'est, durant ces seize annees, quune traduction de no-
tre chronique latine, Messieurs les editeurs du vingtieme
volume des Hlstorlens de France ont conjecture (2) que
GuIUaume de Nangis avait ete un des redacteurs des
Grandes Chroniques, et qu'il y avait pu Iraduire en lan-
gue vulgaire ce qu'il avalt d'abord compose en latin (3).
En efFet, la traduction francaise de la vie de Philippe III ,
inseree dans ce meme volume du recueil des Historiens de
France, ne diflere pas du texte des Grandes Chroniques^
mais ce n'est peut-etre pas une raison suffisante pour Tattri-
(l) D. PoiRlER, p. 10.
(•2) Preface, p. 52.
(5) Cclte idee n'cst pas nouvello. Selon Tabbe Lebcuf et Sainlc-
Palaye, (luillaumc dc Nangis aiuait aussi ccril, en 1U74, la preiniere
parlic (ics Chroii. dc Sdint-Dcnys.
INTRODUCTION. vij
buer a Guillaume de Nangis. D. Poirier avait deja remar-
que quon lui faisait gratuitement honneur de la vie fran-
caise de saint Louis. Cct ouvrage , inconnu a Sainte-Palaye,
fut publie pour la premiere fois, en 1771, a la suite de l'e-
dition de Joinvilie, sous le titre d^ Annales du regne de
saint Louis. Les editeurs de Joinville donnerent ces An-
nales comme TcBuvre de Guillaume de'Nangis, pour avoir
mal saisi, dit Poirier (i), le sens dun passage de Pasquier,
ou il estquestion, non de la Vie de saint Louis, mais d'un
tableau genealogique des rois de France compose aussi,
dabord en lalin , ensuite en francais, par Guillaume de
Nangis; nous reviendrons lout a llieure sur cet opuscule.
Les memes editeurs alleguaient encore cette circonslance
que, dans la traduction francaise pas plus que dans le texte
latin, Louis IX n'estqualifie de saint; mais toutce qu'on en
peut conclure , cest que le traducteur s'etait impose une
fidelite scrupuleuse, ou plutot que la traduction a ete com-
posee, comme le texte latin, anterieurement a 1297. Rien,
toutefois, dans cette traduction, n'autorise a la ranger
parmi les ouvrages de Guillaume de Nangis.
Est-on mieux fonde a lui attribuer une traduction fran-
caise de sa Chronique universelle ? Un puissant argumcnt se
presente d'abord pour rafnrmative. D. Luc d'Achery dit,
dans sa preface , que-Guillaume de Nangis , pour la com-
modile de ceux qui ne savaient pas le latin et qui allaient
souvent a Fabbaye de Saint-Denys, traduisit sa chroinque
en francais, afin de leur donner le moyen de connaitre les
actions des rois dont ils allaient visiter les tombeaux. Or, le
savant benedictin ajoute que Du Cange lui a communique
un exemplaire de la chronique francaise (2). II existe, en
effel, un grand nombre de manuscrits qui s'annoncent
comme renfermant la traduction francaise, par Guillaume
de Nangis, dun ouvrage latin du meme auteur. Voici les
.(r) Memoire cite, p, 4 et 5.
(2) Spicil., edit. in-4°, t. Xt, prefacc, p. 11
viij INTRODUCTION.
teimes de la preface qu'on lit au commencement de pres-
que tous ces manuscrits (i) : « Pour ce que mouit de gent
et meismement li haut homme et noble qui souvent vien-
nent en ri(jlise monsegnour saint Dyonise de France , ou
partie de vallans roys de France gisent en sepouture , de-
sirent cognoistre et savoer la nessance et la descendue de
lour tres haute generation , et les mervellous faiz qui sunt
racunte et publie par maintes terres, des devanz diz roys de
France, je frere Guillaume dit de Nangis, moine de la de-
vant dite iglise de sainct Dyonise, hai translate de latin en
francois, a la requeste des bonnes gens, ce que je avoie au-
trefois fait en latin selonc la fourme d'un arbre de la gene-
ration des diz roys, pour ce que cil qui latin ne entendent
puissent savoir et connoistre dont si noble gent et si beneu-
reuse lignie descendi et vint. » La Bibliotheque royale pos-
sede quinze manuscrits dont le premier feuillet est rempli
par la preface qu'on vient de lire ; mais aucun d'eux ne con-
tient une traduction francaise de la chronique universelle
que nous publions. Un caractere qui leur est commun a
tous, c'est quils ne renferment d'autres faits que ceux qui
concernent ihistoire de France, au lieu que la chronique
dont nous donnons une quatrieme edition est une histoire
universelle, Lordre chronologique, dans la version fran-
caise , n'est pas aussi rigoureusement observe que dans la
chronique latine, et Ton y remarque de temps en temps,
surtout dans le douzieme et le treizieme siecles, plusieurs
annees completement omises dans le recit des evenements. La
plupartdecesmanuscritsfrancais, telsquelesnumerosp^aa,
'^''Ih ^"Mis, 83i2, 8298.'suppi. fp.^ 63226. Sorboune
1260; St-Victor, 4^5 St-Germ., 966 et i53i, s'etendent,
sans interruption, iusqu'en i38o, ou meme jusqu'en i385.
La partie de rhistoire anterieure a lan i3oi est un resume
dhistoire de Francc , dans lequel on peut reconnaxtre de
temps en temps la traduction de fragments empruntes a la
(1) Nous transciivons ce proloouc d'apies le Ms. latiti 5696.
INTRODUCTION. ix
chronique latine de Guillaume de Nangis. Le reste est une
copie, amplifiee en quelqucs endroits (i), des Grandes Chro-
niques de France. Les Mss. Suppl. fr. ii3 et Saint-Germ.
964 ressemblent a ceux dont nous venons de parler pour
les temps anterieurs a i3oi : au Heu de devenir ensuite une
copie des Grandes Chroniques, ils continuent a presenter
seulement la substance des faits , et a meriter leur titre de
Chronique abregee de la geste francoise. II nous reste a
rendre compte des Mss. lat. n° SGpS, 6^63 et Saint-Victor
287; ce dernier est designe dans le catalogue comme ren-
fermant la chronique francaise de Guillaume de Nangis,
quoiqu'on n'y lise pas le prologue de cet auteur. La chro-
nique renfermee dans ces trois manuscrits ne ressemble a
rien dece quiprecede. Ce n'est aproprement parler qu'une
lisle des rois de France; seulement a cote du nom de cha-
cun deux, on a consigne en peu de mots son mariage, le
nombre et le nom de ses enfants, le commencement , h^s
evenements principaux et la fin de son regne.
Maintenant la chronique francaise communiquee par
Du Cange aD. Luc d'Achery etait-elle difFerente de celles
que nous venons de faireconnaitre.? Nousne le pensons pas.
Gilles Bry deLa Clergerie, dans son Histoire duPerche['i)^
a rapporte textuellement trois passages assez longs de la
pretendue chronique francaise de Guillaume de Nangis.
Mais il est impossible de les considerer comme une traduc-
tion despassages correspondants de notre chronique latine.
En revanche on les retrouve presque textuellement dans la
premiere classe des Mss. que nous citions tout a Iheure, et
particulierement dans les n°' 9622 et 83i2. D'Achery aussi
aparfois citeenmarge la pretenduetraduction ,pourecIaircir
quelques passages du texte latin , mais dans ces rares et courts
extraits, il s'agit toujours de faits relatifs a rhistoire de
(1) Ainsi tous ces Mss. dontient, a Tan i549, ^^^ statuts, des prieres
ea vers et autres particularites relatives aux Flageliants , qui ne se
trouvent pas dans les Grandes Chroniques.
(^jParis, 1620, in-^", p. 218, 24', 248.
X INTRODUCTION.
France. Si le savant editeur avait eu plus souvent besoin
(ie recourir a la version francaise, il se serait apercu, sans
aucun doute , que son manuscrit renfermait seulement u?i
abjvge en francais de lachronique latine qu'ii publiait pour
la premiere fois. Alors il aurait un peu mieux examine le
prologue de cet abrege , et ne se serait pas mepris , comme
il Ta fait, sur les veritables intentions du chroniqueur.
Guillaume de Nangis, en effet, ne dit pas qu'il ait traduit
sa chronique latine ; il dit quil a mis en francais ce quil
nvait autrefois compose en latin dans la forme d'un arhre
gcnealogique. Or , rien ne ressemble moins a un arbre ge-
nealogique des rois de France , que la chronique univer-
selle ecrite en lalin par riiistorien de saintLouis. Les autres
details donnes par Guillaume de Nangis dans sa preface
francaise s'appliqueraient parfaitement a une espece de
livret, destine a faire connaitre aux visileurs de rabbaye
royale de Saint-Denys la naissance , la genealogie , les
principales actions des rois ensevelis dans leglise abbatiale.
Tei est precisement le caractere des trois derniers manuscrits
que nous avons examines. Encore le Ms. de Saint-Victor et
le n° 5696 contiennent-ils des additions considerables (i).
Mais la chronique francaise de Guillaume de Nangis se
trouve certainement, telle qu'elle a du etre composee par
Tauteur, dans le n" 6^63, ainsi que Tont reconnu , apres
D. Poirier, MM. les editeurs du 20^ volume des Historiens
de France, qui Tont publiee pour la premiere fois. Nous
avons deja fait connaxtre la maniere dont cette chronique
est redigee ; ajoutons quelle s'arrete avec lan i3oo comme
la chronique universelle , et que c'est bien la limite qu'a dii
lui assigner Tauteur , puisqu'elle setermine par le vaoiamen,
equivalent des molsymi^ ou explicit.
Quant a Foriginal latin de cette chronique , tous ceux
(i) Cc Ms. aurait mcmc subi, au dirc dc La Porte du Theil, des
cliaugcmcnts ct dcs intci|)olation3. Not. et cxtr. dcs Mss., t. II , p. •icp
et suiv.
INTRODUCTION. xj
qui eii ont parl6 jusqu'ici , ront consideie comme perdu.
On pourrait peut-etre le reconnaitre, a la fin d'un manuscrit
provenant de lancienne Sorbonne ct conserve a la Biblio-
theque royale sous le n° 1260, dans un petit cahier de
papier d'une ecriture moderne , intitule : Excerptae chro-
mcis Gulielmi de Nangiaco , descripta ex veteri manu-
scripto codice qui asserwatur in bibliotheca collegiide Na-
x^arra Pansiensis. Cest bien une chronique latine les rois
de France en forme darbre genealogique , et, close re-
marquable, elle finit comme la chronique francaise duMs.
fi^jid^ ^ a Tan i3oo sous le regne de Philippe le Bel. Elle
ne debute pas ,ilest vrai, par le prologue qu'onlitiucom-
mencement de la version francaise , et ne donne sur aucun
roides renseignementsaussidetaillesquecettememeversion.
Mais d'abord le prologue , redige expres pour la tnductioii
francaise et destine a en faire connaitre le but et ri.tilite, ne
devait pas evidemment trouver place a la tete du texte latin
original. De plus , un auteur , quand il se traduit lui-meme ,
se donne bien plus de liberte que s'il traduisait Touvrage
d'un autre , et rien n'empeche de croire que la chronique
francaise duMs. 6763 , quoiqu'un peu plus etendue que le
texte latin conserve dans le Ms. de la Sorbonne, ne fiit ,
dansla pensee deTauteur , unetraduction libre de ce texte.
Enfin cette breve chronique latine , ne commencant qu'a
Valentinien , est certainement tronquee^ s'il en etait au-
trement, on aurait droit de s'etonner que le chroniqueur
nous eiit fait grace de l'origine troyenne de nos rois et de 1a
nation , assez amplement developpee dans la chronique
francaise.
Nous savons maintenant d'une maniere a peu pres cer-
taine , quels sont les ouvrages qui appartiennent reellement
a Guillaume de Nangis 5 essayons de decouvrir les qualiles
qui les recommandent , et d'arriver par la , s'il est possihle ,
a connaitre un peu le caractere de Tauteur. Guillaume de
Nangis declarc, dans sa preface de la Vie de saint Louis,
qu il etaitfortpeu verse dans les lettres ^ilcherche a justifier
xij INTRODUCTION.
encore la simplicile de son style , en posant en principeque
riiistoire ne saurait jamais etre assez claire ni assez intelli-
gible. Sainte-Palaye lui reproche d^avoir bientot oublie
cette naxime. Suivant le docte academicien, les recits de
Guillaume de Nangis sont souvent trop peu etendus,
quelquefois confus, embrouilies , presque inintelligibles.
Ces rejroches, justes peut-etre pour la vie de saint Louis
et celh de Philippe le Hardi , nes'appliquent pasegalement
a la g^ande chronique latine. Ici la clarte se trouve tou-
jours jointe a la simplicite du style , et si, pour les temps
qui l'oit precede, lauteur se montre ordinairement sobre
de delails , il les prodigue lorsquil ecrit riiistoire de soa
epoque, II raconte sans juger, et sabstient de la louange,
meme cans les occasions ou elle paraltrait le plus legitime.
Son avirsion pour la flalterie , que D. Poirier avait re-
marquee, se revele bien clairement dans sa dedicace a Phi-
lippe le 3el des Vies de Louis IX et de Philippe III. II se con-
tente doffrir au prince regnant un modele de conduite,
sans meme se permettre les eloges que les circonstances
semblaient auloriser. Ici, comme dans tous ses ouvrages,
quand il loue , il ne loue que les morts. Pour bien apprecier
toute la dignite d'une pareille reserve, il suffit de comparer
la reserve de Guillaume de Nangis aux sempiternels pane-
gyriques de Rigord et de Guillaume le Breton.
II est aise de reconnaitre dans les ouvrages de Guillaume
de Nangis Tesprit de Tepoque ou Tauteur a vecu. On y
chercherait vainement une idee generale autre que cclle de
la soumission due aux puissances civiles et ecclesiastiques.
Les plus grandes fautes des rois de France y sont rapportees
sans commenlaire , comme si les rois ne pouvaient avoir
tort. Lauteur s'affranchit a peine de cette reserve lorsque
les interets de reglise sont en jeu. A ses yeux , par exeraple ,
la dime saladine ct les maux qui en resulterent pour le clerge
furentles causes qui , rallumant la guerre entrcHenriPlan-
tagenet et Philippe Auguste , retarderent le depart de la
troisiemecroisadc. Mais, tout cn attribuantauroidcFrance
INTRODUCTION. xiij
et a ses barons Tid^e et retablissement de la dime, il a
soin de rejeter sur les collecteurs Todieux des mesures
violentes dont elle lut l'occasion (i). Moins reserve quand il
parle de princes etrangers, il prend, contre Henri Plan-
tagenet , la defense de saint Thomas , archeveque de Can-
torbery (2). D'un autre cote, sa passion pour la delivrance
des saints lieux et sa haine pour les Sarrasins ne Taveu-
glent pas sur les belles qualites de Saladin , et les eloges
qu'il donne, comme malgre lui, au suhan enncmi de Dieu (3)
sont un siir garant de limpartialite du chroniqueur.
La modestie dont Guiliaume de Nangis a faitpreuve dans
la preface de sa Vie de saintLouis, se montre dune maniere
differente, mais non moins palpable, dans la chronique. II
convient , et nous avons deja releve cet aveu, que metne
pour les temps posterieurs a Tan i ii3 , il a souvent rep3te
ce que d'autres avaient dit avant lui 5 mais ii ne cherche pas
a capter la confiance de ses lecteurs, en faisant valoir les
autorites qu'il a suivies. Nous ne nous croyons pas obhges
a la meme reserve , et nous allons montrer que Guillaume de
Nangis ne s'en rapportait ordinairement qu'a des temoi-
gnages contemporains. Les evenements du regne de Phi-
lippe Auguste sont racontes dans sa chronique, d'apres
Thistoire composee par Rigord , dont les expressions memes
sont quelquefois copiees. A cette observation generale ,
nous en ajouterons deux particulieres , concernant, la pre-
miere un fait d'une haute importance historique , laseconde
des phenomenes naturels ou surnaturels que les chroni-
queurs du moyen age enregistraient avec une exactitude
scrupuleuse. Aux annees 121 8 et 1219, Guillaume de Nan-
gis raconte le siege et la prise de Damiette par les chretiens
sous le commandement de Jean de Brienne. II s'est servi ,
pour ce recit , d'une lettre ecrite sur les lieux memes , par
(i) Ann. 1 188, p. gi.
(-2)9. 59, 62,63.
(5) Ann. 1187, p. 85, 86.
xlv INTRODUCTION.
Ollvier , ecolatrc de Cologne , temoin oculaire du siege , ou
bien de la relation de Jacques de Yitri qui est elle-meme
calquee sur la lettre d'01ivier (i). A Tannee in8, notre
chroniqueur rapporte des faits qui se sont passes plus pres des
lieux qu'il habitait, mais aussi a une epoque bien plus an-
cienne. Ce sont des tremblements de terre, le debordement
dc la Meuse , lesorages efFroyables quifondirent sur la ville
de Liege , etc. Ici encore la relation de Guillaume de Nangis
s^appuie sur Tautorite d'un temoin oculaire. II a retrace les
desastres de la ville de Liege d'apres une chronique con-
temporaine, en vers latins rimes, dont il dut etre envoye des
copies aux principales eglises de lEurope, et dont notre
confrere M. J. Quicherat a trouve un exemplaire, provenant
de Saint-Vaast, dans la bibliotheque de la ville d'Arras. Les
dcLx relations sont a peu pres identiques jusque dans les
plus minutieux details. II y a meme quelques faits accessoi-
res pour lesquels Guillaume de Nangis a simplement copie
le versificateur anonyme. On litpar exemple aux pages 8 et
9 de ce volume les phrases suivantes : Pulsantibus vespeiis
sabbato , qucedam mulier , dum caput lauat puero , manus
rubent sanguine Jluido Monstrum quoddam Namurci
natum est , cui par nunquam vel raro visum est , videlicet
biceps infantulus. Hictam sexu duplex quamccsteris , sim-
plex erat compage corporis. Voici maintenant le recit ver-
sifie du chroniqueur de Liege 5 on verra que Guillaume de
Nangis s'est borne a ajouter un mot indispensable dans la
premiere phrase , et a supprimer dans la seconde un vers
inutile, mais que Tauteur original avait dii accorder aux
exigences de la rime.
Pulsantibus vcsperis sabbalo ,
Qucedam caput dum lavat puero
Manus rubeiit sanguinejluido
Monstrum quoddam Namurci nalum esi
(i) Voy., dans ce vol., les notes des p. 160 et i65.
INTRODUCTION. xv
Cui par nunquam vel raro visum esi ;
Videlicet biccps infantulus ,
( Quihoc vidit testatur populus)
Qui tam sexu duplex quam cceteris ,
Simplex erat compage corporis.
Pour la derniere moitie du treizieme siecle , Guillaume
de Nangis peut etre considere comme un historien con-
temporain. Mais quoiqu'il ait ete ou temoin oculaire des
evenements , ou au moins avantageusement place pour les
bien connaitre , il ne se met jamais en scene, pas raeme
pour prononcer le mot vidi qui se rencontre si souvent sous
la plume de ses continuateurs. II fallait pourtant que le
nora de Guillaurae de Nangis fiit une autorite bien respec-
table vers la fin du quatorzieme siecle , puisqu'on a mis sous
son patronage plusieurs histoires en francais dont Tune au
moins semblait se recommander assez par elle-merae, car
elle n'etait, a peu de chose pres, quune copie des Grandes
Chroniques de France. II fallait que merae a Tepoque ou il
a vecu , on professat pour Guillaume de Nangis une estirae
bien profonde , puisque ces Grandes Chroniques , redaction
presque officielle de Thistoire nationale , ne sont guere ,
pour les trente dernieres annees du treizierae siecle , qu'une
traduction de la vie de Philippe III et de notre chronique
latine (i). Enfin, il semble qu'on ait attache a la chronique
latine de Guillaurae de Nangis presque autant d'iraportance
qu'aux Grandes Chroniques de France, et qu'on ait eu Tidee
de donner aussi a cet ouvrage , au raoyen de continuations
fi) Pour le regne de Philippe le Hardi (1270-1285), les Grand.
Chron. sont une seclie traduction de Guillaunie de Nangis, dans la-
quelle on a toujours, ou presqu« toujours, fait disparaitre les reflexions
morales de 1'original , et les figures qui , dans le latin , servent a orner
et a relever le style. Pour les 16 premieres annees de Philippe le Bel
(i285-i3oo), les Grand. Chron. dc France sont une traduction littc-
rale de notre chronique latine, traduction ou l'on a intercale quelques
faits peu importants, tels que la lettre de defi d'Adolphe de Nassau
au roi -Philippe le Bel, la reponse de ce dernier : Cela est par trop
allemand, riiistoire du juif de la rue des Billettes, etc.
xvj INTRODUCTION.
successives , une espece de perpetuit^. Les continuateurs
qui , apres Guillaume de Nangis, ont pousse le recit des
evenements jusqu'a Tan i34o,appartenaient tous arabbaye
de Saint-Denys. L'on peut presumer qu'ils travaillerent en
vertu d'une mission officielle, dans la vue dassurer a Tab-
baye la possession d'un corps d'annales authentiques ecrites
en langue iatine, digne pendant de celte precieuse chro-
nlque francaise dont rautorite subsisteencore , quoiqu'avec
certaines reserves que la critique du quatorzieme siecle
aurait peut-etre mal accueillies.
II.
Premiers continuateurs de Guillaume de Nangis, depuis 1301 jusqu'a 1340.
D'Achery attribuait a un seul ecrivain la continuation
de la chronique de Guillaume de Nangis depuis Tan i3oi
jusqu'a Tan iS^o^ cette erreur a ete deja relevee par La
Curne de Sainte-Palaye. On lit en efFet , dans la continua-
tion, a Tannee 1 3 1 7 .Et quoniam illi qui aktea sctipsemnt
a decinio quarto anno et circiter, de Bavaro, qui se 7'egeni
Romanorum dicit , nihil scripserunt ; idcirco ab ejus elec-
tione sumens exordium , licet aliquaktulcm tactum
FUERiT suPERius , liic annotare curavi cum factis prceceden-
tibus , etc. (i). Si Ton descend en efFet a Fan t3i4, on y
trouvera (2) Telection de Louis de Baviere a Francfort, et
son couronnement a Aix-la-Chapelle. Ensuite, il n'est plus
question de ce prince jusqu'a Tannee i3iy. L'ecrivain qui
reprend la chronique a cette annee , est donc difFerent de
ceux, iLLi, qui Tont ecrite pendant les annees i^i^? i3i5 et
i3i6 ou meme auparavant, et ceux-ci a leurtoursont au-
tres que le premier continuateur.
Dans le prologue de la premiere continuation , on trouve
quelques details sur celui qui en fut lauteur. II etaitmoine
de Saint-Denys, puisqu'il appelle Guillaume de Nangis com-
(0Voy.t.n,p.6.
(2)T. I,p. 4".
INTRODUCTION. xvij
monachus noster. Son amour pour ia v^rite se revele clai-
rement dans ia priere qu'ii adiesse a ses freres , de corriger
les endroitsde sesecrits ou ils trouveraientqueiqueserreurs.
Enfin on peut croire quil prit ia plume dans un age avance ,
car il seml^ie prevoir sa fin prociiaine, et supplie ses com-
pagnons , moines de Saint-Denys , de conlinuer son oeuvre
apres lui. Nous ne pourrions dire jusqu'ou s'etend son
travaii ; mais peut-etre avait-ii deja fait piace a un autre
avant i'annee i3io, car ies eioges prodigues a Louis Hutin
a l'occasion de son expedition contre iesrebeiies Lvonnais,
peuvent faire penser que l'iiistoire de cette annee a ete com-
posee sous ie regne de ce prince , c'est-a-dire posterieurement
a i3i4.
L'auteur qui redigeait ia ciironique en i3i5, etait aussi
moinede Saint-Denys^ il y fut temoin cette annee des nom-
breuses processions qui s'y firent pendant tout ie mois de
juiilet, pour obtenir de Dieu la cessation de ia piuie et du
froid (i). Enfin , la ciironique etait encore ^crite en 1828
par un moine de Saint-Denys , qui raconte ia bataiile de
Cassei, d'apres la reiation officielle envoyee a son abbe par
le roi Piiiiippe de Vaiois (2). Les reflexions que le clironi-
queur ajoute a ia fin de son recit, prouvent quiiavait aussi
consuite , sur ia journee de Cassel , des hommes qui avaient
assiste a cette sanglante afFaire. Pius ioin (3) il deciare avoir vu
lui-meme ies builes des hospitaliers du Haut-Pas, bulies dont
Talteration attira sur ces religieux la coiere du sou verain pon-
tife. Enfin ieclironiqueurquiecrivaiten iS^Seten iS^yetait
le meme qui avait repris ia continuation a iannee iSiy 5 car
Temploi frequent de ia preposition unde comme liaison du re~
cit, qu'on remarque dans ie texte de la chronique depuis 1 3 1 7
jusqu'a i34o, ne permet guere d'attribuer la redaction de
ces vingt-quatre annees a deux piumes difFerentes. Or, nous
(i)T. I,p. 422.
(2)T.II,p.99.
(5) Ib., p. T18, 119.
I.
xviij INTRODUCTION.
trouvonscetecrivain dans le Poitou en iSai , temoin ocu-
laire desmalefices au moyen desquels les lepreux essayaient
d'empoisonner les puits et les fontaines (i). On remarquera
dans son reclt quelques velleltes de critique et d'indepen-
dance qui contrastent avec riiumble timidite de Guillaume
de Nangis. II accuse Charles le Bel de precipitation dans la
part qu'il prit aux poursuites dirigees, par Tinquisiteur
Maurice, contre le seigneur de Parlhenai (2). Plus loin il
s'eleve en termes energiques contre les dimes levees sur les
eglises de France, par le pape d'abord avec le consente-
ment du roi, ensuite parle roilui-meme avec rautorisation
du pape : « La pauvre eglise, s'ecrie-t-il , lorsqu'un la tond,
« Tautre recorche(3). ))
Ce trait est reproduit dans les Grandes Chroniques qui,
du reste , depuis i3oi jusqu'en i34o, traduisent les conti-
nuateurs de Nangis, en y ajoutant toutefois , comme Tare-
marque Sainte-Palaye , beaucoup de choses etrangeres. A
partir de i34o, cette conformite entre les deux ouvrages
cesse completement. Desormais les interets et les passions
s'emparent de Thistoire eten changent la physionomie. Les
Grandes Chroniques , entre les mains du chancelier Pierre
d'Orgemont (4), vont devenir Pexpression directe de la
pensee royale , tandis que sous la plume d'un nouveau con-
tinuateur, interprete audacieux des ressentiments popu-
laires, la chronique latine de Guillaume de Nangis se ter-
mine par un violent pamphlet contre la noblesse et meme
contre le pouvoir royal.
(1) T. II, p. 02.
(2) Ib., p. 5o.
(3) Ib., p. 77.
(4) Voir dans la Bibl. de 1'Ecole des Chartes , t. II , le memoire de
M. L. Lacabane, sur les auteurs des Grand. Chron. de France, dites
<ie Saint-Denys.
INTRODUCTION. xix
III.
Dernier continuateur de Nangis.
La porlion de notre chroniqne latine qui s'eten<i depuis
i34o jusqu'en i368, se trouve, dans les deux manuscrits
qui nous en restent, transcrite a la suite des continua-
tions redigees par les moines de Saint-Denys, et reprend le
recit des faits precisement au point oia ces moines Tont
laisse. Cest, sans aucun doute , a ces deux circonstances
que Tauteur de cette derniere partie de la chronique publiee
par nous, a dii sa quahfication de continuateur de Nangis.
II a ete si souvent cite sous ce titre que nous avons dii le lui
conserver. Remarquons toutefois que nulle part il ne se
donne comme le continuateur de personne, etque peut-etre
il n'avait meme pas lu les chroniques auxquelies on a depuis
cousu la sienne. En efFet, tout ce quil a ecrit a la date de
i34o et de i34i , n'estqu'une repetition abregee des recits
qui precedent. De plus, il semble donner comme un fait
recent, en i34o, l'usurpation de la dignite imperiaie par
Louis de Baviere (i) , qui prenait pourtant le titre d'empe-
reur depuis i3i4 , et dont les demeles avec la cour romaine
a propos de Tempire reviennent si souvent sous la plume du
second continuateur de Nangis (2). Enfin il a ecrit dans un
esprit diametralement oppose a celui qui animait en ge-
neral les chroniqueurs du moyen age, et en particulier
Guiliaume de Nangis et ses premiers continuateurs, Cette
espece de revolte contre la methode et les idees universelle-
ment adoptees alors, surtout parmi les ecrivains ecclesias-
tiques, donne a notrechroniqueuruncaractered'originalite
si tranche, qu'on doit eprouver naturellement le desir de
connaitre son nom , son pays, sa profession et sa vie.
Suivant La Curne de Sainte-Palaye , le dernier conti-
(i)T.II,p. 184.
(2) Nous entendoiis par la celui qui a continue la chronique de i3i7
a i54o..D'Achery et Sainte-Palaye, au contraire, appliquaient cette
denomination au chroniqueur qui a ecrit de i34o a i568.
XX INTRODUCTION.
iiuateur de Guillaume ile Nangis n'est autre qu'un certain
7 eligieux carme nomme Jean de \ enette , auteur d'un poeme
francais inedit qui contient riiistoire des trois Maries. L'i-
dentite de ces deux ecrivains se deduit, il est vrai, d'argu-
ments assez plausibles^ mais ces arguments, Sainte-Palaye
ne put meme avoir Tidee de les produire. En effet, par
une distraction etrange, lorsqu'il ecrivit en i^SS sa nolice
de Thistoire des trois Maries par Jean de Yenette , il crut se
souvenir que ce meme Jean de \ enette s'etait aussi nomme,
dans la derniere continuation de Nangis, comme auteur de
celte continuation. Laissons parler le savant critique (i) :
(( Le memoire que je vais avoir riionneur de vous lire ,
« messieurs, est un supplement a celui que j'ai dejadonne
<( concernant Guillaume de Nangis et ses continuateurs (2).
« Ce qiie je dis alors de lauteur de la seconde continuation
« se reduisait presque a son nom , a sa patrie et a quelques
« dates , etc. » Si en efFet, dans son premiermemoire, Sainte-
Palaye eut prouve que le dernier continuateur de Nangis
se nommait Jean de \ enette , lidentite de ce chroniqueur
et du poete historien des trois Maries eut ete completement
etablie. Mais il n'en est point ainsi. Sainte-Palaye en 17 35
crut avoir dit, dans son premier memoire, compose cinq
annecs auparavant, ce qu'en realite il n'y avait ni dit ni pu
dire. En lisant avec la plus grande attention la derniere
continuation de Nangis, il y avait recueilli sur Tecrivain
qui en fut Tauteur une foule de renseignements curieux.
Mais a rinteressante biographie qn'il en avait composee , il
manquait peut-etre un seul point essentiel , le kom meme
du personnage. Nous allons donc , reprenant la derniere
contlnuation de Nangis et rhistolre en vers des trois Maries ,
raisonner d'apres cesdeux documents , comme laurait pro-
bablement fait Sainte-Palaye lui-meme, si, dans uti moment
(i) Mein. de l Acad. des Inscr., t. XIII , p. 52o.
(2) Ce dernier niemoire est celni qne nous avons cite jnsqu'ici. II
avait ete ecrit cinq ans auparavant et insere dans le t. YIII des M(i-
moires de l'Academie.
INTRODUCTION. xxj
dinattention, il n'eut suppose connu ce quil s'agissait d'^-
tablir.
Le dernier continuateur de Nangis , loin d'avoir inscrit
son nom au frontispice de sa chronique latine , nous semble y
avoir clairement exprime ie desir de rester inconnu : c'est
du moins ce quori peut conclure des mots ego frater
quidam par lesquels il se designe iui-meme (i). Cette qua-
lification de frater ne laisse aucun doute sur sa profession ;
il menait certainement la vie religieuse; mais a quel ordre
etait-il attache? Sainte-Palaye, dans son premier memoire,
en avait fait un benedictin ; cependant deux ou trois passages
de la derniere continualion de Nangis, qu'il avaitcites, de-
vaient le conduire a une opinion differente. Le premier est
le recit de la conteslation surveiuie, l'an i35i, entre le
clerge seculier et les moines mendiants. Le chroniqueur
montre en faveur de ces derniers une partialite si chaleu-
reuse 5 il declame contre leurs adversaires avec tant de vio-
lence (2) , quon doit lui attribuer naturellement un interet
personnel dans la querelle. Le second passage prouve en
efFet qu'il appartenait a l'un des quatre ordres mendiants.
Cest le recit des ravages exerces en j36o aux environs de
Paris par Edouard III roi d'Angleterre (3). Le chroniqueur
raconte que lesliabitants des campagnes,hommes , femmes
et enfants, se refugiaient tous dans Paris , et ilajoute : « Le
« saint jour de Paques , faiva dans le monastere desfreres
« du mout Carniel a Paris, le peuple et les pretres de dix
« paroisses de ia campagne, celebrant ie saint sacrifice , et
« faisant leurs paques dans diverses chapelles et dans d'au~
« tresendroits de la maison. » II est presque impossible de
supposer qu'un religieux eiit celebre ailleuis que dans son
couvent , ou dans un couvent de son ordre, une fete aussi
solennelle que celle de Paques \ et par consequent tout porte
(i)T. ll,p. ,79.
(2) Ilr , p. -2^3-225.
(^) Ib., p. 5o5.
xxJj INTRODUCTION.
a croire qne le dernler continuateur de Nangis appartenait
a Fordre des Carmes (i), dont la maison, a Paris, elait alors
pres de la place Maubert.
D'un autre cote , lui-meme nous apprend positivement le
lieu ou il avait pris naissance. En iSSp, une troupe de
paysans , commandee par une espece de valet de ferme, de-
fendirent vigoureusement contre les Anglais , lapetite ville
deLongueil, situee dans le diocese de Beauvais, sur les
bords de i'Oise, non loin de Compiegne et de Verberie. Un
des motifs qui engagentle deuxieme continuateur de Nangis
a raconter ce fait avec quelques details, c'est, dit-ii, qu'il
s'etait passe dans le voisinage de l'endroit ou lui-meme etait
ne; et cet endroit, commeil le dit pius bas (2), etait le vil-
lage de Venette pres de Compiegne (3).
Voila donc le dernier continuateur de Nangis , qui ecri-
vaitencoreen i368, originaire de Venette, et vouea la profes-
sion religieusedansrordredes Carmes. D'un autrecotenous
trouvons une histoire des trois Maries , ecrite en vers fran-
cais, vers lan i35y (4), par Jean de Kenette,frhre ou lier-
mite du mont de Carme , c'est-a-dire reiigieux de l'ordre
des Carmes. Cet historien des trois Maries, comme Guil-
laume le Breton , Guillaume de Nangis, Godefroi de Paris ,
Thomas de Walsingham et tant d'autres ecrivains du trei-
zieme et du quatorzieme siecle , a sans doute tire son surnom
du lieu de sa naissance. Mais alors on se demande sil est
moralement possible qu'au quatorzieme siecle , a cette epo-
que desastreuse ou les populations desertaient les campagnes,
ou Fon n'y trouvait pas un maitre pour apprendre a lire
(i) Sous la date de l'an i356, le chroniqueur rapporte une prophe-
tie de Jean de la Roquetaillade, qui predit ii Tunivers un dehige de
maux. II fait dire au prophete : Salvabuntur qui fu^erint de medio
malorumad Montem Cnrmeli, quia vindicta, etc. T. II, p. 236.
(2) Ib., p. 293.
(5) Ce village est dans le canton ct rarrondissement dc Compiegne,
departement de l'Oise.
(4) Mem. dc VAcad. dcs Inscr., t. XIII, p. 5-?..
IINTRODUCTION. xxii]
aux enfants (i), un petit village comme Venette, dont la
population s'eleve a peine de nos jours au nombre de huit
cents ames, ait prodult en meme temps deux hommes qui
aient embrasse la meme regle religieuse , cultive les lettres
avec succes, et transmis leurs ouvrages a la posterite. N'est-
il pas plus conforme auxTCgles d'une sage critique, d'attri-
buer a un seul et meme auteur la derniere continuation
de Nangis et Thistoire en vers des trois Maries, ecrites
Tune et Tautre, au milieu du xiv^ siecle, par un reUgieux
carme, originaire du village de Venette ?
Si l'histoire des trois Maries etait une oeuvre originale ,
ceUii qui Ta composee aurait trouve sans doute plus d'une
occasion d'exposer, sur divers sujets, ses opinions et ses idees;
et comme , de tous les chroniqueurs du qualorzieme siecle ,
aucun ne s'est aussi souvent mis en scene que le dernier
continuateur de Nangis , une comparaison attentive des deux
ouvrages aurait pu fournir plusieurs preuves de l'identite
de leurs auteurs. Malheureusement Jean de Venette, dans
son histoire des trois Maries, etait seulement, ii le declare
lui-meme, le traducteur d'un auleur plus ancien, quiavait
ecrit la meme histoireen langue latine (2). Toutefois, quel-
que fidele que soit la version francaise, le traducteur n'a
pu s'interdire absolument toute espece d'additions, II en
est deux entre autres qui le concernent personnellement, et
qui pourraient , dit Sainte-Palaye, donner une idee peu
avantageuse de sa devotion , et surtout de sa sobriete. Jean
de Venette s'exprime ainsi, au sujet du vin des noces de
Cana (3) :
Pleusta Dieu, pour raoy esbatre,
Qu'eu tenisse trois los ou quatre,
Voire unc isdrie toute plaine !
Si en buvroie k t^rant alaine.
(i)T. II, ann. i348, p. 216.
(2) Mem, delAcad. des Inscv., t. XIII, p. 522.
(3) Ib., p. 521.
xxiv IJNTRODUCTION.
Ailleurs on lit les cinq vers suivants :
Moult aise sui quant audio
Le prestre dire Inprincipio ;
Car la messe si est finee.
Li prestres a fait sa journee,
Qai veult boire si puet aler.
Dans un autre endroit, il rappelie avec complaisance les
excelients repas qu'il avait faits a la table de Pierre de
Nantes , eveque de Saint-Paul de Leon.
Nous ne pretendons pas nous faire unearme de ces cita-
tions pour attaquer la moralite d'un moine mort depuis pres
de cinq siecles. II nous suffit d'avoir constate que Jean de
Venette etait sensible , plus que de raison peut-etre, aux
plaisirs de la bonne chere , et que la saveur du bon vin avait
surtout pour lui un invincible attrait. Si maintenant nous
retrouvons la meme prediiection bien caracterisee dans le
dernier continuateur de Nangis, n'en serons-nous pas en
droit de conclure, avec encore plus de raison , que cet ecrivain
et le poete Jean de Venetle ne sont qu'une seule et meme per-
sonne? Or , le dernier conlinuateur de Nan^is montre a
plusieurs reprises le tendre interet, la vive sollicilude qu'il
eprouve pourles vigneset pourle vin. Peint-illesravages du
rigoureux hiver de Tan i363? il n'oubHe pas de noter(i)
qu'en beaucoup d'endroils, les vignes furent gelees jusque
dans leurs racines. Trois ans auparavant les fruits avaient ete
en Franced'une extremerarete; le chroniqueurparlevague-
ment de la disette du ble, des cerises et despommes \ quant au
vln , il a soin de nous apprendre (2) qu'une queue de vin
passable, cauda vini competentis, se vendait a Paris plus^e
aaflorins.En i362, le roideFranceetson conseilimposerent
ce quon appelait alors une mallole, sur toutes les denrees
et sur toutes les marchandises ; notre historien enonce d'a-
bord le fait d'une maniere generale (3); mais il ne resiste
(i) T. II, p. 353, 354.
(2) /6., p. 517.
\3)/i., p. 522.
INTRODUCTION. xxv
pas au besoin de seplaindre en particulier destaxes enormes
qui pesercnt sur le vin de Bourgogne et sur le vin de France.
Voyez avec quelle verve il rend compte (i) du rencherisse-
ment des denrees, produit par rafFaiblissement de la mon-
naie en 1 35^ : « Le setier de froment, qu'on avait auparavant
« donne pour douze sous , se vendait alors plus de trente
« livres parisis , et les bons compagnons ne pouvaient obtenir
« un quartaut de bon vin pour se desalterer , s'ils ne payaient
« pour cela vingt-quatre livres. » Ailleurs (2) c'est Tinon-
dation des vignes qui porte la tristesse dans Tame des bons
buveurs , tiislitiam honis potaloribus intiilerunt. Enfin son
amour pour le vin se montre plus clairement encore dans
ce curieux passage , ou il deplore les ravages exerces par les
Anglais dans son paysnatal (3): « Lesvignes, dit-il, source
« de cette liqueur excellente et tant desiree, qui porte la joie
« dans le coeur de rhomme, quce amoenissimum illum de~
« sideratum liquorem nnnistrant , qui loetijicare solet cor
« hominis , les vignes ne furent point cette annee feconddes
« par les travaux des hommes. » Jean de \'enette , tout bon
buveur qu'il piit etre , n'aurait certainement pas mieux dit ;
ou plutot Jean de Venette et le dernier continuateur de
Nangis ne sont qu'un seul et meme personnage, aimant a
boire, et confessant naivement celte faiblesse, tantot en vers
francais, tantot en prose latine.
Jean de Venette dit Fillons , car le manuscrit de Thistoire
des trois Maries lui donne aussi ce surnom, raconte lui-
meme (4) qu'etant age de sept ou huit ans, il vit, Tan i3i5,
le commencement d'une rude famine qui pesa deux ans
et demi sur la France^ il etait donc ne en iSoy ou en i3o8.
II etait, en i346, enferme dans les murs deParis, pen-
dant que les Anglais incendiaienl Saint-Germain-en-Laye,
Rueil, Nanterre et la tour de Montjoie (5). Deux ans apres,
(OT. II,p. 299.
(2) Ib , p. 562.
(3) 7b., p. 294.
(4)/^»., p. 180.
(5) Ib., p. ig8.
xxvj INTRODUCTION.
au mois d'aout , il observait a Paris , avec beaucoup d'au-
tres religieux de son couvent , un meteore luniineux ,
qui annoncait, selon lui, la fameuse peste noire de i348.
Cest peut-etre vers ce temps, que Jean de Venelte fit,
en Auvergne et en Provence , les voyages dont il parle
dans son histoire des trois Maries (i). Nous le retrouvons
a Paris Tan i356 seuiement. Les travaux de la nouvelie
enceinte de la ville , commences cette annee , se poursui-
virent , dit-il (2) , sous ses yeux Tannee suivante et encore
dans la suite , anno sequenti et deinceps. II assista Tan 135^
a rassemblee dans laquelle Elienne Marcel et ses partisans
prirent le chaperon mi-parti bleu et rouge, et comploterent
le meurtre de quelques officiers du Dauphin (3). II parle en
temoin oculaire des precautionsprises, en i358, pour ne pas
troubler les sentinelles qui veillaient sur les murs de Paris,
dans la crainte des surprises de Tennemi. « Cette annee,
« dit-il (4) , il fut interdit a Paris dans toutes les eglises et
« dans tous les colleges , de sonner les cloches depuis la fin
« des vepres jusqu'aulendemain augrandjour....Toutefois
« on continua de sonner chaque soir le couvre-feu a Notre-
« Dame. Alors les chanoines, apres complies , chantaient
« promptement les matines , qu'auparavant ils avaient cou-
« tume de reciter plus devotement au milieu de lanuit,
« apresavoirfait solennellement sonner les cloches. » Notre
chroniqueur apprenait aParis, en 135^, les clauses du
honleux traite conclu entre les Bourguignons et le roi d'An-
gleterre (5). Cest encore a Paris, quun homme echappe
comme par miracle a rincendie de reglise d'Arpajon , 011
douze cents personnes avaient cru trouver, en i36"o, un
refuge assure contre les bandes anglaises , fit connaitre a
Jean de Venette les causes de cet horrible desastre (6). En
(i) Mem. de VAcad. des Inscr., t. XIII, p. 52 1.
(2) T. II, p. 246.
(5) Ib., p. 248.
(4) I^-, P- 279.
(5) Ita narrabatur Parisius ubi erarn quando hos apiccs describc-
bani. T II, p. 297.
(6) Ib., p. 3o6.
INTRODUCTION. xxvij
i364, ce meme Jean de Venette entendit (i) la nuit une
troupe de brigands, qui essayaient, pendant que tout le
monde etait endormi , de forcer et de piller une maison du
faubourg Saint-Germain. Enfin , en i365, pendant que les
princes de TEurope ou leurs ambassadeurs etaient reunis a
Avignon , ou le pape Urbain V essayait de les decider a une
nouvelle croisade , Jean de Venette entendait dire (2) a Pa-
ris que Tempereur Charles IV avait oJQfert , pour cette sainte
entreprlse , lesdimes et la moitie des revenus de son royaume
de Boheme.
Cependant Jean de Venelte n'etait pas tellement fixe
dans son couvent de la place Maubert, quil nen sortit
souvent pour faire des voyages , soit dans les environs de
Paris, soit dans des contrees plus lointaines. II declare avoir
vu plusieurs fois la tour de RoIIeboise (3) , que les habitants
du pays detruisirent, en i365, avec le consentement du
roi, afin qu'elle ne devint plus, comme elle Tavait ete par
le passe, une placed'armes pour les ennemis. Nous voyons
dansson histoiredestroisMaries (4)qu'il faisaitdefrequents
voyages en Champagne, surtout a Chalons, a Troyes et a
Reims. Cest dans cette derniere ville , qu'il vit et observa
la comete de 1 368 , sur laqueile il a longuement discouru (5).
La, s'arrete la derniere continuation de Guillaume de Nan-
gis. Elle se termine par celte phrase remarquable ; « Verum
nos de evetitibus et tribulationibus quce in diwei^sis regni
Francice partibus , tempore apparitionis predictce stellcB
cometce , quce sic isLo tempore paschali et jam antea
per pauca tempora et deinceps , evenerunt , sicut vidi et
(i) Una nocte audivi quod.... aitentanmt prcedones , etc. JXous
traduisons le mot audii'i conime l'a tradLiit Sainte-Palaye, qiioiqu'on
put peut-etre le rendre par j'ai cntendu dire. Dans tous les cas, le sa-
vant academicien s'est trompe en rapportant ce fait a l'an i346.
(2) Ut dicebatur Parisius dum ista scriberentur. T. II, p. 36o.
(3)T. II, p. 358.
{^) Me'm. de 1'Acad. des Inscr., t. XIII, p. Sai.
(5)T. II, p. 378.
xxviij IISTRODUCTION.
veraciter aiidwi, hic cojisequenter conscribere ad futuro-
nwi memoriam dignum duxi. » Puisque Tauteur avait
vu et entendu raconter les faits que presageait rapparition
de la comete , il est certain qu'ilavecu plus oumoinslong-
temps apres Tan i368. Ce n'est pourtant pas une raison
suffisante pour croire qu'ilavait redige le recit de ces faits,
et que s'il nous manque aujourd'hui , c'est uniquement
parce que lesmanuscrits que nous possedons ne sont pas com-
plets(i). II peut se faire que la mort ait prevenu le dessein
qu'avait Jean de Venette de pousser sa chronique au dela
de i368.En efFet cet historien n'ecrivait point, comme l'adit
Sainte-Palaye, au fur et a mesure des evenements. Plusieurs
passages de la chronique latine prouventque la pUis grande
partie de cette chronique a ete redigee apres raccomplisse-
ment des faits qui y sont consignes. Silen etait autrement,
il n'aurait probablement pas mele au recit des evenements
arrivesdepuis i34o jusqu'a i343, desfaitsposterieurs a cette
derniere date, tels que le combat des Trente en i35i , la
bataille de Mauron en i352 , et la redemption de Charles de
Blois en i353. Mais Jean de Venette previent lui-meme
qu'une partie de sachronique n'a ete redigeequ'aprescoup.
Voici la traduction litterale d'un curieux passage (2) qu'on
lit a la fin de Tannee i345 : « Ce qui a ete dit jusqu'ici , n'est
« que le commencement des faits surprenants et des maux
a qui arriverent ensuite dans diverses parties du monde ,
« et particulierement en France. J'en rapporterai la plus
« grande partie, ainsi que je les ai vus oii entejida raconter,
« laissant a ceux qui en voudront ecrire rhistoire , le soin
« d'en faireun recit plus detaille et plus complet. Je ne veux
« en effet que toucher en gros les evenements qui sulvent,
« et je me propose de fixer avec plus de cerlitude la chro-
« nologie de ceux qui se sont passes sous mes yeux. » Ainsi
donc, a partir de i346, Tauteur a ete temoin oculaire de
(i) Celait ropinioii de Sainle-Palaye. Mdm. de l' Acad. de.s Inscr ,
t. VIII, p. 57'.i
(2) T. II, p. 19.3, 196.
IJNIRODUCTION. xxix
plusieurs dvenemcnts; nous avons vuen efFelqu'iletait cette
annee meme a Paiis (i) , etqu'il s'y trouvaitencoreen i348.
II en est d'autres qu'il a seulement entendu raconter, et que
par consequent il se propose de loucher en gros, tangere
ingrosso. Ceci confirmerait ce que nous avons conjecture
plus haut (2) que les voyages du chroniqueur en Provence
et en Auvergne avaient peut-etre eu lieu de i349 ^ i356.
A Tan i356, commence unnouveau periode pendant lequel
Jean de Venette, etabli a Paris, au centre des evenements,
peut les juger par lui-meme et en fixer la chronologle avec
une pius grande certitude. Aussi est-ce posterieurement a
cette annee , qu'il a dii commencer a ecrire sa chronique.
Nous le voyons en effet raconter (3), a l'annee x347, ^^
mariage de Philippe de Rouvre, duc de Bourgogne , avec
la fille unique de Louis de Marle , comte de Flandre , qui
eut lieu seulement le premier juillet 135];. Plus loin il nous
apprend lui-meme quil ecrivait au mois de mars iSSp
(v. s. ), et ce fut prohablement a cette date quil redigea
toute la partie de la chronique qui concerne les temps ante-
rieurs. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer le recit
des evenements survenus pendant les annees i358et i359,
si developpe , si riche en details de toutgenre , avec la seche
et breve narration qu'on lit aux annees i343, i344 6t
meme de i35o a i355. Depuis , la redaction fut encore in-
terrompue , et reprise apres les evenements. La maniere
dont le chroniqueur rapporte Texecution de Pierre de Sac-
quainville (4), qui eut lieu en i364, prouve bien que ce
n'etait plus un fait recent lorsque Jean de Venette ecrivait. De
meme, en parlant, sous la date de i363, du doyen Elienne,
devenu eveque de Paris, il ajoute (5) que cet Etienne fut
ensuite eleve au cardinalat par le pape Urbain V, Tan i368.
(i) Ci-dessus, p. xxv.
(2) Ci-dessus, p. xxvj.
(3) T. II, p. 210, et ib., not. i. Voy. aussi p. 297.
(4>/^,p. 543, 344.
(5) Ib., p. 326, 327.
XXX INTRODUCTION.
On peut (lonc diviser la derniere continuation de Nangis
en deux parties , dont Tune aurait ete ecrite au commen-
cement de i36o , et Taulre peu apres Tan i368. Mais quoi-
qu'elle ne soit pas, ainsi que Sainte-Paiaye Tavait avance, un
espece de journal ecrit jour par jour, elle n'en est pas
moins digne de confiance. Cest loeuvre dun contempo-
rain ,d'un homme qui a vu la plupart des faitsqu'ilraconte ,
qui tient les autres de personnes dignes de foi. Nous crain-
drions de lasser la patience de nos lecteurs, si nous rappor-
tions tous les passages ou il raconte devisu, ou bien sur la
foi de temoins oculaires; mais nous ne pouvons nous dis-
penser de donner queiques preuves de sa bonne foi et de
son amour pour la verite. II peint, a lannee i358 , les re-
presailles terribles exercees par les nobles contre ies Jacques
du Beauvaisis, le meurtre des paysans, Tincendie des vil-
lages, etc. Les flammes, ajoute-t-il,ont detruit Verberie , la
Croix Saint-Ouen , et beaucoup dautres villages que je ne
mentionne pas, parceque jenelesai pas vus (i). II ne parle
pasdes negociationsqui eurent lieu , en i364 , entre Charles
de Blois et Jean de Montfort, « parceque, dit-il , je pour-
« rais m'ecarter de la verite , ce que je ne voudrais pas
« faire (2). » \ient ensuite le recitde la bataille d'Auray, ou
Ton remarquera cette phrase significative : « quant a ceux
« qui prjrent la fuite , je n'ai pas a men occuper ici , carje
« manque a ce sujet de renseignements certains (3). » Jean
de Venette montre la merae reserve a loccasion des eve-
nements survenus en Bretagne et ailleurs Tan i363; « Je
« laisse , dit-il , le soin de les raconter a ceux qui en sont
« mieux inform^s que moi-meme (4). » Et il ajoute aussitot
(i) Et midldi alicB villce campeslres , quas non vidi ncc hic noto.
T. II, p. 265.
(2) (^uia errare posscm dcscriptione vcridica; quod non vellem.
T. II, p. 35i.
(3) Defu^itivis hic mc introm.it tere non est cura, quia de lalibus
non sum informatus plenarie. Ib., p. 552.
(4) Ab aliis conscribenda dcrelinquo , qui de his plenius sciuni ve-
rilatem. Ib., p. 534
s
INTRODUCTION. xxxj
cette phrase singuliere et presque intraduisible : sed ad ea
quce anno sequejiti acciderunt , licet non ad omnia , reci-
tanda, meverbis rudibus applicabo ruditer, cum sim rudis.
L'aveu naif que fait ici Jean de Venette est pleinement jus-
tifie par rincorrection et la rudesse de son style , par les
constructions vicieuses qui lui sont familieres, et les inter-
minables periodes ou Tesprit le plus attentif perd souvent
ridee principale au milieu dune foule dincidences. Aussi ,
D. Luc d'Achery, en le comparant a Guiliaume de Nangis
et aux premiers continuateurs , declare-t-il que Jean de
Venette est de tous le plus barbare (i), Mais en revanche,
combien sa maniere de comprendre et d'ecrire Thistoire est
superieure a celle de ses predecesseurs ! Jusqu'a lui This-
toire n'est pour ainsi dire qu'un proces-verbal. Les faits y
sont racontes dans toute leur simplicite , sans autre liaison
que Tordre chronologique. Point de critique , point de
commentaires ; au lecteur de demeler les efFets et les causes ,
de jugerleshommes,leschoses , les institutions : riiistorien
semble mettre toute son ambition a se derober aux regards ,
a se faire completement oublier. Jean de Venette suit une
methode bien difFerente. Sa plume independante et hardie
retrace non-seulement les faits quil a vus ou qu'on lui a
rapportes, mais encore Fimpression qu'il en a recue. II
discute , censure, approuve avec une egale franchise, les
actes du pouvoir , les exces des nobles , les resistances po-
pulaires. Engage de coeur et d'action peut-etre dans les
luttes intestines , qui, de son temps , ont ensanglante la
France, il porte dans le recit des faits toute Tindependance
de ses idees, toute la chaleur de ses convictions. La passion
lui tient lieu de talent et de style; et pour la premiere fois,
sous la grossiere enveloppe de la latinite du moyen age,
rhistoire s'anime , se colore , revet enfin une allure drama-
tique jusqu'alors inconnue.
Cest surtout en saqualite d'historien de parti, que Jean
(i) 'Spicil., i" edition, t. XI, Preface, p. lo.
xxxij INTRODUCTION.
de Venette s'ofFre a nous comme un curieux sujet d'etude. II
appartenait probablement par sa naissance , et tres-certaine-
ment par ses affections, a la classe la plus nombreuse de la
societe, a celie du petit peuple. II accepte comme un defi le
sobriquetde JacquesBonhomme, appliqueparla noblesse ala
population des campagnes (i), et Jacques Bonhomme devient
aussitot robjet de toule sa sollicitude-, il n'a de larmes que
pour lesmiseresdupeuple (2), d'eIoges quepour ses vertus,
de chants que pour ses Iriomphes. Apres avoir rapporte le
traite de paix conclu en i^og entre le regent et le roi de
Navarre , Jean de Venette poursuit en ces termes (3) : « Me-
« contents de cette paix , les Anglais s'efforcerent de faire
« encore pkis de mal a la France-, mais leurs desseins ne
« reussirentpastoujoursaussiheureusementquilsrauraient
« desire; car, avec la permission du Seigneur , ils eurent
« le dessous dans plusieurs coriibats particuliers. Jen veux
« rapporter un ici, tel que je Tai appris par des temoins
« dignes de foi , et je le fais d'autant plus volontiers , que
« Taffaire s'est passee pres de l'endroit ou je suis ne, et qu'elle
« a ete rondement espedieepar JacquesBonhomme, etfuit
« negotium per insticos , seu Jacque Bonhomrne, strenue
« expedituni. » Tel est le debut d'un episode eminem-
ment dramatique, 011 Jean de Venette a consacre tout le
feu de son imagination , toute la verve de sa barbare elo-
quence , a immortaliser rinvincible courage, la hache vic-
torieuse et la mort heroique du paysan Guillaume FAIouette
et de son valet Grandferre (4)- Essayons donc de nous rendre
un compte exact et precis des idees politiques de Jean de
Venelte 5 nous apprendrons par la quelle etait, au qua-
torzieme siecle, la direclion des esprits dans la classe nom-
breuse dont il est a la fois le defenseur et le representant.
(i)T. II, p. 238, 288.
{1) Ib., p. 262, 280, 2g3, 294, elpassim.
(3) Jb., p. 287, 288.
(4) Voy. Vllist. de Fr. de M. Michelet, t. III, p- 4'9 et suiv.
INTRODUCTION. xxxiij
Sainte-Palaye , et d'apres lui Secousse (i) ont considere le
dernier continuateur de Nangis comme un partisan du
roi de Navarre. D'un autre cote, les violentes declama-
tions de ce chroniqueur contre le regent et la noblesse , ses
plaidoyers chaleureux en faveur du peuple et des paysans ,
lui ont donne de nos jours la reputation d'un democrate.
Ces deux jugements sonttrop absolus.
Charles le Mauvais , roi de Navarre , aspirait au trone de
France; il etait, au vu et au su de tout le monde , rennemi
personnel du roi Jean , et rallie secret de TAngleterre.
Voyons quelles etaient les dispositions de notre chroniqueur
envers le roi Jean , envers les Anglais , envers le roi de Na-
varre lui-meme. A rentendre (2), le roi Jean combaltit a
Poitiers avec une telle intrepidite, que si son exemple eiit
ete suivi par les chevaliers et par les nobles, Tarmee fran-
caise aurait remporte une glorieuse victoire. En i358,
lorsque le prevot de Paris et les bourgeois sentirent qu'ils
avaient encouru la colere du regent et de ses officiers, ils
confierent au roi de Navarre la defense de la ville contre
tous leurs ennemis , excepte , dit le chroniqueur (3j ,
conlre le roi Jean qui etait prisonnier en Anglelerre. Deux
ans apres, les Parisiens , dit Jean de Venette quipartageait
leurs sentiments , soupiraient avec ardeur apres le retour du
roi qu'ils jugeaient seul capable de reprimer les exces de Ui
noblesse , d'exlerminer les hrigands , et de retablir la siirete
des communications (4).
Est-il necessaire de prouver la haine que portait aux An-
glais le dernier continuateur de Nangis ? II faudrait pour cela
reproduire ici sa chronique tout entiere. La haine y respire
a chaque Hgne , et cette passion a deux objets; les nobles
francais d'abord , ensuite les troupesanglaises. Jean deVe-
(i) Hist. de Charlcs le Mam\, t. I, p. 47.
(2) T. II, }5. 240.
(5) Ib., p. 259.
(4) Ib., p. 5i4, 5i5.
I.
xxxiv IJNTRODUCTION.
nette ne put toujours ignorer la connivence des rois de Na-
varre et d'Anglelerre, et ce n'est peut-etre pas sansdessein
que dans le discours qu'il fait tenir a Charles leMauvais,
quand ce prince va trouver le regent, en iSSp, pour con-
ciure une paix definitive , il a place ce serment remarqua-
ble : « Je veux desormais etre un bon Francais , votre ami
« fidele , et votre aide intime , votre defenseur contre les
(c Anglais et contre tous vos ennemis(i). » On sait comment
le roi de Navarre tenait ces belles promesses. Aussi Jean de
Venette qui avalt commence par lui etre favorabie, changea-
t-il bientot de sentiments a son egard.
Si, apres le meurtre du connetable Charles d'Espagne ,
en i354, Charles le Mauvais rentra promptement dans les
bonnes graces du roi Jean , c'est , dit notre chroniqueur (2) ,
parcequ'i7 etait alors aimable pour tous , et cheri de tous.
Mais il ne Tetait donc plus au moment ou Jean de Venette
ecrivait. Cet historien s'exprime a peu pres de la meme
maniere au sujet dEtienne Marcel, a la date de iSS^: le
prevot des marchands , dit-il (3) , alors plein de sollicitude
pour les interets publics , etc. Ces deux phrases sont a nos
yeux une preuve nouvelle que toute la premiere partie de la
chronique de Jean de Venette a ete ecrite posterieurement
a Tan 1 358 , epoque ou la trahison de Marcel et du roi de Na-
varre devint evidente a tous les yeux. Cette trahisou , notre
chroniqueur necherchepas aiadissimuler. II attribue au roi
deNavarre le ravagedesenvirons deParisen i358, rincendie
de Saint-Lazare, de Saint-Laurent, des greniers du Lendit
et de Saint-CIoud. Bientot il recherche quel etait le secret
espoir qui gouvernait la conduite de ce prince turbulent et
sansfoi, et celle de ses partisans. Le roi de Navarre, dit-
il (4), aspirait de toutes ses forces a la couronnede France ,
(i)T. II,p. a86.
(2) Ib., p. 229.
(5) Ib., p. 247.
(4) Ib., p. 269.
INTRODUCTION. xxxv
ad hoc totis viribus anhelahat ,• et ce fut pour se soustraire
a la vengeancfe du regent, morlellement irrile du meurtre
de Robert de Clermont et du marechal de Champagne,
qu'Etienne Marcel et ses adherents favoriserent les projets
ambitieux de Charles le Mauvais, en essayant d'ouvrir a ce
prince les portes de Parls. On connait Tissue de cette ten-
lative (i). Jean de Venette peint naivement Tallegresse que
repandit dans Paris la nouvellede la mortde Marcel. Ceux
qui le matin prenaient les armes contre le regent, le soir se
montrent tous prets a le recevoir comme ieur seigneur et
maitre.Les ruesretentissentdacclamationsen son honneur,
et cliacun se hate de cacher les chaperons bleus et rouges dont
tout a rheure on faisait parade. Le lendemain on procede
avec rigueur contre les partisans du prevot, et Tun d'eux
s'ecrie en marchant au supplice: « Helas! 6 roide Navarre,
« pliita Dieu que je ne teusse jamais ni vu ni entendu ! «
On le voit , si Jean de \enette avait jamaisete le partisan
de Charles le Mauvais, il etait bien revenu de ses premieres
affections. Aussi ne peut-il dissimuler la joie que iui cause
la defaite du caplal de Buch et de Tarmee navarraise a Co-
cherel , en i364 (a).
Cest peut-etre avec un peu plus de fondement qu'on at-
tribue au dernier conlinuateur de Nangis des idees et des
sentiments democratiques •, mais il nefaut pas semeprendre
sur la portee de ces sentiments et de ces idees. Les Fran-
cais,au quatorzieme siecle, elaient bien moins exigeants
qu'ilsne ie sont aujourdliui. Ainsi Jean de Venette qui at-
tachait aux Etats generaux une bien haute importance ,
puisqu'ii considere (3) ia dissoiution des Etats de i356
comme ia cause de tous les desordreset de lous lesmalheurs
qui arriverent cette annee, Jean de Venette ne soupconnait
meme pas que le peupie piit jamais rien pretendre dans ia
(i) Voy., dans la Bihl. de lEcole des Chnrtes, t. I, le curieux Me-
moire de M. Lacabane Sur la mort dEticnne Marccl.
(2) T- n, p. 545.
(5) Ib.. p. 244 et suiv.
15XXV3 INIRODUCTION.
souverainete. Ses cleclamations perpetuelles conlre le re'gent
et la noblesse ont pu faire croire qu'il en voulait au prin-
cipe meme du pouvoir*, mais en examinant avec attenlion
les motifs de sesemporlements, on se convaincra aisement
du contraire. Apres la bataille de Poitiers, dit le chroni-
queur (i), le fils aiiie du roi, Charlesduc deNormandie fut
recu avec honneurparlesParisiens, quela prisedu roi avait
consternes. Tout le peupleesperaitque le duc Charles ferait
ses efForts pour procurer le retour de son pere , d'ou de-
pendait Ic salut du pays. Les trois Etats se reunirent donc et
offrirentau duc de lui fournirtrente mille hommesd'armeS;,
entretenus aux frais des villes du royaume , s'il voulait passer
en Angleterre, et en ramener le roi Jean. Le regent ac-
corda peu d'attention a ces offres, hoc lotum Jieglexit, et
aussilot il partit pour aller a grands frais a Metz , visiter son
oncle Charles roi de Boheme et empereur des Romains.
Au relour du regent, les trois Etats se reunirent encore a
Paris 5 raais ils ne tarderent pas a se dissoudre , parce que les
nobles refuserent de prendre part a une contribution que
s'etaient imposeele clerge et la bourgeoisie. Alors les affaires
prirent une tournure deplorable , les brigands se repan-
direntdans tout le pays;lesnobles commencerent amontrer
leur haine et leur mepris pour les autres classes. S'inquie-
tant peu des interets du roi et des sujets , ils se mirent a
opprimer et a depouiller les habitanls des campagnes; au
lieu de lesdefendre contre rennemi, ils leur faisaient le plus
de mal possible , et s'emparaient violemment de leurs biens.
Du leste, il elait clair a tous les yeux que le regent se met-
tait peu en peine de tous ces exces.
II serait inulile de repeter ici toutes les violentes de-
clamations de Jean de Venette contre la noblesse; le fond
en est loujours le meme. II accuse les nobles de depenser
au jeu , a lapnrure, largent des tailles etdes impots qui leur
cst distribue pour defendre le royaume (2). II les compare,
(i) T. II, p. •i.l^'! et suiv.
(i) Ib., p. 204, 2o5, 2^7 et passim.
liNTRODUCTION. xxxvij
eux qui etaieiit obliges par etat a proteger le pays, qui pa-
triam defensare tene.hajitur, il les compare aux Anglais,
les eiinemis naturels de la France •, et la comparaison n'est
pas a lavantage de la noblesse francaise-, car celle-cifavo-
risait sous main les brigands qui desolaient les campagnes,
tandis que les garnisons anglaises faisaient prompte et rude
justice de ceux qui tombaiententre leurs m^^ains (i). Cest la
le grief capital de notre historien contre les nobles de son
epoque^ilsetaientdevenus, selonbji, lespluscruelsennemis
de ceux qui devaient compter sur leur protection, Dans ce
renversement complet desrelations ^ociales se verifiait, dit-
il (2) , la fable du chien et du loup. II y avait en efFet autre-
fois un chien tres-fort, dans lequel son maitre avait pleine
confiance, esperant quil defendrait vigoureusement ses
brebis contre les attaques du loup-, et ce fut ce qui arriva
plusieurs fois. Enfin, avec le temps, le loup devint Fami
intime du chien qui lui dit alors dattaquer sans crainte et
d'enlever les brebis, ajoutant que lui chien ferait semblant
de le poursuivre aveczele, comme pour reprendre la brebis
et la rendre a son maitre. Mais lorsquils furentrun et lau-
tre pres du bois et loin des yeux du berger , ils devorerent
ensemble la brebis lout entiere. Cette manoeuvre se re-
nouvela souvent; et toujours le chien recevait les eloges du
maitre, qui etait persuade qu'en courant apres le loup, le
fidele animal avait fait son possible pour sauver la brebis.
Ce fut ainsi que ce chien maudit sut deguiser sa malice-, et
il fit si bien a la fin , quaide par son compagnon , il devora
frauduleusement et mechammenl toutes les brebis de son
maitrfe.
Cet apologue suffit pour mettre dans tout son jour la ve-
ritablepensee de Jean de Venette. II ne revait pour le peuple,
objet de ses predilections , aucune autorile , aucun droit,
aucune prerogative. Les corvees , les tailles, les impositions
(i) T.II, p. 3i3.
{2) Ib., p. 328, 329.
xxxviij IKTRODUCTION.
etaient a ses yeux autant crobligations sacrees , auxquelles
il fallait sesoumettre sans murmure. Mais racquittement de
ces obligations donnait droit au peuple de travailler avec
securite , et de jouir en paix des fruits de son travail. Et
c'est pour navoir pas entretenu la securite dans les cam-
pagnes , pour navoir pas protege les populations contre
rinvasion etrangere, pour avoir pille les petits au lieu de
les secourir , que les nobles , defenseurs-nes du pays aux
yeux de Jean de Venette , ont encouru toute son indigna-
tion. Cest pour n^avoir pas reprime les abus de sa noblesse,
que le regent lui a paru digne detre severement blame,
malgre l'autorite presque royale dont il etait revetu.
Des pretentions aussi modestes, aussi conformesaux lois
et aux usages du temps, ne pourraient valoir a Jean de \ e-
nette le titre d'ecrivain democrate. Les idees qu'il professe
sont celles qui donnerent naissance a la Jacquerie •, or la
Jacquerie ne fut pas une revolution politique , mais une
vengeance. Toutefois Jean de Yenette n'ose Tapprouver. II
appelle Tinsurrection des paysans du Beauvaisis une sotte
affaire, fatuum negotium; un exces monstrueux, mons-
truosum negotiam. Malgreson aversion pour la noblesse, et
quoiqu'il avoue que Finsurrection des Jacques etait au fond
legilime , il ieur refuse positivement le droit de se faire
justice par eux-memes, et aurait voulu que la punition des
iiobles prevaricateurs emanat de Dieu meme ou de rauto-
rite royale. De plus , il ne peut voir sans douleur les depor-
tementsdespaysans revoltes , les dames noblesviolees.leurs
ejifants massacres, les chdteaux pilles et devasles (i)JCette
critique inaltendue dun mouvement populaire si coifforme
aux opinions de Jean de \enette, a son origine dans une
remarquable moderalion d'esprit dont les ecrits de cet his-
lorien fourniraient plus dune preuve : nousen rapporterons
une seule. La haine que Jean de \enetle avait concue pour
tous les nobles en general, s'etendait aux anciens officiers
i) Vov. t. ir, p. a65, 264.
INTRODUCTION. xxxlx
du roi Jean devenus les conseillers du regenl duc de Nor-
mandie. Cependant lorsqu'il entend le prevot Etienne Marcel,
quil croyait pourtant plein de soUicitude pour le bien du
pays, projeterle meurtredequelques-unsd'entrecesconseil-
lers , il s'ecrie aussitot (i) : Pliita Dieuqu'un telprojet n'eut
jamais ete mis a execution ! II fait Teloge des trois victimes
de lavengeance populaire, vengeance qu'il appelle un crime,
nefas , flagiliuin , et dont la punition lui semble un juste
decret de la Providence. Mais comment concilier cette mo-
deration avec la baine violente que Jean de Venetle montre
a tout instant contre le corps entier dela noblesse? Nous ne
voyons a ce probleme quune solution probable. Jean de
Venette fortement altacbe au parti populaire , devait de-
tester de toutes ses forces une aristocratie ambilieuse , avide
et oppressive; il eioxi Jacque au fond du coeur , et sa joie
aurait eclate sans contrainte s'il eut vu les ennemis du
peuple aneantis par un fleau surnaturel, ou ecrases legiti-
mement par une puissance bumaine. Mais son caractere re-
ligieux , mais les principes de soumission, d'bumanite,
dordre et de justice qu'il avait du puiser dans Teducation
monastique , ne lui permettaient pas d'approuver une insnr-
rection illegale et des violences criminelles , que rien ne
pouvait excuser. Telle est a notre avis la cause reelle des
contradictions de Jean de Yenette. II y avait en lui deux
hommes parfaitement distincts , le proletaire et le moine ;
Tun qui fletrissait energiquement la cupide et tyrannique
oppression de la noblesse, Tautre qui condamnait en ge-
missant les sanglantes represailles des populalions rurales.
Qu'on Taccuse, si Ton veut, de n'avoir pas eu lecourage de
ses convictions; nous serons envers luimoins severe. L'exa-
men auquel nous venons de nous livrer , nous suggere au
contraire une derniere remarque tout a Tavantage de notre
cbroniqueurj c'est qu'en sacrifiant a Tamour de Tordre et
de Tequite la passion qui le domine , il prouve quil j)ouvait
(i')T.II, p. 247, 248.
xl TNTRODUCTION.
faire sans efFort le meme sacrifice a Tamour de la verite.
Cette consideration doit ajouter encore , s'il est possible , a
rimportance et a Tautorite de son temoignage.
DEUXIEME PARTIE. -
Des editions et des manuscrits de la Chronique de Guillaume de Nangis.
Le lexte de Guiliaume de Nangis n'etant pas, dans cette
quatrieme edition , parfaitement conforme aux textes prece-
demment publies, il importe non-seulement d'expliquer,
mais encore de justifier, sil est possible , cette difference.
Pour atleindrc ce but, nous serons obligesd'examineravec
quL'lques details les oditions precedentes, de faire connaitre
les documents nouveaux dont cbaque editeur a fait usage,
et les ressources dont nous avons pu disposer nous-merae.
MM. les editeurs du vingtieme volume des Hisloricns de
France ont pense que d'Acbery, croyantfaire la premiere
edition de Guillaume de Nangis, d'apres le manuscrit de
Saint-Germain des Pres, ne s'etait en realite servique d'une
copie fautive de ce manuscrit (i). Cependant on lit dans la
preface du onzieme volume du Spicilege : u Depuis dix-huit
« ans(2), la plupart des ('rudits et des amateurs de notre
« histoire, m'ont souvent engage a publier enfin la chro^-
« nique de Guillaume de Nangis et ses continuations, qui ne
« se trouvent nulle part ailleurs que dans la bibliotheque
« de Saint-Germain des Pres. Mais j'ai toujours Ae de-
« tourne de ce dessein par lc penible travail quexigeait la
« correction des fautes et des erreurs dont fourmille le ma-
« nuscrit. Cbarles Bultcau secrelaire du roi , aussi zele pour
« riiistoire qu'babile dans cette science , ajoint, pour me
« persuader, reloquence de scs bons ofFices a celle de ses
« discours. II m'a decide a inserer dans le Spicilege les
(i) Ilist. dc Fr., t. XX , pieface, p 54-56.
{■i) Si)icil., i"' edition, t. XT, preface , p. i5.
INTRODUCTION. xlj
« continuations de Nangis; et pour m'cncourager a entre-
« prendre cette tache, il les a fait transcrire a ses frais
« malgre leur loiigueur, et m'a liberalement cede sa copie
« dont j'ai fait usage pour celte edition. » Est-ce ia cette
copie fautive dont parlent MM. les editeurs du vingtieme
volume des Historiens de France? Elle manque en effet
d'esactitude en quelquesendroits; car la premiere edition ,
faite dapres cette copie , n'est pas toujours conforme a Tan-
cien Ms. de Saint-Germain , conseive aujourd'hui a la Bi-
bhotheque royale sousle n° 435. Mais ce n'est pas un molif
suifisant pour penser que ce Ms. soit reste inconnu a D.
Luc d'Achery. Lui-meme en fait la description et rhistoire(i)
et se plaint, comme on Ta vu, des incorrections dont il est
rempli. Qui mieux que lui dailleurs aurait pu le connaitre.^
Le Ms. n" 435, grand in-f° sur papier , donne par Philippe
de Lautier , directeur general des finances, a Jacques du
Rreuil, benedictin de la congregation de Saint-Maur de-
cede en 16 14, etait rcste depuis cette epoque dans la bi-
bliotheque de Saint-Germain des Pres. Vers Tan i64o? la^
direction de cette bibhotheque fut precisement confiee a
D. Luc d'Achery , qui rangea les livres en tres-bon ordre,
en drcssa des cataLogues exacts , et augmenla la collec-
tion de plusieurs excellents ouvrages (2). Le Ms. de Nangis
avait donc passe sous les yeux de d'Achery treize ans environ
avant rirapression du premiervolume du Spicilege, et plus
de trente ans avant qu'il se decidat a mettreau jour la chro-
nique de Guillaume de Nangis (3). On ne disconviendra pas
lion plus sans doute que la bibliotheque de Saint-Germain
des Pres ne fiit parfaitement connue a D. Mabillon , qui a
aide d'Achery dans l'edition des sept derniers volumes du
Spicilege. Mais peut-on admettre que ces deux judicieux
(i) SpiciL, t. XI, preface, p. 11.
(2) Hist. litteraire de la Congr. de Saint-Maur, p. 104.
(3) Le premier voliime du Spici/ege fut imprime en i655 , et le on-
zieme, qui renferme Guillaume de Nangis et ses continuateurs, en
1672
xlij INTRODUCTION.
editeurs , ces deux gloires de la congr^gation de Saint-Maur ,
aient imprime une copie fautive d'un Ms. de Saint-Germaiu ,
sans connaitre , sans conaulter le Ms. original qu'ils avaient
constamment a leur disposition , et qu'eux seuls avaient pu
communiquer a lauteur de la copie?
La premiere edition de Guillaume de Nangis et de ses
conlinuateurs a donc ete faite d'aj)resle manuscritde Saint-
Germain , et d'apres ce manuscrit seul. Sainte-Palaye s'est
trompe en disant (i) que, pour le dernier continuateur,
d'Achery avait confere plusieurs manuscrits differents; le
savant benedictin declare lui-meme n'avoir eu qu'un seul
manuscrit, et la description qu'il en fait s'applique fort
bien au volume de la Bibliolheque royale cole S. Ger-
main 4^5. II est d'unemauvaise ecriture, qui date du quin-
zieme siecle. Les nombreuses erreurs du copiste ontsou-
vent exerce la sagacite du premier edileur, qui tantot a
retabli les mots ou les passages defigures sans en prevenir
le lecteur, et tantot a propose ses corrections ala marge du
texte. On doit dire que la plupart de ces corrections sont
justifiees par les manuscrits plus anciens et plus corrects
qui ont ete decouverts depuis. D'Achery a imprime, dans
le treizieme volume du Spicilege, quelques variantes recueil-
liespar Jacques de Launoy dans un manuscrit deGuillaume
deNangis,appartenantalorsarabbayedeCiteauxetconserve
aujourdhui dans la bibliotheque deDijon. Ce volume etait
moins ancien peut-etre que celui qui a servi pour Tedition
originale, puisquil avait ete ecrit par ordre de Jean de
Circey ou de Cirey, quarante-deuxieme abbede Citeaux (a),
c'est-a-dire entre les annees 1476 et i5oi.
La deuxieme edition de la chronique de Guillaume de
Nangis , faite par L.-Fr.-J. de La Barre , n'est, a peu de
chose pres , qu'une reimpression de la premiere. De la
Barre n'a connu aucun nouveau manuscrit^ il est meme
(i) M&tn. clelAcad. des Inscr., t. Vltl, }). 569.
{•}.) Spicil , in-fol., t. III, ])reface.
TNTRODUCTION. xlUj
douteux qu'ilait eu souverit recoursa celuidont le premier
editeur avaitfait usage. On lui a fait honneur(i) de certaines
ameliorations qu'il aurait introduites dans le texte de Nan-
gis , d'apres un ancien manuscrit ou se lisait V Histoire des
consu/s d'Angers. Mais en parcourant avec un peu d'atten-
tion la preface de de La Barre (2), 011 sont imprimees toutes
les variantes tirees du manuscrit en question, on s'apercoit
bien vite qu'elles ne concernent aucunement la chronique
de Guillaume de Nangis, ni les continuations de cette chro-
nique, mais bien un autre ouvrage entierement different;
savoir : THistoire des comtes d'Angers , Gesta consulum
andegavensiuin , imprimee aux pages 234 et suivantes du
troisieme volume du Spicilege, immediatement apres la
chronique de Guillaume de Nangis et celle de Nicolas
Trivet (3). Les ameliorations introduites par de La Barre
dans la deuxieme edition de Nangis se bornent donc a l'in-
tercalation de quelques rares passages empruntes au ma-
nuscrit de Citeaux. Du resle , il a supprime toutes les cor-
rections marginales de dAchery , et , loin d'ameliorer le
texte , il y a introduit un grand nombre de fautes dim-
pression , qui le deparent et qui en alterent parfois le veri-
table sens.
La troisieme edition , due aux soins de MM. Daunou et
Naudet, ne s'etend , comme nous lavons dit , que jus-
qu'a Tan i328, le reste des continuations ayant ele re-
serve pour le volume de la collection qui ouvrira la
serie consacree a Thistoire des Valois. Cette edition est
beaucoup plus exacte que celle de de La Barre. Les cor-
rections proposees par dAchery ont ete presque toutes
reproduites dans les notes; et Ton regrelte que MM. les
editeurs n'y aient pas joint plus souvent leurs propres cor-
(i) Hist. de Fr., t. XX, pref., p. 54-56 ; et texte, p. 543, 544-
(2) Spicil., 2^ edition, t. III, preface.
(5) La premiere de ces variantes se rapporte a une phrase qui est a
la page254 du volume, et le dernier continuateur de Nangis fmit a la
page 140.
xliv IIVTRODUCTION.
rections. Le texte de Guillaume de Nangis a elecollationne
pareux sur deux manuscrils en velin, ecrits durant le qua-
torzieme siecle, et dont personne jusqu'a ce jour n'avait
encore fait usage. Ils sont conserves a la Bibliotheque
royale parmi lesmanuscrits latins sous les n"^ 4917614918.
Ces manuscrits ont fourni un assez grand nombre de va-
riantes^ mais toutes, ou presques toutes, ont ele releguees
dans les notes, et cette troisieme edition se trouve ainsi a
peu pres calquee sur la premiere , meme pour les passages
ou le texte des nouveaux manuscrits semblait preferable a
celui du manuscrit 435.
Nous avons cru devoir suivre une methode differente.
Persuade que , si d'Achery avait eu a sa disposition les
beaux et anciens manuscrits sur velin que possede aujour-
d'hui la Bibliotheque royale, c'est d'apres ces manuscrits,
et non d'apres le n" 4^5 , qu'il aurait etabli le texte de sa
premiere edition, nous avons regarde cetle premiere edi-
tion comme non avenue , nous reservant toutefois d'y
recourir pour tous les passages obscurs que le docte bene-
dictin a si heureusement eclaircis. Apres avoir collationne
les manuscrits 4917 et 49 '^) signales dans le vingtieme vo-
lume des Historiens de France, nous en avons examine trois
autres que personne n'avait encore employes. Le premier
porte le n° ^C)ig-^ c'est un in-^" sur velin , d'une ecriture
au moins aussi ancienne que celle des manuscrits 49^7 ^t
4918. Le deuxieme cote 4920 est moinsancien , mais d'une
execution pjus soignee. Le velin en est d'une finesse et
d'une blancheur remarquables , et les premieres lettres des
alinea sont ornees et dorecs. L'ecriture date du commen-
cement du quinzieme siecle. Mais un des proprietaires du
manuscrit a eu la patience de raturer et de refaire tous les
passages ou lincorrecte latinite de Guillaume de Nangis
lui a semble par trop intolerable. Toutefois, il a ete fa-
cile de collationner les parties qui nont pas ete raturees et
meme celles qui ne Tont pas ete assez profondcmcnt pour
que le texto ])rimitif soit devenu tout afalt illisible.
INTFxODUCTIOiN. xlv
Tous les manuscrits dont on vient de parler compren-
nent la chronique de Guillaume de Nangis depuis le com-
mencement du monde jusqu'a l'annee i3oo inclusivement.
Dans celui qui nous reste a decrire , la chronique em-
brasse les annees i3oi, i3o2, une parlie de lan i3o3,
mais elle ne commence qu'a lan 1 1 13, c'est-a-dire au mo-
ment oii Guillaume de Nangis deciare qu'il cesse de copier
Sigebert de Gemblours (i). Ce volume, dont la premiere
moitie est remplie par un fragment de chronique fran-
caise, est range a la Bibliotheque royale parmi les manus-
crits francais et porte le n° "^^"^^s ^^y Cest un petit in-^"
sur parchemin a deux colonnes , dune beile ecriture, qui
date du commencement du quatorzieme siecle. Le texte des
autres manuscrits est, sauf un cerlain nombre devariantes,
parfaitement conforme a celui du Ms. 435, dapres lequel a
ete faite la premiere edilion. Le Ms. 10298-6 sen ecarte
considerablement. Non-seulement la redaction en est diffe-
rente, mais ilfournit quelques faits et plusieurs dates qu'on
chercherait vainement dans les autres manuscrits. Cest ce-
pendant celui qu'on a cru devoir suivre dans cette edition
nouvelle, parce que , selon toutes les apparences , il con-
lient la chronique de Guillaume de Nangis telle que cet
(i) II est certain que le copiste n'a conimence le Ms. qu'a Tan 1 1 15,
et qu'il a laisse de cote toute la partie de la Chronique qui concerne
les tenips anterieurs En effet, cette partie du voliinie est partageeen
quaterniones ou caliiers de quatre feuilles et de huit feuillets. Coninie
ces cahiers n'etaient pas encore cousas ensemble lorsqu'ils out etc
couverts d'ecriture, le copiste avait eu soin de tracer, au bas de la
derniere page de chaque cahier, le premier mot et le numero d'ordre
du cahier suivant. Toutes ces reclames ont ete endommagees a la re-
liure, mais la septieme et la huitieme sont parfaitement lisibles, et
les feuillets qui precedeut le septieme cahier sont au nombre de 48.
Preuve certaine que le copiste a commence sa copie a I'an iii5, et
que ce texle latiu n'est pas un fragment d'uu Ms. plus coasiderable.
On voit par la que d'Achery n'a pas ete le premier a n'attacher de rim-
portance a la Chronique dc Guillaume de Nan^is qa'a partir de 1 1 15.
(2) Cest la la veritable cote. Mais ayant a citer souvent ce inanuscrit,
il nous a senible plus commode de donner a la cote la forme sui-
vante : 10208-6
xlvj INTRODUCTION.
ecrivain Tavait redigee , et degagee des remaniements plus
ou moins importants qu'elle a subis dans les autres manus-
crits. Voici les motifs de notre conviction :
Dabord le Ms. 10298 6 est , sans contredit, le plus an-
cien parmi tous les manuscrits connus de notre chronique.
Le caractere de Tecriture remonte aux premieres annees
du quatorzieme siecle. Peut-etre meme levolume est-il con-
temporain du clironiqueur, ou renferme-t-il une copie de
son manuscrit original. Dun autre cote , ce manuscrit,
ainsi qu'on vient de le dire, differe de lous les autres ma-
nuscrits connus. Or, parmi toutes ces copies , celle qui ,
pour le periode compris entre rannee 1226 etrannee 1285,
presente les points de ressemblance les plus nombreux avec
la Vie de saint Louis et celle de Philippe le Hardi, ecriles
bien cerlainement par Guillaume de Nangis, doit etre con-
sideree comme la plus authentique, la plus conforme au
texte primilif arrete par lauteur. Telle est precisement le
caractere du Ms. 10298-6. La qualification de saint, que les
autres manusciits donnent a Louis IX des le commence-
ment de son histoire, n'y est jointe au nom de ce prince que
posterieurement a Tan 1297, epoque des informations qui
precederent sa canonisation. La naissance de JeanTristan,
que la reine Marguerite de Provence mit au monde a Da-
miette(i), est omise dans le seul Ms. 10298-6 ;elle Test
aussi dans la Vie de saint Louis. II en est de meme de ren-
voi fait en i252, par Guillaume, abbe de Saint-Denys, a
saint Louis, qui etait en Palestine, dun vaisseau charge de
draps, de fromages et de volailles (2). Lhistoire des Pas-
toureaux, en la^i? esl redigee a peu pres de la meme ma-
niere dans la Vie de saint Louis et dansleMs. 10298-6. Le
recit du meme fait, dans tous les autres manuscrits, est infi-
niment plus detaille et concu en des termes entierement
(i) T. I, p. 206.
(2) Ib., p. 209. Ce fait, cjui nianque dans la \'iq latiuede saint Louis,
est consigne dans la version francaise du menie otivrage. Nouvelle
preuve peut-etre que cette version n'a pas cte faite par Guillaunie de
Nangis.
INTRODUCTION. xlvij
differeDts (i). Enfin toutes les additions, toutes les lacunes
qu'on remarque dans le Ms. 10298-6, en le comparant aux
autres manuscrits de la chronique de Guillaume de Nangis,
se retrouvent dans la \ie de saint Louis et dans celle de
Philippe III du meme auteur. Sans entrer ici dans tous les
details de cette remarquahle conformite , qu'il nous suffise
de renvover le lecleur aux notes de la presente edition (2).
Des consideralions qui precedent, il resuite clairement
que le texte de Guillaume de Nangis a ele remanie par les
copistes. En veut-on encore d'autres preuves? en voici
quelques-unes qui nous semblent concluantes. A lannee
1299, la date est remarquable, le chroniqueur raconte que
Ferri, eveque d'Orleans , ayant ete tue , Bertaud de Saint-
Denys, archidiacre de Reims, lui succeda (3). La s'arrete
le Ms. 10298-6; les autres ajoutent: qiii (Bertaudus) sn
TEMPORis opinatissimus inter theoiogos kefulgebat. Est-ce
ainsi que se serait exprime un contemporain ? A lan i3oo,
le Ms. 10298-6 porte : Theobaldus Belvacensis episcopus
ohiit. On lit, apres ces mots, dans les editions precedentes:
Cui successit Simon noviomensis episco pus et apud Novio-
mum Petrus, post quem ylndrceas . Or, Andre Lemoine ou
de Creci , frere du cardinal Lemoine , ne fut promu au
siege episcopal deNoyon quen i3()4 (4)^ c'est-a-dire quatre
ans apres Fepoque ou Guillaume de Nangisa cesse d'ecrire.
Apres avoir rapporte la prise de Damiette par les chreliens
en i2i9(v. s.), Guillaumede Nanglspasseimmediatementau
siege et a la prise de Tanis, et voici la phrase qui lui sert de
transition (5) : Non minori miraculo., imo majori donavit
Dominus Christianis Tanis^ civitatem Egypti. Ceux qui
(i) Voy. p. 208, et a la fin du vol., p. 435, 436.
(2) Voy. dans ce vol., p. i63, not. 2; p. 191, n. 4; P- '99 1 ^- 'j
p. 201 , n. I ; p. 20J, a. 4; P- 212, n. i ; p. 2:5, n. 5; p. 282, n. 2 ;
p. 207, n. 2; p. 202, n. 5j p. 260, n. 4; P- 3o8, n. 5; p. 5io, n. 2.
(3) P. 5og.
(4) Gall. Christ.. t. VIII, col.
(5) P. i63.
xlvHj INTRODUCTION.
onl remanie la chronique de Guillaume de Nangis ont
transporte le recit de laprise de Tanis a Tannee 1220, im-
mediatement apres un alinea ou rauteur raconle les pertes
d'Amauri de Montfort et la soumission de presque tous ses
chateaux aux heretiques (i), en sorte que cette transition
pompeuse, non niinori ntiraculo inio ntajoji, elc, forme en
cet endroit un veritable contre-sens. Enfin il est impos-
sible de ne pas voir une maladroile addition dans les in-
juresprodiguees a Saladin, a ladate de 1 1^2. L'auteur qui a
ecrit ces lignes acerbes naurait certainement pas avoue les
eloges que Guillaume de Nangis donne quelques pagesplus
loin (2) au digne adversaire de Phiiippe Auguste et de
Richard Coeur de Lion. Et ce n'est pas seulement sur les
faits et sur les dates que portent les remaniements j le style
lui-meme a subi des modifications nombreuses, sans ne-
cessite, sans aucun profit pour Telegance et la clarte de la
redaction.
On etait donc a peu pres certain , en imprimant d'apres
le Ms. 10298-6, de donner au public la redaction authen-
lique, originale de la chronique de Nangis. Malheureuse-
ment , II faut bien Tavouer , ce manuscrit se recommande
plus par la beaule de son execution que par la correction
et Texactitude du texte. C'est roeuvre d'un copiste inattentif
et negligent qui a defigure bien des mots et coramis bien
des omissions. Ce fait une fois parfaitement constate , il
devient fort difficile, chaque fois queleMs. 10298-6 dif-
fere de tous les autres, de deviner quel est celui qui exprime
reellement la pensee du chroniqueur. Danscette perplexite,
nous avons voulu laisser au lecteur le soin de decider lui-
meme, et voici la marche que nous avons suivie. II nous a
paru superflu, pour uii ouvrage ecrit dans le latin barbare
du moyen age, de noter lesvariantes qui ne concernentque
(i) Voy. tGutes les edit. prccedentes, a l'an irio.
(■?.) Voy., dans co volunie, p. 63, 64, et p. 85, 86.
LNTRODUCTION. xlix
le style. Nous n'avons donc tenu compte que des additions
et des variantes de redaction qui sonl de nature a changer,
meme legerement , le caractere d'un fait , et, autant que
possible, nous les avons introduites dans le texte , en ayant
soin de les distinguer. Tous les passages renfermes entre
crochets sont empruntes aux editions precedentes , en sorte
que, si on lit ce premier volume en omettant tout ce qui
est entre crochets, on aura le texte pur du Ms. 10298-6,
qui a ete suivi de preference a tout autre (i). Quant aux
variantes et aux additions qui n'auraient pu entrer dans le
texte sans lui faire subir des modifications quaucun ma-
nuscrit n'aurait autorisees , elles ont ete renvoyees dans les
notes au bas des pages. En procedant de cette maniere,
nous ofFrons a la fois au pubiic la chronique de Guillaumo
de Nangis , telle qu'a notre avis elle a dii etre redigee par
rauteur, plus toutes les addilions et les modifications im-
portantes qu'elle a subies avec le temps, sans que le lecteur
le moins attentif puisse jamais confondre le texte primitif
avec le texte remanie.
Quant aux continuations de la Chronique , la disette des
manuscrits aurail rendu notre tache plus facile , si ie texte
de ceux que nous possedons avait ele moins defigure par
des fautes et des incorrections de tout genre. Ces manus-
crits sont au nombre de trois. Le premier est lc manuscrit
de Saint-Germain, n" 435, qui avait deja servi pour lesdeux
premieres editions. MM. les editeurs du vingtieme volume
des Historieiis de France ont fait connaitre les deux autres
qui n'avaient pas encore ete consultes. Lun d'eux se com-
pose de deux volumes in-4° sur papier, d'une mauvaise ecri-
ture du quinzieme siecle. Ces deux volumes paraissent avoir
(i) Cette indicatiou ne se rapporte qu'a la Chronique de Guillawne.
de Nangis proprement ditc. Dans le texte des continuateurs, les cro-
chets renferraent, soit des additions destinees a completer le sens,
soit des corrections substituees a une mauvaise lecon des Mss., la-
quelle, dans ce cas, est toujours conservee ou signalee dans les notcs
au bas de la page.
I. d
1 INTRODUCTION.
appartenu au president Seguier, ensuite au duc de Coislin,
qui, en ijSa, fit don de toute sa bibliotheque a Saint-Ger-
main-des-Pres. Ils sont deposes aujourdhui a la Bibliothe-
que royale, dans le fonds Saint-Germain, et portent les
^"^998, 999. Ils renferment la chronique entiere de Guil-
laume de Nangis, le commencement de continuation ine-
dite, qui s'arrete a i3ol^. et les continuations deja impri-
mees depuis i3oi jusqu'a i368. Le texte en est conforme
a celui du Ms. 435 , sauf quelques variantcs et de nom-
breuses corrections dues a la susceptibilite du copiste, dont
les oreilles ne pouvaient s^habituer au latin barbare du
treizieme et du quatorzieme siecle. Ainsi il a ecrit presque
partout carcer, ergastulum, au Heu de prisio; bellum, prce-
lium au lieu de guerra, etc. Cette circonstance nous fait
presumer que le manuscrit date de la renaissance des let-
tres, c'est-a-direde la derniere moitie du quinzieme siecle.
Le troisieme manuscrit, quoique moins ancien, a cepen-
dant une certaine importance 5 il est conserve a la Bibho-
theque royale, sous le n° 4921 A, et ne contient que les
continuations de Nangis. Les neuf premiers feuillets sont
d'une ecriture qui ressemble singulierement a celle d'An-
dre Duchesne. La main qui a copie le reste du manuscrit a
aussi ecrit une foule de pieces renfermees dans les porte-
feuilles de Baluze ; et , comme ces memes portefeuilles con-
tiennent aussi beaucoup de copies faites par Duchesne, on
peut conjecturer que le Ms. 4921 A avait ete fait pour l'il-
lustre editeur des Capitulaires. On reconnait au moins la
main de Baluze dans la note qui se lit a la premiere page,
et qui porte que le manuscrit a ete copie d'apres un autre
manuscrit appartenant a la bibUotheque de Turgot (i).
Des corrections de la meme main se montrent dans la phis
grande partie du manuscril. Les unes ont pour objet de re-
(j) Le Ms. 4921 A appartient au fonds de Baluze et non au fonds de
Turgot, ainsi qu'on l'a imprime dans le XX" vol. des Hist. de Fr.,
preface, p. 54 et 583, not. i.
INTRODUCTION. Ij
tablir des moLj ou des passages alteres •, nous les avons pres-
que toujours adoptees. Les aulres portent sur de petits
details de ponctuation et d^orthographe , et montrent clai-
rement que le manuscrit avait ete d'abord destine a Tim-
pression. \oiia les trois seules copies qui nous restent au-
jourd'hui des continuations de Guillaume de Nangis. Celle
qui a servi d'original au Ms. 4921 A est maintenant in-
connue. II en est de meme de quelques fragments qui ont
ete publies par Godefroy dans le Ceremonial francais , et
qui nous ont fourni quelques bonnes variantes. Quant aux
extraits de ISangis rapportes par Dupuy dans son His-
toire du difFerend entre Boniface VIII et Philippe le
Bel (i), ils sont empruntes a la continuation inachevee qui
embrasse les annees i3or, i3o2, i3o3, mais conformes au
Ms. 435, un peu difFerent en cet endroit de celui que nous
avons adopte.
Aucun motif, comme on voit, ne pouvait faire preferer,
pour le texte des continuateurs de Nangis, les INIs. 999 et
499.1 A au Ms. 4d^ 1 d'apres lequel ont ete faites les deux
premieres editions. Nous n'avons eu consequemment, dans
cette partie de la presente edition, qu'a suivre pas a pas
d'Achery et de La Barre. Aurons-nous ete plus heureux
que nos predecesseurs dans la correction des fautes et la
solution des difficultes que presente en plus d'un endroit
le texte des continuateurs de Nangis.? nos lecteurs en ju-
geront. A defaut de manuscrits, nous avons pris pour gui-
des Bernard Guidonis, Jean de Saint-Victor, et d'autres
documents contemporains, qu'on trouvera toujours cites
exactement dans les notes. Aucun ne nous a servi plus fre-
quemraent ni plus utiiement que la Chronique de Saint-
Denys. Ces annales francaises sont , on la deja dit, une
traduction de nos chroniques latines durant les soixante-
dix annees ecoulees depuis lan 1270 jusqu'a Tan i34oj
elles ont donc, pour un editeur de Guillaume de Nangis et
(i) P. 188.
lij INTRODUCTION.
de ses premiers continuateuis , rimportanc^ et rautorite
d\in manuscrit contemporain. On n'a pas K^site a inserer
dans le texte toutes les corrections puisees a une aussi bonne
source. Neanmoins, pour que le lecteur soit toujours a
meme de prononcer sur la justesse ou Topportunite de ces
remaniements , les lecons qu'on a jugees vicieuses ont toutes
ete conservees dans les notes. Uneplus grande reserve nous
etait imposee pour le texte du dernier continuateur dont
la chronique n'a pas ete traduile en francais. Ici on sest
contente d'exposer en note les corrections ou additions qui
ont semble necessaires ; et, quant aux faits obscurement ou
incompletement rapportes , on a essaye de les eclaircir a
Taide des chroniques de Froissart et d'autres documents
historiques de cette epoque.
Nota. Dans le tableau qui suit, on a reproduit les
faits tels qu'ils sont donnes dans la Chronique, sans
explications ni commentaires; mais on a eu soin d'in-
diquer en marge les pages du volume, pour la com-
modite des lecteurs qui voudraient consulter les notes
de la presente edition.
TABLEAU CHRONOLOGIQUE
DES FAITS CONTENUS DANS CE VOLUME.
1113. — Saint Bernard , age de vingt-deux ans, entre a Ci- P. •$.
leaux avec plus de trenle compaguons. Dans peu de temps rabbaye
de Cileaux , jusqu'alors pauvre et sterile, engendre plusieurs autres
grandcs abbayes, telles que la Ferle , Pontigni , Clairvaux, Mori-
mond et Prulli.
1114. — Grandes neiges le 23 avril dans le Brabant, aux
environs de Tournai. Pluie de sang au mols de juin a Ravenne P. 4.
et a Parme , en Italie. Tremblement de terre le 13 novembre a
Antioche , qui engloutit des tours, dcs maisons et leurs habitants.
— Expedilion de Baudouin , roi de Jerusalem , et de Roger, comle
d'Anlioche , contre les Turcs. Baudouin s'avance avec ses Iroupes
pour reconnaitre rennemi. 11 tonibe dans une embuscade ou il
perd quinze cents hommes, et ne se sauve que par la fuite. Les
Turcs massacrent les moines du mont Thabor, pillent le couvent et
le delruisent. — Conciles de Beauvais , de Reims et de Chalons
presides par le legat Conon. — Louis le Gros assiege le chateau de
Gournai-sur-Marne , defendu par Hugue de Creci , seigneur de
Pomponne. Gui le Roux , de Rochefort , vient au secours de Hu- P. 5.
gue son fils , ainsi que le comte de Champagne Thibaut II (i).
Mais le rol les force de fuir, recolt le chateau a discretion et le
confic aux freres Garlande. — Mort d'Yves, eveque de Chartres ,
auquel succede GeofFroi.
1115. — Revolte des barons et des chevaliers contre Louis le P. (i.
Gros. Ce monarque est serre de si pres qu'il peut a pelne sortir de
Paris. Enfin il soumet Thlbaud , comle de Blois , et Hugue, sei-
gneur du Puiset en Beauce, dont H delrult le chateau de fond en
comble. 11 depouille de leurs bieus Eudes , comte de Corbeil ,
Hugue de Creci, Gui , comtc do Rochefort, Thomas de Marle le
tyran , et Haimon, seigneur de Bouibon. II a plusieurs guerres
avec le roi d'Angleterre et remporte sur lui de frequents avantages.
— Mort de Lambert , eveque d'Arras; etat de r£glise d'Arras de-
puis saint Wast. — Fondalion de Clairvaux. Bernard, premier
abbe. Ancien nom de Clairvaux et son origine. Vie des moines. Pc 7.
(t) Ccsl par erreur que , dans la nole 2 de la page 5 , ce seigneur est noninie
Thjbaul l\; il elait le deuxieme de son noni.
liv TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
1116. — Dans le monastere de Deols, un enfant apparait pen-
daiit la messe a la place de l'hostie. — Predications de Norbert,
fonuateur de Tordre de Premontre.
1117. — Mort d'Anselme , celebre professeur de la ville de
Laon , auteur de plusieurs ouvrages , entre autres d'une glose sur
les psaumes. — Mort de Tempereur grec Alexis P"^, auquel suc-
cede Jean , son fils.
1118. — Mort de Baudouin I", roi de Jerusalem , auquel
sucoede son cousin Baudouin du Bourg , comte d'£desse. —
Tremblement de terre au mois de janvier, qui detruit en parlie
p. 8. plusleurs villes. Debordement de la Meuse , pres de Tabbaye de
Susteren. Tremblement de terre a Liege , le 3 mai ; la foudre tombe
pendant vepres dans Teglise cathedrale, et y cause quelques rava-
gps, Le 7 juin , une inondation delruit une partie de la ville ,
cntraine une grande quantite deprovisions et faitperir huit hommes
el une femme avec ses deux enfants. Le samedi suivant, une femme
en lavant la tele de son fils voit ses mains teintes de sang.
Le 1*'' juillet , vers mldi, une trombe eclate sur la ville , perce le
toit de la cathedrale et la remplit d'eau. Au meme instant la foudre
p. 9. tombe dans la meme eglise et j tue trois clercs. — 11 nait a Namur
un enfant a deux tetes. — Le 20 decembre, des armees de feu se
moutrcnt dans le ciel, du nord a Test, pendant une partie de la nuit.
— Mort du pape Pascal. Election de Jean, chancelier de TEglise
romaine, lequel prend le nom de Gelase. L'empereur Henri fait
elire de son cote un espagnol nomme Burdin. Gelase a lecours a
la proteclion du roi de France et convoque un concile a Reims. —
Fondation de l'abbaye de Prulli.
P. 10. 1119. — Mort du pape Gelase a Cluni. Gui , archeveque de
Yienne, frere d'Etienne, comte de Bourgogne , est elu et sacre
pape a Cluni ; il prend le nom de Calixte II. Coucile de Reims.
Excommunication lancee contre les simoniaques et contre ceux
qui exigenl de rargent pour radministration des sacrements.
Inlcrdiction du concubinage aux pretres , aux diacres et aux sous-
diacres. Tentatives de reconciliation avec les deputes de Tem-
pereur. Elies n'amenent aucun resultat. Le pape excommunie
rempereur et ses partisans. — Baudouin , comte de F"landie ,
neveu du pape Calixte , meurt d'une blessure a !a tele en essayant
de rclal>lir dans ses blcns Guillaumc , fils de Robert , duc de
Nornxandie, fait prisonnler par Henri roi d'Anglcterrc. Baudouin
a pour successeur son coiisin Charles , fils de Canut roi de Dane-
P. 11. marck. Guillaume , fils de Robert , duc de Normandie , epouse
la soeur de la rclne de France et succede au comte de Flandre
[en 1127].
1120. — Fondaiion de Tordre de Premontre, par Norberl.
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Iv
Commeiicements de rordre du Temple sous lc grand»maitre Hugue,
— Incendie de reglise de Vezelai , le 21 juiUet. — Guillaume et
Richard , fds du rol d'Angleterre , la fille et la niece de ce roi et
plusieurs nobles anglais , lous sodomites ou regardes comme tels ,
sont engloutis par les flols en passant de Norraandie enAngleterre ,
sans qu'll fit le moindre vent ni que la mer fut agitee. — Le pape P- 12.
Calixte se rend a Rome ou il est recu avec honneur par le senat et
par le peuple. Les Romains attaquent et prennent a Sutri Tanti-
pape Burdin. Ils le promenent dans la ville couvert de peaux de
chcvre sanglantes, et, par ordre de Calixte , remmenent prison-
nier dans les montagnes de la Campauic. On le peint , dans la
chambre du Palais , foule sous les pieds du pape.
1121. — Mariage d'Henri , roi d'Anglelerre, avec Alix, fille
du duc de Louvain. — Fondation de Tabbaye de Loroux, par
Foulque, comte d'Anjou et Kremberge sa femme.
1122. — L'egllse d'Auxerre est gouvernee par Hugue, abbe
de Saint-Germain d'Auxerre , neveu de salnt Hugue , abbe de
Cluni. — Suger, moine de Saint-Denys, n'etant encore que diacre, P. 13.
est envoje par Louis le Gros a la cour romaine pour les affaires du
royaume. Ason retour, il est elu abbe a la place d'Adam qui venait
de mourir, ordonne pretre en presenee du roi, et sacre par Tarche-
veque de Bourges.
1123. — Coucile de plus de trois cents eveques tenu a Rome
par le pape Calixte. On j annule le privilege des inveslitures que
rempereur Henri avait extorque du papc Pascal. — Suger introduit
la reformedans rabbaye de Saint-Denys. — Mort de Daimbert,
archeveque de Sens , auquel succede Henri , surnomrae le sanglier.
— Dans une collision enlre les clercs et les bourgeois , reglise de P. 14.
Saint-Martin de Tours est incendiee ainsi que le chateau.
1124. — Mort du pape Calixte. II a pour suceesseur Lam- .
bert , eveque d'Ostie , qui prend le nom d'Honorius II. — Prise
de Monlreuil-Bellai , par Foulque, comte d'Anjou. — Baudouin ,
rol de Jerusalem , est pris par les Sarrasins et relache moyennant
rancon apres une longue captivite. — L'empereur Henri, plein
de resseniiment contre Louis le Gros a cause de ranatheme lance
conlre lui au concile de Reims, se dispose a envahir la France et
a detruire la ville de Reims. Louis raarche au-devant de rarraee
imperiale qui se retire aussitot. L'entremise et les prieres du clerge
sufEsent a peine pour empecher le roi de France d'aller devaster
les terres de rempire.
1125. — Hlver rlgoureux. Des feraraes et des enfants pauvrcs P. 16.
meureut de froid. Les poissons perlssent sous la glace des etangs
assez epaisse pour supporler des charges conslderables. Eu Brabanl^
Ivj TABLEAU CIIRONOLOGIQUE.
la };lace force les anguilles a quitter les etangs pour se caclier dans
les pres ou li' froid les fait perir. Mortalite<parmi les animaux.
^''arlalions dans la femperahire jusqu^au milieu de mars. Les arbres
ne flpurissent qu'en mai. Les prairies verdissent a peine. Les plules
continuelles etouffent les molssons. Le feu sacre fait perir beaucoup
de personnes. ■ — Prise de Tyr par les Chretiens. — Grande famine
en France.
1126. — En Espagne, une malheureuse engendre un monstre
a dcux corps, moilie homnie etmoifle chien. Dans une ville de Bra-
P. 1C. bant, une autre femme met au monde qnatre garcons a la fois. —
L'enipereur Henri quitte i'empire et dlsparait completement de h»
scene du monde; conjectures sur sa destlnee. Sa mort. Son corps
est transporte a Spire. L'imperatrice Mathilde , etant sans enfants,
retourne aupres du roi d'Angleterre son pere. — Eloge de Hugue
de Sainl-Victor, auteur d'un ouvrage en deux volumes sur les
sacrements. — Apres la mort ou la disparition d'Henri , les elec-
P. 17. teurs separtagent entre Conrad son neveu et Lolhaire duc de Saxe.
1 127. — Combats en Syrie entre les Chretiens et les Sarrasins.
Double victoire des premlers. — Norbert , fondateur et premler
abbe de Premontre, est elu archeveque de Magdebourg. — Assas-
sinat de Charles le Bon , comte de Flandre , dans l'eglise de Saint-
Donatieri a Bruges. Louls le Gros tlre une vengeanceeclatante des
P. 18. meurtriers. Charles a ponr successeur Guillaume , fils de Robert ,
duc de Normandie , qne son oncle Henrl , rol d'Angleterre, avalt
desherite apres avolr emprisonne son pere. Henri , roi d'An-
gleterre, falt revoller contre son neveu Guillaurae les nobles de
Flandre en faveur de Thlerrl, cousln de Charles le Bon. Guillaume
etant mort au bout de deux ans , Thierrl d'Alsace lui succede au
comte de Flandre. — Mort de Gilbert , archeveque de Tours. II
est remplace par Hildebrand ou Hlldebert, eveque du Mans ,
celebre par ses qualites litteraires.
1128. — Les malades du fcu sacre accourent en grand nombre
a Notre-Dame de Soissous , ou ils sont guerls par rintercession de
la Ire.^-sainte Yierge. — Les religleuscs de Saint-Jean de Laon sont
P. 19. expnlsecs el remplacces par des moines dont le premier abbe est
Dreux , homme clociuent ct religieux , cree dans la suite cardinal
evcfjiie d'Ostie, ]»ar Innocenl 11. — Foulque laisse a Gcoffrol son
fils, !e comte d'Aiijou ; part poiir la Syrlc, el epoiise Mellssende, fille
de Baudouin , rol de Jerusalem. — Expedition de Louis le Gros
conire Thomas de Marle , seigneur de Couci. Ce dernier est prls
par Raoul , comle de Vermandols, qul le remet mortellement
blcsse entre les niains du roi. Thomas meurt peu de tcmps apres
sans avoir requ les sacrcments.
i 129. — Norberl remplace lcs chanoines fcculiors de Mngde-
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ivij
bourg par des freres dc rordre de Premonlre. — Philippe, premier p. 20.
ne de LouIsleGros, est couronne a Rcims le jour de Paques, en
presence de son pere ct d'Henri , roi d'Angleterre. — Thlerri
d'Alsace dlspute la Flandre au conitc Gulllaume. Combat dans
lequel Guillaume est blesse mortellement. 11 mcurt et Thierri lui
succede. — Expulslon dcs religleuses d'ArgenleuIl a cause de leur
mauvaise conduile. Suger fait rendre cc lieu aux moines de Saint-
Penys qui ravaient d'abord occupe. Fondalion d'Ourcamp et de
Vauluisant , abbayes de Tordre de Citcaux. — Mariage de rimpe-
ratrice Mathllde, fille du roi d'Anglelerre, avec Geoffroi comte
d'Anjon , d'ou sortlreut Henri , depuls roi d'Angleterre , Guillaume
Longue-Epee, et Geoffroi Plantegeneste qui devlnt comte de
Bretagne par son mariage avec la fille du duc Conau.
1130. — Mort du pape Honorius. Election de deux papes : le P. 21.
cardlnal Gregoire qui prend le nom d'Innoceiit II, et Pierre de
Leon qul se fait noramer Anaclet. Pierre de Leon , par la puissance
de sa famille, se maintient h Rome ; Innocent vlent en France.
Conclle d'lilampes. Saint Bernard declde rassemblee .t reconnaitre
Innocent , que Louis le Gros recoit ensulte a Orleans avechonneur.
Le pape conduit a Charlres par Geoffrol, evcque c!e celte vllle ,
j trouve le rol d'Anglelerre qul lui fait aussi un honorable accueil.
Ensuite, en visitant les cglises de France , il passe en Lorraine.
A Llege, 1'empereur Lothaire le recoit environne d'une foule de
prelats et de nobles allemands , et le conduit a pied , en tenant la
bride de son cheval , jusqu^a la calhedrale ou il ralde humblcment
a descendre Le pape retournc ensuitc en France et celcbre la fele
de Paques aSalnt-Denys. — Fondation d'uu couvent a Eeaumont , P. 22.
au-dessus de Mortemer, par Robert de Candos.
1131. — Le jeune Phllippe, fils de LouisleGros , recemment
sacre roi , tombe avec son cheval dans une rue de Paris et sc brise
la lele. 11 est enseveli a Sainl-Denys. Celte mort avait ele prcdlte
au rol par saint Bernard, indlgnc de la durete avec laquellc Louis
avaittralle plusieurs cvcqiies du royaume, lesquels lui demandaient
grace pour quelques prelats que dans sa colcre 11 avait chasscs de
leurs slcges. — ConcUe a Reims prcsldc par Innoceut II. Le pape P. 23.
y sacre Louis, autre fils de Louls le Gros, a la place du jeune
prlnce defunt. — L'egllse de Sainl-Medard de Soissons est con-
sacrcc par le pape. — Mort de Baudouln du Bourg , rol dc
Jerusalem ; son gcndre Foulque , comte d'AnjOu , lul succcde.
1132. — Mort de saint Hugue , cvcque dc Grenoble , dont la
vie a cle ecrite par Gigvie, prleur de la Charlreuse. Etat florissaiit
de la religion et des ordres religieux. Elogedes Chartreux. Progrcs P. 2-i.
des Templiers el des Hospitaliers. Llbcralites des prelats et dcs
selgneurs envers ies religleux — Incendie qui delruit reglise de
Iviij TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
Notre-Daraedans reveche de Noyon et presque toute la ville ; jusle
punltion du mauvais accueil qu'on j avait fait au souverain pontife
Innocent. — Fondation des abbayes de Longpont , de Ridal et de
Vaucelles , filles de Clairvaux.
1133. — Expedltion de Lolhaire en Italie. II installe Innocenl
au palais de Latran et le pape sacre Lothaire empereur.
P. 25. 1134. — Mort de l'archeveque Norbert, fondaleur de Tordre
de Premontre. Mort d'HIldebert ou Hlldebrand, archeveque de
Tours, auquel succede Hugue. — Fondation de Tabbaye d'AsnIeres
au dlocese d'Angers.
1135.^ — Fondation de Tabbaye du Pre. — Henri , roi d'An-
gleterre , meurt en Normandie et est enseveli a Readlng en Angle-
terre. fitlenne , comte de Boulogne , neveu d'Henri , fils d'Etienne ,
comle de Elois , frcre de Thlbaud , comte de Champagne, est
couronneroi d'Angleterre avec le secours de son frere revcque de
Wlnchester. L'imperatrice Malhllde et le corate d^Anjou son raari
s'elevent contre Etlenne. Mathilde, avec le secours de Louis le
P. 2G. Gros, s'empare du duche de Normandie, et empeche , en Angle-
terre , le rol Etienne d'efendre sa domlnation.
1136. — Le 28 octobre , un vent violent renverse plusieurs
tours. La mer d'Angleterre deborde et submerge une partie de la
Flandre. — Mort de Jean Comnene, empereur de Constantinople ,
auquel succede Manuel son fils. — Mort de Gulllaume , comte de
Poltiers et duc d'AquItaine. II est enseveli a Saint-Jacques ou il
etait en pelerinage. II laisse deux filles, l^leonore et Petronille; la
P. 27. premiere, suivant le desir exprlme par son pere mourant, devait
epouser Louis le Jeune roi de Francc.
1137. — Secheresse extraordlnalre depuis mars jusqu'en
septembre; les puits , les fontaines et plusieurs rlvleres tarlssent.
— Louis le Gros apprenant la mort du duc Gulilaume, envole son
jeune fils Louls, deja couronne et sacre rol , en Aquitalne , pour
jepouserEIeonore, fillc du feu duc. Le mariage se fait a Bordeaux.
II en naquit dans la sulle , Marle, comtesse deChampagne, et
Allx femme de Tbibaud , comte de Blois. Mort de Louis le Gros
le V' aout. II est enseveli a Sainl-Denys. Son fils, Louis le
Jeune , lui succede. — Fondation de rabbye de Mortemer ou
Walleran , abbe d'Ourcamp, envoie des molnes. — Deuxleme
P. 2<S. expeditlon de Lolhaire en Italle. II soumet ritalie et rApouille,
et ineurt. Conrad lui succede.
1138. — Mort du pape schismatique , Plerre de Leon. Inno-
cent degrade tous ceux que I'anti-pape avait Introdulls dans les
ordres. — Eloge de Thlbaud, comle de Chanipagne. Maisons
religicuses fondees par lul. Enfants issus de son mariage avec
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. lix
Mathilde , noble allemande. — Giiillaume , comte de Nevers , se
fait chartreux. — Eloge de saint Bernard , abbe de Clairvaux , et P. 29.
de .saint Malachie , Irlandais, qui ressuscite un mort. — Eloge
de Gilbert de la Poree , auteur d'unc glose sur les psaumes et sur
les epitres de saint Paul.
1139. — Mort de Jean des Temps , qui avait vecu trois cent
soixante et un ans depuis Charleraagne dont il avait ete ecuyer. —
Un homme sorti de Soleure en Suisse , se fait passer en AUemagne
pour Tempereur Henri. Apres avoir cause bien des troubles , il est
reconnu pour un imposteur et oblige de se faire moine a Ciuni. p. 30.
1140. — Mort de maitre Hugue de Saint-Victor, chanoine de
Paris. Construction d'une maison de Chartreux a l'cndroit nomme
Monldieu. Fondalion de rabbaye de Froidmont. Henri , frere du
roi de France , se fait moine a Clairvaux el devient eveque de
Beanvais. Autres freres du roi de France. — Fondation dei'abbaye
de Trois-Fontaines par le pape Innocent. Des moines de Clairvaux
vout la peupler sous la conduite de Bernard , ancien vidame de
1'eglise de Pise , depuis pape sous le nom d'Eugene III. — Hommes
illustres que renfermait a cette epoque reglise de France. Eloge p. 31.
particuHer de saint Bernard . abbe de Clairvaux. • — Eloge de
M^ Richard de Saint-Victor , chanoine regulier, et d'Hugue de
Feuillet , moine de Corbie , auteur d'un ouvrage intitule : de
Clauslro animce et cnrporis. — Concile de Sens convoque contre p. 32.
Abelard a la diligence de saint Bernard. Appel d'Abelard au saint-
siege. II meurt a Chalons pendant qu'il est en chemin pour aller a
la cour romaine. Fondation du Paraclet. II j met pour abbesse une
religieuse qui avait ete sa fenm»e. savante en latln eten hebreu , et
qui avait ete du nombre des religieuses chassees d'Argenteuil a
rinstigation de Suger. Elle fait porter le corps d'Abelard au Para- P. 33.
clet, et lui fait faire un tombeau avec une epitaphe. Mort de
l'abbesse du Paraclet ; suivant ses dernieres volontes elle est en-
sevelie aupres d'Abelard , dont le cadavre ouvre les bras pour
la recevoir.
1141. — Roger de Sicile s'etant empare de la Calabre et de
rApouille, est excommunie a cause des investitures usurpees par lui.
II guerroie contre le pape qu'il fait prisonnicr. Mais la paix etant
faite entre eux il se fait couronner roi de Sicile; ensuile il fait la
conquete de presque toutc TAfrique. — Etienne , roi d'Angle- p 34.
terre , est pris par rimperalrice Mathilde ; mais il ne tarde pas
a s'echapper et continue a defendre contre elle ses droits a la
couronne. — Dissensions entre Innocent II et Louis le Jeune roi
de France. Pierre , nomme par le pape sans le conscntement du
roi , archeveque de Bourges a la place du dcfunt archeveque Aubri ,
est repousse par le roi et ne peut enfrer dans la ville. 11 est recu
Ix TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
par le comte de Chainpagne. Colere du roi. 11 souleve tous ses
barons contre le comte de Cbampagne et lui declare la guerre.
P 35 114-2. ' — Divorce de Raoul , comte de Vermandois, qui epouse
Petronille , sceur de la reine de France Eleonore. Sur les instances
de Thibaud , comte de Champagne , Raoul est excommunie par le
legat Yves. Les eveques qui avaient fait le divorce sont suspendus.
— L'empereur de Constantinople assiege Antioche , fait la paix
avec le prince et enlre dans la ville. 11 prend un grand nombre
d'autres places. Etant a la chasse il se blesse lui-meme avec une
fleche empoisonnee et meurt ; son fds Manuel lui succede.
1143. — Vent violent qui renverse les maisons et deracine les
arbres. — Prise de Vitri par Louis le Jeuue. Treize cents per-
sonnes de tout sexe et de tout age sont brulees avec reglise qui les
renfermait, Douleur du roi ; a cette occasion il entreprend le pele-
rinage de Jerusalem. 11 donne Vitri a Eudes de Champagne que
le comle Thibaud, son oncle , avait depouille de son patrimoine.
p 3(5 — Mort d'Innocent II auquel succede Celestin II. Le nouveau
pape retablit la paix entre le saint-siege et le roi de France. —
Mort de Foulque , roi de Jenisalem , qui se rompt le col en tom-
bant de cheval a la chasse. Cet accident arrlve par miracle le jour
de la Saint-Martin d'ete , car Foulque n'etant que comte d'Anjou,
n'avalt cesse de vexer Teglise deSaint-Martln deTours. Baudouin,
troisieme fils de Foulque , lul succede sous la tutelle de sa mere
Melisende.
1144. — Mort de Ccleslln II; Luce II lui succede. — ■ Saint
Bernard retabllt la paix entre le roi et le comte de Champagne.
— L'imperatrice Malhilde ravage TAngleterre et moleste le roi
P. 37. Etienne. — • Predlcalions et supplice d'Arnaud de Bresse. Son
portrait d'apres saint Bernard,
1145. — Prise d'Edesse par les Turcs; profanation des saluts
lieux, meurtre de reveque et massacre des habltants. — Lucell
assiege les senateurs romains dans le Capitole; mals II ne tarde
pas ix mourlr. Eugene III lui succcde. Blographie abrcgee du
nouvcau pape. Lcs Ronuiins s'insurgent conlre lul ct le forcent a
P. 3S. se retlrer en France. Miracles de saint Bernard. 11 dedle au pape
son livre de Considerationc. — Crande famlne en France. —
Miracles de saint Bernard en Allemngne. Immense concours de
peuple qul se presse autour de lul a Splre.
1146. — Louls le Jeune se crolse a A^^ezelai avec les grands
barons de son royaume et une mullitiule Innombrable. — L'egll.se
de Tournai esl separee de celle de Noyon. Anselme , abbc do
Saint-Vincent de Laon , est nomme evequc deTournai par le papo
P. 39. Eugene 111. — Eloge de sainte Hildcgarde , vicrge allcmandc.
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixj
1147. — L'empereur Conrad et les priiices d'Allemagne pren-
nent la croix cles mains de saint Bernard. La flotte des croises ,
coraposec de deux cents vaisseaux , part des cotes d'Angleterre le
12 avril. Elle assiege et prend Lisbonne.Treize mille Chreliens y font
perir deux cenl mille cinq cents Sarrasins. Les croises dedient une P. 40.
egllse et nomment un eveque a Lisbonne. Les corps des Chretiens
morts rendent la parole a trois muels. — L'empereur Conrad passe
le Bosphore ; son armee souifre de la faim ; il est oblige de fuir
devant les Turcs qui lui font essujer des pertes considerables.
Depart de Louis le Jeune et de la reine Eleonore. Apres avoir
traverse le Bosphore ils rencontrent l'empereur Conrad presque
seul , la famine ayant fait deserter ses soldats. L'empereur reste
quelque temps avec les Francais. Ensuite il va passer l'hiver a
Constanlinople d'ou Tempereur greclefalt transporter a Jerusalem. P- 41.
— Suger, abbe de Saint-Denys, est charge du gouvernement du
royaume de France.
1148. — Conclle de Reims preslde par le pape Eugene IIL
Erreur de Gilbert de la Poree, eveque de Poitiers. Sa dispute de P- 42.
deux jours avec saint Bernard. Symbole de foi redige et slgne au
concile. Condamnation et soumission de Gilbert de la Poree. — Le
pape celebrant la messe apres le conclle , un enfant apparait sur
l'autel en place de l'hostie. Ce prodlge est considere comme un
presage de grands malheurs qui ne tardent pas a s'accomplir. En
effet , 1'empereur Conrad ne s'echappe qu'a grand'peine de l'Orient
apres y avoir perdu ses troupes. Le roi de France Loiiis et son P. 4-3.
armee , en butte a la mauvaise fol des Grecs , aux attaques des
Turcs et a la famine, en viennent a uianger des anes et des chc-
vaux. Autres presages sinistres dans le temple de Jerusalem. Ravages
exerces par les loups. — Alphonse , comte de salnt Gilles, a pelne
debarque en Palestine, meurt a Cesaree , empoisonne a ce qu'on
croit par la reine de Jerusalem. Son fils et sa fiUe se refugient au-
pres du corate de Trlpoli ; mais a 1'instigation de la meme relne
ils sont livres aux Turcs.
1 149. — Retour du pape Eugene III en Italie et sa lutte eontre
les Romains. — Arrivee du roi de France a Antloche oii il est P- 44.
honorablement recu par le prlnce Raymond, oncle de la reine
Eleonore. Celle-ci temoigne le desir de rester a Antloche pour com-
plaire a son oncle qui , en retenant le roi de France , esperalt
trlompher des Turcs avec plus de facilite. Le rol de France s'obsti-
nant a partlr et a emmener la relne, Eleonore declare que leur
mariage est illicile a cause de leur parente au quatrieme degre,
et qu'ils ne peuvent habiter ensemble plus longtemps. Le roi promet
de sc separer d'elle si tel est Favls de son conscil, mals il la force
a partir avec lul pour Jerusalem. Do la Louis le Jeune , rcuni a
Ixi] TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
rempereur Conrad , va mettre le siege devant Damas. Le
sieffe est levc au bout de trois jours , au moment ou la ville
P. 45. allait etre prise , et cela par les intrigues des princes de Palestine.
La meme cause arrete le dessein du roi Louis et de l'empereur qui
s'elaient reunis a Jaffa pour aller assieger Ascalon. L'empereur
retourne a Constantinople. Louis le Jeune reste une annee a Jeru-
salem. — Dcscente en Afrique , prise d'Africa par Roger, roi de
Sicile. — Reforme de sainte Genevieve. — Expedition des empe-
reurs Conrad et Manuel contre le roi de Sicile. Leur armee est
detruite par la famine et lcs saisons. Conrad retourne dans sa patrie.
— Mort de saint Malacbie, eveque d'Irlande.
P. 46. 1 150. — Louis VII s'etant embarque pour retourner en France,
est pris par une flotte grecque et delivre par Georges , commandant
de la flotte sicilienne , qui venait de ravager les faubourgs de
Constantinople. Le roi de Sicile conduit Louls a Rome ou il est
solennellement recu par le pape Eugene III. Louis VII retourne
en France. — Raymond , prince d'Antioche , est pris et tue par les
Turcs qul s'emparent de toutes ses villes a rexception d'Antioche
qui reste en bulte a leurs attaques. Baudouin , rol de Jerusalem ,
marche contre eux , les defait, prend une de leurs forteresses
voisines de Damas , et rend les habitants de Damas tributalres
P. 47. pour trols ans. Gaza reconstrulte par les Templiers qui s'eu ser-
vent pour inquleter les Ascalonltes. — Engelbaud succede a Eudes
dans rarcheveche de Tours.
1151. — * Nouvelle predication de la croisade ; le succes en
est empeche par les moines de Citeaux. — Barthelemi, eveque de
Laon , se fait moine a Jolgnl la trente-huitieme annee de son pon-
tificat. — Mort de Thibaud , comte de Champagne ; 11 est enterre
P. 48. h. Lagni. — Mort de Geoffrol, comte d'Anjou; son fils Henri
lui succede.
1152. — Divorce de Louis VII et d'Eleonore d'AquItaIne dont
l'unIon avalt produit deux filles , Marle, depuis femme d'Henri,
comte de Troyes , et Alix qul epousa Thibaud , comte de Blois.
Mariage d'Henri Plantagenet avec Eleonore d'AquitaIne. II en sort
Henri , Richard et Jean , successlvement rois d'Angleterre ; Geof-
froi , comte de Bretagne, et quatre Glles dont Tune epousa le roi
p. 49. de Ca.stille et ful mere de Blanche , niere de saint Louis ; Tautre
fut mariee a Alexis , empereur de Constantlnople ; la troisleme,
mariee au duc de Saxe , mit au monde rempereur Othon, et la
dernlere fut femme du conite de Toulouse , et lui donna Raymond
qui fut le beau-pcre d'A!phonse , comte de Poitiers , frere de salnt
Louls. — Inlelligences de la relne de Jerusalem avec les infideles.
Son fils Baudouin s'empare du royaume a Texception de Naplouse
qu'il lui abandonne. — Les Moabites s'emparent de la Maurltanie
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. IxJij
et du royaume de Bougie apres en avoir lue les rois; ils menacent
d'envahir la Sicile , rApouille et Rome. — Reconcilialion du pape
Eugene III avec les Romains; il demeure a Rome pendant une
annee. — Mort de Raoul , comle de Verraandois; son comte , par P. 50.
la faveur de Louis VII , passe a Philippe , comte de Flandre. —
Mort de rempereur Conrad ; election de son neveu Frcderic Bar-
berousse. Mort de Hugue , eveque d'Auxerre , de Josselin , eveque
de Soissons et de Suger, abbe de Saint-Denys.
1153. — Mortdu pape Eugene III ; Anastase lui succede. Mort
et scpulture de saint Bernard. — Invasion de la Normandie , prise P. 51.
de Vernon par Louis VII. Etieune, roi d'Angleterre , attaque par
Henri , duc de Normandie et d'Aqnitaine , comte d'Anjou et de
Poltiers. Decourage par la mort de son fils Eustache, il traite avec
rimperatrice Malhilde et avec son fils Hcnri , et adopte ce dernier
en lui abandonnant le gouvernement de rAngleterre. — Prised'As-
calon par Baudouin, roi de Jerusalem. — £loge de Pierre Lombart,
d'Eudes de Soissons, d^Yves de Chartres. Ouvrages de Pierre P. 52.
Lombart.
1154. — Mort de Roger, roi de Sicile; son fils Guillaume I"
lui succede. — Mort d'Etienne, roi d'Anglelerre. Henri, duc de
Normandie , est couronne k sa place. II ajoute a ses immenses pos-
sessions une partie de l'Irlande. — Morl du pape Anastase. Elec-
tion d'Adrien , Anglais de nation. Adrien donne la couronne im-
periale a Frederic , roi des Roraains , malgre ropnosition de ces
derniers. — Mariage de Louis VII et de Constance , infante de P. 63.
Castille. Sacre de la reine a Orleans , par Hugue , archeveque de
Sens. Controverse a ce sujet entre rarcheveque de Sens et Samson ,
archeveque de Reims. — Louis VII eut de Constance une fiUe P. 54.
nommee Marguerite, qui fut tour a tour femme d'Henri au Court
Mantel, et de Bela , roi de Hongrie.
1155. — Trcmblement de terre enBourgogne la nuitdulSjan- •
vier. — Prise de Thanis , ville d'£gypte, par Guillaume, roi de
Sicile. Le meme prince, surpris au relour par la flotte grecque,
la defait et s'empare de cent quarante vaisseaux.
1 156. — Guillaume , roi de Sicile , extermine des Moabites qui
s'etaient empares de Pouzzoles en Italie — Assassinat du sultan
d'Egypte. — L'assassin fuyant avec les tresors est pris par les P. 55.
Templiers en meme temps que son fils. — Succes de l'empereur
Frederlc en Italie. — Exemption en faveur de l'eglise de Sens des
droits dus au roi pendant la vacance du siege.
1157. ' — ' L'empereur Frederic prend en Ilalie beaucoup de
villes et de chateaux. II assiege Milan qui Tarrete pendant sept
annees. — Mort d'Engelbaud , archeveque de Tours , auquel suc-
Ixiv TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
c^de un brelon nomme Josse. — Marguerite , fille de Louis VII
et de Constance , est promise en mariage au fils aine du rol
d'Angleterre.
P. 66. 1158. — Visions de sainte Elizabeth , religieuse saxonne. —
Eloge de Thihaud , d'ancien moine de 1'abbaye du Bec , en Nor-
mandie , devenu archeveque de Cantorberi. Cest lui qui faJt
nommer chancelier du rol d'Angleterre , Thomas Becket, alors
archidiacre de Cantorberi. — Signe de la croix dans la lune.
Apparition de trois soleils,
1 159. — Mort du pape Adrien. Electlon de deux papes , savoir :
du chancelier RoUand qul prend le nom d'Alexandre , et d'Octavien
qui se fait appeler Victor. Ce dernler est reconnu par rempereur.
La France et l'Anglelerre embrassent le parti d'Alexandre III.
P. .07. 1160. — Eclipse de lune. Mort de la relne Constance. Mariage
de Louis VII avec Adele, fille de Thibaud , comte de Champagne.
Sacre de la nouv^elle relne par Hugue, archeveque de Sens. —
Commencement des miracles de Notre-Dame de Rocamadour.
1161. — Mort de Guillaume III , conite de Nevers. Son fils et
successeur Guillaume IV estattaque par les comtes de Joigni et de
Sancerre, mais Temporte sur eux. — Henri , roi d'Angleterre et
duc d'Aquitaine , marche contre la vllle de Toulouse ou 11 voulait
assieger le comte Raymond V ; mais apprenant que Louis VII est
dans la ville, il n'ose assleger son seigneur el se retlre.
P. 58. 1162. — Amaurl succede a Baudouin son frere , rol de Jeru-
salem , mort sans posterlte. — Grande famine dans la France
entlere. — Milan se rend a rempereur Frederlc qul delruit les
murs et les tours. Relnaud , archeveque de Cologne , falt transporfer
dans sa ville archiepiscopale les corps des trois mages qui , portes
d'abord a Constantinople, avaient ete dans la suite transferes a
Milan. — Le papeAlexandre se refugie en France. — SaintThomas
est consacre archeveque de Cantorberl.
1163. — Alexandre III preside un concile a Tours. II scjourne
ensuite a Sens pendant une annee et demie. — Exil de saint
Thomas de Cantorbcri. II vient a Sens exposer au pape les causes
P. 59. de son exil. Le pape le felicite d'avoir defendu rEglise contre les
attaques d'un tyran ; condamne les taxes exlgees par Henri II ,
excommunle ceux qui les paient et ceux qui les recoivent. Saint
Thomas se retire a Pontignl ou 11 sejourne deux annees. Ensuite II
s'etablll dans l'abbaye de Salnle-Colombc de Seus aux frai.s du roi
de France. — Alexandre III consacre l'autel de Sainl-Pierre et
Saint-Paul dans reglise de Saint-Etienne a Sens , et dcdie Teglise
de Sainte-Colombe. — Vicloire de GuillaumelV, comle de Nevers,
sur llltienne , comte de Sancerre.
TARLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixv
1 164- — Persecutioiis (l'Henii roId'Angleleneconlie les parenls
ile Thomas , archevcque de Cantorberi. II les depouille de tous
leur.sbiens et les chassedu royaume, apreslcur avoir fait jnrer d'aller
a Pontigni , altrister le saint archeveque par le spectacle de leur
misere.
1 165- — Alexandre III retourne a Rome ou il est honorablement ^- 60.
recu. — Naissance de Philippe Auguste. Vision deLonis VII avant
Lt naissance de son fils. — Guichard , abbe de Pontigni , est elu
archevcque de Lyon.
1166- — Ravages exerces par les loups dans le Rouergue. —
Henri, frere du roi de France, d'abord moine de Clairvaux, ensuite
eveqne de Beauvais , devient archeveque de Reims.
1167. — ' Siege de Ronie par rempereur Frederic. La peste fait ^ '•*■
perlr rarmee aliemande. — Mort de rimperatrice Mathllde , mere
du roi d'Anglelerre. Mort de Guillaume I'^'' roi de Slcile , auquel
succede son fils Guillaume II. — Mort d'Aniauri , d'abord abbe de
Chaalls, ensuite eveque de Senlis.
1168. — Peste a Jerusalem. Guillaume comte de Nevers y suc-
combe. Son frere Gui lui snccede. — Quehjues seigncLirs siciliens,
en haine du chancelicr de Siclle qui clait francais , fniU niettre a
mort lousles Francals qui etalent uans rApouille ct la Calabre. Ils
sont eux-memes punls de morl par ordre du roi.
1169. — Catane est renversee parun trembleinenl de lerre qui P- 62.
fait perlrreveque ,son clerge , rabbedeMilet avecquaraale moines
et pres de quinze cenls habitants. — Henri rol d'Anglelerre , en
haine de saint Thomas archevcque de Caulorberl , qul etait a Sens ,
et malgre ses protestalions , falt sacrer son fils aine Hcnrl par
Roger eveque d'Yorck. — A Hugue, archeveque de Sens , succede
Guillaume (aux blanches malns) fils de Thibaud comtc de Cham-
pagne , frere d'Adele relne de Fraiice. II est sacre a Sens par Mau-
rice de Sulli, eveque de Paris.
1170. — Tremblement de lerre en Orlent. Destruction d'une
grande partie de la ville d'Antioche. — Henri roi d'AngleleiTe , a
riustigation du pape et du rol de France , rappelle salnt Thomas
en Augleterre, mals 11 evlte de recevolr de lul le baiscr de paix. P. 03.
1171. — AinaurI,roI de Jerusalem, envahlt rFgypte, et soumet
au tribut Molan , prince paien, — Meurtre dc saint Thomas, arche-
veque de Cantorberi.
1172. — Saladin ,brigand deDamas , fait chevalicr par Honfioi
de Thoron , tue cn trahlson Molan rol d'Egypte (i) ets'emparede P. 61.
(i) Ce Molan n'est probablement pas different de Adhed, le dernier des
califes fatiniites.
Ixvj TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
soii royantnc. — Canonlsation de saint Thomas de Cantorheri. ■ —
Guerre cntre Henrl roi trAngietcrre , !a reine sa femme, et leurs
trois fils Hcnri , Richard et Geoffroi.
1173. — Apparilion <l'arniee.s de feu dans les airs. ' — Les fils
d'Henri rol crAngleterre continuentla guerre contre leur pere ; avec
le secours du roi de France et de ses barons , ils ravagent la Nor-
P. 05. mandie. — Mort de Josse, archevecjue de Tours ; il laisse ;i pelne
de quoi fournir a ses funerailles. H a pour successeur Barlhelemi ,
homme d'une illuslre famille et d'une grande eloquence. Celul-ci
soumel eufin , aprcs une longue lutte, revcque de Dol depuis long-
temps rebelle a rautorite mctropolitaine. — Eloge et ouvrages de
Pierre Comestor.
1174. — Mort d'Amauri , roi de Jerusalem ; Baudouin IV son
fils lul succcde. — Mort de Noureddin , sultan de Damas ; Sa-
ladin epouse sa veuve, chasse scs heritiers et s'empare de sesEtats.
Ce mcme prince se rend maitre d'Edesse , de Djezireh , et recule
P. 6C. jnsqu'a Tlnde les limilcs de son emplre. = — Accord entre le roi
d'Angleterre et ses enfants , en presence du roi de France. — ^ Inon-
dallons exlraordinaires. Horriblc famine. Ces fleaux sont, au dire
de beaucoup de geus, des avant-coureurs de 1'Antechrist.
1175. — Mort d^Henri , archeveque de Reims , frere de
Louis Vll. II est remplace par Guillaume , archeveque de Sens ,
frere de la reine Adele. Gul est elu archcveque deSens. — Traite
d'union entre les moincs de Salnt-Marlin-des-Champs de Paris , et
les chanoines de Salnt-Marlin de Tours.
1176. — Grandc famine en France, Poursecourir lespauvres,
on engage les ornemcnts d'eglise , on depouille les chasscs des
P. Cn. saints. Charite de Tordre de Citeaux. — Eloge de Maurice de
Sulli , eveque dc Paris
1177. — Eclipsc de soleil. — Saint Anseauraeeveque dc Bellei.
Miracle arrive h son tombeau. — Construction d'un pont sur le'
Rhone a Avignon.
1 178. — Frederic Barberousseabjure le schisme qui avait dure
P. C8. seize ans et fait la palx avec le pape Alexandre. — Jerusalem cst
altaquee par une innombrable armec de Sarrasins, qul sont vaincus
et niis en fuile par les Chretiens bien inferieurs cn nombre.
1179. — Concile de Latran preslde par le pape Alexandre. —
Les luics s'emparcnt d'un chateau Ires-fort , que les TempHers,
avec l'aidc du roi de Jerusalem , avaient construit au lieu appele
Gue de Jacob. — Mariage d'Agnes , fille de Louls VII , avec le fils
dc rempcreur de Constantinople. — Philij)pe(Augusle) , fils du roi
dcFrance, est sacre a Relnis du vivant de son pcre. Louis VII
P. C!), londjc cn paralvsle. — ■ Mort ct epitaphc dc Plerre Comestor.
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixvij
1 180. — Mariao^e du jeuiie roi Pliilippe de Fraiice avec Isabelle
de Tlainaut, qui lui apporte la ville d'Arra.s et toute la terre qui
avait apparleiiu au comle de Hainaut sou pere sur les bords de la
Lis. Sacre de la jcunc reiuc. Mccontenlement de la reinc mere
Adele et d." ses iVcres. Une giierre s'eieve eutre cux et Philippe ,
mais elle n'est pas de longue durce. ■ — ^Mort de Louis VII. II est en- ^- 10.
terre a Tabbaye de Barbeaux. Eloge de ce prlnce. — Mort dc Manuel
empereur de Constantinople.Son fils Manucnulsuccede. — Guerre
entre rempereur Frederic et le duc de Saxe. — Mort de Guerin
archeveque de Bourges, et de Jean eveque de Chartres qui avait
ecrit la passion de saint Thonias de Cantorberi dont 11 etalldisciple.
• — Picle et visions mlraculeuses d'une jeune malade de Cudot , dans P. 7 1 .
le terrlloire de Sens.
1181. — Henri comte de Champagne, en revenant de Jeru- P 12.
salem , esl pris par les Daces et dellvre par ies Grecs; II meurt en
arrivant en Champagne. — Le jeune Baudouin, rol de Jerusalem ,
tombe malade de la Icpre. — Transforniation miraculeuse de la
sainte hostie a Orleans , en Bonrgogne , h Bralne , a Vendome eta
Arras. Henrl cveque d'Albane est envoye par le pape Alexandre
dans la Gascogne pour y dctruire l'heresie. Le legat procede contre
les hereliques par la predicalion et parles armes. — Traite de paix P. 73.
entrerempereur Frcderlc et le duc dc Saxe. Ce dernler ne devant ,
d'apres le traite , ravoir son duche <]u'apres sept ans d'exil , se
retire auprcs de son beau-pcre !e iol d'Angletcrre, avcc sa femme et
ses enfants. — Mort d'Alexandre III. Eleclion de Luce III, ■ —
Ligue de Philippe comle de Flaudre, dii duc de Bourgogne, de
Guillaume archeveque de Pieims , de 'J hibaud conite de Blois,
d'Etienue comte de Sancerre, contre le rol de France. Phillppe
Auguste, prend des Brabancons a sa solde , et ravage les terres du
coiute deSancerre.
1182- — Frederic Barberousse leve dcs troupes pour alder les
selgneurs de France revoltes conlre lcur roi ; uiais le roi d'Angle- '
terre se range avec ses enfauls du parll de Philippe Auguste, et P- 74-
meuagp un traite de palx enlre ce dernier et scs barons. — A Cons-
tantinople, Andronic s'arrogeanl violemmeut la tutelle du jeune
empereur , souleve le peuple conlre les Latins ct les Francs qui sont
presque tous massacres. Ala faveur du tumulte, Andronlc s'empare
du palais, dont le portique est incendie avec beaucoup (i'autres edl-
fioes. -^ Eloge el vlsion de Pierre le Borgne , abbe de Clairvaux.
1183. — ■ Andronic fait noyer le jeune empereur de Constanti- P. 7o.
nople et usurpe le pouvoir. — Mortet sepulturedujeune rol d'An-
gleterre Henri (au Court Manlel). — Les Romains sc soulevent
conlre le pape Luce III , le chassent de la ville et accablent d'ou-
trages'ses partisans. Le pape se retire u Verouo pour y attendrc
Ixviij TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
(Ips secours de rempereur. — Saladin envahit les environs de Je—
rusnlein , tue et fait prisouniers bcaucoup de Cbretiens. Bientot
ayant eprouve despcrles, il se retireapres avoir conclu une treve.
— Phillppe Aiiguste chasse les Juifs des synagogues de son rojaume
et en couverlit la plupart cn egiises. II fail environner de murs le
bols de Vincennes. II fait batir des balles , et cree un marche a
Parls sur Li pbice des Champeaux. — Plus de sept mille Cottereaux
P. 1C>. sont massacres dans le Berri par une association de gens du pays.
Barbarie deces brlgandscontre les ecclesiasliques. Details deleur
sacrilege rapacite dans les egbses. Heretiques de Flandre; un grand
nonibre d'entre euxsont brules par ordre du comteet de Guillaume
P. 77. archevequc de Reims.
1184. — Guerre entre Phib'ppe Auguste et Philippe comle de
Flaudre, au sujct ihi Vermandois. Par un traite, le comte renonce
au \ erinandols , a rexceplion des cbateaux de Peronne et de Saint-
Quentin uont on lui biisse la jouissance durant sa vie. — Heraclius,
palriarche de Jerusalem , et le prieur des Hospitallers d'outre-mer
vienneut en France demander du secourspour laTerre-Sainte contre
P. 78. les Sarrasins. Le roi, a leur priere , expedie a scs frais eu Palestine
de valeureux cbevaliers , avec uiie innombrable multitude de fan-
lasslns. — ■ Phlllppe Auguste fait paver en plerres dures les rues
de Paris.
1185. — Baudouin IV, roi de Jcrusalem , meiirt apres avoir
institue pour son herltlcr Baudouin V, fils de Sybille sa soeur , sou.s
la tutelle de Raimond comle de Tripoll. — Gucrre partcrre et par
mcr enlre GuIHaume roi dc Sicile , et Andronic empereur de Cons-
tantinople. Guilbiume s'empare de Sah)nique et de plusieurs autres
P. 79. villes. — Tremblcment de terre a Uzes. EcHpses de hine. —
Cruautes d'Androuic, empercurde Constantlnople, contreles nobles
de son empire. II s'attire la haine de lous ses sujets. Isaac TAnge ,
de \a race imperiale, se fait couronner empereur par le patriarche
de Conslanlinople. 11 attaque Andronlc et la fait horrlblemenl
mutder. — Mort du pape Luce III. Electlon d'Urbain III.
1 186. — Mort et sepulture de GeofFroi comle de Bretagne , fils
P. 80. d'Henri Plantagenet. — Philippe Auguste force le duc de Bour-
gogne a lever lc siege de Veigi. — Mariage d'Henri , fils de rem-
pcreur Frederic , avec Conslance soeur de GuiHaume roi de Sicile.
