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Full text of "Chroniques de la régence d'Alger"

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-/ V ■■...- y 



CHRONIQUES 



DE LA 



REGENCE D'ALGER. 



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CHRONIQUES 



DE LA 



RÉGENCE D'ALGER 



TBADUITES DUR MA|IUSCB1T ARaBB IhttTVLM. 

EL-ZOHRAT-EL-NAYERAT, 

Par AlphoDie Rousseau, 

SecréUire-lBttrprète ea Afrique. 



ALGER, 

IMPRIMERIE DU GOUVERNEMENT. 
1841. 



+ 



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THE SEW • ORK 

t>49110A 

A':TOP, l^-:nox and 

TIi-D.:N FOU N DATIONS 

R 49^.3 L 



Imprimé en vertu de I*autorisalion de M. le Ministre 
de la guerre , en date du 5 mars 1841. 



: ••! i - • 



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lïffl-PROPOS. 



fin 1837. MM. Rang et Denis mirent au jour un ouvrage inédit 
déposé à la Bibliothèque royale, et qui fesait partie des papiers du célèbre 



Ds lui donnèrent le titre d'HisTOiRE de la fonda- 
tion DE LA KÉGENCE d' ALGER. 

Ce livre présentait la traduction française de la première partie seule- 
ment d'un manuscrit arabe, dont le complément nécessaire se trouvait 
entre nos mains et avait sans doute échappé aux recherches de Venture. 

Irréprochable sous beaucoup de rapports, la traduction purement ser- 
vile de Venture laisse cependant à désirer une plus grande fidélité d'ex- 



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pressions; toutefois, nous n avons pas cm devoir la reproduire dans notre 
propre ouvrage; mais nos lecteurs n'y perdront rien, car notre chroni- 
queur retrace sommairement, au début de son second livre, tous les évé- 
nemens traités dans la premike partie. 

Ions avons rigoureusement traduit chacune des phrases de notre 
auteur, et si, pour les i^ en français, nous nous sommes 
écarté de la lettre, nous non avons jamaismodifîé Fesprit. ^'^ 

%r, le 15 décembre 1840. 



e^^/^, tJmeJdeaeù, 



(I)HM. Bresnlcr, Berbnigger et Th. Roland de Bossy qui «e jwnt particidlère- 
ment occopé de recherches hietoriquee rar ce pays nous ont singnlièrement 
éclairé dans la discussion de plosienrs points obscurs de Tantear arabe; c'est 
ft la fois une confidence <iae nons devions à nos lecteurs et un remerciement A 
ees estimables écriTalns. 



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; 



CieuietiU/ eu. uu^etux)tdieiux: 




PREFACE 

DELmiilRAllE. 



Louange à Dieu qui a promis la 
victoire et le succès à ceux qui pro- 



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IV 



clament son unité; (jui châtie les Po- 
lythéistes par la misère et le trépas. 
Et la bénédiction et la paix soient sur 
celui qu'il a envoyé, le plus noble 
des êtres humains par sa tribu et sa 
famille; sur celui qui a excité les 
hommes à combattre sans cesse pour 
rislam ('). 

Les pages de ce livre sont écrites 
pour porter à la défense de la foi ce- 
lui dont le cœur est timide et pour 
enflammer le brave d'une plus vive 
ardeur. Je les ai nommées : El-Zaraht- 
El-Naïrat ( la fleur brillante ) ou récit 
des évènemens survenus à Alger, à 



(1) Nous croyons devoir reproduire ici, le sens exact 
de ce mot : Islamisme, signifie entière soumission » ou 
résignation du corps et de l'âme à Dieu et à ce que 
Mahomet à rérélé de sa part. ( lyHcrbeloty bib. orient.) 



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répoqué des diverse» invasions des ai> 
mées infidèles. 

J'ai puisé Tidée de ce livre dans cette 
parole de la plus excellente de toutes 
les créatures : Mon rabcuhcc fcmakâ 
nahatiuy harama-ho'Uaha ala n'nâr^ 
Dieu préservera du feu éternel qui- 
conque se livrera à la défense de la foi 
pendant X^fowak diiiie chamelle. 

Le mot fowak qui s'écrit avec la 
voyelle • sur le c3, indique un cer- 
tain tems d'arrêt qu'il est utilç d'ob- 
server lorsqu'on trait les chamelles; 
en premier lieu^ la main seule fait 
jaillir le lait; bientôt après c'est au 
petit qu'est laissé le loisir de presser 
quelque peu les mamelles de la mère; 
puis, de nouveau, la main s'en em- 



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pare et fait soitir le lait en pluis 
grande abondance. 

Le sens de cette tradition est : que 
Dieu préservera du feu de FEnfer, ce- 
lui qui combattra pour la foi, ne fut- 
ce que le court intervalle (fowak) ac- 
cordé au petit du chameau pour tetter 
sa mère à l'heure où on a Thabi- 
tude de la traire. 

On désigne par le mot rabatlia^ ^'^ 
Faction de combattre militairement 
Tennemi de la Religion. Cette sublime 
parole renferme une promesse ineffa*^ 
ble et un noble sujet d'ardeur pour 



{4> Le mdl ràbtdMi» doi^ le meCd'eclkm^fl^ribalkèun, 
a proprement le sens de lier j attacher , et par suite ^ 
uTeDcourager» s'enhardir à quelque chose ^ de là, la signî- 
fiooftion qiédake de eomjyo^e )xmr la Foi» 



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les habitans d'Alger. En effet, Fauteur 
du Modmarat, commentateur du Ri* 
tab-el-Seir ou Sheik-el-Redouri , dit 
dans son grand commentaire sur cet 
ouvrage que le mot de ribath ne lui 
parait applicable qu'à des combats 
pour la foi, à ces luttes sanglantes 
en pays limitrophes d'un Etat mu- 
sulman; et cette opinion respecta- 
ble doit attacher à toujours au sol de 
leur patrie les habitans de la ville al- 
gérienne, puisique au sçu de chacun 
d'eux il n'est au-delà de cette province 
du côté des Infidèles /(que Dieu les 
extermine) aucune contrée habitée 
par des mahométans. 

. Un motif d'un -intérêt plus puissant 
encore, ajoute l'auteur du Modmarat, 
après 1^ passage déjà cité, c'est l'asser- 



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viij 

tion de plusieurs Docteurs, qu'à la 
première invasion d'une province, elle 
jouit pendant quarante ans du béné- 
fice moral du ribath; une seconde in- 
vasion étend ce privilège de grâce di- 
vine à cent vingt autres années; une 
troisième enfin le lui accorde jusqu'au 
jour du jugement dernier. 

Nous préférons la première défini- 
tion du ribath; mais, Tune comme 
l'autre 5 est applicable à Alger, parce- 
que depuis l'arrivée des Turcs dans 
cette province , nous avons essuyé l'at- 
taque des Infidèles à sept ou huit re- 
prises différentes, et que grâce à la pro- 
tection et à l'assistance divines , chaque 
attaque a été témoin de leur défaite. 

Autant pour rendre hommage aux 



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IX 



Turcs qui sont les défenseurs les plus 
ardens et les plus courageux de l'Al- 
gérie, que pour diriger tous les Prin- 
ces dans les guerres futures, nous 
avons indiqué en tête de cet ouvrage 
la cause et la date de leur établisse- 
ment. 



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cmpini. 



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I * 



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CHAPITRE I. 




Î)'an neuf cent vingt-cinq de Th^ire (925) 
el-pin le célèbre Raïs, et son ftère 

> Haroudy , se fKMrtèrent de Tunis sur Sjpdjei 
et Bougie dont ils firent la conquête et où ils éta- 
blirent le centre de leurs opérations intérieures. 

Les habitans d'Alger, séduits par la renommée 
des deux illustres frères qui yenaiœt de défivrer ces 
villes musulmanes du joug des Infidèles , députèrent 
vers eux plusieurs personnages distingués , porteurs 



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— u — 

d'une suppli<pie conçae à peu près en ces termes : 

« Gloire vous soit fendue, ô défenseurs de la foi ! et 

» puisse YOtre 2a^ pour la guerre sainte (1) ne 

» jamais éprouver de revers. Yotre hravcore et 

» la fortune de vos armes nous sont connues puis- 

» que vous venez de rendre à leurs véritables mat- 

» très les villes de Bougie et de Djidjel. Vos noms 

» demeurent à jamais cél^res par le succès qui a 

» couronné votre noble entreprise, et maintenant à 

» vous seul appartient de venir nous délivrer de 

» l'oppression des Infidèles (kafers) car, hélas! 

» nous nous trouvons réduits à une bien pâiible 
» situation. » 

Haroudj raSs acouaHit convenablement les en- 
voyés; il applaudit au mcrtif qui les amenait devant 



(i) I/espèce de gnerre appdée «n arabe df^had, est selon la dé- 
finition des Mufolnians, l'action êe comliattre poor la religion , iee 
hommes, soit étrangers, soit opposés par principes de conscience 
à la foi musolmane; ou en d'antres termes Faction de se dévouer 
corps el biens à la définte des impies et des rebelles, oomme à 
l'affermissement et 4 la propagation de l'Islamisme. 

(M. Solvet; institutions du droit mahométan, retatives à la 
guerre sainte.) 



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— 45 — 
lui et fit prendre immédiatement les dépositions né- 
cessaires à son départ pour Alger où il se présenta 
bientôt avec drax simples {;aliotes. 

A son entrée en ville ce fût un concours unanime 
de population, ce fût une rivalité d'empressement, de 
bénédictions et d'allégresse; ce fût à qui suivrait ses 
pas et honorerait sa présence d'une manière plus 
digne. 

Sur ces entrefiadtes, et tandisque Haroudj raïs cé- 
dait ainsi aux instances des algériens et se rendait 
à leurs vosux les plus chers, Ehaïr-elrDiii cherchait 
de son c6(é à rejoindre son frère. Il débarqua à 
Djiciyel , dont les habitans lui apprirent à la fois la 
démarche des Algéri^is, la détermination et le ré- 
cent départ de Haroudj , son arrivée au milieu de ses 
protégés, ainsi que les fêtes auxquelles elle avait 
donné lieu. Ces nouveltes étai^t bonnes, sans 
doute, mais Khaïr^l-Din n'ignorait pas la faiblesse 
du corps de troupes que son frère avait ^nmené 
avec lui ; il ne pouvait aller lui-même s'associer à 
son entreprise, et la réunion de ces circonstances ne 



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— 16 — 
laissait pas que de Tinquiéter beaucoup. Il prit donc 
le parti de lui expédier un renfort de deux cait 
quatre-vingts hommes, puis il retourna à Tunis, 
dans le but apparent d'y passer Thiver , mais plutôt 
avec rintention secrète de s'y ménager pour Tavenir 
Tamitié et l'appui des chefs et des notables. 

A l'arrivée d'un renfort aussi inespéré , Haroudj 
réunit ses forces aux combattans que lui fournit la 
ville , et se mit en mesure d'attaquer l'ennemi réso- 
lument , et sans espoir de quartier. 

Il existait au lieu même où l'on voit aujourd'hui la 
tour du fonal, d^ix ouvrages fortifiés occupés par 
les Chrétiens. Plus tard lorsque ces forteresses tom- 
bèrent toutes deux au pouvoir de Khaïr-el-Din , il 
n'en conserva qu'une , et fit servir les matériaux de 
la seconde à la e^mstruction de l'aqueduc qui est 
encore debout. Le fortin dbnservé est celui qui sert 
de base à la tour du fanal. Les Chrétiens concen- 
traient leurs efforts sur la défense de ces points , car 
ils redoutaient d'autant plus que les Musulmans ne 
parvinssent à s'en rendre maîtres , qu'en eux seuls 



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— M — 
résidait tout Tavenir de leur domination ; la ehûle 
de Tun entraînait infailliblement celle de Taiitre. 

Ces graves préoccupations furent Tobjet des délibé- 
rations d*unCk)nseil d'État tenu en Espagne, où Tavis 
unanime fut d^attaquer Alger et de tout essayer pour 
se maintenir en possession de la ville. 

En conséquence de cette détermination les prépa- 
ratifs de guerre furent poussés avec activité et en 
peu de tems les Chrétiens furent en mesure de se re- 
présenter devant Alger avec une force navale com- 
posée de trois cent vingt bàtimens de guerre et de 
transport ayant à bord quinze mille combattans. 
L'armée navale mouilla près de la ville que , dans 
leur orgueilleuse pensée , les Chrétiens voyaient déjà 
soumise à leurs armes par le fer ou par la famine. 
Quelques jours après leur arrivée en rade ils tentè- 
rent un débarquement (t) Haroudj raïs de concert 

(i) L'expédîtkm dont veat parler ici le Cbroniqueulr arabe , est 
celle qai fût dirigée par Francisco de Vero maître de l'artillerie 
espagnole. Lt motif qoi la fit entreprendre était l'occupation 
d'Alger par les Tares , occupation qui ayait amené la rupture 



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— 18 — 
avec sa valeurease troupe , puissammeut secondé 
par les habitans d'Alger rassembla tous ses moyens 

de la trère entre cette ville et l'Espagne , suspendu le paiement 
du tribut annoel, et menaçait joameilenrant la gamlson du 
Pénon. Le prétexte que l'on mit eo avant ^ iut 4e rétablir 
dans le gouvernement d'Alger le jeune Yabia, légitime succes- 
seur de S^im - ben - el • TooBii , son père , que le conaire 
Haroudj avait traitreusemwt mb à mort lonqu'U atAÎt été 
rf çu en allié par ce chef et par les Algériens. Le cardinal Xi- 
menès qui avait fort à cœur la conquête de^ États-Barbaresques , 
kàta l'équipement d'àn« flotte de soixante à qmtr^wmgu voiles 
qui partait de huit à dix mille hommes. Ces forces arrivèrent dans 
la baie d'Alger le Jo septembre i5i6. Les historiens espagnols ne 
«'accordent pas avec notre anteur indigène , et ^ifftaient même en- 
tr'eux sur ce qui eût Ueu après le débarquement. Si l'on s'en np» 
porte à ceux de ces écrivains qui paraissent avv>ir été les mieux 
informés , Francisco de Vero commit la ftiute grave de partager 
son monde en quatre coi^, et d'attaquer la vMle sur quatre pointa 
difTérens. Les Turcs et les Algériens triomphèrent facilement de 
ces forces ainsi morcelées et la cavalerie dUaroudj fit un grand 
massacre des fuyards looqne la déroute eonraÉeetça à se déclarer. 
Peu de soldats échappèrent au désastre; leur chef Ini-méme 
voyant la partie perdue abandonna son armée et se cacha avec 
son fils dans les rochers sur la plage, et après y être resté une 
partie de la journée il parvint à gagner un de ses navires. Outre la 
faute capitale commise par Fiancisco de Vero dans la disposi- 
Won de son attaque, il avait eu le tort de ne pas réprimer le 
déftor Ire et les excès auxquels ses soldats presque tous de nou- 
vellea reerues , se lÎTrèrent aussitôt après le débarquement ; car à 
peine à terre, un grand nombre ooromeuça à se débander pour 
pUler les liaisons de campagne qui avobinaient la ville. 



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— 49 — 
de défaise, et ftl fortifier les points tes plas impor-- 
tans de la vîlte. Des étendarcb de guerre furent ar- 
borés sur les rçmparts de la glorieuse cité , et forts 
de Tassistance et de la protection du Très-Haut, ils 
attendirent Gourageusement l'heure du combat. 

Les Infidèles s^approchèrent assez près de la ville, 
et suivant leur habitude ils campèrmt derrière un 
retranchement élevé à 1^ hâte. Semblables à des 
hordes de diiens qui se disputent une pâture im- 
monde , les soldats infidèles brandissaient d^ leurs 
^pées: déjà m^e se laissant aller aux inspirations 
d'dne ai^ur aveugle, on les entendait miirmiirer 
eentre temra cheGi qui retardaient trop à leur gré le 
s^nal de FasMut. Tout enfin annonçait un instant 
déoisif. En examinant les di8pû8itk)B9 d'attaque et de 
rcÉraBcbement de Temièmi, Harondj raïs ne put se 
d^endre d'un sentiment de swpdse; lâentôtmème 
une vague inquiétude s'empara de son ème , lorsqu'il 
se fût assuré des précautions qu'il avait prises pour 
se maintenir sans danger dans sob camp. H pût 
dès-lors se convaincre de la nature des difficultés 
qu'il rencontrerait plus tard pour en expulser Ten- 



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— ÎO — 
nemi et le forcer à fuir Alger la guerrière. Frappé de 
cette idée et du sort qui pourrait être réservé à cette 
ville par l'effet de la plus légère imprévoyance, il 
jugea prudent d'assembler à la h&te, un conseil de 
guerre au sein du quel il fit la proposition de mar- 
cher à Tennemi sans attendre son attaque; d'assurer 
ce mouvement par une manœuvre habile confiée au 
courage et au dévouement de tous les braves Musul- 
mans et de le forcer par là à se rembarquei'. Cette 
motion fdt adoptée d'enthousiasme par les soldats 
qui d^à brûlaient d'envie d'anéanth* l'Infidèle. Oui , 
s'écrièrentrils , nous devons puiser cette terre de la 
moindre trace impure qu'y aura laissé le maudit In- 
fidèle; nous devons délivrer la faible population de 
cette ville du fléau qui la menace; nous le devons, 
car nous sommes la cause de cette expédition , et en 
venant nous joindre aux Algériens , nous avons con- 
tracté envers eux l'obUgation sacrée de les défendre 
contre leurs ennemis. 

Dès-lors , rien n'arrêta plus l'ardeur de Haroudj 
et de ses soldats , et au cri solennel et de guerre de 
AUah-ou-Akbar (Dieu est grand), les portes s'ou- 



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— 21 — 
vrirent devant les pas de cette légion de vaillants 
guerriers L'attaque fût vive et meurtrière ; la défense 
circonspecte et timide. Le Très-Haut accorda la vic- 
toire aux défenseurs de la vraie foi, et sous sa 
puissante égide , ils tuèrent et firent prisonniers 
autant dinfidèles qu'il l'avait décidé. L'ennemi 
abandonnant tous ses retranchemens , tout son ma- 
tériel de guerre, s'enfuit sous la poursuite opi- 
niâtre des Musulmans. Le sang des Infidèles répandu 
dans cette glorieuse journée aurait dit-on alimenté 
tout un fleuve , et l'on ajoute que de cette puis- 
sante armée, mille hommes seulement trouvèrent 
le salut dans la fuite ; le reste vînt se briser sous 
les coups multipliés du cimeterre musulman. Après 
cette sanglante défaite, le petit nombre de Oiré- 
tiens qui ne payèrent pas de leur vie la vaine 
prétention d'anéantir la domination Mahométane à 
Alger, parvinrent à se rembarquer et retournèrent 
dans leur pays. 




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n. 



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CHAPITRE II. 




la nouvelle de ce grand désastre , qu'il 
ine put attribuer qu'à la pusillanimité de 
^ses troupes , TEmpereur (1 ) fût saisi d'une 
vive douleur; il maudit sa mauvaise fortune, se 
meurtrit le visage, déchira ses plus riches vète- 

(i) Le mot ^^.ajD LU tl^ghiat, employé dans le texte arabe 
est bifn lom d*étre synonime d'empereur, et signifie plutôt tyran, 
usurpateur , chef d*nne secte impie , d'une faction rebelle au sou- 
verain légitime. Nous conserverons dans le cours de cette tra- 
duction l'acception du mot empereur, pluriel ^.^^ IvL* 

4 



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- 26 — 
mens, et on l'entendit s'écrier : « malheur! ô 
» malheur! 6 effrayant désastre! » A Alger, au 
contraire, le peuple était livré à la joie la plus vive; 
il ne cessait de bénir le nom de Haroudj et de 
Khaïr-el-Din ; il les nommait hautement ses libé- 
rateurs. 

Ces événemens se passaient eu Tannée neuf cent 
vingt-cinq de la sainte h^ire. 

Haroudj raïs envoya à son frère la relation dé- 
taillée de tous ces faits; il lui apprit l'expédition 
des Chrétiens , le combat qui en fAt la suite et la 
victoire que , dans sa toute-puissance , Dieu avait 
accordée aux vrais Croyans. Il terminait sa lettre 
en engageant vivement son frère à venir s'établir 
à Djidjel et il lui recommandait surtout de l'infor- 
mer de l'instant de son arrivée. Conformément à 
rinvitation de son frère , Khaïr-el-Din se rendit 
peu après à Djidjel d'où il lui écrivit aussitôt. Il 
lui annonçait son arrivée avec dix bâtimens et 
des troupes. 

Il y avait alors dans les environs de Djidjel un 



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— 27 — 
scheik arabe, chef d'une horde de Berbers (1), qui 
abandonnant la cause de la guerre sainte, s'était 
rendu le tributaire, le vassal et l'espion des CSirétiens 
qui occupaient Bougie. Il leur payait chaque année 
un tribut de sept mille saâs (2) de blé, de mille 

(i) Les Berbers forment une nation paissante et indisciplinée , 
en partie nomade , répandue dans les états du Maroc , Fez, Alger, 
Tmiia et Tripoli Suivant quelques historiens arabes, ils sont dès- 
cendans des Amalécites et des Cananéens, que les Israélites chas- 
sèrent de la Palestine; d'autres disent d'une colonie de Hemia- 
rites qui rint s'établir en Afrique, au tems de la grande inondation 
d*Arem II j en a aussi qui leur assignent pour souche Ber, nls 
de Quaïs-Phatlan, un des anciens rois d'Egypte, lequel ayant eu 
des démêlés avec si^ famille, s'était retiré dans l'intérieur des terres; 
et ils remarquèrent que lorsqu'on demandait des nouvelles de ce 
prince fugitif le peuple répondait Ber- Ber , ce qui signifie Ber est 
allé au désert » mots qui à la longue devinrent le nom patronimi- 
qne de sa postérité. Quoiqu'il en soit les Berbers sont cultivateurs, 
riches en bestiaux , belliqueux , adonnés à chasse et au brigan- 
dage , bons cavaliers , armés de fusils et de lances. Les Arabes 
qui les asservirent en 647 de J. C introduisirent chez eux leur 
religion et leur langue qu'on les voit professer et parler jusqu'au- 
jourd'hui , à quelques différences près dans les rites et la pronon- 
ciation. Ils avaient eu avant leur conversion au musulmamisme des 
princes particuliers et indépendante; au reste c'est de leur hwtàt 
même que sont sorties la plupart des dynasties qui ont régné depuis 
dans les contrées qu'ils occupent. 

(3} Mesure de capacité ; elle équivaut aujourd'hui , celle d'Al- 
ger, i 60 litres; de B6ne , leo ; d'Onu! , fanègue, loa. 



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— 28 — 
moutons et de sept cents bœufs. Haroudj raïs en io- 
forma son frère Khaïr-el-Din et lui enjoignit de. 
mettre en œuvre tous ses moyens pour parvenir, 
soit par la force des armes, soit par la ruse, à 
s'epoparer de ce mécréant, de ce fourbe. 

Lorsque ces instructions parvinrent à Khaïr-el- 
Din , il se mit à la poursuite et à la recherche de 
ce scheik et il n'eût de repos que lorsqu'il eût 
découvert sa retraite. Sa présence et les forces 
dont il était appuyé, en imposèrent tellement à 
l'infâme , qu'il fît inunédiatement sa soumission à 
Khaïr-el-Din et prit l'engagement formel de s'af- 
franchir du vasselage des Chrétiens et de lui 
payer annuellement le tribut à l'acquittement duquel 
il était précédemment assujéti par les Infidèles. Cette 
humble proposition fût acceptée par Khaïr-el-Din qui 
obtint en outre des otages en garantie de l'exé- 
cution de cet engagement. Khaïr-el-Din informa son 
frère des résultats de sa mission et ne tarda pas à 
aller le rejoindre à Alger. Là , les deux frères , mus 
par les mêmes pensées , s'appliquèrent d'un commun 
accord à maintenir la tranquillité et à assurer 



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— 29 — 
Texercice dé leur autorité dans toute retendue de 
leurs États. 

Le souverain qui régnait alors à Tlemsan, prince 
issu du sang royal des Béni-Zians, avait à sa cour 
un jeune homme , son neveu , qui se montrait extrê- 
mement jaloux de son autorité et ch^chait sourde- 
ment Toccasion de détrôner Son oncle. Ce jeune 
homme , impatient sans doute de goûter à son tour 
des honneurs du pouvoir royal , se mit à la tête 
d'une conspiration dirigée contre le Roi régnant; 
mais, soit trahison , imprudence ou autre cause , 
le complot fût découvert; dès-lors il ne pouvait 
exister de sécurité pour les conspirateurs qui du- 
rait prendre la fuite pour se soustraire à la ven- 
geance éclatante que le Roi se proposait d'en tirer. 

Le neveu se retira à la cour d'Espagne où il 
fût accueilli par l'Empereur qui le reçut même 
avec les honneurs réservés uniquement aux digni- 
taires arabes. 