Henri rccoil de son pere le titre de roi des Romains. — Mort du
jeune Baudouln , roi de Jcnisaleni. Gui de Lusignan , mari dc Sy-
bille, mere de Baudouin , succede a ce dernier. De \i\ , de graves
tlissensions cntre le nouveau rol ct le cointede Tripoli qulavaiteu
la lulelle dc Baudouln. — Mariage de Margucrite, soeur de Pliilippe
Augusle ct vcuve d'Henri au Courl Mantd, avec Rela roi de Hon-
P. 81. grie. — Reinaud, priuce d'Anlioche , rompt la Ireve conclue entre
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Lxix
les Chretiens et les Turcs , en attaquant , tlepouiUant el faisant
prisonniere une rlche et nomhreuse troupe de Turcs (jui , sur la foi
de la treve, passait sur les terres des Chretieus pour sc rendre de
Damas enEgypte. — L'ahhe Joachim se rend a Verone aupres du
pape Urbain III , pour soumeltre divers ouvrages a la censure du
souverain pontife. Interpretations de Tahhe Joachim sur queh]ues
points des Ecritures , dont rintelligence lui avail ele miraculeu- p. 82.
sement revelec.
1187. — Defaite des Cliretiens par lesTurcsdans la Palesline.
Mort de Roger des Moulins, maitre des Hospitahers. Un grand
noinhre de Templiers sout tucsou prls. ■ — Dissensions entre les rois
de France et d'Aiigleterre. Richard Coeur de Lion , a 1'insllgation
du rol son pere, refuseue rendrehomniageaPhillppe Auguste pour P. 83.
le conite de Poitlers. Phiilppe Auguste reclame valnemeut Gisors et
les aulres chateaux du Vcxin normand,quI avalentete dounes en
dot aMarguerite, lors de son marlage avec Henrlau Court Mantel,
et qul devaient revenlr au roi de France a defaut d'enf;mts de ce
mariage. Phlllppe entre en Aquitalue a la lete d'une armee , s'em-
pare d'Issoudun et de plusieurs autres places , el ravage le pays
jusque sous les murs de Chateauroux ou elait le roi d'Anglelerre.
Tralte de paix entre les deux rois. — Saladln altaque la Galllee et
forme le siege de Tiheriade. ■ — Gul roi de Jerusalera , les Teni-
pllers, les Llospitaliers , les eveques, les seigneurs et le peuple,
niarchent ensemhle a 1'ennemi. Le sultan ahandonue le siege, el
se retire a qualrc milles de la ville. Batallle deliheriade. Situalion P. 84.
desavantageuse des Chretiens. Conseil fatal du comte de Tripoli,
Defalte de rarmee chretienne. Fulte du comte de Tripoll. Prise du
roi Gul de Lusignan. Perte de la vrale croix. Massacre des Hos-
pitallers el des Templlers. — Causes du desastre dc Tiheriade. P. 85.
Renaud de Chatillon , tuteur du prince d'AntIoche, est decapitede
la maln meme de Saladln. — Le sultan parlage le hutln, en fait
porter a Damas la meilleure parlie , et rend graces a Dleu de sa
victolre, Prise de Plolemais par les Turcs. Clemence <hi vainqueur.
— ConraddeMontferrat , apresavoirdeharrasse , a Constantinople , P. 86.
Isaac l'Ange son heau-frere d'un de ses competileurs a rempire , se
rend a Jcrusalem, Apprenant que Saint-Jean-d'Acre est au por.voir
des Turcs , II debarque a Tyr , el entreprend de defendre cefte
ville. Le comte de Tripoli qui s'y etait refugie apres la hataille de
Tiberiade , devenu rohjet des soupcons de tous , est ohlige d'en
sortir , el se retlrea Trlpoli. Saladln !e somme de faire ratifier par
ses sujets le traite qu'il a fait avec lui. Les hahitants deTripoli re- P. 87.
fusent d'abord lc seraient. Le comte meurt de mort subite. Eu 1e
depouIUant , on s'apercoit qu'il s'elait fait circoncire. Le comle de
Tripoll p.Tsse au fils du prince d'AntIoche. — Exploits de Conrad
de Montferrat a Tyr. — Nalssance dc Louis, fils de Philippe Au- P. 88.
Ixx TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
o„sie. — Saladiii, maitre de Saint-Jean-d'Acre , s'enipare de Berytc
et de Sidon , niais il est repousse devant Tyr. II prend Ascalon
par coniposilion , et rend la liberte au roi Guiet a quinze de ses
prlncipaux prisonniers. Eclipse de soleiL Les Turcomans attaquent
Laodicce, pillent et ravagenl les environs d'Antioclie; mais ils sont
defiiils dans lcur retraile par les habilants de cette ville. — Siege
P. 89. de Jerusalem par Saladin. Prise de la ville. Conditions imposees
par le vainqueur. Les Turcs brisent les cloches et changent les
e^lises en ecuries. Les Syriens rachetcnt reglise du Sepulcre. Sa-
hidin faitlaver le temple avec de Teau de rose. Liberalite du sultan.
P. 90. Sort de la population de la ville sainte. — Douleur que cause en
Occident la prise de Jerusalem. Le pape Urbain III en meurt de
chagrin. Ekction et mort preniaturee du pape Gregoire VIII. Cle-
inctit III lui succede. — Tralle de paix entre )'empereur grec et
le roi de Sicile.
1 188. — Gui , roi de Jerusalem , remis en llberle par Saladin,
debarque a Tyr ; mals, reponssc par le marquls Conrad, il sejourne
P. 91. peudanl un an , tanlot a Autloche, tanlot a Trlpoll , attendant les
secoiirs d'Occident. — Philippe Auguste et Henrl Planlagenet se
croisent a rinstigation de l'archeveque de Tyr. Leurs barons et une
foule innombrable de lenrs sujets imltent leur exemple. L'empe-
reur Frederic prend aussi la crolx. Dans tout l'cmpire, dans toul
runivers,on se voue au saint pelerinage. — Etablissement de la
dime saladlne. Inconvenlents qul en resultent pour lesegllses. 01)-
stacles a la sainle enlreprlse. Dissentlnients entre les princes. Richard
'' 'J2. Coeur de Lion revellle les anclennes querelles de son pere et de
Philippe Auguste. Le roi de France envahit rAuvergne et soumet
le pays. Le rol d'Angleterre entre en Normandie, brule la ville
de Dreux et tous les villages sltues entre Dreux et Gisors. Phillppe
se met a sa poursuite , s'empare en passant de Vendome , et chasse
du chateau de Troulc roi d'Angleterre et son fils. Treve entre les
deux pavlies. ■ — Les Templiers,les Hospilallers et beaucoup d'au-
tres guerriers couragcux s'em])arquent pour aller au secours de la
'1 erre-Sainte. Le roi de Slcile eqiiipe une flotte pour assurer le pas-
sage des pelcrins et lesdefendre dcs pirates. — Secheresse inouie.
P. 93. Incendies a Tours , Chartres , Beauvals , Auxerre , Troie.': et Pro-
vins. — Saladiii fortlfie les places Jont il s'est empare. Ilattaque
de nouveau la vllle de Tyr. Tantot , pour decidc-r Coiiiad a reiidre
la.ville, Saladin offre de rendre la liberle au marquis de Mont-
ferrat, qu'il avait pris a la bataille de Tiberiade , lanlck il menace
de lui oter la vie. Conrad reste Innexible. Le sultan , ajjres a\oir
eprouve bicn des pertes , est contraint de levorle siege.
1189. ' — Les archeveques do Ravenne et de Pise debarquenl a
Tyr avec une arniee d'Ilalieus. — Depart de remperiur Fredcric
TABLEAU CHllONOLOGIQUE. Lxxj
et de sou fils le duc de Souabe pour la Terre-Sainte. lls passent cn p. 94.
Hongrie, traversent le Danube et se dirigent vers la Thrace par la
Bulgarle. L'en)pereur grec leur refusant le passage , ils entrent en
Grecc , s'emparent d'uiie parlie du pays , et y seiourneut quelquc
teraps. Les Frisons el les Daces cnvoient cinquanle valsseaux en
Tcrre-Sainfe. Hs sont suivis par Irente-sept vaisseaux flaraands, qui,
passant en Espagne , assiegent Silves, vlUe sarrasine des Algarvos ,
la prennent apres quaranle jours de siege , en massacrent tous
les hiibitants, et s'elant partage le butln , laissent la villeau roi de
PortugaL Beaucoup de guerrlers renommes partent aussl de la
France et de \;i Champagnc pour rOrient. — La guerre conllnue
entre lesroisde France et d'AngIeterre. Prise deTours parPhilippe
Auguste et lcs Manccaux. Paix enlre les deux rois. Henri Planta-
genet meurt du chagrin quc bii oausent ses defaltes et La rebelllon
de son fils Rlchard. H est enseveli a Fontevrault. Son eloge. Sacre p. 95.
de Richard Coeur de Lion a Londres. — Karac , apres deux ans
de siei;e, se rend a Saladin , qul , en retour, donne la liberle a Hon-
froi deThoron et a Girard grand-maitrc des Templicrs. Echange du
marquis de Montferrat avec un prisonnier sarrasin. — Siege d'Acre
par Gui roi de Jerusalem. L'armee assiegeante est elle-meme blo- P. 9G.
quee par les Turcs. La dyssenterle se met parml les Chretiens.
MorldeSybillereine de Jerusalem , et de ses quatre fils. Leroyaume
passe a Isabelle , femmed^Honfroi de Thoron. Ellequltte son mari ,
et donnc sa main au marquls Conrad, qui devient par la rol de
Jerusalem. — Guillaunie roi de Slclle meurt sans laisser d'heri-
tiers. Henri , fils de rempereur Frederlc , pretend au royaume de
Slclie par drolt de parente , et en vertu d'une promesse qui lui
aurah cte faile. Les seigneurs siciliens elisent Tancrede pour leur
roi. Iroubles et guerres occasionnes par cette eleelion. - Morl de p. 97.
la reine Elisabeth (ou Isabelle) femnie de Philippe Auguste.
1 190. — Depart pour la Terre-Sainle des rois de France el d'An-
gleterre , des seigneurs , des eveques el des chevaliers du rovaume
de France. Plusieurs vaisseaux sont repousses sur lc bord par la
tempete , quelques auties sont submerges. Philippc Auguste et
Richard passent rhlver a Messine en Slcile; predlclions de l'abbe P. 98.
calabrais Joachim. — Accord de rempereur Frederic ct d'Isaac
FAnge, empereur grec. Frederic passe le Bosphore eltraverse rAsie,
ou il souffre beaucoup de la diselte et des altaquesdc rennemi. H
ravage les environs d'Iconium. II tombe dans une embuscade oii
11 defait une armee innombrable de Turcs. Sa mort , soii eloge.
Relour de l'armee allemande a Antioche. La mortalile la reduit a P. 99
un petit nombre de soldats. Le duc de Souabe ensevclit a Tyr le
corps de rempereur son pere , et va mourir lul-nu*me au siege
d'Acre. Phillppe comtc de Flandre, Thibaud comte de Blois ,
Ixxij TARLEAU CHRONOLOGIQUE.
Etienne comte de Sancerre , et une foule d'autres seigneurs perissent
aussi devant Acre.
1191. — Mort du pape Clement. Election et consecration du
diacre Jacynlhe qui prend le nom de Celestin. Le nouveau pape
donne la couronne imperiale a Henri, fils de Tempereur Frederic.
— Richard refuse , malgre la sommation de Philippe Auguste ,
de partir avec lui pour la Terre-Sainte au mols de mars. II refuse
meme d'epoustT la soeur du roi de France alnsl qu'Il l'avalt jure.
Pliilippe part seiil, arrive devant Acre et se voit recu par les assie-
P. 100. geants com-iie un ange sauveur. Pendant ce temps , Richard fait la
conqucte de Tile de Chjpre. Phillppe attend Richard pour pousser
le siege d'Acre, alnsi qu'ils en etaient convenus. Richard arrive ,
et de nombreuses dissenslons eclatent entre les deux rols au sujet
dcs operations du siege. Phllippe n'en continue pas molns a battre
Its murailles de la ville dont les habitants se rendent enfin a lul le
l.^juillet apres deux ans de siege. Des Turcs qu'on trouve dans la
ville , les uns se rachetent , les autres sont redults en esclavage ;
d'autres enfin .^^ont massacres. Terreur que repand la prise d'Acre.
Les enneml.s abandonnent, apres les avoir detrults , Ascalon et plu-
P. JOl. sieurs autres chateaux. — L'empereur Henrl assiege Naples, mals
la maladle le force arentreren Allemagne. — Extraction delatete
du bienheureuxniartyrDenys, ;i i'abbayedeSaint-Denysen France.
Hlstolre de cette sainte relique. — Dissensions entre les rois de
France et d'Angleterre. Phllippe Auguste lalsse son armee au duc
de Bourgogne et retourne en France. Richard reste en Palestine,
delivre les Chretiens renfermes dans Jaffa , et se signale par divers
autres exploits.
P. 102. 1192. — Treve de trois ans entre Saladin et nos soldats , a
condlllon que ceux-ci demollront de nouveau Ascalon quMls avaient
fait reconstrijire. Assassinat du marquls Conrad. Mort du duc de
Bourgogne. Mariage d'Hcnri comte de Champagne avcc la veuve
de Conrad. \ ente de rile de Chypie par Richard Cocur de Lion a
Gui de Lusjgnan , ancien rol de Jerusalem.
P. 103. 1 193. — Captivitede Richard, roi d'Angleterre, en AUemagne.
— Mort de Saladln , sultan du Caire et de Damas. Contestations
eutre scs enfants. — Philippe Augusle prend lc chateau de Gi.sors ,
brijle, detruit ou forliiie pour son comple bon nombre d'aulres
chaleaux en Normandie. Mariage de Philippe Augusle et d'Inge-
bvrrge, soeur du roi dc Danemarck. Subite averslon de Phllippe
pour sa nouvclle ejiouse. — Mort de Gui, archeveipie de Sens , au-
quel succede Mlchel, doven de reglise de Paris.
1194- — Dclivrancc et relour du rol Richard ; il reprend le
P. 104. chateau <le Loches ct plusieurs autrcs dont lc roi dc France 3'etait
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixxiij
empare, II chasse les chnnolnes de Saint-Martin de Toiirs , et
s'empare de lenrs biens. — Mort de Tancrede, roi de Sicile et de
son fils Roger. Conqnete de rApouille el de la Sicile par remperenr
Henri. — Prise de Verneuil ; incendie d'Evreux par Phillppe
Auguste.
1195. — L'empereur Henri lalsse k Palerme sa femme et son
fils Frederic, H quitte la Siolle , emmenant avec lul la veuve et le
fils de 'Jancrede , et emportant les tresors des rois de Slclle. — In-
vaslon de TEspagne et defaite du roi de Castille par nne innom-
brable armee de Sarrasins. — Yiolenle famine en France durantP. 105.
quatre annees. — Philippe Auguste renverse de fond en comble le
chaleau du Vaudreuil. II donne sa soeur Allx en marlage aii comte
de Ponthieu. J.es rois de Franceet d'Angleterre , a la tete de leurs
armees , se rencontrenl dans le Berrl , pres d'Issondun. Au moment
ou les deux armees s'attendent a en venir aux malns, Richard va
trouver Philippe et lul falt hommage pour le duche de Normandle
et les eomtes d^Anjou et de Poitlers, Pai.K entre les deux rols. —
Commencement des predlcaiions de Foulques de NeuUli.
1196. — Inondatlons subltes pendant lemols demars. — Grand
niouvement en Allemagne pour la delivance de la Terre-Sainle. L'ar- P. lOG.
cheveque de Majence, le duc de Saxe et plusleurs eveques et sei-
gneurs prennent la croix. L'empereur Henrl fournit des vaisseaux
el des vivres. — Dlvorce entre Phlllppe Anguste et la relne Inge-
burge. — Rlchard rol d'Ans,leterre, au mc-prls de ses serments,
prend et detrult entierement le chateau de Vierzon en Berri. Phl-
lippe Auguste assiege Aumale, Pendant ce temps , Rlchard se fait
livrer a prix d'argent le chateau de Nonancourf, Phlllppe presse le
siege d'Aumale , s'empare enfin de ce chateau, et le detrult de fond
en comble. Ensuite il assiege Nonancourt , le prend , ct le confie
a la garde de Robert, comte de Dreux. — Morl de Manrice, cvcque P. 107.
de Paris, auquel succede Endes deSullI. Eloge dereveque Maurice.
Abbayes fondees par lul. Sa professlon de fol.
1 197. — Rupture de la treve par les croises allemands qul as-
siegent et prennent Beryte. Les Turcs irriles envahissent Jafia,
massacrent les habifants , etrasent le chateau. — Mariage de Phl-
lippe Auguste avec Marie (oii Agnes) de Meranle. — Baudouin P. 108.
comfe de Flandre et Rcinaud comte de Boulogne s'allicnf avec le
roi d'Angleterre contre Phlllppe Auguste. — Morl de la reine de
Hongrle, sceur du roi de France. — Morf d'Henri comle de Cham- P. 109.
pagne, qui etait roi de Jerusalem du chef de sa femme Isabelle. La
mere d'Henri , nommce Marie, qvil gouvernait le cointe de Cham-
pagne , meurf de chagrln en apprenant la niort de son fils et celle
de sa sceur la relne de Hongrie. Thibaiid , frere d'Henri, devient
comte de Champagne. Marlage d'Amauri de Lusignan roi de Chypre
avec la reine Isabelle , veuve d'Henri de Champagne. Tous deux
Ixxlv TABLEAU CHKONOLOGIQUE.
recoivent a Aore la couronne dc Jerusaleni. — Mort de Pierre lc
Cliantre a Longpont. — Le pape Cclestin jette Tinterdit sur la
France a cause du divorce du roi. Mort de Celestin auquel succede
Innocent JIL Travaux de ce dernier pape. — L'empereur Henri
meurt a Messine en Sicilc, laissant sa femme et son jeune fils Fre-
P. 110. dericaux malns d'Iunocent III , mais apres avolr confie la regence
de rempire a Philippe duc de Souabe son frere. Les AUemands qui
l'avaient suivl regagnent leur pays.
1198. — Dlssenslons entre les prlnces allemands. Les uns veu-
lent pour empereur Philippe, frere du defunt empereur Henri, les
autres , Othon , frcre du duc de Saxe et neveu du roi d'Angleterre.
Philippe se rend maitre de laplus grande partie deremplre. Othon
ne cesse de raltaquer avec le secours du rol Richard. — Fondatlon
de rabbaje de Saint-Antoine par Foulque de Neuilli. — Yln
P. tll. change en sang pendant la mes.se Ji Rosoi esi Brie. Resurrectlou
d'un soldat dans le Vermandois. Rosee de miel. Tempete effroyable
dans le diocese de Paris. La grele delruit les bois , les vignes etles
molssons depuis Trernblai jusqu'a Chelles. — Philippe Auguste
rappelle les Juifs el persecute les eglises. Rlcbard envahlt le Yexln
normand , ravage les environs de Glsors, bride Courcelles et plu-
sleurs autres vlllages et se rellre avec un butin considerable.
1199. — Mort de Richardroi d'Angleterre , auquel succede son
frere Jean sans Terre. Rlchard est enterre a Fontevrault. — Phi-
P. 112. llppe Auguste prend Evreux , Avrilll , Acquigni et ravage toule la
Normandie jusqu'au Mans. Le jeune Arthur comte de Bretagrie et
neveu du rol d'Angleterre s'empare du comte d'Anjou et vient au
Mans fiiire honimage a Phllippe Auguste. La reine Elconore fait
aussl hommage au roi de France pour le duche>d'AquitaInc et le
comte de Poltiers. Treve entre les rois de France et d'Angleterre.
— Mort d'Henri, archeveque de Bourges ; II est remplace par Guil-
laume, abbe de Chaalls. Mort de Mlchel archeveque de Sens, auqucl
succede Plerre de Corbcil , ancien didascale du pape Innocent et
eveque de Cambrai. — Philippe sevit contre les cveques qui gar-
denl rinterdit jete sur le royaume ; 11 lcs chasse de ses terres avec
leurs chanoines el leurs clercs. Ingeburge est enfermee dans le
P. 113. chateau d'Etampes. Le rol exlge le tlers des biens des vassaux de ses
chevaliers, et leve violemment sur ses bourgeois des tailles enormes.
1200. — Traitc de paix entre le rol de France et le roi d'An-
gleterre. Mariage de Louis , fils aine de Phillppe Auguste , avec
Blanchc de Castillc, niece du roi d'Angleterre. En considcration
de ce mariage, Jean sans Terre donne au jeune Louls toutes les
vlUes et chateaux qu'avait pris Philippe Auguste , et meme toutela
terre que lui Jean posscdalt en deca de la mer au cas qu'il mourut
P. 11 i. sans heritiers. — Cursath, empercur de Constantinople, est detronc
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixxv
par son frert' Alexis, qui lui fall arracher lesyenx cl rcnfernie dans
une prison. L'usurpalenr donne rordre de faire subir le menie Irai-
lenicnt au fi!s de Cursath, nonime Alexis. Celui-c5 se refugie aupres
del'eni|)ereur Philippe , son beau-frere.
1201. ' — Ootavien evccfne d'Ostie, et Jean eveque de Velletri ,
legats du pape en France, obtiennent une reconciliation telle quelle
entre Philippe Augusle et Ingeburge. Levec de Tinterdit. Concile
de Soissons. Phillppe Auguste quille la ville un niatln sans prevenir
persoune , et eninicne avec lui la reine Ingeburge. Dissolution du P 115.
concile. Marie de Meranie mcurlde chagrin a Poissi. Innocentlll
legitime les denx enfanls qu'elle avait eus de Philippe Auguste.
— Thibaud comte de Troies meurt laissant deux enfants de sa
fenime soeur du roi de Navari-e. — Dedicace de Tegllsc de Mirebeau
en Poilou. — Gauthier comte de Bricnne, ayant epouse fa fillede
Tancrcde roi dc Slcile, va reclamer a Rome du pape Innocent les
drolts hereditalres de sa femme. Avec le secours du souverain pon- P. HC.
tife , il soumet une partie de la Campanie , et remporte plusieurs
victoires sur lc tyran Ihlbaud qui occupait le pays.
1202. — La guerre se rallume enlre les rois de France etd'An-
glcterre. Phllippe Auguste detruit le fort de Boutavant , inccndie P. 117.
Argiieil , Mortemer et Gouruai , prend Conches , les Andelis et lc
Aaudreull. Enfin , il s'empare de Chateau Gaillard apres un slege
de six mois. ■ — Mort de Foulque de Neuilli. Depart pour la Terre-
Sainle d'une foule de pclerins qui s'elaient croises .'i la volx de
Foulque. Leurs vaisseaux ballottes pendant touirele dans le delroit
dc Gibraltar ne peuvcnt depasser le port de Marseille. Louis comte
de Blois, Baudouin conile de Flandre, et plusieurs autres nobles et
prelats qui avaient pris la croix , arrivent a Venise apres blen des
dangers. Des contcstations survenues enlre les Venitiens et les
croises empechent ces derniers d'execuler leur pelerlnage. — Trem-
blemenl de terre en Qrient. Desastres causes par cet evenement a P. 118.
Acre , a Tyr, a Arka , a Tripoli. Tortose, oii saint Pierre con-
struisit, dit-on, la premiere egllse en rhonneur de la sainte Vierge,
n'eprouveaucundomniagc. Stcrilite, mortalile, Mort de Guiliaunie
archeveque dc Reiras et de son ncveu Rotrou evequc de Chalons.
— Arthur comte de Bretagne, fait chcvaller par Philippe Augusle
et envoye par lui pour soumettre rAquitaine , tombe entre les mains
de Jean roi d'Augleterre , qui , dit-on , lc fait perir secrctcment.
Cilc plusieurs fois , a ralson de ce fait, devant le roi de France, le
roi Jean refuse dc comparailre ; il est neannioius condamne parP. 119.
les pairs, et ses biens sont confisques. Constance , comtesse de
Bretagne , epouse Gui de Thouars qui meurt de la lcpre quelque
temps apres, laissant de cc mariage une fille, laquelle devint fenime
de Pierre Mauclerc, fils de Robert conite de Dreux , cl lui apporla
le comle de Bretagne. — EmI"ration des Tartares.
Ixxvj TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
1203. — Pliilippe Augusie rentre en Normandle ; il prend Fa-
laise, Domfront, Caen et toul le pays jasqu^an Mont-Saint-MicheL
Les Normands se soumettent et lui livrent Coutanecs , Eayeux ,
Lisieux, Avr mches. Roucn , Arqiics et Verueuilrestent a rAnglais.
P. 120. — Siege, prise et incendie de Zara par les Vcnitiens et nos croises.
Alexis , fils de Cursath , imph)re ie secours des croises. II promct
de payer leurs dettes , de soumettre Teglise d'Orient au souverain
pontite et de secourlr la Terre-Sainte. Ces conditions sont acceptees
etjurees. Les croises et les Venitiens vont a ConsJantlnople. Ils
preunent la tour des Galates, ronipent les chaines du port, se re-
pandent dans les environs de la ville , et forcent les Grecs qui les
rencontrent des'y refugier. L'usurpateur se presente a la tete d'une
armee Innoml)rable ; mais tout a coup la terreur le gagne ; il se retire
P. 121. sans comJbattre a Constantinople, d'ou il s'echappe au milieu de la
nuit. Les Grecs l'ayant appris , se reunissent pour elire le fils de
Cursath. Les porles de la ville sont ouvertes aux Francs. Cursath
est tire de sa prlson , et son fds solennellement couronne. Alexis
satisfait a ses engagcments pecunlaires et renouvelle ses serments
pour la reunlon des deux eglises.
1204. — Chaleurs et secheresse depuis la fin de janvler jusqu'au
mois de mal. — Philippe Augusle soumet Rouen , Verneull et
Arques , et se trouve ainsl maitre de toule la Normandie. Dans
P. 122. pcu de tenips le Poitou se soumet aussl au roi. — Les Francs, a la
priere de rempereur Alexls, sorlent de Constantinople et campent
devant la vllle. Alexls tente, niais sans succes , d'incendler leur
flotte ; il devient odieux aux Grecs qui se donnent un autre em-
pereur. Alexis Implore le secours des Frjyics , et leur refuse ensuite
les garanties qu'Il leuravait promlses. Trahison de Murzuphle- il se
fait proclamer empereur. Alexls et son competlteur (Nicolas Ca-
nabe) sont Incarceres. Mort de Cursalh. Alexls est elrangle par
P. 123. ordre de Murzuphle. Prise de Constantinople par les Francs. Mur-
zuphle est massacre , et Raudouin, comte de Flandre , devlcnt em-
pereurde Constanlinople. — Pierre, roi d'Aragon, olfresonroyaame
a rEgllse, et cn dcvient trlbulalre. — Guerre entre lc comte de
Trlpoli et le roi d'Arnu'n!e pour la princlpaute d'Antioche.
1205. — Le rol des Bulgares s'allle avec les Grecs et avec les
P. 124. Turcs contre les Francs valnqueurs de Constantinople. Slcge d'An-
drinople par rempereur Baudouln. Louls, comte deBlois, tombe
dans une embuscade. Defaite des Francs. Prise derempereur. Les
debris de rarmee se rcfuglent a Constanlinople. — Mort de Gau-
thicr de Brienne. — Prise dc Loches el de Chlnon par Phillppe
Auguste. La Tourainc ct rAnjou cchappent ainsl a la domlnation
anglaise.
1206. — Mort de la reinc mere Adclc. EUe €St entcrree aupres
P 125. de son pere a Ponllgni. — Jean sans Tcrre debarque a la Rochcllc
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Lxxvlj
avec une nombreuse armee. Philippe Augu.ste marche au-devanl
de lui. Jean ayanl epuise ses finances, s'eti retourne sans avoir
rien fait. L'empereur Philippe assiege dans Cologne son competiteur
Othon , le met en fiilte ct s'empare de hi ville. — Election a Tem-
pire de Consiantlnoplc crHenri frere de Raudouin. Un chanolne
d'Orleans noinme Galon , donne a l'eglise d'Amiens la face de saint
Jcan-Bapti.->te , qu'il avail apporlee de Constanlinople. — Orages
et inondatlons au mois de decemhre. La Seine emporle Irols arches P. 12G.
du Petlt-Pont a Paris. — Mort de Barlheleml archeveque de
Tours. Geoffrol de Lande, eveque de Parls , lui succede et meurl
enipoisonne peu de temps apres.
1207. — Prlse de Satalie par les Turcs. — Phllippe Auguste
entre en Aquitaine , ravage les tcrres du vicomtedeThouars, s'em-
pare de Parthenal, renverse plusienrs forleresses voisines, et eu
lorllfie quelques autres qu'il confie a la garde de son marechal
et de Guillaume des Roches. — Progres de rheresie des Albigeois , P. 127.
pi"incipalement dans les terres du comle de Toulouse et de ses
voislns. Doctrlnes pernicieuses de ces herellques. Mission de
Tabbe de Citeaux et de treize autres abbes de son ordre. Didace , P. 128.
eveque d'Osma , en Espagne, les alde de son zele et de sa bourse.
Mauvais succes de la mission. — Mort d'Hubert archeveque de
Cantorberl. Rainier, sous-prieur de Cantorberi , est clu a sa place.
Jean sans Terre , ne pouvant falre prevaloir un aulre candidat de
son choix , disperse le chapitre et s'empare des revcnus eccleslas-
tlques. 11 est excommunie, ct son royaume mis en inlerdit par le p. 129.
pape,qul nomme directementausiege de CanlorberlEtienne, prelre
cardinal du tltre de saint Chrysogone.
1208. — Excommunication du comte de Toulouse. Assassinat
du legal Pierre de Castelnau. 11 est enterre a Saint-Gilles. — L'eni-
pereur Philippe est assassine. L'imperatrlce sa femme , fille de
Cursath, meurt de chagrln. Othon , tils du duc de Saxe , neveu du P. 130.
roi d'Angleterre , cst elu empereur par rinfluence d'Innoccnt Hl.
— Le legat Galon exhorte Philippe Augiiste et ses barons a mar-
cher en arraes contre les hcreliques albigeois , et leur promet <lcs
indulgences. ^ — Guillaume des Roches defait le vicomle de Thouars
et Savari de Mauleon ; il envoie au roi plus de quaranle che-P. 131.
valiers pris dans ractlon. — Morl d'Eudes Qveque de Paris , auquel
succede Pierre, tresorier de reglise de Tours. Mort de Guillanme
archev^que de Bourges^ et de Geoffroi de Lande eveque de Paris.
Jean de la Faye, doyen de reglise de Tours , dcvient eveque de
Paris.
1209. — Prise du chateau de Graplic en Bretagne, par Philippe
Auguste. — Jean de Brienne, elu roi de Jerusalem , epouse la fiUe
de Conradjheritlere deceroyaunie.il cstsacre ii Tyravec safemme, P. 132.
ixxviij TABLEAU CHROINOLOGIQUE.
et Amauri , roi de Chjpre , rcnonce des lors au titre de roi de Je-
riisalem. L'emperrur Othon est couronne a Rome, malgre Toppo-
sition du roi de France , des Romains et des barons de Tempire.
P. 133. Jl jure d'etre fidele a TEglise , de respecter les droits du pape, et
de ne jamais attaquer la Sicile , mais le raeme jour il viole ses ser-
ments , el se fait dTnnocent III un ennemi. — Crolsade generale
conlre les Albigeois. Les croises se reunissent a Lyon et marchent
vers la Provence. Le comte de Toulouse, absous par le pape, se joint
a eux. Prise de Beziers par les croises. Massacre de la populalion.
Siegede Carcassonne detendue par Roger vicomte de Beziers. Red-
1'. 134. dition de la ville. Roger estrctenu prisonnier parles croises. Simon
de Montfort est nomme souverain des pays conquis. La plus grande
partie des croises quittent le pays. Excescommis par les Albigeois.
Massacre de Tabbe d'Eaunes et du Uioineson compagnon. Trahison
de Gerard de Pepicux contre les defenseurs du cliiiteau de Puiser-
1*. 135 guier. Horrible traitement qu'Il leur fait subir. Le comte de Foix
quitte le parti des croises pour embrasser celui des heretiques.
1210. — Nouvelle croisade contre les Albigeois. Prise de Mi-
nerbe par les croises. Cent quatrc-vingts hcretiques de cette ville
aiment mieux etre brules vifs que d'abjurer leurs urreurs. hiege de
Termes. Un arbaletrier est miraculeusement preserve d'un coup
P. 13G. quj devait lui oter la vie. Les assieges sortent du chateau pendant
la nuit. lls sont surpris et massacres. — Dix heretiques sont livres
P. 137. aux flammesa Paris.Doctrinede ces sectaires. — ^Henri, cmpereur de
Constantinople, etablit sa domination dans rempire. — L'empereur
Olhon prend Radicofani , Montefiascone et autres places apparte-
nant a TEglise. II entre dans TApouille, attaque la terre de Frederic
roi de Sicile, prendplusieurs villes etchateaux , arrele et depouille
les voyageurs qui se rendent a Rome. Excommunie pour tous ces
faits , il se voit abandonne du landgrave de Thuringe, des arche-
veques de Mayenceet de Treves , du duc d'Aulriche, du roi deBo-
heme et de plusieurs autres personnages tant seculiers qu'cccle-
P. 138. siastiques. — OuvragescomposesparHelinand, moinede Froidmont.
1211. — Frederic roi de Sicile, elu roi des Romalns, est cou-
ronne a Mayence. Dans une entrevae qu'il a a Vaucouleurs avec
Louis , fils aine de Phllippe Auguste, ils confirment les anciens
traites d'alliance existants entre la France et rAIlemagne. — Phi-
lippe Auguste fait ceindre de muraillcs ia parlie meridionale de
P. 139. Paris. — Invasion dc TEspagne parles Sarrasins , ayant a leur tete
Ip roi deMaroc. Combat de ce prince conlre Alphonse rol de Cas-
lille , soutenu par les rols d'Aragon et de Navarre. Yicloire des
Chretiens a Las Navas de Tolosa. La lance et Fetendard de Mom-
moliu sont envoyes a Rome , et conserves dans reglise de Sainl-
Pierre en souvenir de cctte journ^e. — Nouvelle croisade contre
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixxix
les Albigeois. Siege de Lavaur par les crotses. Un parti de croisps
est massacre pres de Montjoire j une lumiere miraculeiise enveloppe
les cadavres que le clerge s'empresse dinhunier. Prise de Lavaur.
Siege et capilnlation de Pennes en Agenois. Solxante et dixcheva-P. 140.
liers heretiquessont pendus ,lesautres brules. Giraudela chatelaine,
en expiation de ses horribles incestes , cst precipitee dans un puits
qu'on remplil ensuitc de piorres. — Resurrection d'une femme de
Limoges. — Incontinence et conversion miraculeusc d'un pretre
espagnol. — Mariage de Ferrand, fi!s du roi de Portugal, avec 1*. 141.
Jeannc, comtessc de Flandre , fdlc de Baudouiu qui avait ete em-
pereur de Constantinopie.
1212. — Reinaud , comte deDammartin et de Boulogne, s'aUie
a l'empereur Othon et a Jean sans Terre. Philippc Auguste le de-
pouille anssitot des comtcs lic Boulogne, deMorlain , de Danmiar-P. 142.
tin et d'Anmale et dc leurs ucpendances. Reinaud sfrefugie aupres
du comte de Bar son cousin. — Raimond , comte de Toulouse, re-
connu faviteur des heretiques albigeois , est abandonne a !a ven-
geance des croises. — Incendie de la cathedrale de INevers. — As-
semblce de prelats et de barons a Soissons. Le duc d<! Brabant y
cpouse Marie , fille de Philippe Auguste et veuve de Philippe comte
de INamur. On j decide de faire une descenle en Anglelerre , pour
remettre sur leurs sieges les eveqiies exiles de ce royaume , y reta-
blir le culte divin , et depouiller entierement !e roi Jean , assassin
d'Arthur de Bretagne. Le seul comte de Flandre Ferrand , alllc au
roi d'Anglelerre par rinlermediaire du comte de Boulogne, refuse
son coucours au roi. — Pbilippe Auguste chasse les mimes de sa
cour.
ISl^S. — Phllippe reprend son epouse Tngeburge, apres une •*• 143-
separation de seize annees. — II se rend a Boulogne avec rarmee
destinee a operer la descente en Angleterre. 11 se transporte a
Gravelines ou il avait donnc rendez-vous au comte de Flandre
Ferrand, Celui-cl ayant manqueason engagement, Philippe cntre
cn Flandre , prend Cassel , Ypres , Bruges ct s'avance jusqu'a
Gand qu'il assiege. La flotte le suit , et s'arrete a Dam. Relnaud ,
comte de Boulogne , envoye par le roi d'Angleterre , assiege le port
et la yille, et s'empare d'une parlie de la tlotte. Phllippe Auguste
accourt a Dam , et met en fuite les assiegeants. Illivreaux tlamm^s P. 144.
les debris de sa flotte , !a ville et la reglon voisine , et retourne en
France, apres avoir recu dcs otages de Gand , Ypres , Bruges ,
Lille et Douai. — Craintes de Jean sansTerre. II rappelie Elienne,
archeveque deCantorberi, qu'il avait exile. II soumct son royaume
a la suzeralnete du pape, ct se reconnait tributaire du saint-slege.
— Bataille dc Murct. Inslgnc victolre de Slmonde Montfort. Morl P. 145.
du roi d'Aragon. — Jean sans Terre dcbarquc a la Rochelle avec
Ixxx TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
une armee. Le prince Louis marche contre lui , tandis que le roi
Philippe se dispose a porler la guerre en Flandre. — Geoffroi,
eve({ue de Senlis , se relire dans rabbaye de Chaalis ; il est rem-
place par frere Garin , hospitalier de Sainl-Jean de Jerusalem , et
conseiller intime de Phllippe Auguste. Geoffroi, eveque de Meaux,
se letire de son cote a Salnt-Victor de Paris ; Guillaume, chanlre
de Paris, le remplace sur son siege.
1214. — Prlse de la ville d'Angers par Jean sans Terre. Les
troupes anglaisesfont prisonnier Robert , fils aine de Robert comte
P. 146. de Dreux, qui venaitau secours du prlnce Louls. Siege de la Roche
au Molne, par le roi d'Angleterre, qui s'enfuit en Aqultaine, h la
nouvellede l'arrivee de Louls. Celul-ci reprend Angers, et en re-
leve les murailles. — Philippe Auguste ravage la Flandre jusqu^a
P. 147. Lllle. Bataille de Bouvines. Dangers et victoire du roi de France.
Prise des comtes de Flandre , de Boulogne , de Salisburl et de deux
P. 148. comles allemands. Entree solennelle du rol a Paris. — Les Poi-
tevins demandent la paix. Philippe Auguste marche contre eux. II
P- 149. se reconcilie avec le vlcomte de Thouars , et accorde une treve de
cinq ans au roi d'Angleterre.
1215. — Mort de rempereur Othon. Frederic II , roi de Siclle ,
se fait de nouveau couronner roi des Romains a Aix-la-Chapelle ,
P. 150. et prend la croix. — Revolte des selgneurs , des pajsans et des villes
d'Anglet.erre. Les insurges appellent Louis fils du roi deFrance,
en lui promettant la couronne. Naufrage de plusieurs seigneurs de
la Flandre et du Brabant qul allaient au sccours de Jean sans
P 151. Terre. — Conclle general de Latran. Condamnation de Ral-
mond VI comte de Toulouse , et de son fils declares heretiques.
Reprobation du Traice de la Trirdte , ouvrage de l'abbe Joachim
contre Pierre Lombard. Les doctrlnes d'Amauri de Chartres sont
declarees heretiques et condamnees. — Innocent III envoie a Tab-
P. 162. baje de Salnt-Denys en France , le corps de Denjs, eveque de
Corinthe , et accorde a ceux qul rironl visiter quarante jours d'in-
dulgence.
1216. — Slmon de Monfort vlent en France demandcr du
secours contre les Aragonals, et en ramene cent vingt chevaliers.
— Galon , cardlnal legat , munl d'une sentence d'excommunIcatIon
contre tous les adversaires durol d'Angleterre , cherche vainement
P. 163. a detourner Louis VIII de son expeditioii. II se rend en Angleterre
pour tacher de refabllr la f oncorde enlre le roi Jean etses barons.
Le prince Louls traverse la Manche a son lour , et recoit rhommage
des seigneurs qui l'avalent appele. Le legat lance conlre eux l'a-
natheme , el jetle rinterdit sur leurs blens. — Mort de Henri em-
pereur de Constantinople ; eleclion de Plerre de Courtenai corate
P. 164. d'Auxerre. Celul-ci se rend a Rome avcc Yole comtesse de Namur,
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixxxj
son epouse. — Mort dTnnocent III ; Honore III lui succ^de. —
Mort de Jean sans Terre ; son fils Henri , ugc de dix ans , est cou-
ronne par le legat. Licenciement de rarmee francaise ; Louis VIII
retourne en France pour en lever une plus considerable.
1217. — Nouvelle descente de Louis VIII en Angleterre.
Plusieurs seigneurs anglais abandonnent son parti. Siege de Dou-
vres par Louis VIII. Meurtre de Thomas comte du Perche a Lin-
coln. Louisbrule ses machines etse renda Londresavec sestroupes.
La defeclion des Anglais et les menees du legat le forcent a traiterP. 155.
et a retourner en France. — Sacre du comte d'Auxcrre et de sa
femme dans Teglise de Saint-Laurent hors des murs a Rome. L'im-
peratrice s'embarque pour Constanlinople. L'empereur, avec cent
soixanle chevaliers , va par terre jusqu^a Brindes. 11 passe en Grece
avec le cardinal Jean Colonne, et met le siege devant DuraZZG
qu'il avait promis de rendre aux Venitiens. Force de lever le siege P. 156.
apres de grandes pertes , il prend le chemin de Constantinople ,
mais !1 est fait prlsonnier dans les defiles de la route^ par le duc
de Durazzo qui lui avait promis un sauf-conduit. — Detresse de
Simon de Montfort ; la coratesse de Montfort vient en France re-
clamer des secours. — Ravages causes par le vent.
1218. — Mort de Siraon de Montfort au siege de Toulouse •
son fils Araauri lui succede. — Canonisation de saint Guillaume
archeveque de Bourges. Mort de son successeur Geraud , qui est P. 157.
remplace par Simon, chantre de Bourges. — Mort de Hugue duc de
Bourgogne. — Promotion de Guillaume abbedePontigni areveche
de Chartres. — La gelee ravage les vignes. — Hervce comte de
Nevers , Gauthier, chambellan du roi deFrauce, et une foule d'au-
tres croises arrivent devant Damiette , que tenaient assiegee Jean ,
roi de Jerusalem, et le duc d'Autriche. Maladies parrai les assie- P. 158.
geants. Terreur panique des Sarrasins ; les croises passent le Nil et
bloquent la ville. — Reglement de Philippe Augusle concernant P. 159.
les creances des juifs sur les ehretiens. — Destruction des murs .
de Jerusalem par Conradin. Les Sarrasins n'osent detruire le saint
sepulcre. Temolgnages de leur respect pour les saints Evanglles. p. leo.
1219. — Expedition du prlnce Louis contre les heretiques Al-
bigeois et Toulousalns. Siege et prise de Marmande. Siege de Tou- P. IGI.
louse. Retour de Louis. Succes des Toulousains. — Bataille devant
Damielle, funesle aux Chretiens. Noms des prisonniers. Dangers
du roi de Jcrusalem. Prisemiraculeuse de Damielte. Fuite du sultan. P. 162.
Miserable etat de la ville. Partage du butin. Damiette est reunie au P. 163.
royaume de Jerusalem. Conversion de la mosquee en une eglise
dediee a la sainte Vierge. Fortifications , position et ancien nom
de Damiette. — Details de la prise de Tanis par rarmee chre-
tienne.
/
Ixxxij TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
P. lCt. 1220. — Frederic II est sacre einpeieur parlepape. Meurlrc
de Roberl de Meun eveque du Puy ; vengeaaces du peuple du
Puy contre les meurtriers. — Mort d'Yolande imperalrice de Con-
stanliuople. Pierre de Courtenai son niari etant encore en prison ,
un des fds de ce dernier (nomnie Robert) est couronne empereur.
P. lCb. — Chasse de saint Thomasde Cantorberi. — Mort dePierre eveque
de Paris , auquel Honorius III donne pour successeur Guiliaume
eveque d'Auxerre. — Meurtre de Gui de Montfort par le couite
de Saint-Gilles. Echecs et retraite d'Amauri de Montfort. — Pre-
P. 166. tentions du legat Pelage dans l'armee chretienne de Damielte,
Differends entre le legat et le roi de Jerusalem. Le roi se retire en
Sjrie.
1221. — Invasion et soumission de la Georgie et de l'Armenie
pav les Tartares. — Le roi de Jerusalem, sur lesinstances dulegat,
retourne a Damiette. Le roi , le legat et la plus grande partie de
P. 167. l'armee partent pour le vieux Caire. Arrives a moitie chemin , ils
s'eraparent d'un pont de bateaux construit sur le Nil par les Sar-
rasins et campent sur lerivage du fleuVe. Le sultan coupelescom-
munications entre Damiette et Tarmee chretienne. Disette et inon-
dation dans le camp des Chreliens. Treve de huit ans avec les
Sarrasins ; on leur rend la ville de Damiette en echange des pri-
sonniers chretiens et de la vraie croix , que Saladin avait enlevee
a Jerusalem. — Morl de Manasses , cveque d'Orleans , auquel suc-
cede Philippe , neveu de saint Guillaume archeveque de Bourges.
P. 168. 1222. — Hervee , comte de Nevers , meurt empoisonne , lais-
sant une fiUeunique qui epousc Gui comte de Saint-Paul. — Mort
de Pierre de Corbeil , archeveque de Sens , auquel succede mailre
Gautier Cornut. Mort de Guillaume cveque de Paris , qui avait
etabli a Auxerre des religieuses de Tordre de Citeaux, tirees de Tab-
baye de Saint-Antoine pres Paris.
1223. — Voyage de Jean , roi de Jerusalem , en Italie. II y
P. 169. marie sa fille iniique a rcmpereur Frederic , lui abandonnant le
royaume de Jerusalem qui lui revenait duchef de sa niere. — Fre-
deric falt couronner roi d'Allemagne son fils Henri , qu'il avait eu
de la socur du roi d'Aragon et qui n'avait que dix ans. — Comete
P. 170. de mauvais presage. — Mort et funerailles de Philippe Augusle.
Clauses de son testament. Revelation miraculeuse de la mortdu x'oi
au pape Honorlus. — Sacre de Louis VIII et de Blanche safemme.
— Pclerlnage de Jeau roi de Jerusalem a Saint-Jacques. Son ma-
P. 171. riage avec Berengere de Castille. — Amauri de Montfort aban-
donne Carcassonne el les autres places fortes du midi et se relire en
France.
1224. — Revocalion des iiukilgences attachoes aux croisades
contre les Albigrcois. L'orthodoxIe de Raimond comte de Toulouse
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixxxiij
ost reconnue par une lettre du pape , lue a Paris dans une assem-
blee de prelats et de selgneurs. — Louis VIII assiege Savari de P. 112.
Maulton dans le chateau de Niort. Savarl rend la place. Salnt-
Jean d'Angeli ouvre ses porles au jeune roi. Slege de la Rochelle
defendue par Savari. Louis VIII se rcnd maitre de la ville. Savari
se retire en Angleterre. Soumission du Llmousln , du Perlgord , et
de la plupartdes selgneurs d'Aquitaine. Le rol retourne en France.
— Conclle de Montpellier pour la reconcillation a rEglise de
Ralmond comte de Toulouse et des Albigeois. — Relour en France '^ 1^3.
de Savari de Mauleon , qul se soumet au rol et hii fait hommage.
1225. — Apparition en Flandre d'un imposteur qui se fait
passer pour rempereur Baudouin , miraculeusement debvre de la
prison des Grecs. II gagne des partisans. Louls VIII rinterroge a
Peronne, et lui ordonne de sorllr du royaume avant trois jours. P H'!.
De retour a Valenciennes , le faux empereur se voit abandonne de
tous. II se sauve en Bourgogne sous le deguisement d'un marchand ;
pris par un chevaber, il est bvre a la comtesse de Flandre, qui le
fait pendre. ■ — • Le cardlnal legat Romain de Salnt-Ange menage
une treve entre le roi de France et le vicomte de Thouars. Par-
lement eonvoque a Parls ; le vicomte y vient faire hommage au roi,
— Nouvelle croisade contre les Alblgeois.
1226. — Depart de Louis VIII et des croises. Siege et prise P. i1^^-
d'Avignon. Les croises y elabbssent pour evcque un moine de Cluni.
— Blessure et mort de Gul comte de Saint-Paul. Thibaud comte
de Champagne retourne dans ses Etats sans la permisslon du roi
ni du legat. Le roi fait demanteler Avignon , et s'avance ensulte
de conqueteen conquete jusqu'a qualre Ileues de Toulouse. II confie
le gouvernemenl du pays a Imbert de Beaujeu et retourne en
France. Mort de Guillaume archeveque de Reims et du comte de
Namur. Maladie et mort du rol .-i Montpensier en Auvergne. Son P. HG.
corps est apporte et enseveli a Salnt-Denys. Louis IX est sacre
roi dans sa quatorzierae annee. Rancon et mise en liberte de Fer- .
rand conite de Flandre. Mort d'Honorius Illauquel succede Gre-
goire IX.
1227. — Jean , ranclen roi de Jerusalem , avec Berengere sa
femme , va s'etablir a Bologne. Le pape lul confie la garde des P, 177.
filats romains. ■ — La ville et le comte de Toulouse se rendent aux
eveques et aux chevallers envoyes dans rAlbigeoIs par Louis IX.
— Llgue contre le roi des comtes de la MarcWe, de Cbam-
pagne et de Bretagne. Louis marche contre eux avec une armee
formldable. Le comte de Champagne se detache de la llgue. Le roi
cite partrois fols a son parlement les deux aulres comtcs rebelles,
qui font enfin leur soumlsslon a Vcndome.
1228. — Invasion en Champagne d'un certain nombre de
Ixxxiv TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
P. 178, seigneurs niecontents de la defeclion du comte Thiband. Les confe-
deres assie^ent Bar-sur-Seine , et refusent d'obeir au roi qui leur
ordonnait de se disperser. Louls marche contre eux et les chasse
de la province. — Le pape presse rempereur Frederic de partir
pour la croisade , a laquelle il s'etait depuis longtemps oblige.
L'empereur fixe le jour de son depart pour la Terre-Sainte. Le
pape rindique a tous les croises et les exhorte a se trouver le
meme jour a Brindes , prets a s'embarquer. En attendant Fre-
P. 179. deric soumet quelques rebelles en Sicile , et reunissant tous les
Sarrasins qui habitaient en divcrs endroits de cette ile , il les elablit
a Lucera dans le royaume de Naples. — Nouvelle revoUe de Pierre
Mauclerc, comte de Bretagne , au secours duquel vient Henri III ,
roi d'Angleterre , avec une armee. Louis IX met le siege devant
Bellcme , place dont le roi son pere avait confie la garde au comte
de Brelagne et que celui-ci refusait de rendre. Les habitants de
Belleme se soumettent. Le roi d'AngIelerre s'en retourne avec la
honle d'une tentative inutile, et Louis IX revient a Paris. — Dansle
meme temps , Jean des Vignes soumet au rol de Frauce la Haie
Pesnel, en Normandie. — • Mort de rimperatrlce Marie, fille de
rancien roi de Jerusalem. Son fils Conrad herite des droits
maternels a ce royaume.
P. 180. 1229. — Nouveaux mouvements de Pierre comte de Bre-
tagne. Nouvelle expedition de Louis IX. Le rol s^enipare d'Ouaon
et de Champtoceaux. Paix de quatre annees. — Conquete de Ma-
jorque , d^Yvica et de Valence , par D. Jayme I*'', roi d'Aragon.
— Saintete d'Elisabeth , fille du roi de Hongrie , epouse du land-
grave de Thuringe, et d'AntoIne [de Padoue], de rordre des freres
Mineurs. — Embarquement des croises a Brindes. Pendant que
l'armee croisee s'eIoigne a pleines voiles, rempereur Frederic re-
P. ISl.tourne furtivement a terre. II est publiquement excommunie par
Gregoire IX. — Debarquemeut des croises a Sainl-Jean-d'Acre.
Mort de Coradin , sultan de Damas. Treve avec les Chretiens.
1230. — Fondation par Louls IX de Fabbaye de Royaumont.
' — Relations et liaisons suspectes entre rempereur Frederic et le
sultan d'Egypte. — Querelle entre les bourgeois et les ecoliers de
Paris. Quelques ecollers ayant efe tues , tous les autres qulttent la
P. 182. ville. Salnt Louis rappelle les fugltifs a qui les bourgeois font satis-
P. 183. faction. Origine et signification de la fleur de lys.
1231. — I/empereur Frederic part pour laTerre-Sainte a l'insu
du pape, et sans faire revoquer ranatheme qui pesait sur lul. II
prend Tile dc Chypre ct envoie son senechal s'informer des inten-
tions du sultan d'Egypte. — Reforme de Saint-Denys sous Tabbe
Eudes Clement.
1232. — Mort deSimon , archeveque deBourges , auquel suc-
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixxxv
cedc Philippe , eveque d'Orleans, — Le seneclial de rempercur
Frederic nuil beaucoup aux chrctiens a Saint-Jean-d'Acre. II sort P. 184.
plusieurs fois et en secret de la ville, et s'etant concerte avec le
sultan d'figjpte et les Sarrasins, il engage son niaitre a venir a
Saint-Jean-d'Acre. Frederic se rend dans cette ville, el signifiant
son arrivee au pape Gregoire , il reclanie son absolution. Le pape
refuse a cause du pernicieux traite conclu entre Fempereur et les
Sarrasins ; il defend meme aux Templiers et aux Hospitaliers de
prendre parti pour Frederic ou de lui donner du secours. Frederic
se fait couronner a Jerusalem , confie le templc a la garde des Sar-
rasins , conclut avec le sultan une Ireve dc dix annees, el relourne
dans rApouille, ou il s'cmpare violemment des biens de rEglise,
des Templlers et des Hospitaliers. — Un des saints clous qui ayait
servi au crucifiement du Sauveur, et qne Charles le Chauve avait
donne a rabbaye de Saint-Denys , se perd pendant qn'on Texpose
a la veneration des fideles. II est bientot miraculeusement retrouve. P- ^85.
1233. — Troubles inlerieurs dans la ville de Beauvais. Inter-
vention de saint Louis. Mllon , eveque et comte de Beauvais , met
ie diocese en interdit et part pour Rome ; mais 11 meurt dans le
voyage. Breve et calamiteuse administration de son successeur
Geoffroi. Robert, successeur de ce dernier, se reconcllie avec le roi
et leve l'interdit. — Mort de Philippe comte de Boulogne , fils de
Philippe Auguste. — Croisade prechee par les Dominicains et les
Franciscains. La pape consent a differer de quatre ou cinq ans le
depart des crolses.
IS^i. ' — Mort du roi deNavarre, auquel succcde son neveuP-186.
Thibaud, comte de Champagne. — Mariage de Louis IX avec
Marguerite de Provence. Couronnement de la reine a Sens. — De-
sastres et mort de Robert , empereur de Consfantlnople. Election
a rempire de Jean de Brienne, anclen rol de Jerusalem ; mariage
de Marle sa fille avec Baudouin , frere et herltler du defunt
empereur. Couronnement de Baudouin et de rimperafrice Marie. — ^- ^°'-
Mort de Garnier, eveque de Chartres, auquel succedc Aubri Cornut.
1235. — Grande famlne en France et surtout en Aquitalne.
Les hommes se nourrissent d'herbe commeles animaux. Prlx exor-
bitant du ble en Poitou. Feu ardent. — Jean de Brienne envoie en
France son gendre Baudouln pour qu'il recouvre le marquisat de
Namur et la chatellenie de Courtenai. II y envoleaussi ses trois fils
qu'il met sous la protection de saint Louis et de la reine Blanche.
1236. — Des envoyes du Vieux de la Montagne viennent a
Paris pour assasslner Louis IX. Mais le prlnce ismaelien , rcvt;nu
a de meilleurs sentlments^ s'empresse d'envoyer de nouveaux mes-
sagers pour prevenir le roi de France. Louis s'entoure de garties.
Par le-moyen des seconds envoyes, 11 decouvre les j)remieri, les
Ixxxvj TABLEAU GHRONOLOGIQUE.
charge tous tle presents et les renvoie h leur maitre. D^tails sur le
P. 189. Vicux de la Montagne.
1237. — Depart (l'une armee decrois^s francais sousles ordres
de Thlbaud , roi de Navarre et comte de Champagne. Elle arrive
en Terre-Sainle. Heureuses excursions de Pierre comte de Bre-
tagne. Amauri de Montfort , Henri comte de Bar et d'autres
chevaliers veulent Timiter ; ils sont pris et mis amort pour la plu-
part par les habitants de Gaza.
P. 190. 1238. — Saint Louis confere la chevalerie a son frere Robert ,
qu'il venait de marier avec Mathilde de Brabant , et lui donne le
comte d'Artois avec ses appartenances. — L'empereur Frederlc
demande a s'aboucher avec Louis IX a Vaucouleurs • mais appre-
nant que le roi doit venir au rendez-vous avec une armee pour
escorte, il degage sa parole. II est soup^onne d'avoir trame contre
Louis quelques mauvais desseins.
P. 191. 1239. — Louis IX fait venir de Constantinople la sainte cou-
ronne d'epines. Le roi et ses freres , pieds nus, recoivent la sainte
relique a Vincennes , Taccompagnent d'abord jusqu'a Notre-Dame ,
et ensuile dans la magnifique chapelle que Louis venait de faire
construire dans son palais. Louis IX degage aussi des mains des
Veniliens et faitporter a Paris, dans la Sainte Chapelle, une grande
partie de la vraie croix ; la lance qui perca le cote du Sauveur, et
Veponge avec laquelle on Tabreuva de vinaigre ; objets sacres que
l'empereur grec avait iivres a la ville de Venise pour surete d'un
P. 192. emprunt qu'elle lui avait accorde. — DifFerends entre Blanche de
Castille et Simon de Montfort. Celui-ci sc relire en Angleterre ou
il devient comte dc Leicester par son mariage avec la soeur du roi
Henri. — Depart pour la Terre-Sainte de Richard , comte de
Cornouaillcs , frere d'Henri, roi d'Angleterre. II menage une treve
cntre les Chretiens et les Sarrasins , et obtient de ceux-cl la dell-
vrance des prlsonniers. — Amaurl de Montforl, delivre de sa
prison , retourne en Europe. II meurt a Rome et est Inhume dans
la basilique de Saint-Pierre. Jean , son fils , lul succede au comte
de Montfort.
1240. — Sevlces derempereur Frederic contre rEgliseromaine.
II met en prison Jacques, eveque de Preneste , que le papc avait
cbarge d'aller demander du secours en France , et le cardinal
Olhoii , a son retour d'x\ngleterre ou il avalt ete depuis longtemps
envoje. Convocafion d'ini concile a Rome. L'empereur fait arrcter
P. 193. les eve^quos qui s'y rendent de tousles pays. Mort de Gregolre IX ;
elcction de Ccleslin III, qui meurt au bout de dix-sept jours. Le
Si\Int-sicge reste vacant pendant vingl-deux mois. — Tempelc
vlo^ente et grele miraculeuse a Creinone. — Saint Louis reclame
la libcrte de? prelals drteniis par rempeienr. Reponse evasive de-
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixxxvij
Frederic. Noble replique de Louis IX. Les eveques soiit uiis en p. 194.
liberte.
1241. — Louis IX confere la chevalerie a son frere Alphonse.
II le marie a Jeanne, fille du comte de Toulouse, et lui donne I'Au-
vcrgne , le Poltou et rAlbigeois. Hugue , comle de la Marche ,
malgre Tordre du rol , refuse de faire hommage au comte de
Poitlers.
1242. — Louis IX envabit avec une armee les terres du comte
de la Marche. II prend Montreuil-Bonnln, le chateau de Beruges,
Vouvant et Fontenai-Ie-Comte , places tres-fortes appartenant a
Geoffroi de Lusignau , partlsan du comte rebellc , et occupe tout le
pajs jusqu'a Saintes. Bataille de Saintes. Louls IX defait complc-
tement et le comte de la Marche et Henri , roi d'AngIelerre , qui P- 19^.
etait venu , avec une armee , a son secours. Henrl III passe la
Garonne et se retire a Blaye. Reddition de Salntes a Louis IX.
Soumlsslon d'Hugue, comte de la Marche. Treve dc cinq ans
accordee aux Anglais. Soumlssion definitlve des barous au jeune
rol. — Invasion des Tartares [Mongols] en Turquie. IIs ravagentP. 19G
Erzeroum ,^ soumettent Iconium el Favastre. Un de leurs princes ,
nomme Balho , ravage la Pologne et la Hongrle , la Russie, la
Crlniee , et s'etend iusqu'aux frontleres de la Gernianie. Maniere
dont IIs conquirent la Hongrie.
1243. — filecllon du pape Innocent IV. — JSalssance de
Louls , premler fils de Louls IX. — Mort de Gautier Cornut ,
archeveque de Sens , auquel succede son frere Gilles Cornut. — P. 197.
Eudes Clement, abbe deSaint-Denys, est promu a rarcheveche de
Rouen ; Tabbe de Clunl a Teveche de Langres ; Juhel , archcveque
de Tours , a Tarcheveche de Relms. Mort d'AubrI Cornut , eveque
de Chartres , auquel succede Henri de Gressai , archidlacre de
Blols.
1244. — Innocent IV vlent, pour convoquerun concile, a Lyon. -
■ — Maladle de Louis , rol de France. II j)rend la crolx et rccouvre
lasante. — Les Karismlens, appeles etsoldes parle sultan d'Egyple,
envahissent laPalestlne , battent les Chreticns devant Gaza, s'em- P. 198.
parent de la vllle sainte et la remplissent de carnage.
1245. — Nalssance de Philippe, fils du roi de France Louis.
— Concile de Lyon preside par Innocent IV. Anatheme lance con-
Ire rempereur Frederic. Ses sujels sont degages du serment de
fidelile. — Le pontlfe nomme le cardinal Eudes de Chateauroux, p. (99.
eveque de Tusculum , son legal en France , et le charge d'exhorler
les prelats , les barons et le peupie a prendre la croix et a parlir
avec le roi. — Demeles dcbatlus dans le concile cnlre les cures et
les religieux de Citeaux , au sujet dcs dimes sur les terrcs recem-
Ixxxvilj TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
ment mises en culture. — Le landgrave de Thuringe est elu roi
des Romains parordre d'InnocentTV. Le meme pontife fait precher
sur les frontieres du Hainaut et de la Flandre , une croisade contre
Henri , fils de rempereur Frederic , qui s^etTorcait de soutenir les
P. 200. droits de son pere. — Louis IX visite le pape a Lyon. A son retour
il marie son frere Charles avec [Bealrix], fille du comte de Pro-
vence, sceur de la reine Marguerite.
1246. — Les Turcs et les Armeniens deviennent trlbutalres des
Mongols. — Saint Louis confere la chevalerie a son frere Charles
etlui donne le comle d'Anjou. — Lepape, reste en France , envoie
un legat en Italie pour y combattre rempereur Frederic avec les
armes spirituelles et materielles.
P. 20). 1247. — Triple miracle arrive a Konieh devant une croix. —
Canonisation et elevation de saint Edmond , archeveque de Can-
torberi. — Mort du landgrave deThuringe , elu roi des Romains ;
Guillaume, comte de HoIIande , lui succede,
1248. ' — 'SaintLouis, parlant pour la Terre-Sainte , Iraversela
Bourgogne et va de nouveau visiter le pape a Lyon. Ensuile il
P. 202. descend le Rhone et s'empare de la Roche de Glun , dont le selgneur
exercait des piratcrles sur les gens qui montaicnt ou descendaient
le fleuve. II demanlele la place et la rend au seigneur sur caution ;
ensuite il va s'embarquer a Aigues-Mortes. — La comtesse d'Artois,
qui etait grosse, retourne en France pour attendre le depart du
cornte de Poltiers , reste , avec la reine Blanche , pour la garde du
royaurae. — Louis passe Thiver en Chypre. Le roi de cette ile et
ses nobles se croisent a l'exemple des Francais. — Le sultan
d'Egypte , qui se disposait a marcher contre les Chreliens du cote
de Damas, change de projet en apprenant Tarrivee du rol de
P. 203. France en Chypre. — Robert , eveque de Beauvais , Jean , comte
de Montfort , et plusleurs autres seigneurs meurent en Chypre.
1249. — Saint Louis arrive devant Damiette avec une armee
immense. Lcs croises se jettent a la mer et mettent en fuite les
Sarrasins qui gardaient le rlvage. La flotte chretiennc occuperem-
bouchure du NIl el rarmee campc snr les bords du fleuve. Terreur
panique dans la ville de Damiette ; les habitants rabandonfient
apres avoir essaye d'y mettre le feu. Les croises entrent dans la
P. 204. ville, maitrisent rincendle et occupent Damietle au nom du rol de
France. Entree solennelle du roi , du legat et des princes croises.
Messe d'action de graces dans une mosquee rendue, pour la deuxieme
fois , au culte de la sainte Vierge. L'armee passe Tcte a Damiette
attendant la decroissance du Nil. — Arrivee d'Alphonse , comte de
Poitlers , et de la comte.sse d'Artois. — Louis IX marche contre
P. !iQ5. les Sarrasins vers la Massoure. Nombreux combats entre les Sar-
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. Ixxxix
rasins cl les Chretiens. Imprudcnce et mort de Robert , comte
d'Artois.
1250. — Malheurs de Tarmee chretienne. Mortalite parmi les
hommes et les chevaux. Grande faraine , les relations entre Damiette
et Tarmee etant interceptees. Les croises se metlent en marche pour
retourner a DarTiiette. lls sont assaillis par une armee innombrable
de Sarrasins. Prise de Louis IX, de ses deux Ireres Alphonse, p. 206.
comte de Poitiers , et Charles , comte d'Anjou , et de leur suite.
Ceux qul font retralte par le fleuve sont egalement pris ou tues.
— Naissance de Jean , fils de Louis IX, et surnomme Tristan a
cause de la douleur causee par les derniers evenements a la reine
Marguerite. — Henri, fils de I'empereur Frederic , et que celul-cl
avait fait couronner roi des Roraains , denonce comme rebelle ,
meurt en prison par ordre de son pere. Siege de Parme par Fre-
deric. Defait par les assieges et par le legat d'Inuocent IV, Tem-
pereur passe dans rApouille , ensuile en Slcile , oii il meurt de
maladie. Conrad, fils de Frederic , ctablit son autorite dans
rApouille et dans la Sicile. Depart d'Innocent IV pour i'Italie ; II P. 207.
sejourne a Assise. — Meurtre du sultan dont Louis IX etait prl-
sonnier. Le roi , ses freres et les autres prlsonnlers chretiens re-
couvrent leur liberte , moyennant une rancon et l'abandon de
Damiette. Louis IX envoie ses deux freres , Alphonse et Charlcs ,
cn France, pour consoler la reine leur mere. Lul-meme il passe
a SaInt-Jean-d'Acre qu'il environne de murailles et de tours. II
fortifie egalement Jafia , Saide et quelques autres places. II sejoume
envlron cinq ans en Palestine, y delivre des prlsonniers chretiens
et j falt une foule d'autres bonnes oeuvres.
1251. — Soulevement des Pastoureaux ; leurs pretentions , P. 208.
leurs deportements. Mort de leur chef.
1252. — Abel , roi de Danemarck a la place de son frere Henrl
qu'il a fait noyer pour lui succeder, perit bientot lui-menie dans P. 209.
une guerre contre les Frisons. — Institution et slgnification du
chapeau rouge pour les cardinaux. — Alphonse , comte de Poitlers,
et Charles , corate d^Anjou, rentrent en France de retour de !a
Terre-Sainte. — Troubles que suscite parrai les clercs et les religieux
de Paris 1'apparition duVnre de Mundi periculis, compose par Guil-
laume de Saint-Amour. — L'abbe de Saint-Denys envoie au rol de
France, en Palestlne, un vaisseau charge de draps , de fromages
et de volallles.
1253. — Naples est attaque par Manfred, prince de Tarente, P. 210.
fils du defunt empereur Frcderic et d'une concubine. Conrad , fils
legltime du meme empereur, assiege la vllle a son tour, la prend ,
en detruit les murs et les maisons prlncipales , et traite de la meme
raaniere Capoue et Aquino, II raeurt ensuite lalssant un fils unique
xc TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
nomme Conradin. — Moit de la reine Blanche. EUe est ensevelie
a Maubuisson , pres de Pontoise , abbaye de Fordre de Citeaux
qu'eUe avait fondee. Louis IX etant toujours absent, et ses deux fils
Louls et Phllippe cncore en bas age , les conites de Poltiers et
d'Anjou prirent ia dlrectlon des affalres. — Innocent IV, apprenant
la mort de Conrad , entre dans le royaume de Slcile et arrive jusqu'a
P. 21 1. Naples. — Melech Elmehem devient sultan d'£gjpte. — Manfred ,
prince de Tarente , usurpe le royaume de Sicile.
1254. — Prlse de Bagdad par les Tartares , sous Li conduile
de Honlagon. Le valnqueur laisse mourir de faim le dernler
callfe. Innocent IV meurt a Naples en se disposant a la guerre
conlre Manfred , prlnce de Tarente , et detenteur de la Slcile ;
Alexandre IV est elu pape. Retour de Louls IX en Europe. —
Conradin , fils de Conrad , se refugle secretement aupres du duc de
I'. 212. Baviere, son oncle materneL — Jean d'Avesnes veut enlever le
Hainaut a Marguerlte , comtesse de Flandre , sa mere. Celle-ci
appelle a son secours Charles d'Anjou et lul cede le comte. Charles
fait occuper militairenient Valenciennes malgre les bourgeols de la
ville. II entre dans le Hainaut et assiege Mons. Jc.m d'Avesnes se
presente devant Valenciennes avec GuIUaume de Hollande, rol
des Romains , el beaucoup d'autres selgneurs de Brabant et d'AlIe-
P. 213. magne. Les Francais font contre eux une sortie , mals sont repousses
dans hi ville, ou eutre avec eux un chef ennemi nomme Stradiot.
Charles d^Anjou envole Louis , comte de Vendome , au secours de
Valenciennes. Le roi des Romalns, manquant de vivres, va offrir
la bataille a Charles d'Anjou. Elle est empechee par des selgneurs
francais parents de Jean d'Avesnes. Treve. Charles d'Anjou rcnlre
P. 214. en France. La paix est retablle par Louis IX.
1255. — Guilhiume, roi des Romalns, est tue par les Frlsons.
Les volx des clecteurs se partagent entre le rol d'Espagne et
Rlchard, comtedeCornouailies , frere du roi d'Angleterre. Richard
se fait couronner a Aix-la-Chapelle. — Les habitants de Turln ,
h rinstigation de ceux d'Asti, emprisonnent leur seigncurThomas ,
comte de Savole. Les uns et les autres sont excommunies par le
pape , qni engage aussl saint Louis ii se salslr des blens des Lom-
bards dans son royaume. Sicge de Turln ])ar les freres du comte
P. 2l5. prisonnier. — Le comte de Flandre et son frere , fils de Marguerite
de Flandre et de Guillaume de Dampierre, sont pris avec d'autres
selgneurs par Florcnt , comle de Hollaude , qui favorlsait Jeaa et
Baudouin d'Avesnes , fils de la meme comtesse Marguerlle et de
Bouchard d'Avesnes. Margnerile , cn haine de Baudouln et de Jean ,
JV 2IG. donne a Charles (iAnjou Valenclcuncs et le Hainaut. — Branca-
leon de Boiogne, senaleur de Ronie , esl assicge dans le Ca|)itole,
a l'insligation des cardinaux et des nobies de la ville, oblige de se
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. xcj
rondre au peuple el emprisoniie. Livr^ aux nobles , il cst enfcrme
dans une place forte et nialtraite ; niais il conscrve la vie parce
que les habltants de Bologne avaient des otages des Romains. —
Les troubles susciles par le livre de Guillaume de Saint-Amour se
renouvellent. Saint Louis soumet la question a la declsion du salnt-
slege. Le pape fait briiler le livre en sa presence dans lacathedrale P. 217.
d'Anagni , non pas qu'il fut entache d'heresic , mais parce qu'il
seniblalt etre desline a produire du scandale.
1256. — Le comte de Flandre , son frere, et les autres prlson-
iiiers de Florent , comte de Hollande , sont delivres par le secours
de Charles, comte d'Anjou. On arrete le mariage de Florent avec
la soeur du comte de Flandre. Charles d'Anjou , a la priere du roi
son frere, abandonne, moyeunant une forte somme d'argent , la
vllle de Valenciennes et le comle de Halnaut. Tralte cntre les fils
de \a comtesse de Flandre pour le parlage de sa future successlon.
— Tremblement de terre a Rome et a Anagni.
1257. — Charles , comte d^Anjou , soumet les Marseillais r^-
voltes. — Brancaleon de Bologne, e!u de nouveau senateur a P. 2i8.
Rome, fait detrulre les tours de la ville , excepte celle du comle
Neapoleon , et cmprlsonner plusieurs nobles favorables a l'Eglise.
— Le sultan d'Egypte , Mclech Ehmchem , est etrangle dans le
bain , par sa femme , apres cinq ans de regnc. Son fils Melcch
Elmensor lul succede ; mais au bout d'une annce II est depossede
par ramlral Koutou?- qui devientsultan a son tour. • — Mort d Hentl,
archeveque de Sens.
1258. — Henrl dc Luxembourg, avcc Tappul de la ville de
Namur, asslege la citadelle de cette vllie , restee fidele a l'impe- P. 219.
ratrice dc Constantinoplc Mari?. La comtesse dc Flandrc , le comtc
d'Eu, et deux autres frercs dcl'imperatrice marchent au sccours de
la placc, mais sans succcs. — Mort dc GuiUaume de Bussiis, cveque
d'Orleans, et de Guillaume RoUand, eveque du Mans. — Inooda-
tions au mols deseptembre. Mauvaise quallte des vlns.
1259. ' — Fondation d'un couvent de soeurs Mlueures, prcs de
Salnt-Cloud , sur le bord de li Selne, par Isabclle, sauir de saint
Louls. — Maufred , prlnce ds Tarente , repand la fausse nouvelle
de la mort de Conradin , et st fait couronner rol de Slclie, au me-
prls des drolts de rfigllsc a q il ce royaume appartenail cn fief ; II P. 220.
est publlquemcnt excommunie par le pape Alexandre. — Voyagc
en France d'HenrI III , roi d'Auglelcrrc. Trailc de paix entrc ce
prlnce et Louls IX. Henrl III abandonne scs droits sur la Nor-
maudle, rAnjou , le Maine, la Touraine et le Pollou. Louls IX,
oulre une grandc somme d'argent, asslgne a Henri et a ses snc-
cesseurs des possesslons conslderablcs en Llmousin , en Perigord ,
en Sainfongo et en Agenois . a condition que le roi d'Anglcterre
xcij TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
llendralt ces possessions , ainsi que Bordeaux , Bayonne etloute la
Gascogne , en fief des rois de France , et qu'il figurerait au nonibre
des grands barons de France , en qualite de pair et de duc d'A-
P. 221. quitalne. — Hommage solonnel d'HenrIIIIa saint Louis. ■ — Louis ,
fils aine de Louis IX, nieurt et est enseveli a Royaumont, en
presence du rol d'Angleterre.
1260. ' — Differends entre les rois de Hongrie et de Boheme.
Bataille sanglante sur la fronliere des deux royaumes. Perte con-
siderable des Hongrois. Paix entreles deux princes. — Saint Louis
P. 222. rassemble a Paris , durant le temps pascal, les prelats, les barons
et les chevaliers du royaume. II communique a rassemblee des
lettres du pape, qui annoncent les vlclolres des Mongols dans la
Terre-Sainte. On decide que les prieres publiques et les processions
seront multipllees ; et l'on fait des reglements contre les blasphe-
mateurs , contre le jeu et le luxe des bablts et de la table. — Les
Florentlns envoient une armeecontre Sienne , qui avait reconnu le
pouvoir de Manfred. Ils sont battus par lecomte Jordan , capitaine
de Sienne , au nom du prince de Tarente. Florence est prise , de-
truite en partie , et soumise aux Siennois et a Manfred. — Mort de
Phillppe archeveque de Bourges , dont la saintete eclate par des
miracles ; 11 est remplace par Jean de Sollli , chanoine et doyen de
Bourges.
1261. — Mort du pape Alexand^e auquel succede Urbain IV.
P. 223. Breve biographle du nouveau pontife. — Les Grecs , aldes par les
Genois, chassent de Constantinople Baudouln et lcsFrancais, et se
donnent pour empereurl'un d'eutreeux nomme Paleologue. — Un
pelerin de la sainte Vierge est assassine dans le dlocese de Lyon ;
le couteau du mcurtrier, quoiqne fr»tte et lave , ne cesse d'etresa!}-
glant iusqu'au moment ou le pelerii est enterre etrassassin pendu.
— Baudouln, ex-empereur de Consttntinople, seretire en France.
1262. — Mariage d'Isabelle , fille du roi d'Aragon , avec Phi-
lippe, fils aine de Louls IX. En faveur de cette unlon , le rol d'A-
ragon abandonne a la Francetons sas drolts dans les cltes de Car-
cassonne , de Beziers et de Mllhau. Le roi de France en relour
renonce , en faveur de FAragon , a ses pretenlions sur le comte de
P. 224. Besalu, le RoussIUon , Ampurias, Earcelonne ct la Catalogne. —
Les Marseillais , soutcnus par Bonlfrce , seigneur de Castellane, se
revoltent contre le comte d'Anjou, et massacrent la garnison qu'il
avait mlse dans leur ville. Le comte leve une armee en France, s'em-
pare d'abord du chateau de Bonifaca, et assiege ensuite Marseille
qu'Il reduit par la famine. II fait decapiter publiquement les chefs
de la rcvolte, s'approprie les biens de Boniface , et le chasse de la
Provence.
1263. — Guerrc entre le roi d'Anglelerre , le rol des Romains
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. xciij
et une partie des seigneurs anglais (l'unepart, Simon de Montfort
comte de Leicester, le comte de Glocester et les bourgeois deLon-
dres d'autre part, au sujet de rinol)servalion des slatuts d'Oxford. P. 225.
Batailles de Lewes , dans laquelle le roi Henri III , Edouard son
fils , le roi des Romains et son fils Hcnri sont faits prisonniers.
— Charles, comte d^Anjou et de Provence, est elu a Rome se-
nateur a vie. — Louis IX se rend a Boulogne, avec Gui, cardinal
eveque de Sabine , pour tacher de metlre un terme aux troubles
d'Augleterre. II s'abouche avec Simon de Montfort , mais sans P. 226.
aucun resultat.
1264. — Le pape Urbain offre a Charles , comte d'Anjou , le
royaume de Sicile , les duches d'Apouille et de Calabre, avec la
principaule de Capoue, pour les posseder jusqu'a la quatrieme ge-
neration , a condition qu'ilen expulsera l'usurpateur Manfied. Le
comle d'Anjoa accepte et prend les arraes. Alliances de Manfred
avec plusieurs villes d'Italie. II confie a un de ses lieutenants ,
nomme Pelavicini , la garde de ces villes. — Mort d'Urbain IV P. 227.
aiiquel succede Clement IV. Details de la vie dunouveau pontife.
— Thomas d'Aquin , Bonavenliire , Gueroud d'Abbeville , Robert
de Sorbonne, fondateur du coUege de Sorbonne.
1265. — Charles , comte d'Anjou et de Provence, s'embarque
a Marseille et arrive a Rome a travers mille dangers. II j est deP. 228.
nouveau elu senateur a vie , et ensuite couronne roi de Sicile. —
fidouard, fils d'Henri III , roi d'Angletcrre , s'echappe des mains
deSimon de Monlforl, comte de Leicesler, et leve unearmee contre
lui. Bataille [ d'£vesham ]. Mort de Simon et de son fils Henri. Un P. 229.
autre de ses fils , nomme Gui , est blesse et pris. Delivrance
d'Henri III et des autres prisonniers du comte deLeicester. Defaile
des habitants de Londres. Cruautes du prince Edouard. Le c6rps
du comte Simon est enseveli par les raoines d'Evesham. Des mira-
cles s'operent au tombeau du comte. — Croisade preehee en France
contre Manfred. Depart pour Tltalie de Robert , fils du comte de
Flandre , de Bouchard , comte de Vendome, et de l'eveque
d'Auxerre. Ils traversent la Lombardie malgre le marquis Pela- P. 230.
vicini , delruisent Cremone et Brescia ct arrivent aupres du rol
Charles , a Rome.
1266. — Apparition d'une comete en France. — Une multitude
de Sarrasins , sortie de l'Afrique , va se reunir aux Sarrasins d'Es-
pagne. Ils sont defaits par les Chretiens espagnols. — Le roi Charles
sort de Rome et entre sur les terres de ses ennerais. II s'empare
de plusieurs places , et, passant le pont de Ceperano , qui ouvre
Tacces de TApouille et de la terre de Labour, il arrive iusqu';\ San-
Germano, place forte oii Manfred avait mis la phis grande partle
de son armee. Eouchard, comte de Vendome , monte le premier aP. 231
xciv TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
Tassaut , et les Franqais se rendent maltrcs de la forferesse. Charles
poursuit les fuyards jusqu'a Benevent ou ils allaient se rallier au-
pres de Manfred. Bataille de Benevent. Manfred y est tue et ses
principaux officiers sont faits prisonniers. La femme , les enfants
et la soeur de Manfred sont remis enlre les mains du roi Charles.
Benevent et Lucera se rendent aux Francais. — Arrivee aupres du
rol Charles d'un certain nombre de bons chevaliers , conduits par
Henri de Castille , frere du roi d'Espagne. — Charles les recoit
P. 232. honorablement et cede a Henri , leur chef , la dignite de senateur
de la ville de Rome.
1267. — Prise et devastation d'Antioche parBondodar, sultan
d'Egjpte et de Damas. — Louis IXconfere la chevalerie a Philippe,
son fils aine, et a son neveu Robert , comte d'Artois ; ensuite il les
P. 233 conduit en pelerinage a I'abbaye de Saint-Denys. — Louis IX et
Mathieu , abbe de Saint-Denys , elevent des tombeaux aux rois qui
elaient cnsevelis dans Teglise abbatiale, et les disposent dans un
ordre regulier.
1268. — Naissance de Philippe , fils aine du prince Philippe
de France. Mort de Clement IV. Les cardinaux, reunis a Viterbe,
laissent ecouler deux ans et neuf mois sans parvenir a s'entendre
sur le choix d'un nouveau pontife. Ils sont enfermes au conclave
par le peuple de Viterbe. — La mort de Manfred reveille Tambi-
tlon du jeune Conradin , refugie a la cour de Baviere. Suivi
d'une armee d'AIIemands et d'ltaliens, il vient a Rome ou on le
P. 234. recoit avec les honneurs dus a la dignile Imperlale. II se ligue avec
Henrl de Castlllc contre Charles, rol de Sicile. Celui-ci , occupe
au siege de Lucera , dont les habitants ravaient offense apres s'etre
rendus a lul , rabandonne aussitot et marche contre ses ennemls. II
les rencontre et leur livre bataille pres de la ville d'AIbI en Campa-
nle. Les Provencaux du rol Charles sont enfonces par Henrl de
Castille. Le roi Charles defalt d'abord Conradin , ensulte Henri de
Castille, qui revenait de poursuivre les fuyards. Henrl se refugie au
Mont-Cassln, dontrabbe le livreau vainqueur. Conradinetquelques
hauls personnages de la famlUe de Manfred sont prls, juges et
decapltes. L'Apouille , la Calabre et la Sicilc se soumettent au roi
P. 235. Charles. — Mort de Richard, roi des Romains. L'eIection de son
successeur est dlfferee pendant quatre annees.
1269. — Mariage deBlauche, fille de LouisIX, avec Ferdinand,
fils aine du rol de Caslille, a condltion que le royaume appar-
liendrait au premier enfant ne de ce mariage. — Depart de
Louis IX pour sa deuxieme croisade. II cst accompagne de ses trois
fils ; Jean , comte deNevcrs ; Pierre , comte d'AIen^on ; et Philippe,
son aiuc; de son neveu Robert, comle d'Artois; de Thibaud, roi de
Navarre et comle de Champagne. Mathieu , abbe de Salnt-Denys ,
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. xcv
ct Simon dc Clermont, seigneur de Nesle, restent charg^s du
gouvernement. Les croises debarquent sur la cole d'Afrique et p. 23C.
s'em|)arent de Carthage.
1270. — Morlalile dans Tarmee chretienne. Mort de Jean ,
comte de Nevers , du legat, et enfin du rol de France lui-m^me.
Delails sur les derniers momenls de Louis IX. Son fils Philippe P. 2-37.
recoit le serment de fidelite et rhommage des barons et des che-
valiers presents a Texpedition. — Arrivee devantTunis de Charles ,
roi de Sicile. Pusillanimite des Sarrasins. Moyens qu'ils em-
ployaient pour incommoder rarmee chretienne. Prcparatifs pour P. 2.38.
le siege de Tunis. Les Sarrasins demandent a trailer. Condilions
dutraite. I/armee chretienne se decide a retourner en France par
la Sicile et rilalic. Tempete horrible devant Trapani en Sicile. P. 239.
Mort du roi et de la reine de Navarre, de la reine de France
Isabelle d'Aragon , d'Alphonse, comte de Poitiers , et de sa
femme et de bcaucoup d'autres chevaliers et barous. — Le prince
Edouard d'Angleterre continue son pelerinage apres le traite de
Tunis, et vd debarquer a Saint-Jean-d'Acre.
1271. — Inhumation a Saint-Denys du roi Louis IX, de la
reine Isabelle et du comte de Nevers. Miracles operes sur lc tom-
beau de Louis IX. — Mort de Jean de Courlenai , archeveque de P. 240
Reims ; il est remplace par Pierre Barbez , archidlacre de Dunois ,
dans Teglise de Charlres. — Sacre du roi Philippe III a Reims.
-^ Un Ismaelien frappe le prince Edouard d'Angleterre d'un
poignard empoisonne. Le prince fait mourir rassassin. II apprend P. 24i.
la mort d'Henri III , son pere, et retourne en Anglelerre ou il se
fait couronuer. — Inhumation a Provins de Thibaud , roi de
Navarre, et comte de Champagne. Henri , frere de Thibaud , lui
succede. II epouse la soeur de Robert , comte d'Artois , qui lui donne
une fiUe nommee Jeanne , depuis reine de France. — Le roi Phi-
lippe III etaut a Viterbe , a son retour de Tunis , Henrl , fils de
Richard, y vient pour sefalre inveslir des Etats de son pere. II est
assassine dans une eglise par Gui de Montfort, qui vengea ainsl la P. 242.
mort du conite de Lelcester son pere. Gui se relire aussitot chez
son beau-pere, Roux, comte de Toscanc. Indignation du rol de
France et du souverain pontife. Gui est enferme dans une forteresse.
1272. — Election de Gregoirc X. — Invasion armee de Roger P. 243.
Bernard , comte de Foix, daiis une place appartenant au rol de
France. Siege de Foix par Philippe III. Soumisslon du comtc. Le
roi remprisonne pour une annee ; il met garnison dans le chateau
de Foix et dans les autres places du comle. — Gaston de Bearn ,
beau-pere du comte de Folx, accuse d'avoIr exclfe son gendre a la
revolte , vient se dlsculper devant le roi. P 244.
1273; — Mariage de Pierre, comte d'Alcncon , frere du roi,
xcvj TAELEAU CHRONOLOGIQUE.
avec Jeanne, fiUe de Jean , comte de Blois, — Rodolphe, comte
d'Alsace, elu et couronne rol d'Allemagne. ■ — ■ Mort de Jean de
Soilli, archeveque de Bourges. Geoffroi de Pontchevron , doyen
de Paris , clu a la place de Tarcheveque defunt , meurt a son tour
avant d'avoir ete confirme et consacre. II est remplace par Slmon
de Beaulieu , archidiacre de Chartres. — Mariage de Phllippe, fils
de rex-empereur de Constantinople Baudouin , avec la fiUe de
Charles I", rol de Siclle , d'ou nait Catherlne qui devait devenir
comtesse de Valols.
1274. — Concile de Lyon preside par le pape Gregolre X. On
P. 245. y recolt des envoyes dcs Grecs et des Tartares. Les premiers pro-
mettent de revenir a l'unite catholique, et confessent que l'Esprit
saint proccde du Pere et du Fils. Dissolution de plusieurs ordres
mendianls. On Interdll la tonsure et Ton enleve les prlvlleges de
clergie aux dercs deux iois maries. Composltion du concile. —
Marlage du rol Phillppe avec Marie de Brabant. • — Mort de Pierre
de Charoi , archeveque de Sens , auquel succede Gile Cornut ,
prechantre de reglise de Sens. — Mort d'HenrI , rol de Navarre
et comte de Champagne. Sa veuve se refugle , avec sa fiUe unique ,
aupres du roi de France. Le rol Phillppe leur fait un accueil favo-
P. 246. rable et envoie en Navarre Eustache de Beaumaixhals pour con-
server ce pays sous la maln du roi.
1275. — Sacre de la reiue Marie, par Pierre , archeveque de
Reims. Reclamation a ce sujet de Gile , archeveque de Sens , dans
la proviuce duquel le sacre avait eu lieu. — Reformes tentees en
Navarre par Eustache de Beaumarchals. Les seigneurs navarrj^is
s'insurgent contre lul et l'assiegenf dans la citadelle de Pampe-
lune. Robert , comte d'ArtoIs , envoye au secours d'Eustache , le
P. 247. delivre par la prise de Pampelune et punlt les chefs de la sedition.
— Amaurl de Montforl , clerc, fils du comte de Lelcester, niene
par mer sa soeur unlque a Leolin , prince des Gallols. Ils sont prls
et emprlsonnes tous deux par ordre d'Edouard, rol d'Angleterre.
— Mort du pape Gregoire X ; election d'Innocent V.
1276. ' — Mort de Ferdinand , fils aine du roi de Castille , epoux
de Blauche , fille de salnt Louis. Le roi de Castille Alphonse X,
au mepris des traites , exclut ses deux petits-fils de la succession
au trone , les relient aupres de lul et renvole leur mere en France.
— 'Mort et Inhumatlon de Louis, fils aine de Philippe, rol de
P. 248. France. ■ — l'ne ambassade tartare vlentofi^rir l'appui de cette nation
au roi de France, s'Il allalt guerroyer contreles Sarrasins deSyrie.
Composilion de Tambassade. EUe passe en Angleterre apres avolr
celebre la fcte de Paques a Salnt-Denys. — Leolln , prince des
Gallois , furieux dc renlevement de sa fiancee , declare la guerre
au roi d'Angleterre. II se relranche el se fortifie dans les montagne«
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. xcvij
de Snowdun , sur les frontieres des deux Etats. Edouard rasslege
pendant l'hiver, roblige a se rendre, el, Tayant force a signer un
traile qui , apres la mort de Leolin , enlevait a ses heritiers la prin-
cipautedeGalles , il lui rend sa terre et sa fiancee, et fait celebrer
le mariage en sa presence. Amauri , en sa qualite de clerc , est livre
a la juridiction ecclesiaslique qui le garde longtemps en prison. P. 249.
— Mort du pape Innocent V. Adrien V, elu a sa place , ne survit
qu'un mois etneufjoursa son eleclion. II estremplace par .Tean XX.
1277. — Le pape Jean est ecrase par la chute d'une chambre
qu'il faisait construire a Viterbe. II meurt au bout de six jours et
est inhume dans reglise de Saint-Laurent. — Debordement du
Tibre a Rome. — SuppHce du chambellan Pierre de la Brosse.
Effets de cette execution dans les esprits. P- 250.
1278. — Marie de Jerusalem , fille du princc d'Antioche , eede
ses droits sur le royaume de Jerusalem a Charles , roi de Sicile ,
nioyennant une rente de quatre mille llvres tournois a prendre tous
les ans surles revenus de rAnjou. — hleclion du pape NicolasIII.
— Le nouveau pape enleve a Charles , roi de Sicile, le gouverne-
ment de la Toscane. II fait des reglements pour relection des
eveques et du senateur de Rome. II se fait nommer senateur a vie
et fait gerer cette charge par ses parents. — Jean d'Orleans ,
chancelier, et nomme par le pape eveque de Paris , renonce a
toule dignite et se fait dominicain.
1279.' — Bibars, sultan d'Egypte, entre en Syrie et HvreP. 251.
balaille auxTartares. II est defait, blesse , et se retire a Damas ou
il nieurt peu de temps apres. Son fils lui succede. Ses emirs se
revoltent contre lui et l'assiegent dans le chateau du Caire ou il est
reduit aux dernieres extremites. — Le pape envoie un cardinal au
roi de Sicile pour le pressentir sur la perte qu'il avait faite du
vicariat de Toscane. Soumission du roi. Jugement qu'en porle le
souverain pontlfe.
1280. — Le renvoi de Blanche exclte contre Alphonse de P. 252.
Casldle rindignation du roi de France. II rassemble une armee
formidable a Bayonne ; mais ropposilion du pape l'empeche d'en-
trer en Espagne. — Mort de Nicolas III. Vacance du saint-siege.
— Debordement de la Seine a Paris. — Armement maritime de P. 253,
Pierre III , roi d'Aragon , contre Charles, rol de Sicile. Des am-
bassadeurs envoyes par lui a la cour de Rome donnent a entendre
que ccs preparatifs sont diriges contre les Sarrasins d'Afrique.
— Troubles suscites dans Rome par les Hannibaldi et les Orsini. P. 254.
1281 . — Election du pape Martin IV. — Le nouveau pontife ,
elu senateur a vie , cede cette place au roi Charles , et confie a des
efficiers du meme prince le gouvernement du patrimoine de Saint-
1. £•
xcviij TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
Pierre. II les fait marcher ensuite contre Guido de Montefeltro ,
qiii s'ctait empare des terres de TEglise. — Insurrection des habi-
P. 255. tanls d'Orvielte contre les Francals ; elle est comprlmee. — Poisson
monstre peche a Orvielte. — Insurrectlon des habilants de Palerme
et de Messine. Vepres siclliennes. — Nouvelle revolte de Leolln,
prince des Gallois , et de David son frere , contre le roi d'AngIe-
terrc. Celui-ci envahlt le pays de Galles , s'en empare , et fait
decapiter les deux princes rebelles. — Le roi de Sicile envoie son
fils Charles, prince de Salerne, deraander du secours en France,
P. 256. et met le siege devant Messine. Les assieges appellent en Sicile
Pierre d'Aragon. A I'InstIgalion de ce dernier, Tile tout entiere
se revolte , et Picrre est couronne roi. Pierre Inlime a Charles
Tordre de lever le slege de Messlne et de sortir de la SicIIe. Charles,
mal conseille, se retire en Calabre dans la plaine de San-Martino.
— Dissensions dans TUniversite de Parls entre les ecoliers picards
ct anglais.
1282. — Jean d'Eppe et les soldats du pape Martin marchent
P. 257. contre Guido de Montefellro. Ils s'emparent du faubourg de Forli.
Le lendemain il s'engage entre les deux partis, devant la ville, un
combat meurtrler, mais sans resultat, que la nult vient Interrompre.
— Enquete sur la vie et les miracles de salnt Louls. — Guerres du
sultan avec les Tartares. Alternative de revers et de succes pour
les deux partis. — Excommunication du rol Plerre d'Aragon a
cause de 1'usurpatlon de la Siclle. Ses sujets sont degages du ser-
ment de fidelite. Son royaume d'Aragon et ses autrcs possessions
P. 258. sont conferes par le pape au prlnce Charles, fils du roi de France
Philippe. — Le prince de Salerne retourne en Italie avec Pierre
comte d'AIencon , frere du roi de France , Robert comte d'Artois ,
le comte de Boulogne , Jean comte de Dammartln , Ofhelin comte
de Bourgogne , et beaucoup d'autres chevaliers. — Combat singu-
lier propose par Pierrc d'Aragon au roi Charles. II est fixe dans les
plaines des environs de Bordeaux pour le P' juin de Tannee sui-
vante.
P. 259. 1283. — Gul de Montfort, dellvre de prlson par Martln IV,
est envoje par le pape au secours de ses troupes dans la Romagne.
Gui rend a rEgilse les tcrres et les villes qu'avait prlses Guido de
Montefeltro. II ravage les cnvlrons d'UrbIno, la seule vllle qu'il res-
lat a soumettre. ■ — Charles, loi de Sicile, se rend a Bordeaux pour
le combat dont il etalt convenu avec Plerre, roi d'Aragon. Celui-ci,
pendant la nuit qui precede le jour fixe , vlent declarer au sene—
chal de Bordeaux qu'il ne peut lenir sa parole, a cause de la proxi-
milc du roi de France et dc son armee. Le roi Charles rcvient en
France avec le rol PhiUppe son ncveu. — Jean Nugnez envahit
1'. 200. rAragon pour le roi de France et s'enipare de plusieurs places. —
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. xcix
A la nouvelle de la mort de son beau-pere, Gui de Montfort, avcc
la pcrraission du pape , abandonne le siege d'Uibino et passe en
Toscane, ou il defend la succession de sa femme contre Tinvasion
des comtes de Fiora et d'Anguillara. — Charles , roi de Sicile ,
quitte la France pour retourner dans rApouiile. A cette nouvelle ,
les Siciliens se presentent devant Naplcs avec vingt-sept vaisseaux
et provoquent les Francais. Le prince de Salerne acceple la bataille, P. 2C1 .
est vaincu , fait prisonnier et conduit a Messine. Le roi Charles
arrive quatre jours apres et punit severement les JNapolitains, qui
s'etaient revoltes. II reunit son armee et s'avance vers Eeggio, dans
rintention de passer le detroit et d'assieger Messine. Oblige de
renoncer a ce projet, il met sa flotte en siirete dans le port de
Brindes.
1284. — ' Mort du comte de Joigni devant Urbino. — Philippe, P. 2G2.
fils aine du roi de France , est fait chevalier et epouse Jeanne, fille
de fen Henri comle de Champagne et roi de Navarre. — Ravages
causes en France par le vent. — Mort de Charles , roi de Sicile.
Douleur du pape Martin. II remet au corate d'Artois une forte
somme d^argent pour les besoins des enfants du prince de Salerne ,
dont il lui confie la tutelle en meme teraps que la regence de la
Sicile. Expedition du rol Philippe le Hardi en Aragon.
1285, — Maladie et mort du pape Martin IV. II s'opere des P. 2G3.
miracles a son tombean. Election du pape Honorius IV. — Pierre
roi d'Aragon se transporte dans son rojaume pour le defendre
contre Tinvasion francaise. Se defiant aussi de la fidelite des habi-
tants de Messine, il fait transporter en Aragon le prince de Salerne.
— Honorius prodigue des secours et des encouragements tantaP. 2G4.
Robert d'Artois , dans TApouille , qu'aux autres corps de troupes
expedies en divers lleux par le pape Martin. — Philippe le Hardi
envahit le Roussillon , franchit les Pyrenees et s'empare de tout le
pays jusqu'a Gironne, qu'il asslege. — H envole chercher a sa
flotte des vivres pour l'armee. Plerre , roi d'Aragon , se met en em- P- 2G6.
buscade pour enlever le convoi. Raoul deNeslc, connetable de
France, et le marechal Jean d'Harcourt, marchent contre les Ara-
gonais embusques. Le combat s'engage et les Aragonais sont hat-
tus , malgre la superiorlte de leur nombre. Pierre , qul , pour n'etre
pas reconnu, avait combattu avec d'autres armes que les siennes ,
est force de fuir apres avolr recu une blessure mortcUe. Les
Aragonais cachent aussi longleraps que possible la mort de leur
roi. Prlse de Gironne apres trois mois de siege. Maladle du roi
de France. II laisse dans Gironne une faible £;arnIson, Hcencie
une parlle de ses vaisseaux et se dirige vers C.nrcassonne. Les
Espagnols prennent a lenr solde les vaisseaux licencies et s'en
•servent pour s'emparer des autres. Ils chassent de Gironne la gar- P. 2GG.
c TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
iiison franraJse, qiii , eii .s'eii retournant, esl pillee dans lcs mon-
(agnes. — Phillppe le Hardi mcurt a Perplgnan. Son fils Philippe
le Bel lul succede. Les entrailles du roi Philippe sont enterrees a
Narbonne ; son corps est transporte a rabbayedeSaint-Denys. Dis-
sensions , au sujet de rinhumation , entre les moines de Sainl-
Denys et les Dorainicains de Paris, qui rcclamaient le coeur du feu
roi , promis par le nouveau monarque. Representations du legat ,
P. 2G7. des prelats et des seigneurs. La volontc de Philippe le Bel est exe-
cutee. — Enfants de Pliillppe IIL — Sacre de Philippe le Bel et
de la reine Jeanne de Navarre.
1\ 268. 1286. — Alphonse succede a son pcre Plerre au royaume
J'Aragon. Jacques , frere d'Alphonse , et Conslance sa mere , s'em-
parent de la Sicile, ou Jacques se fait couronner rol. — Le pape
Honorius renouvelle , contre les deux princes el contre leur mere,
la sentence prononcee contre leur pere par le pape Martin. ^
Edouard , roi d'Angleterre , fait hommage au roi de France pour le
(bichc d'Aquitaine et ses autres posses^ions en France. II convoque
a Bordeaux un parlement, ou 11 recoit des ambassadeurs d'Aragon,
de Sicile et de CaslIUe. Soupcons eveiiles par cette circonstance. II
P. 209. piocure la delivrance du prlnce de Salerne. — Mort de Matthieu ,
abbe de Saint-Denys et conseiller du roi de France. TravauX ma-
tcriels et spirituels de cet abbe. Renaud GiPrarl lui succede. —
Mort du pape Honorius; election de Nlcolas IV.
1287. — A Saint-Jean-d'Acre , le roi de Chypre se fait cou-
ronner rol de Jcrusalem au prejudice du roi de Sicile, avec le
P. 270. concours des Templicrs et des Hospitaliers. Sequestre des biens
appartenant a ces religieux dans rApouille et le royaume de Sicile.
— Hostilites entre Alphonse rol d'Aragon et son oncle le roi de
Majorque, qui tenait le parli de rEgiise. — Les Grecs , separes
dc runite de rfigiise, se donnent un pape et des cardinaux, —
Le comte Robert d'Artois, rcgent de Sicile, envoie Gui de Mont-
fort a Venise et dans la Toscane , pour reunir des vaisseaux conlre
lcs Siciliens. — Dcputalion des Aragonais et des Siciliens au pape.
p 271 Allcgations des Aragonais. Reponses du pape. Les Siciliens cher-
chenl a excuser le massacre dcs Francais el la dcmarche de Con-
P 272 slance d'Aragon et de son fds ; ils demandent que le prlnce Jacques
soit couronnc roi de Sicile. Le pape lcs renvoie sans lcur repondre.
1288. — tJnc flolte clant prcparce a Naples pour une desccnte
en Sicile, Regnaud d'Avella passe lc dctroit par ordre de Robert
d'Ariois, et s'empare de Catane. Ensulte il envoie a Naples ses
vaisseaux vides pour qu'on les lui renvole remplis de soldats. En
P 273. aitcndant, ce chevalicr csl assicge dans Calane par les Slciliens, et
oblige (!e se rendre, la vic et les bagues saiives. Gui de Monlforl,
le comlc dc Brlennc, Phib|)pc fils du comte de Flandre, ct plu-
TABLEAU CHROJNOLOGIQUE. cj
sieurs autreschevaliers francais, qui allaienl au secours de Regnaud
tl'Avel]a, sont defaits dans un conibat naval par l'ainiral sicilien
Roger de Loria. Ils se raclielent tous, a rexccptlon de Gui de
Montfort , qui perit en prison par suite des intrigues du roi d'An-
gleterre. — Guerre enlre le duc de Brabant et le comte de Luxeni-
bourg pour la possession du Limbourg. Ils en viennent aux mains
pres de Liege. Vicloire du duc de Brabant. Mort du comte dc
Luxembourg et de scs trois fils. L'archeveque de Cologne est fait
pi"isonnier. ■ — Le prince de Salerne sort de prison a condilion P. 274
qu'il reconciliera l'Aragon avec Rome, et que s'il n'a pas atleinl ce
but au bout de trois ans , il se reconstituera prisonnler. II donne
pour olages ses trois fils et quarante de ses noblcs. — Prise de
Tripoli par le sultan d'Egypte.
1289. — Les citoyens, les Templlers et les Hospitaliers de
Saint-Jean-d'Acre coocluent une treve avec le sultan d'Egypte.
Elle est vlolemment rompue par quinze cents mercenalres envoyes
par le pape Nicolas IV, lesquels massacrent un grand nonibre de
Sarraslns. — Charles prlnce de Salerne, arrlve a Rome, y est cou- P. 273.
ronne roi de Sicile par le pape, et degage de son serment cnvers le
rol d'Aragon. — Jacques , usurpateur de la Siclle , entre dans la
Calabre et asslege Gaete. .Le rol Charles vient au secours de la
ville et la dellvre. Treve eutre les deux princes conclue par l'en-
tremise d'un agent du roi d'Angleterre. — Le sultan d'Egypte
menace Saint-Jean-d'Acre d'une exterminatlon sendjlable a cellc
de Tripoli , si on ne lui livre point ceux qui , au meprls de la
treve , ont massacre les Sarrasins. — Naissance de Louis , fils ahie
du rol de France Phllippe et de la reine Jeanne.
1290. — Le sultan d'Egypte marche vers saInt-Jean-d'Acre P. 276.
avec une armee innombrable. Arrete par ime grave maladie, a
moitie chemin du vieux Caire a SaInt-Jean-d'Acre , II envoie contre
cette ville sept emirs , ayant chacun sous ses ordres quatrc mille
cavallers et vlngt mllle fantassius. Ces troupes attaquent la ville
pendant un mols, mais sans succes. Le sultan fait reconnaitre son
fils par tous les emlrs de son armee et meurt. — Le nouveau sul-
tan , apres avoir rendu les honneurs funebres a son pcre , marche
contre Saint-Jean-d'Acre avec toute l'armee et campe a un mlUe
de la ville. Attaques incessantcs pendant dix journees consccutlves.
Les assieges embarqucnt et envoient en Chypre leur argent, leurs
marchandises , leurs reliques et toutes les personncs hors d'etat de P. 277.
combattre. Dlssensious daus la ville. Ses defenseurs l'abandonnenl,
a rexceptlon de douze mille environ , dont clnq cents cavallers. —
Assaut donne a la ville le 15 mai. L'obscurit6 de la nuit empeche
les enilemis d'y entrcr. Defection du roi de Chypre el de tous lcs
sicns. Nouvel assaut, Les Sarrasins coniblenl lc fossc , perccnt lc
cij TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
mur, entrent dans la ville , et repoussent vivemenl les Chretlens
jusqu'au coeur de la cite; mais ils en sont cxpulses le soli' et le
lendemain encore par le marechal et le maitre des Hospitaliers.
P. 278. Lc troisieme jour, les Sarrasins entrent par la porte Saint-Antoine,
defont completement les Templlers et les Hospitallers , et se ren-
dent maitres de la ville, qu'Ils ruinent de fond en comble. Le
patrlarche et le maitre des Hospitallers , blesse morlellement ,
essaient de se sauver, avec beaucoup d'autres , sur une frele em-
barcatlon , et perissent en mer. — Mariage de Charles comle de
Valois, frere du roi de France, avec une des filles de Charles II,
roi de Slclle.
1291. — Les habitants de Valenclennes se revoltent contre
leur selgneur, Jean comte de Halnaut. IIs chassent de la vlUe la
1\ 279. garnlson que le comte y avalt mise, et y appellent Guillaume , fils
du comtc de Flandre. — Mort de Rodolphe rol des Romains. Cou-
ronnement d'Adolphe de Nassau. — • Lettres du pape Nlcolas aux
eveques de France, pour avoir leur avis sur ce qu'Il y avait a faire
pour secourlr la Terre-Sainte. Des synodes provinciaux deliberent
sur la questlon. On repond au pape qu'avant de songer a une croi-
sade , II faut retabllr la palx entre les prlnces chretiens. — Recon-
clliatlon de Jean duc de Brabant avec le fils du comte de Liixem-
P. 280. bourg, auquel il fait epouser sa fiUe. — Mort de Jeanne comtesse
de Blois. Partage de sa succession entre ses couslns, savoir : Hugue
comte de Saint-Paul , ses freres Gui et Jacques, et Gaucher de Cha-
tillon. Huguelaissele comte deSaint-Paul aGuI son frere, etdevient
comte de Blols. — Mort du pape Nlcolas IV. Vacance du saint-slege.
1292. — Armements d'£douard rol d'Angleterre , destlnes ,
disait-il, au secours de la Terre-Sainte. II s'en serl contre les
P. 281. Normands et autres sujets du rol de France. II en tue un grand
nombre , falt une multltude de prlsonnlers, detruit leurs vaisseaux
ou les emmene en Angleterre avec tout ce qu'I!s contiennent. Les
sujets gascons du rol d'Angleterre attaquent meme La Rochelle et
donnent plusieurs assauts li cette ville. Le roi de France somme
Edouard et ses lieutenants en Gascogne de llvrer a sa justlce un
certaln nombrc de ceux qui ont prls part a ces expeditions. —
Atlentats de Jean comte dc Halnaut contre les egllscs et contre les
sujels du roi de France. Charles de Valois, par ordre du roi son
frere , assemble une armee a Saint-Qucnlin et marche contre le
comte de Ilalnaul. Celul-cl , cpouvantc , va, sans armes , trouver
le comte de Valols , qul remmene a Parls, ou II fait satlsfactlon
P. 282. au roi. — Le peuple de Rouen se souleve conlrc rEchiquIer a cause
d'unc imposilion nommee la maltdle. Les mutins envahi.ssent la
maison du coliecteur, pillent la calsse el assiegent les conseillers
de 1'EohiquIer dans le chateau de Rouen. Le maire et les bonrgeois
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. cilj
inettenl fin a la sedition , font emprisonner et pendre les coupables.
— Le roi de France fait saisir la Gascogne par le counetable Raoul
de Nesle , et cite lc roi d'Angleterre a son parlement. — Mort de
Gilles Cornut archeveque de Sens , auquel succede Etienne doyeu
du chapitre.
1293. — Le comtc d'Armagnac accuse de trabison Roger-
Bernard comte de Foix. Duel de ces deux seigneurs a Glsors en
presence du roi de France et de ses barons. A la priere du comle P. 283
d'Artois , le roi prend sur lui la decision du differend. — Defaut du
roi d'Angleterre aux nombreuses et solennelles citations qu'il avait
recues, pour venir rendre compte fi la cour du roi de France de
la conduite de ses sujets gascons. Edouard declare merae aban-
donner tout ce qu'il tenail en fief de la France , esperant bien
reconquerir le tout par les armes et s'aifranchir ainsi de l'hommage.
— La ville de Noyon est detruite par un incendie a l'exception
des abbayes de Saint-Eloi et de Saint-Barlhelemi. — Mort de Guil-
laume eveque d'Auxerre , auquel succede Pierre eveque d'Orleans ,
remplace sur son siege par Ferri, fils du duc de Lorraine. — Henrl
de Castille, delivre de la prison des Siciliens, se retire aupres du rol
Sanche son neveu.
129i. ' — Jean duc de Brabant est tue dans un tournoi a Bar en P. 28 4.
Lorraine. — Frere Pierre de Moron, d'Isernia dans rApouille ,
fondateur d'un ordre religleux dit de salnt Benoit, dans les mon-
tagnes , et qui vivait en ermite a Sulmona dans rAbruzze , est elu
pape a Perouse le 5 juillet et prend le nom de Celestin V. Ses
qualites. Delalls de son election. l\ augmenle de douze le nombre P. 286.
des cardinaux. II remet en vigueur la decretale relative a relecliou
du souverain pontlfe. Demission et retraite de Celeslin. Electlon de
Boniface VIII. Celui-ci empeche son predecesseur de retourner a
son ermitage et le fait garder avec honneur. — Au mois de septem-
bre le roi d'Angleterre s'embarque et passe trois jours a exercer et .
faire manoeuvrer sa tlotte. Comptant sur son eloignement les Gallois P. 28G.
se revoltent contre lui. — Edouard se dirlge avec ses valsseaux vers
La Rochelle. II ravage et incendie Tile de Re. Se dirigeant ensuite
vers Bordeaux , les Anglais prennent le chateau de Blaye et trois
ou quatre autres villes sur la cote. Enfin ils debarquent a Bayonne
dont ils s'emparei.t par trahison. Mais la citadelle tient bon contre
l'ennemi. — Les troupes envoyees dc France dans la Gascognc ont
peu de succes. — Le comte d'Acerra , en Apouille , charge par
Charles II , roi de Sicile , du gouvernement de son comte de Pro-
vence , est convaincu de sodomie et de trahison , empale et bruleP. 287.
vif , apres avoir confesse qu'il avait autrefols porte Charles I*"' a
lever le.siegc de Messine, que traitreusemcnt il s'ctait laisse prendre
avec le prince Charles II , et qu'Il avait dctourne de lcur dcsseiji
clv TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
les Sicillens, disposes a proclamer roi le prince prisonnier et Ji chas-»-
ser les Aragonais. — Gui comle de Flandre, allie au roi d'An-
gleterre et qui voulait lui faire epouser sa fiUe , est pris avec elle et
conduit a Paris. Gui est relaclie bientot apres; sa fille reste a Paris
pour etre elevee avec les enfants du roi. — Frere Raoul de Gran-
ville en Norniandie , de Tordre des Precheurs, nomme patriarche
de Jerusalem par le pape Celestin V, est depose par Boniface VIII.
— Adolphe de Nassau roi des Romains, allie au roi d'Angleterre ,
P. 288. fait defier le rol deFrance. Mais , prive des secours qu'il attendait ,
il ne peut venir a hout de ses desselns. — Charles comte de Valois,
envoye en Gascogne par le roi de France son frere avec une armee
nombreuse, met le siege devant Rions sur Garonne. Le connetable
Raoul de Nesle sort de Bordeaux pour aller au secours du comte
de Valois. Il assiege en passant Podensac que defendaient des
Anglais et des Gascons.
1295. — Les Anglais de la garnison de Podensac capitulent
apres huit jours de siege. Pour conserver leur vie ils livrent la ville
et les Gascons qui la defendaient avec eux. Le connetable conduit
ces Gasconsdevant Rions et les fait pendre au nombre de soixante,
P. 289. a la vue des assieges. Indignation des habitants de Rions contre
les Anglais dont ils devinent la trahison a Podensac. Jean de Bre-
lagne, neveu du roi d'Angleterre, Jean de Saint-Jean et plusieurs
aulres Anglais , la nuit venue, s'enfulent de Rions par mer. Plu-
sieurs sont massacres par les habitants au moment ou ils s'embar-
quent. Assaut el prise de Rions. — Arrivee en France de deux
cardinaux envoyes par Boniface VIII , pour retabllr la paix entre
les deux rois. — Charles de Valois assiege Saint-Sever, et le prend
apres de longs efforls. Mais apres le depart du prince, les habltants
de la ville renoncent a la fidelite qu'ils lui avaient juree. — Mort
P. 290. de Sanche roi de Caslille. II lalsse deux enfants d'une nonne, sa
cousine , qu'il avait epousee. Henri de Castille prend la tutelle de
ces deux cnfants, en haine de ses deux autrcs neveux Alphonse et
Ferdinand, petit-fils de saint Louis. — Frere Gille, de Tordre des
ermites de saint Augustin , remplace sur le siege archlepiscopal de
P. 291 . Bourges Simon de Beaulieu devenu eveque de Preneste. ■ — Des-
cente des amiraux Matthleu de Montmorcnci et Jean d'Harcourt
sur la cote d'Angleterre a Douvres. Quelques soldats francais en-
trent dans la ville et y mettcnt le feu. Ils auraient pu conquerir
l'Angleterre, si les deux amiraux n'eussent abandonne lc port, lais-
sanl livrcs aux dangers et a la niort ccux qui ctaient sorlis des vais-
seaux pour altaquer la ville. — Raoul de Granville est rctabli dans
la dignite de patriarche de Jerusalem. — AUiance de Florent comte
de Hollande , avec le roi de France.' — Mort de Marguerite de
Provence, vcuve de saint Louis , fondatrice dcs cordelieres dc saint
P. 292. Marccl. — Mort d'Alphonsc roi d'Arag()n. Jacques d'Aragon aban-
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. cv
flonne la Sicile a Frederlc son frdre , et conrt en Aragon se fairc
couronner rol. II se reconcllie avec le roi de Sicile. Charles II
epouse unc de ses filles , et dellvre les otages que son frere
Alphonse en avalt recus.
1296. — Mort de Celestln V. — Les£cossaIs, allies a la France,
envahissent et ravagent rAngleterre. Jean , leur rol , pris par tra-
hison , est livre au roi d'Angleterre. — Destitution des deux car-
dinaux Plerre et Jacques Colonne. — Alphonseet Ferdlnand, petits- P. 293.
fils de saint Louis et d'Alphonse roi de Castille , apprenant la morf
de ce dernler, qulttent la France et se rendent en Espagne. Avec
le secours du roi d'Aragon et du fils de Jean jNugnez, ils s'empa-
rent du rojaume de Leon et d'une partie de la Castille. La resi-
stance d'HenrI , tuleur des enfanls de Sanche et leur oncle com-
mun, paralyse leurs efforts. Ferdinand laisse son frere en Espagne
et va demander du secours en France et ;« Rome. — Impot duP. 294.
centieme d'abord , du cinquantieme ensuite sur les biens de tous
les Francais, tant clercs que laiques. Le pape menace d'un anatheme
terrible les rols et les seigneurs qui soumettralent desormals le
clerge a leurs exactions. ■ — Louis, fils de Charles roi de Siclle et
moine cordelier, est nomme eveque de Toulouse. Le pape reunit
a cet eveche celui de Pamiers qu'il en avait d'abord separe. —
Edmond, frere du roi d'Angleterre, arrlve en Gascogne avec une
flotte nombreuse. Robert d'ArtoIs niarche contre le prince anglais,
qui , sur ces entrefaites , tombe malade , et meurt. Jean de Saint- P. 295.
Jean , Jean de Brelagne et le comte de Lincoln , courent le pays
avec mille cavaliers et une raullitude de fantassins, afin d'appro-
vislonner Bayonne. Robert d'ArtoIs les attaque avec cinq cenls
cavaliers seulement, les defalt apres un combat oplniatre , et leur
tue beaucoup de monde. II fait aussi plusieurs prlsonniers , entrc
autres Jean de Saint-Jean , et reste completement maitre du pays. P. 29G.
— Assassinat de Florent comte de Hollande et de son fils. Jean
comte de Hainaut herite du comte. — Gui comte de Flandre, allie
au roi d'Angleterre , envoie une deputation au roi de France pour
declarer qu'il n'entend rien tenlr en ficf de ce monarque. Inonda-
tion de la Selne a Paris. Les deux ponts de pierre sont emportes
avec les maisons et les moullns qui les couvraient. P. 297.
1297. — Alphonse et Ferdlnand de la Cerda , aides de leur
oncle Jean , font de grands progres en Espagne. Jean ayant ete
fait prisonnler, Alphonse, pour Iiii rendre la liberte , renonce a ses
conquetes. Ingratltude de Jean. II livre a renneml le royaume de
Leon qu'il tenait de son neveu. Alphonse refuse de se retlrcr ea
France ; il se fait ouvrir Ics portes d'un chateau d'ou il falt des
courses contre ses enncmls. Henri comte de Bar, gendre du roi p. 298.
d'Angleterre , envahit la Champagne qui appartcnait a la reiiie dc
cvj TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
France Jeanne , brule une ville , et fait perir beaucoup tle monde.
Gaucher de Chatillon avec une arniee entre , par ordre du roi de
France , sur les terres du comte de Bar , et les ravage. — Les
cardlnaux Jacques et Pierre Colonne , bravant le pape Boniface ,
P. 299. s'enferment , avec Jean leur neveu , dans la ville de Nepi. Le pape
les frappe d'anathenie, preche contre eux une croisade, ct leve
une armee nombreuse. — Philippe roi de France leve des troupes
conti'e le comte de Flandre. II confere la chevalerie a Louis son
frere, comte d'Evrcux, a son cousin Louis, fils de Robert comte de
Clermont , et a cent vingt autres. II entre en Flandre , ravage le
pays et assiege Lille , ou etait enferme Robert , fils aine du comte.
Prise et incendle de rabbaje de Marquette par Tarmee francaise.
— Ravage de toute la contree aux environs de Lille dans un rayon
de qualre iieues. Avanlage remporte au bord de la Ljs sur un parli
P. 300. d'ennemis , par Gui comte de Saint-Paul , le connelable Raoul de
Nesle el Gui son frere , marechal de Tarmee francalse. — Canoni-
satlon de salnt Louls. — Robert comte d'Arlois , avec son fils Phi-
bppe et plusleurs aulres nobles chevaliers , entre dans Li Flandre ,
P. 301. et devaste le pays jusqu'a Furnes. Bataille de Furnes ou le comte
prend ou tue aux Flamands six cents cavaliers et seize millc fan-
tasslns. Prise de Furnes. Occupaiion de toute la vallce de CasseL
Noms de quelques-uns des princlpaux prisonniers faits par le comle
Robert. — Capitulalion de Lille. Robert, fils du comte de Flandre,
et les chevallers qul etaient avec bii dans la ville , se refugient a
Bruges aupres du comte et du rol Edouard d'Angleterre qui A'cnait
d'y arriver aussi , soit qu'il eut ete attlre par Fannonce de succes
imaginaires, soit, ce qui est plus probable , qu'il vint uniquement
P. 302. pour donner au comte de Flandre secours et conseils. — Le rol
de France met garnlson dans Lille , prend Courtrai , et se dispose
a atlaquer Bruges. Le roi d'Angleterre et le comte de Flandre vont
s'enfermer a Gand. Bruges abandonne , ouvre ses portes aux Fran-
cais. Le roi de France s'y repose quelque temps et marche ensuite
vers Gand. II recoit en chemin, a Ingelmunster, des envoyes du
roi d'Angleterre qui proposent une treve. EUe est conclue pour
deux ans par rintermediaire du rol de Siclle. — Caplfulation de
la vUle de Nepl en Ilalie. Jacques et Piorre Colonne s'enfuienl a
Colonne ou ils sont encore assleges. — Phillppe le Bel a son re-
P. 303. tour de Flandre rassemble a Parls les prelals et les barons de son
royaume. II leur communlque une buUe par laquelle lc pape Boni-
face accordail au roi Phllippe et a son premier herilier la dime
des egliscs du royaume, loules les fois que, dans leur conscience, ils
croiraient necessaire ou utile de la lever pour le bien del'Etat; de
plus, afin de subvenir aux frais de la gucrre, une annee des revenus
des prebendes, prevotes , archldiacones et doyennes ecclesiasliques
qui vaqtieraicnl dans le royaunie pendant la guerre ; les revenus
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. cvij
des archevcches , eveches et abbayes , etant toutefois exceptes de
cette concession. — Nouvelles constitutions faites par ordre du
pape Boniface pourle bien de TEglise catholique. EUessont reunics
aux anclennes decretales dont elles forment le sixleme livre.
1298. — Deliberation en conslstoire relative a la permisslon P- 304.
d'ouir les confessions accordee par le pape Martln IV aux freres
Precheurs et Mlneurs. Discours du pape a ce sujet. — Mort de
Simon eveque de Chartres , auquel succede Jean de Garlande sous-
doyen du chapitre de Chartres. — Adolphe roi des Romains est
tue dans un combat contre Albert duc d'Autriche , lequel est cou~
ronne rol a son tour. — Prise de Colonne et de Zagaruolo par
Tarmee du pape. Jacques et Pierre Colonne s'enfulent a Palcs-
trina , d'ou Ils font leur soumission. — Traile de palx entre lesP. 305.
rois de France el d'Angleterre. — Mort de Louls evcque de Tou-
louse. Nouvelle dlvislon du diocese en deux sieges, dont un a Tou-
louse et Tautre a Pamlers. — filevation du corps de saint Louis.
— Le fils de Jean Nugnez , parlisan des pelils-fils de salnt Louis , P- 30G.
Alphonse et Ferdlnand de la Cerda , est blesse, pris et obllge, pour
recouvrer sa llberte, de renoncer au parti des deux jeunes prlnces.
— Mort de Phillppe , fils de Robert comle d'ArtoIs. Enfanls issus de
son mariage avec Blanche de Bretasne. — Tremblement de terre a
Rieti ou etait la cour romalne. Apparltion d'une comete. Marlage
de Robert comte d'Artois , avec une fille de Jean comte de Hal-
naut.
1299. — Prise de Catane par Robert duc de Calabre , fils de P- 307.
Charles II, roi de SlcUe. Phllippe prince de Tarente , voulant aller
rejoindre ie duc Robert son frere, est pris par les Siciliens. — Ma-
rlage d'£douardroi d'Angleterre avec Marguerile soeur de Philippe
le Bel. — Converslon au chrlstianlsme du grand khan des Tartares
Casan par rintermedlalre de sa femme , fillc du roi d'Armenie. II
reunlt contre les Sarrasins une armee nombreuse dont le roi d'Ar-
menle est nomme marechal. Combats pres d'Alep et d'Emese. Des-
truction presque complete des Sarrasins a Damas. Les Tartarcs P. 308.
s'emparent d'Alep , d'Emese , de Damas , de Jerusalem et de tout
le royaume. — Les Colonne abandonncnt l'ltalle. — Entrevue
d'A!bert roi des Romains et du roi de France a Yaucouleurs. Les
limites du royaume de France sont portees de la Meuse au Rhln.
Treve d'un an accordee au prince de Bar. Explration de la
treve avec les Flamands. Charles comte de Valois entre en Flandrc
avec une armee , prend Douai et Bethune , et se retlre a Brugcs. P. 309.
Entre cette ville et Dam il livre bataille a Robert fils du comte de
Flandre. Defaite des Flamands qui se refuglcnt a Gand. — Ferri
archeveque d'Orleans meurt victime de la vengeance d'un chcva-
lier dont II avait violc !a fille. II est remplace par maitre Berlaud
de Saint-Denvs^ archidiacre de Reims.
cviij TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
1300. — Prise de Dam par le comle de Valois. Le couite d«
Flandre livre Gand , Ypres , loule sa terre , et avec ses deux fils
Robert et Guillaume , il se rend li Charles de Valois. Les trois
princes flamands emmenes a Paris demandent pardon auroi , mais
P. 310. jj'gj, sQ„j pj,5 nioins enfermes dans differentes prisons. — Institn-
tion du jubile seculaire par Bonlface VIII. — Mariage de Blanche
soeur du roi de France, avec Raoul duc d'Autriche, Tds d'Albert roi
des Romains. — Roger de Loria , devenu amiral du roi de Sicile
Charles II , combat les Sicillens , leur tue quatre cents hommes ,
et leur prend vingl-deux valsseaux. — Mort de Thibaud eveque
de Boauvais. — Charlcs comte de Valois , devenu venf de la fillc
du roi de Slcile , epouse Catherlne , petite-fille de rex-empereur
• Baudouln , et heritiere de rempire grec. — Destruction des Sarra-
sins de Luceria dans l'ApouilIe , par Charles II , roi de Slcile.
1301. — Mariage de Louis comte d'Evreux , avec Margue-
rite, petite-fiUe de Robert comte d'Artois. Marie , soeur de Mar-
guerite , epouse Gaston , fils aine de Roger-Bernard comte de
Foix. — Charles de Valois , avec un grand noml)re de seigneuis
francais, se rend a Rome dans rintenlion de recevoir ou de con-
querlr remplre de Constantlnople. Accueilli avec honneur par ie
pape et les cardinaux, 11 est nomme vicaire et defenseur du patri-
moine de Saint-Pierre , et consacre une annee a conibattre les
ennemis de rEglise. — Voyage de Phlllppe le Bel en Flandre. II
recoit lcs hommages des seigneurs , et nomme gouverneur du pays
Jacques de Salnt-Paul, frere du comte Gui de Saint-Paul. — Sou-
inission d'Henri comte de Bar. II offre d'aller, avec dcux cent*
hommes d'armes , aider Charles de Valois a conquerir le royaume
de Constantinople, ou bien en Terre-Salnte pendant deux ans, ou
jusqu'a tel autre terme que le rol de France voudrait lui prescrlre.
Soumlssion du selgneur de P^auqiiemont , Allemand qui avalt aide
Gui comle de Flandre dans sa revolle conlre le roi de France. —
Apparillon d'une comete. — Expedltion d'Edouard roi d'Angle-
■ terre contre les l^AOSsals. — Eclipse de lune. — Cltation a la cour
du rol et incarceralion de 1'eveque de Pamlers , accuse de me-
chants propos conlre le rol. Le pape Bonlface envole au rol de
France rarchidiacre de Narbonne, avec sommation de remeltre en
ses mains 1'eveque prisonnier. Le pape signifie aussi au roi que sa
personne et son royaume sont soumis a 1'EgIise romaine pour le
spliituel et le leni])orel ; que le rol n'a que la garde des prebendes
vacanles , ct qu'II en doit reserver les revenus pour le titulaire
fulur. II revoiiue les concessions faitcs au rol pour le falt des guer-
*■ res , et lui inlerdlt la collalion des benefices ecclesiasliques. Cita-
tion aux prclats , aux docteurs en theologie, en drolt caiion et eu
droit civil , aux abbes de Cluni, de Citeaux el de Prcmonlre , aux
abbes de Sainl-Dcnys ct de Marinouticrs, de coniparailre en per-
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. cix
sonne a Ronie. Le roi dc France delivre l'eveque de Pamiers et lui
ordonne, ainsl qu'au nonce du pape, de sortir aussllot du rojaunie.
— Assemblee des Etats-generaux dans l'eglise de Nolre-Dame U
Paris. Les injonctions du pape y .sont lues par ordre du roi. De-P 315.
claration du clerge ct des selgneurs au snjet des benefices et des
fiels. Discours du rol. Reponse de Robert d'ArtoIs au nom des
barons. Edit royal qui defend l'exportation en Italie de Tor, de
largent et des marcbandises, sous peine de confiscation, d'amendes
et de peines corporelles. Le comte de Chiilons est prepose a laP. 316.
ii^arde des passages par lesquels on peut aller de France cn Italie.
1302. — Marguerlte , veuve de Charles I^^, rol de Slcile, fonde
a Tonnerre en Bourgogne un bospice pour les pauvres. — Prlse
de Termes en Slcile par Charles comte de Yalois. — Revolte san-
glante excitee ii Bruges par les maltotes qu'j leve Jacques de Saint-
Paul, contre les Intentions du rol et les coulumes du pajs. Philippe
le Bel euvole , pour retabllr la paix , mille hommes qul sont recus P. 317.
a Bruges, et s'j mettent sous les ordres de Jacques de Salnt-Paul.
Menaces imprudentes proferees par ce dernler. Elles portent au
comble rexasperatlon du peuple qui massacre les mille soldats
envojes par le roi. Jacques de Saint-Paul echappe au carnage par
la fuite. Les habltants de Dam chassent du port la garnison fran-
caise. Brujres et d'autrcs vUles de Flandre se soumettent a Gul de
Namur et a Jean son frere, fils du comte prisonnler du roi. Les P. 318.
deux princes reunlsseut une armee allemande et encouragent les
Flamands a la reslstance. Robert d'Artois, par ordre du rol de
France , entre en Flandre avec une arraee nombreuse, et campe
pres de Courtrai. Details de la bataille de Courtrai. Presomption
des chevaliers de 1'armee francaise. Courage oplniatre des Fla-
mands. Le comte Robert fait des prodlges de valeur, mais il estP. 319.
abandonne par la plupart des slens , et tombe perce de coups dans
la melee. Les Flaraauds plllent le carap des valncus , depouillent
leurs cadavres et se retirent dans les murs de Bruges. Les corps
des Francais restent tout nus sur le champ de batailie, abandonnes
aux olseaux de prole , aux chiens et aux betes fei'oces. Noras des P. .330.
principaux morts. Le corps de Robert d'Arlois , perce de trente
blessures, est recueilll par le pere gardien des freres Mlneurs d'Ar-
ras , qui rensevelit daus un monastere de femmes, pres de Cour-
trai. Gui de Naraur, par force ou par ruse , s'empare de LUle, de P- 321.
Doual, d'Ypres et de Gand, et envoie ses troupes faire le degat
jusqu'aux portes d'Arras. Elles sont vlgoureusement repoussees
par les soldats de Teveque d'Arras , pcndant qu'elles plUent Fab-
baye du mont Saint-Eloi. — Les archeveques , les eveques et les
abbes de France deputent trols dentre eux au pape , pour lui ex-
poser les motifs qui les empechent de se rendre a Ronie. Le rol
envoie lui-meme Pierre , evcque d'Auxerre , prler le souverain
cx TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
pontife d'ajourner la reunion qu'il avait convoquee a Rome. — Le
roi de France reunit a Arras contre les Flamands une armee de
P. 322. cent quarante mille liommes. II reste , durant tout le mois de sep-
iembre , en face de rennemi sans rien entreprendre, et retourne
honteusement en France apres avoir congedie ses troupes. II inves-
tit du comte d'Artois Olhon conite de Bourgogne, niari de Matliilde,
fille unique du defunt comte Robert , et sous la rescrve des droits
des enfants de feu Philippe, frere aine de ladite Mathilde. II laisse
a la garde de la frontiere des sergents et des chevaliers qui rem-
P. 323. portent sur les insurges divers avantages. — Charles comte de Va-
lois fail des courses et du buliu en Sicile , mals sans trouver d'en-
nemls a combattre. Frederic demande enfin la paix. Traite de paix
conclu entre ce prince et le comte de Yalois. La Siclle doit rester
a Frederic pendant toute sa vie. II abandonne au roi Charles toutes
ses possesslons en Apouille et en Calabre. Les prisonniers doivent
etre delivres des deux parts. Un projet de mariage est arrete enti'e
P. 324. Frederic et Eleonore, fille du roi Charles. Le comte de Valois et
Robert duc de Calabre s'engagent a faire leurs efforts pour falre
donner a Frederic , avec le consentement du pape , le royaume
de Sardalgne, celui de Chypre ou un autre royaume equlvalcnt ; s'ils
n'y reussissent point , Charles roi de Sicile, apres la mort de Fre-
deric , palera cent mille onces d'or pour acheter des revenus aux
fils de ce prince , et par ce moyen la Sicile reviendra tout en-
tiere au rol Charles. Frederic et les Siciliens jurent robservation
de ces conditions, et sont absous par le chapelain du comte de
Valojs de ranatheme qui pesait sur eux. Charles comte de Valois
se rend a Rome. II communique le traite au pape, qui refuse ,
dit-on, de 1'approuver. — Les Bordelais chassent la garnison fran-
P. 325. caise de leur ville, et se declarent independants. Motifs de cette
conduite. — La reunion des prelats francais n'ayant pu avoir lieu
a Rome , le pape envoie a Paris un legat qui y reunit un concile ,
et s'etant secretement assure des dlsposilions des eveques , les fait
connaitre au souveraln pontlfe. — Mort d'Olhelin comte de Bour-
P. 320. gogne et d'Artois. — PIus de dix mille Flamands sont tues a Saint-
Omer par Jacques de Bayonne , chevalier qui commandait en ce
pays rarmee francalse. Lcs Flamands, alors occupes a devaster les
possesslons du comle de Halnaut , concluent une treve avec lui ,
et s'en vont defendre leur propre territoire.
1303. — Des envoyes du khan des Tartares viennent offrir
leurs secoursau roi de France pour la protection de la Terre-Sainte,
et offrent de se faire chretiens. — Deux cents cavaliers et trois
cenls fantassins flamands sont pris ou tues a Lille par les gens de
Tournai et Foucaut de Melle , marechal du roi de France. — Des-
Iructlon de Douai par les habitants d'Arras.
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. cxj
PREMIERE CONTINUATION DE LA CHRONIQUE DE GUILLAUME
DE NANGIS.
1301. — Preambule. — Blanche, fille dc saint Louis , s'en-P. 327.
fernie a Paris dans une letraite voisine de Saint-Marcel , et Mar- p. 328.
guerite , veuve de Charles II, roi dc Sicile , dans un hopilal de
pauvres , fonde par elle a Tonnerre en Bourgogne. — Mariage de
Louis comte d'Evreux, frere du roi de France, avec Marguerlte,
petite-fiUe de Robert comte d'Artois. — • Charles , comte de Valois ,
se rend a Rome dans ruitention d'aller ensuile , avec 1'agrement
du pape , couquerir rempire de Conslantinople qui lui appartenait
du chef de sa femme. Nomme vicaire el defenseur de Tfiglise , il
dompte les rebelles en Toscane. — Philippe le Bel visite la Flandre,
y recoit le serment de fideilte des seignenrs, et j lalsse pour gou-
verneur Jacques de Saint-Paul. — Soumisslon d'Henri comte de P. 329.
Bar au rol de France. — Apparition d'une comele. — Expedition
infructueuse d'Edouard, roi d'Angieterre, en ficosse. — Le sultan
d'figypte s'empare de Jerusalem et de la Syrie, apres en avoir ex-
pulse les Tarlares , les Armeniens et les Chretiens. — ficlipse de
lune. — Legitlmation par le pape Boniface des enfants de Sanche
de Castille. Ferdinand Taine s'empare du royaume. Alphonse et
Ferdinand , fils de Blanche et petits-fils de saint Louls, s'opposent
de toules leurs forces a cette usurpation. — Le premler eveque de
Pamlers, emprlsonne pour des propos factieux , est dellvre a la
priere du pape, et recoit Tordre de sortlr du royaume. — Le roi P. 330.
Philippe interdlt rexporlatlon de Tor, de Targent et des marchau-
dises , et fait garder avec soln les frontleres de ses Etats.
1302. — Le chateau de Terminl en Siclle se rend a Charles de
Valois. — Dissensions sanglantes j\ Bruges , a cause des Impots.
Le roi envole mille hommes d'armes pour apalser la sedltlon, Im-
prudentes menaces dc Jacques de Saint-Paul. Les Francais sont -
massacres durant la nuit , et le gouverneur ne peut qu'a peine se
sauver par la fuite. Les habitants de Bruges se donnent pour chefP. 331.
Gui de Namur, fils du comte de Flandre, s'emparenl d'un port du
voisinage, et appellent des secours de tous coles. Roberi, comte d'Ar-
tois , entre en Flandre avec une armee , et campe entre Bruges et
Courtrai. Bataille de Courtrai. Presomptlon Inconslderee des nobles
derarmee royale. Triomphe des Flamands. Mort glorieuse du comte
Robert d'Artois et de plusieurs autres chevaliers. Deroule complete P. 332.
dc Tarmee royale. Inhumalion du corps de Robert d'ArtoIs. Gul
de Namvir s'empare dc Lille, d'Ypres, de Gand et des autrcs villes
de la Flandre. Philippe le Bel entre en Flandre avec une uom-
breuse armee, y reste dans riuactlou durant tout le mois de sep-
tembre, et retourne en France apres avoir licencie ses troupcs. P. 333.
cxij TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
Les Flamands, encourages par celte retraite , font des invasions
en Artois, mais ils sont repousses avec des pertes frequentes par
les troupes que le roi y avait envojees. — Traite de paix entre
Charles de Yalois et Frederic d'Aragon. (Voir les conditions du
P. 334. Iraite ci-dessus, p. cx ). Charles de Valois va raconter a Rome la
negociation qu'il vient de terminer avec les Slciliens, el retourne
en Fiance. — Mort d'Olhelin, comte deBourgogne, et comte d'Ar-
lois du clief de Malhilde sa femme , fille du defunt comte Robert.
— Les Bordelais chassent la garnison francaise de leur ville ; mo-
tifs de cette insurrection. — Quinze mille Flamands sont massa-
cres a Saint-Omer par les Iroupes francaises. Les autres troupes
P. 335. flamandes , qul ravageaint les terres du comte de Hainaut, et qui
venaient de prendre Bouchain , concluent une treve avec les Hai-
nuyers.
1303. — Ambassade tartare (ci-dessus, p. cx). — Foucaut de
Melle, raarechal de France, prend ou tue pres de Lille deux cents
cavaliers et trols cents fantassins flamands. — La restitution de la
Gascogne a Edouard , roi d'Angleterre , retablit la paix entre ce
prince et le roi de France. — Accusatlons portees a Paris au seln
P. 336. des etats contre Boniface VIIL Appel du roi au concile general.
Lecture solennelle de cet appel , que Guillaume de Nogaret cst
charge d'aller notifier au souverain pontife. — Edouard , roi d'An-
P. 337. gleterre, soumet une partie de Tlicosse. — Retour de rApouille, de
Philippe , fils du comte de Flandre. Son arrivee ranime lcs e.spe-
rances des Flamands. Apres une tentative infructucuse contre Saint-
Omer, ils assiegent et briilent Therouenne. — Philippe le Bel
assemble une armee a Peronne contre les Flamands; mais ii rinstl-
gation du comte de Savoie, une treve fut conclue avec eux, et le
P. 338. roi s'en retourna de nouveau sans avoir rien fait. — Le pape re-
fuse de convoquer un concile. Violences dont il est 1'obiet a Agnani.
On le mene prisonnler a Rome, ou il meurt de chagrln autant
que de maladle. Benoit XI lui succede. — Philippe lc Bel herite
de Hugue de la Marche, comte d'Angouleme. — Voyage du roi
dans TAquitalne , l'AlbigeoIs et le Toulousain. — Iniquite de cer-
P. 339. taius domlnlcains charges des fonctions d'inqulsiteurs dans la' pro-
vlnce. Le senechal Jean de Plcquigni delivre, malgre les inqui-
sileurs , des prisonnlers qu'il trouve innocents. Excommunie pu-
Jdiqucment pour ce fait a Paris et ailleurs , il en appelle au pape ,
et meurt a Peronne en poursuivant son appel. — Mort de la fiUe
du comte de Flandre qu'on elevalt a Parls avec les enfanls du rol,
— Gul comle de Flandre etGuillaume, son fils , rendus pour un
P. 340. lemps a ia libertc , essayent en vain de pacifier lcurs sujets , et
retournent dans leurs prlsons. — Gulllaume , fils de Jean , comtc
de Hainaut et Gui, eveque d'Utrecht , son oncle , cherchent a re-
pousscr lc3 Flamands qui envahissaient la Zelande. Ils sont defaits,
TABLEAU CIIRONOLOGIQUE. cxiij
1'eveqiie est tue , et son neveu se sauve ilans nne fortercsse. —
Mort de Regnaud, abbe de Saint-Denys ; le prleur Gilles lui succede.
1304. — Succes de Guillaume de Hainaut contre lesFlamands.
— Machinalions d'une fausse beguine en faveur des Flamands et
conlre Charles, frere du roi de France. Mise a la torture , elleP. 3il.
avoue ses crimes , est jetee en prison , mais delivree blentot apres.
— Demission de Jean de Pontoise , abbe de Citeaux , auquel suc-
cede Henri, abbe de Joui. — Des religieuses de Tordre de saint
Dominiqne sont etablies a Poissi , dans im couvent recemment
construit par le roi , en rhonneur de saint Louis. — Dissensions
entre l'Universite et le prevot de Paris qui avait fait pendre un eco-
lier. Suspenslon des cours. Le prevot indemnise rUnlversite, et P. 342.
va chercher en cour de Rome rabsolution de son crime. — Morl
de Simon , eveque de Paris , auquel succede Guillaume d'Aurillac,
medecin du roi. — Lecture solennelle, a Paris , d'une bulle par
laquelle Benoit XI absout de rexcommunication ad caulelam , le
roi, la reine, leurs enfants , les seigneurs et tout le royaume , ac-
corde au rol , pour les frais de la guerre , les dimes ecclesiastiques
pendant deux ans et les annatcs pendant trols ans , et rend au
chancelier de Paris le droit de licencier des maitres en decrel et
en theologie , droit que le pape Eoniface s'etait , dlsait-on , reservc.
Mort de Benolt XI ; vacance du saint-siege pendant une annee. — P. 343.
Troisieme expedition de Phllippe le Bel contre les Flamands. II
campe a Mons en Pevele. Demarches reclproques pour la paix.
Attaque Imprevue des Flamands. Energie du roi. Hugue de BovIUe P 344.
son secrelaire , et deux freres de la famille des Genclen de Paris ,
sont tues sous ses yeux. Les Flamands sont completement defaits. P. 345.
Noms des morts des deux cotes. Le rol soumet tout le pays situe
en deca de la Lys, et retourne en France couvert de gloire. II
fait, en actlon de graces de sa victoire, de grandes bberalites aux
eglises de Paris et de Salnt-Denys. — Gui , fils du comte de Flan-
dre , est pris sur mer par les troupes du rol que commandait Gull-
laume de Hainaut. Les Flamands sont chasses de la Zelande. — p. 346.
Les restes du comte Robert d'Artois sont transporles en France
et Inhumes a Maubulsson. — Le parlement de la Noel s'occupe a
Paris de la paix avcc la Flandre. Le comle de Flaudre meurt en
captlvite ; son corps , avec rautorisatlon du roi , est transporte a
Tabbaye de Marquette dans le tombeau de sa famille. — Blanche,
soeur du roi de France et duchesse d'AulrIche , meurt empoison-
nee , dit-on , ainsi que son fils unique. ■ — Grande cherte a Parls.
Etabllssement d'un maximum. La cherte ne fait qu'augmenter.
Ylsites domiclliaires. Ceux qui ont du blc sont obllges de le vendre
a juste prlx. La cherte dlmlnue peu a peu , et finit par dlsparaitre p. 347.
entlerement. ■ — Mort de Jeanne , relne de France et de Navarre ,
comtesse de Champagne et de Brlc. Elle est enterree aux Corde-
I. h
cxiv TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
IJers. — Jean de Paris , dominicain et docteur en theologie , s'ef-
force de repandrc iine nouvelle explicalion relativement au sacre-
P. 348. ment de rEucharislie. Sa doctrine est condamnee par les eveques ,
qui lui interdisent renseignement et la predicalion. II appelle de
la sentence au saint-siege, et meurt avant la fin de raflfaire.
1305. ' — ' Philippe le Bel apaise le differend survenu entre le
duc de Brabant et le comte de Luxembourg au sujet de la terre de
Louvain. • — Bertrand de Goth , archevequede Bordeaux , est elu
P. 349. pape sous le nom de Clement V. — Paix entre le roi de France et
les Flamands. — Dissensions entre Teveque ct la commune de
Beauvais. L'eveque s'allie avec des seigneurs , prend quelques
bourgeols et brule le faubourg. Le rol evoque raffalre et reconcilie
les deux partles apres avolr puni leurs exces. — Grande secheresse
en France. — Marlage de Louls , fils aine du rol de France , avec
Marguerite, fiUe ainee du duc de Bourgogne. — Couronnement de
P. 350. Clement V a Lyon. Un mur qui s'ecroule sous le polds de la mul—
titude qu'Il portait, ecrase le duc de Bretagne , blesse Charles de
Valois , frere du rol, et brlse la mitre du pape. Clement V permet
au roi dc France de faire transporter de Salnt-Denys a la Sainte-
Chapelle de Paris , la tete et une colede saint Louis. Ilretablit dans
leurs honneurs, a la priere du roi , les cardinaux Pierre et Jacques
P. 351. Colonne. II accorde au roi , pour les frais de la guerre de Flandre ,
les dimes eccleslastiques et les annates pendant trois ans, pourvoit
de benefices ses chapelains et ceux de ses freres , et rengage a re-
former sa monnale. II cree dlx-hult cardlnaux nouveaux et en envoie
deux a Rome pour conserver la dignlte scnatoriale. II dcpose les
P. 352. eveques d'Arras et de Poltlers, donne le patriarcat de Jerusalem
a l'eveque de Durhani , et pourvoit h ravenlr des pauvres clercs.
— Phlllppe le Bel qullte Lyon et retourne en France. — Clement V
se rend de Lyon a Bordeaux , et, dans son voyage, depouIUe les
P. 353. egllses seculieres et monastiques. L'archeveque de Bourges entre
autres est redult a la plus extreme pauvrele. Robert , duc de Bour-
gogne , meurt et est enterre a Citeaux.
1306. — Edouard, fils du roi d'Angleterre, marche contre les
Ecossais que commandait Robert Bruce. II est battu et mis en fuile.
— Phlllppe le Bel transporte a Paris unc partle des rcliques de
P. 35i.salnt Louis qu'il dcpose a Notre-Dame et a la Salnte-Chapelle. II
ordonne qu'on celcbrera tous les ans la fete de cette translation qul
eut lleu le 17 mai. — Secheressc pendant le prlntemps et rete. —
Mort dc Pierrc de Mornai , eveque d'Auxerre , auquel succede Plerre
de Belle Perche. — Edit qul rctablit la forte monnaie. — Le roi
accucllle favorablemcnt les plalntes dcs archevequcs de Relms , de
Sens , de Rouen et de Tours contre les vexalions du pape, de
P. 355. certains cardinaux et dc leurs cnvoycs. — Expulsion complete des
Juifs du royaumc dc France, avec dcfense expresse d'y rentrer
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. cxv
avanl un terme fixe sous pelne de mort. — Inondalions. Gelee.
Desastres occaslonnes par le degel. — Sedition a Paris a cause du
changement de la monnaie. Le petit peuple , dont on exlgeait les
loyers en forle monnaie, ce qui en triplait le montant, se porte au
Temple ou etait le roi , s'empare de toutes les issues et essaie d'af-
famer le monarque. Les insurges pillent de fond en comble une
raaison d'Etienne Barbette, riche bourgeols de Paris, qu'IIs accu- p. .356.
saient d'avoIr provoque Tedit. Suppbce d'un grand nombre de
seditieux. Les plus coupables sont pendus a des glbets dresses
expres aux principales portes de Paris. — Marlage de Phillppe,
second fils du roi de France, avec Jeanne, fille ainee de feuEudes , P. 357.
comte de Bourgogne. — Le pape Clement et les cardinaux se ren-
dent a Poitlers et y sejournent slx mols. — Emprlsonnement de
l'heretiqne Dulclnlus; extermlnation dc ses disciples. Exposltion P. 358.
de sa doctrlne, semblable a celle qu'avait soutenue Amaurl un slecle
auparavant. — Mort d'fidouard 1", rol d'Angleterre , auquel suc-
cede son fils Edouard II , ne de la comtesse de Ponthleu. Enfants
d'Edouard I^'' et de Marguerlte de France.
1307. — Entrevue du rol de France et du pape a Poltlers. Ils
deliberent sur plusieurs affaires importantes, particulierement sur P. 359.
rarrestatlon des Templiers. Le pape clte devant lui, a Polllers , les
maitres des ordres de rHospIlal et du Temple. Comparutlon du
grand-maitre du Temple. Celui des Hospitallers , retenu devant
Rhodes par les Sarraslns, s'excuse par une ambassade et se rend
ensulte a Poitiers apres s'etre empare de l'ile. — Mort de Bernard
de Saint-Denys , cveque d'Orleans ; Raoul , dojen d'Orleans , lui
succede. — Louis, roi de Navarre, fils aine du roi de France, visite
son rojaume, reprlme les tentatives d'usurpation de son lieutenant
Fortun , retabllt la tranquillite dans le pays et se fait couronner roi P. 3G0.
a Pampelune. — Moit de Pierre de BellePerche, eveque d'Auxerre,
auquel succede Pierre des Gres , chantre de Paris et chanceller du
rol de Navarre. — Mort et sepulture de Catherine , heriticre de
l'empire de Constantinople, seconde femme deCharles, frere du
rol. — Arrestation du grand-maitre des Templiers a Paris et de
tous les chevallers du Temple dans tout le royaume. Crlmes dont p. 3(li.
on les accuse. Le rol faitlire publiquement racle d'accusatIon dans
la cour du palais. Aveux formels du grand-maitre avec quelques P. 3G2.
reserves personnelles. 11 ecrit a ses freres pour les exhorter a falrc
aussi des aveux. Plusleurs avouent spontanement , d'autres ne
cedent qu'a la torture , a la menace des tourments , aux promesses ,
a la prison , a la faim. Beaucoup d'entre eux nlent obstinement ce
qul leur est impute. Plusieurs retraclent leurs premiers aveux et
quelques-uns perlssent dans les suppllces. Le grand-maitre est
emprlsonne a Corbeil , les autres Templiers a Paris et ailleurs ,
jusqu'a ce que le rol se soit concerte avec le pape pour la procedure. P. 3G3.
Les biens du Temple sont tous mls sous la main du roi. — Empri-
cxvj TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
sonnement d'un juif converli et relaps. Propos qu'il tlent dans sa
prison. II est abandonne au bras seculier. — Penitencc imposee a
P. 36i. un autre juif converti qui avait cmis publiqueraent le regret d'avoir
recu le baoteme. — MarIaged'£douard II , roi d'Angletcrre , avee
Isa^hclle de France. — Mariage d'Edouard, fds du comte de Sa-
voie , avec la fdle du duc de Bourgogne. ■ — Mariage de Charles,
troisieme fils du roi de France, avec la seconde fille du duc de
Bourgogne. — Mort de Marguerite , veuve de Charles l", roi de
P. 3G5. Sicile. — Mariage de Jean de Namur, fils du comtc de Flandre,
avec la fille de Robert comte de Clerraont.
|3()3^ — Voyage de Philippe le Bel a Poltiers ou le pape etait
encore. Les etats-generaux sont convoques a Tours pour le temps
pascal. Le pape et le rol conviennent que les Templiers seront
desormais delenus en prison au nom de rEglise , qiie le roi ne
statuera pas sur leur sort sans la cooperation du salnt-siege , et que
rlen ne sera decide , touchant les biens de Tordre , avant le prochain
P. 36G. concile general. — Clcment V fixe a deux ans le concile qui devra
se reunir a Vienne et s'occuper des secours a porler a 1a Terre-
Sainte, de la reforme de rEglise et du ingement des Templlers. II
ordonne aux eve(jues de France et aux Inquisiteurs d'informer sur
P. 367. les crlmes Imputes aux Templiers. — Dcs Imposleurs flamands font
courlr le bruit que Geoffroi de Brabant, Jean son fils , le seigneur
de Vlerzon et pluslcurs autres chevalicrs, qul avaient peria Courlrai
avec Robert d'Artois, n'etalent pas morts ainsi qu'on le croyait. On
les prend eux-memes, malgre leurs dencgations, pour les seigneurs
dont 11 parlent, et quelqucs-uns d'enlre eux epousent de nobles
dames qul ne tardent pas h s'en repentlr. — Mariages de Charles
de Valois avec \i\ fille de Gul , comle de saint Paul ; — de Robert ,
P. 368. fils de Philippe d'Artois, avec Blanche de Bourgogne ; — de Gui ,
fils du comle de Blois , avcc une tres-jeune fille de Charlcs de Valois.
P. 369. Violente tempetc a Paris ct dans les envlrons. — Le pape quitte
Poiliers et se rellre dans son pays. — Detentlon de Gulchard ,
cvcque de Troyes, accuse par de faux temoins d'avoir procure la
mort tle Jeanne, relne de France et de Navarre. — Discussion et
combat entre Erard de salnt Veran , Oudart de Montaigu, bour-
P. 370. guignon , et leurs amis. Victolrc d'Erard. II est emprlsonne par
ordre du roi de France. — Mort d'Albert , roi des Romalns , auqucl
P. 371. succede Henri de Luxembourg. — Mort de la fille de Robcrt de
Ciermont qin avait cpouse Jean de Namur. Cclui-cl se remarie avec
la fille de Bianche de Bretagne. — Indulgences accordees a ceux
qul, pendanl cinq annees, passeraient en Terre-Sainte ou alderalent
ies pcierins de leur ai-gent. Les troncs places expres dans Notre-
Dame de Paris ct aiileurs se rempllssent. — Penitcnce imposee a
Elienne de Verberic pour des propos heretiques.
P. 372. 1309. ' — Victoire des Aragonals sur les Sarrasins de Grenadc.
Henri , elu roi des Romains , envoio des ambassadeurs a Avlgnou
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. cxvij
pour deraander la benediction du pape et la couronne impcriale.
Acquiescement du pape qui donne reudez-vous au nouvel elu dans
la basilique des Apotres a Rome. — Clement V fixe un jour oii il P. 373.
entendra les accusateurs du defunt pape Boniface VIII. Une cifa-P. 374.
tion particulitre est donnee a Guillaume de Nogaret. Celui-ci com-
parait au jour fixe , renouvelle l'appel fait contre Boniface et les
accusations porlees contre lui, demande qu'il soit declarc heretique,
€t que ses os soicnt exhuraes et livres aux flammes. Quelques car-
dinaux prennent la defense de Boniface et recriminent contre
Guillaume de Nogaret. L'affaire reste en suspens. — Yent violent P. 375.
qui renverse plusieurs edifices , endommage le toit de Saint-Maclou
de Pontolse, et ebranle les contre-forts de Teglise de Saint-Denys.
Descrlption d'une eclipse totale de soleil. — La faveur accordee a P. 376.
Pierre de Gaveston souleve les barons anglals contre leur roi. —
Les Hospltaliers reprennent l'ile de Rhodes sur les Sarrasins.
1310. — Le concile general est renvoye a un an. — Concile P. 377.
provincial tenu a Paris sous la presidence de Philippe , archeveque
de Sens. Jugeraent des Templiers ; sentences dlverses prononcees P. 378.
contre eux. Cinquante-neuf Templiers sont brules vifs pres de
Paris , dans les champs volsins de rahbaye de Saint-Antoine, Tous ,
a rexceptlon d'un seul , proteslent de leur innocence. L'etonne-
ment et la stupeur s'emparent du peuple. Concile de la province de
Reims tenu a Senlis; condamnation et execullon de neuf chevaliers
duTemple.' — Mariage de Louls de Clermont avec la soeurdu comte
de Hainaut, et de Jean de Clermont avec la comtesse de Soissons.
— Clement V falt detruire comme fausse , en plein consistoire , une P. 379.
bulle que presentaient les partisans de Boniface VIII , par laquelle
rinnocence de ce pape etait reconnue et les procedures de ses
ennemis annulees. — Marguerlte Poirette, duHainaut, publie un
livre rempli d'erreurs. Excommuniee par rinqulsileur, elle refuse
de parailre devant iui et persisle plus d'un an dans rexcommunl-
catlon. Elle est exposee en Greve , abandonnee au bras seculier et
brulee vive. Slgnes de penitence qu'elle donne au dernler moraent. P. 380.
Executlon a raorl d'un julf relaps. Condaranation a une prison
perpctuelle de Guiart de Cressonsacq qui se disalt un ange envoye
de Dieu. ' — ■ Revolte dcs Lyonnais. Le roi envoie contre eux une
arraee sous la conduite de son fils le rol de Navarre, Eloge de ce P. 381,
jeune prince. Souraisslon des rebelles, Pardon accorde a rarche-
veque Plerre de Savoie , chef de rinsurrcction. — On deterre et Ton
brule les os d'un ancleu tresorier du Temple de Paris, mort et ensc-
veli depuls longtemps. — Henrl VII entre en Italle avec une arraee
nombreuse , s'empare d'Asti , cntre a Milan oii il re<^oit la couronne
de fer des mains de revcque , et defait par les armes ceux qul kii P, 382.
sontopposes. — Bernard, archeveque de Rouen , et Gilles, archc-
veque de Narbonne, erhangent Umrs sieges roelropolitains. —
Apres de longues proceduros , Cleraent V reconnait el prochime lc
cxvlij TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
rol de France Innocent des exces commis contre Bonlface VIII, ct
P. 383. declare que ceux qul ont poursulvl raffalre d'appel etaient animes
d'unzelesIncerepourla folcatholique. II les absout en consequence,
leve l'analbeme lance contre eux , ordonne que les sentences
P. 384. d'excommunicatIon seront detrultes , rayees des reglstres , etc. Sont
exceptes de cette mesure GuUlaume de Nogaret, Reglnald de
Suplno , et dix autres habltants d'Anagni qul avalent prls part a
rarreslatlon du pape ct u la dllopldatlon de son tresor. Enfin , sur
les Instantes pricres du rol , Gulllaume de Nogaret est absous a
conditlon qu'Il partira pour la Terre-Salnte a la premlere croisade
generale , et qu'Il y restera sa vie entlere , a moins qu'il ne soit
rappele par le pape. On lui inflige en attendant quelques autres
P. 385. pelerlnages.
1311. ' — Les guelfes de Cremone se retlrent a Brescla avec
leurs femmes , leurs enfants et leurs biens. Les gibelins vont au-
devant d'Henri , lul presentent les clefs de la ville et le recoivent
dans Cremone. L'empereur detrult les malsons fortifiees des fugitifs ,
demolit les portes et les murs de la vllle , avec les debris comble le
fosse, et ayant exige des habltants une forle rancon, va mettre le
sicge devant Brescia qul le retient depuls rAscension jusqu'a la
P. 386. Natlvite de la sainte Vlerge. Prlse de Thibaut Brizath, capltaine
de la vllle. Celul-cl denonce a rempereur des conjuratlons faites
contre sa personne , dans lesquelles 11 Implique les prlnclpaux
citoyens de Mllan. II perlt dans les suppHces. Prlse et destruction
de Brescia. Mort de Galeran, frere de l'empereur. Soumlssion
complete de la Lombardie. Trois cardinaux envoyes par le pape
P. 387. vlennent en Italie pour couronner Henri. L'empereur se rend a
Tortone et a Genes. L'imperatrice meurt dans cette derniere vlUe.
- — Renouvellement de rinsurrection en Flandre. Le comte de
Flandre est clte devant le rol. Son fils Louis , seul instigateur du
desordre , est emprlsonne a Moret et ensuite a Paris. II s'echappe
et s'enfuit. Un arret du Parlement le depoullle de ses blens. —
Innovatlons dans la monnaie. Mecontentement et plaintes qu'elle
P. 388. souleve meme de la part des grands. — Bulle de Ciement V pour
1'Instilution d'une unlversite a Orleans. Le roi refuse son consen-
lement. Les ecoliers qulltent la ville. Retablissement de rordre. . —
Ouverture du concile general a Vlenne. Premlere session. Discours
P. 389. du pape ; objets du concile. Deiiberations sur ces objets. Arrlvee du
rol de France.
P. 390. 1312. — ■ Deuxieme session du concile gencral en presence du
roi de France. Suppresslon de l'ordre du Temple. Anatheme contre
P. 391. ceux qul en feraient desormais professlon ou qui en porteraient
rhabit. On se reserve de statuer sur le sort des membres de Fordre
ct de leurs biens. — Discours du pape sur la croisade. Lecture d'un
dlploine royal par lequel Phllippe scngage a se croiscr dans unan
P. 392. avcc ses enfanls , scs freres et ses barons^ a partir dans six annees
TABLEAU CHRONOLOGIQUE. cxix
et a se faire remplacer cn cas d'empechement par son fils aine. On
accorde au roi , pour six ans , les dimes ecclesiastiques. • — Les biens
du Templc sont adjuges aux Hospitaliers. On sursoit encore a
statuer sur le sort des TempHers. — Quant a la reforme interleure
de l'Eglise, oa s'en rapporte aujugement du pape. — L'empereur
Henri VII passe paisiblement par Pise, Piombino, Viterbe etP, 393.
d'autres villes. Ilarrive devant Rome, defait les Orsini etlestroupes
du frere de Robert , roi de Sicile , entre dans la ville par la porte de
Sainte-Marie-du-Peuple, etestrecua Saint-Jean-de-Latran par toute
la population. Nouvcaux combats avec ses ennemis. II est enfin
couronne par le cardinal legat , eveque d'Ostie. ■ — Expedition de
l'empereur dans Tltalie. II est recu dans Todi , dans Arezzo , et
ravage les environs de Perouse. II s'empare de plusieurs chateaux P. 394.
dans le voisinage de Florence, assiege cette ville, la presse vivement
et soumet presque tout le duche. II retourne a Pise et cite publi-
quement Robert , roi de Sicile , a comparaitre devant lui dans trois
mois a Arezzo. — Prise , detention et meurtre de Pierre de Gaves- P- 395.
ton , favorl du rol d'Angleterre. Colere du roi ; il se reconcilie
pourtant avec ses barons. — Nalssance d'Edouard , fils du roi
d'Angleterre. — Mort de Simon , eveque de Beauvais ; II est rem-
place par Jean de Marigni , frere d'Enguerrand et chantre de
reglise de Paris.
1313. — Louis , roi de Navarre, comte de Champagne et de
Brie , ses freres Philippe et Charles , tous trois fils du roi de France ; P. 39G.
Hugue , duc de Bourgogne ; Gul , comle de Blois et plusieurs autres
seigneurs sont faits chevaliers en presence du roi et de la reine
d'Angleterre. — Phillppe le Bel , ses trols fils , Je rol et les barons
anglais prennent la crolx. ■ — Mariage du prince de Tarente avec
l'herltiere de rempire de Constantlnople. — Paix avec les Flamands. P. 397-
Ils paient au roi une forte sorame d'argent , s'engagent a demolir
leurs places fortes , a commencer par Bruges et Gand, et donnent
pour otages Robert, fils du comte de Flandre , Courtrai et tous les
chateaux voisins. — Henri VII , par une sentence publique, de-
pouille de ses Etats Robert rol de Sicile. Le pape annule cette
sentence parce que la citation n'avalt pas ete regullere. Henri leve P. 398»
une armee contre Robert et traverse, en le ravageant , le territolre
de Sienne jusqu'a Isola. II meurt de la fievre ou de poison a
Buon-Convenlo. Son corps est transporte a Plse et Inhume dans la
cathedrale. — Phlllppe le Bel ramene la monnaie parisis et la mon-
nale tournois a Tetat ou elles etalent du temps de saint Louis. P. 399.
Murmures dans le peuple. — Dedicace dereglise des Ecouls fondee
par Enguerran de Marigni. — Le cardin;d Nlcolas defend, sous
pelne d'excommunication , Tusage daiis les trlbunaux et dans les P. 400»
ecoles de certaines constitutions nouvelles qu'on pretendait etre
emanees du pape apres le concile general. Intei'dIctIon des lour-
cxx TABLEAU CTIRONOLOGIQUE.
nois; excommunicalion ipso facto conlre ceux qul permettront
ces jeux et ceux qui y prendront part. Cependant le pape , a la
requele des jeunes seigneurs nouveaux chevaliers , permet un
tournoi de trois jours , avant le careme, et pour cette fois seule-
ment. — Justification de Guichard , cveque de Troyes, qu'on
accusait d'avoir empoisonne la reine Jeanne. • — Dissensions et
P. 401. combat entre Teveque de Metz et le duc de Lorraine. L'eveque est
vaincu a Flevi. Prlse du comte de Bar et du comte de Salm son
fils. — Mort de Gui , eveque de Soissons , et de Jean , eveque de
Chalons , auxquels succedent Girard de Malemont et Pierre de
P. 402. LathlUi , chancelier du rol. Gui , evcque deSenlis, meurtet est rem-
place par.... — Le grand-maitre du Temple, le visileur des maisons
de France et les maitres des provinces d'Aquitaine et de Normandie
sont traduits a Paris , devant une commission composee de Irois
cardlnaux legats, de l'archeveque de Sens et d'un grand nombre dc
prehits el de jurisconsultes. Les accuses avouent les crimes qu'on
leur impute et perslstent oplnlatrement dans cet aveu. Ils sont
publiquement condamnes a une prison etrolte et perpetuelle. Le
grand-maitre et le maitre de Normandie se retractent alors et s'em-
portent coutre le cardinal qui venalt de parler, et contre l'arehe-
P. 403. veque de Seiis. La commission remet les quatre coupables a la garde
du prevot de Parls , se reservant de deliberer de nouveau le len-
demalu sur leur sort. Mais le rol ayant pris Tavls de son conseil et
sans appeler de clercs, les fait bruler vifs tous deux, le soir du meme
jour, dans une ile de la Seine. Les deux autres sont enfermes pour
P. 404. subir leur sentence.
1314. — Adullerede la jeune reine de Navarre Marguerlte avec
Philip|)e d'AunaI, et de Blanche, femme de Charles de France ,
avcc Gauthier d'Aunai. Les deux princesses sont rcpudiees par
P. 405. leurs marls et enfermees pour le reste de leurs jours. Les deux
chevaliers confessentleur crlmlnelle liaison, quiavaitdure trols ans.
Comme ils etaient de la maison nieme des princes , leur crlme est
juge Infiniment plus grave , et ils sont soumis a un supplice atroce.
Ou peud aupres d'eux un porller qui ctalt leur compllce. Beaucoup
de personnes nobles et rolurieres , hommeset femmes , soupconnees
aussi de con)pHcIle , sont poursulvies , torturees , les unes noyees,
les autres tuees en secret , la plupartcependant renvoyees absoutes.
P. 400. Jeanne , comtesse de Poiliers , soupconnee d'avoir partage le crlme
de ses belles-soeurs , cst enfermee au chateau de Dourdnn pendant
qu'on iriforme sur sa conduite. Au bout d'un an , un arrct solennel
du Parlcment la dcclare innocenle, et elle rentre dans lcs bonnes
graces de son marl. — Mort du pape Clement V; rcunion des
P. 407. cardlnaux a Carpenlras; leurs dlssensions. Incendie du palais oii
ils se rassemblcnt. Disputcs au sujet du lleu ou il convenait de
fairc rclcction. Unc partie des cardiuuux sc rend a Orauge , Tautre
TABLEA.U CHRONOLOGIQUE. cxxj
a Avignon. — Combal sanglant entre fidouard II et Robert Bruce. P. 408.
Defaite des Anglals. Fuite honteuse du roi d'An^leterre. Yaleiir P. 409.
des Ecossais. Mort du comte de Glocestre. Les Ecossais font un
bulin immense. Ils laissent la liberte a Isabelle , reine d'Angleterre , P. 410.
en consideration de son frere le roi de France. — Les Flamands
chassent le ballll de Courlrai et se revoltent de nouveau. La sen-
tence d'excommunication est puWIee contre eux u Parls , a Tournal ,
a Saint-Omer, a Noyon , a Arras , a Douai , par rarcheveque de
Reims et Tabbe de Saint-Denys. Appel des Flamands au saint-
siege. Phlllppe le Bel envole ses troupes dans diverses dircctions ,
savoir : Louis , rol deNavarre, a Doual ; Phillppe, comte de
Poitlers, a Saint-Omer; Charles , trolsleme ills du roi , et Charles ,
comte de Valols, a Lille. jNegocialious ouvertes par les comtes de P. 411.
saint Paul et d'Evreux , et par Enguerran de Marigni. Les Flamands
prometlent d'envoyer vers lc roi pour conclure , pourvu qu'on leur
rende le prince Robert et les autres otages. Leurreepar cette valne
promesse , Farmee francaise se retlre sans avoir rien fait. ■ — Les
electeurs de rempire se reuuissent a Francfort. Les voix se parta-
gcnt enlre Louis duc de Baviere, et Frederic duc d'Autriche.
Louis se falt couronner a Alx-la-Chapelle. Frederlc est couronne
a Bonn par l'archevcque de Cologne. — Impol sur la vente desP. 412.
denrees a roccasion de la guerre de Flandre. Associatlons formees
en Champagne et en Picardle pour rcpousser cette nouvelle charge.
L'imp6t est aboli. — Ftrange maladie du roi Phihppe le Bel. II se P. 413.
fait porter a Fontainebleau , lleu de sa nalssance. II investlt son
trolsieme fils , Charles , du comte de la Marche , abolit la mallote ,
et dicte son testament. Apres avoir donne d'excellcnts avis a son
fils aine qul dolt lui succeder, 11 recoit les sacrements et rend
Vcsprit le 29 novembre. Son corps est porte et enseveli a Salnt-P. 414.
Denys, en presence de vingt-clnq prelats, et son coeur esttransporte P. 415.
au prleure de Poissi , oinsi qu'Il Tavait ordonne. — Louls, roi de
France et de JNavarre , ote la chancellerle a Feveque de Chalons et
en Investit Elienne de Mornal , chambellan de son oncle Charles.
llenvoie, versNoel, Hugue de Boville son chambellan-secretalre en
Sicile , au-devant de Clemence de Hongrie, qui venait epouser le
roi de France. D'autres ambassadeurs sont envoyes a la cour
romalne pour hater releclion du souverain ponlife.
1315. — Enguerran de Marlgnl, qul avalt joui d'un immense
credlt sous le prccedent rcgne , est accusc auprcs du nouveau roi P. 41G.
par Charles comte de Valois. Cette accusation trouve faveur dans
le peuple, qui imputait a Marlgnl les varlations de la monnale et les
extorsions du dernler regne. Enguerran est salsi au Temple ; ou
arrete aussi et l'on soumet a la questlon la plupart des employes
qu'il avait preposes a la recette et a la garde du trcsor royal.
Engucrran , malgre ses instantes prieres et la bienveiUance du roi ,
cxxij TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
ne peut obtenir audience pour se defendre. Pendant qu'on songe
P. 417. a renvover en exil , on dccouvre qu'un cerlain Jacques de TOr,
sa femnie et son serviteur, a rinstigalion de la feinme et dc la soeur
d'Enguerran , font des sortileges pour sa delivrance, et au prejudice
du roi et de Charles de Valois. Jacques se pend en prison ; sa femme
est brulce vive. On arrete la femme et la socur d'Enguerran et Ton
P. 418. pend enfin Enguerran lul-meme^ quoiqu'il n'eul rien avoue et sans
avoir voulu renlendre , malgre la promesse qu'on lui en avait
donnee. — Emprisonnement de Plerre de Lathilll, eveque de
Chalons, soupconne d'avoir procure la mort de son predecesseur
et du feu rol Philippe IV. Raoul de Presles, avocat au Parlement,
Impliquedans hi meme accusation, est enfernie aSainte-Genevieve,
souinls a la tortiire et enfinrelache, mais avcc une perte immense dans
ses bieus. — ■ Mort de Marguerite , reine de Navarre, que sa con—
duite avait fait enfermer a Chateau-Gaillard ; elle estensevelie chez
P. 419. les Cordclieres de Vernon. Nouveaux bruits Infamants sur la con-
duite de Blanche de Bourgogne restee prisonnlere. — Mort d'Hu-
guenin , duc de Bourgogne , qui est remplace par son frere. —
Revolte excitee par les vexatlons des officlers de la cour eplscopale
de Sens. Les revoltes se cholsissent parml eux un rol , un pape et
des cardinaux , s'absolvent eux-memes de rexcommunication lancee
P. 420. contre eux , et s'adminlstrent les sacrements ou se les font admi-
nlstrer par des pretres en les nienacant de mort. A la requete des
eveques , le roi les falt prendre et punir. — Louis X accueille avec
blenveillance Louis comte de Nevers et de Rethel et Jean de
Namur; il rend au premler ses deux comtes , dont il etait depuis
longtemps prlve , ce qui donne lieu a des murmures et a des
moqueries. — Des ambassadeurs viennent de la part de Robert,
comte de Flandre , et rexcusent sur la faiblesse de sa sante et la
P. 421. necessile de repousser les Invasions dont la Flandre etalt robjet, de
n'etre pas venu traiter de la paix ainsl qu'il Tavait jure. On fixe un
nouveau terme, apres lequel le comte et les Flamands sont declares
contumaces et rebelles. Le comte de Nevei-s , son fils et Robert de
Namur restent en France aupres du rol. — Trois femmes qul
avaienl prepare les poisons dont etait mort revdque de Chalons ,
sont briilees dans une ile de la Seine. — Marlage de Jean , fiis du
comte de Flandre , avec la fille du comte de saint Paul. — Grandes
P. 422. pluies depuls le milleu d'avril jusqu'a ia fin de inillet. Froid rlgou-
reux. Mauvals etat dcs moissons et des vignes. Processions a
Saint-Denys et dans les dioceses de Chartres , de Rouen , elc. —
Le 24 juillet, Louls X prend 1'oriflamme, qu'il confie a Henri de
Herquerl, et se prepare ;i marcher en Flandre. II epouse, le 3 aoiit ,
P. 423. Clemcnce de Ilongrle et se fait couronner avec elle. Le rol arrlve
a Lllle et s'avancant ensulte dans le pays , II refait un pont que lcs
ennemis avaient rompu sur la Lys. Une plule excessive produitdes
TABLEAU CIIRONOLOGIQUE. cxxiij
inondatlons qui empechcnt rarmee de recevoir des vivres. L'armee
francaise brule donc ses tcntes et s'en retourne. Les Flamands , de
rautre cote de la Lys , s'attendant a une attaque , metlent aussi le
feu a leur camp et s'enfuient. Louis X assure a la reine Clemence P. 424.
un rcvenu de 20 mille livres. — Rarete et mauvaise qualite du vin
dans tout le royaume. — Concile de Senlis pour Texamen de raffaire
de reveque de Chalons. Celui-ci demande d'abord a etre reintegre
dans ses biens, ce qui a lieu. Prorogation du concile. — Le pape
Jeau XXII divise en six eveches ce^ui de Toulouse et fait de cette
ville une metropole. — Division cn trois de reveche de Poitiers ,
savoir: Poitiers , Maillezais et Lucon. Lcs abbes de Maillezais etP. 425,
de Lucon deviennent titulaires des nouveaux eveches. — Conjura-
tion d'un cerlain nombre de seigneurs de Vermandois et de Cham-
pagne contre la comtesse Mathilde. Ils arrachent du chateau de
Hesdin un chcvalier qu'elle y retenait prisonnier. Les conjures
comparaissent a Compiegne devant le roi, et lul font satisfaction.
— Charles , comte de Valois , et plusieurs autres seigneurs font
frapper, a leur retour de Flandre, une monnaie qui, pendant quel-
que tenips, a cours a Paris. Le roi en interdit la circulation. — P 42G.
Une comele annonce la mort du roi.
1316. — Grande cherte a Paris et dans le royaume. Louis X
meurt le 5 juillet a Vincer.nes, laissant la rcine Clemence enceinte,
et de son preraier mariage une fdle noramee Jeanne. Le corps du P. 427.
roi defunt est inhurae a Saint-Denys. — Philippe , comte de
Poitiers , qui etait a Lyon pour hater relectlon d'un pape , fait
enfermerles cardlnaux , leurdonneun gardlen etretourne prompte-
ment a Paris. Un parlement est rassemble et decide que si la relne
met aii monde un enfant male , il restera jusqu'a dix-huit ans sous
la tutelle du comle de Poitiers. • — Louis, corate de Clermont ,
Jean , comte de Soissons , son frere, prcnnent la croix. Le comte
de Poitlers, qui etait crolse aussi , fait solcnnellement annoncer le
depart pour la Pentecote suivante. — Mortalite. Beaucoup deP. 428.
pauvres meurent de faim. — Election du pape Jean XXII , apres
une vacance de plus de deux annces. Charles , comte de la Marche,
frere du regent, et leur oncle Louis , comte d'Evreux , assistent au
sacre du nouveau pontife. — Tremblement de terre a Pontoise et
II Saint-Denys. — Jean XXII accorde les annates pour quatre ans
au regenl de France. — Ecllpse de lune. — Mort de Jean , comte P. 429.
de Soissons. — Robert , fils de Phlllppe d'Artois , veut s'emparer
de rArtoIs au prejudice de Mathilde sa tante , comtesse de Beau-
mont le Roger, II se revolte contre le connetable de France.
Gauthier prend par les armes Arras et Saint-Omer, et, cite devant
le Parlement de Paris , refuse de s'y rendre. Le comte de Poiticrs
prend les' armes et marche jusqu'a Amiens. La , on nomme des
negoclateurs pour la palx et Ton dccide quc si Ics ncgociations P. 43(7.
cxxiv TABLEAU CHRONOLOGIQUE.
n'abouli*ssaieut a anciin arrangement , Taffaire serait jugee par les
pairs du royauine. En attendant , le comte d'Artois est niis en
sequestre , et les comtes de Valois et d'Evreux sont designes pour
en percevoir les revenus. Robert se rend en prison a Paris, ou il est
detenu d'abord au Chalelet , cnsuile a Saint-Germain-des-Pres.
Phih'ppe licencie ses troupes et retourne a Paris. — Le 15 novembre
la reine Clemence met au monde un garcon qui recoit au bapteme
P. 431. le nom de Jean , et meurt le 19 dudit mois de novembre. On ren-
(erre a Saint-Denys" aux pieds de son pere. Philippe , comle de
Poitiers, et Jeanne sa femme , recoivent a Reims ronction royale.
— Le comte de la Marche, qui avait accompagne son frere a Reims,
P. 432. se retire avant la ceremonie. Le duc de Bourgogne refuse d'y
assister. La vieille duchesse de Bourgogne fait signifier aux pairs
qu'ils aient a differer la cereraonie jusqu'a ce qu'il ait ete statue
sur les droits de Jcanne, fille issue du premier mariage de Louis X.
Ces clrconstances font presumer que le nouveau roi ne possedait
pas les sympathies de tous ses grands vassaux. On procede nean-
moins a la ceremouie du sacre, les portes de la ville etant fermees
et bien gardees. Aprcs quelques discussions pour la preseanceentre
les eveques de Langres et de Beauvais , celui-ci obtient le pas sur
son rival. Mathilde , comtesse d'Artois , soutient comme pair du
royaume, la couronne royale avec les autres pairs. — A Phillppe
deMarignl, frere d'Enguerran, succede, dans rarchevcclie deSens,
P. 433. Guillairme , fils du vicomte de Melun. — L'eveque de Llmoges
remplace aussi Gilles , archeveque de Bourges. — Guichard , eveque
de Troyes , etant mort, on elil a sa place Jean , chantre d'Orleans ,
qui expire a son tour le jour de sa consecration. — Robert d'ArtoIs
sort de prison , transige avec sa tante la comtesse d'Arlois , et
renonce a son droit sur le comte a conditlon que le roi prendrait
sur lui de dcclder raffaire. II epouse la fille du comte de Valois.
P. 434. — Mort de Conrad , abbe de Citeaux, auquel succcde Gautier. —
Pierre d'Arrablei , cardinal , recoit le serment des selgneurs , des
prelats el des bourgcols, et la promesse de rUniversile de Paris ,
d'obeir a Phillppe le Long comme au roi legitime, et apres lui h
Louls son fils et sou heritier. On declare que la femme ne succede
P. 435. pas a la couronne de France. — Tremblement de terre cn Poitou.
— Mort et Inhumatlon de Louls , tout jeune fils de Philippe le
Long. Long et rude hlver depuis la Sainl-Andre jusqu'a Paques,
Recit du soulevement dcs Pastoureaux en 1251, tire des an-
ciennes edilions de Guillaume de Nangis.
GUILLELMI DE NANOrACO
PROLOGUS.
CuM infinita sint temporum gesta, gestorumque di-
gestores quaraplurirai , nec possint ab omnibus vel
haberi \el legi, non inutiliter duxi ex infinitis pauca
colligere et in unura coarctare compendium quae legen-
tibus oblectamentum pariant et profectum. Hierony-
mus, doctor Ecclesie insignis et fere omnium conscius
Scriplurarum , talem dicit et tantum librum Parali-
pomenon, ut asserat illum seipsum irridere qui sine
eo divinarum scientiam sibi vindicat Scripturarum;
rationemque assertionis suae subjungit, quod in aliis
iibris praelermissas tangit historias ex quarum intel-
ligentia solvuntur innumerabiles Evangelii quaestio-
nes. Ergo, historiis incognitis, merito seipsum dicitur
irridere quisquis divinae paginae vel prudentiae mun-
danae sibi peritiam vindicat obtinere. Nam, ut ait qui-
dam ethnicus, vita aliena nobis magistra est et qui
ignotus (sic) est praeteritorum quasi caecus in futuro-
rum prorurapit eventus. Valet enim notitia historiarum
sive chronicarum ad statuendas vel evacuandas prae-
scriptiones, et privilegia roboranda vel infirmanda,
nihilque post gratiam et legem Dei, viventes rectius et
validius instruit, quam si gesta cognoverint decesso-
rum. Nempe describitur hic qualiter raundus fluxerit,
vel florens provectibus \el pressuris fuerit attritus;
qualiter sunt res rautatae, trauslata regna regiiorum-
que glwia ad nihilum devoluta ; quomodo denique,
postadventum Christi, cliristianitas creverit, corruerit
I. 1
2 PROLOGUS.
impietas, pietas triumphaverit. Liquet sane quod ex
talibus taliumque conspectu et despectus prjesentium
et respectus oritur futurorum. Tunc enim, ut ait
Beda, Scripluris utiliter animum intendimus, cum
non solura in eis virtutes ac praemia justorum, verum
etiam vitia vindictamque reproborum ad incitamenta
nobis bene agendi proponimus.
Seriem igitur ordinationis ab Eusebio Caesariensi ,
Hieronymo et Sigiberto Gemblensi rhonacho factam
ego secutus, nonnulla aliorum doctorum et historio-
graphorum dicta intermiscens, ab initio mundi usque
ad tempus meum textum narrationis mcce perduxi.
Eusebius quidem, a nativitate Abrahae incipiens, usque
ad vincennalia Constantini raagni imperatoris romani
regnorum seriem regumque digessit. Cujus opuscu-
lum Hieronymus de graeco in latinum transferens et
nonnulla intermiscens, usque ad mortem Valentis im-
peratoris continuando pertraxit. Abhinc Sigibertus,
studio multae leclionis edoctus, usque ad annum Do-
mini millesimura centesimum duodecimum cautissima
ordinatione contexuit. Caetera aulem ego frater Guil-
lelmus, sancti Dionysii in Francia monachus, subjun-
gens quae ab aliis quidem digesta erant, sed non eodem
modo ordinata, coraposui et alia raei temporis compi-
lavi. Praeterea rogo ne quis Iiec legens, arguat me de
praesumptione quod tantum opus incepi, vel improbet
ista donec prius inspexerit diligenter unde sint et quo-
modo derivata. Sic enim perpendere poterit quod non
mea indiscretione sunt acta , sed de alienis opusculis
sincere transfusa.
CHROMCON
GUILLELMl DE NANGIAGO.
MCXIII.
SiGiBERTUs, Gemblensis inoiiaohus, teinporum ct
regiiorum descriptor praecipuus , morieus fiiiem chro-
nicae suse fecit. Abhinc subsequutus est eum frater
Guillermus de Nangis monachus sancti Dionysii in
Francia.
Eodem anno sanctus Bernardus, cum sociis triginta
et amplius, sub abbate Stephano , Cistercium est in-
gressus, aniio aetatis suae vicesimo secundo ; ubi quantae
devotionis et religionis, quantique fervoris exstiterit,
vix exprimi lingua potest. Siquidem ab ipso ingressu
suo tanta districtione corpus affligere studuit, quod
tota deinceps vita sua infirmitate multiplici labora-
vit; factumque est ut post breve tempus Cisterciensis
abbatia, quae rebus et geiite pauper et sterilis fuerat,.
plures jam abbatias nobilissimas parturiret (i). Prima
fuit Firmitas; secundaPontiniacus; tertia Clarevallis,-
quarta Morimundus ; quinta Pruliacus.
MCXIV.
In pago Brabatensi, circa Tornacum, nix tanta ceci-
dit nono kalendas maii (2), ut etiam [pondere suo] syl-
(i) Ge qui suit n'est donne que par le Ms. 10298-6.
(2) Le 9.3 avril.
4 CHRONICON
vas fregerit. Apud Ravennam et Parmam, civitates Ita-
liae, in agris et intra moenia sangiiis pluit juniomense.
Idibus etiam iiovembris (r) in suburbio Antiochiae
terra noclu dehiscens turres multas et adjacentes mul-
tas domos cum habitatoribus absorbuit.
Balduinus, rex Jerusalem, cum Rogero comite An-
tiochiae^a), contra Turcos vadit; sedRogero cum exer-
citu suo juxta quemdam tluvium residente , rex cum
suis processit (5), ut adventum Turcorum exploraret.
Turci vero, inontem quemdam occupantes, insidias
per quatuor loca collocaverunt, singulis insidiis qua-
tuor millibus equitum deputatis, a quibus ex inspe-
rato rex Balduinus undique interseptus, mille quin-
genlis suorum interfectis, miserabili fuga est libera-
tus. Turci coenobium in monte Tabor situm funditus
everlunt, monachos interficiunt, et omnia ibi diri-
piunt.
Eo quoque tempore a Conone apostolicae sedis le-
gato tria concilia celebrata sunt in Galliis, primum
Remis, secundum Belvaci , tertium Catalaunis (4).
Ludovicus rex Franciae (5) obsidet castrum Gornaii
(i) Le i5 novembre.
(2) Baudouin I", freie de Godefroi de Bouillon, lui succeda l'an
iioo, et regna jusqu'en 1118. — Roger, fils de Richard, senechal de
l'Apouille, et gendre de Hugues I", comte de llethel, gouvernait,
en iii4, la priacipaute d'Antioche, comme tuteur du priuce Boe-
mond II.
(3) Telle est la lecon de notre Ms. et du n° 4918. Les autres Mss. et
les edit. portent prcvcessit.
(4) Concile de Heauvais, le 6 decembre iii4; concile de Reims, le
28 mars iii5 (1114 v. s.); concile de Chalons-sur-3Iarne, le 12 juil-
let 1 1 15. Dans ces trois conciles on excommunia l'empereur Henri V.
(5) Louis VI, dit le Gros. II regna depuis 1108 jusqu'a lO^.
GUILLELMI DE NANGIACO. 5
supra Malronam (i), contra Hugonem de Pumponna,
dominum Creciaci, qui rapinis intentus mercatorum
[naves per fluvium transeuntes exspoliabat] , et apud
Gornaium spolia deducebat. Venit autem ad auxiliura
dicti Hugonis Guido Rubeus, dominus de Rupe-Forti,
pater ipsius Hugonis, et comes Campaniae Theobal-
dus (2); sed rege viriliter decertante, eos ad fugam
compulit, et castrum in deditionem accepit atque
Garlandensibus (3) coramisit.
Ivo Carnotensis episcopus, qui librum illum com-
pilavit quem Decreta Ivonis nominaiit, obiit; cui suc-
cessit Gaufridus, vir vitae venerabibs (4).
(i) MaUniam, 4917, 49'8, 49i9-
(2) Thibaut IV, dit le Grand , comte de Blois , de Chartres et de
Brie en 1 T02 , de Chanipagne ea 1 125 , luort le 8 janvier i t52.
(5) Les freres Garlande etaientalois aii nonibre de quatre, en sup-
posant que Gilbert, Taine, fiit mort en Orient, oii il s'etait distingue
dans la premiere croisade. Cetaient Anseau, senechal, a qui Louis-le-
Gros donna la seigneurie de Gournai-sur-3Iarne; Guillaume, qui rem-
placa son frere dans les fonctlons de senechal en 11 18; Gilbert-le-
Jeune, seigneur de Garlande et de Livri, bouteiller de France en 1126;
enfin Etienne, eveque de Beauvais, archidiacre de Paris et chanceher
de France des 1108, et qui remplit aussi a son tour la charge de se-
nechal apres la mort de son frere Guillaume. Akselm., t. V, p. i ,.
5i et suiv. Les evenements racontes ici par notre chroniqueur sont
exphques dans la vie de Louis-le-Gros, par Suger. Hi.st. de Fr., t. XII,
p. 22.
(4) Les temoignages ne s'accordent point sur l'epoque de la niort
d'Ives de Chartres. Les auteurs de VHisioire litleraire ont adopte
Topinion de JMabillon, qui la rapporte a l'an 1116 (t. X, p. ii3).
Mais GeofFroi de Leves, son successeur, etait certainement eveque de
Chartres au commencement de cette annee ; d'un autre cote il exisle
une charte dlves, datee de iii5. II faut donc s'en rapporter aux ne-
crologes de la cathedrale de Chartres et de Saint-Jean-en-Yallee, qui
fixent la mort du saint prelat au 10 des kalendes de janvier inS,
c'est-a-dire au 25 decemhre 1 1 15. Gall. Chrisf., t. YIII, col. i i5i et
suiv.
6 CHRONICOiS
MCXV.
Circa ideni tempus, Ludovicus lex Franciae fuit a
vicinis baronibus suis et inilitibus sic arctatus , quod
ab nrbe Parisiiis vix secure egredi posset. Tandem
Dei virlute et auxilio beatorum martyrum Dionysii,
Rustici et Eleutherii, quod semper invocabat, contra
hostes aniraatus, Hugonem de Puisaco in Belsia , et
comitem Blesensem Theobaldum potentissime subje-
cit, et castriim Puisaci finiditus evertit. Odonem Yero,
comitem CorboHensem , et Hugonem de Creciaco,
Guidonem de Rupe-Forti comitem, et Thomara de
Marha tyrannum sibi adversantes perpetuo exhere-
davit,- Hairaonem etiam , dominum Borbonis, sup-
peditans munitiones ejus; et omnium praedictorum
oppida ad suam jurisdictionem revocavit. Cum rege
autem Anglorum Henrico (i) variis et diversis tera-
poribus pugnans, eum saepe mirabili bello perdo-
muit.
Lambertus bonae memoriae Attrebatensis episcopus
obiit. A tempore vero sancti Vedasti usque ad istum,
Attrebatensis ecclesia, proprio viduata praesule, Came-
racensi episcopo erat subjecta.
Coenobium Clarevallis fundatur sub primo abbate
sancto Bernardo. Clarevalbs autem iion longe est a
tUivio Alba,- quae anti(juitus fuit spekmca latronum,
et vallis absintialis dicebatur propter amaritudinem
incidentium in latrones. Eodem tempore monachi ibi
commjarantes saepius pulmentum ex foliis fagi sibi con-
ficiebant. Panis simibs eral illi piophetico ex hordeo,
(i) Ilenri I , dit Beau-Clerc et le Lion , lioisieme fils de Guillaume-
lc-Conqucrant, sacrc cn aout i loo, morf Ir i*"' dcccmhrr 1 155.
GUILLELMI DE NANGIACO. 7
milio et vicia, et raagis terreus quam furfureus vide-
batur.
Fundatur etiam coenobium Pontigniaceiise.
MCXVL
Dum quidam sacerdos missam celebraret in Dolensi
coenobio , puer in loco hostiae super altare apparuit.
Hoc tempore Norbertus, Praemonstratensis funda-
tor ordinis, In Lotharingia natus , divitiis, genere et
facundia clarus, succensus divinofervore et presbyter
ordinatus, paupertatisChristi tunica induitur, etnudus
Christum sequens, verbumque prcedicationis ubique
nudis pedibus spargens, multos ab eirore convertit.
MCXVIL
Anselmus (i >, Laudunicae ciTitalis magister nomi-
natissimus, litterarum scienlia clarus obiit; qui , inter
caetera opera sua , in psalterio glosas marginales et
interlineares ordinavit.
Obiit etiam imperator Graecorum Alexius, cui suc-
cessit Johannes, filius ejus (2).
MCXVIIL
Rex Jerusalem Balduinus primus moritur; cui suc-
cessit Balduinus de Burgo (3) ejus consanguineus ,
cornes de Roasa civitale, quae olim dicta fuit Edissa.
Mense januario , in aliquibus locis terrae motus ac-
cidit, aJibi cleraentior, alibi validior ; adeo ut quarura-
dam urbium partes cum ecclesiis (4) subruisse dicatur.
(i) INotre Ms. seul donnc Anscliiiu.s. Pour la vie et ies ouvrages
«FAnselme, voy. VHist. litler. de la Fr.. t. X, p. 170.
(2) Jcan Comnene succeda a son pere , Alexis I""^, le i 5 aoiit 1 1 18.
(5) Baudouin II, du Bourg, fils de llugues I", comte de Ilelhcl ,
couronne le jour de Paques dc Tan 1 1 18, mourut lc ii aout i i5i.
(4) Cum cccl. mauquent dans lcs edi!. ct dans les Mss.
8 CHRONICON
Mosa etiam fluviiis, juxta abbatiam quae dicitur Sus-
tula (i), quasi pendens in aere, fundum suum visus
est deseruisse. Eodem quoque anno Leodium civitas
muJtis plagis attrita est. Mense enim maio, quinto
nonas ejusdem (2) , dum in majori ecclesia vesperas
celebrant, subito tonitruus cum terrae motu omnes
ad terram stravit et fulmen, a laeva templi ingressum,
cortinis altaris exustis, huc illuc desiliit. Deinde tur-
rim ingrediens, multas trabium partes discidit. Sub-
sequutus est foetor intolerabilis, adeo ut multo aroma-
tum odore vix potuerit expelli. Item, junio mense,
septimo idus ipsius (5), circa horam nonam, nubes
pluviae subito rapta a monte qui dicitur Roberti , sub-
jectam sibi partem civitatis penitus oppressam pessum-
dedit, adeo ut multas domos dirueret et iramensam
annonam perderet ; mulierem etiam , duos infantes
altrinsecus in brachiis amplexatos necaret , et alios
octo homines in diversis locis opprimeret. Pulsantibus
vesperis sabbato, qusedam mulier dum caput lavat
puero, manus rubent sanguine fluido(4). In kalendis
etiam julii, circa horam sextam, turbo nimis vehe-
mens et obscurus civitatem operuit, et nubes ex
abrupto scissa ita omne tectum ecclesiae majoris devi-
cit, ut imbribus pateret, et totum pavimentum per-
funderet. lllico fulmen, a parte aquilonis ingrediens,
quemdam clericum, retro altare sanctorum Cosmae et
( i) D'Achery a imprime en marge Sustera ; edit. des Hist. de France
Sussera, peut-etre Susteren, au diocese de Liege.
(2) Le 3 mai.
(3) Le 7 juin.
(4) La fm do cet alinea manque dans les edit. et dans les Mss. 49' 7"
4920. »
GUILLELMI DE NANGIACO. 9
Damlani in pulpito legentem, alterum ante crucifixum
orantem, tercium de scriptorio ecclesiae proximo egre-
dientem, in ipso ecclesise ingressu extinxit.
Monstrum quoddam Namurci natum est, cui par
iiumquara vel raro visum est, videlicet biceps in-
fantulus. Hic tam sexu duplex quam caeteris (t) , sim-
plex erat compage corporis.
Tercio decimo kalendas januarii (2), prima hora
noctis, igneae acies a septentrione in orientem in coelo
apparuerunt ; deinde per totum coelum sparsse , plu-
rima noctis parte videntibus miraculo et stupori fue-
runt.
Paschalis papa moritur ; cui succedit Johannes ,
Romanae ecclesiae cancellarius , et appellatur Gela-
sius (3). At imperator Henricus, quia electioni non
interfuerat, Hispanum quemdam, nomine Burdinum,
ei superordinavit, Gelasius autem papa , cum a sancta
sede imperatoris et Romanorum tyrannide arceretur,
ad tutelam et protectionem Ludovici regis Franciae et
Gallicanae ecclesiae compassionem , sicut antiquitus
consueverunt antecessores sui Romani pontifices, con-
fugit, indicto Remis concilio.
[Hoc tempore fundata est abbatia Pruliaci a Theo-
baldo, comite Campaniae, et Adela, matre sua , filia
(i) Les edit. et les Mss. 49'7» 18 et 19 donnent cceteri.
(2) Le 20 decembre.
(3) Edit. et Mss. 4917-20. Paschali papa defuiicto, Gelasius secun-
dus , romancB ecclesice centesimus sexagesimus secundus papa prce-
sidet. II nous suffira d'avertir une fois pour toutes que telle est la
formule constamment cmployee dans les Mss. 4917-20 et dans les
editions precedentes, pour annoncer la mort d'un pape et l'election 4g
son successeur.
10 CHRONICON
Guillermi Nollii, quae nupsit Stephano, eomiti Car-
notensi.] (i)
MCXIX.
Gelasius papa Cluniaci moritur et ibidem sepelitur;
cui successit Guido, Viennensis archiepiscopus, Ste-
phani comitis Burgundiae germanus, et Chmiaci bene-
dicitur (2) atque Calixtus [secundus] \ocatur. Hic
concilium a praedecessore suo Remis indictum cele-
bravit, ubi excommunicati sunt simoniaci et pro se-
pultura, chrismate vel baptismo pretium exigentes;
ibique uxorum et concubinarum contubernia presby-
teris, diaconis , subdiaconis sunt penitus interdicta.
Dum autera pro reconciliatione imperatoris et eccle-
sise ibidem cum legatis imperatoris tractaret nec pro-
fecisset, CaHxtus papa ipsum iraperatorem cum suis
fautoribus excomraunicavit.
Tiinc Balduinus, comes Flandriee, Cabxti papae de
sorore Clementia (5) nepos , volens Guillermum,
filium Roberti ducis Normannise, a Henrico rege An-
gliaecaptivatum, in heredilatem patris inslituere, post
occupatam magnam Normanniae partem , in capite
vulneratus [a militibus Angliae regis], occubuit; cui
(i) Cct alinea n'est donne qne par le JMs. de Citeaux.
(2) Les inots ct Cl b. manquent dans les Mss. 49>8 et 4919 et dans
lcs edit.
(3) Clementia manque dans les Mss. et dans les edit. Le Ms 49^9
porte ex uxorc ncpos , ce qui est une faute, il faudrait ex malre.
Clemence, fdle de Guillaume-le-Grand, comtc dc Bourgogne , et soeur
du papc Calixtc, cut de son prcraier mari , Robert II, comte dc
Flandre, mort cn 1 1 1 1 , trois fils, dont deux, Guillaume et Philijipc,
inoururent en bas-agc avant lcur perc. Lc troisieme, Bandouin-a-la-
Hache, ou Hapkin, prit le comte dc Flandre enu 1 1 1 .
GUILLELMI DE NANGIACO. 11
consobrinus ejus Karolus, Canuti (i ; regis Danorum
filius, in comitatu successit. Guillermus vero , filius
Roberti ducis Normanniae, duxit in uxorem sororem
uxoris Ludovici regis Franciee, concessa ei Flandria
post obitum Karoli comitis (2).
MCXX.
Ordo Praemonstratensis incoepit ; cujus loci et ordi-
nis fundator extitit vir Dei Norbertus. Eodem etiam
tempore sumpsit exordium ordo militipe templi sub
Hugone (3), magistro eorum.
Apud Vizeliacum, in vigilia beatse Mariee Magda-
lente (4), incertum quo Dei judicio, innumeral^les
promiscui sexus et eetatis alque ordinis, in ipso noctis
et diei crepusculo, ecclesia subito conflagrante, com-
busti sunt.
[Guillermus et Richardus, filii Henrici regis An-
glorum, et filia ipsius regis et neptis, necnon multi
proceres et nobiles Angliae, volentes de Normannia
transire, in mari submersi sunt, cum mare esset tran-
quillissimum et ventis careret. Qui omnes fere sodo-
mitica labe dicebantur et erant irretiti , et omnes fere
sepultura caruerunt.] (5)
(i) Mss. 49'7? 4918 Cunuti ; 4919 Comiti ; 4920 Cuniti-
{1) Guillaumc Cliton , fils de Kobert Courteheuse, duc de Nor-
niandie, epousa, lan 1 1-27, Jeanne, filie dc Rainier, marquis de Mont-
ferrat, soeur d'Adelaide, femmedeLoiiis-Ie-Gros, et, par rentremise
de ce monarque, fut elu comte de Flandre apres la mort de Charles-
le-Bon, arrivec !e 2 marsde la memeannec. Voy. ci-dessousal'an i i'i']-
(5) Hugue de Payens, de la maison dcs comtes de Cliampagnc. 11
mourut en 1 156.
(4) Le 21 juillet.
(5) Telte cst la lecon des edit. confirmcc par les Mss 49'7-2o. Aous
1 avons preferee a cellc du Ms. 10298-6, qui est beaucoup plus abrc-
12 CHRONICON
Papa vero Callxtus, post concilium Reraense, Ro-
mam proficiscens , ab omni senatu et populo gloriose
suscipitur. Nec multam fecerat in secle morara, cum
Romani, ejus tam nobilitati quam liberalitati faventes,
Burdinum schismaticumetantipapam,apudSuccam(j)
sedentem, et ad limina Apostolorum transeuntes cle-
ricos genuflectere compellentem, expugnatum tenue-
runt. Quem crudis et sanguinolentis peilibus caprinis
amictum per medium civitatis conducentes , impe-
rante domino papa Calixto, perpetuo carcere in mon-
tanis Campaniae captivatum damnaverunt, et ad tantae
ultionis memoriae conservationem, in camera palatii
sub pedibus domini Papae conculcatum depinxerunt.
MCXXI.
[Henricus rex Angliae duxit Aelidem filiam ducis
Lovaniae uxorem, propter pulchritudinem suam, erat
enim pulchra valde.]
Eodem anno fundatur abbatia Oratorli in episco-
patu Andegavensi, a Fulcone comite Andegavensi (2)
et Eremburge ejus uxore.
MCXXII.
Hoc tempore Autissiodorensem regebat ecclesiam
dominus Hugo, sancti Gerraani Autissiodorensis pius
gee; la voici : Guillcrmus , Henrici regis Anglorum filius , votens
transire in Angliam, cum multis nohilibus in mari submersus est.
(i) Edit., Surrentum ; Mss. 49^7 et 49^0, Surdam; 4918, 4919» Sur-
tam ; la Chron. de Saint-Denis, Sutre ; Bernard Guidonis, Sutrium.
(2) Foulque V, dit le Jeune , conite d'Anjou en i log, roi de Jeru-
salem en ii5i, mort le i5 novembrc 1 144- Ce fut au retour d'un
preuiier voyage a la Terre-Sainte qu'il fonda, le 4 seplembre 1121,
rabbaye dc Notre-Dame de Loroux dans lc dioccse (VAngers.
GUILLELMI DE NANGIACO. 13
abbas, sancti Hugoiiis Ciuniacensis nepos, vir virtu-
tum suarum insignis et perpctuo venerandus.
Sugerius sancti Dionysii monachus , Scriplurarum
scientia clarus, solummodo ad diaconatus ordinem
promotus , mittitur a rege Franciae Ludovico, pro
regni negotiis, ad curiam Romanam. Qui dum esset
in regressu, abbate suo Adam deluncto, eligitur in
abbatem, et, prsesenterege, dum rediisset, primo pres-
byter ordinatus, a Bituricensi archiepiscopo in eccle-
sia sancti Dionysii est benedictus.
MCXXIH.
Romae, sub Calixto papa, celebratum est concilium
trecentorum aut amplius episcoporum; in quo pax
inter regnum et sacerdotium, de querela investitura-
rum episcopalium, reformatur, et ibi cassatur privile-
gium quod Henricus imperator extorserat a domino
Paschali papa de investituris, ac perenni anathemate
in irritum reducitur.
In ecclesia sancti Dionysii, Parisiensis diocesis, re-
formatur religio per industriam et bonum propositum
Sugerii, ejusdem loci abbatis. Nam, per negligentiam
abbatum et quorumdam illius ecclesiae monachorum,
regularis institutio ita ab eodem loco abjecta erat, quod
vix speciem vel habitum (i) religionis praetendebant
monachi.
Damberto (2) Senonensi archiepiscopo defuncto,
successit Henricus cognomento Aper.
(i) Ce mots vel habitum ne sont donnes que par le Ms. 10298-6.
(2) Telle est rorthographe de ce nom dans tous ies Mss., les edit.
T^ortexit Dainberto ; le Gall. Christ. 1'ecrit Daimbertus.
14 CHKONICON
CombusLta est ecclesia beati Martinl [Turoneiisis} et
castrurn per guerram clericorum et biirgensium.
MCXXIV.
Obiit Calixtus papa, cui successit Lamberlus Ostien-
sis episcopus (i), et Honorius [secundus] vocatur.
Fulco comes Andegavis Monsteriolum castrum su-
per Girardum Berloi (2) obsessum capit.
Balduinus rex Jerosolimorum Sarracenis prseventus
capitur; sed , post diutinam captivitatem, data pecu-
nia relaxatur.
Henricus imperator, collecto longo animi rancore
contra regem Franciee Liidovicum, eo quod in regno
ejus Remis in concilio domini Calixti papae anathe-
mate innodatus fuent, congregata exercitus multitu-
dine [ingenti], Franciam invadere disposuit, proponens
ense Remensem destruere civitatem. Sed Ludovico
Francorum rege in occursum ejus, cum copioso exer-
citu, veniente, timens [imperator] Francorum auda-
ciam ct probitatem tam cito [ad propria] remeavit.
Quo Franci comperto, sola archiepiscoporum et epi-
scoporum ac religiosorum prece virorum, a terrae im-
peratoris devastatione vix se continere valuerunt (5).
MCXXV.
Hiems gelu solito acerbior, et aggestu nivis ssepius
decidentis nimis horrida et importuna fuit. Multi
(i) LesmotsZ. O. e. inanquentdans les edit. et dans lcs Mss 4917-20.
(2) Telle est la lccon des Mss. 491^» 49'9; Ms. 49'7» Berhoi; 4920,
^erio/; edit., Bevlay.
(5) Lcs edit. et ies autres Mss. portent (lw> Fraiicariun re.x com-
jjertn. . . va/iiit.
GUTLLELMI DE NANGIACO. 15
enlm pauperum infantes et mulieres nimietate frigoris
defecerunt. In multis vivariis pisces absorpti sub gla-
cie perierunt; glacies enim adeo spissa erat et valida,
ut vehicula onusta super eam ducerentur, et quasi
super solum equitaretur. In Brabanto anguillae innu-
merabiles, propter glaciem a suis paludibus exeuntes,
quod dictu mirum est , in fenilibus fugientes latue-
runt; sed ibi prae nimielate frigoris deficientes com-
putruerunt. Mortalitas quoque animalium maxima
fuit. Hierai successit intemperies aeris nunc nive ,
nunc pluvia, nunc gelu allernatim satis noxia usque
ad medium martii; postea vix tandem arbores florue-
runt maio mense, vix etiam terra hcrbarum et gra-
minum reviguit virore. Imber vero postmodum sin-
gulis raensibus assidue deciduus , sata agrorum pene
absorpsit; nam siligo etavenae provectus sui fructum
satis sunt ementitee. Multi quoque sacro igne adu-
runtur.
Tyrus a Christianis terra et mari obsessa capitur, et
Christi iraperio subjugatur.
Fames quoque magna regnum Franciae devastavit.
MCXXVI.
In Hispania ignobilis muliercula monstrum bisge-
mini corporis est enixa , aversis vultibus et corporibus
sibi cohjerens. Ante quidem effigies hominis integro
corporis membrorumque ordine distincta; retro vero
facies canis, similiter corporis et membrorum pro-
prietate integra. In Brabanto, villa Nerisca (i), alia
mulier enixa est quatuor masculos unopartu.
(i)D'Acli. etLa B., Norirca; Hist. de Fr. etMss. 4917, 49>8, 49^9^
Noriscn; 4920, Morisca.
16 CHRONICON
Henricus imperator poeiiitentia ductus , reliqult
imperium et ab hominum noticia sublalus, nec postea
visus est vel cognitus. Tamen quidam dixerunt quod
apud Andegavis, in hospitali pauperum visus, et per
confessionem ab uxore sua cognitus, raortuus et se-
pultus est. Alibi vero legitur quod Pentecostem cele-
braturus veniens apud Ultrajectum, morbo dracun-
culi, qui sibi erat nativus, periit (i). Cujus corpus ,
ejectis intestinis, sale respersum, Spirae delatum est.
Imperatore itaque perdito, Mathildis imperatrix, uxor
ejus, carens liberis, ad Henricum patrem suum, regem
Angliae, est reversa.
Florebat tunc temporis Hugo sancti Victoris Pari-
siensis canonicus, religione et scientia clarus, et in
septem liberalium artium peritia nulli sui temporis
secundus. Qui, inter multa quee utiliter scripsit, etiam
librum de sacramentis valde necessarium, duobus vo-
luminibus comprehensum, edidit (2).
Defuncto sive amisso, ut superius dlctum est, Hen-
rico imperatore et principibus quibusdam de Suavia
et Alemannia, Corrardum (5), nepotem Henrici im-
(i) Henri V mourut a Utrecht le 23 niai de Tan ii25, laissant
veuve sans enfants rimperatrice Mathilde, fiile de Henri I*', roi d'An-
gleterre.
(2) Sur la vie et les ouvrages de Ilugues de S. Viclor, voy. YHist.
litter. de la Fr., t. XII, p. i.
(5) Ce niot est toujours ecrit dans les edit. et dans les autres Mss.,
tantot Conradum , tantot Conrardum. Conrad, duc de Franconie et
de la Francc rhenane, ne regna tju'aprcs Lolhaire , duc de Saxe, ehi
le 5o aoiit 1 125, et mort en decemhre i iS^. — La date de i'election de
Lothaire nous a decide a laisser cet alinea a l'annee 1 126 comme dans
les editions precedentes, quoique, dans le Ms. 10298-6, il soit place
au comniencement de Tan 1127.
GUILLELMI DE NANGIACO. 17
peratoris, in regnum sublimare voleiitibus, alii Liutlie-
rium Saxoniae ducem, virum consilii et bellicosum,
in regera provehunt.
MCXXVII.
In Syria, exercitus Christianorum bis congressus
est Sarracenis, In prirao praelio de paganis ceciderunt
duo raillia quingenti, de Christianis solnmmodo quin-
decim. In secundo autem non incruentam victoriam
habuerunt Christiani ; sed quamvis plurima eorum
[pars perierit, tamen, auxillo Dei revigorati , absque
iiumero hostes] contriverunt et vicerunt.
Norbertus, Praemonstratensis fundator et primus
abbas, in archiepiscopum Parthenopolitanae civitatis,
id est Magedeburch (i), eligitur.
Karolus comes Flandriae, regis Danorum filius, qui
jure consanguinitatis successerat Balduino Jerosoli-
mitani Roberti fdio, dum apudBrugas, diebus Qua-
dragesimae , in ecclesia sancti Donatiani martyris mis-
sam audiret, a Buchardo, Brugensis ecclesiae pr.nppo-
sito (2), sub proditione occiditur. Quod scelus a
Ludovico rege Franciae citius et viriliter vindicatur,
(i) Dans les deux preniieres edit., Madegcburch.
(2) Dans les Mss. 4917-20 et dans les edit. precedentes, on lit : a
Buchardo nepotc Buchardi Brugensis ecclcsice prcepositi. Les deux
iecons peuvent egalenient etre admises. Bouchard , neveu du prevot
de Bruges, avait contre Cliarles-le-Bon des niotifs particuliers de haine
et de vengeance. Ce fut en effet Tun des chefs des conjures, et, au
rapportde Suger (Yie de Louis-le-Gros, Hist. de Fr., t. XII, p. 54.},
celui qui d'un coup d'epee abattitla tete du conite. Maisle prevotlui-
menie fut lame de la conjuration, seulement le nom de ce prevot est
defigure dans tous les Mss. de notre Chronique; il se nomniait Ber-
tulphe. Galbert, Yie deCharles-le-Bon, dans les Bolland., mars, 1. 1,
p. 179 et suiv., ch. 2, 5 et 4-
I. 2
18 CHRONICON
[nam diversis cruciatibus omnes proditores Karoli
occisores permulctavit]. Cui in comitatuFlandriae suc-
cessit, electione principum (i) et auxilio regis Fran-
corum Ludovici , Guillermus , filius Roberti ducis
Normannise, quem patruus suus Henricus rex An-
gliae, palre ejus incarcerato, exheredaverat (2). Qui
Henricus rex AiJgliae, adversus dictum Guillermum
[nepotem suum] principes Flandriae suscitans, fecit
per ipsos Theodericum, consobrinum Karoli de Alsa-
tia , contra eum accersiri : quo (5) Guillermo post
bienniummortuo, Theodericum ad principatum Flan-
driae provehunt (4).
Obiit Gilebertus Turonensis archiepiscopus, cui
successitHildebrannus (5), prius Cenomanensis episco-
pus, in versificandi et dictandi scientia clarus, de quo
quidam ait :
Inclytus et prosa, versuque per omnia primus ,
Hildebrannus olet prorsus ubique (6) rosam.
MCXXVIII.
Multi in regno Franciae [sacro] igne accensi sunt,
qui, convenientes Suessionis in ecclesia beatae Dei ge-
nitricis Mariae, sanati fuerunt meritis et precibus ipsius
sacratissimae virginis.
Lauduni, in ecclesia sancti Johannis, consilio regis
Franciae Ludovici et principum , monialibus quae
( I } Les mots eleclione principum ne sont donnes que par le Ms. 1 0^98-6.
(2) Voy. ci-dessus, p. 10, 11, et not.
(3) La fin de cet alinea ne se trouve aussi que dans notre Ms.
(4) Thierri d'Alsace demeuia paisible possesseur du comte de
Flandre, par la mort dc Guillaume Cliton, survenue le 27 juillet 1 128.
(5) Vulgo Hildcbcrlus. (Note de d'Achery.j
((3) Ms. 49'yi ulif/iie.
GUILLELMI DE NANGIACO. i<)
infames erant ejeclis, in loco ipsarum monachi sub-
stituti sunt; ubi Drogo, religione et facundia vene-
rabilis, a Bartholomaeo [Laudunensi] episcopo primus
abbas ordinatur, qui postmodum a papa Iiniocentio
secundo Romae Ostiensis episcopus cardinaJis conse-
cratur.
Fulco comes Andegavis, relinquens comitatum An-
degavensem Gaufrido filio suo ct in Syriam proficis-
cens, accepit in uxorem Milisandem primogenitam
filiam Balduini regis Jerusalem.
Ludovicus rex Francorum contra Thomam de
Marla (i) dominum Couciaci (2) movet exercitum.
Cui occurrens in auxilium Radulphus conies Viro-
raandorum, et conilictum habens cum dicto Thoma,
ipsum sauciumad mortem Ludovico regi reddidit; qui
post paululum, divinae expers Eucharisliae, spiritum.
nequiter exhalavit. [Hic enim ecclesias illius patriae
graviter infestaverat, et mercatores transeuntes bonis
suis spoliabat.] (5)
MCXXIX.
Norbertus archiepiscopus, apud Magedeburch in
ecclesia sanctae Mariae, remotis canonicis saecularibus,
fratres Praemonstratensis ordinis coUocavit.
Philippus primogenilus Ludovici regis Francorum
(i) Telleest la lecon adoptee par tousles cditeurs. Les Mss. 10298-6
614917 portent de Mar<^a: 4918, 4919, ^g^^o, de Marna.
(2) Les autres Mss. et les edit., Cociaci-
(3) Mss. 4919 et 4920, bonis suis et mercibus spoliaverat. Pour la
vie de Thomas de Marle, voir Suger, Yie de Lbuis-le-Gros, Hist. dc
Fr., t. XII, p. 56; VHistoirc dc la niaison de Coucy, par A. Duchesnk;
VHistoire des comtes d'Jmiens, par Du Cange, liv. iv, cb, i ct 1.
20 CHRONICON
filius Reniis in regem ungilur die Paschae, patre [et
rege Angliae Henrico] prsesentibus (i).
[Theodericus de Alsatia in Flandrias adveniens , et
suasu regis Angliae Henrici quosdam Flandrensium
secum habens, Flandrins contra Guillermum comitem
calumniavit; cui Guillermus comes aciebus dispositis
occurrens et viriliter decertans, dum pene adnihilatis
hostibus castrum in quo latebant reddi deberet, ipse
Guillermus comes inclytus saucialus in manu a praelio
recedens satis cito mortuus est, cui successit idem
Theodericus] (2).
Moniales quaedam infames de ecclesia beatae Mariae
de Argentolio expelluntur, et ecclesia , quae prius
fuerat ecclesise beati Dionysii , ad jus et projirietatem
dicti sancti Dionysii per iudustriam Sugerii abbatis
revocatur, et substituuntur ibidem monachi de ecclesia
beati Dionysii. Ecclesia Ursicampi juxta Noviomum
et abbatia Vallis-lucentis fundantur.
Mathildis imperatrix, filia regis Angli.-e Henrici, data
est uxor Gaufrido (5) comiti Andegavensi , de qua
genuit Henricum qui postea fuit rex Angliae, et
Guillermum Longam spatam, atque Gaufridum Plan-
tegeneste, qui filiam Conani comitis JBritanniae cum
comitatu accepit uxorem.
(i) Ce jeune prince etait ne le 29 aout 11 16, il mourut a Tage de
quinze ans, le 3o octobre ii5i. "Voy. plus bas p. 22
(2) Ces evenements, dans le Ms. 10298-6, sont racontes en deux
raots aTannee 1127. Voy. ci-dessus p. 18.
(5) Ce nom, qui manque dans les deux premieres edit., est aussi
donne par le Ms. 4917- GeofTroi V, Plantagenct, fils de Foulques-le-
Jeune, avait epouse Matbilde, le 22 mai 1 127. Voir la preface du t. XIII
des Jlist. clc Fr c\ la BihUnth. dc 1'Ecole dcs Chartes, tom. I, p. 544-
GUILLELMI DE NANGIACO. 21
MCXXX.
Honorio papa mortuo, Gregorius cardinalis et Pe-
trus Leonis ad papatum eliguntur ; Gregorius "vero
Innocentii secundi et Petrus Anacleti nomiiie alteran-
tur [et gravi schismate Romana ecclesia conturbatur];
sed Petro, ob parentelae suae fortitudinera, apud Sanc-
tum-Petrum commorante, Innocentius Roma egres-
sus Gallias venit. Convocato interim apud Stampas ,
per regem Franciae Ludovicum et ecclesiam Gallica-
nam concilio, sanctus Bernardus [Clarevallis abbas]
Innocentium suscipi persuasit, quem postmodum Au-
relianis lionorifice suscepit rex Franciee Ludovicus.
Inde Carnotum deductus est a Gaufrido Carnotensi
episcopo, magnarum virtutum viro, ubi occurrit ei
Henricus rex Anglorum [cum honore]. Visitando ita-
que Gallicauam ecclesiam , sicul res exigebat, ad par-
tes se transtulit Lotharingorum. Cui, apud Leodium,
Liutherius imperator, cum magna archiepiscoporum ,
episcoporum et optimatum regni Theutonici [comi-
tiva] occurrens, et huraillime se ipsum stratorem (i)
ofFerens, pedes per medium sanctae processionis, una
manu virgam ad defendendum , alia frenura albi equi
accipiens, tamquam dominum ad episcopalera eccle-
siam sic perduxit. Descendente vero tota statione eura
suppodiando deportans , celsitudinem paternitatis ejus
notis et ignotis clarificavit. Exindeque in Franciam
[papa] rediens, apud .sanctum Dionysium diem Pas-
chae celebravit.
Coenobium apud Bellum Montem fundatur sub ab-
(i) Les Mss. 4917» 49'8 et 4919 «lonnent slaturum ou stralurum .
qui n'ont pas de sens.
2-2 CHRONICON
bate piimo Alexandro per Roliertum de Candos (i),
supia Mortuum Mare.
MCXXXI.
Philippus puer, regis Francise Ludovici filius, nuper
in regem Francorum unctus, dum in civitate Pari-
sius equo vehitur, porcus equi pedibus se forte submit-
tens, equum super ipsum praecipitem dedit [capite
ejus ad pavimentum illiso] , et de ejus subita et mise-
randa morte Francis luctum induxit. Corpus vero ejus
in ecclesia beati Dionysii est sepultum. Infensus enim
erat circa idem tempus [sicut invenitur in vita sancti
Bernardi Clarevallis] (2) , rex Franciae Ludovicus
[pater ejus] quibusdam episcopis regni sui , suisque
eos civilatibus et sedibus exturbarat. Pro quorum pace
reformanda sanctus Bernardus plures epistolas (3)
regi mittens nihil profecit. Accidit autem [postea] ut
praesente sancto viro Bernardo episcopi multi, regis
indignationem flectere cupientes, tota humibtate pro-
strati .solotenus ejus tenerent vestigia et nec sic gratiam
obtinerenl. Qua ex re vir Dei Bernardus, animosa reli-
giositate permotus, altera die regem durius increpans
quod sprevisset Domini sacerdotes, libereeidemdenun-
tiavit quod eadem nocte sibi fuerat revelatum ; « Haec,
(t) Telle est aussi la lecon des Mss, 4917» 49'8, 49'9; Mss. 4920,
de Cando ; edit., de Candes. Les trois mots supra Mortuum Mare
manquent dans les Mss. 49'7-2o, Voy. plus bas a 1'annee i 07.
(q) Voy. Bolland., aout, t. IV, p. So^.
(3) Tous les autres Mss. et les edit. portent cpiscopos , lecon vicieuse.
( )n lit dans la Vic de saini Bernard, par Geoflroi , abbe de Clairvaux :
Injensus aliquando rex Francorum senior Ludovicus quibusdam sui
regni episcopis , suis eos sedibus et civitatibus cxturbavit. Unde
ctiam hic vir reverendus [Bernardus] phircs scripsit epistolns , pro
Lorumpace laborans , ( lc , liolland., I. c.
GTJILLELMI DE NANGIACO. 23
« inqult, olistinatio priraogeniti tui Philippi raorte
« mulctabitur » ; quod ita accidit sicut patet superius.
Synodus magna Remis celebralur a papa Innocentio
secundo, in qua multisad honorem Dei dispositis, do-
minus Innocentius Ludovicum (i) [alterum Ludovici
regis Francorum filium], pro Philippo fiatre, quem
de equo ejectum porcus occiderat, vivente adhuc patre
coronavit in regem.
Ecclesia sancti Medardi, Suessionis, ab Innocentio
papa consecratur.
Balduinus de Burgo, rex Jerusalem obiit, cui suc-
cessit Fulco [comes Andegavis] gener ejus (2).
MCXXXII.
Obiit vir sanctus Hugo, Gratianopolitanus episco-
pus , cujus religiosam admodum vitam conscripsit
Gigo (5) prior Cartusiae. Eratque circa [haec] tempora
pulchraacdecora faciesEcclesiae, diversorum ordinum
ac professionum circumdata varietate , dum hinc Clu-
niacenses et Cistercienses monachi, inde Praemon-
stralenses [et regulares Canonici, ac etiam diversi ha-
bitus et professionis] moniales et mulieres Deo devotae
in continentia et paupertate sub obedientiae jugo regu-
lariter viventes, fervore religionis se invicem provo-
carent, et nova certatim in diversis locis monasteria
fundarent. Cum his etiam monachi Cartusienses et ipsi
paulatim [per Gallias maxime] pullulabant. Qui, prae
caeteris continentes, pesti avaritiae, qua plurimos sub
religionis habitu laborare videmus , terminos posue-
(i) Depuis roi sous le nom de Louis YII, dit le Jeune.
(2) Voy. ci-dessus, p. 12, not. 2 et p. 19, annee 11 28.
(3) Edit., Guigo ; tous les Mss., Gigo.
•24 CHRONICON
runt, dum certuin numerum possessionum et anima-
lium, quem eis praetergredi nuHo modo liceat, stalue-
runt, et ipsi singulas singuli cellulas habentes, raro,
nisi vel ob Dei cultum vel ob mutuum in caritate sola-
tium, simul convenientes, perfectius mori mundo, et
caeteris tanto dibgentius, quanto secretius vivere Deo
elegerunt. Ad hnpc etiam milites Templi Jerosolimi-
tani, fratres quoque de Hospitali sub religioso habitu
continenter viventes, ubique se multiplicando diffun-
debant in religiositate. Sed et praesules ecclesiarum ac
principes saeculi promptissime annuebant religiosis,
sponte offerentes terras, prata, nemora et caetera quae
in monasteriis aedificandis erant necessaria.
Ecclesia sanctae Mariae in episcopio , totaque pene
civitas Noviomensium incendio conflagravit, justo, ut
fertur, infortunio ( i), quia summum ponlificem Inno-
centium multi de civitate inhonorifice susceperunt.
Clarevallis duo coenobia uno die [Paschae] (2) pro-
duxit, scilicet Longipontem et Rievallem et post pau-
cos dies Vaucellas (3).
MCXXXIII.
Liutherius imperator expeditionem in Italiam pa-
rat, et cum archiepiscopis, episcopis ac aliis praelatis
Innocentium papam Romam deducens contraPetrum
Leonis, qui ecclesiam sancti Petri munierat, eum La-
terani in sede papali [honorifice] collocat; ibique In-
nocentius papa eumdem Liutherium imperatorem
consecrat.
(i) Dans les cdit. rt les Mss., 49i7-"^o, jiislo Dei judicio.
(2) Le niot Pnschce ne s(- trouvc dans aucim iVIs.
(5) Tous les Mss. donnent cettc lecon , les edit. Nancellas-
GUILLELMI DE NaNGIACO. 25
MCXXXIV.
Norbertus archiepiscopus, [ordinis] Praemonstra-
tensis fundator, obiit. Hildebertus (i) etiam Turo-
nensis archiepiscopus diem clausit extremum , cui
successit Hugo (2).
Abbatia de Asineriis (3) fundatur in episcopatu
Andegavensi.
MCXXXV.
Monasterium de Prato fundatum est.
Rex Angliae Henricus [in Normannia] obiitet apud
Redingas (4) [in Anglia] sepultus est. Post cujus obi-
tum , Stephanus comes Bononiae , ex sorore nepos
[ejus] (5), filius Stephani comitis Blesensis , frater
Theobaldi comitis Campaniee, in Angliam veniens,
episcopo Guincestriee (6) fratre suo eum adjuvante ,
ad regnum Anglise coronatur. Cui Mathildis impera-
trix, fdia Henrici regis Angliae [defuncti, cum viro
suo Gaufrido (7) comite Andegavensi] occurrens, non
sinebat eum in pace regnare (8). Nec multo post ipsa
imperatrix, auxilio Ludovici, regis Francorum, du-
catum Normanniae occupavit, cum fautoribus suis
(i) Edit et Mss. 49'7-2o, Hildebranniis. Voy. ci-dessus, p. 18,
not. 5.
(2) Ces trois derniers mots ne sont donnes que par notre Ms.
(5) Ms. 4918, Asineriis; les autres Mss. et les edit., Asinariis.
(4) Edit. et Mss., Radingas.
(5) Etienne, comte de Mortainetde Boulogne, etait fiis d'Etienne,
comte de Blois, etd'Adele, fille de Guillaume-le-Conquerant.
(6) Mss. 49'9i Wicestrice : les autres Mss. et les edit., JVincestrice.
(7)Cenom, omis par d'Achery, est donne par les quatre Mss. 4917*20.
(8) Dans les autres Mss. et dans les edit. on lit apres regnnrc .- sed
cum fnutoribus suis partes suas in Ang/iam mirifice defendebnt.
Quant a la fin de cet alinca, il y est place a Tannec i i4o.
26 CHROJNIGON
mirifice in Anglia defendens partes suas, ne Stephanus
rex dominiuin dilataret.
MCXXXYI.
Ventus nimius quinto kalendas novembris (i) fuit
qui turres multas diruit. Mare quoque [Anglicanum]
terminos suos egressum partem Flandriae cum habita-
toribus submersit.
Imperator Constantinopolis Johannes moritur (2),
cui successit Manuel filius ejus.
(3) Eodem anno Guillermus comes Pictavensis et
dux Aquitaniae, ad sanctum Jacobum peregre profi-
ciscens, in die Parasceve moritur et ante altare sancti
Jacobi sepelitur, relinquens duas filias Alienordem et
Petronillam. Qui, moriturus, proceres suos quos se-
cum habebat contestatur ut filia sua major Alienordis
(1) Le 28 octobre.
(n) La mort de Jeaa Comnene et l'avenement de Manuel, son tils,
arriverent l'an ii45.
(5) Notre Ms. place la mort de Guillaume d'Aquitaine en Tan-
nee iiSy, et le niariage d'Eleonore, sa fille, avec Louis le Jeune, en
Tannee ii38. Nous avons cru devoir conserver l'ordre de la premiere
edition, parce qu'il est conforme d'abord a tous les autres Mss., ensuite
a Tordre chronologique des evenements. La mort de Guillaume, quoi-
que arrivee en i iSy, doit etre placee en 1 136, suivant l'ancienne ma-
niere de compter les annees, puisqu'eile tombe avant Paques de
Tan iiSy. Quaut au mariage de Louis VJI et d'EIeoaore d'Aquitaine,
il a reellement eu lieu en i i^y. Nous avons aussi laisse a rannee 1107
la mort de i'empereur Lothaire que notre Ms. rapporte au commen-
cement de Tan 11 58. Nous devons toutefois faire observer que cette
dernierc date pourrail s'appu}'er sur quelques autorites. Bernard Gui-
donis dit en parlant dc rempereur Lothairc : Coepit auicrn anno Do-
mi/uyicxK\ii, sccunduni chronicam Vincentii ct Martini, imperavitque
annis xi;.... in quibusdam vcro chronicis dicitur (innis xn. Bibl. du
Roi, Ms. n" 497^) f" i55.
GUILLELMI DE NANGL\CO. 27
Ludovico juiilori Francorum regi , cum Aquilaniae
ducatu, uxor traderetur.
Mcxxxvn.
Siccitas inaudita fuit a martio usque ad septem-
brem, ita quod fontes, putei et etiam multi fluvii sic-
carentur.
Ludovicus rex Franci;ie, audita morte Guillermi du-
cis Aquitaniae, misit Ludovicum fdium suum, jam in
regem coronatum, sicut superius dictum est, in Aqui-
taniam ad desponsandam Alienordem, filiam praedicti
ducis. Quam, cumducatu Aquilaniae accipiens in uxo-
rem, apud Burdegalasdesponsavit; dequapostea genuit
Mariam comitissam Campaniae, et Aaliz (i) uxorem
Theobaldi comitis Blesensis. Infra igitur mensem post
nuptias Ludovici junioris, obiit pater ejus Ludovicus
rex cognominatus Grossus (2) kalendis Augusti, et in
ecclesia beati Dionysii Parisicnsis dioecesis sepelitur;
cui successit Ludovicus, filius ejus, agnominatus Ju-
iiior.
Abbatia Mortui Maris, in foresta de Lions funda-
tur, quam Walerannus abbas Ursicampi in filiam sus-
cipiens, monachos suos illuc transmisit (5).
Liutherius imperator secundam expeditionem fa-
(t) Ms. 4919, Aelipdem, les autres Mss. et les edit., Aelidem.
(2} Les deux mots cognom. Grossus ne se trouvent que dans le
Ms. 10298-6.
(5) On a vu plus haut (ann. i i5o) qu'une abbaye avait ete fondee en
un lieu de Normandie, nomme Beauraont , par Robert de Candos. Ce
Robert etait chatelain de Gisors. Apres sa mort, son fils, au lieu de con-
iinueraprotegerlesnioines de Beaumont, lesforca, par de nombreuses
vexalious, a chercher une autre retraite. Ils allerent donc , en ii54,
batir da-ns un endroit de la foret de Lions, couvcrt de marais et nomrae
pour cela Morteraer, unc nouvelle abbaye qu'ils placercnt, Irois ans
28 CHRONICON
ciens In Italiam, dum rediret in patriam suam subacta
Italia et Apulia , raoritur; cui successit Corardus ,
Henrici imperatoris de sorore nepos (i).
MCXXXVIII.
Petrus Leonis qui per schisma papatum invaserat
per octo annos, judicio Dei percussus interiit. Tunc
Innocentius papa ordinatos ab eo degradavit, et ne
ultra promoverentur ad ordines judicio decrevit.
Florebat hoc tempore Theobaidus comes Campa-
nise, pater orphanorum, judex viduarum, ceecorum
oculus, pes claudorura, in pauperibus sustentandis
singulariter munificus , in extruendis monasteriis et
erga religiosos quosque largitate incomparabilis. Hic
abbatiam sancti Florentii Salmuriensis et abbatiam
Eleemosinee Cisterciensis ('2) ac multas alias construxit.
Genuit autem ex Mathilde uxoresua, nobili genereTeu-
thonicorum progenita (3), Henricum comitem Campa-
ni8e,etTheobaldumcomitemBlesensem, acStephanum
coraitem Sacri-Ceesaris, Guillermum primo Carnoten-
sem electum, deinde Senonensem archiepiscopum ,
post Remensem,- item Adelam reginam Francorum (4)>
apres, sous l'autorite de l'abbaye d'Orcainp, de rordre de Citeaux,
au diocese de Noyon. Gall. Chrisi., t. XI, p. 007 et 3o8. — Le nom de
Waleran, premier abbe d'Oi-camp, n'est donne quc par le Ms. 10298-6.
(i) Voy. ci-dessus, p. 16, not. 0.
(2) II y a ici une erreur que je ne puis m'expliquer. L'abbaye de
l'Aum6ne, dite le petit Citeaux, peut avoir ete fondee par le comte
Thibaut; son origine remonte a 1'annee 1121 environ. Mais l'abbaye
de, Saint-Florent, fondee vers le milieu du vii'' siecle dans le cliateau de
Saumur, avait deja ete rebatie pros de la ville vors le coinmencement
du xi'\
(5) Matbilde, comtesse de Champagne, etait fdk' (i'Engilbcrl II,
duc de Carinthie ct marquis de Frioul.
(4) Troisirmc fcmmc do Louis-lc-Jeunc
GUILLELMI DE NANGIACO. 29
comilissam de Pertico, et comitissam Barri, ac uxorem
ducis Burgundiae.
Florebat et Guillermus Niverneiisis comes insip^nis,
cujus devotio mira enituit, dum de potenti principe
saeculi factus est in Cartusiahumilis pauper Christi (i).
Florebat et sanctus Bernardus abbas Clarevallis, et
sanclus Malachias in Hybernia, qui mortuum susci-
tavit.
Florebat etiam magister Gillebertus cognomento
Porree (2), tam liberalium artium quam divinarum
Scripturarum doctor eximius, et fere incomparabilis
eruditus. Hic, post magistrum Anselmum, super psal-
terium et super epistolas Pauli ex dictis sanctorum
Patrum compactam edidlt glossaluram.
MCXXXIX.
Obiit Joannes de Temporibus, qui vixerat annls
trecentis sexaginta uno a tempore KaroH Magni , cujus
armiger fuerat.
His temporibus quidam pseudo-imperator in par-
tibus Alemanniae surrexit , qui per aliquot annos
apud Solodorum in reclusione vivens, egressus inde,
imperatorem Henricum perditum se esse mentiendo
dixit. Et cum multos sediicendo sibi allexisset, in tan-
tum ut pro eo etiam graves pugnae et homicidia fierent,
aliis eum recipientibus, aliis seductorem palam profi-
(i) Guillaume II, cointe d'Auxerre, de Nevers et de Tonnerre, se
fit chartreux i'an 1 1 47-
(2) Yoy., sur Gilbert de la Poree, Vllist. litter. de la Fr., t. XII,
p. 466. Deux volumes presque entiers de ce precieux recueil sont con-
sacres a saint Bernard , le premier est Toeuvre des benedictins , i'autre
celle de M. Daunou.
30 CHROINICON
tentibus , tandem declarata ejus falsitate , Cluniaci in
monachum attonsus est.
MCXL.
Obiit magister Hugo sancti Victoris Parlsiensis ca-
nonicus Ti^egularis]. Habitaculum servorum Dei Cartu-
siensium in loco qui dlcitur ad Montem Dei , con-
struitur. Coenobium sanctae Mariae Frigidimontis [in
episcopatuBelvacensi, Cisterciensis ordlnis], fundatum
est (i). Eodem temporeHenricus, germanus frater Lu-
dovici regls Franciae, apudClarevallem raonachus efFec-
tus est, qui non multo post ad episcopatum Belvacen-
sem est assumptus [fueruntque praeter istum Henri-
cum alii fratres regis Franciee, Robertus Drocarum
comes, et Petrus dominusde Cortenayo].
Innocentius papa fundavlt apud Aquas-Saivlas (2)
monasterium sancti Anastasii martyris, et constructis
ibidem coenobialibus mansionibus, petilt a Clarevalle
conventum [monachorum] etabbatem. Mittitur autem
illuc cum conventu Bernardus Pisanae ecclesioe (3) olim
vicedominus, qui postmodum fuitpapa Eugenius.
Florebat hoc tempore Gallicana ecclesia per viros
religione ac sapientia illustres, Milonem Morinensem
(i) Les auteurs du Gall. Christ. lapportent a l'an 1 154, la fondation
du monastere de Froidiiiont par tles moines d'Ourcamp, d'apres ces
deux anciens vers :
Aiinus millenus centenus terdccimusque
Quartns eral quando Mons Frigidus exit ah Ursn.
Toutefois Manasscs, premier abbede Froidniont, ne parait pasdans
les chartes avantTan 1142. Gall. Christ., t. IX, p. 83o,
(2) Ce monastere , situe a trois miiies de Rome , est aussi appele
Abbatia Trium fonlium, en languo vulgaire , Le. Trc fontane.
(5) Edit. et Mss. 491 /-'-iO-, cii'itatis.
GUILLELMI DE NANGIACO. 31
episcopum, humilitatis virtute preecipuum ; Alvisum
Attrebatensem [pontificem], liberalitate atque consilio
et facundia clarum; Godefridum Lingonensem; Hu-
gonem Autissiodorensem ; Goslenum Suessionensem
[Gaufridum Carnotensem episcopos]; Albericum Bi-
turicensem archiepiscopum scientia litterarum atque
consilii prudentia clarissimum (j); Sugerium abbatem
sancti Dionysii [in Francia], virum eruditissimum.
Inter hos etiam et alios multos tunc claros scientia vi-
ros, Bernardus abbas Clarevallensis vir opinatissimae
rebgionis eminentissime clarebat. Qui multorum mi-
raculorum patrator, et verbi Dei ferventissimus prae-
dicator, atque plurimorum monasteriorum fundator,
animarum Deo lucra maxima exhibebat; adeo ut ma-
gistri scholarum cum magno clericorum comi [atu etiam
de longinquis regionibus ad ejus optabile magisterium
confluentes, centenario vel etiam ampliori novitiorum
numero domum probationis implerent , et uno die
quadraginta monachi fierent.
Florebat etiam magister Richardus sancti Victoris
Parisiensis canonicus [regularis] (2), qui in bbris et
tractatibus variis multa Ecclesiae sanctae utilia descrip-
sit. [Claruit praeterea his temporibus Hugo de Folieto
sancti Petri Corbiensis monachus (3) , qui librum de
claustro animae et corporis composuit. Alii dicunt
(i) Presque tous ces personnages ont une notice dans les tonies XII
et XIII de VHist. litter. Quant a Suger, independamment de l'article
que lui ont consacre les benedictins dans le tome XII de ce recueil,
on peut voir sa vie , ecrite par Guillaume , moine de Saint-Denis , dans
ies Hist. de Fr., t. XII, p. 102.
(2} Yqv. VHist. litter. de la Fr., t. XIII, p. 472 et suiv.
(5) Ibid, p. 492.
32 CHRONICON
istum Hugonem iii pago Ambiacensi fuisse canonicum
regularem] (i).
Eodem tempore, Senonis, praesente Ludovico rege
Francorum, fit [per industriam sancti Bernardi Clare-
vallis abbatis] episcoporum et abbatum religiosorum
conventus contra Pelrum Abaelardum , qui scandali-
zabat Ecclesiara prophana quadam novitate verborum
et sensuum. Et hic ab eis (2) [de articulis fidei] inter-
pellatus, cum esset de justitia responsurus, veritus
eos, ad sedis apostolicae audientiam appellavit. Et sic
evadens, non multo post, dum esset in itinere [Ro-
manee ecclesise] (3), Cabilone apiid sanctum Marcellum
obiit (4). Construxerat enim coenobium in episcopatu
Trecensi,juxta Nogentum super Secanam, in quodam
pratoubilegere(5) solitus fuerat, quodParaclitumno-
minavit. In quo sanctimoniales plurimas congregavit,
et quamdam religiosam ieminam, quondam uxorem
suam , litteris latinis et hebraicis eruditam [quae mo-
nacha apud Argentolium effecta fuerat , sed inde , cum
aliis pluribus, per industriam Sugerii abbalis sancti
(i) Cest ici que les Mss. et les editions placent la mention des
guerres de riniperatrice Matliilde, contre Etienne, roi d'Angletcrre
(voy. ci-dessus, p. 25, not. 8), et cette mention termine l'annee ii^o,
les details relatifs a Abelard etant rejetes a Tannee i i^i , quoique le
concile de Sens, dans lequel Abelard a ete condamne, ait ete reelle-
ment tenu le 2 juin 11 40.
(■2) Voici la lecon des edit. precedentes et des Mss. ^giy-^^o ; Pclrus
AbcKlardus , rnagisier in dialeciica iiisignis ct celeberrimus , primo
uxoraius, deindc S. Dionjsii in Francia monachus, posi inBritnnnia,
unde natus Jiierat , abbas constituius , Senonis, coram cpiscopis ,
abbaiibus.... convocatur, ei hic ab eis , etc.
(5) Mss. 49175 4918, 4918, Rom. curice.
(4) Abelard mourut le 21 avril 1142.
(5) Tous les Mss porlent legere ; toutes ics cditions degere.
GUILLELMI DE NANGIACO. 33
Dlonysii in Francia, postmodum ejecta,] eisabbatissam
praefecit. Quae vere ipsius amira, magnam ei post
mortem in assiduis precibus Hdem servavit. Corpus-
que ejus de loco ubi obierat transtulit ad preedictum
coenobium Paracliti ; in cujus t?imulo hoc epitaphium
est insertum :
Est satis in titulo : Petnis hic jacet Abaelardus
Cui soH patuit scibile quiclquid erat.
(i) Haec namque, sicut dicitur, in aegritudine ul-
tima posita , praecepitut mortua infra mariti tumulum
poneretur . Et sic eadem defuncta ad tumulum apertum
deportata, maritus ejus, qui multis diebus ante eam
defunctus fuerat, elevatis brachiis, illam recepit, et
ita eam amplexatus, brachia sua strinxit.
MCXLI.
Rogerus de Sicilia (i) post occupatum Calabriae et
Apuliae principatum, [propter investituras ecclesia-
rum quas sibi usurpabat excommunicatus], Innocen-
tium papam bello cepit; sed facta [postmodum] cum
eo qualicumque pace, ut ab eo in regem Siciliae coro-
naretur obtinuit. Sic primus de Normannorum genere
regis nomen usurpavit et postea pene totam Africam
acquisivit.
(i) Ce qui suit ne se trouve que dans le Ms. 10298-6.
(2) Les editions precedentes qualifient ce Roger de Jlls de Robert
Guiscard ; c'est une erreur qui ne se trouve point dans notre Ms. Roger,
premier roi de Sicile, etant fils de Roger douzieme enfant do Tancrede
de Hauteville , se trouvait, non le fils, mais le neveu de Robert Guis-
card. Du Cange, FainHl. normand., Ystoire de liNormant, pubbee par
M. ChampoUion-Figeac pour la Societe de l'Hist. de Fr., p. 555, 555
et 558. — De plus ce prince fut couronue roi de Sicile en i i5o, et uon
en ii4i- Ibid, p. SSg.
I. 5
34 CHRONICOIN
[Stephanus rex Aiiglorum a Mathikle imperatrice,
(ilia regis Henrici, capitur, sed parum post de ejus pri-
sione evadens , contra eam regnum suum strenue de-
fendit].
(i) Tunc orta dissensione inter papam Innocentium
et regem Franciae Ludovicum , ecclesia Gallicana tur-
batur. Nam defuncto Bituricensi archiepiscopo Albe-
rico, missus est Petius a papa ejusdem ecclesise pastor
consecratus. Sed a rege [judovico repudiatur nec in
urbe recipitm-, eo quod sine assensu ejus fuerat ordi-
natus. Ipse vero Ludovicus rex concesserat ecclesise
Bituricensi liberlatem ebgendi in episcopum quem
vellent, excepto dicto Petro, publiceque juraverat
quod, se vivente, non erat futurus archiepiscopus. Qui
iamen electus, Romam profectus est et consecratus a
domino papa Innocentio, dicente regem puerum in-
struendum et cohibendum ne talibus assuescat : et ad-
jecit veram non esse [electionis] libertatem ubi quis
excipitur a principe, nisi forte docuerifc coram eccle-
siastico judice illum non esse ebgendum; tunc enim
auditur ut alius. Rex vero, sicut superius dictum est,
exclusit archiepiscopum redeuntem; sed eum comes
Carapanise Theobaldus recepit in terra sua, et ei omnes
ecclesiee obediebant. Indignatus ob hoc rex Franciae
concitavit omnes [fere] proceres suos , ut una cum eo
comiti Theobaldo guerram inferrent.
(i) Cet alinca est reiivoye a rannee 1142 dans les Mss. 4917-20 el
dahs les precedentes editions. Mais la mort de 1'archeveque Alberic et
l'election de son successeur, Pierre de la Cliatre, etant arrivees en 1 14'
{Gnll. Clirisi., t. II, col. 5o. Artdeverif. lcs dat., Chronol. des comt.
de Champ., t. II, iii-fol., p. 617), nons n'avions ici aucun motif de
changer Tordre du Ms. '0998-6
GUILLELMI DE NANGIACO. 35
MCXLII.
Radulphus Viromandensis comes uxorem suam di-
misit, et Petronillam sororem reginae Franciae A!ie-
nordis duxit; propler quod, ad instantiam coraitis
Campaniae Tlieobaldi, Ivo sedis Roraanae legatus [in
Francia] Radulphum comitem excommunicavit, et
episcopos qui dlvortium illud fecerant suspendit.
Imperator Constantinopolitanus (i) aliquandiu An-
tiochia obsessa, pacem cum principe fecit et urhcm
intravit. Deinde multis praesidiis captis dura venationi
insisteret, et arcura vehementius tenderet, toxlcata
[sagitta] a semetipso vuhieratus In sinistra manuobiit;
cul Manuel fillus ejus In imperlo successlt.
MCXLin.
Mense januario , ventus Inauditus fuit, qul eccleslas
et domos subvertlt et terrae annosas arbores coaequavlt.
Ludovicus rex Franciae , contra Theobaklum co-
mltem Campanlee exercitum ducens, Vltriacura cas-
trum ceplt, ubl succensa ecclesla , in ea mille et tre-
centae personnae dlversl sexus et aetatls igne combustae
sunt. Super quo ex mlserlcordia motus plorasse dl-
citur, et hac de causa postmodum peregrinatlonem
Jerosolymis aggressus a quibusdam aestimatur (2). Rex
vero dedit Vitriacum Odoni Campaniensi, nepoti co-
mltis Theobaldi, qui patrimoniura suum el abstulerat.
(i) Tous les Mss., a rexceptioa du n" 10298-6 qui ne le nommc
point, appellent cet empereui' Manuel. Cest une erreur qui a ete re-
levee par d'Achery ; il s'agit ici de Jean Coninene. Voy. ci-dessns,
p. 26, not. 2.
(2) Edit. et Mss. 491 ^-'^o posimodum, ut dicunt aliqui, peregr. /. ag-
gressus est.
3G CHROJNICON
Obiit Innocentius papa, cui successit Caelestinus [se-
cundus], qui statim pacem cum rege Francorum Lu-
dovico reformavit (r).
In festo beati Martini aestivalis (2), dum Fulco rex
Jerosolymitanus venatum iret et leporem sequeretur,
cquo cespitante ruens mortuus est per miraculum
rupto collo. Ipse enim, [ut tradunt aliqui], antequam
esset rex Jerusalem , quamdiu comitatum Andegaven-
sem tenuit, ecclesiam beati Martini [Turonensis] in
quantum potuit infestavit. Quo ita mortuo, Balduinus
lercius (5), (ilius ejus, cum matre [Milisande regina]
regnavit.
MCXLIV.
Obiit Cselestinus papa cui successit Lucius [secun-
dus] .
Mediante abbate Clarevallis Bernardo, pax inter
Ludovicum regem Franciae et comitem Campaniae
[Theobaldum] reformatur.
Mathildis (4) imperatrix , fdia regis Angliae Henrici,
Angliam devastat et Steplianum regem Angliae permo-
lestat.
Tunc quidam Arnaldus noraine [de Brixia (5)] prae-
dicabal Roraae, superfluitates et divitias clericorura re-
prehendens. Cujus dicta, [propter arctam vitam quam
ducebat], plurimi sequebantur [decepti ab illo]. Sed a
(i) Cette paix, qui mit Pierre de la Chatre en paisible possession
de son siege, fut principalenient l'ceuvre de saint Bernard.
(2) Le 4 juillet II 44-
(3) Le niot tcrtiusne se trouve que dans notre Ms.
(4) Cet alinea nianque aussi dans tous les Mss. exepte dans le
n" 10298-6.
(5) Mss. 4918, .^919, </i- lirissin.
GUILLELMI DE JNANGIACO. 37
quibusdam captus suspenditur et crematur. [Erat enim,
ut ait beatus Bernardus in epistolis, homo non man-
ducans neque bibens, sed cum diabolo esuriens et si-
tiens sanguinem animarum, cujus conversatio (i) mel
et doctrina venemim , cui caput colombae, cauda scor-
piornis erat, quem Brixia evomuit, Roma exhorruil,
Francia repulit, Germania abominala est.]
MCXLV.
Edissa [quae et Roasa] Mesopotamise civitas, in qua
erant apostolorum Thomse et Thadaei corpora et qua3
sordibus idolatriae nunquam polluta fuerat ex quo
primitus ad christianismum conversa est, a Turcis
obsessa, capitur. Ubi, episcopo urbis decollato et
sanctis locis prophanatis, multa millia hominum tru-
cidantur, multa servituti adjiciuntur (2).
Lucius papa senatores Romanorum contra Ecclesiam
erectos in Capitolio obsidet, sed non multo post obiit;
cui successit Eugenius hujus nominis tertius. Hic
[primoPisan8eecclesiaevicedominus,post]inClarevalle
fuit monachus beatique Bernardi discipulus, et post-
modum abbas sancti Anastasii martyris apud Aquas-
Salvias (5) creatus, vir tam honore quam eeterna me-
moria dignus, contra quem Romani Jordanem patri-
cium et senatorem erigentes, ipsumaburbedeturbant.
Ipse ergo, seditione orta in populo, pulverem pedum
in litigantes excussit et reliclis eis in Franciam venit;
(i) Les deux premieres editions portent consilio ; cette mauvaise lecon
est corrigeepar les Mss. dela Biblioth. du Roi qued'Achery n'a point
connus.
(2) Cet eveneraent arriva la nuit de Noel 1 1 44-
(5) Ms. 4918, Aquas Sihias ; 4919, Aqiias Sativns ; 49^^*' Aqiias
Silvas. Voy. plushaut, p. 5o, not. 2.
38 CHRONICOIS
iii cujus comitatu multa signa fecit sanctus Bernardus.
Ad hunc papam scripsit idem vir sanctus Bernardus
librura multae subtilitatis et utilitatis, cujus titulus est
de Consideratione.
[Eodem tempoie] in Francia fames magna invalescit.
Sanctus Bernardus in Alemannia multas virtutes
facit, ubi apud urbem Spirantium (i) tantus erat con-
cursus [populi ad ipsum propter virtutes quas faciebat
in segrotis], quod Corrardus rex, ne populus eum com-
primeret, deposita chlamyde eum in proprias ulnas
suscipiens, de basilica asportaret.
MCXLVI.
Rex Franciae Ludovicus captae urbis Mesopotamiae
[Roasse] zelo accensus, vel ut alii putant Vitriacensis
incendii conscientia compunctus, apud Vizeliacum (2)
tempore Paschali affixo sibi crucis signo, cum regni
principibus (5) et multitudine innumerabili, trans-
marinam peregrinationem proponit aggredi.
Ecclesia Tornacensis, quae per annos circiter sex-
centos a tempore beati Medardi sub episcopo Novio-
mensi sine proprio fuerat sacerdote, proprium coepit
habere espiscopum, Anselmo abbate sancti Vincentii
Laudunensis ab Eugenio papa consecrato, et eidem
urbi in episcopum destinato.
In Aiemannise partibus queedam virgo admirabilis
provectae aetatis erat, cui tantam divina virtus gratiam
(i) Edit., Spirenensium; Mss. 4917-20, Spiretensium. D'Achery a
iiiipritne en niarge Spirensium.
(2) Tous les autres Mss. et les edit. dounent Veziliacum et Vcsiliacum.
(3) Voir les noms des evrques et des seigneurs qui assisterent a l'as-
seniblee de Yezelai dans la V^ie de l.ouis VII Hist. de Fr., t. XII,
p. 126.
GUILLELMI DE NANGIACO. 39
coiitulerat, iil cum laica et illiterata esset, mirabililer
tamen rapta frequenter in summis (i)disceret, non so-
lum quod verbis (2) effunderet, sed etiam scribendo
latine dictaret, ac dictando catholicae doctrinae libros
conficeret : haec fuit, ut aiunt , sancla Hildegardis,
quae multa fertur prsedixisse de futuris (3).
MCXLVIl.
Corrardo imperatore in purificatione beatee Mariae
apud Franquenofort (4) constituto, abbas Clarevallis
sanctus Bernardus tam regi quam fere cunctis principi-
bus [x\lemanniae] crucis [transmarinae] affigit signum,
et socii peregrinationis multiplicantur super nume-
rum. Postea vero navallsDei exercitus ex Anglia, Flan-
drla atque Lotharingla collectus , pridle idus apri-
lis (5), de Tremundo portu Angliae cura ducentis fere
navlbus profectus, quarto kalendas julii in vlgilia apos-
tolorum Petri et Pauli (6) Ulixisbonam [civitatem
Hispanlae] appllcuit, et eam, post quatuor mensium
obsidionem, Dei virtute et sua industria capiunt. Et
cum Christiani essent tantum tredeclm millia, tamen
(i) Edit., iii somnis ; Mss. 49'75 4918, 4919» insummis.
(2) Tres-bonne correction due exclusivement an Ms. 10298-6; les
aulres portent coninie les editions , verius.
(3) II s'agit probablement ici de sainte Hildegarde, abbesse du
Mont-Saint-Robert, dontles revclations furent approuvees par le pape
Eugenelll, dans un grand concile tenn a Treves Tan 11 47- Mais,
quoi qu'eu dise notre cbroniqueur, elio ne devait pas etre fort avanctie
en age en 1 146, puisqu'elle ne mourut que ie 17 septembre 1 180. Voy.
les BoUand. , au 17 septembre.
(4) Edit. et Mss. ^gx^^-l^gio, Franconnfuv . La Purificalion cst lc
2 fevrier
(5) Le 12 avril.
(6) Le 28 juin.
40 CHROJNICON
de Sarracenis ducenta mlllia et quingentos occiderunt.
Etsic cum hymnis ct canticis urbem ingressi, ecclesiam
dedicaverunt, et ibi episcopum et clericos ordinave-
runt. Ad corpora vero christianorum occisorum tres
muti loquendi usum receperunt.
Corrardus autem imperator, mense maio cum
innumerabili multitudine peregrinationem aggres-
sus (i), Iransito prospere Bosphoro, dum ad expu-
gnandum [Iconium inconsulte diverteret, consumptis
terrse graminibus] et victu deficiente, suis homlnibus
fame afflictis inefficax rediit; sed prosequentibus illum
Turcis, multa millia suorum amisit. Ludovicus rex
Franciae, terlio kalendasjunii, scillcet feria quarta post
Pentecosten (^2), cum uxore sua Alienorde regina iter
transmarinum aggreditur, et cum infinltis et expeditis
suorum millibus [per terram] in Hungariam profectus,
transito Bosphoro, in occursu Corrardi imperatoris
excipitur. Qui [imperator], multis suorum ob inopiam
repatriantibus paucisque eum comitantibus, a Francis
benigne suscipitur et cum eisaliquandiu est profectus,
sed propter instantem hiemen et suorum recreatio-
nem apud Constantinopolim est reversus. Qui, hieme
transacta, auxilio Graecorum imperatoris, navibus
ejus apud Jerosolymam est evectus.
(1) Edit. et Mss /igi^j-io pere^rinnruin iter transninjinum.
{•2) Odon de Deuil fixe aussi le depart du roi au quatrienie jour,
c'est-a-dirc au mercredi de la seniaine de la Pentecote. Mais ce jour,
en 1147, etait le lo juin, et non le 3o mai. 11 faudrait lire quarto idiis
junii au lieu de lertia kalendas junii que donnent les editions prece-
dentes et tous les Mss , sans en excepter le n° 10298-6. Od. de Deuil,
dans la coli. dc M. Guizol , p. 289.
GUILLELMI DE NANGIACO. 41
Eodem tempore administratlo totius regni Franciae
commissa est Sugerio abbati sancti Dionysii.
MCXLVin.
Remis concilium a papa Eugenio celebratur, in quo
conciliopublice confutavit beatus Bernardus abbas Cia-
revalbs magistrum Gilbertum cognomento Porretam,
disputando cum eo singulariter, tamquamsui temporis
singularis athleta. Hic Gilbertus erat Pictavorum epi-
scopus (i), in sacris litteris plurimum exercitatus,
sed sublimiora se scrutatus ad insipientiam sibi. Si-
quidem de sanct^e Trinitatls unitate et divinltatls slm-
plicltate non simpllciter sentlens nec fideliter scri-
bens, disclpulls suls panes proponebat abscondltos , et
furtivas proplnabat aquas. Nec faclle quld saperet,
imo quantum deslperet personis authenticis fatebatur ;
timebat enim quod apud Senonas Petrum Abaelardum
ei dixisse ferunt :
« Nunc tua res agitur paries cum proxiraus ardet. »
Novlsslme tamen cumjamfidellumsuperhocinvalesce-
ret scandalum cresceretque murmur, vocatus ad judl-
cium est, et llbrum tradere jussus in quo blasphemias
evomuerat, graves quldem, sed verborura quodam In-
volucro clrcumseptas. Sanctus ergo Bernardus prlmo
quidem totum quod Ille verborum cavlllatlonlbus oc-
cultare nitebacur subtllibus interrogationlbus ellclens,
tam suis ratiociniis quam sanctorum testimonlis bi-
duana dlsputatione redargult. Considerans autem ex
eis nonnullosqui prsesldebant jam quidem animadver-
tentes blasphemiam In doctrlna, adhuc tamen aver-
(i) Voy. ci-dcssus, p. 29.
42 CHRONICON
tentes injuiiam a persona, accensus est zelo, et do-
mesticamsibi Gallicanam convocat ecclesiamseorsum.
Communi denique consilio a patribus (i) decem pro-
vinciarum, aliisautem episcopis et abbatibus plurimis,
dictante viro Dei, novis dogmatibus opponitur sym-
bolum novum (2), cui etiam subscribuntur nomina
singulorum; ut eorum videlicet omnium, sicut re-
prehensibilis, [sic irreprehensibiHs] zeius ceeteris inno-
tescat. Ita demum apostolico judicio et auctoritate
universalis Ecclesise error ille damnatur. Episcopus
Gillebertus an eidem damnationi consentiat inter-
rogatur. Consentiens et publice refutans quae prius
scripserat et affirmaverat, indulgentiam ipsc consequi-
tur; maxime quod ab initio pactus fuisset, ea lege se
eamdem disputationem ingredi, ut promitteret sine
uUa se obstinatione pro Ecclesiae sanctae arbitrio cor-
recturum libere opinionem suam.
Accidit autem post concilium , quum dominus papa
missam in majori ecclesia celebraret et ei, pro more ro-
mano, calix afferretur a comministris, quod sanguis
Domini , nescio qua ministrorum negligentia , effusus
est super tapetum ante altare. Quse res sapientiores
plurimum perterruit, obtinente indubitata opinione
quod hujus modi res in nulla contigit ecclesia, cui non
immineat undecumque grave perlculum; et quia hoc
[in apostolica sede contigerat, universalis Ecclesi^e
periculum] timebatur. Certe nec fefellit opinio. Nam
Corrardus imperator eodem anno, [sicut superius
(i) Ms. u" 4917» partibus.
(i) Ccst pcut-etre, dit dc la Barre, Ic symbole qui existait jadis a
1'abbayc de Long-Pont , et qui avait pour titrc : Confessio fideifacta
aBcrnardo in cuncilio Remensi corain Eu^enio papa.
GUILLELMI DE NANGIACO. 43
dictum est], deletis exercitibus suis a Sarracenis (i)
in Oriente vix evasit. Rex etiam Franciae Ludovicus et
exercitusGallicanus, per deserta Syriee in Terram Sanc-
tam properantes, dolo et astu Grsecorum ac crebro
assultu Turcorum detrimenta maximapassi sunt, fame
nimia cruciati, ita ut quidam equorum et asinorum
carnibus vescerentur. Dicunt etiam Jerosolymis in
templo Domini sive in monte Oliveti fulminasse, et
ejus infortunii praesagium fuisse. Lupi etiam in multis
locis et villis homines devorabant.
Hildefonsus comes sancti jEgidii cum navali exer-
citu Palestinse applicuit, et cum magnum quid facturus
speraretur, reginae Jerosolymorum (2), ut aiunt, dolo
male potionatus, apud Caesaream Palaestinse moritur.
Tunc fiJius ejus adolescens sibi timens, quoddam cas-
trum comitis Tripolitani , avunculi sui, ingrediturj
sed dolo ejusdem reginae cum sorore a Turcis capti-
vatur (5).
MCXLIX.
Eugenius papa de partibus Galliarum in Italiam re-
vertitur et cum Romanis vario eventu confligit, sed
parum proficit.
(i) Edit. et Mss. 4917-20, a Turcis.
(2) Cette reine etait 3Ielisende, veuve de Foulques d'Anjou, qui
gouvernait alors le royaurae de Jerusalem sous le nom de Baudouin ,
son fils, age de seize ans. Voy. ci-dessus, p. 56.
(3) Le fils et la fiUe d'Alphonse Jourdain, comte de Saint-Gilles et
de Toulouse, dont il est ici question, etaient des cnfants naturels.
Raymond I", comte de Tripoli, qui etait, non leur oncle, mais leur
neveu a la mode de Bretagne , au lieu de les proteger, lcs livra aux
Turcs. Le fils, nomme Bertrand, fut delivre dans la suite, et sa soeur
devint femrpe de Noureddin, sultan d'Alep. Vaissete, Abregede IHist.
de Lan^ucdoc . t. III, p. 5o ct 55.
44 CHRONICON
Rex Franciae Ludovicus, fractis per deserta Syriae
viribus, Antiochiam venit, ibique a principe Remundo,
fralre bonae memoriae Guillermi ducis Aquitanise , pa-
tris Alienordis reginae, honorifice susceptus est. Sed
dum ibidem moraretur ad naufragii exercitus reliquias
consolandas, fovendas et reparandas, Alienordis regina,
fraude patrui sui principis Antiochiae decepta, voluit
ibidem remanere ; [sperabatenimprinceps in mora re-
gis Franciae de Turcis sibi proximis (i) victoriam ob-
tinere]. Cumque rex pararet eam exinde revellere, ipsa
parentelce mentionem faciens dixit illicitum esse ut
diutius commanerent , quia inter eos cognatio in
quarto gradu vertebatur. Unde rex plurimum turba-
tus, quamvis eam affectu fere immoderato diligeret,
acquievisset eam dimittere si consiliarii sui et Franco-
rum proceres permisissent (2). Abstracta ergo coacta
est cum rege [viro suoj (5) Jerusalem proficisci; sed vi-
cissim in corde utriusque, licet dissimularent quantuni
poterant, remansit injuria. Imperator Alemanniee
Corrardus et rex Francise Ludovicus Jerusalem asso-
ciati, consilio baronum suorum profecti sunt expu-
gnare Damascum. Obsessa igitur per triduum Damasco
a Francis, Germanis et Jerosolymitanis , captisque
jam muris anterioribus qui hortos ambiebant , cum in
brevi civilas capienda putaretur [et esset], dolo, ut
aiunt, principum Paloestinorum, obsidio removetur;
[moleste enim tulerant quod eam, post captionem, re-
(i) Telle est la lecon que donnent les Mss. 4917-20, au lieu de ibi
propinquis , qu'on lit dans les deux premieres editions.
(2) Edit. ct Mss. 4917-20, paruisscnt.
(5) Ces deux mots manquentdans les Mss. 4917 ^t 4918, aussi bien
qne dans le n" 10298-6.
GUILLELMI DE NANGIACO. 45
p^es concesserant Theodorico comiti Flandriarum].
Facta itaque discessione, rexFrancorum et Imperator,
iterum condicto die ad obsidendam Ascalonem, cum
suis Joppe conveniunt. Sed Jerosolymitisminirae juxta
condictum occurentibus , imperator Corrardus Con-
stantinopolim navibus evehitur. Ptex Franciae Ludo-
vicus, suis baronibus repatriantibus, cum paucis Jero-
solymis per annum moratur.
Tunc Rogerus rex Sicilife navali exercitu Africam
invadit, captaque urbe quae Africa dicitur pluribusque
castris, archiepiscopum Africae, qui sub servitute Ro-
mam venerat consecrandus , ad sedem suam remittit
liberum.
Mutata est ecclesia sanctse Genovefee Parisius, de
statu canonicorum regularium (i).
Corrardus [Romanorum] et Manuel [Graecorum]
imperatores convenientes in Grsecia (2) expeditionem
parant contra Rogerum de Sicilia regem. Sed exercitu
[eorum] fame et aeris intemperie afflicto , Corrardus
repatriat.
Sanctus Malachias episcopus Hyberniae [a Roma re-
diens] in Clarevalle defunctus est [et sepultus; cujus
vitam scripsit sanctus Bernardus].
(i) Cet alinea rnanque dans les edit et dans les Mss. 4917-20, mais
la phrase est inexacte ou incomplete. II faut lire : Mutata est.... in
statum, ou bien : De statu canonicorum secularium in statum cano-
nicorum regularium. Ce fut en efFet en 1 1^9 (v. s.) que les chanoines
seculiers furent remplaces, a Sainte-Genevieve, par des chanoines
reguliers de Saint-Victor. Voy. mon Paris sous Philippe-le- Bel,
p. 4^2.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, in unum, au lieu de iu Grcecia.
46 CHRONICON
MCL.
Ludovicus rex Francise a Palaestina navigans ut in
patriam rediret, Graecorum naves, qui eidem insidias
paraverant, incurrit. Cumque ab eis imperatori Ma-
nuel Curfolium obsidenti praesentandus deducitur,
Georgius dux navium regis Siciliae [eos] aggreditur.
Siquidem, vastatis et spoliatis Graecorum provinciis,
usque ad ipsam urbem regiam Constantinopolim acce-
dens, sagittas igneas in palatium imperatoris jecerat
et, incensis suburbanis, de fructu hortorum regis
violenter tulerat; unde rediens, navibus Grsecorum
obviat quae regem Ludovicum ceperant. Quas invadens,
regem eripit et eum cum honore, laetus de triumpho
et victoria , in Siciliam duxit. Nam ut ita fieret procu-
raverat Sicukis rex , timens insidias Danaum et desi-
derans opportunitatem exhibendi devotionem quam
habebat regi et regno Francorum : qui [ab eo usque
Romam honorifice deductus et a papa Eugenio magni-
fice et gratanter susceptus], exinde, auctore Domino,
prospere migravit in Franciam.
Remundus princeps Antiochiae kaiendis augusti
contra Turcos egressus, multis suorum captis et oc-
cisis, Turcorum insidiis est occisusj cujus caput Turci
circumferentes, fere omnes urbes et castra principis
receperunt praeter Antiochiam. Quam cura nimis in-
festarent, Balduinus rex Jerosolymitanus contra eos
egreditur in Syriam ; eisquc pertuibatis, quamdam mu-
nitionem eorum circa Damascum capitet Damascenos
in triennium ( i ) tributarios facit. Milites templi Gazam
fi) IVAcherv avait cl'al)ord imprinie in cKtermivi. : dans la secondc
GUILLELMI DE NANGIACO. 47
Palsestiiiae urbem reaedilicantes , Ascalonitas gravitei
infestabant.
Hugone archiepiscopo Turonensi mortuo, Enge-
baudus successit.
MCLI.
Habitis per Franciam conventibus, connivente papa
Eugenio , ut abbas Clarevallis sanctus Bernardus Jero-
solymam ad alios provocandos raitteretur, grandis
iterum sermo de profectione transraarina celebratur;
sed per Cistercienses raonachos totum cassatur.
Bartholoraaeus Laudunensis episcopus , tricesimo
octavo anno sui episcopatus, contempto mundi sce-
mate, Fusniaci (i) induitur habitu monachali.
Theobaldus comes Campanise obiit et Llviaco (2)
sepelitur, de quo quidam ait :
Te bonitas totuni dedit oranibus, optime consul,
Tunc raodo faraa manens boc operatur idem.
Monsteriolum castrum capitur super Girardum
Belloi a Gaufrido comite Andegavensi. Nec raulto post
idem comes obiit, et Cenomanis in ecclesia sancti
Juliani sepelitur, cui successit [in comitatu Andega-
edition, on mit in annum, d'apres le Ms. de Citeaux, iecon qu'ont
suivie les derniers editeurs. Les Mss. 49'9 et 4920 portent simplcment
Damascenos irihutarios facit. Dans le n° 4918, on lit in ennium, et
dans le n° 4917, '« mennium.
(i) Les edit. et les Mss. 4917-20 portent Fusciaci; c'est une mau-
vaise lecon. II s'agit ici de Foigni, monastere de Tordre de Citeaux,
fonde au diocese de Laon par ce meme eveque Barthelemy, qui s'y re-
tiraTan ti5i. {Gall. Christ., t. IX, coL 53i et 628.)
(2) Edit. et Mss. 4917-20, Livriaco. Cette lecon ne vaut pas mieux
que celle de notre Ms. Thibaud fut enterre, suivant Mabillon et Ic
pere Pagi, a Lagni-sur-iMarne. Vo) . Art de verif. les dates , in-fol.,
t. II,p. 6t8.
48 CHRONICON
veiisi] Henricus filius ejus qui postea fuit rex An-
gliae(i).
MCLII
Ludovicus rex Franciae zelotypiae spiritu inflamma-
tus, cum Alienorde uxore sua in Aquitaniam vadit,
munitiones removet et gentes suas inde reduxit. Et
dum regrederetur, apud Baugenciacum castrum jurata
consanguinitate uxorem suam repudiat, [de qua duas
filias habebat, Mariam quam Henricus comes Trecensis
postea habuit uxorem, et Aelidem quam Theobaldus
comes Biesensis postea duxit. Facto itaque divortio
inter regem Franciee et Alienordem conjugem suam ,
dum in terra navitatis sua^regrederelur], Henricusdux
Normannige [et comes Andegavis ei occurens] eam
duxit in uxorem; pro quo inter ipsum et Ludovicum
regem magna discordia insurrexit. Genuit autem postea
idem Henricus dux Normanniae ex praedicta Alienorde
regina Henricum juvenem regem Angliae, Richardum
regem Angliae, Gaufridum comitem Britanniae, Johan-
nem regem Angliae (2); item quatuor filias, quarum
una data est uxor regi Castellae, unde orta estpostmo-
(1) Tous les autres Mss. portent : Henricus , filius cjus ex Matliilde
imperatrice , Jilia regis Ilenrici, queni prius rcx Francice Ludovicus
ducatu Normannice sihi jure debito investierat contra Stephanum
Anglice regem. Pendanl que Mathilde faisait la guerre en Angieteri-e,
au roi Etienne, Geofiroy, comte d'Anjou, son niari, s'etait erapare de
la Normandie, qu'il conserva jusqu'a sa raort. Son CIs Henri Planta-
genet lui succeda dans le duche de Normandie ct dans lcs comtes
d'Anjou et du ]\Iaine.
(2) Les precedentes cdit. portent, conformement aux Mss. 4917-20 :
Genuit autem postmodum idem Henricus.... Henricum, Richardum et
Johannem, poslca reges Anglioi , atque Gnufridum comitem Britan-
nice ; itrm quatuor fdias , etc.
GUILLELMI DE NANGIACO. 40
dum Blancha regliia Franclae [mater sancti Ludovici
regis] , altera vero Constantinopolitano iraperatori
nomine Alexi (i), tertia quoque Saxoniae duci, unde
natus est Otho qui postea imperator fuit, quarta vero
Tholosano comiti, unde natus est Remundus, cujus
tiliam postmodum accepit Alphonsus comes Pictaven-
sis , frater regis Francise apud Carthaginem defuncti.
Regina Jerosolymorum ad inimicos Dei (2) familia-
rius se habente, Balduinus rex filius ejus contra eam
insurgit , et obsessis captisque munitionibus ejus, in
Urbem Sanctam intrare ab ipsa secundo prohibetur;
sed postea violenter ingressus eamque in arce obsidens,
facta pace, Neapolim ei dimisit et reliquam regni par-
tem sibi retinuit.
Tunc Massamuti (5), quos quidam Moabitas dicunt,
post usurpatum Mauritaniae (4) regnum , regemque
patibulo affixum, etiam regem Bulgiae occidentes, re-
gnum ejus invadunt, ipsamque Siciliam , Appuliam,
Romam quoque se invadere minantur.
Eugenius papa cum Romanis pace facla urbem in-
greditur, ibique cum eis anno uno primitus commo-
ratur,
Radulphus comes Viromandensis obiit, et ejus comi-
(1) Ici, dit de La Barre apres d'Achery, Nangis a ete mal servi par
sa memoirc, car il ecrit plus bas que la femme d'AIexis fut, non la fille
d^Henri roi d'Angleterre, mais la fdle de Louis VII roi de France.
— Les auteurs de VAH dc verif. les dates ne donnent a Henri 11 que
trois fdles.
(a) Fidci dans les edit. et dans les Mss. 4917-20.
(5) Mss. 4917. 4918, 49195 Mcssaniuti : 4920, Messamicti.
(4) Edit., Moritanice ; Mss. 49i7"20, Maritanice. II s'agit des an-
ciennes Maurilanies, representees aujourd'hui par le Maroc et les re-
gences d'Alger et d'Oran.
4
50 CHRONICON
tatus ad Philippum Flandieiisem comitem, ope regis
Franconim Ludovici, devolutus [est].
Corrardus imperator obiit, qui , cum quindecim
annis regnaverit (i ), benedictionem tamen imperialera
non habuit. Cui Fredericus, dux Saxoniae, nepos ejus,
per electionem successit (2). Obierunt etiam viri reli-
gione et scientia clari, Hugo Autissiodorensis et Josle-
nus Suessionensis episcopi , atque Sugerius abbas
sancti Dionysii.
MCLIII.
Obiit Eugeiiius papa, sancti Bernardi discipulus (5);
cui successit Anastasius, natione Romanus. Venerandae
quoque memoriae abbas Clarevallis Bernardus, post
claros actus et multarum animarum lucra , post [cen-
lum et sexaginta (4) de monachis suis] fundata mo-
nasteria et plurima miraculorum signa exhibita , beato
fine quievlt. Ex cujus discipulis cum plures ad episco-
patum, archiepiscopatum vel etiam papatum promoti
fuerint, ipse tamen nunquam episcopus sive archie-
piscopus esse voluit, llcet electus atque invitatus mul-
toties et multis in locis. Sepultus est anle altare bea-
tissimae virginis Mariae (5) , ipsoque in tumulo ejus
(i) Les cinq mots qui cum q. a. r. ne sont donnes que par le
Ms. 10298-6.
(2) Frederic I", dit Barberousse, fils de Frederic duc de Souabe
et de Juditb, fille d'Henri le Noir duc de Bavicre, fut elu enipereur
en ii52, le 4 mars, et couroune le 9 du meme mois. Ces epoques
sout constatees par des chartes [Art de. verif. les datex). II mourut le
10 juin 1190.
(5) Les mots sanct. Bern. disc. nc se trouvent que dans notre Ms.
(4) Le Ms. 10298-6 porte seulement multa.... monasteria.
(5) Les mots Sepultus cst a. a. b. v. M. manquent dans les edit.
precedentes et dans les Mss. 4917-20; ainsi que les mots eod. annos.
rn. a. Jerosol., qui se trouvtnt ua peu plus bas.
GUILLELMI DE NANGIACO. 51
pectori superposila est capsula reliquias conliiieiis
beali Thadaei apostoli, quas, eodem anno sibi missas a
Jerosolymis, jussit corpori suo supponi, eo utique fidei
et devotionis intuitu , ut eidem apostolo in die com-
munis resurrectionis adhaereat.
Ludovicus rex Franciae Normanniam aggressus,
Vernonem castrum obsidet et capit, [Henrico duce in
Anglia existente]. Henricus dux Normannice [et Aqui-
taniae] comesque [Pictaviee et] Andegavise, dum contra
regem Angliae Stephanum fortiter dimicaret, idem
Stephanus rex labore debilitatus et senio, nec non et
defuncto filio suo Eustachio (i), spe heredis desolatus,
hujusmodi pacem cum Mathilde imperatrice etHenrico
filio suo fecit : scilicet quod Henrico post eum re-
gnum Angliae in pace remaneret, et Henricus eum in
patrem et ipse Henricum in filium adoptaret; et ita
Stephanus in regni solio in pace resedit, et Henricus
vices regis agens, in statum pristinum totam Angliam
reformavit.
Rex Jerosolymorum Balduinus , regni integritate
potilus, Ascalonem Palaestinse caput post longam ob-
sidionem , non sine gravi damno et multa suorum
profligatione, tandem cepit.
Florebant tunc temporis in Francia doctores in-
signes, Pelrus Lombardus, Odo Suessionensis, Ivo
Carnotensis (2). Quorum Petrus volumen edidit Sen-
(i) Ce jeune prince avait epouse Constance, soeur de Louis \ II roi
de France.
(2) Les edit. precedentes portent Odo Siiessionensis et Yvo Carno-
tensis episcopi, comme s'il pouvait encore etre question , en 11 55,
d'un eveque de Chartres mort en iii5 (voy. ci-dessus, p. 5, not. 4)-
II s'agit ici d'iin certain Yves de Chartres, docteur, disciple de Gil-
52 CHROiMCOiN
tcntiaruftn\usituor distiiictuni libris, ex diversis saiicto-
rum et doctorum dictis utiliter compilatum. Hic etiam
glossaturam super psalterium et epistolas Pauli, ab
Anselmo Laudunensi per glosulas interlineares margi-
nalesque distinctam, et post a Gileberto [Porree] con-
tinuative productam, lalius apertiusque explicuit.
MCLIV.
Obiit Rogerusrex Siciliae, princeps utilis et actibus
clarus, post insignes de Sarracenis victorias eorum-
que terras occupatas, nec inferiorem se filiuni Guil-
lermum (i), regni ac victoriarum successorem, reli-
quit.
Mortuo Stephano rege Anglifie, Henricus dux Nor-
manniae in regnl solio sublimatur; hic Henricus
Angliam, Normanniam, Cenomanniam, Andegaviam,
Turoniam, Pictaviam et Aquitaniam viriliter regens,
volens alas suae potestatis per universas extendere re-
giones, maximam partem Hiberniae acquisivit (2).
Obiit Anastasius papa, cui snccessit Adrianus [na-
tione Anglicus], qui slatim Fredericum [regem Roma-
norum] ad imperium coronavit; cujus coronationi
bert de ia Poree, que celiii-ci avait cite pour sa defense, en ii48,
au concile deSens (voy. Hist. litter. de la Fi:, t. X, ]). n5). Ajoutons
qu'en ii53, c'etait Ansculfe , fds de Nivelon seigneur de Pierrefons
ct d'Havise de Montmorency, qui occupait le siege episcopal de Sois-
sons, et qu'aucun des eveques de cette ville n'a porto le nom de Odou
ou Eudes. Gnll. Christ., t. IX, p. 56o. Quant a Pierre Lombard ,
eveque de Paris, surnomme le Maitre des sentences, voyez VHist.
liiter. de la Fr., t. XH, p. 585.
(i) Guillaumel", dit le Mauvais, de ii54 a 1166.
(2) Edit. et M.ss. 4917-20, Mortuo S. r. A. H. d. N. et Aquitania;,
cnmesquc Andc^avia; cl Pictavia; iii re^iii s. .v.. hic fiosfmnduin
mnximam pnrteiii Hil>criii(cacquisi\ut.
GUILLELMI DE iNAlNGlACO. 53
cum Roraaiii resislereiit, poteiiter a Thentoiiicis sunl
repulsi.
Ludovicus rex Fraiiciae Coiistantiam filiam impe-
ratoris Hispaniae (i), feminam morura honestate
praecipuam, apud Aurelianis duxit in uxorem ; cjuae
ab HugoueSenonensi archiepiscopo ibidemunctaestin
reginam. Quod Sanson Remensis archiepiscopus aegre
tulit, dicens regis Franciae et reginae unctionem ad se,
ubicumque consecrati fuerint, pertinere. Contra quem
Ivo (2) Carnotensis episcopus, decretorum et legum
(i) Coastance etait fiUe d'Aiphonse-Raimond VIII, roi de Castille.
On lit dans les preuves de l'Histoire de saint Denys , par Felibien ,
p. 109, une charte de ce monarque, oii il prend le titre de imperalov
totius Hispanice. Cf. Mabii.i.., De re diplom , p. 4^2.
(2) Ici d'Achery avait simplement remarque que Yves , eveque de
Chartres, etait mort depuis longtemps. De La Barre a supjirime cetle
observation et Ta remplacee par un renvoi a la Chronologie du moine
d'Auxerre, et a l'epitre i8g d'Yves de Chartres. Robert, moine
d'Auxerre, a Tannee ii54 [Hist. de Fr., t. XII, p. '2q5) , raconte le
sacre de la reine Constance , a peu pres dans les memes termes que
uotre chroniqueur. Seulement c'est lui qui , de son chef , cite l'auto-
rite de Teveque de Chartres, sans que rien, dans son recil, puisse
induire a croire que saint Yves eut ecrit, en 1 154, contre rarcheveque
Sanson, comme cela semblerait resulter du lexte de Kangis. Si main-
tenant on lit la 189* lettre d'Yves de Chartres {Hist. de Fr., t. XY,
p. 1 44 et suiv. j, on y trouve un manifeste ecrit quarante-six ans aupara-
vant dans une circonstance semblable, contre Tarcheveque de Reims
Raoul et son clerge, qui se plaignaient, en 1108, que Louis le Gros
eut ete sacre par rarcheveque de Sens. Apres quelques arguments
applicables seulement au sacre de Louis M, saint Yves en developpe
quelques autres, qu'ou pouvait invoquer dans tous les temps, savoir
qu'aucune loi ne deferait a l'archeveque de Reinis, preferablement ;i
tout autre, le droit de sacrer les rois; qu'il y avait plusieurs exemplcs
de rois de France sacres ailleurs qii'a Reims, et par d'autres prelats que
par rarcheveque dc cettc ville. - L'autorite d'Yves de Chartres est
encnre invoqn('e plus biis ( annec iv.^S) dans iinc circnusiance ana-
los-uc.
54 CHRONICON
peiitissimus , tam rationibus quam exemplis ad-
struxit, non ad eum solummodo unctionem regalem
pertinere, cum ipse scripto vel exemplo probare ne-
queat se vel aliquem antecessorum suorum aliquem
regem Franciae vel reginam extra provinciam Belgicam
consecrasse, nec de jure communi possit in alterius
metropoli vel dioecesi sibi jus proprium vindicare.
De ista autem [Constantia] regina genuit Ludo-
vicus rex filiam nomine Margaretam, Henrici juvenis
regis Angliae uxorera, quam, eo mortuo, Bele rex Hun-
gariae desponsavit.
MCLV.
In partibus Burgundise, quinto decirao kalendas fe-
bruarii (i), ter in una nocte fuit terree motus, a quo
multa ?edificia sunt subveisa.
Guillermus rex Siciliae in jEgyptum exercitum du-
cens, urbem Taneos (2) spoliat etdevastat; sed inde
revertens, dolum imperatoris Graecorum offendit ,
et cum essent Siculi pauciores , tamen centum qua-
draginta naves Graecorum capiunt, spoliant et de-
vincunt.
MCLVI.
Guillermus rex Siciliae Massamutos (3) qui in Italia
Puteolum castrum spoliaverant capit et exterminat.
Regem Babyloniorum quidam dc suis principibus
interfecit, et inde cum infinitis thesauris fugiens, a
(i) Le 18 janvier.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, Thaneos.
(5) D'Acliei"v, in Assautas; le Ms. de Citeaux, inassamitas ; c'est
sans doute le inot Massamilas , qui a ete mal lu, et que donne aussi
le Ms. 4920. Les Mss. 4917» 49^^ portent Massamutas ; le Ms. 4919»
Massnminins. Vnv. ri-dessus anncc \\5'i.
GUILLELMI DK NAWGIACO. 55
miiitibus Templi occiditm-, captotjue ejus filio cum
copia ihesaurorum (i).
Fredericus imperator transalpinando in Italiamfor-
titer agit et adversantium sihi castra dejicit.
Ludovicus rex Franci.np ecclesiam Senonensem a pra-
vis exactionibus, quibus in morte archiepiscopi solebat
fatigari de consuetudine, exemptavit.
MCLVIL
Imperator Fredericus cum infinito exercitu urbes
et castella Italiae expugnans, multa in deditionem re-
cipit. Mediolanum vero urbem obsidens, circa eam
fere per septennium commoratur.
Engebaudo Turonensi archiepiscopo mortuo suc-
cessit Joscius Brito.
Margareta, filia Ludovici regis Franciae ex Constan-
tia, datur filio Henrici regis (2) Angliae in uxorem, et
pax inter eos reformatur.
MCLVIIL
In partibus Saxoniae qusedam sanctinionialis Eliza-
beth (5) mirabiles visiones de conceptione, nativitate
et assumptione beatae Dei genitricis et virginis Mariae
vidit; vidit etiam de gloria undecim millium vir-
ginum.
(i) La mort du visir El-Abbas et de son fils, assassins du calife
Dhafer Bamrillah, arriva peut-etre en 1 156; mais le meurtre du calife
avait eu lieu en avril 1 155-
(2) Edit. et Mss. 4917-20, spondetur Henrico Jilio primogenito. Le
mariage dont il est ici question ne pouvait exister qu'en projet,
Tan 1 157, car Henri au court 3IanteI et Marguerife de France etaient
encore au berceau.
(5) Saintc Elisahelh , ahbesse de Schoiiauge , au diocese de Treves ;
elle mourul le 18 juiu 1 165. Bom.and., juin, l. III, p- 604 et suiv.
56 CHRONICON
Florebat hoc tempore Theobaldus Cantuariensis ar-
chiepiscopus de Beccensi monasterio [in Normannia]
assumptus, vir per omnia laudabilis et magnificus ,
tam in saecularibus quam ecclesiasticis negotiis expe-
rientissimus. Per ipsum [sanctus] Thomas [postea
martyr], archidiaconus Cantuariensis, factus est regis
Angliae Henrici cancellarius.
Signum crucis apparuit in Luna. Nonis septem-
bris (i), tres soles visi sunt in parte occidentali, sed
duobus paulatim deficientibus, sol diei, qui medius
erat, remansit usque ad occasum.
MCLIX.
Adrianus papa obiit, eoque mortuo facta in Eccle-
sia Romana magna turbatio. Cardinales enim ad
invicem divisi duos elegerunt sibi pontifices, Rollan-
dum scilicet cancellariiim (2) , qui Alexander papa
dictus est, et Octavianum (3); gravi scismate Ec-
clesiam dirumpentes; unde proceres regionum tur-
bati sunt, quidam uni quidam alteri adhaerentes.
Imperator siquidem Romanus cum suis episcopis Oc-
taviano, qui a sibi faventibus papa Victor acclamatus
est, cessit (4). Rex vero Francias Ludovicus, et rex
Angllse Henricus cum suis [praelatis] , Alexandrum iu
patrem et dominum susceperunt.
(i) Le 5 septembre.
(2) Les trois mots RoU. sc. canc. manquent dans lcs edit. et dans
les Mss. 4917-^0.
(5) Mss. 49'7? 49'8, 49^0, Othovianum ; 49'9) Otho?iiiinum.
(4) Seize mots, depuis /m/:;era/fl7' jusqu'a cessit, sont omis dans les
cdit. et dans les Mss ^vt\%-J.o. Dans le n" 49'7 '' manque senlemenl lo
nom do Victor.
GUiLLELMl DE NAINGIACO. 57
MCLX.
Eclipsis lunae fit et moritur Constantia regina, filia
imperatoris Hispaniae (i), femina vitae laudabilis et
moribus perornata . Rex vero Ludovicus aliam (2) duxit
uxorem , Adelam scilicet filiam comitis Campaniae
Theobaldi, quem defunctum superius diximus. Hanc
Hugo Senonensis archiepiscopus in reginam Franciae
Parisius consecravit , praesentibus tribus [ecclesire
Romanae] cardinalibus.
Circa idem tempus miracula beatae Mariae de Rupe
Amatoris incoeperunt.
MCLXL
Obiit Guillelmus comes Nivernensis, cui Guiller-
mus filius ejus succedens, a comite Joviniaci et comite
Sacri-Caesaris (5) multas infestationes sustinuit; sed
tandem praevaluit.
Henricus rex Angliae, dux Aquitaniae [et Norman-
niae], venit contra [Tholosanum comitem apud] Tho-
losam; sed rex Franciae Ludovicus [urbem] intraverat
ad defendendam eam; unde rex Henricus, veritus ob-
sidere dominum suum, recessit(4)-
(i) Dans les edit. et les Mss. 4917-20 les mots fdia imp. Hisp. .sont
remplaces par regina Francice. Les six niots qui suivent Ae^m^femiiia
jusqu'a perornata ne sont donnes que par le Ms. 10298-6.
(2) Edit. etMss. 4917-20, tertiam.
(3) En 1161 le comte de Joigni etait Renaud, quatrieme du nom ;
celui de Sancerre, Etienne I'', troisieme fils de Thibaut-le-Grand
comte de Blois et deChampagne.
(4) Cet evenement eut lieu au mois d'aout iiSg. D. Vaissetk, Abr.
de IHist. de Languedoc, t. III, p. g4 et suiv. Le comte de Toulousr
etait Raymond V, devenu, en 1 154, beau-frere de Louis Vll , par soii
mariage avec Constance, veuve d'Eustachc comte de Boulogne ct fils
d'Eticnne roi d'Angl€terre. Voy. ci-drssus, p 5i, nol. i.
68 CHRONICOIS
MCLXII.
Baldulno rege Jerosolyraorum sine herede defuncto,
Almaricus, frater ejus, eidem in regno successit.
Fames ingens fuit per totnm regnum Franciae.
Tunc Mediolanenses [fere] per septennium [a Fre-
derico Romanorum imperatore] obsessi, cum victua-
liumpenuria laborarentet aliasltaliaeurbesarebellione
defecisse conspicerent, imperatori se dederunt; qui ci-
vitatis muros destruens, et turres dejiciens, totam ur-
bem dispersit in vicos, Quo facto, Rainaldus (i) Colo-
niensis archiepiscopus corpora trium Magorum, ([ui
dominum in Bethleem adoraverunt, olim Constanti-
nopoli translata et inde apud Mediolanum transvecta,
a Mediolano Coloniam transportavit.
Alexander papa in Galliam venit et a Franciae et
Anglige regibus est susceptus.
Sanctus Thomas Cantuariae archiepiscopus conse-
cratur.
MCLXIII.
Alexander papa Turonis in Pentecoste^a) concilium
celebravit, et post in festo sancti Hieronymi (5)
Senonis veniens , per annum et dimidium ibidem
mansit.
Sanctus Thomas Cantuariensis archiepiscopus, exsul
ab Anglia, aufugit in Franciam; qui veniens Senonis
ad papam Alexandrum, ostendit ei consuetudines
regis Angliae propter quas exsulabat : quas cum do-
mino Papae et cardinalibus rationabiliter exposuisset.
(i) Edit. et Mss. , Bcginaldns.
(2) Le ig niai, joar dc I octave de la Pentecole.
(5) Le 5o septenibre.
GUILLELMI DJ£ NANGIACO. 59
admiratus domlnus Papa ejus sapientiam el eum iio-
norablliter susclpiens, gratias ei agere coepit quod
Ecclesiam Dei tam periculosis temporibus contra
tyrannorum insultus tueri suscepisset. Tunc consue-
tudines illas dominus Papa perpetuo condemna\it, et
observatores atque exactores earum aeterno anathe-
mati subdidit. Sanctus autera Thomas, consilio do-
mini Papae apud Pontiniacum [coenobium] se confe-
rens , Ibldem [fere] per blennium stetit. Deinde
Senonis in coenobio sanctse Columbae commorans,
expensis regls Franciae Ludovici sustentatus est.
Alexander papa Senonls, in ecclesla sancti Stephani,
altaresanctorum apostolorum Petri etPauli consecra-
vit, et ecclesiam (i) sanctae Columbae dedicavit.
Guillermus [comes] Nivernensis comltem Stepha-
num Sacri-Caesarisjuxta Marchlam (2) in bellodeviclt,
et de suls multos occidit et cepit.
MCLXIV.
Rex Angliae Henricus cognoscens in quanto honore
sanctus Thomas Cantuariensis archiepiscopus a domino
papa Alexandro esset susceptus, et quod in Pontiniaco
locura sibi mansionis elegisset; cum jam in ipsum
desaevire non posset, in suos inaudito crudelilatis
genere debacchatus est, Praecepit namque ut, ubi-
cumqueallquis de cognatione ejus vir aut mulier inve-
niri potuisset, exheredatus et spoliatus bonis propriis,
a suo regno pelleretur, exacto prius ab eo sacramento,
quod Pontlniacum, contristandi gratla archiepisco-
pum, proficlsceretur et se ei praesentaret,
(1) Edit. et Mss., monasterium .
(2) Ces (Ipux mols tie sont donnes que par notie Ms
60 CHRONICO^
MCLXV.
Alexander papa Romam revei titur et ciim maguo
honore suscipitm^ a Romanis.
Philippus Ludovici regis Franciae filins, mense au-
gusto in octavis beatse Mariae nascitur nocte (i) do-
minica. Dequo etiara, antequam natus esset, talera in
somnis pater ejus (2) rex Ludovicus vidit visionem;
videlicet quod ipse Pliilippus filius suus aureum cali-
cem in manu sua plenum humano sanguine tenebat,
dequopropinabat omnibus suis principibus, et omnes
in eo bibebant : unde quid talis hujusraodi visio por-
tenderit sequentia ejus facta declararunt.
Guichardus secundus (3) abbas Pontiniaci in Lug-
dunensen arcliiepiscopura est assumptus.
MCLXVI.
In Ruthenensi pago qusedam tempestas gravi fla-
gello castigavit populum Dei ; nam lupi feroces [a
silvis egressi] ab uberibus matrum parvulos rapiebant
et diris morsibus devor.ibant,
Henricus Belvacensis episcopus , frater Ludovici
regisFranciae, quera supra raonachum fuisseClareval-
lisdiximus, translatus in archiepiscopatum Remensera
fuit.
MCLXVII.