Ces fêtes et cette considération dont il était sans 



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— 30 — 
cesse environné , révdilèrent dans sa tète les hardis 
projets qull avait précédemment rêvés ; convaincu 
toutefois que s'il était réduit à ses propres res- 
sources il ne parviendrait que difficilement à leur 
accomplissement , il n'hésita point à confier le 
secret de son projet à TinfidMe Empereur et s'en 
renut à sa généreuse protection du soin de le 
mener à bonne fin. Ce projet ne tendait à rien 
moins qu'à la conquête de la qôte d'Afrique dont 
il demandait le Gouvernement , s'engageant , de son 
côté, à reconnaître l'Empereur pour souverain et à 
agir envers lui à l'^al de ses vassaux. On pense 
bien que cette proposition fut acceptée avec joie par 
les* waudits Chrétiens qui bientôt après dirigèrent 
sur Tenès (1) une flotiUe chargée de leurs meilleurs 

(i) Tenèt est une petite YÎUe bâtie sur un pUteftu , à dix aÛDUtet 
de chennin , eoTiron , du bord de la mer , et à pea près à la 
moitié de la distance qui sépare Oran d*Â]ger ; on y tronve (yers 
Ja sud) beaucoup de ruines romaines; et cette circonstance jointe 
aux indications fournies par l'Itinéraire d'Antonin , et à one res- 
semblance de nom , autorisent k penser qu'elle se trouye sur l'em- 
placement de Cartenna ( Gart-Tenna , ou la Tille de Tenna ) Gart, 
Grth , signifiant une cité en langue Punique , colonie fondée par 
Auguste y et où se tenait la 3* légion; eUe fût la capitale d'une 
province comprise entre le Chélif et le Bfasafran , dans le tems où 



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— 3i — 
combattans. Les habilans de Tette ville ne purent 
résister longtems aux forces de Tennemi et du- 
rent capituler. Le premier but de l'expédition des 
Chrétiens étant atteint, ils mirent à la voile et 
retournèrent dans leurs pays après avoir laissé à 
Tenès le neveu du Rœ de Telen^san comme gou- 
verneur pour rSmpereur d'Espagne, avec quatre 
navires et cinq cents de leurs combattans. 

Khaïr-el-Din raïs apprit bientôt cet événement. 
Ce courageux déf»seur de la Foi, animé d'une 
ardeur infatigable pour le triomphe de la religion 
de rislam, s'embarqua avec une partie de ses 

il y avait un royaume de Telemsan. Tenèt fèt roéoM la résidence 
des rob particalîera que la famitte da Sttltan de Telemaan four- 
ait à ettte proYiaoe. Le dernier de cet petits soorerains Ben- 
Abdallah , persé cn té par Khalr-et-Din , se réfugia en Espagne oA 
il se fit chréden. Cette contrée est feitile en blé et en pAtnrages, 
et elle prodint beanoovp de miel et de cire. On sait rantiqne ré- 
putation des bancs de corail qui bordent son UttoraL Aujourd^mi, 
cette ^lle n'a ni ninr d*enceinte, ni IbrtereMe, ne compte qne deux 
eant cinquante maisons, dont tons les habitans sont Koballes; on y 
trouve quatre petites mosquées , dont une seule est à minaret. Il 
n*y a point de port à Tenès , mais une rade très large , abritée 
seulement des vents d*£st oà il est très dangereux de passer la nttit 
à Fa 



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— 32 — 
troupes et vint avec ses navires mouilla: devant 
Tenès; à la vue de forces aussi imposantes les 
Chrétiens qui étaient montés sur les bfttimens 
embossés pour la défense de la ville, se réfu- 
gièrent en toute hâte dans la place où ils se 
renfermèrent avec les habitans; Kha£r-el-Din as- 
siégea Tenès pendant toute une journée, depuis 
le fedjr, jusqu'à Tasr (1). A la nuit tombante, le 



(i) Fedjr est le moment où les premiers rayons dn jour éclairent. 

AsTy signifie I en général, le tenu pris abstractiyement. H signifie 
aussi époque , siècle. - Entre trois el quatre heures de Taprès-midi. 

Les autres heures du jour , sont : 

Scheronk d sehems, signifie le lerer du soleil , lorsque cet astre 
se fait jour à travers Tanrore. — Scherk indique cette action , 
d'où mecherek levant. 

Doha, vient du verbe daha qui veut dire : être visible, bril- 
lant etc. , doha est le moment de la journée où la lumière dn 
soleil est dans tout son éclat, et qui est le point intermédiaire 
entre le lever et le méridien de cet astre. — Six heures du matin. 

Zoual, le tems du jour où le soleil commence à décliner, et 
arrive à son point culminant. «- MidL 

Dohor , le tems du jour qui est après le xoliaL Ce mot n'a pas 
d'autre signification , il tient du verbe dahara qui a le sens d'appa* 
raître , être visible, etc. etc Une )ieure de l'après midi, 

Moghreb, est le tems du verbe, gharaba qui indique l'action dn 
soleil qui se couche. Six heures du soir. 

Scheroà el schems, tems qui approche de l'instant du coucher. 



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— 33 — 
Gouverneur jugeant bien qu'il ne lui restait aucun 
moyen de défense, et qu'il n'avait point de salut 
à espérer de la part des vainqueurs, s'enfuit de 
la ville en l'abandonnant aux hasards de sa des- 
tinée. Le lendemain matin la population honteuse, 
humiliée, vint au-devant des assiégeans faire sa 
soumission ti leur remettre les clés des portes. 
Khaïr-el-Din le capitaine ( que le Très-Haut répande 
sa grâce sur lui) voulant bien croire à la sincérité de 
leurs protestations de fidélité leur fit grâce de la 
vie ; il entra en vainqueur dans la ville soumise 
par ses armes , s'empara de tout ce qu'il trouva 
à sa convenance et revint à Alger avec le butm con- 
quis et quatre cents Chrétiens , seuls débris vivans 
de la garnison de Tenès. De retour dans sa capitale , 
il continua à gouverner de concert avec son frère 
Haroudj. 




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filUPITIil 1 



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CHAPITRE m. 




^Bs deux illustres raïs Haroudj et Khaïr- 
^el-Din se partagèrent le gouyemement 
tàe leurs États ; toute la partie de TEst 
fut soumise au commandetteut de Khaïr-el-Diii, 
et celui de FOuest à son frère Harouciy. 

Ekali^l-Din, étabUt sa résideBee à Dellys (1) 



(i) Dellys ou TedlAi, selon la prononciation koba!le> est une 
très petite yille , b&tie sur le cap Bengut à une quinzaine de lieues 



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— 38 ~ 
dans la province de l'Est. Là , avec le concours 
de ses braves soldats il sût s'afiEmnir dans son gou- 
vernement naissant: il salaria ses troupes pour 
mieux gagner leur confiance, et sûr de leur dévou- 



dans TEst d'AJger. Si les distances fournies par l'itinéraire d'An- 
tonin sont exactes , c'est à ce point de la càte qn'il faut placer la 
colonie romaine de Rus-Gorro ( Rons-Ucnrro , cap Ucurro ) qne 
l'empereur Claude aTait honoré du droit de cité. U y a, en effet, 
dans les environs de Dellys des ruines assez considérables qui an- 
noncent l'existence d'un établissement antique de quel qu'im- 
portance. 

La Tille moderne se développe sur un c6té d'une crique décorée 
du nom de port par les patrons de six k huit barques qui forment 
la marine locale , et se compose d'un très petit nombre de maisons 
dont les dimensions sont fort exiguës ; à l'exception d'un bâtiment 
assez considérable qui parait être une sorte de forteresse. En avant 
de Dellys, et sur la pointe même du «ap,est un joli marabout 
dont la blancheur ressort parmi les antres édifices qui sont tons de 
couleur rouge. Un groupe de beaux arbres le cache en partie aux 
regards. Au reste , pour bien apprécier Rniportmice de cette bour- 
gade il ne ùtnt pas ae bocncrià «lonsidéror ia villt pro|ireiMnt dite* 
car le massif montagneux compris entre le Oued-Bou-Brack et le 
cap Bengut est également couvert d'habitations disséminées «u 
milieu de jardins délicieux qui produisent ces magnifiques raisins 
qui alimentant le marché d* Alger, concurremment avec cenx de 
GhercheL Cette espèce de banlieue parait beaucoup plus peu- 
plée que Dellys lui-même, et elle constitue un pays dont l'as- 
pect pittoresque et la fertilité sont de natufe à satisfaire à la fois 
et Tartiste et ragricnltenr. 



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— 39 — 
ment et de lénr assistance , il songea sérieusement à 
étencke son action aor Tintérieur des terres. II divisa 
donc son gouvernement en plusieurs districts et en- 
voya dans chacune de ces divisions un agent sur 
la fidélité du quel i]» pouvait compter et qu'il in- 
vestit de ses {dein^-pouvoirs. 

Sur ces ^trefaits , le Gouverneur qui avait si hon- 
teusement et si lâchement abandonné Tenès de 
l'Ouest, apprit que Khaïr-el-Din avait subitement 
quitté la ville conquise pow* aller s'établir à Dellys 
de l'Est; à cette nouvelle, il se rendit immédiatement 
dans la province de l'Ouest, et entra pour la 
deuxième fois dans la ville de Tenès dont il fût de 
nouveau proclamé Gouvemçur. L'influence qu'exer- 
çait Haroudj dans la parUe de -l'Ouest lui donna 
bientôt de l'ombrage ; et son premier soin , en pre- 
nant possession de son gouvernement fût de sou- 
lever contre son rival les populations de l'intérieur. 

Fatigué des sourdes machinations de ce traître, 
brûlant d'ailleurs du désir d en tirer vengeance , 
Haroudj pria son frère Khaïr-el-Din de se trans- 



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— 40 — 
porter à Alger pour le remplacer, pendant son ab- 
sence. Confonbément au désir de son frère, Khaïr-«1- 
Din quitta Dellys et arriva à Alger où il esxerça 
par intérim l'autorité suprtoie; Haroudj raïs, tran- 
quille du côté de la province , (assembla ses troupes 
pour son expédition de TOuest, dans le double but 
d'étendre son pouvoir dans cette partie de ses États 
et de s'emparer du chef maudit de Tenès. Sous l'in- 
vocation de rÉtemel, les Ulémas d'Alger, pronon- 
cèrent une fétouah contre le lâche Gouverneur de 
Tenès et ses maudits acoUtes. Haroudj rais partit à la 
tète de ses troupes. 

Le Roi de Telemsan loin de chercher à s'assurer 
la bienveillance de son peuple que la conjuration de 
son neveu avait fortement indisposé contre lui , ne 
cessait au contraire de l'opprimer de la fagon la plus 
dure; il régnait sur ses sujets en véritable despote; 
de leur côté , ceux-ci horriblement fatigués d'une 
aussi longue oppression , cherchaient de toute part 
un nom sur lequel ils pussent s'appuyer. Haroudj 
fut désigné par la clameur publique: on le pria, 
on le supplia , et Haroudj se rendit avec plaisir à 



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— 44 — 

iem vœux , car il entrait dans ses iutérèls de réu- 
nir Telemêan à sa province , aux états qu1l possé- 
dait d^. Aidé des Arabes qui venaient à tous 
momens lui faire leur soumission , il commença le 
siège de la ville quî ne tarda pas à capituler. 

Le tyran prévoyant d'avance le châtiment qui 
Tattendait s'enfuit de Telemsan , emportant avec lui 
toutes les richesses qu'il avait amassées pendant son 
règne et fut chercher un asile chez le roi de Fas ^ 
qui était de la famille royale dos Beni-Merin , et lui 
demander les moyens de reconquérir son royaume. 

Pendant ce tems Haroudj, le capitaine, entrait 
dans Telemsan , s'y fesait reconnaître roi , ordonnait 
la mise en liberté des deux frères du prince déchu, et 
par des largesses habilement distribuées , il s'affer- 
missait dans sa nouvelle conquête. 

Dans la partie de l'Ouest, se trouve Kallà-B^ii 
Rasched (1) pays fertile en grains et riche en bes- 

(i) Le mot Kallâ sigoifie un lieu élevé, et par extension, une for • 
(ereste , parce que c'est ordinairement sur des hauteurs que l'on 



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- 42 — 
tiaux. Le commerce de grains de Kallft était coùâéé- 
rable; la ville d'Oran qui à cette époque était au 



place cet sortes de constmedons. Il y a ea Algérie beancoof» d'en- 
droits portant ce nom » aussi notre chroniqueur a-t-il ajouté la dé- 
signation de Beni-Rasched pour mieux préciser Je point dont il 
entendait parler. Malgré cette précaution les historiens et les géo- 
graphes sont loin d'être d'accord sur l'emplacement de cette yille. 
MM. Saiider Rang et Ferdinand Denis qui en publiant la traduc- 
tion faite par Venture , d'un manuscrit anftbe sur la fondation de la 
régence d'Alger , ont enrichi cet ouvrage de not«s précienset em- 
pruntées aux auteurs espagnols, sont d'aTÛ que le Kallâ en ques- 
tion est celui qu'on trouve à sept lieues Est de Mascara. Nous 
croyons qu'ils se trompent , car il est impossible de rattacher aax 
Beni-Rasched une Ville qui est à plus de quarante lieots £st du 
territoire habité par cette tribu. D'ailleurs l'auteur arabe qui s'est 
efforcé de désigner de son mieux le Kallà où furent tués Ishak 
et le corse Iskender, n'aurait pas manqué d'indiquer que c'est 
c«lui où l'on fabrique des tapis fort célèbres dans le pays; car cette 
industrie est la seule qu'on y pratique de tems immémorial. Il dit 
seulement que c'est une contrée riche en bestiaux et fertile en cé- 
réales dont on y fait un commerce considérable # particokrité qui 
ne convient nullement à la petite bourgade située auprès de 
Mascara. 

Pour résoudre cette apparente difficulté , il suffira de considé- 
rer le but que se proposait le marquis de Gomarèt , en envoyant 
Martin de Argote faire le siège de Kalla Beni-Rasched. H voulait 
rétablir à Telemsen, dont Haroudj venait de s'etoparer, le prince 
arabe qui y régnait avant cet événement , sous le patronage de 
l'Espagne ; pendant qu'Haroudj se rendait maître de Telemsan , son 
frère Khalr-el-Din avait jette cinq cents Turcs sons le commande- 



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— 43 — 
pouvoir des Chrétiens, recevait toutes ses denrées 
de Kallà B^-Rasched dont les habitans étaient ses 
alliés. Mais lorsque le roi de Telemsan fût déchu 
de son pouvoir , et que Haroudj en véritable con- 
quérant , se fût assis sur le trône , il défendit sous 
pane d'un châtiment terrible aux habitans de 
KaUft, de eonânuer toute relation commerciale ou 



ment dlakepder.dans la Tille de Kallà ; or comme lei Espagnols 
ne disposaient qne de deox mille hommes et d'un petit nombre de 
cavaliers y ils jugèrent prudent d'attaquer d'abord Iskender, et de 
vaprcnére KaUà , ce qui les rendait maîtres de la seule roule par 
laquelle un secours pouyait arriver k Telemsan puisque cette for- 
teresse commandait la vallée du Cbélif ^ au point d'intersection 
des cbemins de Cherchel et d'Alger. La possession de ce lieu ré- 
tablissait en outre la faculté d'approvisionner Oran , autre objet 
qu'ils avaient également en vue. 

Or , comme aucune de ces circonstances capitales ne peut con- 
venir i KaUà , située auprès de Mascara , puisque cet endïoit n'a- 
vait aucune importance sous le rapport agricole , qu'il ne pouvait 
donner la faculté d'intercepter les troupes qne Kbaïr-el-Din aurait 
po envoyer à Haroudj, n'étant pas comme l'autre placé de ma- 
nière à se rendre maître de la ronte, puisqu'enfin notre auteur 
indigène, bien à même de connaître les localités , l'appelle Beni- 
Rasched et que cette tribu établie sur la rive droite du Chélif , 
est à une grande distance de Mascara ; par tous ces motifs , il 
parait érident que le Kallà dont il est ici question , doit être 
placé au point d^tersectiou des routes de Cherchel et d'Alger 
dans la vallée du Gkélif 



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— 4i — 
poUlique avec les Chrétiens d'Orau. Là position de 
ces derniers dût naturellement en sonf&ir, et le 
roi détrôné de Telemsan profitant de cette circons- 
tance écrivit aux Espagnols et leur dit : 

« Vous voyez par vous-mêmes la position cri- 

» tique où vous vous trouvez depuis qu'un usur- 

» pateur aidé de cette population parjure est ve- 

» nu me faire descendre du trône de mes pères ; 

» à peine les Turcs ont-ils planté leur étendard 

i> sur les remparts de ma capitale que les vivres 

» et les denrées que Kallâ vous fournissait ont cessé 

» de vous parvenir ; ô vous , pourquoi ne point 

» m'avoir secouru, et aidé à exterminer Haroudj 

» raïs? pourquoi ne m'avoir point envoyé de vos 

» troupes pour me soutenir, et de Tor pour assurer 

» ma puissance sur ces hordes rebelles? votre 

» position n'aurait-elie pas été à l'abri de toute ava- 

» nie? Je crois de mon devoir de vous en prévenir; 

» réfléchissez aux conséquences terribles de ces 

» événemens; réfléchissez, car avant peu, peutrêtre, 

» le moment en sera éloigné , et ces hommes en- 

» vieux de toutes choses, viendront vous atta- 



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— 45 — 
D quer jusque dans VOS plus forts retranchemens! » 
Ces paroles ne manquèrent pas d'atteindre le but 
que se proposait leur auteur; les Chrétiens ébranlés 
par les insinuations perfides de Finftme Roi, ré- 
pondirent à sa missive dans les termes suivans : 

(c Vous ne nous avez jamais d^nandé protec- 
» tion ni secours ; jamais aucune communication ne 
» nous est parvenue de votre part. Si tdle avait 
» été votre intention et le caractère de vos dé- 
» marches , certes nous n'aurions pas hésité a ai- 
y» der un allié tel que vous; le mal est fait, il fout 
» s'efforcer d'y remédier; nous vous offrons notre 
» concours ; ce dont vous aurez besoin vous l'aurez; 
» allez, volez au-devant de l'enn^ni et en l'ex- 
D terminant , qu'il se r^nte d'avoir souillé vos 
» états et osé braver notre puissance; nous réité- 
» rons l'engagement que nous venons de prendre; 
» rien de ce que vous demanderez ne vous sera 
» r^sé. » L'inf&me satisfait de la réussite de son 
message , leur écrivit aussitôt. : « Envoyez-moi une 
» somme d'argent assez forte pour assurer une 
» levée considérable de troupes; avec elles je re- 



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— 46 — 
ï> conquerrai OKm royaume, et ccaxusae par le passé, 
» je TOUS fournirai en allié fidèle tous les grains et 
» tous les vivres dont vous pourrez avoir bescûn. » 

En conséquence de cette demande les maudits 
Chrétiens lui envoyèrent une somme de sept mille 
dinars d'or et une légion composée de quinze cents 
soldats; ils prirent en otage soixante en£ans des 
principaux chefe arabes , réunis sous les étendards 
de rex-r(H de Tel^nsan. 

L'infâme ayant réuni une armée de quinze cents 
cavaliers et les ayant joints à la légion espagnole, 
marcha immédiatemat^ âur Kallà Beni-Rasched. 
Khaïr-el-Din raïs qui commandait à Alger pour 
son firère Hairou^j , connaissant toute la fiaôblesse 
de la garnis(Hi, aivoya au secours de Kallâ une 
armée sous les ordres de son autre frère Ishak. 
Une légion de Chrétiens formait déjà le siège de la 
ville , lorsque I^ak et ses braves arrivèrent à son 
secours; il se livra une grande bataille sous les rem- 
parts de Kallâ ; et , grâces en sdent rendues au 
Maître-Étemel des Deux-Mondes , tous les avan- 



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— 47 — 
tages furent glorieusement acquis aux troupes de 
Ishak qui purent à Tissu du combat rentrer en ville 
et se joindre à la garnison que Haroudj raïs y avait 
laissée. Les pertes des Qbirétiens s'élevèrent dans 
cette journée à mille hommes dont sept cents tués 
et trois cents prisonniers. 



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lï. 



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GHAPITIIE IV. 



r de tems après que Ishak et ses troupes 
rent entrées dans Kall^, le roi maudit 
i Tetem^an , «rriva avec son armée d' A*^ 
rabes et sa légion de C3irétiens et prit immédiate-^ 
ment les disppsîtîQn^ néce$saire$ pour œtourer la 
ville et iatere^ter toutes ses cc^oammications avec 
le désart; |a garnison trop inférieure eia nombre aux 
assiégeans se renferma dans se9 murs et évita d'eii-* 
gag^ une bataille décisive ; elle fit toutefois quelqyes 



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— 52 — 
sorties dans l'une des quelles cent vingt Chrétiens 
tombèrent en son pouvoir. Informé par ses espions 
que les assiégés allaient en tenter une nouvelle, Tin- 
fftme roi de Telemsan fit poster à rencontre de Fen- 
nemi, en face même d'une des portes de la ville, la 
légion espagnole et son artillerie qui fût établie de 
manière à mitrailler les assiégés. Les Musulmans ne 
s'y attendaient pas et lorsqu'ils voulurent sortir de 
la ville l'artillerie espagnole fesant feu de toutes ses 
pièces en tua un nombre considérable; ils furent 
jouir dans le ciel du bienfait du trépas glorieux des 
martyrs. L'effroi s'empara des Musulmans qui ren- 
trèrent en désordre dans Kallâ Beni-Rasched dont le 
siège continua pendant seize mois consécutifs. 

Pendant la durée de ce si^e, les Espagnols travail- 
lèrent à un chemin couvert conduisant à une mine 
qu'ils creusèrent, qu'ils remplirent de poudre et de 
projectiles meurtriers; le feu fût mis à la mine el 
dans son explosion une partie de la ville sauta et 
laissa dans ses murs un accès dont les assiégés voiv- 
lurent profiter pour gagner la campagne; ils se por- 
tèrent en désordre vers la brèche d'où ils furent re- 



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— 53 — 
poussés par l'ennemi qui leur criait : « Dussions- 
» nous rester six ans ici , il faut enfin , qu'avec Faide 
» du Très-Haut, nos armes YÎauirat à bout de cette 
» poignée de dtfenseurs! » 

Une trêve de courte durée f(A cependant consen- 
tie de part et d'autre et on ai profita pour ouvrir des 
n^ociations. Les assiégés s'engagèrent à remettre 
tous les prisonniers de guerre, à abandonner la ville, 
mais ils prétendirent n'en sortir qu'avec armes et 
bagages; leurs propositions furent agréées, et ils 
purent librem^it passer au milieu de l'armée en- 
nemie. A peine avaient -ils firanchi les remparts 
que le sentiment de la liberté vint ranimer le 
feu du courage qu'un instant de désespoir avait 
suffi pour abattre et par un retour sidnt à leurs 
pr^nières inspirations ils tombèrent toutr-à-<x)up 
sur l'ennemi. Pour celui-ci l'instant de la surprise 
fiit court; il reprit bientôt l'ofTensive , et dans l'en- 
gagement acharné qui s'en suivit, Ishak paya de sa 
vie son amour de la vraie foi. La mort du chef 
ralentit nécessairement l'ardeur de ses soldats; 
toutefois un des lieutenans du noble Ishak , le 



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— ft* — 

feFave idbeDder B^anaMAt du glaiv» toHibé i|eft mak^ 
dn firèra de son roi, parvint à stllier itm moade; 
à rmimer tes couriaget ah>ttM; mai» hélafl? cedMw 
mer effort fiHt inutile. Acaafaiéa par deB ioma iHipé^ 
rieures, entourés de toateB parts. Us snooombèrmt 
linmœei^ Jimpi-au damer et kmr tang ghiénsim 
arroea une saoçada fins cette tmre de maHMr. Qw 
la mbérioorde di^b» n^[)aiidd M8 grAeea fl^^ 

 la nonvdle de ce désastre, Khaïr^-Din se sou- 
mît sans murmurer aux décrets de la providence , et 
s'en remit à la protection divine du soin de déci- 
der de son avenir et de celui de ses compagnons. 
Toutefois , il ne n^ligea rien pour réparer cet écheo , 
et il sut mettre à profit les longs loisirs de l'hiver qui 
ne lui permettait de rien entreprendre, pour pré- 
parer les forces et les ressources dont il devait dis- 
poser au printems. C'est alors seulement qu'il partit 
d'Alger à la tète de six cents fantassins et de plus de 
vingt mille cavaliers qui devaient à la fois assuré le 

(i) Cette expédition était commandée par Martin de Argote. 
( Voir la noie précédente. ) 



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— ôft — 

BttGcè» dé 8QIL enlrèpriae et tKnfvdi* flias fraotièiw 
menaoéeê par le sourerson de Telebmait : 

Toute la partie du^Gilad) était Ifii [^U8 fiâde de sds 
états; c'était celle aussi qui lui donnait le plus d'in- 
quiétude, et comme il prévoyait bien ne pouvoir 
en garantir les approches , il fit un appel au dévoû- 
ment de ses habitans. 

a Gloire à vous, leur ditr-il, gloire ô mes braves 
» soutiens! s'il est écrit que le sultan de Telemsan 
» vienne encore parmi vous exiger votare soumis- 
2) sion , évitez tout combat , reculez devant toute ré- 
y> sistance; l'oppression en serait le résultat infail- 
» lible. Recevez-le au contraire avec joie et hon- 
» neur; soumettez- vous à son pouvoir éphémère; 
» attendez que l'heure de la victoire ait sonné pour 
» vous ; attendez enfin que je vienne réclamer de 
n votre ancienne affection le concours de vos ar- 
» mes. » 

Les tribus de l'Ouest se conformèrent fidèlement à 
cette invitation , et dès l'entrée du roi de Telansan 



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— 56 — 
sur leur territoire leur soumission ne se fit pas at- 
tendre. Elles ne lui épargnèrent ni protestations ni 
honneurs; comptant bien sur la réalisation prochaine 
des pr<unesses de Khaïr-el-Din. 