Fredericus imperator odio Alexandii papae Romani
(i) Les edit. et les Mss. 4917-20, in oct. nssiimptinnis b. M. die do-
minica. Rigord ct Guiliaunie-le-Breton fixent ia naissance de Pliilippe-
Augosle au 11 des calendes de septemlire, jour de la fete de saint
Timothee et de sainl Symphorien. Cest le T?. aout qui, Tan iit>.5,
tomhait en effetun dimanche.
{•i) Edit. et Mss. 4917? 49'9) i^^ 7'"^ pnler ejus tnlem, etcj 49'^>
Dc quo ctinm patcr ejus tnlem, etc.
(3) Kdit. ct Mss. 49i7-''o, (iuicfinidus ahhas , rtc.
GUILLELMl DE NANGIACO. 61
obslciet(i), sed Dei judiciopene omiiis illlus exercitus
peste perit, et sic moestus (2) cum paucis ad propria
remeavit.
Mathildis imperatrix, mater regis Angliae Henrici,
moritur.
Obiit Guillermus rex Sicilise, cui Guillermus filius
ejns (3) successit.
Almaricus, prius abbas Karoli-loci , deinde Silva-
nectensis episcopus, obiit.
MCLXVIII.
Talis pestis fuit in Jerosoiymis, quod fere omnes
peregrini mortui sunt ; ibique Guillermus comes Ni-
vernensis sine herede defunctus est ; [cui successit
Guido frater ejus].
Erat tunc in Siciiia quidam francigena regis Siciliae
[Guillermi] cancellarius (4), quem quidam potentes
Siculi odientes, in odium ipsius iitleras per Appuliam
[et Caiabriam] direxerunt ut quotquot Franci inveni-
rentur, capitaiiter punirentur; quod et factum est :
sed rex Siciiise lioc agiioscens, auctores iiiius seditionis
pari sententia condemiiavit.
MCLXIX.
In Siciiia urbs Cathania (5) terrae motu subvertitur.
(i) Telle est la lecon de tous les Mss. Les deux premieres edit.
portent odio Al. papce romanijlagrabat.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, victus.
(5) Guillaume II, dit le Bon, qui eut pour precepteur Pierre de
Blois, et regna de 1 166 ii i i8g.
(4) Etienne du Perche, chancelier de Sicile et archeveque de Pa-
lerme. II fut obUge, pour sauver sa vie, d'abandonner la Sicile en 1 169.
II s'embarqua pour la Syric, oii il mourut peu de temps apres.
(.5) Edit. et Mss. 4917-20, Cathina.
62 CHRONICON
Ibi episcopus, clerus et abbas de Mileto cum qua-
draginta raonachis, et fere quindecim millia hominum
perierunt.
Henricus rex Angliae majorem filium suum Henri-
cum, generum Ludovici reglsFranciae, in odium sancti
Thomae archiepiscopi Cantuariensis, fecit consecrari in
regem a Rogero Eboracensi episcopo, quod ad solum
Cantuariensem archicpiscopum pertinebat, et hoc
contradicente archiepiscopo qui apud Senonas(i)in
Galliam exsulabat.
Obiit Hugo Senonensis archiepiscopiis, cui successit
Guilleimus Theobaldi comitis Campaniae [defunctij
filius et frater reginae Franciae Adelae, qui erat Carno-
tensis electus, sed nondum episcopus consecratus.
Hunc Senonls consecravit venerabilis Mauricius Pari-
siorum episcopus (2).
MCLXX.
In transmarinis partibus fuit horribilis terrpR mo-
tus quarto kalendas julii (3), ubi urbibus subversis et
oppidis, Christiani et pagani innumerabiliter perie-
runt. Ruit etiam magna pars Antiochiae (/j), et civitas
Jerusalem Iremuit, sed Deo miserante non periit.
Henricus Angliae rex sanctum Thomam Cantuarien-
sem archiepiscopum , obtentu domini papae Alexan-
dri et regls Francise Ludovici , ab exsilio revocat : sed
dum pacem cum eo esset facturus , sicut promiserat ,
(i) Les mots ap. Senon. ne sont donnes queparleMs. 10298-6.
(.2) Maurice de Sully, ainsi nomme du lieu de sa naissance. Ce fut
lui qui entreprit la construction de l'e}^lise de Notre-Dame.
(3) Le 28 juin.
(4) Guillaurae de Tyr dit qu'Antioche fut completeraent detruite,
ainsi quc toute la population qui l'habitai». Boncars, 1. xx, p. gSS.
GUILLELMI DE KANGIACO 6S
missam cantari fecit pro defunctis, sciens quod ad
illam non daretur pax , quam ab archiepiscopo sumere
nolebat.
MCLXXL
[Almaricus rex Jerosolymorum jEgyptura expu-
gnans, Molanum regem gentilem tributarium sibi
efTecit.]
Sanctus Thomas Canluariae archiepiscopus, tricesima
die postquam in Angliam applicuit, quarto kalendas
januarii (i), occisus est ab impiis ministris Henrici
regis Angliae in ccclesia metropoli Cantuariae, non
longe ab altare, hora vespertina, glorioso martyrio
factus Deo gratissimum sacrificium vespertinum. De
quo quidam ait :
Annus millenus centenus septuagenus (2)
Primus erat , martyr dum cadit ense Thomas.
Cujus meritum apudDeum tam causa justissima, quam
innumera contestantur miracula.
MCLXXIL
[Salahadinus primilus quidem leno gentilis apud
Damascum, post ab Enfrido de Turone illustri Pa-
laestiuee principe christiano miles factus (3), cum apud.
(1) Le 29 decembre 1170.
(2) Ces deux vers ne se trouvent que dans le Ms. 10298-6.
(3) II est inutile de faire remarquer ce qu'ont d'inexact et de fabu-
leux ces renseignements , concernant le kurde Saladin. Cet alinea
manqueau surplus dans le Ms. 10298-6; et cette circonstance jointe a
Teloge de Saladin, que nous trouverons a l'annee 1187, ^*- ^"^ ^^*'
donne par tous les Mss. sans exception, nous semble une preuve
evidente qu'une main etrangere a remanie ici le texte de Nangis. Les
evenements auxquels le chroniqueur fait allusioa sont racontes dans
le septieme livre de VHist. des croisades , par Michaud.
64 CHRONICON
jEgyptum militaret, Molanum regem jEgypti prodi-
tiose perimens totius jEgypti obtinuit principatum.
Unde si rerum pretia judicio non opinione metimur ,
quantalibet terrenae felicitatis potentia vilis est aesti-
manda, quam pessimi et indigni saepius nanciscun-
tur! Nam. leno ille cujus vita in prostibulis, militia in
tabernis, studium in aleis et aliis, subito sublimatus
sedet cum principibus, imo major principibus, soHum
glorise ^gypti tenens, toti fere Orienti postea impe-
ravit.]
Sanctus Thomas Cantuariensis archiepiscopus cano-
nizatur a papa Alexandro in capite Jejunii (i).
Orta est guerra inter Hem^icum regem Angliae et
uxorem ejus ac tres filios eorum majores Henricum
juvenem regem , Richardum et Gaufridum.
MCLXXIII.
Tertio idus februarii (2) apparuerunt de nocte
igneae acies in septentrionali plaga [coeli], et lux tanta
emicuit , quod nummus cujus monetse esset posset
agnosci.
Filii regis Angliae [Henrici] patrem suum infestan-
tes, auxilio Ludovici regis Franciae et procerum ejus,
Normanniam graviter vastaverunt; et ibi multi mortui
sunt (5).
Obiit Joscius Turonensis archiepiscopus in tanta
paupertate, quod de rebus suis vix potuit inveniri de
(i) Les mots in cap. jejun., et, dans la phrase suivaute, les niots :
et uxnvem cjus,.... eorum mnjnres,.. . juvenem regem ne sont donnes
que par notre Ms.
(2) Le II fevrier.
(3) Ces cinq derniers niots manqucnt dans les edit. ct dans les
Mss. ^gi^j-xr,.
GUILLELMI DE NAINGLICO. G5
quo posset mortuus sepellri; cui successit Bartholo-
maeus, i^enere clarus, sermone facundus. Hic episco-
pum Dolensem, qui per longa tempor^ rebellis fuerat
ecclesiae Turonensi, post longa certamina aucloritate
apostolica suae subclidit ditioni. Florebat tunc temporis
Petrus Comestor magistrorum Parisius primas, verbi
facundissimus, et in divinis Scripturis excellenter in-
structus; qui utriusque Testamenti historias uno com-
pingens volumine, opus edidit satis utile , satis gra-
tum, ex diversis historiis compilatum, quod ffisioriam
scholasticam nominant.
MCLXXIV.
Obiit Almaricus rex Jerosolymorum , cui successit
Balduinus, filius ejus.
Noradinus rex Turcorum [qui regnabat in Da-
masco] obiit, [(i) cujus uxorem Salahadinus occupator
jEgypti sibi matrimonio copulans, cum ipsa regni re-
gimen, fugatis heredibus, occupavit (2); deinde terra
Roasiae et Gesirae occupata , circumjacentia regiia ,
usque ad intima citerioris Indiae, nunc dolis nunc
armis expugnans, de sceptris pluribus monarchiaai
efficit, Babyloniae et Damasci sibi vindicans princi-
patum. Haec fortunae ludentis potentia has rerum vi-
(i) Au lieu de tous les details qui suiveat, on lit simplement dans le
Ms. 10298-6 : Cui Salahadinus succedit. Hic, rege JEgjpti perempto,
regnum Mgjpti et Sjrice sub sua redegit potcstate. En revanche ce Ms.
donne seul l'alinea suivant, commencant par les mots Mense septembri.
(2) Ce Nouieddiu est le sultan d'Alep et de Damas qui avait pris pour
femme la fiUe naturelle d'AlphoQse Jourdain corate de Toulouse.
Serait-ce celte merae princesse que Saiadin aurait epousee apres la mort
delNoureddin? Quoi qu'il en soit, il parait qu'elle pratiqua toujours en
secretlla religion chretienue, et qu'elle mourut en 1182. Nicol. Tri-
VET, Spicil., t. IIT, p. 164.
I. 5
OG ClJRONICOiN
clssitudiiies voliiil, ([iiae tle paupero divilcin, dr liumili
sul)limein, de servo suscitat iloniinantt in.J
Mense septembri, inter Menricum regcm Angliae ct
liliosejus, apud Montem Laudiacuin, juxla civitatcm
Turonensem, fuit pax reformata, Ludovico Franco-
rum rege pra^sente.
( i)Mcnse novembri fuit a(piarnm inundatio inau-
dila quee villas submersit, sata absorbuit; unde ct
sequenti temporc vehementissima famcs inlioiruil.
Quamobrem multi dicebant natum esse Antichristum,
cujus praenuntia pernicies tanta foret.
MCLXXV.
Henricus archicpiscopus Remcnsis, frater Ludovicl
regis Franciae, obiit; cui succcssit Guillermus Seno-
nensis archiepiscopus, frat^n^ Adcl?c reginae Franciae,
et huic in Senonensi ecclesia Guido.
(2) Fit fratcrnitas inter monachos sancti Martini
de Campis Parisius et inter canonicos sancli Martini
Turoncnsis.
MCLXXVl.
Maxima fames fuit in Gallia; pro qua , ad sustenta-
tionem paupcrum, eix'lesiarum invadiata sunt orna-
menta et sanctorum fcretra dcfrustala; et tunc
maximc apparuit Cisterciensis ordinis munificentia in
pauperlbus sustentandis.
Florcbat [hoc tcmporc] Mauricius Parisiensis epi-
scopus, qui, ob industriam ct lilteraturam, dc infimo
(i) Cot alinea, dans les odit. ct dans les Mss. 4917-^0, est renvoye
aii comnicncement de l'anne«' suivante.
{1) Au lieu de cct alinea, on lit dans lcs cdit. et dans les iVl.ss. /fgij-M)
l'(i.c intcr regr/n jln^licp Ilciiricum cl /ilios siios rcfvinuilu est.
GUILLELMI DE NANGIACO. 67
slatu raagnae paupertatis ad pontificalis dignitatis
apicem est evectus; nam cum esset pauper et men-
dicus (i), eleemosinam postulatam noluit accipere hoc
pacto ut nunquam esset episcopus.
MCLXXVII.
Eclipsis solis facta est hora sexta, idibus septem-
hris (2).
Florebat Anselmus Belicensis (5)episcopus, ad cujus
tumulum [post mortem ejus] lampades accensae sunt
divinitus, excepta una cui ministrabat usurarius
quidam pabulum olel ; et illa non potuit accendi.
Venit apud urbem Avjnionum adolescens quidam
nomine Benedictus, dicens se a Domino missum ut
j)ontem super fluvium Rhodanum construeret. Qui
derisus, cum sumptus non haberet, fuit, et quia prae
magnitudine tluminis nullus credebat hoc facturum;
sed facturi a Deo nutu divino sunt commoti, ut illius
opus citius explerent.
MCLXXYIII.
Fredericus imperator abjurat schisma quod per
sexdecim annos duraverat, et publice satisfacit, et cum
Alexandro papa |.acem coraponit, sicque depulso
schismate unitas reformatur Ecclesiae. Cum autem
fi) D'Ach. el de La B., modicus ; Hist. de Fr. et 3Iss. 49^7; 4918,
mendicus. Cette circoastance singuliere est rapportee dans les memes
termes par d'autres auteurs du temps. Gall. Christ.. t VII, col. 70.
(2) Le i5 septembre 1178.
(5) Les Mss. 49»9 et 4920 portent episcopus Belvacensis , cjuoique
Teveque de Beauvais, a lepoque indiquee par le chroniqueur, fiit
PhiHppe de Dreux, elu en 11 70, apres la mort de Barthelemi qui
avait siege depuis 1 162. II s'agit ici de saiot Anseaume ou Anlheaume,
eveqife de Belley, mort en 1178.
68 CHRONICON
legatur Romaiiam eccleslam multis schismatibus fuisse
fliscissam, isto tamen nullum aut vehementius incan-
duit, aut diutius perseveiavit.
Innumerabilis multitudo Paganorum (i) Jeroso-
lymam venit ; sed a Christianis, qui impares erant nu-
mero, viribus et apparatu, devicta recessit.
MCLXXIX.
Alexander papa Lateranense concilium Romae post
medium Quadragesimae celebravit , ubi ex diversis
partibus terrarum factus est innumerabilis convenlus
tam episcoporum quam abbatum.
In transmarinis partibus milites Terapli, ope regis
[Jerusalem] et principum coadunati, in loco qui dici-
tur Vadum Jacob castrum fortissimum munierunt;
quod cum aliquandlu tenuissent, Turci Templarios
seditione capiunt, castrum expugnant, et ad terram
dejiciuut.
Agnes (ilia Ludovici regis Francorum Constantino-
polim ducitur, et imperatoris Manuelis filio (2) des-
ponsatur.
In festo Omnium Sanctorum Philippus, Ludovici
regis Francise filius, Remis a Guillermo Remensi ar-
chiepiscopo, avunculo suo, in regem Franciae conse-
cratur, anno aetatis suae quinto decimo, praesente Hen-
rico juniorerege Anglorum qui sororem ejus duxerat,
adhuc vivente patre ejus Ludovico rege , qui morbo
paralysis labornbat.
ObiitPetrus Comestor, doctor famosissimus, paupe-
ribus et ecclesiis cunctas dividens facultates; cujus se-
(i) Edit. et Mss., Turcorum.
(•2) Alexis II Coinnriic.
GUILLliLMI DK NANGIACO. 69
piilturae hoc epitaphium (i) iii ecclesia saiicli Vicioris
Parisius est iusertum (2).
Petrus eram quem petra tegit , dictusque Comeslor,
Nunc comedor; vivus docui, uec ccsso docere
Mortuus, ul dicat qui me videt incineratum :
Quod sumus, iste fuit, erimus quandoque quod liic esl.
MCLXXX.
Philippus juvenis rex Franciae duxit in uxorem Isa-
bellam filiam Balduini corailis Hannoniee, neptem
comitis Flandriae Philippi de sorore (5), et cum ea
recepit Attrebatum, cum omui terra quse fuerat
comitis circa fluvium qui dicitur Lis. Eam autem
unxit Guido Senonensis archiepiscopus apud sanc-
tum Dionysium in reginam, [datis prius btteris,
({uod nullum jus propter hoc reclamabat iii ecclesia
beati Dionysii, quae excepta est ab ejus et episcopi
Parisiensis jurisdictione] (4); quod matri ejusdem
Philippi et fratribus ejus valde displicuit, et ob hoc
castra su£e dotis mater contra fdium munire prae-
sumpsit. Quo comperto, a filio expulsa, ad fratres
suos confugit, et propter hoc eorumdem fratrum con-
tra regem discordia incandescit (5). Sed non multo
(i) Le Ms. io'2g8-6 porte epjchenium.
(2) Cette epitaphe cst )'oeuvre de Pierre le Mangeur lui-meme.
Hist. litte'r., t. XIY, p. 11 et suiv.
(3) Baudouin V dit le Courageux, comte de Hainaut, avait epouse
en avril 1169 Margueritc , soeur de Philippe d'AIsace comte do
Flandre.
(4) Ce qui suit, jusqu'a la fin de Tuhnea, n'est donne que par le
Ms. 10298-6
(5) Les freres de hi reine Adele etaient Henri 1", dit ie Liheial ,
roinle*de Champagne et de Brie; Tliihaut-le-Bon , comte de Chartres
ct de Blois; Etienne , comt»^ dc Sancerre en Berri; et Guillaumc aux
70 CHRONICON
post, de peritorum cousilio (r), et illa reducitur et
pax inter regem et proceres reformatur.
Ludovicus rex Franciae morbo paralysis et senio
fatigatus obiit, anno regni sui quadragesimo tertio (2),
et in monasterio [Cisterciensis ordinis] a se con-
structo, quod Sanctus-Portus dicitur, gallice Bar-
heel, [versus Meledunum castrum super Secanam ,]
honorifice tumulatur : cui successit Philippus filius
ejus. Fuit enim honestate laudabilis , simplex et
benevolus ii} subditos; et quia pacis amator erat,
guerras, etsi aliquas, tamen raras aut intulit aut per»
tulit, suumque regnum tranquille et strenue guber-
navit : et ideo sub ipso multae novae villae conditae
sunt, et veteres ampliatae, multa excisa nemora, ordi-
nesque diversarum religionum in diversis locis multi-
pHciter propagati.
Obiit Manuel imperator Constantinopolitanus , cui
successit Manuel (3) filius ejus adhuc juvenculus, qui
filiam Ludovici regis Franciae duxerat in uxorem.
Inter Fredericum [Romanorura] imperatorem et
dncem Saxoniae fit concertatio dura; multi enim capti
et peremti sunt, multaeque villae et ecclesiae succensae
sunt et destructae.
Archiepiscopus Biluricensis Guerinus, et Joanncs
CariJotensis episcopus obeunt; viri tani sapientia
Blanches-Maius, alors archeveque de Reims; mais ce fut uu peu phis
tard c[uc les tiois derniers se miirent en hostilite avec PhiUppe-Au-
yuste. Yoy. ci-dessous annee 1181, p. 70.
(i) Cest ainsi que nous croyons devoir corriger la lecon diffiniln
cnncilio donnee par notre Ms., mais qui ne forme aucun sens.
{•j.) Cetle «late manque dans les edit. et dans lcs Mss. ?{()i7-2o.
(3) 11 faut lire Alcxis,
GUILLELMI DE NANGIACO. 71
tjuam aiiimi strenuitale famosi; quorum Joliauues
saiicti Thomae Caiituarieiisis, cujus sociiis extitit, pas-
sioiiem descripsit.
(i) lu Senonico territorio, in \i!la quae clicilur
Cudo, erat tunc temporis quaedam puella genere in-
fima, officio bubulca, quae gravi admodum et diutino
prius est castigata ilagello, adeo ut, propler influentem
de toto corpore saniem , suis quoque tieret in borro-
lem. Sed quia contemplibilia mundi el infima elegit,
Deus, post patientiae probamenta, humilitatem ejus
respexit, et eam in camino tribulalionum bene excoc-
tam digniorem effecit, corpus ejus redintegrans, spi-
ritualique alimento sustenlans. Ita veio sui impo-
lens erat, ut nonnisi ab altero moveri posset, jacens
continue resupina; piaeter caput et dexteram, mem-
bris caeteris sui \igore officii destitutis. Cumque
nullum cibum posset trajicere, ad trajiciendum tamen
Viaticum n;ituralem meatum habebat libere praepara-
lum. In corpore quippe erat exilis et marcida, intes-
tinis pro longa inedia introrsus vacuatis ; sed facie
corpulenta et venusLa ac si deliciatum copia perfrue-
letur. Frequenttr autem in excelsis rapiebatur el,
angelo ducefieta, loca poenarum et gaudia bonorum
percurrebat. Adse postea rediens, quid et cui proferret
caute librabat, magistrante nimirum interius Spiritu
et docente cjuid silere deberet, quid proferre. Cum
autem in festivitatibus Domini vel matris ejus, sicut
dicitur, raperetur et post unum diem vel plures regre-
deretur ad se, dicebat c|uod videbatur ei de amplissima
regione luminis in tenebras rejici , mundumque vi-
(i) Lalinca qui suil ne sc Uouvc quc dans lc Ms. io2g8-t».
72 CHROiNICON
disse 111 modum pilae rotundum, solem (erra majorem,
terram velut iii medio omiiium pendulam, aquisun-
dique circumcinctam, rerumque rationes et causas
abditas sapienter proferebat, et plerumque absentia,
plerumque futura in spiritu praevidebat.
MCLXXXI.
Henricus comes Campaniae a Jerosolymis per Asiam
rediens, a Dacis (r) capitur, sed per imperatorem Grae-
ciae liberatur; veium ubi terram suam attingit, ho-
miiies suos quos ex reditu suo leetificaverat, de suo
obitu mox contristat.
Balduinus rex Jerusalem, aetatejuvenis, leprce con-
tagio deformatur.
Apud Aurelianis (2), quadam dominica dum missam
quidam presbyter celebraret, et duas hostias, unam
sumendam et alteram [pro infirmis] reponendam (5),
super altare posuisset, cum diceret Pater noster,
hostia quam tenebat sanguine maiians, manus ejus
et corporalia purpuravit; et ita in formam carnis li-
vidse rex [Franciae] et populus qui ibi aderant illam
hostiam aspexerunt. In Burgundia vero, apudBrenam
oppidum, et apiid Vindocinum atque apud Attre-
batum urbem, similia evenerunt; nec immerito, nam
teste Scriptura : Nihil in terra fit sine causa. Nempe
Henricus, Albanensis episcopus, ab Alexaiidro papa
mittltur in Gasconiam ad delendam haereticorum per-
lidiam, altaris sacramentum non ciedenlium; qui
(i) Tous les autres Mss. et les edit., Turcis.
(2) 1^'indication du lieu inanquait dans la preniiero edit.
(5) Tous les autres Mss., recondcndnm.
GUILLELMl DE NANGIACO. 73
praedicationis verbo, uecnon militum peditumque in-
finito exercitu, haereticos expugnavit.
Inter Fredericum , imperatorem Alemanniae , et
ducem Saxoniae pax reformatur tali pacto, quod du-
catum Saxonise dux non reciperet, nisi prius septen-
nio exsulasset, et ob hoc ipse dux et uxor sua, cum
filiis suis Guillermo et Othone postea imperatore, ad
Henricum regem Angliae, cujus filia dicta uxor ducis
erat (i), in Franciam venerunt, ibique [et aiibi] cum
rege longo tempore permanserunt.
Alexander papa obiit, cui successit Lucius terlius
[natione Tuscus],
Philippus comes Flandrise, dux Burgundiae (:>.), Guil-
lermus Remensis archiepiscopus, Theobaldus comes
Blesensis, Stephanus comes Sacri-Caesaris, confoede-
rati simul conspirant in regem Franciae Philippum ,
totam Franciam perturbantes. Porro rex videns se plu-
rima parte suorum destitui, Brabantiones in auxilium
evocat, cum quibus terram Stephani comitis devas-
tavit.
MCLXXXH.
Fredericus imperalor volens adversariis regis Fran-
ciae Philippi ferre auxilium , per totum imperium
submonuit (3) exercitus suos. Sed Henrico rege An-
gliae, cum filiis suis, regem Franciae adjuvante, et eo
(i) Henri-le-Lion , duc de Saxe , de Baviere et de Brunswick, avait
epouse en secondes noces, Tan 1168, Mathilde, fille de Henri Plan-
tagenet, roi d'Angleterre.
(2) Hugues in, duc de Bourgogne, de qui Joinville adit : « Le duc
de Bourgoingnc fu moult bon chevalier ; nies il fu onques tenu pour
sage ne a Dieu ne au sieclo. » Hist. de Fr.. t. XX , p. 274 ; iL
(3) Edil et >Iss. 4917-20, submovit.
74 CHRONICON
mediante, pax inter regem et baroiies praedictos re-
formatur.
[ApudConslantinopolim] Andronicus, de imperiali
prosapia natus, sub specie tuloris Manuelis (i) juven-
culi imperatoris Graeciae in imperium se violenter
ingerens, suggessit Graecis eos exterminandos, nisi
Latini [et Franci] a Grsecia tolleientur. Nam Manuel
imperator pater istius Manuelis , quamdiu vixerat,
Latinos [et Francos] dilexerat, ita quod per eos so-
Jiimmodo expeditiones agebat, et primis eos palatii
lionoribus decorabat. Latinam etiam conjugem duxe-
rat (2), et susceptum ex ea filium Latinse (3) conjugi,
scilicet [defuncti] Ludovici regis Francorum filiae,
copularat. Quo Graeci animati, irruunt in Latinos [et
FrancosJ et quotquot inveniunt trucidant aut ex urbe
Constantinopoli proturbant. Andronicus palatium
occupat; porticus (4) incenditur ibique opes innu-
merae et aedificia concremantur.
Florebat [hoc tempore] Petrus Monoculiis abbas
Clarevallis, cui sanctus Bernardus et Malachias appn-
rentes, dixerunt quod Girardus abbas, praedecessor
ipsius, quem frater quidam, propter correptionera
regularem in eo factam, occiderat, ut martyr cum
Christo regnabat.
(i) Ici eucore il fautlire Alexis, de nienie qne ci-dessous et a Tan-
nee suivante. Note de d^Achery.
{1) La deuxieuie fenime de Manucl (^onuiene, niere d'Alexis , fiil
Vlarie, fdic de lAaimond prince d'Antioclie.
(5) l'ldit. et Mss. ^g.-^-no , francisca/n etjranciscn:.
(4) (;«>tle lecon conforme a celle des aulrcs Mss. rne semble prefe-
ralile aii mot poitus. r|uc donne le Ms. 10-298-6. Daas le Ms. 49'9 lt's
niots nc( i/pnt . pni /. inirnil. i, o. i, c. cediflcia sont omis.
GUILLELMI DE NANGIACO. 75
MCLXXXIIl.
Apud Constantiiiopollm, Andronicus donainum
suum Manuelem juvenem imperatorem submergi in
raari fecit et imperium usurpavit.
Henricus junior rex Angliae in Lemovicino terri-
torio, apud castrum quod dicitur Martellum (i) obiit,
et apud Rothomagum [in ecclesia majori] sepelitur.
Inter Lucium papam et Romanos orta dissensione,
idem papa proturbatur ab urbe, a Romanis impeti-
tur, multisque lacessitur injuriis. Nam multis qui
erant ex parte Papge eruerunt oculos et imposuerunt
mitras et remisere mitratos, recepto ab eis juramento
quod Papse prsesentarent se taliter videndos. Quo viso
Papa tot conflictus ferre non a alens , Veronae se con-
tulit, sperans sibi auxilium ab imperatore Frederico
perferendum .
Salahadinus rex Turcorum partes Jerosolymorum
aggreditur [, multos Christianorum occidit et capti-
vavit]; sed non longe post [inde] repulsus , [acceptis
induciis ad propria remeavit].
Philippus rex Francorum synagogas Judseorum per
regnum suum destruere fecit, et in plerisque ecclesias
construi procurnvit. Nemus Vlcenarura juxta Pari-
sius muro ciauslt, et Parlsius, in platea quam Cnmpellos
nomlnant, hallas fabricari (2) et mercatum fierl insti-
tuit.
In provincia Blturlcensi septem millla Cotarello-
rum , et eo ampllus^ interfecti sunt ab illlus terrae In-
(1) Edit., Mnrcellum: Ms. de Citeaux et Mss. 4917, 49i^> Mnriel-
lurn. Henri, suinorame au Court-Mantol, nioiu-ut au chateaii de Mai icf
en Quercv, le 1 1 juin 1 183.
(2) l.cs autres Mss. portent cnnstrui.
76 CHRONICON
colis In unum contra Dei inimicos confoederatis. Isti
enim, terram regis Franciee vastando, praedas [inde]
ducebant, homines captos secum vilissime trahebant,
etcum uxoribus captorum, pro nefas! ipsis videntibus,
dormiebant. Et quod deterius est, ecclesias Deo con-
secratas incendebant, sacerdotes et viros religiosos
captos secum ducentes, et iii ipsis tormentls irrlsorie
cantores eos vocantes, subsannabantdicentes : Cantate
nohis , cantores, cantate (i); et confestim eis alapas
dabant, vel cum grossis virgis eos ceedebant. Quidara
itaque sic flagellati beatas animas Domino reddiderunt;
alii longa carceris custodia semiraortui , data pro re-
demptione pecunia, ad propria redierunt. lidem etiam
Cotarelli, quod cum gemitibus et suspiriis pronuntian-
dumest, damnabilius operando eccleslas spoliantes,
corpus Doraini de vasls aurels vel argenteis, in qui-
bus pro intirmorum necessitate reservabatur, extra-
hentes, et in terrara viliter projiclentes , pedibus
conculcabant. De corporalibus vcro concubinae eorum
pepla capltibus suis componebanl; calices quoque se-
cum irreverenter portantes, et Lipidibus confringen-
tes , distrahebant.
[Eodera tempore] multi hseretici combusti sunt iu
Flandrlaa Guillermo Reraenslum archieplscopo apos-
toliccTc sedis legato, et a Phlllppo Flandrensium comite.
Qul dicebant omnia aeterna a Deo creata, corpus au-
tem hominis et omnla transiloria a Luciabelo creata;
(i) En 1196, Mercadier, clief de routiers au service de Richard roi
d'Anf^Ieterrc, ayant fait prisonniers Pliilippe do Dreux, eveque dc
Beauvais, et son archidiacre, les conduisit au prince anglais, cn liii
disant : Ccpi et dn tibi , o Rex , cantorem et responsorem ; reponc cos rl
conser\>a si scis. IVlArTii PAni.s, arinnn. 119(1.
GUILLELMI DE NANGIACO. 77
baptismum pai vulorum et Eucharistiam reprobabant,
sacerdoles missas ex avaritia et cupiditate oblationum
oelebrare dicebant.
MCLXXXIV.
Orta est dissensio inter Philippum Francorum re-
gem et Philippum Flandrensium comitem pro terra
quEe Viromandia dicitur (i). Hanc enim preelatus co-
mes longo tempore, Ludovico rege vivente [patre
istius Philippi regis, post decessum Rodulphi comitis
Viromandorum] cum pace et quiete , licet injuste ,
possederat (2), et adhuc pertinaciler retinere volebat.
Ob hoc rcx Philippus exercltum versus urbem Am-
bianis collegit; cujus multitudinem et robur comes
cum populo suo videns ac timens, regi Viromandiam
totam restituit. Castrum tamen sancti Quintini atque
Peronam tantum ad vitam suam sibi dimilti petiit et
obtinuit.
Heraclius patriarcha Jerosolymitanus , cum priore
Hospitalis transmarino, venit ad regem Franciae Phi-
lippum pro succursu Terrae Sanctae. Intraverant enim
Sarraceni Christianorum terras el multos ex eis inter-
fecerant multosque captivos secum duxerant; plures
etiam ex fratribus Hospitalis et Templi militibus occi-
(ij Mss. 4917-20, pro terra et comitatu Viromandensi.
{1) Raoul III, comte de Vermandois et d'Amiens, etant moit sans
posterite vers l'an ii65, ces deux comtes passerent legitimement a sa
sceur ainee, Isabelle, femme de Philippe d'Alsace comte de Flandre.
Isabelle mourut elle-meme sans donner d'enfants a son mari , et
rAniienois avec le Vermandois durent revenir a sa soeur Eleonore,
pour lors mariee au conite de Beaumont. Philippe- Auguste, dans
1'espoir d'afFaiblir un de ses vassaux les plus redoutables, ne man-
qua pas de fomenter et d'appuyer les pretentions de cettc derniere.
Du Cange, Hifit. de.^i comtes d' Amiens , p. 5i5. 5i5, 5a6 et suiv.
78 CHRONICOW
derant (i). Rex vero, eorum cognita causa, muitum
eos honoravit, et quia heredem tunc non habebat ,
consilio praelatorum et principum, in Terrae Sanctae
subsidium transmisit strenuosmilites cum multitudine
peditum armatorum, de propriis redditibus eis suffi-
cientes ministrans sumptus.
Philippus rex Franciae omnes vicos urbis Parisius
praecepit duris ac fortibus lapidibus sterni, ad hoc
quidam nitens ut nomen antiquum auferret civitati;
nam Lutetia olim a quibusdam, propter luti foetorem,
iiominata fuit. Quam quondam Trojani de Sicambria,
qui illam fundaverant [octingentis et nonaginta quin-
que annis ante incarnalionem Domini] , i. Paride
Alexandro, filio Priami regis Trojae, Parisius [et se
Parisios] vocaverunt.
MCLXXXV.
Obiit Baiduinus (2) rex Jerosolymorum , Balduino
nepote ejus ex Sybilla sorore (3) adhuc puerulo [sub
custodia Remundi comitis Tripolitani] prius in re-
gem substituto.
Guiilermus rex Sicilise Andronicum usurpatorem
imperii Constantinopolitani navali exercitu aggre-
ditur et terrestri, Saionicam urbem et alias multas
obtinens et devastans.
(1) Cc qui precede depujs intravcrant enim manque dans les edit.
et dans les Mss. 4917 20.
• (2) Le Ms. 10298-6 porte Jjiidovicus -. c'est une erreur de copiste.
(5) Sybille avait eu cet enfant de Guillaurae de Moutferrat, fds de
Guillaume III , dit le Vieux, marquis dc Montferrat. Apres la mort
de sou preniier mari , arrivee en 1 1 77, Sybille s'etait remariee
l'an 1 180 avec Gui, petit-fils de Hugues-le-Brun, sire de Lusignan.
GUILLELMI DE NAIsGIACO. 79
Media Quadiagesima factiis est terrae niotus in Go-
ifiia (i) in civitalequaeUceticuradicitur, et insequenti
mense aprilis, nonis ejusdem mensis (2), iuit eclipsis
lunae particularis in vigilia dominicae passionis.
Andronicus usurpator imperii Constantinopolitani,
midtos Graecorum perimit et maxime nobiles, ideoque
perosus et suspectus ab omnibus habitus est. Quo
facto quidam de imperiali semine procreatus, nomine
Cursat, [quemalii Isaacium (5) dicunt,] venitConstan-
tinopolim civium animos sibi concilians, et a patriar-
cha ut [in imperatorem] coroiiaretur obtinens; qui
statim Andronicum cum suis aggreditur, eum faciens
per pedum manuumque juncturas truncari , et per
urbem supra camelum trahi, et post ei oculos erui lin-
guamque prsecidi.
Lucius papa Veronae moritur; cui Urbanus, hujus
nominis tertiris [, natione Mediolanensis], successit.
MCLXXXVL
Obiit Parisius Gaufridus comes Britanniae, tertius
filius Henrici regis Anglorum, et in [majori] ecclesia
beatae Mariae virginis, ante altare(4), annuente rege
Philippo, sepultus est honorifice.
(i) Tous les Mss., a rexception du n° 10298-6, portent Grcecia,
lecon que le mot Uccticum , Uzes , aurait pu rendre suspecte aux pre-
cedents editeurs. Voy. au surplus Rigord, Hist de Fr., t. XVII,
p. 19.
(2) Le 5 avril 1 1 86.
(5) Mss. 4917» 4918, 49*20, Ysaquium ; 4919» Ysaquinum. G'esl
Isaac l'Ange. II descendait d'Alexis Coninene par les fpnimes; An-
dronic, au contraire, devait le jour a un fils d'Alexis 1^^
(4) Ces deux motsa/;/. ali. ne sont que dans le Ms 10298-6.
80 CHRONICON
Phllippus rex Fraticiae liberat castrum Vergiaci (i)
[in Burgundia], a duce Burguiidiae longa obsidione
conclusum.
Henricus, Frederici imperatoris filius, in regnum
Italiae (2) a patre praeficitur , ducens in uxorem so-
rorem Guillermi regis Siciliee nomineConstantiam (5);
inter quem et Urbanum papam gravis simultas in-
canduit.
Balduinus rex Jerosolymorum adhuc puerulus obiit,
cui Guido Leponensis(4) comes, qui Sybillam matrem
ejus habebat in conjugem, in regno successit; quod
comiti Tripolitano, qui tutor regis pueruli fuerat
constitutus, valde displicuit, et ob hoc tam regi quam
suis coepit multimode adversari.
Soror Philippi regisFranciae (5), prius uxor Henrici
juniorisregis Angliae [defuncti], inHungariamducitur
[Belae] regi Hungariae desponsanda.
[Reginaldus princeps Antiochiae foedus induciale,
quoil Christiani cum Turcis et rege Turcorum hinc
inde sanxerant observandum, dirupit. Nam cum plu-
(i) Cest ainsi que le mot est ecrit dans tous les Mss. D'Achery et
La Barre ont imprime Bergiaci.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, in regem Romanorum.
(3) Constance, femme du roi des Roniains Henri, depuis empereur
sous le nom d'Henri VI, etait soeur de Guillaume I" roi de Sicile,
mort en 1166, et par consequent tante de Guillaume II, qui regnait
en 1186. Suivant X Art cle verifier les dates , Henri aurait ete elu roi
des Romains par la diete de Bamberg, dans les premiers jours de
juin 1 169, et couronne a Aix-la-Chapelie, le 8 du meme mois.
(4) ]Ve faudrait-il pas lire Joppensis? Gui de Lusignan, par son
mariage avec Sybille, etait devenu comte dAscalon et de Jaffa. An-
SELM., t. III , p. 7y.
(5) Marguerite.
GUILLELMI DE NANGIACO. 81
rimus et opulentus Turcorum coinitatus a Damasco
in jEgyptum transiret, et praeter limites terrae Chris-
tianorum ob induciarum fiduciam itinerari non for-
midarent, in eos subito princeps praedictus irruit, et
ipsos cum universis sarcinis minus decenter caplivos
abduxit.]
Venit ex Calabriee partibus ad Urbanum papam
Veronse commorantem quidam abbas nomine Joa-
chim, qui divinitus intelligentiae donum acceperat,
adeo (i) ut facunde et discrete enodaret difTicultates
quaslibet Scripturarum. Dicebat enim quod ei igno-
ranti litteras attulerat angelus Domini librum dicens :
Vicle, lege et mtellige ; et itadivinitus fuerat instruc-
tus. Dicebat etiam Apocalypsis mysteria hactenus la-
tuisse, sed nunc per eum in spiritu prophetiae clares-
cere, sicut ex opusculo quod scripsit legentibus
liquet. Dicebat insuper quod sicut Veteris Testamenti
scripturae tempus quinque aetatum saeculi ab Adam
usque ad Christum decursarum continent , sic bber
Apocalypsis aetatis sextae a Christo inchoatae cursum
exponit, ipsam aetatem sextam in sex aetatulas disper-
titam, easque singulas singulis hujus libri periodis
satis congrue designatas. Dicebat quoque haec re-
velata fuisse in fineaetatulae quinlae, atque in proximo
succedere sextam, in qua tribulationes varias multi-
(i) LeMs. 49'7 donne seul clairement adeo ut , dans tous les autres
Mss. on peut lire, comnie Tont fait les precedents editeurs, a Deo ut ,
mais le mot divinitus , qui precede , doit corrij^er cette mauvaise lecon .
— Le Joachim dont il est ici question, apres avoir ete successivement
nioine, prieur et abbe dans le monastere de Corazzo, avait fonde en
ii85 1'abbayedeFlore. II la dirigeajusqu'en 1202, epoque de sa mort.
Voy. pour sa vie les Bolland.. mai , t. VII , p. 89 et suiv. ; pour ses ou-
vrages, FABRicius^f^»/. lati?i. medice acinfimcE cetalis ,'\n-i°,X. ll,p. 4i.
I. 6
82 CHROINICON
plicesque pressuras perhibet emersuras, sicut iii aper-
tione sigilli, et in sexti libri periodo, ubi de ruina
Babylonis agitur, patenter ostenditur. Id vero in li-
bello ejus prae caeteris notabile ac suspectum habe-
lur, quod mundi diffinit (i) terminum, et infra duas
generationes, quae juxta ipsum qualibet genera-
tione (2) annos faciunt sexaginta , nrbitr.tlur implen-
dura. [Fertur itaque multa scripsisse, librosque suos
Papaecorrigendos obtuHsse, nam in quibusdam errasse
dicitur].
MCLXXXVII.
In finibus Jerusalem, kalendis maii, Christiani cum
Turcis sunt congressi : primo \ ictores et postea victi
fuerunt. Ibi Rogerus [de Molendinis], magister Hospi-
talis, vir clarissimus occubuit, mullis Templariis et
aliis tam captis quam occisis (3).
Facta est dissensio inter regem Franciae Phiiippum
et regem Angiise Henricum. Fhllippus enim rex pe-
tebat a Richardo regis Angliae fiiio, coraite Picla-
(t) Ms. 4917» discernit.
(2} Les deux niots qiial. gen. sont oniis dans les cdit. et dans les
Mss. 4917-20.
(5) Dans les editions precedentes ce fait est raconte avec plus de de-
tails, il y manque neanmoins la date du mois el l'indication du premier
snccesdes chretiens. Voici le texte imprime : Salahadinus BnhylnnicE
snldaniis injuria suis facta a principe Antinchcnn permntus , Pnlces-
tinam vinlenter aggreditur, admiralium Edissce cum septem miUibus
Turcnrum, (jui Terram Sncram depnpularentur , prcemittens. Hic
autem cum in partes Tiberiadis processiiset, casu sibi obvios ma-
gistruni militice Templi Girardum cle Bidcfnrdia , et magistrum
Ilnspitalis Rogerum de Mnlendinis , illum quidcmfugatum, Rogerum
vern intcrfectum , innpino marte confecit , multis Templariis tam
cnptis quam nccisis. Bernard-le-Tresorier rapporte sans fondement
ros faits au 1" mai 1 »90.
GUILLELMI DE NANGL\CO. 83
vensi facto, pro eodem comitatu homagium sibi iieri ;
quod ille a patrc instructus de die in diem facere dissi-
mulabat. Pelebat etiara a rege Angliae Gisortium ct
alia castra [Wulcassini Normanni], quae traditafuerant
a [patre suo] rege Franciae Ludovico pro dote filiac
su£e(i) Margaretae , quando eam Henricus defunctus
filius major regis Angliae desponsavit; quae ad regem
Francise redire debebant, si Henricus sine herede
decederet. Quod quia facere nolebant (2), Philippus
rex Franciae, collecto exercitu, Aquitaniae fines in-
gressus, castrum Isoldunum et plures munitiones regis
Angliae cepit, et usque ad Caslrum Radulphi, in quo
erat rex Angliae, terram depopulavit; sed Dei inter-
veniente clementia , cum expectaretur utrimque con-
flictus, pax subito raediantibus bonis et rebgiosis ho-
rainibus reformatur.
Salahadinus [suorum victoria exhilaratus , animum
totiusregni Jerusalem occupandi succensumad majora
inlendit]. Galilaeam aggreditur, Tiberiadem obsidet;
obsidionis fama circumvolat (5). Quo audito , Guido
rex Jerusalem, Templarii , Hospitalarii , episcopi,
proceres, populusque in unum conveniunt, hostibus
occurrunt. Hostes obsidionem deserunt, et ad fontes
milliariis quatuor circa Tiberiadem castra ponunt.
Quinto igitur nonas julii (4) progrediuntur in bellum
(1) Les edit, et les Mss. 4917-20 portent sororis suce. Sucb, dans cette
lecon, se rapporte a Philippe-Auguste.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, quod quiafacere nolebat rex An^lice.
(5) Les mots ohs, fama circumvolat ne sont donnes que par !<■
Ms. 10298-6.
(4) Le 5 juillet. On lit dans le Ms. 49^9 ^"' igitur nonas Julii. Le
Ms. que nous suivons d'ordinaire porte ici septimo igitur nonaf junii .
ce qui est une date impossible.
84 CHRONICON
acernraeque concertant; sed nox praelium dlrimit.
Ea die nostri ^essere fortius, nisi quod aquam praeoc-
cupatam ab hostibus perdiderunt; diurno proinde
conflictu , aestu sitique confecti laborabant, eo quod
aquam non liaberent. Mane liostes se praeparant et in
nostros, jam non adbellaproeparatos, coeperunt irrum-
pere. Quod videntes principes et primi cxercitus, re-
gem adeunt festlnanter, et quld facto opus sit delibe-
rant in communi. Rex quemdam de immeroequltum,
Johannem nomine (i), qui cum Turcls milltaverat,
consulit quid in Instanti negotio sit agendum; qul
consuluit ut totis vlribus irrumpatur in cuneum ubl
Salahadlni vexillum altius eminebat. PJacet consilium
universls, excepto comite Tripolltanodecujus consilio
montana occupaverunt; et Ita, consilio utlli dissipalo,
nostrl aestu ac splendore solls «ravantur et telorum
imbribus opprlmuntur etobruuntur. ComesTripolIta-
nus arraa dejecit , et ad castrum quod Saphetum dlcltur
se contullt. Interim nostrorura strages miserabillter
fit; epIscopusAcconensIs, lethalltervuhieratus, crucem
Doralni quara ferebat tradidit alteri , et Ille regl. Bello
itaque veheraenter perurgente, Guido rex capltur et
sancta crux Domini a Turcisasportatur. [Hancalteram
post Cosdroem regem Persarum crux sancta, propter
scelera nostra, contumeliam pertulit, et qu<Te nos a vc-
terl captivitatis jugo absolvlt, propter nos captlva
ducllur, et prophanls gentilium (2) manlbus contrec-
tatur] : sed et quolquot HospitalarlietTemplarll inve-
nluntur, protlnus decollantur.
(i) Ce nom ne se trouve que dans le Ms. 10298-6.
(2) Ms. 4917, ^cticinm; /»918, ^QiQ» gentium.
GUILLELMI DE NAINGIACO. 85
Porro Guido rex et magister Templi in raonumen-
tum victoriae reservantur. Sic exigentibus meritis suis
in manus gentium nostri sunt traditi ac a genti-
bus (t) subjugati. Nimis enim in luxus varios et clerus
et populus effluxerant , totaque terra illa facinoribus
et flagitiis sordescebat; sed et qui religionis habitum
praeferebant , regularis moderantiae turpiter fines
excesserant; rarus in monasterio, rarus in saeculo,
quem non vel nvaritise, vel luxuriae morbus inficeret.
Princeps autem Reginaldus, qui post Remundum An-
tiochiae primatum obtinuerat ct (2) Sarracenos semper
oppresserat, ab ipso Salahadino manu propria decol-
latur.
SaLahadinus igitur, habito celebri trophaeo (3) de
nostris , ad pontem Tiberiadis redit , ibique manubias
dlvidi et in Damascum meliora deferri praecepit :
[postea erectis ad coelum oculis, de adeptione victoriae
gratias Deo reddidit; sic enim facere in omnibus quae
accidebant consuevit, et inter caetera hoc saepius dixisse
fertur, quod non sua polentia, sed iniquitas nostra
hanc illi victoriam contulit.] Dehinc Accon, quae et
Ptolomais, obsidet, et post biduum in deditionem re-
cepit. Manere ibi volentibus non fuit hostilis oppressio,
et recedere volentibus data est vitae conductio. Id sane
(i) Edit. et Mss. 4917-20, a Turcis.
(2) Edit. et Mss. 4917-^0 1 Princeps autem j4ntiochia; Reginaldus
(jui Sarracenos semper, etc. Renaud de Chatillon, deuxieme raari dc
Constance, veuve de Raimond prince d'Antioche, gouverna d'abord
la principaute d'Antiochp aii nom de Bohemond III, filsdeConstauce
et de Raimond
(3) Edit. et Mss. ^917-^0, trinmpho.
86 CHRONICON
Salahadliil liberalltatem (i) commendat, quodnuUum
gravari sustinuit qui vellet ei se subdere, et degere
sub tributo; erat enim suorum tenax dictorum, sui-
que custos integer juramenti, et tam liberalis, ut vix
negaret quidquam alicui. Tota quippe regio exterrita
tremebat, viris privata fortioribus et suis tutoribus
destituta.
Inter haec Corrardus marchio, filius marchionis de
Monte ferrato, a Constantinopoli veniebat Jerusalem;
ubi,quia sororem imperatoris Cursath habebatin conju-
gem, cum quodam nobili Graeco (2), qui Cursath vole-
bat deponere et se in Constantitonopolim inlrudere,
pugnaverat, eumque occiderat. Et inde, sicut dicitur,
rediens, comperto quod Accon teneretur a Turcis,
Tyrum applicuit [et eamdem urbem defensurus susce-
pit : cujus adventus preesentibus et venturis Christi-
colis processit ad commodura , et ipsi ad laudem et
gloriam]. Tunc comes Tripolitanus qui ilhic [post bel-
lum Tiberiadis] venerat (3) , videns potentiam mar-
chionis, omnibus suspectus et omnes suspectos habens,
Tripolim fugit; cui statim Salahadinus mandavit ut
pacta quae sibi juraverat jurari faceret a suis, Comes
civibus convocatis jurare illos imperat, dicens ceden-
dum esse temporl nec posse Salahadino resisti ; respon-
(i) Les Mss. donnent, par erreur, libertatem. Voy. ci dessus, p. 63,
note 5.
(2) Tlieodore Branas. Ce fut pour s'assurer un appui contre ce re-
doutable adversaire, que Cursat on Isaac l'Ange fit epouser sa soeur
Theodora a Conrad , fils de Guillaunie-le-Vieux marquis de Mont-
ferrat.
(5) Edit. cl Mss. 4917-20, confu^crnl.
GUILLELMI DE NANGIACO. 87
deiil cives se jurare neraini (i) , nisi prius formam au-
diant juramenti, et super hoc inducias usque mane
petentes accipiunt. Ea nocle coraitem illum ultio di-
vina percussil; nam in stratu suo eura mane mortuum
repererunt (2). Res dissimulari non potuit, nam cor-
pore defuncti nudato, quianupercircumcisionisstigma
susceperat apparuit : unde palam fuit quod se Salaha-
dino coufoederans sectam sarracenicam ceperat obser-
vandam. Post quem Tripolis urbis dominium filius
principis Antiochise (3) de jure obtinuit parentelae.
Corrardus raarchio apud Tyrum fortiter agit, terra
et mari saepe de hostibus triumphans (4).
Ludovicus, Philippi regis Francorum filius [primo-
genitus], nascitur in vigilia assumptionis bealae Marise
virginis.
(i) Minime dans les edit. et les Mss. 4917-20.
(2) Les huit mots qui precedent, depuis nam in strat. s., ne sont
donnes que par le Ms. 10298-6.
(5) Raimond III, fils de Bohemond III pr'.nce d'Antioche. Dom
Vaissete {Hist. de Languedoc , t. II, note 56) a essaye de justi-
fier Raimond II, comte de Tripoli, des imputations odieuscs que
fournissent contre lui et notre chroniqueur, et quelques autres au-
teurs anciens. 11 ne nous semble pas avoir ete tres-heureux dans
Tusage qu'il a fait de la continuation de Guillaume de Tyr, qui n'Gst
autre chose que riiistoire de Bernard le Trcsorier. Loin de justifier
la conduite du comte de Tripoli a la bataille de Tiberiade, Bernard
semble l'accuser de trahison. Quant a la mort du comte, le meme au-
teur ne dit poiut qu'il perit en duel , ainsi que 1'a ecrit rillustre his-
torien du Languedoc pour avoir mal compris le texte; mais qu'il
mourut dc chagrin apres avoir vu ses terres envahies par Saladin.
" Quant le cuens de Triple sot que Saladin estoit entre en sa terre....
si s'en ala a Triple; mes puis qu'il y fu venu ne vesqui guaires,
ains fu niort de duel , si comme Ten dit. » Bern. le Tke^^ , edi». de
M. Guizot., p. 84, 8(i et 94.
(4) Cel alinea n'est donnc quc par Ir Ms 10298-6
88 CHRONICON
[Salahadinus post Accon sibi redditam Berytum et
Sydonem occupans, cum Tyrum eadem facilitate spe-
raret sibi vindicare, a marchiso turpiter repulsus
abscessit. Exinde Ascalonem urbem perveniens, eam
post diversos assultus, quarta die septerabris obtinuit,
tali pacto ut civeshberi hinc abirent, et rex Guido, cum
quindecimdeelectioribuscaptivis, reddereturj.lpsaque
die(i) [qua praescripto pacto urbs tradita fuit] fit
eclipsis solis particularis , in octavo gradu Virginis , et
duravit duabus horis, apparueruntque stellae per diem
ut nocte.
Turcomanni per hosdies Laodiciam urbem impetunt
et cum principe Antiochiae congressi, multos de suis
occidunt. Deinde Antiochiam et circumjacentem re-
gionem proOigant caedibus et incendiis ac rapinis,
terramque illam copiosam et optimam quae Mons Ne-
rei (a) dicitur rapinis et incendio sunt depasti. Sed
cum inde redirent, ab Antiochenis s-.m t devictl et fugati.
Salahadinus Ascalone munita cum Turcis suis Je-
rusalem properat et eam obsidet a parte Occidentis,
oppugnans eam decem diebus continuis; sed civibus
fortiter resistentibus, cum nec sic Turci proficerent, a
parteAquilonisUrbem Sanctam petrariis,mnngunnel-
lis et infinitis assultibussuntaggressi(3).Considerantes
(i) Au lieu de tout ce qui precede, le Ms. 10298-6 porte seulenient :
Ascalon a Turcis capitur quarta die septembris , ipsaque die, etc. Ici
vient 1'anuonce pure et simple de reclipse, remplacee dans tous les
autres Mss., et dans les editions precedentes par cette phrase pom-
peuse : Sol, quasi compaticns , beneficium hicis defectu eclipseo urbi
rt orbi siibtraxit. ;
(1) Edit. et Mss. 4gi7-'io, Mons Verra.
(5) Tous les autrcs Mss. ctles edit. pnrtcnt siinplcment Urbcm Sanc-
tam iterum <;unt ag^rcssi.
GUILLELMl DE NANGIACO. 89
vero obsessi obsessorlbus non posse resisti , in com-
mune deliberant civitatem reddere, salvis sibi vita et
raobilibus; sed Salahadinus, quia contra suam volun-
tatem diu se tenuerant, petiit pro redemptione eorum
ab his qui decem (i ; annos et supra excesserant decem
bizancios, et a mulieribus acaHisquinquebizantios[et
ab infantibus unum] similiter sibi reddi. Quod ut ab
utraque parte concessum est, secundo octobris die, qui
erat ab obsidione tricesimus tercius, scilicet feria sexta,
Urbs Sancta, quod dici dolorest! Salahadino redditur.
Qui statim campanas ecclesiarum confringi fecit et
Turci equos et jumeuta in ecclesiisstabulaverunt. Su-
riani veroecclesiamSepuIcriauri pretioredemerunt,ne
sordibusgentiumsubjaceret. TemplumautemDomini,
quod juxta ritus suos Turci consueverant antiquitus
venerari, fecit Salahadinus intus et extra aqua rosacia
ablui, antequam vellet illud ingredi. Multa vero millia
pauperum, quia pretium non habebant a praetaxato
pretio absolvit (2), et infirmis jussit de fisco proprio
per aliquantum tempus necessaria ministrari. Patriar-
cha Heraclius, clerusque universusac (3) turba cujus-
(i) Telle est la lecoa unanimement donnee par tous les Mss. Les
precedents editeurs ont imprime qui quindecim. Voici la convention
telle que la reproduit Bernard le Tresorier : « Lors atira [Saladin] que
li hons donroit x liv. et la fame v, et li enfes i. » Edit. de M. Guizot,
p. 120.
(2) On executa avant toutun des articlcs de la convention qui por-
tait que 3o 000 besans seraient payes pour la rancon de 7 000 pauvies ;
et que pour former cet effectif de 7 000 pauvres , on compterait deux
femmes pour un homme, et pour un homme aussi dix enfans qui
d'aage ne scroient , c'est-a-dire sans doute au-dessous de dix ans. Id.,
p. 122.
(3) On lit dans lcs edit. et dans les Mss, 4917-20 Sane reginn Sy -
bil/a, cum Hcraclio palrinrcha , Tcmplariis et Ho^pitalariif , etc.
00 CHRONICON
libet setatis et sexus de Jerusalem recesserunt, alii
Antiochiam profecti , alii Alexandriam et in Siciliara
navigantes. Suriani vero, Georgiani, Jacobitae, Graeci,
Armenii, in Jerusalem remanserunt, sub Turcorum
dominio constituti (i). Capta est ergo Jerusalem [ci-
vitas sancta] post annos octoginta octo ex quo a Turcis
eruta fuit, et tantumdem fere temporis possessa a
nostris quantum prius a Turcis.
Transmarinae calamitatis historia ubi per Occiden-
tem insonuit, gravi moeroris aculeo corda omnium
sauciavit. Urbanus papa , cum tam flebilem rem (2)
audisset, nimisindoluit, et ex dolore languescens, non
multum post obiit , et in urbe Ferraria sepelitur; cui
successit Gregorius octavus [natione Beneventanus].
Sed cum post duos menses Pisam venisset , et inter Pi-
sanos et Januenses discordantes concordiam refor-
masset, ac ad subvenlionem Jerusalem totis viribus
inhiasset, proh dolor! instante Natale Domini rebus
humanis eximitur, et apud eamdem urbem honorifice
sepelitur; cui Clemens tercius [natione Romanus]
successit.
Imperator Constantinopolis et rex Siciiiae redu-
cuntur ad pacem.
MCLXXXVIII.
[Guido rex Jerosolymorum , de prisione Salahadini
liberatus, Tyrum applicuit ; sed eidem Corrardus mar-
chio introitum denegavit : quod rex prudenter dissi-
mulans, nunc apud Antiochiam, nunc apud Tripolim
commoratur per annum, et transmarinos Christicolas
(i) Edit. el Mss. 4917-'-?", nddicti '!ei\'iluli.
{1) Edit. el Mss. 49i7-'-^0) iumnrcm
GUILLELMI DE NaJNGIACO. 91
in Teiree Sanclae subveutionem venturos expectatj.
Philippus rex Franciae et Henricusrex Angliae, dum pro
sedando inter se dissidio ad coUoquium inter Triam et
Gisortium conveniunt, Tyrensi archiepiscopo, [qui in
Franciam pro subsidio Terrae Sanctae advenerat], eos
adhortante, signo se crucis insigniunt. Quorum exem-
plo barones et milites permoti , turbaque conditionis
cujuslibet Infinita, signum crucis dominicae assumpse-
runt. Fredericus quoque imperator per idem tempus
eodem peregrinationis voto se alligat, et per totum
imperium, necnon et per universum orbem, eadem
vota et studia effervescunt.
Consilio Philippi regis Franciae et procerum regni
ejus agitur, ut ad auxilium peregrinorum [in Terram
Sanctam profecturorum] res et mobilia universorum
decimentur (i); quod quidem in grandem perniciem
est conversum, quia plures ex his qui decimationes
exigebant violentius ecclesias aggravabant , ex quo
peccato creditur accidisse quod iter propositum
transmarinum impediretur. Satan enim laetis cruce
signatorum principum primordiis invidens, inter
principes discordias seminavit ut adimpleretur quod
dictum est per prophetam : u Effusa est contentio (2)
« super principes, et errare fecit eos in invio et non
« in via. » Nam inter Philippum regem Franciae et
(1) La dime saladine fut etablie dans une grande asseuiblee de pre-
lats et de seigneurs, tenue a Paris au niois de mars de Tan 1188. On
y fit aussi un decret pour empecher que les croises pussent etre in-
quietes a raison de leurs dettes durant le cours de leur pieuse expedi-
tion. Voy. le texte des deux decrets dans Rigorh, Hist. dc Fr..
\ . XVll, p. 25 et suiv.
{1) La Yulgate portc cnntcmpti(}. Psalm cvi, 40.
92 CHRONICON
Henricum regem Angliae per Richardum regis An-
gliae filium recrudescit dissidium quod putabatur so-
pitum. Philippus enim rex Francise , coliecta multilu-
dine armatorum , terram Arverniae polenter intravit,
et quidquid erat juris regis Angliae sibi sujugavit. Quo
viso rex Angliae, nimis iratus , reduxit exercitum suum
per marchiam Normanniae versus Gisortium. Trans-
eundo vero per dictam marchiam, castrum Drocarum in
transitu suo incendit, et multas villas campestres usque
ad Gisortium destruxit. Quo audito (i), insecutus est
eum rex Franciae usque ad castrum quod dicitur Trou,
de quo regem Angliae cum Richardo filio suo (2) tur-
piter ejecit, capiens in transitu suo Vindocinum.
Tandem superveniente hieme, datis induciis ab utra-
({ue parte a bello quieverunt.
Templarii, Hospitalarii, viriquefortes quamplurimi
transfretant, ut oppressis [Terrae Sanctae] succurrant.
Guillermusquoque rexSiciliae, per ducem classissuae,
iter marinum. liberum reddebat et a piratis tutum,
tam subventionibus navium quamrerum quarumlibet
copia, Christianis transmare satis munifice succurrens.
Siccitas fuit inaudita, adeo ut in multis locis fluvii ,
fontes et putei siccarentur. Plurimae ignium clades per
Gallias acciderunt ; nam Turonis, Carnotum , Belva-
cus, Autissiodorum , Trecas [civitates] et Pruvinum
(i) Cette phrase et les deux precedentes n'en font qu'une dans les
edit. et dans les Mss. 491 ^-'^o, ou on lit reduxit exevc. suumper march.
Normann. versus Gisort., ubi multas villas dc.xtru.rit et incendit •
quo audilo, etc.
(2) Les mots cum liich. /il. s. nc se trouvent que dans lc Ms. loaQS-d
La prcsencc de Ricliard ati chateau dc Trou cst aussi constatcc par
Ri}^ord , ih., p. •?.'].
GUILLELMI DE NAJNGIACO. 93
[castelluin] ac quamplures aliae villae iiiiserabililer in-
cenduntur.
Salahadinus urbes et oppida quae Cbristianis abstu-
lerat muris reparat et roborat raunimenlis. Tyrum
iterum inipugnat [terra et mari , nihilque intentatum
relinquens, patrem marchisi, quem in bello Tiberiadis
ceperat, sub hac fiducia preesentat captivum, ut filius
necessiludinis affectu permotus patris concambio civi-
tatem contradat. Nunc ergo reddendum ofFert, nunc
perdendum minatur, variosque tentat accessus, sed in
omnibus fallitur; nam marchio flecti nescius, ofFe-
rentem irridet, minantem contemnit, et quoties pro-
vocandae campassionis intuitu illi pater in vinculis
videndus ostenditur, confestim ballistam corripit,
obliquos in patrem ictus designans, manum quidem
aberrare volens, sed similis percussuro. Missis etiam
Soldani qui patris interitum minitantur, id se votis
omnibus expetere asserit, ut et maleficus ille post tot
flagitia bonos tandem inveniat exitus, et ipse patrera
habere martyrera mereatur. Hac Salahadinus obti-
nendee urbis delusus fiducia, quod arte non valebat,
armis experitur]; sed cum dampno suorum saepe vic-
tus et confusus abscedit.
MCLXXXIX.
Ravennensis et Pisanus archipraesules, cum multo
Italorum agmine Iransfretantes et Tyrum appulsi ,
Tyrensibus fiuntnon modicum adjumentum.
Frcdericus imperator Alemanniae cum duce Suaviae
filio suo iter peregrinationis [transmarinae] arripiens
in festo sancti Georgii (i), cum multitudine infinita
(i) Le 25 avril.
94 CHRONICON
Huiigariam iiigreditur, et a rege Hungariee hoiioritice
suscipitur. Dehinc Iransito Danubio per Bulgariam
tendit in Thraciam ; sed cum ei imperator Grsecorum
transitum denegaret, vias obstrueret, divertit in
Gneciam , et Graeciae paitem occupans, per ali-
quantulum temporis inibi demoratur. De Frisia et
Dacia qiiinquaginta naves pariter foederatae eamdem
peregrinationem arripiunt. De Flandriis quoque tri-
ginta septemrates alios secutae sunt, et dum per His-
panias transeunt, Sarracenorumurbem nomineSilviam
obsident , et post quadraginta dies captam diripiunt ,
nulli aetati vel sexui parcentes, sed omnes pariter tru-
cidantes. Postea opes inventas inter se aequaliter di-
videntes, urbem tenendam regi Portugalensi relique-
runt(i), multa alia Sarracenorumoppidadevastantes.
De Francia autem et de Campania iter illud subeunt
viri fortes et iUustres, militiae titulo gloriosi.
Interim inter regem Franciae et regem Anglise fer-
vescente discidio, plurima fit castrorum urbiumque
direptio. Turonis urbs capitur a rege Franciae et Ce-
nomannis. Post hsec inter reges pax redditur, et paulo
post Henricus rex AngUae defungitur, nimio, ut di-
cebatur, dolore absorbtus quia videret se a rege
Franciae victum et a Richardo , fiUo suo, qui ad regem
Franciae fugerat, derelictum. Sepultus est autem in
coenobio virginum (2) qui Fons Ebraudi dicitur, mul-
(i) Le reste de l'aliaea n'est donne que par le Ms. 10298-6.
(2) Les precedents editeurs ont imprime in ccenobio monachorum ,
lecon donnee par les Mss. 4917» 49^8, 4919- D'Achery a rais en marge la
correction, monacharum ; elle est justifiee par le Ms. 4920. II est vrai
qu'ily avait aussi a Foutcvrault une comniunaute d'hommes ; mais les
deux comnuinautes otaient sous rautorile dc rabbesse, et de plus Ic
GUILLELMI DE NAJSGIACO. O.")
lis ab eo redditibus et muneribus amplialuin. Vir pru-
dentia gestisque famosus, laetis florens successibus
perpetuaque dignus memoria , nisi quod sanctum
Thomam fuerit adversatus. Cui successit Richardus,
filius ejus, (i) et apud Londoniam in regem Anglise
coronatur.
[Erachium qiioddam castrum duobus annis a Tur-
cis obsessum Salahadino redditur, et propter hoc En-
fridus (2) de Torone qui in vinculis tenebatur, libe-
ratur : pari fato magister Templi Girardus absolvitur,
et pater marchisii cum concambio cujusdam captivi
gentilium liber abscedit.] Guidorex Jerosolymitanus,
cum multa (5) millia peregrinorum apud Tyrum [et
Tripolim] applicuissent , eos Accon urbem petere
et obsidere fecit ; quibus Salahadinus occurrit ut ob-
sessis succurrat et impetat obsessores. Cumque nostri
torabeau d'Henri 11 fut place dans la partie de l'eglise reservee aux
religieuses. Expilly, Dict. des Gaules et de la Fr.
(i) Les septmots qui suivent manquent dansles edit. precedentes et
dans les Mss. 4917-20. — Le couronnement de Richard Coeur de Lion
eut lieu, snivant Nicolas Trivet, un dimanche, le troisieme jour apres
la fete de saint Gilles, c'est-a-dire le 5 septembre. Spicil., t. III,
p. 167.
(2) De La Barre a imprime Eufridicus de Turone. La premieie et
la derniere edition donnent, avec tous les Mss., Eujridus de Turonc.
Le Ms. 10298-6 porte plus bas Enfredo de Torone, forme qui se rap-
proche davantage du veritable nom du personnage. II se nommait Hon-
froi de Thoron et etait connetable du royaume de Jerusalem.
(3) Cette phrase commence ainsi dans le Ms. 10298-6 : Guido rex
Jerosolymitanus de carcere Salahadini liberatus Tyrum applicuit; sed
eidem Corrardus marchio introitum denegavit. Quod re.r prudcnter
dissimulans , cum multa millia, etc. Ces details uous ont paru mieux
places au commencement de Tannee 1188, ou nous les avons impri-
mes entre crochets, conformement aux edit. precedentes et aux
Mss. 4917-20.
96 CHRONICON
hostium assultus assiduos ferre uon posseut, valla et
aggeres in gyro castroruinfacientes, tutiores pugnam
acerrimam cum hostibus conserunt (i); et sic in ob-
sidione [longo tempore] commorantes , multi morbo
dysenteriae perierunt, siquidem a facie et a tergo
hostilis imminebat obsidio, et aeris intemperies tanta
fuit ac inundatio pluviarum , ut pro nimia humecta-
tione cibaria corrupta deperirent : unde miranda ac
perpetuo memoranda virorum illorum constantia ,
quae tot malis obsita non defecit, sed permansit in-
fracta. In hac obsidione defuncta fuit Sybilla regina
Jerusalem, uxor Guidonis regis, cum quatuor filiis
quos de ipso habebat. Post quam hereditas regni Je-
rusalem ad sororem ejus Isabeliam uxorem Enfredi de
Torone devenit, sed ab Enfredo separata, quia eam
ante nubiles annos et contra voluntatem suam duxe-
rat (2), marchioni Corrardo uxor datur, et sic Cor-
rardus marchio regni Jerusalem obtinuit principa-
tum.
Gillermus Siciliae rex moritur, cujus mors multis
intulit detriraentum; qui cum non haberet heredem,
Henricus Frederici imperatoris filius dicebat se debere
fieri succesorem , et pacto promissionis et jure pro-
pinquitatis quia sororem regis [Guillermi (5)] duxerat
in uxorem. At Siciliae proceres, inito consilio Tan-
(i) Edit. et Mss. 4917-20, pcrtulerunt.
(2) Bernard le Tresorier (p. 172) raconte que sur les sollicitations de
Philippe de Dreux, eveque de Beauvais, Honfroi consentit a vendre
sa fenime au marquis de Montferrat. « L'evesque ala a Honfroi,
et fist tant vers lui qu'il clania quite sa fame au marchis por de-
niers donans. »
(5) La soeur de Guillaume I", la lante de Guillaume H. Voy. ci-
dessus, p. 80, not. 5.
GUILLELMI DE NANGIACO. 97
credum, virum illustrem, in regem substituunt (i).
Grandis igitur fit utrimque turbatio, concutiuntur
provinciae et imprimis Campania et Appulia profli-
gantur.
ObiitElizabetli regina, uxor Philippi regis Francise,
et in [majori] ecclesia beatae Mariae Parisius est
sepulta.
MCXC.
Philippus rex Franciae et Richardus rex Angliae,
Odo (2) dux Burgundise, Philippus comes Flandriae,
Henricus comesCarapaniae, Theobaldus comes Blesen-
sis, Stephanus comes Sacri-Cgesaris, episcopique quam-
plurimi et fere regni Franciae proceres universi, et
qui alicujus nominis in militia habebantur (3) , signo
crucis dominicse insignili, cum infinito agmine et in-
credibili apparatu iter arripiunt, diversos adeunt
portus navesque conscendunt. Mare solito tunc pro-
cellosius tumescebat, in tantum quod navium quae-
dam vi ventorum ad littora sunt repulsae, et aliae
sunt submersae (4). Philippus et Richardus reges
Messanamurbem Siciliae vix appulsi , nec valentes [ul-
terius] progredi, inibi [insimul] hiemarunt. Tunc
venit ad eos abbas Joachim , de suo evocatus monas-
(i) Tancrede etait fils illegitime de Roger, duc de rApouille, et
petit-fils de Roger II dit le Jeune roi de Sicile, mort en iiS^-
(2) Lisez ZTwgo ici etplus bas p. 102, an 1192; c'estleducHugues III,
dont nous avons parle pius haut, p. yS, not. 2. U mourut en 1 195.
(5) Edit. et Mss, 4917-20, etfere re^ni Francice barones et milites
universi, signo crucis , etc.
(4) Au lieu de ce qui precede on lit dans les edit. et dans lcs autres
Mss., iter Iransrnarinum arripiunt . navesque ascendentes diversis
portibu9 marina (Mss. 49i7> 49i8, maxima) tempestate repulsi , di-
versis littoribus applicuerunt.
I- 7
98 CHRONICON
terio in Calabria constitiito. Qui ab eis de futuris scis-
citatus, respondit quod mare transituri essent, sed
nihil vel parum proficerent, necdumque adesse tem-
pora quibus liberanda foret Jerusalem et regio trans-
marina.
Fredericus imperator cura Cursath imperatoreGrae-
corum qualicumque pace composita, et Bosphoro
transito perambulans Asiam , multa suorum damna
patitur, tam per assultus hostium, quam per penu-
riam victualium. Timebat enim per aequora trans-
raeare, quoniam, sicut dicitur, in historiis suis quae
Fredericae nuncupantur quo fatatum erat ei in aqua
mori. Ipse vero soldanum Iconii, qui forum venalium
quem proraiserat sibi deturbabat, usque Iconium
persecutus , cicumjacentia loca Iconii succendit.
Deinde cum ad quasdam locorum venisset angustias,
reperit Turcorum multitudinera infinitam ; cum
quibus(i) congrediens, eos viriliter debellavit. Habito
itaque de hostibus insigni triumpho, dum quemdam
fluvium transiret , heu! tantus princeps deraergitur ,
sufFocatur, et moritur. Vir quidem magnanimus,
strenuus, largus, facundus, prudens gestisque clarus,
ac sibi rebellium fortis edomitor ; et adeo imperium
dilatavit, ut post Karolum Magnum parem gestorum
magnificentia vix habuerit ; [cui successit Henricus
filius ejus, qui ad custodiam imperii relictus fuerat.
Frederico imperatore] itaque sic mortuo, exercitus
ejus venit Antiochiam, ubi dum fessa reficiunt cor-
pora, et in epuHs se distendunt, tot et tanti ex eis
eegrotant vel obeunt, quod de tanto exercitu vix
(i) Ces deux luots manqueiit dans les deux premieres editions.
GUILLELMI DE NANGIACO. 99
pauca militia remaneret. Filius imperatoris , scilicet
dux Suaviae , corpus patris usque Tyrum detulit ; quo
ibidem sepulto, cum ad Acconis obsidionem venisset,
paulo post oblit (i).
Obeunt Philippus comes Flandrise , Theobaldus
comes Blesensis, et Stephanus comes Sacri-Caesaris ,
procerumque ac nobilium turma quamplurima, ibi
[apud Acconem] de diversis mundi partibus aggregata.
MCXCI.
Clemens papa moritur , cui Jacinthus, diaconus
cardinalis, vir grandsevus ac generosus substituitur,
et Coelestinus papa vocatur (2). Qui in ipso die Paschee
consecrationem pontificalem accepit , et in crastino,
Henricum Fi^ederici imperatoris filium ad imperium
coronavit.
Rex Franciae Philippus , [qui , anno praecedenti ,
cum rege Anglise Richardo in Sicilia hiemarevat, eum]
quasi hominem suum commonuit ut , sicut sibi
juraverat, mare cum eo, in passagio marcii (5), trans-
iret; quod id non solum facere, sed etiam sororem
regis Philippi, quam de juramento tenebatur in uxo-
rem ducere, recusavit, et usque ad mensem augus-
tum passagium distulit. Philippus igitur mare in-
trans , recto itinere Accon applicuit, et ab his qui
longo tempore sedebant in obsidione quasi angelus
(i) Frederic duc de Souabe ne mourut qu'en 1191, le 2ojanvier.
II en faut dire autant des personnages designes dans Talinea suivant
qui tous perirent devant Acre.
(2) Edit. et Mss., Clemente papa mortuo Bomance ecclesice centesimus
septuagesimus nonus Ccelestinus tertius, natione Romanus, prcesidet.
(3) Les mots in passagio martii manquent dans les edit. et dans les
Mss. 4917-20.
100 CHRONICON
Domlni cuin gaudio et honore suscipitur. Richardus
vero rex Auglise , cum ratibus et galeis suis post regem
Franciap [de Sicilia] movens, venit in Cjprum, ibique
inveniens quemdam pseudo-imperatorem insulae do-
minantem , ipsum cepit, sibique insulam subjugavit
et gente sua raunivit. Interim Philipus rex Franciae
ad expugnandam Acconem regem Angliae expectabat;
condixerant enim quod non nisi pariter expugnarent.
Igitur cum venisset, primo fossata implere conten-
dunt ; sed cum a rege Franciae rex Angliae saepius dis-
sentiret, et , sicut dicebatur, perurgendis assultibus
dissimulanter ageret, Philippus rex Franciae tantum
vehementiusinsistebat,petrariasf"aciensadhiberiquam-
plurimas(]). Quibus nocteet die incessanter jactanti-
bus, pars murorum confringitur, turrisquoque mira-
bilis firmitatis, fossoribus cuniculos subter agentibus,
conquassatur. Tunc hostes vehementer arctati (2), cum
nullam sibi viderent adesse potentiam resistendi , re-
gis Franciae coUoquium expetunt, urbem , se et sua
pariter dedunt. Accon igitnr tcrtio idus julii (5) a
nostris recipitur, post decursum fere biennium ex
quo coeperat obsideri. Porro Turci intra urbem re-
perti, cum pacta quee cum rege Franciae inierant
tenere non possent, alii evasere redempti , alii ad ser-
vienduracompedibus sunt detenti, alii gladiotrucidati.
Audita ergo captione Acconis , timor irruit super
hostes, et Ascalonem atque alia castella quae nostris
abstuierant diruunt, vacuaque dimittunt.
(i) £dit. et Mss. 4917-20, Rex Francice , pctrarias adhibens quam-
plurimas , suos fecit arbemfortitcr assilire.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, atlriti.
(5) Le i5 juillet
GUILLELMI DE NANGIACO. 101
Henricus imperator Alemaiinlae Neapolim obsidet,
sed ibi aegrolans [sede rellcta] Alemanniam redit.
In ecclesia sanctl Dlonysii extractum est caput pre-
tiosi martyris Dionysii (i) de capsa ubi cum corpore
quiescebat, ad removendum errorem Parisiensium (2)
qui dicebant sehabere caput praedlcti martyris; [posi-
tumque fult illud caput sanctlssimum In vase decenti
argenteo ut palam delnceps ad osculandum gentlbus
monstraretur : quod postmodum venerabilis Mat-
thaeus, abbas illius monasterli, in allo vase aureo
pretioso, lapldibus et mlrabili opere decorato, a se
constructo, transferri feclt, per manus venerandi in
Christo patrls domlni Simonls sanctae Cecillse tunc
presbyteri cardlnalis, qui postea papa Martinus quar-
tus appellatus est, praesente rege Franciae Phillppo ,
fdlo regls sanctissiml Francise Ludovici , slcut ad dic-
tum coenobium accedentes vident moderno tempore
universi.]
Philippus rex Franciae, apparatu suo sub manu du-
cis Burgundiae commendato, et orta discordia Inter
eum et regem Angllae Rlchardum, redit a partlbus
transmarinis. Rex vero Angllae Rlchardus ibi re-
manens, eos qui Joppe jam inclusl (5) et quasl capti
erant suo auxllio liberavlt, et multa alia bona , quae
enarrare longum est, Ibl fecit.
MCXCII.
Nostrl (4) qul [post dlscessum regis Franclae] trans
(i) Edit. et Mss. 4917-20, Dionysii areopagitce martyris.
(9.) Ib. canonicoriim parisiensium.
(3) Toutes les edit. portent in opere. jam inculsi, tous les jMss. in
lope. Voy. les details de la piisc de JaHa par Richard, dans Bernard
LK TR£S., p. igo.
(4) Edit. etMss. 4917-^0, ////.
102 CHRONICON
mare remanserant, parum aut nihil proficiunt, ac
demum inter eos et Salabadinum induciae usque in
triennium statuuntur; sic tamen quod Ascalonem ,
quam nostri cum magno labore et expensis construxe-
rant, rursus diruerent (i), et ita in vastitatem civitas
nobilis est redacta. Corrardus marchio dum in urbe
sua Tyro per plateam ingreditur (2), a duobus sicariis
c^uos harsacidas (3) vocant, cum cultellis occiditur;
quorum unus illico occiditur, alius captus vivus
incenditur. Odo dux Burgundiae multique nobiles
[trans mare] obeunt, pauci repatriant. Henricus comes
Campaniee uxorem marchionis Corrardi ab harsacidis
interfecti accipit [in conjugem] (4), et in Tyro ad
principandum eligitur. Richardus rex Angliae vendidit
insulam Cypri, quam acquisierat, Guidoni [quondam]
regi Jerusalem [qui rex fuit ibidem constitutus (5)].
MCXCIII.
Richardus rex Angliee, de transmarinis partibus
(i) Edit. et Mss. 4917-20, dimitterent.
(2) Ib., per quemdam vicum incederet.
(3) Cest un des noms donnes par les auteurs du xm* siecle a la secte
des Ismaeliens de Syrie, qai sont plus ordinairement appeles Assas-
sins ou Hassassins. La veritable forme de ce dernier nom est Haschis-
chin, derivee de haschisch ou haschischa, substance enivrante dont les
Ismaeliens faisaient un frequent usage. Silv. de Sacy, dans les Me'm.
de rinstit, classe d'Hist. et de Litter. anc, t. IV, p. 45 et suiv.
(4) Ce mariago fut fait, sous les auspices du roi d'Angleterre, six
jours apres l'assassinat du marquis , ce qui donna lieu de soupconner
que Richard n'etait point etranger a cet assassinat. Richard etait
l'oncle d'Henri II, comte de Champagne, attendu que Henri le Libe-
ral, pere de ce dernier, avait eu pour feninie i^Iarie, fille de la reine
Eleonore etde Louis MI, ct par conscquent soeur uterine de Richard.
Voy. Bern. lk Tres., p. 202, 204.
(5) Lc Ms. 10296-8 porte qui dc pnsionc Snlnhadini cvasernt , cir-
constance qui a deja etc consignec plus haut.
GUILLELMI DE NAINGL4C0. 103
post multa naufragia rediens, dum per Austriam iii
patriam suam latenter transire deliberat, a duce Aus-
triae capitur et imperatori Alemanniae Henrico tradi-
tur ; a quo per annum in custodia detentus, [tandem]
multa pecunia redimitur.
Salahadinus [soldanus Babylonise et Damasci] mo-
ritur; qui moriens jussit ut signifer ejus, sudarium
suum super lanceam portans, [per Damascum] clama-
ret : (( Rex totius Orientis de omnibus suis nihil am-
plius secum portat. » Post quem regno filiis ejus com-
partito , inter eosdem et Saphadinum Salahadini fra-
trem , de regno diutius concertatum est.
Philippusrex Franciae Normanniam ingreditur, Gi-
sortium castrum capit, aliaque quamplurima castra,
vel vi veldeditione pervasa, aut incendit, aut diruit,
aut retinuitetfirmiter communivit. [Eodemanno ipse]
Philippus rex Franciae Ysemburgem regis Danorum so-
rorem apud Ambianis urbem duxit in uxorem, quae a
Guillermo Remensi archiepiscopo ibidem inuncta fuit
in reginam; sed miro Dei judicio, ubi eam accepit sic
exosam habuit, quod statim eam relinquere cuperet et
de divortio cogitaret.
Guido Senonensis archiepiscopus obiit, cui Michael
Parisiensis ecclesiae decanus successit.
MCXCIV.
Richardus rex Anglise infinita exactione redemptus
patriam suam regreditur. Qui statim castrum Locha-
rum (i) obsidens, quod Guido de Vallegrinosa ex
(i) Le iiom ilu chiteau a ete omis dans tous les Mss., a rexception
du n° io9g8-6, et ne se trouve par consequent dans aucunc des editions
precedcntcs.
104 CHRONICON
parte legls Fraiiciae tenebat, noii multum post expu-
gnat; et slc fecit de multis aiiis castris in terra sua n
regeFranciae sic detentis. Veniensautem Turonis, ca-
nonicos sancti Martini de ecclesia ejecit, et res eorum
violenter abstulit.
Tancredus rex Siciliae et Rogerus iSIiusejus jam in
regem promotus (i) regni simul ac vitae exitura sor-
tiuntur. Quo Henricus Alemanniae imperator audito,
Appuliam et Siciliam terra marique aggi editur, suscep-
tusque a principibus , totam terram suae subjugat
ditioni.
Philippus rex Franciae, Normanniam iMtrans, Ver-
nolium castrum obsidet et expugnat, Ebroasque (2)
urbem incendit et subruit.
MCXCV.
Henricus imperator Alemanniae de Sicilia rediens,
uxorem et filium Tancredi regis (5) et primates regni,
quicontraseconspiraverant,secum adducit, etconjuge
sua cum filio suo [Frederico] apud Panormum dere-
licta , thesauros regum Siciliae secum asportavit.
Ab Oriente transfretat in Hispaniam Sarracenorum
exercitus infinitus, regemque Caslellae in bello devin-
cit et partem Hispaniae rapinis ac caedibus occupat et
profligat(4).
(i) Tous les Mss. donnent promotus ; ies deux premieres edit. pe-
luncfus.
(a) Edit et Ms. 49^0, Ebroicas , 4917-ig, Ehrocns.
(3) Guillaume III, fils puine de Tancrede etde Sybille de Medaria,
avait ete reconnn roi apros la mort de son perc, par une partie de la
Sicile.
(4) 11 s'agit sans rloute ici de la redoutable invasion qiic fil a cetle
cpoque, cn Espagnc , lc roi dc iMaroc Tacouli-Aben-Jousef.
GUILLELMI DE NANGIACO. 105
Vehemens fames Gallias atterebat , quae per quatuor
annos continuos ita confecit populos, ut qui antea
divitiis floruerant publice mendicarent.
PhilippusrexFrancise Vallem-Ruolii, quam munitam
tenebat, funditus evertit, et post paucos dies sororem
suam, quam Richardus rex Angliae tenuerat (i), co-
miti de Pontivo in uxorem dedit. Cum autem [postea]
rex Franciae exercitum in pago Bituricensi juxta Isol-
dunum collegisset, et rex Angliae cum exercitu suo
in oppositam partem staret, ac uterque exercitus ad
pugnandum armis accinctus esset, [cooperanteDomino,
contra omnium opinionem ita factum est] quod rex An-
glise, depositis armis, cumpaucis ad regem Francorum
veniret, et ibi coram omnibus pro ducatu Normanniae
et comitatu Pictavensium et Andegavensium eidem
homaglum faceret; et sic de pace servanda deinceps
uterque rex ibidem praeslitit juramentum (2).
Fulco quidam Parisiensis presbyter coepit in Gallia
praedicare, multosque ad usurarum restitutionem ad-
ducere.
MCXCVL
In martio subita et nimia aquarum et fluminum
inundatio facta, pluribus in locis viUas destruxit et in
eis habitantes extinxit; pontes etiam Secan;p, fluminis
Galliae, phues confregit.
Per totum imperium Alemanniae ingens fit com-
(i) Alix , qui fiancee, des l'an 1 167 , au prince Richard, etait restee
a la cour d'Angleterre sous la garde de Henri IL L'obstination avec
laquelle le vieux roi eloigna toujours la conclusion du mariage ^'xVlix
a fait naitre d'odieux soupcons sur la nature de ses sentinients envers
cette princesse.
(2) Yoy. le traite dans Rigord, Hi<!l. <lc Fr., t. XVll, p 45-
106 CHROJNICON
motio ad liberationem regioiiis traiismarinae , arcliie-
piscopo Maguntiee et duce Saxoniae necnon pluribus
episcopis et principibus voto se sanctae crucis obli-
gantibus. Imperator quoque Henricus per Appuliae et
Siciliae littora tam in navibus quam in victualibus
[copiosum] exhibet apparatum.
Factum est divortium inter regem Franciae Philip-
pum etuxoremsuam [Ysemburgem], regis Danorum
Canuti sororem, consanguinitate probata inter illam
et aliam quam rex ante duxerat.
Richardus rex Angliae, postposito juramento quod
regi Franciae fecerat, castrum Virsonis (i) in Bituri-
censi pago dolo cepit et funditus evertit. Ob hoc, rex
Franciae Philippus , collecto exercitu, Albam Mallam
obsedit; ubi dum moram faceret , rex Angliae castel-
lum Nonencort (2), data pecunia militibus ipsum
custodientibus , recepit. Sed rex Franciae minime re-
linquenspraedictum castrum, tantum illud erectis pe-
trariis et aliis ingeniis impugnavit, donec fracta turre
et muris, interiores bellatores ad deditionem coegit.
Cumque castrum solotenus destruxisset , Nonencort
obsidens, in brevi cepit et comiti Drocarum Ro-
berto (3) custodiendum tradidit.
(i) Edit., Virzionis ; Mss. 4917-20, Virsionis.
(2) D'Ach., de La Barre et Mss. 4919» 4920, Norencourt. Le
Ms. 49 '7 donnc ici Novercourt et plus bas Norencort. Dans le
Ms. 4918 il y a deux fois Norencourt ; mais le premier a ete corrige
en Nonencourt , correction adoptee par les derniers editcurs. Le
Ms. 10298-6 porte Novcncort, que nous prenons ia liberte de corriger
en Nonencort. Nonancourt est dans le departement de l'Eure, arron-
dissement d'Evreux.
(3) Robert II comte dr Dreux etait petit-fils de Louis-le-Gros , ci
par consequent cousin-gormain do Philippo-Auguslc.
GUILLELMI DE NANGIACO. 107
Mauricius Parisiensis episcopus obiit , cui successit
Odo Solliacensis. Hic venerandae memoriae Mauricius
episcopus, inter innumera bona quae fecit, quatuor
abbatias fundavit et de propriis sumptibus dotavit,
scilicet Herivallem (i),Hermerias, Hesderam et Gif . Et
quia de resurrectione corporum, quam ipse firmis-
sime credebat, multi in tempore suo dubitabant,
moriensscribi fecit in rotulo (2) : «Credo quod redemp-
« tor meus vivit , et in novissimo die de terra surrec-
(( turussum, et rursum circumdabor pellemea, et in
(( carne mea videbo Deum salvatorem meum (3). »
Hunc igitur, in extremis agens, super pectus suum
praecepit exlensum (4) poni, ut ab omiiibus ad ejus
sepulturam convenientibus posset legi; [cujus exem-
plum secuti sunt omnes fere sacerdotes postmodum
raorientes.]
Mcxcvn.
Theutonici qui mare transierant, dum omnia tur-
bulenter actitant, inducias quas nostri cum Turcis
inierant abrumpunt, urbemque Berinthum (5) oppu-
gnant et capiunt; quo Turci permoti, Joppe civitatem
pervadunt, obtruncant omnes, munitionem diruunt
soloque coaequant.
Philippus rex Franoiae duxit in uxorem Mariam ,
(i) Les deux premieres edit. portent Herniallem.
(2) 3Iss. 4917-19, in cedula.
(3) Job, XIX, i5.
(4) I-e Ms. 10298-6 porte ostensum, c'est une erreur quc je rectific
conformenient a tous les autres Mss.
(5) Les deux premieres edit., Berytum. Bernard ie Ti-esorier n'iin-
pute point aux Allemands la rupture dc la treve; elle etail, snivanl
hu, rompuc de droit par la mort de Saladin. P. 220.
108 CHRONICOJN
filiam ducis Meraniae et Boemiae (i) marchionisque
Histrise; de qua postea genuit Philippum comitem
Boloniae , et uxorem ducis de Lovanio.
Balduinus comes Flandrensis, qui anno praecedenti
Philippo regi Franciae homagium apud Compendium
fecerat , ab ejus fidelitate manifeste recedens , Richardo
regi Angliae confoederatus est (9.); ipsum etiam regem
Franciae [dorainum suum] et terram ejusgraviter per-
secutus est : similiter et Reginakius , filius comitis
Domni-Martini, cui ex maxima dilectione comitissam
Boloniae cura comitatu suo dederat rex in uxorem.
Regina Hungariae, soror regis Franciae [Philippi] ,
mortuomaritosuo, apud Accon [ultra mare] transiit,
ibique paulo post obiit.
In eadem quoque urbe et eisdem diebus Henricus
comes Campaniae, qui uxore marchionisaccepta, ibi-
dem [super regnum Jerusalera] principabatur, dum
(i)D'Ach. etde La Barre, Bremios. Tousles Mss.portent^oemiflp.Du
reste on ne s'accorde ni sur les titres de ce prince, ni sur son nom , ni
sur le nom de celie de ses filles qu'epousa Philippe-Auguste. Presque
tous les historiens appellent cette derniere Marie ; mais elle est noni-
mee Agnes dans des chartes contemporaines. Voy. entre autres. Hist.
deFr., t. XIX, p. 407, not. a. Les auteurs de VArt de ve'rif. les dates
rappellent Agnes et la font fille de Berthold V, duc de Meranie, de
Dalmatie, marquis dTstrie et comte d'Andechs.
(2) Voir le traite passe entre eux dans Rigord, Hist. de Fr.,
t. XVII, p. 4^ et suiv. Ce Baudouin, le huitieme des comtes de
Flandrc de ce nom, etait Baudouin V, dit le Courageux, comte de
Hainaut. II s'empara de la Flandre en vertu des droits hereditaires de
Marguerite sa femme, fille de Thierry d'Alsace, et soeur de Philippe
d'Alsace comte de Flandre mort en 1191. Aprcs quelques difficultes
suscitees par les droits pretendus d'lsabelle, sa premiere femmc,
Philippc-Auguste lecut I'hommago do Baudoin VIII, non a Com-
piegne, mais dans la ville d'Airas, I'an i icp. Voy. GiLBsr.T de Mons ,
HistdeFr., t. XVIII, p. 4ii.
GUILLELMI DE NANGIACO. 109
In superiore palatii sui coenaculo cuidam fenestrae ver-
tendo se applicat, miserabili praecipitio collisus expi-
rat; cujus mater, Maria nomine, quae coraitatura
Campaniae viriliter regebat, cum de morte filii sui et
sororis suae reginae Hungariae nuntium accepisset, ni-
mis indohiit, nec multo post obiit; cui Theobaldus
filius ejus, frater dicti Henrici (i), in comitatu Cam-
paniae successit. Duae autem filiae Henrici comitis, quas
de uxore marchionis genuerat, cum matre (2) apud
Accon remanserunt, et una alia quam de marchione
Corrardo habuerat ante istas. Aimericus tamen rex
Cypri, frater Guidonis regis Jerusalem antedicti , Isa-
bellera matrem ipsarura accepit in uxorem ad quam
regni Jerusalem hereditas pertinebat, et tunc prirao
cum viro sua in Accon in reginam coronata fuit Isa-
bellis.
Petrus, cantor Parisiensis, vita et scientia clarus(5),
apud coenobiura quod Longus Pons dicitur obiit.
Francia supposita est interdicto a Coelestino papa
propter divortium reginae Franciae. Nec multo post
idem papa obiit, cui Innocentius [tertius] successit.
Hic fecit hospitale sancti Spiritus, et sancti Sixti ec-
clesiam renovavit. Librura etiam de Miseria homi-
nis (4) et decretales infinitas composuit.
Henricus imperator Alemanniae in Sicilia commo-
rans, apud Messanam obiit, Fredcrico filio suo admo-
dum parvulo et uxore sua in manu Innocentii papae
(i) Edit. et Mss. 4917-20, defuncti Henrici.
(2) Les mots cum niatre ne sont donnes que parle Ms. 10298-6.
(5) Voy. son article dans VHist. litle'r., t. XV, p. 283.
(4) Edit. et Mss. 49' 7> 4918 et 4920, deMiseria conditionis Iiumance .
La phrase entiere depiiis Librum est omise daiis le Ms. 49'0-
110 CHROiMCON
derelictis; sed Philippo fratri suo [duce Suaviae] pro
dicto puero regendum imperium dereliquit. Tunc
Theutonici qui transfretaverant, cum grandia se fac-
luros sperarent, audita morte imperatoris repatriant.
MCXCVIII.
Inter principes Alemanniae fit acerba dissensio ,
aliis Philippum defuncti imperatoris Henrici fra-
trem, aliis Othonem ducis Saxoniae fratrem (i), Ri-
chardi regis Anglise ex sorore nepotem sublimare
Yolentibus, et ita regnum istud , diu quietum , varie
pertubatur. Fhilippus tamen dux Suaviae, frater Hen-
rici imperatoris, maximam imperii partem obtinuit :
contra quem Otho praedictus, ducis Saxoniae frater ,
auxiliante sibi rege Angliae [stans], diversis eum as-
sultibus impugnavit.
Quaedam mulieres ad praedicationera Fulconis Pari-
siensis presbyteri conjugium respuentes , et soli Deo
servire cupientes, in abbatia sancti Antonii Parisius
collocatae sunt, quae, causa illarum , eo temporefun-
data fuit.
Apud Rosetum in Bria , in sacrificio altaris vinum
visibiliter mutatum est in sanguinem et panis in car-
nem. In Vermandense territorio, quidam miles qui
mortuus fuerat revixit, mullaque futura multis prae-
dixit, et postea sine cibo et potu longo tempore vixit.
In Gallia, circa festum sancti Johannis Baptistae (2),
(i) Les fidit. et les Mss. 49i7-'^o portentjilium. Othon etait fils de
Malhilde d'Ani,'leterre et de Henri le Lion qui fut depouiile, en 1 180,
des duches de Saxe et de Baviere, et qui mourut en i igS. Un de ses
fils, Henri le Jeune, fiit corate palatiu du Rhin, et conserva le titre
de duc de Saxe, ce qui suffit pour justifier la lecon de notre Ms.
(2) Vers le 24 juin.
GUILLELMI DE IsAJNGlACO. 111
ros iii nocte de coelo cadens mellitus , spicas segetum
ita infecit, ut multi eas in ore ponentes saporem
mellis aperte sentirent. Mense autem julio orta est
tempestas valida [in episcopatu Parisiensi] , tantaeque
magnitudinis lapides grandinis de coelo ceciderunt,
quoda Tramblaco (i) [villa sancti Dionysii] usque ad
monasterium [virginum quod] Chale (2) [dicitur], et
circa loca adjacentia, segetes, vineas , et nemora pe-
nitus destruxerunt.
Philippus rex Franciae , contra omnium opinionem
et suum edictum , Judaeos quos ejecerat Parisius re-
duxit , et ecclesias Dei graviter persecutus est. Nec
multo post poena secuta est ; rex enim Angliee Ri-
chardus, cum infinita multitudine armatorum Vulcas-
siuum (5) ingressus, omnia circa Gisortium vastavit :
Corcellas et plures villas campestres incendens, prae-
das earum adduxit, et cum triumpho hac vice re-
cessit.
MCXCIX.
Richardus rex Angliae, dum castrum quoddam vice-
comitis Lemoviceusis oppugnat, quarrello balistae
oculo percutilur et eodem ictu satis cito post mori-
lur ; cui frater ejus Johannes, qui Sine Terra diceba-
tur, in regno successit. Sepultus tamen fuit Richardus
rex apud Fontem Ebraudi.
Porro rex Franciae [post mortem regis Angliae Ri-
chardi] statu rerum in melius mutato (4), Ebroicam
(i) Edit. et Mss. 4917-20, Trembleio-
(2) D'Ach. et de la B., Cala; Hist. de Fr. et Mss. 4917-20, Eala.
(5) Le Vexin normand dont la capitale etait Gisors.
(4) Le9 mots staiu rerum in m. m. ne sont donnes que par le
Ms. io2q8-6.
112 CHRONICON
urbem [cum circumposltis munitionibus, scilicet
Apriliacum et Acquigniacum] cepit [et genta sua mu-
nivit] totamque Normanniam usque Cenomannis vas-
tavit. Arturus autem adhuc puer , comes Britanniae,
nepos regis Angliae, cum manu valida veniens, Ande-
gaviae comitatum cepit, et apudCenomannos regiFran-
corum occurrens homagium fecit. Alienordis regina
quondam Angliae (i) apud Turonis fecit similiter regi
Phillppo homagium pro comitatu Pictavensium [et
tlucatu Aquitaniae], qui eam contingebant jure here-
ditario. Treugae datae sunt sub juramento (2) inter
regem Franciae et regem Angliae.
Henricus Bituricensis archiepiscopus obiit, cui suc-
cessit Guillermus [abbas] Karoli-Loci. Circa idem
tempus obiit similiter Michael Senonensis archiepi-
scopus, cui successit Petrus de Corbolio, quondam
Innocentii papae didascalus (5), per cujus manum et
auctoritatem primo Cameracensem episcopatum, se-
cundo Senonensem meruit oblinere.
Generale interdictum in toto regno Franciae, prop-
ter divortium regis et reginae , observatur; propter
quodrex iratus , omnes episcopos sui regni qui inter-
dicto faciendo consenserant a propriis sedibus protur-
bavit , canonicos eorum vel clericos de terra sua eji-
ciens. Ad cumulum etiam totius mali , Ingemburgem
uxoremsuam legitimam, sanctam mulierem, omnium-
que suorum solatio destitutam (4), apud Stampas in
(i) Edit. et Mss, 4917-20, Alien. res,ina mater rcgis Anglice.
(2) Les deux mots suh jur. manqiient dans les edit. et dans les
Mss. 4917-20.
(5) La reste de l'alinea n'est donne que dans le Ms. 10298-6.
(4) Les niots sanctam mulierem omniumquc suor. sol. dest. ne sont
GUILLELMI DE NANGIACO. 113
castro suo reclusit. [Allud etiam addirlit quod totam
Franciam turbavlt ; nam tei tiam partem bonorum om-
jjium homiuibus militum suorum violenter abstulit,
et a burgensibus suis tallias et infinitas exactiones
extorsit.]
MCC.
In Ascensione Domini pax reformata est inter re-
gem Franciae Philippum et Johannem regera Angliae,
inter Vernonem et insulam Andeliaci (i). In sequenti
vero feria secunda (2), Ludovicus regis Francorum
primogenitus Blancham , Hildefonsi regis Castellae
filiam et regis Angliae (3) neptem, duxit in uxorem :
pro quo matrimonlo Johannes rex Angllse omnes
munitiones, mbes et castra, ac totam terram quam
rex Francorum [Philippus] ceperat super regem An-
glorum, praefato Ludovlco et ejus heredibus quittavit,
totamque terram cismarlnam, post decessum suum
sl ipsum slne herede mori contlngeret, eidem con-
cesslt.
Cursath imperator Graecorum quemdam fratrem
donnes qne par le Ms. 10298-6. II est a remarquer que presque tous
les historiens contemporains, meme ceux qui avaient le plus a coeur
de plaire a Pliilippe-Auguste en lui prodiguant la flatterie, ont fait les
plus grands eloges de la reinelngeburge. Voy. Hist. de Fr., t. XVII,
p. 58, 5i, 88.
(i) Cette indication de lieu manque egalement dans tous les Mss.,
excepte dans le n° 10298-6. Rigord donne le texte du traite, et Ton voit
parie titrequ'ilfutconcluaGueuleton(voy.ci-dessous, p. 116, not. 4)-
Le jour de l'Ascension tomba, l'an 1200, au t8 mai. Voy. Hist. de Fr.,
t. XVII, p. 5i.
(2) Le lundi 22 mai.
(3) La reine Blanche, femme de Louis VIII et mere de saint Louis,
etait fille d'Alfonse III roi de Castille, et d'Eleonore fille d'Henri II
et soeur de Richard et de Jean sans Terre, rois d'Angleterre.
I. b
1
114 CHRONICOW
suum noinine Alexuun in tantum apud Giaeciam ex-
tulit, ut uon minoris potentiae esse crederetur quam
ipse imperator, excepto coronae privilegio et solo
nomine dignatis. Qui hac permotus superbia et ho-
nore(i), potentioribus per munera sibi conciliatis ,
fratricida nequissimus insurgit in fratrem et dominum
suum , ipsumque de imperio dejectum excaecat, ac
perpetuo carceri mancipat(2). Post haecnomen impera-
foris ignominiose usurpans, filium Cursath, Alexium
nomine , excaecari praecepit. Quo Alexius cognlto,
fugit ad Philippum imperatorem Alemanniae qui so-
lorem suam habebat in uxorem.
MCCI.
Octavianus Hostiensis et Johannes Velletrensis epi-
scopi legati in Franciam veniunt; per quorum admo-
nitionera, rex Franciae uxorem suam Ingemburgem
in qualemcumque gratiam recepit et superinductam(5)
a se separavit. Hi igitur Franciam postea absolventes,
Suessionis concilium convocaverunt, ubi, praesente
rege et totius regni episcopis ac principibus, tracta-
tum fuit per quindecim dies de matrimonio Ingem-
burgis reginae confirmando, vei separando. Posl mul-
tas vero variasdisputationes jurisperitorum, rex longa
mora taedio affectus, relictis ibi cardinalibus et epi-
scopis, cum Ingemburgeuxore sna summo mane, ipsis
insalutalis, recessit, mandans illis per nuntios suos
quod uxorem suam secum ducebat [sicut suam, nec
separari ab ea volebat] : quo audito, stupefaclis om-
(i) Edit. et Mss. Qui hoc intumescens hon irc , potcntiorihus , ctc.
(2) Ces faits se passcreat Tan iigS.
(3) Cc mot dcsignc Agues dc Mcrauie.
GUILLELMI DE NANGIACO. 115
iilbus, solutum est coiicilium. Regiiia vero Maria
quam Philippus rex Franciae superiiiduxerat, auditis
divortii sui rumoribus, dolore anxia apud Pessi (i)
morilur : cujus infantes, quos duos rej^i pepererat, In-
nocentius papa tertius postmodum legitimos, ad pre-
ces regis Franciae, esse mandavit, ei litteris suis con-
firmavit.
Theobaldus comes Trecensis moriens gravem plu-
ribus ingerit luctum (2), tum propter indolem quam
praeferebat egregiam, tum quia cruce signatus Jeroso-
lymitano itineri sperabatur profuturus. Hic regis
Navarrae sororem (3) nuper acceperat in uxorem, quee
geminam ex eo susceptara peperit sobolem, vivente
marito unam filiam , jam defuncto unicum filium, quia
praegnans remanseiat.
[Ecclesia de Mirabello in Pictavia dedicata est, et
ibi canonici constituti.]
Galterus Brenensis comes (4) Romam venit, hac de
causa : uxor Tancredi quondam regis Siciliae, ab impe-
ratoreAIemanniae HenricoSiciliamobtinentecaptivata
cum liberis diuque detenta, tandem casu cum filiabus
evadens, ad praefatum comitem sese contulerat, eique
filiam suam desponsaverat; quocirca idem comes, sociis
quos potuit secum aggregatis, ut sponsae suae heredi-
taria jura requireret Romam profectus, ab Innocentio
papa solemniter est receptus; cujus auxilio pniemu-
(i) Edit. et Mss. 4919? Poissiacwn ; 49^7? 49^8 et 4920, Possiacum.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, gravem suis luctum et multis ingerit.
(3) Blanche de Navarre, fille de Sanche le Sage et sceur de Sanche
le Fort. Le fils posthume qu'elle eut (^e Thibaut III jjorta le nieme
nom que son pere, et fut surnorarae le Grand.
(4) Gautier de Brienne, frere de Jean de Briennc roi de Jerusalem.
116 CHKOWICON
nitus, paite sibi Campaniae tradita, ciim Tibodo ty-
raiino [qui terram illam occupaverat] congreditur,
ipsumque cum suo exercitu fugat, prosequitur et ex-
pugnat. Secunda deinde congressione ante Baro-
lum (i) insigne Appuliae oppidum ejusdera tyranni
exercitus usque ad internecionem concidit, ipso cum
paucis profugo, et in quadam munitione reciuso.
Hac igitur comes [Brenensis] potitus victoria, in su-
blirae evehitur, atque in brevi leetis successibus ma-
ximara regionis partera Tibodi ereptam tyrannidi suae
subjugat ditioni.
MCCII.
Cum inter Philippura i egera Franciae et Johannem
regem Angliae res esse quietae crederentur, subito
quibusdam de causis dirupta pax deficit, et vetus
illud discidium recrudescit. Philippus naraque (2)
rex Franciae , paratis expeditionibus, Normanniam
aggreditur [5) et raunitiones quasdara capiens fun-
ditus diruit, quasdara detinet et coraraunit. [Muni-
tionera quara Boutavant (4) vocant funditus evertit,
(i) D'Ach. efc de La 15., Cnrolum; Ms. 4917? Karoluin; 4918, 49'9»
et la derniere edit., Barolum.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, Alienordc regina Anglia; dcfuncta, cum
rex Francice Philippus submonuisscl Johannem regem Anglice,fdium
ejus, ut Parisius veniret, sibi homagium facturus pro ducatu Aquita-
nice , et comitatu Pictavensium et Andegavice qui sibi post matris
obitum obvenerant , et ipse ad diem praftxum mininie veniret, nec
responsalcm suffcientem mitleret, rex Francice paratis , ctc.
(5) Edit. et Mss., ingreditur.
(4) Boutavant etait un petit fortin que le roi Richard avait fait elever
sur le bord de la Seine a quatre milles de Chateau-Gaillard entre
Vernon et ies Andelys. II devait etrc, conime son nom l'indique, le
point de depart des incursions que Richard meditait sur le terri-
loire francais. Pour s'oppt)ser ii ces incursions Philippc-Anguste eleva
GLILLELxMl DE NArsGlACO. 117
deiiKle ArquelluDi , Mortemer et] Gorncacum (i)
castrum, situ, locis, stagnisque ingentibus munitis-
simum, facta prius diruptione stagnorum, occupat
et incendit. Conchas, insulam Andeliaci et Vallem
RuoUii cepit. Post haec castrum fortissimum Gail-
lardum super Secanam in excelsa rupe sedificntum
obsidet, quod landem obsidione sex mensium impu-
gnatum capit; et sic Normanniam pervagans, praedis
et incendiis circumquaque depopulatur universa.
Fulco ille celeberrimus presbyter, qui per diversas
provincias praedicando populos [multos ad succursum
Terrae Sanctae] concitarat, moritur. Innumera popu-
lorummilliapraedictiFulconis instantia concitati, Jero-
solymitanum iter arripiunt; quorum rates toto sestivo
terapore ventorum intemperie per fretum quoci His-
panias Africamque disterminat circumjectae, quam-
plures post longos maris circuitus Massiliensi portui
appulerunt, progredi ulterius non valeiites. Ltidovicus
[vero] comes Blesensis , et Balduinus comes Flandriae,
ac multi de regno Franciae proceres et praelati qui
cruce signati fuerant, post multa maris pericula Ve-
iietiam pervenerunt; sed dum ibidem transituros se
putant, quaedam inter ipsos et Venetos causae emer-
gunt ('2), quibus transitus impeditur : ob hoc pere-
grini multas patiuntur molestias, aliique redeunt, alii
sur la frontiere, eu face de Boutavant, un autre fort qu'il noninia
Gueuleton. Cest dans cetle derniere forleresse , suivantle teraoignage
de Rigord, que la paix avait ete signee entre les deux princes en 1200.
(i) Edit., Gomacum ; Ms. 4^17, ^rgueUum , Montaner et Gorna-
cum, 49' 8, 4919 et 4920, Ar^uellum , Montamcr ct Gornacum. Les
mots situ, locis, stagnisr/ue ing. mun.,f. p. d. stagn. ne sont donnes
que par le Ms. 10298-6.
{1) Yoy. A^^n.i.EHARiionN, edit. de M. V. Paris, p. iS cl suiv.
118 CHRONICON
obeunt (i), alii dum morantur sua fere prorsus expen-
dunt.
Die maii tricesimo fit terrae motus in transmarinis
partibus tribus diebus ante Ascensionem Domini, et
vox terribilis audita est. Magna pars urbis Acconensis
cum palatio regis corruit, et populus multus periit.
Tyrus penc omnino subvertitur. Archas , oppidum
munitissimum, ad solum usque diruitur. Tripolis
maxima pars ruit, et plebs plurima suiFocatur. Antlia-
rados (2) autem illffisa servatur , in qua beatus Petrus
apostolus primam basilicam Dei genitricls construxisse
dicitur. Dehinc sequitur terrae sterilitas hominumque
mortalitas. Guillermus Remensis archiepiscopus, dum
Laudunum venisset, morbo subitaneo praeventus op-
primitur, et obstruso linguae officio, moritur intesta-
tus. Nec multo post nepos ejus Rotrocus Catalaunen-
sis episcopus decedit simili modo.
Johannes rex Angliae Arturum , Britannise comitem,
filium raajoris fratris sui Gaufridi [defuncti] , quem
Philippus rex Franciaemiserat ad debellandum Aqui-
taniam , et eumdem novum militem fecerat , [dum
minus caute ageret] apud Mirabellum [cum pluribus]
cepit, ceterisque cum ipso caplis per obsides liberatis,
Arturum , ut fertur, latenter peremit; super quo a
baronibus apud regem Franciae (f-) , cujus vassallus
erat, accusatus, cura coraparere nollet post multas
(i) Cctte lecon dii Ms. 10298-6 cst conlorme aux Mss. 4917» 49'8 cl
4919; les edit. portent abeunt
(•2) D'Ach. et de La B., Aiitnradis . Ilist. dc Fr. ct Mss. 4917? 49''^
ct 49'^o, AncJiarados.
(3) Edit. cl Mss. 4917-20, n. f>nrn/ii/>u\ Francin^ , nptid rcpcni Fra/i
I nriini.
GUILLELMI I)E JNAINGIACO. 119
citationes , per judicium pariuin exheiedalus est.
Arluro itaque, sicut dicitur inlerfecto et Alienorde
sorore ejus exsilio in Aiigliam relegata, Constantia ,
mater eorum, comitissa Britannire , Guidonem de
Thoarcio maritum accepit; sed postea squalore leprae
moriens , ex ea filiam genuit quae data est [postmo-
dum] uxor Petro [Mauclerc] filio Roberti comitis Dro-
carum (i), cum comitatu Britanniee.
Tartari [ab Oriente surgentes], post occisionem
David domini sui Indiae regis, tunc primo exierunt
in populorum destriictionem.
MCCin.
Philippus rex Franciae iterum Normainiiam repe-
tens, Phalesiam castrum fortissiraum et Domnofrontem
ac Cadomum cepit, totamque terram circumpositam
usque ad Montem sancti Michaelis suae dominationi
subjecit. Denique Normanni petentes ab eo veniam ,
omnes urbes quas custodiebant ei tradiderunt, scilicet
Constantiam, Bajocas, Lexovium, Abrincas cum cas-
tris et suburbanis; nam quia Ebroicas (2) jam ceperat,
nihil de tota Noniiannia remanebat praeter Rothoma-
gum, Archas et Vernolium.
(i) Je supprinie ici les mots patvui Philippi regis Francice qui sont
dans les precetleutes edit., mais que ue doune pas le Ms. 10298-6. Ro-
bert II comte de Dreux, pere de Pierre Mauclerc, n'etait pas roncle,
patruus , mais le cousin-germain, patruelis, de Philippe-Auguste.
(2) Les edit. precedentes portent quia Ebrocas et Cadumwn . niais
on vicnt de voir quelques lignes plus haiit que Caen etait une con-
quete toute nouvcUe. Rigord qui parait avoir ete, pour cette epoque,
lc principal guidc de notrechroniqueur, nommcSeezau heu de Cacn,
nain Sngiiim rl Ebrnirum jam ceperal. Hisi. dr Fr. . t. X\II,
r '>7- '-
120 PROLOGUS.
Peregrini iiostri, post multas impeditiones quas in
Venetia tulerant, initis quibusdam pactis cum Venetis,
Jadarara (i) regis Hungariae urbem maritimam Ve-
netis inimlcam expetunt, obsident, capiunt et incen-
dunt. Alexius, filius Cursath imperatoris Graeciae ,
audito quod Franci cum Venetis apud Jadaram essent,
mandavit eis per nuntios quod si ei succurrere vel-
lent, eos a debitis triginta millium marcharum erga
[Venetos liberaret, pretiaque navium solveret, necnon
et orientalem] ecclesiam Papae subjiceret, ac Terrae
Sanctae mirabiliter subveniret. Franci apud Jadaram
urbem exislentes, mandant venire ad se Alexium im-
peratoris Graeciae filium; quo vocato et adducto (2), ac
super sponsionibus exsolvendis datis et receptis ab
invicem sacramentis, simul cumeo et Venetis Constan-
tinopolim navigant et in brevi ibidera applicant. Per
medios igitur fluctus strictioris maris, quod Bospho-
rus vel brachium sancti Georgii vocatur, intrepide
navigantes, turritn quae Gaiatas dicitur expugnant, et
calenam rumpunt qua fit accessus ad portum. Litto-
ribus vero occupatis terram circumjacentem vi ca-
piunt, Graecis fugientibus et se intra urbem recipien-
tibus. Quod videns invasor imperii, cum Francis et
Venetis congredi disposuit, habens secum triginta
millia eqiiitum et pedites innumerabiles. Partibus ita-
que vicinis quantura arcus potest jacere, tyrannus
divinitus pavefactus intra urbem se retraxit, fugiens
(ij Edit. et Mss. 4917-20, Jadeinm, Zara, sur la mer Adriatique.
Pour le_,siege et la prise de cette vilie, voy. Villehardouiis, p. '^4 ^^
suiv
{'i) Edit et Mss. 4917-20, Quod Fianci autlie/iics ipsum ab se ve-
?iire faciunt ac super sponsionibus , elc.
GUILLELMI DE NANGIACO. 121
cum paucis ea iiocte; quo Grseci comperto in palatio
congregaiitur, et adolescentis exsulis solemnis electio
celebratur. Mane facto, portas aperientes, inermes in
castris Francorum se ingerunt, suum electum inqui-
rentes. Quem illico recipientes , Cursath [patrem
ejus] quondam imperatorem de carcere sublevant, sta-
timquefilium ejus Alexium coronantes. His pcractis ,
pretia navium et debita Venetoium solvuntur, ac
Francis et Venetis ducenta millia marcharum confe-
runtur; et dum ibi cum Graecis hiemarent, pacta de
obedientia Romanae ecclesiae, et de succursu Terrse
Sanctae innovantur atque confirmantur (i).
MCCIV.
A fine mensis januarii usque ad maium fuit siccitas
continua et calor aestivalis.
Philippus rex Franciae Rothomagum obsidet , et
in tantum coarctat assultibus, donec cives se dede-
runt (2), videntes quod nec ipsi se defendere poterant,
[nec succursum a rege Angliae obtinere. Sed et duo
castella, Vernolium et Archas, quae hucusque restite-
rant], regis Franciae tradita sunt ditioni. l£»itur rex
lota potitus Normatinia septem episcopatibus dis-
tenta (5), in corpus regni sui redigit , post trecentos
nonaginta duos annos (l\) ex quo Karolus rex cogno-
mento Simplex Rolloni dano, primo de Normannorum
ducibus baplizalo dictoque Roberto, dederat filiam
(1) \'Oy. VlLLEHARDOUIN, p. 22, 23, 28, 29, 3g-64.
(2) Le traile fut fait, sous condition , le i"juiu i2o4; le^^du meme
niois, les Rouennais, n'etant pas secourus, rendirent lenr villea Plii-
lippe-Auguste. Voy. Rigord, Hisi. de Fr., t. XYII, p. 67 et suiv.
(3) Les six eveches dependant de la metropole de Rouen etaicnl
Avranches, Bayeux, Coutances, Evreux, Lisieux et Seez.
(4) Lisez 2g5 au lieu de 3g2. Le bapteme de Rollon eut lieu Tan 912.
12-2 CHROJNICO^
suam in conjugem cum Normannia. [Postea vero] lota
fere Aquitania cum urlDe Pictavi regi Franciae se sub-
dit, atque in brevi ita ampliato corpore regni, quo-
cumque rex graditur, felices eum successus leetaque
auspicia prosequuntur.
Alexius Graecorum imperator Francos et Venetos
secum apud Constantinopolim hiemantes rogat ut
egrediantur ex urbe ob discordias Graecorum evitan-
das; qui continuo acquiescentes ex adverso urbis ,
interjacente portu, castra sibi constituerunt; sed im-
perator tam patris quam Greecorum suggestione se-
ductus, animum avertit ab eis, et classem incendere
parat quae ipsum ad coronam adduxerat. At ejus co-
natus Dei gratia ad nihilum deductus est. Graeci [vero
postea] exosum habentes Alexium imperatorem suum
sibi creant imperatorem aliura; cumque Alexio impe-
ratori nulla spes esset nisi in Francis, misit ad ipsos
Morculphum (i) sibi familiarem [multa eis promit-
tens], qui jurat ex parte imperatoris se eis traditurum
quasi pactionis obsidem palatium Blakernam dictum ,
donec fieret plena impletio promissorum; sed <Jum
accedit ad recipiendum palatium marchio [de Monte-
ferrato] Bonifacius, ipsi [et Francis] illuditur. Inlerim
Morculphus revelat Grsecis secretum de reddendo pa-
latio, et in odiura Alexii statim tertius attoUitur irape-
rator; qui raox in Alexium imperatorem dorainum
suum dormientem manum mittens, eum incarcerat et
similiter Nicolaum, alterura imperatoremcreatum (2).
(i) Ms 49^0, Mordulphum ; 49'9> tantot Mngulfum , taiilol Moi-
^ulfum.
(y) Edit. rl iMss., qul tno.r iii yJle.rium i. d. *. insurgfns euin dor-
mirnlcm slrnnp.ulnrefcci/ , ct Nicolnum , n i. c. occidil.
GUILLELMl DE MANGIACO. 123
Interira dum haec agerentur, Cursath Alexii impera-
toris paler moritur. Morculphus apud Constantiuo-
polim iraperator creatus , Alexiura imperatorem
dominum suum, quem in carcere tenebat, nocte stran-
gulat, et Francos ac Venetos qui ibidem peregrinn-
bantur insequitur; sed Frarici praevalentes urbem
capiunt, Balduinum comitem Flandrensem, [consilio
ducis Venetiarumaliorumqueprincipum, cum assensu
cleri et populi], imperatorem constituunt, ac Morcul-
phum captum necant (i).
Petrus Arragonuai rex regnum suum obtulit eccle-
siae Romanae, ac censuale constituit.
Tripolitanus comes et rex Armeniae pro principatu
Antiocheno contendentesdiu inter se contligunt (2).
MCCV.
Franci et Veneti qui Constantinopolim ceperant ,
dum eis hucusque successisset feliciter, circa feriatos
dies Paschae, gravi admodum infortunio sunt afflicti.
Rex enim Blacorum et Bulgarorum (5) cum Cuma-
nis (4), Graecis et Turcis adversus eos pugnantes,
(i) Pour tous les faits rapportes dans cet alinea jusqu'a 1'election de
Baadouin, voy. Vii-lehardouin , chap. gi-iio. Pour la mort d'Alexis
Ducas, dit Murzuphle, precipite du haut d'une colonne par ordre de
Baudouin, voy. ib., chap. lay.
(2) Bohemond IV, dit le Borgne , fils puine de Bohemond IIi
prince d'Antioche, avait usurpe la principaute d'Antioche et le comti
de Tripoli au prejudice de son pupille et son neveu Raimond Rupin
Gelui-ci trouva un zele defenseur dans Leon T'''' roi d'Armenie, son
l^roche parent.
(3) Joannice, ou Jean I" roi des Valaques et des Bulgares, appeh
aussi Calo-Jan ou le Beau Jean .
(4) Les Curaains etaicnt une trihu des Valaques. Voy- Vitr.Rii.\R
nouiN, chap \\\-\\S ft Bernari) le TRK.snuiiiR , p "^oK pt siiiv.
124 CHRO^ICON
Domino permittente vlcerunt, majoiibus iii bello pc-
remptis. Etenim cum de communi consilio exercitu
tripertito, alii ad custodiam urbis captae deputati con-
sisterent, alii cum Henrico fratre imperatoris Bal-
duini circumquaque discurrerent, urbes et oppida
nondum subacta subigentes, vel jam subacta ne re-
bellarent observantes , imperator Balduinus cum
majoribus Andropolim urbem obsidebat , distantem
a Constantinopoli spatio quinque dietarum. In hac
ergo obsidione morantes, quadam die ab hostibus la-
cessiti, LudovicusBlesensis comes aliique nobiles dum
eos inconsulte aggressi longius persequuntur , perse-
quent.es circumcludit universitas (i) hostium de cir-
cumpositis insidiis exeuntium , factaque miserabili
strage Francorum, imperator ipse capitur, nobilium-
que quamplurimi perimuntui'. Suo igitur capite trun-
cato, exercitus ab obsidione recedens, Constantino-
polimrediit.
Galterus Brenensis coraes ciim partem Appuliae plu-
rimam occupasset, et laetis hucusque floruisset aus-
piciis, a Tibodo circumventus insidiis capitur vul-
neratus, nec multo post moritur.
Philippus rexFranciae Lochas et Chinonem castella
fortissima obsidet et cxpugnat; quo facto tota Turo-
nia et iVndegavia a regis Angliae dominio liberatur.
MCCVI.
Adela , Philippi regis Franciae mater, Parisius obiit
et in Burgundia (2) apud Poutiniacum juxta patrem
(i) Edit. et Mss. 49'7 20, numerositns.
{•1) 11 faudrait ct in Campania , au licu dc et i/i JJiirgnndia. Dc pliis.
cc qui suit senihlc prouvn que Thibaud le Grand avait etc lui-memc
jnliiimc a Ponligni. Vov. p. 47 <"• nole.
GUILLELMl DE NAWGTACO. 125
suum Theobaldum ({uondam comitem Campaniae el
niesis sepclilur.
Johannes rex Angliae tratisfretat in Aquitaniam, et
innumeras secum copias transvehit od Rochellam.
Cui Philippus rex Francias occurreiis cum multo ap-
paratu, cum non longe ab invicem essent duo exer-
citus, tamen mutuos non iniere conflictus; sed ex-
haustis donariis et infecto negotio, Johannes rex
inefficax redire compulsus est.
Otho, qui contra Philippum imperatorem de ira-
perio diu contenderat, deficientibus a se partibus, sola
sibi favente Colonia , intra Coloniam consistebat. Sed
Philippus Coloniam obsidens , civibus ad pugnam
egressis eisque potenter expulsis et Othone turpiter
fugalo, Colonia recipitur a Philippo.
Franci [et I.atini] apud Constantinopolim cum de
Balduini imperatoris morte vel vita nulla fieret certi-
tudo, Henricum fratrem ejus juvenem strenuissimum
ad culmen imperii provehunt et coronant. Eodem
tempore Galo quidam canonicus Ambianensis (r), de
Constantinopoli rediens [In patriam] , detulit secum
faciem capitis sancti Johannis Baptistae, quam Am-
bianensi ecclesiaededit.
In vigilia sancti Nicholai (2), contra naturam hie-
mis audita sunt tonitrua, et fulgura raicuerunt a
quibus in raultis locis sedificia sunt incensa ; subse-
cuta est tanta aquarum inundatio, quod nerao hujus
setatis erat qui diceret se vidisse tantae inundationis
aliquando illuviem irrupisse. Secana vero Parisius tres
(i)Edit. et Mss. 4917-20, Galu quiilnm clericus, a Cnnstant., etc.
{1) Le 5 decernbre.
126 CHRONICON
archas Parvi poiitis Fregil et quanipluresdomos ibidem
evertit, raultaque damna in multis locis intulit.
Bartholomeeus Turonensium archiepiscopus obiit ,
cui Gaufridus de Landa , Parisiensis episcopus (i),
successit. Sed statim iniquorum consilio toxicatus ,
iion diu in illa cathedra sedit.
MCCVII.
Satellia , civitas munitissima et ad transfretandum
in Syriam (2) portus aptus, qui Christianorum licet
Graecorum hactenus fuerat, a soldano Iconii obside-
tur et cum multo Christianitatis damno capitur , et
aliis suffixis patibulo, aliis in vincula conjectis, Tur-
corum dominio subjugatur.
Philippus rex Franciae Aquitaniam ingressus, ter-
ram vicecomitis Thoarcii , qui a fidelitate ejus reces-
serat et regi Angliae adhaeserat , \astavit, Partenacum
cepit, et alias quamplures circumpositas munitiones
evertit. Quasdam vero munitas sub custodia mares-
calli sui [et] Guillermi de Rupibus (3) dereliquit.
(i) Lisez Paris. archidiaconus . Ces deux niots et la fin de 1'alinea
depuis sedstatim ne sont donnes que par le Ms. T0298-6.
[■1) Les edit. portent Siciliani, lecon contredite par tous les Mss.;
il s'agit de la ville de Satalie dans TAsie Mineure.
(3) Les edit. precedentes et les Mss. 4917-20 portent siib cust. se-
ncscalli sui Guillelmi de Rupibus , lecon inattaquable puisque Guil-
laume des Roches etait pourvu depuis Tan 1204 de la senechaussee
d'Anjou, de Touraine et du Maine. Mais a I'annee 1208 les editions et
les Mss. s'accordent avec notre Ms. 10298-6 pour donner a Guillaunie
des Roches le titrede marechal, ce qui est contraire a tous les docu-
meuts conteniporains. Ce titre appartenait en 1204 a Henri Clement,
qui le transmit a son fils Jean en 1214, epoque ou il mourut peu de
jours apres avoir appris la victoire de Bouvines. Guill. le Breton,
Hist. de Fr., t. XYU , p. 90, 94. Nous avons donc cru pouvoir ialer-
GUILLELMI DE NANGIACO. 127
Hugo Autissiodorensis episcopus obiit, cui suc-
cessitGuillermus, qui apudregem Franciae Philippum
perpetuam impetravit regalium ecclesise sua? liber-
tatem.
Per idem tempus Bulgarorum haeresis execranda,
errorum omnium fex (i) extrcma, multis serpebat
in locis tanlo nocentius quanto latentius. Sed inva-
luerat raaxime in terra comitis Tholosani et principum
vicinorum; ubi dum suum publice profiterentur er-
rorem, primatum et judicium Romanae ecclesiae sper-
nunt et communionem Christianorum sub ea posito-
rum declinant, dicentes nullum sub ea vel in ipsius
fide posse salvari , omnesque fidei articulos aut negant
aut pervertunt; omnem omnino religionem et cultum
et gradum religionis, pietatemque ecclesiae catholicae
blasphemantes, damnant omne genus hominum prae-
ter se solos suorumque conventicula, catholicorum
ecclesiam deridentes. Quocirca , de consilio domini
papae Innocentii , Cisterciensis abbas (2) aliique cir-
citer tredecim ejus ordinis abbates delegantur, viri
probablles omnes, sapientia et facundia praeinstructi ,
parati ad satisfactionem omni poscenti ralionem (3)
calei" ici la conjonction et, ce qui rend notre texte parfaitement con-
forme a celiii de Rigord et des autres historiens de Tepoque d'apres
lesquels Henri Clement fut associe a Guillaume des Roches dans la
garde des villes conqnises sur le vicomte de Thouars. Vol. cit. p. 61
et 82.
(i) Tous les Mss. donnentyex extrema; les edit.,yere extrema. II
s'agit ici de l'heresie des Albigeois, que D. Yaissete fait remonter
jusqu'aux Priscilhanistes. Abr. cle IHist. de Languedoc , t. I, p. i56.
(2) Arnaud-Amauri.
(5) Tqus les Mss. donnenl rationem au lieu de reddendam , t(ui est
cepeadaat reproduit dans les Irois editions precedentes.
128 CHKONICON
de fide, et pro iide etiara animas poiiere non verentes.
Egressi igitur de Cistercio mense maio, per Ararim
labuntur in Rhodanum modicis expensis, equitaturis
nullis, ut per omnia viros evangelicos se probarent :
ingressi denique quo tendebant, bini vel terni ad in-
vicem divisi partes illas perambulant, hostes fidei
sanae doctrinee spiculis appetentes; vix tamen in
multis millibus paucos inveniunt rectae fidei profes-
sores. Alii vero quorum erat numerus infinitus, sic
suo pertinaciter inheerebant errori , ut nullis veridicis
acquiescerent documentis; sed tamquam aspides surdae
obturescerent aures suas ad voces incantantium sa-
pienter, ne mentes eorura demersas (i) tenebris pe-
netraret auditio veritatis. Per Ires itaque menses,
urbibus, villis et oppidis, multo labore et insidiis ap-
petiti, paucos revocant, paucos fideles repertos de
fide certius instruunt et confirmant. Adfuit etiam
cum eis venerabilis Didacus Oximenensis civitatis
Hispaniae episcopus , qui et ipse lucrandis animabus
invigilans, de redditibus suis ciborum copiam praedi-
catoribus verbi Dei laigiter exponebat.
[In Anglia] defuncto Huberto Cantuariae civitatis
archiepiscopo, cum eligeretur raagistei' Rainerius sub-
prlor (2) Cantuariae a communi, rex Johannes An-
glige, alium in sede ponere volens nec praevalens, adeo
Iratus fuit ut Cantuariensem conventum intruderet (3)
et eorum ecclesiasticos redditus confiscaret. Propter
quod dorainus Papa Stephanum sancti Grisogoni
(i) Et non deversas comnie dans les deux premieres edilions.
(2) Les Mss. 49>7» 4918 donnent aussi subprior ; 4919. 49^0, sup-
prior; edit., superior.
(3) Telleestla leoon de tous les Mss. Les anc. edit. portent expellcret.
GUILLELMI DE ISANGIACO. 129
presbyterum cardinalem archiepiscopum consecrat, et
regem excoramunicans propter monacliorum elimi-
nationem [et bonorum suorum confiscationem], An-
gliam supposuit interdicto.
MCCVIII.
Petrus de Castro-Novo monachus , missus a do-
mino Papa in terram Albigensium legatus, comi-
tem Tholosanura excommunicat, et comes eum apud
villam Sancti - jEgidii satisfactionem de commissis
pollicens convocat, nec tamen vult satisfacere , sed
mortem ei publice comrainatur. Itaque legato rece-
denti duo servientes comitis se adjungunt , et in
eodem hospitio pariter hospitati sunt. Mane facto
Petrus, missa celebrata, inde recessit. Sed dum ad
flumen Rhodanum pervenisset, unus e duobus ser-
vientibus comitis ipsum lancea feritposterius (i ) inter
costas. Qui percussorem respiciens, verbum istud
saepius iteravit : « Deus tibi dimittat, et ego dimitto. »
Post modicum tamen vitam finiens in ecclesia Sancti-
j^gidii honorifice tumulatur.
Phillppus imperator, cum jam, rerum turbinibus
in parte (2) sopitis , quieto potiretur imperio , a
quodam comite Palatino landegrava Thuringiae duce
perimitur, ob hoc, ut aiunt, odii rancore concepto,
quia Philippus filiam suam ei subtraxerat, quam spo-
ponderat se dalurum (5); quo facto uxorejus, filin
(i) Le mot posterius ne se trouve que dans le Ms. 10298-6. Parmi
les historiens de la guerre des Albigeois le poete dont 31. Fauriel a
publie la curieuse chanson est le seul qui mentionne cette particula-
rite du meurtredu legat. Voy. Croisade contre les Albig., v. 85.
(2) Tous les autres ]Mss. et les edit. portent in pace.
(3) L'assassin de Philippe de Souahe fut, suivant lcs auteurs de VAri
I- 9
130 CHROJNICON
Cursath [quoudam] imperaloris Graecorum, uimio af-
fecla clolore, paulo post moritur, ct Otlio, filius ducis
Saxoniae, nepos Johannis regis Angliee (i), per indus-
hiam et auctorilatem Innocentii papae, iraperii digni-
tatem adeptus est.
Innocentius papa misit in Franciam Galonem
sanctae Marise in Porticu (2) diaconum cardinalem, ju-
risperitum, bonis moribus ornatum et ecclesiarum
visitatorem diligentissimum, mandans et prascipiens
Philippo regi Franciee et cunctis regni sui principibus
ut, cum exercitu magno, tanquam viri catholici ter-
ram Tholosanam et Albigensium atque Narbonensium
cum aliis adjacentibus invaderent, etomnes haereticos
qui eas occupaverant extirparent. Et si forte in via vel
in bello contra eos [facto] morerentur, ab ipso Papa
de omnibus peccatis a die nativitatis suae contractis
de quibus confessi essent absolvebantur.
Guillermus de Rupibus marescallus Franciae (5) ,
sub cujus custodia Philippus rex quasdam munitio-
nes , ut supra dictum est , reliquerat in Pictavia,
collectis fere ducentis militibus (4), vicecomitem
Thoarlii et Savaricum de Maio-Leone, qui cum manu
de verif. les dates , non Hernaan I. alors landgrave de Thuringe,
mais Othon, petit-fils d'Othon IV conile de Scheyren et de Wittels-
bach, et neveu d'Othon-Ie-Grand duc de Baviere.
(i) Voy. plus haut, p. 1 10 , not. 1 .
(2) Les deux premieres editions portent S. Maria; in Portit; les
Mss. 4917-20, comme notre Ms , S. Mnrice in Porticu, lecon adoptee
par les derniers editeurs.
(5) Voy. RiGORD et Guill. le Breton, Ilist. de Fr., t. XVII, p. 61
et 82, et ci-dessus, p. 126, not. 5. Ici encore il fandrait intercaler la
disjonctive ct; mais cette addition nous forcerait i\ changer ie noinhro
des verbes qni suivent.
(4) Ms. 49 '7) ducentis niilihus.
GUILLELMI DE NANGIACO. 131
valida jussu regls Aiigliae terram regis Franciae intra-
verant, praedasque inde ducebant , ex improviso
superveniens devicit , et quadraginta milites et eo
amplius capiens, regi Franciae domino suo Parisius
transmisit.
Odo Parisiensis episcopus obiit , cui successit Pe-
trus thesaurarius Turonensis. Guillermus quoque
Bituricensis archiepiscopus, parans iter contra Albi-
genses, in Christo dormivit. Gaufridusetinm deLanda
[Turonensis] archiepiscopus [toxicatus] moritur; cui
successit Johannes de Faya, decanus ecclesiae Turo-
nensis.
MCCIX.
Philippus rex Franciae vi et armis cepit quoddam
castrum, cui nomen Graplic(i), firmatum in septen-
trionali latere minoris Britannise, de quo facilis tran-
situs patebat in Angbam , quod Britanni armis, homi-
nibus ac victualibus et machinis munierant (2), in quo
etiam Anglicos inimicos regni Franciae recipiebant,
et circumjacentem provinciam [multum] daranifica-
bant.
Quidam miles de Gallia fortis et strenuus, Johan-
nes de Bregna nomine {"5), a partibus transmarinis.
electus in regem Jerusalem, cum multo transfretat ap-
(i) D'Acli. et de La B., Grapit ; Hist. de Fv. et Mss. 4917-20,
Grapil. Ce cliateau, qui venait d'etre bati par les Anglais ou leurs
allies snr la cote de Bretagne, ne dut pas avoir une plus longue duree
que ceux de Boutavant et de Gueuleton, en Normandie, dont nous
avons parle plus haut. Voy. Guill le Breton, Hist. de Fr., t. XVII,
p. 82.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, hominibus et victualibus munierant.
(5) Jean de Brienne, fils d'Erard II, coxnte de Brienne en Chani-
pagne.' Voy. Anselm., t. VI, p. 129.
132 CHROiNlCON
pnratu, el in vigilia Exaltalionis saiicla? ciueis Accon
urbem applicat, ducens in crastino in uxorem filiam
Corrardi quondam marchionis, cui regnum heredita-
rie debebatur (i). Porro in dominica post festum
sancti Michaelis, cum favore principum et populi
[Terrae Sanctse], apud Tyrum solemnlter coronatur
[cum uxore Johannes de Bregna praedictus in regem
Jerusalem], et Aimericus rexCypri, quimatrem puellee
habebat in uxorem et diu sua prolectione tutoria
regnaverat (>), tilulum regni Jerusalem tunc deponit.
Otho imperalor intrans Italiam a plerisque ur-
bibus veneranter excipilur, et favente sibi domino
Papa , contra voluntatem Philippi regis Francorum
et contradicentibus pro maxima parte Romanis, ac
magnatibus imperii dissentientibus , eo quod pater
Olhonis [quondam] dux Saxonia? de crimine laesae
majestatis ab imperatore Frederico convictus et
condemnatus judicio baronum atque a ducatu Saxo-
niae fuerat in perpetuum dejeptus, Romae, die do-
minica circa festum sancti Michaelis , imperialem
benedictionem sortitur. In ipsa vero ejus corona-
(i) Edit. el Mss. 4917-^05 filiam prijiio^enitam Isabcllis regince ex
Conrado quondam marchione ; paulo enim ante dejunctafuerat Isa-
bcllis regina, dimissis tribus /iliabus, et huic tamquam primo^cnitce
regni hereditas dcbebatur. Cette princesse se nomrnait Marie.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, rex Cjpri qui rationc uxoris suce Isa-
bellis regina; defuncta; diu regnaverat, etc. Amauri de Lusignan avait
epoiise la reine Isabelle apres Honfroi de Toron, Conrad de Mont-
feiraLet Henri de Cliainpafi,ne. II avait remplace, Tan ii^^i sonfrere
Gui de Lusignaii sur le trone de Chypre, et Tan 1 197, Henri de Cham-
pagne sur celui de Jerusalem. Mais il etait inort le 1" avril i2o5, a
Saint-Jean-d'Acre, cinq ans avant l'arrivee de Jean de Brienne en Pa-
lesline. Le couronnement de cchii-ci eut hcn le 4 octobre.
GUILLELMI DE NANGL\CO. 1.13
tloue (i) Papa jusjiirandum exigit ab eo snper fldell-
tate Roman£e ecclesiae, acjure ipsius conservando, et
super regno SicilisB nullatenus impugnando. Qnae sta-
tim ipsa die \iolat et dirumpit; propter quod inter
ipsum et papam Innocentium gravis simultas protinus
incandescit.
De cunctis Galliarum partibus : Francia, Flandria,
Normannia et Aquitanin, Andegavia, Burgundia tam
episcopi quam coniites et barones, mililum quo-
que et vulgi numerus infinitus (2) contra Albigenses
haereticos crucesignati mensejunio apud Lugdunum
conveniunt, et inde procedentes versus Provinciam ,
accensis animis advcrsus homines pestilentes et fidei
refugas Albigenses se praeparant pugnaturi; qnibus
adjungitur comes Tholosanus [quem] dominus Papa
per legatum absolveiat, satisfactione prius exhibita de
commissis. Imprimis Biterrim urbcm obsident et ex-
pugnant (5);nulli sexui parcitur \el setati , sed omnes
a minirao usque ad maximum pariter trucidantur,
ita quod septemdecim millla hominum ferro et in-
cendio perierunt. Carcassonam deinde pei leiidentes,
ad quam [urbem] multi de regione circumjacenti con-
fugerant, eam prolinus obsident. Sed Rogerus de Bi-
terris qui intus erat, vir perfidus, per cujus maxime
nequitiam pestilens error increverat, videns catholi-
(i) Edit. et Mss. 49i7-'^o, benedictione. Le couronnement de ce
prince eut lieu le 27 septembre ou le 4 octobre, c'est entre ces deux
dimanches que toniba la Saint-lMicbel, fete qu'on celt-bre parlout le
29 septembre.
(2) Edit. etMss., De cunclis Galliariun partibus, tain {■i>i.scopi t/uam
milites et barones ac vul^i numerus infinitus , etc.
f5) La ville de Bczicrs fut detruitc lc 22 juillet 1209
134 CHRONICON
corum fortitudinein et audaciam, et quod suis non
esset potentia resistendi, pactum facit cum nostris ut
liceat suis recedere quo voluerint sine rebus; illisque
recedentibus, Rogerus solus sub arcta custodia deti-
netur. Nostri urbe potita, Simonem de Monteforti
virum armis strenuum toti praeficiunt regioni , et quid-
quid in urbe repertum est et pars exercitus sub ejus
dominio deputatur. His itaque gestis, caeteri ad pro-
pria regrediuntur. Porro videntes Albigenses reces-
sisse principes , raulta mala nostris irrogant ; nam
discurrentes clanculumper castella etmunitiones, tam
milites quam clientes ad castroriim (i) custodiam de-
relictos capiunt, alios occidentes, quamplures aurium
etnariumcum labro superiori et aliorum membrorum
detruncatione deformant. Abbatem quemdam Cister-
ciensis ordinis in via directum, cum converso suo (2)
occidunt, et monachum unum vulnerantes, quem
mortuum aestimabant , in via derelinquunt. Gerardus
igitur de Papione, illius patriae vir nimium potens, ad
quoddam oppidum cum multitudine armatorum per-
veniens [quod de parte catholica se tenebat], cum sex
milites, unum capellanum et quinquaginta servientes
qui intus erant non posset ad libitum obtinere, ju-
ramentis se obligat, si se redderent, secure eos con-
duceret usque Carcassonam; (jui reddentes se, cum ad
mcnsam propriam Gerardi pervenissent iiihilque mali
haesitassent, statim spoliantur ct in carcere retrudun-
tur. Postea eductis militibus et capellano, ac aliis ibi-
(i) Edit. et Mss. ^g^j--2o, oppidornm.
(2) Ib., ciim suis. U s'a«it ici de l'alil)e d'Eaunes au diocese de Tou-
louse. Voy- Pif.rre de Vaux Ckrnai, Hisi. rle Fr . t XIX. p. ay et
suiv.
GUILLELMI DE NANGIACO. 135
deiii derelictis, igiiem (i) et paleas lignaque quamplu-
rima Gerardus supponere fecil, ministris suis desuper
clamantibus et bealae Marise exprobrantibus in hunc
modum : « Ha , meretrix sancta Maria ! » Qui tamen
arctati incendio, non adusti , triduo permanserunt.
Porro mibtes diversis cruciatibus afficientes ut Chris-
tum dominum fidemque catholicam abnegarent ,
tandem eos in fide perseverantes propriis pollicibus
exoculant, am^es, nares, labiumque superius ampu-
tantes; quorum unus in poenis gloriosus martyr oc-
cubuit, alii supervixerunt. Comes Fuxi (2) rupto foe-
dere quod cum nostris inierat, unico filio suo obside
dereficto, redit ad vomitum, haereticam pravitatem
catholicae fidei praeferens, et nostros poslea multipli-
citer inquietans.
MCCX.
Interim procerum et episcoporum totius Galliae fit
celebris motio super Albigenses. Accedentes igitur
adunato exercitu prope Minerbiam [urbem], eam ob-
sident et capiunt, daturque optio, ut qui voluerit
haeresim abjurare liber discedat : sed circiter centum
octoginta ibidem inventi sunt, qui potius comburi
quam haeresim abnegare elegerunt. Deinde Terme cas-
trum fortissimum obsidetur, ubi peregrinum ramnlia
ferentemad imjdenda fossata quidam balistarius super
signum crucis quod gerebat in humero quarrello fe-
(i) Edit. et Mss. 4917-20, ediict. militibus et presbjtero ciim aliis
ignem, etc. — Ces faits se passerent dans les chateaux de Puisserguier
et de Minerve ; mais Guillaume de Nangis et Pierre de Yaux Cernai ou-
blient de mentionner les sujets de plainte qu'avait Gerard de Pepieux
rontre les croises. V ov. THist. en vers de la Croisade, v. g^o et suiv.
{■2) Raimond Rogcr, fds de Rogei"-i5!M-nard I et perc do Rogcr-Rer
nard II surnomme lc Giand.
136 CHROxNlCON
riit, sed qiiarrellum tamquam si super lapidem ceci-
disset resiliit. Accurrunt undiqueetmiranturuniversi,
cum vivum reperiunt quem mortuum aestimabant;
[de ictu nempe] ipse corruerat, sed in eo nullam in-
venerunt vestis diruptionem aut corporis laesionem.
Obsessi vero longa obsidione [tandem] fatigati dum
noctu fugiunt, ab excubiis iiostrorum inlercepti ,
quotquot reperiuntur gladils obtruncantur.
Parisius de haeresi quatuordecim homines, quorum
etiam aliqui sacerdotes erant, convincuntur, ex
quibus decera incendio traduntur, et quatuor reclu-
duntur. Inter caetera vero quee Imprudenter docebant,
asserere conabantur (i) quod Patris potestas duravit
quamdiu viguit lex mosaica, et quia scriptum est :
« Novis supervenlentibus vetera projicietis», postquam
Christus veuit, absoluta sunt omnia Veteris Testamenti
sacramenta, et viguit nova lex usque ad illud tempus,
videlicet quo praedicabant lalia. Illo ergo tempore di-
cebant Novi Testamenti sacramenta finem habere, et
Spiritus Sancti tempus incoepisse; ideoque confessio-
nem, baptismum, eucharistiam, et alia sacramenta,
sine quibus non est salus, locum de caetero non ha-
bere, sed unumquemque per gratlam Sancti Spiritus
tantum, interius, slne aliquo exteriori actu, inspira-
tam, salvari posse. Charitatis quoque virtutem sic am-
pliabant, ut id quod alias peccatum esset, si fieret in
charitate jam non essc peccatum dicerent, unde et
stupra et adulteria caeterasque corporis voluptates in
charitatis nomine committebant; mullerlbus cum
(juibus peccabant , et simplicibus quos decipiebaiit Im-
(i) Dans lcs deux premieit s edit., asscniac quod.
GUILLELMI DE NANGIACO. 137
punitatein peccati promittentes; Deum scilicet tan-
tummodo bonum, et non justum praedicantes.
Henricus Constantinopolis imperator congregato
exercituGreeciam pervagatur, resistentes subjicit, sub-
jecta pacificat, et ditionis suee terminos circumquaque
dilatat.
Otho imperator Alemanniae, sicut dudum mente
conceperat, castra et munitiones occupat quse juris
erant Romanae ecclesiae, Racofonum (i), Montem
Flasconis ac pene totam Romaniolam. Inde transiens
in Appuliam, oppugnavit terram Frederici [regis Si-
ciliae] filii imperatoris Henrici, cepitque multas urbes
atque castella per terram Appullae (2) quae erant in
feodo Romanae ecclesiae. Missis ergo hinc inde nuntiis,
cum imperator ea quae occupaverat resignare nulla-
tenus vellet, quin etiam a suis quos in castris posue-
rat spoliari Romipetas faceret, Papa, communicato
cardinalium concilio, in eum excommunicationis sen-
tentiam promulgavit. Deinde cum nec sic resipiscerc
vellet, sed magis ecclesiae res occuparet ac Romipeta-
rum iler impediret, omnes subditos ejus a fidelitate
ipsius absolvit, prohibens sub anathematis intermina-
tione, ne quis eum imperatoiem haberet aut nomi-
naret. Sicque recesserunt ab eo landegravius [dux]
Thuringiae etarchiepiscopi Maguntinus et Treverensis,
dux Austriae, rex Bohemiae et multi alii, tam ecclesias-
ticae personae quam saeculares.
His temporibus elarebat in territorio Belvacensi
Helinandus Frigidi-Montis monachus , qui chronicam
(i) Edit.' nt Mss. ig\y--20, Racefoiiuin.
(2) Les mots /^er icrr. Ap. nc sont donMes qiic par le iVls 10298-6.
138 CHRONICON
ab initio mundi usquead tempus suum diligenter com-
posuit, [et librum De regifnine principum et alium
qui Planctus monachi lapsi dicitur compilavit].
MCCXI.
Othone igitur, ut superius dictum est, auctoritate
Innocentii papae reprobato et imperii collati potestate
privato, barones Alemanniae, Philippi regis Franco-
rum consilio mediante, Fredericum [regem Siciliae],
Henrici quondam imperatoris ex Constantia [sorore
Guillermi olim regis] Siciliae filium, [in regem Roma-
norum] elegerunt, rogantesPapam ut ejus confirmaret
electionem. Qui de Sicilia vocatus venit Romam et a
Romanis honorifice susceptus fuit, indeque discedens,
Alpibus transactis, venit Alemanniam ; ubi ab omnibus
fere gratanter susceptus, apud Maguntiam coronam
regni Theutonici est adeptus. Cumque postmodum
venisset apud Vallem-Coloris, quod est castrum [Lotha-
ringiae] supra Mosam fluvium, Philippus rex Franciae
misit illuc Ludovicum filium suum, ut mutuam hinc
inde confoederationem inirent, sicut fuerat inter eo-
rum praedecessores [antiquitus constituta].
Philippus rex Franciae totumParisius, a Parvoponte
usque ad portam sanctae Genovefae, murorum circuitu
circumcinxit ' i).
(i) Edit. et Mss. 4917-20, Pnvisius urbcin ampliavit , a Paivo poiite
usquc ultra (Ms. 49'-JO, ad) abhatiam rcs^ularium caiionicorum sanctce
Genovcfce hortos et campns a dextris et a sinistris muris Jortissimis
prcecingens. II ne s'agit ici que de la partie meridionale de l'enceinte
de Paris, qui fut en efFet terminee cn 121 1. Quant ii l'enceinte sep-
tentrionale, qui s'etcndait dcpuis lc qiiai Saint-Paul jusqu'au Louvrr,
cllc avail clc failc vcrs Fan 1192. Voy. nion Paris sous Philippe-li ~
Jirl , p. 5jo.
GUILLELMI DE NANGIACO. 130
Rex quidam SaiTacenorum nomine M ummilinus ( i ),
collecto exercitu paganorum infinito, fines Hispaniae
ingressus, contra regem Castellae Alphunsum (a) et
contra Christianos in superbia loquens intulit eis bel-
lum. Qui pugnantes contra eum et habentes in auxi-
lium reges illustres, scilicet Arragonum et Navarrae,
in fide et nomine Christi vicerunt eos cum adjutorio
Dei et quorumdam militum Francorum. In illo autem
praelio non ceciderunt de Christianis nisi triginta ho-
mines, et de Sarracenis vero centum millia et am-
plius (3) sunt prostrata. In cujus signum victorise rex
Arragonum misit Romam vexillum et lanceam Mum-
railini , quae usque adhuc in ecclesia beati Petri , in si-
gnum hujus victoriae, sunt reservata.
Iterum Francorum fit grandis profectio adversus
haereticos Albigenses; qui coadunati in unum Laval-
lum castrum obsident, et hostes fidei fortiter impetunt
et coarctant. Sed interim dum in hac obsidione mo-
rantur, eorum quaedam caterva permaxima juxta cas
trum quod Mons Gaudil dicitur incaute transiens, ab
hostibus fidei intercapitur et detruncatur. Ad quorum
meritum declarandum lux coelestis emicuit, et globum
igneum super corpora prostratorum coebtus descen-
dere multi vident. Episcopi et abbates illic conveniunt
et, coemeterio dedicato, sepeliunt corpora mortuorum .
(i) D'Ach. et de La B., Miramolinus ; Mss. 4917-20, Mummilinus .
Mehemed-EI-Nasir, fils et successeur de lacoub roi de Maroc.
(2) Le nom n'est donne que par notre Ms. Alphonse, surnonune 1<-
Noble ou ie Bon, roi de Castille de ii58 a 121 4, iUustra, par la cv-
lebre victoire dont il est ici question, les niontagnes nommees las
Navas de Tolosa.
(3) Les mots ct amplius et , a la fm de l'alinea , les mots in signitni
hujus victorite nc sc trouvent egalement que dans lc Ms. loagS-Ci.
140 CHRONICON
Post capitiu- Lavallum et Pennes en Ati^enois , cas-
trum inexpugnabile, obsidetur; sed illi de castro, im-
petum nostrorum fene non valentes , ad voluntatem
eorum se dedunt(i). Milites [vero] septuaginta qua-
tuor in castro reperti, nolentes errorem relinquere,
suspendio perimuntur. Deinde rogus exstruitur, et
cunctis aliis dalur optio, aut ab errore resipiscere aut
incendio deperire. Qui cohortantes se mutuo rogum
intrant, et malunt comburi quam deserere pravam
sectam. Domina castri Girauda, quae de fratre et filio
se concepisse dicit, in puteum projicitur, etacervus
lapidum super eam protinus cumulatur.
Apud Lemovicas matrona quaedam nobilis moritur,
et sudario involuta servatur; sed dum parantur exe-
quiae, subito resurgens de morte dicit beatam Mariam
Magdalenam sibi labia contigisse, et statimsespiritum
resumsisse. In festo ejusdem [Magdalenae] Vizeliacum
venit cum sudario et multis testibus suae mortis.
In Hispania quidam presbyter, nocte Nativitatis do-
minicae cam quadam muliere concumbens, cum pri-
raam missam, nec contritus nec confessus, celebrare(2)
praesumpsisset , et, peracto sacramento, orationem
dominicam decantasset, subito coliimba ciim impetu
advolans , rostro misso in calice, totum absorbuit, et
hostiam de raanibus sacerdotis arripiens evolavit; et
sicut presbytero in prima missa contigit , contigit in
secunda. Tunc timens et ad cor rediens , contritus et
confessus et accepta poenltentia, missam lertiam in-
choavit. Post orationem vero dominicam , columba
(i) Edit. et Mss. 49i7-*.io, cl Pcncs in Ai^ciifnsi cnstr. i/ie.rp. post
■ohsessuin in dcditinncm vcnit.
^j) Ib.. cantnre.
GUILLELMl DE NANGIACO. 141
redieus, rostro mlsso, sicut prius, in calice, quidquid
inde hauserat evomuit, et evolans duas hostias ad pe-
dem calicis collocavit.
Ferrandus ex Hispania , filius regis Portugalen-
sis([), accepit uxorem Johannam Flandriae comitis-
sam, filiam comitis Balduini, qui fuit, sicut diximus,
Constantinopolitanus imperator; hoc apud regem
Franciae regina Portugalensis , Ferrandi matertera ,
quae fuerat quondam uxor Philippi comitis Flan-
driae (2), fallaciter procuravit.
MCCXIL
Reginaklus de Domno-Martino, comes Boloniae su-
pra Mare (5), cum, propter ecclesias quas deprimebat
et viduas et orphanos quos depauperabat, esset excom-
municatus, tandem (juaerens sibi similes, ad excom-
municatos se transtulit. Nam confoederalus est Othoni
imperatori ac Johanni Anglorum regi (4)? propter
quod Philippus rex Francise eidem comitatus Bolonia?,
Moretonii, Domni-Martini et Abbee-Mallee , quos tam
dono regis quam potentia dictus [Reginaldus] comes
(1) Ferrand ou Ferdiaand etait le deuxieme fils de Sanche l",
moote sur le trone de Portugal en 11 85, et mort l'an 121 1 ou 12 12.
Par son mariage avec la fiUe de Baudouin, Ferrand devint comte de
Flandre.
(2) Guillaume de Kangis desigue ici Mathilde ou Therese, soeur du
roi Sanche l^' et tante de Ferrand , d'abord ferame de PhiUppe d'Alsace
comte deFlandre, puis dEudes III duc de Bourgogne.
(5) Renaud comte de Damraartin etait devenu comte de Boulogne
par son mariage avec Ida, fiUe de Matthieu d'Alsace, heritiere de ce
comte. Voy. piushaut, annee 1197, p. 108.
(4) Voy. dans Goill. le Breton, l'acte de riiommage fait par Rei-
naud a Jean-sans-Terre, Hist. de Fr., t. XVII, p. 87.
1 42 CHRONICON
possederat, [abiMpuil (r)], et omnes illis [comitatibus]
appenclentias occupavit; et sic comes [Reginaldus] a
loto regno Franciae repulsus, ad comitem Barri cogna-
tum suum accessit et apud eum mansit (a).
[Eodem tempore] cognitum est quod Raimundus
comes Tholosanus foveret haereticos Albigenses, et ideo
a nostris cunctis ad diripiendum est expositus, et tan-
quamrefuga fidei ac pubbcus hostisEcclesiaejudicatus.
Nivernis cathedralis ecclesia conflagratur.
Philippus rex Franciae, praelatis et baronibus regni
sui Suessionis convocatis, dedit ibidem Mariam filiam
suam, reUctam Philippi comitis Namurcii , duci Bra-
bantiae in uxorem. Fuit etiam ibidem de transfretando
in Angliam, consentientibus baronibus, ordinatum.
Causa vero quae regem movebat haec erat : ut episco-
pos Angliae in regno Franciae exsulantes ecclesiis suis
restitueret, ibique divinum ofJicium, quod jam per
septennium in Anglia tota cessaverat, renovari faceret,
et ut regem ipsum Johannera , qui nepotem suum Ar-
turimi comitem Britanniae occiderat, qui etiam plu-
rimos parvulos obsides suspenderat et innumera fla-
gitia perpetraverat, vel poenae condignae subjiceret,
vel a regno prorsus expellens, secundum interpre-
tationem agnominis sui , sine terra efiiceret. Soius
Ferrandus comes Flandriae regi Philippo suum ne-
gavit auxilium, quia Johanni regi Angliae, mediante
Reginaldo comite Boloniensi, confoederatus erat.
Philippus rex Franciae miraos a curia sua fugat, dans
exemplum aliis principibus.
(i) Ce mot manque dans les Mss. 4917-20
(a) II en est de meme des quatre mots et ap. e. manait.
GUILLELMl DE JNANGIACO. \4'A
MCCXIII.
Philippus rex Franciae Ingeburgem uxorem suam,
a qua jam per annos sexdecim et amplius dissenserat, et
apud Stampas in turre (i) custodiri feceral, in gratiam
recepit , ex quo Francorum populus plurimum exul-
tavit.
Navigio Philippi regis Franciae ad eundum in An-
gliam parato , venit ipse rex cum [magno] exercitu Bo-
loniam, et ibi per dies aliquos naves hominesque suos
hinc et inde venientes exspectans, transivit usque
Gravaringas villam in finibus Flandriae sitam, ad quam
tota classis ejus secuta est eum. Ibi ex condicto Fer-
randiis [comes Flandrensis] exspectatus nec venit , nec
in aliquo satisfecit, licet ad ejus petitionem ille dies
ad satisfactionem eidem assignatus a rege fuisset.
Propter quod rex, dimisso proposito transfretandi in
Angliam , terram Flandriae invasit, Cassellum cepit et
Ypram, et totam terram usque Brugias, Facta etiam
voluntate suadeBrugiis, profectus est Gandavum (2),
relictis paucis militibus et satellitibus ad custodiam
navium quee secutee eum fucrant per mare usque ad
por tum prope Brugias, nom ine Dam . [Proposi tum enim
regis erat, acquisito Gandavo, in AngUam transfre-
tare,- sed dum esset in obsidioneGMudavi], Reginaldus
comes Bolonise , qui pro delictis suis a fncieregis Fran-
corum fugiens tunc cum rege Anglise morabatur, et
quidam alii missi latenter [per aequora] ex parte regis
Angliae, magnam partem navium regis Franciae occu-
paverunt, et portum [Dam] ac villam celeriter obse-
(i) Edit. et Mss. 4917-20, incastro.
(2) Le Ms. 10298-6 porte parerrenr Dau^anum.
144 CHRONICON
clerunt. Quo rex cognilo, obsidione Gandavi dimissa,
ad Dam reversus obsidionem sohit, et illos fugere
compulit, multis tamen eorum occisis, submersis (i)
atque captis, sed maxima parte navium suarum perdita.
Residuas autem naves victualibus et rebus aliis evacuari
praecipiens, immisso igne, ipsas et villam ac totam in
circuilu regionem incendio consumsit; et receptis
obsidibus de Gandavo, Ypra, Brugis, Insula et Duaco,
in Franciam remeavit.
Joannes rex Anglise, cognoscens se exosum multis,
vidensque quod esset in periculo lionor suus, timuit
timore magno : et volens placare plures quos laeserat,
primo placavit Papam muneribus, subjectos suos raan-
suetudine, praelatos et archiepiscopum Cantuarien-
sem Stephanum quem exsulaverat indulgentia rever-
tendi. Absolutionem vero a Papa obtinens, tradidit
eidem in feodum regnum suum, mille marchas in re-
cognitionem singulis annis soluturus, septingentas
scilicet ex Anglia et trecentas ex Ilibernla.
Simon de Montefortl , qui contra Albigenses haere-
tlcosapud Carcassonamrellctus fuerat, incastroquod
Murellum dlcitur, non longe a Tholosa, a comiteTho-
losano Raimundo, qui hoereticos fovebat, et rege Arra-
gonum, qui in auxiliumejus convenerat, atque a co-
mite Fuxi obsessus, mlrabile praellura perpetravlt.
Nnm cum non habcret nlsi ducentos et sexaginta mi-
lites et quingentos satellltes, equites et peregrinos,
pedites vero septlngentos inermes, audlta mlssa (2) et
(i) Edit., multis tdincn suorum occisis, subvcrsis, etc. Les Mss. ^Qi^»
4918, 4920 donnent aussi submersis.
(■2) Edit. et Mss. ^(^i'j--io, audita missa (Jp Spiritu Sancto et ejus in-
vocata, etc.
GUILLELMl DE NANGIACO. 145
Siincti Splritus invocata gratia, de castio exeuntes,
cum eis puguaverunt et inaudito fere rairaculo ()),
septemdecim millia hostium et regem Arragonum oc-
ciderunt; porro de numeroSimonis nonnisi octo illo
die ceciderunt. Hic Simon cum esset in bellisstrenuis-
simus et multum occupatus, tamen quotidie missam
et omnes horas canonicas audiebat.
Johannes rex Angliae Rochellam applicuit cum mul-
titudine armatorum. Contra quem Philippus rex
Franciae misit filium suum Ludovicum (2); ipse vero,
collectis virihus, ire in Fiandriam contra Ferrandum
disponebat.
Gaufridus Silvanectensis episcopus , renuntians
episcopatui, apud abbatiam Karoli-Loci se transtulit;
cui successit frater Garinus, Hospitalis Jerosolymitani
professus, Philippi regis Franciae specialis consiliarius.
Similiter Gaufridus Meldensis episcopus episcopatui
renuntiavit, et in monasterio sancti Victoris Parisius
divinae contemplalioni se arctius mancipavit; cuisuc-
cessit Guillermus cantor Parisiensis.
MCCXIV.
Johannes rex Angliae , comiti Marchiae (3) et caeteris
proceribus Aquitaniae reconciliatus, urbem Andega-
vim cepit; raittensque cursores cum turba railitum
ultra Ligerim, juxta Nannetum ceperunt Robertum,
comitis Drocarum (4) primogenitum, qui in auxilium
Ludovici Philippi regis Franciae primogeniti conve-
(i) Edit. et Mss. 4917-20, etvirtute divinafreti.
[1) Depuis roi sous le nom de Louis VIIL
(5) Hugue de Lusignan , dixierae du nom , comte de la Marche et
d'Angouleme.
(4) Les Mss. 4917-20 porteut comiiis Drocarum Roberti.
I. 10
146 CHRONICON
iierat. Qul tanlis successibus eiatus, praesumens resi-
iluum terrae [amissae] recuperare, castrum quod Ru-
pes-Monachi dicitur, transito Ligeri, obsedit. Quo
audito, Ludovicus regis Francorura filius, qui apud
Kinonam (i) in Turonia morabatur, obsessos succur-
rere properavit. Cumque per unam jam tantum dietam
a loco distaret [Francorum] exercitus, Joliannes rex
Angliae, sibi timens, relictis papilionibus ac belli
utensilibus, et ad urbem Andegavim Ligerim transiens,
revertitur in Aquitaniam, sicut Esaii vagus et profugus
omnia derelinquens. Ludovicus autem urbem Ande-
gavim recuperans, muros ejus, quos Johannes repa-
raverat, destruxit.
Pliilippus rex Franciae, eodem tempore quo filius
ejus Ludovicus contra regem Anglise in Pictavia decer-
tabat , in terram comitis Flandriarum Ferrandi hosti-
liter intraverat, et usque ad Insulam omnia vastaverat.
In reditu vero ejus ab Insula, Otho imperator depo-
situs, nepos regis Angliae, qui apud Valentinianas (2)
in auxilium Ferrandi comitis Flandriarum advenerat,
cum non distaret a rege nisi per quinque milliaria,
de Morclania juxta Tornacum movit exercitum
prope pontem Bovinarum , ut m retrogaidam regis
Franciee insultum faceret inconsulte. Cumque rex
[Franclae] Othonem venientem cum exercitu cogno-
visset, jussit acies suas stare. Visoque quod hostes,
quasi (3) divino territi, non venirent, jussit iterum
acies praeparare ; et cum jam fere medietas sui exercitus
(i) Edit. et Mss. 4917-19, Quinonem.
(•2) Telle estaussi la lecon des Mss. 4917, 4918 et 4919- On litdans
les edit. precedentes, Valentinnas , et Valencianas dans le Ms. ti,<^io.
(5) Kdit. et Mss. 4917-19. casn divitio.
GUILLELMl DE NANGIACO. 1<I7
pontem Bovinarnm translssct, et ipse rex prope pon-
tem , proborum milltum vallatiis multitudlne, post
suum exercitum jam venisset, hostes prolinus, quasi
stupore quodam et horrore percussi, diverterunt a
latere exercitus versus Septentrionem, solem qui die
illo ferventius incaluerat pvpe oculis tunc habentes.
Quod rex Francorum videns, tubis iiisonuif , assump-
tisque armis suas acles [quae praecesserant] revocavit,
et eas de tuenda corona Francise legni diligenter com-
monens, protinus in hostessecommersit. Ouid plura?
Der spatium unius diei invicem pugnaverunt. Tandem
rex Francorum, licet diu fortiterque pugnaverit, et
ad terram prostratus diuque jacuerit, tamen, equo
recuperato et Dei fretus auxilio, hostesundique supe-
ravit. Otho autem imperator, dux Lovaniae, comes de
Lambourc (i), Hugo de Boves et multi aHi victi (2)
terga vertentes, fugae praesidio se salvarunt, signa im-
perialia relinquentes. Comes vero Flandriarum Fer-
randus, Reginaldus comes Boloniae, et Guillermus
comes Salisberiensis et frater cjus, duoque comites
Alemanniae (5), et multi magni nominis tam barones
qnam alil capiuntur; multi tamen ex parte Othonis,
(i) Edit., de Limburgo ; Mss. 4917-20, cfe Lamburgo. Le
comte de Litribourg se nommait Henri. Quant au comte de Louvain,
il appartenait alors aux ducs de Lothier et de Brabant. Un des fils
d'Henri le Guerroyeur duc de Lotbier de 1190 a i255, nomme Go-
defroi , porta le titre de sire de Louvain.
(2) l.e raot victi manque dans les edit. et dans les Mss. 49^7 20.
(3) Ces deux comtes sont nommes par Guillaume le Breton Othon
de Teklenbourg et Conrad de Dortmund. Ilist. de Fr., t. XYII, p.98.
Le meme auteur donne p. loi et 102 uue liste des prisonniers qui
fui-ent faits a la bataiile de Bouvines et qui furent enfermes, soit au
grand et au petit Chalelet, soit a Compiegne.
148 CHROJNICON
paucl vero de parte regis Franciae perierunt. Et, sicut
illl qui capti fuerant aiebant, numerus Othonis mi-
litum mille quingentorum , et aliorum bene armato-
rum centum quinquaginta millia , prseter vulgus; et
infra diem tertium liabiturl erant quingentos milites
et pedites infinitos. Sed misericors Deus in rege
Franciae et suis Moysi canticum adimplevit; nara per-
sequebatui- unus mille et duo fugabant decem mil-
lia (i). Rex autem Franciae , peracto negotio captisque
hostibus, per castella sua illos mittens sub arcta custo-
dia , Ferrandum comitem Flandriae secum ducens, Pa-
risius est reversus; ubi a clero et populo cum gaudio
lacrymabili et inauditis laudibus est exceptus. De hoc
siquidem bello quidam verslficus sic ait (2) :
Annosbis septem Domini cum mille tlucentis
Junge, die quinta julii finem facientis (3),
Frangunt Francigenne Flandrensis cornua gentis,
Mullis principibus tecum , Ferrande , retentis.
Tu quoque viclus, Olho , quid possit Francia sentis ,
A facie Regls fugiens tua terga sequentis.
Plclavenses, audita faraa victorlae regis Francorum
Phllippl, multum perterriti, raissis legationibus elabo-
raverunt roij^I Philippo rcconciliari. Rex autem, eorum
perfidiam multotlens expertus, non acqulevlt, sed
collecto cxercitu, in Pictavlam, ubi proprie (4) ciat
Johannes rex Angliae, accessit. Quod agnoscens vice-
comes [Thoarcii] tantum fecitper comltem Brltannlae,
[i) Deuteron. xxxii, 5o.
(•2) Les vers suivants ne se trouvent que dans le Ms. 10298-G.
(3) C'est-a-dire le cinquicme jour avant la fin de juillet, le 27 dc ce
mois.
(4) Edit. et Mss. 49 '7> 49i8, prope.
GUILLELMI DE NANGIACO. H9
cujiis 11X01" ejusdem vlcecomitls iieplis erat, quod in
amicitiam regis Franciae receptus est. Sed et ipse rex
Anglorum Johannes, cum septemet decemmilliaribus
ab iilo distaret, et nec haberet quo fugeret nec ut in
apertum pugnaret procedere auderet, misso coniite
Cestriae Renulpho cum Roberto legatodomini Papae et
aliis, de induciissive trebis (i) Iractari coeplt. Cul rex
Philippus qulnquennes inducias ex solita benignltate
concesslt et Parisius remeavit (2).
MCCXV.
Propter victoriam Othoni Imperatori apud Bovinas
a Domino denegatam, in tantum detecerunt ab ejus
auxillo viri multl , quod fortunae cedens et ab Infortu-
nlo non dlscedens, In patrimonio suo, scillcet In
Saxonla, deglt, imperio denudatus necnon et socio-
rum suorum solatio desolatus. Qul tandem morbo
dysenteriae laborans, convocatis episcopis alioque
clero cum lacrymis absolutionem petilt, petitamque
acclplens non dlu postea vixit (5).
Fredericus rex Slclliae, qui jussu Innocentii papae
apud Maguntiam In regem Alemannl.T coronatus fue-
ral , audito quod Otho a partibus Flandrlarum sine
vlctoria In patriam suam remeasset, a partibus Suavlae
ubl tunc morabatur movlt exercltum, et Aquisgranl
pervenlens , obsedit villam et expugnavit, ibique oc-
(i) Les mots et aliis et sive Irebis mauquent dans les edit. et dans
les Mss. 4917-20.
(2) Voirletraite dansGuiLL. le Breton, Hist. de Fr., t.XVII, p. io3.
(5) Othon IV mourutle 19 mai 1218. 11 eut pour successeur Fre-
deric II, surnomme Roger, fds d'Henri VI et de Constance de Sicile.
Frederic, ne le 26 deccmbre 1194, vecut jusquau i5 decembre ijl5o.
Vov. plus haut, p. 109 et suiv.
150 CHRONICON
tavo kalendas augusti (ij in regem iteriim Aleman-
niae sublimatur. Mox , ne de honore percepto Deo in-
gratus existeret, signum crucis dominicse assumpsit ,
in Terrae Sanctae subsidium cum aliis profecturus.
Quidam proceres regni Angliae contra regem suum
Johannem insurrexerunt, propter quasdam consuetu-
dines quas observare nolebat sicat jSrmaverat jura-
mento (2). Favit vero magnatibus plebs pedestris ,
manus scilicet rusticana et plurimae civitates. Qui
timentes tamen ne possent ei usque in finem resistere,
Ludovicum regis Francorum primogenitum de fe-
rendo sibi auxilio per internuntiosconvenerunt, pro-
mittentes eidem, expulso rege suo, totius Angliae
monarchiam; qui acceptis obsidibus ab eisdem, mili-
tum eis multltudinem destinavit (5).
Mense septembri passi naufragium et submersi sunt
raulti viri nobiles, tam Brabantii quam Flandrenses,
volentes transire in Angliam in auxilium regis qui
profusa stipendia venientibus in suum auxilium pro-
mittebat. Laetati igitur sunt regis adversarii super
interitu submersorum et ad rebellandum (4) vehe-
mentius animati , asserentes quod esset manifeste in
omnibus manus Domini contra regem.
Mense novembri , Innocentius papa tertius generale
concilium quod Lateranensedicitur Romae celebravit;
in quo fuerunt eplscopl quadringenti et duodecim ,
(i) Le 25 juillet.
(2) Edit. et Mss. 4917-^07 quas ohscrvari prceccperat , sed nolebnt
eas , sicut juravevat , observare.
(5) Guillaunie le Bieton dit que Louis agit ainsi contre le sentinient
dn roi son pere. Hisl. de Fr., t. XVII, p. 109, a.
(4) Edit. otMss. 4917-20, iiiper quo la^inli (al brafi) re^is ad\'C'-
sarii, ad rcbcllandurn , etc.
GUlLLELMi DE NANGIACO. 151
iiiter quos patiiaichse duo afTuerunt, scilicet Cou-
staiitiiiopolitanus et Jerosolymitaiius. Antiocheiius
vero,gravi morbo detentus , venire nonpotuit, [sed
raisit pro se episcopum Antaradensem (i) .Alexandri-
nus etiam sub Sarracenorum dominio constitutus
fecitquod potuit,] mittens pro sediaconum germanum
suum (2). Primates autem metropolitae septuaginta
unum, abbatesque et priores conventualesultraoctin-
gentos; legatorum vero imperatoris Alemanniae, im-
peratoris Constanlinopolitani, regis Franciae, regis
Jerusalem, regis Angliae, regis Cypri , regis Hispa-
niae aliorumque regum et principum ingens adfuit
multitudo. Ibique sancta synodus multa utilia consti-
tuit, multaque constituta a retroactis temporibus con-
flrraavit. Raimundus autem comes Tholosanuset filius
ejus Raimundus tamquam haeretici condemnantur,
multique alii heeretici et fautores eorum gladio ana-
thematis feriuntur. Libellus vero vel tractatus deTri-
nitate, quem abbas Joachimcontra magistrum Petrum
Lombardum edidit, reprobatur; et perversum Amo-
rici dogma tamquam impium et haereticum condem-
natur.
[Eodem tempore] cum quidam faterentur Diony-
sium Areopagitam fuisse [Dionysium Corinthiorum
episcopum et] in Gr,Tcia mortuum (3) et sepultum ,
aliumque Dionysium extitisse qui fidem Christi Fran-
corum populis (4) praedicavit; alii vero assererent il-
lum, post mortem beatorum apostolorum Petri et
(i) Tous les Mss. porlent Andadensem.
(2) Le Ms. 49*20 porte Gcrmanum diaconumsuurn.
(3) Edit. et Mss., pnssum martyrium
(4) Edit. et Mss., ajjud Parisius in Gallia.
152 CHRONICON
Paull , venisse Romam et a sancto Clemente papa [Pe-
Iri apostoli successoie] in Galliam destinatum, Inno-
centlus papa tertius , neutri volens preejudlcare sen-
tentiae, sed cupiens ecclesiam beati Dlonysii in Francia
honorare, corpus sancti Dionysli Corlnthiorum epis-
copi [et confessoris], quod quldam cardinalis legatus
e Graecla apud Romam (i) detulerat, apud praedlctam
sancti Dionysil eccleslam In Franciam [per monachos
illius monasterii missos ad concilium] destinavit, et
ad has sanctas reliqulas venerandas omnibus venien-
tlbus, vere poenltentlbns et confessls , quadraginta
dles de injunctis sibi poenitentils relaxavlt.
MCCXVI.
Simon de Monteforti , qui apud Carcassonam contra
Albigeiises heereticos a Francis rellctus fuerat, venit
in Franciam contra Arragones auxlllum petiturus, a
quibus, propter necem Petri regls Arragonum, assul-
tus asslduos sustinebat. Qui infra paucos dles centum
viginti milites colllgens, de Francia reversus celeriter
secum duxit.
Galo sancti Martini presbyter cardinalls, legatus in
Franciam a Papa missus, diligenter raonult Ludovi-
cum primogenltumregis Franciae ut a proposito trans-
eundl in Angllam contra regem Angllae desisteret;
patremque suum Phillppum regem ut fillo transltum
dissuaderet monens consimillter , denuntlavit ei sen-
tentiam excommunlcationls quae a Papa lata fuerat in
(i) De La Barre et Mi\I. les editeurs des Historiens de France ont
conserve la lecoa vicieuse de la premiere edition legatus iii Greciani
Homa? dctulera/ , sans roprodnir»! la correction de d'Acliery t: Grwcia
Rnmain , quc ronfirnic si bicnle tcxlc du Ms. io.^c)8-(J.
GUILLELMl DE NANGIACO. 153
omnes legi Aiigliae adversantes. Ciimque nihil profi-
ceret, navigavit in Angllam, compositurus pacem, si
posset, inter regem et proceres Anglicanos. [Sed
interim] Ludovicus regis Franciae primogenitus, na-
vigio prseparato (i), transiit in Angliam et ab liis qui
eura advocaverant jucunde et reverenter est susceptus,
homagia recipiens eorumdem. Sed Galo cardinalis ,
pugnans pro rege Angliae [spirituali] gladio sancti Pe-
tri, terras eorum qui Ludovico adhaeserant interdicto
supposuit, et personas eorum vinculo anathematis
innodavit.
Tertio idus junii Henricus Constantinopolis impe-
rator apud Thessalonicam obiit, anno imperii sui duo-
decimo (2). Post cujus decessum Petrum de Courte-
naio Autissiodorensem comitem, [Philippi regis
Franciae consanguineum et Henrici] defuncti impe-
ratorls sororium (3), in imperatorem [Graecorum
Franci etLatini] (4) communiterelegerunt, et ad eum
quaerendum in Franciam solemnes nuntios destinave-
runt. [Quibus susceptis electioni assentiens, cum
(i) Voir dans VHistoire des ducs de Normandie et des rois d' An-
gleterre, lecemment publiee pour la Societe de 1'Histoire de France,
par M. Fr. Michel , une liste des chevaliers qui accompagnerent
Louis VIII, p. i65 et suiv.
(2) Le commencement du regne d'Henri est compte ici du mois
d'avril i2o5, epoque ou apres la prise de Baudouin I", a la bataille
d'Andrinople, Henri fut eiu regent de l'empire. Les edit. precedentes
et les Mss. 4917-20 portent anno decimo, en comptant les annees du
regne d'Henri a partir de son couronnement qui eut lieu le 20 aoiit
1206. — Le 5 des ides de juin est le onzieme jour de ce mois.
(3) Pierre de Courtenai comte d'Auxerre, petit-fils de Louis-le-
Gros, eut pour seconde femme Yolande de Hainaut , soeur des empe-
reurs Baudouin et Henri.
(4) Mss. 49'7-20, in imperatorem Grteci , Franci rt Lat., etc.
154 CHRONICOIN
uxore Yole, comitlssa Namurcii, venitRomam, duo-
bus filiis quosde ipsa habebat Namurcio derelictis.]
Innocentius papa decessit, cui successit Honorius
tertius [natione Romanus], prius Johannis et Paub
presbyter cardinalis (i).
Eodem etiam tempore mortuus est Johannes rex
Angliae , cui successit Henricus fiUus ejus, puer decen-
nis, et a Galone legato Romanae curiae ad regnum An-
gbae coronatur. Quo facto Ludovicus regls Franco-
rum prlmogenitus de Anglis confidens, obsldes [quos
ab eis receperat] bberavlt, et dlmisso exercltu, [ut
alium majorem congregaret] in Franciam reversus
est.
MCCXVII.
Ludovicus filius regis Franclee , congregata post
Pascha (2) equestri pedestrique multitudine, in An-
gliam remeavlt , aegre ferens et indigne quod quidam
ex nobllloribus Angliae in absentia sua eum, spretis
juramentis, rellquerant et in partem transierant novi
regis. Qul dum Devoram (3) obsedisset, Thoraas
comes Pertici, qul In auxilium ejus convenerat, apud
Linconiam, Angllae civitatem, dolo Anglorum est
occisus. Quo audlto Ludovicus , perclpiens prodilio-
nem et Infidelltatem Anglorum , incensis machinis
suis, seetsuos Londoniam transtulit. Etpostea, vldens
dolos baronum Angllae ac persecutionem totlus regnl
(i) Ce titre n'est donne que par le Ms. 10298-6.
(2) Suivant l'auteur de VHistoire des ducs de Normandie et des rois
dAngleterre, p. 188 et suiv., Louis s'embarqua le samedi saint, qui
lomba cette annee-la le 25 mars.
f5) Telle est la lecon dc tous les Mss., Ics deux premieres cdil.
portent Doveinm.
GUILLELMI DE NA^GIACO. 155
et impedimenta portimm propler se ipsum , sed et in-
tentionem Galonis, sedis apostolicae legati , qiii totis
nisibus procurabat impedimentura ipsius atque suo-
rum, timens quod si Londonia exiret cum Anglis pu-
gnaturus, clauderentur sibi portae revertenti, facta
compositione (i), rediit in Franciam; qui utique mi-
rabilem victoriam habuisset si debitam fidelitatem
invenisset.
Honorius papa consecravit Petrum comitem Autis-
siodorensem et Yolem uxorem ejus, [comitissam Na-
murcii] , sororem Henrici imperatoris Constantino-
politani, sicut superius dictum est, defuncti , ad
Constantinopolitanum imperium, Romaej in ecclesia
sancti Laurentii extra muros, [nejus in Romano im-
perio habere viderentur]. Qui, nono die suae conse-
crationis , ab urbe cum uxore recedens , duxit secum
circiter (2) centum sexaginta milites et servientes
plurimos ad pugnam armis et animis praeparatos. Cui
Johannes de Columna , presbyter cardinalis, legatus
in Romania et Venetia, apud Brundusium occurrit,
seque ei ad transeundum in Graeciam sociavit. Statim-
que mari transito, urbem Dyrrachium obsidet impe-
ralor. Promiserat enim Venetis, et inde litteras confe-
cerat , quod diclam urbem , quam sibl olim violentia
ducis ablatam dicebant, eisdem protinus resignaret,
si sibi a Domino capiendi eam copia praestaretur. Im-
(i) Le traite fait eutre le priace Louis et le jeune Henri III est
datedu 20 septembre. On ea peut voir le texte exlrait du Carlulairc
de Saint-Gilles de Pont-Audenier dans d'AcHERY, Spicil., in-fol., t. III,
p. 586, et dans Rvmer, t. I, p. 221.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, recedens eam , quin pree^nans ernt . prr
innre Constniitiiinpolim trnii-iinisit ct cuin ccntum . etc.
156 CHRONICON
peratrice tanien cum filiabus suis apud Constantino-
polim transmissa , cum dies multos inutiliter in obsi-
dione consumsisset , imperator, non sine suorum
maximo detrimento, obsidionem deserere compulsus
est; dumque iret apud Constantinopolim et fuisset
inler montes nemorosos et fluvios, ubi erat via diffici-
lis ad transeundum , proditionaliter a Tiieodoro duce
Dyrrachii , qui securum eidem conductum promiserat,
capitur cum suo comitatu.
Uxor iilustris Simonis de Monteforti venit in Fran-
ciam, contra Albigenses haereticos auxilium petitura;
ita enimarctaverant virum suum comes Tholosanus et
Arragones, quod, perditis quibusdam castellis, vix
spem haberet de rebquis retinendis, nisi succursus
sibi celeriter praestaretur.
Isto anno fit ventus vehementissimus , qui mul-
tas ecclesias domosque evertit, et evulsit arbores
infinitas.
MCCXVIII.
Simon comes de Monteforti [a Francia succursu re-
cepto] dum Tholosara obsedisset, ictu petrariae per-
cussus moritur, in crastino sancti Johannis Bap-
tistae (i). Vir utique eleganti forma, fide et armis
strenuus et perpeti laude dignus; cui successit in co-
mitatu suo et terra Albigensium Guido (2) filius ejus.
Sanctus Guillermus Bituricensis archiepiscopus
canonizatur a papa Honorio , ejusque successor Ge-
(i) Cette date n'est donnee que par le Ms. 10298-6, elle repond au
u5 juin.
(2) Lisez Amalricus ; le non» de Gui s'applique soit au frcre de Si-
mon de Montforl , soit au deuxicme fils dc ce deruier. Mais le fils ainc
<]r. Sinion clail Aniauri <lc Monlforl , qui lui succeda.
GUILLELMI DE NAINGIACO. 157
rauclus (i) moritur ; cul successlt Simon cantor Bi-
turicensis, nepos Henrici quondam ejusdem ecclesiee
archipraesulis
Hugo (a) dux Burgundiae morilur et apud Cister-
cium sepelitur.
Galterus (5) abbas Pontiniaci fit episcopus Car-
notensis.
Mense octobri, vineae et arbores ita gelu non mo-
dico sunt exustae, quod exustionem ejusmodi se nemo
"vidisse assereret "vel audisse.
Herveus (4) Nivernensis comes, et Galterus ca-
merarius regis Franciae, ac muiti tam barones quam
episcopi milites et plebani cruce signati , transito
mari, circa festum apostolorum Simonls et Judae ap-
pbcant Damietam ; ubi Johannes rex Jerusalem et dux
Austriae ad hanc singulariter oppugnandam cum va-
lido exercitu, mensemaio, accesserant, caeteris paga-
norum (5) urbibus praeterraissis : dicebant enim, quod
si dicta civitas capi posset, quodde facilipoteratTerra
Sancta a gentilibus emundari. Deo autem favente, res
eo usque devenerat, quod nostri cum labore nimio el
strage multorum expugnaverant quamdam turrim in
alveolo [fluminis] Nili sitam, et ad sui praesidium
sufficienter necessariis praemunitam. Porroquia multi
de populo [Chiistiano] perierunt, clerici processio-
(i) D'Ach, Girandus ; de La B., Girardus ; Hist. de Fr., Giraudus.
(2) Lisez Odo. Eudes III duc de Bourgogne succeda a Hugues III, et
fut remplace par Hugues lY.
(3) Mss. 4917-20 etlfist. de Fr., Guillermus.
C4) Tous les Mss. portent Herveus; les deux premieres edit., Hen-
ricus.
(5) Edit. et Mss. 4917-20, Sarracenorum.
158 CHRONICON
iilbus factis, in pane et aqua quatriduanum jejunium
omnibus indixerunt. Nam in vigilia sancti Andreae
apostoli (i) intumuerunt fluctus maris, crescentes et
excursus facientes usque ad castra fidelium , et ex alia
parte incautos inundans [Nili] fluvius occupavit , unde
navium et victuab'um damna non modica pertule-
runt. Duravit autem haec tempestas assidua per tres
dies. Invasit praeterea dolor repentinus quorumdam
pedes et crura , et caro corrupta gingivas in dentes
obduxit , potentiam auferens masticandi ; quorum
plurimi dolore morientes, et reliqui usque ad tempus
vernale durantes , caloris tamen beneficio incolumes
evaserunt. Sane in festo beatae Agathae virginis (2),
pater misericordiarum et Deus totius consolationis
suis In obsidione Damieta^ positis conferre dlgnatus
est victoriam gloriosam. Nam, cum quidam Christia-
norum fluvium [Nili] transissent causa undique obsi-
dendi civitatem, soldanus Babyloniee (3) et sui, qui
cum multo exercitu super ripam fluvii tentoria sua
fixerant, divino terrore perterriti, ante lucis auro-
ram in fugam versi sunt sua tentoria relinquentes;
quod nostri perpendentes statim fluvium transeunt,
occiipantes castra fugientium, ubi spolia reperiunt in-
finila, et sic In crastino per gyrum a nostris obsessa
fuit Damleta.
(i) Le 29 novembre.
(2) Le 5 fevrier.
(3) Cest le frere de Saladin dont il a deja ete question sous le nom
de Saphadinus. 11 se noramait Malek-el-Adel Seiffedin-Aboubecr, et
mourut quelques jours apres la defaite dont il est ici question le
T)\ aout. Pour les details de ce siege de Daniiette, voy. Beiin. i.e Trk.s.,
p. 56o et suiv.
GUILLELMI DE INANGiACO. 159
Pliillppus rex Franciae fecit constitutionem gene-
ralem per regnum suum de Judseis suis, ut nullus in
vadiura recipiat ecclesiae ornamentum. Item ut Ju-
dseus non tradat mutuo pecuniam religioso sine con-
sensu abbatis sui et capituli. Item ut nullus Christia-
norum vendere compellatur hereditatem aut redditus
suos propter debita Judaeorum ; imo duae partes he-
reditatis seu reddituum debitoris et plegii assignentur
Judaeo, ac deinceps non currat debitum, et ut debi-
tum non currat ultra annum a mutuo facto. Item ut
libra non lucretur nisi duos nummos in qualibet sep-
timana , et ut propter hoc non capiatur corpus debi-
toris.
Jerusalem quae inexpugnabiliter munila videbatur,
destructa est a Coradino (i) filio Saphadini : muri
enim cum turribus in acervos lapidum redacti sunt,
praeter templum Domini et turrim David. De sepul-
chro autem Domini destruendo consilium habuerunt
Sarraceni, et hoc per litteras civibus Damietae ad
eorum solatium significaverunt; sed huic temeritati
nemo manus [apponere praesumsit] propter reveren-
tiam sancti loci. Sicut enim in Alchorano libro legis
eorum scriptum habent, ipsum Christum Dominura
nostrum credunt de Maria virgine conceptum et na-
tum , ac sine peccato vixisse, prophetam et plus quam
prophetam protestantes, caecos illuminasse, leprosos
curasse, mortuos suscitasse et ad coelos asseverant fir-
miter ascendisse. Unde in tempore treugarum sapien-
tes ipsorum Jerosolymam ascendentes, codices Evau-
(i) Malek-el-Moadliam Scharfeddin , deuxieme fils de SeitFeddin et
snltan de Damas.
160 CHRONICON
geliorum sibi exhiberi postulabant, et osculabantur
eA venerabantur, propter munditiam saiictae legis
quara Christus docuit, et maxime propter evange-
lium (i) Lucse, scilicet : Missus est Gahriel quod
litterati inter ipsos saepius repetunt et retraclant (2).
Lex autem illorumquara, Diabolo dictantc ministe-
rio Sergii monachi et apostatse et haeretici, Machome-
tus Sarracenis dedit, scripta est arabice, et a gladio
incipit, et per gladium tenetur, et in gladio termina-
tur (5).
MCCXIX.
Ludovicus, filius regis Francise Philippi, post mor-
tem Simonis de Monteforti apud Tholosam ictu pe-
trariae defuncti, cum copioso exercitu cruce signato-
rum de cunctis Galliae partibus iter raovet adversus
heereticos [Albigenses et] Tholosanos. Prirauraquecas-
trum quod Mirmanda (/|) dicitur ab haereticis munitum
et obsidet et expugnat. Quo facto, Tholosam adit et
obsidet diuque virillter impugnat. Sed , sicut dicitur,
(i) Le Ms. 10298-6 porte evangelia comme les deux premieres edit.;
Mss. 4917-20, evangelium. V. Lucce , i, 26.
(2) Le reste de l'alinea n'est donne qiie par le Ms. 10298-6. L'alinea
tout entier est copie d'une lettre, par iaquelle Olivier, ecolatre de
Cologne et temoin oculaire du siege de Damiette, fait connaitre a son
archeveque Engelbert la prise de cette ville par les chretiens. Yoy. le
recueil de Bongars, p. 1188. La lettre d'01ivier a ete aussi copiee en
partie par Jacques de Vitri. Ib., p. iiSj.
(5) A Tepoque ou ecrivaient Olivier de Cologne et Jacques de Vitri
il y avait a peu pres un siecle que TAlcoran etait connu en Europe par
la traduction latine qu'en avait fait faire et publier Pierre le Vene-
rable, abbe de Cluni.
(4) Le Ms. 10298-6 porte Miranda, c'est une mauvaise lecon. II
s'agit ici de la ville de Marmande (Lot-et-Garonne). Voy. Guill. de
Puy-Laup.ens, dans le Rec. des Hist dr Fr.. t. XIX, p. 2i4) a.
GUILLELMI DE NANGIACO. 161
pioditioiie aliquorum nobilium partis suae interve-
niente, redire inefHcax est compulsus. Post cujus redi-
tum, nostri qui remanserant a Tholosanis haereticis,
solito audacioribus factis , multas molestias patiuntur,
nonnulla (i) castra dimittentes quae, proditione quo-
rumdam, hseretici in suam redigunt potestalem.
Nostri in obsidione Damietae positi , per ingeniorum
erectionem et lapidnm fulminationem , necnon per
terram et aquam frequentes assultus facientes, tota
aestate captioni civitatis operam impendebant : sed
Sarraceni eos bellis ordinatis fortiter impugnantes,
a proposito ipsorum , quod aliquando videbatur proxi-
mum effectui, revocabant. In festo vero decollationis
sancti Johannis Baptistee (2) contra Soldanum ad
pugnandum superbe et inordinate exeuntes, cum in
fortitudine sua non in Domino confiderent, cadunt
et pereunt multi, non tamen sine damno militiae pa-
ganorum. Capti fuerunt de nostris viri nobiles Milo
de Nantolio electus Balvacensis, vicecomes de Sancta-
Suzanna , Galterus regis Franciae camerarius, et qui-
dam alii Francigenae potentes, tilulo militiae gloriosi.
Illo die Johannes rex Jerusalem viriliter se habens ,
igne graeco fere combustus fuit; sed pius et miseri-
cors Deus suum militem conservavit, et aliorum
nostrorum superbiam sic oppressit. Circa vero festum
Omnium Sanctorum, cum quidam de nostris ad quam-
dam portam civitatis missi fuissent de nocte ut status
inclusorum aliquid explorarent , cum intus neminem
vigilem percepissent, scalis appositis muros ascen-
(1) Edit. et Mss. 4917-20, nonnuHi.
(a) te 29 aout.
I. 1 I
JG2 CHKONlCOiN
dunt, porlas aperiunl, paucos resistentes capiunt ct
occidunt. Sic igitur nonis novembris (i) capta est [a
nostris] Damieta, absque deditione vel defensione aut
violenta depreedatione, in oculis regis Babylonis, qui
divino terrore territus non est ausus more solito
Christi milites aggredi , ut soli Deo victoria adscri-
batur. Cum vero nostri timerent intrare civitatem
propter circumstantem exercitum Sarracenorum ne
castra eorum invaderent, divino nutu ttuvius Nilus su-
bitoadeo inundavit, quod inaccessibilia castra redderet
ipsorum; ostendens manifeste quod pro Cliristicolis
contra insensalos ipsa elementa se opponerent et pug-
narent. Quod percipiens Soldanus, castra sua combu-
rens, fugiit timidus et confusus ; nostri vero ingredien-
tes civitatem, invenerunt plateas stratas cadaveribus
mortuorum, pestilentia et fame deficientium. Dominus
enim cvaginaverat gladium suum super eos , et in
tantum interfecerat manus ejus, quoda tempore obsi-
dionis urbis infra vigenti menses perierunt in civitate
septuaginta millia paganorum, exceptis tribus milli-
bus qui vivi sunt reperti, inter quos vix centum sani
remanserant qui possent defendere civitatem (2). In-
venta autem sunt in civitate victualia multa, aurum ,
argentum, panni serici , lapides pretiosi, vestes pre-
tiosce et aliae diviticC infinitae. De quibus omnibus et
de civitate similiLer facta est divisio, et datum est uni-
cuique secundum quod eum decebat, justa providen-
tiam discretorum ad hoc de communi consilio elec-
torum; dominium vero civitatis datum est Johanni
(i) Lc 5 novembre.
(2) Les mots intcr qunsvix centum, etc. et, dans la plirase suivante,
les dcux niols vcstcs prctiosn: ue sonl donnes qne par le Ms. 10298-6.
GUILLELMI DE NAINGIACO. 163
regi Jerusalem nd augmentationem regni Jerosoly-
morum in perpetuum possidendum. Purgata denique
civitate, legatus [apostolicee sedis Pelagius], cum clero
et populo, accensis candelis et luminaribus, cura
hymnis et canticis, in die Purificationis beatae Ma-
ri3e(i) processionaliter ingressus est civitatem. Fece-
rat enim in maliumeria, [quam prius purgari fecerat],
Damietae maximam praeparari basilicam , quam in
honore beatae Mariae semper virginis consecravit; et
sedera episcopalem in ea instituens, ibidem missarum
solemnia cura lacrymis et magna devotione populi ce-
lebravit. Civitas haec, proeter naturalem situm loci
quo muniebatur, triplici cincta erat muro, turribus
lateritiis multis et magnis fortissime firmata ; clavis et
antemurale totius iEgyptise regionis olim Heliopoleos
dicta.
Non minori miraculo, imo majori (2) donavit Do-
minus Christianis [apud Damietam congregatis] Ta-
nis civitatem jEgypti , sicut fecerat Damietam. Nam
nostri, habito diligenti consilio, miserunt in festo
sancti Clementis (3) exploratores per [Nilura] flu-
viura in navibus usque Taneos, ut de casalibus prope
tollerent sibi victualia, et statura praedicti loci dili-
genter explorarent. Qui prope urbem accedentes ,
cura nullos in ejus turribus et rauris defensores vide-
(i) Le 2 fevrier 1220.
(2) Ce debut est le meme qu'emploie Jacques de Vitri en racontant
la prise de Tanis, qu'il place aussi au mois de novembre i2ig. Voy.
BoNGARS, p. 1145. Ceux qui ont remanie la cbronique de Guillaumc
de Nangis ont transporte tout cet alinea a ia fin de l'annee 1220. Voy.
lapreface.
(5) La fete dc saint Clement est le 25 novembre.
164 CHROISICON
reiit, ipsam civitatcm irrumpentes eam vacuom in-
veneiunt. Habltatores aiitem illius, audila captione
Damietce, nimio terrore percussi fugeranl, putanles
totum Christianorum exercitum advenire; et sic po-
suit Dominus illo tempore in ^gypto signa sua.
MCCXX.
Fredericus imperator Alemanniae [et Siciliae rex]
ab Honorio papa ad imperii dignitatem imperiali dia-
demate coronatur.
Robertus de Meduno Aniciensis episcopus a quo-
dam milite occiditur , quem excommunicaverat pro
injuriis Ecclesiae irrogatis. Quod populus Aniciensis
grave fereiis, in parentes ipsius militis graviter insur-
rexit; nam et castella et domos eorum funditus ever-
tit, arboreset vineas extirpavit (i), ac ipsos perpetuo
exsilio condemnavit.
Yoles imperatrix Constantinopolis [relicto Balduino
admodum parvulo] obiit. Qua defuncta, cum Petrus
imperator, maritus suus, adhuc in carcere teneretur,
Franci et Latini qui in Graecia morabantur (2), habito
diligenti maturoque consilio, legatos in Franciam
transmiserunt, qui unum de fdiis Petri imperatoris,
Henricum nomine(5), cum assensu regis Franciae in
(i) Les mots nvb. e.t vin. ext. sont unc addilion foninie par le
Ms. io'2g8-6.
(2) Au lieu de ce qui suit on lit dans les precedentes edit. ct dans
les Mss. l^iQin-io, pcr solemnes nuntios filiiun cjus comitem Namurcii
nd imperandum Grceciiv cofivocaverunt ; qni lionorem sibi debitum et
oblatum rcspuens, Ilenricum frntrem suum, juniorem se, eisdem in
Grceciam destinavit , quem g,rntanter suscipientcs imperiali, etc.
(5) Notre Ms., comme tous les autres, donne Henricum nominc.
llenri, quatrieme fds de Pierre de ("onrtenai , siicceda a son frere
IMiilipne , qui avait refuse le trone de (^onstanlinonle pour s'cn tenir
GLIILLELMI DE NAISGL^CO. 165
Graeciain perduxerunt, et eum Constauliuopoli im-
periali diademate sublimarunt.
Mensejulio, corpus beatl Thomse martyris a Ste-
phano Cantuariensi archiepiscopo in theca aurea lapi-
dibus pretiosis ornata et opere mirabili caelata dili-
gentissime collocatur.
Pelrus Parisiensis episcopus apud Damietam obiit;
post cujus mortem cum canonici Parisienses in elec-
tione discordassent, Guillermus Autissiodorensis epl-
scopus, jussu Honorii papae, ad Parisiensem cathedram
transmii^ravit.
Guldo fillus defuncti Simonis de Monteforti , qui
patri successerat in terra Alblgensluni (i), a comite
Sancti-.Egidli ignominlose occldltur; cujus mors om-
nes cathollcos in partibus illis commorantes inconso-
lablllter contristavit. Quo audlto Almaricus frater
ejus tactus dolore cordls intrlnsecus, promislt se ab
obsidione cujusdam castrl , quod frater ejus obsederat,
non recessurum, donec Illud vi vel deditlone in suam
redigeret potestatem. Sed postea suorum auxllio desti-
tutus, ab illo castro Infecto negotlo remeavit. Quo
a son marquisat de Namur. Ce fut Robert, ne apres Philippe et avant
Henri, qui fut envoye a Constantinople ; il y recut la couronne impe-
riale le aS mars 1221.
(i) Ceci est une erreur que nous avons deja. relevee ; c'etait Amauri,
fils aine de Simon de Montfort, qui avait succede a son pere. Gui de
Montfort, deuxieme fiis de Simon, etait simplement comte de Bigorre.
Guillaume de Kangis cede sans doute aux prejuges de son epoque, en
disant que ce jeune seigneur fut tue en trahisou par le comte de Saint-
Gilles. Onht dansr.ff<.y<. gen. de Languedoc que Giii deMontfortassie-
geant Castelnaudari fut d'abord blesse mortellement et ensuite fait pri-
sonnier dans une sortie des assieges , qu'il mourut cntrc leurs mains
et que Raiuiond YII cnvova son corps avcc de grands honneurs i
Amauride Montforl.
166 CHRONICON
recedente, in tantum euni tristia auspicia prosequuii-
tur, quod fere omnia castra quae prius tenuerat haere-
ticorum dominio subderentur.
Apud Damietam, inter Johannem regem Jerusa-
lem et legatum romanae ecclesiae Pelagium orta est
dissensio , eo quod legatus universi exercitus domi-
nium usurpabat, ad hoc, ut dicebatur, laborans quod
per eum factum esse totum Damietae negolium (i)
videretur ; et ob hoc Johannes rex, a Damieta disce-
dens, in Syriam est profectus.
MCCXXI.
Tartari Georgiam et Armeniam majorem intrantes
eas vastaverunt, et suo dominio subjecerunt. Pela-
gius , sedis apostolicae legatus, videns populum Dei
innumerabilem apud Damietam nihil diu proficere,
christiani nominis fines cupiens dihTtare (2), depreca-
tus est per suas litteras Johannem regem Jerusalem
ut compatiendo christianitati apud Damietam quam
citius posset repedaret. Cujus precibus rex libenti
animo acquiescens, protinus remeavit, et de voUmtate
ac consilio legati , ipse rex et legatus cum magna mul-
titudine partis exercitus, in festo apostolorum Petri
et Pauli (3), accincti armisbellicis, et victualia secum
usque ad duos menses deferentes , exeunt de Damieta ,
per terram et aquam versus Babylonem profecturi.
Qui cum venissent ad quemdam locum distantem a
(i.) Edit. et ftlss. 4917-20, iit qiiidquidjiebat velfnctum jamfucmt
per ifjsum ejfici videretur.
('?.) Edit., pro/icere propter Johannis regis absentiam. Lcs luols
Christ. nominis , eic, ne sont donncs quc par le Ms, 10298-6.
(3) Le 29jnia.
GUILLELMl DE NANGIACO. 167
Babylone per vigenti quatuor stadia et totidem a Da-
mieta, ubi Nilus fluvius tripertitus tria ingentia tlu-
mina de se facit, quemdam pontem navium, quera Sar-
raceni fabricaverant , occupaverunt, et in planitie
littoris tentoria sua posuerunt. Quorum Soldanus vi-
dens multitudinem et audacige sentiens magnitudinem,
habito consilio, cura eis noluit dimicare, sed statim
suis praecepit viarum aditus custodiri ct muniri, ne
de Damieta ad eos possent vel succursus gentium vel
victualia pervenire; sperans arte execrabili sine suo-
rum laesione populum Domini deperire. Quod pec-
catis nostris exigentibus ita factum est ; nam nostris
victualia defecerunt, et Nilus more solito totam ter-
ram in qua erat christianus exercitus occupavit. Sic
ergo populus Domini inedia ( i) vires perdens et usque
ad genua in coeno aquarum palustriura residens, coac-
tus est reddere Damietam; ea conditione quod pars
ligni crucis Dorainicse, quam [Salahadinus] soidanus
[Babyloniae et Damasci] de Jerosolymis asportaverat ,
redderetur Christianis, et treuga firmata usque ad
oclo annos, salvo conductu dato usque Accon, Sar-
raceni captivos christianos uni versos peni tus liberaient.
Et sic Damieta cum multis laboribus et sumptu capta,
ac per annum et araplius a nostris possessa, in festo
Nativitatis beatae Mariae virginis (2) reddita est Sarra-
cenis.
Manasses Aurelianensis episcopus obiit, cui suc-
cessit Philippus sancti Guillermi Bituricensis archi-
episcopi nepos.
(i) Lecon conforme aux Mss. 4917-19; Ifis prccedentes edit. porlenl.
mcilias vires , co qui ne formc aucun scns.
(■2) Le 8 septembre.
168 CHRONICOW
MCCXXII.
Herveus(i) Niverneusis comes, qui ante captionem
Damietae de partibus transmarinis redierat, veneno
occidilur; qui prim.o apud castrum sancti Aniani
[in Bituria] tumulatus, et postea apud Pontiniacum
Cisterciensis oidinis [coenobium] , reliquit unicam
filiam suam, quae data est uxor Guidoni comiti Sancti
Paull (2).
Mfiglster Petius de Corbolio, Senonensis archiepi-
scopus, die synodis suse (5) morltur, et in ecclesia
Senonensl preesente synodo sepelitur; cui successit
magister Galterus Cornutus. Obiit etlam Guillermus
Parislensis episcopus, qul ab ecclesia (4) sancti An-
tonil Parlsiensis partem conventus sanctimonialium
Cisterciensium apud Autissiodorum, in loco qui Cella
dicitur, collocavlt.
MCCXXIII.
Johannes rex Jerusalem ex amlssione Damletae et
debllitate suorura ultra modum dolens efFecIus, a
partlbus transmarlnis transfretat in Itallam, auxilium
a Papa petlturus. Ibique a papa Honorio et Frederico
jmperatore honorifice receptus , dedit [eidem] Im-
(i) D'Ach., de La B. et Ms, 4920, Henricus , Hist. de Fr. et
Ms. 4917-19, Herveus.
{'i) Gui, fils de Gauthier ou Gaucher de Chatillon conite de Saint-
Paul, qui joua un role si actif dans les guerres de Phihppc-Auguste.
Anselm., t. YI, p. 95 etsuiv. En \iil> Honorius III ordonna une en-
quete sur la validite du niariage de Gui de Chatillon avec Agnes, fdle
d'Hervee comte de Nevers. Voy. Hist. de Fr., t. XIX, p. ^oS.
'5) Lc 5 juin la^s. Les cveques avaient coutunic de rassembler deux
fois par an, au inilieu du mois de mai ot le i" novembre, les pretres
dc leur diocese, pour i)unir les fautes commises contie ia disciplinc.
Ces assemblecs se nomniaiint synodcs.
f4) Edit. ct Mss. 4917-20, abbatia
GUILLELMI DE NANGIACO. 169
peratori Frederico unicam filiam suam in uxorem ,
[coram Papa], cum toto regno Jerosolymitano, quod
ex parte matris (i) fdiam contingebat; [de qua post-
modum suscepit filium imperator nomine Conradi-
num]. Et sic de regno Jerusalem hic annotare super-
sedeo, quia quamvis plures postea, jure successionis
[autalio modo], titulumregni ipsiusretinuerint, nullus
tamen illud possedit (2) nec in regem coronatus est ,
nisi rex Cypri qui in Accon , in contemptum regis
Siciliee Karoli, qui jus regni illius emerat ab haerede
legitimo, sefecit, ut dicitur, coronari.
Henricus Frederici imperatoris filius ex sorore re-
gis Aragoniae (3), puer decennis, ex mandato patris
ad regnum Alemanniae coronatur.
[Initio mensis julii] , ante noctis crepusculum octo
diebus cometes apparuit per totum regnum Francise,
regnidenuntiansdetrimentum. Nam cumPhilippusrex
diuturno temporequartanis febribus premeretur, proh
dolor! apud Meduntem, pridie idus julii (4), rebus
bene dispositis , spiritum exhalavit , et in crastino , a
Corrardo Portuensi episcopo cardinali , qui , auctori-
tate apostolica , in terra Albigensium legatus adve-
nerat , necnon a viginti quatuor aliis tam episcopis
(i) Les mots ex parte matris manquent dans les precedentes edit. ct
dans les Mss. 4917-20. L'empereur Frederic II epousa Yolande, fiUe
de Jean de Brienne et de sa premiere femme Marie , qui etait fiUe de
Conrad de Montferrat et d'Isabelle. Yoy. plus haut, p. i32, not. i.
(2) Edit. ct Mss. 4917-20, quia qitamvis pl. post. jus regni — per
titulum obtin. iiuUus tamen in co regnassc usquc ad nostra tenipora
visus est. Le reste de Talinea n'est donne que par lo Ms loagS-G.
(5) Constance d'Aragon , premiere femme de Frcderir 11; cllc ctail
raorte des le 25juin 1212.
(4) Le i4 juillct.
170 CHROJNICON
quam archiepiscopis qui pro negotiis divino nutu
illuc advenerant, in abbatia sancti Dionysii inFrancia,
ante majus altare (i), honorifice sepelitur, Johanne
de Bregna rege Jerusalem , qui paulo ante in Fran-
ciam advenerat, preesente, et super mortis ejus infor-
tunio, cum innumera raultitudine militum, clerico-
rum et vulgarium, condolente. Mirabile enim fecit
testaraentum : nam Johanni regi Jerusalem sexa-
ginta millia librarum Parisiensiura, et totidem militiae
Templij ac totidem Hospitali delegavit in auxilium
Terrae Sanctae; abbatiae autem sancti Dionysii duo-
decim millia libras, et aliis ecclesiis Gallicanis dona
innumera erogavit (2). Eodem die et eadem hora pon-
tifex Romanus Honorius, cum esset in quadam urbe
Carapanise [Italorura], exequiarura officiura pro dicto
rege , revelatione sibi divinitus ostensaper sanctitatera
cujusdara militis, cura cardinalibus celebravit.
Rege igitur Philippo, sicut diximus , tumulato,
Ludovicus ejus primogenitus, octavo idus augusti (5),
in Remensi ecclesia a Guillermo Remensi archiepi-
scopo, cum Blancha uxore sua, ad regnum Franciae
coronatur, anno eetatis suae vicesirao sexto.
Prima dominica sequentis Quadragesimae (4) ,
Johannes rex Jerusalera , baculum peregrinationis
accipiens , ad sanctura Jacobum [in Galicia] est pro-
(i) Ces trois mots ne se trouvent que dans le Ms. 10298-6. Cest
aussi le seul qui fournisse les documents qui suivent relativement aux
dispositions testamentaires de Philippe-Auguste.
(2) On peut voir le texte du testamcnt de Philippe-Auguste dans
le Rec. dcs Hist. de Fr., t. XVII, p. 1 14- L'original de ce testament
est conservc aux Archives du royaumc a Paris.
(3) Le 6 aout.
(4) Le 5 mars 1224.
GUILLELMI DE NANGIACO. 171
fectus; qui inde revertens per regem Hispaniae (i),
accepit in uxorem domlnam Berengariam (2) , neptem
dominae Blanchae reginee Franciae.
Almaricus comes Montisfortis, de partibus Albi-
gensium, propter inopiam victualium, inFranciam,
rediens, Carcassonam urbemfortissimametalia castra,
quae cum labore maximo super Albigenses hsereticos
fuerant acquisita, reliquit.
MCCXXIV.
Tertio nonas maii (5) , Ludovicus rex Franciae et
Corrardus episcopus cardinalis, legatus in terra Albi-
gensium (4), apud Parisius generale concilium con-
vocarunt; in quo per cardinalem Honorius papa indul-
gentiam quse in Lateranensi concilio contra Albigenses
haereticos fuerat instituta , auctoritate propria revo-
cavit, et Remundum comitem Tholosanum fide ca-
tholicum approbavit.
In crastino sancti Johannis Baplistae (5) , Ludovicus
rex Franciae Turonis congregavit exercitum; indeque
(i) Edit. et Mss. 4917-20, per regem CastellcB , sororem ejus, etc.
(2} Fille d'AIphonse IX roi de Leoa et de Berangere de Castille ,
soeur de saint Ferdinand.
(3) Le 5 mai. — L'auteur de la Fie de Louis VIII {Uist. de Fr.,
t. XVII, p. 3o3) assigne ia meme date a cette assemblee, qu'il nomme
wnparlement, et qui n'est pas en efFet comptee dans la liste des con-
ciies. Conrad, qui avait quitte la France au mois d'octobre i223, y
repassa l'annee suivante en se rendant a la cour de Frederic II, et reniit
a Louis YIII les lettres du Pape, auxquelles le roi de France repondit
dans Tassemblee dont il est ici queslion. D. Vaissete, Abr. de l'Hist.
de Lang., t. III, p. 55 1.
(4) Dans les Mss. 4917-20 et dans les precedentes edit. on lit siinple-
ment Corrardus cardinalis apostolicce sedis ; lcs niots leg. i/i t. Alb.
ont evidemment clr omis par les copistes.
(5) Le'25 juin
172 CHRONICON
rediens, Niordum castrum [in Pictavia] adiit et ob-
sedit. Savaricus vero de Malo Leone [miles] , qui intus
erat ad defendendum castrum, videns regis fortitu-
dinem, castrum reddit ut liceat sibi recedere salvis suis.
Quo ita reddito, rex inde progreditur ad Sanctum
JohannemAngeliacum; ubi oppidani sibi timentesregi
occurrunt pacifice, fidelitatemque ei facientes eum
honoritice susceperunt.
Rex inde tendens ad Rochellam obsidet eam; ma-
chinae eriguntur et per novem dies muros destruunt
iiicessanter. Sed Savaricus de Malo Leone intus cum
trecentis fere miiitibus, burgenses villae et servientes
quam plurimi se virililer defendunt et regem et suos
impugnant multociens. Demum considerantibus illls
qui intus erant se non habituros ab aliqua parte suc-
cursum , reddunt villam regi , facientes [ei omnes]
fidelitatem, praeter Savaricum, qui cum Anglicis per
mare recessit (i). Tunc Lemovicenses et Petragori-
censes et omnes Aquitaniae principes, exceptis Gasco-
nibus qui ultra Garonnam iluvium erant, fidelitatem
regi promiserunt; et slc in Franciam est reversus.
Infra oclabas Assumptionis beatse Mariae (2), apud
Montem Pessulanum, auctoritate apostolicaconclllum
celebratur. Nam Honorlus papa Narbonensi archi-
episcopo dederat In mandatis (3) quod ibi modum
pacis quam Remundus comes Tiiolosanus et alli Albi-
genses sanctae raatri Eccleslae olFerebaMt audiret, et
quod inde faceret remandaret, Qui convocatls totius
(i) Voy. sur le siege et sur la prise dc I.a Rochelle , Nicol. de Bray,
Hisl. dc Fr., t. XVTI, p. 3-?4 et suiv.
(2) Le 21 aout.
(5) Voy. la lettrc «VHonorius linl. dc Fr , t. XIX, p. yoS.
GUILLELMI DE NANGL^VCO. 173
provinciae [illius] episcopis et abbatibus atque clericis
universis, a comite Tholosano aliisque baronibus jura-
menta recepit ( i ) , quod terram securam et obedientem
Romana? ecclesiae redderent, et clericis redditus res-
taurarent, ac de haereticis confessis vel convictis justi-
tiam facerent indilatam, et pro posse suo per uni-
versam provinciarapravitatem h,'f?reticam extirparent.
Savaricus de Malo Leone, qui cum Anglis de Ro-
chella transfretaverat (2) , percipiens quod ipsum la-
tenter capere vellent de eo diffidentes, [salubri accepto
concilio] , reversus iii Franciam regi Ludovico se sub-
misit et ei homagium suum fecit.
MCCXXV.
Tempore Paschali, quidam homo (5) venit in Flan-
driam sub habitu peregrino, qui se dicebat esse Bal-
duinum, quondam imperatorem Constantinopolita-
num, et de Graecorum carcere quasi per miraculum
liberatum. Quem videntes quaraplurimi de Flandria
nobiles, favent ei propter aliqua intersigna quse eis di-
cebat, et dicla multa atque gesta coraitis Balduini. Sed
comilissa Flandrise [Johanna] , videns quod [per eum]
amitteret comitatum , regera Franciae adiit [Ludovi-
cum] , ipsum deprecans ut suum sibi quem amittebat
restitueret coraitatura. Quo audito, rex illum apud
Peronam convocavit, et quis eum railitem novura fe-
cerat, aut ubi patri suo regi Philippo homagiura fe-
(i ) Le serment est textuellement rapporte dans la P'ie de Louis VIII,
ib., t. XVII, p. 006.
(2) Edit. et Mss., qui cum AjigUcis in Angliam transfr.
(5) II se nommait Berlrand de Reims. Voy. .Te\n d'Iprks, Clir S,
Bertini . dans lc Thes. ancccL, t. 111, col. ''o5.
174 CHRONICON
cerat requisivit. Sed super hoc petens inducias, cuni
respondere nollet, de regno Francise infra triduum
jussus est egredi. Ipse vero apud Valentianas rediens a
suis deseritur, et tandem sub specie mercatoris per
Burgundiam fugiens, a quodain milite captus, comi-
tissae [Flandriae] redditur; quem sui diversis poenis
afficientes ad ultimum patihulo suspenderunt.
In festo apostolorum Petri et Pauli (i), Romanus
Sancti Angeli diaconus cardinalis, legationis officio
fungens in Francia, per Turonensem urbem transiens,
usque Qninonem regi Franciae occurrit; ubi rex cum
Hemerico vicecomite Thoarcii treugas usque ad festum
beatae Mariae Magdalense prolongavit; statimque re-
vertens in Franciam cum legato,Parisiusparlamentum
convocavit (2). Ad quod veniens vicecomes Thoarcii
coram legato et multis baronibus homagium suumregi
fecit, [et quidquid erga ipsum deliquerat emendavitj.
Circa Purificationem beatae Mariae (5), Ludovicus rex
Francorum et magnates quamplurimi, archiepiscopi
et episcopi , [et multi alii de regno Franciae] Parisius
adunati , contra Albigenses haereticos crucis signum
per manum Romani cardinalis assumpserunt.
(i) Leagjuin.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, Ciim rex Francia; Ludovicus npud Qui-
nonem exercitum congregasset, vicecomitem Thoarcii debellaturus ,
advenit ibidem ad ipsum Romanus..., Ob cujus amorem.... rex vice-
comiti treugas usque.. . . concessit et ad parlamentum proceres suos
convocavit. Le passage du legat dans la ville de Tours n'est indique
que par le Ms. 10298-6. — Le traite de d'Aimeri vicomte de Thouars
avec Louis VIII est rapporte dans la vie de ce prince, Hist. de Fr.,
t. XVII, p. 004.
(5) Le 2 fdvrier 1226; cctte meme date est donnee par l'auteur de la
Vie dr.Louis FIII , Ilist. dc Fr., t. XVH, p. 309.
GUILLELMI DE NANGIACO. 175
MCCXXVI.
Ludovlcus rex Franciae et omnes cruce signati circa
Ascensionem Domini (i) iter arripientes contra Albi-
genses heereticos, apud Avignionem urbem in vigilia
sancti Barnabae apostoli (2) pervenerunt. Erat aulem
illa civitas a septennio excommunicationi subjecta
propter haereticam pravitatem. Quam rex et barones
statim obsidentes, multa ibidem passi sunt; sed tan-
dem usque ad festum Assumptionis beatae Mariae (3)
eam viriliter impugnantes, illam sibl subjugarunt et
ibidem quemdam monachum Cluniacensem in epi-
scopum fecerunt per legatum consecrari (4). Decessit
ibidem [in castris] Guido comes Sancti Pauli, lapide
[petrarise] percussus; et comes Campaniae [Theobal-
dus] rediit ad propria sine licentia regis et leggti. Rex
ergo, [muris civitatis destructis et centum domibus
turralibus quee intus erant ad solum coaequatis], inde
amoto exercitu, progreditur per provinciam, et red-
duntur ei pacifice civitates et castra ac omnes for-
teritiae usque ad leucas quatuor a Tholosa. Rex vero
postea revertens in Franciam, Imbertum de Bello-
Joco [militem] toti illi praeficit regioni. Rege igitur
repatriante moriuntur archiepiscopus Remensis Guil-
lermus, et comes Namurcii, [regis Franciae consan-
guineus] fraterque Henrici Constantinopolitani im-
(i) Vers le 28 niai.
(2) Le 10 juia. — Pour le siege d'AvigQon voy. le poeme de Nicol.
DK Bray, Hist. deFr., t. XVII, p. 555 et suiv.
(5) Au i5 aoiit.
(4) Edit. et Mss. 49'7"^o, episcopum statuerunt. 11 n'y est pa.*;
question dn sacre de reveque par les niains du legat.
176 CHRONICON
peratoris. Rex etiam Ludovicus (i) apud Montpaiicier
in Arvernia existens, [lecto decidens], in oclavis Om-
nium Sanctorum est defunctus, et in ecclesia sancti
Dionysii in Francia [juxta patrem] honorifice tumu-
latus; cui successit Ludovicus, filius ejus primogeni-
tus , qui , per industriam et sapientiam venerabilis
matris ejus Blanchae reginae, infra mensem post patris
obitum, scilicet prima dominica AdventusDomini(2),
Remis, per manum episcopi Suessionis, vacante sede
Remensi , coronatus fuit, aRtatis suae anno quarto
decimo non completo.
Ferrandus, comes Fiandriae , qui per duodecim
annos Parisius in carcere regis Franciae detentus fue-
rat, multa redemptus pecunia liberatur.
Honorius papa moritur quinto decimo kalendas
aprilis (3), cui successit Gregorius nonus.
MCCXXVII.
Johannes , rex [quondam] Jerusalem , recedens de
Francia cum uxore sua domina Berengaria, venit in
(ij Ici l'auteur du Ms. 4919 a cru devoir interrompre la narration,
pour commencer avec une certaine solennite l'liistoire de saint Louis.
Voici le texte de ce Ms. : Incipit chronica cle ieinpore regis Francice
Ludovici. Eodem anno, rege Francice Ludovico apud MoiUpotier in
Auvcrnia mense novemhri defuncto , et in ecclesia sancti Dionysii in
Francia honorijice iumulato , sanctce indolis ejus Jilius Ludovicus
successit in regno ; qui ciiam matris suce.... indusiria pariler ac pru-
dentia providente , etc.
(i) Le 29 novembre.
(5) Le 18 mars 1227 (n. st.). Cette date ne se trouve que dans le
Ms. 10298-6. Elle differe beaucoup dc la date donnee par Bernard
Guidonis qui annonce ainsi la mort d'Honorius : Anno Domini mccwvi,
1111° Kl. martii Honorius papatcrtius moritur. Bibl. roy., Ms.lat.497t),
fol. 90 v". Les auteurs de VArt de verif. les dates ont suivi la date
donnee par notre Ms.
I
GUILLELMI DE NANGTACO. 177
Lombartllam et moratus est per allquantum lempus
apud Bononiam. Quocl audiens papa Gregorius eidem
totamterram Romanaeecclesise tradidlt conservandam.
Ludovicus rex Franciae, consilio matris suae do-
minae Blancliae reginae, episcopos et milites piurimos
misit in terra Albigensium. Qui venientes ad partes
Tiiolosanas, Tlioiosam urbem et totum comitatum in
deditionem receperunt.
Hugo comes Marcliiae, TIieol>aIdus comes Campa-
niae, necnon Petrus comes Britanniae, conspirantes
contra dominum suum regem Franciae Ludovicum ,
foedus ad invicem inierunt. Quo rex cognito contra
iilos, de consilio matris suae, exercitum incredibilis
multitudinis coiiigens, usque ad cliarreriam de Cur-
tio (i) properavit. Quod videns ac timens sibi comes
Campaniae , a proposito maiigno resipuit, et regi
Franciae adliaerens, a comitum Marchiae et Britanniae
consortio ceieriter resiiivit. Quem rex benigne susci-
piens, aiios duos comites regaii edicto semel et bis ad
suum colloquium convocatos, sed venire contem-
nentes, ne aiiquid contra jura videretur agere, tertio
suo pariamento mandavit interesse. Tunc iiii stuitam
sui superbiam et regis clementiam perpendentes, apud
Vindocinum regi occurrentes, ei quidquid forisfece-
rant emendaverunt.
MCCXXVIII.
Quidam barones Franciae dolentes quod comes Cam-
paniae, contra comitum Marciiiae et Britanniae voluu-
(i) Edit. et Mss. 4917-20, usquc ad quavreriam de Curcejo.
MM. les editeurs des Hist. de Fr. ont conjecturc qu'il s'agissait ici de
Curcay, arrondissenient de Loudun (Vienne).
I. 12
178 CHIVONICON
tatem ac ffx^this quod cuiii ipsis iiiierat, regi Frauciie
Lndovico adli8esisset,et eorum nefanda consilia denu-
dasset, infinitumexercitumcol!igentes,terramcomitis
Campaniae per deversus Alemanniam hostiliter intra-
verunt, villas et castelha atque municipia igne confla-
grantes. Quod agnoscens comes Campaniae, dum Bar-
rum super Secanam obsedissent, ad regem Franciae
Ludovicum dominum suum tempestive misit, rogans
ut seipsum et terram suatn contra eos defendere
dignaretur. Rex igitur, comiti corapatiens, mandavit
praedictis baronibus, per suas patentes littoras, quate-
nus obsidionem desererent et ne nltra aliqno modo
comitem Campaniae prsesumerent infestare (i). Sed
ilii regis mandata dum contemnerent, rex, collecta
multitudine armatorura, adversuseos celeriter prope-
ravit; cujus adventum barcnes agnoscentes, et ipsum
minime expectantes (2), a scde quantocius recesserunt,
et ita rex homiaem suum ab ilHs defendens Parisius
rcmeavit.
Gregorins papa monuit Fredericum imperatorem
Romanum, qui a longo tempore crucesignatus fue-
rat, qualinus votum suum adimplendo in Terram Sanc-
tam transfretaret. Quod ille se facerepromittens, diem
ccrtum qno id faceret Papae [et curiae] slgnificavit.
Unde Papa omnibus crucesignatis diem iilum signifi-
cans, mandavlt cis quod parati apud Brundusium,
ubi imperator ex condicto mare debebat intrare, ce-
leriter convenirent. [fntcrim autciii imperator adver-
(1) f^es Mss. 4917-'-'!*"' et les cdil. precerlentes ne font aucune mcntion
'lu incssage du conile de Clianipaqnc a saint Louis, ni dcs lettres
palentes du nionarque.
(■i) Les niots cf ip.s-. ini/i. cxjk ne sont donncs que j^ar le Ms. io^jqS-G.
GUILLELMI DE NANGIACO. 179
santes sibi quosdam in regno Siciliae perdomans , ct
Sarracenos per diversa loca regni Slcilise habitantes
in unum locum Appuliae congregans, civitatem unam
ex ipsis quae Luceria (i) Sarracenorum appellatur
sibi tributariam effecit.j
Petrus Britanniae comes, fretus auxilio et consilio
[quorumdam] baronum Francia?, adversusregem Fran-
ciae Ludovicum insurgens, fecit Henricum regem An-
gliae cum maxima multitudine Anglicorum transfre-
tare. Quod audiens Ludovicus rex, coUectaraultitudine
armatorum, usque ad Belesmum castrum, quod coraes
Britanniee in custodia a rege Ludovico defuncto accepe-
rat, sed reddere nolebat, properavit et ol^sedit. Cumque
ictibus tormentorum ita concussura esset ut in aliqua
parte sui ruinam minaretur, obsessi pavitantes se regi
Franciae reddiderunt; et tunc rex Angliae, sibi timens,
cum pudore et ignominia in Angliam remeavit, et
rex Franciae Farisius se retraxit.
Eo tempore quo Ludovicus (2) rex Francias Beles-
mura castrura expugnavit , Johannes de Vineis mlles
strenuissimus, colligens exercitum in Normannia, et
ducens Haie dictae Paenel , eara infra paucos dies
regi Franciae potenter subjugavit.
Obiit uxor Frederici imperatoris , fdia Johannis
[quondam] regis Jerusalem, relicto unico filio suo
Corrardo nomine [dicti regni Jerusalera herede] (3).
(i) Mss. ^giy? 4918 et 49^0, Luteria; les deux preniieres editions
portent Nuceria.
{0.) Le Ms. 10298-6 est le seul qui , durant toute la vie de Louis IX,
ne donne point a ce prince le titre de saint.
(5) On lit encore dans lesMss. 4917-20 et dans les edit. precedentes
la phrase s.uivante : Defuncta Johanna cnmitissa Flandritx , comitatus
180 CHRONICON
MCCXXIX.
Comes Britannlae [Petrus], clolens quod Belesmum
castrum perdiderat, adjecit iterura regis Franciae Ludo-
vici terram infestare. Quod rex aegre ferens, iterum
exercitu congregato, contra eum usque ad castrum
Adon (i) festinavit, quod et obsidens expugnavit.
[Deinde ad aliud, quod Chantoceaux (2) nominatur,
se transferens, ipsum per deditionem] accepit. Et sic,
Petro Britanniae comite humiliato, tranquilla pace
per quatuor annos et eo amplius Ludovicus Fran-
ciae rex regnum gubernavit.
Rex Arragonum (5) cepit [super Sarracenos] insu-
lam Majoricarum etNiceenEe, atque Valentiam civita-
tem, ubi Vincentius martyrisatusfuit, et indeexpulsis
Sarracenis, Christiano nomini dedicavit.
Sancta Elizabeth, filia regis Hungariae, conjux lan-
degravii Thuringiae ducis, et beatus Antonius de or-
dine fratrum Minorum [sanctitate] claruerunt.
Multitudo magna peregrinorum crucesignatorum,
de mandato domini papse [Gregorii] apud Brundu-
siura congregata, ut cum Frederico imperatore Romano
in Terram Sanctara transfretarent, dum mare cum im-
peralore intrant , imperator furtive ab eis per galeas
recedens, Brundusium estreversus. Ipsi vero peregrini,
FlandricB el Hanonice sorori suce Marg^aretcv , iixori Buchardi dornini
de Avcnis , obveneruni. Mais cette phraseest cvideniment une mala-
droite interpolation. Jeanne, loin d'etre morte cn 1228, survccut au
comte Ferrand son mari, qui fmit ses jours en i'i33. Quatre anuees
apres , la comtesse Jeauue se rcmaria avcc Thomas de Savoic et vecut
encorc jusqu'a la fin de r>-44-
(1) Tous l(\s Mss. portcnt yldoii , loutcs les edit., Adou.
[1) Mss. 49'77 49' 8 et ^Q'^»» Chastiauciaus; 4919) Chaciauciaus.
(5) D. Jayme ou Jaorjues I", dit lc Couqucrant.
GUILLELMI DE NANGIACO. 181
prospeio vento navigantes, apnd Accon appiicuerunt.
Quo audito Romanus pontifex Gregorius nonus im-
peralorem excomraunicavit, et per totam Christiani-
tatem denuntiari excommunicatum praecepit. Eo
tempore quo pcregrini apud Accon applicuerunt,
Corradinus (i) soldanus Damasci defunctus fiiit,
relictis duobiis filiis sub tutore ; et tunc trebse Chris-
tianitati datse fuerunt.
MCCXXX.
Ludovicus rex Franciae fundavit abbatiara Regalis
Montis [ordinis Cisterciensis] , in episcopatu Belva-
censi , prope Bellum Montem super Isaram (■?,).
Fredericiis imperator Romnnus raisit nuntios ad
soldanum Babyloniae, et contraxit cum eo, ut dici-
tur (5), amicitias Christiaiiitali suspectas.
Parisius inter scholares et burgenses magna dis-
sensio est exorta ; nam burgenses quosdam de clericis
occiderant, et ideo clerici Parisius recedentes, pei'
diversas raundi provincias dispersi sunt. Videns autem
Ludovicus rex quod studium litterarum et philoso-
(i) Melek-al-Moadham-Scharferdin, deuxieme fils de Seiifeddin
frere de Saladin. 11 etait mort des l'au liay.
(•2) Dans sa Fie de saint Louis , Guillaiime de Nangis dit que le lieu
dont il s'agit ici portait d'abord le nom de Cuimont, ct que l'abbayc
prit le noni de Royaumont a cause de son fondateur.
(3) Ces deux mots, qui laisseraient planer un certain doute sur le fait
raconte par le chroniqueur, ne se trouvent que dans le Ms. 10298-6;
ils seraient mieux places apres amicitias, car le fait du traite est cer-
tain ; mais on pouvait l'apprecier diversement. Melek-el-Karael,
sultan d'Egypte, abandonna aux chretiens Bethleem , Nazareth , Sidon
et Jerusalem, ii lexception du Templc. Cette clause et l'excommuni-
cation qui pesait sur Frederic empecherent les Templieis et les Ilospi-
taliers de prendrc part au traitc, « car ccle pes lint l'en a fause et a mau-
'( vaise. » Bers. le Tres., p. ^'ii.
182 CHRONICON
phiae, per qiiod ihesauriis scienlise qui cuuctis aliis
praeeminet et prsevalet acquiritur, recessisset Parisius,
(quod primo venerat ab Athenis Romam, et a Roma
cum militiae titulo (i), secjuendo Dionysium Areopa-
gitam (2), in GalIiam)graviterdoIere coepit. Metuens-
que rex piissimus ne tantus et talis thesaurus a regno
suo elongaretur, eo quod dwiiicc salatis sapientia et
scientia (5), et ne ipsi aliquando a Domino diceretur :
Quiarepulisti scientiam , repellam te (4); supradictos
clericos raandans Parisius redire, redeuntes clemen-
tissime recepit, et ab ipsis burgensibus quidquid antea
clericis forisfeceranl fecit ipsis celeriter emendari.
[Enimvero si lam pretiosissimus thesaurus sapientiae
salutaris a regno Franciee tolleretur, maneret utique
liliatum signum regum Franciae mirabiliter deforma-
tum. Nam ex quo Deus et Dominus noster Jesus-
Christus fide, sapientia et militia specialius quam
caetera regna voluit regnum Francise illustrare, con-
sueverunl reges ipsi Franciae in suis armis et vexillis
florem lilii depictum trino folio comportare, quasi di-
cerent toti mundo : fides, sapientia etmilitiae probitas
abundantius quam regnis cseteris sunt regno nostro
Dei providentia et gratia servientes. Duo enim paria
folia sapientiam et militiam significant, quae fidem tri-
num folium significantem , ct altius in medio duorum
positam , custodiunt et defendunt; nam fides gu-
(i) Edit. et Mss. ^Qiy-^^o, cwn milit. titul. per Caroliim magnum ,
sequeiido, etc. Cet anachronisnif ne se trouve point daos le texte ori-
ginal.
(2) Qui ibidem primus apud Parisius , cum esset Grcecus , Jidem
calholicam seminavit. Addition founiic par les memes Mss.
(3) Isaice , xxxiii, 6.
(4) Oscce, IV, 6.
GUILLELMI 1)E MANGIACO. 183
beruatur et regitur sapientia , atque militia deiensatur.
Quamdiu enim praedicta tria fuerintin regno Franci^e
pacifice, fortiter et ordinatim sibi invicem cohaerentia,
stabit regnuni.; si autem de codem separata fuerint
vel avulsa, omne regnum in seipsum divisum desola-
bitur atque cadet.]
MCCXXXI.
Nunciis Frederici Romani imperatoris de transma-
rinis partibus a soldano Babylonise reversis, ipse im-
perator qui erat excommunicatus, parvipendens do-
mini Papae excommunicationem sive absolutionem (i)
et Papainsclo, iter Jerosolymitanum arripuit. Qui per
mare navigans, cum applicuisset in Cypro, terram
cepit et illuc moratus est donec senescallus ejus, quem
tunc cum magna multitudine armatorum misit in
Accon, voluntatem soldani Babyloniae sibi nuntiaret.
Consibo regis Franciee Ludovici et religiosorum vi-
rorum , ecclesia sancti Dionysii in Francia renovatur
sub abbate Odone Clemenlis; quod antea monachi
facere non audebant, propter dedicationis mysterium
quod eadem ecclesia noscitma Domino suscepisse.
MCCXXXII.
Mense augusti (2) obiit Simon Bituricensis archi-
episcopus, cui successit Phiiippus AureHanensis prius
episcopus.
Senescallus Frederici imperatoris in Accon missus,
multa damna peregrinis inlubt Christianis , et multo-
(i) Edit. et Mss. 4917-195 -^'«6 absolutiune et P, i. — Fredcric
s'etait deja rembarque en 1228 et avait debart|uu au port d'Acrc au
.Miois de sejjtembrc dc cclte annee.
(•i)*Dalc nmisc danslcs Mss 4917-v.o ct dans lcs prccedcntcs cdit.
184 CHRONICON
tles latenter exiens de Accon, consilium habuit cum
soldano Babyloniae et Sarracenis. Quorum voluntate
comperta , mandavit dominum sum imperatorem Fre-
dericum. Qui statim de Cypro appulsus in Accon, si-
gnificavit domino papae Gregorio quod ipsc erat in
Terra Sancta ultra mare, petens excommunicationis
sibi vinculum relaxari. Sed Papa sciens ipsum detesta-
bili amicitia conjunctum fuisse Sarracenis, et compo-
sitionemChristianitatidamnosam iniisse cum Soldano,
non acquievit; imo Hospitalariis et Templarils ne
eidem adhaererent, aut sibl consilium vel auxilium
ferrent dedit dislricte In mandatls. Quod agnoscens
imperator, prius tamen, ut fertur, in Jerusalem co-
ronatus (i), et ad custodiam templi Domini Sarracenis
dimissis , ac cum Soldano usque ad decem annos
Christlanltati trebis imploratis, reversus est cum in-
dignatlone magna In Appuliam; ubi terram domini
Papae et terras acredditus Templi et Hospitalls, quae
erant per totum imperium suum, lyrannice invasit , et
Papee atque cardinalibus et toti clero damna quara-
plurlma irrogavit.
Ciavus sanctlssimus Domlni, unus de illis ex qulbus
corpus Dominlcum cruci afiixura dicitur extitisse, qui
a tempore Karoll Calvi, regis Fraociee et imperatoris
Romani, in ecclesia sancti Dionysli in Francia dono
ipsius permanebat, cecidit de vase suo dum daretur
gcntibus ad osculandum, et sic perditus fuit inter
multitudlnem osculantium tertio kalendas martii (2) :
(1) L'empercur se courotiiia lui-meme dans Teglise du Saint-S«i-
pulcie a la mi-careme de l'an 1229. Jkr.N. le Tres., p ^"ii.
(a) Le ayfcvricr i255 (n. st.).
GUILLELMI DE NANGIACO. 185
Sed prima dle aprilis sequentis , multis prodentibus
miraculis, inventus, ad praedictam ecclesiam, cum
gaudio et magna exullatione, in die sancto Parasce-
ves (i) est allatus.
MCCXXXIII.
Apud Belvacum facta est dissensio inter burgenses,
minoribus insurgentibus contra majores , unde plu-
res ex majoribus occisi sunt, plurimi vero de mi-
noribuscapti etper diversa regni Franciee loca carceri
mancipati sunt. Et quia Ludovicus rex, tanquam su-
perior, manum ultricem apposuerat, Milo, ejusdem
civitatis episcopus [et comes] , episcopatum suppo-
suit interdicto. Sed dum Romam pro liac re contra
regem (2) proficisceretur, in itinere obiit. Cujus suc-
cessor Gaufridus eidem causse insistens , dies paucos et
afflictione plenos in episcopatu peregit. Cui succedens
Robertus, pacera cum rege composuit, et sic ab inter-
dicto dioecesim absolvit .
Philippus (3) comes Boloniae, filius Philippi regis
Franciee, obiit, et sepultus est in ecclesia sancti Dio-
nysii in Francia.
Fratres Prsedicatores etMinores, jussu domini Papa^
per Franciani pi^aedicantes , plures barones et milites
ac plebanos, clericos et laicos cruce signantes, in
Terrae Sanctae subsidium transraittere paraverunt. Sed
tamen, annuente Gregorio papa, per annos quatuor
aut quinque passagium distulerunt.
(i) Le vendredi saint i" avril i255 (n. st.).
(■2) Les mots contra vc^em ne sont qne dans le Ms. 10298-6.
(5) Philippe Hurepel, fils de Philippe-Auguste et d'Agnes ou i\Ia-
rie de Meranie. Les hisloriens ne s'accordent pas sur les causcs des»
mort ; mais ils la placent gcneralemcnt a raunce ri54.
180 CHRONICON
MCCXXXIV.
Theobaltlus comes Campaniae, defuncto rege Na-
varrae ejus avunculo (i), rex Navarrae efficltur. Lu-
dovicus rex Franciae accepit uxorem Margaretam ,
filiam comitis Proyinciee (2), quee coronata fuit Se-
nonis, per manum Galteri Senonensis archiepiscopi ,
circa dominicam Ascensionem (5).
Apud Constantinopolim (4) defuncto Roberto
imperatore, cum Balduinus, puer parvulus, filius
Pctri imperatoris ex Yole imperatrice [in tanto re-
rum discrimine] gubernare imperium non sufficeret,
milites francigenee et latini, consilio et assensu domini
Papae , Johannem de Bregna, regem Jerusalem (5),
imperatorem ad vitam consecrari procuraverunt;
dantes Martam (6) filiam ejus in uxorem Balduino
legitimo ten ae heredi. [Qui , apud Constantinopolim
cum honore susceptus , inimicos imperii quantumpo-
(i) Edit. et Mss. 4917-20, Defuncto rege Navarrorum , Theobaldus
com. C, cjus nepos ex sorore.
(2) Le comte de Provence etait Raimoiid-Beranger IV. II avait
epouse Beatrix, fille de Tliomas comte de Savoie, au niois de de-
cembre 1220. Marguerite sa fiUe ainec n'avait pas encore quatorzc
ans qnand elle devint reine France.
(5) Le 28 mai.
(4) Voici comment commence cet alinea dans les precedentes
edit. : Cum Roberlus Graicoruni imperator totum id amisisset quod
pntruus suus Hetiricus imp. quondam acquisierat, prceter uvbern
Constantinopolim , ct circumjacentcm urbi proi>inciam, multis a suis
nfflictus injuriis inndcm dcfunctus est absquc prole. Et quia Bnldui-
nusfrater cjus quindecim annis cxislcnf non valebat, etc. lci encore,
comme plus haut, p. i65, reFnporcur Robert est nomme Ifenri (hms
notre Ms. ct dans tous lcs autres.
(5) Edit. et Mss. 4917-20, Johnnnciu quondam regem Jer.
(6) Edit., Mnrinm ; Mss. 49171 Mnlnm . 4918, 4920, Mnrcnni; ^QXQ,
Mnrtnin.
GUILLELMI DE NAr^GIACO. 187
tuitdebellavit, et Baldiiinum geneium suum fideliter
conservans, fecit eum ad imperii dignitatem sub se
cum uxore ad ultimum coronari.]
Obiit Garnerus ( i ) Carnotensis episcopus et sepultus
estapud Prulliacum; cui successit Albericus Cornuti.
MCCXXXV.
Facta est fames valde magna in Francia , maxime in
Aquitania, ita ut homines herbas campestres sicut
animalia comederent. Valebat enim sextarius bladi
centum solidos in Pictavia; ibidem vero multi fame
perierunt et sacro igne accendebantur.
Johannes de Bregna, quondam rex Jerosolymitanus,
Constantinopolis imperator creatus, misit Balduinum
generum suum (2) in Franciam auxilium petiturum ,
et ut comitatum [sive niarchionatum]Namurcii [atque
castellaniam Curtineti], quEe sibi obvenire debebat ex
decessu comitis Namurcii fratris sui defuncti, recipe-
ret, ope et consilio [sui consanguinei] regis Franciae
Ludovici. [Misit etiam cum eodem tres filios suos,
Alphonsum, Joannem, et Ludovicum setatis parvulos,
(i) Cet alinea manque dans les premiere etlroisieme edit. de Nangis
ainsi que dans les Mss. 4917-20 et 10298-6.
(2) Ce fait, dans les editions precedenles, est raconte avec plus dc
details, mais rapporte a rannee i244- Voici letexte imprime : Vnsta-
chio et Azano duohus majoribus Grceci(V baronibus , qui discordes
fuerant, adinvicem reconciliatis, adversus Johannem Constant. imper.
crevit potentia inimicorum ; propter quod iniperator ipse Johannes ,
habito cuni suis consilio , Bnlduinum ^enerum suum , etc. Laliguede
Yatace empereur de Nicee avec Asan II roi desBulgares, et le preniier
voyage du jeune Baudouin en France eurent lieu en 1206. Jean do
Brienne mourut 1'annee suivante. Nous avons donc cru devoir con-
server rordreetabli dans le Ms. 10298-6, rn completant, suivanr uotrc
melhode, le texte de cc Ms. au moyen des additions quc lcs aulros
lecons nous nnt fournics.
188 CHRONICON
1 egem Franciae deprecans Ludovlcum , et piam ejus
matrem Blancham reginam, cujus erant pronepotes,
ut eos in clientes habere et recipere dignarentur; quos
sanctus rex Ludovicus honorifice postmodum et gra-
tanter suscipiens care dilexit, et eos plurimum exal-
tavit.]
MCCXXXVI.
Vetulus de Montanis rex Harsacidarum (i) misit
in Franciam nuntios Haisacidas, praecipiens ut occi-
derent regem Franciae Ludovicum. Sed dum abirent,
Deus cor ejus immutavit, eique cogitationes pacis et
non occisionis immisit. Unde post primos quantocius
alios nuntios misit, mandans regi Ludovico ut se a
prirais custodiret; propter quod rex ex tunc corpus
suum diligentius fecit custodiri per homines clavas
cupreas assidue portantes (2). Primos iterum nuntios
alii sollicite quaesierunt, et inventos ad regem Ludo-
vicum adduxerunt. Quibus visis rex gaudens utrosque
muneribus honoravit, et regi ipsorum, in signum
pacis et amicitise, xenia et dona quampluriraa pretiosa
delegavit. [Habitabat autem iste rex pessimus et ma-
livokis in confinio Antiochiae et Damasci, in caslris
munitissimis super montes. Hic multnm eratreveritus
a Christianis et Sarracenis principibus propinquis et
remotis, propter hoc quod multotiens eos per nuntios
suos indilFerenter occidere faciebat. Nam quosdam
pueros de terra sua praecipiebat in pahitiis educari, et
ibi addiscebant omnia idiomata, et docebantur domi-
(i) Voy. jilus haiit, p. 102, not. 5.
(2) Les mols per ho/ni/ics, ctc. nianqucnt clans lcs edit, precedcntcs
vA dans lcs Mss. ^iji-^-^o.
GUILLELMI DE NANGIACO. 189
luim siiiim super omiiia tiincie, eiqiie usque ad mor-
tem obedire, ut sic possent ad paradisi gaudia perve-
nire. Quisquis in olaedientia moriebatur, a gentilius
terrae Harsacidarum pro angelo colebatur; et sic regi
suo obedienles multos saepe principes occidebant^ de
morte sua minime metuentes.]
MCCXXXVII.
[Multi] barones [et alii de regno] Franciee, qui per
praedicationem fratrum Prsedicatorum et Minorum
crucesignati fuerant, iter Jerosolymitanum arripiunt,
habentes Theobaldum regem Navarrae comitemCam-
paniae principemexercitus. Cumqueessentultra mare,
Petrus comes Britanniae, comnumi neglecto consilio,
ivit ad depraedandam quamdam terram. Quod cum
sibi prospere cessisset, Amalricus comes Montisfortis,
Henricus comes de Barro et alii famosi milites, invidia
moti , sine communi consilio simile peragere tenta-
verunt. Cumque per totam noctem equitassent, et
maue in locis sabulosis prope Gazam devenissent, ab
illis de Gaza , qui adventum eorum per exploratores
prassenserant, cum essent nimio labore itineris fati-
gati , capti et interfecti fere omnes fuerunt. Ibidem
comes de Barro mortuus, vel captus, nusquam postea
repertus est (i).
MCCXXXVIIL
Ludovicus rex Franciae dominum Robertum fra-
(i) Matbieu Paris, racoiitant que Henri III, roi d'Angleterre ,
donna le conite de Leycestre a Simou de Montfort, frere puine
d'Amauri, le 2 fevrier laSg, ajoute qu'il fit d'abord venir Amauri et
le fit renoncer a toute pretention sur ce comte; Amauri ne partil ea
efTetpourla Terre-Sainto qii'au mois d'aoul de Tan ia5g.
190 CHRONTCON
trem suiim majorem iiatn post ipsum (r) apud Com-
pendium fecit novum militem; quem paulo ante filiae
ducis Brabantiae , Mathildi nomine, legitimo fecerat
matrimonio copulari ; et tunc eidem fratri suo civi-
tatem x\ttrebatensem cum tota terra Artesiensi (2)
jure hereditario concessit in perpetuum possidendam.
Fredericus Romanus imperator mandavit Ludovico
regi Franciae ut usque ad Vallem Coloris veniret
cum ipso colloquium habiturus. Sed audiens postea
quod rex Francise duo millia miiitum bellatorum (3),
cum innumerabilipeditum et servientiummultitudine,
in siio vellet ducere comitatu , mandavit iterum regi
quod nec ad praefixam diem, nec ad locum quemno-
minaverat adveniret. Sperabat enim regem secum
paucos ducere milites; quod et toto animo affectabat,
eo quod, ut a pluribus dicebatur, quemadmodum
malitiosus et seductor, aliquid in regnum et regem
Francise machinari satagebat.
Johannes Constantinopolis imperator moritur, post
quem Balduinus imperat (4).
MCCXXXIX.
Ludovicus rex Franciae fecit sibi coronam spineam
sacratissimam, qua Christus filius Dei voluit in pas-
sione sua pro nostris enormitatibus coronari, de Con-
(i) Les deux mots post ipswn, indispensables pour le sens, manquent
dans les precedentes edit. etdans les Mss. 4917-20.
(2) Edit. et Mss. 4917-195 comitatum Attreb . cum pertinejitiis.
(5) Edit. et 3Iss., militum armatorum.
(4) Les auteurs de YArt de verif. les dates placent la niort de Jeaii
de Brienno au 9.5 mars lio^. Les precedcntes editions de Guillaurae de
Nangis et les Mss. consultes jusqu'ici nc mentionnent cet evenement
qu'a l'annee 1246.
GUILLELMI DE NANGL4C0. 191
stanlinopolitanls partibus Parisius asportari, et a 110-
more \icenarum rmilliario ab iirbe distante], quinta
feria post Assumpt ionem beatissimae virginis Mariae ( i ),
ipsam rex et fratres sui, cum maximo cleri piebisque
Iripudio , nudis pedibus incedeiites , primo usque ad
[majorem] ecclesiam sacratisslmae raatris Domini Pari-
sius (2) , et inde ad capellam quam dominus rex in sua
domo Parisius mirabili et sumptuoso operc coustrul
fecerat (5) , cum hymnis et canticis dulcisonis depor-
tarunl. Non multo posfc, audiens idem rex devotissi-
mus quod Johannes de Bregna, Constantinopobtanus
imperator, [multum a suis depressus adversariis, de-
ficiente pecunia] , quandam summara pecuniae [a Ve-
netis] mutuo sumpserat, et posuerat loco pii^noris
vexilla Dominlcae passionls, scilicet maxiraam partem
sanctag Crucis, et ferrum lanceae qua latus Dominlcum
perforatum fuit, et sponglam cum qua aceto potatus
est (4); lantas reliquias suis redemptas opibus fecit
consimili devotioneParisius in dlcta capella deportnri,
et honorifice in cassa aurea (5) cotiocari.
Simon de Montefortl, [miles quidam de Gallla
(i) Jeudi apres rAssomption, c'est-a-dire le 18 aoiit.
(2) Notre-Danie.
(5) La Sainte-Chapelle.
(4) On lit dans les autres 3Iss. et dans les edit. precedentes, pet-
missu et doiio ipsiiis imperatoris et cjus gencri Balduini , ce qui im-
pliquerait rexistence a cette epoque de Jean de Brienne. I\Iais ces mots
sont une interpolation evidente. Dans la P^ic de saint Louis , ecrite en
latin par Guillaume de JNangis, il n'est question du consentenient ni
de Jean de Brienne ni de son gendre. Dans la traduction francaise dti
meme ouvrage ii n'est parle que de 1'empereur Baudouin.
(5) Les mots in cassa aurca (dans une cliasse d'or) manquent daus
les edit. et dans les Mss. 4917-20.
192 CHRONICON
strenuissimus] , filius Simonls comitis Montisfortis
apuclTliolosam ictu lapidispetrarioe defuncti,[infensus
reginae Franciae matri regis piissimi Ludovici] , trans-
fretavit in Angliam. Quem rex Henricus honorabiliter
recipienSjdedit ei inconjugem [sororem suam] unicam
cum comitatu Leycestriae.
Richardus comes [Cornubiae] , frater regis Anglise
Henrici, cum magno exercitu in subsidium Terrae
Sanctae superveniens, multum invenit turbatumFran-
corum exercitum. Qui Terrae Sanctae valde compa-
tiens, fecit communes treugas inter Sarracenos et
Christianos iniri (i), et captivos quos tenebant procu-
ravit fideliter liberari.
Amalricus comes Monlisfortis , de carcere Sarra-
cenorum liberatus , in reditu suo dum Romam venis-
set, ibidem defunctus est, et in basilica sancli Pelri
venerabiliter sepelitur; cui in comitatu suo successit
Johannes jSlius ejus.
MCCXL.
Fredericus imperator Romanus, contra Romanam
ecclesiam acrius solito insurgens, Romipetis insidia-
tur; propter quod Jacobus Praeiiestinus episcopus, a
domino Papa causa subsidii latenter in Franciam mis-
sus, dum reverteretur peracto negotio, ab imperatore
capitur. Sed et dominus Otho cardinalis jam pridem
a domino Papa in Angliam missus, eodem tempore
rediens, ab imperatore detinetur. Etdum Papa propter
hoc apud Romam concilium episcoporum vocare niti-
tur, multi de regno Franciae et aliis terris iter aggressi
simililer capiuntur. Praelatis itaque captis et incarcc-
(i) Edit. et Mss. 4917-20, pnctis inili.s confinnari.
GUILLELMI DE NANGIACO. 193
ratis, multis tribulationibus undique pressus (i) 'viam
universee carnis ingressus est papa Gregorius, cui suc-
cessit Coelestinus quartus (2); sed solvens debitum hii-
manae conditionis, ecclesiam Dei sanctam ultra decem
et septem dies non valuit regere, idcirco quod morte
prohibitus est permanere. Post cujus obitum sedes Ro-
mana, orbata suo antistite, per viginti et duos menses
vacavit.
Apud Cremonam facta est tempestas maxima, ceci-
ditque lapis grandinis in monasterio sancti Gabrielis,
in quo eratcrux et imago Salvatoris expressa; desuper
litteris aureis scriptum : Jesus Nazarenus rex Jud^o-
RUM. Qui lapis, dum de aqua in aquam liquefieret,
raonachi illius ecclesiae de illa aqua inunxerunt oculos
cujusdam fratris caecutientis commonachi ipsorum ,
et statim clare vidit.
Ludovicus rex Franciae, videns ecclesiam Dei omni
humanoauxilio destitutam, compatiensquepraelatis re-
gni, diversis Frederici imperatoris Romani carceribus
mancipatis, mandavit eidem imperatori supplicando
quatinus prselatos regni sui liberaret. Sed primo non
acquiescens, [mandavit regi quod non miraretur si Cee-
sar in angusto eos tenebat qui ad Caesaris angustias trahe-
bantur (3). Quod audiens] , mandavit ei rex rursum
quod non traheret locum a potentia , quia regnum
Franciae non erat adeo debibtatuni ut se permitleret
ejus calcaribus perurgeri. Cujus mandatum imperator
(1) Edit. etMss. 4917-20, multis trib. iind, pressis, viam, etc.
(2) Les Mss. et les edit. portent Ccelest. tertius -, mais c'est une faute
evidente. On a vu pp. gg et log 1'avenement et la mort de Celestin III.
(3) Telle est la lecon que donnent tous les Mss. Les edit. portent
tenebant(ir.
1. i5
194 CHRONICON
intelli^ens, omnes, licet invitiis, llberavit, re^em
Frnnciae offendere pertimescens.
MCCXLI.
Ludovlcus rex Franclee Alphonsum fratrem suuni
apud Salmurum feclt novummllilem , et eldem, quem
paucls diebus ante transactis filiae comltls Tholosae
Johannee lege marltali fecerat solemnlter sociarl, con-
cesslt terram Alvernlae, Pictavlae et terras Alblgenslum
perpetuo possldendas. Praeceplt autem ibidem rex Hu-
gonl Marchiee comltl, ut homagium pro terra suaquam
habebat In Plctavia, slcut debebat, faceret fratrl suo
comlti Pictavensl; quod Ille vento superblee inflatus
renult se facturum. Unde rex iratus veheraenter, quia
paratus non erat ad eum debellandum , cum indlgna-
ilone maxima Parlslus remeavit.
MCCXLII.
Ludovlcus rex Franclae, non immemor superblae et
exosae preesumptlonls Hugonis coraltis Marchiae, cudi
raagna multltudlnearmatorum terram illius introlvlt,
et prlmo castrum qiiod Mosteriolum in Gastlnadlcitur,
et turrim Biriiglse (i) cum duobus castellls Gaufrldl de
Llsegnio (2) [Vovento (5) et Fontenalo fortisslmis],
qul In auxillum comitis Marchlae erat, cepit ac dirui
quaedam feclt. Deinde (4) Xanctonas adlens, [ibidem
(1) Le Ms. 4919 porte Burgics ; les Mss. 4917? 49'8 et 4920, Biru-
g/^, les iid\\ . , B irgia' ; Yie de saint Louis, Berugia' , en francais
Beruge.
(9.) Edit., de Lisigneio ; Mss. 4917? ^'' Liscgiuo ; 4918, 4920, dc
Liscgnio; Yie de saiut Louis, de Li.vengnio, en Irancais, dcLiscYgnj.
(5) Toulcs les (;dit. portent Nnvento, mais c'est Fovento qn'il faut
lirc conime dans la Fic dc sainl Louis.
(4) Edil. ct Mss. 4917-20, deinde occupnns ornnin usque ad
GUILLELMI DE NANGL\CO. 105
cum Henrico Anglicorum rege et Hugone comiteMar-
chiae praedicto, qui ipsum regem Henricum — cum
magna multitudine Anglicorum fecerat transfretare,
conflictum habuit ante urbem, et eos fortiter debel-
lans, multis captis et retentis], regemHenricum, cura
Richardo fratre suo (i), exinde turpiter fugere com-
pulit, et comitem Marchiee, cum uxore sua quae erat
mater regis Angliae et filiis, ac totum Marchiae co-
mitatum in deditionem accepit. [Rex autem Angliae ,
Garumnam transiens, apud Blaviam se recepit, et
civesXanctonenses in crastino fugam regis ct comitis
perpendentes , urbem regi Franciae reddiderunt. Ad
quem locum supplex veniens cum uxore et filiis comes
Marchiae, quidquid deliquerat in regem Franciae emen-
davit, et quod rex super ipsum ceperat quittavit co-
miti Pictavensi , et eidem tam ipse quam alii ejusdem
comitis adjutores se facturos homagium juraverunt;
et rex Angliae multum timens, missis regi Franciae
nuntiis, vix quinquennes inducias potuit impetrare :
etita deinceps dispositionedivina sic factum est, quod
barones Francia? contra regemsuum christum Dominl
nihil facere attentarent, videnles manifestissime cum
illo Dominicam manum esse.]
Tartari vastata Georgia, India (2), Armenia majori,
Xanctonas . On peut voii' les details des places conquises par Louis IX
dans la Vie de ce prince. Hist. de Fr., t XX, p. 536 et suiv.
(i) Les mots cwn Rich.fr. s. ne sont donnes que par le Ms. 10298-6.
La presence de Richard comte de Cornouailles a la bataille de Tail-
lebourg, est constatee par Guillaume de JXangis lui-meme, dans la
Fie de saint Louis , 1. c, par Mathieu Paris et JVicoIas Trivet, an-
nee 1242.
(2) « Vraisemblablemeut notre chroniqueur aura ete trompe par la
consonance des mots India et Sindia, ce qui etait arrive avant lui a
196 CHRONICON
omnes siraul congregall, Aisaroin primam Turquice
civilatem vastaverunt, et usque ad Fenestre(i) et lco-
nium regiam civitatem sibi Turcos et Turquiam sub-
jecerunt. Per unum etiam de principibus suis nomine
Batho (2) vastaverunt Poloniam et Hungariam, ac
juxta mare Ponticum , Russiam et Gazariam cum aliis
triginta regnis, et usque ad fines Germaniae pervene-
runt. Cum vero inHungariam transiretimerent, daemo-
nibus immolantes taleaccepere responsum : Ite securi
quia spiritus discordise et incredulitatis vos preece-
dent, qnibus turbati Hungari vobis non praevalebunt.
Sicque factum cst : ante enim introitum ipsorum , rex,
principes, clerus et populus invicem dissidebant, et
ideo noluerunt [ad praelium] se parare; unde pavore
concussi, hinc inde Tugientes, multa millia occisa sunt.
MCCXLIII.
Post biennem sedis Romanae vncationem, electus
est in papam cardinalis Senebaldus (3) natione Ja-
imensis,et, mutato nomine, vocatus eist Innocentius
hujus nominis papa quartns.
Ludovicus primogenitus filiorum regis Franciae
Ludovici nascitur (4). Obiit Galterus (5) Cornuti Se-
d'aiitres auteurs. On peut voir en cffet par la teneur du recit, que
loin de s'etre avances a rOrient jusfju'a Tlnde, les Tartaresdirigeaient
lcur maixlie a TOccident. II s'agit ici a notre avis des Siiidici ou Siii-
doncs (ville moderne Sundgik) au bord du Palus Meotide, car il ne
peut etre question de Sinda enPisidie. » Hist. de Fr., t. XX , p. 55o,
not. I.
(i) Edit., Fnustre ; Mss. 4917-20, Fm-estre -, Yie de saint Louis,
Fnvastre ou Savnstre, texte fr. Fancstrc.
(2) Batou , neveu de Gengis-Kan. Hist. dc Fr., t. XX, p. 542.
(5) Ces deux mots ne sont donnes que par le Ms. 10298-6.
(4) Le 24 fevricr. Vie de saint Loids , Jfisf. de Fr., t. XX, p. 342.
(5) WotreMs. porte par erreur Gnillcbnus.
GUILLELMI DE NANGIACO. 197
iioneiisls archiepiscopus, cui siiccessit iEgidius Cor-
iiuti , ipsius frater.
Odo Clementis, abbas sancti Dionysii in Francia ,
factus est archiepiscopus Rothomagensis; abbasque
Chigniacifactusestepiscopus Lingonensis. Juhellus(i)
quoque, prius Turonensis archiepiscopus, Remensis
archiepiscopus creatus est. Obiit Albericus Cornuti
Carnotensis episcopus, cui sucessit Henricus de Gres-
seio, archidiaconus Blesensis.
MCCXLIV.
Innocentius papa, circa festum sancti Andreae apos-
toli (2), venit apud Lugdunum Galliae urbem , ut ibi
concilium convocaret.
Ludovicus rex Franciee, circa festum sanclae Lucice
virginis (3), apud Pontisaram existens, graviter eegro-
tavit, et sic in illa infirmitate anima ejus abrepta est
a corporis sensibus, quod a multis eestimaretur esse
mortuus. Ut autem ab illa extasi ad seipsum rediit,
crucem protinus traiismarinam instanter petiit et acce-
pit; cujus in brevi postea sanitas subsecuta, Fran-
corum corda multiplici laetitia adimplevit.
Quidam infideles qui Grossoini (4) vocabantur, a
(i) Cest le vrai nom de cet archeveque et c'est ainsi qu'il est aussi
ecril dans les Mss. 4917? 49^8 et 4920. Le Ms 49^9 donne JubeUu.s ; et
les edit., Yvellus.
(2) Yers le 5o novenibre. Cette date n'est fournie que par lc
Ms. 10298-6.
(3) Yers le i5 decembre.
(4) Cette orthographe est conforme a celle du Ms. 4918. Le Ms. 49' 7
porte Grossomi; le Ms. 49^0, Grossonii ; les edit., Chorasiiii ; c'est
Charisminion Kharismini qu'il faut lire. Les Kharismiens etaient une
penplade des bords de la mer Caspienne, chassee de son pays par ies
Mongols. Voy. le continualcur de Bkrn. le Tres., p. 5'i&^.
198 CHRONICON
soldano Babyloni.e doraino Jigypti invitati atque
conducti , in regnura Jerosolymitanum venientes et
Christianos debellantes, ante Gazam maximam eorum
multitudinem, Domino permittente, prostraverunt;
in quo bello non solum Templi militia , verum etiam
Hospilalis potentumque et nobiliura Terrae Sanctae
cecidit non modica multitudo. Deinde Jerusalem in-
vadentes, sepulcrumDomini gloriosumdestruxerunt ,
et intra atque extra sanctam civitatem Christianos
quamplurimos occiderunt.
MCCXLV.
In festo aposlolorum Philippi et Jacobi, prima die
maii (i), natus fuit Philippus Ludovici regis Franciae
filius.
Innocentius papa circa festum apostolorura Petri et
Pauli (2) apud Lugdunum concilium celebravit, in
quo, diligenti deliberatione prsehabita cum praelatis
ibidem congregatis super nefandis Frederici impera-
toris Romani excessibus, ipsum omni dignitate indi-
gnura denuntiavit, et sententlando privavit, oranes-
que qui eidem Frederico juramento fidelitatis aut
confoederationis erant adstricti , a juramento hujus-
modi absolvit, et illis ad quos in eodem imperio regis
(i) La veille, suivant le meme auteur dans sa J^ie de saiiit Louis ,
Hist. de Fr., t. XX, p. 546, d. 11 faut probablement conclure de cette
espece de contradiction que Philippe le Hardi naquit dans la nuit
du 3o avril au i" mai 1245.
(2) Vers le 29 juin. L'excommunicatioa de Frederic fut prononcee
dans )a troisierae et derniere session du concile, le lundi avant la fete
de sainte Madeleine, c'est-a-dire le iTJuillet. Voir la Fie de saint
Lnuis , oul'on trouvera aussi longucmcnt detaillcs les motifs de Tana-
tlume lance contrc rempcreur. Hist. de Fr., t. XX, p. 046 sq.
GUILLELMI DE NANGIACO. 199
vel imperatorisRomaiiorumspeclabat electio, cligendi
liberam annuit potestatem.
Post conciliiim Lugdunense, mensc augusti (i),
destinavit papa Innocentius magistrum Odonem dc
Castro Radulphi , episcopum Tusculanum, sedis apo-
stolicee legatum in Franciam , ut de regno Franciae
praelatos etbarones [atque populum] exhortatione sua
ad crucis signum recipiendum animaret, et ad trans-
fretandum cum rege Franciae Ludovico , qui cruce-
signatus erat ad succursum Terrae Sanctae, eorum
animos prsepararet.
[In isto concilio conquesti sunt curati de Cister-
ciensibus , eo quod totum acquirerent , ut dicebant, et
inde decimas non solvebant, propter privilegia quae
habebant : ideoque statutum fuit, ut de terris usque
ad preesens concilium acquisitis immunes a decimis
existerent, et de acquirendis in posterumdeciraas sol-
vere tenerentur : exceptis novalibusjam acquisilis, et
in posterum acquirendis, de quibus decimas non per-
solvent.] (2)
Landegravius dux Thuringiae, auctoritateet assensu
Innocentii papae, rex Alemanniae elegitur (3), et prae-
dicatur crux hominibus circa fines Hanoniae et Flan-
driae, auctoritate praedicti papae, ut irent in auxilium
landegravii contra [Henricum], filium Frederici impe-
ratoris [depositi, qui vices patris per Alemanniam de-
fendere nitebatur.]
(i) Cette date manqiie dans les edit. precedentes et dans les
i\Iss. 4917-20. Voir la Fie de saint Louis , ib., p. 552.
(i) Cet alinea n'a paru que dans l'edition de La Barre ; c'est une ad-
dition fournie par le Ms. de Citeaux qui est acluellement aDijon.
(5)Etlit. et Mss. 4917-20, elcclinncjirincipum Alcmnnniie. . . . effcilur.
200 CHRONICON
Ludovicus rex Franciae Iniiocentium papam apud
Lugdunum visitavit, et in reditu suo filiam comitis
Provincise, sororem uxoris suse Margai^etae reginse
juniorem (i), fratri suo Karolo desponsare fecit.
MCCXLVI.
Turci et Armenii fecerunt confoederationem cum
Tartaris, spondentes eisdem magnam summampecu-
niae cum ingenti copia pannorum sericorum annuatim
reddere pro tributo.
In die sancto Pentecostes (2), Ludovlcus rex Fran-
ciae Karolum fratrem suum apud Meledunum super
Sequanam (5) novum fecit militem, et eidem comi-
tatum Andegaviae largitus est (4).
Innocentius papa, [adhuc in regno Franciae com-
morans] , misit in Italiam quemdam cardinalem lega-
tum, ut contra Fredericum imperatorem depositum
spiritualiter et temporaliter dimicaret.
MCCXLVII.
Apudlconium Turquiae civitatem, cum quidamjo-
culator luderet cum quodam urso in loco communi ,
ursus, levato crure, super crucem quae ibi prope ipsum
sculpta erat [in quodam pariete] minxlt, sed statim
videntibus omnibus ibidem expiravit. Cumque chris-
tlani qui ibidem morabantur, super id quod acciderat
Deum benedicerent atque laudarent, quidam sarrace-
(i) Beatrix. Le mot juniorefn n'est donne que par le Ms. 10298-6.
(2) Le 27 mai.
(5) Les mots apud Melcdununi supcr Sccanam ne sc trouvent
aussi que dans le Ms. 10298-6.
(4) Dans ia P^ie de saint Louis , nolre chroniqueur raconte que ce
prince fit don a son frere des comtcs d'Anjou et du Mainc. Ifist. de
Vr., t. XX, p. 354, c.
GUILLELMI DE NANGIACO. 201
nus indignatus est valde , quod ibi super miraculo facto
Christum attollebant. Ideo ibidem accedens cum im-
petu, tanquam in contemptum ipsius crucis et Chris-
tianorum , crucem percussitcum manu (i). Sed statim
brachium ejus cum tota manu qua illam percusserat to-
taliter exaruit. Iterumque sarracenus alius prope ibi
ebrietati vacans in taberna , dum audiret illam admira-
tionem et [super eo] Christianorum laudem, continuo
quasi amens et ista vilipendens, a potatione surrexit,
atque in contemptum Christianitatis super crucem
mingere volens, morte subitanea percussus interiit.
Sanctus Ethmundus Cantuariensis archiepiscopus ,
cujus sacri corporis gleba in Pontiniacensi monasterio
requieverat, de terra estelevatus, et auctoritate aposto-
lica prius canonizatus, catalogo sanctorum est depu-
tatus.
Landegravius rex Alemanniae moritur cui successit
[Wilquinus qui et] Guillermus comes Hollandiae.
MCCXLVIII.
Ludovicus rexFranciee inler Pentecostem et festum
sancti Johannis (2) iter transmarinum arripiens et
transiensper Burgundiam, apud Lugdunum secundo
visitavit papam Innocentium et fratres (3) ibidem
commorantes. Deinde veniens, [secundum Rhoda-
num], ad Rocham quae dicilur Donglui (4), quia do-
(i) Edit. ct Mss. 4917-20, de pitgno , Vie de saint Louis, cuni mnnu.
(2) Saint Louis quittaParis le vendredi 12 juin. V^oy. sa f^ie , Hist.
de Fr., t. XX, p. 356.
(3) Edit. et Mss. 4917-20, et cardinales .
(4) Edit. et Ms. 49^7 7 nd Rochnmdu Gli; 4918-20, ad Rocham du
Glui.Cest probablement le lieu nonime Roclie dc Glun, arrondissc-
ment de' Valence ( Drome).
202 CHRONICON
minus illius castri a traiiseuntibus per Rhodanum
exactiones illicitas extorquebat , et eos bonisomnibus
indebite spoliabat, illam obsidens, satis cito in dedi-
tionem accepit et in parte destruxit. Postea cautio-
ne(i) accepta a domino illius loci quod de caetero ab
injuriiset exactionibus illicitis abstineret, illam eidem
restituit, et ad portum Aquarum Mortuarum perve-
niens, die martis in crastino sancti Bartholomaei apo-
stoli (2) , navem cum suis intravit.
Comitissa Attrebatensis, filia ducis Brebantise (3) ,
cum esset prsefjnans , de portu Aquarum Mortuarum
in Franciam rediit, ibique usque ad transitum comitis
Pictavensis Alphonsi , qui cum regina Blancha matre
sua ad regni Francise custodiam relictus fuerat, ex-
pectavit.
Ludovicus rex Francise, in Cypro terram capiens,
de consilio baronum suorum ibidem hiemavit. Rex Cy-
pri et fere omnes illius terrae nobiles , exemplo Fran-
corum animati , crucis signaculum assumpserunt.
Soldanus Babyloniae, qui versus partes Damasci in
terram Chrislianorum venire paraverat, auditis de
regis Franciae adventu [in Cypro] rumoribus, iter
propositum revocavit. Erant quoque inimicitiae inter
praedictum soldanum et illum qui fuit soldanus Da-
masci ac Halapines (4)-
(i) Les edit. portent pactioiie, contrairement a tous les Mss.
(2) Le mardi sSaout. Ce fut k pareil jourque, vingt-deux ansapres,
saint Louis expira devant Tunis.
(5) Au lieu des trois mots qui precodcnt on lit dans ics edit. et dans
lcs Mss. 49i7-'-^o, uxovjratris sui Rohcrti. Les mots de portu Aq.
Morl. ne se trouvent que dans le Ms. 10298-6.
(4) Edit. et Mss. 4917, 4918, 49^0, Halapinos , 4919, Alapiinos ; les
lialiitants d'Alep.
GUILLELMI DE NANGIACO. 203
Obierunt de peregrinis regni Franciae in Cypro Ro-
bertus episcopus Belvacensis , Joannes comes Montis-
fortis, comes Vindocinensis, Guilleimus de Melloto
et Guillermus de Barris probi milites, dominus Her-
chembaudus de Borbonio, comes Drocarum et alil
quamplures milites usque ad ducentos quadraginta.
MCCXLIX.
Ludovicus rex Franciae de Cypro ubi hiemaA^erat,
cum peregrinorum multltudine infinita, circa Ascen-
sionem Domini (i) recedens, apud Damietam [primam
jEgypti civitatem] applicuit. Sed cum vasella nostro-
rum usque ad terram siccam attingere non possent
propter maris planiciem, Franci, relictis vasellis suis,
contra Sarracenos, qui littus observantes nitebantur eis
defendere terram, saliendo, in mare cum armis suis us-
que ad genua se miserunt, viriliterque in Sarracenos
impetum facientes, terram, hostibus repulsis et plu-
ribus interfectis, occupaverunt. Deinde vero galeae
ipsorumos fluvii Nili occupantes, fugientibus Sarrace-
norum galeis littus ac portum accipientes, ipsa die
qua venerant in littore sua tentoria posuerunt. Quod
percipientes de Damieta Sarraceni, mox subito divina
virtute perterriti, illa nocte populus, et die crastino
magnates de urbe exeuntes in fugam conversi sunt,
prius igne posito circumquaque. Quo statim a nostris
percepto, commoto exercitu simul concurrentes, civi-
tatem intraverunt et in ea , amoto igne, regis Franciae
(i) Saint Louis s'embarqua le jour de rAscension i5 mai , il ne put
faire voile que le mercredi suivant ig. Les vents contraires retarderent
la marche de !a flotte , qui n'arriva en vue de la cote d'Egyptc quc lc
4 juin suivant. Fie de sainl Louis , Hist. dc Fr., t. XX, p. Syo, l>..
Gr. chrnii. dc France, cd. dc M. P. Paris, t. iv, p. 5o8.
204 CHRONICON
qarnisionem posuerunt. Deinde, mundata civitate,
Ludovicus rex Franciae , rex Cypri et barones totius
exercitus Christianorum, legatus et patriarcha Jeroso-
Jymitanus, cnm clero universo, nudis pedibus eam
processionaliter intraverunt , mahomeriam reconcilia-
veruntquaedudum, inalteraejusdemurbiscaptione(i),
beatae Mariae semper virgini fueratecclesia consecrata;
[deinde redditis inibi de impensis beneficiis gratiarum
actionibus Deoaltissirao, celebrata fuitmissa solemni-
ter in honorebeatae Mariae genitricis Domini alegato.]
Sic ergo divinitus capta Damieta octava die post Tri-
nitatem (2), rex Franciae et totus exercitus christianus
ibidem tota aestate usque ad decrescentiam Nili fluminis
perstiterunt , timentes ne in ejus crescentia damnum
incurrerent, sicut alias tempore Johannis regis Je-
rusalem Christianis legitur advenisse.
Alphonsus comes Pictavensis, frater Ludovici regis
Franciae , qui ad regni custodiam , cum matre sua do-
mina Blanclia regina, relictus fuerat, eidem dominae
matri suae dimissa regni custodia, cum uxore fratris
sui Roberti Attrebatensis comitis iter transmarinum
arripuit, et diedominica ante festum (5) apostoloriim
Simonis et Judae apud Damietam applicuit.
Ludovicus rex Franciae, Damieta victualibus et gente
munita , vicesima die novembris de urbe cum exercitu
recedens, processit adversiis Sarracenos qui apud Mas-
soram iu magnumexercitum fuerant congregali. Cum
igitur [ibidem] tota hieme nostri cum Sarracenis beiie
(i) En i-iig. Voy. ci-dcssus, p. i65.
(i) Lc dinianclic 6 juin.
(5) Lc dimanclic 24 octobre.
GUILLELMI DE NANGIACO. 205
et \iriliter decertassent , quaraplurimos ex ipsis occl-
dentes et eisdem damna non modlca inferentes, tan-
dem , dum una die inconsulte et inordinate conlra eos
processissent, Sarraceni, resumptis viribus, nostros
undique circumvallantes , non modicam stragem ex
ipsis fecerunt. Ibi namque Robertus comes Attrebati ,
frater Ludovici regis Franciae, alios praeveniens, ut
vidit villara [Massorse] apertam, se infra eam impe-
tuose et minus caute quam decebat ingerens, inter
manus hostium incidens (i) , temporaliter est amissus.
MCCL.
Rege Franciae cum exercitu christiano apud Mas-
soram Sarracenos expugnante (2), nostris, occulto Dei
judicio , omnia snccesserunt in contrariura. Nam peste
diversarum aegritudinum et etiam mortalitatis gene-
ralis tam in hominibus quam in equis ita afllicti sunt,
ut in exercitu eorum vix aliqui essent qui mortuos
suos vel aegrotantes ad mortem non plangerent. Unde
pro magna parte diminutus fuit christianus exercitus
atque consumptus. Tantus etiam erat defectus victua-
lium, quod quamplures inedia deficiebant et fame ;
non enlm ad exercitum vasella navalia de Damieta
transire poterant, propter Sarracenorum galeas quae in
flumine fuerant collocatae. His igitur incommodis
nostros arctatos , inevitabilis necessitas illos induxit a
loco recedere , et ad partes Damietae redire, si Dorainus
providisset. At vero dum quinta die aprilis essent in
(i) Edit. et Mss. 49 '7-20 , se infra. eam imp. ingerens cum Sarva-
cenis fugientibus , ct minuscauteq. cleceb., inter manus, etc.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, Sancio reg. Fr. Ludovico Sarrac. ap.
Massor. expugnanie nostris , etc.
206 CHRONICON
itinere revertendi, Sarraceni istud percipientes mox
cum infinita multitudine armatorum eos viriliter sunt
aggressi. Accidit quoque permissione divina, peccatis
fortasse aliquorum exigentibus, ut rex Francias Ludo-
vicus, cum duobus fratrlbus Alphonso Pictavensi et
Karolo Andegavensi comitibus, ac caeteris qui cum eis
redibant, in manus Sarracenorum inciderent; et capti
sunt. Itaque per terram nemo penitus evasit praeter
pauci, legatus et quidam alii , qui paulo ante recesse-
rant ab exercitu christiano; major etiam parsquae re-
vertebatur per fluvium, similiter fuit capta vel inter-
fecta.
[Eodem tempore regina Franciae Margareta enixa
est puerum Johannem nomine apud Damietam; quem
Tristan cognominari fecit, propter tristitiam quam
de captione viri sui et fratrum ejus habuit, atque de
infortunio populi christiani.]
Fredericus [Fiomanorum imperator depositus] Hen-
ricum fdium suum priraogenitura, quem [pridem] re-
gem Alemanniae coronari fecerat, accusatum sibi de re-
bellione captum in Appuliam ducens, squalore carceris
suffocavit; et post, cum inter civitates Lombardiae Par-
mam, tanquam sibi magis exosam, forli raanu obsi-
deret, a legato domini Papae et a Parraensibus devictus,
araissis thesauris et aliis rebus suis, in Appuliam re-
diit(i), urbi gravi infirmitate correptus diera clausit
[i) Les trois Mss. 49171 4918 et 4920 povteni. in j4puliam recUit , et
post in Siciliam transiens ; lecon adoptee par les derniers editeurs.
D'Achery a iniprime, d'apres le Ms. de Saint-Germain n° 4^5, et post
in Apuliam transiens , et cette repetition oiseuse, due a l'inattention
d'un copiste, a ete reproduitedans la deuxi^me edition du Spicilege. Ce
futen effet dans rApouille, a Fiorenzuola, qiie mourut Frederic II le
i5 decembre \i5o.
GUILLELMI DE NANGIACO. 207
extremum. Post cujus mortem Corrardus ejusdem filius
ex filia Johannis de Bregna quondam regis Jerusalem,
coepit in regno Siciliae et Appulia fortiter dominari.
Innocentius papa, audita morte Frederici imperatoris
depositi , de Lugduno Galliae recedens , profectus est
in Italiam apud Assisiam, et ibidem longo tempore
moratus est.
Soldanus Babyloniae [Melech Helvahenni (i), ulti-
mus de genere Salahadini ,] qui regem Franciae Ludo-
vicum tenebat captivatum , a suis interfectus est; et
rex Ludovicus, pretio dato, reddita Sarraceiiis Da-
raieta, cum fratribus suis et caeteris captis christianis
liberatus esl. Porro post liberationem suam, mittens
duos fratres suos in Franciam Karolum et Alphonsum
[ad consolandam matrem suam] , ipse rex piissimus
transfretavit in Accon , et Caesaream (2) Joppen et
Sydonem firmavit muris , et infortiavit Accon , et
captivos multosredemit, et , per spatium quatuor an-
norum \el quinque (5) in Terra Sancta moratus ,
multa bona ibidem operatus est.
MCCLI.
In regnoFranci8e(4) facta estcrucesignatio pastorel-
(i)C'est Melek-el-Moadham-Turan-Schah, appele Turquemin par
les historiens francs.
(2) Dans les edit. precedentes et dans les ftlss. 4917-20 le nom de
Cesaree est omis ; il est reraplace par les mots et qucedam castra qu'on
lit apres le nom de Sidon.
(5) Edit. et Mss. 4917-20, quinque annorum vel circiter.
(4) La redaction de cechapitre telle que nous la donnonsici d'apres
le Mss. 10298-6 est beaucoup moins developpee que dans les
Mss. 4917-20 et dans les precedentes edit. Cest neanmoins la redac-
tion originale , ainsi qu'on peut s'en convaincre en la comparant a la
uarration du meme fait inseree parGuillaume deNangis dans sa Vic
208 CIIROJNICON
loruinetpuerorummiiltorura,quorumaliquifingebant
visioues angelorum se vidisse et rairacula facere, ac ad
ulciscendum regem Franciae Ludovicum a Deo esse
raissos. Inter quos erant quidam qui se magistros vo-
cabant et more episcoporum aquam benedictam, etiam
in ipsa civitate Parisiensi , fecerunt , matrimonia con-
junxerunt, et dissolvebant ad libitum. In religiosos et
clericos et laicos multa enormia et homicidia , cum non
esset qui eis resisteret, committentes , crucesignabant
et decrucesignabant multos ad suam voluntatem. Dux
vero eorum et magister, quem vocabant magistrum de
Hungaria , dum per Aurelianis transiens cum magna
pompa, quosdam clericos occidisset, et plura mala com-
mittens Bituris pervenisset, Judaeorumque libros des-
truens, eos bonis indebite spoliasset; dum de Bituris
recederet, etesset inter [villam] qu;e Mortemer dicitur
ac Villam Novam supra Carum , a Bituricensibus in-
secutus , interfectus est. Pluribus vero ex aliis in di-
versis locis propter maleficia sua interfectis atque sus-
pensis , omnes dispersi sunt etevanuerunt sicut fumus.
MCCLII.
In Dacia, Henricus rex Dacorum (i) inclytus, ab
Abel fratre suo juniori , ut regnaret pro eo, in mari
sulFocatur; sed parum honoris et commodi propter hoc
de saint Louis. Les deux passages sont a peu pres identiques. On trou-
vera a la fm du volume, note A, la version des Mss. 4917-20 adoptee
par les precedents editeurs.
(i) Dans les ecrivains du moyen age les mots Dacia, Daci sont mis
souvent pour Dania, Dani, Baudrand, Geogr. v. Dacia. Ici par
exemple les mots Henricus rex Dacorum designent Eric IV, roi de
Daneraark, dont la fin tragique est imputee, en partie du moins, »
son frereAbel, qui iui succeda.
GUILLELMI DE NANGL\CO. 209
est assecutus, nam sequeiitl anno regni sui, cumFri-
sones subjugare voluisset , a Frisonibus est inter-
emptus.
Innocentius papa constituit ut omnes cardinales
Romanse curiee portent in capite capellum rubeum
dum equitant, ut discernantur et cognoscantur ab aliis
secum equitantibus; per hoc innuensquod in persecu-
tione fidei et justiciae, Romana ecclesia, quae caput
omnium aliarum est, prse caeteris caput debet oppo-
nere, si necesse fuerit, cruentandum.
[Alphonsus et Karolus, sancti Ludo\ici regis Fran-
ciae fratres , de transmarinis partibus in Franciam re-
dierunt.]
Orta est turbatio Parisius inter clericos et religiosos
ibidem studentes, propter quemdam bbrum quem
magister Guillermus de Sancto-Amore canonicus
Belvacensis composuerat, intitulatum De periculis
inundi ; scd ipso magistro [propter hoc] ad curiam
Romanam accedente, discordia per dominum papam
Innocentium pacificata est.
[Eodem tempore abbas sancti Dionysii in Francia
Guiliermus misit per duos ejusdem ioci monachos
sancto regi Francise Ludovico , in transmarinis parti-
bus commoranti, navcm pannis varii coloris ad vestien-
dum «Tptis, caseis et volatilibus oneratam. Quos rex
sanctus tanquam patroni sui sancti Dionysii nuntios
speciali laetitia suscipiens, tanto itinere fatigatos diu
secum retinuit, oblatis multis muneribus, si reciperc
voluissent. Qui cum ejus licentia postmodum rece-
deutes ab eo, sani et incolumes, post gravia maris pe-
ricula, ad propria remearunt.]
I. ' i4
210 CHRONICON
MCCLIII.
Neapolis civitas [Appulise], quae per biennium passa
fuerat insultus Manfrecli principis Tarentini , filii
Frederici imperatoris Romani dampnati ex quadam
concubina, a Corrardo, fdio dicti Frederici legitimo,
obsidetur. Qui cum eam quinque mensibus obsedisset
et ipsam per jtactum (i) recepisset,omnes muros civi-
tatis et meliores domos civlum funditus evertit; et
idem postea de Capua et Aquino fecit similiter. Qui
cum patris vestigia in persecutione Ecclesiae sequere-
tur, justo Dei judicio percussus interiit, relicto unico
filio parvulo nomine Corradino.
Regina Franciae Blancha mater regis Ludovici obiit,
et apud Malam Dumumjuxta Pontisaram (2), in ab-
batia monialium [feminarum ordinis Cisterciensis]
quam ipsa, assensu fifii sui Ludovici regis , fundave-
rat, sepelitur. [Tunc ergo, quia rex sanctus Ludovicus
aberat, fratres ejus Alphonsus et Karohis comites, re-
gni custodiam habuerunt; nondum enim Ludovicus et
Philippus, filii sanctiregis, setalem attigerant ut pos-
sent vel scirent ad fortia ponere manus suas].
Innocentius papa, audita morte Corrardi filii Fre-
derici imperatoris Romani deposili , regnum Siciliae,
de consiiio sapientum et procerum regni , intravit, et
pervenit Neapolira in Appulia.
(i) Edit. et Mss. 4917-20, quibusdam pactis cuni civibus initis.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, obiit et apud Pontisaram. Dans sa J^ie
de saint Louis , Guillaurne de JNangis dit aussi a l'annee i253,... re-
gina Francice Blancha.... apud Malam Dumum... sepelitur. Blanche
fut en efFet enleiree, non a Pontoise, mais dans l'abbaye de Mau-
buisson prts de Pontoise.
GUILLELMI DE WANGIACO. 211
Quitlem Turcus faclus est soldaiius Babylonlae et
vocatus Melec El Mehem (i).
Manfredus princeps Tarentinus (2) regnum Siciliae
usurpat.
MCCLIV.
Hulaon princeps Tartarorum (3) polentissimus ce-
pit civitatem Sarracenorum Baldac, quse olim dicta fuit
Susis, ubi erat sedes caliphae, et ipsura calipham fame
mori fecit. Qui dum valde esuriret, fecit ante illum
byzanteos aureos, quoniam multum nimis aurum di-
lexerat, ponere, dicens : « Comedehunc cibum quem
u tantum dilexisti. »
Innocentiuspapa, dum praepararet exercitum contra
Manfredum principem Tarentinum, filium Frederici
imperatoris Romaiii ex quadam concubina , qui re-
guum Siciliae usurpaverat sub protectione tutoria
Corradini nepotis sui, filii Corrardi nuper defuncti (4),
apud Neapolim diem clausit extremura; cui successit
Alexander quartus , natione Campanus.
Ludovicus rex Franciae de transmarinis partibus
in Franciam est reversus.
Corradinus filius Corrardi ex filia ducis Bajoriae (5),
(i) Edit , Melech Elvaham ; Mss. 4917-20, Melech~E Ivahan. — Az-
zeddin-Moez-Ibegli , premier souverain de la dynastie des manieluks
Baharites.
(2) Edit. et Mss. 4917-20 , ejus {Conradi) frater.
(5) Edit., Haalon; Mss. 4917? 49i^> 49^0, Hialon; 49i9) Hyalon
princeps Tarantinorum. La prise de Bagdad par Houlagou, clief des
Mongols, et l'exlinction du califat par la mort du calife Mostazem
Billah datent seulement de 19.58.
(4) Dans les precedentes editions on lit conformenient aux
Mss. 4917-20, Innocentius papa d. p. e. c. Manfr. princ. Tarentinum
occupatorem regni Sicilice , apud Neapolim, etc.
(5) Conrad IV avait cpouse Ehsabeth, fille d'Othon duc de Baviere.
212 CEIRONICON
metuens tyrannidem Manfrefll palrui sui, latenter fu-
giit iii Bajoriam.
[Joannes filius comitissae Flandrensis et Hanoniae
Margaretae primogenitus ex Bucardo domino de Ave-
nis, contra matrem insurgens voluit eidem matri suae
vi sua praeripere, qui eani jure hereditario contingebat,
Hanoniae comitatum. Qnare mater indignata Karo-
lum comitem Andegavensem, fratrem sancti regis
Franci^e Ludovici, in suum adjutorium invocavit, et
eidem in contemptum filii dictum comitatum tribuit
et concessit (i). Qui accepto taliter comitissoe dono,
statira apud Valeiitianas, castrum fortissiraum, caput
totius Hanoniae comitatus, garnisionem magnam mi-
lltum cum Hugone de Bauceio milite strenuissimo
destinavit, qui contra voluntalem villse burgensium,
qui sibi erant contrarii , portnium aditus et castri mu-
nilionem saisierunt. Postea vero Karolus, collecto de
Francia ingenti exercitu, qui ad quinquaginta millia
poterat eestimari, comitatum Hanoniae potenter intra-
vit, et multas munitiones et villas vi vel deditione re-
cipiens, ad castrum quod Mons in Hanonia nominatur
perveniens, illud obsedit. Interlm autem Johaiines
fdius comitissae non qulescens, Wiliquinum de Hol-
landia regem Romanorum, et multos nobilcs de Bra-
banto el Alemannia ex parte patrisdesuo generepro-
creatos, ante Valentianas in magna multitudine gentis
etpolentia congregavit. Quos Hugo de Bauceio gentis
Karoli capitaneus, Petrus de Blemu et quidam alii de
(i) 11 est essentiel de reni;irquer que ce long alinea est emprunte
aux editions {Drecedenles et aux Mss. 4917-^0. Le texte du Ms. 10298-6
ue precise pas aussi bien la cause de la donation dont il sagit ici.
Voy. plns bas, an 1155, p. 2i5.
GUILLELMI DE NANGIACO. 21 3
\llla consplcientes, ausii temerario de castro poiLis
apertis contra eos exlerimt, cupientcs animositatem
Theutonum experiri; et conflictu inito ante fores,
cum viderent sibi periculum immincre, intra villam
sese ciim impetu retraxcrunt. Quos persequeus qui-
dam miles sLrenuus de hostili exercitu nomine Stra-
diot, castrum cum ilhs, nescio cujus vexillum alte in-
tonans, est ingressus; sed portis lapsatis interius est
retentus. Hujusmodi vero Karolus rumores audiens,
et timens Valentiani castri burgensium prodilionem
contra suos, mox virum in armis strenuum Lu-
dovicum comitem Vindocinensem, cum quibusdam
aliis illuc in gentis suae adjutorium destinavit. Qui
cum Valentianas appropinquare coepissent, bannerias
suas deplicare fecerunt, ut sui de villa visis armo-
rum signaculis portas aperirent, et hostilis exercitus
qui ex parte alia ultra Scaldum fluvium residebat, de
ipsorum adventu forsitan teneretur. Videns autem
Wiliquinus rex quod suo exercitui cibosdiu ministrare
non posset, versus Karolum cum gente sua, qui Mon-
tem obsederat, seretraxlt; et quia cibis sibi et genti
suaedeficientibus atque sumptibus, aut statim pugnare
aut cito recedere oportebat, diem pugnse Karolo nun-
tiavit. llle autem quantum in se erat istud desiderans,
sed aliquos barones de Francia secnm habens, ut erat
comes Blesensis, comes sancti Pauli et dominus dc Co-
ciaco de Joannis sanguine procreatos , qui certamen
fieri minime permittebant, treugis acceptis, et rebus
in tali statu remanenlibus, Karolus in Franciam se
recepit. Sed eodem tempore de transmarinis paitibus
reversus in Franciam sanctus rex Ludovicus, pacls et
214 CHRONICON
concordlae filiiis, pacem postmodum composuit iiilcr
ipsos,]
MCCLV.