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l 



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CHAPITRE V. 



/e roi, (que son nom soit maudit) cons- 

^tamment secondé par les Chrétiens , diri- 

Pgea ses troupes sur Alger en même tems 

qu'une division navale espagnole se présentait pour 

attaquer la ville. (1) L'heure du zoual sonnait quand 



(i) Les aiiccès obtenus par les Espagook dans la proTÎnce d'O* 
ran et notamment la brillante victoire remportée par le marquis 



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— 60 — 
cette flotte apparût à rhorison d'Alger. Poussée 
comme le rapide ouragan, elle mouilla devant la 



de Comarèft tor Haroudj qui pcrit tor le champ de bataille » 
firent penser à Gharlet-Qaint que le moment était (avorable pour 
exterminer les corsaires d'Alger; une expédition fût donc résolue , 
et le soin de la diriger fut confié à Hugo de Moncade , prince Ae 
Messine , bailli de Sainte-Euphémie et Tice-roi de l'emperenr en 
Sicile ; Gonzalve Marins de Ribera lui fut adjoint en qualité de 
chef de l'artillerie avec la mission spéciale de diriger l'attaque de 
la ville ; mission importante , qui le mettait en quelque sorte sur 
le pied de l'égalité vis-à-yis du général en chef. Ce partage mala- 
droit du pouvoir fût une des principales cause du désastre qui 
termina cette entreprise. 

Le 17 août i5i8 la flotte espagnole vint mouiller dans le fond 
de la baie d'Alger. Elle se composait de trente navires , huit galère» 
et quelques brigantins de transport, et elle avait à bord outre 
quatre mille hommes de vieilles trou^ es espagnoles , quelques 
renforts qu'elle avait successivement recueillis dans ses relâches à 
Bougie et à Oran. Selon les historiens espagnols Moncade s'empara 
le jour même du débarquement d'une hauteur qui lui offrait une 
position finvorable , et il s'y fortifia avec quinze cents hommes ; il 
voulut commencer immédiatement l'attaque de la ville ; mais Ri- 
bera s'j opposa, disant qu'il fallait attendre l'arrivée du contingent 
promis par le roi de Telemsan , afin d'employer ces Arabts anxi- 
iMÛres contre la cavalerie indigène que Khair-el-Din pouvail leur 
opposer. Un conseil de guerre assemblé pour traiter cette question 
discuta pendant sept jours sans rien décider; le huitième jour, un 
coup de vent du nord jetta à la cAte vingt-six navires de la flotte et 
quatre mille hommes se noyèrent. Dans ce naufrage Moncade 
obligé à la retraite par un pareille désastre , abandonna ses re- 



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— 61 — 
ville à l'heure où du haut des minarets les muezzins 
appelaient les fidèles Croyans à la prière de TAsr; 
le chef des Chrétiens , que son nom soit maudit , en- 
voya aussitôt une lettre à Kkaïr-el-Din le capitaine ; 
«Envisages, lui disait-il dans cette lettre, envisages la 
destinée de tes frères !... Haroudj et Ishak ont tous 
deux succombé sous nos coups; si donc tu te préoc- 
cupes quelque peu du relief attaché au titre dé vail- 
lant capitaine, si tu tiens à mériter Festime univer- 
selle , tu dois croire à la sagesse de nos consieils ; tu 
dois t'y rendre aveuglément, si non ton sort sera 
celui de tes frères ; songes-y bien avant de prendre 
une détermination; crois-moi , la fortune nous sourit, 
et la victoire qui apparaît radieuse à Thorison sem- 
ble voiler à jamais notre mauvaise étoile. Déjà, et 
tu né l'ignores pas, le succès a couronné plusieurs 



tranchemens laissant derrière lui un matériel immense, et descendit 
sur la plage poilr se rembarquer. Il fut soiTÎ par' les Turcs et les 
Arabes qui lui tuèrent beaucoup de monde et firent un grand nom- 
bre de prisonniers. U parvint cependant à gagner ses navires avec 
une poignée d'hommes échappés au massacre. Pïiul Jove raconte 
que ce général avait à peine mis à la Toile qu'une autre tempête 
lui jetta plusieurs bâtimçns à la cAte et fournit aux Algériens une 
nouvelle occasion de massacrer des Chrétiens et de faire des esclaves. 



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— ça — 

de ^os entpe^uîses. Encore une fois y mûris bien 
ta détermination pvant de nous la tranamettre. » 

la lecture de oetla lettre ^erra le ccnv du brave 
Khaïr^Diu fui f^ fit point attendre 3a réponse; 
« Cbr^ifin! tu le Aroiiq^ ^traii^teiont 
» gnon? que nous avons pttrdns daaa tas coratats 
» joe ^nt pas i9<Hts à toii^ours j ils viveot de cette 
» vîe céleste ^que leur réservait rËtemel qu'ils in- 
D voquaient et défendaient sans cesse et qui pleip 
» d'une bonté infinie , les a pris sous sa divine 
» protection; ^empts de soucis et de peines, ils 
x> sont heureux là haut! aux demeures éternelles, 
» au hoiji des fleuves où les divines flouris les 
D récompensent des chagrins de ce monde; Ms 
» ^cot plapés au rang des ^kis dignes de la bonté 
» divine, car ils ont sacrifié leur vie terrestre 
ï> pour la défense et le maintien de la f(Â\ Quant à 
Y> nous, Chrétien, nous sommes aussi in4)atients 
» de te combattre que tu peux Têtre toi-même de 
• soumettre Alger. Nous combattrons avec d'au*** 
» tant plus d*ardeur que les récompenses accor- 
» dées à Qos frères morts pour la sainte cause. 



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— 68 — 

» nous sont égafemeût réservées dans le Ciel. Avec 

» l'aide de Diett, le sort qui a trahi nos firères, 

» ce même sort vous sera réservé. KéiÉMiissez to^ités 

» vos forces pour nous attaquer , car taiït qull notts 

» restera: uû sofffflfe^ de vie, nouis déféndrotis Algëi* 

» laCruerrière et i^est èû Vàitt que vous ei^meitesi 

» d'en enlever une seule pierre. -^ Ainsi âofsc , ni 

» trère, ni pitié, ni pstlx! et jusi^u'à cfe que Dîeti 

D qui est le meilleur arbitre e^ dispose àutremeM y 

» la lame acérée! du cîmetefré décidera sefrfe €»- 

» tre nous! » 

Immédiatement après la lecture de cette lettre, 
le chef des Chrétiens ordonna le débarquement 
des troupes et du matériel. Cette opération se fit 
rapidement, car dans la soirée du même jour une 
partie des troupes était déjà à terre, et deux jours 
après tout y fut déposé, hommes, artillerie et ba- 
gages. L'attaque suivit de près le débarquemeQt ; 
Tannée ennenne divisée en deux corps se porta 
sur la ville pendant que Tartillerie des vaisseaux ou- 
vrit son feu sur les batteries de terre. 

Le ttïGWent était venu : Ehaï-eÇ-Din rafft â la tète 



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— 64 — 
de cinq mille hommes de troupes bien déterminées à 
faincre ou à mourir, sortit de la ville après y avoir 
laissé trois cents de ses soldats et des armes pour 
les habitans; se portant alternativement du centre 
de sa petite armée ^ Tatle droite et à Taîle gauche 
il stimula le courage de ses troupes et les haran- 
gua tour-à-tour. Dès-lors, rien n'arrêta plus l'im- 
patience de cette brave légion qui déjà animée 
par la foi qu'elle allait défendre, se confia en 
Dieu ( que son nom soit vénéré et glorifié) et se 
précipita de toutes parts sur l'ennemi infidèle. 
Cette attaque intrépide et spontanée, ébranla un 
instant le courage des Chrétiens, surpris de ce 
choc imprévu; cependant la voix de leurs chefs 
les ayant rappelés à leur devoir , ils reprirent fof- 
fensive. Le combat qui dura assez longtems f&t 
meurtrier pour l'ennemi de la vraie foi , et la vic- 
toire jusque-là indécise se déclara enfin en faveur 
des Musulmans. Une terreur panique s'empara alors 
des Espagnols qui , poursuivis par les soldats de 
Khaïr-el-Din, se précipitèrent vers le rivage dans ' 
un désordre complet; ils eussent été entièrement 
exterminés si la division navale ne fût venue fort 



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— 65 — 
à-propo6 les couvrir de son feu et les mettre ainsi à 
l'abri de la poursuite des vainqueurs. Le résultat im- 
i»édiat de cette journée fui de réduire à six mille les 
vingt mille ennemis qui avaient pris part au combat. 
A la tombée de la nuit les Musulmans rentrèrent 
triompbal^nent dans la ville pour s'y reposer jus- 
qu'M lendemain des fatigues de la journée, et les 
Espagnote songèrent à regagner leurs navires > mais 
par un enchaînement de malheurs pour ces infi- 
dèles» la gicQsseur effrayante de la mer les en 
empêcha et iJb durent se résoudre à se confiner 
derrière leurs retranchemens pour éviter Tattaque 
de nos hra¥es soldjgJ»- — Le lendemain cependant, 
les Musidmans traînant après eus; leur artillerie, 
vinrent assiéger le camp ennemi ; Tattaque dura 
deux jours et deux nuits ; le troisième jour 
la mer s'étant enfin calmée, les maudits Infidèles 
purent embarquer à bord de leurs vaisseaux les 
débris de leur armée et de leur matériel. La ma- 
nifestation de la puissance Divine, est telle, que 
dès l'instant où les vaisseaux se couvrirent de 
voiles, une tempête effroyable s'éleva tout-à-coup 
et plusieurs d'entre eux vinrent se jetter à la côte. 



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— 66 — 
N'est-ce point là le témoignage le plus évident de 
la protection constante dont Dieu l'Éternel gra- 
tifie Alger la Guerrière ?... Bientôt la plage fût 
couverte de débris et les Infidèles après avoir vai- 
nement demandé des secours à leurs frères que la 
mer empêchait d'accourir à leur aide , vinrent trou- 
ver ou la mort ou l'esclavage au milieu des Mu- 
sulmans rassemblés sur le rivage. Les Chrétiens 
qui reçurent des fers dans cette circonstance fu- 
rent au nombre de trois mille; plus de trente-six 
chefs furent également réduits à l'esclavage, et au 
nombre de ceux-ci se trouvait le commandant en 
chef des vaisseaux, que Jes Espagnols 'nommaient 
leur générai ( gen'ran ). 

Khaïr-el-Din rentra avec ses troupes et ses pri- 
sonniers dans Alger; le peuple tout entier à la joie la 
plus vive célébra cette journée conmie une des plus 
belles fêtes religieuses de l'année et combla de bé- 
nédictions et d'actions de grâces son noble et digne 
maître , qui , pour la deuxième fois , venait de les 
sauver des ennemis de l'Islam. Par ordre de Khaïr- 
el-Din , les esclaves furent jettes dans des cachots et 



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— 67 — 
des agens y exercèrent sous leur responsabilité la 
plus rigide surveillance; quant au sublime général, 
par une faveur spéciale, Khair-el-Din l'installa dans 
son palais oii il fut gardé à vue, et ou des soins 
furent donnés à ses blessures.. Il fût du reste lar- 
gement pourvu à ses moindres besoins. Cette défé- 
rence accordée par Khaïr-el-Din au chef des Chré- 
ti&ks était Teffet calculé .d'une profonde politique. 
L'esclavage du chef devait être le sujet d'amers 
regrets pour le souverain espagnol , et tout por- 
tait à croire qu'il pourrait être traité de son rachat 
sous des conditions très avantageuses pour Khaïr- 
el-Din; sa mise en liberté pouvait, en un mot, 
amener la restitution des esclaves Musulmans tom- 
bés au pouvoir des Chrétiens. Toutefois, à peine 
les blessures du général furent-elles cicatrisées, 
qu'on le conduisit au lieu même où ses compa- 
gnons étaient détenus. 

Le roi de ^Telemsan joua dans tous ces faits , le 
r61e de spectateur; il ne pût y prendre la moindre 
part; aussi, lorsqu'il apprit en même tems et la 
défaite des Espagnols et la nouvelle victoire rem- 



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— 68 — 
portée par Khaïr~el-Din le capitaine, il abandonna 
immédiatement le territoire algérien et se retira à 
Telemsan dans Tattente des évènemens. Les débris 
de la division navale , échappés au naufrage , par- 
vinrent à rentrer dans les ports d'Espagne, ou la 
nouyelle de cette désastrense campagne jetta Ta- 
larme dans toutes les familles ; le nom seul de Bliâlr- 
el-Din que les Espagnols nommaient Barbaratucha 
( Barberousse ) suffit dès-lors à répandre la terreur 
sur toute la côte. 



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ÏI. 



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CHAPITRE VI. 




la. suite de cette expédition Tag^mé- 
iratioQ des prisonniers du bagne devint 
^tdlement considérable qu'dle dût causer 
de sérieuses inquiétudes aux agens chaînés de leur 
garde; ils chirent prudent de s'adresser à Khsir- 
eH)in et lui firent entrevoir le danger de tenir 
rassemblés dans un même lieu un aussi grand 
nombre de Chrétiens tombés en son pouvoir par 
l'effet de Tassistancè Divine. « Le fort de Tenne- 



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— 72 — 
nu , tai ëcrivirrat-ik , toudie presque à notre yiUe ; 
( car ceci se passait en 936 et Khalr-^Din s'empara 
des établissemens espagnols situés en fece d'Alger 
en l'an 939) ne doit-on pas redouter leur fuite 
vers ce point? le trsget est si court! Khaïr-el-Din 
apprécia la justesse de cet avis et fit construire sous 
terre trois vastes cachots dans lesquels on trans- 
féra les prisonniers qui furent ainsi placés dans 
l'impuissance de se soulever contre leurs gardiras. 

Or, il y avait au nombre des agens chaînés de 
la surveillance des esclaves , un jeune homme spé- 
cial^tnent attaché au service du général espagnol; 
séduit sans doute par ses offres brillantes et par 
Feqpoù* d\me ré«9Sfle oartaine, le jeune homme 
consentti à se prêter à h teptative d'évtaîoii com- 
binée par le général : « A l'aide dee <^, que pen- 
1 dant kt Mit ta^déraberaft à ms wrveUtama» 
» loi dit oektt--ci , tu noM ouvriras les porteit 4^ 
A nos cachots; danewea saM inqnîétiiAe ; le» tm 
» (f idarme seront sans pêne étoi^Eâa , et à hi lih 
it veup de l'obsevrilé nous boi» aainverow rapide^ 
» ment vers la plage , dans la dijreetion du fort 



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— 73 — 
» que les Espagnols occupent en face d'Alger. Là, 
» au moyen de signaux bien connus, des barques 
» nous recevront et nous rendront à nos frères. Quant 
» ^ toi qui aui*as si généreusement concouru à la 
» délivrance des braves guerriers mes compagnons 
» d'infortune , quant à toi jeune homme, tu seras 
» noblement et dignement récompensé par mon 
» souverain seigneur et maître. » 

Ces pçuroles achevèrent d'ébranler le jeune honmie 
et on attendit avec une vive impatience le mo- 
ment favorable à l'exécution de cette hazardeuse 
entreprise. C'est ici surtout qu'il faut reconnaître 
le doigt puissant de Dieu! c'est ici qu'Alger la 
Guerrière produit un témoignage éclatant du puis- 
sant patronage dont elle est oonstammrat l'objet. 
Par une singulière coïncidence, alors même 
que le général oàrétien cherchait à corrompre son 
gardien et l'associer à sa téméraire entreprise, 
Khaïr-el-Din assistcût en songe à un cataclysme 
effroyable qui r^iversait ses prisons et ^igloutis- 
sait s^ esclaves. Vivement agité par un aussi fatal 
pronostic, il se réveille en sursaut, se prosterne à 



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— 74 — 
lerre et demande humblement à Dieu la continua- 
tion de son appui ainsi qu'Un rayon de sa céleste 
lumière pour l'éclairer dans les ténèbres de cette 
mystérieuse yisioù, La prière et la foi le raniment, 
et bientôt il se relève plus calme et plus tranquille, 
puis il fait appeler ses officiers et les surveillans 
des esclaves. 

Cependant il est facile de comprendre qu'il est 
encore sous l'influence des songes de la nuit, car 
il sinforme avec inquiétude dé ses prisonniers et 
mande sans délai le jeune honmie attaché au ser^ 
vice du générai chrétien. Aux întei^Ilations de 
Khàïr-el-Din , celui-ci répond tout d'ûbohl n'aVoir 
échangé avec l'ennemi aucunes paroles (Contraires à 
la sûreté des esclaves ou à celle de l*État; toutefois 
la crainte des supplices dont on le menace , ^rainle 
sa fermeté; il avoue que le chef des maudits Chré*- 
tièns l'avait en effet séduit par des propositioâ^ per- 
fides; qu*il s'était engagé à ouvrir les portes de la 
prison et que les esclaves devaient profiter dfe cet 
instant pour rejoindre leurs compatriotes qui oc- 
dupaient le fort de la Marine; cette déclaration fat 



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— 75 — 
w Ifsut (ji^ lumière pour Kh^jir-^-Din raïs; il vit 
bien que le oompikA était l'œuvre de tous et non 
d'un déni, et qu'il fallait redoubler la surveillance 
exercée envers les piisonniers; quant an jeune 
homme il (ttt provisoirement jette dans un cachot. 

Cette malheureuse circonstance accrût encore , s'il 
est possible, la pénible position des prisonniers. Le 
général ne pouvant supporter plus longtems un 
eadavage qui paraissait sws terme, écrivit, sous 
['Mtorisation ^ç Khaïr-^l-I^ , aux E^gnols qui 
se trouvaient dan^ le fort de l'Ile pour les prier 
d'envoyer qpe somme de cent vingt mille dinars 
d'or pour son rachat et celui de ses compagnons 
d'infortune* l^es Espagnols en référèrent à leur 
souverain qui s'empressa d'envoyer la somme de^ 
mandée. 

Tout pwraifiisait donc ne pkus devdr entraver la 
mise en liberté des esclaves;, les destins seuls en 
avaient décidé ^lutrement. 

Avant de livrer les chefs tombés en son pou- 



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— 76 — 
voir , Khaïr-el-Din rassembla les Ulémas d'Alger, et 
leur fit part de la demande qui lui avait été adressée 
par le général , ainsi que des conditions du rachat. Il 
ne leur cacha point le désir qu'il avait d'accéder à 
ces propositions qui lui paraissaient avantageuses à 
l'État. 

Les membres du conseil n'approuvèrent pas cette 
ouverture : « Émir, lui dirent-ils, est-il donc de 
trésor qui puisse tenir lieu de ces inestimables 
trophées de ta victoire ? ignores-tu que ces mêmes 
esclaves que tu vois si impuissans aujourd'hui, 
avaient rang jadis parmi les nobles de leur pays; 
qu'ils sont encore grands et puissans? ne doutes 
pas que s'ils sont rendus à la liberté, leur présence 
et leur expérience ne viennent ranimer le courage 
démoralisé de leurs frères ! crois donoà nos prières, 
crois à la sûreté de nos conseils, refuses ces avances 
perfides et rends-toi de plus en plus digne de ta re- 
nommée , en méprisant cet or que tes ennemis te 
proposent » — et ils finirent en se prononçant à l'u- 
nanûnité pour la mise à mort des esclaves Chrétiens. 
Ces paroles énergiques atteignirent le but que se 



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— 77 — 
proposait le conseil. Ehaïr-el-Din , Uxyoïirs fidèle 
aux intérêts de son royaume , refusa rechange pro- 
posé, et en donna avis à la garnison du fort de 

rue. 

Cette nouvelle jetta la consternation parmi les 
Chrétiens qui en écrivirent aussitôt à leur gouver- 
nement. L'empereur très affecté sans doute des 
résultats peu favorables de cette n^ociation , n'en 
perdit pas cependant tout espoir et comptant sur le 
puissant effet de For, il envoya de nouveau deux 
cent quarante mille dinars destinés au rachat de 
s^ officiers. 

Cette nouvelle tentative ne fût pas plus heureuse 
que la {H*emière; les Algériens craignant au fond que 
Khaïr-el-Din ne finît par céder à ces offres avanta- 
geuses, firent tous leurs efforts pour accélérer l'ac- 
tion de la sentence que leurs Ulémas avaient rendue 
contre les prisonniers. Aussi le jour de l'exécution 
fût-il promptement fixé, et la tète du général, pour 
servir d'exemple, dût rouler la première aux pieds 
du bourreau. Les autres vinrent successivement 
payer de la vie , leur audace et leur témérité. 



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- 78 — 
Satidftttt d'avoir fn matiriaer «a liû le senti- 
ttfint tte la cwpifêilkéy Khiird Pin adneaBa de for^ 
imée» actions ide ^àoes à l'Êternd qui venaH de 
lui donner la force de s'en rapporter aux sages 
enseignemens des Ulémas de la capitale. Il ré- 
méré le Très-Haut de lui avoir donné confianee 
en leur sain jugement. Dieu, d'mlleurs, l'en ré- 
compensa; car, on le sait, il ne prive jamais de 
sa récompense celui qui fait le bien! 

Immédiatement après le suf^ce des Espagncds, 
tours corps Airanit jettes à la mer; cet <mlre tpà 
émanait de Kbaïr-el-Din, fût cependant enfrenit, 
secrètement en ce qui touche le cadavre de leur 
Général, qu'un des gardiens du bagne avait adroi- 
tement soustrait à toutes les recberches dans l'espoir 
d'en tirer profit. 

Tous cas £Bdts, néanmoins, ne tardèrent pas à 
ètne comius des chrétiens et devinrent pour eux un 
int sujet de doulmr; mais ce fût surtout la mort 
An Géuéral qui affligea le plus profondânent leur 
Emperrar; privé désormais des services de ce chef , 
il vouMt au moins avoir la consolation de possé- 



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— 79 — 
der ses restes; et dans ce but, il s'empressa d'en- 
voyer s^ milte dinars d'or pour racheter sa dé- 
poui&e mort^e-L'envoyé du prince obtint une entre- 
vue de Khaïr-el-Din mais ici encore les propositions 
de TEmpereor n'eurent aucun résultat. Khaïr-el-Din 
répondit à l^voyé espagn(4 que la demande de son 
souverain ne pouvait ôtre admise , puisque les corps 
de tous ses sujets, cdui-mteie du Général, avaient 
depuis longtemps été précipités dans la mer. — Ce 
fût alors seulement que le gardien qui avait soustrait 
ce cadavre en fit ouvertement l'aveu à Ehaïr-el- 
Din et lui proposa même de le représenter à sa vue. 

Ce cas était embarrassant; atodi bien Ehaïr-el- 
Din, avant de s'arrêter à une détermination quelcon- 
que, consulta-t-il de nouveau son conseil qui se 
basant cette fois sur ce principe solennel qu'aucun 
cadavre humain ne peut en aucun cas devenir 
l'objet d'un trafic, déclara s'opposer à cette trans- 
action... Les restes du général furent donc jettes à 
la mer et le parlementaire eut encore à se retirer 
tout confus du triste résultat de sa mission. 



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(iiupnii. 



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mm vu. 



mM de reypir sa patrie flattait en se- 
t KhaïT-^el-Din; 46piii3 longt^ns il eu 
ât formé le proj0> et Tocç^sion lui pa* 
r^issait d'autant plus f»vor8i)le qijtô la tranquillité 
parfaite dont jouissaient ses états était pour lui un 
gage puissant de sécurité pendant son absence. 
Bien que son projet fftt feripement arrêté dans sa 
tète , il voulût néanmoins en faire part à ses fidèles 



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— 84 — 
sujets, et il réunit dans ce but, les Ulémas et les 
notables en assemblée générale — « Mon voeu le 
plus cher , leur dit-il , celui auquel j'aspire le plus 
ardemment est d'aller déposer les honmiages de 
sujet fidèle aux pieds du trône de Sa Hautesse. 
Le moment en est venu et je me décide à partir. Je 
vous laisse ainsi que mes États à Tabri des atta- 
ques de l'ennemi; le dernier éch^ qu'il a essuyé 
doit éloigner toute tentative de retour. Je crois du 
reste avoir suffisamment pourvu à toute éventualité ; 
je confie votre défense à mes braves soldats et aux 
Maures de l'Andalousie qui se sont joints à nous. Je 
vous laisse un nombreux matériel de guerre , riche 
trophée de nos victoires ; Alger ne possédait pas un 
canon ; quatre cents pièces d'artillerie garnissent 
aujourd'hui ses remparts ; votre sûreté personnelle a 
donc été, vous le voyez, l'objet de nies sollici- 
tudes; enfin, je l'avouerai, mon désir est de partir 
au plutôt et; rien ^ je le répète, ne saurait désor- 
mais m'arrêter. » 

A cette triste nouvelle une vive émotion s'em- 
para de toute l'assemblée, chacun le pressa et le 



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— 85 — 
supplia de renoncer à son projet : ô Émir, lui di- 
saient-ils, pourquoi donc a£Qiger ainsi notre âme en 
TOUS séparant de nous? Dieu ne vous demandera t- 
il pas compte un jour de l'abandon où vous allez 
nous laisser? Émir, votre place est marquée près de 
nous; votre poste est ici dans Alger la Guerrière; 
vous Tavez défendue cette vaillante cité ! car vous 
avez promis votre protecticm à ses malheureux ha- 
bitans ; non, non, rien ne peut motiver l^alement 
votre départ; rien ne peut vous déterminer à laisser 
les Algériens livrés à la merci d'un ennemi qui, 
bien qu'anéanti, reprendrait bientôt de Taudace. 
Non, encore une fois, non» vous ne nous délais- 
serez pas ainsi. » 

Vos protestations vont droit à mon coeur, leur 
répondit Khaïr-el-Din ; toutefois un motif impérieux 
que je tenais caché, et qui vous révélera le degré de 
ma sollicitude ; ce motif commande hautement mon 
départ. Vous avez été témoins de l'incroyable achar- 
nement de l'ennemi, et comme moi, vous ne doutez 
pas qu'il ne veuille essayer de venger les humi- 
liations qu'il a reçues de nos armes. — Eh bien! 