[Williquinus, qui et] Guillermus, rex Alemanniae a
Frisonibus est interfectus. Post quem electores in duo
se dividentes, elegerunt quidam regem Hispaniae, alii
Richardum comitem Cornubiee, fratrem Henrici regis
Angliae; sed landem Richardus apud Aquisgranum
[ope suse pecunise] coronalur.
Taurinenses, de consilio Astensium, ceperunt do-
minum suum Thomam comitem Sabaudiae (i). Quod
ecclesia Romana graviter ferens, eo quod ex dono
Giiillermi regis Romanorum et Ecclesiee ipsam urbem
Taurinensem receperat, ipsos Taurinenses et Astenses
excommunicavit, ac ipsos (2) et eorum bona per regem
Franciee Ludovicum capi in toto regno Francise pro-
curavit. Dicta vero civitas Taurinensis a Bonefacio
electo Lugduni (5) eta domino Petro de Sabaudia fra-
tribus dicti Thomae obsessa fuit, non tamen capta.
Comes Flandrensis (4) et frater suus, quos comi-
(i) Thoraas, lils de Thomas I" comte de Savoie, ne gouverna ce
paysqu'en quaUte de regent du jeune conite Boniface, son neveu. Cest
ce meme Thomas qui avait ete pendant sept ans comte de Flandre,
par son mariage avec Jeanne fiUe de Baudouin IX. Supr., p. i8o, not.
(2) Les mots ac ipsos ne sont donnes que par le Ms. 10298-6.
(0) Boniface, l'un des fds de Thomas comte de Savoie, apres avoir
occupe successivement le siege episcopal de BeUey et cekii de Valence,
succeda Tan i245 a saint Edmond archeveqne de Cantorbery.
(4) Edit. et Mss. 4917-20, Guidn. — Marguerite, fiUe puinee de
Baudouin IX, succeda l'an 1244 a sa sceur Jeanne dans les comtes de
Flandre et de Hainaut. EUe avaitepouse, en i2i5, Bouchard d'Avenes,
archidiacre de Laon etchanoine de Lille, qui la rendit mere de Jean
(t deBaudouin d'Avenes. Apres la dissolution de ce premier mariage,
GUILLELMI DE NANGIACO. 215
lissa Flandrensis Margareta susceperat a dorr.ino Guil-
lernio de Dompna Petra, fratredomini Herchambaudi
de Borbonio (i) , et dominus Herardus de Valerlco ac
quamplures alii (2), qui incaute transierant in Hollan-
diam , a Florentio comile Hollandiae, fratre Guillermi
regis Romanorum a Frisonibus interfecti , capti fue-
runt (5). Florentius enim juvabat etreceptabat Jolian-
nem et Balduinum de Avenis, filios ejusdem comitissce
de Buchardo de Avenis , fratre comitis de Avenis, qui
diclam comitissam desponsaverat cum esset subdia-
conus, ut dicebatur, cui dicta comitissa juvenis et
puella tradita fuerat custodienda. Quod agnoscens
dicta comitissa, in odium fdiorum suorum Johannis et
Balduini dedit Karolo Andegavensi comiti, fratri Lu-
dovici regis Franciae, Valentinianas cum comitatu
Hanoniae.
Marguerite se remaria, ran 1218, a Guillaume de Dampierre, Cls de
Gui II de Dampierre et de Mathilde, heritiere de Bourbon. Elle en
eut les deux enfants dont il est ici question Gui et Jean de Dampierre.
Un troisieme fils de ce deuxieme lit nomme Guillaume etait mort
en i9.5i.
(i) Le Ms. 10298-6 porte Herchambaudi de Sorbonio ; mais c'est
une erreur de copiste. Toy. la Fie de saint Louis, par Guillaume de
JNangis, Hist. deFr., t. XX, p. 3go, b.
(2) Parmi ces quamplures alii les Mss. 4917-20 et les editions pre-
cedentes indiquent les comtes de Giiines et de Bar.
(3) Les aulres Mss. et les edit. ajoutent Comes auteni de Guinis et
Frisones , qui illuc lucri caw^a non adjutorii convenerant , Herarduni
de Valerico et Barrensem comitem rapuerunt , sed eosdem postea,
accepta magiia pccunia, reddiderunt incolumes suce genti. Les details
qni suivent dans notre texte a partir des mots qui dictam comitissam
desponsaverat ne sont fournis que par le Ms. 10298-6. lls sont con-
formes a la Chron. de S. Denys , a la Vie de saint Louis , et semblent
assigner une autre cause a la donation de Yalenciennes et du comle de
Hainaut deja rapportee un peu plus baut d'aj)res les precedentcs cdi-
tions. V'oy. ci-dessus, an 1204, p. ii2.
216 CHRONICON
Branchaleoii de Bononia, uibis Romae senator, pacis
et justiciae cultor preRcipnus, de consilio quorumdam
cardinalium et nobilium Romanorum , orta dissen-
sione, obsessus fait in Capitolio. Qui cum se dedisset,
popuhis posuit eum in custodia apud Septem Soles;
sed tandem traditus nobilibus, in quodam castro fuit
incarceratus et male tractatus; et nisi habuisset obsi-
des Romanorum Bononiae, Romani euai occidissent,
eo quod in exercitio justitiag et in refrenatione rapi-
iiarum (j) eisdem non pepercisset. Bononienses vero,
licet interdicti a domino Papa fuissent, tamen nisi
civem suum rehaberent, obsides Romanorum reddere
noluerunt.
Discordia (2) quae fuerat inter fratres Prsedicalores
et Minores ac alios religiosos Parisius studentes ex una
parte, et magistrum Guillermum de Sancto-Amore ex
alia, superlibrum quem De periculis miindi inlilula-
tum composuerat, recidivavit. Propter quam discor-
diam sedandam et pacificandam, misit rex Franciae
Ludovicus ad curiam Romanam duos clericos, ut per
dominum papam [Alexandrum] debitum finem sor-
tiretur. Tandem multis hinc indepropositis, damnatus
(i) D'Ach. et de La B., in rnpinarum habitu; Hist. *le Fr. et
Mss. 4917-20, in rap. ambilu. — Pour Septeni Soles, voy. l'In<lexgeogr.
(2) Cet alinea, dans les precedeutes edit. et dansles Mss. 49'7-20,
est rapporte a Tanuee ii56 , et la buUe qui condamna le livre de Guil-
launie de Saint-Amour est en eftet du 5 des nones d'octobre, la seconde
annee du pontificat d'Alexandre IV, c'est-a-dire du 5 octobre i256.
Du BouLAV, Hist. de VUniv., t. 111, p. 3io sqq. Mais la querelle entre
1'Universite et les nioines ayant cn eftet reconimence en i-i55, nous
avons cru pouvoir conserver Tordre du Ms. 10298-6, qui est proba-
blement rordre etabli par Guillaume dc Nangis lui-meme, puisque
dans sa Vic de sainl Louis les mem.-^s fairs sonl raconles a Tannee \i55.
\ (>v. Hist. de Fr., t. XX , p. 3<)o.
GUILLELMI DE NANGIACO. 217
est et combustus coram Papa, apud Anagniam in ec-
clesia cathedrali, liber a praedicto magistro Guillermo
editus, non propter haeresim, ut quidam dicunt, quam
contineret, sed quia contra preefatos religiosos vide-
batur seditionem et scandalum excitare.
MCCLVI.
Comes Flandriae (i) et frater suus, [atque omnes de
Flandria] quos Florentius coraes Hollandiae in prisione
tenebat, auxilio Karoli comitis Andegavensis liberati
fuerunt. Dictus vero Florentius [ex condicto] soro-
rem dicti comitis Flandriee debuit ducere in uxorem
et, ad preces Ludovici rcgis Franci?e, Karolus frater
ejus, comes Andegavis, recepta magna pecunia, qui-
tavit Valentinianas et comitatum Hanoniae; actumque
fuit inter fratres praedictos, filios comitissae Flandria?,
quod post mortem comitissae, comitatus Hanoniae
ad fratres de Avenis adveniret, et comitatus Flandriae
cum aliis terris heredibus domini Guillermi de Dompna
Petra remanerent.
Mense septembri fuit terrae motus in urbe Roma et
apud Anagniam ita mngnus , quod Pvomae, campana
sancti Silvestri de Capite per se pulsaverit.
MCCLVII.
[Cum Karolus (2) comes Andegaviae comitatum Pro-
vinciae, qui uxorem ejus jure hereditario contingebat,
libere suscepisset, Marsilia civitas opulenta , quae de
(i) Edit. etMss. 4917-20, Guidofilius cornitissce Flandrice.
(2) Cet alinea est fort abrege dans lc Ms. 10298-6. On y lit : Karo-
lus comes Ande^avice , fralcr Ludovici regis Francice , Marsiliam suo
dominio subjecil ; texte confornie a celui de la Vie de S. Louis , Jlisi.
de Fr., t, XX, p. 4 10.
218 CHRONICON
juresub domlnio comitum Piovinciae soletesse, a fide
Karoli descivit. Propter quod Karolus, adversus Mar-
silienses insurgens vlriliter , eorum Insolentiam in
brevl repressit et, Francorum frelus auxilio, super-
biam castigavit.]
Branchaleo de Bononia iterum electus in senato-
rem urbis Romae, cum Romam venisset, turres urbis
dejiciens prseter turrim comitls Neapolionls, plures
nobiles faventes Ecclesiae captlvavit.
Soldanus Babyloniae Melec El Mehem, de genere
Turcorum, cum regnasset quinque annis, ab uxore
sua in bahieo sufTocatus est ; cui successit filius
ejus Melec Emensor (i). Qui cum regnasset anno
uno, ab uno de amiralhs suis, qui vocabatur Seffedls
Cotos (2), ejectus de regno est; et usurpans amirallus
regnum , soldanus factus est , vocatusque Melec El
Naec(3).
Henricus Senonensis archiepiscopus obiit circa fes-
tum sancti Lucae evangehstae (41.
MCCLVIII.
Henricus comes de Lucebourg tenuit obsessum cas-
trum Namurciae, villa juvante euradem, imperatrice
Constantinopolitana solum superius fortalicium obti -
(i) Teile est la lecon fournie par tous les Mss , les edit. porlent Me-
lech Ememoi\ 11 s'agit de JNoureddin-Ali , appele aussi Elmausor, fils
et successeur de Azzeddin-Moi z-Ibegli, et cjui fut supplante en laSg
par l'emir Koutouz.
{'>.) Edit. et Mss. 491B, ^O^^o, Srfedus Cotos ; 4917, Sefedus Cotus ;
4919, Sefedus Cocos.
(3) Edit. et Ms. 49' 7 > Melech Elvach ; 4918, Melech Elvaech;
4919, Elenaech; 4920, Elnaech. Koutouz se fit nommer Melek-el-
Motliaser-Seifieddin.
(4) Le 18 octobrc; cetle date n'est donnee rjue par le Ms. io2y8-6.
GUILLELMI DE NANGIACO. 219
nente et defendente, non tamen ibldem inclusa (i).
Ad cujus auxilium comitissa Flandriae et comes Augi ,
ac alii [duo ejusdem] imperatricis fratres [Johannes
et Ludovicus] , cum multis Francorum militibus, ve~
nientes, parum profecerunt ; [unde oportuit illam
recedere usque ad tempus magis postea oporlunum].
Guillermus de Bussiis Aurelianensis, et Guillelraus
Rollai]di Cenomanensis episcopi obierunt.
Tanta fuit inundatio pluviarum in plerisque locis
raense septembri, quod segetes in campis et grangiis
germinaTerunl, et racemi in vineis ad debitam matu-
ritatem non potuerunt pervenire; fueruntque postea
vina adeo viridia, ut cum remorsu et vultus impatien-
tia biberentur.
MCCLIX.
[In episcopatu Parisiensi] fundalum est coenobium
sororum iNIinorum juxta Sanclum-Clodoaldum super
Secanam, a religiosa et illustri domina Yzabelli, sorore
Ludovici regis Francorum , ipso rege eidem monaste-
rio redditus et possessioues congruas assignanle. [Quae
Yzabellis habitum sororum ibidem suscipiens, religiose
vivendo vitam suam fine laudabili terminavit.]
Manfredus princeps Tarentinus , filius quondam
Frederici imperatoris Romani dampnati , morte Cor-
radini nepotis sui conficta, fecit se in regem Siciliae
(i) Voici comment cet evenement est raconte daus les precedentes
editions : Maria Co?istan(inopolis imperatrix , quce propter succursum
viro suo ferendum Balduino imperatori venerat in Franciam , dum
castrum Namursios , quod Balduinum virum suum jure hereditario
contingebai , occupasset , comes de Luceburgo eam injorialilio exis-
tentem.... obsedit. Cette lccon est conforme aux Mss. 4917-20, sauf
toutefois le nom de riraperatrice qui est nommee Marcha dans les
Mss. 4917? 4919 et ^^^o; Maria dans le IVIs. 49'8.
220 CHRONICON
coroiiarl coiitra manclatum et jus ecclesiae Romanae,
[de cujus feodo regnum Siciliae tenebatur]. Propter
cjuod et alios actus ejus nefarios, atque graves olTensas
quas nimis longum esset liic enarrare, clominus papa
Alexander quartus ipsum excoramunicationis vinculo
innodatum principatu Tarentino et aliis dignitatibus
et honoribus quibuscumque, tanqnam rebellem et
hostem ecclesiae Romanae suomimcjue jurium invaso-
rem, occupatorem et detentorem sacrilegum, socia-
tumque nefando foedere Sarracenis, ac eorum compli-
cem, ductorem et protectorem publicum , auctoritate
apostolica privavit.
Henricus rex Angliae, cum Rogero comite Gloces-
triae(i) etmultisregni sui militibus et praelatis veniens
in Franciam , cum rege Franciae Ludovico pacificatur.
Quittavil enim regibus Franciae , de expressa volun-
tate fratris sui Richardi regis Alemanniae, et consilio
piincipum ac praelatorum Angliae , cpiidquid juris re-
quirebat in ducatu Normanniae et comitatibus Ande-
gaviae, Cenomanise, Pictaviae, Turoniae ac in eorum
feodis. Rex vero Fraticiae Ludovicus, dans eidem in-
gentem summam pecunise, assignavit sibi et suis suc-
cessoribus magnam terram in Lemovicensi, Petrago-
ricensi, Xanctonensi et Agenensi episcopatibus; tali
conditione cjuod illam terram et Burdegnlam atque
Baionam cum tota Gasconia in feodum de regibus
Franciae teneret , et in numero baronum Fj-anciae ad-
scriptus, tancjuam dux Aquitaniae esset de csetero unus
de Franciae paribus appelatus. De quibus tunc rex
Angliae faciens homagium regi Franciae, coram baro-
(i) Le nom de co comtc n'est donuc que dans nolre Ms.
GUILLELMI DE NANGIACO. 221
iilbiis et prselatis utriusque regni, cum juramento ,
in Angllam reversus est.
Eodem tempore Ludovicus, primogenitus regis
Franciae Ludovici, obiit et apud Montem Regalem (i),
[coenobium Cisterciensis ordinis, praesente rege Angliae
Henrico], sepultus est.
MCCLX.
Reges Hungariae et Boemiae pro quibusdam terris ad
invicem discordantes, congregato ex utraque parte in
finibus regnorum suorura innumerabili exercitu arma-
torum, praeliaverunt acriter. Sed tandem rege Hun-
gariae vulnerato, Hungari terga verterunt, et cum fes-
tinarent effugere, in quodam fluvio profundissimo
quem transire debuerant, praeter ilios qui occisi sunt,
circa quatuordecim millia hominum submersa dicun-
tur (2). Unde rege Boemiae Hungariam intrante, rex
Hungariae [qul evaserat] paccm quaesivlt, terrasque
quae dlscordiae causa fuerant restituit et in futurum
nmicltiamcum regeBoemIae,mediantematrimonio(5),
confirmavlt.
Ludovicus rex Franciae congregavit Parisius, Pas-
(i) MM. les editeurs des Hist. de Fr. ont conserve cette lecon qui
est dans les deux editions precedentes. Dans les Mss. ^gi^-^o, ce nom
latin, par la transposition des deux mots qui le composent, se rap-
proche davantage du nom francais. Le texte de la Fie de sniiit Louis
porte aussi iji abbatia Regalis Moiitis (Royaumont).
(2) Edit. et Mss. 4giy-2o, et iri quodam jlw^no per quem trans. deb.
prcet. occisos , quatuordecim millia submersi sunt.
(5) A l'article des rois de Boheme, les auteurs de VArt de verif. les
dates donnent pour deuxieme femme a Premislas-Ottocare II Cune-
gonde, niece de BelalV, roi de Ilongrie. Et a Tarticle de ce dernier,
ils lui attrihuent quatre filles dontTune, nommee Constance, aurait
epouse Premislas II, roi de Boheme, mort en ictSo.
222 CHRONICON
chali tempore, praelatos, baroiies et principes(i) re-
gni sui, eo qiiod dominiis Papa sibi scripsisset Tartaros
in Iransmarinis [Terrae Sanctae partibus] irruisse, Sar-
racenos vicisse, Armeniam, Antiocliiam, Tripolim et
Damascum, Halapiam et terras alias subjugasse, et
tam Acconi civitafci quam toti Ciiristianitali illis in
partibus pericukim imminere. Unde ordinatum fuit
ibidem de orationibus multiplicandis, processionibus
faciendis, et blasphemiis in Deum puniendis, peccatis
etsuperfluitatibus cibariorum acvestium reprimendis;
et injunctum est quod non luderetur aliis ludis, nisi
quod homines exercerent se in arcubus et balistis.
Florentini (2) congregato exercitu ut Senensem
urbem destruerent, a militibus Manfredi regni Siciliae
invasoris et comite Jordano, qui civitatem Manfredo
tradilam defendebat, capti et devicti sunt, fuitque
civitas ipsorum capta et quamplurimum destructa ac
subdita dominatui Senensiura et Manfredi.
Obiit Phiiippus Bituricensis archiepiscopus^, cujus
sanctitatem post mortem ipsius Dominus diversis signis
et miraculis declaravit. Successit autem eidem Johan-
nes de Solliaco (3) canonicus et decanus Bituricensis.
MCCLXI.
In festo sancti Urbani papae, obiitapud Viterbum (4)
Alexander papa quartus; cui successit Urbnnus qunr-
tus , natione Gallicus , de civitate Trecensi , prius
(i) Edit. et Mss. 49 '7-^0? harones , prcelatns ct milites.
(2) Edit. et Mss. 4918-20, Florentiiii Italice ; 4917? Florentini Yta-
liani.
(5) Ce surnoni qui a ete eltace dans le Ms. 49 '8, est ecrit de Soyl-
liaco dans le Ms. 4919; <^^ Sussiaco dans les Mss. 4;]'7 *"* ^9"^^-
(4) l.cs mots ap. Fitcrhum ne se lisent que dans le Ms. 10298-6.
GUILLELMI DE NANGIACO. 223
patriarcha Jerosolymitanus. [Hic ecclesiam apud
Trecas mirandi operis in domo patris sui construi fecit,
et ibi canonicis saecularibus constitulis magnos reddi-
tus assignavit.]
Graeci quemdam nomine Periologum imperatorem
creant; Francis et Latinis ac Balduino imperatore
de Constantinopoli expulsis, dominium imperii Con-
stantinopolitani recuperaverunt , faventibus eisdem
Januensibus in odium Venetorum.
In dioecesi Lugdunensi, quldam cupiditate tractus
quemdam peregrinum beatae Mariee interfecit; cujus
interfectoris cultellus , quamvis frequenter extersus,
arena confricatus et aqua lotus fuisset, sanguinem stil-
lare non desinit, quousque peregrinus invenitur, sepe-
litur et suspenditur homicida.
Baldiiinus ab imperio expulsus in Franciam exula-
vit(i).
MCCLXII.
Isabellis filia regis Arragonum , apud Claromontera
in Avernia , Philippo primogenito regis Franciae Lu-
dovici desponsatur. Propter quod matrimoniura rex
Arragonura, in signura pacis et concordiae quara in-
tendebat habere de caetero erga regnum Francorura,
quittavit in perpetuura regibus Franciae quidquid in
civitatibus Carcassona , Biterri et Amiliano possi-
debat; et rex Francise vicissira regibus Arragonura
dedit quidquid in coraitalibus de Besaudo, Arapuria,
Rocilione, Barcinona et Cathalonia obtinebat.
(i) Le cesar Alexis Strategopule s'empara de Constantinople pour
l'empereur 3Iichel Paleologue dans la nuit du aSjuillet 1261. L'empe-
reur Baudouin se sauva dans une barque. II passa d'abord dans Tile de
Negrepont, ensuite en Italie, ou il mourut en 1275.
224 CHRONICON
Marsillenses , consilio et auxilio Bonefacli, dominl
de Castellaine (i) in Provincia, contra Karolum co-
mitem Andegavensem et Provinciae dominum suum
rebellant, et gentes suas in Marsilia dimissas occi-
dunt. Quod intelligens comes Karolus , contractis
undecumque viribus, eos aggredilur (2). Quos in urbe
sua longa obsidione afflictos et ciborum penuria ma-
ceratos tandem Ita perdomuit, ut coacti se suae redde-
rent voluntati. Sed ne tanta rebellionis praesumptio
remaneret impunita, omnes seditionis illius principes
in communl spectaculo fecit, secundum rlgorem jus-
ticiae, decollari. Terram etiam Bouefacii occupans,
ipsum a finibus Provinciee proturbavit. [In quo facto
se suis terribilem hostibus reddidlt et fama celeberri-
mum per exteras nationes.]
MCCLXIII.
Henricus rex Angliae , cum quaedam statuta ad uti-
litatem rei publicae per regnum suum statuisset, et
ea ipse rex, barones et prselati totius Angliae juramento
firmassent observare, minus provide tamen postea in
nichilum revocantes, id ipsum Symonem de Monle-
fortl comltem Leycestriae, regls sororlum , facere
compuleruiit (5). Sed ipse juramenti dignitalem Invlo-
(i) Edit., domiiii cujusdam castriforiissiiidquoddicunt Castellena ;
Mss. 4917» 49^8, Casteleine ; 4919» 4920, Castelenie.
(2) Dans les edit. precedentes et les Mss. 4917-20 on lit cnntractis
undecumque Francoruni copiis, prinin castrum Bonifacii ag^ressus ,
illud torinenlorum ictibus conquassntum tnndrin i/i deditinnem ac-
cepit; deinde Marsilienses longa, etc.
(3) Ce fait est un pcu plus developpe dans les Mss. 4917-20 etdans
les editions precedentes : Henricus rcx Anglice , etc, et ea ipse rex
et milites, barones et prcelati totius jinglice juramento et ercnmmu-
GUTLLELMI I)E NANGIACO. 225
lablilter observare \olens, inter ipsos dissensionis et
guerr8emateriamministravit;namrexAngliaeHenricus
et Richardus frater ejus rex Alemannice(i) ac maxima
pars baronum Angliae contra dominum Simonem ob
praedictam causam exercitum collegerunt. Ipse vero
Simon cum comite Glocestriae, qui sibi tunc adhaere-
bat, et clvibus Londoniae civitatis occurrens eisdem
[cum filiis] ex adverso juxta quamdam abbatiam quae
vocatur Lyaus, et eos viriliter aggrediens, omnes dissi-
pavit, et regem Henricum ac Eduardum ejus priraoge-
nitum, regem Richardum et Henricum ejus filium
cum pluribus aliis ibidera cepit, [et honore quo debuit
in tali casu fideliter observavit].
Karolus coraes Andegavis et Provinciae, frater Lu-
dovici regis Franciae, eligitur in senatorem Romanum
ad vitam.
Ludovicus rex Franciae , affectu piissimo cupiens
pacem componere inter regem Angliae et barones,
venit Boloniam supra Mare, cum Guidone Sabinensi
episcopo cardinali, quem dominus papa Urbanus lega-
verat in Angliam pro dicta discordia sedanda si posset;
sed intrare in Angliam minime est perraissus. Rex vero
Ludovicus per nuntios Simonera de Monteforti apud
nicatiom interposita per prcelatos , firrnassent firniiter observare , id
ipsum Simonem de Montejorti , comitem Leycestrioi , rcgis Henrici
sororium, qui eorum levitatem in talibus revocandis agnoscebal , pa-
vitantem ne postea rcvocarent , facere compulerunt; ipso etiam ju-
rante quod nunquampostea revocaret. Cum autem postmodum minus
provide illa in nihilum deduxissent , et id Simnnem consimiliter fa~
cere monuissent; ille juramenti, etc.
(i)Dans la Fie de saint Louis , Guillaume de IVangis n'a pas fait
ineDtion de rempereur Richard.
I. - i5
226 CHRONICON
Bolonlam (i) convocans, [et habens cum ipso collo-
qulura], cum ipsum a suo proposito inflexibilem con-
sideraret, ad propria libere ire perraisit.
MCCLXIV.
Urbanus papa nequitiam Manfredi tyranni termi-
nare desiderans, obtulit, per Simonera sanctae Ce-
ciliae presbyterum cardinalem, Karolo comiti Ande-
gavensi et Provinciae, fratri Ludovici regis Franciae,
regnum Siciliae, ducatum Appulise et Capure principa-
tum (2), usque ad quartum haeredem possidendum, si
contradictum Manfredum insurgeret, et sanctam Ec-
clesiam ab ejus invasione tyrannica liberaret. Quod
donum oblatum Karolus laetus suscipiens , [tanquam
filius obedientise mandatis apostolicis devote obediens],
mox contra dictum tyrannum arma corripuit, et un-
decumque potuit expeditionis suee materiam preepa-
ravit. Manfredus, tanquam sibi conscius, metuens ne
de Francige fuiibus egrederentur aliqui qui ipsum
discuterent in ruinam , majorem partem civitatum
Italiee donis et promissionibus ac alio modo confoede-
rationis sibi astrinxit, et propter hoc ibidem quemdam
•vicarium suura , raoribussibi consirailera, Poilevoisin
dictum , cum copiis airaatorura constituit, quate-
nus urbes sibi confcederatas ab incursibus hostium
custodiret, et exploratores de quibus metuebat, ac
omnes nuntios ad sedera Roraanae ecclesiae venientes,
(i) Les mots np. Boloniam ne se trouvent que dans le Ms. 10298-6.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, diicatus: JpiiUoi et Calabrice cwu Capiice
principatu.
GUILLELMI DE NANGIACO. 227
secundum sul norainis interpretationem (i), exspo-
liaret.
Circa festum sancti Remijrii (2), Urbanus papa obiit,
cui successit Guido Sabinensis episcopus cardinalis,
Clemensque hujus nominis quartus est vocalus. Hic
primo uxorem habens etliberos, postea fuit famosus
advocatus et regis Franciae consiliarius. Demum, mor-
tua uxore, propter vitam et scientiam ejus laudabilem
Podiensis episcopus effectus, et post Narbonensis ar-
chiepiscopus, ac demum Sabinensis episcopus cardi-
nalis creatus, missus a papa Urbano in Angliam legatus
fuit; de quo itinere revertens in papam electus est (3).
Qui postea jejuniis, vigiliis et oralionibus intentus,
multas tribulationes, quas suo tempore Ecclesia susti-
nebat, Deus suis meritis creditur extinxisse.
Florebant hoc tempore Parisius insignes theologi,
Thomas de Aquino, frater ordinis Praedicatorum , et
fraler Bonavenlura, ordinis Minorum, [atque, de
saecularibus clericis, magister Guerodus de Abbatis
Villa, et magister Robertus de Sorbona, qui scho-
lares Parisius primus constituit Sorbonenses] (4).
MCCLXV.
Karolus comes Provinciae et Andegavis, tempore
Paschali , ex iosperato movens de portu Marsiliee ci-
(i) L'auteur joue sur la signiGcation du nom de ce chef de partisans,
Poilc-voisin ou Pille-voisin, ea italien Pelavicino.
(2) Le 2 octobre. — Les mots Guido Sabin. ep. card. ne se lisent
que dans le Ms. 10298-6.
(5) Tout ce qui precede depuis missus a papa Urb. nianque dans
les precedentes edit. et dans les Mss. 4917-20. Voir la Vie de saint
Louis.
(4) Tous les Mss. portent de Serbona et Serbonenses.
228 CHRONICON
\itatis siiae (i), per maris pericula et hostium suorum
insidlas (2), cum paucis Romae uavigio est transvectus.
Quod videntes Romani et etiam omnes qui sul mira-
bilis transitus modum audierunt, mirabantur dicen-
tes : « Quis putas iste erit, quem nec maris pericula
(( nec hostium terrent insidise? Etenim manus Domini
(f erit cum illo. » Tunc vero a papa Clemente et a toto
Romano populo cum honore et magno desiderio su-
sceptus, primo urbis Romae senatoriam obtinuit (5),
et in brevi unctione sacra linitus a summo pontiflce,
populo acclamante f^wal Re.r ! f wat Rex ! ad titu-
lum regni Siciliae usque ad quartum hseredem (4) est
regali diademate coronatus.
Eduardusprimogenitus regis Angliae Henrici, dolo,
[ut dicebatur], comitis Glocestriae de prisione Simo-
nis de Montelbrti comitis Leycestriae [per cursum equi
velocissirai] evadens, congregato exercitu magno
valde, contra dictum Simonem [et ejus complices] in-
(i) Civit. su(B, omis dans les edit. et dans les Mss, 4917-20.
(2) '( Mainfroys qui ja savoit et bien avoit 6i nouvelles par ses cour-
riers que li cuens Charles devoit venir, avoit fait aparelier ses galies
arniees en la mer pour prendre le conte se il peut; car moult doutoit
[craignait] que il ne lui toussit [enlevat] terre. » Vie de saint Louis,
Hist. de Fr., t. XX, p. 421.
(3) Les edit. porte obtin. ad vitam. Ces deux derniers mots qu'on
cherche vainement dans les Mss. 4917-20 sont efiaces dans le Ms. de
Saint-Cermain 4^5 , ou ils avaient sans doute ete mis par une erreur
de copiste. II ne s'agitpas ici de !a nomination de Charles qui a ete an-
noncee pkis haut, mais de rinvestitiue qu'on lui donne de la charge
de s(inateur : « II fu saisi et vestus de la senaterie de Roume, dont il
avoit est(i esleus, si comme nous avons dit par devant. » V^ie de saint
Louis , ib.
(4) Les mots usque ad quart. hcered. ne se lisent que dans le Ms.
10298-6. lls sont aussi inutiles que les mots advitani que nous venons
de signalcr dans les editions pr(iccdcntcs.
GUILLELMI DE WANGIACO. 229
siirgit, el in festo sancti Petri ad Vincula (i) confecit
ejus exercitum, dicto Simone et Henrico ejus filio
cum pluribus aliis interfectis. Guido vero, [alter] filius
dicti Simonis, vulneratus fuit et captus, atque rex Hen-
ricus , quem dictus Siraon quasi captum secum duce-
bat (2), liberatus. Eduardus aulem de Londonieusibus
et pluribus aliis triumphans, nec fidem nec spem da-
tam pluribus observavit; sed crudelitatibus inserviens,
quosdam in prisione vitam flnire fecit, et alios exhe-
redans, eorum lerras suis fautoribus pro partedistri-
buit. Porro corpus dicti Simonis monachi cujusdam
abbatiae quee vocatur Entesem (3) , juxta quam prae-
lium commissum est, colligentes, in suam ecclesiam
sepeliendum transtulerunt. Ad cujus tumukim , ut
affirmant indigenae, multi languentium sanitatis gra-
tiam consecuti, Christum approbant ejus martyrium
acceptasse.
Prsedicala cruce in regno Franciee contra Manfre-
dum , Robertus fdius [Guidonis] comitis Flandren-
sis , gener Karoli regis (4) , Bochardus comes de
Vindocino, et Guldo Autissiodorensis episcopus, cum
pluribus aliis cruce signatis, circa festum sancti Re-
migii (5) iter arripiunt, et transeuntes quidam per
(i) Le I" aout.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, rex Henr. et alii qiii ienebanlur a clicto
Siinone liberantur.
(3) Mss. 4917-20, Evresem ou Euresem. Vie de saint Louis ,
Evecent elEveschent. Evesham
(4) La f^ie de saint Louis en francais ajoute en parlant de Robert :
« Et pource qu'il estoit encore enfez , Giles li Bruas connoitables de
France, chevaliers csprouves d'ancienne chevalerie, conduisoit soiv
ost. » Hist. de Fr., t. XX, p. 421.
(5) Au mbis d'octobre.
230 CHRONICON
montes Argentariae , alii per Provinciam , convene-
runt simul apud Albiam civitatem Ilaliae; et inde
transitum facientes per Lombardiam, quum marqui-
sio (i) Poilevoisin, cum Cremona et pluribus aliis
sibi adhaerentibus, ad proturbandum eos se [toto cona-
mine] praepararet, ipsi viriliter accincti ad praelium,
castra Cremonae et Brixiae sibi contraria destruxerunt,
et celeriter usque Romam ad regem Kaiolum perve-
nerunt.
MCCLXVI.
In regno Franciae, mense augusti [ante diei auro-
ram], cometes horribilis apparuit, dirigens radios
suos versus Orientem.
Quamplurima multitudo Sarracenorum ex Africa
per angustum mare (2) transiens in Hispanias, et ad-
juncta Sarracenls qui inibi morabantur, magnam pla-
gam in Chrlstianos exercuerunt. Sed adunati Chris-
tiani de dlversls partibus Hlspaniae, Sarracenos, licet
cum multo suorum sanguine, devlcerunt.
Francigenis bellatoribus in auxilium Karoli regis
Sicillae apud Romam contra Manfredum adunatis ,
[ipse rex] Karolus, mox laetus efFectus, castra sua de
Roma movens in terram inimicorum suorum ingredi-
tur. Qui omnes munitiones ante se capiens, per pon-
tem de Ceperarlo (5) , ubi erat ingressus ad terram
Laborls et AppuIIae, usque ad Sanctum-Germanum
Aculearum (4), ubl , propter castelll fortltudinem,
erat pars major Manfredi exercitus , pervenerunt.
(i) II faut lire marquisius ou marchio.
{1) Le detroit dc Gibraltar.
(3) Edit. et Mss. 4917-20, de Cepcruito.
(/() Le Ms. 4919 donne aussi Aculearum ; les denx dernieres edit. et
GUILLELMI DE KANGIACO. 231
Quod statim invadentes, Bochardo Vindocinense co-
mite, milite strenuissimo , prae aliis insultum ad dic-
tum castrum cum suis faciente, ex insperato ceperunt,
et inimicos exinde fugere compulerunt. Sic igltur su-
bita et inopinata castri deditione peracta, Karolusrex
vires recolligens, et exercitu aliquantulum reparato,
hostes suos usque Beneventum, ubi confugerant ad
Manfredum dominum suum , insequitur. Cum quibus,
quadam die Veneris mensis februarii , conflictum ha-
bens in planitie ante Beneventum, ipsorum confecit
exercitum, Manfredo cum pluribus in dicto conflictu
interfecto, et majoribus illius exercitus captis et re-
tentis. Sed et parum post, uxor Manfredi cum liberis
et sorore reddita estKarolo regi, ac etiam civitas Lu-
theriae (i) Sarracenorum venit ad deditionem.
Henrlcus frater regis Hispaniae, vir in rebus bellicis
potens et nimium callidus, sed sceleratissimus et in
cultu fidei catholicae non dibgens prosecutor, of-
fenso (2) fratre suo rege Castellae, dum dlu latuisset
apud regem Tunarum, audito quod Karolus Manfre-
dum vicissetet dominaretur in Appulia, venit ad ipsum
cum multls probls et electis militibus de Hlspania qui
ipsum secutl fuerant. Quem rex Karolus gratulanter (3)
suscipiens , eo quod de sanguine ejus esset et in re mi-
les autres Mss., Aculearium ; Yie fr. de saint Louis, Saint-Germain
VA^uillier.
(i) Lutherice ou Leuthcrice , telle est l'orthographe de tous les Mss.
(2) Le Ms. 10298-6 porte Alphonso fratre suo , etc; niais le sens
exig^e le participe offenso, que donnent tous les autres Mss. On pour-
rait au surphis hre offenso fratre suo Alphonso. La quahfication de
regc Castellce , qui manque dans les edit. et dans la plupart des Mss.
prouve suiEsamment qn'il s'agit ici du fils de saint Ferdinand.
(3) Edit. et Mss. 4917-20, gratanter.
232 CHRONICON
litari potens et strenuus, multum honoravit. Et quia
intentus erat regimini et custodiae terrae illius quam
de novo acquisierat, si fieri posset, in pace confir-
mandae, dictum Henricum amplius honorare volens, ei
urbis Romae senatoriam Joco sui rcgendam commisit :
ex quo facto damnum et gravamen non modicum
postea reportavit.
MCCLXVII.
Soldanus Babyloniae [et Damasci] Bondodar (i),
Armenia vastata , Antiochiam cepit, et tam viris quam
mulieribus occisis et captis, ipsam in solitudinem re-
degit.
Ludovicus rex Franciae, in festo Pentecostes, fecit
Philippura primogenitum suum et Robertum comi-
tem Attrebatensem , nepotem suum, novos milites,
cum pluribus aliis apud Parisius (2). Ubi lanta fuit
laetitiae solemnitas , quod populus civitatis Parisius
ab omni opere vacans, solummodo laetitiae et exulta-
tioni intentus, per octo dies et amplius, civitate per
totum cortinis pannorum varii coloris et ornamentis
pretiosis mirabiliter palliata, solemnitatem protende-
rent.
[Apud Sanctum-Dionysium (3) in Francia facta est
regum Francorum in monasterio illo per diversa
loca quiescentium, per sanclum regem Franciae Lu-
(i) Bibars, surnomme par les Occidentaux Bondochar ou Bondodar.
(2) Dans les edit. et les Mss. 4917-19, le reste de cetalinea estrem-
place par le membi-e de ])iirase suivant : ct cosdem in craslino apud
sanctum j4rcopagitam Dionysium regum Francice patronum et totius
Gallicance regionis npostolum in peregrinaiionem ducere dignum
duxit. Notre texte est conforme a celui de la Yie de saint Louis.
(5) Sans revoquer en doulc rautbcnticilc de ce fait, qui est consignc
GUILLELMI DE NAINGIACO. 233
dovicum et Mathaeum abbatem illius raonasterii , si-
raul adjuncta translatio; et qui erant tara reges quam
reginae de genere Magni Karoli descendentes simul
in dextera parte monasterii per duos pedes et dimidium
super terram caelatis imaginibus elevati positi sunt,
et aiii procedentes de genere regis Hugonis Capucii
in sinistra.]
MCCLXVIH.
Philippus primogeniti Philippi Ludovici regisFran-
ciae filius nascitur.
Clemenspapa moritur et sepultus est Viterbii in ec-
clesia sancti Laurentii (i); [postquem sedes apostolica
per duos annos et novem menses non valuit , propter
dissensionem cardinalium, pontificem obtinere. Unde
permotus populus Viterbii, ubi tunc curia existe-
bat, donec Papam elegissent, inclusos tenuit cardi-
nales.]
Corradinus filius Corrardi , filii Frederici quondam
imperatorls damnati ex filia ducis Bavoriae (2), suorum
patrum sequens vestigla et parvipendens domini Papae
excommunicationem , contra Karolum regem Siciliae
et contra ecclesiam Romanara insurgens, adjunctissibi
Theutonicis quamplurirais, Lorabardis, Roraanis et
dans toutesles editions precedentes, nous devons faire remarquer qu'on
le chercherait vainement dans la Vie de saint Louis par Guillaume de
Nangis, et meme dans les Gr. Chron.
(i)Edit. etMss. 4917-20, Clemens papaobiit, post quemsedes, etc.
(2) Les edit. et les Mss. ne parlent qu'ici de la fuite de Conradin en
Baviere (voy. plushaut, annee i254, p. 211). Quant a ce qui suit
depuis suorum patrum jusqu'a eccl. Jiomanam insurgens, c'est rem-
place par cette phrase : Manfredi necem inielligens , in spem regni
Sicilice elevalus, adjunctis sibi , etc.
234 CHRONICON
Tuscis, Romam venit. Ubi cum imperiali more so-
lemniter receptus fuisset, adjunctus est Henrico fratri
regis Castellae, qui urbis Romae senatoriae praefectu-
rara regebat loco Karoli regis Siciliae , et exercitu
congregato, contra regem Karolum dimicaturi con-
venerunt in campo deLions, prope Albam in Campa-
nia. Karolus rex Siciliae, audito quod Corradinus et
Henricus ad ipsum expugnandum praeparati conveni-
rent, relicta obsidione Lutherise civitatis Sarraceno-
rum qui eum post primam ejus deditionem offende-
rant, occurrit eisdem, et conserto praelio, fugientibus
Provincialibus et aliis exterae nationis ante Henricum,
Karolus, cum Francigenis qui secum remanserant,
Corradini confecit exercitum. Dictus vero Henricus,
dum de fuga Provlncialium rediret, ac regem Karo-
lum inmanu sua jam habere speraret, a Karolo et suis
devictus est alque captus (i). Sed quia in loco quo-
dam religioso captus fuerat, utaiunt, et ob reveren-
tiam fralris sui regis Castellae (2), ipsum Karolus vivura
in carcere reservavit. Corradinus vero et alii nobiles
secum capti, fuerunt, per judicium curiae regis Karoli,
decollati (3). Quo patrato, post paucos dies tota Si-
cllia, Calabria et Appulia dorainioregis Karoli se sub-
misit.
(i) £dit. et Mss. 4917-20, dcvictus in prcelio fu^a elapsus est ; qui
postea ad Montem Cassinwn deveniens captusfuil, etc.
(2) Ib., Quem, quia captus in sacro locofuerat, vel ne abbas de Monte
Cassino, ut dicitur, qui ipsum reddiderat, irregularis fieret, aut ob re-
verentiamfr. s. regis Hispanice ipsius Karoliregis consanguinei , etc.
(5) Ib., Conradinus autem, qui latenter evaserat, repertus post-
modum, et quidam aliiviri potentes de genere Manfredi , Karoliregis
judicio decollaniur.
GUILLELMI DE NANGIACO. 235
Richardus rex Alemaiinise moritur (i); post quem
regis electio vacavit usque ad quatuor annos.
MCCLXIX.
Blancha , filia regis Franciae Ludovici , datur a patre
uxor Ferrando , primogenito regis Castellae , eo
pacto (2) quod primogenitus puerorum de ipsa pro-
creandorum, nullius fraternitalis successione praejudi-
cium inferente, avo vel patre ipsorum defunctis, re-
gnum Hispaniae pacifice possideret.
Ludovicus rex Franciae , non perterritus praeteritis
laboribus et expensis quas olim fecerat ultra mare,
iterato cum tribus filiis [Johanne Nivernensi et Petro
Alensonis comitibus, Philippoque primogenito atque
nepote suo Roberto comite Altrebatense], adjuncloque
sibi rege Navarree et comite Campaniae Theobaldo , ac
quamplurimis prselatis, baronibus et militibus regni
sui, pro recuperatione Terrae Sanctae mense martio
iter transmarinum assumpsit; relinquens ad regni
Franciae custodiam abbatem Sancti-Dionysii Ma-
thaeum, et dominum Nigellae Simonem [Clarimontis],
militem sapientem et discretum. Verum ad hoc ut
(i) Nicolas Trivet rappcirte la mort de l'empereur Richard au
2 avril 1272. ( 1271 d'apres Vjirt de verif. les dates.)
(2) Ici les precedentes edit. et les Mss. 4917-20 ajoutent : {eo quod
rex sanctus Francice Ludovicus debebat in regno Hispanice ratione
matris suoe ]us habere legitimum). Ce droit d'heredite ciit ete bien peu
de chose, puisque Blanche de Castille avait trois soeurs dont elle n'etait
meme pas Tainee. Mais saint Louis pouvait faire valoir un acte d'Al-
phonse le Noble, son aieul maternel, dont les seigneurs castillans
avaient jadis reclame Texecntion. Alphonse avait ordonne que si son fiLs
unique D. Henri decedait sans posterite, (ce qui arriva en eflet le 6 juin
1217), le royaume de Castille passerait a Louis, fils aine dc Blanche
de Castille et de Louis fils de Philippe-Auguste.
236 CHRONICON
Terra Sancta facilius recuperaretur, incidltregi et suis
consiliura ut regnum Tunicii, quod in medio con-
sistens non parum dabat transfretantibus impedimen-
tum, primitus Christianorum subiceretur potestati.
Quod , cum illuc ciim magna difficultate et maximo
maris periculo transfretassent, statim portum et Car-
tliaginem , quoe est prope Tunicium redacta in parvum
oppidum (i), potenti virtute ceperunt.
MCCLXX.
Mense augusto , apud Carthaginem circa maris con-
finia gravis infirmitas in exercitu Christianorum vi-
guit, etnimis invalescens, primoquidemregisFranciae
filium Johannem comitem Nivernensem, post lega-
tumdomini Papae Albanensem episcopum cardinalem,
et demum, in crastino sancti Bartholomaei apostoli (2),
Ludovicum regem Franciae christianissimum, cum
plurimis baronibus , comitibus et aliis simplicibus , de
medio sustulit. Sed quam feliciter credens rex termi-
naverit non puto omittendum. Nam in infirmitate
sua laudare nomen Domini non cessans, sanctorum sibi
devotorum, et maximebeati Dionysii patroni sui, sicut
eniti loquendo poterat, suffragia postulabat. Unde in
(i) Saint Lonis ne songeait point a Carthage. Quelques mariniers
lui viurent offrir de la prendre et de la lui livrer. Le roi leur donna
cinq cents arbaletriers a pied et a cheval, puis quatre bataillons de
niercenaires et se contenta de tenir la plaine pour empecher les Sar-
rasins d'aller secourir le chateau; c'est ainsi que Tappelle uotre chro-
niqueur. « Endementres, coutinue-t-il, li marinier monterent sur les
murs a lor eschieles et pristrent le chastel, et ne perdirent que i. des
iors qui fu occis, et puis fichierent leurs banieres au dessus des murs. ))
Voila ce que couta au xiii' siecle la prise de Carthage, Uitt. dc Fr.,
t. XX, p. 45'i, 455.
(i) Le 25 aout.
GUILLELMI DE NANGIACO. 237
extremislaborans, audlerunt qui astabant illum pluries
replicantem cnm quodam suavi susurro finem oratio-
nisilliusquaedebeatoDionysiocanltur, scllicet : u Tri-
(( bue nobis , Domine , pro tuo amore prospera mundi
(( despicere et nulla adversa ejus forraidare. » Et orans
pro populo quemsecum adduxerat, dicebat : (( Esto,
(( Domine, plebls tuae sanctificator et custos. » Suspi-
ciensque in coelum aiebat : (c Introibo In domum tuam,
({ adorabo ad templum sanclum tuum et confitebor
(( nomlnituo, Domine. » Et hoc dicto, obdormivit in
Domlno; cui successit Philippus ejus primogenitus(i).
Cura autem de morle pli regls Ludovicl Chrlstiano-
rum exercitus turbarelur et Sarracenorum Isetaretur,
Karolusrex SlcIIIae, bellator egregius, pro quo adhuc
vlvens frater suus rex Franciae miserat , navigio cum
magna milllia advenlt; de cujus adventu Christlanls
gaudium,Sarracenisque tristitiaaccrevit. Etcum multo
pluresvlderentur Sarraceni quam Christiani, nullate-
nus tamen audebant bello generali cum Christianis con-
gredi; sed per quasdam astutias multa els incommoda
inferebant. De quibus unuui fult (2) : Est enim regio
illa mullum sabulosa et tempore slccitatis pulverosa.
Unde Sarracenl statueruntsuper unum montem Chris-
tianis vicinum plurima mlllla hominum, ut, cura
ventus flaret adpartem Chrlstianorum, sabulummo-
ventes, pulveremsuscltarent; quae pulvis multam mo-
(i) Etlit. et Mss. 4917-20, cui Philippo ejiis filio in ca^tris subtus
Carthagineni succedenti , omnes bnrones et niilites qui prtE^entcs tunc
aclerant cle regno Francioe , ficlelitateni ct homa^iuni jura\>erunt.
(2)Ce fait n'est rapporte par aucun autre Ms. que par le 3Is. lougS-ti.
II se trouve aussi dans la Vie de Philippc III par Guillaunie de
Naogis.-^/^^ de Fr., t. XX, p. 468.
238 CHRONICON
lestiam intullt Christianis. Sed tandem piilvere per
pluviam sedato, Christiani, paratis machinis et Yariis
adpugnandum instrumentis, Tunicium per mare (i),
per terram et per aquam oppugnare intendebant.
Quod videntes Sarraceni, limore compulsi, pacta cum
Christianis inierunt, inter quse haec dicuntur fuisse
praecipua, scilicet : Ut omnes Christiani in regno Tu-
nicii captivi liberarentur; et quod monasteriis ad ho-
norem Christi in omnibus civitatibus regni iliius con-
structis,fides cln^isliana per Preedicatores et Minores et
aliosquoscumque (2) libere preedicaretur ; et volenles
baptizari libere baptizarentur; acsolutis expensis quas
ibi reges fecerant [et barones] , rex Tunicii regi Sici-
liae tributarius efficeretur (5). Pactis igitur et condi-
tionibus, sicut dictum est, utrimque roboratis, rex
Franciae et optimates christiani exercitus, videntes
exercitum morbi contagio diminutum, decreverunt,
prius facto juramento de reditu in repromissionis ter-
ram ad gentem Sarracenicam expugnandam, per re-
gnum Siciliee et Italiae redire in Franciam, et postca,
viribus reparatis et rege Franciae coronato, induere
fortitudinemad expugnandas gentes et fidei inimicos.
Dum christianus exercitus de Tunicio ad propria re-
(1) Les deux mots per mare mancjuent dans les Mss. et dans les
edit. 4917-20. Ils ne font pas un double emploi avec per aqiiam ; par
ces deux derniers mots il faut entendre le lac qui est au sud-ouest de
Tunis.
(2) Edit. et Mss. 4917-20 , pcr quoscumquc prcedicatores cathoUcos.
(3) Edit. et Mss. 4917-20, tributum solituni regi Sicilice lestauraret.
Guillaume de Nangis ne donne ici qu'une petite partie des clauses du
traite. II a ete un peu plus explicite, mais sans etre complet, dans la
Fie de Philippc le Ilardi , Hist. de Fr., t. XX, p. 478- II est main-
tenant inutile de renvoyer, pour cet objet, aux lettresplus etendues de
GUILLELMI DE NANGIACO. 239
mearet, miilti maris tempestate agitati in portu Trap-
pariim (i), villae Siciliae, pereunt, et quamplures
peclestri itinere moriuntur, scilicet : rex Nayarrae
Theobaldus et uxor ejus [filia sancti Ludovici] , re-
gina Franciae Isabellis de Arragonia, Alphonsus comes
Pictavias et Tolosse ac uxor ejus , et multi ahi [magni
nominis mihtes et barones.]
Eduardus, Henrici regis Anglorum primogenitus,
qui ad obsidionem Tunarum tardius ahis venerat,
post factam dictam compositionem cum Sarracenis,
Bolens adhuc ad propria remeare, cum quibusdam
Francigenis mililibus peregrinationis votum quod
inceperat volens, si posset, perficere, ad partes Syrise
inAccon, [ut Christianitati succurreret], transfretavit.
MCCLXXL
Philippus rex Franciae de Tunicio reversus in Fran-
ciam, fecit ossa patris sui Ludovici regis, [uxoris suae
et fratris comitis Nivernensis], cum ingenti solemni-
tate et honore, die Veneris anle Pentecostem, in ec-
clesia beati Dionysii juxta Parisius, [ubi sepulturam
elegerant], sepeliri. Ad cujus [regis] tumulum vene-
randum , mox multi de diversis et variis languoribus
aegrotantes, per sancti regis merita sanitatis beneficio
restituti [fuerunt].
Pierre de Conde, Spicil., in-fol., t. III, p. 667, puisque le texte arabe
et la traduction francaise du traite oat ete publies par M. de Sacy,
d'apres l'original depose aux Arcbives du Royaume. Mem. de lAcad.
des Inscr., t. IX, p. 465-472. Dans son memoire, Fillustre academi-
cien discute aussi les diverses relations qui ont ete faites de Texpedi-
tion et du traite de Tunis , tant par nos chroniqueurs et nos historiens
que par les ecrivains orientaux. Un extrait de ce curieux travail a ete
insere dans le Journal asiatique , t. YII, p. i58 et suiv.
(i) Edit. et Mss. 4917-20, Traparuni.
240 CHRONTCON
Johannes de Curtiniaco Remensis archiepiscopns
obiit; cui successit magister Petrus dictus Barbez, ar-
chidiaconus Dunensis in ecclesia Carnotensi.
Philippus rex Franciae, mense augusti, in crastino
festi decollationis sancti Johannis Baptistae (i), Remis
coronatur, per manum episcopi Suessionis, vacante
sede Remensi.
Quidam harsacida missus in Accon ad Eduardum,
regls Henrici Anglise primogenitum, qui ibidem, post
recessum peregrinorum deTunicio, advenerat , dum
loqueretur cum eo [quasi nuntius] in thalami secre-
tario, ipsum toxicato cultello transfodiens, lethaiiter
vulneravit; ita taraen quod in veneni difTusione inte-
riora corporis occupante majuspericulum immineret,
quam in sola vuhierum cicatrice. Quem Eduardus
mox , non perterritus sed quasi furibundus, arripiens ,
in ipso suam injuriam [morte crudelissima] vindica-
vit (2). Et in brevi postea convalescens, audito quod
(i) C'est-a-dire le 5o aoiit. Tous les autres Mss. portent infesto As-
sumptionis le i5 aout; mais dans le Ms. 4918 ces mots sout en sur-
charge, il y avait auparavant in crastinofesti decollationis s. Joh. B.,
comme dans le Ms. 10298-6. Ce dernier est le seul aussi qui attribue le
sacre a 1'eveque de Soissons a cause de la vacance du siege archiepisco-
pal de Reims. Nous devons dire toutefois que dans sa Fie de Philippe
le Hardi, Guillaume de Nangis lixe le sacre de ce prince au i5 aout.
Corn. Zanfliet rapporte la meme ceremonie au 5i du meme mois.
Voy. Hist. de Fr., t. XX, p. 488, et VAmpl. collect., t. V, p. 1 12, 1 15.
(2) Guillaurae de Nangis semble dire ici que le meurtrier perit a
1'instant du meurtre, et de la main merae de sa viclime. Dans la Vie
de Philippe III, ecrite en lalin, il laconte 1'aventure du prince
Edouard, sans dire un mot du sort deTassassin. Yoici mainteuaat ce
que renf-rme a ce sujet la traduction francaise de cet ouvrage : « Sa
gent [d'Edouard] qui entour luy estoient pristrent le Hasassis et li
tolirent le coutel et le batirent et le trainnerent parmi les cheveux
contremont le planchier en la sale.... Si fu acorde qu'il seroit
traine et puis pendu, elc. » Uist. de Fr., t. XX, p. 485.
GUILLELMI DE NANGL^CO. 241
pater suus Henricus rex Angliae decesserat, parato
iiavigio de Accon discedens et per Franciam transitum
faciens, ad regnura Angliae suscipiendum in Angliam
transfretavit (i).
Theobaldus rex Navarrse et comes Campaniae, qui
in reditu de Tunicio decesserat in Siciliam, apud
Pruvinum [in Bria] sepelitur cum uxore sua, filia
quondam regis Franciae Ludovici , in domo fratrum
Minorum (2); cui successit Henricus frater ejus. Hic
Henricus duxit in uxorem sororem comitis Attreba-
tensis, nepotis Ludovici regis Franciae apud Carthagi-
nem defuncti, dequa genuit Johannam posteaFranciae
regiuam (3j.
Philippo rege Franciae in reditu suo de Tunicio
apud Viterbiura existente, et cardinales qui ibidem ad
ebgendum Papam inclusi tenebantur visitante, venit
ad curiam Henricus dictus de Alemannia, filius Ri-
chardi regis Alemanniae defuncti , propter regnum
quod pater suus possederat, si posset, oblinendum.
Quod agnoscens Guido de Monteforti, filius Simonis
(0 Edit. et Mss. 4917-20, paratn navigio discessit de Accon, et
applicans in regno Francice per ipsum Irajisvectas in Angliam, in
regem pacijice coronatur.
(2) Le Ms. 10298-6 porte in donio sororum Minorum et ces mots ne
se trouvent dans aucun autre Ms. Mais les deux textes de la Vie
de Philippe III donnent in fralrum Minorum ecclesia, ou nioustier
des freres Meneurs , et l'on sait d'ailleuis que le tombeau de Tlii-
baud V comte de Champagne, et celui d'Isa!jc41e, fiile ainee de saint
Louis et fenime de Thibaut, etaient dans reglise des Cordeliers de
Provins.
(5) Henri le Gros, fiis de Thibaud V, avait epouse en 1269 Blanche,
fille de Robert d'Artois frere de saint Louis. De ce mariage naquit
Jeanne qui , par son mariagc avec Philippe-le-Bel , porta la Cham-
pague et laiNavarre dans la raaisou de France.
I. 16
242 CHRONICON
de Monleforti iii bello Anglicano perempti (i),eum-
dem Henricum insidiis circumventura in quadam ec-
clesia sancti Laurentii de medio suorum evellere pu-
tans, nec valens, primo ibidem eum ictu cultelll
transfodit, et postea, tractum extra fores ecclesiae, licet
junctis manibus ut sibi parceret exorantem, ictu cul-
telli ter vel quater iterato per latera feriens, penitus
interfecit. Statimque comitatu septus equitantium,
quem sibi prius paraverat, ab urbe recessit, et ad co-
mitem Rufum Tusciae, cujus fillam desponsaverat, se
transtuIit.^Et quoniam rege Franciae praesente in urbe
hoc scelus perpetraverat, ejus offensam et Indignatlo-
iiem incurrlt, et eccleslae Romanae judicium; cujus vin-
dictae propter hoc ipsum oportuit postmodum subja-
cere : nam In poenam tantl sceleris, decrevit Ecclesia
ut in castello fortlssimo, donec ad tempus mlsereretur
sibi, sub arcLa custodia teneretur.
MCCLXXII.
Post biennem et novem raenses sedis apostollcae va-
cationem, in festo beati Egldii (2), electus est Tlieo-
baldusde Placentla archldlaconusLeodlensis, cum es-
set absens in transmarinis partibus apud Accon, et
quarto idus februarii (3) consecratus, Gregorius deci-
mus est vocatus.
Phlllppus rex Franciae, colleclo exercitu copioso ,
(i) Edit. et Mss. 49^7' 18, a filio regis Anglice Eduardo in prfelio
perempti, qui filiam Kufi comitis Tuscio! jiixta partcs illas desponsa-
verat.
(•2) Le \" decembre 1271. Les deux mots dc Placcntia iudiquent la
patrie du nouveau pape; son nom etait Tebaldo Visconti. Son elec-
tion avait eu lieu le 1" septenibre, suivant les auteurs de \ Art de
verif. les dates.
(3) 10 fevrier vi']i. Lo 27 janvier, d'apres les meiues.
GUILLELMI DE NANGIACO. 243
versus partes Tholosae , contra Remundum Bernardi
comitem Fuxi, qui terram regni Franciae hostiliter in-
traverat, castra movit. Quem cum obsedisset in Fuxi-
nense castelio (i), videns ipse comes regis fortitudi-
nem et Francorum audaciam, metuensque sihi quain-
plurimum , accessit ad regem humiliter, veniam postii-
lans de commissis. Sed rex statim, consilio suorum,
ipsum vinculis ligatum ad Bellam-Quercum misit, et
ibi eumdem in prisione fecit per anni spatium custodiri ;
castrumque Fuxinense et alia castella comitis fortissima
muniens rex gente sua, ea in raanu sua ad opus regni
sui retinuit. Sed postmodum regi pacificatus, terram
recepit et ab ipso miles novus effectus est (2).
Gasco [quidam nobilis] de Biardo (3) , [vir praepo-
tens in illis partibus], cujus filiam comes Fuxi habebat in
uxorem, audiens quod regis Franciae indignationem et
iram incurrisset, eo quod diceretur per ejus consilium
Fuxi comitem rebellasse, venit ad regem trepidus, et
genu tlexo junctisque manibus ipsum suppliciter exo-
ravit ne hujus facinoris, sine causa sibi impositi, su-
spectus haberetur; promittens se purgaturum scuto et
(i) Edit. et Mss. 4917-20, Remundus Bernardi comes Fuxinensis
in quodam oppido regis Francice vi armorum irruptionem faciens ,
quemdam sibi adversarium persequendo, plures gentes sui adversarii
et multos de regis Jamilia qui ejus adversarium tuebantur, in ipso
oppido interfecit; propter quod rex Francice Philippus.... castrum
ejus Fuxinense aggressus est, et dum viam quce equis et hominibus
arcta erat, celtibus rupes discindendo faceret dilatari, comes timens
regis fortitudinem, etc. — Le comte dc Foix etait, l'an 1272, non
Raimond, mais Roger-Bernard III'"* du nom.
(2) Les deux faits exprinies par cette derniiTe phrase sont rapportes
al'annee 12^5 dans ies edit. etdans les Mss. 4917-20.
(3) Gaston VII vicomte de Bearn, beau-pere tle Iloger-Bernard lll
comtc de Fbix.
244 CHRONICON
laiicea, vel eo modo quo Palatinorurn sententla judica-
ret. Qui in tali statu diu orans regem, vix tandem obli-
nuitut, suspicione sopita, rex sibi veniam indulgeret.
MCCLXXIII.
Petrus comes Alausonis, frater Pliilippi regis Fran-
ciae, duxit in uxorera Joliannam liliam Johannis co-
mitis Blesensis (i).
Radulfus Rufus comes de Alsatio (2) electus et co-
ronatus fuit in regem Alemannise.
Johannes de SoIIiaco archiepiscopus Bituricensis
obiit; post quera electus fuit maglster Gaufridus de
Ponte Ghevron, decanus Parisiensis (3); sed nec con-
firmatus nec consecratus obiit. Cui successit Simon de
Bello Loco [in Bria] Carnotensis archidiaconus.
Phiiippus , filius imperatoris Balduini de Constanti-
nopolitano imperio expulsi , duxit in uxorem filiam
primi Karoli regis Sicilioe, de qua genuit Katherinam
uxorem postea comitis de \aIesio (4)-
MCCLXXIV.
Apud Lugdunum Galliae urbem, solemne celebra-
tum est concilium a pnpa Gregorio decimo, in quo
mulla utilia Ecclesiag statuuntur, scilicet de subsidio
Terrse Sancta?, de electione summi pontificis et statu
Ecclesiae universalis. In hocautem concilio Graecorum
(i) Jeanne de Chatillon , fille de Jean de Chatillon comte de Hlois
et de Charlres.
(2) I^dit. et Mss. Rndulfus de. Alsacio oii ylssacio comes Eufus. —
Rodolphe comte de Habsbourg et landgravc d'Alsace.
(5) Cest nne erreur. Yoy. Gall. Clirist., t. II, col. 71 et suiv.
(4) Le mariage de Philippe de Courtenai est rapporte, dans les
edit. et dans les Mss. 49 '7-20, a l'annee 1279. II parait cependant que
Philippo etait mort a la fin de ^i']^.
GUILLELMI DE NANGIACO. 245
ac Tartarorum solemnes iiuntii interfuerunt; et tunc
Graecl , ad unitatem Ecclesiae redire promittentes, in
signumhujusrei SpiritumSanctum a PatreetFiliocon-
fessi sunt procedere , symbolum in concilio solemniter
decantantes. In eodem concilio plures Ordines mendi-
cantes sunt quassati, Sed et bigami ({ui tonsuram cle-
ricalem tunc temporis deferebant, de caetero ferre
prohibitisuntet uli privilegio clericali. Numerus vero
prselatorum qui ibi fuerunt sunt quingenti episcopi ,
sexaginla abbates, et alii praelati circa millc.
Philippus rexFranciae, die martis infra octabas As-
sumptlonis bealee Mariae (i), apud Vicenas, duxit in
uxorera Mariam sororem ducis Brabantionum (2).
Petrus de Charni (5) Senonensis archiepiscopus
obiit, cui successit magister Gilo Cornuti, praecentor
ecclesise Senonensis.
Henricus rex Navarrae et coraes Carapaniae decesslt
in regno Navarrae [apud Parapilonem], relinquens uni-
cara filiam suam nomine Johannam (4) totius terrae
suae heredem. Quam mater sua uxor regis Henrici ,
statira post mortem viri sui, adhuc in cunis jacentera
celeriter in Franciam asportavit, metuens ne contra se
ipsam et filiam Navarrorura infidelitas aliquid raolire-
tur. Rex vero Franciae Philippus, blande suscipiens
(1) Le 21 aout. — Les deux niots suivants ap. Vicen. ne sont don-
nes que par le Ms. 10298-6.
(2) Fille de Henri III dit le Debonnaire, mort en 1261, et sceur
de Jean I dit le Yictorieux, qui gouvernaiL alors le Brabant.
(5) Edit. et Mss. 4917-20, de Charniaco
(4) Le nom de cette princesse manque dans tous les Mss. exceple
dans le I\Iss. 10298-6. II cn est de meme des motifs qui decideieut la
mere de Jeanne de JNavarre a la conduire en France, mclucns ne conira
se ipsam. etc
246 CHRONICON
eara, fecit illam cum pueris suis apud Pai isius educari,
terramque ejus iii sua ponens custodia, misit celeriter
quemdam de regno Franciae, [Eustachium de Bello
Marescasio] probum militem , in Navarram , qui tan-
quara [custos] et totius terrae Navarrorum gubernator
regnum in manu regia conservaret.
MCCLXXV.
In festo sancti Johannis Baptistae , Maria regina
Franciee coronata et inuiicla fuit Parisius, in capella
regis (i), per manum Pelri Remensis archiepiscopi.
Super quo conquestus Gilo Senoiiensis archiepiscopus,
hoc in preejudicium ecclesiae suae fieri asseruit, quia,
sicut legitur in quadara epistola Ivonis Carnotensis
episcopi (2), ad archiepiscopum sedis Belgicae, quae est
Remis, non pertinet extra provinclam suam inunctio
regum vel reginarum. Ex parte vero regis sic allega-
tum fuit, quod non erat unde posset conqueri Seno-
nensis archiepiscopus, quia capella [domus] regis Pari-
sius erat exempta, et ideo ratione loci inunctio non
spectabat ad ipsum.
Dominus Eustachius de Bello Marescasio miles,
quem rex Franciae Philippus miserat in Navarram ad
regnum in manu sua conservandum, dum vellet ali-
quas constitutiones Navarrorum injustas in melius
commutare , orta contentione inter ipsos , a majoribus
patriae apud Pampilonem in castello urbis obsessus
fuit. Ad quem liberandum comes Atlrebati Robertus
cx parte regis Franciae cum coploso exercitu missus,
Pampilonem in brevi expugnans, (iomlnum Eusta-
(1) Ces Irois mots nc s>' lisent quc dans le Ms. 10298-6.
(•2) Vo}-. plns hanl, p. 55, not. 2.
GUILLELMl DE NANGIACO. 247
chium et gentes suas exinde Jiberavit, ac principes se-
ditionis illius puniens, res patriae in raelius commu-
tavit.
Dum Almaricus clericus, filius Simonis de Monte-
forli in bello Anglicano perempti, unicam sororem
suam per mare duceret ad Lovelinum principem Ga-
lensium, ut eam haberet in uxorem, rex Angliae
Eduardus, hoccognito, ipsum et illam capi fecit, et
eos diu in prisione jussit sub arcla custodia mancipari.
Gregorius papa decimus obiit; cui successit Inno-
centius quintus, frater Petrus de Tarentia in Burgun-
dia (i) ordinis Praedicatorum ante dictus.
MCCLXXVI.
Mortuo Ferrando primogenito [Alphonsi] regis
Hispaniae , qui Blancham filiam regis Franciae Ludovici
habebat uxorem , rex Hispaniae pater ipsius , erga duos
pueros quos de dicta Blancha reliquerat inique agens,
contra pactum suum quod cum rege Fianciae fece-
rat (2) a successione regni sui Hispaniae eos totaliter
prlvavit, dictam Blancham sine dote et slne liberis in
Franclam remlttendo (5).
Ludovlcus primogenltus Philippi regis Franclae
obilt, et In ecclesla sancti Dionysii in Francia sepe-
litur,
Venerunt ad regemFranciae Phlllppum nuntii Tar-
tarorura ab extrerals finlbus Orlentls, dicentes eidem
(i) Edit., Petrus de Tarentasi ; Ms. 49'7) ^^ Carencia ; 4c,i8, 4919»
de Tarentia. Les mots in Bur^undia ne sont que dans le 3Is. 10298-6.
(2) Voy. plus hant, an 1269, p. 255.
(5) Edit. et Mss. 4917-20, et matrem ipsorum sine dote et honore ,
retentis ejus pueris , adjratrem suum regem Francioi Philippum qui
ipsam mandaverat , (juasi invitus permisii in Franciam remeare.
248 CHIIONICON
quod sl in partes Syrise, quia cruce signatus, contra
Sarracenos transfretare proponeret, domiiiiis ipsorum
consilium gentis suae et juvamen totaliler et fideliter
promittebat. Si vero veri nuntii aut exploratores fue-
runt, Deus novit ; non enim erant Tartari natione
nec moribus , sed de secta Georgianorum christiani ,
quse natio Tartaris est totaJiter obediens et subjecta.
Ipsi autem in ecclesia beati Dionysii in Francia hono-
rifice suscepti (i) , ibidem solemnitatem Paschae pere-
gerunt, et postea, ut dicebatur, causa consimili (2) ad
regem Angliae transierunt.
Lovelinus princeps Galensium, audito quod rex
Angliae Eduardus cepisset et teneret in carcere puel-
lam quae sibi matrimonio copulandam adducebatur,
ab ejus dominio resiiiens, contra eum fortiter rebel-
lavit, et quemdam montem longum et arduum , qui
erat in terrae suse confinio , nomine Sonaudone (3)
fortiter munivit. Sed rex ipsum hiemali tempore obsi-
dens, cum multos de suis amisisset propter paludes et
viarum angustias, tandem ab incoepto non desistens,
eum ad dcditionem venire coegit. Pactum igitur fa-
ciens cum ipso quod principatus Galensium post suum
decessum ad heredes suos non veniret , teriam et
uxorem Lovelino reddidit, et eam in sua praesentia
fecit eidem maritali foedere copulari. Almaricum vero,
quia clericus erat, praelatis Anglias reddens, non suo
(i) Edit. etJVIss. ^gi^^-^io, arege niissi.
(2) Ce dernier memljre de phrase depiiis et postea uianque dans le
Ms. 4920.
(5) Edit. ct Mss. 4918-20, Scnaudone; Ms. 4917» Sei<andone ; Vie
de riiilipp<; IIT, Senandonc et Sevandone.
GLULLELMI DE ISA^GIACO. 249
sed praelatorum nomine postea per longum tempus sub
arcta custodia reservavit.
Papa Innocentius quintus moritur, cui successit
Adrianus quinlus nalione Januensis : sed cum sedis-
set mense uno et diebnsnoTem, defunctus est; cui
successit Johannes vicesimus, natione Hispanus.
MCCLXXVH.
Johannes papa, cum sibi vilse spatium in annos
plurimos extendi crederet, et hoc etiam coram multis
assereret, subito cum camera nova quam pro se Vi-
terbii circa palatium construi fecerat , solus corruit,
et interligna et lapides collisus, sexto die post casum ,
sacramentis omnibus ecclesiasticis perceptis, expiravit,
et ibidem in ecclesia sancti Laurentii sepultus est (i).
Tyberis flumen Romanum, in tantum suos trans-
cendit alveos, quod supra altare beatae Mariae Ro-
tundae per quatuor pedes et amplius excreverit.
Quidam cambellanus regis Franci.iR, Petrus de Bru-
cia dictus, qui apud dominum suum etregni principes
magnus et honoratus valde diu fuerat, invidia quo-
rumdam contra se excitala (2), Parisius latronum com-
(i) Cest ici qu'est rapportee dans les edit. et dans les Mss. 4917-20
l'election de Nicolas III, successeur de Jean XX ou niieux XXI.
(2) Cette cause de la niort de Pierre de La Brosse, invidia </iiorum-
dam, etc, n'est donnee que dans le Ms. 10298-6. EUe n'est pas aussi
formellement indiquee dans la Fie de Philippe III , ou Guillaume de
Nangis se contente de faire des reflexions sur le danger qu'il y a pour
un parvenu a vouloir se faire l'egal des grands seigneurs. Mais dans le
meme ouvrage il accuse Pierre de La Brosse d'avoir tente de brouiller
le roi avec la reine, en imputant a cette derniere la mort de Louis,
fils aine du premier lit dc Philippe III , et le projet d'empoisonner
les autres.enfants du meme lit pour assurer la couronne aux enfants
qu'elle-meme( sperait donner au roi de Francc. ITasardcr ime parcille
250 CHRONICON
raunl patlbulo est suspensus. Cujus causa morlis apud
vulgus incognlla, magnam cunctis qui audierunt ad-
mirationem (i) ministravit.
MCCLXXVIII
Domicella Maria dicta de Jerusalem , filia principis
Antiochiae (2) [in Franciam exulans], donavit jus re-
gni Jerusalem, quod sibi competebat, cum omnibus
pertinentiis suis Karolo regi Siciliae, eo tenore quod
quamdiu ipsa viveret, ipse eidem redderet quatuor
millia librarum turonensium, accipienda annualim
super proventus reddituum comitatus sui Andegaviee.
Defuncto sicut superius dictum est Johanne papa,
dominus Johannes Gaitanus (5) cardinalis, natione
Romanus, deparentela Ursinorum, in papam eligitur,
et Nicholaus hujus nominis tertius nuncupatur.
Nicholaus papa regem Sicilise Karolum a vicaria
Tusciae removet, et constitutiones faciens tam de elec-
tionibus praelatorum quam de electione senatoris urbis
Romae , se in senatorem ad vitam suam fieri procurans,
fecit senatoriam per suos parentes per duos annos
i-egi.
Magister Johannes de Aurelianis, cancellarius Pari-
siensis, per Nicholaum papam ad episcopatum Pari-
siensem promotus, totum dimittit et saecuio valefaciens
ordinem fratrum Preedicatorum subintravit.
imputation sans etre assure de la pouvoir prouver c'etait s'exposer a
une niort certaine. Ilist. de Fr., t. XX, p. 5o2, 5ii, 5i2.
(i) Edit. et Mss. 4917-20, admiratioiiis et munnuratioiiis materiam.
(2) Marie, fiUe de Bohemond IV prince d'Antioche, etait petite-
fille, par sa mere, d'Amauri de Lusignan et dTsabelle reine de Je-
rusalem.
(5) Cc nom ne se lit que dans le Ms. 10298-6.
GUILLELMI DE NANGIACO. 251
MCCLXXIX.
Bondodar soldanus Bal^yloniae, qui Antiochenam
urbem destruxerat et Christianitati in partibus illis
multa mala fecerat, exercitum innumerabilem con-
gregans, in Turquia contra Tartaros conflictum ha-
buit, sed maxima parte sui exercitus a Tartaris caesa,
ipse lethaliter saucius redire compellitur in Damas-
cum. Nec multo post moriens , successit eidem filius
ejus; sed non diu pacifice dominiofunctus est. Plures
enim majores admiraliorum in eum conspirantes, ip-
sum in castello fortissimo quod Yocatur le Crac juxta
Babylonem cum suis obsederunt; unde inter eos
tanta paulatim puUulavit discordia, quod se ubique
communiter occidebant.
Nicholaus papa misit ad Karolum regem Siciliae
unum cardinalem, ut ejus super amissione vicariae
Tuscise continentiam, patientiam et obedientiam Ro-
manae ecclesiae experiretur. Sed hunc cum per omnia
et in omnibus magis bonum et humilem atque discre-
tum quam credebal invenisset (i), dixisse fertur :
« fidelitatem habet a domo Franciae, perspicuitatem
H ingenii a regno Hispaniae, discretionem verborum a
(( frequentatione Romanae curi.ne. Alios autem potui-
« mus superare, istum vero non poterimus (2). »
MCCLXXX.
Philippusrex Franciae indignanter ferens quod rex
[Alphonsus] Hispaniae sororem suam [Blancham] sine
(i) Edit. et Mss. 4917-20, Audito quod Karolus ejus nuntium cum
honorc et reverentia suscepisset et eidem pacijice et modeste respon-
disset.
(2) Edit. et IMss. 49'7-20, possemus,... nn/i valebimus.
262 CHRONICON
hoiiore et sine liberis suis, post mortera viri sui, in
Franciam transmisisset, apud Baionam, Hispaniam
debeliaturus, innumerabilem congregavit exercitum.
Sed dum hoc facere nititur, mandato et hortatu Ni-
cholai papae praepeditus, redire inefficax compulsus
est (i).
Nicholaus papa in Suriano castro prope Viter-
bium (2) moritur, et vacavit sedes quinque mensibus
et diebus viginti.
Circa Epiphaniam, Secana flumen Gallise sic suos
transcendit alveos, quod Parisius duos pontes et abis
locis quamplures fregerit (3), atque ita circumquaque
intluit, ut civitas Parisiensis nequiret a parle Sancti-
Dionysii absque navigio ingredi , et ex alia parte infra
urbem prope crucera Hemundi veniebant vasella na-
valia (4).
(1) En 1276, Pliilippe avait deja marche une premiere fois contre le
roi de Castille; il s'etait avance jusqu'a Sauveterre dans le Bearn ,
mais le manque de vivres Tavait force de retrograder. Dans sa seconde
expedition il s'arj'eta ii Mont-de-Marsan. Alphonse etaita Bayonne, et
les deux rois etaient sur le point d'envoyer a Dax des plenipotentiaires
pour traiter de la paix, lorsque les delegues du Pape arriverent et com-
manderent aux deux monarques de s'accorder sous peine d'exconirou-
nication. Cette intervention rompit les negociations commencees et
Philippe se retira a Toulouse. Ilist. de Fr., t. XX, p. 5o4, 5i4.
(2) Cette indication de lieu n'est donnee que par le Ms. 10298-6,
(5) Edit. et Mss. 4917-20, quod duas arcas majores Magni pontis
et unam consimiliter Parvi pontisfregerit. Le texte de la Viedc Phi-
tippe le Hardi est confornie en cet endroit a cehii de notre Ms. Le
texte francais du meme ouvrage, qui ne diffcre pas de la Chron. de
Saint-Denis, porte : « Rompi la maistre arche de Grant pont et quassa
et froissa des autres jusques a vi et rompi de Petit pont la greigneur
partie, etc. » Ilist. de Fr., t. XX, p. 5i4, 5i5.
(4) Le dernier membic de la phrase, depuis et ex alia pnrte , n'est
donne que par le Ms. 10298-6. La Croix Hemon etait dans la ruc
Saint-Yiclor.
GUILLELMI DE NANGIACO. 253
Petrus rex Anagonum parans naviglum contra Kn-
rolum regem Siciilae, [Siculorum monitu et uxoris
quae filia Manfredi fuerat regni Siciliee invasoris], ne
perciperetur quod male conceperal, misit ad curiam
Romanam solemnes nuntios , fingendo significans
quod, cum sumptuoso et sollicito apparatu, ad Dei
ecclesiae servitium et exaltationem catholicse fidei ,
versus Africam super Barbaros potentise suae brachium
dirigebat.
Hanibaldenses [de alto sanguine Romanorura pro-
creati] , quam cito mortem Nicholai sciverunt , convo-
cata parte sua Capitolii et rotharium (i) urbis Romae
existentium sub custodia vicariorum quos idem papa.
constituerat, par dominiura, invitis Ursinis, In urbe
habuerunt, ita quod ex pacto inter eos hablto pro
(i) Les edit. precedentes et la J^ie cle Philippe III portent et cer-
cocharium. Les Mss. 4917-20, etrothario, rochario on rotario.... exis-
tentibus. Les derniers editeurs de la Vie de Phillppe III , dans le Rec.
des hist. de Fr., ont rapporte un passage d'un auti-e chroniqueur pu-
blie par Muratori , relatif a cet evenenient ; il est ainsi concu : Coiivo-
cata parte sua Capitolii, et totarum urbium existentium sub custodia
vicariorum , quos idem Nicolaus constiti.ierat, partem dominii, invitis
Ursinis, habuerunt. S'aidant de ce passage, les savanls editeurs ont
propose de rectifier ainsi celui de Guillaume de Nangis : Convocata
parte sua, Capitolii et ceterarum partium urbis.... par dominium ;
c'est-a-dire, comme ils ront explique dans une note francaise, que les
Annibaldi ayant rassemble leurs partisans s'etaient empares du Capi-
tole et des autres quartiers de Rome. On pourrait interpreter au-
trement la lecon publiee par Muratori , et lire dans notre texte., au
moyen d'une simple transposition et d'une correction toute naturelle :
Convocata parte sua Capilolii, urbis Ronue , et cceterarum existen-
tium, etc... par dominium , etc; ayant rassemble les partisans qu'ils
avaientdans le Capitole, dans la ville de Rome et dans les autres villes
ou le pape avait etabli des vicaires, ils obtinrent, malgre les Orsini ,
un pouvoip egal au leur.
I
254 CHRONICON
parte Hanibaldensium imiis, et pro parte Ursinorum
alius in Capitolio senatoris officium gerentes fuerunt
constituti. Sub quorum regimine multa homicidia
plurimaeque dissensiones et alia mala quampluriraa
sunt habita, tani in urbe quam in ejus districlu, et
tamen impunita. ^
MCCLXXXI.
Dominus Simon sanctae Ceciliae presbyter cardi-
nalis, natione Gallicus, in papam eligitur, et apud
Urbem veterem decimo kalendas aprilis consecratus,
Martinusquartus appellatur (i).
Martinus papa in senatorem urbis Romae ad vitam
electus , ioco sui Karolum regem Siciliae instituit et
de domo seu familia ipsius sumpsit milites ad regen-
dum patrlmonium Romanae ecclesiae. Quos, cum sol-
danariis (2) Fraucigenis fere octingentis, misit in Ro-
maniolam contra Guidonem [comitem] Montisfeltri ,
qui terrara ecelesiae Romanae occupatam illis in par-
tibusdetinebat.
Apud Urbem veterem, orta fuit raagna dissensio in-
ter gentes Raroli regis Siciliae et Urbeveteranos (3),
ita ut mortem ad Gallicos proclamarent; et hoc totum
(i) Dans les edit. et dans les Mss. 4917-20 on lit a l'annee 1280 :
Defuncto papa Nicolan , pnst quinque menses et vis,inti dies Romance
ccelesice centesimus noungesimus tertius Martinus quartus natinne
Francus prcesidet. Le couionnement du pape, fait le 20 mars 1281 ,
avant Paques, devait, d'apres la maniere de compter alors en usage,
etre rapporte a l'annee 1280.
(2) Edit. et Mss. ^QiJ-^-o, stipendiariis. — Le chcf de ces merce-
naires fut Jean d'Eppc, conseiller du roi de Sicile et recemment cree
comte de Romagne; nous le retrouverons tout a l'heure sous le nom
de Johannes de Apia.
(5) Ib., et cives , et plus bas, et civibus.
GUILLELMI DE NANGIACO. 255
factum est per Ramerium urbis capitaneum , qui as-
sensum praebebat Urbeveteranis. Sed Galli ad arma
concurrentes , plurimos de ipsis occiderunt ; et sic
tunc, necessitate cogente, preedicta dissensio sopita
est.
Mense februario, piscis marinus in effigie leonis
captus, apud Urbem veterem , ubi erat Papa et curia,
deportatus est. Sed quia in sua captione planctus horri-
biles emiserat, hoc multi signum aliquod futurorum
exinde fieri asserebant.
In regno Siciliae Panormitani et Messanenses , ad-
versus regem Karolum conspirantes, succensa rabie,
Gallicos omnes qui ibidem morabantur, tam mares
quam feminas, senes etjuvenes, in regis contemptum
occiderunt. Et, ([uod detestabiliusfuit, latus aperien-
tes mulierum prsegnantium quae dicebantur a Gallicis
concepisse, partus occidebant antequam nasceren-
tur (i).
Lovelinus princeps Galensium, iterato contra re-
gem Angliae Eduardum rebellavit, faciens per fratrem
suum , nomine David , gentes regis quse munitiones et
fortericias terrae Galensium custodiebant occidere.
Quod rex aegreferens, protinus exercitu congregato,
terram Galensiumacriter impugnans, suae eam ditioni
subegit, principis Lovelini etDavid fratris ejus capiti-
bus praecisis.
Karolus rex Siciliae, audita morte suorum, mittens
in Franciam pro succursu fillum suum Karolum prin-
cipem Salernae, [ipse, Faro cum pluribus transito],
(i) Ce massacre, si connu sous le nom de f^epres Siciliennes , eut
lieu le lendcmain do Paques i'an i'i82.
256 CHRONICON
Messaiienses acceleravit obsidere. Secl ecce dum eos
nititur debellare, Petrus rex Arragonige, quem Panor-
mitani et Messanenses in suum defensorem et domi-
num vocaverant, et per cujus consilium rebellionem
assumpserant, regnum Siciliae, contra domini Papae
inhibitionem, vallatus multitudine equitum et pedi-
tum innumerabili subintravit (i). Qui statim totam
Siciliam rebellare faciens , fecit se in contemptum Ka-
roli et Romanse ecclesise in regem Siciliae coronari;
mandans Karolo in obsidione Messanensium occupalo,
quod de regno suo exiret celeriter, non prsesumens
IVlessanenses ulterius impugnare. Quo rex Karolus
audito, consilio quorumdam suorum proditus, [ut
aiunt], ad planum sancti Martini in Calabria se re-
traxit.
Parisius inter clericos Picardise nationis et Anglicos
ibidem sludentes tanta fuit discordia, quod studium
ibi deficere crederetur. Nam Anglicani clerici domos
ciericorura Picardiae confringentes, et nonnullos oc-
cidentes, extra Parisius Picardos fugere compulc-
runt (2).
MCCLXXXII.
Pridie kalendas maii, dominus Johannes de Apia
[miles] etsoldanarii domini papae Martini contra Gui-
donem de Montefeltri progredientes, burgum civi-
(i) Edit. et Mss. 4917-20, Pcirusdc Amgonia, quiversiis Africam
lalitabat , a Siculis tanquam eorum clominus et defensor prcecipuus
cyocatus , Siciliam, coiitr. dom. Pap. inhib. cum manu valida suhin-
travit.
(.{) La version francaise de la Vie de Philippc III dit au coiitraire
que, dans la crainte que les ecoliers ne s'entre-tuassent, ou les eni-
prisonna au chatelet de Paris. Hist. de Fr., t. XX, p. 5ni.
GUILLELMI DE NANGIACO. 257
tatisForilinii (i) capiunt, et per hanc diem et iioctem
sequentem ibidera remanentes , die crastina prima
maii, congregatis aciebus, tres turmas ordinaverunt,
eas stabilientes in facie civitatis. Quos e contrario ad-
versarii perspicientes, diversimode suos emittunt bella-
lores, ut plus astutia quam bello possent dominum
Johannem et suos conterere. Concurrentibus igitur
insimul aciebus, fitacre praelium in quo cecidit comes
Thadeus, nobilis pugil Ecclesi.T, cum quingentis fere
Gallis, et ex adversa parte lamnobiies quam ignobiles
mille qulngenti [etampliusj. Tandem nocte superve-
niente, ad suam partem superstites se traxerunt, nullis
tamen victoria attribula.
Solemnis inquisitio facta est de vita et miraculis re-
gis Franciae Ludovici.
Soidanus Bahyloniee fugatus a Tartaris per octo
dietas [et amplius], perdidit de suis fere qulnquaginta
millia; sed iterum Soldanus, viribus resumplis, Tar-
taros fugere compulit, et ex eis triginta millia occi-
dit(2).
Martinus papa Petrum regem Arragoniae, qui con-
tra inhibitionem Romanae ecclesiae se fecerat in regem
Sicilire coronari , propter quod excommunicatus erat,
sententiando privavit a regno Arragoniae et omni eo
quodab ecclesia Romana tenebat, ejusque vassallos ab
ipsius fidelitale absolvit, et regnum Arragoniae [cum
suis pertinentiis] Karolo comiti de Valesio, filio Phi-
(i) Cette lecon est confornie a celle des i\!ss. 49'8, 49'9 et 4920.
Le Ms. 4917 et les edit. Tporient Forilivu.
(2) Edit. et BIss. 4917-19 > dicitur occidisse. -- W s'agit sans doute
ici de la victoiie qne Kelaoun-Melek-el-Mansour remporla sur les
Moagols, prts d'Eniese, le S decenibre liSo.
I. J7
258 CHRONICOiN
lippi legis Frauciee, uepoti scilicet dicti PeLii (i) cx
sorore, concessit.
Karolus priiiceps Salernae, fillus Karoli regis Siclliae,
qui missus fuerat in Franciam pro succursu, rediit in
Appuliam cum magna miiitum comitiva ; inter quos co-
mes Alansonis Petrus, frater regis Franciae Philippi ,
comes Attrebati Robertus comes Boloniae, comes
Domni-Martini Johannes, et comes Burgundiae Othe-
linus Qi) , cum multis aliis nobilibus advenerunt, Ka-
rolo rege reverso de obsidione Messanensium et eo in
plano sancti Martini in Cnlabria existente (3). Petrus
de Arragonia preeagnoscens succursum de Francia regi
Karolo advenisse, ut potius dolo vel artis industria
quam aliquo belli genere contra Karolum dimicaret,
et se et suos interim praepararet, tale belli pactum Ka-
rolo demandavit, scilicet ut haberet eorum qullibet
centum quos vellet et posset milites in planis Burde-
galis, centum contra centum ad pugnandum ad invicem
prseparatos, inter quos ipsi duo debebant Petrus et
Karolus computari ; et qui victus esset infamis per-
petuo et privatus honore regioque nomine remaneret,
uno contentus de cetero serviente qui cum eo solus
incedeiet ; non veniens ad praedictum locum die
prima junii anni subsequentis sic paratus, similes poe-
nas et etiam perjurium incurrebat.
(i) Dom Pedre III, fils de Jacques le Conqueraiit roi d'Aragon,
etait frere germain d'Isabelle, premiere femme de Philippe le Hardi,
mere de Philippe le Bel, et de Charles de Valois dont il est ici ques-
tion.
(2) Dans la Vic de Philippc III, Guillaume de Nangis nomme en-
core Mathieu seigneur de Montmorenci. Hist. de Fr., t. XX, p. 522.
(5) Ce qui precede depuis Karolo rcge manque ici dans les edit. et
les Mss. 4917-20.
GUILLELMI DE NANGL4C0. 259
MCCLXXXIIL
Dominus Guido de Montcforti [a custodia qua diu
detentus fuerat per papam Martinum (i) liberatus] ,
niittitur ab eodem ponlifice in auxilium suorum in
Romaniolam. Quo illuc veniente, Guido de Montefeltri
statim terras et civitates occupatas per eum ipsi Gui-
doni de Monteforti , nomine ecclesise Romanae, resti-
tuit, jurans pariturum se Ecclesiae mandatis. Sicque
terra Romaniolae ad mandatum domini Papae pacifice
revertens, excepta civitateUrbinatis, Guido de Monte-
forti eam hostiliter aggreditur, et quidquid extra mu-
ros reperit accipit et devastat.
Karolus Siciliae rex prima die junii venit Burdega-
las , pugnaturus contra Petrum Arragoniae et eodem
modoquosibi mandaverat praeparatus; sed non ausus
venire illuc dictus Petrus ut debebat. Nocte tamen
diem statutam praecedenti , cum duobus sociis, ut tra-
dunt aliqui, locutus est in loco privato et remoto cum
Burdegalis senescallo, praetendens quod servare pac-
tum suum ibidem, propter timorem (2) regis Franciae
[qui ibidem advenerat], non auderet. Quo, ut dictum
est, non comparente, Karolus [cum rege Franciae
Philippo nepote suo] in Franciam se recepit , et
ibidem usque ad mensem martium subsequentem mo-
ratus est.
Quidam miles de Hispania, Johannes Nunnius (5)
(i) II avait ete emprisonne a cause du meiutre qu'il avait commis
sur la persoane de Henri, fils de Richard comte de Cornouailles et
empereur. Voy. plus haut, p. 24'-J, et Hist. de Fr., t. XX, p. 5i\.
(2) Edit. etMss. 49i7-*20, proptevfortitudinem.
(3) Les edit. precedentes portent /. Minimus ; les Mss. 4917, Min-
nius ; 4919» Nuntirus ; 49^0, Mimus ; 49'8, iVimw/M* ; Yie de Phi-
260 CHRONICON
iiomine, regls Francise slipendlarlus, perdeversus Na-
varram regnum Ariagonise invasit, et plura castra ,
Petro rege absente et auxilium sibi procurante (i),
illius tcrrse occupavit.
Comes Tusciae Rubeus, pater uxorls domlnl Guido-
nis de Alontefortl, diem clausitextremum. Quo audito
idem Guido, de licentla domini Papae exercltum ec-
clesiee Romanse in obsidlone Urblnatis rellnquens, se
transtulit in Tusciam, ut lerram quae uxorl suae ex
raorte comitis et puerls ejus provenlre debebat con-
tra comltem Sanctae-FIoree , qul eam Impetebat, de~
fensaret. Cum autera in dlcta terra existeret, comes
AnguIIIarlse, ipsum nitensoffendere, terram ejus hos-
tiliter sublntravit; sed ipse Guido contra eura vlrl-
llter pergredlens, quosdam de suls cepit et plurlmos
interfeclt (2).
Karolus rex Siclllae reversus de Francla , per
mare(5)se versus Appuliam transtulit. Cujusadventum
sclentes Siculi, cum vlgintl septem galels gentibusar-
matis et munitis venerunt per mare prope Neapolim,
profcrentes multos clamores et convlcla (4) quibus
possent allquos ante KaroII regis adventum offendere.
lippele Hardi, Nunuius ; Chron. de Saiat-Denys, Jenn Nougne. Cest
le Nugnes espagnol.
(i) Edit. et Mss., sibi undecnmque perquirenle-
(2) Edit. et HIss. 49'7i ^QiSet^QiQ, tcrrntn.... conlraconiites Florce
et Ang^uitlnriLii ,{ 1^^)10 et Arguillnrice) qui emn inipetebnnt, viriliter
defensnvit , et gentes illorum qunmplurimos interfecit.
(5) Les deux mots per mare ne sont donnes que par le Ms. 10298-6.
(4) Telle est lecon du Ms. 49^9; les autres portent et belli judicio.
Le Ms. 10298-6 et le texte latin de Ja Fie de Philippe III, clamores cl
indicin. La correction judicia proposee par j\lM. les edileurs du
^Qme volume des /list. de Fr. ne nie parait pas heureuse.
GLILLELMI DE NANGIACO. 261
et moverent [fillum ejus el] Ibldem exlstc iites Galllcos
ad pugnandum. Quos audlens prlnceps Salernae, regls
Karoll prlmogenltus, qul dlmlsso Attrehalensl comite
[Roberto] in Calabrla certls de causis illuc advenerat,
motus et incltatus clamorlbus eorumdem , damnose
sumens audaclam , cum suls bellatorlbus Intravit ga-
leas et Ipsos fortlter aggressus est. Sed qula navalls
belll gens sua Ignara exlltlt, et potius fraude nauta-
rum deceptus , ut dlcebatur, cum suis devictus et
captus , Messanam ductus carcerl manclpatur. Quarta
Igltur dle sequenti , venlente [Karolo] patre [<^jus]
Neapollm (i), Neapolitanos , qul jam post captlonem
principis [spirltum] rebelllonls assumpserant et gentes
suas Franclgenas expulerant, castlgavlt, ct eos, com-
minantibus oculls quasl insclus preemlssorum (2), a
suls permlslt sequacibus cruciarl. Tandem parato
exercltu , versus Regiam inCalabria, ubi comes Attre-
batensis [nepos suus] erat, se transtullt, Farum Iran-
slre cuplens ut Messanam obsideret. Sed quod con-
ceperat nequlens adlmplere , vasa sua in portu
Biundusil, nc per flatus hlemales frangerenlur aut ab
inlmicis caperentur, destlnavit.
(i) Cette bataille se donna le 5 juin 1284. — Le roi de Sicile faisant
equiper en Provence une flotfe considerable pour soumettre ses sujets
rebelles, avait envoye a son fils des messagers charges d'une lettre qui
lui interdisait tout combat naval avec les Siciliens. Ces lettrcs furent
interceptees et donnerent l'idee u Roger de Loria, amiral sicilicn, de
prevenir Tarrivee de Charles , et de faire eprouver, s'il etait possible ,
un echec a son fils. Hist. de Fr., t. XX, p 626.
(2) Mss. 4917» 4919 et 4920, conniventibiis — promissoriun ; 4918,
cnmminantibus ; 49^75 prcemissorum. Ces mols depuis comminanti-
bus ^wsrixx^-A .prcemissorum manquent dans la premierc editiou
26-2 CHRONICON
MCCLXXXIV.
Coraes Joviniacl [illustris Francigena], qui in obsi-
dione Urbinatis remanscrat, contra instructionem
domini Guidonis de Monteforti Urbinates impruden-
ter invadens, ibidera extitit interfectus.
In crastino Assumptionisbeatae Mariae (i), Philippus
Philippi regis Franciae priraogenitus, dispensatione
Romanse ecclesiae, Parisius duxit in uxorem Johannam
consanguineam suam (2), filiam defuncti Henrici regis
Navarrse comitisque Campanise unicam.
In vigilia beatae Katerinae virginis, per totam noc-
tem (5) tanta fuit ventorum vehementia, quod multae
domus multaque raonasteriorum clocheria et multse
fortes et magnae arbores per regnum Franciae cecide-
runt.
Septiraa die mensis januarii (4) Karolus rex Siciliee
moritur. Cujus mortem agnoscens papa Martinus, lu-
gubres dies cum suis cardinalibus , sicut Iicuit(5),
celebravit, et comiti Attrebatensi [Roberto] , cui tu-
telam regni Siciliae et puerorum capti principis Sa-
lernae, primogeniti dicti Karoli regis Siciliae defuncti,
coramittebat, magnara summara pecuniae ad eorum
subsidiura destinavit.
Philippus rex Franciae, mense martio, [adversus
Arragones excommunicatos a Papa], ad regnum Arra-
goniae occupandum iter arripuit.
(i) Le i6aout.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, Philippus.... iti festo Assumptionis —
milcs novus efficitur, et in crastino Johannam filiam defuncti regis
Nnv-arrce comitisque Campanice Henrici apud Parisius desponsavit.
(5) Dans la nuit du 24 au i5 novembre.
(4) Le 7 janvier i285.
(5) Sicut decuit mc sembierait preferable.
GUILLELMI DE NANGIACO. 263
MCCLXXXV.
Die Annunclatlonis beatae Mariee (i), qui fuitdies
Resurrectionis Dominicee , postquam papa Martinus
missam celebrasset et refectionem solitam cum suis
capellanls sumpsisset , arripuit eum occulta et gravls
infirmitas. Ex qua llcet se graviter patl dlceret, ejus
physici (2) morbum ignorantes et causas, asseruerunt
nullum mortisindicium in eo apparere. Die vero mer-
curli proximo subsequenti (3),clrca noctls horam
quasi quintam, debitum explensconditionis humanae,
ad Dominum, ut certls oplnatur indiciis, transmlgra-
vit (4); nam diversarum afflicti passlonum et morbo-
rum ad tumulum ejus venlentes, multis vldentlbus,
sunt sanatl. Cui successit Honorius quartus, natione
Romanus de domo Sebellorum (5).
Petrus rex Arragonura , cognoscens quod rex Fran-
claeexercltum sperarel (6) ad regnum xArragonlaeperva-
dendum, protinus se de Slcilla In regnum Arragonlae
transtulit , verens amittere regni jura. Et qula SI-
culi de Messana prlnclpem Salernae Karolum ad
quoddam castellum transtulerant, metuens eorum in-
fidelltatem , feclt eum in Arragonia transportari , et
diligentisslme custodlrl.
(i) LeaS mars.
(2) Ses medecins.
(3) Le mercredi 28 mars.
(4) Tous les details qui precedent raanquent dans les editions pre-
cedentes et ne sont donnes que par le Ms. 10298-6, confoi'me en cet
endroit, comme partout, au texte latin de la Fie cle Philippe III.
(5) Notre Ms. est aussi le seul qui mentionne ia famille des Savelli
a laquelle appartenait Honorius lY.
(Q) Sperare a ici le sens d^altendre. Ce vcrbe a conserve cette signi-
fication dans les patois meridionaux.
264 CHRONICON
Honorius papa , statim post promotionem suam ,
tam comiti Attrebatensi in Appiilia quam ceteris sti-
pendiariis in certis locis per dominum papam Marti-
numpraedecessorem suum ordinatis, eos confovendo,
prrpstavit stipendia, et animavit ad suscepta negotia
sollicite prosequenda.
Pliilippus rex Francioe, circa festum beati Johannis
Baptistae, regnum Arragoniae, qiiod Karolo filio suo
comiti de Valesio concessum fuerat ab ecclesia Romana,
conlra Petrumregem Arragoniae damnatum per mare
et terram invasit. Et primo terram Rocilionis aggre-
diens, [Januam civitatem sibi contrariam aggressus
est , et in brevi totam destruens], per [locum invium
juxta] passum Eclusae, qui, in ipsis Pireneis montibus
positus, fortior illius terrae introitus dicebatur, invitis
inimicis, omnia capiendo usque ad Geronnam (i) re-
giii Arragoniae urbcm fortissimam pervenit et obsedit.
[Quod videntcs Arragonii qui in summo passus Eciusae
verticCt... armati steterant, nec per aliunde credebant
regem Francorum ascendere, admirantes timuerunt
valde, et timore perterriti ad urbes et oppida confu-
gerunt. Rex autem Francite Geronnam obsidens et
ibidem assultusplures faciens cives debilitavit; sed ipsi
fortiter repugnantes, se per tresmenses vel circiter te-
nuerunt].
In ipso autem obsidionis termino, die Assumptionis
beatae MaricC , cum misisset rex ad portum maris
proximum (2), ubi erant suae naves, pro victualibus
exercitui asportandis, Petrum regem Arragoniae non
(1) La prcmiere et la troisieme edition portent Geromiam. De La
Bai-re a imprime Geronnam , lecon jnstifiee par tous Irs Mss.
(•2) Kdit ct Mss. 4917-20, nd portum /{nsarum.
GUILLELMI DE NANGIACO. 265
latuit. Qui statim, secum assumplis quingentis equi-
iibus armatis et tribus millibus peditlbus, iter occu-
pavit ut Francorura posset victualia depraedari. Quod
agnoscentes dominus Radulphusde Nigella regis Fran-
ciae constabularius (i) et dominus Johannes de Har-
dicuria raarescallus, illico, cum centum et qulnqua-
ginta sex armatls equitlbus, Arragonum insidiis
occurrerunt. Quos videntes Arragonii, quia pauci ad
eorum numerum videbantur, protinus irruerunt in
ipsos; sed Franci eos virillter suscipientes, praevalue-
runt In eosdem : nam, quamvis essent in dicto con-
flictu fortiores et nobillores totius Arragoniae, prout
asserebatur, fere omnes corruerunt. Sed etPetrus rex
Arragonum, qui recognoscentlam armorum suorum
non induerat ne posset a Gallicis veraclter apprehendi ,
lethaliter vuhieratus, fugcre compulsus est. [Qui in
quadam abbatla se reponens, satis citopostea, Francis
ignorantibus, expiravit]; sed mortem ejus quantum
potuerunt Arragonii celaverunt. Mense vero obsidio-
nis tertia Geronna a Francis capitur et munitur. Post
quam rex Franciee stalim versus Carcassonam (2),
propter infirmitatem magnam quani incurrerat [et
propter instantem hiemem,] rediens, paucas gentes in
Geronna dimislt, et partem navium suarum , nescio
per cujus consillum , licentiavit : unde damnum et
pudorem maximum reportavit; nara dictas naves quas
Jicentiaverat protinus Arragonii locantes et alias inse-
quentes debellaverunt, et partem carum maximam
lucrati sunt. SedetGeronnam, cum Judseis et Paganis
( I ) E^it. et Mss. 49 1 7-20, cum cnmilc Marchice el J. de Ecudicnria, ctc.
(•2) //?., Narbnnam.
266 CHRONICON
(fuamplurlmls, qui ad auxillum eorum convenerant,
obsidentes, pactione habita cum Francis qui ibidem
remanserant ut sani cum suis hincrecederent, recupe-
raverunt(i). Franci etiam redeundo in descensu mon-
tium detrimentum maximum sunt perpessi. Nam
Arragonii in quibusdammunitionibus existentes, cum
viderentpaucos Gallicos ab exercitu elongatos , in illos
irruebant et prout poterant depraedabantur, statimad
suas fortericias refugientes.
PhilippusrexFranciaSj de obsidione urbis Geronnae
infirmus revertens versus Carcassonam, apud Perpi-
niacum defunctus est quinta die octobris; cui suc-
cessit Philippus, ejusdem priraogenitus ex Ysabelle re-
gina, sorore Petri de Arragonia damriati, octodemis.
Porro viscera (2) Philippi regis apud Narbonam [in
raajori ecclesia] sepeliuntur, et corpus (5) ejus [cum
corde] apud Sanctum-Dionysiura in Francia deiatum
est. Sed antequam ibidem sepulturse traderetur, magna
dissensio inter monachos sancti Dionysii et fratres
Prsedicatores Parisius commorantes, propter cor ip-
slus regis, est exorta. Nam Philippus rex, defuncti Phi-
lippi regis filius, juvenis et novusrex, ut dictum est,
ad petitionem cujusdam confessoris sui fratris de or-
dine Praedicatorum ante dicto, concesserat improvisus
dictum cor patris sui praedictis fratribus Praedica toribus
(1} Edit. et Mss. 4917-20, Arra^onii naves quce in portu Rosaruni
remanserant, occisis de genie Francorurn quampluriniis , rapuerunt,
et satis cito postea Geronnam urbem obsidentes , Francos qui ibidem
ad cuslodiam relicti fuerant, ad deditionem coegerunt. Le reste de
1'alinea n'est donne qne par le Ms. 10298-6.
{1) VAit. et Mss. 4917-20, rc.r aulcm Francioi apud Pcrpiniacum
dejunctus e.st. Cujus caro et viscera, etc.
(3) Ib., et ossa.
GUILLELMI DE NANCxIACO. 267
ad humandum Parislus in fratrum ecclesia praedicto-
rum. Et tunc per legatum Romanee curiae in Francia
existente, et praelatos etbarones regni Franciae osten-
sum est novo regi hoc in prsejudicium fieri ecclesiae beati
Dionysii ante dictae; nam pater suus totura elegerat cor-
pus suum apud Sanctum-Dionysium sepeliri. Et de hoc
fuit postmodum determinatum Parisius in scholis, per
plures magistros theologos, quod neque rex neque
monachi dare, neque fratres praedicti possent praedic-
tum cor, dispensatione dumtaxat summi pontificis,
detinere. Auctoritate tamen regia praevalente, sepul-
tum est Parisius apud Fralres (i).
Hic Philippus rex defunctus reliquit quinque pue-
ros : Philippum successorem regni, Karolumcomitem
de Valesio ex Ysabelli prima uxore, atqueLudovicum
comitem Ebroicarum, Margaretam reginam Angliae,
et Blancham ducissam Austriae ex Maria [de Brabanto]
regina uxore secunda.
Philippus quartus rex Franciae, cum uxore sua do-
mina Johanna, filia quondam Henrici regis Navarro-
rum comitisque Campaniae et Briae Palatini, Remis,
die Epiphaniae (2), in regem Franciae inunctus et co-
ronatus est.
(i) Voici comment ce fait est raconte dans les editions precedentes :
Volebant etenim dicti fratres , monachis invitis , illud cor ad sepe-
liendum in sua Parisiensi ecclesia obtinere , eo quod Philippus juvenis
rex et regni successor ipsum concesserat cuidam fratri de ordine Ja-
cobito ; sed tandem rex fratrum instantia pulsatus, qui se reputabat
dediccre pudorosum, contra multorum consilium fecit illud P arisius
sepeliri infratrum ecclesia Prcedicatorum. De quo determinatumfuit
postmodum per p/ures magistros theologos , etc. Les mots dispensa-
tione dumtaxat sumiiii pontificis , omis dans les Mss. 49 '7 ^t 49^0 >
ont ete effaces dans le Ms. 4918.
{•}.) Le 6 janvier 1286.
268 CHRONICON
MCCLXXXVL '
Petro Arragoniae rege, slcut superius dictumest, de-
functo, Alphonsus ejus primogenitus in regem Arra-
goniae, et Jacohus aiter fdius cum Constantia matre
ipsorum in regem Sicilias, contra inhibitionem et
raandatum Romanse ecclesiae , coronantur.
Circa Pentecosten (i), Honorius papa quartus sen-
tentiara quara Martinus papa prsedecessor suus contra
Petrum Arragoniae regem defunclum protulerat, in
filios ipsius, Alphonsum tunc regem in Arragonia et
Jacobum ac Constantiam eorum matrem coronatos in
Sicilia (2), eadem tirmitate et edicto simili confir-
mavit.
Eduardus rex Anglioe venit in Franciam cum multo
nobili comilatu. Qui a rege Francige cum magno ho-
nore susceptus, fecit eidem Parisius homagium pro
Gasconia et toto ducatu Aquitaniaequem in suo domi-
nio possidebat (3). Deinde ulterius progrediens in
Gasconiam, apud Burdegalas, in Natale Domini,
grande tenuit parlamentum , in quo plures imntios
regni Siciliae, Arragonise, Hispaniee suscipiens, suspec-
tum fuit ne aliquid contra [regnum et] regem Franciae
moliretur. Tamen ibidem, ut quidam referunt, deii-
berationem (4) principis Salernse Karoli consanguinei
sui germani capli a Siculis, [erga regem Arragoniae Al-
phonsumqui eumdem tenebat in carcere], procuravit.
(i) Cette date n'est donnee que par le BIs. 10298-6.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, iii fiUos ipsius Alphonsum et Jacobiim
atque eorum matrcm Constantiam , etc.
(5) Edit. etMss. 4917-20, Eduardus rex JnglitB in Frnncinm evo-
catus , fecit homaa^ium regi Fianciiv pio diicatu Aquitania' etcunctis
a/iis qu(B , ftc.
(4) l^a delivrancc.
GUILLELMI DE NANGIACO. 269
Mense septembri , Mathaeus abbas Sancti-Dionysli in
Francia, per cujus sapientiam et prudentiam regnum
Frar.ciae magna ex parte regebatur ac fuerat per lon-
gum tempus, die festo sancti Firmini martyris, diem
clausit extremum (i). Hic utique vir in omnibus Lnuda-
bilis fuitet multum religiosus; monasterium namque
illius abbatiae, longe a relroactis temporibus incoep-
tum et miro ac sumptuoso opere constructum, fere a
media parte usque ad ultimum consummavit. Abba-
tiam etiam suam , quam in rebus et facultatibus inopem
et quasi consumptam invenit, novis muris et altis
cingens ac eedificiis magnis et sumpluosis reparans,
ipsam suis temporibus locupletem reddidit, etmultum
in redditibus augmentavit. Tantum denique, dum
rexit eumdem locum, ita ibidem religio efTerbuit, quod
monachi sui, propter religiositatem suam et vitam
honestam quam ducebant, plures in diversis regni
Franciee monasteriis [abbates] ponerentur (a).
Die parasceves (3)_, Honorius papa obiit; cui succes-
sit Nicholaus quarlus.
MCCLXXXVII.
Rex Cypri (4) fecit se in Accon in regem Jerusalem,
contra jus quod in eodem regno habebant heredes
Karoli regis Siciliae, coronari. Propter quod comes
Attrebati Robertus , tutor heredum principis Salernae
(i) Le 23 septembre. — Edit. etMss. 4917-20, meiise sepieinbri de-
funclus estMathceus, abb. S. Dion. in Fr. regni Francics consiliarius
principaiis, qui monasieriuni suce domus a retroactis temporibus, etc.
(2) Dans le JMs. 4918 on lit en marge par renvoi : Successit auteni
ei dominus Reginaldus Giffart natus de Parisius.
(5) Le vendredi saint (4 avril) 1287.
(4) Henri IL
270 CHRONICON
Karoli captl, quia in hoc Templarii et Hospilalarii
consenserant, terras et domos eorum per Appuliam
constitutas fecit in manu sua saisiri (i).
Alphonsus Arragoniae rex regnum (2) avunculi sui
regis Majoricarum, qui se de parte Ecclesiae et regis
Franciae tenebat, occupavit.
Graeci ab unitate et obedientia Romanae ecclesiaese
separantes, Papamet cardinales sibi creaverunt.
Comes Attrebatensis [Robertus] apparatum faciens
ad transfretandum in Siciliam, misit dominum Gui-
donem de Monteforti apud Venetias et per totam Tus-
ciam, ad petendum galeas et alia necessaria pro Sicu-
lis expugnandis.
Parum ante Natale Domini (5) venerunt nuntii
ArragonifB et Siciliae ad curiam Romanam proponentes
in plano consistorio, coram Papa et cardinalibus,
multa falsa quae apud aliquos magnum favorem inve-
nerunt. Primo Arragonii excusaverunt dominum suum
[Alphonsum] regera , quod [postpatris obitum] non
miserat nuntios ad curiam [Romanam], dicentes quia
non poterant transire per terram regls Franciae prop-
ter guerram inter ipsos habilam (4). Secundo dice-
bant dominum suum innocentem, quia in nullo con-
scium facto patris. Tertio quia, diu ante mortem patris
sui, habuerat regni possessionem in qua remanserat;
(1) Edit. et 3Iss. 4917-20, Apud Accon urbein Sjrice rex Cyprife-
cit se.... coronari; et quia id Templ. et Jralres Hoxpitalis perrnise-
rant , res eorum et bona per Appuliam et terram regni Sicilice in manu
regia capiuntur.
(■2) Ib., regni terras aliquas.
(5) Ib., Circa.... Nat. D.
(4) Ib , quod tran.iire non potcrani propter guerras , etc.
GUILLELMI DE NAIsGlACO. 271
c|uam petebat sibi iii pace dimitti, et quod Papa nou
permitteret ipsum super hoc ab aliquo molestari.
Quarto offerebat se ad servitium Ecclesiae, quia, sicut
preedecessores sui fuerant obedientes ecclesiae Romanae
ct devoti, in hoc intendebat eos prsecipue imitari. De
prirao Papa non curavit. Ad secundum sic respondit :
« Placeret nobis quod esset innocens, sicut dicitis, sed
« contrarium ostendit in hoc quod gentem suam [no-
« bis et regi Siciliae rebellanlem] misit et non cessat
(( mittere in terram nostram Siciliae; item in hoc quod
(( non permittit interdictum nostrum servari in terra
{( Arragoniae ; item in hoc quod occupavit regnum
(( avunculi sui (i) regis Majoricarum, qui se tenet de
(( parte Ecclesiae; item in hoc quod detinet Karolum,
(( principem Salernae, innocentem; quem quamdiu
(c tenuerit, apud nos non inveniet gratiam nec favo-
(( rem. »
Ad tertium Papa sic respondit (2) : (( Licet dominus
(( vester regnum Arragoniae teneatetpossideat, in hoc
(( tamen dicimus ipsum jus non habere, imo fratrem
{( regis Franciae Karolum comitem de Valesio, cui col-
({ latum est per Ecclesiam. Verumtamen, si ipse volue-
« rit de justicia sua contendere coram nobis, parati
(( sumus , [si venerit] , audire eum et dare ei justiciae
(( compleraentum. »
Postmodum venerunt Siculi (5) proponenles prirao
(i) Edit. et Mss. 4917-20, patriii sui. Cest le mot propre : D. Jayme
roi de Majorque etait frere du pere d'Alphonse.
(2) Ces raots, qui conipletent le sens, ne sont que dans le
Ms. 10298-6.
(5) Edit. et Mss. 4717-20, duo frntres Minores uuntii Siculorum.
272 CHRO]NICON
quam diu (i) fueraiit oppressi a Gallicis, et, cum noii
possentamplius sustinere ipsos, cie terra sua curialiter
eos ejicere intendebant, quando quidam maligni subito
irruerunt in eisdem, quod displicuit bonis viris. Excu-
sabant etiam Constantiam, uxorem Pelri de Arrago-
nia (2), dicentes eam innocentem quia venerat in Si-
ciliam sicut mulier obediens viro suo; petentes ut
Jacobum filium ejus, quem ipsi in regem elegerant
dominus Papa confirmaret. Kijp.c et alia frivola multa
proponentibus, dominusPapa respondit eisdem quod
recederent et melius et sanius concilium procurarent.
MCCLXXXVIII.
[Multis luidecumque galeis], circa Ascensionem
Domini, [npud Neapolim ad expugnandos Siculoscon-
gregalis], quidam miles de Appulia inarmis strenuus,
Rer^inaldus de Avella nominatus, prsecepto et consilio
Roberti , comitis Atlrebalensis et legati Romanee cu-
riae dominiGirardi deParma (3) presbyteri cardinalis,
cnm pluribus galeis armis et gentibus bene munitis ,
transfretavitin Siciliam et ibidem Cathinensem urbem
invadens, eam satisleviter vi sua expugnatam in dedi-
tionem accepit. Ipse autem ibi descendens cum gentc
sua, vasa sua navalia vacua redire fecit Neapolim, in
quibus quamplures alii debcbant ex condicto, sicut
promiserant, ad ejusauxilium concurrere festinanter.
Seddum tardarent, Siculi et Arragonii dictum militem
(i) Jb., qtio modo diu.
(2) Ib., Constantiam matrcm Jacobi occupalovis Sicilio!.
(5; Lcs niots ct lcgati R. c. d. G. dc Parma pr. card. manquent dans
les editions precedentes et dans les Mss. 4917-20.
GUILLELMI DE NANGIACO. 273
et gentem suam in dicta urbe per mare et per terram
obsiclentes (i), cum diu bene et viriliter se defendis-
sent, eos tamen, rebus suis et vlta salva, civitatem red-
dere compulerunt. Tandem , dum ad eorum subsidium
dominus Guido de Monteforti , comes Tuscias (2) ,
comcs de Bregna, dominus Philippus filius comitis
Flandrensis [Guidonis] et plures alii de regno Franciee
navigarent, a Siculis [navali praelio] in mari [devicti et
a Rogero de Daurea (5) eorum amiralio] capti sunt et
[diversis] carcerlbus raancipati. Sed postea, fere om-
nibus pecunia redemptis, solus Guido de Monteforti
periit in carcere, nec potuit deinceps prece vel pretio,
quamvis multum pro eo offerretur, redimi, dolo, ut
a multis suspicatur, Eduardi regis Angliae detentus.
Johannes dux Brebanciae et comes de Luicebourc ,
versus Leodium magnum exercitum congregantes,
adversus se invicem pro comitatu de Lamburgo hosti-
liter pugnaverunt. Sed praelio hinc inde acriter com-
misso, comes de Luicebourc cum tribus fratribus (4)
suis fuit ibidem interfectus, et Coloniensis archiepi-
scopus, acquampluresalii qui in auxilium comitiscon-
venerant, capti fuerunt similiter et detenti , duce cura
suis victoriam obtinenle.
(1) Edit. et Mss. 4917-20, et interiin dum se pnrant, Siculi dictutn
rrdlitem obsidentes, etc.
(2) Deux mots omis dans les Mss. 4917-20 et dans les edit. prece-
dentes.
(3) Edit. et iMss. 4917-20, de Laurea. Rugyieri ou Roger de Loria.
(4) Cette lecon est conforme a celle dii Ms. 4919- Les autres Mss. et
les edit. portentcMm tribus filiis, ce qui est une niauvaise lecon, puis-
que aucun des trois lils d'Henri lY comte de Luxembourg ue perit
a la bataille de Woeringen. Mais son frere legitime Waleran, sire de
Ligny, et deux de ses freres batardsy partagerent son sort.
I. 18
274 CHROJNICON
Karolus princeps [Salernae], filius Karoli regis Sici-
liae defuncti, circa Purificationem beatae Mariae (i)
de carcere regis Arragoniae et Siculorum liberatur ; eo
tamen pacto quod magnam pecuniae summam redde-
ret, et pacem Siculorum et Arragonensium, pro posse
suo, erga Romanam ecclesiam et regem Franciae pro-
curaret (2) ; quod si procurare iion posset infra
triennium, proutjurare compulsus est, ad carcerem
reverteretur : et donec ista complevisset, tres de pue-
ris suis obsides, cum quadraginta aliis de nobilioribus
Provinciae, tradere coactus est.
Tripolis civitas transmarina a soldano Babyloniae
capitur; ubi multa millia Christianorum trucidantur
et captivantur.
MCCLXXXIX.
Post destructionem Tripolis civitatis transmarinae,
Christiani , Hospitalis et Templi militia Acconis civi-
tatis Irebas cum soldano Babyloniae et Sarracenis us-
que ad duos annos inierunt (3). Sed mille quingenti
soldanarii latini, a papa Nicholao missi in subsidium
TerraeSanctae, vcnientes in Accon, contra voluntatem
civium, Templi et Hospitalis militiae, easdem irrupe-
runt, exeuntes armati de Accon cum vexillis versus
casalia et oppida Sarracenorum, et trucidantes passim
sine misericordia quotquot Sarracenos utriusque sexus
repererunt, qui privilegio securitatis pacifice omnino
gaudere se credebant.
(i) Vers le 2 fcvrier 1289.
(2) Le iiiot Siculorum, repete deux fois dans cette phrase, est deux
fois omis dans les Mss. 4917-20 et dans les edit.
(3) Cette treve est rapportee a l'annee precedente et attribuee aux
seuls halntants d'Acre dans les edit. et dans lesMss. 4917-20.
GUILLELMI DE NANGIACO. 275
Karolus princeps, rex Salernee, de cai cere liberatus,
venit Roraam et ibidem, die sancto Pentecostes (i), a
papa Nicholao quarto in regem Siciliae coronatur, ab-
solutus totaliter ajuramento quod feceratregi Arrago-
num et Siculis.
Jacobus filius Petri de Arragonia (2) , qui se in
regem Siciliae coronari , sicut superius dictum est,
fecerat, cum magno exercitu transiit in Calabriam,
obsidens Gaietam civitatem. Quod audiens Rarolus
secundus SiciUae rex, statim adsubsidium obsessee ci-
vitatis properavit. Dum vero uterque exercitus ad prae-
lium se pararet, nuntius regis Angliae Eduardi super-
veniens quidam miles, trebas hinc inde, de prece et
mandato sui domini, usque ad duos annos continuos
impetravit; monens tamen Karobim regem quod pac-
tum quod cum rege Arragonum et SicuHs inierat sat-
ageret adimplere (3).
Soldanus Babyloniae, audita strage suorum versus
Acconem, mandavit Acconensibus quod, nisi destruc-
tores gentis suae sibi redderent, civitatem ipsorum
infra anni curriculum obsideret, et captam eam, sicut
Tripobm nuper fecerat, adduceret in exterminium et
ruiuam.
Ludovicus primogenitus fdius Phibppi regis Fran-
ciae ex Johanna regina quarto nonas octobris nasci-
tur (4).
(i) Le2g mai.
(2) Edit. et Mss. 4917-20 , Jacobus occupator Sicilice.
(3) Ce qui precede depuis monens tamen manque dans les edit.
dans les Mss. 4917-20.
(4) Le 4 ioctobre.
276 CHRONICON
MCCXC.
Appiopinquante termino quo soldanus Babyloniae
Acconem impugnare minatus fuerat, exiens ipse de
Babylonia, cum infidelis populi multitudine infinita,
adversus Acconem properavit. Sed gravi arreptus in-
firmitate, medio itinere jam peracto, et in lectura
mortis decidens, iJluc septem amiratos, quemlibet
liabentem suo sub iraperio quatuor raillia equitura et
viginti millia peditum armatorumj mittere procuravit.
Qui Accon appropinquantes, et a medio raartii usque
ad medium aprilis civitatem diversis assullibus vexan-
tes, nihil tamen dignum raemoria peregerunt. Cura
autem Soldanus postremura diem sibi terribilem prae-
sensisset imminere, vocatis amicis suis totius exerci-
tus amiratis, filium suura (i), qui praesens aderat,
fecit loco sui principatus soldanariae gubernaculo su-
bliraari, et lioc peracto satis cito postea expiravit.
Igitur novus Soldanus, sepulto patre, raovlt illico
versus Acconem [cum] innumerabili exercitu gressus
suos, et appropinquans usque ad unura milliare ci-
vitatem, ibidem praecepit castra figi. Macliinis ergo
suis et aliis instrumentis prseparatis et contra civita-
tem applicatis, a quarto die maii per decem dies con-
tinuos civitatera Sarraceni impugnantes, et infra eam
per jactum lapidis manualis grossos lapides jactantes,
non modicum urbem daranificaverunt, civibus habere
requiera minime permittentes. Quo cives timore per-
territi, a civitate thesauros omnes cum mercibus et sa-
crosanctis reliquiis, senes quoque et debiles, mulieres
(i) Kalil-Ascrof, fils de Kelaoun-Melek-el-Mansour.
GUILLELMI DE NANGIACO. 277
speciosas et pueros ac cunctos ad pugnam iiiutiles in
Cyprum fecerunt navigio transportari. Multi etiam,
perpendentes quae fiebant discordiae inter cives et
urbis capitaneos (i), cum omnibus rebus suis, tam
equites quam pedites, recesserunl; et ita non reman-
serunt in Accon nisi duodecim millia vel circiter,
quorum quingenti erant equites et reliqui pedites
strenui bellatores.
Quinta decima die maii tam gravem impetum custo-
diis murorum dederunt Sarraceni, quod, fere rege (2)
Cypri cedente custodia , nlsi nox obscurissima inter-
venisset, et aliquantulae defensionis aliunde venientis
affuisset impetus , Sarraceui civitatem intrassent.
Nocte igitur insecuta , rex Cypri, ministro m.ilitiae
Theutonicorum suam tradens custodiam tuendam, ad
ipsam mane reversurus ut dicebat , cum omnibus
suis et cum fere tribus mlUibus aliorum per mare
turpiter aufugit. In crastino autem Sarraceni ad con-
grediendum venientes , et videntes paucos ad pro-
pugnacula custodise regis Cypri apparere defensores,
illuc undique concurrerunt, fossatum ex illa parte
[llgnis et aliis] implentes et murum perforantes. In-
trantes igitur cum magno impetu civitatem, Christia-
nos fere usque ad medium urbis viriliter repulerunt.
Sed prius hinc inde occisorum maxima strage facta,
per marescallum et ministrum Hospitalis, ab urbe in
vespere illius diei sunt repulsi, etdie subsequenti si-
mlliter. Die vero tertia (3) Sarraceni undique ad con-
(i) Les trois raots et urb. cap. manquent dans les edit. et dans les
Mss. 4917-20.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, re^i.s.
(3) Le 18 mai.
278 CHRONICON
llictum venieiites, per portam sancti Antonii civita-
tem intraverunt, et cum Templariis et Hospitalibus
confligentes, eos totaliter prostraverunt, civitatem ca-
pientes, et eam cum muris, lurribus, domibus, eccle-
siis et omnibus aliis ejusdem aedificiis funditus ever-
tentes. Patriarcha et minister Hospitalis sauciatus , a
suis in dromundo tracli in mari cum pluribus perie-
runt. Sic igitur, peccatis nostris exigentibus, Accon,
solum Christianitatis asylum illis in partibus, ab ini-
micis fidei destructa est, quia non fuit qui ejus suc-
curreret angustise ex omnibus caris ejus (i).
Karolus secundus rex Siciliae venit in Franciam, et
apud castrum Corbolii super Secanam, in festo As-
sumptionis beatae Mariae, dedit unara de filiabus suis
in uxorem , per dispensationem Romanae ecclesise ,
Karolo comiti de Valesio, fratri regis Franciae Philippi;
[ob cujus matrlmonium contrahendum, etetiam regno-
rum (Arragoniae et Valentiae) quitationem a Karolo
comite factam, dederat ipse i^ex Siciliae eidem Karolo
Andegaviae et Cenomaniae comitalus].
MCCXCI.
Gens castri quod Valencianis dicitur, siti in pago
Flandriae et Hanoniae, contra dominum suum Johan-
nem (2) comitem Hanoniae, qui nimis eos opprime-
bat, rebellavit, et gentes ejus de villa ejiciens, ac diu
(i) Ces derniers mots sont un emprunt fait a Jeremie, Lament.,
1,2, ndn est qui consoletur eam, ex omnibus charis ejus. Ce trait
disparait dans les Mss. 4917-20 et dans les edit. precedentes, ou, au
lieu de caris ejus on lit christianis-
(2) Le comte de Hainaut ctait alors cc Jean d'Avesnes, fils de Bou-
chard d'Avesnes et dc Marguerite de Flandre dont il a ete questiou
plusliaut , p 215, 217.
GUILLELMI DE NANGIACO. 279
se contra illum tenens, mulla damna comiti intulit,
et tanriem Guillermum, filium comitis Fiandrensis ( i),
in suum defensorem et dominum advocavit.
Radulphus rex Alemannlae ol^iit, cui successit Adul-
phus comes de Naaso, miles in armis strenuus, ged
non multum locuples.
Nicholaus papa , audita deslructione Acconis civi-
tatis transmarinae, per litteras suas prselatos Franciae
consuluit quod ad Terrae Sanctee recuperationem et
subsidium magis necessarium esse judicarent, et ut
ad hoc (9.) regem, barones et principes ac se ipsos
et minorem populum incitarent. Qui concilia con-
gregantes episcoporum, abbatum, priorura et alio-
rum praelatorum, quilibet archiepiscopus in sua dioe-
cesi , habito consilio domini Papse, significaverunt
quod prius oportebat barones et principes totius Chris-
tianitatis adversus se invicem commotos sedare , et
inaximeGraecos, Siculos, Arragones ad pacemtrahere;
ac sic demum, si bonum sibi esset (5), crucem aucto-
ritate sua in tolo Christianitatis imperio prsedicare.
Johannes dux Brabencise , cum filio comitis de
Luicebourc (4), cujus patrem in bello peremerat (5),
(i) Guillaunie etait le deuxieme fils de Gui de Dampierre comte de
Flandre, et de Mathilde, fdle de Robert seigneur de Bethune et de
Tenremonde.
(2) Le Ms. 10298-6 porte consuluit quod ad Terrce Sanctce magis
necessariuni magis judicaret, et ut ab hoc , etc.
(5) Mss. 4917» 4918, si suminus pontifex annueret ac bonum essc
judicaret ; edit. et Ms. 49^9; <^"' ^^^^ necessariurn judicaret.
(4) Henri V avait succede a son pere dans le duche de Luxembourg
des l'annee 1288. Son mariage avec Marguerite de Brabant eut heu
en 1292.
(5) Pertineret dans le Ms. 10298-6. Cesl une errreur de copiste.
280 CHRONICON
reconciliatus, dedit eidem [in foedus amicitiae] unam
de filiabus suis in uxorem.
Johanna Blesensis comitissa obiit sine herede. Cujus
hereditas obvenit Hugoni comiti Sancti-Pauli , et ejus
frati ibus Guidoni ct Jacobo, fratribus Roberti comitis
Attrebatensis ex matre (i), ac Galchero domino de
Creciaco in Bria (2); et factus est Hugo comes Blesensis,
et Guido comes Sancti-Pauli.
Obiit etiam Nicholaus papa, circa Annuntiationem
beatse Mariae (5); post quem ecclesia Romana vacavit
per duos annos tres menses et duos dies (4).
MCCXCII.
Rex Angliae Eduardus ex concepta diu ante malicia,
ut dicebatur, magnum apparatum faciens, fingendo
quod in Terram Sanctam proponeret (5) proficisci ,
per homines suos de Baiona in Gasconia etquamplures
alios regni sui , sumptis sibi navibus et armis in magna
multitudine, fecit gentes et subditos regis Franci e de
Normannia et locis aliis per mare et terram nequiter
(i) Matliilde ou Mahautde Brabant, veuve de Robert comte d'Artois
tue ala Massoure, duquel elle n'eut qu'un fils du meme nom que son
pere, et qui lui succeila au conite d'Artois, se remaria avec Gui III
comte de Saint-Pol, et lui donna les trois fds nomnies ici par notre
chroniqueur : Hugues , Gui et Jacques.
(2) Edit. et Mss. ^gi-j-io , Johnnnn comiiissa Blesis mortua, cjus
consanguinei comes sancti Pauli nominatus Hus;o etfvntres ipsius ,
atrjue Galtherius Cnstcllionis dominus hereditatem ad invicem par-
tiuntur.
(5) Cette date aproximativc est fournie par le seul Ms. 10298-6 ; Ni-
colas mourut le 4 avril 1292.
(4) Edit. et Mss. 4917-20, per duos annos et amplius.
(5) Celte lecon est conforme a celle dcs Mss. ^gi^-iQ- Les edil.
prccedentes porlont properaret.
GUILLELMI DE NANGIACO. 281
invadere; innumeros ex ipsis ci udeliter occidendo, ca-
piendoetdetinendo, ac quamplures navesipsorum fran-
gendo, et earum superstites cum bonis etmercibus in
Angllam transvehendo. Invaserunt etiam presdicti ho-
mines de Baiona, ex praecepto regis Anglise, proditio-
naliter villam regis Franciae quee Rocheila nuncupatur,
facientes in eam assultus quamplurimos , et occidentes
nonnullos, ac villse damna quam plurima inferentes.
Quo audito, cum rex Franciae Philippus mandasset regi
Angliae et locum ejus tenentibus in Gasconia quod cer-
tum numerum praediclorum hominum de Baiona apud
Petragorum in prisione sua mitterent, pro faciendo de
eis quod ratio suaderet et justitia postularet, mandato
ejus parere contumaciter et contemptibiliter est ne-
glectum.
Karolus comes de Valesio, frater regis Franciae Phi-
llppi, mlttitur a fratre contra comitem de Hanonia
Johannem qui , in pago Flandriarum et Hanoniae ,
nimls multum infestabat ecclesias in regis Franclae
custodla constitutas (i), et de hoc quod Ibidem pos-
sldebat regl Franclae homaglum facere renuebat (.2).
Cum autem Karolus apud Sanctum-Qulntinum in Vi-
romandia praepararet exercitum , Johannes comes
Hanoniae, potestatem regls Franclae pertlmescens, ad
Karolum Inermis et devotus properavit, et cum ipso
Parislus ad regem venlens, quldquld erga Ipsum et
(i) Edit. et Mss. 4917-20, Cum Johannes comes Ilanonice juxla
terrce suce conjinium genies et subditos regis Francice et ecclc.uas in
ejus constitutas custodia molestaret , etc.
(2) Ce second motif de guerre n'est enonce ni dans les editious ui
daus les3fss. 4917-20.
282 CHRONICON
ecclesias (i) deliquerat ad regis beneplacitum emen-
davit.
Apud Rothomagum minor populus, propter malam
toltam qua nimis gravius solito premebatur, conlra
magistros scacarii regis Franciae ministros insurgentes,
eos in urbis castello obsederunt, et domum collecto-
ris illius pecunise infringentes, [denarios] per civitatis
plateas effuderunt. Sed tandem per majorem et bur-
genses urbis (2) ad mandatum raagistrorum sedati ,
quamplures suspenduntur, et multi diversis regis Fran-
ciae carceribus mancipantur.
Pliilippus rex Francise, iratus quod gentes regis
Angliae de Gasconia mandato suo minime paruissent,
fecit, per constabularium suum Radulphum de Nigella
militem, totam Gasconiam, tanquam proprium ipsius
feodum , in manu sua saisiri ; citare faciens regem
Angliae ad suum parlaraentum.
Gilo [Cornuti] Senonensis archiepiscopus obiit,
cui successit Stephanus, decanus ecclesiae Senonensis.
MCCXCIII.
Circa Pentecostem comes Fuxi et comes de Her-
meigniaco (5), qui Fuxi comitem de proditione appel-
laverat , in duello apud Gisortium , corara rege et
baronibus Franciae , conflixerunt. Sed, [ad preces
(i) Edit. et Mss., ad\>ersus eumetsiios subditos.
(2) Edit. et Mss. 4917) 49'8, ^gig, per majorem ct urhis ditiores ho-
mines.
(5) Bernard VI, comte d'Armagnac. — Ici encore leseditions et les
Mss. de la Chronique de Nangis nomment le comte de Foix Remuii-
dus Bernardi, quoique ce fut toujours Roger-Bernard, troisieme du
nom. Voyez ci-dessus, p. 240, not. i . Les deux comtes se disputaient
la succession de Gaston VII, vicomte de Bearn,
GUILLELMI DE NANGIACO. 283
comitis Attrebati Roberti] , negotium ipsorum rex
super se suscipiens, et eos a couflictu retrahens, neu-
tri fuit victoria attributa (i).
Rex Angliae Eduardus, pluries et solemniter, su-
per injuriis et facinoribus [quae] et quas gentes suae
de Baiona et Anglia (2) hominibus regis Francise de
Normannia et aUbi inlulerant, ad curiam regis Fran-
ciae [citatus], venire contemnit. Sed ut, fallente con-
scientia , fraudulentiori consiHo iniquitatem possit
perficere quam concepit, mandavit regi Franciae quod
sibi quitabat quidquid ex ejus feodo possidebat; [pu-
tans illud et ampHus vi armorum acquirere, et partum
sine homagio cujuscumque de cetero obtinere].
Mense julio Noviomum, Gallice civitas, tota igne
conflagrata est, [praeter sancti Eligii et sancti Bar-
tholomsei abbatias].
Guillermus Autissiodorensis episcopus obiit ; cui
successit Petrus Aurelianensis episcopus. In Aurelia-
nensi vero ecclesia positus est a papa Bonifacio epi-
scopus Ferricus (3), filius ducis Lotharingiae , qui
electus in discordia fuerat ad Autissiodorensem epi-
scopatum.
Henricus de Hispania , frater regis Castellae , quem
captum in bello Corradini et incarceratum a Karolo
primo regis Siciliee supra retulimus, de prisione eva-
dens, in Hispaniam reversus est(4).
(i) Edit. et I\Iss. 4917-20, lex a conflictu quem jam inceperant
retrahere fecit illos.
(2) Les mots de Baiona et Angl. ne sont donnes que ]iar le
Ms- 10298-6.
(5) Edit. et iMss. 4917-20, et eidem Petro in Aurelianensi ecclesin
{successit^ Ferricus , fdius , etc.
(4) Ib., Henricus dc Hispania, quem re^es Sicilice vinculatum per
284 CHRONTCON
MCCXCIV.
Mense raaio (i), ad nuptias filiae regis Anglia^
quam Henricus coraes de Barro desponsaverat, Johan-
nes dux Brabentise apud Barrum invitatus , fuit ibidem
in hastiludio a quodam milite lethaliter sauciatus. Sed
parum supervivens, perceptis sacramentis ecclesiasti-
cis, expiravit (2).
Quinta die mensis julii apud Perusium (5), postec-
clesiae Romanae duorum annorum trium mensium et
duorum dierura vacationem, frater Petrus de Morone,
Yserniensis dioecesis (4), natione Appullus, monachus et
pater cujusdam tenuis religionis ab eo inslitutae, quse
appellatur Sancli-Benedicti in Montibus, apud Sul-
monem Aprucii arcem (5) heremiticam vitam ducens,
vir magnse humilitatis, sanctae condltionis et famae
celebris, aetatis, ut putabatur, annorumseptuaginta et
amplius , validus taraen et compos , litteraturse quidem
modicae, sed discretionis bonae et alicujus experien-
tiae, ex insperato, cura cardinales super clectione papae
viderentur esse in sua discordia obstinati et confirmati,
spadumviginti sex nnnorum tenuerant , evadcns de carcerc , apud ne-
potcm suum Sancioncm regem Hispanice se recepit. Voy. plus haut,
p. 234.
(i) Date omise dans les ^dit. pr^cedentes et dansles Mss. 4917-20,
ainsi que les niots (fuam Henricus c. de B. dcsp.
(2) Edit. et Mss. ^gi j -"20, J^uit ibidem in hastiludio a quod. milite
interfectus.
(3) L'indication du jour et du lieu n'est donnee ni dans les prece-
dentes edit. ni dans les Mss. 4917-20.
(4) Deux mots omis dans les edit. et les M.ss. 4917-20.
(5) /Z»., apud Sulmonem Aprucii, vitnm arctam heremiticam, etc.
Les^religieux dejjSaint-Benokdcs-i\lontai,'nes s'appeierent depuis Ce-
lestins, dn nom quc prit leur fondatenr en montant sur le siege pon-
tifical
GUILLELMI DE NANGIACO. 285
et tunc ad tractandum de electione non convenissent,
nec alias unquam de ipso fratre Petro eligendo meiitio-
nem uUam habuissent, quodam cardinali de fama et
sanctitate ipsius in communi consistorio incidenter
aliqua referente , divina, prout creditur, inspiratione,
unanimi omnium cardinalium voto, cum multarum
lacrymarum effusione, in summum pontiticem est
electus, et Coelestinus hujus nomiuis quintus appella-
tus. Hic duodecim cardinales , supra numerum eorum
qui tunc aderat, fecit, satis laudabiles et valentes per-
sonas; et decretalem, quam de elegendo summo pon-
tifice praedecessor suus Nicholaus tertius suspensam
reliquerat, confirmavit. Circa vero Adventum Domini,
nescio quo spiritu ductus, depositis in plano consisto-
rio mitra, annulo et sandaliis ac omnibus aliis epi-
scopalibus ornamentis , omni papali officio et beneficio
totaliter resignavit. Post quem , in vigilia Natalis Do-
mini, dominus Benedictus presbyter cardinalis (i),
natione Campanus, in papam est electus, et Bonifa-
cius octavus nominatus. Hic Coelestinum praedecesso-
rem suum , volentem redire ad locum unde assumptus
fuerat, non permisit, sed fecit eum sicut decuit ho-
nestissime custodiri (2).
Circa mensem septembris , rex Angliae Eduardus ,
praeparato navigio, per Ires dies mare intravit, monens
(i) Les mots in vigilia JV. D. d. B. p. c. manquent dans les
edit. precedentes et dans les Mss. 4917-20.
(2) Sed honorifice fecit eum diligenti custodia in loco tutissimo
custodiri. Les details que renferme cet alinea sont, dans les edit.
precedentes et dans les Mss. 4917-20, morceles endivers fragnients,
separes par le recit d'evenements etrangers ii la cour romaine. L'alinea
suivant relatif aux echecs que les Gallois firent eprouver au roi d'An-
gleterre ne se lit que dans le Ms. lOi^S-b.
286 CHRONICON
et instruens gentes suas. Sed interim Galenses , a3sti-
mantes ipsum cum sua classe debere proficisci, rebel-
lionis spiritum assumentes, eidem damna quamplurima
intulerunt.
Classis regis de Anglia recedens, et versus Rupellam
in Pictavia raaris semitas perambulans, insulam du
Re dictam depopulavit et arsit; ac inde ulterius versus
Burdegalam civitatem Anglici navigantes, Blavise cas-
trum et tres vel quatuor villas (i) supra raare exis-
tentes occupaverunt, gentes regis Franciee quae erant
earum custodiae deputatae occldentes et turpiter ex-
pellentes. Munilis igitur villis quas ceperant, Baionee
applicant et proditione civiura civitatem in deditionem
accipiunt, excepto castello , quod castellanus et qui-
dam Gallici diu contra eos defenderunt et fortiter te-
nuerunt (2).
Plures de regno Franciae soldenaril missi contra An-
glos in Gasconiam parum aut nihll proficiunt.
Coraes Acherarum (5) in Appulla, quem Karolus
secundus rex SlcIIIse super omnes domlnum et magis-
trum in terra sua Provinclse (4) constituerat , proba-
tus et repertus sodomita pessimus et sui domini pro-
(i) Edit. et Mss. 4917-20, et tres villasvel oppida.
(2) Ib., Cum autem apud Buidcgalam postmodum applicassent ,
nec ibi proptcr Radulphuni de JVigella Francire conestabularium qui
intus erat possent aliquid attentare , apud Baionam civitatem stolum
suum celeriter diverterunt ; quamproditione civium in deditionem illico
suscipientes , Francos omnes in castelli forteritia diu expugnatos
tandem postea fugaverunt. Le court alinea qui suit n'est donne que
par le Ms. 10298-6.
(5) Edit., Acerrarum ; Mss. 49'7) 49'8, Attcj-rarum ; ^g\g , Ac-
cerrum. Acerra, dans la terre de Labour.
(4) Edit. etMss. 4917-19, quem Karolus rex Sic. custodeni Provin-
cice comitatus sui consiituerat.
GUILLELMI DE NANGIACO. 287
ditor, mandato regis captus, a posterioribus usque ad
os veru ferreo ardenti traiisfigitur, et postea concre-
raatur. Fassus est autem in illa poena quomodoKaro-
lum regem Sicilise, patrem Karoli secundi regis, pro-
ditionaliter ab obsidione Messanensium retraxerat, et
quomodo post, una cum filioejus [Salernae] principe,
se capi permittens, Siculos, ipsum captum principem
volentes in regem coronare et Arragones cupientes de
terra sua expellere, disturbavit.
Guido comes Flandriae qui, confoederatus regi An-
gliae (r), volebat eidem regi fdiam suam nuptui tra-
dere, cum eadem Parisius a rege Franciae Philippo in
custodia detinetur; sed ipse parum postrelaxatur, tilia
cum regiis pueris [educanda] remanente.
Frater Radulphus de Grandivilla in Normannia,
ordinis Praedicatorum, qui, mandato Coelestini papee,
infra Adventum Domini (2) Parisius in patriarcham
Jerusalem consecratus fuerat, Romam proficiscens ,
auctoritate Bonifacii papee successoris Coelestini de-
ponitur.
Rex Alcmanniae Adulphus, regi Angliae Eduardo
pecunia [contra regem Franciae] confoederatus, circa
Epiphanlam Domini (3) fecit difiidare (4) ex parte sua
(i) Edit. et 3Iss. 4917-20, occulte reg. Angl. contra dominum suum
regem Francice confcederatus .
(2) Date fournie par le seul Ms. 10298-6.
(5) Edit. et Mss. 4917-19, postoctabas Nativitatis doininicce ; cequi
indique egalement les premiers jours de janvier 1295.
(4) Le Ms. 10298-6 Aonmfecit dare, qui n'a auciin sens; tous les
autres Mss. portent dijfidare. M. P. Paris a publie la veritable re-
ponse de Philippe-le-Bel a la leltre de defi. EUe est du niercredi 9
mars I2g5. Chron. dc Saint-Denys , t. V, p. iii.
588 CHRONICON
regem Franciae Philippum; sed deficientibus sibi auxi-
liariis, quod conceperat nequivit perficere.
Karolus comes de Valesio, frater regis Francise Phi-
lippi , cum magno exercitu a fratre in Gasconiam
missus, terram inimicorum fratris sui hostiliter ingre-
ditur et Riontium, castrum fortissimum super Giron-
dam situm(i), [quod Gasconum proditione Anglici
detinebant] , obsidet : [ibi enim erant Johannes de
sancto Johanne, et Johannes de Britannia, atque ce-
teri regis Angliae Eduardi egregii bellatores.]
Radulphus dominus de Nigella regis Franciae con-
stabularius, Karolo comiti de Valesio a Burdegala ad
obsidionem castri Riontii occurrens in auxilium, in via
quamdam munitionem, Podenciacum (2) dictam, ubi
erant Anglici cum Gasconis, sabbato ante Dominicam
in Ramis Palmarum obsedit.
MCCXCV.
Apud Podenciacum per octo dies pluribus assultibus
factis, Anglici qui intus erant cum Gasconis, pactione
facta cum Radulpho regis Franciae constabulario, ut
salva vita hinc abirent, Gascones et fortericiam [die Re-
surrectionis Dominicae] sibi tradiderunt. Quos Gasco-
nes apud Riontium adductos ad Karolum, fecitomnes,
numero sexaginta, ante fores Riontii suspendi, feria
quinta post Pascha (5). Quod illi de Riontio percipien-
(i) Edit. etMss. 4917? 4918 et 4920, Rioncium: 4919? Riocium. La
position de ce lieu n'est nientionnee que dans le Ms. 10298-6.
(2) Edit., Pondcnciacum; Ms. 4917» P otenliacum ; 4920, Ponte-
ciacum. La date exprimee a la fin de 1'alinea repond au 26 mars
1295.
(5) Le jeudi apres Paques, ou le 7 avrii 1295.