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— m — 

î'id eoI^;^ le projet 4» piethre jae^ J^Uits saii3 rigide 
potoQUip^ 4€f ^ QautQwe, aotire mattr? te SuUanl 
En échange cjIq l'or, dos tfouped, des aunes et des 
iRPpitÎQps qu'il xmim him iu)u$ fiournir» il ne re^ 
vendtquera eK^ftine droit de suzeraineté , que Vur 
v^qm pfitiJège dii fàm firapper Baennaift à son 
ei^e , et c^te i^ikre ^Teur, de ym son nom de- 
venir l'objet de 1» yénératipa dçs fidèlei d«na l$w9 
prv^m i^(d>Uq»ea, et notanoient dans Fiir^oeAtJDn 
solœnette de la Kbotba (4). L'assemblée entière^ 

(i) La lUiotba fil Ja prière publique du vendredi qui te ûd| 
à la moM[uëe , et en corps; ton inttitntion remonte aux première» 
années de l%é^rrt|Oftlb«iit alo» rapplkaâk»B dea jmux qu^H* 
eiqMÎme à la personne du Plrophète; à sa n^prt. ce. fprqit fef qp^i? 
pagnons ses lieutenans q«i derinrent l'objet de llnTocation ofiB- 
cielle; puis par la suite , on appela la haute protection de PÉ- 
Hfm^f W «• flwseirfiwt ret*JW du tjlrv» djs M^érîfi, Cette 
distinction dei noble origine s'eft p^rpétu^ d'âge e|i âg<e dans di- 
verses familles , et se trouve aujourd'hui plus particulièrement le 
panagjD de b n«i¥»i r^lpiaaM do Ifarot. 

Vowi la fçrmulf 4f la l^io$li% u^^ çhi^ 1^ ^mu^t^a^ «t qy» 
l'on trouve dans le tableau de l'empire Ottoman par Mouradja 
d'BossMi. 

• Cf^cf^aii Tr^0«9(»^ i^ çfi 4t^ s^prémt Pf iffu^or^ qw 

> n'a ni dimensions ni limjitesy qui n'a ni femmes ni enfans , qui 

> n'a rien d'égal à lui, ni sur la terre ni dans les cieux ; qui agrée 

> les 9ctps de cpnippppiio^ dii ses servileum» ^ pardonpe leurs 



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— es- 
tant en son nom , que cetaMm MjpiréseMalit tégi^- 



iniquité». Noua croyons, nous confessons, nous attestons qu'il 
n*y a àe dieu que Dieu seol, Dieu unique, lequel n'admet 
d'asaociatîon en Ini^ Croyance heureuse^ à laquelle eet attachée 
la béatitude céleste. Nous croyons aussi en notre Seigneur « notre 
apipui, iÈOtté iUaftrè itcdiatUiîied hbû kéMtéfù', êoA aini, iôû 
prophète» ^i a ^ iavosMé tkma là Vraie Tcie^ fcrorifé. dVf 
racles divins gt distingués , et par des actes menreilleux. Que la 
bénédiction divine sok sur lui ; mon iDiéu 1 Bénis Moiiammed 
irÉmir det Émirs, le corypliéB ûA pttifhèîi^i ifiâ eft ^^Mûâtv 
accompli, doué de qualités -éminente», la gloire du gtnie bu- 
main , notre Seigneur et le Seigneur des deux mondes, de la vie 
tem^^télle et de k Vie étertielle ; 6 tttôfa Diiéa , ^hétàk Mdhaumëd 
et la^postérité de Mohammed oomiBHe Ik» as-béni i4braltMa lot la 
postérité; certes tu es adorable, tu es grand, 6 mon Dieu I lais 
inisérioorâè aux califes «nihodoxes distinj{ués jpar'là doctrine , la 
▼ertn et les dons oéleitës dom Im e* ^OêAU ^ &'èMix ^tà ditt 
jugé et agi selon la justice et vérité. O mon Dieu ! soutiens , as- 
sistes, défends ton serviteur le sultan N.- perpétues son empire 
•et sa pukshn^.O mdn CKén ) l^xbhle eeux tfùi'erilte^ la i^gion, 
aviKs ceux qui l'avilissent; ^tèges les s(4dats «ihsnlmads^ kb 
armées orthodoxes et accordes nous salut, tranquillité^ pro^- 
lité, % notas, kut t>éleriiiii, aux itdlîtaîres ,' aux citoyens en èiê» 
meure'comae aux voyageurs »nr terre «c «ar Vuel'i éàûhà ïëÊk 
le peuple musulmaiu Salut à tous les prophètes et à tous les enr 
voyés célestes; louanges étemelles à ce Dieu ct^ateur et niaitre 
de VtMrett; Cttttoi ^ Dtev ôrdotule Vé<ftM et IkiliéàfAiéakièè^, fi 
ordonne et recommande le soin des proches, il défend lea choses 
illiciteâ, les péchés, les prévarications; il nous conseille d'obéir A 
Ms {ta'éiieptes et de tes ^tâér reISgiecisétdftât JiàAt îkïHéiMi^. » 



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— 88 — 
vues si sagement combinées, mais elle ne s'en 
opposa pas avec ftioins de chaleur au dépari de 
Khaïr-eH)in. 

On prit en conséquence un terme moyen , et il fût 
décidé qu'un ambassadeur chargé des pleins pouvoirs 
de la population algérienne et porteur d'une lettre 
de Khaïr-el-Din , serait envoyé près du Sultan pour 
réclamer sa haute assistance et son puissant patro- 
nage. Le choix de Khalr-el-Din tomba sur un person- 
nage distingué du nom de Hadj-Hussein , qui partit 
d'Alger avec une division composée de quatre bâ- 
timens; cet envoyé était chargé de présens d'une 
grande valeur pour la cour du Sultan. 

Le tems, la mer, tout enfin favorisa le voyage de 
l'ambassadeur algérien. Arrivé à Gonstantinople , il 
fût présenté au Sultan par le premier mini3tre chez 
lequel il était descendu ; le Grand Seigneur accepta 
les présens qui lui étaient offerts au nom du peuple 
algérien et voulut que son délégué fàt traité et logé 
dans le palais spécialement affecté à ces sortes de 
réceptions dapparat. Quelques jours après, Fam- 



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— 89 — 
bassadeur obtint une seconde audience dans la- 
quelle le Sultan lui remit une lettre revêtue de son 
cachet impérial, lettre qu'il adressait aux habitans 
d'Alger et dans laquelle il déclarait accepter leurs 
protestations respectueuses. Il leur promettait en 
retour son appui constant et l'efficace intervention 
de ses armes en cas de nécessité. 

Hadj-Hussein revint bientôt à Alger où Khaïr- 
el-Din fût investi au nom de Selim-Khan , du 
titre d'Émir. Il devait, en cette qualité, lui rendre 
compte à l'avenir des événemens qui surviendraient 
dans l'étendue de son gouvernement. C'est à partir 
de -ce jour que la monnaie fût frappée à l'effigie 
du Sultan et que son nom fût inscrit dans les 
formules de prières récitées par les habitans dans 
le sein des mosquées et proclamées du haut des 
minarets. 




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nprum 



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CHAPITBE m. 



i le nombre de ses victoires, mal- 
la parfaite tranquillité qu'il avait 
ée à ses États , Rhaïr-él^Din voyait 
toujours d'un œil inquiet l'iiot d'Alger aux mains 
de ses ennemis; depuis longtems il en méditait 
la conquête et il n'attendait qu'une occasion favo- 
rable pour réduire les ouvrages qui en défendaient 
les approches. Cette occasion devait nécessaire- 



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— 91 — 
ment résulter de l'état satisfesant de son royaume; 
aussi le vit-on bientôt diriger sur ce point une 
attaque inopinée et sérieuse. La garnison flt mine 
de résistance; mais sa faiblesse autant que Tau- 
dace d'un pareil coup de main , ne lui permirent 
pas de tenir longtems; elle fftt reçue à capitula- 
tion. 

Cette conquête achevée , Khaïr-el-Din fit inmié- 
diatement d^olir un des forts qui couronnaient 
111e; le second fût désarmé et réduit à un état 
craqplet d'impuissance. U semble tout à fait su- 
perflu de faire envisager ici l'étendue des regrets 
dont ce nouvel échec dût être l'objet pour la cour 
d'Espa^ie , et à plus forte raison pour l'empereur 
ehrétieb (i). 

G^ coueaurs éd ciroondtanees feeunslises raniniA 



(i) Le dehiier commÂocUnt du Pènon JP&tlïardn de Vargas. Peu 
4e uàê ipièi la reâtitiM du Ani, KUidb>«l«Dià ayniil eu t«ià #!«• 
0ay|6 par la séduction et par la meiuioe de, faire renier À Vai^^ la 
foi catholique, il le fit péiir dana un horrible supplice ; ce fût 
BOUS le Mton qt/U exf ira. 



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~ 95 — 
dans Ti^rit de Khaïr^V-Din son projet iaTori\ celui 
d'un vo^ige à GoD8tantiiio|de. Gepeàdant il ne voulut 
point renfcrq>reiidre sans être assuré à Tavanee des 
dispositions de Selim-Khan, le sultan régnant La 
demande qu'il lui transmit à ce sujet eût tout le 
succès désirable et Senan-Sohaoach vint en per 
sonne lui porter l'assurance de l'assentiment de son 
maître. Il lui fftt donc loisible de partir et d'em^p 
mener avec lui une suite nombreuse; mais il avait 
avant tout à penser auchoioL du fondionnaire qu'il 
allait provisoirement investir de son autorité souve*^ 
raine. On était alors dans la neuf cent quarante^iua- 
trième année de la sainte hégire. 

Le dioix de Khaïr-el-Din bientôt connu et généra- 
lenmit approuvé, tomba sur Hassan- Agha« l^>mmè 
doué d'une haute sagesse et d'une prévoyance re«- 
marquable. Sa profonde e^q^ence, ses connais^* 
sances et son courage l'auraient fait distinguer de Ut 
foule, alors même que sa grandeur d'âme, sa bien* 
feçaace et sou équité ne lui eussent point attira 
tout son amour; tel était l'homme appelé à reior 
placer Khaïlr-el-Din. 



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— 96 — 
A Texemple de son prédécesseur, Hassan-Açha 
était sincèrement attaché aux intérêts de la vraie fol. 
Par ses soins , la puissance maritime d'Alger ytt 
rapidement croître ses ressources , et à peine était- 
il arrivé au pouvmr, que déjà trente puissantes 
galiotes construites dans ses arsenaux , sillonnai wt 
la Méditerranée et répandaient incessamment la 
terreur sur les côtes espagnoles , d'où elles rame- 
naient de précieuses dépouilles; en un mot, le suc- 
cess^ir de Khaïr-el-Din rendit le mal pour le mal 
aux Chrétiens, et les représailles dont il usa éga- 
lèrent celles du grand capitaine , si même elles ne 
les surpassèrent point. 

Le mauvais succès de toutes les entr^rises de 
l'Espagne semblât en éloigner le retour, quand 
to«t-à-<X)up on apprit que l'Empereur en préparait 
une autre contre Alger; cette fois la tentative était 
plus sérieuse que toute autre et les moyens mieux 
assurés que dans celles qui l'avaient précédé. Les 
préparatifs furent tenus secrets et la nation les 
ignorait encore alors même que l'armement entier 
était prêt. L'Empereur avait demandé et obtenu 



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-? 



— 97 — 
de Ig république de Gènes un contingent de troupes 
et une divisiorf de bâtimens de guerre; ainsi 
rien ne paraissait plus entraver l'exécution de ce 
grand projet ; FEmpereûr (que son nom soit mau- 
dit) monta à bord dç son meilleur vaisseau et peu 
de jours aprèà, à l'heure de FAsr , le jour du 
jeudi et le 28"® du mois de joumad-el-tsani de 
Tannée 948, toute Tarmée navale était mouillée 
dans la rade d'Alger. . 

LesAlgériensqui.n'avaient jamais vu d'armée aussi 
considérable , furent réellement effrayés à l'approche 
de cette masse imposante que, dans 1^ terreur 
dont leur esprit était frappé, ils comparaient à' une 
énorme et menaçante montagne. L'effroi gagnait si 
rapidement les cceurs qu'Haàsan-Àgha vit bien qu'il 
nly avait pas un. instant à perdre; il -comprit que 
l'énergie et .l'instantanéité pouvaient seules sauver 
le pays, et, dans le but de ranimer l'esprit public , 
il convoqua* à la fois les anciens, les notables, 
ainsi que les Ulémas d'Alger. Là , dans une cha- 
leureuse allocution , il chercha à relever les cou- 
ragçs abattus ; il s'attacha surtout à détruire l'effet 

i3 



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-^ 98 — 
qu'avait pu produire la prés^pce de Vanaée ennemie. 

« Vous tous qui m'écoutez ici, leur dit-il, auriez 
» vous oublié les victoires d'Haroudj et de Hiaïr- 
» el-Din sur les années du-étiennes? Auriez-vous 
» oublié leurs honteuses défaites, glorieuses mani* 
» . festations du secours incessant que la bonté di- 
r> vine accorde aux vrais Croyans ? Ce secours du 
» Tout-Puissant ne vous faillira pas; il est à nous , 
» croyez-moi ; et tous les infidèles vont avoir le sort 
» qu'éprouvèrent leurs aïeux. L'heure de la guerre 
D sainte a sonné ; que tout défenseur de la foi se 
» relève et chasse de son âme la crainte -puérile 
» du trépas. Chacun ne sait-41pas la promesse de 
f> Dieu ? Promesse qui assure la place la plus éle- 
» vée , la plus digne , à tous ceux xjui paieront de 
» leur vie le bonheur de combattre pour la guerre 
» sainte ! Dieu a dit en parlant de la sainte prise 
» d'armes : Loin de vous cette pensée que ceux 
» qui ont succombé soient morts! Us vivent au 
» contraire , et reçoivent leur nourritiu^ des mains 
» du Tout-Puissant. (1) Si nous sommes faibles, et 



(i) Coran, surat III, \ersel 169.- 



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— 99 — 
» que l'ennemi soit nombreosL Keu nous répète en- 
» core : Que de foî& une antoée formidable n'a- 
» l-elle pas fléchi , par la volonté dû Très-Haut , 
» sous les efforts d*m^ poignée de fidèles? » (4) 
Ainsi le Tout-Puissant à parlé; il est, n'en doutez 
pas , avec ceux qui ont la foi de l'Espérance. Vous 
comiaissez ses promesses : la victoire ou le mar- 
tyre 1 Aksi , plus de doute ; notre devoir est tracé, 
liotre sort est écrit, c'est la mort dans l'un ou 
f Mtre cas. 

L'homme qui meurt medjahed ( combattant pour 
la guérie sainte ) acquiert devait Dieu bien plus 
de mérite que celui qui succombe à sa fin naturelle; 
les bénédictions et le salut sont sur hn , s'écrie le 
Prq>hète; le paradis est à l'ombre des lames de ci- 
meterres» , car il est avéré que le sabre du med- 
jahed est anspendu à la voûte céleste d'où son 
effet exerce mé- vive stimulation sur l'honneur. (2) 



(i) Conskt Murat II ^ yecvet i5i. 

(s) Hadifs dc^scheikh Abderrahman-el Tsâlibi (marabout en- 
terré à Alger hors la porte Bab-el-Oued ) chap. de l'excellence 
de la guerrt sainte, dit FodM-el-DJebad. 



649110 A 



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— 100 — 
Dieu a voulu que notre pays fût le théâtre de 
la guerre sainte; il nous a gratifié de celte faveur 
insigne ; ainsi donc bonheur à celui qui s'abreuvera 
dans la coupe '^de la Chehada (martyr) et en qui 
cette boisson aura manifesté son effet divin! Nous 
avons d'un commun accord défendu cette province 
contre les attaques des ennemis; j'ai Tespoir que 
cette fois aussi, nous la préserverons du fléau qui 
semble la menacer; au surplus rassurez-vous, car 
des secours efficaces noud seront envoyés par notre 
Sultan et par Khaïr-el-Din pacha. 

Ces paroles pleines de sentiment, de patriotisme 
et d'ardeur, produisirent un. chaleureux effet sur 
toute l'assemblée qui, à l'exemple du peuple, cou- 
rut à l'arsenal se munir d'armes pour marcher au 
combat. . . Puis tous adressèrent au Très-Haut une 
fervente prière pour lui demander la victoire et la 
force de vaincre l'ennemi de la religion. 

Les forts furent sans délai munis d'une bonne ar- 
tillerie et Hassan- Agha désigna lui-même les postes 
que devaient occuper les défenseurs de la ville; de 



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— 101 — 
leur côté les Chrétiens impatients d'en venir aux 
mains , opérèrent promptement un débarquement de 
troupes et de matériel et élevèrent à la hâte leurs 
retrandiemens. 

L'Empereur ne pût comprimer un certain senti- 
mrat de surprise à la vue des mesures de défense 
arrêtées par les Algériens. « Voyez, dit-il à ses 
» compagnons, voyez tout l'appareil à l'aide duquel 
)S on prétend nous combattre et nous soustraire une 
» viÙe dont l'orgueil semble prêt à s'abaisser devant 
» nous. Cet homme n'est-il pas bien insensé d'oser 
» se mesurer avec moi, moi, souverain d'un grand 
» empire, entouré d'une immense armée! Malheu- 
» reux Algériens, ouvrez donc les yeux sur le 
» résultat infaillible de la lutte qui va bientôt s'en- 
» gager; revenez de votre aveuglement et qu'un 
» chef aussi téméraire s'empresse de venir implo- 
» rer sa grâce et celle de ses concitoyens !... 

L'Einpereur jura alors sur les choses les plus sa- 
crées de sa religion qu'il démolirait Alger pierre à 
pierre et qu'il y effacerait jusqu'à la dernière trace 



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— <(tt — 

de rislasûsme; il écrivit aosdi kt tetire suivante 
à Hassan-Agha : : 

« Toi qui oses me braver ainst^ saines doDC 

» que tu n'es qu'un sujet; que dis-je! tu es le plus 

D simple parmi les plus simples de&.servîAeurs de 

». Barberou^ae! Tu ja^, devant toi rjEmpereur. des 

y> Eapagnes ! Ignores-rtu que mes aimes ont son-* 

» mis TumSr et cependant Tunis eat une viUe au- 

x> trement puissante qu'Alger; j'y suis entré néaff- 

» moins avec l'aide de mon éjfée , et j'ai qmtté 

» cettQ ville dont j'ai chassé BarberoussevBarbe- 

» rousse ton seigneur et ms^tre! D4trcffli|^**toi 

» donc ; sous peu j'entrerai dans AJgj^ à la tôte.de 

» mon armée , et si je ne puis mr'w enparer 3ur 

» le-cbamp , 1^ àégi^ en sera mioiKena tout l'hi- 

x> ver; et si l'or diminue et que mes trotiqpes s'affid- 

» blissent , mes états ne sont-ils pas là pour m'en 

» fournir de nouveau? Toutefois je veux bien cen- 

» sentir, avant de commencer les hostilités, à t'of- 

» fiir le salut pour toi etpour les tiens; je te propose 

» donc de capituler; si tu remises, plus de pitié. 

» plus de grâce ; alors guerre et carnage ! Réflé- 



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— les — 

» (Ms bien à la détermination que tu vas pren- 
» dre , car si tu persistes dans le refiis de mes pro- 
» positions , j'(Hxlj(H^le à toos mes sddats de fbn* 
» dre ^fmeaùAe sur la ville et je ne r^nds j^us 
» ator» des malhdurs qui raccableriHit L... d Tout 
fier dlèlire chai^ d'une aïKai ftilmHHinjte épitre, le 
parlan^Ataire se ^rése&lt devant Hass^-Ag^ et 
lui en fit la reims0; celui-ci la lut rppideim^ et dicta 
Bur-le-cbamp'la réponse suivante qui céapire l'indi* 
gnation dont il était pénétré. 

« Qnm d^ Cîhrétienl... tu n*;es cpi'un chieo pai^ 
» les cbiOTts tes frkes ; j'admire ton présomptoaix 
» oj^smil de vouloir subju^er cette cité guerrière 
» alors mtoie que bi as si hoatèuaement édipué 
» d^vwil de mii^rpliles bicoques! Si pat otialheur 
» pour toi notre maître, le sublime Sultan, avait 
» vgpt de t^ foUe entreprise, tu serais bîéntât son 
» esclave; m nègre, Un simple m^re qu'il en- 
» verrait , pour ne point ravala l'honneur de ses 
» armes , suffirait seul pour te conduire à ses pieds! 
» Je mets à part toute forfanterie et m'en rap- 
» porte à ce tânoig)[iage universel, incontestable 



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-- 404 — 

y> sur œ point, que nos armes sont tous rinfluence 

» divine. Un instant encore et tu assisteras à ta 

» destinée, car c'est en vain que tu réuniras Tin- 

» gralité de tes forces; elles seront insuffisantes; 

» l'infidèle verra bien à qui échoiera ea partage 

)) ia récompense de cette vie; il faut, je le repète 

» encore que tu sois insensé ou dépourvu du inoin* 

» dre jug^n^ pour t'exalter ainsi et te flatter 

)> d'un succès qu'avant tout il convient d'obtenir. 

« Je termine en te rappelant ici qu'à deux re- 
» prises différentes vos efforts sont v^ius se bri- 
» ser contre nous; que deux fois l'Étemel txms a 
» noirci te visage et que si cela peut encore Id 
» plaire, lés évéiiemens qui se préparent ne seront 
» que la fidèle image de ceux qui les ont précédé. » 

Cette lettre cacfaelée et remise au parlementaire, 
Mt bientôt entre les mains de l'Empereur qui la par- 
courut avec une extrême indignation. 

Aussitôt et par ses ordres ce qui restait d'artil- 
lerie fàt nus à terre ; on acheva les derniers prépa- 



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— lOfii ^ 
ratifftet chacun sedi^àa pour l'attaque. De son côté 
Hafiflab-Agha ne cessait de surveiller et d'activer 
Unates les oftéraHons. De Tàvis de son cônteil pri- 
vé, il fût décidé qu'on attaquerait vigoureusement 
l'ennemi et qu'on procéderait par surprise nocturne. 
SiJL cents hommes déterminés furent joints à mille 
eavaiirB , pour former un corps d'élite chargé spé«- 
dalëmeM de cette ontrepri$e qui devait partir aux 
premières clartés de l'aubOi Elifia l'inslânt si dé* 
siré arriva; une des portes s'ouvrit et la petite 
troupe sortit de la ville se dirigeant avec une ex- 
trême précaution vers le camp ennemi. A l'ap- 
proche des retranchemens chrétiens, et au cri gé- 
néral de Allah hou akebar (Dieu est grand) , ils 
fir^it sur eux une décharge générale. Les infi- 
dèles se réveillèrent eu sursaut, sautèrent sur 
leurs armes, mais leur surprise fût telle qu'ils fi- 
rent feu de toutes parts et s'entretuèrent mutuel- 
lement. Quant au parti musulman , il dut se mettre 
à l'écart pour se garantir du feu bien nourri des 
vaisseaux ennemis. Les Musulmans rentrèrent bientôt 
dans la ville où le bruit de leur victoire les avait 
précédé. Ils avaient laissé lennemi dans un état 



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— 106 — 
cotiiplet dé consternation, état qu'on ne pouvait 
attribuer qu'à l'énei^e d'une attaque aussi brus- 
que et tellement décisive, que le leMlemain ils 
cherchaient encore à se reconnaître. 

La perte des Espagnols fût d'environ trois nulle 
hommes ; ce fatal échec ne lût pour eux quelle si^ 
nistce présage d'un coup encore plus funeste dont 
la providence allait bientôt les firapper. 



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mupniix. 



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GHAPim IL 




>B8 événemens calamiteux durent grave- 
^ment influer sur le ressentiment de l'Em- 
fperçvr qui «e youlOt plus squ^ aucun 
prétexte retarder l'attaque générale ; eu copa^ 
quence son artillerie composée de deux cents hour- 
cb»^ i fw fftt dirigée sur la vilfe et afv^ une nuit 
pasiMte à âamaMtfMl (4) )%q;ifi6Qr se t 



(i) Hamina. 



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— 440 — 
sa personne sur le Koudiat'-el'Saboun , lieu élevé 
où il établit son quartier-général; c'est sur cette 
éminence que se trouve aujourd'ui le fort de Mouley- 
Hassan (1). On était au lundi et le débarquanent 
avait été opéré la veille. On se rappelle que ce 
fût un jeudi, trois nuits avant la fin de djoumad- 
el-tsani de Tannée 948 que la flotte espagnole , 
chargée de soixante mille combattans avait ap- 
paru à rhorison d'Alger. 

Ce lût donc dans la matinée du lundi que Uenne- 
mi se mit en mouvanent; la campagne était entière- 
ment couverte de ses hordes et la population algé- 
rienne sous Tinfluence de terreurs purement imagi- 
naires, et en tous cas exagérées, crût à cet aspect 
voir marcher d'innombrables colonnes de fourmis. 

Quatre mille chevaux composaient la cavalerie 
ennemie. 

L'attaque eut lieu et fût vigoureusement faus- 
sée, non sans d'énormes pertes pour les Espagnols. 

(i) Ce fort est aujourd'hui appelé fort FEmpereur. 



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— 111 — 

Les Algériens renfatnés dans leur ville se battirent 
toosen déseqiérés, mais il est nécessaire de rendre 
ici plus particolièremœt justice à la bravoure de 
Hadj-Bacha, à celle de Hadj-Manii, à l'intr^idité 
du cild el-Âkbdar et de Hadj-Baldr qui combat- 
tirent avec la {dtis grande valeur dans les ravirons 
de R«5-Talbra (1). 

Le canon tonna de part et d'autre , jusqu'à la 
nuit. 

C'est dans cette même nuit et vers les appro- 
ches du jour que s'éleva cette fameuse tempête 
qui poussa en pleine mer tant de navires désem- 
parés ; le ciel était chaîné de nuages épais d'oii 
s'échappèrent bientôt des torrens semblables à ceux 
d'un véritable déluge et qui vinrent mettre le com- 
ble à cette scène de désolation que Dieu avait sans 
doute ordonnée pour mettre le sceau à l'étendue de 
la protection dont il honore ce royaume. 

Pendant la durée de cet affreux orage plusieurs 

<i) Fort Bab-Acoun. 



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— lia — 

navires s'entr'oavrirent , d'aulra sombrèrent au 
large, d'autres enfin tinrent se briser sur la côte. 
Une terrrar panique s'empara de tous les Bqpa* 
gnôls, maid partknlièrtaiént de coix qui se trott- 
vaktat à terre; attaqués pat* Tennemi , né pouvant 
bàre usage de léare armed anonilléès, ils restèretkt 
glacés d'épouvante et demeurèrent pr^qu'ànéantis. 

En hômmè de guerre habile, fiassan-Agha s'em- 
pressa de mettre à profit l'avantage dont le ciel le 
favorisait pour opérer une sortie générale et livrer 
bataille à ^ennemi ; toutdbis , avouons-le sans dé- 
tour , les Chrétiens firent preuve dans cette sanglante 
journée d'un courage et d'une intr^idité remarqua- 
bles. Le Monarque chrétien était entouré de sa 
garde impériale , forte de vingt mille hommes qui 
n'avaient pas encore pris part à l'action. L'armée 
des Croyans se précipita sur eux , et pendant deux 
heures entières ils en massacrèrent un grand nombre. 
Cependant Hassan- Agha rassembla bientôt tous ses 
braves soldats et rentra peu après dans la ville , 
drapeaux en tête. Les Chrétiens eurent à r^;retter 
dans cette journée mémorable , la perte de quatre 



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— 113 — 
niille d'entre eux. Deux cents Musulmans trouvè- 
rent aussi dans la mort la gloire et le bonheur 
d*avoir combattu pour la cause de Dieu. 

Les résultats funestes de cette bataille jettèrent le 
découragement dans les rangs ennemis ; le froid , 
la piiiie contimue et la perte d'un grand nombre de 
leurs bâtimens vinrent accroître leurs angoisses. Ils 
firent de bien tardives réflexions sur la témérité de 
leur entreprise et ils eurent à déplorer amèrement la 
cr{ti(jpiè position 06 venait de les conduire la gloire 
chimérique après laquelle ils couraient. 

A tant dé circonstances fâcheuses vint encore s'a- 
jouter une jpi^nùrie complète de munitions de bouche; 
dans leur sécurité presque aveugle , ils avaient né- 
gligé de débarquer tous les vivres que renfermaient 
leurs vaisseaux ; en sorte qu'ils eurent à supporter 
les cruels effets de leur imprévoyance , et au bout de 
trois jours de souffrance , ils furent réduits à se 
nourrir de la viande de leurs chevaux. 



Quand le chef de cet armement en eut réuni les 

i5 



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— 114 — 
débris arrachés ou échappés aux tempêtes , il ne 
pût demeurer le témoin impassible de la position 
critique dans laquelle se trouvaient l'armée et son 
Empereur; aussi conçut-il le projet d'attaquer la 
ville du côté de la mer , mais il essaya vainement d y 
pénétrer ; c'est alors que perdant tout espoir de suc- 
cès , il fût se réfugier avec les débris de sa flotte 
derrière le cap Matifoux où la pluie et les élémens 
contradres allèrent encore ra^3aillir. 

L'Empereur, découragé lui-même, ne contem- 
plait pas sans effroi les résultats de cette fatale 
défaite. Il dût reconnaître le doigt de Dieu dans la 
perte de son armée et dans les souffrances qu'elle 
endurait; les rôles étaient changés; d'assiégeant 
qu'il était, il devenait lui-même le véritable as- 
siégé. 

Dans ces conjonctures graves il était important de 
prendre une prompte décision pour assurer le salut 
du reste de l'armée ; sa détermination fût à la hau- 
teur des circonstances ; camp , artillerie, bagages , 
tout fut abandonné et la retraite ordonnée vers le cap 



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— 115 — 
Matifoux. Là, TEinpereur espérait trouver un refuge 
à bord de ses vaisseaux que nous avons vus plus 
haut se diriger vers ce point ; toutefois sa retraite 
n'était point encore à Tabri des coups des soldats de 
Hassan-Agha car peu après la déroute de Tennemi , 
les Musulmans sortirent de la ville, firent main- 
basse sur tous «eux qu'ils trouvèrent dans le camp 
abandonné et atteignirent enfin le gros de Tannée 
chrétienne aux environs de la rivière de TAratch (1 ), 
que les pluies avaient prodigieusement grossie. Le 
danger était imminent; il n'y avait pas à hésiter y 
les Chrétiens se jettèrent dans la rivière et gagnè- 
rent l'autre rive non sans y avoir laissé un grand 
nombre de leurs frères. Quant à l'Empereur il 
passa la rivière sur un pont que l'on installa avec 
les débris des bâtimens naufragés. 

On évalue le nombre des Chrétiens morts dans 
cette expédition à douze mille hommes. On a dit de- 

(i) La rÎTière l'Aratch prend sa source dans la montagne de 
Beni-Moutsa, reçoit le Onad-el-Kerma, arrose la contrée la plus 
fertile de la plaine de la Mitidja et se jette dans la mer i quatre 
milles S. E. d'Alger. 



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— U6 — 
puis qde d'Alger à Dellys et de ChercheU à Alger, la 
plage était couverte de cadavres d'hommes et dç 
carcasses de chevaux. Enfin, d'une armée navale 
de sept cent cinquante bâtimens (1) le Souverain es- 
pagnol ne ramena dans ses États que douze cor- 
vettes ( gharabath ) et quelques faibles débrjis de 
son armée de terre qui, comme il a été dit, se 
composait de soixante-dix mille hommes. Tous ces 
faits s'accomplirent dans le court espace de sept 
jours. Rentré dans son royaume , TEmpereur ne 
gouverna l'Espagne que pendant peu de tems en- 



(i) L'Empereur Chailet-Q^mt arrÎTa le 19 octo|>fç i54i.cb yue 
d'Alger, amenant avec lui près de quarante mille hommes ré- 
partis sor 65 galères et 4^1 bâiimens de transport, en tout 5 16 
Yoilet. Le débarqnemeBt eut Ueu le a^ ; l'aroiée fit alors mtUe pas 
environ, et vînt camper à un androit appelé el-Hamma. Cette 
circonstance ûxe à peu près le lien du débarquement à la plage 
qui est entre i'Aratch et Hassein*I>ey. Quant aux antres événe- 
men# de cette mémorable expédition ils sont racontés par le «^iro* 
niqueur avec beaucoup de détails et plus d'exactitude qu'on n'en 
troure dans les historiens espagnols» 

Quant à la perte de douze mille hommes que notre manuscrit 
attribue à l'armée espagnole, elle n'est pas exagérée et Mlf. San- 
der , Rang et Ferdinand Denis dans leurs notes sur la fondation 
de la régence d'Alger n'hésitent pas à la porter plus haut ( en- 
viron di3(-hait mille homme»). 



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— H7 — 

core, puis il abdiqua et se rqtira dans un couvât 
où il se fit religieux. 

Hassan-Agha s'empressa de porter à la .cqQ.^^^ 
sai^ce du sublime Divan la relation de tou^ ,çe^ 
événement et le récit de la Yjictoii:e que Die^ avait 
accordée aux Algériens sur les ennemi^ de ,1^ fqi. 
Un de ses officiers s'embarqua sur une galiote et fût 
chargé d'aUer à Gônstantinople ^remettre œ i;apoort 
au Sultan. A sou surivéeàStamaboLul, l'eçvoy^ j^ 
voii: immédiatement ,Khaïr-el-pin tm le pi)é^;;]^^ 
lui-même au Sultan. ,C€^ui-ci on ^e j^jji ^},v^ sfUfs- 
tisfait de la conduite gloneo^ dç Has;$a.n-Aj^a le 
nomma gouverneur d'Alger e^ Iqi envoya up çf^- 
tan magnifique avec sa nomination. Il lui fit p9336r 
également par l'entremise de son ambassadeur, 
d'autf es pelii^^ d'^p^^j^rs et de forj riches pré- 
sens destiijié^ aux principaux per&o^a|^i^ qjû s'ér 
taiept distingués dans cette circous^ce. L'epyoyé 
reçut ainsi que sa suite àe^ marque^ nombre^ises 
de la munificence du SuU^n. 

Au retour de son envoyé, Hassan-Agha assem- 



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— 418 — 
bla son ooûseil et lût le firman impérial qui l'inves- 
tissait dn gonvemement d'Alger ; il revêtit en grande 
pompe le caftan qu'on lui avait envoyé et fit la 
distribution des présens adressés par la cour de 
Constantinople. Des actions de grâces solennelles 
pour la conservation des jours du Grand Seigneur 
terminèrent cette cérémonie. 

Et Alger , semblable à une jeune mariée fraîche et 
heureuse , continua à jouir du bienfait de la sécurité 
dont l'Étemel l'avait dotée; désormais pour elle il 
n'y avait plus d'ennemis* Cet événement mémora- 
ble fût connu du monde entier, depuis l'habitant 
des régions de l'Est jusqu'à celui des r^ons de 
l'Ouest. 

La terreur du nom Musulman répandit long- 
tems la crainte dans le cœur des infidèles. Répé- 
tons ici que ce fût le huit du mois de novanbre , 
ainsi nommé par les Chrétiens , que cette horde 
d'infidèles arriva en vue d'Alger. 



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— 419 — 
Grand Dieu ! reçois dans ta miséricorde infinie 
le noble Hassan-Âgha et ceux qui combattaient 
avec lui! 



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l 



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CHAPITRE X. 



Durant de la mille soixante-onzième 
de la sainte h^ire , sous le règne 
X de Bouldd>achi-Pacha, une di- 
vision anglaise^ composée de vingt bàtimens^ arriva 
au mouillage d Alger où le motif de son apparition 
ne fût pas longtems un mystère. Les Anglais venaient 
réclamer Texécution des anciens traités conclus avec 
la R^ence et faire agréer en même tems quelques 
articles additionnels à ces conventions. 



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— 1^4 — 
Ces conditions n'étant point fondées sur réalité 
respective qm fait la loi des parties ne pouvaient 
par conséquent être facilement agréées par le peu- 
ple algérien. <c Si les Anglais désirent franchement 
le maintien d'une paix sincère et profitable, nous 
la voulons aussi , mais il faut avant tout que cette 
union soit basée sur les termes des anciens traités. 
Si telles ne doivent pas être les conditions et la na- 
ture de leurs nouvelles stipulations , eh bien! le pacte 
est rompu entre nous ; ils sont libres d'agir selon 
l'impulsion de leur bon plaisir^ils S(Hit maître^ de 
réunir toutes leurs forces^ nous sommes loin de 
pouvoir nous y opposer, mais nous sommes loin 
aussi d'être effrayés des suites de notre résolu- 
tion. » 

Telle fftt à peu près la réponse qu'obtint. le parle- 
mentaire anglais chargé de porter au gouverne- 
ment algérien les nouvelles propositions de sa cour. 

Pleins d'une présomptueuse illusion , les infidèles 
restèrent vingt-trois jours dans ime inaction parfaite, 
espérant follement que le tems apporterait avec les 



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_ 425 — ^ • 
réflexions qu'il suggère un changement quelconque 
aux déterminations irrévocables des Algériens; mais 
lorsqu'ils virent que cette résolution était véritable- 
ment inébranlable et qii*ils perdaient ainsi des mor 
men^ précieux, ila firent prendre à leurs vaisseaux 
un embossage parallèle à la ville, et engagèrent le 
combat en ouvrant un feu bien nourri sur les forts de 
la cité guerrière qui , à son tour , répondit chau- 
dement aux batteries enn^nies. 

L'action se prolongea ainçi jusqu'à Theure du Mo- 
ghereb; et bien qu'elle ait été assez vive, elle 
n'amena sans doute aucun des résultats qu'ils s'é- 
taient promis de longue main , car on vit presqu'ans- 
sitôt les Anglais lever l'ancre, se couvrir de voiles 
et disparaître à lliorison , laissant dans l'esprit de la 
population une pitoyable idée de leur valeur. Dans 
tout le cours de cet engagement , le feu de Tennani 
ne nous enleva qu'un seul homme , encore n'ex- 
pira-t-il que vingt-trois jours après et la suite 
de ses blessures. De leur côté les Anglais perdi- 
rent une centaine des leurs et plusieurs vaisseaux 
furent très maltraités. Celui de l'amiral entr'au- 



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— 126 — 
ires avait éprouvé de telles avaries pendant le 
combat que ce fût avec peine qu'on pût le mettre 
en état de gagner File de Mayorque où il n'arriva 
qu'après avoir couru les plus grands dangers. 

La marine algérienne comptait alors quarante- 
deux bâtiraais de guerre. 

Ces forces, qui permutaient d'entreprcsidre la 
course avec avantage, ne restèrent pas longtems 
inMtives ; elles re^u^nt l'ordre de chasser et cap- 
turer tous les navires anglais qu'elles rencontre- 
raient; au bout de six mois de croisière, soixante- 
deux bâtim^is de cette nation étaient déjà amarrés 
dans le port d'Alger. Le butin recueiUi dans cette pre- 
mière campagne fût très considérable , car dia- 
que habitant y eût une large part lors de la ré- 
partition qui s'en fit entr'eux conformément aux 
anciens usages. 

Cet état de guerre se probngeait ainsi d^uis 
quelque tems torsque les Anglais vinrent de nou- 
veau mouiller devant Alger non point cette fois 



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— 127 — 
pour imposer des conditions mais bien pour ac- 
cepter celles que les Algériens leur dictèrent. La 
paix fut conclue et un présent de quinze mille 
quintaux de poudre et de douze mille boulets , con- 
senti par les Anglais, vint mettre le sceau à cette 
nouvelle alliance. 

On porte à 500 le nombre des navires de cette 
nation capturés pendant la durée de cette guerre. 
Les Algériens ne perdirent que dix-sept bâtimens. 

Et louanges à Dieu! Large miséricorde soit accor- 
dée par l'Étemel à ces valeureux guerriers I 



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mpiTi XI. 



>7 



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\. f \ '■- -^— - 






GHAPITRB XI. 



"^""■^^^ 'î règne de l'illustre Baba-Hassan- 
i , le premier jour du mois de redjeb 
Q mil quatre-vingt-treize de Thégire, 
un armement français composé de dix vaisseaux 
et quinze corvettes se présenta devant Alger , avec 
mission expresse de bombarder la ville ; peu de 
jours après leur mouillage, ces vingt-cinq bâti- 
mens s'accrurent de quinze nouveaux vaisseaux 



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— 132 — 
d'un pareil nombre de corvettes et de cinq bom- 
bardes qui portèrent ainsi à soixante le nombre des 
voiles réunies dans la rade. 

Les premières opérations des Français ne furent 
point dirigées contre Alger; leur grande armée na- 
vale se porta sur Cherchell et en commença tout 
aussitôt le bombardement. Cette attaque tourna à 
la honte de nos ennemis et à la gloire des habitans 
de Cherchell , qui surent la rendre impuissante par 
la sagesse de leurs combinaisons de défense. Mille 
Chrétiens payèrent de leur vie cette folle tentative , 
sans qu'aucun habitant de la ville ait été atteint 
mortellement. 

Baba-Hassan profita du moment de répit que lui 
laissait le départ de l'ennemi pour faire reprendre la 
mer à tous ses corsaires. L'un de ceux-ci parvtnl 
même quelque tems après sa sortie, à s'emparer 
d'un petit navire français, chargé de vivres pour 
l'armée et monté de cinquante hommes d'équipage. On 
prît à bord de ce bâtiment un fonctionnaire de haut 
grade, qu'on sût être Tinlendant (des vivres) de 



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— 438-1^ 

Varmée. Cette importante capture répandit la joie 
dand la ville et dàt nécessairement contrarier beau- 
.coup les maudits Français. 

Une sorte de statu quo sans incidens remarqua- 
blés dura ainsi jusqu'au mois de chaâban (1 ). Le 
troisième jour de ce mois, vers le milieu de la 
nuit , l'armement reparût et s'établtt très près de la 
ville sur laquelle les boulets commencèrent à pleu- 
voir. Cent cinquante projectiles du poids de cent . 
livres chaque , tombèrent sur Alger et y occasion- 
nèrent un dommage considérable; plus de deux 
cents maisons furent dânolies ; une bombe vint 
éclater dans la mosquée neuve el ilne autre dans 
la grande mosquée (2); enfin, vingt musulmans 
perdirent la vie dans le cours de ce premier bom- 
bardement. 

Dans les deux nuits qui suivirent , les bombardes 

(i) Un mois après enTÎron. 

(a) Ces mosquées sont : Djèma-el-Djadid , place du Goaver- 
nement, et Djèma-el-Kebir , ruj de la Marine. 



^'.* 



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— 13* — 

lancèrent de nouveau plus de soixante-dix-huit bom- 
bes; cinq seulement tomberait sur la ville et démo- 
lirent une maison, un bain et une boutique; une 
troisième attaque qui suivit immédiatement celle- 
ci, n'ayant produit aucun résultat, les maudits 
Chrétiens levèrent Tancre et retournèrent dans leur 
pays avec la honte de leur infructueuse tentative , 
et accompagnés de tout le mépris des habitans 
d'Alger. A ces tristes résultats il fout encore ajou- 
ter les pertes réelles eu hommes que les maladies 
leur occasionnèrent. 

Grâces soient rendues à rÉtemel en mémoire de 
cet heureux événwi^t. (1)- 



(i) L'expéditioii dont Teot parler ici le chroniqueur arabe est 
celle que l'amiral Doquesoe entreprit contre Alger, on an après 
le bombardement qu'il fit conjointement aTec Tounrille, de la 
ville de TripolL 

Le la juin i68a, Dnquesne mit à la Toile, de Toidon , avec 
quatre vaisseaux, trois brûlots, trois fl&tes et deux tartanes. 
M. de Forans, parti de Brest, le joignit le ao, près de Formen- 
tara , une des petites iles Baléares , avec le vaisseau VAtoiie et 
cinq galijtes. Le lendemain ils joignirent Tonrville sur la côte 
d'Afrique , entre Alger et Cherchell. L'expédition entière se com- 
posait de onze vaisseaux de guerre , quinze galères , *cinq galiotes 



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— 136 — 

à hombes, trois brûlots, quelques flûtes et tartanes; chaque ga- 
liote portait quatre pièces de canon et deux mortiers. Un vaisseau 
algérien fût brûlé sous Cherchell, deux sous Alger et la place 
vigoureusement bombardée; mais l'opération 3u bombardement 
n'ayait commencé qu'en août. L'influence de la saison ramena 
dans les ports de France notre expédition qui, au retour, fit 
éprouver de nouvelles pertes à la marine algérienne. 



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WITRE 1. 



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GHAPITIIE XII. 




^B qaatrième jour du mois de safar de Fan- 
>née suivante ( 1094"* de Th^ire) et 
rsous le règne du même pacha , Baba- 
Hassan, trois navires de guerre français, vinrent 
Picore à Alger pour réclamer la paix. Baba-^Hassan 
pacha , de l'avis unanime de son conseil , opposa 
aux ouvertures du parlementaire un refus formel. 
Six mois après, six gros vaisseaux vinrent se joindre 



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— uo - 

aux bâtimens de guerre qui déjà se trouvaient de- 
vant Alger , et peu après , de nouveaux renforts vin- 
rent successivement compléter cette escadre qui se 
trouva forte de quatre-vingt-dix voiles , plus sept 
bombardes. Sur une seconde notification du chef 
de Tescadre et à la suite d'une réponse aussi ré- 
solument négative que la première, le combat s'en- 
gagea immédiatement. 

Pendant la première nuit , soixante bombes fu- 
rent lancées dans la ville; durant la seconde, il 
en tomba cent-vingt. Bien que ces vingt-quatre 
heures de bombardement n'aient coûté la vie à 
aucun musulman et que les Français aient au con- 
traire perdu beaucoup de monde, il est juste de 
constater ici que les dommages matériels qui en 
résultèrent , furent considérables. Les dégâts de la 
seconde nuit furent particulièrement très graves ; 
la demeure du gouverneur Baba-Hassan pacha , 
située près de la porte de la Marine , ( bab ed Djezira) 
fût elle même endommagée par un de ces énormes 
projectiles qui éclata dans son enceinte. 

C'est peut-être autant à cette circonstance qu'à 



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— U1 — 
la crainte de voir anéantir ce qui restait de la ville , 
qu'on dût attribuer Tépouvante qui s'empara tout- 
à-coup des sens du gouverneur. Sa faiblesse , sa ti- 
midité le portèrent à négocier sans conseils avec le 
chef ennemi ; toiitefois malgré son vif désir d'obtenir 
la paix à tout prix , il posa comme condition préala- 
ble à un arrangement la restitution des prisonniers 
musulmans que le sort des combats auraient fait 
tomber au pouvoir des Chrétiens. 

Le commandant de l'escadre française lui répondit 
qu'il consentait volontiers à traiter de la paix avec la 
Régence, mais qu'il ne pouvait s'engager en aucune 
façûn à remettre les esclaves musulmans. Loin de là, 
ajouta-t-il , il faut avant tout que ceux des nôtres 
qui suaient en votre pouvoir , me soient rendus sur 
l'hwre, et qu'en outre vous vous engagiez à payer 
intégralement les frais de cet énorme armement. 
Les conditions dictées par les Chrétiens ayant été 
acceptées et la paix conclue par le trop foible Baba- 
Hassan , les Français embarquèrent immédiatement 
les cinq cent- cinquante esclaves qui se trouvaient 
alors dans les bagnes et remirrat sous voiles pour 
regagner leurs ports. 



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— U2 — 

A la nouvelle d'une aussi cruelle déception, dun 
traité si honteusement consenti sans la participation 
des notabilités musulmanes , l'indignation s'empara 
des cœurs de tous les Algériatis; leurs intérêts natio- 
naux étaient étrangement compromis et leur amour- 
propre singulièranent blessé par le £ût dé ces stipu- 
lations ; aussi le blâme fût général, et des mur^ 
mures énergiques vinrent sqpprendre an chef de 
l'État qu'on n'agissait pas impunément contiaire- 
ment aux mtéréts publics. On ne s'arrêta pas là 
et un complot aussitôt exécuté que conçu fit justice 
de la trahison de ce pacha qm mourût au mi- 
lieu d'horriUes souffi^ances. 

Cet acte de sévère réparation fdi généndemeat 
a{q)rouvé; la population entière y applaudit» et 
ses suffrages se portèrent sans partage sur le reSs 
Ha(]y-Hussein-MezÂo-Morto, qui fût prodamé Dey 
aux lieu et place de Baba-Hassan pacha. 

Le choix de la nmUitude ne pouvait se porter sur 
un personnage pfais parfaitement digne d'un poste 
aussi éclatant. A un courage à toute épraive, à 



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— 143 — 
un Jygemeat sain et élevé , Mezzo-Morto joignait 
encore des qualités non-moins précieuses et qui 
d'ordinaire font chérir les chefs : l'humanité et la 
bienfaisance. Aussi son élévation obtint-elle l'as- 
sentiment de tous les Ulémas, et en général de 
tous les gens de bien. 