GUILLELTVII DE NANGIACO. 289
tes, cognilaqiie proditione Anglicorum eis facta apud
Podenclacum, adversus Anglos qul secum intus erant
gravi indignatione sunt perraoti. Propter quod Johan-
nes de Britannia, nepos regis Angliae (i) , et Johannes
de Sancto-Johanne ac quamplures Anglorum milites^
sibi timentes, nocte venienteadnaves properantes, per
mare autfugerunt; sed ab illis de villa plures illorum,
dum portum peterent, sunt occisi. Die igitur veneris
subsequentis in mane, Francorum exercitus intelligens
esse discordiam intus castrum, facto ad villara assultu,
paucis resistentibus, eam capiunl , quamplurimos oc-
cidentes; et nonnuUos milites ac nobiles capientes (2),
castrum Riontii regis Francorum subjiciunt ditioni.
Mense maii subsequente, Simon Praenestinus epi-
scopus et Berardus Albanensis, cardinales Roraanae
ecclesiae, a Bonifacio papa missi pro pace inter regem
Franciae et regem Angliae facienda , in Franciam (3)
venerunt.
Karolus frater regis Franciae, comes Yalesil, Rion-
tlo castro quod ceperat munito, villam sanctl Severii
obsldet; quam tota fere aestate diversis assultlbus vexa-
tam, tandem In deditionem accepit. Sed illo postmo-
dum in Franclam reverso,gens vlllaellllus infida , re-
bellionis spiritum resumens, a fidelitate regis Franciae
resllivit.
Sancio rex Hispaniae (4) moritur, relinquens duos
(i) Cette qualiGcation est omise dans les edit. precedentes et dans
les Mss. 4917-19.
(2) Edit. et Mss. 4917-20 , et captis pariter et occisis miiltis Gasco ■
nibus.
(5) Ib., Parisius advenerunt.
(4) Ib., S. rex Castellce defungitur.
I. ' 19
290 CHRONICON
pueros admotium parvulos, quos, ut dicebatur, a
quadam monacha consanguiiiea sua (i) sibi in raatri-
monium juncta genuerat. Hos vero pueros suscepit
tuendos, in odium gentis Francorum et duorum alio-
rum nepotum suorum Alphonsi et Ferrandi de filia
sancti Ludovici regis Franciae Blancha genilorum,
Henricus patruus eorum (2) , qui nuper evaserat de
carcere regis Siciliae Karoli.
Frater Gilo de ordine eremitarum sancti Augus-
tini (5), vir ingeniosus et summus theologus, fit a
papa Bonifacio Bitin-icensis archiepiscopus, post Si-
monem de Bello loco factum episcopum Praenestinum.
Hic frater Gilo, sive iEgidius, multa Ecclesiae utilia
scripsit (4).
(i) Notre Ms. porte 7?ion ac hi ipar une erreur de copiste. Dans les
edit. precedentes on lit sanctimoniaU femina , mais les mots consaii-
guinea sua ne s'y trouvent point. M. Paulin Paris, surpris de cette
qualification de nonnain, donnee a la reine Marie femme de Sanche
le Grand, a conjecture que le surnom de cette reine [de Molina) avait
pu devenir sous la plume d'un copiste maladroit sanclimoniali. Ce qui
parait certain c'est que les difficultes survenues toucliant la legitimite
du mariage et des enfants de D. Sanche avec Marie de Molina n'eurent
d'autre causc que la parente des deux epoux.
(2) Les Mss. 49^7» 49^0 portent Henricus rex patruus , ce qui est
une faute evidente ; les edit. et les Mss. 4918, 4919? Henricus ejus pa-
truus, ce qui est aussi juste que pntruus eorum. Henri, frere d'Al-
phonse X , etait 1'oncle jiaternel de Sanche, et le grand-oncle des ea-
fants de ce dernier, aussi bien que lc grand-oncle des enfants de
Blanche et de Fcrdinand de la Cerda , lequel Ferdinand etait frere de
Sanche et fds d'Alphonse X.
(3) On lit simplement dans les editions precedentes, F. jEgidius
ylugustini. II y est cependant dit plus bas qu'il etait de I'ordre de saint
Auguslin.
(4) Edit. ct Mss. 4917-20, plurimos libros supe>- seriem sacrx scrip-
turce et phdnsoi)liice compilavii.
GUILLELMI DE NANGIACO. 291
Circa festum saiicti Petri ad Vincula (i), Matheeus
dominus Monmoreiiciaci et Johannes de Hardicuria ,
classis regis Franciae amiralii , cum ad portum Angliae
qui Douvra (2) nominatur applicuissent , quidam de
minoribus eorum exeuntes de navibus, injecto i^ne,
villam usque ad castellum (3) incenderunt. Potuisset-
que tunc, ut dicebatur, totus exercitus qui erat in na-
vibus de gente Francorum totam de facili Angliam
occupasse, si non auctoritas dictorum amiralium obsti-
tisset; nam ipsi, classe a portu revocata, illos qui exie-
rant periclilari et occidi permiserunt (/|).
Radulphus de Grandivilla iterum a papa Bonifacio
patriarcha Jerusalem constituitur.
Florentius comes Hollendiae Parisius veniens, con-
tra regem [Anglise] (5) regi Francorum Philippo con-
foederatur.
Margareta regina Franciae , uxor quondam sancti
Ludovici regis, moritur, et in ecclesia sancti Dionysii
[in Fiancia, juxta regem sanctissimum Ludovicum con-
jugem suum, honorifice] sepelitur. Haec Parisius apud
sanctum Marcellum , post raortem mariti (6), abba-
tlam sororum Minorum [in qua honestissimediu vixit]
construxit (7).
(i) Yers le i" aoiit, date omise dans les edit. et dans les Mss.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, De\>ora.
(3) Ib., t/uidquid crat extra muros.
(4) Ces deux dernieres circonstances ne sont consignees que dans le
Ms. 10298-6. II en est de meme des deux alinea qui suivent.
(5) Notre Ms. porte contra regem Francice , ce qui est une erreur
evidente.
(6) Cette date n'est fournie que par le Ms. 10298-6.
(7) On ni'a reproche d"avoir, dans un autre ouvrage, conteste le
fait exprime dans cette derniere phrase. Voy. les Grnndes Chron.,
292 CHROI^ICOiN
Mortiio Alphonso rcge Arragoniim, Jacobus ejiis
frater, occupator regni Siciliee, diraissa Sicilia veniens
in Arragoniam, in regem coronatur, fratre suo Siciliam
post eumFrederico occupante. Qui rex Jacobiis, facta
pace cum Karolo regc Siciliae , unam de filiabus suis
desponsavit,et obsides quos Alphonsns rex frater suus
pro Karolo, sicut superius dictum est (i), receperat,
liberavit.
MCCXCVf.
Coelestinus papa depositus obiit.
Scoti Angliam incursantes, plurima dainiia regi An-
gli;^ intulerunt , sub fiducia regis Franciae cui confoe-
derati fuerant. Sed dura a vastatione redeunt Angliee ,
venientes ad quoddam castrum, in marchia Scotiae et
Anglice situm, quod eis subditum fuerat, gens villae
qu£e , Scotis insciis , fidelitatem regi Angliaejuraverat,
dum Scoti secure arma deposuissent, Johannem regem
eorura ccpitetregi Anglicie destinavit (2).
Petrus et Jacobus de Columna Roraanae ecclesiae car-
dinales, qui, viventepapa Coelestino, schisma commo-
verant, dicentes indebitam ejus depositionem et injus-
tam Bonifacii papae promotionem extitisse, cum adhuc
t. V, p. I i^i "Ot. 2. Je suis donc oblige de faire observer que le texte
de JXangis, tel qu'il est donne par le Ms. 10298-6, ne dit pas un niot
du sejour de la reine 3Iarguerite dans le couvent des Cordelieres de
saiat Marcel.
(i) Yoy. plus haut, an 1288, p. 274-
(2) Edit. et Mss. 4917-20, seddum a vastatione redeuni , Johannes
rex eoriun , proditus a quibusdam, capitiir et re^i Anglice destinatur.
— Ce roi d'Ccosse est Jean Bailloi ou liailleul, seigneur de Mons en
Yinieu. Cree roi d'Ecosse par Edouard I roi d'AugIeterrc, il avait
faithoinmage a ce prince qui fut pour lui un tyi-an plutot qu'un pro-
tecteur. Eu 1298 Baillol, prisonnier d'Edouard, obtint la permissioii
de repassc eu France, ou iltermina ses jours dans la vie privee.
I
GUILLELMI DE NANGIACO. '293
iion cessarent submurmurare talia et proloqui, a car-
dinalitatis officio per papam Bonifacium amovcnlur,
et omnibus eccleslasticis beneficiis prlvantur.
Alphonsus et Ferrandus, filii Ferrandi primogeniti
Alphonsi quondam Hispaniae (]) regis ex Blancha filia
regis Franciee sancti Ludovici, qui [a jure regiae digni-
tatis et excellentiae sibi debito per Alphonsum avum
suum totaliter privnli fuerant, et propter hoc] in
Francia exulabant (2) , audita morte Sancionis regis
Hispanlee patrui ipsorum , festinato itinere a Fran-
cia recedentes, Hispanias petunt, et auxilio regis
Arragonum (3) et fibi Johannis Nunnii (4) , illius
terrae magni nominis baronis , regnum Legio-
nense cum magna parte Hispanias (f)) occupant. Sed
Henrico , tutore puerorum regis Sancii utrorumque
avunculo eis viriliter resistente, conatus eorum mul-
tum debilitatur. Interim, dum inter se vario evenlu
pugnant, Ferrandus, dimisso fratre, venit in Fran-
ciam, auxilium a rege Francige petiturus; et inde ad
Romanam curiam accedens, parum hinc inde commodi
reportavit.
Mala tolta primo a mercatoribus [solummodo] ,
(i) Edit. et Mss. ^gij-no, Castellce.
(2) Voy. plus haut, an 1276, p. 247-
(3) Les edit. precedentes ajoutent el fratris sui; et le Ms. de Citeaux
porte eifratris sui Petri.
(4) Cest ainsi qu'il faut lire, avec les Mss. 4917» 49^8 et 4920, et
lionMinimi, erreur que presentent les Mss. 4919 et Saint-Gerniain 435,
et que d'Achery a signalee tout en conservant dans le texte le mot
Minimi. Yoy. plus haut, p. 25g, et la note 3.
(5) Les mots cum mngna parte Hisp. et la fin de l'aUnea depuis sed
Henrico tulore manquent ici dans les edit. et dans les Mss. 4917-20.
En revanche on y lit les lignes suivantes ; « Quod (rcgnum Lcgianense)
294 CHRONICOIS"
deinde centesimus, post quinquagesimus omnium
bonorum sive rerum uniuscujusque, tam a clericis
quam a laicis per regnum Franciae, [propter guerram
isto tempore discurrentem inter reges Franciae et An-
glise] , exactatur. Ob quam causam Bonifacius papa
decrevit ut si reges , principes , et barones totius
Christianitatis deinceps a prselatis, abbatibus et clero,
Papa (i) inconsulto, tales exactiones acciperent, aut si
prgelati, abbates et clerus sibi darent, excommunica-
tionis sententiam incurrerent ipso facto; a qua (2),
nisi in mortis articulo, a nemine possent absolvi prae-
ter a Romano pontifice vel ipsius mandato speciali.
Ludovicus filius Karoli regis Siciliae, qui ordinem
fratrum Minorum ingressus fuerat, fit a papa Bonifa-
cio Tholosanus episcopus et episcopatum, quem prius
ipse Papa in duos diviserat, integrum accepit.
Robertus comes Attrebatensis cum magno Franco-
rum exercitu in Gasconiam proficiscitur, contra
Edmundum fratrem regis Angliae, sororium suum (3),
qui illuc cum ingenti classe Anglorum advenerat; sed
Alphonsus Jratrum pri/jiogenitus statim cuidani Johanni patruo suo
in ejus auxilium advcntato, a se infcodum tcnendum contulit et per-
misit, per quodjactum gentis suce corda mirahiliter ad se traxit. »
(i) Au lieu du mot papa , on lit ecclesia Romana dans les edit. pre-
cedentes etdans les Mss. 4917-20.
(2) Le Ms. 10298-6 porte ad quam ce qni est evidemment une er-
reur de copiste. — II s'agit ici de la fameuse bulle Clericis laicos , dont
on peut voir le texte dansDupuy, Ilist. du diffcrend de Boniface Vlll
etde Philippc-le-Bel. Paris, i655, in-4°, Preuves, p. i4-
(3) Ces deux mots sont omis dans les edit. precedentes et dans les
Mss. 49i7'2o. Edniond d'7Vngletcrrc avait epouse Blanche soeiir dc
Rol)ertd'Artois, vcuve deHenri T" roi de Navarrc et comte de Cham-
pagne.
GUILLELMI DE NANGlACO. 295
infirmltatem incurrens parum post morluus est (i).
Cum igitur, circa Purificationem beatae virginis Ma-
riae (2), Johannes de Sancto-Johanne, Johannes cle
Britannia ac comes Lincohiiensis, qui exercitui praee-
rant Anglicorum et Gasconum, fuissent de Baiona et
alibi, ad suam garnisionem victualium conducendam,
egressi , comes Attrebali miles egregius, qui istud au-
dierat (3) , cum quingentis tantum equitibus quos tunc
secum et non ampfius habebat, adversuseos, qul mille
equites etpedites in magna multitudine (4) fuerant con-
gregati, audaciter properavit; et, prae aliissuorum, su-
per eos circa solis occasum irruens, tam viriliter cum
suis Francigenis Gascones et Anglicos debellavit ,
quousque, licet bis ad praelium recollectos, fugere
compulit, multis tamen eorum occisis et quampluri-
mis, cum JohannedeSancto-Johanne, Gasconum et An-
glorum nobilibuscaptis et retentis (5). [Comes aulem
Lincolniae et Johannes de Britannia fugati de praelio
omnem garnisionem quam ducebant cum bellico appa-
ratu totaliler amiserunt] , et nisi nox praelium diri-
misset, et nemora loco cerlaminis proxima, in quibus
(i) Edmond et noa Robert.
(2] Cette date n'est donnee que par le Ms. 10298-6.
(3) Le Ms. ioag8-5 porte par erreur comes atirebati mil. cgr. qui
istud ad adierat.
(4) Les edit. precedentes et les Mss. 4917-20 portent sept cents c;>.
valiers, cinq mille fantassins, et n'indiquent pas le nombre des sol-
dats de Robert.
(5) Ib., ita corum confecit exercitum , quod, fugatis Gasconibus et
Anglorum majoribus , quinge?itos in mortem prostcrneret , et centuni
velcirciter retineret. Ibi enim Johannes de Sancto-Johanne et juvenij
GuiUermjis de Marimortun capti cum ccteris Anglorum nobdibus
caj'(ii'i in Vranciam transmittuntur, Comes aut. Lincoln.. ctc.
296 CHRONICON
latuerinit, offuisserit, nullus de tanlamultitudine eva-
sisset. Sic vero adversariis regis Franciae devictis , et
captivis per diversos carceres in Franciam missis, nemo
Anglorum vel Gasconum ausiis fuit amplius in Gasco-
nia contra dictum comitem Attrebatensem vel Fran-
cigenas ad bellum progredi vel exire.
Eodem anno Florentius comes Hollendiae, et non
multo post filius ejus unicus proditionaliter a quodam
milite occidunturj et sic HoIIendiam et Frisiam co-
mes Hanonise ratione consanguinitatis obtinuit (i).
Guido comes Fiandriarum, suasu filii sui Roberti ,
ut creditur, regi Angliee confoederatus (a) contra do-
minum suum Philippum regem Franciee, mandavitei
Parisius per duos abbates in litteris patentibus nihil
ab eo in feodum aut aliter se tenere. [Mense decembri]
in vigilia sancti Thomae apostoli ita Parisius et alibi (3)
Secanafluvius excrevit, quod nulla aetas meminerit aut
legerit ipsum in tantum antea excrevisse. Nam tofa
civitate aquis accincta et repleta , nequibant homines
intrare vel egredi de urbe absque navigio, vel per vi-
cos fere omnes progredi sine saffragio batellorum;
unde mole aquae et rapacitate duo pontes lapidei, cum
(i) Edit. et Mss. 4917-20, quoniin necem comes Hanonice Johannes
vindicans , Frisiam et Hollandiam , etc. Florent V conite deHoUande
fut assassine, le 28 juin 1296, par un parti dc seigneurs revoltes, a
la tete desquels etait Girard de Velsen dont Florent avait outrage la
femme. Mais Jean 1", fils unique de Florent, niourut de nialadie
le 10 novembre 1299. La Hollande reconnut alors pour comte Jean
«!'Avesnes comte de Hainaut, qui Ja gouvernait deja auparavant en
qualite de regent.
(2) Lcs mols res,i Ans,l. conf. et plus bas lcs mots pcr duos abha-
tes manquent dans lcs edit. (!t dans les Mss. 4917-20.
(3) Les deux niots cl alibi manquent dans les edit. ^-t dans les
Mss. 4917-20. — La Saint-Thomas cst le 21 decembre.
GIJILLELMI DE NANGIACO. 297
molendinis et domibus super et subtus aedificatis (i),
totaliter corruerunt, et oportuit fere per octo dies civi-
bus de cibariis per naves a foris allatis succurisse.
MCCXCVH.
[Per Hispanias Alphonsus et Ferrandus fortiter
agentes, nominis et adventus sui timorem incutiunt
universis; ad quos tunc adveniens patruus ipsorum
dominus Johannes, vires eorum non minimum aug-
raentavit; nam per illum in deditionem villas et castra
plurima receperunt : qui dum incaute postea super
hostes irrueret et caperetur, Alphonsus inclytus ejus
nepos aliter ipsum rehabere non potuit, nisi universa
quae acquisierat restauraret. Unde magna sui cordis li-
beralitate tractus totum pro ipso reddidit, majores
eestimans esse divitias, amicorum quam rerum laben-
tium habere copiam opulentam. Qui de tanto beneficio
statim ingratitudinem incurrens, ad hostes secontulit,
et regnum Legionense, quod dono nepotis acceperat,
reddidit inimicis. Sic igitur amissis omnibus, Alphon-
sus magnanimitate animi adversa superans, regum
Francise genus altissimum unde descenderat ad memo-
riam reducendo, cum non haberet ubi diverteret,
contra suorum opinionem qui consilium sibi dabant
in Franciam vel Arragoniam revertendi , ad campos in
tentoriis ante quoddam oppidum se contulit, malens
pro jure et justitia jus suum requirendo mori, quam
reverti sine gloria et honore. Cujus videns indus-
triam ejusdem castri dominus, ipsum cum gente sua
(i) Edit. et Mss. 4917? 49^8, 4920, cum molend. ct dom. sitper-
cedificalis atque castc.Ueto Pan>i pontis.
298 CHRONICON
pletate motus in oppldum inlroduxit, per cujus auxi-
lium Alphonsus postea damna multa suis intulit ini-
micis.] (i).
Henricus comes de Barro, qui filiam regis Angliae
desponsaverat , cum magna multitudine armatorum in
comitatum Campaniae, qui reginam Franciae Johan-
nam jure hereditario competebat, intravit hostiliter,
injectoque igne circumcirca , villam quamdam arsit et
plures in ea homines occidit. Ad cujus conatus teme-
rarios reprimendos missus a rege Francise Galche-
rus (2) [de Creciaco] dominus de Castellione cum
exercitu Campaniensium, terram comitis de Barro
[ferro et ignibus] depopulavit, [et sic eum ad terrae suae
custodiam revocavit].
Jacobus et Petrus de Columna Roraanae ecclesiae
cardinalesdepositi, populumcontrapapam Bonifacium
commovere minime cessantes (5), in Nepesina (4)
[Tusciae] civitate, cum Johaime nepole suo (5) milite
(t) Cestici que daus les precedentes editions se trouve rapporte le
voyage de Ferdinand en France et a la cour romaine. Voy. plus haut,
an 1296, p. 293.
(2) Edit., Galterus ; Mss. 4917» Oaltherius ; ^gi^, 4919» Galcherus.
(5) On ne trouve pas dans les edit. ni dans les Mss. 4917-20 les mots
populum c. p. B. c. m. c, ni plus bas, cum Johannc n. s. m. s.
(4) Le M. 10298-6 porte ici Nepesnia.
(5) Jean de Saint-Vit etait frere de Pierre Colonne , et tous deux
etaient neveux de Jacques. La premieie buUe lancee par Boniface VIII
contre les Colonne est du 10 mai 129^. Les deux cardinaux, Jean de
Saint-Vit, et Eudes Colonne frere de ce dernier, y sont excommunies
comme schismatiques, heretiques, blasphemateurs, rebellesetennemis
du Saint-Siege et de la patrie. Une aulre IniUe du 25 mai fit peser les
mtmes condamnations sur Agapet, Etienne, Sciarra Colonne, freres
du cardinal Pierre. Dupuy, Preuves . p. 29, Baili.et, Addit. aux
Preuves , p. 4 <"* suiv.
GUILLELMI DE NANGIACO. 299
strenuissimo , sc receperunt. Sed eos papa Bonifacius
anathemateferiens et tanquam schismaticos damnans,
crucesignari populum Romanum et Italicos fecit, atque
contra illos exercitum magnum misit.
Philippus rex Franciae magno exercitu congregato
comitem Flandriae Guidonem debellaturus, apud Com-
pendium , in die sancto Pentecostes (i) , fratrem suum
Ludovicum comitem Ebroicarum, et Ludovicum con-
sanguineum suum (2), filium Roberti comitis Clari-
montis, cum centum viginti aliis novos mililes fecit.
Inde in Flandriam profectus, terram comitis, omnia
devastando, peragrans , Insulanum castrum, ubi erat
Robertus Guidonis primogenitus cum pluribus mili-
tibus (5), obsedit in vigilia sancti Johannis Baptistae.
Et dum ad castri expugnationem machinae et alia in-
genia praeparantur, Francigenae undique concurren-
tes, abbatiam monialium quae Margueta (4) dicitur,
fugatis monialibus, destruunt et incendunt, omniaque
in circuitu Insulae usque ad leugas quatuor diripiendo
devastantes, horrorem cunctis videnlibus incutiunt
et stuporem.
Guido comes sancti Pauli, et Radulphus de Nigella
Franciae constabularius , atque Guido frater ejus
exercitus Francorum raarescallus, cuni aliqua parte
gentis suae , ad quatuor leugas de Insula equitantes su-
per fluvium qui Lius nominatur, ex altera parte ripae
(1) Le 2 juin.
(2) Ces deux mots manquent dansles edit. etdansles Mss. 49'7-2o.
(3) On chercherait vainement ici dans les edit. et dans les
Mss. 4917-20 ce qui precede depuis iibi erat Robertus , et phis bas les
raots et dum ad castri expugn. m. e. a. i. p. F. u. c.
(4) Fdit. etMss. 4918, Margata , 4917, Magata; 4919» Marguatn.
300 CHRONICON
fluvii, juxta villam de Comminis (i), inveneiunt
quingentos de liostibus regis Franciae in tentoiiis la-
titantes; quos , amne transmeato, invadentes, plures
capiunt reliquosque trucidant (2).
Tertio idus augusti (5) papa Bonifacius, apud Ur-
bem veterem, sanctum Ludovicum, regem quondara
Francise, canonizavit.
Philippo rege Franciae ad obsidionem Insulae com-
raorante, interim nobilis comes Attrebati Robertus
de Gasconia reversus (4) [apud sanctum Audoraarum
in terram propriam se recepit, et] vocato ad se filio
suo Philippo cum aliis nobilibus Francorum , ex aiia
parte quara rex intraverat (5) Flandrias aggreditur,
omnia usque ad villam quae Furnes norainatur capiens
etdevastans (6). Die igitur martis post Assumptionera
beatae Virginis (7), tota fere railitia Flandrensiura cum
(i) On lit simplenient dans les edit. precedentes et dans les
Mss. 4917-20 , .superjlmniim villce de Comminis : on n'v trouve pas non
plus la circonstance du passage de la riviere.
(2) Edit. et Mss. 4917-20, pluribus occisis ac eorurn retentis iento-
riis, quamplures stipendiarios regni Alemannioe captivos magni nomi-
i2is milites et armigeros secum ad regem FrancicB adduxerunt. Ces
motsne se lencontrent ici que par un remanienient du texte original;
on va les retrouver plus bas d'apres le Ms. 10298-6.
(5}Le II aout. Cette date n'est donuee que parleMs. 10298-6.
(4) Edit. et Mss. 49 '7-20, relinquens Gasconiam regni Francorum
fideUbus conservandam.
(5) Edit. et Mss. 4917-20, a parte illa, c'est-a-dire du cole deSaint-
Omer.
(6) Ce qui precede depuis le raot omnia et la date suivante ne se
trouvent que dans le Ms. 10298-6. On lit dans les autres 3Iss., contra
qucm [Robertum Attreb.'] Guido comes Flandrice mittens tam equitum
quampeditum ingentem multitudinem , (ilc.he Ms. 4918 dont les der-
niers fouillets ont ete arraches finit au mot cquitum.
(7) !,e 20 du mois d'aou(
GUILLELMI DE JNANGIACO. 301
magna mnltitudine peditiim congregata, adversus co-
mitem Attrebatensem et suos dimicans, juxta villam
superius nominatam (i) devicta est et deleta ; ubi sex--
centis equitibus et sexdecim millibus peditum tam
captis quam occisis a comite Attrebatensi , villa de
Furnes capitur, et tota vallis de Cassello postea occu-
patur. In prsedicto comitis Attrebatensis bello captl
fuerunt Guillermus de Juliers, et Henricus comes Albi-
montis , et multi alii de regno Alemanniae magni no-
minis milltes et praeclari. Qui ad laudem et gloriam
[militise] emeritee Roberti comitis Attrebatensis , dum
[Parisius in quadrigis etalibi] per diversos regis Fran-
ciee carceres mitterentur, scutum ejus sive vexillum
ante facies eorum appositum deferebant.
Insulani victoria comitis Attrebatensis perterriti ,
videntesque muros suos machinis regis Franciae ssepius
cassari (2), inito pactone bonis et vita privarentur, se
et villam suam regi subjiciunt. Robertus vero filius
comitis Flandrensis, et milites qui secum intus erant
inde fugientes, ad patrem suum apud Brugias existen-
tem velociter pervenerunt. Ibi enim rex Anglise Eduar-
dus cum paucis parumper ante advenerat , deceptus ,
ut aiunt, a comite Flandrensi , qui sibi pro certo man-
daverat Karolum fratrem regis Franciae et comitem
Attrebatensem a suis captos apud Brugias se lenere ;
vel, ut meliuscreditur, ut comiti Flandrensi consilium
et auxilium in sua guerra tribueret opportunum.
(i) Furnes.
(2) Edit. et Mss. 4917, 4919 et 49^«) Insulani.... cum vidcrentmu-
ros suos, etc, nec auderet Robertus comitis Flandre/isis primogenitus,
qui una cum eisdem [al. suis] erat in oppido , ad bellum exire contra
Francigenas , etc.
302 GHRONICON
Rex igitur Fraiicorum [de adventu regis Angliae au-
ditis rumoribus] , Insula sic recepta et gente sua mu-
nita, versus Courteriacum oppidum exercitum suum
movit; quod statim in deditionem accipiens, apud
Brugias ire disposuit. Sed interim rex Angliae et comes
Flandriarum relicta Bruga, apud Gandavum, propter
loci fortitudinem, se recipiunt tempestive. Quod Bru-
genses percipientes, regi Francias et ejus exercitui hu-
mlles et devoti mox occurrunt, et eum apud Brugas
introducentes, ejus ditioni se submittunt. Et cum ibi-
dem per aliquot tempus recreatus fuisset Francorum
exercitus, rex Franciae versus Gandavum iter arri- I
piens, apud quamdam villam Inglemoustier nomina- 1
tam, prope Gandavum sitam, recepit nuntios regis
Anglorum, inducias vel trebas ex parte sui et Flan-
driarum comitis postulantes. Et per plures dies mul-
tis tractalibus ibidem habitis deeodem, tandem (i)
propter instantem hiemem siint concessae ; et ob amo-
rem regis Siciliae, qui propter hoc in Franciam venie-
bat, usque ad duos annos, ut creditur, prolongatae^a).
In Italia Nepesina civitas, abexercitupapae Bonifacii
diu afflicta , venit ad deditionem , fugientibus inde Pe-
tro et Jacobo de Columna cum suis ad oppidum de
Columna. Sed ibidem iterum obsessi sunt.
Philippus rex Francorum a Flandriis reversus, om-
nes praelatos et barones regni sui Parisius, octavo die
(i) Edit. et Mss. 4917-20, sed apud quamdam villulam regis An^lice
receptis nuntiis inducias postulantis , piopter instantem hiemem , etc.
(2) Les edit. et les Mss. 4917 et 4920 ajoutent cn parlant du roi de
France , circa festum omnium sanctorum in Franciam remeavit. Les
deux alinea qui suivent, imprimes dans les editions, raanquent dans
les Mss. 4917» 4919 et 4920.
GUILLELMI DE NANGIACO. 303
ante Natlvitatem Doniini (i) , congregari fecit; osten-
tlens eis quasdam papales litleras, in quibus contineba-
tur quomodo papa Bonifaeius sibi et primo suo suece-
denti heredi concesserat decimam ecclesiarum regni
sui accipiendam quotiescumque vellent, si , judicante
eorum conscientia, opus esse \el necessarium crede-
rent regno suo; et etiam quomodo sibi , in subsidium
expensarum guerrae suae , concesserat idem Papa om-
nes redditus, proventus et obventiones unius anni
praebendarum , prsepositurarum , archidiaconatuum,
decanatuum [beneficiorum , ecclesiarum et aliarum
quarumlibet dignitatum] ecclesiasticarum , quae in re-
gno Franciae durante guerra sua vacare contingeret ;
archiepiscopatibus, episcopatibus, monasteriis seu ab-
batiis dumtaxat exceptis.
Eodem anno , tertia die martii (2) , papa Bonifacius,
cpnstitutiones quasdam novas , quas diligenti cura ,
pro statu et commodo universalis Ecclesiae catholicae,
a peritis in jure canonico et civili compilari et ordi-
narifecerat , in plano consistorio coram omnibus tra-
didit adlegendum; et perlectae saepius cum magna di-
ligentia, atque a cardinalibus approbatse, decrevit ut
quinto libro Decretalium adjungerentur ac deinceps
liber sextus Decretalium nominaretur.
MCCXCVIII.
Vicesima prima die mensis aprilis (3), in privato
consistorio, disputato a Papa et cardinalibus deindulto
(i) Cette date manqiTs dans les editions precedentes.
(2) Cette date n'est fournie que par le Ms. 10298-6.
(5) On chercherait vainement ailleurs que dans le Ms. 10298-6, et
cette date et le nom du pape Martin IV et la decision detaillec de Bo-
niface "VIII.
304 CHRONICON
Martini papae quarti Preedicaloribus et Minoribus
concesso de confessionibus audiendis , Bonifacius papa
haec verba vel consimilia dixit : « Declaravimus et de-
(( claramus, intelleximus et inlelligimus quod confes-
(( sus Praedicatoribus et Minoribus illa eadera peccata
(( liabet confiteri proprio confessori vel sacerdoti , se-
(( cundum statuta concilii generabs; et sic interpreta-
(( tus fuit idem papa Martinus praesentibus pluribus
(( cardiiialibus » ; subjiciens quod si non esset sic inter-
pretatus, ipse idem interpretabatur.
Mortuo Simone Carnotensium episcopo , magister
Johannes de Gallendia, subdecanus ecclesiae Carno-
tensis, fit episcopus.
Conserto praelio inter Adulphumregem Romanorum
et ducem Austriae Albertum, rex Adulphus perimitur,
et dux Albertus in regem Romanorum sublimatur.
(i) Exercitus papae Bonifacii castrum de Cohimna
et post Sagarollam oppidum capit, fugientibus inde
Jacobo et Petro de Cohimna apudPenestre (2) urbem,
ubi tandem vexatione recipientes intellectum, idibus
octobris (3) Reate ad Papam venerunt, misericordiam
et non judicium postulantes; et tunc benigiie et mise-
ricorditer ab eo sunt recepti, nec tamen ad status pris-
tinos restituti (4).
Pax inter regem Franciae Phihppum et regem An-
(i) Cetalinea, qui se trouve dansles precedentes edit., manque dans
les Mss. 49'7i 49^9 ^t 4920.
(2) Edit., Prcencstcm.
(3) Le i5 octobre.
(4) Palestrine fut (?n effet rendue aux troupes de Boniface VIII, sur
la promesse que ce dernier avait faite aux Colonne de leur accorder
leur grace s'ils voulaient comjiaraitre devant son tribunal. Maisils con-
GUILLELMI DE NANGIACO. 305
gliae Eduardum quibusdam pactis et conditionibus
confirmatur (i).
Ludovlcus episcopus Tholosse obiit; post quem epi-
scopatus, utprius (2), per papam Bonifacium in duos
divisus, duosepiscopos habuit, unum apud Tholosam,
alterum apud Apamiam.
Sanctus Ludovicus (3) quondam rex Franciae, con-
fessor Domini gloriosus, praesentePhilippo Francorum
rege , baronibus et preelatis totius regni Franciae
apud Sanctum-Dionysium congregalis, cum magna
exultatione et ingenti laetitia universorum, in cras-
tino festivitatis beatl Bartholomaei (4) aposloli, de
terra elevatur, revolutis viglnti octo annis ex quo in
regno Tunarum subtus Carthaginem in castris obierat.
Qui quanti meritl confessor Domini gloriosus ex-
titerit apud Deum [licet] (5) miracula prlus facta de-
monstraverint, specialius tamen post ejus exaltationera
in diversis mundi partibus ostensum est, quia in tan-
tam gratiam curationum excrevit, ut nullus fidellter
ab eo subsidium sive sanitatem exposceret quin sine
mora perciperet.
Gurent des craintes sur la boune foi du souverain pontife et ne vou-
urent point se livrer k lui : ce fut alors que quelques-uns d'entre cux se
retirerent en France, ou Pliilippe-le-Bel les recut a Ijras ouverts. Ilist.
des republ. italieiine.s , t. lY, p. i^i-
(i) Cet alinea, dans les edit. precedentes et dans ies Mss. 4917; 49'9
614920, est rapporte ii l'annee 1299.
(2) J'ajoulc le niot ut qui m'a senible indispensable. V oy. plus haut^
an 1296, p. 294.
(5) Voici la premiere fois que dans notre flls. le titre de saint est
donne a Louis IX. Tous les autres Mss. le lui ont attribue jDresque ail
moment de sa naissance.
(4) Le 25 aoiit.
(5) L'addition de ce mot me parait indispensable pour le seus.
I. 20
306 CHRONICON
Fillus Joliannis Niinuil, milcs quidam dc Hispania
illustris, qui pro Alplionso etFcrrando, filiis Blancbfc
liliae sancti Ludovici regis quondam Franciae gloriosl ,
regnum Hlspanlse sibi jure debitum debellantibus ,
auxlllum petiturus in Franciam advenerat, In reditu
suo ab adversarils circumventus, in bello vulneratus
capltur, et tamdlu carceri manclpatur quousque sacra-
mento firmaverit quod nullum delnceps Alphonso et
Ferrando fratribus inferret auxllium, nec de parte
eorum araplius se teneret.
Philippus [unicus] Attrebatensis Roberti comitis
lillus morltur, et Parlslus apud fratres Praedlcatores se-
pelitur. HIc ex uxore sua, nomlne Blancha, filia Johan-
nls ducls Britanniae [duos] filios et [duas] filias habuit,
quarum una comitl Ebroicarum fratrl Phllippi regis
Francise nupslt; altera Gastoni comiti Fuxinensl (]).
In feslo sancti Andreae apostoli (2), apud R.eatam
[Itallae] urbem ubl erat tunc Papa et curia, fuit tam
ingens et tcrrlbllis terrse raotus, quod [murls et do-
mibus terrae ruentibus] , rellcta urbe , omnes ad cam-
pos fugerunt ; et versus finem januarii (5) cometes per
plures dles in sero apparult.
Robertus comes Attrebatl [tertiam uxorem acci-
piens], fillam Johannls coraitls Ilanonise desponsat.
MCCXCIX.
Robertus dux Calabrlae, filius secundi Karoll regis
Sicillae, cum ingenti classe Iransiens In Slcillam, Ca-
(i) Ccs deux mariagcs curent lieu lan i5oi. Ils sont eucorc dc nou-
veau nientionnes a cctte date. Yoy. plus bas, p. 5ii.
(2) Le 5o novcnibre.
(5)L'an lugg.
GUILLELMI DE NANGIACO. 307
llilnensem urbem (i) expngnat ct gente sua munit.
Cujusfelicem eventum frater suus (.?.) Philippus prin-
ceps Tarentinus audiens, dum inconsulte fratrem
sequeretur, cum omnibus suis a Slculis in mari
capllur.
Eduardus rex Angliae Margaritam, sororem regis
Franciee Phllippi , apud Canturiam (5) Angllae urbem
desponsavit; de qua, revoluto anno, filium nomine
Thomam susceplt.
Eodem anno Casahan rex Tartarorum qul dlcitur
magnus Canls (4), mlraculose, utaiunt, per fdiam re-
gis Armenlae christlanam, quam ipse desponsaverat ,
ad fidem Christi, cum magna mullitudlnegentls suae,
conversus, clrca finem mensls seplembris (5), innu-
merabilem adversus Sarracenos exercitum congrega-
vlt; liabens secum regem Armenlae chrlstianum totius
sui exercitus marescaUum. Primo igltur apud Hala-
plam cum ipsls confligens, delnde a la Chamele (6),
cum multo exercitus sui damno vlctoriam obtinult.
rieparatis vero virlbus , Sarracenos Tartari persequen-
tes usque Damascum, ubi soldanus Bal^ylonlee magnum
collegerat exercitum, inito praello, tantam stragem
de Sarracenls fecerunt, quod centum milila et amplius
occisa ceclderint, soldanus , cum quinque solum Iio-
(i)Edit. et Mss. 4917» 49^9 ^* ^'p-^i (jucedam castra.
{1) Charles le Boitcux, prince de Salerne, fils de Charles roi de
Sicile frere de saint Louis, cut de sa femme Marie, fille d'Etienne V
roi deHongrie, neuf fds et cinq fiUes. Les deu.\ fds nommesdans cct
alinea furent les dcux aines.
(3) Edit. ctMss. 49191 4920 1 Cantiiariam ; 4917, Campiiiariaiii.
(4) Le grand Khan.
(5) Date qui est donnee par le seul Ms. 10298-6.
(6) F.dit ct Mss. 4(/i7i 4919^1 ^g^^o, ad Camelam.
308 CHRONICON
rainibus(i), npucl Babyloiiem fugerit tempestive. Et
sic, capta Halapia, la Chamele el Damasco, occisis ct
fugatis Sarjacenis, TarSari post Syriam etregnum Je-
rosolyraitanum cum ipsa Jerusalem, sicut dicitur, oc-
cupaverunt (2), [et in Pascha subsecpienti , Christiani
in Jerusalem divinum servitium cum exultatione et
gaiulio celebrarunt.
Columnenses (3) misericordiam papse Bonifacii ex-
pectantes, cum nullam sibi adesse prospicerent, oc-
culte fugiunt, et quibus locis latuerint usque post raor-
tem ipsius Papae incognitum fuit miiltis].
Circa festum sancti Andrae (4) Alberlus rex Roma-
norum et Philippus rex Franciae, pro pace utriusque
regni et foedere confirmando, apud Vallera Coloris
convenerunt. Ubi, annuente rege Alberto, praelatis et
baronibus Allemanniae , concessum fuisse dicitur quod
regnum Franciae potestatis su£e terminos, qui solum
usque ad Mosam fUnium se extendunt, usque ad fluenta
Kheni fluminis dilataret; et etiam Irebee usque ad an-
num unum comiti de Barro a rege Franciae sunt con-
cess.T.
Terraino treugaium quae erant inter regem Fran-
ciae et Flandriarumcomitem transacto, Karolus comes
tle Valesio, post nativitatem Domini missus in Flan-
drias a rege fratre suo cum magno exercitu, Duacum
(i) Edit. ct Mss. 4917-20, cum paiicis hnminibus .
(2) Ib., et sic Sarraccnis Dci nutu a ?-egno Syriee atque Jerusalem
ejectis , dominio illa terra subjacuit Tartaroruni et in Pascha, etc.
(3) Cet alinea , que nous empruntons aux precedeutes edit., manquc
dansles Mss. 49^7» 49^9 et 4920 aussi bien que dans le Ms. 10298-6.
11 est tire du .'Ms. Saint-Germain 45.^-
(4) Yers le 5o novembre. Les precedentes editions portent circa ad-
ventum Dnmini . ce qui revient au nieme.
GUILLELMl DE NAINGIACO. 300
et Bethuniam (i) in deditionem accepit, el posl apiul
Brugias se recipiens, inler porlum rnai'inum qui Dam
nominatur et Brugias (2), cum B.oberto comitis Flan-
driarum filio bellum acre incurrlt, ubi hinc inde pbi-
ribus vuhieratis , Flandrenses tandein, cum impetum
Francorum ulteriusferre non posseiit, prselio ceden-
tes seapudGandavum ocius receperunt.
Ferricus Aurelianensls episcopus a quodam miUte ,
cujus fiUam virginem corruperat, ut dicitur, occisus
est ; cui successit magister Bertaudus (3) de Sancto-
Dionysio, Remensis ecclesiae archidiaconus, [qui sui
temporis opinatissimus inter theologos refulgebat].
MCCC.
Karolus comes de Valesio, frater regis Franciae,
Dam, famosum Flandriee portum, impugnat et capit.
Post ciijus captionem [cum Gandavumdisponeret ob-
sidere, Guido] comes Flandriarum sibi metuens, se,
Gandavum , Ypram et rehquum terrse suae, cum duo-
bus fiUis Roberto et Guillermo, quibusdam conditio-
nibus, ut aiunt, interjectis, Karolo reddidit. Et sic,
adducti Parlslus ad regem Franciae, de commissis ve-
niam petlerunt; sed minlme consequentes, usque ad
tempus miserendi eorum diversls carceribus retru-
duntur.
(i) Edit. et Ms. ^gi"], Bethiiniam. Les deux autres Mss. portent.ffe-
thiniam et Bitiniam, lecon vicieuse.
(a) Ih., apud Bfugas se recipiens, juxta Dam portum maritinium
cum Boberto , etc.
(3) Rien de plus incerlain que le nom de ce personnage. Bertaud dc
Saint-Denys devient plus bas, sous la plume de notre chrouiqueur,
Bertrand d'abord, ensuite Bernard de Saint-Denys ; ct les autcurs du
Gall. Chr. Tont desi"ne sous le nom dc Berlholdus.
310 CHRONICON
Bonifaciiis papa inilultum faciens, dedit omnibus
vere poenitentibus et confessis accedentibus causa pe-
regrinationisad basilicas beatorum Petri et Pauli apo~
stolorum Romanse urbis per totum praesentem annum,
ac deinceps per qucmlibet annum centesimum in per-
petuum secuturum, plenam indulgentiam omnium
peccatorum suorum.
Blancha, soror regis Franciae Philippi, datur uxor
Radulphoduci Austriae, filio regisRomanorum Alberti.
Rogerus de Oliva (i), classis regis Siciliae Karoli
amiralius, in mari contra Siculos pugnans, viginti
duas galeas eorum cepit et usquc ad numerum qua-
dringentorum hominum interfecit.
Theobaldus Belvacensis episcopus , [nutritor paupe-
rum praecipuusj, obiit; [cui successit Simon Novio-
mensis episcopus, et apud Noviomum Petrus, post
quem Andreas] (2).
Karolus comes de Valesio, frater regis Franciae, de-
functa uxore sua filia regis Sicilise Karoli, secundam
accepit uxorem Katherinam , filiam Philippi, lilii Bal-
duini imperatoris de Constantinopolitano imperio
cjecli; cui jus imperii Graecorum competebat.
(i) Voici la lecon des edit. precedentes : Jlogerus de Laurea, qui
diu pro Siculis adversus regcm Sicilioi ct gcntes cjus diniicaverat , ab-
snlutus iiunc a papa et amiralius classis \.seu mullitudinis naviwii] re-
gis Sicilicejactus , viginti galcas Siculnrum in mari expugnans , quin-
gcntos cx ipsis ct amplius intcrfccit. Lcs niols qui sont entre crochets
sont ajoutesd'apres les Mss. 4917» 49'9 et l\^io. Le prince que notre
clironiqucur nomnic ici roi de Sicile ne I'ctait que de nom. Charles
le Boitcux nc ])ossedait en rcahte qiic lc royaume de Naples et la prin-
cipautc de Salernc. La Sicilc elait gouvcrnee par Fredcric II, frcre dc
Jacqucs roi d'Aragon.
(2) Lcs luots post qurm Andr. maiKjucnt dans les Mss. 49' 7) 49'9
GUILLELMI DE NANGIACO. 311
In Appulia Sarraceni Leutherise (i) clvilalis qui
[ibidein a tempore imperatoris Frederici congregati]
sub tributo multorum regum Sicilise eamdem urbem ,
legibus suis viventes, diu incoluerant, a Karolo rege
omnes qui christiani eflici noluerunt raorti traditi
sunt. [SoldanusBabyloniae resumptis viribus, Tarlaros
et Christianos, sive Armenios^ a regno Jerusalem et
Syrise devictos expellit, et terram suo dominio subju-
gavit].
MCCCL
Ludovicus, frater regis Franciae Philippi comes
Ebroicarum, Margaretam liliam Philippi fdii Roberti
comitis Atlrebatensis (2)accepit uxorem. Cujusetiam
Margaretae sororem nomine Mariam, Gasto, primo-
genitus Remundi Bernardi (5) coraitis Fuxinensis
filius, eodem anno desponsavit.
Karolus comes de Valesio , circa Pentecostera cum
multis nobilibus de Francia egressus, Romam petiit,
ut exinde, auctoritate et consilio Bonifacii papae, ad
recipiendum vel debellandum Constantinopolitanum
imperiura , ut dicebatur, in Graeciara protlcisceretur.
Qui a papa et cardinali])us cum ingenti et reverentia et
honore receptus, vicarius et defensor patrimonii sancti
Petri constituitur, et per totum illum annum ab eo
Romanae adversantes (4) ecclesiae debellantur.
Philippus rexFrancorura Flandrias quas sibi acqui-
sierat visitavit, et nobiliura homagia, atque oppidano-
(i) Telle est la leqoa de tous les Mss., les cidit. portent Nuccricp.
(2) Saint-Germain, n°* 4^5 etggg, apud Poiitisnram. Danscesdeux
I\Iss. le reste de l'alinea depuis cujus etiam manque. Yoy. plus haut,
p. 5o6, note i.
(3) Lisez Ro^eri Bernardi.
(4) Saint-Gerniain, 455, in Tuscin. Voy. lc continuateur.
312 CHRONICON
rum illius provinciae fidelitates recipiens, Jacobum de
8a:icto-Paulo (i), militem egregium, fratrem Guido-
iiis comitis Sancti-Pauli, custodem Flandriae dereliquit.
Henricus comes de Barro, qui in terram reginae
Franciae hostiliter, ut dictum est, intraverat, audito
c[Uod rex Franciee ad suam devastandam exercitum
transmittendum disponeret, ad ipsum humiliter et
devote accessit, petens veniam de commissis; et regi
obtulit, pro emenda, quod , si vellet, cum Karolo
fratre suo iret Constantinopolim vel alibi, aut in Ter-
ramSanctam, cum ducentis hominibus armatis, per
spatium duorum annorum , vel usque ad terminum
quo ipsum regis benivolentia revocaret. Venit etiam (2)
tunc ad regem dominus de Falcomonte, regni Alle-
manniae magnus homo, qui Guidonemcomitem Flan-
driarum in sua guerra comminaverat in regis Fran-
ciae detrimentum, et emendavit regi quidquid erga
ipsum deliquerat ad suara voluntatem.
Cometes in crepusculo noctis, circa finem mensis
septembris, pcr plures dies apparuit (5).
Eduardus rcx Angliae Scotos impugnans, multa eis
darana intulit (4).
(i) Saint-Gerniain, 455, Guidonem Saiicti-Pauli. Cetle lecon es^
contredite par tous les docunients contemporaips. Voj. le coptiqua-
teur.
(u) Le reste de cet alinca nianque dans les Mss. de Saint-Germain 45S
et 999. On le chercherait vainement aussi dans le continuateur de
Nangis, ainsi quc lc recit des expiations auxquelics se soumettait le
9omte de Bar.
(5) Saint-Germain, 4^5 et 999, dirigcns versus Orientis tramitcm^
cnudam suam.
(4) Ib., Eduardus rcx Anglia^ contra Scotos in Scoiiam jyrofccius .
])arum aul niliil tolo lonpoyc (Citivo cjjicicns , rcdiii ins^lorius
GUILLELMI DE NANGIACO. 313
Eclipsis lunae horribilis in festo sancti Mauri (i)
media nocte totaliter facta est.
Episcopus Apamiensis (2) qui , ut dicebatur, de
rege Francorum tm'pia verba et contumeliae plena
multis in locis disseminaverat , et contra ipsum pluries
magnates conspirare fecerat, ad curiam ipsius regis
evocatus (3), in custodia detinetur. Clrca Purificatio-
nem beatae virglnis Marlae (4), Bonifacius papa misit
in Franciam Narbonensis ecclesiae archidiaconum,
mandans regi ut sibi Apamiensem episcopum, quem
tenebat sub custodia mancipatum, redderet indilate.
Signlficavit etiam diclo regi Franciae , per suas paten-
tes litteras, quod volebat eum scire se et regnum
suum, tam in spiritualibus quamin temporallbus, su-
besse Romanorum pontlficum ditioni , et ne de caetero
ecclesiarum vel praebendarum vacantium in regno suo,
quamvis haberet custodiam earumdem, ususfructus
sibi prsesumeret detlnere, sed totum successoribus re-
servaret. Revocavit insuper omnes indulgentlas et
gratias a se, ratione guerrarum, regi Francla3 pro
(i) Saint-Germain , 435 et 999, mense januario. — La fete de saint
Maur est le i5 janvier. Cest dans la nuit du i4 au i5 janvier i3oa
cju'eut lieu l'eclipse totale de lune rapportee par le chroniqueur.
(2) Bernard de Saisset, abbe de Saint-Antonin de Paniiers, de-
vint eveque de cette ville lorsque l'abbaye de Saint-Antonin fut erigec
ea eveche par le pape Boniface , en 1294.
(5) Ib., donec se piirgaverit de ohjectis , sub nomine JSarbonensis
episcopi de voluntate sua in custodia dctinetur, et quamvis contra epi-.
scopuni regis amici graviter moverentur, rex tamen bcnevolus non est
passus ipsum ab aliquo molestari , sciens ct intelligcns magni esse
animi injurias in summa patientia paii, ncc impune lceso piincipe {^lo^.
rdosius quidqucun esse.
(4) Fevrier 1002,
314 CHRONICON
subsidio regni siii factas , proliibendo eidem ne colla-
tionem aliquam praebendarum aut beneficiorum eccle-
siasticorum sibi praesumeret usurpare; quod si dein-
ceps faceret, totum decernebat irritum et inane, et
aliter sentientes hsereticos reputabat. Citavit denique
praedictus nuntius , ex parte Papae , per btteras , omnes
praelatos regni Franciae et oranes magistros in theolo-
gia, jure canonico et civiii, cum abbatibus Chmia-
censi , Cisterciensi, Prcemonstratensi , abbate Sancti-
Dionysii in Francia , et abbate Majoris monasterii
Turonensis (i) , Romse , kalendis novembris anni sub-
sequentis (2) , personabter comparendos. Nuntio vero
mandata talia prosequente, rex Francorum Apamien-
sem episcopum liberavit, praecipiens eidem et Papae
nuntio ut egrederentur de regno Franciae festinanter.
Qui, accepto conductu a rege, terapestive de regno
Franciae exierunt.
Rexautem postea, media subsequenti quadragesiraa,
Parisius convocans ad concilium universos regni Fran-
ciae barones, praelatos, duces et comites, abbates et
procuratores capitulorum suorum, decanos et custo-
des ecclesiarum collegiatarum , vicedominos, castel-
lanos, majores et scabinos communiarum (5), coram
(i) Saint-Germain, 4^5 et 999, cum qiiibusdnni abhntibus,
{•2.) II nc faut pas oublier que l'annee, pour notre chroniqueur, com-
mcncait a Paques. La mission de rarchidiacre de ISarbonne etait pour
lui dii niois defevrier i5oi et non i5o2.
(5) Au lieu de toute cette enunieration on lit dans les deux Mss.
Saint-Germain, 455 et 999, omnes baroncs ac milites ntque totius re-
a;/u Franci(V magistratus , cum majoribus prcelatis ct minoribus uni-
vcrsis. — Cette assemblcc est la premiere reunion bien coustatec des
l^tats-generaiix cn In-ance.
GUILLELMl DE NANGIACO. 315
omnlbiis in majori ecclesia beatce Mariae malris Domini
congregatis, fecit mandata papalia recitari et, lioc
facto, sciscitavit ab omnibus, maxime a preelatis et per-
sonis ecclesiasticis, a quo temporale suum advocabant,
et milites feoda sua , se tenere. Qui omnes unaniraiter,
prius tamen habito diligenti consilio, responderunt di-
centes quod ab ipso et praedecessoribus suis Francorum
regibus tenebant et tenuerant terras suas et feoda, et
tenere semper fideliter advocabant. Ad quae fecit majes-
tas regia perorare in hunc modum : «RegnumFrancia)
« quod, Deo propitio, praedecessores nostri sua indus-
« tria et virtute gentis suae, expulsis inde Barbaris, ac-
« quisierunt, etpartum, strenuegubernando, anemine
(( nisi Deo solo usquenuncfortiter tenuerunt, nos qui,
(( Deo volente, eisdem successimus, pro posse nostro
{( consimiliter facere praeoptantes, parati sumus corpus,
(( thesauros, etomnia exponere quae habemus, utliber-
(( tas regni inolita conservetur; et huic decreto nostro
(( adversantes , et mandatis Romani pontificis faventes,
(( regni inimicos et nostri consimiliter reputamus (i). »
Quo audito barones et miiites, salubri accepto consilio,
per os viri strenuisslmi Roberti Attrebatensis comitis
responderunt, quodusquead mortem prompti erant,
pro corona regni Francise, contra omnes adversarios
decertare. Quibus rex gratias agens, soluto concilio,
edici fecit ne aurum vel argentum, aut aliqua^ mer-
candisiae deregno versusltaliam veherentur; (juodqui
contra faceret totum amitteret, et grandi nihilomlnus
emenda vel gravi poena corporis puniretur. Et tunc
(i) Dans les memes ]\!ss. ce discours est remplac(i par lcs iiiots sui-
vants : Iiex eisdcm gvatias rcddidit , ct promisii quod corpiis cl omnia
qiice luihchni cxpnncret pro Uhertaic rc^ui conscr<'(Uidn.
316 CHRONICON
feclt, per comitem Cabilonensem, omnes aclilus vel
passiis quibus Italiam tenditur cuslodiri (i).
MCCCII.
Apud Thonodorum in Burgundia, Margareta re-
gina Siciliae primi Karoli regis Siciliae uxor secunda
sanctitate claret, Deo et pauperibus devote serviens in
hospitali pauperum a se ibl constructo (2).
Karolus comes de Valeslo, frater regls Franciae, dle
lunaeante Ascenslonem Domlnl, apud Termas castrum
Siclbae fortlssimum appbcultet, In crasllno, assultus
acerrlmos ad Ipsum faclens, Illud In dedltlonem acce-
plt (5) et gente sua munlvlt. Valebatenlm hoc castel-
lum Frederlco occupatorl Slclbae, ut alunt, In redditu
qulnquaginta mlllla Ilbrarum.
Apud Brugas oppldum Flandrlarum, propter exac-
liones illlcltas quas nomlnant toltam (4), qulbus gens
patriae a custode Flandrlarum Jacobo Sancti-Paub
ralHte, contra praeceptum reglum et terrae Illiuscon-
(i) Les fllss. Saint-Germain 435 el ggg renferment ici le renseignC'
ment suivant : Legitimntis filiis Sancionis regis Hispanice deffuncti
per Bonifacium papnm , Ferrandus primogeniius ipsorum regnum pa-
iernum ohtinuit. Sed Alphonsus et Ferrnndus , sancti regis Francim
Ludovici nepotes ex fdia \us suum fortitcr vindicantes, illum regnare
pacifice aut quiete minime permiserunt. Cest une addilion maladroite ,
car Ferrand IV, fils de Sanche le Grand, avait succede a son pere des
Tan 1295.
(2) Saint-Germain, 435 et 999, Clarehant in Francia scilicet illus-
fres vidum Blancha sancti rcgis Francice Ludovici flia, in sancta
conversatione Dco vacans , et Margareta , etc. Voir le continuateur a
l'an i3oi.
(3) Ih., in deditioncm protinus reccpit dum ad illud nssultus facere
prmpararet. — La prise du chateau de Terines eut Heu le mardi
UQmai.
(4) Ih., yimlatn toltnm
GUILLELMI DE NANGIACO. 317
siieludinem premebatur, cum nequiret, propler Ja-
cobi praedicti genus altissimum, apud regem Franciae,
saepius clamore deposito, exaudiri , populo minore ad-
Tersus majorem insurgente, sanguis multus effunditur,
et plures, tam pauperum quam divitum, occlduntur.
Adquorum motus temerarios moderate, si posset fieri,
reprimendos, cum rex Franciae Philippus destinasset
"viros egregios usque ad mille (i), cum Jacobo superius
nominato, armis omnibus pra^paratos, fuissentque a
Brugensibus, cum magna reverentia , quiete et paci-
fice in oppidum introdiicti , dicentibus se per omnia
prasceptis regiis bbenti animo parituros, nocte diei
quo vcnerant, dura securi , depositis armis, quiesce-
rent, (2) proditionaliter sunt perempti. Intellexerant
enim Brugenses, ut dicitur, sero illo, Jacobum custo"
dem Flandriae se jactasse quodforet, in crastino, eo-
rum quampUnes patibulo suspensurus; et ideo, pavore
nimiodesperati , tam enorme facinus committere prse-
sumpserunt. Evasit tamen preedictus Jacobus , malo-
rum incentor, cum paucis occulte fngiens extra villam.
Sic ergo Brugensibus rebellionis spiritum assumenti-
bus , gens portus maris proximi , qui Dam vocatur, eis
favens, a se gentes regis Franciae portus custodiae de-
putatas turpiter ejecit. Postmodum ipsi Brugenses et
quaedamalise Flandriarum villae Guidonem Namurcii
et Johannem fratrem ejus (3), fdios Guidonls comitis
domini ipsorum carceri regis Franciee mancipati,
convocantes, ipsos in defensores et dominos suscepe-
(i) Saint-Gerraain, 455 et 999, mille et anipUus.
{1) Ib., fere omnes.
(5) Dans les Mss. Saiut-Gciniaiu 4^5 et 999 il n'est poinl fiuostioi!'
de Jean dc IVaniur, niais seulenient ile Gui sou frere.
318 CHROIslCON
runt. Qui , magna Teutonum vallati multitudine sti-
pencliariorum , adveriientes, Brugenses et caeteros ad
resistendum fortiter animaverunt, incitantes eos mo-
dis omnibus queis valebant. Interim dum se praeparant
ad tuendum, auxiliarios undecumque perquirentes ,
illustris comes Attrebati Robertus [miles] egregius,
missus a rege Franciae cum magno militum robusto-
rum, equitum et peditum apparatu , venit in Flandrias
et versus Corteriacum (i) oppidum castra metatus est.
Ultra enim transire non poterant propter pontem
quem Brugenses fregerant super aquam fluminis prope
Corteriacum decurrentis. Ubi dum reparationi pontis
gensFrancorum intenderet, Brugenses soepius aciebus
dispositis occurrentes, et opus quantum poterant dis-
turbantes, [quotidiej ad bellum Francigenas provoca-
bant.
Ponte igitur postraodum reparato, dum quadam die
raensis julii ex condicto ad praeJium venire deberent,
ipsi Brugenses mori , ut dicitur, pro justitia et liber-
tate patriae credentes, prius humiliter peccata sua sunt
confessi et devote corpus Dominicum receperunt (2).
Milites vero Francigense videntes eos pedestres, cum
paucis equitibus, contra sevenientes, ipsos despectui
Iiabuerunt, utpote textores et fuUones virosque arte
mechanica operantes. Timentes autem ne sui pedites,
qui ante cuneum [praecedebant] , de illis victoriam ob-
tinerent, ipsos retrahere fecerunt, et pompatice ad
malum suum super eos , absque belli ordine, irrue-
(i) Saint-Germain, 455 ct 999, intcv Brugas ct Corteriacum.
{1) Ib , portantes etiani quasdam secum reliquias sanctorum , cum
i^ladiis et fustibus dcprcsatim disposili vcncrunt pedites fcre ointics.
GUILLELMI DE NANGIACO. 319
ruiit. Qiios ipsi cum laiiceis acutis fortiter impetcntcs,
dejeccrunt in mortem letaliter quotquot illo impetu
obviam Iiabuerunt. Quoriim casum Tidens nobilis co-
mes Attrebati, qui nunquam fugere consuevit, cum
sua nobili comitiva in hostcs, tanquam leo rugiens, sc
immersit. Sed Brugcnsesdepresatim (i) dispositi, non
valuerunt Iioc iI!o eorum conamine perforari. Imo,
timore poslposito, quasi gens furibunda, lanceis adun-
catis milites de equis ruentes more bidentum dum
caderent, prosternebant mortuos super terram. IIIus-
tris autem comes Atlrebati vallatus undique, quamvis
esset saucius plagismultis, viriliter decertabat, malens
in mortem occumbere cum viris iliustribus , quam
tam vili plebeculae se vivum reddere captivatum. Quod
videntes. caeterae phalanges Francorum exercitus, tam
pedestres quam equites, cum essent in equisfere usque
ad duo millia loricali, cum comite Sancti-Pauli , co-
mite Boloniae, Ludovico filio Roberti comitis Clari-
montis, fugam turpissimamassumpserunt, permitten-
tes comitem Attrebatcnsem et ceeteros nobiles et
cgregios bellatores rusticanis manibus permultari.
Quos Brugenses (a) non persequendo fugaverunt , sed
in castris eorum irrumpentes omnia depraedati sunt.
Erat enim ibidem maxima armorum copia et ingens
ac nobilissimus bellicus apparatus. Dein hinc ad occi-
sorum corpora redeuntes, omnibus armis eorum dis-
tractis , apud Brugas ocius rediere. Et sic, proh dolor !
tam altissimorum virorum cadaveribus in campi pla-
(i) Depresatim, a rangs pi-esses, dcnsati.
(2) Saint-Germain, 4^5 etggg, quorum fus,am antea inspciatam
videntcs adversarii , animos in vircs recollii^u/it . ct qui pcnc victi fu-
gcrc volcbant fu^icntium castra pctcntcs , elc.
I
320 CHRONICON
nlcie niidis remanentibus, cum non esset qui sepeli-
ret, bestiae agri carnes eorum et canes et volatilia co-
mederunt; quod in subsannationem et derisum vertitur
regi et genti Francorum> ac omni eorumdem generi (i)
in opprobrium sempiternum. Enimvero jacebant ibi-
demprostrati mortui illustris comes Attrebati, et Go-
defridus nobilis (2) de Brabanto , ac ejusdem filius do-
minus Virsionis, comes Augi, comes Albemallse, filius
comitis Johannis de Hanonia, Piadulphus dominus de
INigella Franciae constabularius, et Guido de Nigella
frater ejus marescallus , Reginaldus de Tria miles
emeritus, cambellanus de Tarquenvilla egregius, et
Petrus dictus Flote cancellarius (5) , Jacobus Sancti-
Pauli, Johannes vicedominus Cathalaunensis et aiii
' quamplures milites usque ad numerum ducentorum
militiae titulo gloriosi , absque aliorum magna multi-
tudine occisorum. Tamen post diem tertium ad locum
certaminis accedens gardianus domus fratrum Mino-
rum Attrebati, corpus illustrissimi Roberti comitis
Attrebatensis , vestibus denudatum et triginta vulne-
ribus perforatum recollegit, et in capella cujusdam
abbatiae monialium feminarum minime dedicata ^
juxta Corteriacum, sicut potuit servitio celebrato tra-
didit sepulturse. Hanc vero futurae demolitionis in-
stantiam cometes illa , quae in fine mensis septembris
praeteriti per Franciam pluribus diebus et noctis cre-
pusculo apparuerat , et eclipsis lunae januario mensc
facta, ut Iradunt aliqui, portendebant. Hac igitur suo-
rum Guido Namurcii exhilaratus victoria, anlmum
(i)Saint-Geui\iain, 455 et 999, drfunctonini gcneri.
(2) Ib., cjus consan^uineus.
(^) Ib., Petru<! Flote.
GTJILLELMI DE NAISGIACO. 321
totas occupandi Flandrias ambitione succensum ad
majora intendit. Nam Insulanos obsidens, nunc dolis
nunc armis, tam ipsos quam Duacos, Yprenses et
Gandavos ac caeteras Flandriarum a illas ad deditionem
coegit pariter et allexit (i), atque praedas colligere
v^rsus Attrebatumsuis cursoribus imperavit. Qui dum
abbatiam montis sancli Eligii deprsedari niterentur,
a gente praesulis civitatis Attrebati inde turpiter ex-
pulsi , ad suos tuendos terminos sunt reversi.
Eodem temporis concursu archiepiscopi , episcopi,
necnon et quidam Franciae abbates qui, anno praece-
denti proximo, venire ad curiam Romanam fuerant
citati, illuc ire minime consenserunt; tum praecipue
propter guerram regis Franciee imminentem, tum quia
extra regiii limites aurum \el argentum prohibiti sunt
portare. Sed ne de inobedientia notarentur, tres pro
se destinaverunt episcopos causam suae remanentiae
papae Bonifacio intimantes. Et etiam eidem papae rex
Franciae Petrum Autissiodorensem episcopura desti-
navit, supplicans eidem ut, amore sui, supersederet
negotio pro quo ipsos ad se venire mandaverat usque
ad tempus magis postmodum opportunum.
Philippus rex Franciae post quindenam Assumptio-
nis beatae Marise virginis, ex omnibus finibus regni
sui tam magno apud Attrebatum contra Flandrenses
exercitu congregato, quod usque ad quadragesies cen-
tum millia armatorum (2) poterat yestimari , cum pu-
(i) La fin de cet alinea manque dans la continuation, ainsi qiie
l'alinea suivant.
(2) Saint-Germain, 455 et 999, ceiities qitndra^esies armatorum
millia, i^o fois mille; c'est ainsi qu'il faut aussi interpreter la lecon
du Ms. 10298-6 qui, prise a la lettre, donuerait une armee de 40 fois
I. .21
322 CHRONICON
taretur de facili Flandrenses et Flandriam deslriictu-
rus, inde usque ad duas leugas soluramodo cum tanto
exercitu toto raense septembri in castris residens,
terapus suum in nihilum expendit. Et cum hostes sa-
tis prope ante oculos castra metatos tanto terapore
habuisset , cura eis gentis suae conflictum lieri non
permisit(i). Seddemum illonobili licentiatoexercitu,
qui totum mundum subjicere potuisset si rectore stre-
nuo regeretur, inefficax et inglorius in Franciam re-
meavit. Quae res tunc, proh pudor ! in multoscachin-
nos plurimos excitavit et regni Francorum maxirae
inimicos (2). Investivit tamen, antequam recederet,
Othonem comitem Burgundiae, ratione uxoris suae
Mathildis, filiae unicae Roberti comitis Attrebati a Bru-
gensibus occisi, de comitatu Attrebatensi , salvo jure
quod in eo requirebant filii Philippi Attrebatensis ,
fratris ejusdem Mathildis primogeniti defuncti. Et
etiam dimisit rex plurimos servientes et milites per
diversa loca dispositos cum bellico apparatu, ad obser-
cent niille ou de 4 niillions d'liomnies. Le norabre des soldats qui
composaieul l'arniee de Philippe n'est point donne par le continua-
teur, lequel a, de plus, singuliereuient ecourte tout le recit corapris
dans cet alinea.
(i) Saint-Germain, 4^5 et 999, ncc villas hostium passits est ali-
quas assalire.
(2) Ib., cujus discidium cn^noscentcs adversarii, statim villas sibi
proximas et municipia comitatus Attrebati incenderunt. Dixerunt ta-
men aliqui quod astu et dolo regis AnglicB , quipnrtes Flandrensium
fovebat, deceptus rex Francice sic recessit. Nam finxerat anteavul-
pes illa subdola Anglicana se nimio dolore ccrdis intrinsecus injir-
mari, eo quod, sicut intellexerat, suus consanguineus rex Francice esset
a gente sua in manus hostium traditurus [leg. tradendus\ , si congres-
suni habere contingerei cum eisdem. Qiiod dum sufv quasi consilium
enarrasset conjugi, illa, credens illud esse verissinium , fratri regi
Francioi dcmandavit. Ilex tamc/i antequam recederet , etc.
GUILLELMI DE NANGIaCO 323
vandos et tuendos pagos et exltus Flandriarum. Qui
saepe cum Flandrenslbus contlictu habito, eorumdem
conamina represserunt , et in vigilia sancti Nicholai
hiemalis (r), Othoni comiti Attrebatensi et Burgun-
diae, ac Johanni Cabilonensi comiti adjuncti, octin-
gentos et amplius de Brugensibus versus Aeriam in
uno praelio occiderunt.
Karolus comesValesii, Philippi regisFranciaefrater,
post Termae castri Siciliae deditionem, super hostes
regis Siciliae , tempore aestatis, aciebus disposilis, per
terram illam deambulans, oves et boves genti suae ne-
cessarios satis invenit; sed nemini qui sibi ad prae-
lium auderet occurrereobviavit. Tenebantenim se in
urbibus et castellis fortissimis, nec volebat Fredericus
occupator Siciliae, aut non audebat contra suum con-
sanguineum ad pugnam procedere vel exire. Tandem
ad colloquium Karoli , datis trebis, adveniens, ea quae
pacis sunt suppliciter requisivit. Karolus aulem qui
jam de obitu suorum amicorum a Brugensibus occiso-
rum rumores audierat, et fere suos equos omnes ami-
serat, compassionem habens de regno et rege Franciae
fratre suo patientibus, de suorum concilio, pacem
cum suo consanguineo Frederico et Siculis in modum
qui sequilur ordinavit, scilicet : utipseFredericus toto
tempore vitae suae insulam totam Siciliae quiete et pa-
cifice, absque [i^egis] nomine obtineret, et quidquid
in Calabria vel Appulia ipse vel fratres sui jamdudum
acquisierant , totum regi Karolo dimittebat, captivis
nihilominus, qui a longo tempore vel parvo in Sicilia
vel alibi tenebantur, absque pretio liberatis. Debuit
(i) Le 5 decembre.
324 CHRONICON
autera ex condicto ducere Fredericus Alienordem liliara
regis Siciliae (i) in uxorem; et pro posse suo teneban-
tur Karolus comes Valesii et dux Calabriae Robertns,
filius regis Siciliae, laborare fideliter quod rex Arra-
gorium JacobusJLis regni Sardiniae, autcomesde Bre-
gna jus regni Cypriae quae ad ipsos, ut dicitur, perti-
iiebant, darent vel dimitterent totaliter Frederico, si
consensum Romanus pontifex adhiberet; et si tale
quid non possent facere, tenerentur eidem Frederico,
pro posse suo , aliud regnum acquirere uni de duobus
aequipollens. Quod si minime valerent, Karolus rex
Siciliae teneretur centum mille uncias auri dare post
obitum [Frederici] ad emendum redditus pro pueris a
dicto Frederico de filia sua procreatis , et sic tota Si-
cilia ad ipsum postea pacifice deveniret. De pace autem
et aliis fideliter conservandis Fredericus et Siculi (a),
tactis sanctis evangeliis, juraverunt, et ita a Karoli co-
mitiscapellano, cuivicessuas [Papajcommiserat, absol-
vuntur. Karolus vero a Sicilia sic recedens venit Ro-
mam, et Papae et cardinalibus quae fecerat enarrato,
circa Purificationem beatae Mariae virginis (3), in Fran-
ciam est reversus. Paci autem hujusmodi dicebant ali-
qui papam Bonifacium assensum minime praebuisse.
Burdegalenses, qui usque nunc sub regis Franciae po-
testate pacifice et quiete se tenuerant, ineificacem red-
ditum ejus a Flandria audientes, gentes ipsius a Bur-
degala et omnes Fraucigenas expellunt, dominium
(i) Ce titrc designe toujours Charles le Boiteux roi de Naples.
(2) Saint-Germain, 4^5 et 999, Tam proceres Siculorum quam
Fredericus ei mn\ores pnpuli.
(5) Fevricr i5o5.
GUILLELMI DE NANGIACO. 325
suae (i) iirbis sibimetlpsls totaliter praesumpfione te-
meraria usurpando; timebant etenim ut affirmabant
plurimi, ne, si pax inter regem Franciae etregem An-
gliae efficeretur, ipsidenuo potestati regis Anglisesub-
derentur, et ipse postmodum eisdem faceret sicut jam-
dudum legitur fecisse Londoniae civitati.
Praelatis (2) regni Franciee, juxta mandata papalia
anno praecedenti praeterito sibi facta, novembribus ka-
lendis Romae non comparentibus, Papa nihil quodin-
tendebatfacere ordinavit. Sed quia advenisse commode,
prout ipsi sibi significaverant, non valebant, eis Ro-
manuspontifexJohannemdictumMonachum,Roman3e
ecclesiae presbyterum cardinalem, inFranciamdestina-
Tit. Ouid apud Parisius, circa principium quadragesi-
malis temporis (5), praelalorum concilio congregato ,
habuit secretum consilium cum eisdem , et Papae per
suas inclusas litteras quae ab ipsis audierat demandato,
tamdiu moratus est in Francia, quousque super his
suum sibi Papa beneplacitum nuntiaret.
Othelinus (4) comes Burgundiae et Attrebati obiit.
Die coenae Dominicae (5;, apud Sanctum-Audoma-
rum inFlandria, decem millia Flandrensium et amplius
(i) Ici s'arrete le Ms. 10298-6, le resle a ete ecrit dans le xvii'^ ou
ie xviii* siecle sur la garde du 3Is., d'apres un autre exemplaire de
Nangisque 1'auteur du complement appelle codex,D. Petavii. Ce com-
plement est conforme aux deux Mss. de Saint-Germain.
(2) Cet alinea manque dans le continuateur.
(5) En mars i5o5.
(4) Cet Othelin ou Otlion, comte de Bourgogne, ne laissa qu'uu
fils, Robert, qui lui succeda et mourut sans posterite en i5i5. Le
comte de Bourgogne passa alors a sa soeur Jeanne qui avait epouse en
i3o6 Philippe le Long, corate de Poitiers, depuis roi de Francc.
(5) Le jeudi saint 4 avril i5o3.
326 CHRONICON GUILLELMI DE NANGIACO.
a Jacobo de Baiona milite , qui Francorum exercitui
ibidem praeerat, et a gente regis Franciae occiduntur.
Quod caeteree phalanges Flandrensium audientes , qui
paulo antea terram Johannis comitis Hanoniae qiiam
a rege Franciae tenebat in feodum devastabant, et cas-
trum ejus fortissimum Bouchin dictum ad solum pro-
straverant, Hanoniensibus datis trebis ad suos tuendos
terminos reversi sunt (i).
MCCCIII.
In ipsa Paschae hebdomada venerunt ad regem Fran-
ciae Tartarorum nuntii, dicentes quod si rex Franciae
et barones populi christiani gentes suas in Terrse
Sanctae subsidium destinarent , dominus illorum rex
Tartariae Sarracenos totis viribus expugnaret, et effi-
cerentur tam ipse quam ejus populus libenti animo
christiani.
Apud Insulam Flandriarum oppidum, diejovispost
octabas Resurrectionis Dominicae (2), ducenti equites
et trecenti pedites Flandrensium tam occisi quam capti
sunt a Tornacensibus et Fulcaudo de Merula (5) , re-
gis Franciae marescallo.
Attrebitae Duacos usque ad internecionem delent.
FINIS CHRONICI GUILLELMI DE NANGIACO.
(i) Ici s'arretent les Mss. de Saint-Germain, 455 et ggg.
(2) Le 18 avriL
(3) Voy. le continuateur.
CONTINUATIONIS
CHRONICI GUILLELMI DE NANGIACO
PARS PRIMA.
CoMPENDiosE satis admulta pei utilem chronographiae
seriem, a venerabili fratre coenobii nostri commona-
cho Guillermo de Nangiaco ab initio mundi usque huc,
hoc est usque ad annum Domini millesimum trecente-
simum inclusive, studio diligenti styloque eleganti di-
gestam, ulterius, quantum ex alto mihi coucessum
fuerit aut permissum, protrahere cupiens , regnorum
subscriptionemetannorum Christi decursum, proutin
opere suo idem intitulaverat frater, et ego ipse ordine
non mutato annotare et intitulare curavi (i). Verum
cumbreves sint hominis dies, eorumque paucitas ita
finiatur in brevi, ut caduca, mortalis et misera vila
nostra, multis replela miseriis et respersa tamquam
vapor parens ad modicum non subsistat, sed ut fumus
ocius evanescens, dum interdum adhuc ordiri videtur
et incipere, a Domino velut a texente subito prsescin-
datur vel repente praescinditur (2); fratres nostros
preesentes acposteros in visceribus charitatis efflagito,
quatinus, si quid scripsero minus caute seu etiam vi-
(i) Le continuateur fait allusion a une indication qu'on trouve dans
presque tous les Mss. de la chronique latine de Nangis. Dans le haut
de chaque page on lit en encre rouge l'annee de l'Incarnation et lc nom
des princes qui gouvernaicnt cette annee les divers Etalsde rEiuope.
On n'y voit pas les noms des papes.
(2) Lecon du Ms. de Saint-Germain, 999, au lieu de prcviuniliii .
328 CONTINUATIO CHRONICI
ciose, carllative corrigant : sed et ubi morte praeven-
tus, aut alio impedimento detentus legitimo , com-
pulsus fuero slylo finem imponere, ea si placet nostris
adjiciant, quae digna memoriae pro suis temporibus in
futurum evenire continget. Hoc siquidem fraternae
societatis emolumentura , hoc mutuum verae dilectio-
nis solatium ex sententia Salomonis fore didicimus ,
utdum unus casui proximare visusfuerit, ab alio ful-
ciatur, ac, si deciderit, sublcvetur.
MCCCI.
Tunc temporis clarebant in Francia illustres et ho-
nestae viduae, Blancha videlicet sancti quondam regis
Franciae Ludovici filia , in sancta conversatione apud
Sanctum-Marcellumprope Parisius Deo vacans, et Mar-
gareta Siciliae regina primi Karoli regis Siciliae uxor
secunda, apud Thornodorum Burgundiae in hospitali
pauperum ab ea instructo , pia devotione pauperibus
obsequia servitutis et humilitalis impendens.
Ludovicus comes Ebroicensis, frater regis Franciae,
Margaretam filiam Philippi Roberti comitis Attreba-
tensis filii desponsavit (i).
Karolus comes Valesii, frater regisFranci^, Romam
adiit cum nobili comitiva , disponens postmodum , si
Papa consuleret, Constantinopolitanum impcrium,
quod hereditario jure suam contingebat uxorem , ex-
pugnare : qui a Papa et cardinalibus honorifice suscep-
tus , vicai-iusqueac defensor Ecclesiae constitutus, m«l-
tos eis rebelles in Tuscia debellavit.
Philippus rex Franciae, comitatu FIandri;e visitato,
et oppidanorum fidelitalibus nobiliumque receptis ho-
(i) Voy. ci-dessus, p. 3ii et 3i6.
GUILLELMI DE NANGIACO. 329
maglis , Jacobum Sancti-Pauli militem totlus custodem
dereliquit patrise.
Comes Barri Henricus, videns quod Francorum rex
Philippus terram suam devastare disponeret vi arrao-
rum, recessit ad eum humiliter, ac demum veniam de
commisso, quam a rege supplex petierat, reportavit.
Mense septembris visa est cometa circa noctis cre-
pusculum , inflammationis suae radios sive caudara
praecipue versus partes Orientis emittens.
Eduardus Angliae rex profectus in Scotiam , cum
parum aut nihil proficeret contra Scotos , ad propria
remeavit.
Soldanus BabylonicC resumptis viribus Tartaros,
Armenios caeterosque Christianos a Jerusalem et Syria
expulit, et terram suo dominio subjugavit.
Mense januario luna totaliter in aspectu satis horri-
bilis eclipsatur.
Legitimatis per papam Bonifacium fibis Sancionis
Hispaniae regis defuncti, paternum regnum Ferran-
dus eorum primogenitus occupavit; sed Alphonsus et
Ferrandus frater, sancti Ludovici ex filia Blancha ne-
potes, jus regni sibi vindicantes, eis totis viribus se
opponunt (i).
Primus Apamiensis episcopus in curia regis Fran-
ciae super contumelise verbis , ut aiunt, prolatis
contra regiam majestatem, cum aliquandiu sub no-
raine Narbonensis archiepiscopi fuisset detentus, tan-
dem de mandato regis Papae restituitur, ac de regno re-
cedere sub debita et indicla slbi celeritate jubetur (2).
(t) Voy. ci-dessus, p. 3 16, not. i.
(2) Pom- l'affaire de l'eveque dePamiers, il faut lireles curieux de-
tails fournis par la chronique principale, supr., p. 3i3 et suiv.
330 CONTINUATIO CHRONICI
Rex Philippus, ad cautelam regni sui majorern, regio
decrevit edicto, sub certarum impositione poenarum,
ne aurum, argentum aut quselibet mercaturae extra
regnum Franciae veherentur, ob hoc magna diligentia
introitus omnes et exitus , caeterosque regni passus fa-
ciens custodiri.
MCCCII.
Karolus comes Valesii de Tuscia in Siciliam jussu
Papae profectus , Terme castrum Sicilise ad quod assul-
tumfacere properabat, circa Ascensionem Dominicam
in deditionem recepit (i),
Apud BrugasFlandriarum, propter exactiones inde-
bitas oppressionesque minus justas quibus per gentem
regis Franciae, praecipue per Jacobum Sancti-Pauli
custodem patriae deputatum de quo supra meminimus,
segravari populus sentiens, ut aiunt, gravi dissensione
suborta, insurgentlbus primo minoribus in majores,
non modicus hinc et inde sanguis efFunditur. Quod
cum regi nuntiatum fuisset, et statim armatos mille
vel circiter, ad reprimendam moderate si posset seditio-
nem hanc, direxisset ; ecce statim ad aures pervenit
Brugensium, quod praedictus se jactaverat custos eo-
rum qujsmplures esse suspensuros (2) in brevi : quo
audito protinus efferati furiose cum impetu exilientes,
ex insperato \idelicet et de nocte, dum in leclis quies-
cerent armis depositis, quotquot invenerunt amaris-
simae morti tradunt, praefalo milite vix per occultae
fugae praesidium evadente. Interea dum Brugenses,
apertae rebellionis spiritu sic assumpto,ac cum Gui-
(1) Yoy. ci-dessus, p. 5i6.
(2) li faudrait suspensurum ou suspendendos. Tout ce recit ost pliis
circonstancie dans la premiprc chronique, ci-dessus, p. 5 16 et suiv.
GUILLELMI DE Nx\NGIACO. 331
done Namurcll Guidonis comitis Flandrensis filio nec-
non gente, porfum marinum quemdam applicant; et
aliis multis eis illico faventibus eorumque partem fo-
ventibus, viriliter tueri se praeparant, auxiliarios undi-
que perquirentes : ecce Robertus egregius Attrebati
comes , a rege missus in Flandrias cum valida robusto-
rum militia ac pedestri multitudine copiosa, conflic-
turus cum ipsis inter Brugas et Corteriacum castra
fixit. Porro, dum quadam die julii mensis ex utriusque
partis condicto forent in praelio congressuri , Brugen-
ses robusto animo et volenti resistere, prompti pariter,
adunati et densati , valde dispositi venerunt, pedites
fere omnes. Milites vero nostri prsesumptuose nimium
in suis viribus confidentes, ipsosque ut homines rusti-
canos habentes despectui , mox pedites suos , qui belii
cuneum praecedebant , ex ordine retrahere compeHen-
tes, ne peditibus ipsis victoria , quam statim obtinere
putabant, et non equitibus videretur adscribi, in eos
pompatice et incaute absque belli ordine irruerunt.
Quos Brugenses cum lanceis adjunctis et exquisiti ge-
neris, quod gothendar (i) vulgo appellant, viriliter
impetentes, in mortem dejiciuntquotquot illo impetu
obviam habuerunt. Sed et Attrebati comes egregius
illustrisque pugnator succurrere suis accelerans , dum
in hostes tamquam leo rugiens immergit viriliterque
decertat, triginta vel amplius sauciatus vulneribus, ut
postmodum testati sunt oculi qui viderunt, tandem,
proh dolor ! cum sua nobili comitiva , videlicet Gode-
frido de Brabanto consanguineo suo , dominoque Vir-
sionis ejusdem Godefridi filio, comite Augi, comite
(i) Saint-Germain, 999, gothdendni .
332 CONTINUATIO CHRONICI
Albaemalae, filio comitis Hanoniae, Radulfo domino
Nigellee Franciae conestabulario, Guidone ejus fratre
Franciae marescallo , cambellano Tanqiierville, regi-
naldo de Tria emerito milite, Petro Flole, Jacobo
Sancti-Pauli , aliisque qiiasi ducentis militibus cum
multis armigeris probitate conspicuis , caeteris aciebus
exercitus nostri in multo majori numero tam nobilium
quam ignobilium turpissime terga vertentibus, cursu-
que veloci fugam arripientibus , gemebundam totique
regno , et, quain dolentes referimus! lamentabilem
occumbitin mortem. Cujus corpus postmodum, circa
diem tertium, fratrum Minorum Attrebati gardianus
recolligens, in quadam capella moniolium nondum de-
dicata, prout potuit servitio celebrato ecclesiasticae
tradidit sepulturae. Hujus vero futurae demolitionis
instantiam cometa septembri praelerito visa , eclipsis-
que lunae januario mense facta veraciter, ut tradunt
aliqui , portendebant. H;!C igitur Guido Namurcii
exhilaratus victoria, suorum aniraos totas occupandi
Flandrias ambitione succensos extendere nititur ad
majora. Nam postmodum insidens Insulanos, nunc
dolis , nunc armis , tam eos quam Yprenses ac Ganda-
vos caeterasque Flandriae villas ad deditionem coegit
pariter et allexit. Philippus rex Franciae post quinde-
iiam Assumptionis beatae Mariae virginis, tanto apud
Attrebatum exercitu congregato, ut totam Flandriam
cum suis habitatoribus deslruere salis de facili poluis-
set , ad duas leucas vel circiter castra figens , maligno-
rum , ut creditur, consilio circuraventus , nec hostes
quos de prope castra raetatos habebat , aut villas eo-
rum aliquas assailliri permisit; sed toto septembri
tempus in vacuum ducens, tandem licentiato exercitu
GUILLELMI DE NANGIACO. 333
lam potenti, ineflicax et inglorius in Franciam remea-
vit. Quo viso statim hostes proximas villas et munici-
pia comitatus Attrebati incenderunt; sed milites cum
servienlibus et armatis illuc a rege dimissis cum bel-
lico apparatu, conatus crebros Flandrensium decursus-
que in terram Attrebati saepe viriliter coercentes , cum
ipsis habito conflictu in vigilia sancti Nicolai , in prae-
liocirciter octingentos versus Aeriam occiderunt.
Karolus Valesii comes carorum suorum illustrium
in Flandria occisorum morte , ut dicitur, jam audita ,
perturbationi regis ac regni compatiens , gentis suae
consilio cuni Frederico et Siculis pacem composuit in
hunc modum : videlicet quod Fredericus Alienordem,
regis Siciliae filiam, in uxorem duceret, et sic insulam
Siciliae totam toto tempore vitae suae pacifice etquiete
absque regis nomine possideret. Ipse vero Karolus et
dux Calabri.ne Robertus Siciliae regis filius, qui prae-
sens tuncaderat, iaborare tenebantur suis pro viribus
erga regem Arragonum et comitem de Bregna , quod
jura Cypriae et Sardinise regnorum , quee ad ipsos per-
tinere dicebant, quiete dimitterent Frederico , dum
tamen Papa super his assentiret , et Fredericus ipse
suraptibus propriis ea conquirere sibi posset; vel ali-
ter de regno quod alteri de praefatis duobus esset
aequivalens, provideret eidem. Quod si commode non
possent effectui mancipare, Karolus Siciliae rex tene-
retur dare centies mille uncias auri post ipslus Frede-
rici decessum , ad emendum videlicet possessiones ac
redditus pro pueris ipsiusde Alienorde regis filia pro-
creatis. Quidquid autem Fredericus vel alias frater
ejus Arragoniae rex in Calabria seu Appulia dudum
acquisierant, totum ex nunc regi Siciliae dimittebant;
334 COJSTINUATIO CHRONICI
dlmissis nihilominus ab utraqiie parte injuriis, ran-
coribus et offensis; captivis qui in Sicilia vel alibi cle-
tinebantur absque prelio liberatis. Sic itaque pace
composita, et tara per Fredericum quam per proceres
Siculorum populique majores ad sancta Dei evangelia
corporaliter tacta praestito juramento , Aallata firma-
verunt. Karolus Valesii comes Siculos absolvi faciens
per capellanum suum, cui Papa vices suas in hacparte
commiserat, Romam redit, ubi Papge et cardinalibus
quid in Sicilia fecerat enarrato, eisdem vale faciens,
circa Purificationem beatae Virginis in Franciam est
reversus.
Othelinus Burgundiae comes, qui etiam de dominio
comitatus Attrebati , ratione Mathildis conjugis suae,
filiae Roberti comitis antea defuncti, nuper a rege fue-
rat investitus, salvo tamen jure quod filii Philippi, ejus-
dem Mathlldis fratris olim defuncti, in dicto comitatu
habere poterant et petebant, diem clauslt extremum.
Burdegalenses , qui hucusque sub regls Franciae
fuerant potestate, InefTicacem ejus a Flandrils audien-
tes regressum, tlmentes etiara , iit asserebant quam-
plurlmi, ne, si Franciae et Angliae reges inter se paci-
ficari contingeret, denuo potestati regls Angliae
subderentur, ipseque postmodum eisdem faceret quod
ipsum jamdudum fecisse civitati Londonlae recolebant;
expulsls a Burdegala Francls, sibi ipsis dominlum
clvitatls usurpant.
Dle coenae Domlnlcae, apud Sanctum-Audomarum
in Flandria, quindecim millia Flandrensium vel circi-
ter a gente regis Franciae (i) occlduntur; quod au-
(i) Le premier recit porte : a Jacobo de Bayonna milile , qui
exercitui Francorum prceerat. Supr.,\). 326.
GUILLELMI DE NANGIACO. 335
dientes caeterae Flaiidrensium phalanges , quae paulo
antea Johannis Hanoniae comitis terram , quam a
rege Franciae tenebat in feodura, devastabant, ejusque
castrum fortissimum quod Bouchin nominant jam ad
terram prostraverant , datis trebis Hanoniensibus,
ad suos tuendos terminos revertuntur.
MCCCIIL
Parisius, ipsa hebdomada PaschcC, venerunt ad re-
gem Franciae nuntii Tartarorum , dicentes quod si rex
et barones gentes suas in Terrae Sanctae subsidium
destinarent , eorum dominus Tartarorum rex Sarra-
cenos totis viribus expugnaret, et tam ipse quam po-
pulus suus efficerentur libenti animo christiani.
Apud Insulam Flandriarum, die jovis post octabas
Resurrectionis Dominicae (i), ducenti equites et tre-
centi pedites Flandrensium armati, tam occisi quam
capti sunt a Tornacensibus a Fulcaudo de Mula (2)
regis Franciae marescallo.
Philippus rex Franciae Gasconiae terram, quam diu
lenuerat occupatam, Eduardo regi Angliae restituit,
sicque inter eos pax exstitit reformata.
Audiens rex Franciae Philippus a pluribus fide di-
gnis sublimibusque personis papam Bonifacium detes-
tandis infectum criminibus , diversisque haeresibus
irretilum; quamvis adhuc de facili regis obturaverat
aures, demum tamen in publico parlamento Parisius,
praelatis, baronibus, capitulis , conventibus, col-
legiis , communitatibus et universitatibus villarum
(i) Le jeudi 18 avi-il.
(2) Ou plutot/fe Merula. Ci-dessus, p. SaS. Fouquaut du Melle sc-
neschal le Roy de France. Chion. francaise de Nangis; d'AcHERY. Un
Ms. de la Chron. de Saint-Denis , n° 965o, Fourquault de NccUe.
336 CONTINUATIO CHRONICI
regni sui, necnoii magistris in theologia et pro-
fessoribus juris utriuscjue , aliisque sapientibus et
gravibus personis diversarum partium ac regnorum
praesentibus, importunis deiiuntiatorum clamoribus
atque frequenlibus pulsatus instantiis , praecipue Lu-
dovici Ebroicensis, GuidonisSancti-Pauli ac Johannis
Drocensis comitum, qui, praestitis ad sancta Dei
evangelia ab eis tacta corporaliter juramentis, assere-
bant praedicta se credere esse Yera et ea legilime posse
probari, regemque tamquam praecipuum christianae
fidei defensorem instantissime requirebant, ut pro
deliberatione super praemissis habenda generale con-
vocari concilium procuraret : cum, urgenfe conscien-
tia, ulterius dissimulare non posset, ad concilium ge-
nerale per sedem apostolicam promovendum, quod in
isto casu summo prseest pontifici , deliberatione super
hoc multa tamen maturitate praehabita, preelatis, ba-
ronibus et aliis supradictis, abbate Cistertii dumtaxat
excepto, sibi adhaerentibus, appellavit, appellationes-
que suas die Nativitatis beati Johannis Baptistae (i) in
horto regalis palatii, Parisius, coram omni clero et
populo palam et publice legi fecit , ac postmodum
papae Bonifacio per Guillermum de Nogareto, mili-
tem legumque professorem, regiis patentibus litteris
intiraari; petens ab eodem convocationem conci-
lii (2) protectioni subponens.
Eduardus Angliae rex de Scotis sibi adversantibus
triumphans, magnam Scotiae partem suo dominio
subjugavit.
(r) Le24juin.
{■?.} Forte deest ef hujus concilii se. D'Achkry.
GUILLELMI DE NANGIACO. 337
Phillppo (i) comitls Flandrensis filio de Appulia,
ulii cum rege Siciliae diu moram contraxerat, circa
festum sancti Johannis, cum ingenti stipendiariorum
comitiva in Flandrias appulso, lastus ideo pariter et
elatus Flandrensis populus, terram regis Franciae coe-
pit acrius incursare; castrumque Sancti-Audomari ob-
sidere volenles, cum ibi propter loci fortitudinem non
possent proficere , versus jMorinum Franci regis civi-
tatem tendentes, raense julio eam obsederunt, et le-
thali tandem incendio conflagrarunt.
Philippus rex Franciae, circa mensis septembris ini-
tium proponens iteruni in Flandrenses arma corri-
pere, apud Peronam oppidum Veromandense et ejus
in confinio, expeditionem ac multos valde exercitus
congregavit; sed ibidem, ut aiunt, Sabaudise comi-
tis (2) maligno consilio circumventus, usque ad fes-
tum subsequens Pentecostes treugls hostibus datis
acceptisque pariter ab elsdem, secundo inglorius a
Flandris remeavit.
Papa Bonifacius, appellatione regis Francise prse-
dicta sibi per Guillermum de Nogareto militem , ad
hoc dimitaxat a rege praefato directum , et summa-
tione facta generalisque promotione concilii requi-
sita , sed ab eo, utdicitur, denegata penilus et expresse
etiam per suas litteras valvisecclesiarum adfixas; tan-
dem in domo sua quam inhabitabat Anagniee, unde
extrahebat originem , a quibusdara urbis civibus, ip-
(i) Ce Philippe etait le cinqtiieme fils de Gui de Dampierre corate
de Flandie, et de Mathilde, fiUe d'ua seigneur de Bethune et de Ten-
remonde. II mourut sans posterite.
(2) Amedee V, dit le Grand, il etait alors auservice de Philippe le
Bel.
I. ^2
338 CONTINUATIO CHRONICI
sius militibus aliisque , hac causa armata multitudine
per praefatum militem, qui hoc totum fieri, ut com-
munis asserebat opinio, procura\ erat , cum commu-
nitatlbus opemqiie sibi ferentibus violenter cletentus
et captus , ne de facto in praejudicium regis aut rcgni
appellationibus supradictis non obstantibus quidquam
satageret attentare, Romam usque perducitur. Verum
tam dolore cordis tactus intrinsecus quam corporis
aegritudine detentus, pauco post tempore superve-
niente, diem clausit extremum. Cui Benedictus unde-
cimus, fratrum Praedicatorum ordinis, natione Itali-
cus, papatui successit.
Defuncto Hugone de Marchia, comite civitatis An-
golismae, ad regem Franciee Philippum suus devolvi-
turcomitatus (i).
Philippus rex Franciae, Aquitaniee, Albigensium et
Tholosae provincias usque Narbonensium fines toto
tempore hlemali perlustrans, benignitatis suae liberali
munificentia eorum omnium corda lam nobilium
quam ignobilium, quorum nonnulli , ut ferebatur,
malorum ducti consilio jam ab ipso volebant deficere,
mirabililer extraxit adse et in sui gratia confirmavit.
Circa idem tempus, niraium invalescente querela
(i)Hugue XIII de Lusignan, comte d'Angouleme et de la Marclie,
etant morten i3o5, au mois de novembre, Gui, son frere, s'enipara
dcs deux comtes, apres avoir bride un testament par lequel Hugue
cn avait dispose en faveur d'un autre. Philippe le Bel irrite de cette
action qui lui faisait perdre le fruit deplusieurs dispositions que con-
tenait a son profit le testament du comte Hugue, indispose d'ailieurs
conU'e Gui de Lusignan, parce qu'il s'etait joint aux Anglais et leur
avait livre dcux places, s'enqiara dcs comtes de la Marche et d'Angou-
lcme par droit de confiscation, et s'en assura la posscssion definitive
Tan i3o8 , en desinterossant les deux soeurs d'Hugue XIII.
GT ILLRLMI DE NANGIACO. 339
adversiis quosdam ordlnis Praedicatorum fratres ab
inquisitoribus pravitatis heerelicse deputatos Tholosa-
nis in partibus, super eo videlicel quod interdum, ut
dicebatur, cupiditate magis quam fidei zeloducti , plu-
res tam nohilium quam ignobilium accusantes, diver-
sis rnancipari carceribus faciebant , et qui dabant eis
pecunias aut munera evadebant impuniti; factum est
ut intendens (f) de Picquegniaco, miles sapiens et
expertus, et in fide catholicus , qui ex parte regis, ad
cujus aures jam querela memorata pervenerat , illis in
partibus factus fuerat sencscallus, et legatione tunc
temporis fungebatur, super his, prout fertur infor-
matione prsehabita diligenti, quosdam in carceribus
sic detentos innoxios labis haereticee reperiens et in-
sontes , invitis ipsis fratribus de carcere liberaret.
Curaque postmodum ab inquisitoribus praefatis id in-
digne ferentibus pro excommunicato Parisius palam
et publice denuntiatus fuisset, sed statim ad sedem
apostolicam appellasset; tandem in appellationis pro-
secutione decessit apud Perusium , ubi tunc curia
residebat.
Circa Purificationem beatae Virginis, filia Guidonis
Flandriae comitis (2), quae Parisius honorifice cum
pueris regis in costodia tenebatur, defuncta est.
Guido comes Flandrensis et Guillermus ejusdem
filius, nd pacificandum , si possent, populum Flan-
(i) Intendens ; legendum viccdominus. Gall., « le vidanie dePiqui-
gni , chevalier, sage, loiai, exspers, gentil. » D'Aciiery. Cest Jean de
Pequigny, vidarae d'Amiens, pere de celui qni, durant la prison du
roi Jean, delivra le roi de Navarre enferme aa chateau d'Arleux en
Canibi-esis.
(2) Philippe, fille de Gui dc Danij.ieiTP ct d'lsabelle dc Luxembourg.
3/iO CONTINUATIO CHROINICI
driarum, de locis ubi delinebantur ad tempus soluti ,
inefficaces ad suee loca custodiae revertuntur.
Guillermus Joliannis comitis Hanoniae filius , et
Guido Trajeclensis episcopus ejusdem Guillermi pa-
truus contra Flandrenses , qui magnam partem Gel-
landise (i) occupaverant progredientes , in praelio sunt
devicti , capiturque episcopus , sed Guillermus in quo-
dam oppido se salvavit.
Vigilia sancti Gregorii (2), defuncto bonae raemo-
riae abbate Sancti-Dionysii Reginaldo, jEgidius magnus
prior claustralis tunc temporis successit eidem.
MCCCIV.
Guillermus de Hanonia contra Flandrenses viribus
reparatis confligens , eos in terra Gellandiae pluries
superavit, et ingentem eorum multitudinem interfecit.
Quaedam pseudo-mulier Metis, ut dicitur, oriunda,
sub habitu Beguinarum sanctitatem simulabat, et inter
earum catervas in Flandria [morabatur] (5); quam Pau-
pertatem sive Pauperiem appellabant. Quae etiam si-
mulatis fictitiis quibusdam revelationibus ac mendo-
sis , tam regem Franciae quam reginam ac proceres ,
maxime cum ipse rex Flandrenses, cum quibus ipsa
degebat tunc temporis, expugnare parabat, suis verbis
(i) La Zelande, provincc situee entre la Flandre et la Hollande. II
paratt qu'a celte epoque deja, cette contree faisait partie du conite de
IloUande, dont Joan d'Avesne, comte de Hainaut, avait herite en i^^gg.
Guillaume, fils de Jeari d'Avesne , dont il est ici question, succeda a
son pere en i3o4.
(1) Le 1 1 mars i3o4.
(5) Cest sur la foi de !a Chron. dc Saint-Denjs que nous remplis-
sons par ce niot le blanc qui est dans lesedit. precedentes : « laquielle
estoit en habit de beguine, et fcignoit estre femme de saincte vie, et
demouroit rn'cc lcs begnincs. » Grandes Cliron., t. \, j). if)2.
GUILLELMI DE NANGIACO. 341
fallacibus deluslsse dicebatur; necnon Karolum , fra-
trem regis, in regressu suo de terra Slciliae ad sugges-
tionemFlandrensIum. , prout fertur , exstlnguere mo-
llta fuerat suls maleficils et veneno malltloso nlmls
per quemdam juvenculum ibi mlssum. Tandem , de
mandato Ipsius Karoll capta , plantarumque pedum
adustlone quaestlonata pariter et afflicta, maleficia
recognovisse dlcitur mentlonata. Cumque postmo-
dum apud Crespeyum , Karoli castrum , carceri manci-
pala fulsset, et Illic allquamdlu slc detenta, demum
tamen ablre permittltur llberata.
Johannes de Pontlsara, abbas ClstercII, sui loci et
ordlnis regimen sponte cesslt ; ob hoc videllcet , ut dl-
cebant, quod occaslone sui, eo quod appellationlbus
contra papam Bonlfaclum factls Parislus consentire
nohierat, per regem Franclae vel ejus sateUItes, imml-
nere sul ordlnis fratrlbus quamplurimum in tempora-
llbus detrlmenlum verislmillter dubltabat, nisi slc
cedere decrevlsset. CuIsuccessitHenrlcus abbas Jolacl.
Domlnlca dle in natlvltate beali Johannls Bap-
tlstae (i), posltae sunt sororesordinis fratrum Pifiedl-
catorum apud Poisslacum Carnotensls dioecesls, mo-
nasterium scilicet a Philippo rege Franclae noviter
constructum In honore glorlosi confessorls quondam
regisFrancIae Ludovlcl.
Orta dlssenslone Parisius inter Universitatem regls-
que praeposltum , pro eo quod ipse quemdara clerlcum
scholarem praeclpitanter capl fecerat et suspendl, diu
cessatum est a lectlonibus a quabbet facultate, quous-
(i) Les Grandes Chvaii. portcnt : « lc dimenche devant la nalivitc
nionseigneur sainct Jeiian Haptiste. » C'est-a-dire ie 21 juin.
342 CONTINUATIO CHRONICI
que praepositus, de mandato regis, Universitati salis-
faceret, ac pro suae absolutionis beneficio obtinendo
sedem apostolicam adiret : et sic tandem, circa festum
Omnium Sanctorum , fuit facta resumptio lectio-
num (i).
Obiit Simon Parisius episcopus , cui successit Guil-
lermus de Aureliaco, regis Franciae physicus, vitae lau-
dabilis et in medecina multiplici expertus.
Vigilia apostolorum Petri et Pauli (2), Parisius in
ecclesia cathedrali , preelatis et clero praesentibus ad
hoc speciabter evocatis , lectae sunt, ex parte regis
Franciee, litterae continentes inter aba, quod papa
Benedictus, quamvis non fuissefc super hoc requisitus,
ipsum regem , reginam, bberos eorumdem, proceres
atque regnum, una cum suis adhserentibus, ab omni-
bus excommunicationibiis et interdicti sententiis, si
quae vel eorum alterum a papa Bonifacio qualitercum-
que latae fuissent, absolvebat penitus ad cautelam ;
necnon ecclesiarum decimas usque biennium, necnon
annualia usque trienniumregi Franciae in suae guerrae
subsidium concedebat ; auctoritatem licentiandi ma-
gistros in decretis ettheologia , quam sibi dicebat papa
Bonifacius reservasse, more solito cancellario Pari-
siensi restaurans. Papa Benedictus apud Perusium no-
nasjulii (5) defunctus est; cumque cardinales, elec-
tionis negotium retardantes , juxta conslitutionem
Gregorii fuissent inclusi , sibi lamen exquisitis frau-
dibus ministrari victualia procurantes, fere usque an-
(0 Voy. aa sujet de cet evenement la note de M. P. Paris Grnndes
Chron-, t. V, p. i65.
(2)Le28 juin.
(3) Le 7 juillet.
I
GUILLELMI DE NANGIACO. 34;t
num distulei uiit In electionem summi ponlificis coii-
sentire.
Philippus rex Frauciae, circa feslum Magdnlenae (i),
post Briigensiumrebelliouem tertio profeclus in Flan-
drias, cum fratribus suis Karolo et Ludovico aliisque
proceribus muitis, necnon exercitu magiio valde;
tandem, apud Montem qui dicitur in Pabula reperlis
Flandrensibus cum suo exercitu, illic tentoria sua
fixit. Cum itaque, die martis post Assumptionem
beatae Virginis (2), nostri cum hostibus confliclum
quantocius habere credentes, de mane se ipsos ad prae-
lia praeparassent; postea nihilominus, videntes quod
in prolocutione pacis, si posset fieri , componendee
per plures saepius hinc inde transmissos prolixior se
hora protraheret, ad refocillandum paulisper tam suos
quam equorum spiritus, ut dum tempus adesset ad
pugnam recentiores possent effici et fortiores, a sta-
tione beili paululum desciverunt (3); quippe qui per
fere totum diem sic occupalum tam armorum in va-
cuum pondere pressi , quam meridiano solis fervore
mirabiliter fatigati fuerant et afflicti , necnon pacem
jam factam vel statim fieri verisimiliter sestimabant.
Quod perpendens, ut dicilur, Flandrensis exercitus,
quasi advesperascente jain die , de suis tentoriis repente
(i) Vers le 22 juillet.
(2) Le mardi 18 aout.
(5) Quitterent un peu leur rang de bataille. Nous mettons descivc-
runt au lieu dc devincerent que donnent les Mss., et de devenirent
qu'a propose d'Achery, parce que ce dernier forme un contre-sens
avec ce qui precede, que dcvincerentne donne aucun sens, ct qiio Tun et
1'autre mot laissent la phrase incomplete : « Et pour cc sc dcpnrtirent
cl espandirent ca et la en aucune maniere, non cuidans cn cc joui
ph)s avoir bataillc. » Grandrs Chron., t. V, p. i65.
344 CONTINUATIO CHRONICI
prosilieiis, retrogressu adeo veloci versus aciem regis,
qui etiam tunc erat impertitos (i), ex insperato pro-
greditur ct accurrit, ut a suis utcumque vix armari
potuerat competenter ,2). Verum, actore Deo qui in-
clytam regni Franciae coronam hac in die praecipue
protegendam (5) susceperat et in suo capite praeser-
vandam, lanta constantise virtus in domino rege
praevaluit, ut equum potenter ascendens sic impetum
belli sustinuerit, quamvis in tanto periculo positus
ut Hiigonem de Bovilla militem suum secretarium (4),
necnon duos Parisius cives Petrum scilicet et Jacobum
Jaciani fratres (5), qui pro suae fidelitatis industria
regi semper adstabant, prae oculis suis occisos conspi-
cere posset. Sed tunc, Deo propitio, suis bellatoribus
mox ex omni parte in auxilium ejus cerlatim accele-
rantibus, cessit ei victorise gloriosus trlumphus. Illic
autem de nostris Guillermus comes Autissiodorensis,
el Ansellus comes dominus Capreusiae, vir fidelis ac
strenuus, probatae militiae, regis vexlllifer seu defe-
rens auriflammam, exstincti , ut creditur, calore
(i) Saint-Germain, 999, impartitus ; d'Achci-y propose imparatus.
(2) Cette phrase est incomplete. Les derniers mols se rapportent
evideniment au roi Philippe le Bel. « Et fu le roy si pres pris que a
paines pot-il estre arme a point. » Grand. Chrnu., t. V, p. i65.
(3) Edit., inclytam regno coronam.... protegere eam; c'est evidem-
ment une faute dans le Ms. de Saint-Germain, 435.
(4) Lecon des Mss. de Citeaux etde Saint-Germain, 999. Ms. Saint-
Germain , 435 et edit., suum sectarium.
(5) II s'agit ici , comme Tavait conjecture d'Achery dans la premiere
edition, de deux membres de la maison de Gentien, Tune des meil-
leures familles de la bourgeoisie parisienne, et dont le nom a ete long-
temps donne a la rue des Coquilles, 011 elle avait son habitation. Voyez
les Chron. de Saint-Denys , t. V, p. i65, 166.
GUILLELMI DE NANGIACO. 345
nimio vel etiam pressura, cum multis aliis qui in pree-
lio occisi, corruerunt; sed de parte Flandrensium
multo plures, inter quos praecipue Guillermus de Jul-
lieriis, comitis Flandrensis nepos ex filia, totius exer-
citus dux et capitaneus principalis. Hac igitur parta
victoria, cum rex ipse postmodum satis celeriter lo-
tam Fiandriae terram circa Lilii fluvium positam suo
dominio subjugasset , eis qui trans Liiium habitabant
usque ad Pasclia, propter instantem liiemem, treugis
datis, tandem in Franciani cum laude revertitur et
honore (i). Porro ne collati sibi coelitus a Deo trium-
phi videretur immemor aut ingratus, ecclesiae beatae
Mariae Parisius, et beati Dionysii in Francia regni
Francife specialis patroni, quorum patrociniis confi-
tebalur praecipue se protectum , necnon victoriam
memoratam adeptam, aliisque quampluribus ecclesiis
regni sui , ut regalem decuit munificentiam , perpe-
tuos ac certos redditus conferre pariter et assigiiare
curavit.
Eodem temporis cursu Guido comitis Flandrensis
filius (2) , per gentem regis viarum maris et portuum
custodiae deputatam ac Guillermi comitis Hanoniae
filium, bello navali capitur. Insuper Flandrenses a
terra Gellandiae quam occupaverant, expelluntur.
Mense decembri ossa Roberti, quondam Attreba-
(i) 11 y a ici quelques differences avec les Grandes Chron. II n'est
point parle dans cet ouvrage de la mort de Guillaume de Chalons,
conite d'Auxerre et de Tonnerre, ui de celle du porte-drapeau An-
seau de Chevreuse. Quant a Guillaume de JuUiers , 1'auteur des
Grajides Chron., ditqu'il eut la tete coupee par Jean de Daramartin.
(2) Gui de Richebourg comte de Zelande, deuxieme fds de Giii de
Dampierre comte de Flandre, et d'IsabeUe de Luxembourg.
346 COJNTIJNUATIO CHROJNICI
tensis comitis apud Corterlacum occisi, iii Frauciarn
delata , et in monasterio sanctimoniallum quod vulgo
dicitur Maladumus juxta Pontlsaram suntsepulta.
In parlamenlo regis Parisius, post Natale, de pace
Flandrensium fuit , ut dicitur, oidinatum , sed tamen
non penitus consumptum.
Mense februario decessit Guido comes Flandrensis ,
in Francia captivatus pariter et detentus ; cujus corpus,
permissione regis, in Flandrlas est delatum, et Mar-
guetae una cum suis antecessoribus tumulatum.
Ducissa Austriae Blancha regis Franciae soror ex
patre (i), mense martio, una cum filio suo unlco
quem a duce viro suo susceperat , veneno , ut fereba-
tur, intoxicata, diem ciausit extremum.
Eodem tempore caristia , praecipue Parisiuset circa,
in tantum invaluit , quod frumenti sextarinm centum
solldos et tandem sex libras monetae tnnc temporis
cuirentis Parisius vendebatur. Porro cum regio pro-
clamatum fuisset publice edicto ne ultra quadraginta
solidos venderetur, necdum tamen propter hoc cessa-
vit caristia , sed adeo magis invaluit, ut Parisius pani-
ficl,qui panem venalem ad sufficientiam habere non
poterant , claudere compellerentur fenestras et ostia ,
ne els a pressura communis populi per violentiam au-
ferrentur. Verumtamen edlcto praefato postmodum
revocato, necnon divitum horreis perscrutatis ad ven-
dendum justo pretlo compulsorum , dicta caristia pau-
latim postea secessit, quae tempore longiori cessavit,
(i)Philippe le Bel etait nii du preniier mariage de Philippe le Hardi
avcc Isabelle d'Aragon ; Blanchc du second mariagc dn mcmc princc
avec Marie dc Brabant.
$31
GUILLELMI DE NANGIACO. 347
quamvis tanto illa major fuerit respectu temporis(i)
pr.npcedentis.
Johanna regina Franciae et Navarrae, Briae et Cam-
paniae comitissa , mense aprili apud nemus Vincenna-
rum decedit, et in ecclesia fratrum Minorum sepulta,
quiescit illuc; quod factum monitis tractatum potius,
aut inducta creditur, quam spiritu suo ducta.
Frater Johannes de Pnrisius, ordinis fratrum Prse-
dicatorum , magister in theologia, vir admodum litte-
ratus et ingenio clarus, circa veram existentiam cor-
poris Christi in sacramento altaris novum ponendi
modum introducere conatur ; dicens videlicet non
tantum hoc esse possibile, commutalione substantise
panis in corpus Christi, verbo adesse suppositi (2)
ipsius mediante corpore, quod est pars naturae hu-
manse; verum etiam hoc esse possibile per assurap-
tionem substantiae paiiis vel paneitatis in Christo. Nec
credebat primum raodum ponendi, quem conimunis
doctorum opinio tenet , esse ita necessario tenendum
seu ab ecclesia determinatum , quin etiam secundus
possit teneri tanquam probabilis (5), et fortassis, ut
dicebat, magisrationabibs et congruus veritati sacra-
menti , et per quem raagis salvatur apparentia circa
species sensibiles remanentes; caeteris theologiae doc-
(i) Les Mss., patris. Tempotis est une correction de d'Achery ainsi
que Brice a la ligne suivante au lieu de Bitannice, que portent les Mss.
(2) D'Achery a propose de lire suppositum , ce qui ne nie semble pas
plus clair.
(5) Les Mss. portent ^90^«// que d'Achery corrige en popularis , nous
preferons probabilis , correction du Ms. 4921 A. Magis rationabilis
est a la fois une lecon du meme Ms. et une correction du premier
editeurpour ut dicebat magistcr, rationabilis , que portent Ics !Mss. dc
Saint-Germain, 455 et 999.
348 CONTIJNUATIO CHUOr^ICI
toribus contrarium adstruentibus primum modum ,
tanquam ab ecclesia determinatum , praesertim per
decretalem Papae de summa Trinitate et fide catholica
Firmiter credimus , necessario tenendum , et secun-
dum tamquam veritati fidei et etiam sacramenli disso-
nummerito reprobandum. Examinata itaque opinione
praedicta, dum ea quae dixerat retractare nollet, sed
magis videretur pertinaciter sustinere (i), — a Guil-
lermo Parisius episcopo, de consilio fralris ^Egidii Bi-
turicensis arcliiepiscopi provecti (2) theologi, ac ma-
gistri Bertrandi de Sancto-Dionysio praecellentis
doctoris et Aurelianensis episcopi , ac Guillermi Am-
bianensis episcopi necnon et doctorum in jure cano-
nico, pariter et dominoruni ad hoc specialiter voca-
torum , perpetuum super hoc silentium dicto fratri
sub poena excommunicationis impositum, a lectura-
que pariter et preedicatione privatur. Verum cum ob
hocad sedem apostolicamappellasset, auditoribus sibi
datis in curia, sed infecto negotio de medio sublatus
est.
MCCCV.
Philippus rex Franciae dissensionem gravem inter
ducem Brabantiae (3) et comitem Lucemburgi (4) pro
terra Lovaniensi subortam, circa Ascensionem Do-
mini pacificasse dicitur et sedasse.
Cum cardinales fere per annum electionem summi
pontificis distulissent, tandem vigilia Pentecostes (5)
(1) II y a ici un blanc dans lcs Mss. quoiqn'iI ne senible pas exister
de lacune dans la phrase.
(2) D'AcIi('ry a propose pcrfecti,
(5) Jeaa II, dit lo Pacifique.
(4)Henri V.
(5) Le 5 juin.
GUILLELMI DE NANGIACO. 349
Bertrandum Burdegalis archieplscopum elegerunt, qui
et Clemens quintus papa ducentesiraus primus vocatus
est.
Pax inter regem Franciae et Flandrenses.
Apud Belvacum, Galliae urbera, dissensio adeo gra-
vis suboritur inter Slraonem episcopum et popuUim
civitatis, ut episcopus urbera tutus ingredi non aude-
ret; propter quod plures nobiles et potentes , cura et
ipse nobilis generis esset, in subsidium suum convo-
cans , nonnullos cepit e civibus , suburbiumque civi-
tatis succendit. Tandem nihilominus evocati in
pr?esentia regis utrique controversiae finem com-
pelluntur imponere, quaravis non irapune (i), cura
utrique graviter excessissent.
iEstivo terapore fuit in Francia siccitas magna valde.
Ludovicus primogenitus regis Francorum , diejovls
post festum sancti Matthaei apostoli (2) , Margaretam
primogenitam ducis Burgundiae , sibi consanguinitate
propinquam, cum dispensatione Papae duxit in uxo-
rem.
Papa Clemenle dominlca post festura sancti Martlni
hiemalis (5) , apud Lugdunura in ecclesia regalis op-
pidi, quod dicitur sancti Justi , praesentibus cardina-
libus et praelatis multlsque principibus, consecrato,
dum suara ad doraum in urbem redlens gestans , ut
(i) Nous reproduisoas la phrase avec les corrections de d'Achery;
voici comment elle est concue dans les deux Mss. : Tandem nihilomi-
nus evocat in prcesentia regis utriusque controversicefincm quamvis. . ..
compellunlur imponcre non impune , etc.
(2) Le jeudi 20 septembre. — Marguerite, fille de Robert IL duc
de Bourgogne, etait, par sa mere Agnes, petite-fiUe de saint Louis.
(3) Le 14 ooverabre.
350 CONTINUATIO CHRONICI
morisest, suae coronationls Insignia , perfrenura equi
cui insidebat a rege Francise, qui ob hoc pia humili-
tate se ipsum pedestrem posuerat seu constituerat ,
per curiam dumtaxat oppidi memorati deductus ma-
ximo cum honore fuisset; illic a fratribiis [regis] (i)
Karolo et Ludovico, necnon duce Britannise Johanne
suscipitur adhuc usque domum modo deducendus
consimili. Porro cum maxima populi multitudo ad
hoc spectaculum cucurrisset congregatim (a), murus
quidam juxta quem ipsi Papae ejusque comitivee trans-
itus imminebat , ob pressuram consedentis super
eum multitudinis ad terram tam subito violenter cor-
ruit, quod exejusruina praefatus Britanniee dux fuerit,
prout in brevi subsequens mors probavit, percussus,
Karolusque regis frater leesus graviter, necnon Papa
tam in confractione papalis mitrae quam alias raulti-
pliciter deturbatus, aliis quampluribus Isesis graviter
aut peremptis. Slcque dies ille, qui prima facie honoris
exultationem praetendebat et gaudium, moeroris con-
fusionem superinduxit et lamentum. Papa Clemens
antequam rex Franciae recedereta Lugduno, concessit
ei caput sancti Ludovici avi sui cura una de costis ipsius
in capellam suara Parisius a monasterio sancti Dio-
nysii transportandum ; ejusque precibus Petrum et
Jacobum de Columna fratres, qui per papam Bonifa-
cium a cardinalatu dudum degradali fuerant, ad pristi-
nam restituit dignitatem. Insuper in recompensalio-
. (i) Nous ajoutons ce mot qui complete le sens. TJn peu plus bas la
construction nous a semble exiger deducendus dca. lieu de deducendo ,
que donnent les Mss.
(2) Lecon du Ms. 4921 A. Les autrcs portent ut congregalim : edit.
de d'Acheiy, ut congrcgata.
GUILLELMI DE NANGIACO. 351
nem expensarum faclarum in Flanclriis, decimas
ecclesiarum et annualium usque ad triennium eidem
concessit, necnon pro suis fratrumque suorum capel-
lanis et clericis de praebendis in proximo vacaturis
fere in omnibus ecclesiis regni sui favorabiliter pro-
vidit; necnon ad monetae debilis quam fecerat melio-
rationem et in statum solitum reditionem, ut fereba-
tur, induxit (i). Clemens papa Lugduni super
numerum cardinalium , decem et octo novos consti-
tuitcardinales. Duos etiam cardinales pro se transmisit
Romam ad seryandam senatoriam dignitatem. Duos
episcopos etiam, sciiicet (2) Attrebatensem et Picta-
(i) Tous les Mss. portent et instantem solutum reditioneni iji-
dixit; redition de d'Achery, en marge , instantem solvendorum red-
ditionem.... induxit. La correctioa que nous proposons a l'avantage
d etre plus pres du texte 3Is., elle est deplus confirmee par la Chron.
de Saint-Denys ; « Et le roy promist que la monnoie qui estoit foible
il la metroit cn bon estat et convenable , etc. » T. V, p. 170, et par le
recit de 1'execution de cette promesse l'aa 1006 : Rex Philippus mo-
netam debilem.... in fortiorem solitam commutare volens , etc. Voy.
plus bas, p. 554.
(2) Cest ainsi qu'cn doit lire cette phrase , defiguree dans les edit.
precedentes et danstous les Mss. qui portentyZeri au lieu de ^c///ce/ et
disposuit au lieu de deposuit; en sorte qu'on serable faire dire au
chroniqueur que Clemeut V fonda en i3o5 les eveches d'Arras et de
Poitiers : Duo9 episcopos etiam fieri Altrebatensem et Pictaviensem
disposuit. ha. deposition de Gerard Pigalolti, eveque d'Arras, n'est
point rapportee daus le GalL Christ., quoiqu'e!le soit formcllement
attestee par l'auteur des Grandes Chron. : « 11 (Clement) deposa
1'evesque d'Ai'ras, et si deposa l'evesque de Poitiers. » T. V, p. lyo.
Pigalotti, creature de Boniface VIII, devaitetre odieux a Philippe le
Bel, et en Tecartant de son siege , Clement ceda sans doute aux iu-
stances de ce prince, auquel, en ce moment, il ne pouvait rien rcfu-
ser. Mais la destitution de Gautier de Bruges, eveque de Poitiers,
fut, de la part du Pape, sinon un acte de vengeance personnelle, au
moins une correction disciplinaire d'une excessive severite. Pendant
que , sous le nom de Bertrand de Gott , il n'etait encore qu'archeveque
352 CONTINUATIO CHRONICI
vlensem, deposuit. Episcopo Diinelmensi patriarcha-
tum (i) Jerosolymitanum concessit; necnon pauperi-
bus clericis gratias amplas fecit, providens eis de bene-
ficiis secundum exigentiam et merita personarum.
Rex Philippus post natale Domini in Francia rever-
titur a Lugduno.
Papa Clemens circa Purificationem beatae Virginis a
Lugduno recedens , Burdegalis per IViatlsconem, Di-
vionem (2), Bituricas — et Lemovicas iter faciens,
tam religiosorum f[uam saecularium ecclesias et mo-
nasteria tam per se quam per suos satellites deprae-
dando, multa et gravia intulit eis damna; unde et
frater ^Egidius Bituricensis archiepiscopus (5) per
de Bordeaux, Clement V sMntitulait priniat d'Aquitaine, qualification
que lui dispntait opiniatrement Gilles Colonne, archeveque de
Bourges. Celui-ci parvint a mettre dans ses interets l'eveque de Poi-
tiers. Gautier de Bruges, quoique suftragant de Bordeaux, osa inti-
mer 1'ordre a Bertrand , au nom de 1'arclieveque de Bourges , de re-
noncer au titre de priniat d'Aquitaine , et sur le refus de l'arclieveque
de Bordeaux, Gautier publia contre lui unesentence d'anatheme. De-
venu pape , Bertrand ou plutot Clement V deposa aussitot son sufFra-
gant rebelle, et le renvoya au cloitre desFranciscains d'ou il etait sorti.
La honte et la douleur que lui causa sa disgrace mit bientot Gautier
aux portes du tombeau. II fitrediger un appel de la sentence du Pape,
soit au jugement de Dieu soit au concile general, il ordonna que cet
acte d'appel fut enterre avec lui , et mourut en le serrant dans sa main.
Plus tard Clement V, curieux de lire cette piece , fit ouvrir a cet ef-
fet la tombe de l'eveque defunt. Les auteurs du Gall. Christ. ont pu-
blie un curieux proces-verbal de ce qui se passa dans cette circon-
stance. Gnll. Christ., t. II, col. 1187, etlnsirum., col. 3^0.
(i) Correction ded'Achery, confirmee parleMs. 4921 A. Les autres
Mss. Tpovtent patriarcham.
(2) Les deux premieres edit. porlent Brivatwn. Mais les Mss don-
nent tous Diviiiatum, mot pour lequel nous adoptons la correctionde
MM. les editeurs du Rec. des Hist. dc Fr.
(5) Clement V avait contre 1'archeveque de Bourges un ressentiment
GUILLELMI DE NANGIACO. 353
liujusmodi depraedationes ad tantam devenit inopiam ,
quod taraquam unus de suis simplicibus canonicis ad
percipiendum quotidianas distributiones pro Vitse ne-
cessariis, horas ecclesiasticas frequentare coactus sit.
Robertus Burgundiae dux bonae meraoriae decessit
in martio, cujus corpus in Burgundia , ut vivens ordi-
naverat, est delatum, atque Cistercii monasterio est
turaulatum.
MCCCVL
Eduardus regis Angliae Eduardi filius, conlra Sco-
tos, qui Robertura du Brus sibi praefecerant , cumar-
mata multitudine profectus , devincitur, multis in
praelio de suis interfectis, et sub fugae praesidio evasit
illaesus.
Feria tertia post Ascensionera Domini (i), Philippus
rex Franciae caput beati Ludovici, absque tamen mento
et raandibulis inferioribus , necnon unam de costis
ipslus, Parisius, cum ingenti cleri plebisque civitatis
tripudio transtulit; dictaracostarainecclesiacathedrali
beatae Mariae relinquens, caputque suum gloriosum
in capella regalis Palatii, quam ipse sanctissiraus rei:
sponte construxerat opere valde pretioso (2), decenter
pariter ac devote reponens. Caeterum ipsumdieraPa-
particulier, dont on peUt voir le siijet a la note 2 des pages 55 1 et
352.
(i) Dans les Grande.s CJirnn. .- « Le mardi devant la feste delaPen-
thecouste w, c'est-a-dire le 17 niai.
(2) INous adoptons, apres MM. Daunou et Naudet, la lecon du
Ms. 4921 A. Les autres portent, en pailant de la Sainte-Chapelle ,
quani — sponte construxerat opere vase precioso , etc. D'Achery avait
imprime : sponte construxerat opere in vase pretioso, etc, et La Barre,
avec plus de prohahiUte, quam iumptuosn construxerat opere , in
vase prctinso , etc,
I, 25
354 CONTINUATIO CIIRONICI
rislus per totam suam dioecesim aiinuatim iii perpe-
luum instituit, etde csetero firmavit habere solemnem.
Intemperata fuitsiccitas in vere pariter et aestate.
Dic sanctae Trinitatis (i) Petrus de Morneyo epi-
scopus Autissiodorensis defungitur, cui magister Petrus
de Bella Pertica in jure nominatissimus successit.
Rex Philippus monetam debilem quam fecerat, quae
jam in regno per undecim annos vel circa cursum
suum habuerat , in fortiorem solitam subito commu-
tare volens , prsesertim cum paulatim adeo debilitata
fuisset, ut contra.... llorenus parviis Florentiae tri-
ginta sex sol. Par. hujuscemodi currenlis monetee va-
luerat; circa festum sancti Johannis Baptistse fecit per
regnum edictum palam et publice (2) proclamari , ut
a festo beatae Virginis subsequenti, omnes reddituum
cxceptiones contractuumque solutiones pretio fortis
deinceps fierent quse tempore beati Ludovici currebat;
proquomultidepopulofueruntmirabiliterperturbati.
Eodem concursu temporis vei circa , ad requestam ,
ut dicitur, Remensis, Senonensis , Rothomagensis ,
ac Turonensis archiepiscoporum , qui sibi suisque suf-
fraganeis ac eorum populis ac subditis, tam per Papam
quam per cardlnales aliquos vel illorum sntellites ac
cursores illata senserant multipliciter et adhuc sen-
tiebant gravamina , rex Franciee Philippus favorabili-
ter (3) in hac parte eis se exhibens, et si non in toto,
in parte tamen eis utiliter subvenire providit.
(i) Le 29 mai.
(•2) Lecon dii Ms. 49*2 1 A. Les aiitrcs Mss., Palatil et publice.
D'Aclicry et La Barre, cdictum Palatiipublice, etc.
(3) Lecon (Ui Ms. dc Saint-Germain, 4^5; les autres donnent bene-
vnlus , d'Achery a iniprimc cn m7xi'z,e fovnrabilcm, qni vaudrait mieux
GUILLELMI DE NANGIACO. 355
Mense aiigusto rex Phllippus omiies Judaeos de re-
gno Franciae penitus et omnlno fecit expelii, certum
regressionis (i) terminum sub poena mortis praefigens
eisdem.
Tempore hiemali , facta inundatione nimia fluvia-
lium aquarum, antecpam decrevissent adeo sunt for-
titer congelatae, quod in locis pluribus damna multa
postmodum exinde pervenerint. Impetu siquidemgla-
cierum, post earum dissolutionem veloci labentium
cursu, tam domus quam pontes molendlnaque quam-
plurima corruerunt. Tunc etiam Parlsius in portu
Graviae naves multae diversis oneratae mercaturis, cum
cunctis in eisdem confractse perierunt.
Occasione mutationis monetse debills in fortem,
damnosa sedltlo, praeclpue propter locatlones domo-
rum, Parisius exorta est. Cum enim clves Parisiuslo-
care domos , et earum locationis pretium in forti mo-
neta, juxta regale statutum, recipere nlterentur;
(quod tamen communis populismultitudinl grave nl-
mium propter tilpllcationem consuetipretll vldebatur)
tandem allqui ex popularibus ipsls tam contra regem
quam contra cives conjuncti , pariterc[ue cum multis
slbi complicibus adunatl , ad domum Templl Parlsius ,
ubi regem esse sciebant, illlco properantes, cum ad
ipsum accessum habere non possent, statlm domus
Templi introitus omnes et exitus occuparunt pro vlri-
bus, ne regl victualia deferrentur. Porro dum postmo-
dum perpendlssent Stephanum dlctum Barbettc,
civem Parisius dlvitem ac potentem, civitatls(|ue vla-
fi) 11 faut sans doule lirc eg^ressionisi
356 CONTINUATIO CHRONICI.
rium ( i), ortlliiationis liiijus circa domorum locationes
prsecipuum csse coiisiliarium ac — , in ipsum crude-
lius eirerati, primitus domum suam , quam extra por-
tas habebat civitatis suburbio juxta sanclum Marti-
num de Campis, multnm locupletem divitiis, concordi
vesania deprsedari festinant (2). Quo comperto rex,
tam suam qnam prsefati civis injuriam impune ulterius
ferre non sustinens , quotquot reperit liujus actores
sceleris aut etiam incenlores, morti protinus adjudi-
care decrevit. Plures eliam ex ipsis qui in facto magis
culpabiles fuerant, foris portis civitatis ad vicinas eis
arbores, necnon patibula ad hoc de novo speciabter
illic facta , prsecipue ad majores et insigniores introi-
tus suspendi fecit (5), quatenus eorum poenae alios
deterrerent, et ab hujuscemodi rebellione coercerent.
Phillppus regis Francise Philippi filius secundus ge-
nitus, Johannam primogenitam Odonis, quondam Bur-
(i) Uue iiote de irAchery porte qu'Etienne Barbette etait maitre
dcs moiinaies , opcrce monetnrice prcvfectum.
(i) « Pliiseurs gcns de Paris alerent rompre les portes de la maison
dudictEstienne, a force de charetes aculees et autrement, et deffoncoit
ren les tonniaus ct les queues tout plains de vin , et getloit l'en en la
inie aval ses monnoies d'or et d'argent et sa vaisselle d'or et d'argent. »
Ancienne chronique de 1270 a i555, citce par M. Paris. Grnndes
Cliron , t. V, p. 174, not.
(5) « Vingt huit hommes, aux quatre entrees de Paris, c'est-a-sa-
voir : ii l'orme pardevers Sainct Denis faisant entree, furent sept pen-
dus ; et sept devei's la porte sainct Antoine faisant entree ; et six i\ l'en-
tree devers le lloule, vers les Quinze vint aveugles faisant entree , et
huit en la parlie Nostre Dame des Chanips faisant entree furenl pen-
dus. Les quiex un pou apres ce, des crmes i'emucs et ostes, en gihes
nouviaux faits cn chascune partie ct enlree, de rechief furent tous
pcndus et mors. » Grnnde.i Chron., t. V, p. lyS.
GUILLELMI DE NANGIACO. 357
gundlae comitls ex filla Roberli iVttrebatl comitis (i),
apud Corbolium raeiise januai io duxit in uxorem.
Meiise martio vel circa papa Clemens et cardinales
[Pictavum] (i^ Iverunt , et illic circumcirca circiter
per menses sexdecim resederunt.
Pseudo-quidara nomine Dulcinius , sub habitu benl-
gno sanctitatem fingens, sed revera pessimus heereti-
cus erat. Frater Dulcinius haereticus in quodam moiite
Versalis(5), ubi tutum sibi reperisseputabatrefuglum,
a pontifice civitatls aliisque fidelibus captus carceri
mancipatur, Papae judlcio punlendus, illicque de suis
compliclbus ducenti vel clrciter fuerunt occisi. IHius
enim haeresis inter caetera hunc continere dlcebatur
errorem; quod sicut temporelegis naturae vel Mosaicae
regnabat pater per potentiam (4) quae ei praeparatur,
et lilius per sapientlam a tempore adventus Christi
usque ad adventum Splrltus sancti die Pentecostes;
ita ab adventu Splritus sancti usque ad finera mundi
(i) Voy. ci-dessus , p. 022.
(2) Nous remplissons par ce mot le blanc qui se trouvedansles Mss.
et les edit. precedentes : « Et en ce meisme an, le pape Climent, au
inoys de mars ou environ, s'en ala a Poitiers et les cardinals avec
lui ; et la fu la court par Tespace de seize moys ou environ. » Grandes
Chron., l. V, p. ijS.
(3) Cest la lecon de tous les Mss. Les deux premiers editeurs ont
imprime Vercellis , qui est la bonne lecon.
(4) Les Mss. portent regnabat per palrem quce eis prcsparatur. Ce
texte , evidemment altere , a exerce la sagacite de tous les editeurs.
Nousavons adopte la correction proposee par La Barre, patcrpcrpo-
tentiam ; mais au lieu de retrancber comme lui les mots quee cis pra^-
paratur, nous nous sommes contente d'y introduire une legere modi-
fication , de maniere a rendre le passage aussi conforme que possible
au texte des Grajides Chroti., t. V, p. 17^ : « Si comme le pere au
temps de la loy de nature ou de Moyse regnoit par puissance qui a hiy
cst approprie, etc. »
358 CONTINUATIO CHRONICI
regnat ipse Spirltus sanctus, qui amor est per clemen-
tiam. Itaque prlma lex fuit lex religionis et justitiae ,
secunda sapienliae, tertia quae nunc estamoris, cle-
mentiae , charitatis; ita quod quidquid petatur sub no-
mine charitatis, quidquid sit illud, etiain actusforni-
cationis venereee, absque peccato potest concedi petenti,
imo nec sine peccato potest licite denegari; quod pes-
simam sonat in haeresim cuilibet catholico acI fideli,
Haec eadem fuerunt habita tempore Philippi anno mil-
lesimo ducenlesimo(i) duodecimo, et auctor fuit Al-
maricus de Leva juxta Montem-Fortem , de quo lo-
quitur decretalis Damnamus.
Eduardus Angliae rex aetate provectus , astutus pari-
ter et cautus prlnceps, necnon in praeliis fortunatus,
anno tricesimo quinto regni sui decessit; cui successit
in regno Angliae et dominio HiberniaeEduardus, ejus
filius ex comltlssaPontlvi (2). Slquldem de Margareta
uxore sua superstite, regls Franciae sorore, tres alios
reliquerat fillos (5), quorum prlmogenitus, Thoraas
iiomlne, Cornublas tenult comltatum.
MCCCVII.
Circa Pentecostes , rex Franclae Philippus locutu-
rus Papae Pictavim proficiscltur, et tunc ab eo et a
cardinalibus, ut dlcebatur, super pliirlbus et arduis
negotlls dellberatum fult ac etlam ordlnatum, prae-
(i) Gorrcction indispensable, malgre l'autoiite de tous les Mss. qui
doanent trecentesimo.
('i) Eleonore, preniiere femme d'Edouard I" roi d'Anglcterre, etait
lille de Ferdinand III roi de Caslillc, ct de Jeanne de Ponthieu ; elle
avait succede a sa mercdans le comlc <le foutliieu dcs I'an 1279,
(5) Cesl-a-dirc dcux lils ct unc fillc
i
GUILLELMI DE NANGIACO. 359
sertim de Tempiariorum captione (i), prout sequens
rei exitus declarabit. Tunc siquidem ipse Papa magis-
tris transmarinis Hospitalis et Templi mandavit ex-
presse ut Pictavis coram ipso, infra certum tempus ,
omissis omnibus, personaliter comparerent : quod ma-
gister Templi , nec mora, complevit; sed magister
Hospitalis (2) in itinere apud Rhodum insulam , a Sar-
racenis qui eam occupaverant impeclitus ad prsefixum
terminum venire non valens, se ipsum iegitime per
nuntios excusavit, ac demum post (5) menses aliquos
eadem insula cum arraata manu recuperata pariter et
obtenta, ad Papam Pictavis accedere maturavit.
Magister Bernardus de Sancto-Dionysio, magisler
in tiieologia famosus, Aurelianensis episcopus, deces-
sit; cui successit magister Radulfus ecciesise praefatee
decanus, in jureperitus.
LudovicusNavarrae rex regisFrancineprimogenitus,
cognito quod quidam miles nomine Fortunus, quem
regni sui custodem praefecerat et rectorem, suura re-
gnura iilius calliditatis astutia, multos sibi consentaneos
liabens et complices, usurpare captabat; nobiiium ac
potentum (4), prsecipue Boloniee comilis, et Galtlieri .
(i) Mss., prcesert. Templ. captionem.
(2) Foulque de Villaret.
(3) Graiides Chroii., « Si avint assez tost apres qvie ladite isle de
Rodes fut recouvree. » Tous les 3Iss. de Nangis et toutes les edit.
portent per menses aliquos.
(4) Telle est ia lecon des Mss.; d^Achei-y et les editeurs qui lui ont
succede ont imprime cognilo quod.... Fortunus.... regnum suum illius
calliditatis astutia usurpare tentabat, multos sibi consentaneos habens
et complices nobilium ac potentum, prcBcipue Bolonice comitis , elc.
Cette malheureuse correction change completeraent le sens; des auxi-
liaires du roi de Navarre Louis Hutin elle fait des complices du rebelle
Fortun. Voy les Grandes Chron , t. V, p. 177, 178.
360 CONTINUATIO CHRONICI
de Castellione Franciae conestabularii , comitiva va-
lens; in (i) mensejulio proficiscitur Navarram, For-
tunumque prcedictum cum suis complicibus potenter
subjiciens, visitato regno pariter etsedalo, in civitale
Pampelonia coronatur in regem.
Petrus de Bella-Pertica Autissiodorensis episcopus
decessit , ac Petrus de Gressibus , cantor Parisiensis ac
Navarrae regis cancellarius, successiteidem.
Dje jovis post festum beati Dionysii martyris (2)
Katherina heres Constantinopolitani imperii, Karoli
fratris regls uxor secunda , quae praecedenti die lunse
decesserat in villa sancti Audoeni, apud Praedicatores
Parisienses, praesentibus rege Franciae et proceribus et
praelatis, necnon magistro Templi transmarino , qui
una ejus corpus cum aliis ad tumulum deferebat, ec-
clesiasticae traditur sepulturae.
Die veneris post festum beati Dionysil, terlio idus
octobris (3), omnes Templarii quotquot in regno
Franciae sunt reperti, quasi sub ejusdem horae mo-
mento, illucescente videlicet sole vel clrciter, juxta
decretum reglum et praeceptum subito capiuntur, ac
diversls carceribus mancipantur; inter quos etiam in
domo Templi Parisius captus est et detentus generalis
totius ordinls magister transmarinus (4). Dudum si-
(luidem ad aures regls pervenerat ex testimoniis plu-
(i) Lecon du Ms. ggg. Le Ms. 455 et les etlit., comitiva valensis oii
valentis ; mense , etc.
{1) Le 12 octobre. — La deuxieme femme dg Charles de Valois etait
Cathierine de Courlenai, fille ct hcritiere de Philippe de Courtenai,
enipereur titulaire dc Coustantinople. Les autcurs de VAil de vcrij ,
les datcs mettent Li mort de cette princessc au 2 janvier i5o8.
(3) Le iSoctobrc.
f4) Jacques de Molay
GUILLELMI DE NANGIACO. 361
rium et relatu, quorum quldam ordinem ipsum ante
professl fuerant, quod tam ordo quam ordinis profes-
sores detestandis criminibus erant irretiti pariter et
infecti, quae, etiamsi negarent, legitime posset pro-
bari (i). Primo namque (quod dictu nefas est) in pro-
fessione sua, quam, ut caute facerent, intempestse
noctis silentio faciebant , ad praeceptum receptorum ,
necnon receptorem ipsum (2) (quod nominandum
quasi turpissimum) inferius in posterioribus oscula-
bantur immunde. Insuper crucifixi conspuebant ima-
ginem ac etiam conculcabant , quod caput (5) secrete
cum maxima veneratione tanquam idolatrae colebant.
Quininio sacerdotes eorum, quando celebrare debe-
bant, verba consecrationis minime proferebant, et
licet a mulieribus abstinere noluerunt (4) , concedeba-
tur tamen eis ad invicem modo sodomitico commis-
ceri. Et haec omnia de quibus vehementer habebantur
suspecti, fecit rex Franciae dominica sequenti, in
[aula] (5) regalis palatii , coram clero et populo palam
et publice proclamari. Quoe, etsi prse horrore quem
corttinent et fidelium imprimunt cordibus, quasi in-
(i) II faudraitlire quodposset ou quce possent.
(2) Les editeurs precedents ont imprime ad prceceptum prcecepio-
rum neciion prceceptorem ipsum. Cette lecon est contraire a tous les
Mss. Jean de Saint-Victor, dans sa P^ie de Clement V, dit en parlant
des Tenipliers, receptorem suum in tribus locis osculabaiitur. Vita pap.
avenion., t. I, p. 9.
(3) Caput , une tete. Le mot idoli, que d'Achery propose d'ajouter,
n'est point indispensable.
(4) LeGon du Ms. 435. Mss. ggg et 49^1 A, voluerunt. D'Achery a
corrige voverent, et cette correction, qui me semble au nioins inulilc,
a ele adoptee parles editeurs qui l'ont suivi.
(5) II y a ici da»s les Mss. un blanc que nous remplissons par le mol
aula.
362 CONTINUATIO CHRONICI
credibllia videantur, ipse tamen raagister totius ordi-
nis prasfatus, apud Templum, coram magistris Unl-
versitatispraesentibusductus, utdicebatur(i), sequenti
hebdomada recognovit expresse; excepto quod dixit
sodomiticum vitium se minime commisisse, nec in
professione sua super imaginem crucifixi , sed magis
super terram a latere conspuisse. Etiam per suas pa-
tentes litteras suis fratribus omnibus intimasse fertur,
quod dictam confessionem poenitentia ductus fecerat,
et eos ad faciendum similiter hortabatur. Factumque
est quod eorum nonnulli sponte qusedam praemisso-
rum vel omnia , etiam lacrymabiliter, sunt confessi,
alii quidem , ut videbatur, poenitentia ducti, alii au-
tem diversis tormentis quaestionati, seu comminationc
vel eoriim aspectu perterriti , alii blandis tracti pro-
missionibus et illecti , alii arcta carceris inedia cru-
ciati (2), vel coacti, multipliciterque compulsi. Multi
tamen penitus omnia negaverunt, et plures qui con-
fessi primo fuerant, ad negationem postea reversi
sunt (5), in ea finaliter persistentes, quorum non-
nulli inter ipsa supplicia perierunt. Rex itaque magis-
trum generalem cipud Corbolium, caeteros vero Pa-
risius et aliis diversis carceribus mancipari fecit , donec
cum sede apostolica et prselatis deliberationem habe-
ret, qualiter in hac parte procedendum esset secundum
Deum et justitiam, tam conlra ordlnem quam perso-
(i) Mss. ggg et 4g2i A , ut dccchat.
(2) Texte retabli par d'Achery. II y a dans les Mss seu connni-
natione perterriii, alii blandis et illccti , alii ex eoruni nspectu ,
alii arcta carceris, etc.
(3) Mss., Pluribus confessi primo fuerant ad ne^ationem primant
pvoiterea- La corrcction csl duc a d'Acliery.
GUILLELMI DE NANGIACO. 363
nas. Etiam eorum boiia ublque salslri fecit , et iu manu
sua teneri, certis ad hoc custodibus ac receptoribus
deputatis.
Quldam de judaismo ad fidem conversus Protus no-
mine, coraminquisitorepravitatis haeretlcae recogno-
vit, quod, instinctu cujusdam fratris sul nomine
Mousseti ad judaismum redierat, ac primo in aqua
calida balneatus, et demum circumcisus prout in tali-
bus a Judscis fieri consuevit. Postmodum tamen tractu
temporis examinatus super hoc, acdemum requisitus,
dixit per omnia se mentitum, et solum in odium fra-
tris suipraefati, qui allqua sibi solvere deblta nolebat,
recognovisse praemlssa : et qula vertebatur in dubium
cui consilio standum esset, tandem de consilio perl-
torum, assensu Parisiensis episcopi, adjudlcatum est
confessioni primae standum potius quam secundae :
ipsumque , tamquam lapsum a fide , perpetua poena
carceris puniendum; quod etfactum est. Verum post-
modum cum recognovisset coram inquisltore prae-
dicto , se dixisse in carcere quod christlanus non
erat, sed judaeus, Samoeque vocatus, quodque Cliris-
tiani comedunt Deum suum, cum instantia requi-
rens quod si mori eum contingeret, fieret de eo slcut
de jud?eo, de comrauni peritorum consllio adjudicatus
est statim absque ulla audientia curiae saeculari Ira-^
dendus.
Eodem vel circa concursu temporls, quidam alius
ad fidem conversus, Johannes nomlne, confessus fult
coram inqulsitore praedlcto , quod palam et publicc
coram Casteleto Parisius dixerat se christianum non
esse, sed judaeum noraine Mutlotum , atque de peccalo
quod in nqua coramlseral recipiendo baptlsmum, per
364 CONTINUATIO CHRONICI
ignem purgarl se velle (i). Postmodum tamen cum
hoc feclsse graviter poeniteret, instanterque requireret
sibi super hoc misericorditer indulgeri , dicens se ex
melancholia et levitate capitis in talia porupisse, juxta
peritorum consilium imposita est ei poenitentia salui-
taris.
Mense januario , Eduardus Anglias rex filiam uni-
cam regis Franciae Philippi, nomine Isabellam, anno-
rum duodecim vel circiter, apud Boloniam supra raare,
dicto rege Franciae una cum filiis suis ac regni proce-
ribus illic praesentibus , accepit in uxorem; ac majo-
ribus regni in Angliam associata , in reginam cum ho-
nore debito coronatur.