La nouvelle de la fin tragique de Baba-Hassan 
jetta de nouvelles inquiétudes dans l'esprit des 
maudits Françab; ils craignaient en effet, et avec 
juste raison , une rupture prochaine de cette paix 
qu'ils avaient si indignement surprise à la pusil- 
lapimité du défunt souverain d'Alger et qui , certes , 
•e serait point sanctionnée par son successeur. 

En effet, peu à près son avènement, Mezzo- 
Horto écrivit au gouvernement Français que toute 
stipulation étrangère à son administration et pro- 
venant du fait de ses prédécesseurs était considérée 
par lui comme non avenue et n'ayant jamais été 
consentie, à moins qu'on ne lui fit la remise immé- 
diate des Musuhnans détenus dans les prisons du 
royaume de France. 



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— U4 — 
Les maudits Chrétiens répondirent aussitôt qu'ils 
n'admettraient jamais une pareille prétention ; que 
non-seulement ils ne rendraient pas les prisonniers 
mais qu'ils réclamaient en outre le montant des frais 
du grand armement qu'ils avairat envoyé du tems 
de Baba-Hassan pacha frais que ce dénier s'était 
formellement engagé à faire acquitter par son 
gouvernement. 

Mezzo-Morto dit alors au parlementaire qui lui 
avait remis cette réponse : 

« Vous connaissez mes intentions ; elles sont ir- 
révocables; si les Français ne restituent pas les- 
esclaves musulmans qui se trouvent en ce mo- 
ment dans leurs bagnes , qu'ils sachent que la 
paix est rompue entre nous , qu'ils se préparent 
donc à la guerre , je l'attendrai avec confiance. » 

Pour toute réponse , le gouvernement français 
ordonna dans ses ports des armemens .nombreux et 
bientôt une escadre vînt s'établir devant kç bat- 
teries algériennes qu'elle foudroya de son artillerie. 



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— 145 — 
Pendant vingt-trois nuits consécutives le feu ne 
se ralentît pas ; cinq mille bombes éclatèrent sur la 
ville et démolirent trois cent cinquante maisons. 
Un grand nombre de Musulmans perdirent la vie 
dans ces terribles nuits. Grand Dieul puisse&-tu les 
recevoir dans ta miséricorde infinie ! 

Satisfaits de leur expéditioo, les Chrétiens levè- 
rent les encres et partirent inopiofoient. (1 ) 

(i) £a juin i683 , le bombardem«il fàt repris par l'amicif 
Daqoetne ; la moitié de la Tille fût détruite. Des bombardes d^une 
nouTelle inTeatioii> construites dans le port de Tovlon, sous.Ja 
direction de Renaud , pioduisirent les plus grands effets. Le Dey, 
au moment de traiter fût massacré par la milice. Le nouveau 
4ey^ Mezso-Morto) n'eêl guère moins à souffrir de l'impatience 
aTCc laquelle Jm fiopulation supporta les dégâts causés par notre 
bombardement : la rille fût an moment d'être entièrement dé- 
truite ; aucun édifice ne restait intact , lorsque les Tents contraires 
engagèrent Doquesœ à se retirer en fesant toutefois continuer le 
blocus. Malgré cette retraite , les Algériens avaient tant souffert , 
qu'ils se résolurent en x6S4 , à faire cette soumission si bumble, 
dont parient tons les bistoriens et à laquelle la Régence ne fût pas 
iD^gMSM fidèle , puisque Tounrille fût obligé en 1687 de donner 
une nouTelle leçon aux Algériens. Cette dernière expédition ( en 
1687) ne fût pCS moins désastreuse pour les Algériens que les deux 
précédentfs; tUeétail conduite par le maréchal d'Estrées et Tour- 
Tille ; nos Taisseaux et «m galiotes jettèrent , disent les butoriens , 
plus de dix miUe bombes dans Alger. 

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— 446 — 
Dans le courant de rabi-el-ewel de l'année 1 095 
de rhégyre, une division ft*ançaise composée de 
quelques bâtimens, vînt au niouilU^ d'Alger dans 
le but â'appuyer des négociations que le gouver- 
nement français voulait entamer avec la Régence, 
Mezzo-Morto demeura sourd à toutes les ouvertures 
qui lui furent faites à ce sujet , en sorte que les choses 
en restèrent là pendant près d'un mois et d«ni. 
La résolution de Mezzo-Morto paraissait âl ferme- 
ment établie qu'on dût croire au départ prochain de 
la division française; mais on se trompait, car 
pendant que les négociaticms officielles échouaient 
ouvertement des négociations officieuses se nouaient 
sourdement avec plusieurs personnages influas. 
Le chef d'escadre avait mis à profit son s^our, et , à 
force de sollicitations, de présens, de promises 
peut-^re trompeuses, il avait arraohé à ces mômes 
personnes l'assurance de trouver en elles un ap- 
pui auprès de l'inflexible Pacha. • 

Tout réussit au gré du désir des Francs ; Mezzo- 
Morto habilement circonvenu par ses conseillers , 
consentît enfin à traiter de la paix , mais il ne crût 



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_ i47 — 
pas devoir se départir de la condition expresse de la 
remise des prisonniers musulmans qui se trouvaient 
détenus au nombre de quatre cents sur le territoire 
français. 

Les préliminaires étaMis , il ne restait plus qu'à 
conclure solennellement la paix qui fût signée dans 
le courant du mois de djoumad-el-ewel de la même 
année (4095). Dans le but de procurer Texécution 
complète du nouveau traité, des ambassadeurs 
eurent mission de se rendre en France pour y rece- 
voir les prisonniers musulmans et les ramener à Al- 
ger; ces envoyés étaient au nombre de trois :E1- 
Hfiftdj-Djafor , Moustapha-Oda-Bachi et Tcbater-d- 
Bacha. Quatre cent vingt-deux prisonniers furent 
remis entre leurs mains et revirent peu après leur 
patrie. 

Ces résultats étaient heureux , sans doute , et tout 
autre que Mezzo-Morto s'en Ait tenu là ; mais il était 
désireux , avant tout, de prouver à ses concitoyens 
qull saurait surpasser en bienfaits la réputation de 
ses prédécesseurs comme il avait déjà égalé par ses 



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— 448 — ^ 

victoires le souvenir de leur propre gloire ; il écrivit 
donc au gouvernement français qu'indépendamment 
des quatre cents esclaves dont celui-ci lui avait 
fait la remise , il ait encore à lui en livrer quatre 
cents autres ; que difTéremment , les derniers ar- 
rangemens étaient nuls à ses yeux et que la France 
était libre d'agir selon l'impression qu'elle recevrait 
ensuite de cette détertnination. 

La surprise était manifeste et le roi de France fut 
vivement blessé de s'être laissé prendre au pi^e 
qu'on lui avait tendu; aussi fit-il écrire à Mezzo- 
Morto que cette manière de procéder était aussi con- 
traire à la justice qu'indigne de la msgesté d'un 
souverain. Le pacha répondit^qu'il n'avait en cela 
consulté que son bon droit; qu'il s'était remis en 
possession d'un bien qui lui avait été soustrait, et 
finalement, quant à la ruse dont on lui fesait un si 
grand crime, il priait simplement de remarquer 
que les Français eux-mêmes , lui avaient doané des 
leçons dans ce genre. 

Toutes ces récriminations réciproques étaient peu 



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— 449 — 
propres à r^ablir la bonne harmonie entre les deux 
pays ; on croyait même à de prochaines hostilités , 
lorsqu'à la satifaction générale, on sût que le gou- 
vernement français redoutant peut-être les consé- 
qu^ices d'une nouvelle lutte maritime avec les Algé- 
riens , consentait à rendre les quatre cents musul- 
mans qui se trouvaient encore en son pouvoir. 
Les ambassadeurs qui précédemment s'étaient ren« 
dus en France, y retournèrent une deuxième fois , 
et la paix fftt définitivement conclue. 

toi qui jetteras les yeux sur cet épisode de notre 
histoire, apprécies la profonde politique et la droi- 
ture d'esprit du vaillant Mezzo-Morto. 

Grand Dieu, puisses-tu lui accorder les faveurs de 
ta miséricorde ! 




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dPmM 



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CHAPITRE XIIL 




Je huitième jour du mois de rabi-el-ewel 
>de Tannée 4484 de l'hégire, vers le 
rmois de juin selon la désignation des 
Chrétiens , la Tigie du Mont-Bouzaréah signala l'ap- 
parition de onze bàtimens de guerre battant pa- 
villon Danois. Le vent contraire ne leur permit 
pas d'entrer de suite ; ils forent même obligés de 
prolonger de longues bordées au large et ne mouil- 



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-^ 154 — 
lèrenl en rade que le mardi suivant vers raidi. Leur 
ligue d'embossage s'étendait parallèlement au fort 
des Sardines qui n*ouvrit son feu sur Tennemï qu'à 
trois heures et demie du soir. Mohammed-Pacha-el- 
Makaroune en donnant cet ordre au commandant du 
fort, avait aussi voulu, avant de combattre, ré- 
chauffer tous les cœurs par les secours de la prière. 
Les dispositions de défense furent rapidement ache- 
vées ; on garnit de bouches à feu les batteries que la 
paix avait tenues désarmées, et l!on put même, 
grâce à la même ardeur, élever à Ras-el-Amar un 
nouvel épaulement derrière lequel on plaça deux 
mortiers et une pièce de vingtrquatre -^ le drapeau 
national couronna à la fois tous les forts, et l'on se 
tînt prêt à tout événement. 

I^ jeudi 15 de rabi-el-ewel , vers trois heures et 
demie de l'après-midi , les Danois se rapprochèrent 
davantage de la côte, en se touant s«r leurs ancres. 
On crut reconnaitre à la position qu'ils firent preadre 
à deux bombardes qu'ils redoutaient pour ces navires 
un coup de main de la part de la marine algérienne ; 
chacune d'elle fût pbicée à Vextrémité gaudie et 



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— 16S — 

droite de la ligne d'embossage, et reçut Tordre de ne 
point s*en écarter; ces précautions étaient véritable- 
ment nécessaires car Mohammed-Pacha avait promis 
une somme de trois mille dinars d'or , à celui de 
ses capitaines qui parviendrait à amariner un de 
ces navires. 

Quelques instans avant le coucher du soleil 
trois ou quatre boulets partirent de chacun des 
bâtimens ennemis. C'était apparemment le signal 
donné aux bombardes pour commencer le feu , 
car celui de ces navires qui flanquait Faîle droite de 
la division lança immédiatement une première bombe 
qui éclata en l'air à^ une très grande distance de la 
ville. L'autre suivit presqu'aussitôt cet exemple; 
dès lors l'action fût engagée. Aussitôt nos bombar- 
dières eurent ordre d'ouvrir leur feu sur la Ugne en- 
nemie ; toutes nos batteries éclatèrent à la fois , et 
bientôt l'escadre danoise dût chercher dans un 
mouillage plus éloigné un abri contre nos projec- 
tiles ; toutefois le feu continua et les détonnations se 
succédèrent jusqu'au matin sans interruption. 

On porte à quarante-cinq le nombre des bom- 



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— 456 — 

bes lancées sur la ville pendant Taction. Aucune 
d'elles n'occasionna le moindre dommage. 

La honte de Tinsuccès paratt inspirer une ardeur 
de repentir aux Danois; ils lancent trois cents boulets 
dans la journée qui suit ces premiers engagamens ; 
puis dans la nuit du samedi au dimanche', ils s'ap- 
prochent des batteries de la ville et y jettent encore 
quatre-vingts boulets et une trentaine de bombes. 

A ces attaques répétées succède une inaction 
complète jusqu'au jeudi 19 rabi-el-ewel. Ce jour 
là même , Mohammed-Pacha aperçut des croisées 
de son palais, un canot parlementaire se diriger 
vers la terre. Il ne douta pas que le chef d'escadre ne 
voulût entamer des négociations , et comme son in- 
tention bien arrêtée était de se rrfuser â toute ou- 
verture pacifique , il envoya de suite au comman- 
dant du port , l'odre de s'opposer au débarquement 
du parlementaire, et il enjoignit formellement à cet 
officier d'avoir à repousser toute proposition écrite à 
l'adresse du Pacha. Ces ordres furent exécutés ponc- 
tuellement par le raù's el-marsat (commandant du 



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— 4»? — 
port). Il se rendit au-devant de rembaroation da- 
noise et fit part à lofficier qui la montait de la te- 
neur de ses insUnctions qui Td^ligeaient à s'opposer 
à son débarquement et à la r^nise d'aucune dépêche. 

Le parlementaire regagna honteusement son 
bord et la division danoise se couvrit presque 
aussitôt de voiles et disparût. Cette expédition laissa 
dans Tesprit des Algériens une misérable idée de la 
nation qui Tavait envoyée. 

Disons ici que la mauvaise issue de cette entre- 
prise, que cette initie de treize jours, sont de 
nouvelles manifestations de la protection Divine 
sous laquelle Alger est incessamment placée. 

Quelque tems après cette déplorable expédition, 
des agens diplomatiques envoyés par le gouverne- 
ment de Copenhague arrivèr^t à Alger , chaînés de 
riches présens pour le Dey ; on se montra cette fois 
plus disposé à entrer en arrangement et grâces à 
quelques concessions les Danois obtinrent enfin la 
paix qu'ils désiraient ardemment. Entr'autres clauses 



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— 4S8 - 
qu'ils conseulirenl et auxquelles ils se Gonformèrent 
scrupuleusement par la suite , on remarque l'obUga- 
\ixm de donner à la tégSDCQ d'Alger quatre mortiers 
à bombes , d'un calibre énorme ; ainsi , deux de ces 
bouches à feu lançaient des projectiles creux du 
poids de deux quintaux, et les deux autres, des 
bombeis d*un quintal et demi. 

Puisse Dieu utiliser ces pièces d'artillerie, pour 
le bien et la conservation des préceptes de l'Islam , 
jusqu'au jour du jugement dernier , et cela par l'in- 
tercession du maître de toutes les créatures; que la 
bénédiction et le salut soient sur lui, 



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WlTl MV. 



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CHAPITRE XIV. 




la fin du mois de rabi-el-tsani, 4 4 89 , 
hm lundi, à la tombée de la nuit, la 
/population fût mise en émoi par l'alar- 
mante déposition du capitaine d'une polacre étran- 
gère arrivant d*Âlicante. Ce marin que l'on pressa de 
questions, raconta que peu de jours avant, il 
avait trouvé sur la rade de ce grand arsenal mariti- 



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— 462 — 
me , on armement formidable dont le commandant 
l'avait minutieusement interrogé sur les motifs qui 
pouvaient Tavoir conduit dans ces parages : « Je 
m'empressai de le satisfaire , et lui démontrai que le 
manque absolu d'eau fraîche, m'avait seul déterminé 
à relâcher; que je venais d'Alger où la nouvelle 
d'une prochaine expédition espagnole était déjà ré- 
pandue; j'ajoutai que l'entrée de ce port m'avait été 
refusée et que j'avais dû reprendre la mer pour me 
rendre à Marseille d'où le mauvais tems et le besoin 
dont je l'avais entretenu m'avaient forcé à gagner au 
plus tôtAlicante. 

D L'amiral parût se contenter de mes raisons, 
mais il me fit dire que je n'avais que six heures 
pour satisfaire à tous mes besoins et que passé 
oe délai il ferait amarrer mon bâtiment et le re- 
tiendrait jusqu'à ce que son armée ait entière- 
ment vidé la rade. Il ajouta , avec intention , qu'il 
allait faire voile le l^idemain au plus tard pour 
les côtes de ia Barbarie. 

)> Cette extrême rigueur me fit penser , non sans 



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— 468 — 

quoique. raÎ0OO, cpie oet offidcivgénéral redoutait 
pardessus (wt que je ne vinsse à Alger tous in^ 
former de son approche; au surplus , continua le ca- 
pitaine, les r^oseigiiemens que j^ bien voulu 
donner sur les dispositions du peuple algérien , n é- 
taient pas d'une nature très rassurante pour l'en- 
treprise ennemie, je dis au général que la popu- 
lation était brave et déterminée; quelle attendait 
avec confiance l'issue des événemens et que tout se 
préparait sur vos côtes pour une résistance opi- 
niâtre; j'ajoutai même que cent mille Kabyles 
s'occupaient de concert avec la milice des travaux 
de défense et concouraient au maintien de la tran- 
quillité de l'intérieur. Tai tout Ueu de penser, dît en 
terminant le capitaine, que mes paroles ont eu le 
poids et la confiance qu'inspire d'ordinaire une dé- 
claration sincère. Enfin après six heures de relâche il 
me fût permis d'appareiller , et je n'eus rien de phis 
pressé que de faire route pour Alger , dans le but de 
vous informer de l'imminence du danger qui menace 
cette ville. Voilà cinq jours que j'ai quitté la côte 
d'Espagne, et déjà toute la flotte était prête; ainsi 
dçmc vous devez vous attendre à la voir paraître 



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— 464 — 
d'un instant à Tautre; aussi bien, dans la crainte 
d'être pris moi-même , je repars à l'instant. » 

Tdle fiit, en substance, la déposition du capi- 
taine de la polacre (1). 

(i) L'expédition dont veot parler ici l'auteur arabe est celle qui, 
sous le règne de Charles III » roi d'Espagne» fût confiée au général 
comte Oreilly et à l'amiral Castejon. Notre chroniqueur la rapporte 
avec beaucoup de détails et de précision. Nous n'ajouterons que 
quelques mots. 

L'escadre se composait de six vaisseaux de ligne , quatorze fré- 
gates et vingt-quatre galiotes à bombes. Vingt-un mille six cents 
hommes dont mille cent cavaliers, un équipage de cent bouches k 
feu de siège et de campagne , quatre c jnts mulets et une grande 
quantité de munitions de guerre et de bouche furent embarquées 
sur trois cent quarante-quatre bàtimens de transport ; le départ 
eut lieu le a3 juip 1 77$* de Carthagène. 

Le % juillet toute Fescadre était réunie dans la baie d'Alger, 
mouillée devant l'embouchure de l'Aratdi. 

Le débarquement s'opéra le 8; l'action proprement dite ne dura 
qu'un jour et ce f&t celui-là. 

Le 9 Mazxarédo condnisiût avec zèle et succès le rembarquement 
des troupes et du matériel de terre sur les bàtimens de transport 
qui mirent à la voile le 1 a pour l'Espagne , sous l'escorte de quel- 
ques bàtimens de guerre. 

Oreiily a été mal secondé par ses officiers chez lesquds il ne 
trouva pas l'obéissance à laquelle il s'attendait. Aucune des instruc- 
tions détaillées dans l'ordre du jour que le général fit paraître la 
veille du débarquement ne fôt suivie par les chefs , une impru- 



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— 465 — 
Ces nouvelles avaient une effrayante gravité, et 
auraient alarmé de plus braves que Tillustre Mo- 
hftmmed-Pacha , alors souverain d'Alger; aussi le 
vit-on quoique sûr de ses troupes, se prémunir contre 
les chances de la destinée et appeler à la défense 
commune tous les grands vassaux de la Régence. 
Saleh, bey de l'Est, eût ordre de concentrer ses 
troupes à Hamsa, afin de marcher incontinent sur 
Alger, si le besoin l'exigeait; ordre semblable fUt 
transmis au bey de Tittery, qui dut tout disposer 
pour voler au secoun de la capitale; et les contin- 
gens du beylick de l'Ouest furent paiement appelés 
sous les drapeaux. Le bey de cette province était 
alors absent du chef-Ueu de son dépaatement , et ce 
fut son khalifa qui reçut les instructions du gouver- 
nement central (1). Gdiui-ci avait une mission non 



dence impardonnable de la part des officiers ef pagnols , tels sont 
les motifs qui ont fait échouer cette expédition malheureuse, 
quoique bien préparée. 

( i) Le bey Ibrahim de Milianah , bey dX>ran , n'était point ab- 
sent; tout en se conformant aux instructions de Mohammed-Pacha, 
le bey ne Toulnt point abandonner sa proyince sans défense; il 
euToya donc son khalifa ayec on contingent de troupes auprès du 
Pacha, el resu dans son beylick avec une partie de ses forces pour 



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— 466 — 
moias importwte à remplir» car il iuî était enjoint 
de surveiller avec d^ torcm mom cûnâdérables il 
est vrai, les mouvaEQeos des Kflpagnoh qm ocd»- 
paient Oran , et <pii de cette yiUe aoiaieDt pu tenter 
d'opérer sur Alger en même tens que leur escadre 
Taurait atLaqué par mer. û^to tèehe était difSoile 
et exigeait une activité d'autant plus grande qu'il 
s'agissait de couvrir aussi les villes de l'intérieur 
dont l'ennenû aurait pu s'emparer dans sa marehe à 
travers les terres; nous scnmnes heureux de pouvoir 
rendre ici un témoignage éclatant à la vérité en di- 
sant que personne mieux que le khalifa de l'Ouest 
ne réunissait les cooditions néeessaives à une diarge 
ansffl délicate ; sa valev et ses connaissaoees dans 
l'art de la guerre étaient j«ist^mnt et général^nent 
appréciées ; quant à sa bra^raure devant l'eiinemi et 
sa fermeté dans le danger, eUes n'avaient point d'é- 



entrayer les mouYemens que les espagnols à Oran , auraient pu 
tenter pour .soutenir par terre rexpédidon èe l'irlandaîs Oreilly. 
Le fchalifiii MolMmoed bey Olltman anÎYa am secours d'Al- 
ger à la tête de dki^hiiit aille honmit ; Saleb bey était arrrré de 
Gonstantine avec quince nûlkoombatlaiis; lloastApha-Onzoali , 
bey de Médéab » en amenait dix mille de la province de Tittery. 



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— 46t — 
gales* A ces vertus gueirières il joignait encore 
toutes <3enes xpi font ûimer le bon citoyen. 

L'appel qaé Mohanwnêd-Pacha venait de faire à 
ses gratwfe vasdanx fiit acctieiffi avec les sentimens 
de la phis vive sympatMe; tous trois hn jnrèrent de 
nouveatt tme fidélité à tonte éprenve et un dévoue- 
metrt aS>solu â rexéciition des instructions quil ve- 
nait de leur transmettre. 

On fût bientôt à même de recoimatttre Teiactitudé 
des données fbnmîes par le ciapilkaine de la polacre 
étrangère; Tapparition de Tennemi vint confirmer la 
véracité de sa déposition. Ce fut le jeudi, <•' djou- 
mad-et-ewel 9 que la vigie de Bouzaréah signala l'ar- 
rivée d'une escadre si considérable que ITiorison en 
était obscurci ; cette date musulmane correspondait 
avec le 8 du mois de juin des Chrétiens. 

Après s'ôtre assuré du fait, Mobammed-Padia or- 
donna Toi^nisation immédiate de cent khebas 
( tentes ) de milice qui devaient se conq)oser cha- 
cune de trente hommes; le commandement de qua- 



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— 168 — 
rante d'entr'elles , Mt donné au premier ministre, 
trésorier du royaume , ^ Hassan-el-Khazena4Ji , 
qui prit position entre Âïn-el-Reboth (1 ) et la rivièie 
du Rhenis (2); sid Âly-Agha eut la direction d'un 
pareil corps qu'il établit au-delà du Rb^iis; enfin 
les vingt dernières khebas furent confiées à sid 
Moustapha-Kho4jet-el-Khaïl qui demeura chaîné de 
la défense de la ville du côté de Bab-el-Oued (3). 

Dans cette même journée du jeudi, un violent 
coup de vent dispersa l'armée navale espagnole, 
et ne lui permit de se présenter de nouveau que le 
lendemain vendredi^ 2 djoumad-el-ewel. Du som- 



{ I ) Am-el*Reboth , mot à mot source nouée ^ est le nom d*one 
fontaine constmite sor la route qoi mène au quartier de Hamma. 
Par suite , cette dénomination a été donnée au champ de manœuyre 
de Moustapha-Pacha. 

(a) LeKhenis est un petit ruisseau qui descend des hauteurs qui 
couronnent la c6ta et se jette dans la mer à une liene d'Algw. 

(3) Les trois batteries que l'on Toit encore aujourd'hui au bord 
de la mer, sons les moulins à vent hors Bab-el-Oaed lui furent 
confiées. Ces batteries sgnt connues sous les noms de EUTabia, 
Toupkhana-el'Hamra et Sid-et-KetanL Biles furent construites peu 
après b deuxième expédition de l'amiral Duqnesne, par Mezzo- 
Murto pacha. 



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— 469 — 
met des minarets, on put parfaitement distinguer 
l'ennemi , et à peine les fidèles sortaient-ils des mos- 
quées où la prière les avait réunis à Theure de Yasr , 
que toute l'armée avait mouillé dans le golfe d'Al- 
ger, devant l'embouchure de l'Aratch. Salah-Bey 
qu'un exprès avait prévenu , arriva en toute hâte , et 
étabUt son camp sur les bords de cette rivière. Ce 
cas était prévu par ses instructions , et il lui fallait 
d'ailleurs pour se développer une vaste étendue de 
terrain , car il ne comptait pas moins de vingt 
mille hommes de cavalerie, et une plaine seule pou- 
vait convenir à l'établissement d'un camp si consi- 
dérable. 

Quoique l'ennemi parût vouloir se grouper et s'ar- 
rêter définitivement à œ mouillage , quelques vais- 
seaux se rapprochèrent néanmoins un peu des forts 
d'Alger pour diminuer la distance qui les séparait et 
faciliter le bombardement. Tous les forts et toutes les 
batteries étaient prêts; les canons et les mortiers 
étaient chairs et les artillairs attendaient les pre- 
mières hostilités pour faire feu , car un ordre précis 
leur défendait de commencer l'engagement. 



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— 170 — 
Le jour suivant, 3 4joumad-el-ewei , la vigie de 
Bouzaréah signala de nouveau une deuxième es- 
cadre ennemie, plus forte encore que la précédente. 
Vers une heure de laprès-midi, elle rallia le mouil- 
lage des vaisseaux arrivés la veille, et le lende- 
main , 4 du même mois , les embarcations com- 
mencèrent à circuler d'un bord à Tautre. Cette 
activité ne se ralentit qu'à l'approche de la nuit. 
Deux boulets furent tirés ce jour là du fort Ras- 
Tafoura, (le fort Bab-Azoun) sur un brick de l'es- 
cadre qui paraissait chargé de sonder la baie et 
de reconnaître les endroits les plus favorables an 
mouillage; mais ces deux projectiles n'atteignirent 
pas le navire. 

Les journées des 5, 6 et 7 se passèrent sans 
hostilités de part ni d'autre, sans même aacone 
démonstration extraordinaire ; seulement on pût 
aisément se convaincre que l'ennemi se pr^)arait 
à débarquer prochainement; tout l'indiquait, et te 
rapport des estafettes qui arrivaient à toute heure 
de l'Aratch , confirmait ces appréhensions. Au 
dire de ces mêmes ageos, l'ennemi était mouillé 



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— 171 — 
Urès près de terre, et on fesaît un si grand bruit 
à bord de {l'eacadre, qu'on anurail pu facilement 
sonpQonner ipie d^ farmée entière était débar- 
quée. Gepmidant il n'en était rien et nous ne 
deofeandions que cpielques jours dç répit pour que 
le succès de notre cause fût certain. Les con- 
tingens arrivaient de toutes parts et à chaque 
instant de nombreux corps de Kabiles venaient 
encore rcoforcer nos rangs. 

Le jeudi huit djoumad-el-ewel , deux heures 
avant te coucha du soleil» ub des plus forts vais- 
seaux de la ligne enDenûe, s'af^rocha de terre 
en se touant sur ses ancres, et couvrit d'un fiaa 
lÂ&à [nourri toute la tott|dbana du khenis (1 ). L'obs^ 
curité de la nuit m!t fin au combat. Le nombre 
de boulets lancés dans ce court espace d& tems 
fAt évalué à quinze [cents, chiffre énorme sans 
(Joute, mais que Ton sera loin de croire exa^ré 
lorsqu'on saura c^'une seule mèche fesait partir 

(i) Toupkana, signifie batterie, bastion. Cette dénomination 
est formée du mot turc toup, qui signifie canon, et du mot persan 
A^jMi (khanèle) cfû signifie mafieon. 



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— 172 — 
six canons à la fois La toupkana riposta à son 
tour par un feu continu, et bien quelle n'eût que 
sept pièces seulement à opposer à son formidable 
adversaire et que contrairement aux résultats ob- 
tenus par les Espagnols, on ne pût que tirer deux 
pièces à la fois, cependant le mal fait à l'ennemi 
fût considérable. 

Pendant ce tems le peuple algérien adressait de 
ferventes prières pour cette poignée de braves ren- 
fermés dans la batterie, et qui fesaient preuve d'une 
persévérance et d'un courage au-dessus de tout 
éloge. Grâces en soient rendues à Dieu ! D'un nom- 
bre aussi prodigieux de boulets lancés contre la bat- 
terie, quelques-uns seul^nent arrivèrent jusqu'à 
ses murailles , et ne causèrent que quelques l^ers 
dommages* 

Toutefois il était urgent de les réparer; aussi à 
linstant même, Ali-Agha fit demander à Alger des 
maçons qui se jettèrent sans délai dans une embar- 
cation , côtoyèrent le rivage ( le trajet était ainsi 
plus court) et procédèrent immédiatement à la répa- 



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— 173 — 
ratiou du parapet de la toupldiana. Le lendemain 
tout était rétabli et remis dans son état primitif; il 
fut même possible de recommencer le feu pendant 
la nuit. Dans ce nouvel engagem^it on )ança près de 
cinq œnts boul^. La gam^n de la.touj^ana 
n*eut pas à regretter la mort d'un seul des siens, 
et ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'au mo- 
ment même où un canon trop rapidement servi et 
par conséquent trop échauffé par les détonnations, 
vint éclater au milieu des servants, ceux-ci eu- 
rent le bon esprit de rester immobiles et auemi 
ne fût mortellement attdut. Toutefois deux hommes 
qui se trouvaient en dehors de la batterie furent 
tués raides par les éclats de la pièce. Que la miséri- 
corde divine soit sur eux ! 

Pour éviter de nouveaux dégâts , le détachement 
aux ordres d'Ali-Agha éleva à la hâte en ddiors du 
mur de la toupkhana , du côté faisant face à l'ennemi, 
un revêtement en t^re et ea racine d'arbres; par 
cette louable ardeur au travail ( que le Tout-Puis- 
sant les en récompense dans l'autre vie) ils surent 
mettre à l'abri des boulets ennemis la masse entière 



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— #74 — 
de la batterie qui disparat derrière cette muraille 
fkctice, élevée avec une promptitude si remarquable. 

Le même jour , 8 djouraad-^-evrel , à l'approche 
de rheure de Moghereb, un second vaisseau vînt 
prêter le flanc à la batterie qui se trouvait enclavée 
dans le camp de sid Hassan-el-Rhazenadji à Aïn-el- 
Reboth. Cette deuxième attaque ne fttt pas moins 
glorieuse pour nous , car deux pièces de dix-huit 
braquées sur le vaisseau ennemi , et dirigées par 
le brave Ahmed-Khodja-Taftardar , tirèrent avec 
une telle précision que sept à huit boulets furent 
se h^er dans Favant du vaisseau. On pût alors 
se convaincre dé l'étendue du dommage causé à 
Tennemi, puisqu'on le vît peu après tfrer plusieurs 
coups de canon en Tair (1) voulant sans doute si- 
gnaler à fescadre quiï avait de grar^es avaries, et 
qu'il avait besoin de les réparer. En effet, un^aKon 
se détacha presqu'aussitdt dé la division , vint cou- 
per ses câbtes et lui donner h remorque. Nous re- 



(i) Ce furent probablement des fusées dont on se sert comme 
de signavx, dm» les armées miTales. 



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— 475 — 
trouvâmes plus tard les <^bles et les ancres de oe 
bâtiment. 

Le yeadredi 9 , il n'y ent «ocuBe bp^titité. Le sa- 
medi 10, une heure et demie avant Theure du 
scherôq-^el-schemch , quelques bricks et quatre ou 
cinq gros vaisseaux, appelés par les Chrétiens vais- 
seaux de ligne , s'approchèrent de terre et lancèrent 
un si grand nombre de boulets rames (douiblas) 
qu'on en trouvait sur toute l'étendue du rivage; 
en même tems de nombreux radeaux étaient di- 
rigés vers le lieu du débarquement. Il n'est point 
douteux que si les Espagnols n'avaient pas songé 
à se pourvoir de semblables ressources ils eussent 
dû renoncer au dâmrqoement. 

Le lieu désigné pour cette opération fût la plage 
du tombeau des Martyrs du côté de l'Aratch (1). 
Quelques radeaux gagnèrent d'abord le rivage et s'y 



(i) On voit encore anjourd*hni le lieu qu'indique le chroni« 
qneur, sous le nom de tombeau des Martyn; c'est an enclos qui 
se trouye à peu de distance de Hussein-Dey, sur le sable , et au 
milif u duquel un palmier est planté. 



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— 176 — 
engravèrent à dessein; puis d*autres vinrent les 
rallier et s'amarrer à leur bord , en sorte que le 
continent paraissait joint à la flotte. La descente pût 
alors s'opérer sans difficulté sur ce pont de bateaux. 



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dPITRll XY. 



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cHÂPim IV. 




^u fur et à mesure que les troupes ga- 
iguaient la plage, elles s'occupaient sans 
^désemparer à élever des retranchemens , 
et à approprier le terrain pour Tinstallation deTar- 
mée. Le débarquement fiit poussé par les Chrétiens 
avec une rapidité étonnante; toute la mer était noire 
de chaloupes et de sandales. Pour preuve incontes- 
table de ce que j'avance , je dirai que les hommes 



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_ 480 — 
pouvaient se transporter de terre à bord à pieds 
secs, en mafchant sur les radeaux , tant les sandales 
et autres embarcations étaient rapprochées et forte- 
ment liées les unes aux autres. 

Le maudit dut sans doute demeurer bien sur- 
pris qu aucun empêchement sérieux ne fut mis à son 
débarquement; néanmoins il ne se laissa pas in^ 
fluencer par ces apparences rassurantes, et sachant 
qu'en toute entreprise et particulièrement à la guerre, 
le succès dépend souvent de Topportunité* d'une pre- 
mière détermination , il mit aux ordres de son lieu- 
tenant (KaEia) un corps de huit mille combattans , 
et leur fit couronner les hauteurs qui longent la mer 
et les jardins qui font face à celle-ci ; ils devaient en 
outa*e se retrancher fortement. D'après les instruc- 
tions qu'il venait de recevoir du commandant en 
chef , le général se porta rapidement à la tète de sa 
division , vers les points désignés et y parvint sans 
trop de difficultés; mais ici il trouva nos troupes 
qui s'étaient embusquées derrière les haies d'une 
propriété voisine de la toupkana , et qui engagèrent 
avec lui un combat d'autant plus favorable, que 



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— tsi — 

presque tous ieurô coups portaient eh plein sur les 
Espc^ols, tandis qu'elles-mêmes étaient à Fabri 
de leur mousquetarie. Le g/inéscsi parût un instant 
indécis sur le parti qui! avait à prendre ; il avait 
feint jusques-là de mépriser cette poignée de braves 
et paraissait ne pas songer sérieusement à les déloger 
du poste où ils étaient embusqués, lorsque tout- 
à-coup, fatigué sans doute des pertes que lui fé^ 
sait éprouver ce voisinage incommode , il s'élança 
lui-même à la tôte des ^ens pour en .finir avec 
des tiraillpmens qui décimaient ses troupes. Au 
même instant, un coup parti de nos rangs, l'at- 
teignit à la cuisse, et la balle s'y logea profondé- 
ment. Cet incidrat ralentit quelque peu l'ardeur des 
maudits Chrétiens ; chacun entoura le général, et les 
chefs eux-*mèmeB vinrent à l'^ivi le presser de se 
faire transporter sur la plage où des secours lui 
seraient prodigués par les médecins du camp qui s'y 
trouvait établi : Non , non I répondit le général , 
ma volonté comme mon devoir me défendent de vous 
abandonner et puis d'ailleurs ma blessure n'est pas 
tellement grave qu'elle puisse m'empêcher de me por- 
ter au fçu. Ainsi donc, courage mes aj^is , et en avant! 



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— 182 — 
Tant de témérité et tant d'impadence ne pouvaient 
demeurer impunis; aussi bien, à peine eutril franchi 
la haie qui le séparait de la retraite de nos braves , 
qu'une seconde balle vint briser sa poitrine un peu 
au-dessus du téton gauche. 

Le coup était mortel , et le blessé ne Fignorait 
point ; il se fit donc transporter aussitôt au camp du 
rivage et de là à bord de Tescadre où des soins ^n- 
pressés, sans doute, ne purent cependant lui sauver 
la vie ; il rendit Fâme quelques instans apvès. (i ) 



(i) Ce fût le général de la première diyision (la Romana) for- 
inant Faile gauebe, qni te porta à la tête de les troupes vert let 
hantetirty et se trouva ainsi engagé au milieu des buissons, dans 
des sentiers tortueux , très étroits et très difficiles. La première di- 
vifion forcée oonséquemment à se diviser , sd trouva exposée aux 
attaques non moins vives qulrrégnlières des Maures retranchés 
derrière les baies. 

Si cette troupe imprudente avait été enveloppée comme elle au- 
rait pu Tétre , elle aurait été entièrement détruite. 

On reprocba à ceUe troupe trop de vivacité, d'avoir mal tenu 
les rangs , d'avoir désobéi et de s'être laissé emporter par une ar- 
deur inconsidérée. Elle était cependant composée de l'élite de l'in- 
fanterie espagnole ; c'éuient les Gardes-Wallonnes , les Irlandais , 
les Grenadiers suisses, tous régimens bien disciplinés et accoutumés 
à la plus sévère subordination ; si donc il est vrai que dans cette 



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— 183 - 
La mort de ce général attrista tout le camp espa- 
gnol; et lorsque la nouvelle en parvint à ses propres 
soldats, ils fureit tout-à-fait démoralisés. Le petit 
nombre d'entre eux qui avaient déjà dépassé la haie 
qui les séparait de nos troupes , forent si vivement 
poussés /qu'ils durent abandonner plusieurs cada- 
vres de leurs frères. Dès lors une terreur panique 
sembla s'emparer d'eux / et leur trouble fut porté 
à son comble lorsqu'ils aperçurent dans la direction 
de l'Aratch, la masse des combattans qu'ame- 
nait Saldi-Bey , et surtout le nombre prodigieux de 
chameaux qui suivaient son corps d'armée : rien ne 
pût ranimée* leur courage. 

drooutlaoce iU aieat contreveDu aux ordiet de lean chefs , il hnX 
croire que leur position tout à fait désayantagen^e et |wir consé- 
quent la faute de ces chefs , leur en fit une espèce de nécessité. 
Harcelés par là mousqueterie des Haures qui étaient cadiés dans 
les broussailles , ils n'ayaient de protection et de défense que leurs 
fiisiis qui ne pouyaient atteindre l'ennemi. L'artillerie qui deyait les 
protéger n'était pas encore à terre. Cette aile dût beaucoup souffrir 
dans sa retraita. Elle f&t yiyement poursuiyie jusqu'à ses retranche- 
mens. L'action était générale ; c'était le moment où se faisait le se- 
cond débarquement, et celui de la seule artillerie qui fàt mise à 
terre. Aperçu hiat stat. et tppog. sur l'eut d'Alger. (Ministère de 
la guerre). 



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— 184 — 
Abandonnés à eux-mèmès, sans chefs capables 
de les^ conduire , ils fuirent les lâches qu'ils étaient; 
ils fuirent à la seule vue et à la simple aj^rochédes 
chameaux que le bey commençait à foire avancer. 
Ceci n'a rien d'exagéré; c'est là l'unique cause de 
leur déroute. 

Profitant avec habileté de l'événement, noire 
légion qui s'était maîntaïue derrière la haie, fondit 
brusquement sur les solddts maudits et les pouirâuivft 
avec la plus vive ardeur jusqu'aux approches de 
leur camp; mais cette poursuite toute glorieuse 
qu*elle fàt, coûta la vie à {dusieurs d'entre eux; 
d'autres furent simplement blessés (que la paix et la 
gloire soient leur partage! ) Cette action sanglante 
avait fatigué nos soldats outre mesure. Plusieurs 
avaient succombé; d'aubnes enfin, et en assez 
grand nombre , avaient reçu des blessures plus ou 
moins graves ; ils ne purent donc pousser plus 
loin leur avantage et durent renoncer à expulser 
complètement du sol algérien cette troupe de mau- 
dits. Ainsi donc ceux-ci, comme nous l'avons dit 
plus haut réussirent à regagner leur camp: Quant 



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— 185 — 
à nos blessés, on les U*ans{>orta tout aussitôt dans 
un lieu sûr où des scÂns assidus leur furent pro- 
digués. 

Sans trop s'inquiéter du nombre de boulets ra- 
mes éparpillés sur la plage ; malgré la fatigue , m^tl- 
gré le danger inuninent de la tentative, deux caya- 
U^rs de rS^t, modèdes accomplis de valeur, eurent 
Taudace de poursuivre reonemi juaques daas son 
camp. Chacun d eux y put massacrer trois Chrétiens 
9pus les yeux de leurs frères ; ohaann- d'eux céassit 
m6me à se retirer du camp » mais ce fadt héroïque 
était, ai^Hlessus des forces humaines. Uun expira sur 
la route , avant d'avoir reijoint ses vaillans coo^- 
gfions. Le second phis heuraix , parvint à se trans- 
porter juaq^'À eux , mais hélaal les bleo a u res dont 
il était couvert étaient mortelles , et les soins les 
plus empressés ne purent Tarracher à la mort. Plus 
iud nous apprimas piur tes correspondances cpieies 
maudits étaient on ne peut plus stupéfaits du con-^ 
rage incroyable qui brûlait le cœur de nos soldats. 

Sur le lieu même de Tactiou , et entre les deux 

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— 186 — 
camps, le sol était jonché de cadavres. Du corps d*un 
Musulman à celui d'un Chrétien la distinction était 
facile. Celui-là était intact , le cadavre chrétien , au 
contraire, était décapité. 

Les Espagnols renfermés dans leurs retranche- 
mens , purent enfin juger de la nature du désastre. 
Bien qu'à Tabri d'une nouvelle attaque, ils n'étaient 
point pour cela affranchis de la crainte des balles 
qui pleuvai^it des rangs de nos soldats , groupés 
alors au tombeau des Martyrs. Ce feu dura jusqu'à 
l'heure du Moghereb. Nous apprîmes plus tard par 
les relations chrétiennes que ce jour là m^ne , Tabat- 
tem^it avait fait place au courage et qu'ils conser- 
vaient le ferme espoir qu'un prompt départ , encore 
possible, pouvait sauver le reste de l'armée. 

Le camp ennemi occupait sur le rivage une éten- 
due de mille pas ; sa profondeur pouvait en avoir 
trente. 

Les chefs musulmans balancèrent un instant sur le 
choix des projectiles qu'il convenait de jetter sur le 



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— 487 — 
camp espagnol. On s'arrêta cependant aux nM>yens 
ordinaires que fournissait l'artillerie , et de suite on 
ouvrit dans les murs de la toupkana, qui ne battait 
jusques là que la mer , deux embrasures dont la di- 
rection permettsdt de balayer les retranchemens en- 
nemis. Le feu commença vif et soutenu. Son effet f(A 
terrible , car à la première volée, une bombe lancée 
dans les rangs confus ^es Espagnols, en emporta 
trente-six à la fois; dans tout ceci , il n'y a rien 
d'exagéré; c'est la pure et simple vérité, et puis 
d'aUleurs concevrait-on quelques doutes sur l'au- 
thenticité de ce fait, qu'ils s'évanouiraient aussitôt 
en songeant à la positicm élevée qu'occupait la bat- 
terie ; position favorable aux yeux des moins clair- 
voyants, puisqu'elle dominait entièr^nent le camp 
retranché d^ Espagnols. Uartillerie de ceux-ci ne 
resta pourtant point inaclive, car elle tonna jusqu'à 
la nuit. 

Toutes ces circonstances réunies , rendaient des 
plus critiques la position de nos ennemis Décimés 
par le fer , en proie aux souffrances d'une soif dévo- 
rante, causée par l'ardeur extrême du soleil, ils 



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— 188 — 
avaient encore à sopporter l'effet de la réverbération 
de cet astre sur le sable. En vérité leur sort était 
atroce , et leur angoisse devait être à son comble. 

Leurs pertes en hommes furent énormes (1). Les 
felouques et les sandales ne pouvaient suffire au 
transport des blessés , presque tous atteints mortelle- 
ment. Le nombre des hommes mis hors de combat, 
avons-nous dit , était très considérable , et cela est 
tellement vrai , que plus tard , nous appilmes de la 
bouche même des Espagnols qui avaient pris part à 
cette expédition désastreuse, et qui, depuis , tombè- 
rent en notre pouvoir, nous apprtmes que les san- 
dales chargées de corps et de blessés, étaient impi- 
toyablement repoussées de chaque bord , tant ceux- 
ci en étaient encombrés. 

Louanges soient rendues à Dieu , en mémoire de 
cet heureux événement, car c'est encore sa bonté 
infinie qui a accordé la victoire à nos armes. 



(i) Les relatioDS espagnoles portent la perte de lenr c6té à plus 
de 4,000 taés ou blessés dans la journée du 8. 



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— «M — 
Et moi , riuiinble e9d»?e de mon Dieu , j'atteste ici 
sur le salut de mon âme avoir lu une lettre de Car- 
thagène (Kartddiemia) d'une date postérieure au 
départ de l'expédition ennemie , et dans laquelle on 
disait que les maudits déposèrent dans les hôpitaux 
de cette ville plus de deux mille huit cents blessés 
ou malades , et que cet établissement ne pouvant en 
recevoir davantage, on avait été obligé de convertir 
les églises en hôpitaux provisoires. Je lus dans cette 
même lettre , que ce n'était que la plus faible partie 
de l'expédition qui s'était arrêtée à Carthagène; que 
le reste s'était dirigé vers Alicante ( Alikanta). Je 
p'ai pu savoir quel était le nombre des blessés ou 
malades reçus par les hôpitaux de cette ville, mais 
il est certain que le chiffre en était plus élevé encore 
que celui de Carthagène. 

Il est à remarquer que les Espagnols attribuaient 
la non-guértson de leurs blessures au poison dans 
lequel nos baUes , disaientrils , avaient été plongées, 
et ce qui contribuait à confirmer cette siguUère 
croyance , c'est que sur cent blessés , à peine un seul 
guérissait-il conplèlement. 



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— 190 — 
Louange à Dieu de nouveau , louanges infinies à 
Dieu. 

Nous avons oublié de mentionner que pendant la 
dernière nuit de leur séjour, sur le sol algérien , les 
maudits désespérant enfin de réussir , se décidèrent 
à une retraite honteuse. En conséquence et avant le 
jour, camp, matériel, fusils et jusqu'à dix-sept 
pièces d'artillerie en bronze , tout fut abandonné 
pour fuir en hâte vers les vaisseaux. 

Nous avons dit ailleurs qu'au nombre des blessés 
transportés en Espagne, se trouvaient plusieurs sol- 
dats atteints d'une même maladie ; cette espèce d'é- 
pidémie fut attribuée dans le tems à Tusage immo- 
déré que firent de l'eau glacée d'un puits, des 
hommes harassés de fatigue et accablés par la 
chaleur. 

Le nombre de leurs blessés , proprement dits, s'é- 
leva à 3,000 , et celui de leurs morts à 8,000 ; grand 
Dieu! puisses-tu augmenter ce chiffre! 

On évalue nos pertes à 300 hommes tout compris; 



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— 191 — 
à savoir : ceux qui succrafthèreni sur le champ de 
bataille, ainsi que ceux qui moururent plus tard des 
suites de leurs blessures. 

Le nombre de boulets rames , de boulets ordi- 
naires et de simples balles lancés par l'ennemi est 
hors de toute supputation humaine; Dieu seul peut 
en connaître le chiffre. Contre un coup parti de nos 
rangs , cent autres partaient à la fois des rangs espa- 
gnols; et c'est peu dire, car nous serions tentés de 
les porter à deux cents, ou mèise trois cents sans 
crainte de paraître exagérer ; il n'y a que ceux qui 
n'ont point assisté à ce^ mémorables journées qui 
pourraient douter de ce que nous avançons. 

Dieu suprême et très haut a pris en pitié le sort 
de ses esclaves , le sort des vrais croyans , grâces lui 
en soient rendues. 

Quelque tems après le retour de l'armée dans les 
ports d'Espagne , le bruit se répandit que 4,000 Es- 
pagnols avaient trouvé la mort sur nos côtes. 



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— 192 — 
Louaoige étemelle à Dieu , pofê encore louange in- 
finie à Dîeu. 

Douze ingénieurs attadiés à Tannée ennemie per- 
dirent la vie pendant la campagne ainsi que deux 
cent cinquante chets aju nombre desquels se trouvait 
le général qui reçut deux blessures à la première 
attaque. 

Aucun Espagnol blessé et laissé sur le champ de 
bataille , ne pût o|}tenir la vie sauve. Un ordre for- 
mel , émané de notre vaillant Émir , du noble défen- 
seur de la foi , notre maître Mohammed-Pacha , en 
avait ainsi disposé. Cet ordre portait que chaque tête 
de Chrétien serait payée dix dinars d'or par le trésor 
de rÉtat , mais que celui qui ferait un prisonnier , 
n'aurait point droit à cette allocation et jouirait sim- 
plement du privilège de le décapiter. Cette mesure 
était sage et politique à la fois , car Tespoir d'une 
récompense pécuniaire fesait en quelque sorte une 
(Mgation à nos soldats de tranchpr la tdte à tout ce 
qm tombait aoi leur pouvoir, et d'ea apporter la preor 
ve sanglante aux pieds jnèmes du Pacha. 



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— 193 — 

Da«s la suite le maudit roi d'Espagne qui avait 
longtems ignoré cet ordre , invita les prêtres chré- 
tiens ( papas ) qui se trouvaient à Alger , à ouvrir 
des négociations pour le rachat des esclaves espa- 
gnols, fut-ce même au pesant d'or de chacun. 