Filius Sabaudiae comitis Eduardus, sororem reginee
Navarrae , scilicet secundam filiam (2) ducis Burgun-
diae, duxit in uxorem.
Karolus regis Franci.TG tertius filius , Blancham
filiam secundam quondam comitis (5) Burgundiae
Othelini in uxorem accepit.
Illustris et femina venerabilis ac honesta vidua Mar-
gareta Siciliae regina, relicta primi Karoli regis Sici-
lia? fratrisque sancti Ludovici, ut pie creditur, migra-
vitad Christum.
(i) Nous conservons cette correction de dAchery, au lieu de vole-
bat, qui cstdans lous les Mss.
{1) D'apres les auteurs de VAvt de vdrif. lcs dateset le P. Anselnie,
Blanche, femme d'Edouard comte de Savoie, etait l'ainee des fiUes
de Robert II duc de Bourgogne. La seconde etait Marguerite , reine
de Navarre par son mariage avec Louis Hutin.
(5) Les Mss. et lcs edit. precedentes portent dacis, mais c'est une
faute. Rlanche, la premiere femme de Charlcs comte de la Marche,
depuis roi de France sous le nom de Charles lc Bel , etait fiUe
cl'Olhon IV, comlc et nou duc de Bourgogne.
GUILLELMI DE NANGIACO. 365
Joliailnes clc Namurclo , fillus Guldonis Flandrensis
comitis , accepit in conjugem filiam (i) Roberti comi-
tis Clarimontis.
MCCCVin.
Rex Francise Philippus pro facto Templariorum
praecipue profecturus Pictavis, ubi adhuc Papa cum
curia residebat , ob hoc quoque phu Imis pene de omni
civitate sive castellanla regni apud urbem Turonis
Paschali tempore convocatis, copiosam tam nobilium
quam ignobilium secum duxit illic turmam (2). Sane
de diversis tractatibus Inter regem et Papam praehabi-
tls, totius ordlnls generali magistro postmodum ad
PapoD mandatum adduclo, cum allquibus quos nobl-
llores statu seu prseemlnentia fuisse constiterat inter
ipsos; ibi tandem deHberatum fuitetsatis concorditer
ordinatum , quod rex ipse omnes et slngulos dicti or-
dinis professores, ubicumque essentmancipati, carce-
ribus eximeret, et deinceps nomlne ecclesiae et raanu
sedis apostollcae detiiieret, ad eorum relaxationem (3),
expedltionem seu punitlonem minime processurus
absque ordlnatione sedls apostobcae vel mandato; ac
de bonis eorum , quorum dispensatio seu custodia Ipsi
regi sub debita fidelitate rellnquebatur, usquead con-
clHum generale post satls celeriter celebranduiii , pro
modo competenti vitae necessaria mlnistraret eisdem.
(i) Marguei'ite, derniere fille de Robert, comte de Clermont et
sixieme fils de saint Louis.
(2) Ce dernier mot ajoute par d'Achery.
(5) Cette correction, pour relalionem, qui n'a point de sens, nous
est suggeree par les Grandes Chron. .- « et qu'il ne procederoil aleur
relaxation, ne a leur delivrance ne a leur punicion, elc. » T. Y,
p. 179. -
366 CONTINUATIO CHRONICI
Papa Clemens cum esset Pictavis, de fratrum con-
silio, pi opter subsidium Terrae Sanctae ac reformatio-
nem status universalis ecclesiae , necnon praecipue
propter factum quod circa ordinem Templi ejusque
professores emerserat, quorum etiam sexaginta vel
circiter supradicta eisdem imposita crimina fuisse con-
fessos, tam in sua quam in cardinalium praesentia,
papales litterae sub bulla continebant prsecipue; gene-
rale concilium kalend. octobris usque ad biennium , a
kaiendis ejusdem mensis proxime sequentibus continue
computando, Viennse(i) celebrandumdecrevit, etubi-
que per suas patentes litteras intimare [fecit] archiepi-
scopis et episcopis : insuper et episcopis specialiter in
regno Franciae conslitutis, inquisitoribusquepravitatis
heereticae dedit in mandatis; quatinus super hoc facto
Templariorum diligenter intenderent, et juxta quali-
tatem eorum in qantum pei^sonas eorum tangere po-
terant, fine debito (2) terminare juxta peritorum
consilium raaturarent; generali tamen magistro ali-
quorumque eorum majorum de ordine illo, quamvis
numero paucorum, personis usque ad tempus et ex
certa sententia apostolicae sedis excommunicationi seu
correctioni rcservatis.
Circa idem tempus venerunt in Franciam quidam
viri de Flandriis sub habitu simplici, [sed imposto-
res] (5) sicut rei exitus comprobavit , ad quorum si-
(1) Grandes Chron. « Le concile.... a Poitiers fu rappele. » Cest
Une distraction dii traducteur.
(a) MM. Ics cditeurs du tome XX du Rcc. dcs Hist. de Fr. ont im-
prime, nous ne savons troppourquoi, sine dehito, et proposeen note
sine dilalo. Lc mot sine n'est dans aucun Ms.
(3) Deux niots ajoutcs par d'Aclicrv en niarge dc la prcmicre edi-^
tion.
I
GUILLELMl DE NANGIACO. 367
mulatam astutiam astutamque simulationem coiifestim
iii populo frivola quaedam sed communis exiit fama ,
quod comes Augi , dominus Godefridus de Brabanto,
Johannes deBrabanto filius ejusdem, dominus Virsio-
nis aliique quamplurimi , qui dudum cum RoLerto
Attrebati comite apud Corteriacum fuerant inter-
fecti (i), quasi per miraculum evaserant inde vivi, et
propter suae liberationis beneficium voverant Deo et
inter se conduxerant ac etiam firmaverant, sub sim-
plici paupertatis habitu per regnum Franciae mendi-
care, et se ipsos apud suos usque in septennium occul-
tare. Tunc enim, septennio revoluto , certo loco,
scilicet Bolonia supra mare, simul eodem die compa-
rere debebant, ac palam detegere quinara essent, Et
factum est quod ad qusedam levia intersignia in prae-
falis Flandrensibus visa, nonnuHi utriusque sexus in
tantum infatuati et quasi fascinati (2) fuerint, ut, eos
credentes esse prsefatos dominos , cum honore suscipe-
rent, cum tamen ipsi, qui vix et raro ex certa loque-
bantur raalitia, se non assererent, de quibus frivola
fama communiter referebat. Quaedam etiam matronae
nobiles nonnullos ex ipsis ad raaritales amplexus tara-
quam proprios conjuges susceperunt, de quo postrao-
dum secuttc sunt aliis in derisum , et prsecipue do-
mina —
Comes Valesii Karolus tertiam accepit uxorem (i-
liam (3) Guidonis comitis Sancti-Pauli.
Robertus Philippi Attrebatensisfilius exuxore Blan-
(i) Yoy. p. 520, 55i, 552.
(2) Correction du Ms. 4921 A, adoptee aussi par MiM. Daunou et
Naudet. Les autres Mss. ct ies deux prcmieres cdiil. ^fcstinali.
(5) Mahaut , fille de Gui IV comte dc Saint-Paul.
368 CONTINUATIO CHRONICI
cha, tertiam (iliarum quondam ducis Burgundiae acce-
pit uxorem (i).
Eodem anno Guidoquondam comitis Blesensis pri-
mogenitus , cum filia Karoli Valesii ex conjuge Kathe-
rina (2) adhuc tenerae setatis fertur sponsalia contra-
xisse.
Die sabbati post Asceiisionem Domini (3), circa
(i) Ni les genealogistes , ni les historiens modernes ne parlent de
ce mariage, sur lequel les chroniqueurs contempoi-ains ne paraissent
pas eux-menies hien surs de leur temoignage. Les edit. precedentes,
en cela conformes aux Mss., portent Robertus Philipp. Attreb . filius ,
uxorem Blancham alteram filiarum quondam ducis Burgondice acce-
pit uxorem. 11 est impossihle que le meme chroniqueur, a deux pages
de distance, fasse marier Blanche de Bourgogne, qu'il appelle toujours
la seconde Jiliam secundam , alteram filiam, quoiqu^elle fiit l'ainee,
avec le fils du comte de Savoie, et avec Rohert d'ArtoiS (voy. plus
haut, an 1007, p. 364). Cest evidemment le copiste qui a tronque
cette phrase , dans laquelle les mots uxorem Blancham devaient desi-
gner la mere et non la femme de Rohert, comme dans ce passage du
Memoriale historiarum , Ms. de Jean de Saint-Victor, qui nous a
fourni notre correction : Robertus , filius domini Philippi Attreba-
tensis , genitus ex Blancha, filia Johannis BritannicB ducis, duxit
uxorem tertiam filiam ducis Burgundia^ jam defuncti (Bihl. roy ,
Ms. n° 49*28). Ici le personnage dont il s'agit est clairement designe :
c'est Rohert d'Artois, arriere-petit-fils du frere de saint Louis , et qui
se fit depuis une triste celehrite par son scandaleux proces et sa re-
volte contre la France. II epousa l'an i5i8 Jeanne de Valois, fille de
Charles de Valois et de Catherine de Courtenai. Mais rien ne 1'aurait
empeche en i3o8, epoque ou il etait deja majeur, de projeter un
mariage avec la troisierae fiUe du duc Rohert de Bourgogne. Nous di-
sons projeter, car le mariage n'eut certainement pas lieu, et cette troi-
sieme fille, nommee Jeanne, epousa cinq ans apres Philippe de Valois
qui dcvint plus tard roi de France.
(2) Gui de Chatillon, comte de Blois , epousa le 22 juillet joog Mar*'
guerilc, fille, non de Catherine de Courtenay, mais de Marguerite
d'Anjou, premiere femme de Charles de Valois, morte le 5i de-
cembre 1299.
(5) Le 25 mai.
GUILLELMI DE NANGIACO. 369
vesperas , iii tlioecesl Parislensi proecipue , dIx tam
copiosa et damiiosa iilmium et impetuosa tam ex la-
pidibus grandibus et grossis (i) descendentibus , quam
ex ventorum flatu, vehementer cecidit tempestas. Tunc
cum granis segetes et cum botris vineae perierunt;
pkn^es arbores radicitus sunt evulsae. Campanlle ec-
clesiee parrochialls deCaprosIa ex impetu venti corruit
ipso die.
^Estatls fervore transacto , Papa et cardinales om-
nes, soluta ad tempus curla, ab urbe Plctavis, ubi
dlu steterant, recesserunt. Papa siquldem ad terram
suae iiativltatis properans (2), cumpau.cls cardlnallbus
secum relentis, illlc et circa postmodum dicllurrese-
disse, llcentiatis caeterls et ad tempus ad Invicem se-
paratls.
Guichardus Trecensls eplscopus pro suspecto vehe-
menter habetur, quod mortem Johannae reglnae quon-
dam Franciae et Navarrae (5) quibusdam procurasset
sortlleglis aut veneno ; propter quod audlta etiam su-
per hoc quorumdam deposltlone testlum , vldelicet
falsorum prout sequenlla, quamvls longo tempore ,
probaverunt , capltur, diutlusque sub carceris arcta
custodia, etlam de voluntate summi pontlficls, prout
ferebatur, maxime postquam ad ejus nolltlam testlum
ipsorum pervenit deposltlo , detinetur.
Inter nobiles ac potentesjuvenes, Erardum scllicet
de sancto Veranno, et Oudarduni de Monteacuto , na-
lIoneBurgundum, ut aiunt, dissentionesuborta, tan-
(i) Ms. n° 999, ex lapidibus gj-andis grossis ; peut-etre faut-il lire
grandinis grossis.
(2) (t Cest assavoir a Bourdiaux. » Grandcs Chron., t. V, p. 181.
(5) Premiere femme de Philippe lc Bel, morte lo -i avril i5o5.
I. ll\
370 COISTINUATIO CHRONICI
dem ex utraque parte multis nobillbus, die festi beati
Dionysii (i), in comitatu Niveinensi congregatis pro
habendo conflictu juxta mutuum utriusque condictum,
videlicet ex parte dicti Erardi comite Sacri Caesa-
ris (2), Drocone de Mellento, domino Milone de
Noeriis cum aliis multis : ex parte vero praefati Ou-
dardi delphino Alverniae, domino Beraudo de Marco-
lio, filio comitis Boloniae (3), tribus fratribus qui de
Vienna communiter appellantur, aliisque quampluri-
bus, arcte nimis et valde celeriter consummatus est
conflictus inter ipsos (4). Cessit autem Erardo insi-
gnis victoria, et de parte Oudardi dictus Beraudus de
Marcolio cum quibusdam aliis fuit captus ; quare se
reddidit comiti Sacri Caesaris, utdicebant. Postmodum
tamen rex Franciae dictum Erardum pluresque alios
capi fecit et diversis prisionibus detineri.
Albertus Romanorum rex a quodam nepote ex so-
rore, ut dicitur, interfectus decessit; cui Henricus
comes Luceraburgi, milessiquidem strenuus, prudens
ac fidelis successit in regno (5).
(i) Le 9 octobre.
(2) Jean II, comte de Sancerre. — Le nom suivant a ete corrige
dans le Ms. 49^" A en Drocone de Melloto; les Grandes Chron. ap-
pellent ce seigneur Dreue de Mello. Yoy. le P. Anselme, t. VI, p. 62.
(5) Robert IV, dauphin d'Auvergne et de Ciermont. — Beraud de
Mercoeur, son beau-pere. — Robert VII dit le Grand, conite d'Au-
vergne et de Boulogne, qui succeda, l'an i3i4, a Robert VI, son pere.
— Les trois freres de Vienne etaient peut-etre les trois fils d'Hum-
bert I", dauphin de Viennois.
(4) Texte retaljU par d'Achery. Les Mss. donnent cu?isu/nnialuni
committitur intcr ipsos.
(5) Le predecesseur d'Henri VII, Albert I<" d'Autriche, roi des
Pvomains et empereur d'Occident, fut assassine par son neveu Jeaii
d'Autriche princc de Souabe , le i" niai i5o8.
GUILLELMI DK iNxiiNGIACO. ?571
Clrca Purlficatlonem beatae Vii-^inls, filia Robrrli
comitis Clari Montis, uxor Joliaiinis de Natiiiircio,
Parisius defuncta sepelitur. Post quam ipse Joliannes,
quasi anno postmodum revoluto, filiam dominae Blan-
chse de Britannia (i) desponsavit.
Indulgentia magna valde quae a Clemente papa, anno
praecedenti dum esset Pictavis, transfretantibus vel (2)
pecuniam suam iargientibus in subsidium Terrae
Sanctse concessa erat, cujusexecutorem vel receptorem
magistrum Hospitalis transmarinum constituerat, per
rcgnum Franciae publicatur; factumque est ut in ec-
clesia beatae Marise Parisius, et pene in omnibus aliis
regni ecclesiis statuerentur gazophylacia ad pecuniam
reponendam, quae illic a devotioiie populi , duraute
dumtaxat illa indulgentia, videlicet usque ad quin-
quennium, deferretur; in quibus multi , in exordio
publicationis prsecipue, raulta dicebantur misisse.
Stephanus quidara noraine de Verbia, Suessionen-
sis dioecesis, accusatus coram inquisitore Iiaereticae
pravitatis super quibusdam blasphemiae verbis , raa-
ximecirca corpus Christi, confessus est ea se dixisse,
sed tunc non erat bene corapos raentis, quia nimis
biberat in taberna, nec aliqua quae dixerat, licet male
viderentur sonare , tamen ea non protulit in contume-
liam Creatoris vel contemptum, sed subreptitie, et
de hoc poenitebat et petebat sibi misericorditer indul-
geri; quod et factum est de consilio peritorum, in-
juncta tamen prius poenitentia salutari.
(t) Marie d'Artois, fille de Philippe d'Artois scigneur de Conches,
etdeBlanche de Bretagne; soeur du fameux Robertd'Artois. Yoy. ci-
dessus, p. 568, not. i.
(1) Moj; ajoutc par d'Achery.
372 CONTINUATIO CHRONICI
MCCCIX.
Circa feslum Pentecostes (i \ filius regis Arragonum
habito conflictu contra regem Granatae Sarracenum,
ingenti Sarracenorum caede facta gloriosam victoriam
reportavit,
Mense junio Henricus in regem Romanorum nuper
electus concorditer.... solemnes nuntios et arabassia-
tores cum electionis suae decreto misit Avenioni, ad
petendam benedictionem et consecrationem imperii-
que (2) corooam de manu summi pontificis , necnon
ipsius et ecclesiae Romanae favorem et graliam consue-
tos. Cujus votis et postulationibus plene satisf[aciens,
ejus electionem] (3), ad sustinendam imperialis celsi-
tudinis dignitatem , de consilio facto circa finem julii
mensis, solemniter approbavit; eidem , ad consecra-
tionem et coronam imperii sumendam in basilica
principum apostolorum de Urbe, [tempus assi-
gnans] (4) ad festum Purificationis beatae Marige futu-
(i) Yers le 18 mai
(2) Correction de d'Achery. Les Mss. donnent et consecr. impeni,
quia coronnm, etc.
(3) Les 3Iss. portent : Cujus votis et postulationibus plcne suffi-
cientem et humileni ad susiin., etc. Les precedents editeurs ont im-
prime : plene satisfecit , et electum ad , etc. Kous conservons le sens
de cette correction de d'Achery , mais en l'exprimant d'une maniere
qui nous senible ressortir plus naturelleraeut du textealtere des Mss.
(4) D'Achery a cherche a completer cette phrase qui est evidem-
ment tronquee dans les Mss. II a imj)rime eidem ad consecrationem....
in basilica de arbe concedens : et Concilium adfestum, etc; cette
restitution , adoptee par tous les autres editeurs, ne nous s&mhle pas
heureuse. Concedens n'a point de regime dans le premier membre de
phrase; quant a celui que d'Achery lui a donne dans le second
niembrc concilium, il est mal choisi , car les chroniqueurs contempo-
rains qui onl racontc ce fait n'ont parle que de l'epoque fixce pour le
GUILLELMI DE NANGIACO. 373
riim iisquead bieniiium, computanclo a proximo fcsto
Purificationis ejusdem , et salvo quod eidem summo
pontifici absque inconstantiae nota , scilicet, quando
et qualiter et quoties expedire sibi , pro occasione
concilii generalis [vel] (i) alias, videretur, prsefixum
et praedictum terminum prorogare liceret.
Papa Clemens palam in palatio suo Avenioni inti-
mationem quamdam appendi fecit, ut aiunt, in qua
continebatur quod generaliter omnes et singuli, qui
in facto denuntiationis , accusationis seu appellalionis
contra papam Bonifacium pro vel contra vellent pro-
cedere quoquomodo, qualitercumque prsemissorum (^2)
sufficienter instructi, infra dominicam qua cantatur
Ociili (3), si sua crederent interesse, se Papae con-
spectui praesenlarent; alins super hoc deinceps nulla-
tenus admissa (4), quinimo ex tunc eisdem omni de-
negata audientia, perpetuum in hac parte imponi
couronncruent de lenipereiir, et nullenient d'un terrae pris jiour la
convocation d'un concile. Voici a ce sujet un passage de la Fic de Cle-
ment V, par Bernard Guidonis. Papa vero ejus eleclionem ndniisit ct
confirmavit in Avenione mense julii subsequenti.... et coronationem
imperii promisit , tempus eidem assignans ut afesto Purijicatinnis ad
duos annos Romani veniret coronam imperii recepturus. Baluze , Vitce
papar. Avenion., 1. 1, col. 70. Yov. encore le meme auteur, ib. p. 67,
etles Grnndcs Chron., t. Y, p. i83.
(i) 11 y a ici un blanc dans les Mss.
(2) LecoQ du Ms. 999. Le Ms. 435 porte qualiter de prcemissa.
D'Acherv a corrige qualitercumque de prcemissis. Cest lui aussi qui
a imprime plus haut omnes et singuli , au lieu de in omnibus et si/i
gulis, que donnent tous les Mss.
(3) C'est-a-dire le dimanche ou Tintroit de la messe commencc par
le mot oculi, c'est le troisieme dimanche de careme, qui , cn i5io,
tomhait au 11 mars.
(4) Dans lcs precedentcsedit., ndmitli. C'eltc corrcclion de d'Achcry
ne nous scml)lc pas ncccssaire.
374 CONTINUATIO CHRONICI
silentium ipso facto. Interquos specialiter et expresse
G. de INogareto, militem de quo supra (i) , dicebant
ad assignatam diem fuisse "vocatum personaliter et ci-
tatum. Qui siquidem ad assignatam diem,domini G.
de Plaissiaco, astuti militis et discreti, aliorumquc
potenti comitiva vallatus Avinioni comparens, tan\
appellationemcontra papam Bonifaciumfactam, quam
objecta crimina eidem innovavit, eaque legitime pro-
bare se offerens, cum instantia petiit ipsius ossa tam-
quam haeretici exhumari, accenso (2) igne debere com-
buri : parte nihilorainus adversa, scilicet quoruradam
cardinalium et aliorum quamplurium, qui causamBo-
nifaciipapae fovebant, se in contrarium viriliter oppo-
nente, et tam circa facti substantiam (3 ) quampraedicti
Guillermi personam mulla gravia et enormia retor-
( I ) Tous les Mss., de quo sibi dicebant ; d'Achery a supprime le mot
sibi, rnais ajant laisse le verbe dicebant daiis une phrase incidentc,
de quo dicebant fuisse citatum, etc, il a ete oblige de completer la
phrase par Taddition du verbe adscribunt. Cette addition devient inu-
tile par le changement de sibi en supra, qu'autorise d'ailleurs le texte
des Grandes Chron. ; «■ entre lesquiels Guiilaunie de Nogaret, clie-
valier dei'ant dit. » T. V, p. i85.
(a) Telle est la lecon de tous les Mss. Lesedit. portent ac etiam igne.
(3) Cette lecon est conforme au Ms. 435 , et l'on ne sait vrainient
par quelle distraction d'Achery a pu faire, du mot abrege sbarn{sub~
sianiiam), Sebastiani, nom qu'il a suppose s'appliquer a I'un des ad-
versaires de Boniface VIII. MM. les editeursdu vingtieme volume des
Hist. de Fr. ont declare ce passage desespere, locus , ut multi alii,
dcspcratus. (P. 600, not. 1.) Cependant ils avaient les eleraents d'une
restitution satisfaisante dans fa partie de la Chron. de Saint-Dcnjs
qu'ils ont eux-niemes publiee : « Mais la partie adverse — s'op})osa
appertement tant environ la substance dufait, comme contre la per-
sonne dudit Guillaumc, etc. » (P. 685 A du menie volume.) Ce pas-
sage justifie aussi raddilion indispensablc dii niot Inm, supplcc par
d'Achery ct qui nKinquc clans lous lcs Mss
GUILLELMI DE NA^GIACO. 375
(|ueiile. Sicque negotium ipsum usque ad plenioreni
super hocdeliberationem fuit positum in suspenso.
Tertio kalendas novembris (i), ab occidente hie-
mali vel quasi , tam vehemens, per unam horara et
amplius, irruit ventus, quod ad ejus impetum arbores
quamplures multaque aedificia, necnon pinnaculum
sancti Macuti de Pontlsara corruerint. Arcus etiam
magni lapidei qui, a parte orientali ecclesiae sancli
Dionysii in Francia, magna ejus subportant stillici-
dia (2), quamvis ad terram non corruerint, teslanti-
bus tamen eorum oculis qui viderunt , vacillasse (3)
concussique fuisse dicebantur, ut mox ad terram coi-
ruere putarentur. Ullima die mensis januarii posl mc-
ridiem, per unam horam et viginti quatuor minutas
visa est eclipsis solis in sui medio slta , scilicet quod
centrum lunae fuit juxta centrum soiis, et tunc fuit
conjunctlo solis et lunaejuxta vicesimum Aquarii gra-
dum. Dmavit autem ista ecllpsis a principlo usque in
finem per duas horas naturales et ampilus, qua in hora
eclipsis aer crocei vel rubei coloris apparuit. Hujus
causam assignabant astronomi, dicentesquod in punclo
eclipsis Jupller dominium Inter tunc croceo fulgore
vel aureo collocavlt (4).
(i) Le 5o octobre.
(2) Tous ies JMss. portent suborln stillicidia. D'Aclierv, ])Oiir rcs-
pecter ce mot qui n'a ici aucun sens, a ete oblige d'en ajoulcr trois
autres, que ne donne aucun Ms. Arcus.... qui a parte orientali sunh
ecclesice s. D. in Francia ob magna ejusmoAi suborta stellicidia, etc.
(3) Correction de d'Achery pour sibi vallasse, lecon des Mss.
(4) D'Acherv a corrige colnravit. ce qui ne donne pas un seus a ccUe
phrasc. Je soupconne que ies six niols qui la terminent depuis tunc
ne sont qu'une repelition de ia pluasc precedcnte. — « Et ia cause cstoil ,
disent lcs Graiidcs Chron., sclonc lcs astronomiens, car Jupiter, aii
376 CONTINUATIO CHRONICI
Inter Angllae regem (i) et ejus barones, occasione
cujusdam militls nomine Petri de Gavastone natlone
Vasconls, dudum [quidem ut dlcebatur] (2) de regno
Anglise bannlti, sed jam ad tantam regls famlliarltatem
assumpti , ut comitatum sibi Linconiensem possiden-
dum hereditate conferret, multasque novitates, ut di-
cebnnt, ad ejus suggestionem constltueret contra om-
nium voluntatem et patrise consuetudlnem, quae In
prcejudlcium regni et eorum statuta conarentur (3);
orta est dissensio gravis adeo etacerba , quod proceres
ipsi contra regem , tam occasionepraeraissa quam sim-
plicitate sua seu fatultate, conjunctl (4), ipsum quem
sic habebant exosum non solum medlocriter pertur-
bassent, quinimo, ut communls asserebat oplnio, ab
omni mlnistratione regni privassent, nisi ob gratiam
regls Franclse ejusque fillae reglnae AngUae, quae se
ipsam baronlbus gratiosam et amabilem exhibuerat,
refrenati fulssent.
Fratres Hospitalaril cum multltudine populi chrls-
tlani apud Rhodum insulam, de qua per (5) Sarrace-
nos fuerant fideles expiilsi , transfretasse dicuntur, et
ibi laudabillter se gessisse.
point de l'eclipse, avoit la seigneurie entre les cinq planetes. » T. Y,
p. 186.
(i) Edouardll, marie Tannee precedente a Isabellc fille de Plii-
lippe le Rel.
(2) Correction de d'Acliery. Les Mss. donnent sit/iciftem dicebat.
(5) D'Acliery a conige ainsi : quce in pircjudicinm vci^in el contra
stntuta convcrterentur.
(4) Conjunctiow conjurnti contra regem. Le mot co/zt^/c// (convain-
cns), donne par lcs Mss. et .idopte par tous lescdileurs ue formc pas
un sens salisfaisant.
(5) I.es Mss. jiorlcnl npud.
GUILLELMI DE NANGL\CO. 377
MCCCX.
Clemens papa generaleconcilium, quodad instantes
kalendas octobris indixerat, ad kalendas mensis ejus-
dem annorevoluto subseculuras prorogare decrevit.
Concilium Senonensis provinciae propter factum
Templariorum ab undecima dle ad vigesimam sextam
diera octobris (i), Philippo tunc archiepiscopo praesi-
dente, Parisius celebratur. Illic sane Templariorum sin-
gularium factis et ea tangenlibus dibgenter inspectis,
pensatisque eorum demeritis, necnon qualitate cir-
cumstantiarum, cum multiplici veritatepensenda (2) ut
secundum mensuram delicti esset et plagarum modus^
juxta consilium tam in jure divino quam canonico
peritorum, sacro approbante concilio adjudicatum est
ac etiam diffinitum quosdam ex ipsisab ordine simpli-
citer absolvi , quosdam vero, postperactam eis injunc-
tam poenitentiam, liberos et illaesos abire permitti ,
alios autem sub arcta carceris custodia detineri, alios-
que quamplures inclusione muri perpetuo circum-
cingi ; sed eorum nonnullos , tamquam relapsos in hse-
resim, tradi curiae saeculari, quod tunc permittunt
canonicae sanctionesj eis hujuscemodi sicrelapsis, qui
(i) Mss., xi^ die xxvi^ diesecundo. JXous croyons pouvoir corapleter
ainsi la correction de d^Acheiy, qui a imprime ab xi die ad xxvi diem
secundo Philippo, etc. Le mot sccundo que nous remplacons par oc-
tobris n'a aucun sens, Philippe de Marigni, qui siegeait en i5o8, ayant
ete le premier archeveque de Sens de ce uoni.
(2) Tout ce passage a ele retouche par d'Achei7 ; nous avons tache
de nous tenir un peu plus pres des textes qu'il ne l'avait fait. Voici la lecon
des .Mss. : pensalis eonimque dcmerilis qualilatc necnon circumstan-
liarum ctim multiplici i^eritatc pensanda et (ou pensandwn ut) secun-
dum mensuram . etc.
378 CONTINUATIO CHRONICI
tltiilo (i) clericalis militiae fueraiit adscripti vel in sa-
cris ordinibus constituti , primitus ab episcopo degra-
datis , quod et factum est. Tunc itaque quinquaginta
uovem Templarii foras civitatem Parisius, in campis
vldelicet ab abbatia monialium quae dicitur sancti
Antonii non longe dlstantlbus, Incendlo fuerunt ex-
stinctl. Qul tamen omnes, nullo excepto, nil omnlno
fjnallter de Impositis sibl crlminlbus cognoverunt (2) ,
sed constanter et perseveranter in abnegatlone com-
munl perstiterunt , dicentes semper sine causa mortl
se traditos et Injuste : quod quldem muitl de populo
non absque raulta admlratione stnporeque veliemenli
consplcere nuUatenus potuerunt.
Circa idem tempus , apud Silvanectum provlnclae
Remensls concllium convocatum, et IlIIc, quasi con-
simlli (3) in Senonensls provlnclee conclllo celebrato
Parlsius, super Templarlorum facto dellberatlone prae-
liabila, novem Templarli concremantur.
Ludovicus Robertl Clarimontls fillus, sororem co-
mltis Hanonlae (4) desponsavit; ejus quoque frater,
Johannes nomine, comitissam [Suesslonensem] (5)
accepit in uxorem.
Clemens papa quamdam buUam, ut dicltur, a cardi-
(1) Mss., canonicce sanctioncs eis qui dcvicti liujusccniodi sic relap-
sos tilulo , etc.
{•}) Ou mieux recognovcrunt. Voir les Grandcs Cliron., t. \, p. 187.
(3) Mss., concilium canonicum ct illi quasi consilii in, etc; texte
ictabli par d'Acliery.
(4) Marie, fiile de Jean d'Avenes.
(5) Cc noiii cst en blanc dans les Mss. et dans lcs edit. precedenlcs;
niais d'autrcs docunicnts uous apprcnnent quc Jcanne, veuve d'Hugucs
de Ncsie conile dc Soissons, sc reniaria a Jcan de Clermout baron dc
Charolais.
m
GLILLELMI DE NANCilACO. 370
nall Jacobo Gajetani , aliis quoque quondam papae Bo-
nifacii partem foventibus praesentatam, per quam ad-
versam ei partem impugnare volebant; prsesertim cum
in ea contineretur expresse, quodPapa, de consilio
fratrum unanimique consensu, appellationes omnes
et processus contra papara Conifacium attentatos ina-
nes et irritos decernens, partemque ejus multipliciter
commendans, reputabat ipsum super objectis ei cri-
minibus innoxium et insontem, in pleno consistorio,
ut aiunt, fecit destrui tamquam falsam.
Circa festum Pentecostes accidit Parisius quod quee-
dam pseudo-mulier de Hanonia , nomine Margareta,
dicta Porrette (i) , quemdam librum ediderat, in quo ,
omnium theologorum judicio qui ipsum diligenler
examinaverunt, multi continebantur errores et haere-
ses, et inter cseteras, quod anima annihilata in amore
conditoris sine reprehensioneconscientiae vel remorsu
potest et debet naturte quidquid appetit et desiderat,
[concedere] (2), quod manifeste sonat in haeresim.
Dum libellum hunc aut in eo contentos errores abju-
rare nollet, quinimo latam in se excommunicationis
sententiam ab inquisitore haereticse pravitatis (5) ,
quia coram ipso sufficienter monita comparere nole-
bat , per annum vel amplius pertinaci sustinuisset
animo, in sua malitia finaliter indurata , tandem in
communi platea Graviae , coram clero et populo ad hoc
specialiter evocatis, de peritorum consilio exposita est,
ettradita curiae seeculari. Quam Parisiensis preepositus
(1) Mss. 999 ct 4921 A, Poirette.
(2) Ce dcrnier niot a ete ajoiite par d'Acherv.
(5) D'Achery avait ajoule , mais sans necessite , le mol conicnincrcl.
380 CONTINUATIO CHRONICI
in sua potesLate statim accipiens, ibidem in crastino
incendio fecit exstingui. Multa tamen in suoexitupoe-
nitentiae signa ostendit noJiilia pariter ac devota, per
quae multorum viscera ad compatiendum ei pie ac
etiam lacrymabiliter fuisse commota testati sunt oculi
qui viderunt. Eodem die quidam de judaismo dudum
ad fidem conversus, dum iterum sicut canis ad vomitiun
reversus, in contemptum beatse Virginis super ejus
imagines conspuere niteretur, ibldem incendio con-
crematur temporali, transiens ad sempiternum (i).
Tunc etiampseudo-quidam, Guiardus nominede Cres-
sonessart, qui Angelum Philadelphice a Deo immediate
missum ad confortandum adhaerentes Cliristo se nomi-
nans, dicebat quod nec cingulum pelliceum quo erat
pr8ecinctus,nec habitumquo erat indutus ad mandatum
Papae deponere tenebatur, imo Papa preecipiendo pecca-
ret, tandem incendii [timore] (2), habitum cingubim-
que deponens, et errorem suum finaliter recognoscens,
adjudicatus est perpetua muri inclusione praecingi.
Lugdunenses rebelHonis spiritu assumpto contra
regera Franciae Phibppura, castrum regni quod dici-
tur sancti Justi violenter diriplunt, ingeotique vallo
circa civitatem seipsos satagunt reddere fortiores. Ad
quorum expugnationem rex Franciae primogenitum
suura Navarrse regem cum duobus ejus fratribus et
corum avunculis, una cura exercitu copioso, circa fes-
tum sancti Johannis Baptistse , destinare decrevit. Illic
sane inclyta et ielicia juventutis suee primordia, etsi
(ij Corrcction de d'Achery. Les Mss., tcmpovnlis recipiens scmpi-
terniim. Plus haut nous avous niis dum au lieu dc cst, revcrsits au
lieu de convcrsiis (rapres Ic Ms. 4921 A.
(9.) Timorc , ajoulc par d^Acher}'.
i
GUILLELMl DE NANGIACO. 381
alias in talibus inexperta, [necdum] (i) cingiilo mili-
tia3 praecinctus, adeo laudabililer exeicere curavit vel
providit, ut suae sagacitatis et probitatis industria cunc-
lis amabilem et gratiosum se exliibens, suorum mi-
rabili afFectu junxerit sibi corda. Dum itaque hostes a
nostris assultum sibi imminere considerarent, illico
timore percussi , seipsos et urbem regis subjiciunt
ditioni. Sed et archiepiscopus civitatis PetrusdeSabau-
dia nobilitate pollens , qui eorum capitaneus principa-
lis et totius rebellionis occasio videbatur, per deditio-
nem a comite Sabaudiee ad regem Philippum in
Francia adductus , veniam de commissis petens, tan-
dem ad magnatum obtinuit interventum.
Ossa cujusdam Templarii dudum defuncti , Johannis
nomine de Thuro, quondam thesaurarii TempliPari-
sius, exhumantur, et tamquam haeretici condem-
nati (2), scilicet in processu jam facto contra Tem-
plariorum ordinem et cujus pars (3) in palam revelata
fuit, comburuntur.
Henricus Romanorum rex, cumduce Austriae, Leo-
diensi episcopo multisque aliisprincipibus, cum exer-
citu copioso , per comitatum Sabaudife Italiam intrans,
primo apud Astensem urbem , et deinde apud Medio-
lanum, vigilia Nativitatis dominicae, cum honore sus-
ceptus, in festo epiphaniae Domini in ecclesia sancti
Ambrosii a Mediolaiiensi episcopo corona ferrea, una
cum uxore sua , multis praelatis praesentibus , honori-
fice coronatur. Quo peracto, in ipsa civitate cum op-
(i) Correction de d'Achery, au lieu de necnon, que douaent les
Mss. Louis en effet ne fut fait chevalier qu'en i3i5.
(2) Condemnati , correction de d'Achery. Les Mss., quodani alias.
(5) Mss., etparx in palam revclata ou revelatamfuit.
382 CONTINUATIO CHRONICI
posita slbi parte couflictum habuit, eosque potenter
et celeriter subjugavit, ut meritosuisadversariis timo-
rem incuteret et tremorem.
Hoc eodem anno facla est mutatio inter archiepisco-
pum Narbonensem et Rothomagensem ; nam cum Ro-
thoraagensis archiepiscopus, Bernardus nomine,
nepos Clementis papae , propter juventutis suse inso-
lentiam cum Normannis nobibbus pacem bonam non
haberet, eo translato ad archiepiscopatum Narbonen-
sern, jEgidium pro tunc Narbonensem, praecipuum
regis consiliarium, prudentem in aglbilibus et utro-
que jure peritum, ad Rothomagensis archiepiscopi
transtulit dignitatem.
Variis circa factum Bonifacii papae processibus ha-
bitis hinc et inde, papa Clemens, de innocentia regis
Franciae et suorum super captione et assultu papse Bo-
nifacii apud Anagniam , necnon rapina vel dispersione
thesauri, seu aliis quibuscumque quae in conflictu vel
facto hujus caplionis fuerant attentata, tam per con-
fessionem et assertionem Guillermi de Nogareto mili-
tis cui ista imponebantur, quam alias inquisitione su-
per his dibgenti praehabita sufticienter instructus, per
suas Htteras patentes, de consilio fratrum, auctoritate
apostolica pronuntiavit, declaravit pariter etdecrevit
regem ipsum in praemissis omnibus omnino inculpa-
bilem fuisse, et [quod] (i) in appellationis negotio vel
processu objectores, denuntiatores aut assentores prae-
dictos ad denuntiationes, objecliones vel assentiones
(i) Ce qui suit faisant aussi partie de la sentence du pajie (voy.
Uernard GuiDONis, Fit, papnr. t. I, col. 70), Taddition nous a parii
iudispensable pour rciier cntre cux les dcux mcnil)rcs dc phrase.
GUILLELMT DE NANGIACO. 383
contra personam ipsius Bonifacii papae factas praecon-
cepta nialignitas,aut alia mala causa non impulit, sed
catliolicae fidei sincerus aut justus zelus induxit. De-
mum etiam cum tam illi qui statum et memoriam Bo-
nifacii defendebant ex una parte , quam ipse rex pro
seipso et regni incolis universis , necnon objectoribus
et denuntiatoribus praedictis ex altera, ad summi pon-
tificis attingere (i), quod hujus negotii rigorosa pro-
secutio plena periculis existebat, per (2) excitatio-
nem Liudabilem et precum instantiam totum negotium
et plenam decisionem liberae ditioni ac ordinationi
sedis apostolicae dimiserant ; de plenitudine potestatis
apostoHcae regem ipsum omnesque ei adhaerentes in
hac parte, regnum et universos ejusdem incolas ab
omnibus culpis, ofFensis, injuriis aut sententiis qui-
buscumque latis per papam Bonifacium, ab homine vel
a jure intliclis, [in eum] (5) sive successorem ejus, in
eos auteorum alterum, publice vel occulte, vel [qua-
cumque] occasione praemissorum aut alicujus eorum
imputari seu infligi quomodolibet possent in posterum
vel impingi , etiam si supponerentur \el dicerentur
captio praedicta vel aliqua de praemissis facta nomine
dicti regis seu adjutorum vel adhaerentium praedicto-
rum, ad cautelam absolvit, relaxavit et penitus abo-
levit, et de registris sententias, interdicta, et omnia et
singula praedictos processus tangentia , omnino toUi
mandavit et penitus amoveri ; districtius inhibens,
ue quis sententias, excommunicationes, interdicta
(i) D'Achery proposait de lire : summiim pontificem atiingere ausis.
(2) Mot ajoute par d'Acber} .
(5) Deuxmots ajoute par d'Achery, qui deux lignes plus bas, a cor-
vige gufe en-quacumque.
384 CONTINUATIO CHROJSICI
vel processus prsedictos in scriptis piiblicis vel priva-
tis penes se retinere aut quomodolibet occultare seu
aliis coraraunicare praesumat, sed litteras, schedulas,
membranas et alias quascumque litteras pubbcas
[vel] (i) privatas sententias , et processus dumtaxat
continentesprsedictaspenitus destruantet consumant:
eos qui , in quatuor menses postquam ad eorum noti-
tiam mandatum pervenerit, et tempus lapsum fuerit
ita quod prsedicta facere potuerunt, non paruerint
competenter, excommunicationis sententians (2), a
qua non possent absolvi nisi in raortis articulo per
Romanum pontificem. Quamvis autem a dicta absolu-
tione suis litteris et earum effectu Guillermum de No-
gareto preediclum, ac Reginaldum de Supino mibtes,
decemque alios vel circiter Anagniae cives, qui cap-
tioni , assultui et deprsedationi thesauri preedictis in-
terfuisse specialiter dicebantur, nominatim excluserit
et ex certa scientia, intendens ex ipsis per aliam viam
condignae promissionis (5) remedium exhibere; fina-
liter tamen Guillermum de Nogareto praedictum, con-
sideratione regis vel contemplatione pro ipso suppli-
cantis , ab omnibus sententiis ad cautelam absolvit ,
injungens ei poenitentiam ad cautelam, videlicet quod
in primo Terrae Sanct.ne passagio generali cum armis
et equis ipse in propria persona in Terra? Sanctae sub-
sidium transfretare teneretur, illic perpetuo moratu-
rus, nisi a Papa vel successoribus ejus subreviationem
in posterum obtinere etgratiam mereretur; injungens
(1) Fel, ajoute par d'Achery.,
(2) Nous corrigeons parueriint cn pnruerint ,■ sentcntiam en scnten-
iians.
(5) D'Acliery, cn niargc , cxpintinnis.
GUILLELMI DE NANGIACO. 385
«?tiam quocl interini certas peiegriiiationes quas sibi
imposuit efficaciter adimpleret; et sic eum omnium
praemissorum participem esse voluit et consortem,
dummodo has poenitentias devote susciperet et, dum
vitam ageret in humanis, cum effectu peragerel; ioso
mortuo , heres ejus.
MCCCXI.
Henricus Romanorum rexper Cremonensem urbem
Italiae transitum habens pacificum, quoniam pars
guelfa, quae major et potentior erat in dominio (i)
civitatis de Cremona, una cum uxoribus et parvulis,
rebusque suis quas secum coramode deferre potuerunt,
ad civitatem Brixiae guelfam, quae propter piaerupta
montium, quae civitati supereminebant, tulior vide-
batur, unanimiter propter impcratoris metum confu-
gerant, relictis palatiispaucisque viris guibelinis; qui
audientes exercitum imperatoris soluui per duo mil-
liaria distare ab urbe, sumptis clavibus civitalis, qua?
pacis sunt ofFerentes, ab eo pacifice recepli , pacificum
sibi praebent introitum civitatis. Satis vero post In-
gressum civitatis, omnes fortes doraos et turres illo-
rum qui ad Brixiam confugerant funditus destruxit,
portasque civitatis egregias una cum muris corrui fe-
cit; et ex his amplissima fossata civitatis impleri fecit,
ita ut muri et fossata solo coaequarent. Deinde accepta
redemptione multorum milliura florenorum ab his
qui in civitate superfuerant , ad civitatem Brixiae se
transtulit. Quam rebellem sibi Brixiae civitatem aj)
Ascensione Domini usque ad Nativitatem beatae Vir-
(i) Corrcction ded'Achery. Les Mss. portent in dnmo.
I. 25
38G CONTINUATIO CHROJNICI
ginls (i) potenter obsedit. Habito itaque coiiHictu,,
capitaneum civitatis, dictum Theobaldura Brizath,
vivum capiunt; qui adductus ad imperatoris praesen-
tiam , videns se mortis periculum efFugere non posse,
multas conspirationes in mortem imperatoris et suo-
rum proditorie factas pubbce confitetur, raajores de
civitate Mediolanensi hujus facti complices accusando.
Quo audito imperator, per medium exercitus trahi ,
deinde suspendi quasi per duas horas fecit , ipsum re-
motum de patibuiodecollari, ac caput in lancea afJixum
fecit in erainentiori loco exercitus demonstrari; trun-
cum vero corporis in quatuor partes frustatim deci-
sum , fecit per qualuor partes exercitusdeportari ; tam
crudelem mortis ab imperatore sententiam sustinens ,
ut ejus mortis atrocitas cseteris pruditoribus et con-
spiratoribus esset de caeterospeculum etexemplum, ut
sic saltem a mabs malorum accjbitas coerceat quos
ad verum operandum benignitas non inclinat : eam-
demque civitatem sibi subjiciens, cum illis de civitate,
muros quorum prfesidio nitebantur destruxit. In hac
autem obsidione frater ejus, Walerannus nomine,
occubuit; cujus mors cordi principis subinduxit non
immerito moeroris materiam ac doloris. Hujus etiam
obsidionis tempore, omnes civltates partis Itallae qua?
stricto nomine Lumbardla nuncupatur, et fidelltatem
et subjectionem tamquam domlno suo debitam obtu-
lerunt. Eodemque temporis cursu tres cardinales a
domlno Papa missl, videlicet Ostlensls et a!Ii duo, pro
sua coronatlone venerunt, sequcntes eum per tolam
(i) Dppuis U' '20 nuii jiisfiu'aii 8 st'i)tomhi'c.
GUILLELMI DE NANGIACO 387
Italiam deinceps iisque Romam. Brixia (i) civitate
subjecta, Ilenricus Romaiiorum. rcx per Terclonam
pacifice Januam est profectus, et iliic maximo cum ho-
noresusceplus; ubi dum aliquamdiu moram contraxit,
uxor ejus, Piomanorum regina , vlam carnis ingre-
ditur unlversae.
Circa Idem tempus in populo Flandrlarum rebellio-
nis et guerrae commotio, quae aliquantlsper sopita
fuerat, renovatur; et ob lioc vehementer suspectus
comes Flandriarum (2} , ad sul purgatlonem a rege
Francorum convocatur; quo comparente [Nivernen-
sis] (5) comes ejus fillus Ludovlcus, qui totlns hujus-
cemodl commotionis et sceierlsculpabilis estrepertus,
prlmo apud Moretum , deinde Parlsius in custodia de-
tinetur, dequa cito post fugltut conscius Iiujus mali ,
vei timens slbi Ipsi (4) : propter quod postmodum, de
consiilo procerum regni, de comltatu suo non Imme-
rito per arrestum in pleno palatio (5) sententiaiiter
est prlvatus.
Phllippus rex Francise simpllclum ac dupliclnm
Burgensium fieri feclt monetam pro simpiicil)us du-
pilclbus Parlslus denarils concurrentem. Haec (6) mo-
(i) Correction de cfAcherj, justiGee par les Giandes Cliron., t. ^ ,
p. ig4. Les Mss. portent Victrin.
(2) Robert III , dit de Bethune , fiis de Gui de Dampierre.
(5) Ce niot est en Llauc daus les edit. precedentes et dans les Mss.
Yoy. Chron. de Saint-Denys , t. \, p. igo.
(4) Texle retabh par d'Acheiy. Les Mss. i\ot\aenX.fu^it timens ct
conscius hujus mali vel sibi ipsi.
(5) Peut-etre in pleno parlamento. Gr. Chron., 1. c.
(6) i\Iss., concurrentem.... Hujus moneta rationc indebiti vnloris et
ponderis , tnmen quia ratione novitatis cl cursus capi refutarctur quasi
ab omnibus , etc.
388 CONTINUATIO CHRONICI
neta ratioiie indebltl valoris et ponderis , et latione
novitatis cursus capl refutabatur, quia ab omnibus at-
que recte sapientibus redundare non minime diceretur
in exactionem indebitamreique publicae detrimentum;
quod etiam nonnulli nobiles et magnales , quibus su-
per hoc displicebat , graviter conquerendo ore tenus
et expresse exposuerunt eidem.
Clemens papa concessit et misit privilegium clericis
Aurelianensibus sLudentibus pro constituenda univer-
sitate; sub hac tamen conditione si regi pJaceret, et
super hoc liber ejus atque spontaneus intervenlret as-
sensus. Rege autem non assentiente, clerici sibi invi-
cem juramentis adstricti , a civitate recedunt studium-
que dissolvunt. Postmodum tamen , anno nondum
revoluto, tam poenitentia ducti , quam per regemali-
quabter sedati , iterum ad locum pristinum revertun-
tur, et sic studium pauco tempore dissolutum denuo
reparatur.
Concilium generale quod papa Clemens fecerat con-
vocari , prima die mensis octobris apud Viennam ,
urbem Provinciae, centum quatuordecim praelatorum
cum mitris, absque c.neteris non mitratis et absentium
procuratoribus, congregatur. In quo duse sessiones
fuerunt, Antiocheno et Alexandrino patriarchis in
medio sedentibus; et antequam celebraretur, injunxit
Papa praelatis et abis qui pro concilio venerant, mis-
sas celebrari et triduo jejunari. In prima itaque ses-
sione , qutie fuit etiam die sabbati in octaJ)is beati Dio-
nysii (i) in ecclesia cathedrali, facta invocatione
Spiritus Sancti sicut in talibus fieri consuevit, Papa,
(i ) l,c iGoclobre
GUILLELMI DE iNAlSGIACO. 389
assumplo ihemate isto (i) : In consilio justorum et
congregatione magna opera Domini, exquisita in
omnes voluntates ejus; preedicavit, exponens causam
triplicera convocationis concilii generalis , scilicet
propter factum Templariorum enorme, propter subsi-
dium Terrae Sanctse et reformalionem status universa-
lis (2) ecclesiae; et hocfacto , dataquebenedictione su-
per populum , unusquisque ad propria remeavit.
Postmodum inter dominum Papam deputatosque ab
eodem (3) Papa circumspectos phn^imum et discretos
admodum viros, et cardinales , praelatos, procurato-
res et alios quorum intererat, post conventus multos
variosque tractntus, multae deliberaliones habitae vel
factae fuerunt in praemissis, usque tamen adadventum
regis Franciae, qui habitorum a principio contra Tem-
plariorum ordinem et personas processuum specialiter
promotor et zelator praecipuus in favorem fidei dice-
batur. Et erant cuncta ardua quae in conciiio tracta-
bantur, quasi in dubio vel suspenso poni seu in verbo
fieri videretur (4)
MCCCXII (5).
Die lunae post Quasimodo (6) celebratur Viennae
(i) Psal., cx, 1 , 2.
(2) Correction de La Barre. Les Mss. portent uiilis.
(3j Les Mss. donnent a Leone.
(4) Correction du Ms. 4921 A; les autres portcnt videbnntur;
d'Achery, iia ut quasi in duhio.... videbantur.
(5) JXous supprimons ici un alinea qu'on retrouvera textucilciuent
reproduit a sa veritable place, au commenccment de l'an i5i5. Ce
double emploi cxiste dans tous les Mss., et aucun des precedeuts edi-
teurs de cette chronique ne semble l'avoir apercu, puisque dans les
trois edit. on trouve deux fois dans les memes tcrmcs, a Tan i5i2 ct
a Fan i3i5, la promotion des fds de Philippe le Bel a la dignite de
chevaliep, sans qu'aucunc note iudique la cause de cettc repelilion.
(6) Le 3 avril.
390 CONTIJNUATIO CHRONICI
iii ecclesia majori sessio secunda concilii geiieralis ,
rege Fraiiciae Pliilippo, qui circa Quaclragesimam (i)
illic cum filiis et fratribus suis, multorum peritorum
Hobilium ac magnatum deceiiti pariter ac potenti comi-
liva valiatus advenerat, una cum cardinalibus, patriar-
cliis, prselalis et aliis superius nominatis ex ipso, a
dextris sumrai pontificis prae ca?teris omnibus, in sede
tamen inferiori aliquantulum, sedente. Illic sane, post
aliqua quae in talibus fieri sunt consueta, primo Papa
assumplo themale : (^2) Noiiresurgent impii in judicioj
neque peccatores in concilio Justorum; et per modiim
praedicationis ad Templarios appellato, ordine Tem-
pli (3), non per modum diffitiitivse sententiae, cum
ordo ut ordo non esset adhuc convictus (4), sed per
modum provisionis et ordinationis tantum, lamen
quia modus recipiendi, quem nec ante voluerant de-
tcgere, fuerat ab antiquo suspectus, et per infinitos
fralres ordinis et raajores fuerat hoc prolatum ; aucto-
ritate apostolica, sacro approbante concilio, delevit
et amovit, et tam ipsius nomen quam habitum peni-
tusannnllavit, tum quia de CcEtero esset inutilis ordo
cum nullus bonus vellet deinceps ipsum intrare;
tura (5) propter alia mala removenda et scandala evi-
landa. Statimque constitutionem super hoc editam
(i) Cliron. de Saint-Denys , « environ la mi-caresme. »
(2} Psal., I, 5.
(5) II faut sans doute lire ad Templnrios npplicalo {ihemnle) , or~
dinem Templi, etc. Ce mot ordinem devient alors le coinpleraeut des
vcibt^^s delei'it et amovit, qu'on trouvera plus bas et qui , sans celte
corrcction , n'ont pas de regime.
(4) Nous niaintenons cette correction , proposec par d'Achery, et
iuslifice par lcs Grandes Chron. Les i\Iss. donnenl conjunctus.
[5) Tum , corrcclion de d'Achery, JesMss., lamen.
GUILLELMI DE NANGIACO. 391
legl fecit in omnes qui de caetero habitum retinerent,
\el de novo sumerent, seu alium ad hujus professio-
nem reciperent, excommunicationis sententiam pro-
ferens, [quam] tam recipientes quamrecepti incurre-
rent ipso facto : ordinationem tamen de personis
remanentibus et bonis apostolicae dispositioni reser-
vans, super hoc antequam solveretur concilium pro-
visurus (i) attente.
Caelerum quoad secundum principale concilii ge-
neralis intentum, scilicet subsidium Terrae Sanctae,
assumpto themate : (2) Desiderium suumjustis dabi-
tur; post verba amaritudinis propinare incipiens verba
dulcedinis, exposuit toti conciHo quabter recuperatio
Terr;e Sanctae , quae sibi (3) praecipue et generabter
cuibbet fideli cathobco summe est desideranda, (et ta-
men quia est diutius in dilatione posita et nimium re-
tardata justorum desideria, protenditur sui et cujusii-
bet cathoHci afflictiva) nunc erat efiiectui proxima (4),
praesertim cum rex Franciae Philippus, praesens, sibi
per suas patentes iitteras (quae statim leclae sunt in
pleno concilio) fideliter promisisset quod, infra an-
num,cum liberis, fratribus suis, necnon procerum
regni sui et aliorum regnorum raultitudine copiosa,
crucem assumeret , et ab instantibus martii kalendis
ad sex annos iter arriperet ad transfretandum in sub-
(i) Mss., proniissurus ,
(2) Prov., X, 24.
(3) ]\ous supprimons ici le mot fiai, qui ne fait rien au sens.
(4) Mss., justorum desiderii per lotius sui et cujuslibet cathnlici nj-
flictiva (ou affectiva) num erai officium proxiina. La correction effcc-
tui j)0iir nfficium esl empruntce au Ms. 49'^ • A. D'Achcrv avail im-
prime rjjici pro.xima.
392 CONTINUATIO CHRONICI
sldlum Terrag Sanctae ; quod si moi te vel alias esscf
legitimo irapedimento excusandus , primogenitus suus
ad Iioc exequendum se fideliter obligavit; sed nihil fe-
cit. Qua de causa praelati devota affectione decimas ad
sex anuos concesserunt eidem; quorum videlicet tam
regis devotionem , quam decimarum obligationem
summus pontifex et sacrum conciiium approbaverunt :
et sic fuit illa sessio terminata.
Priusquam concilium solveretur, post habitos trac-
latus varios de bonis Templariorum, quibus vel ad
quos usus essent potius applicanda, quibusdam con-
sentientibus quod nova religlo ad quam applicarentur
csset fundanda , alilsalia dlcentibus; tandem providit
apostolica sedes, regibus et praelatis assentientlbus ,
eadem In favorem Terrse Sanctae integrallter adfratres
Hospitalis devolvi, ut ad ejusdem terree recuperatio-
nem slve subsidlum possent effici fortlores ex ipsls :
sed ut apparuit processu temporls, facti suntdeterio-
res. De personls autem remanentibus nondum fuit ad
finem.
Porro etsi de aliquibus statum vel reformatlonem
ecclesiee universalis tangentlbus, quod tertium princl-
pale intentum, allqua prolocuta fuerlnt, et eorum
ordinatio, seu provisio, seu decisio a praelatls et aliis
quorum intererat, priusquam conciliura solveretur,
et Instanter et plurles a Papa peteretur, de qulbus
< liam ipse Papa , ut dlxerunt allqul, decrelales quas-
dam , praeterea constltutiones cdldit et statuta; nun-
quam tamen in dicto conclllo fuerunt publice promul-
gata, sed penltus judlclo apostolico libere fuerunt
rcservala, et ad plenum dimissa.
Henrlcus Romanorum rex per Pisas , Plumbinium,
I
GUILLELMI DE NANGIACO. 393
Vlterbium atque alias civitates Italise mullas in pace
pertransiens , circa festum Ascensionis dominicae, ob
suscipienda suae coronationis insignia, Romam ten-
dens, in ipsiusurbis introitu cum fratris Roberti Sici-
liae regis et Ursinorum familia prius habito vehementi
conflictu, per portam sanctee Mariae de Populo civi-
tatem ingreditur, et ad sanctum Johannem in Late-
rano a toto populo recipitur cum honore. Illic sane,
etsi a suis preefatis hostibus conflictus terribiles pas-
sus (i) fuerit et assultus , (ut etiam Leodiensis episco-
pus et Albanensis, de Vurs Thurich (2) quiclam, co-
mes de Sabaudia et alii plures de suis ibi corruerunt)
demum tamen ad festum sanctorum Petri et Pauli (5)
in ecclesia memorata per praefatos cardinales, domino
Ostiensi missam celebrante, aliisque cardinalibus ex
utroque latere cum episcopis, abbatibus aliisque ad-
stantibus multis, de mandato summi pontificis quod
ibidem coram omni populo et clero fuit lectum , cum
ingenti suorum gaudio et adversariorum tristitia, im-
periali diademate coronatur.
Suscepta itaque corona imperii, famam sui norainis
amplius dilatare cupiens ut Augustus , suo rebelles im-
perio civitates Italiae circuire, et sibi cum valida et
armata manu subjicere potenter accelerat et audacter.
Egressus siquidem ab urbe, et Tudertum decima
quinta die mensis julii cum honore susceptus, ac
exinde tandem Perusium; cum ipsum nollent recipere
(i) Mss., prncessus.
(2) D'Achery, de viris Thrich. Cetait probablcment un seigneur dc
rarraee du comte de Savoie , Amedee le Graud , qui etait alors ii la
suite d'Heari YII.
(3) I.c 29 juin.
304 CONTINUATIO CHRONICI
Peruslni , villas et domos quamplures comitatus eorum
igni vei ferro tradidit, fructus et vineas exstirpavit,
et castraaliqua expugnavit. Et sic venit Areiium, quasi
per milliare centum a Perusii civitate distantem, ubi
vigesima die mensis augusti cum gaudio et honore
recipitur. AcdeindeMontem-Garchiet castrum Sancti-
Johannis comitatus Florentinorum expugnans, cas-
trum quod Ancisa dicitur occupavit, hablto cum eo-
rum potestate conflictu et eorum qulngenlis armatis.
Demum mense septembris appuisus Florentiam , et
eam obsidens a loco sanctae Crucis usque ad hospitale
sancti Galli , totam partem ilhim ad Talpes super ISi-
gellam destruxit, et igne succendit. Pugnavlt etlam
una vlce contra portam sanctae Candldae , et hablto
cum vigore triumpho, cum, Arno transito, per vallem
quae dlcitur Hemajuxta sanclam Margaretara venisset,
et aliqui ex Lucanis et Senensibus milites gentem suam
invaderent, ipsi a (i) domino de Flandrla suo mares-
callo exercitus usque ad portam sancti Petri Gartulini
fugati fuerunt, ubi plures de praedlctls hostibus cor-
ruerunt. Caeterum cum In Sancto-Casslano tentorils
fixis, totumducatum (2), Livari excepto, et postea Po-
dium Bonigi et Casuli receplsset, gente sua terrara
Illam muniens mense martio revertltur : etlamque
regem SlcIIiae Robertum, quem Ibi hostem senserat et
rebcllem, in platea sanct£e Katherlnae publice cltavit,
quatijius Aretium coram ipso, sub poena coronae et re-
gni, Infra tres menses compareret.
(i) Corrige par d'Acliery. Lcs l\lss., scnirm siiain i/ivaslnrerit
i/ui a domino
(2) Id. J.es Mss., luciatiiin.
I
i
GUILLELMI DE NANGIACO. 395
Petrus (i) de Gavastone, natione Gascus, cui rex
Eduardus Cornubiae comitatum contulerat, sed se ip-
sum , ut supra retullmus, erga barones Anglipe non
mcdiocrlter effecerat exosum (2), tandem a comite de
Lancastre , aliis multis assentientibus consiliumque,
opem etfavorem praestantibus, in castro Lond — (5)
repertus detinetur et capitur, moxque a quibusdam
Gallantibus , quospraedicti proceres ad ejus occisionem
credebanlur excerta industrla misisse, truncato capite
ignominlose privatur. Et sic quamvis in principio su-
per hujus factorex Anglisenon mediocriter contrista-
lus, et ad iracundiam multum provocalus fulsset, tan-
dem tamen interipsum et proceres per duos cardinales,
Albanensem videlicet Papae camerarium et allum
quemdam, qui ad hoc missl fuerunt, pax et concordia
reformatur.
Clrca natale Dominl Eduardo regi Angliae ex con-
jugelzabella nascltur fillus nomine Eduardus.
Slmon prius Noviomensls, sed nunc Beivacensisepi-
scopus viam universae carnis ingreditur; cui Johannes
de Marigniaco , frater Engueranni , cantor Parisiensis
eccleslae, In eplscopatu successit.
MCCCXIII.
Die Pentecostes, Philippus rex Franciae Ludoviciim
primogenitum suum Navarrae regem Campaniae et
Brlae comitem, ne<uion duos ejus fratres Phiiippum
(i) Correction de d'Achery. Mss. Porro.
(2) Id. 3Is. 435, efferebat et exosum ; Mss. 999 et 4921 A, nm me-
diocre et exosum.
(5) Londinciisi? D'Acherj , qui a hi in castro concilio , a imprime
en niarge Scarburgh. Ce fut en efict dans le chateau de Scarhorough
que Gaveston fut assiege et fait prisonnicr par le comlc dc Pcmhrock.
396 CONTINUATIO CHRONICI
et Kaioliim, una cum Hugone duce Burgundlae, Gul-
done Blesensi , allisque quampluribus regni nobilibus
mllites novos fecit, vel accinxit balteo milltari ( i ), rege
Angllae Eduardo et Izabella regina regis Franciae filla
prtTsentibus, qui ad decorandum militlae eorum nova
primordia illuc advenerant cum Anglorum noblll co-
mltlva (2).
Eodem concursu temporis, die mercurli post Pen-
tecostes (3), Phlllppus rex Franciae, una cum tribus
filiissuis praefatls novis mllilibusjam efFectis, necnon
rex Angllae Eduardus et regni Angllae potentes, de
raanu cardlnalls Nlcolai, ad hoc a summo pontifice
destinati , crucem pro transfretando In Terrae Sanctae
subsldlum assumserunt, et idlpsum postmodum non
modlca communls populi multltudo, audltis ad hoc
factls praedlcafloulbus, per devotlonem (4) facere ma-
turavlt.
Princeps Tarentinus, circa festum sanctae Magda-
lenes , fillam coinitls Valesil ex conjuge Katherina , he-
redem Constantlnopolltani imperil, desponsavit; ejus-
dem sororem licet juvenem (5) secnm desponsandam
Jfilio suo ducens.
(i) Ici saiTetait I'alinea que nous avons supprime au conimencement
de Tan i5i2. Voy- ci-dessus, p. BSg , not. 5.
(2) On trouvera sur les fetes qui furent donnees a Paris a ['occasion
de cet evenement de curieux details dans les Grandes Chron., t. Y,
p. igS, dansla Chron. metr. de Godefroy de Paris, publiee par M. Bu-
chon, p. 180 et suivantes, et dans la Fie cle Clcment F, par Jean
de Saint-Victor. Baluze, Fitce papai-um Avcnionensium, t. 1, p. 20
et2i,
(5) Le 6 juin.
^(4) Mss., auditis ad hoc satis primoribus devotioneni ; d'Achery
proposait de lire prmdicationibus per dcvot. Nous completons la cor-
rection en ecrivanty/zc//.y au Heu de satis.
(5) Les Mss. portcnt juvcnem licet juvenem. II n'csl pas doutcux
GUILLELMI DE NANGIACO. 397
Dle martis post festum sanctae Magdalenes ( i ) , apud
Curteriacum, convocatis illic, de mandatoregis Fran-
ciae, baronibus et praelatis, inter regem et Flandren-
ses fit pacis compositio in hunc modum; scilicet :
quod Flandrenses de summa pecunise alias ordinata
regi ad plenum satisfacerent , necnon fortalitia sua ,
infra certum tempus eis praefixum ex nunc, a Brugis
et Gandavo incipientes et usque ad operis consumma-
tionem perseveranles , propriis sumptibus et expensis
usquequaque, ut fieri judicarent a rege super hoc de-
putati qui experti forent in talibus, facerent demoliri;
domino Roberto domini comitis Flandrensis filio, nec-
non totis Cortriaci castellis (2) cum suis pertinentiis ob
hocdatis obsidibus ad cautelam et firmitatem majorem.
Henricus Romanorum imperator Robertum Siciliae
regem , qui statuto slbi tempore praefixo apud Aretium
coram ipso comparere contempserat, palam et publice
regno et corona pariler privavil. Quam tamen priva-
tionem papa Clemens in suis constitutionibus, eo quod
citatio facta contra dictum Robertum non esset debita
et rite facta , quia non erat citatus in tuto loco, nul-
lam penitus esse dixit; et, si aliqua, totaliter annul-
lavit propter etiam multas (5) alias causas quae ibidem
qu'il ne faille lire sororem, ainsi que l'avait propose d'Achery. — Le
mariage de Philippe de Sicile, prince de Tarente, avec Catherine ,
fille de Charles de "Valois et de Catherine de Courtenay, eut lieu le
5o juillet i3i3.
(1)24 juillet.
(2) Les Mss. portent tota C. castella.
(5) Dans toutes les edit. precedentes apres le mot adnullavit com-
kmence une nouvelle phrase : Papa etiam multos , etc. Pour lui don-
ler un sens d'Achery avait propose le complement termi/iavit , adniis
kpar La Barre.'En rejetant cette addition, MM. les editeurs des Ilist.
398 CONTINUATIO CHRONICl
allegantur, quas liic admlttere non est praesentls ope-
ris. Ordlnatoque mense julio contra eumexercitu, per
comltatum Senenslura sibi rebellium iter faclens usque
ad locum qui dicitur Insiila, raulta eis intulit detrl-
raenta. Tandem vero applicans Bauconventum, post
peractas raultas et irisignes victorias, morbo parlter et
febre correptus, vel , ut dicebant aliqui , Eucharistiam
suraendo (^) de raanu sacerdotis et proprii confessoris
de ordine fratrura Preedlcatorum existentis , corrupti
pecunia per regem Robertum vel, ut verius creditur,
per Florentinos sibi adversarios, veneno potionatus,
dlera vltse clauslt extreraura. Cujus corpus Pisas est
translatum , et in ecclesia cathedrali honorifice turau-
latura.
Philippus rex Franciae circa festum beatae \irginis
raonetara Burgensium , quamfieri fecerat, etper bien-
nium ad denarium Parisiensem (2) cursum suura ha-
de Fr. ont iinprirue une phrase sans verbe : Papa etiam multas alias
causas, quce ibidem allegantur, quas hic admittere tion est prcesenti
operis. Sans rien ajouter ni retrancher nous croyons avoir retabh le
veritable sens du passage eu rendant par propter et non par papa
l'abbreviation ppa des Mss. et eu modifiant la ponctuation. Yoici le
passage coriespondant des Grandes Chron , t. V, p. 200 : « et se au-
cune estoit, du tout il rannichiloit pour moult de causes, lesquielles
sonten ses constitucions alleguees, et seroient moultlongues ii mettre
en escript. »
(i) 11 fantentendre que l'empereur recut une hostie empoisonnee.
11 mourut le 24 aout i3i3.
(2) Les mots dcnarium parisicnsem, omis dans toutes les edit. quoi-
qu'ils soient repetes par tous les Mss., nous seniblent d'autant niieux
places ici que Philippe le Bel, ainsi qu'on Ta vu plus haut, avait en
eflPet donne aux simples et doubles hourgeois la valeur des simples et
doubles parisis. Yoir ci-dessus, p.387, 388; quant aux lignes qui
suiveiit, ne pouvant en retablir le sens a cause dc la lacune, nous les
reproduisons d apri-s d'Acherv en avant soin de donner toutefois le
GUILLELMI DE NAISGIACO, 399
buerat, quod alias in regno Franciae fuerat inauditum,
praesertim cum justi pretii et ponderis sequitate caeteris
paribus solummodo aequipoUeret vel parvis Turo-
nensibus in valore, ad solitum et antiquum parvorum
bonorum Parisiorum cursum volens reducere , pari-
ter et Turonensem monetam ejusdem valoris et pon-
deris quo fuerat tempore beati Ludovici fabricari fecit;
florenos ad agnum, qui in quindena pro viginti duo-
bus solidis parvorum Burgensium comitis ponebantur,
usque ad aliam super hoc ordinationem pro quindecim
solidis Turonensibus dumtaxat cursum suum habere
decernens. Fecit insuper edicto regio et sub poena
amissionis totalis bonorumdistrictius inhiberi publice
et proclamari, ne quis alia moneta quacumque auri
vel argenti allter, vel sub alterius aestimatione pretii
uteretur publice vel occulte : quamquam ex hujus mu-
tationis causa subita multum exierit murmur in po-
pulo in brevi , quod multa damna saltem exinde per-
pessi sunt et incommoda, et praecipue mercatores, qui
ob hoc una cum aliis, in locis pluribus atque (i) spe-
cialiler prope Parisius , insidiati sunt malitiose nimium
et pro tunc per servientes super hoc deputatos.
Eodem concursu temporis ecclesia beatae Mariae de
Escoys, quamEnguerannusdeMarignlaco nuper sedi-
ficaverat, et in ea canonicos instituerat, dedicatur.
Cardinalis Nicolaus sub poena excommunicatlonis (2)
texte des Mss. Le voici : prcesertim justi pretii et ponderis cequitatem
cceteris partibus solido ou solo cequipolleiit. Apres la lacune nous avons
iraprime ad solitum au lieu de ad solidum, d'apres le Ms. 4921 A.
(i) Les Mss. et les precedentes edit. . quce.
(a) Mss., canonis. La correction de d'Achery cst confirmee par la
Chron. de Saint-Denys .• « sus paine de escommeniement. »
1
400 CONTINUATIO CHRONICI
lateesentcntiaeauctoritateapostolica districteinhibuit,
ne cjuis constilutionibus novis, quas aliqui post tem-
pus concilii generalis emanasse de curia, et eorum co-
piam se habere dicebant , uti praesumeret in judiciis
aut in schobs, cum de conscientia summi pontificis
minime processissent , et alias super hoc intenderet
providere. Generaliter etiam , circa festum beati Dio-
nysii, omnia torneamenta (i) districte prohibuit, tam
in torneantes quam in eisdem faventes, necnon in
principes permittentes sententiam excommunicationis
ipso facto proferens, et eorum terras interdicto eccle-
siastico supponens. Postmodum tamen dispensavit
Papn , ad requestam puerorum regis ac aliorum nobi-
lium (2) qui novi milites efFecti fuerant cum eisdem,
ut nonobstante hujusmodi inhibitione, per tres dies
antecaputinstantis Quadragesimae , hacvice dumtaxat,
se ipsos in ludis hujusmodi licite exercerent.
Guichardus Trecensis episcopus, quem super pro-
curatione mortis quondam reginae Johannaefuisse sus-
pectum supra retulimus, per confessionem cujusdam
Lombardi cognomineNofle, Parisius ad mortem judi-
cati pro suo crimine et suspensi, innoxius est repertus.
Orta dissensione maxima, quamvis ex occasioiiemi-
nima vel modica, et quae de facili sedari potuisset a
principio, inter ducem Lotharingiae (3) et Metensem
(i) Tous lestournois oujeux d'armes.
(2) Les Mss. et les deux premicres edit., pueroruin nobilium ac alio-
rum nobiliiim ; Hist. de Fr., puerorum nobilium ac aUoriun qui, etc.
Grandes Cliron., « a la requeste des fds du roy et de pluseurs autres
nobles. »
(3) Ferri IV, dit le Lutteur, etait duc de Lorraine en i5i3. Mais les
auteurs de VArt de virif. les dates altribuent a son pere Thibaul II,
ceUe querclle avec l'eveque de Meaux qu'ils rappoitent a la fin de i5og.
I
GUILLELMl DE NANGIACO. 401
episcopum (i), tandem iitriusque partis exercitibus
congregatls juxta castrum quod Fleve dicitur, dle jo-
vis ante festum saucti Martini hiemalis, inter eos acre
bellum commlttltur, et episcopus cum suo exercltu,
licet inmultitudine, virtute et potentia exercltumdu-
cis excederet , adversariorum (2) industria et prudenti
astutia superatur. Episcopi namque exercituper villas,
planiclem vel districtum contra ducis exercitum pro-
perante, ducis exercitus , qul jam adversae partls capl-
tlbusemlnebat, montem ascendens, et illico de equis
descendens, tanto impetu cum calculls et lapldlbus,
quorum illic ingensabundabat copla^ allisque vexilibus
utensilibus aptis peditibus (3) tam potenter in hostes
irrruit, quod corum quampluribus quasi ducentis vel
circiter interfectls, rellqul fugere sunt compulsi, et
nonnullos in proximo decurrens fluvius fugiendo sub-
mersit. IlIIc etlam comes Barri (4) , Metensis episcopl
nepos, comes deSalmis ejus filius, et alll nobiles, qui
partem praefati fovebant episcopl , capiuntur; qui ta-
raen postmodum multa pecunia sunt rederapti , et slc
de carcere tandem de diuturna duclscustodia liberati.
Mortuis scilicet Guidone Suessionensi et [Johanne]
Catalaunensi episcopIs,GirardusdeMalomonteSuessio-
nensis, et Petrus de Latilllaco regls cancellarlus Cata-
launensis pontifices efTicIuntur (5) et a Rothomagense
(i)Renaud de Bar.
(2I Mss , adversarios. Corrige par d'Achery.
(5) Avec d'autres engins porlalifs propres a l'infanterie.
(4) Edouard I^''.
(5) Les edit. precedcntes, Catalaunetisis , a pontijicibus eta,e\.c.
jVous adoptons la correction du Ms. 49'^' ^-
I. 26
402 CONTINUATIO CHRONICI
ai'chlepiscopo prlma domlnica in Adventu in ecclesla
monialium juxta Pontlsaram consecrantur.
Guidone Sllvanectensi defuncto In episcopatu suc-
cessit....
Totius quondam ordinls Templl generalis sive trans-
marinus maglster cum aliis tribus, scllicet visitatore
eorum in Francia, necnon Aqultanlae et Normanniae
maglstris, de qulbus ordlnare finallter reservaverat
sibi Papa, de mandato ipsius per domlnum Albanen-
sem aliosqueduos cardlnales legatos, Senonensi archie-
piscopo, aliisque qulbusdam praelatls necnon in jure
dlvlno etcanonlco perltis (i) ob hoc speciallter Parisius
convocatls , et eorum coramunlcato consllio , cum
prsedlctl quatuor, nullo excepto , crimlna sibl Impo-
slta palam et publice confessl fulssent, et in hujusmodi
confesslone persisterent finallterque velle perslstere
viderentur, de prsefato consllio multa cum maturltate
dlgesto, In platea communl parvlsll Parisius eccleslae,
dle lunae post festum beati Gregorii (2), adjudicati
sunt muro et carceri perpetuo retrudendl. Sed ecce
dum cardlnales finem negotlo imposuisse credldlssent,
confestlm et ex Insperato duo ex ipsis, videlicet trans-
marinus magister et maglster Normanniae, contra car-
dinalem qul tunc sermonem fecerat et Senonensem
archlepiscopum se pertinaclter defendentes, ad abne-
gationem tam confesslonis quam etiam (5) eorumom-
(i) Los Mss. et les edit. precedentes donnent pnriler ; le sens exige
pcrilis , que les derniers editeurs de notre chronique ont propose seu-
lcmeiit dans une note. Plus bas nous '\\n\i\''\mons fuialiterque au lieu de
Jinaliter quod, lccon vicieuse des Mss.
(2) Le 18 mars i5i4
(3) Correction du Ms. ^cfti A. Les autres Mss. et les edit. portent :
ml nbncv^ation. confessionis tani ctinni.
GUILLELMI DE NANGIACO. 403
nluin quae confessi sunt revertuntur, nec reverentiae
parcenles, non absque multorum admiratlone. Et dum
a cardinallbus in manu praepositi Parisiensis , qui
praesens tunc aderat , ad custodiendum dumtaxat tra-
duntur, quousque die sequenti deliberationem super
his haberent pleniorem ; confestim ut ad aures regis,
qui tunc erat in regali palatio , hoc verbum insonuit,
communicato cum suis, quamvis proinde clericis non
vocatis (i), prudenti consilio, circa vespertinam horam
ipsius diei in parva quadam insula Secanae^ inter hor-
tum regalem et ecclesiam fratrum Heremitarum (2)
posita, ambos pari incendio concremari mandavit. Qui
(t) Texte retabli par d'Acher)^ Les Mss. portent : communicato
quamvis proinde cum suis clericis.
(2) Les jardins du roi occupaient l'endroit ou est la place Dauphine
et une partie du terre-plein du Pont-Neuf. Le marche a la volaille est
eleve sur l'ejnplacement du monastere des freres ermites de Tordre
de saint Augustin. L'ile ou fut brule Jacques de Molay se noramait
l'ile aux Juifs. Notre chroniqueur loue la fermete et la resignation du
grand-maitre et de ses compagnons ; mais il ne rapporte point les
dernieres paroles du grand-maitre , qu'on a trop legerement revoquees
endoute, peut-etre parce qu'elles ont ete im peu denaturees par les
historiens modernes. Qu'on nous permette de reproduire ici le curieux
temoignage d'un chroniqueur qui avait assiste a la sanglante execu
tion de Tile aux Juifs :
Le mestre, qui vi le feu prest,
S'est depoillie sans nul arrest ;
Et, AiNsi coM I.E VI, devise.
Tout nu se mist en sa chemise
Llement et a bon semblant.
N'onques de rieus n'ala tremblant
Combien qu'en le tire et desacLe.
Pris Tont por lier a restache.
Cil liez et joiant s'i acorde;
Les mains li lient d'une corde
Mes ains leur dist : « Seignors , au moius ,
•■ Lessez-mo! joindre un po mcs maius
404 CONTINUATIO CHRONICI
sic paratum incendium prompto animoet volenli sus-
tinuisse sunt visi, ut prosuee mortis constantia et ab-
nep-atione finali cunctis videntibus admirationem
raultam intulerint ac stuporem ; duo vero reliqui ad-
judicato sibi carceri sunt reclusi.
MCCCXIV.
Margareta Navarrae reginajuvencula, et Blancha re-
gis Navarrse Karoli fratris junioris uxor, pro adulterio
ab eis lurpissime frequentato et perpetrato cum Phi-
lippo et Galterode Alncto fralribus militibus, a prima
videlicet cum Philippo et altera cum Galtero, suis exi-
gentibus culpis, a propriis repudiatae conjugibus,
omni non immerito honore temporali privatee, de-
putantur carceribus (i), ut ibi sub arcta custodia,
omni humano destitutae solatio, infeliciter agerent
vitara , et miserabiliter finirent. Duo vero praefati
" Et vers Dieu fere m'oraisou.
€< . . mourir me convient bremcnt
<< Diex set qu'a tort et a pecliie.
« 5'era 'vendra eii bricf lemps meschie
>< Sus cels qiii nous ilampnent a tort ;
« Diex en 'vengera nostre mort , etc .
Eu ceste giiise fu desfet
Et si doucement la mort prist,
Que cliascuus merveillex en fist.
GoDEF. DE Paris, p. 2 K) ct suiv. Si dc p.TreJls recits se repandircnt
parnii lc peuplc (ct, saus nul doule, il en fut ainsi), ou pcut se figu-
rer riiuprcssiou quc produisircnt sur les esprits la mort de Clement V,
arrivce un mois a pcine aprcs le supplice de Jacques de Molay, et 1.^
mort de Philippc IV qui lc suivit dans la meme annee , a six mois de
distance.
(i) La Chroii. dc 5rt//;/-Z)e«j-.y dit qu'elles furcnt enfermeesan Cba-
teau-Gaillard cu iSormandie, t. Y, p. 2o5.
GUILLELMI DE NANGIACO. 405
milites cum iion solum iiequam (i) adulteri, sed
et dominorum suorum conjugii violatores nequis-
simi , qui de ipsis , tamquam familiaribus nimis
domesticis, prsecipuam gerebant fiduciam, cumque
de eorum vestibus (2) et familia reputarentur vera
scientia , et erant pessimi proditores, necnon mulier-
culis ipsis, adhuc setate juvenculis , quas , prosexu fra-
gili , suis lenociniis et blandimentis illexerant, raulto
raagis in facto culpabiles; apudPontisaram, die vene-
ris post Quasimodo (5) , confessi sunt hoc scelus
quasi per triennium frequentasse , pluribus locis et
quandoque (4) temporibus sacrosanclis. Proque tanti
perpetratione flagitii ignominiosae mortis genus et
poenam luentes, in communi platea Martrei , cunctis
videnlibus, vivi excoriati , eisquc virilibus una cum
genitalibus amputatis, caesisque capitibusad commune
patibulum Iracti , cunctisque omnino corio denudatls ,
per spatulas (5) et brachiorum compagines suspendun-
tur. Postmodum juxta eos ostiarius, quasi qui fautor
et conscius praedicti sceleris merito videbatur, multi
etiam tamnobiliumquam ignobilium utriusque sexus,
qui praefati facinoris consentientes videbantur aut con-
scii, plerique tormentis quaestionati fuerunt, aliqui
vero in aquis vehementibus submersi, plurimi vero
occultis mortibus perierunt; plerlque innocentes re-
(i) Lecon des Mss. ggg et 4g2i A. Les edit. portent tnnquam.
(2) De leurs livrees. INote de d'Achery.
(3) Le ig avril. La Chron. de Saint-Denys rapportc le fait au ven-
dredi de la semaine de Paques, 12 avril.
(4) Les edit. portent : idque pluribus locis et temporibus sacr., les
Mss., quandoque pluribus locis et temporibus.
(5) Par les epaules. Note de d'Achery.
406 CONTINUATIO CHRONICI
perti penitus evaserunt, inter quos praecipue quidam
frater Prsedicator, dictus episcopus sancti Georgii ,
qui aut sorlilegiis qui homines provocabant ad illi-
cita, cooperator et conscius meraorati flagitii diceba-
tur, quem aliqui dixerunt Parisius apud fratres Praedi-
catores carcere fuisse detentum , alii vero cardinalibus,
cum jam vacaret sedes apostolica , destinatum , et eo-
rum judicio derelictum. Porro etsi Johanna , dictae
Blanchae soror, sponsa Philippi comitis Pictavensis,
vehementer in casu habita fuerit in principio pro sus-
pecta , et a viro suo aliquamdiu separata, et apud Dur-
danum (i) castrum sub carcerali custodia reservata,
post inqutestam nihilominus ob hoc factam, a prae-
dicta suspicione purgata, inculpabilis et omnino in-
noxia in parlamento Parisius, praesentibus comile
Valesii et comite Ebroicensi multisque nobilibus aliis,
judicatur, et sic, anno minime revoluto, reconciliari
promeruit comiti sponso suo.
Papa Clemente Paschali tempore juxta Avinionem
viam universae carnis ingresso, sedes apostolica vaca-
vitdiutius, dissidentibus inter se cardinalibus et pro-
terve divisis, maxime tamen post palatii, ubi con-
gregati erant propter factum papalis electionis,
incendium, quod apud Carpentras, ubi pro electione
convenerant, per marquisium vicecomitem (2), ne-
(i) Mss.gQQ et 4y2i A, Dordonum. Les derniers editeurs ont ini-
prinie Durdnctum.
(2) Correction proposee par Baluzc , Vitcs pnpar. Avenion., t. I,
col, 687. Les Mss. ct les edit. precedentes portent marquisium Vicena-,
la Chron. de Saint-Denjs appelle ce personnage le marquis de An-
tonne ou Amplonnc. 11 sc nommait Bcrtrand dc Got et etait marquis
d'Anconne ct vicomlc de Loniagnc ct d'Auvillars. Voy. les chartes
citees par Baluze, dans ses notes sur la vie de Cleracnt V, t. I,
GUILLELMI DE NANGIACO. 407
potem Clementis papae iiuper defuncti, in favorem
cardinalium (i) Vasconum, qui contra alios cardina-
les, Italicos scilicet et Gallicos, electionera sibi ipsi
vendicare volebant, fuisse dicitur procuratum, et ex
certa sententia; maxime cum cardinales et alii, prae-
cipue mercatores, multa et gravia detrimenta in do-
mibus rebusque caeteris incurrissent. De loci vero ad
electionem congrui acceptione , Italicis dicentibus
quod ad civitatem Romanam esset eundum, aliis alibi,
reperti sunt non minus quam si principali facto elec-
tionis ageretur, contrarii et discordes (2). Verum ob
hoc quidamcardinaliumapud Auriacam civitatem, alii
vero Avinionem vel alibi , prout (3) proprius ducebat
spiritus , usquequaque quasi perdices territae disper-
guntur.
col. 618, 6ig. Nous retrouverons plus bas, a Taa iSao, ce nevea du
pape Clement, avec son titre deraarquis d'Anconne un peu defigure.
(i) Les Mss. et les edit. precedentes ne parlent que d'un cardinal de
Gascogne, in favorem cardinalis Gasconum. On serait erabarrasse de
dire a quel personnage devrait s'appliquer un pareil titre. Pariui les
dix ou douze cardinaux qu'avait crees Cleraent V a son avenement ii
y en avait quatre de sa famille, gascons par consequeut. Voy. Baluze,
t. I, col. 24, 63, 64. Aussi la Chron. de Saint-Dejijs parle-t-elle
de plusieurs cardinaux gascons , t. V, p. 200. Cest meme i ces cardi-
naux personnelleraent que Jean de Saint-Victor semble attribuer
1'incendie du palais de Carpentras. Baluze, t. I, p. ii5. Du reste la
correction que nous avons introduite dans le texte de notre clironi-
queur avait ete proposee par Baluze qui a cite ce passage dans ses
notes. Ib., col. 687.
(2) D'Achery a ajoute , dans cette phrase , les deux mots esset eun-
dum, etretabli les deux derniereslignes ainsiconcues dans les Mss. :
quam principali facto sunt contrarii electionis et discordes.
(3) En ajoutant ce mot indispensable prout , d'Achery a oublie sans
doute de faire disparaitre le mot quasi, qui ne s'est glisse lii que par
une inadvertance, et qui s'est neannioins conscrve dans toutes les
edit. : quasi prout proprius , c\.c.
408 CONTINUATIO CHRONICI
Dolens Angllae rex Eduardus per Scolos cum Ro-
herto de Brus eorum capitaneo princlpall terram suam
sibi tam injuste quam yiolenter seu fraudulenter erep-
tam (i) fuisse, ut dicebat; pro ejusdem recuperatione
nititur tolis pro viribus regnum suum graviter incur-
sare. Circa festum decollatlonis (2) sancti Johannis
collecto suorum exercitu copioso, indiscrete pariter
et pompose cum eis in planis congreditur : mox de
ipsis cum satis pauclores essent in numero, pr.nesumens
optabilem habere trlumphum. Sed confestim aciebus
Anglorum valida adversariorum manu potenter con-
tritis(5), tandem rex ipse Eduardus divertens a prsello,
vlx cum paucis fugse prsesldlo se salvavlt : quod deln-
ceps Angllcis omnibus In opprobrium versum est sem-
piternum. llllc sanea minogi Scoligenae pede tanti fere
tantl poslti omnes (4) , eorum memorato duce scilicet
(1) Correction de d'Achery. LesMss., exceptam.
(1) Lisez infesto nativitatis S. Johannis. La decoUatiori de saiiit Jean-
Baptiste est celebree le 29 aoiit; or la bataille de Bannokburn dont il
est ici question eut lieu le lundi 24 juin i5i4. Voy. Thom. de Wal-
siNGHAM, Histor. brevis, p. 80, Jean Fordun, Scotichronicum, edit. in-8°,
t, IV, p. 1007.
(5) Correction de d'Achery. I\Iss., compertis.
(4) Dans cette chronique ou il y a tant de passages corrompus , il
en est peu qui le soient autant que celui-ci. Conime nialgre nos eirorls
nous n'avons pu deviner ce que 1'auteur a voulu dire, nous n'osons
inserer nos corrections dans le textc. Nous lirions cependant volon-
tiers de la manicrc suivante : Illic sane animosi Scotigemv, pcditan-
ics ct in ordinc positi omncs. La correction pcditantcs qui exprime
un fait rcmarquable est meme a peu pres certaine; Thomas de Wal-
singham ditforracllement que Robert combattit a pied et n'admitque
de rinfanterie dans son armee, parce qua la bataille de Fenkyrke la
cavaleric ecossaise s'etait cnfuie ct avait abandonne les fantassins.
TnoM. DE Walsingham , p. 8o. Voy. FoBDUN, t. IV, p. 1001. Qnant au
niot pcditantes , dc pcditarc, il existc dans la latinite du nioyeu agc
GUILLELMI DE NANGIACO. 409
Roberto du Brus quasi corde in medio mcmbrorum
posito, quamvis ut asserebant nommlli, cilicio potius
quam arrais protectl , a Domino , qui dat dignis victo-
riam , speciali fiducia praemuniti ( i ) , ut in suos omnes
et singulos non solum probitatis suae constantia flore-
ret, quin etiam humilitatis obsequio divinum patro-
cinium provocaret, pro sua et patriae libertate se ipsos
audaci constantia morti si necesse fieret exponentes,
adeo verisimiliter decertabant , non solum pariter, et
insignem victoriam reportaverunt de Anglicis, Glo-
cestre comite et aliis pluribus interemptis, pluribus-
que etiam magnatibus atque nobilibus vivis captis, qui
se populis postea multa pecunia redemerunt; .... tam (2)
ex redemptione captivorum quam ex praeda fugientium
collecta spolia dividentes , locupletati sunt admodum
et ditati plusquam solito , per omnia fortiores ef-
(voy. Du Cange), et nous troiiverons nieme dans le deuxieme volume
VaAverhe pediianler. Annee i53o.
(i) Le membre de phrase qui precede depuis quamvis semble se
rapporter aux Ecossais, tandis que le suivant, qui en depend essen-
liellement, se rapporte evidemment a Robert Bruce. Ilfaudrait donc
ouvrir avant le mot quamvis une parenthese qui se fermerait apres
provocaret , et, dans le premier membre de phrase, corriger protecti
et prcEmunili en protecto et prcemunito, ou peut-etre mettre protectus
etpnemunitus en sous-entendant esset. On litdans la Chron. d'Ecosse .
cui {Eduardo) rex Robertus cum paucis occurrens, non in multitu-
dine populi scd in Domino spem ponens. Fordun, t. IV, p. 1007.
(2) On pourrait , a ce qu'il nous semble , lire ainsi ce passage altere :
Adeo viriliter decertaverunt etfortiter, ut non solum insignem victo~
riam reportaverunt de Anglicis, Glocestre comite el aliis pluribus inte-
remptis , sed etiam, pluribus magnatibus atque nobilibus vivis captis,
qui se vinculis postea multa pecunia rcdemerunt , tam cx redemptione
captivorum, etc. Le texte ainsi retabli serait , pour la tournure ile la
})lirase, conforme aux dernieres lignes de Jean Fordun sur cetle im-
portante journee , t. IV, p 1008.
/ilO CONTINUATIO CHRONICI
fectl (i). Cteterum quamvis, hac peracta vlctoria, re-
giiiam Angliae Izabellam, quam in castro propinquo
cepisse vel obsessam ad deditionem corapulisse de fa-
cili potuissent , abire tamen libere et quiete speciali
metu vel amore regis Franciae , cujus erat filla, per-
raiserunt.
Flandrenses iterum baillivo regis de Corteriaco per
eos expulso, circa festum solemne contra regera Fran-
ciae spiritum rebellionis assumunt. Qua de causa ex-
communicationis publicatur sententia in omnes pacis
perturbatores, dissensionis conscios et rebelles, primo
Parisius in platea Parvisii, acderaum apud Tornacum,
Sanctum-Audomarum, Noviomum, AttrebatesetDua-
cum , videlicet per Remensera archiepiscopura et ab-
batem sancti Dlonysii in Francia , executores super
hoc auctoritate apostolica deputatos; quamvis in exe-
cutione sibi comraissi officii nonnulla itisidiarum
pericula sint perpessi : ferebatur tamen Flandrenscs
ab eorura sententla ad sedem apostolicam appellasse.
Dum itaque Philippus rex Franciae ad eorum expugna-
tionera varios direxisset exercitus circumquaque ,
Ludovlcura videlicet primogenitura suum Navarrae
regem apud Duacum, Philippum comitem Pictaven-
sem apud Sanctura-Audoraarum, Karolum tertium
juniorem filium cum Karolo Valesii comite apud
Tornacum , et Ludovicum Ebroicensem comitcra
npud Insulara , cum asslgnato unicuique certo nu-
(i) A l'appui de cette derniere assertion on peut citer le curieux
avcu dc Walsinghani ; il dit (p. 82 cotee par erreur 84) quc depuis
la bataille de Bannokburn la vuc dc deux ou Irois Ecossais suftisait pour
nicltrc cent Anglais cn fuite
GUILLELMI DE NANGIACO. 411
mero (i) bellatorum : demum tameii, spe pacls ha-
bendae, et sub certis conditionibus per comitem sancti
Pauli, Ebroicensem et Enguerrannum mediatores et
compositores inter partes [tractatis] (2) ; pro qua vi-
delicet confirmanda comes Flandriae et Flandrenses
venire ad regera Franciae tenebantur infra tempus eis-
dem preefixum , domino Roberto qui pro obside tene-
batur, et abis obsidibus primitus Hberatis, omnis exer-
citus regis Franciae memoratus inefficax, etiam et hac
vice defraudatus turpiter et illusus, satis celeriter et
nimis (3) de facili in hostibus fidem accommodans, ad
propria remeavit.
Circa idem tempus, dum apud Franquew^ort, prop-
ter electionem Romanorum regis, electores pariter
congregati fuissent, inter se invicem discordantes ,
quibusdam eorum faventibus (4) de jure electioni Lu-
dovici ducis Bajoariae, et ab aliis duce Austriae Frede-
rico [electo] (5), dictus Ludovicus alteri fortitudine
consilii foventiumque armorum potentia pariter ac
virtute praevalens, adversa parte immutata, Aquisgrani
postmodum in regem Romanorum regali diademate
coronatur circa festum Nalivitatis. Dux vero Austriae
posteaab archiepiscopo Coloniae, qui ejus partem fo-
vebat, non tamen Aquisgrani, fuit (6) circa festum
Pentecostes coronatus.
(i) Cori-ection de d'Achery. Lcs Mss. portent tevmino.
(2) D'Achery proposait de pace tvaclatur ; ce qui l'obligeait a ajou-
tei" plus bas sicque omnis excrcitus , etc.
(3) Correctioa de d'Acheiy. Les Mss., minus.
(4) Mss., videntibus . D'Achery proposait suffva^nntibus.
(5) Addition de d'Achery.
(6) Mss.,yMz/ postea civca, etc. Peut-etre faut-il Yiic Juii Bo/ue.
Voy. a Tan iSry, dans lc torae IL
41-2 COiMINUATIO CHRONICI
Extoisionis indebitse, exactionis injustae inventio
nova, insolita in regno Franciae, ab urbe Parisius specia-
liter, ubique dehinc assumsit exordium, undequaque
exactione accepta propter expensas in guerra contra
Flandrenses, ut dicebatur, factas; ita videlicet quod
ementes et vendentes, quilibet pro rata sua, de libra
sex denarios Parisienses vel amplius regi solvere coge-
bantur per ipsius consiliarios satellites et ministros.
Quam nonnuUi nobiles et ignobiles , necnon Picardi
cum Campanicis (i) per juramentum adinvicem
confoederati pro sua et patrise libertate, ferre nulla-
tenus sustinentes, ob Iioc viriliter se opponunt; et
tandem optatam obtinent libertatem, extortione de
mandato regis non solum in terris eorum, sed ubique
per regnum Franciae penitus et omnino cessante. Et
dixerunt aliqui quod praedicta exactio de conscientia
regis minime processerat, sed per ipsius consiliarios
et iniquos fuerat introducta.
Philippus rex Franciae, diuturna detentus infirmi-
( I ) Godefroy de Paris donne sur cet evenenient de norabreux detaiis,
qui pourraient seivir a remplir la lacune que presente ici le texte de
notre chioniqueur (p. 246 et suiv.) :
Les barons de France assemblerent,
Kt tous ensemble s'acorderent,
Et de France et de Picardie ,
Avecques celz de Normendie ,
Et de Rorgoiugne et de Cbarapaingne,
D'Aujou , de Poitou, de Bretaiugne,
Du Cbartrain, du Perche, du Malune ;
Celi d'Auvergne et celz de Gascoingne
Et de tout le royaume de France ;
Et distrent que tele soufrance
Ne porroient plus endurer, etc.
La confederation, comnie oa voit, aurait ete generale; niais peut-
clrc faul-il se dtlicr un peu de riniagination du poele.
GUILLELMI DE NANGIACO. 413
late, ciijus causa meclicls erat incognita, non solum
ipsls, sed et allis multls multi stuporls materiam et
admlratlonis inducit (i); praesertim cum infirmitatis
aut mortis perlculum nec pulsus ostenderet nec urina :
tandema suls apud Fontem-Blaudl , unde et oriundus,
se deferri praeceplt. Illlc sane non multos post dies ,
dlem sui obilus Imminentem considerans, tam dom.ul
suae quam etiam rei domesticae salubriter et intente
disponens, dominum Karolum, juniorem filium suum,
quem nondum hereditaverat, de comltatu Marchise et
terra clrcumjacente investivit. Sed et desalute anlmse
suse attentius cogltans, exactionem maletolta^, quae
jam ad aures ejus insonuerat, et ei multum displice-
bat, cessare fecit penltus etomnino. Tandemque tes-
tamento suo multa cum maturitate relecto, et sapien-
ter parlter et prudenter, quam fierl comraode potuit,
ordlnato; domino Ludovico, suo primogenito, jam
Navarrae regi , salubria salutis monita sapienter im-
pendens , et eidem efticaciter adlmplenda et sub minl-
tatione divinse pariter etpaternae maledictionls impo-
nens, necnon Ecclesiam sanctam catholicam, sed inter
caeteras beati Dlonysil regniFrancIae pecullarls patroni
specialius et famillarius recommendans : demum
post.... multorum et cunctis vldentibus qui aderant,
admirabili nimis etferventi anlmo sacramentis devote
(i) Villani et d'autres auteurs contemporains disentquePhilippe le
Bel perit des suites d'uue chute de cheval. Godefroy de Paris rapporte
aussi ce fait (p. 245); mais il incHne a croire que la vraie cause de la
mort du roi fut le chagrin que lui causerent la paix peu lionorahle
qu'on lui avait fait conclure avec Ics Flamands, la mort de Cle-
ment V, la honte puhlique de ses hrus, enfin les dcsastres dc son
gendrc le roi d'Angleterre. P. 240 et suiv.
414 CONTINUATIO CHRONICI
receptis (i), in confesslone verse et catholicae fidei,
anno regni sui tricesimo, die veneris vigilia sancti An-
dreae apostoli (2), feliciter spiritum reddidit Creatori.
Cujus corpus^ ut commodius et honestius fieri possef ,
ad sepulcrum patrum suorum, videlicet ecclesiam
beati Dionysii, deportatur, et ibidem in loco quem
vivens signaverat, in secretis honorifice, ut regalem
decebat majestatem, die lunae sequenti , viginti
quinque praelatis prsesentibus (5), scilicet archiepi-
scopo uno, videlicet missam celebrante, decem episco-
pis, decem et quatuor abbatibus, integraliter, corde
duntaxat excepto, ecclesiasticae sepulturae traditur.
(i) Corrections de La Barre. Les Mss. portent admirabiliumnimis et
feiventi valde , prcecipue sacramentis devote receptis.
[1) Le 29 novembre. La surveille de saint Andrieu (28 novembre),
sclon Godefroy de Paris. Le roi, dit ce cbroniqueur, recita d'abord le
Miserere, puis In te Domine speravi , toujours en s'aflFaiblissant; il
rendit le dernier soupir en prononcant In manus tuas Domine com-
mendo, et sans pouvoir ax-ticuler spirilum meum. En s'abstenant ici
de tout eloge , le continuateur de Nangis et Tauteur de la Chron. de
Saint-Denys fontassez connaitre quelies etaienta Tegard de Pbilippe
le Bel les dispositions de l'esprit public. Godefroy de Paris, nioins
timide, sefait 1'organe du mecontentement populaire (p. 262) :
Diex ses peclies si li pardoint !
Car po en a qui por li doint ,
Si n'est de son propre lignage ;
Car eu France vint grant damage
Au tcmps que le royaume teuoit.
Je ne sal dont ce li venoit ,
Mes encore assez l'eu se plaint.
Si e»t de li ; petit le plaiut.
(5) Mss., die luna; sequenti xxv prcelatis. D'Achery et les autres
editeurs apres lui ont iniprime die lunce scquenti vigesimo quinto,
prcelatis, etc, faisant rapporter a clic le uombre qui se rapporte a prce-
latis , en sortc que d'apres ce texte Philippe Ic Bel aurait cte enterre
sculemcnt le viugl-cinquicmc lundi qui suivit sa mort.
GUILLELMI DE KANGIACO. 415
Corautem ipsius, quodPoissiacumecclesiaemonialium
sancti Dominici tumulandum reliquerat, cum eamdem
ecclesiam a fundamentis construxisset , ipso die post
corporis sepulturam illic in crastino defertur tumu-
landum debito cum honore.
Ludovicus rex Franciae et Navarrae Catalaunensem
episcopum a cancellaria sua destituit, et eidem Ste-
plianum de Marnei (j) in jure civili expertum, et ejus-
dem Karoli avunculi sui cambellanum subrogavit.
Misit etiam circa natale Domini cambellanum et se-
cretarium suum Hugonem de Bovilla militem, cum
aliis certis nuntiis ad partes Sicilise, ad adducendam
Glementiam regis Hungariae filiam, sibi matrimonio
copulandam. Missi sunt etiam ambassiatores vel so-
lemnes nuntii a rege Francise apud Romanam curiam,
scilicet Girardus Suessionensis episcopus , comes Bolo-
niae , Petrus de Bleve miles in jure peritus, pro elec-
tione summi pontificis promovenda ; qui tamen parum
nut nihil profecerunt.
MCCCXV.
Enguerannus de Marigniaco miles admodum gratio-
sus, cautus, sapiens, astutus, auctoritatis et praee-
minentiae in populo plurimumhabuit, regisque Fran-
cijfi Philippi imper defuncti praecipuus inter caeteros
et principalis consiliarius; qui etiam quasi vel plus-
quam alter major-domus effectus, totius regni Fran-
ciae praesidebat regimini; per quem expediebantur
ardua omnia disponenda, et ad ejus nutum tamquam
(i) D'Ach. et La B., de Mavu^o , Ms. 999, de Manieyo , 4921 A ,
de Mornejo.
416 CONTINUATIO CHRONICI
praecellentis obedlebant omnes et singull ; a Kgirolo
Valesil comlte , Ludovlcl regls avunculo, allisque qul-
busdam (quibus in iiac parte communis arrldebat po-
puli multitudo) prseclpue tam occaslone frequentls et
solltae mutatlonis monetae, quam etiam extortionum
quamplurlum, quae tempore regls Phllippi defuncti
els Imposltee fuerant, suo nequam consillo, ut crede-
bant, coram Ludovico rege super varlls detestandls-
que nlmium criminlbus notorle (i) palam et publlce
accusatur turplter, et ad Ipslus Karoll suggestionem
tam ipse Enguerannus Parlslus apud Templum, quam
alli , quos plures pro custodlendo regls thesauro, vel
allls negotiis regls et regni praefecerat, clerlcl vldellcet
ofllicIaHs, laici vero Parisiensis praeposlti, quorum
etiam nonnulll varlls torraentis addictl, qusestlonatl
slmlliter, diversis carcerlbus manclpantur. Et llcet
mlles praedictus ob sul purgationem legitlmam saepe
et saeplus cum multa Instantla audlentlam postulasset,
obtlnere tamen non potult, praedlctl comitls impedi-
tus potentia; quamquam rexjuvenls llbenti anlmoju-
vare, et ipsl benlgniter in hac parte favere, saltem in
princlpio, volulsset. Dum (2) itaque quasl vla media
contra eum vellent procedere, et ut cum eodem mi-
tlus ageretur, jam quasi adjudlcatus dlceretur in Cy-
prum (5) Insulam usque ad regis revocatlonem exilio
(ij Texte retabli par d'Acliery. Les Mss. portent coram Ludovico
siiper.... criminibus coram rege. Les accusations contre Enguerrand
etaientau nonibrede quarante etune , on lespeutvoir dansla Chron.
dc Saint-Denys , t. V, p. 2i3 et suiv.
(2) Correclion de d'Acbery. Les Mss., Ductus.
(3) Cc noni tst 111 blanc dans les Mss.; c'est d'Acbery qui a rempU
GUILLELMI DE NANGIACO. 417
relegari : ecce adaures Karoll memorati repente per-
venit,quasdam statuarias imagines per Jacobumdictum
de Lor (i), et ejus uxorem et famulum, ad suggestio-
nem uxoris et sororis dicti Engueranni vel ipslus, pro
ipsius liberatione sortilegio factas, et ad maleficium
tam in regis quam Karoli vel aliorum peisonis ne-
quissime procurandum. Quo comperto dictus Jacobus
in carcere vinctus (2), ex desperatione laqueo se sus-
pendit, et postmodum uxor ejus incendio concrema-
tur. Sed et uxor et sorores (3) Engueranni carceribus
mancipantur, et ipse tandem Enguerannus coram mi-
litibus judicatus (4), communi latronum patibulo
lalacune. Les Grandes Chron. diseat aussi qu'Enguerrand devait etre
relegue en Chypre, niais jusqu'a ce qu'il plut a Charles de Valois de
consentir a son rappel.
(i) Surnom tire sans doute de la profession du personnage. Dans
deux Mss. des Grandes Chron. cites parM. Paris, t. V, p.218, note,
on lit que la dame de Marigni et sa soeur « firent venir a eulx une
maudite et mauvaise boiteuse qui fesoit Vor, et un mauvais garcon
qui avait uom Paviot, etc. » Cetaient lafemmeet le valet de Jacques.
(2) Correctionde d'Achery. Mss., mittitur.
(5) La Chron. de Saint-Denys parle seulement de la dame de Chan-
telou, soeur de la femme d'Enguerrand.
(4) Ces mots pourraient faire croire qu'Enguerrand comparut de-
vant ses juges, quoique le chroniqueur dise deux fois expressement Ic
contraire. Mais il n'en fut rien; car ii aurait eu trop beau jeu s'il lui
eiit ele permis de se defendre. En eftet , des le commencement de
I'an i3i5, les comptes de son administration avaientete, a son ins-
tante priere et par ordre du roi, examines et apures par une com-
mission dont le comte de Valois faisait lui-meme partie , et sur l'avis
de cette coramission, apres en avoir delibere en conseil, Louis X
avait donne a Tancien ministre de son pere, qu'il regardait encore
comme le sienpropre, une pleine etentieredecharge. L'acte solennel
qui en fut dresse existe en original. II a ete publie par M. Lacabane,
dans un curieux travail sur les fils de Philippe le Bel , insere dans la
Bibl. de 1'Ecole des Chartes , t. III, i" livr , p. i^-
1. 27
418 CONTINUATIO CHRONICI
Parisius est suspensus. Qul tamen de praedlctls malefi-
ciis nihll recognovlt, nlsi quod exactlonum ac monetae
mutationum cura aliis, non solus, fuerat In causa.
Nec audientiam super purgatione sua habulsse potue-
rat, quamvis eam instantius requisisset, et sibi in
princlplopromlsssafuisset : unde et ipslus mortls causa,
multis non omnino cognlta, multam admirationls
materiam induxlt et stuporls.
Petrus de Latilliaco, Catalaunensls eplscopus, de
morte regis Franclae Phillppl ac sui praedecessoris,
quse per eum dicebatur fulsse procurata , suspectus,
de mandato regls , sub nomlneRemensIsarchlepIscopi
in custodia detinetur. Radulfus etiam de Penoarlls (i),
suspectus, advocatus In parlamento praeclpuus vel
quasi , pro suspiclone consimlll detentus , et in carcere
apud Sanctam-Genovefam Parlsius positus, et diversis
quaestlonatus suppliciis, cum nihil omnlno de impo-
sitis sibi criminibus ex ejus ore extorqueri potuisset,
quamvis ob hoc gravia parlter et varia pertullsset tor-
menta, tandem llberablre permlttltur, plurlmis taraen
bonls suis moblllbus et immobillbus diversis collatis,
aliisque perdltls et distractis.
Margareta quondam Navarrse reglna , quam, sui le-
noclnii exigente Infamla, carceri manclpatam supra
raeminlmus, unlversae carnls viam Ingressa, Vernone
in ecclesia Fratrum Minorum ecclesiasticae traditur
sepullurae (2). Blancha vero In carcere remanens, a
(1) Chron. dc Saint-Denjs , <• Raoul de Praeles. «
.(2) Les historiens modernes s'accordenl a dire que Margueritc fut
^tranglee par ordre de son mari. Si elle niourut de mort naturelle,
comme le donnent a entendre tous les docunicnts , il faut convenir
que cette niort vint fort a propos pour tirer Louis X d'un grand
GUILLELMI DE NANGIACO. 419
serviente quodam ejus custodiae deputato dicebatur
impraegnata fuisse, quamquama proprio comite dice-
retur "vel ab aliis impraegnala.
Huguelinus , frater Margaretse reginae , juvenis Bur-
gundiae dux (i), cui successit frater ejus, de praesenti
vita decessit.
In provincia Senonensi, confoederati ad invicem
multi de populo, ad hoc, prout communiter fereba-
tur, quasi violenter inducti et quadam necessitate com-
pulsi , proplervexationes quamplurimas et extortiones
indebitas, quas, praecipue in curia Senonensis archi-
episcopi, per insolentiam et proferviam advocalorum
et procuratorum ipsius curiae, nequiler perpessi fue-
rant et de die in diem patiebantur injuste ; regem , pa-
pam ac etiam cardinales de ipsorum multitudine laicali
sibi prseficiunt, malum pro malis reddere statuentes,
et eorum maliciis obviare pertinaci malitia cupientes.
Sed dum ipsi plus aequo imitationis (2) excedunt limi-
tes, excommunicatione ad hujusmodi clericorum ins-
embarras. On a vu plus haut qu'en envoyant Hugues de Boville a
Naples, avec niission de ramener en France la future reine Cle-
mence de Hongrie, Louisavait expedie en meme temps des ambassa-
deurs a Avignon pour hater l'election d'un souverain pontife. II comp-
tait evidemment sur un pape qui dissoudrait son premier mariage
avant Tarrivee de sa deuxieme femme. Mais Louis futtrompe daus ses
calculs. Au printemps de l'an i3i5 les cardinaux refusaient encore de
se reuuir, et Clemence de Hongrie pouvait arriver en France d'un
jour a l'autre. La mort de jMarguerite de Bourgogne vint fort a propos
pour tirer Louis de ce mauvais pas; Marguerite mourut le jour meme
de l'execution de Marigni , le 5o avril i3i5.
(i) Hugues V, duc de Bourgogne, mourut avant d'avoir atteint sa
majorite; il eut pour succcsscur son frerc Eudes IV.
(2) Mss., plus insialionis. 3IM. les editeurs des Ilist. dc Fr. ont
propose en note sed duni ipsi imitntionis, etc.
420 CONTINUATIO CHRONICI
tantiam aut per ipsos se absolutos proninitiant, -vel
absolutos reputant,et ildem (i) sacramenta ecclesia-
stica subministrant, aut hsec a sacerdotibus fieri com-
rainatione mortis violenter et terrore procurant. Tan-
dem ad praelatorum quorumdam , qui ob lioc regem
cum instantia adierunt, supplicationem et requestam
detenti , ne facilitas veniae ad delinquendum prseberet
aliis incitamentum, poenarum inflictione (2) condigna
pro suorum qualitate excessuum puniuntur.
Circa ascenslonem Dominicam (3) Ludovicus quon-
dam Nivernensis et de Rethel comes, et Johannes de
Namurcio venientes, infamiliaritatem regis et gratiam
revocantur, praefatoque comiti dicti duo comitatus, a
quibus dudum privatus sententialller fuerat (4), resti-
tuuntur pacifice et quiete, quod plerisque occasionem
prsestitit multi murmurii et cachinni.
Die martis post Trinitatem (5), comparuerunt co-
ram rege abbas quidam Cisterciensis ordinis, et alii
procuratores Roberti comitis Flandrensis, dictum co-
mitem excusantes, quod quamvis personaliter venire
subraonitus pro pace confirmanda, quae anno praete-
rito fuerat prolocuta , venire taraen non poterat
competenter^ tam propter corporis debilitatem, quam
(i) Mss., exconimunicationis nd hitjus cicric. i?ist. nut pro se ipsos
(ibsol.... reputant et eisdeni.
(2) Nous avons adopte les corrcctions proposees par dAchery. Les
Mss. porlcnt nliis internii/iiuni, pcenaruni afflictione.
(3) Vcrs le 1*"^ mai.
(4) Louis, conite de IXevers ct de Rclliel, fils aine de Robert IIT
comte de Flaudre, s'elant echappe en iSog du Chatelet de Paris, ou
il avait ete enferme pour avoir cxcite les Flamands a ia revolte, fiit
condanine par contumace a perdie lous scs bicns.
(5) Le io mai.
GUILLELMI DE NANGIACO. 421
propter incursum hostium \n comitatu Flandrensi,
Quae tamen excusationes repulatae sunt frivolae, pro-
rogatoque die et submonitionis termino transacto,
tandem vigilia apostolorum Ifetri et Pauli (i) dictus
comes Flandrensisque populus adjudicatur contumax
et rebellis, compulsisque redire procuratoribus, Lu-
dovicus tamen comes INivernensis, et filius prsedicti
comitis, etdominus Robertus de Namurcio remansc-
runt in Francia cum rege Ludovico, pace FJandren-
sium sic infacta.
Sabbato ante festum sancti Johannis (2) tres mu-
lieres, quae potiones confecerant, quibus defunctus
Catalaunensis episcopus fuerat (5) , combustae fue-
runt in quadam insula brevi, quae erat in fluvio Se-
canae, ante ecclesiam fratrum Heremitarum sancti Au-
gustini.
Johannes filius [Guillelmi] (4) Flandrensis, domi-
nica in octavas Apostolorum desponsavit filiam comi-
tis Sancti-Pauli.
Hoc anno, medio mensis aprilis usque ad finem
(i)Le28juin.
(2) Le 21 juin.
(3) Mss., fueral suspectus. D'Achery a relegue en marge le mot
suspectus , parce qu'il semble inulile pour le sens, et ce retranche-
ment est justifie par la Chron. de Saint-Denys , ou on lit : « trois
femmes qui portoient poisons , et par lesquelles 1'evesque de Chaa-
lons, devancier de Pierre de Latilly, avoit este empoisonne, furenl
arses, etc. » T. V, p. 222.
(4) II y a ici dansles Mss. un blanc que d'Achery proposait de rem-
plir par le mot comitis ; mais ce serait une erreur. Jean de Flandre cjui
epousa, l'an i3i5, Beatrix, fiUe de Gui IV comte de Saint-Paul, etait
fils de Guillaume de Flandre seigneur de Tenremonde et viconite
de Clvateaudun, petit-fils de Gui de Dampierre ct frere da conitc
Robertlll, qui gouvcrnait la Flandre en i3i5.
1
422 COJNTINUATIO CHROJNICI
mensls julii vel circlter, facta est Inundatio pluviarum
quasi contlnua, frigusque sestivo tempore insolitum;
propter quod nec segetes, nec vineae ad maturitatem
congruam poterant pervenire : et ob hoc, maxime
toto mense julio vel quasi , factae sunt processlones
devolae a clero etpopiilo. Vldimus namque per quln-
decim dies contlnuos, apud eccleslam sancti martyris,
maxlmam utrlusque sexus multltudlnem una cum
clero,non tantum de prope, imo etiam a quinque
leucis et amplius, etiam nudis pedibus, qulnlmo, ex-
ceptls mulierlbus, totis nudis corporibus processio-
nnllter confluentem , Ibique deferebantur corpora
Sanctorum devote, et allae relicpilae venerandae. Nec
tantum (i) in dloecesi , Imo etiam In Carnotensl, Ro-
thomagensl , allls quoque regni Franciae partibus con-
similes processiones fiebant.
Eodem tempore, julio mense, in festo beatae Chri-
stinae (2) Ludovicus rex Franciae, accepto vexillo apud
Sanctum-DIonysIum , quod dicltur auriflammn , et
domino Henrico de Herquerl mlllti tradlto, proficis-
cens in Flandriam ultima dle mensls ejusdem , reginam
Clementiam sibi matrimonlo copulavlt domlnica se-
quenti, In festo inventionls sancti Slephanl prolo-
marlyris (5). Ipsis vero parlter coronatis et sacra un-
(i) Correction de d'Achery. Mss., necnon.
(2) Le24 juillet.
(5) Le dimanche 5 aout. — Bcrnai-d Guidonis {Vie de Clement F,
dans Paluzk , t. I, p. 82) met le mariage de Louis et de Cleinence au
5i juillet et leur couronnement au 3 aout. Cest cette opinion qu'ont
suivie les auleurs de l'edition in-8° de VArtdc verif. les dates , quoi-
qu'ils aientcite le continuateur de Nangisqui ne donne pas la date du
courouacment. Mais 11 y a erreur et dans le recit dc ce continuateur
ot dans celui de Bcniiuxl Guidonis ; car un ancicn compte, dont nous
GUILLELMI DE NANGIACO. 423
ctione consecratis , cum ipse rex ad castrum Flandriae
quod Insula dicitur applicuisset, movensque inde
exercitum, apud locum qui dicitur Bondrus (i) fixis
tentoriis pontera ibi parari fecisset; (hostesenim qui
ultra Lilium similiter tentorla fixerant, pontem illi
fregerant, ut ad illos cum exercitu suo transire non
posset) taiita illic inundatio pluviarum et ita continua
secuta est, ut usque ad poplites tam equi quam ho-
mines in luto et coeno multa angaria premerentnr.
Sicque tandem rex ipse , de baronum communi consi-
lio, licet non absque displicentia etamaritudine cordis,
cum nec ad ipsum nec [ad] ejus exercitum victualia
possent deferri ; tandem compulsus est exercitum II-
centlare infecto negotio, et reverti. Et ne hostes de
praeda locupletes fierent, ignem in tentoriis jussit ap-
poni, Quod videntesadversnrii, eestimantes nostrorura
exercilum in eos velle irruere per pontem paratum,
mox igne similiter in tentorils suis apposlto fugam
inierunt (2). lllic autem ante suum recessum rex ipse,
de avunculorum et fratrum baronumque consillo, re-
devons la communication a M. Lacabane, fait connaitre que Hugues
de Boville, partile 12 decembre i3i4 pour aller chercher la princesse
Clemence, n'avait ete de retour que le 8 aout i3i5. li faut donc s'en
rapporter a la Chron. de Saint-Denys qui met le couronnement an
dimanche apres Toctave de TAssomption, c'est-a-dire au 24 aout, et
le mariage au mardi precedent ig aout. Ces dates ont ete adoptees par
le P. Anselme et par les Benedictins qui ont publie Pedition in-foHo
de V Art de verif. les dates. Dans ce dernier ouvrage cependant le
mariage de Louis X et de Clemence est fixe au i5 aout, mais c'est
sans doute unefaute d'impression. Ge raariage eutlieu au chatcau de
Saint-Lie, pres de Troyes.
(i) D'apres les Chron. de Saini-Denys, il faudrait Corteriacuni ,
Courtrai .
(2) Cette circonstance n'est pas mcntiorinee dans les Grandes Chron.
424 CONTINUATIO CHRONICI
ginam Clementlam dlcitm^ de viginti millibus libris in
redditibus dotasse , praecipue apud Lorriz, Bogencia-
cum, Montargis, Fontem-Blaudi et alibi, et de hoc
litteras confecisse.
Hoc anno fuit vini defectus universalis in regno
Franciae alias inauditus, non solum in quanlitate, sed
etiam in qualitate.
Mense octobri , facto concllio Silvanectensi , prae-
sente (i) archiepiscopo Remensi ejusque suffraganeis ,
et aliis quibusdam praelatis; propositisque duobus prae-
dictis casibus contra Catalaunensem episcopum, pe-
tiit idem episcopus ut ante omnia ipse, qui tam in per-
sona quamin bonis spoliatus erat, restitueretur; quod
et obtinuit, ut jus erat. Quo concesso, voluit quod
super hoc praelati inquirerent, et sic super hoc pro-
rogatur concilium et Parisius assignatur,
Circa istud tempus (2) papa Johannes divisit episco-
patum Tholosanum in sex episcopatus, et facta est
civitas Tholosana sedesmetropolitana.
Episcopatus Pictavensis per eumdem in tres episco-
patus, scilicet Pictavensem, Maleacensem et Lucecia-
nerisem (3) est divisus; erantautem prius duaeabbatiae
(i) Nous lisons prcescnte et non prcesidente , malgre 1'accord des
Mss., parce que la prcsidence du concile ne pouvait appartenir a la fois
a rarcheveque et a ses suffragants. « En ce meisme an fut fait con-
cile a Senlis present l'archevesque de Reims et les evesques, etc. »
Grandes Chran., t. V, p. 'ii&.
(2) En iSiy. Voy. Bern. Guidonis dans Baluze, Fitce papar. Ave-
nion., t. I , col. i54. Les six eveches crees par Jean XXII furent Mon-
tauban, Rieux, Lombez, Saint-Papoul , Lavaur et Mirepoix.
(3) Maillezais et Lucon. JXote de d'Achery. Ces deux alinea ont
cvidemraent ete deplaces par les copistes, puisque c'est scubment
plus bas, a la page 4^8, qu'on trouveia rdectioa de Jean XXII, en
qualite de souvcraiu pcntife.
GUILLELMI DE NANGIACO. 4->5
subditae episcopo Pictavensi, quae nuiic factae sunt ec-
clesia? cathedrales, et abbates earumdem suut etiam
episcopi.
Quidam milites etalii nobiles Vermandenses etCam-
panenses confoederati invicem, contra comitissam
Mathildem (i), quee ipsos indebite volebat opprimere,
insurgunt; quemdam militem, quem in carcere deti-
nebat, de castro fortissimo quod dicitur Hedinc po-
tenter auferunt, Johanna Pictavensi comitissa dictae
Mathildis filia , et postea regina Franciae (2) tunc pne-
sente, et ab eis permissa liberae fugae praesidio se ip-
sam salvare. Hac vero de causa quia dicti milites con-
spirasse dicebantur contra regiam majestatem , vocati
sunt a rege Ludovico circa festum Omnium Sanctorum
apud Compendium, etibi comparentes emendaverunt
regi, utdicebatur.
Karolus Valesii et multi alii barones regni Fran-
ciae (5) , in regressu de Flandriis fecerunt monetam
novam Parisius, et cucurrit. Quae etsi pauco tempore
cursum aliqualem Parisius et circa habuerit, non ta-
men diutius, rege eam prohibente, nisi tantum in ter-
ris eorumdem qui hanc monetam fecerant fabricari.
Circa festum sancti Thomae (4) ^''^^ f^''- cometa in
(i) Mathildeou Mahaut, femme d'Othon IV duc de Bourgogne et
fiUe de Robert II conile d'Artois, auquel elle avait succede depuis
I'an i5o2.
(2) Jeanne, fiUe d'Othon IV et de Mahaut, mariee a Philippe le
Long , d'abord comte de Poitiers, ensuite roi de France. Tous les Mss.
portent postea regi/ia jiiiglice , erreur qu'aucun editeur n'avait en-
core sigualee.
(3) Mss., Flajidrice,
{^)-Chron. de Saint-Denys , « au moys de mais. »
426 CONTINUATIO CHRONTCI
coelo , quae morteni regis praenostlcare vldebatur, ut
patult postmodum Iii effectu.
MCCCXVI.
Hoc anno prae defectu annonae , de qua tactum est
supra, tanta fult carlstla granl (i) In regno Franclae,
quod sextarium bladl Parlslus et clrca qulnquaglnta
solldos Parlslenslum fortlum, ordei vero trlglnta, et
avense octodeclm vel ampllus vendebatur : et slmillter
accldit in allls partlbus regni Franclae suo modo.
Ludovicus rex Franclee et Navarrce, febre gravi per
allquot dles in domo regall nemorls Vlcenarum cor-
reptus (2) , qulnta die mensis junll diem clauslt extre-
mum , reginam Clementiam de quodam puero Imprae-
gnatam relinquens, habensque filiam unicara nomlne
Johannam de Margareta prlma conjuge defuncta. Hu-
jus autem corpus primo Parislus in ecclesla beatae Ma-
riae virginis ipso die defertur, die vero sequenti ad ec-
(i) Les edit., tantafuit caristia ^ravis ; Mss. 999 ct l\^i\ A, caristia
granis.
(2) II gagna cette maladie pour avoir bu outre mcsare, dans une
cave tres-froide , apres s'etre considerablement echauffe au jeu de
paume. Jean de Saint-Yictor, dans Baluze, t. I, col. ii4, ii5, Go-
DEFR. DE Pauis, p. ig^ ct suivautes. Les precedents editeurs ont tous
imprimc, conformcment aux Mss., quintadie mensis julii, sans memc
faire remarquer que cette date est contredite par tous les documents
contempoi-ains. Louis X mourut le 5 juin et noa le 5 juillet , suivant
Bern. Guido.ms, dansBaluze, t. I. col. 84; Jean de SAiNT-ViCTOK , ib.,
col. ii5; les Grandes Chron., t. V, p. 228; Godefr. de Paris, p. 2^5.
Celui-ci met la mort du roi au quart jour de juing ,- mais cette opinion
ne contredit point celle des autres chroniqueurs, car il resulte de docu-
ments contemporains quc Louis X mourut dans la nuit du 4 au 5 juin
vers minuit. Clemcncc de Hongrie elle-meme dans son testament place
au cinquieme jour de juinla mort dc son mari. Meni. de lAcad. des
Inscr., t. X, p. 577, a la notc.
GUILLELMI DE NANGIACO. 427
clesiam beati Dionysli patrum suorum sepulcrum
delatum, proutregalem magnificentiam dccuit, tcrtia
die post obitum, ecclesiasticee traditur sepulturae.
Philippus comes Pictavensis , qui , pro crcatione
summi pontificis acceleranda, Lugdunum Avinione
profectus fuerat, audita morte fratris sui regis Franciee
Ludovici , reverti Parisius maturavit : includi tamen
cardinales faciens priusquam recederet a Lugduno, co-
mitem de Fores ad ipsorum custodiam relinquens. Ve-
nit autem idem comes Parisius die lunae post transla-
tionem beali Benedicti (i), acceptisque regiis equis
apud Caceriam , die quoque sequenti celebratis obse-
quiis in ejus praesentia apud coenobium sancti Dionysii
pro fratre suo rege Ludovico, revertens inde Parisius
parlamentum fecit congregari, in quo sane tamen, de
consilio procerum et militum regni , exstitit ordina-
tum , ut usque ad decem et octo annos , etiam si ex
regina Clementia , quam frater ejus gravidam relique-
rat, puer raasculus nasceretur, servaret et regeret re-
gnum Franciae et etiam Navarrae : unde et in ejus raa-
gno sigillo sic erat conscriptum : Philippus regis
Francorumfilius , Francice et Navarrce regens regna.,
Circa festum Magdalenes, Ludovicus comes Clari-
moncis et Johannes frater ejus comes Suessionensis
cum multis aliis crucera transmarinam de manu
patriarchae Jerosolymitani, congregatis praelatis quam-
plurirais Parisius, solemniter assumserunt, proclama-
tumque fuit ex parte comitis Pictavensis, qui jamdu-
dum patre vivente crucera acceperat, ut qui tuncvel
(i) IjC 12 juillet.
428 CONTINUATIO CHRONICI
etinm ante acceperant (i), ad transfretandiim ciim ip-
sis in festo Pentecostes ab eodem festo immediate post
annum fiiturum totis se viribus praepararent.
Hoc anno fuit magna mortalitas hominum et maxime
pauperum, quoriim raulti famis inedia perierunt.
Post vacationem apostolicae sedis per biennium et
amplius, tandem cardlnales inclusi dominum Jacobum
cardinalem, prius vero Avinionensem episcopum , vi-
rum siquidem in jure peritum et vita laudabilem, na-
tione Caturcensem, prima die mensis augusti feslo
sancti Petri ad Vincula in summum pontificem elege-
runt : qui , mutato nomine, Johannes XXII papa vo-
catus, ibidem, ante Nativitatem beatee Mariae virgi-
nis, sua suscepit insignia, Karolo comite Marchiae,
fratre Philippi regentis regna Franciae et Navarrae,
eorumque avunculo Ludovico Ebroicensi comite fre-
nura equi cui insidebat regentibus, ejusque festum de-
corantibus ipso dle.
Dle venerls post Nativitatem beatse Marlae virgi-
nis (2), factus est terrae motus apud Pontisaram et
villam sancti DionysII in Francia, quamvis rarus in iis
terrae partibus , evenire insolitus, et alias inaudltus.
Papa Johannes concessit hoc tempore annualia ad
quatuor annos Phllippo Pictavensi comlti, regentire-
gna Fratjclae et Navarrae.
Eclipsis lunae facta est prlma nocte prlrai diei octo-
bris immedlate sequentls.
(i) Le Ms. 4921 A porte ici ncceperant , et pliis bas prceparavent ;
lesautres, acceperat pra^pararet.
{■2) \.c 10 septembre.
GUILLELMI DE NANGIACO. 429
Johannes comes Suessionensls, qui niipcr crucem
transmarinam assumserat, diem clausit extremum.
Robertus , nepos Malhiidis Attrebatensis comitissae
Bellimontis Rogerii , occupare volens (i) comitatum
Attrebati, quod ad ipsum ratione patris sui Philippi
dudum defuncti, fratris dictse Mathildis filii vero Ro-
berti (2) pertinere dicebat; junctis sibi confoederatis
de quibus supra meminimus, nonobstante quod Phi-
lippus regnum Franciae regens negotium ipsum in
raanu superiori posuerat vel in quacumque inhibi-
tione, in Galtherura conestabularium (3)Franci8e, qui
illic ad ejus motus reprimendos directus fuerat, poten-
ter insurgens, civitatem Attrebatum castrumque
.sancti Audomari vi armorum accepit, mandatusque
ad parlamentumParisius venirerespuit. Quod audiens
comes Phiiippus, contra ipsum arma corripiens , die
sabbati ante festum Omnium Sanctorum (4) apud
Sanctum-Dionysium vexillum accepit, episcopo sancti
Melloti (5) missam celebrante, et ipsum benedicente,
sanctis tamen martyribus non extractis aut super al-
tare positis, nec ipso vexillo, ut alias fieri solet, eis-
dem contacto. Cumque venisset Ambianis civitatem
cum exercitu copioso, ante omnem congressum hosti-
lem talis compositio fuit facta , quod certis personis
ad tractandum de pace inter ipsum (6) et comitissam
(i) Ce niot, ajoute par d'Achery, manque dans les Mss.
(2) Ces mots, qui sont dans le Ms. 4921 A, ont ete ajoutes par ren-
voi a la marge du Ms. 999 et d'une autre main.
(5) Les Mss. portent inhabiiatione a Gathero conest.
(4) Le 3o octobre.
(5) L'eveque de Saint-]\Ialo. DAchery a imprime sancti Maclo\'ii.
(6) Inter ipsum, c'est-a-dire entre llobert. Ce traite fut concUi 1«'
G uovembre.
430 CONTINUATIO CHRONICI
praedlctam deputatls, nisl possent eos pacificare, de
plano judicarentur per pares et proceres regni , pro-
cessu negotii in eodem slatu remanente in quo erat
tempore quo decessit Robertus Attrebatensis comes,
pater dictse Mathildis, et avus ipsius Roberti, non-
obstante judicato quocumque; interim vero Karolus
comes Valesii , ejusque frater Ludovicus comesEbroi-
censis, comitatu in manu superiori posito, omnes ejus
redditus et proventus reciperent; ipse vero Robertus
qui confoederatos et eorum factum advocabat, (hoc
tamen excepto, quod si aliqui contra regiam majesta-
tem alias attentassent, de quo purgare se ipsos legi-
time, loco et tempore offerebant) Parisius in prisione
se redderet : quod et factum est. Et sic comes Philip-
pus, licentiato exercitu, Parisius est reversus; comes
vero Robertus primo in castelleto Parisius, et postea
npud Sanctum-Germanum de Pratis in prisione deten-
tus est.
Parisius apud Luparam (i) xvii kalendas decembris
ex regina Clementia quartana laborante natus est puer
masculus, regis Ludovici nuper defiincti primus filius,
nocte videlicet diedominlca prsecedente, qui natus, in
Christoregeneratus (2) Johannesque vocatus, xiii ka-
(i) Mss., Luxeram. La corieclion de d'Achery Lupavani est con-
finnee par Bernard Guidonis qui dit que la reine Clemence fit ses
couches a Paris. Baluze , t. I, col. 84- Jeaa I" naquit le i5 novembre
etmourut le ig. Le \5 novembre, en i5i6, tombant un hindi, les mots
iwctc die dominica prascedente signifient dans la nuit qiie prcctdail
le jour du Seigneur, dans la nuit du dimanche au hmdi.
(2) Telle est la lecon du Ms. 492 1 A , et d'une autre copie dont De-
nys Godefroy a imprime un fragmcnt dans son Ce're'monial frajicaiM ,
t. I, p. 145. I^s i\Iss. 455 et 999 portcnt re^natus , mot qu'on hrait
res,cneralus , au moyeti de deux signes d'abreviation places sur le g et
GUILLELMI DE NANGIACO. 431
lendas mensis prsedicti ibidem decessit, die scilicet ve-
iieris immediate scquenti. Die vero sequenti in ecclesia
beati Dionysii ad pedes patris sui defuncti, Philippo
Pictavensi comitante (t), corpusque parvuli una cura
suis (2) avunculis Karolo et Ludovicoad tumulum de-
ferente,et extunc pro rege Franciae et Navarrae non
immerito se lenente, traditus est ecclesiasticee sepul-
turae. Philippus regis Ludovici defuncti fraler, domi-
nica postfestum Epiphaniae (3), una cum conjuge sua
Johanna inunctus est Remis in regem, avunculis suls
Karolo et Ludovico proceribusque regni et paribus,
licet non omnibus, ibidem preesentibus.
Quamvis enim frater ipsius Karolus comes Marchiee
secum Remis usque venisset, ante coronalionem ta-
men summo mane ex insperato recessit. Dux etiam
Burgundiae venire non voluit, imo etiam et antiqua
sur Vn. D'Acliery a iraprime i-egnaturus ; et c'est sur ce non-sens, con-
serve dans les deux editions suivantes, que Sismondi a essaye de ba-
tir touteune theoriepolitique. Voy. Hist. des Francais , t. IX, p. 344-
(i) Correction de d'Achery. Les Mss., comite milite.
(i) Corrige d'apres le fragment publiepar Godefroy et le Ms. 4921 A.
Les edit. precedentes, unn cum filiis , avuncuUs, etc.
(3) Le 9 janvier iSij. Bernard Guidonis donne la mume date. Ba-
LUZK, t. I, p. i53. D'apres les Chron. de Snint-Denys , Philippe, une
fois couronne, aurait fait son entree a Paris dans la nuit du 6 janvier,
t. V, p. 253, ce qui reporterait a une date anterieure la ceremonie du
couronnement. Enfin Jean de Saint-Victor, dans Baluze, 1. 1", col. 1 19,
dit que PhiUppe fut sacre et couronne a Reims le jour de TEpiphanie,
c'est-a-dire le G janvier. Le pere Ansehne en adoptant celte derniere
date cite pourtant en marge un registre de la chamhre des comptes
d'apres lequel le sacre de Phihppe V aurait eu heu le 9 janvier, jour
indique par notre chroniqueur. Et un comple des depeuses du sacre,
un tableau de l'ilineraire du roi a cette occasion , enfin unc lettre dc
Philippe, docunients que M. Lacabaae a bicn voulu nous fairc con-
naitre , prouvent que leg janvier i3i7 est la veritable date.
432 CONTINUATIO CHRONICI
tlucissa Burgundiae (i) appellatione ut dicebatur facta,
intirnari fecit paribus qui coronationi intererant, et
prsecipue praelatis, ne in ipsam procederent, donec
iractatum esset de jure cpiod Johanna, juvencula puella
Ludovici regis defuncti primogenita, habebat in regno
Franciae et Navarrae : cx quibus et aliis signis et factis
nonnuUis, multorum concludebatur judicio, prsedic-
tos et alios nonnullos regni proceres et magnates con-
tra regem ipsum saltem in occulto simultatem habere,
cum etiam avunculus ejus Karolus comes Valesii tunc
csset partem (2) eorum, ut dicebatur, fovens. Istis ta-
raen non obstantibus, coronationis festum fuit solem-
niter celebratum, januis civitatis clausis, et armatis
ad earum custodiam deputatis. Quamvis autem esset
dissensio inter Belvacensem episcopum et Lingonen-
sem, quis eorum in ordine sessionis ratione praeferri
deberet paritatis, tamen adjudicatum exstitit pro epi-
scopo Belvacensi. Mathildis etiam comitissa Atlreba-
tensis, mater reginae, tamquam par regni coronam
regis cum caeteris paribus dicitur sustentasse, de quo
aliqui indignati fuerunt.
DefunctoPhilippodeMarigniacofratreEngueranni,
(le quo supra meminimus, archiepiscopo Senonensi ,
suceessit vir nobilis Guillermus vicecomitis Melduni
iilius.
(i) Agnes, fiUe de saint Louis, veuve de Robert II duc de Rour-
gogne, et mere d'Eudes IV alors regnant. Jeanne, fille du preniier
niariage de Louis X, etait la niece de Eudes et la petite-fiUe d'Agnes.
Cette derniere mouruten iDaj. P. Anselm., t. I, p. 87.
(2) Correction duc au Ms. 4921 A et confirmee par le fragment de
Godefroy. Les i\Iss. portcnt eticun nvuncido cjus Karolo coviite Valesii
Philippus tiinc rssrt partrm , etc.
GUILLELMI DE NANGIACO. 433
Circa etiam idem tempus, defiincto jEgidioBituriee
archiepiscopo , successit Lemovicensis episcopus.
Decesserunt etiam Guichardus quondam Trecensis
episcopus, et Johannes quondam cantor Aurelianensis,
qui in episcopatu Trecensi successerat, ipso die conse-
crationis suae.
Kobertus Attrebatensis comitissse nepos ex fratre,
ex prisione relaxatus, post altercationes aliquas in ju-
dicio et extra, ratione juris comitatus praedicti, tan-
dem compositione amicabili inter ipsos facta, juri co-
mitatus omnimode renunciavit, eo pacto yidelicet
quodrex in hoc facto debite provideret (i). Duxit au-
tem Robertus filiam comitis Valesii in uxorem.
(i) Laocelot revoque en doute l'exactitude de ce recit et semble ac-
corder plus de confiance aux Grandes Chron., d'apres lesquelles l'em-
prisonnement de Robert d'Artois n'aurait eu lieu qu'apres le sacre de
Philippele Long (Mem. de lAcad. deslnscr., t. X, p.58i, 582). II peut
se faire que Robert ait ete emprisonne apres le sacre du roi, qui eut
lieu le 9 janvier i3i7, et cela suflSrait pour etablir l'exactitude des
Grandes Chron. Mais il n'en est pas moins certain que le comte de
Beaumont avait ete incarcere une premiere fois immediatement apres
le traite d'Amiens, et relache ensuite provisoii-ement au commence-
ment de iSiy, comme le dit ici notre chroniqueur. Cesfaits sontprou-
ves par une charte originale deposee a la Bibliotheque du Roi, et dont
nous devons a M. Lacabane la connaissance et la communication. Elle
est du dimanche avant l'Epiphanie i5i6 (2 janvier 1017). Robert de-
clare devant le prevot de Paris, Henri Taperel, qu'il s'etait i-endu
a Amiens pour calmer le mecontentement qu'il avait cause au regent
par ses expeditions en Artois ; et le prevot ajoute : a Et comme pour
les choses dessusdictes il eust pleu audit nostre seigneur le roy de lui
(Robert) envoier a Paris en prison, finablement comme il i eust ja grant
piece demoure, y plut a nostre sire le roy a lui , qui de ladicte prison
se douloit et requeroit estre du tout delivre, et a eslargir icelle prison
juques a vint lieues en tout senz, et outre juques a 3Iontdidier eta
Bretoeil en Biauvoisins, et que plus pres ne puisse ne ne doie aprochier
le pais d'Artois ne les marches pardcla; mais que il puisse seurement
I. 28
434 CONTINUATIO CHRONICI
Circa Purificationem decessit Corardus abbas Cister-
ciensis, cui successit Galtherus.
Circa Purificationem beatae Mariae virginis congre-
gati fuerunt in praesentia Petri deArrabloi, dudum
regis Philippi cancellarii , quem Papa de novo cardina-
lem effecerat , quamplures proceres et regni nobiles ac
magnates una cum pierisque praelatis et burgensibus
Parisiensis civitatis (i); qui omnes coronationem regis
Philippi pariter approbabant, nec non ipsi tamquam
regi pariter obedire, et post eum, filio ejus Ludovico
primogenito tamquam successori et heredi legitimo,
juramento firmarunt, magistris Universitatis civitatis
ipsius hoc ipsum unanimiter approbantibus, quamvis
non adliibito juramento. Tunc etiam declaratum fuit
quod ad coronam regni Franciee mulier non succedit.
Die martis ante Cineres (2) factus est in Pictavensi
dicecesi terrse motus.
aler tant loing comme y lui pleroit envers Normendie ou vers Berry
jusques a la Chandeleur prochain venant, en tele maniere que se il
n'avoit loyal essoine de son cors et y ne plesoit audit nostre sire le roy
a lui faire autre grace entre ci et la, ii doit rendre son cors audit
terme ou avant a Paris en prison ou point et en Testat ou il etoit de-
vant, a peine de prison hrisiee. Et en a ohligie quant a ce et par son ser-
ment lui et touz ses hiens moehles et non moehles. En seurquetout
il recongnut en droit par devant nous que toutes ces choses et chas-
cune il avoit jurees et promises par sa foi en la main de noble prince
monseigneur Looys corate d'Evreues, en non dudit nostre seigneurle
roy a tenir et acomplir si comme par dessus cst devisee. » La charte
fut munie des sceaux de la pi-ev6te de Paris, du comte d'Evreux et de
Jean de Brctagne, sceaux dont il ne suhsiste plus que des fragments.
(i) Notre chroniqueur ne fait entrer dans cette assemhlee que des
hourgeois de Paris, mais ce n'est pas ainsi que s'expriment les Grandes
Chron. « En cet an — furent assemhles.... pluseurs harons , nohles,
prelas, hourgois, en la citedeParis. » T. V, p- aSi.
(2) Le i5 fevrier ijiy.
GUILLELMI DE NANGIACO. 435
Ludovlcus puerulus, Philippi regis Franciae pri-
mogenltus, die veneris post Cineres defungitur, et
apud fratres Minores Parisius , juxta aviam suam
Johannam Franciae et Navarrae reginam, ecclesiaoticae
traditur sepulturse.
Hoc eodem anno fult hyems satis aspera continue a
festo beati Andreae vel circiter usque ad Pascha (i).
(i)Du 3o novembre i5i6 au 5 avril iBi^.
NOTE A. — Page 207, note 4.
MCCLI. — Mirabile prodigium et novitas inaudita in regno Francige
accidit. Nam quidam latronum principes ad seducendum simplices
et disseminandum crucem in populo, falsis adinventionibus Cngebant
se visionem angelorum vidisse, et beatam Mariam virginem apparuisse,
et praecepisse ut cruces assumerent, et de pastoribus et simplicioribus
populi quos elegerat Dominus , quasi exercitum congregarent ad sub-
veniendum Terrae Sanctae, et regi Franciae iUis in partibus succurren-
dum; et bujusmodi visionis tenorem in baneriis, quas ante se deferri
faciebant, ceelatis imaginibus depingebant. Qui primo per Flandriani
et Picardiam transeuntes, per villas et campos deceptivis exhortatio-
nibus pastores et simpbciores populi, quasi ferrum adaraas, altrahe-
bant. Qui cum pervenissent in Franciam, in tanta numerositate jam
creverant, quod sub millenariis et centenariis constituli quasi exercitus
procedebant, et cum per campcstria loca pertransirent juxta caulas ct
greges ovium, pastores, rebctis gregibus et inconsultis parentibus ,
nescio quibus debacchationibus agitati, se cum illis in facinus invol-
vebant; et cum pastores et simpHces, licet non secundum scientiam,
bona intentione hoc facerent, crant tamen inter eos latrones et bomi-
cidae quamplurimi arcani sceleris conscii , quorum consilio magistro-
rum pbalanx regebatur. Qui cum per villas ct civitatcs transitum
facerent, erectis in altum appasutis et securibus aliisque armorura
utensilibus, ita terribiles populo se reddebant, quod vix aliquis erat
de judiciaria potestate qui non in aliquo eisdem contradicere formida-
436 CONTINUATIO CHRONICI GUILL. DE NANGIACO.
ret; ipsique in tantum errorem deciderant, quod desponsalia facie-
bant, cruces dabant et etiam de peccatis, ut dicitur, facie tenus absol-
vebant; et quod deterius erat, ita conimunem populum secum in
errorem involverant, quod affirmabant plurimi, et alii credebant, quod
cibaria et vina coram eis apposita non deficerent propter eorum
comestionem , sed potius augmentum i'ecipere videbantur. Cierus
autem cum audivit populum in tantuni errorem incidisse, condoluit:
et quoniam ejusmodi errori contradicere voluit, pastoribus et populis
exosus efficitur; et tam iniquo odio hos oderunt, quod plures eorum
in canipis repertos occidentes, martyres ut credimus effecerunt. Re-
gina vero Blancha, quae sola regnum Francias niira sagacitate tunc
regebat, forte uon suo errore eos sic incedere tolerabat, sed quia filio
suo sancto regi Ludovico et Terrae Sanctae per eos sperabat adjutorium
pervenire. Cum autem transissent urbem Parisius, putaverunt se ab
omnibus periculis evasisse, jactantes se quod boni essent homines, et
hoc per rationem arguebant; quia cumfuissent Parisius, ul)i est fons
totius sapientiae, nunquam fuerat eis in aliquo contradictum. Tunc
errores suos coeperunt vehementer augmentare, et ad furta et rapinas
studiosius intendere. Qui cum Aurelianis pervenissent, cum clericis
Universitatis prselia commiserunt, plurimos eorum occidentes; sedde
illisplurimi consimiliter occisi sunt. Dux autem eorum, quem Magis-
trum de Hungaria nominabant, dum de Aurelianis Bituris cum eis
pervenisset, synagogas Judaeorum intrans, libros eorum destruxit et
eos bonis omnibus indebite spoliavit. Sed dum recessisset ab urbe cum
populo , Bituricenses eos cuni armis insequentes , Magistrum cum plu-
ribus occiderunt; post quorum casum, alii in diversis locis dispersi,
propter maleficia sua interfecti vel suspensi fuerunt ; ceteri quasi fumus
evaDuerunt.
FINIS T03II PKLIII.
1
BINDING SECT. JUN 4 1973
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