Ceux-ci firent en conséquence les démarches né- 
cessaires , mais ils lui répondirent bientôt que : « Le 
Pacha avait dès avant lattaque , ordonné à tous ses 
sujets de se mettre en garde contre les séductions 
et de se montrer intraitables. Ce maudit , leur dit le 
Pacha , n'a pas craint de souiller notre sol et de ve- 
nir près des remparts d'Alger planter ses étendards , 
se flattant sans doute du clûmérique espoir de m'y 
remplacer prochainement au pouvoir. Punissons 
donc sa témérité ; nul quartier , point de respect , et 
surtout point de prisonniers ; que la mort seule soit 
leur partage ; que chacun de vous ne vienne qu'avec 
la tête d'un Chrétien , et jamais avec un prisonnier. 
Dix dinars à tout combattant qui rapportera ce té~ 
moignàgé incontestable de son courage; à tout 
autre , le seul privil^e de décapiter son prisonnier.)! 
Ainsi donc, ajoutèrent les prêtres, il n'y a point 
d'esclaves espagnols dans les bagnes d'Alger. 

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— 194 — 
Adressons de nouveau à Dieu , des louanges qui 
lui sont si bien acquises , en mémoire de cette nou- 
velle victoire remportée par les vrais croyans. 

Rendons ici hommage à la vérité , en témoignant 
du courage des chefs qui se sont distingués dans ces 
mémorables journées. Qtons en première Ugne 
Moustapha-Khodjetrel-Khail qui a conabattu sur le 
champ de bataille avec une ardeur infatigable et un 
courage brillant à la tète des troupes qui lui étaient 
confiées et qu'il a voulu gratifier lui-même à ses 
propres dépens. 

Puis, Mohammed -ben-Othman, khalifa de la 
province de TOuest , qui a fait preuve d'un véritable 
héroïsme. La renommée exaltera hautement sa bra- 
voure et la gloire dont il s'est couvert dans ces di- 
verses journées. Quant à Saleh-Bey , il conabattit 
avec une valeur non moins éclatante ; les nombreux 
chameaux qu'il avait amenés avec lui de la province 
de Gonstantine furent la principale cause de la ter- 
reur panique qui s'était répandue dans les rangs en- 
nemis ; c'est du moins ainsi que nous le trouvâmes 
établi dans les relations espagnoles. 



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— 195 — 
Puisse Dieu , récompenser par la plus parfaite des 
récompenses , ces trois braves défenseurs de la foi. 
Puisse-t-il aussi récompenser tous ceux qui ont as- 
sisté à la destruction de Tennemi de la religion , dans 
ces glorieuses journées ; puisse cette même récom- 
pense leur être acquise au jour du jugement dernier. 

Revenons un peu sur nos pas. Nous avons dit 
plus haut que lennemi abandonnant son camp, 
avait fui précipitamment à bord de ses vaisseaux ; 
les Espagnols essayèrent alors d'amarrer à ceux 
de ces derniers qui n'avaient point essuyé d'ava- 
ries, ceux qui au contraire avaient été atteints 
par notre artillerie; cette opération et celle de 
rembarquement se prolongèrent jusqu'au 47® jour 
du mois de djpumad-el-ewel. 

Si Ton avait adopté l'avis que quelques graves et 
sages personnes avaient émis on aurait immédiate- 
ment dirigé des brûlots sur* l'escadre espagnole 
qui était dans le plus grand désordre \ et dont les li- 
gnes étaient si mêlées , qu'elles ressemblaient assez 
à un filet de pêcheur ; sans doute , il fallait agir de la 



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— 196 - 
sorte , et avec opportunité ; car le dommage qu'au- 
rait éprouvé l'ennemi eut été considérable ; avant 
qu'on se soit consulté , avant même qu'on eut re- 
connu le mérite de cette proposition , il était déjà 
trop tard ; la flotte avait gagné le large , et le brûlot 
qu'on lui détacha ne pût réussir à l'atteindre. 

Et^ louanges' à Dieu sur les résultats de ces 
grands événemens. En résumé, l'ennemi n'obtint 
aucun succès; il n'enleva pas une seule pierre de 
cette victorieuse cité ; il perdit beaucoup de troupes, 
beaucoup^d'hommes d'un mérite incontestable , et il 
fut enfin obligé de prendre honteusement la fuite et 
d'abandonner un immense matériel. 

Et moi l'humble serviteur de mon grand Dieu , 
je soutiens comme positif que sur 100,000 Chré- 
tiens, s'il s'en trouvait un seul qui eut assisté à 
ces événemens et qu'il put témoigner de l'étendue 
des désastres de l'ennemi, le simple narré |des faits 
suffirait pour épouvanter ces 1 00,000 auditeurs. 

L'humble serviteur de son Dieu suprême , le com- 
pilateur du présent s'exprime ainsi : 



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— 197 — 
(( Je n'ai composé c^ pages et rémû ces lettres, 
» que poop faire revivre à jamais le souvenir de 
» ceux qui, comme mot-^mènie, ont été préseM à 
» Taceomplissement de cet évéoMurat, pour servir 
» de monument de gloire i ceux qui, morts martyrs, 
» ont acquis la miséricorde et la clémence divines». 

Cet ouvrage servira de guide dans Tavi^ir aux 
derniers habitons de cette glorieuse province; il 
leur fera connaître la puissance de la vaillante cité 
algérienne , (kmt le sol est , pom* ainsi dire , pétri 
avec le sang des Chrétiens qvi , dans leur démence 
orgueiUeuse, ont cru pouvoir la réduire et Font 
même essayé si souvent. 

Grand IMeu! puisse-tu, par les mérites du plus 
noble de tes serviteurs et du plus courageux de tes 
adorateurs (Mohammed le Prophète), conserver éter- 
nellement Alger la Guerrière , comme la forteresse la 
plus inexpugnable de la noble guerre sainte et 
comme le berceau du courage. 

Cet ouvrage se termine ici, à la date de la qaatriè- 



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— 198 — 

me dixaine du deuxième tiers du ^xième sixième de 
la seconde moitié du troisième tiers du dixième 
dixième de la douzième corne de la fuite du maître 
de Tespèce humaine, notre seigneur M<^ammed 
( que Dieu répande sur lui sa grâce, et son salut sur 
sa famille et ses conq>agnons réunis.) 

Ce liyre^béni trouve ici sa fin parla grâce de Dieu 
très haiit , par la bienveillance de son secours et son 
admirable protection. Il est de la main de celui qui 
Ta écrit Mohammed fils de Mohammed fils d'Abd-el- 
Bahman fils de El-Djilani fils de Rekia , natif de Te- 
lemsan , de la famille des Menscha-el-Tschadiri. 

Puisse Dieu , bon et clément y. lui accorder le par- 
don , ainsi qu'à son père , sa mère , à ses maîtres et 
enfin à tous les Musulmans , hommes et femmes vi- 
vants et morts. 

Louanges à Dieu , seigneur des Deux-Mondes. 

Et cet ouvrage a été rédigé par ordre de TÉmîr, 
lui qui tient son pouvoir du droit divin , qui met sa 



celui 



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— 199 — 
confiance en Dieu, qui combat dans la voie de EKeu; 
Texcellent et très parfait , le vertueux et très juste , 
sid Mohammed-Bey, descendant du défunt sidi Oth- 
man ( que Dieu le protège par sa bonté et le couvre 
de sa miséricorde; puisse-t-il provoquer la clémence 
divine en faveur de toutes les créatures. ) 

Répétons ici , que la dernière main fut mise à ce 
livre à Taurore d'un jeudi, dans le mois de Dieu, l'ex- 
cellent djoumad-el-tsani, dont ce jeudi était le on- 
zième jour , et ce , dans Tannée 1 1 94. 

Et que Dieu répande sa grâce sur notre seigneur et 
maître Mohammed , sur sa famille et ses compagnons. 

Louanges à Dieu , maître des Deux-Mondes ! 



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a6 



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CHRONOLOGIE 



DBS 



PACHAS D'ALGER. 



iiiiiiiii — 



HAROUDJ (925 de Thégire. ) 

KHAIR-EL-DIN (927). 

HASSAN-AGHA ( 941 ). — La ville d'Alger est 
eùtodrée d'un fossé. — Construction des rem- 
parts de la ville. — Prise de Biskara , Mostaga- 
nem et Telemsan. — Construction du fort TEm- 
pereur sur l'emplacement des batteries de l'empe- 
reur Charles V. 

HASSAN, fils de Rhaïr-el-Din (952 ). — Cons- 
truction du Phare. 

HASSAN-AGHA (958). 

HASSAN , fils de Khair-el-Din ( 959 ). 



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— «04 — 
SALEH ( 959 ). — Construction du palais des 
deys , affecté aujourd'hui au service du cam- 
pement. — Peste à Alger en 960. — Les territoires 
de Tugurt et Wurgaloh sont soumis. — Le royau- 
me de Fez est conquis et le roi qu'y établit Sa- 
leh-Pacha se reconnaît tributaire d'Alger. — En 
1554 Bougie est repris sur les Espagnols qui 
l'occupaient depuis 35 ans ; le dernier gouverneur 
de cette place était Don Alonzo de Peralta* — 
Saleh raïs meurt de la peste, pendant les prépa- 
ratifs^d'une expédition qu'il se proposait de diri- 
ger sur Oran. 

MOHAMMED-RURDOGHU (963 ). — Construc- 
tion du fort de l'Eau avec les matériaux tirés 
des ruines romaines de Matifoux et d'une carrière 
exploitée à Hamma. — Mort assassiné dans le ma- 
rabout de sidi Abd-el-Kader hors la porte Bab- 
Azoun. 

HASSAN, fils de Khaïr-el-Din (968 ). — 
Hassan-Pacha fait plusieurs voyages à Pas, dans 
le Maroc pour s allier l'appui de l'empereur. — 
26 août 1561 défaite et mort du comte d'Alcau- 
dette et prise de son fils Don Martin de Cordoue 
dans leur malheureuse expédition de Mostaga- 
nem; un nombre considérable d'Espagnols fut 
fait prisonnier. — La milice se révolte contre lui ; 
il est enchaîné et aivoyé à Conslantinople. 

AHMED-BOSTANJI ( 969 ). — Peste à Alger. 

HASSAN, fils de Kbaïr-el-Din (969). — Don 



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— ao5 — 

Gardas de Tolède s'empare de Mers-el-Kebir 
en 970 -1564. 

MOHAMMED ben Salèh (974 ). 

ALY-PACHA-EL-EULDJE, surnommé el farlhaz ( le 
teigneux ) ( 976 ). — Tunis est conquis sur les 
Espagnols et soumis au Grand Seigneur. 

C'est sous les ordres de ce reniât que la ma- 
rine algérienne prit ^part au combat de Lépante 
le 5 octobre 1581. — Construction du fort de 
l'Étoile en 977. 

ARAB-AHMED ( 979 ). — Peste. 

RAMDAN, renégat sarde ( 982 ). — Ramdan 
Polho dirige en 983 un corps d'armée sur Pas 
pour soutenir Mouley-Melek contre Mouley Mo- 
hammed. 

HUSSEIN ex-captan d'Aly pacha ( 985 ). — Hussein 
était un reniât yépitien. — Disette à Alger. 

DJAFAR renégat hongrois (988). 

HUSSEIN ex-Kîaptan d'Aly pacha ( 989). — Expédi- 
tions dirigées par Hussein sur lescôtesde Sardaigne 
et d'Espagne. — Commencement de construction 
du fort Bab-Azoun avec des blocs de pierres tirés 
des ruines romaines de Matifoux. 

YOUNES(989). 

RAMDAN (990). 

HUSSEIN , fils de Kaïr-^l-Din ( 990 ). — Il arrive à 
Alger avec 60 galiotes , assassine Ramdan et se 
fait proclamer à sa place. 

MAMI ( 993 )• 

MOHAREM(993). 



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— 206 — 
MAMI ( 994 ). 
DALY-AHMED(995). 
KHADER ( 997 ). 
HADJ-CHAABAN(999). 
MOUSTAPHA(4002). 
KHADER (1003). 
MOUSTAPHA (1004). —Dissensions entre tes Turcs 

et tes Kourouglis. — Disette à Alger. 
DALY-HASSAN(1007). 

SOLIMAN ( 1 009 ). — Trembtement de terre à Alger. 
KADER(1013). 
MOUSTAPHA (1015). 
BEKHIL-TEDOUAN (1016). — Il était mameluk 

d'un nommé Ramdan. 
KOUSSA-MOUSTAPHA (1019). 
HUSSEIN (1023). 
MOUSTAPHA ( 1025) — Ex-garde des sceaux de 

Hussein. — Explosion des poudres dans la ville. 

— Incendie éans te quartier de Kitdiawas ( rue 

du Divan. ) 
SOLIMAN-KATAMIÉ ( 1 026 ). 
HUSSEIN-EL-SCHEIKH ( 1027). 
SOLIMAN (1028). 
MOUSTAPHA ( Haffez-Roussor ) ( 1 030 ). — Peste à 

Alger. — Construction de la batterie la plus avan- 
cée du môle, j" 
HUSSEIN , fils d'Elias bey ( 1032). — Construction 

des canaux qui alimeitfent d'eau les fontaines de 

la ville. 
MOURAD(1034). 



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— 207 — 

BRAHIM(1034). 

HUSSEIN (4034). 

KHOSROF ( 1 035 ). — Toutes les tribus étabUes de- 
puis Constantine jusqu'à Telemsan sont frappées 
d'une contribution extraordinaire. 

HASSAN-KHODJA ( 1038 ). — Expulsion des Rou- 
rouglis d'Alger (1038). 

YOUNES(4039). 

SCHEIKH-HUSSEIN (1044 ). — Incendie de la Cas- 
bah. 

YOUSSEF ( 1044 ). — Nouvel incendie de la Cas- 
bat. — Disette à Alger pendant toute une amiée. 
— Les tribus établies depuis Constantine sont 
frappées d'une oontribution extraordinaire de 
300,000 piastres ; les habitans des villes pour la 
somme de 200,000. 

ALY (1 047).— Tremblemoitde (erreàAlger en 1 049. 

SCHEIKH-HUSSEIN ( 1 050 ). 

YOUSSEF (1050). — Peste à Alger. — Révolution 
parmi les Janissaires; l'Agha est étranglé; dix 
hauts dignitaires sont exilés et Youssef, lui-même, 
est emprisonné. 

MOHAMMED-BOURSALY ( 1 #62 ). 

AHMED (1054). — Mort du marabout sidi Mansour 
en 1054; ce saint personnage est enterré à côté 
de la porte Bab-Azoun. 

YOUSSEF (1057). — Peste à Alger. 

MOURAD ( 1 060). — Les esclaves chrétiens se ré- 
voltait. — Peste à Alger appelée par les habitans 
du nom de konïa , 1 064. 



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— 208 - 

BOUCHENAK-MOHAMMED ( 1 065 ). 

HAMED(1065). 

BRAHIM(1066). 

HADJ-AHMED(i066). 

BRAHIM(1067). 

ALY(1069). 

MOUSTAPHA(1071 ). 

SMAIL (1072). — Armemens de la France contre 
Alger en 1 664 ; le duc de Beaufort et le comte de 
Gadagne commandent Texpédition. — En 1671 
Edouard Sprage attaque Alger; plusieurs vais- 
seaux sont détruits. — Expédction de l'amiral 
Ruyter ; le pavillon hollandais est respecté pour 
longtems. — Construction de la grande et belle 
mosquée qui se trouvait sur la place du Gouver- 
nement et qui a été démolie eu 1832. 

ALY-AGHA ( 1 077 ). — En 1 080 , Redjeb-Bey , com- 
mandant les troupes algériennes, soumet les Béni- 
Abbas qui avaient levé l'étendard de la révolte. 
— En 1080, expédition dirigée sur les Bibans 
(Portes de Fer). — 1083, une flotille algérienne 
est brûlée dans le port de Bougie. — 1 083, révolte 
des Janissaires ; Aly a la tète tranchée. 

BABA-HASSAN (1083). — 1087, expédition com- 
mandée par le Pacha lui-même et dirigée contre la 
ville de Telemsan qui avait secoué le joug des 
deys d'Alger. — Peste à Alger en 1 087. — 1 091 , 
incendie de la grande poudrière. — Expédition de 
Tunis c(xnmandée par Baba-Hassan qui réconciUe 
ben Mohammed bey et Aly bey. — 1094 , les Ja- 



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— «09 — 
Dissaires se révoltent et assassinent Baba-Hassan 
à la marine. 

HUSSEIN -MEZZO-MORTO (1094). — Brahim- 
Khodjet-el-Khail , en 1095, dirige une expédition 
contre Tunis. — Chaâban bey d'Oran est assas-' 
sine en 1098. — La milice se révolte et Mezzo- 
Mortoest contraint de se' sauver sur une &*^ate 
et de se réfugier à Smyrne. 

HADJ-CHAABAN ( 1 1 00 ). — Incendie du port d'Al- 
ger en 1 1 03. — Victoire remportée par les Algé- 
riens sur les troupes Marocaines , en 1 1 03. — En 
1 1 03 , traité de paix conclu par M. Denis Dusault 
au nom de la France» avec la régence d'Alger 
( avril 1 692 ). — En 1 1 04 , massacre des Arabes 
de la plaine et ée différentes tribus , hors la porte 
Bab-el-Oued , le jour de la grande fête. — 1 1 05 ^ 
révolte des Janissaires; ChAâbai>-Kbod|a est 
étranglé. 

HADJ-AHMED ( 1 1 05 ). — Peste à Alger. 

KARA-BEN-ALY ( 1 1 09 ). —Victoire Remportée en 
1113 par les Tunisiens sur les troupes Algé- 
riennes; siège de Gonstantine. — 1113, révolte 
des Janissaires ; le Pacha est assassiné dans son 
Ut. 

AHTCHR-MOUSTAPHA (1113). — Expédition con- 
tre Tunis ; les Algériens pénètrent dans la ville 
qui est livrée au pillage. Les mosquées sont pro- 
'fanées et saccagées. — Révolte de la milice en 
1 1 1 7 ; le Pacha est saisi , garotté et envoyé sur un 
âne à Kallah où il est étranlgé. 

27 



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— 210 — 
SCHERIF(H17). 

MOHAMMED-BAKTACHE ( H 19). — Les Algériens 
sous le commandement de Baktache pacha et de 
son beau-frère Ouzan-Hassan , s'emparent d'O- 
ran sur les Espagnols. — En 1 122 , le Pacha est 
assassiné par Dely-Braham , qui se fait proclamer 
Dey. 

DELY-BRAHAM ( 1 122).— En 1 122, Ouzan-Hassan 
bey d'Oran et beau-frère du pacha assassiné , ar- 
rive avec des forces formidables et vient établir 
son camp sur les bords de TAratch. Les troupes 
Algériennes mettent Tennemi en fuite , et la tète 
de Ouzan-Hassan est apportée au Pacha. 

ALY (1122). — Tremblement déterre et incendie 
en 1128. 

MOHAMMED (1130). — Le S^ Denis Dusault en- 
voyé plénipotentiaire , au nom de Louis XV, con- 
clut le 27 moharem 1 132 - 7 décembre 1719 , un 
trsdté de paix avec Mohammed.— Disette affreuse 
à Alger pendant trois années. 

ABDY ( 1 1 36 ). — Construction de la mosquée ser- 
vant aujoordliui de caserne au génie àsoïs la rue 
Macaron. — Construction du fort de la Pointe-Pes- 
cade. — 8 septembre 1736 - mcdiarem 1139, 
traité de pai^ entre la HoUainde et Alger par l'in- 
termédiaire de M. Sommelesdyet. — Traité de paix 
conclu entre M. Léon Delain , consul de France, et 
la régence d'Alger , en hadja 1 1 44. — Quantité 
considérable de neige, -froid très rigoureux en 



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— au — 

1 1 38. — 4 moharem 1 1 45 , reprise d'Oran par les 
Espagnols sous les ordres du duc de Morteipart. 

BRAUIM ( 1 1 45). — Peste à Alger. — Construction 
du pont de T Aratch sous la surveillance de Ahmed 
Agha en 1 1 49. — Une partie du fort TEmpereur 
est incendiée le 11 cbâban 1 1 55. 

RUTCHUK-BRAHIM (1158). — 10 août 1746- 
redjeb 1 1 59 , traité de paix conclu entre Christian 
roi de Dannemarck et Brahim. 

MOHAMBfED ( 1 161 ). — En 1I6&, éclipse de soleil 
qui effraye tous les habitans au point de les foire 
fuir de la ville en poussant des cris affreux. — En 
1 1 67, froid très rigoureux ; neige et glace. 

ALY ( 1 1 68 ). — Construction de la caserne des Ja- 
nissaires de la rue Médée. — Aly porte la guerre 
chez les Tunisiens. — Traité de paix entre Gas- 
pero Mommarty au nom du grand duché de Tos- 
cane et de la r^ence d'Alger. — Janvier 1764, 
traité de paix conclu entre la France ei la régence 
d'Alger par l'intermédiaire du chevalier de Fabry. 

MOHAMMED ( 1 1 79 ). — 1 «* insurrection des FUs- 
sahs en 1181. — 2® insurrection en 1482; ils 
sont soumis par Mohammed pacha. — 7 saffar 
1 182 , traité de paix conclu entre l'amirBl Angelo 
Emo , au nom de la république de Venise et la ré- 
gence d'Alger. — 1J84 , expédition Danoise. — 
Nouvelle expédition des Espagnols en 1197 et 
1 1 98 , qui demeurent infnictueuses. 

BABA-HASSAN ( 1205). — Construction du jardin 
du Dey, servant aigourd'hui d'hôpital. — Moha- 



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— 2i2 - 
rem 1206, traité de paix entre don Carlos lY, 
roi d'Espagne et Hassan pacha. — L'Espagne 
se dessaisit de ses droits sur Oran et Mers-el- 
Kebir. — Baba-Hassan meurt des suites d'une 
plaie à la jambe dont la gangrène s'était emparé. 

MOUSTAPHA (1212). — Construction du fort Neuf. 
Construction du jardin de Moustapha-Pacha. — 
Construction du fort Bab-Azoun. — Fléau de sau- 
terelles en 121 4. — Le consul de France et les 
nationaux sont arrêtés et mis au bagne. Le consul 
lui-même traine la chaîne. — Le consul d'Es- 
pagne est arrêté et conduit au bagne où pen- 
dant quelques jours il traîne la chaîne , puis il 
est relâché. — 24 messidor an VUI , arrivée à Al- 
ger de M. Dubois-Thainville , commissaire de la 
République française. — 7 nivôse an X - 22 châ- 
ban 121 6 , traité de paix conclu par M. Dubois- 
Thainville au nom de la République française et 
la régence d'Alger. 

AHMED ( 1 220) — Assassiné par Aly-^hassol qui se 
fait proclamer à sa place. 

ALY(1223). 

SCHERIF-HADJ-ALY (1224). — 1228, traité de 
paix entre don Juan prince-régent de Portugal et 
Hadj-Aly pacha, par l'intermédiaire de Loze 
Joachim da Roza Gueltav 

M0H.4MMED (1230). 

OMAR ( 1230 ). — Peste à Alger; affreux ravages. 
— Fléau de sauterelles. — 1230, traité de paix 
entre l'Amérique et Omar pacha par l'intermé- 



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— «13 — 
diaire de M. Williams-Schaler^ consul-général des 
Étals-Unis. — 1816, les Français sont rétablis à 
la Galle moyennant une redevance annuelle de 
200,000 fr. — Avril 1816, l'* expédition de Ta- 
miral anglais Exmouth. — Août 181 6 , 2® expédi- 
tion de Tamiral anglais Exmouth conjointement 
avec Tamiral hollandais Yan-der-Clapellen. 

BOURSALY-ALY (1232) — Ne règne que quel- 
ques mois. 

H ADJ-MOHAMMED ( 1 232 ) — Ne règne que peu de 
jours. 

MEGUER-ALY (1232). — Le siège du gouverne- 
ment est porté à la Casbah. 

HUSSEIN ( 1233 ). — Le commodore Freemantle et 
le cootre-amiral Jurien de la Gravière se présen- 
tent devant Alger et signifient à Hussein pacha de 
ne plus mettre en mer des corsaires; refus du 
Dey. — 1 820 , déclaration de guerre entre les ré- 
gences d'Alger et de Tunis. — Tremblement de 
terre qui engloutit la ville de Blidah. — Construc- 
tion du fort des Anglais , des voûtes et du kiosque 
de r Amirauté.— L'agha des Arabes, sidi Yahia est 
exilé et étranglé peu à près. — 1 825 , les mai- 
sons consulaires de Bône sont violées. — Traité 
de paix conclu en 1235 entre la France et la Ré- 
gence par rintermédiaire de M. Deval consul de 
France. — 1237 (rejeb), traité de paix conclu 
entre sir Mac-Donnell , consul anglais , au nom du 
grand duc de Toscane et la régence d'Alger. — 
Déclaration de guerre à la France. — 11 juin 



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— 2U — 

iS%i, une division française sous les ordres de 
l'amiral Collet se présente devant Alger; le consul 
et les nationaux s'^embarquent. — 1 829 , le blocus 
tenu par l'amiral Collet est repris par l'amiral de 
la Bretonnière. — Expédition française sous les 
ordres du maréchal Bourmont et de l'amiral Du- 
perré ; 1 4 juin , reddition de la ville. 






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